it>ii^w)>wi»%wt«Tniy<<^*i»,''jii^^«,ntrv SOCIATION lUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES •«■«■««■MMIMI 8! SESSION MONTPELLIER 7SSSSm3SS^SS& • < -: -il,* ' ii--s--* ''*'^*- >%r*^ ,/ : ^- ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES Reconnaissance d'utilité publique. MIMSTEIŒ de 'liislruclion publique et DES ISKALX-AUTS CABINET BUREAU de l'Enrcgistremenl général et des Archives. N» 7970 05 DÉCRET. NEW Le Pkésiuem de i.a UÉiauLiguE française, Sur le rapport du Ministre de l'inslruction publique et des Beaux-Arts, Vu le procès-verbal de la séance tenue à Lille, le 27 août 187-4, par l'Assemblée générale de l'Association française pour l'avance- ment des sciences, et la demande l'urmée par cette Société, le 5 décembre 1875, ta l'effet d'être reconnue comme établissement d'utilité publique; Vu les statuts de ladite Société, l'état de sa situation financière et les autres pièces fournies à l'appui de sa demande; Le Conseil d'État entendu. Décrète : Art. l*"". — L'Association française |iour l'avaucement des sciences est reconnue comme établissement d'utilité publique. Art. 2. — Les statuts sont a|iprouvés tels (ju'ils sont annexés au présent, décret. Aucune modification ne pourra y être apportée sans l'autori- sation du gouvernement. Art. 3. — Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux- Arts est chargé de l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le 9 mai 187G. Signé : Maréchal de Mac-Mahon. Parle Piésident de la République : Le Ministre de V Instruction publique et des Beaux-Arts, Signé : Waddington. Pour ampliation : Le Chef du Cabinet et du Secrétariat, Signé : L. de Lastevkie. IV ASSOCIATION FRANÇAISE Art. 8. — Le capital de l'Association se compose des souscriptions des monbres fondateurs, des sommes versées pour le rachat des cotisations, des dons et legs faits à l'Association, à moins d'affeclalion spéciale de la part des donateurs. Art. 9. — Les ressources annuelles comprennent les intérêts du capital, le montant des cotisations annuelles, les droits d'admission aux séances et les produits de librairie. Art. 10. — Chaque année, le capital s'accroît d'une retenue de 10 0/0 au moins sur les cotisations, droits d'entrée et produits de librairie. TITRE III. — Sessions annuelles. Art. 11. — Chaque année, l'Association tient, dans Tune des villes de France, une session générale dont la durée est de huit jours : cette ville est désignée par l'Assemblée générale au moins une année à l'avance. Art. 12. — Dans les sessions annuelles, l'Association, pour ses travaux scientifiques, se répartit en sections, conformément à un tableau arrêté par le Règlement général. Ces sections forment quatre groupes, savoir : 1° Sciences mathématiques, 2° Sciences physiques et chimiques, 3° Sciences naturelles, 4° Sciences économiques. Art. 13. — 11 est publié chaque année un volume, distribué à tous les membres, contenant : 1° Le compte rendu des séances de la session; 2" Le texte ou l'analyse des travaux provoqués par l'Association, ou des mémoires acceptés par le Conseil. COMPOSITION DU BUREAU Art. 14. — Le Bureau de l'Association se compose : D'un Président, D'un "Vice-Président, D'un Secrétaire, D'un Vice-Secrétaire, D'un Trésorier. Tous les membres du Bureau sont élus en Assemblée générale. Art. 15. — Les fonctions de Président et de Secrétaire de l'Association sont annuelles; elles commencent immédiatement après une session et durent jusqu'à la fin de la session suivante. Art. 16. — Le Yice-Président et le Vice-Secrétaire d'une année deviennent de droit Président et Secrétaire pour l'année suivante. Art. 17. — Le Président, le Vice-Président, le Secrétaire et le Vice-Secrétaire de chaque année sont pris respectivement dans les quatre groupes de section, et chacun d'eux est pris à tour de rôle dans chaque groupe. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES V AuT. 18. — Le Trésorier est élu par TAssemblée générale; il est nommé pour quati'e ans et rééligible. Art. 19. — Le Bureau de chaque section se compose d'un Président, d'un Vice-Président, d'un Secrétaire, et au besoin d'un Vice-Secrétaire élu par celte section parmi ses membres. TITRE IV. — Administration. Art. 20. — Le siège de l'Administration est à Paris. Art. 21. — L'Association est administrée gratuitement par un Conseil composé : 10 Du Bureau de l'Association, qui est en mémo temps le Bureau du Conseil d'administration; 2° Des Présidents de sections : 3" De trois membres par section, élus à la majorité relative en Asseni- blée générale, sur la proposition de leurs sections respectives, renouvelables par tiers chaque année. Art. 22. — Les anciens Présidents de l'Association continuent à faire partie du Conseil. Art. 23. — Les Secrétaires des sections de la Session précédente sont admis dans le Conseil avec voix consultative. Art. 24. — Pendant la durée des Sessions, le Conseil siège dans la ville où a lieu la Session. Art. 25. — Le Conseil d'administration représente l'Association et statue sur toutes les affaires concernant son administration. Art. 26. — Le Conseil a tout pouvoir pour gérer et administrer les affaires sociales, tant actives que passives. Il encaisse tous les tonds appartenant à l'Association, à quelque titre que ce soit. Il place les fonds qui constituent le capital de l'Associaliou en rentes sur l'Etat ou en obligations de chemins de fer français, émises par des compagnies auxquelles un minimum d'inti'rèt est garanti par l'Ktat; il décide l'emploi des fonds disponibles; il surveille l'application à leur destination des fonds votés par l'Assemblée générale, et ordonnance par anticipation, dans l'inter- valle des Sessions, les dépenses urgentes, qu'il soumet dans la Session sui- vante à l'approbation de l'Assemblée générale. Il décide l'échange ou la vente des valeurs achetées ; le transfert des rentes sur l'Ktat, obligations des compagnies de chemins de fer et autres titres nominatifs sont signés par le Trésorier et un des membres du Conseil délégué à cet effet . II accepte tous dons et legs faits à la Société; tous les actes y nilatifs sont signés par le Trésorier et un des membres délégué. Art. 27. — Les délibérations relatives à l'acceptation des dons et legs, à des acquisitions, aliénations et échanges d'immeubles sont soumises h. l'appro- bation du gouvernement. Art. 28. — Le Conseil dresse annuellement le budget des dépenses de l'As- sociation; il comnjunique à l'Assemblée générale le compte détaillé des receltes et dépenses de l'exercice. VIII ASSOCIATION FRANÇAISE tion, moyennant un droit d'admission fixé à 10 francs. Ces personnes peuvent communiquer des travaux aux Sections, mais ne peuvent prendre part aux votes. Art. 5 bis. — Le Président sortant fait, de droit partie du Bureau pendant les deux semestres suivants. Art. 6. — Le Conseil d'administration prépare les modifications réglemen- taires que peut nécessiter l'exécution des Statuts, et les soumet à la décision de l'Assemblée générale. 11 prend les mesures nécessaires pour organiser les Sessions de concert avec les comités locaux qu'il désigne à cet effet. 11 fixe la date de l'ouverture de chaque Session. Il nomme et révoque tous les emplovés et fixe leur traite- ment. Art. 6 bis. — Dans le cas de décès, d'incapacité ou de démission d'un ou de plusieurs membres du Bureau, le Conseil procède à leur remplacement. La proposition de ce ou de ces remplaçants est faite dans une séance convo- quée spécialement à cet effet : la nominution a lieu dans une séance convoquée à sept jours d'intervalle. Art. 7, — Le Conseil délibère à la majorité des membres présents. Les délibérations relatives au placement des fonds, à la vente ou à l'échange des valeurs et aux modifications statutaires ou réglementaires ne sont valables que lorsqu'elles ont été prises en présence du quart au moins dos membres du Conseil dûment convoqués. Toutefois, si, après un premier avis, le nombre des membres présents était insuffisant, il serait fait une nouvelle convocation annonçant le motit de la réunion, et la délibération serait valable, quel que fût le nombre des membres présents. TITRE II. — Attributions du Bureau et du Conseil d'administration. Art. 8. — Le Bureau de l'Association est en même temps le Bureau du Conseil d'administration. Art. 9. — Le Conseil se réunit au moins quatre fois dans l'intervalle de deux Sessions. Une séance a lieu en novembre pour la nomination des Com- missions permanentes; une autre séance a lieu pendant la quinzaine de Pâques. Art. dO. — Le Conseil est convoqué toutes les fois que le Président le juge convenable. Il est convoqué extraordinairement lorsque cinq de ses membres en font la demande au Bureau, et la convocation doit indiquer alors le but de la réunion. Art. dl. — Les commissions permanentes sont composées des cinq membres du Bureau et d'un certain nombre de membres élus par le Conseil dans sa séaMce de novembre. Elles restent en fonctions jusqu'à la fin de la Session suivante de l'Association. Elles sont au nombre de quatre : 1° Commission do publication ; 2° Commission de finances; 3° Commission d'organisation de la Session suivante; 4° Commission des récompenses et encouragements. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES IX Art. \"2. — La Commission de publication se compose du Bureau et de (juatre membres élus, auxquels s'adjoint, pour les publications relatives à chaque section, le Président ou le Secrétaire, ou, en leur absence, un des délégués de la section. Art. 13. — La Commission des finances se compose du Bureau et de quatre membres élus. Akt. 14, — La Commission d'organisation de la Session se compose du Bureau et de quatre membres élus. Art. V). — Pendant la durée de la Session, chacune des sections qui n'est pas représentée dans le Bureau par le Vice-Président et le Vice-Secrétaire général, désignera un de ses délégués pour faire partie de la Commission des subventions: ces nominations seront considérées comme non avenues pour les sections qui se trouveraient représentées dans le Bureau par suite de la nomi- nation en Assemblée générale du Vice-Président et du Vice-Secrétaire général de la Session suivante. Art. 1G. — Le Conseil peut en outre désigner des Commissions spéciales pour des objets déterminés. Art. 17. — Pendant la durée de la Session annuelle, le Conseil tient ses séances dans la ville oii a lieu la Session. TITRE III. — Du Secrétaire du Conseil. Art. 18. — Le Secrétaire du Conseil reçoit des appointements annuels dont le chiffre est fixé par le Conseil. .\rt. 19. — Lorsque la place de Secrétaire du Conseil devient vacante, il est procédé à la nomination d'un nouveau Secrétaire dans une séance précédée d'une convocation spéciale qui doit être laite quinze jours à l'avance. La nomination est faite à la majorité absolue des votants. Elle n'est valable que lorsqu'elle est faite par un nombre de voix ég.il au tiers au moins du nombre des membres du Conseil. Art. 20. — Le Secrétaire du Conseil ne peut être révoqué ()u'à la majorité absolue des membres présents, et par un nombre de voix égal au tiers au moins du nombre des membres du Conseil. Art. 21. — Le Secrétaire du Conseil rédige et fait transcrire sur deux registres distincts les procès-verbaux des séances du Conseil et ceux des Assemblées générales. Il siège dans toutes les commissions perinanentes, avec voix consultative. Il peut faire partie des autres commissions. Il a voix con- sultative dans les discussions du Conseil. 11 exécute, sous la direction du Bureau, les décisions du Conseil. Les employés de l'Association sont placés sous ses ordres. Il correspond avec les membres de l'Association, avec les présidents et secrétaires des Comités locaux et avec les secrétaires des sections. 11 fait partie de la Commission de publication et la convoque. Il dirige la publication du volume et donne les bons à tirer. Pendant la durée des Sessions, il veille à la distribution des cartes, à la publication des program- mes et assure l'exécution des mesures prises par le Comité local concernant les excursions. XII ASSOCIATION FRANÇAISE 'S° Le rapport du Trésorier sur la situation financière. Aucune discussion ne peut avoir lieu dans cette séance. A la fin de la séance, le Président indique l'heure où les membres se réu- niront dans les sections. Art. Al. — Chaque section élit, pendant la durée d'une Session, son pré- sident pour la Session suivante : le président doit être choisi parmi les mem- bres de l'Association. Art. 42. — Chaque section, dans sa première séance, procède à l'élection de son vice-président et de son secrétaire, toujours choisis parmi ses membres. Elle peut nommer en outre un second secrétaire, si elle le juge convenable. Elle procède aussitôt après à ses travaux scientifiques. Art. 43. — Les présidents de section se réunissent dans la matinée du se- cond jour, pour fixer les jours et les heures des séances de leurs sections respec- tives, et pour répartir ces séances de la manière la plus favorable. Us décident, s'il y a lieu, la fusion de certaines sections voisines. Les présidents de deux ou plusieurs sections peuvent organiser en outre des séances collectives. Une section peut tenir, aux heures qui lui conviennent, des séances supplé- mentaires, à la condition de choisir des heures qui ne soient pas occupées par les excursions générales. Art. 44. — Pendant la durée de la Session, il ne peut être consacré qu'un seul jour, non compris le dimanche, aux excursions générales. Il ne peut être tenu de séances de sections ni de conférences pendant les heures consacrées à une excursion générale. Art. 4o. — 11 peut être organisé une ou plusieurs excursions générales ou spéciales pendant les jours qui suivent la clôture de la Session. Art. 46. — Les sections ont toute liberté pour organiser les excursions par- ticulières qui intéressent spécialement leurs membres. Art. 47. — Une liste des membres de l'Association présents au Congrès paraît le lendemain du jour de l'ouverture, par les soins du Bureau. Des listes complémentaires paraissent les jours suivants, s'il y a lieu. Art. 48. — 11 paraît chaque matin un Bulletin indiquant le programme de la journée, les ordres du jour des diverses séances et les travaux des sections de la journée précédente. Art. 49. — La commission d'organisation peut instituer une ou plusieurs séances générales. Art. 50. — Il ne peut y avoir de discussion en séance générale. Dans le cas où un membre croirait devoir présenter des observations sur un sujet traité dans une séance générale, il devra en prévenir par écrit le Président, qui désignera l'une des prochaines séances de section pour la discussion. Art. 51. — A la fin de chaque séance de section, et sur la proposition du Président, la section fixe l'ordre du jour de la prochaine séance, ainsi que l'heure de la réunion. Art. 52. — Lorsque l'ordre du jour est chargé, le Président peut n'accor- der la parole que pour un temps déterminé qui ne peut être moindre de dix minutes. A l'expiration de ce temps, la section est consultée pour savoir si la POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XIII parole est maintenue à l'orateur ; dans le cas où il est décidé qu'on passera à l'ordre du jour, l'orateur est prié de donner brièvement ses conclusions. Art. 53. — Les membres qui ont présenté des travaux au Congrès sont priés de remettre au secrétaire de leur section leur manuscrit ou un résumé de leur travail ; ils sont également priés de fournir une note indicative de la part qu'ils ont prise aux discussions qui se sont produites. Lorsqu'un travail comportera des figures ou des planches, mention devra en être faite sur le titre du mémoire. Art. m. — a la fin de chaque séance, les secrétaires de section remettent au Secrétariat : l" L'indication des titres des travaux de la séance; 2" L'ordre du jour, la date et l'heure de la séance suivante. Art. bo. — Les secrétaires de section sont chargés de prévenir les orateurs désignés pour prendre la parole dans chacune des séances. Art. 5G. — Les secrétaires de section doivent rédiger un procès-verbal des séances. Ce procès-verbal doit donner d'une manière sommaire le résumé des travaux présentés et des discussions; il doit être remis au Secrétariat aussitôt que possible, et au plus tard un mois après la clôture de la Session. Art. 57. — Les secrétaires de section remettent au Secrétaire du Conseil, avec leurs procès-verbaux, les manuscrits qui auraient été fournis par leurs auteurs, avec une liste indicative dos manuscrits manquants. Art. 58. — Les indications relatives aux excursions sont fournies aux mem- bres le plus tôt possible. Les membres qui veulent participer aux excursions sont priés de se faire inscrire à l'avance, afin que l'on puisse prendre des mesures d'après le nombre des assistants. Art. ;.9. — Les conférences générales n'ont lieu que le soir, et sous le con- trôle d'un président et de deux assesseurs désignés par le Bureau. 11 ne peut être fait plus de deux conférences générales pendant la durée d'une Session. TITRE VII. — Des comptes rendus. Art. 00. — 11 est publié chaque année un volume contenant : 1'' le compte rendu des séances de la Session ; 2° le texte ou l'analyse des travaux provo- qués par l'Association, ou des mémoires acceptés par le Conseil. Art. 61. — Le volume doit être publié dix mois au plus tard après la Ses- sion à laquelle il se rapporte. 11 est expédié aux invités de l'Association. L'apparition du volume est annoncée à tous les membres par une circulaire qui indique à partir de quelle date il peut être retiré au Secrétariat. Art. G-2. — Les membres qui n'auraient pas remis les manuscrits de leurs communications au secrétaire de leur section, devront les faire parvenir au Secrétariat du Conseil avant le le"" décembre. Passé cette époque, le titre seul du travail figurera dans les comptes rendus, sauf décision spéciale de la com- mission de publication. Art. 62 bis. — Dix pages au maximum sont accordées à un auteur pour une même question; toutefois pour les travaux d'une importance exception- XIV ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES nelle, la commission de publication pourra proposer au Conseil d'administra-- tion de fixer une étendue plus considérable. Art. 63. — La Commission de publication peut décider, d'ailleurs, qu'un travail ne figurera pas in extenso dans les comptes rendus, mais qu'il en sera donné seulement un extrait que l'auteur sera engagé à fournir dans un délai déterminé. Si, à l'expiration de ce délai , cet extrait n'a pas été fourni au Secrétaire du Conseil, l'extrait du procès-verbal relatif à ce travail sera seul inséré. Art. 64. — Les discussions insérées dans les comptes rendus sont extraites textuellement des procès- verbaux des secrétaires de section. Les notes four- nies par les auteurs pour faciliter la rédaction des procès-verbaux de\Tont être remises dans les vingt-quatre heures. Art. 65. — La Commission de publication décide quelles seront les planches qui seront jointes au compte rendu, et s'entend à cet effet avec la Commission des finances. Art. 66. — Aucun travail publié eu France avant l'époque du Congrès ne pourra être reproduit dans les comptes rendus : le titre et l'indication biblio- graphique figureront seuls dans ce volume. Art. 67. — Les épreuves seront communiquées aux auteurs en placards seu- lement ; une semaine est accordée pour la correction. Si l'épreuve n'est pas renvoyée à l'expiration de ce délai, les corrections sont faites par les soins du Secrétariat . Art. 68. — Dans le cas où les frais de corrections et changements indiqués par un auteur dépasseraient la somme de 13 francs par feuille, l'excédent cal- culé proportionnellement serait porté à son compte. Art. 69. — Les membres dont les communications ont une étendue qui dépasse une demi-feuille d'impression recevront 13 exemplaires de leur travail extraits des feuilles qui ont servi à la composition du volume. Art. 70. — Les membres pourront faire exécuter un tirage à part de leurs communications avec pagination spéciale au prix convenu avec l'imprimeur par le Bureau. Les tirages à part porteront la mention : « Extrait des Comptes rendus du Congrès tenu à... par V Association française pour Vavancement des Sciences. » Ils seront distribués aussitôt après la publication des comptes rendus. LISTE DES MEMBRES DB rASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'AUNCEMENT DBS SCIEKCES (MEiiBRES FONDATEURS ET MOIBRES A VIE) MEMBRES FONDATEURS Parts Abbadie (d'), Membre de llnstitut, 120, rue du Bac. — Paris 4 Aimé-Glrard, Professeur au Conservatoire des Arts-et-Métiers, 5, rue du Relia v. — Paris 1 Alberti, Banquier, 11 bis boulevard Haussmann. — Paris 1 Almeida (d), Inspecteur général de l'Instruction publique, 31, rue Bonaparte. — Paris. 1 Amboix (d), Capitaine d état-major, 69, boulevard Malesherbes. — Paris 1 Andouillé (Edmond), Sous-Gouverneur honoraire de la Banque de France, i, rue du Cirque. — Paris 2 André (Alfred), Banquier, 49, rue Abbalucci. — Paris . 2 André (Edouard), 158, boulevard Haussmann. — Paris AuBERT (Charles), Licencié en droit, Avoué plaidant. — Rocroi (Ardennes).. . . . AoDiBERT, Directeur de la Compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerranée (Décédé) Atnabd (Ed.), Banquier. 19, rue de Lyon. — Lyon AzAM, Professeur à la faculté de Médecine. — Bordeaux Baille, Répétiteur à l'École polytechnique, 26, rue Oberkampf. — Paris Bâillon, Professeur à la Faculté de Médecine, 12, rue Cuvier. — Paris Balard, Membre de l'Institut [Décédé] Bamberger, Banquier, 14, rond point des Champs-Elysées. — Paris B.vpterosses (P.). Manufacturier. — Briare (Loiret) Bartholont, Président du Conseil d'administration du chemin de fer d'Orléans, 12, rue La Rochefoucauld. — Paris Béchamp, Doyen de la Faculté de Médecine de l'Université catholique, 8, rue Beau- harnais. — Lille Becker (M'"^), 260. boulevard Saint-Germain. — Paris Belon, fabricant, avenue de Noailles. — Lyon Beral (E.), Ingénieur des Mines, 5, rue >'euve-des-Mathurins. — Paris Bernard (Claude), Membre de l'Académie des .sciences et de l'Académie française, (Décédé) BaLADLT-BiLLAm)OT et C'*, Fabricants de produits chimiques, place de la Sor- bonne. — Paris BiLLT (de), Inspecteur général des Mines [Décédé) BiLLY (Charles de), Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, 14, rue Fran- klin. — Paris BiscHOFFSHEiM (L.-R.), Banquier (Décédé) BiscHOFFSHEiM (Raphaël-Louis), 34, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris Blot, Membre de 1 Académie de Médecine, 24, avenue de Messine. — Paris. . . . BoCHET (Vincent dd) [Décédé) Boissonnet, Général du Génie, Sénateur, 78, rue de Rennes. — Paris Boivin (Emile), 145, rue de Flandre. — Paris BopjDET, Chargé de cours à la Faculté de médecine de Lyon, 2, quai de Retz. — Lyon. BoNNBAU, Notaire honoraire. — Marans (Charente-Inférieure) XVI ASSOCIATION FRANÇAISE BoRiE (Victor), Membre de la Société nationale d'agriculture de France, 19, rue Louis-le-Grand. — Paris BouDET (F.), Membre de l'Académie de Médecine [Décédé] BouiLLAUD, Membre de l'InsUluI, Professeur à la Faculté de Médecine, 21«, bou- levard Saint-Germain. — Paris Boulé, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 23, rue de La Boétie. — Paris .... Brandenburg (Albert), Négociant, 1, rue de la Verrerie. — Bordeaux Bréguet, Membre de l'Institut et du Bureau des Longitudes, 39, quai de 1 Horloge. — Paris Bréguet (Antoine), ancien élève de l'École polytechnique, 39, quai de l'Horloge. — Paris ■ * ' ' Breittmayer (Albert), ancien Sous-Directeur des Docks et Entrepôts de Marseille, 8, place de la Préfecture. — Marseille Broca (Paul), Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Mé- decine, Sénateur, 1, rue des Saints-Pères. — Paris Broet, 52, avenue de Saint-Cloud. — Versailles Brouzet (Ch.), Ingénieur civil, 5, cours Morand. — Lyon . Burton, Administrateur de la Compagnie des Forges d'Alais, 24, rue Le Peletier. — Paris Cacheux (Emile), Ingénieur civil des Arts et 3Ianufactures, 25, quai Saint-Michel. — Paris Cambefort(J.), Banquier, Administrateur des Hospices, 13, rue de Lyon. — Lyon. Camondo (Comte N. de), .31, rue Lafayette. — Paris CAWOisno (Comte A. de), 31, rue Lafayette. — Paris. Caperon père Caperon fils Carlier (Auguste), Publiciste, 12, rue de Berlin. — Paris Carnot (Adolphe), Ingénieur des Mines, Professeur à l'Ecole des mines et à l'Institut national agronomique, 15, rue Soufllot. — ■ Paris Casthelaz (John), Fabricant de produits chimiques, 19, rue Sainte-Croix-de-la- Bretonnerie. — Paris Caventou père, Membre de l'Académie de Médecine (Décédé) Caventou fils, Membre de l'Académie de Médecine, 51 bis, rue Sainte-Anne. — Paris Cernuschi (Henri), 7, avenue Velasquez. — Paris Chabaud-Latour (de), Général de division du Génie, Sénateur, 41, rue de La Boétie. — Paris ^ Chabrières-Arlès, Administrateur des Hospices, 12, place Louis XVI. — Lyon. . Ghambrr de Commerce (la). — Bordeaux — — — Lyon — — — Nantes — — — Marseille Chantre (Ernest), Sous-Directeur du Muséum, 37, cours Morand. — Lyon.. . . Charcot, Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Méde- cine de Paris , 17, quai Malaquais. — Paris. Chasles, Membre de l'Institut, 3, passage Sainte-Marie-Saint-Germain. — Paris. . Le Chatelier, Inspecteur général des Mines {Décédé) . Chauveau (A.), Directeur de l'École vétérinaire, Professeur à la Faculté de îMéde- cine de Lyon, correspondant de l'Institut, 22, quai des Brotteaux. — Lyon . . Chevalier, Négociant, 50, rue du Jardin-Public. — Bordeaux. Clamageran, Avocat, Conseiller municipal, 57, avenue Marceau. — Paris Clermont (de), Sous-Directeur du Laboratoire de Chimie à la Sorbonne, 8, bou- levard Saint-Michel. — Paris Cloquet (Jules), Membre de l'Institut, 19, boulevard Malesherbes. — Paris. . . . CoLLiGNON (Ed.), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Inspecteur de l'École des Ponts et Chaussées, 2S, rue dos Saints-Pères. — P ris CoMBAL, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier Combes, Inspecteur général des Mines, Directeur de l'École des IMines [Décédé).. - Compagnie des chemins de fer du Midi, 54, boulevard Haussmann. — Paris.. . 5 — — d'Orléans, 1, place Walhubert. — Paris. . . 5 — — de l'Ouest, 110, rue Saint-Lazare. — Paris 5 — de Paris à Lyon et à la Méditerranée, 88, rue Saint- Lazare. — Paris 5 POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XVII Compagnie du Gaz Parisien, rue Condorcet. — Paris 4 — des Salins du Midi, 84, rue de la Victoire. — Paris 2 — des Messageries maritimes , 28, rue I\otre-Dame-des-Yictoires. — Paris — des Fonderies et Forges de Terre-Noire, la Voulte et Bessèges. — Lyon. — générales des Verreries de la Loire et du Rhône, à Rive-de-Gier (Loire) (M. HuTTER, Administrateur délégué) — des Fonderies et Forges de THorme, 8, rue Bourbon. — Lyon. . . . — du Gaz de Lyon, rue de Savoie. — Lyon — de Roche-la-Molière et F'irminy. — Lyon — des .Mines de houille de Bl.'inzy (Jules Chagot et G''), à Moniceaux-les- Mines (Saône-et-Loire), .55, boulevard Haussmann. — Paris Conseil d'administration de la Compagnie des Minerais de 1er magnétique de Mokta-el-Hadid, 59, rue de la Victoire. — Paris Conseil d'administration de l'École Monge, 165, boulevard Malesherbes. — Paris. CoppET (de), Chimiste. — Villa Irène, aux Baumettes. — IS'ice Cornu, Membre de l'Institut, Ingénieur des Mines, Professeur à l'École polytechnique, 38, rue des Écoles. — Paris CossoN, Membre de l'Institut et de la Société botanique, 7, rue de la Boëtie. — Paris Courtois de Viçose, petite rue d'Albade. — Toulouse CouRTY, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier. — Montpellier. . . Crouan (Fernand), Armateur, 14, rue Héronnière. — Nantes Daguin, ancien Président du Tribunal de commerce de la Seine, 4, rue Castel- lane. — Paris Dalligny, 5, rue d'Albe. — Paris , Davillier, Banquier, 14, rue Roquepine. — Paris Degousée, Ingénieur civil, 35, rue de Chabrol. — Paris Delaunay, Ingénieur des Mines, Membre de l'Institut, Directeur de l'Observa- toire. [Décédé] D' Delore, Chirurgien en chef de la Charité, Professeur agrégé à la l'acuité de Médecine de Lyon, 31, place Belleiour. — Lyon Demarquay, Membre de l'Académie de Médecine. [Décédé] Demongeot, Ingénieur des Mines, Maître des requêtes au Conseil d'État. [Décédé]. Dhôtel, Adjoint au maire du 2" arrondissement, 107, boulevard de Sébastopol. — Paris D'DiDAY, ex-Chirurgien en chef de l'Antiquaille, Secrétaire général de la Société de .Médecine, rue de Lyon. — Lyon DoLLFus (M""" Auguste), 53, rue de la Côte. — Le Havre DoLLFUs (Auguste), 53, rue de la Côte. — Le Havre Dorvault, Directeur de la Pharmacie centrale. (ZJetedc) Dumas, Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. Membre de l'Académie française, 3, rue Saint-Dominique. — Paris Dupouy (E.), Avocat, Conseiller général, Député de la Gironde. — Bordeaux. . . DuPUY DE LôME, Membre de l'Institut, Sénateur. 374, rue Saint-Honoré. — Paris. DuPUY (Paul), Professeur à l'Ecole de Médecine, 78, chemin d'Eysines. — Bordeaux DuPUY (Léon), Professeur au Lycée, 13, rue Vital-Caries. — Bordeaux. ..... Durand-Billion, ancien Architecte. [Décédé] DuvAL (Fernand), Administrateur de la C" parisienne, 53, rue François I". — Paris. DuvERGiER, Président de la Société Industrielle, 35, rue Saint-Cy'r. — Lyon. . . EiCHTHAL (d). Banquier, Président du Conseil d'administration des chemins de fer du Midi, 42, rue Neuvc-des-Mathurins.— Paris 10 Engel, Relieur, 91, rue du Cherche- .Midi. — Paris Erhardt-Schieble, Graveur, 12, rue Duguay-Trouin. — Paris EsPAGNY ^le comte d). Trésorier-payeur général du Rhône. [Décédé) Faure (Lucien), Président de la Chambre de Commerce. — Bordeaux Fremy, Membre de l'Institut, Directeur du Muséum, Professeur au Muséum et à l'École polytechnique, 33, rue Cuvier. — Paris Friedel, Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences, GC. bou'evard Sainl-Michel. — Paris Friedel (M—), née Combes, 60, boulevard Saint-Michel. — Paris Frossard (Ch.-L.), 14, rue de Boulogne. — Paris XVIII ASSOCIATION FRANÇAISE FuMOuzE (Armand), Docteur-inédecin-pharmacien, 78, Fauboiirg-St-Denis. — Paris. 1 Galante, Fabricant d'instruments de chirurgie, 2, rue de l'École-de-Médecine. — Paris 1 Galline (P.), Banquier, Président de la Chambre de Commerce, 11, place Belle- cour. — Lyon 1 Gariel (C.-M.), Ingénieur des Ponts et Chaussées, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, 39, rue Joullroy.— Paris 1 Gaudry (Albert), Professeur au Muséum d'histoire naturelle, 7 bis, rue des Saints- Pères. — Paris • 1 Gauthier-Villars, Libraire, ancien élève de l'École polytechnique, 55, quai des Auguslins. — Paris 1 Geoffroy-Saint-Hilaire (Albert), Directeur du Jardin d'acclimatation, 50, boulevard Maillot. — Neuilly (Seine) 1 Germain (Henri), Député de l'Ain, Président du Conseil d'administration du Crédit lyonnais, 21, boulevard des Italiens. — Paris 1 Germain (Philippe), Directeur de l'agence du Comptoir d'escompte de Paris, 3.3, place Bellecour. — Lyon 1 Germer-Baillière, Libraire, Conseiller municipal, 108, boul'' St-Germain. — Paris. 1 GiLLET fils aîné, Teinturier, 9, quai Serin. — Lyon 1 D'" GiNTRAC père, Correspondant de l'Institut. [Décédé] 1 Girard (Ch.), Manufacturier, 20, rue des Écoles. — Paris 1 GoLDSCHMiDT (Frédéric), Banquier, 22, rue de l'Arcade. — Paris 1 GoLDSCHMiDT (Léopold), Banquier, 8. rue Murillo. — Paris 1 GoLDSCHMiDT (S. -H.), 33, boulevard Malesherbes. — Paris 1 GouiN (Ernest), Ingénieur, ancien Elève de l'Ecole polytechnique. Régent de la Banque de France, 4, rue Cambacérès. — Paris 1 GouNOUiLHOU, Imprimeur, 11, rue Guiraude. — Bordeaux 1 (ïRUNER, Inspecteur général des Mines, 84, rue d'Assas. — Paris 1 D"" GuBLER Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Méde- cine. [Décédé.] 1 D'GuÉRiN (Alphonse), Membre de l'Acad. de Médecine, 17, rue Jean-Goujon. — Paris. 1 GuiCHE (marquis de la), 16, rue Matignon. — Paris 1 (îuiMET (Emile), Négociant, place de la Miséricorde. — Lyon 1 Hachette et C", Libraires-Éditeurs, 79, boulevard Saint-Germain. — Paris. ... 1 Hadamard (David), 14, rue Bleue. — Paris 1 Haton de la Goupillière, Ingénieur des Mines, Examinateur d'admission à l'École polytechnique, 8, rue Garancière. — Paris 1 Haussonville (comte d'), Membre de l'Académie française, 109, rue Saint-Domini- que. — Paris 1 Hecht (Etienne), Négociant, 19, rue Le Peletier. — Paris 1 Hentsch, Banquier, 20, rue Le Peletier. — Paris 2 HiLLEL frères, 31, rue Lafayctte. — Paris. . , 2 Hottinguer, Banquier, 38, rue de Provence. — Paris 1 Houel, Ingénieur, 75, avenue des Champs-Elysées. — Paris i HovELACQUE (Abcl), Profcsseur à lÉcole d'anthropologie, conseiller municipal, 39, rue de l'Université. — Paris 1 D' HuREAU DE Villeneuve, 95, rue Lafayette. — Paris 1 Huyot, Ingénieur des Mines, Directeur de la Compagnie des chemins de fer du Midi, 10, rue du Cirque. — Paris 1 -Jacquemart (Frédéric), 58, Faubourg-Poissonnière. — Paris 1 Jameson (Conrad), Banquier, 38, rue de Provence. — Paris 1 Javal, Membre de l'Assemblée nationale. (Décédé] 1 JoHNSTON (Nathaniel), ancien Député, Pavé des Chartrons.— Bordeaux 1 D' JouRDANET, 1, rue de Berri. — Paris 1 Kann, Banquier, 58, avenue du Bois-de-Boulogue. — Paris 1 Kœnigswarter (baron Maximilien de), ancien Député. [Décédé] 1 KfENiGSWARTER (Antoine), 60, rue de la Chaussée-d'Antin. — Paris 1 Krantz, Sénateur, Inspecteur général des ponts et chaussées. Commissaire général de l'Exposition universelle, 47, rue La Bruyère. — Paris 1 KuHLMANN (Frédéric), Correspondant de l'Institut. — Lille 2 KuppENHFiM (J.j, Négociant, membre du Conseil des Hospices de Lyon. (Décédé] . 1 D' Lagneau (Gustave), Membre de l'Académie de médecine, 38, rue de la Chaus- sée-d'Antin. — Paris 1 POUR L AVANCEMEIST DES SCIENCES XIX Lalande (Armand), Négociant, 84, quai des Charlrons. — Bordeaux 1 Lamé-Fleury, Ingénieur en chef des Mines, secrétaire du Conseil général des Mines, 62, rue de Verneuil. — Paris Lamy (Ernest), 83, rue Tailbout. — Paris Lan, Ingénieur en chef des Mines, Directeur des Forges de Chàtillon et de Com- mentry, 3, rue du Regard. — Paris Lapparem (de). Ingénieur des mines, 3, rue de Tilsitt. — Paris Larrey (le baron), Membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Député des Hautes-Pyrénées, 91, rue de Lille. — Paris Laurencel (le comte de) . (Décédé) Lauth (Ch.), Chimiste, Directeur de la manufacture de Sèvres, 2, rue de Fleurus. — Paris Leconte , Ingénieur civil des Mines, 49, rue Laffitte. — Paris Lecoq DE Boisbaudran, Correspondant de l'Institut, Négociant. —Cognac Le Fort (Léon), Membre de l'Académie de médecine. Professeur à la Faculté, 96. rue de la Victoire. — Paris Le Marchand (Augustin), Ingénieur géologue, aux Chartreux. — Petit Quevilly, près Rouen Lesseps (Ferdinand de), Membre de l'Institut, Président-fondateur de fa Compagnie universelle ■• » — Peyre (Jules), Banquier. —Toulouse. „.,,!• tv„'i. ....»,... Put (A.), Constructeur mécanicien, 49, rue Saint-Maur. — Paris PiATON, Président du Conseil d administration des Hospices, 9, rue Ravez:. — Lyon. PicciONi (Antoine). — Pino (Corse) PoiRRiER, Fabricant de produits chimiques. 49, rue Hauteville. — Paris PoLiGNAC (le prince Camille de), 44, rue Miromesnil. —Paris Potier, Ingénieur des iMines, répétiteur à l'École polytechnique, i, rue de Bou- logne. — Paris , ,.,,^,j. . ,,,..,,. . . . PoupiNEL (Paul), 64, rue de Saintonge. — Paris * ,.,-.«)• '^ V^.i-. :• • • . Poupinel (Jules), 8, rue Murillo. — Paris -QuATREFAGES DE Bréau (de), Membre de l'Institut, Professeur au Muséum, 36, rue Geolfroy-Saint-Hilaire. — Paris . .f. . .,,-. RÉciPON (Emile), Propriétaire-Industriel, 47, rue Bassano. — Paris. . ..n-^i*"-/- ilEiNACH, Banquier, 31, rue de Berlin. —Paris Renouard fils (Alfred), Filateur, 46, rue A'exandre-Leleux. — Lille Renouvier (Charles), à la Verdette, près le Pontet, par Avignon (Vaucluse). . . . RiAZ (Auguste de). Banquier, 10, quai de Retz. — Lyon D"" RicoRD, Membre de l'Académie de Médecine, 6, rue de Tournon. — Paris. . . RiFFAUT (le général), 10, rue Garancière. — Paris RiGAUD, Fabricant de produits chimiques, 8, rue Vivienne. — Paris Higaud (Madame), 8, rue Vivienne. — Paris Risler (Charles), Chimiste, 39, rue de l'Université. — Paris RocHETTE (de la), Maître de forges (Hauts-Fourneaux et Fonderies de Givors), 11, cours du Midi. — Lyon . Rolland, Membre de l'Institut, Directeur général des Manufactures de l'État, 66, rue de Rennes. — Paris D"" RoLLET DE l'Ysle. — Montmerle-sur-Saôue (Ain) ..-.,.-.,.()/''.• 'in. .'..>j cf HoMiLLY (de), 22, rue Bergère. — Paris ■< .'•.■tn. .*r. .■'■if. i.i..' Rosiers (des). Propriétaire, 154, boulevard Haussmann. — Paris Rothschild (le baron Alphonse de), 2, rue Saint-Florentin. — Paris D"" Roussel (Théophile), Sénateur, Membre de l'Académie de médecine, 64, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris Rouvière (A.), Ingénieur civil et Propriétaire. — Mazamet (Tarn) Saint-Paul de Sainçay, Directeur de la Société^e la Vieille-Montagne, 19, rue Richer. — Paris Salet (Georges), Préparateur à la Faculté de Médecine, 120, boulevard Saint- Germain. — Paris •Salleron, Constructeur, 24, rue Pavée (au Marais). — Paris. . . L ...;'. il . '.vi. Salvador (Casimir). (Décédé) '.. . .■ i . . .' . — 2« souscription Sauvage, Directeur de la Compagnie des Chemins de fer de l'Est. (Décédé] . . . Say (Léon), Sénateur, ancien Ministre dos Finances, 45, rue La Bruyère.— Paris. Scheurer-Kestner, Sénateur, 84, rue Neuve-des-3]athurins. — Paris Schrader père , ancien Directeur des classes de la Société philoraathique, 20, rue Borie. — Bordeaux Sedillot (C), Membre de ITnstitut, Ex-Médecin Inspecteur général, Directeur de l'École militaire de santé de Strasbourg, 131, boulevard Saint-Michel. — Paris. Serret, Membre de ITnstitut, 36, rue Saint-.VIartin. — Versailles Seynes (de), Agrégé à la Faculté de Médecine, 63, rue de Varennes. — Paris. . SiÉBERT, 23, rue Paradis-Poissonnière. — Paris Société anonyme des Houillères de Montrambert et de la Béraudière. — Lyon. ..Société nouvelle des Forges et chantiers de la Méditerranée, 28, rue Notre- Dame- des-Victoires. — Paris Solvay. — Baitsfort-lès- Bruxelles (Belgique) .Solvay ET C'% Usine de Varangeville-Dombasle, par Dombasle (Meurthe-et-.Moselle) D' Suchard. —9, avenue de l'Observatoire à Paris e' aux Bains de Lavey. — (Suisse, Vaud) Surell, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées en retraite, Administrateur du Chemin de fer du Midi, 5'i, boulevard Haussmann. — Paris Talabot (Paul), Directeur général des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, 10, rue Sauit-.\rnaud. — Paris . . . whaj iiuj'îcï^.-j[>-j/p .juj j. POUR L'kVÀVdfcMENi''i)kS "sciences xxi Thénard (le baron Paul), Membre de l'Inslitut, 6, place Siiiiit-Sulpice. — Paris. 1 Tissié-Sarrus, Banquier. — Montpellier 1 TouRASSE (Pierre-Louis), Propriétaire, Petit-Boulevard. — Pau. . S — , 2* souscription •'.';■."".':"■.':';:■■'.'''.'■■';*;.•/ 1 - S» souscription . . .."'.'".'' l' l' •."":; l ':''."'.-'j":'V .. . i — 4* souscription ^ — 5" sou-cription 1 — 6' souscription ^ ^ i Thébucien (Ernest), Manufacturier, 25, cours de Vincenrtes. — Paris 1 Vautier (Emile), Ingénieur civil. 46, rue Centrale. — Lyon. 1 Verdet ((iabriel), Président du Tribunal de commerce. — Avignon i Vernes (Félix), Banquier, 29, rue Taitbont. — Paris 1 Vernes dArlandes (Th.), 25, faubourg Saint-Honoré. — Paris 1 ViGNox (J.l, 45, rue Malesherbes. — Lyon . .".".' . . .' ... 1 D' Voisin (Auguste), 16, rua Séguier. — Paris . . . '.''::"." ';"l''i.'''.' :' ."l'J I . . 1 Wallace (sir Richard), 2, rue LaQitte. — Paris . . '. .' ."7 .''. . '. ... ... 2 WuRTZ (Adolphe), Membre de llnstitut, Professeur à la Faculté de .Médecine et à la Taculté des Sciences, 27, rue Saint-Guillaume. — Paris î WuRTZ (Théodore), 40, rue de Berlin. — Paris .' >'t"î^". . D MEMBRES A VIE Albertin (Joseph), Directeur des Eaux minérales de Saint-Alban. rue de l'Entre- pôt. — Roanne (Loiret). Anonyme, 42, rue Neuve-des-Malhurins. — Paris. Baille (M"";, 26, rue Oberkampf. — Paris. Bargeaud (Paul), Perce()teur. — Saint-Genis-de-Saintonge (Charente-Inférieure). Baron, Ingénieur de la .Marine, rue du Ha. — Bordeaux. D'- Barrois (Ch.), Maître de conférences à la Faculté des sciences, 220, rue Solférino. — Lille Barrois (Jules), 37, rue Rousselle, faubourg Saint-Maurice. — Lille. Baysellance, Ingénieur de la Marine, Président de la région Sud-Ouest du Club Alpin. — Bordeaux. Bélime (rrédéric). Propriétaire, Conseiller général. — Vitteaux (Céte-d'Or). ' Bergeron, Ingénieur civil, 26, rue de Penlhievre. — Paris. Bergeron (Jules), Ingénieur des Arts et Manufactures, 75, rue Saint-Lazare. —Paris. Bergeron (Jules), Membre de l'Académie de médecine, 75, rue Saint-Lazare. — Paris. Bertrand (J.), Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France, 9, rue des Sainis-Pères. — Paris. Bibliothèque publique de la ville. — Boulognc-sur-Mer Bichon, Constructeur de navires. — Lormont, près Bordeaux. Blandin, Député de la Marne, maire d'Epinay, 93, boulevard Haussmann. — PanV. Bonneau (Théodore), Notaire honoraire. — Màrans (Charente-Inférieure). Boudier (Henri), Bibliothécaire honoraire à la Bibliothèque nationale, 182, rue &e Rivoli. — Paris. Bouché (Alexandre), 157, boulevard du Montparnasse. -^ Paris. D'" BouTiN (Léon), 18, rue de Hambourg. — Paris. i ■ Brandenburg (M"" veuve), 1, rue de la Verrerie. — Bordeaux. Briau, Directeur des chemins de fer Nantais. — La .Madeleine-en-Varades (Loire^ Inlérieure). Broca (Auguste), 1, rue des Sainls-Pères. — Paris. Brocard, Capitaine du génie. — Grenoble. i > :.i , i '- Brochart [M"" Antonine), 18, rue Las-Cases. — Paris. ' '!•• ■«!> I :■'.' ti ;'•-■;. .-- Bkolemann (Georges), Administrateur de la Société Générate, 166, boulevard Htfussi-i miinn. — Paris. Brolemann, Président du Tribunal de commerce, 11. quai Tilsitt. — Lyon. Bruzun et Ci» (J.), Usine de Portillon (cénise et blanc de zinc]. — Portillon près Tours. Buisson, Ingénieur civil, rue Saint-Thomas. — Évreux. Caix de Saint-Aymour (vicomte Am. dej. Membre du Conseil général de l'Oise-, XXII ASSOCIATION FRANÇAISE de la Société d'anthropologie et de plusieurs Sociétés savantes. — Château dOgnon, près Barbery (Oise). Caperon père. Caperon fils. Cardeilhac, Négociant, 91, rue de Rivoli. — Paris. Carpentier (Ernest de). — Crocbarré, commune de Doisnon, par Arcis-sur-Aube. D' Carret (Julesj, 4, rue des Nonnes. — Chanibéry ^Savoie). Cassagne (comte Antoine de), Propriétaire, membre de la Société des Sciences industrielles, Arts et Belles-Lettres de Paris, au château de Saint-Jean-de- Libron, près Béziers (Hérault). D"" Caubet, Ancien interne des hôpitaux de Paris, Professeur à l'Ecole de médecine, 3, rue Lapeyrouse. — Toulouse. Cazalis de Fondouce (Paul-Louis), Secrétaire général de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, 18, rue des Étuves. — Montpellier (Hérault). Cazeneuve, Directeur de l'École de médecine, 26, rue des Ponts-de-Comines. — Lille. Cazenove (Raoul de). Propriétaire, 8, rue Sala. — Lyon. Cazottes (A.-M.-J.), Pharmacien. — .Millau (Aveyron). Chabert, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Mantes (Seine-et-Oise). Chaix (A.), Imprimeur, 20, rue Bergère. — Paris. Chambre des Avoués au Tribunal de première instance. — Bordeaux. Chambre de Commerce du Havre. Charcellay, Pharmacien. — Fontenay-le-Comte (Vendée). D' Chatin (Joannès), Professeur agrégé à l'École supérieure de pharmacie, maître de conférences à la Faculté des sciences, 128, boulevard Saint-Germain. — Paris. D"" Chil-y-Naranjo (Grégorio). — Palmas (Grand-Canaria). Cleveland Abbe, Astronome et Météorologiste, Ari7iy Signal Office. — Washington (U.S.)., Cloizeaox (des). Membre de l'Institut, Professeur au Muséum, 13, rue Monsieur.— Paris. Clos, Professeur à la Faculté des sciences. — Toulouse. Clouzet (l'erd.), Conseiller général, cours des Fossés. — Bordeaux. CoTTEAU, 36, boulevard Saint-Michel. — Paris. CouNORD (E.), Ingénieur civil, 127, cours du .Médoc. — Bordeaux. D" CouTAG^fE (Henry), 79, rue de Lyon. — Lyon. Crapon (Denis). — Pont-Evesque (Isère). Cbespel-Tilloy (Charles), ^Manufacturier, 14, rue des Fleurs. — Lille. Crespin (Arthur;, Ingénieur mécanicien, 23, avenue Parmentier. — Paris. D"' Dagrève (E.), Médecin du Lycée et de l'Hôpital. — Tournon (Ardèche). D"" Dally (Eugène), 5, rue Legendre. — Paris. Dégorge (E,^ Pharmacien de !'•* classe de la marine. — Cayenne (Guyane française). Delattre (Carlos), F''ilateur. — Roubaix. Delessert (Edouard), 17, rue Raynouard. — Paris-Passy. Delhomme, Propriétaire du Café Anglais, 13, boulevard des Italiens. — Paris. Delon (Ernest), Ingénieur civil, 14, rue du Collège. — Montpellier. Delvaille, Docteur en médecine. — Rayonne. D"- Demonchy, 1, carrefour de l'Observatoire. — Paris. Depaul (Henri), avenue Drouet-d'Erlon. — Reims. Detroyat (Arnaud). — Rayonne. Deutsch (A.), Négociant-Industriel, 103, rue de Flandre. — Paris, DiDA. (A.), Chimiste, 9, rue Popincourt. —Paris. Dida, fils, 9, rue Popincourt. — Paris. Doré-Graslin (Edmond), 24, rue Crébillon. — Nantes. DouviLLÉ, Ingénieur des Mines, 3, rue du Bac. — Paris. D"" Dransart. — Somain (Nord). D' Duboué. — Pau. DucLAUX (É.), Professeur à l'Institut national agronomique, 15, rue Malbranche. — Paris. DucROCQ (Auguste). — Niort (Deux-.Sèvres). Dufresne, Inspecteur général de l'Université, 73, rue de Morny. — Paris. D'' Dulac. — Montbrison. DuPLAY, Professeur agrégea la Faculté de médecine de Paris, Chirurgien des hôpi- taux, 3, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris. Duval, Ingénieur des ponts et chaussées, 8, avenue Saint-François-Xavier. — Paris. EiCHTHAL (Gustave d'), 44, rue Neuve-des-xAlathurins. — Paris. Eichthal (Eugène d), 44, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris. EiCHTHAL (Georges d'), 53, rue de Chateaudun. — Paris. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XXIII EiCHTHAL (Louis d'). — Les Bezards, par Kogent-sur-Vernisson (Loiret). Elisex, Ingénieur administrateur de la Compagnie Générale Transatlantique, 21, rue de la Béotie. — Paris. Espous (le comte Auguste d). — Montpellier. Expert-Bezançon (Ch.1, de la maison Bezanoon frères et C'% fabrique de céruse 187, rue du Cliàleau-des-Rentiers. — Paris. Paye, Membre de l'Institut, Inspecteur général de l'Instruction publique, 9, chaussée de la Muette. — Paris. FiÈRE (Paul], Archéologue, Membre correspondant de la Société de numismatique et d'archéologie. — Voiron (Isère). D"" FiEUZAL, 93. faubourg Saint-Honoré. — Paris. FoNTARivE, Propriétaire. — Linneville, commune de Gien (Loiret). FooRMENT (le baron de), — Cercamp-lès-Frévent (Pas-de-Calais). FouRNiER (Félix), Membre de la Commission des échanges internationaux, au Minis- tère de l'Instruction publique, 119, rue de l'Université. — Paris. FouR.MER (A.), Professeur de la Faculté de médecine de Paris, médecin des hôpitaux 1, rue Volnpy. — Paris. D' Fromentel (de). — Gra^-. Gariel [M""), 39, rue Joufrro3\ — Paris. D' (iAUBE, 23, rue Saint-Isaure. — Paris. Giard, Professeur à la Faculté des sciences, 37, rue Colbert. — Lille. D"" GiBERT, /i1, rue Séry. — Havre. Girard, Directeur do la maiiuf;icture des tabacs. — Lyon. GiRAL'D (Louis). — Saint-Péray (Ardèche). GoBiN, Ingénieur en chef du service municipal, 8, place Saint-Jean. — Lyon. GouM(?J (Félix), Propriétaire, 3, route de Toulouse. — Bordeaux. GouRNERiE (de la). Membre de ITnstitut, Inspecteur général des Ponts et Chaussées 75, boulevard Saint-Michel. — Paris. D"" Guébhard (Adrien). Licenciées-sciences mathématiques et physiques, préparateur de physique à la Faculté de médecine, 45 bis, rue Peyronnet. — Neuilly (Seine). GuÉZARD, Principal clerc de notaire, IG, rue des Écoles. — Paris. GuiEYSSE, Ingénieur hydrographe de la marine, 42, rue des Écoles. — Paris. Guy, Négociant, 29, quai Valmy. — Paris. Héron (Guillaume), propriétaire, 2, rue Daleyrac. — Toulouse. HoEL (J.), Fabricant de lunettes, 26, boulevard Voltaire. — Paris. Hovelacque-Gense, 2, rue Fléchier. — Paris. Hovelacque-Khnopff, 88, rue des Sablons. — Passy-Paris. HuLOT, ancien Directeur de la fabrication des timbres-poste, à la Monnaie, 2(), place Vendôme. — Paris. HuMBERT (G.) 45, rue Malesberbes. — Lyon. Jackson (James), Secrétaire de la Société de géographie, 13, avenue da Bois-de-Bou- loKue. — Paris. D"" JoBERT, Professeur à la Faculté des sciences. — Dijon. Jones (Charles), chez M. R.-P. Joncs, 14, boulevard Malesherbes. — Paris. Jordan (Camille), Ingénieur dos Mines, Professeur à l'Kcole polytechnique, 48, rue de Varennes. — Paris. D' J.AVAL, 58, rue de Grenelle Saint-Germain. — Paris. JuNGKLEiscH, Professeur à l'École supérieure de pharmacie, 38, rue des Écoles. — Paris. Kœchlin (Jules), avenue Ruysdaël, 4 (parc Monceaux). — Paris. KuHLMANN, fils, 4, Tue du Maire. — Lille. Labrume, Négociant, 49, Pavé des Chartrons. — Bordeaux. Lacretelle, Ingénieur. — Bois-d'Oingt (Rhône). Laennec, Directeur de l'École de médecine, 13, boulevard Delorme. — Nantes. Lallié (Alfred), Avocat, 11, avenue Camus. — Nantes. D-- Lantier (E.). — Corbigny (Nièvre). Laroche (Félix) , Ingénieur des Ponts et Chaussées, 118, avenue des Champs- Elysées. — Paris. Laroche (M"" Félix), 118, avenue des Champs-Elysées. — Paris. Latham (Lionel), 9, rue Escarpée. — Havre. Laussedat (le colonel). Directeur des études à l'École polytechnique, profess'^ur au Conservatoire des Arts-et-Métiers, 23, rue Descartes. — Paris. Lavallée (.U|ihonse), Secrétaire général de la Société d'horticulture, 6, rue de Pen- thièvrc. — Paris. XXIV ASSOCIATION' FRANÇAISE Lavalley, Ingénieur, manoir Bois-Tillard. — Pont-L'Evêque. Lebret (Paul), 22, rue Cauraarlin. — Paris. Lechat (Charles), maire de Nantes, place Launay. — Naptes. Le Monnier, Professeur de botanique à la Faculté des sciences, 5, rue de la Pépinière. — Nancy. Lepine, Professeur à la Faculté de médecine de Lyon. — Lyon. Lespiault, Professeur à la Faculté des sciences, rue Michel-Montaigne. —Bordeaux. Levasseur, Membre de Ilnstitut, Professeur au Collège de France, 26, rue Monsieur- le-Prince. — Paris. Lisbonne, Ingénieur de la Marine, 168, ru3 du Faubourg-Saint-Honoré. — Paris. LoNGCHAMPS (G. de), ProfcssGur de mathématiques spéciales au lycée Charleinagne, 7, rue il'Arcole. — : Paris. Longhaye (Aug.), Négociant. 22, rue de Tournai. — Lille. LoRioL (de), Ingénieur <¥vil, ancien^ élève de l'École des Mines, 4g^, rue Centrale., p Lyon. - ;., ;■ .,,.,,. i., ,/;iO Loyer (Henri), Filateur, 394. rue Notre-Dame. — Lille. '; Mahyer, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 102, rue de Grenelle-Saint-Ger- main. — Paris. Mangin (A.), Directeur des constructions navales, 42, rue de Berri. — Paris. Marghegay, Ingénieur civil dos Mines, 27, quai Tilsilt. — Lyon. D' Mares (Paul), 91, boulevard Saint-Michel.,— Paris. Marignac (Charles) , Professeur. — Genève (Suisse). Marjolin , Chirurgien des hôpitaux, 16, rue Chaptal. — Paris. Martin (William), chargé d'allaires d'Hawaï, 13, avenue delà Reine-Hortense. — Paris. D"' Martin (de). Secrétaire général de la Société médicale d'émuklion de Montpellier Membre correspondant pour l'Aude de la Société nationale d'agriculture de France. 22, boulevard du Jeu-de-Paume. — Montpellier. Masurier (.].), Négociant, 16. rue d'Aumale. — Paris. Maurel (Marc), Banquier, Conseiller municipal. — Bordeaux. Maurel (Emile), Négociant, 7, rue d'Orléans. — Bordeaux. -Maxwele-Lyte (F.), Ingénieur chimiste, 6, cité du Retiro, 30, faubourg Saint-Honoré — Paris. Maze (l'abbé). — Hmifleur (Seine-înférieure). Meissonier, Fabricant de produits chimiques, 5, rue de Béranger. — Paris. Merget, Professeur a la Faculté de médecine. — Bordeaux. Meunier {M'"° Hippolyte). {Décédée] D' MicÉ. Professeur à l'École de JMédecine. — Bordeaux. Milne-Edwards (Alphonse), Professeur de zoologie au Muséum et à l'École de phar- macie, rue Cuvier, au Muséum. — Paris. MiRABAUD (Paul), 29, rue Taitbout. — Paris. D'" Montfort, Professeur à l'École de médecine, 19, quai Voltaire. — Nantes. Mont-Louis. Imprimeur, 2, rue Barbançon. — Clermont-Ferrand. 3I0RTILLET (Gabriel de), attaché au IMusée des Antiquités nationales. — Sainl-(;<:r- main-en-Laye. D' NicAs. — Fontainebleau. Norman», Conseiller général delà Loire-Infér., 12, quai des Constructions. — Nantes. Odiek, Directeur- Adjoint de la Caisse générale des Familles, 4, rue de la Paix. — Paris. ŒcHSNER DE CoNiNCK (William), 105, rue de Rennes. — Paris. D'' Pamard (A.), Chirurgien en chef des hôpitaux. — Avignon. Parise, Professeur à l'École de médecine, 26, place des Bluets. — Lille. Passy (Frédéric) , Membre de l'Académie des sciences morales et politiques, 8, rue Labordère. — Neuilly (Seine). Passy (Paul-Edmond), Licencié ès-lettres, 8, rue Labordère. — Neuilly (Seine). Pennés (J.-A), Produits chimiques et hygiéniques, 2, rue deLatran. — Paris. Pereire (Henry), 32, rue Yille-rÉvéque. — Paris. Pereire (Emile), 89, rue de Pierre-Charron. — Paris. Peheire (Eugène), Administrateur de la Compagnie Générale Transatlantique, 84, bou- levard Mrilesherbes. — Paris. Perez, Professeur à la Faculté des Sciences. — Bordeaux. Perot, Graveur, 10, rue de Nesle. — Paris. Perret (Michel), 38, avenue Gabriel. — Paris. Perricaud, Cultivateur. — La Balrae (Isère). POUR l'aVAISCEMEINT des sciences XXV D' Perroud, Médecin de l'Hôlel-Dieu, chargé de cours à la Faculté de médecine de Lyon, 6. quai des Célestins. — Lyon. Philippe (Léon), Ingi^nieur des Ponts et Chaussées, 80, rue Taitbout. — Paris. PiCHE (Albert), Conseiller de préfecture, 8, rue Montpensier. — Pau. D' PiERROU. — Chazay-d'Azergues (Rhône). Plassiard, Ingénieur des Ponts et Chaussées en retraite, 4, rue Poissonnièro, Lorient (Morbihan). PoMMEROL, Avocat, 36, rue des Ecoles. — • Paris. PoMMERY (Louis), Négociant en vins, rue Vauthier-Le-Xoir. — Reims. PoRGÈs (Charles), Ranquier, 2, rue Blanche. — Paris. Prat, Chimiste, 101, route de Toulouse. — Bordeaux. Prevet (Ch.), Négociant, 28, rue des Petites-Écuries. — Paris. D"' Pljos (A. , Médecin de la Compagnie des chemins de fer du Midi. .58, rue Saint-Sernin. — Bordeaux. Quatrefages (M™* de), .36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire. —Paris. Quatrefages (Léonce nE), 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire. —Paris. R.xCLET (Joannis), Ingénieur civil, 14. quai de la Pêcherie. — Lyon. Raffard, Ingénieur civil, 16, rueVivienne. — Paris. D'^ Raingear», Professeur suppléant h i'Kcolo de médecine de plein exercice, 8, rue .Ii'an-.Tacques. — Nantes. Reille (le baron). Député du Tarn, 10, boulevard de la Tour-Maubourg. — Paris., D-- Reliquet, 17, boulevard de la Madeleine. — Paris. '^ Renouard (M'"'' Alfred), 46. rue Alexandre-Leleux. —Lille. '' Rilliet, 8, rue de l'Hôtel-de-Ville. — Genève (Suisse). Risler (Eugène], Directeur de l'Institut agronomique, 108, boulevard Haussmann. — Paris. Robin , Bancjuier, 38, rue de 1 Hôtel-de-Ville. — Lyon. Robin (Ch.l, Sénateur, Membre de l'Institut et de l'Académie de médecine, 94, bou- levard Saint-Germain. — Paris Roger (Henri), Membre de l'Académie de Médecine, Professeur agrégé de la Faculté de médecine, 15, boulevard de la IMadelcine. — Paris. Rocssei.et (L.), Archéologue, 126. boulevard Saint-Germain. —Paris, Sabatier (Armand), Professeur à la Faculté des. .sciences de Montpellier.— Montpellier. Saint-.Martin (Charles dej. — Billy-sotis-les-Côtes par Vigneulles (Meuse . Saint-Olive (G.), Banquier, 13. rue de Lyon. — Lyon. Schlumberger (Charles), Ingénieur des constructions navales, au Ministère de la Marine. — Paris. Segretain , Commandant du génie, 60. cours d'.-Vquitaine. — Bordeaux. Servier (.\rislide-Édouard) . Ingénieur des arts et manufactures, Directeur delà Compagnie du Gaz de Metz, 21, rue Baudin. — Paris, Seynes (Léonce de), .58, rue Calade. — Avignon. SiÉGLER (Ernest' , Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Bar-le-Duc. Société académique de la Loire-Inférieure. — Nantes. Société philomalhique de Bordeaux. Société industrielle d'Amiens. — Amiens. Société centrale de médecine du Nord. — Lille. Stengelin, maison Évéque et C'% 31, rue Puils-(;aillot. — Lyon. D-" Teillais , place du Cirque. — Nantes. D"" Tei.ssier, Professeur à la Faculté de médecine de Lyon, 16, quai 'filsitl. — Lyon . Terque.m (.41fred), Professeur à la Faculté des sciences, 116, rue Nationale. — Lille. Thénard (.M"'" la b.ironne), 6, place Saint-Sulpice. — Paris. D"" Thulié, Conseiller municipal, 31, boulevard Beauséjour. — Paris. ToLRTOL'LON 'burou de). — .Montpellier Trélat (Ulysse), Membre de 1 Académie de médecine, Professeur à la Faculté de médecine, 18, rue de l'.Vrcade — Paris. TuRENNE (le marquis «e), 26, rue de Berri. — Paris. D' Vaillant (Léon). Professeur au Muséum, 18, quai Henri IV. — Paris. A'aney (Fmmaïuiel;, Conseiller à la Cour dappel, 14, rue Duphot. — Paris. Yan IsEijiiEM (Henri), avocat, conseiller général de la Loire-Inférieure, 1, rue de l'Hôlel-de-Ville. — Nantes. Vassal (Alexandre). — Montmorency (Seine-et-OLse). Vautier (Théodore), étudiant, 46, rue Centrale. — Lyon. XXVI ASSOCIATION FRANÇAISE Verneuil, Membre de l'Académie de médecine, Professeur à la Faculté de médecine 11, boulevard du Palais. — Paris. Veyrin (Emile), 44, rue Notre-Dame-des-Victoircs. — Paris. Vieillard (Albert), 77, quai de Bacalan. — Bordeaux. Vieillard (Charles), 77, quai de Bacalan. — Bordeaux. ViELLARD (Henri), Manufacturier. — Morvillars (Haut-Rhin). ViNCE>fT (Auguste), Négociant, 6, rue d'Orléans. — Bordeaux. WiLLM, Chef des travaux chimiques à la Faculté de Médecine, 82, boulevard Mont- parnasse. — Paris. LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES DE L'ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES [Les noms des membres Fondateurs sont suivis de la lettre F et ceux des membres à vie de la lettre R. — Les astérisques indiquent les membres qui ont assisté au Congrès de Montpellier.) Abadie père, Vétérinaire, 5, rue Franklin. — Nantes. Abbadie (d'), Membre de l'Institut, 120, rue du Bac. — Paris. — F Abelin, Propriétaire. — Logis-de-Fragne par Saiiit-Jean-d'Angely (Charente-Inférieure). Abria, doyen de la Faculté des sciences, quai de Bacalan. — Bordeaux. Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts. — Bordeaux. Académie des Sciences, Arts, Agriculture et Belles-Lettres d'Alx. — Aix-en-Provence. Adam (Paul), place Richelieu. — Bordeaux. Adam (.Y.), Directeur de tissage. — Bitschwiller-Thann (Alsace). *Adhémar (le vicomte P. d'). Propriétaire, 25, Grand'Rue. — Montpellier. Ador (E.). Professeur de chimie. — Genève (Suisse). Aduy (Eugène), Juge au tribunal de commerce. — Perpignan. Agache (Edouard), Manufacturier, 47, boulevard de la Liberté. — Lille. Ag.iche (Edmond), 49, boulevard de la Liberté. — Lille. Agache (Alfred), square de Jussieu. — Lille. *Agard (Michel), Directeur de l'Agence de la Compagnie des Salins du Midi, 29, rue Tubaneau. — Marseille. *D'' Aguilhon (Elle), 19, rue d' Antin. — Paris. . AiMÉ-GiRARD. Professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, 5, rue du Bellay. — Paris. — F Alanore, Pharmacien de l'^'^ classe. Président de la Société médicale, Membre de la Société botanique de France. — Clermont-Ferrand. Alauze, Avoué, rue Ferrère. — Bordeaux. *.\lbenas (baron A. n), propriétaire, 20, boulevard du Jeu-de-Paume. — Montpellier. Albenque, Pharmacien. — Rodez (Aveyron). Alberti, Banquier, 11 bis, boulevard Haussmann. — Paris. — F Albertin (Michel), Directeur des eaux de Saint-Alban, rue de l'Entrepôt. — Roanne (Loire). — R D' Albespy. — Rodez (Aveyron). Alcay (Théodore), rue d'Isiy. — Alger. Alexandre, Pharmacien, 20, cours du Chapeau-Rouge. — Bordeaux. Alfassa, 31, rue Lafayette. — Paris. Alglave (Em.), ancien Directeur de la Revue scientifique. Professeur agrégé chargé du Cours de science financière à la Faculté de droit de Paris, Villa de la Réu- nion, 91, rue du Point-du-Jour. —Paris (Auteuil). POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XXVII *Alicot (M""" veuve), rue Sainte-Foix. — Montpellier. D"" Alix, Médecin principal de 1" classe à l'Hôpital militaire. — Toulouse. Allard (Henri), conseiller municipal, rue Bonne-Louise. — Nantes. Allard (Emile), Inspecteur général des Ponts et Chaussées, avenue du Trocadéro. Dépôt des phares. — Paris. Allezard, Juge d'instruction — Issoire (Puy-de-Dôme). *Allien (Justin), Avocat, Conseiller général, place du Sauvage. — Montpellier. Alluard (E.), Doyen de la Faculté des sciences, Directeur de l'Obsenatoire météo- rologique du Puy-de-Dôme. — Clermont-Ferrand. Almeida (i)'), Inspecteur général de l'Instruction publique, 31, rue Bonaparte. — Paris. — F Alméra (l'abbé Jaime), Docteur es-sciences naturelles. Professeur de géologie au séminaire. — Barcelone (Espagne). Alpeandery, .Membre du Tribimal de commerce, 4. rue de la Licorne. — Alger. Amboix (d'), Capitaine d'état-major, 69, boulevard Malesherbes. — Paris. — F Amé (G.), attaché au chemin de fer du Midi, 7, rue Naujac. — Bordeaux. *Amet (Gustave), Percepteur-receveur. — Nice. *Amigues (E.), Professeur de mathématiques spéciales au Lycée. — Marseille. Andouard, Pharmacien, Professeur à l'Ecole de Médecine et de Pharmacie, I, rue du Calvaire. — Nantes. Andouillé (Edmond), Sous-Gouverneur honoraire de la Banque de France. 2, rue du Cirque. — Paris. — F Akdra (Edgard), 168, faubourg Saint-Honoré. — Paris. André (Fréd.), Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Corapiègne (Oi.se). André (Charles), Astronome, Professeur à la Faculté des Sciences. — Lyon. André (Alfred), Banquier. 49. rue de In Boétie. — Paris. — F André (Edouard), 158, boulevard Haussmann. — Paris. — F *Andrieux (Gaslonj, Entrepreneur de serrurerie, 12, cours des Casernes. — Mont- pellier. *Angot (Alfred), Météorologiste titulaire au bureau central météorologique de France, 82, rue de Grenelle. — Paris. Anonyme, 42, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris. — R *Anterkieu (Emile), Conseiller général, 7, rue BoussairoUe. — Mcnt|iellier. "Anthouard, Inspecteur au chemin de fer, 11, faubourg de Lattes. — Montpellier. *.4ntoine (.\lbert). Professeur de mathématiques au Lycée, 7, rue Embouque-d'Or. — Montpellier. *Apolis (.Alexandre), Rentier Propriétaire, 9, rue Friperie. — .Montpellier. *Appell, Professeur à la Faculté des sciences. — Dijon. Arbaumont (Jules d'), Membre de l'Académie de Dijon, 43, rue Sermaise. — Dijon. D' Ariza. — Madrid. 'D' Arles, 4, rue des Trésoriers de la Bourse. — Montpellier. 'Arlès-Dufour (.Alphonse), Propriétaire, Conseiller général. — Hammam R'irra (Pro- vince d'Alger). Arloing, Professeur à l'École vétérinaire. — Lyon. Armaingaud, Docteur en Médecine, 61, cours de Tourny. — Bordeaux. Armilhon (L.), .Maire d'Ambert, Conseiller général du Puy-de-Dôme. — Ambert (Puy- de-Dôme). *Arnaud de Fabre (A.), 36, rue Sainte-Catherine. — Avignon. Arquenbourg (Charles), Ingénieur civil. ~ Pont-de-Metz, par Amiens. Aron (Henri), Négociant, 14, rue de Grammont. — Paris. Aronssohn (P.), Professeur agrégé libre à la Faculté de médecine de Nancy, 130, boulevard Haussmann. — Paris. Arosa (A.), Membre de la Société de géographie, 42, rue Bassano. — Paris. AssocfATioN amicale des anciens élèves de l'Institut du Nord, 83 /'/>, boulevard de la Liberté. — Lille. *AsTRE (Charles), Chef des travaux chimiques à l'Ecole de pharmacie, 13, rue Basse. — Montpellier. Aubergier, Doyen de la Faculté des sciences de Clermont-Ferrand. — Clermont-Ferrand. D"^ Aubert, 33, rue Bourbon. — Lyon. AuBERT (Charles), Licencié en Droit, Avoué plaidant. — Rocroi (Ardennes). — F Aubin (Emile), (Chimiste, 176, rue du Temple. — Paris. AuBRY, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Milhau (.Vveyron). D' Aude. — t'ontenay-le-Comte (Vendée). ■ t. . ■ .- ■' l fl t : (I ,-;t XXVIII . , ,^SSQÇIATIQ!y,,ERANÇAIÏ^E . , , , AuDENET, Ingénieur en chef de la Compagnie Transatlantiquej 4, rue de la, Paix. — Paris. D"" AunouY (Henry). — Frossay, canton de Saint-Père-en-Retz (Loire-Inférieure). *AuDoyNAUD (Alfred) Profos.scur de scienc 's physiques à l'École d'agriculture de Mont- pellier, 25, boulevard de l'Hôpital. — Montpellier. «^ _. *AuGÉ (Eugène), 3, rue Leva. — fllontpeilier. >i(i 'in' AujAY, Docteur en droit, Avocat à la Cour d'appel, 37, rue de.Trévise. — Paris. •D' AuQuiER (Eugène!. — Sommiéres (Gard). : *AuRiOL (Adrien), Elève à l'Institut agronomique, 61, rue Cc^rdinal-Lemoine. —Paris. *AtjzilLion (Eugène], Professeur au Lycée. 18, rue Favi;e (faubourg du Gourreau). — Montpellier. .„,■.- AvENARD (AHred), Négociant. — Pouliguen (Loire-Inférieure)...,,! Aynard (Ed.), Banquier, 19, rue de Lyon. — Lyon, — f* :,,.(. *AzAM, Professeur à la Faculté de Médecine. — Bqrdeayx,.;,T-;F. Azambre (F.), Notaire. — Fourniies (Nord). - .. ,, • :■ D"" Bachelot-Villeneuve. — Saint-Nazaire (Loire-Inférieure). Bachelu (Louis), Ingénieur civil, 49, rue de l'Hôtel-de-Ville. r— Lyon. Bâclé (Louis), Ingénieur, 143, boulevard Magenta. — Paris. Bacot, ancien Ingénieur des constructions navales, 47, nie Combes. — Paris. D"" Baelde. — Marcq-en-Barœul (Nord). Bagnaux (.1. de). Conseiller d'Etat, Directeur du Secrétaiiat et de la Comptabilité au ministère de l'agriculture et du commerce, 50, rue d A-msterdara. -^^ Paris. i.i Bailhache, Régis.seur de biens, 29, rue de l'Orangerie. — Havre. ...M D'' Baillarger, Membre de l'Académie de Médecine, 8, rue de l'Université, —r Paris, i Baille, Répétiteur à l'École polytechnique, 20, rue Oberkampf. — Paris. — F Baille (M""^^), 26, rue Oberkampf. — Paris. — R , ;i Baillehache (de), Ingénieur civil, 100, avenue deViUiers. — Paris. ; ),!( Bailliére, Avocat à la Cour d'appel, 19, rue Hautefeuille. — Paris. .,; ,. - v;,.,. i,-;! *Baillon, Professeur à la Faculté de Médecine, 12, rue Çuvier. — Pariçv;TT'iFii,-a '([ Bâillon (M™" H.), 12, rue Cuvier. -— Paris. , ' *Baillou (A.), Propriétaire, [)lace Fondaudège.. — Bordeaux. D"" Balaman. — Sérignan, près Béziers. *Baldy (.Joseph), Président du Tribunal de commerce, rue des Grenadiers. — Mont- pellier. *Baldy (Gabriel), Négociant. — Béziers (Hérault). *D'" Balestier (Emile), 4, rue Lapeyronie. — Montpellier. •Balestrié (Louis), Étudiant en médecine, 18, rue du f uits-des-Esquilles. — Mont^ pellier. (/ , : ' Balguerie (Edmond), 2.5, allées de Chartres. — Bordeaux. ; i, ,, ,,;., ,;,,u;t — ■ Balguerie (lîaoul), Consul ottoman, 26, cours du Chapeau-Rouge^ -rr. Bordequî?.., , ^ - f Ball, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris, 3, faubourg Saint-Honoré. — Paris. Bamberger, Banquier, 14, rond point des Champs-Elysées. — Paris. — F , Baour (Abel), Membre de la Chambre de Commerce, cours du ChapeaurRouge. — > Bordeaux. Bapterosses (F.), Manufacturier.—- Briare (Loiret). — F D'- Baraduc (Léon), Médecin des mines de Saint-Éloi. — Montaigut-en-Combraille, par Saint-Éloi (Puy-de-Dôme). •; , ,• :; Barasco» (Hippolyte), Pharmacien, 57, rue du Cherchp-Midii — Paris. -i a D-- Baratier. — Bellenave (Allier). ^ " B.\rbe (Charles-David), Externe des hôpitaux, 35, rue Jacob. — Paris. D' Barbât (Antoine). —Charlieu (Loire). Barbekon, Pharmacien, Fabricant de produits pharmaceutiques. — Montargis (Loiret). Barbier (Ernest), Pharmacien, rue des Qualre-ÉgUse^. — Nancy. Barbier, Peintre, rue Édouard-Larue. — Le Havre. -, *Bardoux, Député du Puy^k'-Dôme, rue d'Ediml^ouTgf.,,'7-. Paris- ,, [ Barento.n (Armand de), 80, rue Richelieti,,,,'r-- ,Pà,r^Tn < fru'.v.iiH..i .«litfc .--if; ii-(n . -! *D'' Baréty (Alexandre), t- Nice. ' ., ,',,.,,;,.;'' .,;;,, •., ,/ ■ \. ■.■'',, [t '.r,., ■;! Barge (Henry), Architecte, élève de l'École des Beaux-Arts, maire. — Jeanneyrias (Isère). Bargeaud (Paul), Percepteur. — Sain,trGenis-de-SaiD,tonge (Charente-Inférieure). — R Bargoin, Négociant, 27, nie Balainvillers. — Clefpiont-Ferrand, Barmont (de), 2, rue de Saiorges. — Nantes. Baron, Ingénieur de la Marine, rue du Ha. — Bordeaux. — R *Barral (J.-A.), Secrétaire perpétuel delà Société nationale d'agriculture de France, 66, rue de Rennes. — Paris. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XXIX Barracd, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Milliau (Aveyron). Barrois (Th.), Filateur, .35, rue de Launoy. — Fives-Lille. D"- Barrois (Ch.), Maitre des conférences à hi Faculté des sciences, 220 rue Solférino — Lille. — R ' • ■. ■ BARRors (Th.) ûls, Licencié ès-sciences, 35, rue de Launoy, —'tTres-LiUê, Barrois (.Jules), 37, rue Rousselle, faubourg Saint-.Maurice. — Lille.— R Barthès (Antonin), Propriétaire. — Maraussan près Bézierà. Bartholony, Président du Conseil d'administration du chemin de fer d'Orléans. 12 rue La Rochefoucauld. — Paris. — F Basset 'Charles), >'égociant, cours Richard. — La Rochelle. D"" Basset, Médecin inspecteur des eaux de Royat, 2, cité Trévise. -^ Paris. Basset (Henri), Étudiant en médecine, 2, cité Trévise. — Paris. Bassot, Capitaine d état-major, 15, rue Tronchet. — Paris. Bastide (Etienne), Pharmacien, 4, rue de la Citadelle. — Béziers. BASTini: (Henri), Pharmacien, 27, place Francheville. — Périgueux. •Bastide (Jacques), Pasteur. — Saint-Pargoire (Hérault). •Bastide (Scévola), Propriétaire et Négociant, rue Clos-René. — Montpellier. ^;i Bataillarp, Archiviste à la Faculté de médecine de Paris, G, rue Cassini. Paris. Batilliat (Sisoi), Pharmacien, 25, rue Pont-Laguiche. — Màcon. Battandier, Professeur à l'École de médecine d'Alger, hôpital civil, .Mustapha. — Alger. D"" Battarel, ."Médecin de l'hôpital civil, 69, rue de Constantine, Mustapha. — Alger. Baud, Conseiller municipal, 6, rue .Saint-Louis. — Clermonl-Ferrand. D' Baudet. — Cadillac, par Cérons (Gironde). Baudet (Cloris), 90, rue Saint-Victor. — Paris. Baudoi.n (Edouard), Négociant, 28, place Notre-Dame. — Élampes. Baudouin, .Marchand de fer. — Pons (Charente-Inférieure). Baudrimont père. Professeur à la Faculté des sciences. — Bordeaux. D" Baudrimont (ils. — Bordeaux. Baumevielle (Aristide), 4, rue de l'Échiquier. — Paris. Bau.mgart.ner, Ingénieur des Ponts et Chaussées, rue de la Verrerie. — Bordeaux. Baumhauer (K.-M. de), .Secrétaire perpétuel de la Société néerlandaise des Sciences. — Harlem (F'ays-Bas). Bauvin, Licencié en droit, Crande-PIace. — Arras (Pas-de-Calaisl. Bayard, Pharmacien, ancien interne des hôpitaux de Paris, Secrétaire de la Société des [)liarmaciens de SiMne-ft-.Marne. — Foiilainehleau. , ,< Bavard (H.), .Vncieii élève de l'École polylechni(|ue, 8, rue de Bagneux. — Paris, Baysei.lance, Ingénicurde la Marine, Président , rue de Penthièvre. — Paris. — R *Bergeron (Jules), Ingénieur des arts et manufactures, 75, rue Saint-Lazare. — Paris. — R *Bergeron (Jules), Membre de l'Académie de Médecine, 75, rue Saint-Lazare. — Paris. — R D'' Bergeron (Albert), 34, rue du Bac. — Paris. Bergis-Dounous (Em.), il, rue Villebourbon. — Montauban. Bergis (Léonce), Propriétaire. — Pech Bétou par Molieres (Tarn-el-Garonne). Bernard (Rémy), Conseiller municipal, boulevard Saint-Aignan. — Nantes. Bernard, Contrôleur des Contributions directes, 5, rue de l'Escale. — La Rochelle. Bernard (Auguste), Percepteur des Contributions directes. — Saint-Martin-de-Ré. D'' Bernard, 2, quai Saint-Pierre. — Cannes. Bernât (Emmanuel-Jean), Avocat. — Marseille. Berne, Chargé de cours à la Faculté de Médecine deLyon, 14, rue Saint-Joseph. — Lyon. Berne, Interne des hôpitaux de Paris, 3, rue de Cluny. — Paris. Berrens, Manufacturier. — Barcelone. Bertéche (G.). — Saint-Amand-les-Eaux (Nord). Berthaut, Professeur, 19, rue Joulfroy. — Paris (Batignolles). Berthier (Camille), Ingénieur civil. — La Ferté-Saint-Aubin (Loiret). Berthon (Auguste), 2, rue de la Paix. — Paris. D' Bertillon. — Chef de la Statistique municipale, 18, rue des Saints-Pères. — Paris. Bertillon (Jacques), Publiciste. — 33, rue des Feuillantines. — Paris. D"" Bertin (Georges), Professeur suppléant à l'École de médecine, 2, rue Franklin. — Nantes. *Bertin-Sans (Emile], Professeur à la Faculté de médecine, 3, rue de la Merci. — Montpellier. Bertrand (J.), Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France, 9, rue des Saints-Pères. — Paris. — R Besselièvre (Ch.), Manufacturier, Conseiller général de la Seine-Inférieure. — Maromme, près Rouen. *Bessière (Gustave], Étudiant. -— Nimes. *Besson (André), Aumônier au Lycée. — Montpellier. Bethmann (Edouard de), 5, rue de la Yerrerie-. — Bordeaux. Bethouard (Emile), Receveur des Domaines. — DouUens (Somme). Beurier, Inspecteur d'Académie. — Arras. Beylot, Vice-Président du Tribunal civil. — Bordeaux. Bézineau, 71, rue du Bengale. — Talence, près Bordeaux. Bibliothèque de l'École Fénclon, 23, rue Malesherbes. — Paris. Bibliothèque de l'Ecole régimentaire du génie. — Grenoble. Bibliothèque publique de la ville. — Boulogne-sur-Mer. — R POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XXXI Bichon, Constructeur de navires. — Lormont, près Bordeaux, — R Bidault (Alfred), 14, rue :\Ionsieur-le-Prinee. — Paris. D' BiERMONT (DEi, IC, Tue Marengo. — Bordeaux. BiG>ON (Jean), Ingénieur des Arts et Manufactures, 1, rue Le Pcletier. —Paris. BiGOUROUx (A.), Capitaine au long cours, 44, rue Traversière. — Bordeaux. BiLLAULT-BiLLAUDOT et C'", Fabricants de produits chimiques, place de la Sorbonne. — PaiMs. — F BiLLiNG (M. le baron Robert de), du Ministère des affaires étrangères, 2i, avenue des Champs-Elysées. — Paris. BiLLiNG (M" la baronne de), 24, avenue des Champs-Elysées. — Paris. D' BiLLO.N, 3Iaire. — Loos (Nord). BiLLY (Charles de), Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, 14, rue Franklin. — Paris. — F BiLLT (Alfred de). Inspecteur des Finances, 2, rue Corvetto. — Paris. *BiMAR (Auguste), rue Edouard- Adam. — Montpellier. *BiMAB, l'rofêsseur agrégé à la Faculté de médecine. — Montpellier. BiNET, Maison Perquer. — Sainte-Adresse (Havre). BiocHET, Notaire. — Caudebec (Seine-Inférieure). BiscHOFFSHEiM (Rai)haël-Louis), 34, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris. — F Blamires (Thomas), Manufacturier. — Leeds Road, liudderslield (Angleterre). Blanchard, Préparateur du cours de physiologie à la Sorbonne, Répétiteur à ITnstitut national agronomique, 62, rue .Monge. — Paris. D"" Blanchet. — Villa d'Alsace. — Vichy-les-Bains (Allier). Blandin, Député de la Marni-, Maire d'Epernay, 93, boulevard Haussmann. — Paris. — R Blandin, Ingénieur, manufacturier. — Nevers. Blavet, Négociant, Président de la Société d horticulture de l'arrondissement d'Étampes, 10, 12 et 14, rue de la Juiverie. — Étampes (Seine-et-Oise). *Blavv (AUVeil;, Avoué, 4, rue Barralerie. — Montpellier. Bleszynski (Félicien), Ancien oflicier d'artillerie, 21, rue Mogador. — Havre. Bleyme (Franç.-Emile), Pasteur de l'Église réformée, 37, rue Blatin. — Clermont- Ferrand. *Bloc, Chef de clinique à la Faculté de médecine. — Montpellier. Blot, Membre de l'Académie de médecine, 2'», avenue de Messine. — Paris. — F Blot (Alfred), Directeur du Journal l'Instriiclion publique, 42, rue du Cherche-Midi. — Paris. *Blovqlier (Charles), rue Salle-l'Évèque. — Montpellier. BoAS-BoASSON (J.). Chimiste, 28, rue de Lyon. — Lyon. Bobierre, Directeur de l'École supérieure des Sciences, 12, rue Voltaire. — Nantes. BocA (Alcidel, ancien Membre de la Chambre de commerce. — Valenciennes. BocA (Léon). — Valenciennes. BoCA (Paul), ancien élève de l'École [)olytechnique, 1, place du Théâtre-Français. —Paris. D"^ BoGROs. — L'atour-d'Auvergiie (Puy-de-Dôme). Boire, Ingénieur civil, 143, rue Heauharnais. — Lille. Bois (Georges-Francisque), Avocat, 43, avenue de l'Observatoire. — Paris. *BoissAY père, Publicisle, 71, rue de Crénelle. — ■ Paris. *BoissELLiER. Agent administratif de la Marine. — Rochelbrt (Charente-Inférieure). BoissoNNET, Général du Génie. Sénateur, 78, rue de Rennes. — Paris. — F BoiSTEL (G ), Ingénieur civil, 8, rue Picot (avenue du bois de Boulogne). — Paris. *BoiTEAU (Pierre), Vétérinaire délégué de l'Académie. — \illegouge par Lugon (Gironde). BoiviN (Emile), 145, rue 2, boulevard du Port-Boyal. — Paris. Dhôtel, Adjoint au maire du 1' arrondS 107, boulevard de Sébastopol. — Paris. — F *DiAC0N, Professeur à l'Ecole de pharmacie. — Montpellier. Dida (A.), Chimiste, 9, rue Popincourt. — Paris. — R DiDA fils, 9, rue Popincourt. — Paris. — R D"- DiDAY, ex-Chirurgien en chef de l'Antiquaille, Secrétaire général de la Société de médecine, rue de Lyon. — Lyon. — F DiETZ (J.), rue de la Monnaie. — Nancy. 'D' Dieulafoy (Georges), professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, 16, rue Caumartin. — Paris. "Dilsheimer, Commissionnaire en marchandises, 38, rue d'Hauteville. — Paris. Divin (Ph.), Rédacteur à la Gironde, 8, rue de Cheverus. — Bordeaux. Dollfus (M"" Auguste), 53. rue de la Côte. — Le Havre. — F Dollfus (Auguste), 53, rue de la Côte. — Le Havre. — F Dollfus (Auguste), Président de la Société industrielle. — Mulhouse. 'Dollfus (Adrien), 55, rue Pierre-Charron. — Paris. Dollfus (Charles), 1, rue Spontini. — Paris. Dombre (Louis), Ingénieur, Sous-Directeur des Mines. — Aniche (Nord). •Domergue (François), Ancien générai de brigade, ancien Élève de l'Ecole polytech- nique, 5, rue de la Loge. — Montpellier. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XLIII DoNNADiEU, Professeur à l'Université catholique. — Lyon. •DoNNADiEU (Joseph), 80, Grande-Rue. — Montpellier. DoNON DE (iANNES (Charles), ancien Élève de l'École des mines. — Bellevue, près Meudon. Dont (M'-), Ingénieur civil, 29, rue ds Lodi. — Marseille. DoR (Eugène). — La Rochelle (Charente-Inférieure). ♦D"" DoR (Henri), Professeur honoraire, à l'Université de Berne, 10, rue du Plat. — Lyon. *DoR (M""* Henri), 10, rue du Plat. — Lyon. Doré-Graslin (Edmond), 24, rue Crébiilon, — Nantes. — R DoRMER (Lord), Grove-Park, Warwich. — Londres (Angleterre). DoRMOY, Conseiller municipal, rue Vilaris. — Bordeaux. D"^ DouAUD, rue Notre-Dame. — Bordeaux. D' Douillet. — Lamballe (Côles-du-Nord). DouMERC, Ingénieur civil, 10, rue Copenhague. — Paris. Doumerc (Jean), Ingénieur civil des Mines, Membre de la Société géologique de France. 1, rue Corail. — Montauban. *DouMERC (Paul), Ingénieur civil, Membre de la Société géologique de France. — Montauban. •Doumet-Adanson, Président de la Société d'horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault. — Cette (Hérault). DouRiK, Professeur à l'École de médecine. — Clermont-Ferrand. DouviLLÉ, Ingénieur des Mines, 207, Boulevard Saint-Germain. — Paris. — R D" DoYON, Médecin des eaux. — Uriage I Isère). D"" Dransart. — Somain (Nord). — R Drée (le comte de), Sous-Direcleur du haras. — Annecy (Haute-Savoie). •D' Dresch (G.). — Foix (Ariège). Drevon (Henri), 67, cours d'Herbouville. — Lyon. Drouault (M"" Ch.1, 76, rue de Rennes. — Paris. Drouin (A.), Ingénieur-Chimiste, 33, rue Beaubourg. — Paris. Droz (Alfred), Avocat, 48, rue Jacob. — Paris. DuBAR, Rédacteur de l'Écho du Nord, Grande-Place. — Lille, D'' Dubest (Hippolyte). — Pont-du-Chàteau (Puy-de-Dôme). Dubois (E.), Professeur de physique au Lycée, 33, rue Voiture. — Amiens Dubois (Emile). — Saint-Jean-d'Angély (Charente-Inférieure). Dubois, Ingénieur des Arts et Manufactures. — Boiry-Sle-Riclrude (Pas-de-Calais). *DuBOSCQ, Constructeur d'instruments d'optique, 21, rue de l'Odéon. — Paris. DuBoucHÉ (Adrien), Négociant. — Jarnac (Charente). D"" DuBouÉ. — Pau. — R DuBOURG, Avoué, 27, rue du Temple. — Bordeaux. DuBOURG (Georges), Négociant en draperies, 45, cours des Fossés. — Bordeaux. D' DuBREUiLH (Ch.j, 12, rue du Champ-de-Mars. — Bordeaux. DuBRocA (Germain), Propriétaire, château de Blancastcl, canton de Manciet (Gers). DuHUissoN (Edmond), Ingénieur civil, 8, rue de Bouille. — Passy. DucHAUFOUR (Eugène), Négociant en métaux, 52, rue de Paris. — Lille. DucHEMiN (E.j. 33, place Saint-Sever. — Rouen. DucLAUX (Emile), Professeur à l'Institut national agronomique, 15, rue Malbranche. — Paris, — R •DucRETET (E.), Fabric. d'instr. de physique, 89, rue des Feuillantines. — Paris. 'DucROCQ (Auguste). — Niort (Deux-Sèvres). — R 'DucROCQ (Henri). — Niort. D' DuDON, 10, rue Huguerie. — Bordeaux. 'DuFAiTELLE, Rentier, 18, rue Magnan. — Paris. D"" DuFAY, Sénateur, 76, rue d'Assas. — Paris. — R. DuFET (Henri), Professeur au Lycée Saint-Louis, 23, rue de Vaugirard. — Paris. 'DuFOUR (Henri), Professeur de physique. — Lausanne (Suisse). DuFRESNE, Inspecteur-Général de l'Université, 73, Pierre-Charron. — Paris. — R D"" Dujardin-Beaumetz, Médecin de l'Hôpital St-Antoine, 66, rue de Rennes. — Paris. DuLAC (Frédéric), 40, place Dauphine. — Bordeaux. 'D"" DiLAC (Dieudonné). — Béziers (Hérault). D' DuLAC. — Montbrison. — R Du Marché, Capitaine d'artillerie au 32' régiment, 72, quai du Châtelet. — Orléans. Dumas, Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, Membre de l'Académie fran- çaise, 3, rue Saint-Dominique-Saint-Germain. — Paris. — F Dumas (M°"), 3, rue Saint-Dominique-Saint-Germain. — - Paris. ^^^^ ASSOCIATION FRANÇAISE *DuMAS (Léon), Chef de Clinique obstétricale à la Faculté de médecine, Plan du Palais. — Montpellier. D' DuMÉNiL, 45, rue de l'Hôtel-de-Ville. — Rouen. DuMONT, Directeur de l'enseignement supérieur au ministère de l'Instruction publi- que. — Paris. *DuM0NT (Aristide), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 66, rue Marbeuf. —Paris, D' DuNOYER (Léon). — au Dorât (Haute-Vienne). Dd Pasquier, Négociant, 6, rue Bernardin-de-Saint-Pierre. — Havre. DuPLAT, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, Chirurgien des hôpi- taux, 3, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris. — R *Ddponchel, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Montpellier. *DuP0NT (Louis). — Damps, près Pont-de-lArche (Eure). DupouY (E.), Avocat, Conseiller général. Député de la Gironde. — Bordeaux. — F DuPRÉ (Anatole), préparateur de chimie, 25, rue d'Ulm. — Paris. Ddpré (Jean-Marie), 46, rue des Marais. — Paris. *DuPRÉ (G), Professeur à la Faculté de médecine, 1, rue Sainte-Foy. — Montpellier. DUPUY DE LOME, Sénateur, Membre de l'Institut, 374, rue Saint-Honoré. — Paris. — F Dupdy (Paul), Professeur à l'École de Médecine, 78, chemin d'Eysines. — Bordeaux. — F DCPOY (Camille), Avocat général, 5, cours Saint-Louis. — Aix-en-Provence. Ddpoy (Léon), Professeur au Lycée, 13, rue Vital-Carles. — Bordeaux. — F Ddpuy, Pharmacien. — Branne (Gironde). DuPUY (Ed.), Pharmacien de 1" classe, ex-interne des hôpitaux de Paris. — Château- neuf (Charente). DupOY-DuTEMPs (Léo), Conseiller de Préfecture.— A Iby (Tarn). Durand (Edouard), Professeur des sciences géographiques à l'Université catholique, 40, rue d'Assas. — Paris. *DuRAND (Joseph), Membre de la Société d'anthropologie de Paris. — Domaine d'Arsac, près Rodez (Aveyron). *DuRAND (Ferdinand), Chef de l'Institution secondaire, 6, rue des Grenadiers. — Mont- pelher. *DuRAND (Eugène), Professeur à l'École d'agriculture. — Montpellier. Durand-Claye (Alfred;, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 85, rue Richelieu. — Paris. D-- Durand-Fardel, 17, rue Guénégaud. — Paris. Dorand-Gasselin, Banquier, 6, rue Jean-Jacques Rousseau. — Nantes. DoRANDo (Gaétan), Professeur de botanique, ancien Bibliothécaire de l'École de méde- cine, 4, rue René-Caillé. — Alger. Duranteau (M"» la Baronne). — Au château de Laborde près et par Châtellerault (Vienne). Duranteau (Le baron Alfred), Propriétaire. — Au château de Laborde, près et par Châtellerault (Vienne) . DuRANTY (Nicolas), professeur suppléant à l'Ecole de médecine, médecin des hôpitaux, 4, rue Montaux. — Marseille. DuRASSiER, Chimiste, 24, avenue de Wagram. — Paris. DuREAu (Alexis), Archiviste de la Société d'anthropologie de Paris, Bibliothécaire adjoint à l'Académie de médecine, 16, rue de la Tour-d'Auvergne. — Paris. D' DuRiAu, rue de Soubise. — Dunkerque. ^Do RiEux, Ingénieur civil, 6, rue Brigode. — Lille. *DuRiF (X.), Avocat, Docteur en droit, 28, rue de l'Hôtel-Dieu. — Clermont-Ferrand. Durillon (E.), 34, quai delà Charité. — Lyon (Rhône). DuRoziER, Pharmacien, 58, boulevard Saint-Michel. — Paris. DuRROS, Négociant, 73, cours d'Alsace-Lorraine — Bordeaux. DuRRWELL (Eug.), Chimiste. — Buenos-Ayres (Plata). DussAUT (M"« Caroline), aux Ruches. — Fontainebleau. •DuTAiLLY (G.), professeur à la faculté des sciences. — Lyon. DuvAL (Antonin), Manufacturier, 31, rue du Puits-Gaillot. — Lyon. DuvAL (Fernand), Administrateur de la Compagnie parisienne du Gaz, 53, rue Fran- çois 1". — Paris. — F DuvAL, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 8, avenue St-François-Xavier. — Paris.— H *DuvAL, Colonel, Chef d'État-Major général du 16» corps. — Montpellier. DuvERGiER, Président delà Société Industrielle, 35, rue Saint-Cyr. — Lyon. — F Ddvergier (M""), 35, rue Saint-Cyr. — Lyon. POUP L AVANCEMENT DES SCIENCES XLV DuvETRiER, Géographe, rue des Grès.— Sèvres. DuviLLiER (Edouard), Préparateur de Chimie à la Faculté des sciences. — Lille. EiCHTHAL (d), Banquier, Président du Conseil d'administration des chemins de fer du Midi, 42, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris. — F EiCHTHAL (Gustave d'), 44, rue Neuve-des-iAIathurins. — Paris. — R EiCHTHAL (Eugène d), 44, rue >'euve-des-Mathurins. — Paris. — R EiCHTHAL (Georges d'), 53, rue de Chàteaudun. — Paris. — R EiCHTHAL (Louis d'). — Les Bezards, par Nogent-sur-Vernisson (Loiret), — R Élie (Eugène), Propriétaire, 22, rue Berthelot. — Elbeuf. Elisen, Ingénieur administrateur de la Compagnie générale Transatlantique, 21, rue de la Boëtie. — Paris. — R Engel (Arthur), 29, rue Marignan. — Paris. Engel, Relieur, 91, rue du Cherche-Midi. — Paris. — F "Engel (M"°« Marie), villa des Pins. — Montpellier. *Engel (Rodolphe), Professeur à la Faculté de médecine — Montpellier. Engel (Eugène), chez MM. Dollfus, Mieg et C'% 9, rue Saint-Fiacre.— Paris. Erhardt-Schieble, Graveur, 12, rue Duguay-Trouin. — Paris. — F Ernest, Négociant, rue de Strasbourg. — Nantes. D'' Escande. — St-Cyprien (Dordogne). EscARRAGUEL, Propriétaire,!, allée de Tourny. — Bordeaux. •EspiTALiER, Négociant, maire de Cette, 18, quai de Bosc. — Cette. *Espous (Le comte Auguste d'). — Montpellier. — R EsTEULLE, Ingénieur civil, 14, rue Ruinart. — Reims. *EsTOR, Professeur d'anatomie pathologique et d'histologie à la Faculté de médecine de Montpellier. — Montpellier. •EsTOR (M"'). — Montpellier. *EsT0R (Louis). — Montpellier. •EsTOR (Eugène). — Montpellier. *EsT0R (André). — Montpellier. 'EsTOR (M"" Louise), 6, plan du Palais. — Montpellier. *EsT0R (M°" Charles), 6, plan du Palais. — Montpellier. Etienne, Négociant raffineur, 36, rue Grande-Biesse. — Nantes. Etiennez (Etienne), Avoué, 1, rue de l'Échelle. — Nantes. Eudel (Emile), Capitaine au long cours, rue du Chemin-des-Poules. — Nantes. 'D' Eustache (G.), Professeur à la Faculté libre de médecine, 1, rue de la Préfec- ture. — Lille. Expert-Bezançon (Ch.), de la maison Bezançon frères et C'«, fabrique de céruse, 187, rue du Château-des-Rentiers. — Paris. — R Eymery (Octave) , Propriétaire. — Terrcfume, Commune de Saint-Dizant du Guà par Saint-Fort- sur-Gironde (Charente-Inférieure). Eyssartier (Maurice), Pharmacien. — Uzerches (Corrèze). *Eysséric (Joseph), Etudiant, rue Duplcssis. — Carpentras (Vaucluse). Fabre (Charles), Propriétaire, 24, rue des Petits-Hôtels, place Lafayette. — Paris. *Fabre (Ernest), Ingénieur-Directeur de la Société anonyme des chaux hydrauliques de l'Homme-d'Armes. — L'Homme-d'Armes, près Montélimart (Drôme). *Fabre (Albert), Architecte, 36, rue du Pont-de-Lattes. — Montpellier. *Fabrkoe (Frédéric), Propriétaire, 33, Grande-Rue. — Montpellier. Faget (Marius), Architecte, 12, rue de Rohan. — Bordeaux. Faguet (L.-Auguste), Préparateur de botanique à la Faculté des Sciences et au labo- ratoire de la Faculté de Médecine, 22, rue des Boulangers. — Paris. Falateuf (Oscar), Avocat, Membre du Conseil de l'ordre, 6, boulevard des Capu- cines. — Paris. Falières, Pharmacien. — Libourne. •Faliès (Louis), Publiciste, 2, place de la Préfecture. — Montpellier. Falsan (Albert), Géologue. — Collonges-sur-Saône (Rhône). •D' Fanton, 9, Boulevard du Nord. — Marseille. Fargeix, Conseiller général du Puy-de-Dôme. — Clermont-Ferrand. Fargues de Taschereau, Professeur de physique au lycée Henri IV, 13, rue Bois- sière (Trocadéro). — Paris. 'Faucher (Emile), Ingénieur civil. — Levesque, par Sauve (Gard). Fauchille (Auguste), Licencié en droit, Licencié ès-lettres, 88, rue de Tournai. — Lille. •Faucon (Louis), propriétaire. — Graveson (Bouches-du -Rhône). XLVi ASSOCIATION FRANÇAISE Faugé (A.), Directeur de l'Office international des brevets d'inventions, 20, rue Malher. — Paris. •Faulquier (Rodolphe), Manufacturier, Juge au tribunal de Commerce, 5, rue Bous- sairolles. — Montpellier. Faure (Lucien), Président de la Chambre de commerce, — Bordeaux. — F Faure (Jules), 16, cours d'Alsace-Lorraine. — Bordeaux. Faure (Ernest), Propriétaire. — Tresses (Gironde). Faure, Ingénieur civil, Fabricant de produits chimiques, 35, rue Sainte-Claire. — Clermont-Ferrand. Faure (Félix), Négociant, 121, boulevard François I". — Le Havre. D' Fauvelle, Président de la Société de médecine de l'Aisne, 11, rue de Médicis. — Paris. Fauvelle (Charles-Julien), Étudiant en médecine, 11, rue Médicis. — Paris. Fauvelle (René), 11, rue Médicis. — Paris. D"" Fauverteix (Adrien). — Saint-Sauves (Puy-de-Dôme). Favier, Professeur de mathématiques au Collège, 16, rue de la Juiverie, — Êtampes. D' Favre, Médecin consultant de la Compagnie P.-L.-M., 1, rue du Peyrat. — Lyon. Favre, Professeur de géologie à l'Académie de Genève (Suisse). Favbeuil (de). Géomètre expert, 25, rue du Molinel, — Lille. Favreul (Ernest), négociant, 21, quai de l'Ile-Gloriette. — Nantes. Paye, Membre de l'Institut, Inspecteur général de l'instruction publique, 9, chaus- sée de la Muette. — Paris. — R Fayol, Ingénieur en chef des houillères de Commentry (Allier). Fée (Félix), Médecin-major de 1" classe. Professeur agrégé de la Faculté de médecine de Nancy, 19, place de la Bourse. — Toulouse. Féligonde (de), ancien Député, au Chatelard par Ebreuil (Allier). FÉRAUD (Henri), 39, rampe Vallée — Alger. *Féraud (L.), Avoué en première instance, place du Petit Scel. — Montpellier. D' FÉRÉOL (Félix), 8, rue des Pyramides. — Paris. Ferère (G.), Armateur, 8, rue Âufray. — Havre. FÉRET (Edouard), Libraire, cours de l'Intendance. — Bordeaux. Ferrand (Eusèbe), Pharmacien, 93, rue Saint-Honoré. — Paris. D' Ferrari, Pharmacien. — Madrid. Ferriére (Gabriel), rue du Réservoir. — Bordeaux. Ferrouillat (Prosper), Fabricant de produits chimiques, 1, rue d'Egypte. — Lyon. Ferry (Emile), Négociant, Conseiller municipal, Juge au tribunal de commerce, 21, Boulevard Cauchoise. — Rouen. D' Feuillet, maire d'Alger, 19, galeries MalakofL — Alger. Feuillet, Professeur de langues et de comptabilité, 7, rue de la Lyre. — Alger. FÉVRIER (Général), Commandant la place, 34, quai de la Charité. — Lyon. •Fière (Paul), Archéologue, Membre correspondant de la Société française de numis- matique et d'archéologie. — Voiron (Isère). — R 'D" Fieuzal, 93, rue du Faubourg-Saint-Honoré. — Paris. — R FiÉvET, Fabricant de sucre. — Masny (Nord). *FiGARET, Inspecteur-Ingénieur des télégraphes, 2, rue de l' Ancien-Courrier. — Mont- pellier. Filhol (E.), Professeur à la Faculté des sciences. — Toulouse. *FiLH0L (H.), Maître de conférences à la Faculté des sciences. — Toulouse. FiLLON, Propriétaire. — Saint-Cyr-en-Talmondais (Vendée). FiLLOUX, Pharmacien. — Arcachon. *D' Fines, 2, rue du Bastion-Saint-Dominique. — Perpignan (Pyrénées-Orientales). FiNOT (Etienne), Préparateur de chimie à la Faculté des sciences. — Clermont- Ferrand. Flamant, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Amiens. Flament (Henri), Ingénieur civil, 94, rue Hauteville. — Paris. *Fi.EUREAU (Georges), 81, rue de Flandres. — Paris. Fleury, ancien Recteur de l'Académie. — Douai. Fleury, Directeur de l'École de médecine. — Clermont-Ferrand. Fleury (Victor), Propriétaire. — La Drouétière, commune de Mauves (Loire-Infé- rieure) . D' Fleury (C. M.) — St-Etienne (Loire). POlIt l'avancement des SCIEKCES XLVII Fleury (A.) Pharmacien de 1" classe, 28, rue Bab-Àzoun. — Alger. Flora>d (Maurice), Pharmacien de i" classe. — Guéret (Creuse). Floure>s (G.), Ingénieur chimiste, Membre de la Société industrielle du Nord. — Haubourdin, près Lille. *FoEX (Gustave), Professeur à l'École d'agriculture, 29. Faubourg Saint-Jaumes. — Montpellier. FoNciN, Recteur de l'Académie de Douai. — Douai. FoNTAN>ES (F.), Géologue, 4, rue de Lyon. — L}on. FoNTARivE. — Linneville, commune de Gien (Loiret). — R *FoNTENAT, Avocat, 7, rue Pila-Saint-Géiy. — Montpellier. Fo.MENEAU (Félix), Propriétaire, rue du Gommier. — Nantes. FoNTOYNONT, Pharmacien, 9, rue Lévis. — BatignoUes-Paris. FoNviELLE (W. de), Homme de lettres, 50. rue des Abbesses. — Paris. FoRCRAND (Robert de) Chargé de conférences à la Faculté des sciences, 9, rue Martin. — Lyon. *FoREL (A.-Françoisj, Professeur à l'Académie de Lausanne. — Lausanne (Suisse). Forrer-Debar, Négociant, 3, quai Saint-Clair. — Lyon. D' FoRTiNEAU, 65, rue de Rennes. — Nantes. FossAT (J.), Huissier, 97, rue Ste-Catherine. — Bordeaux. FouGERO.N (Paul), 55, rue de la Brelonnerie. — Orléans. FouRCAND, Sénateur. — Bordeaux. FouRCAND (Léon), Négociant, Membre du Conseil municipal, 34, rue Saint-Remy. — Bordeaux. FouREAU (Fernand), Membre de la Société de géographie de Paris. — Frediere-St- Bartjant, par Mézières (Haute-Vienne). FouRMENT (baron de). — Cercamp-lès-Frévenl. — (Pas-de-Calais). — R FouRNEREAU (l'abbé). Professeur de sciences à l'institution des Chartreux. — Lyon. Foorivet, place Tourny. — Bordeaux. FouRMÉ (Victor), Ingénieur des Ponts et Chaussées, 46, rue Madame. — Paris. 'D' FouRMER (Albanj. — Rambervillers (Vosges). FouRNiER (Félix), Membre de la Commission des échanges internationaux au Ministère de l'Instruction publique, 119, rue de l'Université. — Paris. — R FouR.MER (A.), Professeur agrégé à la faculté de médecine de Paris, médecin des hôpitaux, 1, rue Volney. — Paris. — R 'Fraissinet (Adolphe), Trésorier-payeur général. — Montpellier. Francezon (Paul), Chimiste et industriel. — Alais (Gard). *D" Franck (F.), Préparateur au Collège de France, 64, rue des Feuillantines. — Paris. *Francq (L.), Ingénieur civil, 62, boulevard Haussmann. — Paris. Frantzeis, Fabricant de Heurs, 8, cour des Petites-Écuries. — Paris. •D' Frat (Victor), 23, rue Maguelonne. — Montpellier. 'Fréchou, Pharmacien. — Nérac. Fremy, Membre de l'Institut, Directeur du Muséum, Professeur au Muséum et à l'École polytechnique, 33, rue Cuvier. — Paris. — F Fremy (M""'), 33, rue Cuvier. — Paris. 'Frère (Isidore), Propriétaire-négociant. — Saint-Genis-des-Fontaines (Pyrénées-Orien- tales). *Fresquet (Edouard de) Professeur d'économie politique et de législation à l'école nor- male spéciale de Cluny. — Cluny (Saône et Loire). Freyssinge, Pharmacien de l'' classe, 97, rue de Rennes. — Paris. D' Fricker, 36, rue Notre-Dame-de-Loretle. — Paris. Friedel, Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des sciences, 61), boule- vard Saint-Michel. — Paris. — F Friedel (M""^), née Combes, 60, boulevard Saint-Michel. — Paris. — F Friederich, Négociant. — Fontenay-le-Comte (Vendée). Froment, Agent voyer, Conducteur en retraite. — Au Cheylard (Ardèche). D' Fromentel (de). — Gray (Haute-Saônej. — R Frossard (Ch.-L.), 14, rue de Boulogne. — Paris. — F Frouin (André). — Celles, canton d'Archiac (Charenle-Inlérieure). •Fulcrand (Charles), Colonel, Directeur du Génie, 2, rue Boussairolles. — Montpellier. Fulcrand (M"* Alice), 2, rue Boussairolles. — Montpellier. FuHOUZE (Armand), Docteur-Médecin-Pharmacien, 78, faubourg Saint-Denis. — Paris. — F XLVIII ASSOCIATION FRANÇAISE D' FuMODZE (Victor), 132, rue Lafayette. — Paris. *Gachassin-Lafite (Léon), Avocat, 1, rue Castiilon. — Bordeaux. *Gachassin-Lafite (Paul), Négociant, 73, rue de la Course. — Bordeaux. Gachassin-Lafite (M""'),' 73, rue de la Course. — Bordeaux. D'' Gadaud. — Périgueux (Dordogne). D"' Gairal père. — Carignan (Ardennes). Galante, Fabricant d'instruments de chirurgie, 2, rue de l'Ecole-de-Medecme. — Paris. — F D-- Galdo (Manuel iM.-J. de), Professeur d'histoire naturelle à l'Université, ex-maire de Madrid, sénateur du royaume, rue Hortaleza. — Madrid. Gal, Répétiteur à l'École polytechnique, 60, boulevard Saint-Germain. — Paris. D"- Galezowski, 25, boulevard Haussmann. — Paris. Galibert (Paul), Avoué, 1, rue Cheverus. — Bordeaux. D"' Galippe Préparateur d'histoire naturelle à l'École de pharmacie, Aide de clinique à la Faculté de médecine, 48, rue Sainte-Anne. — Paris. Gallard, Médecin des hôpitaux. 7, rue Monsigny. — Paris. Gallard, Banquier. — Guéret (Creuse). Gallé-Reinemer, 1, rue de la Faïencerie. — Nancy. Galline (P.), Banquier, Président de la Chambre de commerce, 11, place Bellecour. — Lyon. — F Galos (Robert), 103, rue Croix-Blanche. — Bordeaux. Galteyries, Élève à l'école des langues orientales, 43, rue Monge — Paris. Gamel (Georges), Interne en pharmacie des hôpitaux de Paris, 200, faubourg Saint- Denis. — Paris. Gandriau (Raoul), Manufacturier. — Fontenay-le-Comte (Vendée). Garcia (Manuel), Ingénieur du service de la voie des Chemins de fer de l'Etat. — Saintes (Charente-Inférieure). *Gariel (C.-M.), Ingénieur des ponts et chaussées, Agrégé à la Faculté de médecine, 39, rue Jouffroy. — Paris. — F Gariel (M"''), 39, rue Joufifroy. —Paris. — R Garlandat (M"» H.). — Saint-Jean-d'Angély (Charente-Inférieure). *Garlin-Soul ANDRE, Professeur de mathématiciues au Lycée, 18, rue Saint-Firmin. — Montpellier. Garnaud, 66, rue Peyronet. — Neuilly. Garnier (Paul), Ingénieur mécanicien, 16, rue Taitbout. — Paris. *Garreau, ancien Capitaine de frégate, 1, rue de Floirac. — Agen. D'' Garread. — Laval (Mayenne). D' Gakrigou. 38, rue Valade. — Toulouse. Garrisson (Gaston), Étudiant. — Montauban. Gascheau (Maurice), Banquier. — Rodez (Aveyron). Gasco (F.), Professeur à l'Université. — Gênes (Italie). Casser (Edouard), Pharmacien. — Massevaux (Alsace). Gassies, Directeur du Musée préhistorique, allées de Tourny. — Bordeaux. Gatine (L.), Fabricant de produits chimiques, 23, rue des Rosiers. — Paris. D' Gaube, 23, rue St-Isaure. — Paris. — R Gaudefroy, 8, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. —Paris. Gaudry (Albert), Professeur au Muséum d'histoire naturelle, 7 bis, rue des Saints- Pères. — Paris. — F D'' Gauran, Médecin oculiste, conseiller municipal, 8, rue de l'École. — Rouen. Gauthier-Villars, Libraire, 55, quai des Augustins. — Paris. — F Gautié, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Clermont-Ferrand. Gautier (Antoine^. — Château de Piquayne, près Cazères (Haute-Garonne). Gautier, Membre de l'Académie de médecine, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, 105 bis, boulevard d'Enfer. — Paris. Gautreau (Louis), Administrateur de la Compagnie générale Transatlantique, 124, rue Saint-Lazare. — Paris. *Gautrez (Eugène), Etudiant en médecine, chez M. le D' Chibret, rue de la Croix- Morel. — Clermont-Ferrand. Gavarret, Inspecteur général de l'instruction publique, membre de l'Académie de mé- decine, Professeur à la Faculté de médecine, 73, rue de Grenelle-Saint-Germain. -^ Paris. Gavelle (Emile), Filateur^ 275, rue de Solférino. — Lille. D' Gay. — Jarnac. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES XLtX Gay (Henri), Professeur de physique au lycée d'Amiens, 27, rue de la Pâture. — Amiens. •Gay (Fernand), Pharmacien de l"'' classe. — Montpellier. *Gay, Professeur de physique au Lycée, villa Marie. — Montpellier. D' Gayat-Wecker. — Saint-Raphael (Var). D"' Gayet, Cliirurgifn titulaire de l'Hôtel-Dieu, Professeur à la Faculté de médeniiio de Lyon, 1, rue de la Barre. — Lyon. •Gayraud (E.), Professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue Argenterie. — Mont- pellier. •D"" Gazagne (Maurice). — Remoulins (Gard). Geay, Directeur des Constructions navales, 73, quai Colbert. — Le Havre. D' Geay. — Le Gua (Charente-Inférieure). (iEAY (M"" Isabelle). — Le Gua (Charente-Inférieure). D"" Gellie, 3.3, rue Neuve. — Bordeaux. D' Gémy, Chirurgien à l'hôpital civil, 1, impasse de la Lyre. — Alger. Genaille, Ingénieur civil, 53, rue de l'Hôlel-de- Ville. — Lyon. Genain, Chimiste, i, rue de la Charité. — Arras. Geneix-Martin (abbé), Professeur, 17, place de l'Académie. — Nancy. Geneste (Eugène), Ingénieur civil, 42, rue du Chemin-Vert. — Paris. Gemevier (Gaston), Pharmacien, 83, quai de la Fosse. — Nantes. Genevoix (Emile), Pharmacien, 14, rue des Beaux-Arts. — Paris. GÉîNiBRiiL (Charles), Négociant. — Béziers. Genin (abbé Auguste), Professeur au petit séminaire. — La Chapelle-Sainl-Mesmin (Loiret). Gensoul (Paul), Ingénieur civil, 42, rue Vaubécourt. — Lyon. Geoffroy Saint-Hilaire (Albert), Directeur du Jardin d'acclimatation, 50, boulevard Maillot. — Neuilly (Seine). — F D' GÉRARD, 2, rue Constantine. — Lyon. Germain (Adrien), Ingénieur hydrographe, 13, rue de l'Université. — Paris. *Germain, de l'Institut, Doyen de la Faculté des lettres. — Montpellier. Germain (Henri), Député de l'.Vin, Président du conseil d'administration du Crédit lyonnais, 21, boulevard, des Italiens. — Paris. — F Germain (Philippe), Directeur de 1 agence du Comptoir descompte de Paris, 33. place Bellecour. — Lyon. — F Germer-Baillière, Libraire, Conseiller municipal, 108, boulevard Saint-Germain. — Paris. — F D'' Gervais — Saugues (Haute-Loire). *Gervais (Alfred), Directeur des Salins du Midi, 2, rue des Étuves. — Montpellier. *Gervais (Etienne), Élève à l'École des Mines. — Paris. *Gervais (Charles), Élève à l'École Polytechnique. — Paris. *Gervais (Paul), Propriétaire, 29, Grande-Rue. — Montpellier. *Gervais (Jules), Administrateur des hospices, 10, rue du .Icu-de-Paume. — Montpellier, 'D"" Gervais, 29, Grande-Rue. — -Montpellier. *GiARD, Professeur à la Faculté des sciences, 37, rue Colbert. — Lille. — R D' Giuert, 41, rue de Séry, — Le Havre. — R GiBON, Ingénieur directeur des forges de Commentry. — Commentry (Allier). GiBOU, Propriétaire, 91, rue Saint-Lazare. — Paris. GiKFARD (Henri), Ingénieur, 14, rue Marignan. — Paris. GiFFARD (Emile), Pharmacien de première classe, place du Ralliement. — Angers. D' Gilbert-Tirant, 6, rue Geolfroy. ~ Lyon. GiLLET (FranroiM), l'eiiiUirier, 9, quai de Serin. — Lyon. Gillet-Paris, Ingénieur, 41, rue du la Reine. — Lyon. GiLLET fils aîné. Teinturier, 9, quai Serin. — Lyon. — F GiLLOT (Auguste), Ingénieur civil, 101, avenue de Villiers. — Paris. *GiLLY (Antoine), Avocat. — Alexandrie (Egypte). GiNoux DE Fermon (le comte), Député et Conseiller général de la Loire-Inférieure. 48, rue de Bourgogne. — Paris. *GiRARD (Ch.), Manufacturier, 20. rue des Écoles. — Paris. — F Girard, Directeur de la Manufacture des tabacs. — Lyon. — R Girard père, 3, rue des Jeùm-iirs. — Paris. D' Girard, Conseiller général du Puy-de-Dôme. — Riom (Puy-de-Dôme). 'Girard (Joseph de), Prof'agrégéà la Faculté de médecine, 3, rue Rebull'y. — Montpellier. 'Girard (M"* Clémentine Jo.sejdi de), 3, rue Rebull'y. — Montpellier. d L ASSOCIATION FRANÇAISE *GiRARD (Paul de], 2. faubourg de Lattes. — Montpellier, Girard de Rialle [Julien), Sous-Directeur du service des archives au Ministère des Afiaires étrangères, 64, rue de Clichy. — Paris. GiRARDON, Ingénieur des Ponts et Chausséps, 1, cours Lafayette. — Lyon. GiRACD (Dominique), Négociant. — Saint-Péray (Ardèche). GiRAUD (Louis), — Sainl-Péray (Ardèche). — R D' GIRAUD-ÏEULo^, Membre de l'Académie de médecine, 1, rue d'Edimbourg.— Paris. *GiaET (Gustave), Propriétaire, rue de Lespignan. — Béziers. D' GiRiN, 24, rue de Lyon. — Lyon. *Glaize (Antonin), rue Comte. — Montpellier. *Glaize (Paul), Préfet du Puy de-Dôme. — Clermont-Ferrand. Glotin, ancien Otficier de la marine, 11, rue de la Devèse, — Bordeaux, GoBERT, Pharmacien-(;himiste. — Monlferrand (Puy-de-Dôme). D' GoBERT (Emile), 2, rue de la Préfecture. — Mont-de-.Marsan. *GoBi\, Ingénieur en chef du service municipal, 8, place Saint-Jean. — Lyon. — R *GoBLET, Chimiste. — Crois (Nord). Godard (Camille), Négociant, 106, façade des Chartrons. — Bordeaux. GoDCHAUx (Auguste), éditeur, 11), rue de la Douane, — Paris. — R GoDEFROY (l'abbé), Professeur de sciences au petit séminaire. — La ChapcUe- Saint-Mesmin (Loiret). GoFFART. — Château de Burtin, par Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher), D'' GoLDFLAM (Samuel). — Varsovie. GoLDSCHMiDT (Frédéric), 22, rue de l'Arcade. — Paris. — F GoLDSCHMiDT (Léopold), Banquier, 8, rue Murillo, — Paris. — F GoLDscHMiDT (S. -H.), 33, boulevard Malesherbes. — Paris. — F D-" GOLDSCHMIDT, — GralTetistaden, près Strasbourg (Alsace). GoNET (lieorges de), Percepteur des Contributions directes. — Saint-Fort-sur-Gironde. GoNi^DARD (abbé). Directeur de l'institution des Chartreux. — Lyon, GoNNARD (F.), Ingénieur des hospices, 54, quai Saint- Vincent. — Lyon. *GoRDON (Richard), Bibliothécaire-adjoint, à l'École de médecine. — Montpellier. D' Gosse. — Genève. GossELET, Professeur à la Faculté des sciences, 18, rue d'Antin. — Lille. GossELiN, Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté de médecine, 81, rue Saint-Lazare. — Paris. GouGET, Archiviste du département. — Bordeaux. D"' GouGUENHEiM, Médecin des hôpitaux, 9, rue Neuve-des-Capucines. — Paris. Goui.\ (Ernest), Ingénieur, ancien élève de l'École polytechnique, régent de la Banque de France, 4, rue Cambacérès. — Paris. — R GouLLiN (Gustave-Charles), Consul de Belgique, Adjoint au Maire de Nantes, i3, rue Gresset. — Nantes. 'GouMiN (Félix), Propriétaire, 3, route de Toulouse. — Bordeaux. — R Gou^ouILHOu, Imprimeur, 11, rue Guiraude. — Bordeaux. — F GoupiLLEAu, Président de la section d'agriculture de la Société académique, 3, rue Cambronne. — Nantes. GouRDON (Camille), Professeur de l'école La Martinière. — Lyon. GouRNERiE (de la), Membre de l'Institut, Inspecteur général des Ponts et Chaussées, 75, boulevard Saint-Michel. — Paris. — R Gousset, Inspecteur d'académie, 13, rue des Cadeniers. — Nantes. GozzadiiM (Comte J.), Sénateur du royaume dltalle, ancien Président du Congrès international d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques. — Bologne (Italie). ■*Grad (Charles), Député au Reichstag, membre de la délégation d'Alsace-Lorraine. — Logelbach (Alsace). Grancher, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, Médecin des hôpitaux, 7, rue du Pont-Neuf. — Paris. 'D' Granel (Maurica). — Saint-Pons (Hérault). (.RANDID1ER, 14, rue de Berry. — Paris. ^Grandville, Propriétaire. — Port-Saint-Père (Loire-Inférieure). Grasset (J.), Agrégé à la Faculté de médecine, 6 rue Basse. — Montpellier. Grasset (M°" Joseph), 6, rue Basse. — Montpellier. *Gravelle, Pharmacien. — Nevers. Grawitz (Samuel), Ingénieur civil, fabricant de matières colorantes, 30, avenue Mannville. — Saint-Maur-les-Fossés. D' Grenet, rue de la Grosse-Tombe. — Joigny. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES Lt Grbnier (0.), Ingénieur-Constructeur, de la maison yeuve Chevalier-Grenier, 60, quai de Perrache. — Lyon. Gkemer, Pharmacien, 61, rue des Pénitents. — Le Havre. *Grill[ères (Louis), Lhef de bataillon du génie. — Montpellier. Grimaux, Professeur de chimie générale à llnstitut national agronomique, Répéti- teur à l'École polytechnique, 104, rue d'Assas. — Paris. Grog, Directeur du service des eaux. — La Rochelle (Charente-Inférieure). D"" Ghocler. — Ornans (Doubs). Grolous, Ancien Élève de l'École polytechnique. 19, faubourg Saint-Eloi. — Choisy-le-Roi. Gros (Camille), Professeur à l'École de médecine. — Alger. Gros (Camille), Employé des lignes télégraphiques, Conseiller municipal, 24, rue Béteille. — Rodez. *D' Gros. — Marcilly-sur-Seine. •Gros (Charles). Membre de la Société des langues romanes, 28, ceur» des Casernes. — Montpellier. D' Gros-(jCRIn, Député de l'Ain. — Gex (Ain). *Gross, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, 17, quai Isabey. — Nancy. Grossard (Hippo'yte), Négociant. —Bordeaux. *Gaos8ETE8TE (William), Ingénieur, ancien Élève de l'École centrale, quai de la Suire. — Mulhouse. Grottes (comte Jules des), Conseiller général, 11, place Dauphine. — Bordeaux. *Groult, Avocat, Docteur en droit, Fondateur des musées cantonaux. — Lisieux. •Grousset (Eugène), Inspecteur des pharmacies. — Castel-Sarrazin (Tarn-et-Garonne). Gruner, Inspecteur général des Mines, 84, rue d Assas. — Paris. — F *Grtnfeltt, Profess. agrégé à la Faculté de méd., place Saint-Come. — Montpellier. GuÉBHARD, Ingénieur en chef au Chemin de fer de l Est. — Raincy, près Paris. •D' GuÉBHARD (Adrien), licencié ès-sciences mathématiques et physiques, préparateur de piiysique à la Faculté de médecine, 45 bis, rue Perronet. — Neuilly (Seine). GuÉMN (C), Pharmacien de 1 École de Paris, ancien interne des hôpitaux, 17, rue lÉglise. — Saint-Cloud. D"^ GuÉpm, rue Thiac. — Bordeaux. D' GuÉRiN '.4.1phonse), Membre de l'Académie de médecine, 17, rue Jean-Goujon. — Paris.— F GuÉRiN (Jules^, Ingénieur civil, 106, boulevard Saint-Germain. — Paris. GuÉRiN, Proviseur du lycée Blaise-PascaL — Clermont-Ferrand. *GuÉRiN DE SossiONDO, Vice-Président d'honneur de l'Académie du Progrès, pro- priétaire. — Château de Fonfrède, par Roullet (Charente). Guestier (Daniel), Membre de la Chambre de commerce. — Bordeaux. GuESTiER (Gaston), Propriétaire, 40, cours du Trente-Juillet. — Bordeaux. •GuÉZARD, Principal clerc de notaire, 16, rue des Écoles. — Paris. — R •GuÉZARD (M-). 16, rue des Écoles. — Paris. GuFFROT (Paul), Industriel. 'D-^ GciBAL, Gis, 8, rue Dauphine. — Montpellier. *GuiBAL père (Octave), Inspecteur des chemins de fer de l'Hérault, 8, rue Dauphine. — Montpellier. GuiARD, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Corbeil. GuiAUCHAiN, Architecte. — L'Agha (province d'Alger). GuiBERTEAU (Emile), rue du Cir. — Saint-Jean-d'Angély (Charente-Inférieure). D' GcicHARD (X.), Professeur suppléant A l'Ecole de médecine d'Angers, 75, faubourg Bressigny. — Angers. GuicHE (marquis de la), 16, rue Matignon. — Paris. — P GuiET (Gustave), 95, avenue Montaigne. — Paris. *GuiEYSSE, Ingénieur hydrographe de la marine, 4i, rue des Écoles. — Paris. — R GuiGNERY (Alfred), peintre sur métaux, 44, rue de Lancry. — Paris. •D' GuiLLAUD, Professeur à la Faculté de médecine. — Bordeaux. Glillaume (Léon). — Haraucourt-les-Forges (Ardennes). 'GuiLLEMi.N, Professeur de physique au Lycée, 18, rampe Vallée. — Alger. GuiLLEY, Président du Cercle des Beanx-Arts, 27, rue de GiganU — Nantes. GuiLLiBBRT (Hippolyle), Avocat à la Cour d'Aix, 3, rue Saint-Claude. — Aix-en-ProTcnce. GuiLLOTiis, 76, rue de Lourmel. — Paris. GuiMET (tmile), Négociant, place de la Miséricorde. — Lyon. — F D' Guiraod. — Montauban. GuNuuucH (Charles), 2, rue de Bretagne. — Asnlèrea. LU ASSOCIATION FRANÇAISE GuNDELACH (Emile), 14, rue du Bac d'Asnières. — Clichy (Seine). Guy, Négociant, 29, quai Valmy. — Paris. — R GuïERDET (A.), Attaché aux collections géologiques de l'École des Mines, 36, rue Gay- Lussac. — Paris. *GuYOT (Yves), Publicisle, 36, rue des Saints-Pères. — Paris. G uyot-Lavaline, Vice-Président du Conseil général du Puy-de-Dôme, Sénateur, 68, rue de Rennes. — Paris. Hachette et C'% Libraires-Éditeurs, 79, boulevard Saint- Germain. — Paris. — F Hadamard (David), 14, rue Bleue. — Paris. — F Halinbourg (Frédéric), 181, boulevard Malesherbes. — Paris. *Haller (A.), Professeur agrégé à l'École supérieure de Pharmacie. — Nancy. Hallette (Albert), Fabricant de sucre. — Le Gâteau (Nord). Ham-ez (Paul), Pharmacien de 1" classe, 62, rue de Gand. — Lille. Hallopeau (P.-F.-A.), Inspecteur principal au chemin de fer de Lyon, Répétiteur à l'École centrale (Métallurgie), 3, rue de Lyon. — Paris. D-- Hallopeau, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, 33, rue Neuve- Saint-Augustin. — Paris. Halphen (Constant), 11, rue Tilsitt. — Paris. Halphen (G.), Capitaine d'artillerie, Répétiteur à l'École polytechnique, 51, rue Sainte-Anne. — Paris. "Hambert (Éd.), Ingénieur. — Au Bousquet d'Orb (Hérault). *Hambert (M'"^;. — Au Bousquet d'Orb (Hérault). D"" Hameau, Docteur en médecine. — Arcachon. *Hamelin (E.), Professeur agrégea la Faculté de médecine, rue Saint-Roch. — Mont- pelli.'r. *Hamelin (Ernest), Imprimeur, rue de lObservance. — Montpellier. Hamoir (Fernand), Ingénieur des arts et manufactures, Directeur de la fabrique de produits chimiques. — Louvroil-les-Maubeuge (Nord). D' Hamy, Aide naturaliste au Muséum, 129, boulevard Saint-Michel. — Paris. *Hanappier (M""), 57, rue du Jardin-Public. — Bordeaux. Hanonne (Gabriel), Préparateur de chimie et d'histoire naturelle à l'Ecole vétérinaire. — Alger. Harel, Négociant, 15, rue de la Comédie. — Le Havre. *Harembert (Armand), Propriétaire. — Verneuil (Eure). Haraucourt (C), Professeur au Lycée. — Rouen. Hardy (E.), Chef des travaux chimiques de l'Académie de médecine, 19, rue Bona- parte. — Paris. Harlé, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Lure (Haute-Saône). Harrisson (J. Park), 4, Saint-Martin-Place. — Londres. Haton de la Goupillière, Ingénieur des Mines, Examinateur d'admission à l'École polytechnique, 8, rue Garancière. — Paris. — F Hatt, Ingénieur hydrographe, 31, rue Madame. — Paris. Hauguel, Négociant, 35, rue Hilaire-Colombel. — Le Havre. Hauser, Négociant, 83, rue Tourneville. — Le Havre. Haussonville (comte d'), Membre de l'Acailémie française, 109, rue Saint-Dominique. — Paris. — F *Hadterive (Georges d'). — Issoire (Puy-de-Dôme). Hayès, Pharmacien, 12, avenue de la Grande-Armée. — Paris. D"" HÉARN (A. Williams), 36, rue des Ecuries-d'Artois. — Paris. Hébert, Pharmacien. — Isigny (Calvados). Hecht (Etienne), Négociant, 19, rue Le Peletier. — Paris. — F *Heckel, Professeur à la Faculté des sciences, Directeur du Muséum, 139, boulevard Longchamps. — Marseille. Hedelin (M""), 2, rue de Villiers. — Paris (Ternes). Henninger, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, 13, rue Dagucrre. — Paris. Henri-Lepaute (Paul), Constructeur d'horlogerie et de phares, 6, rue Lafayette. — Paris. Henri-Lepaute (Léon), Constructeur d'horlogerie et de phares, 6, rue Lafayette. — Paris, Henriot lEdmond), 4l, rue du Sentier. — Paris. Henrivaux, Manufacture de glaces et produits chimiques. — Saint-Gobain (Aisne). D"" Henrot (Adolphe). — Reims. *Henrot (Jules), Président du Cercle pharmaceutique de la Marne, 75, rue Neuve. — ■ Reims. 'D' Henrot (Henri), Profess. suppléant à l'École de méd., 73, rue Neuve. — Reims.. POUR l'avancement des sciences lui D-^ Henry, 39, rue de Béthune. — Lille. Henry (Edmond), Ingénieur des Ponts et Chaussées. —Privas. Hentsch, Banquier, 20, rue Le Peletier. — Paris. — F Herbault-Nemours, Agent de change, 12, rue Port-Mahon. — Paris. Hérilier (Charles), 26, quai Jayr. — Lyon. *Hermary, Capitaine d'artillerie, 10, rue Chabanais. — Paris. Héron (Guillaume), Propriétaire, 2, rue Daleyrac. — Toulouse. — R Héron, 7, place de Tourny. — Bordeaux. *Hérooard (Jules), ancien Élève de l'École centrale, 39, route de Rouvroy. — Saint- Quentin (Aisne). Herscher (Charles), Ingénieur civil, A2, rue du Chemin-Vert. — Paris. Herve-Mangon, Membre de l'Institut, Directeur du Conservatoire des Arts- et-Métiers 3, rue Saint-Dominique. — Paris. Herzog (M"" Elisa), chez M"-" Kern à la légation suisse, 3, rue Blanche. — Paris. Hillel frères, 31, rue Lafayette. — Paris, — F HiMELY, Négociant, 38, rue de la Côte. — Le Havre. Hippeau (C), Secrétaire du Comité des travaux historiques au Ministèr." de l'instruction publique, 12, rue de Varennes. — Paris. Hirsch, Architecte en chef de la ville, 17, rue Centrale. — Lyon. Hirsch, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 20, avenue de l'Opéra. — Paris. HoEL (J.), Fabricant de lunett'^s, 26, boulevard Voltaire. — Paris. — R Hofmann (H.), Professeur de langue allemande, rue de Joinville, impasse Quesnay. — Le Havre. D' HoGGAN (M"" Francès-ÉIisabeth), Membre des British Association for the Advan- cement of Science et British Médical Association, 13, Grandville place, Portman square. — Londres. W. D' HoGGAN (George), Membre dos British Association for the Advanceraent of Science et British Médical Association, 13, Grandville place, Portman square. — Londres. \N . HoLSTEiN (P.), Agent de change, 20, me de Lyon. — Lyon. HoRSTKR, Professeur au collège de Snissons. — Soissons. Hottinguer, Banquier, 38, rue de Provence. — Paris. — F Houel, Ingénieur, 75, avenue des Champs-Elysées. — Paris, — F HouzÉ DE l'Aulnoit (Alircd), Professeur à l'École de médecine. — Lille. HouzÉ de l'Aulnoit (M™" Alfred). — Lille. HouzÉ DE l'Aulnoit, Avocat. — Lille. •HovELACQUE (Abel), Professeur à l'École d'anthropologie, conseiller municipal, 39, rue de l'Université. — Paris. — F Hovelacque-Gense, 2, rue Fléchier. — Paris. — R Hovelacque-Khnopfk. 88, rue des Sablons. — Pas.sy-Paris. — R Hovelacque-Mahy, 99, rue Royale. — Lille. Hubert (Pierre), Industriel, 6, rue Scribe. — Nantes. UucHON, Architecte, 33, rue Casimir-Perier. — Le Havre. HuET (Louis), Ingénieur chimiste, 11, place de la Gare. — Lille (Nord). HuGUET, Professeur adjoint à l'É'ole de médecine et de pharmacie. — Clermont-Ferraml. Hulot, ex-Directeur de la fabrication des timbres-poste, à la Monnaie, 26, place Vendôme — Paris. — R HuMBERT (G.), 45, rue Malcsherbes, — Lyon. — R Huré (L.), Ingénieur civil, 56, rue delà Tannerie. — Abbeville. D"" HuREAU DE Villeneuve, 95, rue Lafayette. — Paris. — F HuREAU DE Villeneuve (.M""), 95, rue Lafayette. — Paris. HuRET (E.), 24, avenue des Champs-Elysées. — Paris. HussoN, Maire de Viry-Châtillon. — Viry-Chàtillon. HuYARD (Henry), Fabricant de produits chimiques et d'engrais, 55, rue Sauteyrou. — Bordeaux. HuYOT, Ingénieur des Mines, Directeur de la Compagnie des chemins de fer du Midi, 10, rue du Cirque. — Paris. — F D' DE Hysern (Joachim), ancien Professeur. Conseiller royal, Inspecteur général da rinstruction publique d'Espagne, 20, rue du Prado. — Madrid. D"' IcARD, Secrétaire général de la Société des sciences médicales, 48, rue de Lyon. — Lyon. *IcARD (J.), Pharmacien, 24, cours Beizunce. — Marseille. Illaret (A.), Vétérinaire. — Saint-Ferme, par Monségur (Gironde). LsELiN, Négociant, 51, rue de la Côte. — Le Havre. tTV ASSOCIATION FRANÇAISE IssADRAT, Publiciste, 98, boulevard Saint-Germain. — Paris. IzARN, Professeur de physique au Lycée. — Clermont-Ferrand. Jaccood, Membre de l'Académie de médecine, Professeur à la Faculté de médecine, 62, boulevard Haussmann. — Paris. ♦Jackson (James), Secrétaire de la Société de géographie, 13, avenue du Bois-de-Bou- logne. — Paris. — R Jacquet, Directeur de l'usine de la Voulte. — La Voulte (Ardèche). Jacquemart (Frédéric), 58, faubourg Poissonnière. — Paris. — F 'Jacquemet (Pierre), Professeur agrégea la Faculté de médecine, 51, Grande-Rue. -— Montpellier. *Jalard, Pharmacien, 526, rue Sainte-Anne.— Narbonne. Jalard (Justin), Avocat, Juge de paix suppléant. — Narbonne. Jallande-Cruville, Propriétaire, 11, rue des Cadeniers. — Nantes. Jameson (Conrad), Banquier, 38, rue de Provence. — Paris. — F Jangot, Propriétaire, 7, rue Montée-des-Anges. — Lyon. *Jansen (Georges), Négociant, 18, quai de Bosc. — Cette. Janssen, Membre de l'Institut, Directeur de l'Observatoire physique. — Meudon (Sftine- et-Oise). Jaquiné, Inspecteur général honoraire des Ponts et Chaussées. — Nancy. Jarmain (Georges), Chimiste. — Huddersûeld (Angleterre). *Jaume3, Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. — Montpellier. *Jaumes (Mad.), 5, rue Sainte-Croix. — Montpellier. •D" Javal, 58, rue de Grenelle-Saint-Germain. — Paris. — R D' Jean, ancien interne des hôpitaux de Paris, 66, rue d'Alésia. — Paris. Jean (Paul), Constructeur d appareils à gaz, 52, rue des Martyrs. — Paris, *Jeanjean, Professeur à l'Écoie de pharmacie. — Montpellier. •Jeanjean (Antoine). Rentier. — Béziers. •Jeanjean, Propriétaire et géologue. — Sainl-Hippolyte-du-Fort (Gard). *Jeannel (Charles), Professeur honoraire à la Faculté des lettres, 43, place Notre-Dame. — Montpellier. •Jeannenot (Louis), Professeur à l'École d'agriculture, 9, rue Guillaume-de-Nogaret (faubourg Saint-Dominique). — Montpellier. D' Jeannin (0.). — Montceaux-les-Mines (Saône-et-Loire). Jennepin, Chef d'institution. — Consolre (Nord). D' J-MouRE (E.), 7, rue Corneille. — Paris. JoANNE (Ad.), Président honoraire du Club Alpin français, 20, rue Gay-Lussac. — Paris. *D'' Jobert, Professeur à la faculté des sciences. — Dijon. Johannot (H.), Fabricant de papiers. — Annonay (Ardèche). JoHNSTON (Nathaniel), ancien Député, pavé des Chartrons. — Bordeaux. — F JoLLY (Léopold), Pharmacien, 64, faubourg Poissonnière. — Paris. JoLLY DE BoisSEL. Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Bordeaux. JoLY (Charles), Vice-Président de la Société centrale d'horticulture de France. 11, rue Boissy-d'Anglas. — Paris. *D' JoLY (Nicolas), Correspondant de l'Institut, Professeur à la Faculté des sciences. — Toulouse. D' JoLYET, Chargé de cours à la Faculté de médecine. — Bordeaux. Jones (Charles), chez M. R.-P. Jones, 14, boulevard Malesherbes. — Paris. — R JoNQUiERES (de), Contre-amiral, Préfet maritime. — Rochefort-sur-Mer. Jordan (A.), Professeur, 40, rue de l'Arbre-Sec. — Lyon. — R Jordan (Camille), Ingénieur des Mines, Professeur à l'Ecole polytechnique, 48, rue de Varennes. — Paris. — R *JoRET, Ingénieur, Constructeur de chemin de fer, 80, rue Taitbout. — Paris. D' JoRissENNE, Membre de la Société de géologie de Belgique et de la Société mala- cologique. — Liège (Belgique). JoUANNY (Georges), Fabricant de papiers peints, 70, faubourg du Temple. — Paris. JouBERT (A), Pharmacien de 1" classe. — Rochefort-sur-Mer. Jouet (Daniel), Ingénieur agronome, Délégué régional adjoint pour le phylloxéra, 27, cours du Jardin-Public. — Bordeaux. *JouFFROY (Ch.), 1, rue Childebert. — Lyon. JouLiE, Pharmacien à la Maison municipale de Santé, 200, faubourg Saint-Denis. — Paris. •JouLiN [Léon), Ingénieur. — Toulouse. D' JouoN, 23, rue du Moulin. — Nantes. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES tV JouRDAN (Adolphe), Libraire-Éditeur, 4, place du Gouvernement. — Alger. D' JouRDANET, 1, Tue de Berry. — Paris. — F JouRDANNE, Pharmacien, 52, quai de la Fosse. — Nantes. JouRDiN, Chimiste, Inspecteur des établissements insalubres, 3, boulevard de Belle- ville. — Paris. JoussET DE Bellesme, ProfesseuF de physiologie à l'École de médecine de Nantes, ex-Professeur à l'École Turgot, 12, rue Chanoinesse. — Paris. JoT (Ch. A.), ancien professeur de chimie, 117. East 70 street. — New-York. Joyau, Professeur de philosophie au Lycée de Limoges. — Limoges. JuGLARD (M™» J.), 1. rue Lavoi^^ier. — Paris. Julien, Professeur de géologie à la Faculté des sciences. — Clermont-Ferrand. *JuLLiAN, ancien Direct^-ur de l'École normale, faubourg Boiitonnet. — Montpellier. JuLLiEN, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Carcassonne (Aude). JuLLiEN (Jean), Chimiste, 2, rue de l'Université. — Paris. D"' JoLLiEN, 3, ruedes Trois-Enfants. — Lyon. JuNGFLEiscH, Professeur à l'Ecole supérieure de Pharmacie. 38, rue des Ecoles. — Paris. — R JussELiN, Propriétaire, 8, rue Madame Lafayette. — Le Havre. JuTEAU. Négociant, 6, rue de Bourgogne. — Le Havre. Kann, Banquier, 58, avenue du Bois-de-Boulogne. — Paris. — P D' Keller (Th.), 114, rue Pierr «-Charron. — Paris. D"" Kirchberg, Professeur supp.éani à l'École de médecine, 1, rue Basse-du-Cbàleau. — Nantes. *Klipffel (Auguste), Négociant. — Béziers. D"" Kloz, 36, cours de lourny. — Bordeaux. *Knappkrt iM"'' Jeanne), boulevard de l'Esplanade. — Montpellier. Kœchlin (Jules), avenue Buysdaël, 4 (parc Monceaux). — Paris. — R Kœchlin (Emile), (39, boulevard Saint-Michel. — Paris. Kœnig (Théodore), Benlier, 21, rue de Vaugirard. — Paris. D' KoHN, 39, rue de la Chaussée-d'Antin. — Paris. D' KoHN (Arthur), 4, rue Lavoisier. — Paris. Kônigsvvarter (Antoine), 60, rue de la Chaussée-d'Antin. — Paris. — F KoRosi (Joseph), Directeur du bureau municipal de statistique, Membre de la Com- mission internationale de statistique. — Budapest (Autriche-Hongrie). Kovalski, Professeur à l'École supérieure de commerce et d'industrie, 18, rue Bavez. — Bordeaux. •KowNACKi (A.) Directeur associéde l'institution Mary, 10, rue de Neuilly. — Clichy (Seine). Krafft (Eugène), Professeur de mathématiques, au Lycée. — Périgueux. Krxntz, Sénateur, Inspecteur général des Ponts et Chaussées, commissaire général de l'Exposition universelle, 47, rue La Bruyère. — Paris. — F Krantz (Camilli ), Maître des requêtes au Conseil d'Etat, 66, rue François !•'. — Paris. KiJBLER (Gustave), négociant. — Allkirch (Haul-Rhiii) Alsace. KuNKLER, Ex-Capitaine d artillerie, 102, cours d'Als;ice-Lorraine. — Bordeaux. KuHLMANN (Frédéric), Correspondant de llnslilnt. — Lille. — F KuHLMANN lils, 4, rue du Maire. — Lille. — R •KuNHOLTz-LoRDAT, rue Saini-Guillauine. — Montpellier. Labadie (F.), Instituteur. — Xaiiitrailles, canton de LavarJac (Lot-et-Garonne). Labat (A.), Professeur à l'école vétérinaire de Toulouse. — Toulouse. D' Labbé, 28, rue Jacob. — Paris. *Labbé (Henri), Garde général des forêts. — Alais. Laboureur (L.), Pharmacien, rue des Missions. — Paris. Labrunie, Négociant, 49, pavé des Chartrons. — Bordeaux. — R •Lacaze-Duthiers (de), Membre de l'Insliiut, Professeur à la Faculté des sciences, 7, rue de la Vieille-Estrapade. — Paris. Lachaize (Laurent), Peintre- Verrier — Rodez. *Lachapelle (Gaston), Etudiant en médecine, 6, rue Croix-d'Or. — Montpellier. *D' Lachaud. — Lugon (Gironde). Lacretelle, Ingénieur. — Bois-d'Oingt (Bhône). — R Lacroix, Propriétaire. — Saint-Loubes (Gironde). D' Ladreit de la Charrière, Médecin de l'Asile des sourds-muets, 1, rue Bona- parte. — Paris. •Ladureau, Directeur du laboratoire de l'État et de la Station agronomique du Nord. — LiUe. LVI ASSOCIATION FRANÇAISE Ladureau (M'"' AlberL), 14, rue das Jardins. — Lille. Laennec, DireL-teur de l'École de médecine, 13, boulevard Delorme. — Nantes, — H Lafargue (Georges), Sous-Préfet. — Oloron. Lafargue, Industriel. — Manufacture de Laprade, par Aubelerre (Charente). D"" Lakaurie, 25, rue de Joinville. — Le Havre. D"' Lafitte, Médecin consultant. — Coulras (Gironde). Lafitte (Paul), 6, rue Castellane. — Paris. Lafitte, Négociant, 21, rue Meslay. — Paris. Lafon, Professeur à la Faculté des sciences, 2, place Louis XVL — Lyon. Lafont (Georges), Architecte, 17, rue Rosière. — Nantes. Lafont (Jules), Propriétaire, 38, rue Saint-Jacques. — Le Puy-en-Velay. *Lagari)E (Le baron de), Colonel en retraite. —La Coulette près Montagnac (Hérault). ♦D' Lagneau (Gustave), Membre de l'Académie de médecine, 38, rue de la Chaussée- d'Antin. — Paris. — F Lagneau (M""), 38, rus de la Chaussée-d'Antin. — Paris. D' Lagout, — Aigueperse (Puy-de-Dôme). Lagrave, Magistrat, 27, cours de l'Intendance. — Bordeaux. Lagrené (de), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Mantes (Seine-et-Oise). Lagrolet, Négociant, 124, cours d'Alsace-Lorraine. — Bordeaux. D'- Lahens (Th.), 49, cours du Jardin-Public. — Bordeaux. D' Lailler, 22, rue Caumartin. — Paris. Lair (le comte Charles de), 18, rue Las Cases. — Paris. Laire (G. de), 92, rue Saint-Charles. — Paris. *Laisant, Député de la Loire-Inféi'ieure, 5, rue de l'Aqueduc. — Paris. *Laissac (Alexandre), Maire. — Montpellier. Lalande (de), 22, rue d'Enfer. — Paris. Lalande (Jérôme de). Avoué. — Rodez (Aveyron). Lalande (Armand), Négociant, 84, quai des Chartrons. — Bordeaux. — F Lalanne, 23, rue Doidy. — Bordeaux. Lalanne, Propriétaire. — Castillon (Gironde). Lalanne, Membre de l'Institut, Inspecteur général des Ponts et Chaussées, 28, rue des Saint-Pères. — Paris. Laleman, Propriétaire, 25, rue du Fossart. — Valenciennes. D' Lalesque (Jules). — La Teste (Gironde). Lallemand (A.), Doyen de la Faculté des sciences. — Poitiers. D"- Lallement (Ed.), Professeur suppléante l'École de Nancy, 28, rue Saint-Dizier. — Nancy. Lallié (Alfred), Avocat, 11, avenue Camus. — Nantes. — R Lalouette, Directeur de l'Omnium, 13, rue de Lyon. — Lyon. Lamé-Fleury, Conseiller d'État, Ingénieur en chef des Mines, secrétaire du Conseil général des Mines, 62, rue de Verneuil. — Paris. — F Lamic (J.), Pharmacien, 8, place des Capucins. — Bordeaux. Lamotte (Martial), Directeur du Jardin botanique. — Clermont-Ferrand. Lamouroux, Chef de bataillon en retraite, 186, boulevard de Strasbourg. — Le Havre. Lamy (Ernest), 83, rue Taitbout. — Paris. — F Lan, Ingénieur en chef des Mines, Directeur des Forges de Châtillon et de Commen- try, 3, rue du Regard. — Paris. — F Lancelin (Jean -Baptiste), Ingénieur en chef, adjoint au Directeur de la Compagnie des chemins de fer du Midi, 27, rue Godot-de-Mauroy. — Paris. *Lancereaux, Membre de l'Académie de médecine, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, 3, rue Volney. — Paris. *Lancereaox (M""'), 3, rue Volney. — Paris. Landa, Rédacteur du Progrès de Saône-et-Loire. — Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Landard, Sous-Préfet. — Marmande. D'- Lande, Chef interne de l'hôpital Saint-André, rue Vital-Caries. — Bordeaux. D' Landowski, 31, rue Chaptal. — Paris. D" Landowski (Paul), 3!, rue Chaptal. — Paris. Landrin, Chimiste, 10, rue de Lancry. — Paris. Landron, Pharmacien. — Dunkerque. D"" Lanessan (de), Professeur agrégé à la Faculté de médecine, conseiller municipal, 13, rue des Halles. — Paris. Lang, Directeur de la Société d'enseignement professionnel, 7, rue des Marronniers — Lyon. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LVU Langer (Edouard), Négociant, rue Marie-Talbot. — Le Havre (Sainte- Adresse). Langer (Paul), Négociant, 116, rue Saint-Thibault. — Le Havre. *D'" Langlade (Juslin). — Béziers (Hérault). Langlet (M""). 67, rue de Venise. — Reims. D' Langlet, 67, rue de Venise. — Reims. *Lannf.grace (Paul), Professeur agrégé à la Faculté de médecine, 16, rue Saint- Guilhem. — Montpellier. Lanoire (Albert), 8, rue Hustin. — Bordeaux. D' Lantier (E.) . — Corbigny (Nièvre). — R Lanusse fils, Négociant, 13, rue du Temple. — Bordeaux. •LAPEïRiÈRE(ijabriel de), Propriétaire. — Château de Riencazépar Saint-Gaudens JIau(e- Garonne). Laporte, Professeur du cours municipal de géométrie et de mécanique, 71, rue Mouneyra. — Bordeaux. Laporte (Maurice), Négociant. — Jarnac (Charente). Lapparent (de), Ingénieur des mines, 3, rue de Tiisitt. — Paris. — F Laquière, Ancien élève de lÉcole polytechnique, 5, galerie Malakof. — Alger. D' Larauza, Médecin en chef des Thermes. — Dax (Landes). Laroche (l-élix), Ingénieur des Ponts et Chaussées, 118, avenue des Champs-Ély.sées. — Paris. — R Laroche (M°" Félix), 118, avenue des Champs-Elysées. — Paris. — R La Roche-Tout (H. de), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Bordeaux. Laroque, Professeur de mathématiques spéciales au lycée, rue Malherbe. — Nantes. D' Laroyenne, Chirurgien en chef de la Charité, chirgé de clinique complémentaire ù la Faculté de médecine de Lyon, 110, rue de l'Hôtel-de-Ville. — Lyort. Laroze (.41fred), Avocat, 17, rue Montméjan. — Bordeaux. Laroze (Numa), Négociant, 18, quai des Chartrons. — Bordeaux. Larré, Avoué, rue Vital-Caries. — Bordeaux. Larrey, Négociant industriel, 50, quai de la Fosse. — Nantes. Larrey (le. Baron), Membre de l'Institut et de l'Académie de médecine. Député des Hautes-Pyrénées, 91, rue de Lille. — Paris. — F Larronde (E.). Conseiller municipal, 9 rue Vauban. — Bordeaux. Lartet, Docteur ès-sciences, chargé de cours à la Faculté des Sciences. — Tou- louse. Lataste, Maire de Libourne. — Libourne. *Lataste, Répétiteur à l'École des HauLes-Études, 7, avenue des Gobelins. — P.ris. Latham (Ed.), Négociant, 41, rue de la Côte. — Le Havre. Latham (Lionel). 9. rue Escarpée. — Le Havre. — R Laubenheimer, Brasseur. — Nérac. Laobenheimer (.M"'). — Nérac. Laumer (de Saint-), ancien Maire. — Chartres (Eure-et-Loir). Lauras, Pharmacien, 23, rue d'Isly. — Alger. •Laurens (.losph-Bonaveniure), Peintre, 4, rue Carré-du-Roi. — Montpellier. Laurent, Directeur de la fabrique de produits chimiques. — Loos, près Lille. Laurent, Négociant, cours de l'Intendance. — Bordeaux. Laurent (de Saint-), Avocat. 68, rue David-Johnston. — Bordeaux. *Laurès (Emile), Avoué. — Béziers (Hérault). Laurière (i)e), Secrétaire général de la Société française d'archéologie, 15, rue des Saints-Pères. — Paris. *Laussedat (le colonel). Directeur des études à l'École polytechnique, professeur au Conservatoire des .Vrts et Métiers, 23, rue Descartes. — Paris. — R D' Laussedat (Henri). — Moulins (Allier). Lauth (Ch.), Directeur de la manufacture de Sèvres, 2, rue de Fleurus.— Paris. —F La VALLÉE (Alphonse), Secrétaire général de la Société d'horticulture, 6, rue de Pen- thièvre. — Paris. — R Lavalley (Etienne), Propriétaire, 6, rue de Rome. — Paris. Lavalley. Ingénieur, Manoir bois Tillard. — Pont-l'Évêque. — R Lavollée, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 50, boulevard de Strasbourg. — Paris. Lavvrence-Smith, Président du Congrès scientifique américain. — Louisville (Kentucky, United States.) Lawton (William), Négociant, Pavé-dcs-Chartrons. —Bordeaux. Lax, Ingéniiîur des Ponts et Chaussées, 17, rue Joubert. — Paris. Lebaigue (Eug.), Chimiste, 117, rue Vieille-du-Temple. — Paris. Vm ASSOCUTION FRANÇAISE LrasACLT (P.), 53. me RéaamuT. — Paris. Le Blamc (Victor). Négociant, rue de Vertoa. — Nantes. « ,,. .„ LeBloïc Félix). Professeur à lÉcole centrale des Arti et ManuÊictures, 9, rue Vieille- Estrapade. — Paris. Leblahc iRené;. Professeur de chimie. — Reims. , , „ , x j «. • 1^ Lb BtA.'^c (F.). Préparateur des cours de thérapeutique à la Faculté de Paris, 5, plaee Pereire. — Paris. D» Le Blate {3.\, 9, cours de Gourgues. — Bordeaux. D' Le BL05D (A. , Médecia adjoiuL de Saint-Lazare, 9. rue de Mulhouse. — Pans. D' Le Bo^, 29, rue de laFerme-des-Mathurins. — Paris. Leboih lErnest), 11, rue des Feuillantines. — Paris. •Le Bocrd.^is Théophile), receveur municipal, 14, rue Dauphine. —Montpellier. Leboctect (E), Teinturier en soie, 17. rue Basse-des-Ursins. —Paris. Le BocTiEa, Entrepreneur, au Pont-Rouge. — Rochefort. Le Boctkk (>!"•). au Pont-Rouge. — Rochefort (Charente-Inférieure). Lebret iPaûl), 148, boulevard Hiussmann. — Paris. — R LEBau:^, Entrepreneur de travaux. 7, rue Calign7. — Le Havre. D' LEC.\DaE (A.), 13, rue Fontenelle. — Le Havre. Lecaohe (M—), 13. rue Fontenelle. — Le Havre. •Le C.4JICS (Louis,, Propriétaire. 23. rue Maguelonne. — Montpellier. Lec^hxe. Professeur de chimie au collège Chaptal, 37. rue Sain'.-P^te-^bourg. —Paris. Lech.1T (Charles), maire de Nantes, place Launay. — Nante^î. — R Le CHATELŒa (Henry), Ingénieur des Mines. 33, rue du Cherche-Midi . — Paris. Lechevbei (Ernest). Étudiant. — Chanu (Orne). Le Cles \ Achille), Ingénieur civil, Maire de Bouin (Vendée), 47, rue Bonaparte. — Paris. D' Leclehc (Alfred). — Rouillac (Charente). Lecomte-Brcere. — Mousseaux, près Romorantin (Loir-et-Cher). Leconte. Ingénieur civil des Mines, 49, rue Laffitte. — Paris. — F Lecoq de BoiSB\iiDa.\.'», Correspondant d» Tlnstitut, Négociant. — Cognac. — P •LEcaosMFR (Emile , Libraire-Editeur, 23, place de l'École-de-Médccine. — Paris, ly LiccTEa (H.). — Beaurieux (Aisne). Leda.^ois, ancien Référendaire au Sceau, 14, rue de Maubeuge. — Paris. Leûoux (Samuel), Négociant, 29. quai de Bourgogne. — Bordeaux. Ledrc, Professeur a l'École de médecine. — Clermont-Ferrand. Ledrc. Architecte, Président de la Commission départementale. — Clermont-Ferrand. Ledlx (H.). 28, rue Larochefnueauld. — Paris. •D' LEE.>iHAaDT (Renéj. — Montpellier. 'Leemhardt (Frantzj, Professeur à la Faculté. — Montauban (Tam-et-Garonne). •Lee-nhabdt (Rogpr), Négociant, cours des Casernes. — Montpellier. *Lee.>ha8dt iJules), .Négociant, rue Clo-^René maison VidU). — Montpellier. •LEE.iEuaûT (Charlr-si, Négociant, président de la Chambre de commerce, 27, cours des Cds-rnes. — Montpellier. *LEE?«H.AaDT (Max), 16. rue Saint-Roch. — Montpellier. LEFEViE (Léon , Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Abbeville (Somme). Lefevre. 45, rue Riche ieu. — Paris. Lefûbt (Julesj,iiembre de 1 Académie de médecine, 87, rue Neuve-des-Petits-Charaps . — Paris. Leport (Joseph) , Avocat à la Cour d'appel, 44, rue Lafayette. — Paris. Lefoet (Plrîrre), Étudiant en droit, 21. boulevard Rochechouart. — Paris. LEFoai (Gustave), 87, rue Neuve-des-Petits-Champs. — Paris. Le Fort (Léon), Membre de lAcadémie de méiJecine, Professeur à la Faculté de mèjeeine, 96, rue de la Victoire. — Paris. — P D' Le QtyïitLi. — Pauillac (Gironde). LÉGEa (Léopold), Ingénieur civil, 2, rue Juba. — Alger. *LÉGEa (Alfred), Ingénieur, 28, rue Bourbon. — Lyon. Legea^d, Négociant, 3 et 5, rue Naudé. — Le Havre. Legeis (Georges), Ingénieur mé anicien. — Maromme (Seine-Inférieore). LEGais I Edouard;, Ingénieur mécanicien. — Maromme (Seine- Inférieure). Legcat (Louis), Architecte expert, 3, rue de la Sainle-Chapelie . — Paris. •Le Lassecr, 120. rue de Paris. — Nantes. LELûia, Interne des Hôpitaux, 17, rue Monge. — Paris. D' Lbloraim, 16, rue Monge. •-' Paris. POUB L'a^JlSCBOST DKS iOBSCZS UX LEM-^acHA.'TO (Âbel) , Constnietear de nsTires, 29, me dn Peirey. — Le Havre. Le MAiCBjL'fD 'ÂugosUn), Ingénieiir géologoe. — Les Chaitrem, P^U-QaerUly, fcès Rcnen. — F LzBAaiÉ Eugène . Naturaliste. — Sainl-Jean-d'Aag^ tClHUBlli-tBfcufie). LmiRCiiK ■Com'e Anatole . Maire de Saintes. — Saiates LEKEaaB À. . Editear, îT-31. passage Choisnd. — Faris. Le Mesle g.;, Geologne. 6. me dm Gnu-dt)r. — Biais. LiMEr^iza J.-H.\ Avocat à la Conr d'appel. 79, boolevard BeMOMoekais. — Paris. LsuEsaE Ferd.,, Négociant en vins. T4 et 74 bis. me MoadesHd. — Bwrrtf ■ i •LEBonvE Emile) r In^eniear dnl, anciea ÉièTe de l'École poiytedHiqae, 55, r» da Cherohe-Midi. — Paris. Lehoine G.i. Ingénieur des Ponts et Quossées. 76. me d'Assis. — Paris. •Leugi.ne (M"* 16, rne de la Belle-Image. — Rûms. •Lemoi>e, Professeur à 1 École de médecine. 16. rue de U BeUe-Image. — Rf-ir-i Lb MoîfMEa, Professeur de botanique à la Faculté des acâesees. 5, nie c nière. — Nanev. — R Lkmct, Ingénieur ciTil, 6. rue de l'EntrepôL — Kates. Le^etec 'Ernestl, Ingénieur eiril, kl, chaussée de la Muitlfiiif — Nanies. L£.T<(iE& (G.I, Directeur du Musée d'histoire natarelie. S, nie PenwdiB-de-Saint- Pierre. — Le Harre. Lemoib , Négociant, Meoibre du Conseil municipal. 9. cours «f JUsMe-LMnne. — Bordeaux. LE?ioia (Léon), Architecte. 11. rue CoDtrescarpe. — NiBtes. D' Léom. Professeur à l'École de médecine navale. — lion (Adrien) , Député de la Gironde, 5, rue Foy. — L£0!( (Alexandre) , Administrateur de la Compagnie do Midi, ÂrBatesr, il, enrs àm Chapeau-Rouge. — . B-^rdeaux. Lto^ (Anselme', Négociant, iî, me Peadaadège. — BordeMi. jy LÉo^-DuFOca (A.). — Sainl-SeTer-sur-Adour (Landes). Le Paigk Ch.^ Docteur è5-*?iences, professeur à lUniTersité de Liège. — Liège Lepl-se. Professeur à la Faculté de médecine de Lyon. — Lron. — R •Lb Prince (Dominique), publiciste. — Labarre-Deuil ',5eine-et-0i$e'. Leqcbci (J.), Architecte, 1, rue de Beaune. — Paris. Lekocx , CoDseiller général de U Loire-Inferieure. — Saint-JoIien-de-ToiiTaDteâ (Loire-Inférieure). •D' LEjion I Armand 1. — Lienjr-le-Châtel (Tonne). Le r ci Henri , Lhef de dirision à la préfecture de la Seine, 14, rue Cambacérès. — Paris. Lbrot. Pharmacien. 137. rue de Paris. — Le Harre- *L£aoT-BE.\CLiEC Pierre-Paar. Membre de llnstitut. CoBseilkr giaéni de IHériult, 27, avtnue du Ik»is-de- Boulogne. — Paris. D' Lescxroe, 11, rue dj Blaoc-P.gnon. — Arns. Lescvrret, Président de la Soriété philomathique. me Monta^aa. — > IJMiietMi. LBsii-\ais, Notaire, 23. rue Pascal. — Germon t-Ferr*nd. Lesmer Frédéric). Consoiller général de U Gironde. — CarboB-Blaae (Giroaéel. •Lespullt. Proftisseur à la Facuué des sciences, rue M.chel-MoBlaigBe. — Bordeanx — R Lespiaclt (Maurice', Conservateur du musée. — Nérae. Lesseps (Ferdinand de , Membre de l'instiint, Président-Pondateor de li Compa- gnie unirerselle du canal maritime de 1 Isthme de Suex, 9, rae Richepeace. — Paris.— F Lessert (Alex, db), 15, rue de Bordeaux. — Le Havre. Lb5tr.v?(GE (le vicomte de^. — Saint-Julien, par Sain t-Genis-de-SaintOBy: (Ckafeate- Inférieure». •D' Lkscrb (Alfred), Conseiller général des Ardennes. — Attieny (Artfm). •Lbscrb (Maurice), Élève à Sainte-Ba'be. — Atiignj (Ardennes). LsTELLtBR (A.\ Avocat défenseur. Conseiller général. 56, me Duquesoe. — Alger. D' Letessier. — Lormonl-Bordeaux. Létievant (E.). Professeur, Chirurgien en dief de IHôlel-Dien, de Lyon, 16. ï4sEnt, Conseiller à la Cour d'appeL — Alexandrie (figypte). Letocr.^bli , Président honoraire du Tribunal de Foaieiuy, 5, ne Jetn-Jaeqne*. — ^antes. jX ASSOCIATION FRANÇAISE Letrange (Edouard), ancien Maire. — Cliarlevilie (Ardennes). •Lëudet, Directeur de l'École de médecine de Rouen, 49, boulevard Cauchoise. — Rouen. — F *Leudet (M™'), 49, boulevard Cauchoise. — Rouen. ♦Leudet (Ollivier), Externe des hôpitaux de Paris, 18, rue Soufflot. — Paris. *Leudet (Robert), Étudiant, 49, boulevard Cauchoise. —Rouen. Levainville et Rambaud, Négociants, 16, rue du Parc-Royal. — Paris. *Levasseur, Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France, 26, rue Monsieur- le-Prince. — Paris. — R Levi-Alvarès (Albert). Ingénieur civil, 20, rue de Lisbonne. — Pans. D"- Levieux, Vice-président du Conseil d'hygiène et de salubrité de la Gironde. — Bordeaux. Lévy-Crémieux, Banquier, 34, rue de Châteaudun, — Paris. — F L'HoTE, Chimiste, 19, boulevard Magenta. — Paris. Lhéritier, Mathématicien. — Bourges. *D' LiAUTAUD, 35, rue Tubaneau. —Marseille. Libaudière, 1, rue Duplessis. — Bordeaux. "LiCHTENSTEiN (Henri), Négociant, cours des Casernes (Maison Andrieux). — Montpellier. *LiCHTENSTEiN (Julcs), Rentier. — Villa la Lironde, près Montpellier. LiECTHY (Armand), Agent général de la compagnie d'assurances l'Union. — Clamecy (Nièvre). LiGUiNE (V.), Professeur à l'Université. — Odessa (Russie). LiLiENTHAL, Membre de la Chambre de commerce, 13, quai de l'Est. — Lyon. Limousin (S.), Pharmacien, 2 bis, rue Blanche. — Paris. LiMUR (Comte de). Membre de la Société géologique de France, hôtel de Limur. — Vannes. LiNDER, Ingénieur en chef des Mines. — Vienne (Autriche). LioNNET, Courtier, Membre de la Société géologique de Normandie, 17. rue Escarpée. — Le Havre. LiouviLLE, Député de la Meuse, Agrégé de la Faculté de médecine de Paris, 3, quai Malaquais. — Paris. Lisbonne, Ingénieur de la Marine, 168, rue du Faubourg-Saint-Honoré. — Paris. — R ♦Lisbonne (Gabriel), Sis, Avoué à la Cour. — Montpellier. 'Lisbonne (Eugène). Avocat, Député de l'Hérault. — Montpellier. *LiSB0NNE (Georges), 5, plan du Palais. — Montpellier. *LiSB0NNE (Gaston), Avocat, 5, plan du Palais. — Montpellier. LivACHE, Ingénieur civil, 24, rue de Grenelle-Saint-Germain. — Paris. *D' LivoN (Ch.), Professeur suppléant à l'École de médecine, 14, rue Peirier. — Marseille. LocARD (Arnould), Ingénieur civil, 59, rue de la Reine. — Lyon. LocARD, Membre de la Société d'agriculture, 59, rue de la Reine. — Lyon. Loche, Ingénieur des Ponts et Chaussées, 16, rue de Berlin. - Paris. — F D' Lœwenberg (de), Médecin auriste, 15, rue Auber. — Paris. Lœvy (Maurice), Astronome, Sous-Directeur de l'Observatoire, 6, rue Cassini. — Paris. Loir, Professeur à la Faculté des sciences, 54, avenue de Noailles. — Lyon. ♦LoisNEL, Maire de Neufchàtel (Seine-Inférieure). Lombard (Louis), Ingénieur civil, 4, rue Conslantine. —Lyon. LoNGCHAMPS (G. de), Professeur de mathématiques spéciales au lycée Charlemagne, 7, rue d'A:cole. — Paris. — R Loncke, Directeur particulier de la Compagnie d'Assurances générales, 13, boulevard de la Liberté. — Lille. LoNGHAYE (Aug.), Négociant, 22, rue de Tournay. — Lille. — R Lordereau, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — 3Iontargis. LoRENTi, cadet, Secrétaire général de la Société d'agriculture, 22, cours Morand.— Lyon. LoRiEUX (Edmond), Ingénieur des Mines, 3 bis, rue Bonne-Louise. — Nantes. LoRiN, Préparateur de chimie industrielle et de physique générale. Chef de manipu- lation de physique à l'École centrale des arts et manufactures, 5, place des Vos- ges. — Paris. •LoRiOL (P. de). Géologue. — Fontenex, près Genève (Suisse). •LoRiOL (de), Ingénieur civil, ancien Élève de l'École des Mines, 46, rue Centrale. — Lyon. — R POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXI D' LoBTET, Doyen de la Faculté de médecine de Lyon, Directeur du Muséum d'hisloire naturelle, 1, quai de la Guillotière. — Lyon. — F LoRY (Charles), Doyen de la Faculté des sciences. — Grenoble. LosTE, Notaire, 50, rue Ferrère. — Bordeaux. *LoTTiN, Juge de paix. — Noyers (Loir-et-Cher). *LoTTi\ (M"« Gabrielle). — Noyers (Loir-el-ChcTj. Lotz-Brfsso.nneau, Ingénieur civil, 86, quai de la Fosse. — Nantes. Louer (Jacques), Brasseur, 20, rue d'Étretat. — Le Havre. •LouGNON (Cyr), Étudiant, 48, rue Gay-Lussac. — Paris. *LouGNON (Victor), 48, rue Gay-Lussac. — Paris. Loyer (Henri), Filateur, 394, rue Notre-Dame. — Lille. — R *LoYSON, Président honoraire en Cour d'appel, 42, rue Vaubécour. — Lyon. *LucAS (Edouard), Professeur au Lycée .Saint-Louis, 2, rue du Bellay. — Paris. Lucas (Charles), Architecte, 8, boulevard Denain. — Paris. *Lucas-Championnière, Chirurgien des hôpitaux, 50, faubourg Poissonnière. — Paris. Ludre-Gabillaud fds. Avocat, rue Nationale. — La Chaire (Indre). Lcgol, Avocat, 11, rue de Téhéran (parc Monceaux), — Paris. — F •Lunaret (Léon de). — Montpellier. LuNEAU, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Arras. D' LuMER, Inspecteur général des asiles d'aliénés de France, 6, rue de l'Université. — Paris. LussEAU (Daniel), Notaire. — Saint-Fort sur Gironde (Charente-Inférieure, LuTSCHER, Banquier, 43, rue La Bruyère. — Paris. — F LuuYT, Ingénieur en chef des Mines, 2, rue de la Chaussée-d'.inlin. — Paris. LuzE (DE) père, Négociant, rue et château Rivière. — Bordeaux. — F D' LuxcEY (Ariste). — Saint-Martin de Seigiiaux (Landes). Lykiardopoulos, 32, rue des Écoles. — Paris. Mabit, Professeur à l'École de médecine. — Bordeaux. Macé, Professeur à l'École de médecine. — Rennes. Macquart (H.), 103, rue des Capucins. — Reims. Madelaine, Inspecteur du service de la voie aux chemins de fer do lElat. — Saintes (Charente-Inférieure). Maes. Directeur de la Cristallerie de Clichy, 9, cour des Petites Écuries. — Paris. *3Iaffre de Baugé (F.-M. -Achille), Propriétaire. — Domaine de Bareltes, par Agde (Hérault). D-^ Magitot, 8, rue des Saints-Pères. — Paris. — F Magné. Négociant, 12, rue de Sèze. — Bordeaux. *Magisien ^L.), Professeur d'agriculture de la Côte-d'Or. — Dijon. Mahaut, Négociant, rue de la Poissonnerie. — Nantes. Mahieu (Aug.), Filateur. — Armentières (Nord). aiAHMouD-BEY, Directeur de l'Observatoire du Caire, Vice-Président de l'Institut Égy[i- tien. — Alexandrie (Egypte). Mahue (Louis).— Anizy-le-Chàteau (.4isne) . Mahyer, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, 5, rue de Babylone. — Paris. — R Mailho, Pharmacien, 9, cours des Fossés. — Bordeaux. •Maillot (Eugène), Professeur agrégé de l'Université, Directeur de la station série - cole, à l'École d'agriculture. — Montpellier. Mairet, Constructeur mécanicien, 41, rue Centrale. — Lyon. *.Mairet, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, 20, rue du Jcu-de-Paume. — Montpellier *Mairet (M"" Denise), 20, boulevard du Jeu-de-Paume, — Montpellier. Malézieux (E.), Inspecteur général. Secrétaire du Conseil général des Ponts et Chaussées, 108, rue du Bac. — Paris. D"' Malherbe père, Professeur à l'École de médecine, rue Affre. — Nantes. Malingre, Ingénieur civil, rue Cervantes. — Madrid. *Malivert (Louis), Pasteur. — Montpellier. Malivoire (Paul), 27, rue de l'Université. — Paris. Mallard, Entrepreneur de travaux publies, 21, rue Lemaistre. — Le Havre. Mallet (F.), Négociant, 25, rue de lOrangerie. — Le Havre. •D"" Mallez, 6, rue du Vingt -Neuf-Juillet. — Paris. *Malosse (Théodore), Professeur à l'École supérieure de pharmacie, 7, rue Saint Benoit. — Montpellier. Malvezin (Th.), 5, place Dauphine. — Bordeaux. tXÎI ASSOCIATION FRANÇAISE *Mandeville (Alfred), propriétaire. — Béziers (Hérault). *Manès, Ingénieur civil, Directeur de l'Ecole supérieure de commerce et d'industrie. 20, rue Judaïque. — Bordeaux. *Manès (M"^), 20, rue Judaïque. — Bordeaux. Maingin, Lieutenani-coloneJ du Génie, 18, boulevard des Invalides. -- Paris. Mangini, Sénateur, rue des Archers. — Lyon. — F Manier, Professeur. — Oxford (Angleterre). Mannberger, Banquier, 59, rue de Provence. — Paris. — F Mannheim, Chef d'escadron d artillerie, Professeur à l'Ecole polytechnique, 11, rue de la Pompe. — Passy-Paris. — F •Mansy (Eugène), Négociant. 24, rue Barallerie. — Montpellier. — F Maquenne, Licencié ès-seiences, 32, rue Nollet. — Paris. D' Marcé, 1, rue de l'Écluse.— Nantes. Marchand (fils), Pharmacien. — Fécamp. 'Marchand (Eugène), Correspondant de l'Académie de médecine. — Fécamp (Seine- Inférieure). Marché (E.), Ingénieur civil, 4, rue Neuve-Fontaine, — Paris. Marchegay, Ingénieur civil des Mines, 27, quai Tiisitt. — Lyon. — R *D' Marcorelles (J.), 71, rue de Rome. — Marseille. Mardelet, Ingénieur des arts et manufactures, 160, faubourg Saint-Denis. — • Paris. D' Marduel, 23, rue de Bourbon. — Lyon. Maréchal, 25, rue du Manège. — Bordeaux. *Marès (Henri), Correspondant de l'Institut. —Montpellier. — F *Marès (M°" veuve), rue de la Salle-lÉvêque. — Montpellier. ♦D' Mares (Paul), 91, boulevard Saint-Michel. — Paris. — R *Marès (Etienne), place Casi.ries. — Montpellier. D-- Marey, Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France, 13, rue Duguay- Trouin.— Paris. Mariage (J.), Fabricant de sucre. — Thiant, par Denain (Nord). Mariage (Charles), Étudiant en droit. — Thiant, par Denain (Nord). Mariage (Louis), Étudiant, 2, impasse des Brigittines. — Valenciennes. Marical, Pharmacien, 112, rue de Paris. — Le Havre. Marie, Avocat, 1, rue du Calvaire.— Nantes. Marié-Davy, Astronome, Directeur de 1 Observatoire de Montsouris. — Paris. Marignac (Charles), Professeur. — Genève (Suisse). — R *D^ Marignan (E.). — Massillargues (Hérault). Marignier, Ingénieur civil.— Joze, par Maringues (Puy-de-Dôme). *Marion (A. -F.). Professeur à la Faculté des sciences, 27, rue Dugommier.— Marseille. Marjolin, Chirurgien des hôpitaux, 16, rue Chaptal. — Paris. — R Marmorat, Négociant, 21, rue Centrale. — Lyon. D' Marmottan, Député de la Seine, 31, rue Desbordes- Valmore. — Paris. Marnas (J.-A.), H, quai des Brotteaux. — Lyon. Marqubt (Léon), Fabricant de produits chimiques, 15, rue Vieille-du-Temple. — Paris. ♦D' Marquez (Omer), Médecin en chef de l'hôpital, 2, rue des Porches. — Hyères (Var). Marsilly (le général de). — Auxerre (Yonne). Marsy (comte Arthur de), Membre de la Commission centrale de la Société de géographie. — Compiègne (Oise). Martel (Alexandre). — Château de Cassan, par Roujan (Hérault). D"- Martel (Joannis), Chef de clinique à la Faculté de médecine, 97, rue Saint-Lazare. — Paris. •Martel (Jean), Imprimeur, 3, rue Blanquerie. — Montpellier. Martin (Albert), 7, rue du Puils-Gaillot. — Lyon. Martin (André), Étudiant en médecine, 1, rue Perdonnet. — Paris. Martin (Ferdinand), 3, rue de la Cité. — Le Havre. Martin (William), Chargé d'affaires d'Hawaï, 13, avenue de la Reine-Hortense. — Paris. — R Martin (Henri), Sénateur, Membre de l'Académie française, 38, rue Vital. — Paris-Passy ■'D' Martin (de). Secrétaire général de la Société médicale d émulation de Montpel- lier, Membre correspondant pour l'Aude de la Société nationale d'agriculture de France, 22, boulevard du Jeu-de-Paume. — Montpellier. — R D' Martin (Emile), Conseiller municipal, 41, rue de la Lyre. — Alger. ♦Martin (Barthélémy), Orfèvre, rue Argenterie. — Montpellier. POUR L AVANCEMINT DES SCIENCES LXIII Martin-Babbit, Pharmacien, 21, cours de Tourny. — Bordcaut. Martinand (Virgile), Chimisle. — Salins de Giraud, près Arles (Bonches-du-Rhône). *MARTmET (Ludovic).— Chàletu de la Roche, commune de Graçay (Cher). Martinet (Emile), Imprimeur, 2, rue et hôiel Mignon. — Paris. — P D"" Martinez, 1, rue de la Marine. — Alger. •Martins (Charles), Professeur à la Faculté de médecine. — Montpellier. •Maruéjol (Gaston), Avocat. — Nimes. Marveille (de|. — Château de Calviac-Lasalle (Gard). — P Marx (Armand), Npgociant, 18, rue du Calvaire. — Nantes. Mabx (Raoul), Négociant. 18, rue du Calvaire. — Nantes. Marzac (Ferdinand), aine, Négorianl, 9, chai des Farines. — Bordeaux. Marzac (Léo), Négociant, 9, chai des Farines. — Bordeaux. *Mas (Alphonse), Avoué. — Béziers (Hérault). Mascart, Professeur au Collège de France, 6U, rue de Grenelle. — Paris. Masquelez, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Directeur des travaux munici- paux, 128, rue Nationale. — Lille. Masquelier (Era.), Négociant, 7, quai dOrléans. — Le Havre. Massabuau (Philippe), Ingénieur, Maire. — Saint-Geniez-dOlt (Àveyron). *l)' iMassart. — Ronfleur. •Masse (E.), Professeur à la Faculté de médecine. — Bordeaux. D' Massé. — Pellegrue (Gironde). Massénat (Élie). — Brive (Corrèze). Masseron, Directeur des douanes, 38, quai de la Fosse. — Nantes. Massif (Maurice), Licencié eu druii, 3(», rue de la Pomme. — Toulouse. •Massol (Gustave), Préparateur de chimie à 1 Ecole supérieure de pharmacie, 45, rue Triperie-Vieille. — .Montpellier. •xMvssoN (Georges), Libraire de l'Académie de médecine, 120, boulevard Saint-Germain. — Paris. — F Masson (Em.), Capitaine de frégate, 34, cité des Fleurs. — Paris. D"^ .Masurel, 18, rue de la Barre.— Lille. Masurel jeune, Inventeur mécanicien, 29, rue Inkermann. — Lille. Masurier (J.), Négociant, 16, rue d'Aumale. — Paris. — R Matharel (be), Trésorier général. — Clermont-Ferrand. Matheron (Philippe), Ingénieur civil, 86, rue Notre-Dame. — Marseille. Mathias, Ingénieur de la traction au chemin de fer du Nord, 28, rue des Fossés. — Lille. Mathieu (Henry), Ingénieur en chef des chemins de fer du Midi, 26, rue Las-Cases. — Paris. *D' Mattei (A.), Médecin accoucheur, 4, rue Thérèse (Palais-Royal). — Paris. Maufras (E.), Notaire. — Pons (Charente-Inférieure). .Mauguin, Libraire, Conseiller général. — Blidah ([novince dWIger). •Mau.noir, Secrétaire général de la .Société de géographie, 14, rue Jacob. — Paris. D» Maunoury (Gabriel). — Chartres. D' .Mal'ny. — Mortagne-sur-dirondc (Charente-Inférieure). Maorel (Marc), Banquier, Conseiller municipal. — Bordeaux. — R Mauhel (Emile), Négociant, 7, rue d'Orléans. — Bordeaux. — R D' Maurel, Médecin de 1" classe de la Marine, 26, rue Grande- Vallée. —Cherbourg. Mauxio.n, Externe des hôpitaux, 34, rue Saint-Jacques. — Paris. Maxwell-Lyte (F.), Ingénieur-Chimiste, 6, cité du Retiro, 30, faubourg Saint»- Honoré. — Paris. — R Mayer, Négociant, 2, rue de la Feuillade. — Paris. •Mayet (Valéry), Professeur à l'Ecole d'agriculture de Montpellier, 7, boulerard Saint-Benoit. — Montpellier. •Maze (abbé). — Harfleur. — R MÉHU (Adolphe), Pharmacien de 1" classe, oQicier d'Académie. — Villefranche (Rhône). .Meigné, Ingénieur des arts et manufactures, Directeur propriétaire de lusiue à gaz. — Saintes (Charente-Inférieure). .VIeissas, 81, boulevard Saint-Germain. — Paris. Meissonier, Fabricant de produits chimiques, 5, rue Béranger. — Paris. R 'Mejan (.\I""=), 3. boulevard de Belleville. — Paris. -Mekarski, Ingénieur civil, 96, avenue de Ciichy. — Paris. Mellac, notaire. — Nérac. •Mellac (André), Étudiant en droit. — Nérac. M£U,ER père, Négociant, 43, pavé des Charlrons. — Bordeaux. LXIV ASSOCIATION FRANÇAISE Mellerio, Élève de l'École des hautes Éludes, 18, rue Neuve -des- Capucines. — Paris. *Melou (Edouard), Ingénieur civil des mines. — Maisons-Alfort (Seine). Menche de Loisne, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Laon. Me.nier, Membre de la Chambre de commerce de Paris, député de Seine-et-Marne, 6, rue d'Enghien. — Paris. — F Mer (Emile), Garde général des Forêts, 1, avenue Duquesne. — Paris. •MERCAniER, Répétiteur à l'École polytechnique, 85, rue Legendre.— Paris. D"" HIercier (Anatole). — Fontenay-le-Comte (Vendée). Mercier (Gustave), Pharmacien, Conseiller général, 13, rue Bab-el-Oued. — Alger, *Merget, Professeur à la Faculté de médecine. — Bordeaux. — R Merle de Massonneau (Antoine), Vice-Président du Comité agricole. — Nérac. Merlhe, Pharmacien, 46, rue de Poissy. — Saiut-Germaln-en-Laye. Merlin, 110, rue Bonaparte. — Paris. Merville (Jules), 1, rue de la Paix. — Le Havre. Merville ^M""' Jules), 1, rue de la Paix. — Le Havre. Meschinet DE RicHEMOND (Louis-Marie), Archiviste de la Charente-Inférieure, Oflicier de l'instruction publique, correspondant du Ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques, 23, rue Verdière. — La Rochelle. D' Mesnards (P. des), 186, sur le Cours. — Saintes (Charente-Inférieure). Messimy, Notaire, 13, rue de Lyon. — Lyon. Mestrezat, Négociant, Consul suisse, rue du Parlement. — Bordeaux. D'' Métivier (A.), 15, rue de la Mare. — Paris. Metzger, Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Mantes (Seine-et-Oise). Meunier (Fernand), ancien Élève de l'École de Grignon, Stagiaire au laboratoire de culture au muséum. — Paris. Meunier (J.), Avocat à la Cour d'appel, 1, rue de Choiseul. — Paris. D'' Meunier (Valéry). — Pau. Meurdra (H.), Directeur de la Compagnie des Eaux du Havre, 91, rue de Montivil- liers. — Le Havre. Meure, Pharmacien, 147, rue Notre-Dame. — Bordeaux. Meurein, Pharmacien, 30, rue de Gand. — Lille. D' Meyer (Edouard), 73, boulevard Haussmann. — Paris. Meyer (Emile). — Soultz-les-Bains (Alsace). Meynard (J.-J.), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées en retraite, 3, quai Saint- Clair. — Lyon. — F *Meynadier (le colonel, Sénateur, 65, avenue Duplessis. — Versailles. Meyran (Octave), 39, rue de l'Hôtel-de-Ville. — Lyon. D' MicÉ, Professeur à l'École de médecine. — Bordeaux. — R •MicÉ (Louis), 79, rue Turenne. — Bordeaux. *Michaud flls. Notaire. — Tonnay-Charente (Charente-Inférieure). MiCHAUT (Adrien), Administrateur adjoint des cristalleries de Baccarat. — Baccarat (Meurthe-et-Moselle). *MiCHEL (Albin), Membre de l'Académie du Gard, rue Neuve-des-Arènes. —Nîmes *MiCHEL (Théophile), boulevard du Jeu-de-Paume. — Montpellier. *MiCHEL (l'abbé), Docteur en théologie des Facultés de Rome, curé. — Mudaison (Hérault). *MiCHEL, Directeur du musée Fabre. — Montpellier. MiCHELi (Marc). — Château du Crest, près Genève (Suisse). MiEG (Mathieu), rue de Riedisheim. — Mulhouse. D' MiGNOT, Lauréat de l'Institut. — Chantelle (Allier). Millardet, Professeur à la Faculté des sciences. — Bordeaux. *D' MiLLioT \Benjarain), 17, quai du Midi. — Nice. MiLLOT (Arthur), Professeur à l'École nationale de Grignon, 11, rue Mazarine. — Paris. MiLNE- Edwards (Alphonse), Professeur de zoologie au Muséum et à 1 École de pharmacie, rue Cuvier, au Muséum. — Paris. — R Min-Barabraham, Banquier, 12, place Puy-Paulin. — Bordeaux. D' IMoNiER (Louis), Médecin en chef des hôpitaux. — Avignon. *MioN (Georges), 2, rue des Etuves. — Montpellier. *Mi0N (Louis), 2, rue des Etuves. — Montpellier. MiRABAUD (Paul), 29, rue Tailbout. — Paris. — R MiRABAUD, Banquier, 29, rue Taitbout. — Paris. — F POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXV *MiREPOix (Ernest), Avocat. — Béziers (Hérault). *MisMER, Direcleiu- de la mission égyptienne, 44, rue de Lille. — Paris. *31issoNNiER, Pharmacien. — Sainl-Fioiir (Cantal). *MoiTESSiER, Doyen de la Faculté de médecine. — Montpellier. *MoLiNES (Louis), Pasteur, cours des Casernes (maison Polge). — Montpellier. *MoLiNES (Alberi), Banquier. — Nimes (Gard). Molle (P.), Pharmacien. — Gannat (Allier). MoLLiNS (S. de), Ingénieur civil. — Croix (Nord). MoLLiNS (Jean de), Docteur ès-sciences à l'Université de Zurich, maison Holden. — Croix près Roubaix (Nord). MoMMÉjA (Jules), Propriétaire, Membre de la Société française d'archéologie, faubourg Sapiac. — Jlontauban. MoMus (Eugènei, Négociant, 176, rue Fondaudège. — Bordeaux. MoNCHY (de), Propriétaire, 52, rue des Remparts. — Bordeaux. MoNDiET, Professeur au Lycée. — Mont-de-Marsan. D'' MoNDOT, Maison Del .Monte, 3, rue d'Orléans. — Oran (Algérie). MoNOEAUD, Chef de section aux chemins de fer de lÉlat. — ^ La Roche-sur-Yon. MoNGELLAS (E.), A^ice-présidiMit du Conseil général, 2, rue Blaudan. —Alger. D'" MoNNEREAU. —.Saintes (Charente-Inférieure). Monnet (G.), Pharmacien, place du Gouvernement, galerie Sarlande. — Alger. MoNOD (Charles), Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, i'2, rue- Canibacérès. — Paris. — F D'" MoNoD (Louis), 0, rue des Écuries-dArtois. — Paris. MoNTCoURT, Professeur de mathématiques au lycée, 1, rue Pré-Nian. — Nantes. D' MoNTFORT, Professeur à lÉcole de médecine, 19, rue Voltaire. — Nantes. — R •Montlai;r (Rémond comte de), de la Société d Agriculture du Gard. — Au chùteau' (le Poudr(!s, par S')mniiéres (Gard). *MoNTLAUR (vicomte .Vmaury de). — Au château de Poudres, [».ir Sommii'-res (Gaid). Mont-Louis, Imprimeur, '2, rue Barbançon. — Clermont-Ferrand. — R Mony (C). — Commentry (.\llier). — F MoRANDiÈRE. Ingénieur delà C" de l'Ouest, 27, rue Notre-Dame-des-Champs. — Paris. D' MoHEAU (E.), 7, rue du Vingt-Neuf-Juillet. — Paris. D' MoREAU (Armand), Membre de l'Académie de médecine, 56. rue de Vaugirard. — Paris. MoREAU (Benjamin), Conseiller municipal, 52, rue de Rennes. — Nantes. MoPEL d'Arleux (Charles), Notaire, 28, rue de Rivoli. — Paris. — F MoRfiES, Chef des travaux chimiques ù l'École des hautes Études, 27, rue Saint-André- des-Arts. — Paris. MuKiÈRE, Doyen de la Faculté des sciences. — Caen. •D-^ MoiUEZ (Kobert), Ch.f de diiiique médicale, L2, rue Cardinal. — Montpellier. MoRiTz, Directeur de l'Observatoire. — Tiflis (Russie). D'- MoRLOT, Docteur en médecine, 24, rue Saint-Philibert. — Dijon. MoRTiLLET (Gabriel de), attaché au Musée des Antiquités nationales. — Saint-Ger- maiu-en-Laye. — R D' MoRY (Gustave), 5, rue Thomas. — Clermont-Ferrand. D-^ Mo.sER, 14, rue des Petits-IIùiels. — Paris. MosNERON-DuPiN, Président de la Société industrielle, 14, rue Voltaire. —Nantes. MossÉ (Al[).), Interne des hôpitaux à Ihopital Lariboisière. — Paris. MossÉ (Joseph), Négociant. — Perpignan. MoTELAY (Léonce), Rentier, cours de Gourgues. — Bordeaux. Mouchez (contre-amiral . .Membre de 1 Institut, Directeur de l'Observatoire, à l'Obser- vatoire. — Paris. MouLiA, Négociant, 169, boulevard de Strasbourg. — Le Havre. D-^ MoiiR(;uES. — Lassale (Gard). •Mourlan-Descudé, Propriétaire. — Nérac. MousNiER (Jules), Pharmacien. — Saujon (Charente-Inférieure). D"^ Moussous, ."{8, rue d'Aviau. — Bordeaux. Moussous lils, 38, rue d'.Vviau. — Bordeaux. 'D' MouTET fils, 11, rue Sainte-Foy. — .Montpellier. *Muller ^Fréderic), Professeur au Lycée, 5, rue Nazareth. — Montpellier. "MuLLER (M™'), Inspectrice générjle des salles d'asile, 5. rue de Na/.iireth. — Mont- pellier. LXVI ASSOCIATION FRANÇAISE *]\luLLER (M"=], 5, rue de Nazareth. — iMontpellier. Mulot, Industriel, 43, rue des Boulets. — Paris. MuLSATST, Président de la Société linnéenne, Correspondant de l'Institut, 25, quai Saint- Vincent. — Lyon. MuRRAT, Économiste, Membre honoraire du Cobden-Club, 4, rue Drouot. — Paris. *D'' Mu'^grave-Clay (R. be], 19, rue Latapie. — Pau. MussAT (E.), Professeur de botanique à l'École de Grignon, il, boulevard Saint- Germain. — Paris. *MusTAPHA (Ibrahim), Chimiste expert à l'intendance sanitaire. — Alexandrie (Egypte). jN'achet, Fabricant d'instruments de précision, 17, rue Saint-Séverin. — Paris. Nadaillac (marquis de), 13, rue d'Anjou-Saint-Honoré. — Paris. Nadal (Viclorj, Sous-chef de bureau au Crédit Foncier, 19, avenue de l'Observa- toire. — Paris. ♦D-" Nadaod. médecin des hôpitaux. — Angoulême. Nansouty (le général de). — Bagnères-de-Bigorre. IN'ansouty (Max de). Ingénieur chimiste, 2, rue Saint-Martin. — Paris. ÎNAP0LI (David). Chimiste'aux chemins de l'Est, 98, faubourg Poissonnière. — Paris. *Narbonne 'Paul), propriétaire. ™ Bize (Aude). Narjot de Toucy, Administrateur de la Compagnie du chemin de fer de Clermont à Tulle, 19, rue Tronchet. — Paris. Naville (.!.), Chimiste. — Vernier, près Genève (Suisse). •NÈGRE (François), 15, boulevard du Jeu-de-Paume. — Montpellier. *NÈGRE (Gaston), boulevard du Jeu-de-Paume. — Montpellier. D"" NÉGRiÉ, .Aiédecin des hôpitaux, cours Portai. — Bordeaux. D"" Nepveu, 24, rue d'Enghien. — Paris. D"" Neumann, 43, rue de Chàteaudun. — Paris. NÉVREZÉ, Avocat, 11, rue de Sèvres. — Paris. Nic.mse, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, médecin des hôpitaux, 37, bou- levard 3Ialeshorbes. — Paris. D'' NiCAS. — Fontainebleau. — R NicoDÈME, Ingénieur civil de la maison Lloyd etLloyd,38, Grande-Chaussée. — Lille, Nidelet (Urbain), Notaire, 14, rue Crébillon. — Nantes. NivET, Ingénieur civil. — Echoisy, par Luxé (Charente). NivET ['SI'"'). — Echoisy, par Luxé (Charente . NiVET [Y.]., Professeur à 1 École de médecine et de pharmacie. — Clermont-Ferrand. NivoiT (Edmond), Ingénieur des .\lines. — Mézières iArdennes). NoEî., Négociant en bois du Nord, 85, cours de la République. — Le Havre. NoEL (.1.), Ingénieur civil au bassin à flot. — Bordeaux. Nœtinger (ïhéoiiorc), Dessinateur au chemin de fer. — Douera, près Alger. *NoLEN, Profess. de phil. à la Faculté des lettres, 10, rue Basville. — Montpellier. Normand, Conseiller général de la Loire-Inférieure, 12, quai des Constructions. — Nantes. — R Normand (A.), Constructeur de navires, 67, rue du Perrey. — Le Havre. NoROY (Ch.), Chimiste, 63, rue Mexico. — Le Havre. NoTTELLE, Secrétaire du Syndicat général des Chambres syndicales, Membre de lo Société d'économie politique, 49, rue Réaumur. — Paris. NouGARET. Contrôleur du service de la voie aux chemins de fer de l'Etat. — Saintes (Charente-Inférieure). *NouGARET (Numa), Négociant. — Montpellier. Nouvel, Pharmacien de l''<= classe. — Rodez (Aveyron). Nouvelle (Georges), Ingénieur civil, 13, rue Mayet. — Paris. *D'' Nozeran (Albin), 12, rue du Palais. — Montpellier. NuGUES (A.), Raffineries de potasse et de soude. — Saint-Saulve, près Valenciennes (Nord). Oberkampf (E.), Ministre du saint Évangile, 69, avenue de Saxe. — Lyon. Odier, Directeur -Adjoint de la Caisse Générale des Familles, 4, rue de la Paix. — Paris. — R Œchsner de Coninck (William), 105, rue de Rennes. — Paris. — R *Oliyer (Paul), Pharmacien de 1"' classe. — Collioure (Pyrénées-Orientales). Olivier (Erm-st), Membre des Sociétés botanique et entomologique de France. — Moulins (Allier). Olivier de Landreville (Arsène), 112, boulevard Voltaire. — Paris. *Ollier de Marichard, Archéologue. — Vallon (Ardèche). POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXVII *Ollier de Marichard (Alphonse). — Bédarifux (Hérault'. ♦Ollier, Ex-Chirurgii'n en chef de l'Hôtel-Dieu de Lyon, Correspondant de llnstitut et de l'Académie de médecine. Professeur à la Faculté de médecine de Lyon, 5, quai de la Charité. — Lyon. — F Ollivier, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, 5, rue de l'Université. — Paris. *Ollivier (Maurice), >'égociant, 9, boulevard Blanquerie. — Monlpcllier. Ollivier- Beauregard (G. -M.). .55, rue des Saints-Pères. — Paris. Ox,tr,\mare (Gabriel;, Professeur à 1 Université. — Genève. Onési-me (le frère), 24, montée Saint-Barlhélemi. — Lyon. D"" Onimi;s, 7, place de la .Madeleine. — Paris. Oppenheim frères. Banquiers, 11 bis, boulevard Ilaussmann. — Paris. — F D"" Oré, Professeur à lÉcole de médecine, rue du Palais-de-Justice. — Bonleaux. Oriolle, Ingénieur de l'École centrale des arts et manufactures. — Nantes. Orsat (il.), Négociant, 29, rue de la Victoire. — Paris. Ortlieb, Chimiite. — Croix, près Roubaix (.Nord). P.\BST (.Vlbert), 13, boulevard Saint-Germain. — Paris. Pagnoul, Professeur de chimie, Directeur de la Station agricole du Pas-de-Calais. — Arras. *Paillon (Charles), Étudiant en médecine, 6, rue Massane. — .'Montpellier. Paire (L.), Pharmacien, Grande-Rue. — Au Coteau, près Roanne (Loire). Palharey (Alfredl, Ingénieur civil. — A Hendnye. •D"" Pamard ( V.i, Chirurgien en chef des hôpitaux. — Avignon. — R Panckoucke (Henri), Trésorier-payeur général. — Perpignan. *Papillau» (M""). — Saujon (Charente-Inférieure). Parenteau (Ludovic). — Siecq (Charenti^-Iiift-rieure). Parentkau CSl""). — Siecq (Charente-Inférieure). *Parion, Membre de la Société d'astronomie, 16, boulevard Jourdan. — Paris. Paris (E.), Propriétaire des cristalleries et émailleries. — Au Bourget (Seine). D' Paris (H.). — Chantonnay (Vendée). Parise, Professeur à 1 École de médecine, 26, place des Bluels. — Lille. — R Parisse (Eugène), Ingénieur des arts et manuf., 49, rue Fontaine-au-Roi. — Paris. *Parmentier (général). Membre du Comité des fortifications, b, rue du Cirque. — Paris. — F Parquet (M""), 22, rue de Douai. — Paris. Parquet, 22, rue de Douai. — Paris. Parran, Ingénieur dos Mines, Directeur d^s Mines de ïibai:lt (Paul), Pharmacien de l" classe, rue des Lices. — Angers. Raimbault (M"«), 38, rue des Lices. — Angers. D"' Raingeard, Professeur suppléant à lÉcole de médecine, 8, rue Jean- Jacques. — Nantes. — R *R.\MEL (Prosper), Naturaliste. — Alger. Rames (J.-B.), Pharmacien et Géologue. — Aurillac (Cantal). Ramon, Chef des ateliers du dépôt aux chemins de fer de TEtat. — Gisors (Eure). *R.AMP0.M (Henri), Avocat. — Toul(Meurlhe-et-Moselle). D' Ranse (de), 4, place Saint-Michel. — Paris. D' Ranvier, 105, boulevard Saint-Michel. — Paris. Raoult, Professeur de chimie à la Faculté des sciences, 7, place Clapeyron. — Grenoble. Rapet, Inspecteur honoraire de l'instruction publique, 21, rue Saint-Dominique. — Paris. Raveaud, Conseiller à la Cour, 116, rue de l'Église-Saint-Seurin. — Bordeaux. Ray.nal, Négociant, 12, place des Ouinconces. — Bordeaux. Raynaud, Ingénieur des télégraphes, 60, boulevard Saint-Germain. — Paris. D"" Rebatel (Fleury), 29, rue Gasparin. — Lyon. Reboll (le colonel), 52, boulevard Eugène. — Neuilly (Seine). *Reboul (J.), Etudiant en médecine. — Montpellier. *Reboul (Edmond), Doyt-n de la Faculté des sciences. — Marseille. Reboux, Archéologue, 3, rue Montenolte. — Paris (Ternes). RÉciPO.N (Emile), Propriétaire, Industriel, 47, rue Bassano. — Paris. — F D' Reclus, Aide d'anatomie à la Faculté de médecine, 20, rue de la Sorbonne.— Paris. *Redier (A.), Constructeur d instruments de précision. S, cour des Petites-Écuries. — Paris. Redon (le baron). — Brioude (Haute-Loire). Reech, ancien Directeur des constructions navales, 10, rue du Pont-Carré. — Lorient. Regnault, Ingénieur des ponts et chaussées, rue de Pessac. — Bordeaux. Rf.gn\ult (Henri), Industriel. — Charleville (Ardennes). D"" Rf.gmer. — Mantes (Seine-el-Oise). *RÉGY (Philippe), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées en retraite.— Montauban. Rehm (L). — Pagny-sur- .Moselle. *Reich (Louis), Agriculteur. — Arles-sur-Rhône. D'^ Reigmer (Alexandre), Médecin consultant, place Rosalie. — Vichy. Reille (le baron), 10, boulevard de Latour-Maubourg. — Paris. — R Reimonenq (Charles). Ex-Chef de section di la voie au Chemin de fer du .'\lidi, domaine du Bastard. — La Tresne (Gironde). *Rei.monenq (Alfred), Etudiant en médecine, 6, rue de la Croix-d'Or. — Montpellier. Reinach, Banquier, 31, rue de Berlin. — Paris. — F ■LXXII ASSOCIATION FRANÇAISE Reinhart (Louis), Négociant, 19, rue Corneille. — Le Havre. Reinwald, Libraire, 15, rue des Saints-Pères. — Paris. D"' Rei.hié. — Cahors (Lot). D'' Reliquet, 17, boulevard de la Madeleine. — Paris. — R Remerand, Pharmacien. — Fonlenay-le-Comte (Vendée). Renard, Capitaine du génie, au haras du Chalet. — Meudon (Seine-et-Oise). Renard et Villet, Teinturiers, cité Lafayette. — Lyon. *Renaud (Georges), Directeur de la Revue géographique internationale, Attaché au cabinet du ministre des finances, 1.5, rue Cimarosa (Avenue du Roi de Rome). — Passy-Paris. Renaud, Pharmacien. — Saint-Nazaire (Loire-Inférieure). Benaud (Paul), Constructeur-mécanicien, prairie de Mauves. — Nantes. Renault (E ), Fabricant de tissus imprimés, 6, rue aux Juifs. — Darnetal, près Rouen. Renault, Docteur ès-sciences, Aide naturaliste au Muséum, 1, rue de la Collégiale. — Paris. Rénier, Receveur des finances. — Issoire (Puy-de-Dôme). "Renouard, fils (Alfred), Filateur, 46, rue Alexandre-Leleux. — Lille. — F "•Renouard (M"'^ Alfred), 46, rue Alexandre-Leleux. — Lille. — R Renouard-Béghin, Filateur et Fabricant de toili.'S, 3, rue .'i Fiens. — Lille. Renouvier (Charles) — La Verdette, près le Pontet, par Avignon (Vaucluse). — F Renversé,' Sous-Inlendant militaire en retraite, 49, rue Naujac. — Bordeaux. Rérolle (Louis), 44, quai de la Guillotière. — Lyon. Resal, Membre de l'Institut, Ingénieur des Mines, Professeur à l'École polytechnique. 58, rue Saint-André-dcs-Arts. — Paris. ■*Revoil, Architecte des monuments historiques, .Membre correspondant de l'Institut, avenue Feuchères. — Ni mes. Revouy (J.-A.), Médecin vétérinaire. — Vienne (Isère). Rexès, Membre de la Société des agriculteurs de France. — Jarnac (Charente). Rey (Dieudonné), Architecte de la ville. — Millau (Aveyron). Rey-Lescure, Membre de la Société géologique de France, 8, faubourg du 3Ioustier. — Montauban. "•Reynès (.Iules), Vice-Président du Conseil de préfecture, 9, rue Vieille. — Monti)ellier. D"" Riant, .Médecin de l'École normale du département de la Seine, 138, rue du Faubourg-Saint-Honoré. — Paris. Riaz (Auguste de). Banquier, 10, quai de Retz. — Lyon. — F D' Riran, Directeur-adjoint au laboratoire d'enseignement chimique et des hautes Études à la Sorbonne. — Paris. Riberolles (Charles de). — Bulhon par Lezoux (Puy-de-Dôme). RiBOT, Avocat, Député du Pas-de-(>alais, 32, rue de Turin. — Paris. Ricard (Gaston) Représentant de droguerie et de pharmacie, 3, galerie Malakoff. — Alger. *RiCARD (Emmanuel de). Capitaine du génie, 11, rue Saint-Roch. — Montpellier. •Ricard (Louis-Xavier de), Homme de lettres, plan des Quatre-Seigneurs. — Mont- pellier. Richard, Chimiste, 13, rue Crevier. — Rouen. Richard (.1.), Entrepreneur. — Au Buisson-de-Cabans (Dordogne). 'D' Richard, Médecin stagiaire au Val-de-Gràce, quai Saint-Martin, à Lille, et 5, rue Ber. tholet. — Paris. Richard (.Alexandre), 14, rue des Canonniers. — Saint-Quentin (Aisne). Richard (.Maurice), Maire de Millemont, Conseiller général de Seine-et-Oise, 33, rue de Prony. — Paris. Richard (l'abbé). Chanoine, Hydrogéologue, au Séminaire. — Montlieu (Charente- Inférieure). *RicoME (P.), Pharmacien. — Massillargues (Hérault!. D' Ricord, Membre de l'Académie de médecine, 6, rue de Tournon. — Paris. — F D"' RiÉGÉ, 30, rue d'Hauteville. — Paris. RiEUMAL, Négociant, 6, rue de Mulhouse. — Paris. *Rieunègre (Fabre de), 90, rue Fondaudège. — Bordeaux. 'RiFFAUT (le général), 10, rue Garancière. — Paris. — F '*Rigal (Paul), Avocat. — Béziers (Hérault). RîGAUD (Charles). — Pons (Charente-Inférieure). Rtgaud (Ad.), Négociant, Conseiller municipal, 49, quai de Béthune. — Lille. POUR l'avancement des sciences LXXIII RiGALD, Fabricant de uroduils chimiques, 8, vue Vi vienne. — Paris. — F RiGAUD (M™"), 8, rue Vivienne. — Paris. — F RiGAUT (E.), Filateur, rue Sainte-Marie. — Fives-ljllc. RiGEL (Jérôme], 17, rue de Lanrry. — Paris. RiGooT, Cliimiste à l'École des Mines, 60. boulevard Saint-Micliel . — Paris. RiLLiET, 8, rue de l'Hôtel-de-\ille. — Genève (Suisse). — R *RiSLER (Eugène), Directeur de llnstitut national agronomique, 168, boulevard Haussmann. — Paris. — R RiSLER (Charles), Chimiste, 39, rue de l'Université. —Paris. — F *RiSLER (Edmond), Elève de l'Institut national agronomique. — Pans. RiSPAL, Négociant, 200, boulevard de Strasbourg. — Le Havre. •RiTTER (Frédéric), Ingénieur en chef du chemin dej'er de Bédarieux, 1. rue Saint- Mathieu. — Montpellier. ♦Rivière (Em.) Archéologue, 93, rue du Bac. — Paris. Robert, Ingénieur des ateliers au Chemin de fer des Charentes. — Saintes (Charente- Inférieure). RoyBERT (Edouard). Directeur-a.ijoint des postes et télégraphes. 3 , rue du Centaure.— Alger. Robert (de). Directeur de l'Établissement d'Indrel (Loire-Inférieure). Robin (Alphonse), 12, quai des Célestins. — Lyon. Robin. Banquier, 38, rue de IHôlel-de-Ville. — Lyon. — R Robin (Ch.), Sénateur, Membre de l'Institut et de l'Académie de médecine, 94, bou- levard Saint-C.ermain. — Paris. — R. RoBiNEAun, Pharmacien, 62. rue Notre-Dame. — Bordeaux. RoBiNEAun, Étudiant en médecine, 62, rue Notre-Dame. — Boiùeaux. RocACHÉ, 236, rue Saint-.4.nloine — Paris. *RocHE (Edouard), professeur à la Faculté des sciences, 6, rue Basse. — Montpellier. RocHETTE (de la), .Maître de forges (Hauts-Fourneaux et Fonderies de Givors), il, cours du Midi. — Lyon. — F D-^ RoDET, Président de la Société protectrice de l'enfance, 26, cours Morand.— Lyon. Rodrigues (Gaston) 54, rue l'errère. — Bordeaux. Rœderer (Léon). — Mulhouse (.\lsace). *RoEHRiG, Professeur à l'École de commerce et d'industrie, 66, rue Saint-Sernin. — Bordeaux. RoDAT (Auguste), Avoué. — Rodez (Aveyron). Roger (Henri), Membre de l'Académie de médecine, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, 15, boulevard de la Madeleine. — Paris. — R *RoiG-ï-ToRRES iRaphael;, Directeur de la Cronica cientifiai. — Barcelone. Roland (H.), Ingénieur en chef de l'Association normande des propriétaires de machines à vapeur, 3, rue Jeanne-d'Arc. — Rouen. RoLLHAUS, Courtier, impasse Massieu-de-Clerval. — Le Havre. Rolland, Directeur de la Société Générale pour favori.^er le développement du com- merce et de l'industrie en France, 7, place de l'Helvélie. — Lyon. Rolland, Membre de llnstitut, Directeur général des .Manufactures de l'Etat, 66, rue de Rennes. — Paris. — F Rolland (L.), F^abricant de produits chimiques, 19, Grande-Rue. — Montrouge (Seine). D' RoLLET, 3, rue Michel-Montaigne. — Bordeaux. D' RoLLET, Professeur à la Faculté ne médecine de Lyon, Ex-chirurgien en chef de l'Antiquaille, 41, rue Saint-Pierre. — Lyon. D' RoLLET delYsle. — Montmerie-sur-Saôue (Ain). — F RoLLEZ (G.), 24, boulevard de la Liberté. — Lille. Roman (E.), Ingénieur des Ponts et Chaussées, 3, rue Barbecanne. — Périgueux. Roman (Léon), Ingénieur civil, 31, rue de Londres. — Paris. RoMiLLY (de), 22, rue IJergère. — Paris. — F Rondet, Pharmacien, 53, lun .Nationale. — Ivry-sur-Seine. RoNNA (A.), Ingénieur, Secrétaire du comité de l'Association autrichienne I. R. P. des Chemins de fer de l'Est, 17, boulevard des Italiens. — Paris. RoQLBi Desvallées (H.), Licencié ès-sciences, il, rue Victor-Cousin. — Paris. RosENSTiEHL (Auguste), 114, route de Saint-Leu. — Enghien (Seine-et-Oise). Roset (Henri), Pharmacien, habricanlde |)roduitschimiques,31, placed'Aumont. — Tours. Rosiers (des). Propriétaire, 154, boulevard Haussmann. — Paris. — F Ross (Alexander-Milton), M. Dr.; 31. A., Membre des Associations anglaise et amé- ricaine pour l'avancement des sciences, de la Société impériale des naturalistes de Moscou et de la Société entomologique de France, — Toronto (Canada). LXXIV ASSOCIATION FRANÇAISE Rothschild (le baron Alphonse de), 2, rue Saint-Florentin. — Paris. — F RoTiG, 51, rue de Paris. — Le Havre. RouART (H. 1, ancien Élève de lÉcole polytechnique. 137, boulevard Voltaire. — Paris. *RoucH (Germain], Etudiant en médecine, 2, rue de l'Hospice-Saint-Joseph. — Béziers. RoLCHY (abbé), Vicaire. — Ségur-les-Villas (Cantal). RouDiER, Député, Conseiller général de la Gironde. — Pessac de Gensac (Gironde). *RoLGERiE (l'abbé P. E.), curé, archiprètre. — Rochechouarl (Haute-Vienne). *RouGET (Ch.), Professeur au Muséum d'histoire natui-elle. — Paris. Rouget (Paul), Ingénieur, Directeur de la Compagnie du Gaz de Brest, 38, rue de Berry. — Paris. D"" RocGiER. — Arcachon. RouHER (Gustave), 10, rue du Cirque. — Paris. Rouit, Ingénieur en chef de la 'Compagnie du Médoc. — Bordeaux. RouMAZEiLLES, Vétérinaire. — Bernos, près Bazas ('Gironde). RouMiEU, Négociant, cours de l'Intendance. — Bordeaux. Rousse, Conseiller général de la Loire-Inférieure, 11. rue Lafayetle. — Nantes. Rousseau (Em.), Chimiste, Fabricant de produits chimiques, 44, rue des Écoles. — Paris. Roussel (Victor), Fabricant de produits chimiques, 13. rueNeuve. — Clermont-Ferrand. D"" Roussel (Théophile), Sénateur, J^Iembre de l'Académie de médecine, 64, rue Neuve-des-Mathurins. — Paris. — F Roussel (Jules), Négociant. — Béziers. *RoussEL (Louis), Avocat, ancien bâtonnier, place Louis XVI, 3, impasse Montferrier. — Montpellier. *RoussEL Pelet de la Lozère, Conseiller à la Cour, enclos Tissié-Sarrus. — 3Iont- pellier. RoussELET (L.), Archéologue, 126, boulevard Saint-Germain. — Paris. — R Rousselet, Sous-Inspecteur des forêts. — Saint-Gobain (Aisne) - RoussEUER (.lean). Directeur delà Société des charbons agglomérés du Sud-Est, 18, rue de la République. — Marseille. *RoussET (Ernesl), professeur à l'Ecole de médecine, — ^lontpeUier. RoussiLLE (Albert), Professeur à l'École nationale d'agriculture de Grand-Jouan. — Nozay (Loire-Inférieure). RoussiLLE (31""^). — Nozay (Loire-Inférieure). *D' RocsTAN, 58, rue d'Antibes. — Cannes. *RousTAN, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue Saint-Guilhem. — Mont- pellier. *D'' RouviER, 2, rue Nau. — Marseille. *RouviÈRE (A.), ingénieur civil et Propriéiaire. — Mazamet (Tarn). — F *RouviLLE (Paul de). Professeur à la Faculté des sciences. — Montpellier. *RouviLLE (Henri de), Conseiller à la Cour d'appeL — Nîmes (Gai-d). *RouviLLE (Pierre de), substitut. — Montpellier. Roux, Imprimeur, 21, rue Centrale. — Lyon. Roux (Henri), Propriétaire, 11, place Bellecour. — Lyon. . RoLX (Ch.), Négociant, 136, rue Amelot. — Paris. Roux (Ph.), 138, rue Amelot. — Paris. *RouzAUD (Henri), Elève a la Faculté des sciences. — Montrodon près Narbonne (Aude). RoYER, 12, boulevard Bonne-Nouvelle. — Paris. *RozY (H.). Avocat, Professeur à la Faculté de droit, 10. rue Saint-Antoine-du-T. — Toulouse. RuCH (Alphonse), 29, rue Sévigné. — Paris. RuiLLiÉ, Sous-Inspecteur des forêts, 15, rue Auvray. — Le 3Ians. 'D"' Sabatier, rue de la Coquille. — Béziers (Hérault). D'" Sabatier. — Cahors. . Sabatier (Armand), Professeur à la Faculté des sciences de Montpellier. — Montpellier. — R *D'' S.\batier-Desarnaud. — Béziers [Hérault). Sabin-Boulet, 30. rue Abel-de-Pujol. — Valenciennes. . Sabouraud (Fernand). — Salidieu, par Mareuil-sur-Lay (Vendée). Sacaze (Julien), Avocat. — Sainl-Gaudens (Haute-Garonne'i. Sagnier (Henri), Secrétaire de la rédaction du Journal de l'Agriculture. 152, rue de Rennes. — Paris. Saige (Jules), Propriétaire, 65, rue d'Amsterdam. — Paris. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXXV Sainte-Claire Deville (Henri), Membre de l'Inslitut, 155, boulevard Saint-Germain. — Paris. *Saint-Elme-Petit (M'""), 3, rue Volney. — Paris. SAI^T-ExupÉRY (le comte de). Membre de la Société • de géographie. Manufacturier, rue du Gouvernement. — Saint-Quentin. SAmT-.JoSEPH (le baron de), 23, rue François I". — Paris. Saint-Loup, Professeur à la Faculté des sciences de Besançon. — Besançon. Saint-iMartin (Charles de). — Billy-sur-ies-Côtes, par Vigneules (Meuse).— R Saint-Olive (G.), Banquier, 13, rue de Lyon. — Lyon. — R Saint-Paul de Sainçay, Directeur de la Société de la Vieille-Montagne, 19, rue Richer. — Paris. — F *Saint-}Merre (Camille). Directeur de lÉcole d'agriculture. — Montpellier. *Saint-Quentin (Marcel de), Directeur de la Société Générale, 31, rue Saint-Guilhera. — .Montpellier. Saint-Saud (Aymar d'ArloL baron de), magistrat, Membre delà Société archéologique du Périgord, secrétaire général de la seciion sud-ouest du Club Alpin. — Château de la Valouze, par la Pxoche-Chalais (Dordogne). Saint-Vidal (de), Directeur particulier à Bordeaux de la Compagnie d'Assurances Générales, cours de ïourny.' — Bordeaux. *Salanson (A.), Directeur de l'Usine à gaz. — Nîmes. Salavert, propriétaire. — Sainte-Foy-la-Grande ((îironde). Salle (Adolphe), Négociant, 61, pavé des Chartrons. — Bordeaux. Salet (Georges), Préparateur à la Faculté de médecine, 120, boulevard Saint-Germain. — Paris. — F Salet (M"^), 120, boulevard Saint-Germain. — Paris. Salleron, Constructeur, 24, rue Pavée (au 3Iarais). —Paris. — F •Salmon (Ph.), Secrétaire général du Comité des notaires des départements, 29, rue Le Pelelior. — Paris. Salve (de), Recteur de l'Académie. — Alger. Samary (Paul), Ingénieur, Architecte en chef de la Ville, 31, rue Mogador. —Alger. Samazeuilh (Fernand), Avocat. 60, cours de 1 Intendance. — Bordeaux. Sambuc, Ancien élève de l'École polytechnique, 17, Grande-Rue. — Montélimarl. — (Drùme). *Saporta (le marquis de), correspondant de l'Institut. — Aix (Bouches-du-Rhône). Saporta (.M"" la marquise de). — Aix-en-Provencc. Sarazin (Edmond), Licencié ès-scienccs. — Genève. Sarcey (Francisque). 59, rue de Douai. — Paris. D"" Sarrouille. — Marmande (Lol-el-daronne). Saudeau (Antoine). — Saint-Jean-dAngély (Charente-Inférieure). D' Sauvage (Emile), 2, rue Monge. — Paris. Savé, Pharmacien. — Ancenis (Loire-Inférieure). Say (Léon), Sénateur, ancien Minisire des Onances, 45, rue La Bruyère. — Paris. —F Schacher (Georges), Négociant, 15, allées de Chartres. — Bordeaux. Schaeffer (Gustave), Chimiste. —Dornach (Haul-Rhin). Scheurer-Kestner, Sénateur, 84, rue Neuve-des-Malhurins. — Paris. — F *Schlotkeldt (Frédéric), Directeur de l'Usine à gaz. — Montpellier. ScHLUMBERf.ER (Charlcs), Ingénieur des constructions navales, au Ministère de la ma- rine. — Paris. — R ScHLUMBERGER (A.), Chimiste, 26, rue Bergère. — Paris. Schmaltz (Albert), route de Besson, maison Klipffel. — Béziers. *Schmitt (Ernest), Professeur de chimie à la Faculté libre des sciences, Professeur de chimie et de pharmacie à la Faculté libre de médecine. — Lille. SCHMOL (Charles), 132, rue de Turenne. — Paris. ScHNEiDER-BoucHEZ, Négociant, rue des Ponts-de-Comines. — Lille. ScHOENGRUN, Membre de la Chambre de commerce, place Dauphine. — Bordeaux. *ScHRADER père, ancien Directeur de classes de la Société philomathique, 20, rue Borie. — Bordeaux. — F ScHRADER (Frantz), Membre de la Direction centrale du Club Alpin, 46. rue d'Assas. — Paris. ScHREiHER (Théodore), Ingénieur constructeur.— Saint-Quentin. Schultz (E.) et C'% Fabricants, 8. rue du Griffon. — Lyon. ScHUTZENBERGER, Profcsscur au CoUègc de France, 67, rue des Feuillantines. — Paris. LXXVI ASSOCIATION FRANÇAISE ScHWAEBLÉ, ancien Élève de l'École polytechnique, DirecLeur de l'École supérieure du commerce, 102, rue Amelot. — Paris. D-- ScHWARTZ, 26, rue Monge. — Paris. ScRivE (Désiré), Négociant. 1, rue des Lombards. — Lille. ScRiVE-LoYER, Manufacturier. 292, rue Notre-Dame. — Lille. Sébastian (D.-S.), Major de l'artillerie espas^nole, .3, calle Colmillo. — Madrid. Sebert (H.), Lieutenant-Colonel d'artillerie de la marine, 17, boulevard de Courcelles. — Paris. Secrestat, Négociant, Membre du Conseil municipal. — Bordeaux. Sécrétant (Georges), Ingénieur-opticien, 13. rue du Pont-Neuf. — Paris. SÉDiLLOT (C), Membre de l'Institut, Ex-Médecin Inspecteur général, Directeur de l'École militaire de santé de Strasbourg, 131, boulevard .Saint-Michel. — Paris. — F SÉE (Marc), Membre de l'Académie de médecine, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. 126, boulevard Saint-Germain. — Paris. SÉE (Edmond), Ingénieur, 121, boulevard de la Liberté. — Lille. Segrëstaa (Maurice), 25, allées de Chartres. — Bordeaux. Segretain, Commandant du génie, 60, cours d'Aquitaine. — Bordeaux. — R SÉGUIN (Paul), Ingénieur, 4, rue des Deux-Maisons. — Lyon. SÉGUIN (L.), Directeur de la Compagnie du Gaz du Mans. Vemlùme et Vannss, à l'usine à gaz. — Le Mans. Seiler (.intonin), Juge d Inslruclion. — La Chà^.re (Indrei. *Seiler (Albert), Ingénieur. 17, rue Martel. — Paris. Seignouret (P.-E.), ancien élève de l'Ecole polytechnique, 23, cours du jardin public. — Bordeaux. Selleron (E.), Ingénieur des constructions navales. 5, rue Auvray. — Cherbourg. D"" Selsis. — Nérac. Selys-Longhamps (Em. de), Sénateur, Membre de l'Académie royale de Belgique.— — Liège (Belgique). Selys-Lonchamps (Walther de), 26, rue de la Tour — Paris-Passy. Serpette, Négociant. Industriel, 1.3, rue de l'Entrepôt. — Nantes. *Serre (Gaston de), Membre de la Société géologique de France, 8, rue Las-Cases, — Paris. *Serre (Fernand), Avocat, 2, rue Levât. — Montpellier. *Serre (Saint-Hubert), Professeur agrégé à la Faculté de Médecine. — iMontpellier. Serret, Membre de l'Institut, 36, rue Saint-Martin. — Versailles. — F "Serrurier, Directeur de l'École Sainte-Marie, rue Dumé-d'Aplemont. — Le Havre D"' Servantie, Pharmacien, 31, rue 3Iargaux. — Bordeaux. Serve (Élie), notaire. — Saint-Pourçain (Allier). Servier (Aristide-Edouard), Ingénieur des arts et manufactures. Directeur de la Compagnie du gaz de Metz, 21, rue Baudin. — Paris. — R *D'" Selx, 97, rue de Rome. — Marseille. SÉVENNE, .'^lembre de la Chambre de commerce, 1, rue de Lyon. — Lyon. Seynes (Léonce dej, 58, rue Calade. — Avignon. — R Sevnes (de). Agrégé à la Faculté de .Médecine, 63, rue de Yarennes. — Paiis — F D" Sezary, Médecin de l'hùpital civil, 8, rue Yialar. — Alger. SiBiLLE (Maurice), Avocat, 3, rue Racine. — Nantes. *SiBOL'R (Auguste), Capitaine de vaisseau. — Salon (Bouches-du-Rhône). Sicard, Chef de section aux chemins de fer de l'Etat. — La Rochelle. SiCABD (H.), Professeur à la Faculté des sciences, 2, place Kléber. — Lyon. *SiCARD (Léonce), Étudiant en médecine, 4, rue Montpelliéret. — Montpellier. Sicard, Directeur de l'École normale. — Périgueux (Dordogne). Siébert, 23, rue Paradis-Poissonnière. — Paris. — F Siegfried (Jules), Négociant, 1, rue Saint-Michel. — Le Havre. Siegfried (Jacques), Banquier, 13, rue Monsigny. — Paris. SiÉGLER (Ernest), Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Bar-le-Duc. — R SiLVA (R.-D.), Chef des travaux de chimie analytique à l'École centrale, 19, rue Soufllot. — Paris. Sl^on, Directeur de l'exploitation du chemin de fer du Midi, rue du Réservoir. — Bordeaux. Simon (Pierre), Propriétaire, 12, quai de Turenne. — Nantes. Simon, Bijoutier. — Rodez (Aveyron). Simon (J.)< Ingénieur, Membre de la Société géologique de France. — Redon (Ille- et-Vilaine). POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXXVII Simon (Fidèle), Député de la Loire-Inférieure, 42, rue Vital. — Passy-Paris. •Simon (A.-B.]. Ingénieur, Directeur des mines de Graissessac, 12, rue du Clos-René. — Montpellier. *SiMON, Professeur au Lycée Louis-Ie-Grand, 5. rue Monge. — Paris. SiNEAU (Félix). Professeur de musique. — Guéret. SiNDico (Pierre), Peintre, 7, rue Garreau. — Paris (Montmartre). D' SiNÉTY (de), 10. rue de la Chaise. — Paris. *SiN0T, Professeur de sciences physique-^ — Cette. SiRET (Eugène), Réd. du Courrier de La Rochelle, place de la Mairie. — La Rochelle. SiRODOT (Simon), Doyen de la Faculté des sciences de Rennes. — Rennes. SivRY 'P ;, Chef de bureau au Crédit Foncier de France, 34, rue de l'Ouest — Paris. D' Smester, 71, rue de Rome. — Paris. Société anonyme des Houillères de Montrambi rt et de la Béraudière. — Lyon. —F Société nouvelle des Forges et Chantiers de la Méditerranée, 28, rue >'otre-Dame-des- Victoires. — Paris. — F Société Académique de la Loire-Inférieure. — Nantes. — R Société Phiiomalhique de Bordeaux. — R Société centrale de Médecine du Nord. — Lille. — R Société des Sciences naturelles de la Charente-Inférieure, représentée par M. Beltre- raieux. Maire de la Rochelle, Officier de l'instruction publique. — La Rochelle. Société Pharmaceutique de l'Indre. — Chàteauroux. Société d'Agriculture de l'Indre, place du ."Marché-aux-Blés. — Chàteauroux. Société d Histoire naturelle de Toulouse, rue de la Pomme. — Toulouse. Société Géologique de Normandie. — Le Havre. Société de Médecine de Saint-Étienne et de la Loire. — Saint-Élienne (Loire). Société d'Emulation des Côtes-du-Nord. — Saint-Bricuc. Société d'Émulation du Doubs. — Besançon. Société de Médecine et de Chirurgie de Bordeaux. .Société de Médecine et de Chirurgie. — La Rochelle. Société de Médecine de Saintes, représentée par M. le docteur Papillaud. — Sau- jun (Charente-Inférieure). Société de Médecine et de Chirurgie pratiques de Montpellier. Société des Sciences physiques et naturelles, rue .Monlbazon. — Bordeaux. Société libre d Émulation du commerce et de l'industrie de la Seine-Inférieure, 40, rue Saint-Lô. — Rouen. Société Académique d'Architecture de Lyon, palais des Arts. — Lyon. Société d'Agriculture. Sciences et Arts de la Sarthe. — Le Mans. .Société des Sciences médicales de Lyon. Société des Sciences et Arts de Vilry-le-Français. Société des Sciences ph. et nal. de Toulouse, 5, rue Moulin-Bayard. — Toulouse. Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts, Belles-Lettres du département de la Loire. — Saint-Étienne. Société Polymathique du Morbihan. — Vannes. Société d'étude des Sciences naturelles. — Nimes. Société de Pharmacie de Bordeaux. — Bordeaux. Société d Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du dép' de la .Marne. — Chàlons. Société Ramond, représentée par M. le Pasteur Frossard. — Bagnères-de-Bigorre. Société nationale des Sciences nat. et mathém. de Cherbourg. — Cherbourg. Société d'études des Sciences naturelles. — Béziers. Société Industrielle d'Amiens. — Amiens. — R. Société d'Agriculture. Belles-Lettres, Sciences et Arts. — Poitiers. Société linnéenne de Bordeaux. — Bordeaux. Société française d'hygiène (Président de la . 30, rue du Dragon. — Paris. Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. — Lille. Société de géographie, 184, boulevard Saint-Germain. — Paris. Société des pharmaciens des Bouches-du-Rhône, 26. rue de l'Arbre. — Marseille. Société de géographie de Marseille. 15. rue Montgrand. — Marseille. Société d'horticulture de Marseille, 4, place du Lycée. — Marseille. Société de statistique, 4, rue d'Arcole. — Marseille. Société des sciences de Lille. — Lille. SoHiER, 9, rue de Belzunce. — Paris. •Soleillet (Paul), Voyageur en Afrique. — Mazel par Villeraugue (Gard). D' Solles, Conseiller municipal, rue Sainte-Catherine. — Bordeaux. LXXVIII ASSOCIATION FRANÇAISE SoLVAY. — Baitsfort-lè.s-lîriixelles (Belgique). — F SoLVAY ET C'^ usine de Varangevillo-Doinbasle, par Dombasie (Mcurthe-et-Mos.). —F Sorbier (Jules), Professeur de pliysique au Lycée. — Alger. SoRET (Louis), Rédacleur des Archives des Sciences naturelles, ^, rue Beauregard. — Genève (Suisse). SoRET (Charles). — Genève. *SouBEiRAN (Léon), Professeur à l'École de pharmacie. — Montpellier. *SoL'VERBiE (Saint-Martin), Conservateur du Muséum d'histoire naturelle. — Bordeaux. D' Spaginolini (Ale.ssandro), Professeur d'histoire naturelle au Collège militaire. — Florence (Italie). Spée (Eug.), Docteur ès-sciences, 2, rue Monsigny, hôtel Dalayrac. — Paris. Stéhélin (E.), Conseiller nuniicipal, rue Vauban. — Bordeaux. Stengelin, maison Évèqne et C'°, 31, rue Puits-Gaiilot. — Lyon. — R D"" Stépiian (E.), Professeur suppléant à l'École de médecine d'Alger, 18, rue Rovigo. — Alger. D"" Stœcer, Aide de clinique à la Faculté de Médecine, 27, rue Saint-André-des- Arts. — Paris. 'Stœcklin, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Marseille. Storck, Ingénieur civil, 7H, rue de l'Hôtel-de-Ville. — Lyon. Storck (Justin), Graveur, 24, rue des Missions. — Paris. Strobl (Hermann), Chimiste, 6, rue Saint-Géry. — Valenciennes. Sturel (Emile), Etudiant, 56, rue Saint-Laurent. — Pont-à-Mousson. Sturel (Louis), 56, nie Saint-Laurent. — Pont-à-Mousson. Suc (Charles), Etudiant en médecine, 9, place du Panthéon. — Paris. D'' SucHARD, 9, avenue de l'Observatoire et aux bains de Lavey. — Vaud (Suisse). — F *SuDRE (Louis), Professeur. — La Chapelle-Saint-Mesmin. *SuRELL, Ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite, Administrateur du Chemin de fer du Midi, .54, boulevard Haussmann. — Paris. — F SuRUN (Emile), Pharmacien, 376, rue Saint-Konoré. — Paris. Stkes (Alfred), Solicitor. — Milesbridge near Huddersfield (Angleterre). ÏAiNE (Albert), Pharmacien de 1'''= classe. — Fourmies (Nord). Talabot (Pau!), Directeur général des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Médi- terranée, 10, rue Volney. — Paris. — F Talrich [Jules), Statuaire, Modeleur d'anatomie des Facultés de Médecine de Paris et de ÎNancy, 97, boulevard Saint-Germain. — Paris. Tanret (Charles), Pharmacien de 1" classe. 6. rue du Bois. — Troyes. Tarrade (A.), Pharacraien, 65, avenue du Pont-N(-uf. — Limoges (Haute-Vienne). Tarry (H.l, Inspecteur des Finances, 40, chemin des Jardy. — Meudon. ÏASsiN, Député de Loir-et-Cher. —Noyers (Loir-et-Cher). Tastet (Edouard), Négociant, 60, façade des Chartrons. —Bordeaux. Tatin (Victor), Ingénieur mécanicien, 9, rue Casimir-Delavigne. — Paris. Tavernier (de), Ingénieur des Ponts et Chaussées. — Le Mans. TcHEBiCHEF, Membre de l'Académie. — Saint-Pétersbourg (Russie). TcHERMACH, 118, boulcvard Maillot. — Neuilly (Seine). TÉALLiER, Secrétaire général de la Soc. d'Agr. du Puy-de-Dôme. — Clermont-Ferrand. D"' Teillais, place du Cirque. — Nantes. — R Teisset iJules), Ingénieur des Arts et Manufactures, 6, rue des Jeûneurs. — Paris. *D^ Teissier (Joseph), Professeur agrégea la Faculté de médecine de Lyon, 16, quai Tilsitt. — Lyon. ■^Teissier fils (M'""), 16, quai Tilsitt. — Lyon. *D'- Teissier, Professeur à la Faculté de Blédecine de Lyon, 16, quai Tilsitt. — Lyon. — R Terqceii, Professeur d'hydrographie. — Dunkerque. Terquem (Alfred), Professeur a la Faculté des Sciences, 116, rueNationale.- Lille.— R Terreil, Aide naturaliste, 11, rue Royer-Collard. — Paris. Terrier (Léon), Professeur au collège Rollin, avenue Trudaine.— Paris. Terrier, Architecte, Secrétaire de l'Ecole spéciale d'architecture, 136, boulevard Mont- parnasse. — Paris. Terrier, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, 22, rue Pigale.— Paris. D'- Testelin (.\chille). Sénateur, 16, rue de Thionville. — Lille. Tesseire (Albert), 26, cours du Jardin-Public. — Bordeaux. Tesseire (Orner), 26, cours du Jardin-Public. — Bordeaux. Teulade (Marc), Avocat, Membre de la Société de géographie et de la Société d'histoire naturelle de Toulouse, 10, rue Peyras. — Toulouse. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXXIX Texier (Louis) , Directeur de l'École de Médecine, Président de l'Association des médecins de l'Algérie. — Alger. Teytard (abbé Jean-Baptiste). Curé. — Aubière (Puy-de-Dôme). Tezenas, percepteur. — Issoire (Puy-de-Dôme). *D' Thaon (Louis). — Ivice. *Thau (Emile), Étudiant en médecine, 37. Grande-Rue. — Cette. Thénard (iwon Paul), Membre de l'Institut, 6, place Saint-Sulpice. — Paris. — F Thénard (M'"^ la baronne), 6, place Saint-Sulpice. — Paris. — R. ÏHÉRY, Conseiller général. — Langon (Gironde). Theurier (A.), Chimiste, 8, place des Pénitents. — Lyon. Thevenet (Antoine), Professeur de mathématiques spéciales au Lycée, 40, rue de la Lyre. — Alger. D"" Thévenot, 44, rue de Londres. — Paris. Thibault, Ingénieur, Entrepreneur. — Saintes. Thibaut (D.), Chef des travaux chimiques à la Faculté de Médecine de Lille, 4, rue des Augustins. — Lille. Thomas (Louis), Chirurgien en chef de l'hôpital de Tours, 19, b. Heurteloup. — Tours. *Thojias (Fhiladelphe). — Gaillac (Tarn). Thomas (René), Étudiant en droit, 3, rue Lapeyrouse.— Toulouse. Thomas (A.), Notaire. — Montrouge (Seine). Thomson-, Député de Constantine, 24, rue de la Bruyère. — Paris. Thona, Agent temporaire des l'onts et Chaussées, Chef de section au chemin de fer de Marvéjols à Mende. — Le Poujet, arrondissement de Saint-Flour (Cantal). D"" Thorens, 10, rue de Penlhièvre. — Paris. •D"' Thulié, 31, boulevard Beauséjour. — Paris. — R Thurneyssen (Emile), Étudiant, 3b. faubourg Sainl-Honoré. — Paris. *Thuron (Charles), JG, boulevard Malesherbes. — Paris. *Tillon (Antoine), Propriétaire, 43, cours Sablon. — Clermont-Perrand. *D'^ Tison, Docteur ès-sciences naturelles, 31, rue des Missions. — Paris. TiSSANDiER (G.), Chimiste, 19, avenue de l'Opéra. — Paris. TissANDiER (Albert), 19, avenue de l'Opéra. — Paris. Tisserand, Percepteur, 3, cours Sablon. — Clermont-FerramL TissEYRE (Albert), Archiviste; de la section sud-ouest du Club Alpin, 26, cours du Vingt-Neuf-Juillet. — Bordeaux. *TissiÉ (Alphonse), Banquier. — Montpellier. 'Tissié-Sarrus, Banquier. — .Montpellier. — F Toffart (Auguste). Secrétaire général de la mairie. — Lille. Tollet, Ingénieur, 16, rue de Grammont. — Paris. D'" ToLMATSCHEW (Nicolas) Clinique. — Knsan (Russie) ToNDUT (Albert), Procureur de la République. — Blaye. D' Topinard (Paul), Sous-Directeur du Laboratoire d'anthropologie de l'Ecole des hautes études, 97, rue de Rennes. — Paris. ToRQUET (L.), 17, rue Jeanne-Hachette. — Havre. ToRRiLHON.Fabricant de caoutchouc.—Chamalières près Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). *ToucAS (Aristide), Capitaine du 12= régiment d'infanterie. — Lodève. *TouLMiN (M"'' Smith P.), Professeur d anglais, 7, pi. Saint-Côrae. — Montpellier. Toulon (Paul), Ingénieur des Ponts et Chaussées, Licencié ès-lettres, Licencié ès-sciences. — Muret (Haute-Garonne). D-- TouRANOiN (Gaston,, Conseiller général de l'Indre, 20 6(s, boulevard Voltaire.— Paris. TouRASSE (Pierre-Louis), Propriétaire, Petit-Boulevard. — Pau. —F TouRNAiRE, Ingénieur en chef des Mines, 1, rue Gay-Lussac. — Paris. TouRNOUER (Raoul). Ane. prés, de la Soc. géologique de France, 43, r. de Lille. — Paris. *TouRTOULON (le baron de), Propriétaire. — Montpellier. — R Toussaint, Professeur à lÉcole vétérinaire. ■— Toulouse. D"- Toussaint. — Mézières (Ardennes). *D-- Toutant. — Marans (Charente-Inférieure). 'D-- Trabut, Médecin adjoint à Ihôpital civil. — Alger. Trannin, Docteur ès-sciences. — Arras. Travelet. Ingénieur d.'s Ponts et Chaussées. — Vesoul (Haute-Sarme). Trébucien (Ernest), Manufacturier, 2.3, cours de Vincennes. — Paris. — F Trech (IL), Avocat défenseur, conseiller municipal, 11, rue Bruce. — Alger. •Trélat (Emile), Architecte, Directeur de l'École spéciale d'architecture, 17, rue Denfert- Rochereau — Paris.. LXXX ASSOCIATION FRANÇAISE *Trélat (Gaston). Archilecte, 17, rue Denfert-Rochereau. — Paris. Trélat (Ulysse), Membre de lÀcadémie de médecine, Professeur à la Faculté de Médecine, 18, rue de l'Arcade. — Paris. — R Tresca. Membre de l'InsLitvil, Sous-Directeur du Conservaloirr- des arts et métiers, au Conservatoire. — Paris. *Trescaze (Aimé), Directeur des Douanes, Ifi. b'' du Jeu-de-Paume. — Montpellier. •Triadou (Cadet), Naturaliste. — Pézénas (Hérault). D-- Tripier (Léon), Chargé de cours complémentaires à la Faculté de Médecine de Lvon, 17, rue Childebert. — Lyon. D-- Trollier, Professeur à l'École de médecine, 1, rue Lanioricière. — Alger. 'Tromelin (Gaston le Goarant de), Membre de la Société géologique de France. — Châ- teau de Rosulien, près Quimper (Finistère). Troubetsroï (M-^' la princesse de). — Bellefontaine, près Fontainebleau. Truchot. Directeur de la station agronomique du Centre, Professeur de chimie à la Faculté des sciences, 4, barrière dissoiro. — Clermont-Ferrand. Trutat (Eugène), Conservateur du Musée d'histoire naturelle, 3, rue des Prêtres. — Toulouse. Trystram. Conseiller général. — Dunkerque. TucsKiEWicz, 170, boulevard de Strasbourg. — Le Havre. *TuRENNE ( marquis de), 26, rue de Berry. — Paris. — R UjFALLvy (Ch. E. de) Chargé de cours à l'Ecole des langues orientales, 38, rue Belle- chasse. — Paris. *UsoLiN (Emile). Directeur des portes et télégraphes. — Montpellier. UssEL (vicomte d"). Ingénieur des Ponts et Chaussées, 44, avenue des Champs- Elysées. — Paris. D-- Vaillant (Léon), Professeur au Muséum, 8, quai Henri IV. — Paris. — R Yalat, Professeur, ancien élève de l'École polytechnique, ancien Recteur, 38, rue de Cursol. — Bordeaux. •D' Valcourt (de). — Canne.. (Alpes-Maritimes). Valenciennes (A.), Directeur de l'usine de la pharmacie centrale de France, 317, avenue de Paris. — Saint-Denis. 'D"" Valette, 4, rue Barallerie. — Montpellier. "D-- Vallantin (Jacques-Henri), 7, rue Tison-d'Argence. — Angoulème. Vallée, Maire de Saint-Père-en-Rotz (Loire-Inférieure). Vallée (Alfred), Propriét£}ire. — Haute-Goulaine (Loire-Inférieure). Vallery-Blanc, Propriétaire. — Am-Bessem, province d'Alger. D"- Vallin, Professeur d'hygiène au Val-de-Gràce, 50, boulevard Saint-Michel.— Paris. Vaney (Emmanuel), Conseiller à la Cour d'appel, 14, rue Duphot. — Paris. — R V.\^-IsEGHEM (Henri), Avocat, Conseiller général de la Loire-Inférieure, 1, rue de l'Hùtel-de-Ville. — Nantes. — R Van Tiéghem, Membre de l'Institut, Maître de conférences à l'Ecole normale supérieure, 20, rue de l'Odéon. — Paris. Varigny (Henry de). .53 bis, quai des Augustins. — Paris. Variot. Ingénieur civil, 13, rue de Constantine. — Lyon. Vassal (.Alexandre), Montmorency (Seine-et-Oise) et 124, rue Saint-Lazare. -Paris. — R D' Vauréal de). — Biarritz. Vaurigald, Président du Consistoire, 2, passage Saint-Yves. — Nantes. Yauthier IL.-L.), Conseiller municipal de la Ville de Paris, 13. rue Bréda. — Paris. *Vautier (Théodore), Étudiant, 46, rue Centrale. — Lyon. — R Yaltier (Emile), Ingénieur civil, 46, rue Centrale. — Lyon. — F D" A'ayron. — Lavallette (Charentei. D' Yazeille (Michel), 14, route des Moulineaux. — Issy. Vée (Amédée), 24, rue VieiUe-du-TerapIe. — Paris. VÉLAiN , Répétiteur des hautes études àla Sorbonnc, 50, boulevard Saint-Germain.- Paris. Veldès (.4d.),rue du Bac-d'Asnières. — Clichy (Seine). Velten, 32, rue Bernard du Bois. — Marseille. Verdet (Gabriel), Président du Tribunal de commerce. — Avignon. — F D"' Verdier. — Thiers (Puy-de-Dôme). Verdin (Ch.) Constructeur d'instruments de précision pour la physiologie, 9, rue Casimir Delavigne. — Paris. D"" Vergely, rue Casléja. — Bordeaux. 'D' Verger (Th.) — Saint-Fort-sur-Gironde (Charente-Inférieure). Vergne (Comte de la). Propriétaire, 1, rue de Poissac. — Bordeaux. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXXXI VÉRITÉ (Gustave), Ingénieur civil, 5, rue Saint-Victor. — Le Mans. Verly, Rédacteur en chef de l'Echo du Nord. — Lille. *Vermeil (AU".), Interne des hôpitaux, hôpital Sainte-Eugénie. — Paris. Vernes (Félix), 29, rue ïaitbout. — Paris. — F Vernes d'Arlandes (Th.), 25, faubourg Saint-Honoré. — Paris. — F Verneuil, Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Médecine 11, boulevard du Palais. — Paris. — R ' Vernon (Antoine), Ex-Préparateur adjoint de chimie à l'École La Martinière de Lyon; chez M. Monnet, fabricant de couleurs. — La Plaine, près Genève (Suisse). Veyrin (Emile), àh, rue Notre-Dame-des-Victoires. — Paris. D"" Veyssière, 218, boulevard Saint-Germain. — Paris. Vezin, Conseiller général de la Loire-Inférieure. — Saint-Nazaire. ViAL, Pharmacien, 1, rue Bourdaloue. — Paris. ViAL, Agent principal de la Compagnie générale Transatlantique. — Le Havre. D'' ViALA (Jules). — Rodez (Aveyron). *Vi.u.LA (Louis), Président de la Société d'agriculture, rue des Grenadiers. — Montpellier. D' ViARDiN (E.). — Troyes (.Aube). ♦D"" Vibert. — Pny-en-Velay. *Vic (Henri), Marchand de bois. — Agde (Hérault). 'D"" Vidal. — Montpellier. Vieillard (Albert), 77, quai de Bacalan. — Bordeaux. — R Vieillard (Charles), 77, quai de Bacalan. — Bordeaux. — R. ViELLARD (Henri), Manufacturier. — Morvillars (Haut- Rhin). — R D"" Viennois , 39, quai de la Charité. — Lyon. D' ViEUSSE, Médecin-major au 92° de ligne. — Aurillac. ViGEKAL, Conseiller général du Puy-de-Dôme, .Alaire. — Vertaison (Puy-de-Dôme). *ViGNARD (Charles), Négociant, Licencié en droit, 6, rue Urvoy-de-St-Bedan. — Nantes. ViGNERTE (Louis), rue du Centre. — Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). Vignes (Emile), Ingénieur, 15, rue Rougemont. — Paris. ViGNON (Léo), Docteur ès-sciences, 4, place des Jacobins. — Lyon. ViGNON (J.), 45, rue Malesherbes. — Lyon. — F ViGNON (M""), 45, rue Malesherbes. — Lyon. 'D' ViGOUROUX (Paul), rue du Jcu-de-1'aumc. — Montpellier. D"- Viguier, Pharmacie centrale, 3, rue Sainle-.Marie. — Lyon. •Viguier (Hilaire), Professeur à la Faculté des sciences. — Montpellier. •Viguier (Maurice), Préparateur d histoire naturelle à la Faculté des sciences, faubourg Saint-Jaumes. — Montpellier. ViLLAT (Viclo:), Propriétaire, quai Saint-Julien. — Tournon. ViLLARS (F.-.'\L de), 38, rue do Bruxelles. — Paris. Ville (Georges), Professeur de physique végétale au muséum d'histoire naturelle, 43 bis, rue de Bulfon. — Paris. •Ville (Jules), Chef des Travaux pratiques de physique et de chimie cà la Faculté de médecine, 33, cours des Casernes. — Montpellier. ♦Villeneuve (L.), Chirurgien en chef des hôpitaux, Professeur suppléant à l'École de médecine, 8, rue Papère. — Marseille. Villette (Ch.), Négociant, allées Darnour. — Bordeaux. ViNAY (Henri), ancien Député. — Au Puy (Ha\Ue-Loire). ViN.\Y, Conducteur des Ponts et Chaussées. — La Gazette, par Saint-Flour (Cantal). •Vincent (Auguste), Négociant, G bis, rue d'Orléans. — Bordeaux. — R D' Vincent, 11, rue d'isly. — Alger. • Vincent (H. M.) Préparateur à la Faculté des sciences. 9, rue de l'Argenterie. — Montpellier. ViNCHoN, Propriétaire, rue Traversière. — Roubaix. . •ViNOT, Directeur du Journal du Ciel, cour de Rohan. — Paris. •Violle, Professeur à la Faculté des sciences. — Lyon. •Viollette (Ch.). Doyen de la Faculté des sciences. — Lille. •VissiÈRE, Construcl'eur d'instruments de précision, 15, rue de Paris. —Le Havre •Vitalis (Hubert), Étudiant. — Lodève (Hérault). *Vogt (G.), Ingénieur, 14, rue de Rivoli. — Paris. 'D-- Voi.siN (Auguste), 16, rue Séguier. — Paris. — F Voisin- Bey, Ingénieur en chef des ponts et chaussées, 5, rue Aubert. — Paris. VoRuz, Indusiriol, 2, rue Linnée. — Nantes. VoRUz Gis (Antony), Ingénieur civil, 11, tenue Camus. —Nantes. f ' LXXXII ASSOCFATION FRANÇAISE VouRLOUD, Ingénieur civil, 38, rue de la Reine. — Lyon. •VuiGiNER (H.), Ingénieur civil des Mines, -28, rue de l'Université. — Paris. VuiLLEMiN, Directeur des Mines. — Aniciie. *VuiLLEMiN (Georges), Ingénieur civil des Mines, Secrétaire du Conseil d'administra- tion de la Compagnie des raines d'Aniche. — Aniche (Nord). Wahl (Maurice), Professeur d histoire au lycée. — Alger. Wallace (sir Richard), ±, rue Lafiilte. — Paris. — F Wallaert (Auguste), l'ilateur, 28, boulevard de la Liberté. — Lille. Wallaert (Edouard), Propriétaire, rue Notre-Dame. — Lille. D"' Walzynski 5, rue Bonne-Louise. — Nantes. *D'' W'armont (Aug.), Ancien Interne des hôpitaux de Paris, médecin honoraire de la Manufacture de Saint-Gobain, 5LI, rue du Four-Saint-Germain. — Paris. *Warmont (Paul), Elève au Lycée Louis-le-Grand, 50, rue du Four-Saint-Germain. — Paris. *Wartelle, Blanchisserie de fils et tissus, 191, rue de Paris. — Herrin (Nord). Wattier, Négociant. — Quévauchamps, près Tournai. D"" Wecker (de), 55, rue Ju Cherche-Midi. — Paris. Weil, Ingénieur des manufactures de l'État, à la Manufacture des tabacs. — Nantes. Weill, Agrégé de l'Université, 20, rue Toquepine. — Paris. Weiss (Albert), 15, rue de la Grange. — Lyon-Vaise. Wendling (Félix), Médecin communal. — La Maison-Carrée (province d'Alger). *Westphal-Castelnau, Propriétaire, villa Louise. — Montpellier. *Westphal (Alexandre), villa Louise, ancien chemin de Castelnau. — Montpellier. Westphalen, Négociant, 29, rue de la Ferme. — Le Havre. Wheeler (Silbert), Professeur de chimie, Chicago-University. — Chicago (Illinois) (United States.) D'' WicKHAM (Georges), 16, rue de la Banque. — Paris. *WrcKHAM (Henri), Externe des hôpitaux, 78, boulevard Maillot. — Neuilly (Seine). Wilde (de), Chimiste, 42, rue Traversière. — Bruxelles (Belgique). WiLLM, Chef des travaux chimiques à la Faculté de médecine , 82, boulevard Mont- parnasse. — Paris. — R WiMPFEN (le comte Victor de), Inspecteur général des lignes télégraphiques de l'Au- triche, Hohermarkt. — Vienne (Autriche). Winter, Négociant, 42, rue Jean-Jacques-Rousseau. — Paris. WiTZ (Georges), Chimiste, Vice-Président de la Société industrielle de Rouen, place des Carmes, 46. — Rouen. WoiLLEz, Meaibre de 1 Académie de médecine. Médecin des hôpitaux, 43, rue de la Chaussee-d'Antin. — Paris. *D-- WoLLASTON (J.). — Cannes. WoRMs (Fernand), 14, rue Royale. — Paris. *D' WoRTHiNGTON (L.-S.), 19, avenue de l'Opéra. — Paris. WouTERs, Rentier, 2, rue Pleuvry. — Le Havre. WuRTz (Adolphe), Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté de Médecine et à la Faculté des Sciences, 27, rue Saint-Guillaume. — Paris. — F WuRTZ (Théodore), 40, rue de Berlin. — Paris. — F Wyrouboff (G.), Docteur ès-sciences, 127, boulevard Saint-Germain. — Paris. *Xambeu, Professeur au Collège. — Saintes (Charente-Inférieure). D' Yarrow (H.-C), Smithsonian Institute. — Washington (United-States). *YvER (P.), ancien Élève de l'École polytechnique, 62, rue Saint-Lazare. — Paris. YvER. — Briarre (Loiret). YvERNÈs, Avocat, Sous-Préfet.— Saint-Affrique (Aveyron). ■^Zeiller (René), Ingénieur des Mines, 89, boulevard Saint-Michel. — Paris. *ZoLOTOWiTZ (Luboniir), rédacteur en chef de l'Union des Écoles, 6, rue de la Croix- d'Or. — Montpellier. ZuRCHER (Philippe), Ingénieur des Ponts et Chaussées, attaché au service de la Marine, fauuourg du Morillon, 7, rue Saint-François. — Toulon (Var). POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES LXXXIIJ LISTE DES DÉLÉGUÉS DES MINISTÈRES AU CONGRÈS DE MONTPELLIER MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE Sattst-Pieeee, Directeur de l'École d'agriculture de Montpellier. !\1INISTÈRE DE LA GUERRE BÉCAT, Chef d'escadron d'état-major, attaché à l'état major générai du 16"" corps d armée. Bertband, Capitaine d'état-major, attaché à l'école régimentaire du 2' régiment du génie, à Montpellier. PiCQUET, Capitaine du génie, répétiteur à l'École polytechnique. MINISTÈRE DE LA MARINE RocHARD, Inspecteur générnl du service de santé delà marine, membre de l'Acadéniie de médecine. Bouquet de la Grye, Ingénieur hydrographe de 1" classe de la marine. MINISTÈRE DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES PouGET, Directeur-ingénieur des léiépraphes, à Montpellier. FiGARET, Inspecteur-ingénieur des tékgiaplies, à Montpellier. LISTE DES SAVANTS ÉTRANGERS AYANT ASSISTÉ AU CONGRÈS DE MONTPELLIER MM. Alexéeff (D"" Nicolas), Professeur à Moscou (Russie). Berenguer (Gabriel de), Vice-consul d Espagne à Montpellier. Cabello é Ibanez (Louis), Docteur ès-sciences, Directeur du laboratoire chimique et agricole de Barcelone (Espagne). FoREL (D^ A. -François), Professeur à l'Académie de Lausanne (Suisse). GiLLY (Antoine), Avocat à Alexandrie (Egypte). HoGG (Robert), Secrétaire de la Société royale d'horticulture de Londres (Angleterre). Lancia di Rkolo (F.), Secrétaire ()e l'Académie de Palernie (Italie). LoRioL (1'. de), Paléontologiste à Fontcnex, près Genève (Suisse). Manier (André), Professeur à Oxford \Angleterre). Oltramare (Gabriel), Professeur à 1 Université de Genève (Suisse). Perry (Stephen-Josepb) F. R. S., Directeur de l'Observatoire de Stonyhurst (Angle- terre) . Ragona (D), Directeur de l'Observatoire de Modène (Italie). Ricci (M" Joseph), Lieutenant général en retraite, à Turin. RoiG y Torres (Raphaël), Professeur à la Faculté des Sciences de Barcelone (Espagne], Directeur de la Chronique scientifique. Rossetti (François), Professeur de physique à l'Université de Padoue (Italie). ScHOUTE (Pieter-Hendrick), à La Ha,>e (Pays-Bas). Seguin (Éduuard), médecin de New-York (États-Unis d'Amérique). LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES QUI SE SONT FAIT REPRÉSENTER AU CONGRÈS DE MONTPELLIER Comice agricole de Narbonne, représenté par M. Louis de Martin, secrétaire. Compagnie des mines de Graissessac, réprésentée par M. Simon (A.-B.), ingénieur- administrateur. IXXXIV ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES Ecole de médecine et de pharmacie de Marseille, représentée par M. le D'' Seux, directeur. Ecole vélérinaire de Toulouse, représentée par M. Montané (Paul). Société d'agriculture de Montpellier, représentée par M. Leenhardt (Ernest), secré- taire. Société d'agriculture de Nîmes, représentée par M. Causse (Louis), président. Société anatomique de la Marne, représentée par M. le D"' Grizou (Pierre). Société archéologique de Béziers, représentée par M. Caron (Erailien), pré>ident. Société économique de l'Âragon (Espagne), représentée par M. Lichtenslein (Jules), entomologiste, membre correspondant de l'Académie des sciences de Madrid. Société d'émulation du Doubs, représentée par M. Daubian (Delisle), président. Société entomologiqne de France, représentée par M. Lichtenstein (Jules), entomo- logiste, membre correspondant de l'Académie des sciences de Madrid. Société d'études scientifiques d'Angers, représentée par M. Breheret, stagiaire à l'École d'agriculture de Montpellier. Société d'étude des sciences naturelles de Béziers, représentée par M. le professeur Paul Cannât. Société d'études des sciences naturelles de Nîmes, représentée par M. Féminier (Gabriel), président. Société de géographie, représentée par M. Maunoir, secrétaire général et M. James Jackson, secrétaire. Société de géographie commerciale de Paris, représentée par M. Brau de Saint-Pol Lias (X.), président de la Société des colons explorateurs. Société de géographie de l'Est (Nancy], représentée par M. le D' Fournier (Alban). Société de géographie de Blarseille, représentée par M. Rabaud (Alfred), président, et M. Gaubert, secrétaire. Société géologique de France, représentée par M. Cotteau, ancien président. Société havraise d'études diverses, représentée par M. l'abbé Camille Maze. Société d'histoire naturelle de Colmar, représentée par M. Grad (Charles), député de l'Alsace au Reichstag. Société d'histoire naturelle de Toulouse, représentée par M. ^Cartailhac (Emile), président. Société d'horticulture et d'histoire nat'irelle de l'Hérault, représentée par M. Aubouy (F.), directeur de l'Ecole et naturaliste. Société industrielle de Mulhouse, représentée par M. Grosseteste (William), ingénieur E. G. P. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, représentée par M. Cazalis de Fondouce, secrétaire général de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier. Société de médecine de Marseille, représentée par M. le D'' Queirel (Auguste), pré- sident. Société de médecine et de chirurgie de Bordeaux, représentée par M. le D'' Pujol (Albert), de Bordeaux. Société de médecine et de chirurgie da Montpellier, représentée par M. Boulneih (Jules). Société de médecine et de chirurgie de la Rochelle, représentée par M. le D"' Droui- neau (Gustave). Société médicale d'émulation de Montpellier, représentée par M. Louis de Martin, secrétaire général. Société de micrographie belge, représentée par M. Guniard, naturaliste. Société nationale d'agriculture, représentée par M. J.-A. Barrai, secrétaire perpétuel. Société des sciences, agriculture et belles-lettres de Montauban (Tarn-el-Garonne), représentée par M. Leenhardt. Société des sciences naturelles de Béziers, représentée par M. Sabatier-Desarnauds (Victor), président. Société de statistique, lettres, sciences et arts des Deux-Sèvres, a Niort, représentée par M. Ducrocq. Société de statistique de Marseille, représentée par M. le D'' Sicard (Adrien). Société de topographie, représentée par M. Delmas (Jacques), professeur agrégé au lycée de Marseille. Société du Trans-saharien, représentée par M. Menier (E.), sous-directeur, membre de la Société de géographie commerciale de Paris, directeur de la France coloniale. ASSOCIATION FRANÇAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES ASSEMBLEE GÉNÉRALE Tenue à Montpellier le 4 septembre 1879. Présidence de M. BROC A, Membre de l'Académie de Médecine, Ancien Président de l'Association. — Extrait du procès-verbal, — Le Président annonce que les villes de Toulouse, d'Alger et de Marseille on adressé des invitations à l'Association pour la session de 1881; après avoir entendu les délégués envoyés par ces villes, le Conseil d'administration propose la ville d'Alger comme lieu de réunion pour la session de 1881. L'As- semblée adopte cette proposition. A raison des circonstances particulières que présentera cette session hors de France, le Président croit devoir consulter l'Assemblée sur l'époque à laquelle il conviendra de fixer l'ouverture du Congrès : le Conseil d'administration a pensé qu'il y aurait avantage à faire en avril la session que l'on aurait pu fixer également à fin septembre et commencement d'octobre, la date ordinaire du mois d'août étant inacceptable par suite des chaleurs. L'Assemblée adopte le mois d'avril. 1 ASSOCIATION FRANÇAISE PRÉSIDENTS, SECRÉTAIRES ET DÉLÉGUÉS DES SECTIONS Ire et 2= Sections. Laisant, Président. Ldcas, Secrétaire. Em. Lemoinc. Perrier. Mannheim. Lucas, Président pour 1880. 3e et 4" Sections. Bouquet de la Grye, Président. Devin, Secrétaire. AUDENET. HIRSCH. Laussedat. Em. TnÉLAT, Président p. 1880. 5= Section. €rova. Président. DELEVEAU, Secrétaire. Lallemand. D'Almeida. Cornu. Mercadier^ Président p. 1880. 6= Section. Chancel, Président. Cazeneuve, Secrétaire. Friedel. Grimaux. DE Clormont. Engel, Président pour 4880. 7« Section. Fines, Président. Angot, Secrétaire. Angot. Tarry. Fines. Angot, Président pour 1880. 8'= Section. Cotteau, Président. CoLLOT, Secrétaire. Cotteau. Des Cloizeaux. POMEL. Cotteau, Président pour 1880 g« Section. BAILLON, Président. GoiLLAUD, Secrétaire. Tison. dutailly. guillaud. DE Seynes, Président p. 1880. iO" Section. Sabatier, Président. RouzAUD, Secrétaire. J. Chatin. L. Bureau. Pocchet. Lemoine, Président pour lie Section. Thulié, Président. Fière, Secrétaire. de mortillet. Topinard. Salnon. Cartailhac, Président p. 1880. 12" Section. Fotain, Président. Franck, Secrétaire. POTAIN. Bergeron. Parrot. Denucé, Président poxir 1880. 13° Section. Barral, Président, CoNVERT, Secrétaire. Barral. Dehérain. Bazille. Risler, Président pour 1880. 14° Section. Maunoir, Président. CoNS, Secrétaire. Hureav DE Villeneuve. Hamy. Jackson. Parmentier, Président p. 1880. Frédéric Passy, Président. Breul, Secrétaire. Alglave. 15° Section. J. Lefort. Bouvet. RozY, Président pour 1880. CONGRÈS DE MONTPELLIER PROGRAMME DE LA SESSION 28 Août. — A 1 heure et demie de l'après-midi, Conseil d'administration. -— A 3 heures du soir, Séance d'ouverture au grand Théâtre. — A 8 heures et demie du soir, réception par la Municipalité, salles des Concerts au Théâtre. 29 Août. — A 8 heures et demie du matin. Séances de sections. — A 2 heures, Séance générale:?, MM. ,Doumet-Adamson, colonel Laussedat, Frédéric Passy et Trélat. — A 8 heures, Conférence : Des Irrigations dans le Midi, et principalement du Canal du Midi, par M. Barrai, secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture de France. — Réception par le Cercle artistique. 30 Août. — A 8 heures du matin, Séances de sections. — Après-midi, Visite* à la Faculté de médecine et à la Faculté des sciences, à l'exposition de physique et de météorologie et à la Fabrique de bougies de M. Faulquier. — A 9 heures du soir,- Réception par M. le préfet de l'Hérault. 31 Août. — Excursion générale à Nîmes et à Aigues-Mortes. !«'' Septembre. — A 8 heures et demie du matin, Séances de sections. — A 1 heure et demie, Conseil d'administration. — Dans l'après-midi, Yisite à l'École d'agriculture, à l'École de pharmacie et à l'Exposition de phy- sique et de météorologie. 2 Septembre. — Excursion àBalaruc et à Celte. 3 Septembre. — A 8 heures et demie du matin. Séances de sections. — Dans l'après-midi, Yisite au polygone. — A 8 heures du soir, Conférence : La Lumière électrique, par M. Denayrouze, ancien élève de l'Ecole poly- technique. i Septembre. — ASheurcseldemie du matin, Séances de sections. — Al heure. Conseil d'administration. — A 2 heures, Assemblée générale, Clôture de la Session. — A 7 heures du soir, Travail de nuit au polygone. — A 9 heures du soir, Réception au Peyrou par les souscripteurs de Mont- pellier. 6 ASSOCIATION FRANÇAISE La session de 1879 a été préparée à Montpellier par les soins d'un comité local, dont nous donnons ici la composition. MEMBRES HONORAIRES MM. Le Général commandant le 16^ corps d'armée. Le Premier Président de la Cour d'appel. Le Général de division. Le Préfet de l'Hérault. Msr l'Évêqle de Montpellier. Le Président du Consistoire. Le Procureur général. L'Intendant militaire. Le Président du Conseil général. Le Recteur. Le Doyen de la Faculté de médecine. Le Doyen de la Faculté des sciences. Le Doyen de la Faculté des lettres. Le Directeur de l'Ecole de pharmacie. Le Trésorier -Payeur général. Le Directeur de l'École d'agriculture. BUREAU MM. LE Maire de Montpellier, Président d'honneur^ Gourty, Membre fondateur, Vice-Président de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier, Président. Castelnau (Eugène), Conseiller municipai,^ Vice-Président. Espous (Comte Auguste d'), Vice -Président. Grasset, Président honoraire de la Cour d'appel, Vice-Président, RouviLLE (Paul de), Professeur à la Faculté des sciences, Vice-Président.';.] Sabatier (Armand), Professeur à la Faculté des sciences, Secrétaire général, Croiset, Professeur à la Faculté des lettres. Secrétaire. Engel, Professeur à la Faculté de médecine, — Frat (D'' Victor), — Grasset, Agrégé à la Faculté de médecine, — Pommier-Layrargues (Georges), Ingénieur, — Tissié-Sarrus, banquier, Trésorier. POUR L AVANCEMENT DES SCIENCES MEMBRES MM. Afugon, Premier Président honoraire, Président de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier. AlIlOLI.ES ([)') Baldy, Président du Tribunal de commerce. Bazille (Gaston), Sénateur, Vice-Président de la Société d'agriculture. Bazille (Louis), Négociant. Béuakd (Raoul), Avocat. Bertin (Emile), Professeur à la Faculté de médecine. Brignac (Jules de) Membre du Conseil général. Bésiné, Architecte du département. Bimar (Auguste), Propriétaire. Blavy (Alfred), Avoué à la Cour. Brin-Fai LQi 1ER, Manufacturier. Castan (t)"") Professeur à la Faculté de médecine. Cazalis (D"" Frédéric), Directeur du Messager agricole. Cazalis DE FoNDorcE. Ingénieur civil. Secrétaire général de l'Académie de Montpellier. Combat., Professeur à la Faculté de médecine, .Membre fondateur. CoEONEF. (le) d'État-Major. Colonel (le) du Génie. Colonel (le) Directeur du Génie. Colonel (le) du 122*^ de ligne. Colonel (le) de Gendarmerie. Crassoi-s, Ingénieur de la Compagnie des Salins du Midi. Crova, Professeur à la Faculté des sii.Mir«'<. Delon (Ernest), Ingénieur civil. Delpech (Henri), Avocat et Publiciste. DiAcoN, Professeur à l'École de [>harmacie. DuBRi'EiL (Ernest), Directeur de la Revue des sciences naturelles, EspÉRONMKR, Doyen, Conseiller à la Cour. EsTOR, Professeur à la Faculté de médecine. Fabrège fils. Faliès père, Négociant. Garlin-Soil ANDRE, Professeur au lycée. Général (le) de brigade. Gkryais (Alfred), Ingénieur, Directeur de la Compagnie des Salins du Midi. L'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. L'Ingénieur en chef du Service maritime. L'Ingénieur en chef du Service hydraulique. L'Ingénieur ordinaire des Mines. L'Ingénieur en chef du Chemin de fer de Bédarieux. ASSOCIATION FRANÇAISE L'Inspecteur du Chemin de fer de Paris-Lyon-Méditerranée. L'Inspecteur du Chemin de fer du Midi. L'Inspecteur des Chemins de fer de l'Hérault. L'Inspecteur d'Académie. JAUMES, Professeur à la Faculté de médecine. Jeanjean, Professeur à l'École de pharmacie. Kuhnholtz-Lordat (Achille), Membre de la Société des gens de lettres. Lacarole, Architecte de la Ville. Leenhardt (Ernest), ancien Président du Tribunal de commerce, LuNARET (de) Vice-Président de la Société d'horticulture. Mares (Henri), Correspondant de l'Institut, Secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture. Maistre (de Yilleneuvette), Manufacturier. Michel, Directeur du Musée. Moitessier, Professeur à la Faculté de médecine, Pappas, Adjoint au Maire. Pagezy (Henri), Président de la Chambre de commerce. PijARDiÈRE (de la), Archiviste du département. Revillout, Professeur à la Faculté des lettres. Simon, Directeur de la Compagnie des Mines de Graissessac. Sous-Intendant militaire (le). Tempié fils. Propriétaire. TouRTOULON (de), Membre de l'Académie de Montpellier. ViALLA (Louis), Président de la Société d'agriculture. Westphal-Castelnau, Propriétaire. SÉANCES GÉNÉRALES SÉANCE D'OUVERTURE 28 août 1879. Présidence de M. BARDOUX M. BARDOÏÏX Député du Puy-de-Dome, Ancien ministre de l'Instruction publique. REFORME DES METHODES D'ENSEIGNEMENT EN FRANCE Messieurs, C'est un éclatant honneur de succéder à des hommes éminents dont l'Europe connaît le nom ; c'est aussi un grand péril. Pour justifier votre choix à la présidence, il ne suffirait pas d'être sincère dans sa modestie et dans son dévouement à votre œuvre. Mais notre association, courageuse et indépendante, recherche avant tout des faits et des idées, elle accueille avec bienveillance les intelligences de bonne foi, et ne demande à chacun de ses membres que de s'intéresser à l'une des parties du vaste domaine qu'elle exploite. Les méthodes de pédagogie et d'éducation sont assurément l'un dee plus graves problèmes qui puissent s'imposer à nos méditations. S'il est vrai que les progrès ne sont possibles dans une nation que si tout le monde y collabore, on peut assurer que jamais l'attention publique n'a été plus éveillée et plus désireuse de voir améliorer notre organisation scolaire à tous les degrés. Que dans leur ardeur patriotique, les esprits les plus résolus ne s'y méprennent point ! La tâche est ardue et compliquée ; elle demande plus que des mois pour être menée à bonne fin. On ne s'attaque pas impunément à oes habitudes d'enseignement ; et quels que soient l'activiié et le dévouement des membres du corps enseignant, on ne transforme pas du jour au lendemain. 10 SÉANCES GÉNÉRALES dans un pays comme le nôtre, des convictions et des méfiances respectables. On ne fait sur ce terrain que de lentes conquêtes ; elles sont si déci- sives et elles peuvent modifier si complètement l'àme même de la nation, que l'on comprend dans le passé toutes les hésitations et les scrupules de la responsabilité. L'heure est venue de prendre un parti ! Grâce aux missions confiées à des maîtres distingués, les comparaisons sont faciles avec les mé- thodes employées chez les peuples les plus compétents en science pédagogique. Une précaution est pourtant nécessaire, c'est d'approprier les réformes accom- plies ailleurs au génie de notre nation, au caractère de notre démocratie , caractère qui nous sépare si distinctement de la démocratie américaine. C'est un axiome que la première loi de l'éducation est d'élever les jeunes générations pour le milieu social où elles doivent vivre. Les méthodes d'édu- cation doivent donc se modifier avec la société même. Aussi tous les publi- cistes, tous les professeurs, qui ont apporté leur expérience à la solution du problème que nous étudions, M. Michel BréaletM. Jules Simon, ont-ils opposé la société d'avant la Révolution à la société contemporaine. On l'a justement constaté ; ce ne sont pas nos facultés qui continuent l'antique Université de Paris, c'est notre instruciion secondaire qui se rattache à l'ancien collège de Sorbonne, et même à la vieille école du cloître Notre-Dame. Nous ne le nie- rons pas, l'idéal que les professeurs des lycées ont eu longtemps en vue, et qu'on a eu le tort de leur reprocher, était l'honnête homme, tel que l'entendait le xvii^ siècle, un esprit sensé et droit, ayant au service de ses idées une expression toujours naturelle et juste. Ce n'était pas un idéal à dédaigner, c'est avec lui qu'on a élevé les générations de la Restauration, de la monar- chie de juillet, et cette école admirable d'hommes d'affaires qui avaient su mettre en équilibre l'imagination, la fécondité des ressources et le jugement. Mais, des changements économiques d'une portée incalculable ont modifié le monde, le suffrage universel a anéanti l'ancienne société politique, et les pro- grès de la science descendant des théories dans des applications multiples ont changé toutes les conditions de l'industrie. La vie est plus qu'autrefois une bataille où il faut être armé jusqu'aux dents. Nous n'avons plus der- rière nous pour nous soutenir dans la lutte, les traditions, les souvenirs et ce fonds permanent d'attaches provinciales, si puissantes quand la vie était cir- conscrite. On est plus souvent seul; il est nécessaire d'être plus fort, 11 faut donc de bonne heure accoutumer les enfants à vouloir. C'était l'observation générale qu'avaient présentée dès 1868, dans leur intéressant rapport sur l'en- seignement en Angleterre, MM. Demogeot et Montucci. 11 fimt désormais ne plus faire de la mémoire la base même des méthodes de l'enseignement. Dès le premier âge, il faut intéresser l'enfant en l'amusant, exciter et diriger son attention, l'accoutumer à représenter ou à réaliser les objets de ces conceptions. L'enfant connaît beaucoup plus de choses qu'il n'en peut expri- mer. Parce que nous lui apprenons de nouveaux mots, nous ne lui communi- quons pas en même temps des idées nouvelles. Les États-Unis, affamés d'instruction primaire, ont réalisé, à ces points de vue, de véritables progrès où se révèle leur esprit pratique. BARDOLX. RÉFORME DE l'eNSEIGNEMEWT i\ Nous avons beaucoup à prendre dans les méthodes en usage dans les écoles primaires de cette race où la femme de l'ouvrier est la première insti- tutrice de ses enfants, où elle leur apprend à lire avant de les confier à une autre. L'ancienne méthode de lecture, la méthode alphabétique, la plus longue, celle que nous avons tous connue» n'est guère plus employée pour l'enseigne- ment de la langue maternelle. Les idées si souvent justes de Froebel, dictées par des observations pleines à la fois de finesse et de tendresse, ont beau- coup aidé à ces modifications ingénieuses. Il ne faudrait pas toutefois croire que nos écoles primaires fussent fermées au progrès pédagogique. Lors de la dernière Exposition universelle, un congrès d'instituteurs, choisis dans chaque département a été organisé à Paris. Les maîtres les plus éminents et les plus compétents ont tenu à honneur d'ensei- gner les nouvelles méthodes dans des conférences dont- l'influence n'est pas effacée. Apprendre à lire, n'est rien, si en même temps on n'apprend pas à aimer le livre. Avec quelle douleur ne devons-nous pas constater l'infériorité de la France dans la production de cette littérature familière sans bassesse, gaie sans scepticisme, instructive sans lourdeur, qui fait l'éducation et la récréa- tion des enfants et surtout des jeunes filles, en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis! Comment se fait-il que dans notre pays, dont le passé est si riche en légendes poétiques, en œuvres d'imagination, il ne se soit pas ren- contré un véritable écrivain populaire réunissant les précieuses qualités fran- çaises avec le don du merveilleux, la raison sans le pédantisme? On n'écrit point chez nous pour les masses, a dit M. Bréal, et il ajoute: «Au lieu qu'en^ » d'autres pays, il y a des écrivains connus et aimés de la nation entière, » rien de pareil ne se voit en France : nous avons deux nations, l'une pense, » lit, écrit, discute et contribue au mouvement de la culture européenne; » l'autre ignore cet échange qui se fait à côté d'elle. « Comment combler cette lacune ? ce ne seront pas les petits journaux avec leurs romans qui pourront remplacer ces livres de lecture courante que l'élève prend plaisir à feuilleter, quand il sort de classe, ces contes, ces poésies naïves, qu'il relit dans ces heures de repos et (jui bercent sa jeune imagination avant que les réalités de la vie ne l'aient flétrie. Des œuvres estimables, remplies de bonnes intentions ne tiendront jamais lieu du vrai talent et ne traceront pas ce sillon lumineux derrière lequel courent en jouant les jeunes générations. Que de femmes distinguées en Angleterre, en Amérique, ont usé dans l'ombre un talent de premier ordre à cette éducation morale de la jeu- nesse! c'est l'une d'elles qui donnait pour devise à ces petits livres un mot profond : « Il y a plus de progrès fait dans un seul acte spontané de cons- » cience que dans l'accomplissement à demi routinier d'une douzaine de » devoirs écrits. » Ce sont ces femmes-là qui élèvent et font des hommes. Elles remplacent bien des méthodes. Nous aurions encore beaucoup d'exemples à suivre dans la manière de don- 12 SÉANCES GÉNÉRALES ner les leçons à l'enfant : savoir éclairer le patriotisme naissant, fortifier le respect, appeler les premières admirations sur les vérités solides et vraies, sans s'écarter du sujet de la classe, autant de qualités pédagogiques à avoir! Nous les acquerrons. La nécessité nous aidera dans toutes ces améliorations. Voyez ce qui s'est accompli, depuis quelques années, pour l'enseignement de la géographie ! notre ignorance était célèbre en Europe, L'ancienne méthode, toute hérissée de rebutantes nomenclatures, est aban- donnée. La géographie devient une science descriptive. On reconnaît que le début des études géographiques doit être la connaissance du voisinage immé- diat, l'orientation non sur la carte, mais sur le terrain. Le matériel était grossier et ne s'adressait qu'à la mémoire. Il est remplacé chaque jour par des instruments nouveaux. Les appareils, les tableaux, les collections sont faits pour donner aux enfants des habitudes d'attention et de curiosité. « Il n'y a tel que .d'allécher l'esprit, a écrit le meilleur des pédagogues, Michel Montaigne, autrement on ne fait que des ânes chargés des livres. » C'est la mémoire, une trop grande importance attachée aux mots, qui est un des vices des méthodes de l'enseignement secondaire. RoUin déjà lui adressait ce reproche. Le mal n'a fait que s'accroître, depuis que le but poursuivi est le baccalauréat. Se préparer aux examens est la préoccupation; aussi plus de curiosité d'esprit, plus de goût pour les belles choses, et après sept années consacrées à l'étude de l'antiquité , une aversion pour les grandes œuvres; c'est à notre organisation sociale qu'en partie ces reproches doivent être adressés; avant la Révolution, on élevait tous les jeunes gens comme s'ils se destinaient à être prêtres ; de nos jours la multiplication des écoles spéciales, la nécessité d'une limite d'âge souvent fort étroite, le désir de devenir le plus vite possible un fonctionnaire, l'ascension toujours croissante de la démocratie, ont imposé des systèmes qu'on ne peut qu'améliorer, mais qu'on s'efforcerait vainement de détruire. Le moule dans lequel se meut et se développe la société française est d'une telle forme et d'une telle résistance qu'il serait puéril d'espérer le briser. Des réformes radicales dans notre en- seignement secondaire sont chimériques. Qui ne sait, par exemple, les périls et les défauts de l'internat, dont le mécanisme, comme on l'a dit, a pour pièce principale le maître d'études ? Qui ne connaît les dangers pour l'éducation de cette petite société artificielle? Sans doute, au point de vuehygiénique, nous aurons des établissements plus vastes, plus aérés; sans doute nous construirons, en plus grand nombre, des petits lycées pour les plus jeunes écoliers. Mais quelles que soient les amélio- rations, croit-on que l'habitation dans les lycées de tous les enfants des classes moyennes pendant les années décisives de la vie ne leur laisse pas une em- preinte ineffaçable? Croyez-vous que sept ou huit ans d'internat soient sans indifférence pour l'initiative du caractère, pour l'originalité de l'esprit et pour l'amour de la famille? Il ne faut pas croire qu'on pourra transformer nos maîtres d'études en tuteurs à la façon anglaise, ou qu'à leur défaut on pourrait charger les meil- leurs élèves de contribuer au maintien de la discipline. On ne trouvera pas davantage, comme en Allemagne, ces familles honora- BARDOUX. REFORME DE L ENSEIGNEMENT 13 bles qui, depuis plus d'un siècle, consentent à donner aux élèves des gymnases le vivre et le couvert à bon compte, et les traitent comme les camarades des enfants de la maison . L'internat subsistera; il faut alors s'efforcer de substituer de plus en plus l'éducation à la discipline. Dans un temps où les questions relatives a l'édu- cation excitent un si vif intérêt, nous croyons fermement à la valeur des proviseurs dévoués à cette rude mission, à leur utile influence personnelle ; mais l'étude des règlements intérieurs se lie si entièrement au programme des examens et aux méthodes pédagogiques, qu'on ne peut réformer les uns sans toucher aux autres. Lorsque parut, le 27 septembre 1872, la remarquable et vaillante circu- laire qui produisit une si vive émotion dans l'Université, on s'aperçut que ce qui manquait le plus aux écoliers, c'était le temps. La journée était si bien remphe, les devoirs à écrire si multipliés, les leçons à apprendre si nombreu- ses, qu'il parut matériellement impossible d'ajouter encore un surcroît de besogne. Le fardeau eût été trop lourd, et cependant, il fallait faire une plus grande place aux langues vivantes. La langue française elle-même, particu- lièrement dans ses origines, n'était pas assez étudiée ; la connaissance des dates et des menus détails l'emportait dans l'enseignement de l'histoire sur la lecture des historiens. Enfin les sciences, avec l'importance qu'elles ont prise, attendaient un plus complet app^ui. C'est alors que furent proposées la suppression des vers latins et la diminution du nombre des thèmes. Je n'exagère pas en afiirmant que ce fut presque une révolution dans le Corps enseignant. Il n'y était pas préparé. La première chose à tenter, pour qu'une réforme même partielle du programme des études et des méthodes ait chance de succès, c'est de convaincre l'Université de cette nécessité. Une réforme faite contre elle et malgré elle ne durera pas ; acceptée par elle, elle produira tous ses fruits. Pour qui connaît l'excellent esprit qui anime nos professeurs, pour qui sait à quelle source de grandeur morale ils ont puisé pendant leurs années d'Ecole normale, pour qui a pu juger la direction que donne à nos futurs maîtres un homme comme M. Bersot, il n'y a pas de doute. La majeure partie de l'Uni- versité sera amenée à désirer des méthodes nouvelles. Il ne peut être question un seul instant de supprimer l'étude du grec et du latin, d'enlever à l'esprit de l'enfant la connaissance de ces chefs-d'œuVre de poésie et d'éloquence, de sagesse et de bon sens, de ces beautés morales oii l'humanité s'est tant de fois désaltérée, où elle a repris confiance en elle-même, aux heures les plus sombres de ses destinées. Mille fois, non ! ne plus connaître Homère et Platon, Eschyle et Sophocle, Virgile et Horace, Cicéron et Sénèque ! qui peut y songer ! ce serait faire la nuit dans l'intelligence ! Il s'agit de supprimer la méthode inventée dans une époque où non seulement les sciences n'avaient pas acquis toute leur impor- tance, mais où les conditions sociales étaient différentes. 11 ne peut être question d'altérer le caractère de notre esprit national, ni même de diminuer l'importance de la culture du goût. Doit-on seulement employer encore huit ans à ne pas apprendre le latin? 14 SÉANCES GÉNÉRALES Ce qui doit dominer dans la classe, c'est l'expUcalion. Les extraits, les abrégés ne donnent aucune idée juste d'une littérature. C'est ce que Bossuet écrivait dans ses lettres souvent citées sur l'éducation du Dauphin : « Nous lui avons fait lire, chaque ouvrage entier, de suite et comme y> tout une haleine, afin qu'il s'accouttuiiâl à découvrir tout d'une vue, le but » principal d'un ouvrage et rencliaînen)ent de toutes ses parties. » Nous renvoyons à la lecture des beaux livres de M. iMichel Bréal et de M. Jules Simon et des rapports de MM. Hippeau et Buisson. Ce que nous voulons ardemment, c'est qu'il n'y ait plus de défiance pour la science; ce que nous voulons c'est une instruction qui développe le juge- ment, qui mette en garde par la réflexion contre les chimères, sans éteindre dans l'âme le culte désintéressé du beau. Ce que nous voulons, c'est exciter dans les jeunes gens la soif du savoir, remplir plus leur cœur que leur mé- moire et donner de l'attrait à cette étude des lettres latines et grecques, jouissance de toutes les intelligences élevées et qui ne rappellent à la plupart des écoliers devenus hommes que de la fatigue et de l'ennui. Cette réforme est urgente et en l'exécutant avec prudence, elle est possible. Notre enseignement secondaire l'attend. Nous aurions beaucoup à dire si nous parlions des Facultés des lettres et des sciences et de l'ensemble de l'enseignement supérieur; ce dont il avait le plus besoin, c'était d'un outillage et d'un matériel à la hauteur des im- menses services que rend la science. Grâce à la libéralité des deux Cham- bres et du gouvernement de la République, des laboratoires sont créés et dotés, les cabinets de pliysique et de chimie sont pourvus des appareils, des ustensiles, des collections nécessaires, les bibliothèques spéciales peuvent acquérir les livres que l'érudition étrangère réservait jusqu'à ce jour à quel- ques élus. On travaille enfin, et sur tous les points de la France on sent comme le frémissement de l'œuvre qui s'élabore. S'il fallait un exemple, nous le trouverions, Messieurs, dans celte ville, pleine de souvenirs et d'un caractère si particulier, à la fois artiste et savante, réunissant les dons si variés de notre race et qui donne à notre Association une hospitalité libérale dont nous sommes fiers. Montpellier, par sa vieille École de médecine si justement célèbre, par les maîtres illustres qui l'ont honorée, par les sacrifices que ses Conseils élus ont su toujours consentir pour la noble cause de l'instruction publique, méritait, à tous les titres, d'être choisi par le Congrès pour le siège de ses délibérations. Nous remer- cions du fond du cœur la municipalité cl le Comité local de leur dévouement à notre œuvre. DISCOURS DU MAIRE DE MONTPELLIER 13 M. LAISSAC Maire de Montpellier. DISCOURS. Messieurs les Membres du Congrès, La ville de Montpellier est heureuse et fièrede vous recevoir dans son sein. La présence dans nos murs des plus illustres représentants de la science ne peut que jeter un nouveau lustre sur notre cité. Les professeurs de nos Facultés, mettant à profit les résultats de vos cons- ciencieuses et intelligentes méditations, seront plus à même de justifier dans leur enseignement plus élevé et agrandi, la légitime réputation de nos écoles. Cédant à une pensée féconde de décentralisation scientifique, vous venez apporter à l'extrémité de la France cette incitation au travail collectif, à l'é- change d'idées entre savants, à cette vie en commun qui fait de Paris la capitale du monde intellectuel. La municipalité de Montpellier, heureuse de remplir les obligations que les circonstances lui imposent, met à votre disposition toutes les ressources qu'elle peut vous offrir. Son vif désir et son devoir sont de vous rendre votre tâche plus facile dans l'accomplissement de votre mission au milieu de nous. En parcourant nos riches collections et nos bibliothèques, vous vous asso- cierez, j'ose l'espérer, à la haute opinion qu'ont déjà conçue, de la valeur scientifique de Montpellier, tous les hommes compétents qui les ont visitées. Si, parmi tant de villes importantes qui réclamaient le même honneur, vous avez fait choix de Montpellier pour le lieu de votre réunion c'est, qu'il me soit permis de le dire, à raison de l'éclat qui a honoré nos Facultés dans le passé et dont elles n'ont pas cessé de se montrer dignes. La situation particulière où nous nous trouvons en ce qui touche l'enseigne- ment supérieur, rend plus précieuse encore votre présence dans nos murs. Elle est un témoignage de haute estime et un nouveau titre à la création d'un centre universitaire à Montpellier. Messieurs, en terminant ces quelques paroles, je vous dirai comme on vous l'a dit ailleurs : <■< Vous êtes les bienvenus parmi nous. » Mais je désire que vous voyiez dans ces mots, non pas seulement l'expres- sion consacrée d'un sentiment de cordiale courtoisie, mais surtout l'expression toute particulière de notre reconnaissance et de nos plus vives sympathies. t6 SÉANCES GÉNÉRALES M. GAZELLES Préfet du déparlument de l'Héruult. DE L INFLUENCE SOCIALE DE L*£SPRIT SCIENTIFIQUE. Messieurs, Mon ami le maire de Montpellier vient de vous souhaiter la bienvenue, en vous remerciant d'avoir choisi, pour lieu de votre réunion de cette année, une ville que la science a rendue fameuse. Il a parlé au nom de ses conci- toyens qui s'honorent tous de votre visite, et dont un grand nombre comp- tent bien en retirer un avantage pour le perfectionnement de leur esprit. A ce titre, il a parlé pour moi, et je n'aurai qu'à me taire et à écouter vos doctes discussions, si, par une dérogation à vos usages, trop flatteuse pour celui qu'elle honore, je n'avais été invité à saluer à mon tour une assemblée de savants parmi lesquels je reconnais des maîtres et des amis. Je me rends à cette invitation avec plaisir parce que je me sens à l'aise avec vous. Je suis certain qu'en exprimant ma sympathie personnelle pour votre associa- tion, je ne fais que rendre les pensées que les efforts tentés pour l'avance- ment des sciences, en France, doivent suggérer à l'esprit d'un préfet de la République. Naguère encore vous pouviez, soucieux de votre indépendance, chercher à l'assurer en vous isolant des représentants de l'administration supérieure. Vous pouviez craindre pour vos discussions une gène morale. Aujourd'hui vous n'avez rien de tel à redouter : le Gouvernement a confiance en vous parce que vous êtes, et que vous ne pouvez pas ne pas être dévoués à la liberté. Les hommes que la volonté du peuple a portés au pouvoir sont les amis du progrès : ils savent que vous en êtes les artisans et que vous y travaillez avec un parfait désintéressement. Ils voient en vous de bons serviteurs de leur cause, des auxiliaires de leur politique, même dans ceux d'entre vous que d'anciennes habitudes émotionnelles attachent à un autre idéal. Pour la première fois la France possède un gouvernement régulier dont les aspira- tions sont franchement en harmonie avec vos véritables tendances. Les prin- cipes qui le légitiment et qui le soutiennent sont ceux-là mêmes dont la pratique est essentielle à l'œuvre que vous accomplissez. Non seulement vos travaux l'illustrent, mais l'influence que, grâce à vous, l'esprit scienti- fique sait prendre sur l'opinion le consolide. Rien n'est plus désirable dans le monde moderne que l'extension de cette influence : le progrès n'a pas d'agent plus puissant depuis deux siècles. Notre gouvernement est donc porté par une inclination naturelle à montrer sa sym- GAZELLES. — LNFLUENCE SOCIALE DE l'eSPKIT SCIENTIFIQUE 17 pathie pour les savants à encourager l'exercice d'une fonction sociale qui leur appartient, parce qu'il en comprend tout à la fois la portée actuelle et le effets à venir. Cette fonction consiste à faire l'éducation de l'opinion. Rien de moins, Mes- sieurs. Je ne veux pas dire qu'il vous appartienne, ni qu'il doive entrer dans vos vurs, de promulguer des formules de croyance et de les notifier, au nom de votre science, au peuple qui serait tenu de les adopter et d'en faire les mo- biles de sa conduite. Non, je ne prétends pas que le rôle social des savants soit tel que le concevait un des plus illustres penseurs de ce siècle, un enfant de cette ville, Auguste Comte. Je n'attends pas que la discipline men- tale de la société moderne s'établisse d'après le mode qu'il a décrit. Je ne crois pas que votre influence doive s'exercer par voie d'autorité, ni que vous en soyez réduits pour la faire prévaloir, à vous grouper sous la forme d'une corporation scientifique investie d'un pouvoir spirituel sans limite exercé par l'autorité d'un pontife. Vous seriez les premiers à repousser une organisation qui soumettrait l'al- lure libre de vos études à la direction autocratique d'un chef auquel, seul, demeurerait dévolu le droit de dire quelles recherches sont utiles, et d'inter- dire celles qu'il jugerait ne pouvoir servir au perfectionnement matériel ou spéculatif de l'humanité. Si regrettable que paraisse, aussi bien au point de vue des recherches spé^ culatives qu'à celui des applications pratiques, la dispersion de nos forces sous le régime scientifique actuel, ce n'est pas dans une organisation dans le plan de laquelle l'a priori occupe une trop grande place, que l'on peut cher- cher un remède susceptible d'effacer la disproportion qui s'accuse entre les efforts tentés et les résultats obtenus. On peut signaler dans le travail intel- lectuel une anarchie aussi réelle et aussi regrettable que celle que l'on a si souvent reprochée à l'organisation actuelle du travail industriel. Mais, pas plus dans un cas que dans l'autre, nous n'admettons que le régime protec- teur ait la rare vertu de supprimer tout le bien promis, par le seul moyen qui consiste à faire cesser la liberté. Si l'on aperçoit, même avant de les avoir subis, les maux que peut engendrer le règlement par voie d'autorité des rapports d'alfaircs, on voit aussi ceux que ferait naître inévitablement le rè- glement autocratique des relations intellectuelles. On a vu des hommes d'Etat créer des industries sur des points où elles n'auraient pas pris naissance spontanément, et, grâce à des mesures protec- trices, les conduire à une grande prospérité. Mais aucune expérience ne nous montre leclosion et le développement artificiels d'une science de par le motu proprio d'une autorité supérieure. L'histoire nous fait voir des hommes dont la puissante intelligence a jeté les bases d'une science et en a ébauché la structure. Il leur a fallu pour cela en concevoir les premiers principes, les axiomes moyens et les grandes lignes sur lesquelles il convenait d'instituer des expérimentations. Mais ces faits nous autorisent-ils à admettre la possi- bilité d'une intelligence, et d'une succession d'intelligences assez puissantes pour exercer la mêm-^ activité dans tous les départements de la science, pour 2 18 SÉANCES GÉNÉRALES régler avec une logique infaillible tous les rapports des fonctions de Tin- tellect? D'ailleurs, pour satisfaire le besoin de perfectionnement matériel et spécu- latif de l'humanité, il n'est pas besoin d'attendre la constitution d'une auto- cratie spirituelle scientifique. Le perfectionnement matériel et spéculatif s'opère, et personne ne peut méconnaître les grands progrès accomplis depuis la fin du siècle dernier. Les maux trop réels qu'on peut reprocher aux habi- tudes dispersives qui régnent aujourd'hui dans le monde des savants s'effa- cent à mesure que l'évolution des sciences s'accomplit. Produits d'un régime mental imparfaitement adapté aux conditions logiques du progrès des sciences, i!s doivent s'amoindrir à mesure que les savants qui s'attachent à l'étude de la nature ou des procédés de l'entendement deviennent, permettez-moi l'ex- pression, plus scientifiques. L'accumulation toujours croissante des connais- sances oblige les savants à limiter leurs travaux au domaine d'une spécialité, mais il est nécessaire qu'ils maintiennent leur esprit orienté dans le sens de la tendance qui se dégage de l'ensemble même des généralisations les plus hautes des autres parties de la science. Il ne faut pas qu'un savant puisse être accusé de posséder tous les faits et toutes les généralisations du départe- ment où il pratique ses recherches, et de demeurer en même temps mal informé des vérités qui résument les conquêtes accomplies sur d'autres domaines. L'harmonie et la solidarité que ce régime mental perfectionné ferait régner dans le monde des savants réaliseraient, autant que les conditions du temps le permettent, l'unité de l'esprit scientifique qu'Auguste Comte entendait con- stituer en copiant la structure d'une institution du passé, et assureraient aux savants le rôle éminent qui doit leur appartenir dans la société. Leur savoir que n'infirmeraient plus aux yeux du public des désaccords notoires sur les théories, et d'autres désaccords, plus regrettables encore, sur les faits, leur savoir ne serait plus contesté. On ne leur reprocherait pas l'instabilité de leurs constructions, ni l'insécurité de leurs prévisions. L'influence des savants s'im- poserait, non parce qu'on prendrait soin d'inculquer de bonne heure dans l'esprit des enfants l'idée de leur infaillibilité, mais parce que l'expérience attesterait à tous, par mille exemples quotidiens, que les prévisions de l'homme qui connaît la nature ne sont point démentis par la nature. L'un des effets de cette confiance serait d'inspirer le respect de l'esprit scientifique et l'éloignement pour tout ce qui répugne à cet esprit : premier progrès dans l'éducation de l'opinion ; progrès dont les etfets bienfaisants ne tarderaient pas à se faire sentir dans le domaine politique. L'esprit public s'attacherait peu à peu aux hommes dont les vues et les actes porteraient le caractère scientifique ; il se détacherait de ceux qui ont trop souvent exercé sur lui une fascination funeste : les charlatans de tout genre, les preneurs de panacée, les utopistes, les exploiteurs de sentiments; jugeant mieux des intérêts généraux du pays, il ne laisserait le maniement des affaires qu'à des hommes dont les actes prouveraient qu'ils sont informés exactement des rela- tions internes et externes de l'organisme national, et capables d'en régler le progrès d'après l'état actuel de ces relations, en sorte que, ne livrant rien au DE SAPORTA. — L ASSOCEATION FRANÇAISE A LEXPOSITION 19 hasard de ce que peuvent lui ravir le calcul et les prévisions d'esprit habitués à apprécier la valeur des conditions parmi lesquelles une expérience doit s'ac- complir, ils sachent préparer et faire réussir les réformes réclamées par le courant de l'opinion publique. Dans ce progrès, le plus désirable de tous, il n'est pas un élément qui ne puisse s'obtenir par le jeu de nos facultés intellectuelles, assujetties à nulle autre autorité qu'à celle de l'esprit scientifique, c'est-à-dire à l'esprit de vérité ; et rien dans cet assujettissement nécessaire ne peut répugner à nos idées de liberté. La loi, au sens scientifique du mot, abstraction faite des images asso- ciées aux ternies imposés par le langage usuel, la loi n'exprime aucune idée de contrainte; la loi est l'expression d'un état d'équilibre et non d'un état de lutte. L'homme le plus libre à l'égard des fatalités de la nature est celui qui connaît le mieux les lois de la nature, et qui y conforme sa conduite. En même temps que vous vous rendez plus libres, vos concitoyens se rendent aussi plus libres dans la mesure oîi ils savent accepter votre influence. Parmi les hommes qui travaillent à l'amélioration des conditions de la vie sociale, une place érai- nente appartient à ceux qui donnent, comme vous, l'exemple de la recherche du vrai, et vulgarisent l'emploi des méthodes qui en procurent la conquête. Les hommes d'État qui dirigent aujourd'hui la République, et ceux qui la servent, se trouvent donc unis avec vous par une communauté de tendance. A défaut d'autre sentiment, votre solidarité m'inspirerait la vive sympathie avec laquelle j'ai l'honneur de vous souhaiter la bienvenue. Quand je vois à votre tête l'un des hommes politiques dont la résistance sage, persévérante, énergique, a sauvé notre patrie d'un retour à la servitude morale que lui pré- parait la victoire de l'esprit du passé, je m'assure que si je salue en vous des savants, je salue aussi des alliés. M. le marquis &. de SAPORTA Correspondant «lu l'Institut, Secrétaire général. L'ASSOCIATION FRANÇAISE A L'EXPOSITION DE 1878. Mesdames, Messieurs, Sortie d'un élan patriotique et destinée à relever le pays par la réunion en un seul faisceau de toutes les forces vives dont il dispose, l'Association française pour l'avancement des sciences a eu Paris pour berceau. Les hommes de cœur, d'énergie et d'intelligence qui prirent l'initiative de cette institution vraiment nationale obéirent à une pensée fort juste. Dans le mouvement général qui entraîne partout les esprits vers les sciences d'observation, ils crurent que la France, sous peine de déchéance, ne pouvait rester en arrière ni de son temps 20 SÉANCES GÉNÉRALES ni des nations limitrophes. Ces mêmes hommes avaient constaté, non sans une impression de tristesse, que, longtemps placée au premier rang par les génies et les découvertes qui l'avaient illustrée, la France semblait céder à une sorte de torpeur maladive, qu'elle tendait à s'abandonner elle-même, en se désinté- ressant de plus en plus de ce qui fait pourtant de nos jours la force incontes- table, sinon la puissance exclusive, des peuples parvenus à leur maturité. La flamme scieniifiquc, toujours brillante, mais graduellement concentrée dans un foyer unique, perdait par cela même de son éclat cl de son activité; faute d'aliments suffisants, elle était menacée de s'affaiblir, peut-être même de s'éteindre. En effet, Messieurs, dans un pays comme le nôtre, auqael les chocs subits, les mouvements passionnés sont, pour ainsi dire, nécessaires à l'entretien de la vie et qui trop souvent s'affaisse sous le poids des événements, pour se relever ensuite brusquement en passant d'un extrême à l'autre, à un tel pays il faut un recrutement incessant qui suffise à maintenir au complet cette armée de l'intelligence, notre sauvegarde et notre honneur, toujours debout pour couvrir notre nation et lui conserver un prestige qui entraînerait rapide- ment sa perte, s'il venait jamais à disparaître totalement. En nommant « armée de l'intelligence » la réunion des hommes de science, c'est moins une comparaison que j'établis, qu'une définition que je propose et dont j'affirme l'exactitude. Que seraient des généraux sans soldats? —Moins que rien assurément. — Que seraient à leur tour des soldats sans chefs, au moins improvisés? — Une troupe confuse et incohérente. Il en est de même en science : les hommes éminents placés à notre tête sont nos guides, nos initiateurs; nous ne ferions rien sans eux et pourtant ces hommes si élevés qu'on les suppose ont besoin pour réussir d'utiliser nos recherches, de recourir à cette activité que chacun déploie dans le cercle légitime de ses explorations, si restreint qu'il puisse être. Sachons-le, Messieurs, pour que le lien de notre solidarité nous soutienne et nous rapproche, le savant le plus humble et le plus obscur peut frayer la voie aux esprits supérieurs, par son initiative. Perdu dans l'ombre, mais entouré de calme, libre d'interroger à toute heure la nature vivante qui le sollicite de toutes parts, il peut marcher dans son entière indépendance et vers toutes les directions. Le savant déjà illustre, porté au premier rang par son mérite, mais enchaîné presque toujours par les fonctions, regrette souvent en secret ces allures sans entraves du disciple qui vient le consulter, et celui-ci peut à raison même de sa situation, aider son maître dans une foule de cir- constances qui se présentent facilement à l'esprit de quiconque sait réfléchir. Eh bien , Messieurs, cet échange fécond et indispensable d'idées et d'observa- dions, cette circulation de la sève généreuse de l'intelligence, allant du centre aux extrémités pour retourner par mille canaux vers le centre, l'Association française a voulu en assurer le maintien et en opérer l'extension sur tous les points du territoire. L'Association française a constitué, à proprement parler, es assises renouvelées périodiquement de la science, tenues par ses représen- tants les plus autorisés; elle va, loin de Paris, chaque année à la recherche Ites hommes de bonne volonté, qu'elle convie aux luttes pacifiques du savoir. DE 5AP0RTA. l'aSSOCIATION FRANÇAISE A l'eXPOSITION 21 C'est pour cela, Messieurs, que nos réunions se sont transportées successive- ment d'un bout à l'autre du territoire de la France, de Bordeaux à Lyon, de Nantes à Lille, de Clermont au Havre, toujours eu dehors de Paris, et cepen- dant chaque fois l'âme de Paris se déplaçait pour devenir celle de ces assem- blées, dirigées avec tant d'éclat par l'élite de nos illustrations nationales. — Vous saisissez maintenant avec une pleine clarté pourquoi les hommes de Paris viennent vers vous et vous comprendrez également pourquoi, à l'occa- sion de l'Exposition universelle de 1878, c'est à Paris que nous avons voulu aller à eux, afin de consacrer une fois de plus et dans une occasion solen- nelle, la pensée qui nous pousse à nous rapprocher et à nous entendre pour multiplier nos efforts. La session de 1878 a donc été une réunion exceptionnelle; elle a emprunté son caractère aux circonstances qui l'ont accompagnée et tout a contribué à lui communiquer, avec ce caractère, un éclat particulier. L'Exposition était là avec ses attractions, la vie puissante, sa foule sans cesse renouvelée. Personne de vous n'a oublié ce coup d'œil immense qui des hautes galeries du Trocadéro allait atteindre, à travers des perspectives semées de merveilles, les parois étincelantes du palais de cristal. Que d'im- pressions de mille sortes, à mesure que l'on pénétrait au fond des péristyles, sous les voussures qui s'ouviaient de toutes parts pour recevoir le visiteur. L'œil et l'attention s'égaraient à la fois; on avait besoin d'un guide sûr au sein de ce labyrinthe étonnant, peuplé de toutes les œuvres que l'esprit con- çoit et que la main gouvernée par l'esprit exécute en gravitant incessamment vers un idéal de beauté et de perfection, poursuivi sans trêve et qui semble pourtant échapper alors même qu'on croit le tenir ! Au milieu de tant d'éblouissements, les membres de notre Association ont bien des fois donné leur préférence au bâtiment écarté dans lequel tous les éléments dont dispose l'anthropologie avaient été classés avec un art infini. Les noms de Broca, de Quatrefages, de Mortillet et des autres promoleurs de celte exposition appartiennent tous à notre Association qui doit se faire hon- neur de leur succès, de même qu'elle a applaudi à la décoration décernée à M. de Mortillet et à la promotion plus récente de M, le docteur Broca, notre président à la session du Havre. Qui de nous ne se souvient de l'intérêt que présentait la partie de l'Exposi- tion consacrée à l'instruction publique, soit celle du pavillon de la ville de Paris, soit celle du ministère dont M. le baron de Watteville faisait les hon- neurs avec autant d'aménité qu'il avait apporté de soin à l'organiser. Pour notre part, nous devons être également fier des récompenses qui sont venues directement couronner notre œuvre, comme de celles qu'un grand nombre d'entre nous, à des titres très divers, ont méritées à la suite de l'Expo- sition. Que ces distinctions soient dues à des efforts collectifs ou individuels, qu'elles s'adressent à la fécondité de l'invention, au perfectionnement des procédés industriels ou à la persévérance des recherches scientifiques, elles offrent ce caractère commun d'honorer le travail sous toutes ses formes et elles constituent pour nous un titre de noblesse dont nous pouvons sans crainte nous glorifier. 22 SÉANCES GÉNÉRALES L'Association française, fondée en 187:2, reconnue d'utilité publique en 1876, a obtenu une médaille d'or à l'Exposition de 1878; c'est là pour elle la sanc- tion suprême de'son existence et de sa vitalité. M. le professeur Fremy, membre de l'Institut, qui nous présidait avec tant d'éclat à Paris, a reçu à la même occasion le ruban de commandeur de la Légion d'honneur. — Un peu plus tard, M. Mercadier, notre vice-secrétaire général, a été nommé chevalier. Je renonce à énumérer ici la très longue liste des récompenses obtenues à l'Exposition par un grand nombre de nos membres; l'espace me manquerait; je crois cependant devoir faire une exception en faveur de M. Mouchot à qui sa « chaudière solaire » a valu la croix et une médaille d'or. L'Association française a eu sa part dans ce glorieux succès, puisqu'elle avait affecté à M. Mouchot une de ses plus fortes subventions pour aider à la construction de la grande chaudière qui figurait au Trocadéro. Puisque nous en sommes au chapitre des distinctions flatteuses dont les membres de notre Association ont été l'objet, ne le laissons pas ; il est trop fourni de documents pour être facilement épuisé. M. Cornu, ancien secrétaire général de l'Association, s'est vu décerner la grande médaille d'or, délivrée annuellement par la Société royale de Londres; il a été nommé membre de l'Institut de France, dans la section de physique de l'Académie des sciences. L'Académie des sciences a inscrit sur la liste des lauréats pour les prix décernés par elle en mars 1879 six noms que nous devons réclamer : ce sont ceux de Tanret, Fr, Franck, docteur Favre, docteur Reliquet, Paquelin et Marcel Deprez. L'Académie de médecine a décerné le prix Orfila, de 6,000 francs, «sur les effets de l'aconit », à MM. Laborde et Duquesnel,le premier, membre de notre Association. MM, Filhol et Lartet ont été promus récemment professeurs à la faculté des sciences de Toulouse. Enfin, tout dernièrement un de nos membres zélés, M. G. Pouchet, a été nommé professeur d'anatomie comparée au Muséum. En revanche, nous regrettons la perte du docteur Gubler, un de nos mem- bres fondateurs, président désigné de la section de médecine. La session de Paris que je voudrais maintenant apprécier devant vous se présentait dès l'abord sous les plus heureux auspices ; tout concourait pour assurer sa réussite. Plusieurs ministères avaient envoyé des délégués spéciaux : j'ai déjà rtlen- tionné M. le baron de Watteville, chef de la division des sciences et des lettres au ministère de l'Instruction publique. Le ministère de la guerre était repré- senté par le colonel d'état-major Fay et le lieutenant-colonel du génie Mangin. — Le ministère de la marine ne comptait pas moins de six délégués: je dois placer à leur tête le vice-amiral Cloué, directeur général du dépôt des cartes et plans ; venaient ensuite le contre-amiral de Jonquières, M. Gervaise, inspec- teur général du génie maritime, M. Legros, inspecteur général des travaux maritimes, M. Rochard, inspecteur général du service de santé de la marine. M. Bouquet de la Grye, ingénieur hydrographe de première classe. DE SAPORTA. — l'aSSOCIATION FRANÇAISE A l'eXPOSITION 25 La préfecture de la Seine avait délégué M. Tambour, secrétaire général, dont chacun de nous a pu appréciei* l'exquise urbanité jointe chez lui à une con- naissance parfaite des institutions et des monuments dont il nous montrait les détails. Le Conseil municipal de Paris, dont plusieurs membres font partie de notre Association, s'était empressé de lui donner un gage de haute bienveillance en votant un large subside destiné à subvenir aux frais de l'hospitalité qu'il voulait bien nous offrir. Nous remplissons un devoir de stricte convenance, mais nous répondons aussi à la sincérité de nos sentiments en proclamant de nouveau, à un an de distance, au nom de l'Association, la gratitude qu'elle a éprouvée en présence d'un aussi généreux accueil. Voilà déjà bien des éléments de succès; on voici d'autres, encore trop essen- tiels et trop honorables pour que nous négligions de les mentionner. Jamais la liste des sociétés savantes représentées n'avait été aussi nom- breuse que cette année; elle était de 29 au congrès du Havre et de 34 à celui de Paris. C'est un progrès sensible, bien que relativement faible; nous devons tendre à conserver cette marche et à affirmer toujours plus la solidarité de nos travaux avec ceux des sociétés de province, entre lesquelles notre rôle est de servir d'organe commun. Ce rôle, s'il est bien compris, peut même devenir international, et l'inscription de la « Reale Academia discienze, lettere ed arti di Modene «, si dignement représentée par M. le professeur Domenico Ragona, directeur de l'observatoire de Modène, autorise cette croyance en même temps qu'elle donne le signal d'un mouvement destiné à se propager. Cette extension, qui sera comme le couronnement de notre œuvre, dépend surtout du nombre et de la valeur des savants étrangers que l'Association parviendra à attirer à ses réunions. Ce nombre tend réellement à s'accroître, mais la proportion de cet accroissement est encore trop lente à notre gré; il n'était que de 27 au congrès du Havre, il s'est élevé à 133 à celui de Paris, pro- grès considérable s'il ne fallait tenir compte, pour l'explication de ce chiffre, de l'affluence des étrangers venus à cause de l'Exposition. Nous devons, mal- gré tout, remercier cette foule de savants accourus des extrémités du monde civilisé d'avoir répondu à notre appel avec tant d'empressement; espérons que beaucoup d'entre eux, séduits par l'attrait de nos réunions, reviendront d'année en année retrouver des émules et des admirateurs. . Si l'on partage cette masse de savants par nationalités distinctes, on voit que l'Angleterre occupe le premier rang, non-seulement parce que son groupe est le plus important (29 personnes), mais parce que dans ce groupe on peut relever une foule de noms justement célèbres ; je me contenterai de mention- ner ceux de Frankland et Gamgee, ces deux derniers membres de la Société royale de Londres, du professeur Smith, de l'Université d'Oxforû. de Spottiswoode et de Douglas-Galton, l'un président et l'autre secrétaire de la « British Association », sœur et devancière de l'Association française.— L'Italie suit de près, avec 2o noms; elle est notre voisine et marche sur nos traces : l'ingénieur Hetocchi, le comte Guarini, député au Parlement, le professeur Ca- pellini de Bologne, les astronomes Denza et Tacchini , le général Ricci et bien d'autres sont venus attester l'activité renaissante du mouvement scientifique 24 SÉANCES GÉNÉRALES italien. — La Russie vient immédiatement après l'ilalic ; elle compte 23 adhé- rents, l'élite de ses professeurs; beaucoup ont des titres sérieux à la renommée; je citerai seulement le docteur Anoutchi ne, délégué à l'Exposition universelle; le baron Derschow, G. Kananoff, inspecteur des langues orientales; les pro- fesseurs Stieda, Tchebichef, Wladimirsky, et tant d'autres; le concours qu'ils nous ont prêté donne la mesure éclatante du progrès intellectuel accompli récemment en Russie. — Nous avons dû à la Scandinavie la présence de plu- sieurs hommes éminents, comme le professeur Broch, de l'Université de Chris- tiania, correspondant de l'Institut; M. Hoffmeyer, directeur de l'Institut météo- rologique danois; ;ie professeur Nillson, de l'Université d'Upsal; le professeur Lundgren, de celle de Lund; enfin, le professeur Valdemar Schmidt, Je Copenhague, secrétaire de la commission danoise à l'Exposition universelle. — L'Austro-Hongrie nous avait envoyé les professeurs Benedikt devienne, Zenkel de Prague, Horwathde l'École polytechnique de Budapest, etc. — Je ne retiens à regret sur la liste des États-Unis que les seuls noms des docteurs Jenkins et Scaïfe, commissaires de l'Union américaine à l'Exposition universelle. — En Suisse, M. A. Favre, professeur à Genève, correspondant de l'Institut; en Belgique, M. Montigny, de l'Académie royale; dans les Pays-Bas, M. de Baumhauer, secrétaire perpétuel de la Société scientifique de Harlem; en Espagne, le professeur Vilanova ; en Portugal, M. Ribeiro et le professeur Agostino ; au Canada, le professeur Williamson ; en Allemagne, le professeur Haeckel d'Iéna, s'offrent à ma pensée, et jusqu'à Malte, dans les Principautés danubiennes et en Egypte, je rencontre des noms illustres ou simplement sympathiques que l'Association a pu s'adjoindre avec fierté et inscrire sur ses registres pour en garder le souvenir. En présence d'un tel empressement, il fallait, Messieurs, comme un dernier et nécessaire élément de réussite, que le comité d'organisation fût à la hauteur de sa tâche. Venant chaque année nous asseoir en convive heureux à un ban- quet organisé à l'avance, nous ignorons, je le confesse du moins pour mon compte, les labeurs et la tâche qui incombent au conseil d'administration, et par-dessus tout, à l'âme vivante de ce conseil, à notre infatigable et aimé secrétaire. M. Gariel, à qui je me plais à rendre ici publiquement hommage ; il songe à tout, il règle et prévoit ce qui doit être réglé et prévu, il distribue les renseignements, les documents, les listes, en sorte que chaque président de section est toujours sûr de recevoir à point nommé les instructions, les détails, les adresses qui peuvent lui être utiles. Cependant, Messieurs, cette tâche déjà si lourde d'organisation, le conseil de l'Association la partage chaque année avec un comité local envers lequel, en ce qui concerne Montpellier, nous avons dès à présent une dette de reconnaissance à acquitter. Mais à Paris même, le conseil d'administration et son organe devaient tout entreprendre, tout régler, ne rien négli- ger, et pourtant, à l'heure marquée, l'ensemble de l'œuvre, aussi bien que ses moindres détails, se Irouvère-it si bien arrêtés qu'au dernier moment les moindres obstacles disparurent comme par enchantement, et la grande salle de la Sorbonne s'ouvrit pour nous recevoir. Accourus en foule autour du bu- reau, nous applaudîmes aux paroles magistrales de notre président, M. Fremy, avec des acclamations dont l'écho résonne encore au fond de notre souvenir. DE SAPORTA. — l'aSSOCIATION FRANÇAISE A l'eXPOSITION 23 Bientôt après, nous étions installés au lycée Saint-Louis, local destiné à nos réunions particulières, et nous reconnûmes à quel point toutes choses avaient été combinées de manière à favoriser la tenue de nos paisibles travaux de sections. Il m'est assurément impossible d'entrer dans les détails de ces travaux, ni même de les analyser en courant; je courrais le risque inévitable d'être incom- plet, et par cela même injuste. Renfermés chacun dans une spécialité res- treinte, religieusement soumis à cette division du travail qui paraît être une des conditions de succès de la science moderne, nous jugeons ou nous nous efforçons de juger de la valeur des communications qui rentrent dans le cercle de nos études habituelles ; mais comment un botaniste pourrait-il apprécier justement un mathématicien ou un physicien; comment un géologue parle- rait il d'une observation médicale ou d'un calcul astronomique. Plus qu'un autre, j'éprouverais cet embarras, et je préfère vous renvoyer au moment où chacun pourra feuilleter les pages du compte rendu. J'apporte surtout ici des impressions personnelles, et c'est à ce titre, en me repliant sur moi-même, que je ne puis m'empêcher d'avouer devant vous le charme que j'ai ressenti en présidant pour la seconde fois la section de géologie. Quelle aimable confra- ternité régnait entre nous ! quelle succession variée d'études, de travaux im- portants, de simples notes, communiqués à un auditoire d'élite, devant les plus hautes personnalités scientifiques de la France et de l'étranger, confon- dues sur les mômes bancs que leurs adeptes et leurs disciples. Le prési- dent seul avait à souffrir d'un spectacle de nature à faire ressortir son infério- rité. Les conférences, les excursions et les visites, enfin les réunions générales ont tenu à Paris une plus grande place que partout ailleurs. Pourrait-on s'en élonner? On avait tant à voir, tant à apprendre; les maîtres étaient là; les œuvres, les procédés, ce qui existe de plus parfait dans tous les genres sollicitaient nos regards, et la seule difficulté provenait de la multiplicité même des hommes et des choses s'unissant pour nous captiver. Cette même difficulté se trouve dans mon compte rendu et je suis heureux d'être suppléé par le collègue autorisé qui prendra la parole après moi. Il vous initiera bientôt aux splendeurs de la grande soirée scientifique donnée en notre honneur au Conservatoire des arts et métiers; mais comment ne pas dire un mot de l'un des plus vifs attraits de cette soirée : je veux parler de la con- férence faite par M. Cornu à propos des belles expériences de projection de M. Duboscq. La parole sonore, la diction éminemment limpide de l'orateur reridaient familiers à la foule pressée des auditeurs les problèmes les plus ardus de la polarisation, des interférences lumineuses, de la structure molé- culaire des minéraux réduits en plaques minces et considérés sous de très- forts grossissements; les projections de M. Uuboscq exécutées dans le but de faire apprécier ces phénomènes, si imparfaitement rendus par la parole, constituaient un spectacle des plus attrayants, en traduisant avec la rapidité de l'éclair et avec une coloration magique des merveilles ordinairement voilées sous une formule impénétrable. En parlant de M. Duboscq, si aimable et si habile, j'ajouterai même si simple, je paie une dette de reconnais.sance 26 ' SÉANCES GÉNÉRALES personnelle. Je n'oublie pas que je lui dois la rapide organisation du côté matériel de la conférence que je donnai au Havre ; avant lui, malgré l'ex- trême bonne volonté de mes coopérateurs, tout marchait péniblement ; le pauvre conférencier était déjà consterné; à peine M. Duboscq eut-il paru, que les projections prirent vie et couleur, comme si elles eussent obéi à la baguette d'un magicien. Dans un ordre d'idées entièrement différent, M. Ulysse Trélat captiva l'at- tention par sa manière vivante d'aborder un sujet peu attrayant en appa- rence, digne cependant des méditations du moraliste comme du praticien. Sa conférence était intitulée l'Hôpital. M. Trélat y a envisagé la question sous toutes les faces; il prend l'hôpital à son origine; il fait voir que la pensée première en est due au christianisme; il discute les difficultés que soulève son aménagement intérieur ; il démontre que les grands progrès sont récents puisqu'ils remontent à peine à la guerre de Crimée et surtout à celle de la sécession américaine. La science profite de l'hôpital ; elle guérit lorsque c'est possible; elle accroît en même temps le trésor de son expérience; mais l'hôpital oi!i l'on soigne et où l'on guérit devient forcément un foyer d'in- fection qui active et propage le germe des maladies les plus dangereuses ; de là recueil à éviter. En agrandissant les bâtiments, on exagère aussi les dépenses; on les pousse au delà de toute mesure. M. Trélat préférerait de petits hôpitaux ; l'économie, l'hygiène y trouveraient également leur compte; M. Trélat demande encore des hôpitaux de convalescents, situés loin de Paris ; il veut la séparation absolue des malades contagieux. Tout ce qu'il avance est ferme, spirituel, pratique. C'est du bon sens du meilleur aloi joint à une élévation réelle de pensée. Sa conférence portera certainement des fruits, et elle sera lue avec le même sentiment qui l'a fait applaudir de ceux qui l*ont écoutée. Dans sa conférence sur YÉtude graphique des moteurs animés, M. Marey, membre de l'Institut, professeur au collège de France, s'est attaché aux pro- blèmes les plus ingénieux de la mécanique usuelle. 11 expose avec une clarté et une précision assurément bien rares les procédés qui permettent de figurer exactement la traction des animaux, le mouvement des voitures, les allures d'un cheval. La méthode graphique de M. Marey s'applique même avec succès à l'interprétation d'une foule d'oeuvres d'art historiques assez fidèlement modelées pour se prêter à l'analyse scienli tique. M. J. Janssen, le sympathique et brillant astronome, ignore peut-être, tant sa modestie est grande, à quel point ses découvertes sont populaires ; les pro- cédés d'appHcation des méthodes photographiques à l'exploration du soleil, combinés avec les données de l'analyse spectrale, ont fait accompUr d'immenses progrès à cette partie de l'astronomie qui a pour but de rechercher la nature physique des astres et que le directeur de l'Observatoire de Meudon affectionne plus particulièrement. Lui-même, dans une conférence faite le 28 août, a tracé le résumé rapide de ses plus récentes observations touchant la consti- tution de la photosphère. L'extrême perfection des images obtenues par le procédé photographique et la rapidité prodigieuse qui président à leur pro- duction ont amené M. Janssen à se rendre un compte plus exact qu'on DE SAPORTA. — l'aSSOCIATION FRANÇAISE A l'eXPOSITION 27 ne l'avait encore fait, de la vraie nature des éléments granulaires photosphé- riques. Ces éléments sont normalement globulaires, plus ou moins mobiles et sus- ceptibles de déformation; ce sont des nuées incessamment divisées en parti- cules par des courants solaires et flottant au sein d'une enveloppe fluide. Les éléments granulaires les plus brillants nagent dans un milieu relativement obscur ; de là des variations d'intensité lumineuse, dont l'apparition des taches augmente encore l'amplitude. — Mais je me hâte de descendre de pareilles hauteurs où la vue se trouble et l'esprit se perd; heureux celui dont le regard, comme celui de l'aigle, peut fixer sans en être ébloui cette clarté suprême, pour la soumettre aux calculs de la science humaine. Les excursions et les visites ont été si multipliées et si intéressantes au congrès de Paris que je ne saurais m'y arrêter comme je l'eusse voulu ; il me faut abréger en cédant avec confiance à notre honorable trésorier une partie de ma tâche ; je ne résiste pas cependant à vous entraîner sur mes pas à l'école de Grignon où tout avait été combiné pour nous séduire et nous retenir : frais ombrages, réception splendide, paroles affectueuses échangées sous une vaste tente, à la suite d'un gai et somptueux repas. Les agronomes, les géologues et les botanistes n'avaient qu'à regarder autour d'eux ou à tendre la main pour admirer ou pour saisir de véritables richesses. Aucun de vous certainement n'a oublié ni l'allocution chaleureuse de M. Fremy, ni la spirituelle causerie qui s'établit sur les bancs d'un trop étroit amphithéâtre entre M. Dehérain et ses confrères. Quels progrès rapides ne ferions-nous pas en chimie agricole s'il nous était donné plus souvent d'écouter notre aimable et savant collègue. Chacun de nous enviait au retour le sort de ces élèves qui réalisent si bien l'idéal de la vie des champs, en joignant la culture de l'esprit à la culture matérielle du sol. Grignon nous était apparu comme la réalisation au xix'' siècle de l'idylle à la fois vraie et sérieuse, autant que charmante; mais Grignon est déjà loin de Paris, et notre Association ne pouvait, en siégeant dans cette ville, éviter de la voir et de la juger. — Paris, Messieurs, n'est pas un, ou plutôt il est mul- tiple dans son unité. Il est des côtés de Paris, curieux peut-être aux yeux de celui qui applique à la société les procédés de l'anatomie : c'est le Paris des fonds obscurs, des turbulences et des convoitises; ce n'était pas celui que nous cherchions. Nous ne courions pas davantage après un autre Paris, qui séduit plus de gens, mais qui ne vaut pas mieux : le Paris des joies folles, des plaisirs malsains ou désordonnés. Mais il est un autre Paris, souvent, hélas! masqué par les précédents, qui n'en est pas moins réel et qu'il était dans nos vœux, je dirai plus, qu'il était de notre devoir de connaître et d'in- terroger : ce Paris, Messieurs, c'est le Paris honnête, intelligent et laborieux, celui de l'industrie el des arts, celui qui pense, qui s'instruit, qui travaille et produit. Ce Paris est notre gloire et notre honneur à nous autres Français ; malheureusement nous ne le voyons guère, sinon pour admirer ses œuvres merveilleuses. Pourquoi? mais par une raison bien simple, parce qu'il se cache au fond des ateliers, souvent même dans des mansardes ou bien encore au sein de vastes établissements dirigés savamment, à l'aide d'une hiérarchie 28 SÉANCES GÉNÉnALES dont les premiers rangs sont réservés exclusivement à l'intelligence et à l'amour du travail réunis. Les réflexions qui précèdent vous expliqueront l'intérêt très-vif que nous a fait éprouver la visite successive d'uu groupe scolaire du XVU'' arrondisse- ment, du collège Chaptal, de l'Ecole Monge, enfin de l'Ecole Rodrigue-Péreire où les sourds-muets apprennent à parler à l'aide d'une méthode des plus ingénieuses. — Nous avons vu ainsi en quelques heures, sous la direction d'hommes spéciaux, se dérouler le cycle complet de l'instruction à tous ses de'^rés, dans des conditions matérielles, morales et scientifiques combinées avec tant de précision qu'il nous a paru difficile que le vrai mérite, même obscur et latent, ne se dégageât pas sans peine pour venir ensuite occuper la place que la société est heureuse de lui réserver. Les visites aux grands établissements industriels, en occupant de nombreuses séances, confirmèrent en nous ces pensées, dont elles nous firent toucher au doigt les applications les plus variées et les plus fécondes. Apprécier un à un les établissements de premier ordre d'où sortent, revêtus de ce cachet d'élé- gance artistique qui honore la France, les meubles, les cristaux, les produits céramiques, les fers, les papiers peints, les livres, les instruments de préci- sion, les mille objets utiles ou ornementaux qui alimentent le monde, énu- mérer ceux qui président à toutes ces créations, ce serait réellement au-dessus de mes forces. — La reconnaissance nie presse de nommer l'Imprimerie Chaix, à laquelle notre Association est tellement redevable ; je mentionne de plus, en courant, le ballon captif Giffard, dont MM. Tissandier frères faisaient si bien les honneurs; l'observatoire national et celui de Montsouris, les égouts de Paris, le réservoir de Montrouge, en dernier lieu le musée de la Société d'an- thropologie, dont l'examen consciencieux exigerait à lui seul des pages entières. Je touche à la fin du Congrès, puisque tout a une fin en ce monde, même le souvenir qui s'échappe de ce qui a déjà disparu et dont on respire avec tant de plaisir le léger parfum. La dernière réunion fut un banquet où vinrent prendre place deux cent cinquante de nos confrères : il était présidé par celui-là même qui nous préside cette année et qui était alors ministre de l'instruction publique; M. Bardoux était avant tout notre ami, ainsi qu'il nous le prouva dans une réception plus cordiale encore que solennelle. A la table du banquet s'asseyaient aussi le représentant autorisé du Conseil municipal de Paris et le secrétaire général de la Préfecture de la Seine. Là, Messieurs, au milieu de l'allégresse générale, furent prononcées de généreuses paroles que tous, sans exception, applaudirent. M. Fremy affirma la réussite de notre Congrès; il avait, par la variété des sujets traités, par le nombre des adhésions, par l'éclat des réunions et des conférences, surpassé tous les autres. M. le minis- tre de l'instruction publique trouva aisément pour lui répondre ces accents élevés et sympathiques dont il a le secret. M. Sigismond Lacroix prononça en quelques mots l'éloge de la science et définit heureusement les caractères de l'esprit scientifique. Enfin, nous eûmes, dans le discours de M. Broch, pro- fesseur à l'Université de Christiania, le témoignage sincère et glorieux pour nous du concours promis à notre Association par les savants étrangers qui avaient bien voulu répondre à notre appel. DE SAPOBTA. — l'aSSOCIATIO.N FRANÇAISE A l'eXPOSITION 29 Tout ce que j'ai dit, messieurs, n'est qu'un écho bien affaibli des faits de l'année dernière. Le temps, quoi qu'on fasse, amortit dans sa marche les impressions les plus vives; il estompe inévitablement l'ensemble de ce qu'il touche de son aile. C'est une loi que nous devons reconnaître et, en hommes de science que nous sommes, après l'avoir constatée, il ne nous reste qu'à flé- chir devant elle. En revanche, le présent, à mesure qu'il se déroule, que les yeux le considèrent et que l'âme s'y attache, a en soi quelque chose de vibrant et d'enchanteur; un prisme y est naturellement posé dans les heures exemptes de tristesse; l'attrait de la nouveauté, l'imagination dans tout son éclat nous dominent et nous entraînent. C'est sous l'empire de ces impressions que nous venons vers vous, mes- sieurs; mais l'on peut dire que jamais elles ne furent mieux justifiées. La ville dans laquelle va se réunir notre huitième session a pour elle un passé glorieux, et ce passé est justement de ceux qui nous touchent, et nul de nous ne saurait y être étranger. Les sciences, mais surtout les sciences d'observation, ne sont pas nées d'elles- mêmes; elles n'ont été créées au contraire qu'à force de génie, de labeur et de tâtonnements, au prix de difficultés sans nombre; enfin, en y regardant de près on reconnaît qu'elles sont pour ainsi dire d'hier, tellement la date de l'âge viril de la plupart d'entre elles est récente, comparée au temps qui a dû s'écouler depuis qu'il existe des hommes. On doit faire trois parts dans les sciences et chacune de ces parts a sa raison d'être et son histoire distincte. Les sciences abstraites sont venues les premières, parce que l'abstraction est une opération naturelle de l'esprit humain dès qu'il atteint un certain degré de culture. Certaines applications immédiates des sciences abstraites, à la mécanique, à la géométrie descriptive, à l'astronomie ont suivi presque sans intervalle; mais lorsqu'il s'est agi d'inventer les méthodes, de découvrir les procédés de l'examen expérimental, ce qui constitue, en un mot, la base même des sciences d'observation, l'esprit humain s'est heurté durant des siècles à des obstacles ou à des préjugés longtemps infranchissables. Or, messieurs, c'est là qu'on en était encore en Europe à la sortie du moyen-âge et, disons-le bien hautement, les sciences d'observation proprement dites, l'antiquité ne les a jamais connues. C'est donc entre le xvi'^ et le xviir siècle que les grands efforts se sont produits pour nous ouvrir la voie. Quelle reconnaissance ne devons-nous pas à ceux qui nous ont précédés et qui surent, sans espoir pour eux-mêmes, nous assurer la jouissance d'un bien dont ils restèrent à jamais privés, mais dont ils entrevoyaient la richesse infinie. Placés comme Muise à l'entrée delà terre promise, sans y pénétrer eux-mêmes, ils parvinrent pour- tant, gardons-nous de l'oublier, à nous en ouvrir l'accès. S'il est une ville où celte œuvre préparative en vue de la science moderne ait été active et féconde, c'est certainement Montpellier. Ici vint s'installer dès le XIII* siècle la science arabe, c'est-à-dire toute celle du temps. Ici, remar- quez-le, la médecine apportait, en fondant une école célèbre, les germes associés de toutes les autres sciences : la chimie, l'analomie, la physiologie, la zoologie et la botanique. Aussi, ne vous étonnez pas si parmi lis noms célè- 30 SÉANCES GÉNÉRALES bres sortis de Montpellier, à ceux des médecins, comme Barthès, des chirurgiens, comme La Peyronnie, viennent se joindre des zoologistes, comme Rondelet, des botanistes, comme Magnol, des chimistes, comme Chaptal. Une étroite solidarité scientifique unit entre eux ces grands esprits, formant en- semble un même faisceau, sortis du même foyer lumineux auquel, par une coïncidence que je ne saurais oublier, je suis fier de me rattacher moi-même par mou nom et mes ancêtres directs (1). Encore un mot, Messieurs : lorsqu'un Américain quitte le sol de l'Union pour visiter l'Europe, ses compatriotes ont un mot touchant pour exprimer ce retour vers leur patrie d'origine, celle à laquelle ils se sentent liés par une filiation déjà lointaine; ils disent alors : vous allez au « vieux pays ». Nous aussi, avec autant de raison, en entrant à Montpellier, en nous souvenant de tout ce que la science moderne doit à son école illustre, dont la vitalité a résisté à tant de siècles et garde encore son éclat, nous aussi, nous pouvons dire : Accueillez-nous comme vos enfants, nous vous devons la meilleure partie de nous-mêmes, et nous revenons au vieux pays. M. G. MASSON Trésorier de l'Association LES FINANCES DE L'ASSOCIATION- Mesdames, Messieurs, En venant pour la huitième fois vous présenter le compte-rendu financier de l'Association française, nous avons la satisfaction de constater, comme lors des exercices précédents, un accroissement du capital, un développement régulier des diverses sources de nos revenus. Le chiffre total des sommes encaissées par votre trésorier s'est élevé pour 1 exercice 1878 à 99,090 fr. 59 c. Sur cette somme, 83,690 fr. 59 c, dont voici le détail, sont applicables au compte des revenus annuels. REVENUS DE L'EXERCICE 1878. Recettes. Reliquat de l'exercice 1877 Fr. 1.100 04 Cotisations des membres annuels 39.460 » Arrérages des rentes 11.973 05 Recettes diverses 457 50 Dons faits à l'Association avec affectation spéciale 700 » Subvention de la Ville de Paris et du département de la Seine pour le congrès de Paris 30.000 » Fr. 83.690 59 (1) L'orateur a en vue Louis, Antoine et Jean Saporta, ses neuvième, huitième et septième aïeuls, tous trois professeurs royaux, vice-chanceliers ou doyens de l'Université de Montpellier, dass le cours du xvi« siècle. G. MASSON. — LES FINAxNCES DE l' ASSOCIATION 31 Dépenses. Les dépenses se sont élevées à 66,317 fr. 30 c., qui se décomposent comme suit : Frais d'administration Fr. Impression du volume de la session du Havre Impressions diverses Subventions votées par le Conseil d'administration Bourses de session Frais de la session de Paris , Total des dépenses. . . Fr. Sur l'excédant il a été prélevé : Réserve statutaire Fr. 3.991 70 Achat d'un titre de rente de 400 francs avec affectation à une subvention annuelle spéciale 8.982 » Et il reste à nouveau 1.399 59 14.373 29 12.481 85 26.369 95 1.732 40 10.800 » 1.200 » 16.733 10 69.317 30 Total éaal. . . . Fr. 83.690 59 Deux de ces divers articles de dépense méritent une explication spéciale : Les subventions ont atleint le chiffre le plus élevé que l'Association ait encore pu distribuer sur les ressources normales de son budget. Tous nos efforts et les vôtres devront tendre à les maintenir à ce niveau. Les frais de session constituent celte année une dépense extraordinaire, correspondant, il est vrai, à une recette extraordinaire, puisque d'habitude l'Association est l'hôte de la ville où elle tient son congrès, tandis qu'à Paris la municipalité avait voté en notre faveur une somme de 30,000 francs, en nous laissant le soin de l'employer au mieux des besoins auxquels nous avions à faire face. Nos dépenses de ce fait ont été relativement modérées, et cependant, la session de Paris, au point de vue matériel comme au point de vue scientitique, a eu un éclat digne des circonstances dans lesquelles nous nous réunissions. Nous le devons à la bienveillance de l'Administration, qui a mis gracieusement à notre disposition, à la Sorbonne et au lycée Saint-Louis, les locaux néces- saires à nos réunions; à la libéralité des établissements publics et des indus- triels qui, en nous ouvrant largement leurs portes, nous ont facilité l'organi- sation d'excursions et de visites industrielles qui ont été à la fois le complé- ment et le délassement de nos travaux de sections. Nos dépenses ont consisté surtout en frais de publicité et d'impression, frais relatifs aux conférences, rétribution du personnel et gratifications diverses. A Noisiel, où nous avions reçu une si gracieuse hospitalité, nons avons voulu témoigner par la remise de quelques livrets de caisse d'épargne, de l'intérêt que nous avions pris à la visite des écoles organisées par des industriels aussi soucieux du bien-être que de l'instruction de leurs ouvriers. Enfin la fête du Conservatoire a coûté 6,000 francs. Dans cette soirée a été réalisé un programme impossible même à concevoir partout ailleurs que dans le magnifique établissement que M. le Ministre de 32 SÉANCES GÉiNÉRALES l'agriculture et du commerce et le directeur du Conservatoire avaieut bien voulu mettre pour un soir à notre disposition. L'activité de notre éminent collègue, M. Tresca, le concours empressé des industriels, ont fait passer en quelques heures sous nos yeux, dans ces galeries qui formaient le décor le plus splendide et le plus approprié à cette solennité, tout ce que l'industrie emprunte à la science de plus intéressant et de plus nouveau. Après avoir payé tous les frais immédiats de la session, il restait disponi- ble sur la somme qui nous avait été attribuée une somme d'environ 43,000 francs applicable à nos dépenses courantes. C'est sur ce reliquat que nous avons prélevé le capital nécessaire à l'achat d'une rente de 400 francs, du montant de laquelle le Conseil d'administration disposera chaque année sous le titre de subvention de la Ville de Paris. Ainsi sera perpétué dans les annales de l'Association, et cela de la façon qui pouvait le mieux répondre au but élevé des donateurs, le souvenir de la libéralité dont nous avons été l'objet de la part d'une municipalité éclairée, et que les intérêts de la science ne laissent jamais indifférente. Voici maintenant comment s'établit au 31 décembre 1878 le compte Capital de l'Association : CAPITAL. Au 31 décembre 1877, le capital était de 226,897 fr. 43 c. ; il s'est accru au cours de l'exercice 4878 comme suit : Capital Fr. 2^26.897 43 Prélèvement pour constituer la subvention dite de la Ville de Paris. 8.982 » Versement de 13 membres fondateurs G. 800 » Rachat de cotisations 7.600 » Réserve statutaire 3.991 70 Don annuel de M. Kulhmann 1 000 » Fr. 255.271 13 représentés par 11,775 Irancs de rente 5 0/0 et 1,900 francs de rente 3 0/0 qui valent au cours actuel environ 330,000 francs. Un pareil résultat atteint en huit années d'existence n'est pas sans irnpor- ance. 11 n'est que le début, cependant, de la prospérité que nous espérons atteindre un jour et Montpellier contribuera, conmie toutes les villes que nous avons visitées jusqu'ici, à augmenter ce patrimoine de la science. Ses habitants, en prenant les premiers l'initiative, en dehors de tout concours officiel, de la cordiale réception qui nous attendait ici, ont créé entre eux et nous un lien d'autant plus intime. Us deviendront et resteront nos collègues, unis avec nous dans celte pensée féconde qui fait de l'Association françai:^e l'apôlre du progrès scientifique, et grâce à laquelle elle rentre, après chacun de ses congrès, plus nombreuse, plus riche et par conséquent plus utile. DOUMET-ADANSON. — UN PROJET d'aQUARIUM MARITIME 33 SÉANCE GÉNÉRALE 29 août 1879. Présidence de M. BARDOUX. Dans celte séance, MM. Doumet-Adanson, le colonel Laussedat, Emile Trélai et Frédéric Passy ont successivement pris la parole et présenté les comniii- nicalions suivantes : M. DOÏÏMET-ADAÎÎSOI « Président de la Socictr diiortiriillun' ri d !ii-l .iiv DdturelU' du lUcrault. SUR UN PROJET D'AQUARIUM MARITIME A CETTE ET SUR LA NÉCESSITÉ DE CETTE CRÉATION Messieurs, En prenant part aux travaux de ce Congrès, mon principal désir était de profiter des leçons des éminents professeurs, des enseignements des savants distingués, qui forment Tétat-major de cette brillante réunion ; tout au plus, mon ambition allait-elle jusqu'à hasarder mon opinion sur quelques sujets spéciaux portés à l'ordre du jour des sections. Il était bien loin de ma pensée, que moi, simple et obscur amateur de sciences, je pourrais être appelé au périlleux honneur de parler un des premiers en séance générale et devant une assemblée nombreuse qui a le droit d'être sévère dans ses appréciations. Devant la décision du Bureau, devant l'insistance flatteuse des savants qui veulent bien m'honorer de leur amitié, mes scrupules ont dû céder; mais. S'il ne m'est plus permis de me récuser, laisse/.-moi du moins, réclamer de vous tous, messieurs, la plus grande indulgence, car, pris à l'improviste comme je le suis, j'aurai sans nul doute beaucoup de peine à mener à bien l'exposé du sujet que je vais avoir l'avantage de traiter devant vous, Messieur.-J, l'homme éminent que nous avons le plaisir de voir présider à nos travaux, nous a dit hier avec juste raison et avec cette éloquence véritable dont je voudrais beaucoup posséder le secret, qu'à notre époque, l'enseignement ne pouvait plus se borner aux exercices de la mémoire, que l'état actuel des connaissances humaines exigeait de la part du maître, la dissection, l'analyse, l'explication méthodique du sujet qu'il enseigne. Ce que M. Bardoux paraissait 3 34 SÉANCES GÉNÉRALES appliquer plus spécialement aux matières littéraires ou philosophiques, nous pouvons à plus forte raison le revendiquer pour les études et l'enseignement scientifiques et plus particulièrement encore pour l'histoire naturelle. Ici, messieurs, je devrais sans doute, écoutant les légitimes scrupules que fait naître dans mon esprit le sentiment de mon infériorité, je devrais terminer mon exorde. Est-ce bien à moi, en effet, qu'il appartient de faire ressortir devant un public de savants, combien nous sommes loin de l'époque où des hommes comme Rondelet, Gouan, Fabricius, BufTon, Lacépède, Lamarck, Latreille, Jussieu. ou même des génies comme Aristote ou Linné, trouvaient dans la nature un champ assez inexploré pour que la simple description des formes extérieures des êtres ait suffi presque seule à remplir toute une vie de travail et établir à jamais leur glorieuse renommée. Cuvier, ses contemporains et ses continuateurs ont pu trouver à leur tour dans l'anatomie comparée, une mine féconde en découvertes précieuses autant que nouvelles et d'innombrables sujets d'étude. Mais aujourd'hui, après les beaux travaux accomplis depuis le commencement du siècle, l'anatomie elle-même peut-elle suffire à nos connais- sances ? C'est alors le lourde la physiologie, de la biologie, de l'organographie, de l'embryologie, de l'étude comparative du fonctionnement des organes, de celle des mœurs de tous ces êtres déjà décrits avec tant de soin extérieurement et intérieurement. Or, pour ce genre d'études, les collections les plus riches, les musées d'anatomie, les préparations ne suffisent plus ; ce qu'il faut, ce sont les êtres vivants, les êtres maintenus dans un milieu se rapprochant autant que possible de celui que la nature leur offre, des êtres enfin, que le savant soit à même de suivre, d'épier à tous moments, pour saisir les mille particula- rités de leur existence, analyser le fonctionnement de leurs organes, surprendre les secrets de leurs mœurs , de leur alimentation , de leur reproduction, rechercher les causes de leurs maladies, en un mot suivre tous leurs actes depuis leur naissance jusqu'à leur mort. Parmi les animaux qui peuplent le globe, s'il en est dont les mœurs échap- pent plus particulièrement aux investigations des savants, ce sont bien ceux qui vivent exclusivement dans l'eau et notamment ceux qui habitent en nombre si considérable les profondeurs des mers où l'homme ne saurait sans danger les suivre à son gré. Les poissons, les mollusques marins, les zoophytes, qui appartiennent à cette nombreuse catégorie, dérobent leur existence aux regards investigateurs du savant, qui, ne pouvant se les procurer le plus souvent que privés de vie, est forcé de se borner à l'étude anatomique de leurs organes. Mais que de surprises, que d'observations curieuses, que d'applications au commerce et à l'industrie, quand an peut suivre à tous les moments la vie de ces étranges animaux répandus à profusion dans les eaux qui couvrent la plus grande partie du globe. Nous n'avons qu'à citer comme exemples, les belles découvertes de MM. Goste et de Lacaze Duthiers, et nous nous empresserons d'ajouter que ces savants et leurs élèves ont eu à leur disposition les fameux laboratoires de Concarneau et de Roscofî, établissements dont on n'est plus à compter les services rendus à la science, malgré leur éloignement relatif des grands centres scientifiques. En constatant ces heureux et importants résultats, on se prend naturel- DOUMET-ADANSON. UN PROJET d'aQUARIUM MARITIME 35 lemenl à regretter qu'une installation de ce genre n'existe pas sur les bords de la Méditerranée, à proximité d'un foyer intellectuel et scientifique comme la ville de Montpellier. Que de services ne devrait-on pas en attendre avec un champ de recherches, aussi vaste, aussi riche et aussi différent de l'Océan que notre belle mer intérieure, 11 serait superflu d'insister davantage sur ce point devant des hommes de science, c'est-à-dire des hommes déjà convaincus de l'utilité du projet que j'ai à soutenir. Dès 1868, lorsque la trente-huitième session du congrès scientifique de France réunit à Montpellier, comme aujourd'hui, plus de cinq cents membres venus de tous les points de la France et de l'étranger, j'eus l'honneur, inci- demment, comme je l'avais fait longtemps avant dans l'une de mes modestes publications ichlhyologiques, d'attirer l'attention sur les avantages que l'on pourrait retirer de la création à Cette d'un aquarium expérimental. S'il m'en souvient bien (et j'ose le dire, en dépit de la modestie dont il sied toujours mal de se départir), une certaine faveur accueillit ma proposition. J'espère,. Messieurs, pour la cause que je plaide, que vous ne serez pas moins indul- gents pour celui qui a l'honneur de parler devant vous, et je désirerais sur- tout qu'aujourd'hui, comme alors, mes paroles trouvassent de l'écho dans les hautes régions officielles. Un moment, en eftet, il me fut permis de croire à la réalisation du vœu émis par le Congrès de 1868, car, un ministre éclairé et ami du progrès s'empressa d'instituer une Commission, qui, sous la présidence du recteur de l'Académie de Montpellier, tut cliargée d'étudier la question; un rapport fut même adressé au ministre concluant à la création à Celte de l'établissement demandé. Sans un changement de ministère, surtout sans les désastres de 1870 et 1871, le projet serait depuis longtemps une réalité et l'a- quarium de Cette aurait déjà payé par les 'services rendus les dépenses néces- sitées par sa construction . C'est ce même projet. Messieurs, dont nous voudrions voir reprendre l'étude et en faveur duquel nous demanderons au Congrès d'émettre à nouveau un vœu des plus formels. Au point de vue scientifique, l'utilité, je dirai même la nécessité de cette création pour les savants professeurs de Montpellier, n'est plus à démontrer et je ne crains pas d'avancer que le désir que nous mani- festons obtiendra l'assentiment et l'appui de tous les amis des sciences et des nombreux zoologistes qui, à diverses reprises, ont élu domicile pour un temps plus ou moins long, sur ces mt'mes rives du port de Cette dont nous ferons ressortir plus loin la situation favorable et les bonnes conditions eiii rappelant certains passages du rapport que nous fûmes chargé d'adresser au minisire de l'instruction publique. Peut-être, Messieurs, devrais-je borner mes arguments aux considérations d'ordre purement scientifique. Cependant il est un second point de vue de la question, non moins intéressant et qui milite tellement en faveur de la création que nous réclamons, qu'il ne m'est pas permis de le laisser de côté. Je veux parler du côté commercial et industriel, de celui qui touche plus directement à la prospérité des populations maritimes et à l'alimentation publique. Situé comme il devrait l'être à Cette, l'aquarium n'aurait pas un but purement scionlilique ; la science, par des essais de pisciculture maritime, y devra être 36 SÉANCES GÉNÉRALES appliquée au développement de l'industrie de la pêche, industrie jadis si pros- père sur les côtes du Languedoc et qui chaque jour périclite par suiie du désempoissonnement occasionné par l'emploi abusif de procédés et d'engins barbares. Pris, je le répète, presque au dépourvu, vous me permettrez, en ce qui con- cerne cette partie de ma communication, de rappeler certains passages de celle que j'avais l'honneur de faire, il y a dix ans ; la situation étant malheu- reusement la même, si toutefois la question n'est pas moins avancée qu'à cette époque, ce que je disais alors peut, je le crois, être redit aujourd'hui avec non moins d'actualité. « En jetant les yeux sur une carte du golfe du Lion, on est frappé de la quantité de lagunes dont il est bordé depuis l'étang de Berre au nord-est de l'embouchure du Rhône, jusqu'au pied des Albères, dernier chaînon des Pyré- nées ; ce sont ces lagunes ou étangs salés qui, à notre avis, donnent un moyen sûr et facile de mettre la quantité du poisson au niveau des exigences de la consommation, en même temps qu'elles pourront aider au réempoisson- nement des côtes dépeuplées par l'abus inintelligent des engins traînants. Rien, en effet, ne semble plus facile que d'utiliser ces réservoirs naturels qui communiquent tous avec la mer par de simples goulets appelés graus, en y lâchant des myriades de jeunes poissons éclos artificiellement et que l'on aurait préservés durant leu)- jeune âge des causes nombreuses de destruction auxquelles ils sont exposés pendant les premiers temps de leur existence. L'hiver venu, ayant acquis déjà une dimension moyenne, ils émigreraient naturellement à la mer par innombrables légions et se joindraient à ceux dont la suppression de la pêche à l'aide d'engins traînants aurait permis l'éclosion et le développement. » Les étangs deviendraient alors, en réalité, ces pépinières désirées par Duhamel, et cela d'autant plus fructueusement que l'élevage artificiel pourrait s'étendre à toutes les espèces reconnues les meilleures. Tel est, à notre sens, le véritable et magnidque avenir réservé aux élangs salés dans l'œuvre de régé- nération de l'industrie de la pêche maritime qui, dans l'état actuel des choses, tend chaque jour à devenir moins productive. Pour atteindre ce but, il est indispensable de créer sur le littoral du Languedoc un aquarium expérimental oîi l'on puisse à la fois étudier à loisir les moeurs des poissons de nos côtes et faire de la pisciculture marine, tout comme on fait de la pisciculture d'eau douce. » La position exceptionnelle du port de Cette, disions-nous dans notre rap- port au Ministre, en 1860, à l'entrée de l'élang de Thau (sorte de petite mer mtérieure dont les bords sont habités par de nombreuses populations mari- l'imes qui trouvent dans l'industrie de la pêche et le commerce de la marée un de leurs principaux moyens d'existence), et au débouché des divers canaux qui mettent ce port et la mer en communication facile avec toutes les lagunes situées entre le Roussillon et la Provence, permet d'espérer que l'établissement expérimental que l'on y créerait rendrait bientôt à l'industrie maritime des services non moins importants que ceux que l'on en peut attendre pour la science zoologique pure. LAUSSEDAT. — LA GÉOGnAPHIE PHYSIQUE ET LA DÉFENSE DU TERRITOIRE 37 Nul autre point, du reste, n'offrirait sur le littoral du Languedoc un con- cours de conditions favorables comme celui que l'on trouve à CeUe. Limpidité des eaux renouvelées sans cesse par le courant rapide, qui, alternativement, va de 11 mer à l'étang ou de l'étang à la mer, ressources d'une ville de trente mille âines, comnmnication immédiate des bassins du laboratoire avec l'étang de Thau, facilités exceptionnelles pour se procurer par les nombreux pêcheurs de la mer et de l'étang les animaux que l'on aurait à étudier, proximité du centre scientifique de Montpellier, d'où l'on vient en moins de trois quarts d'heure, tout semble désigner ce point pour la création si vivement désirée par les hommes de science. C'est pourquoi, en terminant, nous demandons au Congrès de l'Associ ition française d'émettre un vœu formel en faveur de la création à Cette d'un laboratoire expérimental et d'un aquarium maritime oi!i les savants, les industriels entreprenants, et même les simples curieux, puissent venir étudier à loisir les mœurs des animaux de la mer et soulever peu à peu le voile qui cache encore leur mystérieuse existence, où, en, un mol, ainsi que nous le disions au Congrès de 1868, le livre de la nature soit constamment ouvert pour que chacun puisse le feuilleter et y puiser les trésors d'une science fertile en applications ou en précieux enseignements. M. le Colonel LAÏÏSSEDAT Prntes>cur au CoiisiTviilipirr dr's arts et niiHiers. LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE AU POINT DE VUE DE LA DÉFENSE DU TERRITOIRE NÉCESSITÉ d'un SERVICE DE RECONNAISSANCE ET d'uN CORPS SPÉCIAL DES SIGNAUX. Messieurs, H y a sept ans, à Bordeaux, au début des séances du premier congrès de cette association, j'essayais, dans une communication qui fut accueillie avec une grande bienveillance, de mettre en lumière quelques-uns des services que la science moderne a déjà rendus et peut rendre encore à l'art de la guerre (1). .le répondais ainsi, pour ma part, à l'appel fait aux militaires par les fon- dateurs d'une œuvre destinée à contribuer au relèvement de la pairie. Mon premier soin avait été, toutefois, de déclarer que je n'entendais nulle- ment intéresser une réunion de savants à des sujets qui s'écartent par trop de leurs éludes, et, j'ose le dire, de leurs aptitudes, comme la stratégie, la tactique, ou l'organisation des armées, qu'il sera toujours plus raisonnable d'abandonner aux militaires de profession. (I) Voyez la licvue scientifique du u septembre et du 2 novembre 1872, 2* série, tome III, pages 241 et /.lO, et Comptes Rendus de l'Association française, Bordeaux, 1872. 58 SÉANCES GÉNÉRALES Je n'avais pas eu de peine à faire admettre, d'un autre côté, que, dans les armes spéciales, rartillerie et le génie, grâce à l'instruction polytechnique de la plupart des officiers, les progrès des sciences physiques et mathématiques étaient mis à profit, souvent spontanément, j'en citais de nombreux exemples, ou pouvaient l'être, à coup sûr, toutes les fois qu'une impulsion intelligente se faisait sentir. Sans m'arrêter à des questions encore à l'étude, à cette époque, et dont je vous dirai quelques mots aujourd'hui, je m'étais attaché surtout à appeler votre attention, et par vous l'attention générale, sur les moyens les plus efficaces, à mon sens, de répandre le goût des voyages scientifiques et des études géographiques, manifestement trop négligées dans l'enseignement secondaire et dans l'enseignement supérieur, aussi bien que dans les écoles militaires et dans l'armée. Les desiderata que j'avais formulés alors ont été presque tous réalisés dans une large mesure, je suis heureux de le constater; mais je me hâte en même temps de reconnaître, pour ne point m'attribuer un rôle ou même une in- fluence qui ne m'appartient point, que j'ai tout simplement pressenti l'espèce d'explosion de bons vouloirs qui s'est produite, dans toutes les directions à la fois, en faveur des sciences géographiques. Qu'il me soit permis, cependant, de rappeler, en peu de mots, les obser- vations que j'avais présentées à l'association ou plutôt les propositions que j'avais faites et qui se trouvent mises en pratique depuis plusieurs années. Ainsi, j'avais beaucoup recommandé les voyages scolaires comme ceux ■qu'exécutent annuellement les jeunes étudiants suisses et allemands; fort peu de temps après le Congrès de Bordeaux, ces voyages étaient organisés pour les élèves de quelques-uns de nos lycées et d'autres établissements d'instruction, grâce à l'initiative de professeurs dévoués et de familles bien inspirées, avec l'agrément et même le concours du ministre de l'instruction publique. Déjà, dans une région voisine de celle où nous nous trouvons aujourd'hui, une société spéciale s'était fondée pour explorer les Pyrénées, sous le patronage du nom illustre de Ramond ; peu de temps après, le club Alpin français était créé à Paris et devenait le centre d'autres sociétés sœurs ou de sections répandues sur toute la surface du territoire. J'avais provoqué moi-même, dans une conférence faite en janvier 1873, à la Réunion des officiers, la création d'une société de touristes militaires et j'avais obtenu, en peu de temps, un assez grand nombre d'adhésions, mais je n'avais pas hésité à reconnaître que le club Alpin, ouvert à tous les citoyens dont le plus grand nombre est désormais lié au service militaire, était une institution plus large et qui pouvait répondre à tous les besoins prévus dans mon projet. J'avais exprimé le vœu que nos jeunes officiers fussent encouragés à voyager en France et à fétranger, dans un but d'instruction bien défini. Des voyages dits d'état-major sont, en effet, entrepris par les officiers de l'école militaire supérieure, par les officiers attachés à l'état-major général et aux états-majors LAUSSEDAT . LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET LA DÉFENSE DU TERRITOIRE 39 des corps d'armée. Il serait à souhaiter que le nombre des jeunes gens conduits ou envoyés sur le terrain pour le comparer avec la carte et pour s'exercer le coup d'œil et le jugement pût encore s'accroître , car cet ensei- gnement de visu est assurément le meilleur, ou du moins il est indispensable pour compléter celui qui est donné dans un amphithéâlre, même sur les meilleures cartes et par le professeur le plus habile. Il n'est pas moins satis- faisant de reconnaître que les cours de géographie ont reçu, pendant ces dernières années, dans nos écoles militaires, à Saint-Cyr, à l'école supérieure et à l'école d'application de l'artillerie et du génie un développement remar- quable, tel même qu'il semble bien difficile que l'on puisse faire mieux ailleurs. J'avais enfui parlé, dans la conférence de Bordeaux, de r utilité que gré- senterait, pour ceux qui doivent ou veulent apprendre à observer le terrain et tout ce qui s'y rapporte, un guide ou manuel du voyageur scientifique dont plusieurs modèles existent à l'étranger, en priant ceux de nos collègues qui en trouveraient le loisir, de s'occuper de la rédaction de quelques-uns des chapitres qui rentraient dans le cadre de leurs études. Un membre distingué de la Société de géographie de Genève, M. Kaltbrunner, se trouve avoir rempli, à lui seul, spontanément, tout le programme, et vient de donner, en français, un manuel qui ne pourrait êlre trop recommandé pour le choix et la clarté des renseignements qu'il renferme. Je devrais peut-être m'en tenir à ce résumé des faits qui sont venus répondre si complètement aux vues que j'avais exposées en 1872, et ne pas tarder davantage à aborder le sujet de cette conférence. Permettez-moi, néanmoins, de m'arrêter un instant sur le dernier point que je viens de mentionner. Le traité de M. Kaltbrunner est, je le répète, un ouvrage recommandable à bien des titres, mais il s'adresse surtout aux explorateurs des contrées éloignées et peu connues. Or, ce que je voudrais, pour nos enfants et pour nos jeunes officiers, ce serait un manuel qui put les aider à faire avec fruit leur lour de France, et plus tard, si faire se peut, leur tour d'Europe. Je sais, pour les avoir beaucoup pratiqués, qu'il existe des guides fort bien faits pour les principales contrées de notre continent, et personne n'est plus disposé que moi à rendre justice à leurs auteurs, en tête desquels je ne veux pas manquer de citer notre compatriote, M. Adolphe Joanne; mais ces guides, qui contiennent tant d'indications précieuses, n'enseignent pas et ne peuvent pas avoir la prétention d'enseigner à observer. Ceci m'amène à m'expliquer plus clairement que je ne l'avais fait il y a sept ans, et à réparer un oubli que je n'aurais pas dû commettre. Il existe, en effet, dans noire littérature, un livre qui, pour ce qui concerne la France, va même au delà de ce que j'avais en vue, et qui est un véritable chef-d'œuvre dans son genre. J éprouve d'autant plus de plaisir à en faire l'éloge que l'un de ses auteurs, qui compte parmi les vétérans les plus illustres de la science française, se trouve au milieu de nous, et continue à donner ici même, dans celte cité si remplie de grandes traditions et si digne de l'ap- précier, l'exemple de l'activité la plus infatigable et la plus féconde; j'ai nommé M. Charles Martins. Le livre auquel je fais allusion, publié en 1847 sous le noble titre de Palria^ 40 SÉANCES GÉNÉRALES aurait besoin d'être revu, après un intervalle d'un tiers de siècle, mais tel qu'il est, je n'hésite pas à l'offrir en modèle, même aux étrangers qui entre- prendraient, à leur tour, de donner une description complète de leur pays, dans le passé et dans le présent. Depuis sa publication, je n'ai pas eu de meilleur vade-mecum, et je m'acquile d'une dette de reconnaissance, en même temps que je donne un bon conseil en en recommandant la lecture aux jeunes gens. Il serait à désirer seulement que cette œuvre, accomplie en J847 par une vingtaine de personnes, fût rééditée, par exemple, sous le patronage de l'Association, qui compte tant d'hommes capables de la mettre au niveau de la science actuelle. Je crains, Messieurs, que ce vœu, pour ainsi dire platonique, puisque je ne suis pas en position d'en poursuivre la réalisation, ne vous semble hors de propos en ce moment. En y regardant de plus près, avec votre bienveillance accoutumée, peut-être jugerez-vous que je ne m'éloigne point de mon but, en cherchant les moyens de répandre, parmi les générations nouvelles, le goût d'une science trop peu cultivée parmi nous et dont la vulgarisation aurait, selon moi, une importance considérable, au point de vue de la défense du pays. Or, je ne connais pas de meilleur traité de géographie physique de la France que celui qui se trouve contenu dans les premiers chapitres de l'excellent ouvrage de Patria, et me voici ramené au sujet délicat que j'ai demandé la permission de traiter devant vous. La France a traversé, dans ces dernières années, une des crises les plus douloureuses de son existence. Elle en est sortie, l'honneur sauf, mais meurtrie et dépouillée de deux de ses plus riches provinces, qui étaient en même temps ses meilleures sentinelles. Elle a eu, tout le monde en convient avec des sentiments divers, la sagesse de se recueillir après avoir subi une leçon de modestie dont quelques-uns prétendent qu'elle avait besoin, mais qui, à mon humble avis, aurait pu lui être infligée avec plus de modération par le vainqueur. On va plus loin, et nos plus implacables ennemis, ceux-là mêmes qui ont fait systématiquement tant de bruit de la prétendue supériorité des races germaniques comparées aux races latines, en viennent à avouer que nous sommes en réalité une nation honnête, laborieuse, rangée, économe et amie de la paix. Quand nos paysans se battent, ils se battent bien, on veut bien le reconnaître, en ajoutant, ce qui est un peu naïf, qu'ils aiment mieux battre les autres qu'être battus; mais ce qu'ils souhaitent avant tout, conclut-on, c'est la fin de la guerre et leur retour aux champs. Cette pastorale assez réussie, que chacun a pu lire dernièrement dans les journaux, avait, à la vérité, une contre-partie. « Il y a seulement, disait l'auteur (1), en regard des gens paisibles de la province, de la campagne, la population parisienne, douée de qualités aimables sans doute, mais frivole, extravagante, qui fait les révolutions, déclare la guerre et n'a pas la moindre idée de l'économie. Tout le monde lui apporte son argent et elle le sème à son tour sans compter. » (1) Voir le journal le Temps du 13 août 1879 et les Propos de table du comte de Bismark, pendant la campagne de Fiance, par E. Seinguerlet. LAUSSEDAT. — LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET LA DÉFENSE DU TERRITOIRE 41 Je ne garantis pas littéralement ce texte qui, sans être officiel, n'en est pas moins vraisemblable et n'a pas été démenti. Nous n'avons que trop de raisons de croire que le gros de ce langage est bien celui du leader du parti qui, de l'autre côté du Rhin, non content de nous avoir arraché l'Alsace et la Lorraine, n'en continue que de plus belle à nous appeler l'ennemi héréditaire. La population de Paris mérite-t-elle les invectives évidemment calculées que l'on débite contre elle? Ce n'est pas moi qui en conviendrai, car je lui ai appartenu pendant la plus grande partie de mon existence, et je sais que si elle a des défauts (peut-être pas plus abominables que ceux des habitants de bien d'autres capitales que je pourrais nommer), elle a des qualités maîtresses qui sont le secret de son prestige, non seulement en France, mais dans le monde entier. Dans tous les cas, il ne nous appartient pas d'entreprendre de la catéchiser, et ce que nous avons de mieux à faire, c'est de chercher à la mettre à l'abri des atteintes de ceux qui seront toujours prêts, à la première occasion, à renouveler le delenda Cartharjo contre cette cité illustre entre toutes, qu'ils envient au moins autant qu'ils la détestent, la tête et le cœur de la France, selon l'expression de Vauban. Ne craignez pas. Messieurs, que je m'écarte de la réserve qui m'est imposée, je le sais, par la nature même de cette réunion; je n'attaque ni ne menace personne, je suis et je reste sur la défensive; or, cela étant, je ne me croirai, jamais et nulle part, obligé de refouler des sentiments que nous éprouvons tous sans les manifester inlempestivement, mais qu'il me semblerait peu digne de dissimuler quand l'occasion s'offre d'elle-même, comme c'est ici le cas. Gomment pourrais-je parler de la géographie physique dans ses rapports avec la défense du teriitoire, sans dire ce qu'est devenu le territoire de la France? Je n'ai pas la simplicité de vouloir vous apprendre quelles sont les limites naturelles de notre pays, ni celles que la politique lui a imposées, à la suite des fautes multipliées commises depuis le commencement de ce siècle et dont nous portons la peine. Je ne puis me dispenser toutefois de comparer au moins les conditions dans lesquelles nous étions encore placés avant la dernière guerre avec l'état actuel des choses. Sans parler de la perte matérielle de trois départements, qui, au point de vue de la richesse, équivalent à dix départements moyens comme est celui de la Corrèze, en écartant de nos esprits l'idée amère du sacrifice de près de un million et demi de concitoyens dont le patriotisme était proverbial aussi bien que les qualités guerrières, en nous bornant uniquement à considérer que Paris a toujours été et restera (on nous le dit assez) le principal objectif des armées venant d'Allemagne, nous avons perdu de ce côté les trois lignes de défense du Rhin, des Vosges et de la Moselle, Deux chiffres, au surplus, sutTisent pour caractériser le changement de la situation depuis 1870. Strasbourg, c'est-à-dire le Rhin, est à 100 lieues de Paris; Verdun, c'est-à- dire la Meuse, n'en est qu'à 5o lieues, autant dire à moitié chemin. Je ne conteste pas que, grâce au succès des mesures financières prises après la signature de la paix, pour payer la lourde rançon de la défaite, les années allemandes aient abandonné plus tôt qu'on ne l'avait espéré les provinces qu'elles occupaient et dont elles n'avaient pas réclamé l'annexion à leur neuve 42 SÉANCES GÉNÉRALES empire, mais je pense qu'il y aurait à la fois ingratitude et légèreté, en parlant de la libération du territoire, comme on le fait si souvent, à oublier de combien ce territoire se trouve diminué, de quelle pépinière de vaillants, soldats nous sommes privés, et à en méconnaître les conséquences dans l'avenir. Ce sont ces conséquences que j'essaye, en ce moment, de vous faire envi- sager comme elles me sont apparues à moi-même, pendant les deux années de la plus pénible mission, celle de la délimitation de la nouvelle frontière, conséquences qu'il faut nous efforcer de conjurer par tous les moyens en notre pouvoir. Mon intention ne pouvait être, toutefois, de mettre sous vos yeux, une à une, les circonstances locales, si préjudiciables à notre sécurité, d'une fron- tière pour ainsi dire entièrement découverte sur plus de cinquante lieues de longueur, entre les Ardennes et la trouée de Belfort. Depuis 1871, grâce à la sagesse dont je parlais tout à l'heure, au patriotisme et aux efforts de tous, législateurs et militaires, de grands travaux de défense ont pu être entrepris et presque partout menés à bonne fin sur cette frontière, sur celles du nord et du sud-est, autour de Paris, de Lyon et de plusieurs autres grandes villes transformées en vastes camps retranchés. Je voudrais même pouvoir m'en tenir à la constatation de faits qui sont de nature à nous rassurer, et vous ne vous attendez sûrement pas à ce que je m'engage avec vous dans l'examen et la discussion du système adopté par la commission de défense qui a ordonné ces travaux. Je ne dois cependant pas manquer de vous prémunir contre le danger d'une trop grande quiétude, en vous faisant remarquer que les meilleures fortifications ne sauraient remplacer partout les obstacles naturels et surtout qu'elles ne rétablissent pas les distances. Plus le danger se rapproche, plus nous devons nous préparer à agir rapi- dement et sûrement autant que vigoureusement, pour y résister et le repousser. Quels sont les obstacles naturels qui existent encore entre Paris et la nouvelle frontière allemande? comment peut-on en tirer le meilleur parti possible, en cas de besoin, pour accroître, avec leur secours, les moyens de résistance des forteresses et favoriser les mouvements des armées qui tiendraient la campagne? Telle est la question que je n'ai cessé d'avoir présente à l'esprit depuis neuf ans bientôt, et dont l'examen m'a conduit à des conclusions que je désire vous soumettre , parce que vous pourriez contribuer à les faire admettre, et qu'elles vous touchent par bien des côtés, j'espère vous le démontrer. Et d'abord, les faibles obstacles naturels qui protègent Paris contre une invasion venant du nord-est et de l'est, par toutes ces vallées convergentes de l'Oise, de l'Aisne, de la Marne, de l'Aube et de la Seine, sont bien connus dans leur contexture générale, Tout le monde a lu et admiré cette description géologique du bassin de Paris, où l'illustre E. de Beaumont fait ressortir d'une manière si saisissante les propriétés défensives des crêtes saillantes ou bourrelets concentriques qui marquent les différents étages de ce bassin et à travers lesquels les cours d'eau ont dû trouver des passages en rétrécissant la largeur de leurs vallées. « Ces propriétés défensives se sont toujours imposées, par la force des choses, dit E. de Beaumont, aux armées qui ont attaqué ou défendu LAUSSEDAT. — LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET LA DÉFENSE DU TERRITOIRE 43 cette partie de notre territoire. » Mises, en effet, à profit avec une merveil- leuse habileté en 1792 et en 181-4, elles ont été malheureusement néghgées en 1870. Dorénavant on ne manquera certainement plus de les utiliser, mais pour savoir tout le parti que l'on peut en tirer, il ne faut pas cesser de les étudier dans tous leurs détails et à tous les points de vue, topographique, géologique, hydrographique et climatologique. Permettez-moi de m'arrêter quelques instants à la justification de ce pro- gramme qui pourrait, au premier abord, paraître trop étendu. L'influence que la géologie, par exemple, exerce, au moins autant que le climat, sur toutes les circonstances qui caractérisent un pays, même sur les mœurs et les idées des habitants, dont on m'accordera qu'il faut tenir compte, a été signalée depuis longtemps, avec une imposante autorité, par notre, grand Cuvier. E. de Beaumont et Dufrénoy, dans leur description de la carte géologique de la France, n'ont laissé échapper, de leur côté, aucune occasion de mettre en évidence les relations intimes qui existent entre les formes extérieures du terrain et sa constitution. Ils n'ont pas moins insisté sur la distribution, l'im- portance relative et le régime des cours d'eau selon la nature du sol des contrées où ils naissent et qu'ils parcourent. « La seule considération des cours d'eau, disent-ils, permet presque toujours de distinguer, sur une carte bien faite, les terrains anciens des terrains secondaires », et ils reviennent fréquemment sur ce sujet qui a été traité avec tant de talent et de sagacité par le regretté M. Belgrand, à propos des études qu'il avait inaugurées sur l'hydrologie du bassin de la Seine. Ces considérations et d'autres encore, dans lesquelles il serait trop long d'entrer, ont donné naissance à l'étranger, et principalement en Allemagne et en Autriche, à une branche, en grande partie nouvelle, de l'art militaire, désignée sous le nom de Science du terrain. Je ne pourrais pas me livrer à l'examen critique des tentatives assez nombreuses qui ont été faites pour réunir en corps de doctrine l'ensemble des faits observés; je me propose, au surplu.s, d'y revenir ailleurs. Ce qui n'est point contestable, c'est qu'en deliors même des formes typiques et des accidents caractéristiques que l'on trouve reproduits avec une remarquable constance dans des pays éloignés les uns des autres, mais géologiquement constitués de la môme manière, la nature du sol exerce souvent une influence considérable sur les événements de la guerre. Personne ne met en doute qu'il ne saurait être indifférent, pour une armée en marche, de rencontrer des terrains sableux, argileux, calcaires, crayeux ou granitiques, imperméables ou perméables à l'eau, secs ou humides, solides ou faciles à défoncer. 11 en est de même, assurément, et l'on peut dire que les deux choses sont connexes, du climat qui peut être froid ou chaud, sec ou pluvieux, selon les localités souvent autant que selon les saisons. J'aurai peut-être, malgré cela, je le répète, de la peine à faire admettre qu'il faille, à la guerre, prendre en considération tant d'éléments à la fois. Nos pères, dira-t-on, n'y regardaient pas de si près et ne s'en battaient pas moins bien ni Dumouriez ni Napoléon n'étaient géologues, et ils ont pourtant su trouver. SÉANCES GÉXÉUALES par la force des choses, selon rexpression d'E. de Beaumoiit. les points décisifs du théâtre de leurs opérations. Je ne crois pas me tromper pourtant, en supposant que si Dumouriez ou Napoléon vivaient de nos jours, ils ne négligeraienl aucun des enseignements que la science actuelle serait en état de leur donner. Ne voit-on pas, d'ail- leurs, combien les circonstances sont changées depuis la fin du siècle dernier et le commencement de celui-ci, et pourrait-on supposer qu'avec toutes les voies de communication qui sillonnent le pays, avec les chemins de fer et le télégraphe, on ne soit pas obligé de se renseigner et d'opérer plus vite qu'au- trefois. Les cartes de Cassini et celles des anciens ingénieurs géographes, remar- quables pour leur temps, ont été remplacées par d'autres qui leur sont incon- testablement supérieures. On admettra sans doute que les généraux de la République et de l'Empire n'eussent pas hésité à leur donner la préférence et s'en fussent servi avec avantage. Les cartes actuelles contiennent-elles tout ce qu'il importerait de savoir, à un moment donné, quand, aujourd'hui, je le répète, on est obligé d'opérer si promptement à la guerre? Évidemment non, car, si l'on y trouve les prin- paux accidents du terrain, son relief assez nettement accusé et jusqu'à certains renseignements statistiques récemment introduits, comme la population des villes et des villages, on y chercherait vainement la largeur, la profondeur et le régime des cours d'eau, la nature du sol et les conditions climatologiques de la contrée. Quand bien même la cartographie ferait encore des progrès (et je ne puis résister à la tentation de citer en passant l'invention encore asjez récente delà chromo-lithographie, qui facilite tant la lecture des cartes), on ne saurait espérer qu'elle parvienne jamais à exprimer simultanément et sans confusion, à l'aide de signes conventionnels, tout ce qui se rapporte à la géographie physique. D'un autre côté, il serait peu raisonnable de supposer qu'un général, néces- sairement ménager de son temps, puisse s'astreindre à consulter toutes les cartes spéciales que l'on construit pour les services publics, et qui contiennent les renseignements que j'énumérais tout à l'heure : cartes géologiques, hydro- logiques, climatologiques, statistiques, etc. Mais doit-il renoncer à profiter de ces renseignements dont quelques-uns feront peut-être, un jour ou un autre, l'objet de ses préoccupations, et qui pourraient lui rendre de si grands services ? Je réponds encore non, sans hésiter, et je reviendrai tout à l'heure sur les moyens de simplifier la tâche du général. Quant à la nécessité, ou, si on le préfère, à l'utilité des renseignements de la nature de quelques-uns de ceux auxquels j'ai touché, elle est reconnue depuis longtemps par les militaires qui ont pratiqué l'art des reconnaissances et qui ont consigné ces renseignement^ dans d'importants mémoires demeurés des modèles à imiter, mais dont la plupart sont incomplets aujourd'hui. Les généraux qui les ont étudiés s'en sont toujours bien trouvés; ceux qui les ont ignorés ont eu souvent à s'en repentir. L'histoire militaire est, en effet, remplie d'accidents, et même de désastres occasionnés par l'ignorance de détails en apparence insignifiants, qui acqué- raient tout à coup des proportions considérables. Pour ne pas abuser de votre LADSSEDAT. — LA GÉOGRAPHIE PBYSIQUE ET LA DÉFENSE DU TERRITOIRE 4o temps, je me bornerai à mentionner un fait récent, encore présent à toutes les mémoires. Quoi de plus insignifiant au premier abord que la crue d'une rivière comme la Marne, avec les ressources de la capitale, pour y établir des ponts de bateaux ? Vous vous souvenez néanmoins que c'est à cette circonstance que l'on a attribué, à tort ou à raison, le relard des mouvements de l'armée de Paris, et jusqu'à l'insuccès de la tentative faite pour rompre les lignes d'inves- tissement de l'armée allemande (1). Le régime de la Marne est pourtant bien connu, grâce aux travaux de M. Belgrand, que je citais il y a un instant: mais peut-être n'a-t-on pas assez tenu compte de ce que l'on considérait comme une difficulté d'ordre secondaire ; peut-as été bien définis. Je ne pense pas, après tout ce que j'en ai dit, que l'on soit en peine de déter- miner aujourd'hui ce rôle, qui ne tarderait pas à acquérir une grande im- portance. Je ne reviendrai pas, à ce propos, sur l'énumération que j'ai faite précédem- ment des attributions qu'il conviendrait de donner au corps des signaux ; mais au moment où je quitle le service militaire, je considère presque comme un devoir d'insister sur celles de ces attributions qui seraient empruntées à des branches dont je me suis occupé plus particulièrement pendant plusieurs années. J'ai été en effet chargé, quelques-uns d'entre vous le savent, d'étu- dier les nouveaux moyens de correspondance à grandes distances et par voie aérienne. Tout en évitant de faire connaître publiquement l'état actuel des questions ^abordées par la commission que j'ai eu l'honneur de présider, il m'est permis de dire que la plupart de celles qui peuvent être considérées comme résolues ne produiront de résultats vraiment utiles qu'avec le con- cours d'un personnel spécial, choisi et assez nombreux néanmoins. Je n'ai pas manqué d'appeler sur ce point l'attention du ministre de la guerre; mais dans un temps où il faut faire face à tant de besoins à la fois, je suis d'avis moi-même qu'avant de proposer de nouveaux sacrifices au pays, il convient non-seulement d'être bien renseigné, mais de se sentir appuyé par l'opinion publique compélente. En vous prenant pour confidents et en cherchant à trouver parmi vous des partisans, comme j'en ai déjà rencontré parmi mes camarades de l'armée, je m'efforce, je ne le dissimule pas, de déterminer le mouvement d'opinion, l'a- gitation nécessaire qui, partant d'un milieu aussi éclairé que le vôtre, con- tribuerait sans doute à lever des scrupules que je ne saurais blâmer, tout en souhaitant qu'ils s'évanouissent. Permettez-moi, en terminant, de vous présenter, pour me défendre du re- proche d'inopportunité qui pourrait m'être adressé, quelques réflexions, qui s adressent d'ailleurs moins à vous qu'aux esprits timides ou sceptiques en matière d'innovalions, comme il en existe encore en si grand nombre, bien qu'ils ne fassent pas toujours équilibre à ceux qui s'engouent trop facilement. Nous sommes effectivement presque tous, je parle des gens de bonne foi et de bonne volonté, condamnés à naviguer entre les deux écueils également dangereux de la routine et de l'exagération. En ce qui concerne les institutions militaires, les événements prodigieux qui se sont accomplis pendant le siècle qui achève de s'écouler n'ont pas été sans exercer une influence fatale sur la direction que nous avons prise ou sur celle que nous cherchons à prendre, et qui de l'un des deux écueils peut nous rejeter sur l'autre. La fortune et la réputation des généraux de la République et de l'Empire, acquises, en apparence, d'emblée sur les champs de bataille, la légende du bâton de maréchal que tout soldat français portait dans sa giberne, le chauvinisme, LAUSSEDAT. LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET LA DÉFENSE DU TERUITOIUE iO en un mot, pour l'appeler par son nom, a produit sur plusieurs générations les plus dangereuses illusions, et à la longue sur les hommes qui occupaient les postes les plus élevés, une sorte de léthargie que le réveil brutal de 1870 est seul parvenu à secouer. En vertu de cet éternel principe de la réaction , dont il faut toujours nous défier, on est allé tout d'un coup à cette autre opinion extrême que toutes nos institutions, de la base au sommet, étaient mauvaises et que nous devions, en toutes choses, nous modeler sur les Prussiens. Par exemple, comme nos soldats étaient généralement illettrés, on n'a pas manqué de trouver là une cause d'infériorité, et l'on a poussé Pexagération jusqu'à dire que nous avions été vaincus par le maître d'école allemand, l'ersonne, certes, n'est plus par- tisan que moi de la diffusion de l'instruction, à tous les degrés et dans tous les rangs de l'armée et de la société, mais, comme tous ceux qui ont regardé les choses de près et de sang-froid, je crois, j'ose le dire, je suis certain que les véritables maîtres d'école allemands qui nous ont vaincus, ce sont les hommes laborieux, prévoyants et éncigiques, comme MM. de Koon et de Moltkc, investis d'une grande autorité et dont la liberté d'action était garantie par les institutions politiques et militaires de leur pays. Je ne suis pas suspect de germanisme, et je me garderais bien de conseil- ler à mon pays de recourir au régime prussien, mais je n'iiésile pas ù sou- haiter que nous parvenions, par la stabilité et par le jeu régulier de nos propres institutions mieux adaptées à notre tempérament national, à acquérir l'esprit de suite uni à l'esjirit d'initiative qui ont donné une si grande force à nos adversaires. Je suis tout à lait de l'avis de l'auteur de la brochure sur l'armée française en 1879, quand il dit que nous avons été vaincus en 1870 [larce que nous n'étions prêts nulle pari. Ce reproche ne poui-rait nous être adressé aujourd'hui; mais dans la situa- tion qui nous est faite, il faut nous attacher à être prêts partout, en tout et pour tout, et c'est ce qui m'a détsrminé à venir vous mettre ici au courant de questions qui sont évidemment de votre compétence et qui intéressent directement ceux de nos jeunes collègues, pbysiciens, naturalistes, ingénieurs, que le service militaire réclame. Ai-je besoin d'ajouter que la science, aussi bien que les arts libéraux, 1 in- dustrie, en un mot toutes les branches de l'activité humaine, ne prospèrent et ne peuvent prospérer que dans les pays qui savent garantir leur indépen- dance, la première et la plus sacrée des libertés et la source indispeustible de toutes les autres ? Puissent les avis que j'ai essayé de donner, ici et ailleurs, contribuer, pour une aussi faible part que ce soit, à atteindre un but vers lequel nul d'entre nous ne doit cesser de diriger ses regards et sa pensée. 50 SÉANCES GÉNÉRALES M. Emile TEELAT Directeur de l'Érole spéciale d'architecture, professeur au Conserratoire des arts et métiers. L'HYGIENE DE LA MAISON D'ECOLE Messieurs, La maison d'école dans une nation de trente-six millions de citoyens n'est pas, comme il paraît au premier abord, un édifice de chétive importance. A la considérer isolément, elle peut paraître telle. Mais, si -vous envisagez l'ensem- ble des établissements scolaires de l'enfance, c'est-à-dire les milliers de con- structions qui abritent des millions d'enfants, vous entrevoyez immédiatement au delà de ce mot une chose vraiment monumentale. Et si vous voulez bien réfléchir, vous découvrirez vite que la maison d'école doit être le premier souci de notre tâche patriotique ; que son installation, que sa distribution, que son aménagement doivent réunir toutes les ressources que l'expérience et la science peuvent fournir pour en faire le milieu le mieux approprié au déve- loppement physique, intellectuel et moral de cette graine, qui vous donnera un jour des citoyens. Que, si de la réflexion vous montez à la conscience des choses acquises, vous gagnerez ici l'émotion des grandes responsabilités d'une génération qui a vu s'amoindrir en ses mains le vieux patrimoine, qui se doit de refaire l'alelier de civilisation légué par quinze cents ans d'efforts, et qui soigne d'un œil jaloux tout ce qui concourt au relèvement national. Comme moi, vous surveillerez avant tout la petite école, celle que doit traverser la nation entière, et qui, pour cela, devrait être parfaite. Une école parfaite, ai-je dit. Mais j'aurais mal marqué la question que je traite si, à côté de ce desideratum si légitime, j'omettais de vous montrer les difficultés qu'elle com- porte. A'otre nation, Messieurs, est composée de races très variées, races qui se sont pénétrées ei qui, par l'échange de leurs aptitudes respectives, ont consti- tué. Dieu merci I un tempérament national très élastique et très fécond. Mais ces biens, acquis par de longs frottements et de longues luttes, ont exigé l'agrégation d'un grand territoire, c'est-à-dire la communauté de latitudes très diverses et de climats très différents. De là des conditions de vie très différen- tes aussi. Là où, comme à Montpellier, le soleil échauffe le sol pendant de longs mois et y emmagasine une grande quantité de chaleur, les habitations seront faciles à garantir des froids d'une courte saison d'hiver. Autre part, comme dans la Flandre ou dans les montagnes, il faudra, au contraire, s'in- génier à répandre artificiellement la chaleur dans les constructions et à l'y maintenir. Ces différences de conditions influent sur la maison d'école aussi bien que sur les habitations ; et je vous montre ici un ordre de circonstances qui peuvent singulièrement compliquer notre problème. EMILE TRÉLAT. — l'hYGIÈXE DE LA MAISON d'ÉCOLE 31 Il y a longtemps que la France a commencé la construction de ses maisons d'école. C'est la loi Guizot qui, en 1833, a mis en train cette grande entre- prise. Mais nous sommes bien loin de posséder encore tous les établissements nécessaires. Quand on examine, d'ailleurs, l'état des installations existantes, on découvre, au moins hors des grandes villes, bien des sujets de préoccupa- tions. Bon nombre d'écoles sont installées comme que comme, dans de vieilles constructions. Souvent les enfants y sont entassés dans les conditions les moins hygiéniques. Ici l'air fait défaut ; là, c'est la lumière. Autre part la cause d'in- salubrité gît dans le voisinage. 11 était temps de compléter notre appareil d'instruction primaire et d'y introduire des améliorations indispensables. Le Parlement a fait des lois et voté des fonds. Notre éminent président (1) le sait mieux que personne; car c'est sous et par son ministère qu'une des dis- positions les plus importantes a été prise. Notre ministre actuel (2) s'est préoc- cupé de l'emploi des nouvelles ressources. 11 a nommé une commission chargée de définir les dispositions générales auxquelles une installation cor- recte doit satisfaire. Hàtons-nous, car les Allemands ont pris une longue avance sur nous. Je me sens heureux, pour ma part, de l'occasion qui me violente et qui m'amè-ne à traiter devant vous cette question spéciale et à faire connaître à un grand public comme le vôtre, Messieurs, les conditions générales que la salubrité, l'efficacité du fonctionnement et les convenances imposent à la maison d'école. Je suis sûr que si je parviens à vous intéres- ser, j'aurai fait ici de nombreuses et belles recrues à la cause des écoles. Et, pour qu'une cause aboutisse dans un pays qui se gouverne par rojjinion c'est l'opinion qu'elle doit gagner. Il y a. Messieurs, truis conditions indispensables à remplir pour faire une bonne installation d'école en ce qui concerne sa construction . 11 faut : i° Que le sile de l'établissement soit sain ; 2" Que les matériaux employés dans la construction soient sains et qu'on puisse constamment les entretenir dans cet état; 3° Que la classe soit propice au travail. Je vais essayer de faire comprendre le sens, et de montrer l'importance de ces trois conditions sur lesquelles tous les hommes compétents sont aujour- d'hui d'accord, I Vous êtes frappés déjà. Messieurs, de la nécessité de satisfaire à la pre- mière condition. Je n'ai pour ainsi dire pas à y insister. L'emplacement sur lequel vous bâtirez une école doit être sain. Vous n'y souffrirez ni le contact, ni le voisinage d'un lieu délétère. Vous exigerez qu'aucun obstacle permanent n'arrête la circulation de l'air, ne réduise l'accès de la lumière, n'empêche la pénétration des rayons solaires, qui seront les facteurs immédiats de la salu- brité nécessaire à l'édifice. Tout cela est évident, et je ne vous en parle pas pour vous convaincre. Non, je veux seulement vous prémunir contre les négli- (1, .M Banloax. (2 .M. Jules Ferry. o2 SÉANCES GÉNÉRALES gences si fréquentes et si fatales que comportent les applications de toutes les choses simples. La précaution dont je vous parle est si évidente et si bien connue de tout le monde, que personne ne s'en préoccupe ; et quand l'dccasion se présentera, chacun, sans s'en apercevoir, laissera se produire une disposition calamitcuse. Je veux aussi attirer à ce propos votre attention sur les soi-disant économies que tel ou tel conseil municipal prétend réaliser en préférant un terrain insalubre moins cher à un terrain salubre plus coû- teux. Il ne faut jamais laisser la question se poser ainsi. Nous avons assez vu de ces mauvaises solutions, et les suites en sont assez fâcheuses pour que .outes les énergies du bon sens conspirent contre elles. Redisons-le : la mai- son d'école doit s'élever dans un emplacement sain et ne doit s'élever que là. Il faut y veiller. II La seconde condition vous dictera de n'employer que des « matériaux sains et constamment entretenus dans, cet état. » Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce que les pierres qu'on apporte de la carrière ou les bois débités en forêts et séchés à couvert peuvent être consi- dérés comme des éléments de salubrité ou d'insalubrité dans une construc- tion ? Entendons-nous. Très généralement tous ces matériaux sont sains dans la construction aussitôt qu'ils ont été débarrassés de l'eau dont on a pu les pénétrer pour leur mise en œuvre. Mais tous ils sont, quoique à des degrés divers, susceptibles de s'imprégner de gaz et d'agents moins définis qu'on nomme des miasmes, lorsqu'on les enferme au contact des personnes pendant un certain temps. Quand celte pénétration s'est faite, les matériaux consti- tuent une enveloppe malsaine pour les existences qui s'y abritent. Les murs, les planchers, les plafonds d'une pièce ne sont plus des protecteurs de la santé. Us en sont devenus les agents destructeurs, les ennemis permanents. On ne saurait trop se préoccuper de cela dans la construction de nos écoles. Conmient le peut-on faire utilement ? Je vous disais, il y a quelques instants, que tous les matériaux sont perméables aux gaz et aux miasmes, mais qu'ils le sont inégalement. Ce sera la première préoccupation à prendre de choisir ceu-$^ qui sont le moins spongieux, ou du moins de revêtir les faces internes des parois avec des matériaux susceptibles de se laisser masser sur eux- mêmes et lisser de manière à réduire les aspérités par lesquelles les mias- mes sont arrêtés au passage et les intervalles particulaires par lesquels ils pénètrent. Les bois durs ou les enduits denses, recouverts de bonnes peintu- res à l'huile, sont des ressources qui sont déjà très efficaces, sans occasionner de trop grosses dépenses. Mais cette précaution serait tout à fait insuffisante si on ne la complé- tait par un aménagement spécial. Il faut restreindre au minimum l'action infectieuse à laquelle sont soumis les matériaux des constructions scolaires. Quant une classe fonctionne, qu'elle est remplie d'écoliers, tous les gaz, tous les effluves de la vie se dégagent, voyagent à la rencontre des parois, y bri- sent leur marche et s'y immobilisent en partie. Si les conditions du local ne EMILE TRÉLAT. l'hYGIÈNE DE LA MAISON d'ÉCOLE 53 changent pas, si les émanations vitales persistent, les parois les fixent en quantités de plus en plus grandes, et bientôt toutes les surfaces en sont revê- tues sans discontinuité. Au delà de cet instant, les incessants effluves qui se présentent pressent au passage ceux qui habillent déjà les murs, et peu à peu la pénétration s'effectue. Elle est plus lente sur des matériaux durs et bien lissés; mais ce n'est déjà plus qu'une question de temps. L'infection est com- mencée, et avec l'infection on verra la santé des habitants s'étioler. Je viens de décrire le vilain phénomène qui se développe dans toutes les salles fermées où l'on maintient sans précaution un nombreux personnel assemblé. Il fauf. absolument s'occuper d'en garantir nos écoles. C'est malheureusement ce qu'on néglige trop souvent. Veuillez vous rappeler, Messieurs, les différentes étapes que parcourt l'infec- tion des murs. Il suffit, pour empêcher le mal d'en interrompre la continuité ou plutôt de ruiner, à mesure qu'ils se produisent, les premiers dépôts mias- matiques sur les surfaces. C'est un résultat qu'on obtient avec certitude en aérant énergiquement les salles populeuses. L'aération pourtant ne sera efficace qu'à deux conditions. Il faudra qu'elle s'exerce dès le début, après un court séjour des écoliers dans les classes, et qu'elle intervienne ensuite régulièrement entre les séjours subséquents, lesquels ne seront jamais prolongés. Il faudra, en outre, que les courants d'air soient distribués de manière à lécher toutes les surfaces intérieures. L'effet qu'on obtiendra ainsi est très facile à comprendre. Si on avait attendu que les murs fussent imprégnés de miasmes ou simplemen'. revêtus d'une salissure continue, les plus violents courants eussent été impuis- sants à les laver. Mais on a agi sur les premières atteintes, alors que les gaz ou les effluves s'étaient à peine déposés par taches isolées sur les surfaces. Dans ces conditions, une aération bien ordonnée est toujours efficace. Résu- mons-nous : « Les parois d'une classe ne recevront pas pendant un long temps continu l'action des effluves vitaux du personnel qu'elles abritent. Cette action malfaisante sera interrompue par de fréquents courants d'air traversant la salle et frisant toutes les surfaces ambiantes. » On assurera cet important service en perçant sur deux faces opposées du local de larges baies munies de clô- tures mobiles. Toutes les fois que la classe sera inoccupée, ces baies seront ouvertes; et, comme l'air extérieur n'est jamiis immobile, surtout au voisinage des constructions habitées, un courant s'établira au travers de la salle et y produira l'effet voulu. Je reviendrai dans quelques instants sur ces renouvel- lements d'air, qui nous réservent encore d'autres effets salutaires, et je parlerai en temps convenable de l'introduction des rayons solaires dans les classes. Mais je la signale déjà comme un complément nécessaire aux garanties contre l'infection des murs. III J'arrive, Messieurs, à la troisième condition : « La classe d'une école doit être propice au travail. » La solution qu'il faut atteindre ici est bien autrement compliquée que celles qui viennent d'être exposées. Je puis vous donner en quelques mots la mesure 54 SÉANCES GÉNÉRALES de cette complication, il me[suffira de désigner chacune des ressources dont une classe devra être pourvue pour qu'elle rende le service qu'on en attend, c'est- à-dire pour que tout y concoure à mettre l'écolier dans la main du maître, pour que rien ne l'éloigné ou le distraie de son travail, pour qu'il fournisse la plus grande somme d'application, en un mot, pour qu'il se donne momen- tanément tout entier à l'étude. Écoutez. Si vous placiez pendant longtemps des enfants dans une classe fermée, s'ils y étaient péniblement assis, incommo- dément attablés, comprimés entre leurs voisins, confinés entre des murs et un plafond assez rapprochés pour les laisser manquer d'air, soumis aux effets d'une température excessive, ou faible ou forte, tourmentés dans l'exercice de leurs yeux par une lumière insuffisante ou agressive, croyez-vous qu'il serait possible à un maître de concentrer la pensée de ces enfants sur un sujet d'étude, de ravir leur attention aux nombreuses petites énergies excitées par tant de distractions pénibles ? Vous ne le croyez certainement pas. Mais ce simple énoncé vous montre combien de soins il faudra prendre pour disposer une salle d'étude. Et vous me comprendrez désormais quand je vous dirai que des écoliers ne doivent pas séjourner longtemps de suite à la classe, qu'ils ne doivent pas y être maintenus plus d'une heure ou une heure un quart sans la quitter. Mais, ce premier soin pris, il en faudra prendre bien d'autres. Les enfants auront un bon niobilier, oii ils seront bien assis et bien attablés pour le travail. Chacun d'eux disposera d'un espace superficiel suf- fisant pour garder à sa place toute l'aisance nécessaire aux divers exercices de l'enseignement. Le cubage total de la salle lui réservera un copieux volume d'air, et cet air sera sain. La température ne s'écartera pas d'un état moyen convenable. L'éclairage du local sera abondant et tellement aménagé que les yeux s'y reposent avec sécurité sur tous les objets et qu'ils ne soient jamais ni excités, ni troublés, ni sollicités par l'introduction de la lumière. Ces indications suffisent à montrer la complication du problème. Elles ne vous donnent pas la confiance qu'on renconire dans la connaissance des solutions. .Je vais essayer, puisque votre bienveillance m'y invite, de vous éclairer plus intimement. Je laisse de côté la question du mobilier des écoles. Elle est assez minu- tieuse. On y discute encore sur de nombreux petits détails, et il serait difficile d'y insister ici sans fatiguer votre attention. Je donne en passant deux chif- fres importants. Le défaut d'espace est général dans les anciens établisse- ments. On n'y réservait guère que neuf dixièmes de mètre superficiel à cha- que enfant. Les hommes compétents veulent aujourd'hui qu'on leur fournisse au moins six cinquièmes de mètre. Ils veulent aussi que la capacité cubique de la salle leur ménage un cube de cinq mètres. Mais j'ai dit que cette capacité devait être occupée par de l'air sain. Un local simplement spacieux n'assurerait pas la permanence d'une pareille condition. Tant s'en faut ! Après un certain temps d'habitation de la classe, les effluves vitaux n'auront pas manqué de salir l'atmosphère et de la rendre impropre à la santé. Comment conjurerons-nous ce danger ? Rappelez-vous, Messieurs, les courants d'air que nous avons déjà ménagés dans la classe pour en assai- nir les murs L'a double rôle leur est ici réservé. Ils vont renouveler l'atmos- EMILE TRÉLAT. — l'hYGIÈNE DE LA M\lSO.\ d'ÉCOLE o5 phère toutes les fois que les écoliers seront au jeu. Je ne doute pas que vous compreniez maintenant l'utilité des baies d'aérage, percées sur deux faces (jpposées, et la nécessité d'en tirer régulièrement parti. Nos administrations, nos municipalités devraient en imposer l'usage. Tous les instituteurs devraient élever à la hauteur d'un précepte cette règle salutaire : Comme l'enfant et en même temps que lui, la classe doit être mise en récréation et en plein air. Nous n'en sommes pas là, hélas ! Il y a de très nombreuses écoles oii l'on n'ouvre jamais les fenêtres, et on les ouvre bien peu dans les autres. Admettons pourtant que nous sachions ouvrir les fenêtres pendant les récréa- tions, que chaque fois que l'écolier rentre en classe il y trouve une atmos- phère nouvelle et pure, s'ensuivra-t-il qu'il y respirera jusqu'à la fin de l'air pur? Non, malheureusement. Et vous allez le comprendre. Messieurs. La classe offrira à chaque enfant o mètres cubes d'air disponible. Et je vous ferai remarquer en passant que cette réserve respiratoire est très luxueuse, qu'on ne saurait l'excéder sans faire des dépenses folles et sans rendre impossible le chauffage d'hiver, dont je devrai vous parler bientôt. Voici donc l'enfant à sa place avec ses 5 mètres cubes d'air pour une heure de classe. Mais l'expérience a montré que cette ration est insuffisante. Dès le milieu de la leçon, l'air sera sensiblement sali, et, à la fin, l'alimentation des poumons sera devenue misé- rable. On ne saurait laisser les choses dans cet état. Des courants à vitesse insensible devront être entretenus dans la salle, de manière à en renouveler l'air plusieurs fois pendant que les élèves y séjournent. Cet office sera rempli, pendant les saisons clémentes, par des vasistas convenablement dis- posés, et pendant l'hiver, par une alimentation d'air attiédi autour de l'appa- reil de chauffage. Une classe ainsi aménagée fournira toute la salubrité désirable. Je vous prie, Messieurs, de ne pas oublier que la source capitale de cette salubrité gît dans les pleins courants d'air, qui ménagent à l'écolier rentranten classe une atmosphère toute neuve et récemment puisée sous la calotte des cieux. Les autres disposi- tions sont des adjuvants nécessaires, mais ce ne sont que des adjuvants. On s'est efforcé depuis trente ans de résoudre tout autrement la question. On comptait exclusivement sur ce qu'on nomme la ventilation artificielle pour assainir les locaux scolaires. Les baies des salles restaient systématiquement closes, et l'air neuf était introduit à travers des conduits plus ou moins longs, relativement étroits, souvent malpropres et toujours sombres. Un appel de chaleur lui faisait traverser la salle et le rejetait en dehors. On a poussé très loin la science et l'habileté pratique de ces sortes d'installations. On a tout fait pour en dégager les précieux avantages qu'on voulait atteindre. L'idée qu'on servait était très simple. On croyait qu'un local rempli d'habitants était d'au- tant plus sain qu'on y introduisait une plus grande quantité d'air neuf, et on a fait des ventilations procurant à chaque individu la disponibilité de 10, 20, 30, 100,200 et jusqu'à 2o0 mètres cubes d'air neuf par heure. En fin de compte, on n'a pas vu que ces croissantes alimentations aient proportionnellement accru la salubrité des locaux. Elles n'ont certainement pas fait taire les plaintes de ceux qui y cherchaient satisfaction. C'est que la quantité n'est pas la seule con- dition d'un bon aérage, 11 faut s'assurer de la bonne qualité de cet aérage. Le S6 SÉANCES GÉNÉRALES plein air qui pénètre immédiatement dans une pièce est sain ; celui qui tra- verse un long tuyau sombre avant d'entrer ne l'est plus, ou du moins il a perdu une de ses vertus salutaires. Mais il n'est pas vraisemblable, direz-vous, qu'un voyage de quelques mètres dans un canal bien clos puisse enlever à de l'air en mouvement les qualités qu'il avait au dehors; il n'est pas possible que quelques secondes suffisent à l'en priver. — Regardez, je vous prie, avec moi l'intérieur de ce conduit. Que sont ces toiles d'araignées, ces poussières, ces petites organisations microscopiques? Qu'est-ce, sinon le résultat du passage de l'air? Et qu'est-ce que ce conduit, sinon un perfide laboratoire, où l'air agit en modifiant sa condition en même temps qu'il se souille au contact des pro- duits qu'il engendre ? N'ayons jamais. Messieurs, que de très courts canaux d'arrivée d'air quand nous établissons une ventilation artificielle. Mais, avant tout, ouvrons le plus souvent que nous pourrons Jes fenêtres de nos écoles. Le mot n'est pas de moi. 11 est d'une femme, d'une Anglaise de haut sens et de haut dévouement. Miss Nitthingale s'est faite, il y a vingt ans, l'apôtre de l'introduction quasi permanente du plein air dans les salles d'hôpitaux et dans les lieux d'habitation commune. On n'a pas le droit d'oublier le nom de cette femme généreuse, quand on use de son précepte et qu'on prêche la bonne aération dans les écoles. Je m'étendrai peu sur les [procédés employés pour entretenir une tempéra- ture convenable à l'école pendant l'hiver. J'ai déjà incidemment parlé de l'ap- pîireil qui produira la chaleur en vous faisant connaître la part de ventilation qu'il devra assurer. Il occupera une des extrémités de la classe. 11 va de soi que sa puissance et son volume seront proportionnés à la dureté du climat et à l'étendue des surfaces de refroidissement qui entourent la salle. Mais l'ouverture des fenêtres pendant les récréations commande ici un agence- ment particulier. Un poêle simplement proportionné à la quantité de chaleur nécessaire pour maintenir la température à un degré convenable pendant que la salle est occupée ne suffirait pas. Entre les classes et pendant que les fenêtres sont ouvertes, le local se refroidit. Il faut promplement le réchauffer à la ren- trée des élèves. On obtient ce résultat en enveloppant partiellement le poêle avec des matériaux très peu conducteurs, tels que de la terre cuite, et en dis- posant tout l'appareil dans une grande armoire. Pendant^que les fenêtres sont ouvertes, l'armoire est fermée, et la terre cuite emmagasine de la chaleur. On ouvre, au contraire, l'armoire, aussitôt que les fenêtres sont fermées. La terre cuite se refroidit en réchauffant la pièce avant l'arrivée des élèves, et l'appa- reil, débarrassé de la chaleur économisée pendant la récréation, reprend son fonctionnement &in)ple pendant le cours de l'étude. Il me reste à vous parler de Yeolairage des classes. C'est un sujet que je n'aborde pas devant vous, Messieurs, avec la liberté qui me serait nécessaire. On n'y est pas d'accord en tous points sur la meilleure solution. J'y délendsavec conviction des idées qui me sont personnelles et qui sont établies sur de longues études. Mais le hasard me fait à cette belle tribune des avantages de fortune que ne partageraient pas des contradicteurs qui sont mes collègues dans cette Association, et que je sais absents. Tout plein que je sois de mon sujet, je reste plus honnête homme qu'amoureux, et; je délaisse une arme inégale. Je EMILE TRÉLAT. — l'hYGIÈNE DE LA MAISON d'ÉCOLE o7 ne plaiderai pas, j'exposerai. Et j'espère qu'en élevant assez haut les généra- lités de la question, je pourrai encore vous intéresser. J'énonce d'abord les données du problème de l'éclairage des classes. Elles sont diverses. Si Von veut que l'effort de concentration auquel on soumet l'enfant en classe, porte ses fruits, il faut réduire au minimum la fatigue inutile de ses sens, surtout la fatigue de la vue, qui est le sens délicat entre tous ; si l'on veut qu'il travaille franchement, il faut que le milieu sur lequel il exerce sa vue soit facile à péné- trer, c'est-à-dire tr'es\clair. Tout le monde comprend cela. Si Von veut que l'enfant ne compromette pas le développement de sa jeune vue, n'abhne pas ses yeux à Vécole, il faut lui éviter la gymnastique excessive qu'im- posent aux regards occupés les locaux pauvrement éclairés. Les physiologistes ont admirablement expliqué cela depuis dix ans, et personne ne le discute. Si l'on veut que l'enfant commence dès l'école à s'intéresser au monde tics formes et y découvre déjà ses aptitudes plastiques, il faut le mettre 'dans une classe où une lumière franche attaque franchement Jous les objets, choses ou personnes. Je développerai ce dernier énoncé. Je viens de vous faire connaître les trois considérations, les trois besoins, les trois nécessités qui commandent au pédagogue et au constructeur d'ins- taller dans les classes un excellent éclairage. Il y en a trois. On peut discuter leur importance relative. Personne ne les saurait nier. Je veux, Messieurs, vous faire saisir toute la portée du troisième énoncé. Pour le comprendre, il faut considérablement agrandir le sujet. Il faut se rendre compte de l'effet éducateur produit sur un écolier, surtout sur un écolier français, qui aura travaillé et appliqué son attention pendant sa pre- mière enfance et pendant plusieurs heures par jour, dans un local où la lumière aura été aménagée de telle sorte que la forme de tous les objets qui l'entourent se soit constamment présentée à sa vue avec son maximum d'ex- pression. Il faut reconnaître si ces conditions, remplies ou non remplies, agi- ront sur ses capacités futures. Permettez-moi d'arrêter vos espri's sur deux observations. L'humanité est une collection d'individus très différents et très inégaux dans leurs capacités. Il n'est pas difficile de remonter aux sources de cette dissem- blance, qui est la cause principale de la progression des sociétés. Ce qui fait la puissance sociale, c'est la connaissance et la possession croissante du monde. Comment l'homme entre-t-il en cette possession? Par l'intelligence recueillant et réduisant les cinq ordres de conquêtes que nos sens lui fntirnissent. Nos sens, en effet, sont des explorateurs sans cesse en expédition, directe ou indi- recte, lointaine ou rapprochée. Quand ces explorateurs sont vigoureux et com- plets, leur prise est abondante, et l'intelligence, pourvue par eux de riches matériaux, fonctionne pleinement et prend une large envergure. L'homme qui serait également sur de ses cinq sens et qui les exercerait tous également pro- curerait à son intelligence un équilibre parfait, et à ses connaissances une absolue correction. Cela ne s'est peut-être jamais rencontré. En général, l'un des sens: vue, toucher, ouïe, etc., l'emporte ou défaille, et l'on a des tempéraments intellectuels qui se désharmonisent et qui prennent des accents singuliers et 58 SÉANCES GÉiSÉRALES souvent excessifs. On connaît cependant des races ou des peuples qui ont eu le privilège d'une grande prépondérance intellectuelle et qui ont marqué leurs œuvres d'un puissant trait d'originalité. C'est ainsi que les Grecs, et les Athé- niens surtout, ont été par excellence un peuple plasticien, anxieux de la forme, la connaissant et la cultivant avec un art sans pareil. Il ne faut pas douter que la petite société athénienne était composée d'hommes génériquement pour- vus de sens solides et complets ; mais chez eux la vue, qui est le sens de la forme, l'emportait sensiblement sur les autres en force, en acuité et en finesse. Aucun peuple n'a égalé les Grecs dans les arts de la forme. Mais le Français est celui qui s'en approche le plus. Cette similitude de tempérament, 'cette disposition spéciale des sens, cette prédominance de la vue chez les Français, sont une richesse nationale, un fonds patriotique qu'il faut constater, appré- cier et ne jamais négliger. C'est à cela. Messieurs, quaboutit la première partie de ma digression. Voici la seconde. Un sens bien entier, bien amené par la[nature, et tout prêt à l'éducation, peut s'abîmer s'il est mal exercé. A l'inverse, il peut s'accroître et prospérer si on l'exerce dans de bonnes conditions. J'applique immédiatement cela au sens de la vue qui doit tant nous préoccuper. Comment exercer efficacement ce 'sens de la vue? comment l'amener à fonctionner de façon à gagner non seulement l'habitude vulgaire de connaître les choses, mais aussi l'habilude ,déjà [^supérieure d'en apprécier les formes'^ Comment faire pour que sa portée ne s'arrête pas à la première étape ? L'édu- cation est la même pour tous les sens. ^Quand vous voulez développer les capacités du sens du toucher, vous soumettez le corps et toutes les parties du corps à des exercices simplifiés, méthodiques et coordonnés. Quand vous vou- lez développer les capacités de l'ouïe, vous l'exercez au milieu de sons mesu- rés et rythmés. Si nous voulons développer ^les capacités plastiques de la vue, nous l'exercerons au milieu d'éclairages simplifiés et jamais contrariés. J'ai marqué. Messieurs, le ^sens et l'importance de la troisième utilité des bons éclairages des classes. Ils doivent être non seulement limpides pour aider le travail, abondants pour conserver les yeux, mais ordonnés pour favo- riser rexercice[_de la vue dans le sens de son éducation plastique. J'aurai par- fait ma tâche lorsque je vous aurai_fait connaître les deux solutions qui sont en présence. Il y a une première solution , c'est celle que défendent mes honorables con- tradicteurs. Ils ne se [préoccupent ["pas de la troisième condition. Ils la laissent en oubU, et comme il ne s'agit pour eux que de jeter dans les classes une quantité de lumière abondante pour que le milieu soit clair, ils se con- tentent de vitrer les ouvertures opposées qui servent à l'aérage de la classe. De cette façon le jour est aUmentépar deux sources lumineuses et les rayons d'é- clairage se croisent au milieu des élèves en les attaquant de droite et de gauche. C'est ce qu'on nomme le jour bilatéral. Il y a la seconde solution ; c'est celle que je défends. Nous nous y préoccu- pons autant que nos adversaires de verser un jour abondant dans la classe; car nous apprécions l'importance capitale des deux premières nécessités: faci- EMILE TRÉLAT. l' HYGIÈNE DE LA MAISON d'ÉCOLE o9 îité de travail, santé de l'œil. Mais nous voulons satisfaire à la troisième: cons- titution d'un milieu favorable à la lecture des formes. Cette visée commande, non seulement la quantité de la lumière, mais aussi la qualité de Véclairage. Cette qualité sera obtenue ici par l'unité d'action de la lumière, afin que la forme des objets ne soit pas troublée par un enchevêtrement de clairs et d'ombres inverses, conséquence forcée des lumières croisées. 11 faudra donc supprimer les jours opposés et n'avoir plus qu'une face d'éclairage. Cette face (l'éclairage sera assez développée en hauteur pour que la lumière plonge dans les parties les plus profondes de la classe et en aussi grande quantité que celle qu'on introduisait dans la classe à deux jours. Cela implique, relativement à la profondeur des classes, une hauteur sous plafond plus grande que dans la première solution. Cet éclairage, qui donne de très beaux résultats dans l'application, prend, par opposition au premier, le nom d'éclairage unilatéral. Il va sans dire que Vunité de la face d'éclairage ne supprime pas la dualité des faces d'aération. Les baies qui sont opposées à celles du jour sont closes par des volets pleins qui ne s'ouvrent que dans les récréations pour assurer le renouvellement de l'air et l'introduction du soleil. "Vous voyez les deux systèmes. Ils s'opposent par leur disposition aussi bien que par leurs noms. 11 y aurait beaucoup à dire sur ce sujet, et l'on a déjà beaucoup dit et beaucoup écrit. Je vous ai annoncé que je ne plaiderais pas ici. Je resterai dans les généralités d'une simple exposition. En terminant, toutefois, permettez-moi de déposer dans vos esprits et de recommander à vos réflexions patriotiques ce trésor certain, mais trop souvent caché, qui est dans nos écoles françaises, ici ou là, dans cet enfant ou dans cet autre, ce trésor qui est l'embryon d'un futur grand peintre ou d'un futur grand statuaire, ou d'un futur grand architecte. Il y est un peu partout. Pre- nez garde de le laisser échapper dans les veales et muettes clartés des éclai- rages compliqués. Je ne .sais vraiment pas retenir ce.'? pensées quand je songe aux ressorts artistiques de mon pays; quand je me reporte aux émotions si salutaires que nous avons recueillies depuis huit ans dans l'œuvre de notre statuaire. En face de pareilles splendeurs, comment ne pas surveiller de près nos aptitudes plasticiennes? N'en doutons pas ; c'est un devoir sacré! Voilà, Messieurs, l'hygiène de la maison d'école, telle qu'elle m'apparaîl dans son large cadre, et je vous ai dit tout ce que je pouvais vous [en dire dans les limites de la con.^igne si inattendue, qui m'a été donnée. 60 SÉANCES GÉNÉRALES M. Trédéric PASSÎ Membre de l'Institut. DE LA BALANCE DU COMMERCE ET DU VERITABLE ROLE DES METAUX PRECIEUX DANS LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX. SÉANCES DE SECTIONS l^' G-roupe SCIENCES MATHÉMATIQUES 1'* & 2""' Sections M ATHËMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉGANIQUE Président d'honneur M. ALEXEEFF. Professeur à l'Université de Moscou. Président M. LAISANT, Ancien élève de l'École Polytechnique, Docteur es sciences mathématiques, Député de la Loire-Infer- Vice-Président." M. DARBOUX, Professeur suprléaut à la Faculté des Sciences de Paris. Secrétaires iMM. LUCAS (Ed.), Professeur au Lycée Charlemagne. PICQUET, Capitaine du génie. Répétiteur à l'École Polytech- nique. M. LAISAÎfT Député de la Loiie-Inféricure, Docteur es sciences mathémaUques. DISCOURS D'OUVERTURE. — Séance du S 9 août 1879. — Messieurs, Lorsqu'une Société littéraire, scientifique ou artistique appelle l'un de ses membres à l'honneur de diriger temporairement ses travaux, elle s'attache d'ordinaire à choisir un homme éminent, connu par ses pro- 62 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE ductions antérieures, et dont la célébrité puisse ajouter à l'éclat de la Société elle-même. Du même coup, on rend ainsi au talent un légitime nommage, en mettant à la première place les plus dignes et les plus distingués. Il est possible de s'inspirer aussi de considérations différentes; et, pour appeler à la présidence, successivement, le plus grand nombre de membres, il arrive alors qu'on ne réclame parfois de celui auquel on confie cet honneur qu'une condition exclusive : la bonne volonté. Jusqu'à l'année dernière, les sections réunies de mathématiques de l'Association française pour Favancement des sciences avaient constam- ment suivi la première méthode. Pour le montrer il me suffira de vous remettre sous les yeux les noms des présidents de ces sections dans les sept Congrès tenus depuis 1872 jusqu'à 1878; ce furent successivement MM. Valat, Laussedat, Catalan, Mannheim, Bréguet^ Catalan, CoUignon. Il n'est pas inutile non plus de rappeler que M. Sylvester fut notre prési- dent d'honneur en 1874 et en 1877, aux Congrès de Lille et du Havre, et M. Tchebichef aux Congrès de Clermont-Ferrand et de Paris en 1875 et en 1878. A ce Congrès de Paris, vous vous êtes départis, Messieurs, de cette tradition jusqu'alors respectée, lorsque vous avez porté vos voix sur celui qui a l'honneur d'ouvrir aujourd'hui vos travaux, alors que ses titres scientifiques se résumaient en si peu de chose, et que j'aperce- vais autour de moi tant d'hommes éminents. Je ne me suis pas cru en droit, cependant, de décliner un tel hon- neur, parce que j'ai vu surtout chez vous l'intention de récompenser en moi l'amour ardent et profond de la science, mérite que je me per- mets de m'altribuer sans la moindre modestie. Toutefois, je ne pou- vais accepter les fonctions que vous jugiez bon de me confier, sans vous payer, autrement qu'en paroles, la dette de reconnaissance à laquelle vous aviez droit. C'était à mes yeux un devoir absolu. Diriger tous mes efforts dans le sens de la plus complète réussite de nos tra- vaux, au présent Congrès, ne pouvait suffire. Il m'a semblé qu'il y avait une autre œuvre utile à faire, une sorte de lacune à combler, et, peut-être, un bon exemple à donner à nos successeurs, en essayant de faire l'historique de nos travaux depuis la fondation de 1 Association jusqu'au Congrès de Paris, inclusivement. C'est ce travail que je dépose aujourd'hui sur votre bureau, sans me- faire aucune illusion sur la valeur vraie qu'il présente, mais avec la conscience qu'il pourra être consulté avec quelque fruit, et qu'il servira tout au moins à faciliter les recherches, lorsque l'on voudra étudier nos comptes rendus dans l'avenir. Si désormais, soit chaque année, soit tous les deux ans, on prend le LAISANT. DISCOUIIS d' OUVERTURE 63 parti de continuer cette sorte d'inventaire, il y aura là une besogne assez simple, puisqu'elle ne portera que sur deux sessions tout au plus, et on pourra poursuivre cette œuvre sans aucune peine. La réunion de toutes ces notices donnera, à un moment quelconque, l'histoire complète des mathématiques dans l'Association française. Pour mon compte, dans cet historique de nos sept premières années, je me suis attaché à la précision et à la fidélité, beaucoup plus qu'à l'élé- gance. Il vous appartient de porter un jugement sur ce travail qui n'a d'autre prétention que celle d'être utile ; mais vous me permettrez seu- lement d'appeler votre attention sur quelques remarques générales qui se dégagent de l'examen de nos travaux antérieurs. La première, c'est que la contribution relative des sciences mathéma- tiques aux travaux de l'Association française n'a pas cessé de s'accroître d'année en année. En second lieu, il est à observer que depuis ces dernières années surtout, aucune des découvertes imj^ortantes, aucune des questions trai- tées dans les recueils spéciaux et agitées d'une manière un peu géné- rale, soit en France, soit à l'étranger, n'est restée en dehors de nos études. Par contre, plusieurs questions originales ontpris naissance dans l'Asso- ciation française et se sont ensuite développées et accrues en passant dans d'autres milieux. A tous ces points de vue , nous pouvons donc nous rendre cette jus- tice, que nous avons contribué, pour notre part, à Yavancement (/e,< saewces, justitiant ainsi Je titre de notre Association. Il n'en pouvait être autrement. C'est que nos réunions ont toujours eu un caractère bien spécial qui nous distingue des autres Sociétés scientifiques, et qui est propre à favoriser les progrès de la science. A côté des illustrations mathématiques les plus élevées de l.i France et du inonde entier, nous n'avons pas cessé de voir, grâce à notre organisation large et libérale, des savants obscurs ou modestes, des jeunes gens, parfois de simples élèves, venant tous au même titre, et heureux de s'instruire en écoutant leurs éminents collègues. (^ette réunion amicale des jeunes et des hommes d'expérience, des élèves et des maîtres, des illustres et des ignorés, toujours cordiale et bienveillante d'un côté, respectueuse de fautre, a quelque chose de touchant; elle est de nature à provoquer de plus en plus une noble et productive émulation. Félicitons-nous donc. Messieurs ; nous sommes dans une bonne voie ; le Congrès de Montpellier, — tout jusqu'à présent nous permet de l'es- pérer, — ne le cédera en rien à ses aînés, pour ce qui concerne les sciences mathématiques et astronomiques. C)i MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Et maintenant, mettons-nous à l'œuvre, non sans avoir préalablement remercié, —je suis sûr, en le faisant, d'être votre véritable interprète, — mon prédécesseur, M. CoUignon, qui a dirigé d'une manière si distin- "•Liée nos travaux du Congrès de Paris, et les autres membres du bureau, c'est-à-dire MM. Catalan, vice-président, Edouard Lucas et Picquet, secrétaires, pour le zèle et l'intelligence qu'ils n'ont cessé d'apporter dans l'accomplissement de leur tâche. NOTICE HISTORIQUE SUR LES TRAVAUX DES PREMIÈRE ET DEUXIÈME SECTIONS JUSQU'EN 1878 INCLUSIVEMENT. I ANALYSE ALGÉBRIQUE. — CALCUL DES PROBABILITÉS. — THÉORIE DES NOMBRES. 1872 Les travaux mathématiques de V Association française pour V avancement des sciences s'ouvraient en J872, au Congrès de Bordeaux, par une communica- tion de M. Catalan ayant pour titre : Nouvelle formule d'ititérêt compose. D'après M. Catalan, la formule A = a ( 1 -f 0" ? conséquence nécessaire de l'intérêt proportionnel au temps, conduit à des conséquences pour ainsi dire absurdes et anti-sociales. D'un autre côté, il est admis que si l'on paie l'in- térêt simple, on doit toujours le capital. De cet axiome résultent les rentes perpéluelles, l'accumulation des capitaux dans quelques mains, etc. M. Catalan s'est proposé de remplacer la formule ci-dessus par une autre, qui ne présente pas les mêmes inconvénients, et qui néanmoins s'accorde sensiblenjent avec la première, tant que n ne dépasse pas la durée ordinaire des contrats : iO à 50 ans, 100 ans au maximum. Après quelques truonne- ments, il a trouvé, comme solution de ce problème indéterminé : a -\~ p a ^-f '+ m p étant un nombre entier constant, dont la valeur est fixée suivant les con- ventions. Cette formule est certainement digne d'attention au point de vue théorique, que l'on partage ou non l'opinion de M. Catalan sur le principe môme de l'intérêt. LAISANT. — DISCOURS d'ouVERTURE 65 1874 En 'J874, à Lille, M. Catalan communiquait une note Sur la méthode des moindres carrés, dont la minute a été malheureusement détruite dans l'in- cendie de l'imprimerie Danel. La plupart des résultats obtenus sont reproduits dans le mémoire intitulé : Remarques sur la théorie des moindres carrés (Aca- démie de Belgique, 1878). On y trouve spécialement ce théorème : Si la somme des carrés des erreurs véritables est un minimum, la somme des carrés des erreurs virtuelles est aussi un minimum. Cela n'est pas évident a prtorj, les erreurs virtuelles étant données, en fonction des erreurs véritables, par des relations de la forme Wy = a v) — a IV, v)\ = a lo" — a!' w, id\ = a w" — a" io\ . . A Lille, également, M. Broch, le savant professeur de l'université d* Chris- tiania, présente un travail Sur la représentation graphique des nombres complexes. On appelle ainsi les quantités de la forme a -\- b i, a et 6 étant des nombres entiers réels. En convenant de les représenter par les carrés d'un quadrillage, d'après une règle analogue à celle de la représentation des quantités com- plexes quelconques, il est possible de mettre en relief, d'une manière frappante, quelques-unes des propriétés de ces nombres. C'est ce qu'a fait M. Thiele, de Copenhague. M. Broch s'est surtout attaché à la représenlation, au moyen de cette méthode, des résidus quadratiques suivant des modules quelconques; il a joint à sa communication un certain nombre de tableaux qui présentent des dessins mosaïques fort curieux, traduction des résidus quadratiques rela- tifs aux modules 1 -I- i, 2 4- i, 3-1- 2 j, 4 -f- », 5 -I- 2î, 5 -f- M, 6 -\- i, etc. Dans cotte voie, il y aurait encore des recherches intéressantes à faire, et la théorie des nombres y trouverait sans doute des ressources précieuses. II doit y avoir un lien, curieux à étudier, entre ces propriétés des nombres complexes et les lois de la géométrie des quinconces. Dans la même session, M. Laporte, de Bordeaux, a fait une communi- cation Sur les méthodes probables de Fermât, en essayant de se pénétrer des sujets familiers à l'illustre géomètre, et des conceptions géométriques ou con- crètes des anciens; mais c'est là une question sur laquelle plane toujours un certain mystère, et qu'il semble difficile de résoudre en dehors de la décou- verte de documents nouveaux, surtout en ce qui concerne le célèbre théorème, objet des recherches infructueuses de tant de géomètres : L'équation xn -^- yii :=: zn est impossible en nombres entiers. 1875 Au Congrès de Nantes, M. Laisant a communiqué une note ayant pour titre : Calcul du 2)roduit de tous les sinus du premier quadrant, de degré en , ■ r A ■ . ^ V~^ ' degré. Le produit a pour valeur-^ — — - — • 66 MATHÉMATIQUES. ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Les comptes rendus de ce Congrès de 1875 contiennent un mémoire de M. Ed. Collignon, reproduisant sa communication Sur la résolution des équa- tions numériques. La méthode consiste essentiellement à mettre l'équation pro- posée sous une forme qui contribue à augmenter les accidents de la fonction entre les limites où sont comprises les racines. On arrive ainsi à augmenter de beaucoup la valeur pratique des procédés graphiques utilisés ordinairement pour la recherche des racines. La séparation se fait simplement, rapidement dans beaucoup de cas ; elle n'exige que quelques calculs et de petits croquis à main levée. L'intéressant mémoire de M. Collignon se termine par l'indication de tableaux graphiques, construits une fois pour toutes, et permettant de résou- dre les équations du troisième et du quatrième degré, au lieu d'obliger à la construction d'une épure spéciale pour chaque cas particulier. 1876 C'est à partir du Congrès de Clermont-Ferrand que les communications sur l'analyse algébrique deviennent de plus en plus nombreuses. M. Edouard Lucas, le jeune géomètre bien connu pour ses belles recherches sur la théorie des nombres, fait dans cette session une communication Sur la recherche des grands nombres premiers. Le mémoire de M. Lucas a pour objet l'étude de la décomposition ou de l'irréductibilité des grands nombres en facteurs premiers. On sait que ce pro- blème est considéré comme l'un des plus importants, des plus utiles, et en même temps, des plus difficiles, dans l'arithmétique transcendante (*). Les nouvelles méthodes reposent sur une idée fondamentale, l'étude des fonctions symétriques des racines d'une équation de degré quelconque à coefficients co m - mensurables, et sur la réciprocité d'un théorème de Fermât, qui sert de base à l'arithmétique moderne. Si l'on désigne par a un nombre quelconque, non divisible par le nombre premier jy, le nombre a^^""" — 1, est un multiple de;); mais la réciproque de ce théorème n'a pas lieu nécessairement. Cependant, on peut énoncer la proposition suivante : Si a^^ — 1 est divisible par p, pour x=p—i et n'est pas divisible par p, lorsque œ est un diviseur de p—i, on peut affirmer que le nombre p est premier. Cette proposition n'est qu'un cas très particulier du théorème fondamental de la nouvelle théorie, puisque l'on peut, comme M. Lucas l'a prouvé dans un très grand nombre de cas, rem- placer le nombre entier a, par un nombre complexe (**). Mais la méthode qui Insulte de l'application est opposée pour ainsi dire, aux anciennes méthodes. (*) Problema numéros primos ac compositos dignuscendi, hosque in fnctores suos primos resol- vendi, ad gravissima ac utilissima tutius arithmeticœ pertinere. — Gaiss. Disquisitiones arith- meticœ, w 329.) (**) E. Lucas : Recherches sur plusieurs ouvrages de Léonard de Pise, 120 p., in-i». Rome 1877, pag. 26 ei suiv. — Sur la théorie des nombres premiers. Extrait îles Comptes rendus de l'Ac.i- démie royale des Sciences de Turin. Tlrin 1877. — Théorie des Fonctions numériques simple- ment périodiques. Fromth<> American .Journal of Mathematics, 150 pag. in-*". Baltimore, 1878, § 27. LAISANT. — DISCOURS d'oUVERTURE 67 Dans celle d'Euler, par exemple, on divise le nombre, supposé premier, par des nombres toujours inférieurs et différents, et c'est l'insuccès de la division exacte, qui conduit à affirmer que le nombre essayé est premier. Dans la méthode de M. Lucas, les divers essais consistent dans la division des nom- bres, d'un calcul facile, par un même diviseur, le nombre donné. Par consé- quent, d'une part, on n'a pas besoin de se servir d'une table des nombres premiers; d'autre part, dans le cas d'un nombre premier, le résultat se trouve affranchi de l'incertitude des calculs numériques. De plus, la division se trouve nécessairement supprimée, puisqu'il suffît de calculer préalablement les dix premiers multiples du diviseur constant. M. Lucas en a déduit aussi le plan d'une machine automatique qui permettrait de trouver de très grands nombres premiers. Dans une seconde communication ayant pour titre Démonstration eVun théo- rème de Lejeune-Dirichlet, M. Lucas donne l'application des théorèmes qui précèdent à la démonstration élémentaire d'un grand nombre de cas particu- liers du théorème suivant : « Toute progression arithmétique dans laquelle » un terme quelconque est premier avec la raison, renferme une infinité de » nombres premiers. » Nous devons dire que l'idée principale du procédé démonstratif est due à M. Genocchi; cependant les résultats obtenus sur ce sujet n'ont pas encore été publiés. Enfin, au même Congrès, M. E. Lucas a présenté une troisième commu- nication, sur la Théorie des nombres de Bernoulli. A l'aide d'une légère modi- fication dans la représentation des nombres de Bernoulli, l'auteur indique, sous forme symbolique, un grand nombre do formules qui peuvent servir aux calculs de ces coefficients qui sont, comme on le sait, fort impor- tants dans les développements en séries des fonctions trigooométriques et exponentielles. Ces recherches ont été publiées dans les Annali di matematica, (Milan, 1877) , dans la Nouvelle Correspondance mathématique, et dans le Bul- letin de la Société mathématique de France. En se servant des résultais obtenus dans les congruences du triangle arith- métique suivant un module premier ou composé, M. Lucas est parvenu à démontrer ce théorème général que les résidus des coefficients différentiels des fonctions rationnelles de c^ , sin ce, cos x, suivant un module premier, se reproduisent périodiquement, comme les résidus des puissances. Cette étude est relative à de nouvelles investigations sur le dernier théorème de Fermât, dans la voie tracée par MM. Kummer, Kronecker et Genocchi. De M. TcHEBicHEF, le célèbre géomètre russe, qui nous a fait l'honneur de prendre part à plusieurs de nos Congrès, nous avons une communication Sur la généralisation de la formule de M. Catalan , et sur une formule arithmétique quien résulte. La formule dont il est ici question consiste dans l'identité remar- quable : I _ * _L i _ _ _L - _JL 4. _1_ j_ _. 1 2 "i 3 ■ " ■ "In n ^ 1 ^ »-|-:2 ' ■ ■ ■ ■ "^ ^n' 68 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. Tchebichef la généralise en remplaçant les numérateurs par les termes d'une série quelconque ; il en fait ensuite une application, qui le conduit à un développement fort remarquable d'une transcendante contenant le loga- rithme de 2 et le carré du rapport de la circonférence au diamètre. Dans une communication intitulée : Théorèmes sur les opérations et les sym- boles, M. Jules Grolous a présenté des considérations générales, dont l'idée première avait été indiquée à la Société philomathique le 22 décembre 1875, et sur lesquelles on peut aussi consulter le journal Vlnstitut de la même date. M, Grolous désigne par le symbole D, et par l'expression dérivée, une opéra- tion quelconque. Il indique ensuite les conditions auxquelles doit satisfaire une dérivée d'ordre quelconque, étudie les propriétés générales essentielles des opérations, établit des formules présentant des analogies avec celles de Taylor et de Maclaurin. L'auteur s'est inspiré des idées de Robert Carmichaël sur ce sujet , qui est digne d'attention surtout au point de vue philosophique. M. Baehr, professeur à l'École polytechnique de Delft , communique une Note relative au calcul des logarithmes de Briggs. On lit, dans plusieurs traités, que Briggs s'est d'abord servi de la méthode des extractions successives des racines carrées du nombre dont il voulait le logarithme. Or, sur une page déta- chée d'un livre anglais (dont il n'a pu savoir le titre), M. Baehr a lu que le premier logarithme calculé par Briggs était celui de 2, et qu'il en avait fait le calcul en déterminant, sans exécuter les multiplications, le nombre des chiffres que contiendrait 2 élevé aux puissances 1, 2, 4, 8, . . . 10, 20, 40, 80, . . . 100, 200, 400, 800.... Ainsi 2 élevé à la puissance 1,000,000,000 serait un nombre de 30,102,996 chiffres. Ce dernier nombre, divisé par l'exposant, lui donnait log 2. On a, en effet, log2= 0,30103000. 1877 A la première séance du Congrès de 1877, au Havre, M. Piarron de Mon- désir présente un intéressant mémoire Sur les nombres premiers. Il s'agit ici d'une formule permettant de calculer a priori et exactement le nombre des nombres premiers contenus entre zéro et un nombre pair quelconque 2N. La formule est basée sur une notation qui expritne, soit en plus, soit en moins, le nombre entier qui se rapproche le plus du quotient du nombre quelconque N par un nombre premier, ou par le produit de plusieurs nombres premiers. La formule peut être transformée dans le but de simplifier les calculs. M. de Mondésir a pu ainsi aborder le calcul du nombre total des nombres premiers compris dans le premier million, nombre qu'il a trouvé égal à 78,490. Le même auteur communique aussi une note Sur une nouvelle formule algé- brique. Cette formule peut être considérée comme la généralisation du binôme de Newton . II l'a employée pour démontrer la belle formule de Waring , qui LAISANT. DISCOURS d' OUVERTURE 69 n'avait pas été démontrée analytiquement, même par son auteur. (Voir les il/e- ditationes algebraicœ^ de Waring, Cambridge, 1770). Enfin, dans la même session, M. de Mondésir fait une communication Sur la résolution de l'équation trinôme de degré impair a;"* rb x = r, au 'nioxjen d'un nouveau signe algébrique. M. Catalan, dans une communication Sur la somme des diviseurs d'un nom- bre n, examine les conséquences d'un théorème de M. Halphen, présenté à la Société mathématique. Il montre qu'il est facile de tirer de là d'autres propositions, analogues au célèbre théorème d'Euler. Par exemple, 4* (") repré- sentant le nombre des décompositions de n en parties entières, positives, égales ou inégales, M. Catalan établit que la somme des diviseurs de n a pour expression ^ (n— 1) + 2t{/(n — 2)— S-l/ln — 5) — 7 <{/ (/i-7)+J2 <{;(n— 12)+. . . . Au même congrès, M. Emile Lemoine présente un travail Sur quelques ques- tions de probabilités, où se trouvent résolues des questions originales se rappor- tant au calcul des probabilités; elles nous paraissent avoir pour point de départ le problème suivant, traité par lui, en 1873 {Bulletin de la Société mathématique de France, t. I), et généralisé successivement par M. Halphen et par M. Jordan (même recueil). « Une barre jetée en l'air se casse en » trois morceaux; quelle est la probabilité pour que ces trois morceaux » puissent former un triangle? » Nous signalerons parmi les questions réso- lues, dans cette communication, les quatre suivantes : 1° Avec l'énoncé précédemment cité, on demande la probabilité pour que le triangle soit rectangle. 2<> On prend au hasard deux points à l'intérieur d'une sphère; quelle est la probabilité pour que leur distance ne surpasse pas une longueur donnée? 3° On prend au hasard trois points sur une circonférence; quelle est la probabilité «pour que le triangle formé par ces trois points soit acutangle? -4" On prend au hasard n points sur une circonlérence ; quelle est la proba- bilité pour que ces » points soient tous du même côté d'un diamètre non donné préalablement? De M. Eu. Lucas, nous avons des Considérations nouvelles sur la théorie des nombres premiers, et sur la division géométrique de la circonférence en parties égales. C'est la suite des communications faites par l'auteur au congrès de Clermont; on y trouve de nouveaux développements sur la division géomé- trique de la circonférence en parties éi;ales, et l'interprétation d'un passage des œuvres de Mersenne ; on y rencontre aussi quelques nouveaux théorèmes semblables à celui de Wilson, pour la recherche des grands nombres premiers. Ce mémoire débute par un résumé historique des recherches antérieures, dans lequel on lemarquera la différence des wéthodea employées; elles reposent 70 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE soit sur la considération des progressions arithmétiques, soit sur celle des progressions géométriques. Le même auteur fait une communication Sur le calcul rapide des fractions continues. Depuis la publication de ses formules, M. Alexeef a montré, dans une communication à la Société mathématique, que les formules obtenues par l'auteur peuvent se déduire en partie de la méthode suivante, pour l'ex- traction des racines carrées. Soit N un nombre quelconque; on le décompose en deux facteurs a et h. dont on prend les moyennes arithmétique et harmonique, a^ et 6^ ; on a a 6 = a^ 6, = N ; on opère sur a^ et b^ comme sur a et 6 et ainsi de suite. Les nombres a„. et bn convergent avec une très grande rapidité vers j/^]\ . Il paraît fort probable que c'était là le procédé d'extraction des racines carrées employé par les auteurs indiens, et pai- Aichi- méde, car si l'on fait l'application de ce procédé aux exemples numériques qu'ils nous ont laissés, on retrouve les mêmes résultats. M. Lucas a déduit de ce procédé une nouvelle méthode pour décomposer les nombres en facteurs, tout aussi bien que pour reconnaître la non décomposition des nombres premiers. M. Lucas communique enfin des considérations très mtéressantes Sur l'échi- quier anallagmatiqtœ de M. Sijlvester. 11 fait remarquer l'analogie qui existe entre l'écliiquier anallagmatique de M. Sylvester et les fornmles qui donnent la décomposition du produit des sommes de 2" carrés. Voici un nouveau procédé pour construire les échiquiers anallagmatiques de 2" cases de coté, qui nous paraît fort simple. L'échiquier anallagmatique est un carré formé de cases noires et blanches, en nombre égal ou inégal, de telle sorte que pour deux lignes ou deux colonnes quelconques, le nombre de variations de couleurs est toujours égal au nombre des permanences. On a les deux échiquiers complé- mentaires de deux cases de côté : À ~ Avec ces deux échiquiers A et B, on formera de même les échiquiers sui- vants, complémentaires, de quatre cases de côté : A A B B i{ A A LAISANT. — DISCOURS D OUVERTURE 71 c'est-à-dire Si, dans la figure précédente, on remplace A et B par les échiquiers que nous venons d'obtenir, on obtient les échiquiers complémentaires de huit cases de côté ; et ainsi de suite. D'ailleurs il est évident que l'on peut déduire d'un échiquier anallagmatique un grand nombre d'autres : 1" par la permu- tation des colonnes et des lignes; 2* par le changement des couleurs des cases d'une ligne ou d'une colonne quelconque. M. Sylvester, nommé président d'honneur des première et deuxième sections pendant ce congrès de 1877, fait une communication ayant pour titre : Application de la nouvelle méthode pour trouver les dérivées invariantivei irréductibles. Il compare la méthode et les résultats auxquels elle conduit avec ceux qui ont été obtenus par M. Gordan, professeur à l'Université de Gôttingen. Dans une seconde communication Sur le théorème de Bring, l'éminent géo- mètre anglais apporte un perfectionnement à ce théorème, attribué à tort à Jerrard. Il démontre que l'on peut ramener l'équation complète du cinquième degré à la forme trinôme x^ -{- p x -\- q =z o sni moyen de substitutions toujours réelles. Dans une note : Théorème d'arithmétique sur la somme des inverses des puis- sances semblables des nombres premiers, M. J.-W.-L. Glaisher, applique un théorème de Môbius, publié dans le Journal de Crclle (t. IX, p. 103), et démontre la formule suivante : "^n — l b/i 1 1 — l Sw — ô"^ Sa»! 1 1,1, -p::- l 85/! -^l s (j/t ^-l J^i -f- . 1 1 1 Sn ayant pour expressions 1 + -^ H jj7, + "4;; + égal à -2",, + -37, + -5;, + 17. + iT» + • • • et Zn étant Le même auteur fait une communication Sur un déterminant^ dans laquelle 72 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE il étudie des transformations fort intéressantes, où figurent les racines n^"^^^ de l'unité, et qui sont une généralisation de l'identité abc h c a c a b r= (a + 6 -f c) (a -}- Wi6 + m^^c) [a -{- ^.^b + u./c), d, «i, tû2^ étant les racines cubiques de l'unité. Enfin , dans une troisième communication , M. Glaisher donne plusieurs applications intéressantes de ce Théorème de Trigonométrie : « L'argument d'un » produit de plusieurs facteurs imaginaires est égal à la somme des argu- » mente de ces facteurs. » M. PtSiQUET présente des considérations Sur le système de n équations du pre- mier degré à n inconnues. Dans cette communication, l'auteur a pour but de déterminer le nombre des conditions distinctes auxquelles sont assujettis les coefficients d'un sys- tème de n équations du premier degré à n inconnues, dans les divers cas d'incompatibilité et d'indétermination, dont la discussion est si bien résumée par l'élégant théorème de M. Rouché. 11 arrive à ce résultat que ces divers nombres de conditions, rangés par ordre de grandeurs croissantes, donnent lieu à la série \\ 1.2, 22, 2.3, 3^ 3.4, .. / )% ( n — 1 ) n, n^, les carrés correspondant aux incompatibilités, et les produits aux indéter- minations des divers ordres. Dans une Note sur la convergence des séries, M. Jules Grolous démontre que si cp" (n) tend vers une limite différente de 0 lorsque n augmente indéfini- ment, la série dont le terme général a pour expression — -- est convergente. I''ig. 1. Sous le titre Figuration des inverses des nombres entiers et des inverses des produits des deux nombres entiers consé- cutifs, M. Baehr communique, vers la fin de la session une remarque très élé- mentaire, mais très intéressante cepen- dant, dont le titre seul se trouve dans les comptes rendus, et que la figure fera comprendre immédiatement. AB^ 1j AG ~2, DE = 4-,FG:=.i-,Hl-| LAISANT. — DISCOURS d'ouVERTUHE 73 Généralement, F G = — , H I = -r^, G 1 = n (n+I) n n-\-\ n(n-j-l) = GE + EG + GI + . . .=2. 1878 Au Congrès de Paris, M. Catalan présente des considérations sur la Théorie des moindres carrés, qui se rattachent à celles dont nous avons parlé précé- deninient à propos du Congres de 1874, et où se trouvent résumés ses plus récents travaux sur ce sujet, travaux publiés dans les mémoires de l'Acîidémie royale des sciences de Belgique. M. DE JoNQUiÈREs, le savaut bien connu par ses remarquables travaux de géométrie pure, a collaboré aux travaux du Congrès de Paris, par une com- munication bien intéressante sur la théorie des nombres, intitulée: De la repré- sentation des nombres par des formes quudruluiues binaires. Application à l'ana- lyse indéterminée, M. de Jonquières se propose deux objets distincts: lo Faire connaître deux formules générales qui permettent d'écrire immédia- tement toutes les décompositions propres du carré d'un nombre donné N, et de ce nombre lui-môme, en une somme quadratique de la forme u^ -\- t v'^ {t étant un nombre donné rationnel, positif ou négatif), toutes les fois qu'une telle décomposition est possible ; 2° Montrer comment la dépendance mutuelle qui existe entre les représen- tations propres de "S^ et celles de N, chacune à chacune, trouve son applica- tion dans la résolution des systèmes de deux équations indéterminés du second degré, en nombres entiers et premiers (*), dans certains cas où l'on a à consi- dérer simultanément un nombre indéterminé y et son carré y'^. Les équations yzzzx^ -{-t u'^, 1/ = z"^ -\-t v'\ avec les conditions u=:x-\- a., o = z -\-^, ren- trent dans cette catégorie. Sur un sujet qui n'est pas sans analogie avec leprécédent,M.Eb. Lucas, dans la séance suivante, communique des Solutions d'équations indéterminées biquadra- tiques.Ce mémoire, qui depuis a été inséré dans les Nouvelles annales de mathé- matiques, renferme la résolution complète d'équations indéterminées du qua- trième degré, dans lesquelles il s'agit de trouver des valeurs rationnelles de oo qui égalent à un carré parfait les valeurs numériques d'un polynôme du qua- (*) M, dQ Jonquières n'avait pas fait mention dans sa communication, ni dans un article sur le niôme sujet, inséré aux Nuurelles Aniialea (t, XVII) do l.i 'restriction apportoe à la soliilion pat; ce root frmitr, tiont il nous signale aujourd'hui lo utûtshsitO, u! uuil y ujuulc, 74 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE trième degré. L'auteur en a déduit un très grand nombre de théorèmes curieux d'arithmétique, qui viennent se placer à la suite de ces deux-ci : « Une pile de boulets à base carrée ne contient un nombre de boulets égal à » un carré parfait que lorsque la pile en contient 1 ou 24 à la base, sur le » côté. » « Une pile de boulets à base triangulaire ne contient un nombre de boulets )) égal à un carré parfait, que lorsque la pile en contient 1, 2 ou -48 à la base, » sur Id côté. » 11 y a lieu de mentionner encore une autre communication de M. Lucas, Sur les formules de Cauchy et de Lejeune-Dirichlet. Ce mémoire est le déve- loppement de théorèmes intéressants sur la théorie des nombres, et dus à MM. Aurifeuille et Le Lasseur. L'auteur a rapproché les résultats obtenus par ces estimables savants, des formules remarquables de Gauss, Cauchy et Lejeune-Dirichlet , pour la transformation de i -^ j- en une forme quadratique. Les théorèmes de MM. Aurifeuille et Le Lasseur constituent un grand progrès dans l'arithmétique et ajoutent de nouveaux aperçus dans l'étude de la fonction que nous venons d'indiquer ci-dessus. Cependant, nous remarquerons que l'on rencontre, sous une forme équivalente, quant aux résultats, la première des formules données par M. Le Lasseur. Axi -}- y^ = (2x2 + 2cci/ -f- y 2) {'^x^—'ixij -{- y'-) dans un manuscrit de Sophie Germain, conservé à la Bibliothèque nationale, sous le n*^ 9,118 du Fonds Français, page 84. « Aucun nombre de la forme » p^ -\- 4, excepté 5, n'est un nombre premier. Car p^ -{- â = (p^ — 2)* -j- 4p"^, et » par conséquent ces nombres sont, de plusieurs manières, la somme de deux 3) quarrés. Pour 5, les deux nombres sont identiques.» C'est sur la généralisa- tion de l'idée de Sophie Germain que reposent les théorèmes de M. Le Las- seur et sur l'extension des formules de décomposition, à des décompositions multiples, pour un même nombre, que reposent les formules de M. Lucas. Nous ajouterons que l'indication bibliographique précédente a été donnée par M. C. Henry, qui prépare avec M. Lucas, une édition complète, des ."Euvres de Fermât. Il nous sera permis, à cette occasion, de présenter ici quelques brèves observations sur la situation, en France, de la science des nombres et parti- culièrement sur les découvertes de M. Ed. Lucas. Celles-ci ont reçu l'ap- probation des homnies les plus éminents, de MM. Genocchi, Tchebichef, Bouniakowsky, Sylvester, par exemple ; elles sont professées dans plusieurs universités étrangères, en Allemagne surtout, mais elles semblent presque ignorées en France. Comment s'en étonner, quand on songe que le culte de Fermât lui-même, de cet illustre Français, immortel fondateur de l'arithmétique supérieure, est complètement délaissé en France. En 1843, un crédit de 2S,000 francs fut voté pour la publication des oeuvres de Fermât ; mais ce crédit n'a jamais été employé ; et tandis que les œuvres complètes de Fermât attendent encore, LAISANT. — DISCOURS d'oUVERTURK 75 en France, leur réimpression, des libraires de Berlin, MM. Friedlànder, publiaient à leurs frais, en 1861, une réimpression d'une partie des œuvres de Fermât, les Varia opéra mathematica^ conforme à l'original, dont la plus grande partie est en français. On voit quel service rendront à la science française MM. Lucas et Henry, s'ils arrivent à mettre à exécution le projet dont nous venons de parler plus haut. M. ÏCHEBiCHEF, président d'honneur, dans une communication intitulée : Sur une transformation des séries numériques, et qui a été publiée depuis in extenso dans la Nouvelle Correspondance mathématique (octobre 1878), indique de nouvelles formules pour la transformation des séries contenant tous les nombres entiers en d'autres séries ne contenant que des nombres premiers. Il montre comment les formules qui servent de base pour les recherches sur la répartition des nombres premiers, données par l'auteur et par le prince Alphonse de Polignac, se déduisent de l'égalité de deux séries contenant des fonctions arbitraires. M. N. Tagliakerro, professeur k Malte, fait part de considérations très intéressantes Sur de nouvelles fonctions numériques transcendantes. Ces fonc- tions résultent de répétitions d'epérations identiques. L'introduction de nota- tions spéciales conduit l'auteur à des résultats curieux, continuation des tra- vaux de Woepcke sur cette matière. Nous croyons avec lui qu'il pourrait y avoir là des ressources précieuses dans la théorie des nombres, pour l'étude des grands nombres qui deviennent pratiquement intraduisibles par la numé- ration ordinaire. M. O.-J. Bkoch, dans une ISole sur la convergence de la série du binôme de Neivton, pour le cas de x = i, attire l'attention des sections de mathéma- tiques sur une lacune que présente le Traité de calcul différentiel de M. Ber- trand, aussi bien que les œuvres d'Abel. M. Broch comble cette lacune par une démonstration irréprochable de la convergence de la série 1 -{- m -\- — — ^^ +..., dans le cas où m est compris entre — 1 et zéro. Enfin, dans une communication très élémentaire, M. Laisant a donné une Formule relative à des sommations algébriques. Cette "formule symbolique se rapporte à des produits de termes de progressions arithmétiques, et elle rentre un peu dans l'ordre d'idées des recherches de M. Lucas sur des sujets ana- logues . 76 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE II GÉOMÉTRIE 1872 Dans cette seconde division, nous comprenons à la fois la géométrie pure, la géométrie analytique prise dans sa plus grande généralité, et aussi la géométrie infinitésimale. C'est toujours vers cette science des ligures que se sont portées de préférence les études des géomètres français, et Texamen attentif des travaux mathématiques de l'Association française confirme en tous points cette observation générale. Au Congrès de Bordeaux, en 1872, les communications, il faut pourtant l'avouer, ne furent pas nombreuses; nous en trouvons tout d'abord une de M. Saint-Loup, intitulée : Rayons de courbure de figures mobiles dans tin plan. L'auteur donne la solution de la question suivante : « Une courbe étant donnée dans le plan d'une figure mobile, celle-ci reste constamment tangente à deux courbes fixes; déterminer le rayon de courbure de l'enveloppe de la première courbe en fonction des rayons de courbure des courbes données, aux points oîi elles se touchent. » La solution de la question est subordonnée à celle de cette autre plus simple : ce Trouver le rayon de courbure de la trajectoire d'un point C du plan d'une figure invariable, dont deux points A et B décrivent des courbes données, en fonction des rayons de courbure des deux directrices, en A et en B. )) Le reste de la communication de M. Saint-Loup contenait quelques applications. Ce travail, qui ne figure que par son titre dans nos comptes rendus, a été publié depuis,", en 1873, dans les Nouvelles annales (2" série, t. Xll). M. Catalan, dans la même session, présente un Résuiné de la théorie des polyèdres semi-réguliers, sujet sur lequel on peut consulter utilement le Journal de l'Ecole piolytechnique, ii'^ cahier, et la brochure intitulée Histoire d'un Concours. Les modèles de l'hexécontadoèdre à faces carrées, hexagonales et décagonales, et de l'hécatonicoèdre, construits par M. Muret, furent mis sous les yeux des membres présents. Depuis, M. Muret a complété cette intéressante collection de modèles, qu'on a pu examiner à l'Exposition universelle au Champ-de-Mars, dans la section belge. Sur un sujet analogue, M. Valat communique une Aote sur les polyèdres étoiles. C'est l'étude critique du mémoire de Poinsot sur les polyèdres étoiles, dont trois, de son propre aveu, étaient connus avant lui. La première partie est relative à une rectification sur le nombre des arêtes employées dans la oonî^irucUon du premier icoîisaèdre, La deuxième met en œuvre, powr les deux LAISANt. — DISCOURS d'oUVERTURE 77 derniers, l'analyse algébrique, dont Poinsot n'a pas fait usage. Enfin, la troi- sième est consacrée à la vérification de l'exactitude des indéterminées qui jouent un si grand rôle dans le mémoire relatif aux polyèdres étoiles. 1873 Au Congrès de Lyon, nous trouvons plusieurs communications importantes de M. Mannheim. Dans la première, intitulée : Deux théorèmes d'une nature paradoxale, M. Mannheim introduit la considération des points cycliques de l'infini et du cercle de l'infini dans les questions relatives au déplacement des figures. Les énoncés des deux théorèmes en question sont les suivants : 1" Pendant le déplacement d'un plan, qui glisse sur lui-même en entraînant, tous ses points, les points imaginaires à l'infini, situés sur un cercle, sont immobiles ; 2° Pendant le déplacement d'une figure entraînant tous les points de l'espace, le cercle imaginaire à l'infini glisse sur lui-même. La deuxième communication de M. Mannheim est ainsi énoncée : Les nor- males aux surfaces trajectoires des points d'une figure de forme invariable ren- contrent, toutes, deux mêmes droites. Ce théorème a été établi pour la première fois par l'auteur en 1866. 11 en donne ici une démonstration plus simple et plus rapide, en partant, comme précédemment, des belles propriétés que l'on doit à M. Chasles, et qui sont relatives au déplacement infiniment petit d'un corps solide libre. M. Mannheim a fait connaître quelques-unes des applications de cet impor- tant théorème, en 1867 (Cemptes rendus de l'Académie des sciences), et en 1872 (Journal de mathématiques). Enfin M. Mannheim a communiqué aussi, au Congrès de Lyon, Quelques théo- rèmes montrant V analogie qui existe entre les propriétés relatives aux surfaces décrites par les points d'une droite et les surfaces touchées par les plans d'un fais- ceau mobile. A titre d'exemple, nous citerons seulement les énoncés des deux derniers théorèmes, pour faire ressortir l'analogie indiquée : » a. — Les centres de courbure principaux des surfaces trajectoires des » points d'une droite sont sur une courbe gauche du 6" ordre ». » b. — Les surfaces auxquelles les plans d'un faisceau restent tangents pen- » dant les déplacements de ce faisceau ont leurs centres de courbure principaux » sur une courbe gauche du 6*^ ordre ». M. Emile Lemoine, dans la même session, présente une note digne d'intérêt Sur quelques propriétés d'un point remarquable d'un triangle. On y trouve énon- cés 16 théorèmes concernant ce point, que l'auteur appelle centre des médianes antiparallèles, à cause de sa propriété la plus caractéristique. C'est en même temps le point pour lequel la somme des carrés des perpendiculaires abaissées 78 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE sur les trois côtés est minimum. Ce point a été étudié par un grand nombre de géomètres, et notamment par Gauss, à l'occasion de la méthode des moindres carrés. 1874 Nos travaux, à la session de Lille, s'ouvrent par une communication de M. Sylvester, Président d'honneur : Des systèmes articulés ; instrument récipro- cateur du colonel Peaucellier ; description des courbes et surfaces algébriques par le moyen des tiges articulées. — M. Sylvester étudie avec détails l'invention du colonel Peaucellier qui, en 1864, a trouvé une solution exacte du problème de la transformation du mouvement circulaire en mouvement rectiligne. Le sys- tème imaginé dans ce but permet de résoudre un grand nombre de problèmes, de décrire des courbes et des surfaces algébriques variées, etc. On sait que depuis 1874, les géomètres n'ont pas cessé d'étudier et de géné- raliser l'invention si remarquable du colonel Peaucellier, justifiant ainsi le jugement de M. Sylvester. A cette session même, pour Montpellier, des com- munications fort intéressantes nous sont annoncées sur des sujets de ce genre. M. Catalan, dans une communication Sur les surfaces orthogonales, dont le titre seul figure à nos comptes rendus, entretenait le congrès d'un sujet dé- veloppé depuis dans une note présentée à l'Académie des sciences (Comptes rendus, t. LXXIX), et qui se rapporte au problème suivant : 1° Reconnaître si les surfaces S, représentées par F (x, y, z) = c, appar- tiennent à un systèmf^ orthogonal triple; a» Trouver les surfaces i:,, iï.i, qui avec les surfaces S, constituent le système. M. E. Lemoine, dans une Note sur les propriétés du centre des médianes anti- parallèles dans un triangle, ajoute de nombreuses propositions à celles qu'il avait établies l'année précédente, comme nous l'avons rappelé ci-dessus. M. Manniiei.m présente à Lille, pour la première fois, des considérations Sur la surface de l'onde, sujet qu'il a complété depuis dans de nombreuses commu- nications, si bien que l'ensemble de ses travaux à l'Association française sur cette question forme en quelque sorte une théorie véritable de la surface de l'onde. Ici, l'auteur, employant quelques propositions de Géométrie cinématique, — branche de la géométrie dont on lui est redevable, pour ainsi dire, exclu- sivement, — montre que la surface de l'onde possède des points singuliers pour lesquels les plans tangents enveloppent des surfaces coniques du second degré; et des plans tangents singuliers, qui la touchent suivant des cercles. 1875 A Nantes, M. Laisant a communiqué un Mémoire sur les puissances de points, étude de géométrie plane, qui est une application de la méthode des équipollences. Au moyen d'une notation spéciale, l'auteur étudie, dans ce travail, les puis- LAISANT. — DISCOURS D OUVERTURE 79 sances de points par rapport à des cercles, et fait de cette théorie des appli- cations assez nombreuses, dont quelques-unes à des questions cinénnatiques. Le même auteur, dans une Note sur un compas trisecteur, indique une dis position très simple d'un appareil qui permet de résoudre mécaniquement le problème de la trisection de l'angle. De M. FouRET, nous avons une Méthode (jraphique pour rrxourhr un aiistcme quelconque de n équations du premier degré à n inconnues, problème auquel on est souvent conduit dans les questions de mécanique appliquée, et qui n'exige ordi- nairement qu'une approximation assez grossière. Il peut alors être avantageux de remplacer le calcul par un procédé graphique. Déjà M. Chasles en avait donné un, fondé sur la théorie des divisions homographiques, mais en suppo- sant aux équations une forme très particulière. La méthode de M. Fouret s'applique au contraire dans tous les cas, et elle se simplifie d'elle-même, lorsque les équations ne contiennent chacune qu'une partie des inconnues. Une seconde communication de M. Fouret, Sur les transformations de contact d'un système de courbes planes, ne figure dans les comptes rendus que par son titre ; mais elle a été insérée depuis dans le Bulletin de la Socicté Philoma- thique (1876). Étant donné un système de courbes planes, défini par ses deux caractéristiques, on lui fait subir une transformation du genre que M. Lie dénomme « transformations de (contact, » et on se propose de déterminer les caractéristiques du système ainsi obtenu. M. Fouret montre que les nouvelles caractéristiques sont des fonctions linéaires et homogènes des anciennes, et il en fait des applications aux transformations les plus connues. Cette étude pré- sente un intérêt d'autant plus grand que la question est intimement liée au problème de la transformation des équations différentielles. Il y a encore, au congrès de Nantes, une communication de M. Fouret .Sur un compas elliptique, où se trouve indiqué le principe d'un nouveau com- pas pouvant décrire des épicycloïdes planes quelconques. Cet appareil est fondé sur le théorème suivant (voir liulletin de la Société Philomathique, 1868) : « Si deux points décrivent deux circonférences dans un même plan, avec des » vitesses angulaires constamment proportionnelles, tout point qui divise dans » un rapport constant la droite joignant les deux points mobiles décrit une » épicycloide. » M. Mannheim a présenté des Recherches sur la surface de l'onde, dans lesquelles, en partant de propositions de géométrie cinématique, il arrive à des théorèmes nouveaux et fort dignes d'intérêt, parmi lesquels nous nous bornerons à reproduire celui-ci : « Soient un ellipsoïde et la surface de l'onde » qui en dérive. Dans un plan diamétral commun à ces surfaces, on prend /) la normale à l'ellipsoïde et la normale correspondante à la surface de l'onde. i> — Les circonférences qui passent par le centre de ces surfaces, et respec- » tivement par les deux centres de courbure principaux situés sur ces nor- » mali's, sont tani-entes entie elles. » 8!0 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Une autre communication de M. Mannheini a pour titre Propriétés des dia- mètres de la surface de l'onde et interprélalion physique de ces propriétés. Ces pro- priétés se fondent sur la génération de la surface de l'onde au moyen de l'ellipsoïde. Dans les énoncés qu'on obtient, il n'entre que des diamètres et des plans tangents de la surface de l'onde, et comme on connaît l'interpré- tation physique de ces éléments, cela permet d'obtenir plusieurs propriétés opti- ques intéressantes. De M. E. Lemoine, nous avons une Note sur le tétraèdre dont les arêtes oppo- sées sont égales deux à deux, dans laquelle se trouvent établies de curieuses propriétés de ce tétraèdre. Bornons-nous à rappeler les deux suivantes. — « Si dans un tétraèdre les arêtes opposées sont égales deux à deux, les lignes » qui joignent les milieux de ces arêtes opposées forment un système d'axes » rectangulaires, dont l'origine est le centre de gravité du tétraèdre. — Si » dans un tétraèdre, les quatre faces sont équivalentes, elles sont égales, et :> par suite les arêtes opposées sont égales. » Une intéressante communication de M. Saint-Loup, Sur les Systèmes articules., mentionnée seulement dans les comptes rendus, a été publiée dans les Mémoires de la Société d'émulation du Doubs. L'auteur considère un système de trois tiges articulées dans un même plan et dont les extrémités libres sont en ligne droite. Il établit, entre les distances u et v de deux des extrémilés libres à la troisième, deux relations qui, suivant les hypothèses sur le mode d'articulation, sont du second degré ou du troisième degré, en u et v. La dis- cussion de ces équations le conduit à la description mécanique de certaines courbes, lorsqu'on se donne la directrice de l'un des points libres et qu'on fixe l'un des deux autres. M. Saint-Loup retrouve ainsi en particulier le losange de M. Peaucellier, dont il examine la construction dans les applications. Il est conduit à donner un système très simple de trois droites, à l'aide duquel on résout mécaniquement l'équation du troisième degré. Il étudie enfin quelques autres transformations par systèmes articulés non symétriques. Un sujet analogue fut traité par M. Liguine , professeur à l'Université d'Odessa, dans sa communication Sur les Systèmes articulés à six tiges; ce sont ceux par lesquels a commencé l'étude des systèmes articulés. Ils ont été inven- tés, pour la plupart, indépendamment les uns des autres, et figurent ainsi comme des dispositions isolées et distinctes, entre lesquelles rien ne semble indiquer une liaison. M. Liguine s'est proposé de les étudier à un point de vue complètement général, ce qui lui a permis : 1° d'indiquer les conditions caractéristiques qui distinguent le genre de systèmes à six tiges, étudié jusqu'alors, de toutes les autres dispositions possibles du même nombre de tiges, et qui assignent certaines limites aux recherches de nouvelles combinaisons utiles du même genre ; 2° de décrire un système dont les dispositions connues à six tiges ne sont que de simples cas particuliers (*,) ; 3° de passer brièvement en revue, (*) Le système récemmeni proposé par M. Kompe ne doit pas compter dans cu nombre, car il ne jouit pas de la propriété fondamentale d'avoir constamment trois articulations en ligne droite. LAISANT. — DISCOURS d'OUVERTURE 81 en discutant le système général, tous les systèmes connus à six tiges, et d'exposer à cette occasion quelques observations nouvelles relatives à ces derniers. M. Lignine a donné aussi i\ne Gêné ralimtion d'un théorème de M. Chasles. U s'agit des axes conjugués de rotation dans la question du déplacement d'un solide. En désignant par (c) (c,) deux axes conjugués quelconques relatifs à un déplacement infiniment petit, par (C) l'axe instantané glissant correspon- dant, par r et r^ les plus courtes distances de (c) (C) et de (r,) (C) respecti- vement, par d6 la rotation autour de (C), par dx le glissement le long de (C), dr M. Chasles a montré qu'on a r lang (ci, C) =: rj tang (c, C) = -j-x = const. M. Lignine, étudiant un déplacement fini en remplaçant (/x et (H par t et 6 fait voir que la relation qui précède est remplacée par r lang (c,, C)= /•) tang (c C) = 2 sin-^8 const. M. PicuiET, dans la même session, a fait une communication Sur une pr^.- priélé du dhcriminant des formes quadratiques. Celte communication a pour but de faire voir que la méthode de Cauchy, pour démontrer la réalité des racines de l'équation du troisième degré de laquelle dépend la détermination des axes d'une surface du second degré s'applique exactement à l'équation à laquelle conduit la recherche des points d'intersection de deux coniiiues, lorsque l'une d'elles est imaginaire. Une méthode analogue s'applique à la démonstration de ce théorème : Parmi les trois surfaces du aecond degré passant par huit points et tangentes à un plan, il ij a un nombre impair dlnjperboUndes à une nappe. Cette méthode repose sur une propriété générale des formes quadratiques à un nombre quelconque de variables démontrée dans la communication, mais retrouvée depuis par l'auteur dans l'édition anglaise de l'Algi-bre supérieure de M. Salmon, et ([ue les traducteurs de cet ouvrage ont eu 1(; tort de ne pas reproduire (c'est pourquoi l'auteur ne l'y avait pas vue). M. Halphen, Sur les enveloppes des diamètres des courbes algébriques, après avoir fait connaître plusieurs propriétés de ces enveloppes, énonce ce théo- rème: le lieu des pôles d'un quelconque des côtés du triangle ABC a pour équation Xi> \i'i = a(]i> + 7. Du même auteur, nous avons une seconde communication Sur le genre d s courbes algébriques. On y trouve une démonstration géométrique, concernant le cas général où les singularités sont quelconques, de ce théorème de Hie- mann : « deux courbes algébriques qui se correspondent uniformément sont du même genre, » M. Brécuet fils a présenté une Description de l'appareil à tiges wliculéi-s de 6 82 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Hart. On voit combien ces questions préoccupent à ce moment, et avec juste raison, l'esprit des mathématiciens. Après quelques considérations sur l'appa- reil Peaucellier, dont il indique plusieurs dispositions exigeant huit tiges, M. Bréguet montre qu'on obtient le même résultat avec l'appareil Hart, com- posé de quatre tiges seulement, en forme de trapèze isoscèle. Puis il établit que sept tiges, par la méthode de M. Harl, suffisent pour construire une conique quelconque. Trois tiges sont employées au tracé d'un limaçon de Pascal, et les quatre autres à produire l'inversion de ce limaçon, ce qui donne une conique, comme on lésait. 1876 On vient de voir quels développements ont pris les communications géomé- triques au congrès de Nantes. Il en est de même l'année suivante, à Clermonl- Ferrand. M. TcHEBiCHEF présente une Règle potir tracer des arcs circulaires de grand diamètre. Cet ingénieux appareil consiste en un système articulé qui prend à très peu près une forme polygonale régulière, et qui permet, par l'application d'une règle flexible, de tracer avec une grande approximation des arcs de cercle depuis 1"',3;{ de diamètre jusqu'à l'infini. Du même auteur, il y a aussi une communication sur un Nouveau mécanisme à mouvement parallèle , dont nos comptes-rendus ne contiennent malheureuse- ment que le titre, mais qui se trouve aujourd'hui décrit dans d'autres publi- cations, notamment dans l'intéressant opuscule de M. Kenipe : Comment on trace une ligne droite, publié en Angleterre. De curieuses applications de ce mécanisme ont figuré dans la section russe de l'Exposition universelle de 1878. M, Mannheim, dans une communication sur la Conslruction du centre de la sphère osculatrice en un point de la courbe d'intersection de deux surfaces, résout un problème dont la solution dépend des infiniment petits du troisième ordre, et qui n'avait jamais été abordé, ni géométriquement, ni analytiquement. On peut consulter aussi sur ce sujet une note de M. Mannheim publiée dans les Comptes rendus de V Académie des sciences (27 novembre 1876). Du même auteur, nous trouvons une seconde communication intitulée : Théo- rie géométrique des surfaces dont les rayons de courbure sont liés entre eux. Il traite géométriquement une question pour laquelle l'analyse seule avait été employée. Voici l'un des théorèmes nouveaux auxquels il arrive : « Lorsque le » produit des rayons de courbure d'une surface est constant, les uormalies à » cette surface, qui ont pour directrices des lignes asymptotiques, touchent les » nappes de la développée de cette surface suivant des lignes asymptotiques. » Voir aussi les Comptes rendus de l Académie des sciences, 2 et 30 avril J877. Enfin, dans une Remarque sûr la surface de l'oidc, M. Mannheim établit une proposition curieuse, relative aux axes de réfraction conique» LAISANT. DISCOURS d'OUVERTUUE 83 Nous trouvons aussi, de M. Mannheim, l'indication de Propriétés relatives à an faisceau de plans qui est mobile. Dans cette note se trouvent énoncées plusieurs propriétés de géométrie cinématique, parmi lesquelles nous signa- lons la dernière, qui nous paraît particulièrement remarquable: u II y a trois » plans du faisceau mobile qui, pour un déplacement infiniment petit, font » avec un plan fixe des angles qui ne varient pas. » M. H. PicQUET présente, Swr le centre des médianes antiparallèles, des consiàé- rations qui ont surtout pour objet de généraliser les propriétés établies par M. E. Lemoine et que nous avons citées plus haut. Il fait voir en même temps qu'en général, il n'existe pas dans un tétraèdre de point analogue. Du même auteur nous avons aussi, dans nos comptes rendus, un mémoire étendu, traitant Des invariants communs à deux fonctions quadratiques, homo- (jènes, à deux, trois ou quatre variables. La théorie des systèmes linéaires de courbes ou de surfaces de degré quelconque, c'est-à-dire des systèmes de courbes et de surfaces dont l'équation générale renferme linéairement un cer- tain nombre de paramètres variables, a été depuis longtemps l'objet des recherches des géomètres. On démontre que la relation linéaire la plus générale entre les paramètres d'une courbe ou d'une surface algébrique de degré m, exprime une certaine propriété géométrique entre cette courbe ou sur face et une certaine courbe ou surface de classe m, propriété telle que la cor- rélative a lieu également entre la seconde et la première. 11 reste à savoir quelle est cette propriété; mais quelle qu'elle soit, il résulte de ce qui précède, que si les courbes ou surfaces de degré m d'un système linéaire sont assu- jetties à p conditions linéaires, les courbes ou surfaces de classe m, vis-à-vis desquelles elles jouissent de la propriété en question déterminent, en coor- données tangentielles, un nouveau système linéaire dont toutes les courbes ou surfaces jouissent de la propriété corrélative vis-à-vis de toutes celles du pre- mier système. Les deux systèmes sont dits contr avariants, et il y a autant d'es- pèces de systèmes contravariants, pour un degré donné, qu'il faut de condi- tions pour déterminer la courbe ou surface de ce degré. Il est clair que la connaissance de cette propriété est indispensable pour l'étude de ces systèmes. Le mémoire en question a pour but de rappeler une propriété connue de deux coniques ou de deux surfaces du second degré, de faire voir que la relation analytique qui l'exprime, également connue, est la relation linéaire la plu^ générale par rapport aux coefiicients de Tune d'elles, d'étudier les cas dans lesquels l'une de ces deux coniques ou surfaces est une conique ou une sur- face particulière, en un mot, de jeter les bases d'une théorie générale des systèmes linéaires de coniques ou surfaces du second degré, qui, déjà attaqué- en divers points par un grand nombre de géomètres, n'avait été considérée au point de vue de la contravariance des systèmes que par MM. Smith, Darboux et par l'auteur. Un assez long mémoire de M. Collignon, relatif au Problème des raccorde-' 84 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE vients, figure à nos comptes rendus de i87G. Cette très intéressante étude, où l'analyse et la géomélrie sont concurremment et habilement employées, a pour objet le tracé d'une courbe tangente en des points donnés à deux droites don- nées, et dont la courbure, variable d'une manière continue entre ces deux points extrêmes, soit nulle en ces deux points. L'emploi des coordonnées polaires facilite la solution générale. De M. A. Lai'on, professeurs la Faculté des sciences de Lyon, nous avons, dans la même session, une communication Sur les accroissements gcornct^iques, dans laquelle l'auteur s'est proposé d'étendre aux parallélogrammes et aux parallélépipèdes la notion des accroissements géométriques. Après avoir in- troduit une notation nouvelle, il en fait des applications, dignes d'intérêt, aux courbures géodésiques, aux théorèmes de tJauss et de Dupin, et enfin à des problèmes sur l'enveloppe d'une droite en géométrie plane. Nous croyons que dans cet ordre d'idées, il peut y avoir encore lieu à d'intéressantes recher- ches, surtout en reprenant et développant les idées de M. Bellavitis et de Hamilton. Une communication, aussi arithmétique que géométrique, faite par M. Ki>. Lucas, a pour titre : Sur les lois géométriques du tissage. Les premiers résultats généraux sur la géométrie du tissage ont été publiés pour la première fois dans un opuscule in-8"', en novembre 18G7 (*). Mais depuis cette époque, l'auteur a réuni, dans un travail encore inédit, les prin- cipes fondamentaux de la construction et de la cla^^sincalion des tissus à fils rectilignes. On doit, en effet, dès l'abord de cette étude, séparer les tissus en deux grandes classes, au point de vue de la contexture, ou de l'entrecroisement des fils; la première classe contient les tissus rectilignes; la seconde classe con- tient les tissus à fils juxtaposés et entrecroisés, suivant des courbes. On représente géométriquement les tissus de première classe, au moyen de dessins quadrillés, que l'on nomme armures. Mais parmi celles-ci, on doit considérer d'abord celles qui servent à former toutes les autres, et que l'au- teur nomme armures fimdamcntales ou satins réguliers. Les diverses armures fondamentales sont rangées d'après le nombre minimum de fils de chaîne sur lesquels la trame opère l'entrecroisement. En se servant des théorèmes de Fermât, d'Euler et de Gauss, sur la décomposition de certains nombres en deux carrés, sur la théorie des nombres associés suivant un module premier ou composé [Gauss, — Disquisitiones arithmeticœ, n» 77], on peut obtenir aisément le tableau des armures fondamentales, et par suite la classification des tissus, d'après les lois de l'arithmétique. En particulier, on doit considérer les armu- res plus régulières désignées par l'auteur sous le nom de satins carrés et de (*) Edouard Ldcas. Sur l'appUcaiMn de l'ai ithnictiqu^ à la con,^truclion de l'armure des salins réguliers. LAISANT. DISCOURS d'oUYERTURE 85 satins symétriques, comme la fidèle représentation géométrique des racines des congruences a-2 +1 ~ 0, (Mod.])), cc2 —1 = 0 (Mod.p). Après la première publication de l'auteur, M. Broch a communiqué au congrès de Lille divers résultats sur la représentation graphique des nombres complexes, d'après les travaux d'un jeune géomètre danois, M. Thiele, de Copenhague; ces résultats se rapprochent beaucoup de ceux de M. Lucas, mais ne donnent pas toutes les solutions qu'il y a lieu de rechercher dans la géométrie du tissage. Depuis, au congrès de Paris, M. Tchebichef a indiqué les éléments d'une nouvelle théorie sur la déformation des plans-tissus, dont l'idée lui est venue à la suite des communications de M. Lucas. Peut-être il y aurait lieu aussi d'étudier une nouvelle théorie, pour la résis- tance des tissus formés avec des fils de même nature, et qui constituerait une nouvelle branche des mathématiques appliquées, sous le nom de Résistance des tissus à fils rectilignes. Les résultats obtenus dans la géométrie du lissage donnent lieu à une nou- velle géométrie connue déjà sous le nom de Géométrie des quinconces ; on trou- vera dans le Bulletin de la Société mathématique des développements curieux dus à MM. Laisant, de Polignac et Laquière. De M. Halphen, nous avons une communication qui a été, à tort, dans les comptes rendus, intitulée : Démonstration de l'inexactitude d'un théorème sur les caractéristiques; le litre véritable devait être : Sur les caractéristiques des coniques. C'est dans cette étude que M. Halphen a, pour la première fois, annoncé et prouvé l'illégimité de l'induction admise jusqu'alors, concernant la généralité du résultat reconnu par M. Chasles pour un grand nombre de cas particuliers. « Si (i, V, sont los caractéristiques d'un système de coniques, le nombre des » coniques de ce système qui satisfont à une nouvelle condition est a p. -j- ^ v, » les nombres a, p ne dépendant que de la condition et non du système. » M. Halphen, depuis, a écrit un mémoire complet sur ce sujet, et montré par quoi ce théorème inexact doit être remplacé. M. Gariel, a fait, dans cette session de 1876, une communication sur la Transformation perspective d'une anamorphose relative à la formule des lentilles. 111 La traduction graphique de la formule classique des lentilles ^ 7,' ^^ T donne des courbes que l'on peut remplacer par des droites, à l'aide d'une anamorphose bien connue, correspondant à une graduation des axes suivant une loi déterminée; mais cette anamorphose se prête mal à l'interpolation, à cause du défaut de proportionnalité. M. Gariel a cherché s'il ne pourrait pas réunir les deux conditions, et il y est parvenu par une déformation perspec- tive qui conserve les lignes droites et qui donne la proportionnalité sur les lignes servant d'axes. Bien que, ultérieurement, il ait pu donner une démons- 86 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉGANIQUE tration directe très simplifiée de cette construction, M. Gariel a jugé avec raison qu'il n'était pas sans intérêt d'indiquer la méthode suivie par lui, et qui pourrait être utilisée dans d'autres circonstances. C'est encore dans cette môme session que nous avons eu de M. Cuemona, le célèbre géomètre italien, une communication intitulée : Développement sur la géométrie générale, qui n'est malheureusement indiquée que par son titre dans nos comptes rendus. En 1871, dans plusieurs mémoires communiqués à la Société de Gottingen et à l'institut Lombard (*), M. Cremona a donné, avec de nombreuses applications, la théorie générale de la transforma- tion birationnello d'un espace dans un autre espace, sous la condition que les points des deux espaces se correspondent, en général, un à un, et qu'aux plans d'un espace, correspondent dans l'autre des surfaces algébriques d'un système donné. D'autre part, on sait, d'après M. Lie de Christiania, transformer birationnellement l'espace ordinaire dans un complexe ordinaire du premier degré (et même du deuxième degré) ; et en outre la totalité des droites de l'espace dans la totalité des sphères, la transformation étant rationnelle dans un seul sens. M. Cremona en se servant à la fois de ces résultats et de ses propres transformations, mentionnées ci-dessus, obtient des transformations analogues des systèmes de droites et des systèmes de sphères. Tel a été le principal objet de la communication de M. Cremona à l'Association française. M. Baehk, sous le titre : Théorie des mouvements de l'œil, a exposé la partie essentielle de ses curieuses recherches géométriques sur cette question, qui avaient déjà fait l'objet d'une communication à l'académie royale d'Amsterdam, en 1870. Partant des lois de Donders et de Listing sur la position du globe oculaire, il arrive à reconnaître que le mouvement continu de l'oeil se fait, en général, de la même manière que le mouvement de rotation autour d'un point fixe; il l'assimile ainsi au roulement d'une surface conique sur une autre. 1877 Au Congrès du Havre, M. Mannheim présente une note Sur les plans tan- gents singuliers de la surface de Vonde^ et sur les sections faites dans cette surface par des plans parallèles à ces plans tangents. De l'existence des points singuliers, il déduit l'existence des plans tangents singuUers, et il démontre que les sections faites dans la surface de l'onde par les plans parallèles à ces plans tangents singuliers sont des anallagmatiques du quatrième ordre. Dans une seconde communication. Sur la surface de Vomie, M. Mannheim cherche sur celte surface les transformées des lignes de courbure de l'ellip- soïde dont elle dérive. Il démontre qu'une quelconque de ces transformées est telle que « les normales à la surface, issues des différents points de cette ligne, l*) Voir aussi les Matln-matische Annalea de Leipzig et les Annnli di mukmalka de Milan. LAISA.NT. — DISCOURS D OUVERTURE 87 » sont respectivement perpendiculaires à des diamètres de la surface, égaux •' entre eux. » Du même auteur, Sur les normales de la surface de l'onde, nous avons une nouvelle communication dans laquelle, employant toujours la génération de la surface par un ellipsoïde, il arrive à démontrer plusieurs théorèmes inté- ressants, et en particulier celui-ci : « Les points oîi une normale quelconque de » la surface de l'onde rencontre les plans principaux de cette surface, et le » pied de la perpendiculaire abaissée du centre sur celte normale, déterminent » quatre points dont le rapport anharmonique est constant, quelle que soit >■> cette normale. » Dans la même session, nous remarquons une étude de M. Halphen sur les points singuliers des courbes gauches algébriques. On y trouve un ensemble de propositions importantes formant une véritable théorie générale des singularités « quelconques » des courbes gauches algébriques. La détermination des points singuliers, des tangentes singulières, des plans stationnaires ; les relations entre l'ordre, la classe, le genre de ces courbes, forment la partie la plus importante de l'étude très intéressante dont il s'agit. De M. Laisant, les comptes rendus contiennent une communication Sur quelf^ues propriétés des polygones. L'auteur s'est proposé surtout d'étudier les relations qui existent entre un polygone plan, et celui qu'on obtient en con- struisant, sur chacun des côtés du premier, un triangle semblable à un triangle donné. Il établit assez simplement un certain nombre de propositions, et indique plusieurs solutions de problèmes qu'on peut se proposer à ce sujet, en appli- quant à cette recherche la méthode des équipollences. Sur la surface de Steiner, M. (îohierre de LoNfiCHAMi'S expose des propriétés nouvelles fort intéressantes. Les formules de transformation XX' = YY' = ZZ' = TT', appliquées au plan AX + BY + CZ -|-DT=0, conduisent à la surface A B C D 1 -j 1 =0 qui est, comme l'a reconnu autrefois M. Moutard, la X Y z r surface de Steiner. Dans cette transformation, désignée par M. de Longchamps « par plans réciproques », à un plan P correspond un plan P', et inversement. Ces plans réciproques coupent les faces du tétraèdre de référence suivant deux droites qu'il a nommées transversales réciproques. — L'auteur fait voir qu'il faut distinguer trois espèces de surfaces Steiner, répondant aux trois genres de coniques. Le résultat le plus important auquel il parvient est la détermination du centre de gravité de la surface Steiner du genre elliptique (tout entière renfermée dans l'intérieur du tétraèdre de référence). De M. G. FouRET, Sur une loi grométrique donnée par M. Cluisles, il y a une communication figurant seulement par son titre, mais qui a été publiée ulté- rieurement dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (t. LXXXV). M. Fouret démontre une loi très générale dont M. Chasles, quelques jours aupa- 88 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE ravant, avait donné l'énoncé, comme résultat expérimental en quelque sorte. Cette loi se rapporte à l'étude des lieux géométriques. L'auteur a donné en même temps un théorème analogue pour les surfaces. 11 a poursuivi depuis ces intéressantes recherches qui ont été publiées dans le tome précité des Comptes rendus de V Académie des sciences, Du même auteur, il y a une autre communication : Théorèmes sur les normales aux surfaces algcbricjues, où il reprend des théorèmes publiés sur ce sujet par M, Mannheim, en 1871. M. Fouret généralise ceux-ci et les étend à des surfaces algébriques quelconques définies par leur degré, leur classe et leur rang. Les démonstrations sont basées sur le théorème suivant, que l'on doit à M. de Jon- quières : « Le nombre des points de contact des surfaces d'un système (ji, v, p) » avec une surface algébrique d'ordre m, de classe n et de rang r, indépen- « dante des surfaces du système, est égal à mv -|- n\i -\- rp ». Sous le litre Sijstème des coordonnées tricirculaires et létrasphériques, M. Ed. Lucas présente de nouvelles considérations relatives à ces ingénieux systèmes de coordonnées imaginés par lui. Il donne les équations et les rayons du cercle orthogonal à trois cercles et de la sphère orthogonale à quatre sphères, ainsi que plusieurs autres résultats. 11 montre enfin l'analogie de cette méthode avec la géométrie trilinéaire et tétraédrique, et il en fait des applications nom- breuses aux propriétés focales des quartiques bicirculaires ou anallagmaliques du quatrième ordre linéaire. 1878 Nous arrivons enfin au Congrès de Paris. M. Catalan fait deux commu- nications : Sur les lignes de courbure de la surface des ondes et Sur les lignes de courbure de l'ellipsoide et de la surface des ondes, dans lesquelles il étudie surtout la question à un point de vue analytique. On peut les regarder comme une suite au mémoire du même auteur Sur une transformation géométrique et sur la surface des ondes (Académie de Belgique, 1868). 11 arrive à la relation suivante entre les lignes de courbure de deux surfaces con- du juguées : « La même fonction égale à u —pour les lignes de courbure de s, » devient égale à u —, — pour les lignes de courbure de S. » lulu — vdv De M. GoHiERUE DE LoNGcHAMi'S, nous avons une note .Sur les 7iornialcs aux coniaues. Considérant les coniques comme des courbes unicursales, ce qui esi toujours possible lorsque l'origine est un point de la courbe, on trouve, en appliquant cette idée aux normales, des démonstrations simples de pro- priétés connues, et quelques autres qui sont nouvelles. M. Gohierre de Longchamps a complété ainsi le théorème de Joachimstal, et montré que le cercle qui passe par les pieds de trois normales et par le point A' diamétrale- LAISANT, — DISCOURS D OUVEmUftE 89 ment opposé au quatrième, passe aussi : 4° par la projection du centre 0 de la conique sur la tangente en ce point A' ; — 2° par la projection du point P, d'où partie pinceau de normales, sur la droite qui joint le point A' au point de rencontre avec la conique de la normale au point A, diamétralement opposé à A'. M. Mannheim, au congrès de Paris, a présenté plusieurs travaux. Dans la première de ces communications, Sur la surface de l'onde, il fait usage d'un nouveau mode de représentation des plans tangents à une surface réglée, et retrouve ainsi des résultats déjà mentionnés dans sa précédente communication du congrès de Nantes, et en outre quelques conséquences nouvelles, qui don- nent, par exemple, la solution de la question suivante : On donne un pinceau de normales ; on fait tourner d'un angle droit. chacun des rayons de ce pinceau autour d'un point fixe dans les plans passant respec- tivement par ces rayons et par ce point fixe. Après la rotation, chaque rayon est venu prendre une nouvelle position et appartient à un pinceau de normales ; construire les foyers et les plans focaux de ce nouveau pinceau. Dans une seconde communication, Transformatinn par polaires réciproques d'un pinceau de normales, et extensions, M. Mannheim emploie, ce qui n'avait pas encore été fait, la théorie des polaires réciproques pour la transformation des pinceaux de droites. 11 étahlit ainsi plusieurs propositions dignes d'intérêt. Une autre communicatio:i est intitulée Con.<;/r«c<îon/?c la normale à la surface trajectoire d'un jmnt d'une fitjure de forme invariable dont le déplacement est assujetti à quatre conditions. La note a pour objet d'indiquer un moyen d'ef- fectuer la construction lorsque les axes simultanés de rotation sont imagi- naires. Enlin, dans une dernière communication. Construction des centres de cour- bure principaux de la surface de vis à filet triangulaire et de la surface de vis à filet carré, M. Mannheim fait un ingénieux usage de propositions auxquelles on arrive simplement, en employant quelques théorèmes de géométrie ciné- matique. De M. PiCQUET, il y a, au Congrès de Paris, trois communications, intitu- lées: Sur un nouveau mode de génération des surfaces du troisième degré; — Sur les courbes et surfaces anallagmatiques ; conséquences relatives à quelques courbes et surfaces du quatrième degré ; — Théorèmes sur les surfaces du qua- trième degré. Ces trois communications ont été résumées par l'auteur en un seul mémoire qui a paru dans nos comptes rendus, sous le titre de la seconde d'entre elles. Ce mémoire est divisé en sept chapitres. Dans le premier, l'auteur donne l'équation générale de la courbe ou de la surface anallagmatique de degré m, et sa classe, en fonction de l'ordre ou indice de multiplicité des points cycliques^ ou du cercle de l'infini. 90 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Dans le second chapitre, il en déduit une classification des courbes ou sur- faces algébriques anallagmatiques. Pour un degré donné m, il y a autant d'espèces qu'il y a d'entiers de même parité que m et inférieurs à m, y compris zéro. En particulier, pour le quatrième degré, il y en a deux, dont l'une a été étudiée, mais dont l'autre est signalée pour la première fois. C'est la courbe ou surface du quatrième degré, ayant un point double à l'origine, dont les tangentes ou le cône tangent en ce point vont rencontrer la courbe ou la surface à l'infini, et dont les autres points à l'infini sont les points cycliques ou le cercle de l'infini. Dans le troisième chapitre il est démontré que la courbe déférente de l'anallag- matique de degré m et d'indice k, est de classe m— ket de degré k (2m— 3 k— 1), avec m— 2 k contacts à l'infini. La surface déférente de l' anallagmatiquc de degré m et d'indice k e^^ de classe (m— k), de degré k (3 m^ — 9 m k -f 7 k^ — 4 m + 6 k-|- i) et admet le plan de Vinfmi comme plan tangent multiple d'ordre m — 2 k. La déférente est, comme on sait, le lieu des centres des cercles ou des sphères tangents à l'anallagmatique et coupant orthogonalement le cercle ou la sphère d'inversion. Le quatrième chapitre généralise, à toutes les courbes du quatrième degré à point double, les résultats démontrés pour les courbes anallagmatiques d'indice 1 et de degré 4. Il y est démontré, en particulier, que les points de contact des six tangentes menées du point double à une pareille courbe sont sur une même conique. Le cinquième chapitre est consacré à la démonstration d'un nouveau mode de génération, applicable à toutes les courbes du quatrième degré à point double. Dans le sixième chapitre, l'autLur générahse, pour les surfaces du quatrième degré à directrice rectiligne double, ou du cinquième degré à directrice triple, les résultats démontrés pour les courbes du quatrième degré à point double. Si par la directrice, on même des plans tangents à la surface, dans le premier cas, les huit points de contact sont à Vintersection de trois surfaces du second degré, dans le second cas, les onze points de contact sont sur une surface du second degré . Enfin, dans le chapitre VII, l'auteur examine le cas où la surface du qua- trième degré est involutive, c'est-à-dire où les couples de plans tangents à la surlace en chaque point de la directrice double sont en involution. Dans une communication de M. Liguine, Sur les aires des trajectoires décrites dans le mouvement plan d'une figure de forme invariable, l'auteur, après avoir résumé les principaux résultats obtenus jusqu'à présent, insiste sur deux importants théorèmes découverts en Angleterre par MM. Leudesdorf et Kempe. En complétant les travaux de ces deux géomètres, il parvient à un énoncé intéressant dont nous reproduisons seulement ici un fragment bien incomplet : « Quand une figure plane se meut dans son plan et revient finalement à sa « position initiale, tous les points, liés à la figure mobile, qui engendrent LAISAXT. — DISCOUnS D OUVERTUKE 91 » des lignes fermées d'aires constantes, sont situés sur une circonférence ; » toutes les circonférences analogues sont concentriques. » M. FouRET, à la même session, communique des Propriétés nouvelles des poly- gones semi-réguliers. Cette étude, non encore publiée, contient comme principal résultat une généralisation de deux des théorèmes si remarquables du géo- mètre anglais Stewart, cités avec éloge par M. Chasles, dans son Aperçu historique. On en déduit comme conséquences presque immédiates la plupart des théorèmes sur les polygones semi-réguliers, dus à MM. Chasles, Breton de Champ, Transon et Pigeon. Dans une seconde communication, inédite aussi, Études sur les courbes algébriques^ M. Fouret s'occupe du lieu des points en chacun desquels se coupent, suivant une loi donnée, k branches de courbes appartenant respec- tivement à k systèmes donnés. La loi en question est déterminée par une rela- tion algébrique entre les lignes trigonométriques des angles formés par des tangentes aux courbes considérées avec un axe fixe. Les systèmes de courbes sont dehnis par leurs caractéristiques. Le résultat consiste dans une formule très générale, qui lournit comme cas particuliers, la solution de diverses questions étudiées par MM. Chasles et de Jonquières. De cette formule, on en déduit une autre qui expnme le nombre des points d'une courbe algébrique donnée, en chacun desquels cette couibe est coupée par k courbes, appar- tenant respectivement à k systèmes donnés, suivant une loi algébrique déter- minée. Entin, M. Fouret a présenté Sur les surfaces de vis un travail qui est publié dans nos comptes rendus. Les surfaces hélicoïdales de même axe et de même pas forment, dans leur ensemble, un implexe dont les caractéristiques sont toutes deux égales à l'unité. De ce tait, M. Fouret déduit immédiatement plu- sieurs propriétés intéressantes de ces surfaces héliçuïdales. Cette étude conduit tout naturellement à celle du système composé de surfaces de vis de même axe et de même pas. Entre autres résultats, on trouve que la courbe d'om- bre propre d'une surface de vis à filet carré, éclairée par un point lumineux quelconque, est l'intersection de cette surface par une surface du troisième ordre. De M. Halphen, nous avons une communication Sur le nombre des coniques satisfaisant à cinq conditions indépendantes entre elles. Ce problème est célèbre en ce qu'il a donné naissance à la théorie des caractéristiques. Alors que le théorème représenté par la formule N = xa -|- était réputé exact, le problème se trouvait immédiatement résolu. Mais le manque de généralité de ce théorème entraîne la même conséquence pour la solution du problème, que l'auteur a trouvée par des fornmles d'un genre entièrement nouveau. Une seconde communication de M. Halphen Sur les invariants différentiels de courbes gauches, constitue un chapitre nouveau, ajouté à la théorie générale des 92 MATHÉMATIQUES, A^^TRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE formes projeclives. C'est une suite à la thèse de doctorat de l'auteur Sur le« invariants différentiels. — Pour une courbe gauche, en un point, quels sont les éléments infinitésimaux projectifs? Telle est la question posée géométri- quement. — Désignant par x une variable indépendante, par y, s, deux fonctions de cette variable, quelles sont les équations différentielles entre X, y, z que toute substitution homographique transforme en elles-mêmes? Telle est la question posée algébriquement. M. Halphen indique les premiers fondements de la théorie à laquelle ces questions donnent lieu, théorie qui fait l'objet de ses travaux actuels, et qui, entre ses mains, est arrivée à un degré de perfection remarquable. M. Laisant, dans une communication Sur une (jénéralisalion de la division harmonique, étend au plan tout entier la définition de quatre points conjugués harmoniques en ligne droite, en se servant de la représentation géométrique des imaginaires. 11 montre que ces quatre points sont sur une circonférence, et indique quelques autres conséquences déjà connues. Une autre communication de M. Laisant est intitulée : S\tr la déformation métallique des surfaces. C'est une remarque sur les lignes transformées d'un réseau rectangulaire tracé sur une lame métallique, lorsqu'on emboutit cette lame pour lui donner une forme cylindrique: cette question a été examinée précédemment par M. Tresca. Un des sujets de mathématiques les plus intéressants dont on se soit occupé au Congrès de Paris a été le suivant, présenté par M. Léon Lalanne : De l'emploi de la géométrie pour résoudre certaines questions de m,oyennes et de pro- babilités. Sur celte matière, on peut aussi consulter d'intéressants travaux du même auteur, publiés dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (26 août 1878) et dans le Journal de mathématiques pures et appliquées (mars et avril 4879). La question très originale que M. Lalanne résout tout d'abord par la géométrie est celle-ci : « Dans le nombre infini de triangles possibles » dont les côtés ne sont assujettis qu'à la condition d'être compris entre deux » limites connues a et b, quelles sont les valeurs moyennes des trois côtés, » préalablement rangés par ordre de grandeur ? » L'auteur fait ensuite l'application du môme procédé à certaines questions de probabilités, et spécialement à un problème curieux, imaginé par M. Emile Lemoine, sur une tige de verre qui se brise en trois morceaux. De M. TcHEBicHEF, Sur la coupe des vêtements^ nous avons une communica- tion très intéressante qu'il est regrettable de ne pas trouver in-exlenso dans les comptes rendus. Partant de certaines hypothèses sur la conlexture des tissus, il donne les formules qui permettent de déterminer les contours imposés à deux,- trois ou quatre morceaux d'étoffe pour recouvrir le plus exactement pos- sible la surface d'une sphère. A cette occasion, M. Édouaud Lucas l'appelle. Sur la (jcométrie du tissa(je,\es LAISANT. — DISCOURS d'oUVERTURE 93 principes fondamentaux développés précédemment par lui à Clermont-Ferrand. et présente des observations auxquelles nous avons fait allusion plus haut. M. TcHEBiCHEF, dans une seconde communication Sur les parallélogrammes les plus simples sijmétriques autour d'un axe, étudie des dispositions ingénieuses de parallélogrammes articulés, qu'il a imaginées, et expose à ce sujet des for- mules intéressantes. Comme dans le dispositif de Watt, il décrit seulement la ligne droite par approximation, mais cette approximation est très grande. III C\L(JLL INFINITÉSIMAL ET CALCIL DES FONCTIONS 1873 L'analyse infinitésimale pure lient dans nos travaux une place relativement restreinte. Au Congrès de Bordeaux, en 1872, il n'y eut aucune communication relative à cette branche des mathématiques. A Lyon, l'anHée suivante, nous en trouvons une Sur les quadratures de M. TCHEBICHEr. Le problème dont l'auteur se propose la solution consiste, la fonction F (x) étant donnée, à exprimer le plus près possible les intégrales de la forme / F (,r) 9 (x) dx par la formule /.• ('-?(.ï'|) + ? (r.)) + .. .. -f-sjir,,)) C'est la généralisation d'une question étudiée par Gauss et des recherches + 1 analogues de M . llermile, sur l'intégrale / — . dx. ./ I -X2 Les intéressantes formules que M. Tcîiebichef établit dans ce mémoire mé- ritent d'attirer l'altention des géomètres, non seulement à cause des résultats, mais en raison même de l'analyse par laquelle il y parvient. Une seconde communication du même auteur est intitulée Sur les valeurs limitei des intégrales. M. Tchcbichef donne une méthode pour déterminer la valeur limite de certaines intégrales, à propos d'un mémoire de M. Bienaymé, publié en \S'3'.i. 11 montre l'utilité prati(iue de cette méthode pour la théorie des probabilités. 94 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 1874 A Lille, M. CoLLiGNON communique une Méthode géométrique d'éralualion de certaines intégrales doubles. Il s'agit d'intégrales de la forme 1 | a-'» y» dx dij, étendues à tous les éléments d'un contour plan donné. Depuis, M. Collignon a bien élargi le champ de ses premières recherches, et ses cours contiennent des solutions graphiques de beaucoup de problèmes de la même nature. Le but à atteindre est toujours de ramener le problème proposé à la recherche d'une aire plane. 1875 Les comptes rendus du Congrès de Nantes contiennent une communication, de M. Hermite, Sur le développemeiit de l'inverse du sinus d'amplitude et de son carré, suivant les puissances croissantes de la variable. Cette note du célèbre géomètre a été le point de départ d'un travail plus étendu, publié l'année sui- vante dans le Journal de M. Borchardt, sous le titre : « Extrait d'une lettre » de M. Ch. Hermite à M. Kœnigsberger sur le développement des fonctions )) elliptiques suivant les puissances croissantes de la variable. » La même question d'analyse a été traitée dans une thèse de doctorat, par M. Désiré André, sous un point de vue entièrement différent. On peut résumer en ces termes l'objet essentiel des recherches en question : le calcul et les propriétés des coefficients des puissances successives de la variable dans les développe- 1 i ments des fonctions suivantes: s\nanix, cosamx, Ar/»?x, _ . sin amx sin- amx Dans la même session de 1875, M. le Colonel Parmentier, aujourd'hui gé- néral , communiquait sous ce titre : Comparaison analytique des différentes méthodes d'approximation pour la quadrature des courbes planes, et formule nou- t^elle, un intéressant travail, publié dans nos comptes rendus, et qui mérite qu'on s'y arrête quelques instants. Le développement en série des expressions de l'aire d'une courbe et des aires des polygones inscrit et circonscrit dont les côtés se terminent à des coordonnées équidistantes montre que la différence S — A entre les aires de la courbe et du polygone inscrit tend rapidement à devenir double (en valeur absolue) de S — A', différence entre les aires de la courbe et du polygone circonscrit, à mesure que l'équidistance des ordonnées devient de plus en A -H 2 A' plus petite. 11 s'ensuit que la moyenne ^-^^ — est beaucoup plus approchée de S que la simple moyenne arithmétique — 9 — QU*' a servi de base à Poncelet pour établir sa formule de quadrature. C'est d'après cette donnée de l'analyse que M. le colonel Parmentier a modifié la formule de Poncelet. En adoptant la disposition ingénieuse imaginée LAISANT. — DISCOURS d'ouVERTURE 9S I)ar ce dernier pour que les mêmes ordonnées entrent dans le calcul de A et de A', M. Parmentier est arrivé à une nouvelle formule qui diffère seulement de celle de Poncelet par un coefficient numérique : -j au lieu de — — L'auteur compare ensuite sa formule avec celle de Simpson, et fait voir que les deux méthodes ne diffèrent pas essentiellement. La formule de M. Parmentier a été imaginée par lui dès 1834 (Voir Mémorial de Vofficicr du génie, n" 16). Mais il y a, dans le travail que nous venons de résumer sommairement ici, des considérations vraiment nouvelles. 1876 Au Congrès de Clermont-Ferrand, nous trouvons de M. Catalan une com- munication Sur les fonctions Xn de Legendre. Parmi les théorèmes très nombreux contenus dans ce travail, nous citerons seulement celui-ci : « Si a est une racine de Xh = o, on a Xn = X"' I «+1 A la môme session, M. Halphen, dans une Note sur une équation différen- tielle de Jacobi, présente des observations ayant pour but de rappeler les théories nouvelles, dues à MM. Fouret et Clebsch, dans lesquelles l'équation de Jacobi se présente et s'intègre à vue. 1877 Les comptes rendus de la session du Havre contiennent deux communica- tions de M. Jarlonski. La première. Sur une clause d'équation différentielles^ est relative aux équations de la forme diji __ dij., _ _ dUn Pyi — Pi ~' P/z-i - P-2 ■ ■ P;/" — P't oi^i P, Pj, P.2, ... P« sont des fonctions linéaires de j/,, y.y, ... ijn . Cette forme comprend en particulier l'équation bien connue L (œdij — ydx) — Udij -\- Ndx == o. L'auteur arrive à intégrer complètement ce système en égalant à dx chacun des rapports ci-dessus, x représentant une variable auxiliaire. 11 montre que les intégrales de ce nouveau système sont de la forme a,, a^, ... a„ , a dépendant d'un système d'équations différentielles liné lires à coelUcienls constants. 96 MATHÉMATIQUES, ASTRO.NOMrE, GÉODÉ'^IE ET MÉCANIQUE L'intégration de ce système par la méthode classique conduit à résoudre une équation algébrique du degré n -\- i. Si ses racines sont toutes commen- surables, les intégrales sont algébriques. L'auteur termine en étudiant le cas des racines égales, et en montrant comment il faut alors modifier le système intégral. La deuxième communication de M. Jablonski est un Mémoire mr l'existence de l'inlêgrale. La démonstration qu'il propose s'applique aussi bien à plusieurs variables qu'à une seule, et à un système d'équations qu'à une équation unique. Elle repose sur ce fait que toute fonction holomorphe u de la variable imaginaire z, et en général -^^ peuvent être mises sous la forme dzP ' 1, 2 ... {n - p) V étant une fonction entière en ;;, les 6 des fonctions holomorphes, et U une certaine fonction. Les substitutions faites dans une équation différentielle quelconque, au moyen de ces formules, permettent de ramener le fait de l'existence de l'inté- grale à celui de l'existence d'une racine d'équation. M. GoHiERRE DE LoNGCHAMPS, à la même session, a présenté une Note sur l'intégration d'une équation aux différences finies. Cette équation est la suivante: (x- -}- 2) F (x) = 1 H- (ce — 1) F (dî — 1). La méthode de l'auteur consiste à changer de fonction. A l'équation aux différences finies proposée correspond une nouvelle équation du même genre. Au bout de n opérations analogue?, on obtient une équation finale renfermant l'arbitraire n qui a été introduite, pour ainsi dire, unité par unité. Disposant de n pour simplifier, on intègre cette équation finale; puis, de proche en proche, on arrive à déterminer les autres fonctions, jusques et y compris la fonction proposée. On peut consulter sur cette question et sur d'autres analogues, les travaux suivants : Laplace, Œuvres, t. Ylll, livre I, p. iG3 ; — Lagrange, Sur les Suites récurrentes ; Œuvres, t. IV, p. 151 ; — André, Thèse d'analyse, Gau- thier-Yillars, 1877. De M. Catalan, il y a une coumnmication Sur quelques développcmenls de l'intégrale elliptique de première espèce. Parmi les résultats intéressants qu'obtient M. Catalan au moyen d'ingénieuses transformations, nous citerons seulement celui-ci, dans lequel F (c) représente l'intégrale elliptique de pre- mière espèce. Dans cette formule, l*s représente un certain nombre entier. LAISA.M. UISCOUHS d'oUVERTL'UE 97 1878 Au Congrès de Paris, M. Gohiekhe de Lokgchamps a entretenu les première et deuxiènfie sections de V Intégration d'une cquation considérée par Laplace. En appliquant à l'équation aux différences finies .»• F (a) -\- {oc — 1) F (ce -|~ ') = a^ la méthode exposée au Congrès du Havre et dont nous avons parlé plus haut, l'auteur est arrivé pour l'intégrale à un résultat différent en appa- rence de celui qu'a donné Laplace (Voir Laplace, Œuvres, t. Yli, p. 103). En rapprochant ces deux résultats, on obtient une identité remarquable el des expressions nouvelles d'intégrales définies, renfermant comme cas particulier les intégrales eulériennes. Au même Congrès, M. Daiibolx a présenté des Considérations sur les équo' lions différentielles qui se rapportent à la déformation des surfaces. C'est à l'occasion de la communication de M. Tchebichef, sur la coupe des habits, que cette question s'est présentée. M. Tchebichef avait été conduit au problème suivant : « Etant donnée une surface, mettre la distance ds de deux points « infiniment voisins sous la forme y/rfjc'^ + dif -\- ïJX dx dtj », et il avait donné une solution approchée de cette question. M. Darboux montre : i" Qu'on peut la résoudre d'une manière complète et rigoureuse pour le plan ; 2" Qu'on peut en trouver des solutions particulières quand la surface est de révolution, et dans quelques autres cas. IV mécanique rationnelle; mécanique APPLIQUEE. 1872 La seule communication relative à la mécanique, qui figure au Congrès de liurdeaux, est celle de M. Pichon, sur un Nouvel appareil de navigation aérienne. M. Pichon, persuadé que la solution du problème se trouve dans l'imita- tion du vol des oiseaux, a imaginé de suspendre une barque aérienne à deux axes transversaux portant à leurs extrémités des cadres à palettes mobiles. Ces axes recevraient une vitesse de vingt-sept tours par seconde, et les palettes, par une disposition parliculère, ne presseraient sur l'air que dans un seul sens. Des calculs un peu sommaires amènent iM. Pichon à considérer son appa- reil comme très réalisable ; mais nous ne croyons pas que l'expérience, sou- veraine maîtresse en ces matières, ait prononcé jusqu'à présent. 98 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 1873 A Lyon, sous ce titre : Exemple de l'application de la statique à la géomé- trie, M. CoLLiGNON a donné une méthode, fondée sur la considération des centres de gravité, pour construire un triangle équivalent à un secteur circu- laire. Le principe de cette solution est emprunté au tome II (§§ 183 et suiv.) de son Traité de Mécanique, oix il s'est attaché à montrer le parti qu'on peut tirer de la Statique pour résoudre de nombreuses questions de Cinématique ou de Géométrie. M. TcHEBiCHEF, à la même session, communique un travail Sur un nou- veau régulateur à force centrifuge. L'auteur, en présentant cet appareil montre expérimentalement qu'il rem- plit bien les conditions demandées à un régulateur. L'appareil est d'ailleurs plutôt théorique que pratique; il est surtout intéressant en ce qu'il donne la résolution matérielle d'une question mathématique. De M. Marcel Deprez, il y a aussi deux communications; mais nous les passerons actuellement sous silence pour donner un coup d'œil général, dans la septième partie de la présente notice, aux travaux si remarquables et si originaux de ce jeune savant. 1874. A Lille, M. Marey entretient le congrès Des moyens d'économiser le travail moteur de l'homme et des animaux. C'est un chapitre des beaux travaux qui l'ont conduit, depuis lors, à l'Académie des sciences. L'analyse de la pro- duction et de la transmission de la force musculaire montre que la force est engendrée dans le muscle en un temps très court (2 ou 3 centièmes de seconde) et employée d'abord à tendre le tissu élastique du muscle, qui agit à la manière d'un ressort, pour vaincre la résistance et faire du travail. Ces circonstances sont favorables pour vaincre les résistances d'inertie, qui seraient énormes s'il fallait que les masses que déplacent nos muscles prissent la vitesse que commanderait la brièveté de l'action musculaire. Cette transformation des forces de courte durée en tension élastique se re- trouve partout dans la mécanique animale et offre une économie de travail, en diminuant les résistances. M. Marey a démontré au moyen d'un appareil théorique qu'une force vive appliquée à une masse sans intermédiaire élas- tique ne produit qu'un choc, et des vibrations sans travail utile, tandis que ia même force, appliquée par l'intermédiaire d'un ressort élastique^ produit du travail réel. Enfin, l'auteur a proposé d'appliquer ce procédé de la nature pour utiliser iés secousses et les chocs qui se produisent dans la traction des fardeaux ; et au LAISANT. — DISCOURS D OUVERTURE 99 moyen d'un organe légèrement extensible placé sur le trajet des traits d'une voiture, il a constaté au dynanomètre une économie notable (parfois 26 p. 0/0) du travail moteur. 1875 De M. DE LA GouRNERiE, il y a eu, au Congrès de Nantes, communication d'une Note sur des expériences entreprises pour déterminer la direction des pres- sions qui se développent dans une arche biaise. iNous nous contentons de la men- tionner, car le débat qu'elle soulève, et qui s'est poursuivi depuis lors , est relatif à l'art de l'ingénieur , bien plutôt qu'aux mathématiques proprement dites. C'est toutefois une bonne fortune pour nous que M. de la Gournerie ait bien voulu devenir, en cette circonstance, notre collaborateur. M. E. Leneveu a communiqué un travail sur le Tracé des engrenages épi- cycloïdes. Son but est d'éviter l'existence d'une section de rupture intérieure à la circonférence primitive. 11 a été conduit à prendre des circonférences génératrices dont les diamètres soient plus petits que les rayons des circon- férences primitives. 11 reste à déterminer le diamètre des circonférences géné- ratrices, de manière à être assuré d'avoir une denture d'égale résistance, même après une certaine usure. Une comumnication de M. Saint-Loup est intitulée : Résistance de l'air au mouvement d'une lame plane. Elle contient la description d'un appareil spé- cial pour l'étude de cette résistance. Les expériences, interrompues depuis lors, ont été reprises récemment, et on peut consulter utilement à ce sujet les Coniptes rendus de l'Académie des Sciences (séance du 16 juillet 1879). De M. FouRET, à la même session, il y a une communication, dont le titre seul figure dans nos comptes rendus, sur la Détermination graphique des mo- ments fléchissants d'une poutre droite. Ce travail a fait l'objet d'une note pu- bliée dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences (t. LXXX, p. 1668) et d'un mémoire inséré dans les Annales des ponts et chaussées (avril 1876). M. Collignon, dans son Cours de mécanique appliquée aux constructions, a également introduit l'exposé de cette méthode, dont l'essence est dans la réso- lution graphique du système d'équations du premier degré auquel Glapeyron avait réduit le problème. La forme particulière de ces équations se prête à une solution géométrique élégante et très pratique. 1876 Au Congrès de Clermont-Ferrand, M. Arson présente un Essai de théorie Sur le ventilateur à force centrifuge. Cet appareil est très fréquemment appli- qué, mais il ne semble pas, d'après M. Arson, qu'on sache en tirer loutles parti possible. L'auteur étudie les formes et proportions les plus rationnelle à donner à l'appareil, le tracé des aubes, les conditions de l'entrée de l'air 100 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE et les dispositions les plus propres à réduire la vitesse de l'air à la sortie. Pour compléter cette étude, Tauteur reconnaît, du reste, qu'il faudrait cer- tains éléments fournis par l'expérience, et qu'on ne connaît pas bien encore. Une communication de M. Valentino Cerruti consiste en une litude sur quelques fropriélés du viriel . Cette fonction, introduite par Clausius, et impor- tante dans la théorie des petits mouvements moléculaires, se définit par l'ex.- pression ^ i\ (x — i) -\- \ yy — ■t\) -\- 1 {z — gj, X, Y, Z étant les compo- santes d'une force, a, y, z les coordonnées du point d'application, et Ç, ïi, C celles d'un point arbitraire par rapport auquel est évalué le viriel. De celte expression, M. Cerruti conclut très simplement plusieurs propriétés intéres- santes, et y joint aussi quelques conséquences relativement à la théorie mathé- matique de la chaleur et de l'élasticité. M. G. F. W. Baehr, h la même session, présente une A'o/c sur la cincmatique des fluides. En considérant, pour les points du fluide qui environnent à une très petite distance un point pris pour centre, le déplacement relatif, par rapport à ce centre, estimé dans le sens du rayon vecteur, on trouve qu'au- tour de chaque point du fluide on peut décrire un système d'hyperboloïdes à une nappe, séparé par le cône asymptote d'un système d'hyperboloïdes à deux nappes, jouissant de la propriété suivante. La composante du déplacement re- latif est dans le sens positif du rayon vecteur pour tous les points des sur- faces de l'un des systèmes, et dans le sens négatif pour l'autre système. Sur le cône asymptote, le déplacement relatif estperpendiculaire au rayon vecteur. De M. G. Jung, nous avons une couimuiiicalion Sur les problèmes inverses des moments d'inertie et des moments de résistance d'une section plane. R 1 Dans la formule M = — '- (voir Collignon, Cours de méc. appl. aux con- V structions, !■■'' partie, résistance des matériaux, nouv. édition, 1877, page 128), M M. Jung désigne le rapport -g- sous le nom de Moment de résistance. K Cela posé, soit donnée une tigure plane (p. ex. la section transversale d'une poutre droite). On sait déterminer graphiquement soit le moment d'inertie .],soii le moment de résistance M par rapporta un axe neutre donné. Ici, inversement, il s'agit de trouver une figure ihnt on connaît la forme et l'orientation dans son plan, sous la condition : A : ou qu'elle ait, par rapport à un axe neutre déterminé^ un moment d'inertie J donné d'avance; B : ou bien qu'elle ait, par rapport à un axe neutre déterminé, un moment de résistance M donné d'avance. On résout ces deux problèmes inverses par la méthode graphique. La solution est générale et uniforme pour toutes sortes de ligures. Elle con- siste en ce qui suit : LAISANT. — DISCOURS D OUVERTURE jOl l" On construit arbitrairement une figure F' homothétique à la figure F qu'il s'agit de trouver. 2° On en détermine directement, soit le moment d'inertie J', soit le moment de résistance M' selon qu'il s'agit du problème A ou du problème B. 3'' Au moyen de ce premier résultat, on détermine graphiquement le rap- port (t d'homothétie entre F' et F. 4° Ce rapport \l étant trouvé, il ne reste qu'à construire la figure F homo- thétique à F', et qui résout l'un ou l'autre des deux problèmes proposés. M. CoLLiGNON a entretenu les première et deuxième sections du Tracé gra- phique d'une orbite parabolique suivant les lois de Kepler. Ce travail, dont le titre seul figure aux comptes rendus du Congrès de Clermont, contient un théorème publié depuis dans le Journal de l'École j^olytechnique (1879) et dont voici l'énoncé : « Lorsqu'un point mobile parcourt la parabole suivant les lois » de Kepler, et qu'on mène en ce point la normale à la trajectoire, le point » de rencontre de la normale et de h directrice est animé d'un mouvement » uniforme. ^) Les comptes rendus contiennent un intéressant mémoire de M. A. Cornu, intitulé : Théorie de la liaison synrhronique des appareils oscillants. L'essence m/'-me de cette théorie se trouve dans l'énoncé suivant, que l'auteur développe en l'accompagnant d'une analyse complète : « Un corps en oscillation, pendule ou lame vibrante, reçoit une attraction « très faible pendant un temps très court, mais à des intervalles bien égaux. » Si la durée de l'oscillation diffère peu de la période de succession des » attractions extérieures, le système finit par prendre un mouvement oscilla- » toire et permanent, de même période que ces attractions. » M. Cornu a été conduit à celte étude par le réglage du .synchronisme de certains appareils au moyen des forces électro-magnétiques. 1877 Une communication de M. Collignon au congrès du Havre est intitulée Recherches sur le mouvement épicycloidal ; elle a été insérée in-extenso dans nos comptes rendus. C'est la question particulière dont nous venons de parler un peu plus haut, et relative au mouvement parabolique, qui a conduit M. Colli- gnon à considérer le mouvement épicycloïdal en tenant compte du temps, ou en imposant des conditions de vitesse à la courbe roulante. Sur la cinématique des fluides, M. Baehr communique verbalement ce résul- tat, qui fait suite à ses travaux de l'année précédente sur le même sujet : Si, par rapport à trois axes rectangulaires, les composantes du déplacement relatif satisfont à certaines conditions, telles que le mouvement permanent relatif soit périodique, alors on peut mener par chaque point du fluide une droite jouissant des propriétés suivantes : i" les molécules sur cette droite restent en repos relatif; '2.^ les autres décrivent des ellipses dont les centres sont 102 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE sur cette droite, et dont les plans sont tous perpendiculaires à une autre droite. Le mouvement sur ces ellipses a lieu comme si la molécule était attirée vers le centre, proportionnellement à la distance. Il y a une seconde communication du même auteur Sur un moyen mécani- que de déterminer les rayons de courbure des différentes sections normales en un point quelconque d'une surface, par l'observation des temps d'oscillation d'une rèqle placée sur la surface. La formule qui donne le temps d'une oscillation très petite contient le rayon de courbure; par conséquent, si le temps est donné par l'observation, on peut en déduire le rayon de courbure cherché. M. Paul Guieysse communique une Note sur les sondages à grande profon- deur. Dans cette note fort intéressante, l'auteur étudie les lois de la chute d'un plomb de sonde ; il arrive ensuite à la détermination de la profondeur par l'observation du temps de descente de longueurs fixes de la ligne de sonde. Sur un sujet analogue, M. Guieysse nous annonce, pour le présent congrès, un nouveau travail sur la détermination des courants de surface et de fond par les sondes, et qui formera la suite naturelle de la note dont nous venons de parler. Enfin, de M. A. Duvergier, sous le titre : Perfectionnement à l'indicateur Richard^ nous avons une communication de mécanique pratique. L'appareil Richard présente l'inconvénient de nécessiter un agencement cinématique spécial pour chaque machine. C'est à cet inconvénient que remédie M. Duver- gier par la disposition ingénieuse qu'il propose, et dans le détail de laquelle il nous est malheureusement impossible d'entrer ici. 1878 Une communication de M. Collignon au congrès de Paris est intitulée : planétaires obtenues en faisant varier la direction, mais non la grandeur de la vitesse initiale. C'est une généralisation fort remarquable, et par un procédé tout à fait élémentaire, de la courbe de sûreté dans le tir parabolique. L'en- veloppe dont il s'agit est une ellipse. Il y a du même auteur une communication Sur une manière de rendre tau- tochrones les oscillations d'un point le long d'une courbe plane. Cette communi- cation est insérée d'une manière très complète dans nos comptes rendus et fait l'objet d'une analyse fort intéressante. Le procédé théorique consiste essentiellement à substituer au point matériel un solide de révolution assu- jetti à rouler sur une voie dont la construction géométrique est indiquée. L'auteur fait ensuite l'appl cation de sa théorie au pendule composé. Son appareil tautochronisateur est en ce moment même en construction dans les ateliers Ruhmkorflf. LAISANT. — DISCOURS d'ouVERTURE 103 M. Laisant, fait une communication Sur la cinématique du plan^ dont un extrait a été publié dans nos comptes rendus, et qui a paru in extenso dans les Nouvelles Annales (1878, p. 481-306). C'est une application de la méthode des équipollences aux principales questions de cinématique plane : vitesses, accélérations des divers ordres, mouvement d'une figure. La méthode de M. Bellavitis semble s'appliquer à ces recherches d'une façon particulièrement heureuse. Une première communication de M. Ph. Gilbert est intitulée : Sur la réduction des forces centrifuges composées dans le mouvement relatif d'un corpa solide. Dans ce mouvement, les forces centrifuges composées de tous les points sont réductibles à une force R et à un couple G. Partant d'une expression particulière de la force centrifuge composée, on exprime les composantes parallèles à trois axes liés au corps, en fonctions des composantes de la rota- tion du système de comparaison, et de la rotation relative du corps lui-même. De là M. Gilbert déduit : \° le théorème de M. Resal; 2" une construction géométrique simple de la résultante R ; 3° une construction géométrique éga- lement très simple do. l'axe du couple résultant G; 4" diverses propriétés des forces centrifuges composées en général. — Les formules relatives à l'axe G donnent immédiatement l'équation des mouvements par rapport aux axes d'inertie des corps, obtenue par M. Quot. Le même auteur a présenté un autre travail ayant pour titre Sur l'application des équations de Laçp-ançje aux mouvements relatifs. On sait que Bour a donné les équations différentielles de Lagrange sous la forme convenable pour l'application aux mouvements relatifs. Ces équations sont ici établies par M. Gilbert d'une manière immédiate, et leur interprétation géo- métrique conduit à un théorème général important, sur le mouvement appa- rent d'un système dont le centre de gravité est fixe sur la terre. Appliqué aux problèmes du gyroscope complet, traités par M. Lottner et par Bour, ce théorème fournit, presque sans calcul, les équations différentielles du mou- vement, même en tenant compte des quantités du même ordre que le carré de la rotation terrestre. Dans le cas où l'axe du gyroscope est libre dans tous les sens, l'intégration s'eiTectue au moyen des fonctions elliptiques. Dans le cas où cet axe ne peut se mouvoir que dans un plan fixe par rapport à la terre, on démontre qu'il oscille par rapport à sa position d'équilibre comme une pendule simple dont le plan d'oscillation tourne autour de la verticale, avec une vitesse angulaire constante (régulateur de Watt). -104 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE MÉCANIQUE CÉLESTE ET ASTRONOMIE. — GÉODÉSIE. — TOPOGRAPHIE. — ARPENTAGE. 1872 Sous le titre : De la Méridienne de France, il y a eu, au congrès de Bor- deaux, une communication faite en séance générale par M. le commandant Perrier, alors capitaine. Dans ce mémoire, il a montré comment la France avait perdu le premier ran"- longtemps occupé par elle en Géodésie. Tous les travaux exécutés par les ino-énieurs-géographes de 1818 à 1831, c'est-à-dire les grandes opérations géodésiques de la Carte de France, sont calqués sur le modèle de la méri- dienne de Delambre et Méchain. Instruments et méthodes d'observation restent immuables pendant toute cette période. On reste stationnaire en France, tandis qu'à l'étranger tout se trans- forme. Les ingénieurs géographes s'aperçoivent bien que le travail de Delambre, qui leur sert de base, est imparfait, mais ils continuent leurs opé- rations sans se préoccuper du côté scientifique de l'étude de la terre, unique- ment absorbés par la nécessité de trianguler le pays pour les besoins de la Carte. Quand M. Perrier est entré au service géodésique en 1861, à ses débuts, il avait la conviction que les instruments répétiteurs de la France étaient supérieurs à tous autres, que nos méthodes étaient incomparablement plus parfaites que les méthodes des étrangers. Envoyé la même année en mission en Angleterre, il put s'assurer qu'il n'en était pas ainsi, que la Géodésie s'était transformée, que les savants étrangers, après avoir été nos élèves, puis nos émules, étaient devenus nos maîtres. Pendant neuf ans (4861-1869), le capitaine Perrier a rédigé notes sur notes pour prouver que les méthodes françaises devaient être transformées, mais il restait encore au dépôt de la Guerre deux ex-ingénieurs-géographes (général Blondel et colonel Levret), et ils croyaient toujours à l'infaillibilité de Delambre! Ce n'est qu'en 1870, lorsqu'ils eurent quitté le Dépôt de la Guerre,';qu'il fut possible de rompre hardiment avec une tradition surannée. Une circonstance heureuse vint en aide à M. Perrier. Il démontra, en 1868, que la liaison de l'Algérie avec l'Espagne était possible, et que cette liaison aurait pour consé- quence l'extension de la méridienne de France jusqu'au Sahara, c'est-à-dire la mesure complète d'un arc de méridien de trente degrés d'amplit ide. Le maréchal Niel, frappé de l'importance de ce résultat, avait décidé que l'œuvre des ingénieurs-géographes serait reprise en entier avec des instru- ments nouveaux, et par les méthodes modernes. Le mémoire que nous analysons contient la description du cercle azimutal réitérateur, et l'exposé de la méthode d'observation adoptée par l'auteur. LAISVNT. — DISCOURS d'OUVERTURE lOo Depuis 1873, le cercle azi mutai est employé par toutes les puissances de l'Europe. Voici les avantages qu'il présente : Stabilité et simplicité, pas de cercle vertical; l'éclairage zénithal constant des divisions du limbe; suppression des temps morts des vis de rappel: micros- copes à micromètres remplaçant les verniers; enfin réticule, ou fil mobile au moyen d'une vis micrométrique, et permettant de pointer plusieurs fois le même objet, afin de réduire l'erreur de pointé. Comme conséquence, sup- pression des signaux en bois ou en pierre, et substitution des signaux solaires de Gauss (héliotropes, employés pour la première fois en France). De M. L. Respighi, directeur de l'Observatoire du Capitole, à Rome, il y a, en ISTS, une communication Sur la lunette zénithale de rObservatoire du Capitole. M. Respighi , avec un appareil très simple, a pu se procurer une lunette zénithale, dans laquelle la distance zénithale est mesurée directement au micromètre filaire, sans avoir besoin du renversement, ni de niveaux. Cet appareil repose principalement sur l'emploi d'un horizon de mercure placé vers le nadir, à une profondeur assez grande. La lunette de M. Respighi pourra devenir aussi très utile pour les recherches géodésiques et spécialement pour l'étude des déviat'ons anormales de la ver- ticale. Une seconde communication du même auteur est intitulée : Sur la ficintil- lation des étoiles. M. Respighi montre comment le spectroscope appliqué au télescope est l'ins- trument le mieux approprié à l'étude du phénomène de la scintillation. Ce mode d'observation, qui remonte à l'année 1868, a conduit M. Respighi à con- sidérer l'effet des interférences sur la scintillation comme tout à fait secondaire. 11 en trouve la cause principale dans la dispersion atmosphérique, les réfrac- tions extraordinaires et le mouvement rotatoire de la terre, et il établit ainsi la base d'une théorie complète de la scintillation. Enfin, il y a une troisième conimunicalion de M. Respighi, au congrès de Bordeaux, Sur les protubérances solaires. Dans cette communication, l'auteur expose le résultat de ses études, poursuivies sans interruption sur celte question du 2G octobre 1860 au 31 juillet 1872, et des observations ininterrompues faites dans cette période sur la chromosphère et les protubérances pour le limbe entier du soleil. La description détaillée de ces phénomènes, qui ne saurait être présentée sous une forme sommaire, conduit M. Respighi à admettre, comme conséquence assez probable, que les taches ne sont pas constituées par des cavités, trous ou grandes crevasses de la sous-sphère, mais pas de simples modifications de la surface incandescente du soleil. De M. Laporte, les comptes rendus dn congrès de Bordeaux ont publié une communication sur l'Application des machines à diviser aux instruments 106 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE de géodésie. Justement préoccupé du grand intérêt qu'il y a à obtenir pour les instruments de géodésie des divisions angulaires aussi rigoureuses que pos- sible, l'auteur a imaginé et décrit un dispositif ingénieux, lequel avait reçu, paraît-il, l'approbation de l'illustre Delaunay. Il faudrait cependant, croyons- nous, pour pouvoir porter un jugement équitable sur la valeur pratique de l'appareil de M. Laporte, attendre que cet appareil fiit effectivement exécuté, tandis que l'auteur, en 1872, n'a pu nécessairement présenter qu'un simple modèle. Enfin une communication particulièrement intéressante est celle qu'a pré- sentée M. d'Aubadie sous le titre d'Études sur la verticale. Depuis Lalande, aucun astronome n'a affirmé que la verticale est immobile, et cependant tout le monde l'admet implicitement comme un axiome, à en juger du moins par Jes comparaisons des déclinaisons d'étoiles, comme il s'en fait journellement. Pour s'assurer par l'expérience que l'immobilité du fil a plomb est réelle, M. d'Abbadie a d'abord observé pendant longtemps des niveaux fixes posés sur le rocher dans une cave. Plus tard, afin de se ména- ger un appareil sujet à moins d'objections, il a fait construire sur un puits profond de deux mètres, creusé dans le roc, un cône tronqué haut de neuf mètres, large de quatre mètres à sa base et dont l'axe creux est terminé en haut par une voûte solide de béton, percée par un trou. A la surface supé- rieure de ce cône tronqué, sur une largeur de deux mètres, une lampe éclai- rait la croisée des fils au moyen d'un miroir. L'image de cette croisée traver- sant avec la lumière une lentille fixée an fond allait se réfléchir sur une surface de mercure placée sur le sol du puits et se laissait observer au moyen d'un microscope muni d'un micromètre. On constatait ainsi les moindres variations de la surface mercurielle qui est rigoureusement perpendiculaire à la position de la verticale. Le foyer de la lentille fixée au bas du puits étant long de dix mètres, il a été possible de mesurer des variations de trois cen- tièmes de seconde. L'immobilité du fil à plomb a rarement persisté pendant vingt-quatre heures de suite. M. d'Abbadie a pris pour unité 1'' ou le dixième décimal du qua- drant. En 1871, il a observé une déviation de 7'' en six heures. En 1872, le plus grand écart fut de 13",9 ou 45 minutes sexagésimales. Les courbes de ces variations ne s'accordant ni avec celles du thermomètre, ni avec d'autres phénomènes constatés en même temps, on est amené à croire que le sol oscille toujours dans de petites limites ou que des forces encore inconnues occa- sionnent ces mouvements de la verticale. Us ont été constatés plus tard en Italie par de nombreux observateurs de pendules libres. M. Bouquet de la Grye les a vus, en 1874, dans l'hémisphère austral. 1873 Au congrès de Lyon , nous avons une communication Sur le méridien unique, par M. A. Bureau de Villeneuve. Après avoir fait l'histoire des dif- LAISANT. — DISCOURS d'OUVERTURE 107 férents méridiens nautiques (ceux de l'île de Fer, de Paris, de Greenwich) l'auteur arrive à cette conclusion que toutes les nations, sauf la France, em- ploient aujourd'hui le méridien de Greenwich pour la navigation. Ce méridien coupe le littoral français à Villers-sur-Mer, à 534 mètres du clocher de Yillers. Il serait très possible, d'après M. Hureau de Villeneuve, d'établir en ce point un observatoire, et il y aurait tout avantage à se tenir à ce méridien, comme méridien nautique, tout en conservant pour l'astronomie le méridien de Paris. M. Lisbonne a décrit un Cadran solaire azimutal, imaginé par lui, et sur lequel une note intéressante figure dans nos comptes rendus. Dans ce cadran, qui est horizontal, l'heure est obtenue par l'azimut du soleil à l'instant considéré. L'azimut, l'angle horaire, la latitude du lieu, la décli- naison du soleil sont liés par une formule de trigonométrie sphérique. La solution de M. Lisbonne consiste à chercher par la géométrie une construction graphique de la formule. On arrive à résoudre le problème au moyen du tracé d'une ellipse. 1874 Sous le titre Déplacements séculaires des j^lans des orbites et des équateurs dans le système solaire^ M. Souillart a communiqué au congrès de Lille une proposition de mécanique céleste, à laquelle il avait été conduit par ses recherches sur les satellites de Jupiter, et dont voici l'énoncé : «c En considérant l'ensemble de tous les astres du système solaire, planètes et rt satellites, et ayant égard aux actions individuelles de chacun d'eux sur tous les » autres, ainsi qu'à la figure de ces divers corps, on peut déterminer, par » une même analyse, tout à la fois les déplacements séculaires des plans des » orbites qu'ils décrivent, les uns autour du soleil, les autres autour d'une » planète, et les déplacements des équateurs de tous ces astres. Ces déplace- » ments dépendent d'un système d'équations différentielles linéaires, tout pareil » à celui qu'on obtient habituellement quand on se borne à considérer les » orbites des planètes. » La solution d'un problème aussi général n'a d'intérêt qu'au point de vue théorique; car ce système unique d'équations différentielles se partage de lui- même, à cause des valeurs numériques très inégales des coefficients, en groupes plus ou moins indépendants, différant peu de ceux qu'on obtient d'or- dinaire en décomposant la difficulté à priori. Toutefois les formules générales pourront permettre d'apprécier nettement, dans chaque théorie particulière, l'erreur que l'on commet en négligeant certaines influences. A cause de cette circonstance que les mouvements non troublés des divers astres s'effectuent autour de centres différents, les nombreuses fonctions per- turbatrices qu'il y a lieu de considérer sont, pour la plupart, beaucoup plus compliquées que celles que l'on rencontre habituellement. La géodésie tient au congrès de Lille une place importante. C'est d'abord une communication de M. le général IbaSez sur les Travaux géodésiques et 108 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GKODÉSFF. ET MÉCANIQUE iopographiquex de la carte (VEspagtie. Il nous est impossible de résumer ici l'extrait qui a été inséré dans nos comptes rendus et qui donne un aperçu bien intéressant de l'organisation du service géodésique en Espagne, et des résultats obtenus. Il nous paraît seulement utile d'attirer spécialement sur cette question l'attention du public scientifique français, à l'heure où les deux nations, l'Espagne et la France, s'occupent de compléter l'œuvre d'Arago en opérant la jonction géodésique de l'Espagne avec l'Algérie. Cette opération, sur le succès de laquelle nous fondons le plus ferme espoir, est précisément con- duite par le général Ibaûez, d'une part, et par le commandant Perrier, de l'autre. Une communciation non moins digne d'intérêt est celle de M. le marqdis J. Ricci Sh?- les opérations gêodësiques en Italie. La note détaillée qui figure dans nos comptes rendus est divisée en deux parties: Opérations géodésiques avant la formation du royaume d'Italie; — Travaux géodésiques après 1860. On y trouve la description complète de la triangulation et l'indication des moyens employés, ainsi que des renseignements sur les cartes publiées ou en préparation. Une planche, jointe à la note, représente le réseau de premier ordre des provinces méridionales de l'Italie. 1875 A Nantes, M. Hubert présente Sur l Agromètre, instrument inventé par lui. des considérations dignes d'intérêt et qui lui ont mérité à juste titre un encou- ragement de l'Association. L'objet principal de cet ingénieux appareil est d'é- viter dans l'arpentage l'emploi de la chaîne, et par suite de faire gagner beaucoup de temps. On y arrive au moyen d'un compteur métrique, fondé sur la similitude des triangles, et qui fonctionne à peu près à la manière de la stadia. Sur l'observotion du passage de Vénus à l'île Campbell, M. Ph. Hait, a indiqué, dans une notice plutôt historique que scientifique, mais cependant pleine d'intérêt, les principales observations faites par la mission scientifique à laquelle il appartenait. Il a montré aussi le parti qu'on en pourrait tirer. Il faut espérer que l'auteur, soit à ce congrès, soit ultérieurement, pourra reprendre ces travaux et donner les résultats qu'il faisait alors espérer. 1876 Il n'y a, au congrès de Clermont-Ferrand, qu'une seule communication relative à la géodésie; c'est celle de M. le commandant Perrier, intitulée: État actuel des travaux relatifs à la méridienne de France. Dans ce travail, l'éminent géodésien a fait connaître à l'Association que les triangles de la nou- velle méridienne s'étendaient déjà depuis les Pyrénées jusqu'à Bourges, et que les résultats obtenus avaient été considérés par l'Association géodésique internationale comme réalisant un progrès considérable. LAISANT. — OlbCOLhb u'uLVERÏLKt 1U9 11 montre aussi que les observations de nuit, jusque là dédaignées, étaient plus précises que les observations de jour et devaient entrer dans la pratique de la géodésie moderne. A son exemple, tous les géodésieus de l'Europe observent aujourd'hui pen- dant la nuit, en prolitant de toutes les circonstances favorables à la réduction et à la tranquillité des images lumineuses. 11 indique que la France, depuis iHTi, est leprésentée au congrès de l'Asso- ciation géodésique internationale, d'où elle était restée systématiquement exclue jusque-là, et que ses délégués y ont joué un rôle important. Enfin, il parle de la création d'un observatoire permanent du dépôt de la guerre à Montsouris, destiné à dresser les jeunes officiers à la manœuvre des instruments, à la pratique des méthodes d'observation et de calcul de haute précision, ainsi qu'à la détermination des coordonnées géographiques dans un voyage d'exploration. Celte création a déjà produit les plus heureux effets. Dans la session suivante, il y a eu encore d'autres communications du com- mandant Perrier, dont nous regrettons de ne pas avoir à rendre compte, vu qu'elles ont eu lieu dans d'autres sections que les nôtres. Mais nous ne sau- rions abandonner ce sujet sans payer un juste tribut d'éloges à celui qui a rendu, de nos jours, à la géodésie française la place qu'elle n'aurait jamais du perdre. 1877 M. GkoI-oLs présente, au Havre, une tludi- sur le-'i variattuns de force cice des planètes. Ce sont des développements sur cette idée originale, que la déperdition apparente de force vive, lorsque la terre passe du périhélie à raphclie, doit se retrouver .sous forme de chaleur. Il nous semble qu'il y a dans ces considéra- tions, et surtout dans les déductions de l'auteur, une forte part faite à l'Iiy- pothèse. 11 y a de M. Le veau, une iS'ote sur la comète périodique de d'Arrest. Celle comète, découverte en 18ol, n'a pas encore été suffisamment étudiée. Le but de l'auteur a été de déduire, des observations de 1831, iHo'i et 1870, des éphémérides exactes pour la découverte des éléments. Le succès a couronné ses efforts, et on a pu faire des observations en 1870 et 1877 d'après les éphémérides qu'il avait fournies. Le mémoire de M. Leveau sur la comète de d'Arrest a été imprimé dans le tome XIV des Annales de l'Observatoire. M. L. BoTKiNE a entretenu les première et deuxième sections des Change- mmts hijpothvtitjws ! L'inexactitude des indications de cet instrument lorsqu'on l'applique à des machines à mouvement rapide et à grande détente ; 2° la gêne qui résulte, et pour le service et pour les expérimentateurs, de la présence de ces derniers sur la machine. M. Deprez a supprimé ces deux inconvénients en appliquant aux locomo- tives les méthodes d'expérimentation qu'il avait mises en œuvre pour l'artil" lerie. Il a dû résoudre en outre quelques problèmes accessoires présentant d'assez grandes difficultés, telles que la reproduction rigoureusement exacte^ à distance, du mouvement des roues de la locomotive. Toutes ces difficultés ont été levées, et le wagon d'expériences de la Compagnie de l'Est, pourvu des appareils de M. Deprez, a pu figurer à l'Exposition de 1878. Depuis cette époque, il a effectué un certain nombre de voyages qui ont démontré que le but que s'était proposé M. Deprez était atteint autant que le permettaient les conditions qui lui avaient été imposées. M. Deprez a également construit pour la Compagnie du chemin de fer du Nord un appareil plus simple que celui de la Compagnie de l'Est, mais qui donne des résultats d'une précision supérieure. NOTE FINALE La notice historique qu'on vient de lire peut donner une idée de l'impor- tance croissante des communications mathématiques dans l'ensemble des tra- vaux de l'Association française pour l'avancement des sciences. Je ne saurais la terminer ici sans adresser mes remercîments à tous ceux de nos collègues qui ont bien voulu m'envoyer des notes, m'aider de leurs con- seils, devenir enfin mes collaborateurs dans la tâche que j'avais entreprise. Aux travaux analysés ci-dessus, il importe d'ajouter ceux communiqués, soit à la section de physique, soit à celle du génie civil et militaire, soit à celle de navigation, et qui ne sont fort souvent autre chose que des applica- tions directes des mathématiques. ii6 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Enfin, pour un certain nombre de communications, dont le titre seul a été inséré dans nos comptes rendus, il m'a été impossible de me procurer des renseignements, et j'ai dû conséquemment les passer sous silence. On en trouvera ci-dessous la liste qui complète le tableau que nous avons essayé de tracer. LISTE DES COMMUNICATIONS QUI n'ONT PU ÊTRE ANALYSÉES DANS LA NOTICE HISTORIQUE. Lille. — 1874. M. Catalan. — Sur un lieu géométrique. — Sur lliélice tracée sur un cylindre droit dont la base est une chamette. Nantes. — 1875. M. FouRET. — Sur une application de l'appareil de lîart. M. Toulon. — Sur un appareil pour effectuer la cubaturc des terrassements. M. DuVERGlER. — Des tensions des courroies sttr les tourillons des poulies. Clermont-Ferrand. — 1876. M. Laroche. — Résolution graphique des équations. M. Halphen. — Théorèmes concernant les relations entre les tangentes singu- lières de certaines courbes. M. TcHEBiCHEF. — Nouveau genre de problème du calcul des variations. M. Henry. — Méthode générale pour la détermination du centre de gravité de la surface des polygones plans. Le Havre. — 1877. M. Folie. — Théorème concernant les segments d'une transversale tracée datis les plans de deux triangles homologiques. M. Sylvester. — Fractions génératrices pour les deux cas d'un nombre indéfini de formes linéaires et de formes quadratiques binaires, et liaison algé- brique entre les deux numérateurs. M. Fleury. — Présentation d'un appareil de sauvetage. Paris. — 1878. M. TcHEBidHEF, — Intégration des équations différentielles du premier ordre. M. Henry J.-S. Smith. — Théorie des équations modulaires et son application celle des déterminants des formes quadratiques. E. AMIGUES. — DES PROPRIÉTÉS d'unE FAMILLE DE COURBES 117 E. AMiaïïES Professeur de mathématiques spéciales au Lycée de Nîmes. DE QUELQUES PROPRIÉTÉS D'UNE FAMILLE DE COURBES, REPRÉSENTÉE PAR UNE ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE A DEUX VARIABLES. — Séance du 29 août 1819. — % I 1. — Soit ij z= c X -\- d l'équalioii d'une asymptote à une branche de courbe. L'équation de cette branche est alors de la forme (1) y^cX^A-^^-\- ^ - X- X^ 0 < a < [î < De l'équation (1) on déduit que pour x = x; , on a lim-^^ = c iiin-r^ = (• hm- — X d.v dx'^ hm — -4- = 0 & dx^ 2. — Soit dès lors une famille de courbes à n paramètres variables représentée par l'équation (/// d-ji d y Pour avoir les directions asymptotiques, il faut chercher liin X pour X = oc . Posons (3) y = y oc Y est alors une fonction de x, dont il faut trouver les valeurs pour X = x> ' Différentions plusieurs fois l'équation (3) et représentons les dérivées de y par y', y", y'" ; nous aurons : dy (4) dx d'y dx^ y + œ y- : t2 y' 4- X y" '^"H -ny'"-^' -hœ y'"' dx 118 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉGANIQUE L'équation qui définit la fonction y est alors (5) f(x, yx, Y -f n y', 2y'+ xy',.... ny -{- X y ) = 0 Mais nous ne voulons les valeurs de y que pour x = oo , ce qui per- met de ne pas intégrer cette équation dans la plupart des cas. En effet, des identités (4) on tire pour a? = oo . c ^ c -\- Vun(x y'), ou lim(a3y') = o 0 = 2 limy' + liin(a; y"), ou lim(x y") = o 0 = 3 limy" -j- limfa; y"'), ou lim(j2 y") = o ainsi de suite. Si donc, dans l'équation (5) on fait tendre x vers oo , comme y tei d vers c et que les autres quantités y + X y' 2 y' + X y" (n— 1) , (n) n y '+ X y tendent vers o, on a une équation cp (c) = o qui donne c, et qui est algébrique ou transcendante. On voit par là que les directions asyniptotiques de la famille sont indépendantes des paramètres arbitraires, c'est-à-dire qu'elles sont les mêmes pour toutes les courbes de la famille. Ce théorème n'est en défaut que si l'équation cp (c) = o est une identité. Les familles pour lesquelles cette circonstance se présente se- ront appelées ici familles singulières. A une racine simple Cj de l'équation ç (c) = o, il peut correspondre une direction asymptotique multiple. Car, si on cherchait la fonction y, on pourrait avoir Y = Pi + 'f (œ) <]) (x) s'annulant pour x = oo mais étant susceptible de plusieurs ou même d'une infinité de déterminations. 3. — Soit c une racine de l'équation cp (c) z= o. Dans l'équation (2) posons (6) y — ex = Z. S est alors une fonction de x, qui pour x =^ x> donne les ordonnées à l'origine des asymptotes parallèles à la droite y = ex. E. AMIGUES. DES PROPRIÉTÉS d'uNE FAMILLE DE COURBES 119 Différentiant l'équation (6) on a etc. . , L'équation (2) donne alors (7) /■ (ce, QX -{- 0, C -\- 0 , o' . . . 0 ) = 0. Il ne faut pas croire que les valeurs limites do S seront les mêmes pour toute la famille. Car pour x = oc , o tend vers d, o', o'. . . vers o^ et l'équation est f ( ZC, C 00 -\- d, C, 0,0, ...)=: 0. Il semble bien que cette équation doit donner d, mais elle est tou- jours une identité en d. Car on peut l'écrire f {ce, CGC, c, 0, 0, ...) = 0. On voit alors qu'elle n'est autre que l'équation cp (c) = 0. 4. — Application. Soit S = Aœ^ + 2 ?>x]j + Cî/2 + 2 D:i) + 2 El/ + F S' = A'cc^ + 2 ^'xy -\- Cy -f- 2 D'cc + 2 E'y -\- F' = o. On demande de trouver les directions asyraptotiques de la famille On trouve quatre directions asymptotiques communes à toutes les courbes de la famille et dont les coefficients angulaires sont racines de l'équation. (A + 2 Bc -h CC) (c^ — 1) = 0. o. — Supposons en particulier une équation différentielle du premier cl y ordre, algébrique en as, en y et en -p. Cette équation peut se repré- senter ainsi («) <^î+^m^^m ^ = 0 l'équation différentielle de la famille. Posons A = o^ (.r, y) -f- Aj 9 [X, y) étant une fonction homogène de degré v, et A^ une fonction quelconque de degré v — \. Posons de même B - 'K ix, y) + H, etc L'équation de la famille devient [ux,.) + A,](;;i7 + [M...) + B.](^^r.'.=o Divisant tout par x^. E. AMIGUES. — DES PROPRIÉTÉS d'uNE FAMILLE DE COURBES 121 Pour .T = 00 , lim — = c, lim —- = c. On a donc c^'^^ii, c) + ,j- - ^l.^ (1, c) + = 0 équation de degré ([jl -|- "^)- La famille sera singulière si cette équation est une identité. Donnons un exemple. Soit S = Aœ^ + 2 Bxij 4- Cy- + 2 Dx + 2 E(/ + F S' = AV- + 2 B'xy + Cf + 2 D'x + 2 E'?/ + F'. Considérant la famille représentée par l'équation différentielle I \(/j?^ S' ^ = 0 dx Les directions asyniptoliques de cette famille ont leurs coefficients angulaires définis par l'équation (A + 2Bc 4- Cr^) (r'- — 1) -f- (A' -f B'c 4- C'c^) c = o. Pour que la famille soit singulière, il faut et il suffît que cette équa- tion soit une identité, ce qui exige que l'on ait S = ccî/ + 2 Dx + 2 Eî/ -f F S'= x^ — tf + 2 D'x + 2 E'y + F'). 7. — Le lieu des points de contact des tangentes menées d'un point (a, p) aux courbes d'une famille de genre [a et d'espèce v est d'ordre {\>. -)- ^) avec un point multiple d'ordre \}. au point (a, p). Ce tliéorcme, qu'on peut établir aisément par la méthode géométrique de M. Chasles, est la conséquence immédiate de l'équation diffé- rentielle. En effet, en tout point du lieu, on a ^m^-m~ + et aussi dy y — g dx X — a L'équation du lieu s'obtient en éliminant ~. Elle est donc A (?y - ^)'' + B {X - a) (y -pf-' ^ ...,, = 0. 8. — Le lieu des points où la tangente est parallèle à une direction donnée est de l'ordre v. 122 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 9. — Le lieu des points où deux courbes de la famille se coupent à angle droit est de l'ordre 2 [j. v . Posant ^ = m, l'équation de la famille est ArriV- -irBm^~' + = o. ■ Il faut et il suffit que deux racines aient pour produit — 1, ou que 1 l'équation ait une racine commune avec la transformée en -. Éliminant m entre les deux équations, on a une résultante d'ordre 2 \i. par rapport à A, B, C, qui sont eux-mêmes des polynômes de degré v. On verrait de même que le lieu des points où deux courbes de la famille se coupent sur un angle 6 est de l'ordre 2 [x v. 10. — Le lieu des points d'inflexion des courbes de la famille est de l'ordre 2 [x v — [Ji- -J- v. Prenons l'équation différentielle de la famille. Ditférentions cette équation. A ces deux équations joignons l'équation d'^y _ uP" Il qui caractérise les points d'inflexion. Éliminons d'abord — . Nous au- rons ainsi les deux équations dy \dx) "^ \dx "*" dy) \dx) ^ \dx "^ dyj \dxj entre lesquelles il faut éliminer ^. La résultante est de degré (ix + 4) par rapport aux coefficients de la première, de degré a par rapport à ceux de la seconde, ce qui donne par rapport à œ et y le degré (l>. 4- 1) V + ;x (v — 4) = 2 a V — a + v. § II 14. — Soit une équation différentielle du premier ordre Supposons qu'à chaque système de valeurs de x et de y il corres- — 1 = 0. E. AMIGUES. — DES PROPRIÉTÉS d'uNE FAMILLE DE COURBES 123 ponde deux valeurs de -7^ et que l'équation ne change pas quand on y remplace dy 1 / par — y- dx dy dx d XI en d'autres termes que le produit des valeurs de -r^ soit — 1 . Alors dx l'équation représente une famille de courbes orthogonales. Laissant f arbitraire, on a toutes les familles possibles. Nous nous bornerons au cas où /"est algébrique par rapport ^ x, y d y et •—. L'équation de la famille est alors A et B étant des polynômes. 12. — Supposons que A et B soient des polynômes d'ordre v et demandons-nous ce que doivent être ces polynômes pour que la famille représentée par l'équation (10) soit singuhère. Remarquons avant d'aller plus loin que les équations A = 0 et B = 0 représentent deux courbes d'ordre v, que nous appellerons les courbes A et B. Soit A = 'f^ (x, y) + Al B = 'fv i^> y) + B, T-v (^' y) ^^ K (^' y) ^^"* ^^^ fonctions homogènes de degré v, tan- dis que Al et B^ sont des fonctions quelconques de degré v — 1. Les coefficients angulaires des directions asymptotiques de la famille sont donnés par l'équation. (C^ - 1) cp (1,C) + C '\> (l,c) = o V V ou bien (11) {y^ — x"^) cp^ {x,y) -f xy ■]^^ {x, y) = 0 Il faut et il suffit, pour que la famille soit singulière, que cette équa- tion soit une identité, c'est-à-dire que l'on ait ? (x,î/) = xy f (x,y) V V 2 ^ {x,y) = {x^ — y')f ^ {x,y) 124 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Il est donc nécessaii-e que les courbes A = o, B = o aient (v — 2) directions asymptotiques communes, que les axes soient les deux autres directions asymptotiques de la courbe A, et que les bissectrices des angles des axes soient les deux autres directions asymptotiques de la courbe B. Ces conditions ne suffisent pas, car elles donneraient une identité telle (if — X') cp {x, y) -f R xij 'l^ (x, y) = 0 où K serait arbitraire, au lieu de l'identité (11) où K a la valeur 1. ^ -13. Dans une famille orthogonale singulière d'espèce v, représentée par l'équation ax + ^"1 =» la courbe d'ordre v qui passe par les v" points communs aux courbes A et B et par un point M (x^ y^), a pour directions asymptotiques les (v — 2) directions asymptotiques communes aux courbes A et B. Quant aux deux autres directions asymptotiques de cette courbe ce sont les directions des tangentes menées par le point M aux deux courbes orthogonales qui pas- sent en ce point. Pour démontrer ce théorème, remarquons que l'équation A + A B = 0 représente toutes les courbes qui passent par les v^ points de rencontre des courbes A et B. Pour avoir celle d'entre elles qui passe en M, déterminons X par la condition A, -}- )v B, = 0 L'équation de la courbe considérée est donc ABi — BAi = 0. Les directions asymptotiques de cette courbe sont donc fournies par l'équation Bi ? {X, y) - Al •]> (x, y) = n V V en adoptant les notations du numéro précédent. Mais, comme il s'agit d'une famille singulière, cette équation prend la forme suivante : B,xy f ^ (x, y) + A, {f - x-) f {x, y) = o. On a donc v — 2 directions asymptotiques données par l'équation . f ^ (x,y) = o V 2 qui sont communes aux courbes A et B. E. AMIGUES. — DES PROPRIÉTÉS d'uNE FAMILLE DE COURBES 12d Restent deux autres directions asymptotiques, données par l'équation Bi xy + AJî/ — œ^) = o. Leurs coefficients angulaires t sont donc définis par l'équation sui- vante : Al (f^ — 1) -f-Bj / = 0 ce qui démontre le théorème. Pour V = 2, les courbes A et B sont de simples coniques et on tombe sur un théorème donné par M. Legoux. §IJI 14. — Soit une équation différentielle du l" ordre représentant une famille de courbes en coordonnées polaires. Pour un point donné (w, p) l'équation ci-dessus donne un certain nombre de valeurs de —r— . Soit (x ce nombre. Alors par chaque point du plan il passe \j. courbes de la famille. Cherchons combien de courbes de la famille touchent une droite donnée. La droite sera donnée par la longueur u de la perpendicu- laire abaissée du pôle sur cette droite et par l'angle 6 que cette per- pendiculaire fait avec l'axe polaire. Soit M le point où l'une des cour- bes touche la droite, désignons par p et w les coordonnées de ce point. Une formule connue donne (13) Jf_ = ptg (co-6). La ligure donne d'ailleurs (14) w = p cos (w — 6). Eliminant -4- entre (12) et (13), il reste deux équations entre p et w donnant les coordonnées des points M et le nombre v de ces points. 15. — Directions asymptotiques des courbes de la famille représentée par l'équation. 126 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE soit V l'angle que la tangente au point (w, p) fait avec le rayon vec- teur. On a dp ^ P . rfw tgV Eliminant entre les deux équations dp diù on obtient l'équation /■ {-' f -ér) =» qui donne une propriété de la tangente. Si la tangente est une asymptote p = oo , tgV = o. Les directions asymptotiques sont donc fournies par l'équation f (»,oc,^)=„. Elles sont les mêmes pour toute la famille, sauf le cas où cette équation est une identité. Exemple : La famille de courbes représentée par l'équation Ap^ -f 2 Bp4^ + C (-^Y+ 2 Dp + 2 E -^ + F = 0 dans laquelle A, B, C... sont des fonctions de o) seulement, a ses directions asymptotiques données par l'équation C = 0. Si cette équation est une identité, les directions asymptotiques sont données par l'équation B = 0. 16. — Une droite est représentée en coordonnées rectangulaires par l'équation (lo) X cose -}- y sinO = u, dans laquelle 6 et m ont une signification géométrique connue. Si ô est variable et que u soit fonction connue de ô, la droite (lo) enveloppe une courbe Aj pendant que le point H qui a pour coordon- nées polaires les variables (ô, u) décrit la podaire de l'origine 0 par rapport à la courbe A* podaire que nous représenterons par B; Soit H un point de la courbe B ayant pour Coordonnées 0 et u. Soit la droite menée par it perpendiculairement à OH, qui est représentée par l'équation {\^). Soient x et y les coofdonnées du point M où cette E. AMIGUES. DES PROPRIÉTÉS d'uNE FAMILLE DE COURBES {"^21 droite touche la courbe A. Ces coordonnées sont fournies par l'équa- tion (15) et par sa dérivée par rapport à ô qui est (16) — X sinO + y cosO = -p. Si dans les équations (15) et (16) on introduit les coordonnées polaires du point M, w et p, on a (17) p cos((i> — e) = u; y.r^^ • / , du (18) P sin(a) - 0) = _. Remarqve L — Outre les équations (17) et (18) on a la relation (19) ^ = p tg (o) - 6). Si donc on a l'équation d'une famille de courbes. (20) ■ f («, p, ^^) = 0 On aura l'équation de la famille des podaires en éliminant do entre (17), (18), (19), (20). Réciproquement, si on a l'équation de la famille des podaires / du\ m) I (o, », j,,) = 0. on aura l'équation de la famille des courbes primitives en éliminant du entre (17), (18), (19), )21). Remarque 2. — L'équation (18) a une signiiication géométrique simple. On peut l'écrire du Nous avons déjà donné {Nouvelles Annales de Mathématiques, 1877) la formule qui précède et nous en avons déduit quelques relations ' simples entre les éléments de la courbe A au point M, et ceux de la , courbe B au point H. 128 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Remarque 3. — Divisant membre à membre (18) par (17), on a du tg((0 -()) = -. Comparant ce dernier résultat avec l'équation (i9), on a dp du f/ci) d 0 p u Désignant alors par V l'angle de OM avec la tangente en M à la courbe A, et par Vj l'angle de OH avec la tangente en H à la courbe B, on obtient C'est l'une des relations dont on a parlé dans la remarque 2. M. DAEBOÏÏX Professeur su[)[)l(''ant à la Faculti'; îles Sciences de Paris. PRÉSENTATION D'APPAREILS POUR LE TRACÉ DES LIGNES DROITES ET DES OVALES DE CASSINI- (EXTliAIT DU PROCÈS-VERBAL.) — Séance du S9 août 1879. — M. Dariîoux, professeur à la Faculté des Sciences de l\iris, fait une com- munication sur les systèmes articulés de MM. Peaucellier, Hart et Kempe, destinés à tracer des lignes droites et des ovales de Cassini. U présente une collection de ces appareils construits avec soin par M. Bréguet. ÉD. COLLIGNON. — PROBLÈME DE GÉODÉSIE 129 M. Ed. COLLI&IÎOIJ Ingénieur en rlief des PonU ot Chaus^éei. PROBLEME DE GEODESIE. — Séance du 2 9 août i 87 9 . — A partir d'un point M pris sur la surface d'un ellipsoïde de révolution, dufflobe terrestre, par exemple, on mesure suivant le méridien et sui- vant le parallèle deux arcs très petits, correspondants chacun à une va- riation d'une seconde en latitude et en longitude. On demande les dimensions de l'ellipsoïde ; la latitude X du point M est supposée connue. Ce problème, appliqué au sphéroïde terrestre, se trouve résolu dans les traités de géodésie par une méthode approximative, fondée sur la faible valeur de l'excentricité de l'ellipse méridienne. Nous nous propo- sons de reprendre la question d'une manière générale, sans faire aucune hypothèse sur l'excentricité de la courbe cherchée. Remarquons d'abord que, donner la longueur / de l'arc MM' (pii, sur le méridien, correspond à une différence de longitude d'une seconde, cela revient à faire connaître le rayon de courbure de la méridienne; au point M, et qu'en appelant p ce rayon de courbure, on a, avec une approximation dont nous pouvons nous contenter, / arc 1 De même, donner la longueur /' de l'arc MM" du parallèle qui corres- pond à une différence de longitude d'une seconde, c'est définir le rayon h du parallèle , car on a rigoureusement arc 1" Les rayons de courbure principaux de la surface au point M sont donc connus; ils sont égaux, l'un à c, l'autre à -. cosA Considérons l'ellipse méridienne qui passe au point M. Nous connais- sons la distance /i=:OM du point M à l'axe de révolution OY, la direc- tion de la normale MN à la courbe, qui fait avec l'axe de révolution un angle égal au complément de la latitude X, et enfin le rayon de cour- 9 130 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE bure p=MC de la courbe au point M. Il s'agit, avec ces données, de construire la courbe. '*'! La manière la plus simple d'y parvenir paraît être d'employer la méthode analytique. Prenons deux axes rectangulaires, l'un OY coïnci- dant avec l'axe de révolution, l'autre OX avec le rayon OM du parallèle, La courbe est du second ordre, elle est symétrique par rapport à l'axe OY, elle passe au point M dont les coordonnées sont x=h, y=:o ; enfin elle a pour normale la droite MN, et pour centre de courbure le point C. Fig 2. L'équation générale des courbes du second ordre est (1) Ax^ + ^Bxy + Cy'' + Da- + E;/ -f F = o ; pour que la courbe soit symétrique par rapport à l'axe OY, il faut et il suffit que l'équation manque des termes qui contiennent x au premier degré. Elle se réduit donc à la forme ~<^ V .k 0 X A \ ' B I cy ; r. K et l'équation de- (2) Ax^-{-Cy^-\-Ey-\-¥=o. La courbe passe au point M. Donc F = — Ah'' vient (3) A{x^ — h^) + Cy^ -}-Ey =0. Cherchons le coefficient angulaire de la tangente, ou le rapport — y— vient, en différentiant l'équation (3), ^Axdx -\- '^Cydy + Edy = o, et, par conséquent, on a au point M, où x=: h et y=^ o. dy dx ^Ah E Mais on doit avoir dy = r— , puisque ig\ est le coefficient angulaire de la normale. Donc E = 2A/itgX. ÉD. COLLIGNON. — PROBLÈME DE GÉODÉSIE 431 ce qui conduit à l'équation (4) A(x^ — h'') + Cî/2 + ^Xhtgky — o. Il reste à satisfaire à la condition p = M G. En général, on a pour définir le rayon de courbure l'équation (1 + P') p= :: — dans laquelle p est la dérivée -p-, et q la seconde dérivée —f-. Cette formule peut se transformer de manière à montrer sur la figure la se- conde dérivée q, ou plutôt son inverse. On a en eifet P = — tgX' X étant l'angle de la normale avec l'axe OX, .... . 1 . . cos^X i Donc 1 4- p' == 1 4- -— - = 1 + -r—: = -r^^, 3 (1 + p^) - =z snr 1 et enfin p sm'X = — . Par le point M menons la droite MM' parallèle à l'axe des j/. L'angle NMM' est égal à -^ X, et si l'on projette le point C en C sur MM', puis le point C en C" sur MN, et enfin le point C" en D sur MIM", on aura, en valeur absolue, 1 MD = psin^'À = — . Cette construction fait donc connaître une ligne MD dont l'inverse est égale à la seconde dérivée de l'ordonnée par rapport à l'abscisse. Mais il faut faire attention que la formule suppose p et g de même signe. On i aura donc ici q = — — - , le rayon de courbure étant négatif pour les valeurs positives de X, d'après les conventions ordinaires de l'analyse. Pour trouver le dernier coefficient G, ditférentions deux fois de suite l'équation (4). Il vient Ax -f- C^yp -\- AhtgXp = 0, A + Cp2 + Cyq -{- Miigkq = o . 132 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 1 Dans la dernière équation faisons x ■=: h, y = o, ji =^ — -— -, { , en supposant que p désigne la valeur absolue MC du p sin^A rayon de courbure. On aura A + ti^^/ osiii-'X ou C = - Atg^A ( 1 ^^^] = Ats'^A i—^. 1 ce qui donne pour l'équation définitive de la courbe, débarrassée du fac- teur commun A, (5) .^._ /,. -f tg'^A {-y^^ -^) f + '2h tg A y = o. Il est aisé de vérifier qu'elle satisfait à toutes les conditions imposées à la méridienne. Pour que cette équation représente une ellipse, il est nécessaire que le coefficient de y'^ soit positif, ou qu'on ait hlgl > psin'X. Or celte condition sera toujours remplie si le point C est situé sur la normale entre le point M et le point N oii elle coupe l'axe donné OY. Car psin^A est égal à MD, et htgl est égal à ON. Dans ce cas l'elli- psoïde est de révolution autour de son petit axe et la surface est aplatie aux pôles. Le point C peut être au delà du point N par rapport au point M, sans que la courbe méridienne cesse d'être une ellipse : il suffît pour cela que le point D soit au-dessus du point N; mais alors l'ellipsoïde a pour axe de révolution son grand axe, et présente la forme allongée. Le premier cas est le seul qui se réalise dans la théorie de la figure des planètes, et c'est le seul dont nous nous occuperons dans ce qui suit. Cherchons les axes de la courbe; soit 2a le grand axe, ou le diamètre équatorial, 26 le petit axe ou la distance des pôles, 2c la distance des foyers de la courbe, liée aux axes par l'équation c^ = a^ — 6^ Dans l'équation (5) faisons x = o, et résolvons par rapport h y . Il vient d'abord l'équation rf'\ n I 2/itgÀ tf?^ ( ^, 1 1 t?"-^ -^^ 1 \ p sin^A / \ p snr'X 0. ÉD. COLLIGNON. — PROBLÈME DE GÉODÉSIE 133 La demi-somme des deux racines, — h tffA ( ?— 1 p sin^A est l'ordonnée du centre A de la courbe. Elle est égale en valeur absolue à h ho sin'X OA csin^A Au point M élevons MP perpendiculaire à MN ; nous aurons OP = A . D'ailleurs o sin^'A = MD, et //tgA = ON. Donc IgX _ OP X MD _ OP X 01 "" ON — MD ~ IN • Le point I partage le segment ON en deux parties dont le rapport est connu ; cela posé, le point A s'obtiendra en prenant sur PO prolongé un point tel, (juc le point 0 partage dans ce même rapport le segment OA. Connaissant le point A, on en déduira la position du grand axe AB, et le problème s'achèvera sans difficulté. Si dans l'équation (5) nous faisons tj =. — OA, la valeur correspon- dante de X nous donnera le rayon de l'équateur, ou le demi-grand axe a de l'ellipse. Il vient, en taisant celte substitution, = /»* X ^ Vpsm'X / ^ Vpsin'A I htgX — psm*X , ^ - ■ Ci-, •^ h — -psmAsm2A 2 ^ Pour avoir 6, nous résoudrons l'équation (6), et nous égalerons à 6 la demi-ditlërence des deux racines. Or, cette demi-différence, pour l'équa- tion y'^ -\- ^my -\- n := 0, est exprimée par la valeur absolue du radical /m* — n. Donc b = _ h if (psin^X)* -|- psin^X (MgA — psin^?. ) ï^' (higX — psin^X)» ' 134 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE — /t' X psin^X ~ tgX (MgX — psin^X)^" On en déduit, en prenant la différence a"^ — 6^ o^-a^-h-- ^ l tsX P^'"'^ ^ — /itg-A — psin^'X V " tgX (/îtgX — psin^'X) j h^ ^ f . psinXcos^X \ — TT^ ^T X taiîg>^ X 1 — y— ^^ ^^ MgA — psni^À \ /itgX — psi n'A / h^ .\ h — pcosX h — pcosX X tgX X —^ =a^x ^ hlgl—ps\n'\ "- J /i —IpsinXsin^X // - 1 psinXsinSX 2 c Donc l'excentricité relative, e = — - , est donnée par l'équation très simple h — pcosX 1 h r- P sinX sin2X 2 ^ en fonction des données mêmes du problème. Remarquons que £ est une quantité constante, indépendante de la posi- tion du point M où l'on prend les mesures h, p et X. Donc la fonc- tion h — p cosX 1 h T- p sinX sin2X 2 est constante tout le long de la courbe. Cette fonction est donnée par un rapport de droites sur la figure. Prolongeons CC jusqu'en E, et du point G" abaissons C"K perpendiculaire sur CC : nous aurons EC = EC — CC=h — p cos X, 1 et ER = EC — C'K = h — p sin^ a cosl =h— - p sinX sin2X. Donc et l'excentricité de l'ellipse méridienne est immédiatement donnée par le rapport de ces lignes. 11 est aisé de vérifier cette égalité par les formules connues, qui don- nent le centre de courbure eu fonction des coordonnées du point M. ÉD. COLLIGNON. — PROBLÈME DE GÉODÉSIE 135 Soient ce et ^ les coordonnées de M par rapport aux axes de la courbe, X l'abscisse du centre de courbure correspondant. On aura c' ac"' œ'' œ = tsX P = sinX (g* y' + 6* as')' a'' y Y a' y'' -\- b' X' cosk = b^x Y a' y' -\- b' X' 4 . a* 6^ xî/2 -— - sinX (sin2À = — — „ , ,.' ,,■■; et, observant que h = x, Qi h — ^ cosX = x , on obtient l'équation e- x^ II' b- .r y- X xy' 6« qui se réduit, après suppression des facteurs communs, à l'équation de l'ellipse •^' I y' — \ Cette remarque conduit à une solution géométrique du problème. Soient F et F' les foyers de l'ellipse. La normale M N est bissectrice de l'angle F M F', et l'axe donné OY est la perpendiculaire élevée au milieu de la distance FF' des foyers. Ces deux droites se coupent en un point N qui appartient au cercle circonscrit au triangle F M F'; le centre de ce cercle est sur la droite 0 Y ; donc on peut construire le cercle en prenant pour centre le point G où la droite A Y rencontre la perpendiculaire élevée au milieu I de la corde MN. Fig. 3. La bissectrice MN partage la base du triangle F MF' en deux segments 136 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE proportionnels aux côtés adjacents. Or, on a FF' = 2c, FM -f F'M=2a, FF' c et le rapport ^^, , ^,^, = — est connu par 1 équation *^^ F M + F M a = =\/l£. ^ EK FN' Ce rapport se retrouve entre les côtés -pj^ du triangle FMN, puis- qu'on a la proportion FN' _ F'N' __ FN -f F'N' c_ ^ ^. TF ~ TF ~ FM + FM ~~ a " '' donc le rapport des sinus des angles opposés, sinX est encore égal à e. Connaisant X et e, on en déduira sin \x par l'équa- tion sin[x = £ sinX, et on saura dans quelle direction il faut mener la droite MF pour déter- miner le foyer F par sa rencontre avec la circonférence MFNF'. La recherche de l'angle [j. peut se faire géométriquement, en déterminant d'abord deux droites, A etB, respectivement proportionnelles aux racines carrées des longueurs EC, EK, puis en construisant un triangle qui ait pour côtés ces droites A et B, et dans lequel l'angle opposé au côté B soit égal à À. Ce triangle sera semblable au triangle FMN', ou au triangle adjacent FMN', et fera connaître l'angle [j. qui achève la solution du problème. 1° L'équation REMARQUES. h — pcosX î h — -3- psinXsinSÀ définit, pour une ellipse quelconque, le rayon de courbure en un point donné en fonction de la latitude X et du rayon du parallèle. On en déduit, en effet, _ h (1 — £') _ __^ i — £' . P ~ 1 "~ cosA 1 — £''sin'''A cos X — — ç* sinXsin2X ÉD. COLLIGNON. — PROBLÈME DE GÉODÉSIE 137 si î est très petit, on peut se contenter de la formule approximative h ,. ..h P = cosX (1 s^cos^X) = COSA lu^cosl. Le premier terme représente le rayon de courbure de la section nor- male tangente au parallèle, le second est l'excès de ce rayon sur le rayon de courbure du méridien. La courbure totale de la surface se mesure par le produit cosA COSA — h e- cosA COS'A — hH'' 2" Le problème que nous venons de résoudre donne une solution simple d'un autre problème qu'on peut poser comme il suit : Etant donnés dans un plan deux points M et C, et une droite yy', trouver sur la droite MC un point P tel, qu'en abaissant de ce point une perpendiculaire PD ^^ sur y y', puis menant PE parallèle à y y jusqu'à la rencontre en E avec la droite MD, et enfin complétant le rectangle PDAE, les droites CA et ^ID se coupent en un point ]\ sur la perpen- diculaire PH élevée au point P sur la droite 3IC. On reconnaîtra, en et- fet, dans la constructioi: qu'on vient d'indiquer la méthode géométrique pour déterminer le rayon Fig. 4. de courbure de l'ellipse décrite comme épicycloïde parle mouvement du point M, quand on fait rouler le cercle d(! diamètre AP au dedans du cercle de rayon AP. 138 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. Cil. SIMOIf Ancien Dircotuur du i'Obsurvatoin; du M^irsuillu, Professeur uu lycûo Louis-le-Grand. MÉMOIRE SUR LA NOUVELLE NAVIGATION ASTRONOMIQUE. — Séance du 2 9 août 1879. — Ce travail esl uno étude de pure géométrie. Les marins seuls sont compétents pour discuter les questions relatives à la pratique de la navi- gation, mais la géométrie est du domaine public. Quand on considère à un point de vue purement théorique ce qu'on a appelé, à tort ou à raison, la nouvelle navigation astronomique, il est naturel de se demander quelles sont les cartes sur lesquelles subsisterait la théorie des droites de hauteur. On reconnaît aisément que ce sont celles où les angles sont conservés : telles sont, par exemph;, toutes les cartes que l'on pourrait construire par inversion, en prenant pour ori- gine un point quelconque de la surface du globe, et pour puissance un carré quelconque. [1 est facile de voir d'ailleurs qu'on ne gagnerait rien, sous aucun rapport, à prendre une origine autre que l'un des pôles, et une autre puissance que le double du carré du rayon; on est conduit ainsi à examiner ce que deviendrait la théorie de la navigation, si l'on faisait usage de cartes, construites à la même échelle que celles de Mercator, mais en projection stéréographique sur l'équateur. Et la con- clusion qui se présente d'ello-mêmc est que, dans la pratique courante, les nouvelles cartes n'offriraient aucun avantage sur les anciennes ; mais qu'il pourrait être utile, pour la résolution de certains problèmes, d'employer concurremment les deux systèmes de cartes. Dans cet ordre d'idées, il y a deux points à signaler : 1» Sur les nouvelles cartes la théorie des droites de hauteur subsis- terait tout entière, sans autre modification qu'un changement dans la valeur d'une constante, également facile à déterminer dans les deux systèmes. Mais, en outre, les cercles de hauteur, étant représentés par des cercles, pourraient être utilisés ; ils seraient même, comme on le verra, plus faciles à construire que les droites de hauteur; 2'' Quand on navigue en suivant des arcs loxodromiques, les solutions des problèmes des routes sont tout à fait analogues sur les nouvelles cartes et sur les anciennes ; mais on verra que les nouvelles cartes se prêteraient beaucoup mieux que les anciennes à la navigation par arcs de grands cercles. Au reste, les cartes stéréographiques ne seraient pas destinées à CH. SIMON. — SUR LA NOUVELLE NAVIGATION ASTRONOMIQUE 139 remplacer les cartes de Mercator, mais seulement à leur servir d'auxi- liaires. On les emploierait à deux choses : 1" à déterminer le point par l'intersection de deux cercles de hauteur ; S'' à déterminer gra- phiquement l'angle de la route, dans la navigation par arcs de grands cercles. On reporterait ensuite sur les cartes de Mercator les résultats obtenus. Les nouvelles cartes pourraient donc être construites en blanc, c'est-à-dire se réduire à de simples feuilles quadrillées par les méridiens et les parallèles ; et, comme l'origine des longitudes est arbitraire, il suffirait d'un petit nombre de feuilles, échelonnées suivant les latitudes. Nous supposerons, dans ce qui va suivre, que les cercles ou les arcs de cercle dont on aura besoin, soient construits par points, lorsque le centre se trouvera hors de la carte; nous indiquerons le moyen d'ef- fectuer cette construction. On comprend d'ailleurs que l'opération deviendrait beaucoup plus simple, si l'on faisait usage des instruments construits par M. Bréguet, d'après les idées de M. Peaucellier et de quelques autres géomètres; mais nous ne pouvons pas nous prononcer sur la question de savoir si ces nouveaux instruments sont dès à présent susceptibles d'être employés à la mer. I. Colatitudes croissantes. — Nous prendrons pour unité de longueur le mille marin, ou la minute de grand cercle ; de sorte qu'en appelant R le rayon du globe d'après lequel les cartes sont censées construites, on aura R = 3437,747. Soient L la latitude d'un parallèle quelconque, l = 90" — L sa cola- titude, et X le rayon du cercle qui représente ce parallèle sur la carte stéréographique, on a : (1) X = R tang i. Cette longueur X, exprimée en milles, est ce que nous appellerons la colatitude croissante de la colatitude /, ou de la latitude L. Nous suppose- rons qu'on ait construit la table des X et de leurs logarithmes, de 0° à 90° ; ce qui n'offre aucune difficulté. Chaque carte partielle devra porter une échelle représentant la table des >^, entre les deux parallèles extrê- mes de la carte. Pour faciliter certaines opérations graphiques, nous supposerons en outre que l'on ait construit une règle spéciale à double biseau, portant deux graduations dillérentes, mais de môme origine : un côté serait gra- dué d'après la formule a; = R tang —, et l'autre d'après la formule X = R sin /. Les deux graduations devant s'étendre de 0"» à 90°, la règle aurait une longueur égale à R. Ahn de la rendre maniable, on la com- 140 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE poserait de plusieurs fragments, en donnant à chaque fragment une lon- gueur égale à la hauteur d'une carte partielle. Cette règle servira principalement à trouver la projection orthogonale et la cote d'un point de la sphère, quand on connaîtra sa projection stéréographique, ou sa colatitude croissante À; car la distance de • la projection orthogonale au centre de la carte sera R sin /, et la cote Rsin (90» — /). II. Cercles de hauteur. — Soient Lo et go la latitude et la longitude géographique d'un astre S, dont on a observé la distance zénithale Z, et dont on connaît la distance polaire a. Le cercle du globe terrestre qui a le point (Lo (jo) pour pôle, et Z pour rayon sphérique, a reçu le nom de cercle de hauteur; la tangente à ce cercle, menée par la position du navire, est ce qu'on appelle la droite de hauteur. Nous ne j-eferons pas ici la théorie des droites de hauteur, si bien exposée par M. Yvon Villarceau (*). On pourrait faire usage des droites de hauteur sur la carte stéréographique, aussi bien que sur la carte de Mercator; mais, sur l'une et sur l'autre carte, le tracé d'une droite de hauteur exige : 1° l'emploi des éléments approchés fournis par Tes^me ; 2° la résolution d'un triangle sphérique, pour calculer la hauteur et l'azimut estimés de l'astre S. Sur la carte stéréographique, le tracé d'un cercle de hauteur est affranchi de cette double condition. Prenons pour plan de la ligure (5) le plan du méridien perpendicu- laire au cercle de hauteur AB que nous considérons. Soient 0 le centre du globe, PP' la ligne des pôles, QQ' la trace de l'équateur, s la position géographique de l'astre S, et ab le diamètre du cercle suivant lequel se projette AB. Si l'on pose Oa = a, Ob = ê, on a (2) a = R tang / € = R tang 2 ' A — Z a et 6 sont deux colatitudes croissantes, que l'on trouve immédiatement dans la table. .\ouvelle navigation agronomique, par MM. Yvon ViUarceau et Aved de Magnac. CH. SIMOX. — SUR LA NOUVELLK NAVIGATION ASTRONOMIQUE 141 Le centre du cercle ab est le point c, milieu du diamètre ab. Si l'on appelle y la distance Oc, et o le rayon du cercle ab, on a -y. + ^ (3) i _'^--5 d'ailleurs le point c est situé sur le méridien dont la longitude est Qo. On obtient donc, sans calcul et sans recourir à l'estime, le centre et le rayon du cercle ab. Si le centre de ce cercle est compris dans le cadre de la carte partielle où se trouve actuellement la position du navire, on peut tracer avec le compas un arc de ce cercle : c'est un lieu géométrique sur lequel le navire doit se trouver. Si le centre n'est pas compris dans le cadre de la carte, et si l'on ne veut pas se servir des instruments construits par M. Bréguet, on peut remarcpier que le cercle ab a pour équation en coordonnées polaires (l'origine étant le centre de la carte, et l'axe étant le premier mé- ridien) : ):' — 2 Y >^ co^fj — >, F. Viète établit comme conséquence immé- diate que « si dans un cercle on inscrit une suite de polygones réguliers dont le nombre des côtés suit la progression double prolongée jusqu'à l'infini, l'aire du premier polygone est à l'aire du troisième, comme le produit des cordes supplémen- taires des côtés du premier et du deuxième est au carré du diamèti-e; l'aire du premier est à l'aire du quatrième, comme le produit des cordes supplémentaires des côtés du premier, du deuxième et du troisième est au cube du diamètre et ainsi de suite jusqu'à l'infini. » En prenant pour la suite des polygones régu- liers inscrits dans le cercle ayant pour diamètre l'unité, ceux dont le nombre des côtés correspond à la progression double 4, 8, 32 2" et pour aire du cercle celle du dernier polygone considéré, F. Viète montre que l'on peut poser : 10 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 146 = ^sj 1 1 \ 2 >^ — X y^ + lyi: y/2 + ^\/| + |\/ Le calcul de la valeur tc par cette formule n'est pas plus laborieux que par la méthode d'Archimède ou par les méthodes analogues ; les résultats en sont aussi a[jprochés; il est facile de s'en assurer, car cette formule est calculable par logarithmes en la mettant sous la iorme C0S-5-.C0S.-7..C0S .j-, 8 16 o2 Terminons en faisant remarquer qu'à mesure que le nombre des côtés des polygones augmente, la corde supplémentaire du côté adjacent à l'extrémité du diamètre tend à se confondre avec lui et que par conséquent on a Limite y/l+lVÎ + l^P = — « La question de savoir quel est l'inventeur de V Application de V Algèbre » à la Géométrie a été agitée par quelques auteurs ; les uns se sont prononcés » en faveur de François Viète, les autres ont attribué cet honneur à René » Descartes ; cette divergence d'opinions ne repose que sur un malentendu. Si par Application de, l'Algèbre à la Géométrie on entend la Géométrie analytique^ c'est-à-dire cette science sublime basée tout entière sur la conception des abscisses et des ordonneées, le doute ne peut subsister : c'e^t à l'immortel auteur du Discours de la Méthode que revient l'insigne gloire de l'invention ; mais c'est F. Viète qui, le premier, a introduit dans la Géométrie les méthodes fécondes de l'Algèbre moderne, née de toutes pièces de son vaste génie... Après avoir découvert des relations nouvelles entre les diverses parties d'une figure, il a ramené la solution des problèmes réputés les plus difficiles, à la recherche des racines positives d'une équation du troisième ou du quatrième degré et, mis en présence du cas irréductible, il a imaginé de le résoudre par la trigonométrie. » Tel était le préambule de notre troisième communication dont le but était de faire connaître la méthode de F. Viète pour l'application de l'Algèbre à la Géométrie, exposée la première fois dans deux de ses ouvrages : « Effectionum geometricarum canonica recensio. » {Revue méthodique des constructions géomé- triques) et « Supplementum Geometriœ, » publiés ensemble en 1593. Après nous être arrêté sur l'esprit de sa méthode, nous en avons donné un exemple en F. RITTER. — QUELQUES INVEXTIONS MATHÉMATIQUES DE VIÈTE 147 choisissant la proposition XYl du Supplementum Geometriœ. ^< Etant donnés deux triangles isocèles BAC, DCE, si l'angle à la hase DCE du second est triple de l'angle à la base BAC du premier^ le Cube de la base AC du premier moins trois fois le produit de la base AC du premier par le Carré AB des côtés égaux est égal au produit de la base CE du second par le Carré AB des côtés égau^x. » On a par conséquent : AC^ — 3AB^. AG = AB^ CE F. Yiète applique immédiatement cette proposition au cas où le triangle DCE est équilatéral et il est facile de voir qu'alors l'angle ABC est égal au neuvième de deux angles droits, que par conséquent la hauteur BI du triangle ABC est la moitié du côté du polygone régulier de neuf côtés inscrit dans le cercle dont AB est le rayon, et que la moitié AI de la base AG est l'apothème de ce polygone. En prenant cette base pour inconnue et en faisant AB = R, on a en vertu de la proposition énoncée plus haut, l'équation a;3 — 3K^x = R3 Elle correspond au cas irréductible et F. Viète la résout a u moyen de la trigonométrie en faisant : ce = 2R cos20« Il ne s'occupe pas des deux autres racines parce qu'elles sont négatives. Remarquons que l'équation qui donne la valeur de x, double de l'apothème, manque du terme en a;2, elle a donc trois racines réelles qui sont les trois apothèmes de l'ennéagone régulier et des deux ennéagones étoiles. Il résulte de là que: 1" L'apothème de l'ennéagone convexe est égal à la somme des apothèmes des deux ennéagones étoiles ; â" Le produit des trois apothèmes est égal au cube de la moitié du rayon du cercle circonscrit. Il est facile également de tirer de cette équation la relation Cos20° cosSO» cosSO» := ^' Enfin, notre dernière communication avait pour objet principal les pre- miers travaux de l'illustre géomètre du Poitou; après être entré dans quel- ques détails biographiques inédits qui ont marqué ses premiers pas dans le vaste champ des mathématiques, nous avons cherché adonner une idée de ses premiers travaux, publiés comme nous l'avons déjà dit, en 1379. « Le Canon Mathematicus est un recueil de tables dont la principale donne pour chaque minute du quart du cercle la valeur de chacune des six lignes irigonométriques pour un rayon égal 100,000. Imprimée avec un grand luxe, cette table, par sa disposition typographique, était d'un usage plus commode que celles publiées jusqu'alors, elle donnait les différences entre deux lignes consécutives, ce qui rendait les calculs plus faciles... » » Dans le Liber impectionum, l'auteur passe en revue toutes 'es formules 148 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE delà trigonométrie rectiligne et sphérique; il en fait connaître de nouvelles plus commodes qui lui appartiennent en propre ; il donne avec une très grande approximation (onze chiffres entiers ou décimaux) le rapport de la circonférence au diamètre, la valeur du sinus d'une minute, les valeurs numé- riques directes ou réciproques des côtés , surfaces, volumes , rayons des cer- cles inscrits et circonscrits, etc., etc., des polygones et des polyèdres régu- liers, du cercle, de la sphère, etc. Dans ses calculs comme dans les résultats obtenus, il n'emploie que les divisions et subdivisions décimales dont il pré- conise les avantages sur la division sexagésimale, alors encore généralement en usage. Les chiffres décimaux sont placés à la suite des entiers, dont ils se distinguent par l'emploi d'un caractère plus petit et par un trait horizontal qui les souligne ; ce trait est supprimé lorsque les nombres sont en colonnes, et alors un trait vertical sépare les entiers des décimales ; dans le Canon ma- thématique, celles-ci sont simplement séparées de ceux-là par un intervalle plus grand. C'est donc à F. Viète que revient le mérite, attribué jusqu'à ce jour au géomètre anglais Ougthred, né en 1573 , d'avoir supprimé le déno- minateur dans les fractions décimales et d'avoir soumis leur calcul aux mêmes règles que celles des nombres entiers. r> Du Liber inspectionum, nous avons extrait deux constructions pratiques rela- tives à la quadrature du cercle. Partant de la considération du diamètre divisé en moyenne et extrême raison, F. Viète montre qne G étant la circon- 1 férence d'un cercle de rayon R, on peut écrire a ■ près, l'égalité 4 5 (3 - v/5) ] et si K est le côté du carré équivalent au cercle, a ■ près l'égalité 24 R2 K2 = (S - 5) "■ D'oià les deux constructions graphiques, que le lecteur pourra traduire faci- lement en une figure. Soit ABCD le cercle donné, AOG un diamètre vertical, BOD le diamètre à angle droit. On prend le milieu E du rayon AO, et par l'extrémité de droite B du diamètre BOD on mène la corde BEG ; à partir de E on prend sur cette corde, vers l'extrémité B, ER = OE. De l'extrémité de la corde on abaisse la perpendiculaire GL au diamètre BOD. Sur le diamètre vertical AG, on prend à partir de l'extrémité G, une longueur CN égale àBR •, on joint NL et par le point G on mène une parallèle CF à NL, jusqu'à sa ren- contre en F avec le diamètre BO prolongé. La longueur OF est égale au quart de la circonférence du cercle OA. Si dans le même cercle, on joint GD, côté du carré inscrit, si l'on prend sa moitié GL, et si l'on porte sur le rayon OA à partir du centre 0, 0H= GL; si l'on prend sur le rayon OD, une longueur OK égale au plus petit segment du rayon partagé en moyenne et extrême raison et si l'on joint KH : si par l'extrémité D du diamètre BOD on mène Dl parallèle à KH, et par l'extrémité B du même diamètre la sécante BHI jusqu'à sa rencontre I avec la parallèle ED. LUCAS. — SUR LE JEU DE DAMES A LA POLONAISE 149 ID ; si sur BI on construit le carré BLMN, l'aire de ce carré sera égale à celle du cercle. Nous avons terminé cette dernière communication , en donnant d'après le Siipplementum geometriœ deux constructions graphiques, l'une pour trouver le côlé de l'heptagone régulier, l'autre pour le côté de l'enneagone. La pre- mière quoiqu'assez simple, exigerait une figure, la seconde n'est pas dans le même cas. Soit 0 le centre d'un cercle, AOG son diamètre; si sur le rayon OC on construit un triangle équilatéral 0CF, dont le sommet F est nécessairement sur la circonférence, si on fait passer par le point F, une règle ou une bande de papier sur laquelle on a marqué par ses points extrêmes une longueur égale au rayon OC, en la faisant glisser jusqu'à ce que l'on obtienne une sécante GMF, dont l'extrémité G opposée au point F soil sur le prolongement AG du diamètre AOC, et dont la partie extérieure G.M soit égale à OC, si du point M qui est sur la circonférence, on abaisse la perpendiculaire MH au diamètre et qu'on la prolonge jusqu'à sa rencontre N avec la circonférence la corde MN sera le côté du polygone régulier de neuf côtés. M. Ed. LUCAS Professeur au Lycéo Cliarlemasne. SUR LE JEU DE DAMES A LA POLONAISE (extrait nu PROCts-VEllBAI..! — s é II nce du '29 août 1 87 9 . M. Ed. Lucas donne la solution complète de la partie de vingt contre un à qui perd gagne, sur le damier à la polonaise. (*) Voir le mémoire in extenso dans la Revue scientifique du ifl août 1S79. 150 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. le frénéral PÂEMENTIER Ancien Élève de l'École Polytechnique SUR LA QUADRATURE DES PARABOLES DU 3" DEGRÉ. — Séance du SO août 1879. — I. Si l'on cherche l'aire d'une parabole du troisième degré dont l'équation a la forme entre l'axe des x et deux ordonnées quelconques î/o, y-i, en fonction de ces doux ordonnées et d'une ordonnée intermédiaire ^j^, à égale dis- T ' ^ M 7 ^^^ ^ f^ yo if' .«/s 0 p •p' p.. X Fia;. 8. tance des deux autres, on trouve que cette aire est déterminée, quoique la parabole assujettie seulement à passer par les trois points M, M', M" ne le soit pas. En supposant l'origine en P, et appelant h l'équidistance des trois ordonnées, l'aire PMM'M"P" aura pour expression : '2h S =r r ' ( a + p ce + y cc^ + 0 œ» ) -^ h {y^ -\- Ayi-\- y^) est l'élément qui sert à établir la o formule de quadrature de Th. Simpson. Ce qui précède montre qu'on obtiendrait la même formule au moyen d'une série d'arcs paraboli- ques du troisième degré. C'est sans doute là la cause de la grande approximation que donne la méthode de Simpson. Par trois points Mo, Ml, Ma d'une courbe A M» M^ M.2 M3 B, on peut faire passer une infinité de courbes différentes, par exemple C M» M^ M^ D. N'est-il pas naturel de penser que si l'une de ces courbes était assujettie à passer par un quatrième point M 3 de la courbe, situé dans le voisinage et au delà du troisième, cette courbe E Mo M^ M^ M3 F se rapprocherait davantage de la courbe donnée que les autres lignes non assujetties à cette con- dition ? Or, on peut précisément considérer la formule de Simpson comme obtenue au moyen d'arcs paraboliques ayant toujours avec la courbe donnée un quatrième point commun, situé au delà de la limite des trapèzes consécutifs dont la somme forme l'aire déterminée par cette formule. Rien n'empêche même de supposer le quatrième point M3 très près de Mj, et alors les tangentes en Mj aux deux courbes sont nécessairement peu différentes. Fig. 9. NOTE. Exemple numérique d'arcs de paraboles du second et du troisième degré ayant même aire. Soient les trois points dont les coordonnées sont (cEo = 0, I/o = 1) , (oci = 1, 1/1 = 2), {x^ = 2, y.2 = 9). lo4 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE En mettant successivement ces coordonnées dans l'équation (1) y =a -{- ^x -j-y x"^ -\- i x^ Y et cherchant les valeurs des trois pre- miers coefficients en fonction du qua- trième, puis mettant ces valeurs « = 1, iî =2.(«- 1), Y= _ 3 (8-1), dans l'équation générale (1), on trouve l'équation de condition (2) y = 1 + 2 (« _ J) X — 3 (8 — 1 ) x« + Ô a;3. Cette équation représente une infinité de paraboles qui passent toutes par les trois points donnés, et dont l'aire est constante et égale à celle de la parabole du second degré représentée par l'équation y = i — 2 ce -f- 3 cc"2 que l'on obtient en faisant 8 = 0 dans l'équation (2). Si l'on fait, par exemple, 0 =r 1, on aura l'équation i/:=l + cc^. En construisant cette courbe et la parabole du second degré, on voit qu'entre a; =r 0 et ac = 1 les ordonnées de la première sont plus grandes que celles de la parabole du second degré, tandis qu'entre x := l et x =2 elles ^ sont, au contraire, plus petites, ce qui établit la compensation pour les aires. En calculant les deux expressions *i /: (1 + cc3) dx, et />-- x-!-3 x^) dx. on trouverait, en effet, le même nom- bre 6 pour la valeur de l'aire des deux parabolas, valeur que l'on ob- tient d'aiUeurs plus simplement par la formule — h (j/o -{- ^ Vi + y-ij- p. -H. SCHOUTE. — DE ].A PROJECTION SUR UNE SURFACE loo M. le W P. H. SCÏÏOÏÏTE de la Haye. DE LA PROJECTION SUR UNE SURFACE — Séance du 30 août 1879, — La communication suivante est un aperçu d'une étude, qui vient de paraître dans le Nieuw Archief voor Wiskunde, tome VI. J'ai ajouté la démonstration aux théorèmes connus qui en forment la première partie, parce que c'est là la démonstration qui intéresse. Pour ne pas abuser de la bienveillance de la rédaction des Comptes-Rendus, j'ai omis la dé- monstration des théorèmes nouveaux qui font la seconde partie de la communication. / 1. « Les normales à une surface Fn forment un système de droites de la n^ — n'ème classe, c'est-à-dire chaque plan en contient n* — n. » Les n{n — 1) points de Fn , où les normales à Fn se trouvent dans un plan donné V, constituent l'intersection totale de deux courbes planes Gn etCn- i,dont la première est l'intersection de V avec Fn, la dernière l'intersection de V avec la première surface polaire Yn~\ de Fn par rap- port au point à l'infini commun à toutes les perpendiculaires à V. 2, « La projection d'une droite l sur Fn , c'est-à-dire le lieu_ des pieds des normales abaissées des points de l sur Fn , est une courbe gauche Rn'', la base d'un faisceau de surfaces du ^lième ordre ; elle a donc in^ (n — 1)'' points doubles apparents. » La projection en question, c'est le lieu des a {n — 1) pieds des normales situés sur les courbes Cn-i déjà mentionnées, qui se trouvent dans les différents plans V passant par l. Ces plans V correspondent projective- ment aux pomts L de l'infini où concourent les perpendiculaires à ces plans Et à leur tour ces points L situés sur la droite de l'infini, qui est com- mune à tous les plans perpendiculaires à l, correspondent projectivement aux surfaces Yn-\ du faisceau de leurs premières surfaces polaires par rapport à Fn . D'où l'on déduit, que les plans V correspondent projecti- vement aux surfaces de ce faisceau. Ainsi la surface, qui contient toutes les courbes planes Cnn» est le lieu de la courbe d'intersection des surfaces correspondantes de deux faisceaux projectifs, dont l'un est du premier et l'autre du n — l'ème ordre. Cette surface, qui passe par / aussi bien que par la courbe R(n v^ commune à toutes les Fn-<, est donc du n'eme ordre ; je la désignerai par Gn . 156 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Les points d'intersection de toutes les courbes d-i avec Fn appartien- nent à la courbe en question, et réciproquement chaque point de la pro- jection se trouve sur une des courbes Cn-i ; il s'ensuit que la projection de l sur ¥n ne diffère guère de l'intersection de F^ avec Gn , etc. {*). 3. « Les normales à une surface Fn forment un système de droites du n'— n^-fn'ème ordre,c'est-à-dire que n^—n^-\-n de ces droites passent par un point donné P. » Les projections Rn^ et R'«,2 de deux droites l et l' qui se coupent en P ont n^ points communs; car elles sont les courbes d'intersection de Fn avec les deux surfaces Gn et G'n qui correspondent à ^ et à T et les trois surfaces Fn , Gn et G'n ont n' points communs. Des n' normales à Fn , qui coupent l et l' k la fois, w'^ — n se trouvant dans le plan de ces deux droites, les n^—n^-{-n autres passent par P, etc. 4. « Les projections d'un point P sur F» , c'est-à-dire les pieds p des normales à Fn , qui passent par P, forment les points d'intersection de Fn avec une courbe gauche Rn2_n+i par Ps qui a i {n—iy (n^— 2w-]-2) points doubles apparents; je l'appelle la courbe projetante de P". Toutes les courbes projetantes des différents points P de l'espace passent par les (n — 1)^ pôles du plan V^ (situé tout entier à l'infini) par rapport à Fn et par n"^ — n-\-i autres points en V„ (de sorte que les asymptotes de l'une de ces courbes sont parallèles à celles des autres). » Sur les surfaces Gn et G'n , appartenant à deux droites l et l' par P, se trouve la courbe Cn-i située dans le plan des deux droites ; la courbe d'intersection de ces deux surfaces est donc composée de deux parties, la courbe Cnn mentionnée et une courbe gauche Rn2_n+i (**). La dernière doit contenir les n'^ — n^-\-n pieds des normales abaissées de P sur Fn , car ces points, situés hors de V,se trouvent sur les deux sur- faces Gn et G'n sans appartenir à Cn-i. L'ensemble des projections de P sur Fn est l'intersection totale de Kn-^—n+i avec Fn , car cette courbe ne saurait avoir plus de points communs avec Fn sans qu'elle se trouvât entièrement ou en partie sur Fn , ce qui est impossible. (*) Le théorème que je viens de démontrer a déjà été démontré en 1868 par M. August {Journal de Crelle, tome LXVIIT, page 242) d'une manière qui n'est que rextension <à l'espace de celle que M. Steiner avait publiée en igio (Crelle, tome XLIX, page 333) et qu'on peut nommer la manière cinématique. Plus tard, M. Mannheim et M. Sturm s'en sont occupés avec succès. Dans une anno- tation, au pied de page 343 du mémoire cité, M. Steiner a dit : le lieu du sommet d'un angle droit, qui se meut dans son plan de manière que ses deux côtés restent tangents à une courbe lixe de la classe K, est une courbe de l'ordre K-. La contradiction de ce théorème avec le théo- rème connu des sections coniques n'est qu'apparente. Ici le grand Steiner est en erreur. Il n'a pas pensé que chaque droite qui passe par un des deux points circulaires imaginaires à l'infini (les ombilics du plan) sont rectangulaires à elles- mêmes. La courbe en question est toujours de l'ordre K--K. Ainsi il n'y a pas de contradiction entre le cas général et celui de la conique (voir Nouvelles Annales, tome XVIII, page 314 et tome XX, page 2GG). (**) La courbe R,j2_n-|-i a été déjà étudiée par Steiner et par August (/. c). Cependant ils l'ont trouvée de toute autre manière et ils n'en ont pas fait usage en courbe projetante. p. -H. SCHOUTE. — DE LA PROJECTION SUB UNE SURFACE 157 De la définition môme de la courbe projetante il ne va pas encore sans dire, qu'elle est la seule courbe de cette espèce qui lie P à ses pro- jections. Plutôt on serait porté à croire qu'on trouverait une autre courbe en remplaçant les droites / et l' par d'autres droites passant par P ; néanmoins cela n'est pas le cas. Car une surface G'n qui appartient à une autre droite /■' par P doit passer par la courbe [\n^-n+\ déjà trouvée, parce qu'elle la coupe en n^—n^-\-n-]-i points (P et ses projections). Ainsi la courbe déjà trouvée doit faire partie de l'intersection d'une paire quelconque de surfaces Gn correspondantes à deux droites l par P et parce que cette intersection est complétée d'une courbe Cn-i. elle ne saurait contenir davantage. On parvient à la même conclusion en remarquant que toutes les courbes Rn2-n+i, qu'on pourrait faire naître par le remplacement des deux droites / passant par P, doivent coïncider avec le lieu des points, dont le plan polaire par rapport à F,, est perpendiculaire à la droite qui joint ce point au point iixe P. Car chaque point Q de la courbe R„2_„-)_i étant situé sur les deux surfaces G» et G'» des droites / |et l' par P, et non pas en V, le plan polaire de Q doit, eu égard à la géné- ration des surfaces G„ et G'„, être perpendiculaire au plan passant par Q et l, et au plan passant par Q et l', c'est-à-dire à l'intersection PQ de ces deux plans. Le lieu du point Q, dont le plan polaire par rapport à F„est perpendiculaire à PQ, contient donc la courbe R»2_,,-fH. Comm.- on trouve, de bien d'autres manières, que ce lieu lui-même est de l'ordre /,i2 _ n -j- i, il n'y a qu'une courbe projetante de P. Les surfaces G», qui appartiennent à toutes les droites l qui se trouvent dans un plan V et passent par un de ses points P, forment un faisceau de l'ordre n, dont la base est composée de la courbe projetante de P et de la courbe Cn-i située en V. Chaque surface de ce faisceau coupe V suivant la courbe Cn - i et la droite / à laquelle elle appartient; des ^2 _ îi _|_ 1 points d'intersection de R,i:_„+i avec V, il n'y en a qu'un, le point P, qui ne se trouve pas sur Cn - ^. Les deux parties de la base ont donc n"^ — n points communs. Le nombre des points 1 doubles apparents de la base simple s'élevant à •^ii'^{n — \)\ la courbe projetante en a ^n' (n - i)- - j(/i - \) {n^ — n -f 1) - {n' — n)\ = Lin — \f (n^ — 2u -f 2). Puisque toutes les surfaces G„ passent par les (/} — 1)^ pôles du plan 158 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE V^ par rapport à Fn et ces points ne se trouvent pas sur une courbe Cn — 1 située dans un plan quelconque V par P, les courbes projetantes des différents points P de l'espace doivent passer toutes par ces (n — 1)^ pôles. De plus, ces courbes coupent le plan V^ aux mêmes points. Car si Q„ situé en V^ est un point de la courbe projetante de P et q^ l'intersection de V^ avec le plan polaire de Q„ par rapport à Fn, la droite qui joint Q^ à un point quelconque P de l'espace sera aussi perpendiculaire au plan polaire de Q^. En d'autres termes, Q^ et q^ seront dans V^ pôle et polaire par rapport à l'intersection de V^ avec ¥n aussi bien que par rapport au cercle imaginaire de ce plan. Et, en vérité, ces pôles et polaires par rapport aux deux courbes à la fois se présentent au nombre de n"^ — n -{- i (*). Par les deux courbes projetantes R et R' de deux points arbitraires P et P' on peut toujours mener une surface de l'ordre n, la surface G» , qui appartient à la droite l par les deux points P et P'. A l'exception des {n — iy pôles du plan V^ et des n^ — n -{- i points du plan V^, elles n'ont plus de points communs. Car, en général, il est impossible de trouver sur la droite / par P et P' un point dont le plan polaire soit perpendiculaire à L Et il n'y a pas un seul plan polaire, qui est perpen- diculaire aux deux droites de direction différente, qui joignent P et P' au pôle de ce plan, qui se trouve hors de L Ainsi, des courbes projetantes de tous les points de l, qui se trouvent toutes sur la surface Gn de la di'oite /, il n'en passe qu'une par un point Q arbitrairement choisi sur Gn. Ce qui cependant n'exclut pas le cas, qu'il y passe encore une autre courbe R„2_n-f i , qui ressemble en tout à la courbe projetante, excepté qu'elle est courbe projetante d'un point quelconque de l'espace, un cas qui ne tarde pas à se présenter aussitôt qu'on attribue à n la valeur deux (**). Seulement, quand PP' est perpendiculaire au plan polaire d'un de (*) Le nombre des points d'un plan, dont les polaires par rapport à deux courbes C„ et C ,j situées dans ce plan, coïncident, est, en général, (n + n' — 2p — {n — ^) {n — i). Car si l est une droite du plan et Q un point sur l, les polaires des points d'intersection des premières courbes polaires de Q par rapport à C,j et C^', se coupent en Q ; le lieu des points, dont les polaires par rapport à c^ et C,^' se coupent sur /, est donc aussi le lieu des points d'intersection des courbes correspondantes des deux faisceaux projectifs des premières courbes polaires des points Q de l par rapport à C^j et C^j' Ce lieu est donc une courbe de l'ordre n + n' — 2. De même les points, dont les polaires par rapport à Cn et C„- se coupent sur une autre droite l du plan, engendrent une autre courbe de l'ordre n + n' — 2. Parmi les (» -\- n' — 2]- points d'intersection de ces deux courbes les (n — i) [n' — ^] points d'intersection des premières courbes polaires C„_^ et C„-_^ du point de concours de l et l' ne satisfont pas à la ques- tion ; il en reste donc (n + 7i' — 2)= — (h — i) [71 — i), nombre qui, pour n'^ 2 se trans- forme en n- — n -{- i. (**) Quand F^^ représente une surface du second ordre, toutes les surfaces G passent par lé centre de P-, et par les trois points des axes de F2, qui se trouvent à l'infini. Par ces quatre points de F^ et un point quelconque Q d'une surface G, on peut faire passer deux courbes R3, dont l'une coupe deux fois les génératrices et une fois les directrices de G, tandis que l'autre, au contraire, coupe une fois les génératrices et deux fois les directrices. P.-H. SCHOUTE. — DE LA PROJECTION SUR UNE SURFACE 1S9 ses points Q, une infinité de courbes projetantes passe par Q. Les points P, auxquels ces courbes appartiennent, étant situés sur PP', les courbes elles-mêmes se trouvent sur la surface Gn, qui correspond à cette droite. La courbe projetante de P étant projetée de P' par un cône du n"^ — n»»"'^ ordre, les droites PP'_, qui sont perpendiculaires au plan polaire d'un de leurs points, engendrent un « complex de rayons, » dont l'ordre et la classe sont représentés par n* — n (*). 5. « La surface projetante d'une droite l sur ¥n , c'est-à-dire le lieu des normales à F„, qui coupent l, est de l'ordre n^. La droite l en est une droite n^ — n^ -\- n-i'^^ ; de plus cette surface a une courbe double de l'ordre— n (n — 1) (An -f 4) (n^ — n — 1), qui coupe la droite L  2/i2 (n — 1) (n^ _ n — 1)- fois. Les projections ^n^ et \Kn^ de deux droites l et Z', qui ne se trou- vent pas dans un même plan, ont ri* points communs ; il y a donc n^ droites normales à Fn, qui coupent / et /' à la fois ; le lieu des nor- males à F», qui coup«.*nt /, étant coupé par ï en n^ points, est une sur- face Fn3. On trouve le même résultat de la manière suivante : L'intersection de la surface projetante avec un plan quelconque À par / se compose de la droite /, qui, sans être normale à Fn elle-même, participe /i' — 7i*-f-n lois à la formation de la surface, parce qu'autant de normales passent par un quelconque de ses points et des n^ — n normales à Fn. qui sont situées en X, etc. . , , ,• , (»'— h)(?i*— n— i) La surface projetante a une courbe douole, le lieu des points d'intersection des n* — n normales en chaque plan X par /. Quand il arrive k fois que deux normales situées dans le même plan À , , (n*— n)(w^— n — 1) se coupent sur Z,le degré de cette courbe est A: -| ^ ■• Et le nombre /t, qui est an* (n — 1) (n* — n — 1) s'obtient facilement, (*) Les bix normales à \'i^ qui passent par un point 1' de l'espace, se trouvent sur un cône du second ordre, qui passe par le centre de F, et par les points oii les axes do cette sur- face percent V«,. En général, les n (»»» — n -f 1) normales à F„^ qui passent par un point P de Tespace, se trouvent sur un conc du n'— ?»-ième ordre, qui p.isse parles («-i)^ iiôles de Vœ par rapport à F„ et par les u^ — h + 1 points de V«, communs à toutes les courbes projetantes. Ce théorème général n'offre rien de particulier qu'autant que n est égal à deux. Car tandis qu'en général dix droites passant par un point ne se tiouvent pas sur un cône du second ordre, les n (n2 — n + 1) + (n — 1)3 + n^ — n -f 1 ou n^irO- — 3n + 3) droites correspondantes du cas général se trouvent toujours sur un cône de l'ordre n^ — n. Simplement puisque (pourn^a) n(2n' — 3n + 3) est toujours moindre que , le nombre des arêtes qui déterminent ce cône. Car l'équation n^— 4/1^ -f- 7/i — 6 =0, qu'on obtient en égalisant la dif- férence " ("■ ~ •" '"' — » + 3) __ ^12^2 _ jj^ -j- 3) à zéro, se transforme, quand on pose 2 n = n, 4- 3 en »ii^ + sn,' + loni + ô = 0, et cette équation n'a plus de variation de signe. 160 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE si l'on a trouvé d'avance la classe 2n (w^ — n — 1) de la surface qui est enveloppée par les sections principales de ¥n, le lieu des centres de courbure de ces sections principales. A son tour ce nombre k l'ail con- naître le degré de cette surface (*). 6. Je continue par l'énumération de quelques théorèmes qui, pour la plupart, sont nouveaux : « Le satellite de la projection d'une droite l sur F„, c'est-à-dire la courbe, qui jointe à la projection elle-même forme l'intersection com- plète de Fn avec la surface projetante F» 3 de l, est une courbe 4 Rn2 (n2 - 1) qui a -^ n^ (n — Ij^ {n -\- I) (n^ — n — 4) points doubles  apparents et qui coupe la projection en -n? (n^ — 4) points. Elle est l'intersection complète de F,t avec une surface Fn(n2-i). » « Le satellite de la projection d'une droite / sur Fn a un point plan (**) {n^ -{- 1) (n — iypie en chaque point d'intersection de / avec Fn ; chacun de ses points représente {n^ + 1) {n — i) points d'intersection de la projection avec le satellite. En dehors de ces points les deux courbes ont encore n (n — 1) (n^ — d) points communs et le satellite 1 ■— - n (n — 4) (4n* — 5n'^ — ^ti^ — n -f- 2) points doubles. « « Le lieu des projections d'un point P sur les surfaces Fn d'un faisceau est une courbe de l'ordre 'àn^ — 2n-|- 4, qui coupe la base du fais- ceau en n^ (2n — 4) points. ». « Le cône des» normales de P sur toutes ces surfaces est de l'ordre 3n^ — 2n. » « Le lieu des courbes projetantes de P par rapport à ces surfaces est une surface de l'ordre 2n — 4. x^ « Le lieu de la projection d'une droite l sur les surfaces F» d'un faisceau est une surface Fa^, qui passe par la base du faisceau et par /. » « Le lieu du point d'un plan V, où la normale à la surface Fn d'un faisceau qui passe par ce point se trouve en V, est une courbe €2» - 1, qui passe par les n* points de la base du faisceau situé en V. » « Le lieu de la projection d'un point P sur les surfaces Fn d'un réseau est une surface ¥3,1 - i , qui passe par les points de base du réseau. » « La projection d'une courbe gauche l\p sur Fn est une courbe gau- che Kpn^ l'intersection complète de F» avec la surface F;„t, lieu des courbes projetantes des points de li;j. » 1*) Stlrm. MtUhein. Annalen, tome VI, page 241 et tûiue YII, page bG7. Darboux. — Comptes Rendus, 1871, 2'' partie, page 1328. (**) J'appelle un point iv^" d'une courbe gauciie uu poiat plan if^', quand les tangentes aux t Itranclies en ce point se trouvent dans un plan. p. -H. SCHOUTE. — DE LA PROJECTION SLR UNE SURFACE 161 « La surface projetante de Rp est une surface Fpn\ » « Le satellite de la projection est une courbe Rpn2 (^2 _ d, l'inter- section complète de F„ avec une surface Fpn («= - i). » « Le nombre des points doubles apparents de la projection est égal i 1 à i pn'^ (n— i) (pn — i), celui du satellite à 3 j^n^i^ — l)'(n-fl) jp,j (,i2 _ ij _ 1| ; les deux courbes ont communs p^-n^{n- — 1) points » « La projection d'une courbe gauche R^ qui est située sur Fn est composée de la courbe Rp elle-même et d'une courbe complétante R^ (H-- - 1) qui forment ensemble l'intersection complète de Fn avec la surface Fpn, lieu des courbes projetantes des points de R^, etc. La sur- face projetante se compose de deux parties F^n et Fpn (n= - n, le satel- lite se divise de même en une R^ [n^ - ^) et une Rp («2 _ ^f., etc. » « Le lieu de la projection d'une courbe gauche Rp sur les surfaces F,i d'un faisceau est une surface F2pn, qui passe p — fois par la base du faisceau et une fois par R;j. » Pour le cas n = % je trouve encore : « Les droites /, dont les projections sur une surface Fj se compo- sent d'une cubique gauche et une de ses cordes, forment un système du IS'è'we ordre et de la 4'"''e classe, dont les plans principaux de F, et le plan à l'infini forment deux fois des plans doubles. » (' Les droites l, dont les projections sur F2 se composent de deux courbes planes et de telle manière que chaque plan contient trois des six projections d'un point, forment un système du 10'«"*« ordre et de la Qième classe. Les plans de ces courbes enveloppent une surface de la quatrième classe, dont les plans tangents se correspondent deux à deux (**). « Les six plans qui touchent F^ dans les pieds des normales abais- sées d'un point P sur Fj déterminent une parabole gauche, dont ils sont des plans osculateurs. Cette courbe cubique oscule aussi les plans principaux de F^. » (*) M. Mannheim a donné un cas particulier de ce théorème [Comptes rendis 1870, ^" partie, page I02o). (**) M. Desboves [Nouvelles Ann., ■>' série, tome H, page 228). H 16:2 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE. GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. Ed. LUCAS Professeur an hyci-r: Clinrlomagne. SUR L'IRRÉDUCTIBILITÉ AU POINT DE VUE ARITHMÉTIQUE. — Séance du 30 itont i879. — M. Ed. COLLIGlfOl^ Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. NOTE SUR L'INSCRIPTION DANS LE CERCLE DU POLYGONE RÉGULIER DE 17 COTÉS. — Séance du 3 0 a o û I 1879. — Nous nous proposons, dans celte note, de revenir sur le problème du partage de la circonférence en 17 parties égales. On connaît la solution algébrique donnée par Gauss dans la vii*"^ section des Disquisi- tiones arithmeticœ. Lagrange, dans la 14"^^ note de son Traité de la résolution des équations numériques, l'a rattachée à la méthode qu'il avait donnée dans les Mémoires de Berlin, années 1770 et 1771, pour la réso- lution des équations algébriques. Plus tard Legendre introduisit la même théorie dans la deuxième édition de sa Théorie des nombres, et traita le problème spécial de l'inscription du polygone régulier de 17 côtés dans la dernière note de sa trigonométrie. Ce même problème se trouve résolu tout au long dans le Cours d'algèbre supérieure de M. Serret (3'' édition, tome II, pages 536 et suiv.), et l'analyse algébrique de la question est suivie (page 543) de la construction géométrique du côté du polygone de 34 côtés, d'oîi le polygone de 17 côtés se déduit immédiatement. On trouve aussi d-àus les Théoi^èmes et problèmes de géo- métrie élémentaire de M. Eugène Catalan (livre IV, théorème vin et problème xm, pages 267 et 298 de la sixième édition), une solution entièrement géométrique du problème. Le but do notre note est, à proprement parler, de faire connaître une construction géométrique analogue, fondée sur la considération d'angles auxiliaires qui, croyons- nous, permettent d'apporter à la solution une certaine simplification. ÉD. COLLIG.NON. — SL'U LE POLYGONE RÉGULIER DE DIX-SEPT COTÉS 163 § I Commençons par rappeler, d'après Legendre les équations du second degré qu'il faut résoudre pour trouver l'apothème du polygone régulier de 17 côtés. La solution qu'il indique se résume comme il suit : Soit Ci la dix-septième partie de la demi-circonférence. Posons cosSa» -\- coso9= s, cosTcp -|- costi'i = t, COSO -j- COSlS'J. := U, cos9ç» -|- coslo'^ = z, s -\- t = X, n-\-z=ij. On trouvera ces six inconnues auxiliaires en résolvant les six équa- tions suivantes, partagées en trois groupes, xy = —\ ; s -}- l =^ X, 1 _ \ 4 chaque groupe fournit une é(juation du second degré. On a de plus COSi -)- COS13:j» = U et ' coscf- cosl3-^ = — — .V, c'est-à-dire une quatrième équation du second degré, qui fait connaître à volonté cos'i ou cosl3cp. Avant tout il convient de préciser les signes des inconnues. Dans chaque groupe les auxiliaires s et t, u et z, x et ?/, ont des signes contraires, puisque les produits .'?^ uz, xij, sont tous trois néga- tifs. De même les inconnues définitives, cosï- et coslSa, sont de signes contraires, car 'f est compris entre o et ■^, et 13.p entre -^ et -. Donc 5 est positif et, par conséquent, t e.-t négatif. Ou voit aussi que u est positif. En ettét, cosl3ç. =: — cos4.f ; l'angle i^ étant < '-^^ coscp > cos4.f, et la différence coso — cos49, c'est-à-dire la quan- tité w, est positive. Enfin x est positif et y négatif, car on a X =z cosSfù -\- cosS'f -\- cos7© -f- coslli = cos3cp -\- cosScf- -\- cos7cp — cos6'f, somme nécessairement positive, puisque cos 60 est moindre que cos3cp, et qu'on ajoute à leur différence des termes positifs, cosocp et cos7cp. cos 4 cù, ce qui Irans- 164 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCAJllQUE Pour n'avoir à considérer que des nombres positifs, nous changrerons y en — y', t en — /', z en — z', coslScp en forme ainsi les équations à résoudre : 1 x-y=Y xy = 1 Au lieu de résoudre ces équations par les méthodes connues, ce qui donnerait lieu à des radicaux superposés, il paraît préférable d'employer des angles auxiliaires qu'il est facile de déterminer. Posons s — t' ^= X z— a = y' cos'-i - cos49 =: u 1 1 1 St = — r- 4 zu- ^ cos Ci cosi-i = Y'- X = tanga, ij' = tangp, en appelant a et [i deux angles compris dans le premier quadrant. Il viendra xy' = tang a x tang p = 1, ce qui montre que les angles 7. et ^ sont complémentaires. De plus on a tane:a — tgfJ x — n \ 2 / 1 tang(a — p) = 1 + tga tgp 1 + xy' Or, il est aisé de construire l'angle dont la tangente trigonométrique est égale au quart du rayon. La moitié de cet angle, ajoutée à la moitié de l'angle droit, donnera l'angle a; l'angle p sera égal à la moitié de l'angle droit, diminuée de la même quantité. Les auxiliaires 5 et u s'expriment très simplement en fonction des angles a et p. Éliminons t' entre les équations du second groupe ; il vient r: = ^' 4i" ou bien S'' — xs Si l'on prend pour inconnue, non pas s, mais ^s = s', l'équation pré- cédente est ramenée à la forme ce qui donne s"^ — ^XS — \ T= 0, 2s' 1 — s'^ ~x ^ Si donc s' est la tangente d'un certain angle, — y' est la tangente du double de cet angle; mais — y= tang(x — (3); il en résulte 1 p ÉD. COLLIGNON. — SUR LE POLYGONE RÉGULIER DE DIX-SEPT CÔTÉS 16o Si l'on pose de même 2 ^' = t\ or aura entre t" et ce la relation t"^ 4- 2 t" X — 1=0, i , '2 t" ou bien — =4- 7- = V = tanf<3 , se 1 — t - ^' „ . ,. 1-, • . S . 1 !i , d ou 1 on déduit t = tang^ , et ^ ^^ "q '^"^'9" ' ^^^ ^^^^^ ^\^^ ^^s deux quantités s et t' s'expriment en fonction de l'angle fi. La même méthode s'applique aux équations du troisième groupe, qui donnent à la fois z et w, et l'on peut poser sur-le-champ, en observant que z est la plus grande et u la plus petite des racines positives de l'équation du second degré à laquelle ce groupe équivaut, 1 a ^= T tang-, 1 a ^ == "T COt— . Les angles a et ^ étant déterminés, il suffira de les diviser en deux parties égales pour obtenir les quatre auxiliaires .s, t, u, r. Restent à résoudre les deux dernières équations qui donnent cos-i et cos4 tang— , de même que cos'j> doit être >cos4'^. Les angles auxiliaires sont aisés à calculer, et l'on trouve à l'aide des tables de sinus, a = 52° 1' 5 ,^ p^ = 37» 58' 25",« Y = 35° 55' 17',« I = 81° 51' J8",*. ÉD. COLLIGNOX. SUR LE POLYGONE RÉGULIER DE DIX-SEPT CÔTÉS 167 Cf'S préliminaires posés, venons à la construction ^géométrique (fig. H) qui lait l'objet de notre recherche. Soit 0 le centre etOA le rayon, égal à l'unité, du cercle qu'il s'agit de diviser en dix-sept parties égales. >Jous commencerons par construire les angles a et p. Pour cela menons au milieu I du rayon OA une perpendiculaire indétînie II'. Prenons ensuite sur la tangente en A une longueur AB égale au quart du rayon. Joignons OB. L'angle BOA sera l'angle dont la tangente trigono- 1 métrique est — . Partageons l'arc (!A, qui correspond à cet angle, en 4 deux parties égales au point E. Menons par le point 0 la droite OD, qui fait avec OA un demi-angle droit, et, de part et d'autre du point D, portons sur la circonférence des arcs DF, DG. égaux à l'arc AE, moitié de AC. Joignons OF, 0(i ; ces droites coupent en H et K la droite II , et l'on a IHO = a, 1 K 0 =z 'i. En effet, la somme et -\- ^j est égale à l'angle droit, et la différence y. — p est égale à l'angle KOH, ou à l'angle égal COA,dont la tangente est le quart du rayon, - Cherchons ensuite les auxiliaires u et s. Pom- (i Ci i là : 137 9. — THEOREME I Pour savoir combien de tois ud facteur premier a entre dans la com- position d'une factorielle n / je calcule les quotients entiers par a de n et de chaque résultat trouvé. La somme de ces quotients entiers sera l'exposaDt avec lequel a entrera dans n ! La démonstration de ce théorème est trop facile pour la donner ici. Faisons-en l'application numérique en décomposant 20 ! en ses fac- teurs premiers. 3 o ■ Il liriseirs i iO 10 40 o o 2 2 1 1» ^ 6 6 ± 8 i0l4 ^\i ^\i ^0 î = 2'- X 3^ X .y X 7- X 11 X 13 X IT X 19. Corollaire. — Si au lieu du produit des n premiers nombres il s'agis- sait du produit de n nombres consécutifs quelconques, la manière d'agir ci-des5us ne nous donnerait plus l'exposant exact du facteur a dans le produit donné, mais bien l'exposant minimum que ce facteur peut y avoir. D'où Ion conclut naturellement : n Vair pa^ i« CH. BEHDELLK. — SUS LE CALCUL d'i.NTÉRÊTS COMPOSÉS 171 THÉORÈME II Tout produit de facteurs successifs est divisible par la facbu-ielle du même nombre de facteurs. Nous désignerons un produit de facteurs successifs. >a -)- 1 ^:(a -f- n) , . . <«-l-l:X:ia — 'i< La proposition ci-dessus deviendra ■ = entier. Définitions. Supposons des cases disposées en ligues hoiiiontales croissant d'après la progression des nombres naturels, de telle sorte que les cases de $ammi>t r j 1 1 r ! erti . ! l'^^liz-n^de 1 i ' i \ l ?«~ .. \ t o J. -> \ 3- i 1 ! 1 1 . 3 1 2 3 X 3 '^ *•-! 1 1 f ' «r 6 .1 * A 1 Fis. iî. Tablfiaa 1. chaque horizontale soient au-dessus des intenalles de la hgne suivante. On a ainsi un triangle isocèle de cases ( Tableau 1 1. Dans celles qui for- ment les jambes du triangle isocèle inscrivons l'unité ; puis remplissons les cases de chaque rangée horizontale en y inscrivant la somme des nombres inscrits dans It-sdeux cases voisines de la rangée immédiatement supérieure. Le tableau ainsi formé et qu'on peut prolonger à l'infini, prendra le nom de triangle de Pascal. Chacune de ces lignes horizontales à laquelle on donne pour numéro d'ordre le nombre qui en occupe la seconde case, sera nommée ligne de coefficients binomiaux. Le tableau ci -dessus est continué jusqu'à la quatrième de ces lignes. THÉORÈME m. De deux nombres consécutifs dans une même horizontale du triangrle de Pascal, celui de droite est à celui de gauche, comme le rang du pre- mier à partir de la droite est au rang du second à partir de la gauche Cela peut se vérifier directement pour les quatre première ligne^de coefB- 172 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE cients binomiaux (voir le tableau 1 en ayant égard aux petits chiffres). Maintenant prouvons que si une horizontale quelconque du triangle dé Pascal jouit de cette propriété, l'horizontale suivante en jouira. Appelons G, M, D trois cases successives de la première ligne. Appelons g le rang de G à partir de la gauche (voir le tableau 2). — d _ D — — droite — — g -\- l sera le rang à partir de la gauche de M dans la première ligne, de G + M dans la seconde, d -\- l sera le rang à partir de la droite de M dans la première ligne, de D + M dans la seconde. Nous avons, par hypothèse C^ 9 D d M d + 1 M 9 + 1 D'où par addition G + 31 r/ + rf + 1 D + M 9 + fZ + 1 M "~ rf + 1 M 9 + 1 D'où il est facile de tirer G + M 9 + i D + M rf + 1 Ce qu'il fallait démontrer. Corollaire. — Pour former la n"^ ligne de coefficients binomiaux on pose d'abord la suite suivante de fractions : n n — 1 n —2 2 1 1 2 3 ' n — 1 w Posons i, premier terme de la ligne de coefficients. Le produit de ce premier terme par la première fraction donnera le second terme. Le pro- duit du second terme par la seconde fraction donnera le troisième terme, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on revienne au résultat 1 . n n — 1 n — 2 n — 3 T — 7^ — ; — ••• etc. 12 3 4 n n (n — 1) n:X:(n — 2) n:X:(n — 3) 1 — — • ^^ ■ . , . etc. 1! 2! 31 4! CH. BERDELLÉ. — SUH LE CALCUL d'i.\TÉRÈTS COMPOSÉS 173 Définitions. On appelle n'"'' ligne de produits homogènes de puissances de deux nombres a et 6 une série de produits tels que les deux nombres a et 6 y entrent comme seuls facteurs avec des exposants dont la somme soit n. Pour former cette ligne on met d'abord un des nombres a avec l'expo- sant n, puis on multiplie successivement par - ce premier terme et chaque nouveau terme trouvé. b b JJ^ J^ a« 0" - ^ b' a» - ^h- ab" - ' b" THÉORÈME IV Les termes de la n'"^ puissance de a -|- 6 se forment en multipliant les termes de la n'"'' ligne de coefficients binomiaux respectivement par les termes de même rang de la nî"^ ligne de produits homogènes des puissances de a et b. On peut s'assurer directement de la vérité de la proposition pour les 3 ou 4 premières puissances de a -\- b. Puis on généralise la proposi- tion en montrant par le calcul que ti«. + - «.-. , + !^2<^;^ a.-. 6'.+ --x^f-^J ,.-3 63...] (« + 6) — 1 an+1-f- _n_ an b + ^ ^ , ft"-' b'-\- —^ ^-j a"-^ b' Corollaire. — La puissance (a + 6)'» s'obtiendra donc en posant d'abord a" et en multipliant successivement ce terme et chaque nouveau terme trouvé par n b (n — i) b {n — 8) b i a 2 a 3 etc. Règle. Pour élever à la 11'"'= puissance un nombre composé de 2 chiffres significatifs, j'écris sur 1 1 75 12250 4 2 .S 7 5 0 1 1 8,7 7 Généralisation du t)/ angle de Pascal. Supposons une pile de boulets affectant la forme d'un tétraèdre régu- lier. Inscrivons 1 sur les boulets des trois arêtes latérales et inscrivons sur chaque boulet des assises successives la somme des nombres déjà inscrits sur ceux de l'assise immédiatement supérieure qu'il contribue à suppor- ter. On a ainsi une pyramide analogue par sa formation et ses pro- priétés au triangle de Pascal (jui est reproduit sur ses faces latérales. Nous l'appellerons Tétraèdre de Pascal. Analogues aux lignes de coefficients binomiaux, les assises de ce tétra- »idre seront eux des triangles de coefficients trinomiaux. ' On peut former de même des triangles de produits bomogèncs des puissances des 3 nom- bres a, 6 et c. (Voir (ig. 13 li' troisième de ces triangles.) l.es ternies du n""-' triangle de coefficients, multipliés par les termes respectifs du n""" trian- gle de produits homogènes de a, b et c donne- ront ceux de (a -f- ^ + c)" • De môme pour former les puissances de tétra- nomes on peut imaginer des tétraèdres de coef- ficients tétranomiaiix ; et des tétraèdres de produits homogènes des puissances des quatre nombres a, b, c et d. En multipliant les termes du n"'e tétraèdre de coefficients par les termes respectifs du n'"'= tétraèdre de produits homogènes, on aura les termes de la n™" puissance de a -\- b -\- c -\- d. Les nombres du triangle de coefficients trinomiaux, et ceux du té- traèdre de coefficients tétranomiaux se calculent comme ceux de la ligne de coefTicients binomiaux au moyen de la relation nombre adjaccnl do g.nichc. rang du nombre oc gaucho A partir de la gauche. nombre adj.icenl do droite. rang du iiomiuo de droite a partir do la droite. Les démonstrations {que nous possédons) ne sont pas aisées à donner, parce que les éléments en sont dispersés dans l'espace, au lieu de se 176 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE trouver sur un plan. (Avis aux savants d'en trouver qui soient exemptes de cette difficulté géométrique.) Fig. \i Un exemple numérique fera parfaitement saisir la manière d'élever un quatrinome à une puissance quelconque. Soit à calculer {a-{-b-j-c-}- d)^. (Voir fig. 14.) Note. — Pour calculer (fl + 6 + c)^ il suffira de calculer le triangle qui a l'unité en facteur commun. La base de ce triangle donnera {b -|- c)5 M. Cil. BEEDELLÉ Ancien Garde général des forêts à Rioz (Haute-Saône). l>ROPRIÉTÉS DES PUISSANCES DE 5 ET DE LEURS MULTIPLES. tSéance du 80 août f 879 . -^ DÉFINITION La terminaison d'un nombre par rapport à S" , c'est l'ensemble des n derniers chiffi^es à la droite du nombre (en ajoutant au besoin à sa CH. BERDELLÉ. — DES PUISSANCES DE O ET DE LEURS MULTIPLES 177 gauche autant de zéros qu'il faut pour lui donner 71 chiffres). Ainsi les terminaisons de 625 par^rapport à 5», 5% 5% 5* sont respectivement 5, 25, t)2D, 0625. Lemme /. — 52" ~ ^ = impair X 2" -f 4 . En effet : 52' r= 3 X 2'^ + 1. Et l'on sait par le calcul algébrique que (52'*)2 = 52" + i _|_ 1. et que (impair X 2" -f- 1)^ = impair X 2« + i -f 1. Lemme IL — 1° 5« + « et 5'^ + « (impair X 2" -|- 1) ont même ter- minaison par rapport à 5", et 2'' quand a n'est pas nul les {a — 1)™" chiffres ont pour différence 5. „ Démonstrations fondées l** sur ce que 5" X 2" = 100. .0 et 2° sur n ce que la (terminaison 5'* + i) de (^n + a >< 2») est 500. .0. 11 — 2 Corollaire. Donc 5'^ + « + 2 et 5'^ + " ont les n derniers chiffres communs et, tant que a n'est pas nul, les (n -j- l )""='' chiffres ont pour différence 5. Lemme [IL — Si deux nombres ont les terminaisons par rapport à 5" complémentaires l'un de l'autre, il faut et sutïit que l'un soit multiple de 5" pour que l'autre le soit. „ Et cela par la raison que la somme des terminaisons est 100.. 0 = mult. 5" . Lemme IV. — Les multiples de 5'* ont et n'ont que 2" terminaisons par rapport à 5" . En effet (termin. 5'^ ) de (mult. 2'^-f a) = (termin. 5« ) de a. Corollaire. 2'' - 1 de ces terminaisons sont impaires et terminées par 5 ; les 2'* - i autres sont paires et terminées par 0. THÉORÈME I En calculant la suite des puissances de 5 ou plutôt leurs terminaisons par rapport à elles-mêmes au moyen de la division par 2 et en dispo- sant le calcul comme ci-contre, dès que dans la ?i"'e colonne verticale on a 2" - 3 chiffres (y compris les zéros), on n'a plus besoin de les calcu- ler, parce que les 2» - 3 chiffres suivants de la colonne se déduisent res- pectivement des premiers en y ajoutant ou en en retranchai) t 5. Après cela les mêmes chiffres se reproduisent périodiquement. Ce théorème paraît évident si on se reporte au corollaire du lemme II. 12 478 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE TABLEAU I (*). 5 2 5 d 2 5 0 S 2 5 0 3 < 2 5 0 d 5 6 2 3 0 0 7 8 i 2 5 0 0 3 9 0 6 2 5 0 0 d 9 s 3 i 2 £. 0 0 0 9 7 6 5 6 2 5 0 0 0 4 8 8 2 8 1 2 b 0 0 0 2 4 4 d 4 0 6 2 5 0 0 0 d 2 2 0 7 0 3 1 2 5 THÉORÈME II La suite des puissances de 5 pourrait encore se calculer au moyen des 3 premières puissances par une série d'additions comme celJes-ci d 5 025 d25 625 3125 1 5 "25 125 125 625 3125 15625 etc. En effet, de ce que 5* = 5^ + 5^ X 100, on conclut en multipliant par 5" - 3 5" + i = 5" -j- 5" - 2 x 100. THÉORÈME III Avec un tableau comme celui ci-dessus des puissances de 5, on peut construire celui des terminaisons de tous leurs multiples, sous forme dichotomique. Derrière la grande accolade on place le nombre 5 qu'on fait précéder d'une barre horizontale placée devant l'accolade. Devant la branche supérieure de la grande accolade on met le nombre 2 qui précède le 5 dans toutes les puissances de 5. Devant les deux branches de l'accolade qui précède 2, on met les deux chiffres 1 et 6 qui se trouvent devant (*) si on faisait un tableau semblable à celui ci-dessus, où la' dernière colonne resterait iden- tique et où on remplacerail chacun des autres chiffres par sa differeuce avec 9, tout nombre de n chiffres à partir de la droite pris dans ce tableau serait aussi un multiple de 5°. CH. BERDELLÉ. — DES PUISSANCES DE 5 ET DE LEURS MULTIPLES 179 les 2 de la seconde colonne, et ainsi de suite suivant les indications du tableau 1. 50000. TABLEAU II En dessous de la barre horizontale je place symétriquement aux chiffres de la par- tie supérieure d'autres chififfres que j'obtiens en retranchant les pre- miers du nombre 9 (lemme III). Les deux chiffres compris sous la même accolade au- ront pour dillérence 5. La manière dont un tableau de n colonnes se construit nous mon- tre que toutes les suites de 11 chillVes qu'on y prend sont multiples de S"^; au moyen du lemme IV on montrera qu'il contient tous ces multiples impairs. Pour tenir compte des multiples pairs on met(w — 1) zéros après ^_^_____^____ .^ le 5 de la grande ac- colade. Alors, toute suite de a chiffres pris dans le tableau forme un mul- tiple de 5* , à condition que le dernier chiffre soit pris derrière la grande accolade. De plus, le tableau contient toutes les terminaisons par rapport à o" de tous les multiples de 5" . 1(S0 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. Pierre CÂMINATI Professeur de mathématiques a l'Institut technique de Sondrio. THÉORIE ET PRATIQUE DES LOGARITHMES D'ADDITION ET DE SOUSTRACTION — Séance du 30 août 1 S7 9 — M. A. DELMOTTE (Aipitaine d'artillerie, au camp de Iîe\erlou (Belgique]. ESSAI DE BALISTIQUE EXPERIMENTALE. (extrait m; i>noi;Ès-vERi;AL.) Séance du 30 août 187 9. — M. A. Delmotte, capitaine d'artillerie, présente un travail résumant la théorie de la trajectoire, et comprenant des formules applicables au tir du fusil rayé avec l'application à la construction d'une table de tir relative au fusil Albini. M. le D^ P. H. SCHOIJTE IU„i ileiL Haye. JîS SUR LES COURBES TRACÉES SUR UNE SURFACE DU SECOND ORDRE. — Séance du 30 août 1879. — Quand on étudie une courbe gauche l\y, dont on ne sait rien que l'ordre v, il est d'importance de connaître l'ordre de la surface [simple du plus petit ordre, qui [passe par cette courbe. Comme on sait, on (*) Le liavail a paru in extenso jdans la Rivista de matenialicu elemcntare et a été publié à iKirl à Novaie en 1879. p. -H. SCHOUTE. — COURBES SUR UNE SURFACE DU SECOND ORDRE 181 s'y prend de la manière suivante: Une surface ¥n étant déterminée par (n + 1) (n + 2) (n + 3) , n (n^ + 6n^+ll) ^ — ±. — Ll ! — L-2 ! — .^ — 1 OU — ^^ -^ ■ points, aussi- 6 6 ^ ' tôt qu'on a la relation n (w^ + 6n + 11) 6 > V 71 4- 1 . 1), on peut prendre parmi ces points v n + 1 points de R^ ; dans ce cas, la surface déterminée Fn contiendra la courbe Rv tout entière si elle est simple et en partie si elle est composée, puisque le nombre des points d'intersection d'une surface Fn et une courbe Rv ne peut pas sur- j)asser le produit v n de leurs ordres. La plus petite valeur de n, qui satisfait à l'équation, fait donc connaître l'ordre cherché ; je la dési- gnerai par n. Mais, en général, cela ne démontre pas que la courbe R^ se trouve sur une surface simple F," Il passe par chaque courbe R^ une surface F,, parce que le nombre 119 des points qui déterminent F^ surpasse la valeur 113 de vn -f-l. Cependant la courbe R,fi, qui est l'intersection complète d'une surface F.2 avec une surface Fg, n'est pas située sur une surface simple F^ ; car l'ordre de la courbe qui se trouve à la fois sur les deux surfaces F^ et F7 ne peut pas surpasser 14. On sait que le cas considéré, qui ne se présente qu'autant que R^ soit tracée sur une surface dont l'ordre est moindre que n, ne fait pas exception au résultat connu, que je viens de déduire. La combinaison de la surface F^, qui contient la courbe R,6, à une surface F5 tout à fait arbitraire constitue une surface composée F, passant par Rjg. Seulement l'exemple nous fait voir, qu'en général il n'est pas possible de désigner d'avance l'ordre de la surface simple en question, quand on ne connaît que l'ordre v de la courbe considérée. 2. L'impossibilité de déterminer l'ordre de la surface simple en ques- tion, qui passe par une courbe Ry située sur une surface ¥n (n étant plus petite que "n), disparaît quand w = 2. Avant de le démontrer, j'aurai à rappeler quelques résultats intéressants, que M. Cayley et M. Chasles nous ont fait connaître il y a plusieurs années. Quand les équations P = o, Q= 0, n = o, S — o représentent quatre plans arbitraires, la surface P S— QR = o est une surface réglée du second ordre (en général une hyperboloïde ù 182 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE une nappe), dont les génératrices des deux systèmes différents sont données par les équations ^ + %« = ''i...(I)e.P + ^^ = ''i. .,(..). K-|-œS=:o) Q -\- y S = 0) ^ ^ Pour raccourcir le langage, j'appellerai les droites du système (I) des génératrices et celles du système (II) des directrices. Quand on établit maintenant entre les variables ce et y la relation f (xi , yp) =0 2), où q désigne la plus grande puissance de a; et p celle d'y^ on fait naître sur Fj une courbe gauche, qui est coupée p fois par chaque génératrice et q fois par chaque directrice. Car à chaque système de valeurs de x et y correspond un point bien déterminé de F2, le point d'intersection de la génératrice x avec la directrice y, etc. L'ordre de cette courbe, que 31. Chasles désigne par le symbole M{xp ifi ), est p -|- q. Car un plan tangent quelconque de Fg contient une génératrice et une directrice de cette surface et coupe donc la courbe exi p -\- q points. Elle cor- respond point pour point à la courbe plane dont 2) est l'équation, quand on suppose que x et y sont les coordonnées d'un point du plan ; elle a donc le même genre que cette courbe plane, quoique son ordre puisse surpasser celui de la courbe plane, etc. La courbe M{xp yi ) est déterminée par p q -\- p -\- q points arbi- traires de Fj. On démontre cette vérité, que M. Chasles a déjà communi- quée, en remarquant que le nombre des coefficients de l'équation (2) est égal k [p -{- i) {q -{- i). Deux courbes M{xp yi ) doivent donc coïnci- der, quand elles ont commun/) g + i^ + 9 points arbitrairement choisis sur Fj et qu'elles ont pour génératrices les droites du même système, restriction qui n'est pas nécessaire pour p = q. 3. Supposons maintenant, qu'on détermine une courbe M(aîPî/P) par p^ -|~ 2 p points pris au hasard sur la surface Fj, qui doit la con- tenir, et que, pour p^q. un nombre p^ -{- p-\-qse trouve sur une autre courbe M{xp yi ) sur F^. Dans ce cas, il est clair que ^{xPyP) n'est autre chose que la combinaison de la courbe M( xp yn ) aux p — q génératrices de Fg, qui passent par les p — q points restants de M.{xP yP ) non situés sur W{xPyi). Car ces droites déterminent p-ç points sur chaque directrice de F2 ; elles forment donc avec M( xv yi -> une courbe M(xp yP ) passant par les p^ -[- 2/) points. Et parce qu'il ne passe par ces points qu'une courbe de cette espèce, on a le théorème : « Quand p^ -\- p -\- q des p'^ -\- 'i p points qui déterminent sur F^ une courbe M( xp yP ) se trouvent sur une courbe M( xp t/? ) de cette P.-H. SCHOUTE. — COURBES SUR UNE SURFACE DU SECOND ORDRE 183 surface, la courbe M{xPyP) est composée de M( xp ^9 ) eidep — q génératrices de Fj. » 4. A l'aide de l'énoncé précédent, on démontre sans peine que {p>^q) cliaquc courbe M( xp y^ ) est située sur une surface Fp. Il va sans dire, que l'intersection totale d'une surface Fp avec F^ est une courbe Mlœ? yv ). Maintenant, si l'on fait passer une surface Fp par p^ + P + 9 points pris au hasard sur M( xv yi ), cette surface doit contenir la courbe. Car p2 _|_ p -^ 9 étant moindre que la différence des deux nombres (p + i)(p + 2)(p+3) _ ^ ^^ (P-1)P(P + ^) _ 1^ qui déno- tent le nombre des points nécessaires à déterminer une surface F^ et Fp_2, cette différence étant (p + i)\ on a l'équation (p + l)(p + 2)(/) + 3) ^^ p^JrP+q +^l^zRPS2±Jl-i. 6 " Et cette équation démontre, que par les p* + p + ? points pris au (p — 1) p (p + 1) , hasard sur M ( xp yj ) et par plus de pomts que g • — ^ en dehors de F2, on peut faire passer une surface Fp , qui ne saurait se décomposer en F2 et une surface Fp_2, tout simplement parce qu'il ne passe pas de surface d'ordre p — 2 par plus de points arbitraires que {p—i)p{p-^i) ^ G De plus, la surface F^ , sur laquelle je viens de démontrer que la courbe M( xP y? ) se trouve, est à l'exception de F^ la surface du plus petit ordre passant par la courbe, car chaque surface d'ordre inférieur ne saurait couper les génératrices de F2 en p points. On a donc encore : « Chaque courbe M( xp î/9 ) se trouve, quand p >: 9' ^"^ "°^ surface simple Fp ; elle forme avec p—q génératrices de F^ l'intersection com- plète des deux surfaces » (*). 5. Le nombre h des points doubles apparents de la courbe M {xp t/-? ) a été obtenu directement par M. Cayley en évaluant le nombre des cordes, qui passent par un point quelconque P de F2 non situé sur la courbe. Toute corde de la courbe qui passe par P est située tout entière sur F5,, parce qu'elle a trois points communs avec cette surface. Les deux droites de F2 qui passent par P forment donc le système des cor- des de M{xP y'i ) passant par P. De ces deux, la génératrice qui coupe (•) Retiiurné en Hollande, j'ai aperçu que le thénrème n'est pas nouveau. Il a été démontré par M. Halphen {Complex lenduii, tonne LXX, page 380), mais tout à fait d une autre manière. 184 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE la courbe en p points représente ^ ^ — cordes, tandis que la directrice qui coupe la courbe en q points en représente —^ — -. Ce qui donne a _ ^ ^y Le théorème trouvé dans l'article 4) conduit au même résultat. Puis- que le nombre des points doubles apparents de la courbe d'intersection des deux surfaces Fn, et Fn ^ est représentée par la forme : 1 -2^1/12 K — 1) (/Î2— 1 ), le nombre h de la courbe M(.tp i/p ) est p {p — 1). Quand cette courbe se compose d'une courbe M(ccp y? ) et de ;> — g génératrices de Fo, qui sans se couper mutuellement coupent M(j:'P yi ) en p points, la valeur de h est déterminée par l'équation p (p— 1) = h-\- H — —J-^ + 9 ip—9)^ d'où l'on déduit encore h = ^ — ^^— ^ — - — ^ '^ 2 6. Au lieu des équations P' + (f — (p -hq) on peut employer les deux suivantes : , , v(v-i) , quand v et h sont donnés, p el q sont donc les racines de l'équation ^2 _ voj -j ^^ : — /i = o 4), p étant la plus grande et q la plus petite. Les conditions, qui expriment que p ti q sont réels et que q est au moins égal à l'unité, déterminent les limites de h, quand seulement v est donné ; on trouve !) < A < (I=1)J!=!) s)r). (1) Les courbes M {xP yl ) ont (^ ^) (^ ^) points doubles apparent^: ; leur genre est donc P.-H. SCHOUTE. — COURBES SUR UNE SURFACE DU SECOND ORDRE 18o Ces limites se déduisent aussi de l'équation h — — ^ — ~ pg, en remarquant que h atteint son maximum quand p et ç différent au- tant que possible et au contraire son minimum quand p et g diffèrent aussi peu que possible. Cependant on ne doit pas croire que chaque valeur entière comprise entre les limites indiquées par l'équation 5) peut représenter le nombre des points doubles apparents d'une courbe M( xp y^ ), dont l'ordre v est donné. A cette tin on doit choisir h de manière que l'expression 4 /i— v(v — 2), qui est égale à (p—qY, soit un nombre carré, qui soit pair ou impair en même temps que v. 7. La surface du second ordre, qui ligure dans le théorème de l'arti- cle 4) a été supposée une surface réglée. Cependant il n'est pas difficile d'amplifier ce théorème au cas d'une surface du second ordre sans droites réelles. A cette fin, on n'a qu'à supposer que des plans P =z 0, Q = 0, l\ = 0, S = 0, dont je me suis servi, P et S ou bien Q et W forment une couple de plans imaginaires conjugués ; dans ce cas le symbole i\I( xp yi ) con- serve sa signification, quoique les droites des deux systèmes soient ima- ginaires (*). De plus, je donne au théorème une forme, qui se rattache au sym- bole M (v; h) — symbole qui se trouve dans les mémoires de M. Cayley zéro. Cela est d'accord, car elles correspondent point pour point à une génératrice quelconque de Fj, puisque les directrices font naître sur M (crP yi ) et la génératrice des divisions hoinugra- phiques. (*) Quand on remplace les équations des quatre plans par A 4- B y/—i :=: 0, G = 0, D = 0, A — B v'^ = o les deux systèmes de droites deviennent A + B /^ + a; C = 0 ( |,j ^^ A + B y/~ + y^ - o ) (j,j . D -1- a; (A - B v/^) = o\ C+y(A— B v/_i) = o) chaque droite du premier système a ainsi sa conjuguée dans le second système 1 1/ rr — j. Et l'équation de la surface est A^ + B^ — CD = o. Quand la courbe m( a;P j/' ) tracée sur une surface F2 sans droites réelles contient de tout point qui s'y trouve le point conjugué, il faut que p et 7 soient égaux. Et toute surface, qui passe par une courbe M(a;'^ 1/^ ), tracée sur une surface F2 sans droites réelles, passera en même temps par la courbe u{xP y'^ ) sur Fj, qui est le lieu des points conjugués de ceux de la courbe yi\xVy^), quand p et q sont différents. Ainsi qu'une telle courbe m( x^ 1/^ ) n'est que la moitié d'une courbe m(jj'^"'~^ 2/^ )» qu' est l'intersection totale de F2 avec une surface réelle F , 186 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE et qui est tout à fait indépendant de la réalité des droites de la surface quadrique — en l'exprimant de la manière suivante : « La courbe M (v, h) tracée sur F^ se trouve sur une surface simple, dont l'ordre est la plus grande des deux racines de l'équation V (v — 1) 8. Le théorème qui fait le sujet de ma communication est d'une grande utilité dans la classification des courbes gauches de l'ordre quatre et cinq. En surpassant cela, je terminerai par une remarque sur la classification des courbes gauches du sixième ordre Rj, un sujet dont M. Weyr s'est occupé déjà avec succès (*). Quant aux courbes Rg, qui se trouvent sur une surface F^, il y en a trois espèces , les courbes M(x^ î/^), M(a?* if) et M{x' y^) ; la pre- mière a six, la seconde sept, la troisième dix points doubles apparents ; la première est déterminée par quinze points sur Fj, la seconde par quatorze, la troisième par onze ; la première est la courbe d'intersection complète de Fj avec une surface Fg, la seconde forme avec deux génératrices de Fj l'intersection complète de Fj avec une surface Fj, la troisième avec quatre génératrices de F^ l'intersection complète de F, avec une surface Fj. Toutes les courbes gauches, qui ne se trouvent pas sur une surface F,, sont situées sur une surface Fg-, car, une surface Fg étant déterminée par dix-neuf points, on peut faire passer une Fg par autant de points pris au hasard sur la courbe Rg et dans ce cas Fg doit contenir la courbe. Cependant il est encore douteux, si les courbes Rg qui ne sont pas sur une Fj se trouvent sur une Fg unique ou sur plusieurs de ces surfaces ; puisque le nombre dix-neuf ne surpasse le produit des ordres v et n ([ue d'une unité. Il faut donc séparer les deux cas et étudier d'abord les courbes qui se trouvent sur deux F, et plus tard celles par lesquelles ne passe qu'une Fg. L'intersection de deux surfaces Fg livre quatre courbes Rg, dont le nombre h a les valeurs 6, 7, 8 et 9 ; la première de ces courbes n'est autre chose que la courbe U{x^ y^), tandis que les autres ne se trou- vent pas sur une Fj. Dans le cas où Rg ne se trouve que sur une surface Fg, elle fait partie de l'intersection de cette surface avec une surface F^. Car, si l'on fait passer une surface F^ par 25 points pris au hasard sur Rg et par 9 points non situés sur Rg, cette surface doit contenir Rg et elle doit être simple, parce qu'elle ne peut pas être composée de deux surfaces Fg (*) Voir Comptes rendus, tomo LXXVI, pages 424, 47B et 535. ÉD. ROCHE. — SUR l'aPLATISSEMENT DU GLORE TERRESTRE 187 ni d'une F3 et un plan. L'intersection d'une F3 avec une F4 peut donner naissance à cinq courbes gauches Rg, pour lesquelles h a les valeurs 6, 7, 8, 9 ou 10. La dernière de ces cinq espèces diffère néces- sairement de M{x^ î/') ; car elle n'est coupée d'aucune droite en cinq points. L'avant-dernière avec une ^ = 9 se trouve, comme M. Weyr a démontré, sur deux surfaces F3, la première qui a une /i = 6 au con- traire n'est située que sur une F3, et, des deux autres espèces h = 1 et h = S, M. Weyr dit : « peut-être elles se trouvent sur deux surfaces cubiques. » Au lieu donc d'arriver au résultat qu'il y a huit espèces de courbes gauches R,., il faut dire que l'existence de huit espèces de ces courbes est ù ral)ri de toute objection, mais que le nombre des espèces diffé- rentes peut aussi bien être dix. Dans la liste suivante je les ai énumé- rées, l'existence des deux dernières espèces étant encore problématique. LISTE DES COURBES GAUCHES Rg. Représentation à l'exemple de M. Cayley. h -2X3 6 2x4 — 1 — 1 7 2x5 — 1 — 1-1-1.. 10 3x3 — 3 7 3x3 — 2 — 1 8 3x3 — 1 — 1—1 9 3 X 4 — 3 — 1 — 1 — ! 10 3x4 2 3X4 2 7(?) 8(?) M. Edouard ROCHE Profossuur à la Kariiltr cl .s srirnccs île Montpellier. SUR L'APLATISSEMENT TERRESTRE ET LA DISTRIBUTION DE LA MATIÈRE A L'INTÉRIEUR DU GLOsr — Séance du 30 août 1879. — L'état intérieur de la terre, au point de vue de la répartition de la masse de la surface au centre, est lié à trois éléments astronomiques, savoir : la densité moyenne, la valeur numérique de la précession et 488 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCAISIQUE enfin l'aplatissement superficiel. Il résulte de là trois conditions aux- quelles doit satisfaire la loi des densités des couches terrestres, mais qui sont insuffisantes pour déterminer rigoureusement cette loi. En admettant la complète fluidité du globe, et moyennant une cer- taine hypothèse sur la compressibilité de ses couches, j'ai trouvé, il y a déjà longtemps, que l'on satisfait à la grandeur de l'aplatissement et de la précession des équinoxes, par une loi très simple du décroisse- ment de la densité du centre à la surface ; cette densité serait environ 2,1 à la surface et 10,6 vers le centre (*). J'en ai déduit également la formule de la variation de la pesanteur à l'intérieur de la terre, et j'ai montré qu'elle s'accordait avec l'expérience de M. Airy sur les oscilla- tions d'un pendule au fond d'un mine ('^^). Dans ces dernières années, l'hypothèse de la fluidité a été vivement attaquée. MM. Hopkins et William Thomson pensent que, si la terre était formée d'une écorce rigide remplie par un liquide, le phénomène de la nutation devrait être tout autre qu'il n'est réellement ; et, en se- cond lieu, que les marées luni-solaires qui s'y produiraient, briseraient nécessairement la croûte solide, de quelque rigidité qu'on la supposât douée. D'autres astronomes ont combattu ces objections et admettent encore l'hypothèse du fluide central contenu dans une enveloppe solide de faible épaisseur. Quoi qu'il en soit, et sans aborder ici cette question controversée, il est évident que, considérer la terre comme un bloc solide à peu près uniforme, ayant à son centre un noyau très dense, et enveloppé d'une couche sphérique assez mince et beaucoup moins dense, constitue une hypothèse tout opposée à celle du fluide compressible. Or cette hypothèse par sa netteté se prête au calcul, et en la combinant avec les valeurs connues de la moyenne densité, de la précession et de l'aplatissement, j'ai pu arriver à la détermination des inconnues qu'elle renferme. La seule difficulté réside dans l'établissement de la formule qui, dans cette hypothèse, lie l'aplatissement superficiel avec les autres éléments du problème. Je l'obtiens, à l'aide de la théorie de Clairaut, en introdui- sant comme auxiliaire l'aplatissement extérieur du bloc supposé primi- tivement liquéfié. Le nombre des données de la question serait insuffisant si l'on ne supposait pas connue la densité de la couche extérieure du globe : on peut l'estimer, dans son ensemble, à 2,7, nombre intermédiaire entre la densité de la surface même qui ne dépasse guère 2 et celle des laves les plus denses qui est 3,4. (*j p = 10,6 — 8,5 a-. (**) Compte/s rendus de l'Académie des sciences, iSoi, tome XXXIX, page ■1215. ÉD. ROCHE. SUR l'aPLATISSEMENT DU GLOBE TERRESTRE 189 Tout calcul fait, on trouve que le bloc constituant la majeure paitie du globe terrestre aurait une densité égale à 6. Ce pourrait être par conséquent un mélange de fer carburé et de matières pierreuses, 1 La masse centrale serait— -v de la masse entière. Cette masse centrale, 1^ que, pour simplifier, nous avons traitée comme un point matériel, re- présente l'ensemble des matériaux plus lourds qui ont dû s'accumuler vers le centre. En réalité, ce n'est pas un point, mais un noyau dont le rayon et la densité nous sont inconnus. En supposant arbitrairement son rayon égal aux 0,4o du rayon entier, sa densité serait 11 ; elle serait 13 pour un rayon 0,40. Ce sont des résultats également admissibles, vu l'ignorance où nous sommes sur les corps qui constituent cette région, et sur l'influence de la température et de la pression, probablement très considérable, qu'ils y supportent. Enfin la couche extérieure à laquelle j'ai attribué la densité moyenne 1 2,7 aurait une épaisseur égale au— du rayon. Son volume serait S 1 les 777 du globe entier, sa masse -^ de la masse entière. C'est dans cette enveloppe de 700 kilomètres environ d'épaisseur que se trouve, à une profondeur difficile à préciser, la couche encore liquide dont les géologues ont besoin jiour leurs explications. Cette couche est pro- bablement discontinue et tro[) peu épaisse pour ([ue les marées y soient sensibles. On pourrait cependant attribuer à un déplacement progressif de cette couche à peu près fluide ou tout au moins visqueuse, les change- ments séculaires du magnétisme terrestre, et quelques autres phéno- mènes encore problématiques, tels que variation de la durée du jour, déplacement des pôles, etc. Quant à la température de ces régions pro- fondes, elle est certainement moins élevée qu'on ne le croit généralement: la lave y est liquéfiée , mais pas le fer que l'on trouve non fondu dans les basaltes amenés de très bas. En résumé, l'hypothèse d'un bloc à peu près homogène, dont les cal- culs précédents expriment les conséquences, est une hypothèse extrême et directement contraire à celle de la fluidité ; il est donc permis de penser que la réalité est comprise entre ces deux suppositions. Or, au point de vue de la question que nous nous sommes posée, c'est-à-dire de la répartition de la matière, de la surface au centre, les conséquences des deux suppositions ne sont pas aussi différentes qu'on aurait pu le penser. L'une et l'autre indiquent vers le centre une densité double de la densité moyenne ; la densité serait moitié de cette densité moyenne dans 1 une couche superficielle dont l'épaisseur est ~ du rayon dans l'hypothèse 190 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 1 du bloc solide, et seulement -— - dans l'hypothèse de la fluidité. Le reste l'2 du globe aurait, en moyenne, une densité peu supérieure à 6. Ainsi, bien que le problème de la répartition de la masse à l'intérieur de la terre soit réellement indéterminé, les conditions astronomiques aux quelles il est assujetti limitent singulièrement cette indétermination, et permettent de fixer avec une certaine probabilité la loi d'accroissement des densités. L'intérêt que présente cette question au point de vue géo- logique m'a engagé à communiquer ces résultats du problème de méca- nique céleste que j'ai été amené à résoudre en poursuivant mes recher- ches sur ce sujet. M. 'S. ALEXEEPE Professeur à Moscou. SUR L'INTÉGRATION DE L'ÉQUATION : y" + Py' + Qy = 0 — Séance du •/«■• s e p l embre 1879. — Lorsque la première intégrale d'une équation de deuxième ordre ■ y" + P^' + Qy = 0 peut être mise sous cette forme : ^y' + ^yy' -\-Cy' = 4, (i) où A, B, C sont des fonctions de ce, les trois fonctions A, B, C doivent satisfaire aux trois équations simultanées suivantes ; A' + B := 2AP, J B' + 2C = 2AQ + BP, (2) C = m, 1 Ces trois équations pourraient servir à la détermination des fonctions A, B, C, si l'on pouvait dans tous les cas intégrer les équations (2). L'intégration complète de ces équations en général est très difficile ; cependant on a toujours une intégrale au moyen du procédé suivant : En multipUant la première des équations (2) par 2C, la seconde par B et la troisième par 2Â, en faisant la somme de la première et de la troisième et en soustrayant cette somme de la seconde, on a : BB' — 2CA — 2AC' = (B^ — 4AC) P. N. ALEXÉEFF. — INTÉGRATION DE l'équation : y" -\- Vy' -{- Qy = 0 191 On voit que la première partie est la dérivée de B^ — 4AC, donc si 2 l'on représente l'expression B^ — 4AC par a^, on a : A\ = A^ P ou P =il (3) A Cette dernière équation nous donne : '/ 2 / Mx. ^2 ^ ii2 _ 4AG = e* En général, c'est la seule intégrale qu'on peut obtenir pour les équa- tions (2). Mais lorsqu'au lieu de deux fonctions P et Q, on admet pour connues une de ces deux fonctions et une des fonctions A, B, C, on obtient des équations de deuxième ordre qui ont la première intégrale exprimée par l'équation (1). En ne m'arrètant pas à des cas particuliers, je vais prouver que l'équation (Ij, dont les coefficients satisfont aux équations de condition (2), est toujours intégrable, c'est-à-dire que dans ce cas on peut trouver l'intégrale seconde de l'équation donnée. En effet, pour intégrer l'équation (1) par le procédé indiqué par moi dans la note présentée à l'Académie des sciences à Paris et imprimée aux comptes rendus (novembre 1878), je pose: y := uv et je détermine la fonction v en posant Av^ -f hvv' -f- Ci;2 = {) Cette équation peut être mise sous cette forme (2Ay' -j- By)2 =: y^ ^2 Q^ :p^^s simplement 2Ay' -\- Bv = v^. (a-B)(/x /■ 2A. En intégrant on a : u = e En même temps pour la détermination de la fonction u, l'équation (1 nous donne : U = ; (4) A v'^a A ^ En dilférentiant cette équation on a : , , ^'dx 2?'V/d5 du M u' dx Xdu Asv'dx u iiX ""— ^ « — ^ » ^ .■— ■^^-^— ^— ^— ■ ^— 1 I — , A^y'^u' A V^ U àV^U ^ A A ' A* En v' A R remplaçant dans cette équation le rapport par l'expression—^ V 2A 1 = f^ on a, AvHi'^ du' dt vdx u t V A'dx 2A du' dt u' t (A— B) dx A'dx '2A 2A 192 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE; GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE on peut l'écrire de la manière suivante : àdx r A' A-B A' Aa' -] + ^JL r _i_ -I- 1 1 ^ 0 (5) En posant r-^ ou En remplaçant — r dans l'équation (5) par cette dernière expression, ^ u en remplaçant A' par son expression tirée des équations (2) on a au lieu de l'équation (5) l'équation suivante : puisque p =■ — cette équation se simplifie et devient: Acfcc dt "2Â~^ F /\dx Ia dont l'intégrale est: t = Me où M est une constante : Cette intégrale peut s'écrire de la manière suivante : /àdx ir J A c Av^u'^M^c = 1, d'où vu' = — — M/a En mettant cette valeur de vu dans l'équation (4j on a : ràdx rMJx j 2r r— J 2A myA.e YA.e AU MàO En multipliant par u on a finalement : ^àdx 'i\J /a\ J 2A 1 y='—\Ue - rdx f- D. RAGONA. — DÉTERMINATION DE LA DÉCLINAISON MAGNÉTIQUE 193 M. COLLIGION Ingénieur en chef des Ponts et Chausiéei. CONSIDÉRATIONS SUR LA FORMULE DE WALLIS- — Séance du /" septembre ^879. — M. Dominique EAGOîfA Directeur de l'Observatoire royal de Modèn». SUR UNE NOUVELLE MÉTHODE POUR MESURER LA DÉCLINAISON MAGNÉTIQUE EN UN LIEU DONNÉ. (EXTRAIT) — Séance du l"" .tcp I em bre iS79. — Après de courtes indications sur son Observatoire portatif astronomique, magnétique et météorologique, M. Ragona parle de la méthode dont il fait usage pour l'exacte détermination de la déclinaison magnétique. Il emploie un théodolite magnétique d'excellente construction et observe la hauteur et l'azimut de trois étoiles fondamentales, et l'azimut du barreau magnétique. Une formule très simple donne, d'après ces donnés, la déclinaison magnétique, sans avoir besoin de connaître l'heure et même sans connaître la latitude du lieu. Les hauteurs doivent être corrigées pour la réfraction, les azimuts observés sont relatifs à la position du scro de l'instrument. Si au lieu d'observer trois étoiles différentes, on observe successivement la hauteur et l'azimut de la même étoile, trois fois de suite, on peut déter- miner la déclinaison magnétique avec toute l'exactitude désirable sans connaître l'heure, la latitude, le nom et les coordonnées de l'étoile. On peut laire usage d'une étoile quelconque, qui se trouve dans la position la plus commode pour les observations. M. Ed. LUCAS Professeur au Lycée Charleniaene. SUR LE PROBLEME DES HUIT REINES. Séance du i" ■si'picinbrr IS79. — 13 194 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. le F P. ïï. SCHOÏÏTE de la Haye. SUR LA TRANSFORMATION CONJUGUÉE — Séance du •/'■'• xepteinbre 1879 . — 1. — Les courbes planes C3, qui passent par huit points donnés, ont encore un neuvième point commun, qui avec les huit points donnés forme la base du faisceau des courbes C3. Quand on ne fixe que sept points de cette base et que l'on fait mouvoir le huitième, le neuvième se meut aussi. A une position quelconque du huitième point correspond une position déterminée du neuvième. Ces deux points forment donc dans le plan des courbes C3 une correspondance birationnelle en invo- lution, les deux points se correspondant mutuellement, ainsi que les deux plans superposés ont les mêmes points et courbes fondamentaux. 2. — Je désigne les deux poir)ts mobiles de la base des courbes (^3 par ^ et p et je cherche le lieu des points p, qui correspondent au\ points j) d'une droite quelconque. L'ordre de cette courbe <ï> étant repré- senté par N, parmi les N^ points d'intersection de deux de ces courbes il n'y en a qu'un qui varie avec les droites correspondantes, le point p qui correspond au point d'intersection de ces droites. Les N'* — 4 autres points d'intersection des deux courbes <î> sont donc communs à toutes les <î>. Et parce que ces courbes ne sauraient passer toutes par un point qui ne fait pas partie du groupe des sept points donnés (parce que deux courbes C3, qui passent par huit points, ne sauraient plus se couper en deux points) on a, quand les sept points donnés sont des points fondamentaux 2-ples de la correspondance, la relati(m N^ — 1 = li'' 1. De plus, il est impossible qu'une courbe •!> quclcoiujuc ait un point multiple en dehors des sept points fondamentaux. Car de deux suppo- sitions, l'une : ou un tel point t: est commun à quelques-unes des courbes $, ou il change de position d'une courbe $ à une autre. Et tandis que la première doit être rejetée parce que deux courbes ^ n'ont de commun qu'un point simple en dehors des points donnés, la seconde ne peut pas être admise non plus, puisque les courbes *ï> forment un réseau (car par deux points p^ et pjj on détermine une courbe <&, qui correspond à la droite fiPi) et que la nature même d'un réseau s'y P.-H. SCHOUTE. — SUR LA TRANSFORMATION CONJUGUÉE 195 oppose que toutes ses courbes auraient un point multiple dont la posi- tion varierait avec la courbe. On a donc encore l'équation (N — 4) (N — 2) 7^• ii — 1) qui exprime que la courbe <î> s'accorde en genre avec la droite correspon- dante. Combinée à la première, elle donne les deux systèmes de valeurs i = 0 i = ;■{ N= 1 N = 8 3. — A un point p de la droite /, qui joint deux des sept points donnés, que je désignerai par a, correspond un point ç de la conique qui passe par les autres points a. Car la combinaison de cette conique à la droite / forme une courbe composée Cg, qui passe par les huit points donnés et contient donc le neuvième p. Et il est clair que ce neuvième point ne saurait se trouver sur l. A la droite qui joint deux, des sept points a correspond donc une conique. Mais on sait qu'à cette droite doit correspondre une courbe dont l'orilre est N — 2t, cette droite passant par deux points fonda- mentaux e-ples. Ce qui donne N — 2^■ = 2, une équation qui oblige à rejeter le premier système de valeurs pour N et i et à admettre le second. Les courbes fondamentales -j/i et -j/j des deux points a^ et a^ formant avec la conique par a^, a^, a^, a^ et a^ une courbe dont les points a sont des points triples, ii faut que chacune d'elles passe une fois par chaque point Ug, a^, a^, ttg, a,. D'où il suit que <]/2 passe une fois par a^ et <]/! une fois par a^, tandis que ■]/! a un point double en «j et (j/^ en flj. La courbe fondamentale d'un des points a est donc une courbe Cj qui passe deux fois pur ce point a et une fois par les autres points a. Donc : « Le huitième ])oint p de la base d'un faisceau de Gj a sept points fixes a parcourant une droite /, le neuvième point p correspondant parcourt une Cg, qui a les points a pour points triples. Quant / passe par tti, le lieu du point p correspondant est une C^, qui passe une fois par a^ et deux fois par les autres points a. Et quand / passe par deux points a, le lieu du point p est la conique par les autres points a ». 4. — La correspondance indiquée ne se présente pas d'abord chez les points de la base d'un faisceau de courbes d'ordre supérieur^, car des points de la base d'un faisceau du n-ième ordre on ne peut pren- 196 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE dre arbitrairement que " — ■ 1 ; au lieu d'un seul le der- (n — i) (n — 2 ) nier en détermine donc ^ — autres. Pourtant on y peut faire naître cette correspondance en admettant des points multiples communs parmi les points fixes de la base. Cela tient à ce qu'un / ( / 4- 1 ) point j-ple, commun à deux courbes Cn compte; pour -^ des points qui déterminent ces courbes, tandis qu'il représente f de leurs points d'intersection. Si les points fixes de la base se composent de y.^ points simples, Xsj points doubles aj points j-ples et ar points r-ples, la con- dition pour que ces points déterminent un réseau de courbes C„ est 2 _,^^m^^^, 3). Et celle que ces points constituent tous les points communs à deux courbes quelconques du réseau moins deux est r n^ -'2= 2 P -i 4)' qui combinée à la précédente fait trouver encore jn—i) (n — 2) _ ^ )(j—^) , _. .. ^- _ 2j 1 ^' - 1 ... . o), les courbes d sont donc du genre premier. 5. — Quand on établit entre une surface et un plan une correspon- dance telle qu'à un point de la surface correspond un point déterminé du plan, mais qu'à un point du plan correspondent deux points déter- minés de la surface, on dit que la surface est représentée sur le plan double. Il a été observé par M. Clebsch (*) que les surfaces capables d'une telle représentation, qui se font de même représenter sur un plan simple, réalisent une correspondance entre un plan dvouble et un plan simple, qui dépend de la bisection des fonctions abéliennes d'une certaine courbe (**), le lieu des points du plan double dont les (*) Ci.EBscH. Ueber den Ziisammenhang eiaer Klasse von Flachenabbildungen mit der Zvvei theilung der Abel'schen Functionen [Mathematische Annalen, t. lU, p. 4b-76). (**) « Uebergangscurve », courbe limite. P.-H. SCHOUTE. — SUR LA TRANSFORMATION CONJUGUÉE 197 deux points correspondants de la surface coïncident. Plus récemment M. de Paolis a résolu la question de représenter un plan double sur un plan simple par des considérations géométriques dans un mémoire in- téressant intitulé ; Le trasformazione piane doppie (*). Je vais indiquer en quelle partie ma communication y peut ajouter quelque chose. Mais pour cela il faut que j'explique quelques-unes de ses dénominations. Quand les deux plans P et P' se correspondent de manière qu'à un point p de P correspondent deux points p' et ç' de P', mais qu'au point p' ou ç' de P' ne correspond qu'un point p de P, cette corres- pondance forme la transformation double; de cette transformation P forme le plan double, P' le plan simple. Dans ce dernier plan à un point // correspond en général un point déterminé p'; et à un point p' un point déterminé p'. Ces deux points p' et p' se correspondant mutuel- lement, ils forment dans le plan simple une correspondance en invo- lutioD, la transformation conjuguée. De cette transformation, la corres- pondance de l'article précédent ne fait qu'une partie spéciale ; parce qu'un réseau de courbes d , dont les points communs équivalent à — - — '^ — -• — 2 points simples, est bien loin de représenter le réseau le plus général. Plutôt, quand on représente le genre d'un réseau plus général par p, l'équation (n-\) (n-2) _ y j (j - 1) ^. ^ donne, eu égard à 4), ^ j(j^i) ^_nJn_±Jl _2'^(^_^). de manière qu'il faut distinguer avec M. de Paolis les trois cas : 1° p = 0, où les courbes d ont ^ — 3 points de base 2"^= i, où les courbes d comme dans l'article précédent ont n ( n -{- '3) ^ • . , i, — 2 ponits de base ^o p =r 1, où la correspondance n'est possible qu'autant qu'on donne une position particulière à quelques-uns des points de la base par rapport aux autres. (*) AHi délia H. Accademia dei Lincei, anno 274, 18"G-77, série lerza, Memorie dellu classe di scienze fisiche, mulemaliche c. nnturali, volume I, dispensa seconda (page 511, séance du 8 avril 18771. 198 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 6. — Dans ce qui suit, je me propose d'examiner s'il est possible de déterminer l'ordre N de la transformation conjuguée sans se servir du plan double. Quoique mes résultats soient bien inférieurs à ceux que M. de Paolis a trouvés au moyen de ce plan, je les publie parce qu'ils contiennent l'étude de quelques cas spéciaux et qu'ils offrent quelques points de vue nouveaux. Ce qui se montrera surtout, quand je les mets en rapport avec la tranformation double. En me bornant au cas p = 1, je continue les considérations de l'ar- ticle 3). Des équations (1) et (2) on déduit sans peine 3 N — 7z = 3, équation qui exprime que la courbe qui correspond à une quelconque des courbes C^ du réseau, et qui selon les règles de la transformation birationnelle doit être de l'ordre 3 N — li, est du troisième ordre ; ce qui s'accorde, puisque cette courbe correspond à soi-même. Eh bien, dans le cas d'une n quelconque, cette considération donnera une équation indépendante des deux équations que l'on obtient par la généralisation des équations (1) et (2). J'ai fait le choix entre les deux résultats obtenus dans l'article 2) au moyen d'une des dégénérations de la courbe *ï> ; je vais indiquer à pré- sent un autre chemin, qui mène au même but et qui a l'avantage d'être capable de généralisation. Toutes les courbes Cg du réseau, qui touchent en a^ une droite déterminée l, forment un faisceau dont le huitième point p de la base est le point de l infiniment voisin de aj, tandis que le neuvième point ç se trouve ailleurs. Quand la tangente l tourne autour de a^, ce neuvième point p de la base parcourt la courbe Cg du réseau, qui a un point double en a^. Car cette courbe appartient à tous les faisceaux qu'on obtient en faisant varier la direction de la tan- gente en aj. Ainsi l'on retrouve que la courbe fondamentale des sept points a est la courbe Cg du réseau qui a un point double en ce point. Je termine l'étude du cas n = S, par la considération de quelques particularités. Quand quatre des huit points, qui déterminent un fais- ceau de courbes Cg, se trouvent sur une droite l, le neuvième point de la base s'y trouve aussi ; car dans ce cas chaque courbe du faisceau se compose de / et d'une conique, qui passe parles quatre points donnés non situés sur l, et ces coniques n'ont commun que ces quatre points. De plus, le neuvième point n'est pas déterminé sur /. A chaque point p d'une droite / par trois des points a correspond donc la droite l tout entière. Et de la même manière on trouve, qu'à chaque point p d'une conique C^, qui passe par six des points a, correspond la conique C^ tout entière. Ainsi quand il arrive k- fois que trois des sept points a se trouvent en ligne droite (sans qu'en même temps six P.-H. SCHOUTE. — SUR LA TRANSFORMATION CONJUGUÉE 199 des points a soient sur une conique dégénérée), la courbe <ï>, qui cor- respond à une droite l est de Tordre 8 — k; parce que les k droites, qui contiennent trois des points a, étant coupées une fois par /, appartiennent une fois à <î>. Et quand six des points a se trouvent sur une conique C^ (ou sur deux droites) , la courbe <ï» est du quatrième ordre parce que la conique C^ (ou l'ensemble des deux droites) étant coupée deux fois par /, appartient deux fois à <ï>. Ainsi l'on trouve sans peine qu'aux cas particuliers représentés dans le tableau suivant. 7(3) 6f2) )2- Fig. 15. l'ordre N de la transformation conjuguée a la valeur que j'y ai ajoutée en chitfres épais, les chiffres entre parenthèses indiquant les numéros d'ordre des différents cas comme ils figurent chez M. Dewulf (*), et les chiffres près des points indiquant la muUiplicité de ces points comme points fondamentaux de la transformation dégénérée (**). 7. — Je passe au cas n = A. Les équations (3) et (4) donnent 12=2 j (j + 1) 2 14 = 2 >'^J ' dont la dernière fait voir que r qui correspond à une droite quelconque. Toutefois il faut que ces quatre points soient formés de deux points simples a et un point double 6; autrement le point ^1 est indéter- miné. 2° Chaque conique qui contient huit points de la base du réseau, *: A la conique par les points b pX trois des points n correspond la conique par les points b et les autres points a. 202 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE appartient deux fois à <ï». Toutefois il faut que ces huit points se for- ment de quatre points a et des deux points b; autrement le point A est indéterminé. 3" Chaque cubique, qui contient onze (*) points de la base du réseau, appartient trois fois à O. Et pour qu'une cubique puisse contenir au- tant de points de cette base, il faut qu'elle ait un point double en un (les points b. J'observe encore, que dans le premier cas N = 2 le point A est l'intersection des trois cordes communes des trois coniques prises deux à deux qui ne passent pas par les points b. 10. — Après l'examen des cas n = 3 et ?i = 4, je passe au cas général d'une n quelconque. En représentant le nombre des points fondamentaux /c-ples de la transformation conjuguée, qui ne sont pas des points lixes de la base du réseau des courbes d par p/c , j'arrive par généralisation aux équations suivantes : 1 1 (N _ i) (N— 2) = i ij (ij - i) y.j + ^k {k—\) p/, Nw — S ij ctj = n L = n 1 / Il va sans dire que ces quatre équations ne suffisent guère pour la résolution du cas général. Car, la valeur de r étant comme on verra plus tard n — 2, on a w — 2 grandeurs inconnues ij et de plus les quantités ^k , dont le nombre s n'est pas déterminé. Pour la détermination des quantités ^k , je pose le théorème suivant : (( Il y a autant de points Pk que des courbes C/, , qui ont commun nk — -^ (k — 1) (k — 2) points fixes avec toutes les courbes Cn du restau que l'on considère. » En effet, quand une courbe Ck coupe chaque courbe C„ du réseau I en nk —{k — 1) (A — 2) points fixes et que l'on prend le point p, qui va déterminer un faisceau de courbes C„ compris dans le réseau donné, sur cette courbe Ck , on forme un faisceau, dont chaque courbe se compose de la courbe tixe Ck et d'une courbe variable Cn - k {**), un (*1 Comparez le théorème de l'article suivant ;**! Jacobi. De relationibus qurr locum habere debent inter puncta interseclionis (huiriim curva- rum, etc. [Journal de Crelle, tome XV, page 292) . P.-H. SCHOUTE. — SUR LA TRANSFORMATION CONJUGUÉE 203 faisceau qui — abstraction faite de la courbe €& — est de l'ordre n — k. Ces courbes Cn — a ne sauraient se couper en plus d'un point qui n'ap- partient pas à la base du réseau; car au point p ne correspond qu'un point. De plus, quand ces courbes Cn - a- ne se couperaient pas en un point hors de cette base, on trouverait qu'à chaque point de Ca; corres- pondrait un point indéterminé de cette courbe, ainsi on retomberait sur le cas d'un lieu de points fondamentaux, qui doit être exclu. Ces courbes déterminent donc un point unique, qui est point fondamental ^-ple de la transformation conjuguée. Au moyen de ce théorème, on trouve dans tous les cas particuliers les points fondamentaux de la transformation conjuguée qui ne font pas partie de la base du réseau des courbes Cn . De plus, il n'est pas diffi- cile d'augmenter dans chaque cas déterminé le nombre des équations (6) de manière qu'elles déterminent les quantités inconnues; ce qui se dé- montre quand on considère encore le cas n=o,Q, etc. Mais l'espace ne me permettant pas d'épuiser tous ces cas spéciaux, je vais m'occuper encore d'un cas très général, où n est quelconque. 11. — De l'équation (5), qui exprime que les courbes Cn du réseau sont du genre premier, on déduit sans peine que ces courbes ne sauraient avoir un point (n — l)-ple. Je considère donc le cas qu'ils ont un point {n — 2)-ple, le cas où r = w — 2 et an- 2= 1. A l'exception de ce point, la base du réseau doit se former de points simples et de points doubles. Car une courbe C« , qui a un point (n — 2)-ple et un point, dont le degré de multiplicité surpasse deux, est coupée en plus que n points par la droite qui joint ces deux points. Ainsi les équations 3) et 4) donnent 7-1 + 3 «2 z:^ 3n — 3 ai -[- 4 7.2 r- An — (> d'où l'on trouve CCI = n — 3 , «1 = 6. Je considère donc le cas où les courbes Cn ont un point (n — 2)-ple, n — 3 points doubles et six points simples de position donnée. Dans ce cas, il y a n — 3 droites qui coupent toutes les courbes du réseau en n points lixes, les droites qui joigneut le point (n — 2)-ple à chacun des 71 — 3 points doubles, et il n'y a pas une seule courbe qui jouisse de la propriété analogue (*}. On trouve donc pj = n — 3, tandis que toutes les autres (i sont zéro. Ce qui tait voir que les équations (6) se changent en : (•) Vojr la no'o ilc r^rtide 13|. 204 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE N2 _ 1 = i\ _ , _|_ (n — 3) i\ + 6 «^ + « — 3 (N— 4) (N — 2)=i-H_2 (/„-o— l) + (n— 3)z, ('"2— 1) + 6 '/i (m — 1) N n = (71 — 2) /„ - 2 + 2 (n — 3) /.^ + Qn, trois équations à trois inconnues. Ainsi que l'on trouve î\ = /?., 2; =r 2n — 1, /,! _ 2 = w^ — 3 n +3, N = ?i^ — îi + 2 (*). 12. — Après avoir montré à quel titre on peut déterminer la quan- tité N par la considération de la correspondance conjuguée, je vais compléter macommunicatiun en recourant au plan double. A cette fin je tais correspondre un réseau de droites situées dans un plan quelcon- que au réseau des courbes G,, dans le plan donné, de manière qu'à une courbe Ci quelconque correspond une droite déterminée et réci- proquement. Il est évident que par cela la transformation double est établie, car aux deux points d'intersection mobiles de deux courbes d correspondra ainsi le point d'intersection des deux droites correspon- dantes. Le plan des courbes Cji forme donc le plan simple, celui des droites le plan double de la transformation. Pour distinguer les éléments des deux plans j'accentuerai ceux du plan double. Une droite / du plan simple coupant la courbe G» qui correspond à une droite /' du plan double en n points, il faut qu'à cette droite / corresponde une courbe C'n dans le plan double. Et deux de ces cour- (*)Ce résultat s'accorde avec ceux que M. de Paolis a exposés d'une manière bien simple dans son mémoire. Il a dressé (p. 539) un tableau qui contient tous les cas où n ne surpasse pas dix. Il caractérise ces cas par un symbole, le cas n = 4 p. e. par le symbole n = 4 N = 14 Olv'i "^257 lo'l les chilTres dans le dernier rectangle indiquant qu'il y a dans ce cas six points (les points a) qui sont des points simples de la base du reseau des courbes C/i et des points fondamentaux quadruples de la transformation, deux points (les points b) qui sont des points doubles de la base et des points fondamentaux septuples de la transformation et un point (le point A) qui n'appartenant pas à la base est point simple de la transformation. Eh bien, le cas général que j'ai considéré l'orme toujours le dernier des différents cas qu'il obtient pour une n déterminée. Ail. si l'on a pour n z= io '■ n = 10 92 Oi,lo '2M9 •8;73 'c p. -H. SCHOUTE. — 'SÛR LA TRANSFORMATION CONJUGUÉE 205 les C„ se couperont en N -}- 1 points mobiles avec eux, le point// qui correspond au point d'intersection des deux droites correspondantes /^ et 1-2 et les N points p' qui correspondent aux N points p de li (ou /j). dont les points conjugués p se trouvent sur l^ (ou l^). Ainsi quand on représente les points fondamentaux fpies du plan double (c'est-à- dire les points /-pi^s de la base du réseau des courbes C'n ) par ar , on a l'équation 1-' — 2 ^"' '^ '■' = N -h 1 V' Quand il arrive qu'une courbe Ck dans le plan simple contient 1 nk — (k — 1) (k — 2) points fixes de la base du réseau des courbes d , le faisceau de courbes d déterminé par cette base et un point choisi au hasard sur C/c ne contient que des courbes d , qui se composent de C/c et d'une partie variable On — />. A ce faisceau de courbes doit donc correspondre dans le plan double un faisceau de droi- tî? dont le centre est un point fondamental /t-i''e de la transformation double et réciproquement. On trouve ainsi que les quantités ai' et (S/c se correspondent ; ainsi que l'équation 7) se change en s N = n' — I — 2 ^''■' ^"'' ' unt équation qui donne la valeur de N, aussitôt (jue l'on a trouvé les points [3, qui, n'appartenant pas à la base des courbes d , sont néan- moins des points fondamentaux de la transformation conjuguée. Ce dernier résultat, ({ui se trouve déjà dans le mémoire de M. de Paolis (*) dans la forme (l), doit terminer ma communication, l'espace ne me permettant pas de traiter encore de la transformation conjuguée dans l'espace. (*) Quand on représente l'ordre do la courbe qui est dans le plan simple le lieu des points p qui coïncidoDt avec leurs points conjugués p (la hessienne du réseau des courbes Cn ) par v, on trouve avec M. de P;.ulis (p. S17, ligne 2) l'équation V — 3 [n - i] - SA; pj. Et dans 1 cas que le genre du réseau est l'unité, v étant égale à -în, on a encore S A ^A -n - 3. 206 MATHÉMATIQUES, ASTUONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. LAISÂITT Député de la Loire-Inférieure, Docteur es sciences mathématique». SUR LA TRANSFORMATION EXPONENTIELLE. — Séance du / = ■• sep tembr e i 87 9 . — 1. — Supposons qu'un point Z d'un plan, rapporté à des coordonnées rectangulaires, ait pour abscisse x et pour ordonnée y, si bien que OZ = z = X -\- yi. Si de ce point nous en déduisons un autre, Z', déterminé par la relation OZ' = z = e^ , il en résultera une corrélation digne de remar- que entre les propriétés des points Z et ceux de leurs transformés Z'. 2. — Tout d'abord, si nous appelons r, 6, les coordonnées polaires de Z rapporté à la même origine, en prenant l'axe des x pour axe polaire ; puis x, y', r, 6', les coordonnées correspondantes de Z', nous obtiendrons évidemment les relations ci-après : 0 f)' z = X ^ yi ■=^ re , z z= x -\- yi = r s. , r' £® := e^ + y = e^ ev , r' = e^ , ^' ==■ y X = ]r', y = 6', r cos 0 = 1/-', r sin 6 — - 0' r = (?' *^o^ •*, 0' = r sin 6, -/• = ^{\r'Y + 9'*, 6 = arc tg — ' y = arc tg -^ , x =. \ "Jx"" -)- y\ Ces diverses formules de transformation peuvent être utiles dans certains cas. 3 . — Nous appellerons transformation exponentielle la transformation que nous venons d'indiquer, et qui est définie par la formule z := e^ . Nous remarquerons qu'elle est uniforme; en effet, dans les formu- les précédentes, nous avons posé 6' = î/ tandis qu'il semble qu'on aurait dû écrire 6' = ?/ -|- 2 A; x; mais au point de vue géométrique, cela fera toujours retomber sur le même point Z', quelle que soit la valeur entière attribuée à k. 4. — Établissons tout d'abord une propriété bien connue, beaucoup plus générale que la transformation exponentielle, et s'appliquant à toutes les transformations qui s'expriment par une fonction ayant une dérivée bien déterminée . Nous voulons parler de la conservation des angles. Si LAISANT. — SUR LA TRANSFORMATION EXPONENTIELLE iâOT z = f [z], et si nous venons à faire subir au point Z un déplacement infiniment petit exprimé par dz^ nous aurons pour le déplacement cor- respondant de Z', dz = f(z) dz. Si maintenant nous donnons à 2 un autre accroissement géométrique 8z, nous aurons Zz = f'{z) OZ. De là, par division, dz' dz oz' Zz Ce qui montre bien que l'angle des deux éléments dz' e-t os' sera le même que celui de dz et de 8z. 5. — Nous remarquerons maintenant une propriété qui résulte évidem- ment du mode même de transformation %' = e", indépendamment de toute autre formule. C'est que si une série de points Z forment une progression par différence, leurs transformés Z' formeront une progres- sion par quotient. Or on sait que des points formant une progression par différence sont des points équidistants situés sur une ligne droite ; et des points for- mant une progression par quotient sont situés sur une spirale logarith- mique ayant pour pôle l'origine, aux extrémités de rayons vecteurs for- mant des angles successifs égaux. Donc, toute ligne droite se transformera en une spirale logarithmique ayant pour pôle l'origine. 6. — Nous nous contenterons d'énoncer les remarques ci-après, qui sont évidentes, dès qu'on examine les formules de transformations éta- blies plus haut. L'origine 0 se transforme en un point 0' situé sur l'axe des x, à une distance égale à l'unité, dans le sens positif. A toute droite parallèle à l'axe des x, correspond comme transformée une droite issue de l'origine. A l'axe des x correspond l'axe des x. A toute droite parallèle à l'axe des y, correspond une circonférence ayant pour centre l'origine. Tous les points qui s'éloignent indéfiniment dans le sens des x né- gatifs ont pour transformés des points qui tendent indéfiniment à se rapprocher de l'origine. Une suite de droites parallèles entre elles se transforme en une suite de spirales logarithmiques homothétiques par rapport au pôle. L'angle sous lequel une spirale coupe ses rayons vecteurs et de même que l'angle 208 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE SOUS lequel la droite, dont cette spirale est la transformée, coupe l'axe des X'. Ceci résulte directement de la propriété du n° 4. 7. — Le rapport (/éométrtque de deux droites OB', OA' peut se représenter par l'arc d(! spirale logarithmique A' B' (ayant le pôle pour origine). A ce point de vue, nous devons considérer comme égaux géométriquement les arcs de spirales A' B', A'^ B'^, A\ B\, lorsque les triangles 0 A' B', 0 A\ B\, 0 A', B',, seront directement semblables. B //-^ / Supposons que A, B, soient les ^-^"^^ y^ \ )( points qui, transformés, deviendraient // /' •, A, B. Soient — — = m, et /^ /2^_^-V gr 0 A ^^ ^^^^^--'''T'"^ angle A' 0 B'= a. ^ Alors ^^ r= m s^ ^''^- ^^- Puisque OB' = e,b "216 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE /p p) p p En général, le terme ' peut se négliger devant , et la formule peut se réduire pour des profondeurs suffisantes à ; P (P. — P) p P i\ et même à : (6-., v, = ^ + ie^J^_JL- .-TT "- ' "■ bx P^o a Nous voyons que cette vitesse n'est jamais nulle pour des valeurs infinies de x, elle a pour limite : /" \i\ - Pj b Pp Enfin, si nous supposons la résistance nulle, ce qui pourrait s'appli- quer à des sondages faits en embarcation, et où la ligne, au lieu d'être posée sur un treuil, serait simplement lovée au fond du bateau et se déroulerait sans résistance, on aurait la formule : g a'' g (hr + af P6 P 6 (') V,^ = -— e ■ ' bx-\-a a que nous avons établie dans notre première note et en négligeant pa devant P6. Ces formules (6) et (7) qui répondent le plus souvent aux données pratiques sont du reste encore plus rigoureuses que la formule (o), car dans le développement logarithmique correspondant, la valeur maximum de la fraction négligée est , - Mais il faut bien remarquer que ces formules, avec les simplifica- tions introduites, ne sont applicables qu'à partir d'une profondeur de 3 à 400 mètres au moins; pour leur donner toute la généralité pos- sible^ il faudrait y rendre aux difterents termes tout leur développe- ment, complication fort inutile, puisque la difficulté des sondages ne commence réellement qu'à partir d'une profondeur d'environ 1,000 mètres. Cherchons maintenant les vitesses observées quand le fond sera atteint; l'équation générale du mouvement se réduira dans le premier- exemple traité à : p. GUIEYSSE. — ÉTUDE SUR LES SONDAGES 217 (v + p'I + ip' — p)x\ = g(v + pxj — g (^a-\-bx\ ou, en posant P' -{- p'I = Q', d^v /^, \ , dx^ (H) -^ (Q' — 9-^) = .7P-» — 9^^-^ lie donnera de même, en prenant comme variable U dx dt _ 9bx''\ Quand le fond sera atteint, nous aurons à l'origine de cet instant U = V, d'où : (9) U- = -f + (v' - i-y nous aurons de même pour le second et le troisième cas : * igbx et (11) U^^ = -|- + (v,^ - ±-y P Ces trois valeurs différeront promptement fort peu de -^, tandis que P leurs valeurs initiales étaient fort voisines de -tt-, h étant la profon- bti deur; l'on conçoit la difficulté d'apprécier la différence des vitesses P quand h est assez grand pour que p diffère peu de — r—; mais on pourra toujours la rendre sensible en prenant des poids suffisamment lourds, ce qui n'a aucun inconvénient avec les déclics; les formules n'en seront que plus exactes ; avec nos données où p = 7^ , on a P — — = 28â' pour une profondeur de 10,000 mètres, la différence sera donc bien appréciable. Ces formules permettent d'obtenir la relation entre le temps et l'es- pace parcouru : ^18 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE La formule (5) donne les résultats suivants par des intégrations sem- blables à celles déjà employées : 1 [12) Q{bx 4- a) [ XI- -r — ^^ - L PU + {Qp + Pf/) Q(bx + a) t] g{bx+a] -1 a ' m + (U/j + q^)x .dx et (12') t = (bx-\- a) i\ PQ + 'QP + 9P)J' X ï^-w(''« + <0'' + H^ Qtj {bx + fl Qp + gP 4a^ + C ec G = (aP) '^ PQ y6 H/j + ^P 4fl^ La formule (6) de la résistance constante donne : ( Pj(6x 4- a \ ' r L^(6ic+a)n j_ _P_ P, [hx + a) ^ ^L "^ 2 a ■ PP, + (Pi-P)/)J? J et (13') t. = ibx + a) -^[-PPi + (P.-P)P^]t ^ l6x + ni n ÏJ ± (pp^ + (P, _ P) X dx + (^1 avec Cl = (aP) Pi (Pi— P)P •^«^ p p2 p,6 P,6 p. GUIEYSSE. — ÉTUDE SUR LES SONDAGES 219 Quand la résistance est nulle, formule (7), on obtient les résultats beaucoup plus simples : (14) dt=[^^) 1^1 +---1-. J et (14") y p t^ ^ _1_ (fta; + a) - « I P [j_ g_ \bx-\-aY- J_ — xa^~l (6.x -\- a) e — a e I Dès que x est un peu grand, on peut prendre plus simplement : — ghx'i (14") ^. = F-rr-^- M -^~ :^ ^ Ce seraient ces formules que l'on emploierait, dans le cas où l'on , ,. . (Pf — P>/^ pourrait, avec une résistance constante , négliger le terme , ce qui se peut le plus souvent, et l'on a : (13") Du reste, ce que l'on observe, ce sont les valeurs successives de dt pour des valeurs de a; successives et égales à 100 mètres, et pour avoir le temps total, il sera plus simple de faire la somme des résultats observés et enregistrés. Quand le fond est atteint, les formules (9), (10) et (11) donnent : — gbx- (16) cZOï = y — \ 1 + -:; '- / d^ — ighxs -i- fv,^- b \ P v/- V b \ b \ . . i ' '^ ■'• ^ (17) rfO„ = 1/ ^\ 1 + -^ e / d.r- ' p \ '•2 p / 220 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE . — iqbx I et (17') 0, On constatera que le fond est atteint, et c'est là le point délicat de l'observation, quand ces différences rZO — dt, rf6i — dt^, riOj — dt.^ seront nettement différentes des intervalles observés précédemment. Il faut de plus remarquer que dans les formules (12), (13) et (14), le terme a est promptement négligeable devant hx, et la formule que l'on aura le plus souvent occasion d'employer sera la formule (13) du cas de la (Pi — P) w résistance constante; en négligeant ■^— ^^ — - — -!-, ce qui donne : (.8) .,= fi-.-(.+ 4. L-.e dont on comparera les valeurs avec les formules (16) ou (17). dx — — est a peu près V Le rapport — r^ est à peu près 1/ décroît avec la profon- deur et aurait encore la valeur 2 pour une profondeur de 10,000 mètres. Nous pouvons encore mentionner la valeur du temps donnée par la formule (4) de la première approximation de la vitesse, et dont nous aurons occasion de nous servir ; c'est Kf[- •2g ax (19) ,= |/^|x+^(l-. P § 2. Qu'arrivera- 1- il maintenant si nous avons un courant superficiel de surface, ou un courant superficiel d'une certaine épaisseur? Ces cou- rants existent en presque tous les points de l'Océan, et ont été mis depuis longtemps en évidence; les derniers, plus difficiles à observer, sont dus principalement au mouvement circulaire des eaux de tempé- rature et densité différentes. Quand on sonde dans un de ces courants, que nous supposerons simplement horizontal (car si l'on voulait serrer la question de plus près, il y aurait lieu de diminuer la vitesse de chute du sondeur de la composante verticale du courant), la vitesse accusée par le treuil est plus grande que le cas ordinaire. Quelquefois, quand on soupçonne l'existence d'un courant de surface ou de dérive, on fait passer la ligne du sondeur sur une bouée qui reste relativement fixe, pendant que le bâtiment obéit à la dérive, et l'on a la vitesse de cette dérive en prenant simplement la différence entre la vitesse observée et celle calculée ; mais Foi) n'est jamais parfaitenient sur p. GUIEYSSE. ÉTUDE SUR LES SONDAGES 2^1 du résultai, et les formules suivantes permettront de calculer la vitesse du courant avec une approximation suffisante. 1° Courant superficiel ou de dérive. — Le plomb de sonde décrit une trajectoire indiquée très sensiblement par la ligne de sonde ; soient x et y les ordonnées verticales et horizontales ; si [i représente la vitesse horizontale de dérive, nous aurons : y = [^t dy = ^dt dq-" = dx^ + dy\ et d'après les formules (6) et (1) rf.T= P P % =^ '"■' + * — e e dt- bx -{- a a l'on connaît d'après l'observation du bord la longueur ç de la ligne iilée, puis le temps et par suite la profondeur correspondante ; nous allons chercher la relation entre ç, p et h. Nous avons par élimination de dt et dy ; fi^ dx^ = (— i e^ (f/ç- — dx^), \ bx -\- a a J ' en posant y r= a- — {bx -j- a)^ ^., ^ ^ 1' + ^' -^ '{^ (^tc. ; nous pouvons donc prendre simplement ; on peut même en ne conservant que le second terme en dikluire: 3 h (S — h)_ 1,45 (26) c" = -, ou 0 = 1,45 y /i (S — h) et (27) [i=_J_//, ^S-/.j. Cette formule (27) est la même que la formule (23), dont elle diffère seulement par l'introduction d'une constante numérique , attendu que nous avons trouvé sensiblement par la formule (14") f^ = m h^ . L'étude de la seconde approximation mène directement à une inté- grale elliptique, mais est sans intérêt pour la pratique, par suite des conditions physiques où l'on se trouve placé. 2° Courants de fond. — Le commandant Davys pense que ces cou- rants sont sans grande influence sur les sondages ; l'étude des obser- vations de sondages publiées par cet officier met pourtant en évidence des irrégularités, auxquelles on ne peut guère attribuer d'autres causes, car elles sont trop fortes pour être mises sur le compte d'erreurs d'observations; nous allons donc chercher quelle peut être l'influence d'un courant horizontal de fond sur les sondages, et en déduire la valeur de la vitesse moyenne de ce courant. p. GUIEYSSE. ÉTUDE SUR LES SONDAGES 225^ Soient h = AB' et 2e = B'D' l'épaisseur de la zone du courant ; ces A B' quantités sont données par l'observation des intervalles de temps, pendant lesquels il y a désaccord entre les vitesses obser- vées et calculées. Arrivé en B', le plomb est dévié , entraîné en D , et la ligne suit la forme d'une tige flexible soumise — - à un effort moyen s'exerçant en C^ au milieu de la zone. Nous retombons donc dans le cas précédent, en y remplaçant h par A -j- 2e = h^, et nous avons, en conservant les mêmes notations pour la ilèche DD' et la vitesse (28) Fig. 20. A' Mais ici nous ne sommes pas toujours maîtres de développer le radi- cal, vu que hi peut être comparable à o ; Nous avons ainsi une relation cnU\; l'arc observé S et o =-- BO ; mais l'usage des intégrales elliptiques n'est malheureusement pas assez ré- pandu pour que ces formules soient souvent employées sous cette forme ; le plus souvent d'ailleurs, on pourra développer le radical, ce qui donnera la même formule que dans le premier cas. On peut pourtant si la zone du courant se trouve dans la moitié supérieure de la profondeur totale ramener encore avec une approximation suffisante, le deuxième cas au premier; en off('t,ù l'instant fourni par l'observation des intervalles de temps où le sondeur se trouve à une profondeur AE' double de AC, la ligne affecte une forme ACE, composée de deux parties symétri- ques AC et CE ; ce serait le cas d'une tige rigide d'une longueur indélinie assujettie à glisser entre deux filières AE' et A'E, en étant maintenu toujours dans deux anneaux fixes, A et E, où les tangentes seraient verticales -/r ; // Fig. 21 la longueur de l'arc AE serait donnée par 226 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE même formule que précédemment, mais les limites de l'intégration seraient o et 2 (h + e) = 2 h,, ce qui permet alors le développement du radical. 5" Des solides d'atterrissage. — Dans les parages dont les cartes hydrographiques sont parfaitement dressées, comme ceux de l'Atlan- tique à une certaine distance des côtes de France et d'Angleterre, les sondes sont très utiles pour fixer la position du bâtiment, quand par suite du mauvais temps, on est privé d'observations astronomiques ; on peut même arriver à entrer dans la rade de Brest, dont les abords sont si dangereux, uniquement par les sondes seules, quand les brunies privent du secours des phares. Dans ces sondages, le bâtiment reste sous voile ou sous vapeur ; le tinionnier, placé le plus souvent à l'une des extrémités de la passerelle, lance le plomb le plus loin possible en avant, et raidit la ligne quand il s'estime placé à peu près sur la ver- ticale du point de chute du plomb. — Il n'y a pas de corrections à opérer, si la ligne paraît verticale ; mais il arrive très fréquemment que la ligne paraît venir de l'arrière, ce qui est dû soit à la vitesse du bâtiment, soit à la présence d'un courant général de la mer. Nous allons établir la formule de correction dans le premier cas, réservant plus spécialement l'étude du second pour les sondes en embarcation par petits fonds. Le plomb tomb3 avec une vitesse donnée par la formule (4), mais la profondeur qui n'excède jamais 200 mètres pour ce ^ — genre de sondage ne permet pas une observation -\ suffisamment exacte du temps; la vitesse du cou- i rant n'est pas non plus bien connue ; nous éva- j luerons alors la flèche BB' en nous servant de j l'angle a, qui peut être toujours convenablement ^ ^ observé , en disposant à l'extrémité de la passerelle '"■ "■ un grand cercle en bois dont le zéro répond au diamètre vertical, ou plus simplement encore une traverse horizontale qui donne directement la tangente de cet angle ; nous voyons que nous sommes toujours dans le cas d'une barre rigide encastrée en B et sou- mise à une flexion. Nous avons toujours la formule (24) y = 2-— V - T d-où ^ = i? (^ _ il ax h" \ 2/i p. GUIEYSSE. ÉTUDE SUR LES SONDAGES 227 3 0 2 et pour X = h, tgx = -— -, d'où, o = —- h tga et pour l'équation de la courbe : (30) y = -^ .«. (ft- -J-). Nous en déduisons les mêmes formules que plus haut (28) et (29), mtégrales elliptiques que l'on pourra facilement Iransfornier en tables à double entrée; mais comme l'angle a n'est jamais grand, pour que la sonde coit acceptable, on peut prendre la coide pour l'arc; dans 2 cette hypothèse, on a pour ./■ = A, o =z —- h tga, et : o = h y i -\- — tg'^a, (7 représentant la corde sous-tendue ou la 1 + 4 tg-^ s 0- — - y longueur de ligne lilée. d'où (31) h^ = et même (32) h = z (i— -^ t--x j formules qui peuvent se réduire faeilemt'nt l'une oa l'autre en tables, et permettent d'apprécier immédiatement, sans calcul, la sonde don- née par le timonnier, ce qui est un point très essentiel. îl. — Sondes en emkauc.vtion. Ces sondes, qui sont le plus emj)loyées dans la confection d(S cartes hydrographiques et qui doivent par suite être faites avec toute la pré- cision possible, s'opèrent au moyen d'un plomb de sonde ne dépas- sant pas o kilog., hxé au bout d'une ligne de lo mil. environ de circon- férence; elles subissent plusieurs corrections provenant de l'allongement de la ligne dans l'eau par les sondages, des hauteurs variables du niveau de l'eau dans les pays à marée, etc. Une autre cause d'erreur que nous allons étudier provient des courants qui modifient la forme de la ligne. Deux modes de sondages sont employés, suivant que le canot est mouillé au fond par xui grappin ou €ontinue sa course. Dans le premier cas, le timoni(îr lance le plomb en sens inverse du courant avec une; lon- gueur suHisante de ligne, et tend celle-ci quand il croit se trouver dans / / ' B C l'ig. 2,1. :228 MATHÉMATIQUES, ASTUONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE la verticale du plomb, position que riiabitude peut certainement permettre de réaliser, ou bien il laisse filer librement le plomb qui tombe en un point C, tel que B C = (3 0, 0 étant le temps de chute et [i la vitesse connue ou appréciée du courant (il est bien rare que dans des sondages en embarcation cette vitesse dépasse 4 nœuds, c'est-à-dire 2 mètres par seconde); puis il raidit la ligne et en apprécie la longueur quand il sent le plomb venir à la main. Dans le second cas, le canot continuant à filer doucement sur son erre, le timonier fait tous ses efforts pour se placer comme précédem ment dans la verticale du plomb, ce qui se fait plus sûrement que dans le cas du canot mouillé, et c'est à cet instant (ju'il raidit la ligne et en appécie la longueur. Examinons d'abord le premier cas, celui du canot mouillé, et cher- chons la position d'équilibre d'une ligne 7^ — pesante, partant d'un point fixe, suspendue .''^ j dans un courant, et supportant un poids à ""^^^^/i I l'extrémité libre. ^- I -S Le courant agit sur la ligne en exerçant /yi une pression proportionnelle au carré de la / / ^ vitesse et à la projection verticale de la ' / ^ I ligne (*). Nous aurons donc pour les équations d'é- quilibre, en désignant par p et q le poids dans l'eau de la ligne et la pression par mètre courant, a l'angle de la tangente avec la verticale, T la tension en M, et P le poids du plomb de sonde : ( "pàs cos-a — ciiU sina -\- Tc/a = o l pds sina cosa -\- qds cosa -\- dT = o ou en projetant sur les axes horizontaux et vei'ticaux : Une première intégration donne : ( u (3) C) Voir "' qc et pCi représentent donc les composantes de la tension. Or, p est faible par rapport à g ; et l'angle a esl, en général, petit ; pour un angle de 45", limite qui ne sera même jamais atteinte, on au- rait _£i = A ; nous voyons que — est du même ordre en général c p ^ Cl P que -i- . q Considérons une longueur s^ de ligne en équilibre, et, soit y, !a pro- fondeur correspondante; en négligeant d'abord la pression exercée par le courant sur la surface du plomb de sonde, il est évident qu'à l'en- droit où est fixé le plomb, il y a équilibre entre l'action du courant et la composante horizontale de la tension, et que la tangente y est verticale ; nous aurons : (o) T £-] =■ 0 = — q ijy -{- q c dou c = yi de, = — -^ s,, cl i-r-) = — p \ dx/o qili (P -4- 1) s \ — ^ ) 'g^o On peut, du reste, tenir compte de la pression exercée sur le plomb desonde, si celui-ci a une surface comparable à celle de la ligne; nous pouvons poser P = p cj, c représentant une longueur convenable de ligne, et représenter aussi par r, la longueur de ligne sur laquelle la pression exercée par le courant serait la même que sur le plomb. Les questions (5) deviennent : dx sur un autre modo de répartition de la pression. — Annales hydrographiques, 1877, i' iriincs- tie, p. 100. 230 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GKODÉSIE ET MÉCANIQUE \ dx /o q illi + "0 V ^*" /i ^■'■i et (0)' 7/j = -^ (^ -f- .s-i) tg a^ — -/j Ces deux formules (6) ou ((>') donnent la relation entre y^ et s^ , sans que l'on ait besoin de connaître la forme de la courbe, pourvu que l'on puisse observer l'angle a^, ce qui pourra se faire quand la mer est à peu près calme, avec une approximation suffisante, — ces formules se réduiront facilement en tables. On voit que la profondeur iji obtenue avec une longueur donnée Sj de ligne varie en raison inverse de l'intensité du courant et en raison directe du poids du sondeur (en négligeant p s^) ; on peut donc tou- jours, avec un poids suffisant, atteindre une profondeur doimée. Supposons, dans un courant déterminé, un sondeur de poids donné. on a à peu près : P ?/i = — - tgao par suite, en laissant lilor une longueur suffisante de corde (ce qui fera varier cto), on peut toujours atteindre, quel que soit q, une profon- deur déterminée. Mais dans bien des cas, l'observation de l'angle a sera difiicile, il faut donc chercher la relation déduite de la nature de la courbe qui lie !/i et s,. De (5') nous déduisons : djj p (. 1 ; développons en négligeant les termes en —- , nous avons simplement, en remplaçant V par V 1 1 + dx- C ^ ^ dx' q d'où Ton déduit en se rap[)ortant ik la valeur de ::; ]/'"~pî ' ij Y P C = l' \- r- — — — - ou sensiblement C = — zdz d'où (20) dx = A^+fr-^ G C En posant = a et = h, cette relation devient, 1+ Ji- 1- ^^ (21) f/x = (1 (I dz v/(-_«) (b — z.) L'intégration se fait facilement par l'une des formules de Iranforma- tion habituelle : / {z — a){b—z) = {z — a) u et l'on en déduit immédiatement, par le calcul ordinaire : (n—h)u , , ,. ^ — <-= ^ I ^^, ((i+ b) arc tgif, 234 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE OU (22) ce - C = -?^ + ^^ arc tg«, 1 -|- U' q formule dans laquelle u = 1-^ ^-M^-'- 9 1 '+i\.('+^^' C'est la longueur d'arc de cette courbe qu'il est utile d'avoir ; repar- tons de la formule (20) ; nous en déduirons : (C+ ^-i. >./.'- d'où ds = — / nc+ q Ces intégrales sont précisément celles que l'on a obtenues dans le calcul de x ; et l'on trouvera finalement, en prenant dans un des termes correctifs la tangente pour l'arc : formule dans laquelle G' sera déterminée en faisant *• = Si et y = y,, 7^ P ^_ ^1/^£1 d'où C" ), (l, -r), t)> les notations suivantes : J. DELSAULX. SLR l'ÉQUILICUE ÉLECTRIQUE 23" r- = {X- xr + in - -riY + (- - ^r on a, comme on sait, OOSt' = m dF . , .dF . ,^ flF f' — .1 COS'J = (3) D'autre part, on a aussi évidemment m = 9 (iX, y, z) et a = o (;, •/■„ ^) la fonction o représentant l'expression générale de la densité électrique sur la surface. Conséquemment, on peut écrire la relation (2) sous la forme =^[<-^)^ +<-<+--> ai Cette égalité, étendue à deux éléments choisis arbitrairement sur la surface S, est la condition nécessaire et suffisante pour que les actions élémentaires de cette surface, sur un point intérieur, se détruisent deux à deux, quelque position que l'on donne au point. C2_ — Il est facile de faire voir que la relation (3) ne peut être vériliée que par les surfaces algébriques du second degré. Car en posant [i.A dl u-A dr^ l-z-A d(. (4) ^\ dJ'.'^ ^dij^ " dzr la relation (3) devient (: _ .X.) £ + (r^ _ y) Sic + (?-:=) ^X^ + U + Mr, + Nî; = tl. (o). ^ -~mDd.v niDdy' ' m\) dz' 1 / (W , dF . dF\ 238 .MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Gomme dans cette équations, £, Sll, 9b, n« dépendent que de (^,y;,C) et L, M, N, G, de (x-, y, ;;), si l'on remplace ce dernier point par un autre (x', y', z-'), on aura de même (l _ jc') £ + (r. - y) ^1]l. + (^ - ^-') % + iA + M-n + m = G'. En retranchant membre à membre ces deux dernières égalités, on obtient (x — X-') £ + (y - y') ^U + [^ - -■'} % (L - L') l + (M — M') n + (N — N') C + G' - G ' Pour deux autres points (x", y", z"), (x", y\ z"), on aurait de même les relations (X - X") £ + (y- V) ^l + {-^ - ^1 9b ^ ^ (L _ L") ; -L (M — M") r, -f- (N - N") ^ + G" - G/ (x - X) £ + (y - f) TO + (^ - -^") db = (L _ L") ; 4- (M — M'") Y. + (N - N'") C + G"' — GJ Or, la résolution du système des équations (6) et (7) conduit néces- sairement, pour £, ^Z, %, à des valeurs du premier degré en ;, Yj, C, de la forme £ = in'l -f- n'Yj ~U q'^ -^ s' \ SU = ml + ;i'y. + qX + -v" (8) C)^^;, = ,h1 + n"\ + fy"'i: + .S-" ) où les quantités m", m", m", /?', »", h", q, q", q", s' s", s"', sont des constantes par rapport à c, '/;, C Si on substitue les valeurs (8) dans l'équation (o), celle-ci devient (■; — ./;} {ml + nr, J- qX + s') -]- (r, — y) (ni'l + n\ + g"!; + /) + (Ç - ;.) (ml + n\ + ^'-Ç + ."■) + L? + M-/1 -f Nî: = G. Cette dernière équation est du second degré ; elle exprime une rela- tion constante à laquelle les coordonnées variables ;, y,, l de la surface S sont tenues de satisfaire. Il faut en conclure que l'équation F (;,*/;,(:) = 0 de cette surface est bien réellement, comme nous l'avions annoncé, une équation algébrique du second degré. 3. — La loi de variation de la densité électrique sur les surfaces du second degré, ressort immédiatement des équations qui précèdent. En effet, F (;, r„ ^ étant une fonction du second degré, par rapport à ç, r,, C, les dérivées —, —, —, sont, par cela même, des fonctions alge- briques du premier degré. J. DELSAULX. SUR l'ÉQL'ILIBRE ÉLECTRIQUE 239 Or, les équations (4) et (8) donnent dF ~ = 'jA (niz, + n\ + qX + s') (IF „„ „ — = 'jA ^m ; + /i t; -f f/ C 4- .S' ) (IF ^ = 'A ("^ ; + «'•^. + 7 ^ + ^")- Ces résultats exigent que l'on ait 'jA = K K désignant une constante. En remplaçant A par sa valeur dans cette dernière relation, on a ;. = o (;,v.,r) = ^ fm+a +(:iy Cette expression montre que, sur les surfaces du second degré, la densité électrique est, en chaque point, inversement proportionnelle au paramètre différentiel du premier ordre de la surface. Les surfaces du second degré à centre ont pour équation, A;^ + AV + A'i:^ = H; on a alors (l ; (h, d^ A = SyA-^r -f A'r/^+ A ■-••'. D'un autre côté, la perpendiculaire abaissée du centre sui* le plan tangent à la surface, au point (l, r„^), a pour expression . (IF , dF , (ÎF ',-: + ■" ;?•,+'-: 11 = — ■ ■ ■" ou H II ] A^;^ + AV + A"^C^ Sur les ."-urlaces à centre, la densité électrique est donc, en chaque point, proportionnelle à la perpendiculaire II. •240 MATHÉMATIQUES, ASTRO.NOMIK, GKODÉSIE ET MÉCANIQUE M. LAQTJIEEE ('..ipilaiiie (l'artillaric; THÉORIE NOUVELLE DE LA TRAJECTOIRE DANS LE VIDE. SUR L'EMPLOI DES TÉLÉWIÈTRES. Su un ce (I li /<■'■ septembre /S 79. — M. EÛRESTIER r (le mathématiques spéciales au lycéo de Toulouse. riOTE SUR LES ÉQUATIONS D'UNE MÊME COURBE EN COORDONNEES POLAIRES PAR RAPPORT AU MÊME AXE. ( EXTR.UT ) — Séance du I "' septembre 1 8~ 9 . — Un fait mathématique qui a échappé aux analystes, qui parait d'abord sur- prenant, mais qui s'explique facilement quand il a été entrevu, c'est qu'un« courbe a plusieurs équations en coordonnées polaires, par rapport au même pôle et au même axe polaire. Je me propose dans cette note de faire con- naître le moyen de trouver ces équations et d'eu déterminer le nombre. Soit /"(p, to)=0 (1) l'équation d'une courbe. J'observe d'abord qu'un point a une infinité de coordonnées et que toutes les coordonnées d'un point d'une courbe ne satisfont pas à son équation. Je désigne par p et w les coordon- nées d'un point de la courbe, qui satisfont à l'équation donnée. Toutes les autres coordonnées du même point seront données par les équations r ? = Pi ] [ ? = — Pi ] L (o = 2/ct: -r coi J L « := [ik -I- i) ^ + coi J Ces valeurs de p et w satisfont par hypothèse à l'équation de la courbe ; en les substituant, nous aurons d'autres équations entre d'autres coordonnées polaires des points de la courbe. On obtient ainsi, en supprimant les indices après la substitution f (p,2/c^ + a>) = 0 (2) /•(- p, (2/.- + 1) X -f- c.) = 0 (3) Supposons que w entre dans (1) par les lignes trigonometriques de Dans l'équaiion (2j cet angle deviendra — ' '' " ' " , et ses lignes trigono- C.-L. LANDIIÉ. SOLUTIONS DES ÉyUATIO.NS DIFFÉUE.N TIELLES 241 métriques ;uiront n valeurs différentes pour k égal à 0, 1, !2.... (n — 1) ; l'équation (-2) donnera donc n équations i^énéralement différentes de la même courbe. L'équation (3) en donnera n autres, par la même raison, et l'on obtien- dra ainsi 2« équations de la même courbe. On ne pourra pas en avoir davan- tage, inais il pourra arriver accidentellement que le nombre en soit moindre parce que certaines de ces équations peuvent être les mêmes. En appliquant ce procédé à l'équation p ==: sin ^ on trouve, outre l'équa- tion proposée, les trois suivantes p = — sin — , p = — cos — , p = cos^ hn 1 appliquant a p ^^ sui -, on trouve que les trois équatious données par l'i'quation (;3) rentrent dans celles Iburnics par (2) et le nombre total se réduit à trois, qui sont : p = sin 3 1 P = — co*^ ij- — ô ^'" 3 ' P = ^r^°' ^ "~ ') ^"' 3, Pour trouver les coordonnées des [)oints d'intersection de deux courbes f (p, ojj = 0, tp (p, w) = 0, il ne suffit pas de chercher les solutions communes aux deux équations; on n'obtiendrait ainsi c^ue les points dont les mêmes cooràonnées satisfont en même temps aux deux équations. Il faut prendre f avec chacune des équations de la courbe ?. En applifiuant cette méthode aux deux coniques e = — ; -. — r—. h '- c rus w — asiiiw p = -p ; — r 1 fJiii ont un foyer commun au pôle, on est direc- •^ 6 H- c cosw — d siu oj' ^ '' ' ' tement conduit par le calcul au théorème suivant, dont on peut donner d'ail- leurs une démonstration géométrique très simple. Lorsque deux coniques ont tm foijer coiniiiun, les angles formés par les droites qui joignent ce foyer aux quatre points d'intersection des coniques ont une bis- sectrice commune, et cette bissectrice est la perpendiculaire menée par le foyer com,mun à la droite qui joint ce foyer au point d'intersection des deux directrices conjuguées de ce foyer. M. Corneille-L. LANIRÉ A D.ir.lr.'clit. REMARQUES SUR LES SOLUTIONS SINGULIÈRES DES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU PREMIER ORDRE A DEUX VARIABLES. — Séance du /'"■ septembre 1879. — Selon plusieurs auteurs, on peut trouver toutes les solutions singu- lières d'une éqtjation dillérentielle du premier orJrc en éliminant c 16 242 MATHÉ:>L\TIQUES. ASTRONOMIE. GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE r/F entre F (x, ii, c) = 0 et -— = 0, .(uand \ {x, y , c) = 0 est l'in- ac tégrale générale, et c la constante arbitraire ; d'autres ajoutent qu'on dF , , dF ., ^ peut aussi en trouver par ■—- = x sans parler de — ; d autres en- dF f/F ... Gore prétendent que toujours — = x et — = x donnent les mêmes solutions singulières. dF dF j :, , ■ La vérité est ciue -7— = x et -7— ==: x peuvent donner des solutions ' dx dy singulières différentes. On s'en convainc facilt-ment par ce qui suit : en substituant à c dans l'intégrale générale une tbnction de j? et y, on obtient aprts la ditîérentiation : dF _^il¥^dy_ , ^ /^ , (j£_ h^ (Ço) ; d'après ce qui précède d'où : i^ = 1 (mod m); ce qui exige que i soit un nombre premier avec m. Ainsi lorsqu'on remplace, dans 0 i'Ç,o «o)» ^o pai" 'es diverses racines de F (C) = o, on obtient un nombre v de valeurs distinctes au plus égal à cp (m), nombre des entiers inférieurs à m et premiers avec lui. Il en sera de même lors- qu'on remplacera Xq par une indéterminée rationnelle a ; et les v va- leurs qu'on obtient alors sont racines d'une équation irréductible (Voir ma thèse n" 4), et les coefficients des diverses puissances de Xq dans ^ (Co, Xo) peuvent s'exprimer rationnellement en fonction de ô (Co» o)' D'ailleurs comme on a : 6 [X (Q, x^] = 0' (%, x^, on voit que 0]X (iio), a] A.-E, PELLET. SLR LES EQUATIONS DE DEGRÉ PREMIER 247 pourra s'exprimer rationnellement en fonction de 0 (i;^, a). Ainsi l'é- quation qui a pour racines ces v valeurs distinctes est holodrôrac ; et l'on peut prendre pour F (i)= o une équation de degré v. Soient /i (^o) une racine autre que a (Co) de l'équation F (^j=:o, et; ()[\ (g, X,] = (il (ro,j^«); il viendra : 0 [\ A (Co), x-\=(iJ [\ (Q, œ,]=f)J'(T:„ X,) ; de même ; 0 [a A, (Q, x„]=r}''J [Koy X,); d'où A, A (Co) =AA, {Q. Les fonctions À, Àj sont donc échangeables entre elles, et Téqualion F (C) = 0 est résoluble algébriquement d'après un théorème d'Abel . De plus les V nombres tels que?, y,... forment un groupe relativement au module m, c'est-à-dire que le produit de deux quelconques d'entre eux est congru à l'un des termes de cette suite module m, et v est un divi- seur de o (m). Le degré de l'équation résolvante de f (ri = o est égal à m V. En supposant m premier et égal à p, on a, d'après ce qui a été dit en commençant, le théorème suivant, très conim : Pourcju'une équation de degré |)remier ;>, irréductible, soit résoluble algébriquement, il faut et il sufiit que cette équation devienne abé- lienne après l'adjonction d'une racine d'une équation également abé- lienne, dont le degré divise p — 1. On en déduit facilement que deux racines d'une telle équation étant données, les autres s'en déduisent rationnellement, forme sous laquelle Galois a donné le théorème. 2. Dans la pratique, il est presque toujours impossible de former ré(iuation résolvante d'une équation numérique donnée, aussitôt que son degré surpasse 4. Aussi, il est très difticile de recojuiaître qu'une équation est résoluble algébriquement. Mais il n'en est pas de mèrae pour reconnaître qu'elle n'est pas résoluble, propi-iété négative qui a son intérêt. En elfet, j'ai démontré (comptes rendus des séances de l'Aca- démie des sciences, 24 mars 1879) que le degré de l'équation résolvante d'une équation donnée est un multiple des degrés des divers facteurs irréductibles en lesquels son premier membre se décompose suivant un module premier quelconque. Dans le cas qui nous occupe, on en déduit qu'une équation à coefficients entiers, irréductible algébriquement, et de degré premier (p), n'est pas soluble par radicaux si son premier membre se 24S MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE décompose suivant un certain module premier en facteurs irréductibles dont le degré ne divise pas p — 1. 3. Ainsi on est conduit, pour voir si une écpiation de degré premier est résoluble algébriquement, à décomposer son premier membre en facteurs irréductibles, suivant plusieurs modules premiers, opération d'ail- leurs presque toujours indispensable si l'on veut connaître comment peut se décomposer son premier membre algébriquement. A ce propos, je ferai les remarques suivantes qui simplifient beaucoup les calculs. 1" Une congruence du second ou du troisième degré est irréductible, mod p, si elle n'a pas de racine réelle ; 2" Une congruence du quatrième degré, n'ayant pas de racine réelle, est irréductible si son A (produit des carrés des différences des racines) est non résidu quadratique; elle se décompose en deux facteurs du second degré, si son A est résidu quadratique ; 3" Une congruence du cinquième degré, n'ayant pas de racine réelle, est irréductible si son A est résidu quadratique ; elle se décompose en deux facteurs l'un du troisième degré, l'autre du deuxième, si son A est non résidu quadratique. Les deux dernières propositions sont des corollaires d'un théorème présenlé à l'Académie des sciences le '29 avril 1878. Remarquons que dans le calcul a, on pourra supprimer tout facteur résidu quadratique. M. E.ITTEB, Ingénieur en chef des Pont'* et Cliaussees, à Montpellier. APPLICATION FAITE PAR VlÈTE DE L'ALGÈBRE A LA GÉOMÉTRIE; APPLICATION DE CETTE MÉTHODE AU POLYGONE DE NEUF COTÉS. — Séance du 3 septembre 1879. — M. DARBOÏÏX Profosseur suppléant à la Farulté des Snienees de Paris. SUR LES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES AUX DÉRIVÉES PARTIELLES. — Séance du 3 septembre / 87 9 . — DEWULF ET P. -H. SCHOUTE. SLR UNE COURBE UNICURSALE 249 M. lEWïïLE Coniiiiand.int du g.''ni(j. M. le W P.-ïï. SCHOÏÏTE De lu Havc. DÉTERMINER UNE COURBE UNICURSALE De QUATRIEME ORDRE AYANT DES POINTS DOUBLES EN A, ET A.,, ET PASSANT PAR LES SEPT POINTS I, 2, 3, 4, 5, 6 ET 7. — Se a n ce du •? v e p t c m h i- e. I 8~ !) . — Le problème; serait résoin, si l'on avait trouvé un ])oint x* tel, que les deux, faisceaux de coni([ues. {a„ a,, X, 0) [1. 2. 3. 4. 5] {a„ a„ X, 7) [1. 2. 3. 4.5] soient projectiCs. Car, alors le quatrième point d'intersection P de deux coniques correspondantes {a^ (i„ x 6 P), (a, a., x 1 P) de ces faisceaux décrirait un C^ satisfaisant r la question. Sous cette forme, le problème est encore déterminé. On a, en effet, deux inconnues, les coordonnées du point œ, et si l'on détermine la projeclivité des deux faisceaux en faisant correspondre les coniques (fli a^x 6 1) avec (a^ a^xl l), (aj «2X6 2) avec (r/i a^x 7 2), (O) OoX 63) avec (fli a., x 7 3), on obtient deux équations en écrivant l'égalité des rapports anharmoniques (Oj a.^ x 6) [1. 2.3. 4] et (aj a, xl) [1.2.3.4], (a, (h_ X 6) [l. 2. 3. S] et {a, a., x 7; [i. 2. 3. o]. Maintenant, les cinq faisceaux de coniques (a^ «2 C) [1- '^- ^- ^- ^I marquent cinq involutions sur une droite quelconque / ; et, si on sup- pose X connu, les coniques («i a.^ x Q \) (a^ (l^ x 6 2), (^i a.^ x C 3),. («1 «2 ^ ^ ^^). ("i «2 X Q o) appartiennent respectivement au premier, au deuxième, au troisième, au quatrième, au cinquième faisceau, et les cinq couples de points qu'elles déterminent appartiennent aussi respecti- vement aux cinq involutions. En outre, les cinq couples de points sont en involution parce qu'ils sont marqués sur l par des coniques du faisceau (cTj a-i X 6). On peut répéter ce raisonnement pour les cinq faisceaux (oj flo 7) [1. 2. 3. 4. 5] et les cinq couples de points qu'ils donnent forment une involution projective avec la précédente. La question posée est dont renfermée dans celle-ci: « On donne sur une droite 1 deux systêmen de cinq involutions ; on » demande de trouver, dans chacune des involutions de chaque système, un 2o0 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉGANIQUE B couple de points conjugués tel que l'on ait, dans chacun des systèmes, cinq » couples en involution^ et que ces deux involutions soient projectives. » Que l'on prenne un cercle M et sur sa circonférence un point 0; que l'on joigne ce point aux couples de points d'une des involutions don- nées, on aura un faisceau en involution ; chaque couple de rayons con- jugués détermine une corde de M et toutes ces cordes vont concourir en un point h. Si l'on fait cette opération pour chacune des mvolutions des deux systèmes, on obtiendra les points èj, b^, b^, 64, b-- pour les cinq involutions du premier système et les points gi, P21 Ps» p4» hs» pour celles du second système. Supposons que l'on ait trouvé doux points p et t., qui rendent projec- tifs les faisceaux P (bi, b^, 63, h„ b.„) ^ (Pi, h, Pa, t%, k^, les cinq rayons du premier faisceau déterminent sur 31 cinq cordes dont les extrémités projetées du point 0 sur l, donnent cinq couples de points appartenant respectivement aux cinq invokilioiis du premier système et formant une involution. Par le môme procédé, les cinq rayons du second faisceau donnent cinq couples de points en involution et appartenant respectivement aux cinq involutions du second système ; et, comme ces deux faisceaux p et :: sont projectifs, il en est de même des deux involutions.il ne résulte pas de ce qui précède que chaque cou- ple des points p et :: que l'on peut trouver conduit à une solution du problème primitif. Cette conclusion serait même erronée; car il a déjà été démontré, qu'à un point quelconque p correspond un point r., et, par suite, qu'à un point quelconque x correspond un point p. La relation, qui existe entre les points p et x, a en effet été étudiée dès 4869 (")parM. Rud. Stunn. Soit p un point quelconque, représentons par X. le rapport anharmonique /-> (&i, b^, 63, h^,), le point t. qui corres- pond à p se trouvera sur la conique circonscrite à Pji p, hs Pt et capa- ble de X. (suivant l'expression de M. l'amiral de Jonquières). Représen- tons par Ai le rapport anharmonique p {bi,b.^,b3,b-^), h:' point ■:: devra se trouver aussi sur la conique capable de 1^ circonscrite à Pi p^ Pg ^3. Le point ■r est donc le quatrième point d'intersection de ces deux coni- ques qui ont déjà, en commun, les points Pi ^2 Pj. Ainsi, à tout point p correspondant un points:, on voit, de même, qu'à tout point ■:i correspond un point p. Mais pour chacun des points 61, b.i, 63, 64, b-i la droite qui joint ce point à lui-même est indéterminée, îl en résulte, qu'à chacun de ces points correspond une conique (*) Malhematkclie Annixkn, 1. page 533, Das Pioblem der Projcctivitat etc. DEWULF ET P. -11. SCHOLTE. SUR UNE COURBE UMCURSALE 2ol Si, S.,, Sj, S^, Sj qui passe par tous les points [i à l'exception du point Pj qui correspond a 6.. Ces cinq coniques 1:1 passent par un môme point j3o, auquel correspond la conique So circonscrite aux cinq points b. Réciproquement aux cinq points p correspondent cinq coniques SijS-i, Ss, Si, S5,qui passent respectivement par quatre points b et par un point bo correspondant à la conique l^o des cinq pomts p. M. Sturm a nommé les points bo et po poiiits adjoints aux deux systèmes de points b et ^. Quand le point p décrit une ligne droite, t: parcourt une C-; qui est du genre zéro ( ') puisqu'elle correspond, point par point, à une droite; elle a donc six points doubles. Ces points doubles sont les six points Pi, etc. Si nous considérons maintenant la relation entre les points p et x, nous voyons d'abord qu'a un point /xiuelconque correspond un seul point X, et réciproquement. Traçons par p deux droites /i et /.,, elles déter- minent sur M deux arcs dont les extrémités projetées de 0 sur / don- nent Si ti et .H.y Li. Les conicjues {n^ a., 6 Sy /j) et {a^ n., G s., t^) se cou- pent en un quatrième point x. Inversement si l'on prend un point quelconcjue x, le point correspondant p n'est autre chose que le point d'intersection des cordes de M que l'on obtient en projetant de 0 sur M les couples de points de l'involution ninrquée sur / par le faisceau {tti «2 6 x). Si l'on admettait «(ue chaque couple de points p et - conduit h une solution de la (juestion primitive, il faudrait aussi admettre que le point double cherché a une position entièrement indéterminée et cette conséquence est inadmissible. Puisque chaque couple p, t. ne peut don- ner une solution, cela ne peut tenir (}u'à ce que le point x déterminé au moyen du point p n'est pas le même, en général, que le point x donné par le point t:, correspondant à p. Cette remarque fait entrer la question dans une nouvelle phase. Si l'on part d'un point quelconque p, on trouve un point déterminé x- que nous nommons Xp, et un point n, correspondant à p, qui donne un point x^. La question est donc ramenée à celle-ci : Combien peut-on trouver de points p d'où résultent des points \p et x^ coïncidents? Nous avons employé plus haut, pour déterminer le point Xj,, deux droites quelconques passant par p; supposons maintenant qu'on joigne le point p à deux quelconques des points S, les points êj et S-, par exemple. Les coniques (Oi a> G Vj /,), (V/j a-i 6 s-i ti) déterminées comme (•) Stlbm, /. c, p o38. 252 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE ci-dessus et dont le quatrième point d'intersection est Xp, forment deuK faisceaux projectifs quand le point p parcourt une droite m, parce que les coniques de chaque groupe ont trois points communs et coupent /, suivant une involution. Ce quatrième point Xp, décrit donc une Cj quand p parcourt m ; mais celte C^ se décompose en deux coniques. En etlét, quand p atteint la droite 6, 62, les deux coniques dont Xp est le quatrième point d'intersection se confondent; et comme cette conique fait partie de C4, le lieu géométrique de Xp est donc une autre conique passant par les points o„ a,, 6. En outre, il est facile de voir que p parcourt une conique quand Xp décrit une droite ; cette droite coupant la C, correspondant à m en deux points, il en résulte que la relation entre j3 et Xp n'est autre chose que la relation connue du second degré (*), dont Oi a., et 6 sont les points fondamentaux. Cette même relation existe entre les points t: et x^, et les points fondamentaux sont a^, a^ et 7. Quand p parcourt une droite m, cr^ parcourt une Cjo- En effet, lors- que x^_ décrit une droite m, x est situé sur une C, passant par a^, a, et 7, et cette courbe coupe la courbe C^ qui, comme lieu géométrique de ::, correspond à la droite m des points p, en dix points. Cette Cl, doit être unicursale, parce qu'elle correspond, point par point, à une droite, elle doit donc avoir des points multiples dont l'en- semble équivaut à 30 points doubles. Elle a, en effet, des points quin- tuples aux trois points 0^, a.,, 7, ce qui équivaut à 30 points doubles et des points doubles aux six points p. Ainsi à une droite m, considérée comme lieu géométrique de p, cor- respond une C, passant par a,, a, et 6 pour Xp, et une C^o ayant des points iiuintuples en a^, lu et 7 et des points doubles aux six points ^ pour x^. Imaginons maintenant que la droite m tourne autour d'un point fixe p, la courbe C, engendre un faisceau dont la base est formée par les points a^, a^. G, et le point Xp, correspondant à p\ de même Cio engendre un faisceau dont la base est formée par les points o^, 0., et 7 qui équivalent à 2o points , les points S qui équivalent chacun à 4 points et le point x^ , qui correspond à p. Si l'on fait cor- respondre entre elles les courbes de ces deux faisceaux qui correspon- dent à la même droite m, elles engendrent une courbe C'^., qui a des points sextuples en «j et a,, un point quintuple en 7, des points doubles aux points .^ et un point simple en 6. Les points de coïncidence de Xp et a;^ doivent se trouver sur cette courbe, que nous nommons cor- (*) RrYK, Géométrie der Larje, II, 2« édiliun, p. H9. M. -p. APPELL. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 2o3 respondante du point pi. Une seconde courbe C\„_ correspond, de même, à un second point quelconque p^. Parmi les 144 points d'intersection de C\o et de CV2, nous devons compter les points a^ et a.^ pour 72 points, le point 7 pour 2o, les points ?j pour 24; et enliii le point G pour 1. Comme ces points ne satisfont pas à la question et qu'il en est de même des dix points qui, en dehors de ûi et «2, proviennent des courbes C^ et Cjo qui correspondent à la droite /)i p^, il reste pour le nombre des points cherchés 144—72—20—24—10—1=^12. A ces douze points il convient d'en joindre un treizième, donné par la courbe composée de la cubique (Oi, a^, 1, 2, 3, 4, o, 6, 7) et de la droite r/j a^. Cette courbe n'est pas comprise au nombre des 12 solu- tions ci-dessus, car le point x étant situé sur la droite a^ a^, les deux faisceaux de coniques dégénèrent en faisceaux de droites, ou mieux, eu faisceaux dont chaque courbe est composée de la droite fixe a^ a^ et d'un rayon variable. M. GEIJTY ÉTUDE SUR LES COURBES GAUCHES UNICURSALES, APPLICATION AUX QUARTIQUES ET AUX QUINTIQUES GAUCHES. — Séance du 5 septembre 1879. M. P. APPELL Maître de confércnros ii la Faiultr des scicnros de Paris. SUR CERTAINES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINEAIRES CONTENANT UN PARAMÈTRE VARIABLE. - SUR DES POLYNOMES SATISFAISANT A UNE ÉQUATION DIFFÉRENTIELLE DU TROISIÈME ORDRE. — Séance du 3 septembre 1 8~ 9 . — I. — Sur certaines équations différentielles linéaires contenant un para- métre variable. 1. Les polynômes de Legendre, de Jacobi, les fonctions cos (narcsinx). 254 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE les polynômes de M. Hermite, clc, satisfont à une équation différentielle linéaire de la forme dans laquelle A^, A^, A3 sont des fonctions d'ir et m un paramètre variable indépendant d'x. Les formules fondamentales relatives à ces fonctions peuvent se déduire de cette équation (1) par une méthode uniforme. Je me propose d'employer une méthode analogue à l'égard des fonctions satisfaisant à une équation différentielle linéaire d'ordre p de la forme : . dPy , , dP - ^ '/ , 14 dans laquelle Aj, A, ... A;, +i sont des fonctions d'j? et m un paramètre variable indépendant d'x. M. Liouville a, dans les premiers volumes de son journal, consacré plusieurs mémoires à l'étude des fonctions satisfaisant à une équation différentielle linéaire de la forme (1), ou à une équation de la forme d(k, d(\. ... d(\p-, dy))) (3) -^-^ — ^^, =^'^y- On voit que le premier membre de cette équation (3) est d'une forme par- ticulière. C'est cette considération qui m'a déterminé à m'occuper de l'équation générale (2). 2. Je vais d'abord supposer p = 3, et m'occuper de l'équation du troi- sième ordre Soit X„i une fonction déterminée de x et de m satisfaisant à cette équation (4) ; désignons par X',„, \"m, X"',» les dérivées de cette fonction par rapport à x. Si l'on attribue à m trois valeurs différentes m, m , m". on aura trois fonctions Xm, X,,,', X,„', satisfaisant respectivement aux trois équations AiX'^u + A^X'm + AjX'fli -j- A^X,,, — m \m AiX"'m' + A^X",,,' -f AjX'm' + A^Xm' = m' \m' AiX"m" + AjX'm" + AsX'm" + AiX„," = m" X,„" Si entre ces trois équations on élimine les coefficients A3, A4, on obtient la relation M. -p. APPELL. — ÉQUATIONS DIFFÉP.E.NTIELLES LINÉAIRES 2o.; (AiX",,, + A,X"„i — m\m) X'm X„ (AiX'm' -j- A2X"m' m'Xm') X',„ X,: (AiX^m" + AjX"^ m"\m-) X'm" X« = 0 que l'on écrit (5) Al -^ + A, A = (m" — m) X„r X,,,' X',n + (m — m") X,,, X,»- X: en posant + (m m) \m' \m X',, X TO X OT X„t X" X' x ' -^ m' -V m' Xin" Multiplions les deux membres de la relation (o) par le facteur 1 ./ \ ^' = Âr^ (6; cette relation devient /A dx dx Ae / = [(ni — m') X„i" X,n- X',,, + (w — m'; Xm X„j' X'„,' -|- (m' — m) X,„ X,,,- X',,,'] U. En inté( J_ De J ^1 = {m — m) UX,„' (X,„Y'm — Y,„X'„,) dx d'où l'on tire une autre relation par l'intégration. 4. Supposons, comme cas particulier, qu'en intégrant entre deux limites iCo et a^i indépendantes de m et m , on arrive à mettre l'intégrale du premier membre sous la forme f{m, m) [o(m) — o{m')] ; de façon que l'on ait UX,„'(Xm Y',„ — Y,„ \',„)dx=f{m, m cp (m) — o(m' (9) , - . Alors, si on prend pour m et w' deux, racines différentes de l'équation (10) ? (m) = K où R est une constanle quelconque, on voit que l'intégrale (9) est nulle. Si au contraire on suppose m = m, on a (H) j UXm (Xm Y'm — \m X ,„)(/x = / (m, m). o'(m.) Admettons que l'équation (10) ait une infinité de racines simples m^, m^, . . • nu . . . et proposons-nous de développer une fonction F (x) en série procéilant suivant les [fonctions Xm , Xm.^, . . . Xm . . . etc. m F (x-) = i: Arn.X»,. 1=1 Pour déterminer le coefficient A,„ d'un terme quelconque X,», on mul- tipliera les deux membres du développement (12) par (J ( m Y'"' — Y,„ X'm) dx r M. -p. APPELL. — ÉQUATIOiNS DIFFÉRENTIELLES LLNÉAIRES "lol et on intégrera entre les limites x^ et x^] on a alors en appliquant les formules précédentes : "^' F (ce) U (X,H Trn— \,nT,n}dx (13) Arn = -^^ ,. , , ^ . ^ -^ / {m, m) cp (??i) 5. On voit l'analogie des formules précédentes avec celles bien connues relatives aux polynômes de Legendre et de Jacobi, et avec celles plus générales que j'ai indiquées {Compter Rendus, t. LXXXIX, p. 31). Il est cependant une différence qu'il importe de signaler. C'est que dans les développements en série suivant les polynômes de Jacobi, les polynômes de M. Hermite, etc., la détermination des coefficients n'exige que la connaissance de ces polynômes; tandis que, d'après la formule (13), la détermination du coefficient A,» dans le développement de F (x) en série de fonctions X„i exige, non seulement la connaissance de la fonction Xm, mais encore celle d'une autre fonction Y?h qui satisfait à la même équation ditïérentielle que X,n. 6. Soit entin Z,n une troisième fonction de x et m satisfaisant à l'équa- tion (4). On a en posant H = la formule /-il.. (14) He^ ' =:Cle. 7. Après avoir ainsi examiné en détail le cas de l'équation du troisième ordre, il reste peu de choses à ajouter sur l'équation générale (2) d'ordre />; a généralisation étant trop aisée pour qu'il y ait intérêt à l'exposer. On considérera d'abord une fonction déterminée X,» de a; et m satisfaisant à l'équation (2), et on aura, en donnant, à m, p valeurs différentes, une formule analogue à (G). Puis en considérant une deuxième fonction Y„, satisfaisant à l'équation (:2), on obtiendra une formule analogue à (8). Et ainsi de suite en considérant successivement 2, 3, . . p — i,p fonctions différentes satis- faisant à l'équation (2). Par exemple, en en prenant p on arrivera à une formule analogue à (11). II. — Su7' des polynômes satisfaisant à une équation différentielle linéaire du troisième ordre. l. La série F{a, b, c, d, e, x) = ^ IM.ji d(d-{-l)..{d-}- n— \)e{e -{- [}.{e-^n — l) ^" n = 0 17 X ;;i X m X Y Z m m Y Z m m Y Z 258 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE satisfait à l'équation différentielle linéaire (1) {x^ - X-) -^ + [(3 -f a + 6 + 00^^ - (1 + rf + e)x] -^ _]. [d _^ a _|_ 6 _|_ c 4- ah + (w -^ hc) x — de] -^ + abcij = 0 (voir Clausen, Journal de Crelle, t. III, p. 93). Cette série est convergente lorsque le module de x est moindre que 1. Pour voir ce qu'elle devient pour x = l, remarquons que le produit du coefficient de œ" par n^+d + e-a-b-c tend vers la limite ^. }J,,}Z . ^ r{a) r(6) r(c) quand n croit indéfiniment. Si donc 1 + d -\- e — a — b — c> 1, la série est convergente pour a; = 1 ; si au contraire i-f-d-j-e — a — b — c<4,]a série est divergente pour x = 1, et dans ce dernier cas, d'après un théorème que j'ai démontré (voir Comptes rendus, t. LXXXVII, p. 689), le produit (i — x)'' + b + c - d - e Y(a, b, c, d, e, x) tend vers la limite r(d) r(e) r (g + b-^ c — d — c) r(a) r(6) r(c) quand x tend vers l'unité. Enfin je rappelle que la fonction (^)x^-d¥(a-\-i — d,b-}-\—d,c-]-\—d,^ — d,e-^i — d,x, satisfait également à l'équation différentielle (1). 2. Cela posé, soient s, a, h, k quatre constantes; je fais : (3) a-\-b-\-c = s, i-^d-\-e = k ab -f- fl^' -\- bc = G, de = h de façon que abc = c (g — es- -|- c^), et je donne à c une valeur entière négative c = — n. La série F(a, 6, c, d, e, x) devient alors un polynôme de degré n, que j'appelle X„, et qui satisfait à l'équation différentielle. ^^) ("^"^ - ^'^ -^ + ^^ + ^'^^^ - ^''^ -1^ _|_ [(1 _|_ s + a)œ — A] -^ = n (c -f ns 4- n')y Lorsque 7i varie, le coefficient de y seul est variable, et, par suite, cette équation différentielle rentre dans la catégorie de celles que j'ai étudiées M.-P. APPELL. — ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 259 dans la commimicatioii précédente. En adoptant les notations que j'ai employées dans cette coEnmunication, on a ici Al = jc= — J2S A2 = (3 + s)x^ — li^ v-(i _ ^.)3 + s-k^ et \] = ±ej^^ = — a; '"'il — x)" -^1 + s - k Si ron suppose A; — 1 > 0 et 3 -f- ■^ — A: > 0, on pourra appliquer à ces polynômes la formule (7) de la communication précédente, en prenant Xo= 0, Xy == \; ei l'on obtient ainsi la relation 0 = (N'— N") i UXn'Xn'X „ dx + (y -N) / UX„'X„XV dx f + (N — N') I UX„ \n-\'ndx dans laquelle on appelle N, N', N" les valeurs que prend la fonction w(g -|- ns -\- n"^) pour n = n, n = n\ n = n". 3. L'équation différentielle (4) est aussi vérifiée par la fonction Yn = x^ - ''F(a', h', c, d', e, x) où a, h' , c, d', é ont les valeurs indiquées dans (2), a = a-\~ [ — d,... etc. On a alors, d'après la formule (8) de la note précédente ^5) _^ . \)xH\ _ ^) 3 + -^-A = (N — N')UXn'(X„Y'H — YnX'n), où D désigne le déterminant X n A- rt Xn ï n 1 n In X n' X n' Xn' Ajoutons aux hypothèses k — \ > 0, 3 -f- -^ — k > 0 déjà faites, les suivantes /f_l__(/>0oue>0et2-}-5 — A:<0, 260 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE et intégrons les deux membres de la relation (o) entre les limites 0 et 1. Comme la fonction (6) Dx-^-(l — a-)^ + ^ -* s'annule pour a? = 0, l'intégrale du secon 1 membre est égale à la valeur que prend cette fonction (6) pour x= i. Pour obtenir cette valeur, je remarque que les polynômes X,i, X», W et Xn', X'n', X'n-, prennent pour x:=l des valeurs finies que je désigne par (\n)i, (X'n )i' etc.; que les produits (1 _ a;)3 4- s-fcYn , (1 — x)^ + ^-n'',. tendent vers 0 quand x tend vers 1, el que le produit (1 —X)^ + S-k Yn tend vers la limite _ r(-2 — d) r{e -{- i — d) r (3 + 5 — A;) ^^^ j^^_^i^Y{b^\— d) r(-n + \ — d) ainsi qu'on le conclut facilement des remarques générales que j'ai faites au commencement et de la relation dY{a, b, c, d, e, X) ^ ^^ j,^^ ^ ^^ ^ ^ ^^^ ^1^ ^^ i,e+i,x). On obtient ainsi la formule (N — N') r'u X„' (X„ \" — Yn \n ) dx = 0 r(a + 1 - d) nh + 1 - d) n-n + \-d) t(^" ^^ '^^ " ^' (^n).(XnjJ où a, 6, f^, e sont donnés par les relations (3) dans lesquelles on fait c =^ — n. M. G. JÂMI Prufosseur à Naples. RÉSOLUTION DU PROBLÈME DE JACOBI ET DE CELUI DE RIEMANN — Séance du 3 septembre 1879. — C. DE MARSILLY. — SUR LE CALCUL DES CORPS DISCONTINUS 261 M. le délierai L.-J.-A. de C. de MARSILLT MÉMOIRE SUR UNE MÉTHODE DE CALCUL APPROPRIÉE AUX CORPS DISCONTINUS QUI OBÉISSENT A DES ACTIONS A DISTANCE. — !> ê n n ce 'in 31 n n û l 1 '<' 9 . — AVANT-PROPOS 1. Je me suis occupé depuis longtemps des lois qui régissent la ma- tière; et, outre les travaux, classiques de Gauss, de Poisson, de Cauchy, de M. Clausius, etc., j'ai étudié une grande partie des systèmes publiés depuis quarante ans par de Boucheporn, le P. Secclii, M. Félix Marco, etc., etc. Ces études m'ont donné une conviction profonde; c'est l'extrême utilité qu'il y aurait pour la science à suivre rigoureusement jusque dans leurs dernières conséquences les principaux systèmes préconisés de nos jours, aiin de pouvoir se prononcer pertinemment sur leurs valeurs respectives. Seule, cette marche pourra nous sortir du chaos inextri- cable où nous plongent des assertions confuses, contradictoires, appuyées sur des aperçus plus ou moins ingénieux, toujours hasardés et le plus souvent sans valeur sérieuse. Je suis arrivé ainsi à choisir parmi la foule des hypothèses celle qui m'a paru la pkis probable et à y appliquer un calcul l'igoureux afin d'en déduire des conséquences exactes et indis- cutables. Je n'ai pas l'intention de justilier ici mon choix; les discussions seraient trop longues et étrangères en partie à la spécialité de la classe à laquelle je soumets mon travail ; mais je me propose d'exposer ici la méthode rigoureuse de calcul appliquée à cette hypothèse; à cet effet, je donnerai d'abord un aperçu de l'hypothèse ; je détaillerai ensuite la méthode et j'en esquisserai quelques applications. HYPOTHESE FONDAMENTALE 2. Les atomes sont des points mathématiques doués de mouvement et d'actions à distance les uns sur les autres. Leur masse est proportion- nelle à l'elfort qu'il faut exercer, soit parla pesanteur, soit par un ressort, pour leur imposer une vitesse donnée. L'expérience a montré qu'aux distances sensibles l'attraction mutuelle de deux atomes est proportion- 262 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE nelle au produit de leurs masses par le carré inverse de leur distance. Gauss a démontré depuis longtemps que cette attraction est incapable de produire les actions moléculaires (*); en conséquence, je suppose celles-ci dues à des attractions et des répulsions représentées par des termes de forme semblable; c'esl-ù-dire des produits dont les fact jrs sont une quantité constanti-, l'énergie du premier atome, celle du second et une puissance inverse de la distance que je désignerai par n. Ces pro- duits devront être pris avec le signe -|- s'ils répondent à une attraction, avec le signe — s'ils répondent h une répulsion ; c'est parmi ces der- niers que sera la pins forte valeur de n. Les énergies ne sont pas néces- sairement proportionnelles aux masses ; elles peuvent même en différer beaucoup dans un sens ou dans l'autre. Les molécules sont des groupes de deux ou plusieurs atomes placés à des distances immensément petites les unes des autres et circulant par l'effet de leurs actions mutuelles et des molécules voisines sans jamais se rencontrer (à cause du terme répulsif de plus fort exposant), ni sans sortir d'un espace restreint variable avec l'état du corps, mais mal déter- miné ; ce sera une surface arbitraire assujettie aux seules conditions qu'elle ne coupe pas les surfaces arbitraires semblables choisies pour représenter les autres molécules et que les atomes n'en sortent pas dans leurs plus grands ^écarts. Quand les molécules sont formées d'une seule sorte d'atomes, on les dit simples ; quand elles en comprennent de plu- sieurs sortes, on les dit composées. Une parcelle est la réunion de plusieurs molécules de même nature, se comportant les unes par rapport aux autres comme les atomes le font dans la molécule. Un corps ou milieu est formé par la réunion généralement immense de molécules ou de parcelles maintenues ensemble par des forces exté- rieures et les forces intérieures. Quand les molécules sont toutes de même nature, tant pour l'ordre que pour l'espèce d'atomes, le corps est pur; dans les autres cas, il est mélangé. Un corps pur peut être simple ou composé selon que les molécules sont simples ou composées; un corps mélangé peut être un ensemble de corps simples, mais n'en est pas un. Les niasses et les énergies des molécules, des parcelles et des corps sont les sommes respectives des masses et énergies des atomes contenus. Ces hypothèses ont une parenté visible avec celles de Cauchy et d'autres géomètres attractionnaires ; elles n'en diffèrent que par une plus grande précision de détails. (•) Au début de Principia generaliastheoriœ figura- fluidorum, etc.; Cari Friedrich Gauss, Werke, Goltingen, i867, Band Y, p. 31.— En note, au bas de la page. C. DE MARSILLY. SUR LE CALCIL DES CORPS DISCONTINUS 26cl TRADUCTION ANALYTIQUE DES HYPOTHÈSES 3. Il me faut actuellement traduire ces hypothèses en formules. A cet effet, je désignerai les masses des atomes par les lettres \)., [/, [/ etc., leurs énergies pour une action en raison inverse d'une puissance 1V""' dn la distance par les produits \}. (.)„, v- w'n, y' t'>'u, etc.; la constante commune à toutes ces actions par fn , et j'y mettrai les signes comme il a été expliqué ci-dessus. Alors l'expression de l'action qui s'échange entre les atomes [;. et \}1 sera /'- ■ r<- 1 v ou, en englobant sous le même signe sommatoire S tous les termes répondant à des actions sensibles seulement aux distances sensibles ,j (2) W^-'ÎTT+Z La masse de la molécule est la somme des masses atomiques. Je la désigne par m et ai conséquemment (3) wi = S y.; de même, j'aurai pour l'énergie de la molécule relative à l'action en raison de la n'^"" puissance de la distance (4) m Tiin =^ S [Aw„. Lorsqu'on cherche une première approximation des relations mécani- ques relatives aux molécules, on ramène généralement la question, même lorsque les dimensions de la molécule ne sont pas négligeables à côté des distances moléculaires, à des équations où les molécules sont cen- sées concentrées en leurs centres de gravité et où les seules distances à considérer sont celles de ces centres. Alors on emploiera les équations (3) et (4). NOTATIONS DE RRAVAIS 4. Il me reste, avant d'exposer ma méthode de calcul, à rappeler quel- (jues dénominations imaginées par Bravais dans le Mémoire sur les systèmes formés par des points distribués régulièrement sur un plan ou dans l'espace (*). ;♦! Paris, Bachelier, isïO. Un volume in-^°, de 128 pages. 264 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Des points distribués en ligne droite et équidistants constituent une rangée. L'intervalle de deux points consécutifs de la rangée est appelé para- mètre, et cliaque point, sommet. Les points distribués sur un plan comme les sommets de parallélo- grammes égaux et jointits forment un réseau; le parallélogramme est dit générateur, et les rangées que forment les côtés adjacents prolongés sont conjuguées. Le parallélogramme générateur d'un réseau ne contient aucun sommet à l'intérieur. Il y a, pour chaque sommet , une infinité de parallélogrammes qui jouissent de la même propriété et déterminent deux séries de rangées parallèles contenant tous les sommets du réseau. Bravais a démontré qu'ils avaient tous la môme surface et les a qualifiés d' équivalents . Les points distribués dans l'espace comme les sommets de parallélépi- pèdes égaux et jointifs forment un assemblage régulier; le parallélépipède type est désigné par l'épithète de générateur, et les rangées déterminées par le prolongement indéfini de trois côtés adjacents sont dites conju- guées. Le parallélépipède générateur d'un assemblage régulier ne contient aucun sommet à l'intérieur ; on peut, en un même sommet, en trouver une infinité qui remplissent cette condition et répondent à trois systèmes de rangées conjuguées contenant tous les sommets de l'assemblage. Bravais a démontré qu'ils avaient le même volume, et les a qualifiés, ainsi que les systèmes de rangées correspondants, d'équivalents. Chaque parallélogramme générateur dans un réseau et chaque paral- lélépipède générateur dans un assemblage corresponde un sommet unique, les autres sommets étant attribués aux parallélogrammes ou aux paral- lélépipèdes adjacents. Si l'on prend pour axes des coordonnées d'un assenib'age régulier trois rangées conjuguées, dont les paramètres soient respectivement /(, h, l, les coordonnées d'un sommet quelconque seront (o) x=^h, y=f\li, z = Kl, t, •/], C étant des nombres entiers, positifs ou négatifs; et toute valeur fractionnaire d'un ou plusieurs de ces nombres correspond à un point situé entre les sommets de l'assemblage. APPROXIMATIONS 5. Un caractère distinctif des corps discontinus, formés de molécules ou de parcelles distinctes obéissant à des actions à distance, est que les déplacements successifs varient très peu d'une molécule ou parcelle à l'autre dans les mouvements imprimés, en sorte que leurs positions relatives persistent dans la suite des temps quand il n'y a pas eu de phénomène capable de produire une rupture ou un changement chimi- n. DE MARSIIXY. — SUR LE CALCUL DES CORPS DISCONTLNUS 265 que. Donc, dans ce cas très étendu, on peut regarder les positions occupées par les centres de gravité des molécules dans l'état actuel comme des fonctions de celles qu'ils occupaient en un autre moment, réel ou fictif, ou de celles que des molécules similaires occupent en une autre partie du corps. Celte remarque permet de voir dans les positions actuelles des centres de gravité le résultat d'une déformation imprimée à un état de corps où ces centres étaient régulièrement distribués. Je considère ici, pour plus de simplicité, un corps pur, et j'en ferai autant jusqu'à la fin. Les centres de gravité étaient alors déterminés, dans l'état antérieur, par leurs coordonnées ^h, rji, Ç/; ils le sont, dans l'état actuel, par leurs coordonnées rectangulaires x, y,z;donc celles-ci sont fonc- tions des premières et de quantités communes à toutes, telles que le temps t et des constantes. On peut donc écrire : ou, en recourant à la série de Maclaurin et représentant par p, q, r, etc., ce que deviennent les fonctions, puis les dérivées premières, se- condes, etc., de (6) quand on y fait à la fois 5 = y, =r: ^ = o : ^ = Pi+ 71 ^/' + ({"i 'l/' + ffi ^1' 4- etc., y = Pî + q\-M + q'ïfji + ç^^'» ^'M "^ 2 ( 2r.,^- Y;a-/ + 2/V'^ç//i S + et^, = Pa + Û^h 4- q\Tji + q\U^ 1 S /-a^-^/i^ + i-\r:li^ + r\^H' + 2r3"5-o/îA- + S/'a^ r.tkl + 2r3^'^E//( -f etc., + è| Cela posé, et en se basant sur remarque faite au commen ent de ce N°, on verra que les fonctions (6j changent avec une extr me len- teur pour les valeurs de Ç, y;, Ç ; les dérivées sont donc fort petites, et comme on peut toujourschoisi" l'origine des coordonnées obliques ^h, ■f]k, ^l dans la partie à étudiei en sorte qiio t, y), C, soient médiocre- ment grands, on aura les coordonnées des centres de molécules avec une approximation généralement très satisfaisante dans un espace de quelques millimètres de diamètre si l'on se borne à la première ligne des seconds membres (7) ; c'est-à-dire si l'on écrit 266 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE (8) ^ 2/ = ^2 -f- q^'zh + q\t]k 4- qi\^l, ^ = Ps + qz^h + g"3v;/v + q\U, \ METHODE DE CALCUL 6. La méthode de calcul découle immédiatement des équations pré- cédentes. Je pose i q'Ji = h'cos(h'x), q\k =: k'cos{k'x), q{"l=L l'co&{l'x), (9)1 q'Ji = h'cos{h'y), q"Ji = k'cos{k'y), q^'l = l'cos{l'y), f q'sh = h'cos{h'z), q\k = k'cos(k'z), q^"l — rcos(r3). (10) (7'V + gV + 9'V) k^ = ^i\ ^ iq"\' + q"\ + q"\) i' = i'' ; h', k' , l', seront visiblement ce que les paramètres h, k, l, de l'état an- térieur sont devenus dans l'état actuel. Si maintenant je substitue les valeurs (9) dans les relations (8), je trouve / X = pi -\- ^h'cos{h'x) -\- •qk'cos{k'x) -\- lil'cos{l'x)y (11) j y rrr p^ + ^ficos{h'y) -|- rik'cos{k'y) -f U'cos^l'y), ( z = P3 + ^h'cos{h'z) 4-7)ft'cos(A's)+ <^l'cosil'z-). Il suit de ces formules que, si on prend pour axes de coordonnées obliques les paramètres h', k\ l', indéfiniment prolongés, les centres de molécules seront déterminés par les coordonnées ^h', 'rik\ X,l', o\x les nombres ?, ■<), C, reçoivent les mêmes valeurs entières que dans l'état antérieur, c'est-à-dire que les centres de gravité sont régulièrement dis- tribués , en donnant à ce mot le même sens que Bravais. Ainsi la première approximation de la position des molécules consiste à les supposer distribuées régulièrement. Quand on veut une approxi- mation plus grande ou qu'on en a besoin, on recourt à la seconde ligne des équations (7) et on modifie en conséquence les résultats obte- nus ; mais la première approximation permet déjà d'arriver à des résul- tats remarquables. Je bornerai ma communication à en donner quelques- uns d'une façon succincte. DENSITÉ 7. Je commence par la densité. Dans un corps soumis à une même loi variable suivant les points considérés, on appelle densité du corps c. DE MARSILLY. — SUR LE CALCUL DES CORPS DISCONTINUS 267 en un point la limite vers laquelle tendent les quotients successifs de divisions dont les dividendes sont les masses, et les diviseurs sont les volumes des parcelles contenant ce point et décroissantes en renfermant un nombre de molécules proportionné au volume. Or la limite d'une semblable parcelle dans un corps pur est le parallélépipède générateur de l'assemblage auquel se rapportent, en première approximation, les molécules dans le voisinage très rapproché du point considéré, et la masse est celle de la molécule afférente au parallélépipède. D'où l'on conclut que la masse de la molécule est égale au produit de la densité par le volume du parallélépipède générateur dans chaque état donné. Si donc on représente par Vq le volume du parallélépipède générateur au centre donné et à l'instant Iq, par po la densité dans les mêmes cir- constances, on aura W^po pour la masse de la molécule quand t = t^, et Vp pour toute autre valeur/; m, la masse de la molécule est invariable; donc (12) Vp = V, oPo- D'autre part si Ax'o, Az/'^, Ajs'q; àx\, ^y\, à,z\; Ax"o, Ay^o» ^^"'o sont les projections respectives des paramètres h, k, l à l'instant t = t^, et si ces mômes signes privés de l'indice o désignent les projections respec- tives de ce que sont devenus ces paramètres à l'instant t, j'aurai, eu vertu de formules connues V = AX Aj/ SZ Aœ" Sy' \z" Ax" If A3- et partant Po AX-'o A.'/ 0 A3 0 (13) Ax-"o ^^■'o ^-"o ^x\ ^ll'\ ^^'\ 0 — Ax'o •^i/o ^ ^ 0 Acc"o ■^^"o -^^'o ^oc\ ^y\ '^s"u AX-' ^y' A3' Aœ" Mj" A3' Ao;'" Ay'" A3'" Mais les coordoimées au temps t peuvent être considérées comme des fonctions des coordonnées au temps Iq, et l'on peut écrire (14) X = t\ {X^, V/o, 3o, t), y = (^ (Xo, î/o, -0, 0» ^ = U (^0» 2/o> ^0. 0 ; d'où (15) A£c z=: ry'jA.z', -|- q\Ay^ + q\^';, etc; et AX ^y Al/ AX" ^y" A3' AX" ^y" A3' <268 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODlîSIE ET MÉCANIQUE f/',Aœ'o + g>y'o + r/'iA2'o q\àx', + etc., (7'iAJ3"o + q"i^y"o + 7"i^-"o f/2Aa2"o + etc., q'l^x"'o 4- 'y'>.v"'o + q"i^^"'o q\^x\ -f etc.. f/s'^^'o + etc. 9'3-^-32"o + etc. q's^x\ -\- etc. 9 1 î 1 'Z I X A-X -j- 2 9 2 f/ 2 ir/' q :i <7 3 *? :j A.X ^V'o ^^'o ^//o AZ 0 ^?/"'o ^-'o d'après la règle de multiplication des déterminants. En substituant cette valeur dans le second membre de {i'^) , et divisant par le facteur commun, il vient Po = P (16) qi Qi q'-î q% f/'s q\ équation connue depuis longtemps avec des notations un peu différentes, Lagrange la donne dans la Mécanique analytique pour le cas particulier de Po = p (*); Poisson en donne dans son Traité de mécanique la dérivée première sous la forme dpu dx + dç,v dy + dciv dz + dp Je dois me borner à ces indications. FORCES ÉLASTIQUES 8. J'arrive à l'étude des forces élastiques. Si je partage un corps pur en deux parties par un plan, les actions moléculaires définies au n° 3 que les molécules situées d'un côté de ce plan exercent sur celles situées de l'autre côté ont une résultante qu'on peut attribuer à la surface. Pour l'évaluer, on divise par la pensée un des côtés du milieu en prismes appuyés à la surface et on suppose qu'on en multiplie indéfiniment le nombre en les conservant propor- tionnés entre eux quant au nombre de molécules qu'ils contiennent. Cela posé, on appelle force élastique en un point la lifnite vers laquelle tendent les quotients successifs de divisions dont le diviseur est l'aire de la base de prisme contenant le point dont il s'agit, et dont le divi- dende est la résultante des actions exercées sur les molécules du prisme par les molécules du côté opposé qui n'est point partagé. Comme il s'agit ici de très petites étendues, les molécules peuvent y être supposées régulièrement distribuées en première approximation; le plan, au moyen (*', Troisième édition de M. Joseph Bertrand, t. II, P:iris. Mallet Bachelier, 1855, p. 259. C. DE MARSILLY. — SUll LE CALCUL DES COHPS DISCONTINUS 269 d'un très léger changement d'orientation s'il le faut, peut être considéré comme un plan réticulaire de l'assemblage. Cela posé, la décomposition d'un des côtés du milieu en parallélépipèdes déliés conservant la pro- portion normale de molécules a visiblement pour limite un parallélépi- pède dont les côtés sont des rangées conjuguées au plan donné et dont la base est un parallélogramme générateur de ce plan. Une seule ran- gée appartient, comme molécules, au parallélépipède dont il s'agit; la valeur de la force élastique en un point est donc le quotient d'une divi- sion dont le dividende est la valeur de la résultante des actions exercées sur les molécules de la rangée conjuguée en ce point par les molécules situées de l'aut.'e côté du plan et dont le diviseur est la valeur de l'aire du parallélogramme générateur. Il s'agit d'exprimer cette force élastique ou plutôt ses composantes par des formules. EXPHESSIO.NS DES CO.MPOSANTES DES FOHCES ÉLASTIQUES 9. Soit h le paramètre conjugué au plan donné que je désignerai par h, k ei l deux paramètres conjugués situés dans ce plan ; je prends pour origine des coordonnées le point donné 0, pour axes des coor- données les trois paramètres h, k, l indétiniment prolongés et issus de 0; les projections de la distance d'un centre de la rangée /ta un centre situé de l'autre côté du plan pourront être représentées respectivement par Ih, Tjfe, U, où l, r,, Ç sont des nombres entiers (n° 4) variant savoir: ^ de -f- 1 à -|- 00, et r^, (^ de -j- oc à — oc, mais où les petites valeurs interviennent seules d'une manière appréciable. Dès lors l'action éprouvée par le point M de la rangée extérieure h sous l'influence du point M' situé de l'autre côté du plan aura pour composantes (voyez le n° 3), w étant =^ ni, (17) mViZ -^^ , m^^r^kZ -^?#-, m^^S '^''^" fil +1 /•« + 1 yn + i Les composantes de l'action totale seront donc des sommes de termes (17j ; et il faudra diviser ces sommes par l'aire du parallélogramme générateur, soit kl sin (kl) ; ce qui revient à sommer les quantités (17) divisées par kl sin (kl), quantité constante pour toutes. J'ai d'ailleurs (18) r^ = i^h-' + fi-k^ + i^H-" -h ^^qhk cos (hk) + '^y^Kkl cos {kl) -\- %klh cos (Ih). Or, si je considère les groupes binaires de molécules ayant les mêmes valeurs de y; et C, je vois qu'il y en a un seul pour lequel ^ =; l,deux pour lesquels ^ = % trois pour lesquels ?= 3, et généralement a pour 270 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE lesquels ^ = a ; je peux donc réunir ces groupes et je n'aurai plus à sommer que les quantités ^ ' klàin{kl} Zj r"+i klsm(ld) ^ r"+i klsm(kl)^ ?'n+i"' depuis ^ =z -f- 1 jusqu'à B, = -{-ce , et depuis y, et C = — oo jusqu'à Yj et i^ :=: + GO . Préalablement à cette sommation, je puis remplacer dans (19) l'un des facteurs m par la valeur P phkl, le facteur P étant donné par l'une des deux formules équivalentes : (20) P2 z=: 1 — cos^hk) — cos%kl) — m&^lh) -\-^Q,o&{hk) cosÇkl) coi{lh), ou (21) P = cos{hx) cos(kx) cos{lx) cos(%) cos(ky) cos(ly) cos{hz) cos(kz) cos{lz) Moyennant cette substitution, l'expression des composantes de la force élastique sera ^ ' sin(AO -^ ra+' sm(/tO ^^ /■"+^ siD(A;/) • n-\-^ chaque signe sommatoire correspondant à une des variables E„ t], K- Ces expressions ne sont pas proportionnelles à o"^: il faut bien re- connaître cependant qu'elles donnent une seule valeur de la force élas- tique pour une valeur donnée de p, ce qui s'écarte de l'expérience. Toutefois, les corps purs n'existent pas à la surface du globe, puisque tous les milieux sont imprégnés d'éthcr, et les corps mélangés fqurnis- sent des formules plus aptes à interpréter les faits. Des vibrations régu- lières peuvent aussi intervenir. Je ne puis pas exposer ici les discus- sions ; je me bornerai à dire que des études entreprises à ce sujet me permettent d'affirmer la possibilité d'un accord entre le système exposé au n° 2 et les faits d'expérience. GRANDEUR DES ACTIONS MOLÉCULAIRES 10. Les bornes assignées aux communications par les règlements de l'Association ne me permettent pas de détailler les conséquences des formules (22), conséquences applicables aussi aux forces élastiques des corps mélangés; je vais en indiquer seulement les. principales. En recourant aux formules du calcul des différences pour évaluer les C. DE MARSILLY. SUR LE CALCUL DES CORPS DISCONTINUS 271 expressions (22), on voit que leur valeur est composée de deux par- ties; l'une due aux molécules situées aux distances insensibles, l'autre aux molécules situées aux distances sensibles. La première est le pro- duit d'une quantité finie multipliée par _ ; la seconde , le produit d'une quantité finie multipliée par fn . Il s'en suit que la première partie est négligeable à côté de la seconde pour n = 2 ou = 3 ; qu'elle y est comparable pour n = A, mais que la seconde partie devient insensible à côté de la première dès que n = S ou > 5. Or, l'expérience nous montrant que les actions moléculaires sont insensibles aux distances sensibles^ il faut que l'on ait n > 4. De plus, les forces élastiques étant finies, il faut que _ ■ le soit aussi, autrement dit que fn soit d'ordre /jn— 4. C'est tout ce que j'ai pu constater jusqu'à présent sur les termes constitutifs de l'action moléculaire (n** 3). FORCES ELASTIQUES SUR DES PLANS CONJUGUÉS H. Je désigne par E la force élastique sur un plan A, par E la A Ai composante de cette force élastique parallèle aux coordonnées i, et je désigne les plans par leur normale ou, suivant le cas, leur paramètre conjugué. Ceci posé, je démontre aisément que les composantes (22) peuvent être remplacées par les moitiés d'expressions similaires où ^ est pris, tout comme 'f\ et ^, entre + oo . J'aurai donc, en écrivant simple- ment S... à la place de 1^ ' ", — , afin d'abréger : '''' 2sin(/d) ''''• 2sin(A7) E — ^P SSSm'Ceih'Z.... l't 2sin(/tO (23) E = ^P SSSm$-/iM2.... E = ^9 SSSm-r^'k^^.... ''■'' 2 sin (Ih) '<'' 2 sin (Ih) E =__Pp___SSSmr,a-/S..., ''i 2 sin (Ih) E = Pp SSSmrc//tS.... E — Pp SSSmr^tklZ..., ih 2sin(/i/f) ^^ 2sin(M-) \ E = PP SSSmt-^Z'S.... \ " 2sin(/i/c) les expressions des composantes sur un plan se déduisant de celles sm; 27ii MATilÉMATIQLES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET ftlÉCANIQUE l'autre par une permutation de lettres. Si les plans conjugués. sont per- pendiculaires entre eux, on voit aisément que les formules se rédui- sent à hh Q h hk kl E = 0, E =jLpSSSmr;^/£»i:.., = E , E = o; ;.-f, l-h û) ' k kl (24) \ kk ' kk E E = 0, E =±pSSSmC2/^^.., = E Ik ik II 2 ' Enfin, si le parallélépipède générateur est un cube, h=^ k = l,^i (25) E = E = E = E. /t k l Les formules de transformation des coordonnées se simplifient quand on passe d'un système d'axes conjugués à un autre. En considérant deux systèmes d'axes conjugués, et les formules de transformation des coordonnées^ les expressions (23) permettent d'exprimer les composantes sur le plan h' en fonction des composantes (23), et d'en déduire, en fonction de E , E , etc., les composantes E, , E , E .On a donc hh hk hh h'k h'I parallèlement aux paramètres h, k, l les composantes de la force élas- tique sur un plan rétir la.re quelconque; on peut ensuite les exprimer en fonctions linéaires de E , E , etc., où les coefficients sont des hh hk fonctions de a, h, c, l'équation du plan étant : (26) ax -\-by -\- cjs = o. Ces dernières expressions de E , E , E peuvent être étendues hh hh Û par interpolation à tous les plans passant par l'origine, réticulaires ou non. 42. Si maintenant on applique ces formules à trois plans rectan- gulaires X, y, z (ces plans sont désignés par la coordonnée normale), on trouvera E , E , E , etc., en fonction des composantes (23) ; et XX xy xz l'on vérifiera sur elle le théorème de Lamé donné avec des notations différentes. (27) E=E,E=E,E=E. yx jy zx Xi Puis, en éliminant des expressions des composantes sur un quatrième plan les composantes (23) au moyen des expressions des composantes sur les trois plans x, y, z, on trouvera pour les valeurs de ces com- posantes t ESCARY. — VALEUR FJNALE DE LA FONCTION Y„ 273 / E_= E cos(Nx) + E cos(X)/) -[- E cos{^z), 'Sx x = c', puis faisant coscp -)- i sincp cos(0' — a) = pe"*, cosw -\- i- sino3 cos(0 — ) v. = es"*, on aura Yn= — l -r^ — - cos [nfoi — w') — o/] r/a - / pn + 1 2 / r'^ r / '^ 'T 7 -J I ,' , .- COSm(oj — co ) — (o|f/a., T. I p «+1 S Or, la seconde intégrale est inférieure à --r — i , , ., ou a — j 'i R , expression dans la- V2 Jpn-\-l \2 V quelle on a posé, pour abréger, 1 1 Y =— sin- o sin2 (0' — S) et o = — sin^o sin^O — (î). 4 4 Comme d'après ce que nous avons supposé, on a y > o, on ^cit que cette intégrale converge vers zéro pour des valeurs indéliniment croissantes de l'entier n. -En remarquant les identités, à savoir : coscp -|- i sincp cosa^ e^^ [1 — 2c\"2~ ^/ sino sin- ~i~J' cos(o -j-î simocosa = e*^'[l — 2e V~ ~~ /* simo sin- ~rl' coscp — î'sin'^cos7. = e~^* [l-|-2e\"T "•" v'' sin-^ sin* "tJ' cosco — i sincocosa = c'~'^'[l-|-2c \~r ' y' sinto sin* 1~J' 27(> MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE observant, d'après ce qui précède, que dans la dernière valeur de Yn, on peut négliger la seconde intégrale et remplacer, dans la première, la limite supérieure par -f oo, puisque les quantités qu'on néglige et qu'on ajoute ainsi, sont infiniment petites, remplaçant enfin ô' — a et 0 — a par a, ce qui est alors permis, on peut écrire, Y„ = e^"(? - w) - "j' j [1 — 2 e' 2 '''' sincp sin--^]" ( — ~ ti> * . . „ a ^ . , X [I — ï2 e ^ smoj sni--^]-"-^aa + -i- ë^"^? - "> - "-'■ I [1 + 2 e'- + -'^ sinç sin^-|-] - X [1 + 2e '~"^"'' sino) sin--|-]-"-''c?:'.. Faisant encore, puisque a peut être supposé très petit, 71 log[l — 2e~ ~ '^'^ sino sin^-^-] = ?i log [1 zr'^~~'^' ^'"'-^ • ^^^ T^ ' 1,11. n (_ — o]i . n -\- \ [- — w)i . = — - e - sni'^ . a- = — oa^ ^ e ^ snio) . a^ 7i. (— + «,' J . ?l 4- '1 ( 1- W)J . = 6 . a^ -— -e 2 • sm? . a^ = a,a% ^: — e - siiuo . a* = — èiOcS on a enfin, /oo _(a — b]a.- , , 4 -[n(-5 - w) — to^i e (/a -j e • /OC' Dtms les deux intégrales du second membre, on constate, en ayant égard ESCARY. VALEUR FINALE DE LA FONCTION Y„ 277 à l'hypoLlu'SS de cp supérieur à w, que la partie réelle de a — b est positive, et que celle de a, — ??, est négative; donc on aura toute réduction faite, 1 r jM'^ — to) — lùj Y. = ° cp e 2 ' -j- (n -f- 1) sinto e ~[n[ç — to) — w]i Il sino (^ ■! • -|_ (n -|- 1) sinoj e 2 ^ ' Si, dans cette valeur, on fait (o = 0, on voit qu'on tombe sur l'expres- sion cos \n = ]/ -^ sincp donnée par Laplace dans le livre XI de la Mécanique céleste; si l'on y fait 'p = 0, on retomb(î sur cette même expression dans laquelle on rem- placerait n par n + 1 : ce (jui devait être, d'après la symétrie de o et de w dans la vaUair du radical, dont l'inversi' donne naissance à ces fonc- tions. Il est extrêmement rcmar([uable, comme le fait observer rillustrc auteur de la Mécanique céleste à l'égard de la fonction \n, qu'un polynôme aussi complique que la fonction Yn pour des valeurs indéliniment croissantes de n, puisse être représenté avec une approximation d'autant plus grande, que l'entier n est lui-même plus grand, par une expression d'une pareille simplicité. D'ailleurs, comme on le voit, ce résultat découle de la forme de cette fonction en intégrale délinie, obtenue par Jacobi, et dans laquelle l'entier n entre seulement comme exposant. Nous avons donc là un nouvel exemple de la belle méthode d'analyse, inaugurée par Laplace dans sa Théorie aniihjtiquc des probabilités, et qui a précisément pour objet la détermination des valeurs linaies d'intégrales définies de cette fornie. 278 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. BEIOSCHI Directeur de l'Institut techniquo supùrifmr à Milan. RECHERCHES SUR LES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES DU SECOND ORDRE. — Séance du i septembre 1 87 0 . ~ « 1. Je supposerai connus les travaux do MM. Fuclis, Klein, Schwarz, Gordan, Jordan, Pierre Pépin, sur le même argument, et aussi ceux: que j'ai publiés dans les Mathemastische Annalen (Bd. 11), dans les Comptes Rendus (décembre 1877, janvier 1878) et dans les Annali di Matematica (T. IX). Cela posé, soient ?/i, y^ deux intégrales particulières de l'équation diffé- rentielle du second ordre : y" + py' + fyy = 0 où II' = —r-. II" = — V^; et p, q fonctions de x. Soit [{iji, y,) une dx dx^ forme d'ordre m à coefficients constants, on aura : /■(!/i. y2) = F(a)) étant F [x) une fonction de x dont la nature dépendra évidemment de celle des intégrales particulières y^, y, et de l'ordre de la forme f. La fonction y {x). comme il est connu, doit en général satisfaire à une équation dilférentielle linéaire de l'ordre m -|- 1. Cette équation peut se déterminer de la manière suivante. Soient : ^ (^1, 2/2) = 4- (Z/")^ = tnf^- - ^'^^ ^'^^^' ^^) = ^ (^^') = "^ (t'Ai- t'A) (f, = '—: f,, = . . . , dD'.x covariants de la forme /■; j'ai démontré qu'on a : /i (^1. y-2) = H (œ); 0 (?/„ xf) = & (x) étant : H(,xO = '- r?«F/'i — (m — i) V'-\-mpYF'-\-m"-q¥^] BRIOSCHI. RECHERCHES SUR LES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES 279 0 (x) = — ■ — ^— — ^ [2 (m — 2) F'H — wFH'l et [j. = e^F'-^. La constaiiLo C qu'on trouve dans ces deux expressions est celle de la relation connue : [JL Si l'on suppose maintenant : Po = 1. 2h = 0, p, = ll (x), p., = 0 (x) pr + i = ■ —7- [r{m — 2) t pr — mFp ,■] -{ p^Pr-i m [m — r) L m — /• on aura pour l'équation différentielle cherchée, la suivante : -^ [(m — 2) Y'pm — Yp'm] + "i ("^ — 1) PiPm - i = 0. Ainsi pour w = 2, on aura : p, = H' (x) = 0 ou par la valeur de H (x) : (1) F'" + 3i;F' + (// + 2/>^- + Aq) F + 2 {q + 2/)f/) F = 0 Pour m = 3 : Ji- [Frt — F0'J + 6H^ = 0 ou par les valeurs de H, 0 : F'r _{_ QpF" + AF" + BF' + 3CF = 0 étant : A = 4/}' + iip^ + IO7, B = p" + Ipp' + 6p' + 10- + iOpq G = =' + Spz + 3ry% ;^ = 7' + 2pr/ enfin pour m = 4 : (2) F-- + 10/yF''- + [A + 6p' + 24/)^] F" -f [A' + 4pA + B] F" + [B' + 4/jB + 8G] F' + 4 (G' + 4pC) F = 0 étant : A = Ap + 1 1 p^ + 20?, B = p" + Ipp + Qp' + 10^ + 20/^7 C = z -\- ^}Z -^ %q\ z = q'-{-2pq. "280 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE 2. Si la forme fiyi, y 2) n'est pas générale, c'est-à-dire si l'équation /'(^j, 7/.,) = 0 a des facteurs qui ne soient pas linéaires; les fonctions Pi' P2' Ps' • • doivent vérifier certaines conditions et les équations diffé- rentielles supérieures pourront être substituées par d'autres. Je suppose en premier lieu : p^ = H (a?) = 0 €11 posant : ï' = P'« la valeur de II (x) donne tout de suite l'équation différentielle suivante : P" + pV + r/P = 0 et en effet dans ce cas la forme f n'est que la puissance m»'^™'-^ d'une fonction linéaire de ?/i, y^. Soit: p,z@{x) = 0 la valeur de @ (x) donne : m 2 E(x = DF'- (x), k = 2 , D constant. ^ m ei l'on aura l'équation différentielle : on-'-F'Y'" — dm {m — 2) FF'F" + 2 (m — 1) (m — 2) F''' -f 3mpF [mYF" — {m — 2) F-^] -[- m- (p' + 2//- -}- Aij) F'^F' -|- m':z¥' = 0 étant z = (/ -\- '^pcj En supposant 7?i = 2/- et F = P'Q on déduit de la supérieure la suivante : (3) L -]- 3r/jMQ = r^ (]/ + 2;j^ + Aq) NQ^ + %-'zVQ.^ = 0 les valeurs de L, M, N étant : L = 9-3P"'a' + î'^- (3P"Q' + 3P'Q" + PQ'") Q^ — dr{r — 1) (P'Q' + PQ") Q(r _|_(r_i)(2r— 1)PQ'3 (4) 31 = ?-^-P"Q^ + r (2P'Q' -f- PQ"i Q — (r — 1) PQ'^ N = j-P'Q ^ PQ' 1 Enfin si l'on pose : g (?/,, ^2) = —(ff)i — G (.r) on a : F^G {x) = p, + 3;^/ et si G (x) = 0 : -^ [3 {m — 2) F'e — mVe'^ + G»i (m - 2) H^ = 0 ou l'équation différentielle suivante : m {m — 1) FF''- — 4 (jji — 1) (»i — 3) F'F" + 3 {m — 2) (m — 3) F"^ + 6wp [(m — 1) FF" — (m — 3) F'F"] + mÂFF" — (m — 3) ERIOSCHÎ. RECHERCHES SUR LES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES 281 (5) BF'" + mCFF' + m'DF^ = 0 dans laquelle: A = (m — 1) (4p' -\- i\p- — Mq) -\- i^n-q, B z= 4 (m — i) p' -L- (5»i — 2) p- + 4 (m — 1) (3w — ^)q (6) C = (m — i) [p" 4- Ipp' + 0;r^ + 10g'] + 12 (m^ — 2m + 2) pq D = (m — \) fô' + 3 pz) + G (>?i — 2)2 r/- 3. Soient: i ^; = _^J__, ,^ = _L_L 2 9 (x) o (x) p, q étant deux polynômes des degrés .s, s — 2, 31. Hermitc et après lui M. Fuclis ont déjà démontre que dans ce cas on peut satisfaire à l'équation différentielle (1) en prenant pour F (x) un polynôme du degré n. Pour ré(|uation (3) on obtient : 2-^L + Sro'MQ + r'(o" + 8x) XQ^ -f Ar' -/Vf)' = 0 Soit : o = Q}. Q, A deux polynômes en x; l'équation supérieure pourra se diviser par Q et l'on aura : À[2L 4- 3rMQ'] + 0[3/-À'M + r'{o" + Hx^X + 4rV.'PQ] = 0. Or des valeurs (i) de L, M on (léduit : 2L + 3/-MQ' = QT + (r — \)(r — 2)Pn'3 en indiquant par T la quantité multipliée par Q dans l'expression du premier membre. En conséquence si r = 2, on peut diviser de nouveau [)ar Q et l'on obtient l'équation ditleiviilielle suivante : àT + 6à'>I + 4(o" + 8x)N + 32x'l>U =:^ 0. Soient t, i, les degrés des polynômes P, Q, l'équalion ci-dessus sera du degré t -\- i -\- s — 3; elle donnera par conséquent t -\- i -\- s — 2 équa- tions entre les coefficients des polynômes 1, •/., P, Q. En supposant connus ceux de 1 et de Q, on aurait à déterminer au moyen de ces équations les l -\- s — 1 coefficients de P, x; c'est-à-dire on doit avoir i =^ 1; et si "> 11 — 1 F = P-Q est du degré n pair on aura l = r . Etant r = 2, on a m = 4; or le cas général pour m = 4 conduit à l'équation diJïerentielle (2). Si l'on suppose que p, q aient encore les valeurs (7) et F soit un polynôme de degré n, on aura une équation en x du degré n -{- '2s — 5, ou enlin n -\- 2s — 4, équations entre les coeffi- 282 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE cients de F, cp, x. En supposant indéterminés ceux de F, x, en noml)re Il -{- s — 1, on voit tout de suite qu'en supposant s = 3, ils pourront être déterminés en fonclion des coefficients de cp. On peut observer qu'étant s =^ 3 et par conséquent x linéaire ; on aura x" = 0, o'r = 0 desquelles on déduit : 5' + ^pz = 0, //" + Spp" + 6p-' 4- 24/j^// -f- 8^/' = 0 par conséquent si l'on suppose ; ]/ + 2j)- + iGq = A les deux, derniers termes de l'équation (2) deviendront : [3pA + (p + Sp^- + Aq)A]V + X = F ou ces termes s'annulent pour X = 0. Mais dans ce cas : cp" + 32x = 0 et l'équation (2) se transforme de la manière suivante : cp^Fr + 3..'F'v + -|-(b>''^ + lo-^W" + -^ (7f'?" + %f"')F" = 0. Soit '^(x) = Ax^ — g^x — g^ et en conséquence x = y-x; le coef- ficient de 0?" - -1 dans l'équation supérieure étant = 16/i(n — l)(/i -\- 1) (n -{- 2)(n -f- 3), on ne peut avoir que w = 0, n = 1, c'est-à-dire F cons- tante ou linéaire en x. 4. Si g(x) = 0, on a l'équation différentielle (5). En supposant cp(cc) du troisième degré, on aura, comme nous avons vu, z' -J- '2pz = 0, et la valeur (6) de D donne m — 1 2o- L . I ^^ — I si l'on suppose D = 0, on aura F = const'' et l'équation : X o 4- l2 ; — yJ = U 7U 1 pour cp = 4x^ — (y^cc — r/g, y. = ux -{- u, donne u = 0, g., = 0, m — l u := (m — 2j — ; en conséquence l'équalion différentielle „ , ()X^ , m — 1 X •^ ^ 4x-' — ^3 "^ (/n — 2)'^ 4x-' — [/3 *^ DARBOUX. SUR LA THÉORIE DU CERF -VOLANT 283 OU celle qu'on en déduit posant : x"* = —j- g^l : dhj _j _1_ 4 — 7; (hj ^ J_ m — 1 .'/ _ . "dF '~ IT ;(1 — ;) "rff ' atT (m — i^j- ;(1 — ;) ~ (équation hypergéomé trique pour laquelle : 1 w — 1 1 1 2 G m — 2 ' ' G 7/i - 2 ' ' 3 ' donnera /"(y,, 1/2) = consl°, en supposant que pour la forme f soit identi- 1 quement -3- (ff)^ = 0. On sait que dans ce cas m = 4. 6, 12. M. SALTEL Maître de coiirTenroa à la Focullé des Sciences d? Bordeaiiic. SUR LE VOLUME DE LA SPHERE. — Séance du 4 nei) le vib re 1879. — M. EITTEE, Ingénieur en chef des l'onts cl Clmiissées, à MontpolUcr. SUR QUELQUES CONSTRUCTIONS GRAPHIQUES DE VIÈTE RELATIVES A LA QUADRATURE DU CERCLE. — Séiiiic' du i septembre f 8~ 9 . — M. lARBOïïX Professeur suppléant à la Faculté d3s Sciences dj Paris. SUR LA THÉORIE DU CERF-VOLANT. — Séance du 4 septembre 1879, — 284 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. HEEMAET Capitaine d'Ariill.'rio. SUR LE JEU DU SOLITAIRE. — Séance du 4 septembre 1870. — Une théorie du jeu du solitaire a été donnée dans la Xotivelle Cor- respondance mathématique (lomelU, page 234) par M. Charles Ruchonnet, d'après feu le docteur Reiss. Je crois devoir publier néanmoins celle qui suit, parce qu'elle est à la fois plus simple et plus générale que la précédente. DESCr.IPTION DU JEU I. — Le jeu du solitaire, comme l'indique son nom, est joué par une personne seule; il consiste en réalité dans la recherche de certains pro- blèmes de géométrie de position. Les objets nécessaires pour pratiquer ce jeu sont : une planchette percée de trous que j'appellerai solitaire et des fiches qui peuvent être placées dans ces trous. Les trous occupent les sommets d'une série de carrés juxtaposés comme les cases d'un écliiquier, de sorte qu'ils forment des lignes et des colonnes dans deux directions rectangulaires. Pour me conformer à un usage consacré par plusieurs auteurs, j'emploierai géné- ralement les termes de cases et de boules pour désigner les trous et les liches. Comme on le verra plus loin, on emploie des solitaires de plusieurs modèles et on pourrait évidemment en iuiaginer une infinité. Ces mo- dèles diffèrent par le nombre de trous et par la forme du polygone minimum qui les comprend tous. Le plus usuel porte trente-sept trous compris dans un octogone (voir figure e) (*). RÈGLE LU JEU H. — J'appellerai consécutives les cases qui se succèdent sans inter- ruption sur une colonne ou sur une ligne (les cases qui occupent les sommets opposés d'un carré de quatre cases ne sont pas consécutives. (*) Quand on n'a pas de jeu de solitaire à sa disposition, on y supplée facilement avec un damier et des pions. HEUMARY. SUR LE JEU DU SOLITAIRE 28o Le coup du solitaire affecte trois cases consécutives, telles que A, B et C. Lune des cases extrêmes, C, étant vide et les deux autres étant occup'ies chacune par une boule, on prend la boule qui est en A, on la passe en C, et on enlève celle qui était en B. A D G Le problème que l'on se propose de résoudre est habituellement celui-ci : toutes les cases du solitaire étant occupées, sauf une seule, déterminer la série des coups à jouer pour n'avoir plus qu'une seule boule dans une case quelconque. D'une manière plus générale : Une position quelconque étant donnée, trouver la série des coups à ■'oucr pour arriver à une autre position donnée. EXTENSION DE LA REGLE III. — Las tiicoi'ènu'S que je nie propos^' de démontrer s'appliquent encore lorsqu'on donne ù la règle diverses extensions que je vais indi- quer dès maintenant, parce qu'elles faciliteront la démonstration. Y'"'-" extension. — J'appellerai coup soustractif le coup qui a été défini ci-dessus (n° II), et j'admettrai de même le coup additif (jui se jouera comme il suit : la case C étant occupée et les cases A et B vides, je passe la boule de C en A et j'ajoute une autre boule en B^ On remarquera que, dans l'un comme dans l'autre de ces deux coups, le nombre des boules de chaque case a été modifié d'une unité, dans un certain sens pour la case C, et dans l'autre sens pour les deux autres cases ; je dirai en conséquence que ces deux coups ont porté sur la case G, 2""° extension. — Je supposerai le solitaire indéfini dans tous les sens. 5""^ extension. — Je me doiuicrai la facullé de placer plusieurs boules à la fois dans la même case. CONSÉQUENCES I.IIMÉDIA l'ES DE CES EXTENSIONS IV. — Soient (figure /;) plusieurs cases consécutives, A, B, G, D. A IJ G D !28G MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCA>JIQUE Je joue un coup additif de A en C, puis un coup soustractif de B en D. Le résultat est le même que si j'avais transporté une boule de A en D. Donc on peut toujours faire franchir à une boule deux cases con- sécutives, dans un sens quelconque, sur une ligne ou sur une colonne. V. — On peut en conséjuence réunir toutes les boules d'un solitaire sur un carré de 9 cases contiguës. VI. — En partant d'une boule située dans une case quelconque, je puis arriver à en placer une dans une autre case déterminée, et cela par tous les chemins possibles, en laissant au besoin des boules sur le trajet parcouru. Je pourrai ensuite, par une marche inverse, remettre le jeu dans son état primitif. Donc, tant qu'il existe encore au moins une boule sur le jeu, on peut, pour les besoins du raisonnement, supposer qu'il en existe également une, momentanément, dans une case donnée. VII. — Si on admet que le nombre des boules d'une case peut (Jevciiir négatif, la conséquence précédente subsiste, même quand il n'existe plus aucune boule sur le jeu. yii[. — Je joue un coup soustractif de A en G (ligure b), puis un autre de G en A; j'aurai, en définitive, diminué do deux, unités le nombre de boules de la case B. Donc, en vertu du n» VI, et en réser- vant le cas où les autres cases du solitaire seraient toutes vides, cas sur lequel je reviendrai, je puis toujours supprimer deux boules dans une même case autant de fois que cela est possible. IX. — On peut également ajouter deux boules dans une même case et, enfin, transporter deux boules d'une case dans une autre. X. — Par un coup additif, je passe de deux boules dans une itièma case, à trois boules dans trois cases consécutives. Sous la réserve expri- mée ci-dessus (n" VIII), je puis donc toujours supprimer trois boules simultanément dans trois cases consécutives . XI. — Si j'admets la conséquence précédente, même dans le cas réservé, et si ce cas se présente, j'arriverai à vider complètement le solitaire, mais je saurai que ce résultat doit toujours être considéré comme équivalant à un résidu de trois boules dans trois cases consé- cutives. Le choix des trois cases est d'ailleurs indifférent parce que tous les résidus que l'on peut former ainsi se transforment les uns dans les autres; cela se déduit facilement du n° IX. XII. — Étant amsi fixé sur l'interprétation à donner au cas de la sortie de toutes les boules, j'admettrai ladite conséquence sans réserve. D'ailleurs, si l'on a égard au n" IV, on voit que les coups additifs ou soustractifs peuvent porter sur la case du milieu aussi bien que sur lîEllMARY. SUR LE JEU DU SOLITAIRE 28" les extrêmes et l'on peut, en dernière analyse, formuler comme il suit la règle d'un coup de solitaire : modifier simultanément d'une unité les nombres des houles contenues dans trois cases consécutives, la modifica- tion pouvant éirc -positive ou négative pour chaque case individuellement. XIII. — L'emploi des nombres négatifs de boules, comme intermé- diaire pour passer d'une position à une autre, est un artifice facile à justifier, parce que l'on pourrait empêcher la manifestation du signe — en constituant momentanément, par le procédé du n" Vf, une provision suffisante de boules sur certaines cases. Donc, l'introduction des nombres négatifs n'a d'autre effet que celui qui est mentionné au n° Vil, c'est-à- dire qu'elle équivaut h l'admission de la règle générale du n" XII (*). THÉORÈMES GÉNÉRAUX XIV. — Je considère un nombre quelconque de boules formant une certaine position sur le solitaire indéfini. Tout eu conservant la trace de cette position initiale, je transporte toutes les boules dans un carré de neuf cases choisi arbitrairement (n" V). Le résultat de cette opération est représenté dans la figure c, les lettres o, b , a b' indiquant le nombre de boults contenues dans chaque case. « b c a' b' c' a" h" c" Fig. c. Par deux séries de coups additifs, j'obtiens la disposition figurée ci- après. Cl L'intiodiiction des nombres négatifs n'est pas nccesi^aire pour la théorie, mais j'ai cru devoir l'indiquer comins vn artilice commj le dans certain cas. 288 MATHÉMATIQUES, ASTUO.NOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE Les nombres de boules contenues dans les cases de cette figure peu- vent être remplacés par les restes de leur division par 2 {n° VIII). a + b + «" + '>' a -\- c + «" + c" a' + b' + a" + b-' a' -j- c' + a' + c" Fi«. 19 290 MATHÉMATIQUES, ASTROiNUMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE qui ont été choisies, autant que possible contormes à celles du docteur Reiss : La règle que j'ai été amené à considérer pour les besoins de la théorie s'appellera régie complète et la véritable règle du jeu, règle restreinte ; Une solution déduite de la règle complète sera dite solution théorique, celle qui sera déduite de la règle restreinte s'appellera solution pratique ou réussite; Habituellement, on suppose qu'au début du jeu, toutes les cases du solitaire sont occupées saut' une seule ; cette dernière s'appellera case initiale ; Habituellement aussi, on se propose de ne laisser qu'une seule boule sur le jeu ; la case occupée par cette case s'appellera case terminale ; Deux cases sont dites congruentes lorsqu'on peut passer de l'une à l'autre par des sauts dans lesquels on franchit deux cases consécutives (n° IV). XVI. — La théorie étant basée sur la règle complète, les solutions qu'elle indique ne pourront être admises dans le jeu ordinaire qu'après une vérification, parce que la règle restreinte de ce jeu peut amener des impossibilités spéciales. Cette théorie laisse donc une large part à la sagacité du joueur, mais elle lui vient en aide en lui permettant de distinguer les cas qui ne comportent même pas de solution théorique et elle lui épargne ainsi des recherches qui seraient nécessairement infructueuses . XVII. — Cela posé, je vais indiquer sommairement l'application de la théorie aux solitaires usuels. D'après le docteur Reiss, il y en a trois qui sont représentés dans la figure e, mais je dois dire que je n'ai jamais rencontré que ceux qui portent les n°^ 1 et 2 ; le n° 3 paraît être rarement employé, du moins en France, Je m'occuperai spécialement du n" 2 qui est le plus connu. Je cherche d'abord la position réduite du sohtaire complet, c'est-à- dire sans case vide. Les conséquences de la règle générale et spéciale- ment celle du n° X permettent d'etièctuer cette opération très rapide- ment. Je puis, en effet, supprimer tous les groupes de trois cases consé- cutives qui se présentent naturellement par la symétrie du jeu et il ne restera que les boules 34, 35, 36 et 37. Par des transports entre cases congruentes, j'amènerai ces boules en 2o, 23, 41 et 9; mais par un coup soustractif 9 et 11 seront remplacées par 10 ; puis 23 et 25, par 24 et enfin 10 et 24 par 17. La position réduite ne comprend donc qu'une boule dans la case centrale. Le cas considéré est purement théorique, puisque l'on ne pourrait HERMARY. — SUR LE JEU DU SOLITAIRE ^91 pas jouer le premier coup, avec la règle restreinte, mais le résultat va me permettre de déterminer immédiatement la position réduite lors- qu'on aura choisi une case initiale quelconque. En choisissant cette case, X" 1 N- 1. 1 i 0 5 3 6 1 2 3 34 4 5 6 35 7 8 9 10 11 12 13 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 14 15 16 17 18 19 20 21 ■22 23 2i 25 26 27 21 ■22 23 21 25 26 27 28 31 29 32 30 33 36 28 29 30 37 31 32 33 38 1 -2 3 34 4 5 6 ;J5 7 8 9 10 11 12 13 39 11 15 16 17 18 19 20 '.0 21 22 23 2i 25 26 27 36 28 29 30 37 31 32 33 il on a enlevé la boule qui s'y trouvait, mais on aurait pu en même temps en ajouter deux autres (n" IX j; le résultat définitif aurait été l'addition d'une boule dans cette case. Il suffira donc d'ajouter à la réduite du solitaire complet une boule dans ladite case ou dans une de ses con- gruentes. Exemple. — La case initiale 5 donne deux boules en 17 et 5, c'est- à-dire une boule en 10 : il y a donc solution théorique; la case termi- nale sera 10 ou une de ses congruentes. Autre exemple. — La case initiale 6 donne pour position réduite deux boules en 17 et 2o ; c'est une forme de la 3^ classe, donc, il n'y a pas de solution théorique. On trouve en définitive que, sur les trente-sept cases du solitaire ii" 2, il y en a seize qui conduisent à une solution théorique quand on le 292 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE prend pour case initiale. La solution pratique existe également dans les seize cas qui se réduisent à trois par des considérations de symétrie. Je laisse au lecteur la satisfaction de les trouver. On se propose quelquefois d'arriver, non pas à une boule unique, mais à une disposition plus ou moins symétrique; l'application de la théorie se fait pour ces questions comme pour celles dont je me suis occupé ci-dessus. Exemple. — On veut avoir comme position linale mie boule en 17 et une dans chacune des cases qui forment le pourtour du solitaire; c'est ce qu'on appelle le lecteur au milieu de son auditoire. On voit immédiatement que cette position est de la première classe, c'est-ù-dire qu'elle équivaut théoriquement au solitaire complètement vide; on obtiendra une position initiale de même espèce en enlevant la boule 47. La solution pratique est facile à trouver. Le solitaire n° 1 considéré comme complet donne une position réduite de la l''"' classe. Il en résulte que la solution théorique existe pour une case initiale quelconque et la case terminale est congruente de cette case initiale. Les solutions pratiques sont toujours faciles à trouver; leur recherche devient un peu plus difficile quand on pose la condition que les cases initiale et terminale se confondront, mais néan- moins la condition peut toujours être remplie. Le solitaire n" 3, complet, donne la même position réduite que le n'' 2; il comporte donc les mêmes solutions théoriques que ce dernier et, en outre, celles qui correspondent aux cas où on prend pour cases initiales les cases additionnelles 38, 39, 40 et 41. Les solutions pratiques correspondantes existent-elles toutes? — Je ne connais actuellement que celles qui correspondent à la case initiale 5 et à ses symétriques. On peut évidemment considérer beaucoup d'autres solitaires qu'on réalise tacilement sur un damier. Je signale spécialement à l'attention du lecteur celui que l'on obtient en supprimant dans le n° 3 les cases additionnelles 38 et 41 ; il est de même espèce que le n° 1, mais il donne lieu à des solutions plus intéressantes; ces solutions existent pour plusieurs cas et peut-être pour tous. XVllI. — Pour terminer cette étude, j'indiquerai un procédé de réciprocité qui permet souvent, quand on connaît déjà une solution, d'en trouver une deuxième correspondant à un autre cas. Je considère deux solitaires complémentaires, c'est-à-dire tels que es cases pleines de l'un correspondent aux cases vides de l'autre et réciproquement, et je suppose qu'une opération exécutée sur l'un des deux entraîne sur l'autri; une opération inverse rétablissant toujours la HERMARV. — SUR LE JEU DU SOLITAIRE. 298 condition indiquée. Ayant obtenu une réussite sur le premier, je puis, en partant de la case terminale et en procédant par coups additifs, arriver à remplir toutes les cases de ce solitaire à l'txception de la case initiale. Il est évident que l'on obiiciit ainsi une solution de la forme ordinaire sur le 2*^ solitaire. GÉNÉRALISATION DU JEU DU SOLITAIRE. XIX. — Faifi' franchir à une boule n cases consécuh'ves et tniUver une houle dans chacune des cases franchies. Telle sera la règ'le du coup dans le jeu de solitaire du n"'" ordre. On peut établir la théorie de ce jeu comme celle du solitaire de premier ordre. Je vais en indiquer les principaux traits et les résultats., le lecteur qui possède la clef de la méthode la complétera facilement. On est conduit naturellement à admettre les 3 extensions de la règle analogues à celle du n" III et on en obtient comme principales consé- quences : 1" La possibilité de faire franchir à une boule n -f- 1 cases consécu- tives; toutes les cases qu'une boule peut parcourir par une série de sauts de ce genre sont dites congrucnles ; 2° La possibilité de déplacer 2 boules à la fois d'une case à luw autre dans une série de n -j- 2 cases consécutives; ce déplacement s'obtient par deux coups portant sur les deux cases, l'un soustractif et l'autre additif; 3° En combinant les deux conséquences précédentes, on peut trans- porter un nombre pair quelconque de boules d'une case quelconcjue à une autre; 4° La possibilité d'enlever 2 boules dans chaque case d'une série de n cases consécutives et, par suite, d'enlever 2 n boules à la fois prises dans des cases quelconques mais toujours par nombres pairs. Toutefois, il y aura lieu d'interpréter le cas où le solitaire se ti-ouverait ainsi vidé. XX. — Il semble aussi intéressant de considérer une règle générale, sur la manière de jouer un coup, analogue à celle du n** XII et ainsi formulée : modifier simultanément d'une imité n -f- 2 cases coméculives, la wodifical'.on pouvant être positive ou négative, individuellement pour chaque ca^e. En admettant celte règle, j'introduirais réellement une 4*^ extension très large; je ne l'admettrai pas immédiatement, mais j'indi- querai la modification qu'elle occasiotme sur le résultat. ^94 MATHÉMATIQl'KS, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE XXI — Les théorèmes analogues à ceux du n° XIV sont les sui- vants. Étant donné un carré quelconque de (n -j- I)- cases, on peut y former la position réduite d'une position quelconque du, solitaire de l'ordre n. Cette réduite comprendra 0 ou 1 boule dans chaque case du carré et, en outre, un certain nombre de boules qui peuvent être placées n'importe où, à la condition qu'elles marcheront toujours par groupes de 2, le nombre de ce^ groupes pourra être compris entre 0 et n — 1 inclusivement. La réduite peut donc affecter n (n + 1)* formes distinctes qui carac- térisent autant de systèmes tels qu'on ne peut passer de l'un à l'autre, quel que soit le nombre de coups que l'on joue. Si l'on admet la A" extension, n° XX, les boules qui marchent par groupes do 2 se trouvent supprimées et le nombre des systèmes dis- tincts se réduit à (n -\- 1)*. Le nombre des systèmes réductibles à une seule boule est toujours (n + 2)2. L'ordre du jour des i"" et 2" sections comprenait plusieurs autres travaux envoyés par leurs auteurs et qui n'ont pu être lus en séance, faute de temps. Nous en reproduisons les titres ci-après. M. DE Broca. — Calculateur géométrique. « M. L. FiLLEMiN. — Sur un calendrier perpétue!. Yœu émis par les 1" et 2' sections. Les !■■« et 2^ sections, dans la séance du 30 août 1879, ont émis le vœu que les noms de Sophie Germain et de Gaucliy soient donnés à deux rues de Paris, et que leurs statues soient placées sur la façade du nouvel Hôtel de Ville de Paris. Sophie Germain est née à Paris ; Cauchy également. L'éminente supériorité de Cauchy n'est pas à démontrer; on peut dire sans exagération que c'est peut-être le plus grand géomètre du siècle. Quant à Sophie Germain, elle a produit des travaux assez con- sidérables pour justifier amplement l'hommage réclamé pour sa mé- moire. Les 1''^ et 2^ sections prient le Conseil d'administration de vouloir bien intervenir d'une façon pressante auprès du Conseil municipal, pour qu'une suite favorable soit donnée au voeu en question. PRÉSENTATION DE TRAVAUX IMPRIMÉS ^9o Présentation de travaux imprimés ENVOYES AU CONGRES POUR ÊTRE COILMUMQLÉS A LA SECTION. M. CvssANi, professeur de mnlhématiques et de mécanique appliquée à l'Institut technique de Venise. — Geometria rigorosa. La quadrica de dodici punti. Kicerche suUa involu7.ione qnadratica interne ad alcune generazioni délia rela e del piane. Sopra due focchi particelari in un sistema di due specchi concavi. M. A. DR Gasparis, membre de l'Académie des sciences de Naples. — Sul valore inverso del cube délia distanza variabile di due pianeti interne ad alcune derivate, e saggio di un calcolo per le perturbazieni pla- netarie. M. Le Paige, chargé du cours d'analyse à l'Université de Liège. — Applica- tion de la théorie des formes algébriques à la géoméliie. Sur l'invariant quadratique simultané. Notes diverses de géométrie et d'algèbre supérieures extraites du Bulletin de l'Académie royale de Belgique, des Annalrs de la Société scientifique de Bruxelles, de la youvelle Correspondit nce mathématique, des Mathr- matische Annalen, etc. M. PADKi.ETTr. — Figure alternamente recipreche, etc. 296 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIKE, 3* et 4*^ Sections NAVIGATION — GÉNIP] CIVIL ET MILITAIRE PnésiDENT D'HONiNEun M. le Général RENSON, Commandant le 16' corps d'armée. Président M. BOUQUET DE LA GKYE, Ingéniaur-hydrographe de la Marini' VicE-Pi(ÉsiDE.\T M. E. TRÉLAT, Professeur au Conservatoire des Arts-et-ilétiers Directeur de l'École spéciale d'Architecture. SF.r.Kii TAiitE M. DEVIN, Élève-I igènieur des Ponts et Chaussées. M. Cil. BEEaEEOI Iiiiïénionr civil RÉFORMES DANS LA POSE ET L'ENTRETIEN DE LA VOIE DES CHEMINS DE FER (KXTRAIT DU PROCÊS-YiniPAL) Séance du 29 no Al IS7 9. M. Bergeron se propose d'obtenir une réduction dans la largeur de la plate-forme, une économie dans le ballast, l'assainissement du ballast par le drainage, une économie considérable dans le prix des bois, une forte réduction dans le prix des rails, obtenue en augmentant le nombre des points d'appui. La plate-forme a i mètres de longueur; on y creuse sur O'OjSO une forme de i>"SlO de large, dont on rejette la terre sur les cotées de façon à élever le haut de la forme de 0"',30. Les 0'n,3Û inférieurs sont remplis de cailloux cassés (empierrement des routes), et du fond de cette forme partent des drains rejetant l'eau dans les fossés. Les O'",30 supérieurs sont remplis de sable pilonné; c'est dans ce sable que l'on bat à la demoiselle des traverses non équarries de O-OjSS à 0">,30 de diamètre, jusqu'à enfon- cement de moitié, et de sorte qu'en ce moment il y ait refus d'enfoncement. Dans ces traverses on établit les rails vignolles ou les champignons en les y encastrant, et les y faisant pénétrer d'environ O^SIO; l'espacement de deux MANIER. — SUR LA TRANSFORMATION DU CANAL DU MIDI 297 traverses est de O^jiO. M. Bergeron appuie surtout sur l'avantage qu'il y aurait à entasser de force les traverses sur. le ballast. 11 y aurait aussi une moins grande longueur de rail libre; on pourrait supprimer les relevages, et le roulement serait plus doux; l'encastrement des rail>> à double champignon serait fait par des coins. DISCUSSION M. Castanier fait objecter que la hauteur de 0'",12 du rail à dou- ble champignon rend impossible cet encastrement, et le jeu des roues, leur conicilé feraient sauter les coins ou rejetleraienl la partie extérieure delà traverse ; la pluie aurait aussi une influence désastreuse sur le gonflement des bois. M. Cadot, ingénieur en clief des ponts et chaussées, a fait en 1833 l'essai d'un |)areii chemin de fer; les traverses étaient en chêne, bois de démolition de la marine, espacées de()"',oO; les wagons ét;iient de simples chariots de terrassements : on fut obligé de renoricer à ce système; la liaison ne pouvait exister entre le rail et la traverse en l'absenre de coussinets. M. MANIER l'rof.-iseur ù Oxf>rclusion de ce travail, que je ne trouve pas le plus léger motif pour modi- fier en quoi que ce soit les notes que j'ai écrites sur mes expériences. (1) Voir mes différents mémoires sur l'arche biaise, notamment celui que j'ai inséré en 1876, •dans le Bulkttn de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. 0:i y trouve une figure que M. Trélat a leproduite d'nne manière incom|jlète et qui me semble fort incorrecte. (2) Cours de mécanique, de M. CoUignon. Résistance des matériaux, 2"" édition, p. 547. (3) Notes relatives à la participation du ministère des travaux publ'.cs à l'Exposition universelle, en ce qui concerne le corps des mines, p. 168. CASTANIER. — LE TUNNEL TRANS-MARLN 309 M. CASTAÎTIEB, Constructeur niécaniciiin, CnnsfiUer çonéral du Rliône. LE TUNNEL TRANS-MARIN. (EXTRAIT I)i: PI10f;i:s-VKI!DAL) — Sén Ji ce (lu 30 ((Il ù I 1 87 9. — M. Castaniei; fait une étude historique de la question; il expose successi- vement les moyens proposés pour passer la Manche par tunnel; il les atta- que, et appuie parlicuhèrement sur des raisons d'im] ossibilité tirées des études faites sur le sous-sol anglais et français : présence de couches aquifères : bancs crayeux formés de marne bleue peu solide; impossibilité d'établir le système d'aérage par cheminées ou par le système du Mont-Cenis à une aussi grande profondeur. — Il passe à l'étude de son projet dit trans-mArin : em- ploi de deux tunnels à une voie; il en donne les avantages dus : à la faci- lité de marche, à l'augmentation de résistance obtenue grâce aux tubes trans- versaux et à la plus grande facilité de manœuvre. — Chaque tube est coni- posé de 0"',15 de tôle formant pièce de résistance (G mètres de diamètre). Ua tube l'entourant en béton de ciment, permettant d'augmenter le poids d'un tronçon par l'accroissement du diamètre; un tube en bois garnissant le tout et protégeant le ciment contre l'eau de mer (8 mètres de diamètre). Le sys- tème est entouré d'un massif de béton coulé. La plate-forme intérieure, à traverses en fer, est faite de béton. Le système sera soutenu au fond de la mer au moyen de colonnes creuses enfoncées de l'intérieur du lube par le moyen de presses hydrauliques, jusqu'à refus, et remplies de béton. La pose des tronçons se fera au moyen de quatre caisses de règlement en tôle sur lesquelles ont construira le tronçon de 100 mètres, reposant sur une plate- forme à presses hydrauliques permettant de diriger le tube. Les caisses de règlement seront coulées, et c'est par leur moyen que se fera le posage des tubes. — Le rejointement est fait par un accrochage central fort ingénieux permettant de rapprocher les tubes. Le tube en tôle se termine par deux cou- ronnes permettant de boulonner ensemble les deux tronçons successifs, en laissant un certain jeu; tout le travail est fait de l'intérieur des tronçons vides d'eau. — M. Caslanier espère pouvoir faire le placement en moins de trois ans, d'après sa connaissance des jours de beau et de mauvais temps de la Manche. M. Caslanier revient sur la comparaison de son système avec les autres, et conclut à un avantage considérable. DISCUSSION : M. St(ii:ckmn fait observer qu'il existe, dans le Pas-de-Calais, un courant de masse alternatif atteignant plus de quatre n(cuds à l'heure. M.CASTANiEue>pèrcarriver à le vaincre par l'ancrage et les Iractions obliques; 310 NAVIGATION. GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE il constate d'ailleurs la force de ce courant et le croit de surface. 11 répond à une observation de M. Trélat sur l'aérage, qu'il lui sera toujours possible d'établir des cheminées analogues à ses colonnes. M. Bergeron soulève la question de droit international que M. Castanier déclîye en dehors de la question. M. SOLEILLET SUR LE CHEMIN DE FER TRANSSAHARIEN. — Séance du 30 août '1879. — Joindre Paris au Niger telle est l'idée vraiment française; M. Soleillet démontre que la ligne doit passer par Paris, Marseille, Alger. Nécessité de s'établir en des lieux sains; il étudie la géographie du Sahara, et en conclut qu'en les parties hautes, les méridionaux français peuvent vivre. Il faut donc passer sur ces hauts plateaux sahariens qui s'étendent de l'Algérie au Niger, où l'on a des terres arables, oii l'on peut établir des comptoirs sérioux et défi- nitifs, où les obstacles moraux et matériels sont presque nuls sur la moitié de la roule. Il insiste sur l'action française qu'aurait un chemin de fer français établi dans ces conditions. Du côté du Sénégal, on a la possibi- lité d'amener des richesses analogues à celles de l'Inde, venant d'un pays peuplé de 40,000,000 d'habitants. 11 insiste sur la nécessité pour la France de se procurer ces richesses, et sur les difficultés actuelles dues à ce qu'il n'existe pas de routes. Il déclare facile d'élablir un chemin de fer. Peau sur ces plateaux existant partout à une certaine profondeur, et partout excellente. Le prix de la journée est minime (il équivaut à un franc par jour). La popu- lation arabe jusqu'ici a résiste à la civilisation européenne, mais les Bédouins, moins riches, l'ont acceptée. Il serait possible d'établir la domination française dans le Sahara, en y amenant des captifs ou des hommes libres du Soudan, ce qui serait facile; M. Soleillet le prouve par divers exemples. 11 termine en annonçant le percement d'une route entre le Sénégal et le Niger, CH. DERGERON. — SUR LES COUPURES A FAIRE DANS LES BARRES 311 M. CL BEE&EEOI Ingénieur civil. SUR LES COUPURES A FAIRE DANS LES BARRES. (eXTKAIT nu I>IiOCl';S-VERD.VL) — Séance il n 30 auàt 1879. — M. Bergeron propose de couper les barres vaseuses ou d'ensablement au moyen de jcLs d'eau produits sous forte pression, et dirigés au moyen de la lance d'une pompe à incendie; la force en est telle que l'on peut rehausser ainsi les pavés d'une chaussée; des expériences ont été faites, et ont assez bien réussi. M. Bergeron lit un rapport et deux lettres constatant l'intérêt que l'on a attaché à son invention. Il déclare qu'il est ainsi arrivé, par jets successifs, à rejeter le sable peu à peu, et donne quelques explications sur la manière dont la barre est peu à peu détruite. DISCUSSION M. Dellon, ingénieur en chef des ponts et chaussées, demande si ce système est économique , et si les sables ont été parfaitement enlevés et non déposés plus loin. M. Bergeron répond que l'action est plus forte lorsque son système est appliqué, la lance restant en dehors de l'eau. M. Devin fait observer que dans ce cas, l'action plus forîe due au liouil- lonnement doit êlre limité en profondeur. M. Bergeron déclare que pour avoir une bonne action, il faut que la lance ne soit pas aune distance de plus de i mètres du fond; et qu'en augmen- tant la pression, il serait possible d'augmenter Teffel en profondeur et en largeur. M. Stoixklin fait observer que le fond est ainsi rendu mobile, mais que le sable mis en suspension ne peut pas être entraîné, par exemple à Boulogne. M. Bergekon répond que dans la plaine de Gennevilliers le sable fut entraîné. M. Dellon fait observer que le sable doit être rejeté non loin de là et peut- être enseveli. M. Devin fait remarquer, dans le môme ordre d'idées, que ces mouvements doivent produire des actions périodiques et oscillatoires, qui doivent limiter l'action dans des bornes relativement étroites, et qu'il est possible qu'avec une plus grande pression, on obtienne, un ctTet local plus grand, sans que l'ac- tion de dévasement soit plus grande. M. Bergeron déclare que des expériences en grand vont être faites. Un membre demande si ce système ne pourrait être employé pour les bar- rages algériens qui sont en train de s'envaser. 312 NAVIGATION. GENIE CIVIL ET MILITAIRE M. SiOf-XKLiN fait remarquer que Ton va employer en Algérie un système qui consiste à créer des chutes faisant agir tout le long du barrage de l'air comprimé qui empêchera le barrage de s'envaser. Le nom de l'Altome ayant été prononcé et cité comme exemple, M. Cadot fait observer que c'est la crainte seule d'envaser l'étang de Bône oui a fait adopter la solution de ne pas rejeter les dépôts sur ce point an moyen du courant même. M. le D' PEOMPT Ancien élève 'le l'École polytcclmiqvie. THEORIE MATHEMATIQUE DES ABORDAGES- — Scaurc il ii 3 0 août 1879. — Nous ne nous proposons pas dans ce mémoire de traiter une ques- tion de marine; nous déclarons d'avance que nous n'avons aucune compétence sur ce qui concerne la navigation. Mais nous croyons pou- voir sans inconvénient exposer les résultats que nous avons obtenus, en ti-aitant à un point de vue purement théorique la ques- tion des abordages en mer; ce travail sera un hommage rendu à la mémoire d'un frère que nous avons eu la douleur de perdre il y a quelques années, et à qui la science nautique doit la découverte de la véritable tactique des abordages. Nous sommes parvenu à démontrer mathémati- quement, par des principes très simples, que celte tactique est la seule qui rende les abordages impossibles ; nous allons faire connaître en quoi consiste cette dé- monstration . Soient (lig. 30) deux points mobiles A, B, qui se meuvent sur deux droites AC, BC, avec des vitesses constantes V et V^'. Posons AC = J, BG = d; on aura, en appelant t le temps nécessaire pour que le point A arrive en C, /' le temps nécessaire pour (jue le point B arrive en C. nr PHOMPT. — THÉOniE MATHÉMATIQUE DES ABOUDAGES 313 d Si Ton a ésaleinont on aura '= V d' d^ _ d' Y — V' / = t' (i) (2) c'est-à-dire que les points A et B se rencontreront; si l'éfiualion (2) n'est pas satisfaite, le point A passera au point C avant ou après le point B, et la rencontre ne pourra avoir lieu. Considérons, au lieu des points A et B, deux corps mobiles aa\ bh'; ils pourront se rencontrer alors même que l'équation (2) ne serait pas satisfaite. Su|)posOMS, pour lix(;r les idées, (jue / soit plus petit que t'; au bout du temps /, le nif)bile (KL occupera autour du point C une certaine position, (jue nous avons ligurée en pointillé en a a. Si, à ce moment, le mobile bb' s'est avancé suffisamment pour que son extrémité antérieure se loge dans l'espace pointillé, il est évident qu'il y aura rencontre; la rencontre aurait même pu avoir li(!U avant; elle pourra d'ailleurs avoir lieu après ; et dans l(;s positions que nous avons fij-airées, il est clair (ju'elle serait inévitable, si les vitesses V et V'' différaient peu l'une de l'autre. Mais traçons la droite M'N parallèle à AC, et tangente à toutes les po- sitions successives du mobile ad'; traçons de même la droite IMl paral- lèle à BC, et tangente à toutes les positions successives du mobile bb'; tant que l'extrémité antérieure du mobile 66' n'aura pas franchi la droite MN, il ne peut y avoir rencontre; de même, il ne peut plus y en avoir, dès que l'extrémité postérieure du mobile an aura franchi la droite PB. Appelons ^ -{- 0 et /' -f- 0' les temps nécessaires pour les deux évolutions ; la condition nécessaire et suffisante pour (pi'il n'y ait pas de rencontre est que t -f- 0 soit plus petit (jue t' -f- Q • ^» dé- duira de là les valeurs qu'il faut donner à V et à \"; il est clair que dans certains cas l'une d'elles sera négative, ce qui veut dire que l'un des deux mobiles, étant déjà engagé dans le losange dangereux, devra reculer pour permettre à l'autre de passer. Jusqu'ici, nous n'avons tenu compte qu(! des vitesses; voyons main- tenant ce que les deux mobiles doivent faire, s'il leur est permis de changer aussi leurs roules, dans le but d'éviter la rencontre. Considérons de nouveau les points mobiles A et B (fig. 31), et suppo- sons d'abord, pour simplifier, que le point A conserve forcément sa route, et (jue le point l>, seul, iruxlilie la sienne. Apres avoir manœuvré 314 NAVIGATION. GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE pour éviter le danger, il devra reprendre sa route primitive ; ainsi, il suivra d'abord une direction nouvelle qui sera, par exemple, BB', puis ^ il reprendra la direction B'C, parallèle à BC, qui coupera la ligne AC en C. Ainsi, la rencon- tre des deux routes ne peut être évitée; ou doit seulement exiger que B arrive à ce point de ren- contre, après que A l'aura fran- chi. On voit que B cède le pas, manœuvre de manière à éviter le danger, et revient couper la route de A, en passant derrière lui, après que le danger est passé. Que devra-t-il faire dans sa ma- nœuvre? Il est clair que le seul moyen de faire marcher deux points dans un même plan sans qu'ils se rencontrent est de leur assigner des directions divergentes ou parallèles. Pour des points, il suffit de considérer des routes parallèles; pour des mobiles ayant des dimensions déterminées, il y a des cas où un certain degré de divergence sera nécessaire, en raison des dimensions du losange dangereux. Le point B devra donc suivre une route qui fasse au moins l'angle a avec sa route primitive, en appelant a ic supplément de l'angle des deux routes; d'ailleurs, les routes nouvelles peuvent être parallèles et dirigées en sens contraire ou dans le môme sens, de sorte que l'on pourra énoncer la règle suivante : Le navire qui voit l'autre par tribord vient sur tribord de l'angle a, ou sur bâbord de l'angle supplémentaire de a, et conserve celte nou- velle direction aussi longtemps qu'il est nécessaire pour éviter l'abor- dage. L'autre conserve sa route. Dans le cas d'un angle d(; convergence des deux routes, très obtus comme celui que nous avons ligure, la première règle est la seule bonne ; la seconde est détestable. En effet, pour suivre la première règle, il suffit de décrire l'angle a, qui est beaucoup plus petit que l'an- r: — a; on fait donc une manœuvre plus facile et plus courte; de plus, il n'est pas nécessaire de suivre une marche rétrograde : on va de B en B', et on coupe la route du navire opposé en C, au lieu d'aller de B en B", pour couper la route du navire opposé en C". Enlin, la manœuvre D PROMPT. THÉORIE MATHÉMATIQUE DES ABORDAGES 31o totale est plus vite finie, puisque les deux, navires continuent à aller en sens opposé, et que par conséquent l'instant où le premier pourra aller couper M route du second en C est déterminé par la somme de leurs vitesses; tandis que dans l'autre cas ils naviguent dans le même sens, de sorte que l'instant oîi le navire qui se dérange de sa route peut la re- prendre et aller en C", cet instant qui marque la fin de la manœuvre totale, est déterminé par la différence de la vitesse des deux navires. Au lieu de considérer les positions dans lesquelles le navire B suit des routes parallèles au navire C, considérons les positions intermédiaires, qui sont en réalité celles qui seront prises dans la pratique. Tant que B vient sur tribord , et n'a pas atteint le parallélisme, sa route et celle de A sont convergentes, l'abordage est donc possible; mais il est de moins en moins à craindre; ainsi ces directions sont mauvaises ; mais elles pourront cependant suffire dans beaucoup de cas, surtout si l'on se rapproche beaucoup du parallélisme. Une fois le parallélisme atteint, les roules que prendra le navire B, s'il continue à venir sur tribord, sont des routes qui s'écartent de celle que suit le navire A; elles sont excellentes par conséquent puisque B s'éloigne toujours du danger juscpi'en B'", et ne revient vers le point dangereux C" que cpiand le navire A est déjà fort loin en avant de ce point. Mais si ces routes s'éloignent trop du parallélisme, elles font faire à B une manœuvre trop considérable, trop longue, et qui l'éloi- gné trop de sa route définitive; on doit donc les rejeter. On pourra appliquer les mêmes principes à la manœuvre sur bâbord: mais, dans cette manœuvre, on voit que si B vient sur bâbord d'un petit angle, il prend des routes beaucoup plus dangereuses que sa route primitive ; de plus, s'il dépasse le parallélisme pour prendre une route divergente de celle de A, il s'écarte beaucoup trop de la route (ju'il doit suivre pour aller à sa destination. Supposons maintenant que l'angle des deux routes devienne plus petit; il est clair que les inconvénients de la manœuvre par bâbord vont en diminuant. Quand l'angle est droit , cette manœuvre devient à peu près aussi bonne que la manœuvre par tribord ; elle a seulement le défaut d'être un peu plus longue, parce que B, après avoir manœu- vré par bâbord, est obligé de marcher dans le même sens que A, en diminuant la vitesse jusqu'à ce que A l'ait dépassé, et lui ait ainsi per- mis de venir couper sa route, en lui passant derrière, tandis que, dans la manœuvre par tribord, B, venant en sens contraire de A, peut for- cer sa vitesse, pour dépasser le point dangereux, qu'il atteint avec une vitesse égale à la somme de deux vitesses réunies. Considérons maintenant des routes qui se croisent â angle aigu. On voit tout de suite que la manœuvre par tribord doit être ici abandonnée, 316 NAVIGATION'. — GÉME CIVIL ET MILITAIRE et que c'est la manœuvre par bâbord qui est la bonne. Ces deux manœu- vres sont représentées dans notre figure 32, qui est suffisamment claire pour ne pas avoir besoin d'explication. Nous n'insistons pas sur le cas où les deux navires suivraient la mémo route, soit dans le même sens, soit U9 sens contraire ; il est évident que ce sont des cas limite, dont la solution résulte de ce que nous avons dit précédemment. Eulin, nous nous demanderons ce que devrait faire A pour aider la manœuvre de B, dans tous ces cas que nous avons considérés. La réponse est très facile ; on voit que A devra toujours venir sur tribord. Dans le cas où les deux navires se- raient très près l'un de l'autre, on peut se demander si toutes ces manœuvres sont possibles. Si l'on construit les cercles d'évolution, on verra qu'elles le sont tou- jours, à moins d'une proximité telle que l'abordage serait déjà un l'ail accompli. On voit que nous sommes parvenu à résoudre le problème au moyen de cette règle générale très simple : le navire qui voit l'autre par tribord lui cède le pas pour lui passer derrière ; il \ réussira en venant sur tri- bord dans le cas d'un angle de route obtus, sur bâbord dans le cas d'un angle aigu; il pourra venir à volonté sur bâbord ou sur tribord dans le cas des angles droits ou proches de l'angle droit. Le navire qui voit l'autre par bâbord vient sur tribord pour faciliter la manœuvre de son adversaire, à qui la responsabilité de la manœuvre appartient plus spécialement. Maintenant, si nous avons assigné au navire B le rôle qui consiste à céder le pas, c'est pour nous conformer aux conventions internatio- nales qui existent déjà sur cette question. L'un des articles du décret français du 2o octobre ISOâ est ainsi conçu : « Si deux navires sous vapeur font des routes qui se croisent et qui les exposent à s'aborder, celui qui voit l'autre par tribord manœuvre de manière à ne pas gêner la route de ce navire. » Mais le décret ne donne aucun moyen d'arriver à ce résultat ; il y a plus: dans le questionnaire annexé au décret du W) mai 1869, il est dit, à l'article 69, que le navire en question fait ce qu'il lui parait nécessaire de faire, cpiil vient sur bâbord ou sur tribord, ou bien encore qu'il veut D"" PROMPT. THÉORIE MATHÉMATIQUE 1>ES ARORHAGES 317 faire machine en arrière, ou .stopper, ce qui signifie (ju'il peut manœu- vrer comme il veut, et qu'on ne lui prescrit rien. La discussion que nous avons faite permet de combler cette lacune. Pour les détails techniques et pour les procédés à suivre dans la ma- nœuvre, ils ne sont pas de ma compétence. Je remarque seulement que, puisqu'il s'agit de principes géométriques purs, la tactique nouvelle est applicable à tous les navires indistinctement, qu'ils soient à voiles ou à vapeur, et quelle que soit la direction des amures, ou celle du vent. On devra seulement modifier les prescriptions dans chaque cas particulier, en tenant compte du plus ou moins de facilité que l'un ou l'autre na- vire pourra avoir pour manœuvrer. Tout cela a été indiqué en détail dans les divers mémoires publiés par mon frère (1); il me reste à indi- quer comment l'éclairage des navires doit être modifié, pour que la nouvelle tactique toit applicable. La supériorité de cette tactique consiste en ce qu'elle fait entrer en ligne de compte la connaissance de la route des navires. Il faut donc que cet élément puisse être apprécié la nuit au moyen de feux conve- nables. Il est facile de prouver que l'éclairage actuel consistant surtout en un feu rouge à bâbord, combiné avec un feu vert à tribord, lu; donne ni la route, ni la distance, ni la vitesse des navires. Nous ajouterons qu'il ne permet même pas de distinguer le côté de bâbord du côté de tribord, avec une certitude suffisante : cela lient à diverses imperfections de fœil humain qu'il est nécessaire de signaler ici. La première est le daltonisme. Les individus qui en sont atteints ne distinguent pas, comme nous, dans la gamme des couleurs du spectre, sept nuances principales. Ils n'en voient ° ^. 660 X- Si l'on cherche le nombre de dents N = — = 47. 1-2. 44 on doit prendre par suite 47 dents, mais on doit revenir en arrière par un calcul supplémentaire pour déterminer exactement le pas de l'engre- nage ou le diamètie de la roue p -.^Q.X^ ÎI^- :. 1-2. Cherchons à résoudre le même problème au moyen du module : 7:Xl4 donne 43°'/",98 que nous adoptons pour le pas de l'engrenage ■ — j— nous donne 47.1, nous prenons 47 dents 14 et 47x14 = 6o8 donne le diamètre de la roue. Dans les ateliers de constructions mécaniques et dans le mode, mau- vais, le plus généralement suivi, la détermination exacte des diamètres des roues d'engrenages étant longue et constituant une gêne dans l'étude d'un projet, on rejette ce travail fastidieux à la fin. Mais il arrive que lors de l'exécution des détails, les écarts sont quel- quefois tellement considérables que le projet est à remanier complète- ment. L'emploi des modules permet au contraire de déterminer dès le début et invariablement les diamètres et les distances des centres à employer. A Rouen, ville de filature, à Lille et dans tout le département du DEVIN. SUR LE> OSCILLATIONS d'EaC DA5S LES RÉSEfiVOIRS A AIE 331 Nord, l'emploi du module dans les engrenages est usuel. Il est surtout utile dans les pays comme l'Angleterre où le système de numération est en désaccord avec le système de mesures. Ainsi il résulte de l'emploi des modules dans les engrenages que la distance d'axes est un nombre entier de millimètres. Cest ce fait qui m'a conduit à rechercher les triangles rectangles dont les côtés sont figurés par des nombres entiers. Si nous nous tigurons une machine déheate de précision, soit un in- strument d'optique ou d'horlogerie, au montage sur le marbre; le trus- quin en glissant décrira à l'extrémité de sa pointe à tracer des hgnes dans un plan horizontal et en le maintenant immobile sur sa glace la pointe décrira des lignes verticales. C'est le tracé usuel de montage. Mais il est évident que, au moyen du compas à vis micrométrique, il sera plus facile de tracer des centres très exactement par la considéra- tion des trianglfs rectangles ( côtés en nombres entiers) dont les di- mensions à prendre sont faciles et très exactement obtenues sur une règle de précision. L'emploi du trusquin n'est pas rejeté pour cela, il serWra d'auxiliaire au besoin. M. LEYIÏ '^^ tlèrt-lMftmtwt des Paab c( r^iiwr>i SUR LES OSCILLATIONS D'EAU DANS LES RÉSERVOIRS A AIR — Smncc dm #«» stptemàre tS7S. — M. Devin rappelle en quelques mots le principe général de Taugmentation des forces vives dans les phénomènes oscillatoires, et en montre l'application dans le cas présent. 11 étudie le cas d'un tuyau aboutissant d'un côté à un réservoir à air comprimé, de l'autre à un réservoir à air libre; il donne les formules re- latives à ce cas, étudie l'action du frottement, et pose les 1(hs de ce mouve- ment. 11 étudie ensuite le mouvement dans l'hypothèse d'un débit, déduit les formules diffère a tielles des précédenti-s, en tire les formules générales des oscillations dans ce cas, et montre comment, certains termes négliges, on [\] Xous «vous eu le rcinvt dipprcndrv, ea novembre \Z7%, la œort presiatare^ de M. Dévia JDt le zèle et llatelIiç^PiKe avaient ete tuateiaent appréciés par les Beabres de la seclMa &* :eme àxû peodaat U cession de Montpellier. 332 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE peut arriver à un calcul pratique. 11 donne les expériences faites par M. Dellon, ingénieur des ponts et chaussées, sur la conduite d'eau de Béziers, et indique le rôle que doit jouer l'élasticité de l'eau dans ces phénomènes, lorsque la conduite est un peu longue. M. Auguste SIBOÏÏE Capitaine de vaisseau à Salon (Bouohes-du-Rhone) L'ÉTANG DE BERRE AU POINT DE VUE MILITAIRE ET COMMERCIAL — Séance du /" septembre 1879. — Les progrès accomplis depuis trente ans dans les constructions nava- les et dans l'artillerie, ont profondément modifié les rapports entre l'attaque et la défense des côtes et des ports. Au temps des navires à voiles, il fallait à la marine militaire comme à la marine marchande, des ports ouverts sur la mer où l'on put faci- lement entrer, d'où l'on pût aisément sortir. Des batteries à feux plon- geants, d'autres à feux rasants suffisaient à la protection de ces ports, avec cette considération capitale que le défenseur d'une place, jugeant tout aussi bien des circonstances de temps que le pouvait faire l'agres- seur, ne redoutait aucune surprise; les heures de sécurité absolue étaient marquées, marquées aussi les heures de vigilance. A cette épo- que, non loin de nous encore, les hommes spéciaux se livraient à d'ar- dentes controverses, les uns soutenant la prédominance du fort terrestre sur le navire, d'autres la donnant au navire sur le fort. Tourville forçant l'entrée de Rio-de-Janeiro avec 6 vaisseaux, l'amiral Roussin remontant le Tage jusque devant Lisbonne, et la Hotte anglaise détruisant la flotte danoise sous les murs de Copenhague don- naient déjà une force considérable à ces derniers. Quoi qu'il en put être, l'application de la vapeur à la navigation ht encore pencher la balance du côté des forteresses flottantes. Le navire à vapeur pouvait, en efl'et, se mouvoir à son gré ; il était maître du choix de son heure; il condamnait la défense à un qui-vive perpétuel. Toutefois, ce ne fut là qu'une alerte de courte durée. Le navire à aubes avait dû sacritier un espace considérable à l'installation de sa machine et à l'appareil évaporatoire ; il avait perdu une notable partie de son artillerie, et, de plus, il était extrêmement vulnérable ; aussi son rôle se restreignit-il bientôt à n'être que l'auxiliaire du vais- A. SIBOUR. SUR l'étang DE BERRE 333 seau, seule vraie machine de guerre auquel il s'accouplait par le côté extérieur pour le conduire sous les batteries ennemies, comme à Tan- ger et à Mogador. Cependant l'éveil était donné, et les esprits chercheurs, en Angleterre et en France surtout, s'étaient mis à l'œuvre, et bientôt on vit appa- raître sur les eaux des vaisseaux armés de toutes pièces, comme leurs devanciers, abritant dans leurs vastes flancs de puissantes machines, ayant pour organe propulseur, une hélice immergée placée à l'arrière. Le plus beau type du genre fut le Napoléon, dû au génie de M. Dupuy de Lôme. En 1854, aux débuts de la guerre de Crimée, le Napoléon remontant le courant des Dardanelles avec un autre vaisseau à la remorque, fut, pour son auteur comme pour la marine française, un éclatant triomphe. Avec le navire à hélice, l'attaque avait fait un pas immense; la défense demeurait stationnaire. Aussi, lorsque les escadres alliées se présentèrent devant Sébastopol, les liusses, nos ennemis d'alors, se virent-ils contraints, malgré leurs forteresses de granit hérissées de canons, à couler leurs j)ropres vaisseaux dans les passes pour en inter- dire l'accès. Et, pendant que, dans la mer Noire, ils accomplissaient, pour leur sécurité, ce sacrifice suprême, dans la mer Baltique le doc- teur Jacobi inventait la torpille, venant ainsi au secours de la défense aux abois. La première impression produite par ce nouvel engin fut une sorte de crainte mystérieuse. Mais, nos matelots, bientôt dres- sés à les détacher du fond, prenaient un malin plaisir à cette pêche d'un nouveau genre, sans en être autrement intimidés. C'est donc à des considérations d'une tout autre nature qu'il conviendra d'attribuer l'inaction, peut-être voulue, des forces anglo-fran(.'aises dans la mer Baltique! C'est aussi durant cette guerre de Crimée qui vit se pro- duire dans les deux camps de si nobles courages et de si persévérants efforts, que des navires bardés de fer, invulnérables h l'artillerie d'alors, dus à l'inspiration de l'empereur Napoléon III, arrivèrent dans la mer Noire et réduisirent si facilement la forteresse de Kinburn, déroutant la défense! Mais, ces batteries flottantes étaient lourdes, peu manœu- vrantes ; nous avons aujourd'hui des vaisseaux portant une formidable artillerie. La défense en est toujours à la torpille. Aussi nous serait-il facile de démontrer l'impossibilité de défendre d'une façon absolument efficace Toulon, le seul port militaire que nous ayons dans la Méditerranée, si nous n'étions retenus par un sentiment de réserve patriotique. Les ])asses de Toulon seront défendues par des torpilles, protégées par des bateaux porte-torpilles, couvertes par un tel développement de forts et de batteries, qu'il nous est permis d'affirmer qu'aucune flotte ennemie, 384 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE si puissante tut-elle, n'osera tenter une action de vive force contre une rade qu'elle ne pourrait occuper pendant quelques heures sans être broyée par l'artillerie de nos forts. Aussi n'est-ce pas d'une occupation, même momentanée, que nous avons à nous inquiéter : ce que nous avons à redouter ici, c'est une œuvre de destruction contre laquelle nous nous sentons désarmés. Toulon, avec ses défenses fixes, une escadr*; et des bateaux-torpilles, constituant sa défense mobile, peut défier les plus grands ettbrts. Mais Toulon, avec ses impedimenta; avec son arsenal principal, ses deux arsenaux annexes du Mourillon et de Castigneau, avec ses bâtiments de réserve, avec son matériel inerte, ses chantiers de construction, ses magasins, ses entrepôts que rien ne peut mettre à l'abri des projectiles incendiaires de l'ennemi, est vulnérable à l'excès, et c'est précisément ce dont nous voudrions l'affranchir. Désormais, les meilleurs ports, les seuls bons, seront situés le plus loin possible de la mer, défiant, par cet éloignement même, non seule- ment l'artillerie actuelle, mais encore l'artillerie de l'avenir, aux pro- grès de laquelle nul ne saurait poser de limites. Or, si Marseille est à quelques lieues à l'ouest de Toulon, à 2 heures à l'ouest de Marseille s'ouvre l'étang de Berre, magnifique nappe d'eau de près de 18,000 hectares de superficie, avec des fonds de 10 mètres, existant déjà sur un espace 7 fois grand comme la petite rade de Toulon. Là, à 7 kilomètres de la mer, et à l'abri d'une chaîne de montagnes, allant de Martigues à Saint-Ghanat, dans la direction du sud au nord^ sur un parcours de 17 kilomètres, on peut remiser toutes les cales de construction, tous les chantiers, tous les ateliers, tous les entrepôts, et, d'abord et surtout, tout le matériel flottant de la marine du commerce; si compromis dans le port de Toulon, voué à une destruction certaine dans les ports de Marseille et de Cette. C'est- à-dire que, comme port de refuge, l'étang de Berre s'impose comme une nécessité immédiate, comme une œuvre de la plus élémentaire prudence. - L'étang de Berre est lié à la mer Méditerranée, par un canal allant de Martigues à Bouc, sur le golfe de Foz. Ce canal, qui était à peine navigable pour les bateaux de pêche, il y a trente ans, a été dégagé à 3 mètres de fond d'abord; puis à 6 mètres. Le pont tournant qui le ferme, à Martigues entre l'île et Ferrières, est établi sur un pivot central, constituant ainsi deux passes, dont les dimensions ont été calculées en prévision de l'avenir réservé à l'étang de Berre; leur largeur est de 22 mètres et leur profondeur de 10 mètres. Nos plus forts navires de guerre y passeraient aisément. Il suffirait donc, dès aujourd'hui, pour que l'é- tang de Berre pût être l'asile inviolable pour notre marine marchande A. SIBOUR. SUR l'ÉTAXG DE BERRE 335 en temps de guerre, et devînt accessible à la marine militaire, que le canal fût creusé à 10 mètres dans toute sa longueur ; que le petit port de Bouc fût également approfondi à 10 mètres et que l'on portât les fonds de la passe de Port de Bouc à la mer de 9 mètres à 12 mètres en raison de la levée possible avec les forts vents de sud-est. Les travaux déjà entrepris à Port de Bouc, sur les crédits alloués par le Parlement, semblent indiquer, dans l'esprit du gouvernement, des dispositions favorables à nos projets. Nous souhaitons de toute l'ar- deur de notre patriotisme, que nos vœux reçoivent enfin et bientôt une réalisation complète. L'étang de Berre fermé à tous les regards indiscrets, à l'abri de toute insulte, viendrait ajouter considérablement à la force défensive de Tou- lon. L'ennemi qui voudrait bloquer cette dernière place, redoutant une diversion du coté de Berre, serait tenu de diviser ses forces, et sa situa- tion morale serait d'autant plus affaiblie, que, pouvant mesurer au plus juste les moyens de défense de Toulon, il aurait sur ses ilancs ou sur ses derrières, dans les réserves de l'étang de Berre, un redou- table inconnu. Ajoutons encore cette considération purement tech- nique, mais d'une valeur capitale qui ne manquera pas de frapper l'esprit des hommes du métier. Supposons que Toulon soit bloqué, après avoir reçu dans sa rade, notre escadre battue dans une première rencontre, venant s'y ré})arer et demander des renforts pour affronter de nouveaux combats. On armera les navires tenus en réserve. Mais quelle valeur auront ces navires armés en toute hâte, dont la machine seule aura pu être essayée, et cela, au point fixe, au dynamomètre 1 Tandis que le même fait se produisant dans l'étang de Berre, chaque commandant pourrait s'y livrer à toutes les expériences de marches et d'évolution; exercer ses officiers et son équipage; se familiariser lui- même avec son personnel comme avec son matériel ; et, cela fait, mais alors seulement, il sortirait avec un navire prêt en tous points à affron- ter les dangers de la mer et les chances du combat. Tels sont, au point de vue militaire, les arguments fort écourtés qui militent avec une puissance qui nous paraît irrésistible, en faveur de l'ouverture de l'étang de Berre. Mais si de ces considérations, nous passons à celles que nous inspirent les besoins de notre commerce et de notre industrie, nous rencontre- rons d'autres arguments non moins décisifs. Quelle est, en effet, la situation de la France par rapport au canal de Suez, cette voie par où s'écoulent vers le vieux monde les trésors si recherchés de la Chine, du Japon, de l'Inde, et des îles de la Sonde. La France est géographiquement devancée sur cette route par les puissances riveraines de la mer Noire; par l'Autriche sur l'Adriatique; 336 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE par la Péninsule Italique. Le percement du Brenner, du Saint-Gothard et du Mont-Cenis, aura pour résultat immédiat, d'accentuer davantage encore, l'isolement de notre pays à l'ouest, en rapprochant le centre de l'Europe des bords de la Méditerranée. Ce serait la ruine de Mar- seille réduite pour lutter contre ses rivales, Constantinople, Trieste, Brin- disi, Naples, Gênes, etc., etc. à la seule voie ferrée qui la met en relation avec le nord de la France, avec l'Europe par notre frontière nord-est, — Mais la Providence, si peu prodigue à l'endroit de notre littoral, nous réservait do larges compensations à l'intérieur. Notre sol déjà si riche en productions de toute nature, est sillonné par nombre de cours d'eau, fleuves et rivières, plus ou moins navigables, et qui, améliorés et reliés par des canaux bien entendus, constitueraient le plus admirable réseau de navigation intérieure. De là, cette tendance incessante de l'esprit public, en France, vers les travaux de grande canalisation, qui naquit avec les premières années du xvi*^ siècle, et qui prend de nos jours un irrésistible essor. C'est que par le rétablissement de la batellerie, par la résurrection de la navigation fluviale et par canaux, la France revient apporter, jusqu'au cœur de l'Europe, les marchandises débarquées à Marseille, avec un allégement de dépenses, qui lui permet la plus victorieuse concurren'i'e, contre ses rivales, toutes contraintes, quoi qu'elles puissent faire, à gre- ver les marchandises débarquées à Trieste, à Brindisi ou à Gênes, des frais d'un long parcours sur les voies ferrées. Or, déjà en 1863, le Salut public, de Lyon, publiait sous la signature Man-Grassis, un article destiné à prouver l'importance future du canal Saint -Louis, dans lequel on lisait les appréciations suivantes : « On peut affirmer, sans crainte d'erreur, que nos voies navigables » améliorées, et le Bhône mis en communication directe avec la mer, » la moyenne" des transports fluviaux ne s'élèverait pas à plus de 2 » centimes par tonne kilométrique, c'est-à-dire qu'elle serait de 60 à » 70 0/0 inférieure à la moyenne des transports par voie ferrée. » Et si, comme tout le fait prévoir, et comme on le lui demande » de toutes parts, l'État renonce enfin au droit de navigation qui lui » coûte infiniment plus qu'il ne lui rapporte, puisqu'il n'est autre » chose qu'une entrave on ne peut plus nuisible à la production natio- » nale et par conséquent à la richesse publique, en même temps » qu'une prime à l'industrie étrangère, la moyenne de 2 centimes, » que nous venons d'indiquer, s'abaisserait encore notablement, et selon » toute apparence, tomberait à 1 centime et demi par tonne et par » kilomètre. » A ce prix : à nous le monopole du double transit d'Europe en Asie 9 et d'Asie en Europe ; à nous l'immense profit qui en découle ! » A. SIBOUR. SUR l'étang DE BERRE 337 Citons ici les paroles éloquentes prononcées par M. Charles Gounelle, délégué de la commission municipale de Marseille, à la commission inter-départeraentale, réunie à Lyon en mai 187o, pour rechercher les moyens d'améliorer les conditions de navigabilité du Rhône et la com- munication à établir entre le Rhône et la mer : « Pour peu que nous nous attardions dans la tâche virile que la » force des choses et un patriotisme éclairé nous imposent, nous serons » bientôt devancés et amoindris, dans cette lutte d'un nouveau genre, » qui emporte le monde et le précipite à la conquête des débouchés. » Or, comme on le disait fort justement à propos du canal Saint-Louis, alors que ce canal faisait concevoir à ses adhérents les plus brillantes espérances, il ne suffit pas d'améliorer nos cours d'eau et de les relier entre eux par tout un système de canaux, il faut donner au Rhône, notre grande artère fluviale, son libre accès à la mer. Mais, ainsi que le maréchal de Vauban l'a si énergiquement affirmé, la nature se refusant à tolérer l'existence d'un canal à travers les alluvionsdu Rhône, il faudra bien en revenir au canal projeté il y a trois siècles, décrété par l'empereur Napoléon I", achevé sous le gouvernement du roi Louis- Philippe, au canal d'Arles à Bouc. Par là, nos navires fluviaux pourront se rendre, sans transborder, le long des quais de Marseille, auprès des bâtiments de mer, par le canal de Caronte, et par un dernier canal qui reherait l'étang de Bouc, à la rade et aux ports de la grande cité. L'étang de Berre remplirait ainsi la double mission, d'être un puissant auxiliaire de la place de Toulon, et le trait d'union entre le commerce maritime et la grande navigation intérieure. Et, que faut-il pour cela ? Peu de chose pour nous qui avons vu s'élever la digue de Cherbourg, percer l'isthme de Suez, pour nous qui verrons le canal interocéani- que, nous en avons pour garant, l'indomptable énergie de l'illustre M. de Lesseps. Il faut : Relier l'étang de Berre à Marseille par un canal à petite section pour les seuls bateaux fluviaux ; Uniformiser à 10 mètres et au fur et à mesure des besoins, les fonds de l'étang de Berre ; Doimer 120 mètres de large et 10 mètres de fond au canal de Caronte; 10 mètres au port de Bouc et 12 mètres aux fonds de la passe qui le relie à la mer, en raison de la levée possible ; 11 suffit de vouloir ! 338 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE M. EMILE THELAT iJircrfeur de l'K.-oIe spi-etalc d'nrchitocture, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers LE FER DANS LES MAINS DE L'ARCHITECTE — Séance du 1 '^' septembre 1 S'y 9 . — On a immensément construit à Paris depuis vingt-cinq ans. Tout le monde le sait. L'importance des percements centraux et l'extension que la Ville a prise en reportant ses vieux murs d'enceinte aux remparts fortifiés n'ont pas seulement renouvelé les dispositions des maisons pari- siennes. Des matériaux, dont l'architecte ne connaissait pas l'usage, ont rempli ses chantiers et changé ses modes de construction. Je n'ai pas l'intention d'étudier dans son ensemble cette intéressante évolution. Mais je voudrais en retenir un trait curieux et le présenter à la section. Je crois qu'il n'y a rien d'exagéré à dire que depuis 1855, les architectes ont introduit un milliard de kilogrammes de fer sous forme de planchers dans les 35 ou 40 mille maisons qu'ils ont construit à Paris. Quand on examine d'un peu près les conditions dans lesquelles cette grande quantité de fer fonctionne mécaniquement, on découvre que ses parties fatiguées travaillent sous des charges, qui varient entre 8, 10 et 12 kilog. par millimètre carré. Et, pour mieux préciser, il faut dire que ces coefficients se réduisent rarement à 8 kilog. ; qu'ils sont dans la plupart des cas de 10 kilog. et très fréquemment de 11 et plus. N'est-il pas surprenant de rencontrer ces chiflFres dans une application aussi géné- rale que celle qui vient d'être signalée ; et n'est-on pas porté à y voir une inconséquence dangereuse quand on se rappelle ceux de 6 kilog. à 8 kilog., qui guident les ingénieurs dans leurs pratiques ? Il m'a semblé qu'il y avait ici motif à quelque commentaire utile. On se pose une première question. Comment se fait-il que les archi- tectes, si habitués à ne pas marchander la matière qu'ils introduisent dans leurs œuvres, et quelquefois si légèrement critiqués à cet égard, se soient en cette circonstance montrés plus avares que les ingénieurs ? Les faits répondent clairement. L'architecte n'a d'intérêt à étoffer les organes de ses édifices que dans ce qui se voit. L'harmonie des formes est, en effet, le but ultime de son art; et les formes, qui sont des résul- tantes de lumière et de matière en contact, n'existent pas et ne peuvent pas exister dans les profondeurs ténébreuses d'un plancher. La pensée architecturale n'avait donc pas de place ici, et l'architecte pouvait sans trahir ses principes, se laisser guider par des considérations aussi impé- rieuses qu'étrangères à son art. C'est ce qu'il a fait. E. TRÉLAT. — LE FER DANS LES MAINS DE l' ARCHITECTE 339 En même temps que l'industrie mettait à sa disposition le plus effi- cace des éléments constitutifs des planchers sous la figure d'un fer à double té, Paris se peuplait, les constructions se ramassaient, les étages se superposaient plus nombreux sur des terrains de valeur chaque jour accrue. La maison devenue matière à spéculation courante grandissait ses vides qui font les revenus, aux dépens des pleins qui les épuisent. Diminuer l'épaisseur des planchers pour donner quelques centimètres de plus à la hauteur des étages poussés en nombre, c'était le problème qui s'imposait à l'architecte. Il y donna tous ses efforts. Mais comme le fer, qui diminuait les épaisseurs, était encore coûteux relativement au bois, il fut conduit pour maintenir l'équilibre des prix, à réduire le nombre des pièces de ses planchers , à les écarter beaucoup. C'était juste ce qu'il fallait pour mettre le fer en condition de travailler sous des coefficients excessifs. La seconde question est celle-ci : « Gomment se fait-il que les archi- tectes qui n'avaient ni la connaissance, ni l'expérience des capacités mécaniques du fer, aient osé outrepasser les charges de sécurité, aux- quelles les parcimonieuses applications de l'ingénieur soumettent si scrupuleusement ce métal? » Il faut observer que ce n'est pas l'architecte qui a construit les planchers en fer de ses maisons. Il s'y est d'abord montré très récalcitrant. Mais les forges lui ont forcé la main. Elles l'ont séduit par trois arguments. Le premier le touchait beaucoup : l'épaisseur du plancher serait moindre avec du fer qu'avec du bois. — Le second ne pouvait le laisser indifférent: le fer n'est pas combustible; il réduit les chances d'incendies. — Le troisième fut décisif : chaque forge eut son barème adapté aux fers de sa fabrication; et ce barème, suffisamment étayé sur les expériences des ingénieurs et des savants, permettait de déterminer les échantillons de fer en double té, qui convenaient aux différentes portées des planchers, en faisant travailler le fer soit à 6 kilog,, soit à 8 kilog., soit à 10 kilog. Ce sont les forges qui, par l'intermédiaire des serruriers parisiens, ont introduit les fers à planchers dans les maisons de la capitale en même temps que les prix du bois forçaient les coefficients de travail du fer à dépasser les chiffres des barèmes et à s'élever, comme je l'ai dit, à 8 kilog., 10 kilog. et 12 kilog. Ce petit exposé montre comment s'est opérée la substitution du fer au bois dans les planchers de Paris, et explique l'influence économique qui a motivé l'intensité inattendue du travail qu'on a demandé au métal. Mais il n'est pas sans intérêt de distinguer les garanties que des millions de mètres superficiels offrent à la sécurité des Parisiens suspendus les uns au-dessus des autres dans de pareilles conditions. On remarquera d'abord que les fers à planchers sont généralement 340 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE des fers de médiocre qualité. Quelle que soit la bouté du minerai et de son traitement, la ligure du double té est contraire à la régularité du soudage pendant le passage au laminoir, et les criques sont très fré- (|uentes dans ces sortes d'échantillons. D'un autre côté, les chantiers des constructeurs de maisons sont loin d'être contrôlés comme le sont ceux des ingénieurs en ce qui concerne les réceptions du ter. On y laisse pénétrer bien des pièces défectueuses et des solives, trop souvent gauches, qui prendront plus tard une mauvaise assiette sur les murs. Aussi, soit que l'on considère la constitution du métal, soit que l'on fasse inter- venir le défaut de rectitude des âmes ou des semelles des solives, on exprime ici une opinion vraisemblablement juste, en disant que le fer d'un plancher calculé sur épure pour travailler à 10 kilog. ou 11 kilog. par millimètre carré, se trouve en réalité soumis à des efforts qui approchent si près des limites d'élasticité qu'on peut les considérer comme atteintes. Cela est, en effet, le cas pour les fers employés et auxquels on ne peut guère assigner de coefficient de rupture supérieur à 3:2 kilog. ou 34 kilog. Cependant, on ne manquera pas d'observer que les planchers en fer de Paris sont des ouvrages qui se sont parfaitement comportés. Les très rares accidents qu'on a pu signaler sont des faits causés par des circonstances tout à fait extrêmes, telles que des chutes de matériaux lourds tombant de très haut pendant la construction sur des solives des étages bas. Ils ne peuvent pas entrer en ligne de compte. On est donc amené à conclure que, dans l'espèce, le mode de construction adopté par les architectes est bien approprié sous le rapport de la sécurité. On le comprend, d'ailleurs, quand on réfléchit à la facile appréciation qu'on peut faire des charges maxima qui pèseront sur les divers planchers d'une habitation ou d'un édilice architectural quelconque. Ces charges exactement définies ne laissent pour ainsi dire place à aucun imprévu, pour peu qu'on y prête attention. C'est la grande différence qui distingue l'emploi du fer dans les planchers et dans les mille ouvrages variés des ingénieurs, où les moindres défigurations dans les parties portantes de l'édifice jointes à des charges exceptionnelles menacent d'accroître dans des proportions considérables le travail d'un ou plusieurs organes. On peut donc conclure que les planchers des maisons de Paris sont établis dans de bonnes conditions de sécurité. C'est un fait d'autant plus intéressant à noter que la substitution du fer au bois dans les planchers se répand sur toute l'étendue du territoire, et que l'on y proportionne partout le métal suivant les usages parisiens, c'est-à-dire en le sou- mettant à de très fortes charges. L'application spéciale que je viens d'étudier, montre que nos enseignements iixent trop rigoureusement le champ des ressources mécaniques du fer, et qu'il y a des circonstances, A. PIFRE. — SUR l'utilisation DE LA CHAUDIÈRE SOLAIRE 34i OÙ l'on peut, sans enfreindre la prudence, faire opportunément travailler le fer jusqu'aux voisinages les plus proches des limites d'élasticité. Les planchers en fer de Paris peuvent être envisagés à un autre point de vue que celui des résistances. On leur a justement reproché de mal intercepter le son entre les étages, d'être en eux-même très vibrants, et, par là, sonores. Sans entrer dans l'intéressant examen de cette question, je dirai que la tension des libres d'une solive qui travaille h un fort coefficient, est la condition même de sa sonorité. Aussi réduirait- on considérablement la critique très méritée qu'on adresse aux planchers de fer, en fortifiant leurs dimensions et, surtout, en assemblant solide- ment entre elles leurs différentes parties. C'est ce qu'on fera un jour. Les soins de plus en plus minutieux qui s'introduisent dans l'établisse- ment de nos habitations et la dépense qu'on y ménage de moins en moins, ne laissent pas de doutes à cet égard. Je me suis laissé aller à donner à cette note un titre un peu dispro- portionné. Je n'y ai, en effet, envisagé qu'une des nombreuses utilités que l'architecte tire du fer. Mais il n'y avait réellement pas lieu de sortir de celle que j'ai présentée. Dans les autres applications, où les capacités mécaniques du fer sont en jeu, l'architecte se soumet, comme à un minimum, aux conditions admises par l'ingénieur. C'est la seule chose à en dire. Quant aux ouvrages en fer, qui se distinguent exclu- sivement par les formes ou la finesse du travail qu'ils exigent, ce n'était pas ici la place de fixer le caractère de l'esprit qui les dirige. M. A. PIEUE Ingénieur civil. SUR L UTILISATION DE LA CHAUDIÈRE SOLAIRE DANS LES APPAREILS DE M. MOUCHOT. (extrait du feocès-verbal) — Séance du 3 septembre 1879. — M. PiFRE remercie rAssociation française de l'encouragement qu'elle à donné à l'invention de M. Mouchot. Il en rappelle le principe et montre quelles appli- cations on peut en faire dans les pays chauds. Il est impossible avec une len- tille d'obtenir une grande quantité de chaleur. Les réflecteurs seuls permettent d'utiliser les rayons solaires. On peut introduire dans les appareils Mouchot (io 0/0 de la chaleur solaii'e. Cette chaleur produit en Alyéiie, entre 7 heures 342 NAVIGATION. — GÉNIE GiVIL ET MILITAIRE du matin et midi, 17 calories par mètre carré de surface et par minute. Les chaudières chauffées par ce système peuvent produire par mètre carré de réflecteur -— - de cheval. Les réflecteurs argentés peuvent être remplacés par du fer-blanc sans pour cela augmenter beaucoup leur diamètre. Le rapport du prix de la chaleur obtenue ainsi à la chaleur obtenue au Chili au moyen delà houille est de -J-. Ces appareils seront excellents pour élever l'eau dans ces pays chauds où elle est indispensable. M. Léon EEÂICQ Ingénieur à Paris. LA LOCOMOTIVE SANS FOYER SES RÉSULTATS PRATIQUES ; APPLICATIONS DIVERSES DE SON PRINCIPE. — Séance du 8 septembre 1819. — r^.L'an dernier, au Congrès de Paris, une première communication a été faite sur la locomotive sans foyer. Nous revenons cette année sur cette question, pour communiquer à l'Association française, les résultats pratiques qu'ont fournis les loco- motives de ce système, sur une ligne où elles fonctionnent depuis le mois d'avril 1878; puis pour lui indiquer l'emploi qu'on peut faire diversement, dans l'industrie, des principes adoptés pour constituer la locomotive sans foyer. Dépenses de traction. — Il a été donné, dernièrement, des tableaux de dépenses de traction provenant de l'emploi des locomotives sans foyer sur le tramway à vapeur de Rueil à Marly-le-Roi (près Paris). Malgré tout le soin avec lequel on s'est attaché à établir ces dépen- ses, il a été impossible d'obtenir des chiffres absolument exacts. Il y avait en effet, comme dans toutes les entreprises nouvelles, des dépen- ses extraordinaires qui n'ont disparu qu'avec le temps et l'expé- rience. Les comptes d'exploitation du tramway à vapeur sus-dénommé, pour l'exercice 1878, accusent une dépense kilométrique de traction ainsi répartie : Traction avec les locomotives sans foyer. . . Fr. 0.4909 (1) Traction avec les locomotives à foyer. . . . 0.6423 (1) Ce chiffre a été ramené à 0 fr. 45 _c. à peine en 1879. LÉON FRANCQ. — SUR LA LOCOMOTIVE SANS FOYER 343 Ces prix comprennent les salaires des machinistes, chauffeurs, aides, manœuvres, visiteurs, chargeurs, ouvriers des réparations, la consom- mation des matières et du combustible, le renouvellement des machines et chaudières, l'éclairage, l'eau, etc., en résumé, tout ce qui touche à la traction ; les machines traînent presque toujours quatre voitures ; par conséquent, le prix de 0 fr. 49 c. et 0 fr. 63 c. sont plus naturellement applicables à un chemin de fer sur route qu'à un service de tramway. Les départs ont lieu d'heure en heure seulement entre Rueil et Port- Marly; les trains comprennent la machine et quatre voitures emportant quelquefois 300 voyageurs, soit un poids brut total de 36 tonnes. De Port-Marly à Marly- le-Hoi, on remorque deux voitures avec 100 voya- geurs environ. Les départs se font toutes les deux heures. Sur cette section, la rampe est continue et les déclivités atteignent souvent 0'",040, O-^jOSO et O'^,0o9 millimètres par mètre. Ces conditions d'exploitation sont certainement contraires au principe avantageux de la locomotive sans foyer qui exige, pour procurer le maximum d'économie, que les générateurs et le personnel du dépôt soient constamment et utilement en service. Ce qui ajoute encore aux prix de traction établis ci-dessus, c'est l'emploi, sur chaque machine, d'un chauffeur qui a été imposé inuti- lement par le cahier des charges de concession, lequel n'avait prévu que l'emploi des machines à feu. Malgré cela, les avantages économiques de la locomotive sans foyer se sont confirmés jusqu'au 31 décembre 1878. Depuis cette époque, l'exploitation a été dirigée par des administrations différentes. Ce qui n'empêche pas que la traction opérée dans les condi- tions défavorables indiquées ci-dessus, s'est toujours faite avantageuse- ment. Pour les tramways des villes, il serait difficile de préciser le prix auquel on pourrait faire la traction des voitures, avec des départs plus nombreux; cependant on peut inférer de ce qui précède, que ce prix serait inférieur à 40 centimes, puisque pour un plus grand nombre de machines, les dépenses fixes du personnel, de l'entretien, de la surveil- lance des générateurs, de la direction, de l'éclairage du dépôt, du per- sonnel des chargeurs et manœuvres, augmenteraient fort peu. En attendant qu'une application importante nous renseigne exacte- ment à cet égard, une pratique de plus de seize mois nous autorise à penser que l'application d'un grand nombre de machines sur un même point révélerait un prix très avantageux. L'économie du système résulte, en effet, de la différence des salaires des chauffeurs et aides des générateurs qui sont moins élevés que ceux des chauffeurs nécessaires pour chaque machine à foyer, du prix moins élevé du combustible, d'une meilleure utilisation de celui-ci, et surtout 344 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE de la diminution importante des dépenses de réparation et d'usure des chaudières. Du 15 avril au 31 décembre 1878, la Compagnie d'exploitation a consommé 32,994 kilog. de coke, 394,009 kilog. de houille, 10,036 kilog. de briquettes, d'après l'état statistique fourni au Ministère des travaux publics. On a tiré de là, la consommation moyenne : Par journée de travail de machine sans foyer : 1,330 kil. de houille. — — — avec foyer: 2,244 kil. de coke. Le coke coûte, y compris le concassage, de 48 à 50 francs la tonne; la houille tout-venant coûte de 28 à 30 francs la tonne. Les états dressés du l^"" janvier au 31 juillet 1879 accusent une con- sommation de combustible beaucoup moins élevée par les machines sans foyer, malgré les défectuosités d'installation des conduites de vapeur de l'enveloppe calorifuge et des générateurs stationnaires. Les réparations des machines sans foyer ont coûté la moitié des dépenses qu'ont occasionnées les machines à foyer pour un parcours égal. Sur cinq machines sans foyer, il y en a toujours trois en marche, une en réserve, toujours prête à partir, et une à l'atelier. La moyenne des dépenses kilométriques est de : pour le suif, 0 fr. 007 ; pour l'huile, 0 fr. 025; pour les chiffons et déchets, 0 fr. 002. En semaine, le parcours kilométrique exécuté par les machines en marche se fractionne ainsi : 38 trains réguliers entre Rueil et Port-Marly. Kilom. 277.400 4 — directs — — — 29.200 20 — réguliers et directs sur la rampe de Marly — 39.000 62 trains Kilom. 345.600 Depuis le 8 septembre 1878 seulement, le compte des dépenses d'usure des machines sans foyer a pu être tenu régulièrement jusqu'au 24 août 1879, ces dépenses se sont élevées à 533 fr. 65 ou 0 fr. 013 par kilomètre. Ce chiffre se passe de tout commentaire. Fonctionnement. — Depuis l'année dernière, le fonctionnement n'a pas cessé d'être satisfaisant. La statistique des accidents dans l'exploitation (déraillements, re- tards, etc.), telle qu'elle résulte des rapports quotidiens des chefs de service, établit que les causes d'arrêts sont plus nombreuses avec les machines à feu que par l'emploi des machines sans foyer. Les causes principales d'irrégularité de marche des machines à feu sont l'engorgement des injecteurs d'alimentation, l'encrassement de la LÉON FRANCQ. — SUR LA LOCOMOTIVE SANS FOYER 345 grille, l'insuffisance de vaporisation de la chaudière quand le train s'engage sur une rampe longue et à forte déclivité. Les machines sans foyer n'ont donné lieu à aucun accident résultant du système; ni le froid excessif, ni la neige, ni le verglas, ni les brouillards intenses de l'hiver dernier n'ont entravé leur marche (1). A l'Association britannique pour l'avancement des sciences à Shef- field, et avant cela, au Meeting de l'Institution des ingénieurs mécani- ciens de l'Angleterre, qui s'est tenu récemment à Glasgow, l'honorable M. Bergeron a bien voulu faire connaître les résultats obtenus par la machine sans foyer. L'accueil favorable ne lui a pas fait défaut en Angleterre, oîi l'on étudie actuellement l'emploi de la locomotive sans foyer pour opérer la traction des trains des chemins de fer souterrains de Londres, pour remplacer le service des chevaux dans les docks de Liverpool et sur les tramways de l'Angleterre, de l'Ecosse et des colonies Britanniques. A la session d'automne de l'Institution des ingénieurs mécaniciens de l'Angleterre, qui sera tenue à Manchester au mois d'octobre prochain, il sera présenté un mémoire complet concernant la locomotive sans foyer. Ce mémoire provoquera, sans doute, une discussion générale sur les moteurs proposés pour la traction des tramways et des chemins de fer sur routes, dans tous les pays. Parmi les moteurs, il faut distinguer les machines à air comprimé de Mékarski, à Paris, du colonel Beaumont, à Londres, de Scott Mont- crieff, à Glasgow, les machines à foyer de Merrywcather , Hughes, Rrauss, Brown, de Winterthur, Tilkin, Weyher et Richemond, Apsey, Duroy de Blicquy, Waessen, Mallet, Perkins, etc. ; et enfin, les machines sans foyer du D"" Lamme et Léon Francq. Cette dernière machine, qui se distingue par un principe particulier et nouveau, a eu à lutter, jusqu'à présent, contre bien des préventions et une hostilité bien manifestes. Mais, avec le temps et le concours de la lumière qu'apportent les Sociétés scientifiques comme l'Association fran- çaise pour l'avancement des sciences, il faut espérer qu'elle finira par triompher des obstacles qu'elle rencontre. En Autriche, les applications faites en présence de la Lieutenance Impériale-Royale de la Basse-Autriche, sur le tramway de Vienne â Simmering (cimetière central), ont donné de bons résultats. Dans le procès-verbal dressé le 24 mai dernier, la Commission a constaté, notam- ment, que « la locomotive sans foyer a remorqué 43 voyageurs dans (1) Pendant le rigoureux hiver de décembre 1879. par — 2*» de froid, et vingt-quatre heures après l'envahissement des neiges sur une épaisseur de O^.SO environ, le système des locomotives sans foyer n'a pas cessé de bien fonctionner. 346 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE » une voiture; qu'à l'aller et au retour des arrêts fréquents ont été » faits, et que l'immobilité absolue du train a été obtenue en 4 ou » S secondes en moyenne; que le parcours tant à l'aller qu'au » retour, a été effectué à peu près dans le même temps, soit en » 21 minutes pour un parcours de 4^000 mètres environ; qu'au retour, » et pour constater plus exactement les conditions de l'arrêt du train, » on l'a arrêté plusieurs fois, soit en palier, soit en pente ; qu'on a » marqué sur la voie à l'aide de signes convenus, le point d'arrêt du » train et qu'on a constaté que celui-ci, du serrage du frein à l'arrêt » complet, n'a pas été poussé de plus de 6"*, 50 en avant, dans l'un ou » l'autre cas ; que ce résultat doit être considéré comme très favorable ; » que pendant le trajet l'effarouchement des chevaux qui circulaient » dans la Reichstrasse, a été presque imperceptible, ce qui s'explique » facilement par le principe même de la machine qui ne dégage pas de » fumée par la cheminée, ne souffle pas et ne fait presque pas de bruit ; » que l'allure de la machine est douce, et enfin qu'il n'y a aucune » espèce d'objection à faire, ni en ce qui concerne la sécurité des per- » sonnes, ni en ce qui concerne la circulation publique, à l'emploi de » la locomotive sans foyer, sur le parcours qui a servi à l'expérience. » Applications diverses. — En France, depuis l'application faite à Rueil et Marly, l'Administration des ponts et chaussées a encouragé l'in- vention en essayant de l'appliquer à un bateau toueur qui est destiné au service de la navigation, sur le canal de l'Est, dans la section qui comprend le souterrain de Mauvages. On doit à l'initiative de MM. Frécot, Hirsch et Holtz inspecteurs et ingénieurs des ponts et chaussées, cette tentative d'approprier, sur un bateau toueur, des réservoirs à eau chaude qui reçoivent la vapeur des générateurs de vapeur ordinaires, quand le bateau fonctionne à ciel ouvert, et qui cèdent aux machines la vapeur qu'ils ont accumulée quand le bateau fonctionne en souterrain. — On espère que cette pre- mière application sera couronnée de succès; nous y reviendrons plus tard. L'application des machines sans foyer est également avantageuse pour faire la traction, dans les pays chauds où il y a des dangers fré- quents d'incendie pour les récoltes, les habitations, etc.; pour la traction des chemins de fer souterrains, dans les manufactures, usines, arsenaux, oîi la présence du feu constitue un inconvénient sérieux. Des études ont été faites pour des engins spéciaux fondés sur le même système à l'usage des manufactures, voies ferrées, etc. Détendeur. — Pour terminer, disons un dernier mot du détendeur de vapeur. L'étude de la locomotive sans foyer nous a amenés naturel- LÉON FRANCQ. — SUR LA LOCOMOTIVE SANS FOYER 347 lement à étudier longuement et minutieusement cet appareil et les résultats qu'il fournit. L'usage du détendeur est parfaitement " conforme aux lois nouvelles de la théorie mécanique de la chaleur. En effet, d'après Zeuner, la chaleur interne de la vapeur d'eau saturée et sèche, à 15 atmosphères est de : 573 -|- (0.234 X 198«8) = 619cai.89. Supposons qu'on détende cette vapeur à 4 atmosphères, en la faisant passer dans un récipient possédant un volume suffisamment grand; sa chaleur interne deviendra : 573 + (0.234 X 144») = 607cai-06. Différence 12cai.83. Or ces 12 calories 83 ne se perdent pas pendant le passage dans le détendeur, puisqu'il n'y a aucun travail extérieur produit ; elles servent à vaporiser les vésicules d'eau entraînées par la vapeur, et s'il reste encore de ces vésicules, celles-ci se vaporisent déiînitivement en pas- sant au contact de toute la masse d'eau à haute température. D'ailleurs, de nombreux et longs calculs qui nous ont permis de dresser les tableaux et graphiques communiqués au dernier Congrès démontrent que, dans le détendeur, le rendement d'un kilog. d'eau de 15 atmosphères à une atmosphère 20 se trouve augmenté de 46 kilo- grammètres 6. C'est la fausse interprétation du phénomène de surchauffe de la vapeur qui a induit en erreur M. l'ingénieur en chef Lavoinne, dans le travail qu'il a fait paraître dans les Annales des Ponts et Chaussées quand il conclut à une perte de 25 0/0. Cette perte n'a pas lieu en pratique. Il peut être avantageux d'employer utilement la détente dans de grandes limites, avec des machines hxes à condensation, en prohtant ainsi des hautes pressions; mais l'utilisation mécanique de la chaleur, malgré cela, n'est pas beaucoup augmc-ntée. — Ce qui paraît avantageux avec des machines hxes devient nuisible lorsqu'il s'agit de la distribution spécialement adoptée pour les locomotives, et quand on introduit dans les cylindres de la vapeur très chargée d'eau pour l'en faire sortir à une pression relativement élevée. C'est ce qui nous fait dire que l'em- ploi de la vapeur dans de grandes limites de détente ne peut pas être considéré comme rationnel, et qu'en pratique l'admission au tiers de la course est encore l'admission la plus avantageuse. Dans la locomotive sans foyer la vapeur est sèche; ce qui le prouve, c'est l'aisance et la promptitude avec laquelle les machines sans foyer opèrent leur démarrage, sans qu'il soit besoin de purger les cylindre sur un long parcours. 348 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE Les tableaux et graphiques exposés l'année dernière démontrent que le maximum de rendement mécanique de la vapeur se produit lorsque celle-ci est employée entre 3 et 4 atmosphères. On peut en conclure que pour obtenir le meilleur rendement du calorique cédé par la vapeur d'une chaudière, en travail mécanique effectif, on peut détendre la vapeur pour l'utiliser entre 3 et 4 atmo- sphères, après l'avoir réchauffée, tout en conservant le moyen de la distribuer avec un degré d'admission d'un tiers de la course du piston. • Il ne faut donc pas regretter l'obligation dans laquelle se trouve la locomotive sans foyer d'employer de la vapeur dans les limites de la plus haute et de la plus basse pression. Si, en pratique, la limite infé- rieure est fixée à 3 atmosphères, on reste, par l'emploi du détendeur, dans les conditions d'une excellente utilisation du calorique accumulé dans l'eau. Dans ce cas, il conviendra de calculer les dimensions des organes moteurs, pour qu'à la fin de sa course, la locomotive ait la puissance de traction nécessaire. — Comme avantage précieux, il reste le moyen de faire varier la puissance tractivc de la machine, suivant la volonté du machiniste, pour franchir un accident du parcours (courbe ou rampe) . Nous appelons l'attention de MM. les Ingénieurs des chemins de fer sur les avantages qui résulteraient des dispositions qui seraient adoptées sur les locomotives des chemins de fer, à profil variable, et qui auraient pour but d'employer ordinairement de la vapeur détendue et sèche, dans les cylindres, entre 3 et 4 atmosphères. — Il serait peu coûteux de tenter l'expérience, qui fournirait, peut-être bien, des indications nouvelles à l'art, déjà si avancé, de la traction des chemins de fer. M. BOÏÏYIEE Ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Avignon. LA FONTAINE DE VAUCLUSE. — Séance du ,3 septembre 1879. — Messieurs, Avant d'aborder l'étude de la Fontaine de Vaucluse, je me fais un de- voir de rendre hommage u la mémoire du poète illustre, qui en avait BOUVIER. LA FONTAINE DE VAUCLUSE 349 fait sa retraite préférée et qui en a immortalisé le séjour par les chants de ses chastes amours. Après Pétrarque, bien d'autres poètes et écrivains sont venus visiter ce lieu qu'il avait rendu célèbre : Bachaumont, Voltaire; Delille, Uou- cher, M"*^* Deshoulières et Verdier, Arthur Young, Alexandre Dumas, M. Mézières se sont plu, tour à tour, à le décrire sous les formes les plus brillantes et les plus imagées. Toutes leurs compositions respirent l'enthousiasme, et il est difficile, en efl'et, d'assister sans admiration au spectacle grandiose qu'offre la Fontaine de Vaucluse lorsque, gonflée par des pluies abondantes, elle se présente dans toute sa majesté. Détails descriptifs et historiques. — Pour arriver jusqu'à clic, on pénètre, par une issue unique, dans le cirque où elle prend naissance et que dominent, de tous les autres côtés, de hautes falaises calcaires. C'est au fond do ce cirque, au pied d'une barrière verticale de 200 mè- tres de hauteur, qui ferme la vallée {vallis clausa), qu'on voit avec surprise surgir d'un antre profond cette masse liquide dont la fraî- cheur, l'abondance et la limpidité contrastent avec l'aridité et la sau- vagerie du paysage. Ce flot liquide, dont le volume atteint jusqu'à 120 mètres cubes par seconde, s'élève d'abord avec calme et lenteur du fond de l'abîme; mais il gagne bientôt le seuil de rocher qui lui sert de déversoir et il trouve alors devant lui un lit pentueux, qui n'offre pas une déclivité moindre de O'",lo par mètre sur près de 200 mètres de longueur, où la nature semble avoir pris plaisir, pour contrarier son mouvement, à semer des blocs énormes , qu'on voit çà et là lecou- verts d'une mousse noirâtre. Animée soudainement d'une vitesse vertigineuse, cette eau, tout à riieure si tranquille, s'irrite des obstacles qu'elle rencontre à chaque pas, elle se brise avec fracas contre les faces et les angles de ces rochers, elle se divise en jets d'écume et de vapeur, et se transforme, tout à coup, en un torrent furieux, auprès duquel le spectateur reste confondu et comme terrifié. Dans la mousse blanche, qui surnage, la lumière diffuse s'introduit et se décompose, en mettant en évidence la teinte verte qui caractérise cette eau ; le soir les rayons du soleil couchant y pénètrent et font apparaître, çà et là , les couleurs irisées de l'arc-en-ciel. Tout cet ensemble, ce mouvement tumultueux, ce bruit étourdissant , cette écume, ces effets de lumière, produisent un tableau vraiment magique. Au pied de la cascade la scène change de nouveau ; l'eau redevient calme et tranquille. C'est le cours de la Sorgue qui commence, et l'in- dustrie, impatiente d'utiliser les forces motrices qu'elle renferme, s'em- presse de la dériver pour mettre en jeu les artifices de ses usines; plus 350 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE loin, c'est l'agriculture qui la réclame et qui l'emprunte par ses canaux d'irrigations. Elle se divise alors en une multitude de branches, portant partout sur son passage la fertilité et la richesse, jusqu'à ce que, après avoir mis en mouvement plus de 200 usines et avoir irrigué plus de 2,000 hectares, elle vienne se mêler au cours du Rhône, aux environs de Sorgues et d'Avignon. Lorsque au contraire les pluies ont été rares dans la région, le débit diminue successivement, et dès qu'il descend au-dessous de 22 mètres, le niveau de la source cesse d'atteindre le seuil de son déversoir; la cascade cesse en même temps d'être alimentée, et les eaux, abandonnant bientôt la cavité extérieure, se retirent dans une grotte qui lui fait suite et qui est creusée dans la falaise; si la sécheresse persiste, la baisse continue et on arrive enfin à n'avoir plus devant les yeux qu'une petite nappe liquide, contenue tout entière dans un espèce d'entonnoir, dont le diamètre supérieur et la profondeur ne dépassent guère 10 à 12 mètres. Lorsqu'il en est ainsi, la limpidité de l'eau permet de distin- guer nettement tous les contours de cet entonnoir et d'apercevoir dans le fond, à l'Est de la paroi, une sombre ouverture qui forme l'issue de la galerie d'amenée des eaux. Cette situation extrême ne se produit qu'assez rarement, et à la suite de grandes sécheresses. La constatation la plus ancienne, qui en ait été faite, remonte au 28 mars 1683 ; elle fut confiée, par le vice-légat Nicolini, à P. Mignard, peintre de la ville d'Avignon, et, d'après le procès-verbal qui en a été dressé, on peut estimer que le niveau de l'eau descendit alors à 19°*, 54 en contre-bas du seuil du déversoir. Le 17 janvier 1833, suivant un procès-verbal consigné dans le registre des délibérations du Conseil municipal de Vaucluse, le niveau descendit à un pied et demi plus bas encore, et on put lire, pour la première fois depuis, la date gravée par P. Mignard . Le 17 novembre 1869, un abaissement encore plus considérable se produisit; le niveau descendit à l'",56 au-dessous de celui de 1683, soit à 21'°,10 en contre-bas du seuil du déversoir. La constatation en fut faite par M. Reboul, géomètre du syndicat du canal de Vaucluse, qui posa un repère à ce niveau et en fit le zéro d'une échelle, ou sorguo- raètre, destinée à servir de mesure aux hauteurs de la fontaine. Enfin le 27 mars 1878, le sorguomètre n'ayant accusé qu'une hauteur de 0'°,56, on en a profité pour tenter, à l'aide du scaphandre, une exploration de la galerie d'amenée, dont je parlerai tout à l'heure. En dehors de ces faits exceptionnels, le niveau de la fontaine subit régulièrement chaque année une dépression assez sensible ; le spectacle grandiose que j'ai décrit disparaît alors; la cascade esta sec et les sources qui surgissent à son pied alimentent seules la Sorgue. Le débit BOUVIER. — LA FONTAINE DE VAUCLUSE 851 est cependant encore considérable : dans les cas les plus extrêmes, comme en 1869, il ne descend pas au-dessous de ^"'^SOO par seconde et il n'est pas inférieur, en étiage ordinaire, à 8 mètres cubes. Il est donc encore susceptible de rendre aux irrigations et aux usines, qui utilisent les eaux de cette source, de précieux services. Dans son remar- quable ouvrage sur les Irrigations du département de Vaucluse, M. Barrai porte la surface ainsi irriguée à 2,115 hectares et la force nette utilisée par les usines à 1,726 chevaux-vapeur; il estime que l'accroissement de richesse qui en résulte, pour l'heureuse contrée traversée par les diverses branches de la Sorgue, s'élève à la somme annuelle de huit à neuf millions et il en conclut avec raison que la Fontaine de Vaucluse est l'image vivante de la corne d'abondance. A cela d'ailleurs ne se bornent pas ses bienfaits. Par la limpidité à peu près constante de ses eaux, par l'uniformité et la fraîcheur de leur température, qui se maintient toujours entre 12o et 14", elle est natu- rellement très poissonneuse, et les espèces les plus estimées, la truite, l'anguille, l'écrevisse s'y développent à plaisir, en y acquérant une chair exquise. Malheureusement les déjections de plus en plus impures des usines, les procédés de pêche de plus en plus destructeurs, les imperfections même de la législation, qui a été conçue dans un esprit trop général pour tenir compte de la situation exceptionnelle des cours d'eau de cette nature, sont venus mettre obstacle à ce développement; et, depuis quelques années, on peut craindre de voir bientôt tarir cet élément de richesse et de bien-être. Le conseil général de Vaucluse s'est ému de ce danger et l'a signalé à l'Administration, qui se préoccupe aujourd'hui des mesures à adopter pour y porter remède. Elle espère y parvenir par une surveillance plus active et par la création de nom- breuses réserves ; mais, sans nier l'utilité de ces moyens, je ne puis m' empêcher de croire qu'ils ne seront qu'un palliatif insuffisant, tant qu'une modification à la législation actuelle ne permettra pas de faire coïncider, sur les cours d'eau soumis, comme la Sorgue, à des condi- tions de température exceptionnelles, les époques d'interdiction de la pêche avec celles du frai. Quoi qu'il en soit, il suffit de se rappeler des temps encore peu éloi^ gués pour reconnaître combien la Sorgue est propre à la reproduction du poisson et quelles ressources elle a dû offrir sous ce rapport dans l'antiquité. Cela seul a dû suflire pour faire rechercher son voisinage par les peuplades primitives, qui vivaient des produits de la pêche et de la chasse, et si l'on ajoute à cela la fertilité naturelle de ses rives, la fraîcheur et la limpidité de ses eaux, la magnificence et le mystère de son apparition, on ne peut mettre en doute que, dès les temps les plus reculés, la Fontaine de Vaucluse n'ait été considérée, suivant la 382 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE coutume païenne, comme une divinité bienfaisante et qu'elle n'ait eu son temple, ses prêtres et ses adorateurs. Les vestiges de ce culte ancien ont disparu, dispersés par le temps ; cependant quelques traces en ont subsisté, et le docteur Guérin, dans un ouvrage très intéressant publié en 1804, donne la description de nombreuses figures antiques retrouvées par lui sur les murs de l'église du village de Vaucluse, qu'il suppose avoir été construite avec les débris d'un temple païen. Plusieurs de ces vestiges se rapportent à l'époque romaine et prouvent que les conquérants des Gaules ne manquèrent pas, à leur tour, d'ho- norer la divine Fontaine; mais ils ne se bornèrent pas à ce culte pla- tonique : ils étaient trop friands des eaux de source fraîches et limpides, ils attachaient trop d'importance à l'alimentation de leurs villes pour ne pas utiliser, quelque importance qu'eussent les travaux à faire, une source pareille, dont on peut s'étonner que nos nombreuses villes modernes, placées dans son voisinage, n'aient pas cherché à faire la base commune de leurs distributions publiques. Aussi trouve-t-on dans la vallée qu'elle parcourt et à peu de distance de son origine, plusieurs vestiges d'un aqueduc romain important qui, suivant toute probabilité, servait d'adducteur aux eaux destinées à l'alimentation de la ville d'Arles et au service de ses spectacles naumachiques. Origine de la source. — Pendant longtemps la question de l'origine de ces eaux est restée irrésolue et le poète s'est incliné devant ce mys- tère : Déesse de ces bords, ma timide ignorance N'ose lever sur vous des regards indiscrets; Je ne veux point sonder les abîmes secrets Où de l'astre du jour vous fuyez la puissance (M""" Yerdier.) On l'a attribuée d'abord à l'échappement d'un lac lointain ; la con- naissance plus exacte de la physique du globe et les révélations de la géologie n'ont pas tardé à faire abandonner cette hypothèse, incompa- tible, d'ailleurs, avec les variations incessantes de la source. L'idée d'une dérivation souterraine de la Durance a eu plus de parti- sans et pouvait paraître plus plausible. Cette rivière décrivant un grand circuit autour de la fontaine à une distance relativement faible, et son niveau atteignant, dans la partie supérieure de son cours, des altitudes notablement supérieures à celles de la source, la chose ne semble, en effet, présenter rien d'impossible ; il est difficile d'admettre cependant qu'un volume aussi important puisse s'échapper de ce cours d'eau sans qu'on s'aperçoive de sa disparition, et cette objection acquiert une grande gravite lorsque, comme le 8 septembre 1854, le débit de la BOUVIER. LA F( (MAINE DE VAUCLLSE 3-^3 Durauce descend à oo mètres cubes par seconde, alors qu'eu même temps le volume de la fontaine n'est pas moindre de 12 mètres cubes. Les observations organisées depuis 1874, par les soins de la commission météorologique de V'aucluse, ont fait cesser à cet égard toute incertitude : elles permettent de comparer les hauteurs de la Sorgue, relevées au bassin des Espeluges, avec les hauteurs correspondantes delà Durance, relevées au pont de Pertuis, et de reconnaître que, s'il y a quelquefois entre les deux écoulements des similitudes, que l'influence climatologique commune explique assez naturellement, il y a cependant des discor- dances très nombreuses et très accentuées qui seraient inexplicables s'il y avait entre eux une certaine dépendance. La véritable explication du phénomène a été donnée, il y a déjà vingt-cinq ans, par un ancien ingénieur en chef de Vaucluse, M. Bouvier, dont je m'honore d'être le neveu et dont j'ai pris plaisir à continuer les intéressantes recherches. Dans une note sur l'origine des sources, publiée en iSoo dans les Annales des ponts et chaussées, il s'est exprimé à ce sujet de la manière suivante : <( Le terrain néocomien, qui circonscrit le mont Vt*ntoux,se continue au sud et à l'est de cette montagne et occupe un espace très considé- rable, qui s'étend de la fontaine de Vaucluse à Sisteron, c'est-à-dire règne sur 70 kilomètres de longueur et dont la largeur varie entre 26 et 5 kilomètres. C'est là, à mon avis, le bassin de la fontaine de Vau- cluse, et j'ai été conduit à l'admettre en recoimaissant qu'on ne trouve ni sources, ni puits, sur toute cette étendue ; que comme pour le Ventoux, les ravins y sont constamment à sec, si ce n'est dans des cas tout à fait exceptioimels ; que les eaux de pluie, alors même qu'elles tombent sur des cônes renversés, sont immédiatement absorbées, et que les quelques villages qui sont bâtis sur cette espèce de désert ne sont alimentés que par des eaux de citerne. Cela admis, le bassin de la fontaine se trouve naturellement cir- conscrit par les limites du terrain néocomien et par le ravin très profond de la Nesque, qui le sépare du mont Ventoux; j'ai mesuré très exactement celte surface sur la carte géologique, en traçant des lignes parallèles très rapprochées, et j'ai trouvé qu'elle est de 96,500 hectares. C'est un plateau élevé, où les pluies doivent être plus abondantes que dans la plaine, et, par les mômes considérations que j'ai développées plus haut, je prendrai 0"',85 pour le chiffre de la hauteur d'eau qui y tombe annuellement. Le volume total est donc de 8o0,2o0,000 mètres cubes; en divisant ce chiffre par 31,536,000, nombre de secondes dans l'année, je trouve, pour le débit moyen des sources alimentées par le bassin, 26 mètres cubes, volume qui satisfait évidemment, soit au débit de la fontaine de Vaucluse, soit aux pertes qui peuvent résulter de 23 354 NAVir.ATlON. — O.ÉME CIVIL ET MILITAIRE IVvaporatlon ou des écoulements dont il est impossible de tenir compte. )> Les observations do la commission météorologique de Vaucluse ont pleinement contirmé, depuis, cette explication. Elle a installé, en etiet, sur le plateau dont il s'aj^it, plusieurs stations pluviométriques placées à des altitudes ditlerentes et à des distances de plus en plus éloignées de la fontaine. Les indications qui y ont été recueillies, de 1874 à 1878, graphiquement représentées au-dessus des hauteurs correspondantes de la courbe des débits de la source, ont permis de voir avec quelle régu- lai-ité et avec quelle rapidité les variations de la pluie, à chacune de ces stations, se ti'ansmettent à la courbe des débits de la source; un inter- valle de !24 heures ou de 48 heures au plus, suivant l'éloignement, suffit à cette transmission qui, sauf un léger ralentissement, dû aux difficultés de la circulation souterraine, s'opère avec la même ponc- tualité que s'il s'agissait d'un bassin ordinaire et d'un cours d'eau à ciel ouvert. Il n'est donc pas douteux que ce plateau, où les eaux de pluie s'in- filtrent presque instantanément, ne forme le bassin alimentaire de la fontaine, et la seule difficulté est d'en déterminer les limites précises. Étendue du bassin alimentaire. — On sait que le calcaire néoconiien est formé de couclies puissantes, placées à la base du terrain crétacé et traversées par des fissures, des crevasses, des c^Dnduites en forme de boyaux irréguliers et des cavernes, qui communiquent les unes avec les autres et dont l'allure est indépendante de la stratification. Ces crevasses et cavernes sont connues en quantités innombrables dans toute la bande néocomienne qui s'étend des Alpines jusque dans le Jura Bernois ; ainsi dans les Bouches-du- Rhône, le Gard, Vaucluse, la Drôme, l'Ardèche, jes montagnes de Voiron et de la Chartreuse, tout l'ouest de la Savoie, les montagnes de Vaud et de Neufchâtel, elles sont très multipliées et le plus souvent elles recueillent les eaux pluviales pour les rendre sous forme de sources abondantes. A l'époque éocène, elles ont fréquemment donné passage à des eaux ascensionnelles qui ont amené à la surface du sol des dépôts de fer hydraté, d'argile réfractaire et de sable exploités dans un ti-ès grand nombre de localités. Dans Vaucluse. ou trouve encore quelques-unes de ces crevasses remplies de fer hydraté à Lagues, aux environs de Shniane, à Gordes, à l'ouest du mont Ventoux (Baume-du-Chat) ; de plus, les dépôts formés par ces extravasements, désignés sous le nom de terrains sidérolitiques, y occupent de vastes étendues et y forment, sur certains points, comme au nord d'Apt, à Roussillon, à Bedoin et à Mormoiron, de véritables montagnes, et si l'on songe que ces masses BOUVIER. — LA FONTAINE DE VAUCLUSE 353 ont été expulsées des crevasses du terrain néocoinien voisin, on peut ji^er de l'immensité des vides souterrains qu'elles y ont laissés. En consultant la carie géologique de la région (planelio II), on voit que ce terrain néocomien s'étend en niasse puissante depuis Sistcron à l'est, où il apparaît en pointe, jusqu'à la plaine du Comtat vers laquelle il se dirige en s'élargissant et en s'inclinant. Il repose au nord sur les assises compactes du calcaire oxfordicn, puis il est délimité de ce côté par la vallée profonde du Thoulourenc, sur le versant rive gauche de laquelle, à une grande hauteur, apparaissent les assises marneuses, qui forment la couche inférieure du néocoinien et dont l'imperméabilité s'oppose à l'écoulement des eaux souterraines. Au sud, le versant rive droite de la Durance, où apparaissent successivement les dépôts ter- tiaires, les assises compactes de l'oxfordien et les couches marneuses du néocoinien inférieur, lui sert de limite. Enfin à l'ouest il est recouvert à son pied des dépôts tertiaires qui vont rejoindre la plaine du Comtat. Il forme donc un vaste triangle, dirigé de l'est à l'ouest, ayant son sommet i\ Sisteron, ses côtés sur les versants rive gauche et rive droite du Thoulourenc et de la Durance, sa base sur la ligne supérieure des dépôts tertiaires de la plaine. Entre ces limites est concentrée une grande et puissante masse néocomienne, lissurée et crevassée dans tous les sens et toute disposée pour recevoir, dans des cavités souterraines immenses, les eaux de pluie qui tombent à sa surface; elle repose sur un fond d'assises mar- neuses imperméables et elle est bordée de toutes parts de terrains également imperméables ; il est évident dès lors que les eaux de pluie doivent s'y réfugier et s'y emmagasiner jusqu'à ce ([u'elles puissent trouver' une issue par le point le plus bas de la ceinture (|ui les enferme. Ce point bas, c'est la fontaine de Vaucluse et on conçoit ([ue dans de pareilles conditions cette fontaine, tout en étant soumise aux variations de la pluie sur la surface du bassin alimentaire, reste toujours large- ment alimentée et qu'elle conserve toujours sa limpidité. Qu'on imagine une vaste éponge, pourvue de larges et nombreuses cellules, posée sur un fond imperméable et entourée d'un mastic égale- ment imperméable, qui s'élève tout autour d'elle à une grande hauteur et dont l'arête ne s'abaisse que sur un seul point : qu'on suppose ensuite qu'on verse de l'eau d'une manière discontinue sur cette éponge et on aura la représentation de ce qui se passe dans le bassin de la fontaine. Les cellules conunencent par s'humecter, puis le fond du bassin se renqjlit jusqu'au niveau du point bas, ensuite un écoulement constant s'elfectue par ce point; il variera sans doute avec la (Quantité d'eau versée, mais il subsistera pendant longtemps quoique le versement 3S6 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE de l'eau ait cessé et l'introduction d'eaux troubles, s'il n'y a pas excès, n'altérera pas sa limpidité. Le néocomien ne règne pas cependant sur tout l'espace triangulaire que Je viens de définir : la chaîne de Lure, le mont Ventoux, les monts et les plateaux de Vaucluse, l'ossature du Luberon lui appartiennent, sans doute; la gorge de la Nesque elle-même, quelque profonde qu'elle soit, a été creusée dans sa masse et contrairement à l'opinion de M. Bouvier, qui en faisait la limite nord du bassin alimentaire de la fontaine, son lit presque toujours desséché nous paraît attester que les eaux de ses versants vont se rendre dans la réserve commune. Mais dans la vallée du Coulon, située entre les monts Vaucluse et le Luberon, le néocomien est recouvert de dépôts subséquents : grès vert, déjections sidérolitiques, terrains tertiaires, qui y régnent presque partout et se relèvent à de grandes liauteurs sur les deux versants. Le néocomien n'y apparaît que sur un point, au-dessous d'Apt, dans le fond même de la vallée, aux abords d'un ouvrage romain appelé le pont Julien; il y affecte la forme d'une bande étroite et allongée placée au milieu des terrains sidérolitiques et de grès vert, qui, peu consistants et faciles à enlever par les érosions, ont disparu pour le mettre à découvert. Sa seule présence sur ce point, à une altitude de 100 mètres, notablement supérieure encore à celle de la fontaine, dont le seuil est à 105™, 55 et dont les sources les plus basses émergent à la cote 82, me paraît suffire cependant pour démontrer qu'il existe dans toute l'étendue de la vallée et qu'il se continue sans interruption, en dessous des terrains dont je viens de parlei-, du Ventoux et des monts de Vaucluse à la crête du Luberon ; le relèvement de ses couches, en approchant de cette crête, et l'inclinaison de leur stratification inverse de celle du Ventoux me donnent donc lieu de penser que ces deux chaînes ferment les limites sud et nord du bassin alimentaire et que la vallée du Coulon, au moins dans sa partie supérieure, où la présence du grès vert ne met pas obstacle à l'infiltration des eaux, y est comprise, de même que celle de la Nesque. Cette opinion est conforme à la description de la fontaine de Vaucluse donnée par Elisée Reclus dans sa Géographie universelle. « Quand les pluies, dit-il, ont été fortes sur les plateaux voisins, tout percés d'avens ou abîmes qui laissent pénétrer les eaux dans les fissu- res sous-rocheuses; quand la Nesque ou le Calavon (le Coulon) qui cou- lent, l'une au nord, l'autre au sud du massif de calcaires caverneux et désagrégés de Vaucluse, ont gonflé la source par leurs infiltrations sou- terraines, elle déborde par-dessus le talus de débris et descend du seuil de l'ouverture en cascade. » C'est d'après cet ensemble de considérations que me paraît devoir BOUVIER. — LA FONTAINE DE VAUCLUSE 357 être fixée la ligne terminale du bassin alimentaire de la fontaine. Elle traverse la vallée de la Nesque dans sa partie inférieure et elle sépare, à l'extrémité ouest du Ventoux, une certaine surface du néocomien for- mant le bassin alimentaire de la source du (Irozeau, qui jaillit au-dessus de Malaucène, aune altitude de 440 mètres, avec un débit d'étiage d'en- viron 200 litres par seconde. Dans là vallée du Coulon, elle remonte de manière à atteindre des niveaux sensiblement supérieurs à celui du seuil de la fontaine de Vaucluse, et elle sépare également, sur l'extrémité ouest du Luberon, une surface d'une certaine étendue, dont les eaux sem- blent devoir se rendre dans les alluvions de la Durance, sous lesquelles plonge le néocomien aux environs de Cheval-Blanc et de Mérindol. Ainsi délini, ce bassin sensiblement plus étendu que ne l'a supposé M. Bouvier, occupe une surface totale de 165,000 hectares ; comparée à la hauteur moyenne des pluies constatées aux stations dont j'ai parlé, laquelle a été de 0"',55 de 1874 à 1878, et au débit moyen de la fon- taine de Vaucluse, lequel a été de 17 mètres cubes pendant la même période, elle fait ressortir un volume d'infiltrations souterraines qui représente les 60 0/0 de la hauteur d'eau tombée. C'est là une proportion rationnelle, qui semble justifier la ligne terminale que j'ai admise. Je ne prétends pas cependant lui attribuer dès à présent un caractère absolument certain; je ne la formule que comme une probabilité, et je laisse à des expériences ultérieures, assez faciles à réaliser, comme on le verra tout à l'heure, le soin de déterminer avec une plus grande précision les limites réelles de ce bassin. Les avenu. — Cette structure particulière du sol intérieur du terrain néocomien, cette excessive perméabilité à laquelle participent les couches supérieures du grès vert, ces cavernes spacieuses qui servent de récep- tacle aux eaux de pluies, les facilités que celles-ci éprouvent à s'y ren- dre et à y circuler, enfin les dislocations qui ont accompagné, à l'époque éocène, l'expulsion de ces masses sidérolitiques qu'on retrouve sur tant de points, ne peuvent manquer d'être accusées à la surface. Aussi est-elle criblée de ces espèces de puits naturels, abîmes souvent inson- dables, qu'on rencontre dans tous les terrains de cette nature et qu'on désigne, tantôt sous le nom de findouls, tantôt sous celui d'avens. C'est cette dernière dénomination qui a prévalu ici, et les avens jouent un rôle important dans les histoires et dans les légendes locales. Beau- coup d'entre eux ont des noms connus et sont l'objet de récits plus ou moins authentiques ; je me bornerai à citer les plus remar- quables : Celui de Cruis, situé près du village de ce nom, arrondissement de Forcalquier, dont le diamètre supérieur n'est pas moindre de 33 mètres, est de ce nombre. Il passe pour avoir englouti, dans une nuit obscure 358 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE et par une tempête, un berger et son troupeau, et la légende ajoute que l'on vit quelque temps après sortir de la fontaine de Vaucluse le bâton du berger. La tradition raconte qu'on y précipitait autrefois les femmes adultères. On lit dans ['Histoire générale de Provence, dit M. Pelloux, qu'un prêtre voulut connaître l'intérieur du gouffre et en sonder les profondeurs, mais il fut tellement effrayé par les oiseaux nocturnes et par les spectres qu'une imagination troublée lui fit entre- voir qu'il en devint fou le reste de ses jours. Plus tard, vers la fin du siècle dernier, M. Verdet d'Ongles, muni d'un thermomètre, d'une lanterne, d'une petite poulie, d'une longue corde terminée par une boule de plomb et d'une seconde corde plus forte, put y faire plusieurs fois des observations intéressantes; il descendit jusqu'à 66 mètres, y resta une heure sans que sa lanterne s'éteignît et sans qu'il éprouvât la moindre gêne à respirer, et il constata que le thermomètre qui mar- quait 22° centigrades à l'orifice, était descendu, au point où il était par- venu, à 8°. M. Pelloux signale aussi l'aven de Coutelle, à l'ouest de Lardiers, arron- dissement de Forcalquier, dans lequel on découvre une grande cavité latérale dont le toit est parsemé de plusieurs groupes de belles stalac- tites ; les pierres qui tombent dans cet abîme s'arrêtent quelquefois au bout de sept secondes, sur un rocher formant saillie, mais bien sou- vent elles franchissent cet obstacle et, continuant leur chute, elles pro- duisent un bruit que l'on entend encore au bout de douze et même de quatorze secondes, lequel va s'affaiblissant de plus en plus sans que rien indique que la pierre ait cessé de descendre vers les entrailles de la terre. J'ai chargé moi-même, ces temps derniers, M. le conducteur des ponts et chaussées Vial de faire des recherches sur les avens de la région Vauclusienne et d'opérer des sondages sur un certain nombre d'entre eux ; il a été généralement assez difficile d'obtenir des résultats un peu concluants, à cause de la direction inclinée que prennent ordinairement ces puits naturels et des obstacles que la sonde ne tarde pas à y rencon- trer ; trois de ces sondages ont cependant donné des résultats intéressants : Celui de l'aven du Toumple, qui est situé à un kilomètre et demi au nord-ouest du château de Javon et dont l'ouverture rectangulaire a 1 mètre sur 4 mètres. Sa profondeur a pu être mesurée jusqu'à 95 mètres. Celui de l'aven du Grand-Gérin, qui est situé dans le voisinage de la Devandoure, dans un ravin aboutissant à la combe Malavard et qui pré- sente la particularité de deux ouvertures jumelles, séparées d'abord par un rocher sur 10 mètres de profondeur, et n'en formant qu'une ensuite. La sonde a pu y descendre aussi jusqu'à 95 mètres. BOUVIER. — LA FONTAINE DE VAUCLtISE 359 Enfin celui de l'aven de Jean-Nouveau, qui est situé à 2 kilomètres au sud-ouest de Sault. La sonde y est descendue à 180 mètres. Son orifice a la forme d'un entonnoir, dont le diamètre, d'abord de 10 mètres, n'est plus que de 2°>,50 à 5 mètres de profondeur. Détermination des limites du bassin alimentaire. — Le nombre des avens qui apparaissent à la surface du sol est considérable, mais il en existe encore beaucoup qui sont invisibles, soit qu'ils se soient fermés naturellement sous l'action des apports charriés par les eaux de pluies, soit qu'ils aient été bouchés par les habitants, soit, et il doit y en avoir beaucoup dans ce cas, que leurs orifices aient été obstrués ou recou- verts, quelquefois sur de grandes hauteurs, par l'espèce de lave sidéro- litique qui s'est extravasée par leur canal. Il arrive parfois que ces derniers, sous l'action lente et répétée des infiltrations pluviales et par l'entraînement, dans les cavités inférieures, de la terre de recouvrement, viennent à se déboucher et à apparaître à la surface. L'un de ces éboulements, survenu aux environs de Saint- Christol, dit Scipion Gras, et provoqué par une pluie violente, a donné lieu, vers la fin du siècle dernier, à un fait très remarquable qui paraît authentique. Peu de temps après la chute de la terre, la fontaine de Vaucluse a pris une teinte ocreuse et elle est restée ainsi colorée pen- dant plusieurs jours. Ce fait est une preuve de la relation qui existe entre les avens répan- dus sur la surface du bassin alimentaire de la fontaine de Vaucluse et les immenses galeries ou cavités qui servent de réceptacle à ses eaux ; il indique le moyen de déterminer avec plus de précision les limites du bassin alimentaire. On peut, en effet, en utilisant le pouvoir colorant de la fluorescine, qui est tel qu'une partie de ce corps peut être recon- nue dans 20,000,000 de parties d'eau, renouveler l'expérience suivante faite, sur la proposition de M. Ten Brink, pour reconnaître si les sources de l'Aacli, quoique éloignées d'environ 14 kilomètres, sont alimentées par les eaux du Danube : « Le 9 octobre 1877, à cinq heures du soir, on versa dans le Danube 50 litres environ d'une dissolution de fluorescine; le 12 octobre les observateurs s'assurèrent que les eaux de l'Aach étaient colorées ; il avait fallu 60 heures pour que les eaux colorées traversassent le sol ; la coloration augmenta dans cette journée du matin au soir et fut nette- ment visible jusqu'au 13 octobre à trois heures du soir. Il ne pouvait y avoir aucun doute et il fut reconnu que l'Aach est alimenté, au moins en partie, par les eaux du Danube (I). » (•I) Annales det Ponts et Chaussée*. — Chronique d'avril iS78. 360 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE On peut aussi recourir à une autre matière colorante ou à une disso- lution saline et en verser successivement une quantité suffisante dans les avens situés sur les confins présumés du bassin. L'altération des eaux de la source fera connaître la correspondance de son bassin avec les avens expérimentés et le temps de sa transmission fournira des in- dications précieuses sur les difficultés du trajet des eaux souterraines et surtout sur l'importance de la masse liquide interposée, obligée de subir une altération générale avant qu'elle puisse être constatée à la source. C'est donc là une expérience intéressante à tenter et à suivre, avec une grande attention, dans toutes ses manifestations. Configuration souterraine du bassin. — Mais l'étude de la fontaine de Vaucluse ne doit pas se borner à la détermination de l'étendue et des limites de son bassin ; il faut aller plus loin et pénétrer dans l'intérieur du sol pour bien connaître la constitution intime de son régime. C'est surtout là qu'on doit s'attendre à des révélations curieuses et inatten- dues, à des découvertes utiles et on peut dire que les recherches extérieures dont je viens de parler, quelque intérêt scientifique qu'elles paraissent présenter, ne doivent être considérées que comme le prélude de celles qu'il conviendra de faire dans les entrailles de la terre. Tout porte à croire, en effet, qu'on doit trouver ici la reproduction des phénomènes merveilleux qu'une nature moins avare de ses secrets a permis de découvrir dans le Karst de l'Istrie et de la Rarniole. Là aussi on est dans les terrains crétacés inférieurs et on rencontre, en grande abondance, une argile ferrifère d'un rouge intense, désignée sous le nom de Terra rosa du Karst, qui ne me paraît être autre chose que la terre sidérolitique de Vaucluse ; les circonstances hydrographiques y sont aussi les mêmes : « C'est le calcaire, dit le docteur Tietze, qui a donné lieu à la confi- guration des montagnes et des vallées de la chaîne tout entière. Il détermine aussi la manière dont se recueillent et se distribuent les eaux de pluie. Mais comme ce calcaire compte parmi les roches les plus destructibles et les moins résistantes à l'action des eaux, il devient clair que ces montagnes doivent être traversées par de nombreuses fissu- res, des trous et des excavations. C'est cet état qui explique aussi pour- quoi dans le Karst les eaux atmosphériques ne forment nulle part de réseau de cours d'eau présentant un écoulement régulier. Les pluies sont absorbées immédiatement par le sol ou bien elles se déversent, après un court trajet à la surface, dans les crevasses et les fentes qui existent de tous côtés . A l'intérieur des montagnes, elles se rassemblent dans des cavernes servant de réservoirs, dont beaucoup ont entre eux des commiunications. » BOUVIER. — LA FONTAINE DE VAUOLUSE 361 Parlant des nombreuses excavations souterraines, l'auleur cite ensuite les grottes d'Adelsberg qui ont pu être explorées sur une longueur de 3,000 toises (1) et qui sont traversées, depuis Adelsberg jusqu'à Flanina' par une rivière la Poïka, qui, en revenant au jour près de Flanina' échange son nom contre celui de Unze. Une autre rivière la Rckka présente aussi un cours souterrain. Celte dernière s'infiltre dans le massif calcaire de Saint-Canzian et ne revient au jour que près de son embouchure dans la mer, à Duimo. Son parcours souterrain comporte S railles ou 38 kilomètres. Les nombreuses ouvertures qui existent sur la surface du sol présentent souvent une forme plus ou moins verticale. Ce sont des trous, des crevasses et des entonnoirs d'une largeur et d'un diamètre qui varie d'une toise à un quart de lieue d'étendue. A Terne- tisch se trouve un gouffre vertical de S70 pieds (180 mètres) de profon- deur et près de Bossovitz il existe, dans un affaissement, un trou qui n'a ■ qu'un diamètre de 6 pieds, mais une profondeur de plus de oOO pieds (1S8 mètres) et dans lequel viennent s'engouffrer toutes les eaux des environs. L'ensemble des grottes, cavernes et galeries qu'il a été possible d'ex- plorer jusqu'à ce jour n'embrasse pas une longueur moindre de 10,090 toises ou de 18,75 kilomètres; la plus remarquable est la grotte d'Adels- berg dont M. Victor Tissot, dans son ouvrage : Vienne el la Vie vien- noise, a fait la description suivante : « La Carniole, dit-il, est le pays des merveilles souterraines. Sous ce sol hérissé de cailloux, de blocs erratiques, il y a des floraisons miné- rales splendides, des grottes merveilleuses, des cavernes plus belles que celle d'Ali Baba et de ses quarante ministres, des souterrains qui vous conduisent à des palais de fées. » Les grottes d' Adelsberg dépassent tout ce que l'imagination la plus fantastique peut rêver; les concrétions calcaires, les stalactites et les stalagmites y simulent des arbres, y forment des forêts de cyprès et de palmiers; ici elles tombent en larges draperies aux plis harmonieux, là elles s'élèvent en colonnades, en pilastres, elles se courbent en ogives et en nefs, comme des cathédrales gothiques, et, au milieu de toutes ces lignes capricieuses, on aperçoit de vagues figures d'hommes et d'ani- maux. On trouve dans ces cavernes des lacs noirs, peuplés de poissons dont les yeux sans nerf optique, sont à l'état rudimentaire, des reptiles informes également aveugles, des chauves-souris et une quantité de mouches, d'arachnides, de crustacés sans yeux ; on entend des chutes de cascades et des sources qui murmurent comme des gnomes que votre présence contrarie. Deux fois par an, on accourt de Vienne et de Trieste (1) Le mille autrichien a une longueur de 7,S88 mètres : la toise de 'l"'.89)i: le pied de 0",3ie. 362 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE pour assister à rillumination de ces grottes que la superstition populaire peuple d'esprits mystérieux et d'êtres invisibles et surnaturels. » On est loin cependant d'avoir pu visiter toutes les curiosités souter- raines du Karst et le sol des excavations dans lesquelles il a été possible de pénétrer, parsemé de trous et de fentes qui permettent de percevoir clairement le bruissement des eaux qui coulent dans des étages infé- rieurs, atteste qu'au-dessous des cavernes accessibles, il en existe encore d'autres, plus spacieuses, où d'immenses réservoirs servent de point de départ aux divers cours d'eau qu'on y voit, çà et là, surgir du sein de la terre. Réservoirs intérieurs. — Ces écoulements souterrains, ces vastes amas d'eau existent indubitablement aussi sous les calcaires arides et cre- vassés qui forment le bassin alimentaire de la Fontaine de Vaucluse; on peut même, en consultant les débits qui persistent après les plus grandes sécheresses, se rendre compte, par un calcul pour ainsi dire mathématique de l'importance des nappes d'eau qui les alimentent. Ainsi, le 22 mars 1878, à la suite d'une sécheresse à peu près abso- lue, qui avait régné depuis le commencement de décembre, le niveau de la fontaine était descendu à la cote 0™,56 de son sorguomètre; dans un sol aussi facile à traverser, toutes les infiltrations avaient cer- tainement disparu et l'alimentation ne se faisait plus qu'au moyen des réserves souterraines; cependant, jusqu'au 28 mars, c'est-à-dire pen- dant 7 jours consécutifs, le débit s'est uniformément maintenu à 6'"%10 par seconde, tandis que le niveau ne s'est abaissé que de 0™,11 ; l'écou- lement total a donc été de 3,689,280 mètres cubes pour un abaisse- ment de O"",!! dans les nappes alimentaires, d'où l'on est conduit à conclure que la surface de ces nappes était au moins égale à ce mo- , 3,689,280 oo u . . j • rp , , , . ,1, ment à ~ ■ = 33 hectares et demi. Tout porte à croire, et 1 ex- 0.11 périence au scaphandre dont il va être parlé le démontre, que ces nap- pes ont de grandes profondeurs; on peut juger par là de l'importance des volumes d'eau qui restent enfouis dans le sol sans être uti- lisés. Ces nappes sont probablement accumulées dans le voisinage de la source, mais il en existe aussi à des étages plus élevés et j'en ai trouvé la preuve en visitant un travail intéressant récemment exécuté, dans le voisinage de Ferrassières, au pied de la montagne de Lure, à une alti- tude d'environ 1,000 mètres : là, sur un sol aride, comme le sont tous ceux du bassin alimentaire de la fontaine, un propriétaire (1) a eu \\) iM. Millet, juge au tribunal de Valence. BOUVIER. — LA FONTAINE DE VAUCLUSE 268 l'infénieuse idée de chercher à utiliser les eaux d'une couche aquifère, dont l'existence lui paraissait attestée par la présence constante de l'eau au fond d'un aven, situé dans son domaine; après de laborieux efforts, il est parvenu jusqu'à cette couche par une galerie souterraine et il a mis au jour une source précieuse, dont le débit, en étiage, n'est pas moindre de 2,000 litres par minute. Ce simple exemple suffit à démontrer l'utilité qu'il y aurait à connaître dans tous ses détails la configuration souterraine du bassin alimentaire de la fontaine, puisque cela pourrait permettie, par l'exécution de tra- vaux semblables, de fertiliser une partie de l'immense contrée deshéritée de ce bassin. La découverte des vastes réservoirs souterrains dont je n'ai pu que conjecturer l'existence, permettrait d'aller leur emprunter, à l'époque ■<*^j' i^' ' 9 \^ ÉcheUe apprommalive de o.ooi par notre s,. \,- Fig. 38. des sécheresses, les volumes considérables qui y restent aujourd'hui inu- tilisés ; elle fournirait aussi, sans doute, le moyen de profiter des bas- sins que la nature y a créés, pour y retenir, par des barrages peu coûteux, des approvisionnements plus importants encore; de pareilles réserves, placées à l'abri de toute évaporation, constitueraient des res- so irccsprécieuses pour régulariser le cours de la Sorgue, et, en atté- nuant la grïivité de ses crues, elles permettraient d'accroître dans une 364 NAVIGATION. — • GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE notable proportion l'étendue de ses irrigations, ainsi que la force mo- trice de ses usines. Exploration de la galerie d'amenée {ûg. 38 et 39). — Toutes les recher- ches entreprises pour arriver à cette découverte présentent donc un vif Coupe suivant A.B.C.D. 0,b&N(veaud«ezu>t5jourd«roperalian Echelle àppPO«imat.ive d« o.oo'/b par meu-e. Vig. 39. intérêt et l'on ne sera pas surpris que, profitant des basses eaux de 1878, j'aiecherché, dans ce but, à renouveler l'expérience inutilement tentée par M. Reboul, en 1869, pour pénétrer dans la galerie d'amenée des eaux. Sur ma proposition, M. le directeur du syndicat du canal de Vaucluse (1) accepta volontiers, au nom de ce syndicat, de se charger des frais de l'opération ; elle fut confiée au sieur Oltonelli, plongeur expérimenté du port de Marseille, et elle commença le 26 mars, en présence de M. le (1) M. Gabriel verdet. BOUVIKIt. LA FONTAINE DE VAUCLUSE 36o préfet de Vaucluse (1), de la plupart des membres du syndicat et d'une foule nombreuse, distribuée sur le plan incliné qui sert d'accès à la grotte. L'eau était très claire et on distinguait nettement dans le fond, creu- sée dans la paroi est , l'ouverture de la galerie d'amenée des eaux, en partie masquée par un énorme bloc, légèrement incliné, qui ne laissait de libre, à droite et à gauche, que deux ouvertures en forme de seg- ments circulaires. .>^i^'ii«»*t-&j*i-»-.v, ; Parvenu au pied de ce bloc, à une profondeur de 40 mètres sous l'eau, le plongeur avant de s'engager dans l'une de ces ouvertures, jugea pru- dent de se débarrasser d'un assez grand nombre de blocs mobiles, réunis dans le fond et dont le peu de lixilé pouvait rendre sa descente dangereuse. Il les fit successivement rouler dans la galerie au moyen d'une pince, en les dirigeant vers l'ouverture de droite, qui était plus facilement accessible ; il put, en même temps obst^rver, pour chacun d'eux, le temps du roulement et reconnaître qu'il se terminait toujours par un bruit sourd semblable à celui d'une chute. Ce temps, plusieurs fois constaté, fut uniformément de 78 secondes et il permit déjà d'ap- précier, dans une certaine mesure, la profondeur de l'abîme. Le sieur Ottonelii nous donna ensuite les dimensions du bloc, dont la largeur moyenne est de 2'",50, l'épaisseur de 1"',70, la hauteur de o mètres et le cube de 21 mètres. Il reconnut que, placé sur le milieu de l'orifice et un peu inclin éde l'ouest à l'est, il avait sa base solidement assise sur le seuil, mais que sa tête ne s'appuyait sur la surface glissante du sommet de la voûte que par un bloc de petite dimension, formant clef. Il nous exprima la pensée qu'il ne serait pas difficile, en enlevant celte clef ou en intro- duisant quelques cartouches de dynamite dans la masse, de faire sauter ce bloc et de dégager l'orifice, et il nous proposa de le faire. Mais quel- que tentante qu'ait pu paraître, au premier abord, celte proposition, je ne crus pas devoir l'accueillir. Il eût été à craindre, en effet, qu'une masse pareille, quoique divisée, venant à s'introduire dans la galerie, n'y créât des obstacles à l'écoulement, susceptibles de nuire à son cours naturel. Il me parut, d'autre part, que ce bloc se trouvait là providentiellement placé, comme une espèce de robinet destiné à rétrécir le conduit et à atténuer l'importance des crues, et qu'à ce point de vue encore, il ne pouvait y avoir que des inconvénients à le faire disparaître : il fut donc respecté. Le lendemain 27 niar.> , le plongeur s'engagea résolument dans la (I) M. Spiillcr. 366 NAVIGATION. GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE jj:alerie, joar l'ouverture de droite, et, lorsqu'il disparut aux regards, lors- que pendant un intervalle de vingt minutes, sa présence dans le sombre abîme, où nul être humain avant lui n'avait encore pénétré, ne fut plus accusée que par les dégagements de l'air venant sortir par le sommet de l'orifice, les spectateurs ne purent, tout d'abord, se défendre d'un certain sentiment d'anxiété. Il renouvela plusieurs fois cette expé- rience et il arriva ainsi à nous fournir les indications nécessaires pour dresser le croquis ci-joint (fig. 39), qui représente le profil approximatif de cette galerie. Une obscurité de plus en plus profonde et la crainte de rencontrer une chute dangereuse, l'empêchèrent d'aller plus loin, il s'arrêta donc à une distance de 20 mètres de l'orifice , sous une profondeur d'eau de 23 mètres ; mais un boulet lancé par lui et retenu par une corde dont une des extrémités était entre nos mains, nous permit de reconnaître le fond et de l'évaluer à 30 mètres au-dessous du plan de l'eau. Une explo- ration nouvelle, exécutée avec une lanterne facilement portative, lors- qu'une autre circonstance favorable viendra à se présenter, fournira le moyen de pousser plus avant ce genre d'investigation et d'évaluer avec plus de précision la profondeur de la nappe souterraine voisine, mais le résultat précédent fournit déjà à cet égard une indication importante; il permet, en effet, en considérant la hauteur de 30 mètres comme une moyenne et en l'appliquant à la surface précédemment trouvée de 33 hectares et demi, d'évaluer le volume intérieur, actuellement inuti- lisé et susceptible d'être employé à régulariser les débits de la fontaine, à près de dix millions de mètres cubes. Conclusion. — Ainsi, soit qu'on cherche à expliquer scientifiquement un des faits naturels les plus remarquables de la France, soit qu'on veuille mettre à découvert des merveilles enfouies dans le sein de la terre, soit enfin qu'on se préoccupe de répandre la fertilité dans des ré- gions arides ou d'accroître la richesse d'une contrée plus heureusement partagée, les recherches relatives à la détermination du régime interne de la fontaine de Vaucluse présentent un haut intérêt : Une exploration plus attentive des avens, quelques expériences avec une matière colorante ou une dissolution saline convenablement choi- sies, enfin le renouvellement, avec des moyens plus complets, de l'opé- ration effectuée en 1878 dans la galerie de la source elle-même, pour- ront déjà donner de nouvelles et utiles indications à ce sujet. Mais cela ne saurait suffire, et pour parvenir au but, il faudra donner à ces recherches un caractère plus important : il faudra entreprendre sur cer- tains points favorables, comme dans le lit du Coulon aux abords du pont Julien, ou dans celui de la Nesque, aux environs de Monieux, des p. VIAL. — FORMATION DES VENTS ET ONDULATIONS DE LA MER 367 sondages prolonds, destinés à faire connaître la nature des couches suc- cessives traversées jusqu'à la rencontre des marnes néocomiennes et à accuser la présence des cavités ou des nappes souterraines qui peuvent y exister. Il faudrait aussi exécuter, sur d'autres points , notamment dans le voisinage de la fontaine, des galeries horizontales ou inclinées de manière à aller rencontrer les conduits et les excavations qui servent de réceptacle aux eaux. La commission météorologique de Vaucluse semble naturellement appelée à se charger de ces recherches et de ces travaux, mais quoique les dépenses qu'ils exigent n'aient pas une bien grande importance, elles sont cependant supérieures aux faibles res- sources dont cette commission dispose et auxquelles elle doit d'ailleurs donner une autre destination : elle ne pourrait donc les entreprendre que si des allocations spéciales lui étaient accordées pour cet objet ou si les souscriptions généreuses de quelques amis de la science lui en fournissaient les moyens. En attendant , il m'a paru intéressant d'exposer l'état actuel de la question et de faire ressortir les conséquences probables qu'on est en droit de déduire des faits déjà connus : il m'a paru surtout important, messieurs, de signaler à votre attention l'utilité de pousser plus avant l'investigation dont l'origine de la fontaine de Vaucluse a déjà été l'ob- jet, afin de mettre au jour tous les mystères qui l'environnent encore. Je m'estimerai heureux si j'ai pu vous faire partager ma conviction à cet égard et j'espère, s'il en est ainsi, que vous voudrez bien encourager d'un vœu favorable les recherches dont il s'agit. U, p. YIAL Cai)itaine de frégate en retraite, Agent gOnérul de la Compagnie Transatlantique au Havre. ETUDES EXPERIMENTALES SUR LA FORMATION DES VENTS ET SUR LES ONDULATIONS DE LA MER ( li X T R AI T ) — Séance du i sep te m b r e i 87 9 . — A chaque nouvelle traversée, les marins les plus expérimentés constatent de nouveaux faits, des phénomènes qui avaient échappé à leurs observations antérieures. Des honmies instruits et expérimentés comme Lartigue, Maury, Keller, l'amiral Bourgeois, le commandant Ausart cnt exploré tour à tour le champ 3t)8 NAVIGATION. (;KMK CIVIL KT MlLllAIHE iaépuisable des hypothèses atiii d'arriver à formuler les lois qui régissent les mouvements de l'air et de l'onde. Us n'ont pu encore nous donner des explica. tions complètement satisfaisantes du spectacle infiniment varié qui s'offre aux regards du navigateur. Nous devons donc rechercher avec persistance les éléments de l'un des plus importants problèmes qui intéressent la navigation et les mettre à la disposi- tion de la science afin qu'elle puisse en retour nous fournir les moyens de lutter contre le vent et la mer, 1. — ou VENT. Les anciens marins se préoccupaient surtout des variations, de la force et de la direction du vent qui était le principal moteur de leurs navires. L'in- fluence directe des courants atmosphériques sur la surface des mers, sur la formation des vagues, faisait de cette étude le point de départ des connais- sances du manœuvrier. Pour l'observateur isolé sur un navire, les principales et les plus sûres indications concernant la formation des vents et leurs variations étaient don- nées par les formes et les mouvements des nuages, voiles immenses abandon- nés à des hauteurs différentes, tantôt agglomérés en masses épaisses par les temps de calme et de petites brises variables qui précèdent les orages, tantôt déchirés et éparpillés par les chocs violents des ondes aériennes. D'autres fois, lorsque la brise est régulière et soutenue, les nuages sont entraînés par petits flocons ou par bandes légères à mesure que les vapeurs dont ils sont formés s'élèvent de la surface des eaux. Dans chaque région, des symptômes particuliers indiquent aux pilotes, quelquefois plusieurs jours d'avance, les vents qui doivent régner. On est d'accord aujourd'hui sur la plupart des causes qui provoquent les mouvements généraux de l'atmosphère et qui ont pour conséquence l'épuration do l'air et le maintien d'un certain équilibre entre les diverses températures de la surface du globe. L'air échauffé des régions équatoriales se dilate et s'élève. Il est remplacé par des couches plus froides qui descendent du pôle vers lequel il est entraîné après avoir abandonné, en s'éloignant de la terre, une partie du calorique par lequel il avait été influencé d'abord. Ce double courant de l'équateur vers le pôle et du pôle vers l'équateur, subit plusieurs déiivations dont la plus impf.rtante est causée par sa combi- naison avec le mouvement diurne de la terre qui, tournant sur elle-mêms en vingl-qualrc heures, de l'ouest à l'est, imprime à l'air dans la zone des vents alizés une vitesse constante de l'est à l'ouest. La direction générale de ces courants atmosphériques est à peu près le nord-est dans l'hémisphère nord et le sud-est dans l'hémisphère sud. Mais dès que l'une des forces créatrices de ces mouvemeuts a diminué d'in- tensité, dès qu'un ou plusieurs obstacles se présentent ou agissent en sens différents, des réactions ou des changements se produisent et donnent des zones de calme, des vents variables et des vents de la partie de l'ouest. Entre ces régions sont des espaces intermédiaires où les vents de directions p. VIAL. FORMATION DES VENTS ET ONDULATIONS DE LA MER. 3 69 opposées se heurtent ou se comninent pour créer des tourbillons, des trombes et des cyclones. Tenons compte des changements de température à la surface des eaux et à la surface du sol suivant les saisons, mentionnons les déviations résultant du voisinage des côtes, des terres, des montagnes, de l'action des marées, de celle des courants, de l'attraction des astres, de la rencontre sous certains angles des nuages qui, tantôt sont très denses et opposent une véritable barrière à la brise, la faisant dévier ou l'arrêtant jusqu'à ce qu'elle broie et disperse les nuées, tantôt sont légers, se confondent avec l'atmosphère, sont pénétrés par le vent, marchent avec lui jusqu'à ce qu'ils aient été modifiés en route par la chaleur, le froid ou de nouvelles rencontres. Pour bien se figurer les effets, la nature et le régime du vent, on peut le comparer à l'eau d'un ruisseau dont tous les filets sont animés de vitesses différentes dans des directions diverses généralement très rapprochées, mais quelquefois diamétralement opposées et affectant une forme circulaire, selon les sinuosités du lit de la rivière, selon les formes et les résistances des obsta- cles apparents ou cachés, fixes ou flottants auxquels vont se heurter les molécules liquides. Lèvent agit de même, soit au large, soit à terre. 11 est composé d'un faisceau de filets à peu près parallèles animés de vites- ses très irrégulières, et les causes de ces irrégularités ne sont pas toujours apparentes. Dans un parc, au milieu d'une immense pelouse unie, des arbres puissants auront été déracinés, tordus ou brisés par la tempête alors que des arbres plus frêles auront été respectés à quelques pas d'eux. Dans une prairie, on voit ^'herbe se courber et se relever en lignes ondulées et capricieuses sous les variations infinies de la brise. A la mer, une risée subite que rien n'aura annoncée à l'ofiîcier de quart passera brusquement à travers la mâture, défonçant une voile ou brisant un espars si la voilure n'a pas été sagement réglée en prévision de ces écarts capricieux du moteur. On le voit encore mieux lorsque, par un temps calme, on attend, les voiles pendantes le long des mais, une brise qui vient de l'horizon. Des souffles inégaux la précèdent et font frissonner l'eau par petites places les voiles la reçoivent l'une après l'autre, retombent et se gonflent de nouveau. Une zone de vent est parfois bien établie alors que parallèlement régnent des lignes de calme. Généralement on n'observe que les variations de direction du vent dans le plan horizontal; ce sont les plus grandes et les plus brusques. — Au com- mencement et à la fin des coups de vents, on voit souvent à terre les girouettes osciller sans aucun repos de io" à A0\ donnant ainsi les directions instanta- nées des filets aériens qui viennent les heurter. A la mer, les pennons et les flammes des navires donnent des indications moins précises. Mais l'œil exercé du marin constate les variations avec une précision suffisante d'après les rides qui se '.«roduisent à la surface de l'eau et d'après les faséiements des voiles. 24 370 NAVIGATION. GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE Il se manifeste forcément aussi des irrégularités de direction de la brise dans le plan vertical. Elles sont atténuées par l'influence immédiate de la surface des eaux qui tend à les rectifier lioriz(jntalement. Cependant on a vu assez fréquemment des mâts ou des arbres tordus ou arrachés par un puissant effort du vent ayant une composante verticale, et on conçoit aisément que la rencontre de nuages, de terres ou de fortes lames modifient de haut en bas ou de bas en haut la course horizontale d'im fluide. C'est par les effets du vent sur la surface des eaux que l'on peut le mieux constater les variations des directions horizontales et verticales de chacun des filets ou courants d'air qui composent le courant général. On peut conclure de toutes les observations que nous avons faites que l'air est continuellement agité par des courants très divergents qui sont ramenés à certaines directions générales par des influences dont la plupart sont bien connues; par des changements brusques de la température, par le mouve- ment de la terre, par les attractions des différents corps, par la rencontre d'obstacles divers résistants ou mobiles dans les tourbillons aériens. A la surface de la mer, ces courants sont constamment ramenés à l'horizon- talité par la proximité du plan horizontal des eaux. A la surface des terres, les vents prennent des directions parallèles aux principales lignes du sol et subissent, de ce fait, d'énormes variations en force et en direction. J'ai vu dans le golfe de Bahia-Nueva, en Patagonie, le vent suivre avec une violence redoublée la déclivité d'une côte régidièrement inclinée vers le Nord, frapper sous un angle de 45'' environ la surface de l'eau, à une dis- tance de 100 mètres de la terre, et enlever sur une ligne parallèle à la côte une crête de lames assez épaisse qui se divisait en poussière fine à la hau- teur de notre grand'hune. J'ai revu quelquefois le même phénomène dans des circonstances analo- gues, mais jamais sur une aussi grande étendue. Une lame d'eau très mince s'élevait en écumant en face du rivage sur une très grande longueur et elle s'éparpillait par le sommet lorsqu'elle était parvenue à une hauteur de 12 mètres environ. Les influences de la température du sol sur les courants aériens ont été observées de tout temps. Nos pêcheurs et nos pilotes attribuent les coups de vents que nous avons à la fin de la canicule, à la coupe des blés qui dépouille brusquement une partie de la terre de son abri et la livre à des changements rapides de tem- pérature. La grande irrégularité des vents, surtout dans la région que nous habitons, a été admise à toutes les époques. Des coups de vent dévastent des campagnes oîi, de mémoire d'homme, des tempêtes soufflant avec la même violence et dans la même direction n'avaient pas été constatées. En 1860, à Aden, après plusieurs années de séchei-esse, un violent orage couvre la ville et les campagnes d'une pluie diluvienne qui détruit les toits des maisons et les parcs à cliarbon établis sur le port. p. VIAL. — FORMATION DES VENTS ET ONDULATIONS DE LA MER. 371 Dans d'autres jiays, les brises sont très régulières, et alors qu'elles souf- flent doucement dans les plaines, elles s'engouffrent dans les vallées profon- des et se déchaînent avec furie dans les défilés étroits. On peut affirmer néanmoins que toutes les irrégularités du vent ont des causes matérielles plus ou moins appréciables, et qu'un marin expérimenté et altentif doit toujours les prévoir dans une certaine mesure. II. — DES VAGUES. Les vagues sont formées à la surface de la mer par le vent dont elles re- produisent et répercutent fidèlement tous les efforts. L'eau est un miroir mobile sur lequel il faut lire rapidement l'impression instantanée des filets aériens; car elle se modifie et disparaît bien vite. Tous les observateurs ont remarqué la séi'ie d'empreintes rapprochées, jux- taposées, à peu près parallèles dans leurs lignes et semblables à une carapace d'écaillés que le vent fait apparaître en effleurant les eaux. Quelle que soit l'origine de la brise, si elle avait une direction horizontale rigoureuse, elle aurait peu d'influence sur l'élément liquide, et les ondulations résultant de son passage ne seraient point a redouter pour les marins. Dans certaines circonstances, sa composante verticale est très faible, presque nulle. Ainsi, quelquefois, les vents alizés ou d'autres vents réguliers, dont les vitesses ne sont pas modifiées par des vapeurs ou par des courants aériens -contraires ou moins rapides, acquièrent graduellement une grande vitesse et impriment aux navires des sillages de 10 à 12 nœuds sans que la mer ait grossi. Cet intéressant phénomène a lieu fréquemment lorsque les vents alizés augmentent de force à mesure que le soleil s'élève. La chaleur augmente alors régulièrement à la surface des eaux, et les vapeurs qui s'élèvent "-raduelle- ment de la mer montent lentement dans l'espace, laissant ainsi un champ libre et régulier à l'expansion normale de la brise. Il n'en est pas ainsi généralement, surtout dans la zone des vents varia- bles. Lorsqu'il fait calme, alors que la mer est unie comme un miroir, ce que les Provençaux appellent une mer d'huile, les marins assistent parfois à l'arrivée de la brise et à la formation des vagues. Les premiers souffles du vent traversent d'abord les régions élevées de l'espace, emportant les nuages en flocons légers, puis en tourbillons. L'eau reste immobile et s'assombrit si les nuages, trop épais, résistent à cette pre- mière impulsion et s'agglomèrent en formant un voile au-dessus de l'horizon Puis la partie inférieure de la colonne d'air se rapproche, quelques risées et quelques filets aériens, divergeant de la masse, agitent les voiles et rident sur quelques points, la surface de Peau. Enfin le vent frappe la mer qui subit, sur une grande étendue, une série de chocs à peu près parallèles et obliques par rapport à l'horizon, ayant tous une composante horizontale et une composante verticale très variables toutes les deux et influencées par une foule d'actions diverses. Les composantes verticales, souvent aussi fortes que les autres, provo- quent les ondulations et en accélèrent le développement. Les composantes 372 iSAVKJAïION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIHE Iiorizonlales les propagent et leur impriment nn mouvement de translation qui est quelquefois très rapide. Citons les cliiffres qui ont été donnés dans la Revue maritime d'avril 1879, par M. Antoine, ingénieur de la marine. 11 indique, pour la hauteur la plus grande des lames, 10 mètres 2 dixièmes, pour leur longueur, de crête en crête, 211 mètres, et pour leur vitesse 18 mè- tres par seconde, soit, en chiffres ronds, Gi,OOÛ mètres ou 3G nicuds à l'heure. En passant le cap Ilorn, en ■387-4, nous avions vu des hunes de -ii à 15 mè- tres de hauteur environ, de 120 mètres de longueur, animées d'une vitesse de 29 milles à l'heure. >ios ohservations nous paraissent devoir être exactes à un dixième près. Une remarque a été fiiite par tous les navigateurs. Les lames qui se succè- dent par un mouvement continu ne sont pas animées d'un mouvement régulier, elles n'ont pas les mêmes formes ni les mêmes dimensions. A de très petites distances, la même ondulation atteint des hauteurs très différentes, variant du tiers quelquefois, de 8 à 12 mètres, et lui donnant une arête den- telée. Pendant plusieurs heures de suite, on voit jusqu'à l'horizon des crêtes éle- vées briser à droite ou à gauche du navire sans qu'il soit atteint comme si la lame avait heurté des roches isolées. Ces surélévations de la lame dues à des filets aériens plus rapides touchent parfois le bâliment, et déferlent alors sur sa coque avec une force considé- rable, égale au poids de la masse d'eau qui s'écroule. Dans certaines circonstances, on voit sur l'horizon, sur une surface ayant trois ou quatre milles de rayon, c'est-à-dire sept kilomètres, dix ou douze grandes crêtes seulement. Tout le reste de cette grande surface de 3,000,000 mètres carrés est couvert par des ondulations beaucoup moindres qui se sui- vent comme les sillons d'un champ fraîchement labouré. A d'autres moments, le vent souffle sur tous les points de l'horizon avec une vitesse à peu près uniforme, on est au centre d'une onde bouillonnante dont les crêtes brisent continuellement à la même hauteur approximative. Les variations de la brise dans le sens horizontal engendrent en outre des ondes transversales qui coupent la houle principale et se combinent avec elle. Aujourd'hui que les navires sont plus solides et sont mus par la vapeur, les marins étudient surtout l'action que les lames peuvent exercer sur leurs bcliniÉnts. 11 est reconnu que les vagues qui sont une ondulation ou un gonflement de la surface des eaux n'exercent aucune action importante sur les corps flottants, malgré leur propagation rapide dans le sens horizontal. Mais elles peuvent les compromettre eu déferlant sur leur pont ou sur leurs parties les moins solides. Tm marin; et surtout un constructeur, ne saurait trop se préoccuper de la nature de cet eflbrl et de rechercher l'inclinaison sous laquelle il s'exerce. Généralement une lame déferle lorsque, sur une ondulation première est venue se dresser une seconde vague soulevée par une rafale, laquelle diverge fréquemment de la direction générale du vent. p^ YI VL. — FORMATION DES VKNTS ET ONDULATIONS DE LA MER 373 C'est dans ces circonstances que, sur un horizon où les lames ordinaires ne dépassent pas 8 mètres, quelques sommets blanchis d'écume apparaissant de loin en loin et s'effondrent immédiatement, n'ayant pas une base proportionnée à leur hauteur qui va qii-^lquefois jusqu'à 12 mètres environ. La partie supérieure de ces lam.es irrégulières, n'étant pas soutenue par le pied et recevant tout rctïbrt du vent, s'affaisse sous le poids de sa masse. Elle glisse sur le revers de la vague sous un angle qui varie de 30" à oO^ lequel augmente à mesure que ce volume d'eau se rapproche de sa base. Lorsqu'une lome déferle sur un navire, accident qui ne peut pas toujours être prévu, une masse de 10 ii 12 tonnes d'eau tombe quelquefois d'une hau- teur de 2, i ou G mètres et balaie tout sur son passage, brisant les claire- voies, les roufs, les pavois et les embarcations. Il est rare que ce choc, très oblique par rapport aux murailles des na- vires, puis:-e les ébranler. Sur le* paquebots en fei-, on entend le choc des lames sur la partie centrale comme une véritable détonation. 11 frappe presque normalement ce point où il y a un peu de rentrée. L'emploi des navires à spardeck, qui tend à se généraliser, l'adoption des avants très fins et des murailles droites ou évasées permettent de présenter à ces cataractes dangereuses des siirfaces obliques et d'en braver l'effort, qui suffisait jadis pour submerger de grands vaisseaux. L'existence de ces lames désordonnées qui surgissent isolément au sein d'up.e mer agitée concorde parfaitement avec les théories admises. Elles sont soulevées par un effort du vent, et leur hauteur augmente encore lorsqu'elles se heurtent aux vagues précédentes, qui sont moins rapides. Mais l'action la plus considérable et la plus dangereuse des vagues, c'est le soulèvement rapide, vertigineux, de la surface de la mer, qui s'élève quel- quefois de plus de dix mètres en quelques secondes. On se rend compte de la force d'impulsion de cette masse d'eau qui s'élève de près d'un mètre par seconde lorsque, bur un navire dont la voûte est in- clinée, on est au mouillage retenu en travers à la lame par les courants. Des chocs effrayants frappent sans relâche sous le tableau à cliaquc vague qui se forme et secouent tout l'arrière. Mais ce ne sont pas ces chocs qui sont à redouter, ce sont les inclinaisons plus ou moins brusques, plus ou moins calculées, imprimées à la coque par les poussées verticales que reçoivent successivement toutes les parties de la carène. Si ces poussées résultaient du passage de lames à peu près identiques, elles ne seraient dangereuses que dans le cas de synchronisme dans la durée des oscillations du navire avec celles des ondes, le remède indiqué déjà serait d'une application facile ; un changement de route fciait disparaître celte con- dition défavorable. Mais le péril résulte surtout de l'existence incontestable de ces lames irré- gulières dont nous avons parlé et qui s'élèvent isolément au milieu des ondu- lations ordinaires, surtout vers la fin des coups de vent, alors que la brise commence à mollir. 374 NAVIGATION. GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE Ainsi j'ai vu en janvier 1874, au cap Horn, à la suite d'oscillations totales- variant de 50« à 60°, un coup de roulis sur un seul bord atteindre 45". — J'ai fréquemment observé dans mes voyages des faits semblables, des coups- de roulis brusques, exagérés, dépassant de beaucoup les inclinaisons précé- dentes et ne pouvant être attribués à une accélération de mouvement. Pour prévenir le danger de celte brusque inclinaison, il faudrait conserver aux navires une grande stabilité de formes en les élargissant dans leur partie centrale et en supprimant la rentrée qui existe en ce point sur un grand nombre d'entre eux. Ajoutons que ces grands coups de roulis sont rarement isolés, il y en a deux ou trois de suite à peu près semblables, parce que la formation d'une lame exceptionnellement forte entraîne des ondulations immédiatement, voi- sines. Sans entrer dans des développements trop étendus, j'indiquerai à grands- traits le mouvement de formation des vagues tel que je le conçois, et son action sur les bâtiments. La partie supérieure de la mer n'ayant, sous l'effort de la brise, aucun mouvement de translation horizontale bien sensible, reçoit et transmet à mesure que l'ondulation se propage, une impulsion verticale puissante et rapide qui paraît la soulever par tranches verticales parallèles à la direction de la crête de la vague. Sans rechercher à quelle profondeur extrême cette force est ressentie, nous pouvons affirmer que, si la densité de la masse liquide restait partout la même, la force qui la soulève serait égale à celle qui peut enlever avec la vitesse de l'ondulation, qui est fréquemment de 1 mètre à la seconde, une- tranche d'eau aussi épaisse que la hauteur de la lame. Lorsque cet effort se produit sous toute la carène d'un navire, il l'enlève au sommet de la lame avec une puissance égale à son déplacement multiplié par la vitesse d'ascen- sion des molécules liquides. Mais si le navire est d'abord atteint par l'ondulation à l'une de ces extré- mités, l'effort agit d'abord sur cette extrémité, puis se propage jusqu'à l'autre, agissant sur un bras de levier, qui se déplace et change de côté très rapide- ment, selon la vitesse de propagation de la vague. Ce sont ces poussées successives qui occasionnent le roulis et le tangage. Ces mouvements qui tendent à ralentir la vitesse ont peu d'autres inconvé- nients lorsqu'ils sont modérés. Ils ne sont dangereux, le roulis surtout, q,ue lorsqu'ils sont exagérés. Les grands roulis se produisent surtout vent de travers et vent arrière. Bien que dans la première position et sous les allures qui s'en rapprochent, l'aggravation du roulis puisse résulter fréquemment de la coïncidence entre la durée de l'oscillation de la lame et la durée de l'oscillation du braiment, je pense aussi que fréquemment elle est due à de grandes irrégularités lors- que la mer est très-forte. Pour prévenir ce danger, le constructeur doit donner une grande stabilité de formes au bâtiment, el le marin doit veiller attentivement pour changer par une vive embardée les conditions d'équilibre du navire si cet équilibre lui paraissait compromis. p. YIAL. FORMATION DES VENTS ET ONDULATIONS DE LA MER 373 Yent arrière, par gros temps, les grands roulis sont accidentels et peu régu- liers. Ils sont dus aussi à des irrégularités des lames. On roule beaucoup vent arrière à cause des formes dentelées et inégales des vagues. Ces dentelures ou brisures du sommet de la lame sont peu écartées, et un navire large roule proportionnellement beaucoup moins sous celte allure qu'un navire plus étroit . On a fait beaucoup d'hypothèses au sujet du mouvement des molécules liqui- des dans les ondulations de la mer. Je ne chercherai point à résoudre le problème scientifiquement, je me bor- nerai à décrire ce mouvement tel que je le conçois. Lorsque Fondulation se produit, toutcîs les molécules de la surface sont sol- licitées de bas en haut jusqu'à une profondeur qui dépasse la hauteur de la lame. Ces molécules s'élèvent en s'épanouissant comme le feraient à leur surface des grains de maïs dans un boisseau, si au fond de ce récipient on exerçait successivement d'un côté h l'autre une légère pression de bas en haut. Comme les grains, les molécules de l'eau sont sollicitées à s'écarter, à s'é- panouir à leur sommet, mais elles sont retenues l'une à l'autre par leur adhésion, leur viscosité, terme employé par Flachat, le célèbre ingé- nieur. Celles de la surface seulement tendent à s'écarter, à se séparer complète- ment et sont emportées par la brise en embruns ou en poussière liquide. Elles laissent des vides par lesquels l'air est refoulé sous la pression de la brise au sein de la vague. Lorsque l'ondulation s'éloigne, les eaux retombent et, com- primées par leur poids,' rejettent l'air que l'on voit ressortir par bulles innom- brables dans le creux des lames. Ainsi la densité de l'eau qui s'élève le plus à la surface des grandes ondu- lations serait notablement diminuée. Cette distension de l'élément liquide explique bien conmient, lorsqu'il y a de la mer, la ligne droite horizontale de la mer peut être remplacée par une ligne brisée. Cette explication concorde aussi avec les propriétés de l'huile qui, à cause de sa grande adhérence,, se laisse moins pénétrer par l'eau et a des ondulations très-faibles quoiqu'elle soit plus légère que l'eau. Les anciens s'en sont servi pour diminuer momentanément la violence des brisants ou vagues irrégulières qui, en déferlant, pouvaient mettre leurs navires en danger. Mais ils avaient reconnu que l'emploi de ce procédé amenait toujours une recrudescence dans la violence de la mer. Cette recrudescence était due à la rencontre de l'obstacle opposé momentanément à ses mouvements. Un autre moyen a été employé souvent pour résister à la violence des vagues. Lorsqu'un navire fuit vent arrière, non pour éviter les lames, mais pour les recevoir par une extrémité, en continuant à gouverner, il traîne quel- quefois un câble attaché à son arrière. Ce câble, devenu rigide par le frottement dans l'eau, maintient le bâtiment en route, s'oppose aux embardées et souvent fait déferler les lames loin du couronnement, parce que son passage à travers la base de la vague détruit son équilibre et amène l'effrondement de toute cette montagne d'eau. 376 NAVIGATION. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE Par des procédés semblables, on a essayé quelquefois, au moyen d'ancres et de flotteurs reliés entre eux par des cfibles ou des filets, de rompre la base des lames afin de protéger un mouillage ou certains travaux contre une grosse mer prévue. Mais cette construction coûteuse et peu durable ne paraît pas avoir donné des résultats assez concluants pour que l'emploi puisse en être recom- mandé. M. H. &EIÂILLE Ingénieur civil. SUR LA MACHINE MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE. .- .S êance d u 4 .v cp t e m h r e 1879. M. Emile LEMOIIE Ingi'nieur civil, ancien élève de TÉcole polytechnique. LES MACHINES A AIR COMPRIME. — Séance du i .s e j} i e m b r e IH7 9. — M. É. Le.moine dit que les machines à air comprimé, employées à Nantes pour la traction des tramways, ont admirablement réussi. Les difficultés dues au froid produit par la détente sont aujourd'hui supprimées, grâce au réchauf- feur de M. Mekarsky. Il donne connaissance des dimensions minimes de cer- taines de ces machines que l'on arrive à faire passer dans les mines. ¥. P. DAEBOÏÏX Professeur suppléant à lu Fuculté des Sciences de Paris. APPAREILS DIVERS DE PEAUCELLIER, HART ET KEMPE. (extbait du i'hocès-verual.) — Séance du i septembre 187!). — M. Darboux présente aux sections les appareils de Peaucellier, Hart et Kempe ; il montre les avantages du premier au point de vue mécanique, il DELLON. T)V MOUVEMENT DE LEAU DANS LES COURBES 377 iiidique les mouvements d'ordre supérieur qui viennent compléter le mouve- ment de lignes droites. 11 indique la possibilité d'obtenir deux mouvements rectan<^ulaires (Hart). 11 termine en donnant une modification de l'appareil Hart permettant de donner à un plan un mouvement vertical rectiligne aller- natif. M. DELLOÎÎ Ingénieur eu chef Jcs l'unis ot Chaussées. THÉORIE MATHÉMATIQUE DU MOUVEMENT DE L'EAU DANS LES COURBES. (i;XTU.UT DU PROCfts-VEIlKAL.) — S é a II c fi (lu i s c [} l c m h r i: 1879. — M. Dellon donne la lliéorie complète et mathématique du mouvement de l'eau dans les courbes et la formation des dépôts dans les rivières et dans la mer. Partant des formules d'hydrodynamique de Lagrange, il montre comment le choix des axes lui permet de simplifier ces équations; par une transformation d \±IL _ iJ!^) du dv__ analytique simple, il arrive a l'équation u~ —, — -Id z d nX-rr T7T — ^' cl ce I ^— — — ■ — ■ — ■ — 'i (.1 ^ *' «^ ( " ) 11 montre comment le premier terme correspond à une rolaiion, dont la va- leur et le signe sont déterminés par le second terme. Il en déduit la loi sui- vante : Dans toute courbure d'un courant, il s'établit un mouvement de tor- sion générale, portant les plus grandes vitesses à l'extérieur, les autres à l'intérieur. S'il n'existait pas, il se produit; s'il existait, il augmente. Comme expérience de cabinet, il présente le mouvement du sable : 1° dans un verre d'eau remuée; 2° dans un vase ayant subi une rotation; 3° sous l'influence d'un disque tournant dans l'eau. Il passe de là à l'explication des dépôts dans les tournants, montre com- ment le triage des matériaux se fait : les gros se portant vers la rive extérieure, le sable en talus sur la rive intérieure. Il montre comment dans un mouvement oscillatoire les mêmes phénomènes doivent exister lorsqu'il y a courant. La loi est donc applicable à la mer. Il en conclut la théorie de l'ensablement du port de Cette. Il explique le creuse- ment primitif du rivage, l'action de creusement due au môle Saint-Louis, l'action d'ensablements successifs due aux prolongements de la jetée de Fronii- gnan. DISCUSSION M. le PnÉsiDENT fait observer que cette théorie est en accord parfait avec les phénomènes qu'il a observés et les expériences qu'il a faites. 378 NAVIGATION-. — GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE M., le Colonel LAÏÏSSEIÂT Professeur au Conservatoire des Arts et MOtiers. PRÉSENTATION DU RÉFLECTEUR DU COLONEL MANGIN; SON APPLICATION A LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE AU POINT DE VUE MILITAIRE. — Séance ri n 4 a c p t c m b r c 18" 9'. 1. Alfred EEIOTJIED Eils Ingénieur civil, lilateur de lin à Lille. SUR UN SYSTEME DE CONES CONJUGUES A PROFIL HYPERBOLIQUE POUR LE MOUVEMENT DIFFÉRENTIEL DES BANCS A BROCHES — Séance du i s c p le m b r e I S7 9 . — M. Renouard rappelle que le métier de filature dit banc à broches: n'est autre qu'une machine à étirer les textiles , munie d'appareils destinés à les tordre légèrement et à^ les enrouler sur une bobine. L'ensemble des appareils se compose : 1° De broches munies d'ailettes, destinées à produire la torsion et l'envidage ; 2° D'un système de poulies coniques destiné à ralentir, à chaque course de la bobine, le mouvement du chariot; alin que l'envidage se fasse régulièrement sur toute la longueur de la bobine ; 3° D'une roue diiférentielle commandée par le système de poulies et destinée, à chaque course de la bobine, à accélérer le mouvement de la dite bobine, afin que l'envidage se fasse sans tiraillement. Le système de poulies se compose ordinairement de deux cônes à profil droit ou hyperbolique. Le cône supérieur reçoit directement son mouvement des organes du banc ; ce mouvement est uniforme. Le cône inférieur reçoit son mouvement du cône supérieur au moyen d'une cour- roie ; le mouvement de ce cône est uniforme pour chaque position parti- culière de la courroie, mais variable d'une position à l'autre. Le système le plus généralement employé est celui des cônes à profil hyperbolique, parce que c'est celui qui correspond à des déplacements, égaux de la courroie . M. Renouard démontre qu'avec des cônes droits, au contraire, les déplaccmenis vont en décroissant et sont proportionnels aux ordonnées A. RENOUARD FILS. — SUR UN SYSTÈME DE CONES CONJUGUÉS 379 d'une hyperbole (1). Lorsqu'on clierclie analytiqiiement le profil du cône- supérieur, en exprimant que les déplacements de la courroie doivent être égaux et écrivant les diverses conditions auxquelles doivent satisfaire les mouvements pour que l'envidage se fasse régulièrement sur la bobine, on trouve l'équation: LD y 2 {L-\-x) dans laquelle x représente les déplacements dé la courroie et y les rayons correspondants du cône supérieur. Cette équation représente une hyperbole équilatère rapportée à des axes rectangulaires, ayant pour axe des x l'axe môme du cône et pour axe des y une perpendi- culaire située dans la grande base du cône. Elle est asymptote à l'axe des as et à une droite .r = 2L parallèle à l'axe des y. Quant aux paramètres L et D, ils sont arbitraires : L représente la longueur qu'on veut donner aux cônes, D le diamètre qu'on veut donner à la grande base. On reste donc libre de déterminer ces longueurs d'après des vues particulières. Aussi les cônes conviennent toujours à n'importe quel banc , puisque l'équation est indépendante des diamètres de la mèche de textile et du fût de la bobine. Seulement, les cônes construits, il faut déterminer la position initiale de la courroie, ainsi que la longueur de ses déplacements d'après l'épaisseur de la mèche de tex- tile, et le diamètre du fût de la bobine. IVL Renouard montre que, dans les ateliers de construction, cette détermination peut se faire par le calcul. Le profd du cône inférieur n'est autre que celui du cône supérieur i^nversé. Ces deux profils sont constamment parallèles. La détermination du profil des cônes est faite dans l'hypothèse que la courroie est réduite à une simple ligne; mais il n'en peut être ainsi dans la pratique où la courroie (|ui commande les cônes doit avoir environ deux pouces anglais, si l'on veut éviter les glissements. Il en résulte que la courroie agit sur une largeur beaucoup plus grande pour que le mou- vement se transmette au cône inférieur avec toute la longueur voulue; d'autre part, le déplacement de la courroie étant commandé par une fourchette ol)éissant à un poids et à un échappement de rochet, il peut aussi se produire des irrégularités dans les déplacements. Ces causes- d'irrégularité ne peuvent être évitées complètement avec le système tel qu'il existe actuellement et qu'il vient d'être sommairement décrit. On (1) Voir liulletins de la Société induslrh-lle ilit Nor(l,L IV, p. 301-306, Théorie des liriiicipales fonctions dos bancs à broches pour lin el des appareils de variation qui les régissent.. «^80 NAVIGATION. GÉNIE CIVIL ET MILITAIKE a alors songé à rnoLlilîer \vs concs de façon à les atténuer considérable- ment. Voici comment on y arrive : Dans la pratique, on donne aux cônes une longueur d'une trentaine de pouces (on compte toujours en lilature de lin par mesures an- glaises), une grande base de 6 pouces de diamètre et une petite base de 3 pouces. On les remplace alors par des cônes ayant o pouces de longueur et 9 pouces de diamètre à la grande base, la petite base ayant 4 pouces. Ces cônes sont calés sur leurs axes. Sur ces mêmes axes sont placés des cônes identiques aux précédents, mobiles le long de ces axes et pénétrant les cônes précédents, grâce à l'enlèvement alternatif d'un secteur vide et d'un secteur plein placé dans cliacun d'eux, de façon qu'ils puissent se loger les uns dans les autres. 11 y a donc quatre cônes au lieu de deux. Par cette disposition , chaque paire de cônes constitue une poulie , et le mouvement se transmet non plus par une courroie plate, mais par une courroie cylindiique en lanières tressées, d'un demi pouce de diamètre. Le contact de la courroie en con- tact avec les cônes n'est plus que de quelques millimètres, et l'adhé- rence est suffisante pour produire le mouvement. A chaque course nouvelle, une glissière entraîne, au moyen de tiges à mâchoires, les cônes mobiles de la longueur voulue. Le diamètre de la gorge du haut diminue de la quantité nécessaire, tandis que celui de la gorge du bas augmente de la même quantité. Avec cette modification les choses se passent comme avec les cônes longs" ordinaires, mais offrent beaucoup plus de rigueur dans la régularité des mouvements, puisque le contact de la courroie avec les cônes n'est plus que de quelques millimètres et que les déplacements de cette courroie sont rigoureusement produits par le déplacement même des cônes mobiles. Le profil de ces cônes est déterminé par la même équation citée tout à l'heure, en exprimant que pour as = o, L doit être égal à 4,o, et que pour x = o,L doit être égal à 2. On obtient ainsi pour L et D les valeurs suivantes : D =9 L = 2 tt la formule de construction devient: _ 18 ^ ~ 4 + X J,-ÎS". SHOOLBRED. — OBSERVATIONS SUR LES MARÉES EN 1878 3St M. J.-I. SHOOLBEED InsiTiieur à Lonili-cs. MARÉES DE LA MANCHE ET DE LA MER DU NORD. -OBSERVATIONS FAITES EN 1878. (extkait) (i) — Sé'nire du i ncj) le m hrc 1879. — M. Shoolbued fournit quelques indications sur les observations faites sur les marées, sous la direction d'une commission spéciale de la British Asso- ciation for thc Advanccmcni of Sciences. Nous reproduisons ci-après les données principales qu'il fait connaître. L Observations chaque quart d'heure, de basse mer en basse mer. Mdinriil Maroc. de lii hîiulc ini'r (il Douvres.) du 1:2 février 5.-46 soir. \ Les observations doivent commencer une jg _ 0.31 — heure avant la première basse mer, et ne 26 _i 6.37 — 1 se terminer qu'une heure après la dernière de 13 mars 3.23 — [ chaque marée. 20 0.2 — / Le moment e.vact des hautes et des basses 27 _ 6.10 — 1 mers sera noté; les autres observations à 11 avril U.12 — \ chaque quart d'heure exact (de l'horloge). Le 18 — 11.35 — temps moyen de Paris sera observé partout. 25 — 5.3î> — / 2. Observations sur 1rs moments des hautes et des basses mers seulement. { Sur les marées du matin, du 10 au 16 inclus. Au mois de juin... ^ _ _ ^^-^^ _ 17 - 2i - ( — — matin, — 8 — J-i — Au mois d'août.... ^ _ _ g^j^^ _ 13 _ 23 — A chaque station, le zéro des observations a été rattaché au plan de com- paraison des cartes du nivellement de la France. L'étal du baromètre, et la direction et force du vent ont été notés de temps en temps. Statiotxs d'observation . Yarmouth. iSewhaven. Flessingue. Tréport. Lowestoft. Shoreham. Ostende. Dieppe. ■Harvvicli. Portland. Dunkerque. St-Yaléry-en-Caux. SheernQSS. Mer du Nord, en- Calais. Fécamp. Uamsgate. trée du Canal Boulogne. Le Havre. Douvres. d'Amsterdam. (1) A'itorintion brit O l^ :(î '.i I- ira «r 1-^ 1- -.O r- « t- co «f t^ O O O B5 1 i S ~; ?; KSS SS S SS SS '^~ s s a 3 a X / K :J s ^ ïJ « — ' «' càilca" « ::^' ticq'i.; «=; ^ «a; «»;« o 1 1 co o o co o (M IM -ï- T- => 0> ce, ^-3 1 oo r- o -» (N CJ -T- l~ --5 O CI ce r5 o co o o « ^ o -ç^ Ô -<- o •^ « ri C^ co -r- — ..r^ -T Tl t4 -<^ ci -J7 o co -c^ -^ o Si] / '^ 1 .j \ -t 1 '■^ j ;^ 1 C£ 1 . 5 C . c . ç ci . C _a O l soir mat soir îl' i -S i ■5 1 Il ' 1 ' "3 1 a "o — o ira o C3 o -n o t^ o « (M art O '="^-., ■^s O -* o 00 SO ■■^ -JT rt ^- -^ c Sa •*- ^ •r r5 « c^ -^ I -• 1 1 1 1 1 O 1 1 :.Ô 00 O 1 1 1 :à en o a» o C-. o .^ o :o o irs CI oo CD r? :o ce r— îO <^* 1- — oo 5 ■^ m -x> (N I^ -^ oco 1 oo o 1- c> i^ 1 o ' n "^1 '7 "^ :rt «O <0 co ïO !T 1 -,- o IM co (M 1 o :o ffi o "q 1 1 ■^ Ô — -r^ «r- Ô to -r 00 tîS2 C5 TO ir7 -r- 5^ -2 -^ co CO o 1,0 0 t^ CJ ( H u: t- . a a (3 , B g 5 ■é soir, soir Il ' 11' 1 1 = 1 ' 1 i 1 1 1 ' I zz o ^ o co o j^ r^ c^ ?4 o o O >o o = ît -^ :- I— ;.o ^ (?ï ■<;■ (N ■^ co «! "i^ 1 coco 1 C* 1 [^ "T "\ ^ t^ M 00 ce Ci rr 1 1 1 o cô ^ 1 1 1 T^ CD ^ 1 1 1 1 1 1 1 1 (M aï ! 1 1 1 1 1 1 us n o p •3 ■ c c:- s s > J3 ■y; o o Sb > 1 e c C3 l-H " ^ - •^ z 7? ~ J.-.\. SHOOLBRED. OBSERVATIONS SUR LES MARÉES EN 1878 383 / S 1 S5SS£gSq£SSi?g^§32^§i3SSgs§£g??S5 :lj ;3 Ci ^ := =r-iï»"i-r,/^i^ . .or-: . 1 i ^«1 1 IWl 1 1 1 lP<oi-rtt-:3roc<:ce30r,ioocoréooc-îc»C5»j..^o.T^.,^.^.^.^_,I^-:;' ^- ^ ^- ■~ vl . ^M^^^^^^^^^^:^^^^:^:i^^:S:Â:i:i-:i:is:d:i b: 3 ^. ?5-=:- = s::i.=;-«i.e3î5- = =;-«:si.eQssa:ca'=;i:e;o-'=5 d — ' £ X -5 -rj ^ ="••" ~ ~' ^ "»<==>■•■=>■■! = •-= = -T X! S5 -.r » o o X -.r cr ira o 3 • ^ -. '-: ■" '7 ': -T =-. -T î- =?-:'.'==':-:-;=?-: o .- :b o ^ = T, .. - S4: ? =t ;;r - c-i o ». o .^. n .^ o o = - = :^ = r5 r^ .-: o x cl =; d o i -l = ^ x" o -t "" 1 1 1 1 I^ 1 o — 1 Ci w Q « 09 ïï malin. midi, soir, matin. soir. malin. soir. malin, soir. malin, soir. malin, soir. matin, soir. malin. soir. matin. 3 oo <=> o ■■•> o n ,1 on n a f "* n n m >r> o ci — -"i s> n :a an in — o-^i.nnOA-^n'nT-t.-inininiftntt-vnoliina.'finn-éS^ a a oc.5iM-«oao"t~oi--^t-t-"Nt~i~îqr.^i~riM.^~li-.^^.^a^^^4 H *t- ^- ^ «T- ^ ^ ^ î«-r.«{<50»-*S!-»^c^in.- O <^'^'7-^-^~--^-^'--;'»70-^-'=»-C-^-TO-''«'^-»o 3 a cî ÎS ^•<î^^^-O.T-0^--c3^'^^-fl.lT.T-Ô^--ïi*"*i«Ô'Nff^Ô"côi^05 -M H 1 II"*"'" - ■ • - '^ a / < < 1 u u H o "^ 1 b 1 -5 1 .b: 1 "S =-• 1 -^ - 1 ■= - 1 '^ — ■- — 1 - — 1 •-' -^ • ■ çj S S ' £ S ' h's ' il ' si 1 £h1 s 1 1 1 I £l 1 5 o 3 io = > £>-) •5a ? " •5 3 1)3 >J — - o 384 -NAVIGATION. GÉMK (ilVlL KT MILITAIIIE Au Coiigivs du Havre, 1877, de l'Associalion française pour l'avancement des sciences, un mémoire a été présenté au sujet de ces observations de la part de la Commission de l'Associalion britaniii(iue, qui en était chargée. En même temps, il a été demandé le bon accueil et l'appui de l'Association française auprès du ministre des Travaux publics. Grâce aux demandes faites plus tard par le secrétaire du Conseil, M. Gariel, à M. Rousseau, le directeur des travaux des ports de mer. Son Excellence le ministre des Travaux publics a bien voulu donner l'autorisation nécessaire, en ce qui concernait les observations à faire sur les côtes de la France. Une permission pareille ayant été accordée par les gouvernements Anglais et Belge, le prrgramme suivant fut dressé, d'accord avec les différents obser- vateurs ; f"eet Mètres 3 Amsterdam Plel _Af ea./7_Sea _Le yej [npli s h Ordnance Oatum 3t 5 i= Dépôt de la. ^ \z Ordnance Datur Zéro d'Ostende ( Belg-isr Oatum) î21r ut 15 1: 18 Feel 19 4 ±1 1 ( DuLch Datum) Niveau moyen i^.df^ l'Océan /letantique ; French Nivellement général Guerre (BELGIUM) ( iREtANP): f. ^2 ~\ rjBusc de l'écluse des 6aS>fni dejiommerce p 5 A -f 5 Zéro du Marèogr3.phe — SMèfes Niveau po'jr le3 observations inlemalionales des marées Les observations simultanées ont eu lieu pendant les mois de février, de mars, et d'avril, sur les marées d'équinoxe; et dans les mois de juin et d'août sur les marées ordinaires. Une étendue de côte s'étendant depuis le Havre jusqu'à l'entrée du canal de la mer du Nord, conduisant à Amsterdam, en Hollande ; et en Angleterre, depuis Portland, en face du Havre, jusqu'à Yar- mouth à peu près en face d'Amsterdam. J.-N. SIIOOLBRED. OBSERVATIONS SUR LES MARÉES EX 1878 385 Ci-contre un tableau comparatif des hautes et des basses mers des marées observées dans le mois de mars 1878. Le temps est partout celui de Paris, et les niveaux sont rapportés à un plan de comparaison qui se trouve à o^^oO en dessous du « zéro du nivellement général delà France, ligne de Bourdaloue »; en supposant que* le niveau moyen de l'Océan Atlantique » (nivellement de Bourdaloue) est identique avec le niveau moyen sur les côtes d'Angleterre (le « mean sea level » du nivel- lement de rOrdnance Survey « de la Grande-Bretagne). Les tableaux comparatifs des mois de février et d'avril, etc., ne sont pas encore prêts; mais ils suivront plus tard, aussi bien que quelques courbes des marées observées. L'Association britannique pour l'avancement des sciences, au Congrès qui vient de se tenir à Sheffîeld, a remercié l'Association française pour le bon accueil qu'elle a prêté et pour l'appui qu'elle a bien voulu donner à ces obser- vations ; elle a ainsi donné un témoignage de l'amitié qui règne entre ces deux associations scientifiques. M. Ch. Bergeron est chargé, de la part de la Commission de l'Association britannique, de faire connaître ces remerciements à l'Association française pour l'avancement des sciences. Yœu émis par les 3" et 4" sections. Les 3*^ et 4'' sections, vu lu communication de M. Bouvier, ingénieur eu chef des ponts et chaussées, sur la foniainc; de Vauclusc. Considérant que les recherches (ju'il a entreprises, avec le concours de la Commission météorologique du département et du syndicat du canal de Vaucluse, dans le but de déterminer les limites du bassin alimen- taire de la célèbre fontaine et d'arriver à connaître exactement la situation de ses galeries et de ses réservoirs souterrains, présentent un sérieux intérêt scientilique et qu'elles sont susceptibles de conduire à des résultats pratiques importants, émet le vœu que ces recherches soient vivement eHCouragées. 2*^ G-roupe SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES 5" Section PHYSIQUE PiiiisiDKNT d'iio.n.neib M. HOSSETTI, Professeur à rUnivcriile iK- l'adouo. PiiÉsiDK.NT iM. CUDVA, Professeur à la F.icultc des sciences de Montpellier; YicE-PiiÉsiDE.NT» MM. MKHCADIKK, Ingénieur des télégraphes, répétiteur à I'ÉcoIl- puly technique. MOITESSIliK , Professeur à la Faculté de médecine de Moul- pellier. SiiciiÉTAiniis MM. DELEVEAU, Professeur au lycée d'Orléans. GAY, Professeur au lycée d(î Montprili(;r. M. ROSSETTI Professeur à l'I/nivi-rsili' il.- Pnduuc. SUR LES POUVOIRS ABSORBANT ET ÉMISSIF THERMIQUES DES FLAMMES- ET SUR LA TEMPÉRATURE DE L'ARC VOLTAIQUE (exthait) — .Se a 7» ce du 2 9 août i 81 9 , M.RossETii luil une communicalion verbale do ses rocherches pour déter- miner le pouvoir émissif thermique et le pouvoir absorbant des flammes blcu: de becs dit de Bunsen, et dos flammes blanches de gaz d'éclairag •. Il donne une description détaillée des instruments adoptés, de la méthod' 388 PHYSIQUE suivie et des résultats obtenus. II en fuit l'application au rayonnement thermique de l'arc voltaïqae, dont il cherche à déterminer la température. Les résultats obtenus sont résumés dans les conclusions suivantes. CONCLUSIONS. 1. — La transparence des flammes est très grande, et par conséquent très petite est l'absorption qu'elles exercent sur le rayonnement thermique qui les traverse. Si le rayonnement provient d'une flamme de la même nature' et si la flamme traversée a l'épaisseur d'un centimètre, les coefficients de transpa- rence et d'absorption sont représentés respectivement par les nombres 0,S65 et 0,135, aussi bien pour les flammes bleues, peu lumineuses, des brûleurs dits de Bunsen, que pour les flammes blanclies produites par le gaz d'éclairage. 2. — La transparence diminue et l'absorption croît proportionnellement si l'épaisseur des flammes augmente. Si la flamme a une épaisseur infinie, elle est athermane, c'est-à-dire qu'elle absorbe tous les rayons ihermiques provenant d'une flamme de même nature : la transparence est nulle, l'absorption égale à l'unité. Ces limites sont cependant presque atteintes avec des épaisseurs finies et qui ne sont pas même très grandes. Déjà 1 mètre d'épaisseur suffit pour rendre une flamme presque tout à fait athermique pour les rayons provenant d'une autre flamme de même nature. 1 - /.-^ 3. — La formule Y = a ; — ; ; — logh. /.- représente très bien l'intensité du rayonnement thermique envoyé par les flammes d'une épaisseur quelconque e, le coefficient de transparence étant k = 0,8Gd, pourvu que l'épaisseur s soit exprimée en centimètres : et a étant une quantité constante dont la valeur dépend de la nature de la flamme. 4. — Le pouvoir émissif absolu thermique des flammes blanches pro- duites par le gaz d'éclairage (c'esl-à-dire l'intensité du rayonnement d'une flamme de cette nature, ayant une épaisseur infinie, comparée à l'intensité du rayonnement envoyé par le noir de fumée ayant sa température égale à la température moyenne de la flamme) est égal à l'unité. Le pouvoir émissif absolu thermique des flammes bleues pâles données par les brûleurs de Bunsen est représenté par la fraction 0,3219 c'est-à-dire il esta peu près le tiers du pouvoir émissif des flammes lumineuses du gaz d'éclairage. 5. On peut obtenir le pouvoir émissif relatif à une flamme d'une épais- seur déterminée, en multipliant le rapport entre l'intensité de son rayonnement et l'intensité maximum (intensité du rayonnement de la même flamme si son épaisseur était infinie) par le nombre qui représente le pouvoir émissif ther- mique absolu de cette espèce de flammes. Une flamme bleue-pâle de Bunsen ayant l'épaisseur de i millimètres a son pouvoir émissif thermique exprimé par le nombre 0,01744 : c'est-à-dire que ROSSETTI. — SUR LA TEMPÉllATUUE DE l'arC VOLTAIQUE 389 le noir de fumée porté à la même température envoie un rayonnement ther- mique, dont l'intensité est i . = 37,73 0,01744 fois plus grande que celle de la flamme. 6. — La lumière électrique se compose, comme on le sait, de deux espèces de rayonnement, c'est-à-dire des rayons émis par les charbons incandescents et des rayons envoyés par l'arc voltaïque qui s'élance entre les extrémités polaires des charbons. Les premiers donnent une lumière blanche, les autres une lumière bleu- pourpre; l'ensemble une lumière blanc-bleuâlre. 7. — Les deux extrémités polaires des charbons ont une température bien différente l'une de l'autre. Le nombre de degrés qui exprime leur température absolue peut se déduire de la formule Y = 7n T^ (T-^) — n (T-0) en admettant que les charbons ont le pouvoir émissif maximum. 8. — L'arc voltaïque a un pouvoir émissif thermique très petit qui est com- parable au pouvoir émissif des flammes bleu-pâle des brûleurs de Bunsen. La température de l'arc voltaïque peut aussi être obtenue par la formule précédente, pourvu qu'on y introduise la valeur du pouvoir émissif thermique de l'arc voltaïque relatif à son épaisseur. 9. — Un grand nombre d'expériences ont donné pour l'extrémité polaire posi- tive du charbon la température maximum de 3,900 degrés centigrades envi- ron ; pour l'extrémité polaire négative la température d'environ 3,150 degrés, et pour l'arc voltaïque qui s'élance entre ces deux extrémités, toujours la température d'environ 4,800 degrés quelles que fussent l'épaisseur de l'arc et l'intensité du courant. DISCUSSION A la suite de cette communication, M. Mercadier demande à M. Rossetti si la formule exponentielle que lui a fournie l'intégration donne des résultats d'accord avec les observations. M. RossETTi montre, par les tableaux de ses expériences, que l'accord est complet entre le calcul et l'expérience. M. Crova fixit ressortir l'importance pratique des travaux de M. Rossetti et lui demande s'il n'a pas éprouvé de difficultés dans ses mesures, par suite do la mobilité de l'arc voltaïque. M. Rossetti fait connaître les procédés qu'il a employés pour lever ces difficultés. M. DuROscQ fait remarquer qu'on peut rendre l'arc immobile en rapprochant les charbons, mais ce procédé n'est pas applicable dans le cas présent, parce que l'arc n'aurait pas une assez grande longueur. 390 PHYSIQUE M. E. DTJCEETET Fabricnnt d'instruments l'.o précision. BOUSSOLE DES SINUS ET DES TANGENTES DE POUILLET. — Séance du S8 août t879. — Cette boussole diffère peu de celle imaginée par Pouillet. Il serait inutile de décrire longuement la boussole de Pouillet que possèdent tous les cabinets de phy- sique : il suffira de dire qu'elle se compose essen- tiellement d'un cercle ver- tical fixe, servant de mul- tiplicateur et agissant sur un barreau aimanté mobile au centre de ce cercle multiplicateur. Lorsque le courant élec- trique traverse le fil qui contourne ce cercle, le barreau est dévié de sa position d'orientation et les sinus ou les tangentes des déviations du barreau sont proportionnels aux intensités. Pour les sinus on se sert de la longue aiguille X; pour les tangentes on met en place le petit barreau Y. M. Gaugain a trouvé que cette condition, dans le cas des tangentes, était réalisée presque rigoureusement en excentrant le barreau aimanté, de telle sorte que le centre du petit barreau (Y) occupe le sommet d'un cône droit, ayant pour base le courant circulaire et pour hauteur le quart du diamètre de la base. La boussole, figurée ci-contre, permet de réaliser rapidement cette condition ; pour cela, la boîte G, qui reçoit le petit barreau aimanté Y, muni de sa suspension, est montée à •coulisse sur son support; la position extrême qu'on peut lui donner -en agissant sur le bouton R', la met de suite dans les conditions recom- mandées par M. Gaugain. Fig. 40. E. DUCRETET. — BOUSSOLE DES SINUS ET DES TANGENTES 391 La principale modification apportée par M. Ducretet dans la cons- truction de cet instrument est la possibilité d'obtenir la mesure exacte de l'intensité des courants électriques les plus faibles et ceux donnés, soit par une pile de plus de oO éléments Bunsen, soit par une machine magnéto-électrique de grande puissance. Il est facile de com|)rendre que la mesure de courants aussi diiîérents d'intensité n'est possible, avec les instruments actuels , que dans les limites restreintes de la sensibilité de l'instrument, même en employant des dérivations sur le courant principal qu'il s'agit d'étudier. L'instrument construit par M. Ducretet réalise encore cette condition. Le cercle multiplicateur M est monté à centre sur un système de pivots suivant son diamètre A.V. lien résulte qu'il devient possible de lui donner toutes les positions comprises depuis la position verticale jusqu'à l'horizontale parallèle au barreau aimanté. Dans cette condition, aucun courant ne peut avoir d'action sur le barreau; dans la verticale, cette action est maximum. La gorge du multiplicateur M reçoit deux (ils parallèles qui aboutis- sent à 4 bornes extrêmes A ; elle reçoit encore une bande de cuivre épais pour les forts courants; ses extrémités sont lixées à deux autres bornes A' opposées aux premières. Tout en laissant à la susi)ension loalc la sensibilité possible (fil de cof'on à l'intérieur de laçage mobile C), on conçoit parfaitement que l'action du courant étant nulle dans la position horizontale et maximum dans la posi- tion verticale, toutes les positions intermédiaires conviendront pour toutes les intensités de courant, faibles ou forts, et cela sans changer d'in- strument et en lui laissant une sensibilité maximum que donne une suspension à fil de cocon; sensibilité qui sera la même pour toute une série d'expériences comparatives. Un cercle gradué B' indique les posi- tions intermédiaires, pour lesquelles l'expérimentateur pourra dresser une table d'intensité. Le barreau aimanté porte encore un système de deux miroirs m m' mobiles, l'un plan, l'autre concave ; ils servent à faire les observations précises, soit par réflexion, soit par projection comme d'ordinaire. La cage C est en glace, elle est mobile sur son centre et permet une orientation convenable. Un double système permet d'arrêter les oscillations du barreau ou simplement de les amortir. Cet instrument de mesure paraît appelé à rendre de réels services dans les recherches sur les courants électriques. 392 PHYSIQUE M. CEOYA Professeur à ki faculté des sciences de Montprllior. APPAREIL POUR LA MESURE DES HAUTES TEMPERATURES. (EXTllAIT DU l'IiOr.fcS-VEliDAL) — Séance du 29 août i87.9. — M. CiiovA expose les reclierches qu'il a entreprises pour déterminer les hautes températures en comparant les intensités des différentes régions du spectre. — L'appareil qu'il emploie se compose d'un thermomètre à azote sec formé d'un ballon en porcelaine de Bayeux relié à un manomètre de Reg- nault au moyen d'un tube de cuivre capillaire. — Cet appareil est placé dans une double enceinte en plombagine dans laquelle on lance au moyen d'un chalumeau Schlœsing, un mélange enflammé d'air et de gaz d'éclairage. — L'air comprimé est fourni par un jet de vapeur entraînant l'air qui arrive par des ouvertures latérales. — Pour apercevoir le ballon, on a percé les parois des creusets et on a fixé un tube en plombagine portant à son extré- mité un objectif photographique. Le faisceau lumineux est reçu sur le spec- trophotomètre. M. MEECADIEE Ingénieur des télégraphes, RépéllL'ur ù l'École polytechnique. MESURE DES AMPLITUDES DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES (I) (\] Le travail in extenso a paru dans le Bulletin de la Société de Physique (1879) et un extrait dans le Journal de plujsique, ISSO. n. DUFOUR. SUR UN NOUVEAU BAROMÈTRE ENREGISTREUR 393 M. Henri DÏÏEOÏÏE, Profe.'spur île physùiue à l'Acadéniio de Lausanne. NOTE SUR UN NOUVEAU BAROMETRE ENREGISTREUR Séance du 3 0 août 1879. — Désirant posséder un baromètre enregistreur dans le laboratoire de physique de l'Académie de Lausanne, j'ai cherché à construire un appareil simple et coûtant peu. Je crois avoir réussi et je pense qu'il ne sera pas inutile d'en donner une courte description. En fait, j'ai obtenu deux formes différentes de baromètre présentant chacune ses avantages et ses inconvénients. L'instrument employé est un baromètre à siphon; pour obtenir un enregistrement, on utilise les mouvements qui résultent du déplacement du centre de gravité de l'appareil lorsque le mercure monte ou descend dans le tube barométrique. 4^^ Instrument, lig. 41. Dans cet instrument on utilise seulement les mouvements du mercure dans la branche ouverte du siphon. L'appareil se compose du tube barométrique a, d'un tube de verre incliné b. Ces deux parties sont réunies par un fragment de tube de caoutchouc qui est légèrement serré au point c par une pince à vis fixée sur le sup- port de bois du tube baromé- trique. Le point c sert ainsi de charnière autour de laquelle la partie mobile h peut s'incliner. Un fil réunit un point du tube b avec l'extrémité du bras d'un fléau de balance, tandis que l'au- tre bras porte un contre-poids. Au couteau de la balance pro- longé est fixé la tige verticale d à l'extrémité de laquelle est le style, traçant d'une manière continue sur un cylindre cou- vert de noir de fumée. Fig. 4i. On voit que, dans ces conditions, la quantité de mercure contenue dans le tube b, et faisant équilibre au contre-poids p, est très petite, de sorte que les variations de cette quantité peuvent agir d'une manière plus efficace que dans 394 PHVSIUL'E le baromètre balance Ordinaire, dans lequel le fléau soutient le poids total de la colonne de mercure et le contre-jioids qui lui fait équilibre. Le mouvement de la partie b c est en effet produit : 1^ par la variation du poids du mercure contenu dans le tube; 2° par la variation de la distance du centre de gravité du système mobile au point c ; 3° par la variation de l'angle a que forme la direction du tube incliné avec l'horizontale. Le moment statique de Tappareil par rapport au point c est, comme le montre la ligur3 P. l. cas a. l désignant la distance du centre de gravité à l'axe de rotation, et P le poids du mercure et du tube; les variations de ces trois quantités tendent ensemble à produire le mouvement de l'aiguille, La sensibilité de l'instrument peut varier à volonté. Il suffit de choisir con- venablement les diamètres des tubes a et b et la valeur de l'angle a. Mais on voit aussi que les indications de l'appareil ne sont pas proportion- nelles aux variations barométriques. Ce défaut pourra être corrigé après une étude prolongée de l'instrument qui montrera quelle inclinaison il faut donner au bras de fléau e de la balance, ou peut-être s'il faut construire une courbe particulière pour le raccordement du fil avec l'extrémité de l'autre bras; le problème me paraît avoir quelque analogie avec celui que MM. Raoul Pictet et Cellérier ont si bien résolu récemment dans la construction de leur hermographe enregistreur (1). L'appareil que j'ai réalisé pour le moment est construit d'une manière trop grossière pour me permettre de faire cette élude. L'emploi d'un fragment de tube de caout- chouc comme charnière pourrait être aussi une cause d'erreur, dont il est difficile de prévoir l'importance ; la flexibilité du caout- chouc peut se modifier lentement avec le temps et, sous ce rapport, il vaudrait peut-être mieux employer un tube en peau puisque cette substance est utilisée dans la construc- tion du baromètre Fortin. 11 faut remarquer cependant que les mou- vements du tube de caoutchouc dans le voi- sinage du point c sont toujours très petits. C'est pour éviter remploi du tube de caout- chouc que j'ai construit l'appareil suivant : 2-^ Instrument (fig. 42). La figure fait mimé- diatement comprendre la manière dont l'appareil fonctionne, le tube barométrique est coudé deux fois; la partie verticale est soutenue par un axe horizontal passant un peu au-dessus du centre de gravité, le tube tout (1) Archiccs des Se. plnjs. ei naUtrdles, t. LXIV. Dec. 1878, p. 185. A. GUEBHAIID. NOUVEAU PROCÉDÉ PHGN'ÉIDGSCOPIQUE 395 entier oscille auloar de cet axe, comme le fléau d'une balance. Les moments statiques par rapport au point o sont : P. l. cas a et P'. l' . cos p. Les variations des trois quantités contenues dans ces produits agissent dans le même sens, l'un des moments augmente tandis que l'autre diminue, ce qui détermine l'inclinaison du tube; une aiguille portant un style, trace comme dans l'appareil précédent sur un cylindre couvert de noir de fumée. Cet instrument marche actuellement au laboratoire ; malheureusement, je n'ai pu le réaliser que d'une manière très grossière ; l'axe de suspension est une grosse aiguille, à l'extrémité de laquelle est fixée une tige en bois portant le style. J'espère pouvoir faire réaliser ces deux appareils d'une manière plus précise et étudier alors leur marche dans des conditions meilleures que celles dans lesquelles ils sont actuellement. On peut remarquer, en passant, que ce dernier appareil peut fort bien être transformé en thermomètre enregistreur à air; il sutTit de fixer sur la branche ouverte un vase quelconque contenant de l'air; la dilatation du gaz se fera dans les mêmes conditions que si la pression était à peu près constante et égale à la pression atmosphérique le jour où l'instrument aura été fermé. J'ai aussi construit <;et appareil, et j'ai pu m'assurer qu'il a toute la sensibilité désirable entre certaines limites. D'une manière générale, on voit qu'il est facile, foutes les fois que l'on peut employer le déplacement d'un index de mercure, de réaliser des appareils à indications continues; j'ai eu l'occasion de construire sur le même principe un thermomètre différentiel de démonstration. M. le D' Adrien &ÏÏEBHARD Licencié i-s sciences mnihémati(nics et pliysiquei. NOUVEAU PROCEDE PHONEIDOSCOPIQUE PAR LES ANNEAUX COLORES D'INTERFERENCE. — Séance du 3 0 août/ 870.— Lorsqu'on décape avec soin le mercure très impur qui a servi, par exemple, à l'amalgamation des zincs de pile, on découvre une surface dont l'éclat est momentanément presque aussi grand et la mobilité toujours beaucoup moindre que celle du mercure chimiquement pur. Il suffît alors du souffle humide de l'haleine pour y développer, par la condensation de la vapeur en nappe mince, de magnifiques bandes colorées, dont les vives nuances, observées sur fond blanc, reproduisent 396 PHYSIQUE avec un éclat incomparable la série complémentaire des teintes de Newton, à la place même où l'on ne verrait , dans les conditions ordinaires, qu'une buée de lines gouttelettes aux. tons d'argent mat, capa- ble de donner tout au plus quelques couronnes de faible intensité. Véritables courbes de niveaux, ayant pour cotes leurs couleurs ou leur rang, ces bandes colorées, disent en longueurs d'ondes lumineuses, les épaisseurs d'eau condensées, c'est-à-dire la distribution exacte des densités de vapeur dans la section plane instantanée de la colonne refroidie. De là surgissent immédiatement mille applications possibles, mille dispositions expérimentales pour l'étude des mouvements d'ensemble ou de vibration des gaz humides. Qu'on fasse résoimer au-dessus de la cuve à mercure une cloche sonore, préalablement saturée de vapeur d'eau chaude : l'on devra obtenir des ligures nodales dont les aspects variés rappelleront les belles colorations de certaines lames cristallines dans la lumière divergente (1). Qu'on écrase brusquement sur le mer- cure la flamme non éclairante d'un brûleur, ou qu'après avoir établi le courant de gaz, sous forte pression, tangent à la surface, on l'allume et l'éteigne presque aussitôt : l'on dessinera en traits brillants la figure classique de la constitution des flammes ; un long espace central, abso- lument net de tout dépôt aqueux, figurant clairement la portion réduc- trice, tandis que, tout autour, de iines bandes colorées peignent la distribution des effets chimiques et calorifiques. Mais c'est surtout pour l'étude des sons de la voix que se présente une utilisation directe du procédé. Naturellement saturés d'humidité, les courants aériens qui produisent le phénomène de la parole peuvent imprimer, en effet, sur le mercure des diagrammes caractéristiques^ d'où l'on tire, sur leur constitution intérieure, des renseignements tout nou- veaux. A première vue on remarque la diversité des figures obtenues pour les différentes voyelles, et la constance relative de ces mêmes figures, in- dépendamment du ton, pour chaque voyelle en particulier. On sera frappé de la prédominance, en général, de plusieurs centres ou noyaux de plus forte densité (fig. 43), et l'on rejettera immédiatement toute assimilation absolue de la voix aux vibrations longitudinales qui peuvent sortir, si complexes qu'on les suppose, d'un orifice unique d'instrument à vent. L'on se figurera plutôt le faisceau sonore de ces grands tuyaux d'orgue que le constructeur entoure de toute une fourniture de petits tuyaux harmoniques. (1) Je dois dire cependant que quelques tentatives dans ce sens ne m'ont donné que de très belles ligures circulaires sans lignes nodales bien caractérisées. Mais je ne doute pas qu'on ne puisse parvenir à triomptier des ditlicuUes d'ordre tout matériel qui provenaient surtout de la dis- proportion d'amplitude des cloclies que j'avuis à ma disposition et de leurs vibrations. A. GLEBHARD. — NOUVEAU PROCÉDÉ PHONÉIDOSCOPIQUE 397 Pourquoi la nature ne réaliserait-elle pas à chaque instant, grâce à la mobilité de nos organes, une semblable division du courant principal en plusieurs courants collatéraux, pour jeter dans l'air, les unes à côté des autres, des vibrations peut-être difficiles à superposer directement ? Fis. 43. Cela reviendrait à donner plusieurs goulots, au lieu d'un seul, à celte sorte de bouteille, à laquelle Helmholtz a si heureusement comparé la cavité buccale dans la formation de certaines voyelles. Et ne trouve- rait-on pas, dans cette indépendance de plusieurs tuyaux sur une même cavité, à la fois sonnante et soufflante, bien mieux que dans un simple effet de renforcement ou de superposition de sons, la raison de cette constance presîjue paradoxale du bruit propre de chaque voyelle, harmonique ou non de la note émise? Ne pourrait-on lever ainsi la difficulté réelle de concevoir — J ■- — ^ 1 \ __ ■■ / \ ■ J^ ~ // \ , -~ /\ • J I \ / — - \ / \ /' ' V.,.-.--' v.,„,/ .//:=:r==-r=rr:=rrr:>,\ [ ( {p fHS;(G3) O) ) j l-K =' ! ' ON ^^_^ . , ^ ... ....... . .-^.,_ _, _,. - \v:::: !i:::l// ViiT. /.5. très curieux, par suite de la division médiane que produit le double courant des narines. Ce courant existe presque seul dans le son aîi, et montre, avec de fortes échappées vers le bas, les deux courbes réni- formcs symétriquement inclinées qu'on obtiendrait en soufflant simple- ment par le nez. Au contraire, dans un, le courant nasal est très peu accentué, et il A. GUECIIAUD. — NOUVEAU PROCÉDÉ PHO.VÉIDOSCOPIQUE 401 faut prolonger l'émission pendant assez longtemps pour en trouver la trace, sous forme de deux fines oreillettes, au haut du double ovale de Ve, confondu en une seule courlje largement évasée en cœur : ce qu produit, comme ensemble, un elFet tout à fait original. Si l'on empêche par un procédé quelconque le courant nasal de marquer sur le mercure, on trouve exactement la figure de Ve ou eu ouvert (comme dans peur) ce qui prouve que nos pères étaient plus près de la vérité physiologique en écrivant dans certains mots eung, — même avec un g — que nous, avec notre un simplifié. Et si jaiiiais nous entendons un gamin de Paris se vanter qu'il a « eun' belle voix, » nous n'en rirons plus que comme d'un phénomène d'atavisme et non de tératologie linguistique, au lieu que nous suspecterons d'affinités étrangères le paysan qui dit « in » chien. » La prononciation de m donne toujours, en effet, au dessous des deux taches nasales, de moyenne intensité, la figure complète de Vè : d'où l'on conclut (juc la véritable orthographe du son in se trouve certaine- ment mieux dans le provençal ren, et dans les mots français rien, rein que dans Rhin, mais jamais dans les mots en un. Enfin, on montre d'une manière très intéressante la simple superpo- sition^ à égale intensité, du courant nasal et du courant buccal en une figure divisée en croix, dont la partie inférieure reproduit très nette- ment la courbe de l'd ouvert. Quant aux consonnes, il en faut laisser l'étude aux procédés (jui sont sensibles surtout aux vibrations longitudinales. Si indépendantes que soient des voyelles pneumaliqiws, elles sont encore trop exclusive- ment sous la sujétion des lèvres et des dents pour rien pouvoir donner de général. On constate les échappées en avant de 1'/, les fusées mul- tiples de I'a-, le large courant du ch, le courant étroit du th anglais, la parenté de Vr roulé et de ïr grasseyé (Pi'^ et 11^ d'Helmholtz) avec la ch. dur des Allemands... Mais alors même (ju'on parviendrait, par un refroidissement convenable du mercure, à saisir ce qu'il y a d'instantané dans le [nuit-consonne, on se trouverait toujours dominé par la iîgure de la voyelle, ou, tout au moins, par le double centre de Ve muet dont il est impossible de se défaire. C'est tout ce que l'on arrive à constater si l'on essaye encore de répéter plusieurs fois sur place la syllabe muette ; et l'on renoncera dès lors à demander à ce procédé des iiidica- tions que donnent tout au plus d'excellents enregistreurs, comme le logograplie de Barlow. Il faut s'en tenir aux résultats généraux établis précédemment, et n'en attendre encore, en fait de comparabilité, ni plus ni moins que des autres procédés phonéidoscopiques. Variables, en effet, comme les phé- nomènes qu'ils représentent, tous doivent refiéter ces mille nuances qui 26 402 PHYSIQUE font reconnaître une personne au son d(3 sa voix, un mouvement d'hu- meur à une intonation, un pays, une province, à l'accent. L'avantage incontestable qui nous reste est de pénétrer directement, par une appli- cation en quelque sorte mathématique de la méthode dos sections planes, dans l'intimité même du jet sonore, au lieu de nous en tenir à sa sur- face. Nous arrivons ainsi à la connaissance d'une composante transver- sale, trop négligée, dont l'action n'est peut-être pas étrangère au dédou- blement des veines paraboliques de Savart, au déchii-emcnt en langues multiples des ilammes larges du D"" Lecomte, et, surtout à la division en lignes nodales des plaques téléphoniques, inégalement attaquées par des centres multiples de percussion. En tous cas nous sommes loin des procédés purement liguratifs, comme les fumées et les flammes sensi- bles de Tyndall, ou les lamelles liquides de Sedley Taylor ; et, sans exagérer la portée de quelques-unes des hyDOthèses basées sur le nou- veau mode d'observation ; sans espérer, non plus, une concordance que n'ont pu obtenir sur des points fondamentaux les plus illustres physi- ciens, il est permis de souhaiter que des recherclies multipliées et com- paratives puissent établir la juste valeur de la méthode, en ajoutant quel- ques éclaircissements à la question si complexe et si intéressante de la voix humaine. M. E. EOI&-TOEEES Diivrtour dr h\ Croiiiai Cicntilh-n, F. K. A. S. L'ARC VOLTAIQUE DANS LES LAMPES ÉLECTRIQUES A CHARBONS MOBILES. ( EX 1 li.UT ) — Séiluce (tu 30 août iS7!). — L'étude des lampes électriques m'a conduit à établir trois groui^es bien- caractéristiques entre lesdits appareils : I*^'' Lampes à incandescence; 2'"<= Lampes à arc vollaïque ; 3'"" Lampes mixtes. Dans ce dernier groupe, je mets les lampes dans lesquelles la lumière est produite à la fois par l'incandescence et l'arc voltaïque. On sait ce qu'on doit entendre par l'expression arc voltaïque, et on sait aussi que, pour l'obtenir, il est nécessaire qu'il existe une certaine distance entre les deux électrodes, et conmie dans les lampes Reynier et Werdermann,. par exemple, il n'y a certainement qu'un contact imparfait entre les deux charbons, il faut admettre aussi qu'il existe une petite distance entre eux. Les expériences qu'on peut faire avec la lampe de M. Clamond et qui ont été décrites dans la Crùnica CiciUifica, de Barcelone, démontrent, à l'évidence^ rini rleclion du contact, dans toutes les lampes à cluu-bon mobile. R. ROIG-TORRES. l'aRC VOLTAIQUE DANS LES LAMPES ÉLECTRIQUES. 403 Ceux qui n'admettent pas l'existence de l'arc voltaïque dans les lampes Reynier, se fondent sur la faiblesse du courant qui peut fuire fonctionner une d'elles, et sur l'espace insuffisant qui existerait pour pouvoir former la lumière voltaïque, ils disent que la réaction dynamique, due à la répulsion des éléments contigus d'un même courant, est faible, et par conséquent ne peut pas équilibrer le moteur de la dite lampe, oubliant que la charge qui travaille sur le crayon se réduit au poids du porte-charbon, augmentée d'une quantité très petite. De ceci, on déduit l'analogie évidente qui existe entre les effets de la lampe Reynier et une des expériences effectuées avec l'appareil de M. Clamond, analogie qui confirme la présence d'un petit espace entre les deux électrodes par l'effet de la répulsion, et par conséquent assure l'existence d'un arc voltaïque rudimentaire. Je reconnais cependant que la réaction dynamique ou répulsion a une limite, passé laquelle ses eifels, sans cesser de subsister, peuvent ne pas être vérifiés d'une manière si précise que dans les cas antérieurs. C'est ce qui se passe, par exemple, avec la lampe de Werdermann, dans laquelle la répulsion ne peut se démontrer par l'expérience, et nier l'existence de l'arc voltaïque, parce que le contre-poids est supérieur à la réaction dynamique, ou parce que cette action n'est pas bien manifeste, me paraît peu logique et très peu rationnel. 11 est certain que, dans ces lampes, l'arc voltaïque se forme. Serait-il dû à l'action directe delà répulsion ou à une modification moléculaire pro- duite par l'élévation de température? En tout cas, les expériences mention- nées sont concluantes et m'autorisent à admettre comme principe général que, dans toutefi les latnjtes à contact imparfait, ou à charbons mobiles, le phéno- mène de l'incandescence est compliqué d'un arc voitaique. Sans entrer dans l'étude des propriétés de l'arc voltaïque, je peux rappeler le phénomène des transports réciproques qui ont lieu entre les deux pôles, fait visible en employant des électrodes de substances différentes. On sait que le foyer voltaïque est formé par une vraie vapeur de charbon. Dans les lampes d'arc voltaïque, comme celles de Serrin, Rapiefl", etc., on observe, non seulement dans l'espace inter-electrodal , mais aussi autour des charbons, une atmosphère de particules incandescentes en mouvement complet. Cela établi, rappelons-nous que les lampes mixtes se différencient unique- ment de celles d'arc voltaïque, parce que les deux électrodes sont en contact imparfait, ou encore plus, je veux supposer que les deux charbons soient réellement en contact. Rappelons aussi la disposition des lampes Reynier et Werdermann, l'objet primordial delà question, pour vérifier comment a lieu le dit contact. Dans les premières, l'électrode négatif est un disque de charbon sur lequel s'appuie la pointe fine du crayon, pôle positif; dans les secondes, l'électrode négatif est aussi un morceau cylindrique de charbon, contre lequel choque la petite barre de même substance terminée en pointe ; de manière que ce seul point de contact entre les deux électrodes, peut très bien être com- paré au contact que présenterait une sphère et le sotnmet d'un cône. On peut donc concevoir sans difficulté qu'autour et à partir du point de contact, il^y a une distance entre les deux électrodes, distance qu'augmente encore plus loiu de la projection du rayon de l'électrode plus mince. 404 PHYSIQUE On sait qu'une des conditions essentielles pour l'existence de l'are voltaïque, €st la distance entre les électrodes, et dans la disposition des lampes que je viens de citer, cette condition est manifeste. On observe, de plus, que dans les lampes à arc voltaïque, la projection des particules détachées des élec- trodes, a lieu dans tous les sens, c'est-à-dire n'est pas limitée à l'espace m^cj- .éleclrodal ; c'est précisément ce qui a lieu dans les lampes mixtes. Dans l'es- pace qui existe autour du point du contact, j'ai observé plusieurs fois une atmosphère lumineuse, j'ai vu certainement la vapeur du charbon, dont les particules sont incandescentes; et enfui, les phénomènes qui accompagnent la présence de l'arc voltaïque je les ai expérimentés avec les lampes de Reynier •et de Wcrdermann, qui m'ont fourni dans toutes mes expériences, une vraie lumière voltaïque. MM. LÏÏBOSCQ, MEECADIEE et CEOY SÉANCE D'EXPÉRIENCES ET DE PRÉSENTATION D'APPAREILS. (EXTRAIT DU PUOCfeS-VERBAL) — Séance du /='■ scplonli rc 187!/. — M. DuBOscQ montre à la section diverses expériences faites à l'aide de l'ap- pareil à projection disposé de manière à projeter les phénomènes qui se pas- sent dans un plan horizontal tels que les vibrations à la surface d'une nappe liquide, l'expérience d'Œrsted, les phénomènes du magnétisme de rotation. 11 montre également des spectres de formes diverses donnant l'apparence du relief. M. Mercâdier montre ses expériences sur la mesure des amplitudes du mouvement vibratoire. M. Cuov montre des phénomènes d'interférences produits par les réseaux ■parallèles. M. EOSSETTI rrorcsscui- de physique à l'Université de Padoue. COMPARAISON ENTRE LES INDICATIONS DONNEES PAR LES THERMOMÈTRES A MERCURE ET A BOULE NOIRCIE PLACÉE DANS DIFFÉRENTES ENCEINTES, ET CELLES DONNÉES PAR MON THERMO-MULTIPLICATEUR. — Séance du I " septembre 1879. — Dans mes recherches sur la température du soleil et sur les tempé- ratures des extrémités polaires de charbons, au moment de la production ROSSETTI. SLR LE THERMO-MULTIPLICATEUR 40^- de la lumière électrique, et sur celle de l'arc voltaïque lui-même, je fis usage d'une pile thermo-électrique, et d'une boussole de Wiedermann, construites par Ruhmkorfr. J'ai déjà donné la description de ces instru ments et toutes les indications relatives à leur sensibilité, et à la méthode de s'en servir, pour déterminer la température de corps qui envoient leur rayonnement sur la pile au moyen de la déviation lue- sur la boussole. Je rappelle ici que les températures se déduisent de la formule Y z= m T^ (T — Oj — n (T — 0;, dans laquelle Y représente- la lecture à la boussole, T la température absolue du corps chaud rayon- nant, 0 la température absolue de l'enceinte où est placée la pile thermo- électrique, m et n sont deux constantes qui, pour mes instruments, ont les valeurs log m = i,24GC088 — 10 log n = o, o2o4l89 — 10 pourvu que la pile thermo-électrifiue soit placée à une distance de la surface rayonnante (ayant le pouvoir émissif maximum) 107,17 fois le diamètre de l'aire circulaire équivalente, en sorte que, vue de la pile, la surface circulaire rayonnante apparaît, comme le soleil vu de la terre, sous l'angle visuel de 32' 3", 6. Je dois encore ajouter que dans les expériences faites avec des sources artificielles de chaleur, même avec le rayonnement de la lumière électrique, le courant produit par- courait un circuit dont la résistance totale était /{ = 3,41 Un. Siemens^ étant r = 1.522 la résistance du fil de la boussole, l'i = 0,oo2 lai résistance des réophores, et r2 = l,33G la résistance de la pile elle-même. Mais dans les expériences faites sur le rayonnement du soleil pour maintenir les déviations entre les limites de l'échelle de la boussole, il a fallu introduire une résistance de 16 Un. Siemens, de sorte qu'on oblenait de déviations F^ plus petites que les déviations >', que l'on aurait eues sans l'intermédiaire de la résistance supjjlémentaire dans le rapport /? 3,41 R -\- 16 ~ 19,41 c'est-à-dire }' = }'i o,692. Il faut encore ajouter que maintenant la boussole est plus sensible qu'à l'épojue à laquelle on a établi les valeurs m et n des constantes de la formule. On peut facilement calculer la valeur des déviations F^ qu'aurait données la boussole si on n'avait pas augmenté sa sensibilité parla rela- tion l'i = 0.933 l'o, }'o indiquant la déviation qu'on observe actuel- lement. Déjà, à répoque de mes recherches sur la température du soleil, j'avais voulu comparer les indications de mon appareil thermo-élec- trique avec celles données par des thermomètres à mercure à boule 406 PHYSIQUE noircie exposée au rayonnement solaire. Mais il ne ni*a pas été possible de me procurer des thermomètres adaptés pour ce genre de détermi- nations, quoique je me fusse adressé depuis longtemps à M. Geissler pour les avoir. Seulement, à la fin de décembre 1878, j'ai reçu de ce constructeur distingué deux thermomètres faits avec autant de soin que d'habileté. M. Geissler m'écrivait, en me les envoyant, que la construction de ces deux appareils lui avait coûté beaucoup de peine. Ces deux actinomètres con- struits par Geissler apparaissent égaux entre eux, mais la boule noircie d'un d'eux se trouve dans le vide, tandis que la boule noircie de l'autre est environnée d'air. Nous appelons le premier actinomètre cum vacuo, et actinomètre sine vacuo l'autre. Les deux thermomètres ont l'échelle divisée en cinquièmes de degré centigrade, et on peut facilement évaluer les dixièmes à l'œil nu, et le vingtième, et même une fraction plus petite, avec une lentille. Chaque boule dont le diamètre est de 10 mil- limètres, occupe le centre d'une enveveloppe sphérique en verre de 5o millimètres de diamètre. — Pour faire les observations sur le rayonne- ment du soleil, je plaçais chacun des deux actinomètres dans une boîte à double paroi de laiton, semblable à celle qui contenait la pile thermo-électrique. La boîte avait la forme d'un cylindre. Les deux bases (que l'on pouvait ôter pour introduire la boule de l'actinomètre dont la tige montait au-dessus du manteau de la boîte cylin- drique) avaient au centre deux fenêtres circulaires qui devaient laisser libre aux rayons l'accès jusqu'à la boule et donner issue aux rayons qui, passant au côté de la boule, traversaient l'enveloppe de verre et pou- vaient ainsi sortir par la fenêtre postérieure qui était plus grande que l'antérieure. Ces fenêtres pouvaient cependant se fermer par deux petits écrans à double paroi. Il y avait encore en avant de la boîte à un décimètre de distance de la face antérieure, un écran à double paroi, avec un trou circulaire de même diamètre que la fenêtre antérieure de la boîte. Ce trou restait ouvert si l'on voulait exposer la boule de l'actinomètre au rayonnement, et on le fermait lorsque l'on voulait arrêter la radiation. En ouvrant les trois fenêtres, c'est-à-dire le trou de l'écran et les deux fenêtres de la boîte, et en plaçant l'appareil dans la direction convenable, un faisceau de rayons de soleil le traversait, et la boule de l'actinomètre, arrêtant et absorbant les rayons qui tombaient sur elle, s'échauffait, et le mercure montait jusqu'au maximum qui pouvait être obtenu au moment de l'expérience. Si, en même temps que l'un de nos deux actinomètres était exposé à la radiation solaire, on plaçait l'autre à côté de lui et avec la même orientation, avec les deux fenêtres de la boîte ouvertes, mais avec le trou de l'écran antérieur fermé, il est évident que le second actinomètre donnait la température de l'ambiant dans lequel se trouvait le premier actinomètre ; et que la ROSSETTI. — SLR LE THERMO-MULTIPLICATEUR 407 différence entre les indications des deux actinomètres mesure l'échaut- fement produit par le rayonnement solaire dans les conditions spéciales de l'expérience. Par conséquent le nombre de degrés centigrades résul- tant peut être regardé comme équivalent à l'indication galvanométrique obtenue dans mon appareil thermo-électrique, pourvu que les obser- vations soient simultanées. — J'ai pensé qu'il pourrait aussi être utile de faire des expériences comparatives avec deux thermomètres à boule noircie, mais sans l'enveloppe en verre qui protégeait les deux thermomètres de Geissler. Je lis construire deux boîtes cylindriques à double paroi métallique, semblables aux précédentes, seulement plus petites. Au milieu de l'axe de ces boîtes se trouvait placée la boule sphé- rique de chacun des deux thermomètres. Les deux boites sont accou- plées de sorte que, si tous les trous sont ouverts, et l'appareil bien dirigé, deux faisceaux de rayons solaires traversent les deux boites, et tombent sur les deux boules noircies. Le diamètre de chaque boule est d'environ 12 millimètres. Les observations ont été faites à plusieurs reprises, à commencer du mois de mars 1879. Elles m'ont prouvé que si l'on intercepte la radia- tion solaire en tenant fermé le trou de l'écran qui se trouve en avant de chaque boite, et en ouvrant les deux fenêtres de chaque boîte, on avait la même indication pour la température de l'air ambiant dans les thermomètres de quatre appareils, pourvu que l'air fût tranquille : mais s'il y avait de l'agitation dans l'air, les deux thermomètres à boule non protégée oscillaient toujours plus ou moins en se conservant au- dessous de la température donnée par les deux thermomètres à boule protégée par l'enveloppe en verre. Il faut donc faire les expériences comparatives lorsque l'air est calme, si l'on veut faire usage de thermo- mètres à boule non protégée, quoique environnée par la double paroi de la boîte dont on laisse ouverte les deux fenêtres. Mais si l'on fait des expériences simultanées avec les deux thermo- mètres à boule noircie sans enveloppe en verre, en laissant pénétrer les rayons du soleil à travers la boîte de l'un et en laissant fermé le trou de l'écran antérieur de l'autre, et en conservant toujours ouvertes les deux fenêtres de sa boîte, la différence entre les indications des deux thermomètres donnera l'effet thermique que le rayonnement de soleil peut exercer sur une boule noircie de thermomètre : car l'in- fluence de l'ambiant est la même sur les deux thermomètres. Cependant les températures indi(|uées par les différents thermomètres exposés à la radiation solaire sont bien différentes. L'actinomètre cum vacuo, on le sait bien, indique une température beaucoup plus élevée, que celui à boule noircie sans enveloppe en verre; l'actinomètre avec enveloppe en verre sine vacuo indique une température intermédiaire. 408 PHYSIQUE Parmi les iioml^reuses expérioiices que j'ai faites, j'en citerai seulement (iuei<|ues-uiies (1). '■i2 Mai. Ileuri; de UiiyonnomcDt Kolairo Actinomètre avec enveloppe, Sans c:ivolo:i Boule noiir-i po Sans rayonnement Thermomètre sans enveloppe l'observution. — Ciim v'iciio. Sine vfiCKO. — à boule noircie 11 h. 1/2 42°,S 36°,8 34°,5 24°, 4 11 3/4 43»,2 37°,2 34°, 5 24°,6 12 (Midi) 43»,4 37»,3 35°,0 24°, 8 Echauffe ment des trois actinomètres par la radiat> ''on solaire. Heure. Cu))i vacuo. Si ine vacuo. San s enveloppe. Lecture à la boussole. 11 h. 1/"2 18°, 4 12°, 4 10% 1 214°, 0 11 3/4 18°, 6 12°, 6 9», 9 215», 3 12 18°, 6 12°, 5 10°, 2 217°, 0 Moyennes 18°, 53 12°. 10°, 07 215", 5 Les observations à la boussole ont été faites en introduisant une résistance de 16 Un. Siemens. Avec la sensibilité première de la bous- sole, les indications auraient été Y = 0.933. '215. o = 201.5. Donc 18°,53 centigrades qui indiquent réchauffement du thermomètre cum vacuo, par l'ellet du rayonnement du soleil sont équivalents à 201.5, di^isions de ma boussole, lorsque dans le circuit on a introduit une résislanei! supplémentaire R = 16 U. S. Par conséquent 1 degré du thermomètre cum vacuo équivaut à 10.85 divisions de ma boussole avec 16 Un. S. Dans les expériences faites les 31 avril, 20 juin, 4 et 28 juillet, on a trouvé les nombres 10.81; 10.77; 10.79 et comme moyenne générale de toutes les observations le nombre 10.79. Pour le thermomètre sine vacuo, on a trouvé que 1 degré équivaut en moyenne à 15,957 divisions de la boussole avec la même résistance 16 U. S. Pour le thermomètre à boule noircie sans enveloppe en verre, on a obtenu que 1 degré équivaut à 19.36 divisions de la boussole, la résistance supplémentaire étant toujours /{ = 16 Un. S. Cherchons maintenant quel nombre de divisions de la boussole équivaut ù 1 degré dans les trois cas, lorsqu'il n'y a pas de résistance supplémentaire. 11 suffit de multiplier les trois nombres 10.79 15.97 et 19.36 par 5,692. [i] Les expériences ont été faites sur la terrasse de l'Instilul de physique de l'Université de Pudoue. lîOSSETTI. SUR LE THERMO-MULTIPLICATEUR 409 II résulte que i degré de l'actiiiomètre cum vacuo équivaut à 61.40, divisions de la boussole, si le circuit n'a aucune résistance supplémen- taire. Dans les mêmes conditi lions 1 degré de l'aclinomètre sine vacuo équivaut à 90 divisions de la boussole, et enfin 1 degré du thermo- mètre à boule noircie sans enveloppe en verre équivaut à llO.'â divi- sions de la boussole. Nous pouvons calculer maintenant les valeurs des constantes m et n de la formule pour chacun de ces trois cas. Il suffit évidemment de diviser les valeurs de m et n, établies pour mon appareil thermo-élec- trique, par les trois nombres 61.40 90.9 et 410.2. On a, en définitive, que la température absolue d'un corps chaud peut être obtenue, lorsque l'on connaît l'effet produit par rayonnement sur un actinomètre, par la formule }' = m r- (T — 0) — n {T — 0) dans laquelle Y indique réchauffement de l'actinomètre exprimé en degrés centigrades; et m et n ont les valeurs suivantes : I. — Actinomètre cum vacuo. Actinomètre à boule noircie placée au centre d'une enveloppe spliérique en verre dans laquelle on a fait le vide log m = 9,43832-25 — 20 log n = 3,7371326 — 10 II. — Actinomètre sine vacuo. Thermomètre à boule noircie placée au centre d'une enveloppe splié- rique en verre contenant de l'air log m = 9,2880390 — 20 log n = 3,5668491 — 10 m. — Thermomètre ii boule noircie. log m = 9,2044385 — 20 log n = 3,4832186 — 10 Chacun de ces trois appareils doit èLi'c protégé par une boite métal- lique à double paroi. Une boîte pareille doit aussi protéger contre le rayonnement extérieur, le thermomètre qui donne la température de l'ambiant. Mon but était de donner aux physiciens la possibilité de contrôler ma formule. Maintenant tout le monde pourra en faire la preuve 410 PHYSIQUE et l'on se convaincra, j'espère, qu'elle représente très bien l'effet produit par le rayonnement thermique de corps et sert à déterminer leur tem- pérature. M. le F A. GÏÏEBÏÏAED Licencié es sciences inathématiquos ot physiques. OSMOSE DE L'ALCOOL A TRAVERS LA GUTTA-PERCHA. — Séance du 3 septembre 1879. — L'action osmotique de la gutta-percha sur l'alcool, fort différente de celle du caoutchouc, se rapproche, d'une manière générale, de celle de toutes les autres membranes, mais avec certaines particularités qui paraissent liées à des phénomèmes de dissolution partielle de la mem- brane dans le liquide. J'ai étudié spécialement ces feuilles minces, à structure fibreuse, que l'industrie fournit sous le nom de baudruche de gutta-percha, et que l'on peut étirer encore dans les deux, sens de plus grande et de moin- dre résistance , jusqu'à leur donner une transparence presque homo- gène. Outre les précautions en usage pour vérifier la parfaite continuité des membranes, je me suis proposé de donner aux expériences leur plus grand degré de comparabilité, en éliminant : 1" Par l'usage de réservoirs sphériques à ouverture verticale, toute action due aux différences de situations respectives ou d'inégales den- sités des deux liquides ; 2° Par l'emploi de tubes /wr/;:o?2to(.r pour mesurer les augmentations de volumes, l'influence des changements de pression de la colonne, ou de tension de la membrane; 3° Enfin, par l'adjonction, à chaque osmomètre, d'un réservoir ther- mométrique de même forme et de môme capacité, toute complication dans la correction des températures. Les expériences que j'ai répétées, dans ces conditions; pendant plu- sieurs semaines, au laboratoire de Physique de la Faculté de Médecine de Paris, ne m'ont pas donné des résultats absolument concordants, et j'ai dû malheureusement les interrompre au moment oiî j'allais installer des observations électroscopiques pour me rendre compte de certains chan- GUÉBHARD. — OSMOSE DE l' ALCOOL A TRAVERS LA GUTTA-PERCHA 411 gements brusques constatés parfois dans le signe de l'osmose, sans aucune raison apparente. Je puis donner néanmoins, avec une certitude suftisante, les résultats généraux, qui ont été presque toujours contrôlés en partie double, c'est-à-dire en renversant la disposition des appareils. D'une manière générale, donc, l'alcool étant en dedans, la courbe des accroissements de volume, rapportés à l'unité de surface osmotique, commence par être descendante pendant un temps assez court, qui cor- respond à un fort dégagement de bulles gazeuses adhérentes sur les deux faces delà membrane. Mais bientôt l'ascension se prononce, presque en ligne droite, et se continue plus ou moins rapide, selon le titre alcooli- que, puis la courbe change de sens au bout de quelques jours, et décroit lentement à partir d'un certain maximum, évidemment déter- miné par la dissolution de la gutta dans l'alcool. C'est ainsi que de deux osmomètres contenant l'un 7 centimètres cubes, l'autre 180 d'alcool à 92", avec des membranes de 1 et de 3 centimètres de diamè- tre, le premier atteignit son maximum au bout de quinze heures, le second au bout de six jours seulement, après avoir marché tous deux parallèlement avec une vitesse de "27 millimètres cubes par heure et par centimètre carré de surface active. Un troisième, contenant 26 centimètres cubes d'alcool à 72", avec une membrane de 3 centimètres de diamètre, était encore loin de son maximum après cinq jours de marche avec une ascension continue de 6 millimètres cubes par heure et par centimètre carré. Un autreenfin, contenant 22o centimètres cubes d'alcool dilué à 10", avec une membrane de 0 centimètres de diamètre, avait encore, au bout de neuf jours, une vitesse sensiblement constante 1/5 par heure. Si l'on étudie le phénomène osmotique, non plus dans ses résultats d'ensemble, mais, pour ainsi dire, dans son mécanisme intime, on arrive très facilement, en profitant de certains jeux de lumière et de grossisse- ment que donnent les récipients cylindriques pleins d'eau distillée, à voir le courant exosraotique, surtout pendant les premiers jours, alors même que l'endosmose est le plus prononcée. Ainsi se trouve tranchée, d'une manière irrécusable, une question qui, à la vérité, n'en est plus une aujourd'hui, celle de l'existence du double courant. Par contre, on est un peu surpris de ne point trouver à ce flux exosmotique le caractère de continuité dans l'espace et dans le temps que semblerait impliquer le jeu des forces moléculaires au contact, mais, au contraire, un aspect d'intermittence explosive et de localisation par points, tel que pourrait le produire un antagonisme alternatif, un balancement régulier de forces immédiatement opposées, et de même ordre de grandeur. Ce n'est, en effet, ni la bavure lente des phénomènes de l'irabibition, ni le suintement continu des écoulements capillaires, mais une sorte de MS PllYSIQLK projection rliythmique, avec détente, de véritables jets filiformes (1) à tra- vers une multitude d'oritices, alors môme que la membrane, préalablement essayée sous fortes pressions de yaz ou de liquide, ne présentait aucune solution de conthuiité. Ces jets, très lins, mais parfaitement visibles dans le milieu aqueux par suite de leur plus forte réfringence (2), s'élancent parfois normalement jusqu'à l^ ou 13 millimètres de la membrane ver- ticale, puis, emportés par leur moindre densité, gagnent la surface de l'eau en formant des chapelets d'aimeaux horizontaux, qui s'élèvent en se dédoublant ou se pénétrant les uns les autres, autour d'un axe vertical extrêmement lin. C'est ce que l'on constate en regardant de haut en bas ; mais, en raccourci transversal, il semble voir une série de volutes, ou si l'on veut, de champignons superposés ; apparence ana- logue à celle ([u'a observée, mais avec beaucoup moins de netteté et à l'état stati(|ue seulement, le professeur Tito Martini, de Venise, dans l'épanouissement de veines teintées aux couleurs d'aniline (V. la Nature, 1" sem. 1877, p. 340). En réalité, ce que l'on observe n'est que la projection verticale, par transparence, d'une série de tores horizontaux produits par la décomposition, très nette et très constante en pareille circonstance (3), des diverses forces en jeu, suivant trois axes rectangulaires. La forte réfrigence de l'alcool donne lieu, de part et d'autre de l'axe, i\ deux points lumineux, qui figurent assez bien les volutes d'un chapiteau ionique, tandis que la superposition de plusieurs anneaux de diamètres décroissants, peut donner, grâce à la diffusion de la couleur d'aniline, l'aspect de chapeaux chinois ou de parasols qu'a figuré le professeur italien. Je n'insisterai pas sur d'autres particularités qui ne se rattachent (1) Je trouve après coup, dans les Comptes Rendus de l8-'i1 (t. XII, p. 672), une obsorvalion analogue de ruiusire Dutrochcl, qui s'en faisait un argument pour établir l'existence de cette force dtliio-vlectnque, par laquelle il voulait expliquer les mouvements saccadés de certaines substances volatiles au contact des liquides I.a description (;st trop parfaite, et la conclusion trop curieuse,— perdues au milieu de faits d'ordre différent, — pour ne pas mériter d'ûtre résumées ici : «J'ai vu souvent, dit Dutrochet, longtemps après l'établissement du repos entre deux couches superposées d'eau et d'alcool, un ou deux jets d'alcool se précipiter tout à coup, comme des fubces dtscen- dant.es rapides, dans rintérieur de l'eau, et après avoir épuisé leur force de projection, remonter en vertu de leur pesanteur spécifique, et rejoindre la masse supérieure de l'alcool, de laquelle ces jets avaient été détachés pour être lancés avec impétuosité de haut en bas, et contre les lois de l'hydrostatique, par une force saccadée intermittente, laquelle semblait ainsi avoir opéré une dé- charge après s'être accumulée pendant un instant d'intermitence d'action J'ai quelque raison de penser que cette force est celle à laquelle est due l'endosmose. » (2) On les voit même parfois se solidilier pour ainsi dire, et former sur la membrane comme un chevelu de moisissure par suite de l'entraînement et de la coagulation consécutive d'une faible proportion de gutta. A l'intérieur des réservoirs, la production de ces sortes de traclus opalins est constante, et on les voit former, à partir de la membrane, des nuages parfaitement horizontaux de fines hachures bleuâtres en suspension dans le liquide transparent. (.■}) En attendant une étude spéciale sur ce sujet, plusieurs expériences m'ont fait voir d'une manière très nette que c'est là la forme commune d'ascension ou do descente des veines très minces d'un liquide dans un autre, en tant, du moins, qu'il est impossible do supprimer absolument toutes les trépidations du dehors. O'i peut rapprocher ce fait de celui qu'a signalé M. de Romilly [Jour}\nl de physique. VI, 183), relativement aux jets d'air lancés dans l'eau. CROVA. MESURES SPECTO-PHOTOMÉTUIQUES . 413 qu'indirectement au phénomène de l'osmose; mais je crois devoir signaler encore un petit fait d'observation qui en constitue comme la pélorie, et peut présenter à ce titre quelque intérêt. Plusieurs fois j'ai vu se former, dans l'épaisseur même de mes fines membranes, de véritables vésicules plus ou moins saillantes et plus ou moins régulières, qui disparaissaient lorsque je laissais l'appareil pendant quelques heures à l'air, puis se re- formaient assez rapidement au contact des deux liquides, indiquant une différence accidentelle entre les deux courants d'entrée et de sortie, arrêtés entre les deux feuillets dédoublés d'une cavité intermembraneuse. Sans vouloir baser sur une simple similitude d'apparences une compa- raison physiologique avec les phlyctènes de la peau humaine, ni donner à ce fait, comme simulation biologique, l'importance de la cellule arti- ficielle de M. Traube, il me semble qu'il peut jeter un jour nouveau sur le mécanisme intime de l'osmose, et que, rapproché de ce caractère pulsatif et intermittent sur lequel j'ai insisté, il pourra fournir peut-être une base certaine d'observation à la théorie capillaire de l'osmose dyna- mique. M. CROYA Professeur A l.i Kucullé des sriciiccs de Montpellier. MESURE SPECTO-PHOTOMÉTRIQUE DE LA TEMPÉRATURE DES FLAMMES (I) (Kxrii.vrr du i'iioi;i;s-vi:iii!ALl — S cuit ce du 3 septembre 187'J. — M. CuovA fait connaître le procès specti-opholomctriqne qu'il emploie pour mesurer la température des flammes. — Il compare les intensités des radia- tions de même nature d'une flamme de la lampe modérateur et d'une autre source de lumière, et par la comparaison des intensités des diff'érentes ré- gions du spectre il arrive à établir le rapport entre les températures des deux sources comparées. — M. Crova a déduit de ces recherches que la flamme d'une bougie est assez élevée pour fondre le platine et indique l'expérience par laquelle on peut constater la formation sur un fil de platine au 1/30 de '"'". de globules de métal fondu, quand ce fil est placé dans la flamme d'une bougie. Le procédé consisle à observer le lil au moyen d'un microscope pola- risant. (0 Voir Comptes rendus de l Aradcinic des Sciences. 414 PHYSIQUE MM. MOITESSIER et E. Elf&EL Profosst'urs ù la roculU- de iiiiJJocine ili:; Montpellier. SUR LES LOIS DE DISSOCIATION (1). (kxtkait). — Séance du 3 septembre 1879. — « Des expériences faites sur l'hydrate de chloral, nous sommes amenés à tirer les conclusions suivantes, que nous contrôlerons par l'étude d'autres composés dissociables : » 1° La dissociation d'un corps dont les deux composants sont volatils a lieu alors même que l'on met ce corps en présence de l'un des produits de la dissociation, tant que la tension de ce produit ne dépasse pas la tension de dissociation du corps à la température où l'on opère. » 2° Lorsque la tension d'un corps des composants est supérieure à la ten- sion de dissociation du composé, la dissociation n'a plus lieu. Deux cas peu- vent se présenter alors : ou le composé dissociable est volatil, et, dans ce cas, on peut déterminer la véritable densité de vapeur, comme l'a fait M. Wurtz pour le perchlorure de phosphore, ou bien le corps qui se dissocie n'est pas volatil. Tel est le cas de l'hydrate de chloral à la température de 60 degrés. y> 3° Lorsque deux produits g:azeux donnent par leur combinaison un com- posé dissociable, la combinaison n'a lieu que lorsque la somme des tensions des composants est supérieure à la tension de dissociation du composé, quelle que soit d'ailleurs la tension propre à chacun d'eux. » 40 On pourra démontrer, dans un grand nombre de cas, la dissociation d'un composé en le chauffant à une température donnée, en présence d'un des produits de sa décomposition, à une tension supérieure à la tension de dissociation. » M. A. COEIÏÏ Membre du l'Institul, Profosscm- a rÉcole polytechnique. SUR L'ABSORPTION DES RADIATIONS ULTRAVIOLETTES DES SPECTRES SOLAIRES (2). [iLiTUArr ui; l'iior.ts-YEiiuAi.) — Séance du 3 septembre 4 S~ 9 . — M. Cornu, après avoir projeté des photographies de spectres solaires obte- nues dans différentes circonstances, expose ses recherches sur l'absorption des (1) Voir la note publiée dans les Comptes rendus de l' Académie des Sciences, 28 avril 1879. (2) Voir Comptes rendus de l'Académie des Sciences. R. ROIG-TORRES. INSCRIPTION MÉCANIQUE DE LA PAROLE 41o radiations ultraviolettes du spectre solaire par Fatmosphère terrestre. Pour vérifier cette absorption, M. Cornu a employé un spectroscope à objectil" achro- matique formé de spath fluor et de quartz d'où émergeait un faisceau lumi- neux qui passait à travers un tube de 4 mètres de long. — Le tube étant vide, on obtenait les raies les plus réfrangibles ; si le tube était rempli d'air, ces mêmes raies disparaissaient. — M. Cornu insiste sur les différences qui existent entre les spectres d'un même corps et les conditions dans lesquelles le corps se trouve placé. Il fait voir quelle difficulté s'attache à la mesure des températures. DISCUSSION M. Crova insiste sur la nécessité d'étudier les lois d'absorption pour de hautes températures, mais fait ressortir les difficultés que présente le pro- blème. Le sel gemme devient opaque à ces températures. M. RossETTi ajoute quelques observations et tait remarquer les difficultés que l'on rencontre dans la détermination de la température du soleil. M. Cornu fait observer que M. Rossetii a été le premier physicien qui se soit préoccupé de tenir compte de la rcchci-che de la loi d'absorption pour différentes épaisseurs. M. E. EOI&-TOERES Dircrtcur de hi ('rouira Ckntifica, F. R. A. S. PETITE MODIFICATION DANS LE TELEPHONE ET DANS LE PHONOGRAPHE INSCRIPTION MÉCANIQUE DE LA PAROLE ( KXTRAIT 1 — Séfnire du S scplcnihrc 1879. — Téléphone. — Dans le but d'augmenter les effets que produit la plaque vi- bratoire dans le téléphone, j'ai disposé la membrane de façon qu'elle puisse vibrer plus facilement. Dans mon système, la membrane n'a aucun point de contact avec la caisse téléphonique ; elle est simplement soutenue à son cen- tre, par un mince fil de fer enroulé en spirale. Ce fil de fer attaché légèrement à la membrane par la face qui regarde la barre aimantée, est assujetti à l'autre extrémité à l'enveloppe du téléphone. Au moindre effort de la voix la mem- brane vibre en transmettant avec beaucoup de clarté toutes les paroles, même celles qui étant prononcées très bas, ne seraient pas entendues dans quelques- uns des téléphones ordinaires. Phonographe. — Pour le phonographe, je dispose la plaque de la même ma- nière, et alors elle présente une grande mobilité et le style grave, à la moin- dre impulsion, les vibrations de membrane produites par la voix.... 416 PHYSIQUE Écriture phono graphique. — Entre le ressort et le style je place une légère pièce métallique située dans un plan perpendiculaire à l'axe dudit style. A. cette petite pièce qui fait l'office de porte-objet, j'ajoute une très légère verge de plume d'oiseau, ou à son défaut, un fil métallique terminé par une pointe mince. Celte petite verge constitue le style inscripteur de la parole. — Dans la partie gauche du phonographe je dispose un cylindre avec mouvement d'horlogerie, couvert par des bandes de papier lustré, ou de pâte de porce- laine, noircies avec le noir de fumée. Ces bandes, mises les unes à côté des autres, présentent chacune la largeur d'un centimètre. — Le cylindre se meut de droite à gauche et peut aussi se mouvoir dans la direction de son axe, pour disposer qu'une des bandes de papier soit impressionnée par le style inscripteur. Le mouvement du cylindre additionnel est indépendant du mouvement du cylindre du phonographe, et l'on peut comme pour celui-ci, augmenter ou diminuer sa vitesse de rotation On comprend bien de quelle manière fonctionne l'appareil. Pendant que le style grave la parole sur la feuille d'étain dans le premier cylindre, le style inscripteur fixé au même axe que le promier et animé comme celui-là du même mouvement, fournit des traces sur la bande noircie du cylindre additionnel, vérifiant aussi à sa manière l'inscription de la parole. La petite couche de noir de fumée dépo- sée sur le ruban de papier, permet d'indiquer les vibrations par le simple contact du style inscripteur. Les vibrations de ce style peuvent être ampli- fiées par les moyens oi'dinaires. Dans les expériences que j'ai faites avec les voyelles, j'ai observé deux groupes qui sont reconnus immédiatement par la différence de leurs plis ou de leur courbe. Les voyelles a, o, u, diffèrent des e, i, par la plus grande distinction de la ligne blanche que le style inscripteur a produite, les voyelles étant toutes prononcées avec la môme intensité. Après quelques essais, et avec l'aide du microscope , je suis arrivé à distinguer en toute sûreté chacune des cinq voyelles. Dans l'étude des consonnes j'ai moins avancé, parce que je n'ai pu y employer tout le temps nécessaire. Cependant j'ai distingué quelques-unes sans beaucoup d'efforts comme par exemple le l, y, r, h, j, x, :■„ etc. Pour les consonnes auxquelles comme dans la langue espagnole on doit ajouter une voyelle, pour les prononcer comme par exemple : be, ce, de, ge, H, etc., les traces se confondaient assez avec les plis de la voyelle qui les accompa- gnait. Quant aux paroles entières, j'en ai reconnu quelques-unes, après avoir étudié le signe particulier que chacune marquait sur le papier. On comprend bien que la plupart d'elles présentent une trace spéciale, et que pour les dé- chiffrer il faut avoir toujours à la mémoire le dessin que chacune des paroles présente ce que je considère comme impossible ; la netteté des traces est dans certaines limites en relation inverse de l'intensité du son. Je crois que, pour pouvoir tirer quelque profit de ces éludes, c'est-à-dire, pour que ces pe- tits plis avec ou sans l'aide du microscope, constituent un vrai système com- préhensible d'écriture, il est nécessaire d'étudier en premier lieu très bien, les traces des éléments des paroles, en commençant par les sons simples, syllabes, etc. J'ai fait quelques-unes de mes expériences avec mon phonographe ins- G. CHAPERON. — NOUVELLE MACHINE MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE 417 cripteur, d'autres au moyen du phonographe ordinaire. Si l'on voulait arriver à déchiffrer l'écriture gravée sur les feuilles d'étain du phonograplie , je crois qu'il serait nécessaire d'avoir plus d'un aide pour l'obtenir, et cette idée m'a conduit à relier au phonographe primitif l'appareil inscripteur que je viens de décrire; de cette façon nous avons un puissant clément pour déchiffrer le ■nouveau système d'écriture. Avec le phonographe j'ai fait d'autres expériences afin de produire des sons artificiellement, me proposant d'imiter les traces que laisse le style. Jusqu'à présent je ne puis annoncer avec sùrefé aucun résultat positif. M. &. CHAPER-ON Ingénieur civil, .-inrion Olrv.' do l'Éfnlo polyterliniiiue, n'I.ibour:ie. NOUVELLE MACHINE MAGNÉTO OU DYrMMO-ÉLECTRIQUE ~~ S c a HCC d H ( H cjitembrc t H~ !) . — Ce nouveau type de générateur d'électricité se rapproche, dans son ensemble, de la machine de Page; une modification assez importante y a cependant été apportée dans le double but d'en augmenter la force électro-motrice et de rendre plus aisée la substitu- tion d'éleclro-aimants aux ai- mants permanents. Sous sa forme la plus simple, l'appareil comprend deux bo- bines induites BB dont les noyaux de fer doux sont reliés par des armatures plates aux extrémités polaires d'un aimant en fer à cheval MN de telle fa- çon que les sections des noyaux apparaissent aux deux bouts des bobines. Devant ces sections tournent deux armatures A^ A., calées à angle droit sur le même axe, l'armature A^ se comporte exactement comme celle de la machine de Page : elle produit une surexcitation magné- tique des noyaux lorsqu'elle vient à passer devant leurs extrémités. — 27 A, Armature Fig /,C. 418 PHYSIQUE L'armature Aj donne au contraire un effet de désaimantation, et comme elle est calée à 90*» de la première, les effets d'induction des deux arma- tures s'ajoutent et les courants qu'elles causent peuvent être recueillis sans compliquer le commutateur. (La désaimantation causée par l'armature A, est un phénomène conmi ; elle provient de ce que les solénoïdes élémentaires que l'on peut sub- stituer à l'aimant inducteur sont fermes par l'adjonction de cette arma- ture et par conséquent n'ont plus d'action intérieure. Dans la pratique, il y a, bien entendu, seulement une diminution d'aimantation.) D'après les mesures effectuées, le fonctionnement de celte deuxième armature, prise isolément, paraît donner une force électro-motrice égale au ]/A de celle que fournit la première A^. — On obtient également une augmentation correspondante de force électro-motrice en employant simultanément les deux armatures au lieu de la première seule, et cela sans compliquer en rien les renversements des courants et le com- mutateur. En outre des propriétés ci-dessus énoncées, il est évident que ces deux appareils, comme tous ceux qu'on pourrait baser sur le même principe, présentent l'avantage, assez grand dans la pratique, de laisser immo- bile le lil induit, ce qui évite toute détérioration de ce fil et permet, dans le cas ou l'on se sert des courants alternatifs, de le fractionner en autant de circuits différents qu'on le désire. M. E. PEEAÏÏBERT Professeur de physique au Collège de Beaurais. OBSERVATIONS SUR L'ÉLECTRICITÉ DE LA PLUIE — Séance du 4 septembre 1879. — 11 n'y a pas lieu de s'étonner de voir la pluie, ou à sa place la grêle et la neige, toujours chargées d'une certaine quantité d'électricité. Elles se détachent en effet de nuages qui sont les grands réceptacles des fluides atmosphériques, et dont elles emportent quelques traces. C'est sur cette électricité entraînée par ces météores qu'ont porté mes observations. Je me suis servi h cet effet d'un dispositif composé d'un collecteur, et d'un électroscope condensateur, réunis par un fil isolé. E. PRÉAUBERT. OBSERVATIONS SUR l'ÉLECTRICITÉ DE LA PLUIE 419 Le collecteur est constitué par une sorte de parapluie en tôle de laiton d'environ Q'",SÙ d'envergure, portée par une tige de verre isolante et isolée. Cette dernière précaution est indispensable, le verre devenant conducteur par les temps humides. A cet effet ce support n'est autre qu'un isoloir du système de M. Mascart. L'avidité de l'acide suliurique pour l'eau dessèche complètement la partie de la tige qui en émerge et assure ses propriétés isolantes. Cet isoloir doit être fréquemment visité à cause de l'obstination fâcheuse des araignées à y chercher un refuge ou un point d'appui pour leurs toiles. Or les fils d'araignées, qui sont à peu près isolants par les temps secs, deviennent conducteurs par les temps humides, et d'autant plus que l'air est plus près de son point de saturation ; ce qui est par là même très préjudiciable aux observations de pluie. Il faut donc détruire ces toiles à l'aide des barbes d'une plume un peu ferme. Avec cette pré- caution l'isolement se conserve indéfiniment et sans altération même dans les conditions atmosphériques les plus défavorables. Lorsque la pluie vient à rencontrer la feuille métallique du collecteur, elle partage avec lui, avant de glisser sur le sol, l'électricité dont elle est chargée. Cette électricité s'en va se condenser dans l'appareil récep- teur. Des précautions particulières ont été prises dans l'installation du col- lecteur afin d'éviter tout apport d'électricité étranger à la cause qui nous occupe. A cet effet il a été placé dans un jardin, à une faible distance du sol, au milieu d'une végétation d'arbustes, dans un emplacement entouré d'édifices et de nmrs élevés. Cette situation a pour but de briser le vent et de permettre à la pluie de tomber plus normalement sur l'appareil. Le fil conducteur, après avoir traversé une fenêtre par l'échancrure d'un carreau, afin d'éviter tout contact, vient prendre un point d'appui sur un second isoloir et peut être mis en rapport par son extrémité libre, à l'aide d'un intermédiaire isolant (bâton de verre), avec le pla- teau inférieur d'un électroscope condensateur. Le plateau supérieur du condensateur communiquant d'une façon permanente avec le sol, il résulte que tout le fiuide reçu par le collecteur viendra s'accumuler sur le plateau inférieur. Pour mettre en évidence l'électricité condensée, il suffit de détacher avec le corps isolant le fil conjonctif et de soulever le plateau supérieur, l'électricité devenue libre se répand sur les feuilles d'or et les fait diverger. Pour en reconnaître le signe je me suis servi d'un bâton d'ébonite frotté avec de la peau de chat et qui se charge alors négativement. J'ai en outre institué un dispositif destiné à donner en même temps le signe de l'électricité atmosphérique. A cet effet un mince jet d'eau, 420 PHYSIQUE commandé de l'intérieur du laboratoire par un tuyau avec robinet, «'élève à une certaine hauteur au-dessus du colleeteur, de façon que les •oouttelettes qui s'en détachent retombent dessus. Le jet est mis en communication permanente avec le sol. On sait que dans ces conditions la veine liquide, jusqu'au point où elle se rompt, se comporte comme >îa tige d'un paratonnerre, et que les gouttelettes d'eau dans lesquelles elle se résout se trouvent chargées h un potentiel égal en valeur absolue ^t de sens contraire à celui de la couche d'air où avait lieu la rupture. Il suffisait donc de prendre en signe contraire les indications de l'élec- 'troscope. Les observations que j'ai réunies présentent nécessairement de nom- 'breuses lacunes tenant à la nature même du phénomène, l'irrégularité Klans répo(|ue de son apparition et dans sa durée. L'utilité d'un appareil enregistreur n'est pas à démontrer dans le cas actuel. Néanmoins il '«l'a paru s'en dégager les faits généraux suivants, qu'il me reste à exposer : 1° La pluie est constamment clectriséc, le signe et la quantité de •lluide étant du reste très variables. Parfois cependant il y a arrêt momen- tané dans les manifestations électriques. C'est alors toujours l'indice d'un changement de signe ; c'est qu'alors la pluie s'échappe de la ligne ■neutre du nuage qui est séparé ainsi en deux régions de signes con- 'traires . ^^ Le signe de la pluie semble être constamment d'accord avec le •sigrre de l'électricité atmosphérique. La raison de ce fait doit être attri- buée à l'action prépondérante, à cause de sa faible distance au sol, de -'la masse électrique véhiculée par les gouttelettes d'eau, et qui impres- sionne les instruments à électricité atmosphérique de la même façon «que le collecteur de mon appareil. 30 Les variations de signes et la quantité de fluide entraîné sont dans ■un rapport manifeste avec l'intensité des perturbations atmosphériques. Il y a tout d'abord à distinguer le cas où l'atmosphère est calme, la pluie douce, à grains fins, uniforme. On constate alors une remarquable permanence du signe positif. Il semble que dans ce cas, sans doute à cause de la conductibilité momentanée des couches supérieures, l'élec- 'îricité positive des hautes régions s'écoule directement jusqu'au sol par l'intermédiaire de la pluie. Lorsqu'au contraire l'atmosphère est agitée, les nuages discontinus, la pluie irrégu'ière, il y a de fréquents changements de signes. Cette vlréquence, de même que la quantité de fluide entraîné, sont dans une ceriame mesure proportionnelles à l'intersité de la perturbation atmos- -phérique. E. PRÉAVBERT. OBSERVATIONS SUR LELECTRICITÈ DE LA PLUIE 4;2f Ou remarque de plus une pr^oniinance du fluide négatif dans les averses violentes ù largues gouttes, et du fluide positif dans les pluies, fines. Dans les bourrasques et les orages les pheaom;:us prtvtxuais i::c - gnent leur maximum d'intensité. Eu voici quelques exemples : Le 4 juillet, à deux heur« de l'après-midi . s'élève un cvxip de vent violent avec pluie pendant cinq minutes ; pendant tv court espace dt- temps il y a eu l;\»is renversements du signe électrique de la pluie. Le 0 juillet, même i>erlurt>aliou atmosphérique avec pluie tourbillon- nante pendant vingt minutes, de li heures o minutes à 11 heures 2> minutes. Le signe éU>clrique de la pluie changi^ six fois dans cet intiH"— valle. et les quantités de fluide entraîné sont énormes. 11 serait facile de multiplier ces exemples. Comme la pluie nous vient eu ligne directe des nuages, elle nous donne par cela uH'me des indica- tions p.tvieuses sur leur distribution électrique. Nous wyous alors par là combien est profonde la jvrlurLmlion de leur équilibre électrique ^xir ces temps de troubles atmosplKTiques. Et nous avons li rohgiae de ces gr;mdes commotions électriqu«>s partbis si violentes que manifestent les orages. Je u"ai pas eu la chance d'observer de chute de grvle ; et quant à la neige, par suite d'un accident, je n'ai pu me livrer i une étude suivie sur ces météores. Toutefois j'ai o ' jue, comme la pluie, ello entraî- nait des quantités variables d'c La conclusion générale à dt\iuir« de ces olvserralious est que les mani- festations élev^riques de la pluie suivent exactement et simulUuément les mêmes lois que le* manifesUtions eUvlriques de l'air au même mo- ment. Ou retrvHive les mêmes lois qui ont été tlvrmuU^ par divers physi«- ciens et eu jvjrticulier j^r le savant directeur de l'obst^rx-atoirc du YiS>u\v, M. Palmieri. J'ai indiqué plus haut la raison qu'il fallait, selon -^ ■ donner à cette cvVinoidence. Ouol i\Me i>eut bien jouer dans la natur\^ CxH enU^iiuement de l'élecln- cilé des hautes rx^gions"? Il me piimt assex ditBcile à détiuir. reul-èlre tant -il lui atiribuor la diminution assez frè\|uente et parfois même la^ disparition complète d'un ivullit éUvlrique dans les oragx^s, coincidaiU ave^' la chute d'une pluie aboudauie. 422 PHYSIQUE M. DÏÏPOÏÏE Professeur à l'Acailémie do Lausanne. SUR LE PASSAGE DE L'AIR SEC ET DE L'AIR HUMIDE A TRAVERS LES PLAQUES POREUSES — .S' é ance du 4 sep te m hrc -1 87 9 M. A. COEÎfïï Membre de l'Institut, Professeur à l'École Polytechnique. SUR LES SPECTRES DE L'ALUMINIUM ET DU ZINC (extrait du pnocKs-vEnBAL) — Séance du f septembre 1879. M. Cornu montre un cliché photographique reproduisant les spectres de l'aluminium et du zinc. — 11 communique le résultat d'un travail sur le spectre ultraviolet de l'aluminium obtenu au moyen de l'étincelle d'induction et fait voir qu'en augmentant les condensateurs on arrive à décomposer les raies en un très grand nombre. M. Cornu expose également la méthode qu'il a employée pour mesurer les longueurs d'onde. M. MEECADIEE Ingénieur des télégraphes, Répétiteur à l'École Polytechnique. RECHERCHES SUR LA PILE DE BUNSEN — Séance du i septembre IS7 9 GARIEL. APPAREILS d'oPTIQUE ÉLÉMENTAIRE. 423 M. &ÂEIEL Ingénieur des Pcnts et Cliaussées-, Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris. APPAREILS ET EXPÉRIENCES POUR LES DÉMONSTRATIONS D'OPTIQUE ÉLÉMENTAIRES — Séarice du 4 scplcmbre 1879. I Nous avons indiqué dans une précédente communication quelques appareils qu'il nous paraissait intéressant d'introduire dans les cours élémentaires pour la démonstration et l'explication des lois de l'opti- que géométrique (1). Xous avons eu depuis cette époque l'occasion d'étudier à nouveau et de simplifier la construction de ces appareils schématiques, ce qui nous a permis d'étendre leur emploi. Dans la figure 47 ({ui reproduit la construction du rayon émergent ri?. /,7. correspondant dans une lentille à un rayon incident donné, il est facile de démontrer (2) cpie les trois points /, C et f' sont constamment en ligne droite. Comme le point G est indépendant de la dirrclion du rayon incident et que les longueurs C/" et Cf sont égales on on conclut immédiatement que dans les changements de direction les rayons, les déplacements des points f at f sont égaux et de sens contraire. D'oii résulte que, si ces points sont reliés par un fil passant à la partie su- périeure sur une ou plusieurs poulies, et dont la longueur soit inva- riable, les déplacements des points f et f correspondent précisément aux changements dus à l'action de la lentille. L'appareil que nous avons l'honneur de présenter à la section est construit pour le cas où l'on néglige l'épaisseur de la lentille : il y (1) Comjjlc roula du Congrès de la troisième session de l'Asuocialion française. — LilICi (2) Lcco citato. p. 2/.8. 4M PHYSIQUE aurait peu de changements à y introduire pour passer au cas général. Il suffirait que les deux rayons correspondants vinssent aboutir sur les deux plans principaux à la même distance de l'axe. Les deux rayons mobiles RI, SI (lig. 48), sont fixés par une glissière Fig. /.8. à un circuit rectangulaire passant sur quatre poulies, et dont la conti- nuité assure que l'entraînement des tiges représentant les rayons aura lieu, quel que soit le sens du mouvement. 11 n'y a pas lieu d'insister davantage sur le l'onctionnement de l'appareil, (jui se comprend aisé- ment. Le mode de liaison que nous venons de signaler nous a permis d'é- tablir un appareil schématique (fig. 49) permettant de faire comprendre les principales questions physiques qui se rattachent à la vision. L'œil, formé de milieux successifs divers peut, au point de vue opti- que, être remplacé, comme l'a montré Listing par une seule surface réfringente (œil réduit). La méthode précédemment indiquée se trouve alors applicable, et par l'emploi d'un fil reliant le rayon réfracté dans l'œil au rayon incident, on peut aisément montrer les divers cas qui peuvent se présenter. Mais il fallait en outre faire comprendre les effets produits par l'ac- commodation, c'est-à-dire par une augmentation de convergence de l'œil : il eût suffi pour produire ce résultat d'augmenter la longueur du fil reliant les deux rayons. Ce moyen n'était pas pratiquement com- mode ; on peut aisément le remplacer en forçant le iil à passer en un point déterminé dont on varie la position. Nous sommes arrivés au résultat en l'astreignant à passer sur une petite poulie 0 située à l'extré- mité d'un bras mobile autour du centre. Lorsque le bras passe de la verticale ù l'horizontale, tout se passe comme si les milieux réfrin- gents devenaient plus convergents, c'est-à-dire comme si l'œil passait de l'état de repos à l'état d'accommodation maxima; le bras se meut d'ailleurs sur un arc de cercle, qui peut être gradué et fournit ainsi à l'auditoire une indication visible de l'état d'accommodation. Pour que l'appareil pût être réellement utile aux étudiants en méde- GARIEL. — APPAREILS l) OPTIQUE ÉLÉMENTAIRE. 4^2" cine auxquels il est spécialement destiné, il fallait qu'il pût représenter à volonté les états de l'œil correspondant à l'emmétropie, à la myopie, I"ig. i'J. à riiypermélropie. Nous avons atteint ce résultat simplement en dessi- nant la partie qui représente la coupe de la résine sur une pièce mobile que l'on peut Taire glisser dans des coulisses, de manière à clianger la longueur du diamètre antéro-postérieur de l'œil, et à faire passer celui- ci par tous les degrés d'amétropie compris entre l'extrême myopie et l'hypermétropie exagérée. Nous croyons, d'après l'expérience faite en 4879 h la faculté de mé- decine de Paris que cet appareil peut rendre de réels services dans le cas de cours spéciaux où la discussion des formules même les plus sim- l)les est presque impossible. II Les mêmes couditions que nous venons d'invoquer on faveur de nos a})pareils schématiques nous ont conduit à présenter sous une nouvelle forme un certain nombre d'expériences relatives à l'optique géomé- trique. Lorsque l'on étudie les effets produits par les lentilles, on dessine au tableau la marche géométrique des rayons, le plan du tableau étant le plan dans lequel se meuvent et restent les rayons. Puis, pour vérifier les résultats indiqués, on fait passer un faisceau à travers une lentille, et on étudie les sections faites dans le faisceau émergent par un plan que l'on place transversalement au faisceau et à diverses distances de la lentille. Bien que la relation entre la iigure et l'expérience soit des plus simples, nous avons dû reconnaître à plusieurs reprises qu'elle n'était pas toujours comprise, et nous avons cherché à parer à cet inconvénient; après divers essais qu'il serait sans intérêt de rappeler ici, nous sommes arrivé, croyons-nous, à une disposition pratique qui nous paraît appelée 426 PHYSIQUE à rendre des services. Le principe, fort simple d'ailleurs, consiste à cou- per les faisceaux que l'on veut étudier par un écran en glace dépolie que l'on place presque parallèlement à l'axe. On a alors une section du faisceau sensiblement plane qui est très nettement visible, même dans un grand amphithéâtre, si l'on y peut obtenir une obscurité à peu près complète. Il y a bien souvent un grand intérêt à opérer sur un faisceau lumi- neux que l'on perd trop souvent de vue dans l'étude, pour ne considérer que la marche géométrique d'un ou de deux rayons; mais, en interpo- sant un écran percé de fentes parallèles fines, on peut rendre visibles deux ou trois pinceaux lumineux que l'on peut confondre avec des rayons; si même on dispose d'une source vive de lumière, il est possible, en interposant des verres diversement colorés, de distinguer les rayons dont la marche se suit avec une facilité plus grande encore. En plaçant sur le trajet du faisceau ou de ses rayons et perpendicu- lairement à l'écran, ou à peu près, un miroir plan, des miroirs cylin- driques en verre argenté, par exemple, ou se rend un compte exact de l'action de ces surfaces réfléchissantes dans ces différents cas. On peut également interposer des lames à faces parallèles, des prismes, des len- tilles cylindriques, etc. Dans tous les cas, les rayons lumineux réelle- ment visibles dessinent sur l'écran la même figure géométrique que le professeur a tracée au tableau. Nous avons disposé également une cuve cylindrique remplie d'eau et qui présente sur une base placée verticalement un écran en verre dé- poli. En plaçant ce petit appareil à peu près parallèlement à l'axe du faisceau et coupant celui-ci, on met en évidence très simplement les phénomènes de la réfraction dans les divers cas, celui de la réflexion totale, etc., et les faits signalés sont aisément compris. Le faisceau est obtenu par la lanterne de projection dont l'usage est généralement répandu maintenant .• une lentille cylindrique ou seule- m^ent sphérique pour donner au faisceau la forme la plus convenable, des écrans convenablement entaillés suffisent à fournir le faisceau sur lequel on opère. Le resta est également fort simple et peu coûteux. Nous ajouterons que, pour rendre commodes les expériences avec la cuve de réfraction, il importe que le faisceau horizontal fourni par la lanterne puisse tomber sur la surface de réfraction dans une direction quelconque : nous avons combiné, à cet effet, un système articulé com- prenant deux miroirs et qui satisfait absolument à cette condition. Dès l'année 1877-1878, nous avions essayé un mode d'expérimentation analogue, en coupant simplement les faisceaux par le tableau noir; mais ce n'est que de cette année (1879) que par l'emploi de l'écran dépoli, nous sommes arrivés à des résultats véritablement satisfaisants. A. BRÉGUET. SUR LES MACHINES MAGNÉTO-ÉLECTRIQUES 427 Nous croyons devoir ajouter que, à l'Expositiou universelle de 1878, M. Rosenberg présentait des appareils analogues au moins comme but h ceux dont nous nous occupons aujourd'hui; ces appareils schémati- ques étaient conçus dans le même esprit que ceux que nous avons pré- sentés à l'Association en 1874 et pour la reproduction lumineuse des ligures de l'optique géométrique, les résultats qu'il obtenait ne nous ont pas paru plus satisfaisants que ceux que nous avions essayés sur un tableau vertical et exigeaient une installation irréalisable dans le cas d'un auditoire nombreux et que nous avons pu éviter par la disposition que nous venons de décrire. M. Antoine BEEGÏÏET Ancien i-li-y il- iriul' Pulytocliiiique. SUR LES MACHINES MAGNÉTO-ÉLECTRIQUES DU GENRE DE CELLE DE GRAMME (i.xiHAir \i\- l'iini i:s-vi:iinAr.j — S c a n r c du 4 » c p t c m b r e 4 S~ It. — M. Gariel présente les appareils disposés par M. A. linÉr.UET pour faire con- naître les circuils de diverses formes réalisés par Alleneck, par Fiolicli eL par lui (2 solutions), pour obtenir des machines magnéto-électriques autres que la machine Gramme et fournissant des courants interniittcnts et de ménie signe. Dans ces expériences, on prouve que le résultat cherché est effectivement atteint en montrant que, inversement, ces circuits se mettent en mouvement d'une manière continue sous l'inlluence d'un aimant fixe (I). Vœu émis par la 5** section. La section de physique émet le vœu : « Que l'Association française soit représentée à l'inauguration de la statue de François Arago à Perpignan, le 21 septembre 1879 » (â). (1) Voir Ann. île ch. et ,/p ph. [S], t. XI, p. 3o8 et t. XVII, p. 282. (2) Le conseil d'administration do l'Association française, prenant en considération le vœu de la ^» section, a délégué pour la rcpiêsentur à celte céréuionie : MM. Creva, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier et Xarabcu, professeur de physique au Lycée de Saintes. 428 PHYSIQUE L'ordre du jour de la S" section comprenait plusieurs autres travaux envoyés par leurs auteurs et qui n'ont pu être lus en séance, faute de temps. Nous en reproduisons les titres ci-après : M. DE Baillehache. — Nouveau télégraphe imprimeur à cadran. M. Berdellé. — La gamme des musiciens et celle des physiciens. M. G. Camus. — Réfraction de la huiiière dans le système des ondulations. M. FiLLEMiN. — Avertisseur télégraphique d'incendie. Présentation de travaux imprimés ENVOYES AU CONGRES POUR ÊTRE COMMUNIQUÉS A LA SECTION'. M. C.-W. CooKE. — Ou a galvanometer for demonslra'.ing thc internai current transmitted Ihroug the liquid wilhin a voltaic cell. M. H. DuFouR. — Recherches sur le mouvement des gaz au travers des corps poreux. M. C. Gros. — Notes sur le télégraphe hydrostatique. M. Melsens. — Note sur les paratonnerres. M. F. Rosseïti. — Indagini sperimentali suUa temperatura del sole. M. Tacchim. — ProtuhL^ranze solari ohservate a Palermo : 2 pi. DUVILLIER ET BUISÎNE. — SÉPARATION DES AMMONIAQUES COMPOSÉS 429 6' Section CHIMIE Président M. CHANCEL, Recteur do rAcailémic de Montp.-llior. Vice-Prksidents MM. V. JEAXJEAN, Professeur à l'École de pharmacie de Monlpcllirr. ENGEF-, Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. SEcr.ÉTAinn M. P. CA/.E.\EUVE, Professeur agrégé à la l'acult'' de médecine de Lvo.'i. M. E. DÏÏYILLIEE l'ivparateiir (i la l'iiculté des sciences de Lille. M. A. BÏÏISOE ÉIrvo (le lu Fanilté des sciences do Lille. SUR LA SEPARATION DES AMMONIAQUES COMPOSEES — .S c an ce d a :i 0 a m'i t 1870. — La séparation des ammoniaques composées, lorsqu'on a affaire au mélange des trois ammoniaques d'un même radical alcoolique, les trois méthylamines ou les trois éthylamines, par exemple, est très délicate et difficilement com[)lète. Hofmann le premier s'est occupé de cette question, sur le mélange des trois éthylamines qu'il obtenait par l'action de l'iodure d'éthyle sur l'ammoniaque (1). Il montra d'abord que leur séparation n'était pas possible par distillations fractionnées, quoique les points d'ébullition de (1) Procadinf/s of Ihe Hoyal Sociely, t. XI, p. CC. — 1860. 430 CHIMIE ces trois bases diffèrent notablement. La monoéthylamine bout à 18% la diélliylamine à 57° et la triétliylamine à 91°. C'est alors qu'il pro- posa le procédé de séparation par l'éther oxalique, qui a l'avantage d'être général. Ce ])rocédé consiste à verser dans le mélange des trois bases anhydres, qu'on obtient en les faisant digérer sur de la soude en plaques, de l'éther oxalique sec en léger excès. Dans ces conditions il reconnut que la monoéthylamine donne une oxamide, la diéthyloxaraide, corps solide ; que la diéthylamine fournit un éther, le diéthyloxamate d'éthyle, liquide insoluble dans l'eau et que la triétliylamine ne réagit pas. En chauffant et recueillant les vapeurs on obtient la triélhylamine. Le résidu laisse déposer la diéthyloxamide, qu'on sépare par pression; reprise par l'eau elle se dépose en beaux cristaux qui, décomposés par la potasse, donnent la monoéthylamine. Quant au liquide huileux qui reste, on le refroidit à 0° pour laisser déposer les dernières portions de diéthyloxamide, puis on le distille en recueillant séparément ce qui passe à 260° ; c'est alors l'éther diéthyloxamique qui par sa décompo- sition donne la diéthylamine. Heintz (1) répéta les expériences d'Hofmann. Après avoir séparé la triéthylamine, pour enlever toute la diéthyloxamide, il traita le produit par l'eau chaude. Dans ces conditions, il ne put constater la présence de l'éther diéthyloxamique, éther qui cependant est huileux et insoluble dans l'eau. Mais il remarqua que les eaux mères de la diéthyloxamide devenaient très acides ; il les satura par un lait de chaux et parvint à en séparer deux sels le monoéthyloxamate de chaux et le diéthyloxamate de chaux. Le monoéthyloxamate de chaux, très peu soluble, se dépose le premier en aiguilles brillantes ; le diéthyloxamate de chaux, très soluble, reste dans l'eau mère. On sépare le monoéthyloxamate de cal- cium d'une trace de diéthyloxamide, qui peut le souiller, par un lavage à l'alcool où il est insoluble. Hofmann (2) montra ensuite que si Heintz n'avait pas observé la pré- sence de l'éther diéthyloxamique, c'est qu'il n'avait pas opéré comme il l'indiquait, et qu'en reprenant le mélange par l'eau chaude il avait saponifié cet éther qui est peu stable et l'avait transformé ainsi en acide diéthyloxamique. Dans le même travail Hofmann annonce que lorsqu'on fait agir les bases anhydres sur l'éther oxalique, pour que la réaction soit complète, il faut chauffer quelque temps le mélange en vase clos, car les dernières portions de diéthylamine réagissent difficilement. (1) AnnaUn der C/icmie, t. CXXYII, p. 40. — -1863. (2) Deutsche chemische Gesellschaft, t. m, p. 77G. — 1870. DUVILLIER ET BUISLNE. SÉPARATION DES AMMONIAQUES COMPOSÉS 431 "Wallaclî et Weist (1), en versant de la monoéthylamine sèche dans de l'étlier oxalique furent surpris de n'obtenir qu'une faible quantité de diéthyloxamide ; celle-ci se trouvait remplacée par un résidu huileux abondant qu'ils reconnurent être de l'éthyloxamate d'éthyle. Ils en con- clurent qu'en opérant la séparation des bases dans les conditions indi- quées par îloi'mann il devait se former une notable quantité de cet élher, ce qui rendrait le procédé de séparation d'Hofmann, incomplet, car les deux éthers monoéthyloxamique et diéthyloxamique se séparent difficilement par distillation, leurs points d'ébullition étant assez voi- sins, SoO" et 260''. Cependant Wallach et Weist, afin de les séparer, pro- posent de refroidir le mélange des deux éthers pour enlever le reste de la diéthyloxamide qui cristallise dans ces conditions, puis ils traitent par l'eau froide ; le monoélhyloxamate d'éthyle se dissout, la partie insoluble distillée fournit le diéthyloxamate d'éthyle pur et par sa décom- position la diélhylamine. La diélhylamine est donc comme on le voit la base la plus difficile à obtenir pure. Pour terminer l'historique de la séparation des bases ammoniées, il nous reste à citer le procédé indiqué par Carey-Lea (2) pour effectuer la séparation des éthylamines. Ce procédé consiste à traiter le mélange des éthylamines privées d'ammoniaque par l'acide picrique. Cet acide donne avec les éthylamines trois picrates doués de solubilités différentes. Les picrates de monoéthylamine et de triéthylamine sont cristallisables, et celui de monoéthylamine est le moins soluble ; tandis que le picrate de diéthylamine forme une huile lourde. La séparation de la monoéthy- lamine de la triéthylamine se fait en agitant la solution aqueuse de ces bases avec de l'éther, qui dissout la triéthylamine. Ce procédé ne per- met pas d'effectuer une séparation complète des éthylamines, et en outre il a le grave inconvénient d'exiger le maniement de quantités notables de picrates alcalins. Enfin Carey-Lea (3) a proposé, pour obtenir la méthylamine, de traiter par l'acide oxalique le mélange des bases non séparées de l'ammonia- que, d'évaporer et de reprendre par l'alcool qui laisse l'oxalate d'ammo- niaque insoluble. Ce procédé permet de séparer l'ammoniaque des méthylamines, mais il ne permet pas d'effectuer la séparation des méthy- lamines. Nous sommes parvenus, en combinant et en modifiant ces différents procédés, à obtenir un moyen de séparation pratique et surtout complet, (1) Annalen der Chimie, t. CLXXXIV, p. 38 et 60. — 1876. (2) Répertoire de chimie pure, t. IV, p. 446 — 1862. (3) Répertoire de chimie pure. t. IV, p. 44S. — 1862. 43â CHIMIE même lorsqu'on a à l'aire à un mélange de plusieurs séries de bases. Ce procédé nous a donné de très bons résultats et c'est en l'appli- quant que nous sommes parvenus à séparer les bases nombreuses qui entrent dans le produit connu sous le nom de triméthylamine com- merciale. Ce procédé consiste, loi'squ'on a le mélange des bases privées d'am- moniaque, à effectuer leur séparation par deux, traitements successifs par l'éther oxalique. Le premier traitement se fait sur la solution aqueuse des bases; dans ces conditions toutes les monamines sont précipitées à l'état d'oxamides. La partie qui n'a pas été précipitée est décomposée, les bases desséchées et recueillies dans l'alcool absolu. On traite alors cette solution alcoolique des bases par de l'éther oxalique; les diamines et une trace de monamines qui peut rester sont transformées en éthers oxamiques. Quant aux triamines, comme on le sait, elles sont sans action sur l'éther oxalique; on les obtient en distillant le mélange. Pour plus de détails sur ce procédé général de séparation des bases ammoniées, nous renvoyons à notre note sur la ti-iméthylamine commer- ciale (1) dans laquelle nous avons exposé le mode de séparation des bases suivantes : monométhylamine, diméthylamine, triméthylamine, mono- éthylamine, monopropylamine, monobutylamine. Le mélange est souvent moins complexe et presque toujours on n'a ù séparer que des bases d'un même radical; aussi suivant les circonstances notre procédé peut être légèrement simplifié. Séparation des méthijlamines. Pour effectuer la séparation des mélhylamines, qu'on obtient ordi- nairement en faisant réagir le nitrate de méthyle sur l'ammoniaque, on commence par en séparer l'ammoniaque ordinaire. Pour cela on traite par la potasse le produit de cette réaction et on transforme les bases en chlorhydrates. Après dessication on traite ceux-ci à plusieurs reprises par l'alcool absolu qui laisse le chlorhydrate d'ammoniaque indissous. La solution alcoolique renferme les chlorhydrates de métbylamines avec une trace de chlorhydrate d'ammoniaque, ce dernier sel n'étant pas complè- tement insoluble dans l'alcool. Les chlorhydrates de métbylamines sont alors décomposés pour être transformés en sulfates et ceux-ci après dessication sont traités par l'al- cool absolu qui dissout les sulfates de di et de triméthylamine et une trace de sulfate de monométhylamine, et laisse indissous le sulfate do monométhylamine et une trace de sulfate d'ammoniaque. (I) Comptes-rcr^dus. '.. L\X\!X, p. i8. — iSlO. DUVILLIER ET BUISINE. SÉPARATION DES AMMONIAQUES COMPOSÉS 433 Les sulfates insolubles dans l'aicool sont alors décomposées et les bases recueillies dans l'eau. La solution que l'on obtient est titrée, placée dans de la glace, puis traitée par de l'éther oxalique en quantité con- venable pour former de la dimélhyloxamide. Cette amide se précipite im- médiatement. Il faut avoir soin d'introduire l'éther oxalique par petites portions et d'agiter vivement après chaque addition de cet éther afin d'éviter autant que possible l'élévation de température. Ces conditions, dans lesquelles nous nous sommes placés, sont celles qui ont été indi- quées par Wallach et Boehringer (1) comme étant les meilleures pour produire la diméthyloxamide et la diéthyloxamide. Après avoir introduit l'éther oxalique on abandonne le mélange pendant un jour puis, on presser pour séparer la diméthyloxamide; l'eau mère concentrée en fournit une nouvelle quantité. La diméthyloxamide se sépare facilement, par cristallisation, d'une petite quantité d'oxamide ordinaire qui l'accompagne; cette dernière provenant de la petite quantité d'ammoniaque qu'on ne peut séparer par les chlorhydrates; elle apparaît en petits grains sur les cristaux de diméthyloxamide des dernières eaux mères ; on l'en sépare facilement en faisant recristalliser séparément ces derniers cristaux, et surveillant la cristallisation : la diméthyloxamide se dépose la première, et lorsque les premiers grains d'oxamide ordinaire apparaissent, on jette rapide- ment le tout sur une toile et on presse; l'oxamidc reste dans les eaux, mères. Avec la diméthyloxamide ainsi purilice il est facile d'obtenir de la monométhylamine pure. Quant aux sulfates solubles dans l'alcool, on les décompose par la soude et on reçoit le mélange des bases dans l'alcool absolu, après les avoir desséchées en les faisant passer sur une colonne de soude eu pla- ques. Cette solution alcoolique est titrée puis on la verse dans de l'éther oxalique, en quantité convenable pour J'ornit;r de l'éther diméthyloxa- mique, en supposant que la solutou ju; roiilcrme que de la diméthyla- mine. On abandonne alors le mélange pendant un jour pour laisser la réaction se terminer, puis on distille pour chasser l'alcool et la trinié- Ihylamine qui est sans action sur l'éther oxalique. Pour séparer le diméthyloxamate d'éthylede la petite quantité de mo- nométhyloxamate d'cthyle qui l'accompagne, on traite le mélange de ces éthers, qui sont solubles dans l'eau, par dix lois environ leur volume d'eau à 50 degrés environ; puis on ajoute un lait de chaux qui les- saponifie immédiatement. On lillre et on concentre. Le monomélhyloxa- [\] Annalen der chemic, t. CLXXXIV, p. 33 tt p. 50 — 1876. 434 CHIMIE mate de chaux })eu soluble se dépose le premier, le diméthyloxamate de chaux très soluble reste dans les eaux mères. Afin d'en éliminer complètement le monométhyloxamate de chaux on concentre jusqu'à ce que le diméthyloxamate de chaux commence à se déposer ; on ajoute alors à la solution son volume d'alcool ; ce qui peut rester de monomé- thyloxamate de chaux se précipite en même temps qu'un peu de dimé- thyloxamate de chaux. Après un jour de repos on filtre, on chasse l'al- cool et on évapore; le diméthyloxamate de chaux se dépose pendant l'évaporation, que l'on pousse presque à sec. Après avoir lavé le dimé- thyloxamate de chaux avec un peu d'alcool ordinaire, on le traite par de l'alcool absolu bouillant afin d'en séparer une trace de diméthyloxa- mide qu'il pourrait encore renfermer. Ainsi purifié, le diméthyloxamate de chaux est parfaitement pur. On en retire facilement la diméthylamine. La séparation des méthylamines nous a permis de faire quelques obser- vations nouvelles sur les dérivés des acides monométhyloxamique et diméthyloxamique. Nous allons les faire connaître. Monométhyloxamate de chaux. Ce sel, obtenu d'abord par M, Wurtz (1) et dont l'étude vient d'être reprise par MM, Wallach et Weist (2), se présente sous deux états. Lorsqu'il s'est déposé d'une solution chaude et concentrée il est anhydre et a l'aspect de l'amiante. Lorsqu'il s'est déposé à la température ordinaire d'une solution peu concentrée, il renferme trois molécules d'eau de cristallisation. Nous avons observé que le sel passait très facilement d'une modifica- tion à l'autre. Lorsqu'on abandonne pendant deux ou trois jours une cristallisation de monométhyloxamate de chaux déposé d'une liqueur chaude et con- centrée, c'est-à-dire déposé sous la forme abestoïde, le magma de cris- taux remplissant tout le vase diminue peu à peu et après le temps indiqué il a complètement disparu ; on trouve à la place une cris- tallisation en belles aiguilles A'olumineuses de sel avec trois molé- cules d'eau. En outre, lorsqu'on dissout dans l'eau chaude des cristaux de mono- méthyloxamate de chaux renfermant trois molécules d'eau de cristalli- sation, on remarque que les cristaux se deshydratent dans l'eau, se {i) Annales de chimie et de physique, 3^ série, t. XXX, p. 466- — 1850- (2) Annalen der chemie, t. CLXXXIV, p. 69. — 1876. DUVILLIER ET BUISINE. — SÉPARATION DES AMMONIAQUES COMPOSÉS 435 collent les uns aux autres, deviennent opaques et ne se dissolvent plus que très lentement. Cette propriété que possèdent les cristaux de mono- méthyloxainale de chaux de s'agglomérer dans l'eau chaude est très caractéristique, elle permet de reconnaître même de très petites quan- tités de ce sel. Diméthyloxamate de chaux. Nous avons indiqué plus haut la préparation du diméthyloxamate de chaux en décrivant la séparation des méthylamines. Ce sel est excessive- ment soluble dans l'eau, il n'est pas déliquescent. Il se dépose de sa solution aqueuse tantôt en croûtes dures cristallines, tantôt sous la forme d'une masse granuleuse et pâteuse. Il n'est guère plus soluble à chaud qu'à froid. Il est soluble dans l'alcool à oO degrés environ, inso- luble dans l'alcool absolu. Une solution concentrée de diméthyloxamate de chaux, versée dans cinq à six fois son volume d'alcool se précipite lente- ment et presque complètement sous forme d'une poudre cristalline nacrée qui, au microscope, se présente sous la forme de petits prismes courts. L'aspect de ce sel au microscope est bien différent de celui que pré- sente le monométhyloxamate de chaux qui est également précipité de sa solution aqueuse par l'alcool sous forme d'une masse gélatineuse qui, au microscope présente l'aspect d'un réseau de longues aiguilles traversant tout le champ du microscope. Diméthyloxamate de baryte. Le diméthyloxamate de baryte s'obtient en saponifiant le diméthylo- xamate d'éthyle par la baryte, enlevant l'excès de baryte par un courant d'acide carbonique et concentrant ; on obtient une masse que l'on sèche. Le sel sec repris par de l'alcool à 80° se dissout en donnant par le refroi- dissement une sorte d'empois ; il est complètement insoluble dans l'alcool absolu. Séparation des éthy lamines. On sait, d'après les recherches d'Hofmann (1) que le meilleur procédé pour obtenir les éthylamines consiste à chauffer en vase clos une solu- tion alcoolique d'ammoniaque et de chlorure d'éthyle. Dans ces condi- tions il se forme outre les trois chlorhydrates d'éthylamines, une notable quantité de chlorhydrate d'ammoniaque qui, étant insoluble dans l'alcoo , se précipite; il suffit de presser pour le séparer des chlorhydrates d'éthy- lamines solubles dans l'alcool. Nous avons indiqué plus haut le procédé employé par Hofmann pour séparer les trois éthylamines. (1) Deutiche chemische Ge elUchaft, t. III, p. 109. — 1870. 436 CHIMIE Pour obtenir les éthylamines nous produisons les chlorhydrates de ces bases en suivant les indications d'IIofmann, seulement, comme le chlorhy- drate d'ammoniaque n'est pas complètement insoluble dans l'alcool avant d'effectuer la séparation des éthylamines nous décomposons par la soude les chlorhydrates d'élliylamines séparés de la plus grande partie du sel ammoniac et nous transformons les bases en sulfates. Après dessication ceux-ci sont traités par l'alcool absolu qui dissout les sulfates d'éthyla- mines et laisse le sulfate d'ammoniaque insoluble. Pour séparer les éthylamines nous employons la méthode générale de séparation des bases ammoniées que nous avons indiquée plus haut. A cet effet les sulfates d'éthylamines, privés complètement d'ammoniaque sont décomposés et les bases recueillies dans l'eau et soumises à un pre- mier traitement par l'éther oxalique qui en sépare la monoéthylamine à l'état de diéthyloxamide. La partie qui n'a pas été précipitée est décom- posée, les bases desséchées et recueillies dans l'alcool absolu. On sou- met cette solution alcoolique au second traitement par l'éther oxalique ; il se forme du diéthyloxamate d'éthyle et la triéthylamine reste sans action sur l'éther oxalique. On obtient cette triamine par distillation. Lorsqu'on a un mélange d'éthylamines ne renfermant qu'une trace dri triéthylamine, ce qui se présente lorsqu'on a le mélange des éthylamines produites par l'action du bromure d'éthyle sur l'ammoniaque, on peut, comme nous l'avons montré (1), opérer leur séparation par un seul traitement par l'éther oxarlique. Dans ce cas après avoir titré la solution aqueuse des bases éthylées privées d'ammoniaque, on la place dans la glace et on la traite par une quantité convenable d'éther oxalique pour former de la diéthyloxamide; en supposant les bases à l'état de monoéthy- lamine après un jour on sépare par pression la diéthyloxamide formée; les eaux-mères très alcalines sont distillées au bain-marie de manière à recueillir l'alcool et les bases qui n'ont pas réagi. Par refroidissement il se dépose de la diéthyloxamide qu'on sépare comme précédemment. Nous n'avons pas observé dans les eaux-mères de la diéthyloxamide d'éther insoluble dans l'eau indiquant la formation de diéthyloxamate d'éthyle; cependant le mélange des bases éthylées sur lequel nous avons opéré renfermait une notable proportion de diéthylamine; mais par concentration les eaux-mères de la diéthyloxamide deviennent sirupeuses et de plus en plus acides. Ce sirop est formé ainsi que nous l'avons constaté, par un mélange d'éther diéthyloxamique avec ses deux pro- duits d'hydratation l'acide diéthyloxamique et l'oxalate acide de dié- thylamine. (1) Comptes rendus, t. LXXXVUI, p. 31. — 1879. DUVILLIER ET BUISINE. — TRIMÉTIIYLAMINE COMMERCIALE 437 Nous sommes parvenus à retirer facilement la diéthylamine renfermée dans ce sirop. Pour cela on l'additionne de 8 à 10 fois son volume d'eau et on le soumet à une forte ébullilion de manière à transformer le diéthy- loxamate d'éthyle et l'acide diéthyluxamiquc en oxalate acide de diéthy- lamine, leur produit ultime d'hydratation. Après concentration de la liqueur on obtient une abondante cristallisation d'oxalate acide de dié- thylamine en belles aiguilles de 3 à 4 centimètres de longueur. Purifié par quelques cristallisations, puis décomposé, ce sel fournit de la dié- thylamine pure. Les mélhylamines, dans les mêmes conditions, fournissent également une eau-mère sirupeuse renfermant de l'oxalate acide de diméthylamine mais ce sel étant très soluble et ne donnant pas de cristaux faciles à pu- rifier comme ceux d'oxalate acide de diéthylamine, nous avons renoncé à employer ce procédé pour la séparation des mélhylamines. M. E. lïïY^ILLIEE Préparateur ù la Faculté des scicncos de Lille. M. A. BÏÏISOE Élève de la Fuculté des sciences de Lille. SUR LA TRIMÉTHYLAMINE COMMERCIALE. — Sert7icc du 29 août 1879. — Les mélasses que l'on produit dans la fabrication du sucre de bette- raves servent en grande partie à la fabrication de l'alcool. Les vinasses résidus de cette dernière fabrication, sont concentrées, puis calcinées; elles donnent ainsi le salin brut de betteraves à l'aide duquel on prépare le carbonate de potasse raffiné. Dans la calcination des vinasses on avait déjà remarqué qu'il se dégageait de l'ammoniaque en abondance. M. Vincent eut l'idée d'opérer, en vase clos, la calcination des vinasses et de recueillir tous les produits volatils qui se dégageaient en pure perte, il sépara ces produits et en donna la liste (1). Parmi les bases volatiles, M. Vincent ne cite que l'ammoniaque et la triméthylamine qui seule l'accompagne, dit-il; il appuie môme sur ce fait en faisant observer qu'il est digne de remarque qu'il lui a été irn- [\) Bulletin de la Société chimique de Paris, t. XXVn, p. 134. — iSTT. 438 CHIMIE possible de déceler la présence des autres méthylamines (1). Pour séparer les deux bases qu'il a signalées dans les produits de la calcination des vinasses, M. Vincent en forme les chlorhydrates, et sépare le chlorhy- drate d'ammoniaque par cristallisation; le chlorhydrate de triméthy- lamine reste dans les eaux-mères. Ayant obtenu ainsi une grande quantité de triméthylamine, il en fit quelques sels et décrivit toutes ses réactions sur les solutions métalliques (2). Plus tard, il appliqua son chlorhydrate de triméthylamine à la fabrication industrielle du chlorure de méthyle (3) en montrant que vers 300° ce sel se décompose com- plètement en chlorure de mélhyle et ammoniaque. Ayant eu entre les mains plusieurs échantillons de cette triméthylamine commerciale, nous avons eu l'idée de vérifier sa pureté. Nous avons bientôt remarqué que ce produit était loin d'être de la triméthylamine pure. Nous l'avons soumis à deux traitements successifs par l'éther oxalique, comme nous l'avons indiqué en décrivant notre procédé géné- ral de séparation des bases ; et, dans une note k l'Académie, à laquelle nous renvoyons (4), nous avons fait connaître les bases, qu'il nous a été permis d'en retirer à l'état de pureté, et qui sont les suivantes : mono- méthylamine, diméthylamine, triméthylamine, monopropylamine, mo- nobulylamine. Nous étions très étonnés de ne pas trouver d'éthylamine dans le mélange, car en général, dans les décompositions pyrogénées des matiè- res organiques, on obtient une ou plusieurs séries de produits homolo- gues : ainsi la distillation du bois fournit les homologues de l'acide acétique jusqu'à l'acide caproïque ; la houille donne les homologues de la benzine, etc. Mais si l'éthylamine nous avait échappé dans nos premières recher- ches, c'est qu'elle ne se trouve qu'en faible quantité dans le mélange, 2 0/0 environ. Nous l'avons trouvée en traitant nos résidus et princi- palement dans les eaux-mères de purification des oxamides. Pour la séparer on décompose ces eaux-mères par la potasse, on transforme les bases en sulfates; les sulfates sont desséchés afin d'en séparer une petite quantité de sulfate de monométhylamine, insoluble dans ces conditions. On décompose ensuite les sulfates soinbles dans l'alcool, on recueille les bases desséchées dans l'alcool absolu et on traite par l'éther oxalique de manière à obtenir des éihers oxamiques. On saponifie ensuite ces éthers par la chaux et on fait cristalliser. Le monoéthyloxamate de chaux, peu |i) Bulletin de la Société chimique de Paris, t. XXVII, p. \r,\. — 1877. (2i Bulletin de la Suciélé chimique de Paris, t. XXVII, p. 150. — 1877. (3) Comptes rendus de l'Académie des sciences, t LXXXlV, p. 1139. — 1877. [X] Comptes rendus de l'Acadëmit, t. IXXXIX, p. 48. — 1879. DUVILLIER ET BUISINE. TRIMÉTHYLAMINE COMMERCIALE 439 soluble, se dépose. Après puritication par cristallisation, on obtient un sel en fines aiguilles renfermant deux molécules d'eau de cristallisation et en tout semblable au monoéthyioxamate de chaux décrit par Heintz (1). La présence de la monoéthylamine dans la triétliylamine commerciale porte donc à six le nombre des bases contenues dans ce produit, que M. Vincent avait décrit comme de la triméthylamine pure (2). M. Vincent (3), dans une réponse à notre première note, semble vou- loir expliquer le désaccord qui existe entre notre travail et le sien. A l'époque où il a lait son travail, il calcinait, dit-il, de la vinasse à aS^-SG" Baume. Depuis lors il calcine de la vinasse plus concentrée, ce qui a produit, dit-il, une perturbation complète dans la nature des produits pyrogénés. Nous admettons facilement que, suivant les conditions de l'opération, les produits pyrogénés puissent légèrement changer, surtout en propor- tions relatives, mais il nous semble extraordinaire que le fait seul du changement de concentration des vinasses qu'on introduit dans les fours, puisse produire une perturbation aussi accentuée dans les pro- duits de la réaction. Ainsi, d'après M. Vincent, avec de la vinasse mar- quant 35°-36û Baume, on n'obtiendrait que de l'ammoniaque et de la triméthylamine, tandis qu'avec de la vinasse plus concentrée on obtien- drait toutes les bases que nous avons indiquées. Pour nous le degré de concentration des vinasses ne doit avoir que très peu d'inlluence, car, comme le dit M. Vincent lui-même, dans sa réponse à notre note, la vinasse est évaporée à sec et calcinée. Que vient faire alors le degré de concentration de la vinasse ? Il est probable que si les différentes bases que nous avons indiquées ont échappé à M. Vincent, cela tient au procédé de séparalion qu'il employait, la cristallisation du mélange des chlorhydrates; il ne pou- vait pas, en effet, arriver à séparer rien que par des cristallisations ces six chlorhydrates dont les derniers surtout sont très solubles et même sirupeux. M. Vincent a pu, il est vrai, obtenir des cristaux purs de chlorhy- drate de triméthylamine, ce sel cristallisant assez facilement quoique très soluble, mais il a sans doute négligé d'étudier attentivement les eaux-mères de ce sel qui certainement lui auraient fourni les bases que nous avons signalées. M. Vincent, dans sa réponse, dit aussi qu'il avait déjà constaté la présence de la monomélhylamine et de la diméthy- H) Annalen der chemie und Pharmacie, t. CXXVII, p. 49. — \H (a) BuUeUri de la Société chimique, t. XXVII, page 15H. — 1877. (3) Complet rcnluf ''c l'Aca h'nii:', t. I.XXXIX, p. 2S8. — 1879. 440 CHIMIE lamine; nous lui ferons remarquer qu'il n'avait rien publié de semblable avant d'avoir eu connaissancu de notre note ; bien au contraire, il affirme (1) qu'il, est digne de remarque quil lui a été impossible de déceler la présence des méthylam,ines autres que la triméihylamine. Quoi qu'il en soit, il reste acquis que la découverte de la monométliy- lamine, de la diméthylamine, de la monoéthylamine, de la monopropy- iamine et do la monobutylamine dans le produit connu dans le com- merce sous le nom de triméthylamine, nous appartient tout entière. Nous reconnaissons que M. Vincent y a signalé le premier la présence de la triméthylamine qui ne s'y trouve du reste qu'en petite quantité. M. Vincent, en effet, n'a jamais cité autre chose que la triméthylamine, et ce n'est qu'après la publication de notre note qu'il est venu y répon- dre et l'interpréter. M. CÂZEIEÏÏYE Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Lyon. SUR L'ACTION OXYDANTE DE L'OXYDE DE CUIVRE (2). — Séance du 29 août 1 87 9 . — M. 0. CÂILLOL DE POICT Prufesseur à l'École de Médecine de Marseille. SÉPARATION ET DOSAGE DE L'ALCOOL MÉTHYLIQUE EN PRÉSENCE DE L'ALCOOL ÉTHYLIQUE. — Séance du 29 août 1879. — MM. A. Riche et Brady ont fait connaître un procédé pour rechercher •et doser l'alcool méthylique en présence de l'alcool éthylique. Ce pro- cédé, délicat quand il s'agit de déterminer des quantités très faibles (1) Bulletin de la Société chimique de Paris, t. XXVII, p. n\. — 1877. (2) Yoii- Comptes Rendus de l Académie des Sciences, 15 sept. 1879. O. CAILLOL DE PONCY. — ALCOOLS MÉTHYLIQL'E ET ÉTHYLIQUE 441 d'alcool méthylique, nous a donné souvent des résultats inexacts. La coloration rouge bois que l'on obtient avec l'alcool vinique est très foncée et masque toujours de faibles proportions d'alcool méthylique. Nous avions d'abord cru à la présence de l'alcool méthylique dans les différents échantillons d'alcool éthylique qui avaient été employés pour nos expériences ; mais l'efl'et s'étant reproduit même avec un alcool pré- paré, sous nos yeux, avec du sucre pur, nous avons recherché un pro- cédé plus commode pour arriver à cette détermination. Principe. — L'alcool méthylique aussi bien que l'alcool éthylique se combine promptement avec l'acide oxalique en présence de l'acide chlorhydrique gazeux, L'oxalate de méthyle est très soluble dans l'eau; l'oxalate d'éthyle n'est que partiellement soluble. Ces deux éthers dissous dans l'eau ou l'alcool, traités par l'ammo- niaque, donnent naissance à de l'oxamide complètement insoluble dans l'eau. C'est cette dernière propriété que nous mettons à profit pour doser l'alcool méthylique. Mode opératoire. — On dissout dans 10 centimètres cubes de l'alcool à examiner 10 gr. 8 d'acide oxalique du commerce et on sature la solution par du gaz chlorhydrique; on ferme le matras et on l'aban- donne jusqu'au lendemain. Deux centimètres cubes de cette solution sont traités par 10 centi- mètres cubes d'eau; on agite et on filtre le liquide surnageant. L'oxalate de méthyle étant entièrement soluble dans l'eau, il est évi- dent que la quantité d'oxamide précipitée sera proportionnelle à la quantité dissoute. Si l'on vient à traiter l'eau hllrée par l'ammoniaque on devra obtenir un nombre plus fort que quand on traitera une même quantité d'oxalate d'éthyle pur. Nous avons déterminé par de nombreuses expériences la quantité d'oxamide qui se forme dans l'eau de lavage de l'oxalate d'éthyle. La moyenne de nos expériences nous donne 6.6 pour l'alcool anhydre. Nous avons aussi déterminé la quantité d'oxamide qui se forme quand on traite l'oxalate de méthyle ; le nombre que nous avons obtenu varie entre 14.65 et lo 0/0 de la quantité d'alcool méthylique. Si, au lieu de traiter l'alcool pur par le procédé indiqué, nous traitons un alcool mélangé avec de l'alcool méthylique, et si après son étliéri- lication nous lavons ce produit avec de l'eau et dosons dans cette eau l'oxamide que l'on peut précipiter par l'ammoniaque, il est évident que si le nombre trouvé est supérieur à 6.6 on pourra déterminer la pro- portion d'alcool méthylique par l'excès de poids. 442 CHIMIE 1 0/0 d'alcool méihylique donne une surcharge variant entre 0.146 et 0.15. Pour éviter toute erreur, il faudra toujours s'assurer par un des pro- cédés connus de la présence de l'alcool méthylique. M. GLÉIARL Professeur à la Faculté de luédecine de Lyon. SUR UN NOUVEAU PRINCIPE IMMÉDIAT RETIRÉ DE LA RACINE D'IPÉCA. — Séance du 2 9 août 1879. M. LÏÏTS CABELLO E TBÂÎfEZ; Directeur du Laboratoire chimique et agricole de Barcelone. SUR LES TERRAINS CALCAIRES DE BARCELONE AU POINT DE VUE CHIMIQUE. Séance du 29 août 187 9. — M. SCHMITT Profeiieur aux Facultés libres des sciences et de médecine de Lille. SUR LES OUTREMERS. — Séance du 8 0 août i 87 9 . — AUDOYNAUD. — COMPOSITION DE LA FEUILLE DE l'oLIVIER 443 M. A. ÂÏÏIOYIAÏÏB Professeur à l'École d'Agriculture de Montpellier. NOTE SUR LA COMPOSITION DE LA FEUILLE DE L'OLIVIER. — Séance du 3 0 août 1879. — Les feuilles d'olivier séchées à 100° perdent de 46 à 50 0/0 d'eau.^Ces feuilles desséchées, réduites en poudre peuvent être traitées par l'eau bouil- lante d'abord, puis par l'éther. Pour les épuiser complètement par l'eau, il faut une quantité énorme de ce liquide; 10 litres d'eau distillée pas- sant sur 10 grammes de poudre ne suffisent pas. Nous avons été obligés cependant de nous arrêter à cette limite. Le traitement par l'éther dans l'appareil Schlœsing donne alors une substance jaune que l'on finit par rendre blanche ou presque blanche en faisant passer à plusieurs reprises la liqueur éthérée sur le noir animal. La proportion de cette matière blanche fournie par 10 grammes de feuilles en poudre ou de 20 grammes de feuilles vertes a varié de 0»'",445 à O^^SSS. Sa- composition varie avec sa blancheur; la subs- tance la plus blanche que nous ayons obtenue répond à la formule (;;2ojii8 02 que nous ne saurions justilier pour le moment: par certains caractères elle se rapproche de l'olivile de SobrerOj elle en diffère par d'autres : Olivile. Matière blanche. C28 H" 0'» C^" H'^O^ soluble dans l'eau et les alcalis. insoluble dans l'eau et les alcalis. Fond à 120° N'a pu être fondue à 200° soluble dans l'acide acétique, donne soluble dans l'acide acétique, donne avec l'acide sulfurique un liquide de même avec l'acide sulfurique un rouge. liquide rouge. Quant au traitement par l'eau bouillante, les premières portions forte- ment colorées ont été successivement traitées par l'acétate de plomb, le carbonate de soude; passées au noir et reprises par l'alcool plusieurs fois, elles nous ont toujours finalement donné une matière visqueuse, brune, amère et sucrée, réduisant la liqueur de Fehling. Nous n'avons pu y constater la présence de la mannite. 444 CHIMIE M. EI&EL rofessQur à la Faculté de médecine de Montpellier. SUR L'ACTION TOXIQUE DE L'HYDROGÈNE PHOSPHORE. ^Séance du 3 0 août i 879 . — M. EIÎGEL Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. SUR L'ACTION DE L'HYDROGÈNE SULFURÉ SUR LE MERCURE. Séance du 30 août 1 87 9 . — M. EI&EL Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. SUR LA PREPARATION DE L'AMMONIAQUE Séance du 3 0 août i 879 . — M. HÂLLEE Professeur agrégé à l'École supérieure de pharmacie de Nancf. SUR DE NOUVEAUX DERIVES DU CAMPHRE. Séance du 30 août 1879. — BOURGEOIS. — SUR LES CHROMATES CRISTALLISÉS 445 M. Léon BOÏÏEGEOIS SUR LA PRODUCTION DES CHROMATES CRISTALLISÉS. — Séance du, 1" stptembre 1879. — Je suis parvenu, en calcinant un cliromate alcalin avec un chlorure alcalino-terreux à produire des chromâtes insolubles cristallisés. Ainsi, lorsqu'on fond au rouge vif, 2 équivalents de chlorure de baryum avec un équivalent de bichromate de potasse, et un équivalent de carbonate de soude, et qu'on laisse lentement refroidir la masse, on trouve dans son intérieur des cristaux d'un jaune-soufre, groupés parallèlement et présentant un vif éclat. Il suffit d'épuiser le tout par l'eau bouillante qui dissout les chlorures, pour avoir les cristaux débar- rassés de leur gangue. Leur densité est 4.60. Leurs caractères chimiques et leur composition centésimale répondent de tout point aux propriétés du chromate de baryte ordinaire précipité. J'ai pu vérifier par les propriétés optiques que mes cristaux sont des prismes droits à base rhombe. L'angle de ces prismes est de lOâ'^H'. Aux extrémités du prisme et sur ses angles aigus sont ordinairement quatre facettes qui feraient avec la base un angle de 447" environ. Or dans le sulfate de baryte, l'angle du prisme de clivage est 101'*42' et l'on trouve souvent les facettes e^ qui font avec la base p un angle de 146''43'. Il y a donc lieu d'admettre l'isomorphisme du chromate et du sulfate de baryte. J'ai obtenu de même le chromate de strontiane en lamelles rhom- boïdales aplaties ; l'angle du rhombe est 103° environ. Quant au chro- mate de chaux, il forme de fines aiguilles très brillantes, et qui sont des prismes rectangulaires, comme le sulfate de chaux (anhydrite). Je suis donc porté à croire que les chromâtes alcalino-terreux sont isomorphes entre eux et avec les sulfates correspondants. H) Ce travail a été fait au Laboratoire de M. Freiny au Muséum. 446 CHIMIE M. J. BECHAMP Professeur à la Faculté libre de médecine de Lille. DE L'ALCOOL PRODUIT DANS LES TISSUS ANIMAUX PENDANT LA VIE ET APRÈS LA MORT (1). Séance du i" septembre 1879. — M. SCÏÏMITT professeur aux Facultés libres des sciences et de médecine de Lille. SUR LE DOSAGE DE LA MORPHINE DANS L'OPIUM. Séance du ■i" septembre 1879. M. Ph. DE CLERMOIT Sous-Directeur du Laboratoire de chimie de la Sorbonne. DE L'ACTION DES SELS AMMONIACAUX SUR QUELQUES SULFURES MÉTALLIQUES ET DE L'APPLICATION DES FAITS OBSERVÉS A L'ANALYSE. — Séance du 1 *' septembre 1879. — Ayant continué l'étude de l'action des sels ammoniacaux sur les sulfures métalliques (2), Je suis arrivé aux résultats suivants : Les sulfures de bismuth, de cadmium, de cuivre et de platine ne sont pas altérés lorsqu'on les fait bouillir avec une solution de sel ammoniac. Le monosulfure et le bisulfure de mercure ne le sont pas davantage. Il) Voir Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, 29 sept. 1879. (2) Sur la dissociation des sels ammoniacaux en présence des sulfures métalliques par MM. Ph. de Glermont et H. Guiot, Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LXXXV, p. 37. PH. DE CLERMONT. ÉTUDE DES SULFURES MÉTALLIQUES 447 Le trisulfure d'antimoine se décompose complètement avec le sel ammoniac en fournissant du sulfure d'ammonium qui se volatilise et du chlorure d'antimoine qu'on retrouve en solution avec le chlorure d'ammonium. Le bisulfure d'étain donne, dans ces circonstances, de l'acide stannique et il n'entre point d'étain en solution. Le mouosul- fure brun se comporte d'une manière analogue, se décolore et se transforme en protoxyde. Les métaux, qui, en solution acide, ne sont pas précipités par l'hydro- gène sulfuré, mais que le sulfhydrate d'ammoniaque transforme soit en sulfures, soit en oxydes insolubles, se comportent après l'action de ce réactif d'une manière particulière avec le sel ammoniac. On a déjà fait voir que le sulfure de manganèse se dissolvait en fournissant du chlorure. Le sulfure de fer est exactement dans le même cas et se transforme en protochlorure. Les sulfures de cobalt et de nickel se dissolvent également, mais plus lentement que les précédents. Quant au sulfure de zinc, il résiste encore mieux à l'action du chlorure d'ammonium; néanmoins, au moyen d'une ébullition pro- longée, on parvient à le dissoudre. De plus, tous les chimistes savent que l'alumine et l'oxyde de chrome, précipités par le suliliydrate d'ammoniaque, sont insolubles dans le sel ammoniac. Ces faits m'ont conduit à une méthode de séparation des métaux qui est avantageuse dans certains cas. Si l'on a affaire à une solution renfermant du cobalt, du nickel, du manganèse, du fer, de l'alumine, du chrome et du zinc, on précipitera par le sulfhydrate d'ammoniaque et on ajoutera le mélange à une solu- tion bouillante de sel ammoniac, en ayant soin de continuer l'ébulli- tion pendant un temps suffisamment long. Le manganèse et le fer se dissoudront en totalité, le cobalt, le nickel et le zinc en partie et l'on aura, à l'état insoluble, la totalité de l'alumine et du chrome avec une partie de cobalt, du nickel et du zinc; la filtration s'opérera rapidement, parce que les précipités se seront modifiés par la contraction et la liqueur filtrée ne sera pas brune, ainsi qu'il arrive lorsqu'on a du sulfure de nickel en présence de sulf- hydrate d'ammoniaque. Comme on aura d'un côté les deux oxydes et un certain nombre de sulfures à l'état insoluble et de l'autre plusieurs métaux en dissolution, on achèvera l'analyse en appliquant les procédés connus. On voit que le problème, tel qu'il se pose généralement, aura été simplifié et donnera même de meilleurs et de plus rapides résultats, toutes les fois qu'on n'est pas en face du cas le plus compliqué admis dans l'exemple proposé. On s'est assuré qu'au point de vue de l'analyse quantitative l'ébuUi- 448 CHIMIE tion du précipité obtenu par le sulfliydrate peut être effectuée en présence du sel ammoniac, notamment lorsqu'on veut séparer le fer et le manganèse de l'alumine et de l'oxyde de chrome. Les résultats sont précis ; l'alumine et l'oxyde de chrome se débarrassent complè- tement de fer et de manganèse et permettent, à cause de leur état d'agrégation, une filtration et un lavage rapides. En se reportant aux observations relatives au bismuth, au cuivre, au cadmium, au platine et à l'argent, on comprend que ces métaux pourraient être séparés, par le même procédé, du fer et du manganèse; néanmoins les méthodes , usuelles sont généralement préférables. Je n'insisterai pas davantage sur les diverses applications analytiques qui résultent des faits signalés dans cette note, me réservant d'en rendre compte dans un mémoire plus étendu. Les autres sels ammoniacaux agissent également sur les sulfures en se dissociant et en donnant naissance à du sulfure d'ammonium. Ainsi on a constaté que l'oxalate d'ammoniaque donnait avec le sulfure de fer de l'oxalate de fer cristallisé ; le tartrate fournit du tartrate blanc de fer et le succinate décompose entièrement les sulfures de fer et de manganèse avec formation des succinates correspondants . MM. Ph. de CLEEMOlfT et J. EROMMEL SUR LA FORMATION DE L'AURINE. — Séance du 4" septembre 1879. — Un certain nombre de chimistes s'occupent depuis quelque temps de la composition de Taurine et des corps qui lui ressemblent ; il serait trop long d'énumérer tous les travaux qui ne laissent pas que d'être importants. Nous nous sommes proposé de fournir une contribution à cette étude et nous avons institué à cet effet des expériences qui confir- ment l'équation suivante : C0^+3C«H^0H = 2H^O+C*3H»*0». Elle signifie qu'une molécule d'acide carbonique réagit sur trois molé- cules de phénol, en produisant deux molécules d'eau et une d'aurine Nous nous sommes demandé, en premier lieu, si c'est réellement l'acide carbonique qui intervient dans la réaction ou bien si c'est l'oxyde de FILHOL. — SUR LES POLYSLLFCUES. 449 carbone, ainsi qu'on l'a cru longtemps ; en second lieu, si l'élat naissant de l'acide carbonique est une condition indispensable à la production de Taurine. Pour résoudre la première question, nous avons fait réagir sous pres- sion à 2oO° l'oxyde de carbone sur l'acide phénifjue. Ce dernier est resté inattaf{ué. L'expérience répétée avec l'acide carbonique a également fourni des résultats négatifs (1). Par une disposition particulière des tubes, on produisait dans la partie inférieure le gaz qui devait réagir sur le phénol placé à l'extrémité supérieure et complètement isolé des matières donnant naissance à l'oxyde de carbone et à l'acide carbonifjue. On s'arrangeait de façon que le volume du gaz dépassât un grand nombre de fois celui des tubes et exerçât, par suite, une très forte pression à la température de SoO". Ce n'est donc ni l'oxyde de carbone, ni l'acide carboni(jiie tout formé qui entre en combinaison. Nous avons aloi's fait i-éagir dans les mêmes conditions un mélange d'oxyde de carbone et d'oxygène sur l'acide phénique. L'oxyde de carbone s'élant combiné à î'oxygène, l'acide carbonicjue naissant s'est porté sur l'acide phénique en fournissant une quantité notable d'aurine. L'acide carbonique tout formé n'étant pas apte à |)r()(luire de Taurine dans les conditions données, il faut bien croire, ainsi (pTon Tadmot généralement à présent, que seulement à l'état naissant son carbone et son oxygène peuvent prendre les positions indiquées i)ar la formule développée //(CHP0H)2 C— C«ll'_ \0 I qui exige une dislocation complète de tous les éléments de l'acide carbonique. M. PILÏÏOL Professeur à la Faculté des sciences do Touljuse. SUR LES POLYSULrURES. Séance du 3 septembre 1819. — fi) On .1 remaroué que Tacide phénique dissolvait sous pression nn grand nouiDre de fois son vuluiue d'acide carbonique, qui le maintient à Tetal de surfusiou à la températuio ordinaire. 29 450 CHIMIE M. 0. CAILLOL de POICT Professeur à l'KroIc «le nii'deiine do Marseille. ACIDES GRAS DE L'HUILE DE SESAME. — Séance du 3 septembre 1879. — Depuis les travaux liistoriques de Clievreul, il n'a été entrepris aucun travail d'ensemble sur les corps gras. Bertlielot, dans sa thèse en 1853, a fixé synthétiquement la composition de ces corps sans se rapporter à aucun groupe particulier, exprimant simplement le t'ait général. Depuis ces deux savants, les différents travaux qui ont été effectués dans ce sens n'ont été que des monographies d'acides, sans rechercher si un lien quelconque venait relier les corps gras qui existent simulta- nément dans un végétal. Les acides gras appartenant à la série C" H'^" + - 0% ont été par- faitement étudiés, et c'est sur eux surtout que s'est concentrée l'at- tention des chercheurs. Certains termes tels que les acides coccinique et margarique ont été niés ; mais les autres ont vu leur étude com- plétée et étendue. A côté de ces substances, il existe dans tout corps gras d'origine animale ou végétale, un autre principe dont la nature chimique bien connue imprime au corps une nature spéciale et en fait une huile liquide ou une huile concrète. Cet éther a pour acide un acide appar- tenant à une série voisine de la série C° H^"- ^ OMont l'acide acrylique forme le premier échelon et l'acide oléique, le terme relativement le plus connu. L'étude de ce corps n'est encore qu'ébauchée. Quelques autres termes ont été isolés et décrits superficiellement, je citerai les acides érucique, hypogéique. Si l'on veut consulter une étude complète, rien n'est signalé. Les isomères nombreux que la théorie laisse prévoir, ne sont seulement pas indiqués. Nous essayons depuis quelque temps de remplir cette lacune. Mais ce travail n'est encore qu'ébauché, et nous ne venons vous présenter aujourd'hui que l'étude qui a fait naître un ensemble de recherches que nous poursuivons chaque jour. Ce que nous allons exposer pour l'huile de sésame, nous nous réservons de le poursuivre pour chaque groupe de corps gras en particuher. L'étude une fois terminée, il nous sera alors permis de tirer une con- clusion générale et de montrer le rôle physiologique des matières grasses. 0. CAILLOL DE PONCY. ACIDES GRAS DE l'hUILE DE SÉSAME 4SI De nos recherches bibliographiques, il est résulté que, dans les divers travaux qui ont trait aux corps gras, les auteurs ne se sont jamais préoccupés de l'origine de la matière qu'ils examinaient. Ils ont déter- miné les acides, puis n'ont jamais cherché à relier entre eux les diffé- rents principes extraits ; ils n'ont pas essayé de voir si un lien quel- conque n'existait pas entre ces corps. C'est à ce point de vue que nous nous sommes placé, pensant que la préexistence des acides de deux séries voisines et différentes devait avoir une raison d'être. Aussi dans le travail que nous poursuivons, avons-nous toujours soin d'étudier ensemble les acides extraits d'un même corps gras d'origine toujours bien déterminée. L'huile de sésame a été choisie à cause des quantités considérables que nous en avons chaque jour entre les mains et surtout à cause de la singularité que nous ont présentée dès le premier jour les acides extraits. Ces acides, refroidis, se présentent sous un aspect si nettement cris- tallisé qu'il suffit de les placer sur une plaque de plâtre pour les voir se séparer de la partie liquide et abandonner une partie cristallisée que nous avons dès le premier jour pris pour un acide nouveau. Ce corps n'est pas un acide unique; mais il est constitué par un mé- langé en partie égale d'acide palmitique et d'acide myristique. Ce n'est qu'une analyse immédiate au moyen de solutions fractionnées dans l'alcool suivies pour chaque portion isolée de précipitations frac- tionnées au moyen de l'acétate de magnésie qui nous a permis d'isoler ces deux acides. Les portions qui se déposent les premières dans le traitement alcoo- lique ont été réunies, puis dissoutes dans une proportion suffisante d'alcoolpour maintenir la totalité en solution. L'acide a été saturé par de l'ammoniaque et la solution ammoniacale précipitée par une solution alcoolique d'acétate de magnésie en proportion telle pour n'obtenir qu'un quart de tout l'acide gras en solution. Ce premier précipité lavé à l'alcool, puis à l'eau et desséché, était décomposé par de l'acide sulfurique étendu; l'acide gras lavé à l'eau, puis desséché. La même opération a été répétée pour les trois autres quarts. Ou a d'abord pris exactement le point de fusion de ces diverses portions; les deux premières fondaient à 62° et ont été réunies ensemble. Le point de fusion du mélange était le même. Les deux autres quarts avaient un point de fusion un peu plus bas et ont été mis à part. Analyse de la portion fondant à 6^°, 1. Matière 0.6633 n. Matière 0.2355 CO^: = 1.825 H^0 = 0.7645 CO^ 0.6545 H^O 0.2713 452 CHIMIE Théorie pour I. II. C'6 H32 0-'. C 74,7 7o,36 7o H 12,8 12,80 12,5. Le point de fusion ainsi que l'analyse élémentaire nous permettent de conclure que cet acide est de l'acide palmitique. On a suivi une marche identique pour les portions qui s'étaient déposées les dernières. Solutions fractionnées, précipitations fractionnées. Une seule modification avait été introduite, on rejetait toujours les premières portions. Les produits obtenus fondaient ào3°8; l'analyse a donné les résultats suivants : Analyse de la portion entrant e)i fusion à 53° S. I. Matière 0.442 CO^- = 1.1945 H-'0 = 0.502 U. Matière 0.140 CO'- 0.379 ÏPO 0.1545 Théorie pour I. U. 0'* U-'8 O^ C 73,67 73,0 73,68 H 12,61 12,26 12,27 C'est donc de l'acide myristique. Il ne nous a jamais été possible de retirer dans les précipitations frac- tionnées d'autres acides que les deux signalés. La présence de deux acides si diiférents dans ce corps gras nous faisait penser que nous devions être en présence de deux acides oléiques qui, sous l'intluence de la végétation, devaient se transformer en acide palmitique et en acide myristique. L'acide oléique de l'huile de sésame, entièrement séparé des acides solides en traitant son sel de plomb par l'éLher, puis précipitant le plomb par l'hydrogène sulfuré, a été séparé en (pialre portions différentes au moyen d'une solution alcoolique d'acétate de baryte; chaque portion analysée n'a jamais donné qu'un seul et même acide. Pour l'acide oléique, nous ne nous sommes basé pour identifier les *dilférentes parties que sur l'analyse élémentaire, qui dans ce genre de recherches est un guide plus sur que les points de fusion. Analyses des dijfcrents acides oléiques extraits par précipitations fractionnées. Preiiiicr acide. I. Matière 0.512 CO'^ = 1.4065 H^ 0 = 0.5485 II. Matière 0.5295 CO^ 1 .467 H^ 0 0.5595 O. CAILLOL DE PONCY, ACIDES GRAS DE l'hL'ILE DE SÉSAME AoS Deuxième aciiie. III. iMatièro 0 . 505 CO- = 1 . 403 UH) = 0 . 539 IV. Matière 0 . 5315 CO- 1 . 476 H^O 0 . 5775 Totalité de l'échantillon analysé. V. Matière 0.5365 CO- 1.480 IPO 0.5715 Théorie pour I. II. m. IV. V. i;i6 R3< o^ C 74,91 75,55 75,53 75,7;2 75,:25 75,57 H 11,71 11,73 11,82 12,07 11,83 11,81 L'huile de sésame est donc constituée par trois élhers formés par les acides oJéique, palmitique et myristi(fue. Nous avons entrepris l'étude des propriétés de cet acide oléique. Nous ne voulons aujourd'hui signaler qu'une réaction (1). Cet acide est décomposé comme le veut la théorie des acides de la série acrylique, et on trouve dans les produits de la transCormalion de l'acide acétique et de l'acide myristique. Cette réaction s'elFectue en vertu de la formule : C^ H I H c* ip" + 2ir-o = C' H' -f c* ii'^« o- + w U.OII O.OII et permet de fixer la constitution de l'acide oléique de l'huile de sésame. Nous avons réussi à opérer celte décomposition en nous servant simple- ment de l'eau agissant en vases clos à la température de 200" (2). Nous nous permettrons en terminant de poser une conclusion qui, en l'état de la question, est un peu hasardée; mais je tiens à l'é.Tiettre pour vous faire voir où tendent les recherches que je poursuis depuis quelque temps. Les huiles conservées pendant longtemps se décomposent et deviennent entièrement solubles dans l'alcool. A ce moment, là quantité d'acide so- hde (myristique et palmitique) augmente considérablement. Les huiles extrêmement vieilles se prennent en masse à la température ordinaire. Il nous a été permis de constater la présence de l'acide acétique. Ces faits, qui sont indiscutables, nous permettent de dire que l'em- bryon, semblable à un tissu, décompose l'acide oléique comme le fer- ment décompose le sucre, forme de l'acide acétique qui est complètement brûlé et laisse l'acide myristique. Ce dernier est brûlé en partie. H) La transformation sous l'inlluencé de la potasse en fusion. (2) L'acide oléique traité par l'amalgame de sodium, se transforme en acide palmitique. Nous ne l'avons spécilie que par son point de fusion 02°. 4o4 CHIMIE Cette décomposition ne peut s'effectuer qu'avec apport d'oxygène el d'hydrogène qui proviennent de l'eau décomposée. L'excès d'hydrogène qui se dégage dans la réaction ne part pas, mais se combine avec l'acide oléique, complète sa molécule en donnant naissance à de l'acide palmitique. L'idée que j'émets est une hypothèse ; mais on entrevoit qu'il ne faut que très peu de chose pour la transformer en réalité : Suivre la migration de l'huile dans une graine pendant sa formation, sa germination, et doser comparativement les principes solides et les principes liquides. Ce travail a déjà été entrepris dans un autre but par I. Pierre en 1800. Nous le reprenons et nous le poursuivons dans le but que nous venons d'indiquer. MM. Ph. de CLEEMOÎ^T et J. EEOMMEL «^iBSERVATlONS SUR LES BAINS SULFUREUX- l'a nce du 3 septembre -187 9. — On est porté à croire qu "action de certains bains minéraux ne s'explique bien qu'en tenant compte des courants électriques qui y prennent naissance, et que leur efficacité est dans une certaine hmite proportionnelle à l'intensité de ces courants. A.-C. Becquerel (1) a constaté dans ses expériences que les monosulfures déterminent des courants plus énergiques que les polysulfures : la force électromotrice d'une solution aqueuse de persulfure de potassium à lo° Baunié étant représentée par 163, celle du monosulfure de sodium à lo" B., le sera par :248. Ces observations concordent avec des faits de pratique, ainsi que le signale M. Onimus (2); en effet, selon lui, quelques médecins ont obtenu plus d'effets, par l'emploi des bains sulfureux, en rem- plaçant par des monosulfures les polysulfures employés d'ordinaire. Ces remarques nous ont amenés à penser que peut-être l'hydrogène sulfuré mis en liberté à la température du bain, avait une certaine influence thérapeutique, que l'action était proportionnelle à la quantité [i] Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. LXXXIV, p nc. (2) Revue scientifique, numéro du 2 mars -1878, p. 829. AMAURY DE MONTLAUR. — l'aCIDE PYROGALLIQUE ET SES PHTALÉINES 455 de ce gaz et que de plus celle-ci croissait avec la force électromoti'ice développée. Pour élucider la question, on a fait les expériences suivan- tes : on s'est placé autant que possible dans les conditions que présente un bain sulfureux ordinaire sous le rapport de la densité du liquide et de la température, on a pris 50"= d'une dissolution de monosulfure de sodium à 50" Baume et on les a étendus à 500"^; on a chauffé dans un ballon à 34" et, arrivé à cette température, on a versé au moyen d'un entonnoir à robinet un excès de chlorure de manganèse parfaite- ment neutre. A ce moment on a refroidi énergiquement afin d'empê- cher le sulfure de manganèse formé de dégager lui-même un peu d'hydrogène sulfuré. Tout le soufre du sulfure de sodium existant a ainsi été précipité à l'état de sulfure de manganèse, et il est resté dans le matras tout l'hydrogène sulfuré qui avait été mis en liberté, grâce à l'élévation de la température à 34°. Puis on a fait passer pendant plu- sieurs heures un courant de gaz hydrogène pour entraîner l'hydrogène sulfuré libre qui a été recueilli dans une dissolution titrée d'iode. On a ainsi obtenu O'^^^OUS d'hydrogène sulfuré. L'expérience, effectuée avec le polysulfure de potassium, dans les mêmes conditions, a conduit à O^^OSOe d'hydrogène sulfuré. Deux observations successives ont donné des résultats sensiblement identiques. Ces chiffres qui n'ont rien d'absolu font voir néanmoins que les quantités d'hydrogène sulfuré dégagées par le persulfure et le monosulfure sont entre elles comme 2 est à 1. Le polysulfure étant moins efficace au point de vue médical que le monosulfure, et sa force électromotrice étant moindre aussi que celle du monosulfure, nos expériences nous permettent de conclure que la quantité d'hydrogène sulfuré que renferme une eau sulfureuse n'est pas, au moins dans le cas donné, proportionnelle à l'action thérapeu- tique et à l'intensité du courant électrique. M. AMÂIJET DE MOUTLAÏÏR SUR L'ACIDE PYROGALLIQUE ET SES PHTALÉINES. — Séance du 3 .1 e p I e m b r e 1879. — Dans la préparation de l'acide pyrogallique, on n'obtient qu'un faible rendement, dû à la formation d'acide métagallique dont la quantité est pour ainsi dire complémentaire de l'acide pyrogallique. Il en dérive par déshydratation : 4S6 CHIMIE On en diminue la proportion en chauffant rapidement et ne dessé- chant pas absolument le gaz qui empêche le contact de l'air. En outre, il vaut mieux se servir d'hydrogène que d'acide carbonique puisque la tension de ce gaz est moins voisine de la tension maximum de dissociation du composé. J'ai trouvé bon aussi d'absorber ce gaz au delà du récipient où se condense l'acide pyrogallique par une solution caustique. En opérant ainsi j'augmente d'environ 5 0/0 le rendement , je n'ai jamais pu dépasser en acide pyrogallique 40 0/0 du poids de l'acide galliqne. J'ai donc été conduit à chercher un procédé qui abaissât la tempé- rature à laquelle la réaction se produit au-dessous de la température de formation de l'acide métagallique (il commence déjà à apparaître vers 190-200 degrés). C'est M. Stenhouse qui m'a indiqué la voie à suivre (Journal of Chemical Societrj, tome XVII, p. 7.) 11 a obtenu le tribromopyrogallol en chauffant à 100 degrés en tubes scellés l'acide gallique avec le brome aqueux : on obtient le tribromopyrogallol de l'anhydride car- bonique: CT w 0'' 4- 6Br = C« FP Br^ 0' 4- 3IlBr + CO^- La même réaction fut produite avec le tannin, car le brome du com- merce contient assez d'eau pour le transformer en acide gallique. M. Stenhouse concluait de l'absence du glucose sous quelque forme que ce soit que le tannin n'est pas un glucoside. La pré})aratioD du pyrogallol, en partant de ces données, est très diffi- cile et exige de grandes précautions. Je ne m'arrêterai pas sur les dé- tails d'expérience, je dirai seulement que la réaction se fait dans un autoclave en fonte émaillée et que le mélange de brome et de tannin est opéré \m- un dispositif particidier afm d'éviter les pertes de; brome. On chauffe environ deux heures au bain-marie avec une solution de chlorure do calcium vers 120 degrés. Au bout de ce temps, je mets la partie supérieure de l'appareil en communication avec un récipient froid où se condensent des vapeurs de brome et HBr se dissout dans une petite quantité d'eau qu'on a soin de laisser dans cet appareil. Le tribromopyrogallol est lavé à l'eau froide et remis dans l'auto- clave avec de l'hydrosuHite de soude : on chaulfe vers 60 degrés; j'en- lève la majeure partie du sulfite formé, sépare l'acide pyrogallique par l'alcool et je le purilie par plusieurs cristallisations dans le vide. Tel est mon premier procédé que j'ai modiiié ainsi : AMAURY DE MONTLAUR. — l'aCIDE PYROGALl.IQUE ET SES PHTALÉINES 457 J'emploie le chlore en solution dans le tétrachlorure de carbone ou le bichlorure de soufre. Je lave soigneusement le dérivé chloré qui se présente sous forme d'une masse brun rouge soluble dans l'alcool à chaud dont il se dépose par refroidissement en cristaux volumineux. Je traite ce composé par l'hydrosulfite de soude ; je sépare le pyro- gallol du chlorure de sodium par l'alcool et par deux ou trois cristal- lisations (d'après la manière suivant laquelle les opérations ont été con- duites) . On obtient un produit qui ne le cède en rien à celui que fournissent les principaux fabricants, mais j'ai obtenu 60 à 70 0/0 du poids de l'acide gallique : le double et plus de ce que fournit l'autre méthode. Les phtaléines du pyrogallol sont la galléine et la céruléine. Décou- vertes par Bœyer, en 1871, préparées par L.Durand et Huguenin, de Baie, en 1874, ces belles matières colorantes sont malheureusement d'un prix très élevé. La galléine s'ob'ient en chauffant vers 200 degrés, jusqu'à durcisse- ment, l'acide phtalique avec le double de son poids d'acide pvrogalliqne. En fondant le tiibromopyrogallol avec de l'acide phtalique, lavant à grande eau le produit obtenu et le traitant par le bisulfite de soude bouillant, la liqueur fortement acide me donne un dépôt de galléine très abondant. (Brevet du 15 décembre 1877.) La phtaléine du tribromopyrogallol est un corps d'une couleur cachou insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool. Ces recherches ont nécessité de ma part une élude des tannins : j'ai donc repris beaucoup d'expériences récentes , entre autres celles de MM. Paul et Kinzt-tt {Joiirnal of Chemical Societij). Ils se rangent à l'avis de M. Schiff et disent que le tannin n'est pas un glucoside et confirment l'opinion que le tannin ne peut être comparé qu'à lui-même, le cachou au cachou, le mimosa au mimosa. La quantité de glucose que j'ai trouvée a été toujours en relation avec les impuretés contenues dans le tannin, car il faut voir que bien rarement les tannins sont extraits dans l'industrie par l'alcool ou l'éther. Mais l'analyse d'un tannin est chose si difficile que les résultats obtenus par deux méthodes diflérentes ne sont pas comparables. J'ai aussi étudié les extraits de châtaigniers vendus sous le nom d'acide gallique, par Ausset et Hermet, de Nîmes. En faisant bouillir ce produit avec 5 0/0 d'acide sulfurique étendu de son poids d'eau pendant deux heures , traitant ensuite par Facétate de plomb, on obtient un précipité. Je le dissous par l'hydrogène sulfuré; j'enlève l'acide sulfurique par le carbonate de plomb et le tannin non transformé par l'albumine que je coagule ensuite. 4o8 CHIMIE La liqueur filtrée, convenablement concentrée, a une couleur jaune légèrement rouge. L'acide que d'ailleurs je n'ai jamais pu isoler est distinct de celui obtenu du cachou par Paul et Kinzett. par ce fait que , même très con- centré, il ne donne pas de précipité par le perclilorure de fer, mais seulement une coloration bleue peu foncée, et que la coloration avec l'ammoniaque au lieu d'être rouge est bien rougeâtre , même quand la liqueur ne possède aucun pouvoir oxydant. En résumé : En passant parles produits de substitution, j'obtiens l'acide pyrogal- lique et ses dérivés d'une manière bien plus rémunératrice , et j'ai vérifié une fois de plus la différence qui existe entre un tannin et les autres quant à la formation de produits analogues à l'acide gallique. M. EIG-EL Professeur ;i la Faculté de médecine de Montpellier. SUR LES DENSITÉS DE VAPEUR ANORMALES. Séance du i septembre 187 M. LOEO Prépirateur de chimie industrielle et de physique ginerale, Clief de manipulation de physique à l'École centrale. ACTION SPÉCIALE DE L'ACIDE FORMIQUE SUR LE TÉRÉBENTHÈNE. — Séance du i septembre 1879. — On sait que l'acide sulfurique, à froid, modifie le térébenthène, en donnant un dégagement de chaleur très intense. Certains acides orga- niques, polybasiques , tels que les acides tartrique, oxalique et citrique, peuvent agir à 100 degrés pour produire cette modification. Les acides gras, à la température ordinaire, n'exercent pas d'action sensible. fai vérifié que l'acide fornique, au contraire, fait exception, et modifie LORIN. ACTION DE l'aCIDE FORMIQUE SUR LE TÉRÉBENTHÈNE 459 à froid la térébenthène . L'influence des quantités et du mode opératoire est particulièrement mise en évidence dans la réaction de ce carbure et de l'acide formique. En eftet, en employant le chercheur thermique avec 3s%4 de carbure et ^<^%3 d'acide, on n'a obtenu que d =3°,5, l'a- cide restant au fond du creuset, mal^^é l'agitation. Mais fait-on agir, dans un matras d'essai oblong, 70 grammes de térébenthène et 23 gram- mes d'acide formique absolu, on obtient une réaction très marquée, et par une agitation de quelques minutes, la température s'élève de rf = 41 degrés. L'acide formique disparaît; on a un seul liquide, homOgène , de couleur jaune-paille , exhalant à la fois et très vivement l'odeur de l'acide formique et l'odeur citronnée. Dans une autre expéi'ience, avec une proportion double d'acide for- mique, 23 grammes, et avec 35 grammes de térébenthène, le thermomètre à court réservoir a monté de 25 à 100 degrés , d'où f/ = 75 , résultat très remarquable. II n'est pas indispensable que l'acide formique soit absolu : avec de l'acide à 93, une combinaison plus lente s'est faite, sans que l'eau apparaisse ; la combinaison n'a pas lieu avec de l'acide à 4H0. L'essence de citron et l'acide formique réagissent également, mais d'une manière moins marquée. L'acide acétique cristallisable et le térébenthène donnent un abaisse- ment de température et une dissolution physique instantanés; les au- tres acides gras ont une action analogue; tandis que la dissolution est chimique et lente avec l'acide formique et accompagnée d'un très grand dégagement de chaleur; la combinaison de l'acide formique, comme la décomposition du prorluit formé avec le térébenthène, est également successive, caractères d'une combinaison éthérée, et qu'on a pu isoler par un abaissement de température. Rapprochée de son pouvoir inversif, de son action toute spéciale sur les sels sans l'intervention d'un dissolvant, et aussi sur certaines tein- tures, de son activité à la combinaison avec les alcools polyatomiques, cette réaction, si intense et si imprévue de l'acide formique sur le térében- thène, constitue le caractère le plus distinctif de la fonction chimique de cet acide. 11 ne sura pas indifférent, dans certains cas oîi l'acide doit avoir une action modérée, de substituer l'acide formique à l'acide sulfurique, par exemple. Je me propose d'examiner, plus tard, l'influence de l'acide formique sur l'isomérie dans les carbures térébéniques, problème qui a été étudié avec tant de succès par MM. Dumas, Berthelot et Uiban. Cette note n'est donc qu'une prise de date. On peut distinguer facilement les acides cristallisables , formique et acétique, en introduisant une goutte de chacun d'eux dans un' tube fermé par un bout, et ajoutant un peu de térébenthène : l'acide acé- 460 CHIMIE tique est dissous, sans stries, par l'agitation, tandis que l'acide formique donne des stries, reste insoluble, se colore et donne un produit rosâtre avec l'odeur citronnée. Cette réaction est instantanée au bain-marie, et se produit également avec l'acide oxalique sec. Il ne me paraît pas dou- teux que l'acide lactique exerce sur le térébenthène une action analogue à celle qu'exerce l'acide formique. ¥.. Louis ÏÏEÎJET ProffS?eur de Chimie ù l'Université catholique de Louvnin. SUR L'OXYDATION SPONTAIVÉE DH L'ACIDE IMITROLACTIQUE — Séance du l septembre IS'9. — On a déjà signalé, depuis longtemps et à diverses reprises, la forma- tion de l'acide cyanliydrique Ciï Az, lors des phénomènes d'oxydation réalisés par l'acide azotique, soit dans les combinaisons grasses, soit dans les combinaisons aromatiques. J'ai récemment constaté un fait de ce genre, se produisant avec une netteté exceptionnellement remarquable. Il s'agit de l'oxydation spontanée que subit après quelque temps l'acide îiitrolactiqiie GO on CH (Az O3) I CH3 ou plus exactement l'éther nitrique de l'acide lactique que j'ai moi-môme fait connaître précédemment. Abandonné à lui-même, dans les conditions ordinaires, l'acide nilro- lactique fournit abondamment de l'acide cyanhydrique et de l'acide oxalique, conformément à l'équation suivante : CO OH CO (OH) j I + H, 0 + CH Az. CH (Az O3) — CO (011) I CH3 L'acide nitrolactique devient par suite moins épais, et au fond s'y développent, en quantité de plus en plus considérable, des cristaux d'acide oxalique. L. HENRY. — OXYDATION DES COMPOSÉS NON SATURÉS 461 L'acide cyanhydrique révèle déjà sa présence par son odeur ; on peut, du reste, le retirer aisément et totalement en faisant passer à travers l'acide nitrolactique, en voie d'oxydation, un courant d'air qui traverse ensuite une solution étendue de potasse caustique. Celle-ci, après peu de temps, est chargée de cyanure de potassium. Cette altération marche assez rapidement. De l'acide nitrolactique préparé à ma leçon, il y a un mois et demi, et que j'ai examiné l'un de ces deriiiers jours, était déjà fortement chargé d'acide cyanhydrique. Ainsi que je l'ai déjà dit, cette réaction s'opère dès la température ordinaire. Elle me paraît être activée par la lumière directe du soleil. Je n'ai pas constaté que la chaleur l'accélérât. Deux remarques pour hnir cet objet. La qualité de composé endo- Ihermique de l'acide azotique, explique bien l'action oxydante éner- gique exercée par le résidu halogénique Az O3 de cet acide ; il me semble, en outre, que la transformation du chaînon C H3 en chaînon C (011)3 est favorisée par le voisinage d'un chaînon carboxyle CO (OHj déjà formé. Quoi qu'il en soit, îa production de l'acide cyanliydri(iue dans les phénomènes d'oxydation nitrique, me paraît pouvoir être rattachée à l'existence, dans les composés organiques, d'un chaînon hydrocarboné Cil; on pourrait citer de ce fait de nombreux exemples; celui que je viens de signaler est frappant. Je me propose d'examiner, à ce point de vue, d'autres composés niiri(iues et notamment l'azotate d'isopropyle CH3 — Cil (Az O3) — CH3. Je passe à un autre mode nouveau et non moins intéressant de for- mation de l'acide oxalique. M. Louis HENET Professeur ùu Cliimie à rL;iii\eriilo caUiuUi[ac do Luavuia. SUR L'ADDITION DE L'OXYGÈNE LIBRE AUX CCMPOSÉS NON SATURÉS. — Séance du i s c iJ te m b re t879.— On connaît les phénomènes remarquables, signalés l'an dernier par MM. Demole et Durr, d'addition de l'oxygène libre à certains composés non saturés et notamment à divers dérivés haloîdes de l'élhylène, C, H, Cl,, C, II Br„ C, II, Cl I3r et C, H ïiv,. 402 CHIMIE Dans le cours des études que je poursuis sur les dérivés non saturés, j'ai constaté un fait de ce genre qui me paraît offrir un liaut intérêt, à divers points de vue. Voici à quel sujet : De VÉther télrachloré : (C CI3 — CHCI)-0-(C H, — CH3), produit de l'action de Pli Cl^ sur l'alcoolate de chloral, composé que j'ai fait connaître autrefois, on a déduit, sous l'action de la potasse alcooli- que, un dérivé éthylénique tricliloré et mono-éthyl-oxylé de la for- mule G Cl, z= G Cl (0 G, II,) liquide bouillant à 152". Dans un but qu'il est inutile d'indiquer en ce moment, j'ai été amené à me préparer une certaine quantité de ce dernier composé ainsi que du composé métliylique correspondant, C Cl (OGH3) II G Cl,. lequel est aussi liquide et bout vers ISO^-lSo". Quand on abandonne ces corps à l'air ordinaire, on constate qu'ils ne tardent pas à répandre des fumées continues d'acide chlorhydrique ; ils deviennent en même temps humides et, après quelque temps, toute la quantité du liquide est transformée en une masse cristalline. J'ai re- connu que ces cristaux sont de l'acide oxalique parfaitement pur. Cette action est surtout rapide quand ces corps sont étendus en couches minces au contact de l'air, sur un vase à fond plat. J'ai constaté de plus que l'oxygène pur, et parfaitement sec, s'unit dès la température ordinaire à ces dérivés éthérés de l'éthylène per- chloré. On en agite une certaine quantité, dans une fiole en verre mince, remplie à diverses reprises d'oxygène pur et sec. L'absorption marche, au commencement surtout, avec une certaine rapidité, en dégageant une chaleur notable. A la suite de cette absorption d'oxygène, le com- posé éthylénique primitif se modifie profondément dans ses propriétés : il devient un liquide d'une odeur très forte, suffocante, rappelant tout à fait celle des chlorures acides, fumant intensément à l'air, se décom- posant par l'eau et au contact de l'air humide en acide oxalique avec dégagement d'acide chlorhydrique. Le produit primitif étant C Cl (OCH3) I! G Cl„ L. HENRY. OXYDATION DES COMPOSÉS NON SATURÉS 463 le composé qui en résulte par fixation d'oxygène pourrait être théori- quement C 0 — OCH3 C CI3. le trichloro-acétate de méthyle, etc.; la description que j'ai donnée de ce produit éloigne cette supposition ; d'ailleurs, on ne trouve pas de tri- chloro-acétate alcoolique dans cette opération. Ce composé oxygéné d'addition doit être, au contraire, CO Cl C Cl, (OCH,), c'est-à-dire le dérivé bichloré correspondant au monochlorure oxalique que j'ai signalé précédemment. CO Cl CO Cl C Cl, (OC, Hj. CO (OC, HJ. On conçoit combien un tel corps doit être altérable à lair humide et avec quelle facilité il passe k l'acide oxalique. Je me réserve de faire l'étude de ces produits nouveaux, si tant est que je parvienne à les obtenir à l'état d'isolement et de pureté, ce qui me parait devoir être assez difficile (l). Je puis espérer que des composés de celte nature pourront être fructueusement utilisés comme agents de synthèse. Il est assez remarquable que l'éthylène perchloré oxy-alcoolique C Cl (OCH3) C Cl (OC, H,) C CI.2 et C Cl, se montre si sensible à l'action de l'oxygène, alors que l'éthylène per- chloré lui-même, C, Cl/,, ne s'y combine pas, ainsi que l'ont constaté MM. Demole et Dlirr. Je crois devoir, avant de terminer cet objet, présenter quelques ob- servations concernant le mécanisme de cette addition d'oxygène et la structure des composés dits non saturés. (1) J'ai réussi depuis à isoler et à obtenir à l'état de pureté le dérivé CO Cl ^^^ OC2 Hi dont l'analyse a été faite. Je le décrirai ultérieurement. (Louvain, janvier t880. 464 CHIMIE M. Deniole conserve aux composés dont il s'est occupé les for.nules qu'on leur assigne liabiluellement CH Cl (Al Br C Br, CH Cl Il 11 II et II Cil Cl CH Br CH Br CH Br. Il considère particulièrement le composé CH Br II lH Br Selon lui, la fixation d'oxygène et la polymérisation du composé pri- mitif sont deux phénomènes connexes. Il admet qu'il se forme transitoirement un composé CH Br Ij en même temps que H Br C composé dont une partie absorbe de l'oxygène et de l'acide bromhy- drique pour former CH, Br CO Br du bromure d'acétyle monobromô et dont l'autre se polymérise en ab- sorbant H Br seul CH B[\ /CH Bi + n II Br = n j j \C1I Br les rapports d'intensité entre le phétiomène de la polymérisation et celui de l'oxydation dépendant des circonstances physiques indiquées. M. Fittig, qui s'est occupé plus tard de ces réactions remanpiables, ne se rallie pas à cette théorie. Il admet plutôt que les composés élhyléniques susceptibles d'oxydation sont des. composés véritablement non saturés, à unités d'affinités libres. Ainsi CJiaBr, et C^HBrj sont respectivement, selon lui : CH.Br CHBr, Cîir ^t CBr Il II L'oxygène comblerait simplement les vides existant dans les molé- cules. On le voit, c'est la théorie des lacunes qui refait son apparition. Je ne partage pas la manière de voir de M. Demole, pas plus que celle de M. Fittig, parce que je crois inutile de recourir à des suppositions nouvelles pour expliquer ces phénomènes d'oxydation. L. HENRY. — OXYDATION DES COMPOSÉS NON SATURÉS 4Go Ce n'est certainement pas le moment de discuter in extenso la théorie des lacunes et celle des soudures multiples; je me borne à dire que je tiens à conserver le principe fondamental, admis universellement, je puis le dire jusqu'ici, que lors de la formation des composés dits non satui-és par élimination, aux. dépens d'un composé saturé primitif, d'un système moléculaire HX, XX, XX', X et X' représentant un radical simple ou composé, les radicaux éliminés le sont, généralement et hahltiiellcment, aux dépens de deux chaînons carbonés distincts et déjà soudés au préa- lable. Je conserve donc a l'éthylène bibromé, à l'éthylène chloro-bromé et à l'éthylène tribromé, oxydés par M, Dcmole, les formules qu'il leur attribue. CHBr(l) CHCl .CBr^ Il et I CHBr CHBr CIîBr laissant de côté la soudure multiple, que j'admets d'ailleurs. L'alcoolate de cliloral étant 011 CCI3 — CH <^ ^) — CH.2 -- CH3 et son dérivé chlorliydrique par MiCl CCI3 — CFI <^ Cl • 0 — CH, — en Le dérivé qui en résulte par l'action de ,1a potasse alcoolique élimi- nant HCI, uc peut être que Cl CCI2 = c 0 = COCl, + I CCL^"^ CCI3 4° Acétate d'éthyle perchloré CCI3 — CO^ COCl > 0 =21 CCL — CCIo^ CCI3 L. HENRY. OXYDATION DES COMPOSÉS NON SATURÉS 461 ^^ Carbonate d'éthyle perchloré 0 — CCl^ — CCI.. COCl CCI3 (1) eu 7° Oxalate d'éthyle percliloré CO + 3C01., CO — 0 — (CCI, — CCI,j COCl =. CO + COCl, 4- <^ CO — 0 — (CCI, — CCI3) CCI, 8'' Oxyde de méthyle perchloré CCI, 0 <^ ' = COCl, -j- CCI, ^CCl3 9° Oxyde d'éthyle perchloré ^CCL — CCI, COCl CCI2 ^Xl, — CCI.3 CCI, CCI3 11 n'est pas inutile de rappeler ici que l'acétone hexachlorée CCI3 CO CCI3 I I composé fortement ciiloré, mais où l'oxygène est lixé sur un seul atome de carbone distille sans altérations de môme que le chlorure de trichloro- acétyle. COCl I CCI3 La formation de composés à fonction chlorure ou bromure acide, CO Cl ou CO Br, lors de l'oxygénation des composés chlorés et bromes de l'élhylène, et celle de produits analogues par l'action de la chaleur sur divers éthers perclilorés sont donc des phénomènes du même ordre, mais se produisent à des degrés fort éloignés de l'échelle thermométri- que. On conçoit que là où l'oxygène est lixé sur deux atomes de car- bone soudés l'un à l'autre, celte transposition se produit plus facilement que là où l'oxygène est lixé sur deux atomes de carbone distincts et (1) CfUe décomposition, qui tluvrail élro plus siinplf, mériterait (iètre réexaminée. 468 CHIMIE séparés l'un de l'autre dans la molécule. La chimie offre de nombreux exemples de phénomènes de même nature au fond, mais se produisant à des températures fort diverses; ainsi en est-il notamment de la -déshydratation des hydroxydes ; certains de ceux-ci sont assez instables -pour se transformer an sein de l'eau, au moment où ils prennent nais- sance en leurs anhydrides, d'autres nécessitent l'application de la cha- .îeur, et ne se déshydratent qu'à une température plus ou moins éle- ^vée, etc. Quelle est à présent la raison pour laquelle l'oxygène, dans des com- ;posés riches en corps halogènes, se porte de préférence sur un seul atome de carbone? J'avoue l'ignorer totalement; c'est un fait; il me suffit pour le moment de le constater, et je crois faire acte de prudence -en m'abstenant de tenter de l'expliquer. Pour terminer, je ne vois donc pas dans les faits si nouveaux et si 'remarquables reconnus dans les dérivés haloïdes non saturés de raison .pour modifier les idées que l'on se fait généralement à présent sur la •constitution générale de cette classe de combinaisons. M. Louis ÏÏEÎfEY Professouf do Cliiiiiis à l'Université catlioliiiue de -Louvain. SUR LA DISTILLATION SECHE DU TRICHLORO-ACETATE DE SODIUM. — Séance du i .septembre ■t879. — L'action de la chaleur sur les composés organiques à fonct/ons mul- tiples est une des questions générales de la plus haute importance, assez vaste pour faire l'objet des travaux de nombreux chimistes. C'est -au fond l'action réciproque de composés divers, réunis en une molécule unique. J'ai déjà autrefois abordé cette question en un de ses points : l'ac- tion de la chaleur sur les acides-alcools. J'ai fait voir qu'en ce qui concerne l'acide lactique, cette action est au fond un véritable phéno- mène d'éthériiication, s'accomplissant d'une manière complète en deux phases successives pour Ibrmer d'abord l'acide dilactique et finalement .la lactide. L. iiExav. COOH I CHOH I CH3 — DISTiLLATIOX li'vs ClILOUO-ACâTATE DE SODIUM 4o\^ COOH CO CH CH >0 CO CHOH I CH3 Acide dilactique. Je suis revenu récemment sur cette question générale par un autre côté, l'action de la chaleur sur les sels des acides substitués, je veux dire des acides chlorés, bromes, etc., produits de la réaction des corps halo*- gènes sur d'autres acides. Ceux que je me propose d'examiner sont les sels des acides chlorcr- acétiques. Ces acides chloro-acé tiques sont au fond des éthers haloïdes, et l'action qu'ils subissent de la part de la chaleur est en définitive ct-lle d'un éther chlorliydrique sur un sel à acide organique. En ce qui concerne les mono-cliloro-acétates, il n'y a plus, pour le moment du moins, rien à faire; on sait, surtout après les travaux de MM. Tscherniak et Norton, avec quelle facilité le mono-chloro-acétate de sodium fournit le glycolide. COONa I CHCl.Cl COONa I CH^Cl ou plus exactement CH.Cl C— ONa 0 C— ONa I CH.,Cl CH, I " C C I CE, >o >« /„ Il reste à examiner la décomposition que subissent les dichloro- acétates et trkhloro-acétates . C'est par ces derniers que j'ai commencé. J'ai examiné particulière- ment le trichloro-acétate de sodium qui s'obtient le plus facilement à 410 r.iiiMiE l'éLat de pureté. Je ne m'arrêterai pas à décrire la préparation de ce sel. Quand on parle dans les ouvrages et les dictionnaires de chimie de la décomposition des tricliloro-acétates par la chaleur, on se borne à dire, à la suite d'une indication sommaire de M. Kolbe, laquelle re- monte à près de quarante ans, que ces sels chauffés se dédoublent en GOCIajCO et chlorure métallique. COOR I I = CO +C0C1, +RG1. CCI3 Le fait est vrai, mais il ne représente qu'une partie du phénomène de la distillation sèche de ces sels, lequel est, au fond, bien plus com- plexe. On verra tout à l'heure comment cette opération se rattache à la décomposition que subissent sous l'action de la chaleur les oxydes des radicaux carbonés totalement ou fortement chlorés. Exposons les faits. Je me bornerai à indiquer les résultats de la dernière opération que j'ai réalisée. Chauffé, le trichloro-acétate sodiqne dégage beaucoup de gaz en se réduisant en une masse grisâtre de chlorure sodique. Dans une expé- rience faite à la chaleur d'un bain d'huile, j'ai constaté que la décom- position arrive alors que le thermomètre marque 180° environ, dans l'huile. Il se dégage en môme temps des vapeurs condensables en liquide. Cette décomposition est brusque. On ne peut expérimenter que sur de faibles quantités à la fois, daus de petits tubes à essai, où l'on dépose le sel en couche mince, et que l'on chauffe successivement, à partir de l'extrémité fermée, ces tubes étant placés horizontalement. 140 grammes de trichloro-acétate sodiqne, sec et pur, ont été mis en expérience en une trentaine d'opérations distinctes. La condensation énergique des vapeurs a fourni 50 grammes environ d'un liquide jau- nâtre, plus dense que l'eau, fumant à l'air et exhalant une odeur très forte. Il se dégage en abondance et violenmient des gaz d'une odeur suffo- cante. Le résidu de l'opération est du chlorure de sodium; absence presque totale de carbonate. Quant aux gaz dégagés, c'est un mélange d'oxyde de carbone, d'anhy- dride carbonique et de gaz phosgène CO Cl 2. J'arrive au produit liquide distillé. Je constate d'abord que l'eau au fond de laquelle il tombe, le trans- forme presque totalement, en s'échaulfant considérablement, en acide trichloro-acétique, sauf une très faible quantité d'un liquide insoluble et L. HENRY. DISTILLATION d'uN CHLORO-ACÉTATE DE SODIUM 471 plus dense que l'eau, qui m'a paru être de réthylèiie perchloré C2CI4, mais dont je n'ai pas pu prendre le point d'ébullition, n'en possédant que fort peu. Soumis à la distillation comme tel, ce liquide commence à passer vers 400"; iO grammes environ ont passé avant 160^; 13 à lo de 160° à 190° et une dizaine au delà; à la fin le thermomètre s'élève au-dessus de 200° jusque vers 210 et 215'>. Par quelques distillations ultérieures, on parvient à retirer de ce liquide environ la moitié de son volume de chlorure de trichloro-acétyle ' pur CO-Gl I CGI3 Le reste se constitue d'acide trichloro-aLîétique et de son anhydride. Je dois dire que les portions qui passent vers 160-190°, traitées par l'eau, fournissent en même temps que l'acide trichloro-acétique un corps blanc insoluble dans l'eau que j'ai reconnu être de l'éthane perchloré CCI3 I ■ CCI3 J'ai constaté, au moment où CI2CI0 se sépare, le dégagement d'une faible quantité d'oxyde de carbone. On voit que la distillation sèche du trichloro-acétate sodique consti- tue une opération au fond très complexe par les nombreux produits qu'elle fournit. Tâchons de nous orienter dans ces réactions multiples. La décomposition de ce sel chauffé peut être envisagée sous deux points de vue différents : a) en tant que sel d'acide gras, et notamment en tant qu acétate ; La décomposition s'ettèctuant en ce sens, on devrait obtenir, outre un résidu de carbonate, de l'acétone hexachlorée CCI3 — GO— CGI3. GGI3 cela l i GOONa /ONa GO = GO ( =1 GOONa \ONa GGI3 I GGI3 L'absence totale ou presque totale de carbonate dans le résidu de l'opération prouve qu'une très faible partie du sel subit en réalité ce genre de décomposition. Je crois cependant pouvoir rattacher à la formation de l'acétone hexa- chlorée la présence de la très petite quantité d'éthane perchloré que 472 CHIMIE j'ai recueillie et le dégagement minime de CO qui l'accompagne CCI3 CCI3 I ■ I + CO CO = CGI3 I CC13 b) En tant qu'éther haloïdo et sel d'acide organique, réaction du chaînon CCI3 sur COONa, ainsi que cela a lieu dans la dislillation 1 I sèche du mono-chloro-acétate sodique, pour former le système 1 CCI., \ co> I en même temps que du chlorure sociique. C'est ainsi que les choses se passent en réalité. Le trichloro-acétatc de sodium étant CCI3 ! COONa / \ ^ I ou plutôt 0 / \ 0 ^^'3 C— ONa I CCI, le produit qui en résulte immédiatement est l'anhydiide chloroxalique CCI CGI., \ I " )o CO \ c— / I \0 ou 0 < > 0 ou encore 0 CCI., / c - \ c Cl., / lequel se dédouble de doux façons : a) totalement en CO et CO CI.2. h) en CO et CO., avec formation virtuelle d'oxyde d'éthylène perchloré CCI., \ CCI, / lequel, conformément au dédoublement que subissent sous l'action de la chaleur les oxydes des radicaux ou groupements très jiches en chlore, se transforme en chlorure d'acétyle trichloré. COCl I ^^ CCI, L. HENRY. DISTILLATION d'uN CHLOUO-ACÉTATE DE SODIUM 473 Dans les conditions dans lesquelles l'opération se fait — c'est-à-dire en cbautïant progressivement le sel dans un tube, à partir de l'extrémité fermée de celui-ci — le chlorure d'acétyle réagit sur le trichloroacétate de sodium non encore altéré, de là la Ibnnation d'anhydride chloro- acélique CCI3— CO \ CCI3— CO / lequel constitue, d'après les expériences de MM. Bukney et Thomsen, un liquide bouillant vers 222-:224°. Selon ces auteurs, ce corps se transforme très aisément, même par l'humidité de l'air, en acide trichloro-acétique; une très faible quan- tité d'eau suffit pour une masse considérable d'anhydride CCI3— CO \ ) 0 4- H. 0 CC1,3-C0/ 309^^ 18 On conçoit qu'opérant dans un grand nombre de tubes, une partie de cet anhydride se transforme en acide trichloro-acétique. En résumé, la distillation sèche du irichloro-acétale de sodium fournit a) C0,C0, et COC!,. b) Du chlorure de trichloro-acctyle — et par des réactions secon- daires de l'aidiydride trichloro-acétique mélangé d'acide trichloro- acétique. Je me propose de soumettre à l'action de la chaleur le dichloro-acétate de sodium CHCl^— COONa ; peut-être en obtiendrai-je le chlorure de l'acide glv-oxaliciue ^ COCl I CHO ou par analogie avec les faits que je viens de rapporter, le chlorure de chloro-acétvle COCl — CH,C1 COONa CO \ COCl I = NaCl -f I ) 0 ou I ClIXl CHCl / CHO Je compte aussi continuer cette élude sur d'autres sels fortement chlorés et notamment CCL— CHCl— COONa, etc. 474 CHIMIE M. le F &AREIG-OÏÏ ])c Tuiiloiisi-. DES SOURCES MINERALES MERCURIELLES DE LA FRANCE, ANALYSE DES EAUX MINÉRALES. — Séance du i sejitcinhri: •/S75. — L'on ne saurait plus douter aujourd'hui de la présence du mercure dans la source du Rocher, de Saiiit-Nectaire-le-Haut (Puy-de-Dôme), puisque les recherches de M. Wurtz et de. M. Willm, sont venues, ainsi que l'a constaté M. Péligot, conhrmer la découverte que j'avais faite de ce métal dans cette même source. Je n'hésite donc pas à communiquer à l'Association les résultats nouveaux auxquels m'ont conduit mes recherches sur la présence du mercure dans d'autres eaux minérales françaises. Je ferai suivre ce résumé de la marche perfectionnée que Je suis pour la recherche des métaux d-ius les eaux minérales, dont j'ai à étudier la composition chimique. Comme toujours, j'opère sur des nasses considérables d'eaux, car c'est là le seul moyen de tout ti-ouvor et de bien voir les réactions que des quantités minimes de substances minérales n'ont jamais permis de constater. Ces recherches sont, il est vrai, fort dispendieuses, mais leurs résultats sont absolument certains, et l'on ne saurait se repentir de cher- cher par tous les moyens possibles à voir clair dans une science encore obscure et à laquelle l'humanité a cependant si souvent recours pour le soulagement de ses maux les plus rebelles. En suivant dans l'analyse des eaux minérales la méthode que je vais exposer, on est certain d'éviter bien des erreurs et dt; retrouver absolument tout ce que renferme l'eau en fait de substances minérales. Le premier soin, ainsi que je l'ai dit dans plusieurs circonstances, est d'opérer sur une grande masse d'eau (environ 2oO à 1,000 litres) (1). On évapore ces masses liquides dans des vases larges et peu profonds en platine et en porcelaine simultanément, sans fiiire bouillir. Ces vases doivent être enfermés dans une chambre à l'abri de toute poussière, au-dessus d'une cheminée à tirage régulier. Le résidu salin ainsi obtenu est chauffé à 100", puis traité à chaud par l'alcool à Oo". Cet alcool dissout une portion de la matière organique, les ioduivs, les bromures, (1) Exceptionnellement, j'ai opéré sur ^,000 litres pour ranalyso de la source dos 3 Césars, à Aulus. GARRIGOU- ANALYSE DES EAUX MINÉRALES 47o les nitrates, certains chlorures, surtout celui de lithium, ceux de rubi- dium, de cœsium, de strontium, etc. On sèche de nouveau, pendant 2 à 3 jours, la masse saline, que l'on pulvérise ensuite pour l'intro- duire, avec le plus grand soin, dans des cornues de verre ou de por- celaine sans couverte. Ces cofnues, disposées dans des bains de sable sur des fourneaux à gaz, sont munies d'un tube abducteur en verre d'une longueur d'un mètre environ, dont rcxtrémité libre est recourbée, par en bas, à angle droit. Celte extrémité plonge dans un vase de verre renfermant une solution de potasse. Dans ces conditions, les cornues sont chauffées pendant 18 à 24 heures à une température de 400" environ. On détruit ainsi complètement la matière organique dont la présence empêche la précipitation des métaux que contient le résidu salin. Disons de suite que c'est la non destruc- tion de la matière organique qui, dans toutes les analyses faites jusqu'à ce jour, a empêché de retrouver les métaux dissous par les eaux miné- rales dans les profondeurs du sol. Les produits vohitilisés pendant la calcination et condensés dans le col de la cornue ainsi que dans le tube abducteur peuvent être étudiés à la loupe, au microscope et avec les réactifs. Les produits volatils passés à l'état gazeux dans la solution potassique peuvent être étudiés également, et fournissent des indications sur les acides volatilisés et, par suite, sur la composition des sels contenus dans l'eau. Le résidu calciné, ainsi privé de la matière organique, est lavé, jus- qu'à épuisement, à l'eau distillée, et la portion insoluble (1) sutfisam- mciit désséciiée, est attaquée par l'eau régale bouillante. On filtre sur l'amiante, on lave séparément le résidu insoluble (en séparant les eaux de lavage) (2), puis on évapore à sec les liqueurs filtrées. On réunit les résidus des eaux mères et des eaux de lavage. On a ainsi trois produits : A Li(iuide renlermant les sels solubles dans l'eau distillée. B Résidu évaporé à sec proveiiant de l'attaque par l'eau régale. C Résidu iinalement insoluble dans l'eau régale. Étudions séparément chacun de ces produits : A. Le liquide A est traité par l'acide chlorhydrique et évaporé à siccité; le résidu est ensuite longtemps chauffé dans une étuve afin de rendre la silice insoluble. On reprend le résidu par de l'eau acidulée au moyen de l'acide chlorhydrique, et l'on traite par un courant très prolor)gé d'acide suHhydrique, qui généralement donne un faible pré- m On trouve là des métaux roduits : plomb ot incicun; surtout. l2) Cette opération est fort longue. 476 CHIMIE cipité (1). Après filtratioii, Ton ajoute au Ii(}uide do l'ammoniaque et du sulfhydrato d'ammouiaque, qui Iburnissent un précipité notable des mé- taux du 4° et du 3" groupe, ainsi que des phosphates, des borates, des oxalates terreux, etc. Dans le liquide filtré, l'on fait la recherche des métaux alcalino-terreux et alcaMns, qui sont passés dans cette solution A dès les premiers lavages du résidu calciné. B. Le résidu B' repris par l'eau distillée acidifiée par l'acide chlorhy- drique est traité à chaud (35° à 40") pendant 24 à 60 heures de suite, par un courant d'acide sulfhydrique. Les sulfures à couleur variée et instructive des 6" et o*^ groupes, sont séparés du liquide B' par filtration, puis on les sépare les uns des autres d'après les lois connues. Le li([uide B' est traité par l'ammoniaque et le sulfhydrato d'ammo- niaque qui donnent, à l'état de précipité, les sulfures métalliques des métaux du 4*^ groupe, à l'état d'oxydes, les métaux du 3'-' groupe, et de plus des phosphateS; borates, oxalates, fluorures. On sépare tous ces métaux les uns des autres d'après les règles connues. 11 n'y a dans la portion restante, après l'extraction des métaux des 4 premiers groupes, que des traces des métaux des 2*^ et 1°'' groupes. C. Le résidu insoluble C, desséché à l'étuve, est pulvérisé, puis mé- langé dans les proportions voulues à du nitrate de potasse et du carbo- "nate de soude. On fond le tout ensemble, puis on fait l'analyse com- plète de cette portion fort intéressante des résidus. Chose extraordinaire, on y trouve encore, comme cela m'est arrivé surtout pour Aulus, du fer, du cuivre, du mercure, du plomb, de l'argent, etc. En outre dés procédés classiques ordinaires, nous faisons usage dans ces analyses de tous les procédés si sensibles et si corrects indiqués par Frezénius, du speclroscope, et de la méthode des flammes de Bunsen, moyen si correct et si sensible de trouver des traces infinitésimales des métaux volatils. C'est en me servant de tous ces moyens de recherche, et en procédant ainsi que je viens de le dire, que j'ai pu signaler dans les eaux miné- rales françaises les métaux suivants : 1" Sodium, potassium, ctesium, rubidium, lithium, thallium ; 2° Calcium, strontium, baryum, magnésium ; 3° Alumine, chrome, glucine ; 4° Fer, manganèse, cobalt, nickel, zinc ; o° Cuivre, plomb, bismuth, mercure, argent ; 6" Arsenic, étain, antimoine, tellure; 7" Chlore, brome, iode, soufre, iluor, bore ; (1) On ;i là des métaux des c et S' groupes, que l'on sépare suivant les règles connues. LORiN. — reciieuches de tiiermo-ciiimie. 477 8° Acides acétique, butyrique, crénique et apocrénique. 9° Deux sortes de matières organiques. J'ajouterai que j'ai tout lieu de croire, mais je ne l'affirme pas encore, que deux sources pyrénéennes semblent contenir des traces de platine et d'or. C'est surtout l'eau d'Aulus (Ariège), qui renfermerait de l'or, et celle de la source vieille des Eaux-Bonnes qui renfermerait le platine. Je me permets d'énoncer ici ces deux résultats, que je considère encore comme douteux, afin que si quelque savant veut entreprendre la recherche, il puisse infirmer ou confirmer les faits dont je parle. Je dirai enfin que la séparation des métaux entre eux a été, dans toutes mes analyses, infiniment plus difficile et plus délicate que la sépa- ration des métaux faite sur des sels métalliques artificiellement mélangés. Ce fait est tellement frappant, quand on opère sur de grandes masses d'eaux minérales, que plusieurs de mes i)réparateurs, déjà excellents chimistes, en ont fait la remarque dès leur arrivée dans mon laboratoire. Pour terminer, je dirai quo les moyens de recherche que je viens de décrire m'ont permis de constater la présence du mercure dans les eaux de Saint-Nectaire (sources du Rocher, du l»arc et de l'Eau Kouge); de la Bourboule (source Perrière) ; du 3lonl-Dore, d'Aulus, de Cauterets (Pelit-Saint-Sauveur); de Cambo. — J'en soupçonne la présence dans les eaux de Salies (à Bagnères-de-Bigorre), d(; la source d'Alun (Aix-les- Bains), de Salient (Ariège). M. LORIlf Profossuur de chimie inlusti-ielle et û.i pliy>i(iiic, Cliel" de iiiaiii|)ulaliijn de pliysiiiue a l'École cenlrale. THERMO-CHIMIE. - ÉTUDE PRÉLIMINAIRE DE L'ACTION DES ACIDES SUR LES SELS. ETC., SANS L'ACTION D'U.M DISSOLVANT (I) — Séducc du i septembre /S 75. — (I) Voir r. Il ,1e IWe. des Sr., 19 iiini 1879. 4TvN aiiMir M. LOEiy SUr^ L4 PREPARATION INDUSTRIELLE DE L'ACIDE FORMIQUE CKlSTALLlS AELE t. ApruVles deux ik>U\s qui pm\Hieut, il iKirafl ulilo ti'iiuUquor une tK-s longue 0|HM*alîOU. failo eti vue U'èludior la pivpvtraliou imlustriollo de Vacille fomuque tr^s eonivnlrè. oj>êraUou tjiie j'ai fuito avtr la gly- eèriiie, de prèfèîvueo aux autres aleiHuls jk^lyatoîniques. t'.omuie eonsè- quence^ eelte ojHVatiow indique la continuité des phènouiènes d'êtliê- ritiration qui pivsident .^ la dm>ui|HV5il!on de Taeide oxaVuiue eu acide t'oruùque et eu acide earlHMÙque: elle indique èi^idenu ut les liuiitos que i''on |H>«t atteindre, de la ridiej^i^e de eel acide foraïique et donne les résultats des ex|HTienws qui jHM'Uiettent d'obtenir, désormais et tK'S faeiîenient. de î aeitle fonuique erisEallisable et même absolu, eest-à-Jirt» 4. l)aus uiH> cornue tubiilée de 3 litres, j'ai tait ivairir (î(K> îïram- mcs de j^lyrérine, de l'acide oxalique sec. contenant en utoyeune de 4 à 3 parties d'eau jxuu' un t\|uivalent d'acide oxalique. Les additions ont été faites, eu g^èuéral, jxir (sortions de (>00 gr;\mmcs. et j'ai opèiv avec :ÎW ktluMjr. au moins de cet acide. Apivs une si iouirue o^^ralion, la faculté déc^nu^>os;\nte et étJiéritiante du ivsidu. e'est-à-iiirt* de la fonuine, était loin d*éu\» épuisée. Il n'est pas indis^HMisable d'opéivr au bain marie; ou peut chauffer au ^ax, mais à la condition surtout que Topéralion soit i\Mitinue et la chaleur niéua^V. ivsultat que l'on obtient en maintenant la cornue à quelque dislantv du fotUHieau. il inq>orte aussi de ne pas attendre rélimination complète de l'acide i'ormique d'une addition d'acide oxalique, jK>ur faire une nouvelle addition de cet acide oxalique, et ainsi de suite. Que si roj>ei*alion a été intem^mpuc. il convient de chauffer trvs modérément (de préférence alors au bain- marie) pour obtenir la dissolution de la masse. 3. Les résultats ont été ceux que la thétirie de l'étliéritication jkhi- vait laint'^ prévoir. L'acide formique, s;mt' celui des premièivs additions d'acide oxalique destiné à la saturation de la glycérine, est à une richesse moyenne supérieure» à iU jK»ur 100, des échantillons ayant atteint dans ct^rtaius cas,une richesse de i^8 pour 100. Dans certaines additions, on a tait réajiir un kilogr, à la l'ois d'acide oxalique sec, et d'une seule fois ou a obtenu un demi kilojrr. d'acide 6>rmique. Finalement la perle i.ilHiy. PKf^J'AtiATIO.N TjE J, ACIDE rOKMIQUE /CIlISTAI.LISAL/.E 479 a été très faible, le dégagement de l'oxyde de carbone étant presque constant, mais correspondant toujours à des traces d'acide forrai- ([Wi oii d'acide oxalique, etc., décomposé. Il est inutile d'exagérer la dessiccation de l'acide oxalique. Enfin la saturation do la glycérine n'est pas toujours celle d'une trif'ormine; cependant, à la (in de l'opé- ration, c'était cet étlier f'ormique qui paraissait exister. 4. Ces divers échantillons d'acide formique sont extrêmement fumants et d'une grande limpidité. On les a néanmoins distillés, quoi- qu'à la fin de l'opération, on n'eût qu'une quantité insignifiante de glycérine disparue. Cette quantité a été retrouvée comme résidu et à l'état de formine, avec des traces d'acide oxalique, mais sans alcool allylique appréciable. o. Les acides, soumis à la distillation, en em[>loyant le déflegmateur Lebel-Henninger (qu'on pourrait appliquer à l'acide acétique) ont eu leurs titres s'abaissant pour les premiers acides du récipient, pendant qu'au contraire la température d*«''bulIilion allait constamment en s'éle- vant. Ces acides, titrant moins de 96, ont donné, pour premier acide, de l'acide formique au titre 99.7. 6. Au lieu de soumettre ces acides à la distillation, on peut les soumettre au froid d'un mélange de sel et de irlace, et les acides au- dessus de 90 se congèlent en partie. La proportion de cristaux est naturellement d'autant plus grande que les acides, points de départ, ont un titre pins élevé. On peut donc ainsi atteindre encore un titre voisin de 100. 7. On peut évidemment combiner les opérations de la distillation et de la congélation. Et enfin, cette dernière opération, comme pour l'acide acétique cristallisable, permet d'éliminer les dernières parties d'eau, et d'avoir de l'acide formique absolu. 8. Je ne connais pas de procédé, plus simple ni plus rapide, d'obtenir un tel acide, surtout aujourd'hui que de puissants moyens de réfrigé- ration sont devenus industriels. J'indique seulement, et pour mémoire, f{ue le meilleur moyen chimique d'enlever l'eau à l'acide formique très concentré, consiste dans l'emploi de l'acide borique déshydraté : les acides étant mélangés et agités, un très grand dégagement de cha- leur a lieu. On décante, après quelque temps, l'acide formique, avec précaution, et on distille avec ménagement, en ne recueillant que les deuK premiers tiers de l'acide de la cornue. Les reclieiches, des trois notes présentées au congrès, ont été faites à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures. 480 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE 7-^ Section MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE PiiÉsiDEM i/iioNNEiiii MM. lo R. P. PEURY, Directeur de l'Observatoire de SlonyliLirsl. RAGONA, Directeur de l'Obscrvalûirc royal de Modùiie. Président M. lo Docteur FINES, de Perpignan. VicE-PnÉsiDBXTs ."^IM. DOUMET-ADANSON, Président de la Société d'iiorticullure et d'iiistoirc naturelle de l'Hérault. REDIER, Constructeur d'instruments d(> précision. ."^ECitÉT.URE y''- ANGOT, Météorologiste titulaire au binvau cenlr.ili inétéorolo gique de France. Siir.iiKTAir.E-.^iijoiNT M. AUZILLION, Professeur au Lycei; de .Mnnipi'llji'r. M. le D' riîTES Du Perpignan. ALLOCUTION — Scaiica du 28 aoàt 1879 — Messieurs, Lorsque les membres de l'Association française jionr l'avancement des sciences m'ont fait l'honneur; l'an dernier, de me désigner pour diriger les travaux de la section de météorologie et de physique du globe, pen- dant la session de Montpellier, ils ont voulu, non pas rendre hommage à mes connaissances, car chacun de vous m'est supérieur sous ce rapport, mais surtout récompenser mon zèle et le développement que j'ai cher- ché à donner aux études météorologiques. Je vous en remercie sincè- rement. Votre bienveillance me rendra facile la tâche que vous m'avez imposée. D"" FI.NES. ALLOCUTION 481. La lettre circulaire que j'ai eu l'honneur de vous adresser vous a indiqué le double but que je proposais à nos efforts : provoquer des communications et réunir les travaux les plus récents et les plus im- portants; rassembler les principaux instruments enregistreurs de manière à ce que chacun de nous, en les voyant marcher et en les comparant, se fasse une idée bien nette de leurs avantages. Vavenir de la météorologie est aux enregistreurs. En effet, Messieurs, cette science, encore en voie de formation, avan- cera d'autant plus rapidement que nous aurons mieux inscrit l'état météorologique présent, pour le faire servir à l'étude du temps avenir^ C'est le rôle pratique et le but vraiment utilitaire de la météorologie. Certains sceptiques affirment encore que les secrets des grands mou- vements de l'air et des variations de l'atmosphère nous seront toujours inconnus. Ils oublient que les phénomènes atmosphériques sont soumis- à des lois immuables et que s'il ne nous est pas permis de maîtriser les forces de la nature, nous pouvons arriver à découvrir les lois qui les régissent et, dans une certaine mesure, prévoir l'avenir, proliter de cette connaissance et nous assurer en partie cotilre les événements qui, sans cela, pourraient occasionner les plus grands dommages et nous devenir funestes. La météorologie, comme toutes les sciences physiques, doit arriver expérimentalement à la connaissance de ces lois par l'observation pré- cise des faits. Ce qui a peut-être retardé le plus ses progrès,, c'est que ces observations étaient inscrites isolément et sans l'exactitude néces- saire; les instruments étaient imparfaits et le contrôle insuffisant; de plus les phénomènes étant presque localisés restaient isolés les uns des autres. Tout rapprochement , toute étude d'ensemble devenait ainsi difficile et même impossible. Aujourd'hui, au contraire, les instruments employés tburnissent des indications exactes et comparables entre elles dans tous les pays ; bien- mieux, on peut enregistrer celles-ci, on est même arrivé à inscrire- d'une manière continue les moindres variations des phénomènes les plus subtils, de sorte que les plus petits accidents, qui auraient pissé inaperçus, sont maintenant très exactement consignés. Enfin les obser- vations peuvent être comparées entre elles à toute heure et presque si- multanément par le secours de l'électricité. 11 est donc possible, en ce moment, de rattacher entre eux tous ces phénomènes autrefois épars et de les relier intimement les uns aux autres comme les divers anneaux d'une chaîne qui doit nous permettre de suivre le temps. Voilà les précieux moyens d'mvestigation dont nous pouvons disposer: ils peuvent s'appliquer dans les basses régions de l'atmosphère et dans 31 482 MÉTÉOROLOGIE ET PHVSfQUE liU GLORE Jes régions plus élevées do l'air, aux observations do montagne. Il est donc possible de suivre les traces des divers phénomènes dans toutes les régions qui nous avoisinont, de les étudier dans leur ensemble, d'en dégager les faits particuliers et de démêler les lois qui les régissent. Vous trouverez réunis dans une salle do la faculté des sciences d'assez nombreux modèles dos appareils onrogislreurs les moins imparfaits, les plus commodes et surtout les plus pratiques que j'ai pu rassembler. Ils marchent tous et je me ferai un plaisir de vous expliquer leur méca- nisme ainsi que les avantages et les inconvénients de chacun d'eux. M. D. EA&OI Directeur llOr,i;s-VI.l;liAL) ' — Séance du S!) août i 87 !) . — M. Raoona montre ensuite le modèle en bois d'un abri tournant, portatif pour les observations en campagne. Les thermomètres sec et mouillé sont U, r. PERRY. ÉTUDE MÉTÉOROLOGIQUE DE l/lLK DE KERGUELEN 483 ■fixés à un cercle auquel on imprime un mouvement de rotation rapide au moyen de deux, poulies de renvoi et d'une courroie. Le tout est al)rité par un petit toit que l'on tourne vers le soleil, de manière que les deux thermomètres se trouvent toujours à l'ombre. M. le E. P. PERET S. J. Dirfcicur de robservntoin; do Stonvhurst Ançli.-terrc). ÉTUDE MÉTÉOROLOGIQUE DE L'ILE DE KERGUELEN. (Tradinl par M. A. Anjnt.) — .s r a II c c 'lu f " ' septembre i 87 !) . — Eli présentant quelques-uns des résultais d'obscrvalions météorologi- ques effectuées avec 1(! plus grand soin dans une station assez lointaine, j'espère qu(! ce n'est pas sans V 1 ' 10 lUO ' ce qui donne T/- - 3^ / 1 , 1 , 1 1 lu lUU Le calcul est rapide. La deuxième* métliode, également ingénieuse, donne par deux calculs succes- sifs le chitfre des dizaines d'abord, puis celui des unités, et la partie décimale par une seconde opération. M. Eugène MAECHAÎID Correspon^lant do l'Académir do in!'ilecuii(j à Foc.imp. NOTE SUR LA DISTRIBUTION DE LA CHALEUR SOLAIRE SUR LES DIFFÉRENTS POINTS DU GLOBE TERRESTRE DANS LES JOURS D'ÉQUINOXE ET DE SOLSTICE — Séance (lu 29 août IS79. — Un grand nombre de physiciens distingués, parmi lesquels je suis heureux de citer le savant professeur de la faculté des sciences de Mont- pellier, M. Crova, et M. Violle, professeur à la faculté des sciences de Lyon , ont cherché à déterminer la quantité de calorique contenu [i] La note in extenso sera publiée dans l'Annuaire de la Sociélé météorologique de France, nnnée 1880. 490 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE dans chaque rayon de soleil frappant notre atmosphère à son premier contact avec elle, ou la traversant jusqu'au niveau de la mer sous les incidences les plus diverses. Pouillet entra le premier dans cette voie de recherches qu'il ouvrit avec éclat, et si les résultats obtenus par ses habiles successeurs ne sont pas en concordance absolue avec ceux qu'il avait obtenus lui-même, il faut bien reconnaître qu'ils ont confirmé la loi qu'il avait admise pour établir le mode d'absorption de la force dont il mesurait si heureu- sement l'intensité. On sait que cette loi n'est autre, elle-même, que celle posée au siècle dernier par Bouguer comme présidant à la distribution de la lumière des astres, et à son absorption, lorsqu'elle traverse l'enve- loppe gazeuse que la terre emporte avec elle dans son mouvement de translation autour de l'astre qui la maintient asservie à sa puissante et indomptable attraction. J'ai pensé qu'en présence de ces faits bien acquis maintenant à la science, il pourrait être utile de déterminer par le calcul la quantité théorique de calorique que le sol terrestre, envisagé au niveau de la mer, reçoit dans les jours d'équinoxe et de solstice sur les différents parallèles qui se mesurent d'un pôle à l'autre. Je n'ai pas à m'appesantir ici sur l'intérêt que cette détermination peut offrir pour la météorologie ou pour l'histoire physique dii globe, et je ne veux me livrer aujourd'hui à aucune considération théorique sur les déductions que l'on peut en tirer. Je vais donc me borner à exposer les résultats auxquels je suis arrivé ; mais avant de les résumer dans un tableau, je dois faire connaître les éléments qui ont servi de base à mes calculs . Ils sont en partie consignés dans une note sur l'absorption atmosphé- rique des forces contenues dans la lumière du soleil et sur le calcul de cette absorption que j'ai eu l'honneur de présenter au congrès du Havre, en 1877, et qui est insérée dans le compte rendu de ce congrès (p. 418 et suiv.). En considérant la hauteur moyenne du soleil au-dessus de l'horizon pendant chaque demi-heure de temps écoulé depuis le lever de l'astre ^ jusqu'à son coucher, et en multipliant par le nombre de minutes écou- lées pendant ce temps, la somme des calories, capables d'influencer le thermomètre, qui arrivent au sol lorsque l'astre atteint son altitude moyenne, — l'on arrive à la solution du problème posé. Pour le faire sûrement, j'aurais pu m'appuyer sur les travaux de M. Crova,ou sur ceux de M. Violle. J'ai préféré m'appuyer sur ceux plus classiques, — je ne dis pas plus exacts, — de Pouillet. Au reste, cela n'avait pas une grande importance, car le but que j'avais en vue en me livrant à cette recherche était d'établir les bases d'une comparaison E. MARCHAND. SUR LA DISTRIBUTION DE LA CHALEUR SOLAIRE 491 entre ce qui se passe dans les mêmes jours sur chaque point de la sur- face terrestre supposée éclairée comme elle peut l'être au travers d'une atmosphère sans nuages et normalement limpide. Je me suis donc servi des valeurs qui se déduisent des travaux de Pouilîet. mais là j'ai éprouvé un embarras dans mon choix. On sait, en effet, que ce savant s'est servi de la formule A = p^ pour calculer les intensités d'absorption en don- nant à £ la valeur de 80,000 mètres qu'il considérait comme l'épaisseur normale de l'atmosphère. Or, j'ai fait voir que, lor.sque dans la formule de Bouguer on fait £ égal à l'épaisseur de Tatmosphère supposée ramenée dans toute sa masse à la densité qu'elle possède au niveau de la mer, ou trouve que cette épaisseur n'est que de 8,018 mètres, et que cela conduit, au moins pour les faibles hauteurs du soleil, à des pouvoirs absorbants autres que ceux admis par Pouilîet. Calories ver.sées par la lumière du Soleil sur chaque mètre carré de la surface terrestre, au niveau de la msr. pendant chaque jour d'équinoxe ou de solstice. SITUATION DES LIEUX DEGRKS D2 L.VT1TIT)E ÉQUINOXES SOLSTICE d'été SOLSTICE II' m VER Equateur s:; . 1 7 s:!. 06 82.7:. 82 09 81.31 80.27 73. 02 77.:;6 75.:12 72. SI 69.62 OC. 3» 61.01 •i4.09 47- '.8 37.:;'. 23.79 8.06 0.72 80.57 83.43 86.21 89.05 90.58 93.15 95.19 97.1» 99.2:! 101.57 104.01 106. 77 110..N6 115.81 120.08 139.54 148.27 15:î.03 154.50 se 57 77,65 74.32 70 43 66.67 61.17 56.81 50.75 44.07 36.74 26.71 14.48 6.11 0.0015 » » » 3J 2) » 10 — 20 — 2.5 — 30 — 35 — ;,0 — 50 — GO — 70 — So — Pour sortir de cette difficulté, j'ai fait intervenir dans mes calculs les valeurs en calories actives telles que je les ai posées pour l'épaisseur atmosphérique dense = 8,018 mètres dans le troisième grand tableau 492 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE annexé à la note précitée sous ce titre : Distribution du calorique, cal- culée d'après Pouillct (1). Je réunis dans le tableau ci-contre les résultats que j'ai obtenus pour les latitudes comptées de 5 en 5 degrés. Je rappelle pour mémoire que chaque calorie exprimée représente la quantité de calorique nécessaire pour porter de 0° à 1° la température d'un kilogramme d'eau. Ces résultats groupés sur le diagramme (fig. oO) mettent en évidence un fait important, le seul que je veuille signaler d'une façon particulière : c'est la régularité du développe- ment de l'intensité des radiations calorifiques (et lumineuses) pendant le sol- stice d'été, depuis l'équateur jusqu'au cercle polaire, et la rapidité de son accrois- sement depuis ce cercle jusqu'au pôle, grâce à la présence alors toujours con- stante du soleil au-dessus de l'horizon. On se rappelle que la force chimique, au con- traire, se distribue à cette époque de l'année en pro- portions croissantes depuis l'équateur jusque vers le trentième degré de latitude, et en proportions décrois- santes depuis ce parallèle jusqu'au cercle polaire, tan- rig. 30. — Mesure du calorique versé par la lumière du. tllS qu elle rcprenu. eillin soleil dans un beau jour d'équinoxe sur l'unité de i-»irccQnpa îic ^pnflinto superficie eclairce au niveau de la mer sous chaque Unc pUlSSdllte dsceiliidnie ^'^''^ ^^^' qui s'accélère jusqu'au pôle, de telle sorte que_, dans les vingt-quatre heures du jour témoin du solstice d'été, la somme des radiations chimiques reçues sur ce point est un peu supérieure à celle qui est versée sur l'équateur. II est inutile, je le crois, de faire remarquer qu'il ne faudrait pas tirer y 150 1 / f TeO / / 130 / / 1 1 120 1 / / 110 ;^ P -> y > tf- ■-> 90 r / ^ 80 s \ \ ~~- \, t» \ \ ^ % lî 60 ^^ ^ \ \ 1 % \, \ \ 'i-O .. \ \ \ 30 . 1 \ \ \ ^ 20 \ \ \ 10 0 , \ \. — ^ \ 0 5 10 15 20 Î5 30 35 "fO Wb 50 55 50 65 70 75 30 85 Pôl.o (1) V. Compte rendu de la sixième session de l'Association française pour l'avancement des icienccs (Congrès du Havre, p. 432 et 433). F. -A. FOREL. SEICHES ET VIBRATIONS DES LACS ET DE LA MER 493 de ce t'ait la conclusion que la température peut être plus élevée sur le point géométrique auquel vient aboutir l'axe de la terre, qu'elle ne l'est sur l'équatcur. Sur ce grand cercle le sol fortement éclairé et cliautfé rayonne dans l'atmosphère la presque totalité du calorique qu'il reçoit, et l'échaulfe ainsi à son tour, par contre-coup, d'une façon considérable; tandis qu'au pôle la chaleur versée par le soleil est employée à opérer si particulièrement la fusion de la glace que la température de l'air ne peut s'élever que de quelques degrés à peine au-dessus de zéro, au mo- ment ou l'astre qui Féclaire reste à une hauteur fixe de ^S^^S au-dessus de son horizon, et durant les quelques jours qui précèdent cette époque, et un certain nombre de ceux qui la suivent. M. E.-A. rOEEL Professeur ù l'Acadéiu e de Luusumi.-, à .Marges (Suisse). SEICHES ET VIBRATIONS DES LACS ET DE LA MER. — Séance du 30 (loùl IS~!). — Les riverains des lacs suisses ont, depuis bien des siècles, observé de temps en temps des mouvements étranges de l'eau qui, sans cause apparente, se soulève pendant un ou plusieurs quarts d'heure au-dessus de son niveau normal, puis descend au-dessous de ce niveau, puis se relève, puis redescend, et ainsi de suite. Ces mouvements sont appa- rents, soit à l'observation directe du niveau de l'eau, soit surtout à l'étude de la direction des courants dans les canaux, qui joignent des étangs, bassins ou ports avec la masse générale du lac. Nulle part ces mouvements ne sont plus forts qu'à Genève, oîi ils ont atteint parfois une amplitude verticale d'un mètre, un mètre et demi, même deux mètres ; on leur a donné sur les rives du Léman le nom local de Seiches. De Saussure et Vaucher, qui s'en sont occupés dans le dernier siècle, ont reconnu les rapports de ces mouvements avec les perturbations atmosphériques ; les seiches sont d'autant plus fortes que l'atmosphère est plus troublée. H) Voir pour la bibliographie du sujet mou article sur les Causes des seiches. [Archives des se. i)/i. et nul. (/(-■ Gcnci-c, t. LXUl, p. H3. Genève, 1878.) 494 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE En étudiant la durée de ces mouvements, j'y ai reconnu un rythme constant, la durée des mouvements étant toujours la même dans la même station, et je suis arrivé à démontrer que les seiches ne sont pas autre chose que l'une des manifestations d'un mouvement de balance- ment rythmique de toute la masse du lac, oscillation fixe, uninodale, dirigée suivant les deux diamètres principaux du lac. Suivant la direc- tion du balancement, on a les seiches longitudinales ou les seiches transversales. Grâce à l'emploi d'appareils multiplicateurs et enregistreurs, j'ai montré entre autres les faits suivants: 1» Normalement le rythme des seiches est toujours le même dans la même station. 2» Le rythme est le même aux deux extrémités du même diamètre du lac. 3" Le mouvement de l'eau est synchrone et opposé dans les deux moitiés opposées du lac: l'eau monte à Genève pendant qu'elle descend à Villeneuve et vice-versâ. 4" L'amplitude du mouvement a son maximum aux deux extrémités du diamètre suivant lequel oscillent les seiches (centres de mouvement) ; l'amplitude est nulle sur la ligne qui sépare les deux moitiés du lac (ligne nodalej. 5" Plus le lac est grand, plus grande est la durée des seiches. 6" Dans le même lac, les seiches longitudinales, oscillant suivant le grand diamètre, ont une durée plus grande que les seiches transversales, oscillant suivant le petit diamètre; sur le lac Léman les seiches longi- tudinales ont une durée de 72 minutes, les tranversales de 10 minutes. 1" Dans des lacs de môme longueur, la durée des seiches est d'autant plus grande que le lac est moins profond. 8° La formule t = -^= où t est la durée d'une demi-oscillation fixe sgh uninodale, / la longueur du bassin, h la profondeur moyenne, s'applique parfaitement aux seiches des lacs. Elle peut se traduire ainsi : La durée des seiches est directement proportionnelle à la longueur de la section du lac suivant laquelle a lieu l'oscillation, et inversement proportion- nelle à la racine carré;- de la profondeur moyenne. 9" Les allures des seiches ont enfin tous les caractères de l'oscillation fixe lorsqu'elle est déterminée par une impulsion unique. Dans les seiches successives, l'amplitude de l'oscillation a son maximum à la première onde, et cette amplitude va en décroissant graduellement dans chaque onde ultérieure, jusqu'à l'extinction totale. Ces ondes successives à amplitude décroissante forment ce que j'appelle une série de seiches. J'ai reconnu sur nos enregistreurs du Léman des séries de seiches qui. F.-A. FOREL. SEICHES ET ^^BRATIO^"S DES LACS ET DE LA MER 49o sans nouvelle impulsion, ont oscillé d'un rytlime régulier et isochrone pendant quatre et même cinq jours de suite. Les tracés des enregistreurs nous montrent que les seiches sont très fréquentes ; il est rare qu'il n'y en ait pas d'indice sur la courbe du lac. L'amplitude des seiches dépend : 1" de la station où l'on observe et de sa position sur un lac plus ou moins grand, sur le diamètre longitu- dinal ou transversal du lac, dans un golfe ou sur un cap. Les conditions les plus favorables sont représentées à Genève, au fond d'un golfe long, étroit et peu profond, sur le diamètre longitudinal du lac ; les plus fortes seiches connues, 1"',83, y ont été observées le 3 octobre 1841. A 31orges, où j'observe les seiches transversales, sur une côte droite, mon enregistreur ne m'a jamais montré des seiches dépassant 12 centimètres d'amplitude; — 2** de l'intensité de l'impulsion génératrice de la série des seiches ; — 3" du rang d'ordre de l'onde dans la série des seiches. Le raisonnement et l'observation nous donnent comme causes possi- bles et effectives des seiches : 1° Toutes les perturbations atmosphériques, variations de pression, vents verticaux et obliques, orages, cyclones et trombes, etc. 2° Les secousses de tremblement de terre. La cause la plus puissante est, d'après l'expérience, l'orage local à mouvement vertical descendant. Tous ces faits concordent à justifier mon hypothèse que les seiches sont des vagues d'oscillation lixe uninodale des lacs. L'étude des traces limnographiques nous apprend ensuite que le mou- vement de balancement de l'eau n'est pas toujours aussi simple que nous venons de le décrire; il se complique de différentes manières. a Par la superposition de mouvements biiiodaux (et trinodaux) qui interfèrent avec l'oscillation uninodale. J'ai décrit ce type sous le titre de seiches dicrotes. h Par la superposition de plusieurs séries de seiches uninodales qui empiétant les unes sur les autres, les dernières séries débutant avant que l€S premières soient éteintes, finissent par donner un tracé très parti- culier d'oscillations irrégulières très rapprochées de 1/2, à 1, à 2, à 3 minutes de durée. C'est le cas qui se produit quand il souffle sur le lac un vent horizontal, et le tracé limnographique montre ce que j'ai appelé du nom provisoire de vibration du lac. c Quelquefois, très rarement, lorsque le vent est très faible, ces vibra- tions peuvent prendre un caractère de grande régularité, et donner des ondulations parfaitement régulières, toutes semblables les unes aux au- tres, de 1 à 2 minutes de durée. Je suppose que dans ce cas le lac ■entre en état d'oscillation fixe multinodale. 49B MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE Ainsi donc, dans le bassin fermé de notre Jac Léman, je constate ou je suppose l'existence : 1° De vagues d'oscillation fixe unidodales, seiches. 2° De vagues d'oscillation fixe uninodales avec interférence de vagues binodales, seiches dicrotes. 3" De vagues d'oscillation lîxe uninodales ou multinodales dont les séries, très nombreuses et très multipliées, se superposent d'une ma- nière quelconque, vibrations du lac irrégulières. 4° De vagues d'oscillation fixe multinodales, vibrations du lac régu- lières. — Y a-t-il dans la mer quelque chose d'analogue à ce que nous venons de trouver dans les lacs? Voici quelques faits qui me le font croire : 1° En 18M, David Milne écrivait dans [les Transactions de la Société royale d'Edimbourg : On a remarquable oscillation of the sea observed ut varions places of the west of Great Britain in the first iveek of July 4S43. Pendant un orage qui se produisit sur les côtes d'Angleterre et d'Écosso, on observa dans un grand nombre de ports des oscillations rythmiques du niveau de la mer, durant plusieurs heures ou plusieurs jours, sur un rythme de 10, 15 ou 20 minutes, et une amplitude attei- gnant ou dépassant 2 et 8 pieds ; 2° L'astronome royal de Greenwich, sir G. Airy, a constaté sur les tra- cés du marégraphe de Malte, en 1872, de magnifiques oscillations ryth- miques très régulières, atteignant jusqu'à 15 pouces d'amplitude avec une durée de 20 à 21 minutes chaque. Il en avait déjà reconnu, il y a quelques quarante ans, sur les tracés du marégraphe de Swansea, à l'entrée du canal de Bristol; elles avaient aussi une durée de 20 mi- nutes; 3° J'ai sous les yeux un tracé du marégraphe du Helder, en Hollande, de l'année 1854 , qui montre sur la courbe des marées des oscillations de plusieurs centimètres d'amplitude et de un quart à une demi-heure de durée ; 4" Pendant le congrès de Montpellier, j'ai interrogé les pêcheurs de Palavas sur l'existence des variations brusques dans la direction des courants d'entrée et de sortie, dans le canal de communication entre les étangs et la mer; ils m'ont appris, qu'en temps d'orage, la direc- tion de ces courants change parfois rapidement au bout de 15, 20, 30 minutes. Les alternances de direction qu'ils m'ont décrites indiquent des oscillations rapides du niveau de la mer; o° Après le congrès de Montpellier, j'ai eu , grâce à l'obligeance de M. deLestrac, ingénieur du port de Cette, communication des tracés du marégraphe du môle Saint-Louis. J'y ai retrouvé, avec la plus grande évidence des ondulations analogues à celles des vibrations de notre lac. E. ROCHE. — OSCILLATIONS PÉRIODIQUES DE LA TEMPÉRATURE 491 oscillations parfois régulières , parfois irrégulières, de 2, 10, 20 centi- mètres d'amplitude, de 10, 15, 20, 40 minutes de durée. D'après les dires du gardien du marégraphe, ces vibrations sont fortes surtout lorsque le temps est mauvais. Ces faits sont mal reliés ensemble ; cependant ils suffisent, me semble- t-il, pour prouver, dans les, bassins indéfinis de la mer, l'existence de- mouvements analogues à ceux que nous avons constatés dans nos lacs.^ Ces oscillations qui n'ont rien à faire avec les vagues du vent, celles-cL sont beaucoup plus rapides, ni avec les marées, celles-ci ont une durée constante beaucoup plus longue, ces oscillations de 5, 10, 20, oO, lOOi minutes de durée, parfois régulières, parfois irrégulières, que sont-elles?. Sont-elles analogues à nos seiches? Non, si nous deliiiissons les seiches des vagues uninodales d'oscillation fixe; car, il e^t évident que si dans un bassin fermé de 70 kilomètres de longueur, comme notre lac Lé- man, les seiches uninodales ont déjà une durée de 72 minutes, dans les bassins infiniment plus grands de la Méditerranée ou de l'Océan la va- gue uninodale d'oscillation fixe devi-ait avoir une durée bien plus grande que celle que nous avons constatée. Elles se rapprochent bien plus de ce que j'ai appelé des vibrations,, et provisoirement je les désignerai sous le nom indillérenl de vibrations de la mer, nom qui pourra être changé quand leur véritable natura aura été déterminée. J'ose inviter les naturalistes habitant les bords de la mer à suivre cette étude. Il y a là un beau sujet de recherches, soit dans l'interpréta^ tion même du phénomène, soit dans la constatation des ivlations de ces mouvements avec les circonstances météorologiques. Je suis assuré qu'ils y trouveront autant d'atiraits et autant de fails nouveaux que nous en ont offerts, depuis dix ans et plus, l'étude des seiches et des vibrations de nos lacs suisses. M. Edouard EÛC2E Professeur à lu FiicuUé des Scioni-(;s de .Montpellier. SUR LES OSCILLATIONS PÉRI0DI3UES DE LA TEMPÉRATURE. — Séance du :iO août ^879. — Ayant eu l'occasion de discuter les observations météorologiques faites à Montpellier par J. A. Badon, au siècle dernier, durant une , 904 mètres d'altitude), à une distance ds 105 kilo- mètres. Le Cbaiilot (3,163 mètres d'altitude), à une distance de 100 kilomètres. L'Obion (2,703 mètres d'altitude), à une distance de 80 kilomètres. Le Mont-Aurouze (2,712 mètres d'altitude), à une distante de 75 kilo- mèlres. Le Grand- Veymont (2,346 mètres d'altitude), à une distance de 85 kilo- mètres. Du côté del'O., on trouve à une distance de 120 kilomètres les monts -Lozère, dont la cime dominante, le pic de Finiels, s'élève à 1,702 mètres, l'Aigoual ;i !,o67 mètres, elles montagnes du Vigan 1,434. Les montagnes élevées de l'Ardèche, dont la hauteur varie entre 1,474 mètres (suc de Bauzon) et 1,551 mètres (montagne de Monpézat), sont éloignées de 110 kilomètres. Au N. 0 : Le MoTit-Mézenc (1,751 mètres d'altitude), à une distance de 120 kilo- -mètres. Le Gerbier des Joncs, (1,551 mètres d'altitude), à une distance de 110 kilomètres. Plus au loin et toujours à l'O., s'élèvent les montagnes du Cantal, dont le sommet le plus élevé, le Piomb du Cantal, atteint 1,858 mètres, et le Mont Dore, où le Puy de Sancy, a une bauteur de 1,886 mètres. En résumé, le Mont-Ventoux n'est dominé que du côté de l'E. et du N. E. par le massif des Alpes, dont il peut être considéré comme le dernier soulèvemeut : une distance considérable le sépare des sommets qui ont une bauteur supérieure à la sienne, le plus rapproché est à 75 kilomètres; et entre eux le terrain reste, malgré de nombreuses ondulations, à une altitude très inférieure. De tous les autres côtés, on ne rencontre aucune montagne dont la -hauteur atteigne la sienne : encore faut-il aller à 110 kilomètres à l'O., pour trouver des sommets qui dépassent 1,500 mètres. Dans la direction du N., on ne trouve pas de soulèvements notables du sol, pas plus que vers le S. 0.; du côté du S. se trouvent quelques rhaînes parallèles, mais dont les sommets les plus élevés atteignent à peine 1,000 mètres. l^e Mont-Ventoux remplit donc d'une façon exceptionnelle cette con- dition de V isolement, qui est une des plus importantes parmi celles que l'on doit rechercher pour l'établissement des observatoires météorolo- »'■ PAMAUD. l'oBSERVATOIKK HO >iO.NT-VENTOi:X 50o giques à grande altitude. Mais il présente encore ceci de particulier, qui devait tout d'abord le désigner au choix des météorologistes, c'est la différence considérable qui existe entre l'altitude de son sommet et celle de la plaine qu'il domine. a Le Signal-service a installé deux stations permanentes sur des » montagnes isolées, placées l'une près de l'Atlantique, l'autre aux » montagnes Rocheuses, et qui dépassent chacune de près de 2,000 mètres » le niveau moyen du pays qui les environne; ce sont : » Pike's Penck (Colorado), 4.33o mètres. » Mount Washington (New-Hampsliire), 1,91G mètres. (Alfred Angot, lievue scientifique, 22 avril 1876.) Le Mont-Ventoux se trouve dans des conditions tout aussi favorables que le Mount- Washington : H y a 1,000 mètres de différence entre l'altitude de ce sommet et celle d'Avignon ('20 mètres), qui en est séparé par une distance de 45 kilomètres; 1,800 mètres enlre lui et Carpentras (101 mètres), qui en est à 21 kilomètres; enfin, la différence est encore de 1,600 mètres avec Bédoin, qui se trouve au pied même de la montagne, à moins de 10 kilomètres du sommet. On peut affirmer que des observations simultanées faites dans ces quatre stations aussi rapprochées, mais dont faltitude présente un écart aussi considérable, donneront les résultats les plus féconds pour l'étude des mouvements généraux de l'atmosphère et pour la recherche des lois qui les régissent. Dans le rapport que nous avons présenté à la Commission météoro- logique de Vaucluse, dans sa réunion du 12 mars dernier, nous avons cru devoir insister sur le rôle qu'un établissement, comme celui que nous projetions, aussi facilement accessible, quoique placé à une grande hauteur, est appelé à jouer dans les recherches scientifiques. Il y a là une mine nouvelle que pourront exploiter tour à tour les physiolo- gistes et les physiciens, aussi bien que les chimistes, sans compter les géologues et les botanistes, qui étudient depuis longtemps notre chère montagne, et qui y retourneront d'autant plus volontiers, qu'ils seront sûrs de trouver à son sommet un asile sûr et plus confortable. Les astronomes nous paraissaient aussi devoir être appelés à profiter de cet établissement qui présentait pour eux deux avantages : son altitude et la pureté de notre ciel, que le P. Kircher n'a pas craint de comparer à celui de l'Egypte, le pays oîi est née l'astronomie, si nous devons en croire l'histoire. Nos prévisions étaient justes, et la lettre suivante, dont je vous demande la permission de vous donner lecture, entraînera, je n'en doute pas, votre conviction. Elle est adressée à notre président, M. Bouvier. 506 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE Paris, le 17 mai 1879. Monsieur, J'ai reçu la notice fort intéressante que vous venez de publier sur la création d\in Observatoire au sommet du Mont-Ventoux ; et M. Mascart m'a présenté vos plans. J'ai été frappé aussi de la situation exceptionnellement favorable de cet observatoire au point de vue météorologique; mais elle ne présente pas un moindre intérêt au point de vue astronomique. Comme il ne peut être question d'y créer un observatoire astronomique permanent, je désirerais seulement utiliser celte situation pour y établir un petit observatoire temporaire oii un de nos astronomes irait passer deux ou trois mois de la belle saison pour faire des études d'aslronomie physique que la pureté de l'atmosphère, à cette hauteur et dans cette contrée, rendrait sans doute extrêmement intéressantes. On pourrait également y envoyer un astronome à un moment quelconque de l'année pour observer un phénomène particulier, tel qu'une éclipse, ou une planète au moment le plus favorable à son étude. Dans de semblables conditions, il n'y aurait qu'un très léger accroissement à donner à vos constructions pour satisfaire à tous nos besoins. Il suffirait d'établir une plaie-forme horizontale, devant la maison (vers le sud), de 4 à 5 mètres de largeur, et de 8 à 40 métros de longueur, et sur laquelle on ferait rouler un télescope. Cette plate-forme, au niveau du sol de la maison, per- mettrait de placer ce télescope dans de bonnes conditions pour l'observation et de le rentrer ensuite dans une salle spéciale qu'il faudrait faire pour le remiser. Cete salle devrait avoir 3 mètres sur i mètres comme celles dont vous avez tracé le plan, il faudrait en outre une nouvelle chambre à coucher. Cela revi(?ndrait donc à étendre votre édifice, dans le sens de la longueur d'une pièce de plus; il y aurait cinq fenêtres au lieu de quatre. Ce serait sans doute un petit surcroît de dépense, mais il serait parfaite- ment justifié par le but qu'on se proposerait, et je ne doute pas que vous n'acceptiez cette proposition qui donnera plus d'importance encore au très utile projet dont vous poursuivez à si juste titre la réalisation. Je ne man- querais pas, dans ce cas, d'appuyer de toutes mes forces l'acceptation de ce projet et la demande du concours de l'Élat qui paraît indispensable. Veuillez agréer, Monsieur l'Ingénieur en chef, l'assurance de ma considé- ration très distinguée. Le Contre- A mirai. Directeur de l'Observatoire y Signé : E. Mouchez. Ce nom en dit plus que bien des phrases : et, je n'aurais rien à ajouter, si je ne devais vous dire, ce que vous avez bien deviné sans doute, que nous nous sommes hâtés de nous conformer au désir de l'amiral Mouchez; M. Bouvier l'a informé que l'on introduirait dans le plan de l'observatoire du Ventoux, les modifications qu'il avait indiquées, afin de le rendre propre à l'organisation d'observations astronomiques. Notre projet est donc consacré par l'approbation des deux hommes D' PAMARD. — l'observatoire DU MONT-VE\TOUX o07 éminents qui se sont partagé la succession de Leverrier : c'est un patro- nage dont nous sommes fiers, et derrière lequel nous sommes heureux de pouvoir abriter notre obscurité. L'observatoire du Ventoux présente encore d'autres avantages, ceux-ci purement matériels sans doute, mais ce qui n'exclut pas leur valeur. Il est voisin de centres scientifiques importants; Lyon, Marseille, et à peu de distance de cette vieille cité savante (Montpellier), oîi nous sommes réunis aujourd'hui, et où je suis heureux de retrouver et de saluer mes premiers maîtres. La grande artère qui conduit de Paris à Marseille passe à peu de distance; et beaucoup d'entre vous, en se rendant à ce Congrès, ont pu admirer au passage ce géant de nos contrées, qui domine pendant longtemps le magnifique panorama se déroulant devant les yeux du voyageur. On arrive à Carpentras en chemin de ter par l'embranche- ment de Sorgues; d'ici à peu d'années, la ligne nouvelle d'Orange à l'Isle rendra cetle ville accessible de deux autres côtés. La vieille capi- tale du Comtat-Venaisin offre de nombreuses ressources fort appréciées par les gourmets; je ne sache pas que, pour être savant, on ne puisse avoir le palais délicat. Et n'est-ce pas un devoir pour un explorateur scientifique de déguster les trutl'es du Ventoux et les nombreux gibiers que l'on tue sur ses pentes ? C'est un moyen de constater les heureux résultats des travaux considérables exécutés dans la montagne par l'ad- ministration si modeste, si utile et si intelligente des Eaux et Forêts. De Carpentras, une excellente route conduit en une heure et demie à Bédoin : c'est là que l'on prend actuellement les mulets qui vous portent au sommet de la montagne; c'est de là que partira la route qui ira jusqu'à l'Observatoire. Elle est faite jusqu'à Sainte-Colombe (4 kilo- mètres), et en voie d'exécution de là à Saint-Estève (2 kilomètres). C'est à ce hameau que commence la vraie route de montagne, qui aura une longueur de 15 kilomètres avec une pente qui n'excédera par 10 0/0. La route passe à côté de la fontaine de la Grave, une des rares fon- taines émergeant sur les flancs du Ventoux; elle se trouve à une alti- tude de 1,500 mètres et à 4 kilomètres du sommet. Ce voisinage de la fontaine est inappréciable au point de vue des travaux de construction, des habitants de l'Observatoire, et des touristes qui viendront le visiter. L'ascension du Ventoux sera donc facile; ce ne sera plus qu'une promenade en voiture, et il est permis d'affirmer que, à de rares exceptions près, on pourra la faire en toute saison. Joseph Guérin y est monté à diverses reprises, alors que le thermomètre était au-dessous de zéro à Avignon ; il est plus d'un chasseur qui est arrivé sur son sommet, alors qu'il était couvert de neige. Que sera-ce quand une bonne route y conduira! 508 MÉTÉOROLOGIE ET PIIÏSIQLE DU GLOUE Il sera sans doute prudent de s'abstenir les jours où les vents, qui ont été les parrains de la montagne, souffleront avec violence, ou quand de grandes masses de neige seront tombées ; l'ascension dans ce cas-là pourrait être dangereuse. Hormis ces circonstances, elle sera toujours possible et les communications seront libres. C'est là une condition très avantageuse pour l'observateur, qui devra résider toute l'année au sommet du Ventoux, et qui ne sera pas réduit à ne communiquer avec les autres humains, pendant toute la saison d'hiver, que par son fd télé- graphique. Description de l'observatoire. — La possibilité d'hiverner sous notre latitude à une hauteur de 2,000 mètres no fait pas de doute. Je n'irai pas jusqu'à comparer le séjour au sommet du Ventoux à une sorte de paradis terrestre, suivant l'expression de notre intrépide devancier, le général de Nansouty, qui n'a pas craint de s'installer à une altitude bien autrement rigoureuse, mais j'estime qu'avec une habitation bien entendue, on pourra facilement s'y préserver des violences des agents extérieurs. Il me paraît nécessaire de vous exposer quelles sont les dispositions qu'a adoptées dans ce but M. Morard, ingénieur des Ponts et Chaussées à Carpenlras, dans le projet qu'il a dressé sous la direction de M. Bouvier. L'observatoire météorologique sera situé au sommet même de la mon- tagne; une large plateforme sera établie par simple arasement de la roche à un mètre au-dessous du niveau actuel. Les instruments seront placés à un mètre au-dessus du sol sur un massif arrondi en maçonnerie, dans lequel sera encastré un abri Mont- souris renforcé de manière à résister aux tempêtes les plus violentes. Prévoyant que les grands froids ou les vents ne permettront pas de s'aventurer au dehors pour aller faire la lecture des instruments, on établit une galerie couverte, voûtée, à moitié creusée dans le sol, allant de l'habitation à la plateforme, où elle aboutit à une tour couverte, d'où les instruments, qui seront placés à une distance de 10 mètres, seront observés au moyen d'une lunette. Cette tour aura une forme arrondie et ne présentera aucune saillie, pour ne pas favoriser les amoncellements de neige : elle aura deux fenêtres, l'une au N. l'autre à l'O., visant chacune un massif en maçon- nerie portant les instruments : au cas où une fenêtre serait obstruée, l'autre permettrait les observations. Al'E. s'ouvrira une porte qui don- nera le moyen d'aller faire les lectures par le beau temps. Une lanterne métallique et vitrée sera fixée au sommet du dôme pour permettre l'examen du ciel dans tout son ensemble. La galerie couverte aura une longueur de li"\70 sur une hauteur b'' PAMARD. l'obSERVATOIUE DU MONT-VENTOUX 509 de 2 mètres. La tour aura 2 mètres de diamètre intérieur, et une hauteur de 2 mètres du plancher à la naissance de la voûte. Les deux massifs de maçonnerie auront chacun 1 mèlre de hauteur et 2 mètres de diamètre. Habitation. — Elle sera ahrités contre les vents du N. par la mon- tagne elle-même; en eiïet, elle sera bâLie sur une plate-forme, qui sera construite à 8 mètres au dessous du sommet actuel; elle sera adossée au roc, dont la séparera un couloir ayant 1 mètre de largeur, qui défen- dra la partie habitée contre le froid et contre l'humidité. Sa façade aura une longueur de ll'",50, qu'il faudra prolonger d'en- viron 4 mètres pour satisfaire au dé^ir de l'amiral Mouchez ; sa pro- fondeur aura 7'",o0 et sa hauteur au faîte de l'édiiice 8 mètres. 11 y aura dtux étages, avec quatre fenêtres à chaque étage, ayant toutes 1 mètre de largeur; celles du premier étage auront 2 mètres de hauteur et celles du rez-de-chaussée l"',oO. Toutes ces fenêtres s'ouvri- ront sur la fiiçade et seront tournées vers le Midi pour faire entrer largement le soleil qui apportera et la lumière et la chaleur. Dans le mode de couverture il fallait prévoir les grandes quantités de neige qui peuvent s'amonceler sur la toiture et lui faire supporter un poids considérable. Voici les dispositions adoi)tées : une voûte en ma- çonnerie portée par deux piédroits, formant les murs de façade et ren- forcés du côté du Midi par de puissants contreforts; la voûte est elle- même recouverte par une toiture en pierres plates. Entre la partie habitée et le couloir longeant la montagne, régnera sur toute la longueur de l'édiiice un corridor ayant une largeur de 1 mètre; il dessert toutes les pièces et contient l'escalier. Au rez-de-chaussée, qui a une élévation de 2'",G0, on trouve en allant de l'O. à l'E. : 1" Une grande pièce de 7'»,50 sur 4 mètres, qui en été servira d'écu- rie pour abriter les chevaux, les mulets ou les voitures des visiteurs. Pendant l'hiver, ce sera le magasin aux provisions et au combustible; 2« Une grande salle (3'",70 sur 4 mètres) avec cheminée, qui sera plus spécialement réservée aux touristes; 3° Une autre pièce (3"',2o sur 4 mètres) qui servira de magasin pen- dant la belle saison. Au premier étage, dont les pièces ont une hauteur de 3™,o0 mesurée du plancher au sommet de la voûte, on a : 4*» Une grande cuisine (3"',50 sur 4 mètres) servant de salle à man- ger et pouvant recevoir un lit ; 2° Une grande chambre (4 mètres sur 4 mètres). Ces deux pièces con- stituent le logement du gardien . 510 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE 3" Deux chambres, l'une de 3™, 80 sur 4 mètres, l'autre de 3"', 40 sur 4 mètres, qui pourront recevoir les savants désireux d'aller travailler à ces hauteurs. Chacune des pièces du premier étage a une cheminée. Les eaux qui tomberont sur la maison, seront recueillies dans une citerne pouvant recevoir 20,000 litres, qui fournira l'eau nécessaire aux usages domestiques. Paratonnerre. — D'après le conseil de M. Mascart, le système adopté a été celui de M. Melsens, Il consiste, je n'ai besoin que de le rappeler, à multiplier le nombre des pointes qui sont groupées en aigrettes; leurs bases sont réunies entre elles par un réseau de conducteurs épousant la forme extérieure du bâtiment. A l'observatoire du Ventoux, le faîte, les quatre arêtes descendantes du toit, les deux chéneaux et les quatre coins du bâtiment seront munis de conducteurs de 8 millimètres de diamètre. Vn fil, descendant du milieu du faîte sur le versant N. du toit, se continuera sur la galerie jusqu'à la grande aigrette protectrice de la tour. Il y aura sur le sommet du toit trois grandes aigrettes, une au milieu et une à chaque extrémité; deux petites aigrettis seront placées de chaque côté; entre celles-ci, il y en aura une à chaque angle du toit. Ce qui donnera quatre grandes aigrettes ayant chacune 1 mètre de hauteur, et trois petites aigrettes ayant O^.SO de hauteur. Ce réseau communiquera avec le sol par sept fils différents. Là est la difficulté. M. Melsens indique plusieurs modes de terminaison des con- ducteurs terrestres, mais en partant toujours de ce principe, qu'il est possible d'atteindre la terre constamment humide. On sait comment est composé le sol au sommet du Ventoux ; un amas de fragments de roches calcaires plus ou moins segmentées, plus ou moins volumineuses et laissant filtrer l'eau avec une extrême facilité; en dessous se trouve, il est vrai, d'après M. l'inspecteur des forêts, une couche où le calcaire, réduit en fragments très ténus, forme comme une espèce de terre capable d'absorber et de retenir l'humidité. Justement préoccupé de la solution du problème, 31. Bouvier a écrit à M. Melsens pour avoir son avis. Voici quelle a été sa réponse : « Je crois que la terre ne se desséchera jamais jusqu'à la profondeur » de 1 mètre à l™,oO de façon à être un mauvais conducteur de l'élec- » tricité statique. Les expériences que je décris dans la note 4, pages 13, » 14 et lo, me paraissent, jusqu'à un certain point bien entendu, pou- » voir faire admettre que, si vos contacts à la terre se font par une » grande surface métallique, s'ils sont nombreux, il y aura assez d'écou- » lement pour que h s craintes (eu égard au foudroiement de l'édifice) » disparaissent. » D'" PAMARD. l'oBSEUVATOIUE DU MoM-AENTOUX SU SufBra-t-il de terminer les conducteurs terrestres du paratonnerre par de larges surfaces, qui seront plongées dans la couche ténue que recouvre la couche superficielle? Devra-t-on les mettre en communication avec les terrains toujours humides qui avoisinent Font-Filiole, source qui se trouve à 600 mètres du sommet? C'est là une question réservée, qu'une étude plus approfondie du terrain permettra de trancher, et pour la solution de laquelle la Com- mission météorologique de Vaucluse sera heureuse de recevoir les con- seils des physiciens qui s'intéressent au succès de son oeuvre. Télégraphe. — Plusieurs fils établiront une communication directe entre BéJoin et l'observatoire ; la longueur du fil sera d'environ 10 kilo- mètres. Afin d'éviter les interruptions si fréquentes qui se produiraient, (l'expérience du Pic-du-Midi et du Puy-de-Dôme sont là pour nous en avertir), les fils seront souterrains dans la partie supérieure de leur par- cours. Tous les plans ont été soumis à l'examen du Bureau central méléo- rologique, et nous aurions pu déjà commencer l'exécution de la route, dont les études ont été complètement terminées par les agents dévoués du service vicinal, qui ont dû aller passer plusieurs semaines dans deux baraques construites à leur usage et placées non loin du sommet de la montagne. Il nous a paru plus prudent d'attendre que le Parlement eût voté la subvention qu'a demandée le préfet de Vaucluse, et en faveur de laquelle le Bureau central de météorologie consulté par le ministre a donné un avis favorable. Ceci me conduit à vous entretenir de l'un des côtés de la question, qui n'est certainement pas le moins intéressant : l'état de nos ressources. Vous avez sans doute gardé le souvenir de la généreuse initiative prise par M. Bischoffsheim, qui, après une simple conversation avec M. Mas- cart, s'inscrivit spontanément pour une somme de 10,000 francs ; bien- tôt après l'Association scientifique et votre Association nous accordaient l'une 500, l'autre 2,000 francs. Voilà tout ce que nous possédions au 12 mars dernier, lorsque nous avons déposé notre rapport; depuis lors nous avons fait du chemin! Le Conseil général de Vaucluse, dans sa session d'avril , nous a voté 20,000 francs ; le Conseil municipal de Bédoin 10,000 francs, plus tous les terrains nécessaires pour la route et l'observatoire; le Conseil municipal de Carpeniras 1,000 francs; les autres communes du département environ 3,000 francs; la Chambre de commerce d'Avignon 1,000 francs ; la Compagnie du chemin de fer de Paris-Lyon-Médilerranée 2,000 francs. Les Conseils généraux de la Haute- Saône et du Var, le Conseil municipal de Toulon, la Chambre de com- 512 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE merce de Montpellier, ont bien voulu aussi contribuer par leurs subsides à l'œuvre entreprise. Enfin, quoique nul ne soit prophète en son pays, nous avons eu la satisfaction de voir un mouvement des esprits consi- dérable se déclarer en faveur de l'observatoire du Ventoux, et, malgré qu'aucune propagande active n'ait encore été faite, nous avons déjà recueilli, dans le seul département de Vaucluse, 10,000 francs de sou- scriptions particulières , dans lesquels il est juste de dire que MM. Dus- saud sont compris pour 1,500 francs. Grâce aux subventions que viennent de nous voter dans leur dernière session les Conseils généraux des Bouches-du-Rliône, de l'Hérault, de l'Ardèche, de la Drôme et du Kliône, nous avons dépassé le chiffre de 60,000 francs; avec les 50,000 francs proposés, et que le Parlement, nous croyons en avoir l'assurance, ne nous refusera pas, il ne nous manque plus que 40,000 francs pour avoir les 150,000 francs, qui représenlent le chifTre prévu des dépenses. Nous avons la ferme conviction que nous les trouverons : nous avons dès nos débuts appelé à notre aide tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la science; il serait difficile de trouver une réunion qui en renfermât un plus grand nombre, que celle devant laquelle j'ai l'iionneur de parler aujourd'hui C'est donc à vous, Messieurs, que je m'adresse : nous vous demandons aide et assistance, et nous espérons que vous ne resterez pas sourds à notre voix. L'opinion publique s'est formellement prononcée en faveur de l'obser- vatoire du Ventoux ; la presse s'y est intéressée, et vous aurez pu lire dans divers journaux plusieurs articles sur la question : je me permettrai de vous rappeler celui de M. Simonin paru dans la France du 3 mai, et le feuilleton du Siècle du 11 mai dû à M. Georges Pouchet. Au mois d'avril dernier, le congrès qui a réuni à Piome les savants les plus compétents parmi ceux qui, dans le monde entier, ont fait de la météorologie l'objet de leurs études, a émis d'une façon toute spon- tanée un vœu en faveur de l'érection d'un observatoire sur le sommet du Mont-Ventoux. A la même époque, lors de la réunion à Paris des Sociétés savantes, à la suite d'une communication que j'eus l'honneur de faire dans une des assemblées générales de la section scientifique , M. Milne-Edwards qui la présidait, voulut bien se faire l'interprète de l'opinion de l'assis- tance, et dire tout l'intéi-êt que le monde scientifique prenait à la réus- site de l'œuvre que nous avions entreprise. Le Mont-Ventoux aura d'ici à peu d'années, c'est ma plus ferme con- viction, son observatoire météorologique : il remplit toutes les condi- tions que réclament pour les observatoires de montagne les météorolo- gistes compétents : isolement, altitude, éloignement de toute montagne A. VALAT. — L OBSERVATOIRE DU PIC DU MIDI 513 ayant une hauteur supérieure ou même égale à la sienne, différence de niveau de près de 2,000 mètres entre son sommet et la piaine voisine ; la grande facilité avec laquelle on pourra arriver à son sommet, à peu près en toute saison, est aussi une condition favorable. Je ne vous fati- guerai pas en énumérant à nouveau toutes les hautes approbations que notre projet a recueillies ; mais je rappellerai que de Saussure, au com- mencement du siècle, et M. Charles Martins plus tard, avaient prévu les services que pourrait rendre un observatoire météorologique placé sur ce sommet. En terminant, Messieurs, laissez-moi vous adresser encore un mot : l'Association française pour l'avancement des sciences nous a déjà témoi- gné toute sa sympathie, en votant une subvention pour l'installation de l'observatoire; aujourd'hui que le projet est connu, étudié, nous venons dans cette réunion solennelle, réclamer non plus son concours pécu- niaire, mais son appui moral, et nous sommes persuadés qu'il ne nous fera pas défaut. Aidés par vous, nous triompherons facilement des dernières difficultés : et lorsque, dans deux ans, vous passerez au pied du Ventoux, vous dis- posant à franchir la Méditerranée et à vous rendre dans la capitale de nos possessions africaines, un regard jeté sur le sommet de la montagne; vous permettra, j'en ai le ferme espoir, d'y voir ilotter le drapeau natio- nal au faîte de l'édifice scientifique dont vous aurez été des premiers à encourager la création. M. A. YALAT Ancien élève de l'École polyteoUnique, ancien Recteur à Bordeaux L'OBSERVATOIRE DU PIC DU MIDI — Séance du 30 août i 87 . — 33 514 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE M. Scipion BEICKA Eils Membre de la Société Uinguedocienne de géographie de Montpellier. SUR LE PROJET DE CONSTRUCTION D'UN OBSERVATOIRE SUR LE MONT AIGOUAL — Séance du / « ■■ septembre 1879. — De remarquables travaux ont été publiés dans ces dernières années au sujet du choix de points d'observations pour le régime climatérique du Midi. Plusieurs savants ont avancé dans leurs recherches que le mont Aigoual devait être préféré à beaucoup d'autres pour l'étude des phénomènes atmos- phériques de notre région méridionale. C'est pour appuyer cette opinion que nous présentons au Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences quelques courtes réflexions sur la position avantageuse de l'Aigoual pour des observations climatériques dans le midi de la France. L'Aigoual, par son altitude, 1,567 mètres, est l'un des principaux sommets des Cévennes méridionales. Son massif se développe vers le point oii la chaîne, s'inclinant vers le sud-ouest, présente son flanc au midi, en projetant de dis- tance en distance, et dans cette direction, des contre-forts et des rameaux entre lesquels s'ouvrent les profondes vallées cévenoles, avec leurs rivières torrentueuses, jonchées de blocs de rochers arrachés aux pentes abruptes de la montagne. Du côté du nord l'aspect est bien différent ; la chaîne est plus souvent boisée ; on n'y voit plus aussi fréquemment ces pentes arides où les roches se désagrègent et s'éboulent dans les vallées, comme cela arrive sur l'Hérault près de sa source, et sur la rivière des Salles, petit affluent de l'Hérault. La Jonte, le ruisseau de Bramabioou, le Tarnon, s'échappent au nord, à travers bois, et n'atteignent pas brusquement des vallées aussi profondes que leurs sœurs du midi. Ce sont cependant des rivières rapides, mais l'altitude de leurs cours baisse sans beaucoup de secousses, en gardant toutefois une pente assez vive. Pour le régime des vents, l'Aigoual est, à notre avis, un régulateur puis- sant, il participe avec la chaîne à laquelle il appartient à une délimitation des courants atmosphériques presque aussi nette que la ligne de partage des eaux. Prenons, par example, les vents pluvieux de notre région : le marin, soufflant plus ou moins directement du midi, atteint la montagne après avoir arrosé toutes les plaines basses, voisines de la mer, et les vallées jusqu'à une certaine altitude ; souvent le vent du midi s'arrête là, laissant bien peu d'eau sur l'Aigoual. Mais si ce vent souffle avec violence, les nuages plus élevés entourent la montagne, la franchissent, en y abandonnant la plus grande partie de leur vapeur d'eau rapidement condensée par la froide atmosphère qui entoure la montagne. Ces nuages s'y dépouillent si bien que la pluie ne s. BRICKA. — PROJET DE CONSTRUCTION d'uN OBSERVATOIRE SIS tombe plus au delà vers le nord, et les cultivateurs des bords du Tarnon et de la Jonte redoutent particulièrement ce vent du midi qui gronde en orage sur l'Aigoual, fait naître des inondations subites et terribles, sans qu'il soit tombé une goutte d'eau dans les vallées peu distantes de la montagne. Le vent du midi n'est pas le seul vent pluvieux de l'Aigoual ; les courants de l'ouest, remontant les vallées des affluents de la Garonne, viennent souvent y apporter leur tribut d'élément liquide, c'est le plus souvent une pluie fine et froide, remplacée en hiver par cette petite neige que le vent promène en tourbillons, pour la jeter et l'accumuler ensuite dans les ravines et dans les bois. Vent du midi, vent d'ouest, voilà les deux courants atmosphériques les plus fréquents sur l'Aigoual. Le vent du nord, froid et sec, souffle assez souvent en hiver ou à l'approche du printemps ; c'est à lui que l'on doit ces belles nuits d'hiver, avec leur ciel brillant d'étoiles, dont la lumière, arrivant sur la neige, fait jaillir ces mille reflets scintillants des cristaux de giace. Pour les habitants des environs de l'Aigoual. la formation des orages vient toujours de la lutte de deux vents opposés ; dans les basses vallées, du fond desquelles on ne voit souvent qu'une bande du ciel, les orages semblent se former sur place, mais ce n'est qu'a[)parent, car dans le pays même, on pré- voit très bien la force et la durée de l'orage en considérant le côlédu ciel où les nuages s'amoncèlcnt. Sur l'Aigoual, et particulièrement sur le versant de Trêves et de Meyrueis, les orages à grêle sont fréquents, toujours amenés par des courants de l'ouest, contrariés ordinairement par les vents du midi qui viennent heurter l'Aigoual de leurs nuages peu élevés alors dans l'atmosphère. Ces orages embrassent toute la région montagneuse du nord de l'Aigoual et une partie des causses ; la chute de la grêle a lieu sur un ou plusieurs points, et, chose curieuse, constatée vingt fois dans la vallée du Tarnon, c'est que ces orages ne franchissent pres- que jamais le col de Perjuret qui unit un rameau de l'Aigoual au causse Méjean (plateau de Florac). Ainsi, tandis que la grêle est un fléau presque annuel pour la vallée de Meyrueis, elle est fort rare de l'autre côté du col, c'est-à-dire dans la vallée du Tarnon. Nous n'essaierons point d'entrer dans d'autres développements au sujet des phénomènes atmosphériques si curieux à observer sur l'Aigoual, nous dirons seulement en terminant que par sa position centrale dans le midi, par son rôle dans le régime des vents de la région qui l'entoure, l'Aigoual est un point tout désigné pour la construction d'un observatoire ; la science cliniatologique y gagnerait quelques découvertes, et notre beau bassin de la Méditerranée profiterait d'utiles indications sur les phénomènes qui s'accomplissent dans son atmosphère. r)l6 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE M. YIGUIEE Professeur ù la Fdcullé des sciences de Montpellier. PROJET DE CONSTRUCTION D'UN OBSERVATOIRE SUR LE MONT AIGOUAL (extp.ait du puocks-verbal) — Séance du i'^ sep t emhre 1870. — M. ViGUiER, revenant sur l'idée qu'il avait émise au Congrès de Paris, s'est t)asé dans sa discussion sur l'insuffisance de l'Observatoire du Ventoux pour rattacher le bassin méditerranéen au bassin océanique et relier les Alpes dtix Pyrénées : enfin, aussi, pour suffire aux applications que réclament les ■diverses industries de la région méridionale. Les Cévennes formant la ligne de partage des eaux séparent aussi deux climats bien distincts; l'Aigoual, en particulier, dominant les bassins des deux mers, récolte d'un côté les bour- rasques de l'Océan, les vents des Pyrénées et avec eux les grêles désastreuses. Tandis que de l'autre, les vents orageux de la Méditerranée y apportent des quantités de pluie inconnues au reste de la France. Le département de Vaucluse est isolé du bassin océanique par les Cévennes, et les premiers contre-forts des grandes Alpes l'abritent contre les effets des ■vents orageux de la Méditerranée. Enfin, le mistral apparaît avec les caractères bien tranchés d'un courant îipécial. Ces résultats généraux sont accusés par un régime de vents tout à fait distinct de celui du Languedoc, par la faiblesse de la moyenne pluviomé- trique malgré l'altitude, et, enfin , par la sporadicité des orages généralement très restreints qui éclatent dans cette région à peu près par tous les vents, 'tandis que les orages cévenols se rattachent aux grands courants atmosphé- riques qui émanent de l'Océan ou de la Méditerranée. DISCUSSION M. Angot explique que I3 seul moyen de faire avancer cette question lui parait' d'établir des plans et des projets précis, et de se procurer dans le pays les premières ressources nécessaires pour commencer la construction de l'ob- servatoire. L'État contribue le plus souvent aux dépenses , mais à condition que la ville ou le département aient déjà pris à leur charge une partie de la dépense. M. Bouvier dit qu'on a choisi le mont Ventoux à cause de son altitude qui permettra d'observer les grands mouvements de l'atmosphère ; loin de criti- ^'' \\ ■• nOO hab. 1000 hab. 900 hab. 800 hab. ^ X \\ \\ ' ^ '^ ^ / \ ^ ~-, Fig 'J'. — V;iri;ilion de la population suivant l'alti- uide" Dcparlement de la Savoie partage en cinq zones. D"" J. CARRET. DÉTÉRIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE 5^3 quant 1,000 habitants: — elle sera un intermédiaire îrès juste entre les Uthos des deux zones les plus voisines. Sur les lignes de la première et de la seconde zone, les points qui se rap- portent aux dénombrements de 18o8 et de 18Gi sont placés : le premier très bas, le second très haut, de manière que les deux lignes dessinent des crochets. Rien de semblable sur les autres lignes, même la ligne de la cinquième zone, la zone plus basse, montre un dessin contraire. La courbe de la population totale du département (fig.51) n'offre pas à ces époques une inflexion bien marquée. Voici la raison de cette particularité. Le dénombrement de 18o8 a été fait au milieu de l'hiver, au moment où l'émigration annuelle enlève aux hautes régions une partie de leurs habitants. Le dénombrement de 1861 a été fait entre le l*""" mai et le 1" juin ; les émigrants étaient rentrés dans leurs foyers. Cependant il ne faut pas croire que les dépressions des deux premières zones donneraient la mesure de l'émigration hivernale des Savoyards, car les recen- sements opérés par l'administration piémontaise étaient basés sur le domicile de droit, ou à peu près, — et les dénombrements opérés par l'administration française ont pour base le domicile de fait, approximativement aussi. Si ces règles avaient été rigoureusement observées, les deux lignes n'auraient pas de crochets. Les crochets seraient accusés davantage si le domicile de fait avait été la règle constante. Entre 1801) et 181 i, les lignes de la première, de la troisième et de la cinquième zone sont bien à la place qui leur convient, mais la ligne de la deuxième zone prend la place de la ligne de la quatrième, et réciproquement. La population de la deuxième zone semble trop forte; celle de la quatrième, trop faible. Les diverses parties de la Savoie avaient inégalement souffert des guerres de la République et de l'Euipire. Kn outre, beaucoup d'individus, craignant les rancunes du gouvernement piémontais, ont dû quitter la portion du territoire dévolue au Piémont et émigrer en France; — de même qu'en 1792, à l'arrivée des troupes françaises, beaucoup de Savoyards avaient émigré en Piémont. Les émigrants de 181i éiaient, on le comprend, plutôt des citadins que des montagnards. J'avertis aussi que, le dénombrement de ■i8U ayant laissé de côté une partie du territoire, partie comprise tout entière dans les trois zones les plus basses, j'ai dû, pour fixer les jwints de ces trois zones, calculer la population inconnue de chacune en proportion de la popu- lation dénombrée, qu'ainsi peut-être ces trois points ne sont pas exactement à leur place véritable. Les principales anomalies étant expliquées, l'ensemble de la figure montre clairement que les populations des cinq zones entre lesquelles nous avons partagé les communes de la Savoie, tendent bien à augmenter ou à diminuer aux mêmes époques, mais qu'une raison spéciale, qui pèse plus lourdement sur les populations des hautes altitudes, atténue l'accroissement de la popu- lation dans les hautes zones et exagère sa décroissance. La figure 53 représente la population du département de la Savoie partagée en dix-sei't zones de cent mètres d'altitude chacune, à part les deux extrêmes. La surface couverte de hachures obliques est celle que donne le dénom- S24 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE brement de 1876. Elle se compose de dix-sept rectangles superposés, La surface de chaque rectangle est proportionnelle à la population de la zone dont il a le rang. On voit que la population est rare dans les sept zones supérieures, médiocre dans les six qui suivent, et qu'elle abonde dans les quatre zones inférieures, situées au-dessous de GOO mètres. Cette figure représente, par le même procédé, la population de l'an 1800. Fig. 53. Variation de la iiopiilation suivant l'altitude. Département de la Savoie partagé eu di.\.-sept zoues. 1800 et 1876. K^^v.^^\.^^. .AS c^^.-, ........ ,..^i,■.^.,\^^■■.^^^^. wn- \\\\\\x-n\\\\,\\.\\\\\\\n'w\\\\\\-.\\...- ,v.\s\.\S 200 mètres Les rectangles donnés par le dénon)brement de 1800 ont à droite de la figure n même limite que ceux de 1876; à gauche, ils sont limités par les lignes à petits traits. Par la superposition de ces rectangles, on voit facilement dans quelles zones la population a augmenté depuis le commencement du siècle, dans quelles zones elle a diminué, et dans quelles proportions la variation s'est etfecluée. A part deux exceptions que je vais expliquer, la population a augmenté dans les sept zones les plus basses, et diminué dans les dix zones les plus élevées. Elle a augmenté considérablement dans les deux zones les plus basses, notablement encore dans les deux qui suivent, puis, l'augmen- tation s'atténuant toujours, s'arrête à Faltitude de 900 mètres, au-dessus de laquelle le nombre des habitants est en voie de décroître. L'exception la plus saillante est celle de la zone comprise entre 1,000 et 1,100 mètres, où la population, au ligu de diminuer, semble avoir beaucoup augmenté. C'est la zone des communes voisines de la percée des Alpes. Son accroissement est récent et accidentel. La seconde exception est relative à la zone comprise entre 1,700 et 1,800 mètres. Celle-ci n'a qu'une seule commune, Bessans, située presque au plus haut de la vallée de l'Arc; et c'est la seule zone qui n'ait qu'une commune. Or, peu avant le dénombrement de 1,800, la vallée de l'Arc avait été désolée par la guerre, et les communes voisines du Mont-Cenis avaient été particu- lièrement éprouvées. Un général français, soupçonnant les habitants de ren- seigner l'ennemi sur les mouvements des troujes, avait enlevé les populations de plusieurs villages et les avait fait conduire au fort de Barraux. En 1800, la commune de Bcssans avait une population anormale et trop faible. Aussi, du chiffre de 890, en 1800, elle remonte subitement à l,34i en 181 i. Ce nombre décroît, retrouve un maximum en 1848, et aboutit à 1 ,002 en 1876. La seconde exception e^t expliquée. D'' J. CARRET. DÉTÉRIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE 525 ni. — Mgr Billiet, qui fut évêque de Maurienne, a fait rechercher dans les registres du clergé les populations de l'ancien diocèse de Maurienne vers 1630. 11 a réussi dans ses recherches, et a donné les chiffres des habitants de 77 communes (I). La commune la plus élevée de ce groupe est à l,83o mètres d'altitude; la plus basse est à 300 mètres. Elles donnent ainsi seize zones de 100 mètres, semblables à celles que nous avons examinées. La population totale des 77 communes était de 60,001 habitants, en 16o0 ; de 30,^208 seulement en 1800; et de 61,041 en 1876. Ce dernier chiffre est à peine supérieur à celui de 1630; il lui serait inférieur si la gare interna- tionale, au lieu d'être à Modane, était à Bardonnèche, de l'autre côté des Alpes. La figure 35, construite d'après les mêmes principes que la précédente, montre la population des 77 communes divi- , ,..,-■ -^-4 laoo ! k.\, ". .J noo sée en IG zones. La ^ ^ ' ,6oo surface ombrée re- ] — — — ^ 15.00 présente la popula- '^ — ^ 'soo tion de 1800. Les \ gM^m^^^Ms^ : "^" ^.IZIZJ ma rectangles de la po- ^ L-.___^,_„ ___ — jiooo"» " ' __ J 900 pulation de 1630 . — , — „ — .;_ ] eoo s'étendent jusqu'à la ^_ __ Ul,--Z-_1 «oo ligne à petits traits. r-^ ^^.^_— ™^ _j !>oo lissent tous, excepté M^^: ; „__i joor.'it.rei deux, plus grands . . . , , . ... ,, . , . ^ ^ Fig. 34. — Variations de la population suivant 1 altitude. Ancien que les rectangles diocèse de Maurienne, IGSO et ISOO. de 1800. 11 faut remarquer que bon nombre de communes ont changé leurs limites entre l'an 1630 et l'an 1800. Quand les communes à territoire diminué et les communes à territoire agrandi aux dépens des précédentes, se trouvent dans une même zone, le total de la population de la zone n'est pas altéré. Il en est autrement quand une commune s'est augmentée aux dépens d'une commune située dans une zone différente. J'ai retrouvé un certain nombre de ces changements; il est presque impossible de les découvrir tous. La zone comprise entre 1,000 et 1,700 mètres n'a qu'une seule commune : Albane. A cette commune on attribue 462 habitants en 1630, 632 en 4800, et 4i6 en 1876. De 1800 à 1876 la population d'Albane a passé par les chiffres suivants : 032, 608, 488,337, 3i6, 387, 308 en (1861), 432, 431 et 446. Cette variation est normale. L'augmentation de près d'un tiers entre 1630 et 1800 est anormale. Or, près d'Albane est la commune de Valloire, située à 1,430 mètres d'al- H) ilémoires de la Société royale académique de Saro^e, t. XII, ^^' série, Chambéry, 18*6, p. 33J. Mouvement de la populalion en Maurienne, par Mgr Billiet. 1900 mélre'i 1800 o26 MÉTÉOUOLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE titude, laquelle, entre les années 1650 et 1800 aurait diminué d'une manière extraordinaire : du chiffre de 4,0'J8 habitants, elle serait tombée au chiffre de 2,075; la perte serait, de près de la moitié. II est naturel de penser que, de IGaO à 1800, une partie des nombreux, hameaux semés entre Valloire et Albane ont dû être distraits do la première commune et attribués à la seconde. Dans la zone la plus basse, le rectangle de 1800 déborde celui de 1650. Ceci ne me paraît pas constituer une exception, car les rectangles de 1050 excèdent de moins en moins ceux de 1800 à mesure qu'on se rapproche des zones inférieures. Je rendrai ce fait plus évident tout à l'heure à l'aide des points de mi-population. Peut-être bien encore, quelque commune de la zone la plus basse a-L-elle agrandi son territoire aux dépens de quelque commune de la zone voisine. La figure 55 fait la comparaison de la population de 1650 avec la population de 1876. Celle-ci est représentée par les rectangles om- brés. Dans toutes les zones inférieu- res à 900 mètres, les rectangles de 1876 dépassent ceux de 1650. L'ex- cédent diminue avec régularité. Au-dessus de 900 mètres, c'est l'in- verse. EntreljOOO et 1,100 mètres est l'exception due aux conjmunes voisines du grand tunnel des Alpes. Entre 1,300 et 1,400 mètres est une autre exception, légère, mais précieuse en ce qu'elle nous met sur la voie d'une distinction à établir entre les communes de même altitude, d'après leur orientation. Dans cette zone sont trois communes bien exposées au midi : Sollières- Sardières, le Thyl et Mont-Denis. La population des deux premières, loin de diminuer, s'est accrue. La population de la troisième avait baissé de plus de moitié à la suite d'un éboulement qui l'avait ruinée, elle s'est presque rétablie entre 1800 et l'époque actuelle. Nous examinerons plus loin la valeur de l'orientation. Fig. 53. — Variations di' la |M)iiiilalion siiivaiil l'altilude, ancifU diocèse do Mauriuiiue, 1650 et IblO. IV. — La population totale du département était, disais-je, de 268,361 habi- tants, en l'année 1876. Je puis, par un calcul assez simple, trouver l'altitude qui partage cette population en deux parties égales. Ce point est sensiblement à -488 mètres. Si, à travers la figure 53, je traçais un trait horizontal passant à cette altitude, je diviserais en deux surfaces égales la surface totale qui représente la population de 1876. Je puis trouver de la même manière le point de mi-population qui se rapporte à chaque déno.mbremenl. Réunissant D"" J. CARRET. DETERIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE o27 ^ — S60 men-ea "~^-v^ ^ ^ \, \ ~ 'élève. Si, par la pensée, on sup- prime le crochet, la ligne de mi-population devient une ligne presque droite. La ligne a quelque tendance à se relever dans ces dernières années, à cause de l'augmentation de la population des communes voisines du grand tunnel des Alpes. La ligne de mi-populatioix a cet avantage que les causes qui tendent, éga- lement dans. toutes les zones, à augmenter ou diminuer le nombre des habi- tants, n'influencent aucunement son allure. La population totale du déparlement s'était accrue d'un tiers entre 1800 et 1848, et avait réduit son augmentation à un cinquième de 18i8 à 187G; — la direction de Ja ligne n'en a pas été troublée. La ligne de mi-population donnée par la figure 57 se rapporte à la partie du département qui forme la portion supé- rieure du bassin de l'Isère. Elle comprend les deux, arrondissements de Moùtiers et d'Albertville, plus les cantons de Saint-Pierre-d'Albigny, de Montmélian et de La Rochelle, qui appartiennent à l'arrondissement de Chambéry ; en tout, un peu plus du tiers des habitants du département. Cette population est presque purement agricole, et jusqu'ici, elle n'a guère été troublée que par les travaux relativement récents du digue- ment de l'Isère et du Gelon. Elle a été dénombrée tout entière en 1814. Aussi, j'ai pu marquer le point de mi-popu- lation pour 1814. Ce point manque à la figure précédente. La ligne s'est moins rapidement abaissée entre 1800 et 1814 que durant les époques suivantes. Entre 1800 et 1876 nous trouvons un abaissement total de 162"S5. L'abais- sement total n'est que de 63'",5 dans la figure qui se rapporte au département entier. Cette différence est due principalement à l'inégale importance de la . N. N>^ \ \ \ \ \, \, \, \ \ _j "^ ^ llC^etres 700 690 680 670 660 6&0 630 620 610 600 S90 580 b70 560 5bO bVO mètre» Fig. 57. — Abaissement du point de mi-popu- lation de ^»'\0 à 1876. Partie supérieure du bassin de îlsère. o28 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE population des zones que traverse le point de mi-population à mesure qu'il s'abaisse. On voit comment ont varié les populations des diverses zones de cette partie du département, à l'aide de la figure 58 construite à l'aide de la même méthode que la figure 3:2. Dans le groupe des 77 communes de Mgr Billiet (figure 39), le point de mi- population se trouvait à l'alti- tude de 1,081 mètres en 1630, il est encore à l,0i0'",73 en 1800, et tombe à 8C0'",6 en 1876, Faisons ici ^deux remarques : La première est que la Savoie de 1650 ne pouvait pas être beau- coup moins peuplée que la Savoie d'aujourd'hui. La seconde est que la cause, quelle qu'elle soit, qui dépeuple si évidemment les hautes zones, g i ssîS5S?;e avait moins d'énergie entre 1630 et 1800, et davantage entre 1800 Fig. 58. — Variations de la population suivant l'ai- i g-p titude. Partie supérieure du bassin de l'Isère. Ct lo/b. isao hab 1300 hab. A k 1200 hab. 1100 hab. // .- ^ A ^ >^ " /' f| s •-. ■». 900 hab. \ f ^ \ ^ \ \ 2^ xone Fig. 59. — Abaissement du point de mi-popu- j» rhpmV i lation de 1650 à 1876 *""i'^" A.c^r...^^ Ho ue K^vià. Mauxienne. V. — Le cadastre de la Savoie fut dressé à diverses époques. Les incendies des archives de Chambéry ne nous ont laissé que le cadastre de 1728, un des plus beaux travaux qui aient été exé- cutés dans ce genre. Des ordonnances de 1603 mentionnent un « vieux cadastre». Un décret de 1366, du conseil d'Etat Ancien diocèse 'de ^6 Chambéry, décide la description et évaluation des biens et terres des pays deçà les monts (1). « Décales monts » signifie en Savoie, par opposition à Turin. Le vieux cadastre indiqué par les ordonnances de 1703 date peut-être des environs de 1370. Mais, il n'est pas certain que le décret de 1366 ait été suivi d'exécution; probablement le vieux cadastre est d'origine plus ancienne. Les opérations cadastrales font connaître la valeur productive du sol, et servent aux gouvernements à répartir les impôts en raison des productions des terrains. Les opérations du cadastre de 1728 avaient montré que la production, dans les diverses provinces de Savoie, n'était plus en rapfiort avec les charges qu'elles étaient appelées à supporter. En 1731 (2) on proposa une répartition nouvelle, amenant sensiblement au même total d'impôts pour le pays entier. (1) Sai!«t-Gemx, Histoire de Savoie, 3* volume, page 19. (3) UuBon, RaccoUa délie Leggi, t. XX, p. 478. Sibliothèque de Cbambéry. D^ J. CARRET. — DÉTÉRIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE o29 Le pays comprenait alors six provinces, dont les trois plus basses étaient certainement : le Chablais, le Genevois et la Savoie-Propre ; — dont les trois plus hautes étaient certainement aussi : le Faucigny, la Maurienne et la Taren taise. Je ne suis pas convaincu que l'ordre suivant lequel j'ai rangé les trois pre- mières provinces soit vraiment leur ordre d'altitude, — parce qu'il m'est difficile de connaître la hauteur moyenne des terres cultivées et des autres terres utiles, — parce que je ne vois pas dans quelles provinces rentreraient ici les balliages de Ternier et de Gaillard, — parce que aussi, la différence d'altitude des trois régions, surtout des deux premières, devait être petite. La Savoie-Propre s'étendait alors jusqu'à Beaufort, elle doit très probablement être classée la troisième. J'ai moins de doute en ce qui concerne les trois provinces les plus hautes ; je crois que leur ordre suivant l'altitude est biea celui dans lequel je les ai nommées. Or, d'après le document de i731, les impôts des trois provinces basses devaient être accrus ; ceux des trois provinces hautes, diminués. Supposons qu'avant la péréquation une province quelconque payât 100, — après la péré- quation, elle devait payer : Le Chablais 143, 13 Le Genevois i33,llo La Savoie-Propre 111,91 Le Faucigny 77,991 La Maurienne 7i,98 La Tarenlaise 37,236 Ceci démontre qu'antérieurement à 1730, la production du sol suivait cette même marche que nous avons constatée pour la population cuire 1630 et l'époque actuelle : qu'elle décroissait dans les zones élevées et s'accroissait dans les zones basses. Le vieux cadastre doit être fort ancien, puisque la production de la Tareu- taise avait diminué de près de moitié. VL — J'ai rendu évidente l'influence de l'altitude sur l'accroissement de la population. Par des moyens analogues, je puis rendre non moins évidente l'in- fluence de l'orientation, en ce qui concerne le département de la Savoie. Au-dessus de 700 mètres d'altitude, sont 1-23 communes. J'en excepte six, parce qu'elles ont, pour des causes exceptionnelles, éprouvé un accroissement anormal de leur population ; ce sont : Modane, les Fourneaux, Freney, Bessans, Mont-Denis et Macot; les trois premières sont à l'entrée du grand tunnel des Alpes; je me suis expliqué précédemment sur la quatrième et la cinquième; la dernière possède des mines de plomb argentifère qui, tantôt abandonnées, tantôt reprises, ont singulièrement modifié le total de ses habitants. Restent 117 comnumes au-dessus de 700 mèires. Pour chacune j'ai noté, aussi exactement que j'ai pu le faire en donnant mon attention aux cartes les meilleures, le sens de l'orientation de son territoire. 34 530 MÉTÉOROLOGIE ET fHYSIQUE DU GLOBE Quand le territoire d'une commune est tout entier sur un môme versant de montagne, et que sa pente est bien accentuée, il n'est pas difficile de distin- guer vers quel point de l'horizon il se tourne; et tel est généralement le cas des communes d'altitude supérieure à 700 mètres, La diniculté est grande si le territoire occupe plusieurs versants, surtout si la pente est presque nulle. Au-dessous de 700 mètres, les cas incertains deviennent nombreux. J'ai partagé les H7 communes en huit groupes, nord, nord-est, est, etc., comme le montre le tableau qui suit ; et j'ai pris les populations des recense- ments de 1800 et de 1876. Le groupe des communes qui regardent le nord est visiblement moins favo- risé que le groupe des communes qui regardent le sud; 1,000 habitants pris en 1800 tombent, en 1876, à 86i dans le premier groupe, et deviennent 1,089 dans le second. L'est vaut moins que l'ouest. L'orientation la plus défavorable est le nord-est, ou plutôt, paraît être comprise entre le nord-est et le nord, proche du nord-est. L'orientation la meilleure est entre le sud et le sud-ouest à peu de distance du sud. Nombre Population Population Nombres proportionnels communes, en <800. en 1876. 1800. 1876. Nord 15 11.752 10.155 1.000 864 Nord-est 11 10.734 9.157 1.000 853 Est 9 5.387 5.126 1.000 952 Sud-est 8 7.049 7.228 1,000 1.025 Sud 18 10.501 11.431 1.000 1.089 Sud-ouest 29 21.251 22.123 1.000 1.041 Ouest 9 7.223 7.183 1.000 994 Nord-ouest 18 14.319 13.227 1.000 924 Totaux 117 88.216 85.630 1.000 971 Je résume les deux dernières colonnes de ce tableau à l'aide de la figure 60. Une sui-face circulaire est superposée à un cercle. Les rayons du cercle représentent les populations des communes supérieures à 700 mètres, en 1800, aux diverses orientations; ces rayons sont égaux, puisque pour chacune des orientations nous prenons 1,000 habitants. Les longueurs variées des rayons de la forme circulaire superposée montrent ce que sont devenus, en 1870, les 1,000 habitants dans chacun des groupes. La représentation graphique a l'avantage de montrer combien, sur le tour du compas, augmentent et diminuent régulièrement les valeurs des orientations diverses. Entre les altitudes de 700 et de 500 mètres, sont comprises 61 communes. Je n'en ai distrait aucune. Ici, les groupes sont petits, et l'indécision fré- quente. J'ai calculé l'accroissement de la population par une méthode un peu différente : à chacun des groupes j'ai réuni les deux groupes les plus voisins, celui de droite et celui de gauche. Ainsi, aux communes du groupe nord, j'ai joint les communes des groupes nord-est et nord-ouest; l'accrois- sement total est celui du groupe nord. De même, pour obtenir le chiffre du Fig. 60. de la popula- Variations lion suivant l'orientaliou. Communes de la Savoie, liautes de plus de 700 mètres. D'^ J. CAIIRET. DETERIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE 531 point nord-ouest, j'ai uni aux communes du groupe nord-ouest les communes des groupes nord et ouest. Et ainsi de suite. Cette méthode ne peut pas ame- ner des erreurs bien grosses. Imaginons ^ qu'elle soit appliquée aux chiffres du tableau de la figure GO : cette figure, construite à l'aide des nouveaux résultats , ne sera pas altérée d'une manière marquée. Par contre, ce pro- cédé atténue très notablement la valeur des erreurs que j'ai pu commettre en classant dans un groupe quelconque des communes qui, en réalité, appartiendraient à l'un des deux groupes voisins. La figure 61 représente les acci^oissements de la population, aux diverses orientations pour la zone comprise entre 700 et 500 mètres. A celte altitude, la population s'est accrue à toutes les orientations. Le sud et l'ouest sont encore plus favorisés que le nord et l'est. Mais les différences de- viennent petites. La seule dépression bien marquée se trouve au point nord. Des 147 comumnes situées plus haut que 700 mètres, 06 ont une altitude com- prise entre 1,100 et 700 mètres, et 51 ont une altitude qui dépasse 1,100 mètres. Les figures 62 et 63 montrent linfluence des diverses orientations dans ces deux zones. Les longueurs des rayons ont été calculées à l'aide de la méthode appliquée ^%- fi •-. variations de la populations ui- '' 1 vaut 1 ononlalion. Communes comprises à la zone comprise entre 700 et 500 mè- ^^'■'^'^ soo et 700 mètres. très. Il s'agit, dans tous les cas, de l'espace de temps écoulé entre les recense- ments de 1800 et de 1876. Entre ces deux courbes, la courbe de la fi- n. gure 60 s'inscrirait comme intermédiaire. Aux plus hautes altitudes, l'influence de l'est est plus fâcheuse que celle du nord; mais, à mesure qu'on descend les pentes, les versants tournés à l'est s'améliorent avec plus de rapi- dité que les versants tournés au nord. Plus on descend et moins l'orientation paraît impor- tante. Au-dessous de 500 mètres l'accroissement de la population tend à devenir égal à tous les versants. Probablement, les vents se réflé- chissent sur les parois des vallées, et, dans leurs remous, atteignent presque également les comnmnes diversement orientées. La chaleur, aussi, quoique inégalement ré- partie, est suffisante au plus grand nombre des cultures, et permet aux Fig. 62. — Variations de la popu- lation suivant 1 orientation. Com- munes comprises entre 700 et 1,U0 mètres. ■332 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOliE terrains défavorablement situés des progrès agricoles presque aussi grands -<}u'aux autres terrains de même altitude, d'où un accroissement de popula- tion à (liirérences peu marquées. Fig. 63. — Variations de la pop lion suivant l'orientation. Corainu- nes situées au-dessus do |,100 mètres. VIL — Ces éléments ^ont nous permettre de chercher la cause qui tait varier les populations des di\ erses alti- tudes et des diverses orientations. Il est en économie sociale une loi très importante, qu'on nomme la loi de pro- duction agricole. On peut l'énoncer ainsi : Soit une surface déterminée de terrain cultivable , si l'on veut augmenter indéfini- ment la quantité de travail appliquée à ce ^1,.^ terrain; passé une certaine limite, le travail deviendra de moins en moins rémunéré. Un exemple me fera bien comprendre : Supposons une terre qui, sous les ctforts de dix travailleurs, donne une somme de produits suifisante à les faire vivre dans l'aisance, eux et leurs familles. Que l'on y mette vingt ouvriers, un travail double ne sera pas recompensé par un produit double. Les vingt ouvriers , pour assurer leur existence, seront obligés de fournir chacun un travail plus grand que celui des dix premiers ouvriers, ou de restreindre leur con- sommation. En pratique , ces deux termes s'accompagneront : le travail sera augmenté et la consommation restreinte. Au lieu de vingt ouvriers, qu'il en vienne quarante : un travail quadruple sera loin de donner un produit quadruple. Ace moment, peut-être avant, peut-être après, le type de bien-être sera réduit au minimum, chaque membre de l'associa- tion devra donner toute la somme de travail dont il est capable, et ces gens, mal nourris, feront une population chétive, sujette aux maladies, ignorante, et dont la vie moyenne sera courte. Au de là du point où le type de bien-être est réduit au minimum pour tous les habitants, la po- pulation ne peut plus s'accroître. On a une preuve en faveur de la loi de production agricole dans ce fait que la fécondité est bien plus faible en Europe que parmi les mêmes Européens dans les pays où ils émigrent. Dans certaines parties des États- Unis, la population double tous les vingt-cinq ans, distraction faite des nouveaux immigrants. Dans les pays neufs, le territoire est pour ainsi dire illimité. Beaucoup de personnes imaginent que l'accroissement de la popula- tion, dans un pays quelconque, n'est limité et mesuré que par le degré de fécondité des habitants. C'est une erreur capitale. Quand un pays a •été dépeuplé par la peste ou la guerre, on a vu toujours, en un très petit D'" J. CARRET. — DÉTÉRIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE 53iJ nombre d'années, sa population regagner le chitlro normal. Il n'y a jamais eu défaut de fécondité. Alors qu'il s'agit d'un pays depuis longtemps habile, l'accroissement de la population est subordonné à la quantité des subsistances. Celle-ci demeurant fixe, la population peut être plus ou moins nombreuse : — plus nombreuse avec un type de bien-être inférieur, — moins nom- breuse avec un type de bien-être élevé. Le type de bien-être consiste essentiellement dans la quantité des subsistances dévolue en moyenne à chaque individu; — c'est le taux de la consommation individuelle. La quantité des subsistances et le chiffre de la population demeu- rant fixes, — le type de bien-être peut s'élever pour le plus grand nombre, si on arrive à supprimer des inégalités sociales, si on fait une meilleure répartition de la richesse produite. De môme, par la dimi- nution du nombre des privilégiés, la population peut augmenter, sup- posant fixes la quantité des subsistances et le type de bien-être. Que, dans un pays tel que la Savoie, on apporte des améliorations aa travail agricole; — les inventions, les perfectionnements font qu'une même somme de travail donne une quantité de produits plus grande, ou, ce qui revient au même, de valeur supérieure ; — alors, la popu- lation pourra augmenter, ou le type de bien-être s'élever. Tous deux même pourront progresser simultanément. Mais ils se limitent l'un l'autre. L'aisance augmentera d'autant plus que la population s'accroîtra moins, et réciproquement. Et l'on peut toujours concevoir un accrois- sement de la population assez considérable pour que le type de bien- être soit constamment maintenu au minimum, malgré les progrès de la science et de l'industrie, et malgré l'abolition des inégalités sociales. En Savoie, pays de travailleurs, les inégalités sociales sont moins marquées peut-être que dans la moyenne des départements français. Le nombre des privilégiés et des rentiers ne parait pas avoir augmenté ni diminué depuis longtemps ; il est petit ; et, en tout cas, celte cause ne pèse pas avec une inégalité marquée sur les ressources des diverses altitudes du pajs; —elle est de celles (jui n'influencent pas la ligne de mi-population. Nous pouvons la négliger. Si la population diminue depuis plusieurs siècles dans les hautes localités de la Savoie, serait-ce donc que le type de bien-être s'y élèverait plus que dans les zones basses ? — L'inverse est la vérité. Durant les siècles passés, et jusqu'au commencement de ce siècle, la partie du pays la plus riche, la plus instruite, la plus exempte d'infii'- mités, était celle du haut des vallées ; elle contrastait vivement avec la partie basse, et ce contraste paraît avoir frappé tous les écrivains qui ont vu la Savoie. Aujourd'hui, les hauts cantons sont dépassés par bon nombre de cantons d'altitude inférieure ; à ceux-ci appartiennent gêné- S34 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE r.ilement les moindres proportions de conscrits illettrés, ou infirmes, ou de taille insuffisante. Le type de bien-être, cet antagoniste de l'accrois- sement de population, s'est plus élevé dans les localités inférieures que dans les localités supérieures. Il faut conclure que, tandis que la quantité des subsistances augmente dans le plus grand nombre des zones, et principalement dans les plus basses, elle diminue dans les zones élevées ; elle diminue surtout dans les localités tournées au nord et à l'est; — elle y diminue parce que le sol est devenu moins productif, — elle y diminue parce que le climat s'est détérioré. VllI. — Avant de dire en quoi consiste cette détérioration climaté- rique, je dois ajouter aux faits qui précèdent quelques observations prises en Savoie, et signaler les observations de divers auteurs les plus propres à éclairer la question. Les indications du thermomètre ne suffisent pas, à elles seules, pour résoudre le problème, — parce qu'on n'observe à l'aide de cet instru- ment que depuis moins d'un siècle et demi; — parce que, jusqu'à ces derniers temps, les observations ont été rares et peu précises ; — parce que différents thermomètres sont difficilement d'accord ; — parce que, par une contraction lente du verre, le zéro des thermomètres remonte, et qu'ainsi les indications d'un même thermomètre sont mal compa- rables entre elles ; — parce que, enfin, la température moyenne d'une année s'écarte, souvent beaucoup, en plus ou en moins, de la tempé- rature moyenne de l'année suivante, que des groupes d'un certain nombre d'années montrent entre eux de semblables différences, que la loi de CCS oscillations inégales n'a pas été découverte, et qu'elles nous paraissent irréguîières. Voici cependant ce qu'indiqueraient les observations thermométriques : D'après M. Glaisher, la température moyenne dt; Londres s'est accrue d'un peu plus d'un degré centigrade depuis un siècle environ ; les hivers, notamment, sont devenus plus doux ; le climat est plus uniforme. La température moyenne de Piiris s'est élevée et abaissée à diverses reprises ; — elle est sensiblement aujourd'hui la même qu'au milieu du dernier siècle, sans qu'on puisse dire si l'hiver et l'été se sont au total améliorés ou détériorés. En divers lieux d'Allemagne, l'hiver est un peu plus froid qu'il y a cent ans. Une autre circonstance indiquerait que le climat du centre de l'Eu- rope tend à devenir extrême : — dans les plaines de la Hongrie, les plantes des steppes progressent constamment vers l'ouest, et aucune plante occidentale ne gagne dans le sens contraire. D'" J. CARRET. DÉTÉRIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE 535 Les glaciers des Alpes n'ont donné aucune indication nette. Actuel- lement, plusieurs reculent, ceux de Chamonix, par exemple : d'autres progressent. L'orientation est probablement pour quelque chose dans la variation de la longueur des glaciers. Les recherches sur ce point sont plus difficiles qu'elles ne paraissent au premier abord. Je suis porté à croire qu'en général ceux qui regardent le nord et l'est sont en voie de diminution, et que le contraire arrive à ceux qui regardent le sud et l'ouest. Je n'ose pas me prononcer. La difficulté tient à ce que, comme la température moyenne de Paris, le plus grand nombre des glaciers offrent des oscillations répétées et de sens inverses ; en outre, la question se complique de la capacité des bassins supérieurs où les névés s'amas- sent : un glacier qui a des réserves continue à grandir pendant que d'autres, également orientés, rétrogradent. En Savoie, la limite supérieure de la vigne varie communément de 400 à GOO mètres. Dans quelques lieux exposés au midi et protégés contre tous les vents du nord, elle mûrit à plus de 600 mètres. A Bellentre, en Taren taise, elle atteint 800 mètres. A Orelle, en 3Iau- rienne, on la cultive à plus de 900 mètres. Partout, la limite supérieure de la vigne semble s'abaisser. En 1630, à la suite d'un débordement du torrent de l'Arbonne, la ville de Bourg-Saint-Maurice fut en partie renversée, et, de même que les terrains qui l'entourent, elle demeura couverte d'une épaisse coucbe de graviers et de sables. Les habitants demandèrent un allégement des charges de l'impôt. Un commissaire, le sieur André de Lambert, fut envoyé de Chambéry à l'effet de constater les dégâts. Son rapport a été reproduit par Mgr Billiet dans son travail relatif aux inondations en Savoie (1). Ce rapport mentionne une dame Marie Puret, à qui il reste « deux fossoriées de vignes », il mentionne deux belles maisons avec « un treuil pour le vin », situées derrière l'église, le tout « ruiné, sablé et couvert do pierres ». La vigne était donc cultivée à Bourg-Saint- Maurice en 1630. Bourg-Saint-Maurice est à l'altitude de 842 mètres. Aujourd'hui, pour retrouver la vigne, il faut descendre la vallée de l'Isère jusqu'à Bellentre. ' Des actes de vente montrent qu'au commencement de ce siècle il y avait des vignes au Garapond, commune d'Étables, sous le château de l'Hullie, à une altitude d'environ 800 mètres. La vigne n'y réussit plus aujourd'hui; des essais récents pour l'y replanter sont demeurés infruc- tueux. Je tiens ce fait de M. Milan, conseiller général du canton de la Rochette. (1) Mémoires dz l'Académie royale de Savoie, 2* série, t. III; Chambéry, 1SS9, p 143 et suivantes. S36 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE D'après une enquête agricole faite en 1828 (i), le canton du Cliate- lard produisait annuellement 1,307 hectolitres de vin. Sainle-Reine en donnait 82G ; Jarsy, 200; La Compote, loO ; École, 120 ; et Doucy, la plus haute commune des Bauges, située à 972 mètres d'aliitude, mais bien exposée au midi, en donnait 11. Aujourd'hui, malgré qu'on boive certainement plus de vin dans les Bauges qu'on n'en buvait en 1828, malgré que les voies de communication soient sensiblement les mêmes qu'à cette époque, la vigne a presque complètement disparu du canton ; et il est douteux qu'on y récolte même un seul hectolitre de vin. On a souvent parlé du recul de la limite septentrionale de la vigne en France. Il est certain que la vigne était cultivée, il y a deux ou trois siècles, dans tout le nord de la France, dans la Flandre, et, en Angle- terre, jusqu'aux environs de Bristol et de Londres ; à Londres, la rue nommée Vine Street aurait été construite sur un terrain qui produisait un vin renommé. De nos jours, la limite septentrionale de la vigne est une ligne qui, partant de l'embouchure de la Loire, passe à peine un peu au nord de Paris, et, demeurant parallèle à la côte de la Manche, se continue jusqu'à Mézières. L'obliquité de cette ligne est instructive : à l'embouchure de la Loire, le climat est plus uniforme et la tempéra- ture moyenne annuelle est plus élevée qu'à Mézières ; ainsi, ce qui manque à la vigne dans le nord de la France, c'est la chaleur estivale, et la vigne commencerait à reconquérir les territoires perdus, si le climat du nord de la France était en voie de devenir extrême. Le recul de la limite septentrionale de la vigne semblait probant, et paraissait montrer que la chaleur de l'été avait décru. M. Alphonse de Candolle et d'autres auteurs ont objecté l'ancienne difficulté des trans- ports et des échanges, laquelle favorisait des cultures, assurément pré- caires, encore rémunératrices. L'objection a peu de force en ce qui concerne les trois faits donnés pour la Savoie, surtout le second. Il est certain aussi que, dans le midi de la France, l'olivier et l'oranger reculent vers le sud, que la canne à sucre, anciennement acclimatée en Provence, en a disparu. Ceci montrerait une aggravation du froid de l'hiver, au moins aussi bien qu'une diminution dans la chaleur de l'été. Déjà nous sommes amenés à penser que les différents climats de l'Europe occidentale n'ont pas exactement varié dans le même sens. Continuons. Presque partout, dans les Alpes, la limite supérieure des forêts s'abaisse. Presque partout, à cette altitude, on voit un large espace où U'< Archives départementales de la Savoie, 27' catégorie. A, n» 183. D' J. CAUP.ET. DÉTÉniORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE 537 les arbres sont morts — tombés ou debout, — parfois disparus en poussière, mais signalés par des racines mieux conservées ; — plus bas, parmi les morts, quelques vieux arbres sont verts : aucun jeune ne grandit pour combler les vides. M. Kerner évalue à cent mètres en hauteur verticale la quantité dont la limite des forêts s'est abaissée durant les deux ou trois derniers siècles. Suivant l'idée de M. Deniont- zey, les forêts auraient au total reculé d'une quantité beaucoup plus grande. Il disait récemment, au Congrès de la Sorbonne, qu'au-dessus des forêts les pâturages n'existeraient pas si les forêts n'avaient vécu sur le sol où croît actuellement le gazon. Il n'est pas rare qu'on trouve, au-dessus de la limite forestière actuelle, des tourbières où sont enfouis de grands arbres dont l'espèce est encore reconnaissable. Ils sont généralement de l'essence de ceux qui vivent plus bas. Les habitants de plusieurs localités élevées les utilisent pour le chaulfage. M. P. Tochon m'a cité comme exemple la commune de Saint-Bon, en Tarentaise. A ceux qui pensent que l'abaissement des forêts prouve une diminu- tion de la température, on répond ceci : — La dent des animaux que l'homme mène aux pâturages est une cause suffisante de la diminution des forêts ; les jeunes arbres sont mangés, les vieux s'isolent, et la forêt, ne se protégeant plus par son épaisseur, redescend les pentes. L'objection est réfulable. Il m'a paru qu'en divers lieux escarpés, où l'homme ni les animaux ne peuvent atteindre, les mêmes phénomènes qui signalent le recul de la forêt étaient encore visibles. 11 m'a paru aussi, mais mes observations personnelles sont en petit nombre, que l'abaissement des forêts était plus considérable sur les versants des montagnes tournées à l'est et au nord que sur les versants qui regardent les autres points de riiorizon. Au-dessus des champs cultivés et des forêts sont les principaux pâiur;^ges naturels de la Savoie. En 1829, Mgr Billiet évaluait la popu- lation qui vit dans ce qu'il nomme la région alpine du diocèse de Maurienne à un peu plus du tiers des habitants du diocèse. Les pro- priétaires des pâturages les plus élevés disent généralement que la saison de l'inalpage est devenue plus courte. Parfois même il leur arrive ce qui est arrivé cette année : ils montent aux chalets avec le bétail, croyant la saison commencée, et la neige tombe sur les prés. 11 faut ramener aux vallées le bétail qui mourrait de faim. Mais les provisions de fourrages faites pour l'hiver sont épuisées. Alors il faut vendre les animaux aux bouchers, les vendre à bas prix, et c'est la ruine. IX. — J'imagine que ceux (jui m'ont suivi dans cette étude sont dès 538 MKTKOUOLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE à prôsent persuadés qu'en Savoie l'hiver empiète sur l'été, que la saison froide est devenue plus longue et plus dure, que la saison chaude s'est abrégée et a perdu de sa chaleur ; qu'en somme, la température moyenne a baissé. Cependant, beaucoup de personnes, même des savants, repoussent l'idée de l'abaissement de la température moyenne, et prétendent expliquer la détérioration de notre climat par le déboise- ment de nos montagnes. La seule variation du climat, soit dans le sens d'un climat extrême, soit dans le sens d'un climat uniforme, si elle n'est pas accompagnée d'un abaissement notable de la température moyenne, me paraît com- plètement insuffisante pour expliquer la dépopulation des hauts terri- toires de la Savoie. Le déboisement de nos montagnes date du premier Empire ; il a pris fin il y a une vingtaine d'années environ ; aujourd'hui la superficie • forestière est un peu plus vaste qu'elle ne l'était au xvni« siècle. Or, le mouvement de dépopulation des hautes zones a débuté antérieurement au xvni° siècle, et il a continué malgré le reboisement des pentes. Les forêts entretiennent constamment une certaine somme d'humidité dans l'atmosphère. Le déboisement, s'il avait eu une action mari^uée, aurait rendu l'été plus cliaud, l'hiver plus froid, et aurait quelque peu élevé la température moyenne. Assurément, l'élévation de la température moyenne ne peut pas produire les effets que nous avoiis constatés. Si la Savoie souffrait par excès de chaleur, ce seraient les lieux les plus cliauds, c'est-à-dire les plus bas, qui se dépeupleraient, et non les localités de grande altitude. Mais j'ai dit que le déboisement n'augmenterait la chaleur totale annuelle que dans une faible mesure. Négligeons ce terme. Si le climat tendait à devenir extrême, cette action s'accorderait-elle avec les faits constatés ? Le climat de l'Europe occidentale est l'un des plus uniformes qu'on trouve actuellement à pareille latitude. Quelque uniformité qu'on veuille attribuer aux climats qui régnaient dans nos pays il y a quelques siècles, la variation dans le sens d'un climat extrême ne peut avoir été que petite. En outre, le climat des hauteurs des Alpes a plus d'uniformité que celui des vallées et des plaines. D'après Helmholz, sur les ffancs des montagnes de Suisse, la température baisse d'un degré par 160 mètres d'altitude en été, — et par 240 mètres en hiver. Admettons pour Chambéry, dont l'altitude est de 260 mètres, un température moyenne estivale de 19 degrés et une température moyenne hivernale de -f 4 degrés ; — l'écart est de 15 degrés. D'après la règle de Helmholz, une localité située à 1,220 mètres, c'est-à-dire à 960 mètres plus haut que D"" J. CARRET. DÉTÉRIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE 539 Chambéry, aura une température moyenne de 13 degrés en été et de 0 degré en hiver; l'écart n'est plus que de 13 degrés. L'augmentation séculaire de la différence entre la température d'hiver et la température d'été ne pouvait être supposée que petite pour les plaines : elle devra être supposée moindre encore pour les lieux élevés. Mais l'augmentation de cette difFérence n'est pas de nature à causer la dépopulation des hautes zones. Aux plus hauts terrains cultivés, l'aggravation de l'hiver importe peu ; ce qui manque, c'est la chaleur estivale. On ne peut y semer que tous les deux ans; l'orge et le seigle demandent quatorze ou quinze mois pour parvenir à une quasi-matu- rité. Souvent au printemps, on voit les montagnards répandre de la terre sur la neige pour hâter sa fonte. Si le climat devenait réellement extrême, progressivement les champs labourés graviraient les pentes et regagneraient les altitudes perdues. Les climats extrêmes, avec leur passage rapide du froid à la chaleur, laissent peu de place aux gelées printanières. En somme, dans les plaines de la Turquie et du sud de la Russie , les récoltes sont au moins aussi abondantes que dans les pays à climat uniforme; et si l'on considère les Etats-Unis, le Japon et la Chine, on jugera que ces pays, à climats extrêmes, ne sont pas des plus mal partagés au point de vue de la production du sol. Le déboisement aurait donc, pendant un certain nombre d'années, jusqu'à ce que le ravinement des terres compensât ses avantages, favo- risé l'extension des hautes cultures et augmenté la population dans les communes élevées. Si, la température moyenne annuelle demeurant constante, le climat tendait à devenir uniforme, nous comprendrions bien le recul de la limite supérieure de la vigne et les autres phénomènes dus au défaut de la chaleur estivale; mais la dépopulation des hautes zones ne serait pas plus accentuée au nord et à l'est qu'aux autres orientations, elle y serait au contraire atténuée. Ce qui rend le climat de l'Europe occidentale plus uniforme que celui de la généralité des pays également éloignés de l'équateur, c'est le grand courant d'eau tiède nommé gulf-stream, lequel longe nos côtes et réchauffe les vents qui soufflent de l'Atlantique. Je suppose que le gulf- stream nous approche davantage : l'air devient plus brumeux; sous un ciel fréquemment pluvieux, les étés sont moins chauds et les hivers moins froids. Là où la vapeur d'eau se condense, il y a apparition de chaleur latente. Le vent venu de l'océan échauffe l'air sec et froid venu d'ailleurs et la vapeur devient visible. De cette manière, la température tend à devenir égale à toutes les orientations. Sous les nuages et dans cet air humide, tous les versants ont presque la même lumière et la même température. 540 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE A ce changement, les pentes tournées au nord gagnent plus, ou perdent moins que les autres. Si, avant l'uniformisation du climat, la popula- tion décroissait ou croissait également à toutes les orientations, — depuis on doit voir un abaissement moindre, ou un accroissement plus rapide au nord qu'au sud. Or, le contraire est la réalité. Je ne veux pas nier que le climat ait pu s'uniformiser dans une certaine mesure. Au dire des vieux cultivateurs, les pluies d'été seraient devenues plus fréquentes et seraient de plus longue durée qu'autrefois. Peut-être cette modification climatérique, si toutefois elle est vraie, n'est-elle propre qu'aux zones basses du pays; peut-être n'y faut-il voir qu'un effet du reboisement. Il est facile de trouver des preuves de la diminution de la chaleur estivale, et difficile de trouver des indices d'une aggravation du froid de l'hiver. Que la température de l'hiver ait décru moins que la tem- pérature de l'été, cela n'est pas invraisemblable. En somme, il faut admettre que la température moyenne annuelle de la Savoie est en voie de décroître: — que cette décroissance, lente pendant plusieurs siècles, jusque vers 1800, s'est accélérée depuis cette époque ; — et que les hauts territoires tournés au nord et à l'est ont perdu plus de chaleur que ceux qui regardent les autres points de l'ho- rizon. X. — Il me reste à dire à quelle cause j'attribue les changements climatériques observés en Savoie et dans l'occident de l'Europe. On sait qu'au nord de l'Europe un mouvement séculaire du sol fait depuis longtemps émerger les rivages. Le cap Nord montre ses terrasses successivement sorties des flots. Le Spitzberg et la Nouvelle-Zemble ont, jusqu'à la hauteur de 4o mèlres, des plages récentes, puisqu'on y trouve les coquilles des espèces qui vivent sur le littoral adjacent. Toute la côte de l'océan Glacial, depuis la péninsule Scandinave jusqu'à l'ar- chipel de la Nouvelle-Sibérie, présente, paifois jusqu'à plusieurs cen- taines de kilomètres dans l'intérieur des terres, ces mêmes coquilles et les débris des bois que la mer charrie. La mer devient moins profonde. La Nouvelle-Zemble se dresse com- me une digue entre la Russie et la masse des glaces polaires. Les détroits, déjà si resserrés, qui font communiquer la mer de Barentz avec la mer de Kara, tendent à se fermer. Une branche du gulf-stream apportait aux côtes sibériennes les bois jetés au golfe du Mexique par les fleuves américains. Les passages s'obstruent : cette branche du gulf-stream ne dépasse plus guère le cap Nord; ses flots se détournent; ceux qui réchaufiaient l'océan Glacial retournent à l'Atlantique en longeant les iles anglaises. h^ J. CARRET. DÉTÉRIORATION DU CLIMAT DE LA SAVOIE o4l Si ces laits sont vrais — et ils sont généralement tenus pour tels, — nous avons une explication facile des diverses variations cliniaté- riques obseivées dans l'Europe occidentale. La température de Londres s'est élevée, et le climat du sud de l'An- gleterre est devenu plus uniforme, parce que les eaux qui baignent les côtes anglaises sont devenues plus chaudes. Les vents du nord soufflent plus froids sur l'Europe, et partout, excepté dans les lieux favorisés par la déviation du gulf-stream, la température a tendance à baisser ; les climats prennent un caractère continental, les saisons s'accentuent. Voilà pourquoi, en Allemagne, les hivers deviennent plus durs ; pour- quoi, en Hongrie, les plantes caractéristiques des climats extrêmes gagnent du terrain vers l'ouest; pourquoi, dans le midi de la France, l'oranger, le citronnier, l'olivier deviennent plus rares. Voilà pourquoi les hautts zones de la Savoie perdent leur fertilité et pourquoi le nom- bre de leurs habitants diminue. Le nord-ouest de la France, placé entre une mer qui se réchauffe et un continent qui se refroidit, conserve une température moyenne sensiblement égale, et participe au climat plus uniforme de l'Angleterre. Les vents du nord et du nord-est ont plus perdu de leur température que tous les autres vents du compas ; par le fait de la rotation du globe, ces courants obliquent sur leur droite, leur direction s'incline, et ils soufflent sur la Savoie comme des vents plus proches de l'est. Aussi, les versants des hautes zones qui regardent au nord et à l'est se dépeuplent plus rapidement que les autres. Du mont Bianc jusqu'au mont Cenis, la Savoie est bordée par une barrière continue de montagnes, où aucun col n'est inférieur à 2,200 mètres ; ce mur énorme abrite ses vallées contre les vents qui viennent de l'est. Nous avons vu que l'est est l'orientation la plus défavorable aux altitudes supérieures à i,lOO mètres ; il devient moins fâcheux que le nord entre 1,100 et 700 mètres; plus bas que 700 mètres, l'influence du vent d'est est presque nulle. Le refroidissement des mers septentrionales n'a pas eu un progrès uniforme; il a dû s'accélérer à mesure que se fermaient les détroits. Supposons, en effet, que le fond de la mer se soulève d'un mouvement uniforme. Traçons le profil d'un détroit quelconque, lequel aura, si l'on veut, la forme d'une coupe très aplatie, — et traçons une série d'hori- zontales équidistantes, lesquelles, se rapprochant du fond de la coupe, iigureront les niveaux successifs de la mer. Visiblement, le passage se clôt avec une vitesse qui s'accélère : le volume de l'eau qui peut pas- ser s'atténue suivant une progression rapide alors que l'ouverture est S42 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU (iL015E près d'être supprimée. On comprend donc encore que l'abaissement de la température en Savoie ait pu accélérer sa marche. * Ce que je viens d'exposer au sujet des modifications climatériques survenues, durant les temps modernes, en Savoie et dans l'Europe occidentale, appuie les idées émises, il y a trois ans, dans mon livre intitulé : le Déplacement polaire. m. LESPIÂIJLT Professeur à la Faculté dos sciences dJ Bordeaux INFLUENCE DU RELIEF DU SOL SUR LA GRÊLE. — Séance du 3 septembre 1879. — M. l'abbé HOÏÏ&EEIE Archiprêtru; de Roi;li^choaErt. COURANTS ATMOSPHÉRIQUES REPRODUITS PAR LA ROTATION D'UN GLOBE DMiS L'AIR ACIBIANT. (extrait du PUOr.ÈS-VERBAl.) — Séance du 3 septembi-e i879. — M. l'abbé Rougerie présente et fait fonctionner l'appareil dont il a indiqué le principe au Congrès de Paris (1) et auquel il a apporté divers perieclion- nements. (1) Compte rendu du Congrès de Paris, p. ^so. H. VIGUIER. CaîTIQUE DES DIVERSES THÉOIUES DE LA GRELE 543 M. H. YIGÏÏIEE Professeur à la Faculté des sciences do Montpellier. EXAMEN CRITIQUE DES DIVERSES THÉORIES DE LA GRÊLE. — Séance du 3 septembre 1879. — Lorsque M. Faye essaya de déduire la théorie de la grêle de consi- dérations autres que celle de la surfusion rappelée par M. Renou, ce dernier météorologiste émit le vœu qu'on voulût bien réfuter les théo- ries antérieures avant d'en proposer de nouvelles. La réponse ne fut pas longue : le phénomène de la surfusion semblait alors se rapporter à une simple expérience de cabinet; mais à la suite du verglas excep- tionnel do cette année, elle est loin de paraître suffisante. Il faut croire enfin que la théorie de M. Faye, basée sur les faits, est loin de satis- faire les savants, à en juger par l'article si remarqué de M. Jamin, et par les théories diverses ou les discussions académiques que nous voyons surgir encore tous les jours. Ayant moi-même proposé une expli- cation diderente de toutes celles qui ont été émises jusqu'ici, je crois de mon devoir de répondre à l'invitation que M. Renou peut encore faire, au nom d'un grand nombre de savants météorologistes. Je don- nerai donc maintenant un résumé qui devra être un complément de ce- lui qui a été inséré dans le volume du Congrès de Paris. On connaît le mécanisme qui, d'après M. Faye, caractérise indubi- tablement toutes les tempêtes, tous les orages, ceux de grêle surtout. « Des trombes, des mouvements tourbillonnaires , ayant leur origine dans la région des cirrhus, amèneraient dans les nimbus le froid et l'électri- cité nécessaires à la production des orages, le tout étant animé d'une très grande vitesse de translation. Ainsi les grêlons se forment mécanique- ment dans l'épaisseur du nuage d'oii ils tombent, par l'effet de ces mou- vements ggratoires qui y amènent la neige glaciale des cirrhus. Et il n'y a pas à s'étonner que d'énormes grêles soient soutenues ainsi dans l'air, tout le temps nécessaire à leur formation ; car, en dehors du phénomène de la grêle, chaque tranche qui passe en ravageant le sol nous offre un exemple de ce genre d'action des mouvements ggratoires.... » Les mouve- ments tourbillonnaires, se produisant dans les cirrhus, se propageraient donc dans les nimbus pour atteindre généralement le sol, au moins pour les grosses grêles. Des objections nombreuses ont été opposées à cette manière de voir par divers savants, et en dernier lieu par M. Colladon, de Genève, qui 544 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOliE a fait de l'cxplicalion de la grêle une des grandes préoccupations de sa longue existence. « De puissants mouvements de rotation des couches contiguës aux nuages, nous dit ce vétéran de la science, ne produiraient- ils pas sur ces mêmes nuées des mouvements rotatoires visibles et telle- ment évidents qu'ils n'auraient pas échappé aux illustres, sagaces et très nombreux observateurs qui ont dévoué une partie de leur existence à l'étude dos phénomènes météorologiques : de Saussure, Ramond, de Huinbold, Kaemtz, etc.... Ceux qui ont étudié les orages du haut des montagnes savent qu'il y a parfois des groupes de nuages isolés et assez bas qui versent la grêle : en sorte qu'on peut saisir l'ensemble de ce groupe ou môme le dominer, et qu'il serait difficile, en plein jour, de ne pas distinguer un mouvement gyratoire qui existerait dans les cu- mulus d'oii tombe la grêle, et môme dans les cirrhus superposés dont les longs filaments et les traînées blanches se voient bien à l'œil nu, et bien mieux encore à l'œil armé d'une bonne lunette. Au sujet d'un des orages que j'ai pu observer à Genève en 187o, je n'ai pu distinguer au- cun mouvement gyratoire partiel ou général dans la partie supérieure du cumulus. De plus cet orage a laissé d'innombrables traces de son pas- sage produites par le choc des grêlons contre les murailles recrépies ; et cela dans le canton de Genève sur une surface de 23 kilomètres de long et 7 à 8 de large, et cela encore dans le département de l'Ain et de la Haute-Savoie. Des centaines de maisons portent encore aujourd'hui les marques très visibles des coups frappés par les grêlons contre les façades, et toutes sans exception ont été frappées du côté sud-ouest. Elles donnent des directions semblables et parallèles pour la direction du vent et celles des grêlons sur tout le territoire qui a été frappé, il est donc impossible d'admettre un vaste mouvement gyratoire de ces grêlons, ni même de ces nuages d'où s'échappait la grêle. » C'est une observation analogue à celle que nous pûmes faire à Montpellier lors du grand orage de juillet 1875. On ne saurait généralement admettre que de vastes mouvements gyratoires atteignent le sol. « Le vent a tout conduit, tout réglé, tout entraîné, est-il dit dans le rapport du célèbre orage de 1788, les toits découverts à l'exposition du S.-O., les arbres et les grains couchés vers le N.-E., les maisons et les moulins renversés pour la plupart de ce côté sont des preuves non équivoques de la di- rection générale de l'orage du S.-O. au N.-E.... » En résumé, on ne voit les tourbillons ni dans les cirrhus, ni dans les nimbus, et généralement ils n'atteignent pas le sol. De plus, dit encore M. Colladon, si les phénomènes qui engendrent la grêle se passent es- sentiellement dans les hautes régions atmosphériques, les effets doivent dépendre des circonstances toutes locales à la surface du globe et tout le monde sait qu'il n'en est pas ainsi. H. YIGUIER. — CRITIQUE DES DIVERSES THÉORIES DE LA GRÊLE 345 Le savant de Genève pense cependant que les phénomènes des orages ne peuvent être compris qu'en admett mt qu'il vienne d'en haut un flux d'air sec et froid fortement électrisé, et pouvant être mélangé d'aiguilles de glace et de gouttes à l'état de surfusion. Il fait dès lors affluer l'air froid des régions supérieures dans les nimbus à l'aide d'un mécanisme analogue à celui des trombes. Les pluies d'orage et les co- lonnes de grêle produiraient, par l'etfet même de leur chute, un vent vertical dû à l'entraînement de l'air d3 haut en bas par la vitesse qu'acquièrent les gouttes de pluie ou les grêlons en tombant. Prévoyant cependant de nombreuses objections à sa théorie, il incline vers l'idée des mouvements tourbillonnaires pour rendre compte des orages mar- chant à grande vitesse, et qu'accompagnent de grandes perturbations atmosphériques. Néanmoins ses objections subsistent toujours; il n'y revient pas et n'apporte aucun appui à la thèse de son célèbre contradicteur, qui persiste à attribuer tous les phénomènes des orages à l'intervention de mouvements gyratoires parfaitement définis. Bien avant que M. Colladon formulât ses critiques, je les avais indiquées avec plusieurs autres dans le Bulletin de l'Association scientifique, et surtout dans une brochure spéciale où j'ai cru même pouvoir infirmer les diverses théories en rappelant simplement le mode d'apparition du météore dans notre région. Malgré, en etiet, les caractères orageux et violents qu'affectent parfois les vents du S.-E., malgré la violence du mistral et quelque fréquentes que soient les trombes sur la Méditerra- née, les grêles désastreuses n'arrivent dans le Languedoc que par les vents d'O. à S.-O., et il en est à peu près de même dans le bassin sous-pyrénéen. « Au fond, ce qui constitue un orage, nous dit encore M. Faye, ccst de la force vive, de l'éleclricilé et du froid 'pénétrant dans une atmos- phère plus ou moins chargée de vapeurs. En bas, au contraire, régnent le calme, V absence d'électricité et la chal'ur. On aura beau accumuler les hypothèses les plus ingénieuses^ on ne fera pas sortir le mouvement de l'immobilité, le froid du chaud, l'électricité de rien. » Mais l'introduc- tion de la force vive, de l'électricité, du froid dans un milieu chargé de vapeurs résulte-t-elle nécessairement de l'un des deux modes imaginés par MM. Faye et Colladon ? Le calme existe-t-il toujours en bas ? Les courants qui parcourent parfois tout un hémisphère, au niveau des mers, les coups de vent ne peuvent-ils se produire sans être accompagnés de mouvements tourbillonneires et même par un calme complet dans la région dos cirrhus ? De pareilles observations ne sont pas rares; on cite celles de MM. HiUebrandsson, de Nans luty. Les vents n'ont-ils pas leur principale origine dans linégal échauffement du sol de deux vallées, de deux bassins ? Les brises de terre, de mer, le mistral, le bora, etc..., 3I> 546 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE résultent-ils d'un mouvement tourbillonnaire supérieur? Faudra-il encore mettre en doute le lait que les vents arrivent dans une contrée avec les caractères physiques qu'ils ont empruntés aux régions qu'ils ont franchies? Comment expliquer, du reste, la coexistence de courants divers, leur alternance, etc. ? On n'ignore pas que dans notre région les pluies torrentielles et orageuses se produisent, le plus souvent, à la rencontre des vents marins chauds et humides, et des vents d'O. à N.-O., leur violence étant, du reste, bien accusée sur les massifs montagneux où la lutte s'accentue. Enfin n'existe-t-il aucune électricité dans ces masses de vapeur qui s'élèvent des mers pour être balayées sur les continents, dans ces nuées basses et épaisses qui traversent le Languedoc pour aller éclater sur les Gévennes? J'ai dit ailleurs qu'on établissait une ligne de démarcation trop abso- lue entre les orages de pluie et les orages de grêle. Fournet formula ce fait relativement à la grosseur des grêlons : on peut le constater à tous les autres points de vue. J'ai surtout cité l'orage qui, le 6 du mois d'août 1878, ravagea quelques communes de l'Aveyron. Un grand nom- bre d'arbres furent brisés et déracinés, des toitures furent enlevées, tan- dis que des plaques schisteuses de 5 à 6 kilog. étaient emportées par le vent à des centaines de mètres. En quelques minutes le sol fut couvert d'une couche de grêlons de 18 à 20 centimètres d'épaisseur; on en trouvait encore dix jours après l'orage. Nous semblons être en hiver, m'écrivait-on : presque tous les jours nous avons encore de violents orages de pluie, mais nous n'avons plus de raisons sérieuses pour les redouter; ils suivent la môme route que la grêle qui a tout détruit sur son passage. Il y a plus, c'est dans un même orage que dans notre contrée nous pouvons constater des transitions plus ou moins brusques de la pluie à la grêle ou réciproquement, à la suite de ces sautes du vent si fréquentes par les temps orageux sur la Méditerranée comme sur le littoral. Ainsi le jour de l'orage que je viens de citer, vers la limite orientale du même département, trois averses successives, d'une demi-heure chacune environ, donnèrent 67""*' d'eau, et cela par le S.-E. Mais une invasion subite du vent d'O. se produisit, et la grêle, dans une courte appa- rition, lit quelques dégâts. Un autre fait général ne permet pas d'éta- blir une distinction essentielle entre un orage de pluie et un orage de grêle : il se rapporte à la variété que présente souvent un môme mou- vement orageux se manifestant sur une vaste étendue, ou même dans une région montagneuse assez restreinte, comme le témoignent, par exemple, les bulletins de Vaucluse, ou même ceux qui sont publiés en Italie. Les orages revêtent, en effet, dans ces contrées des caractères sporadiques bien plus prononcés que dans le Languedoc; qu'il s'agisse H. VIGUIER. — CRITIQUE DES DIVERSES THÉORIES DE LA GRELE 547 de l'ensemble du phénomène ou des répartitions de la pluie et de la grêle. Disons maintenant que les observateurs signalent plus souvent encore dans les orages de grêle que dans les orages de pluie, l'intervention simultanée de plusieurs vents. On peut voir à ce sujet de nombreux rap- ports dans les atlas de l'Observatoire. Mais Kaemtz avait déjà formulé le fait général, et il y a lieu de s'étonner qu'on néglige d'en tenir compte, lorsque l'autorité de ce météorologiste est si souvent invoquée, même pour certains points particuliers de la question qui nous occupe. 0 Souvent, dit-il, après la grêle, le temps est dérangé parfois pour des semaines entières; en particulier elle est suivie de froid; mais la grêle elle-même étant produite par le conflit de deux vents opposés, celui qui repousse l'autre change le temps pour longtemps. » J'ai signalé des exemples remarquables de cet abaissement subit et persistant de la tem- pérature, et cela par un ciel serein ; plusieurs se rapportent à notre ré- gion. Peut-on, dès lors, admettre que le mouvement tourbillonnai re se continue à notre insu, tandis que d'ailleurs un vent frais, de provenance bien connue, nous rend compte d'un fait qu'on ne saurait attribuer dans la formation de la grêle à un phénomène aussi passager que l'est un mouvement tourbillonnaire. Ce froid est surtout sensible dans la partie montagneuse delà région où éclate l'orage qui, parfois, mettra lin aux chaleurs de l'été. Pour ce qui est de la haute température qu'on observe les jours de grêle, Kaemtz nous dit encore qu'elle est limitée aux couches inférieures de l'atmosphère, et les nombres qu'il cite témoignent, pour ces jours-là, de la rapidité exceptionnelle de la diminution de la tempé- rature avec la hauteur. Disons enfin que, conformément aux observations générales des météorologistes, nous voyons bien dans notre région les vents froids ou chauds régner simultanément, indépendamment de l'alti- tude, se remplacer aussi; le plus haut finissant par s'abaisser, en interve- nant alors pour une large part dans l'état général de l'atmosphère et dans la production des phénomènes météoriques . Enfin la conception de tourbillons qui ne se manifestent par aucun de leurs effets les plus sensibles, qui sont en contradiction avec la dis- tribution des grêles et des pluies à travers les continents, que ne permet- tent pas d'admettre les circonstances de température qui accompagnent ou suivent l'apparition de la grêle; cette conception, dis-je, intro- duirait-elle quelque simplicité dans l'explication des grêlons et de k-urs figures diverses? Ils se formeraient dans des spires successives, centrées sur le môme axe de ces vastes mouvements tourbillonnaires. Mainte- nus qu'ils seraient parla force centrifuge, ils y rencontreraient alterna- tivement les aiguilles des cirrhus à la température de — 20" à — 30" ou l'eau vésiculaire des nuages qu'ils congèleraient. De là, un nombre de 548 MÉTÉOUOLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE couches alternativement opaques ou transparentes égal au nombre des spires qu'ils auraient traversées. 11 n'est pas aisé de se faire une idée des conditions physiques et dynamiques d'un pareil système, doué encore d'une vitesse de translation de 20 lieues à l'heure. Disons une fois pour toutes, qu'à une température supérieure môme à — 20", les ai- guilles de glace ne se réunissent pas en masses, parfois spongieuses, comme celles qui caractérisent les noyaux de grêle ou même de petits grêlons : c'est alors une poussière glacée, qu'emporte le vent, formant des dunes, qui s'accumule en divers points pour devenir souvent fatale au voyageur, qui pourra aussi périr asphyxié. Les météorologistes s'accordent sur les circonstances au milieu des- quelles le grésil se forme, et il n'est pas rare de voir des nuages qui le sèment dans leur marche rapide. C'est dans l'ensemble de l'atmosphère et des courants divers qui interviennent dans les orages et non dans les spires d'un tourbillon, que j'ai cherché les éléments des grêlons et les diverses circonstances physiques qui président à leur formation et à leur constitution générale. Leur existence, constatée par les aéronautes et les observations en pays de montagne, suffit à notre cause. Le mode de formation de la grêle que j'ai indiqué se présente ensuite comme conséquence des lois physii^ues ou dynamiques que j'ai invoquées. 11 rend compte de la suspension des grêlons soumis à la viole*:ice d'un courant qui sans être par trop exceptionnel peut concourir h leur rapide accroissement, et suffire au rôle que nous lui faisons jouer. La conception de mouvements tourbillonnaires agissant pour les faire arriver dans les couches inférieures, avec une force dont les tour- billons des cours d'eau peuvent nous donner une idée, indépendam- ment de la pesanteur, ne simplifie pas les considérations précédentes. L'embarras où se trouve M. CoUadon pour expliquer la marche rapide des grêlons que M. Lecoq a vu transporter horizontalement par un courant, violent et froid, n'a plus sa raison d'être lorsqu'on invoque les lois de la dynamique. En supposant ce courant ralenti ou môme tout à fait affaibli par une cause quelconque : courant opposé, relief du sol. . . la grêle, douée d'une de ces vitesses qu'on lui connaît, devra tomber, comme l'a indiqué l'observation, à une demi-lieue au-delà de la hauteur qu'on peut lui supposer, et avec la vitesse limite, suivant la verticale, que le calcul lui assigne. La considération de cette vitesse limite suivant la verticale permet aussi de résoudre l'objection opposée par M. Boussingault aux idées de M. Faye, au sujet d'une grêle observée dans les Andes sans qu'il y eut à constater des mouvements tourbillonnaires, ni d'autres mouvements violents analogues à ceux que l'on observe en général dans ces orages. L'épaisseur de la couche que les grêlons en voie de formation avaient à H. VIGUIER. CRITIQUE DES DIVERSES THÉORIES DE LA. GRÊLE 549 traverser, et leur vitesse correspondante à leurs différents états de grosseur, expliquent les diverses circonstances de cette chute de grêle par une température qui a pu n'être pas bien basse. Les études que poursuivent certains physiciens étrangers sur les cris- taux qui accompagnent les grêlons ; celles aussi qu'on pourrait efï'ectuer au Puy-de-Dôme sur le givre, le verglas et les brouillards, pourront per- mettre de pénétrer plus avant dans le mode de formation de la grêle, puisque c'est par les mêmes vents froids et humides que se forment en peu de temps ces énormes aiguilles de glace dirigées vers le côté de l'horizon où apparaît le météore. Jusqu'ici cependant aucune théorie physique, aucune expérience, ne saurait expliquer les cristaux de glace qu'on rencontre parfois à la surface des grêlons, et leur absence dans les verglas semblent témoigner d'un mode différent de formation. L'on conçoit l'intervention du verglas, son dépôt sur les grêlons sans cepen- dant que les physiciens aient dit leur dernier mot à ce sujet. Les phé- nomènes qui se passent au sommet du Puy-de-Dôme, l'obiervation d'Espy dans le Tennessee, enfin quelques études faites en vue de l'expli- cation des phénomènes glaciaires semblent bien justifier le dépôt de verglas autour d'un premier noyau, ou même autour de fragments de végétaux ou de poussières minérales, sans faire intervenir exclusivement le phénomène de la surfusion. Le dépôt, à part les circonstances phy- siques qui le produisent, doit dépendre de la vitesse relative du mo- bile et du milieu chargé de vapeurs ou d'aiguilles de glace (]ui pour- voient à son accroissement : celui des grêlons peut alors s'effectuer dans son mouvement de translation ou dans sa chute ; mais on n'arrive pas ainsi à expliquer complètement les agglomérations ou même les grêlons volumineux des orages qui généralement correspondent à des mouve- ments violents de l'atmosphère, si l'on n'a pas recours aux considéra- tions de dynamique que j'ai invoquées. A part d'autres objections particulières, une grande partie de celles que l'on peut faire aux diverses théories se présentent encore lorsqu'on cherche à tout rattacher au phénomène de la surt'usion, celles par exemple qui se rapportent à la disiribution des grêles, et au rôle des courants qui interviennent, dans notre contrée surtout. D'ailleurs les brouillards à l'état de surfusion peuvent-ils coexister avec la violente agitation de l'air qu'on s'accorde à reconnaître dans les orages de grêle? N'y aurait- il pas lieu aussi de se demander pourquoi les verglas exceptionnels,, attribués à la même cause, étant plus fréquents en hiver qu'en été, dans les zones septentrionales que dans les zones tempérées, il n'en est pas de même des grêles. A ce même sujet, il me semble qu'on n'a pas fait une remarque qui n'est pas sans importance. Les météorologistes, les aéronautes surtout, SôO MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE français et étrangers, ont mentionné la diversité des courants qui sil- lonnent l'atmosphère, ont parlé de lalternance des courants polaires et équatoriaux, de leur coexistence indépendamment de l'altitude. Des brouillards remarquables, des pluies, des grêles môme qui paraissent extraordinaires, si ou se borne à l'examen des couches inférieures de l'atmosphère, trouvent alors leur explication. On comprend ainsi que la pluie se produisant par un vent chaud supérieur, dont l'existence n'est nullement exceptionnelle, même en liiver, puisse ensuite par un temps calme arriver dans les couches intérieures plus froides, les traverser dans un état de repos relatif, et en prendre alors la basse tempéralure sans se congeler. Dove, discutant les tempêtes qui peuvent se produire dans la coexistence des courants polaires et équatoriaux, et en ayant égard à la situation respective de ces courants, Dove mentionne surtout avec détail celle de février 18:28. Un froid extraordinaire et de longue durée régnait en France. Le lo janvier, le veut du S.-O. finit par s'établir et la température s'éleva en conséquence. Le 24, un froid très vif reprit avec les vents d'E. : à Paris le baromètre continua à être bas et le ciel se couvrit malgré cette basse température, parce que le vent du S.-O. continuait à souffler dans les régions supérieures de l'atmos- phère; à Joyeuse, en particulier, il tomba plus de 2o'"'" de pluie du courant chaud supérieur, pendant que le sol était gelé et que la neige tombait plus au sud. Kaemtz signale un grand nombre d'orages de grêle observés dans les vallées et correspondant à une température égale ou de bien peu in- férieure à zéro, observée sur les grands massifs des Alpes, tandis que la neige tombait sur le Saint-Gothard ou le mont Saint-Bernard. C'est en effet la température la plus favorable à la formation des aggloméra- tions que nous avons surtout en vue d'expliquer. Le phénomène de la surfusion expliquerait peu la formation de ces masses spongieuses, ren- drait difficilement compte de la présence des éléments étrangers, des bulles d'air qu'on rencontre souvent dans les grêlons, ainsi que de leur constitution générale. Leur forme, les couches concentriques ne s'ex- pliquent que par leur transport dans l'atmosphère, à travers des couches d'air, dans des états physiques différents chargées d'élémenis divers, en tout semblables à celles que les aéronautes nous ont décrites. Nous sommes enfin conduit à la considération d'un mouvement de translation à grande vitesse, le seul sur leijuel s'accordent, avec les autres savants, MM. Faye et Colladon. Si les mouvements tourbillon- naires ont été cités par divers météorologistes, tels que Kaemiz, Lecoq... c'est à titre de phénomènes exceptionnels, accidentels, résultant de la rencontre de courants qui concourent à la production de la grêle. Ils se rattachent par leur origine à ces tournoiements des nuages qu'on H. VIGUIER. CRITIQUE DES DIVERSES THÉORIES DE LA GRÊLE 551 observe bien plus fré(jueniinent ; ils sont plus ou moins régulii^rs, se produisent sur place, ou sont dans tous les cas doués d'une très faible vitesse. Ils pourront peut-être alors parlois être comparés à ceux, qui se produisent sur les cours d'eau auxquels nous rapporterons les phéno- mènes de transport, indépendants des accidents tourbiilonuaires qui se produisent sur leur trajet. L'explicatiou de M. Colladon ne saurait être substituée avec avantage aux idées critiquées par ce savant physicien, malgré l'éclectisme sur lequel elle repose. Dans ma discussion je suis parti seulement des faits secondaires ayant un rapport immédiat avec les phénomènes en question. C'est bien plus haut qu'il eût fallu prendre l'étude de l'ensemble des circonstances physiques ou dyna- miques qui devraient présider à leur production. Elle a été en partie abordée par de savants observateurs : quelque puissantes que soient les objections que j'ai indiquées, elles se multiplient encore lorsqu'on per- siste à ne pas tenir compte d'éléments qui, par leur constance, témoi- gnent de leur puissante intervention dans la production de la grêle. Pour nous, alors, un vent violent, froid et humide, pénétrant à travers une atmosphère telle que les observateurs nous la montrent constituée, pouvant, si l'on veut, renfermer des brouillards à l'état de surfusion; ce vent, dis-je, emportera avec lui ou fera naître sur son passage tous les é.émeiits de la grêle; et, suivant l'état physique des couches traversées ou des courants en présence, il pourvoira à l'accroissement et aux formes diverses des grêlons, et donnera lieu, enlin, aux phénomènes orageux qui accompagnent le météore. Tout cela semble d'accord, comme je l'ai dit ailleurs, avec la produc- tion et la propagation des grêles dans les diverses régions ; tandis que tous les plu-nomènes qui s'y rapportent se trouvent coordonnés sans introduire la moindre modification dans l'ensemble des rapports qui nous ont été transmis, et sans faire subir la moindre torture aux faits physiques ou dynamiques que nous invo(|uons; surtout, entiu, sans cette intempérance de généralisation que Voila lui-même reprochait à l'abbé Bertholon au sujet des théories électriques ; intempérance dont on s'est surtout rendu coupable dans les diverses théories de la grêle émises par les physiciens et k^s météorologistes. Pour essayer encore d'échapper à ces mêmes reproches, j'indiquerai dans le prochain congrès l'ensemble des calculs qui ont permis d'établir les corrélations que j'ai indiquées. L'accord des résultais numériques avec l'observation constituera enfin la dernière confirmation des principes que j'ai invoqués dans l'explica- tion que je propose. .*i52 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE M. AI&OT Béléorologiste au Bureau central météorologique de France, L'OBSERVATOIRE DE LYON. (EXTIiAlT DU PItOCÈS-VERBAL) — Séance du i septembre 1879. — M. Angot décrit rélat d'avancement des travaux de l'observatoire de Lyon qu'il vient de visiter récemment. M. André, directeur et fondateur de l'Observatoire, installe trois stations météorologiques complètes, indépendamment de l'observatoire astronomique, ces trois stations sont : 1" Parc de la Tête-d'Or, à Lyon (altitude 174 mèlres); 2° Observatoire de Saint-Genis-Laval (altitude 28o mètres); 3" Fort du Mont- Verdun (altitude 625 mètres). Ces trois stations forment un triangle dont le plus grand côté ne dépasse pas vingt kilomètres et posséderont la série complète des instruments enre- gistreurs : baromètre, thermomètres sec et mouillé, girouette, anémomètre, pluviomètre et électromètre. La station du Parc de la Tête-d'Or est terminée et en plein fonctionnement. La station du Mont-Verdun est très avancée, les observations commenceront probablement dans le courant du mois de septembre et l'installation des en- registreurs suivra de près. L'observatoire de Saint-Genis est en construction, mais les observations s'y feront avant la fm de l'année. L'ensemble de ces trois stations est complet, et la position exceptionnelle de deux d'entre elles (Saint-Genis et Mont-Verdun) feront de l'observatoire de Lyon une institution unique. Les dépenses qu'occasionnera la création de ces trois stations et de l'obser- vatoire astronomique sont évaluées à 350,000 francs, dont 168,000 ont été déjà fournis par la Ville de Lyon, le conseil général du Rhône et l'État. Quand les trois stations météorologiques seront complètement installées on les complétera probablement par l'adjonction d'autres stations secondaires à Ampuis et sur le Mont-Pilat. VAN DER MENSBRUGGHE. — ROLE DE LA SURFACE LIBRE DE l'eAU 533 M. &. YAÎJ LEE MEIJSBE,ÏÏ&&HE Professeur à l'Université de GanJ. DU ROLE DE LA SURFACE LIBRE DE L'EAU DANS L'ÉCONOMIE DE LA NATURE. — Séance d u 4 sep tembre 1 879 . — On a Signalé fréquemment le cycle grandiose ayant pour phases successives l'évaporation des couches superficielles des eaux de la mer; l'élévation des vapeurs dans l'atmosphère ; leur condensation à laquelle est due la formation des nuages; leur chute à la surface du globe, à l'état de neige ou de pluie, chute qui donne naissance aux glaciers, aux ruisseaux, aux rivières et aux fleuves; la circulation des cours d'eau à l'intérieur des terres ; enhn leur retour au sein de l'océan. Mais dans l'étude de tous ces phénomènes, s'est-on préoccupé des propriétés si longtemps mystérieuses des couches libres des masses liquides en mouvement con- tinu? S'est-on douté du travail vraiment énorme que ces couches sont capables d'effi-ctuer? Il a fallu la persévérance de plusieurs physiciens et le recours à des expériences très nombreuses pour que la science accueillit enhn comme vraie la notion d'une énergie propre de la cou- che superlicielle d'un liquide queIcoii(|ue. S'il est permis aujourd'hui d'affirmer que la surface libre d'un liquide déterminé est comparable à une membrane tendue dans tous les sens à peu près également dans les mêmes circonstances, les savants et, en particulier, les météorolo- gistes n'ont pas encore, à ma connaissance, porté leur attention sur le rôle pourtant immense que jouent les couches superficielles de l'eau dans les grands phénomènes de la nature. Le but du présent article est de montrer brièvement que la surface libre des masses liquides répan- dues soit dans l'atmosphère, soit sur le globe terrestre, est une source puissante de manifestations tour à tour calorifiques, électriques et mécaniques. Avant d'entrer en matière, rappelons ici une preuve bien simple de l'existence de la force ayant son siège à la surface de l'eau : fixons horizontalement une tige cylindrique en bois ayant, par exemple, un demi-mètre de longueur et 3 ou 4'"™ d'épaisseur, et entourée à chaque extrémité d'un anneau en fil de fer très mince; mouillons celte tige de manière que l'eau adhère partout, puis prenons une seconde tige de même longueur, de même épaisseur, et pareillement bien mouillée ; approchons-la de la première jusqu'à ce que le contact ait lieu avec les deux anneaux, et que le petit intervalle entre les tiges soit complè- Oui MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE tement rempli par le liquide (}ui les mouille. Dans ces conditions, on pourra lâcher la tige inlérieure sans qu'elle tombe; bien plus, on pourra fournir à la tige inférieure une charge complémentaire de plusieurs grammes avant que l'équilibre soit rompu. Cet effet est dû à la tension de la couche superficielle 6.3 la petite masse liquide comprise entre les deux tiges; pour avoir la mesure de la force par unité de longueur, il sufiirait évidemment de diviser le poids total minimum nécessaire pour la rupture de l'équilibre, par la double longueur de chacune des tiges. On trouverait ainsi T^^n^S environ par millimétré de longueur. Puisque la tension exei-cée par l'eau équivaut à 7.5 railligr. par mil- limètre de longueur, il est clair que le travail nécessaire pour accroître la surface d'un millimètre carré équivaut à 7.3 milligr. -millimètres; pour un accroissement de 1'"^ de surface, le travail nécessaire serait évidemment de 7.5 grammes-mètres ou de 0.007o kilogrammètres. 11 suit de là que chaque mètre carré de la surface libre de l'eau possède, à l'état virtuel, une énergie équivalente à O'^'o"i,007o ; c'est ce nombre qui exprime l'énergie potentielle de l'eau. Or, en appliquant les principes de la thermodynamique au cas d'une masse liquide dont la surface éprouve des variations, j'ai démontré les deux propositions suivantes (1) : 1° Si la couche superficielle d'une masse liquide éprouve une augmen- tation, elle se refroidit ; elle s'échauffe, au contraire, dès qu'elle subit une diminution. ^° Dans les deux cas, il s'y développe des courants thermo-électriques d'autant plus intenses que la masse est plus petite, ou que la variation de la surface est relativement plus considérable. En outre, l'étude des jets d'eau de petit diamètre lancés verticalement de bas en haut m'a conduit au résultat suivant (^) : La diminution de surface libre d'une masse liquide développe non seulement de la chaleur ou de l'électricité, mais encore une portion l =z 0.00i2 environ de l'énergie potentielle perdue se change réellement en énergie cinétique. Enfin, le principe de la conservation de l'énergie exige évidemment que toute masse liquide en mouvement, dont la surface libre augmente et qui acquiert ainsi un accroissement d'énergie potentielle, perde une quantité équivalente de force vive. Telles sont les propositions que je vais appliquer succinctement au (Il Application de la thermodynamique à l'étude des variations d'énergie rfc? surfaces liquide* \m\\. (le l'Acad. roy. de Be)git|ue, 187G, t. XLI, p. 769, et t. XLU, p 2t|. 12) Nouvelles applications d: l'cncr/j'e potentielle des surfaces liquides (Ibid. 1879, t. XLVU, p. 326). VAN CER MENSBRUGGHE . — ROLE DE LA SURFACE LIBRE DE l'eAU 55S cycle d'opérations qu'exécutent constamment les eaux, répandues dans l'atmosphère ou dans les vastes bassins des mers. I. — Énergie potentielle totale de la .surface des eaux de la iner. — Si nous admettons que les trois quarts de la surface du globe soient occupés par les eaux de la mer, nous aurons évidemment pour l'énergie potentielle des couches liquides superficielles— 4 ^ R- X 0,007o kilo- grammètres, R étant le rayon terrestre. On trouve aisément que cette expression équivaut à 382 X lO^chev. vap. Oîi réside une puissance aussi énorme? D'après les recherches des physiciens, elle a pour siège une couche dont l'épaisseur ne dépasse A mm pas . Si donc nous imaginons que des tranches successives ayant pour épaisseur — , soient séparées de la mer, chaque tranche de de l™'^ de surface aura une énergie potentielle de O^^'s^jOÛTo X 2 = Okgm^OlS; pour 10,000 de ces tranches dont l'ensemble formerait une couche de l™c de base et 4 millim. d'épaisseur, l'énergie potentielle serait 10000 X 0,013 = loO kilogrammètres. Si, pour nous rapprocher de la réalité, nous admettons que l'eau se subdivise en spliérules ^mm extrêmement ténues, ayant par exemple ■ de diamètre, nous trou- verons que chaque kilogramme d'eau donne lieu à un ensemble de spliérules dont l'énergie potentielle totale équivaut à 4oO kilogrammè- tres, c'est-à-dire plus d'un million de fois celle d'une sphère unique d'eau pesant 1 kil. II. — Énergie potentielle transportée par la vapeur d'eau dans l'at- mosphère.— Cette subdivision extrême de l'eau est-elle purement hypo- thétique? Tout me porte, au contraire, à admettre que, par le fait de l'évaporation continue des couciies superficielles des eaux de la mer, celles-ci se subdivisent en sphérules bien plus ténues encore et consti- tuant les vapeurs invisibles qui s'élèvent dans l'atmosphère; mais aus- sitôt que l'etïet du refroidissement les a rapprochées suffisamment pour A mai qu'elles forment des globules ayant au moms^^^^ de diamètre, chaque unité de surface a une énergie potentielle de O.OO'o kilogrammètres. Ce raisonnement bien simple fait voir quelles quantités prodigieuses d'uni- tés de travail se trouvent ainsi transportées par la vapeur d'eau, quan- tités auxquelles il faut ajouter l'énergie potentielle acquise par la vapeur en vertu de son poids. 556 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE D'un autre côté, l'évaporation des eaux de la mer met constamment à nu de nouvelles portions superficielles, et celles-ci, acquérant par là une énergie potentielle qu'elles n'avaient pas d'abord, perdent une certaine quantité de chaleur ; cette perle est d'autant plus grande que la surface se renouvelle plus rapidement : c'est l'explication bien simple du froid produit par l'évaporation. III. — Effets de la condensation de la vapeur d'eau. — D'après ce qui précède, la condensation de la vapeur entraîne la production d'une quantité de chaleur d'autant plus forte, que les surfaces libres perdues sont plus considérables ; c'est l'explicalion rationnelle de ce qu'on est convenu d'appeler le calorique latent de la vapeur d'eau. Un fait bien connu milite en faveur de cette déduction : c'est que plus les gouttes de pluie sont grosses, plus elles sont chaudes. Mais il y a plus : chaque fois que la vapeur invisible se condense en gouttelettes, il se développe non seulement de la chaleur, mais encore de l'électricité. D'après cela, il n'y a rien d'étonnant à ce que la conden- sation subite d'une grande quantité de vapeur donne lieu à de puissantes décharges électriques, telles qu'on en observe dans les orages. A la vérité, on peut objecter à cette explication les expériences de Faraday faites avec la machine d'Armstrong, et d'après lesquelles il ne se dégage beaucoup d'électricité qu'avec de la vapeur contenant déjà des gout- telettes d'eau ; dès lors on pourrait invoquer le frottement comme étant la seule cause du phénomène. Pour réfuter cette objection, je dirai d'abord que si la vapeur sèche ne donne pas le même résultat, c'est sans doute parce que le conducteur sur lequel est lancée la vapeur se trouve trop près de l'oritice d'où elle s'échappe, et qu'ainsi la conden- sation n'est pas encore assez avancée pour que tout son effet se mani- feste. En second lieu, si le frottement développe de l'électricité, c'est, selon moi, parce qu'il met à nu des couches fraîches des corps frottés l'un contre l'i^utre, et détermine ainsi des variations dans l'énergie potentielle de ces couches. L'argument tiré des expériences de Faraday me paraît donc sans valeur. J'ajouterai que, d'après ma théorie, l'électricité développée par la condensaticn de l'eau au-dessus de 4° G (température du maximum de densité) est de signe contraire à celle (jue produit la condensation au-dessous de 4". C'est probablement grâce à cette circonstance que les phénomènes électri((ues de l'atmosphère sont généralement peu intenses. Ici se présente une question assez intéressante ; nous venons de voir que l'atmosphère contient sans cesse de grandes quantités de vapeur d'eau, et que cette vapeur transportée dans des couches d'air suflisam- mt'Ut froides se condeiLse sous forme de gouttelettes ; mais nous savons VAN DER MENSBRUGGHE . ROLE DE LA SURFACE LIBRE DE l'eAU 557 qu'à la hauteur des nuages, il règne souvent un froid plus que suffisant pour congeler l'eau; comment donc les sphérules composant les nuages peuvent-elles demeurer liquides à des températures parfois très basses ? Pour répondre à celte question, je dirai que, d'après mes formules, la chaleur nécessaire pour élever ou abaisser de 1° la température d'une masse unique d'eau pesant 1 kilogr. est bien plus petite que celle qu'il faut dépenser pour chauffer ou refroidir de la môme quantité un nombre n de sphérules pesant ensemble 1 kilogr., et que plus n est considé- rable, plus la différence devient grande ; c'est qu'alors la surface s'accroît de plus en plus, relativement au volume. Voilà, je pense, la raison pour laquelle, par un froid même assez vif, nous voyons quelquefois l'ho- rizon couvert par d'épais brouillards composés de gouttelettes d'une ténuité extrême; mais aussitôt que les particules liquides se déposent sur des corps solides exposés à la même température, elles se congèlent et produisent le verglas. On n'a donc pas besoin d'invoquer un état particulier (celui de la surfusion) pour rendre raison d'une propriété de l'eau, qui a causé cette année de véritables désastres dans certaines parties de la France. Je rappellerai ici que, d'après un calcul fort ingénieux de sir William Thomson, de petites gouttelettes peuvent s'évaporer dans de l'air conte- nant assez de vapeur pour que la condensation ait lieu sur une surface plane ; c'est pourquoi la vapeur peut être refroidie bien au-dessous du degré ordinaire de la condensation sans se liquéfier; car le premier effet de la condensation serait de produire des gouttelettes extrêmement fines, et celles-ci tendraient à diminuer de volume à moins que l'espace ambiant ne fût sursaturé. A l'appui de l'opinion de sir W. Thomson, /j mm je dirai que les particules ayant un diamètre inférieur à .(,,>,>, .'(^Q double du rayon d'activité sensible de l'attraction moléculaire) doivent s'éva- porer plus facilement que les globules plus gros, puisque l'attraction due à la couche superficielle y est nécessairement moindre que dans ces derniers. N'est-il pas curieux de voir encore ici l'énergie potentielle de l'eau jouer un rôle prépondérant? C'est en effet par l'influence de cette énergie que l'illustre savant anglais a pu établir ce point important de la météorologie. Insistons un instant sur une autre propriété curieuse de la vapeur d'eau : on sait que celle-ci n'exerce pas seulement un effet salutaire par les grandes quantités de chaleur qu'elle peut développer lors de sa condensation, mais qu'elle protège encore la terre contre l'infiuence du rayonnement nocturne. Quand on songe que la température des espaces célestes est évaluée à yjlus de 400» au-dessous de zéro, on conçoit que 558 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLODE le sol se refroidirait d'une façon très marquée, s'il n'y avait une sorte de manteau protecteur ; ce manteau , c'est précisément l'atmosphère humide. L'expérience a prouvé que l'air sec se laisse traverser plus aisément par les rayons de chaleur que la vapeur d'eau, et surtout que la vapeur condensée sous forme de brouillards ou de nuages. Je n'hésite pas à attribuer ce fait à l'hétérogénéité de l'atmosphère chargée de vapeur et à la multiplicité des surfaces liquides offertes au passage de la chaleur par les brumes ou les nuages. IV. — Explication de quelques phénomènes observés dans les eaux courantes. — Il serait trop long d'appliquer ma théorie aux diverses par- ticularités d'un cours d'eau à partir de sa source jusqu'à son embou- chure : aussi je me bornerai à l 'examen de deux phénomènes bien curieux. 1° Lorsque, par une cause quelconque, la quantité d'eau qui s'écoule d'une montagne s'accroît subitemisnt, les portions liquides plus rapprochées de la vallée sont gagnées de vitesse par celles qui descendent des hauteurs; dès lors il y a des couches d'eau qui se superposent, et ainsi s'annulent des portions de surface lilîre d'autant plus éten- dues, que la différence de vitesse est plus notable ; mais par cette annulation de surface libre, il se produit, dans le sens même du mou- vement, une quantité d'énergie cinétique équivalente aux douze dix- millièmes de l'énergie potentielle totale des surfaces perdues. On conçoit que cet effet, s' ajoutant sans cesse à celui de la hauteur de chute, l'eau qui fait irruption dans les régions plus basses se meut avec une vitesse qui croît toujours à la surface et qui, par cela même, annule des portions plus notables de la surface libre des eaux qui précèdent. S'il se présente un obstacle quelconque à la marche des eaux, l'annulation extrêmement rapide de la surface libre des couches d'eau qui se rap- prochent de cet obstacle, produit une énergie de mouvement sans cesse croissante et qui, bien souvent, finit par emporter l'obstacle même ; mais alors la superposition successive des couches liquides va s'effectuer plus loin et donner lieu aux mêmes effets. Voilà, selon moi, l'une des causes principales des ravages parfois effrayants des grandes masses d'eau qui descendent subitement des montagnes, et dont l'impétuosité semble grandir avec le nombre des obstacles qui s'opposent à leur marche. Inutile d'ajouter que des effets du même genre peuvent se manifester sur le parcours entier des rivières et des fleuves ; chaque fois que plu- sieurs bras déversent leurs eaux dans un seul et même bassin, l'annu- lation énorme des surfaces libres combine son influence avec celle de la force vive même de ces eaux, et, dans de pareilles conditions, la vitesse peut croître à tel point que l'eau déborde autour du bassin en question. VAN DER MENSBRUGGHE. ROLE DE LA SURFACE LIBRE DE l'eAU 550 Un exemple effrayant d'une inondation due à ces causes a »Ué fourni récemment par la ïiieiss, en Hongrie ; peu avant son passage par Szegedin, elle reçoit les eaux de la Szaras et de la Maros, et réalise ainsi, à chaque crue, les conditions qui doivent amener des inondations locales. A cet égard, il suffît presque de jeter les yeux sur la carte dun pays pour être à même d'indiquer les points les plus menacés par les fortes crues des eaux. 2° Après avoir tâché de montrer l'action exercée par les masses d'eau dont la surface libre diminue, je vais citer un exemple de l'tffet produit par une augmentation graduelle de la surface d'une masse liquide. Quand une grande nappe d'eau tombe d'une hauteur très considérable, on sait qu'elle se subdivise parfois jusqu'à se résoudre en gouttelettes d'une ténuité extrême ; il me suffira de citer à l'appui la cascade du Staubbach en Suisse et celle de Gavarnie dans les Pyrénées. Pour jeter quelque lumière sur ce genre de phénomène qui se manifeste mrme par le temps le plus calme, je dirai que, dans la nappe qui se forme aus- sitôt après que l'eau s'est détachée de la montagne, une même masse liquide affecte une surface libre qui croît rapidement et acquiert ainsi une énergie potentielle de plus en plus grande ; mais à ce gain d'énergie potentielle correspond une perte d'énergie de mouvement, c'est-à-dire que, dans les couches superficielles, il naît une force retardatrice crois- sante, tandis que les couches intérieures tendent à obéir simplement aux. lois de la pesanteur ; ce retard dans les couches libres doit nécessai- rement mettre à nu des portions des couches intérieures, et amincir de plus en plus la nappe, tout en substituant toujours à une partie de l'énergie de mouvement une quantité équivalente d'énergie potentielle ; mais la pression due aux bords convexes de la nappe y détermine cons- tamment la production de bourrelets, tandis que, sur la nappe même, elle fait naître des stries ; or, d'après un principe établi par M. Plateau, ces boun-elets et ces stries se transforment bientôt en gouttelettes qui se détachent de la masse ; cette transformation donne lieu à de nouvelles surfaces libres où se manifestent bientôt les mômes phénomènes. C'est ainsi que, comme le dit M. Taine dans son Voyage aux Pyrénées, la cascade « arrive en bas comme un bouquet de plumes fmes et ondoyantes et rejaillit en poussière d'argent. » Lorsqu'un vent latéral agit avec assez de force sur une nappe d'eau en mouvement, il se forme sur celle-ci une série de stries qui ne tardent pas à se résoudre en gouttelettes, et ces dernières obéissant à l'impul- sion du courant d'air ascendant peuvent alors remonter par dessus l'eau de la cascade : un exemple bien curieux a été observé récemment par M. Colladon au haut de la Salence (Pissevache) dans le Valais. « La partie supérieure de la cascade était surmontée, sur le quart supérieur 560 MÉTÉOllOLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE environ de sa hauteur totale, d'un recouvrement de petites gerbes for- mées par des milliers de perles liijuides animées d'une vitesse absolue notable en sens contraire de celle de l'eau de la cascade, c'est-à-dire que toutes ces gouttes remontaient rapidement vers le sommet (1). » V. — Effets des variations d'énergie potentielle des eaux de la mer. — Ces effets sont aussi nombreux que variés: j'ai déjà signalé le renou- vellement de la surface produit par l'évaporalion, et l'abaissement de température qui y correspond ; mais il y a bien des cas où les surfaces libres, se superposant les unes aux autres, font naître a la fois de la chaleur, de l'électricité et du mouvement. Dans un travail récent (cité page 5o4), j'ai tâché de faire découler de ma théorie l'énergie de mouve- ment acquise par les vagues de la mer, soit devant une plage unie et en pente douce, soit devant des côtes abruptes, soit enfin dans des baies peu profondes ; la cause des mascarets à l'embouchure de certains fleuves, et enfin l'urigine de la puissance du Gulfstream. Je ne revien- drai pas ici sur ces applications, mais j'en signalerai quelques autres qui me paraissent offrir de l'intérêt. En premier lieu, on sait qu'un vent violent donne lieu à des vagues moins hautes qu'un vent modéré ; c'est que les couches superficielles, au lieu de se superposer et d'acquérir graduellement une plus grande vitesse et de plus grandes dimensions, produisent des vagues d'où la force excessive du vent détache des lames qui sont lancées au loin et se transforment en des milliers de globules ; cette augmentation de surface engendre un effet opposé à celui de l'enroulement des vagues, qui dès lors doivent être moins hautes. En second lieu, on a vainement essayé jusqu'ici de trouver la mesure exacte de la pression maxima d'une vague contre un obstacle par mètre carré. J'atiribue cette impossibilité à ce que la puissance d'une masse d'eau ne provient pas seulement de son volume et de sa vitesse, mais encore de l'accumulation successive de couches libres n'ayant qu'une fraction très minime de millimètre d'épaisseur, accumulation qui rend impossible toute évaluation exacte de la pression. 8° Les navigateurs sont unanimes pour déclarer que, si le vent est directement opposé à un courant de la mer, il se produit une sorte de ras de marée redoutable. Rien de plus facile à expliquer: le vent, en s'opposanl à la libre marche des couches superficielles qui suivent le courant, les accumule graduellement les unes sur les autres, et emma- (1) Contributions à l'élude de la grêle et des trombes aspirantes (Biblioth. univ. do Génère, N» de juillet 1879). FROMENT. PROJET d'uN OBSERVATOIRE AU MÉZENC 561 gasine dans les flots ainsi engendrés des quantités de force vive que rien ne semble limiter ; par exemple, le tort courant qui règne géné- ralement vers l'ouest au cap des Aiguilles, est parfois arrêté par des coups de vents d'ouest ou de sud-ouest, et peut même retluer vers l'est en donnant lieu à une mer toujours grosse et parfois horrible. Les annales maritimes des États-Unis contiennent l'histoire d'une tempête affreuse (1780), qui a fait refluer les eaux du Gulfstream dans le golfe du Mexique en exerçant de terribles ravages dans les pays voisins. J'arrête ici l'exposé succinct de mes idées sur le rôle de la surface libre de l'eau dans l'économie de la nature ; je m'estimerais heureux si les météorologistes voulaient bien les soumettre à l'épreuve de leurs propres investigations. M. ÂI&OT Mi^léorologiste au Bureau central niéléoroiogique de France, TABLES NOUVELLES POUR RÉDUIRE LES HAUTEURS BARO,ViÉTRiQ'JES AU NIVEAU DE LA MER (1). — Séance du i septembre 1879. — H. mOMEÎfT Agent voyer, au Clieylard (Ardèclic). PROJET D'UN OBSERVATOiSE AU MÉZEr^C. (extrait du pnoc:-;s-VE;iUAL) — S éance du 4 sep te inb re i S7 0 . — M. Froment insiste sur rinlérêt que présentârait rétablissement d'un oI>~ servatoire sur le Mézenc, à une altitude de 4,775 mètres, point qui doniine le pays environnant dans toutes les directidus et situé entre les vallées de la Loire et du Rhône qui sont parcourues par des courants en sens contraire. M. Froment pense que l'on pourrait prévoir les ora.,'es vingt-quatre et même quarante-huit heures d'avance. 11 ne croit pas que les difficultés matérielles d'exécution puissent rendre ce travail très coûteux. (1) Ce travail a paru dans les Ann. du bi(r.ytit cetUral météorologique année 1878, t. ]" C, page 13. (Gauthiers Villars, 1879.) 36 562 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE M. le D' BOEIUS DÉTERMINATION DE L'ÉTAT HYGROMÉTRIQUE DE L'AIR SUR LE LITTORAL DU FINISTÈRE COMPARAISON ENTRE LES ObSERVATIONS PSYCHROMÉTRIQUES FAITES A l'observatoire DE LA MARINE, DANS LA VILLE DE BREST ET CELLES FAITES DANS LA CAMPAGNE DES ENVIRONS. — Séance du 4 septembre 1879. — En étudiant le climat de Brest (1) nous avons cherché, par des obser- vations Ihennométriques faites dans les environs de la ville, à déter- miner quelle erreur la situation défavorable de l'Observatoire de la marine avait pu produire sur la détermination des températures moyennes ou extrêmes indiquées pour Brest. Nos conclusions ont été celles que, d'après les règles générales trouvées en pareil cas par M. Renou, on devait s'attendre à constater. A l'Observatoire de la marine, les tempé- ratures observées sont trop hautes, qu'il s'agisse des miniina, des maxima, ou des moyennes. La moyenne annuelle de la température est à Brest, au niveau delà mer, de 11°, 1- Les observations rfcueillies par les soins de la marine donnent un résultat plus élevé d'environ mi demi-degré, alors qu'on ne tient aucun compte de l'erreur due à l'exposition des instruments sur une tour située au milieu de la ville. Les erreurs sur les ininima et les maxima peuvent être beaucoup plus considérables. Toutes les erreurs sont positives. Elles vont en augmentant à mesure que l'on considère une heure plus avancée de la journée. Elles sont aussi plus fortes dans la saison chaude que dans la saison froide. Tels sont, en résumé, les résultats auxquels nous sommes arrivé, et que nous avons développés dans un chapitre spécial de notre livre. Il était intéressant de chercher aussi quelle erreur l'exposition de l'Observatoire de la marine peut produire sur la détermination de l'état hygrométrique de l'atmosphère. Dans ce but nous avons fait à la cam- pagne de Kérisbian, à 3 kilomètres et demi, à l'est de l'observatoire de la marine, un certain nombre d'observations psychrométriques, aux mêmes heures qu'à cet observatoire. Voici d'abord comment étaient recueillies les observations dans les deux localités: A Kérisbian, nous observions deux thermomètres parfaitement vérifiés, l'un sec, l'autre mouillé. Ce dernier était mouillé en versant dix minutes [\] Le climat de Brest, ses rapports avec l'état sanitaire. Paris, 1879. J.-B. BailUère. D'' BORIUS. — OBSERVATIONS PSYCHIlOMÉTRIQUES 563 avant l'observation un peu d'eau sur la mousseline dont il était entouré. Les deux instruments étaient placés sous l'abri Renou-Sainte-Claire Deville dans les conditions décrites dans notre premier travail. A l'Ob- servatoire d3 la marine, le psychromètre, au lieu de se composer comme le nôtre de deux thermomètres gradués sur verre , parfaitement libres et largement exposés à l'air, était l'instrument en usage à bord de nos vaisseaux. Les doux thermomètres, très rapprochés l'un de l'autre, sont appliqués sur une plaque de buis ; l'un des thermomètres est mouillé par imbibition. Il n'est pas besoin de dire que les instruments avaient été comparés avec soin dans les deux stations et ((ue les corrections instrumentales étaient soigneusement faites. Nos observations personnelles n'ont pu être malheureusement qu'en nombre restreint. Du mois de mai à la fin de septembre 1877, il a été fait 53 observations simultanées dans les deux établissements. Les observations ont été beaucoup plus nombreuses à certaines heuros qu'à d'autres, par suite de circonstances non volontaires. La différence entre le thermomètre sec et le thermomètre mouillé a été, d'une manière presque constante, plus considérable à la ville qu'à la campagne. Sur o3 observations nous comptons 4G excès de la diffé- rence observée en ville sur celle observée à la campagne, six fois seulement l'écart des deux thermomètres a été plus fort à la campagne qu'en ville; il y a eu égalité une seule fois. Comme M. Renou l'a établi, toutes les causes d'erreur dans l'observation du psychromètre tendent à diminuer la différence entre le thermomètre sec et le thermo- mètre mouillé. Gomme nous pouvons affirmer que les instruments de Kérisbian étaient exposés d'une manière beaucoup plus convenable que ceux delà marine, le mode d'observation tendait donc à accuser plutôt une exagération dans l'état hygrométrique à l'Observatoire delà marine qu'à Kérisbian. Malgré cela, on voit que, exagéré ou non, l'état hygrométrique déter- miné à l'Observatoire de la marine, est presque toujours beaucoup moins prononcé que celui de Kérisbian. Occupons-nous de préciser autant que possible l'erreur du premier de ces établissements. L'altitude était à peu près la môme dans les dfux observatoires. 65 mètres à Kérisbian, 67 mètres à l'Observatoire de la marine. La hauteur était de l'",9() au-dessus du sol dans le premier cas, de 26 mètres au- dessus du seuil de la tour de l'Observatoire dans le second. L'abri de la marine, sorte de cabane percée à jour, laissait les instruments moins exposés à l'action du vent que l'abri de notre jardin. Ces considérations préliminaires établies, examinons les résultats bi)i MÉTÉOIIOLOGIE ET PÎIYSK^UE DU GLOliE trouvés dans les deux stations, qu'il s'agisse de Flmmidité absolue ou de riiumidité relative. A. — Humidité absolue. — Sur o3 observations, nous avons trouvé 29 fois un excès de la tension de la vapeur d'eau à la campagne sur celle observée en ville ; 24 fois l'excès a porté au conlrairc sur la tension de la vapeur observée en ville. Il faut remarquer que la tempé- rature, dans ces S3 observations, était plus élevée en ville qu'à la cam- pagne 47 fois. Dans ces 47 cas, malgré l'élévation plus considérable de la température de l'air, la quantité absolue de vapeur n'a été supérieure à celle de la campagne que 24 fois, c'est-à-dire dans la moitié des cas seulement. Ceci est une preuve bien évidente de la sécheresse absolue plus considérable des couches d'air, au niveau de la terrasse de l'Obser- vatoire, qu'au voisinage du sol dans la campagne des environs, phéno- mène conforme à ce que l'on sait ssaire pour corriger l'erreur due à la mauvaise situation de la station de la marine, nous trouvons que la moyenne actuelle doit être dans la cam- pagne des environs de Brest, à une altitude de G5 mètres et à 2 mètres au-dessus du sol, de 90 centièmes environ. L'humidité est donc beaucoup plus considérable à Brest qu'à Paris, puisque, au parc Saiiit-Maur, M. Renou trouvait 79 centièmes pour moyenne annuelle de 1875. 11 est même probable que, si au lieu de taire nos comparaisons à une altitude voisine de ctUe des côtes qui entourent et dominent la rade de Brest, nous les avions faites sur la plage, au bord même de la mer, nous pourrions conclure à une humi- dité encore plus considérable de l'air sur le littoral de notre Bretagne. iNous nous bornerons pour le moment à signaler l'utilité du transfert de l'observatoire de la marine dans une situation plus convenable que celle qu'il occupe actuellement. {i) Le climat de Brest (p. 1R9). A. CROVA. — INTENSITÉ bES RADIATIOA'S SOLAIRES 567 M. A. CEOYA Professeur à la Fn culte des sciences de Montpellier. SUR LA MESURE DE L'IWTEWSlTÉ CALORIFIQUE ET DE LA TRANSMISSIBILITE DES RADIATIONS SOLAIRES DANS LES OBSERVATOIRES MÉTÉOROLOGIQUES. — Séance du 4 septembre 1879.— Notre but n'est pas de faire un historique des divers acliiiomètres, mais d'indiquer seulement une méthode qui permet facilement, même à des observateurs peu expérimentés, de mesurer avec précision l'inten- sité calorifique des radiations solaires et leur absorption par une couche d'eau d'un centimètre d'épaisseur. Je fais usage de la méthode dynamique qui consiste, comme on le sait, à observer la marche d'un thermomèlre exposé alternativement aux rayons solaires et à l'ombre. Celte méthode oifre, pour les stations météorologiques et pour les observations faites en pleine campagne, les avantages suivants : 1" Il n'est pas nécessaire d'attendre que l'instrument ait pris une tem- pérature stationnaire, ce qui est souvent fort long, mais il suffit qu'il soit à peu près à la température de l'air ; 2° Il n'est pas nécessaire de mesurer la température de l'enceinte qui contient le réservoir thermoinélriquQ. J'ajouterai qu'une mesure complète exige moins d'un quart d'heure , cinq minutes quand l'appareil est prêt. Alin de rendre d'un us^ige [)rati(jue l'instrument qui m'avait servi dans mes premières recherches, j'ai réduit ses dimensions, je l'ai simplilié et rendu très portatif. Il a été construit avec beaucoup de soin par M. Ducre- tet, 89, rue des Feuillantines, à Paris. En voici la description, figuieCS. Cet aclinomètre se compose d'un thermomètre à alcool absolu Bïr, dont le réservoir R, revêtu d'une couche de cuivre galvanoplastique qui recouM-e la surface d'une mince couche d'argent déposée chimique- ment sur la surface du verre, est recouverte elle-même d'un dépôt électroiytique de noir de platine, dont le pouvoir absorbant est égal à celui du noir de fumée; quelques gouttes de mercure contenues dans le réservoir servent à former à volonté dans le tube des index de mercure qui permettent de mesurer l'augmentation de volume qu'éprouve, sous Viniluence de la chaleur solaire, la masse d'alcool contenu dans le réservoir spliérique du ihermomètre ; une ampoule cylindrique r, adap tée au bout du tube thermométrique T, reçoit l'excédant d'alcool et 568 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE les index de mercure successivement repoussés, par la dilatation, de l'alcool, ci l'exlrémité du tube thermométrique. Le tube est divisé en parties d'égale capacité; ses divisions sont arbi- traires, et la marche corrigée des index est convertie en calories reçues par minute, normalement, sur une surface d'un centimètre carré douée d'un pouvoir absorbant égal à l'unité, au moyen d'un coefficient numé- rique, variable avec chaque instrument et qui est donné avec lui (i). Le réservoir R est fixé au centre d'une enceinte spliériqueB en laiton, noircie intérieurement et nickelée au dehors, composée de deux hémisphères pouvant se séparer ou se réunir par un mouvement à baïonnette. Les radiations solaires reçues sur l'instrument pénètrent par un ori- fice circulaire percé dans un double écran eu laiton nickelé E, adapté à l'hémisphère mobib de l'enceinte, et qui en est isolé par une monture en caoutchouc durci. Le faisceau ainsi obtenu ayant un diamètre infé- rieur à celui de la boule thermométrique, la totalité des radiations qui en- trent dans l'enceinte est reçue sur le réservoir sphérique de l'actinomèlre. Un double écran en laiton nickelé E', se place sur l'ouverture de l'actinomètre lorsqu'on veut le mettre à l'abri des rayons solaires ; enfin, (1) Voir pour de plus iiniples détails sur ce sujet : Annale-^ de Chimie et de Phyuqrie, 5* série, t. XI, p. 433, ou bien : Mesure de l'intensité calorifique des radiations solaires, et de veur absor- ption jiar iatmoiyhèri: terrestre. Gauthicr-Villars, Paris, 1870. A. CîlOVA. INTENSITÉ DES IIADIATIÛ.NS SOLAIRES o69 un écran en laiton noirci E'", fixé normalement à l'extrémité du tube en laiton fendu qui entoure le tube thermomélrique, sert à orienter l'instrument dans la direction des rayons solaires ; il suffit pour cela de déplacer légèrement le tube au moyen du bouton lixé au-dessous de l'écran noirci, de manière que l'ombre des écrans nickelés E lui soit concentrique ; l'enceinte sphérique B est alors abritée des rayons solaires par ces écrans dont le diamètre est un peu supérieur au sien. L'instrument est porté sur un pied à trois branches P, très léger et se repliant de manière à pouvoir servir de canne; il est enfermé dans un étui très portatif dans lequel se trouvent aussi : 1° Une cuve en glace à faces parallèles E" que l'on remplit d'eau dis- tillée et qui se monte sur l'orifice de l'actinomètre ; elle est destinée à mesurer l'absorption qu'exerce sur les radiations solaires une couche d'eau d'un centimètre d'épaisseur ; 2" Deux thermomètres fronde T', l'un à réservoir nu, l'autre dont le réservoir est entouré de batiste que l'on mouille d'eau distillée au moment de l'observation, et qui sont destinés h mesurer la température de l'air et son état hygrométrique. Usage de Vactinomètre. — A l'état de repos, l'instrument enfermé dans son étui, sera suspendu verticalement, le réservoir en bas. Il est bon de marquer sur l'étui la partie qui doit se trouver en haut. Pour se servir de l'actinomètre, on le monte sur son pied, et l'on s'assure qu'il n'existe pas de bulles d'air dans le réservoir Ihermomè- trique; pour cela on dispose le tube verticalement, le réservoir en bas, on enlève l'hémisphère supérieur de l'enceinte B et l'on chauffe très légèrement la boule en en approchant la flamme d'une bougie; on chassera ainsi les bulles d'air dans l'ampoule supérieure r. Cette opé- ration doit être faite avec beaucoup de précautions; elle devient inutile si l'instrument est toujours tenu verticalement, la boule en bas. Il ne faut jamais loucher à la surface platinée en noir de la boule. Si elle était altérée, on l'enfumerait avec précaution à la flamme d'une bougie. Pour observer, on laisse l'instrument à l'ombre, dans la position ci- dessus, jusqu'à ce qu'il ait pris à peu près la température de l'air; alors on le renverse verticalement la boule en haut, et on l'expose au soleil jusqu'à ce que l'on voie poindre dans le tube fextrémité d'un index mercuriel; on adapte alors l'hémisphère supérieur, on renverse l'instru- ment la boule en bas, et, par une légère secousse on fait retomber dans la boule l'excédant de mercure ; on le relève doucement et on l'oriente de manière à centrer sur le disque E" l'ombre projetée par le soleil de l'écran E; on le maintient ainsi centré pendant la durée de l'observa- tion. On recouvre alors l'instrument de l'écran E', et au bout de deux 570 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE OU trois minutes, on commence robscrvation en lisant sur le tube les positions de l'index de minute en minute, au moyen d'une loupe, les rayons solaires étant alLernativement admis ou arrêtés par l'écran E'. Première lecture, l'écran étant placé sur l'instrument. Seconde lecture^ au bout d'une minute; cette lecture f ai te^ on enlève l'écran. Troisième lecture, au bout de la seconde minute. Quatrième lecture, au bout de la troisième minute ; cette lecture faite, on replace l'écran sur l'actinomètre. Cinquième lecture, au bout de la quatrième minute. Sixième lecture, au bout de la cinquième minute. La dillerence entre la troisième et la quatrième lecture donne réchauf- fement C, pendant une minute au soleil. Les différences entre la première et la deuxième, d'une part, et entre la cinquième et la sixième de l'autre, donnent les échauffements ou les refroidissements r et r', à l'ombre, pendant une durée d'une minute, à des intervalles égaux avant et après l'exposition au soleil. r -|— )"'. La marche corrigée est C -| ■ — — r et r' seront pris avec le signe plus s'ils représentent un refroidisse- ment, c'est-à-dire une rétrogradation de l'index, et avec le signe moins s'ils représentent un échautfement. L'observation étant terminée, on enlève l'écran E' pour que la dila- tation de l'alcool chasse l'air qui serait contenu dans le tube si l'index avait rétrogradé vers la fin de l'observation. Gela fait, on renverse 1 in- strument, la boule en bas, et il est prêt pour une seconde observation. On peut ainsi engager successivement plusieurs index dans le tube, à mesure qu"ils tombent dans l'ampoule r, et faire un grand nombre d'ob- servations. En renversant l'instrument et en le laissant refroidir à l'om- bre, le mercure repasse de l'ampoule dans le réservoir R. Si l'observation est faite à midi vrai, on obtiendra immédiatement la hauteur du soleil; dans le cas contraire, l'heure solaire vraie du lieu de l'observation servira h calculer la hauteur du soleil, et au moyen de tables convenables, on en déduira l'épaisseur atmosphérique traversée par les rayons solaires. Si l'on ne veut pas faire ces calculs, il est du moins indispensable de joiiidre à l'observation aetinométrique l'heure du mo- ment de l'observation. Pour obtenir la transmissibilité des radiations solaires à travers une couche d'eau d'un centimètre d'épaisseur, on remplira la cuve jointe à l'appareil, d'eau distillée purgée d'air par l'ébullilion et filtrée à plusieurs reprises sur du papier Berzélius blanc assez épais. On opère exacteinrait comme ci-dessus; il sera plus précis de j'aire trois déterminations à inter- A. CROVA. — INTENSITÉ DES RADIATIONS SOLAIRES bli valles égaux de temps : l'une de la radiation directe, l'autre de la ra- diation transmise, enfin une troisième de la radiation directe. La moyenne de la première et de la troisième donne la valeur de la radiation di- recte au moment de la seconde observation. Divisant la seconde par la moyenne de la première et de la troisième, on aura exactement le coefficient de transmissibilité cherché. Ce coefficient étant un simple rapport, il n'est pas nécessaire de convertir en calories les indications de l'actinomètre. La conversion de la marche corrigée de l'index en calories se fait en observant simultanément par un beau soleil à midi, et par un temps calme, l'actinomètre à étalonner et un pyrhéliomètre absolu à mercure. On obtient ainsi un coefficient numérique par lequel il faudra multiplier la marche corrigée do l'index, pour obtenir la valeur en unités de cha- leur; ce coefficient est donné avec chaque aciinomètre. Si, au contraire, on ne veut obtenir que des rapports de radiations, ce coefficient est inu- tile, et pour un même instrument, l'intensité de la radiation est pro- portionnelle à la marche corrigée de 1 index. Il est utile de mesurer la température de l'air et son état hygromé- trique pendant fobservation. On se servira pour cela des deux thermo- mètres fronde contenus dans l'étui de l'instrument. L'un d'eux tourné eu fronde donne la température de l'air. Le réservoir de l'autre est entouré d'une enveloppe de baptiste qu'on imbibe d'eau distillée; on le fait tourner en fronde jusqu'à ce que, l'enveloppe étant toujours moud- lée, la température du thermomètre soit devenue stationnaire. Des tem- pératures des thermomètres sec et mouillé, on déduira l'état hygromé- trique au moyen des tables psychrométriqufs. Enlin, il est bon de noter au moment de l'observation, l'état du ciel et la force et la direction du vent. Il serait à désirer que des mesures précises de fintensité calorifique des radiations solaires fussent entreprises aussi fréquemment que possi- ble dans les principaux observatoires météorologiques au moyen d'in- struments précis et comparables entre eux. Ces déteruiinations fourni- raient des données très utiles sur la constitution de notre atmosphère et notamment sur son pouvoir absorbant. Des mesures très rigoureuses faites avec continuité pendant une longue période dans les observatoires d'astronomie physique, permettraient de dégager probablement de la discussion des résultats obtenus l'influence périodique des taches solai- res et des passages d'astéroïdes sur la quantité de chaleur que nous recevons du soleil. En raison de la haute importance de ces mesures, j'ai pensé qu'il serait utile d'indiquer aux météorologistes un instrument commode et portatif qui permettrait d'aborder immédiatement l'étude de ces ques- tions. .T72 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE Yœu émis par la Section de Météorologie Dans sa séance du 8 septembre, la 7« section a émis le vœu suivant : Considérant qu'un observatoire météorologique sur les Cévennes, au point de séparation du bassin de l'Océan et de la Méditerranée, offre un grand intérêt scientifique et surtout pratique au point de vue de la prévision des orages, des pluies et de la crue des rivières, émet le vœu qu'un observatoire météorologique soit créé sur le mont Aigoual. Présentation de travaux imprimés ENVOYES AU CONGRES POUR ÊTRE COMMUNIQUÉS A LA SECTION. MM. Belgrand et Lemoine. — Observations sur les cours d'eau et la pluie en 1877. M. F.-A. FoKEL. — Études diverses sur les seiches du lac Léman, M. Hoffmeyer. — Distribution de la pression atmosphérique pendant l'hiver, etc. MM. Lalanne et Lemoine. — Service hydrométrique du bassin de la Seine; observations de 1877. — Les dernières crues de la Seine. M. Ch. Monïigny. — Sur la scintillation de l'étoile principale de y d'Andro- mède. M. Yan der Mensbrugghe. — Études sur l'énergie potentielle des surfaces liquides. 3™' Groupe. SCIENCES NATURELLES 8" Section GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE PnÉsiDEMT M. COTTEAU, Ancien président de la Société géologique de France. Vice-Présidents MM. De ROUVILLE, Professeur à la Faculté des sciences de Mont- pellier. POMEL, Sénateur. Secrétaires MM. COLLOT, Agrégé à l'École de pharmacie de Montpellier. LEENHARDT (Reaé) de Montpellier. M. EETÎJÈS Directeur du Musée d'histoiro naturelle de Marseille. LES AMiVIONITES DU LIAS. ■ (EXTn.VlT DU l'UOcicS-VERDAL) — Séance du 29 août 1879 — M. DE RouviLLE présente au nom de la famille de feu P. Retnès, ancien directeur du Musée d'histoire naturelle de Marseille, un recueil de planches d'ammonites du lias. C'est une partie de la monographie générale que Reynès avait entreprise et dont les m:itériaux étaient réunis dans la riche collection qu'il avait rassemblée etqui fait aujourd'hui partie du musée de Marseille. Mal- heureusement une mort prématurée a interrompu l'œuvre, et le texte descriplif manque à ces planches. Telles qu'elles sont, elles peuvent encore rendre des services aux paléontologistes et aux géologues. 574 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Le président remercie la famille Reynès au nom de l'Association et au sien propre, rappelant qu'il devait aux recherches de Reynès la connaissance de fossiles très intéressants sur lesquels il avait fondé son genre Tetracidaris, dont le type est le Tetracidaris, Reynesi. M. A. TOÏÏGAS Capitaine au 12= régiment d'infanterie à Lodève. NOTICE SUR LE TERRAIN CRHTACÉ DES CORBlÈRES. — Séance du 2 8 août 1879. — INTRODUCTION. M. Pérou a fait paraître dernièrement dans le Bulletin de la Société géologique de'France (1) une coupe de la montagne des Cornes (Aude), dans laquelle il place les grès à Échlnides de d'Arcliiac sous le deuxième niveau des calcaires à Hippurites cornuvaccinum, et il donne en même temps une série de fossiles qui rappellent bien la faune de la zone à Micraster Malheroni de la Provence, que j'ai signalée pour la première fois en 1872 (2). Le caractère essentiellement sénonien de cette faune ne m'ayant pas échappé, j'avais attiré l'attention des géologues sur la présence de ces assises à Micraster sous les barres à Rudistes du Beausset et de la Cadière. Ayant également eu l'occasion de voir à la Sorbonne, dans le cabinet de M. Hébert, des fossiles provenant des Gorbières, j'y avais reconnu un bon nombre d'espèces de la zone à Micraster Matheroni du Beausset, et j'en avais conclu que les mêmes assises devaient se trouver à la montagne des Cornes. Ce fait a été vérifié par M. Pérou; je suis heureux de pouvoir cons- tater que mon savant ami est arrivé aux mêmes conclusions que moi. 11 est vrai que les géologues qui ont écrit sur les Corbières ne sont pas d'accord sur la place qu'occupent ces grès à Échinides. A en juger par les différentes manières de voir, on pourrait croire que la géologie H) Bull. Soc. géol., 3° série, l V, p. *76. (2) Mam. Soc. géol., 2' séiie, l. IX, p. 31. A. TOUCAS. — SUU LE TEKRAIX CP.ÉTACÉ DES CORBIÈRES 575 de cette région présente des difficultés telles qu'il n'est pas possible d'en préciser nettement la succession des assises. M. Péron lui-même trouve que dans une région aussi accidentée, ce n'est qu'à la suite de recherches plus longues et plus minutieuses que celles qu'il a pu taire, qu'il sera permis de se prononcer d'une façon bien affirmative ; cepen- dant, dans ses observations, il n'a rien vu nulle part qui puisse justifier l'existence d'une faille ou d'un renversement. D'Archiac, Gourdon, Reynès et Leymerie, etc., ont fait paraître des coupes et des descriptions dans lesquelles les failles jouent un grand rôle; la présence de plusieurs niveaux à Hippurites paraît avoir embar- rassé ces géologues. D'Archiac a bien admis dans les Corbières deux niveaux à Hippurites ; mais malheureusement il les confond assez sou- vent ; c'est ainsi qu'il met au même niveau les Rudistes de la montagne des Cornes et ceux de la métairie de Linas, lorsque ceux-ci appartien- nent au preini(!r niveau et ceux-là an deuxième. Gourdon, qui me paraît avoir étudié plus particulièrement les envi- rons de Bugarach et de Soulage, n'a admis qu'un seul niveau à Hip- purites qu'il place sous les calcaires à Échinides, et il explique alors par une faille la présence des bancs à Rudistes au sommet de la mon- tagne des Cornes. Reynès, reconnaissant la faune sénonieune de la zone à Micraster Matheroni, établit une faille dans la coupe de d'Archiac. En présence d'opinions si dillërentcs, il m'était bien diflicilc de préciser la véritable succession des assises crétacées des Corbières, et, à plus forte raison, d'en établir la comparaison avec celles du bassin crétacé duBeausset; j'ai donc dû entreprendre une étude détaillée de cette partie du massif des Corbières citée i chaque instant par les auteurs, étude qui m'a permis de fournir de nouveaux arguments en faveur de la proposition que j'avais communiquée en 1870 à M. Péron, et qui avait pour but d'enlever au Turonien les calcaires à Échinides et par suite les dépôts à Rudistes qu'ils supportent. Déjà, dans sa note sur la place des calcaires à Échinides de Rennes-les-Bains, 31. Péron a apporté des preuves telles (jue, si la question n'est pas encore définitivement résolue, elle peut néanmoins être considérée comme très avancée. Mes nouvelles recherches en Provence^ et aux Corbières me permet- tront, je l'espère, de consolider cette idée, que j'établirai ensuite sur de solides arguments, tirés de la comparaison des divers bassins crétacés connus en France et en Allemagne. Pour le moment, je vais essayer dans cette simple notice de résumer les observations que j'ai faites dans le bassin des Corbières (Aude), et qui sei'ont détaillées dans un mémoire que j'espère pouvoir présenter à la Société géologique de France dans une de ses prochaines séances. SIQ GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE DIVISION DU TERRAIN CRÉTACÉ DES CORRIÈRES EN ÉTAGES ET ASSISES. Le bassin crétacé des Corbières présente sur tous les points une série d'assises parfaitement distinctes et faciles à reconnaître à leurs nombreux et beaux fossiles. Les localités les plus connues et le plus souvent citées par les auteurs sont: Kennes-les-Bains, Sougraigiie, Bugarach et Soulage. Les environs de Rennes-les-Bains et de Sougraigne constituent un bassin crétacé spécial dont la base s'appuie, au nord du hameau de Montfer- rand, sur le terrain de transition du mont Cardon, et dont les assises supérieures plongent au sud-ouest dans la vallée de la Sais. C'est au centre de ce bassin que se trouve la montagne des Cornes, renommée par ses riches dépôts de Budisles, dont les bancs plongent sous les gise- ments non moins connus de Sougraigne et de la Sais. Le village de Bugaracli est bâti au centre même d'un autre bassin crétacé, limité au sud par les calcaires Urgoniens et Oxfordiens de Lauzadel et du pic de Bugaracli. Le col de Capéla et les environs de la métairie du Linas sont les deux gisements les plus riches de ce nouveau bassin, identique au précédent et formé par le soulèvement, au sud de la Sais, de toutes les assises crétacées de Bennes-les-Bains. Ce mouvement, qui va de l'est à l'ouest, est dû à une rociie éruptive dont l'affleurement est visible en plusieurs endroits, particulièrement sous le col de Capéla, près des sources salées. Ces deux bassins paral- lèles de Rennes-les-Bains et de Bugarach s'étendent à l'est vers Camps, Cubières et Soulage, en se joignant à partir des sources salées, de façon à ne former plus qu'un seul et même bassin également remarquable par ses richesses paléontologiques. Une étude minutieuse de toutes les couches de ces divers bassins m'a permis d'établir la succession suivante dans les assises crétacées des Corbières. C'est le résumé des coupes que j'ai relevées sur les points les plus importants de cette région et qui paraîtront dans mon prochain travail. Premier étage (Urgo-Aptien). Calcaires à Toucasia Lonsdalei, Ostrea aqiiila et Orbitolina lenticularis. Deuxième étage (Gault). Marnes schisleu.-ej à Ammonites Millelianus. Troisième étage (Cénomanien). Sous-étage inférieur ( „ , . ^ ^ , -. ,• ^ { Calcaires à Orbilolina concava. Rhotomagien, Coq. Sous-étage supérieur Carantonien de Coq. 1" Calcaires à Ostrea flabella. 2» Calcaires à Caprinelles, Caprotines et Requiena cariaata. 3» Calcaires à Caprina adversa. A. TOUCAS. — SUR LE TERRAIN CRÉTACÉ DES CORBIÈRES o77 Quatrième étage (Turonien). Sous-étage inférieur ( 1° Calcaires marneux à Terebralelles. Ligérien, Coq. | 2° Grès à Nérinées. il" Calcaires à Hippurites cornuvaccinum et bip Requieni (l"" niveau à Hippurites). 2° Calcaires à Spliserulites. 3" Calcaires à Ceratites Fournelt. Cinquième étage (Sénonien inférieur ; Saiitonien, Coq). Sous-étage inférieur. 5 Grès et calcaires marneux à Micraster Matheroni. / 1° Calcaires marneux et marnes à Inoceramus digitatus. „ . \ 2° Calcaires à Hippurites bioculata (2' niveau à bip.). Sous-etage moven. < o r. • . x n i j . . ° •' 13" Grès quartzeux à Palœmon dentatus. ( 4» Calcaires marneux à Hippurites bioculata (3" niveau à bip.). Sous-étage supérieur. | Grès marneux de Sougraigne et du moulin Tiffou. Sixième étage (Sénonien supérieur; Campanien, Coq). ( l" Grès et sables à Ligniles à la base. ) 2» Grès d'Alet, à la partie supérieure. Septième étage (Danien). » { Argiles rouges, avec conglomérats et calcaires blancs intercalés. DESCRIPTION GÉOGRAPHIQUE DES DIVERS ÉTAGES ET PRINCIPAUX FOSSILES CARACTÉRISTIQUES DES ASSISES. Premier et deuxième étages. — Les calcaires gris compacles à Tou- casia Lonsdalei, qui caractérisent partout l'urgonien de d'Orbigny, se montrent au-dessus des sources salées et sous le col de Capéla, où ils forment la base de tout le bassin de Bugarach; ils constituent égale- ment plus au sud avec les calcaires oxfordiens, auxquels ils sont adossés, le massif du pic de Bugarach et la chaîne qui s'étend de l'est à l'ouest entre le plateau de Saint-Paul et Saint-Louis. Au-delà de cette chaîne de montagnes, la vallée de Caudiès et de Saint-Paul est formée par des marnes schisteuses noirâtres, qui renferment des fossiles caractéristiques du Gault. Ces marnes, disposées en couches verticales, sont adossées aux calcaires Urgo-Apliens, que j'ai désignés ainsi parce qu'ils renferment comme à la Clape, près de Narbonne, avec la Tou- casia Lonsdalei, TOstrea aquila et l'Orbilolina lenticularis. Troisième étage. — Le Cénomanien commence dans tout le bassin avec la zone à Orbitolina-Concava. Cette assise est particulièrement caractérisée sous le col de Capéla, où ou peut ramasser de nombreuses 37 578 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Orbitolines libres ; elle existe également au nord de Rennes-les-Bains vers le massif du mont Cardou. Les calcaires à Ostrea ttabella succèdent régulièrement aux calcaires à Orbitolines, et ils sont eux-mêmes recouverts par une assise d'Ich- tyosarcolites (caprinelles, caprotines et requienies). Les calcaires à Gaprina adversa terminent cet étage dans les Corbières comme en Provence et dans la Charente. Toutes ces assises cénomaniennes sont faciles à reconnaître au-dessus des sources salées et aux environs du col de Capéla ; on les observe encoj-e au nord de Rennes-les-Bains, Quatrième étage. — Cet étage peut très bien être étudié dans tous ses détails entre le col de Capéla et la métairie du Linas, ainsi qu'entre les sources salées et la route des Capitaines à Camps ; il se compose de cinq assises, caractérisées chacune par une faune toute particulière. Dans les calcaires à Terebratelles, qui constituent la base de mon quatrième étage, j'ai recueilli de nombreux fossiles, parmi lesquels se trouvent les espèces suivantes de la craie de Touraine : Ditrupa déforme, Lam. Terebratula biplicata, Def. Pleurotomaria Mailleana, d'Orb. Radioles de Cidaris pseudosceptrifera. Ostrea eburnea, Coq. Terebratelles voisines du Ter. Caranto- Ostrea columba, Desh. nensis, d'Orb. Ostrea carinata, Lam. et une grande quantité de polypiers turoniens, tels que : Plaeosmilia Parkinsoni, Edw. et Haime. Astrocœnia ramosa, Edw. et Haime. Placosmilia arcuata, Edw. et Haime. Thamnastrea composita, Edw. et Haime. C'est bien là le représentant des mêmes assises à Terebratelles de la Charente et de la Touraine, qui correspondent à la zone à Periaster Verneuili et Ammonites nodosoïdes de la Provence. Les grès jaunes sableux à Nérinées et à Ostrea eburnea qui recouvrent ces calcaires à Terebratelles font encore partie de la craie de Touraine, dont ils représentent les couches supérieures. Les calcaires à hippurites, qui viennent ensuite, correspondent à la zone à Radiolites cornupastoris de la Provence et de la Charente ; ils renferment : Hippurites drganisaris, Mont. Hippurites Requieni, Math. — Toucasi, d'Orb. Sphœrulites Pailleteana, d'Orb. — cornuvaccinum,Bronn. Plagioptychus Aguilloni, d'Orb. C'est mon premier niveau à hippurites que j'ai signalé en 1872 dans le bassin du Beausset et en 1875 dans le bassin d'Uchaux. Des calcaires eti plaquette, d'environ 40 millimètres d'épaisseur, suc- A. TOUCAS. — SUR LE TERRAIN CRÉTACÉ DES CORBIÈRES o79 cèdent aux calcaires précédents ; je n'y ai rencontré que quelques petites Ostrea, voisines de l'Ostrea Mornasiensis, qui se trouve au même niveau à Uchaux; ils représentent la zone à Radiolites lurabricalis de la Charente . On voit très bien sur la route entre les Capitaines et Camps, au-dessus des calcaires en plaquette, des calcaires compactes pétris de Sphaerulites Desmouliniana, Spha3. Ponsiana, Sphœ. Sauvages!, qui se trouvent donc là au même niveau que les calcaires à Sphaerulites Sau- vagesi de la Charente. La zone à Radiolites cornupastoris du Beausset présente cette même succession ; M. Goquand vient également de l'observer aux Martigues. Partout dans le bassin d' Uchaux ces Sphœrulites occupent aussi un niveau un peu supérieur à celui des Polypiers et de l'Hippurites Requieni. D'ailleurs d'Orbigny et Scip. Gras citent bien la Sphœrulites Sauvagesi dans les environs d'Uchaux et de Sommelongue, associée à la Sphasrulites Desmouliniana, niveau bien inférieur à celui des Rudistes de Piolenc. Ces calcaires à Sphœrulites existent donc dans tous les bassins de la Provence, des Corbières et de la Charente, et ils occupent toujours la partie supérieure de la zone à Radiolites cornupastoris ou de mon premier niveau à hippurites, auquel ils sont intimement liés ; car sur quelques points les Sphaerulites sont mêlées aux Hippurites, et il serait bien difficile d'en taire non seulement un sous-étage, mais même des assises distinctes. Cette parallélisation de tous les calcaires à Rudistes de la Charente avec ceux de la zone à Radiolites cornupastoris du midi de la France a une grande importance, parce qu'elle m'a permis de préciser la place qu'occupent les calcaires à Echinides des Corbières, et de fixer par conséquent l'âge de la zone à Micraster Matheroni. Les couches à Echinides ne recouvrent pas directement ces calcaires à Rudistes dans les Corbières, comme d'ailleurs en Provence et dans la Charente ; elles en sont séparées par une assise de calcaires plus ou moins marneux. Le hameau de Montferrand, la métairie du Linas et les environs de Soulage sont même sur cette assise qui renferme une grande quantité de fossiles dont les plus caractéristiques sont : Ceratites Fourneli, Desh. Rhyachonella latissima, Sow. PterodOnta inflata, d'Orb. Cyphosoma Archiaci, Cott. Voluta elongata, Sow. Hemiaster voisin de l'hem. Gauthieri , Anatina Royana, d'Orb. Péron. Arca Matheroniana, d'Oib. Periaster Verneuili, Desor. Tapes Cenomanensis, dOrb. Placosmilia Parkiusoni, Edw. el llaime. Ostrea eburnea, Coq. S80 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Cette faune est plutôt turonienne que sénonienne; mais ces calcaires à Ceratites Fourneli renferment également quelques espèces comme : Janira quadricostata, Ostrea proboscidea et un grand nombre de moules de Natices, Nérinées, Pterodontes el Turritelles que l'on retrouve dans les grès et calcaires à Echinides. Comme on le voit, cette assise sert d'intermédiaire entre le quatrième et le cinquième étage. Cinquième étage. — Cet étage commence dans les Corbières par une assise de grès et de calcaires marneux très bien caractérisés par les Echinides suivants : ftlicraster Matheroni, d'Orb. Mie. brevis, Desor. Holaster integer, Ag. Echinocorys vulgaris, Breyn. „ ,. , „, l Cidaris sceptrifera, Maiit. Radioles et lest ^, , . , ,,^ , ( Id. subvesiculosa, dOrb. ild. Jouanneti, Des Moul. Id. clavigera, Kœnig. Id. gibberula, Desor. Orthopsis miliaris, Cott. Cyphosoma magnificum, Ag. On y rencontre aussi grand nombre d'autres fossiles, particulière- ment : Nautilus Sowerbyanus, d'Orb. Inoceramus cripsi? Mant. Ammonites tricarinatus, d'Oib. Spondylus spinosus, Desli. — Carolinus? d'Orb. Ostrea proboscidea, d'Arch. — Pailleleanus, d'Orb. Rhynchonella dilForrais, d'Orb. — Prosperianus, d'Orb. Cyciolites discoidea, Blainv. Isocardia ataxensis, d'Orb. — elliptica, Lamk. — Pyrenalca, d'Orb. Trochosmilia inconstans, Ed. de From. La plupart de ces espèces sont caractéristiques de la craie de Ville- dieu et se rencontrent au même niveau dans la Charente et dans les environs du Beausset ; il n'y a donc plus de doute possible sur la paral- lélisation de la zone à Micraster Matheroni avec la craie de Villedieu ; d'ailleurs la présence de l'inoceramus digitatus et des Spongiaires au- dessus de cette zone dans le bassin du Beausset prouve bien que la succession de ces assises est la même que celle qui a été indiquée dans le nord par M. Barrois (1) et dans la Westphalie par 31. Schluter (2). (1) Bakrois. Annales Société géol. du Nord. Mémoire sur le terrain crétacé des Ardennes et des régions voisines, t. V, page 227. (2) ScHLtiTER. Verbrcilung der Cephalopodcn in der ubeicn Kieidcr Norddeutschlands. A, TOUCAS. — SUR LE TERRAIN CRÉTACÉ DES CORBIÈRES S81 Une étude comparative du terrain crétacé supérieur du midi de la France avec celui du nord et des Alpes autrichiennes me permettra de démontrer dans mon prochain travail que la craie de Villedieu com- mence bien au-dessous des bancs supérieurs, à Hippurites, de la mon- tagne des Cornes et du Beausset, et que par suite ces dépôts à Rudistes, qui constituent le Provencien de Coq, sont simplement intercalés au milieu des assises santoniennes. Aux Corbières, la zone des calcaires à Echinides est recouverte par une série de marnes et de calcaires marneux peu fossilifères, qui occu- pent bien la place de la zone à Inoceramus digitatus du Beausset, du nord de la France et de la Westphalie. Je n'ai pas trouvé ce fossile dans les environs de Rennes -les-Bains ; mais il est cité par Goua'don dans les couches à Echinides. Les calcaires à Hippurites (2® niveau) se montrent à la montagne des Cornes comme au Beausset, au-dessus de ces calcaires marneux. Dans le bassin de Bugarach, ils sont généralement remplacés par des grès quartzeux ou des calcaires veinés très compactes et très peu fossilifères. Dans les environs de Camps, de Cubières et de Soulage, on observe la même série qu'à la montagne des Cornes, c'est-à-dire que les calcaires à Echinides s'y montrent entre deux niveaux à Hippurites. Une assise de grès quartzeux, tantôt friable, tantôt en plaquette, recouvre directement les calcaires à Hippurites, du sommet de la mon- tagne des Cornes, aux environs du lac Barrenc; je n'y ai trouvé qu'un seul fossile voisin du Pala^mon dentatus. Ces grès disparaissent au sud- ouest sous un banc de calcaires marneux pétris de Rudistes et de Poly- piers, qui constituent mon troisième niveau à Hippurites. Ce dépôt de Rudistes renferme, comme au Beausset, toutes les espèces du premier niveau, excepté Radiolites cornupastoris, Sphserulites Pon- siana, Sphae. Pailleteana et Hippurites Requieni, qui restent cantonnées dans la première zone. Les Hippurites suivantes : Hippurites bioculata, Hippurites dilatata, Hippurites canaliculata, qui ont commencé à paraître dans les bancs du deuxième niveau, caractérisent plus particulièrement le troisième niveau, où elles forment de riches dépôts. Ces trois niveaux à Hippurites existent également dans le bassin du Beausset, où ils présentent à peu près les mêmes caractères. Les bancs à Rudistes des deuxième et troisième niveaux renferment au Beausset comme aux Corbières un grand nombre d'espèces santo- niennes, telles que : Lima ovata, Pholadomya royana, Acteonella crassa, Terebratula Nanclasi, Radiolites fissicostata, Monopleura Arnaudi, Mono- pleura Marticensis, Ostrea santonensis, Ostrea Merceyi, Pyrina ovulum, Pentacrinus carinatus, Bourgueticrinus ellipticus, Cyphosoma microtu- berculatum, Cidaris pseudopistillum, Salenia scutigera, etc. 582 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Dans les Alpes autrichiennes, d'après M. Zittel, la formation crétacée de Gosau comprend également plusieurs niveaux d'Hippurites, au milieu desquels se trouvent plusieurs fossiles santoniens. Il ne peut donc pas y avoir de doute sur la place des dépôts à Hippurites, surtout sur celle des deuxième et troisième niveaux, qui sont véritablement intercalés au milieu des assises santoniennes. Je suis même disposé à croire que ces Rudistes forment des bancs tout à fait accidentels, et que leur absence n'implique nullement une lacune ou une interruption dans la succession des assises ; j'espère pouvoir le démontrer dans l'é- tude comparative que j'ai entreprise entre la craie du nord et la craie du midi et des Alpes. D'ailleurs dès aujourd'hui je puis certifier que cette opinion est également celle de MM. Coquand et Zittel, que j'ai eu l'honneur et le plaisir de conduire dernièrement dans les environs du Beausset et de la Cadière. Ces deux savants paléontologues ont été frappés de la netteté des coupes et ont approuvé mes nouvelles idées. Ainsi encouragé par l'autorité de ces deux grands maîtres, je n'ai pas hésité à annoncer dans cette simple notice le résultat de mes nouvelles découvertes basées sur des preuves incontestables. Les bancs à Rudistes de la montagne des Cornes plongent au sud- ouest et disparaissent sous des grès marneux, qui constituent la cin- quième zone de mon cinquième étage. J'ai désigné ces grès sous le nom de grès marneux de Sougraigne et Moulin-Tiffou, à cause des riches gisements qui se trouvent dans les environs de ces deux loca- lités, souvent citées par les auteurs, mais toujours à des niveaux différents. En descendant du sommet de la ^montagne des Cornes vers la Sais, on voit très bien que les calcaires à Hippurites sont recouverts par des grès marneux peu fossilifères, dont les bancs se redressent à mesure que l'on s'approche de Sougraigne, et c'est un peu avant d'arriver à ce vil- lage que l'on traverse les couches les plus fossilifères. Les fossiles les plus caractéristiques sont : Delphinula radiata, Zek. Crassatella regularis, d'Orb. Turitella sexlineata. Rœm. Lima ovata, Rœm. Natica bulbiforrais, Sow. Pholadomya Royana, d'Orb, Acteonella gigantea, d'Orb. Tellina Venei, d'Arch. Rostellaria pyrenaica, d'Orb. Janira quadricostata, Sow. Cerithium hispiduin, Zek. Cyclolites discoidea, Blainv. Trochus Sougraignensis, d'Arch. et un grand nombre de Polypiers (Monastrées, surtout du genre Tro- chosmilia). Cette faune rappelle bien celle des calcaires marneux, qui dans le bassin du Beausset sont supérieurs aux bancs à Hippurites de la Cadière A. TOUCAS. — SUR LE TERRAIN CRÉTACÉ DES CORBIÊRES S83 et du Gastellet ; on la retrouve dans les marnes bleues du Moulin Tif- fou, près de Rennes-les-Bains, et dans une grande partie des couches qui forment le lit de la Sais, entre Sougraigne et le Moulin Tif- fou. Je ne puis m'expliquer comment des géologues ont pu admettre que les grès marneux de Sougraigne étaiiînt parallèles aux calcaires à Echi- nides, lorsqu'il est si facile de voir leur superposition au-dessus des bancs à Rudistes, qui sont eux-mêmes supérieurs aux calcaires à Echi- nides. Cette succession se vérifie d'ailleurs encore mieux lorsqu'on se dirige de Sougraigne vers les sources de la Sais. Dans ce trajet on coupe la série descendante de ces mêmes assises, qui constituent la montagne des Cornes, et on y aperçoit très bien, par suite du plongement général des couches vers l'Ouest, d'abord les calcaires à hippurites, qui reparaissent sous les grès marneux, et ensuite les calcaires à Echinides, qui pré- sentent là, près de Clamens, un gisement remarquable. En continuant ainsi vers les sources salées, on traverse successivement toutes les assises dont j'ai donné la description. En résumant les observations précédentes, on voit que mon o" étage comprend aux Corbières comme au Beausset : 1° Les calcaires à Micraster Matheroni, véritable représentant de la craie de Villedieu ; 2° Les calcaires marneux à Inoceramus digitatus ; 3" Les grès et calcaires marneux à faune Santonienne , au milieu des- quels sont intercalés plusieurs bancs de Rudistes ; 4° Les grès marneux de Sougraigne et du Moulin Tiffou, ou les marnes et calcaires marneux du Moutin et du Gastellet. Cet étage a comme correspondant dans la Westphalie : 1° La zone à Epiaster brevis j 2° L'Emscher-Mergel ! de M. Schlutter. S" L'Unter Senon (part, inf.) ] Dans le nord de la France : 1° La craie de Vervins, j 2° La zone à Micraster cortestudinarium, / ^^ ^ Barrois 3° La zone à Inoceramus involutus, et la craie à ( Micraster cx)ranguinum, 1 Et dans les Alpes autrichiennes : Toute la formation de Gosau, de M. Zittel. Mon cinquième étage ayant à la base la craie de Villedieu et à sa partie supérieure la craie à Micraster coranguinum, ne peut évidemment appar- tenir qu'au sénonien. S84 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Mais comme l'étage de d'Orblgny comprend encore les zones à Belem- nitelies il s'en suit que les grès à lignites et les grès d'Alet qui forment mon sixième étage des Corbières se trouvent parallèles à ces zones à Belemnitelles et constituent par conséquent le Sénonien supérieur de d'Orbigny. Les subdivisions de M. Coquand conviennent bien alors à ces deux parties si différentes du Sénonien des Corbières et de la Provence : le Santonien, pour le Sénonien inférieur^ et le Campanien, pour le Séno- nien supérieur. Le Santonien comprendra ainsi tout mon cinquième étage, c'est-à- dire : 1° A la base, la craie de Villedieu à Micraster brevis. 2° Au centre, la zone à Inoceramus digitatus et les grès et calcaires marneux renfermant les bancs à Rudistes (deuxième et troisième niveaux à Hippurites). 3" A la partie supérieure, les assises de Sougraigne et du Moulin, pa- rallèles à la craie à Micraster coranguinum. Sixième étage. — Lps grès marneux de Sougraigne et du Moulin Tiffou sont recouverts par une série de bancs de grès et de sables gris, qui constituent la base d'une grande formation gréseuse, désignée par Ley- merie sous le nom de grès d'Alet. Ces grès et sables gris renferment des dépôts de jais, qui ont été ex- ploités sur plusieurs points, particulièrement sur le chemin de Rennes- les-Bains à Sougraigne dans la vallée de la Sais; ils représentent évi- demment les dépôts à lignites de la Cadière et du Plan d'Aups, qui se trouvent au même niveau, c'est-à-dire à h partie supérieure du Sénonien ou dans le Campanien de M. Coquand. Septième étage. — Des argiles rouges succèdent aux grès d'Alet sur la rive gauche de la Sais dans les environs de Rennes-1 es-Bains, et formoit la plus grande partie des hauteurs situées entre ce village et Couiza. Des bancs de conglomérats et de calcaires gris très compactes sont in- tercalés au milieu de ces argiles, qui appartiennent à la formation garu- mienne de Leymerie. Ces assises, supérieures au Sénonien, doivent être classées dans le Danien; elles sont couronnées dans les environs de Couiza par des marnes et des calcaires nummulitiques très fossilifères. LEMOINE. ~- FOSSILES DU TERTIAIRE INFÉRIEUR 585 M. le Docteur Victor LEMOIUE Docteur es sciences, Professeur à l'école de médecine de Reims. SUR LES OSSEMENTS FOSSILES DES TERRAINS TERTIAIRES INFÉRIEURS DES ENVIRONS DE REIMS. — Séance du 29 août 1879. — S'il est une question qui passionne actuellement le monde scientifi- que, c'est celle de l'origine des espèces. Le problème à résoudre présente même un tel intérêt que l'esprit, impatient d'arriver à une solution immédiate, se soumet difficilement à la véritable méthode scientifique, c'est-à-dire à l'observation longue, attentive et impartiale des faits. Les faits à observer pour la solution du problème qui nous occupe, peuvent être empruntés, soit au monde organisé -actuel, soit aux faunes et aux flores éteintes, et la paléontologie promet à ce point de vue de prêter un bien précieux concours. D'éminents naturalistes ont déjà commencé à coordonner les observa- tions relatives soit à la paléontologie végétale, soit à la paléontologie animale. Mon rôle infiniment plus modeste aujourd'hui serait d'apporter quel- ques matériaux nouveaux pour la solution du problème. Les faits dont j'ai à vous entretenir résultent de dix années de recher- ches. Ils ont pour objet une des plus anciennes faunes connues, celle de l'Eocène inférieur, c'est-à-dire des premières couches tertiaires du bassin de Paris. La pauvreté de cette faune contrastait jusqu'ici avec la richesse des âges suivants, les mammifères se réduisaient à trois ou quatre, mais leur ancienneté, en même temps que l'étrangeté de leurs formes, pré- sentaient déjà un réel intérêt. J'ai pu réunir actuellement une quarantaine de mammifères, corres- pondant aux divers groupes des Carnassiers, des Insectivores, des Ron- geurs, des Pachydermes. Les types d'oiseaux nouveaux seraient au nombre de cinq, quelques-uns de grande taille et se rapprochant sous certains rapports des reptiles. Les reptiles appartiennent à tous les groupes actuels, tortues, croco- diles, lacertiens, serpents. Quelques-uns représentent des types inter- médiaires actuellement éteints. Certaines de ces pièces osseuses par leur complication rappellent les oiseaux. 586 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Les poissons, d'autre part, les plus répandus à cette époque, se rap- prochent singulièrement des reptiles. Le total de ces types nouveaux dépassant la centaine, je ne puis que vous en tracer une esquisse bien rapide. Les considérations zoologiques relatives aux. mammifères de cette époque sont des plus étranges, et l'étude minutieuse de leurs débris conduit à l'impossibilité de rattacher ces types éteints aux types actuels. Ce qui prédomine avant tout dans ces formes zoologiques, c'est le carac- tère mixte, et le degré de complexité paraît d'autant plus considérable que l'animal est plus ancien. Ainsi les carnassiers actuellement si nets, si distincts, sont à cette époque des types complexes tenant des carnassiers, des pachydermes, avec quelques caractères lémuriens et marsupiaux. Leurs longues mâ- choires, la forme si anormale de leurs dents, les faibles dimensions de leur boîte crânienne, et par suite de leur cerveau, en font une classe •différente de tout ce que nous connaissons actuellement, et l'expression de Créodontes, déjà employée en Amérique, me paraît pouvoir être ap- pliquée à cet ensemble. Malgré l'étrangeté de formes de ce groupe zoologique, on y trouve déjà les divisions physiologiques actuelles. Nous avons des Créodontes omnivores comme les Ursidés, des Créodontes essentiellement carnas- siers comme les Félidés, les Hyènes ; enfin des types intermédiaires comme les Canidés, les Viverridés actuels. Dans le premier groupe nous plaçons le genre Arctocyon déjà signalé par de Blainville et dont nous avons pu compléter l'étude. — Voyez la singulière conformation du système dentaire, qui rappelle à la fois les Ursidés et les Porcins, notamment l'Entelodon. La forme du crâne, l'inclinaison de l'angle de la mâchoire, les perfo- rations de l'extrémité inférieure de l'humérus rapprochent ce type car- nassier du groupe des marsupiaux ; ses vertèbres caudales ne sont pas sans analogie avec celles des lémuriens. Nos deux espèces rémoises {A. Gervaisii, A. Dueilii), paraissent diffé- rer de l'Arctocyon primœvus (De Blainv) . Dans le groupe le plus carnassier, nous rangerons le nouveau genre rémois Hyœnodictis, que nous avons ainsi appelé parce que ses molaires semblent tenir à la fois de celles de l'Hyœnodon et du Palœonictis. Les prémolaires, par leur double pointe recourbée, rappellent les mêmes dents des genres Oxyœna, Pterodon, Palœonictis. Les arrière- molaires sont armées d'un fort talon recourbé qui rappelle le talon de la carnassière des genres Felis, Machairodus, Pseudœlurus, Hyœna, Hyœnictis, Hyœnodon, mais la colline antérieure, à deux pointes étroi- V. LEMOINE. — FOSSILES DU TERTIAIRE INFÉRIEUR S87 tement accolées, forme un caractère tout spécial — l'astragale réunit les caractères du même os chez les carnassiers et les lémuriens. — Paral- lèlement aux canidés et aux viverridés actuels, nous placerons comme type rémois le Proviverra Palœonictides, que nous appelons ainsi à cause de l'analogie de forme de sa dernière molaire avec celle du Palœonictis . Le fémur, le calcaneum, l'astragale semblent réunir les caractères du même os chez les carnassiers et les pachydermes. Vient maintenant une longue série de petits mammifères qui paraissent tout à fait caractéristiques de l'époque. Fait bien remarquable, les os des membres recueillis jusqu'ici semblent indiquer la conformation des animaux grimpeurs ; et peut-être la nature éminemment marécageuse du sol de cette époque, la multiplicité des cours d'eau et des terrains inondés, auraient-elle rendu fort dangereuse, sinon impossible, une station constamment terrestre pour ces petits animaux, qui trouvaient un refuge sur les arbres voisins. Un éminent paléontologiste a déjà fait remarquer comment les grosses espèces de pachydermes pouvaient, grâce à leurs larges pattes destinées à soutenir leur corps pesant, ne pas enfoncer dans la vase des maré- cages et traverser à la nage les cours d'eau. Quoi qu'il en soit, ces habitudes grimpeuses des petites espèces ten- dent à leur donner l'aspect des lémuriens actuels, notamment de ceux de Madagascar. — Quelques détails dentaires les en rapprochent égale- ment, mais d'autres les en éloignent, notamment le redressement de la canine inférieure et le cachet éminemment Hyracotherium imprimé à leurs molaires supérieures, cachet qui semble, du reste, caractéristique de la faune mammalogique de cette époque. Le caractère commun aux molaires de ces divers animaux, c'est la présence d'une cupule qui remplace la colline postérieure normale des pachydermes. — Quant aux denticules dentaires proprement dits, rien n'est plus variable que leur disposition, ils semblent indiquer, les uns un régime nettement carnas- sier, d'autres un régime nettement frugivore, d'autres un régime mixte. Le plus grand nombre de ces petits animaux semble avoir été insec- tivore. De là certaines analogies avec les insectivores et quelques pachydermes actuels. Nous retrouvons également chez quelques-uns d'entre eux des caractères marsupiaux. L'expression de Mésodontes, déjà employée en Amérique, semble bonne pour caractériser ce groupe. Le nombre des types qu'on peut y rattacher est déjà assez considé- rable. Pour la faune rémoise, nous signalerons le genre Pi-otoadapis (Nob.) caractérisé par ses deux paires de petites incisives, ses canines sail- lantes, ses arrière-molaires formées d'un promontoire antérieur tricus- 588 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE pidé, assez différent de la colline oblique des Adapis, et une cupule postérieure. Elles sont au nombre de trois. Il y a trois, parfois quatre prémolaires, mais dans ce cas, la première est gemmiforme et extrê- mement petite. Protoadapis Copei (Nob).. — Crassicuspidens (Nob.). — Recticuspidens (Noh.). — Curvicuspidens (Nob.). Le genre Plesiadapis, créé par M. Gervais sur deux fragments de maxillaire inférieur que nous lui avions communiqués, est bien remar- quable par sa paire unique de grandes incisives, qui nous offre dans ses diverses espèces, les transitions de formes les plus intéressantes depuis la disposition tricuspidée jusqu'au type unicuspidé mince et aigu. Les molaires inférieures sont cupuliformes, les molaires supérieures rappellent celles des Lémuriens. La forme générale du maxillaire inférieur et des molaires offre beaucoup d'analogie dans les genres Protoadapis et Plesiadapis, mais l'absence des canines et le développement de la paire unique d'incisives chez le Plesiadapis semblent nécessiter, au moins pour le moment; l'établissement de deux genres. Des découvertes ulté- rieures démontreront-elles qu'il s'agit là de deux formes successives de dentition chez les mêmes animaux? Plesiadapis Tricuspidens (Gervais). — Chevillonii (Nob). — Daubrei (Nob.). Nous rattachons provisoirement aux genres américains Miacis (Cope) et Diacodon (Cope) ces fragments de maxillaire dont les molaires pré- sentent des cupules entourées de dentelures. Miacis Sp. Diacodon Pomelii (Nob.). Ces singulières molaires à promontoire antérieur festonné et à cupule arrondie ayant un bord tranchant rappellent le genre Opisthotomu.s (Cope). 0. Munieri (Nob.). Cette molaire unique à mamelons multiples et surbaissés aurait de l'analogie avec les mêmes dents du genre Phenacodus (Cope). Ces derniers noms génériques sont empruntés à la faune nouvelle- ment découverte par M. Cope dans le Nouveau-Mexique. Effectivement, les terrains éocènes des environs de Reims et du Nouveau-Mexique, semblent être actuellement, parmi les couches de la même époque, celles qui se ressemblent le plus au point de vue de la faune. V. LEMOLNE. FOSSILES DU TERTIAIRE INFÉRIEUR 589 Des rapprochements de même ordre entre l'Amérique et la France ont été faits au point de vue de la flore par M. de Saporta. Parmi les os des membres attribuables au groupe des Mésodontes, si- gnalons ces humérus à double perforation susépitrochléenne et olécra- nienne, ces cubitus remarquables par la brièveté de leur olécrane, ces radius dont la tête arrondie indique la possibilité des mouvements étendus de pronation et de supination, ces fémurs à trois trochanters, ces tibias à crête saillante. Voici un astragale bien remarquable par sa forme très allongée, et sa poulie superficielle qui rappelle, mais avec exagération, la conforma- tion du même os chez les Lémuriens. Les métatarsiens sont allongés : les phalanges longues, recourbées à arêtes latérales ; les phalangines indiquent le redressement possible des phalangettes. Voici une phalan- gette singulièrement aplatie et élargie vers son extrémité libre et qui, par suite, forme un type réellement intermédiaire entre les Onguiculés et les Ongulés. Nous arrivons maintenant à la description de deux types qui parais- sent devoir rentrer dans le groupe américain des Tœniodontes. Si nos rapprochements sont exacts, ces singuliers mammifères sem- bleraient tenir à la fois des Mésodontes dont nous venons de parler, des Rongeurs et des Édentés actuels. Nous avons en effet trouvé en même temps des molaires rappelant à la fois le protoadapis et l'écureuil, des incisives de rongeur et de singulières phalanges à nœuds résultant de la soudure des phalanges et des phalangines. — Parmi les mammifères actuels, le paresseux du groupe des édentés, est le seul à offrir ce genre de soudure. Notons que les molaires et les os des membres recueillis en Amérique offri- raient également une certaine analogie avec les mêmes pièces osseuses du groupe des édentés. Les pachydermes de cette époque sont nombreux, et quelques-uns semblent offrir une réelle affinité avec les mésodontes qui seraient ainsi reliés aux pachydermes proprement dits. Les pachydermes à doigts pairs sont représentés par les genres Lo- phiodochœrus et Dichobune. Le genre Lophiodochœrus (Nob). serait caractérisé par ses trois arrière- molaires inférieures à quatre pointes surbaissées réunies par une ligne diagonale. La dernière arrière-molaire présente un talon très détaché. Ce cubitus et ce calcanéum sont bien caractéristiques du groupe des pachydermes à doigts pairs. — Lophiodochœrus Peroni {Nob.). — Deux autres espèces, l'une plus grande, l'autre beaucoup plus petite, sont indiquées par des molaires détachées. O90 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Au genre Dichobune (Cuvierj, nous croyons devoir rapporter ces mâ- choires caractérisées par trois arrière -molaires à quatre denticules net- tement isolés les uns des autres ; les quatre prémolaires sont tranchantes et la première, par suite de son développement, est réellement canini- forme. Cet astragale, ce métatarsien et cette phalange sont bien caracté- ristiques. Dichobune Owenli (Nob.j. Z). Campichii? (Pictet). Les pachydermes à doigts impairs sont plus nombrt^ux. Le genre Pleuraspidotherium (Nob.j serait caractérisé par ses arrière- molaires à pointes inclinées en dehors, — caractère qui ne se retrouve plus maintenant que chez le Koala, — les denticules externes contour- nées en croissant rappellent le groupe éteint des Paleotheriura, mais le talon de la dernière molaire est nul ou rudimentaire. Le fémur à trois trochanters est bien caractéristique. Pleur aspidotherium Aumonieri (Nob.). — Delessei (Nob.j. Les pachydermes dont nous allons maintenant nous occuper ont de l'analogie avec le daman actuel de Syrie, avec les genres éteints Lophiotherium (Gervaisj, Pachynolophus (Pomel) du bassin de Paris, et Hyracotherium lOwen) de l'argile de Londres et des terrains suesso- niens du Nouveau-Mexique. Nous les rattachons à ce dernier genre auquel ils ressemblent le plus, tout en en différant sous certains rap- ports. Leurs canines sont longues et recourbées; la première des quatre prémolaires est isolée par une double barre, — les trois arrière-molaires sont intermédiaires comme forme entre le Paleotherium et le Lophiodon. Nous avons pu également réunir la série des dents supérieures et une partie des os de la face et du crâne, notamment cet os frontal dont la partie antérieure relevée semble indiquer un nez mobile comme chez le tapir. Voici d'autre part une grande partie des os du tronc et la presque totalité des os des membres. Hyracotherium Guudryi (Nob.j. — Maldani (Nob.). Le genre Orotherium est tout voisin. On le reconnaît aux quatre denticules également développés de ses prémolaires inférieures. Les deux genres suivants représentent des types de transition. Ainsi l'Hyracotherhyus (Nob.j est plus porcin que l'Hyracotherium, qu'il relie au Dichobune. V. LEMOINE. FOSSILES DU TERTIAIRE INFÉRIEUR 591 Le Lophiotheriura proximura (Nob.) forme passage au Lophiodon, qu'il relie à l'Hyracotheriura. Nous arrivons au genre Lophiodon (Cuvier) dont nous avons pu compléter l'étude ostéologique, et qui relie manifestement les deux genres actuels des tapirs et des rhinocéros. Les espèces de Lophiodon que nous avons rencontrées aux environs de Reims sont : Le Lophiodon giganteum ( Cuvier i, Le Lophiodon Heberti (Nob.) qui se rapproche le plus du rhinocéros, Le Lophiodon paridense ( Gervais; , Le Lophiodon remense (Nob.) dont voici une grande partie de la tête, des os des membres et du tronc. D'autres débris semblent iudiquer deux types plus petits. Le genre Coryphodon (Owen) a été également retrouvé à peu de distance de Keiras par M. le marquis de Raincourt. Tous les mammifères dont je viens de vous entretenir appartiennent au groupe des mammifères terrestres. Les mammiteres marins sont, en effet, considérés comme de date bien postérieure. Voici néanmoins une molaire d'Halitherium qui aurait été recueilUe dans le calcaire grossier de nos environs. Permettez-moi rn même temps de vous présenter les dessins relatifs à des espèces du même genre recueillies dans les faluns de la Touraine par M. de Boury. Les dessins rassemblés dans ce carton contiennent les études histolo- giques des dents des divers mammifères dont je viens de vous parler. Les types ornithologiques dont j'ai pu recueillir des débris dans l'Éocène inférieur des environs de Reims paraissent au nombre de cinq. Ils rappellent surtout les palmipèdes et les échassiers actuels, mais avec des caractères tout spéciaux. Le plus considérable semble pouvoir être rapporté au genre Gastornis, mais il diffère incontestablement du Gastornis parisiensis ; il semble avoir été à la fois un peu plus petit et moins massif. C'est le Gastornis Edwardsii (Nob.), représenté par le fémur, le tibia, le • tarso-méta- tarsien et une vertèbre cervicale à forme plus surbaissée que dans le type ornithologique habituel. Les os des membres indiquent des affini- tés avec les Coureurs, les Échassiei^s et surtout les Palmipèdes, mais avec des caractères tout spéciaux. Un deuxième type représenté par une portion d'humérus et un fragment de vertèbre en différait peu comme volume : il se rapprochait davantage des Échassiers. Le troisième type auquel appartiennent une extrémité de mandibule inférieure, un fragment d'humérus et de tarso-métatarsien se rappi-o- 592 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE cherait davantage du genre Gastornis , mais ses dimensions sont sensi- blement moindres que celles du Gastornis Édwardsii. Ce quatrième type représenté par des os de l'aile paraît avoir été bon voilier, d'où son nom d' Eupterornis Remends (Nob.). Le cinquième type enfin, le plus petit de tous, rappellerait les Pal- mipèdes totipalmes ou longipennes. Dans la classe des reptiles, les tortues abondent. La présences des tor- tues terrestres et marines est encore douteuse, mais les tortues de marais et de fleuves sont fort noml)reuses. Nous y avons constaté les genres Emys, Dermatemys, Plalemys. Ce dernier groupe, bien caracté- risé par ses pièces intergulaires et son bassin soudé au plastron, est actuellement confiné dans l'hémisphère austral. Voici plusieurs Emydes reconstituées : Les trionyx [trionyx, aphoUdemys) sont de plusieurs espèces et attei- gnent parfois de grandes dimensions. Voici un nouveau type de tortue rappelant à la fois les trionyx. par l'état granuleux de sa carapace et les Emydes par des plaques margi- nales et la conformation de son plastron. Les crocodiliens appartiennent aux genres caïman et crocodile. Le genre caïman est ici bien caractérisé par la réception de ses dents inférieures dans le maxillaire supérieur. — Les os des membres ont des extrémités articulaires relativement complexes. — Les plaques cu- tanées offrent un rebord qui leur permettait de glisser les unes sur les autres. On sait que ce genre de conformation est tout à fait excep- tionnel chez les crocodiliens actuels. Les crocodiles proprement dits étaient nombreux et quelques-uns de grande taille. L'un d'entre eux, par la longueur de la symphyse du maxillaire inférieur, formait passage au genre gavial. Un autre, par l'inclinaison presque horizontale de ees dents rappelait certains croco- diliens secondaires. Les reptiles dont nous allons maintenant nous occuper appartiennent aux sauriens proprement dits. — Les uns ont des vertèbres concavo- convexes et se rattachent, par suite, aux Néosauriens actuellement si abondants dans les pays chauds. Les autres caractérisés par leurs vertèbres biconcaves ou biplanes appartiendraient aux Geckotiens, groupe actuellement limité aux Geckos, et qui à l'époque secondaire a été représenté par des familles fort nombreuses et également remarquables par leur étrange organisation et leurs grandes dimensions. Aussi la présence de reptiles de ce groupe est-elle particulièrement intéressante dans la série des terrains tertiaires. Ce nouveau genre est le Simœdosaure. Nous avons pu reconstituer le squelette à peu près complet. V. LEMOINE. FOSSILES DU TEUTIAIUE INFÉRIEUR 5;]3 Ses vertèbres Liplanes à arc noural non soudé rappellent cIl'S types reptiliens relativement inférieurs. La forme de son crâne, l'inserlion pleurodonte de ses dents, son os quadratc non soudé indiquent des affinités avec les Lacertiens. Les os des membres tiennent à la fois des Crocodiliens et des Lacertiens, et semblent en rapport avec des habitu- des aquatiques. Les Néosauriens de la môme époque appartiennent à quatre types. L'un rappelerait le genre Varan. Nous croyons pouvoir lui rapporter ces vertèbres concavo-convexes , cette extrémité inférieure d'humérus caractérisée par son canal latéral, ce fémur, enfin cette extrémité posté- rieure de maxillaire inférieur à apophyse coronoïde développée, et ces dents à la fais aplaties, recourbées et crénelées, analogues à celles du Crocodilus Rollinati. Voici trois types qui rappellent les Lacertiens par leurs dents à inser- tion pleurodonte. Chez le troisième, les (lenticules libres en haut ten- dent à se confondre en bas, de telle façon que la dent simple inférieu- rement j)araît se bifurquer dans sa moitié supérieure. Les serpents de cette même époque semblent avoir atteint 3 ii 4 mè- tres; ils ne paraissent pas avoir été venimeux. Les Batraciens rappellent le genre BufTo. Les Poissons de l'éocène inférieur des environs de Reims appartiennent aux ordres des Téléostéens ou poissons osseux ordinaires, des Ganoïdes et des Chondroptérygiens. Les Téléostéens paraissent se rattacher aux groupes des Percoïdes, des HalecoïJes. des Pycnodontes et des Sparoïdes. Les Sparoïdes caractérisés par leurs dents en pavés étaient plus nombreux; nous en rapprocherons le Myledaphus jusqu'ici exclusive- ment américain. Les Gaudïdes seraient représentés par les Phyllodus, les Lepidostés et les Amiadés. Les Lepidostés par leurs vertèbres concavo-convexes et la forme de leurs dents rappellent à coup sûr beaucoup les reptiles; ils abondent dans nos environs ; quelques espèces étaient relativement grandes. Le genre Amia caractérise également nos terrains. La forme aplatie de ses vertèbres est bien spéciale. Les Chondroptérygiens ont des représentants de la famille des Chi- mères, des Squalides (Hemipristis, Galeocerdo, Oxyrhina, Otodus, Lamna, Odontapis) et des Myliobatides (OEtobates, Myliobates). Dans ces derniers genres, certaines espèces ont pu être caractérisées à la fois par leurs plaques dentaires, leur aiguillon caudal et leurs bou- cles cutanées. Ces mêmes terrains nous ont également fourni des formes nouvelles 38 o94 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE de mollusques, des fragments d'insectes, des cypris, des foraminifères et de nombreuses empreintes vcgélales, algues, conferves, champignons inférieurs, characées, Jungermanes du groupe des Riccia , mousses, prêles, fougères, conifères et nombreux dicotylédonées (tiges, feuilles, iruits, graines), beaucoup de ces fragn)ents de plantes sont conservés en nature et par suite susceptibles d'études histologiques. Peut-être peut-on espérer que cette série de recherches encore conti- nuée permettra de concevoir une idée d'ensemble du règne organique de l'Éocène inférieur époque intéressante entre toutes, puisqu'elle paraît avoir été le point de départ d'une nouvelle série de faunes, dont les types se sont rapprochés de plus en plus de nos types zoologiques modernes. L'étude approfondie de ces faunes successives permettra sans aucun doute de mieux comprendre et de mieux grouper l'ensemble des animaux actuels, et la paléontologie déjà si attrayante par les découvertes elles aperçus nouveaux qu'elle promet à ceux qui la cultivent pourra ainsi contribuer à Tavancement des sciences zoologiques. DISCUSSION. M. PoMEL a recueilli des dents de laphiodon dans la couche à lérédines près de Sézane. Il aioute quelques considérations sur l'ensemble de la faune reconstituée par M. Lemoine. La plupart des mammifères diffèrent des pla- centaires actuels par des caractères qui les rapprochent des Marsupiaux sans que cependant ils aient tous les caractères essentiels de ces derniers; en outre, ils semblent constituer une série parallèle, en sorte qu'il y a lieu de penser que si ces animaux fossiles des premiers temps tertiaires étaient connus autrement que par leurs ossements on pourrait y trouver un type particulier venant s'intercaler entre les deux autres. M. COLLOT Agrégé â VEcoIe de pliarmncie de Montpellier. CAILLOUX RAYÉS DE L'ÉOCÈIME. (EXTUAIT DU PROCÈS- /ISRBAL) — Séance du 29 août 1879 — M. CoLLOT présente des cailloux calcaires profondément rayés par. des :rraviers siliceux. Ces cailloux proviennent du conglomérat littoral de l'ancien hic tertiaire dos Gypses d'Aix en Provence et forment, mêlés à des marnes, ^':es amas mal stratifiés, apports des torrents de la rive. Quand le tassement E, RIVIÈRE. DE QUELQUES HYPEUOSTOSES DE POISSONS 595 de ces matériaux incohérents s'est opéré lentement, sous la charge considé- rable des parties supérieures, les cailloux ont pénétré les uns entre les autres comme des coins, et les mêmes fragments anguleux des silex du lias, qui se trouvaient interposés, ont produit des raies longues et profondes. On les trouve d'ailleurs encore quelquefois enchâssés à l'extrémité du sillon qu'ils ont creusé. M. Emile EIYIÈEE DE QUELQUES HYPER03T0SES DE POISSONS' TROUVÉES DANS LES GROTTES QUATERNAIRES DE MENTON EN ITALIE. — Séance du 30 août 18 "7 9. — Dans un mémoire publié par Paul Gervais dans /c Journal de Zoo- logie et intitulé : de VUyperostose chez l'homme et chez les animaux, le savant professeur d'anatoraie. comparée du Muséum d'histoire naturelle de Paris a, le premier, parlé avec quelques détails de cette production anomale, de cette production anatomo-patliologique chez les poissons. Après avoir passé en revue Ihomme et les dillérents vertébrés, il s'exprime ainsi : La notion des hyperostoses chez les poissons présente d'autant plus d'in- térêt qu'on les rencontre avec des formes diverses dans les animaux de cette classe, appartenant à des groupes très éloignés les uns des autres, et qu'ils peuvent afîecter des parties très différentes du squelette osseux: le crâne, les vertèbres avec leurs neurapophyses et leurs hémapophyses, ainsi que les rayons des nageoires paires et ceux dos nageoires impaires. 11 s'en rencontre des exemples à l'état fossile aussi bien que dans la nature actuelle, et, dans ce cas surtout, lorsqu'on les trouve isolés du reste du sque- lette, il est bien ditficile aux paléontologistes et même aux anatomistes de profession de déterminer exactement la nature des pièces hyperostosée^, lors- qu'elles sont détachées du reste de l'animal; ce qui arrive habituelle- ment (1). Si, parmi les innombrables ossements d'animaux trouvés dans les grottes de Menton, pour la plupart débris de cuisine ou restes de la nourriture de l'homme, analogues aux Kjiœkkenmœddigs du Danemark, il en est quelques-uns qui appartiennent à des poissons — une cin- quantaine à peine — il est extrêmement curieux que six d'entre ces H) PiCL GEnVAis. Journal de zoologie, t. IV, pages 272 à 284 et 445 à 465. — Paris, 1875. 596 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE derniers soient des hyporostoses, celles que j'ai l'honneur de présenter à la section et sur lesquelles je voudrais attirer son attention. On comprend difficilement que des peuplades vivant dans des j^ottes situées au bord même de la Méditerranée n'aient pour ainsi dire pres- que jamais pêclié do poissons de mer, si l'on en ju^e du moins d'après ce que j'ai trouve dans leurs foyers d'habitation, tandis qu'ils ramas- saient en quantités énormes les coquillages marins, notamment des tro- ches, des patelles et des pétoncles. La pêche leur était-elle donc à peu près inconnue ? Cependant « la connaissance des poissons, comme le dit Cuvier (1), née de l'habitude de s'en nourrir a dû être l'une des premières qu'acquirent les hom- mes • car il n'est point d'aliment que la nature leur offre en plus grande abondance et dont, ils puissent s'emparer avec moins de peine : aussi voyons- nous que les peuples les plus sauvages et ceux qui sont relégués sur les plages les plus stériles sont ceux qui vivent le plus entièrement de poisson. C'est la nature même qui les contraint à ce genre de vie : elle ne leur fournit point d'autres ressources (2). Leur outillage, leurs engins étaient-ils insuffisants? ou bien encore ces hommes n'osaient-ils se hasarder sur la mer. Mais à défaut d'une navigation au large, dont les moyens leur étaient peut-être inconnus, ils avaient à leurs pieds mêmes et à une faible profondeur les roches sous-marines, sur lesquelles ils trouvaient à ramasser tant de coquillages différents, ci au milieu desquelles les poissons devaient être en nombre aussi considérable que de nos jours. Eh bien actuellement ces mômes rochers sont constamment couverts de pêcheurs des environs, dont la ligne amène chaque jour, sans par- ler des loubines ou loups-de-mer (3), nombre de rascasses (4) et de girelles (o). Ces poissons, qui vivent en troupe parmi les roches ma- dréporiques, ne le cèdenten rien par leur beauté aux plus jolies espèces des mers tropicales, et les reflets chatoyants de leurs écailles, facilement entrevues sous les eaux transparentes de la Méditerranée, devaient cer- tainement attirer les regards d'une population préhistorique, chez qui la passion des couleurs les plus vives et les plus variées s'est si nettement accusée dans le choix des matériaux de son industrie primitive. A quelle cause faut-il donc rattacher cette rareté des os de poissons méditerranéens, quand par contre le poisson d'eau douce, sur une cin- (1) CuviEn et Valenciennes. Histoire naturelle des Poissons, t. I", page 4. — Paris, 1830. (2) Dans les grottes de Menton le cas n'est pas tout à fa.t le !a5:ne, car la région fournissait à leurs habitants un gibier des plus abondants en ruminants du gjnre Cervus et du genre Capra, sans parlur d'autres animaux egalemi;nt nombreux, comme le Sus par exemple. (3) Le Labrax lupus de Pallas ou Chirus de Stcllcr, de la famille des Percoïdes. (.',) Ou petite Scorpène brune, Scorpœna porcus de Linné. (5) Le Julis vutgaris de Cuvier. E. RIVIÈRE. — DE QUELQUES HYPEROSTOSES DE POISSONS 597 quantaine de pièces, en compte à lui seul plus de quarante, représentées par des vertèbres et par quelques mâchoires, c'est ce qu'il me paraît ac- tuellement diflicile de pouvoir expliquer. Toujours est-il qu'il reste seulement comme débris de poissons pro- venant de la Médiierraiiée à peine dix ossements (i), parmi lesquels se trouvent six p.ièces anatomo-pathologiques. Ce sont celles que j'ai dé- posées sur le bureau, et auxquelles j'ajoute, comme point de com- paraison, une hyperostose appartenant aux collections du laboratoire d'anatomic; comparée du Muséum, et que M. le professeur Pouchet a bien voulu me confier. Ces six liyperosloses m'avaient paru, au premier abord, par leur dé- faut de symétrie, s'être développées dans les parois du crâne d'un pois- son tel qu'un sciénoïde, dont on connaît la structure caverneuse qui, seule avec une autre partie du squelette, permet un développement anomal aussi considérable que celui des pièces représentées ci-dessous de gran- deur naturelle, figures 64 et 65. Fig. 6A. Fi^. UJ Mais, sachant aussi que ces anomalies ne sont pas extrêmement rares sur un autre point, chez ces mêmes sciénoïdes, notamment chez les Corvines (2), où elles occupent de préférence, soit les espaces interépi- neux, soit les rayons des nageoires tant ventrales qu'anales et dorsales, j'ai repoussé ma première hypothèse. J'ai rejeté aussi pour la môme cause les Umhrina ou Ombrines, pois- sons dont la taille ne paraît pas d'assez grande dimension pour le vo- lume de mes liyperostoses de iMenton. Quant au Lepidopus, dont Paul Gervais a figuré quelques hyperostoses « développées sur la partie interne des rayons de la dorsale » il ne saurait non plus être admis ici, ses renflements « en forme de boules irrégulières », que nous avons comparés au laboratoire d'anatomie (1) L'im d'eiiK, déterminé par M. le docteur Sauvage et par M. le doctetir Moreaoi, a été con- sidéré comme une màcitoire de Labre, peut-être le Labrax Lupus ou Loubine dont j ai parlé plus liaut. (2| Je citerai à ce propos les quatre Corvines rapportées de Saïgon au Muséum de Paris par M. le ïy Jullien, dont tiois qui appartiennent au laboratoire d'ichthjologie, prcseiitent plusieurs hyperostoses allongées en forme de gousse au niveau do la dernière épine dorsale, de la deuxième, anale et de l'épine ventrale. — Dans la Cormna clavigera du Sénégal, (iuiithor 'lit qu8 U icconde épine dorsale peut acciaeuLelleraeat être hyperostosee. 598 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE comparée avec nos hyperostoseS; n'étant pas beaucoup plus gros que des noyaux de cerises. Les deux seules pièces que nous ayons vues au 3Iuséum de Paris avec lesquelles l'une de nos hyperostoses — la plus volumineuse — présente le plus de ressemblance par sa forme et par ses dimensions, bien que la nôtre soit un peu plus petite, appartiendrait l'une à VEphip- pus gigas, le Cavalier géant, l'autre au Chœtodon arthriticus ; cette dernière se serait développée, d'après Paul Gervais, sur un rayon de l'une de ses nageoires impaires, sans qu'il puisse indiquer s'il s'agit là de la dorsale ou de l'anale. Mais l'origine même du Chœtodon arthriticus — il provient de Pondicliéry d'où il a été rapporté au Muséum par Leschenault, — nous force à le rejeter également. Quant à VEphippus gigas — je donne ici (fig. 66) le dessin de son Fig. 66. rayon de nageoire anale hyperostosé — ces hyperostoses, généralement « formées par la soudure des premiers rayons interépineux de l'anale » sont connues depuis plus de deux cents ans; elles ont été indiquées et décrites par un certain nombre d'auteurs, parmi lesquels quelques- uns les ont attribuées à tort au Chœtodon. Mais ici encore nous ne trouvons qu'une ressemblance assez éloignée, surtout comme forme plus ramassée que chez le Maijire et aussi comme volume; de plus la pièce est plus symétrique dans les hyperostoses des poissons des grottes de Menton. C'est ainsi que, par exclusion, et après avoir passé en revue, grâce à l'obligeance de M. le professeur Pouchet qui a bien voulu me commu- niquer toutes les pièces ou productions osseuses anomales de poissons — espèces fossiles et vivantes — appartenant aux collections de son labo- ratoire, grâce aussi à mon savant collègue de la Société géologique, M. le D' Sauvage, aide-naturaliste au Muséum de Paris, qui a bien voulu m'aider de ses savants conseils, je suis arrivé peu à peu aux poissons du genre Maigre, de la famille des Sciénoïdes, qui vivent dans la Méditerranée, c'est-à-dire le 3Iaigre, le Corb et l'Ombrine. Ê. RIVIÈRE. DE QUELQUES HYPEROSTOSES DE POISSONS S99 Le Maigre (i) — Sciœna aquila (Risso) — le plus connu des sciénoïdes d'Europe, est à peu près exclusivement méditerranéen, et pour ainsi dire originaire des côtes d'Afrique, et ce n'est que par exception qu'on le rencontre dans l'Océan (2) . A Gênes, on lui a donné le nom de fegaro ; à Nice, celui de figou ; à Rome, on l'appelle encore umhrina comme au xvi® siècle. Risso, dans son Jchthijologie de Nice le nomme Persèque vanloo dans sa première édition (3) et Sciœna aquila dans la seconde. Par sa grande taille qui atteint quelquefois l^jOO de longueur, mais dont la moyenne à l'âge adulte dépasse 1 mètre, le Maigre nous a paru le seul des sciénoïdes qui puisse présenter des hyperostoses du volume de celles que j'ai recueillies à Menton. Un savant ichtliyologiste auquel je les ai montrées, désirant aussi pren- dre son avis, M. le docteur Moreau, tout en étant porté à accepter ma déter- mination, pense que cette hémapopliyse hyperoslosée — je parle de la pièce représentée ligure 64 — avec sa coulisse ou sillon pour l'ititerépineux de l'anale, pourrait également bien provenir de quelqu'une de ces grandes Dorades de la Méditerranée, qui atteignent jusqu'à un mètre de longueur, ou bien encore d'un Pagre. Quoi qu'il en soit, et pour en revenir îi la Sciéne, j'ajouterai que ce poisson était très connu et très estimé des Anciens, et comme le rap- portent Cuvier et Valenciennes (4), les auteurs grecs et latins en parlent fréquemment les premiers sous les noms de C7.(a'.va, av.vnq et cy-taoslç, les seconds, comme Pline, par exemple, sous ceux de aviadeus et sciœna d'autres enfin l'appellent umhra ou ombres. Si je passe maintenant à la description des six pièces osseuses que je viens de présenter aux membres de la section, je dirai que la pièce principale, par sa conservation et par ses dimensions, est presque entière, qu'elle présente la forme olivaire, allongée, irrégulière, terminée à l'une des extrémités par un prolongement pointu, aplati sur les deux faces, l'autre étant brisée. Elle mesure, telle qu'elle est, 0'",046 de longueur et un peu plus de deux centimètres d'épaisseur; l'une de ses faces, déprimée, aplatie, présente une petite coulisse large de trois millimètres pour l'interépineux de l'anale, coulisse dont l'un des bords est sur- monté d'une crête saillante de plus de quatre millimètres. Ce renflement, osseux est composé d'un tissu spongieux recouvert d'une lame très mince de tissu compacte. [\] Poisson acanthoptérygien de l'ordre des Cténoïdes. (2) Quelques-uns furent pris par des pêcheurs de Dieppe qui lui donnèrent le ï\on ù'AigLe. (3) A. Risso. — Jchthyologie de A'ice ou Histoire naturelle des poissons du département des Àlpes-Maritimes, i" édition, Paris, H810, p. 298. — 2» édition, p. hU . (*) Loc. cit. 600 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Les cinq autres pièces, d'un volume un peu moindre, n'offrent aucun caraclère particulier ; l'une d'elles seulement est d'un noir d'ébène, tant intérieurement qu'extérieurement, par suite de l'action du feu auquel elle fut autrefois soumise, soit par la cuisson de l'animal duquel elle provenait, soit qu'elle eût été rejetée ou qu'elle soit accidentellement tombée dans les foyers de l'homme primitif. M. le ]}'• I. POMMEEOL De Gerzat (Puy-Je-Dùme). LE MOUFLON QUATERNAIRE. Séance du 30 août ■! 87 9 . — I. — Géologie. O'^'tO om Il a été découvert l'an dernier, dans une sablière située au sommet de la colline de Pont-du-Châleau (Puy-de-Dôme), une tête fossile du plus grand intérêt pour Fliistoire de la faune quaternaire de cette con- trée. Elle se trouve au musée de Clermont-Ferrand , et grâce à l'ex- trême obligeance du direc- teur , M. Lamotfe , nous avons pu la faire photogra- phier et l'étudier à loisir. La sablière a une pro- fondeur de 5", 40. Elle pré- sente en allant de haut en bas trois couches distinctes : 1° Couche de terre végé- tale. Hauteur, 0'°,40 ; 2° Couche de graviers. Galets gros comme le poing. Sable grisâtre mêlé aux graviers ou disposé en lits horizontaux intercalés aux lits de graviers. Hauteur, 2 mètres ; 3° Couche de sable d'un gris jaunâtre, formée de petits lits obliques, ondulés, enchevêtrés, et quelquefois horizontaux ; quelques petites traî- nées de sable noir manganilère, hauteur, 3 mètres. C'est dans la partie 67. — Sablière du Pont-du-Chàleau. Coupe verticale. F. POMMEIIOL. LE MOUFLON QUATERNAIRE 601 inférieure de celte couche, à 5 mètres environ de profondeur que la tête fossile a été rencontrée. Les éléments qui composent ces sables et ces graviers appartiennent tous aux roches de la contrée. Ce sont des roches cristallines, éruptives ou sédimentaires. Ces dépôts sont d'origine fïuviatile et ont été formés par l'Allier, à la période quaternaire. Ils sont très puissants, — ils ont, paraît-il, en certains endroits, jusqu'à 20 mètres d'épaisseur. Pour se faire une idée exacte de l'âge de ces alluvions, il est néces- saire de donner la coupe géologique de la vallée d'Allier, près de Pont-du-Château. En examinant cette coupe, nous trouvons qu'il existe trois niveaux Fig. 68. — Coupe N.-S. do la vallée de l'Allier enln; PoDt-du-Château et le Puy-de-Mur. A. — Village de Cormède; 312 inèlres d'altiliule ; plaiuc alluviale de la Limagne ; sables fins; limons marneux, tourbeux ; ancien lac ou marais ; même niveau gèologiqae qae la piaine de Sarliève qui appartient à l'âge du Renne. B. — Colline du Pont-du-Château ; .360 mètres d'altitude ; sommet recouvert de puissantes alluvions fluviatiles. C. — Alluvions inférieures ; terre végétale ; sables et graviers. D. — Niveau de l'Allier actuelle; 309 mètres d'altitude. E. — Basalte du Puy-de-Mûr ; 001 mètres d'altitude. H. — Calcaire marneux, lacustre, miocène, en couches horizontales. I. — Point d'éruption de matières bitumineuses injectées dans les couches précédentes. bien distincts d'alluvions. Le niveau moyen de Cormède est le môme que celui de Sarliève que nous savons être de l'âge du Renne (1). Le niveau supérieur de la colline de Pont-du-Château appartient certaine- ment aux hnuts niveaux, alors que vivait la faune de VElephas mcridfo- nalis et de VArctomtjs marmota. Le niveau inférieur doit être rapporté à la fin de la période quaternaire, peut-être même à l'âge de la Pierre polie. La tête fossile que nous allons décrire appartient à la faune des hauts niveaux, aux premiers temps de la période quaternaire. L'Allier cou- lait alors dans un lit très large, à 50 mètres plus haut qu'aujourd'hui; les glaciers occupaient les grandes vallées des montagnes et les rivières, {]) Association fruncaiw, pour l'avancemcnl des sciences. Compte rendu de la S" session. Gler- mont-I'errand, 1876, p. iM et suiv. 602 GÉOLOGIE ET MINÉUALOGIE au moment de la fusion des glaces, couvraient et inondaient de vastes étendues de terram. II. OSTÉOLOGIE. La tête osseuse découverte dans la sablière de Pont-du-Château n'est pas complète. Il lui manque les maxillaires inférieurs et la branche interne des intermaxillaires fracturée et entraînée par le courant, avant que la tète ne fût recouverte par l'alluvion. L'ouvrier qui l'a trouvée, a porté un coup de pioche sur un des côtés de la face. Il en est résulté la fracture des deux maxillaires supérieurs au point d'insertion des vraies molaires qui ont été détachées entièrement de leurs alvéoles. La voûte palatine et la partie inférieure orbitaire droite ont été détruites de la même manière. Les autres parties de la face et du crâne sont in- tactes et dans un bon état de conservation. Placée sur un plan hori- zontal, la région inférieure de la tête repose sur la lame verticale de l'cthmoïde et sur les deux condyles occipitaux. C'est dans cette position que les différentes vues photographiques ont été prises. Dans la description que nous allons donner, nous considérerons sé- parément la face et le crâne. Face (PI. ni, fig.'l, 2, 4 et o). — Nous avons dit que les intermaxillaires étaient incomplets. Il ne reste que la branche externe ou montante qui s'articule au maxillaire par une synarthrose remarquable, à la partie supérieure, par ses nombreuses dentelures (PI. III, lig. 4 et 5). La cavité orbitaire est véritablement arrondie, el son diamètre me- sure 60 centimètres. Elle regarde en dehors et se trouve située immé- diatement au-dessous du lieu d'insertion de la cheville osseuse. Le re- bord orbitaire fait une saillie très prononcée, égale à deux centimètres (PI. III, lig. 1 et 2). Les deux os du nez forment par leur juxtaposition un triangle isocèle de 14 centimètres de haut et de il centimètres de large, di-mensions qui prouvent que l'animal avait un mutle très large et très gros (Pi. III, fig. 1). Le chanfrein, c'est à-dire la ligne médio-nasale, est convexe, busqué, comme chez le mouton domestique. A la région naso-palpébrale , ab- sence complète de sinus ou de larmiers (PI. III, fig. 2). Des deux maxilhires supérieurs, un seul a conservé des dents , c'est le maxillaire gauche, qui présente encore en place les trois fausses mo- laires. Les cavités alvéolaires des fausses molaires droites sont complète- ment obstruées, preuve que ces dents étaient déjà tombées avant la mort de l'animal (PI. III, fig. 4 et 5j. Le coup de pioche avait détaché de la mâchoire supérieure, six grosses dents , parmi lesquelles il est facile de reconnaître trois vraies mo- F. POMMEROL. — LE MOUFLON QUATERNAIRE 603 laires supérieures gauches et trois vraies molaires supérieures droites. La première vraie molaire s'adapte exactement à la portion d'alvéole qu'on observe sur le maxillaire supérieur gauche, en arrière de la troi- sième fausse molaire — ce qui prouve que la série dentaire supé- rieure se composait de six dents : trois fausses et trois vraies molaires (PI. Iir, Hg. 6 et 7). Les fausses molaires sont très usées et disposées en gradins. La pre- mière ne présente plus, à la surface triturante le croissant d'émail que possèdent les deux autres. Ce croissant est formé de deux lames d'émail minces et parallèles; il a sa convexité tournée en dedans, — il présente cette particularité que l'extrémité antérieure du croissant est seule re- courbée , tandis que l'extrémité postérieure est presque rectiligne («g. 69). Fig. 69. — Face iuférieure de la série deiUairc supérieure des vraies et fausse» molaires gauches [grandeur naturelle). Les fausses molaires sont prismatiques, quadrangulaires. Les faces, antérieure et postérieure sont planes. Cependant la face antérieure de la première est arrondie et présente un petit repli ou colonnette ver- ticale. La face interne est cylindrique et se trouve sur le même plan que la face interne de la dent voisine pour former le plan interne de l'arcade dentaire. La face externe de la première fausse molaire est généralement plane. La même face de la seconde fausse molaire porte antérieurement deux petites colonnettes séparées par un sillon. Une troisième colonnette existe au bord postérieur de cette face. Elle est séparée de la colonnette précédente par un espace légèrement concave, se rétrécissant à mesure qu'il se rapproche de la racine dentaire. La face externe de la troisième fausse molaire présente en avant et en arrière deux colonnettes verticales séparées comme précédemment par un espace légèrement concave. Les fausses molaires sont implantées obliquement de bas en haut et d'arrière en avant. Leurs dimensions sont les suivantes : ■l'* f. mol. 2'f. mol. S'f. mol. Hauteur 0,011 0,013 0,Ôlo Diam. antér. post . . 0,009 0,010 0,011 Diam. transversal... 0,009 0,010 0,011 Ces dimensions démontrent que ces dents sont disposées en gradins, 604 GÉOLOGIE ET MINÉlîALOGIE que leur section horizontale est carrée, et qu'elles augmentent pro- gressivement de volume de la première à la troisième. Chaque vraie molaire peut être considérée comme une double fausse molaire. Aussi disliiigue-t-on deux croissants à la face triturante et deux demi-cylindres à la face interne. Ces demi-cylindres sont indépen- dants, isolés ; il n'existe pas entre eux de colonnettes comme sur les dents des bovidés. La face externe présente aux bords antérieur et pos- térieur une colonnelte. Une troisième colonnette, parallèle â la colonnette antérieure divise cette face en deux parties inégales. En avant et près de la colonnette postérieure, on en observe une quatrième moins pro- noncée que les autres et séparée de sa voisine par un léger sillon (PI. ÏII, fig. 6 et 7). La face triturante de la dent présente deux replis d'émail, et chaque repli est disposé en double croissant. Le croissant exlernC; est concave en dehors et convexe en dedans. Le croissant interne au lieu d'être régulier comme le précédent, présente des inflexions, des sinuosités très prononcées, comme les molaires d'Equus ou d'Antilope. Cette disposition très marquée à la dernière molaire se voit aussi sur les autres vraies molaires (fig. 69). La face postérieure de la dernière vraie molaire présente une forte colonnette qui donne à cette face une forme prismatique, triangulaire. Les faces postérieure et antérieure des autres dents sont généralement planes et ne présentent rien de remarquable. Les vraies molaires sont très usées, moins cependant que les fausses. Leurs dimensions sont les suivantes : li's V. mol. 2' V. mol. 3^v. mol. Hauteur 0,Ôl7 0,02o 0,033 Diam. anlér. post.. 0,019 0,023 0,025 Diamètre transv. . . . 0,015 0,015 0,01^ Ces dimensions prouvent que l'épaisseur de l'arcade dentaire est par- tout la même dans la région des vraies molaires et que ces dents aug- mentent de volume de la première à la dernière. Crâne. — Le crâne est volumineux. Le diamètre occipilo-frontal, mesuré du bord antérieur du trou occipital à la région frontale supé- rieure est de 22 ceutinjèlres. Le diamètre transverse ou sus-orbitaire est de 19 centimètres. La longueur de la courbe qui part du sommet du front entre les chevilles osseuses et va à l'extrémité des os du nez est de 24 centimètres. La région frontale, presque plane entre les orbites, est bombée entre les chevilles osseuses. La suture bi- frontale est très compli- quée (PI. 111, fjg, Ij. La région occipitale présente des lignes courbes, circulaires, fortement accusées. Les éminences et les dépressions de cette F. POMMEROL. LE MOUFLON QUATERNAIRE 605 région prouvent que les muscles cervicaux étaient très Torts et très soli- dement insérés (PI. III, fig. 3). Le trou vertébral elliptique, est surmonté latéralement de deux gros condyles occipitaux. Son diamètre antéro-postérieur est de 2 centimètres et son diamètre transverse de 3 centimètres. Une des particularités du crâne les plus intéressantes à étudier, ce sont les prolongements frontaux ou chevilles osseuses. Elles nous don- neront, comme les dents, des caractères de la plus haute importance pour la détermination de ce fossile. Ces prolongements osseux s'insèrent immédiatement au-dessus de l'orbite, et occupent presque entièrement les faces externe et supérieure du crâne. D'abord dirigés en haut, puis en arrière et en dehors, ils décrivent ainsi une demi-spire. Leurs bases sont très rapprochées : elles ne sont distantes que de 5 centimètres, tandis que les extrémités supé- rieures sont écartées l'une de l'autre de 48 centimètres (PI. III, fig. 2). La section de la base nous montre qu'en cet endroit, la cheville osseuse est arrondie en avant et en dehors, allongée et rélrécie postérieurement, aplatie et comprimée en dedans. La section du sommet est difTérente, elle est généralement triangulaire. Elle est très aplatie en dedans et en avant, un peu arrondie en dehors, et très comprimée en arrière. La section prise entre la base et le sommet présente des caractères inter- médiaires, c'est-à-dire qu'en i ce point la cheville est moins ovale qu'à la base et moins triangulaire qu'au sommet (iig. 70). La circonférence des che- villes mesurée à la base est de 38 centimètres, et de 18 centimètres, mesurée au sommet. Elles mesurent en longueur 2o centimètres, bien qu'elles soient fracturées au sommet. Enfin, elles sont creusées intérieurement de larges vacuoles ou sinus, comme les chevilles osseuses des Bœufs. Fig. 70. — Section de la cheville osseuse gauche du mouflon qualcrnaiie au ^/■'^. — i. Section de la base A face externe, B l'ace antérieure. — 2. Section de la partie moyenne. — 3. Section du sommet. in. — Détermination du genre et de l'espèce. Nous venons de voir que la tête qui fait le sujet de cette étude pos- sède à chaque maxillaire supérieur six molaiies dont la surface tritu- rante présente des croissants à concavité tournée en dehors. Le front est muni de prolongements osseux, celluleux, destinés à supporter des 000 CÉOLOGIÏ ET MI5ÉRAL0GIE étais cornés. Ces caractères classent notre fossile dans l'ordre des Rumi- nants et dans la section des Cavicornes. Les chevilles osseuses sont celluleuses et ne s'insèrent pas à l'extré- mité d'une crête fronto-occipitale. Les molaires sont dépourvues de co- lonnettes à la face interne. Celte tête appartient donc à une espèce de la famille des Oviens. Cette famille ne comprend que les deux genres, Ovis et Capra. Le genre Capra a le chanfrein concave, les chevilles osseuses falciformes, c'est-à-dire dirigées en haut et en arrière, dans le même plan. Le genre Ovis a le chanfrein droit et le plus souvent convexe, et les cornes disposées en spirale. La tête en question est donc du genre Ovis. Le genre Ovis comprend deux sous-genres : les iîoutons et les Mou- flons. Les premiers ont les chevilles osseuses très écartées à la base, pltioes supérieurement et cellule-jses inférieurement. Les seconds ont des chevilles entièrement celluleuses et très rapprochées à la base. Le fossile que nous étudions ayant les chevilles entièrement celluleuses et trcs rapprochées à la base appartient donc au sous-genre des mou- flons. I>es mouflons qui vivent actuellement sont : 1" J>e mouflon d'Europe (Oda arien fera, Lin.) que l'on rencontre sur les montagrif^ de la 0>rse et de la Sardaigne, sur les montagnes occi- dentales de la Turquie d'Europe, dans l'île de Chypre et peut-être en- core dans quelque» autres îles de l'archipel grec. .Son pclagî f-st d'un brun fauve et sa taille un peu supérieure à celle du mouUm domestique. Le chanfrein est légèrement busqué, les cornes prismatiques, arrondies en avant et en dehors, aplaties en dedans et en arrière. Leur disposition est plut/jt en forme de croissant que de spire. Les croissants de l'émail dentaire sont simples comme chez le mouton domestique. Ajoutons que le mouflon de Perse n'est qu'une variété pfiu différente du mouflon d'Europe; 2^ Le mouflon d'Afri'iue ou mouflon à manchettes (Ovin irarjelaphus. Cuv.) a le chanfrein droit et le pelage fauve. Les œrnes sont mé- dir)cres et dirigées comme celles du mouflon d'Europe. Il a la taille de ce dernier, est très fort et trè-s agile, et Mie comme une chèvre; ?/' Le mouflon d'Amérique (0. monlana. Et. Geof.) a le chanfrein droit, les cornes longues et spiroïdes, la base de* chevilles osseuses arrondie en avant et en dedans, aplatie en de!jors, les croissants de l'émail den- taire îtont légèrement ondulés, sinueux ; 4' L'î mouflon d'Asie ou Argali (0. arnmon , Lin.j a le chanfrein droit et les croissants dentaires simples comme le mouton domestique. Les cjjnuiii sont très grosses, très longues, spiroïdes et très aplaties exté- rieurement; T. POMMEROL. LE MOUFLON QUATERNAIRE 607 5" Le nioullon de l'Himalaya {0. nahoor, Hogd.) a la taille du mouton domestique, le chanfrein est légèrement convexe, les cornes en croissant peu recourbé. Son pelage est d'un gris cendré; il a la taille du mou- ton domestique. Il existe au Muséum de Paris plusieurs squelettes du mouflon d'Eu- rope et plusieurs crânes de moulions d'Amérique et d'Asie. Les mou- flons d'Afri(|ue et de l'Himalaya y sont vivants. C'est en étudiant ces divers spécimens que nous avons t'ait les observations précédentes. Le mouflon qui a été découvert dans les alluvions quaternaires de la Limagiie se rapproche du mouflon d'Europe et du mouflon de l'Hima- laya par son chantVein busqué, mais il s'en écarte par la complication de son émail dentaire, par sa taille deux fois plus grande, par la forme et la disposition de ses cornes. Il se dislingue de l'argali, en ce que ce dernier a le chanfrein droit, l'émail dentaire simple, les cornes triangulaires (iig. 71-i) et les os du liez rectangulaires. Sa taille est supérieure à celle de l'argali, le plus grand mouflon aujourd'hui connu. Le mouflon d'.Vfriqne a le chanfrein droit et les cornes non disposées eu spirale. Il ne ressemble pas absolument au mouflon de la Limagne. Le mouflon d'.Vmérique 2 a, comme notre moutliMi, les os du uci triangulaires et l'émail dentaire sinueux, mais les sinuosités sont moins prononcées et les chevilles osseuses sont apla- ties endehors.au lieu d'être aplaties eu deilans itig. 71 -2 et a). Déplus, le chan- frein est droit, et la taille du nu>ullou d'Amérique est il'uu quart inférieure ;\ celle de notre mouflon •piateruaire. En résumé, le mouflon de la Limai^ue a des analogies véritables en même temps que des liitVerenees bien tranchées avec tous les mouflons qui vivent aeluellement. L'examen des dents et des autres parties de la tète montre que ce mouflon avait une taille d'un quart environ supérieure à celle de l'ar- gali cl du mouflon d'Amérique, et double de celle des plus grands mou- tons domestiques. Sou pelage, comme celui de la plupart des mouflons actuels, devait être fauve, court, épais, capable de résister aux grands Kig. 71. — 1. Soction de la base d'uuo ooruo gaucho d'Ar- t;ali au i i, A face externe. B face ; utér.eur«\ — 8 el 3. Secli,.n lio la cheville osseuse ?;iuc!h^ du mouflon d .^meriiiue au i 4. — a. Seciiou de la base .\ fa^e externe. B face aiilerieure. — 3. SecUou de la paru» iiieveiuie. GEOLOGIE ET MINERALOGIE froids. Il devait vivre dans le voisinage des glaciers, et sa présence en Limagne, à l'époque quaternaire, démontre qu'il existait alors un climat très rigoureux. Les mouflons sont robustes et agiles. Ils aiment à grimper sur les roches escarpées et sont beaucoup plus intelligents que notre mouton commun que la domestication a presque réduit à l'abrutissement. Aussi les sutures crâniennes du mouflon d'Amérique sont-elles très sinueuses et très compliquées, tandis que celles du mouton domestique sont sim- ples et droites. L'émail dentaire, chez notre fossile, est à replis plus compliqués que chez les mouflons modernes. Chez ces derniers, la dernière molaire présente à la face postérieure une colonnette aplatie , très ajipré- ciable comme dans le genre Capra, — et la première vraie molaire est la plus volumineuse des dents. Chez le mouflon d'Auvergne, la pre- mière vraie molaire est petite, comparée aux deux, autres, et la colonnette postérieure de la dernière molaire est à peine marquée. Les cornes de ce mouflon devaient être très grandes, ovales, arrondies à la base, triangulaires au sommet et annelées sur toute leur longueur . Le mouflon que nous venons de décrire n'est pas Vovis priinœva si- gnalé par P. Gcrvais (1), Pomel (2) et Pictet (3), parce que, au dire de ces paléontologistes, Yovis primœva connu seulement par une corne trou- vée dans la caverne de Saint-Julien-d'Écosse, près Alais, et par quel- ques fragments découverts dans la caverne de Châtelperron et dans la brèche de Coudes, appartient au sous-genre des moutons et non à celui des mouflons. M. Courliller a aussi trouvé le mouflon fossile dans le département de Maine-et-Loire (4), mais nous ne connaissons point de cette espèce une description suffisante, pour savoir si ce mouflon est comparable au mouflon de la Limagne. Nous nous croyons donc fondés à faire de ce dernier une espèce distincte, tant à cause des caractères anatomiques de son crâne que de sa place dans la série des temps géologiques. Nous proposons de l'appeler le Mouflon antique {Ocis an- tiqua) . Il existe un parallélisme frappant entre la faune actuelle et la faune quaternaire. Les genres sont les mêmes, mais les es[)èces sont différentes. Chai latérale — — 1/5 Fig. 3. — F.ice [joslérieure du crâne î/5 Fig. 4. — Face extenie du maxilUiie supérieur gauche 1/2 Fig. 5. — F'ace iiilf-rne — — 1/2 Fig. 6. — Face interne des vraies molaires supérieures gauche, grandeur naturelle. Fig. 7. — Face externe — — — — 39 610 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE M. A. JEAÎfJEAI îleniljre de Is Sdciélé géologique de Fi'.inie. de l'Académie de Nîmes, de la Société scientifique d' lais, etc.. ÉTUDE SUR L'OXFORDIEN SUPÉRIEUR, LE CORALLIEN ET LE ^É0C0MIEI\1 INFÉRIEUR, DANS LES CÉVENNES. arsEMEisTS DE l'ammomtes polyplocus, de la terebratula janitor de la terebratula MORAYICA ET DE LA TEREBRATULA DII'HÏOIDES. — Séance dn 30 noxM i879. — CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. En 18()5, Oppel, contrairement à l'opinion des géologues alors les plus MUtorisés en France comme en Allemagne, supprimait l'étage corallien, plaçait la zone à Ammonites tennilubatus et polyplocus dans le kimmé- ridgien et créait l'étage tithonique qu'il considérait comme l'équivalent du Portlandien. Quelques années après, Ziltel, professeur à l'université de Munich, continuant les travaux de son illustre maître, publiait la monographie des céphalopodes de Strambsrg et, dans la composition de l'étage titho- iiique, associait les calcaires à terebratula janitor de cette localité avec le Klippenkalk du Tyrol, les couches coralliennes du Salève, de Wim- înis et d'Inwald, qui sont contemporaines des calcaires à Terebratula Moravica de l'Echaillon (Isère), de Rougon (Basses-Alpes) et des mon- tagnes des Cévennes. Les idées émises par les savants distingués de l'école allemande quoique adoptées par certains géologues suisses et français, ont été combattues par nos professeurs les plus éminents : MM. Hébert, Lory, Coquand, Dieulafait, etc., qui ont publié tour à tour, dans le Bulletin de la Société çiéologique de France, divers mémoires soit sur la position stratigra- phique de la zone à Ammonites polyplocus, soit sur l'âge des couches comprises sous la désignation d'étage tithonique. Si la première de ces questions nous semble à peu près résolue en ce sens que 1(!S travaux de M. Hébert et la dei'niere étude de M. Dieu- lifait (1) sur les étages compris entre l'horizon de l'ammonite trans- virsarius et le ptérocérien, en France et en Suisse, nous paraissent avoir suffisamment établi que la zone à Ammonites polyplocus appartient à r.ixfordieu supérieur, nous croyons qu'il reste encore quelques points (1) Bulletin de la Soc. géol. «te Franco, 3« Série, t. VI, p. 1H. A. JEANJEA.N. — ÉTUDE GÉOLOGIQUE DES CÉVENNES 611 à éclaircir et certains faits à établir pour arriver à fixer d'une manière définitive l'âge relatif des couches de la zone à terebratula janitor ainsi que des calcaires à terebratula moravica et diceras lucii M. Hébert (1), partageant en cela le sentiment de Zeusner, a écrit que c'était dans le midi de la France que l'on trouverait les éléments les plus propres à fournir une solution claire et précise des diverses questions qui se rattachent à l'étage lithonique. Et lorsqu'il est venu, en compagnie de M. Vélain, étudier les calcaires coralliens des Cévennes, il était tout pénétré de cette idée, qui animait aussi M. Coquand, quand, sous la conduite de 31. Boutin, il parcourait les couches à terebratula moravica et celles à cidaris glandifera des environs de Ganges. Ces excursions nous ont valu un excellent mémoire de MM. Coquand et Boutin (-2), et une note fort intéressante de l'illustre professeur de la Sorbonne (3), dont les opinions sur le jurassique supérieur diffèrent sensiblement de celles émises par le savant géologue de Marseille. Mais toutes les questions qui se rattachent au contact du terrain juras- sique et du terrain crétacé dans les Cévennes, n'ont pas été encore élucidées, et nous pensons qu'en faisant connaître les résultats de nos propres recherches, nous apporterons (juelqucs documents nouveaux qui faciliteront peut-être la marche à suivre pour arriver à la solution de ces diverses questions. Dans l'exposition de noire travail, nous prendrons pour niveau infé- rieur l'oxfordien supérieur à ammonites polyplocus et nous nous élève- rons jusju'à la zone de la terebratula diplyoïdes inclusivement, en étudiant les diverses couches qui composent le tilhonique de M. Ziltel. OXFORDIEN SUPÉRIEUR. Zone de l'ammonites polyplocus. L'auteur justement renommé de la carte géologique du Gard, Émi- lien Dumas , avait établi les subdivisions suivantes dans l'étage oxibr- dien des Cévennes : 1" Des marnes grises, schisteuses, feuilletées, avec ammonites macro- cephalus, backeriœ, anceps, etc.; 2" Des marnes et calcaires marneux se divisant en nodules polyédri- ques et ayant une puissance de 30 mètres environ , 3" Des calcaires compactes, formés par des bancs réguliers, gris- bleuâtres, d'une puissance totale de 100 mètres ; l (1) Bulletin de la Soc. géol. de France. Séance du 18 novembre IS72. (2) Ibid. Séance du 3 uiai 1869. (3) Ibid. Séance du 15 novembre 18G9. 612 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE 4° Un calcaire à gros bancs, gris-clair, ayant un aspect ruiniforme, souvent doloinitique et dépourvu de fossiles. Le premier sous étage d'Émilien Dumas correspond à l'étage callo- vien de d'Orbigny, et nous n'avons pas à nous en occuper dans ce mémoire . Quant aux calcaires marneux qui constituent le n° 2, c'est le niveau le plus intérieur de l'oxfordien, la zone de l'ammonites cordatus. Dans un travail plus considérable sur les terrains jurassiques et crétacés du Gard, nous démontrerons que ces couches marno-calcaires s'appli- quent h la fois à la zone de l'ammonites cordatus et à celle de l'am- monites transversarius (Oppel). Le troisi'-me sous-groupe de la classification d'Émilien Dumas renferme deux horizons bien distincts : les calcaires inférieurs, bleuâtres, formant des bancs compactes de 0"\10 à 0'",50 d'épaisseur, avec de légères cou- ches de marne bitumineuse, intercalées , appartiennent ii la zone de l'ammonites bimammatus (Oppel), tandis que les couches supérieures contiennent la faune de l'ammonites polyplocus. Ce niveau supérieur est constitué d'abord par des bancs minces ayant beaucoup d'analogie avec ceux de l'horizon à ammonites bimammatus ; mais bientôt ces bancs prennent la couleur grise, acquièrent une épais- seur de 1 à 3 mètres et forment sur les flancs des montagnes des cas- sures abruptes, très prononcées. Enfin, dans le haut, les couches sont de nouveau moins épaisses et elles renferment sur queLpacs points de nombreux fossiles. La puissance de la zone entière de l'ammonites polyplocus, est en moyenne, de 80 mètres. Voici la composition de sa faune : Belemnites semisulcatus (Munster). Ammonites inconditus (Fontannes). Ammonites polyplocus (Reinecke). Ammonites Levipictus (Fontannes). Ammonites Discobolus (Fontannes). Ammonites Plieatiiis? (Sowerby). (Id.) Amm. subfascicularis (d'Orbigny). Pleurotomaria Moeschi (de Loriol). Ammonites Lictor (Fontannes). Nalica Georgiana (d'Orbigny). Ammonites tenuilobatus (Oppel). Très Nerita jurensis (Goldfuss). rare. Oslrea Gregaria (Sowerby) Ammonites Lothari (Oppel). Unicardiura varicolum? (d'Orbigny). Ammonites Coinpsus (Oppel). Isoarca helvetica (de Loriol) (Id.) Amm. oculatus (d'Orbigny). Gonyomia Moeschi (de Loriol). Ammonites Piclileri (Oppel). Hinnites velatus (d'Orbigny). Ammonites Acanlhicus (Oppel). Pecten lemeneensis (Piilet etde Fromen- Ammonites Li parus (Oppel). tel). Ammonites iphicerus (Oppel). Terebratuh Moeschi (Mayer.) Ammonites Sautieri (Fontannes). Terebratula insignis (d'Orbigny). Ammonites Garnieri (Fontannes). Terebralula Zisteni (de Loriol). Ammonites Unicomptus? (Fontaanesl. Terebratula pscudolagenalls (Moesch), A. JEANJEAN. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DES CÉVENNES Terebraluiiua subsiriata (Sclotheim). Dysaster gianulosus (Cotteau). HolasLer oreDciaLus (Schlolbaim) 613 Rhychonclla lacunosa (de Bu b). Aplychus lalus (Vollz). L'amnio lites polyplocus se trouve aux divers niveaux de la zoae, tandis que l'ammoniles acantliicus en occupe la partie supérieure seule- ment. M. Ebray a recueilli la terebratula janitor dans la zone de l'am- monites acantliicus à Talloires (Savoie); mais nous n'avons pas rencontré ce brachiopode dans les couches conespondantes des Cévennes. Les gisements principaux de fossiles sont : Vissée, Blandas, les Gampels, près Montdardier, le revers du Ran de Banne, au-dessus de Sounalou, le pont des Chèvres et le sommet du ïhauruc, [.rès de Gan- ges, le mamelon de Grande-Plice à la montagne de Banèle, près Saint- Hippolyte, le plateau et le revers est de Goutach, aux environs de Sauve. Dans son bel ouvrage intitulé : Description des ammonites de la zone à ammonites tenuilobatus de Crussol {Ardèché), M. Fontannes, après avoir fait remarquer l'aflinité qui existe entre plusieurs espèces de ce niveau et certaines espèces du Rimméridgien inférieur, déclare que « celte affinité rend difficilement admissible l'intercalation d'un étage corallien entre les dépôts caractérisés par l'ammonites tenuilobatus et Coutach Tarieu Fig. 72. — Coupe de Fonsangi; à Tarieu, près de Sauve. K. Calcaires marneux à toxa^tei- complanatus. B. Marnes jaunes à belemnjies pislillilormis. C. Callovien-marnes et calcaires marneux. D. Oxforclien-Zone à Ammonites cordatus et transversarius. g. — de l'Amnionites bimummatus. F. _ de l'.\mmonites po'yplocus. G. Corallien inférieur, zone à tereb. janitor et ciiaris glandifera. H. Néocomieu inférieur, zone delà terebratula Diphyoïdes. l'astartien. « Aussi paraît-il disposé à se ranger à l'opinion de la plu- part des géologues suisses et allemands qui regardent la formation caractérisée par ces ammonites comme un faciès du Rimméridgien infé- rieur. Mais quand notre savant confrère de Lyon aura terminé l'étude des ammonites du groupe des Plicatilis ainsi que des nombreuses espè- ces qu'on peut rencontrer à Grussol, il trouvera probablement que la faune de l'ammonites poiyphocus a aussi beaucoup d'athnités avec celle des deux sous-étages oxfordiens qui l'ont précédée. 614 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE D'ailleurs si les analogies qui existent entre certaines espèces de ces deux zones, nettement séparées dans l'ordre stratigraphique, suffisaient pour établir le synchronisme des couches qui les renferment, que d'éta- ges ne faudrait-il pas supprimer. Lors de la réunion de la Société géologique de France à Digne, il a été reconnu que dans les Basses-Alpes les couches à ammonites poly- plocus étaient inférieures au corallien. Il en est de même dans les Cévennes (Voir nos coupes, 72, 73 et 74). Cauviac Le Rocal Fig. 73. — Coupe du Hocal, à Florian, près Quissac. 1. Néocomien moyen, calcaires à Echinospatagus cordiformis. 2. Néocomien inférieur, marnes jaunes à lîel. pistilliformis. 3. — marnes grises à Bel. latus. *. — zone de la terebratuki Diphyoïdes. 5. Corallien inférieur, zone de la terebratula janitor. 6. Oxfordien supérieur, zone de l'amm, polyplocus. Et ce n'est pas seulement dans le midi de la France que cet horizon est ainsi limité. MM. Lory, Faisan et Dieulafait ont démontré que dans Banere Cazalet Fig. 74. — Coupe de Cazalct à Lr.bry, près Saint-Hippolyte. A. Dolomie Bathonienne. B. Oxfordien, zone à am. cordatus. C. — zone à am. bimammatus. D. Oxf., zone à amm. polyplocus. E. Corallien inférieur, zone à ter. janitor. F. Néocomien inférieur, zone à ter. Diphyoïdes. l'Isère, l'Ain, le Jura et la Haute-Saône, comme en Argovie, la zone de l'ammonites polyplocus se trouvait toujours au-dessous du coral-rag le plus inférieur. Cependant MM. Tombeck et Royer oui signalé à diverses reprises l'existence dans la Haute-Marne de deux horizons bien distincts de la zone à ammonites tenuilobatus, situés au-dessous et au-dessus du A. JEAXJEAX. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DES CÉVENNES 615 corallien proprement dit, et pour établir ce fait anormal dans la science, M. Tombeck (1) a donné les coupes de Vovécourt et de Maranville, dans lesquelles se trouve au-dessus de l'Oolilhe à dicérates, une cou- che roarno-calcaire, où il a recueilli les ammonites bimammatus, ma- rantianus, Holbeini, Eiicyphus et Ernesti. « C'est là évidemment, dit le zélé explorateur des terrains de la Haute-iMarne, une récurrence analogue à celle qui ramène à deux niveaux dans notre corallien la terebratula liumeralis, le cardiuin corallinum, le cidaris florigemma et le glyplicus hieroglyphicus. » L'analogie, nous l'avouons, nous paraît un peu forcée; le passage d'une espèce d'un étage dans un autre, comme la présence d'une espèce dans plusieurs zones du même étage sont des faits assez fréquents. Mais il n'en est pas de même de la récurrence de faunes entières, sur- tout lorsque la faune supérieure rappelle celles de deux zones diffé- rentes d'un étage inférieur, comme cela a lieu dans la couche marno- calcaire de la Haute-Marne, qui contient des fossiles de l'horizon à ammonites bimammatus et du niveau de l'ammonites polyplocus. Évi- demment il y a encore là une question à élucider, question dont la solution n'est peut-être pas très éloignée, car M. Dieulafait a promis de montrer dans un prochain mémoire qu'il existe dans les Alpes, au- dessous du vrai horizon de l'ammonites tenuilobatus, couches à Belem- mites Royeri de M. Tombeck, une zone correspondant à la zone supé- rieure de la Haute-Marne. CORALLIEN INFÉRIEUR. Zone à Terebratula janitor et Cidaris glandifera. Les couches de la zone à ammonites polyplocus, que nous venons d'étudier, supportent un puissant massif de calcaires compactes, gris grès clairs, ruiniformes, à stratilicalion confuse, formant de nombreuses cavités et renfermant, surtout dans le haut, des rognons, quelquefois rès gros, de silex pyromaque. Souvent ces calcaires sont dolomitiques ; et comme la dolomie occupe ordinairement la partie inférieure de la zone, iMM. Coquand et Boutin ont cru y voir un étage distinct. Mais il est facile de s'assurer, ainsi que l'ont constaté MM. de Rouville et Torcapel (2), que la dolomie n'est qu'un faciès particulier du même étage, et qu'elle y occupe parfois divers niveaux, qui correspondent probablement aux époques d'émer- 1) Bulletin de la Soc. géol. Séance (Ju b novembre 1877. la) Ibid. 2* Série, l. XXlX, p. 687. €)\6 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE gence de sources magnésiennes dont l'action se serait étendue sur les dépôts en voie de formation au sein de la mer Jurassique. La dolomie présente une couleur brunûlre, qui fait un grand con- traste avec les calcaires encaissants, toujours de couleur claire. Comme elle se désag-rège facilement, elle forme des monticules d'un aspect fort bizarre, tels que les pics d'Angeau, de la Tude et de Blaudas, sur le causse de MontJardier. La puissance totale du massif est d'environ 120 mètres. 11 est très développé entre Suniène, Ganges et Saint Hippolyte, ainsi qu'aux envi- rons de Sauve, de Quissac et à la hase de la Séranne. Il forme de beaux escarpements, pareils ù ceux de la zone à ammonites polyplocus; ce qui, joint à la même couleur de la roche, rend très difficile la recon- naissance des points de séparatioii des deux étages. Aussi Émilien Dumas n'ayant pas eu l'occasion de rencontrer des fossi'es dans ces couches compactes, les a classées dans l'oxfordien supérieur, tout en faisant remarquer qu'elles pourraient bien appartenir au coral-rag qu'elles supportent. M. Coquand, au contraire, à qui M. Routin a montré le gisement de Cazilhac, où il a trotivé en abondance le cidaris glandifera (Goldfuss) et l'apiocrinus ftlériani (Desor). n'a pas hésité à réunir ce dépôt à la zone supérieure pour constituer Ufi étage qu'il considère comme faisant partie du se juanien ou calcaire à Astartes. Pendant longtemps aussi nous avons pensé que ces couches devaient être une dépendance; du coral-rag à nérinées et à dicérates. Mais, lorsque après avoir cherché vainement la zone à térébratula janitor au contact des calcaires blancs à terebratula moravica avec les couches de la terebratula dipliyoïdes, nous avons eu l'idée que l'horizon de la terebratula janitor devait être au-dessus des calcaires blancs coral- liens, nous avons fait des recherches dans le massif inférieur, et nous avons fini par y trouver, outre de nombreux oursins et encrines, quel- ques fossiles de la faune de Stramberg. Il nous restait cependant à y y lencontrer la terebratula janitor, quand un zélé géologue, 31. Faucher^ qui habite Lévesque, près de Sauve, nous aimonça qu'il avait recueilli dans les environs de son domaine des terebratula diphyoïdes. Comme Lévtsque se trouve au milieu des calcaires névroniens à Toxaster com- planatus, nous présumâmes que M. Faucher s'était rendu sur les couches jurassiques qui ne sont pas très éloignées, et que c'était là qu'il avait trou\é non point la terebratula diphyoïdes. mais la terebratula ja- nitor. Nous priâmes alors notre collègue de nous communiquer ses exem- plaires, tt nous reconnûmes de suite cette dernière espèce. Le 1:2 avril dernier, nous allâmes visiter ce gisement, qui se trouve sur A. JEANJEAN. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DES CÉVKNN'ES t)l7 le versant nord du mont Rocal, vis-à-vis le château de Florian, à 2 kilo- mètres de Qaissac (Voir notre coupe n» 78), et nous fûmes fort agréable- ment surpris d'y rencontrer la plupart des fossiles que la Société géolo- gique de France, guidée par M. Pillet. avait recueillis, en d87o, dans les calcaires du calvaire de Lémenc. La présence des couches à terebratula janitor ou à fossiles tilhoni- ques a été déjà indiquée dans l'Ardèche, au Pouzin, à Saint-Séphorin à Crussol, à la montagne de Coucut, près les Vans, par iMM. Vélain (1) ïorcapel (2), Hugueitin (3) et de Sarrau (4), ainsi qu'aux environs de Montpellier, par M. Blcicher (o). Mais leur existence n'a pas encore été signalée dans les Basses-Cévennes, où elles se présentent dans les con- ditions d'un dépôt bien délimilé au milieu de la formation jurassique, ce qui doit, ce nous semble, accroître l'intérêt de cette décou- verte. Étudions maintenant la forme de la zone à terebratula janitor : Belemnites semisulcatus (Munster). Terebratula carpathica (Zittol). BelemnilHS eiisifer (Oppel). Terebratula Gutla (Quenstedt). Ammonilei ptychoïeus (Quenstedt). Rhynchonella spareicosta (Sue;s). Ammonites staszycii (Zeuschmer). Rhynchon.lla inconstans (Sowerby). Ammonites Achilles (d'Orbigny). Rbynr-honella pinguis (Rœmer). Ammonites Richteri (Oppel). Cidaris glandilera (Goldfuss). Ammonites tiansilorius (Oppel). Très rare. Cidaris Blumenbachi (Munster). Ammonites Cyclotus (Oppel). Cidaris Coroiiala ^Goldfuss). Ammonites lilhograpbicus (Oppel). Cidaiis Pilleti (De Loriol). Ammonites Carachtheis (Z.;uschner) . Apiocrinus Jleriani (Désor). Id. .\pio- Aramonites Geron (ZiLtcl). crinus Roissyanus (d'Orb.). Aptyehus imbricatus (Henri de Meyer). Apioirinus flexuosus iGoldfuss). Placunopsis tatrica (Ziltel). Eugeniacrinus Heberli (de Loriol). 1! est difficile de reconnaître plusieurs niveaux dans l'habitat de ces débris organiques, parce que le plus souvent les céphalopodes se trou- vent dans des gisements séparés de ceux des oursins et des encrines ; cependant ceux-ci paraissent occuper une position supérieure aux am- monites. La terabralula janitor, les aptyehus et les belemnites sont dis- persés dans toutes les couches de la zone. Voici les localités où nous avons recueilli des fossiles : Le Rocal, à Florian, près Quissac, la tranchée de la voie ferrée, aux Esplèches, près de Sauve, Labric, près de Saint-Hippolyte, Moulés et Cazilhac-le-IIaut, près de Ganges. (1) BuHetin de la Soc. géol. Séance du 19 juin 1874. (2) Ibid. Séance du 3 décembre 1877. (3) Ibid. Séance du o noveuibrc I87ii. (4) Bulhliii lie la Soniclé d'éludé des sc.'ence.f naturelles de .Vîiîies-, ig-o. (:i) lievue scienti/ique, 26 octol)ie 1872. 648 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Quelle est la place de la zone à terebratula janitor, dans la série des terrains secondaires ? M. Hébert, et avec lui quelques géologues distingués ont toujours professé que les couches à terebratula janitor et ammonites transitorius Wlounier C asti ou Ferrières Fig. 7r,. — Coupe du bois de Mounier, près Pompignan. ^. Calcaires à toxaster complanatiis. 2. Marnes à belemoiles pistillifoimis. 3. Zone de la terebratula Dipliyoïdes. i. Corallien supérieur, calcaires à terebratula moravica. a. Corallien inférieur, calcaires de la zone à ter. janitor. étaient une dépendance du terrain crétacé le plus inférieur. L'illustre membre de l'Institut a publié depuis 4866 une série de mémoires où il a étayé son opinion par des arguments tirés à la fois de la stratigra- phie et de la paléontologie. Il a invoqué tour à tour, en faveur de ses idées, l'ensemble de la faune qui accompagne la terebratula janitor, les coupes que M. Mœsch a relevées dans la Suisse orientale, les découver- tes faites dans l'Ardèclie par MM. Vélain et Torcapel de couches à apty- chus et terebratula janitor, placées entre la zone de l'ammonites poly- Ran de Banne Fig. 76. — Coupe du Uan-de-Buune, près Ganges. A. Jurassique inléiieur. B. Oxfoidien, zone de l'ammonites cordatus. C. — zone de l'auiinonitus bimammatus. D. — zone de l'ummoniies polyplucas. E. Corallien inférieur, zone de la ter, janitor et Cidaris glandifera. F. Curallien supérieur, zone de la ter, moravica et Diceras lucii. G. Néocomien inférieur, zone de la tercb. Diiihyoïdes. H. — nuirues à Belemuites latus. plocus et celle de la terebratula diphyoïdes. Mais M. Hébert a trouvé de nombreux contradicteurs dans plusieurs maîtres de la science, en A. JEAN JEAN. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DES CÉVENNES 619 France comme à l'étranger. Qu'il nous suffise de citer ici les noms de Zittel, Neumayr, Pictet, Gemellaro, Coquand, Pillet, Fontannes, Pellat, Ebray, qui tous placent, quoique à des niveaux dilFérents, les couches de Rogznick, de Siramberg et de Lémenc, gisements de la terebratula janitor, dans la formation jurassique. Pour les Cévennes, la solution de la question ne nous paraît pas douteuse et voici pourquoi : Partout où se trouvent les calcaires blancs à Diceras lucii et terebratula moravica les calcaires massifs à Terebratula janitor que nous décrivons sont in- tercalés entre les couches à Diceras lucii et la zone de l'ammonites polyplocus (Voir nos coupes 75 et 76). Si le corallien à Terebratula mo- ravica vient à manquer, ce qui a lieu notamment dans l'Ardèche, alors la zone néocomienne de la terebratula diphyoïdes repose directe- ment sur les calcaires massifs à apfychus et terebratula janitor (Voir nos coupes n°^ 72 à 75). Ainsi, dans les basses Cévennes, comme à Lémenc, aux Voirons, en Sicile et en Algérie, la zone de la terebratula janitor occupe toujours un horizon inférieur aux calcaires à diceras et nérinées Cette zone est donc jurassique et sa place est celle du corallien infé- rieur. Sans doute, il y a une certaine ressemblance entre quelques céphalo- podes et gastéropodes de cette zone avec d'autres fossiles du néocomien à terebratula diphyoïdes; par exemple, entre l'ammonites ptychoicus (Quenstedi) et l'ammonites semisulcatus (d'Orbigny), entre l'ammonites staszycii (Zechner) et l'ammonites grasianus (d'Orbigny), etc. Mais M. Pictet (1) a fait remarquer que la faune de la Porle-de-France, près Grenoble (bancs à terebratula janitor) n'était pas encore suffisamment connue; qu'elle était composée, en grande partie, d'espèces nouvelles et en partie d'espèces dont la discussion exigeait des comparaisons déli- cates. D'un autre côté, lors de la réunion à Genève de la Société géologique de France, à laquelle assistaient quatre-vingts membres, dont aucun ne combattit les conclusions de M. Pillet, tendant à faire reconnaître que les couches à terebratula janitor appartenaient à la formation jurassique, M. Cotleau déclara que les échinides qu'il avait pu examiner de Lémenc et en particulier de la vigne Droguet étaient des espèces jurassiques. Au surplus, quand même on parviendrait à démontrer que certaines espèces de la zone à terebratula janitor sont identiques avec d'autres espèces de la zone à terebratula diphyoïdes, cela n'empêcherait pas que ces deux zones ne soient séparées par une longue période de temps, celle pendant laquelle se sont déposées les couches du corallien supé- rieur, du Kimméridgien et du Portlandien. (1) Eiudet paléonlologiques sur la faune de lerebralula diphyoïdes de Derriat [Ardèche], page 45. 6:20 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE COUALLIEN SUPÉRIEUR. Zone à terehratula moravica et diceras lucii. Aux calcaires massifs, sans indices de JDrèche ni de remaniement, qui renferment la terebratula janitor succèdent, dans le haut des couches d'un calcaire compacte, blanc ou jaune très clair, d'un aspect crayeux, souvent colitiiique et conlenant des amas de polypiers et de nombreux fossiles. On n'y voit plus de chailles siliceuses et les dolomies y sont rares. L'ensemble de ces couches a une puissance moyenne de 150 mètres Elles occupent une étendue considérable au bois de Moun'er, commune de Pompignan, au Kan-de-Bainie, près Sumène, à Montmal et à la montagne de la Sératme, près de Ganges (Hérault). Les calcaires blancs se lient d'une manière si intime avec les bancs du sous-étage inférieur, que, si ce n'était la cou'eur plus claire de la rofhe, la présence des oolillies et des polypiers, et surtout le change- ment de faune, il serait presque impossible de saisir les points de con- tact des di'ux niveaux. Voici les principaux fossiles que nous avons rencontrés, soit au milieu des couches compactes, soit parmi les oolilhcs de la zone à terebratula moravica et diceras lucii (1) : B'iemnites semisulcatus (Munster). Chemnitzia cœcilia (d'Orbigny). Id. Bel. Li lurii (E. Dumas). Nalica grandis (Munster). Belemnites ensifcT (Oppel) . Pterocera. Ammonites Achilies (d'Orbigny). Plaurotomaria, Ammonites (Xova species), a beaucoup Pntella virdunensis (Buvignier). de rapports avec Tara. Slephanoïdes Diceras lucii (Defranco). (Oppel). Diceras Escheri (de Loriol). Nerinœa speciosa (Voltz). Diceras Munsteri (Goldfuss). Nerinœa depressa (Voltz). Id. Nerinœa Diceras (Nova species). umbilicata ( i"Orbigny). Cardium corallinuni (Leymerie), Nerinœa Mariœ (d'Orbigny). Corbis decussata (Buvi.^nier). Nerinœa DelVancei (Desh lyes). Lilhodomus lucii (de Loriol). Nerinœa pupoïdes (d'Orbigny). Hinnites velatus (Quensledt). Nerinœa cœcilia (d'Orbigny). Pecten denlalus (lioldfuss). Nerinœa dilatata (d'Orbigny). Pecten globosus (Quenstîdt). Nerinœa moreana (d'Orbigny). Pecten scutatus (Quensledt). Nerinœa Desvoidyi (dOrbigny). Ostrea solitaria (Soneerby). (I) Nous avons longtemps espéré que M. Heb°rt ferait coninîtrc la faune entière du Corallien à Diceras lucii, dont il existe tant de matéiiaux à la Sjrbonne ; mais privé d'un travail qui nous aurait été si instructif et si précieux, nous donnons cotte liste, tout incomplète qu'elle soit. A. JEANJEAN. ÉTUDE GÉOLOGIQUE DES CÉVENNES {j2[ Megerlea pectunculoides ;Schlotheim). Rhynchon 'lia Astierima {d'Oibigny). Lima, Columnaria sulcala iGoldfnss). Terebratula rnoravica (Glocker), Calamophyllia fiiniculus (dOrbigny). Id. Terebratiila Tichaviensis (Glocker). LiLhodendron funiculus (Michciin). Terebraliila insignis (Schiiblef). Cladophyllia Lœvis (]\iilne-Edwards) . Id. TereViratula humeralis (Rœmer). Id. Ter. I.ilhodendron levé (l^liohelin). catinata (Leymerie). Eunomia articulata (d'Orbigny). Litho. Terabratula bisuffarcinata (Zieten) . dendron arliculatum (Michc;lin). Terebialulina subslriata (Sclilolheim). Synastrœa arduennensis (dOrbigny). Rhynchonella inconstans (d'Orbigny). Bendrogyra raslellina (de Fromentel). Plusieurs autres espèces de zoopliytes que nous n'avons pu déter- miner. L'ensemble de cette faune sépare nettement les calcaires blancs à diceras, des calcaires gris-clairs qui les suportent. La terebratula jani- tor n'existe pas dans ces calcaires blancs, et la vraie terebratula moravica (Glocker), cette espèce à long bec qui caractérise les couches corallien- nes du Midi, ne paraît pas descendre dans la zone inférieure; du moins nous ne l'y avons jamais rencontrée. A Lémenc, au contraire, la tere- bratula moravica, si toutefois c'est bien la même espèce que celle du coral-rag des Cévennes, se trouverait sur certains points dans les mêmes couches que la terebratula janitor. Mais il nous semble, d'après l'en- semble des fossiles représentés dans l'Atlas de MM. Pdlet et de Fro- mentel, que les couches les plus élevées du coral-rag méridional à nombreuses espèces de nérinées et de diceras, manquent à la vigne Droguet du Lémenc. Comme Éuiilieu Dumas, M. Hébert (1) a placé les calcaires à diceras, lucii des Céveimes dans l'étage corallien, au môme niveau que ceux de l'Échaillon (Isère) et de Rougon (Basses-Alpes). Telle est aussi, pour d'autres localités, l'opinion de MM. Lory, Dieulafait, de Rouville, Tom- beck, etc., etc. Cependant, M. Zittel et un certain nombre de savants français ou étrangers continuent à supprimer cet étage, à placer les couches qui le composent à un niveau supérieur au portlandien et à le désigner sous le nom de tithonique inférieur. Si les partisans des idées professées par l'école allemande venaient étudier dans les Cévennes les diverses couches de la formation jurassi- que que supporte lu zone à ammonites polyplocus, dont l'origine oxfordienne nous paraît incontestable, et avec lesquelles elle a les plus grands rapports pétrographiques, ils verraient un immense massif de 300 mètres de puissance, formé par des calcaires compactes, où se trouvent intercalés, à la partie supérieure, quelques couches oolilhiqucs ainsi que de rares amas de polypiers, et ils reconnaîtraient sans doute (1) Dulledn de la Soc. qéol. 3* Série, t. Il, p. 160. 622 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE que ce sont bien là les sédiments habituels d'une mer aussi normale que celle de tous les nombreux étages où l'on rencontre des débris de zoophytes. Or, ces calcaires renferment une faune caractéristique dont l'ensemble représente parfaitement l'étage auquel d'Orbigny a donné le nom de corallien, coral-rag des géologues anglais. Dans les Cévennes, il constitue le terme le plus haut de la formation jurassique; mais dans le Jura et dans la Haute-Marne il est surmonté par les couches du kimniériiigien. Au Salève, on rencontre, d'après MM. Alphonse Favre (1) et deLoriol (2), entre les couches néocomiennes el le corallien à terebratula moravica, « de puissantes assises calcaires, assez pauvres en fossiles, généralement stratilîées d'une manière régu- lière, qui appartiennent à l'étage portlandien)).Enfin,M. Lory (3) a trouvé au-dessus des calcaires blancs de l'Échaillon, aux balmes de Voreppe, au Bauchet et à la Crusille, une grande épaisseur (100 mètres) de cal- caires compactes, à pâte très fine, entremêlés d'assises verdâtres et offrant l'aspect des dépôts d'eau saumâtre qui caractérisent le purbec- kien dans le Jura méridional. Le niveau stratigraphique des calcaires à terebratula moravica, qui dans les Cévennes reposent sur la zone de la terebratula janitor, étant ainsi fixé au-dessous du kimméridgien, du portlandien et du purbec- kien, nous devons en conclure que l'étage complet^ du coral-rag est Le Causse i Carrière» de Sailo di Gour Fig. 77. — Coupe de Pompignan. A. Néocomieu inférieur, zone de la ter. Diphyoïdes. B. — — zone de la belemniles latiis. C. _ — zone de la belerauites pistilliformis. - D. Néocomiea moyen, marnes et calcaires à toxaster complanatus. parfaitement délimité entre les couches argoviennes à ammonites poly- plocus et le jurassique supérieur. En conséquence, il n'existe point d'étage tithonique, pas plus à Stramberg et à Lémenc que dans les Cévennes . Quant au nom de corallien créé par d'Orbigny, quelques géologues, (1) Mémoires de la Société de physique et d'IiUtoire naturelle de Genève, T. X. (2) Description des animaux invertébrés fossiles de l'étage ncocomien de Salève, p.j. (3) Bulletin de la_Soc. géol. 2" Série, t. XXIX, p. 80- A, JEANJEAN, ÉTUDE GÉOLOGIQUE DES CÉVENNES 02» MM. de Tribolet, Choffat, Rsnevier, tout en voulant conserver l'étage, ont £'mis l'avis de lui substituer un autre nom, par exemple celui de rauracien, déjà appliijué p;ir M. Greppin (1). Mais nous pensons, avec M. Cotteau (2), que ce changement n'est pas nécessaire, parce que le nom de corallien, proposé et adopté le premier, est toujours usité dans la science et que l'étage qu'il désigne est celui oîi le faciès coralligène est le plus développé et où se trouve le plus grand nombre d'espèces de coraux et de madrépores. NÉOCOMIEN INFÉRIEUR Zone de la Terebratula Diphijoïdes. Nous divisons le néocomien intérieur des Cévennos en trois zones, disposées de bas en liaut, comme il suit : 1° Calcaires compactes ou marneux à terebratula diphyoïdes. 2° Marnes grises, à bclemnites latus. 3° Marnes ordinairement jaunes, à belemnites pistillilbrmis. Voir notre coupe de Pompignan*(fig. 77). Ces divers niveaux sont aussi représentés dans la coupe de Berrias, donnée par M. Pictet (3), les marnes supérieures de son n° 4 n'étant autre chose que notre zone à Belemnites pislillitbrmis. Nous n'aurons pas de la peine à justifier en temps opportun la sépa- ration en deux horizons des manies aites de Berrias ; car les faunes des n"' B et C de notre coupe sont bien distinctes, et il y a entre elles beaucoup plus de différences qu'il n'en existe entre la zone à terebra- tula diphyoïdes elles marnes à bel. latus. Mais actuellement, nous devons nous borner à l'étude des couches néocomiennes les plus inférieures, en contact immédiat avec les terrains jurassiques, et qui constituent la zone de la ter. diphyoïdes. Dans les Cévennes, ces couches sont for- mées, en commençant par le bas : A. De calcaires compactes se divisant en nodules polyédriques, avec bancs à serpula recta, devenant marneux à la partie supérieure. B. De calcaires très résistants, divisés en bancs réguliers de 0'", 50 à 2 m.ètres d'épaisseur et donnant de belles pierres de taille (Carrières de Salle, de Gour et de Pompignan). G. De calcaires marneux se délitant facilement à l'air avec natica Leviathan. (Il Es^ai géologique sur le Jura. 1807. (2) liultelxn dt la Soc. géoL. Séance du 2 septembre 1875. (3) Études paléontolngiquM sur la forme a Ter. Diphyndss de Derrlas, p. 5J. ('.) Bulletin de la Société géologiqu!-. Séance du 47 septembre 1S72. 024 (GÉOLOGIE Eï MINÉUALOGIE D. De bancs compactes, avec empreintes de facoïdes, feuilletés et peu épais (Carrières de Piégaline). Tous ces calcaires sont généralement bi-colores, gris à l'intérieur et gris clairs ou jaunâtres à la surface. Leur puissance totale est de 60 mètres. Par la couleur, comme par la disposition régulière des couches, ils se diivtinguent lacilement des calcaires blancs et caverneux du corallien, sur lesquels ils reposent en stralilication discordante (Voir notre coupe n° 7o), comme l'a déjà démontré le savant professeur de Montpellier, M. de Uouville. Les couches de la zone à terebratula diphyoïdes sont très fossilifères; voici les principales espèces qu'on y rencontre : Belemnif.es latus (Blainville). Aptyclius Didayi (Coquand). Belemnites coniciis (Blainville). Aptyclius Seranonis (Coquand). Nautilus Dumasi (Pictet). Natica Levialhan (Pictei). Id.. Strom- Ammonitps Semisulcalus (d'Orbigny). bus Sauiieri (Coquand). Ammonites Grasianus (d'Orbigny). Peeten Euihymi (Pictet). Ammonites Privasensis (Pictet). Terebratula Diphyoïdes (d'Orbigny). Ammonites Calypso (d'Orbigny). Terebratula Mjutoniana (d'Orbigny). Ammonites Berriasensis (Pictet). TerebraUila Hippopus (Rœmer). Ammonites Quadrisulcatus (d'Orbigny). Terebratula Lamarindus (Sawerby). Ammonites Nierci (Pictet). Terebratula Euihymi (Pictet). Ammonites Boissieri (Pictet). Rliynchonella contracta (d'Orbigny). Ammonites Malbosi (Pictei). Rhynchonella Malbosi (Pictei). Ammonites Astierianus (d'Orbigny). Terebratulina biauriculata (d'Orbigny). Ammonites Occilanicus (Pictet). l'.idaris Alpina (Cotteau). Ammonites Honnoratianus (d'Orbigny). Collyrites Malbosi (de Loriol). Ammonites Macilentus (d'Orbigny). Collyrites B;rriasensis (do LoriolJ. Ammonites Neocomiensis (d'Orbigny). Dents de Sphenodus sabaudianus (Pictet). Tandis qu'à Berrias la terebratula diphyoïdes se tiouve dans toutes les couches de la zone, nous ne l'avons rencontrée dans les Cévennes que dans les calcaires inférieurs. Le strombus Sautieri (Coquand) est concentré, au contraire, dans les bancs les plus élevés. La zone à terebratula diphyoïJes forme la vaste plaine qui s'étend entre Saint-Hippolytf^, Pomp'gnan et Sauve ; elle est aussi très déve- loppée entre Ganges et Saint-Hippolyte, où se trouvent les beaux gise- ments fossilifères de Lacadière, la Cisterne et Ginestous. Nous croyons avoir démontré que les calcaires blancs à diceras lucii constituaient, dans les Cévennes, la partie supérieure du corallien; or les couches de la zone à terebratula diphyoïdes, dont la faune a tant d'analogies avec celles des marnes à belemnites latus, qui les surmon- tent, appartenant incontestablement à la formation crétacée, il s'en suit qu'il existe une lacune considérable entre le dernier étage jurassique et le plus inférieur des terrains crétacés. Émilien Dumas avait donc rai- A. JEANJEAN. ÉTUDE SUR l'oXFOUDIEN SUPÉRIEUR, ETC. ()â'> SOU quand, dès 1846, il écrivait : « Nous n'avons rencontré dans les Cévennes, au-dessus du Coral-rag, aucune assise qu'on puisse assimiler aux groupes kimméridgien et portlandien. » Il y a lieu aussi de remar- quer que môme en adoptant l'opinion de M. Ziltel, qui considère la zone à ammonites polyplocus comme kimméridgienne et qui place l'étage tithonique au-dessus de l'oolite de Portland, il y aurait encore une lacune dans le jurassique supérieur, puisqu'il manquerait toujours les diverses couches qui constituent le Portlandien, soit les calcaires k ammonites Gigas et la zone de la Trigonia gibbosa. Quelle est la cause de cette lacune? L'absence des étages kimmérid- gien et portlandien dans les Cévennes ne saurait être attribuée à des dénudations; car elles auraient laissé des points de repère, comme il en existe pour le coral-rag. Il faut en chercher la cause, croyons-nous, dans les oscillations ascendantes d'abord, qui ont émergé les dépôts coralliens pendant toute la durée des époques kimméridgienne et })ortlandieniie , et puis à des mouvements lents d'abaissement qui ont eu lieu h la lin de la période jurassic^ue et ont permis à la mer crétacée d'envahir une partie des Basses-Cévennes. RÉSUMÉ. Dans les Cévennes, l'élage oxfordien est constitué par les couches suivantes : 1° Zone à ammonites cordatus et transversarius ; 2° Calcaires bleuâtres à ammonites bimammatus ; 3" Calcaires gris, compactes, à ammonites polyplocus. La zone de l'ammonites polyplocus y est très développée et contient de nombreux fossiles. Par ses caractères stratigraphiques, paléontologi- ques et pétrographiques, elle doit être placée au niveau de l'argovien supérieur, c'esl-à-dire au-dessous du coral-rag le plus inférieur, comme cela a lieu dans tout le Jura oi-cidental. Au-dessus des couches de rauinionites juîyplocus vient un puissant massif de calcaires, gris-clairs, ruiniformes et caverneux,, qui contien- nent avec la terebralula janitor, les céphalopodes de Uogoznick et une foule d'oursins et d'encrines considérés jusqu'ici comme coralliens. Si certains fossiles de ces calcaires ont de la ressemblance avec quelques espèces de la zone à terebratula diphyoïdes, l'ensemble de leur faune paraît les rapprocher davantage des terrains jurassiques. Au reste, la stratigraphie s'oppos" à ce que la zone de la terebratula janitor soit crétacée, puisqu'elle est intercalée entre l'oxfordien supérieur à ammo- nites polyplocus et les calcaires blancs à terebratula moravica, dont; le caractère jurassique ne saurait être contesté. Sur certains points des Cévennes, le Rlippenkalt à terebratula janitor 40 g26 (JÉÙLOGIK 1::T r,JINÉaALOGlE est surmonté par des couches compactes de calcaires blancs, où l'on trouve, avec la terebraiula moravica et le cardium corallinum, de nom- breuses espèces de diceras et de nérinées ainsi que des amas de poly- piers. Ces calcaires sont l'équivalent du coral-rag de Rougon, de l'ÉchaiUon, du Salève, de Cliàtel-Censuir, etc. Ils composent, dans les Cévennes, le terme le plus haut de la formation jurassique, en sorte qu'il existe dans ces montagnes une lacune qui correspond aux étages kimméridgien et portlandien. Cette lacune a probablemeiit pour cause des oscillations lentes, qui ont amené, d'abord, un soulèvement au- dessus des eaux et puis un abaissement de la surface du sol à la lin de la période jurassique. Les premiers dépôts crétacés, constitués par la zone de la terebra- tula diphyoïdes, reposent, en statification discordante, tantôt sur les couches du corallien inférieur à terebratula janitor et tantôt sur les calcaires blancs à diceras lucii. Ils renferment une faime qui a les plus grands rapports avec les couches néocomiennes supérieures, à belem- nites latus, et ils présentent des caractères stratigraphiques et pétrogra- phiques, qui les séparent nettement des couches coralliennes. Il n'existe donc point dans les Cévennes, pas plus qu'à Rogoznick, à Stramberg et à Lémenc, d'étage lithonique. DISCUSSION. M. Jeanjean ayant cité les travaux de M. Tombeck dans la Haute-Marne, M. DE Loi'.ioL fait remarquer que la terebratula humcralis et autres fossiles qui l'accompagnent, se trouvent en Argovie dans la zone à A. tenuilobatus et ce £ont bien pourtant des espèces astarliennes. On trouve sur un point, à Vauxy, les deux faciès mélangés. La zone à Bslemnites Ruijeri qui est inter- calée dans le corallien représente la zone à A. bimammatus. Si M. Tombeck avait cru pouvoir l'assimiler à la zone à A. tenuilobatus et se fonder là dessus pour ranger cette dernière dans le corallien, c'est la conséquence d'une erreur fondée sur l'examen de fossiles insignifiants et très peu délerminables. Si d'ailleurs la vraie zone à A. tenuilobatus est inférieure au corallien de la Molhe, c'est que celte assise ne représente pas le corallien proprement dit, mais est un niveau supérieur à l'astartien. Une couche coralligène ne peut pas par elle-même servir de repère. M. CoTTEAu fait remarquer que le corallien de Châtel-Consoir est bien distinct de celui des Cévennes. Il y a des espèces plus ou moins semblables, mais c'est une simple analogie provenant de la conformité des conluions d'existence. Les nérinées sont les mêmes, mais les oursins sont différents. M. CoLLOT exprime son étonnement de voir affinner une discordance entre le jurassique et le néocomien dans les Cévennes. Non seulement il n'a rien vu de pareil dans les Bouches-du-Rhône, où tout paraît s'êlre passé sensible- ment de la même façon que dans les Cévennes, mais même sur des points p. DE LOKIOL. LES CRIiNOIDES FOSSILES DE LA SUISSE 627 nombreux des Cévennes il n vu la concordance. Il pense que dans les cas où l'on a affirmé une discordance, c'est par suite de failles ou de ce fait que le néocomien a été enlevé par les érosions sur les parties convexes et est resté dans les plis concaves, ce qui lui donne une apparence de dépôt effectué dans des cuvettes et inoins relevé que le jurassique. M. Leenhaudt, tout en reconnaissant que le néocomien repose sur des couches d'aspect difï'érent, admet d'une manière générale dans le S.-E., sa concordance avec le jurassique. Il parle principalement d'après ses éludes sur la région du montVentoux. M. DE RouviLLE fait remarquer qu'il peut y avoir transgressivité sans diffé- rence marqni'e dans l'inclinaison des strates. Laiss:int de côté cette question incidente, il tient à appeler l'attention sur l'i.ijportance du fait signalé par M. Jeanjean, de l'intercalaiion de la terebratula janitor accompagnée de toute la faune qui forme son cortège habituel, entres les zones kAm. pohjplocus et k T. moravica. M. P. de LOSIOL De Gonève. LES CRINOIDES FOSSILES DE LA SUISSE. — Séance du 3 0 aoûl 1S79. — Je viens de terminer l'étude des crinoïdes répandus dans les divers gisements de la Suisse, et une brève exposition des principaux résultats de ce travail ne sera peut-être pas sans intérêt. Grâce aux communications qui m'ont été faites par tous les musées et les colleclions particulières de la Suisse, le nombre des espèces que j'ai pu déterminer se monte à 124. Malheureusement, beaucoup de ces espèces, surtout dans les j?enres Millericf iniis et Pentacrinus, n'oct encore qu'une valeur provisoire, car elles n'ont i)u être caractérisées que par des fragments de tiges. Leur valeur définitive ne sera fixée que lorsqu'on connaîtra les sommets auxquels ces tiges se rapportent. Il n'est certainement pas correct, au point de vue scientifique, d'établir ainsi des espèces avec des documents fort incomplets, car, dans les crinoïdes, c'est le sommet, le calice et ses dépendances, qui constituent ou plutôt qui renferment l'animal. La tige ne peut offrir que des caractères spéci- fiques d'une importance très secondaire. De plus, des tiges qui se res- semblent peuvent aussi appartenir à des animaux différents, et, dans un même individu, la lige ne présente pas toujours les mêmes carac- 628 GÉOLOGIE ET MlNÉltALOGIE tères sur toute sa longueur. Cependant, bien que je sois le premier à regretter ces espèces provisoires, il faut convenir que, dans beaucoup de cas, lorsqu'on peut examiner de nombreux échantillons, on réussit à trouver dans les tiges des caractères qui présentent beaucoup de cons- tance et permettent de reconnaître celles qui, suivant toute probabilité, ont appartenu à une même espèce. En général, ces fragments de tiges sont assez abondants, et les espèces sont assez strictement confinées dans leurs niveaux respectifs. Elles présentent donc de l'importance au point de vue straligrapliique et, dès lors, il devient nécessaire de leur donner des noms. Lorsqu'on trouvera des exemplaires complets, il faudra peut- être en réunir quelques-unes, mais, après tout, le mal ne sera pas bien grand, pas plus grand que celui qui arrive lorsque la découverte de (juelque exemplaire complet d'un Cidans fossile permet d'annuler une, ou deux espèces créées j)oiir de simples radioles. C'est la formation jur.issicjue (jui m'a fourni la très grande majorité des espèces que j'ai décrites. Deux seulement proviennent du trias et le nombre de celles de la formation crétacée ne dépasse pas vingt-sept. ■ Dans le genre Encrinus, j'ai fait connaître une nouvelle espèce, bien caractérisée par ses bras longs et grêles : elle a été recueillie avec son sommet et sa tige dans le trias des environs de Baie. On ne connaît encore qu'un petit nombre d'espèces certaines appartenant à ce genre spécial au tiias ; la plus abondante, VEncrinus Uliiformis se retrouve aussi en Suisse. Le ma'^uiii(iue genre Apiocrinus, dont d'Orbigny a fait connaître d'admirables échantillons, entièrement complets, m'a fourni quatre espèces. Deux d'entre elles, VApiocrinus polijcyphus et VAp. Meriani souvent citées, étaient mal connues et conlbndues avec d'autres. Grâce à des individus presque complets, j'ai pu préciser leurs caractères. VAp. polycyphus, du terrain à chailles, ou' séquanien inférieur, est remarquable par ses grandes proportions, sa racine énorme, sa tige épaisse, son grand calice dépourvu de pièces interradiales. L'Ap. Meriani paraît à peu près spécial à l'astartien ou séquanien supérieur; il se dis- tingue facilement par la forme de son calice et le nombre de ses inter- radiales. Le genre Miller icrinus, très voisin des Apiocrinus, est l'un de ceux dans lesquels beaucoup d'espèces ont dû être établies sur de simples fragments de tiges. Un bon nombre d'entre elles seront certainement conservées lors(]u'on connaîtra des exemplaires complets, car leurs carac- tères sont très particuliers et se sont montrés très conslauts dans les divers gisements où elles ont été recueillies. D'autres ont moins de chances d'être maintenues. La plu[)art des Mitlericrinu.s, dont le sommet est bien connu, ont un cvAux'. plus ou moins pyriforme, mai> il s'en p. DE LORIOL. LES CHINOIDES FOSSILES DE LA SUISSE 629 trouve dont le calice est en forme de coupe éLalée ou subliémisphérique. On a voulu séparer ces derniers et les rapporter aux deux genres Ceriocrinus et Pomatocrinus de Kœnig. Grâce à M. de Ivoninck, l'un des très rares possesseurs de la seconde partie de l'ouvrage de Rœiiig, h peu près inconnu des naturalistes, j'ai pu consulter les planches qui contiennent des espèces ligurées sous ces deux noms génériques. Il m'a été facile de montrer qu'il est impossible de reconnaître les types de ces deux geiires nominaux et que, dans tous les cas, les espèces de Mille- ricrinus, censées pouvoir leur être rattachées, ne peuvent leur appar- tenir. De fait elles ne doivent pas être séparées des vrais Millericrinus. J'ai reconnu trente-trois espèces de Millericrinus dans les gisements de la Suisse. Les tiges de quelques-unes d'entre elles présentent une particularité remarquable. Elles ont été attaquées par des parasites, probablement par des mollusques, qui les perforaient. Sur chacun des points d'attaque s'est développé un bourrelet ovoïde, très volumineux par rapport à la dimension de la tige, qui présente une ou deux profondes excavations coniques dans lesquelles, probablement, se fixait le parasite. On ne saurait expliquer autrement ces singulières déformations qui n'ont pas échappé aux anciens auteurs et dont Schmiedel, en 1780, a déjà donné des figures. Dans l'expédition du Challenger, on a bien retiré de la mer di'S exemplaires d'un petit crinoïde, du Rhizocrinus lofolensis, infestés de Stylifer , mollusque gastéropode parasite sur les Echino- dermes, mais j'ignore si leurs attaques ont produit sur les tiges des renilements analogues à ceux que je viens d'indiquer (Challenger Atlantic, t. II, p. 122). Les Pentacrinus peuvent compter parmi les crinoïdes les plus connus des formations secondaires. Il n'est presque aucun gisement de fossile?: jurassiques dans lequel on ne trouve des débris de leurs tiges. Dans beaucoup de localités ces animaux, si, élégants, auxquels Guettard avait donné le nom de palmier marin, ont dû couvrir le fond des mers, et, cependant, malgré cette abondance, le nombre des espèces connues d'une manient com[)lète, c'est-à-dire par le calice, les bras et la tige, est relativement très faible. La plupart de celles qui sont décrites, et c'est malheureusement le cas pour presque toutes celles que j'ai reconnues en Suisse, ne sont que provisoires et établies sur des fragments de tiges. Les pièces du calice des Pentacrines sont fort petites; elles se désarti- culent facilement et il a fallu des circonstances exceptionnellement favo- rables pour que l'animal entier put se conserver à l'état fossile. Ces circonstances se sont reproduites à diverses époques. Ainsi, dans cer- tains gisements du lias, en Angleterre et en Allemagne, des plaques immenses sont couvertes de Pentacrines entièrement complètes, avec leur lige qui, dans certaines espèces, devenait excessivement longue. 630 GÉOLOGIE ET MI^'ÉUALOGIE atteignait 45 mètres par exemple. Ainsi encore, aux environs de Mâcon et en Lorraine, on trouve dans l'étage batlionien des plaques également couvertes de Pentacrines complètes ou à peu près, apparteitar)t au groupe si curieux dont le Pc7it. hriarcus est le type. On citerait encore d'autres exemples semblables, mais, en revanche, dans le plus grand nombre des cas, on trouve, dans un même gisement, des centaines et des milliers de fragments de tiges se rapportant évidemment à une même espèce, dont le sommet demeure entièrement inconnu. A ma connaissance du moins, on n'a point encore cité de Penta- crines avant la formation Iriasique, dans laquelle quelques raresespèces sont connues par des fragments de tige. C'est dans le lias que le genre prend soudain un très grand développement, et l'on voit apparaître, à cette époque, des espèces nombreuses^ très variées, la plupart de grande taille, le plus souvent représentées par d'innombrables individus. On con- naît encore de nombreuses espèces dans les étages bajocien, batlionien et oxibrdien. Dans le jurassique supérieur, leur nombre diminue; il de- vient plus faible encore dans la formation crétacée; quelques-unes seu- lemejit ont été recueillies dans les couches tertiaires, et, jusqu'à ces der- nières années, on n'en connaissait que deux seulement dans les mers actuelles, citées parmi les plus grandes raretés zoologiques. Les der- nières expéditions de dragage en ont fait découvrir deux nouvt lies très curieuses, et il est permis de croire que, peu à peu , grâce aux puis- sants moyens d'investigation que l'on possède maintenant, quelques nouvelles espèces vivantes viendront s'ajouter aux quatre que l'on con- naît déjà. Dans les gisements de la Suisse j'ai reconnu quarante-trois espèces de Pentacrinus, dont sept seulement sont crétacées; toutes les autres ap- partiennent à la formation jurassique. Les Api'ocrinus, les Millericrinus^ dont il a été question^ vivaient atta- chés sur les corps sous-marins par de solides racines , d'un volume souvent énorme, qui se subdivisaient en riombrenses radicules; nous les retrouvons à l'état fossile. De cette racine partent une ou plusieurs tiges composées de nombreux articles qui s'articulent de manière à les rendre flexibles ; au sommet se trouve le calice, ou cavité viscérale de l'animal, et sur le calice s'articulent des bras plus ou moins nombreux. Dans les Pentacrinus nous retrouvons un sommet analogue, supporté par une tige articulée qui est munie de cirrhes verticil lés plus ou moins nombreux; mais jamais encore on n'a trouvé des fragments de tiges adhérents à une racine. On ne connaît point de racines de Pentacrinus, pas môme celles des espèces dont j'ai parlé, qui couvrent les plaques du lias, et dont les longues tiges sont encore intactes. Une question se présentait : les Pentacrinus vivaient-ils fixés au fond de la mer ou p. DE LORIOL . LES CUINOIDES FOSSILES DE LA SUISSE 631 pouvaient-ils flotter librement ? Jusqu'à l'année dernière, on ne con- naissait point la base de la tige des grandes Pentacnnes qui vivent dans les mers des Antilles, parce que tous les exemplaires recueillis avaient la tige brisée à une plus ou moins grande distance du sommet. Dans les dernières expéditions de dragage, entreprises par M. Alexandre Agassiz avec le navire BlaJœ, un grand nombre d'exemplaires des deux espèces de Pentacrinus des Antilles ont été retiiés de la mer par 3o0 mè- tres de profondeur, et il paraît qu'elles foisonnent dans ces parages, car un seul coup de drague en a ramené 124 individus. D'autres encore ont été trouvés sur le câble télégraphique des xVntilles. Ces découvertes ont fait connaître enfin la base de la tige de ces Pentacrines. Elles vi- vent attachées sur les corps sous-marins, non par une véritable racine, mais par une simple expansion de la base de la tige, une sorte de pied qui les fait adhérer très fortement (Al. Agassiz, Bulletin of Ihe Muséum of comparative zoologij at Cambridge, vol. V, n° 14, p. 296). Tout fait supposer qu'il en a été de même pour les grandes Pentacrines du lias, par exemple, et que, attachées au fond par une faible expansion elles laissaient balancer leurs longues tiges llexibles dans les eaux calmes des profondeurs où elles vivaient, sans doute, comme leurs congénères des mers actuelles. Il n'en est pas de môme pour toutes les Pentacrines, et les deux espèces récemment découvertes paraissent avoir eu un mode de vivre différent. D'après 31. Wyville Tliomïon, qui a pu en examiner un cer- tain nombre d'exemplaires, leurs tiges sont toujours fori courtes, à peine plus longues que le sommet, elles sont complètes, car leur extré- mité n'est point brisée, mais arrondie comme une sorte de bouton, ce qui indique évidemment qu'elle est intacte. M. Tbomson a montré par l'étude des jeunes de l'une des espèces, que cet animal devait être fixé pendant sa jeunesse, puisque, arrivé à une certaine période de son développement, sa tige se détachait, et qu'il pouvait dès lors flotter librement ou, plus probablement, se mouvoir sur le fond à l'aide de ses cirrlies. Tel a été le cas également, j'en suis persuadé, pour le Pentacrinus Dargniesi, du bathonien, dont M. Chabas, l'illustre égypto- logue, a recueilli un grand nombre d'individus dans les carrières de Sennecey, près de Màcon, avec kur sommet complet et des fragments de lige toujours fort courts, et munis de ciirhes extrêmement nombreux et d'une longueur extraordinaire (1). Il faut croire que, peu à peu, par de nouvelles découvertes sembla- bles, sur les espèces vivantes et fossiles, on arrivera à pouvoir établir, (1) CnABAS, Notice nir une cmchc ahorMnlc des crhWidcs fostiljs, 187 632 GÉOLOGIE ET MirSÉHALOGIE dans le grand genre Pentucrinns, ()UoIf]ues coupes naturelles. Pour le moment la chose ne serait pas facile, parce que trop peu d'espèces sont suffisamment connues. Agassiz avait cru pouvoir séparer, sous le nom de Balanocrinus, un gcni'e qui aurait eu les caractères les plus singuliers, un calice ovoïde, fort gros, sur lequel on ne distinguait point les pièces ordinaires. Croyant reconnaître, à la base, une facette articulaire sem- jblable à celle du Penlacrinus subteres, il pensa que ce calice curieux était -celui de celte espèce, très connue de la plupart des géologues; ses tiges sont très abondante, dans les couches oxfordiennes et séquaniennes, et on la Irouve inscrite dans un grand nombre d'ouvrages sous le nom de Ba- lanocrinus subteres. Un examen très attentif de l'échantillon sur lequel Agassiz établissait son genre, qui est conservé au musée de Bâle, m'a montré que ce prétendu calice n'est autre chose qu'un fragment de tige de Millericrinus, renflé et déformé par l'attaque d'un parasite, semblable à ceux dont j'ai parlé plus haut, et que sa facette articu- laire n'est pas celle d'un Fentacriims, mais celle d'un Millericrinus . Le genre Balanocrinus, tel que l'avait compris Agassiz, c'est-à-dire ayant ce soi-disant calice pour type, doit donc être abandonné. Cepen- dant j'ai cru devoir grouper provisoirement, sous celte même dénomi- nation bien connue, mais en ne me basant cette fois que sur les caractères de la facette articulaire des articles de la tige, certaines espèces^ parmi lesquelles le Balanocrinus subteres, qui peut être regardé comme le type de cette subdivision. Dans toutes ces espèces, cette facette articulaire, au lieu de présenter les cinq pétales d'une rosace, est divi- sée en cinq secteurs parfaitement réguliers, séparés par de petits cordons reclilignes et crénelés. Les tiges sont cylindriques ou régu- lièrement prismatiques. On trouve des espèces appartenant à ce groupe depuis le lias jusqu'à l'étage valangien ou néocomien inférieur, mais, jusqu'à présent, les calices auxquels appartiennent les tiges sont de- meurés inconnus. C'est pourquoi le genre, ou sous-genre lialanocrinus, demeure provisoire, mais sera commode comme groupement d'espèces, ses caractères étant très faciles à reconnaître. Je dirai encore, en passant, pour montrer la nécessité de faire de nouvelles coupes dans le genre Penlacrinus, qu'il est avéré, pour cer- taines espèces, le Peut, briareus et le Peiit. subangularis, que le calice était recouvert d'une membrane protégée par des plaquettes calcaires qui se prolongeait beaucoup entre les bras, à la manière de la trompe de plusieurs genres paléozoïques. Rien de semblable ne se voit dans les Pentacrines vivantes, et il faudra lélablir, en le précisant, le genre mal délitii nommé Extracrinus par Austin. La famille des Eageniacrinidées est richement représentée dans les couches fossilifères de la Suisse. Le genre Eugeniacrinus compte neuf P, DE LORIOL. LKS CIUlNÛlDES FOSSILES DE LA SUISSE 633 espèces, dont deux, il faut le dire, sont fondées sur des articles de tige, mais ils sonc très caractéristiques. UEugeniacrinus canjophyllatus, bien connu, est une des plus abondantes; avec les calices, auxquels adhérent encore parfois les liges, on a trouvé aussi en Suisse les curieuses pièces radiales libres, isolées à la vérité, mais qui, ainsi que M. Quenstedt l'a parfaitement démontré, appartiennent certaine- ment à l'espèce. Ces troisièmes radiales, fort longues, hastif^rmcs, avaient été figurées par Goldfuss sous le nom de Pent. paradoxus. En se recourbant au sommet, leurs extrémités se touchaient, et elles formaient une voûte au-dessus des parties molles de l'animal; de chaque côté, vers leur milieu, se trouve une petite échancrure avec une facette articulaire sur laquelle s'attachait un bras. Ces gracieux petits crinoïdes adhéraient sur les corps sous-marins et devaient abonder dans certains parages. On ne connaît rien de semblable dans la nature actuelle. Deux espèces d'Eugeniacrines, dont les calices sont très par- ticuliers, ont été recueillies dans les couches néocomiennes appar- tenant au faciès nommé néocomien alpin, caractérisé par de nombreux céphalopodes, VAin. anguUcostatus, des Anrijloceras, etc. J'ai pu constater aussi la [)résence de neuf espèces, bien caractérisées par leurs calices, appartenant à un genre fort curieux, le genre Phyllo- crinus. D'Orbigny avait cru d'abord devoir le rapprocher des Pentremilea des terrains paléozoïques ; les travaux lécents de M. Zittel ont claire- m(mt démontré qu'il est tout à fait voisin des Eugéniacrines. Le calice des Phyllocnnus présente, en effet, beaucoup d'analogie avec celui des espèces de ce dei'uier genre , mais, outre certaines particularités, il s'en dislingue , par ses premières pièces radiales, qui, de chaque côlé de leurs facettes articulaires, se prolongent en longs folioles, plus longs souvent que le calice lui-même, qui protégeaient les parties molles de l'animal, dont les bras ne pouvaient se mouvoir qu'entre d'étroites échancrures. Une de ces espèces de Phjilocrinus provient du callovien, trois de l'oxfordieu, quatre du néocomien et toutes de gisements alpins. La plus remarquable, par sa taille, ses caractères, sa tige relativement énorme, provient de blocs qui se trouvent dans le fhlysch de la chahie des Kurfirsten (S. Gall) que M. Moesch rapporte au tithonique, mais dont le véritable niveau n'est pas encore très bien établi. Pour terminer ce que j'ai à dire sur la famille des Eugéniacrinidées, je mentionnerai encore un genre nouveau que j'ai été obligé d'établir pour un petit crinoïde fort intéressant de la zone à Am. transver- sarius. Il se compose d'une cupule irrégulière, fortement adhérente par sa base. Sur un seul côté se trouvent deux pièces radiales superposées, dont la supérieure est axillaire et portail deux bras subdivisés ou non. l^es quatre échantillons connus étant parfaitement conservés, il est 634 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE facile de s'assurer que l'espèce ne possédait, en réalité, qu'une seule pièce radiale axillaire, ce qui est une fort grande anomalie. Les facettes articulaires sont identiques à colles des Eugéniacrines. La famille des Comatulidées n'est pas moins bien représentée que celle des Eugéniacn'nidées, et je n'ai pas eu à décrire moins de douze espèces d'Antedon dont plusieurs sont nouvelles, et très nettement caractérisées. Six d'entre elles sont jurassiques, les six autres sont crétacées et proviennent de l'étage valangien. Quelques-unes de cet espèces se font remarquer par des dimensions tout à fait exceptionnelles. Le genre Antedon, plus connu sous le nom de Comatula, que lui avait imposé Lamarck, et qui a dû être abandonné pour obéir aux lois de la priorité, n'a pas encore été signalé avant l'étage balhonien. Dans les étages supérieurs de la formation jurassique on en connaît quelques es- pèces. Leur nombre augmente ensuite, particulièrement dans les craies supérieures. On n'a encore découvert que peu d'espèces dans les gise- ments tertiaires, mais le genre prend un grand développement à l'époque actuelle. Plus de cinquante espèces, vivant dans les diverses mers du globe, sont déjà décrites, et les récentes expéditions de dragage en ont fait connaître plusieurs autres. Il importe toutefois de remarquer, à propos du petit nombre relatif des espèces fossiles, que les calices peuvent facilement échapper, à cause de leur petitesse, et que, à mesure que les recherches se multiplient, le nombre de ces espèces tend à augmenter. La presque totalité de ces espèces fossiles ne sont encore connues que par leur calice. Aussi dois-je mentionner, comme présen- tant un grand intérêt, la découverte faite par M. Scheurer, dans l'étage ptérocérien des environs d'Audincourt (Doubs), de nombreux exemplaires d'un nouvel Antedon, entièrement complets, avec le calice les bras et les cirrhes. Depuis un bon nombre d'années déjà, il a été clairement démontré que ks Antedon, avant d'arriver à leur dernier développement, possè- dent une tige adhérente aux corps sous marins. Les jeunes d'une espèce commune dans les mers d'Europe, VAnledon rosaceus, avaient été décrits sous le nom de Penlacrinus europœus. Parvenu à l'état adulte VAntédon se débarrasse de sa tige et flotte librement dans les eaux. J'ai eu la bonne fortune de trouver le calice d'un jeune individu, ap- partenant à une espèce de l'étage valangien ; il porte encore, à sa base, la facette articulaire de la tige qui le retenait fixé. Enlin, en dernier lieu, j'ai encore à mentionner un genre curieux, le genre Ophiocrinus, qui appartient à la famille des comatulidées, mais dont les espèces ne possèdent que cinq bras, qui restent simples depuis leur origine. Dans tous les A7iledon il y a dix bras, plus ou moins divisés, qui partent deux par deux des cinq pièces radiales axillaires. Ces p. DE LORIOL. — LES CRINOIDES FOSSILES DE LA SUISSE G35 dernières pièces n'existent pas dans les Ophiocn'nus. Une espèce vivante a été découverte aux Pliilippiaes par M. Semper, qui a établi le genre. J'en ai décrit précédemment une seconde espèce de l'étage urgonien, dont j'ai fait connaître des exemplaires complets avec leurs bras et leurs cirrhes. Depuis lors de nouveaux échantillons, assez nombreux, ont été découverts et j'ai pu compléter encore ce que l'on savait déjà sur ce crinoïde intéressant. D'autres espèces devront peut-être rentrer dans ce genre, lorsqu'un plus grand nombre de celles q^-i ont été décrites sous le nom d'Antedon, seront connues, non seulement par leur calice, mais encore par leurs pièces radiales libres et par leurs bras. Le chiffre de cent vingt-quatre espèces de crinoïdes, trouvées jusqu'ici dans les divers gisements des terrains fossilifères de la Suisse, est relativement faible. Il est permis d'espérer qu'il s'augmentera, à mesure que les recherches deviendront plus exactes et plus nombreuses. Cepen- dant on a déjà beaucoup cherché, et soigneusement, et depuis un grand nombre d'années, aussi me paraît-il probable que cette augmentation possible ne sera pas bien considérable. Ce qui tend encore à le faire supposer, c'est que ce nombre d'espèces est assez en rapport avec ce que nous connaissons des gisements contemporains, dans d'autres contrées. Pour peu (jue l'on cherche à se rendre compte de la distribution des crinoïdes fossiles dans les diverses périodes géologi(iues, il est impossible de ne pas être frappé de la décioissance rapide du nombre de leurs espèces et du rôle toujours moins grand qu'ils ont joué dans les taunes marines, depuis l'époque silurienne jusqu'à maintenant. Dans cette for- mation silurienne, d'une si haute antiquité, les crinoïdes abondent et ils sont représentés par les formes et les organisations les plus variées. Pour donner une idée de cette richesse, je dirai que les seuls gisemenls siluriens de la Suède ont déjà fourni cent quatre-vingt-dix-neuf espèces de crinoïdes; les gisements siluriens d'Amérique, etc., en renferment une quantité d'autres. Il en est à peu près de même dans toute la période paléozoïque, mais la décadence commence immédiatement après. Tous les anciens genres s'éteignent avec la fin de l'époque carboni- fère; presque toutes les familles n'existent plus. Les nouveaux genres sont en petit nombre, de même que les espèces. On connaît relative- ment peu de crinoïdes jurassiques, moins encore de crinoïdes crétacés et très peu de crinoïdes tertiaires. Dans les mers actuelles, à l'exception de la famille des Comatuhdées, et même presque du seul genre antedon qui, ainsi que je l'ai dit, est largement représenté, voici, d'après tous les renseignements que j'ai pu recueillir, le relevé des espèces connues jusqu'ici : il n'est pas long, il y en a douze. 636 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE UHyponome Sarsi, Loven, espèce encore mal comme, mais qui paraît devoir se rapprocher des Comatulidées. Une ou peut-être deux espèces d'HolopuSy fort rares , dont on ne connaît que deux ou trois échantillons des mers des Antilles , un large pied court, à base dilatée, les attache solidement aux corps sous-marins. Dans la l^imille des Apiocrinùlées, crinoïdes à tige adhérente, et sans cirrhes, on compte deux espèces de lihizocrinus, dont l'une a été dra- guée depuis la Norwège jusqu'aux Florides ; deux espèces de Dalhycri- nus, et une espèce de Hyocrinus toutes trois draguées par M. Wy ville Thomson, dans l'Atlantique, l'une à 4,900 mètres, les deux autres à 3,700 mètres; de plus, une espèce de Ilycrinus, qui ressemble aux précé- dentes et a été draguée par l'expédition suédoise dans les mers du Nord à 2,992 mètres. Enfin, quatre espèces de Pentacrinus. Voilà, je crois, tout ce que l'on connaît, en fait de crinoïdes, dans les mers actuelles, indépendamment des Comatulidées. Ce n'est certes pas beaucoup. Le nombre en sera augmenté, cela est probable, à mesure que les grandes expéditions de dragage se multiplieront. Cependant on ne peut guère espérer voir ce chiffre d'espèces s'accroître d'une ma- nière un peu considérable, puisque, d'un côté, le travail énorme de l'expédition du Challenger, dans l'océan Atlantique, n'a procuré que trois espèces, et que, de l'autre, nous voyons les gisements ter- tiaires, déjà si bien exploités, fournir un nombre de crinoïdes si restreint. Évidemment les crinoïdes adhérents, parmi lesquels se trouvent, à peu d'exceptions près, tous les genres perdus, tendent à disparaître des faunes marines, tandis qu'en revanche, la famille des Comatulidées, composée de crinoïdes libres, semble, dans l'époque actuelle, arriver à l'apogée de son développement. M. Charles GEAD Correspondant do l'Institut géologique de Vienne. SUR LA FORMATION DES CHARBONS FEUILLETES GLACIAIRES DE LA SUISSE. — Séance du 30 aoi'i I, 187 9 . — Je viens soumettre à l'attention de notre section de géologie quelques observations sur une formation de charbons feuilletés exploités en Suisse dans le bassin de la Limmat et sur les bords du lac de cil. GRAD, — CHARBONS FEUILLETÉS GLACIAIRES DE LA SUISSE 637 Constance. Celte formation comprise entre des dépôts de graviers recouverts de blocs erratiques date de l'époque glaciaire, d'une phase antérieure à la dernière extension des glaciers en dehors des Alpes. Le charbon employé comme combustible atteint 1 à 2 mètres, et sur certains points 4 mètre*? d'épaisseur. Ses couches constituent une masse compacte de couleur brune foncée, tout imprégnée d'eau, mais qui s'écaille et se décompose en feuillets sous l'effet de la dessication à l'air. Il se compose de mousses comprimées, mélangées de roseaux et de racines, avec du bois, des cônes de pin et de sapin. Bois, cônes et roseaux sont aplatis dans le sens des feuillets, de telle sorte que le grand diamètre dépasse quatre et même jusqu'à six fois le petit. Que le bois soit en morceaux ou en troncs entiers, on y voit encore les cercles annuels de croissance, souvent contournés ou fondus ensemble sous la pression. Certains troncs en ont jusqu'à cent, et le corps ligneux, l'écorce et les racines restent bien distincts. Une substance noirâtre qui salit les doigts au toucher, provenant probablement de la putréfaction des plantes herbacées, entoure le bois, comme dans la tourbe ordinaire. Comme combustible, la tonne de charbon représente l'équivalent de 20 mètres cubes de bois de h°tre et 30 mètres cubes de sapin. L'extraction se pratique par des galeries à fleur de terre et par quatre ou cinq puits. Les puits dépassent 30 mètres de profondeur, tandis que les galeries s'avancent tout près du village de Gauen. Découvert par hasard, ce gisement est exploité depuis 1826. Il se trouve à 515 mètres d'altitude, à 90 mètres au-dessus du fond de la vallée. Dans la chaîne du Gubel, une paroi verticale à nu laisse voir sur une hauteur de 30 mètres la succession des couches de sable et de gravier qui recou- vrent le charbon. Il y a trois lits de combustible, à peu près horizon- taux. Le lit supérieur a 5 pieds d'épaisseur, le lit inférieur 3 pieds ; le lit intermédiaire de quelques pouces seulement disparaît dans les puits vers le nord. Entre le lit d'en baut et celui d'en bas, il y a 7 à 9 mètres d'argile de couleur claire. Des veines minces d'argile traver- sent également les lits de charbon. Immédiatement au-dessus du charbon, la coupe du terrain indique un banc de gravier, puis une couche de sable d'un gris rouge supportant d'autres amas de cailloux roulés de la grosseur d'une noix à celle d'un poing. Ce sont des galets de granité, de quartz, de sernifit et de grès enveloppés de sable peu cohérent. Deux blocs énormes de nagelfluh bigarrée gisent au sommet de la colline. Escher de la Linth a vu le charbon en contact avec la molasse tertiaire dans une tranchée de la route de Gauen comblée ou recouverte depuis. A Durnten, les mêmes charbons feuilletés reparaissent à l'altitude de 515 mètres au-dessus de la mer, comme à Utznach, au milieu do 638 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE collines boisées et plus ou moins ravinées sur leurs flancs. Les premières fouilles pour la recherche de combustible ont été faites en 18o4 dans la colline appelée Oberberjr, puis continuées à partir de 186:2 au Binsberg-. L'extraction du charbon à TOberberg donna de 18o4 à 1862 environ 2,500 tonnes sur une surface de 8,090 toises carrées. Aban- donnée un moment par suite de l'appauvrissement du gisement, la hausse du combustible l'a fait reprendre depuis. Cette formation est assez tourmentée. J'ai trouvé les couches exploitées d'une part à 10 mèti-es, de l'autre à 4 mètres de profondeur. Dans l'ensemble, elles paraissent relevées du côté de la montagne. Sur un point des galeries, un fort lilon de gravier traverse obliquement le charbon. Sur un autre Targile y enire sous forme de coin. Sur d'autres encore le dépôt carbo- nifère remplit des poches dans le gravier ou l'argile, ou bien il se redresse verticalement recouvert seulement à la surface du sol d'un peu de terre végétale. Ces accidents dénotent des glissements survenus après la formation du charbon. La puissance des couches s'est réduite de 5 pieds d'épaisseur à 2 ou à 3, après avoir atteint jusqu'à 12 pieds par place. Les bandes argileuses qui traversent le charbon sont de couleur foncée, tandis que les grandes couches d'argile sont claires. En restant à l'air, les mottes de charbon en contact avec l'argile blanchissent et les ouvriers ôtent avec soin ces parties blanches à coups de hache. Tout le gisement du charbon repose sur une argile fine d'un gris jaune, sur lequel les couches de combustible tranchent nettement par leur nuance noire. Un puits de 10 mètres de profondeur creusé dans l'argile sous le charbon traversa un banc de cailloux roulés pris dans une terre glaise compacte et le forage fut arrêté par l'abondance de l'eau. Ailleurs une autre tranchée montra, immédiatement sous le charbon, beaucoup de pierres roulées prises dans l'argile. Ces pierres sont des cailloux siliceux ou de grès pareils à ceux de la nageltluh des montagnes voi- sines. Je n'y ai pas remarqué de stries glaciaires. Presque partout la terre argileuse se trouve à la base de ces dépôts. M. Heer a relevé dans l'endroit de la plus grande épaisseur la coupe suivante : h la base, sable lin jaunâtre et terre glaise; couche de charbon; cailloux roulés, avec nid de sable fin ; argile gris clair, renfermant par place des cailloux roulés; veine de charbon d'un demi pied d'épaisseur; argile surmontée de sept lits de sable alternant avec des bancs de cailloux roulés; à la surface, blocs erratiques de calcaire alpin et de serniht des Alpes. L'épaisseur des bancs de gravier varie beaucoup d'un point à l'autre et la surface du terrain est inégale, coupée de ravins. Entre Dûrnten et Utznach, au village d'Eschenbach, sur la rive gauche du lac de Zurich, on trouve un autre petit gisement de charbon feuilleté, également situé à l'altitude de 513 mètres. On en trouve aussi en. GUAD, CIIAUBOiNS FEUILLETÉS GLACIAinES DE LA SUISSE 639 des traces à la même hauteur au Buchbercf de Wangen, vis-à-vis d'Utznach, ainsi qu'à Kaltbrunuen, dans la vallée de la Lintli. Sur le parcours du chemin de fer de Zurich à Kapperschwyl, on a encore découvert un gisement de charbon sur le territoire d'Unter-Wetzikon. Ce gisement, mis au jour en 1857, a été exploité à partir de 18G1 et paraît maintenant épuisé, mais j'ai encore vu de grandes quantités de charbon de sa provenance. Gomme à Dûrnten, le charbon reposait sur une argile de couleur claire, pareille au blanc-fond des marais tourbeux. Au-dessus du charbon, il y avait de 4 à 40 mètres de gravier, avec des blocs erratiques. Selon M. Heer, a les cailloux roulés reparaissent au-dessous de l'argile, et avec eux des blocs calcaires striés, un bloc de granité de Pontaigles et un bloc erratique de 6 pieds de diamètre (1). » J'ai ramassé à 500 pas de la station de Wetzikon beaucoup de galets striés d'origine alpine, autour d'une roche polie à découvert près du chemin de fer et qui porte des stries fines et des cannelures parallè'es à la voie. La roche polie est du grès de molasse en place, à grains fins de couleur grisâtre. Un peu tendre, ce grès ne doit pas conserver les stries glaciaires dans les parties exposées à l'air. Dans la tranchée ouverte au-dessus de la roche polie, et dans le gravier, sur une hau- teur de 5 mètres, lors de la construction du chemin de fer, il y a des galets avec stries, de la grosseur d'une tête, entourée de boue glaciaire fort tenace faisant ciment. Une coupe idéale dressée à l'aide de nombreux forages ex<'cutés par M. Mes>ikomer à travers la vallée de l'Aa, lors de ses recherches sur les constructions lacustres de cette région, donnj la succession de couches suivant-^, de haut en bas : 1" Terre végétale, 1 pied et demi ; 2" Tourbe, 5 à 7 pieds, avec une veine d'argile molle ; 3° Argile molle, un demi-pied à un pied ; 4" Débris des habitations lacustres, un pied, avec pommes de pin carbonisées, grains de blé, tissus, ustensiles et armes ; 5" Blanc-fond avec coquillages ; 6o Gravier et sable, 40 à 42 pieds ; 7» Charbon feuilleté, 4 à 5 pieds; 8" Blanc-fond, un demi pied ; 9° Cailloux roulés ; 40" Molasse, avec lit de marne et de lignite. En fait de fossiles, la formation dos charbons feuilletés, soit dans le charbon même, soit dans les argiles intermédiaires, vingt-quatre espèces de plantes, des ossements de mammifères, des coquilles de mollusques et (1) OsWALD Hker : Die Urweld der Schweilz. 640 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE des restes d'insectes. Les insectes du charbon appartiennent presque tous au genre Donacia, dont on ramasse les élytres par centaines. Ces élytres, par leurs couleurs nnétalliques bleues et vertes, ressortent en taches brillantes sur le fond noir du charbon. Ils proviennent des deux espèces Donacia discolor et D. sen'cea qui vivent encore sur lee plantes des marais et au bord des lacs de la Suisse. En outre, 31. Heer cite dans les argiles carbonifères de Dûrnten VHylobius rugosus, espèce éteinte, proche parente de YH. Pineti ; puis dans les argiles claires le Pterostichus nigrita, petit coléoptère encore commun dans le pays, le Carahiles diluvianus et le C. ardicolis aujourd'hui éteints. Les mollus- ques fréquents dans l'argile sont le Pisidium obliquum, la Valvata ohtusa, la V. depressa qui vivent encore en Suisse dans les ruisseaux des tourbières. A Diirnten, on a découvert de belles molaires d'éléphant au fond de la couche carbonifère. Ce sont des dents d'Elephas antiquus, espèce voisine de l'éléphant africain actuel par la taille et la forme. A la face supérieure, la dernière molaire de la mâchoire a 67 millimètres de diamètre. Elle est garnie de douze protubérances transversales, allon- gées, dont les bnrds émaillés sont ondulés et portent des tubercules plus ou moins prononcés. Les argiles des charbons feuilletés de Dûrnfen fournirent aussi un squelette presque complet du Rhinocéros etruscus de Falconer, des ossements de Bos primigenius découverts également à Utznach avec des dents et des mâchoires d'Ui'sus speleus. Selon le pro- fesseur Rulimeyer, le Bos primigenius ou aurochs serait la souche du bœuf domestique actuel de la Suisse. Quant à VUrsus speleus, ou ours des cavernes, non seulement il avait une taille supérieure à celle de l'ours actuel des Alpes, mais son front était plus bombé et ses dents plus grosses, avec bosse entre les canines et les premières vraies molaires. Parmi les restes des végétaux de la formation des charbons feuilletés, nous avons le sapin commun, Pinus abies; le pin sylvestre, Pinus syl- vestris, et le pin des montagnes, Pinus montana ; le mélèze, Pinus larix, l'if, Taxus boccata; le bouleau blanc, Betula alba; le chêne, Qucrcus robur; l'érable faux-platane, ylccr pseudo-plalanus: le noisetier, Corijllus avellana avala ; le framboisier, Rubus idœux ; la myrtille ponctuée, Vac- cinium vitisidœ; des fruits de Galium palus tj-e ; le roseau, Phragmites communis ; le trèfle d'eau, Menyanthes trifoliata ; le macre flottant, Trapa natans; \e Scirpus lacustris. Comme cryptogames, notre ami, M. Schim- per a reconnu le Sphagnutn cymbifolium, mousse des marais, qui existe encore en Suisse et aussi dans les Vosges où elle forme des touffes raides très denses ; VHypnum lignitorum, la plus commune des hypnacées dans les charbons de Diirnten, intermédiaire entre YH. palustre et YH. ochra- ceum, qui se rencontrent dans les ruisseaux des montagnes et poussent en. GKAD. CHARBONS FEUILLETÉS GLACIAIRES DE LA SUISSE Cil sur le bois pourri et sur les pierres: 17/. priscum, semblable à VH. sannentosum, répandu depuis la Laponie jusque dans les marais des Alpes tyroliennes; une autre espèce qui rappelle les H. stramineum et H. trifarium des marais tourbeux et des ruisseaux des montagnes ; le Thuidium antiqimm, trouvé à i^îôrschwyl et semblable au Th. delica- tetmm actuel de la Suisse et des Vosges. M. Heer cite une seule espèce de cryptogame vasculaire représentée par les tiges articulées et striées de la frêle Equisetum limosum. Les phanérogames de la formation des charbons feuilletés se rapportent toutes à des espèces vivantes, à la seule exception d'un nénuphar, représenté par des graines seulement, et que le professeur Caspary classe dans un genre spécial, Holopleura . Les espèces qui ne croissent pas dans les tourbières et qui se rencontrent dans les bancs d'argile de la formation, l'if, le framboisier, le noisetier, lemacre, y ont été amenés du voisinage par les eaux pour s'enfouir dans le limon lors des inondations. Rappelons que le chêne a fourni un gland avec cupule à Mcirschwyl, le noisetier des fruits également à Môrchswyl et à Durnten. Puis le pin sylvestre, le pin des montagnes, le sapin, le mélèze, le bouleau, ont donné du bois et des fruits. Les cônes de sapin sont plus petits (juc ceux de l'espèce actuelle en Suisse et se rapprochent des fruits du sapin dans le nord de la Russie, mais l'examen microscopique de la texture du bois n'indique aucune diffé- rence. Quantité de cônes de pins sont rongés de la même manière que ceux que nous voyons dépecer dans nos forêts par l'écureuil pour en retirer les graines et dont le botaniste Lindley fait par erreur une espèce spéciale. Dans les diverses localités où nous venons d'examiner la formation des chai'bons feuilletés^ les couches de combustible sont recouvertes par des amas de gravier, accompagnés de blocs erratiques, et ils reposent sur des grès de molasse, soit immédiatement, soit au-dessus d'une argile grisâtre englobent parfois des cailloux plus ou moins gros. Cette argile représente le blanc-fond des marais et renferme de nombreuses coquilles de valvates et d'anodontes. Les grès de la molasse sont en partie durs et compactes, en par- tie tendres ou se présentent même sous la forme de sable. Ils se rangent parmi les formations tertiaires de l'épocjue miocène. Celui de la roche polie et striée de Wetzikon a une couleur grise et se compose de pail- lettes et de grains quartzeux avec du feldspath et d'autres parties miné- rales réunies par un ciment marneux. On l'emploie connue pierre de taille et à bâtir à Ebikon et à Utznach. Sur certains points, on croit avoir recueilli sous le charbon des pierres striées et polies d'origine glaciaire. M. Heer, dans son livre sur le Monde primitif de la Suisse, cite entre autres des blocs de calcaire alpin striés et du granité de Pon- taigles, ramassés au milieu de cailloux roulés sous le charbon de Wetzi- 41 642 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE kou. D'un autre côté, le professeur Deicke indique des amas de cailloux erratiques sous le charbon exploité aux environs de Môrschwyl, sur les bords du lac de Constance, canton de Saint-Gall. Les charbons feuille- tés de Môrschwyl ressemblent à la formation d'Utznach et de Diirnlen. Ils iburnisscnt par an ^,500 tonnes de combustible. Leur gisement se trouve à S44 mètres d'altitude à Krœpfel et à Huttenvveid, sur le terri- toire de Môrschwyl. A Huttenweid, M. Deicke distingue la succession suivante de dépôts de haut en bas: 10 pieds d'argile; 16 pieds de débris erratiques sans stries ni polis, avec blocs pesant jusqu'à 10 quin- taux ; 8 pieds d'argile avec des charbons feuilletés et des troncs d'arbres debout; 13 pieds de mômes débris erratiques avec blocs d'un pied de diamètre au plus; 6 pieds d'argile grise cendrée avec lambeaux de charbons ; 17 pieds de débris erratiques renfermant des blocs d'un pied d'épaisseur à la base de la coupe (1). La môme succession de cou- ches se montre à Krœpfel, avec deux lits de charbon d'un à trois pieds d'épaisseur. La présence des roches erratiques au-dessous et au-dessus des dépôts carbonifères indiquerait une double invasion des glaciers, séparée par une période de retraite pendant laquelle se sont formés les charbons feuilletés. Nombre de géologues produisent des faits à l'appui de cette double période glaciaire. Une des observations les plus remarquables invoquée en sa faveur est celle signalée par M. Morlot dans un ravm de la Drance, près îhonon, d'un amas de SO mètres de cailloux roulés et stratifiés reposant sur 4 mètres de calcaire alpin strié et recouvert lui-môme de blocs erratiques striitifiés et strié:>. Je n'ai réussi à recueillir môme sous le dépôt de charbon feuilleté aucune preuve bien sûre de l'action des glaciers. L'existence des blocs erratiques et des dépôts des glaciers au-dessus de la formation des charbons feuilletés est facile à constater. Mais la roche polie du chemin de fer de Wetzikon paraît avoir été striée par le glacier de la Limmat, après ou pendant son pas- sage par-dessus les charbons feuilletés. C'est après la formation des charbons que le glacier a déposé la moraine avec galets striés qui re- couvrent la roche polie. C'est le glacier qui a donné aux charbons leur structure feuilletée en les comprimant sous son poids , à la manière d'un gicantesque laminoir en mouvement. C'est encore au mouvement du glacier que nous attribuons le redressement des couches de charbon de Diirnten du côté de la montagne et leur rupture observée en diffé- rents points. Il a fallu des siècles, des milliers d'années peut-être pour la forma- tion des charbons feuilletés. A en juger par la présence des lits de nnv j1) Bull lin de la Société des sciences naturelles de Saint-Gall. 1867. CH. GRAD. CHARBONS FEUILLETÉS GLACIAIRES DE LA SUISSE 643 tières terreuses qui traversent les amas de charbon et qui prennent à l'air une teinte grisâtre, ceux-ci n'ont pas dû se développer d'une ma- nière continue. Ces lits d'argile marquent des interruptions dans la croissance des mousses qui constituent le principal élément des char- bons. D'oîi vient cette argile? Évidemment du hmon déposé sur les mousses à certains moments par suite d'inondations temporaires. Les mousses qui prédominent dans la composition des charbons feuilletés ressemblent à celles des marais tourbeux ou leur sont identiques. L'a- bondance des joncs, les roseaux dont les longs rhyzoraes noueux exi- gent un terrain meuble très mou, indiquent l'existence d'un ancien marais. La présence d'une quantité de graines de trèfle d'eau dans la masse du charbon concourt à établir le même fait. D'un autre côté, les animaux découverts dans les cercles de charbons, ou dans l'argile qui y est mêlée, sont des animaux qui ont vécu dans les marais ou y sont tombés par accident. Tels paraissent les escargots, les mollusques aqua- tiques répandus dans l'argile ou le blanc fond et qui vivent encore dans les ruisseaux des tourbières alpines. Tels sont aussi les insectes palustres si nombreux dans le charbon; sur quelques points, leurs élytres d'un bleu vif couvrent de larges surfaces. Ces insectes vivaient sur les plantes des marais comme les donacias de nos jours et quand à leur mort ils tombaient à l'eau, après la dislocation du corps, les parties les plus dures, surtout les élytres allaient au fond s'enfouir dans la masse tourbeuse. Ainsi dans la formation des charbons feuilletés tout ressemble aux dispositions que nous observons dans nos tourbières actuelles; avec cette différence toutefois que la pression et le mouvement d'un glacier ont comprimé et soumis à une sorte de laminage la substance des char- bons de Diirnten et d'Utznach. Ces dépôts indiquent l'ancien bord ma- récageux d'un lac, tandis que l'alternance des lits d'argile et de combus- tible démontre l'intervention de grands afflux d'eau, de débordements qui ont arrêté la végétation en la couvrant de vase, comme cela se voit encore dans les tourbières de nos jours. Pour revoir un lac dans la vallée de la Linth , autour des couches de charbon d'Utznach, il suffi- ait de combler les ravins situés, l'un entre Grinau et Utznach, l'autre entre Waugen et Schubelbach, sur les deux côtés du Buchberg inférieur et en arrière du lac actuel de Zurich. Nous avons vu aussi que les charbons de Durnten, au point de leur plus grande puissance où ils ont atteint douze pieds d'épaisseur, présentent six filons d'argile intercalés entre les couches de combustible, correspondant à autant de dépôts de vase lors des débordements. Les plus fortes débâcles amenaient les bancs de sable et de gravier. Avec chaque crue , venaient aussi des bois flottés, des troncs entiers ou en morceaux décortiqués qui se déposaient sur 644 ' GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE Jes mousses et les roseaux. Cependant une partie de ces arbres ont dû croître et s'ensevelir sur place , car nous trouvons dans les couches d'argile avec charbon feuilleté de la Brumenvvies, près xMôrschwyl des troncs debout mesurant deux mètres de hauteur sur un de large. A côté des troncs, il y a des rameaux détachés avec feuilles et cônes des deux espèces du pin sylvestre et du pin des montagnes. Que les arbres soient debout ou étendus, à l'état frais et au moment de l'extraction , le bois est mou, facile à couper; mais au contraire il devient cassant et dur en séchant. Sur les troncs de bouleau l'écorce se déroule dans les par- ties bien conservées. Pins et bouleaux se trouvent dans toutes les cou- ches, tandis que le sapin a seulement été observé à la base delà forma- tion. En France, nous avons des charbons feuilletés semblables à ceux de la Suisse, notamment en Savoie et à Biarritz. A Biarritz. M. Gaudin signale un dépôt de cette formation renfermant les graines d'une nym- phéacée éteinte, VHolopleura Victoria, mêlées avec celles du trèfle d'eau et accompagnées de noisettes et d'élytres colorées de donacia. En Sa- voie, c'est M. Pillet qui décrit une couche de charbon avec de l'argile grise sur un ht de sable fin, d'une profondeur inconnue. Au-dessus de l'argile se montrent 8 mètres de cailloux roulés, liés par un ciment calcaire dans leur partie supérieure. Puis vient un amas d'environ 80 mè- tres de débris erratiques non stratifiés et (juelqucs pierres striées. La couche de charbon renferme du bois de bouleau et des cônes de sapins; l'ai'gile des feuilles de saules des deux es\}hces Saltx cinerea el S. repens, puis de petits carabites, des élytres de Donacia discolor et de D. me- mjanlhès. On n'y a })as découvert d'ossements de mammifères ; l'ours des cavernes et le mammouth paraissent se trouver dans di'S formations plus récentes. Le mammouth n'a pas été reconnu non plus dans la formation des charbons feuilletés de la Suisse, mais nous y voyons VElepha^ anti- qum, le Rhinocéros etruscus, VUrsus speleus, le Bas primigenius. Cette dernière espèce, l'Aurochs, dont les naturalistes suisses font descendre la race actuelle du pays, vivait encore en l'Alsace et dans les Vosges du temps de Charlemagne. En ce qui concerne h'S inductions fournies par la végétation de l'époque sur le climat, la présence du chêne, de l'if, des gros troncs de pins avec lar^^es cercles atmuels ne révèlent pas une température alpestre ou arctique. Par contre, le pin des montagnes ne parle pas non plus en faveur d'un climat plus chaud que celui de nos jours. La plupart des végétaux déterminés prospèrent encore dans les Alpes et en Norwège entre 6 et 7 degrés centigrades de température moyenne. Nous pouvons donc admettre pour l'époque de la formation des charbons feuilletés une températuie moyenne à peu près pareille, CH. GRAD. — CHARBO.NS FEUILLETÉS GLACIAIRES DE LA SUISSE 043 et en tous cas peu intérieure à celle de notre climat actuel. Gomme à Utznach ces charbons reposent immédiatemenl eu couches horizonta- les sur les grès de molasse redressés perpendiculairement, le redresse- ment de la molasse a eu lieu avant le dépôt du charbon, et le relief de la contrée a subi des changements considérables. On peut suivre le redre.«;sement de la molasse tout le long de la chaîne des Alpes, tandis que dans la plaine suisse elle conserve sa position horizontale. La faune et la flore de la molasse si bien décrites par M. Oswald Heer, à propos des riches collections d'Oeningen recueillies au musée de Zurich (I) démontrent l'existence d'un climat beaucoup plus chaud, avec des arbres complètement étrangers à la végétation actuelle du pays. Entre le dépôt de la molasse et la formation des charbons feuil- letés, nous voyons un hiatus, une période de durée plus ou moins lon- gue, représentée suivant toute probabilité par la formation du crag de Norwich en Angleterre, par les lignites de Gandino et de la FoUa d'Indune, en Italie, au-dessus des charbons feuilletés reposent immédia- tement des amas de cailloux i-oulés et de sable avec des blocs errati- ques des Alpes à découvert. Non seulement ces blocs composés de sernifit des Alpes glaronnaises, de granité et de calcaire alpin, se trou- vent au-dessus des charbons d'Utznach et do Durnten ; mais nous les rencontrons sur toute la crête de la chahie de l'Albis jusqu'à l'Uetli d'un côté, et au sommet de Zurichberg sur l'autre rive du lac de Zurich . Nulle part dans cette région où règne la molasse, les roches dont viennent eus blocs évidemment amenés par les glaciers n'existent pas en place; mais ils forment souvent des traînées faciles à suivre, depuis le pays plat ])ar-dessus les montagnes jusqu'à leur lieu de provenance. Quelques-uns d'entre eux atteignent d'énormes dimensions, notamment le Pdugstein déposé à 140 mètres au-dessus du Zurich, entre Wetzwyl et Erlenbach, et qui mesure 2,400 mètres cubes avec une hauteur de 20 mètres. L'invasion des glaciers qui ont amené les blocs erratiques sur les gisements carbonifères du bassin de la Limmat, exigea un cli- mat beaucoup plus humide et un certain abaissement de la tempéra- ture au-dessous de la moyenne de l'époque de formation des charbons feuilletés. En résumé, les charbons feuilletés de la Suisse proviennent non de bois flotté et entassé, mais d'amas de mousses et de végétaux palustres formés comme ceux de nos tourbières actuelles, puis comprimés sous l'effet des glaciers qui ont envahi cette formation en la couvrant de débris errati(iues. L'invasion des glaciers alpins pur-dessus les dépôts de Durnten, d'Utznach et do .^lôrschwyl est un fait hors de doute. Peut- (1) HtER. Die Flora und dus Klina des Tertiard Landes, p. 5&. 646 GÉOLOGIE ET rdlNÉRALOGIE être même ces glaciers ont-ils déjà apparu dans la plaine suisse avant la formation des charbons, comme semblent l'indiquer quelques galets striés recueillis sous les dépôts do Môrschwyl et de Wetzikon. Dans ce casy les glaciers des Alpes se seraient avancés dans la plaine à deux reprises, séparées par un intervalle de retraite d'assez longue durée pour le dépôt des charbons. Ce qui est certain, c'est que le climat de cette époque de formation des charbons a différé bien peu du climat de l'époque actuelle. La flore actuelle présente les mêmes espèces que la végétation des charbons feuilletés, semblable aussi à celle de la forêt fossile de Cromer, sur les côtes du comté de Norfolk. Récemment aussi M. Rutimeyer a découvert dans les charbons feuilletés un tissu en bois indiquant un ouvrage de l'industrie humaine, en sorte que l'homme tsemble avoir vécu en Suisse à l'époque des formations deDûrnten, avant la grande extension des glaciers qui ont recouvert ces mêmes dépôts de blocs erratiques. M. CAZALIS DE EOIDOÏÏCE SecrétEiire général de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. ÉROSION DE CAILLOUX QUATERNAIRES DUE  L'ACTION DU VENT ET DU SABLE. — Séance du 3 août 1879. — L'action érosive du sable projeté par le vent n'a plus besoin d'être démontrée, depuis les ingénieuses applications qui en ont été faites dans l'industrie. C'est en effet, sur cette propriété qu'est fondé le souf- flet à sable que M. Thilghmann, de Philadelphie, a appliqué à la gra- vure et à la sculpture des corps même les plus durs. L'action érosive est, en outre, des plus rapides, car si l'on soumet une plaque de verre à un jet de sable elle est immédiatement dépolie. Il est naturel de penser que ce pouvoir d'érosion du sable projeté par le vent peut jouer un certain rôle dans les phénomènes de la nature actuelle et qu'on doit en tenir compte dans l'étude de ceux des temps géologiques. Des observations intéressantes sur ce sujet ont été faites en Amérique en 1853 par M. Blake (1) et en Saxe en 4874 par le profes- seur Naumann (2). J'ai eu l'occasion d'observer dans ces dernières (1) On the groouing and polishing of hard Rocks and Minerai by dry sand. Am. Assoc. Proc. 18o5, p. 216-22U; SiUiman journ. XX, ISïa, p. 178-181. U) Neues Jahrbuch, 1S74, p. 337. CAZALIS DE FONDOUCE. ÉROSION DE CAILLOUX QUATERNAIRES 647 années des effets non moins curieux de ce pouvoir d'érosion dans une, localité du département du Gard. La portion de l'arrondissement d'Uzès qui confine au Rhône, entre l'embouchure du Gardon et celle de la Cèze, est formée, pour la plus grande partie, de terrains de l'époque pliocène, recouverts par des cailloux roulés de quartzite roux, d'origine alpine, qui représentent l's anciens dépôts du fleuve au début de la période quaternaire. Dans les environs de Saint-Laurent-des-Arbres, la couche qui supporte l'assis" de cailloux roulés, est formée par des sables marins siliceux de couleur jaune, renfermant parfois des ossements de mammifères terrestres {Mas- todon brevirostre , Rhinocéros megarhinus. Cette assise, très puissante, repose sur une couche d'environ 1 mètre d'argile grise avec lignite et fossiles d'eau douce (Unios. planorbes, etc.). Le tout est supporté par des argiles bleues à Potamides Basteroti et forme sur les points que nous considérons, un ensemble qui n'a pas moins de 20 mètres de puissance. Les érosions qui se sont produites dans la masse de ces dépôts pendant la période quaternaire, comme conséquence de l'abaissement de la vallée du Rhône, ont donné naissance à la plaine de Saint-Laurent et aux collines qui la limitent du côté du sud. Celles-ci sont entièrement constituées par les sables profondément ravinés sur leurs flancs, et par la couche de diluvium qui les recouvre et forme toute la surface des plateaux. Un vent violent, le Mistral, règne pendant la plus grande partie de l'année dans la vallée du Rhône. Sa direction est sensiblement celle de la vallée elle-même, c'est-à-dire du Nord au Sud. Un peu au-dessous du confluent de la Cèze, la vallée du Rhône est brusquement rejetée vers l'Est par l'obstacle qu'opposent au cours du fleuve les pointe- ments turoniens de Montfaucon et, derrière eux, la barre néocomienne de Roqueraaure. La plaine de Saint-Laurent se trouve ainsi être la con- tinuation rectiligne de la partie supérieure du cours du Rhône. Elle est donc exposée à l'action directe du mistral qui, après avoir suivi la direction que lui impriment les roches secondaires de Saint-Étienne et de Chusclan, s'y précipite sans qu'aucun obstacle ait détourné ou affaibli la violence de son courant. Il soulève les grains de sable qui recouvrent la surface de la plaine, les transporte dans sa course en quantité innombrable et les projette avec violence contre les obstacles qu'ils rencnnirent. Le principal de ces obstacles est la côte sableuse et caillouteuse qu j limi'e la plaine au Sud. Coiilrc la ina^se sableuse l'action des graiic^ projetés est nulle, la violence du choc étant amorlie et, détourm'C |>;ir e peu de résistance du dépôt; mais sur les cailloux diii's de quart- zite elle exerce tout son pouvoir d'érosion. Ces cailloux sont tous 648 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE rongés, entamés, et présentent une apparence qui contraste au plus haut point, par des surfaces planes, des arêtes vives, un aspect poli et vernissé, avec celle des formes arrondies qu'offrent leurs congénères dans les autres régions du même dépôt. Lorsque j'arrivai pour la première fois dans ces parages, le 30 octo- bre 1876, je ramassai le premier de ces cailloux, qui frappa mes yeux en croyant avoir affaire à une pierre travaillée par la main de l'homme, à quelque percuteur ou quelque molette des temps préhistoriques ; mais mon erreur ne fut pas de longue durée. Tout autour de moi, les autres cailloux présentaient des formes analogues, des traces d'usure semblables. J'avais donc affaire aux produits d'une cause naturelle. Après avoir passé en revue les agents de la nature iini auraient pu être mis en jeu pour la [)roduclion de semblables effets, je m'arrêtai à l'action des grains de sable poussés avec force par le vent, comme donnant la seule explication possible du phénomène et comme a'accor- dant parfaitement avec la disposition des lieux et l'observation des cail- loux dans leurs diverses conditions de gisement. Tous ceux d'entre eux qui gisent à la surface, soit dans la plaine, soit sur les coteaux, sont plus ou moins entamés, mais si l'on creuse légèrement dans le sol inculte ou, dans celui des terres cultivées, assez profondément pour atteindre les couches que n'a pas remuées la cul- ture, on trouve les cailloux arrondis du diluvium tels qu'ils se présen- tent dans toute la vallée du Rhône, et on ne trouve que ceux-ci. Ils sont donc entamés par un agent dont l'action ne s'est exercée que sur ceux qui, ramenés à la surface, ont été en contact avec l'atmosphère à une époque postérieure à celle de leur dépôt. Sur le plateau diluvien et sur le bord des escarpements, il existe des parties cultivées autour desquelles les paysans déposent en tas, après chaque culture, les plus gros d'entre les cailloux que leurs outils ont amenés à la surface du sol. On peut faire dans ces tas une observation intéressante : c'est que la plus grande partie des cailloux qui les com- posent ne sont entamés que d'un seul côté, celui qui fait face au Nord, à la vallée supérieure du Rhône ; celui, en un mot, qui est sous le vent lorsque souffle le mistral. L'état de l'érosion n'est pas le même pour tous, les uns étant profondément entamés, tandis que d'autres sont encore à peine atteints. Cette seconde observation nous montre que ces érosions sont ducs à une cause agissant actuellement et dans la direc- tion du Nord au Sud, qui est justement celle du sable projeté par le vent dominant du pays. Ceux de ces cailloux qui, entraînés par les pluies d'orage, ou par toute autre cause, comme, par exemple, le piétinement des troupeaux de bêtes à laine, dévalent dans les ravinements du coteau et jusque dans CAZALIS DE FO.NDOUCE. — ÉROSION DE CAILLOUX QrATERNAIRES 649 la plaine, n'atteignent pas en une seule étape la partie la plus basse de celle-ci. Un premier orage les transporte à une certaine distance, un second un peu plus loin et ainsi de suite. A toutes ces haltes, ils pré- sentent des faces nouvelles à l'action des grains de sable, de sorte que l'érosion se fait de difiérents côtés et, sur chacun, d'autant plus pro- fondément que la station sur le même point a été plus longue et que l'action du vent et du sable y a été plus prolongée. Lorsque cette action a été suffisamment durable, le caillou est comme tranché et présente du côté entamé une surface plane, et lorsque cette action s'est exercée sur différents côtes, la combinaison de ces surfaces planes engendre des arêtes vives. l'endant une seconde \isite que j'ai faite dans celte localité le 30 avril 1S79, en compagnie de M. H. Nicolas. d'Avignon, un jour que le mistral régnait dans toute sa force, nous avons pu voir le sable en mouvement agissant sur les cailloux, de façon à vérilier la justesse des conclusions auxquelles m'avaient amené mes observations antérieures. Il serait intéressant de savoir combien de temps est nécessaire pour produire les effets considérables que l'on constate sur la plupart des cailloux. Chaque grain de sable produit sur la surface qu'il vient frap- per une morsure insaisissable avec nos moyens d'ohservaiion, mais le nombre de ces morsures produites pendant un ouragan est innombra- ble, de sorte que cet effet, isolément insensible, est multiplié dans une journée par un nombre infiniment grand : aussi des effets très sensibles peuvent-ils être produits dans un temps probablement très court C'est ce que permet de supposer l'expérience du soufflet à sable, avec lequel une plaque de verre est dépolie presque instantanément. On est amené forcément à cette conclusion, dans le cas qui nous occupe, si l'on remarque que chaque pluie qui survient déplace les cailloux ou les sables qui. en les entourant, les masquent en partie, de sorte que là oi^i l'on reconnaît une érosion considérable produite sans changement appréciable dans la position du caillou, on doit penser (jue cette érosion s'est faite dans le cours d'une même saison. Il serait d'ailleurs possible d'apprécier exactement le temps nécessaire à proiluire un certain effet en disposant des cailloux dans des condi- tions favorables pour recevoir le choc des grains de sable pendant un temps déterminé, un an par exemple; en notant le nombre de jours ou d'heures pendant lesquels, durant cette période, ils auraient été soumis à ce choc, et les variations de la force de propulsion du vent, et en comparant leur poids au début et à la fin de la période d'observation, ou mieux encore dans l'intervalle de chaque tempête. Ce? sont toutefois des expériences (ju'une personne résidant sur les lieux pourrait seule entreprendre et mener à bonne fin. 6o0 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE DISCUSSION. M. PoMEL, à propos des cailloux corrodés par le sable signalé par M. Cazalis, pense que tous les cailloux au Sahara présentent une surface luisante par polissage même au milieu des aspérités et que cela est produit par le frottement d'un pulvérin de sable agité par les vents. Les aspérités très fréquentes sur ces cailloux reproduisent assez souvent des reliefs orogra- pliiques en miniature. Les cailloux présentés par M. Cazalis semblent au contraire être dépolis et usés sur la surface intéressée, peut-être est-ce dû à l'élat plus grossier du sable mis en mouvement. M. LEEÎŒAEDT De MonlpiîlUer. PRÉSENTATION D'UNE CARTE GÉOLOGIQUE DU MONT VENTOUX. (extj^ut m: pr,nr;i;s-v£iïBAL) — Séance du t" septembre 1879. — M. Leenhardt présente la carte géologique de la région du mont Ventoux. Il énumère les différents terrains qui occupent celte région et fait connaître par un cert;iin nombre de coupes leur? relations straligraphiques et les dislo- cations qu'ils ont subies dans le soulèvement du Ventoux. Il insiste sur les rapports paléontologiques et straligraphiques des terrains urgoniens et aptiens et sur les éléments que l'étude de l'urgonien poursuivie du Ventoux jusque dans la localité classique d'Orgon, dont il donne la coupe, apporte dans la discussion du terrain urgo-aptien de quelques géologues. M. P. de LOEIOL De Genève. NOTE SUR LES ÉCHINIDES RECUEILLIS DANS LES EXPÉDITIONS DU « CHALLENGER » ET DU « BLAKE ». — Séance du 1" septembre 1879. — Dans une communication précédente sur les crinoïdes fossiles de la Suisse, je disais que le nombre des espèces de crinoïdes, connues jus- qu'ici dans les mers actuelles, à l'exclusion de la famille des Comatuli- P, DE LOKIOL. SUR LES ÉCHINIDES 6S1 dées, ne dépassait pas douze. J'ajoutais que le travail si considérable de l'expédition anglaise du Challenger, dans l'Atlantique, n'avait fait con- naître que trois espèces nouvelles. Les résultats de cette expédition sont bien diiierents, en ce qui concerne l'ordre des Échinides. M. Al. Agassiz, à qui incombe la tâche d'étcdier et de décrire les Échinides rapportés par le Challenger (1) a puDhé, tout récemment, un rapport préhminaire sur le travail auquel il vient de se livrer. Le même savant a aussi récemment rendu compte des principaux faits recueillis par l'expédition américaine du Blake (2). Je pense qu'il sera peut-être utile de donner quelques indications sur les résultats de ces deux expéditions, car ils ont une grande impor- tance au point de vue des conclusions que nous pouvons tirer des recherches géologiques et paléontologiques dont nous nous occupons. En 4874, la liste des Échinides connus dans les mers actuelles, arrêtée dans le grand ouvrage de M. Al. Agassiz (Revision of the Echini), se montait à 206 espèces. Depuis lors toutes les recherches entreprises par plusieurs expéditions, y compris celle du Blake, en ont fait connaître près d'une cinquantaine d'autres. La seule expédition du Challenger a procuré 43 espèces nouvelles, et appartenant, pour la plupart, aux types les plus curieux; 16 genres sont nouveaux. Des représentants de trois genres, connus seulement à l'état fossile, ont été retrouvés à l'état vivant. Ce sont les genres Cottaldia et Cato- pygus dont on n'a point encore trouvé d'espèces au delà de la craie supérieure, et le genre Conoclypeus qui abonde dans les terrains ter- tiaires, et dont le Blake a découvert une magnifique espèce dans les eaux du golfe du Mexique. Les découvertes les plus importantes ont été faites dans les familles des Echinothuridées et des Holastéridées dont, il y a peu d'années, on ne connaissait aucun représentant vivant. Les Echinothuridées, famille d'oursins réguliers ayant le singulier caractère de posséder un test flexible, composé de plaques imbriquées unies par des membranes, étaient connues par quelques fragments d'une espèce, trouvés dans la craie blanche d'Angleterre, au sujet desquels on avait été longtemps dans le doute. On en connaît maintenant une douzaine d'espèces vivan- tes, dont huit rapportéas par le Challenger. Dans la famille des Holas- téridées, dont les représentants abondent dans les terrains crétacés, et '1) Al. Acassiz. Preliminary Report on Ihs «. Challenger» Echini Proceedings of the American Academy of Arts and Sciences, vol. U. juin 1879. (2) Al. Agassiz. Letler on the dredging opérations of the U. S. Coast Survsy, S"". « Blake », from. dcc. 1818 ta march 4819 [liullelii the muséum of comparative Zoology al Cambridge, vol. V, w 4i). Gîi^ lîKOLOGIE ET MINÉRALOGIE sont au contraire extrêmement rares dans les terrains tertiaires, beau- coup de nouvelles espèces et plusieurs genres nouveaux ont été découverts. Les uns se rapprochent des Échmocorys, d'autres des Hoïaster et des Tnfulasfer, la plupart sont des plus remarquables par leurs formes bi/arr»'s et leurs caractères. Toutes ces espèces vivantes de la famille des Holastéridées sont strictement limJîées dans les grandes profon- deurs, aucune n'a été trouvée à moins de 750 mètres, et là elles sont rares; elles se montrent plus abondantes entre 2,000 et 4,000 mètres, et on en rencontre encore à 5,600 mètres. Il en résulte que ces espèces, de même que les espèces fossiles de la môme famille, ont le test mince et très fragile, parfois môme flexible, car, dans ces grandes profondeurs, le calcaire que peuvent fournir les eaux est réduit au minimum. • L'étude des données bathyrtiétriqucs, qui ont toujours été notées avec le plus grand soin, pour chaque espèce, a révélé des faits vraiment extraordinaires et qui renversent bien des idées reçues. Un croyait généralement que les espèces vivaient à des profondeurs assez constan- tes, et, jugeant par analogie, les géologues pensaient pouvoir conjec- turer, de la présence de certaines espèces, que tel dépôt avait été formé dans une mer profonde, que tel autre était côtier. De semblables con- clusions, basées sur l'observation des oursins, dans un très grand nom.bre de cas, on peut dire dans la majorité des cas, pourraient n'être point exactes. M. Agassiz cite des espèces, V Échinocardium australe, par exemple, que l'on rencontre depuis le rivage jusqu'à 5,350 mètres, et le Brissopsis lyrifera qui pe trouve depuis 30 mètres jusqu'à 2,200 mètres. Beaucoup d'espèces, sans présenter des écarts aussi énormes, ont une distribution balhvmétrique extrêmement étendue. Si l'on envisage les genres, le résultat est à peu près le môme; quelques espèces peuvent ne se rencontrer qu'à de faibles profondeurs, tandis que d'autres vivent dans les abîmes, et vice versa. Ainsi, on trouve des Salénies depuis 200 jusqu'à 3,700 mètres. La plupart des Cklaris sont côtiers, mais il en est qui se trouvent à 4,000 mètres. Les Diadema, les Asteropyya sont côtiers, mais un genre nouveau, tout voisin, va de 200 à 4,400 mètres. Parmi les Échinothuridées, un Phormosoma commence à 400 mè- tres, est assez abondant à 4,000 et descend à 5,500 mètres. Un Maretia [M. planulata) ne se trouve jamais au delà de 56 mètres, un autre ( 1/. alta) va à 1,600 mètres. Je ne puis tout citer. Un fait bien remarquable, c'est que, dans l'expédition du Blake, un bon nombre des espèces retirées par le Challenger des très grandes profondeurs ont été retrouvées dans les environs du golfe du Mexique à des profondeurs infiniment moindres, à 200 et 300 mètres, par exemple. p. DE LORIOL. SUR LES ÉGHINIDES t)o3 Cependant il est des genres et des espèces qui paraissent bien plus strictement confinés dans de certaines limites batbyinétriques. Voici quel- ques faits que l'on peut Siïïii'mer jusqu à aujourd'hui. Je viens de parler du Maretia planulata. Los Echinocidar/'s sont tous cûtiers. Les genres de la famille des Temnopleuridées, Salmac/.s, etc., ne descendent pas au dflà de 200 mètres. La iamille dos C'ypeaslroidèes est aussi exclusivement littorale (à deux ou trois exceptions près). Les Clypeastcr se trouvent toujours en dedans de la ligne de 100 brasses ; on peut tirer par con^ iéquent, de leur présence h l'état fossile, des conclusions paléontologi- ques très probables; ou peut affirmer qu'il est à peu près certain que ceux des dépôts miocènes qui contiennent tant d'espèces de Clypcaster, ont été formés près des rivages. Cette famille des Clypeastroidées est peut-être la plus strictement littorale; une seule espèce, VEchùtocyamvs pusillus a une area géographi(pie et batliyméLri(]uc très étendue. Par contre, la famille des Holasléridées, ainsi ([u'il a été dit, appartient exclu- sivement aux grandes profondeurs. .(-i)>?) Les résultats fournis par la distribution géograpbiiiuc de,, espèces ne sont pas moins curieux et contraires aux notions admises. On peut dire que chaque nouvelle expédition tend à étendre notablement l'habitat d'un certain nombre d'espèces. Ceci est favorable aux déductions paléon- lologiques, en montrant que des espèces peuvent caractériser des dépôts contemporains, même à des dislances extrêmement grandes. Je citerai quelques-uns des faits nouveaux. On trouve maintenant le Spatangus Rasclû depuis les Hébrides jusqu'au cap de Bonne-Espérance, \' Echinocyamus pus/Uus (iapws les mers du nord de l'Europe jusqu'au sud de l'Atlantique; le Bris-^opsis lyrifera, le Schizaster fragilis étaient coiums des mers de Norvège; on les a recueillis aussi au sud de l'océan Indien. Plusieurs autres esj)èces, que l'on croyait caractériser les faunes sep- tentrionales, VEchinus elegans, le Psammechinus norvégiens, le Spatan- gus purpureus, V Echinocardium flavescens, ont été draguées sous les tropiques, mais toujours à une profondeur infiniment plus considérable que celle à laquelle elles vivent ordinairement dans le Nord, car c'est là qirel'es retrouvent des eaux suffisamment froides pour les besoins de leur existence. On a quelque peine à concevoir comment, à des profondeurs si diverses, elles trouvent toujours la nourriture (|ui leur convient, mais enfin il [îaraît qu'il en est ainsi. J'ajouterai aux quelques détails que je viens de donner la traduction de deux faits intéressants mentionnés par M. Al. Agassiz dans son rap- port sur l'expédition flu Blake : « iXous retirâmes, au large deNuevitas (Cubaj, d'une profondeur de >^ 1,988 mètrcj, de gros blocs de véritable craie blanche, cqmposée (J54 GÉOLOGIE ET MINÉUALOGIE » presque uiiiquoincnt de jj:lol)igcrii)es et de rotuliiies. De grandes quan- » tités d'ooze et d'argile blanche, reconnues pour être uniquement » de la craie blanche à divers degrés de compression, arrivèrent » aussi dans la drague. Si ce qui se passe actuellement à cette » profondeur ressemble (juelque peu h ce qui se passait à l'époque de la )) craie, il est extrêmement facile de comprendre avec quelle perfection » des oursins et des coquilles ont pu se conserver, une fois remplis de » cotte substance homogène qui les enveloppait et qui, par une com- » pression graduelle, devenait de la craie blanche solide. » « Pendant que nous draguions près des îles Caraïbes, nous avons été » frappés des grandes quantités de matières végétales et de débris pro- » venant des rivages que nous retirions des grandes profondeurs à plu- » sieurs milles en mer, où ils avaient été entraînés par les vents d'est. » Souvent, à 10 ou 15 milles du rivage, nous retirions de profondeurs ); dépassant 2,000 mètres, des masses de feuilles, de fragments de bam- » bous et de cannes à sucre, des coquilles terrestres, etc. Le produit de » certains coups de drague aurait certainement étonné un paléontologiste; » il y aurait trouvé, à côté des crustacés, des échinodcrmes, des épon- » ges des faunes profondes, des feuilles de manguier et d'oranger, avec » des morceaux de bambou et des coquilles terrestres en profusion, si ); bien qu'il aurait ])u hésiter à dire s'il avait devant lui un dépôt marin » ou un dépôt terrestre. Un amalgame semblable, trouvé à l'état fossile, )) serait représenté comme un dépôt formé dans un estuaire entouré de )) forêts, et cependant la profondeur de laquelle il provenait dépassait » souvent 3,000 mètres. » Il est inutile d'insister sur l'immense intérêt des découvertes dont je viens de donner un aperçu, et sur leur importance. Chaque jour il de- vient plus nécessaire ii chaque géologue, à chaque paléontologiste, de se tenir au courant des résultats de ces expéditions de dragage, dont l'uti- lité est si considérable pour toutes les branches de la science. M. aecrges EEYOIL PLAGES ANCIENNES DU PAYS ÇOMAL. (EXTRAIT DU PUOCÈS-VERBAL) — Séance du i'^' sci>tcnibre iS79. — M. Revou. expose qu'il a observé des plages soulevées, avec dépôt de sel ot coquilles marines dans le pays Çomal. COTTEAU. — SUR LES ÉCHIMDES DE l'ÉTAGE CÉNOMAMEN 655 DISCUSSION. M. PoMEL. — Les dépôts sii^nalés sur la côte orientale d'Afrique pourraient api)artenir à cet ensemble de plages soulevées toujours à une assez faible liauleur et qui constitue comme un cordon continu sur les rivages de la mer Rouge, de la Méditerranée et de l'Atlantique jusqu'au golfe de Guinée, plages dont l'émersion remonte aux temps qu:iternaires; mais il est encore probable qu'il y a des couches plus anciennes d'après la disposition elles caractères de la stratification qu'a observés le voyageur. M. COTTEAU Ancien président de la Société géologique de France. CONSIDERATIONS STRATIGRAPHIQUES ET PALEONTOLOGIQUES SUR LES ÉCHINIDES DE L'ÉTAGE CÉNOMANIEN DE L'ALGÉRIE. — Séance du 1" .se pt c inhrc i879. — 31. Pérou, M. Gauthier et moi, nous venons de teiiniiier la descrip- tion des échinides cénomaniens de l'Algérie. Ce travail comprend une notice stratigrapliique de M. Pérou sur l'étage cénomanien si puissant et si largement développé dans nos possessions d'Afrique, et la descrip- tion des nombreuses espèces d'échinides qu'on y rencontre. J'ai pensé qu'il ne serait pas sans intérêt de présenter un résumé succinct de cette étude et d'en taire connaître, au point de vue paléontologique surtout, les principaux résultats. L'étage cénomanien dont l'épaisseur, sur certains points, dépasse oOO mètres, contribue à la formation de presque tous les grands groupes montagneux de l'Algérie, sauf peut-être ceux du littoral. Suivant les régions où on l'observe, dans le Tell algérien ou sur les hauts plateaux, il se présente sous deux aspects bien distincts et telle- ment disparates qu'au premier abord on serait tenté d'y voir deux séries de couches d'âges différents, les unes représentant le cénomanien à faciès crayeux du bassin parisien (étage rhotomagien), les autres les grès du Maine, et principalement certaines couches méditerranéennes du sud-ouest de la Provence. Il n'en est pas ainsi : ces dépôts, loin d'être superposés, sont, suivant toute probabilité, parallèles et synchro- riiques; ce sont deux faciès d'un même étage^ deux séries de sédiments déposés dans des conditions de fond éminemment différentes, et pré- i5S6 GÉOLOGIE KT MIiNÉllALOGIE sentant pur conséiinent des fauiu'S particulières appropriées aux condi- tions biologiques qui leur étaient faites. Entre ces deux séries de cou- ches se trouvent à la limite miMidionale de la réjj^ion du Tell des gise- lïienls intermédiaires dont le car.ictèro paléontologique est pour ainsi dire mi\te, et qui relient le cénomanien du nord à celui du midi. . Ce vaste ensemble de couches est, sous le rapport paléontologique, d'une richesse exceptionnelle. Les échinides surtout abondent et se font remarquer par la variété de leurs genres et de leurs espèces, le nom- bre de leurs indi\idii3 et le plus souvent leur admirable conservation. Quatre-vingt-six espèces ont été recueillies dans l'étage cénomanien de l'Al"férie : Cardiaster pustulifer, Pérou et Gaulhier, Holasler Cixiucuuli, Id . — sub(jlijbosus, Agas^iz. — siiborhicularis, Id. — Barandei, Coquaiid. — nodulosus, d'Orbigny. — Toacast, Cuqiiand. — Algirus, Peron. — pyriformis, Pérou et Gaulhier. Epiaster Villei, Coquaud. — maximus, Ll. — Vatonnei, Id. — Ilcnrici, Peson et GauUiier. — verrucosus, Goquaud. — crassior, Pérou et Gauthier. Hcmiastcr Mcslei, Id. — Aumalcnsis, Coquand. — Nicaisci, Id. — Aincliœ, Peron et Gaulhier. — granulosus, Coquand. — pseiidufourneli, Peron et Gaulhier. — Gabrielis, îd . — Batnensis, Coquand. •— proclivis, Peron et Gauthier. — Selifensis, Id . — Jullieni, Id . — Saadensis, Id . — Lorioli, Id . — Bourguignati, Coquand. — Heborli, Peron et Gaulhier. — Devaiixi, Coquand. Chauvcncli, Pérou et Gauthier. — Zitlcli, Coquand. — hippocaslaneum^ Coquand. Pygurus lampas, Desor. Echinobrissits angtistior, Gaulhier. EchinobrissHS rolundus , Peron et Gau- thier. — gibbosus. Id. — Gemcllaroi, Coquand. Phyllobrisaiis jlovidus, Cotleau. Archiacia sandalina, Agassiz. — Snadensis, Peron et Gaulhier. Pysina Tiinisensis, Id. — crucifera, M. Echinoconits caslanea, d'Orbigny. — Thomasi, Peron et Gaulliiir. Discoidea cylindrica, Agassiz, — Forgemolli, Coquand. — i,ubuculus, Klein. — • Jullieni, Peron et Gauthier. Holectijpus excisus, Cotteau. — Cenomanensis, Gueranger. — Chauvencli, Peron et Gauthier. Anorthopygus orbiculaiis, Cotteau. Cidaris vesiculosa, Goldfuss. — atropha, Peron et Gauthier. — anguiitata, Id. — Cenomar.ensis, Cotteau. Itliabdocidaris Pouyannei. Id. Salenia clavata, Peron et Gauthier. — Batnensis, Id. Pcltastcs acanthoides Agassiz. — clatlwatus, Cotteau. Gonivphûrus pinntlatus, Agassiz. Heniicidaris Batnensis, Cotteau. Pseudodiadema variolare, Id. — Algirutn, Peron et Gau- thier. — maciloilnin, Id. — concinnian, Id. Pseudodiadema margaritatum. Id. OOTTEAU. — SUR LES ÉCHINIDES DE l'ÉTAGE CÉNOMANIEN 657 Heterodiadema Libycum, Cotteau. Goniopygus Coquandi, Cotteau. Glyphocyphtis radiatiis, Desor. — Meslei, Peron et Gauthier. Pedinopsis Desori, Cotteau. ,iioii)i in-rr Messaoïid, M. Coptophymaproblematicuvi, Peron et GaiiT.,: ..,_■.— ^ impressus, Id thier. — conicus, Id. Orthopsis miliaris, Cotteau. Cudiopsis dama, Agassiz. ' — ovata. Id. — ^issa, Peron et Gauthier. Micropediria Cottcaui, Coquand. Cottaldia Benettiœ, Cotteau. Goniopygus Menardl. Agassiz. Sur ces quatre-vingt-six espèces, trente-sept avaient déjà été décrites et figurées ; cinquante-neuf sont signalées pour la première fois. Parmi les trente-sept espèces déjà décrites, vingt-cinq se rencontrent en France. Holaster subglobosus, Agassiz. Cidaris vesiculosa, Golofuss. — suborbicularis, Agassiz. — Cenomancnsis, Cotteau. — nodulosus, d'Orbigny. Peltastes acanthoides, Agassiz. — Toucasi, Coquand. — dathratua , Id. Epiaster Villei, Id. Goniophoruslunulalus, Id. Pygurus lampas, Agassiz. Pseudodiadema variulare, Cotteau. Archiacia sandalina, Agassiz, Heterodiadema Libycum, Id. Echinoconus caslanea, d'Orbigny. Glyphocyphus radiatus, Desor. Discoïdea cylindrica, Agassiz. Goniopygus Menardi, Agassiz. — subuculus, Klein. — Coquandi, Cotteau. Holectypus excisas, Cotteau. Codiopsis doma, Agassiz. — Cenomanensis, Guéranger. Cottaldia Benettiœ, Cotteau. Anorthopygus orbicularis, Cotteau. Toutes ces espèces sont essentiellement caractéristiques en France de l'étage cénomanien, et quelques-unes sont remarquables par leur abon- dance et leur grande extension géographique. Elles suffisent pour établir un lien étroit entre les dépôts qui se sont formés à la même époque en Europe et en Afrique. Le bassin du Tell algérien et celui des Hauts-Plateaux, bien que plus rapprochés entre eux que le cénomanien d'Europe, offrent, dans leur faune, beaucoup moins d'analogie. Le nombre des espèces communes est très restreint. Sur les trente-trois espèces qu'on rencontre dans les couches du Tell et les cinquante -trois recueillies dans les couches des Hauts-Plateaux, deux seulement, Hemiaster pseudofourneli et Pseudodia- dema variolare paraissent communes aux deux bassins. Ces faunes syn- chroniques et cependant si nettement tranchées offrent ce fait particu- lier que non seulement les espèces ne passent pas d'une région dans l'autre, mais que les genres eux-mêmes se cantonnent dans des bassins qu'ils ne franchissent pas. Le genre Holaster qui compte huit espèces, ainsi que le genre Epiaster qui en comprend six, appart ennent exclusi- vement au bassin du Nord, tandis que les genres Holectypus, Gomopygus, Codiopsis, assez nombreux cependant en espèces, n'ont de représentants 42 65X GÉOLOGIK ET MINÉRALOGIE (|ue dans les dépôts des Hauts-Plateaux. Le cénomanien du Tell algérien renferme quatorze espèces déjà signalées en France : Holaster .suhr/lobusus, Agassiz. Discoïdea subumlus, Klein. — suborbicularis, Id. Cidaris vesiculom, (joldfuss. — nodulosus, d'Orbigiiy. Peltastes acanthoïdes, Agassiz. Toucasi, Goquand. — clalhratus, Cotteau. Epiaster Villei, Id. Guniuphorus lunulatus, Agassiz. Echinoconus castanea, d'Orbigny. Pseududiaderna variolarc, Cotleau. Disroïdea cylindricu, Agassiz. Glyphocyphus radiatus, Agassiz. Le cénomanien des Hauts-Plateaux en renferme douze : Pygurus lampas, Desor. Pseudodiadema variolare, Colteau. Archiacia sandalina, Agassiz. Ilelerodiadcma Libf/cum, Id.' Holectypus excisus, Cotteau. Goniopygus Menardi. Agassiz. — Cenomanemis, Guéranger. — Coquandi, Cotteau. Anorthopygus orbkuluri.s, Cotteau. Codiopsis doma, Agassiz. Cidaris Cenomanensis, M. Cottaldia liencltiœ, Colteau. Il sutïit de jeter un coup d'œil sur cette double liste pour se convain- cre que les dépôts cénomaniens du Tell représentent le cénomanien à faciès crayeux du bassin parisien (étage rhotomagien), tandis que les dépôts des Hauts-Plateaux, en dehors de toute idée de superposition, correspondent plus spécialement au grès du Maine et à certaines couches méditerranéennes du Sud-Ouest de la Provence. Si maintenant nous considérotis, au point de vue purement zoologi- gique, les nombreux échinidcs que renferme l'étage cénomanien de l'Algérie, nous en trouvons plusieurs qui offrent un véritable intérêt. Nous citerons parmi les Spatamj idées, le Cardiaster pustulifer, Peron et Gauthier, qui, par sa forme générale, sa partie postérieure évidée et subrostrée, son sillon antérieur large, profond, un peu rétrétù à l'am- bitus, rappelle le genre Infulasler. De gros tubercules, visiblement cré- nelés et perforés, largement scrobiculés, contribuent à en taire un type tout à fait exceptionnel. Citons également r£'/9/a.s/(?rt;errwcosus,Coquand, décrit et figuré par M. Coquand sous le nom (ÏHemiaster verrucosus, mais • qui, en raison de l'absence probable du fasciole péripétale, se range plus naturellement parmi les Epiaster, espèce très curieuse se distinguant nettement de i?es congénères par ses aires postérieures fortement inflé- chies, recourbées en forme d'arc, ses plaques interambulacraires larges, hexagones, bombées, munies de sutures déprimées et très apparentes et son test complètement couvert de gros tubercules mamelonnés et serrés. L'ensemble de ces caractères donne à l'espèce un aspect étrange, et peut-être aurait-il été nécessaire d'en faire le type d'une coupe géné- rique nouvelle. Le genre Hemiaster se présente dans l'étage cénomanien de l'Algérie COTTEAU. SUU LES ÉCHLNIDKS DE l'ÉÏAGE CÉNOMANIEN 659 avec un développement qui mérite de iixer l'attention. Vingt espèces, parfaitement distinctes, ont été décrites et quelques-unes d'entre elles sont extrêmement abondantes. Le geni'e Hemiaster a cela de particulier qu'en Algérie toutes ces espèces paraissent propres aux régions dans lesquelles on les rencontre, et que jusqu'ici aucune d'elles n'a été indi- quée, en France, dans les dépots du même âge. Parmi les Echinobrissidées, nous signalerons une fort belle espèce d'.lr- chiacia, Archiacia Saadcnsù, Peron et Gauthier, qui, tout en offrant quel- ques rapports avec VArchiacia Santonensis , s'en éloigne d'une manière positive par sa forme plus élargie, son cône ambulacraire jilus excen- trique en avant et marqué d'un sillon antérieur très prononcé, sa tace postérieure arrondie et non roslrée, son péristome plus rapproché du bord postérieur. Le terrain cénomanien des Hauts-Plateaux nous a offert également de magt)ifiques exemplaires de VArchiacia mndalina, espèce type du genre, très rare dans les collections et toujours facilement reconnaissable à sa forme étroite à son cône ambulacraire gibbeux, obli- (jue, fortement prolongé en avant. Le Discoïdea For(jeinolli,de la famille des Echinoconidéea, nous a fourni un exemplaire pourvu de ses plaques anales. Au nombre de dix à douze, ces petites plaques sont de grandeur très inégale et entourent r.uuis qui s'ouvre vers la partie voisine du péristome. Nous avons pu les com- parer aux plaques de même nature déjà observées chez deux autres espèces de Dincoidea, Disc, iniiiima et Disc, cylindrica, et constater les caractères qui les en éloignent ou les en rapprochent. Parmi les échinides réguliers, nous mentionnerons en première ligne V Helcrodiadema Libycum, très commun dans les Hauts-Plateaux, et dont nous avons fait, il y a quelques années, le type d'un genre adopté depuis par tous les auteurs. L'appareil apical n'était connu que par son empreinte, et son prolongement anormal au milieu de l'aire inter- ambulacrairo impaire aurait pu faire penser que le périprocle était excentiique en arrière par suite peut-être de l'adjonction d'une plaque suranale, comme dans les Acrosalenia.La question est maintenant réso- lue : sur un des exemplaires décrits le périprocte est parfaitement visible, et occupe le centre de l'appareil qui ne doit sa forme particulière qu'au développement extraordinaire de la plaque génitale postérieure, ce qui exclut toute analogie avec les Salénidées. Mentionnons également Y Jlemicidaris Batnensis, dernier représentant d'un genre si abondamment répandu à l'époque jurassique : son appa- reil apical, formé de plaques génitales allongées, anguleuses et de pla- ques ocellaires placées directement sur le bord du péi'iprocte, s éloigne de l'appareil apical des véritables Hcmicidaria et lui domie une |»hysio- 6t)(| GÉOLOGIE ET MINÉIlALOGlE iiomie spéciale i\a\ tend à le rapprocher des genres d'origine plus récente, les Diadema, les Echinothrix, etc. L'un des types les plus curieux de l'étage cénomauien de l'Algérie est sans contredit le Coptophyma problematicim, Peron et Gauthier, espèce unique d'un genre nouveau, que son aspect général, l'étroitesse de ses aires ambulacraires offrant vers la base, entre chaque tubercule, de petites fossettes munies de pores, rapprochent du genre Goniophorus, parmi lesquels je l'avais placé dans mes Échinidcs nouveaux ou peu connus, mais qui s'en distingue certainement par son appareil apical régulier et dépourvu de plaques suranales. Les dépressions horizontales et profondes qui marquent la suture de ses plaques interambulacraires lui donnent un peu la physionomie du Glyphocyphus dont il se séptare du reste par tous ses autres caractères. DISCUSSION M. POMEL fait observer que 'd'après les indications de M. Cotteau on pourrait croire que le sol de l'Algérie est partout une riche mine d'échino- dermes fossiles, surtout dans l'étage cénomanien. Il n'en est cependant pas ainsi, car presque partout la région du Tell est au contraire très pauvre, les beaux et riches gisements se trouvent à peu près uniquement sur les plateaux, dans la province de Constantine et dans la partie orientale de celle d'Alger. Dans tout l'ouest de l'Algérie les gisements dans ces terrains sont pauvres et rares, et ce n'est que dans les couches miocènes qu'on peut recueillir un certain nombre d'échinodermes, surtout des clypéastres qui y constituent une faune très reni'irquable et qui est à peine représentée dans l'est de l'Algérie. M. COLLOT Agrégé à TÉcole lic iiliiirmucic du Moiitpallier. LA CRAU. (EXTliAlT DU l'BOCÈS-VKItBAL) Séance du I" septembre i879. — M CoLLOT expose les raisons qui le font différer d'opinion avec M. Co- quand et qui le rapprochent de M. Martins. Le premier affirme que les variolites de la Durance ne se retrouvent pas dans la Crau, le second cons'dère au contraire cette plaine comme le lit de déjection de la Durance ayant passé par le Pcrluis de Lamanon. Or, si on explore la Crau à POMEL. — PRÉSENTATION o'aRGILE COMESTIBLE 661 Lanianon même, à Miramas, Entressen, Istres, soit à la surface, soii à une profondeur de quelques mètres, on y trouve, avec les qiiartzites et les calcaires, les roches vertes des Alpes en abondance : variolites, euphotides, diorites. Les quartzites de la Grau se retrouvent, il est vrai, dans les alluvions du Rhône bien en amont d'Avignon, mais cela ne prouve pas l'intervention du Rhône dans la Crau de Miramas, car la Durance est aussi riche en quart- zites, qu'elle arrache aux montagnes du Briançonnais. Une circonstance qui mérite particulièrement d'appeler l'attention, c'est la disposition des courbes de niveau de la Crau, qui ne sont pas ordonnées par rapport au Rhône, mais représentent les sections horizontales d'un cône dont le sommet est à Lama- non. Un autre dépôt caillouteux, plus ancien, correspondant à un niveau plus élevé de la Durance et à ses plus hautes terrasses, et qui a son sommet à 163 mètres, entre Lamanon et Eygnières par où il s'est écoulé, ne contient pas de roches vertes et affecte une couleur jaune. Il forme toute la lisière nord de la Crau d'Eygnières jusqu'à Saint-Martin du Crau, Raphèle et Arles. C'est sans doule cette surface restreinte que M. Coquand a visitée. L'auteur ne connaît dans la Crau rien de semblable au diluvium formé de quartzites et quartz laiteux avec argile rouge, qui forme le cailloutis le plus superficiel du département du Gard et de l'Hérault. DISCUSSION M. DE RouviLi.E demande à faire la distinction entre la Crau géographique et le cailloutis diluvien, rouge, de l'Hérault, auquel on donne aussi, géologi- quement le nom de Crau. M. Leenhahdt a constaté, comme M. Collot, que les dépôts caillouteux s'en- richissent à la surface de cailloux silicieux par suite des actions atmosphé- riques qui détruisent les autres roches. M. POMEL Sénateur d'Omn. PRESENTATION D'ARGILE COMESTIBLE. 'extrait du procks-vehbal.) Séaiire du h" septembre 1S79. M. PoMEL présente un morceau d'une argile que mangent les nègres visitées par M. Soleillet sur les rives du Niger. 6&2 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE M. de EOÏÏYILLE Professeur A in Fuculti- d.'* scwnrcs d.-» Montpellier. PHOSPHATES DE CHAUX DE CETTE. (EXTnAiT nn procès-veriial) — Séance d u h'' septembre 1879. — M. DE RoLviLLE montre des échantillons des phosphates de chaux de Cette. Ce phophale est enfermé dans des poches du calcaire jurassique et paraît provenir d'une épigénie de ce calcaire. M. de EOÏÏYILLE Professeur â la Faculté des sciences de Montpellier. LA TRAMCHEE DE POUSSAN. (extrait du procès-veubal) — Séance du -/<:'■ septembre 1879. — M. DE RouviLLE présente quelques indications sur la tranchée de Poussan qu'on doit traverser le lendemain en chemin de fer en se rendant à Bouzigues, dans laquelle on pourra observer un dépôt fluviatile plus récent que les sa- bles à Ostrœa undata ravinant le calcaire moellon. Ce dépôt fluviatile passe sur certains points à un limon rouge qui rappelle celui du Cucuron renfer- mant de l'Hipparion. M. &. de TEOMELO ÉTUDE SOMVIAIRE DES FAUNES PALÉOZOIQUES DU BAS LANGUEDOC ET DES PYRÉNÉES. — Séance du 3 septembre 1879. — M. G. DE Tromelin expose une étude sommaire des faunes paléozoïques du bas Languedoc et des Pj/rénées. U faudrait quelques planches pour figurer des fossiles paléozoïques de l'Hérault : on a très peu figuré les fossiles paléo- zoïques de la France. MORIÈRE. — NOTE SUR UNE STATION DE SILURIEN 663 M. de Tromelin se demande si le grès du Glauzy (Hérault) ne serait pas carbonifère. DISCUSSION A la suite d'une remarque de M. Collot dans le même sens, M. de Rou- viLLE indique la Grange-du-Pin comme fournissant une coupe d'après laquelle ce grès et le calcaire qui le surmonte doivent être considérés comme siluriens. MM. a. de TEOMELIIÎ et LEBESCOîfTE SUPPLÉMENT AU CATALOGUE DES FOSSILES SILURIENS DE L'ANJOU ET DE LA BRETAGNE. — Séance du 3 septembre i 87 9 . — M. MOB.IEEE Professeur di? géologie ù lu Faculté des sciences de Caen. NOTE SUR UNE STATION DE SILURIEN A LA BRÈCHE-AU-DIABLE (CALVADOS). Séance du 3 septembre I8~9. — Lors d'une excursion faite par la Société Linnéenne de Normandie à la Brèche-au-Diable, le 2 juin 1850, il fut parfailement reconnu que les échantillons de grès recueillis dans plusieurs carrières du voisinage contenaient des fossiles qui ne laissaient aucun doute sur le synchro- nisme de ces grès et de ceux des carrières de May près Caen. Quant aux roches de quartzite qui se montrent en stratification à la Brèche même, à Rouvres, etc., et qui constituent aussi des blocs isolés dans la vallée du Laizon, comme on n'avait pu jusqu'alors y constater la présence d'aucun fossile, il était assez difficile de fixer leur âge et d'assigner leur place dans la série des terrains de sédiment. On était toutefois porté à les rapprocher des quartzites qui se voient dans la vallée si pittoresque de l'An te, particulièrement entre Noron et Falaise, et dans lesquels Dali- mier a signalé en 1862 l'existence de rares Tigillites, — et, par suite, d'assimiler les grès quartzeux de la Brèche-au-Diable aux grès de Mor- tain, de Domfront, de Bagnoles, etc., c'est-à-dire au grès armoricain. pQA GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE , .,, ^ ,, Un lieureux hasard m'a permis de mieux étudier le grès de la Brèche- au-Diable qu'on ne l'avait fait jusqu'à présent et de trouver, dans cette localité, une indication certaine de la place que le grès de May doi" occuper dans la série silurienne. ,j^,Le 18 mai 1878, jour où je taisais une conférence à Falaise, j'eus l'occasion d'apercevoir, sur la promenade qui longe le château, des tas f^^e grès provenant du dépavage de certaines rues de la ville et conte- ijant plusieurs pavés qui venaient d'être retaillés. En examinant les dé- bris, il me fut facile de trouver plusieurs morceaux contenant des JigilUtes ; un autre m'offrit une assez belle empreinte de Flabcllaria; des Modiolopsis et des Orthis se remarquaient sur quelques pavés. Il y avait là, bien évidemment, des grès provenant d'étages différents ; les uns se rapportaient an gi^ès de May, les autres appartenaient à l'étage armoricain. Ma curiosité fut vivement surexcitée lorsque j'appris par M. le Maire de Falaise que tous les pavés piovenaient des carrières de Soumont, situées à peu de distance de la Brèche-au-Diable. Quelle place le grès de May occupait-il dans ces carrières par rapport au grès armo- ricain? Telle est la question que je me posai alors et que je me proposai d'étudier aussitôt que les circonstances me permettraient d'aller visiter cette curieuse localité. , Ce fut seulement au mois de septembre que je pus mettre mon projet à^,exécution, accompagné que je fus alors, dans mon excursion, par un jeune géologue plein d'ardeur, M. Retout, professeur au collège de Mor- tain, qui, après avoir eu la bonne fortune d'étudier le bassin silurien de cette localité sous la savante direction de M. l'ingénieur des mines de Lapparent, fait maintenant porter ses recherches sur le silurien du Calvados. En suivant la route de Caen à Falaise jusqu'aux premières maisons du village de Potigny, et prenant sur la gauche, on trouve d'abord de petites carrières creusées dans la partie inférieure de la grande oolitlie qui a rempli les inégalités du récif de grès en cet endroit et qui, malgré sa grande dureté, m'a fourni les fossiles suivants : 0.^trea Marshii, Luciiia bel/ona, plusieurs espèces de Trigonies, une grande Lima assez commune, de nombreux spécimens de Rhijnconella subte- traedra, raremert bien conservés; une grande quantité de polypiers: Astrea, CladophvUia. etc. Quelques mètres plus loin, on n'aperçoit plus que du grès qui, d'après sa direction N. 40'' 0. et son plongement de 12 à 15° E., aussi bien que par ses caractères pétrographiques, paraît appartenir au grès armoricain. En continuant de se diriger vers Soumont, on arrive bientôt aux grandes carrières qui fournissent des pavés non seulement pour la ville de Falaise, mais (jui sont encore exportés dans diverses villes et devien- MORIÈRE. — NOTE SUR UNE STATION DE SILURIEN 665 lient l'objet d'un commerce très important. Si l'on suit les carrières qui se trouvent à la droite de la route de Potigny à Argences, à partir de l'église de Soumont, on ne tarde pas à trouver des grès de May plus ou moins fossilifères, qui, plus bas, vers le moulin de Soumont, font place à des schistes à Calijmcne Tristani, les mêmes que ceux, que l'on voit à Falaise, au-dessous du château. A peu de distance de ces schistes, on rencontre les grès à Tigillites au milieu desquels la Brèche a été produite et qui, dans cet endroit, offrent une direction NO-SE et une inclinaison de 22° environ. En partant de la Brèche-au-Diable pour regagner la route de Falaise à Caen, on trouve sur plusieurs points de la bruyère de Potigny de petites carrières creusées dans le grès armoricain qui, dans cette localité, est lardé de Tigillites. La coupe du terram silurien à Potigny-Soumont peut donc être ainsi établie : 1*^ A la partie supérieure un grès, fossilifère par place, avec Orthis, Baddleighensis Davidson, Modiolopsis Armoricana Salter, Ortho- nota normaniana d'Orbigny, diverses espèces de Trilobites, etc., c'est-à- dire le grès de May; 2" au-dessous de ce grès, le schiste ardoisier à Calymene Tristani, dont nous n'avons pas encore pu étudier tous les fossiles, mais déjà nous avons pu y rencontrer : Calymene Tristani Brong.; Calymene Aragoi Kouault ; Calymene declinata Corda; Dulmani- tes Phillipsi Barr ; Orthis lestudinaria Daim.; Orthis vespertilio Sow ; des ostracodes, parmi lesquels Primitia simplex Jones ; des empreintes de plantes non déterminées, etc.; 3° à la base, le grès à Tigillites, que l'on retrouve à Rouvres, à Falaise, à Noron, à Saint-Germain-le-Vasson, à Urville, etc. Le grès armoricain de Soumont a offert surtout des Tigillites, puis des Flahellaria et des Bysophycus, mais, jusqu'à présent du moins, je n'ai pu y constater la présence des Bilobiles. 11 ressemblerait sous ce rapport au grès de Domfront et de Mortain, qui ne contient que des Tigillites, mais dans certaines parties du département de l'Orne, et sur- tout à Bagnoles, les corps d'origine problématique auxquels on a donné le nom de Cruziana ou de Bilobites ont été rencontrés en grande quantité. La présence d'un minerai de fer à la base du schiste ardoisier et au- dessus du grès armoricain se voit-elle à Soumont comme à Urville (Calvados), à Bourberouge, près Mortain (Manche), et dans plusieurs autres localités? Je n'ai pas encore pu le vérifier, mais je me propose de le faire dans une prochaine excursion qui me permettra aussi, je l'espère, de reconnaître à Urville l'ordre de superposition que j'ai pu constater à Soumont. La place que le grès de May occupe dans l'ordre de superposition des Q66 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE étages du terrain silurien n'avait pas encore pu être appréciée d'une manière nette dans le département du Calvados. La station de la Brèche-au-Diable permet de résoudre ce problème géologique et d'af- firmer que ce grèî recouvre les schistes à Trilobites et leur est, par con- séquent, postérieur. On savait déjà que le grès de May a précédé les schistes ampéliteux à Orthocères, à Graptolites, à Cardiola interrupta par lesquels il est recouvert. M. le F Charles BÂEEOIS SUR L'ÉTENDUE DU SYSTÈME TERTIAIRE INFÉRIEUR DANS LES ARDENNES ET SUR LES ARGILES A SILEX. — Séance du 3 septembre 1879. — Les couches tertiaires du bassin parisien ont eu une extension su- perficielle plus vaste que celle oii elles sont limitées de nos jours. Élie de Beaumont, M. Hébert, ont déjà appelé l'attention sur ces faits dans le nord de la France; et M. Gossekt a pu dresser une carte montrant qu'à l'époque oii vivait la nummulites lœvigata, la mer intérieure du bassin de Paris communiquait avec la mer qui couvrait les Flandres en traversant le département du Nord dans presque toute sa longueur. On peut faire une observation semblable dans le département des Ardennes, où on doit rattacher au terrain Suessonien inférieur (terrain Landénien de Dûment); des lambeaux de sable et d'argile, dont je viens de publier une description détaillée dans le tome VI des Annales de la Société géologique du Nord. Cette étude m'a amené aux conclusions suivantes : Le landénien inférieur glauconieux ne se prolonge pas aussi loin que le landénien supérieur au N.-E. du bassin de Paris, soit que ce dépôt ne se soit jamais étendu aussi loin, soit que la glauconie qui forme le caractère lithologique de cette division ait été décomposée par les actions atmosphériques. Le landénien inférieur aux environs de Vervins est représenté par les argiles de Vaux, sables argileux verts, épais de 2 à 3 mètres ; la base du terrain tertiaire dans les Ardennes est formée par l'argile de Marie- mont, argile plastique grise avec petites concrétions calcaires, épaisse de 2"" ,50. — L'argile de Vaux est supérieure à Vargile à silex, Vargile de Marlemont est inférieure à Vargile à silex. C. BARROIS. — SYSTÈME TERTIAIRE INFÉRIEUR DES ARDENNES 667 Le landénien supérieur est représenté par des sables dans l'arron- dissement de Vcrvins, le canton de Rozoy, et dans la partie occidentale des Ardennes^ de Marlemont à Saint-Fergeux : ces sables quarzeux plus ou moins ferrugineux, présentent de nombreuses variations de cou- leur et de grosseur, qui rappellent les variétés de sables dits aachèniens. Les lits d'argile et de galets, diversement inclinés, que l'on trouve dans ces sablières, s'expliquent bien par la théorie des effondrements de M. de Lapparent. L'argile à silex, sur l'origine de laquelle tant d'hypothèses diverses ont déjà été émises, nous semble avoir été produite dans l'Aisne et les Ardennes par l'action lente des eaux pluviales, action qui se continue de nos jours sur des couches ravinées avant l'époque tertiaire. Cette argile à silex repose tantôt sur la craie à si'ex, tantôt sur Yargile de Marlemont; elle est inférieure, comme M. Gosselet l'a prouvé, aux sables landéniens. 11 y a des relations entre ces argiles à silex et les argiles brunes à fossiles siliceux, ainsi qu'avec les minerais de fer en grains, qui recouvrent les terrains jurassiques des Ardennes; il faut au contraire en distinguer les argiles à meulières à nummulites, grès lan- déniens, et silex, qui recouvrent les sables latidéniens, et sont post- tertiaires. Des grès du landénien supérieur, remaniés sur place à la base du limon, permettent de suivre très loin vers l'Est les traces du terrain tertiaire. Ce terrain a dépassé de ce côté les affleurements du terrain crétacé; on trouve des blocs landéniens sur l'oxfordien des environs de Vieil-Saint-Kemy, sur l'oolithe d'Estrebay à Thin-le-Moutier, et plus loin encore, jusque sur le massif paléozoïque des Ardennes, à Revin et Givet. Ces blocs siliceux du landénien montrent dans cette région de curieuses modifications lithologiques : ils sont à l'état de grès dans la région crétacée, mais en s'avançant vers l'Est ils passent à l'état de quarzite. L'altération, d'abord superficielle, devient de plus en plus pro- fonde, à mesure qu'on s'éloigne du centre du bassin de Paris. DISCUSSION M. DE Tromelin rappelle qu'au congrès du Havre il a exposé les mêmes faits dans son étude sur les terrains paléozoïques de Normandie (G. R. p. -i9o). 668 GÉOLOGIE RT MINI^:RAL0GIR M. le F Charles BAEEOIS SUR LE MARBRE GRIOTTE DES PYRÉNÉES. 3'!' h. — Séance du 4 septembre 1879. — Le marbre griotte oa inarbre amygdalin, forme un niveau constant dans les Pyrénées d'Espagne et de France ; il y est exploité partout avec activité, ayant été de tout temps très apprécié pour l'ornemenla- tion. Il est non seulement employé dans l'industrie locale, mais est souvent expédié au loin; on le retrouve dans tous les monuments construits sous Louis XIV (Versailles, Trianon, etc.), dans le palais royal de Berlin, dans la cathédrale de Léon bâtie en 1200, et dans un grand nombre d'autres édifices publics de l'Europe. Ce marbre griotte est directement recouvert, dans les Pyrénées espa- gnoles, par le calcaire carbonifère à productus ; c'est par erreur qu'on a considéré comme plus récents des schistes dévoniens avec cardium palmatum. Mes observations sur le terrain m'ont appris que ce inarbre griotte reposait en stratilication transgressive, sur les différentes cou- ches dévoniennes des Pyrénées occidentales; les fossiles de ce niveau sont généralement indéterminables, tels sont la plupart des goniatites et des orthocères recueillis par moi dans ces marbres rouges de la chaîne cantabrique. Il en est cependant quelques-uns dans le nombre qui m'ont permis de reconnaître la forme de leurs sutures et les plus mi- nutieux détails de leur test. J'ai également trouvé avec ces céphalopo- des, plusieurs espèces de trilobites, de brachiopodes, de crinoïdes, et de polypiers, dont l'énumération, tout incomplète qu'elle est, ne laisse pas de jeter un jour nouveau sur la position du marbre griotte dans la série stratigraphique. ..iVoici la liste de ces fossiles : Phillipsia Brongniarli, Fisch. — Castroi, nov. sp. Goniatites crenistria, Phill. — malladœ, nov. sp. ,,,,j-T-^. Henslowi, Sow. — cyclolobus, Phill. Orthoceras giganteum, Sow. Capulus neritoïdes, Phill. Orthis MicMini, Lév. Productus rugatus, Phill. Spirifer glaber, Mart. — sublarnellosus, de Kon. Spirigera Royssii, Lév. Chonetes variolaia, d'Orb. — papilionacea ? Phill. Poteriocrinus minutus, F. A. Roem. Lophophytlum tortuosum? Mich. Favosites parasitica ? Phill. C. BARROIS. — SUR LA FALiNE TROISIÈME SILURIENNE bU FINISTÈRE 669 '3n doit conclure, de l'examen de cette liste, que la faune du marbre griotte n'est pas la même que celle du calcaire rouge de Brilon en Westphalie, à laquelle on l'a assimilée jusqu'ici; elle a un cachet plus récent qu'elle. Les goniatites qui forment le trait saillant de cette faune, montrent, par leurs affinités génériques, comme par leurs caractères spé- cifiques, qu'elles n'ont pas vécu à l'époque dévonienne, mais qu'elles sont en relation avec la faune carbonifère. Le inàrhre griotte appar- tient, par sa faune, au terrain carbonifère, dont il constitue le membre inférieur. DISCUSSION. M. DE Tkomelin dit qu'il a signalé au congrès de Nantes (C. R. p. 610) Texistence do la faune troisième silurienne dans un grand nombre de loca- lités nouvelles, entre autres à Diniault, Dinant près Crozon (Finistère). M. l8 D' Charles BAEROIS SUR LA FAUNE TROISIEME SILURIENNE DU FINISTERE. — Séitnce du 3 septembre 1871). — Le terrain silurien supérieur n'est représenté on le sait, en Bretagne, que d'une façon très rudimentaire. Cette faune connue depuis long- temps à FeugueroUes (Calvados) et Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche), a été retrouvée récemment en divers points de la Sartlie, de là Mayenne, d'Ille-et-Vilaine, de la Loire-Inférieure et de Maine-et-Loire, par MM. Guillier, Oehlert, de Tromelin et Lebesconte, Farge, Herraite, On peut suivre ce niveau jusqu'à l'extrémité de la presqu'île armori- caine. Ce n'est qu'avec doute, en l'absence de fossiles, qu'on a pu lui rapporter jusqu'ici, le gisement d'anthracite de l'anse de Dinan, "qui fut en 1199 l'objet d'une demande en concession. Les premiers fossiles du silurien supérieur furent trouvés dans le Finistère par M. Guillier, qui m'a montré des Graplolitltus colonus découverts par lui au Maudennou (commune de DinéauU) dans des schistes ampéliteux, déblais d'un puits. On trouve dans la presqu'île de Crozon une confirmation importante de cette découverte isolée; j'ai suivi dans la lande, entre les hameaux de Clouchouren, Rerclunliiou, Rervéneuzé et de Landaoudec, .uii.jaiyeau argileux mince, contenant des nodules sphéroïdaux, siliceux, avec 670 GÉOLOGIE ET MLNÉHAI.OoIE fossiles de la l'aune troisième. Les crustacés que j'y ai ramassés, ne m'ont pas présenté de forme trilobilique , le plus commun est le Bol- bozoe anomala ; les céphalopodes n'offrent que des fragments indétermi- nables, se rapportant à diverses espèces, parmi lesquelles je crois recon- naître ortliocera.s slijlo'ideum, Barr. J'ai trouvé en outre le Graptolithus ■priodon ? et des tiges de Scyphocrinus. Ces boules siliceuses sont identiques par leur faune comme par leur aspect, a celles que j'ai vues à Cliemiré-en-Charnie (Sarlhe), où M. Guillier qui a découvert ce gisement, avait bien voulu me guider. M. POMEL sénateur. SUR LES MAMMIFERES FOSSILES DE PEZENAS (HERAULT) (extrait DC I'ROCÈS-VERUAL) — .s é a ncc du 3 s e p t c m h re I 87 9 . — Parmi les ossements déposés à la Faculté, M. Pomel en remarque quelques- uns qui viennent de Suint-Palais près Pézenas. La principale pièce est une mandibule de rhinocéros qui ne donne pas de caractères assez précis pour une détermination d'espèce. Parmi les autres, M. Pomel a reconnu un canon de cheval et ne pense pas qu'on puisse l'attribuer à unhipparion. Ily a donc tout lieu de croire que l'âge du gisement cieces ossements est quaternaire. M. Emile EIYÏÈEE LE PLIOCENE DE CASTEw D'APPIO EN ITALIE, NOMENCLATURE DES FOSSILES QU'IL RENFERME. — Séance du 8 septembre 1870. — Castel d'Appio, petite colline qui domine Ventimiglia (1), est située à deux kilomètres et demi environ au nord-ouest de cette ville. Elle doit son nom aux ruines d'une ancienne forteresse — le castel ou clia- (1) Ventimiglia, rancieo Intcmeliiiin des Romains, est la première ville italienne que tra- verse, longeant la Méditerranée, la route de la Corniche, après avoir franchi le ravin-frontière, de Saint-Louis qui sépare la France de l'Italie. É. RIVIÈRE. — SUR LES FOSSILES DE CASTEL d'aPPIO EX ITALIE 671 teau d'Appius — « construite (4) par les Génois après le siège de Ven- timiglia, en l'22l ». Son aliilude est de 350 mètres environ. Cette colline, dont le versant méridional s'abaisse peu à peu jusfju'au niveau de la mer, où elle plonge directement , au-dessous de la ville , appartient au pliocène ou sub-apennin et présente : i° Une couche inférieure formée par une argile compacte d'un gris bleuâtre, d'une assez grande puissance, analogue aux argiles bleues classiques de Biot dans les Alpes-Maritimes, c'est l'Astien inférieur; *ÙP Une couche supérieure constituée par une argile sableuse, jaunâtre, pulvérulente, dont l'épaisseur varie entre 1 et :2 mètres ou Astien supé- rieur. Ces argiles sont constamment érodées par les eaux de pluie, qui ont peu à peu transformé la colline de Castel d'Appio en un véritable cirque de ravins plus ou moins profonds, mais qui vont chaque jour grandissant. Je lésai explorées à maintes reprises de 1870 à 1874, et le catalogue, que je donne ci-dessous, des fossiles qu(! j'y ai recueillis pendant cet espace de temps, comprend non seulement les pièces qui font partie de ma collection, mais encore celles que j'ai données en 1873 au savant professeur de malacologie, Deshayes, pour le Muséum d'histoire natu- relle de Paris. La plupart des espèces trouvées dans les environs de Cannes, no- tamment à Biot, et publiées dans le Bulletin de la Société géolor/ique de France en 1877, par M. Jules Depontaillier, se retrouvent comme on le verra plus loin soit dans l'Astien supérieur, soit dans l'Astien inférieur de Castel d'Appio. Nous avons comparé mutuellement, M. De[)ontaillitr et moi, nos échantillons et je tiens à remercier ici mon collègue de la Société géologique ainsi que M. le D"" Fischer, aide-naturaliste au Muséum de Paris, d'avoir bien voulu m'aider de leurs conseils pour mes déterminations. NOMENCLATURE (2). s» (t'oniri' DÉNIi.MINATION A I. A. S. ANNÉLIDliS 1 "^erpula. ind. + — 2 Ditrupa incurva. Rénier. + — il) Elisée Reclus. — Les villes d'hiver de la Méditerranée et les Alpes-Marittmes. — Parii 1864. (2) Abréviations : A. 1. signifie Astien inférieur ou argiles bleues. A. S. » Astien supérieur ou argiles jaunes sableuses. — - indique la présence du ios.sile à l'cLage où il figure. — » son absence. 672 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE .\» d'ordre DÉNOMINATION A. I. A. S. BRACHIOPODES 1 Terebratula ampuUa. Brocchi. i- — 2 Rhynchonella Buchi. ACÉPHALES Michelotti. + 1 ïeredo ind. + - 2 Solen vagina. Linné. + + 3 Mactra inflata. Bronn. -r — 4 — triangula. Brocchi. + + 5 Corbula gibba . Olivi. — + 6 Syndesmya aiha. Wood. — + 7 Tellina compressa. Brocchi. + + 8 — incarnata. Poli. + + 9 — nitida. Poli. + + 10 — planata. Linné. — + 11 — pulchella. Lamarck. — + 12 Donax trunculus. Linné. + + 13 Tapes edulis. Chemnitz. + -f 14 — florida. Lamarck . + + 15 Venus casinoides. Larjarck. + — 16 — fasciata. Donovan . — + 17 — Gallina. Lamarck . — + 18 — — var. — + 19 — ovata. Pennant. + + 20 — plicata. Gmelin. I — 21 — senilis. Brocchi. + — 22 — verrucosa. Lamarck. + — 23 Cytherea Chione. Linné. + — 24 — multilamella. Lamarck. + + 25 — Pederaontana Lamarck. + + 26 — — var. + — 27 Cardin m edule. Linné. + + 28 — papillosum. Poli. + + 29 — sulcatum. Lamarck . -;- + 30 — tuberculatiim. Linné. + + 31 Isocardia cor. Linné. + + 32 Lucina commutala. Philippi. + — 33 — lactea. Linné. + + 34 — orbicularis. Deshayes. — + 35 — pecten. Lamarck. + - 36 — spinifera. Montagu . + — 37 Cardila interiuedia. Brocchi. — + 38 — rhomboidea. Brocchi. — 39 Area barbata. Linné. -f + 40 — diluvii. Lamarck . + j_ É. RIVIÈRE. — SUR LES FOSSILES DE CASTEL d'aPPIO EN ITALIE 673 DENOMINATION 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 Arca Pectunculus Limopsis Nucula Led;i Pinna Chama Lima Limea Pecten Hinuiles Janira Spondylus Plicatula Ostrea Anoniia diluvii laclea. insubricus. polyodontiis. ind. anoniala. au ri ta. — var minuta. — var. ind. Jeffreysi . placentina. — var. ind. Bonellii. Bronni. pella. Philippii. Iransversa. ind. gryphoides. squaniosa. strigiiata. comitatus. cristatus. opercularis. polymorphus. scabrellus. varius. Fuchsi. crispus. flabelliformis. jacobœa. crassicosta. gœderopus. ind. cochlear. var. mmor. var. digitalina. lamelIos;i. edulis. ind. costata. ephippiura. striala. orbiculata. Linné. Brocchi. Bronn. Eichwald. Brocchi. Philippi. Bellardi. Lamarck. Bellardi. Bellardi. Linné. Bellardi. Ponzi. Linné. Lamarck. Bronn. FontauDes. Bronn. Linné. Bronn . Lamarck. Linné. Mayer. Brocchi. Brocchi. Lamarck. Lamarck. Linné . Poli. Dubois. Brocchi. Linné. ' ' ' ' '\ Brocchi^,, Linné, ^ Brocchi., firocchi. -^- I- A. S. + — + + + + + + + + + — + — + — + — + — + — + — + — + + + + + + + T + + _1_ + — + - + 4- + — + — -f + — + — + + — + 4- + — — + + — + — + — + — — + + + + — + — + — + — + — + — 43 674 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE DENOMINATION A. I. Cleodora 1 Turritella 2 — 3 — 4 Scalariti 5 — 6 — 7 Chemnitria 8 Turbonilla 9 Odostomia 10 — 11 Eulima 12 — 43 — 14 Pyramidelia 15 Niso 16 Riogienla 17 — 18 — 19 — 20 — ' 21 — 22 — 23 — 24 Natica 25 — 26 — 27 — 28 — 29 — 30 Neritina 31 Turbo 32 — 33 Phasianella i 34 Trochus 35 — 36 — 37 îizyphinus 38 ] Çenophora. 39 s olarium 40 41 _ PTEROPODES ind. GASTÉROPODES subangulata. tricarinata. vermicularis. cancellata. communis. geniculata. plicatula. plicatula. conoidea. n. sp. polita . subulata. Brocchi . Brocchi. Brocchi. Brocchi. Lamarck. Brocchi. Philippi. D'Orbigny. Brocchi. Linné. Donovan. plicosa. Bronn. terebellum. Chemnitz. auriculata. Ménard . Brocchii. Seguenza. buccinea. Brocchi . elegans. Pecchioli. Gaudryana. Morlet. intermedia. Brugnone. marginata . Deshayes. quadriplicata. Morlet. raropunctata. Sassi. epiglottina? Lamarck. helicina. Brocchi. millepunctata. Lamarck. olla. Marcel de Serres n. sp. zebriola. Semper. fimbriatus. Borson. rugosus. Linné. pulla. Linné. inagus. Linné. millegianus . Phihppi. patulus. Broccbi. millegranus. Philippi. testigera. Bronn . crenulosum. Bonelli. moniliferum . Bronn. ■neglectum. Michelotti. + + + + + ■f + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + -I- + + + + + + + + + + + + É RIVIÈRE. — SUR LES FOSSILES DE CASTEL D APPIO EN 1 TALIE 615 1 " d'ordre DÉNOJUNATION ^ V. I. A. S. 1 42 Solarium simplex. Bronn. — + 43 Cyprœa avellana. Sowerby . + — 44 Erato lœvis. Donovan. + — 45 Marginella secalina. Philippi. 4- — 46 Strombus coronatus. Defrance. + — 47 _ Mercati . Deshayes. + — 48 Chenopus anglicus. D'Orbigny. + + 49 — pes-graculi. Bronn. + + 50 — pes-pelecani. Linné. + + 51 Conus antediluviaaus. Lamarcli . + — 52 Brocchii. Bronn. + — 53 — pyrula. Brocchi. + + 54 — striatulus. Brocchi. 4- + 55 — ventricosus. Bronn. — — 56 ind. + — 57 Mitra Bronni. Michelotti. + + 58 — cupressina. Brocchi. + — 59 — Michelottii. Homes. + — 60 — pyramidella. Brocchi. + — 61 — scrobicuiata. Brocchi. + — 62 slriatula . Brocchi. + — 63 subelegans. D'Orbigny . + — 64 Murex bracteatus. Brocchi. + + 65 Constantin. D'Ancona. + — 66 cristatus. Brocchi. + — 67 Jani. Doderlein. + — 68 — polymorphus. Brocchi. + + 69 — spinicosta. Bronn. — + 70 — squamulatus. Brocchi. + — 71 — torularius. Lamarck. + + 72 Typhis fislulosus. Brocchi. + + 73 Kanella marginata. Martini. — + 74 — reticularis. Linné. + — 75 Triton affine. Deshayes. + — 76 — apenninicura. Sassi. + + 77 corrugatum. Lamarck. + — 78 nodiferum. Lamarck. + — 79 Fusus corneus. Linné. + — 80 Etruscus. Pecchioli. + — 81 lamellosus. Borson. + + 82 — longiroster. Brocchi. + — 83 mitrseformis. Brocchi. + — 84 ind. + — 85 Ficula condita. i Brongniart. + — 86 Cancellaria Bonellii. Bellardi. + — 87 cancellata . Linné. + + 88 — iyrata. Bellardi. + 676 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE \o d'ordr DÉNOMINATION A. I. A. S. 89 Chancellari.i mitrœformis. lirocchi. + — 90 — s erra ta. Bronn. f — 91 — Urcianensis. D'Ancona. + — 92 Pleurotoraa acanthoplecta. Brugnone. + — 93 — breviroslrum. Sowerby . + — 94 — Brocchii. Bonelli. — -r 95 — calaphracta. Brocchi. + — 96 — contracta. Bellardi. — + 97 — Coquandi. Bellardi. + + 98 — crispata. lan. + — 99 — dimidiata. Brocchi. + + 100 — eiuarginata. Donovan. + — 101 — harpula. Brocchi. + — 102 — hispidula. lan. + — 103 — intermedia. Bronn. + — 104 — intorta. Brocchi. — + 105 — modiola. lan. + — 106 — raonile. Brocchi. + — 107 — — var. + — 108 — obtusangula. Brocchi. _L + 109 — rotata. Brocchi. + + 110 — scalaris. Bellardi. + — 111 ~ sigmoidea. Bronn. + + 112 — soror. Bellardi. + — 113 — turricula. Montagu . + ■ + 114 — n. sp. + — 115 Cassis intermedia. Brocchi. + — 116 — saburon. Brugnière. — -r 117 — variabilis. Bellardi. + 118 Cassidaria echinophora. Linné. -f — 119 — ind . + — 120 Columbella nassoides. Bellardi. + -1- 121 — subulala. Brocchi. + — 122 — tiara. Brocchi. + — 123 — turgidula. Bellardi. + — 124 — • - var. + — 125 Nassa clathrata. Linné. — _{_ 126 — costulata. Brocchi. + — 127 — Emiliana, Mayer. O- + 128 — incrassata. Mùller. + — 129 — musiva. Brocchi, — + 130 — mulabilis. Deshayes. — i^ 131 prjsmatica. Brocchi. + — 132 — reUculala. Linné. — + 133 — scalaris. Borson, — + 134 — semistiiata. Brocchi. + + 135 — serrata. Brocchi. + — É. RIVIÈRE, — SUR LES FOSSILES DE CASTEL d'aPPIO EN ITALIE 677 H" d'ordre DÉNOMINATION A. I. A. S. 136 Nassa serraticosta. Bronn. + _ 137 — turbinella. Brocchi. + + 138 — n. sp. + — 139 Terebra acuminata. Borson. + — 140 — • Basterot). Nyst. + + 141 — fuscata. Brocchi. + + 142 — pertusa. Basterot. + — 143 — plicaria. Basterot. + — 144 Cerithiiim crenatum. Brocchi. — + 145 — scabrum. Olivi. + + 146 — varicosura. Anton. — + 147 — vulgalum. Bruguière. + + 148 — — var. + — 149 — ind. + — 150 Vermetus glomeratus. Bivona. -r — 151 — intortus. Lamarck. + — 152 Calyptrœa Sinensis. Linné. — + 153 Fissurella ind. + — 154 Dentalium coarctatum. Brocchi. + — 155 — dispar. Mayer. + — 156 — elephantinum. Linné. + — 157 — entalis. Linné. + + 158 — multisiriatum. Deshayes. + — 159 — sexanguliim. Linné. + + 160 — Tarentinum. Lamarck. + — 161 — triquetrum. Brocchi. + — 162 — — var. + — 163 Bulla utriculus. Brocchi. + — 164 — n. sp. -t- — 165 Cylichna truncatula. Bruguière. — + 166 Brocchii. BRYOZOAIRES Michelolti . + 1 Lunulites intermedia ÉCHINODERMES Michelotti. " + 1 Radioles d'Échinide ind. * POLYPES + " 1 Flabelhim avicula. Michelin. + — 2 Stephanophj'llia elegans. Michelin. + 678 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE RÉSUMÉ La faune pliocène de Caste! d'Appio, astien inférieur et supérieur réunis, m'a donc fourni 262 espèces, ainsi réparties : Annélides 2 espèces. Brachiopodes 2 — Acéphales 87 — Ptéropodes 1 — Gastropodes 166 — Bryozoaires 1 — Échinodermes 1 — Polypes 2 — Total 262 espèces. auxquelles j'ajouterai quelques otoiithes de poissons et des débris végé- taux, tels, entre autres, que le fruit d'un conifère, ainsi que le Conus apenntnicus (Bronn), la Lucina Bronni (Mayer) et la Turritella com- munis (Risso), omises dans notre nomenclature, et qui appartiennent à l'astien inférieur. P"" TISON. — SUR LE CALICE OPERCULAIRE DES ESCHSCHOLTZIA 679 9^ Section BOTANIQUE Président d'honneur M. PLANCHON, Correspondant de l'Institut, à Montpellier. Président M. BAILLON, Professeur à la Faculté de médecine de Paris. Secbétaire M. GUILLAUD, Professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux. M. le D^ GRmALD PRÉSENTATION D'UN DICTIONNAIRE DE BOTANIQUE. — Séance du 29 août 1879. — M. le W TISON Docteur ès-sciences naturelles, à Paris. MÉCANISME DE LA CHUTE DU CALICE OPERCULAIRE DES ESCHSCHOLTZIA. — Séance du S 9 août 1879. — Au niveau où doivent successivement se détacher le calice, la corolle et l'androcée de VEschscholtzia californica, règne une disposition ana- tomique qui explique fort bien pourquoi la chute a lieu en ce point et non en un autre. Le tissu qui, à ce niveau, était d'abord semblable à celui qui se trouve au-dessus et au-dessous, finit bientôt par se différencier en cellules ayant une autre forme et une autre direction. En cet endroit. 680 BOTANIQUE en effet, il se produit deux ou trois rangées de cellules à direction transversale, tandis que celles situées au-dessous et au-dessus ont leur plus grand diamètre dirigé longitudinalement. Toutefois, on ne constate pas ici le remarquable épaississement des membranes cellulaires observé dans mes études antérieures sur la déhiscence des pyxides (1). En étu- diant le développement des premiers débuts de la fleur dans cette plante, on voit le calice naître par deux mamelons distincts qui ne tardent pas à [devenir connés pour former le calice operculaire. Pen- dant longtemps le réceptacle reste convexe. Quant au bourrelet an- nulaire qui entoure extérieurement le calice et les autres verticilles flo- raux et qui devient définitivement une sorte de cupule, il n'existe pas d'abord , il ne se produit que postérieurement à l'apparition du calice de la corolle et de l'androcée. C'est donc une production tardive du récep- tacle floral qu'on ne peut mieux comparer qu'à la cupule du gland de chêne, etc., et qui, par conséquent, rentre dans ce que l'on appelle communément les disques. M. HECKEL Professeui- à la Faeulté des sciences, Directeur du Muséum, à Marseillr" ÉTUDE SUR LA CRISTALLINE. (EXTBAIT DU PROCÈS-VIÎRDAL) — Séance du 29 août 1879. — M. Heckel, professeur à la Faculté des sciences de Marseille, communique une étude sur la cristalline, coralline ou glaciale [Mesemhryanlhemum cristal- linum). Cette plante grasse naturalisée en Provence, sur les bords de la Mé- diterranée est couverte de vésicules blanchâtres, que MM. Cauvet et Decaisne prennent à tort pour des goutelettes gommeuses. Ce sont des prolongements pileux de l'épiderme. Si on les observe successivement d'abord sur les coty- lédons, puis sur les premières feuilles vertes, sur la tige et le calice, on peut suivre les modifications de ces protubérances vésiculeuses. En premier lieu c'est un poil allongé qui perd un peu plus haut sa pointe, qui se dilate à sa base en s'étranglant à son point d'attache avec la cellule et qui finit par ne plus communiquer avec elle que par un prolongement linéaire. Le suc contenu dans ces organes glanduleux n'est pas de la gomme ; on (1) Voy. Congrès de Ctermont, du Havre et de Paris. L. COURCHET. — MÉMOIRE SUR LES GALLES DU TÉRÉBINTHE 681 y trouve surtout du chlorure de sodium et un sel organique à base de soude en solution dans de l'eau. Cette plante est employée contre les affections spasmodiques de la vessie. DISCUSSION. A. propos de la précédente communication, M. Bâillon signale deux formes de la cristalline : l'une beaucoup plus glabre rappelle h Tétragone, l'autre est chargé de vésicules saillantes, remplies de liquide et très développées. La suite de la discussion entre MM. Tison et Joly dégénère en une question d'influence des milieux. M. L. COïïItCÏÏET Licencié «s sconcrs naturjlle'î. ANALYSE DU MÉMOIRE SUR LES GALLES DU TÉRÉBINTHE. — Séance du 2 9 août H On trouve sur le térébinlhe cinq sortes différentes de galles, toutes produites par des pucerons du genre Pemphigus ; ce sont celles des P. cornicularius, Passerini; P. utricularius, Pass; P. pallidus, Derbès; P. follicularius, Pass ; P. semilunarius , Pass. 1" La galle du P. cornicularius (galle en corne du térébinlhe) entièrement développée offre l'aspect d'une énorme gousse terminée en pointe, recourbée plus ou moins sur elle-même, à surface lisse, glabre, sillonnée longitudinalement. On trouve ces productions soit isolément, soit réunies en verticilles à l'extrémité d'un rameau recourbé en crosse. Cette galle est uniquement due à la transformation d'une foliole dont la nervure médiane, piquée sur la face supérieure du limbe, s'est élargie puis invaginée vers la face inférieure. La poche (pi. IV, fig. \) conique ainsi formée gagnant très vite en longueur et en diamètre finit par constituer au milieu de l'été ces monstruosités bizarres. La nervure médiane de la foliole est parcourue par un système de faisceaux fibro- vasculaires composés : d'un arc libérien embrassant un canal à résine dépourvu de parois propres, et en dedans, d'un faisceau de vaisseaux et de fibres ligneuses. Ce cercle fibrovasculaire s'est aplati d'abord, puis les deux moitiés supérieure et inférieure sont venues s'accoler de façon à former dans les parois de l'invagination deux systèmes concentriques de faisceaux ayant leurs éléments dirigés en sens inverse, les canaux à 682 BOTANIQUE résine étant tournés en dehors dans lo système externe, en dedans dans le système interne (pi. IV, iig. 6, 7 et 8). Vers la pointe les faisceaux de chaque système se rejoignent en anse ; mais l'extrémité elle-même est uniquement cellulaire et l'épiderme la recouvre sans interruption. Je considère donc l'accroissement de la galle comme intercalaire, bien qu'il paraisse y avoir, au-dessus de la cavité interne, un foyer de développement pour les faisceaux, une sorte de procambium qui se multiplie à mesure que la galle gagne en profon- deur. J'attribue la torsion du rameau qui porte cette galle à l'afflux des sucs qui, se portant sans cesse vers le côté où elle se développe, y déter- mine un allongement plus rapide que sur le côté opposé. 2" La galle du P. utricularius (pi. IV, fig. 4 et 5) se montre comme une vessie plus ou moins volumineuse, pédiculée, insérée à la base de la nervure médiane d'une foliole aux dépens de laquelle elle a pris naissance, comme la galle en corne, par une sorte d'invagination accom- pagnée d'une hypertrophie considérable des tissus. Son évolution et sa structure offrent beaucoup d'analogie avec celles de la précédente; on peut néanmoins établir les distinctions suivantes : a. — La galle en corne reste immédiatement appliquée sur le sommet de l'axe dont elle arrête l'accroissement en longueur ; la galle utricu- laire est toujours plus ou moins éloignée de l'axe par le pétiole de la feuille qui continue à se développer au-dessous d'elle, et le rameau, qui la porte se développe normalement, en sorte qu'elle se montre toujours comme une production manifestement latérale. b. — La galle utriculaire n'amène jamais la torsion de l'axe. c. — Dans la galle utriculaire qui s'accroît à peu près également par toute sa périphérie, les faisceaux se montrent presque partout également développés , tandis que dans la galle en corne, leur structure est de plus en plus simple à mesure qu'on les considère plus près du sommet où ils finissent par n'être plus représentés que par des cellules allongées et des canaux à résine. d. — Les ramifications et les anastomoses des faisceaux sont moins réguliers et se font à angle beaucoup plus ouvert dans la galle utriculaire, en sorte qu'il se constitue non plus deux cônes fibrovasculaires, mais deux réseaux plus ou moins sphériques emboîtés l'un dans l'autre. e. — Dans chacun de ces réseaux, les faisceaux sont plus inégaux entre eux et moins régulièrement disposés (pi. IV, tig. 9). f. — Les faisceaux du réseau interne sont beaucoup plus rapprochés que dans la galle en corne de la cavité centrale où ils forment même des réticulations saillantes. g. — Les cellules de l'épiderme très semblables, du reste, à celles de la galle en corne, n'offrent pas comme celle-ci une tendance à se dispo- L. COURCHET. — MÉMOIRE SUR LES GALLES DU TÉRÉBINTHE 683 ser en files longitudinales, conséquence du mode d'accroissement de la galle utriculaire. Les trois autres galles sont formées par le limbe seul dont le bord se replie sur la face supérieure, tandis que les tissus subissent une altéra- tion plus ou moins profonde. 3° La galle du P. pallidus est une bourse aplatie, d'un vert peu dif- férent de celui de la foliole dont elle occupe le bord. Elle reste toujours dans le même plan que le limbe dont le contour est à peine modifié. Les faisceaux fibrovasculaires qui traversent la portion du limbe altérée sont en continuité directe avec ceux de la portion demeurée normale. Le mésophylle a été profondément modifié ; les cellules en palissade et le parenchyme lacunaire ont fait place à un tissu homogène composé de cellules irrégulièrement polyédriques, ne laissant entre elles aucun méat. L'épiderme intérieur qui correspond à l'épiderme supérieur de la feuille, n'est plus représenté que par des cellules à parois minces, arrondies, gorgées de sucs, légèrement saillantes dans la cavité interne. 4° La galle des P. follicularius, remarquable d'ailleurs par son appa- rition relativement tardive et son abondance excessive, est plus petite et plus renflée que la précédente dont elle se distingue aussi par sa couleur généralement rouge. Comme dans la formation précédente, le méso- phylle y est remplacé par un parenchyme sans méats à cellules irrégu- lièrement arrondies ou polyédriques; celles de la région moyenne sont légèrement oblongues dans un sens perpendiculaire à la surface de la galle ; mais celles qui sont immédiatement placées sous l'épiderme externe, représentant l'épiderme inférieur de la foliole, ne se distinguent par aucun caractère spécial, tandis qu'elles sont aplaties tangentielle- ment chez la galle du P. pallidus. 5<* La galle du P. semilunarius, ou galle semilunaire du Térébinthe, naît par un processus semblable. Mais celle-ci, s'accroissant inégalement sur ses deux faces, se recourbe fortement en dedans en entraînant le limbe dans ce mouvement de torsion ; entièrement développée, elle offre l'aspect d'une bourse jaune ou rougeâtre, recourbée sur elle-même de façon à décrire un arc à concavité dirigée vers l'axe, et dont le plan forme avec celui du limbe un angle très marqué. Les parois de cette production se montrent encore formées d'un pa- renchyme sans lacunes. L'épiderme qui la recouvre ne paraît avoir subi que des modifications légères ; mais les deux ou trois assises sous- jacentes sont formées de cellules fortement aplaties tangentiellement. Vers la limite interne de la paroi, les cellules s'aplatissent de nouveau dans le même sens, tandis que celles de la région moyenne demeurent arrondies. Une particularité propre à la galle semilunaire consiste en une bordure de poils que porte l'épiderme supérieur du limbe tout le 684 BOTANIQUE long de la fente qui donne accès dans son intérieur, et qui concourt, avec le bord de la portion repliée, à protéger les insectes qu'elle con- tient. Des différentes observations dont je fais ici un résumé succinct, j'éta- blis les conclusions suivantes : 1° Les cinq sortes de galles observées jusqu'à ce jour sur le téré- binthe sont toutes dues à des transformations de folioles. 2° Au point de vue morphologique, on peut diviser ces galles en deux groupes : 1" groupe : celles des P. covnicularius et P. utricularius, formées l'une et l'autre aux dépens des tissus de la nervure médiane. 2^ groupe: celles des P. pallidus, follicularius, semilunarius qui toutes sont constituées par le limbe replié de différentes manières. La même distinction persiste si on les considère au point de vue anatomique, l'hy- pertrophie des tissus et leur altération étant bien plus profondes dans les premières que dans les secondes, chez lesquelles certains éléments n'ont même subi que des modifications à peine sensibles. 3° Les deux galles formées aux dépens de la nervure médiane se dis- tinguent l'une de l'autre, d'abord par leur mode d'accroissement et par leur forme, en second lieu par leur insertion sur le rameau, la galle utriculaire en étant séparée par le pétiole, et la galle en corne y étant immédiatement appliquée. Elles diffèrent enfin par l'infiuence qu'elles exercent sur la végétation de l'axe, la première amenant sa torsion et un arrêt de développement à son sommet végétatif, la seconde ne s'ac- compagnant que d'un épaississement plus ou moins marqué du rachis commun. EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLAjN'CHE IV. Fig. 1. — Jeune bourgeon de térébinthe dont une foliole a été piquée par le fonda- teur de la galle en corne. L'axe est déjà courbé, et on aperçoit en a la galle naissante. Fig. 2. — Etat de la jeune galle en corne. Fig. 3. — Galle en corne jeune, mais possédant déjà sa forme et sa structure carac- téristique. En b on aperçoit une petite fossette, et en arrière de celle-ci, le sillon dont il est parlé dans le texte. Fig. 4. — Galle utriculaire. Fig. 5. — La même, vue par derrière, pour montrer la fente et les deux bourrelets qui la circonscrivent. JOBERT. — .SUR LA PRÉPARATION DU CURARE 68o Fig. 6. — Coupe passant par un point situé au delà de la fossette, à la base même de la galle, et montrant déjà autour dune fente qui représente la cavité centrale des deux cercles de faisceaux au sein du parenchyme fondamental. »i Parenchyme médullaire. fr Faisceaux fibro vasculaire de la nervure médiane, multipliés et accrus. c Zone cambiale (?) cr Canaux à résine. (l Faisceaux libériens.. pc Parenchyme cortical de la nervure. s Zone subéreuse. Fig. 7. — Coupe passant par les parois de la galle en corne, vers le milieu de la longueur. Fig. 8. — Une portion plus grosse de la coupe précédente faite sur une galle jeune. SE .Surface externe. pf Parenchyme fondamental. cr., fv, Canaux à résine et vaisceaux fibro-vasculaires de la rangée externe. C f , f v'. Canaux à résine et faisceaux Cbro-vasculaires de la rangée interne. PI Paroi interne. Fig. 9. — (ialle utriculaire; coupe transversale de la paroi. Mêmes lettres que ci-dessus. M. JOBEET Professeur à 1j Kucullr des ^^.■ll.•llccs de Dgon. SUR LA PRÉPARATION DU CURARE. (EXillAli UL l'l,"CK5-Vtl;l)AL, — Séance du i9 août 1879. — M. JouEirr entretient la section des plantes qui entrent dans la composition du curare. Jusqu'à présent on n'avait que des notions vagues et incomplètes sur les plantes qui entrent dans la composition du curare et sur la fabrication de ce poison. M. Jobert chargé d'une mission au Brésil, a eu la dangereuse chance d'en voir préparer et d'en préparer lui-même chez les Indiens Tichunas. La plante fondamentale est une strychnée (Stnjchuos castelnei), VOurari fuva des Indiens. A défaut de cette plante, on en emploie une autre, ÏOurari rana ou faux Ourari. C'est un Chondrospermum. Le curare fourni par celle plante est de qualité inférieure. Le premier de ces végétaux étant fort rare, ces deux plantes sont presque toujours mélangées. Pour faire du curare, on coupe de courts morceaux de ces lianes, dont on enlève d'abord l'épiderme. On racle ensuite le reste de l'écorce, que l'on fait bouillir pendant quelque temps dans un pot ; c'est ce qui constitue la pre- mière phase de l'opération. On ajoute en second lieu l'écorce d'une aroidée indéterminée, à suc ùcre et caustique. Après une coction de quelques heures 686 BOTANIQUE on ajoute la racine de plusieurs pipéracées, qui ont pour propriété principale de provoquer des fourmillements à la langue. Ces pipéracées portent dans le pays le nom de « compagnon du poison. » Cette dernière addition faite, on ramène à consistance d'extrait, et ou a du curare. Ce sont là les principales plantes employées. VOurari uva, pris à part, a sur les muscles la même action que le curare. C'est un stupéfiant, un hyposthénisant de premier ordre. Les pipéracées, au contraire, sont toutes excitantes, accélèrent les mouvements du cœur et, par conséquent, l'action de l'ourari sur Téconornie. Aussi, plus les Indiens veulent tuer rapidement les animaux, plus ils augmentent la dose des pipéracées. Cette différence de proportion entre ces substances a fait croire à l'existence de différentes espèces de curare. M. Jobert a montré aux membres présents les photographies des diverses phases de l'opération, ainsi que des échantillons de chacune de ces plantes. M. Jobert a aussi étudié les autres espèces de Strychnos qui croissent au Brésil. Un S. rapporté par Gerstner, ou S. du Proi, est encore plus toxique que le S. castelnei. Le S. triplinervia, des environs de Rio-de-Janeiro, est em- ployé comme fébrifuge puissant, comme tonique, en infusion. Donné par l'es- tomac, il n'est pas toxique, mais injecté sous la peau, il agit en véritable poison. Au point de vue le plus général, il semblerait que les Strychnos amé- ricains paralysent sans tétaniser, tandis que les S. asiatiques provoquent des convulsions et de violentes contractions. Ils ne contiennent donc pas le même principe actif. DISCUSSION. A propos de cette dernière remarque, M. Heckel dit que le Strychnos, qui sert à fabriquer lem'boundouda Gabon, ne contient que de la strychnine. Par contre, il a aussi reçu du Gabon un S. assez semblable à un de ceux qui ont été rapportés par M. Jobert, et encore innommé, qui ne donne pas d'effets tétaniques. De son côté, M. Bâillon ajoute que l'abbé Laserteurlui a donné un S. assez voisin, mais différent cependant du S. nux vomica, qui guérit le tétanos, la rage, et qui serait une sorte d'antagoniste de ce dernier. M. 1, JOLY Professeur â la Faculté des sciences de Toulouse, correspondant de Tlnstitut (1). ETUDES SUR LE BANANIER Musa paraclisiaca, Tournefort). — Séance du 10 août 1879. — Dans une Notice biographique consacrée à la mémoire d'un savant (1) Ce travail a été commencé par M. le professeur Delile, et continué par M. le professeur Joly. N, JOLY. — ÉTUDE SUR LE BANANIER 687 botaniste que ceux d'entre vous qui l'ont connu regretteront de ne pas voir assister à cette réunion (1), j'exprimais moi-même le regret qu'il ait laissé inachevés bien des travaux importants pour l'édification des- quels il avait amassé les précieux matériaux que des circonstances par- ticulières ont fait tomber entre mes mains. Parmi ces œuvres inachevées, je citais surtout les études qu'il avait entreprises sur les champignons, la Flore d'Amérique, qu'il devait publier avec Bompland, son ami; la Flore du Port-Juvénal, cette localité privi- légiée qu'a illustrée, depuis, M. Godron, et où les plantes des quatre parties du monde semblent, comme on l'a dit, s'être donné rendez-vous. J'ajoutais, en terminant mon Éloge biographique de Delile : « Espé- rons que les riches matériaux qu'avait recueillis ce savant professeur et que de tristes circonstances ont fait tomber entre nos mains , pourront être utilisés un jour ou l'autre en passant par des mains plus habiles. C'est là un de mes vœux les plus chers ; il ne dépendra pas de moi qu'il ne soit tôt ou tard accompli. » Déjà M. Jules de Seynes, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, a su tirer un excellent parti des nombreux dessins de cham- pignons que je lui avais confiés, ainsi que des notes, malheureusement fort incomplètes, qui les accompagnaient. Aujourd'hui, mû par un sen- timent de reconnaissance pour un de mes anciens maîtres, et par le désir de ne pas rester seul inactif au milieu de la ruche laborieuse que je vois en ce moment à l'œuvre, je viens moi-même vous présenter un travail sur un sujet étranger à mes études habituelles, mais dont Delile préparait les matériaux avec une sorte de prédilection. Je veux parler de ses observations sur le bananier {Musa paradisiaca), observations que j'ai cherché à compléter, autant que je l'ai pu, sans avoir toutefois la prétention d'ajouter beaucoup de détails nouveaux aux Notes trop rares qu'a laissées Delile, et aux magnifiques dessins que j'ai l'honneur de faire passer en ce moment sous vos yeux. NOTIONS GÉNÉRALES SUR LES BANANIERS. Les bananiers sont des plantes monocotylédones, à tige herbacée, mais vivace, et atteignant la taille de certains arbres, bien qu'ils ne soient rien moins que des arbres proprement dits. Ces végétaux, si précieux par leur utilité, si remarquables par l'élégance de leur port, par la structure de leur tige, de leurs feuilles, de leurs fleurs et de leurs (i) Voir dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et BeUes-Lcltres de Toulouse, %"" série, t. ni, p. 65, ma Notice biographique intitulée : Éloge historique d'Alyre Ba/feneau Delile, professeur do botanique à la Faculté de m,édecine de Montpellier, membre de l'Institut d'É- gyple, correspondant de Vlnsiitut de France, etc. 688 BOTANIQUE fruits, appartiennent au genre Musa (Tour.nefout) et à la tamille des MusACÉES, à laquelle ce genre a donné son nom. Les bananiers habitent presque exclusivement l'Asie , l'Afrique ou l'Amérique. Leur culture y est très soignée et leurs fruits savoureux sont l'objet d'une très grande consommation : ils constituent même une des bases essentielles de l'alimentation chez tous les peuples inter- tropicaux. Hubert, agronome distingué des îles Mascareignes (auj. Réunion), regarde le bananier comme étant le végétal qui fournit le plus de sub- stance nutritive, et dans son Essai, politique sur la Nouvelle-Espagne, (t. III, p. 20); de Humboldt prétend qu'un terrain de cent mètres cari'és où l'on aurait planté quarante pieds de bananiers, rapporterait, au bout de l'année, 4,000 livres, soit 2,000 kilogr. de substance alimentaire, tandis que ce même terrain, ensemencé de blé, n'eût guère fourni que 30 livres (soit 45 kilogr.) de matière alibile. Le produit du bana- nier serait donc à celui du froment comme 133 est à I, et comparé à celui de la pomme de terre, il serait comme 44 est à 1 (1). Bien qu'ils prospèrent surtout dans les climats équinoxiaux, les bana- niers ne sont pas tout à fait étrangers à des climats plus tempérés. On les voit croître et fructilier à Madère; ils viennent en pleine terre dans les jardins de l'Andalousie, particulièrement à Séville et aux environs de Malaga (Bory de Saint-Vincent); nous les cultivons avec succès dans nos serres, et celui qui a servi à mes études avait atteint plus de six mètres de haut, chez M. Demouilles, l'un des horticulteurs les plus distingués de la ville de Toulouse. Le groupe des Musacées renferme environ une douzaine d'espèces, dont les plus connues, dans nos contrées, sont le bananier des Sages (Musa sa- pientum), et surtout le Musa paradisiaca, ainsi nommé, parce que, s'il faut en croire plusieurs savants, cette espèce est celle dont le fruit a tenté nos premiers parents et dont les feuilles ont servi à couvrir leur nudité. D'autres ont prétendu que l'énorme grappe de raisins apportée à Moïse n'était qu'un régime de bananes. Ajoutons que, de nos jours même , les Portugais croient apercevoir le signe de la Rédemption dans une sorte de croix formée par une pe- tite déhiscence de la pulpe sur son axe central. Admette qui voudra ces manières de voir, qui ne reposent sur aucun fondement digne d'une sérieuse attention. Dampierre appelle le bananier le Roi des végétaux, et dans ses Harmo- nies de la Nature , Bernardin de Saint-Pierre porte l'enthousiasme et l'exagéi'ation jusqu'à dire que le bananier donne à l'homme de quoi le (1) Voy. Dictionnaire clasuiquc d'hisloirc naturelle, aiticlc Bananier, p, i80, édition de 1822. N. JOLY. ÉTLDK SUR LE BANANIKR 689 nourrir, le loger, le meubler, l'habiller et l'ensevelir. Le même auteur prétend que la nature a réuni dans le fruit du bananier, le baume, le sucre, le vin et la farine, et il s'écrie : « Voilà le vrai végétal de l'homme. » Toutes ces assertions sont empreintes d'une exagération qu'excusent en quelque sorte, mais que ne justifient pas entièrement les qualités du bana- nier. Ses fruits ne peuvent, sous le rapport de la quantité de sub- stance nutritive, être comparés et encore moins être préférés au riz et au froment; mais, cuits ou crus, ils fournissent un aliment sain et agréable au goût, et peuvent même servir à la fabrication d'un j)ain nourrissant , qui se prépare en écrasant la banane et en tamisant la pulpe pour en séparer la partie fibreuse. La pâte qui résulte de cette opération , après avoir été desséchée, peut se conserver pendant long- temps, et délayée dans l'eau ou le bouillon, elle fournit un aliment de facile digestion (1). Enfin, les feuilles sont employées à couvrir le toit des habitations, et les gaines desséchées donnent des fibres qui servent, surtout celles de l'Albaca {Musa textilis), cultivé à l'île de la Réunion, à fabriquer des cordages , des tissus, et même des toiles d'une grande finesse (2). Au [rapport de M. Vieillard, chez les Nouveaux- Calédoniens , les feuilles du bananier, déchirées en étroites lanières, servent aux femmes à faire des ceintures communes pour le travail et la pêche : elles rem- placent nos nappes de table, et sont journellement employées pour en- velopper le poisson et la viande que l'on fiiit cuire dans les fours, etc. Les gaines fournissent des liens pour fixer les ignames aux rames ou des fibres textiles pour les frondes et les filets de pêche (3). On conçoit facilement qu'une plante qui réunit tant d'avantages précieux pour l'homme, et dont certaines espèces croissent facilement et même fructifient dans nos senes (le Musa sinensis, par exemple) ait attiré d'une (1) Les fruits du Musa pu rncli-'^inca doivent, avant d'être manges, être soumise la cuisson; la figue banane provenant du Musa sapientum et ses variétés connues sous les noms de Mir/noric, Gingeli et Gabon, n'ont besoin d'aucune préparation et se mangent au dessert, comme les autres fruits. (2) On cultive aussi à la Réunion le bananier nain de Chine ou M. Sinensu, le bananier graine ou M. Sylventri.t, ririginaire des Molucques, et surtout le bananier fleur ou .)/. coccinea, si remarquable, dit M. L. Morel. par la beauté de ses spathes écarlates bordées de jaune au sommet qui, serrée les unes contre les autres, s'érigent à l'extrémité de la tige comme une fleur brillante, semblant prendre naissance au milieu des feuilles qui l'environnent (Voir dans V Album de l'ile de la Réu- nion, 5' volume. 1872, p. 51, une noie intéressante sur le bananier) . L'auteur de rcttc note, M. Louis Morel, ancien directeur de l'Intérieur û la Reunion, ou il a laissé li-s plus honorables souvenirs, nous apprend encore que Ion cultive dans cette île une variété de Bananier du Paradis originaire de Madagascar, et remarquable par le grand développement de ses fruits. Quant au nom de M. Sapientum donné à l'espèce qui produit la figue banane, edule sans l'aide de la cuisson, l'auteur du travail précite pense que c'est probablement une allusion aux Bramines ou Sages de l'Inde qui, grâce à la .salubrité de ce fruit et au doux ombrage de l'arbre qui le produil, pouvaient, dit-on. prolonger leur existence au delà de cent ans. (3) E. ViElLi.ARP. Plnntex utUfn de la NouvelU-Cnlsdonie, dans Annal. Scw.nres natur. t. ivi, k' série, p. 47. 690 BOTANIQUE rtiànière spéciale l'attention des botanistes, et notamment celle du savant professeur de la Faculté de médecine de Montpellier. Combien il est à regretter, encore une fois, que l'observation du maître, habituellement distrait, ne se soit pas concentrée plus longtemps sur le sujet qu'il avait choisi et qu'il n'a pu terminer faute de persévérance. D'autres, plus habiles que moi, le termineront peut-être un jour. Caractères du genre Musa. — Organographie des Bananiers et particulièrement du Musa paradisiaca. Dans son Gênera plantarum secundum ordines naturaies disposita, An- toine-Laurent de Jussieu caractérise ainsi le genre Musa, créé par Tournefort : a Calix profundè 2 — partitus, lobo superiore et exteriore 5 — den- tato, inferiore et interiore cordato concavo. Germen oblongum; Stylus cylindraceus ; Stigma capitatum sex radiatura. Bacca cucumerina loculis et seminibus ob pulpam evanidis. Flores in spadice terminales, spathis persistentibus tecti, 5 — andri, filamento sexto sterili et germine abor- tivo ; cteteri omnes frugiferi et 1 — andri, filamentis 5 sterilibus. Caulis herbaceus assurgens, vaginis foliorum longissimis tectus ; spadix solita- rius cernuus. Semina vidit Rumphius in planta sylvestri. » (Voy. Gênera plantarum, p. 61, Parisiis, 1789.) Occupons-nous maintenant des différents organes du bananier, consi- dérés au point de vue morphologique. Nous dirons ensuite un mot de leur anatomie. Tige souterraine ou rhizome. — Le bananier est une plante bulbeuse ou bulbotubéreuse, traçant sous terre par le même mode que certains souchets ou certains iris. Il est donc porté sur une souche ou rhizome. w Ce rhizome est formé d'une bulbe d'où s'échappent des portions horizontales, marquées de cicatrices nombreuses à bords déchirés. » Ces portions horizontales sont longues de 3 à 7 pouces. Elles naissent de tubercules sphériques, de 9 pouces de diamètre, et aboutis- sent à d'autres tubercules semblables, dont les plus nouveaux servenl de plateaux aux feuilles qui en naissent, et dont les plus vieux péris- sent en se dégradant graduellement par le sommet, après que les vieilles tiges florifères et mortes se sont détériorées jusqu'en terre. » Divers bourgeons coniques naissent du contour d'une souche qui, dans le principe, était elle-même un simple bourgeon. Ces bourgeons, en se renflant, deviennent ordinairement étranglés par leur base, qui continue à faire corps avec la souche neuve, au moyen de courtes branches arrondies «ou prolongements horizontaux du rhizome. N. JOLY. — ÉTUDE SUR LE BANANIER Sôî » Ce rhizome est la vraie tige vivace et souterraine du bananier. On reconnaît, par une coupe transversale, qu'elle est composée de fibres principalement longitudinales, placées dans un tissu cellulaire, formant avec elles un assemblage solide. » Le tissu résultant des fibres et du parenchyme associés, est réparti en deux ordres : l'un central, plus épais, florifère ; l'autre extérieur contenant le premier. La plus grande épaisseur du système florifère ou central est d'un pouce. » Ici se terminent les notes ou plutôt le texte rédigé par l'auteur de là Flore d'Égijpte. En ce qui concerne les organes autres que la tige sou- terraine ou rhizome, nous n'avons trouvé, dans ses cartons, que de courtes et rares explications des figures si habilement exécutées soit par Delille lui-même, soit par Node-Veran, l'heureux émule de Redouté. A ces lacunes considérables, nous avons tâché de remédier en étudiant d'après nature les parties que notre professeur avait seulement représentées par le dessin. Empressons-nous d'ajouter que toutes ces représentations iconi- ques, auxquelles nous avons cru devoir en ajouter quelques autres, nous ont paru de la plus rigoureuse exactitude. Tige aérienne. — La tige ou hampe qui surmonte la bulbe et qui en naît, s'élève à la manière d'une colonne qui, dans nos serres bien soi- gnées et bien exposées, atteint jusqu'à six ou sept mètres de hauteur. Cette tige se compose d'un nombre variable de (sept à dix) gaines foliacées, à côte médiane très épaisse, tandis que les expansions latérales qui en émanent vont en diminuant d'épaisseur au point de n'avoir plus^ sur leurs bords libres, que celle d'une feuille de papier assez fin. Ces gaînes s'enveloppent et s'emboîtent mutuellement, de manière à constituer une sorte de tige herbacée peu consistante, mais néanmoins assez solide pour porter les longues feuilles elliptiques qui la terminent et qui continuent les gaînes foliacées. Les gaînes les plus anciennes, et, par conséquent, les plus extérieu- res, sont nues à leur sommet, soit parce que les feuilles qui devaient y prendre naissance ont complètement avorté, soit parce qu'elles en sont déjà tombées. Au centre de cet assemblage de gaînes et de feuilles, et de la partie supé- rieure de la bulbe nourricière, s'élève une hampe de consistance un peu plus solide que les gaînes qui l'entourent, recourbée et pendante à son sommet; la portion recourbée porte les verticilles de fleurs auxquelles succéderont bientôt les fruits, ou mieux les régimes du bananier. Mode d'enroulement des gaines foliacées. — L'avant-dernière gaîne enveloppe complètement la dernière, c'est-à-dire la plus centrale. Celle- ci s'enroule de manière qu'une de ses moitiés vienne occuper toute la rainure concave de la côte principale de la gaîne ; l'autre moitié s'en- 692 BOTANIQUE roule plusieurs fois autour de ce premier rouleau et tinit, en s'amincis- sant de plus en plus, par s'accoler, sur une étendue de deux centimètres au moins, à la partie la plus mince de l'avant-dernière gaine, laquelle, à son tour, s'enroule entièrement autour d'elle. En défivitive, l'ensemble des gaines est disposé de telle sorte que leurs grosses nervures ou côtes principales occupent, par alternance, tantôt un segment, tantôt un au- tre de la tige cylindrique, et que les vides laissés entre ces côtes sont remplis par les parties foliacées et amincies, plusieurs fois enroulées sur elles-mêmes ou autour des gaines qui les précèdent. Feuilles. — Les feuilles du bananier sont grandes (l'",50 à 2 mètres), elliptiques ou en ovale très allongé, entières ou accidentellement déchi- rées, portées sur un pétiole épais, qui en constitue la nervure ou côte médiane, continuation de celle de la gaîne correspondante . De cette côte médiane partent obliquement des nervures secondaires, paral- lèles entre elles, dont les plus saillantes sont espacées les unes des autres de près d'un centimètre. Des fibres ou petites colonnettes nom- breuses, parallèles à la nervure médiane, coupent la direction des ner- vures secondaires et constituent ainsi une espèce de réseau à mailles lozangiques très délicates et môme fort élégantes. Les feuilles du Musa paradisiaca sont d'un vert clair très agréable à l'œil, et leur port est des plus gracieux. Fleurs. — Les fleurs du bananier sont, nous l'avons déjà dit, dispo- sées en demi-verticilles, distincts les uns des autres à la partie supérieure et recourbée de la hampe. Chacun de ces demi-verticilles se compose de dix à douze ileurs sessiles, et il est muni à sa base d'une grande bractée vivement colorée. D'après A. Richard, que nous consultons en ce moment pour la description des organes floraux, les fleurs qui occupent la partie inférieure de cette sorte de régime sont femelles et donnent seules des fruits : leur ovaire est beaucoup plus gros et plus allongé que celui des fleurs stériles, c'est-à-dire, à style imparfait, placées au sommet du régime. Les fleurs elles-mêmes se composent d'un périanthe ou calice légère- ment lavé de blanc, de jaune et de rose ; on y distingue en quelque sorte deux lèvres, l'une supérieure et externe, formée de cinq divisions pétaloïdes réunies entre elles, excepté à leur sommet, où elles sont par- faitement distinctes et séparées ; l'autre, inférieure, enveloppée à sa base par la première, et n'ofTrant qu'une seule division concave, cordiforme, plus large que la supérieure, mais colorée comme elle. Les étamines, au nombre de six, sont épigynes et insérées à la partie interne des divisions calicinales. Les anthères sont linéaires, introrses, à deux loges, surmontées d'un petit appendice qui n'est rien autre chose que la terminaison du filet. N. JOLY. ÉTUDE SUR LE BANANIER 693 Notez que dans les tleurs fertiles, les étamines sont moitié plus cour- tes que les divisions supérieures du périgone. Dans les fleurs stériles, par suite de l'imperfection du pistil, les étamines, au contraire, dépassent les divisions calicinales . Le pistil se compose d'un style simple, surmonté d'un stigmate ar- rondi, presque sphérique, et d'un ovaire allongé, recourbé, à la manière d'un cornichon, mais d'une saveur bien différente, surtout lorsqu'il est parvenu à pleine maturité. Alors il constitue une sorte de capsule ou baie remplie d'une pulpe farineuse, fondante et sucrée, connue sous le nom de banane. Les graines avortent constamment dans la plante cultivée. Antoine- Laurent de Jussieu dit que Rumpliius les a vues dans la plante à l'état sauvage (1), mais il ne les décrit pas. Je n'en ai moi-même trouvé nulle part ni une figure exacte, ni une bonne description. Fruit. — Tout le monde sait que le fruit du bananier est un régime, portant quelquefois jusqu'à une centaine de capsules ou baies irréguliè- rement triangulaires ou plutôt pentagonales, recourbées à la manière des concombres, vertes d'abord, plus ou moins jaunâtres à leur maturité. Chez le Musa paradisiaca, elles atteignent jusqu'à O^.IS de longueur; elles sont plus courtes chez le M. Sapientum. Toutes renferment, dans un péricarpe assez consistant, une sorte de pulpe farineuse plus ou moins fondante et sucrée selon les époques de maturation (^2). Partie anatomique proprement dite. La tige du bananier est, avons-nous dit, formée par les bases engai- nantes des pétioles qui s'emboîtent les unes dans les autres et s'enve- loppent réciproquement par des tours de spire plus que complets. Le centre de la tige, ou système florifère, est constitué par la hampe. Vue au microscope, une coupe transversale de celle-ci présente l'as- pect d'un tissu cellulaire entourant de gros tubes ou espaces cylindri- ques, où sont logées les trachées, dont on voit quelques tours de spire, si la coupe est un peu épaisse. Sur une tranche longitudinale de cette même hampe, on aperçoit des faisceaux défibres parallèles, formées de cellules soudées bout à bout et entourées de cellules plus grosses rec- tangulaires, carrées ou plutôt cubiques. Les fibres elles-mêmes parais- sent composées de filaments nombreux et très tenus, dont on voit les extrémités lorsqu'une des cellules composantes vient à se détacher par suite de la macération. H) < Semina vidit Rumphius in planta sylvestri. » Voy. Antoine-Laurent de Jussieu. Gefwro plantarum secundum ordines naturates disposila, p. 61, Pansiis, 1789. (2) Une tranciie du fruit mûr, mise dans l'eau, y acquiert, au bout de quelques jours, la consis- Unce et Taspect du miel, ou mieux encore, de la gelée de coioiga. 694 BOTANIQUE Les cellules qui entourent ces fibres renferment des granules fécu- lents qui bleuissent par l'iode; mais ces granules sont beaucoup plus petits que ceux de la pulpe du fruit que nous étudierons plus tard. Enfin, de très nombreuses et très grosses trachées entrent aussi dans la struc- ture de la hampe florifère. Elles y sont même en si grand nombre, que si l'on veut faire une coupe transversale de la hampe, il faut, pour enlever le fragment, tran- cher avec des ciseaux l'énorme paquet de trachées, déroulées à l'instar d'une perruque frisée, qui retient ce fragment attaché au reste du tronçon. Quant aux trachées elles-mêmes, elles sont généralement d'un très gros calibre, facilement déroulables par rubans qui semblent porter plusieurs tours de spire (sept à huit), et sont marqués d'une multitude de taches, disposées en séries parallèles entre elles et perpendiculaires à la direction des tours spiraux. Vues à un très fort grossissement, ces taches ressemblent à des taches elliptiques, superposées les unes aux autres et séparées par des séries der points qui semblent diviser la trachée en autant de lames longitudinales et rayées qu'il y a de séries de points. Delile a très bien représenté ces apparences, dans les figures 13 et 14 de l'une des planches annexées au présent mémoire. Anatomie des feuilles et de leurs gaines. — Des trachées volumineu- ses, des colonnes creuses, prismatiques, disposées parallèlement les unes aux autres dans le sens vertical, des cellules épidermiques géné- ralement très allongées, polygonales, des stomates de forme ordinaire assez nombreux, surtout à la face inférieure (1) ; enfin un parenchyme formé d'utricules remplis de chlorophylle : tels sont les éléments qui entrent dans la composition des feuilles du bananier, enroulées en graine ou développées en limbe. Des cloisons nombreuses, transversales, régulièrement espacées, éta- blissent une foule de compartiments dans les tubes prismatiques qui constituent la nervure médiane et les expansions foliacées de la gaîne, expansions si minces sur leurs bords, que, sans préparation préalable, on peut facilement en étudier la structure, en plaçant un fragment marginal quelconque sous la lentille du microscope. De nombreuses cloisons s'observent aussi entre chacune des fines nervures qui partent de la nervure médiane. En un mot, les feuilles, comme leurs gaines, constituent un vaste système de vacuoles, où l'air circule abondamment. (1) Delile dit avoir constaté la présence des stomates jusque sur la partie la plus inférieurç des pàtiolas engainants. N. JOLY. — ÉTUDE SUR LE BANANIER 69S Quant aux cloisons elles-mêmes, elles sont formées d'un tissu cellu- laire fenêtre, c'est-à-dire percées de trous ovales, entre lesquels se trouve une substance d'apparence amorphe, où l'on voit des granules ronds, presque opaques, et des crains nombreux de fécule plus allongés et plus petits que ceux du tissu cellulaire sous-épidermique. Quelques cristaux prismatiques, de grosseurs diverses, apparaissent aussi dans le tissu des cloisons. Enfin, l'on y voit quelques sacs à raphides, mais aucune trace de trachées . Structure de la banane. — L'épiderme de ce fruit est formé d'un assemblage de cellules polygonales, les unes courtes, presque sphéri- ques, les autres très allongées ou ovales, dont quelques-unes contien- nent des cristaux étoiles ou plutôt hérissés de pointes aiguës. La pulpe sucrée que renferme le péricarpe se compose de grandes cel- lules, qui. avant la maturité complète du fruit, renferment une énorme quantité de grains de fécule bleuissant par Tiode, tandis que quand le fruit est mûr et la fécule transformée en sucre, les grains amylacés, leur enveloppe et celle des cellules elles-mêmes disparaissent en partie ou en totalité. Le péricarpe ou écorce du fruit de la banane se compose de fibres parallèles formées de longues cellules étroites, soudées bout à bout et de grosses trachées qui paraissent en renfermer de plus petites, et qui longent les faisceaux de fibres. On trouve, au dessous, de grosses cellules polyédriques contenant de la fécule bleuissant par l'iode. On observe aussi dans le péricarpe d'assez nombreux sacs à raphides, et même des raphides libres. Enfin, le tissu ou pulpe féculente de la banane est disposé par disques ou tranches parallèles, dont la symétrie rappelle, jusqu'à un certain point, celle des cloisons transversales qui divisent les tubes prismati- ques de la nervure médiane des feuilles en compartiments ou chambres aériennes superposées. Outre l'air atmosphérique, les feuilles et les gaines du bananier con- tiennent en abondance un liquide séveux, limpide comme de l'eau, qui s'échappe de la tige aérienne lorsqu'on l'a séparée du rhizome (1). Ce qu'il y a surtout de remarquable dans la constitution du bananier, c'est l'énorme quantité de fécule qu'il renferme. On en trouve non seulement dans la pulpe du fruit, où elle est plus abondante que par- tout ailleurs, mais encore dans le tissu cellulaire des feuilles, dans les cloisons des vacuoles de leurs parties engainantes, et très probableraenit aussi dans le bulbe lui-même. (1) Ce fait nous a naUirellemcnt remis en mémoire ce que Ton dit de l'arbre du voyageur ou Ravenal de Madagascar. On sait que cotte plante appartient aussi à la famille des Musac'èes, et que si l'on perce la base de ses feuilles, il s'en écoule une eau limpide et fraîche, qui sert «ûuvem. dit-pn, à apqiser la soif des voyageurs. 696 BOTANIQUE On trouve aussi dans les cloisons du tissu lacunaire des gaines convo- lutées, et dans le limbe des feuilles proprement dites, des cristaux de diverses formes, transparents, et des sacs à raphides, tels que Delile les a représentés. D'autres cristaux, mais opaques et comme hérissés de pointes très aiguës et transparentes, s'observent dans l'épiderme de la feuille et du fruit. A la prière de Delile, M. Regimbeau, pharmacien à Montpellier, a t'ait, en 1830, l'analyse de la sève renfermée dans la tige du bananier, ainsi que celle des cristaux contenus dans presque tous les organes de cette môme plante, si remarquable à tant d'égards. M. Regimbeau a constaté que les cristaux dont il s'agit sont entièrement formés d'oxa- late de chaux. Il a trouvé dans la sève du bananier : i" Beaucoup de fécule ; 2° Acide oxalique; 3^* Oxalate de potasse; 4° Muriate de potasse. Mais il n'a point découvert, dans cette même sève, l'acide malique, l'acide acétique, l'acide gallique, la chaux, la soude et l'alumine que Boussingault dit y avoir rencontrées. EXPLICATION DES PLAACHE8. PLANCHE V. Y\g. 1. — a. Tige du bananifeir [Musa paradisiaca) — bb. Ses rhizomes ou tiges sou- terraines partant de la souche principale c, et produisant eux-mêmes des l'hizomes plus petits dd. — e e. Les gaines qui supportent la partie étalée ou limbe de la feuille. Ces gaines s'enveloppent rautuellemeut pour former la tige au centre de laquelle se trouve la hampe florifère, formée elle-naème pai' la partie mince et enroulée des gaines. Fig. 2. — b. Portion terminale du dessin précédent, qui a été coupé en x (lig. 1) pour ménager l'espace. Fig. 3. — Coupe longitudinale d'une tige de M. Paradisiaca pour montrer la dispo- sition des gaines gg (au nombre d'une dizaine) qui supportent les feuilles. On voit au centre la hampe h, qui portera les régimes chargés de bananes ; — ff (flg. A) bouquet de feuilles terminales. — B. Portion coupée du bulbe ou rhizome d'où émanent les gaines et, par conséquent, les feuilles. Fig. 4. — A joindre en x pour terminer le dessin. Fig. 5. — Section longitudinale de deux bulbes, l'une principale A, l'autre secoadaireB, d'où émanent les gaines ; rr. Racines du bulbe. — T. Coupe longitudinale de la tige; vv. Nombreuses et vastes vacuoles des gaines. Fig. 6. — Coupe transversale d'une tige, pour faire voir les vacuoles de la nervure médiane de gaines, d'où émane, de chaque côté, une lame mince qui corr«»- N. JOLY. ÉTUDE SUR LE BANANIER 697 pond au limbe de la feuille proprement dite, et s'enroule, en s'amincissant de plus en plus, pour former les parties plus centrales de la tige. Fig. 7, 8, 9 et 10. — Fleurs du bananier à divers degrés de développement et vues sous divers aspects. pig, 11. __ Banane de lîle de la Réunion, dessinée sur les lieux et à l'état frais. N. B.: Toutes les figures de cette planche, sauf la figure 41, ont été extraites des car- tons de Delile et dessinées par Node-Véran, père. PLANCHE VI. ^ Fig. l±. — Épiderme des feuilles enroulées en gaines du M. Paradisiaca; a. Stomates. Fig. 13. — Trachée (?) très grossie (ou vaisseau ponctué et rayé?) à membrane criblée d'ouvertures ou de taches elliptiques. Fig. 14. — Dessin qui figurait à côté du précédent, mais, comme lui el le suivant laissé par Delile sans aucune espèce d'explication. Fig. 15. — Ruban trachéen déroulé. N. B. : Ces trois dernières figures ont été représentées à un très fort grossissement ,• malheureusement Delile n néglige, comme partout, de l'indiquer. Fig. 16. — Sacs remplis de raphides (cristaux en aiguille), et logés dans les vacuo- les des gaines. Fig. 17. — Autre sac à raphides vu à sec. Fig. 18. — Les mêmes, crevant spontanément dans l'eau et laissant sortir les aiguilles. Fig. 19 et 20. — Grains de fécule contenus dans les gaines, c est-à-dire échappés de cellules semblables à celle représentée ligure 20. Fig. 21. — Cristaux prismatiques du tissu cellulaire des gaines. Fig. 22. — Coupe transversale d'une ligue banane. — vv. Petites vacuoles du péri- carpe, rappelant celles des grosses nervures des gaines, el même celles des petites nervures des feuilles, preuve de plus, entre mille autres, à l'appui de la Théorie de la Métamorphose des plantes [Gœtke]. a. Partie centrale du fruit presque réduite à l'état de miel. b. Partie périphérique de la pulpe. c. Péricarpe détaché et renversé pour faire voir les sillons indiquant les divi- sions du fruit en plusieurs loges. Ce fruit ne renfermait pas de graines. Fig. 23. — Cellules isolées contenues dans la pulpe périphérique du fruit. Fig. 24. — Grains de fécule isolés qui s'y trouvaient contenus. Fig. 25. — Cellules de la partie centrale, presque mielleuse, du fruit. La fécale, chan- gée en sucre, en a complètement ou presque complètement disparu. Fig. 26. — Un des cristaux renfermés dans cette même pulpe. N. B. : Les figures 1% à 18 de cette planche appartiennent à Delile ; les figures 19 à Siff ortt ete dessinées par moi à un grossissement de 300 diamètres. N. J. BOTANIQUE M. MEE&ET Professeur à la Fnculté de iné^erine dp Bordeaux. RESPIRATION CHLOROPHYLLIENNE DES PLANTES SUBMERGEES. ( EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL ) — Séance du l'-' septembre 1879.— M. Merget traite 'du mode de production des éctianges gazeux entre les plantes aquatiques et le milieu ambiant, dans la fonction chlorophyllienne. De l'ensemble de ses recherches sur cette question, il conclut que les végé- taux submergés sont enveloppés d'une couche gazeuze adhérente, formant autour d'eux une atmosphère limitée dans laquelle se diffuse l'acide carbonique que l'eau ambiante tient en dissolution. Cet acide passe à l'état de gaz dans la trame des tissus, par des ouvertures superficielles naturellement ou acciden- tellement pratiquées, et pénètre ainsi jusque dans l'intérieur des cellules chlorophylliennes, oii sa réduction s'opère sous l'influence de la lumière. L'oxygène provenant de cette réduction sort aussi, à l'état gazeux, des mêmes cellules et se dégage en bulles par les ouvertures artificielles, où il rencontr»^ le minimum de pression. M. HECKEL Professeur à la Faculté des sciences de MarieUIe. DE LA CLEISTOGAMIE DANS LE PAVONIA HASTATA ET DANS QUELQUES AUTRES PLANTES — Séance du ■/<■'• septembre iS79. — M. HECKEL Professeur à la Faculté das sciences de Marseille. DE L'ORGANISATION DES DICRANUM (extrait du procès-verbal' — Séance du I <• ' septembre -1 H'. M. Heckel fait ensuite connaître la présence d'une couche plus ou moins épaisse de cellules épaissies dans les feuilles de Mnium et de Dicranum. Ces cellules sont munies de pores très prononcés permettant une entrée rapide des liquides dans leur intérieur. A. LADUREAU. — CORTS GRAS DANS LA GERMINATION DES GRAINES 699 M. A. LADÏÏREAU Directeur du laboratoire de l'Etat et de la station agronomique du Nord. DU ROLE DES CORPS GRAS DANS LA GERMINATION DES GRAINES, - Séance du 1^" septnmhrf 1879. — Nous avons conçu l'idée et le plan du travail que nous avons l'hon- neur de soumettre aujourd'hui à l'appréciation des agronomes, des botanistes et des hommes d'étude curieux des lois de la physiologie végétale, en examinant un échantillon industriel d'huile de « germes de maïs », qui nous fut soumis il y a quelque temps déjà. Nous avions souvent remarqué dans nos analyses quotidiennes que toutes les graines renfermaient une quantité de corps gras plus ou moins élevée, mais nous n'avions jamais songé à rechercher quelle était l'utilité, quel était le rôle de ces corps gras que la nature a déposés ainsi, dans la graine et surtout quelle place ils y occupaient. Notre attention fut éveillée par ce fait, que l'on pouvait extraire industriellement une quantité d'huile assez considérable des germes de maïs ; de là à rechercher pourquoi cette huile se trouvait précisément autour du germe et pas ailleurs, et quel but lui était assigné, il n'y avait qu'un pas : nous avons tenté de le faire, et espérons que cette étude contribuera du moins à porter quelque lumière sur ce point si intéressant de physiologie, à savoir les causes et les conditions du développement de l'embryon. Le terrain était à peu près vierge devant nous, car, sauf les travaux de 31. Boussingault sur la putréfaction des graines et des fruits, et ceux de M. Mûntz, chef des travaux chimiques à l'Institut agronomique de Paris sur la germination des graines oléagineuses, nous ne connaissons rien qui ait été fait ou publié sur la matière. '^tO\jL?,ûnq,dM\i {Économie rurale, t .P', p. 300 et 307), avait reconnu que durant la putréfaction des graines et des fruits contenant des matières grasses, celles-ci se transformaient en acides gras libres. M. Pelouze, poursuivant quelques recherches dans le même ordre d'idées, avait également reconnu que des graines broyées, renfermées dans un flacon, se décomposaient, et que leurs corps gras s'acidifiaient en quelques mois. M. Miintz, dans son très remarquable travail «Sur la germination des graines oléagineuses » {Annales de physique et de chimie, t. XXII, année 1871, p. 472), a publié un certain nombre d'analyses faites par lui de lOO BOTANIQUE graines avant, pendant et après leur germination. Il résulte de ses recherches que : 1° Pendant la germination des graines oléagineuses, la matière grasse se dédouble progressivement en glycérine et en acides gras ; 2° La glycérine disparaît au fur et à mesure qu'elle est mise en liberté ; 3' A une certaine époque, la jeune plante ne contient plus que des acides gras libres ; 4° Par l'accroissement de l'embryon, ces acides gras subissent une absorption lente, mais progressive d'oxygène. Voilà à quel point se trouvait l'état de la question au moment où nous avons entrepris son étude. Surpris de trouver la matière grasse déposée dans la graine du maïs tout autour du germe, nous avons voulu voir si ce fait était général ou s'il était propre à cette graine. Nous avons donc examiné un nombre considérable de graines diverses et avons reconnu que : Dans toutes les graines qui ne sont pas oléagineuses, et qui ren- ferment par conséquent une proportion élevée de cellulose, d'amidon, etc., et une faible quantité de matière grasse, cette matière grasse se trouve toujours réunie au pied du germe, à son point d'attache dans la graine. Dans les graines oléagineuses, l'huile paraît au contraire se trouver répartie à peu près également dans toute la substance de la graine. Nous avons isolé à la main, à l'aide d'un canif ou de tout autre ins- trument, la portion voisine du germe dans des graines féculentes, telles que blé, maïs, haricots, pois, lentilles, fèves, etc., et avons toujours trouvé dans cette partie la presque totalité de la matière grasse contenue dans la graine entière. Nous croyons même qu'avec plus d'adresse nous aurions probablement trouvé là toute la matière grasse. Ces matières grasses étant toutes liquides, du moins dans toutes les graines que nous avons étudiées, nous les nommerons désormais huiles, pour abréger. Nous allons citer quelques-uns des résultats que nous avons obtenus en faisant ces déterminations d'huiles dans les graines. Graines ou grains de mais. — La portion a voisinant le germe, partie grise, molle et facile à distinguer à l'œil, ayant été séparée à la main, on y trouva les quantités suivantes d'huile, suivant les qualités de maïs. Huile O/u Huile o/O Dans le germe. Dans le reste de la graine. 29.15 0.30 28.51 1.80 29.47 0.15 26.33 1.05 24.19 1.47 A. LADUREAU. — CORPS GRAS DANS LA GERMINATION DES GRAINES 701 Le poids des germes a varié de 12 à 15 0/0 du poids de graines total. Haricots blancs : Huile 0/0 Huile 0/0 ?artie entourant le germe. Dans le reste de la prainc, -2.35 0.12 3.19 0.07 2.14 0.24 4.01 0.10 3.77 0.03 ; des germes varie de 1 à 3 0/0 du poids total des trnniunes : Huile 0/0 Huile 0/0 Partie autour du germe. Dans le reste de la graine 3.24 0.19 4.62 0.02 2.93 0.43 4.19 0.05 3.53 0.33 Nous ne multiplierons pas ces exemples, qui montrent tous la même chose, et passons aux conclusions à tirer de ce fait très remarquable dr l'accumulation autour de l'embryon de toute la matière grasse qui se trouve dans la graine. Toutefois, avant d'aborder ces conclusions qui pourraient paraître prématurées, qu'il nous soit permis de nous arrêter un peu sur quel- ques phénomènes qui présentent au point de vue de ces conclusions môme, un intérêt tout particulier. Nous avons souvent remarqué que, lorsqu'on mettait en présence de la matière organique un corps gras et une certaine quantité d'humidité, on obtenait au bout d'un temps plus ou moins long un échauffement de toute la masse assez considérable parfois pour déterminer son inflam- mation. Tous les industriels connaissent ce fait et évitent de reunir en amas un peu volumineux les chiffrons et déchets divers imbibés de ma- tières grasses. Cet échauffement se fait aussi bien au contact de l'air que dans un vase absolument clos. Nous-même avons mis en pratique cette propriété assez remarquable des corps gras pour créer il y a quelques années, à Tourcoing une industrie qui depuis y a pris un certain développement, la torréfaction des déchets de laine destinés à l'agriculture, par réchauf- fement spontané produit par cette réunion des matières organiques, des corps gras et de l'eau en certaines ])roporLions. Nous faisons dresser des tas de ces matières ayant environ 2 à 3 mè- tres de liauteur sur autant de largeur et 10 mètres de profondeur, les 702 BOTANIQUE faisons arroser avec des liquides plus ou moins chargés de matières fer- tilisantes, jusqu'à ce qu'il y ait environ 20 à 25 0/0 d'eau et attendons quelques jours que la décomposition s'opère, ce qui ne manque jamais d'arriver, un peu plus tôt en été qu'en hiver, à cause de l'élévation de la température ambiante. Au moyen de tubes de fer creux que l'on introduit dans les tas de distance en distance, et dans lesquels on fait descendre des thermo- mètres gradués sur tige, on peut suivre très facilement les progrès de la décomposition. Quand on la juge suffisamment avancée, ce que la pra- tique permet de reconnaître aisément , on ouvre les tas de manière à permettre à l'air d'y pénétrer et on arrête ainsi l'opération. La laine est alors torréfiée : elle se présente sous la forme de masses compactes, assez dures, de couleur brune plus ou moins foncée, et suf- fisamment friables pour qu'on puisse les réduire en poudre par une action mécanique assez faible. Si nous sommes entré dans ces explications d'ordre technologique, c'est uniquement parce que la fabrication que nous venons de décrire est fondée sur le principe même que nous étudions dans ce mémoire, et afin de montrer le parti que l'industrie et l'agriculture peuvent tirer parfois de simples expériences de laboratoires qu'on ne croit pas toujours, au premier abord, susceptibles d'une utilisation pratique. Voici les principaux faits sur lesquels s'appuie notre théorie : 1» Si l'on abandonne à elles-mêmes des matières organiques assez divisées, comme la laine, par exemple, après les avoir dépouillées de leurs matières grasses et en leur donnant une quantité d'eau très supérieure à celle que renferment en général toutes les matières organiques à l'état sec, quantité qui ne varie guère que de 8 à 12 0/0, on n'observe pas d'élévation notable de température. La matière, au bout d'un certain temps s'altère, entre en décomposition et en putréfaction, mais sans que sa masse s'échauffe d'une manière sensible ; 2° Si l'on prend de même une matière organique très divisée dans son état normal, c'est-à-dire ne contenant guère que de 8 à 12 0/0 d'eau et qu'on y mélange intimement une certaine quantité de graisse, d'huile végétale ou animale quelconque, si l'on abandonne ce mélange en tas durant quelques mois, on n'observe qu'au bout d'un temps très long un échauffement accompagnant le rancissement, l'acidification de l'huile par l'absorption de l'oxygène de l'air; 3° Mais si cette même matière organique mélangée d'huiles ou de corps gras est mise en amas d'une certaine importance, après avoir été mouillée de manière à renfermer environ 20 à 25 0/0 d'humidité to- tale, on reconnaît au bout de très peu de jours que la masse commence à s'échauffer ; bientôt on voit de la vapeur d'eau s'en échapper, et c'est A. LADUREAU. — CORPS GRAS DANS LA GERMINATION DES GRAINES 703 alors que, la température s'élevant cousidérabiement, la matière subit la torréfaction dont nous venons de parler. — Si, au lieu de l'arrêter en ce moment en ouvrant la masse et en l'étendant par terre en couche mince, de manière à la refroidir brusquement, on laisse réchauffe- ment se continuer, on peut être à peu près certain de voir bientôt la matière entrer en combustion, avec ou sans flammes, et se réduire com- plètement en cendres en produisant des torrents de fumée et de vapeur d'eau . Nous avons été à plusieurs reprises témoin de ce curieux phénomène qui avait devancé nos prévisions et que l'on peut reproduire très faci- lement. ^ Les faits dont nous parlons expliquent complètement ces cas de com- bustion spontanée qui se produisent si fréquemment dans les amas de chiffons, de déchets gras et humides, de laine ou de coton, qui sont la terreur des industriels et des Compagnies d'assurances, ainsi que ces incendies que rien ne faisait pressentir et dont sont si souvent victimes les cultivateurs qui ont rentré dans leurs granges des foins ou des ré- coltes trop humides. Le fait capital que nous voulons retenir de tout ce qui précède, c'est que : chaque fois qu'une matière organique, azotée ou non , se trouve en présence d'une certaine quantité d'un corps gras quelconque solide ou liquide, et d'une proportion d'eau très supérieure à 10 0/0, cette matière subit au bout d'un temps plus ou moins long, mais générale- ment assez court, un échaulïemeiit qui peut être assez considérable pour déterminer dans certains cas, l'embrasement total de sa masse. Nous allons montrer comment cette loi est applicable à la germina- tion des graines ei quelles conséquences en découlent au point de vue de la cessation de leur faculté germinative. Toutes les graines, du moins toutes celles dont nous connaissons les analyses et celles que nous avons examinées pour notre compte per- sonnel, renferment une certaine quantité de corps gras. Cette quantité varie suivant l'espèce de la graine, et même dans chaque espèce, elle est susceptible de variations qui sont parfois assez importantes. Dans certaines graines, que l'on connaît sous le nom de graines oléa- gineuses, telles que le lin, l'œillette , le colza, l'arachide, la navette, le sésame, etc., cette quantité de corps gras, d'huile grasse est considérable et cette huile se trouve répartie dans toute la substance même de la graine, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Dans les autres, parmi lesquelles nous citerons les graines féculentes, telles que le blé, le maïs, le riz, les fèves, lentilles, féverolles, etc., la proportion de matière grasse est assez faible, et chose très remarquable, on trouve toujours la presque totalité de cette matière grasse dans le 704 BOTANIQUE germe et dans la partie de la graine qui se trouve au pied de ce germe, ainsi qu'on peut le reconnaître par les chiffres que nous avons donnés au commencement de ce mémoire. Il en résulte que lorsque l'on met en terre ces graines, qui, dans leur état normal, ne renferment que 10 0/0 d'humidité, elles se trou- vent dans un milieu qui en est infiniment plus chargé ; elles en absor- bent bientôt une certaine proportion (20 à 25 0/0 de leur poids), et alors les circonstances nécessaires à la production de chaleur dont nous venons de parler se trouvant réalisées par la réunion de matières orga- niques, d'huile grasse et d'eau, il y a une élévation notable de la tem- pérature tout autour de l'embryon ; celui-ci, sous l'empire de cette double action physique et chimique assez énergique, subit la surexcitation par- ticulière qu'on nomme la vie ; il perce alors le testa, probablement très ramolli par cette élévation de température et la production d'une petite quantité de vapeur qui en résulte, le germe apparaît : la graine inani- mée est devenue une plante vivante! Nous n'avons parlé jusqu'ici que du phénomène physique de l'éléva- tion de la température, mais il y a en outre une transformation chi- mique subie par le corps gras sur laquelle nous allons revenir, et comme toute action chimique est accompagnée d'un dégagement d'électricité, il est très présumable que cette force encore si mal connue et que l'on observe à chaque instant dans la vie, exerce également son influence dans la production de ce nouvel état: la vie végétale. Les modifications chimiques que subissent les corps gras durant l'acte de la germination, ont été très bien étudiées par M. Miintz. Les expériences, dont nous avons donné les résultats et que les nôtres ont pleinement confirmées, ont montré que les huiles neutres ((ue renfer- ment les graines, se dédoublent en acides gras et en glycérine, qui sont absorbés assez rapidement par la jeune plante pour la formation de ses tissus. Quelques auteurs croient que la matière grasse fournit le glucose d'où dérivent les autres hydrates de carbone, de même que la matière amylacée, ce glucose se transformant à son tour en cellulose par l'absorption du carbone. Cette opinion est très soutenable ; mais il nous paraît probable que les acides gras formés durant la germination se transforment en corps nouveaux analogues à la résine, par l'absorp- tion d'une certaine quantité d'oxygène. Nous avons fait un assez grand nombre d'essais sur cette transfor- mation des corps gras neutres en acides gras avec des graines de toute nature et nous avons toujours reconnu que : dès que le germe appa- raissait, l'huile devenait acide, que cette acidité augmentait rapidement, et quela proportion de corps gras diminuait à mesure que lajeune plante se développait, pour devenir tout a fait nulle au bout de quelque temps. A. LADUREAU. — CORPS GRAS DANS LA GERMINATION DES GRAINES 705 Pour ne pas fatiguer nos lecteurs, nous ne citerons qu'un exemple, celui du cresson alénois (Lepidium sativum), graine qui, à l'état nor- mal, renferme près de 24 0/0 de son poids d'huile grasse tout à fait neutre. Nous l'avons mise en germination, après en avoir déterminé exacte- ment la proportion d'huile, et l'avons examinée au bout de deux jours, au moment où. les germes venaient de sortir, puis au bout de huit jours, alors qu'ils étaient complètem'ent développés. Voici ce que nous avons observé : Cresson alénois, graine normale 23.75 0/0 d'huile neutre. Id; au début de la germinat'"". 20.82 » acide. Id. après huit jours » 17.35 » » Id. après quinze jours » 13.27 » » Id. après un mois » 9.22 » » Les mêmes phénomènes se reproduisent d'une manière générale, avec toutes les graines que nous avons observées. Cette acidification des corps gras neutres mis en présence des ma- tières organiques diverses et d'une certaine quantité d'humidité, coïn- cide toujours avec récliauU'eiiieiit qui se produit dans ces conditions, et qui n'est, croyons-nous, que la conséquence immédiate de cette trans- formation chimique. Nous l'avons toujours observée dans les analyses nombreuses que nous avons faites jadis des décliets de laine avant et après leur torréfaction naturelle, c'est-à-dire produite par leur échauf- fement spontané. Nous avons eu l'occasion de la reconnaître à diverses reprises dans des cargaisons de graines de colon, de sésame et d'ara- chides venant du Levant, ayant reçu de l'eau de mer et ayant, par suite, contracté cette modification profonde, qui en change l'aspect et la com- position au point de les rendre presque invendables. Nous avons ana- lysé ces graines avariées, transformées en masses brunes ayant un peu l'odeur de la chicorée, et nous avons toujours trouvé dans l'huile que nous en avons extraite une grande proportion d'acides gras. Ces huiles avaient une couleur brune plus ou moins foncée, suivant que réchauf- fement des graines avait eu lieu plus ou moins complètement. Nous avons la conviction que bien des incendies qui se déclarent parfois spontanément à la suite de coups de mer, dans les navires qui reviennent des Indes avec des chargements de graines oléagineuses, n'ont pas d'au- tre origine que le phénomène que nous étudions. Au point de vue qui nous occupe, de la germination des graines, il est un fait assez intéressant à signaler, fait qui corrobore la théorie que nous émettons, c'est que lorsqu'on les fait germer dans un milieu nu- mide et chaud de 25'' à 30° centigrades, on avance considérablemeni l'époque de la sortie de fembryon. Des graines qui ne lèvent qu'en 45 706 BOTANIQUE 25 jours dans les conditions normales, n'exigent dans ce cas que quelques jours ; celles qui ont besoin de 8 jours poussent au bout de 48 heures. Nous utilisons cette propriété très remarquable de l'application de la chaleur à la germination, dans la ferme expérimentale de Bavai (Nord), oij nous faisons chaque année, avec le concours de son propriétaire, M. Derôme, une grande partie de notre expérimentation agricole; nous utilisons cette propriété, disons-nous, pour obtenir de nos betteraves une levée rapide et régulière , condition essentielle d'une bonne récolte. Voici comment on opère : on remplit à moitié un tonneau à double fond avec la graine sèche ; on achève de remplir avec de l'eau à 35° centigrades. On laisse la graine se mouiller, s'humecter complètement de cette eau tiède, et au bout de 24 heures on soutire l'excédent au moyen du double fond. Le bois étant peu conducteur et le tonneau bien fermé, la température se maintient assez élevée durant quelque temps. Cela suffit pour commencer le travail de la germination, pour ramollir considérablement l'enveloppe corticale de la graine qui est très dure et pour permettre à l'embryon de la percer plus facilement ; aussi voit-on les germes pointer au bout de 48 heures. Les betteraves semées dans ces conditions, avec la graine ainsi pré- parée, sont complètement sorties de terre en 5 ou 6 jours, tandis que les mêmes graines, semées sèches, ne lèvent qu'au bout de 15 à 20 jours, suivant l'état de la température. Nous avons retiré déjà de grands avan- tages de ce mode d'opérer que nous signalons aux intéressés. Le point sur lequel nous insistons aujourd'hui, c'est l'avancement énorme qu'on donne à la germination en élevant ainsi la température des graines hu- mides, et la remarque que nous avons faite, que la germination simul- tanée d'une certaine quantité de graines, produit toujours un certain dégagement de chaleur très facile à reconnaître et à mesurer avec un thermomètre a maxima. Nous avons souvent observé une élévation de température de quelques degrés au moment où les germes commençaient à se montrer. Toute germination est donc accompagnée d'un dégage- ment de chaleur, d'une décomposition chimique et probablement de la production d'électricité qui résulte toujours de ce phénomène. Dans le règne animal également, chacun sait que la chaleur seule suffit poiîP communiquer la vie aux œufs qui renferment les matériaux du nouvel être. La connexité de ces faiis et de ceux que nous avons étudiés plus haut dans réchauffement des matières organiques grasses et humides, semble nous autoriser à penser que si la nature a déposé auprès de l'embryon ae toutes les graines une certaine quantité de corps gras, c'est précisé- ment pour que ces corps gras, en s'échauffant sous l'influence de l'hu- midité du sol, donnent au germe la chaleur et l'électricité nécessaires à A. LADUREAU. — CORPS GRAS DANS LA GERMINATION DES GRAINES 707 son développement, lui communiquent la vie en un mot, et que de plus, par leur transformation en glycérine et en acides gras, peut-être même en glucose, ils contribuent à l'alimentation de la jeune plante, à la for- mation de ses tissus. Si cette hypothèse est conforme à la vérité, il doit exister au point de vue de la nature et de la composition chimique des huiles des diverses graines, de grandes ditférences, suivant que ces graines sont de pro- duction récente, c'est-à-dire aptes à la germination, ou qu'elles ont un certain nombre d'années d'existence et ont perdu au moins partiellement leur faculté germinative. C'est ce que nous allons étudier : Rendons hommage d'abord à l'inépuisable obligeance de l'homme qui a facilité singulièrement pour nous ces recherches, en nous procurant un grand nombre d'échantillons de graines récentes et des mêmes graines ayant 10 à 12 ans d'âge, à M. H. Vilmorin, négociant en grains et graines et membre de plusieurs sociétés savantes à Paris. Il nous a prouvé en répondant à toutes nos demandes qu'on ne s'adresse jamais vainement à lui quand il s'agit d'étudier un point intéressant, de réa- liser un progrès. M. H. Vilmorin a donc mis à notre disposition les graines dont nous allons donner la liste, afin de nous permettre de vérifier l'exactitude de l'hypothèse que nous avons émise, en ce qui concerne le rôle des corps gras dans la germination des végétaux. Cliacune de ces graines a été traitée par l'éther à chaud dans le but d'en extraire l'huile, tandis qu'une autre portion était mise à germer dans les meilleures conditions que nous pussions réaliser. Nous n'avons pas pris le sulfure de carbone pour ce traitement afin d'éviter toute cause d'erreur imputable aux réac- tifs employés, ce corps renfermant parfois des traces d'acides sulfureux et suif hydrique, et pouvant donner lieu à la formation de ces acides durant son évaporation. Toutes les précautions ont été prises pour que les vapeurs acides du laboratoire ne pussent pas davantage influence les résultats. Le degré de neutralité ou d'acidité des huiles extraites des graines fut apprécié au moyen d'un petit fragment de papier de tour- nesol sensible que l'on maintint plongé dans l'huile durant au moins 24 heures après l'évaporation de l'éther, opération que l'on conduisit rapidement. Chaque espèce de graines fut laissée dans les appareils à germination jusqu'à ce que les graines fussent germées ou décomposées, afin d'être sûr que toutes aient eu le temps nécessaire à leur développement. Elles furent alors triées avec soin à la main et comptées, en mettant à part celles qui avaient germé et celles qui avaient lésisté à la germi- nation. Nous réunissons dans le tableau ci-après les résultats obtenus dans ces expériences ; nous ferons remarquer que les chiffres de la 708 BOTANIQUE troisième colonne indiquent la proportion 0/0 de grains ayant germé. Pour ne pas compliquer ce tableau nous n'avons pas cru devoir ajouter au nom de chaque espèce de graine sa dénomination scientifique. GERMINATION DE VIEILLES GRAINES (10 à 12 ans). NOM DES GRAINES EXPÉIilMEXTÉES. Maïs caragua d'Amérique — — de France — quarantain Haricot de Montreux — noir de Belgique Fève naine hâtive — — rouge Pois prince Albert — à fleur rouge — ridés à rames Betterave disette blanche . . . — globe jaune — Silésie rose — disette d'Allemagne.. . — de Pologne collet rose. — Brabant collet vert . . . Épinard de Flandre — de Hollande Scorsonères blancs Carotte rouge longue — — demi-longue.. — blanche collet vert Cardon plein — de Tours — d'Espagne Persil frisé NATURE Qtll(TlIE% de ayant leur hnile G K I! M K Acide. .'. 0/0 - 12 » — 7 » — 0 0 - 0 » - 25 » - 10 T - 0 » - U y - 0 « - 19 » - 27 » - 30 » - 31 y — U » - 22 » - 0 » - 0 » - 0 » - 0 J) - 0 y> - 0 » - 9 » - 6 » - 13 3> — 0 » NOM DES GRAINES EXI'ÉlilME.VTÉES. Laitue grosse brune — palatine — romaine blonde Aubergine violette l'ondu... — longue hâtive — violette longue Panais rond — long Oignon blanc — rouge — jaune des Vertus Tomate rouge hâlive — grosse rouge — à tige raide Radis demi-long écarlate... — — rose — rond rose Poireau (gros) de Rouen . . . — long — gros court Piment de Cayenne — rouge long — gros Cerfeuil commun — frisé Lentilles communes NATURE de l, x, etc. M. JOBEET Professeur à la Faculté des Sciences de Dijon. SUR LA MALADIE DES CAFÉIERS (extrait du procès-verbal) — Séance du i" septembre 18 79. — M. JoBERT explique qu'une certaine maladie des caféiers du Brésil est pro- duite par de:; kystes d'anguillules formés sur les radicelles de la plante. A la sortie des anguillules le kyste pourrit, se couvre de champignons comme dans un pourridié ordinaire. 726 BOTANIQUE M. ïï. BÂILLOÎT Professeur à la Faculté de Médecine de Paris. SUR L'ORGANOGÉNIE DES FLEURS FEMELLES ET DES FRUITS DES NOYERS -Séance du 3 septembre 1 81 9 . M. le F TISON Docteur ès-sciences naturelles, à Paris. LES TUBÉROÏDES DE M. DUCHARTRE. — Séance du 8 septembre i879. — La morphologie de îa tige est une des parties les plus intéressantes de la botanique, puisque sous la définition si claire d'un axe muni d'appendices disposés dans un ordre régulier et portant des bourgeons dans leur aisselle, on réunit une variété pour ainsi dire infinie de for- mes. En effet, le nombre des sortes de tige est considérable, mais elles se rattachent si intimement l'une à l'autre qu'il est bien difficile de faire rentrer dans les classifications toutes celles que la nature présente à notre observation. On divise les tiges en souterraines, aquatiques et aériennes suivant le milieu oîi elles croissent. Combien vivent simultanément dans ces trois milieux par leurs diverses portions. La plupart des plantes aqua- tiques sont dans ce cas, puisqu'elles plongent dans le sol par leurs ra- cines et la portion inférieure parfois rampante de leurs tiges, dans l'eau par la partie moyenne de cette dernière, et enfin dans l'air par leur extrémité. D'après leur direction , les tiges se divisent en dressées , volubiles , grimpantes ou sarmenteuses , couchées , rampantes. Mais on sait qu'il existe tous les passages entre ces diverses espèces , la même tige méri- tant souvent plusieurs de ces appellations suivant la partie que l'on considère. Au nombre des tiges souterraines, on place les rhizomes, les bulbes et les tubercules. Ce n'est un secret pour personne que l'on trouve dans D' tison. — LES TUBÉROIDES DE M. DUCHARTRE 727 la nature tous les passages de l'une à l'autre de ces formes. Aussi, dans la pratique, est-il souvent impossible d'admettre des catégories aussi tranchées . Sans entrer plus avant dans la morphologie générale de la tige, on peut dire, sans conteste, que pour définir chacune de ces nombreuses catégories, on ne tient aucun compte de la consistance, de la forme, de la couleur et encore moins du contenu des cellules qui entrent dans leur composition. Ainsi, par exemple, aucun botaniste ne place dans deux groupes distincts , le tubercule de la Pomme de terre (Sola- num tuberosum L.) et celui du Topinambour (Helianthus tuberosus L.) sous prétexte que l'amidon si abondant dans le premier fait totalement défaut dans le second où il est remplacé par l'inuline. En disant aucun botaniste, on y comprend M. Duchartre, comme on peut s'en assurer par la lecture de son livre (1). De même la tige souterraine du Sceau de Salomon {Polygonatum vulgare Desf.) et celle du Chiendent (Triti- cum repens L.), sont des rhizomes, bien qu'on ne rencontre jamais dans le premier l'amidon qui remplit le tissu cellulaire du second. Jusqu'à présent il n'est venu à l'idée d'aucun savant de classer les différentes sortes de bulbes d'après le contenu des cellules qui entrent dans la constitution de leurs appendices ou de leur plateau. Les portions axiles souterraines et renflées des végétaux portent le nom général de tubercules. Parmi ceux-ci on distingue avec raison ceux qu^ appartiennent à la tige (exemples: Pommes de terre. Topinambour, etc.) et ceux qui dépendent de la racine (exemples : Dahlia, Asphodèle, etc.). Plus souvent ces dernières s'appellent racines tubéreuses, le nom de tu- bercules s'appliquant alors spécialement aux tiges souterraines renflées et charnues. Il faut dire encore que diverses parties des végétaux, soit aériennes , soit souterraines, sont susceptibles de présenter des renfle- ments particuliers sans qu'il soit toujours facile ou même possible de distinguer ce qui est tige de ce qui est racine , témoin les discussions qui agitent encore les botanistes à propos de la nature des tubercules des Orchidées et des bulbilles de la Ficaire, etc. En un mot, la question de la nature caulinaire ou radiculaire de certains tubercules est loin d'être claire. C'est sans doute pour porter la lumière dans ce domaine obscur que M. Duchartre a jugé utile d'y introduire la nouvelle caté- gorie des Tubéroïdes. Qu'est-ce donc qu'un tubéroïde ? Nul mieux que le père ne peut nous décrire son fils. Écoutons donc M. Duchartre. Dans la première édition des Éléments de botanique (2), il dit à propos des formations tubéroides: (1) Eléments de botanique, 7' édition, page 376. (2) Page 266. 728 BOTANIQUE a On peut voir comme un passage à l'état qui caractérise les tubercules dans ces axes considérablement épaissis, dont le tissu cellulaire s'est développé dans des proportions remarquables sans que ces cellules se soient remplies de fécule, et qui ont pris au total une consistance plus ou moins charnue. Je donnerais volontiers à ces formations particulières la qualification de tubéroïdes, pour indiquer qu'elles ont sous certains rapports, de la ressemblance avec les tubercules, sans qu'on puisse toutefois les confondre avec ceux-ci. » Comme en botanique les exemples en disent souvent plus que les dé- finitions, M. Ducbartre indique comme tubéroïdes, la portion renflée de la tige du Chou -rave , les Cyclamen, les Carottes, ks Kaves, les Bette- raves, les Radis et les Navets. Dans la seconde édition (1), cet auteur s'exprime ainsi sur le même sujet : « On peut voir comme un passage à l'état qui caractérise les tubercules dans ces axes considérablement épaissis dont le tissu cellulaire s'est développé dans des proportions re- marquables sans que ces cellules se soient remplies d'amidon et qui sont plus ou moins charnues. Je donnerais volontiers à ces formations par- ticulières le nom de tubéroïdes pour indiquer qu'elles ressemblent a des tubercules sans qu'on puisse toutefois les confondre avec ceux-ci. » Les exemples cités sont identiques à ceux de la première édition. Le texte le serait aussi si amidon ne remplaçait pas fécule. Mais ces deux mots étant synonymes, il s'ensuit, d'après M, Duchartre que l'un des carac- tères essentiels des tubéroïdes est de ne pas contenir d'amidon (ou de fécule) dans leur tissu cellulaire. Les exemples cités répondent-ils à sa définition? C'est ce que l'obser- vation va nous apprendre. Une coupe microscopique prise dans la masse charnue du tubercule d'un Cyclamen montre un parenchyme dont les cellules sont littéralement gorgées de grains qui possèdent tous les ca- ractères de l'amidon. On dirait une de ces plantes destinées à l'extrac- tion industrielle de cette substance. Aussi suffît-il de déposer, sur une surface de section, une goutte de solution aqueuse d'iode, pour obtenir une coloration bleue qui se fonce de plus en plus et devient presque noire. Cette teinte est à peine moins intense que celle qu'on obtient en répétant la même expérience sur un tubercule de Pomme de terre. D'une part, M. Duchartre affirme que les organes auxquels il donne le nom de tubéroïdes ne doivent pas avoir leurs cellules remplies d'amidon, d'autre part, l'expérience la plus vulgaire démontre que les tubercules des Cyclamen pris par lui comme type de tubéroïdes, ont leui's cellules gorgées de fécule. Le Chou-rave, le Navet, etc., sans contenir dans leurs cellules autant (I) Page 369. D'^ TISON. — LES TUBÉROIDES DE M. DUCHARTRE 729 d'amidon que le Cyclamen en renferment cependant encore une cer- taine proportion. Celle-ci varie, du reste, avec les diverses périodes de la végétation. Il se passe ici un phénomène bien connu de tous ceux qui étudient la physiologie végétale, à savoir que l'amidon abondant dans les cellules à certains moments , disparaît ensuite plus ou moins pour servir à la fabrication de nouveaux tissus ou d'autres produits. Les tubéroïdes doivent donc disparaître de la science comme ne pos- sédant môme pas le caractère essentiel que leur assigne leur auteur. Us suivront en cela le sort d'autres organes en oïdes dont l'existence aura été tout aussi éphémère. On répète souvent que M. Duchartre n'observe pas ou du moins très peu. Les faits précédents ne le démontrent que trop. 3Iais on ajoute aussitôt que c'est un savant dont l'érudition profonde est au courant de tout ce qui se publie. N'ayant nullement l'intention de m'attribuer la découverte de l'amidon dans Icî cellules des Cyclamen, voici ce qu'on trouve dans un livre (1) classique à l'École de pharmacie et publié dans l'intervalle des deux éditions des Éléments de botanique. « La racine de Cyclamen, dit M. Planclion (t. I", p. 600), a une saveur acre et caustique. Elle contient une substance blanche, acre qu'on a nommée cyclamine, une substance résineuse amère, de la gomme, de Vami- don, etc. » N'insistons pas sur le nom de racine donné par M. Plan- chon au tubercule du Cyclamen, car il ne faut y voir qu'un archaïsme pharmaceutique. Il suffit de constater que M. Duchartre est en contra- diction a\ec les classiques de l'École de pharmacie. Sa profonde éru- dition ne daigne peut-être pas descendre jusque-là. DISCUSSION. M. GuHJ.AUD d'abord, M. Planchon ensuite, croient devoir protester contre la forme injustement agressive donnée au dernier paragraphe de cette com- munication; mais, comme M. Tison leur demande s'ils prétendent contester les faits qu'il vient d'avancer, ils répondent n'avoir aucune objection à opposer, M. Planchon ajoutant même que le contenu des cellules ne doit pas être pris en considération quand il s'agit de morphologie. M. Tison fait alors observer qu'il n'a pas dit autre chose. (1) Traité pratique de la détermination des drogues d'origine végétale, par M. Planchon. 730 BOTANIQUE M. de SETIES Agrégé à la Faculté de méjecina de Paris LE PARASITE DE LA MALADIE DU CHATAIGNIER. - Séance du 8 septembre 4879. — La maladie du châtaignier a attiré, pour la première fois, l'attention en Italie vers 1842 ; depuis i87S elle a été l'objet des recherches de M. Gibelli qui en a tracé l'historique et les caractères. Ces caractères sont, pour l'Italie, identiques à ceux que M. Planchon a donnés en 1878 pour les Céveniies. Les documents et les échantillons que j'ai reçus des Pyrénées me permettent d'ajouter que là aussi elle se présente avec les mêmes symptômes. Trois hypothèses ont été émises sur la cause qui la produit. La première en date est celle de M. Gibelli; dans un premier mé- moire, le savant professeur de Modène admettait que la maladie se révélait à l'examen des tissus par le dépôt d'une substance amorphe pénétrant surtout le parenchyme interposé entre les fibres du liber. Cette substance était le produit pathologique par excellence, elle a pour carac- tère de se colorer en jaune citron et de se dissoudre dans les solutions alcalines. De ses expériences sur la propagation de la maladie, des analyses chimiques indiquant dans les cendres du bois malade, une dimi- nution de la quantité de potasse, M. Gibelli concluait que le parasi- tisme animal ou végétal n'était pour rien dans la maladie du châtai- gnier ; il s'appuyait en outre sur les observations de M . Caruel et de M. Baglietto. Le travail de M. Gibelli plein de faits intéressants, signale aussi les noyers comme atteints de la même maladie. Dans un second mémoire paru en 1879, M. Gibelli résume les observations du premier et maintient ses conclusions mais d'une manière moins affirmative. Tout en admettant que la maladie est due aux conditions mauvaises du sol dans lequel les châtaigniers ont été plantés, il mentionne l'existence d'un mycélium qui détruit le parenchyme cortical et celle d'un conceptacle de Sphériacé semblable à un Diplodia. Dans une lettre récente, M. Gibeîli m'informe que ce serait plutôt un Sphœ7^opsis et se déclare convaincu que l'action du micromycète explique suffisamment la profonde désor- ganisation de l'écorce, le dépôt extraordinaire de tannin solide (en gra- nules), le manque de potasse et l'excès de fer qu'on rencontre dans les cendres. Il est donc inutile d'énumérer les motifs qui m'ont empêché de consi- DE SEYNES. — LE PARASITE DE LA MALADIE DU CHATAIGNIER 731 dérer la maladie sous le point de vue auquel s'était primitivement placé M. Gibelli, j'en réserve l'exposé pour un travail plus complet. Une seconde hypothèse a été présentée par M. Planchon, elle attribue la maladie du châtaignier à l'action d'un parasite déterminé d'un Champi- gnon de l'ordre des Basidiosporés, VAgaricus (Armillai^ia) melleus ou une forme voisine, le mycélium blanc, que l'on rencontre entre le bois et l'écorce ayant les caractères de celui que l'on retrouve sur les mûriers et notamment de celui duquel Dunal avait vu sortir VAgayicus griseo- fuscus D. C. Dans une note publiée plus tard, M. Planchon énumère les divers états, sous lesquels peut se rencontrer le mycélium de VAg. melleus d'après des observations faites sur des Marronniers, observations qui lui paraissent confirmer ce qu'il a vu chez les Châtaigniers malades et rendre plus probable l'intervention de VAg. melleus. Je n'ai, pour ma part, jamais rencontré les réceptacles de VAg. melleus au pied des châtaigniers. M. Gibelli affirme d'après ses observations et celles de ses nombreux collaborateurs, qu'il en est de même en Italie. J'ai fait une longue liste des arbres au pied desquels ce Champignon se rencontre en automne dans les Cévennes, il y a les essences les plus différentes, conifères ou plantes à feuilles caduques, sauf les châtaigniers. On pourrait, il est vrai, admettre que le mycélium végète indéfiniment stérile à l'état de Rhizomorphe ou à l'état membraniforme ; il pourrait en être ainsi tant que l'arbre reste vivant, mais quand il meurt, il serait étrange qu'on ne rencontrât jamais l'organe sporophore. Quand le cham- pignon de parasite devient saprophyt'e, la composition chimique du mi- lieu nutritif change, sa végétation devient moins active et il fructiiie, obéissant ainsi à une loi physiologique qui domine le régne végétal tout entier depuis le plus simple mycoderme, jusqu'au plus compliqué des phanérogames. M. Hartig ne paraît pas s'être préoccupé de ce fait là, parce que les limites, dans lesquelles cette loi s'exerce, sont assez larges et qu'on rencontre les réceptacles de l'yi^. melleus sur des arbres encore vivants. L'expérience populaire a consacré la généralité du fait que j'avance. Le nom languedocien de souquarel que porte VAg. melleus vient de sou- qua, souche, parce que c'est sur les vieilles souches d'arbres morts ou coupés vivants, mais dont la base des troncs et les racines laissés en terre sont morts, qu'il se rencontre le plus souvent. Il appartenait du reste à l'examen micrographique de décider la ques- tion d'après les caractères précis du mycélium ; tous les autres points de vue deviennent secondaires à côté de celui-là . M. Gibelli ayant envoyé des échantillons à M. Hartig, dont on connaît les beaux travaux sur 1'^^. melleus, ce savant n'a pu y découvrir le parasite si connu de lui. Je n'ai pas été plus heureux que M. Hartig et ceci nous conduit à la 732 BOTANIQUE troisième hypothèse, celle que j'ai présentée dans une note à l'Acadé- mie des sciences le 6 janvier 1879. Ayant constaté l'absence fréquente chez les châtaigniers malades, du mycélium blanc décrit par M. Planchon, je n'ai jamais vu non plus qu'il pénétrât à l'intérieur des cellules, comme le font les filaments vrai- ment parasites de VAg. melleus ; je n'ai donc pu considérer ce mycélium que comme un épiphénomène. D'autre part j'ai constamment rencontré le mycélium brun, que j'ai décrit dans la note mentionnée ci-dessus, et je tiens à compléter aujourd'hui en quelques mots les observations con- tenues dans cette note. J'ai reçu des échantillons de deux localités des Basses-Pyrénées, éloi- gnées l'une de l'autre, Bayonne et Baïgorry. Ces échantillons envoyés, la plupart dans une motte de terre, appartenaient à des arbres à divers degrés de la maladie ; j'y ai toujours vu le même mycélium rampant sur les radicelles, pénétrant à l'intérieur des cellules de l'écorce ou du bois, sans jamais attaquer les fibres libériennes ou ligneuses, ni les vais- seaux du bois ; ceux-ci sont bourrés de tliylles, comme si le travail végétatif gêné dans les zones externes se réfugiait dans les éléments vasculaires restés intacts. Ce mycélium, que je n'ai pas à décrire de nouveau, donne naissance à d'innombrables conidies brunes, sphériques produites comme celles des Torula par segmentation successive du mycélium ; elles mesurent de 0"'",004 à 0'"™,005; c'est surtout dans les grosses racines que ces conidies abondent. Lorsque l'arbre est déjà mort depuis quelque temps, ces conidies sont agglutinées par une substance brune, tenace, qui les dissimule, et peut les laisser confondre avec les granulations de même couleur, qui occupent tout ou partie de la cavité des cellules mortes. Je n'ai pas encore rencontré de fructifications d'un ordre plus élevé, comme les périthèces signalés par M. Gibelli. Quelques formes inachevées m'a- vaient cependant fait supposer que le mycélium brun appartenait à un sphériacé ; mais il y a un point sur lequel je me trouve en désaccord avec M. Gibelli. Les périthèces que ce savant a trouvés au mois d'octobre et surtout en hiver, sont nichés dans un mycélium blanc qui pourrait bien être celui que M. Planchon avait signalé sous le nom de Bhizoctonia ^ ce mycélium est tout différent de celui qui a surtout attiré mon atten- tion, et il ne se rencontre pas sur tous les châtaigniers malades ; je ne l'ai jamais rencontré notamment dans les terrains compactes et argileux dont les mottes m'ont été envoyées de Baïgorry. Son absence fréquente est un des arguments que M. Gibelli employait dans ses premiers tra- vaux pour combattre l'hypothèse d'un parasitisme fongique ; il est évi- dent que les observateurs italiens et M. Planchon n'ont eu en vue que ce mycélium blanc, qui frappe le premier la vue sans le secours du PLANCHON. — SUR LA MALADIE DES CHATAIGNIERS 733 microscope. Le mycélium brun ne peut être aperçu qu'au microscope, et, pour être visible, il exige souvent qu'on ait dissous la matière brune des tissus altérés pour leur rendre une transparence suffisante, mais je puis affirmer qu'il ne manque jamais ; il végète d'une manière si luxuriante que le moindre fragment de racine malade permet d'en démontrer l'existence. Ainsi malgré le rapprochement qui s'est fait entre l'opinion de M. Gibelli et la mienne, il reste un point à éclaircir. Y aurait-il conti- nuité organique entre le mycélium blanc et le mycélium brun? S'agit-il de deux formes qui se succèdent ou de deux espèces différentes ? Des observations nombreuses faites sur place peuvent seules élucider la ques- tion et je ne doute pas qu'en employant ce moyen nous n'arrivions à nous mettre d'accord. En attendant, je crois nécessaire de donner un nom au champignon dont je viens de compléter la description, je l'appelle Torula exitiosa en attachant au terme générique Torula la môme signification qu'on est convenu de donner à celui d'O'idium pour VEnjsipJw de la Vigne ou à ceux de Sclerotium et de Sphacelia pour le Claviceps des Graminées. Je ne le considère que comme une forme conidieiine, mais il y a un inté- rêt pratique pour l'étude et pour la clarté des descriptions ultérieures à fixer par un nom déterminé, les caractères de cette forme iongique. M. PLÂIJCïïOî[ Correspondant de l'Institut, à Montpellier. SUR LA MALADIE DES CHATAIGNIERS (EXTRAIT DD PRSCÈS-VEREAL) — Séance du 3 septembre 1 87 9 . — M. Planchon, à la suite de la précédente lecture, développe sur cette ques- tion les opinions qu'il a exprimées dans deux notes des Comptes-rendus de VAcadémie des sciences (ann. 1878, 22 octobre, p. 583-87, et 31 janvier 1879, p. 65-67). Les études récentes qu'il a faites sur les châtaigniers des Cévennes n'ont fait que le confirmer dans ces idées. Pour lui, la cause active de destruction des cliàtaigniers, comme de beaucoup d'autres arbres (mûriers, marronniers d'Inde, poiriers, liias, etc.), c'est le mycélium d'un agaric qui, presque sûre- ment, est YAyaricus melleus. Mais ce mycélium lui-môme est très polymorphe : 734 BOTANIQUE une de ses formes est le Rhizomorpha fragilis var. subterranea de Roth, qu'il a trouvée au contact d'une racine d'un marronnier mort au Jardin des Plantes: l'autre forme est le Rhizomorpha fragilis subcorticalis, qui s'étend entre bois et écorcc des racines et des troncs en expansions membraniformes et qui, détruisant la couche génératrice du bois, tue brusquement ou lentement les sujets qu'il attf-que. Ce mycélium, du res^te, qui constitue aussi l'un des Puur- ridiés de la vigne, est à la fois saprophyte et parasite. M. Planchon se propose d'en poursuivre l'étude et ne saurait pour le moment répondre aux observa- tions de son ami M. de Seynes avant d'avoir vu par lui-même le cryptogame qui, d'après ce savant, attaquerait les radicelles du châtaignier et serait la vraie cause de la maladie de cet arbre. M. J.-L. CAEDOZO de BETHEICOÏÏET fils ÉTUDE SUR LES CHATAIGNIERS ATTEINTS DE LA NOUVELLE iVIALADIE — Séance du 3 ne ptembr e 1879.— M. le D'- G-aëtan ÏÏELAUIAY RAPPORTS ENTRE LA COULEUR, L'ODEUR, LA SAVEUR DE CERTAINES FLEURS, FRUITS, ETC. (extrait) — Séance du 3 septembre i 87 9. — Odeur et couleur, — L'odeur et la couleur des fleurs et des fruits sont : 1° Dans un rapport de nature. Une rose rose sent toujours la rose, une rose d'une autre couleur (blanche, thé, rouillée, etc.) sent une autre odeur. 2° Dans un rapport d'intensité. Dans une rose, la couleur et l'odeur viennent ensemble. Une rose a d'autant plus de parfum qu'elle est plus foncée en cou- leur. Mais ces rapports entre l'odeur et la couleur peuvent exister dans des plantes différentes qui ont les mêmes odeur et couleur. Le jasmin, la clématite, l'acacia le chèvrefeuille, le seringat, la fleur d'oranger, tous blancs, ont à peu près le même parfum dans lequel l'odeur d'amande entre pour une part. L'iris et BRONGNIART ET CORNU. — ÉPIDÉMIES SÉVISSANT SUR LES INSECTES 735 la violette, le géranium et la rose, la pivoine rose et la rose, l'acacis de Mar- seille et la giroflée, ont également les mêmes odeurs et couleurs. Le même rapport entre la couleur et l'odeur s'observe dans certains fruits. Il y a une relation entre la couleur jaune des poires, des prunes mirabelles, du brou de noix et l'odeur caractéristique de la teinture d'iode. Intensité des couleurs. — Les diverses couleurs d'une plante semblent avoir la même intensité. Ex. : le rouge et le vert du radis, de la carotte, le jaune et le vert de l'oranger, du citronnier. Odeur et saveur. — Elles sont les mêmes dans la prune de reine-claude et la figue, la prune mirabelle et l'abricot, la pomme de fer et la poire verte, etc. Couleur et saveur. — Elles sont les mêmes dans les bouts d'asperges et les petits pois, le poireau et l'asperge, le poivre long et la figue, les bourgeons de houblon et les salsifis, etc. Cette communauté d'odeur, de couleur et de sa- veur doit être due à ce que la composition chimique est la même. C'est pour la même raison que certains morceaux de bœuf blancs comme du poulet ont le goût du poulet, que le poulet a parfois le goût du lapin, que les viandes de dinde et de porc ont exactement les mêmes aspect et goût, etc. Souvent la couleur et l'odeur de plusieurs fleurs, fruits ou légumes sont dues à la présence d'un corps simple ou composé ayant une couleur et une odeur spéciales comme le soufre, l'amidon, etc. MM. Charles BRON&IiflAET et Maxime COEIÏÏ OBSERVATIONS NOUVELLES SUR LES ÉPIDÉMIES SÉVISSANT SUR LES INSECTES. Diptères (Scatophaya) tués par on champignon [Entomuphllwra). — Séance du 3 septembre 1879. — Nous avons, l'année dernière, signalé une épidémie sévissant sur des insectes et qui était causée par un champignon appartenant au genre Entomophthorail). Ce parasite faisait mourir en très grand nombre des Syrphus (S. mellinus, foret de Gisors ; S. gracilis bois de Meudon) ; nous avons aujourd'hui à signaler la destruction d'autres diptères par une cause semblable, dans des conditions assez analogues, mais dans une localité et surtout dans une région fort différente. Ces insectes furent observés sur les graminées qui se développent çà m Association française. Congrès de Paris (1878); épidémie causée sur des diptères du genre Syrphus par un champignon Entomopthora. 736 BOTANIQUE et là sur le sable des dunes, non loin de la mer (1). Ces graminées appartiennent à deux genres différents : ce sont le Psamma arenaria et le Festuca arenaria ; la première possède des épis denses, la seconde une panicule lâche et un peu contractée. Les insectes furent trouvés par une personne qui appartient à la famille de l'un de nous et qui avait observé avec nous l'épidémie des Syrphus de la forêt de Gisors ; c'étaient encore des diptères, mais de mœurs fort différentes. Quand on les découvrit sur les graminées dans le voisinage de la mer, ils ne se trouvaient qu'en assez petit nombre, quatre ou huit sur chaque graminée, et non pas en nombre énorme comme les Syrphus de l'année précédente, mais la raison est facile à donner. Rencontrés par hasard pendant une promenade au milieu du mois de juillet dernier, ils furent observés avec intérêt, mais comme on n'avait rien emporté pour recueillir avec soin ces échantillons sans les altérer et sans les froisser, on résolut de revenir le lendemain avec des boîtes et des cartons. Malheureusement pendant la nuit un grand vent s'éleva et fit tomber presque tous les insectes, et ce ne fut qu'à grand peine qu'on put en retrouver quelques-uns encore attachés sur les graminées. On explique ainsi facilement la rareté des spécimens sur chaque graminée, tandis que dans la forêt de Gisors, abritées par le bois, protégées du vent, les graminées avaient pu conserver les cadavres des Syrphus. Ces circonstances si peu favorables qu'elles soient, sont cependant di- gnes de remarque ; nous y voyons clairement intervenir l'une des cau- ses pour lesquelles les observations de ce genre ne sont pas plus fré- quentes. Il en est deux autres encore sur lesquelles nous allons revenir. On voit que les insectes fixés sur les graminées les ont choisies, comme nous l'avions déjà montré l'année dernière, à cause de leurs inflores- cences dressées et à cause de leur développement par touffes. Sur le sommet de ces inflorescences, points culminants de ces touffes, s'étaient, dans l'un et l'autre cas, réunis tous les diptères de la région sous forme de petits groupes. C'est à cause de cette disposition très spéciale, que les insectes morts ainsi rassemblés et pour ainsi dire triés naturellement, ont pu frapper plus facilement les regards. Combien y en a-t-il, sans doute, sur les brins d'herbes des prairies, où les insectes sont fort nombreux, qui doivent passer inaperçus parce qu'ils sont isolés, et meurent sur des panicules confondues dans la foule des autres ? Ces insectes des dunes nous ont paru présenter la même situation que (I) Ces dunes sont situées en face des îles Saint-Marcouf, près de Brucourt, pioprictè apparte- nant à M. Hervè-Mangon, de l'Institut, par Sainte-Marie-du-Mont (Manche). BRONGNIART ET CORNU. ÉPIDÉMIES SÉVISSANT SUR LES INSECTES 737 les autres (loc. cit.) : accrochés par les pattes, ils ont dû mourir dans cette position, renversés par leur propre poids. Ils ont dû se rendre sur le sommet des gra-.ninées, et alors alourdis par la maladie, ils n'ont pu s'envoler, et la mort les y a surpris. Les exhalaisons marines, la présence du sel sur ces plantes directemi'nt exposées au vent de la mer, n'ont point empêché le parasite de remplir son rôle meurtrier. Les insectes qui font le sujet de cette note sont des Diptères du genre Scatophaga Meigen {Scatomyza Fall., Musca Linné) de l'ordre des Diptères brachocères, famille des Anthéricères, tribu des 3Iuscides- Scatomyzides. Macquart qui adopte ce genre (Diptères, suites à Buffon. Ed. Roret, t. II, p. 392), en décrit quatorze espèces, réparties en deux sections. Ces insectes, dont le nom indi([ue le genre de nourriture, sont assez communs en France et en Allemagne. L'espèce qui a été observée est le Se. Stercoraria et est partout très commune; elle se nourrit de matières excrémentilielles ; la femelle y dépose des œufs, les larves y éclosent et s'y développent rapidement ; un mois suffit à chaque génération ; il y en a depuis le printemps jusqu'à l'automne. Le mâle est un peu différent de la femelle ; il a les antennes jaunes et non noires, les poils de l'abdomen fauves et non pâles. Nous devons cette détermination à l'obligeance de M. Poujade, préparateur de la chaire d'entomologie au Muséum d'histoire naturelle. A la(|uelle des espèces d'Entomoplithora appartient le parasite des ScatopIuKja? [[ est dit'licile de le dire; nous n'avons pu observer les insec- tes que morts depuis plusieurs semaines, et nous n'avons eu que des matériaux assez imparfaits. Parmi les spores que nous avons observées, un très grand nombre pré- sentaient sur les parties latérales la formation d'une spore semblable encore adhérente et plus petite. La spore primaire, dont les dimen- sions sont très importantes pour la détermination, était presque toujours altérée dans son contour et dans sa forme, ce qui n'a pas pu permettre d'en tirer des données spécidques suffisantes. Les insectes qui ont péri par suite du développement de YEntomo- phthora sont très déformés dans leurs parties molles; ces dernières sont ratatinées, aplaties, complètement modifiées; l'abdomen est comme entièrement vidé; il ne reste plus aucune trace du gonflement primitif, et l'œil armé de la loupa ne constate plus ces apparences d'exsu- dation graisseuse qui caractérise ce genre d'affection. Si nous n'avions pas été mis en garde par notre observation de l'année dernière, nous aurions pu négliger cette seconde constatation et rapporter la mortalité à un accident d'une tout autre nature. 47 738 BOTANIQUE Pour retrouver les traces du parasite,, il est nécessaire de dilacérer le corps de l'insecte après l'avoir préalablement ramolli par un séjour de quelques minutes dans une goutte d'eau, et si l'eau a quelque peine à pénétrer toutes les parties, il est bon d'employer d'abord l'acide acétique- cristallisable, qui peut aisément pénétrer toute la masse clarifiée, et même dissoudre en partie les matières grasses et les- tissus, quand son action a été suHisante, après quelques minutes, on peut ajouter un peu d'eau. A l'aide de ce procédé, on met aisément en évidence la présence de quelques filaments et de quelques spores. Il reste encore souvent des- spores attachées aux ailes et aux pattes oîi elles ont parfois commencé à germer; de petits groupi-s demeurent adhérents aux poils parfois fort longs qui garnissent le corps de l'animal. Si Ton ne recherche pas d'une manière spéciale et même un peu mi- nutieuse la présence des spores , on risque de ne pas les observer. M. Poujade avait ainsi cru que les Syi-phus gracilis recueillis à Meudon- par M. Mabille, et dont nous avons dit quelques mots l'an dernier étaient morts sans l'intervention d'un parasite végétal. On sait que certains insectes, qui se développent en grand nombre, sont frappés de mort par milliers presque tous à la fois; la destruction des Bibio, des éphémères, etc., est-elle toujours une conséquence natu- relle, une loi de leur développement; les Entomophthorany interviennent- ils jamais; leur mort subite ne peut-elle jamais être attribuée à une cause de cette nature ? Cette question mérite quelque examen, car si le parasite disparaît presque sans laisser de traces, ne peut-il se faire qu'il puisse devenir indistinct sans avoir été remarqué? Il y aurait donc intérêt à étudier la cause pour laquelle sont morts quelques-uns des insectes qu'on peut rencontrer même isolément dans la nature; il est possible qu'on arrive à retrouver une affection analogue, qui. dans bien des cas, peut et doit même forcément échapper aux observateurs. Il peut se faire, en outre, que les insectes malades soient une cause- de contagion pour les autres. Quoique le Scatophaya stercoran'a soit un diptère assez éloigné des- Syrphus, on peut rapporter une particularité de leurs mœurs qui au- rait peut-être quelque application ici. Cette espèce délaisse parfois sa nourriture habituelle pour se précipiter sur d'autres insectes encore vi- vants, dont elle peut arriver à se nourrir malgré le peu de rigidité de sa trompe ; ne pourrait-il arriver que dans sa lutte avec d'autres insectes elle put recueillir et recevoir le germe de la maladie destinée à la faire périr. Les insectes affaiblis par YEntomophthora, qui souvent remplit tous leurs viscères, constituent une proie facile pour les autres qu'ils ne peuvent fuir ou contre lesquels ils demeurent presque sans défense,, alourdis et presque tués déjà. A. BONNEFONB. DU PIN >IUGHO "39 La question spécifique est fort importante ici. La nature de la proie dévorée et l'espèce d'Entomophthora qui décime l'insecte carnassier sont peut-être parfois en relation : on pourrait savoir ainsi quels insectes sont particulièrement dangereux pour les autres qui les dévorent. Nous nous contentons de signaler cette manière de voir et de la re- commander comme pouvant avoir quelque intérêt. La conséquence directe de ces constatations d'épidémies sévissant sur les insectes, c'est que ces derniers sont soumis comme l'homme à des maladies parfois très généralisées et probablement beaucoup plus fré- quentes qu'on ne le croit. Les deux exemples que nous avons cités, celui qui fut observé par M. Planchon sur les pucerons de la vcsce, consti- tuent la preuve de cette assertion. L'attention a été d'abord attirée à propos de l'industrie de la soie, sur des parasites fort diderenls des insectes parasites constituant des ma- ladies dangereuses et relatives aux vers à soie; ce sont: la muscardine, champignon voisin des isaria et les corpuscules qui, comme la pébntie, sont constitués par des organismes bactériens, contre lesquels les magni- fiques recherches de M. Pasteur permettent de lutter avec succès; mais il est possible de voir apparaître sur d'autres insectes utiles des affections semblables à celles que nous signalons et tous les travaux sur ce sujet ont certainement de l'utilité, ne fût-ce qu'à titre de renseigne- ment et pour ainsi dire de statistique. Dans tous les cas, on peut conclure que les Entomophthora paraissent avoir dans la nature un rôle très important qui consiste à supprimer, par des sortes d'épidémies, les insectes trop prolifiques. M. A. BOîfîfErOID PlinriiKifii-n à Piiris. DU PIN MUGHO iextkait) — Séance du 3 septembre 1819. — 1° Etude bolanique du Pin mucjho. — Le pin mugho est un conifère qui ne croît qu'à une altitude de 1,800 mètres et qui ne se trouve que sur le mont Glandaz et sur quelques points très limités des Pyrénées. C'est la variété de pin la plus riche en principes résineux; la gaine du- vetée en regorge; on dirait en voyant les cônes si luisants, qu'ils ont été 740 BOTANIQUE enduits d'un vernis ; il est connu dans le Daupliiné sous le nom de pin à crochet, pin-crin et en botanique sous le nom de Pinus mughus. Ses feuilles sont très étroites et disposées par paires et quelquefois au nombre de trois dans chaque gaîne; son odeur est très aromatique, les écailles sont plates et présentent à leur base un crochet assez pro- noncé. 2° Analyse du Pin mugho. — L'analyse de la résine du pin mugho faite par le docteur Boimefond au laboratoire de l'Hôtel-Dieu a donné les résultats suivants : 100 PARTIES DU BOIS SOUMIS A L'ANALYSE COÎNTIEiSNENT : Eau J2.8 j Matière gommeuse Matières albnminoïdes Exlrait aqueux ] traces de tanni Traces d'acide succinique } 1.52 comprenant J pectine soluble Sels solubles à acides organiques. . . Sels solubles à acides minéraux . . . 100 PARTIES DE BOIS SEC CONTIENNENT: / Carbonates n , t> . 1 . J QQ 1 otassG 4^endres comprenant ) Sulfates I Sels solubles ] Chlorures ( , c ^ / \ de Soude , „ ,_ ( Silicates ) V 0.17 [ Carbonates \ , ^, I \ /de Chaux, ) Sels insolubles ] Phosphates > , ,, - • ^ , „ / \ de Magnésie et de ler V Silicates / / Matières solubles dans l'alcool 1 Résine | ^_ absolu 1 Essence de térébenthine ) ~ ' " Matières solubles dans l'éther ; Produits résineux ) après épuisement par l'alcool ) insolubles dans l'alcool i Total des matières résineuses et de l'essence volatile 0/0 .... 25.85 Huile volatile par 100 parties de bois sec (1] 10.5 Matières ligneuses \ Matière incrustante ' 48.98 Corps gélatiniformes du bois (pectinc-pectose) j Substances solubles dans l'eau, rapportées à 100 de bois sec . . 1.7 3" Emploi thérapeutique du Pin mugho. — Depuis de longues années Ja résine de Pin mugho est employée avec succès pour le traitement externe des affections rhumatismales et goutteuses sous forme de bains résineux. Témoin des heureux résultats de cette médication, le doc- -(1) Celte essence a une odeur très aromatique, rappelant celle de la menthe. D"" TISON. SUi'î LES PIEDS FEMELLES DU T!îLADL4rN'TIIA DUCIA 74i teur Bonnefond a eu l'idée d'en faire des préparations officinales pour l'usage interne. Guidé par son analyse chimique , il a eu recours à trois véhicules différents : l'alcool, l'huile et l'éther, et l'expérimentation qui a été faite de ces différents produits a justifié les conclusions que l'étude chimique de la résine du Pin mugho pouvait faire prévoir pour le traitement des affections rhumatismales et goutteuses. Une partie de ces observations a été publiée et les résultats consignés dans différents travaux thérapeutiques. M. H. LTITAILLT Profjssjur à la Facullo des sciences, à Lyon. RECHERCHES SUR LE SQUELETTE FIBRO-VASCULAIRE DES CUCURBITACÉES H} Séance du 3 s cp Icmbrc i 87 9 . — M. le D'- TISOI Dactour «■■s-scionri;s naturollos, A Puns. LES PIEDS FEMELLES DU THLADIANTHA DUBIA POSSÈDENT DES TUBERCULES SEMBLABLES A CEUX DES PIEDS MALES — S e ancc d u 3 « c ji t cm h re I S7 9 . — Cette curieuse Cucurbitacée de la Chine septentrionale est dioïque. Grâce aux graines envoyées par le P. David, M. Naudin, il y a une dizaine d'années, on a obtenu dans les cultures du Muséum, des pieds mâles et des pieds femelles. Ces derniers ont mûri leurs fruits et donné de bonnes semences. Néanmoins, depuis cette époque, on ne trouve plus dans les divers jardins botaniques, que les pieds mâles qui se reprodui- sent très abondamment par le moyen de nombreux tubercules. Des graines semées au printemps de 1877 m'ont donné divers sujets (I) Ce mémoire a été réuni par rautour au mcmoiro sur rorganogénic des Passiflorées ; voir page 7H. '42 BOTA5IQLE parm* lesquels j'ai reconnu l'année dernière des pieds femelles qui out irien ûructitlé. Celte année, je me suis assuré que ces pieds femelles pou- vaient se multiplier, comme les pieds mâles, par l'intermédiaire de tu- bercules. Plusieurs de ceux-ci pris au hasaid dans le sol au printemps et transplantés à la campagne, ont donné les uns des pieds mâles, les autres des pieds femelles. Il sera donc difficile maintenant de perdre c£tte plante fort intéressante au point de vue de l'organisation si discu- tée des Cucurbitacées. Je me propose, en outre, d'étudier le développe- ment et la morphologie de ces tubercules qui n'ont qu'une fausse appa- rence avec ceux de la pomme de terre. En tout cas , il est prudent de prévenir que leurs cellules sont gorgées d'amidon, afin que personne ne soit tenté de les classer parmi les Tubéroïdes. AI. H. BAILLOX SUR L-OHGANCGENIE FLORALE DES SELAGINÉES ET DES HEBENSTREITIA Séance du 3 septembre 1879. — 31. E. EAILLOX Profinsenr à la Faeollè de Xédeciae de Paris. SUR LES AFFINITÉS DES VIGNES ET SUR LES RAPPORTS NATURELS DES AMPÉLIDÉES — Séance da 3 feplemb rt 4S79. — JOBERT. — PRÉTENDUE VOIK DEs POISSO}fS SILUROIDES -7fô 10' Section ZOOLOGIE ET ZOOTECHXIE PRÉsniiEST DHOXSEU .... M. H. D£ LAGAZE-DCTHIEBS, Jiembre de IlostiUit, Professeur as Moiéiiai d'histoire nanireîle. PmÈsiBEST M. A. SABATIEIl, Professeur à la Faculté des sciraices ds Koat- pellier. «ECBÉTinB M. H. BOCZAUO, ÉlèTe à U Faculté des saeaces de Montpellier. X. JÛBEM Vntessenr à ia Farmllé des scwaices de Diioa. SUR LA PRETENDUE VOIX DE CERTAINS POISSOIIS StLUROIOES — Séance d ta ia aoûl 167». — M. JoBERT a étudié pendant son séjour en Amérique les bruits produits par <*ertains poissons siluroTdes de l'Amazone; cet observateur dit que c-es bruits proviennent le plus souvent ex. : Hypo.^torue, Pira rabeca, poisson-violon) de la tète dentée du premier rayon de la nageoire pectorale qui joue dans une cavité articulaire ésralenient dentée. M. Jobert affirme que presque tous les silures amazoniens possèdent cet appareil qui est en même temps une arme redoutable: il parle ensuite d'autres bruits produits chez quelques Doras et Corydoras par la détente de muscles agissant sur deux disques osseux les- quels reposent sur la vessie natatoire. 744 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE M. le Professeur T. -A. POEEL do Morges, Suisse. LES FAUNES LACUSTRES DE LA RÉGION SUBALPINE (1) — Séance du ^9 doût ■/S75. — Un lac d'eau douce peut, au point de vue de ses habitants, être di- visé en trois régions, présentant des conditions très spéciales de milieu et de sociétés animales et végétales, à savoir les régions littorale, péla- gique et profonde. J'esquisserai d'abord les trois faunes lacustres, en me basant spécialement sur les faits collectés dans le lac Léman, puis je chercherai quelle origine on peut attribuer à ces trois groupes d'a- nimaux (2). 1° La région littorale s'étend tout autour du lac, depuis la rive jus- qu'à une profondeur de 10 à 15 mètres; sa largeur est variable avec le relief du talus. Les conditions de milieu sont : profondeur faible, pression faible, — température variant du jour à la nuit, de l'été k l'hiver entre 0 et 25 degrés, — lumière intense pendant le jour, — grande agitation de l'eau par les vagues et les courants, — sol très variable depuis les rochers, aux galets, aux sables et à la vase, — nourri- ture abondante dans une eau très chargée de poussières aquatiques, — flore riche et variée. Dans ces conditions de milieu, fortement mouvementées et très diversifiées, vit une faune abondante et riche, la faune lacustre classi- que, la seule que l'on connût il y a une vingtaine d'années. Cette faune très différente suivant la nature et les conditions de la plage ou du lac, présente entre autres les caractères généraux suivants ; ce sont des animaux de grande taille, robustes, bien nourris, fortement pig- menlés, capables de résister aux mouvements de l'eau en se lixant aux corps solides ou en s'enfouissant dans des cachettes. 2° La région pélagique occupe la masse principale du lac, en avant de la région littorale, en plein lac, depuis la surface jusqu'à la couche d'eau immédiatement en contact avec le sol. Les conditions de milieu sont les suivantes : profondeur variable, pression augmentant avec la (1) 30 désiguc par ce mot tout le pays autrefois recouvert par les glaciers alpins, au nord cl au sud de la chaîne des Alpes, et qui a reçu en raison de ce l'ait des caractères géologiques et biologiques particuliers. (2) Les faits que je résume ici sont développés entre autres dans mes Matériaux pour servir à l'étude de In faune profonde du lac Léman, séries 1 à VI, §§ I à L, Lausanne, 1874 à 1879, librairie Rouge et Duljois. F021EL. LES FAUiNES LACUSTRES DE LA IlÉGION SULALPLNE 74S profondeur^ température et lumière diminuant avec la profondeur. La température est constante au delà de 100 mètres, à 5"; à la surface elle varie de S° à 25'*; la lumière disparaît très rapidement : à en juger par des expériences photographiques, le pouvoir actinique des rayons solaires cesse en été par 45 mètres, et en hiver par 100 mètres de pro- fondeur. Les mouvements de l'eau, encore assez violents à la surface, sont nuls dès quelques mètres de profondeur; l'eau est presque pure et la nourriture très- pauvre. La flore est représentée seulement par deux algues: Pleurococcus angulosus et Anabaena circinalis, dont les flocons, gros comme un (|uart de tête d'épingle, flottent par millions entre deux eaux. Dans ces conditions vit la faune pélagique découverte dans les lacs Scandinaves par Lilljebord et O.-G. Sars en 1860, et constatée dans nos lacs subalpins par P.-E. Muller en 1868, Cette faune comprend un petit nombre d'espèces d'Entomostracés (huit seulement dans le lac Léman), mais le nombre des individus est immense. Ces animaux, (^ladocères et Copépodes, sont essentiellement nageurs, ils n'ont aucun organe de fixation sur les corps durs, ils sont absolument transparents et sont de mœurs crépusculaires; ils se tiennent en efl'et à la limite de la lumière, descendant pendant le jour à 5, 10, oO ou 100 mètres de profondeur, et ne viennent à la surface que pendant les nuits calmes et sans lune (Weisinann, Forel). Cette transparence et ces mœurs crépus- culaires leur servent de protection contre la chasse de leurs ennemis, les poissons, qui les suivent du reste dans leurs migrations diurnes. 3° La région profonde comprend le sol même du lac, au delà de la région littorale, et la couche d'eau immédiatement sus-jacente. Le sol est formé par une argile excessivement fine, sans aucun corps solide que ceux ([ui tombent accidentellement de la surface; la profondeur, qui atteint dans notre lac 334 mètres, occasionne des pressions considéra- bles, à raison d'une atmosphère par chaque 10 mètres d'eau ; la tem- pérature y est constante à 5°, la lumière nulle, l'agitation de l'eau nulle; les variations de saisons n'y existent pas; la composition de l'eau et la quantité des gaz dissous sont sensiblement les mêmes qu'à la sur- face; la nourriture y est peu abondante et consiste surtout dans les ca- davres des Entomostracés pélagiques qui sombrent dans les grands fonds et y forment un dépôt analogue par son origine à la globigerin-ooze de l'Atlantique. La flç^re y est très atténuée; jusqu'à 100 mètres, j'y trouve un Pleurococcus roseo-persinicus. quelques Oscillariées, un grand nombre de Diatomées et de Palmellacées; au delà de 100 mètres, plus rien. Dans ces conditions vit une faune relativement assez nombreuse que j'ai découverte en 1869; elle offre des représentants de tous les groupes d'animaux lacustres, à l'exception desNayades et des Éponges. J'en con- nais actuellement environ quatre-vingts espèces, réparties comme suit : 746 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE 3 Insectes. 1 Cestoïde. 5 Arachnides. 18 Turbellariés. 17 Crustacés, 25 Arlhroijodes. 1 Bryozoaire. 4 Gastéropodes. 2 Rotateurs, 31 Vers. 2 Lamellibranches, 6 Mollusques. 1 Hydroïde, 1 Cœlenteré. 5 Annélides. 8 Infusoires. 1 Hirudiné. 3 Rhizopodes, 11 Protozoaires. 3 Nématoïdes. ïolal : 7G espèces. Ces animaux présentent, en général, des caractères de petitesse, de faiblesse, de pauvreté organique et physiologique ; les types nageurs ne nagent plus, les animaux à respiration aérienne ont repris la respira- tion aquatique; ils sont faiblement pigmentés, plusieurs ont perdu l'or- gane de la vue; ils n'ont plus d'organe de fixation sur les corps solides. — Quelle est l'origine de nos animaux lacustres; les trois faunes que nous venons de différencier ont-elles la même histoire? ■ mi;.-'] La question peut et doit se poser. En effet dans nos contrées sub- alpines, l'époque glaciaire a imposé un caractère tout spécial à la popu- lation animale et végétale. La vie ayant été absolument supprimée sous la masse énorme du glacier qui s'étendait alors des Alpes jusqu'au Jura, les animaux et les plantes, qui depuis la fonte du glacier ont re- peuplé la terre et les eaux, ont nécessairement dû y émigrer des con- trées voisines respectées par l'envahissement des glaces; il en résulte que les animaux de nos lacs, pour ne parler que d'eux, ne peuvent plus descendre directement d'animaux lacustres ayant habité notre pays durant les époques tertiaires, mais qu'ils descendent d'animaux lacustres, palustres, fluviatiles (ou marins) qui ont émigré dans nos lacs depuis la fonte du glacier, et se sont adaptés sur place aux conditions de mi- lieu spéciales à ces lacs. Nos faunes lacustres sont donc de date relative- ment récente, et la période maximale qui a suffi à leur diiférenciation est parfaitement précise. En faisant intervenir ici la distinction entre la migration active, transport spontané de l'animal suivant son mode normal de locomo- tion, et la migration passive, transport accidentel de l'animal par des agents extérieurs, j'arrive à caractériser comme suit l'origine des trois faunes que nous venons de reconnaître. La faune littorale provient d'animaux qui sont arrivés par migration active ou par migration passive, des eaux des pays environnants, qui petit à petit ont remonté le courant des fleuves des plaines de France, d'Allemagne ou d'Italie, ou bien qui ont été transportés par les oiseaux et poissons migrateurs. Trouvant dans le même lac ou dans des lacs différents des conditions fort diverses, suivant la nature de la plage. FOREL. LES FAUNES LACUSTRES DE LA UÉGIOIS SUBALPINE 74/ ces animaux se sont adaptés de diverses manières à ces divers milieux, et il en est résulté le polymorphisme très remarquable qui caractérise cette faune. (Voyez les travaux de S. Clessin sur les Mollusques des lacs de la haute Bavière.) La faune pélagique est remarquablement uniforme dans tous les pays de l'Europe; les espèces sont partout les mêmes et varient excessive- ment peu d'un lac à l'autre. Il est donc naturel d'attribuer à ces Entomostracés une communauté d'origine et des relations fréquentes et faciles entre leurs diverses stations ; mais d'une autre part ces Cladocères et Copépodes ne sont pas en état de circuler d'un lac à l'autre par l'in- termédiaire des fleuves; dans leur natation indolente ils ne pourraient lutter contre le courant et seraient brisés par le premier remous. Il n'y a donc pas lieu de penser à une migration active; en revanche, la migration passive explique fort bien la vaste extension de cette faune. Les œufs, et spécialement les œufs d'hiver, sont transportés d'un lac à l'autre, attachés aux plumes dos Palmipèdes migrateurs. Si cela est, la diflerenciation des espèces pélagiques peut avoir eu lieu dans des lacs fort éloignés des nôtres et à des époques géologiques fort distantes de nous ; pour cette différenciation nous ne sommes plus arrêtés par la durée fort restreinte qui nous sépare de l'époque glaciaire, ni par les dimensions souvent fort étroites des petits lacs oii nous rencontrons des espèces pélagiques. Comment s'est faite cette différenciation? Je l'explique en prenant en considération les mœurs crépusculaires de ces animaux. Pendant la nuit des petits Entomostracés de la région littorale, jouant à la surface de l'eau, ont été entraînés en plein lac par le courant superficiel de la brise de terre ; pendant le jour, descendant dans la profondeur, ils ont échappé au courant de retoui- de la brise de lac, et tout le chemin gagné pendant la nuit n'a pas été perdu pendant le jour. Petit à petit, ils ont été rtJégués en plein lac, loin des côtes et des rivages. La sélection naturelle est alors intervenue et ces petits animaux, condamnés à une natation perpétuelle, sont devenus les excellents nageurs que nous connaissons, sans trace d'appareil de fixation; ces petits animaux qui n'avaient d'autre moyen de fuir la dent des poissons qu'en échappant à leur vue, sout devenus les Entomostracés hyalins et pcllucides de notre faune pélagique. La faune profonde enfin s'est produite par différenciation des deux autres groupes d'animaux; quelques individus égarés dans les grandes profondeurs s'y sont multipliés, et leur descendance s'est modifiée dans ce milieu glacé, obscur et sans mouvement, pour devenir les pauvres petites espèces de notre faune profonde. Un fait très intéressant dans ce procès de différenciation est la sépa- "IS z(»(>i,u<.ii: î'.T zooTK.ciiMi; talion ;i|>N()lu(' «les n'^ions prolondcs <1«îs divers lars : deux lars n'ont »nonn'> rominnnic.'Uion an(M<>ns nalnralisl«»s auraient :ippel<^ un n-nlr*! de en'alion. Or, nouH eonnaissons fort l»ien les dixcrs rarh'in.s iil ser\i de» souche .sont représenU's dans les faunes Huperflcielles, laune liiiorale el laune p(Mngique du lac lui-môine; les conditions de milieu du lac nous sont acluellemenl sunisamment coiunics; la duréentixiniaie du procès nous est donnée; par le lait (pi'il n'a pu connnen< «M" (pi'aprés la lin dt> l'époque glaciaire. Il est rare ulit-il ;'l des résultais différents? On encore : «les animaux de nièu.e espèce, ou d'espèces voiNJoes, transporlés dans le milieu ;'i ]>eu près idos.sèdc déjh , mais ce que je connais me permet d'espérer mie solution explicite de celle grave question. • Hien d'autn^s problèmes intércssanls, dans les domaines de la zoologie», de ranal<>mie, de la piiysiologie, de l'onlogénie «a de la phylogénie, ont éié onveris par l'étude de ces pclils animaux et de ces petites faunes de nos peiils lacs d'eau douce. La discrétion m'empêche seule de poursuivre ce.s dév<^loppemenls, mais si j'arrive à attirer quelques nouveaux explorateurs d;Mis cette mine si riche et encore presque vierge, j'aurai atleint le but de celte exposition. DE LACAZC-l>i;THIEliS. — f>LfJ l.K J,AIH* (,KHAIll>l/i; "49 M. de LACAZE-DUTHIERS SUR LA CROISSANCE DU VER SOLITAIRE TAFNIA MFDIOCANJTLLATA) -^ fiéancv du X'.f aoUl 1 HTJ . — M. />fc LACAZB-DtfHiKKsa suivi pendant cinq anné<;» coni^écutives le dévelop- penxint d'un /"wu'a medwcandlata mr une panonim qui n'en j^uvait <5tre dél>;jrras!><'rir jour. Knviron «ix f^enjaines aprè^ avoir fait rendre Ja presque totalité de i'aninjal, de^ proglotti^ nouveaux élaiefjt rejetés, i'aocroJHsenaent du ver a été calculé d'aprè» cela. Ijh jfici/je de fougère mâle a seule pu dé)>ar);i:>sei- Je iiul-.vhi. (/; ujédica- inent lue /(ielleniciit le ver. M. de LACAZE-DUTHIEES NOUVEAU MODE DE PARASITISME OBSERVÉ CHEZ LA <' LAURA GERARDI^ », OENRE DE CRUSTACÉ NON DÉCRIT - Hé'Xiice du ^9 août 1S7 9. Le;s crustacés parasites olJ'rent Jour otte raison, j'ai dû ïK>niWier. 11 rie peut être lapjxjrté à au(;un genre existant; je Jui donne, i>our le genre^ Je nom de Jjiuro, et pour V^i^>i'Jyi celui de Gerardiœ. Ce dermer nom est tiré de J'aninjal hui Wj{uiA je J'ai (M^nstaionjent trouvé vivant en parasite. La carapace ou [A)yii<)ii du U'St U8 les sens elle finit par enlernier le c^.»rps, proprement dit^ dans une poche ou- .eile seulement par un por<:-. Otte sorte de «illule ou d'ainj[X.>ule est aplatie ' t a presr^ue Ja l'orme d'un rein, elle s'est toujours présentée 730 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE entièrement plongée dans les tissus ou le sarcosome de la Gerardia Lamarckii qui lui founiit les liquides nourriciers; elle reçoit aussi les produits de la reproduction auxquels elle sert de chambre d'incubation. Ce qui fait que, pendant la belle saison, on trouve dans son intérieur des jeunes embryons à presque tous les états de développement. Le corps de la Laura est comme suspendu par le dos dans la cavité de sa coque, et sa tête, qui ne pourrait guère atteindre le pore ou l'orifice, n'est point armée d'un appareil propre à diviser un aliment. L'alimi'ntalion, ou pour mieux préciser, la préhension des aliments, semble, sinon impossible, du moins très difficde. Et cependant, l'ani- mal s'accroît et se reproduit; par conséquent se nourrit. On ne peut, en considérant toutes ces dispositions, s'empêcher de reconnaître que c'est par la surface extérieure du test que les liquides nourriciers sont absorbés. La surface extérieure de cette carapace en forme d'ampoule est toute couverte de filaments étoiles qui rayonnent autour d'un pore ouvert intérieurement et lequel pénètre dans un vaisseau des tissus mous de la face interne du test. Ces filaments plongent comme un chevelu de radicelles dans les tissus de la Gerardia et y absorbent, par endosmose, des liquides qu'ils apportent au pore et aux vaisseaux. En général, les crustacés parasites se fixent à l'aide de leur bouche transformée en un suçoir ou en une trompe qu'ils font pénétrer dans le corps du patient qui les héberge; ici, rien de semblable, l'animal s'enkyste, et ce sont les parois de son kyste (Jui jouent le rôle de partie absorbante. Dans les parois de cette ampoule se trouvent les glandes géni- tales femelles, ainsi que le foie dont les cascums paraissent, rela- tivement du moins, fort développés; et l'on trouve, dans la cavité du lube digestif, une matière pultacée, jaune brunâtre, absolument ana- logue à celle que sécrètent les cœcums hépathiques. Le tube digestif, chez la Laura adulte, sert donc peu à l'alimentation proprement dite; aussi trouve-t-on ici une preuve évidente du rôle dépurateur de la glande hépathique. Si la bile que sécrète cet organe ne devait servir qu'à l'accomplissement des phénomènes digestifs, l'on ne verrait pas la raison d'un aussi grand développement du foie; évidemment, les culs-de-sac sécïéteurs de cette glande sont répandus au milieu des vaisseaux qui reçoivent les produits absorbés par les vil- losités extérieures du test, pour faire éprouver au sang une dépura- tion immédiate. Ce trait particulier d'organisation n'est pas le seul qui mérite l'atten- tion et qui caractérise la Laura. La reproduction s'accomplit par la voie des sexes, et la disposition des organes oifre la plus grande constance. GIARD. SUR LES ORTHONECTIDA 751 La Laura est hermaphrodite et la fécondation de ses œufs se fait dans sa carapace. Le corps du petit crustacé dans sa partie abdominale porte douze pattes, formant six paires. Les ovaires, placés à côté du foie dans les parois de l'ampoule, viennent s'ouvrir chacun par un oviducte particulier sur le talon du premier article de la première paire de pattes. Les autres cinq paires sont destinées à loger dans leur intérieur les testicules, dont les capsules s'ouvrent par autant de pores sur le talon de chacune d'elles. Les spermatozoïdes sont, comme dans tous les crustacés, à peu près immobiles; ils sont ici en forme de baguettes déliées, simples et droites. Dans le mémoire détaillé, l'histologie des glandes génitales, comme celle de tous les tissus, sera soigneusement exposée. Les transformations de l'œuf et l'embryogénie y sont aussi complètement décrites. Il est impossible dans un résumé de rapporter tous les faits que cette monographie *brt étendue renferme; les organes de la circulation, de l'innervation, malgré leur profonde modification, montrent chez l'adulte tous les caractères généraux de ces appareils qui caractérisent les crus- tacés; d'ailleurs, le développement suivi dans toutes les phases prouve encore que la Laura, par son Nauplius, est bien un crustacé apparte- nant aux types dégradés qui ont des rapports directs avec les cirrhi- pèdes. M. &IAED Profjsseiir à la FaciiUé des sciences de Lillo. LES ORTHONECTIDA, GENRE NOUVEAU DE L'EMBRANCHEMENT DES VERMES (rXTRAlT) — Séance du 2 9 août 187 1) . — M. Glviîd, professeur à la faculté des scieaces de Lille, expose les particula- rités principales de Forganisatioii et du développement de tout un groupe d'animaux inférieurs, inconnus jusqu'à présent et qu'il nomme orthonectida pour rappeler leur allure caractéristique. Ces animaux vivent en parasites dans les échinodermcs et les turbellariés. M. Giard a surtout étudié deux espè- ces parasites d'une ophiure vivipare; Vophiocomc ncglecta. Toutes deux présen- tent le même plan d'organisation. Ce sont des j)ianula permanents détaille 752 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE microscopique (120 millièmes de millimètre). L'exoderme est formé d'un petit nombre de cellules ciliées disposées par métamères renfermant soit un seul rang, soit plusieurs rangs de cellules, suivant les genres; l'indodcrme est un sac clos formé de cellules épithélio-musculaires; il n'y a ni bouche ni anus. M. Giard range les orthoncrjida dans le groupe des vers plats dans le voisi- nage des Dicyemiens. Comme les Dicyemiens, ces parasites présentent à la fois la reproduction ovipare et la reproduction gemmipare à l'intérieur de spo- rocystes. Ces deux modes de reproduction ont été étudiés avec soin. Dans les deux cas, le planule se forme par délamination excepté chez l'embryon ovipare de la rhopalura où l'on voit d'abord une gaslnde épibolique. Il résulte de ces recherches embryogéniques que les distencetides doivent occuper la place la plus inférieure dans le groupe des métazoaires. Ils doivent être placés au-dessous des dicyemiens dont l'embryon si complexe indique pour l'adulte une régression due au parasitisme. Malgré l'appui que les faits signalés ci-dessus paraissent apporter à la théo- rie de la planula formxulée par Ray Lankester, M. Giard croit que la forme typique de l'embryon des métazoaires est le gastnila par invagination. La pla- nula des orthonectida est une forme condensée due à l'existence parasitaire de ces animaux. M. POÏÏE-QÏÏIEE Médecin vétérinaire à MonlpoUier. LES HYDATIDESj DESCRIPTION ET DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE LOCALE (EXTBAIT du PROnfeS-VIiRUAL) Séance du 30 uoiXt 1879. M. PouRQUiER énumère et décrit les diverses variétés de kystes hydatiques qu'il a recueillis à l'abattoir de la ville; cet observateur a ensuite iiidiqué les localités voisines de Montpellier oa les animaux domestiques sont le plus fréquemment infestés de kvstes. en. ROUGET. — SUR l'ORGANE ÉLECTRIQUE DE LA TORPILLE 733 M. Cil. EOÏÏ&ET Professeur à la Faculté do iiifVlecine de Montpellier. SUR L'ORGANE ÉLECTRIQUE DE LA TORPILLE (extrait nu procès-verbal) — .Séance du 3 0 août 1 879 . — M. Ch. Rouget expose le résultat de ses travaux sur l'organe électrique de la torpille. Contrairement à l'opinion de MM. Boll, Ciaccio, Ranvier, et confor- mément aux vues de Kôlliker et Max Schùltre, les plaques nerveuses de la torpille qui terminent les nerfs à action centrifuge des organes électriques sont constitués par deux réseaux, l'un ventral à grandes mailles, l'autre dorsal à mailles serrées. Ces deux réseaux sont réunis par une infinité de cordons ner- veux, en sorte qu'une plaque électrique est une espèce d'épongé nerveuse. Il n'y a donc pas de terminaison par extrémités libres, lesquelles seraient hérissées de petits filaments vus sous forme de pointillé. M. Rouget pense que la terminaison des nerfs électriques décrits par M. Ranvier est due à une illu- sion d'optique, un simple défaut de mise au point pouvant montrer en coupe optique une apparence analogue à celle décrite par M. Ranvier. M. Rouget a photographié des préparations microscopiques qui, vues au stéréoscope, pré- sentent manifestement la disposition en réseau. M. Ch. Rouget compare cette terminaison à celle des nerfs moteurs dans les muscles et tend à admettre que les organes électriques sont des masses musculaires atrophiées et incapables de jouer leur rôle physiologique habituel. Les forces organiques, accumulées par la mutation dans les nerls des organes électriques, ne se transformeraient plus en mouvement, mais bien en électricité. 11 n'y a là qu'un cas particulier de transformation de forces organiques en force, cosmiques et point du tout action comparable à celle des bouteilles de Leyde. DISCUSSION M. F. Lataste n'a pas la prétention de prendre parti dans un débat qui di- vise des auteurs considérables. Mais, sans vouloir discuter au fond une question qu'il n'a pas préparée et qui n'est pas actuellement de sa compétence, il croit de son devoir de protester contre les attaques de M. Rouget à l'adresse de son maître, M. Ranvier, dont il peut, depuis plusieurs années, apprécier la pru' deace et la méthode. Et d'abord, il ne peut admettre que M. Rouget attribue ce qu'il appelle l'er- reur de M. Ranvier à un défaut de mise au point. Sans perdre du temps à éta- blir que M. Ranvier est parfaitement à l'abri d'une semblable cause d'erreur, M. Lataste fait remarquer qu'au contraire la mise au point est supprimée dans le procédé de M. Rouget. Les photographies que M. Rouget nous montre à l'appui de sa manière de voir et dont il s'est servi comme moyen d'investi- j^alion, ne représentent, et assez vaguement, qu'une faible épaisseur de la préparation, et elles sont par suite absolument insuffisantes pour résoudre le 48 754 zoo OGIE ET ZOOTECHNIE > problème en litige, qui consiste à savoir si les dernières ramifications ner veuses sont libres ou anastomosées entre elles. Pour se faire une opinion à ce Sujet, il est nécessaire de pouvoir suivre les branches terminales dans une assez grande longueur de leur parcours, et cela s'obtient, comme on sait, en faisant mouvoir la vis micrométrique du microscope, et en mettant au point successif vement les dififérents plans optiques de la préparation : ainsi l'on peut voir si les derniers rameaux nerveux se terminent librement ou décrivent des anses et reviennent s'anastomoser entre eux. En second lieu, M. Rouget reproche à M. Ranvier de décrire successivement es préparations obtenues à l'aide de nombreux réactifs. Il convient d'ajouter que M. Ranvier décrit aussi, chaque fois que la chose est possible et utile, le tissu examiné vivant et sans l'addition de réactifs d'aucune sorte; et que même, après cette longue et minutieuse étude descriptive, bien loin de croire sa tâche terminée, il s'aide encore des ressources de la physiologie. Puis, il compare les uns aux autres, discute et synthétise les résultats obtenus à l'aide de ces divers procédés. Il est facile d'établir que la plupart des progrès de l'histologie sont dus à la découverte de réactifs ou de procédés de préparation nouveaux, chaque méthode isolée ayant ses avantages particuliers, mais aussi ses lacunes et ses causes d'erreur. L'examen direct et plus facile du tissu Irais n'est pas un procédé plus complet et plus sûr que les autres; il est même, en général, plus imparfait, les images qu'il fournit étant plus fugaces par suite des modi- fications cadavériques ou morbides qui surviennent aussitôt que le fragment de tissu a été isolé de son milieu physiologique, et plus vagues, tant à cause de l'homogénéité que du défaut de coloration différente des divers tissus. Aussi la patience, la conscience même avec laquelle M. Ranvier, à propos des moindres détails de ses recherches, multiplie ses préparations, beaucoup plus nombreuses et plus variées que ne le peuvent supposer ceux qui ne l'ont pas vu à l'œuvre, est un exemple qu'il est plus facile d'admirer que de suivre. En tous cas, M. Lataste n'aurait jamais soupçonné qu'il y eût là matière aux cri- tiques de M. le professeur Rouget. M. Lataste ajoute en terminant que M. Ranvier conserve et peut montrer les milliers de préparations qui ont servi à ses recherches, et qui, mieux que des photographies, témoignent de l'exactitude des descriptions et des dessins dont elles ont fait l'objet. M. YALEEY-MATET Professeur à l'École d'Agriculture de Montpellier. ÉCLOSION DES VERS A SOIE PAR LE FROTTEMENT (EXTRAIT) — Séance du 30 août 4879. — Je tiens à signaler au Congrès une expérience faite ces temps derniers dans VALERY-MAYET . — ÉCLOSION DES VERS A SOIE PAR LE FROTTEMENT 75o mon laboratoire de l'École d'agriculture, expérience concernant l'éclosion artificielle des œufs de Bombyx mori. Tout le monde sait que ce lépidoptère dont la chenille est appelée vulgai- rement ver à soie, est une espèce qui n'a qu'une génération par an. Les œuf? pondus au mois de juin n'éclosent qu'au printemps suivant. 11 y a quelques exceptions à cette règle. Certains œufs éclosent, on ne sait pourquoi encore, quinze jours ou trois semaines après la ponte et si le séri- ciculteur élève ces jeunes vers, il obtient des races qui ont de deux à trois générations par an. On a appelé ces vers bivoltins, et trivoltins, suivant le nombre de générations annuelles. Jusqu'à ces années dernières, on avait obtenu ces races polyvoltines unique- ment par sélection, c'est-à-dire que l'on mettait de côté les vers à éclosion rapide et que l'on en formait des chambrées. Aujourd'hui on a d'autres moyens à sa disposition. En 1868, M. Duclaux, professeur à l'Institut agronomique et qui était alors professeur de chimie à la Faculté des sciences de Lyon, fil une expérience fort intéressante. Il prouva que des éclosions nombreuses pourraient être provo- quées à volonté par l'hivernation artificielle des œufs de Bombyx mori et que l'action du froid était même absolument nécessaire au développement de la vésicule germinative. En étendant cette règle à d'autres espèces d'insectes, il est permis de con- clure que les hivers exceptionnellement doux doivent compter parmi les forces destructives de la nature. M. Duclaux n'a pas été si loin dans ses expériences; mais elles méritent certainement d'être poussées dans le sens que je viens d'indiquer. Le savant professeur s'est borné à faire éclore à volonté des œufs de Bombyx mori en les faisant séjourner deux mois dans une glacière dont la température ne dépassait pas 4 degrés au-dessus de zéro. Depuis l'expérience de M. Duclaux, un savant italien, M. Barca, a signalé un autre moyen de provoquer des éclosions artificielles. En frottant, dit-il [Bulletin du Comice agricole de Bergame, 1870), des œufs, au moyen d'un faisceau de vergettes, on obtient des éclosions nombreuses l'année même de la ponte de ces œufs. En 1872, au congrès séricicole de Rovereio, l'expérience fut reprise et con- firmée par M. Terni, qui s'était servi pour provoquer l'éclosion d'une brosse en racines de bruyère. Un autre savant italien, M. Verson, fit des expériences très sérieuses et détermina d'une façon positive la durée nécessaire du brossage et l'âge que doivent avoir les œufs pour que l'opération réussisse. Il résulte de ses observations que le brossage doit être énergique, durer dix minutes, que les œufs doivent être récemment pondus et que plus la brosse est rude, plus grand est le nombre des éclosions obtenues. M. Verson s'est demandé quelle pouvait être l'action du frottement sur les œufs. Il avait pensé d'abord que la diminution de l'épaisseur de la coque pouvait amener une respiration plus active et hâter ainsi le développement de l'embryon ; mais après des expériences réitérées sur l'amincissement de la coque au Hquf n\is en wmmmùoatiou avix- xuw xnixdnm ilt^ HoUj t-t At> tunulM^ii**»* l^ajvrtV un aulrt» savAnt ilaliou, M. Su^ni, et» ue soi^il |>«s à IVUvtridW inevnuutt^ tois*» en «riion jwr l«> ïnuik»tuenl< LVUvIrîdU'^ n'i^irctU dans cas qutf jyir W TtMitïtunoui de l'air tniit t>n nwuvitunonl ^>ar ollt*. M, Maillot dirtvteur do t» station sic^ridttul») du» Muuijwlhor. qui a rt^p«^»tè i«>s e\p**rit»«e«s éJwtriqufs dt> jil. Vorson «e>l qui a puWi*> t»n 1876 un rt*sun>iè d*» r^lat d«» la qutNsiuvi), «e «onduk pas t>t dU que dess expt'^irieoct"* non»brt^us«jis »i>nl euiVjrt» uevt'sîsairtvs. CV$t 4lia d'app^^Her un |^u de K)nù^r« «u? w sujet que je viens enlr«lenir k Gcwft^r^ de re\jk'rieni"e que J'ai l'aile jvrsonnollement le mois dernier. Les j>r«ttuers jtnirs de juillet, MUViuolUs de Bombj\ nuvi oiU eli^ mises sur un so dite" do chieudoni. ohi>i'ui\o d.s nu'ituvs du earton Peudi\n[ l'ojvratuMK luno oiau ivl.u'tv sur uno tnlvle do t>>us. nu^s pietU lY^KV-sAut dirtvle«»ent sur le |>lcmchei' ol Taulrt» otaii tenue sur une (vlaque de verrt», tues pieds rept^sant sur une seiPi>nde plaque de uxVne matit^re. Le as juillet les deux earloos etU ete mis dans \a rtuiveuse, et dès le H août les et'livsions ont «fvTnwmeiui?, Le earton lfh>ttk^ sur xwre m'a fourni les pnnniejrs ver* eelos. Ou l*» au 8» le notubre des eelosîons Journalières a été en augmentant et du 8 au là eti diminuant. Le H„ le nombre^ total des èdosions s'élevait à lâO et au deià de eetle date, aueune ne s*t>sl jvnxlnite. Pour le earton IVotle sur kùs, je n'ai en les premiers vers que le i, le 13 kskclosîons étaient terminées et le «ombre total «'a j»as défasse 40, OiJ peut, je erois, eonelure de eetle experienee que l'action du bnvssai^> est bien une action électrique, elle apf'orte, dans tous Us cas, une pivu^o de plu> ea ftiveui' de cette hypothèse. Les vers à st:>ie dont je viens de vous entrt^tenir soi\f dans nton lalvM-.iioife. ils vienneut de swtir de la tn^isièmo mue et chaoïm de vv>us ivnirra les v©ir à k visite qui sera ftiite lundi par le Canur^< à l'école d'aèrriculturt». H. ROrZAUD, — APPAREIL GÉMÉBATEUR DL ZOMTES ALGIRUS 75T H. EOTIZAÏÏD MÉMOIRE INTÉRESSANT L'ANATOMIE, L'HiSTOLOeiE ET LA PHYStOLOClE DE L'APPAREIL GÉNÉRATEUR DU < ZONlTES ALGIRUS > — Séance du 30 ^loût /«7.9. — Grâce à la bienveillante hospitalité que j'ai reçue au laboratoire du professeur Sabalier, j'ai pu, pendant l'automne dernier (1878;, dissé- quer minutieusement le Zonites alginu, gastéropode terrestre très abon- dant à Montpellier. Je n'ai pas tardé à voir que l'histoire de l'appareil générateur de cet animal était encore incomplète et que bien des points intéressante étaient demeurés inconnus; j'expose ici celles de mes observations qa m'ont paru nouvelles. Elles ont porté sur les points les plus différents de l'appareil : afin de les coordonner toutes et d'eu rendre la lecture plus facile, je vais donner un tableau sommaire des diverses parties, kquel pourra, jusqu'à un certain point, servir d'explication à la plan- che annexée à mon travail : Tableau des diverses parties de l'appareil générateur DU Zo-mte4 al.rjira4. I. 1 ijLande hermiphrodite : a ûg. 6,, Organes hermaphrodites. ( Canal efférent ; 6 'fig. 6;. Gouttière déférente (iarisible dans Les figure»} ; elle est cachée par les Glafldes anneies de la gouttière déférente : E, e ûg. 3. 5,6). Canal déférent (partie étroite) : /, F (ûg. 3, 4, 5, 6j. Canal déférent partie Large] : g; '/çf'f [&g. 3, 4, 5, 61. Pénis : P, j>p' fig. 3, 5, 6). Tonique externe du pénis : K, K' (fig. 3, 4, 5, 6,. Muscle rétracteur du pénis : m, M (fig. 3. 4, 5, 61. Glande de l'albumine : c, C (fig. 6). Ctéros ou matrice ou Oridaete : d. D (ûg. 3, 5, 6, . Col de l'utérus : h 'fig. 3. 6^. Vagin et glas^des annexes : », N (fig. 3, 5, 6). Réceptacle séfflinal : l (fig. 3, Si, 6). II. Organes mâles. III. Organes fémelles. L'organe copulateur de l'animal qui lâil l'objet de cette étude pré- sente des dispositions assez difléreutes de celles qu'un rencontre dans le 758 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE pénis des Hélix ; ici , point de verge perforée et retirée dans une gaîne, point de flagellum : un simple élargissement du canal destiné à amener la semence constitue le pénis. Cet organe nous apparaît donc comme une différenciation de la portion périphérique du canal déférent. Cette signification morphologique du pénis du Zonites est d'une grande importance car, généralisée comme elle doit l'être, elle permet de com- parer tous les organes copulateurs des Helicinœ et de déterminer les homologies des diverses parties accessoires. Le tableau suivant des parties homologues chez le Zonites algirus et VHélix pomatia est basé sur cette donnée positive : ZONITES. HÉLIX. Pénis en doigt de gant = Gaîne du pénis. Canal déférent (partie large) = Verge perforée ? (1). Canal déférent (partie étroite) = Canal déférent. Tunique externe du pénis = o o o 0 0 0 = Flagelluni. Muscle rétracteur = Muscle rétracteur. Le pénis du Z. algirus est une sorte de doigt de gant susceptible de se retourner totalement à l'extérieur; sa paroi est une. Dans le voisi- nage de son extrémité aveugle on voit l'insertion d'un muscle destiné à faire rentrer l'organe retourné au dehors. Vers le même point et latéralement, la portion large du canal vient faire suite au pénis (PI. XI, fig. 3); c'est dans cette portion élargie que se forme le sper- matophore (2). A la base du pénis et l'entourant extérieurement, on voit une tuni- que musculaire membraniforme, épaisse en bas et plus mince vers le haut, qui se termine en pointe et va s'insérer sur le canal déférent au point où celui-ci s'élargit : K, K' (fig. 3). Les relations de cette tunique avec le canal déférent ont été méconnues jusqu'à ce jour ainsi que l'importance de son rôle dans les phénomènes de copulation . M. H. Sicard (3) qui a figuré dans sa thèse l'appareil générateur du Zonites algirus, fait se terminer circulairement cette tunique au point où elle reçoit le nerf K" (fig. 3). Il dit en outre (4) : « Cette membrane, se repliant sur elle-même à la base de l'organe, forme là un cul-de- sac ; elle vient ensuite s'appliquer sur la face externe du pénis, auquel H) Pour connaître la nature de cette verge perforée de l'Hélix pomatin, il faudrait en avoir suivi le développement; alors seulement on pourrait affirmer qu'elle correspond à la partie large du canal déférent du Zonites algirus, ou qu'elle constitue un organe indépendant né, par exem- ple, de la gaîne du pénis à la manière d'un bourgeon. (a) E. DuBRDEiL : Etud. anat. et histol. sur l'ap. gén. du genre Hélix, p. 40. (3) Recherchas anat. et histol. sur le Zonites Algirus. Paris, 1874, fig. 57. (4) Rechercher anat. et histol. sur le Zo.mtes Alcirds. Paris, 1874, p. 79. H. ROUZAUD. — APPAREIL GÉNÉRATEUR DU ZONITES ALGIRUS 759 elle est unie dans la partie inférieure par du tissu cellulaire, tandis que plus haut elle se confond avec lui et n'en peut pas être détachée. » Relevons une erreur anatomique dans cette phrase et disons que la tunique de la base du pénis n'a des adhérences qu'avec la base de l'or- gane copulateur et le canal déférent, sur tout le reste de son parcours elle est complètement libre et distincte du pénis K (fig. 3). J'ai nommé cet organe tunique externe du pénis, bien qu'il soit connu sous le nom de gaine rudimentaire : on ne doit pas l'appeler gaine afin de ne pas créer une confusion avec la gaine du pénis des Hélix qui est un organe complètement différent ; on doit également abandonner la qualification de rudimentaire, parce que ce n'est pas une formation atrophiée et qu'elle joue un rôle capital dans le mécanisme de l'érection. Voyons maintenant quelles sont les dispositions histologiques que l'étude microscopique du pénis pourra nous révéler. M. H. Sicard (1) se contente de dire : « La structure de l'organe copu- lateur est essentiellement musculaire, et les fibres qui le composent ont, les unes une direction longitudinale, les autres une direction transver^ sale » ; je crois devoir approfondir l'étude de cette structure. J'ai pratiqué des coupes dans la direction transversale x (fig. 3), et j'a* obtenu des rondelles (fig. 1) composées de plusieurs tissus concentriques A, B, C, K; le reste de la figure marqué en noir étant la cavité du doigt de gant ou pénis. A est la région la plus interne, celle qui sera au dehors pendant l'érection ; elle est de nature conjonctive et représente pour moi une for- mation dermique. Les cellules qui la composent sont petites, arrondies et lui donnent, au microscope, une teinte obscure c (fîg. 2). Cette matrice dermique a d'abord sécrété une cuticule e (fig. 2) et ensuite des épines (chitineuses?) d (fig. 2) qui ont soulevé cette dernière. Les épines sont en forme de cône creux, à large base et à sommet dirigé en arrière dans le pénis évaginé (fig. 4 et 5). B est une première zone exclusivement musculaire composée de gros et nombreux faisceaux de fibres longitudinales b (fig. 2), séparés par quelques fibres circulaires a (fig. 2). C'est encore une région musculaire contenant de petits et rares fais- ceaux de fibres longitudinales g (fig. 2) séparés par de nombreuses fibres circulaires /' (fig. 2). La tunique externe du pénis possède une structure absolument identi- que à cette dernière région, et, vu ses connexions avec la base du pénis (1) Loc. cit. 760 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE et le canal déférent, semble avoir pris naissance par une délamination circulaire de la région externe du pénis (V. fig. 3). Cette séparation a dû être acquise par la forme ancestrale, c'est-à-dire avoir son origine dans la phylogénèse plutôt que dans l'ontogenèse des Zonites. Jusqu'au point où cette tunique reçoit le nerf K" (fig. 3), la prédominance des fibres circulaires est visible même à l'œil nu ; mais à partir de ce point, les fibres circulaires diminuent, les faisceaux longitudinaux g (fig. 2) se réunissent et constituent la région K' qui va s'insérer sur la portion g' (fig. 4 et S) du canal déférent. Les fibres longitudinales de cette région R' se continuent avec celles de même direction qui entrent dans la composition de la paroi externe de ce canal. Les faits anatomiques qui précèdent sont venus compléter mes obser- vations sur les animaux vivants, et m'ont permis de saisir le méca- nisme de l'érection, question physiologique intéressante, un peu négligée jusqu'à ce jour, et que j'ai l'intention d'étudier chez d'autres gastéropodes. Je rappelle en passant et dans l'intérêt du lecteur, que l'appareil génital des pulmonés est tout entier contenu dans la cavité générale du corps, que ses parties profondes sont seules appliquées contre l'enveloppe dermo-musculaire, tandis que les parties périphériques sont libres dans la portion antérieure de cette cavité. Cette dernière est en libre communication avec les lacunes où les artérioles déversent leur contenu et, par conséquent, remplie de sang. Cela dit, le pénis étant dans sa position de repos, c'est-à-dire retiré en dedans et maintenu dans cette position par le muscle rétracteur m . (fig. 3), voyons comment s'opèrent les divers temps de l'érection. Quand l'animal veut faire saillir au dehors son organe copulateur, il contracte son enveloppe dermo-musculaire tout entière et fait subir au sang contenu dans la cavité générale une pression qui doit être consi- dérable. J'ai, en effet, piqué avec une aiguille la région du cou de deux zonites au moment où ils préludaient à leurs amours et ai vu le sang jaillir, à travers l'enveloppe du corps, avec une force inaccoutumée. Dans cet état de compression, les fibres qui composent les tissus du pénis et du muscle rétracteur perdent leur tonicité ordinaire et le doigt de gant devient lâche. Le sang est alors poussé avec force dans l'espace circulaire qui sépare la tunique K de la paroi externe du pénis p (fig. 3) ; celui-ci, devenu apte à obéir à une force le poussant au dehors, sort par dévagination graduelle, el les parties qui sortent les premières sont celles situées à la base du pénis. La poussée du liquide sanguin conti- nuant à s'exercer, le pénis se retourne totalement en entraînant avec lui le canal déférent et distendant outre mesure le muscle rétracteur; l'organe copulateur a alors l'aspect des figures 4 et 5, l'érection proprement dite est complète et le pénis plein de sang. H. ROUZAUD. — APPAREIL GÉNÉRATEUR DU ZONITES ALGIRUS 761 Mais la tunique K n'a pas suivi le pénis dans sa sortie à l'extérieur elle est restée dans sa position normale (fig. 4 et 3) ; cette tunique con- tient alors la partie large du canal déférent, laquelle renferme le sper- matophore dont les sculptures s'aperçoivent par transparence dans les régions g' et g" (lig. 4). Sous l'influence d'une action nerveuse, conduite sans doute par le nerf K", cette tunique K se contracte, s'applique exactement sur la péri- phérie du canal déférent et emprisonne ainsi dans le pénis une certaine quantité de sang à la pression primitive. Au moyen de cette heureuse disposition, l'érection est continue sans que l'animal contracte, pendant toute la durée de la copulation, son enveloppe générale. Ayant alors piqué la partie antérieure du corps de l'animal, j'ai pu constater que le sang ne sortait plus avec la même force que précédemment, ce qui prouve le relâchement de l'enveloppe dermo-musculaire. L'accouplement étant réciproque, à mesure que les deux individus destinés 5 se féconder acquièrent l'état d'érection que je viens de décrire, ils introduisent, par des mouvements calculés, les organes mâles dans la région femelle qui leur est directement opposée. Cette région est le vagin n que j'ai représenté ouvert dans la ligure o et qui est normal (fig. 3 et 6). Les deux pénis, à mesure qu'ils se retournent, avancent graduellement dans le manchon n ; leur extrémité p', en forme de gland, le dépasse bientôt et pénètre dans la base de la poche copu- latrice l (fig. 3, 5, 6) jusqu'au niveau où celle-ci se dilate. Les épines dont le pénis est armé facilitent son introduction en l'em- pêchant de retourner en arrière. Une fois quv le pénis a pénétré dans la base du réceptacle séminal, la portion dilatée du canal déférent, dont les parois sont musculaires, chasse en avant, par ses contractions, le spermatophore qu'elle contient. Celui-ci sort latéralement par l'ouverture g'" du pénis évaginé (fig. 4 et 5), oîi vient déboucher le canal déférent. L'examen de la ligure 4 montre qu'e le rôle de la partie R' de la tunique du pénis est d'empêcher le canal déférent de se retirer en arrière quand il dégorge son spermatophore; cette partie K' est une sorte de frein dont on comprend l'utilité. Le spermatophore sort donc et vient se placer dans la portion dilatée du réceptacle séminal, dans une position parfaitement décrite par M. E. Dubrueil. Les rapports de position des organes mâles et femelles pendant l'acte sexuel m'ont paru une question intéressante; Cuvier avait cherché à les connaître, et s'exprime ainsi dans son mémoire sur la Limace et le Coli- maçon : « Quant à la verge, il est probable qu'elle pénètre dans le canal de la matrice, ou au moins vis-à-vis de son issue, dans celui de la vessie (réceptacle séminal, poche copulatrice) . Les rapports de longueur 762 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE avec le canal de la vessie m'ont fait soupçonner autrefois que c'est ce dernier qui est destiné à la recevoir. On ne pourrait vérifier cette con- jecture qu'en mutilant avec adresse deux colimaçons accouplés; mais cette opération me paraît bien difficile, et je ne l'ai point tentée (1). » Cuvier a jugé extrêmement difficile l'opération qui consisterait à mutiler deux colimaçons accouplés, et cela se comprend ; ses recherches ont eu pour sujet l'hélice vigneronne (H. pomatia), dont la verge est unie et ne possède point d'armature la fixant, au moins pour un cer- tain temps, au vagin de l'individu opposé. Sous ce rapport, le Z. algirus est une espèce bien plus commode ; il m'a été facile de dissé- quer deux individus tués pendant l'accouplement, sans changer en rien la position réciproque des organes génitaux. Pour cela, j'ai plongé assez rapidement dans l'eau bouillante deux Zonites accouplés, et leur mort a été instantanée; l'eau chaude avait seulement contracté l'enveloppe générale sans atteindre les viscères. Ceux-ci, disséqués sous l'eau froide, avaient absolument l'aspect et les dimensions des pièces extraites d'in- dividus étouffés par le procédé ordinaire. J'ai pu isoler les deux appa- reils, dessiner sur nature la figure 6, et constater quatre fois sur quatre couples sacrifiés, la pénétration du pénis dans la partie inférieure du réceptacle séminal. Le pénis se retirant en abandonnant le spermatopliore, il arrive un moment oii il ne pénètre plus que dans le vagin ; à ce moment le spermatophore est presque entièrement sorti du pénis. L'examen de la figure 6 achèvera de montrer au lecteur les rapports des deux appareils. Le réceptacle séminal, dit aussi poche copulatrice, est constitué par un tube aveugle à son sommet libre, et dont la partie médiane est ren- flée en forme de panse. MM. E. Dubrueil et Sicard s'accordent fort bien sur la structure histologique de cette poche, mais le premier affirme qu'elle est tapissée intérieurement par un épithélium cilié, tandis que le second nie l'existence de cils vibratiles dans le même organe. J'ai cherché à éclaircir ce point ; le résultat de mes recherches est qu'il existe un épithélium cihé dans la seule portion du réceptacle séminal située entre le vagin n et la panse de ce même réceptacle (région ouverte dans la fig. 5). Cet épithélium peut s'enlever comme une fine membrane et présente un aspect des plus riches. La figure 8 représente un grand lambeau de cet épithélium à un faible grossissement (30 diamètres) ; ce lambeau a été retiré de la partie infé- rieure du réceptacle séminal située au dessus de o (fig. 5). On remarque yi Cuvier. — Mém pour servir à l'anal, des mollitsques. H. ROUZAUD. — APPAREIL GÉNÉRATEUR DU ZONITES ALGIRUS 763 que cet épithélium est plissé et que les plis qu'il présente sont conver- gents ; ces plis, véritables élévations, sont séparés par des sillons ou vallées. Les vallées b (fig. 8 et 9), convergent vers une autre collectrice à peu près médiane a (fig. 8), laquelle vient déboucher au-dessus de l'orifice o (fig. 5 et 9) de l'oviducte ou utérus. Toutes les cellules qui composent cet épithélium sont ciliées, mais on ne peut apercevoir les cils lorsqu'on regarde perpendiculairement la membrane épithéliale; les cils ne sont visibles que de profil et ne se laissent apercevoir que sur le contour inférieur des élévations d (fig. 9). Ils forment là une couche très régulière séparée du reste de l'élévation par une zone claire ; les vallées sont toujours uniformément claires et bien délimitées. Le rôle de cette membrane me parait important. Au fur et à mesure que s'opère la dissolution du spermatophore dans le réceptacle séminal, les spermatozoïdes sont mis en liberté ; les vallées dont la membrane est munie doivent les recueillir et les conduire jusqu'à la vallée collec- trice a (fig. 8) qui les dirige vers l'ouverture o (fig. 5 et 9^ du col de l'oviducte. Les cils vibratiles doivent singulièrement concourir à ce résultat et aider la progression des éléments mâles vers l'utérus et les ovules qu'il renferme ou renfermera. Le muscle rétracteur du pénis est remarquable par la longueur consi- dérable qu'il peut acquérir sous l'influence d'une traction exercée dans le sens de sa longueur. Dans l'état de repos, ce muscle ne mesure pas plus de 7-8 millimètres m (fig. 3); distendu pendant l'érection, il arrive à avoir une longueur de 30 à 3o millimètres m (fig. 4). Il ne perd pas pour cela la propriété de se contracter énergiquement, car, dès que l'érection cesse, il fait rentrer le pénis dans la cavité du corps ; les parties du pénis qui rentrent les premières sont celles du sommet p' (fig. S), oii s'insère le muscle rétracteur. C'est le contraire de ce que nous avons vu pour la sortie du même organe . Cette manœuvre renverse le sens des épines dirigées primitivement en arrière, les fait se coucher graduellement dans la cavité du pénis et permet a la séparation des individus accouplés de s'opérer sans dou- leur. Il est remarquable de voir qu'à la sortie de l'organe copulateur, les épines efîectuent une manœuvre inverse et se fixent, de bas en haut, dans les parois du vagin. La figure schématique 7 de ma planche rend compte de ces mouvements des épines pendant la pénétration du pénis dans le vagin et pendant son retrait. Le muscle rétracteur du pénis n'étant pas du tout une dépendance du muscle de la columelle puisqu'il s'insère sur le plancher de la poche pulmonaire, constitue un organe distinct et diflérent des muscles rétracteurs du pharynx, des tentacules, du pied, etc.; il est, en outre sus- 764 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE ceptible de s'allonger d'une manière extraordinaire. Toutes ces consi- dérations m'avaient conduit à penser que cet organe pouvait être un faisceau de tissu élastique et non un vrai muscle (un faisceau de cette nature eût d'ailleurs parfaitement suffi), mais les préparations que je dois à l'amitié de M. Amans, de l'École de médecine, m'ont prouvé que ces prévisions n'étaient pas fondées. D'un autre côté, M. le professeur Sabatier m'a signalé des faits très curieux d'allongement considérable de vrais muscles, entre autres celui des faisceaux musculaires de la paroi stomacale de plusieurs serpents. La tunique externe du pénis se retrouve dans le genre Umax (1), seu- lement elle n'est pas, là, en relation avec le canal déférent. La présence de cette tunique n'est pas le seul caractère qui soit commun à ces deux genres; les analogies de la mâchoire, de la forme des glandes sali- vaires, du réceptacle séminal sans diverticulum, des glandes annexes en manchon du vagin, l'absence des poches à dard, etc., semblent éta- blir une parenté prochaine. Des rapports analogues entre les Hélix et les Avion tendent à me faire admettre les conclusions suivantes : !• Le genre Zoniles (dont il faudrait peut-être exclure des espèces créées sur les ressemblances fugaces de la coquille) ayant pour type le Zonites algirus, est un genre autonome et bien caractérisé ; 2° Ce genre est d'origine aussi ancienne que le genre Hélix ; 3° Les genres Limax et Arion pourraient bien être des groupe saber- rants, plus récents, détachés, le premier des Zonites, le second des Hélix. J'ai dit plus haut que la tunique externe des Zonites avait été acquise par la forme ancestrale, à cause de sa présence chez les Limax. Quoi qu'il en soit, je crois que des recherches anatomiques et embryogéniques sérieuses pourraient nous éclairer sur l'origine et la parenté plus ou moins prochaine des genres de pulmonés que nous savons seulement provenir en bloc de gastéropodes aquatiques adaptés à la vie aérienne. DISCUSSION. M. Sabatier fait remarquer que la localisation de l'action musculaire néces- saire à rérection, dans la gaine décrite par M. Rouzaud cliez le Zonites, est un perfectionnement relativement aux autres mollusques gastéropodes, chez lesquels l'érection est le résultat de la contraction de toute l'enveloppe mus- culaire de l'animal. On sait que chez les animaux supérieurs, l'action érectile se localise et se circonscrit nettement à quelques appareils musculaires dont le rôle et les connexions sont bien déterminés. (1) Ou tout au moins clans les espèces que j'ai disséquées. F. I.ATASTK. — Sim F, ACCOIII'I.KMKINT DKS OPIMDirCNS 7(!r) M. PEENAND LATASTE Hi'?|i^!llt(;iir /i rÉrDlc) (l(is Imiit-is HwlnH. SUR L'ACCOUPLEMENT DES OPHIDIENS Sédiicii du -Kl a OUI 1H70. — \/d cornniuiiicalioii (Jliê(;b(!nL eel or^^Mue de f(li.ss(!r au dehors du cloacpK! de la lernelle el inainlieniKinl ces animaux ae<;oupiés, ()uel que soil l(!ur eiilacenienl, el malgré les mouvements |)rovo(|iié,s par le spasme vénérien. On coneoiL l'nliliU'! d'une scMnbiable. disposition clie/ d(!S animaux «pii n'ont pas de membres pour se lixer l'un a l'autre ou sur le sol. On croyait, et moi-mènu! j'ai écr-it dans ma lùiaiie de la (îirondc, «pie les sexes n(! pouvaient se sépantr sans douIcMjr, le \m\\s du tnrile no jiouvant élr(! retiré au dehors du <.lo;i(pii' de la l'cMniilli! san.-) en blesser et déeliir(!r la rmupKMisi!. Il eu serait ainsi si la sé|)aratioii avait lien pendant r(''i'e(;lion. Mais à rnesui'e ipie cesse c(d!(t-ci, h; pénis s'invagiiic du sommet à hi bas(!, et ses é[)ines, succcssiveiiuînt retirées, vicniKtnt se couelier dans le sac p('nlal où elles se monireni la poiiil(! dirigée; vers l'oriUce. Quand il n'y a plus d'érection, le pénis a disparu dans sa gaîiHî, et les d(!ux sexes sont librcvs. On peut, sous h; rap|)ort de la l'onction, rappi'0(;li(;r les i';pines Corn('!( s i\\\ pénis d(!s ophidiens d(; riutum(!S(;(;nc(! basilain; du pénis du chien. Grâce à l'une comme à l'autre d(! ces dispositions, le même but est atlemit, 1(! coït, une lois commencé, a une durée égale fi c(!lle de l'érection. Cette durée doit être assez longue (-lie/, le chieji. Cliez cette es|)èce, (!n ciret, l'éjaculation a lieu par p(!tit(;s doses (!l successiv(Miient, comnn; j'ai pu m'en assurer en séparant violennufint dc.'S chiens qui venaient de s'accou|)ler (dans ce cas l'érection (;l l'éjaciulation S(! piolongeaiciiit aussi longUMiips h peu près qu'eiit duré l'accouplement). Aussi, sans utKî l'oruK! spéciale du pénis, une partie du licjuidf; spermatique eût pu êtn; répandue en dehors des organes génitaux de la lemelift. (]he/. les 66 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE ophidiens, je ne sais si l'éjaculation est brève ou prolongée; mais sans les épines du pénis, les cloaques des deux sexes ne seraient souvent plus en contact au moment du spasme, et le sperme serait perdu pour la fécondation. M. P. LAIIE&EACE Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Montpellier SUR LE SANG DE L'AXOLOTL ET DES BATRACIENS Séance du 30 août 1879. — M. JOBEET Professeui- à la Faculté des sciences de Dijon. SUR LE ROLE DES RENFLEMENTS ŒSOPHAGIENS DU TETRAODON Séance du 1" septembre 1879. M. DÏÏEAID à Arsac, près Rodez. OSTEOLOGIE COMPARÉE DU MEMBRE THORACIQUE — Séance du •/er septembre 1879. — M. Durand expose ses recherches sur l'ostéologic comparée du membre thoracique et la torsion huméi'alc. Il croit que cette dernière n'est point vir- tuelle, comme plusieurs l'ont prétendu, mais bien réelle. Cet auteur part du membre antérieur des cétacés qu'il considère comme la forme primitive du membre antérieur des mammifères; il note l'amphlude toujours croissante de la torsion humérale depuis les reptiles et les cétacés jusqu'aux primates en passant par les monotrèmes, les marsupiaux, les pinnipèdes, les chéiroptères, etc., etc. Il affirme à nouveau que la torsion humérale est bien une torsion réelle dans toute la rit^ueur du terme. DE LACAZK-DUTHIERS . SUR LE LABORATOIRE DE ROSCOFF 767 DISCUSSION M. Sabatier dit que M. Durand se met en opposition complète avec les principes les mieux établis de la science actuelle en considérant les cétacés comme l'état primitif des mammifères. — Quant à la torsion humérale, M. Sabatier dit que ses dernières recherches lui ont prouvé que toute torsion humérale, soit virtuelle, soit réelle, est une illusion. La prétendue torsion humérale est simulée par un déplacement de la surface articulaire centrale de l'humérus par rapport à l'axe de cet os. Au début, c'est-à-dire chez l'embryon et les formes adultes qui ont conservé les dispositions embryonnaires, la tête articulaire centrale de l'humérus est dans le prolongement de l'axe ; si le coude se porte contre le corps et en arrière, la surface articulaire se déve- loppe latéralement, par rapport à l'axe humerai. M. Sabatier dit que les mémoires qu'il publie en ce moment feront voir cette question sous son jour véritable. M. de LACAZE-DÏÏTÏÏIÈIIS Membre de l'Institut, Professeur à lu l'acuité dus sciencus de Paris. LE LABORATOIRE DE ZOOLOGIE EXPERIMENTALE DE ROSCOFF. — Séance du I" s ep tembre 1 87 9 . — M. DE Lacaze-Duthiers entretient la section de zoologie des améliorations nombreuses qui ont été apportées à la station maritime de Roscoff. Le nombre des étrangers et des Français qui y ont travaillé en 1879 est de vingt-quatre. Parmi les étrangers, il faut compter un Anglais, trois Belges, deux Hollandais, un Suisse, deux Roumains, un Serbe et un Egyptien. M. de Lacaze-Duthiers tient surtout à remercier l'Association des deux allo- cations qu'elle lui a accordées personnellement. Une première de 600 francs lui a permis de conserver un matelot pendant tout un hiver et d'obtenir de l'admi- nistration qu'un gardien fût nommé pour surveiller les laboratoires, pour les ouvrir aux travailleurs pendant toute l'année et faire des envois d'animaux \ivants aux différents établissements d'instruction publique. La seconde était la plus forte, elle s'élevait à 1,500 francs; elle a servi à acquérir une embar- cation d'un assez fort tonnage ; six tonneaux environ. Les dragages sont devenus depuis cette acquisition infiniment plus fructueux et permettent d'obtenir de nombreux sujets de travaux. 768 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE M. &IAED Professeur à la Faculté des sciences de Lille. SUR UN CHAMPIGNON PARASITE DU CHIRONOMUS RIPARIUS (EXTRAIT nu PROCÈS- VERBAL) Séance du 3 septembre 7879. — M. &IAED Professeur à la Faculté des sciences de Lille. SUR LA CROISSANCE DU VER SOLITAIRE (TAENIA MEDIOCANELLATAl (EXTRAIT) — Sert n ce du 3 septembre i 87 9 . — M. GiARD a étudié la couche dite des cellules granuleuses (granulosa-zellen) qui apparaît dans l'œuf des ascidies avant la segmentation. Les cellules de cette couche ont été considérées par Monolevski comme provenant du follicule d'où elles émigreraient à l'intérieur du vitellus pour en ressortir ensuite. Kuptï'er les croit formées par formation libre à la surface des vitellus. Semper les compare aux globules polaires des autres animaux. Enfin H. Fol les fait dériver de la vésicule germi native. M. Giard combat ces diverses opinions : il admet bien avec Monolevski que les cellules granuleuses proviennent du follicule ; mais une fois arrivées dans le vitellus, les cellules émigrées ne restent pas inactives, leur noyau se frac- tionne en deux, quatre, six noyaux secondaires, les cellules plurimuliées se rapprochent alors de la surface des vitellus et émettent leurs noyaux qui con- stituent les cellules granuleuses proprement dites. M. Giard rapproche ces phénomènes de ce qui a été vu par Pfliiger et Henset sur l'œuf des vertébrés supérieurs. C'est un nouveau point de contact entre ces animaux et les Tuniciens. D'" nOLSTAN. — KYSTE HYDATIQUE CONGÉNITAL M. leD'- EOÏÏSTAIf Professeur agrégé à la Faculté de Montpellier. KYSTE HYDATIQUE CONGENITAL DANS LA REGION TEMPORALE Séance du S septembre 1879 — L'observation suivante m'a paru très intéressante à plusieurs points do vue : 1" le siège de la tumeur à la région temporale ; 2" l'existence de la tumeur au moment de la naissance; 3° l'absence de liquide autour des échinocoques; 4° la méthode opératoire que j'ai suivie pour en débar- rasser le malade ; o° enfin la probabilité d'une tumeur semblable, égale- ment congénitale, chez un frère de mon opéré. Je n'ajouterai aucune réflexion à l'observation, me réservant de revenir plus tard sur ce fait pour expliquer sa pathogénie et pour concilier les données scientifiques avec ce qu'il présente de plus anormal. Antoine Valentin, âgé de 45 ans, d'une forte constitution, d'un tem- pérament lymphatique sanguin, a eu des accès de fièvre intermittente et une pleurésie droite. (Il est propriétaire à Castrie.) Lundi 9 mai il vient me consulter pour une tumeur de la grosseur d'une orange siégeant à la tempe gauche. Le malade m'affirme qu'elle date de sa naissance; elle était alors de la grosseur d'un grain de raisin. Dans sa famille, on favait remarquée surtout à cause de la tumeur que son frère portait au même endroit. Depuis, elle a grossi petit à petit, mais très lentement, jusque il y a six mois, époque à laquelle le développement accélère sa marche, en même temps qu'il se manifeste des douleurs s'irradiant vers le front et le sommet de la tète. Petit à petit, les dents se sont resserrées, de sorte qu'il peut difficilement ouvrir la bouche : à peine si on peut passer un doigt entre les dents, en exagérant les douleurs profondes dont nous avons parlé. Il n'a jamais souffert ni de l'oreille ni des dents, ni de l'œil; les fonctions du trijumeau et du facial sont normales. Examen })hijsique. — La peau n'est pas adhérente à la tumeur, elle n'est ni rouge ni chaude ; ne présente aucune dilatation veineuse, pas de pulsations, pas de bruit de souffle à l'auscultation, pas de frémisse- ment hydatique. Je puis affirmer ce dernier fait, d'autant plus que je l'ai fait vérifier aux élèves qui m'accompagnaient pour l'opération. Les ganglions voisins ne sont pas engorgés, la glande parotide est normale, le canal de Stenon n'est pas comprimé, la tumeur est demi molle et on 49 770 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE trouve une fausse fluctuation, elle est arrondie, de la grosseur d'une orange. Je fais une ponction exploratrice qui ne donne qu'une goutte de sang. Le malade veut essayer un traitement médical avant de se décider à l'opération. Je prescris l'iodure de potassium à l'intérieur et l'iodure de plomb sur la grosseur. Il revient le 20 mai décidé à me laisser faire : je fais l'opération assisté de plusieurs élèves. D'un coup de bistouri je partage la tumeur en deux par une incision parallèle à l'artère temporale super- ficielle. Quel est mon étonnement en trouvant une tumeur hyda- tique : je fais sortir les échinocoques par le raclage avec les doigts et avec une spatule. La tumeur siégeait dans la fosse temporale entre l'os et le muscle ; elle descend sous l'arcade zygomatique. J'excise une portion de la poche; je suis obligé d'en laisser une grande partie ; les échinocoques n'étaient point séparées par le liquide. Effrayé par la profondeur et l'irrégularité de la cavité que je venais de creuser, je comprime fortement une éponge sur la région, je l'enlève le lendemain; avec une sonde cannelée, je décolle la plaie jusque dans sa profondeur afin de laisser suppurer; la guérison est obtenue avec complète cicatrisation au quinzième jour. Avant de laisser partir le malade, je m'assure que le foie n'est pas malade et que l'on ne trouve aucun signe pouvant faire soupçonner une tumeur hydatique dans un point quelconque. Sa mère est morte folle, son père est mort d'une pleurésie, ses trois sœurs n'ont rien de pareil. Il a perdu son frère aîné d'une tumeur siégeant comme la sienne dans la région de la tempe gaucho; il donne des détails très précis sur la marche de la tumeur de son frère. D'après lui, elle aurait été con- génitale comme la sienne, se développant lentement de la naissance à 45 ans, de la grosseur d'un grain de raisin à la grosseur d'une orange. A ce moment la tumeur aurait eu un développement plus rapide, à tel point que le gontlement aurait envahi le front et que la tête serait devenue énorme. Elle ne s'est jamais ulcérée; on n'a jamais fait qu'un traitement médical. A la fin, il a présenté des phénomèmes cérébraux : une gêne de la parole, probablement de l'aphasie^ paralysie incomplète après une première attaque, délire, affaissement. Mort au milieu des plus vives douleurs avec une tête énorme, assez rapide pour être attribuée à une deuxième attaque. Les échinocoques ont été examinées dans les laboratoires de la Faculté des Sciences et dans ceux de la Faculté de Médecine; on retrouve tous les caractères décrits pour ces tumeurs. Les crochets en particulier sont excessivement nombreux. Je présente un tube qui renferme une cinquantaine d' échinocoques. MARION. DÉVELOPPEMENT DES CORMILARIEN'S 7T1 MM. FEEDEEICQ et YAIDEYELDE TRAVAUX DE ZOOLOGIE EXECUTES AU LABORATOIRE DE ROSCOFF (extrait) — Séance du 3 sejite mbre I8~9. — MM. Fredericq et Vandevelde ont pu, grâce à l'heureuse installation du laboratoire de zoologie expérimentale, compléter à Roscoff l'élude physiolo- gique des muscles et des nerfs du homard qu'ils avaient commencée à Gand l'hiver précédent. Ils ont étudié à l'aide de la méthode graphique (myographe analogue à celui de du Bois-Reymond), les phases de la contraction musculaire dans les muscles de la queue du homard. Us ont constaté une similitude complète entre les divers stades de la secousse musculaire du muscle du homard et du muscle du mollet de la grenouille. Ils ont déterminé par la môme méthode la vitesse de propagation de l'exci- tation motrice dans le nerf qui anime le muscle fléchisseur du doigt mobile de la pince du homard. Cette vitesse varie de 6 à 12 mètres par seconde, d'après la température du nerf en expérience (-]- Ji^à -|- 19" centigrades). Elle est donc bien inférieure à celle que Helmholtz et d'autres expérimen- tateurs ont trouvée pour les nerfs de la grenouille et de l'homme (30 mètres environ). Les muscles de la lanterne d'Aristote de YEchinus sphaera, ceux du man- teau de VOclopus vulgaris se rapprochent davantage au point de vue physio- logique des muscles lisses des vertébrés. M. MÂEIOI Professeur à la Faculté des sciences de Marseille. -SUR LE DÉVELOPPEMENT DES CORMILARIENS Séance du 3 septembre 1879. — 772 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE M. MÂEIOI Proftissour à la Faculté Jes sciences de Marseille. SUR LES MODIFICATIONS DE TAILLE OBSERVEES CHEZ LES INVERTEBRES DRAGUES A DE GRANDES PROFONDEURS — Séance, du 3 septembre 1879. M. Jules LIGHTEISTEII De Montpellier. SUR LA GÉNÉRATION DES PUCERONS- — Séance du 3 septembre 1870. — M. LiCHTENSTEiN Gxpose ses idées sur la génération des pucerons. Après de longues années d'observations, frappé du fait que, tandis que les femelles des insectes de tout ordre portent des œufs très nombreux d'où naissent des mâles et des femelles, un groupe d'Horaoptères très particuliers, des genres anciens Pemphigus,Tetraneura, Plujlloxera, etc., offrent des femelles ne donnant qu'un œuf unique, l'orateur propose d'en former une famille à part qui sera celle des Homoptères monoones. Cet œuf, comme celui de tous les aphidiens en général, a de plus le caractère de renfermer, sous une seule enveloppe, les organismes qui doivent fournir les individualités sexuées mâle et femelle, après une série plus ou moins longue de transformations. Partant de l'idée que le cycle biologique d'un insecte, à partir de l'œuf pondu par la femelle fécondée, n'est complet que quand on retrouve cette même forme de femelle apte à la fécondation , M. Lichten- stein ne regarderait que comme des formes larvaires intermédiaires les divers états qui se succèdent entre ces deux extrêmes. Les premières expériences ont porté sur le Phylloxéra du chêne Phylloxéra quercûs, Boyer de Fonscolombe. L'œuf iixé sur l'écorce du « Quercus coccifera » donne naissance fui avril à une forme aptère qu'il appelle le Fondateur. Cet insecte mue quatre fois et pond après cela des « œufs » qu'il colle au pétiole et sous les feuilles du chêne ci-dessus. J. LICHTENSTEIN. GÉNÉRATION DES PUCERONS 773 Comme c'est un être agarae , sans forme mâle correspondante, M. Liclitenstein croit le terme « œuf » inapplicable à l'enveloppe ovoïde qu'il dépose, et pour ne pas la confondre avec l'œuf véritable , il appellera ce Pseudovum une gemmation^ et l'insecte qui la produit une fausse femelle ou « Pseudogyne », dont la première forme larvaire sera la Pseudogyne fondatrice. Elle est aptère et plus grosse qu'aucune des formes qui lui succéderont. Des gemmations ôa cette pseudogyne sort la seconde phase larvaire qui, elle, prend des ailes après ses quatre mues, mais elle est aussi complètement privée de sexe et n'est qu'une pseudogyne comme la pré- cédente. Celle-ci quitte le Quercus coccifera vers le '20 mai et va se fixer sous les feuilles du Quercus puhescens. M. Liclitenstein lui donne le nom de Pseudogyne émigranle. Dans son nouvel hahitat, cette seconde forme agit comme la pre- mière ; elle dépose des gemmations ovoïdes donnant bientôt naissance à la troisième phase larvaire que M. Lichtenstein appelle Pseudogyne bour- geonnante. Cette forme-ci est aptère et rappelle, sauf la taille, la Pseu- dogyne fondatrice. Cette troisième forme larvaire a de plus le privilège de se reproduire plusieurs fois de suite, sans modification, toujours bien entendu sans concours mâle et par gemmation. C'est sur cette forme qu'ont porté les fameux essais de Bonnet, de Kyber pour quelques apliidiens, et de Sclirader, de Bordeaux, en ces derniers temps pour le phylloxéra de la vigne. Vers l'automne on voit apparaître une quatrième forme larvaire avec des ailes. Celle-ci est destinée à retourner sur le quercus coccifera qui est la station hivernale de cet insecte. M. Lichtenstein appelle cette quatrième forme la « Pseudogyne pupifère ». Il justifie cette épithète par la nature des gemmations que cet insecte vient rapporter sur le chêne kermès ou « coccifera » . En eft'et, jusqu'à présent, toutes les pseudogynes ne nous ont offert que des descendants agames, tous égaux entre eux à chaque phase et tous munis d'appareils buccaux très développés, tandis que l'appareil génital faisait complètement défaut. Ici, au contraire, les gemmations que porte f insecte ailé revenant au Q. coccifera, sont de véritables ;j*tpes si Ton réserve ce nom à f enve- loppe d'oii sort un insecte parfait. En effet, elles sont de deux dimensions bien différentes et donnent naissance à des insectes également bien différents entre eux. Ce sont des mâles cl des femelles. Ils sont aptères et complètement dénués du rostre ou de tout appa- reil buccal. 774 Z-OOLOGIE DT ZOOTECHNIE Par contre, les plus petits sont munis à l'extrémité de l'abdomeii d'un pénis saillant, ce sont les mâles; les plus gros qui sont les femelles, montrent par transparence un œuf énorme qui remplit tout le corps de l'insecte. Alors l'accouplement a lieu; c'est la seule femelle véritable : elle pond, après avoir été fécondée, le véritable œuf d'oè doit sortir a^u printemps l'insecte Fondateur qui sert de point de départ. M. Lichtenstein dit qu'il a observé ainsi le cycle biologique de plu- sieurs de ces Homoptères, et qu'il connaît soit toute la biologie, soit au moins une moitié de l'évolution chez les Aploneura lentisci, Tetrarveura ulmi, Pemphigus spirothecœ, tous les Pemphigus du térébinthe^ si bien étudiés par M. Courchet, ceux du peuplier et enfin ceux des racines (P. Boyeri, P. cœrulescens) ; pour ces derniers, la forme ailée qui lui est connue est « pupifère », tandis que la forme ailée des PempJugiens, habitant des galles, est, sauf une exception (P. spirotheca% Pass.), la pseudogyne émigrante. A côté des aphidiens, M. Lichtenstein a pu observer un coccidien nouveau auquel il a donné le nom de « Ritsemia pupifera » qui offre dans son évolution deux fois la forme de Gallinsecte. Celle d'été qui se forme en mai, donne en août des insectes agames, tous égaux entre eux avec six articles aux antennes et un rostre. Celle d'hiver, qui se forme en septembre, donne en avril des insectes sexués, les mâles sans rostre ci avec neuf articles aux antennes, les femelles avec rostre et huit articles aux antennes. DISCUSSION M. JoLY demande â l'orateur s'il peut donner une conclusion à ces intéressantes observations. M. Lichtenstein répond qu'il n'ose pas encore, vu le iiombi*e relati- vement si restreint des insectes dont il connaît toute l'évolution, baser une classification sur les caractères biologiques, mais qu'il espère que l'attention des entomologistes étant attirée par lui sur ces métamorphoses,- leurs observations réunies pourraient avoir pour résultat de rassembler assez de matériaux pour tenter une classification naturelle de ce groupe d'animaux. M. JOBERT Professeur à la Faculté des sciences de Dijon. MODE D'EXISTENCE D'UNE TAUPE GRILLON AMAZONIENNE — Séance (li( 3 septembre >879. — F. FRANCK. EXCITABILÏTÉ RÉFLEXE OU PNEUMOGASTRIQUE 775 M. JOBERT Professenr à la Facnlti' des sciences de Dijon. SUR L'ACTION DES POISONS fCHTYOTHERES EMPLOYES PAR LES INDIENS DE L'AMAZONE Sé-unce du S se plcmhr-e 1679. M. JOBEET ■profi'SSfur à lu Furulté des sr-ienccs de Dijon. STRUCTURE DE L'APPAfîEIL ÉLECTRIQUE DU GYMNOTE Séance du 3 Kcplc inbrc 4879. — M. H. de la BLAICHEEE APPAREIL REPRODUCTEUR ET REPRODUCTION DE L'ANGUiLLE — Sda)H£ du 4 xe.p le m bre 1879. — M. le F Erançois ERÂICK Préparateur au Collège de France. SUR QUELQUES-UNS DES AGENTS QUI MODIFIENT L'EXCITABILITE REFLEXE DU f NEUMOGASTFilQUE — Séance d v 4 septembre 1879. — L'excitation du bout central du nerf laryngé supérieur ou d'un pneu- mogastrique, provoque normalement le ralentissement ou l'arrêt réflexe du cœur. Cotte réaction normale peut être supprimée par quelques-unes des 776 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE substances qu'on emploie pour obtenir l'immobilité des animaux ; je veux parler surtout du curare et des anestliésiques. 1° Le curare. — Bien avant que les mouvements respiratoires ne soient supprimés, l'excitabilité réflexe du pneumogastrique a disparu. Dès lors, si on emploie le curare comme moyen contentif. on risque, même en opérant à un instant voisin du début de l'intoxication, de ne point voir apparaître les réactions cardiaques cherchées. Cette influence centrale du curare sur l'appareil d'innervation modératrice du cœur, doit être rapprochée de l'action primitivement centrale de la même substance sur les appareils moteurs de la vie animale: ce dernier point a été établi par M. Rouget. Il résulte du fait précédent que la recherche des réflexes cardiaques doit être faite rapidement à partir du début de la curarisation. 2° Anestliésiques. — En mettant de cùté le chloroforme dont l'action perturbatrice sur les appareils d'innervation du cœur et ses vaisseaux est bien connue, je dirai seulement à propos de l'étherque si on attend que l'anesthésie soit complète, on cesse d'observer les réflexes cardiaques sous l'influence de l'excitation du bout central d'un laryngé supérieur. Si, au contraire, on opère avant l'éthérisation complète, quand l'animal a la sensibilité simplement émoussée et ne réagit plus par des mouvements €tdes efforts, on met facile?nent en évidence les réflexes cardiaques. M. LATÂSTE Répétiteur à l'EcoIo des lïautes-Etudes. SUR LES POINTS OBSCURS DE LA FAUNE ERPÉTOLOGIQUE D'EUROPE — Séance du i septembre 1879. — M. ïï. EOÏÏZAÏÏD Elève de la Faculté des sciences de Montpelliep. OBSERVATIONS SUR LES ASTERIES — Séance du i septembre 1 879 . CH. ROUGET. — STRUCTURE DES FIBRES MUSCULAIRES 777 M. A. CEETES Inspecteur des finances, membre de la Société zoologique de France. SUR UNE METHODE DE CONSERVATION DES INFUSOîRES (l) (extrait) — Séance du 4 septembre 1879. — M. Certes fait usage de Vacide osmique comme réaciif fixateur, et de picro-canninatc ou de vei-t de mélhijle comme réactifs colorants. Les prépara- tions sont montées dans la glycérine. Deux planches, dont une inédite représentant VHaplùphrxja gygantea (Maupas), ont été placées sous les yeux des membres delà section. M. DÏÏEAID ;■( Arsac, i>n''S Rolez. SUR L'HOMOLOGIE ET L'ANALOGIE EN HISTOIRE NATURELLE — Séance dit 4 septembre 1879. M. Ch. EOÏÏG-ET Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. STRUCTURE DES FIBRES MUSCULAIRES (EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL) — Séance du 4 septembre 1879. — M. Cn. Rouget parle de la structure des fibres musculaires, il dit qu'on a combattu la disposition en ruban spirolé qu'il a signalée le premier, mais que ses préparations ne sauraient montrer d'autre structure. M. Rouget met sous les yeux de la section ses préparations et ses photographies pour la vision sté- réoscopique. Il dit que s'il s'est trompé, lafauteen est aux préparations, lesquelles lui ont toujours montré le même aspect. (1) Comptes rendus de l'Acad. des sciences (3 mars 1879). — Journal de micrographie [mai 1879). — Hullctia de la Société belge de microscopie (avril 1879), 778 ZOOLOGIE KT ZOOTECHNIE M. A. SABATIEE Professeur à la l'acultO de iiiéiliTÎiii' de Montpellier. SUR L'HOMOLOGIE DES MUSCLES DE L'EPAULE ET DU BASSIN S' éa n c e du 4 septembre 4879. F H.-E. SAÏÏYA&E AiJe-ii.-ituralisIe au Muséum. SUR L'ACTION DU VENIN DE QUELQUES BATRACIENS DE FRANCE — Séance tl k 4 septembre 1879. — Les expériences de Gratiolet, de Cloëz, de Vulpian, ont démontré que» loin d'êlre inotfensit's, les batraciens sont pourvus d'un venin dont l'ac- tion est des plus énergiques sur les animaux de faible taille. L'action de ce venin est du reste différente, suivant les espèces qui le fournissent. Dès le début de leurs études, Gratiolet et Cloëz avaient, en effet, noté que le venin de la salamandre amène la mort au milieu de convulsions, tandis que le venin du crapaud ne produit pas de mouvements convul- sifs, de sorte que l'on pouvait supposer que l'action du venin était tout autre, suivant qu'il provenait d'un batracien anoure ou d'un batracien urodèle. Il n'en est rien ; le triton, qui est un batracien urodèle, a la même action que le crapaud, qui est un batracien anoure, et son action est différente de celle d'un animal du môme ordre, la salamandre terrestre. M. Vulpian a admis, en effet, que les venins de crapaud, de triton et de salamandre terrestre sont des poisons qui agissent profon- dément sur le système nerveux central, les deux premiers ayant une action très marquée sur le cœur, dont les battements s'arrêtent rapi- dement, le dernier donnant lieu à de violentes convulsions et n'ayant que peu d'influence sur l'organe «entrai de la circulation. 11 était dès lors de quelque intérêt de reclierclier si le venin des autres batraciens anoures, — on n'avait étudié que le venin du Crapaud, — se rapprochait plus du venin du crapaud que de celui de la salamandre. Nous rapportons ici le résultat de quelques expériences faites sur divers anoures de France ; nous nous proposons, du reste, d'étudier à ce poijit H.-E. SAUVAGE. ACTION UU VEMN DES LATRACIE.NS TIO' de vue tous les batraciens que nous pourrons nous procurer vivants. Nos observations ont porté sur trois raniformes, l'alyte accoucheur, le pélobate brun, le sonneur à ventre de feu. Alytes obstetricans. L'apparence de cette espèce est celle d'un crapaud, bien que la peau ne soit pas aussi rugueuse que chez ce dernier ; elle est toutefois semée de petits tubercules mousses et arrondis^ et, derrière l'œil, sont des parotides peu distinctes, formées par la réunion de quelques glandes. De ces tubercules s'échappe, lorsque l'on irrite l'animal, un liquide blanchâtre, très facilement coagulable, d'une odeur forte et vireuse. Expérience A. — A ."3 h. 30 m. J'introduis du venin pris aux aines d'un alyte dans une plaie sous-cutanée faite à la partie supérieure du dos d'une grenouille rousse de forte taille: après deux ou trois sàuts, l'animal \a se blottir dans un coin et paraît éprouver une vive souffrance : il baisse la tête et tend le dos. 4 h. Le train antérieur est en partie paralysé ; l'animal tient la tête baissée contre le sol. 4 h. lo m. Mouvements respiratoires faibles et éloignés. 4 h. 30 m. La grenouille est à peu près immobile. L'œil est terne; les paupières sont fermées. Mis sur le dos, l'animal ne cherche pas à se retour- ner; le saut est complètement aboli. Lorsque Ton étend les pattes postérieures l'animal les ramène péniblement contre le tronc; le pincement des pattes amène quelques faibles mouvements. 4 h. 40 m. La queue de cheval est mise à nu; c'est à peine si le pince- ment des nerfs provoque quelques mouvements; l'animal relève alors la tête et ramène les membres antérieurs contre le tronc; ce pincement provoque des mouvements de déglutition assez rapides et assez étendus. 5 h. Au moment oii l'on incise la peau de la poitrine, Tanimal se réveille de son engourdissement; il cherche à placer ses membres antérieurs comme pour se défendre; mis sur le dos, il essaye de se retourner, mais sans y parvenir; les mouvements respiratoires reprennent pendant quelques minutes, puis cessent. D h. 15 m. Quelques mouvements convulsifs se manifestent dans les mem- bres antérieurs. 5 h. 2o m. Le cœur, mis à nu, est gorgé de sang noir; il bat faiblement, 36 fois à la minute ; les poumons sont affaissés. G h. Les battements du cœur sont réduits aux oreillettes, mais repren- nentj pour cesser de nouveau, si l'on excite le cœur ou si l'on pince forte- ment la peau. BÛMIilNATOR IG.NEUS. La peau du sonneur à ventre de feu est très rugueuse et toute cou- Yerte de pustules (jui s'étendent sur toute la partie supérieure du corps. 780 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE Expérience B. — A 2 h. 30, j'introduis dans une petite plaie sous-cutanée faite dans l'aisselle droite d'un moineau, du venin obtenu en raclant légère- ment avec le manche d'un scalpel le dos d'un sonneur igné. 2 h. 38 m. L'animal ne se tient plus droit; les pattes sont repliées contre le corps, qui traîne à terre ; le moineau fait le gros dos. Quelques faibles mouvements convulsifs; l'oiseau relève fréquemment la queue et l'abaisse subitement ; il est inquiet et tourne la tête de tous côtés. 3 h. lo m. L'animal est remis. A partir du moment de l'inoculation du venin, le moineau, qui était très vif, a perdu une grande partie de son activité ; il meurt quatre jours après, dans un état de maigreur extrême. Expérience C. — A3 h., l'on inocule du venin dans Taisselle d'un moineau. 3 h. 10 m. L'animal fait le gros dos ; fréquents mouvements de la queue qui se relève et s'abaisse rapidement. Respiration anxieuse, les ailes se soulevant à chaque effort respiratoire. De craintif qu'il était, l'oiseau est presque indiffé- rent à ce qui l'entoure ; il ne cherche pas à fuir lorsque l'on approche la main, 3 h. lo m. Quelques piaulements plaintifs. 3 h. 20 m. Les mouvements rapides de la queue continuent; nous en comptons 2") dans l'espace d'une minute. 3 h. 28 m. Ces mouvements cessent; l'animal éprouve encore de la diffi- culté à respirer. 3 h. 40. L'animal se remet. 3 h. 50. L'oiseau est complètement remis. PELOBATES FUSCUS Chez le pelobate bniu, la peau est complètement lisse, bien que de petits tubercules se voient sur les côtés du dos. Si l'on irrite i'animal en imprimant pendant quelque temps une série de mouvements de cir- cumduclion aux membres postérieurs, on recueille dans l'aine un liquide blanchâtre, très visqueux, d'une odeur forte et pénétrante qui est le venin. Lorsqu'on excite du reste l'animal, ou que simplement on le prend, il exhale une odeur alliacée tort désagréable. Expérience D. — A 2 heures, l'on introduit le venin dans une petite plaie faite à la cuisse d'une souris ; l'animal éprouve une vive souffrance, cherche à mordre et pousse des cris plaintifs. Mis en liberté, il se réfugie dans le coin le plus obscur de la cage; deux ou trois minutes après l'inoculation du venin, il se met à trembler. 2 h. 10 m. Inquiétude extrême ; l'animal ferme les yeux ; il tremble de tous ses membres et fait des efforts de vomissement. 2 h. lo m. L'animal se remet et cherche à manger un grain de blé; sa démarche est incertaine et la souris paraît comme ivre, ses mouvements n'étant plus coordonnés. H.-E. SAUVAGE. ACTION DU VENIN DES BATRACIENS 781 2 h. J8 m. La souris tombe tout à coup sur le côté droit et se met à tourner en rond de gauche à droite pendant quatre ou cinq fois, puis retombe sur le côté droit. Légers tremblottements des pattes et de la queue. La cuisse dans laquelle a été introduit le venin est légèrement enflée. Lorsque l'on pince la queue ou la patte non empoisonnée, l'on provoque des mouvements dans tout le corps ; l'animal ne cherche pas à fuir et pousse de faibles cris plaintifs. 2 h. 20 m. Dyspnée extrême ; l'animal se ploie presque en deux dans les efforts respiratoires. 2 h. 22 m. Mouvements fibrillaires de la peau ; tremblottements fréquents dans tous les muscles superficiels ; deux ou trois convulsions dans les mem- bres postérieurs. L'animal, pincé, ne retire plus le membre et ne crie pas. 2 h. 25 m. Convulsions fréquentes dans les membres postérieurs ; pas d'ef- forts de vomissement ; l'animal se raidit et meurt à 2 h. 27 m. L'autopsie, faite de suite, montre les oreillettes gorgées de sang noir ; les ventricules sont exsangues ; les poumons sont rosés et exsangues : le foie est un peu congestionné ; on ne note rien de particulier du côté des centres ner- veux ; les reins sont congestionnés et l'on y remarque un piqueté brunâtre. Aussitôt après la mort l'on injecte sous la peau d'une souris un peu de sang pris dans l'une des jugulaires de l'animal empoisonné, sans obtenir de résultat. Expérience £. — A 1 h. 40 m., l'on met le cœur à nu sur un crapaud commun bien vivace ; le cœur bat 22 fois par minute. 1 h. i2 m. Le cœur bat 20 fois par minute; une goutte de venin est dépo- sée sur le cœur. 1 h. 45 m. Le cœur bat 18 fois par minute. Les battements sont plus irréguliers et plus faibles que sur un autre crapaud de même taille et non empoisonné, dont la poitrine est ouverte et qui sert de point de comparaison. Deux heures après le commencement de l'expérience, le cœur battait encore, mais plus faiblement et d'une manière plus irrégulière que sur l'animal non empoisonné. Bien que les expériences que nous avons faites soient peu nombreu- ses, il s'en dégage cependant, ce me semble, un certain nombre de faits intéressants. Le premier point 5 établir est que, de même que l'action du venin de certains urodèles (tritons) se rapproche de l'action exercée par le venin de certains anoures (crapaud), en ce que ce venin n'est pas convulsif, à l'inverse du venin d'autres modèles (salamandre terrestre), l'on constate des faits de même ordre chez les Rauiformes; tandis que l'action du venin du sonneur est celle du venin du crapaud, le venin du pélobate rappelle ce que produit le venin de la salamandre. Bien que presque entièrement dépourvu de glandes, c'est le pélobate dont le venin est le plus actif; une tJ'ès faible quantité a suffi à tuer rapi- dement une souris très vivace et de forte taille. 782 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE Venin de l'Ahjte. — M. Heimegiiy (1) expérimentant avec le venin du crapaud et du triton, a noté une action des plus nettes au début sur le système nerveux, se manifestant par la paralysie, puis un ralentissement des mouvements respiratoires et cardiaques et la perte rapide de l'excita- hilité des nerfs et des muscles. M. Henneguy rapporte l'expérience sui- vante : Action du venin de crapaud sur une grenouille. — A M h. 43 m. venin întroduit dans une plaie sons-cutanée à la partie supérieure du dos. 2 h. 15 m. La grenouille n'exécute plus que très difficilement des mouve- ments volontaires. 2 h. 43. Le cœur est mis à découvert; les contractions sont très rares et ■n'ont lieu souvent que dans les oreillettes ; mouvements de déglutition ; mou- vements réflexes presque nuis. 3 heures. Les mouvements de déglutition persistent et les oreillettes se contractent encore. 3 h. 30 m. Il y a encore quelques légères contractions des oreillettes; l'excitation musculaire est abolie. Il suffit de rapprocher cette expérience de notre expérience A pour voir que l'action du venin est identique. Sonneur. — Bien que couvert de pustules, le venin du Bombinator paraît être peu actif, au moins à l'époque oii nous avons expérimenté l'animal (avril). Le venin exerce son action dès le début sur les centres nerveux et se trahit par des troubles respiratoires (exp. C.) et des mou- vements convulsifs (exp. B. et G.). L'action de ce venin rappelle le venin de la salamandre (mouvements convulsifs, hérissement des plu- mes, respiration anxieuse, piaulements plaintifs). Il faut noter, et nous avons observé le même fait lors de plusieurs expériences faites sur le moineau avec le venin de la salamandre terrestre, que certains oiseaux, très violemment pris dès le début de l'empoisonnement, se remettent assez vite et pour toujours, tandis que d'autres, peu atfectés par le venin, meurent quelques jours après l'inoculation dans le marasme, les conditions de l'inoculation du venin étant du reste, identiques. Pélobate. — Nous retrouvons dans l'action du venin de ce batracien tous les symptômes observés lors de rempoisonnement par la salamandre (efforts de vomissement, contractioas fibrillaires de la. peau, tremblotte- ment des muscles, etc.). Tandis que, pour l'empoisonnement par le crapaud, M. Henneguy a observé que le cœur s'arrête, chez les grenouil- les empoisonnées; toujours en diastole et plein de sang; M. Vulpian a [i] Elude physiologique sur l'acUon des poisons, Montpellier, 1873. E. MASSE. ORIGINE DU TÉNIA INERME BE l'iIOMME 783 remarqué, au contraire, que le ventricule est contracté et vide de sang ; nous avons noté le même fait chez les oiseaux lors de l'empoisonnement par le pélobate. L'action de ce venin paraît du reste participer à la fois du venin du crapaud et de celui de la salamandre; de même que le venin du cra- paud, il agit sur le cœur (exp. E.), mais faiblement toutefois. M. J.-L. CAEDOZO de BETHEÎfCOïïET fils LE MOLLUSQUE ARGONAUTA BETHENCOURTINA Séance du i septembre 1879. — M. E. MASSE Profi-'sscur à la Faculté de niùdijcine de Bordeaux. DE L'ORIGINE DU TENIA INERME DE L'HOMME — Séance du i septembre 1879. — L'évolution des Ténias, restée pendant longtemps obicure, paraissait à peu près établie par des faits nombreux et d'ingénieuses expérimen- tations. Des observations, en apparence incontestables, semblaient prouver d'une manière certaine la nécessité des migrations de ces parasites. Ces théories, si bien établies, viennent d'être ébranlées, par une série de travaux dus à un observateur habile, un savant du plus grand mérite, M. Mégnin. Étant donné l'importance des faits contestés, les conséquences des théories nouvelles , une discussion sérieuse devient nécessaire. Déjà, MM. Laboulbène, Davaine, Chauveau et d'autres encore, ont publiquement coinbattu la théorie du polymorphisme des Ténias. Je me propose de discuter à mon tour les faits de M. Mégnin, alin de voir s'ils sont suffi- samment probants pour servir de base à une théorie nouvelle. En opposant la théorie nouvelle à la théorie ancienne, je chercherai à montrer avec impartialité l'importance des arguments sur lesquels 784 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE chacune d'elles repose, et les obscurités qu'aucune de ces théories n'est encore parvenue à éclairer. Pour M. Mégnin, les migrations des Ténias ne sont pas nécessaires à l'évolution complète du parasite. Un œuf de Ténia peut subir les diffé- rentes phases de son évolution dans l'intestin d'un même animal. C'est le milieu dans lequel pénètre l'œuf qui décide de son évolution ultérieure. L'œuf qui pénètre dans le muscle, dans le foie, s'enkyste et devient un cysticerqueou un écliinocoque. Celui qui se développe dans un follicule de l'intestin peut subir son évolution de l'état d'œuf, à l'état rubanaire, sans l'intermédiaire d'une migration dans un autre organisme. Cette affirmation qui renverse des observations jusqu'à présent consi- dérées comme incontestables est basée sur deux faits. 1" L'existence simultanée des Kystes à échinocoques et d'un Ténia inerme (Ténia perfoliata) sur l'intestin du chevaL Pour M. 3Iégnin, le Ténia perfoliata est un mode spécial d'évolution des échinocoques ; ce parasite est absolument analogue au Ténia échino- cocus du chien, il n'en diffère que par l'absence des crochets, il a pour origine un même œuf. 2" L'existence à l'état libre dans la cavité péritoniale des lapins sau- vages, d'un Ténia à l'état strobilaire. Ténia inerme (Ténia pectina(a) iden- tiques, d'après les affirmations de M. Mégnin, au Ténia serrata du chien. M. Mégnin n'hésite pas à croire que ces Ténias dérivent directement des mêmes œufs que le Cystieerque psiformis que l'on trouve sur ces mêmes animaux. Il a donc suffi à M. Mégnin de ces deux faits que pour mon compte je considère comme très discutables pour renverser du môme coup toute la théorie de l'évolution des Ténias, en y comprenant l'évolution du Ténia inerme de l'homme. Les Ténias inermes, que M. Mégnin a retrouvés sur la muqueuse intes- tinale du cheval et dans le péritoine du lapin, ont d'après lui, pour origine, des cysticerques et des œufs qui, développés par migrations sur des carnassiers, auraient donné naissance à des Ténias armés; le Ténia échinococus et le Ténia serrata du chien. M. Mégnin ne me paraît pas avoir donné des preuves bien sérieuses de ce qu'il avance. Comment M. Mégnin peut-il affirmer, par la seule présence simul- tanée de vers rubanés et inermes et de cysticerques armés sur un même animal, à la descendance commune de ces deux formes de parasites d'un même œuf? La seule analogie de forme de la tête du Ténia et du Cystieerque est loin de suffire pour arriver à de pareilles conclusions. E. MASSE. — ORIGINE DU TÉNIA INERME DE l'hOMME 78S Nous savons, à n'en pas douter, que les Cysticerques armés se déve- loppent par migrations en Ténias armés. Comment l'absence de migrations serait-elle seule capable de faire perdreau Gysticorque ses crochets ? M. Mégnin a cherché à nous démon- trer, que les conditions de milieu étaient suffisantes pour déterminer chez certains animaux la disparition d'appareils bien plus importants. Ce n'est là qu'un raisonnement, mais nous sommes en droit de de- mander à M. Mégnin les preuves de ce qu'il avance. Les œufs du Ténia inerme, qui arrivent dans le tissu musculaire du veau et qui s'y développent sous forme de Cysticerques, se trouvent évidemment dans les taêmes conditions que les œufs du Ténia armé qui produisent la ladrerie du porc, et cependant l'un de ces Cyticerques est toujours inerme et l'autre possède une double rangée de crochets. Je ne vois dans les faits de M. Mégnin qu'une question de plus à étudier, l'évolution du Ténia perfoliata et celle du Ténia pectinata En s'appuyant sur les deux faits qu'il a observés, M. Mégnin considère les deux formes du Ténia inerme ou armé, non comme caractéristique de deux individus différents, mais comme appartenant à un même être à différentes phases de son évolution. Ce n'est que par extension et par analogie, que la théorie émise à pro- pos du Ténia perfoliala inerme du cheval et du Ténia pectinata du lapin, a été étendue aux Ténias de l'homme. M. Mégnin n'apporte aucune preuve directe des deux faits relatifs au cheval et au lapin. Nous sommes, à plus forte raison, en droit de ne pas admettre l'extension de sa théorie au Ténia inerme et au Ténia armé de l'homme et à l'évolution des Ténias en général. Après avoir exposé les laits relatifs au cheval et au lapin, M. Mégnin se contente de dire au sujet des Ténias de l'homme : '( Il n'y a pas de raison pour penser que les choses se passent autrement pour le Ténia de l'homme et pour le Ténia du cheval. » Armé de ce raisonnement, il édifie toute une nouvelle théorie de l'évolulion des Ténias. Il eût été nécessaire d'apporter d'autres preuves pour substituer la théorie nouvelle du polymorphisme à l'ancienne théorie des migrations. Il ne sera peut-être pas inutile de rappeler sommairement les faits les plus importants sur lesquels s'appuie l'ancienne théorie des migra- tions (jue je désire opposer à la nouvelle théorie du polymorphisme. Tout jusqu'à présent concourt à prouver que le Ténia inerme et le Ténia armé sont deux parasites différents et non deux formes d'un même ver dérivant d'un même œuf. Il suffira d'examiner ces deux parasites à la loupe, ou au microscope ou de jeter un coup d'œil sur la ligure 78 où les têtes de ces deux vers 60 786 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE sont dessinées, pour voir combien ils diffèrent ; il ne s'agit pas seulement ^ de la présence ou de l'ab- sence de crochets (fig. 78, 4 et 2), mais bien de la situation des ventouses, de la forme de tout l'ensemble de la tête. En examinant les Ténias du chien, j'ai vu, comme M. Mégnin, des Ténias iner- mes et des Ténias armés sur le même animal, mais dans ce cas, la forme de la tête était absolument la même, les ventouses occu- paient la môme place, il ]a perte de l'appareil de Fig. 78. — 1 . Tête du ténia iaerme ou mediocanel- lata. Cette tête a la forme d'une pyramide tronquée à quatre faces dont la base porte quatre ventouses ; — 2. Tête du ténia armé ou solium. Cette tête a la forme d'une pomme de pin. — a, rostellum; b, couronne de crocliets ; c, ventouses. s'agissait seulement, d'un fait accidentel, défense. — Les anneaux étaient complètement identiques. Les différences que je viens de signaler pour la tête du Ténia inerme et du Ténia armé se retrouvent dans la dimension des anneaux, dans leur structure, dans la disposition de l'utérus, dans la dimension des œufs, dans la forme des Cysticerques. Le tableau suivant permettra de mieux comparer les caractères dis- tinctifs de ces deux parasites. TENIA INERME La tête est supportée par un cou rétréci; elle est conique, large de 2 millimètres à son extrémité. Cette tète se termine par un plateau qui supporte quatre ventouses. Ces ventouses sont saillantes et occupent les quatre angles du plateau terminal de la tète; le cône qui représente la tête a son sommet tronqué, qui se continue avec le col ; la base du cône correspond à l'extrémité libre. La tête a la forme d'une pyramide tronquée à quatre faces. Les ventouses sont souvent pigmentées. ANNEAUX TÉNU INERME Anneaux plus larges et plus épais que celui du Ténia armé, certains anneaux arrivent à mesurer 2 centimètres de long sur 1 cenlimètre et demi de large. Cou- 'eur blanche des anneaux. TÉNIA ARME La tête du Ténia armé est élargie dans sa partie moyenne, rétrécie au niveau du col et de l'extrémité terminale, qui est surmontée d'une double couronne de crochets sur deux rangées d'inégale lon- gueur. Les quatre ventouses sont placées sur les côtés de la partie élargie de la tête. La tête a de 5 à 7 dixièmes de mil- limètres de largeur. TENIA armk Anneaux moins large» et surtout moins longs et moins épais que ceux du Ténia inerme. Ces anneaux sont d'un blanc sale. E. MASSE. — ORIGINE DU TÉNIA INERME DE l'hOMME 787 Pores génitaux irrégulièrement alternes et placés sur les côtés des anneaux. Proglottis très vivaces se détachant seuls et sortant par l'anus ; les malades retrouvent ces progloLtis dans leur lit ou sous leurs vêtements. Ces proglottis exé- cutent quelques mouvements après leur expulsion. Utérus présentant un grand nombre de divisions parallèles entre elles, souvent bifurquées à leur sommet au nombre de 25 à 30. Ovules ovoïdes, de 0'°,(i36 sur un dia- mètre de 0™,028. Ce Ténia est en général très long. Ce Ténia est très répandu en Abyssinie, en Syrie et en Afrique. Il est devenu très fréquent en Russie et en France. Le Ténia inerme est facilement chassù par la fougère mâle, l'éther et les émul- sions de citrouille. Pores génitaux moins irrégulièrement alternes et placés sur les côtés des an- neaux. L'adhésion des proglottis est plus forte, Les malades n'en expulsent qu'avec les matières fécales. Utérus dendritique portant de 6 à 13 branches. Ovules arrondis présentant un diamètre de «"-^oas. Moins long que le précédent Ce parasite, autrefois très répandu, tend à devenir moins fréquent. L'écorce de racine de grenadier et le kousso paraissent réussir plus facilement contre le Ténia armé. CYSTICERQUES La tête du Cysticerque inerme est dépourvue de crochets. Elle est arrondie et pourvue de quatre ventouses saillantes pédiculécs, un peu élargies à leur sommet cam panulif ormes . Kystes à cysticerques assez volumineux et développant seulement chez le bœuf. La tète du Cysticerque armé est pourvue de quatre ventouses et d'une double ran- gée de crochets. Kystes plus petits que ceux du Ténia inerme se développant chez le porc et chez l'homme. Les caractères anatomiques ne sont pas les seuls que nous puissions citer, il faut y ajouter ceux que nous pouvons tirer de l'évolution spé- ciale de ces deux genres de Ténia. Le Ténia inerme de l'homme a pour origine, dans certains cas aujour- d'hui parfaitement reconnus, l'alimentation par la viande de bœuf ladre. La ladrerie du bœuf est très fréquente en Russie, en Syrie, en Algérie et aux Indes ; aussi y rencontre-t-on souvent le Ténia inerme. Le Ténia armé ou Ténia soliura a pour origine le Cysticercjue armé (|ui pénètre dans l'intestin de l'homme avec la viande de porc ladre On produit artiliciellemcnt la ladrerie du porc en faisant avaler à ces animaux des anneaux de Ténias armés arrivés à maturité. 788 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE On produit artificiellement la ladrerie du veau par un procédé com- plètement analogue, en faisant avaler à ces animaux des anneaux de Ténia inerme arrivés à maturité. M. Mégnin reconnaît comme tout à fait à l'abri de discussion les migrations du Ténia armé, telles qu'elles résultent des travaux de Kuchen- meister, de llumbert, de Leuckart, de van Benedcn. — Pour le Ténia armé, la preuve et la contre-épreuve ont été faites, dit il : il n'en est pas de môme pour le Ténia inerme. Le Ténia inerme aurait, d'après M. Mégnin, un mode spécial d'évo- lution. Ce Ténia serait susceptible de se développer sur l'intestin de l'homme de l'état d'œuf jusqu'à la forme rubanée, sans être nécessairement astreint aux migrations. Il me sera facile de démontrer à M. Mégnin que les mêmes preuves et contre-épreuves ont été faites pour la démonstration des migrations du Ténia inerme et du Ténia armé de l'homme. On a pris des cucurbitains de Ténias inermes et l'on a rendu ladres des veaux. Cette expérience a réussi toutes les fois qu'on l'a tentée. J'ai fait à ce sujet un travail en collaboration avec M. Pourquier et des expé- riences qui ont été communiquées à l'Académie des Sciences, en juil- let 1876. Leuckart avait fait les mêmes expériences en 1865, Mossler en 1863, Cobbold et Simonds en 1864, Rolle en 1865, Gerlach en 1870, Zurne en 1872, et Saint-Cyr en 1873. M. Mégnin préférerait qu'on expérimentât sur des bœufs, et les résultats lui paraîtraient alors plus concluants. De l'insuccès de deux ou trois expériences sur les bœufs, M. Mégnin conclut à l'impossibilité de produire la ladrerie chez le bœuf par l'ingestion de cucurbitains de Ténias inermes. Si l'on a généralement pris des veaux pour ces expériences, c'est qu'il est moins coûteux d'expérimenter sur ces animaux que sur des bœufs. En expérimentant sur des veaux, on est à l'abri de certaines causes d'erreur ; l'animal n'ayant tête que le lait de sa mère, a moins de chance d'avoir déjà d'autres parasites que celui que l'on introduit dans l'ex- périence. On a produit la ladrerie chez le porc par un procédé absolument ana- logue avec des cucurbitains de Ténias armés. Une expérience à laquelle j'attache une grande importance, c'est qu'on ne rend pas le porc ladre par l'ingestion de cucurbitains de Ténias inermes. L'expérience a été faite, pour la première fois, par Leuckart, et elle a été souvent répétée depuis avec le même résultat. Si les œufs du Ténia inerme pouvaient, suivant le milieu oiî ils se E. MASSE. — ORIGINE DU TÉNIA INERME DE l'hOMME 789 développent, donner naissance à des cysticerques armés, c'est bien dans ces conditions que nous devrions trouver un milieu favorable à leur développement. Je ne sache pas qu'on ait fait la contre-épreuve, c'est d'essayer de rendre ladre des veaux à l'aide de cucurbitains de Ténia armé. Je me propose bien de tenter cette expérience si j'arrive, ce qui n'est pas facile aujourd'hui, à trouver un Ténia armé, fraîchement expulsé, et si les ressources de mon laboratoire me permettent d'acheter un veau pour ces expériences. Les cucurbitains du Ténia inerme ne se développent d'aucune façon chez les herbivores, comme chez l'agneau et chez le lapin. Après avoir donné à ces animaux, pendant des mois entiers, à doses fréquemment répétées, des anneaux de Ténias inermes à maturité, je n'ai jamais ren- contré chez eux, malgré l'examen le plus minutieux et le plus attentif, aucun cysticerque inerme dans les muscles, aucun Ténia inerme dans l'intestin. J'ai fait ces expériences en 1876, à l'École d'agriculture de Montpellier, en collaboration avec M. Pourquier, médecin vétérinaire. L'expérience dans laquelle on rend le porc ladre est donc tout à fait comparable à celle que l'on a réalisée sur les veaux. La ladrerie du veau et la ladrerie du porc sont deux ladreries absolu- ment distinctes. Le cysticerque du bœuf est un cysticerque inerme, le cysticerque du porc est un cysticerque armé. Ces deux cysticerques sont absolument différents, comme les vers rubanés qui en dérivent; c'est là un point très important et un argument d'une très grande valeur, contre la théorie de M. Mégnin, qui donne une même origine à ces parasites. La tête du cysticerque inerme du bœuf est munie, sur sa partie convexe, de quatre ventouses un peu pédiculées campanuliformes. La tête du cysticerque du porc est piriforme, elle a toujours une double rangée de crochets qui la surmonte et quatre ventou- ses qui en occupent les parties latérales. Les têtes des cysticerques sont tout aussi différentes que les têtes des formes adultes de ces Ténias. L'une de ces deux formes n'est pas plus âgée que l'autre, et cependant l'une est inerme et l'autre est armée. Il y a là certainement deux indi- vidus absolument différents et par leur mode d'origine, et par leur déve- loppement. Les différences que nous venons de signaler dans la forme des cysti- cerques armés et inermes existent aussi dans les œufs qui donnent nais- sance à ces deux formes de parasites. Nous l'avons déjà signalé précédemment, les œufs du Ténia armé sont arrondis et ceux du Ténia inerme sont ovalaires. Ces œufs varient éga- 790 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE lement par leurs dimensions, ceux du Ténia inerme sont plus volumineux que ceux du Ténia armé. Les œufs du Ténia inerme ne se développent pas chez le porc. Chez le même animal, on produit presque à coup sûr la ladrerie par l'inges- tion des cucurbitains du Ténia armé. Si les œufs de ces parasites étaient identiques, ils produiraient indiffé- remment la ladrerie chez le porc et chez le veau. Pour M. Mégnin, la ladrerie du bœuf n'est qu'une bizarrerie expéri- mentale, un fait anormal, une expérience de laboratoire. La ladrerie du bœuf a été observée en Algérie ; elle a été constatée par des hommes dont la valeur scientifique est incontestable, MM. Cauvet et Arnould. En Russie, en Abyssinie, à Beyrouth, la ladrerie du bœuf est chose excessivement commune, on ne saurait en douter. Il ne s'agit donc plus seulement ici d'une expérience de laboratoire; le bœuf est ladre, dans certains pays, tout aussi souvent que le porc. Il ne peut y avoir à ce sujet aucune espèce de contestation. Dans ces pays, l'alimen- tation par la viande de bœuf ladre donne le Ténia inerme. Si M. Mégnin a quelques doutes à cet égard, il n'a qu'à consulter les faits observés par le docteur Talairach, à Beyrouth, faits cités à l'Académie de Médecine par M. Rochard. L'équipage du Ducouëdic, nourri avec du bœuf ladre à son arrivée à Beyrouth, eut, deux mois après, 19 hommes sur 152 atteints de Ténia. Les parasites expulsés étaient bien des Ténias inermes. Un examen atteiî'iif des viandes de bœuf fournies aux marins permit à M. Talairach et à un de ses collègues de reconnaître la présence fréquente de cysticerques. La ladrerie du bœuf est souvent observée à Beyrouth, comme du reste en Abyssinie et aux Indes. Dans ces pays, les Ténias inermes sont d'autant plus fréquents, que les populations se nourrissent de viande de bœuf peu cuites. La ladrerie du bœuf est aussi fréquemment observée en Russie, où l'on emploie souvent le traitement par la viande crue. Gobbold cite des expériences faites par le docteur Olives à Julleinder, dans les Indes, qui sont absolument analogues à celles que l'on a faites pour la ladrerie du porc. On a fait avaler à un jeune Indou et à un Mahométan de la viande de bœuf ladre, et trois mois après on a re- cueilli chez chacun des sujets en expérience des Ténias inermes. Le Ténia inerme donne donc bien la ladrerie au veau, il ne la donne pas au porc. La viande de bœuf ladre donne le Ténia inerme. — Je suis autorisé à établir que l'histoire des migrations du Ténia inerme est tout aussi nette et tout aussi positive que celle du Ténia armé. Les preuves classiques que je viens de donner n'ont nullement le caractère E. MASSE. — ORIGINE DU TÉNIA INERME DE l'hOMME 791 d'expériences de laboratoire. — Les expériences de laboratoire ne font que confirmer les résultats de l'observation clinique. Les migrations du Ténia inerme sont donc tout aussi incontestables que celles du Ténia armé. Les Ténias inermes peuvent-ils avoir un autre mode d'évolution ? Rien jusqu'à présent ne nous permet de le croire ; les faits annoncés par M. Mégnin me paraissent insuffisants pour pouvoir servir à prouver qu'il existe concurremment avec la génération par migration une génération directe, soit du Ténia inerme, soit du Ténia armé. Ce qui est encore bien moins probable que tout cela, c'est l'origine commune du Ténia inerme et du Ténia armé d'un même œuf. Quelle que soit la fréquence de faits analogues chez d'autres animaux rapprochés ou éloignés de la classe des vers, on ne saurait conclure par analogie à l'existence d'un doubla mode de génération chez les Ténias. Par ce qui précède, je crois avoir démontré d'une manière certaine que le Ténia inerme est soumis comme le Ténia armé à des migrations. Les faits observés en Russie, en Syrie, en Abyssinie démontrent l'exis- tence de la ladrerie et la fréquence simultanée du Ténia inerme. Mais une grande difficulté se présente dans l'histoire de l'évolution du Ténia inerme et son origine en France. Malgré la fréquence du Ténia inerme, personne n'a pu encore constater en France la ladrerie chez les bœufs livrés à la consommation. Les veaux français deviennent facilement ladres expérimentalement, mais personne n'a constaté chez eux l'existence d'une ladrerie analogue à celle que l'on rencontre dans d'autres pays, en Russie, en Syrie, aux Indes, en Abyssinie» On a vu la ladrerie du bœuf en Algérie, mais cette ladrerie doit être bien rare puisqu'on n'a pu la constater en France, dans nos abattoirs, sur les bœufs d'origine africaine. Existerait-il pour le Ténia inerme, en France et en Europe, un mode d'évolution spécial ? c'est là une difficulté que médecins et naturalistes doivent chercher à résoudre. La théorie de M. Mégnin serait commode pour expliquer cette lacune dans l'histoire des Ténias ; mais personne n'a vu jusqu'ici les Ténias en voie d'évolution dans les follicules intestinaux, personne n'a vu ces parasites se développer dans une cavité kystique analogue à celle que M. Mégnin a rencontrée chez le cheval. Il y a donc là, au point de vue étiologique, une assez grave difficulté. Si nous nous adressons à l'observation clinique, nous voyons cependant un fait incontestable et qui reste inexplicable, c'est la relation presque constante entre l'alimentation par la viande crue ou saignante de bœuf, et le développement du Ténia. J'ai mis ce fait en relief dans un article 792 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE publié au Montpellier médical, en 1876. Les discussions qui ont eu lieu à ce sujet à l'Académie de Médecine et à la Société médicale des hôpi- taux ne peuvent laisser sur ce point aucune espèce de doute. Ces faits avaient été constatés en Russie, oiî Weiss avait généralisé le traitement par la viande de bœuf crue. Les malades soumis à ce traite- ment avaient très fréquemment le Ténia inerme. Mais il n'y avait en Russie aucune difticulté pour établir l'origine des parasites, la relation de cause à eifet, la fréquence de la ladrerie chez les bœufs expliquait la fréquence du Ténia inerme. En France, les malades qui mangent de la viande de bœuf crue ont bien le Ténia inerme; mais, juscju'à présent, nous ne pouvons en saisir la cause dans la ladrerie du bœuf comme en Russie. Si nous nous contentions de raisonner par analogie, nous affirmerions, que bien qu'on n'ait pas encore constaté le cysticerque chez le bœuf en Franc(!, il doit néanmoins exister. Nous ne saurions nous contenter d'un pareil raisonnement. Un grand nombre de savants et de vétérinaires ont examiné avec le plus grand soin les bœufs sacrifiés dans les abattoirs, M. Mégnin, placé dans des conditions particulièrement favorables pour ces recherches, a fait les mêmes investigations; personne n'a pu trouver la ladrerie sur les bœufs français, ni sur ceux d'origine africaine. La question d'origine du Ténia inerme est donc, malgré les lumières apportées par la connaissance des migrations de cej parasites, malgré les recherches récentes de M. Mégnin, un sujet encore obscur. Les migrations sont-elles absolument indispensables au développement du Ténia ? N'existe-t-il qu'un seul genre de filiation pour ces parasites ? Nous sommes loin d'afiirmcr le contraire, mais jusqu'à présent rien ne nous prouve que le développement du Ténia puisse se faire tout entier chez l'homme de l'état d"œuf à la forme rubanée inerme ou armée. L'homme peut bien servir de milieu favorable au développement de l'œuf du Ténia armé, ce fait est incontestable. Les faits de ladrerie humaine ont été souvent observés et dans tous ces cas, les cysticerques étaient des cysticerques armés. La ladrerie hu- maine ne diffère en rien de la ladrerie du porc. Les mêmes causes ont pu produire les mêmes effets malgré la différence de milieu. Des œufs de Ténia venus du dehors sur des feuilles de végétaux ou dans l'eau peuvent pénétrer dans le tube digestif et de là ces œufs peuvent arri\er dans nos divers organes. Une autre cause de ladrerie est-elle due à l'existence préalable d'un Ténia, dont les anneaux à maturité laissent échapper des œufs dans l'intestin? Le malade atteint de Ténia peut-il s'infecter lui-même; E. MASSE. — ORIGINE DU TÉNIA INERME DE l'hOMME 793 peut-il devenir ladre par cela seul qu'il est porteur d'un Ténia dont les anneaux sont arrivés à maturité ? Celte cause de ladrerie doit être assez . rare, car ce n'est que dans des cas exceptionnels que l'on a trouvé des sujets atteints de ladrerie, porteurs en même temps de Ténias adultes. La fréquence de la ladrerie humaine comparée à celle du Ténia, rend peu probable la possibilité de ce mode d'évolution. En présence de la fréquence du Ténia inerme, ce n'est pas le cysticerque armé que l'on devrait rencontrer dans les kystes à cysticerques de l'homme, mais le cysticerque inerme, si l'on admettait pour cause de la ladrerie l'auto- infeclion. Un courageux expérimentateur, M. Redon, a voulu savoir si le cysti- cerque de l'homme avalé par l'homme ne pouvait pas produire le Ténia armé. M. Redon n'a pas hésité à avaler des cysticerques vivants de l'homme, et il a contracté un Ténia armé. Le Ténia peut donc, dans des circonstances exceptionnelles, parcourir tout le cycle de son évolution chez l'homme, mais il a fallu, pour arriver à ce résultat, opérer en deux temps. Cette expérience ne saurait donc nous éclairer sur l'origine des Ténias en général et sur l'origine des Ténias de l'homme, il y a eu une véritable migration sur le même sujet. De tout ce qui précède, nous pouvons conclure que tout semble démontrer que le Ténia inerme et le Ténia armé sont deux formes dis- tinctes de Ténias. Ces deux parasites sont soumis à des migrations du même genre, mais non identiques. L'évolution complète du Ténia chez l'homme est un fait exceptionnel. Nous avons bien vu l'œuf du Ténia armé de l'homme produire la ladrerie de l'homme ; nous avons bien vu les cysticerques vivants de l'homme avalés par l'homme produire le Ténia ; mais il s'agit ici d'une génération à deux phases. Il y a eu véritablement migration sur le même individu- Un œuf de Ténia armé en se logeant dans un follicule de l'intestin peut'il parcourir tout le cycle de son développement et donner nais- sance à un Ténia inerme ? Rien ne nous prouve jusqu'à présent que ce mode d'évolution soit possible. Le Ténia inerme, comme le Ténia armé, paraissent être soumis à des migrations ; toutefois les migrations du Ténia inerme, si elles existent en France, ne sont pas encore démontrées . Si le mode d'évolution qu'indique M. Mégnin était prouvé, nous serions bien plus à l'aise pour comprendre l'origine des nombreux Ténias inermes que l'on rencontre dans notre pays ; mais il ne suffit pas qu'une théorie soit commode pour l'accepter. Que M. Mégnin nous apporte de nouvelles preuves à l'appui de sa théorie, et nous serons très heureux de pouvoir y adhérer. 794 ZOOLOGIE ET ZOOTECHNIE Les partisans de la théorie des migrations doivent poursuivre leurs recherches, car il est sûr qu'ils n'ont pas tout expliqué et qu'il existe encore une grande lacune à combler dans l'origine du Ténia inerme en France. Tel est l'état actuel de la question des migrations et du polymor- phisme des Ténias. Le problème à résoudre est nettement posé, mais il ne faut pas se faire d'illusion, personne encore ne l'a complètement résolu. Présentation de travaux imprimés ENVOYES AU CONGRES POUR ÊTRE COMMUMQUf^S A LA SECTION Marquese di Monterosato. — Enumerazione sinonimia délie conchiglie mediterranee (Palermo, 1879), SOCIÉTÉ ANTHROPOLOGIQUE DE MOSCOU 795 11" Section ANTHROPOLOGIE Phésidett DHOXxrrR M. le D'- GOSSE, Professeur à ITnîversité de Genève. Président M. le D' THULIÉ, Conseiller municipal de Paris. Tice-Pbésioems M. P. CAZALIS DE FOXDOUCE, Secrétaire général de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. M. le D' BERCHOX, Directeur du service sanitaire de la Gironde. Secrétaiees M. P. FIÈRE, Membre correspondant de la Société française de numismatique et d'archéologie à Toiron. M. le D' LA>'XEGRACE, Professeur agrégé à la Facalté de Médecine de Montpellier. Séance du 28 août 1879 Après la constitution du Bureau, le Président donne lecture de la dépêche suivante : France, Montpellier^ Président de la section Anthropologique de l'Association française. La section Anthropologique de Moscou et le comité de VExposition recon- naissants aux illustres membres de F Association française, pour Véclat donné au Congrès Anthropologique de Moscou, vous prient de leur exprimer les senti- ments les plus chaleureux de sympathie et d'accepter de la part de vos collègues de Mo ver qu'on ne peut pas rejeter même d'une carte préhistorique toutes les traces de ces antiques époques, dont l'histoire a gardé le souvenir, bien voilé sans doute, mais enfin fort réel, avec les noms des Ibères , des Ligures ou des Celtes. De plus dans le Languedoc, où les Romains sont venus s'établir au milieu des populations Yolces qu'ils ont en quelque sorte latinisées, deux siècles avant l'ère chrétienne, on ne peut s'empêcher de rechercher, de noter les traces qu'ils ont laissées. D'autant plus qu'ils sont établis dans les localités fréquentées avant eux, de même qu'ils se sont contenté d'utiliser, en les amé- liorant, les voies qu'ils avaient trouvées établies, à l'état de sol naturel , par les habitants du pays. M. P. Cazalis de Fondouce résume rapidement ce que l'histoire et l'archéologie nous apprennent sur les temps qui ont précédé l'éla- blissement de la civilisation romaine. Il considère que les renseignements donnés par les bas-reliefs de Karnak et de Médinet-Habou, indiquent d'une façon générale l'état de civilisation de tous les peuples du pourtour oriental de la Méditerranée. Or, cette civilisation, c'est celle de la fin de l'âge du bronze. Plus ou moins développée, c'était, dit-il , celle de notre littoral entre le xvi^ et le xxe siècle avant notre ère. C'est sans doute à ces peuples et à cette époque qu'il faut rapporter les monuments de cet âge. On a même remarqué que l'épée des Sardiniens mentionnés et figurés dans les monuments égyptiens, est sem- blable à l'épée gauloise, telle qu'on la voit nombre de fois représentée sur les monnaies d'avant l'époque de Jules César. Pour l'auteur, les Ibères seraient la population autochthone de la Gaule occidentale et méridionale, et auraient déjà habité nos pays à la fin de l'époque de la pierre polie. Ce serait à eux que seraient dues les sépultures de cette époque que l'on trouve dans les grottes. — Refoulés par les Ligures, ils auraient émigré en partie dans les régions montagneuses, par exemple, dans les Cévennes, oii nous trouvons leurs traces, les dolmens. Les plus vieilles traditions conservées par les historiens et les géographes de l'antiquité, nous permettent d'avoir ainsi une vague vision de la fin de l'âge delà pierre; ces ombres légères s'évanouissent complètement au delà, et les temps préhistoriques commencent alors pour l'auteur, dans l'acception la plus stricte du mot. Dans l'Hérault, entre les stations de Bize et du pont du Gard les restes des chasseurs de renne sont bien rares et bien peu nettement déterminés. Quant à ceux d'époques plus reculées, on ne les y a pas encore rencontrés. Si l'on peut croire que l'état du littoral envahi par les eaux des fleuves et de la mer, embrasé par les feux des volcans, ne permettait pas aux hommes de l'habiter, il n'en était pas de même de la région montagneuse des hautes vallées, de l'Hérault ou de l'Orb, de toute la partie moyenne du département, et c'est là que l'archéologue doit espérer retrouver un jour ces vestiges. D"" POMMEROL, — LE GISEMENT QUATERNAIRE DE SARLIÈVE 801 M. le F POMMEEOL de Gerzat (Puy-de-Doine). LE GISEMENT QUATERNAIRE DE SARLIEVE — Séance du 2 9 août 1879. — Nous avons, il y a trois ans, soumis à la session de Clerraont-Ferrand, le résultat de nos recherches sur les terrains quaternaires de la Liraa- gne d'Auvergne. Nous avons donné la liste des espèces fossiles et la description des silex taillés, découverts dans les sables et les graviers de la vallée de Sarliève. Par l'élude minéralogique, par la comparaison des faits, nous avions coiiclu que l'homme existait en Auvergne à l'époque quaternaire, et que les volcans à cratère de la contrée étaient alors en pleine éruption. Depuis ce jour, nous n'avons cessé de continuer dans ces terrains nos investigations, et notre collection de silex et de débris fossiles s'est con- sidérablement enrichie. De nouveaux fails sont venus s'ajouter aux précédents. Il en est résulté de nouveaux rapports, dt; nouvelles consé- quences qui ne paraissent pas être sans intérêt pour l'histoire des temps (juaternaires de l'Auveri^ine. Les silex taillés que nous possédons aujourd'hui et qui proviennent des alluvions de Sarliève, sont au nombre d'une soixantaine et ont été recueillis dans des sablières voisines, dans une étendue de terrain rela- tivement restreinte. Ils appartiennent à deux types bien caractérisés : le grattoir et le couteau. Nous n'avons pas encore découvert de spéci- men ressemblant à la hache, à la pointe de lance ou de flèche, malgré la sagacité des ouvriers qui savent cependant reconnaître le moindre éclat de silex travaillé. Est-ce à dire que ces instruments n'étaient pas en usage dans la contrée? Nous ne voulons pas être aussi affirmalii et nous attendons de nouvelles recherches pour nous prononcer. Nous n'avons rencontré qu'un seul nucléus et il est très petit. Ajou- tons quelques frag:ments, plus ou moins grossiers, mais visiblement taillés, et ébréchés par l'usage, fragments sans forme bien déterminée, appartenant autant au type grattoir qu'au type couteau. Les grattoirs bien caractérisés sont, par rapport aux autres instru- ments, dans la proportion de un sur dix. Ils sont presque tous allongés et soigneusement taillés à l'extrémité arrondie. Ce sont là, comme on sait, des caractères appartenant aux grattoirs de l'âge du renne. C'est lu forme que présentent ceux qui ont été trouvés en si grand nombre 51 802 ANTHROPOLOGIE dans les cavernes du Périgord. Les grattoirs de Sarliève sont cependant moins allongés, moins élégamment taillés que ces derniers. Le silex d'Auvergne était-il plus difîicile à tailler, les hommes d'alors étaient-ils des artistes moins consommés que ceux des bords de la Vézère dans l'art de tailler la pierre, ou bien ont-ils ou la précaution de ne point abandonner sur les sables de la grève, les instruments de choix? Un seul grattoir est demi-circulaire, forme que l'on rencontre assez sou- vent dans les stations de l'âge de la pierre polie. Ils se terminent presque tous en pointe, dans le but d'être plus facilement emmanchés. Leurs bords sont fortement usés, ébréchés, preuve d'un long usage avant d'être abandonnés. Les lames ou couteaux présentent les plus nombreux spécimens ; ils composent les deux tiers de la collection. Ce sont des éclats plus ou moins longs et épais, ayant une face inférieure simple et unie et une face supérieure comprenant plusieurs plans ou facettes. Quelques- unes de ces lames sont retaillées sur les bords, formant ainsi un tranchant plus apte à scier qu'à couper. La longueur des plus grands spécimens ne dépasse pas 10 centimètres et les plus petits n'ont guère que 3 ou 4 centimètres. Ils sont tous assez grossièrement taillés. Ils n'ont ni les dimensions ni l'élégance de ces belles lames des cavernes de la Dordogne. Sous ce rapport, ils ressemblent aux grattoirs que nous venons de décrire, et comme eux, ils présentent sur leurs bords de nombreuses traces d'usure. La matière première de la plupart de ces instruments provient des calcaires d'eau douce de la Limagne, et l'un d'eux présente dans sa substance des graines de Chara. Un sixième environ a été fait au moyen d'un silex marin, provenant très probablement des faluns de la Tou- raine, preuve qu'il existait des relations, des échanges, entre cette dernière province et l'Auvergne, comme nous l'avons déjà établi au congrès de Glermont-Ferraud. Un de ces silex présente des craquelures sur ses deux faces, ce qui démontre qu'il a été soumis à l'action du feu. Aucun de ces instru- ments n'a été roulé dans le lit de la rivière. Ils ne présentent pas la patine blanchâtre caractéristique qui recouvre les silex qui sont restés un certain temps expotiés à l'action chimique de l'air. A peme aban- donnés sur la grève, ils ont été recouverts par les sables et les graviers déposés par les eaux. Leur surface est unie, brillante, d'apparence ver- nissée. Les angles et les arêtes, quoique parfaitement marqués, ont perdu leur finesse et leur tranchant. On sait que l'aspect vernissé est un des caractères des silex quaternaires. Suivant nous ce caractère est dû au passage incessant, longtemps contiimé de l'eau chargée de sables et de petits graviers. C'est le frottement de ces petits corps durs et arrondis D"" POMMEROL. — LE GISEMENT QUATERNAIRE DE SARLIÈVE 803 qui lustre la surface des silex. L'aspect vernissé est donc le résultat d'un véritable polissage mécanique, qui se fait sur toute la surface, et sous la même pression. Telle est la raison qui explique comment les an- gles, les arêtes, la forme générale de l'instrument sont respectés et ont perdu leur tranchant. Nous avons au congrès de Ciermont, donné la liste des espèces dé- couvertes dans les alluvions de Sarliève. Ces espèces, peu nombreuses alors, étaient néanmoins suffisantes pour classer le gisement dans l'épo- que quaternaire et nous signalions le mammouth, le renne, le cheval et l'aurochs. Nous avions indiqué une cinquième espèce, le chevreuil, mais un examen ultérieur du fragment de corne sur lequel s'appuyait cette détermination, a démontré que ce débris devait être attribué à un jeune renne femelle. Durant ces trois dernières années nous avons découvert de nouveaux documents, et la détermination que nous en avons faite a été contrôlée par nos savants paléontologistes, MM. Gaudry et Pomel. Aujourd'hui nous pouvons donner une liste plus complète de la faune de Sarliève. Cette faune se trouve caractérisée par les espèces suivantes : Carna.ssiers. — Loup. — Canis lupus. — Renard. — Canis vulpes. Pachydermes. — Mammouth. — Elephas primifjenius. — Rhinocéros. — Rhinocéros tichorrhinus. SoLiPÈDES. — Cheval. — Equus caballus. Ruminants. — Renne. — Cervus tarandus. — Grand bœuf. — Bos priniigenius. — Aurochs. — Bison europœus. Rœuf plus petit. — Bos taurus. Rongeurs. — Lièvre. — Lepus timidus. — Loir de forte taille. — Myoxus? — Écureuil. — Sciurus? Oiseaux. — Grand-Duc. — Stryx biibo. — Sarcelle. — Anas querqiœdula ? Nous ajouterons à cette liste la mâchoire inférieure d un rongeur qui n'a encore pu être déterminé. « Ce n'est point, m'écrit M. Gaudry, la mâchoire d'un léporidé ni d'un campagnol, elle est plus petite que dans les marmottes, plus grande que dans les spermophyles et les écureuils. » Nous avons aussi rencontré des débris d'un rhinocéros tertiaire provenant des couches miocènes et déposés dans les graviers par le courant quaternaire. A la suite de nos recherches, nous avons vu la faune s'enrichir d'un 804 ANTimOPOLOGIE certain nombre d'espèces nouvelles. Cette faune, moins riche encore que celle de certains gisements quaternaires, ceux de la vallée de la Seine, par exemple, n'en est pas moins caractéristique. Elle constitue la faune dite des bas-niveaux. Nous n'avons pas trouvé d'autres spécimens de mammouth que ceux déjà si^^nalés au congrès de Clermont. En revan- che, les débris de cheval, de renne et d'aurochs se sont montrés de plus en plus nombreux, constituant les espèces dominantes de la faune, comme dans les cavernes de l'âge du renne. Le loup est de grande taille, le renard est petit : ils sont représentés, le premier, par un mé- tatarsien, le second par un fémur. Comme le mammouth, le rhinocéros tichorhinus est rare, et nous n'avons que trois molaires appartenant à cette dernière espèce. Quand on examine les ossements fossiles trouvés dans les alluvions de Sarliève, on est étonné de constater que la plupart des spécimens sont plus ou moins brisés, fragmentés, tandis que les ossements intacts sont en très petit nombre. Les fragments de crâne , de vertèbre et de côte sont aussi d'une extrême rareté. Les pièces qui prédominent appar- tiennent à des os longs. Quelles sont les causes qui ont pu briser ainsi ces ossements, les fendre, les réduire en esquilles parfois si petites ? Telle est la question que nous allons tâcher de résoudre. Les fractures ont été produites soit avant, soit après l'enfouissement naturel des débris osseux, sous les couches successives de sables et de graviers. Dans le premier cas, elles ne peuvent devoir leur origine qu'à la dent des carnassiers, au choc des cailloux ou à la main de l'homme. Dans le second cas, elles ont pu être occasionnées par les mouvements et la pression des terrains, ou par l'outil môme des ouvriers qui ont mis les ossements à découvert. Les cassures produites par la pioche des ouvriers sont très faciles à reconnaître. Leur surface n'a pas le même aspect que la surface nor- male de l'os. Elle est rugueuse, d'une couleur terne, mate; ses contours, ses bords sont nets et tranchants ; elle présente une apparence de fraî- cheur remarquable, tandis que la surface normale de l'os est onctueuse, polie et brillante. Les mouvemenls de pression ou de glissement de terrain sont exces- sivement rares. Ils produisent des fractures, analogues à celles que l'on trouve si souvent sur les os provenant d'anciens cimetières, fractures à section nette, régulière et généralement perpendiculaire à l'axe de l'os. Les ossements que nous étudions n'ont pas été roulés dans le lit de la rivière; leurs angles, leurs arêtes, quoique légèrement émoussés et polis, sont trop nets et trop bien conservés. Serait-ce la dent des animaux carnassiers qui les aurait ainsi frac- turés? En ce cas, nous trouverions sur ce sos des mpreiutes, des D'' POMMEROL. — LE GISEMENT QUATERNAIRE DE SARLIÈVE 805 éraillures, des sillons, tout à fait caractéristiques de la pression des dents. Il ne reste donc que l'hypothèse de la main de l'homme pour expli- quer l'état esquilleux, fragmenté de ces ossements. Tous ces ossements sont onctueux au toucher, polis et brillants. Comme les silex, ils ont un aspect vernissé, qui se remarque à la sur- face naturelle de l'os, comme à la surface de la fracture. Nous savons que cet éclat particulier est dû au polissage produit par le frottement continuel des petits corps durs entraînés par les eaux. C'est là un impor- tant caractère qui prouve que les fractures ont été produites avant que l'os ne soit recouvert par l'alluvion. D'autres considérations viennent prouver que ces fractures ont été produites par la main de l'homme. Si on essaie de fracturer, au moyen d'une pierre, un os frais, et spécialement un os long, on produit des fractures et des esquilles semblables à celles que nous trouvons sur les ossements de Sarliève — fractures que les chirurgiens désignent sous les noms de fracture en V, en bec de flûte, en bec de plume. Les bords de la fracture plus ou moins sinueux, irréguliers sont taillés en biseau, tantôt aux dépens de la table externe, tantôt aux dépens de la table interne. On voit le plus souvent une fissure plus ou moins oblique qui part du lieu de la fracture et se continue dans le corps même de l'os. Ce caractère, nous le constatons sur un grand nombre des os longs provenant des alluvions de Sarliève. De plus, il existe des os longs qui ont été fracturés avec une très grande précision dans toute leur lon- gueur, disposition que n'aurait jamais produite une cause naturelle. Il existe une autre particularité qui démontre que c'est certainement la main de l'homme qui a fracturé les ossements de Sarliève. C'est qu'il en est quelques-uns qui sont toujours brisés de la même manière et au même endroit. Ainsi, nous ne trouvons pas un seul cubitus qui soit soudé au radius. L'extrémité olécranienne a été fracturée violemment» L'articulation du coude est une des plus difficiles à désarticuler. Il n'était pas facile de faire cette opération avec des instruments de silex. L'homme quaternaire rompait cette articulation, en étendant les os fortement en arrière. L'extrémité cubitale devait ainsi se briser fatale- ment à quelques centimètres au dessous de la tête articulaire du radius. Les radius de renne et de cheval que nous possédons présentent tous les caractères que nous venons de signaler. La première phalange ou phalange postérieure du cheval est le plus souvent partagée en deux moitiés par un coup médian. Les dents semblent aussi parfois avoir été fracturées, au niveau du collet. Les petits os qui n'ont pas de moelle, comme ceux du carpe et du tarse, sont toujours respectés. 806 ANTHROPOLOGIE Des faits que nous venons d'exposer, nous pouvons déduire plusieurs considérations qui donneront du gisement de Sarliève une interpréta- tion satisfaisante : A l'époque du renne, nous savons que l'Allier passait dans la plaine de Sarliève, au pied même du puy de Crouël. Les hommes quater- naires venaient se fixer sur les bords mômes de cette rivière. La nature et le nombre restreint des objets découverts tendent à prouver que cette station n'était que temporaii-e. En effet, si la station eût été per- manente, nous aurions certainement rencontré de nombreux éclats de silex prouvant que les instruments avaient été taillés, retouchés sur place, comme cela se pratiquait dans les cavernes ou les abris de cette époque. Les éclats de silex manquent au contraire presque absolument ; nous voulons parler de ces petits éclats que la fabrication détache du nucléus avant que la lame principale ne soit enlevée. Était-ce une station de pêche ou de chasse ? Dans la première suppo- sition, nous n'aurions pas manqué de rencontrer des ossements de poisson : ce qui ne nous est jamais arrivé. Les ossements que nous avons découverts en plus grand nombre appartiennent spécialement au cheval, au renne et à l'aurochs, trois espèces animales que l'on a surtout chassées, au temps des cavernes. C'est le cheval qui était le plus com- mun et le plus facile à prendre, car ses débris sont plus nombreux que ceux de toutes les autres espèces réunies. Vient ensuite le renne, puis l'aurochs. Ces animaux devaient vivre dans les vastes prairies maréca- geuses de la Limagne, qui s'étendaient de chaque côté de la large rivière quaternaire. L'herbe y poussait haute et épaisse. Le saule, le tremble, l'aulne et le bouleau avaient pris possession de ces terres humides, mal affermies et nouvellement déposées. Ces arbres offraient leurs ombrages aux grands troupeaux qui erraient et paissaient dans la Limagne. Les carnassiers ne semblent pas, en ce temps, avoir été nom- breux, puisque nous n'avons rencontré qu'un seul os de loup. L'homme chassait sa proie à travers les prairies et les fourrés de la grande plaine. \l aimait à s'arrêter sur les grèves de l'Allier pour se reposer et préparer son repas. L'absence de côtes et de vertèbres prouve qu'il ne rapportait de sa chasse que les membres de l'animal tué. Il laissait aux grands loups des prairies et des marais le soin de dévorer le tronc qu'il dédaignait ou trouvait trop difficile à emporter. La nourriture, on le voit, était surabondante, et l'homme choisissait ce qu'il croyait être les meilleurs morceaux. 11 allumait du feu sur la grève, pour cuire ses aliments et se chauffer lui-même. Comme il était très friand de moelle, il fracturait les os longs au moyen d'une pierre plus ou moins aiguë. Il dépeçait sa proie^avec violence, et brisait les membres pour les désarticuler. F. DALEAU. — STATIONS PRÉHISTORIQUES DE LA GIRONDE 807 Telles sont les conclusions que les faits exposés nous autorisent à formuler. Ils établissent, à notre avis, d'une manière certaine, qu'à l'époque du renne, une population de chasseurs venait s'établir tempo- rairement sur les bords de l'ancien Allier, qui coulait alors dans la vallée de Sarliève. DISCUSSION M. Cartailhac, à propos de certains passages du mémoire qui vient d'être lu, appelle l'attention sur une cause possible d'erreur. Lorsque l'on ne trouve pas de carnassiers dans un dépôt laissé par l'homme, cela ne prouve pas que les carnassiers étaient absents du pays! Les chasseurs primitifs les fuyaient et ils recherchaient au contraire les animaux d'une capture plus facile ! Répondant à une question de M. Daleau, M. Pommerol dit qu'il n'y a pas de grotte à ossements en amont de l'endroit où il a fait sa découverte, mais qu'il existe dans les environs des brèches osseuses sans silex. M. Erançois DALEAU Do IJourg-sur-Gironde. LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DES ÉTANGS D'HOURTIN ET DE LACANAU (GIRONDE) — Se 071 ce du 2 9 ai ût 1879. — Il y a dix ans tout au plus, le long territoire Lando-Médocain, qui se trouve resserré entre la Gironde et rOcéan, n'avait fourni à l'archéo- logie préhistorique, comme matériaux, que quelques pointes de flèches en silex, dites pierres d'orage, ramassés par les bergers haut-montés (1) pour préserver leurs demeures du feu du ciel. En revanche, depuis cette époque, on y a signalé au moins cent sta- tions ou ateliers en plein air, oii l'homme de l'époque robenhausienne a laissé des traces incontestables de son séjour et de son industrie. Los nombreuses découvertes faites jusqu'à ce jour dans l'extrême 3Iédoc ont donné une grande quantité de pointes de flèches admirable- ment ouvrées, représentant à peu près tous les types, plusieurs haches polies en silex et autres roches, très plates ou bombées, mais n'excédant pas huit ou dix centimètres de longueur, beaucoup d'instruments, (1) Je dit haul-montéi à cause de leurs longues échasses. 808 ANTRHOPOLOGIE grattoirs, perçoirs et percuteurs, faits avec des débris de haches pohes, et enfin une quantité considérable de lames, couteaux et grattoirs de formes spéciales. Plusieurs cartons représentant dos séries de ces différents types et appartenant soit au Musée Préhistorique de Bordeaux, soit à MM. Duli- gnon-Desgranges et JMeynieu, ont figuré avec avantage, en 1878, au Trocadéro, à notre splendide Exposition des sciences anthropolo- giques. Ayant visité la majeure partie des stations ou ateliers en plein air dont il vient d'être question, et bien qu'ils aient déjà été décrits par divers auteurs, nous nous sommes cru autorisé à en parler, car ils nous ont révélé une civilisation presque identique à celle des aborigè- nes des étangs d'Hourtin et de Lacanau, dont nous allons faire la des- cription . ÉTANG DE LACANAU L'étang de Lacanau prend son nom du village de Lacanau, situé à environ 1,700 mètres de sa rive orientale, que nous désignerons à l'a- venir sous le nom de rive gauche, les eaux s'écoulant du nord au sud. Sa surface est de 2,000 hectares; il doit sa formation, comme tous les étangs du littoral de Gascogne, à la chaîne des dunes qui ont mis un obstacle au libre écoulement des eaux de la lande vers l'Océan. Durant la saison pluviale, l'étang déborde et se répand sur la lande à une cer- taine distance, mais à l'arrivée des chaleurs les eaux se retirent de 250 à 300 mètres de leur rivage d'iiiver. Quatre stations ont été découvertes sur la rive gauche de cet étang. Première station : le Poujo-de-i-Boucs. — En prenant la route (1) qui, du bourg de Lacanau conduit à l'étang, on arrive sur la grève et ou aperçoit à gauche, à 200 mètres tout au plus du rivage d'été, un îlot qui a pour nom le Poujo-des-Boucs (2). Cette petite île n'est autre chose qu'une dune, dont la base est formée par une épaisse couche d'alios reposant sur le sol primitif de la lande, témoins les nombreuses souches de brande et autres arbustes encore en place. Son rivage, contiu de longue date des archéologues girondins, a fourni des silex taillés, des débris de poteries, des monnaies et des ornements en bronze. Cette mine est épuisée aujourd'hui, car nous avons fait plusieurs fois le tour de ce mamelon, et nous n'y avons trouvé que trois ou quatre mauvais éclats de silex. Ce Poujo, on ne peut plus intéressant au point (1) Route .(Jépartemenlale n« 7. (2) L(> nom de Poujo, Poujnou, Powjo, Puch, vn p itois I/indo-Medoc^iin, signilje puy, hauteur, monticuie. F. DALEAU. — STATIONS PRÉHISTORIQUES DE LA GIRONDE 809 de vue ethnographique, taillé à pic du côté du uord-nucst par l'eau et le vent pendant l'hiver, a son sommet recouvert d'ajoncs de grande taille qui, avec quelques petits arbres, abritent deux ou trois huttes en bois, couvertes de cliaume, placées sur le versant est. Ces cabanes ser- vent d'abri et de magasin aux pêcheurs de l'étang; c'est là qu'ils dépo- sent leurs engins de pêche et de chasse, leurs ustensiles de cuisine et les agrès de leurs barques. Nous y avons remarqué leurs filets, dont la plupart des poids sont faits avec des cailloux roulés, percés naturelle- ment ou munis d'encoches, provenant du bord de la mer. Des galets de grande dimension servent d'ancres à leurs barques. Nous avons pu voir aussi des cuillères très rustiques dites Peychottes, faites en bois de pin, des broches à poisson, simples baguettes de brande appointées aux deux extrémités. Deuxième station : la Rouille. — Situé à 200 mètres, au nord, de l'extrémité de la route départementale n° 7, à la limite du rivage d'hi- ver, cet atelier est |)lacé au pied de la dune, à quelques mètres au sud de la Crasie (1) de la Rouille; nous avons ramassé là une grande quan- tité de silex de très petite taille, dont bon nombre finement ouvrés, parmi lesquels se trouvaient de petits instruments ayant la forme d'un triangle scalène, tranchants sur le bord inférieur et retouchés sur les deux bords supérieurs, que nous nommerons types de Lacanau. Certains de ces silex, reposant sur le sol primitif, paraissaient être en place; la majeure partie au contraire était sur le sable de la dune où le vent les avait entraînés. Ces derniers spécimens sont tous très petits et portent des traces d'usure causées par leur frottement sur le sable. Tous les débris de l'industrie humaine trouvés sur ce point sont des silex dont les plus petits ont des couleurs claires, jaunes ou rosées, les plus gros étant au contraire noirs ou de couleurs foncées. Troisième station : Pisse-Lièvre. — Cet atelier est à oOO mètres au nord du précédent ; il est placé comme lui à l'entrée d'une petite vallée bornée au nord par le ruisseau de Pisse-Lièvre et au sud par les dunes. Lorscjue nous découvrîmes cette station, au mois de mai 1876, nous y avons recueilli de nombreux silex semblables à ceux de la Rouille, comme retouches et comme nature de silex, mais généralement de taille un peu plus grande, quelques rares fragments de quartz dont deux débris de percuteurs et enfin plusieurs silex ayant subi l'action du feu. Tous les instruments de cette station reposaient sur le sable de la mer. Lors de noire seconde excursion, en octobre 1877, npus fûmes très (1) Crnsle (nom local, ruisseau). 810 ANTHROPOLOGIE surpris de ne rencontrer là que quelques rares échantillons, le vent d'ouest avait soufllé et le sable envahisseur recouvrait l'atelier. Quatrième section : Bincouze. — Cette station que nous avons découverte au mois d'octobre 1877, a pour nom le Poujo-de-la-Bincouze. Elle se trouve à 10 mèîres au sud de ce petit monticule, à un kilo- mètre de Pisse-Lièvre et à 300 mètres environ du rivage d'été. Ici, les silex sont plus gros et beaucoup plus nombreux que ceux des stations pré- cédentes, nous y avons ramassé néanmoins une vingtaine d'instruments de petite dimension très bien travaillés, plusieurs grattoirs, des nuclei, des percuteurs en quartzites de grosseur ordinaire et quelques débris de roches diverses. Groupés sur un espace de quinze ou vingt mètres de diamètre, tous les échantillons reposaient sur le sol primitif, quelques-uns étaient recouverts par place d'une couche de sable de cinq à dix centimètres. Trois cartons détachés de notre collection, comprenant les divers types des trois stations ci-dessus figuraient aussi à l'Exposition des sciences anthropologiques de 1878. Après avoir exploré l'étang de Lacanau, il nous fallait absolument voir celui d'Hourtin pour compléter nos recherches; car nous avions déjà acquis la croyance que la matière première employée par les natu- rels lacustres, pour la confection de leurs armes et de leurs outils, provenait du bord de la mer, et nous prédisions à nos collègues, sui- vant la théorie que l'on verra plus loin, que les silex d'Hourtin seraient plus gros que ceux recueillis précédemment à Lacanau. Aussi, le 14 octobre 1878, nous mettions-nous en route avec nos collègues bordelais, MM. Dulignon-Desgranges, Meynieu, Motelay et Noguey, pour aller à la découverte sur les bords du dit étang. ÉTANG d'hOURTIN L'étang le plus grandiose de tout le littoial girondin et celui oii l'on peut admirer la sauvage nature dans toute sa splendeur, est sans con- tredit l'étang d"Hourtin, qui doit son nom au village bâti à trois kilomètres de sa rive gauche. Cet étang, séparé de l'Océan par quatre kilomètres de dune, est à 13 mètres d'altitude; il a dix-sept kilomètres de long sur trois à cinq de large ; sa superficie est de o,300 hectares ; sa profondeur, très faible à l'est, atteint 13 mètres environ au pied des dunes de fouest. Une exploration de deux jours nous a permis de découvrir quatre stations en plein air sur la rive gauche; nous les avons signalées à la Société archéologique de Bordeaux (1), afin de prendre date. (1) Voir Procès-verbaux, t. V, p. 13. F. DALEAU. — STATIONS PRÉHISTORIQUES DE LA GIRONDE 811 Station n° 1, dite du Débarcadère — Quand on arrive à l'extrémité de la route départementale n° 2o, qui du village d'Hourtin conduit à l'étang ou aperçoit une longue jetée faisant suite à cette voie; c'est à environ 100 mètres au sud du centre de ce débarcadère que se Irouve la première station, à laquelle nous avons donné le nom de station n" 1, dite du Débarcadère. Nous y avons recueilli une grande quantité d'échantillons, parmi lesquels une très jolie pointe de flèche, de nom- breuses petites lames, type>i de Lachanaii, des grattoirs, des nucléi, des silex brûlés, d'autres silex roulés presque tous jaunes recouverts d'une patine vernie et enfin un assez grand nombre de quartz. Station n° 2: Lachanau. — Ce point se trouve à 150 mètres au nord du ruisseau dit Lachanau (le chenal) qui se jette dans l'étang. Ici, les silex deviennent plus nombreux, leur nature et leur grosseur changent, on ne rencontre que très peu de silex roses translucides, les lames pro- viennent de nucléi plus gros et nous ne voyons plus que quelques rares spécimens rappelant d'une façon assez vague ceux de Bincouze (Lacha- nau). En revanche, nous y a\ons recueilli plusieurs grattoirs de forme arrondie, semblables à ceux du Gurp (Littoral), une pointe de flèche à ailerons, quelques flèches que nous croyons être d'un genre nouveau et que nous avons déjà désignées (1) sous le nom de pointes en forme de trait, une pointe cristalline d'hématite rouge (fer oxydé anhydre) qui a peut-être servi pour le maquillage? un petit morceau de bronze informe et quelques pièces de monnaie du siècle dernier perdues probablement par les bergers ou les pêcheurs. Station Ji" 3 dite de Lagnière (à la Carlissc), — A 100 mètres au sud de Lachanau, et à quelques mètres à l'ouest Je la dune, se trouve la troisième station. Les silex très nombreux n'ont plus du tout le faciès de ceux de Lacanau, mais bien celui des beaux spécimens des stations littorales du Bas-Médoc (Le Guri) et La Pinasse). Nous y avons ramassé des percuteurs pugillaires en quartz et en silex, de belles lames attei- gnant O'^jlO centimètres, de très nombreux grattoirs ronds ou à peu près ronds, peut-être plus beaux que ceux du Gurp, une belle flèche de forme lancéolée et une grande quantité de pointes en forme de trait. Ici, notre prévision est complètement réalisée, les silex sont en efTet beaucoup plus gros que ceux de Lacanau, qui deviennent très rares, nous n'avons pu recueillir que deux ou trois petits instruments dits types de Lacanau. L'atelier peut avoir 00 mètres de long sur lo de large : nous y avons trouvé les percuteurs, les nucléi et les éclats en place, reposant sur le sol primitif et recouverts tantôt par une mince couche [i] Voir Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux, t. V, p. 13 (Procès- verbaox) 812 ANTHROPOLOGIE de sable argileux, couleur de rouille, tantôt par le sable de la mer. Station n" 4 ; La Carlisse. — Au sud-sud-oucst de l'atelier de La- inière et à environ un kilomètre, se trouve la station n° 4 dite de La Carlisse, où nous retombons en plein dans les silex de Lacanau, pour ne retrouver que quelques écliatitillons de la station précédente. Nous avons pu y ramasser des pointes en forme de trait, une petite flèche en silex blanc, trois ou quatre grattoirs, deux silex types de Lacanau et un assez grand nombre d'éclats et de nucléi toujours en silex de Lacanau. Nous voyons sur ce point, comme à la station n" 1, les silex placés sur le sol primitif qui a été légèrement raviné par l'action des vagues; aussi les échantillons sont-ils un peu roulés et disséminés sur un espace de 150 mètres de long sur 10 mètres de large. CONCLUSIONS Les silex que nous avons recueillis dans les huit stations des étangs d'Hourtin et de Lacanau, reposant sur l'ancien sol de la lande, étaient à notre avis parfaitement en place, surtout à Bincouze et à Lagnière; — quand nous disons en place, nous voulons dire sur les points où ils avaient été laissés par les naturels. — Il n'en est pas tout à fait ainsi de ceux des stations de La Rouille, Pisse-Lièvre; Le Débarcadère, Lacha- nau et La Carlisse, qui étaient aussi à peu près en place, à part le déplacement qu'a pu leur faire subir une eau sans courant bien que quelquefois assez agitée. Il est probable que ces divers ateliers ont été d'abord recouverts par l'eau des marais, puis par les dunes, comme va l'être celui de Pisse-Lièvre et comme l'a été celui du Poujo-des-Boucs; et enfin par l'eau des étangs. Depuis la canalisation, qui remonte à 1860 (1), le niveau des eaux a baissé de 1"\50, aussi les ateliers ne sont guère plus submergés que pendant la saison des pluies. Il n'a pas encore été question de la rive droite des étangs, bien que nous l'ayons visitée, car nous croyons que toute recherche archéologique serait inutile sur ces rivages dont le sol primitif est recouvert d'une couche de sable blanc de plusieurs mètres d'épaisseur. Comme nous le faisions remarvjuer à nos collègues lors de notre excur- sion sur le littoral de Gascogne, en mai 1■ o04. 825 ANTHROPOLOGIE Les roches étrangères, sous forme de haches polies, se sont rencon- trées assez souvent. J'en ai fait l'inventaire, sauf à le vérifier, en pre- nant la désignation de la matière, telle que l'ont donnée les possesseurs de collections ou les recueils analysés. On ne peut délaisser ce point de vue intéressant pour l'étude des migrations et de l'industrie : 1° Arrondissement d'Ai-cis-sur-Aube, une hache en jade à Méry-sur- Seine . 2" Arrondissement de Bar-sur-Aube, une hache en jade à Courcelles et une à Vauchonvilliers, une hache en serpentine à Vauchonvilliers. S'* Arrondissement de Bar-sur-Seine, une hache en jade à Bourgui- gnons, et deux à Essoyes. deux haches en serpentine à Fouchères. A° Arrondissement de Nogent-sur-Seine, une hache en jade au Plessis- Barbuise . o° Arrondissement de Troyes, deux haches en jade à Aix-en-Othe, une à BéruUes, une à Paisy-Cosdon, deux à Rigny-le-Ferron, deux à Chessy, deux à Er\T, une à Chennegy, une à CléreV; une à Estissac; une hache en chloromélanite à Aix-en-Othe et une à Villemaur, enfin une hache en serpentine à Pont-Sainte-Marie. F BEECHOO Directeur du service sanitaire de: la Gironde. SUR L'AGE DU BRONZE EN MEDOC (extrait lv pkocés-vekcal — Séance du 30 a ou t 1 879. — M. le D"" Berchon dit que le Médoc passe pour avoir peu de bronzes pré- historiques. Dans cette région la carte de M. E. Chantre est blanche, sauf deux points. Mais il est exact de dire que ces objets sont recherchés depuis bien peu de temps, et M. Berchon n'a pas eu de peine à retrouver le souve- nir d'anciennes découvertes de trésors ou de fonderies. On a trouvé ainsi des lots de 200, de 10, de 29, de Ai, et enfin de 46 haches, en général de formes variées, mais avec prédominance du type de ciseau à longs ailerons. On avait cru que ces trouvailles étaient spéciales à la côte, mais dernièrement on a recueilli 12 haches au centre des terres. M. Berchon a été assez heureux pour recueillir une centaine de ces objets ; il fait passer un choix sous les yeux de la section et signale principalement une de ces haches-ciseau à aile- rons qui est entourée d'un anneau mobile, mais qui a été primitivement ri- vée à un manche disparu. DA SILVA. — MONUMENTS MÉGALITHIQUES DE PORTUGAL 823 DISCUSSION Une discussion s'engage ensuite entre MM. Gosse, Cartailhac et Berchon sur l'histoire de la hache, sur les divers systèmes d'emmanchures et particulière- ment sur le rôle de l'anneau ou des deux anneaux qu'offrent certaines haches très communes d'ailleurs. On s'accorde à reconnaître comme rarissime, sinon unique, le spécimen présenté par M. Berchon. On possède cependant une emmanchure (en Italie) autour de laquelle est encore adhérent le ruban mé- tallique qui liait la hache au manche. M. Ludovic Alexandrin, de Stockholm, assure avoir vu un instrument pareil dans son pays. Il promet de demander des renseignements, et en effet, ayant télégraphié, il put apprendre le lendemain à la section, que la pièce suédoise avait été trouvée à Upsal et appartenait à M. Karl Hertzoë. M. J. Da SILYA CorresponJ'jnt de l'Institut de France, architecte et gentilhumiiie de la maison du roi de Portugal à Lisbonne NOTICE SUR LES MONUMENTS MEGALITHIQUES DU PORTUGAL — Séance du 3 0 août i 879. — Quand l'Association française pour l'avancement des sciences me fit l'honneur de m'inviter pour assister à son inauguration dans la ville de Bordeaux en 1872, j'ai pris part aux travaux do la section d'archéologie, et dans une des sessions, M. le docteur Prunières présenta la carte avec les dolmens du département de la Lozère, et dit qu'il remar- quait que presque tous les dolmens étaient construits tout près des ruisseaux. Dans cette même occasion, j'informai les membres de cette section que j'avais fait aussi la même remarque en Portugal, car les dolmens qui n'étaient pas construits sur le sommet des collines se trou- vaient placés, presque toujours, auprès des cours d'eau : c'est là que les peuples qui les avaient construits ont trouvé convenable de faire ces constructions ; et s'ils ont donné la préférence à ces endroits, c'était sans doute pour suivre, non seulement les cours des rivières afin de faciliter leur marche, et aussi afin de pouvoir recourir ù la pêche pour se nourrir; ils ont ensuite laissé ces monuments sur leur chemin pour marquer leur passage dans la contrée aux tribus qui les auraient suivis dans leur immigration, pour leur indiquer aussi où étaient ense- velis leurs chefs. 824 ANTHIlOPOLOGlE Dans cette même séance, j'ai promis de m'occupei- de taire aussi une carte avec les monuments mégalitiiiques qu'il y a en Pi)rtuiïal ; travail ([ue je voulais présenter au Congrès de Buda-Pest, mais il m'a été im- possible de m'y rendre, et même alors cette carte n'était pas encore achevée. Je suis heureux, de pouvoir la pré.?enter aux archéologues réunis cette année à Montpellier et j'ai pi'ié mon très honoré collègue, M. Cazalis de Fondouce, d'avoir la bonté de lire cette notice et d'oiïrir la carte qui montre les monuments mégalithiques du Portugal; ainsi que de présenter mes excuses de ne pas pouvoir me rendre à l'invitation que m'a fait l'honneur de m'adresser M. le maire de la ville de Montpellier, et de le remercier en mon nom de son amabilité, et au bureau de l'Association Française combien je suis obligé pour leur sou- venir. Malgré que ce travail ne soit ni complet ni parfait, toutefois, il fait voir où sont placés ces constructions chez nous, et quelles sont les provinces où ils se trouvent en plus grand nombre. Les archéologues sont d'accord que les constructions mégalithiques se trouvent en diverses régions; mais on les voit en plus grand nombre en Asie, en Syrie, en Arabie et dans l'Afrique septentrionale ; cependant les dolmens qui ont été le mieux examinés sont ceux de l'Europe. Dans cette [tartie du monde, les dolmens occupent une longue zone, depuis la Courlande ju.squ'en Portugal; et malgré la destruction très grande qu'on en a faite, on en trouve encore dans ce dernier pays quelques-uns plus ou moins bien coïiservés. En Portugal, il y avait anciennement un très grand nombre de ces monuments ; mais dans la province de Minho seulement on a découvert, dans ces derniers temps, trois dolmens: car, comme j'avais informé le Congrès internatio- nal d'anthropologie et d'archéologie de Bologne en 1872, on supposait que dans cette province il devait y avoir eu beaucoup de ces construclions préhistoriques, parce qu'il y a plusieurs bourgades qui conservent le nom (ÏAnt(u: c'est sous ce nom que les Portugais désignent les dol- mens. Il est bien possible que les différentes races (jui ont habité la Lusitanie les aient détruits, ou qu'elles en aient utilisé la pierre pour en faire d'autres consti-uctions à leur usage, comme malheureusement cela se pratique encore aujourd'hui dans plusieurs pays! Le dolmen le mieux conservé dans celte province c'est celui d'.lncora, connue j'ai eu l'avantage de le communiquer au Congrès d'archéologie de Buda-Pest en 1876, auquel j'ai envoyé le dessin, et j'ai eu le plaisir d'olTrir aux membres du Congrès les planches avec la vue de ce beau dolmen. Dans aucune des fouilles qui ont été laites dans les Anln^ chez nous, on n'a li'ouvé des instruments en mi'îtal ; seulement dans un dolmen de la provii ce de Douro on a trouvé une hache de bronze, et au.ssi DA SILVA. — MONUMENTS MÉGALITHIQUES DE P(jRTUGAL 825 dans un autre de la province d'Aîem-Tejo ; ce. qui fait croire que ces constructions appartiennent à l'âge néolithique, et que la race qui les a construites praticjuait l'incinération des cadavres. Pour entrer dans quelques-uns de ces dolmens, il faut passer par un étroit couloir, et il y en a très peu qui sont construits sur la terre rapportée qui doit leur servir de base, comme on l'a fait à celui d'Ancora, et à celui à'Evora de la chaîne des monts Ossa. On ne retrouve pas en Portug-al de dolmens couverts de terre comme on en voit dans les autres pays. C'est dans la province d'Estremadure portugaise que se trouve le plus considérable des dolmens du Portugal : c'est celui qui existe sur les monts de Cintra, en face du cap de la Roca, dans lequel j'ai fait des fouilles en 1870, et j'en ai donné le dessin dans mon ouvrage qui a pour titre : Souvenirs du Congrès intcrnutional d'anthropologie et d'archéolo- gie de Bologne en 1872, auquel j'ai eu l'honneur de faii-e une commu- nication sur mes investigations archéologiques faites en Portugal. Dans la même province, il y en a encore deux autres, dans la ville de Ihomar, dans la propriété de mon ami M. le vicomte de Torre da Murtha; dans un de ces dolmens on a trouvé deux crânes, des dents et des couteaux en silex blanc. Dans cette province, il n'y a (jue ces trois dolmens. .Fe puis annoncer que d.'s os humains ont été trouvés dans ceux de Thoniar. Dans la péninsule ibérique, es monuments i!e sont pas partout sem- blables; car ceux d'Espagne sont construits avec plus de soin, les pierres sont moins irrégulières, elles sont aussi de plus grande dimen- sion, et leur position se trouve plus d'aplomb. En Portugal on trouve aussi (juclques menhirs, mais ils sont très rares, peut-être ont-ils été détruits ; cependant des trois qui existent encore, un se trouve dans la province d' Além-Téjo ; un autre à Draga, et le troisième est celui que j'ai découvert à Vianna de Castello, sur le mont de Sainte-Lucie en 1877, dans la province du Minho. Les cromlechs sont encore en plus petit nombre chez nous; j'ai dé- couvert seulement les vestiges de deux dans la province du Minho, un sur le plateau du mont Suinte-Lucie, et l'autre qui n'était pas si bien conservé, sur le plateau du mont Saint-Pioch, dans la même pro- vince. Sur ma carte prchistori([ue (PI. XII), on voit que la province où il y a le plus grand nombre de ces constructions, c'est celle d'Além-Téjo, et c'est aussi dans cette province qu'on a découvert le plus de haches en pierre et de couteaux en silex, tandis que dans la province dWlgarve, située; le plus au sud du Portugal, on n'a pas trouvé de vestiges d'au- cun dolmen, malgré la citation de Stral)0n, f(ui, parlant de la péninsule 826 ANTHROPOLOGIE Ibérique, dit que sur le cap de Saint-Vincent, qu'on appelait alors Pro- montorium Sacrum, « Lapides multis in locis ternos aut quaternos im- posito. » On a trouvé à la fin de l'année 1878, dans la chaîne des monts d'Ossa, province dWlém-Tejo trois dolmens, un d'eux ayant un trou qua- drangulaire sur la pierre qui fait le fond de la chambre; il est en schiste : avec cette particularité que c'est le premier qu'on a trouvé en Portugral, et il est très intéressant à cause de cette configuration. J'ai fait présenter le dessin de ce dolmen au congrès d'anthropologie au palais du Trocadéro pendant l'Exposition universelle de Paris, en 4878 ; et même j'ai offert des planches avec la gravure de ce dolmen, aux mem- bres de ce congrès. En 1734, le prêtre Affon^o Gucrrciro, envoya à l'Académie royale des sciences de Lisbonne, un mémoire sur ces constructions préhistoriques, fixant au nombre de 31S les Antas existantes en Portugal ; mais aujour- d'hui ce nombre se trouve réduit à 138; presque tous ils ont été fouillés, et il y en a très peu de complets ! En Portugal on a trouvé seulement deux pierres branlantes, une à Vizella sur le mont Polvoreira, province du Minho, et l'autre près de Alter-de-Chaô, province d'Além-Tejo. Nous avons dans les provinces de Douro et Beira, un très grand nom- bre de tumuli, qu'on appelle dans notre pays Mamoas, parce qu'ils pré- sentent la configuration des seins des femmes. Il y a une chose fort remarquable à faire connaître, c'est que dans les endroits oij il y a de ces tumuli, qui ont servi de sépultures, on ne trouve pas de dolmens ; et dans les endroits oii ces monuments mégalithiques sont construits, on ne voit pas une seule Mamoa! Ce qui fait supposer qu'il y a eu deux époques différentes entre ces deux usages, quoique la race puisse avoir une même origine. Pour ce qui regarde les constructions cyclopéennes, dont on voit quelques vestiges en Andalousie , nous avons chez nous une seule construction de ce genre très remarquable dans la villa de Penafiel : elle s'élève à une grande hauteur et domine la ville; elle est d'un as- pect pittoresque et d'un effet grandiose ; aussi en Espagne comme chez nous, on ne trouve aucun dolmen là où il y a de ces constructions cyclopéennes ! Je me suis servi des signes adoptés par le Congrès de Buda-Pest, selon le travail présenté par notre collègue, M. E. Chantre, afin de faciliter à nos confrères étrangers la désignation de ces constructions mégalithiques qu'on trouve aussi en Portugal, et même pour rendre plus commun l'usage de ces signes dans nos études archéologiques. Je dois aussi informer les membres ici présents de l'importante dé- DA SILVA. — MONUMENTS MÉGALITHIQUES DE PORTUGAL 82 i couverte laite en 1878 chez nous, d'un dépôt de l'âge de bronze dans la province de Haute-Beira, ayant trouvé 19 haches d'un type spécial, tout à fait différent de celles déjà connues des archéologues. Ces ins- truments sont de grandes dimensions, 0'",25 avec deux anses. J'en ai en- voyé des exemplaires au palais du Trocadéro à l'Exposition universelle de Paris en 1878. Parmi ces haches, il y en avait quelques-unes de cassées, d'autres n'étaient pas encore parfaitement finies; ce qui fait supposer qu'il y a eu là une station de cette époque : c'est la première fois qu'on a trouvé de semblables haches en Portugal. Quand M. Oscar Montelius est venu à Lisbonne, cette année, je lui ai fait voir ces instruments préhistoriques, et il en a pris les dessins pour servir de comparaison avec d'autres types trouvés dans les autres pays de l'Europe. Je me fais un grand plaisir d'offrir ce modeste travail, tel qu'il est, à l'Association Française pour l'avancement des sciences, comme un faible témoignage de mes remerciements et comme un souvenir de l'honneur que j'ai eu d'assister à l'inauguration de cette utile et savante asso- ciation, QUELQUES NOMS DES ENDROITS OÙ SONT LES DOLMENS DANS LES PROVINCES DU PORTUGAL Além Tejo. — Tisnada, Barrocal, Pinheiro do campo, Amendoeirinha , Outeiro das vinlias, Cabida, Jambiijal, Pereira, Cheminé, Bein -Espéra, Pera- manca, Amendoeira, Valle de Melhorado, Parede, Sempre noiva, Pedro da Gafanhoeira, Candieiras, Mourào, Vidigueiras, Castello de Vide, Sarrinha- Gafanheira Freixo de cima, Torre de Coelheiros, Barbacena, Aguiar, Lairinha Dejèbe, Valle de Moura, Anlanhol, Ribeiro Melrico, Pombaes, Moaratao, Alco gulo, Milhar do Cabeço, Corleiros, Galhardos, Pedro Alvaro, Olheiros, Mouroes, Grou, Crato, Vendas Novas, Paiva, Euxamrara, Vendas do Duque, Monte- Branco, Panasquiera, Algeda, Melides, Niza, Arrayolos, Barrocal, Monte do Outeiro, Murteira, Esgueira, Araceli. Dans la province de la Beîra. — Guarda, Guilhafonso, Penalva, Pichorro, Matança, Carapichana, Pinhel, Sabugal, Ruivoz, Braçal, Arca, Senhorim, Mamgualde, Rodam. Province de l'Estramadure. — Cintra, Bellas, Thomar, Palmella. Province T ras -des- Montes. — Foalel, Monte Fidalgo, Carrazedo, AçafulJa. Province du Minho. — Ancora, Polvoreira, Monteda, Pedreira, Caldas de Yizella, Monte S. Roque, Fraiao. Province du Douro. — Casatello de Paiva, Valle de Rua, Feira, Penedo de Valle, Pcdras de Ruas, Cabeçacs, Borralhoso, Antanhol, etc. 828 ANTHROPOLOGIE M. E. CAETÂILÏÏÂC DirJitciir (1.1 la r.oviio '• Miitcriuiix puiii- l'hi'^tiiii-e |iriiiiitivc de l'iioiume", NOUVELLES DECOUVERTES DE L'AGE DE LA PIERRE EN ALGERIE (liXTllAlT DL: l'ROCÉS-VERElAL) -Séance d u 30 août 1879. — M. E. Cartailhac fait passer sous les yeux de la section une série de silex taillés en forme de lames, de grattoirs et de pointes retouchés sur une face que l'on no saurait distinguer d'une série provenant de nos gisements paléolithi- ques de l'âge du Renne. M. Cartailhac a reçu ces silex de M. Westeweller de Genève, qui les a trouvés près de Sétif; ils gisaient dans les débris d'un foyer à une profondeur de ai- ccntimi-tres au-dessous d'une couche à débris gallo-romains et à l'",30 au-dessous du sol. 11 y avait avec eux des ossements et des coquilles, qu'il sera très important de délcrminer. M. le F Jules CAEEET lie Cliambéry ACCROISSEMENT SURVENU DANS LA TAILLE MOYENNE DES CONSCRITS DE LA SAVOIE, MAJORITÉ DES BLONDS DANS LES INFIRMES ET LES ILLETTRÉS (extrait) — s é an ce du 3 0 août I S7S. — M. le Docteur Jules Caruet présente une communication relative à l'accrois- sement survenu dans la taille moyenne des conscrits de la Savoie depuis le commencement de ce siècle. M. Jules Carret montre que la taille moyenne des conscrits de son départe- ment s'est accru de 4 à 5 centimètres dans l'espace de soixante-quinze ans environ. Les cantons du bas des vallées et des plaines offrent un progrès plus considérable que les cantons des montagnes. Alors que s'accroît la taille, le nombre des réformés pour infirmités diminue, ainsi que le nombre des illet- trés. La taille des conscrits illettrés est inférieure d'un centimètre à la taille moyenne. U attribue l'accroissement de la stature à l'élévation du type de bien-être. M. le Docteur Jules Carret expose ensuite une méthode statistique qui peut permettre de séparer la population d'un pays quelconque en ses groupes ethniques naturels, par la combinaison de séries formées à l'aide d'éléments L. MARTINET, — LE BERRY PRÉHISTORIQUE 8^9 tels que la taille, les nuances des cheveux et des yeux, et les causes données, fournies par les opérations du recrutement. Au cours de cette communication, M. le Docteur Carret établit que les conscrits à cheveux de nuance claire donnent une proportion d'infirmes et d'illettrés sensiblement double de celle que donnent les conscrits à cheveux de nuance foncée. Les cliatains ont un rang intermédiaire. On croyait qu'en Savoie, les bruns ou Ligures avaient été refoulés dans les montagnes par les châtains ou Aryens, lesquels auraient été eux-mêmes repoussés par les blonds d'origine germanique. M. Jules Carret croit la population savoyarde bien plus complexe que ne l'indique cette théorie ; suivant lui, les blonds et les bruns sont d'espèces très diverses ; et il montre que les conscrits à cheveux de nuance claire abondent dans les cantons de grande altitude, que les bruns, contraii-ement à la théorie, sont particul'èrement nombreux aux environs de Chambéry, et sur les bords du Rhône. DISCUSSION M. HovELACQUE ne pense pas qu'on puisse attribuer à la seule amélioration du genre de vie, l'accroissement sensible de la taille en Savoie. Cet accroisse- ment est vraisemblablement dû à plusieurs motifs, parmi lesquels il faut dis- tinguer particulièrement une cause ethnique. La popuhitioa de la Savoie est très souvent métissée. Nombre d'individus ayant le crâne celtique caractérisé (très arrondi), sont en même temps de haute taille. Les uns sont bruns de cheveux, d'autres assez blonds. Le métissage s'accuse ici d'une façon évi- dente. M. Ludovic MÂETOET LE BERRY PRÉHISTORIQUE. - LÉGENDES ET SUPERSTITIONS — Séance du 30 août t8l9. — En 1878, j'ai rédigé, en vue de rcxposilion des sciences anthropolo' giques, un ti-avail sur le Bcrry préhistorique, accompagné de la carte des deux, départements de l'Indre et du Cher. Dans la première partie de ce travail, après avoir passé en revue les légendes et les supersti- tions, fort nombreuses dans nos régions du centre et qui se rapportent généralement aux monuments mégalithiques, j'examine successivement et dans leur ensemble, les dolmens, tumulus, mottes et enceintes fortifiées, mardelles, grottes et souterrains, découvertes des différents âges, etc., Dans la seconde partie, j'aborde la description détaillée des monuments, 830 ANTHROPOLOGIE par arrondissements, cantons et communes, et je termine par un tableau récapitulatif. Il ressort de ce tableau que la préhistoire du Berry est beaucoup plus riche qu'on ne l'avait supposé jusque-là. Ainsi M. Bertrand, dans son Archéologie celtique et gauloise, ne signale que vingt-six dolmens dans les deux départements de l'Indre et du Cher. Or j'avais constaté, dès cette époque, l'existence de cent vingt-cinq monuments mégalithiques, tant dol- mens que menhirs et cromlechs. J'ai relevé, en outre, trois cent trente- quatre tumulus, mottes et enceintes ; soixante-douze grottes et souterrains ; près de quatre cents mardelles, etc. Et ces chiffres, qui ne sont pas défi- nitifs, ne doivent être regardés que comme un minimum, car les indications que j'ai pu recueillir jusqu'à présent sur plusieurs points des deux dépar- lements sont nulles ou insuffisantes. Déjà, depuis la publication de mon travail, il m'a été fourni de nouveaux jL'enseignements, et les découvertes ne tarderont pas à s'augmenter avec le nombre de chercheurs. Je vous disais, il y a un instant, Messieurs, que j'ai relaté les légen- des et superstitions encore populaires dans le Berry : je vous demande- rai la permission de les passer rapidement en revue. Un de nos collè- gues, M. Daleau, a déjà présenté, au congrès du Havre, des observations sur les légendes des monuments préhistoriques. 11 y a là une source précieuse d'informations qu'il ne faut pas négliger, mais qui, chaque jour, disparaii rapidement devant les progrès de l'instruction. J'ai con- staté que les légendes sont restées plus ou moins vivaces dans cent trente-huit communes de l'Indre et du Cher ; j'ai relevé, en outre, près de cinquante fontaines sacrées dont les propriétés miraculeuses semblent remonter aux temps les plus reculés. Parmi les superstitions berrichonnes que Georges Sand a poétisées dans ses Légendes rustiques, il faut citer les Pierres-sottes, les Pierres- caillasses; les Hommes-de-pierre, les Demoiselles ou Filles-blanches, les Lavandières ou Laveuses de nuit, le Lupeux, les Flambettes, Flam- boires ou Feux-follets, la Seillerouse ou Mendiante-de-nuit, la Brayeuse- de-nuit, la Hure, animal hideux gravissant la nuit contre les murs, et a si vilain » qu'on ne peut le regarder sans mourir de peur; le Cas- seux, Coupeux ou Balteux-de-Bois, ou l'Homme-de-feu ; la Grand'bête, sorte de chienne de la grosseur d'une génisse, qui suit, sans leur faire du mal, les passants attardés. Citons encore la Bôte-blanche et la Birette, fantôme qui, la nuit, par- court les champs couvert d'un suaire; les Lubins ou Lupins; les Loups- garous ; les Meneux-de-loups ; le Moine-bourru, etc. Tous ces revenants, que l'on voit apparaître et se promener dans les « mauvaises nuits )>, sont à l'épreuve de la balle, à moins qu'on n'ait eu la précaution de la faire bénir par le curé de la paroisse. L. JLAlRTINET. — LE BERRY PRÉHISTORIQUE 831 La Breiine, surtout, de même que la Bretagne, est riche en légendes de toute sorte qui disparaissent peu à peu chaque jour. C'est le pays des Meneux-de-Loups, des Loups-garous, des Sorts. Certaines régions, entre autres, y sont l'objet des terreurs les plus superstitieuses : leurs forêts sont peuplées de Loups-garous, leurs clairières de revenants, leurs ruisseaux de Laveuses-de-nuit, leurs marais de Feux-follets. Dès la tombée de la nuit, les profondeurs mystérieuses des bois se remplissent de bruits sinistres; de lugubres fantômes se glissent le long des arbres, secoués par des forces invisibles. Malheur à celui qui s'engagerait dans ces sombres retraites : il n'en reviendrait jamais. Les villages et les chaumières d'une partie du Bas-Berry admettent toujours l'existence de géants qui, autrefois, ont habité le pays, et qui ont formé les éminences naturelles ou artilicielles si nombreuses dans cette région. Ces géants sont personnitlés par Gargantua dont la légende, toujours populaire non seulement dans la partie de l'Indre coutinant à la Creuse, mais dans tout l'ouest de la France, est bien anté- rieure au héros de Rabelais. Rabelais , selon toute probabilité , a emprunté ce mythe aux croyances de la Saintonge, du Poitou «-t du Bas-Berry, qu'il a habité pendant quelque temps. Le souvenir des fées est encore vivace dans une foule de localités du Berry ; ce sont elles qui, presque partout, ont édifié les dolmens et les menhirs qu'elles portaient, malgré leur pesanteur énorme, dans leurs tabliers de gaze. On les connaît généralement sous le nom de Fades. Fadées, Martes, Marses; dans quelques régions pourtant, on les nomme Dames, Demoiselles, comme dans le 31idi. On les voit errer la nuit et accomplir leurs rites mystérieux dans chaque grotte, sur chaque rocher, autour des nombreux dolmens et menhirs semés dans la contrée qui avoisine les bords pittoresques et sauvages de la Creuse, de la Bou- zanne, de l'Anglin et du Portefeuille. Les Martes sont de grandes fenmies hideuses, maigres, à peine vêtues, aux cheveux longs, noirs et raides, aux mamelles flasques et pendantes. Du haut de la table d'un dolmen ou du faîte d'un menhir, elles appel- lent parfois, à la tombée de la nuit, les bergers et les laboureurs, et si ceux-ci ne se hâtent pas de répondre à leurs avances, elles les poursui- vent on rejetant leurs seins par-dessus leurs épaules. Malheur à celui qui ne fuit pas assez précipitamment et qu'elles contraignent à subir leurs baisers impudiques ! Leurs maris, frères ou amants sont aussi nommés Martes ou Marses : ce sont des géants d'une force surhumaine et prodigieuse qui ont dressé les pierres des dolmens et des menhirs. Les Fades sont bien plus douces et bien moins turbulentes que les Martes ; elles consacraient généralement leur temps aux troupeaux. Ce sont elles qui sont chargées de veiller sur les nombreux trésors enfouis }^32 ANTHROPOLOGIE dans de merveilleux souterrains, dont l'entrée est fermée par les énor- mes pierres des menhirs et des dolmens. Pourtant leur pouvoir expire chaque année, le dimanche des Rameaux : ce jour-là, au moment où la procession va rentrer à l'église, le monolithe se soulève et laisse libre l'entrée du caveau. Il faut alors se hâter d'y pénétrer, si l'on en a le courage, et remplir rapidement ses poches d'or et. de pierres précieuses, car à peine le prêtre a-l-il frappé les trois coups sacramentels de VAUol- lite portas, la pierre retombe brusquement et referme le souterrain jusqu'à l'année suivante. Combien de malheureux, jadis, ont été ainsi ensevelis vivants, victimes de leur cupidité et de leur impiété ! Dans beaucoup de localités, les fées ont été sanctifiées : presque par- tout la Sainte-Vierge leur a été substituée. On les a alors appelées Dames, Bonnes-Dames, sans doute par euphémisme ; car les fées, bien qu'elles ne soient pas généralement méchantes, sont toujours redoutées, et l'homme invoque surtout ce qu'il redoute. Chacune de ces dames consti- tue une divinité parliculière ; chacune a ses attributions, ses propriétés miraculeuses parfaitement distinctes de celles des autres bonnes-dames; l'une ne saurait être efiicacement invoquée pour l'autre. Et ces distinc- tions superstitieuses ne sont pas près de disparaître dans nos régions, car c'est sur la dévotion aux Bonnes-Dames qu'est à peu près basée toute la religion populaire. Il n'y a pas que les fées qui aient été sanctilîées et changées en vierges ; nous trouvons la même transformation pour une foule de saints miraculeux. Sur plusieurs points du Berry, le culte du phallus a été christianisé : saint Greluchon, saint Ludre, saint Genitour, saint Phallier, ainsi que le prouvent leurs noms caractéristiques, ont la pro- priété de rendre fécondes les femmes stériles, et de fortilier les hommes épuisés. D'ordinaire on implore leur intercession eu prenant en infusion quelques raclures de la statue ; mais parfois la raclure, pour être efii- cace, doit être prise sur une partie spéciale. Les pèlerinages en l'hon- neur des saints phalliques étaient autrefois fort nombreux en Berry, et plusieurs sont encore très connus. Les pratiques superstitieuses relatives au culte du Soleil subsistent, quoique profondément modifiées, dans beaucoup de localités de notre Province. La fête du Soleil y était célébrée tantôt aux approches des équinoxes, tantôt à l'époque des solstices, et de pieux pèlerinages vien- nent chaque année perpétuer les croyances naturalistes de nos aïeux. La dévotion à sainte Solange, patronne du Berry, n'est autre chose qu'une transformation du culte solaiiv. Solange parait être la personnification féminine du Soleil. Sa fête tombe le 10 mai, mois jadis consacré à Apol- lon, et les pèlerins s'y transportent en foule portant tous un bouquet (bou- quet de Sainte-Solange), fait de laurier, de rubans et d'innombrables L. MARTINET. — LE BERHY PRÉHISTORIQUE 833 petits miroirs et boules métalliques. Il est inutile d'ajouter que le 24 juin, époque où le soleil est dans toute sa puissance, on célèbre dans le Berry, comme partout ailleurs, la Saint-Jean qui n'est autre chose qu'une fête solaire. D'autres saints chrétiens, aujourd'hui encore en grande vénération, semblent avoir une origine des plus reculées ; leur culte s'est perpétué d'Age en âge, en subissant des transformations religieuses successives. Les saints sont alors devenus la personnification, la matérialisation du mal que les agents naturels étaient impuissants à soulager. Saint Firmin guérit la fièvre et raffermit les forces des malades ; saint Langouret rend la vigueur aux enfants en langueur ; saint Marin guérit les « re- chignoux », les enfants malados, maussades, criards ; saint Genou gué- rit la goutte, les hydarthroses, les maladies articulaires; saint Orban guérit les orbillons ou maladie des paupières ; saint Clair guérit la cécité et est souverain contre tous les maux d'yeux ; saint Loup guérit de la peur ; saint Fiacre est invoqué contre les lies ou hémorrhoïdes et contre « le flux de sang » ; le « précieux sang », conservé dans l'église de Neuvy-Saint-Sépulcre, arrête le saignement de nez et la dysenterie ; à Orsan, « Monsii'ur Saint-Cœur » guérissait toutes les maladies de cœur; sainte Anne est invoquée pour les nourrices qui n'ont pas de lait ; saint Sylvain, qui paraît être la personnification moderne de Taranis, guérit une foule de maladies et surtout le mal de tête ; etc. (Ij. La manière d'implorer l'intercession de ces guérisseurs est presque partout la même : le jour de la fête du saint, on va en procession so- lennelle au sanctuaire qui lui est spécialement dédié et là, le prêtre, moyennant finances, récite des évangiles dont les vertus miraculeuses ne sauraient un seul instant être mises en doute. Mais les saints à mira- cles ne sont pas seulement invoqués en faveur des hommes, ils le sont encore, et tout aussi utilement, on faveur des animaux. On intercède saint Antoine pour la conservation du bétail ; saint Hubert ramène au bercail les bestiaux égarés, guérit de la rage et éloigne les bêtes mal- faisantes: les « marchands de saint Hubert » promènent dans les cam- pagnes l'image du saint, à laquelle ils font toucher dos bagues et des chapelets qui acquièrent ainsi des vertus préservatrices. Dans la com- (I) Aucun de fcs guerissciirii poiuiliiires du Beny nosl mentiouuc sur la curieuse cl insirut-tive -c Kometiclalure des Palron/trje.s » publiée dans le Cnlalocjuc des Stalucs de M. Léon Moijnél (Bar- sur-Aube, Lcbois et Morel, 1878, p. 68 à lo). On trouve dans cet opuscule les choses les pUis naïves et les plus bouironnes : saint Hippolyte est invoque con're les faiblesses inor.iles : saint Thaddée pour les airaires désespérées; sainte; Félicité pour avoir des enfants mâles: sainte Wivine contre l'enflure de gorge ; saint Malhias, « patron des charpentiers, taillandiers, buveurs et go- dailleurs repentants j>, est invoqué contre la petite vérole; sainte Gertrude, pour les chats et les voyages, contre les rats et la fièvre; sainte Tharaïde, pour la confection et la conservation du beurre ;' etc. Jusqu'au bon roi saint Louis, « patron des harbieiS, coiffeurs, boutonniers, bro- deurs, distillateurs, merciers, lapidairos, ouvriers en bâtiment. Académies française, des sciences de médecine, etc. «, qui est invoque contre l'acidification de la bière. 53 834 ANTHROPOLOGIE mune de Saint-Plantaire, le jour de la Saint-Jean, on célèbre, pour la conservation du bétail, une grande messe durant laquelle les fidèles lan- cent sur l'autel des toisons de laine en guise d'offrande. A Prissac, le 17 janvier, à l'issue de la messe solennelle, à laquelle on accourt de fort loin, on fait dire des évangiles pour la conservation des cochons. A la plupart de ces pèlerinages populaires sont annexées des fontaines dont les vertus miraculeuses semblent avoir existé bien antérieurement à l'introduction du christianisme. Beaucoup se bornent à guérir la fièvre et d'autres maladies ; un certain nombre ont la spécialité de féconder les femmes stériles. Je me bornerai à en citer une seule qui, comme spécifique, doit être à peu près unique en France. Dans la commune d'Argent, on va prier au bord de la fontaine de saint Mauvais pour demander la mort de son ennemi, de son rival, d'un parent à succes- sion, d'une belle-mère, etc. Non loin de là est la chapelle de saint Bon, qui remédie au mal causé par saint Mauvais. M. le D' ESPA&IE A Montpellier. L'ANCIENNE MANIERE DE COMPTER PAR NUITS DES SEMITES ET DES ARYENS RAPPELÉE PAR LA PHILOLOGIE. — Séance du 3 0 août 1879. — Dans l'ancien français littéraire l'expression anuit, anniet, égalant aujourd'hui était courante. Elle en a disparu aujourd'hui mais elle s'est maintenue avec une vitalité qui ne semble pas près de s'éteindre dans divers dialectes de langue d'oc, principalement au nord et à l'ouest de la région où est encore parlée cette langue, et dans les dialectes de langue d'oil. On dit anci, anit, anuech, anuey, aiièt et... en Gascogne, en Limou- sin et en Velay, aneu en Auvergne, anieUj anieuet en Normandie. D'autres mots signifiant aujourd'hui existent dans les mêmes pro- vinces. Huy, hoi, enhuy, etc. (vieux français), hei, ne/, èoi, obéi, aoulij (langue d'oc). La première forme a aussi le sens nocturne et vespéral : ce soir, celte soirée, celle nuit . . . On dit aussi ennuity ennuit (langue d'oil), aint^ anioch, anueg dans le même sens. A. FOREL. — STATISTIQUE ANTHROPOLOGIQUE EN SUISSE 835 Les mots commençant par a an viennent de ad nectem ; les autres de hodie ou m hodie. Reste à expliquer comment ad nectem devenu anuit a pu signifier aujourd'hui. La difficulté avait été tournée, en 1791, avec plus d'esprit que d'exac- titude par un des correspondants de l'abbé Grégoire dans la réponse aux questionnaires sur les patois de la France que cet homme célèbre avait rédigée (1). Pour ce correspondant anit, anet vient de ce privatif et de nux (nuit) ; il faut laisser de côté cette étymologie renouvelée du grec. La difficulté serait insoluble si on ne rappelait les traditions hébraïques Dans le premier chapitre de la Genèse {f. S, 8, 13, 19, 23, 31) les six premiers jours sont indiqués comme fermés, du soir d'abord, du matin ensuite, la fin du premier jour ayant été marquée par l'apparition de la lumière sur les ténèbres. Primitive, cette tradition s'est répandue des Sémites et des Aryens chez un grand nombre de peuples et le stade de vingt-quatre lieures a été insensiblement désigné par celui de la période nocturne qui en a été le premier commencement. De là, les coutumes des Kimris, des Germains et des Gaulois de compter par nuit et non par jour, l'usage mentionné dans la loi salique, et qui s'est maintenu jusqu'à une époque relativement récente, de donner de la même manière les assignations judiciaires; l'anglais fortnight pour fourteennights (notre quinzaine). Ainsi l'histoire apporte de vives lumières pour l'interprétation d'un terme que l'étymologie seule ne pouvait pas expliquer. M. A. EOEEL Professeur à l'Université de Lausanne. STATISTIQUE ANTHROPOLOGIQUE EN SUISSE (EXTRAIT DU procès-verbal) — Séance du I" sep tembre 1 ST 9 . — M. le professeur F. -A. Forel iait un résumé des travaux de la commis- sion de Statistique anthropologique de la Société helvétique des Sciences na- turelles; ceite commission vient d'achever une statistique de la pigmentation m Les lettres à Grégoire ont ete publiées par M. Gazier, professeur au lycée Saint-Louis dans Ja Revue des Langues romanes. 836 ANTHROPOLOGIE humaine dans la population scolaire des 'lit cantons suisses, en étudiant la couleur de la peau, des cheveux, et des yeux chez les entants de 7 à 16 ans. L'expérience a montré les bons résultats que l'on peut obtenir par cette mé- thode, les notions précieuses qu'y peut puiser l'Anthropologie, et la pratique de la méthode a réfuté fort heureusement les objections classiques qui avaient été présentées. Ce travail d'ensemble est terminé en Allemagne et en Suisse; il est bien avancé en Autriche et dans d'autres États du nord et de l'est de l'Europe. M. Forel émet le vœu que la France, qui a fait déjà des travaux prépara- toires considérables et excellents dans cet ordre d'idées, se décide à faire aussi cet état d'ensemble dans la génératité de la population scolaire. M. Forel soumet à la section la circulaire qui avait été envoyée aux insti- tuteurs, et s'attache à montrer que l'étendue des erreurs possibles commises dans les réponses ne peut influencer la valeur des moyennes générales. DISCUSSION M. HovELACQUE fait observer qu'on a fait eu France, mais sans aboutir, des démarches de ce genre; à l'avenir nous profiterons de l'expérience acquise à l'étranger. Il insiste sur la nécessité de ne pas tenir compte des divisions administratives. M. Carret combat la méthode employée en Suisse. 11 trouve en particulier qu'il y a trop de questions dans un seul tableau. M. Forel montre par les questionnaires répandus que les instituteurs ont parfaitement compris ce qu'on leur demandait. y. le D"" Dally voudrait que la section émît le vœu de voir un pareil tm- vail de statistique entrepris dans les écoles françaises. M. BOTICÏÏEEIE Proftj^scur à la Faculté des lettres de MontjHjlUer. DIMINUTIPS ET AUGiVENTATiFS ^-- Séance du i septembre I S7 9 . — On est généralement porté à traduire les diminutifs latins et grecs par le nom français correspondant précédé de l'adjectif petit : a.sellus, un petit âne; agellus, un petit champ; auricula: une petite oreille. Sans doute c'est là le sens que ces mots avaient à l'origine, de même que les augmentatifs ont exprimé et expriment encore l'idée symétri- quement contraire de grandeur et de grandeur démesurée. Créés les uus et les autres, comme on le reconnaît à première vue, par les mères pour les besoins du langage enfantin, ils ont eu des destinées BOUCHERIE. — DIMINUTIFS ET AUGMENTATIFS 88" quelque peu différentes et ne se sont pas multipliés dans la môme pro- portion. L'augmentatif, désignant des objets ou des êtres à dimensions anor- males ou qu'on veut représenter comme tels à l'enfant, afin de l'en éloigner en lui faisant sentir par comparaison sa propre petitesse, éveille en lui des idées de défiance, de crainte, et le sentiment de ce qui est laid. De là la nuance péjorative qui s'y rattache. L'augmentatif a été pour ainsi dire victime de cette signification accessoire. Car de même qu'on éloigne de l'enfant les objets ou les êtres dont le désagréable souvenir pourrait obséder son imagination, de même on n'emploie que par exception les augmentatifs à sens péjoratif qui les désignent, soit pour le mettre en garde contre certains contacts, soit pour surexciter sa curiosité par l'aiguillon de la peur. On conçoit dès lors qu'on s'en soit tenu de bonne heure au nécessaire en fait d'aug- mentatifs, et que la langue du foyer domestique ait réservé toutes ses faveurs pour les diminutifs, pour ces uzoy.op'.cTiy.à, c(!S formes gracieuses et coquettes qui naissent d'(.'lles-mêmes sur les lèvres de la mère par- lant à son nourrisson et de la jeune fille qui fait la maman avec son petit frère ou avec sa poupée. L'intonation caressante qui les accom- pagne les a fait prendre en bonne part. Ils ont formé ainsi un grand nombre de doublets dont l'usage a atténué la signification primitive, et dans lesquels il a fini par ne plus voir que des synonymes des formes-mères, avec une nuance de familiarité en plus, tandis que les augmentatifs, tenus plus à l'écart à cause de leur mine rébarbative, vrais croque mitaines de la philologie, ne faisant apparition que dans les cas d'absolue nécessité, ont eu le bénéfice de leur isolement relatif et ont mieux conservé leur valeur première. L'habitude de se servir des diminutifs, dès le bas âge, à la place du simple, s'est maintenue pendant le reste de la vie, et il en est résulté que cette technologie de l'enfance a fourni i\ la langue familière d'a- bord, et plus tard aux langues populaires qui en sont issues, toute une catégorie de doublets qui bien souvent ont supplanté la forme pri- mitive. Si cette explication, — très simple, comme on le voit, — avait été présentée avec une netteté suffisante, on n'aurait pas eu à lutter, comme dans le passage suivant de .luvénal, avec des difficultés d'autant plus inextricables qu'elles étaient purement imaginaires. . . . Sed olini Prodigio par est in nobilitate senectus; Unde fit, ut nialini fraterculus esse gigantum. (JUVÉNAL, IV, p. OS.) 838 ANTHROPOLOGIE Ce passage a fort embarrassé les commentateurs. Quelques modernes sont allés jusqu'à se demander si ce fraterculus ne serait pas un an- cêtre du Petit Poucet et si Juvénal n'avait pas fait allusion à une légende de cette nature. Les moins aventureux se sont contentés d'avouer qu'ils ne devinaient pas pourquoi le poète accolait cette idée de petitesse à la désignation d'un frère des géants: « sed cur hic legi- tur fraterculus, non frater? » dit l'un d'eux, le savant Lemaire. Il ajoute ce qui, du reste, ne fait pas de difficulté, qu'ici le gigantes des Latins, comme le yYjyevcïç des Grecs, désigne des hommes de basse extraction. Or, en s'en tenant à l'explication que j'ai donnée plus haut de l'emploi et de la valeur des diminutifs en grec et en latin, qui ne voit que tout embarras disparaît et qu'il faut expliquer exactement comme s'il y avait frater, en se gardant bien d'exprimer en français l'idée de petitesse que nous nous obstinons à imposer aux diminutifs. C'est en vertu de la même observation que nous reconnaîtrons la légitimité du diminutif catulis, employé par Horace pour canibus, dans sa première ode, en dehors de toute nécessité de versification. Ici, comme dans le passage cité de Juvénal, et comme partout ailleurs le diminutif implique simplement une idée de familiarité caressante. C'est ainsi que le même Horace, écrivant à Celsus Albinovanus (Ép. I. 89, v. 16), s'est servi de auriculis au lieu de auribus : Prœceptum auriculis hoc instillare mémento. J'ai déjà eu occasion d'observer dans mon édition des 'Ep(xiriV£Û[j(.aTa de J. Bollux (p. 273), que c'est à cette prédominance du diminutif dans le langage familier, et par suite dans la langue populaire, que les lan- gues néohelléniques et les langues néolatines doivent la présence d'un si grand nombre de mots à forme diminutive, tels que sont en français couteau, mulet, poisson, et tant d'autres, au lieu de coulre, mul, pois, équivalents exacts des formes simples culter, mulus, piscis. HOVELACQUE. — PRÉSENTATION DE CARTES LINGUISTIQUES 839 M. P. SOLEILLET ETHNOGRAPHIE DE QUELQUES PEUPLADES DE L'AFRIQUE (extrait du procès-verbal.) — Séance du i'"' septembre i879. — M. SoLEiLLET a bien voulu donner quelques renseignements ethnographiques sur les pays qu'il a visités récemment en se dirigeant du Sénégal vers Tom- bouctou. Il a parlé en particulier d'un anneau en pierre que certains indi- vidus du Soudan portent au haut du bras, et qui aurait l'avantage d'augmenter la force et la précision des coups d epée. Après la séance, M. Soleillet a eu l'obligeance de montrer sa riche collec- tion et d'expliquer minutieusement l'intérêt de tous ces objets parmi lesquels on remarque une belle série des bijoux de Segou. Ces précieuses séries se trouvaient dans un local voisin oui la Société languedocienne de géographie avait installé une exposition importante. M. E. CAUTAILHÂC Directeur de la Revue des Matériaux pour l'histoire primitive de l'homme. LE PREMIER AGE DU FER DANS LE TARN — Séance du 3 lep tein br e 1879. — M. ÏÏOYELACQÏÏE Professeur « l'Écoli; d'antliropologie. PRÉSENTATION DE CARTES LINGUISTIQUES (EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL). — Séance du 3 .septembre 1879. — M. HovELACQUE communiquc deux cartes linguistiques : l'une dé la frontière septentrionale du Catalan, l'autre des différentes langues parlées en France. 840 ANTHROPOLOGIE M. le D-- ÂLBESPY (1p Rodez. DESSINS BIZARRES FABRIQUÉS PAR LES BERGERS DE L'AVEY RON SUR LES ARBRES A ÉCORCE LISSE ^KX'l'l! U r ru l'RnCF.S-VERBAL) — Sêaiici' (lu :l se i, l c m h rr IH79. — Pendant le Congrès de Paris, M. le docteur Ai.bespy avait, au cours d'une discussion, établi un parallèle entre les dessins gravés sur les rochers du lac des Merveilles ei ceux que tracent sur les arbres les bergers Rouergals. A l'appui de ce rapprochement, M. Albespy apporte aujourd'hui une copie de bon nombre de ces derniers. Il n'a pas fait un choix, il a copié toute l'ornemen- lalion d'un groupe d'arbres de deux endroits du département. Ces dessins, dans lesquels dominent les lettres, les chiffres, les croix, ne paraissent pas répondre exactement à la thèse que l'auteur avait d'abord pré- sentée. M. aeorges EEYOIL RENSEIGNEMENTS ETHNOGRAPHIQUES SUR LES ÇOMALlS MEDJOURTINES (pointe nord-est de L'AFRIQUE ORIENTALE) [aromatica regio des anciens] (1). — .S c a n ce d u S septembre •/ S 7 .9 . — La côte de la MedjourLine coiimionce au petit port de Bender Ziyâda (golfe d'Aden) et va linir au Ras el Quel, dans l'Océan Indien, qui la sépare de la tribu des Hawea. Les tribus des Warsanguélis, Ougadins, Dolbohantes, circonscrivent la province de l'est et au sud, encadrant ainsi une étendue de 1,'200 lieues carrées. Les Çomalis divisent la Medjourtine en trois parties. Le littoral, où sont toutes les villes ou Bender, et les deux provinces ou groupes de villes ayant l'un Mieh, l'autre Karkar pour centre et chef-lieu, et qui forment la région intérieure que les nomades sillonnent de camps vo- lants. (1) Voilages ait Patjs des Aroinales, par Georgi^s Revoil, vol. iii-18, orné clo 20 gravures et trois cartes. Dl-iiIu, ôililour, Paris, galerie d'Oileans, 15. G. REVOIL, — LES ÇOMALIS MEDJOURTINES 841 Je n'ai pas su que Mieli fût un cantonnement aussi important que Rarkar. Au dire des naturels Karkar est située aux pieds d'une superbe et haute colline qui porte ce nom, couverte d'une riche végétation, et sur les versants de laquelle les Bédouins se retirent avec leurs troupeaux pendant la saison des pluies. Les ports principaux de la Medjourtine sont dans le golfe d'Aden : Bender Gâsem (Bossassa), Bender Rhor (Bottiala), Bender Merâya, Al- loûla. Il n'y en a qu'ua dans l'Océan Indien, c'est Haffoùn. Ces ports sont les grands marchés où Arabes et Banians viennent aux environs du Rhamadan acheter les produits du pays. Les autres petits ports intermédiaires du littoral se rattachent, sui- vant leur plus ou moins de rapprochement, à l'un de ces grands mar- chés. Un gouverneur ou cndi, deux conseillers et un juge religieux^ admi- nistrent ces villes , dont le nombre d'habitants ne dépasse pas un maximum de 12 à l,oOO. Ces fonctionnaires dépendent du sultan, sou- verain absolu. Nous verrons d'ailleurs plus loin quel système gouvernemental régit le pays entier. Le pays est couvert de hautes montagnes, qui courent est-sud-est et ouest-nord-ouest, et varient de 500 à 2,000 mètres d'altitude. Générale- ment formées d'assises marmoréennes, elles sont couvertes d'arbustes produisant les gommes et l'encens. Ces arbustes poussent sans culture aucune, et croissent à toutes les altitudes ; il est même parfois difficile, tant ils sortent étrangement à travers les rochers, de voir oîi ils prennent racine. Ceux qui couvrent les sommets de Ras-Chénareff ne sont pas situés à moins de 1,200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le littoral est sillonné par des ravins qui viennent se jeter à la mer, mais dont le lit reste desséché la plus grande partie de l'année ; en dehors de ces ravins, on ne rencontre sur toute la cote Medjourtine que cinq petits cours d'eau tout à fait insignifiants; ils sont situés, l'un à Bender Ziyâda, l'autre à mi-chemin de Bender Ziyâda et de Bender Gâseni (Bet Noûr) ; les autres à Bender Khor, à Alloùla, à Tohen. On trouve généralement à chaque embouchure du lit des ravins une grande flaque d'eau salée, provenant des infiltrations de la mer. D'autre part, le flux et le reflux se fait sentir jusqu'à 4 et 5 milles en amont, dans les cinq cours d'eau dont nous venons de parler, de telle sorte que l'eau est saumâtre jusqu'à cette distance. Un grand fleuve cependant arrose la Medjourtine, c'est le Nogal qui a son embouchure précisément à Ras el Quel. J'ai dans ma carte du pays Medjourtine marqué par un trait bleu le 842 ANTHROPOLOGIE tracé de l'ancien littoral de la mer. Le sol jonché de coraux et de puddings de coquillages (1) indique clairement que le rivage occupait autrefois ces positions. J'ai cru un moment, à l'époque où je fis mes courses dans le Gebel Aïsema, retrouver une trace semblable. J'avais été entraîné à cette supposition par la découverte de filons de sel gemme et de quelques turitelles et autres coquilles. Mais en rendant compte plus tard au monde savant de cette observation, j'ai acquis la certitude, à la suite d'observations qui m'ont été présentées, que ces gisements devaient être rangés dans la classe géologique des sou- lèvements . Il y a dans les montagnes des Medjourtine du fer et du plomb. Il y a aussi du mercure. J'ai vu des spécimens de ce dernier métal chez Ismaël Fangassa, un Indien trafiquant, établi à Bender Gâsem. Les Bédouins l'appellent hiolag, eau d'argent. A leur dire le cinabre exis- terait en assez grande quantité, et le mercure liquide proviendrait des suintements du métal retenu dans les godets naturels formés par les rochers (2). Le sol Medjourtine ne produit aucune céréale. Le nom d'aromatica regio que les Anciens lui avaient donné était des mieux appropriés, car il n'y pousse pas un brin d'herbe qui ne possède un parfum quelcon- que. Toutefois les olibanums et acacias sont les deux seuls arbres dont on s'occupe pour la récolte des encens et des gommes. Vers les premiers jours de mars les Bédouins visitent tous les arbres et font à chacun au moyen d'un couperet une profonde incision. Dans les derniers jours de mai en général, les gommes et résines ont pris leur plus fort degré de volume et de consistance. A ce moment la mon- tagne se couvre de femmes et d'enfants qui récoltent la belle gomme dans les paniers, laissant de côté la qualité inférieure ramassée au pied des arbres. C'est un de mes regrets de n'avoir pu consacrer mes loisirs à l'étude approfondie de la faune et de la flore. Le but de mon voyage était tout autre que celui d'une expédition scientifique, et j'ai dû surtout m' attacher aux observations commerciales qui le motivaient. Il me serait donc difficile de donner les noms génériques des espèces d'oiseaux ou d'animaux que j'ai rencontrés. (1) Conus striatus, Conus verulesus, Strombus floridus, Strombus troglodite, Oliva suflBata, Tro- chusvirgulo, Taritella Lamachii, Cyprea moneta, etc. (2) Je profite de cette occasion pour rectifier quetques comptes rendus de mes conférences publiées par les journaux ou dans les annales des sociétés scientifiques. C'est à tort que l'on m'y fait citer le mercure comme élément commercial du pays Çomali, Je n'ai jamais dit autre chose que ce que l'on vient de lire. G. REVOIL. — LES ÇOMALIS MEDJOURTINES 843 En dehors des animaux domestiques, bœufs, chèvres, moutons, cha- meaux, je me bornerai à signaler une quantité incroyable de singes de belle taille (1) qui vivent dans les montagnes de Mérâya. Je puis sans exagération estimer à o et 600 le nombre de 'ces animaux que j'ai vus ensemble un même jour. En outre, gazelles, chacals, hyènes, etc., pul- lulent dans le pays. Je citerai aussi une sorte de rat très court de corps et portant sur le nez une longue excroissance terminée comme un grouin de cochon (2). On a ri du « rat à trompe »; mais celui-là ne pourrait être vraiment mieux désigné; des voyageurs ont, paraît-il, également rencontré des rats de cette espèce dans leurs voyages sur d'autres points de l'Afrique. Les Çomalis ont leur histoire. D'après leurs traditions, ils descendent de Jabarti ben Ismaïl, noble famille d'Ashem (3), lequel allant se battre contre des révoltés de son pays, fut par les vents contraires jeté sur les côtes d'Afrique. Recueilli et abrité par un pêcheur de celte tribu, il ne tarda pas, sur ses instances mêmes, à épouser la fille de ce dernier. Peu de temps après ses descendants expulsaient les habitants primitifs de ces parages et devenaient seuls maîtres du sol. Jabarti a laissé un autre nom à la Medjourtine que les naturels em- ploient parfois ; c'est celui de Daroud. Il existe encore à la Mecque quelques maisons que les Çomalis qui vont en pèlerinage au tombeau du prophète affectent de montrer comme leur propriété, prétendant qu'elles ont été bûties par leurs aïeux. Ils rappellent avec orgueil qu'autrefois ils étaient Gallas (4), et semblent avouer volon- tiers leur origine arabe. Ils connaissent très bien la généalogie des différentes familles des sultans qui ont régné jusqu'à ce jour sur leur pays. Rien ne se rapproche plus de notre ancien système féodal que la cons- titution politique, si je puis m'exprimer ainsi, qui régit le pays Çomali. C'est une des observations qui m'ont le plus frappé. J'ai également retrouvé dans les institutions de ce pays, non sans quel- que étonnement, des dispositions absolument semblables à nos lois de vendémiaire an IV qui rendent les communes responsables des délits in- dividuels. Actuellement, un jeune sultan en tutelle jusqu'à sa majorité gouverne le pays. Il est entouré d'un conseil dont tous les membres sont de sa famille. (1) Cynocephalus Hamadryas. (2) Macrocellydes Kozetti eu Rhyncochion. (31 Ville d'Arabie. {',] Lei Gallas habitent du versant sud de TAbyssiaie jusqu'au haut du Djoub. C'est, d'après les quelque» types qu'on en connaît, la plus belle race africaine, mais aussi la plus redoutable. Perionne usqu'ici q "a osé trop se risquer dans leur pays, pas plus que dans l'iaterieur du pays des Çomali». 844 ANTHROPOLOGIE A sa voix obéissent tous ses sujets, mais il n'impose pas sa volonté. Elle se commente dans des assemblées générales oii chacun est libre de prendre la parole, d'émettre son avis. On l'écoute religieusement et l'on délibère ensuite. De ce sultan suzerain relèvent les alcadis ou gouver- neurs des villes. Eux-mêmes, je l'ai dit, ont deux conseillers ou adjoints et un juge religieux, comme assesseurs. Ce petit aréopage discute préala- blement les affaires de la municipalité avant de les porter à la décision du conseil des ministres, qu'on me passe ces termes peut-être un peu ambitieux, bien que nous soyons chez des sauvages, il n'y en a pas d'au- tres pour désigner ces diverses autorités qui détiennent et exercent le pouvoir. La race Çomali se divise en deux castes; la classe riche, composée de Çomalis négociant et trafiquant sur les ports de la côte. La classe pauvre, dont les membres s'appellent génériquement du nom de Bédouin et vi- vent dans les montagnes avec leurs troupeaux : les Bédouins sont en quelque sorte les serfs de la classe riche ; ce sont eux qui récoltent les gommes et autres produits venant des propriétés qui lui appartiennent. Je dis propriété, car la propriété existe dans la Medjourtine; elle est parfaitement délimitée pour chacun et frappée de contributions dues au sultan. Les peines les plus sévères frapperaient ceux qui seraient pris en flagrant délit de maraude dans les récoltes d'autrui. J'ai décrit chacune des villes que j'ai visitées. Toutes se ressemblent. Ce sont des amas de huttes en chaume ou en peaux, autour de fortins ou citadelles en pisé, bâties tout à fait sur le modèle de nos fortihcations primitives. Ces huttes manquent absolument de solidité, exposées qu'elles sont à être détrempées par les pluies torrentielles, et à se lézarder ensuite sous l'action de la chaleur qui succède presque toujours immé- diatement à ces sortes de déluges. La hutte du Çomali est munie de tous les accessoires de défense dont nos guerriers se servaient jadis à l'époque où la lance et les flèches étaient nos seules armes de combat. En dehors de ces constructions on ne rencontre, dans les villes de la Medjourtine, que de grands hangars où on enferme les gommes pour les abriter après la récolte. Tout le reste des habitations du village est en bois ou paille ; aucun alignement n'est observé pour les rues. Bender- Khor est bien la ville la plus curieuse sous ce rapport. Les armes du Çomali sont les lances (tvarmo), le bouclier (gachor)^ le sabre {belaoui), la massue (madag), l'arc et les flèches (gahoïo) et la fronde. Suivant son armement il prend sa place dans telle compagnie au moment du combat. G. REVOIL. — LES ÇOMALIS MEDJOURTINES L'ordre de combat est le suivant : les lanciers forment le pi-eaiier raiii^, les archers le second. Quant aux frondeurs, ils sont dispersés en tirailleurs sur les flancs, avec les quelques guerriers, assez rares, armés de fusils. Ainsi rangées, les deux armées ennemies marchent l'une sur l'autre : elles essuient d'abord le feu et les pierres des frondeurs, puis, arrivées à portée, les guerriers se battent au moyen de leurs lances qui sont de deux espèces. Les unes, assez courtes, s'envoient comme des javelots : ce sont les premières employées ; les autres, beaucoup plus longues, sont gardées en mains et les guerriers les réservent pour se battre de près ; tout en faisant usage de leurs armes, les combattants continuent tou- jours leur marche en avant, se servant, pour la riposte, des javelots qui leur sont lancés du camp opposé et qu'ils ramassent au fur et à mesure : puis, lorsqu'ils se trouvent à quelques mètres les uns des autres, ils se précipitent et se prennent corps à corps; c'est alors que le bélaoui fait son office^ ainsi que la massue. Il n'y a pas de (juarLier pour un en- nemi à terre, et chacune des armées emporte ses morts du champ de bataille. En ce qui concerne les impôts, le Çomali propriétaire est le seul qui paye une redevance au sultan. Les provisions, les dépenses comme aussi les impôts de guerre sont soldés par le aschour prélevé sur le traliijuant étranger. Le type Medjourtine est, à coup sûr, le type le plus pur de la race Çomali. Cette tribu peut, en effet, être considérée comme la souche de toutes les autres. Le Çomali pur sang, si je puis me servir de cette expression, a le nez largement busqué, la lèvre peu lipue, les cheveux crépus et généralement longs; on dirait un beau sujet européen dont la peau serait noire. Les deux croisements de ce type avec les tribus voisines se recon- naissent fort aisément; le croisé de Dolbohante et de Medjourtine, par exemple, a les cheveux crépus et courts, le nez un peu épaté, la lèvre lipue ; et plus on se rapproche vers le sud, plus ces caractères signaléti- ques du nez et de la lèvre s'accentuent. Le type de la femme présente la même particularité lorsqu'il est pur de tout mélange, les mêmes variétés lorsqu'il est le produit d'un croi- sement. •Les Medjourtines sont grands et bien faits, leur corps couvert de cica- 846 ANTHROPOLOGIE trices qui accusent leur vie toujours militante; leur démarche pleine de noblesse, leur attitude fière ont un caractère vjaiment imposant. On trouve parmi eux peu d'estropiés; cela tient, je crois, à leur en- fance un peu rude et surtout à ce que, comme je l'ai dit, leurs combats acharnés ne connaissent pas de quartier, l'ennemi qui tombe est impi- toyablement achevé. Le Medjourtine riverain ou habitant des côtes est toujours coquet dans sa mise; drapé dans son grand pagne blanc qu'il ramène sur la tête, son biiton ou sa lance à la main, il affecte une allure toujours provo- quante et qui respire la vanité. Le Bédouin de l'intérieur, au contraire, porte empreintes sur son visage et dans son vêtement les souffrances de son existence rude et sauvage, mais l'insolence perce néanmoins aussi sous ses haillons jaunis par la terre sur laquelle il repose. Les mœurs Çomalis sont des plus austères : vêtus avec la plus grande décence, hommes et femmes, celles-ci le visage découvert, se traitent mutuellement avec beaucoup de déférence et de respect. C'est ainsi qu'à Méraya les femmes font leurs ablutions dans une lagune en dehors du village et loin de tout regard indiscret, tandis que les hommes pro- cèdent aux leurs à l'extrmité opposée de la ville. Le Çomali est paresseux de son naturel. 11 passe la majeure partie de la journée à ne rien faire, marmottant son chapelet; sa principale occu- pation consiste à remplir rigoureusement les prescriptions de la loi religieuse de Mahomet, c'est-à-dire d'aller à la mosquée cinq fois par jour. Très peu d'indigènes s'attachent à un travail suivi. Il n'en est pas de même des femmes : toute la journée elles tressent des nattes ou se livrent au soin du ménage. Ce sont elles qui vont chercher l'eau, le bois, etc.. Malgré cela, leur condition est de beaucoup préférable aux femmes arabes. Elles sont d'abord seules maîtresses sous leur toit, car le Çomali, quoique polygame, n'a jamais qu'une femme avec lui . Elles peuvent, en outre, aller et venir en toute liberté et sans être le moins du monde inquiétées par leurs maris ou par leurs parenis. Aussi ne se privent-elles pas de tenir leurs petits « clubs » oij l'on commère sur tout ce qui se passe dans le village. J'avais beaucoup de semblables conférences établies dans le voisinage de ma case, et j'y ai entendu pas mal d'indiscrétions conjugales fort drolatiques. Mais pendant tous ces bavardages, les doigts travaillent et les nattes se tres- sent sans relâche. Ces groupes de femmes me rappelaient tout à fait nos faiseuses d'escourtins en Provence. G. REVOIL. — LES ÇOMALIS MEDJOURTINES 847 A peine le Çomali est-il sevré que sa mère ne s'en occupe pour ainsi dire plus. Elle le laisse se traîner sur le sable, exposé au soleil qui darde ses rayons sur le petit être, réchauffant et fortifiant son corps et accélérant sa croissance. Dès qu'il peut courir et se servir de ses mains, l'entant Çomali accuse tous les instincts de sa race. Il se confectionne de petits arcs, des flè- ches, des lances; avec une planche et un lambeau de toile il simule uu petit boutre qu'il fait voguer sur les flaques d'eau laissées par la marée basse ou par la pluie. D'humeur très batailleuse, il est constamment en querelle et témoigne de bonne heure son antipathie pour les enfants arabes ou banians. Adolescent, il s'arme sérieusement; ses jeux deviennent de véritables exercices oîi il mesure ses forces et son adresse avec des rivaux, toujours jaloux de se montrer supérieur à eux. Il monte à cheval sans selle ni bride, fait de longues marches, se rompt à la fatigue, en un mot complète l'éducation physique qui lui sera nécessaire pour être admis utilement au nombre des guerriers et dé- fendre son pays quand les nécessités l'exigeront. A cet âge la danse est l'amusement favori du jeune Çomali. La jeune fille vit auprès de sa mère qu'elle ne quitte pas ; elle ne prend part à aucune fête et sort peu. Un signe particulier la distingue de la femme mariée : elle a les cheveux tressés finement et tombant sur les épaules, le front ceint d'une bandelette rouge. La femme, au con- traire, porte les cheveux crêpés et emprisonnés dans une coiffe nouée derrière la tête. A son cou pend une amulette de cuir^ contenant un verset du Coran et maintenue par deux boules d'ambre jaune ou macaoui. Le Çomali ne porte comme bijou qu'une bague. La femme ou la jeune fille portent des parures en argent qui sont peut-être les traces les plus curieuses et les plus probantes de l'occupation ancienne que l'on puisse retrouver dans cette région de l'Afrique. Ces parures sont : les célancil ou boucles d'oreilles avec la catena qui les réunit en passant sous la gorge, le couled, autre sorte de bou- cles d'oreilles en forme de point d'interrogation et se terminant en poire; celle-là s'accroche au lobe supérieur; enfin le catoun ou bague. La femme et la jeune fille Çomali portent aussi des perles en collier, ou bien encore une grande plaque d'argent garnie de morceaux d'am- bre. Mais ce dernier bijou a un caractère tout à fait arabe, tandis que les bagues et boucles d'oreilles que nous venons de décrire ressemblent absolument aux bijoux découverts chaque jour dans les fouilles des monuments romains, grecs ou égyptiens. 848 ANTHROPOLOGIE Non seulement les bijoux , mais encore le costume de la femme rappelle cette époque, et j'avoue pour ma part n'avoir rien vu de plus étrange qu'une de ces beautés orientales, car ce sont de vraies beautés^ gracieusement drapée dans sa robe blanche dont un côté agrafé sur l'épaule gauche, laisse le bras et le sein droit à découvert. Le Çomali est jaloux de sa femme plutôt par orgueil que par affec- tion; il se venge contre elle, avec férocité, du délit d'adultère. J'aurais vivement désiré, pendant mon séjour en Medjourtine, assis- ter à une noce Çomali. Je n'ai pas eu cette bonne fortune et ne puis dire comment se passe cette cérémonie. J'ai cependant joui du spectacle assez curieux de la demande en mariage d'une tille de Bendcr-Klior par un Warsangueli. Ce dernier arriva suivi de quelques compagnons chez le père de la jeune fille. Il avait pour la circonstance mis dans sa toilette la plus grande recherche . Toute la famille excepté la jeune fille Tattendait rangée en demi- cercle devant la porte de la case. Après l'échange des salutations d'usage, l'un des compagnons du Warsangueli entama directement le marché avec le père, et une fois le nombre de piastres et de chameaux demandés au fiancé , la jeune fille parut et vint prendre place à côté de ce dernier. On apporta le café et un peu de maïs grillé , et ces légères agapes consacrèrent le contrat. Le jeune Warsangueli repartit pour aller chercher la dot, laissant deux de ses compagnons garants du marché. Le côté par lequel s'affirme le plus le degré de civilisation du Çomali, est incontestablement son respect pour les morts. Les cimetières sont généralement au milieu des villes ou villages, auprès des mosquées, et personne ne les traverse sans motif. Une simple pierre levée indique la place d'une tombe ordinaire. Un tumulus, au contraire, s'élève à l'endroit où repose un guerrier mort au combat. Chaque fois qu'on prend les armes, 1 armée, en quittant la ville, défile devant les tombes de ces défenseurs de la patrie, en même temps les guerriers poussent alors des cris, des imprécations, adressent des vœux et des prières à eur anciens compagnons d'armes , puis sur le point de s'éloigner, tirent quelques coups de fusil, ou décochent sur le champ des morts une flèche et un javelot qu'ils ne vont ramasser que plus tard. J'ai rencontré dans mes courses, sur les chemins, en caravane, de p. BROCA. — COMPTE RENDU DU CONGRÈS DE MOSCOU 849 grands tumiili formés seulement de pierres. D'après la version des naturels du pays qui me servaient de guide, ce seraient de simples amas de pierres entassées par les Bédouins eux-mêmes pour en débar- rasser les routes. Mais je n'ai pu m'empêcher de remarquer que ces tumuli énormes avoisinent presque toujours un cimetière ou un mosquit, ou grand rond dont le sol est parfaitement nettoyé et sur lequel le nomade vient établir son messagid et faire sa prière. Ces tumuU ser- viraient-ils de point de repère? marquent-ils les distances? ou bien encore, seraient-ils des monuments primitifs élevés à la mémoire des morts ? Tels sont, esquissés à grands traits, la physionomie du peuple Çomali et l'état exact de sa civilisation. En somme, la réputation de férocité et de cruauté qu'on lui a faite est peu méritée. Il est plutôt méfiant, jaloux de sa liberté, que mauvais. Mais on revanche je crois qu'il a du fond. Pénétrez chez ce peuple en respectant ses institutions; donnez-lui l'assurance que vous n'avez aucune vue de conquête, et vous arriverez, sinon à vous assurer son amitié et son dévouement, du moins à nouer avec lui des relations sûres qui vous permettront de donner un débou- ché aux richesses des contrées qu'il habite, à en étendre l'exploitation, et par là même à faire pénétrer la civilisation pacifique du vieux monde dans un coin presque ignoré du continent Africain. M. P. BEOCA Professeur à la Facullé de mOJecine do Paris, Secrétaire général de la Société d'anthropologie. COMPTE RENDU DU CONGRÈS DE MOSCOU (1) — Séance du 3 septembre 1879. — (1) voir Revue scientifique, 22 novembre 1879. et Revue d'anthropologie, 1879. 54 8o0 ANTHROPOLOGIE M. le F Eugène YOCEIT os SUPPLÉMENTAIRE DE LA DEUXIÈME RANGÉE DU CARPE; ANALOGIE AVEC LE CARPE DES SINGES. — Séance du 4 septembre 1879. — La pièce a été trouvée sur un Arabe, Ahmed ben Amar, âgé de 70 ans, né à M'zita, province de Constanline. Les os de la première rangée ne présentent rien d'anormal ; ceux de la seconde rangée sont au nombre de cinq; l'os supplémentaire, dont le volume est au moins égal à celui du pisiforme, est placé entre le tra- pèze en dehors, le grand os en dedans, le trapézoïde en avant ; il s'appuie par sa face supérieure sur le scaphoïde. Il offre comme tous les os du carpe plusieurs facettes et, si l'on veut, une forme cuboïde ; la facette externe s'articule avec le trapèze ; l'in- terne, légèrement convexe, avec le grand os ; la face postérieure plane et obliquement dirigée fait partie de la face dorsale du carpe ; la supé- rieure s'unit au scaphoïde et sur une petite étendue au grand os, l'an- térieure s'articule avec le trapézoïde ; enfin l'inférieure avec le deuxième métacarpien. Des ligaments lient cet os à tous ceux avec lesquels il est en contact. L'important dans la description de cet os est de se figurer sa situa- tion, ce qui me paraît facile d'après ce qui vient d'en être dit; on peut du reste, pour plus de simplicité, le considérer comme constitué par la partie postérieure du trapézoïde qui aurait été disjointe du corps de l'os. Le trapézoïde^ en effet, est réduit à un très petit volume, inférieur à celui du pisiforme ; il semble qu'il a été divisé en deux, sa partie anté_ rieure représentant le trapézoïde proprement dit ; sa partie postérieure étant ce que j'ai décrit comme os supplémentaire. Les autres os du carpe ont leur disposition normale. Cette anomalie existe sur la main droite aussi bien que sur la gau- che, les différences entre les deux côtés sont trop minimes pour qu'il soit nécessaire d"y insister. J'ai vainement cherché dans les auteurs d'anatomie, la mention de cette anomalie ou d'une autre analogue dans le carpe; aussi l'explica- tion que l'on peut en donner est-elle à trouver ? Si le trapézoïde était pourvu de deux points d'ossification, on pourrait admettre à la rigueur qu'ils ne se sont pas réunis ; mais l'hypothèse n'a pas de valeur puisque le trapf^zoide, comme tous les os du carpe, ne se développe que par un point unique d'ossification. D'' G. DELAUNAY. — LA FÉCONDITÉ ET l'ÉVOLUTION 8S1 Il faut donc chercher ailleurs. Je crois qu'un rapprochement peut être établi entre cette anomalie et la constitution normale du carpe chez les singes. Cuvier s'exprime ainsi dans son Traité d'Anatomie comparée : « Le carpe des singes a un os de plus que celui de l'homme ; il est situé entre le scaphoïde, le trapèze et le grand os et peut être considéré comme un démembrement de ce dernier. » Ajoutons toutefois que le gorille et le chimpanzé font exception à cette règle et n'ont que huit os à leur carpe. La situation donnée par Cuvier au neuvième os des singes, os que Blainville appelle intermédiaire^ est bien celle qu'oifre le carpe décrit plus haut; seulement Cuvier le considère comme un démembrement dû au grand os, tandis que sur notre pièce il paraîtrait plutôt qu'il soit dû à un démembrement du trapézoïde. Mais il ne faut pas s'exagérer l'impor- tance de cette divergence d'opinion, il n'y a là qu'une affaire d'appré- ciation ; j'en trouve la preuve dans ce fait que l'opinion de Cuvier n'est plus admise, et que depuis les travaux de E. Alix, les auteurs consi- dèrent le neuvième os des singes comme provenant du scaphoïde et non du grand os. Du reste, mon os supplémentaire ne présente avec le neuvième os des singes qu'une analogie de situation, et il ne serait pas difficile de trou- ver des différences dans la forme de ces deux os ; le rapprochement que j'établis entre ces deux faits a-t-il une valeur réelle, une importance considérable ? Je ne puis me prononcer encore, car il est nécessaire que j'étudie bien des points sur lesquels je n'ai pu m' appesantir ; il faudrait de plus que des hommes plus compétents que moi examinent les pièces et donnent leur avis. Dans le cas où le fait que je signale n'aurait pas l'importance que je crois pouvoir y attacher, il me resterait la 'consolation de n'avoir pas laissé perdre sans étude sérieuse une pièce qui pouvait avoir une valeur scientilique réelle. M. le F &. LELATTÎTAT (RAPPORT INVERSE ENTRE LA FÉCONDITÉ DES PARENTS ET LE POIDS DES NOUVEAUX-NÉS (EXTRAIT un PROCÈS-VERBAL) — Séance du i septembre 48T9. — M. G. Delaunay pense que les questions anthropologiques ne peuvent otre approfondies qu'autant qu'elles sont traitées au point de vue de la biologie 852 ANTHROPOLOGIE générale. Etant donné un phénomène constant en anthropologie, il importe de le vérifier en botanique et en zoologie; c'est ce qu'a fait M. Delaunay. H Considère d'abord les espèces, puis les races. Un animal est d'autant moins fécond qu'il est plus élevé sur l'échelle de l'évolution ; la fécondité diminue dans une race à mesure que celle race évolue, c'est ce que les statisticiens ont constaté pour la nation française en général et pour chaque département en particulier. Si les familles sont moins prolifiques en ce siècle, les hom- mes sont cependant plus vigoureux, plus travailleurs, plus intelligents, et la preuve c'est que la longévité augmente. Quant à Vâge, les jeunes et les vieux sont plus féconds que les adultes et font des enfants moins vigoureux et plus intelligents que ceux des adultes. A mesure que la fécondité des parents diminue, le poids des nouveau-nés augmente. Il y a opposition constante entre le poids et le nombre des nou- veau-nés, entre leur quantité et leur qualité; l'auteur examine enfin la ques- tion au point de vue de la constitution, de l'alimentation, de la nosologie. DISCUSSION Les théories de ce mémoire ont été vivement combattues par M. le D"^ Gosse. M. P. FIEEE Membre correspondant de la Société française de numismatique et d'archéologie. GROTTES PRÉHISTORIQUES DU DAUPHINÉ (1) (EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL). — Séance du i septembre' 1 81:9 . — M. P. FiÈRE présente le résultat des fouilles qu'il a opérées dans les grottes des Balmes de la Baisse, avec la subvention que l'Association française lui a allouée. Grotte de l'Ermitage. ~ Après avoir décrit cette grotte, qui est à 35 mètres au-dessus du niveau de la route, et avoir rappelé les découvertes qui y ont été faites antérieurement, M. P. Fière annonce qu'à une profondeur de 1"",25, il a rencontré des os d'animaux (sans ossements humains), sanglier, bœuf, chèvre, mouton, principalement, ainsi que des débris de poteries grossières. Il découvrit ensuite un foyer dont l'emplacement était indiqué par des briques entre lesquelles il trouva de nombreux débris d'ossements et de poteries. U. Fière signale en particulier une pierre polie d'une teinte marron foncé, (1) Voir Mémoires de l'Académie Delphinale. . . D' G. PLANQUES. — STATION NÉOLITHIQUE DU MOULIN DE SAURET 853 taillée en forme d'œuf, usée sur l'un de ses côtés et dont il ne peut déter- miner l'usage : cette pierre lui paraît certainement taillée de main d'homme; par sa nature elle n'appartient pas aux terrains du Dauphiné. Grotte de Fontabert. — Cette grotte, distante de 200 mètres de la précédente, est à 30 mètres au-dessus de la route : elle est célèbre par les découvertes qu'y a faites M. le comte de Galbert, notamment par une pierre de jade polie en forme de croissant. M. Fière a fouillé plus bas que n'avait fait M. de Gal- bert, et il a découvert de nombreux ossements humains mélangés à des ossements d'animaux (chevaux, bœuf, chèvre, mouton, etc.), parmi lesquels il a trouvé une pendeloque en os poli cassée à l'endroit où était le trou par lequel on la suspendait; la cassure est ancienne. A 2 mètres de profondeur, il a trouvé une sépulture complète, contenant plusieurs objets intéressants : le crâne est dolichocéphale orthognathe et d'une grande capacité : il présente une lésion latérale qui a peut-être été produite par une pointe de flèche en silex. A côté de ce crâne se trouvaient un petit crâne, peut-être d'un félin (?), des ossements de tortue et de nombreux fragments de crânes humains, brûlés et noircis par le feu. M. P. Fière conclut de ce qu'il a observé que cette grotte a été habitée à l'époque paléolithique. Il se propose de continuer ses recherches. M. le D^ G. PLANQUES A Montpellier. STATION NÉOLITHIQUE DU MOULIN DE SAURET, PRÈS MONTPELLIER — Séance du 4 septembre 1879. — Sur la rive gauche du Lez, en face le moulin de Sauret, à trois kilo- mètres de Montpellier, se trouve un petit plateau formé par les sables de Montpellier. — Ce petit plateau est à S ou 6 mètres au-dessus de la rivière et s'en trouve distant d'une trentaine. A la recherche de fossiles, mes yeux furent attirés par des fragments de poterie et des éclats de silex. Dès lors toute mon attention se porta sur ces objels. La terre végétale est fort rare sur ce plateau, qui n'est cultivé qu'aux alentours. Seules y poussent quelques mauvaises herbes. — Il me fut donc facile de ramasser à la surface un grand nombre de fragments provenant de divers instruments. Je pus recueillir cependant quelques flèches fort bien conservées. La surface occupée par les silex est assez grande, mais devait être assurément plus vaste, car j'ai retrouvé 81^4 ANTHROPOLOGIE dans les brèches pratiquées pour le passage d'un chemin des poinçons et des silex en place au-dessous des terrains cultivés environnants ; le tout mélangé à des poteries et à des ossements. On pourrait croire que la station a été un centre de fabrication à cause des centaines d'éclats que j'ai pu ramasser, flèches à demi formées, grattoirs imparfaits ou brisés. Les plantes fort rares de ce plateau n'ont pu retenir la terre végé- tale, et dans sa plus grande surface le sable se montre à nu. J'ai pour- tant réussi à trouver trois foyers parfaitement intacts dont je parlerai bientôt. Les premiers objets que j'ai trouvés étaient à la surface du sol et surtout dans les parties les plus déclives de ce petit plateau. Là, j'ai trouvé quelques flèches, des grattoirs surtout. Je ne ferai point ici la description des objets, vous les avez sous les yeux, et, d'après leur type, je me crois autorisé à dire qu'ils appartiennent à l'époque néolithique, à l'âge de la pierre polie. Après avoir bien examiné la surface, je remarquai certains points oiî la terre végétale n'avait pas disparu et semblait n'avoir pas été touchée de longtemps. Je me mis à les fouiller. Bien m'en prit, car je me trou- vai bientôt en présence d'un foyer. Des pierres portant l'empreinte du feu se trouvaient au milieu de cendres et rangées en cercle. Autour de ces pierres, je découvris un grand nombre d'ossements de divers ani- maux, des poteries, et les plus beaux échantillons que je possède, d'abord un poinçon parfaitement intact, aussi aigu que la pointe d'une aiguille de nos jours (cette petite pointe fait défaut par suite d'accident); tout près, deux flèches en silex brun et une autre rouge. En outre, il y avait un hameçon dont je n'ai pu recueillir que la moitié, mais qui est très caractérisé. Dans un autre, situé à deux mètres du premier, une petite hache en fibrolithe qui me paraît un des objets les plus intéressants; d'autres flèches et une moitié de poinçon qui a subi l'action du feu, une pointe plus forte et un os poli par l'usage dont a éclaté un des frag- ments. Là encore les pierres étaient calcinées par le feu ; ces pierres ne sont autre chose, pour la plupart, que des concrétions sableuses prises sur place. Tous ces objets se trouvaient à 25 ou 30, et même 40 centi- mètres de profondeur. La conservation parfaite de certains d'eux donne l'assurance qu'aucune cause ne les avait encore déplacés. Les poteries se trouvaient aussi en grand nombre et j'ai l'honneur de vous présenter ici, messieurs, certains morceaux assez caractéristiques, tous trouvés dans les foyers. Quelques-uns portent des petits trous, d'autres quelques ornements. Tous ont subi l'action du feu. Du reste, pas un vase entier. Les ossements n'appartiennent qu'aux animaux; mélangés à eux, des fragments de coquilles, de carapaces de tortues et des dents en assez grand nombre. — Aucun reste humain. D"" G. PLANQUES. — STATION NÉOLITHIQUE DU MOULIN DE SAURET 855 Mes fouilles ne sont pas encore terminées; j'espère les compléter encore mieux et pouvoir donner des détails plus précis. DISCUSSION M.E.Cartailhac fait remarquer dans le lot d'objets intéressants que M. le docteur Planques soumet à la section une petite hachette en fibrolithe. Elle a été, sans doute, fabriquée en Auvergne. 856 SCIENCES alÉDICALES 12° Section SCIENCES MÉDICALES Président M. POTAIN, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris (i). A'ice-Présidents MM. J. BERGERON, médecin des hôpitaux de Paris, Membre de l'Aca- démie de Médecine. COMBAL, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier COURTY, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier. DENUCÉ, Doyen de la Faculté de Médecine de Bordeaux. Secrétaires MM. CHALOT, Agrégé à la Faculté de Médecine de Montpellier. Fr. FRANCK, Préparateur au Collège de France. GRASSET, Agrégé à la Faculté de Médecine de Montpellier, L.-H. PETIT, de Paris. M. de WECKER LA GUÉRISON DU GLAUCOME SIMPLE PAR LA SCLÉROTOMIE — Séance du S 9 août 1879. — Lorsque, il y a vingt-deux ans, de Grœfe dota riiumanité de l'impor- tante découverte qui illustra à jamais son nom, en imaginant un moyen chirurgical propre à guérir le glaucome, on ne tarda pas à se convain- cre que si la guérison était à peu près certaine dans les glaucomes à forme aiguë ou irritative, par contre l'opération manquait trop souvent son but dans les cas de glaucome chronique simple dépourvus de tout signe irritatif. Aussi, en France, Desmarres, qui à cette époque tenait le sceptre de l'ophthalmologie, adoptait-il avec empressement la découverte de son ami et élève pour ce qui regardait les formes aiguës et irritatives, tandis qu'il déclarait que toute opération était contre-indiquée dans le glaucome simple. Du reste, de Grœfe lui-même était contraint de recon- naître que, pour cette variété de glaucome, l'opération présentait moins (1) M. Potain a été élu président à la première séance de la session de 1879, en remplace- ment du D-- GuUer, président désigné pour i879, décédé. DE WECKER. — GUÉRTSOX DU GLAUCOME SIMPLE 8o7 de sûreté, et, à la tin de sa carrière, il se prononça comme il suit : En ce qui touche le glaucome simple, l'opération, dans un peu plus de la moitié des cas, ramène la pression à son état normal, quoique la vue ne s'améliore que très lentement ; dans un quart des cas, la vision est (grâce parfois à une seconde opération) maintenue ; enfin, pour le reste des cas, on peut souvent, en s'aidant d'une nouvelle opération, con- server pendant quelque temps la ^^sion, ou au moins retarder la cécité relativement à ce qui serait survenu si l'on n'avait pas opéré. Dans 2 0/0 des cas, l'iridectomie a, de l'aveu de de Grœfe lui-même, un résul- tat désastreux en créant une forme maligne de glaucome. Tous les cliniciens pensent que de Grœfe a montré, pour l'opération qu'il avait imaginée, une indulgence de père, tous sont d'avis que cette heureuse découverte perd notablement de son éclat dès qu'il ne s'agit plus d'une variété irritative de glaucome, mais de la forme chro- nique absolument dépour\-ue de symptômes irritatifs, que l'on avait même regardée, jusqu'aux travaux de de Grœfe, comme une maladie particulière, n'ayant rien à faire'avec le glaucome, alors qu'elle en est, en réalité, le prototype. Trouver pour cette forme, qui représente 40 à 50 0/0 de la totalité des cas de glaucome, une opération qui équivaudrait, quant à ses résul- tats, aux merveilleux etfets de l'iridectomie lorsqu'elle est appliquée à un glaucome aigu ou irritatif, serait donc, en complétant la découverte de de Grœfe, rendre un signalé service à nombre de malades qui ne bénéficiaient pas, ou fort peu, de cette opération. Les nombreuses sclérotomies que j'ai exécutées dans ces derniers temps pour le glaucome simple, et la comparaison que j'ai faite avec les opérations d'iridectomie pratiquées par moi pendant nombre d'an- nées pour cette même variété de glaucome, m'autorisent à penser que la sclérotomie offre un effet curatif aussi prononcé pour la forme sim- ple du glaucome que l'iridectomie pour la forme aiguë ou irritative. La sclérotomie s'exécute, ainsi que je l'ai indiqué, avec cette seule modification que, si la profondeur de la chambre antérieure le permet, L't dans le cas où il est utile de rechercher une puissante action, je ne me borne pas à former un lambeau de deux millimètres de hauteur dont le tiers moyen reste non sectionné, mais que je vais jusqu'à trois et même quatre millimètres , comme l'a aussi conseillé le professeur Maitthner, de Vienne, jusqu'ici le plus chaud partisan de la sclérotomie. Le couteau de de Grœfe, dont je me sers toujours actuellement pour la sclérotomie, est enfoncé à un millimètre du bord cornéen et conduit avec une extrême lenteur à travers la chambre antérieure, en le tenant très exactement dans un plan parallèle à l'iris, de manière à ce que la contre-ponction s'effectue aussi précisément à un millimètre du bord 8o8 SCIENCES MÉDICALES interne de la cornée dans la sclérotique. Il est indispensable de bien sur- veiller la marche du plan du couteau, dont le tranchant regarde l'ex- trémité supérieure ou intérieure du diamètre vertical de la cornée (sui- vant qu'on opère en haut ou en bas), afin que la sclérotomie soit bien exactement pratiquée, car ce n'est qu'à cette condition qu'on peut comp- ter sur un partait résultat. Si, en effet, on ne maintient pas bien le parallélisme entre le plan du couteau et celui de l'iris, pendant que l'instrument chemine dans la chambre antérieure, on s'expose alors, en tenant la pointe trop en avant, à ressortir dans le tissu coméen et à n'obtenir qu'une sclérotomie incomplète. Au contraire , pousse-t-on, pendant le passage du couteau au devant de Firis, la pointe trop en arrière ? le tranchant de l'instrument est susceptible, dans ce cas, d'et- fleurer le corps ciliaire, ce qui peut provoquer, non seulement une hémorrhagie gênante, mais encore un état irritatif inquiétant de l'œil. La sclérotomie doit donc être soigneusement étudiée pour arriver à une parfaite exécution, et il en est de cela d'ailleurs comme de toute autre opération. Il ne sera pas non plus aisé, poiir quiconque n'a pas acquis une suffisante expérience, de savoir bien exactement ménager le tiers moyen de la section, tout en tenant le tranchant du couteau en contact avec l'encoignure de la chambre antérieure, de façon qu'il y ait continuité entière ou presque entière de toute la section interne, le long de la paroi interne de la chambre au devant de laquelle le cou- teau a glissé. Le danger d'un enclavement de l'iris est d'autant plus sûrement évité que toute opération de ce genre doit être précédée de plusieurs instil- lations d'ésérine, et que la sclérotomie ne sera exécutée que sur des yeux où le myotique a atteint son summum d'action. On n'obtient un pareil myosis que dans les formes de glaucome simple et dans les variétés de glaucome chronique irritatif où l'emploi prolongé des myotiques (ésérine, pilocarpine), a amené celles-ci à revêtir la forme simple. Comme l'a aussi fait observer le professeur Schweigger, la parfaite action des myotiques peut servir de guide pour le choix de l'opération ; lorsque cette action est complète, la sclérotomie est indiquée, mais si les phénomènes irritatifs empêchent l'accomplissement d'un pareil eÔet, l'iridectomie doit, pour le moment, avoir la préférence, et cela non seu- lement à cause de la plus grande facilité qu'elle présente dans son exé- cution, mais encore en raison de la garantie qu'elle fournit contre tout enclavement . Le très grand nombre de sclérotomies que j'ai pratiquées (48 dans les six premiers mois de cette année), m'ont démontré la supériorité de cette opération sur l'iridectomie dans le glaucome simple. Tandis qu'autrefois on se montrait très satisfait si l'incision de l'iris enrayait DE WECKER. — GUÉRISON DU GLAUCOME SIMPLE 8o9 la marche de cette variété de glaucome et qu'on ne promettait guère au malade qu'une légère amélioration, un contrôle exact de mes opérés m'a tourni la certitude qu'on pouvait obtenir par la sclérotomie un accroissement de la vision souvent surprenant. J'ai vu l'acuité visuelle qui était réduite aux deux tiers, à la moitié ou même au tiers, se relever au point d'atteindre de nouveau une acuité normale. Le passage sus-mentiouné de de Grœfe démontre bien clairement qu'il n'a jamais, lui-même, observé, dans un cas de glaucome simple, une pareille amélioration à la suite de l'iridectomie. Par contre, surtout lorsque la maladie avait déjà fait de tels progrès que le point de fixa- tion était menacé de se trouver englobé dans le rétrécissement du champ visuel, l'iridectomie déterminait fréquemment une réduction très sen- sible de la vision. J'ai pu constater que, même dans ces cas peu favo- rables, l'acuité et le champ visuel s'accroissaient rapidement, et quel- quefois dans une assez large mesure, après la sclérotomie. Enfin, tandis qu'à la suite de l'iridectomie, alors même qu'elle avait été exécutée avec un plein succès, il y avait à craindre, chez l'opéré, un abaissement momentané de la vision, ainsi que la production d'un astig- matisme réclamant définitivement une correction, sans parler encore d'un éblouissement parfois assez gênant pour le malade, rien de sem- blable ne. s'observe après la sclérotomie qui laisse un œil tout à lait intact. Il est évident que la supériorité de la sclérotomie sur Tu-idectomie, dans la forme de glaucome simple, réclame encore pour sa consécration une observation clinique plus prolongée, mais dès à présent je reçois déjà de bien des côtés la confirmation de l'exactitude du fait que je viens d'avancer. Ainsi un confirère anglais, M. Swauzy, de Dublin, qui portera cette année la question de la sclérotomie devant la réunion de la British Médical Association, m'écrit les lignes suivantes : « J'ai tait récemment la sclérotomie dans deux cas de glaucome chro- » nique simple tt j'ai été étonné des résultats. Chez l'un et l'autre » malade, les conditions étaient défavorables, toutefois deux ou trois « jours après l'opération, la vue avait décidément gagné, la tension » s'étant trouvée complètement réduite dès que l'opération eut été exé- » eutée. Ce sont des cas dans lesquels je me suis toujours déclaré satis- " fait lorsque je réussissais à conserver ce que le malade possédait de '> vision, renonçant alors à tout espoir d'obtenir par l'iiùdectomie une ), amélioration. J'ai fréquemment vu décroître {decrease) la vue après » l'iridectomie pratiquée pour le glaucome simple, mais je ne crois pas » qu'on ait souveut trouvé, à la suite de cette opération, une augmen- » tation de l'acuité visuelle. Grâce à la sclérotomie, on pourra s'at- » tendre à obtenir un accroissement de la vision. » 860 SCIENCES MÉDICALES La constatation par de nombreux opérateurs des résultats favorables que la sclérotomie leur a fournis devra être considérée comme une preuve d'une tout autre valeur que celle que je pourrais donner moi- même, ayant été l'instigateur de ce nouveau mode opératoire, qualité qui pourrait justement mettre mes confrères en défiance. DISCUSSION M. Denucé approuve complètement la conduite de M. de Wecker; il constate que la sclérotomie, dans les conditions indiquées par ce chirurgien, est rare- ment pratiquée ; ses indications sont très nettes, aussi bien au point de vue clinique qu'au point de vue thérapeutique. Les bons résultats que donne l'iri- dectomie dans les cas de glaucome aigu sont analogues à ceux que donne la sclérotomie dans le glaucome simple. M. LEÏÏDET Directeur de TÉcole de médecine de Rouen. LES LÉSIONS DU PÉRITOINE CHEZ LES ALCOOLISÉS (extrait do procès-vkrbal.) — Séance du 29 août 1879. — M. Leudet présente quelques observations sur les lésions du péritoine chez les alcoolisés. Ces lésions sont: 1° une ascite qui s'accroît lentement, résiste aux traitements médicaux ordinaires et peut disparaître définitivement après une ponction, à condition que les voies digestives soient en bon état ; 2° des lésions inflammatoires chroniques, péritonite granuleuse comme dans la tuber- culose ; plaques laiteuses, rétractions et épaississement du mésentère ; rare- ment des adhérences entre les feuillets du péritoine. On peut trouver avec cette forme de péritonite un peu de liquide, soit limpide, soit d'aspect blanc- grisâtre, pas franchement purulent ; quelquefois, dans une période avancée, le liquide est hémorrhagique. La marche de ces lésions est lente, très insidieuse ; l'attention n'est appelée sur elles que lorsqu'elles sont, déjà très avancées ; elles semblent résulter souvent de l'irradiation lente de lésions du tube digestif, comme la cirrhose gastrique avec ou sans ulcère, l'entérite. DISCUSSION M. Henrot (de Reims), qui habite un pays où les alcooliques sont en grand nombre, a observé des faits qui confirment ceux de M. Leudet et justifient LIVON. — ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE DE l'aCIDE SALICYLIQUE 861 la distinction qu'il a établie entre les différentes lésions du péritoine chez ces malades. Dans un cas, chez un sujet non syphilitique, et atteint d'ascite, il fit une ponction ; l'ascite se reproduisit et une seconde ponction fut nécessaire cinq ou six mois après. Le traitement consista ensuite en purgatifs répétés et en boissons alcalines. Après la ponction, on put constater que le foie n'était pas malade. Chez ce patient, M. Henrot a observé des accidents cérébraux, mais ils ont été occasionnés par une cause morale. Ces cas ne doivent pas être rares, car M. Henrot a vu souvent, chez des alcooliques, des ascites idiopathiques peu abondantes et survenant dans les mêmes conditions, mais il ne savait comment les interpréter. Il a publié il y a deux ans dans VUnion médicale du Nord-Est plusieurs cas de ce genre, il a trouvé dans ces cas u)i épaississement de l'estomac, des lymphatiques, du mésentère, de la rate, du petit et du gros intestin, véritables scléroses de ces organes, mais il les avait attribuées, tout en faisant des réserves, à la syphilis. M. Denucé a vu un cas analogue d'ascite chez un alcoolique. A la suite de purgations répétées et d'un régime lacté continué pendant plusieurs mois, l'ascite disparut sans ponctions. Alors l'examen du foie démontra qu'il n'exis- tait aucune lésion de cet organe. Le malade a guéri, mais il a abandonné ses habitudes. M. PoTAiN cite une observation du même genre. M. LIYOîf Professeur suppléant à l'École de médecine de Marseille. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE PHYSIOLOGIQUE DE L'ACIDE SALICYLIQUE (1) (extrait du procès-verbal.) — Séance du, 29 août 4 879 . — M . LivoN communique la suite de ses recherches sur l'action physiologique de l'acide salicylique. Celles-ci ont porté sur la respiration et sur le système musculaire. Pour la respiration, il a constaté que sous l'influence de l'acide salicylique administré à un mammifère (cobaye), à un oiseau (tourterelle), à un batracien (grenouille), il y avait une augmentation de l'acide carbonique exhalé. Sur le système musculaire de la grenouille, il a obtenu des tracés indi- quant la formation lente de contractions tétaniques suivies bientôt d'un épui- sement du muscle. (1) Voir C. R. de l'Acad. des Se, l" déc. 1879 et 16 févr. 1880- S6'2 SCIENCES MÉDICALES Etudiant l'action sur la contractililé musculaire et sur la cause de ses contractions, M. Livon arrive au résultat suivant par de nombreuses expé- riences : l'acide salicylique a une action spéciale sur le système nerveux central; en second lieu, l'extinction rapide de la contractilité musculaire est due plutôt à l'épuisement provoqué par les convulsions auxquelles le médica- ment a donné naissance, comme cela arrive pour la strychnine et la nicotine, qu'à une action spéciale sur la fibre contractile. DISCUSSION M. Carrieu a observé un cas clinique qui paraît confirmer l'interprétation donnée par M. Livon à ses expériences. 11 s'agissait d'un malade qui, atteint de rhumatisme, était débarrassé de ses manifestations articulaires, lorsque tout à coup il fut pris de convulsions et mourut subitement. A l'autopsie on trouva les méninges un peu rouges, un peu de liquide dans les ventricules, mais pas d'hémorrhagie cérébrale, ni aucune lésion qui pût expliquer la mort. On pensa qu'elle devait être attribuée à la médication salicylée. M. Clément (de Lyon) pense au contraire que les cas cliniques sont tout à fait opposés aux conclusions de M. Livon. Il a donné un grand nombre de fois le salicylate de soude à la dose minimum de 6 grammes, et jamais il n'a vu d'accidents convulsifs. Dans le rhumatisme, il faut même donner ce médicament à la dose de 8 grammes pour obtenir des effets thérapeutiques. Avec 2 grammes, et c'est la dose employée dans le cas funeste de M. Carrieu, on n'obtient rien. Donc il faut chercher une autre interprétation. M. Livon fait observer que la dose qu'il administrait aux animaux était très forte relativement au poids du corps et représentait une quantité bien supérieure à celle que l'on administre aux malades dans un but théra- peutique . M. CoMBAL croit qu'on ne connaît pas encore exactement les indications exactes de la médication salicylée. Le cas auquel a fait allusion M. Clément était un cas de goutte; or si le salicylate fait cesser la douleur, M. Gombal considère que dans les cas analogues à celui-ci, la douleur, comme les fluxionsi articulaires, doit être respectée, car ces phénomènes sont le contrepoids des accidents viscéraux. M. Bergeron n'a jamais observé d'accidents après l'emploi du salicylate de soude; il pense que ces accidents ont pour cause les altérations des organes par lesquels le salicylate s'élimine, la peau et les reins en particulier. Chez les enfants, les reins sont en général intacts, et comme M. Bergeron a eu surtout affaire aux malades de l'hôpital Sainte-Eugénie, il pense que c'est à cette circonstance qu'il doit de n'avoir jamais observé d'accidents. M. Petit ajoute, comme confirmation des opinions émises précédemment sur l'influence des lésions viscérales sur l'apparition des accidents consécutifs à la médication salicylée, les renseignements suivants. Dans presque toutes les observations de ce genre qui ont été publiées, et dans lesquelles sont notées les lésions trouvées à l'autopsie, il y avait des altérations anciennes du cœur, du foie ou des reins. Dans quelques cas, la mort est survenue à la D"" S. PODOLINSKI. ÉTAT SANITAIIIE DES POPULATIONS DE RIEW 863 survenue à la suite de phénomènes cérébraux avec élévation de la tem- pérature, mais alors on avait donné des bains froids concurremment avec le salicylate de soude, et il est probable que la gêne de l'élimination du salicylate causée par cette pratique avait déterminé les accidents et la mort. M. le W S. PODOLIISKI L'ETAT SANITAIRE DES POPULATIONS DU GOUVERNEMENT DE KIEW — Séance du S 9 août 18' 9. — Le gouvernement de Kiew est situé sur la rive droite du Dnieper, entre 52° et 48° 30' de latitude nord. Il occupe une surface d'à peu près S0,000 kilomètres carrés et contient presque 2,S00,000 habitants, ce qui constitue près de 50 habitants par kilomètre carré. On voit donc que ce gouvernement est un des plus peuplés de toute la Russie ; il en est aussi un des plus fertiles et des plus industrieux. Les deux tiers méri- dionaux du gouvernement de Kiew exportent des quantités considé- rables de blés et possèdent, en outre, plus de soixante fabriques de sucre, très grandes et pour la plupart très bien construites. Les popula- tions agricoles, trouvant presque toujours de l'ouvrage relativement bien rémunéré, sont plus à leur aise que dans la majorité des gouvernements de la Russie. Leur état sanitaire, cependant, est loin d'être satisfaisant. La morta- lité moyenne, pour tout le gouvernement, est de 33.9 sur 1,000 habi- tants par an, c'est-à-dire seulement de 2.9 sur 4,000 moindre que la mortalité moyenne de tout l'empire russe. Il est vrai que, malgré cela, la population du gouvernement augmente rapidement, mais cela tient à une natalité excessive qui est de 50.6 sur 1,000. Ce n'est pas la mortalité des nouveau-nés qui est particulièrement considérable, comme on serait tenté de le croire. Au contraire, dans le courant de la première année de leur existence, il ne meurt que 168.5 enfants sur. 1,000, c'est-à-dire 85 enfants de moins que dans la Russie entière, et 19 de moins qu'en France. La plupart des autres gouverne- ments de la Petite-Russie ont une mortalité enfantine encore moins grande, et c'est l'usage généralement répandu de donner le sein aux enfants et la façon particulièrement attentive et tendre des mères ukrai- 864 SCIENCES MÉDICALES niennes de les soigner qui produisent cet effet favorable. Dans plusieurs gouvernements de la Grande-Russie, où, il est vrai, le climat est plus froid, la mortalité des enlants atteint le chiffre efTrayant de 37S — 436 sur 1,000 dans le courant de la première année {\). iSi pourtant l'état sanitaire général du gouvernement de Kiew est peu satisfaisant, il doit y avoir des raisons particulières qu'il s'agit de trou- ver. Ces raisons diti'èrent considérablement chez les populations urbai- nes et rurales, et il convient mieux de les envisager séparément. Comme type de population urbaine, je prendrai la ville de Kie\v, le chef-lieu du gouvernement. D'après le recensement de 1874, cette ville possède une population de 127,000 habitants, dont la mortalité moyenne, pour les quarante dernières années, est de 38.7 sur 1,000, tandis que la natalité est seulement do 37.7 sur 1,000. 11 s'en suit que la population de Riew augmente uniquement par l'im- migration. Les vingt-cinq paroisses de la ville présentent des conditions de mortalité très différentes. Les cinq paroisses dont la mortalité est la moindre sont toutes habitées par les classes les plus aisées ou par les jeunes gens très nombreux qui viennent faire leurs études à Kiew. La plupart de ces quartiers occupent un emplacement élevé et bien aéré. ]a\ mortalité de leurs habitants n'oscille qu'entre 14.9 et 24.1 sur 1,000. Au contraire, les paroisses situées dans le bas fond, au bord du Dnieper, chaque printemps exposées aux inondations et habitées en majeure partie par des petits artisans et des ouvriers, offrent une mortalité qui, de 39.6, monte jusqu'à 44.2 sur 1,000. Les différences de la natalité, com- parée à la mortalité, sont encore plus frappantes. Dans les cinq pre- mières paroisses, les naissances l'emportent sur les cas de mort de 250 0/0 à lo6 0/0, et dans les cinq dernières les naissances ne repré-- sentent que 85 0/0 à 91 0/0 des cas de mort. La mortalité de la pre- mière année de l'existence qui est de 277 sur 1,000 pour toute la ville de Riew, monte dans les paroisses du quartier bas jusqu'à 462 — 642 sur 1,000. On voit que ce sont surtout les conditions topographiques et sociales qui ont l'influence prépondérante sur le mouvement de la popu- lation à Riew. Pendant les différentes saisons, la mortalité s'est répartie des façons suivantes: hiver, 24.9 0/0; printemps, 24.8 0/0; été, 28.4 0/0; automne, 21.9 0/0 (2). Les conditions sanitaires des districts ruraux, surtout dans le midi du gouvernement, sont moins désavantageuses. Les districts de Zwéni- gorodka, Tcherkassy et Tchigrin offrent en moyenne une mortalité de 30 à 35 sur 1,000 et une natalité de 40 à 45. Cependant, les chiffres (1) Yanso^. Statistique comparée. Moscou, 1878 (en russe). (2) l'ANTir.iKow. Essai d'une toporjraphie sanitaire et d'une statistique de Kieic. 1877, Kiew. Édition du Comité statistique du Gouvernement (en russe). D' S. PODOLINSKI. — ÉTAT SANITAIRE DES POPULATIONS DE KIEW 865 exacts manquent encore totalement, et c'est la cause qui me décide à communiquer quelques détails concernant un seul village, oîi j'ai pu avoir des données exactes sur le mouvement de la population dans le courant des dernières trente-six années. Les conditions topographiques des villages de la Russie méridionale se ressemblent beaucoup, ce qui pourrait justifier, à un certain point, l'application d'une pareille mé- thode. Ce village, nommé Yoroslawka, situé dans la partie méridionale du district de Zwénigorodka, consiste en 120 maisons qui contiennent une population de 650 âmes. Dans le courant des 40 années, depuis 1838 jusqu'à 1877, il y est mort 708. personnes, ce qui, sur une population moyenne de 600 âmes, constitue une mortalité de 30 sur 1,000. Dans le courant de 36 années, depuis 1842 à 1877, il est né 909 entants x)u 41 sur 1,000. Avant l'âge de 7 ans sont mortes 386 personnes ou 55 0/0. Entre 7 et 60 — 214 — 30 0/0. Après 60 — 105 — 15 0/0. Les six mois les plus chauds de l'année n'ont fourni que 242 décès ou 37 0/0. Les six mois les plus froids, 466 décès ou 63 0/0. Les maladies épidémiques ont causé la mort de 241 personnes ou 37 0/0 de la totalité. Il est mort : Avant l'âge de 7 ans. Après 7 ans. Enscinl)lc. De la variole De la rougeole De la coqueluche, biunclulu et pneumonie épidémiques. . . . De la diphthérie et du croup. . . De la dysenterie Du typhus Du choléra Du scorbut De la scarlatine . Total Il y a d'autres maladies qui, moins mortelles que celles-ci, sont beau- coup plus répandues cependant. Ce sont surtout les fièvres intermittentes et la syphilis. La Ilussie méridionale devrait être libre de fièvres, car ce pays présente l'aspect d'une plaine élevée de 200 à 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, coupée par des vallons assez étroits et qui, jouis- 55 54 4 58 36 » 36 61 » 61 22 1 23 16 » 16 6 9 15 8 10 18 1 9 10 4 » 4 208 33 241 866 SCIENCES MÉDICALES sant d'un climat sec, ne donne point d'occasion à la formation de maré- cages naturels. Cependant, les fièvres sont très fréquentes dans tout le pays, parce que les grands propriétaires fonciers ont l'habitude de faire construire un ou plusieurs étangs énormes au milieu même du village. Tous ces étangs sont très mal entretenus, leur niveau change souvent, leur fond est comblé de restes de plantes et d'animaux aquatiques en état de putréfaction, etc. L'époque de la première décroissance des eaux, c'est-à-dire les mois do mai et de juin, est celle où j'ai observé le plus de lièvres. La population de Yaroslawka me fournissait ordinairement de 50 à 60 malades, c'est-à-dire près de 10 0/0 de la population entière. Dans d'autres villages, les cas de fièvres sont encore plus fréquents ; il y a même des endroits oii ils deviennent quelquefois mortels, comme par exemple dans le bourg de Chpola. La syphilis est le fléau principal des populations rurales de presque toute la Russie. Dans toutes les contrées que j'ai eu l'occasion de visiter, la quantité des malades est énorme; mais, dans le midi, ce sont surtout les gouvernements de Kiew, de Poltava et de Thernigow qui en soutirent le plus. Je connais des villages où au moins le tiers des habitants est contaminé par le mal. Dans celui de Yarosla\vka, sur 120 familles, il y en a 30 que je connais être syphi- litiques, et seulement 64 dont je suis sûr qu'elles ne le sont pas. L'in- fluence'de la syphilis sur la dégénération de la population et sur l'ac- croissement de la mortalité est énorme. Je ne connais presque pas de membre d'une famille syphilitique de mon village qui ait dépassé l'âge de 60 ans. Les 30 familles contaminées ont fourni, dans le courant de 27 ans, 124 cas de mort ou 4.15 par famifle, tandis que les 64 familles libres de la contagion n'ont perdu que 176 individus ou 2.75 par famille. Par conséquent, le rapport de la moitalité des syphilitiques à celle des personnes qui ne le sont pas, est, dans le village de Yaroslawka, égal à 150 0/0. La raison principale d'une pareille propagation de la syphilis est r hérédité. Les mariages des individus contaminés par le mal sont très fréquents; les paysans ne se rendent pas compte de la connexion qui existe entre la syphilis tertiaire et ses accidents primaires et secondaires. Ils n'admettent pas tous son hérédité, ils la cachent souvent et marient leurs enfants malades en propageant de cette façon la maladie de plus en plus. La plus grande partie des malades, qui existent à présent, ne le sont pas de leur propre faute, mais tiennent la contagion de leurs pa- rents ou grands parents. Il m'est aussi arrivé de voir des exemples où la syphilis héréditaire ne s'est manifestée que vers l'âge de la puberté. Outre l'hérédité et les motifs généraux de la propagation de la syphi- lis, c^ est-à-dire le campement des soldats dans les villages, la prostitu- tion, etc., il y en a encore de spéciaux dans le midi de la Russie, et sur- D' S. PODOLINSKY. — ÉTAT SANITAIRE DES POPULATIONS DE KIEW 867 tout dans le gouvernement de Kiew. Ce sont les fabriques de sucre et leurs plantations de betteraves où le travail est organisé d'une façon vi- cieuse et dangereuse pour la salubrité publique. Les fabricants de sucre, pour la plupart juifs, ne trouvant pas facilement la grande quantité d'ouvriers nécessaires à la culture des betteraves, en partie à cause de l'aisance relative et de la modicité des besoins de la population rurale, ont imaginé d'attirer la jeune génération des villageois en réunissant l'orgie au travail, en offrant de l'eau-de-vie et en faisant jouer de la musique plusieurs fois par jour, en faisant coucher jeunes garçons et jeunes filles ensemble, en un mot, en offrant toutes les occasions à la débauche, en tâchant de dépraver la population , la ruiner moralement et matériellement , pour l'avoir constamment en leur pouvoir. Les jeu- nes gens des villages, grâce au manque complet de toute espèce d'édu- cation intellectuelle ou morale , se laissent bien souvent prendre dans ce piège grossier, quittent par centaines les maisons de leurs parents et s'en vont passer deux ou trois mois aux plantations des betteraves, dans un milieu dépravé et malade, s'habituant à boire de l'eau-de-vie, dé- pensant tout leur salaire, contractant la syphilis. Les jeunes filles qui ont passé une saison « aux betteraves h sont très difficiles à retenir à la maison. Elles s'ennuient et ne peuvent plus supporter le travail ré- gulier dans leur famille. Dès qu'elles voient arriver au printemps les beaux musiciens-embaucheurs des fabricants, assis sur des chars décorés, traînés par quatre chevaux magniiïques, elles n'écoutent plus les sages exhortations de leurs parents et se laissent facilement enlever, pour ne revenir que vers la fin de la saison, fatiguées, dépravées, malades. A lo kilomètres environ de Yaroslawka, il y a un village nommé Lipianka, qui m'a fourni, dans le courant d'un seul été, plus de cinquante jeunes filles de seize à vingt-cinq ans malades de la syphilis. En général, la quantité de malades syphilitiques, que j'avais à examiner par an, dépas- sait un millier d'individus, ce qui constituait à peu près ^0 0/0 de la totalité des malades qui venaient me consulter. La partie septentrionale de mon district médical, qui possède quatre grandes fabriques de su- cre, m'a présenté au moins deux fois autant de cas de syphilis, que la partie méridionale où les fabriques n'ont pu être organisées à cause du manque presque total de forêts. Ni le gouvernement, ni les municipalités n'entreprennent rien de sérieux pour l'assainissement de la contrée et pour le traitement de la syphilis. Les paysans eux-mêmes s'expliquent encore très mal les vraies raisons de leurs maladies. Ils ont une tendance prononcée à attribuer tous leurs maux à des influences momentanées, comme par exemple au froid ou à un effort considérable, etc., et n'admettent que difficilement l'influence prolongée et accumulée des mauvaises conditions nygiéniques. 8(58 SCIENCES MÉDICALES Les superstitions et la croyance aux causes supranaturelies sont aussi très répandues jusqu'à présent. Les principales explications de celte dernière espèce peuvent être réunies dans les catégories suivantes : Porobleno, ce qui veut dire que quelqu'un, par malveillance, en faisant des actions symboliques, a envoyé le mal à celui qui souftre. Nahoworeno exprime l'influence funeste de paroles malveillantes. Pristrite ou mauvaise rencontre est la cause des maladies provenant de la rencontre d'une personne qui a le mauvais œil. Le Pidviy arrive lorsque quelqu'un rencontre un tourbillon, ce qui est considéré comme très dangereux, car c'est aux mouvements rotatifs des diables (}ue les paysans attribuent ce phénomène de la nature. Le Péréliak ne veut dire autre chose qu'une « frayeur », et sert pour expliquer les maladies nerveuses, l'épilcpsie, etc. Les « Vieilles femmes » traitent ces maladies en cassant un œuf et le versant dans de l'eau. Si, en regardant la forme acceptée par l'œuf dans l'eau, la t Vieille » devine la raison de la frayeur du malade; ce dernier guérit (1). Toutes ces superstitions, du reste, commencent à s'atfaiblir, et depuis l'existence des Conseils généraux dans plusieurs gouvernements de la Russie méridionale, la confiance des paysans pour les médecins con- sciencieux a beaucoup augmenté et les idées rationnelles sur la santé commencent à se propager rapidement. Les populations agricoles de la Russie méridionale sont intelligentes, elles se distinguent par une grande douceur de caractère, et témoignent envers le médecin consciencieux une telle bienveillance et une telle délicatesse de sentiments, (ju'on est étonné de les rencontrer chez des gens pour l'éducation desquels les classes dirigeantes ne se sont jamais donné la peine d'entreprendre quoi que ce soit de sérieux. M. CÏÏALOT Agrégé (le la Faculté de médecine do Montpellier. SUR LES INJECTIONS HYPODERMIQUES DE CHLORHYDRATE DE PILOCARPIIME (KXTHAIT du l'ROCÈS-VKKBAL.) Séunce ilu 29 août IS79. — M. CuALOT cooinuini(iue le ré>uUat de ses observations sur les injections liyi)0(lermiques de chlorhydrate de pilocarpine après l'opération de la cala- racle par extraction et dans quelques autres afleclions. Dans plusieurs cas (■I) s. P0D0Li>sKY. L'ilijqièiic dit peuple en Oulaaine, 1879 (en Outrainien). CHALOT. — INJECTIONS HYPODERMIQUES DE PILOCAUPINE 869 d'hydarthrose du genou, simple ou double, dans un cas de kyste de rovaire, d'hydrocèle, d'infection purulente, l'auteur n'a rien obtenu comme résultat thérapeutique, et cependant les effets physiologiques ont été très marqués dans tous ces cas. Tous les malades ont supporté difficilement les injections de chlorhydrate de pilocarpine, tant à cause de l'angoisse que de la lassitude qui les accom- pagne; plusieurs même ont refusé absolument de continuer la médication. Injecté à des intervalles trop rapprochés ou en trop grande quantité, ce médi- cament donne lieu à des phénomènes d'intoxication, à des syncopes qui peu- vent être mortelles. Les injections de pilocarpine, faites pour la plupart des cas à doses assez grandes et en nombre suffisant, n'ont donné que peu ou pas de résultat contre la kératite superficielle, diffuse, l'hyphéma, l'aquo-capsulite, l'exsudation et l'état nébuleux du corps vitré. DISCUSSION M. FiEuzAL n'a rien obtenu de l'injection du nitrate de pilocarpine dans un cas d'atrophie papillaire commune; ce médicament n'a pas arrêté la marche de la maladie, bien qu'il ait été continué pendant six semaines; le malade était fatigué par la sialorrhée et les sueurs, et on s'arrêta. M. Denucé a employé aussi le chlorhydrate de pilocarpine dans un cas à la suite d'une opération de cataracte; un jour on injecta par mégarde 10 centi- grammes au lieu d'un. Il survint immédiatement des phénomènes d'intoxica- tion graves : sialorrhée abondante, sueurs, vomissements, superpurgation, refroidissement du corps, état syncopal. On aurait pu penser à un véri- able cas de choléra. Néanmoins le malade en revint. M. EusTACHE a essayé ce médicament dans vingt ou trente cas, entre autres de kératite ou d'accidents consécutifs à l'opération de la cataracte, sans obtenir d'amélioration. Dans trois cas d'atrophie commençante de la pupille, les résul- tats ont été également négatifs. M. Leudet ayant observé, dans un cas d'exsudat hémorrhagique, des mem- branes de l'œil, consécutif à une embolie rétinienne de cause cardiaque, des accidents à la suite de l'administration de la pilocarpine, demande s'il ne faudrait pas rapporter ces accidents à la présence de l'affection c'ardiaque. M. Massakt (de Honfleur) rapporte à titre de renseignement, qu'ayant admi- nistré deux injections de pilocarpine dans un cas d'ascite de cause cardiaque, le malade mourut un quart d'heure après la troisième, pratiquée dans les mêmes conditions que les précédentes. M. Chalot ajoute à ces propos que les deux malades chez lesquels il a observé des accidents syncopaux étaient atteints d'athérôme artériel très marqué, il est probable qu'il existait aussi des altérations du cœur ou des reins. 870 SCIENCES MÉDICALES M. le I' QÏÏIIQÏÏÂÏÏD MéJec'in des hôpitaux de Paris. LA WALADIE ET SA LÉSION HÉMATIQUE. — Séance du 30 août. 1879, — La maladie modifie la composition chimique du sang, nous le savons surtout depuis les travaux de Dumas, d'Andral et Gavarret, de Becquerel et Rodier, de Denis, de Schmidt, d'Hoppe Seyler, de Schottin, de Zim- mermann, etc., etc. Los premiers observateurs ont montré que le sang des phlegmasies était lésé d'une manière spéciale; de même dans l'urémie il existait des altérations particulières ; mais ici on a été moins heureux. — Quoi qu'il en soit, il y avait dans toutes ces recherches qui ont été nombreuses, une idée vraie, qui n'a pu être acceptée comme scientifiquement démon- trée, puisque l'altération n'avait été guère élucidée que pour les phleg- masies. (Nous nous plaçons au point de vue exclusivement chimique.) L'idée neuve que nous voulons introduire dans la science, avec des chiffres à l'appui, c'est que la maladie, entité morbide distincte, doit entraîner une lésion du sang correspondante. Depuis 1872, nous |nous sommes livré à l'étude des lésions du sang dans les maladies. De nos analyses chimiques nombreuses, qui s'élèvent aujourd'hui au chiffre de 1,220, nous pouvons conclure : que chaque état pathologique, bien classé comme espèce morbide distincte, entraîne à sa suite une lésion du sang toute spéciale, qui porte tantôt sur un élément, tantôt sur un autre ; en un mot, le sang est un miroir où se réfléchissent les moindres troubles de l'organisme : cela devait être théo- riquement, puisque d'après notre illustre maître Cl. Bernard, le sang est un milieu intérieur où vivent les organismes élémentaires. Eh bien, cela est démontré chimiquement. Nous pourrions rapporter ici des preuves nombreuses en parcourant tout le vaste champ de la pathologie ; nous nous contenterons d'en donner un certain nombre, prises au hasard dans les analyses que nous avons faites pendant ces trois dernières années. A. — Diagnostic différentiel entre la dilatation simple de l'estomac et le carcinome. Dans le carcinome stomacal ù la période d'état, l'hémoglobine des- D"" QUINQUAUD. — LA MALADIE ET SA LÉSION HÉMATIQUE 874 cend à 52 s"" 08, souvent même le chiffre est inférieur à celui-ci. On le voit atteindre 41 s-- 66 et même 36 s' 45. Dans la dilatation simple de l'estomac au contraire l'hémoglobine reste au-dessus de 90 grammes, alors même que l'affection existe depuis plusieurs années. Dans les cas de carcinome, le pouvoir oxydant arrive à 100 centimè- tres cubes, parfois même à 80 et à 70 centimètres cubes. Dans la dilatation simple, ce même pouvoir est k 174 centimètres cubes, souvent même il reste au-dessus, atteignant 180 ou 190 centimè- tres cubes. Dans le carcinome et dans la dilatation, les matériaux solides sont à peu près au même taux, c'est-à-dire aux environs de 80 grammes pour 1,000 grammes de sérum. Le diagnostic repose donc sur l'examen de l'hémoglobine et du pou- voir oxydant, les variations des matériaux solides n'ayant pas de valeur dans l'espèce. S. — Cancer isation. Il existe, au point de vue des lésions hématiques, des phases distinc- tes : une première d'anémie mal caractérisée, l'autre de cachexie. Dans la première période, l'hémoglobine ne descend guère au-dessous de 80 à 90 grammes. Le pouvoir absorbant varie entre 176 centimètres cubes et 156 centi- mètres cubes. Les chiffres peuvent persister parfois fort longtemps. Les matériaux solides varient peu, à peine s'ils s'abaissent de quel- ques grammes : on trouve 88, 87 grammes au lieu de 90, chiffre normal. Si l'on met en parallèle la tuberculose et la carcinose, on trouve que même à cette période les lésions du sang sont loin d'être les mêmes. 1° Dans la tuberculose, peu de diminution de l'hémoglobine, qui reste au-dessus de 95 grammes. Dans la carcinose, l'hémoglobine descend au-dessous de 90 grammes, en moyenne 84 grammes. Dans la tuberculose, les matériaux solides descendent vite à 78, 76 grammes. Dans la carcinose ils restent aux environs de 88 grammes. 2° Phase de la carcinose : Ici les altérations sont très tranchées. De toutes les maradies ce sont la carcinose et la chlorose qui font le plus baisser le chiffre de l'hémo- globine. Il s'agit donc de maladies destructives de l'hémoglobine. Dans la carcinose, le chiffre de cette substance colorante peut des- 872 SCIENCES MÉDICALES cendre à 28 grammes et même à 25 grammes, par exemple, dans la dernière période du cancer de l'estomac, alors même que les malades perdent peu de sang dans les garde-robes ou dans les vomissements. Dans les carcinomes, le chiffre de 57 e%29 est déjà élevé. Voici des chiffres d'hémoglobine que je relève dans différents cancers à différents moments de la cachexie. 62 ^' 50 57 sr 29 54 «' 05 52 ^' 88 47 3 40 87 31 66 30 5 33 5 32 2 30 3 28 2 Les mômes chiffres peuvent servir à montrer l'action destructive de l'hémoglobine sous l'influence du néoplasme malin, bien qu'il n'y ait pas d'hémorrhagie. A mesure donc que la cachexie marche sur la fin, à mesure l'hémoglobine baisse dans des proportions énormes inconnues dans les autres cachexies. Ainsi, dans l'espace de quinze jours, un de nos malades a perdu 12 grammes d'hémoglobine pour 1,000 grammes, presque un gramme par jour. Cette destruction plus ou moins rapide est un caractère de haute valeur dans certains diagnostics difficiles ; par exemple dans les cancers latents viscéraux, dans le cancer pleuro-pulmonaire, du foie, de l'esto- mac, dans certains cancers particuliers, de l'intestin, des reins, de la rate, du péritoine. Le pouvoir absorbant oscille dans de certaines limites : A cette période débutant vers 120 centimètres, il descend à 110 centimètres à 100'''',86, 70'=S59 et même 60"=°, 68. A ce moment, les malades sont d'une pâleur jaunâtre spéciale. Matériaux solides. Quand il n'y a pas de complications, peu d'hémorrhagies, le chiffre des matériaux solides à cette dernière phase s'éloigne peu du taux normal. Aussi à la phase ultime la règle est de rencontrer 80 grammes de matières solides, quelquefois un peu plus, rarement moins. S'il existe des hémorrhagies , le chifTre baisse considérablement, quoique le chiffre -72 grammes soit un minimum qui n'est pas souvent atteint à moins qu'il ne se produise de grandes pertes de sang : un chiffre moyen assez fréquent est 76 grammes dans bon nombre d'épi- théliomas utérins. Lorsque dans le cancer de l'utérus il se produit des hydronéphroses, des néphrites, ce qui est commun, on voit les matériaux solides, qui par exemple étaient à 78 grammes remonter à 86 grammes, et même davan- tage : dans ces cas, il faut se défier d'accidents cérébraux, d'origine D"" QUINQUAUD, — LA MALADIE ET SA LÉSION HÉMATIQUE 873 rénale : il y a rétention des matériaux, excrémentiels, et bientôt on voit suivre une tendance invincible au sommeil. Cela dure plus ou moins longtemps. A ces symptômes s'ajoutent un état particulier du regard, un certain état d'hébétude; le malade répond aux questions posées; mais il dort continuellement, puis un jour quelques secousses surviennent qui ter- minent la scène morbide. Très souvent il existe de la polyurie, excellent signe qui, avec un peu d'albuminurie indique le plus souvent une néphrite avec hydronéphrose en voie d'évolution. C. — Cas mixtes (néphrite interstitielle et néphrite parenchymateuse). Chez ces malades, la destruction de la matière absorbant l'oxygène est plus considérable que dans l'une ou l'autre affection. Cette substance descend à 67s%70, même à une période peu avancée de la maladie. Le pouvoir oxydant descend à 130 centimètres cubes, parfois même au- dessous, et même à 100 centimètres cubes lorsque la maladie a duré longtemps, alors les malades deviennent pâles comme dans la paren- chymateuse. Les matériaux solides diminuent beaucoup et atteignent le chiffre de 62^%60 et même 58 grammes. D. — JSéphritc interstitielle. L'hémoglobine se détruit; à la période d'état on trouve souvent 75 grammes; elle descend parfois à 67^% 70, les variations se font entre 70»%2 et 75 grammes. La destruction est moins considérable que dans le cancer, marche beaucoup plus lentement, met des mois à évoluer, est un peu moins forte que dans la tuberculose, bien que néphrite interstitielle et tuberculose marchent de pair pendant la première et la deuxième période; mais la tuberculose est essentiellement destructive de l'hémoglobine pendant la troisième période, tandis que dans l'interstitielle, même avec cachexie, le taux reste encore au-dessus du chifïVe qui existe dans la cachexie tuber- culeuse. Le pouvoir absorbant oscille entre 145 et 130 centimètres cubes, attei- gnant 135, descendant parfois à 125 centimètres cubes. Les matériaux solides du sérum se chifirent par 80 grammes pour 1,000 grammes; vers la fin de la période d'état ces'^matières descendent parfois jusqu'à 74 grammes, de telle sorte que le diagnostic offre parfois des doutes : on rencontre en effet des malades qui présentent une bronchite secondaire d'origine rénale, et l'on se demande s'il s'agit de 874 SCIENCES MÉDICALES tuberculose avec tuberculisation des organes génitaux, lésion qui expli- querait la petite quantité d'albumine. En outre des signes cliniques ordinaires, que je ne rappelle pas ici, on peut se fier au chiffre de l'hémoglobine ; si le malade est dans la ca- chexie, si le sang contient o2 grammes d'hémoglobine, il faut conclure qu'il s'agit de tuberculose. Si au contraire, on est encore dans le premier et le deuxième degré, c'est le contraire qui arrive, la tuberculose détruit peu, et l'interstitielle détruit beaucoup. Si donc le chiffre de l'hémoglobine est au-dessus de 80 grammes, c'est de la phthisie. S'il est vers 70 grammes, c'est de la néphrite interstitielle. Si on compare les matériaux solides de l'interstitielle et de la tuber- culose, on trouve à la phase cachectique que la tuberculose use plus les matériaux du sérum que f interstitielle ; de telle sorte que dans certain cas douteux si ces matières sont à 70 grammes, c'est de la phymie, si au contraire le chiffre se maintient au-dessus de 74 grammes, c'est de la sclérose rénale. C'est tout l'opposé pour le cancer comparé à la néphrite interstitielle. La diathèse cancéreuse est destructive de l'hémoglobine, comparable en cela à la chlorose, mais respectant la composition du sérum comme cette dernière, bien que toutefois le chiffre des matériaux solides s'abaisse un peu dans le cancer et descende vers 78 grammes. On peut encore établir un parallèle entre les lésions hématiques du petit rein et celle du gros rein blanc. Dans le premier cas, les matières solides n'arrivent pas au-dessous de 74 grammes, tandis que dans le deuxième cas ces mêmes matières se chiffrent par 60 et même 56 grammes. En raison de l'aspect cachectique des malades, on peut parfois en clinique hésiter entre un cancer latent viscéral et une néphrite ; dans ce cas la lésion du sang peut éclairer le diagnostic. Dans le carcinome l'hémoglobine descend à S7 grammes, tandis que dans la néphrite elle est à 67 grammes ou au-dessus. De plus l'albumine, les sels, les matières extractives restent au-dessus de 78 grammes dans le cas de cancer, tandis que dans la néphrite inters- titielle ces matières descendent à 74 grammes. E. — Néphrite parenchymateuse (gros rein blanc). Période d'état. L'hémoglobine descend jusqu'à 88^'',o4 oscillant le plus souvent entre 98 et QS^^jO. Cependant on voit là une pâleur qui ressemble beaucoup à celle de la chlorose, avec toutefois une bouffissure un peu spéciale des tissus. Il résulte donc qu'avec des apparences à peu près sem- blables on a des lésions hématiques toutes différentes. D"" QUINQUAUD. — LA MALADIE ET SA LÉSION HÉMATIQUE 875 Dans la chlorose le chiffre de l'hémoglobine descend à 52 ou 46 gram- mes, quelquefois au-dessous. Ce chiffre n'est jamais atteint dans la néphrite parenchymateuse. Dans la chlorose le chiffre des matériaux solides reste normal. Dans le gros rein blanc ces matériaux descendent au chiffre incroyable de 60 à oo grammes pour 1,000. Il y a là un parallèle des plus instructifs. Le pouvoir absorbant dans la parenchymateuse varie entre 170 et 190 centimètres cubes. Cette lésion hématique est bien caractérisée dans la néphrite subaiguë ; dans les formes chroniques il se produit des améliorations, alors les chiffres varient un peu : dans ces périodes, il n'est pas rare de voir l'hémoglobine rem.onter à 104'5%16, le pouvoir oxydant à 200 centimètres cubes, tandis que les matières solides sont à 735%o0, et cela aune époque où l'œdème existe encore. F. — Action dé la thoracentèse sur les éléments du sang. La thoracentèse fait subir au moins momentanément au sang des altérations manifestes, l*' Elle est destructive de riiémoglobinc. Voici des chiffres : Avant la thoracentèse : hémoglobine 98?"", 95 Troisième jour après la thoracentèse : hémoglobine ... 72 91 Autre cas : Avant la thoracentèse : hémoglobine GTs^TO Le lendemain Idem 60 2° Elle diminue le pouvoir oxydant du sang. En voici la preuve : Avant la thoracentèse : pouvoir oxydant 130"'= Le lendemain Idem 116 Autre cas : Avant la ponction : pouvoir oxydant 190 Trois jours après Idem 140 3" Elle altère la constitution chimique du sérum du sang : Avant la thoracentèse : substances solides 114»' Trois jours après Idem 68 78 Autre cas : Quinze jours avant la ponction : substances solides .... 98'' Le lendemain Idem ... 82 40 G. — Scorbut. L'hémoglobine subit des altérations dans la première phase, elle atteint le chiffre de 93 à 98 grammes; dans la période d'état elle descend à 876 SCIENCES MÉDICALES 57s'",07 oscillant autour de 60 grammes, et dans la dernière période ou dans les cas graves de scorbut elle atteint les chiffres de 46^%87 à 41^'',66. Le pouvoir absorbant est environ de 170-'',9 à 180'"° ,8 dans la première phase ; tandis que dans la période d'état il n'est plus que de 110°%2 à H0''%5, enfin, dans les cas intenses, il descend à 90 centimètres cubes et même à 80 centimètres cubes, parfois même fabsorption maxima est encore moindre. C'est ce qui arrive chez les malades où les infiltrations sanguines sont considérables. Dans les cas sporadiques que nous voyons de temps à autre dans les hôpitaux de Paris, cas survenant à la suite d'une alimentation in- suiïisante et par la qualité et par la quantité, et d'une mauvaise hygiène dans ces cas, dis-je, le chiffre de l'hémoglobine à la période d'état, descend à S6 grammes, et le pouvoir absorbant est de 10''%8. L'albumine, les sels, les matières extractives diminuent dans le sé- rum ; elles atteignent dans les cas sporadiques de nos hôpitaux le chiffre de 78, ^'"78 pour d,000 grammes de sérum. Dans les cas plus graves, à la première période, la proportion est de 8i grammes en moyenne, dans la période d'état elle descend à un chiffre intérieur à 78 grammes; et dans la dernière phase, il n'est pas rare delà voir atteindre 68 et môme 65 grammes. H. — Purpura simplex. L'hémoglobine est moins détruite que dans le scorbut, elle ne des- cend jamais au-dessus de 64s'",50 dans la période d'état de la maladie; — tandis que dans le scorbut le chiffre de 57 grammes est souvent atteint. La quantité d'hémoglobine est plus élevée que dans l'anémie palustre, dans la chlorose que dans les lésions cardiaques avec anémie, que dans les cancers, moins élevée que dans la grossesse. Le pouvoir absorbant reste à 125 centimètres cubes, oscillant autour de ce chiffre, et même dans les cas légers il est à 162 centimètres cu- bes pour 1,000 centimètres cubes. Les matériaux solides restent aux environs de 85 grammes comme minimum, ils ont donc diminué, mais dans de faibles proportions. /. — Purpura exanthématique. L'altération du sang est la même que dans le purpura simplex. /. — Purpura hemorrhagica. L'hémoglobine peut descendre à 46^%87 et même plus bas encore. On le comprend facilement puisqu'il existe des hémorrhagies par les D' QUINQUAUD. — LA MALADIE ET SA LÉSION HÉMATIQUE 877 muqueuses; nous avons trouvé deux fois 26 s^ 3 d'hémoglobine pour 1,000 grammes de sang. Le pouvoir absorbant peut atteindre 90 centimètres cubes et même 50 centimètres cubes. L'albumine, le sérum, les sels, les matières extractives diminuent parfois dans de grandes proportions, de manière à atteindre le cbifïre de S6 grammes, plus rarement 66 à 70 grammes. La lésion hématique de cette variété de purpura se distingue donc de celle du scorbut : 1" Par l'abaissement plus considérable du chiffre de l'hémoglobine et du pouvoir absorbant. On a 46 grammes dans le premier cas, tandis que le chiffre est de 57 grammes dans le second cas. 2° Par la diminution plus notable des matériaux solides du sérum, on a en effet 70 grammes en moyenne dans le scorbut, tandis que dans le purpura hemorrhagica le chiffre est de 56 grammes. De plus, dans les diverses variétés de purpura, les sels inorganiques sont proportionnellement à peu près normaux, tandis qu'ils ont beau- coup diminué dans le scorbut. K. — Chlorose. La lésion hématique de la chlorose est caractérisée surtout par deux caractères, l'un positif, l'autre négatif. Dans la chlorose vraie, il y a : 1" Destruction de la matière albuminoïdc soufrée et ferrugiiieuse, des- truction de l'hémoglobine cristallisable, qui descend à 30 grammes pour 1,000 grammes de sang pour osciller à la période d'état entre 70 et 30 grammes. Les femmes chlorotiques n'acquièrent jamais un taux très élevé d'hé- moglobine, et alors qu'elles n'éprouvent plus aucun trouble fonctionnel, le chiffre de l'hématocristalline ne dépasse pas 90 grammes pour 1,000 grammes, il semble que la source même de la matière essentielle des globules ait été lésée profondément, de telle sorte que, dans la suite il leur soit impossible d'acquérir son maximum primitif d'activité. Ces femmes restent donc chlorotiques pendant toute la vie, subissant facile- ment, sous l'influence de causes débilitantes variées, l'action anémiante d'une foule de maladies : ce sont elles surtout qui constituent une grande partie des anémies dites pernicieuses. 2° Le sang chloroti((ue offre un maximum d'absorption qui varie de- puis 69'^^9 pour 1,000 grammes de sang jusqu'à 150 centimètres cubes, moyenne 104=%9, en prenant les deux extrêmes ; en réalité, quand on 878 SCIENCES MÉDICALES opère sur dix chloroliques, on trouve une moyenne de 80 centimètres cubes (le maximum d'absorption physiologique est de 240 pour 1,000). 3" Le sérum du sang renferme la même quantité de matériaux solides qu'à l'état physiologique ; ainsi j'ai trouvé les chiffres suivants après dessi- cation à 100" dans l'étuve; 90 grammes pour 1,000 grammes de sérum, 88, 92, 94 grammes de matières solides (à l'état normal on note 92 à 94 grammes de matières solides pour 1,000 grammes de sérum. Il est très intéressant de voir que la lésion ne porte pas sur le sérum, mais bien sur l'hémoglobine même, qui est détruite, ce qui explique la pâleur des tissus). L. — Anémie des prisons. Sous l'influence de causes multiples, on voit survenir chez les prison- niers un aspect tout spécial, et lorsqu'on vient à analyser la composi- tion chimique de leur sang, on constate les caractères suivants : L'hémoglobine pour 1,000 grammes de sang est descendu à 76-%3 au lieu de 12o grammes (chiffre physiologique moyen), la destruction est donc fort nette. Cette diminution survient parfois assez vite; dans certains cas, après quinze jours, un mois chez les uns, tandis que d'autres n'arri- vent à ce chiffre de 76 grammes qu'après deux ou trois mois, il existe une résistance individuelle ici comme dans d'autres circonstances si communes en pathologie. Le pouvoir respiratoire arrive à 147 centimètres cubes d'oxygène pour 1,000 grammes de sang au lieu de 240 (chiffre physiologique moyen). Donc ici encore, diminution très considérable. Les matières solides dites plastiques du sang n'atteignent plus le chiffre normal de 90 grammes par 1,000 grammes de sérum ; en effet, on ne trouve plus que 77, 76, 7o grammes de matériaux solides. M. le L' MAEQÏÏEZ Médecin en chef de l'hôintal d'Hyères (Var]. NOTE SUR LE SABLE ÎNTESTINAL Séance du 2 9 aoû t 1 S7 9 . — Il y a cinq ou six ans, M. Laboulbène a signalé à l'attention des praticiens une matière sableuse qu'on peut trouver dans les garde- robes de certains malades ; il a proposé de l'appeler sable intes- tinal. D"" MARQUEZ. LE SABLE LNTESTINAL 879 « Cette matière sableuse ressemble beaucoup à du sable ou à des graviers très tins; elle se présente sous la forme de granulations jau- nâtres ou brunâtres, hérissées de petites cristallisations irrégulières et plus ou moins transparentes sous le microscope ; elle reconnaît pour origine des particules tantôt siliceuses, tantôt végétales, venues du dehors et sur lesquelles s'est déposée comme sur un noyau, — ainsi qu'il arrive pour la formation des calculs vésicaux, — une croûte de matières organiques ou de substance calcaire, du phosphate ammoniaco- magnésien de préférence; elle serait le résultat d'une alimentation trop exclusivement végétale et de l'ingestion inaperçue, ou peut-être volontaire, de particules siliceuses. » Pour combattre utilement les accidents gastralgiques et entéralgi- ques auxquels donnent lieu la production de ce sable et sa présence dans le calibre intestinal, il suffit de purger modérément, de réduire l'usage des végétaux et de faire prédominer dans le régime l'alimenta- tion azotée » (1). Plus récemment, dans ses Éléments d'Anatomie pathologique, le sa- vant médecin de la Charité a laissé entrevoir que le cadre qu'il venait de tracer pourrait bien s'élargir un jour. Toutefois il ne s'est pas arrêté grandement sur ce point; après avoir rappelé les données de son mé- moire de 1873, il s'est borné à indiquer brièvement que, depuis la publication de ses premières recherches, il avait eu connaissance de productions sableuses venant de l'intestin et composées de phosphate de chaux, dans un cas qui lui avait été communiqué par M. Hérard; d'u- rate de chaux, sur un goutteux observé par M. Legouest (2). Celte question du sable intestinal est encore assez nouvelle, croyons- nous, pour qu'il puisse n'être pas inutile de faire connaître aujourd'hui un cas de lithiase intestinale que nous avons eu l'occasion de rencontrer dans notre pratique. Nous y avons trouvé une preuve de plus des difficultés d'interprétation que soulève la solution de tant de problèmes de physiologie pathologique. OBSERVATION Femme de 48 ans, à la ménopause. De complexion délicate, elle a souffert dès sa jeunesse, mais plus particulièremeiU depuis une quinzaine d'années, d'états morbides qui ont emprunté leur caractéristique à Therpétisme et à l'ar- thritisnie et qui ont touché à tous les grands appareils de la vie, à toutes les fonctions, sans cependant laisser nulle part l'empreinte d'un travail de désor- ganisation. De ces assauts divers et fréquemment subis, il est résulté, de bonne heure, un appauvrissement de plus en plus accentué de l'écononiie, la (1) Académie de médecine, séance du 19 novembre 1873. — Bulletin. (2) A. Laboulbène. — Nouveaux cléments d'Anatomie pathologique, 1879. 880 SCIENCES MÉDICALES nécessité de vivre de ménagements et l'obligation de suivre le régime qui con- vient à l'anémie. Il y a trois ans, aux approches de la ménopause, le ventre s'est plus sérieu- sement entrepris. A une diarrhée dysentérique qui doit avoir duré deux ou trois mois, a succédé un catarrhe chronique du gros intestin avec fluxions pé- riodiques irrégulières et parfois hémorrhagiques, selles capricieuses presque toujours précédées ou accompagnées, et surtout suivies de tranchées plus ou moins douloureuses. Nous ne pensons pas qu'il soit utile d'entrer ici dans le détail d'actions morbides dont la continuité, — à certains moments l'exaltation sous la forme de crises aiguës, — exagère les pertes de l'organisme et use les ressorts de la vie. Mais nous devons noter que cette situation a augmenté l'anémie et rendu l'estomac plus dyspeptique encore que par le passé. Aussi le régime, depuis trois ans, est-il plus surveillé que jamais. — Il y a intolérance pour les végétaux, fruits ou légumes ; ils sont proscrits. Excep- tion a été faite en faveur des dattes qui passent assez convenablement, et du raisin dont on peut, aux meilleurs jours, prendre quelques grains, en ayant soin de rejeter peaux et pépins... Notre malade ne vit à grand'peine que d'un peu de laitage, de bouillon et de potages gras, un peu de poisson ou de blanc de volaille, rarement d'autre viande ; à peine un peu de pain ou quel- que féculent; assez régulièrement l'albumine de deux ou trois œufs crus. Fréquemment, le n)atin, une légère dose d'eau de Hunyadi pour provoquer quelque selle en retard et déblayer la voie encombrée tantôt par des paquets de mucosités plus ou moins épaisses et quelquefois sanguinolentes, tantôt par des matières diarrhéiques ou par de petites scybales de teinte ardoisée et sou- vent enrobées de mucosités de même nature que celles dont il vient d'être parlé. Dans ses selles, un jour, il y a quelques mois, M'"^ ... a découvert quel- que chose de grumeleux qui lui a paru être du sable... On a pris des pré- cautions pour ne point se laisser induire en erreur sur la provenance de ce sable, et l'on a acquis la certitude qu'il venait bien de l'intestin. Ces départs ne sont pas quotidiens ; rien ne les annonce ; ils ne correspondent pas néces- sairement à une période de crise; ils ont lieu à l'occasion d'une selle quel- conque, diarrhéique, moulée ou glaireuse, par lavement ou par laxatif; ils deviennent de plus en plus fréquents, sans qu'il ait été touché au régime habi- tuel. On a recueilli de ce sable. — Lavé avec soin et bien séché, il se présente sous l'aspect de corpuscules, la plupart granuleux et de couleur brunâtre, quelques-uns blanchâtres. Au microscope, ces derniers n'ont rien de régulier et semblent être des débris de matière organique. Les autres, les granules bruns, apparaissent sous la forme de grains oblongs, arrondis, mamelonnés et parfois hérissés de petits cristaux. L'analyse chimique a été faite avec beaucoup de soin par M. le pharmacien Castueil-Pattesson. Elle a établi: i° qu'il ne s'agissait ni de gravelle bihaire, ni de gravelle urique, non plus que de résidus hématiques ou fibrineux ; 2° que dans la composition de nos grains sableux entrent des matières azotées et une notable proportion de matière minérale. D*" MARQUEZ. ■ — LE SABLE INTESTLNAL 881' Suivant le mode d'opérer de M. Méhu (S*- observation Laboulbène), « 3/t cen- tigrammes de granules bien desséchés, après avoir été épuisés par l'éther et par l'alcool bouillant, sont placés dans une capsule de platine pour être inci- nérés, lis brûlent, donnant une flamme blanche, se boursouflant et répan- dant une odeur de corne brûlée. Il reste un flocon charbonneux, de nuance grisâlre. On ajoute deux gouttes d'eau dislillée et une goutte d'acide azotique : très légère eff"ervescence, indice de la présence de carbonates. Le travail d'in- cinération est repris; il fait obtenir pour résidu une cendre blanche, dont le poids est de 94 milligrammes. « La substance essayée contient donc 27. G, chiff"re rond 28 0/0 de matières minérales et 72 0/0 de matières organiques azotées. » Le produit de l'incinération ci-dessus est dissous dans de l'acide azotique étendu d'eau distillée. Partie de cette dissolution traitée par une solution nitrique de molybdale d'ammoniaque donne un précipité jaune et abondant de phos- pho-molybdate d'ammoniaque décelant la présence de l'acide phosphorique. Autre portion de la même dissolution donne, par l'oxalate d'ammoniaque, un précipité également abondant de chaux grenue et amorphe. » De cette seconde opération et de la très légère effervescence dont il a été parlé plus haut, il se déduit que les 28 parties de matière minérale sont composées de phosphate de cliaux avec traces de carbonate de chaux. » Pour résidu de traitement, une quantité minuscule d'une substance blan- che, cristalline, grinçant sur le verre, résistant à l'action isolée ou combinée du feu et des acides nitrique et snlfurique concentrés, et qui peut être de la silice. Nous nous en tenons à cette énonciation dubitative parce qu'il ne nous a pas été possible, avec ce résidu insignifiant, de pousser notre opération assez loin pour arriver à être tout à fait affirmatif. Nous avons donc affaire à une substance sableuse où Ton rencontre comme éléments constitutifs une matière calcaire abondante (près de 28 0/0 de phosphate de chaux avec traces de carbonate de chaux) et une matière organique de nature animale ; en outre, peut-être de la silice^ mais colle-ci en proportions si minimes qu'il n'y aurait pas liea d'en tenir un compte sérieux, son existence tut-elle hors de doute. Ce sable provient d'une malade anémiée, psychralgique, atteinte d'une hypersécrétion de mucus intestinal et dont le régime alimentaire est très franchement azoté; il provient d'un organisme oîi l'assimilation s'a- langiiit et où la dénutrition s'affirme. Le fait dont nous venons de dire les traits essentiels s'ajoute à ceux que M. Laboulbène a relevés et à ceux qu'il a cités d'après M. Hérard et d'après M. Legoucst, pour établir qu'il peut se rencontrer du sable bien authentique dans les matières alvines de certains malades. Cela posé, la question se dédouble, nous avons deux sables. Les observations de M. Laboulbène présentent un sable intestinal dans la formation duquel l'élément minéral est faible, variant entre 2 et 4 0/0 ; elles mettent en relief le rôle d'une alimentation trop exclu- 56 882 SCIENCES MÉDICALES sjvemenl végétale dans la production de ce sable, étant donnée l'inter- vention de certains éléments venus du dehors. Notre observation introduit qu'une alimentation presque exclusive- ment animalisée n'a pas été un obstacle à la production de sable dans les voies intestinales d'un sujet dont l'état de santé et le régime sem- blent devoir peu favoriser la formation de semblables produits. Ici c'est du sable phosphaté calcaire assez fortement minéralisé (28 0/0), moins cependant que dans le fait de M. Hérard (40 0/0). — De même que les observations de M. Legouest et de M. Kérard, notre observation ne fait pas appel à l'extériorité. Elle part d'un fait pathologique au lieu d'en créer un. Elle nous livre un produit pathologique dont la nature rappelle volontiers l'idée d'une constitution assez riche et qui, ici, en vertu d'actions et de réactions dont le secret nous échappe, s'est formé dans un organisme appauvri et semble s'y former avec plus d'abon- dance à mesure que la nutrition devient plus imparfaite. Il y a là un problème d'étiologie qui ressortit à la physiologie patho- logique. Serait-il que dans cet organisme si détérioré le peu qu'on lui donne à digérer jouât le rôle d'une alimentation trop généreuse ? Quoi qu'il en soit, il nous a semblé qu'il pouvait y avoir intérêt à recueillir les éléments de cette observation et à les soumettre à votre appré- ciation. M. CHÂMPiaîîT Pàarmaci^n. ANALYSE DE LIQUIDES DE KYSTES ET DE PRÉTENDUS CALCULS DE CHOLESTÉRINE «) — Séance du 29 août 1879 — \\] Voir Répertoire de Pharmacie et Journal de Chimie médicale. -1879, n"' VI et VHI. H. DE VARIGNY. — LES ATROPHIES CÉRÉBRALES CHEZ LES AMPUTÉS 883 M. SE&ÏÏIIi De Xew-Tork. SUR LE SYSTÈME MÉTRIQUE EN MÉDECINE (extrait DL' procès-vebbal.) — Séance du 39 août 1879. — M. Seguin rappelle les efforts qui ont été faits déjà dans le but d'arriver à l'adoption du système métrique dans les formules médicales des divers pays de l'Europe. 11 annonce que la British médical Association réunie à Cork vient de se prononcer dans ce sens, et dépose le rapport qui a été rcdigé sur cette question par la commission nommée il y a deux ans au Congrès de Genève. Ce rapport sera lu sous peu de jours au Congrès d'Amsterùam et M. Seguin assure ceux des membres de la secliou qui voudront bien l'éclairer de leurs lumières, que bon accueil leur sera fait. M. H. de VAEI&ÎÎT NOTE SUR LES ATROPHIES CEREBRALES CHEZ LES AMPUTES. — Séance du 29 août IS79. — Depuis que la physiologie cérébrale est entrée dans la voie des locali- salions corticales, voie ouverte par Fritsch el Hitzig il y a bientôt dix ans, et suivie dès lors par nombre de physiologistes et de médecins tels que MM. Ferrier et Charcot, deux mélhodes se sont offertes aux investigateurs. L'une, c'est la méthode expérimentale consistant essen- tiellement à déterminer des convulsions et des paralysies limitées en ex- citant ou en détruisant des portions également limitées de substance corticale ; l'autre, c'est la méthode clinique, consistant non plus en expériences sur les animaux, mais en observations portant sur l'homme même, et se résumant en ceci : rapprocher des paralysies et convul- sions, limitées ou diffuses, les lésions observées à l'autopsie, et en déduire les relations unissant les symptômes aux lésions. Mais là ne se termine pas la méthode clinique; elle emploie encore un autre pro- cédé qui a été plus spécialement appliqué par MM. Bourdon, Chuquet et Luys : c'est l'étude des atrophies cérébrales limitées, consécutives aux 884 SCIENCES MÉDICALES amjDiitalions ou aux arrêts de développement. Du moment qu'une porti n limitée de l'écorco cérébrale est spécialement et exclusivement occupée des mouvements volontaires d'un membre, ou d'un segment de membre, auquel elle commande, n'est-il pas à supposer que l'ab- sence de ce membre devra provoquer, vu l'absence d'incitations ;\ lui envoyer, une atrophie de ce centre ? Tel est le raisonnement employé. Plusieurs questions se posent aussitôt. Quelle sorte d'atrophie doit-il y avoir : y a-t-il atrophie pure et simple de tous les éléments constituant le centre cortical du membre atteint, ou y a-t-il sclérose de ces mêmes éléments continue à celle des faisceaux médullaires qui s'observe parfois; y a-t-il nécessairement atrophie, quelle qu'en soit la cause, dans tous les cas d'amputation ou d'arrêt de développement, et y a-t-il des raisons théoriques pour qu'elle existe ? Enfin à quoi reconnaîtra-t-on une alté- ration consécutive à une amputation. Les centres corticaux paraissent être les régions d'où émanent les ordres volontaires, les impulsions primitives. Celles-ci sont transmises à la moelle, et bien que nos connaissances relatives aux fonctions de ce dernier organe n'aient pas encore atteint im degré parfait, il est permis de penser que c'est à la moelle qu'incombe la tâche de la coordination des mouvements destinés à produire l'effet commandé par le cerveau. Le cerveau commande, la moelle obéit, a-t-on dit. Ce rôle, cette inter- vention de la moelle ne simplifie pas le problème, mais elle permet de comprendre certains faits que l'on a souvent voulu expliquer par l'hypothèse de h substitution fonctionnelle si hostile à celle des locali- sations cérébrales. Ceci dit en passant, abordons les termes du problème. Et d'abord, y a-t-il nécessairement atrophie cérébrale à la suite des amputations anciennes ou récentes ? Les faits répondent que non. Il y a des cas absolument négatifs, oîi aucune modification de l'aspect ex- térieur du cerveau n'a pu être observée, malgré une amputation impor- tante. Cependant il en est d'autres où l'atrophie a été observée. Les uns nous la montrent dans des régions autres que celles où nous eussions pu nous attendre à la rencontrer, étant admis que les localisations telles que les indique Ferrier sont exactes ; les autres enfin concordent avec les résultats obtenus par cet auteur, et Tatrophie y occupe le point des hémisphères où nous croyons devoir localiser le centre correspondant au membre amputé. Il y a donc trois ordres de faits : les négatifs; ceux où il y a atrophie en dehors du point voulu ; ceux enfin où elle occupe la région présumée. C'est dire que l'atrophie n'est pas chose néces- saire. Ne prenons maintenant que les cas où elle existe : de quelle nature est-elle ? Est-ce une atrophie pure et simple, par inertie fonctionnelle, portant sur les cellules et les libres qui en descendent, ou sur l'un de H. UE VARIGNY. LES ATROPHIES CÉRÉBRALES CHEZ LES AMPUTÉS 885 ces deux éléments ; ou bien est-ce une sclérose ascendante, continue à celle que l'on peut suivre dans quelques cas, rares à la venté, jusque dans le bulbe ? C'est à l'examen microscopique de répondre, et jus- qu'ici, il n'a guère été pratiqué que pour la moelle, oti il révèle le plus souvent une atrophie simple et non une sclérose. Dickinson, paraîl-il, l'a cependant fait pour le cerveau, et n'a pas trouvé de modification histologique appréciable ; Gowers a rencontré pareil insuccès. Mais les faits sont encore trop peu nombreux pour qu'on puisse se prononcer sur la nature de la lésion, quand il y a atrophie cérébrale : il y a lii.'u de suspendre son jugement et d'attendre de nouvelles expériences. En troisième lieu, à quoi reconnaîtra-t-on une atrophie cérébrale ? Pour qui a examiné de près un cerveau normal, la question paraît difficile. Rien de plus asymétrique, en ellit, que les hémisphères céré- braux, et cela en l'état absolument sain. Les scissures sont de profon- deur inégale ; elles ont des longueurs différentes ; leurs points de départ varient ; la scissure de Rolando elle-même se termine souvent sur la face interne de l'un des hémisphères, sur un plan antérieur ou postérieur de plusieurs millimètres à celui où elle vient aboutir sur l'autre. Les circonvolutions sont proportionnellement modifiées, en épais- seur, en largeur, en hauteur et en longueur. Une atrophie peu con- sidérable peut donc échapper, ou du moins, il n'est pas possible de mettre avec certitude une légère atrophie sur le compte d'une ampu- tation plutôt que sur celui de l'asymétrie normale. Les atrophies con- sidérables se révèlent d'une manière plus évidente ; encore y a-t-illieu de les distinguer des elfondrements qui s'observent parfois chez les vieillards. L'on peut conclure de ce qui précède que l'atrophie cérébrale chez les amputés n'est pas chose nécessaire ; sa nature est encore inconnue; la reconnaître n'est pas toujours chose facile. (1 y a donc lieu d'être extrêmement réservé à son égard, et il n'est pas encore possible de la faire entrer en ligne de compte lorsqu'il s'agit de la théorie des locali- sations cérébrales à laquelle elle n'apporte ni confirmation, ni opposi- tion. A ces arguments tout pratiques et tirés des faits, je joindrai celui de Ferrier, qui repousse les atrophies cérébrales en tant que citées à l'appui ou à rencontre de sa théorie, pour la raison suivante : « Quant à moi, je considère l'atrophie comme étant théoriquement tiès improbable, à part les cas d'absence congénilale. La simple absence d'un membre quia été longtemps en pleine activité fonctionnelle ne produirait pas, ;\ mon avis, une atrophie perceptible dans les centres moteurs corticaux. Le simple mouvement actuel ou objectif n'est pas la seule fonction de ces centres. Ils sont encore les registres organiques de la mémoire des 88<3 SCIENCES MÉDICALES mouvements correspondants et la base de l'idéation motrice, et je pense que leur nutrition peut continuer à se faire malgré la cessation de leur activité dans l'innervation du mouvement actuel ou objectif (1). » Ainsi Ferrier n'admet pas la nécessité des artophies par amputation ; sa cri- tique des faits avancés par MM. Charcot, Bourdon, Luys, Chuquet etc., le montre assez. C'est aussi la conclusion que semblent appeler les- faits que nous connaissons, relatifs à ce sujet : les atrophies cérébrales chez les amputés sont chose inconstante, non nécessaire, difificile à reconnaître, de nature encore inconnue, et ne paraissent pas jusqu'ici de nature à appuyer ou contredire sérieusement la théorie des localisa- tions cérébrales. Pour nous, le point principal qui appelle toute l'attention est l'état histologique des circonvolutions. Là est le nœud de la question selon toute probabilité. C'est aussi le point qui a été le moins étudié jusqu'ici et qui devra désormais l'être avant tout autre. M. S. DÏÏPLAY Agrésû (le la Faculté tic médecine de Paris, Chirurgien des hùpitaux-. TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L'.SYPOSPADIAS ET DE L'ÉPISPADIAS (extrait du procès-verbal.) — Séance du 30 août 'IS79: — M. Dliplay a apporté plusieurs modifications à son procédé de traitementde l'hypospadias (communiqué en 876 à la Société de Chirurgie) et a appliqué au traitement de l'épispadias la méthode et les procédés opératoires qui lui avaient réussi dan-; la première de ces deux, affections. Ce sont ces deux points qu'il vient soumettre à la section. 10 Traitement de l'hypospadias. — La méthode de traitement de l'hypos- padias périnéo-scrolal a pour principe de procéder par temps successifs qui peuvent être répartis de la manière suivante : a. Redressement de la verge ; h. Création d'un nouveau canal uréthral; c. abouchement des deux portions du canal urélhral. Le premier temps, le redressement de la verge, n'a pas subi de modifica- tions; l'expérience a montré à l'auteur qu'on pourrait impunément entamer une assez grande épaisseur du corps caverneux, ce qui est nécessaire pour rendre à la verge une longueur et une rectitude suffisante. C'est dans le mode de confection du nouveau canal que M. Duplay a in- troduit les modifications les plus impartantes : au lieu de tailler sur la sur- it) Localisation dans les maladies cérébrales, p. 70 (Edit. anglaise). D"" H. HENROT. — DE LA PONCTION CAPILLAIRE DANS^aL'aSCITE 887 lace inférieure de la verge deux lambeaux assez larges pour recouvrir complè- tement la sonde, il se borne maintenant à tracer de ebaque côté de la ligne médiane et à £2 millimètres en dehors de cette ligne une incision longitudi- nale, dont il dissèque à peine la lèvre interne de manière à l'incliner en dedans sur la sonde, mais sans chercher à recouvrir complètement celle-ci. 11 dissèque au contraire largement la lèvre externe de chaque incision, de manière à amener vers la ligne médiane la peau des parties latérales de la verge. La traction exercée sur la peau est ainsi beaucoup moindre et il devient possible de mettre au contact sur la ligne médiane deux surfaces de quelques millimètres au lieu d'un simple bord. La suture enchevillée a été substituée à la suture à points séparés, dans la réunion des deux lambeaux aussi bien que dans l'abouchement des deux portions du canal qui constitue le troi.-ième temps. La sonde à demeure ou- verte dont s'est toujours servi M. Duplay est maintenue en place pendant deux ou trois jours ; passé ce temps, le chirurgien permet aux malades d'uriner seuls. 2° Traitement de l' Épispadias . — Au lieu de chercher, à l'exemple de Nélaton et De Dolbeau, à constituer un nouveau canal avec des lambeaux pris sur la région hypogastrique, M. Duplay, suivant le précepte de Thiersch (de Leipzig) procède à la réparation de l'épispadias par une série de temps successifs : restauration de la partie balanique du canal, restauration de la portion pénienne, enfin abouchement du nouveau canal avec la portion pos- térieure. Mais le procédé qu'emploie M. Duplay diffère de celui de Thiersch en ce qu'il ne fait pas comme l'auteur allemand une fistule périnéale préli- minaire, il simplifie le procédé autoplastique et se préoccupe avant tout du re- dressement de la verge. L'opération de l'épispadias comprend, comme celle de l'bypospadias, trois temps successifs qui sont : 1° le redressement de la verge; 2° la création d'un nouveau canal depuis l'extrémité du gland jusqu'au voisinage de l'ouverture épispadien ne laquelle doit rester libre tant que le nouveau canal ne sera pas entièrement constitué ; 3» enfin l'abouchement des deux portions du canal. M. le W Henri .ÏÏEIEOT Professeur suppléant à l'ÉcoIi' do médecine de Reims. DE LA PONCTION CAPILLAIRE DANS L'ASCITE Séance du 30 août ■1879. La soustraction rapide d'une grande quantité de liquide à l'écono- mie, qu'il s'agisse d'un épanchement pleural ou d'une ascite, peut pré- senter des dangers sérieux; la thoracentèse n'est suivie de mort subite •888 SCIENCES MÉDICALES que lorsque l'opérateur vide trop brusquement la cavité pleurale; pour l'ascite quand la distension des parois abdominales est excessive, des accidents analogues peuvent se produire. Nous venons d'observer un cas ■de ce genre. Les dangers que la ponction ordinaire a occasionnés nous ont fliit rechercher un autre procédé plus inoffensif. V^oici d'abord le premier fait aussi résumé que possible : /re Observation. — Le 20 février dernier, M""^ X , âgée de 39 ans, en- Ire dans notre service à l'Hôtel-Dieu; elle est soutîrantc depuis quatre ans; depuis le mois d'octobre 1878, elle a dû renoncer à ses occupntions ; elle est atteinte de cirrhose du foie avec hypertrophie passive du cœur; depuis cinq mois elle vit à la campagne dans de déplorables conditions hygiéniques, sans recevoir de soins médicaux.; elle ne quitte pas le lit à cause de l'ascite et de l'œdème des membres inférieurs. Lors de son entrée, elle est dans une situation très alarmante ; il y a un œdème général, les membres inférieurs surtout sont distendus au maximum; la peau est amincie et gercée par l'etTet de cette tension excessive ; l'abdomen est très volumineux, il mesure 130 centimètres de circonférence au niveau de l'ombilic, 61 centimètres du pubis à l'appendice xyphoïde. Les membres inférieurs, la vulve, l'abdomen jusqu'à Tombihc, sont couverts de taches de purpura tellement rapprochées qu'ils présentent une coloration noire ; la gêne de la respiration est extrême ; la malade suffoque. Nous devons, ■pour prévenir une asphyxie imminente, pratiquer immédiatement la ponction. Nous prenons un trocart à thoracenlèse, muni d'un robinet; de temps à autre pour éviter la soustraction trop rapide du liquide nous interrompons l'évacuation; malgré ces précautions, la malade est prise 'd'accidents cardio- pulmonaires qui nous font craindre une brusque terminaison ; la respiration se suspend, il y a un commencement de syncope; nous devons, pour rétablir la respiration, frictionner les narines avec du vinaigre, et flageller vigoureu- sement la face et la poitrine avec un linge mouillé; nous retirons 25 litres d'un liquide citrin. Les jours suivants la malade se trouve très soulagée; cinq jours après la ponction, le purpura a complètement disparu. Les accidents très graves que nous venions de provoquer parla ponction, nous faisaient redouter une nouvelle intervention qui, selon toute apparence, ■s'imposerait quelques jours après. C'est alors que nous nous souvînmes de la communication du docteur Sûuthcy au Congrès du Havre, sur le drainage ca- pillaire, méthode que nous avons plusieurs fois employée avec succès. Nous avons pensé qu'en faisant des ponctions capillaires, nous soulagerions tout autant le malade que par la ponction ordinaire, sans lui faire courir les risques d'une syncope toujours à redouter quand le cœur et le foie sont grave- ment atteints. Nous fîmes depuis le 22 février, six ponctions capillaires (13 mars, 2 avril» .21 avril, 12 mai, 5 juin, 7 juillet) avec un intervalle de 19 jours entre les D'" H. HENROT. — DE LA PONCTION CAPILLAIRE DANS l'aSCITE 889 trois premières, de 2J jours entre les deux suivantes, et de 34 jours entre la cinquième et la sixième. La quantité de liquide qui a varié dans les premières ponctions de 28 litres à 23, est tombée dans les dernières de 18 à IC; la durée de l'écoulement a varié de cinq à huit heures. Le 2i juillet, M™^ X.. ., qui avait séjourné au lit pendant plus de neuf mois, est en état de se promener; elle n'a plus d'œdème des membres infé- rieurs; ceux-ci conservent seulement une coloration brunâtre; elle n'est pas guérie, mais elle trouve sa situation lellement améliorée qu'elle demande son exeat: elle retourne chez elle pour vaquer aux soins de son ménage. Les urines n'ont jamais élé albumineuses, elles ont été souvent hémaphéï- ques. Mous n'avons pas constaté désignes de syphilis; y a-t-il de l'alcoolisme? ce point n'a pu être nettement élucidé: la malade attribue à des mauvais trai- tements et surtout à des coups sur l'abdomen, la cause de la maladie; la ma- tité du cœur est augmentée, l'impulsion est faible, il y a un souffle systo- liquc à la base ; le foie est manifestement atropliié. La médication interne (iodure de potassium, vin diurétique, perchlorure de fer) n'a pas semblé jouer un rôle important dans l'amélioration de l'état de santé de la malade qui ne s'est produite qu'après l'emploi des ponctions. 2*^ Observation. — Chez un autre malade de notre service âgé de 51 ans, et atteint probablement de carcinome de la face inférieure du foie, avec ascite, œdème éléphanliasique des membres inférieurs, nous avons fait (30 juin, 4 juillet, l!j juillet, 28 juillet, G août, 17 août) cinq ponctions capillaires qui ont donné de 13 à 17 litres de liquide en trois ou quatre heures. Depuis ce moment la situation du malade est moins pénible, l'érysipèle, avec épaississe- mcnt tuberculeux du dermiî, qui s'était promené pendant plus de deux mois sur les membres inférieurs, les bourses et l'iibdomen, ne s'est plus reproduit ; le malade soufifre moins ; il se trouve dans une situation relativement favo- rable Le pronostic conserve cependant toute sa gravité. Le procédé opératoire est très simple; nous prenons un trocart de trousse de 1 raillinièlre 1/2 de diamètre et de 8 ou 9 centimètres de longueur; nous le plongeons dans une solution phéniquée, nous l'in- troduisons au lieu d'élection, et adaptons un tube en caoutchouc qui vient plonger dans un bassin placé près du lit. La canule est alors en- veloppée d'une épaisse couche de ouate que nous maintenons avec un bandage de corps ; nous laissons les choses en place jusqu'à ce que l'écoulement soit arrêté; alors nous relirons ou en notre absence le malade enlève lui-même la canule. En employant le mot ascite qui est le plus souvent un symptôme et non une maladie, nous disons assez que ces ponctions n'agissent que comme palliatif; cependant le procédé peut exercer une action heu- reuse sur la marche de la maladie ; d'ab( rd elles n'elfraient pas le ma- lade, elles ne sont pas plus douloureuses qu'une piqûre de morphine; leur indolence et leur innocuité permettent de les répéter plus souvent 890 SCIENCES MÉDICALES que les ponctions ordinaires ; or, si, dans ces cas, on doit se gardei avec soin de soustraire trop de liquide à l'économie par des opérations fréquemment répétées qui affaibliraient le malade, il y a un inté- rêt considérable et qu'il ne faut pas méconnaître à ne pas laisser pren- dre aux parois abdominales une tension telle qu'elles perdent toute élas- ticité et qu'aussitôt la ponction elles agissent par leur propre poids de façon à faire dans la cavité abdominale une espèce de vide qui favorise la reproduction du liquide. Nous avons constaté que le lendemain de notre première ponction pratiquée avec un trocart ordinaire , alors que les parois distendues au maximum avaient été brusquement relâchées, le liquide s'était reproduit en grande quantité en quelques heures (12 ou 15 litres), tandis que lorsque l'écoulement se fait lentement, les parois recouvrent peu à peu un degré d'élasticité , suffisant pour opposer une barrière active à la reproduction du liquide. Ces considérations nous permettent de croire que notre procédé a plus de portée qu'un simple changement dans le manuel opératoire, et qu'il doit, dans la plupart des cas, remplacer la ponction ordinaire; c'est certainement le traitement que préférera le malade, si on lui donne la liberté de choisir. DISCUSSION A propos de la communication de M. Heiirot, M. Leudet rappelle que dans son Traité de clinique médicale publié en 1871 il a insisté sur l'immunité et les avantages des ponctions capillaires dans l'ascite ; il opère de préférence en ponctionnant la cicatrice ombilicale. M. Mattei cite le fait d'un paysan qui se pratiqua lui-même spontanément une ponction de la cicatrice ombilicale avec un poinçon : la peau déjlissée et développée au dehors était tendue en forme de boudin. Aucun accident ne résulta de cette opération. M. Leudet fait remarquer qu'il y a une grande différence entre une ponc- tion faite avec un trocart et l'incision d'une lancette ou la déchirure de la peau avec un poinçon : avec la lancette, par exemple, on peut avoir une bou- tonnière dans laquelle se pince une an^e intestinale. M. Henuot reconnaît volontiers à M. Leudet la priorité du procédé de la ponction capillaire. M. PoTAiN cite un fait qui confirme l'opinion de MM. Leudet et Henrot sur l'innocuité des ponctions capillaires et sur leurs avantages. M. Hancelin demande si le trocart de trousse ne risque pas d'être oblitéré, dans certains cas d'épanchement ascitique inflammatoire, par des flocons, des débris fibrineux, etc. M. Henrot n'a jamais observé cet inconvénient. Il ajoute que pour éviter le déplacement de la canule il la fixe avec un tampon d'ouate et un bandage MASSART. — HÉMORRHAGIES INTERMITTENTES d'oRIGINE PALUDÉENNE 891 de corps. Enfin, les accidents de sphacèle qui ont été observés par M. Gibert (du Havre) dans un cas où il appliqua aux membres inférieurs œdémateux le procédé de drainage de M. Southey (de Londres) peuvent être évités par l'immersion préalable du Irocart dans l'acide pliénique. M. MÂSSAEÎ HEMORRHAGIES INTERMITTENTES D'ORIGINE PALUDEENNE (KXTRAIT pu PROcfcs-YF.RBAL.) — Séance du 30 août 1879. — M. Massart communique ses observations sur la forme périodique que re- vêtent facilement les symptômes d'un grand nombre de maladies internes ou de manifestations chirurgicales dans la région ou il pratique. Il insiste parti- culièrement sur le fait d'une hémorraghie intermittente survenue à la suite de l'avulsion d'une dent : l'administration du sulfate de quinine suspen- dit définitivement ces accidents. 11 donne le plus souvent le sulfate de qui- nine à doses fractionnées au lieu de l'administrer, à la manière de Trous- seau, à doses massives. DISCUSSION M. Castaing (de Montpellier) dit que les observations d'hémorrhagies al- ternant avec des accès de fièvre intermittente ne sont pas aussi rares que paraît le croire M. Massart. II rappelle qu'il y a bien longtemps M. Buissière a décrit les hémorrhagies intermittentes. M. Jaumes (de Montpellier) cite des observations d'irido-choroïdite glaucoma- teuse dont les accidents ont affecté la forme intermittente. M. Baréty a observé trois ou quatre cas d'hémoptysie et trois cas de mé- trorrhagie intermittente. Les hémoplysies ont débuté et cessé brusquement ; les malades qui en ont été atteints présentaient tous une lésion pulmonaire évi- dente, quelquefois minime. Chez ces sujets comme chez les femmes qui ont eu des métrorrhagies intermittentes, il y a eu des accès de fièvre avant et après les accidents hémorrhagiques. M. J. Beugeron a constaté l'intermittence, en dehors de toute intoxication palustre, dans une hématurie dont fut atteinte une petite fille : l'hématurie n'a plus reparu à la suite de l'administration du sulfate de quinine. 892 SCIENCES MÉDICALES M. DÏÏMAS Professeur à lu FacuUojl/ mr'i'ciiiù û.: MuntpoUiLT. PRESENTATION D'UN BASSIN VICIE (EXTR.UT du l'l!OCi;S-Vi;llDAL.) — Scancc du 30 août 1879. — M. Dumas présente un bassin vicié à la suite d'une amputation de la cuissO, pratiquée dans le jeune âge. Ce bassin appartenait à une fen)me primipare de 17 ans, morte de péritonite puerpérale : la déformation consiste en une atrophie de la moitié du bassin correspondant au fémur amputé. La forme se rapproche du bassin oblique ovalairo produit par la luxation congénitale d'un seul fémur, mais en sens inverse, c'est-à-dire du côté de l'articulalion saine. Ce mode de déformation est caractéristique de la cause qui l'a produit, ce qui comprend les actions musculaires et les pressions subies par les os. En même temps le bassin est agrandi. DISCUSSION M. Mattei insiste sur les causes invoquées par M. Dumas pour expliquer la déformation du bassin qu'il présente, et fait jouer un rôle plus considérable aux forces physiques. Celles-ci permettent, non pas de préciser par anticipa- tion le degré de la déformation, mais de déterminer la forme de la viciation du bassin. M. PoiXCET émet l'opinion qu'il doit y avoir un arrôt de développement des os iliaques pubis et ichions du côté correspondant à l'amputation : c'est ce qui résulterait de l'immobilisation de l'articuiation. M. Dumas répond que l'articulation jouissait de ses mouvements. Mais, pour M. Poncet, il n'y aurait pas moins eu une immobilité relative, suffisante au point de vue clinique pour expliquer des développements moindres du côté amputé que de l'autre. M. le D'- TEISSIEE Père ProfoBs.^ur à In FacultL^ ili> niodociriG de Lyon. D£S HEMORRHAGIES BRONCHIQUES DANS LEURS RAPPORTS AVEC LA PHTHISIE PULMONAIRE — Séance du 3 0 août i879. — La plithisie pulmonaire peut-elle survenir à la suite d'une hémorrhagie bronchique ou broncho- pulmonaire chez un sujet indemne de granu- D"" TEISSIER PÈRE. — ES HÉMORRHAGIES BRONCHIQUES 893 lations tuberculeuses ? Cette question divise encore les pathologistes et les cliniciens. Le professeur Peter dans le second volume de Clinique médicale qu'il vient de faire paraître, soutient cette opinion qu'il a déjà soutenue et développée dans son cours de pathologie, à savoir que l'hémoptysie est incapable de produire la phlhisie tuberculeuse, qu'elle est toujours un effet et non pas une cause. De mon côté, en 1873, j'ai publié dans le Lyon médical un article et des observations tendant à démontrer que l'hémorrhagie bronchique peut jouer le rôle de cause occasionnelle et que la phthisie peut surve- nir même à la suite d'hémorrhagie d'origine trauma tique chez des sujets ayant joui jusqu'alors d'une parfaite santé et n'ayant aucune disposition connue à la toux. Parmi les faits que j'ai cités, il en est un surtout que je tiens à rappeler ici. C'est celui d'un nommé Paul Bully, âgé de 33 ans, boulanger, auquel les élèves de Lyon ont donné le nom d'homme à Varbre. Ce jeune homme avait toujours joui d'une bonne santé quand, ayant voulu couper un arbre, celui-ci se brisa avant qu'il eût pu se garer et vint le frapper lourdement sur l'épaule et le côté droit de la poitrine. Le coup avait été si violent que Bully perdit connaissance pendant ([uelques instants. Il n'y avait eu du reste ni fracture, ni luxa- tion, mais seulement une forte contusion. Immédiatement après l'acci- dent, se produisit une hémoptysie considérable : un litre de sang environ rutilant et spumeux. Depuis ce moment, il n'a pour ainsi dire pas cessé de cracher le sang pendant dix-huit mois et au bout de quel- ques semaines ces hémoptysies s'accompagnèrent d'oppression, de toux et un peu plus tard d'expectoration muqueuse et d'amaigrissement. Quand il entra à l'Hôtel-Dieu (3 juin 1873) je l'examinai avec le plus grand soin et je constatai de la matité au sommet droit seulement (côté de la contusion) de la bronchophonie et cpielques râles muqueux fixes. Un peu plus tard, dans la même région, du souffle, des râles sous crépitants, puis des râles humides dans le lobe moyen , de l'expectoration muco- purulente et des sueurs nocturnes. — Je diagnostiquai alors une phlhisie pulmonaire dans le sens le plus large et je portai un fâcheux pronostic. Ce pronostic s'est malheurcusemont réalisé. Deux mois après son entrée â l'Hôtel-Dieu le malade a désiré sortir et rentrer dans sa famille aux environs de Roanne. Je ne l'ai plus revu ; mais j'ai su par mon confrère le D"" Talichet que ce pauvre jeune homme avait succombé à l'hôpital de Roanne, avec tous les signes de la phthisie pulmonaire au troisième degré . Eh bien, que s'était-il passé chez ce jeune homme et comment peut- on expliquer l'enchaînement des phénomènes pathologiques qui se sont 894 SCIENCES MÉDICALES présentés chez lui? Évidemment la contusion avait produit une conges- tion violente des bronches et du parenchyme pulmonaire avec rupture de quelques ramilicalions vasculaires. Cette congestion ou irritation fluxionnaire avait produit une espèce de broncho-pneumonie qui, pas- sant à l'état chronique, avait favorisé l'éclosion des granulations tuber- culeuses chez un sujet d'une constitution très robuste il est vrai, mais qui avait probablement une certaine disposition diathésique qui serait restée silencieuse sans l'accident dont il a été la victime. Cet accident a bien certainement joué le rôle d'une cause occasionnelle. J'ai encore cité l'observalion d'un cordonnier qui, jouissant d'une très bonne santé, reçut en pleine poitrine un coup de timon d'une voi- ture qui le surprit et le pressa violemment contre une muraille. A la suite de cette contusion, cet homme eut une abondante hémoptysie qu se continua pendant quinze jours. Il parut ensuite se remettre assez bien mais à dater de ce moment il conserva do l'oppression et une disposi- tion h la toux dont il ne s'était jamais plaint avant l'accident. Au lieu de s'amender, ces phénomènes allèrent en s'aggravant. Une bronchite habi- tuelle, profonde se manifesta. L'expectoration d'abord muqueuse devint purulente et en fin de compte, après cinq ou six ans de souffrance, le malade succomba aux ravages d'une phthisie pulmonaire. Ce fait donne lieu aux mêmes réflexions que le précédent, quoiqu'il ait un peu moins de valeur parce que le sujet, par sa profession de cordonnier et sa vie sédentaire, était dans des conditions qui favorisent la débihté constitutionnelle, bien qu'il n'eût jamais été malade. Mais en voici un autre que j'ai observé, qui n'a pas encore été publié et sur lequel j'appelle tout particulièrement l'attention, en raison de la rapidité avec laquelle les phénomènes caractéristiques de la phthisie pul- monaire se sont produits, à la suite d'un accident, chez un homme qui n"avait aucune disposition à s'enrhumer, mais qui était un peu alcoolique. Observation. — Phthisie aiguë survenue à la suite d'une hémorrhagie bron- chique abondante occasionnée par une chute dans une cuve remplie d'eau ulcaline (solution de soude) . Le nommé X.. ., journalier, âgé de 34 ans, d'une constitution robuste. Cet homme a encore son père et sa mère vivants et bien portants. Il n'a absolument aucun antécédent pathologique héréditaire. Il n'est pas disposé à s'enrhumer. En 1870, pendant la guerre, il a contracté en hiver une légère bronchite qui a duré trois semaines; mais depuis cette époque, il n'a jamais toussé. Seulement, son hygiène laisse à désirer; il fait un usage immodéré des boissons alcooliques et a depuis longtemps un peu de tremblement caractéris- tique des doigts. Le 15 juin 1879, ce malade fit une chute dans une cuve renfermant une solution de soude chaude, destinée à la fabrication du savon- Retiré de cette D"" TEISSIER PÈRE. DES HÉMORRHAGIES BRONCHIQUES 895 cuve, il fat plongé immédiatement après dans une cuve d'eau tiède un peu fraîche, pour atténuer l'action irritante de la première solution sur la peau. Le lendemain, malaise général, frisson, courbature, et le surlendemain même, hémorrhagie bronchique considérable (1 litre au moins au dire du malade), et suivie pendant plusieurs jours d'iiémoplysies moins abondantes. A la suite de ces accidents, toux, oppression, sans fièvre prononcée, expec- toration muqueuse. Entrée à l'hôpital le io juillet, un mois après la chute. A ce moment, on constate d'abord les signes d'une bronchite généralisée pro- fonde, toux, dyspnée, respiration bruyante, insomnie, pouls à 90. Temp. 38o,5, à 39°. A la percussion, la poitrine présente un peu de sabmatité aux deux sommets, dans les fosses susépineuses, surtout à gauche, A l'auscultation, râles muqueux très nombreux des deux côtés, sous-crépitants dans les parties supérieures, surtout à gauche. A dater de ce moment, les symptômes vont chaque jour en s'aggravant, malgré une médication énergique. La dyspnée devient excessive, le visage prend une teinte cyanosée, les sueurs deviennent profuses, le pouls augmente de rapidité, l'expectoraLion devient mucoso-puru'ente et souvent entremêlée de légères hémoptysies. Les signes stéthoscopiques s'accentuent. Les râles sous-crépitants augmentent et deviennent plus gros. On en entend en avant et en arrière. Il y a de la pectoriloquie ordinaire et aphonie. Il n'est pas douteux que le poumon ne soit hépatisé, tuberculeux, et qu'il ne présente déjà de petites cavernes. A partir du 10 août, la faiblesse devient extrême, les signes d'une phthisie aiguë que rien ne peut arrêter s'accentuent de plus en plus et le malade suc- combe le 22 août. A l'autopsie, on constate d'abord un développement presque athlétique des muscles qui sont d'une belle coloration. Emphysème aigu du poumon gauche et un peu du bord du poumon droit. Le poumon droit est très adhérent à la paroi thoracique. Le poumon gauche l'est seulement un peu en arrière. Sur la surface postérieure du poumon gauche, on trouve quelques granula- tions tuberculeuses, les unes transparentes, d'autres un peu jaunâtres. A la partie inférieure, on trouve de grosses masses de parenchyme pulmonaire emphysémateuses, présentant un volume gros comme des reins. A l'incision du poumon droit, on trouve des masses de granulations grises englobées dms un parenchyme très hépatisé et laissent écouler du sang spu- meux. On trouve aussi des granulations ramollies et jaunes, et au sommet quelques cavcrnules. A l'incision du poumon gauche, les lésions sont plus avancées. Au sommet existe une caverne grosse comme une noix. Dans les parties moyennes, ont trouve en un point une masse de tubercules ressemblant un peu à la pneu- monie caséeuse, mais cet aspect n'est pas général; on trouve surtout des gra- nulations plus avancées d;ms leur évolution que du côté droit , une congestion intense et de l'œùème pulmonaire. 896 SCIENCES MÉDICALES Point de foyer d'apoplexie pulmonaire, pas de granulations fibreuses ni cré- tacées. Cœur droit rempli de caillots post mortem. Artère pulmonaire : un caillot -post mortem existe dans cette artère et dans sa division gauche. Tous les ganglions intra-pulmonaires sont volumineux, surtout ceux qui correspondent aux régions les plus infiltrées. Sur le péritoine et les anses de l'intestin, on ne trouve aucune granu- lation. Ce fait me paraît avoir une certaine importance pour juger la ques- tion de la possibiliié du développement de la phtliisie pulmonaire à la suite d'une liéjnorrhagie bronchique. En effet il me paraît difficile de soutenir que ce malade, qui se por- tait admirablement et n'était pas sujet aux rhumes, avait des granula- tions tuberculeuses dans le poumon avant sa chute dans la cuve remplie d'eau de soude. Les lésions trouvées dans les poumons sont toutes des lésions récentes ; granulations nombreuses demi-transparentes ou grises, un certain nombre de ces granulations passées à l'état de suppuration et ayant produit de petites caverimles au développement desquelles nous avons assisté de auditu. Pas de pneumonie caséeuse, pas de tubercules crétacés ni fibreux. De la congestion bronchique et parenchymaleuse : voilà tout, et tout cela produit à la suite d'une hémorrhagie bron- chique. 11 me paraît logique de dire que l'aciiident dont cet homme a été la malheureuse victime a produit un violent mouvement congestif ou fluxioimaire vers les organes de la respiration qui, par suite des habi- tudes d'alcoolisme du sujet, avaient perdu une partie de leur résistance ou qui se trouvaient dans un état de déviation nutritive qui avait altéré sa structure, et que cette disposition anormale, aggravée par la présence du sang dans les bronches, a favorisé le développement d'une tuber- culose aiguë. Sans recourir à l'opinion ancienne suivant laquelle le sang épanché dans les bronches subit une putréfaciion qui favorise la suppuration du poumon et amené la phthisie ; sans recourir à l'opinion récente de 31. Meyer et de M. Jaccoud qui pensent que l'hémoptysie peut amener une pneumonie caséeuse qui devient le point de départ de la tubercu- lose, je pense et je m'appuie sur les faits cliniques pour émettre cette opinion, qu'une hémorrhagie bronchique abondante et répétée peut, avec l'aide bien entendu du mouvement congestif qui l'accompagne favoriser le développement de granulations tuberculeuses dans un pou- mon ({ui a perdu sa résistance normale, soit par suite d'une disposition diathésique héréditaire, soit par suite de l'alcoolisme, et cela sans exis- D'' TEISSIER PÈRE. DES HÉMORRHAGIES BRONCHIQUES 897 tence préalable de granulations tuberculeuses comme le veut M. Peter, pour qui la prédisposition tuberculeuse n'est pas autre chose que la pn'-sence antérieure de granulations dans les poumons. C'est là une théo- rie qui n'est pas démontrée par les faits. La prédisposition tuberculeuse peut exister chez un sujet avant la pro- duction des granulations caractéristiques, et cette prédisposition peut être activée par l'hémorrhagie bronchique comme le développement de noyaux cancéreux peut être facilité dans l'utérus par des métrorrhagies répétées chez une femme ayant une disposition carcinomateuse hérédi- taire. Les faits de phthisie pulmonaire survenus à la suite de broncho- hémorrhagies produites par des accidents traumatiques chez des gens bien portants, ont certainement plus de valeur que les expériences faites sur des chiens ou des lapins en leur injectant du sang dans les bron- ches ou bien en leur dilacérant les poumons avec des instruments pi- quants. CoNCLUsiOMS. — Il n'est pas exact de dire qu'une hémorrhagie bronchi- que ne puisse être suivie de phthisie pulmonaire que chez des sujets ayant déjà des granulations tuberculeuses. Les hémorrhagies bronchiques, même d'origine traumatique, peuvent être des causes occasionnelles de tuberculose chez les sujets dont les organes respiratoires ne jouissent pas de la résistance normale de vitalité, par suite de diathèse scrofuleuse ou tuberculeuse, d'alcoolisme et de toutes les débilités constitutionnelles. DISCUSSION M. Marquez cite le cas d'un « schlitter » qui à la suite d'un traumatisme violent eut une hémoptysie, une pneumonie traumatique et guérit sans autres accidents : et cela dans la vallée de Miinster ou la phthisie est très commune. M. Thaon dit que les faits de M. Teissier sont complexes : il s'agit de traumatismes qui, pour la tuberculose du poumon, comme les traumatismes du sein pour le cancer de cet organe, peuvent servir d'occasion au développe- ment d'une affection latente jusque-là. M. Denucé a observé un fait qui parle dans le même sens que ceux de M. Teissier : un jeune homme de 17 ans, engagé volontaire pendant la guerre de 1870, après avoir souffert plusieurs mois des fatigues et des priva- tions de la campagne, reçut un jour en pleine poitrine un éclat d'obus à la fin de sa course : il éprouva une violente contusion du thorax, et ne tarda pas à présenter les premiers symptômes d'une tuberculose qu'aucun antécé- dent héréditaire ou personnel ne pouvait faire prévoir. Il paraît vraisemblable que chez ce jeune homme la débilitation produite par les épreuves de la guerre a joué le rôle de cause prédisposante et le traumatisme thoracique celui de cause occasionnelle. 57 898 SCIENCES MÉDICALES M. Chalot (de Montpellier) distingue dans les observations de M. Teissier le traumatisme thoracique, qui peut en effet influer sur la détermination pul- monaire de la tuberculose, et l'hémoptysie qui n'est ici qu'un épiphénomène sans rapport direct avec l'évolution des lésions tuberculeuses. M. Baréïy demande à M. Teissier s'il pense que les hémorrhagies broncho- pulmonaires seraient par elles-mêmes capables d'entraîner le développement de la tuberculose, ou bien si l'influence déterminante n'est pas plutôt le trau- matisme lui-même. M. Teissieu répond en rappelant les opinions successives et différentes de Morton, Niemayer, Peser, et conclut en disant qu'il considère le traumatisme comme capable de provoquer une congestion pulmonaire qui favorise les ma- nifestations de la phthisie. M. PoNCEï (de Lyon) insiste sur ce point que l'hémorrhagie n'est qu'un phé- nomène accidentel, et que le traumatisme constitue la véritable cause occasion- nelle du développement de la tuberculose. M. Chaloï se demande quel pourrait être le rôle de l'hémorrhagie au point de vue de l'évolution de la tuberculose. M. PoTAiN cite un fait qui montre que la congestion pulmonaire peut pré- céder le développement des granulations tuberculeuses. Il avait constaté au sommet du poumon droit chez un jeune homme, atteint de méningite tuber- culeuse tous les signes d'une induration du tissu pulmonaire et ne doutait pas que ce sommet ne fût le siège d'une altération tuberculeuse. Or l'autopsie démontra qu'il s'agissait seulement d'une congestion intense limitée au sommet du poumon. M. A. POIfCET De Lyon. DU DANGER DE L'ANESTHÉSIE PAR L'ETHER OU LE CHLOROFORME PENDANT LA RÉDUCTION DE CERTAINES FRACTURES Séance du 30 août 1879. — Parmi les diverses variétés de fractures des membres, et tout parti- culièrement de la cuisse et de la jambe, il eu est dont la réduction ne peut être faite aisément qu'après anesthésie préalable. Le plus souvent on n'endort pas le patient, mais parfois on doit re- courir à l'éther ou au chloroforme ; il est, en effet, telle fracture oblique du tibia, par exemple, avec saillie sous la peau du fragment supérieur, dont les contractions musculaires réflexes pendant la réduction peuvent aggraver les désordres. Sans parler des tiraillements, des déchirures des tissus qui avoisinent le foyer de la fracture, la peau déjà contusion- née, soulevée par le fragment qui menace de la perforer, doit autant que A. PONCET, — l'aNESTHÉSIE DANS LA RÉDUCTION DES FRACTURES 899 possible être mise à l'abri de pressions^ de tractions nouvelles, suscepti- bles de transformer la fracture simple en fracture compliquée. Dans les fractures avec plaie, il importe également beaucoup de ne pas augmenter les désordres déjà existants, de soustraire les tissus, les fragments à toute irritation nouvelle, de s'opposer à l'entrée de l'air dans la plaie, et pour avoir une coaptation à peu près exacte, pour appliquer un bon appareil, l'anesthésie est parfois indiquée. Dans certaines fractures de la cuisse, l'éthérisation ou la chloroformi- sation rendent souvent de grands services ; il n'est pas de chirurgien d'hôpital qui n'ait été obligé, dans des cas de ce genre, d'employer l'anesthésie, soit pour supprimer la douleur, soit surtout pour annihiler des contractions musculaires s'opposant à la réduction. Si l'anesthésie est parfois nécessaire et si, comme je l'ai vu, quelques chirurgiens l'emploient volontiers, elle est loin d'être sans danger. Elle s'accompagne presque toujours, en ettêt, d'une période d'excita- tion très variable suivant les sujets, mais dont la durée et l'intensité ne sauraient être prévus ; ce que nous savons à cet égard, c'est qu'elle est à peu près constante et plus à redouter chez l'alcoolique que chez tout autre. — Elle survient quelquefois rapidement après les premières inha- lations, le plus souvent au bout de quelques minutes, et peut aller depuis une agitation légère jusqu'à un véritable accès de délire nerveux avec mouvements des plus désordonnés. ■ Depuis longtemps j'avais été frappé des dangers que le blessé se crée à lui-même pendant l'anesthésie chirurgicale, lors de la réduction d'une fracture, et cela malgré les aides, malgré le chirurgien ; — alors même, en effet, que le membre fracturé est solidement maintenu, les muscles se contractent énergiquement. Sous l'influence de ces contractions brusques, violentes, les fragments se déplacent; irritent les tissus qui font partie du foyer de la fracture : périoste, muscles, tissu cellulaire, etc., inliltrés de sang, sont soumis un nouveau traumatisme qui, je le répète, constitue un danger. La fracture est-elle simple, elle peut devenir compliquée; que l'on se reporte à certaines fractures de jambe où le fragment supérieur, taillé en bec de flûte, est tout à fait sous-cutané et l'on comprendra facile- ment que, dans un mouvement violent comme on les observe pendant l'anesthésie, ce fragment perfore la peau. Cet accident redoutable s'est présenté, et je connais un cas oîi le fragment supérieur du tibia a tra- versé les téguments sous les yeux, et je puis dire, sous la main du chi- rurgien. Lorsqu'on se trouve en présence d'une fracture avec plaie, les mou- vements, pendant la période d'excitation, doivent être tout autant redou- tés. Us augmentent l'héniorrhagie, font un appel d'air dans le foyer de 900 SCIENCES MÉDICALES lo fracture et créent ainsi de nouvelles conditions fâcheuses. L'année dernière, au mois d'août 1878, alors que je remplaçais 31. OUier, à l'Hôtel-Dieu, on apporta dans mon service un homme de quarante-cinq ans qui, dans une chute d'une hauteur de S à 6 mètres, s'était fait une fracture des deux os de la jambe droite au tiers inférieur. Le fragment supérieur du tibia, très oblique, avait traversé la peau et faisait hernie au dehors sur une longueur de 0"S08. Le péroné était frac- turé à peu près au même niveau et le pied fortement déjeté en dehors. La fracture remontait à quatre jours, le malade était en pleine fièvre traumatique. Pendant l'éthérisation, la période d'excitation fut très forte, et malgré les précautions prises, je voyais le fragment supérieur faire saillie davantage sous l'action de contractions musculaires violentes. J'introduisis mon doigt, l'index droit, dans le loyer de la fracture, pour mieux me rendre compte des désordres existants : je constatai plusieurs esquilles péronières. Au moment où j'avais terminé mon exploration, mon doigt fut fortement saisi par les muscles contractures, comme s'il eût été engagé dans une boutonnière élastique, pressé contre des frag- ments osseux j'éprouvai une sensation des plus douloureuses. Je tentai la conservation du membre et pratiquai la résection du fragment supérieur du tibia sur une longueur de 0"S07. Je lis en même temps une contre-ouverture à la partie externe qui donnait passage à un gros drain. Le membre fut immobilisé dans du coton: deux mois et demi après le malade quittait l'hôpital guéri. Cette observation que je viens de relater m'avait démontré les dangers que l'anesthésie chirurgicale fait courir aux blessés atteints de fracture du membre inférieur et je cherchai dès lors à pouvoir supprimer en pareil cas la période d'excitation. Un moyen bien simple en apparence se présentait : profiter du som- meil naturel et le transformer en sommeil artificiel, mais la chose n'est pas pratiquée. J'ai essayé plusieurs fois dans mon service de faire respirer de l'étlier à des sujets dormant naturellement. Il faut user de précaution pour ne pas les réveiller, deux fois le sommeil s'est continué et je n'ai vu aucune excitation se produire. Je songeai alors à utiliser les narcotiques et je me proposai, dès que l'occasion s'en présenterait, de recourir à l'anesthésie mixte. Connaissant les recherches de Cl. Bernard, les applications faites sur l'homme par MM. Nussbaùm, Courly, etc., mais dans un but différent de celui que je poursuivais, j'employai les injections sous-cutanées de chlo- rhydrate de morphine. Le premier malade qui a été ainsi aiiesthésié était un homme de 30 ans, très pusillanime, atteint de fracture bi-malléolaire de la CHALOT. — APPLICATION DE l'iGNIPUNCTUx^E 901 jambe gauche, — la malléole interne avait été arrachée et la peau était à cheval sur le bord supérieur de l'os comme une sangle sur un clie- valet. — Craignant des mouvements, je fis pratiquer au malade une injec- tion sous-cutanée de un centigramme et demi de chlorhydrate de mor- phine; quelques minutes après une autre injection. Le malade s'endor- mit très paisiblement, on lui donna à respirer alors un peu d'éther, et lorsque le sommeil parut complet je procédai à la réduction qui se fit sans difficulté, sans le moindre mouvement de la part du malade ; je pus tout à mon aise appliquer une attelle plâtrée. A quelque temps de là, j'employai le môme modus faciendi dans mon service à l'hûpilal de la Croix-Rousse. Il s'agissait d'une fracture avec esquilles, par cause directe, siégeant à la partie moyenne du tibia droit chez une femme de 39 ans. Une petite déchirure de la peau des dimensions d'un pois faisait communiquer le foyer de la fracture avec l'air. Voulant placer le membre dans une bonne position et l'immobi- liser commodément par un Ijandage silicate renfermant beaucoup de coton, désireux surtout de mettre le foyer de la fracture à l'abri de tout mouvement, je procédai de la même façon que chez le premier malade. On fit une première injection sous-cutanée de morphine de 0'",0l ; puis après quelques minutes, une autre injection de 0°',01. Lorsque la malade commença à dormir, on la soumit à l'étliérisation, il n'y eut ni excitation, ni mouvement. La consolidation se fit sans aucun accident. Ma communication peut se résumer en quelques lignes : Lorsque, dans une fracture, le chirurgien doit avoir recours à l'anes- thésie, il n'emploiera pas, suivant la méthode habituelle l'éther ou le chloroforme. Pour supprimer l'excitation qui accompagne souvent l'éthérisation ou la chloroformisation et qui peut déterminer des accidents graves, la trans- formation par exemple d'une fracture simple en fracture compliquée, il utilisera l'anesthésie mixte. M. CHALOT Agrégé de la Faculté de médecine de Montpellier. DE L'IGNIPUNCTURE DANS LE TRAITEMENT DE L'ARTHROSYNOVITE FONGUEUSE ET DU SARCOCÈLE TUBERCULEUX — Séance du 80 août iS79.— 902 SCIENCES MÉDICALES M. G-RASSET Xprégé (le la Faculté de médecine de Montpellier. RAPPORTS DE LA LÈPRE TUBERCULEUSE ET DE LA SCLÉRODERWIIE (1) (EXTRAIT DU procès-verbal) — Séance du 30 août i879. — A propos de deux: malarles, atteint l'un de sclérodermie, l'autre de lèpre tuberculaire, M. Grasset dit qu'on a tort de séparer ces deux maladies d'une manière trop absolue. Au triple point de vue de l'étiologie, de la symptomatologie et de Tanato- mie pathologique, les deux maladies ne présentent pas, chez les sujets obser- vés, les oppositions indiquées par les auteurs. M. Grasset conclut qu'il faut réunir la « lèpre nostras » à la sclérodermie, sous le nom de sclérodermie tuberculeuse . DISCUSSION M. Thaon présente quelques observations à propos de la communication de M. Grasset. M. Thaon a vu les malades de M. Grasset et l'un d'entre eux lui a paru atteint de lèpre anesthésique mutilante, variété qui est exempte de tubercules et qu'il a décrite dans le Progrès médicnl, en 1877. La lèpre et la sclérodermie sont à coup sûr des trophonévroses ; mais la sclérodermie serait peut-être une trophonévrose périphérique, tandis que la lèpre serait une trophonévrose d'origine centrale. M. A. BEOÏÏSSE Interne des hûpitaux de Montpellier. QUATRE NOUVEAUX CAS D'ATHETOSE — Séance du 30 août 1879. — L'athétose est, je ne dirai pas une maladie nouvelle, mais uYi symp- tôme nouvellement étudié. En effet, il ne faut pas remonter au delà de » 1871 pour trouver le premier travail écrit sur ce sujet : il est dû à (1) Voir Gazette hebdomadaire, 1879. A. BROUSSE. — QUATRE NOUVEAUX CAS d'aTHÉTOSE 903 Haramond, de New- York (1), qui cite à l'appui de sa description deux observations sans autopsie. A la suite de ce travail, l'élan est donné : de nouvelles observations ont été publiées en Amérique, en Angleterre, en Allemagne, enfin en France par Charcot et Proust ; si bien qu'en 1877, M. le professeur agrégé Grasset (2) peut réunir dans une savante revue critique vingt-neuf observations d'athétose publiées tant en France qu'à l'étranger. Enfin en 1878, un interne de M. le professeur Charcot, le docteur Oulmont, publie sur l'athétose une thèse remarquable (3), où il ras- semble trente-deux observations, la plupart recueillies dans le service de la Salpetrière. Depuis lors il a paru dans les recueils périodiques plusieurs autres observations d'athétose, parmi lesquelles la plus Intéressante est sans contredit celle de M. Landouzy avec autopsie (4). Malgré tous ces travaux, la question de l'athétose est loin d'être com.- plétement élucidée, c'est encore une question à l'ordre du jour. Aussi ayant eu la bonne fortune de rencontrer dans le service de la clinique des maladies des vieillards quatre cas d'athétose, j'ai cru qu'il pourrait y avoir quelque intérêt à les présenter au public médical. Comme les malades qui font le sujet de ces observations sont actuel- lement à l'hospice général, s'il est quelqu'un parmi les savants éminents qui sont ici réunis, que la question intéresse, nous serons très heureux de les lui présenter. Deux de mes cas se rapportent à l'hémiathétose, les deux autres à 'athétose double. § 1. Cas se rapportant à l'hémiathétose. (( L'hémiathétose, dit Oulmont, est une affection généralement sympto- matique d'une lésion cérébrale, qui consiste essentiellement en mouve- ments involontaires, habituellement continus, lents et exagérés, limités à la main et au pied du côté paralysé. » Obsekvattox I. — Atrophie cérébrale de r enfance. Hémiplégie gauche Atrophie du côté gauche. Hé)niathéto!'e de la main gauche. — Il s'agit li'un homme de 50 ans qui, à l'âge de 2 ans, a été atteint, à la suite d'une attaque convulsive, d'une hémiplégie gauche qui a rétrocédé par la suite. Actuellement il existe une atrophie très marquée du membre supérieur gauche qui présente avec le droit une différence allant jusqu'à 0™,0o pour la circonfé- rence de l'avant-bras et 0",03 pour sa longueur. (1) Hammom> : A Trentiie of discase-i of the nervous System, New- York, 1871. (2) Montpellier médical, t. XXXIX, août-septembre, 1877. (a) P. Oulmont, Étude clinique sur l'athétose, thèse de Paris, 1878. (4) Progrès médical, 1878, u" 3. 904 SCIENCES MÉDICALES L'avant-bras gauche est placé en demi-pronation, la main est fléchie à angle droit sur le poignet, et ne peut se défléchir qu'avec l'aide de l'autre main ou d'une main étrangère. Au repos, pas de mouvements involontaires dans les doigts ; mais, si le malade vient à les étendre, il s'y développe des mouvements alternatifs et très lents de flexion et d'extension, d'adduction et d'abduction, avec exagération de l'extension qui va jusqu'à la subluxation. Bien que dans cette observation les mouvements involontaires ne soient pas continus, qu'ils ne .se produisent qu'à l'occasion des mouve- ments volontaires, je crois pourtant qu'ils doivent être rattachés à l'athétose, car ils en présentent tous les caractères; ils sont lenb, quasi rythmiques, exagérés, et donnent à la main un aspect tout spécial qui frappe quand on- en a déjà vu un premier exemple. Enfin, l'athé- tose n'est pas un phénomène type, elle comporte plusieurs degrés, elle peut être plus ou moins complète, sans cesser d'être elle-même. C'est donc à un cas d'hémiathétose posthémiplégique que se rapporte cette observation. Observation II. — Atrophie cérébrale deTenfance. Hémiplégie gauche. Attaques épileptiformes . Hémiathétose de la main gauche. — Il s'agit d'une femme de 29 ans qui, à l'âge de H mois, fut atteinte, à la suite d'une attaque convulsive, d'hémiplégie gauche qui persista jusqu'à l'âge de S ans, et puis rétrocéda. A 21 ans, il se déclara des attaques épileptiformes qui n'ont pas cessé depuis. Actuellement : légère atrophie de l'avant-bras gauche portant surtout sur sa longueur. Sa main gauche est placée en demi-pronation et paraît au repos contracturée en flexion sur le poignet. Lorsque la malade défléchit sa main, les doigts sont agités de mouvements alternatifs très lents de flexion et d'extension, d'adduction et d'abduction, avec prédominance de l'extension et de l'abduction. Au bout d'un certain temps, il se produit une sorte de spasme qui referme la main, malgré les eff'orts de la malade pour la maintenir ouverte. Cette observation doit encore être rattachée à l'athétose. En effet, la position prise parla main gauche, les mouvements qui agitent les doigts, ce spasme même qui ferme la main ouverte, tout cela rentre dans les caractères ae cette maladie : Oulmont a décrit les spasmes intermittents comme des phénomènes qui succèdent souvent à l'athétose ou bien l'accompagnent. C'est donc, comme l'observation I, un cas d'hémiathé- tose posthémiplégique. Ces deux cas peuvent être rapprochés de l'ob- servation XI de la thèse d'Oulmont, où les mouvements athétosiques ne se produisaient, comme ici, qu'à l'occasion des mouvements volontaires. De ces deux observations, il semble résulter un certain rapport entre l'hémiastliétose et l'atrophie cérébrale de l'enfance. Et, en effet, si on les rapproche des onze observations d'Oulmont où J'hémiathétose a succédé à l'atrophie cérébrale de l'enfance, on voit qu'il y a là plus A. BROUSSE. — QUATRE NOUVEAUX CAS d'aTHÉTOSE 905 qu'une coïncidence fortuile. L'athétose paraît dans ces cas tenir lieu de ces contractures souvent si prononcées que l'on rencontre chez d'autres malades atteint de la même lésion : on dirait que chez les premiers la tendance au mouvement l'a emporté sur la tendance à l'immobi- lisation, d'où production d'une sorte de cliorée limitée. L'hémiathétose est un trouble du mouvement qui, par ses principaux caractères, doit être rangé dans l'ordre des chorées. Charcot d'abord, Oulmont ensuite, ont montré les analogies étroites qui existent entre l'hémiathétose et l'hémichorée posthémiplégique. Pour Charcot même, l'hémiathétose n'est qu'une variété de l'hémichorée. C'est là peut-être une exagération, ce que l'on peut dire, c'est que l'hémiathétose est un trouble posthémiplégique du mouvement appartenant à la même famille que l'hémichorée. Comme d'autre part, d'après les travaux de Charcot, on connaît la localisation de l'hémichorée, c'est de ce côté qu'il faudra chercher la lésion de l'hémiathétose. Arrivons au diagnostic de l'hémiathétose posthémiplégique. Il faut d'abord la distinguer de l'hémichorée : ici les mouvements sont plus étendus, les membres sont projetés follement dans toutes les directions ; dans l'hémiathétose, les mouvements sont limités à la main et au pied, souvent à la main seule ou même aux doigts, ils sont essentiellement caractérisés par leur lenteur qui leur donne au premier abord l'aspect d'actes volontaires, et par leur exagération qui va jusqu'à la subluxation. Il faut encore distinguer l'hémiathétose de certains troubles moteurs posthémiplégiques, que je n'ai pas trouvés notés par les auteurs et dont un malade de l'Hospice général offre un exemple remarquable. C'est un homme de 62 ans^ qui a déjà eu plusieurs attaques ayant laissé à leur suite de l'hémiplégie droite et de l'aphasie; il présente dans la main droite paralysée un phénomène digne d'être noté : lorsqu'on lui donne à ramasser un objet il le fait tourner entre ses doigts, le pro- jette même à plusieurs centimètres, et ce n'est qu'au bout d'un moment qu'il arrive à le fixer solidement. Il se produit alors dans ses doigts de véritables mouvements ataxiques, qui sont à l'ataxie ce que l'hémiathé- tose est à la chorée. On pourrait les désigner, avec M. le professeur Grasset, sous le nom dliémiataxie posthémiplégique, § 2. Cas se rapportant à l'athétose double. « L'athétose double est définie par Oulmont, une affection habituellement primitive, consistant essentiellement en mouvements involontaires, lents, qui occupent les deux mains, ou les mains et les pieds tout ensemble et parfois les deux côtés de la face. » 906 SCIENCES MÉDICALES Observation III. — Atrophie cérébrale. Idiotie. Athétose double occupant les quatre extrémités. — Il s'agit d'un homme de 39 ans, atteint d'atrophie céré- brale probablement congénitale et d'idiotie. 11 présente une atrophie considé- rable des muscles et des os du squelette : ses membres ressemblent à des membres d'enfant. La marche est impossible, il ne peut même se tenir debout. Au repos les mains sont fléchies sur l'avant-bras, et les doigts sont agités par intervalles de mouvements involontaires de flexion et d'extension. Lorsque le malade défléchit la main, il y a exagération de l'extension des doigts et pro- duction de mouvements d'adduction ft d'abduction. Les pieds sont déviés par une sorte de spasme intermittent : le pied gauche en équin, le pied droit en valgus ; celui-ci présente en outre dans les orteils des mouvements involon- taires analogues à ceux des doigts. Cette observation est intéressante en ce que l'étiologie est la même que pour les observations [ et H ; c'est-à-dire l'atrophie cérébrale. Sur trois cas d'athétose double, Oulmont l'a rencontrée deux fois : c'est là une proportion considérable qui, si on la rapproche des faits d'hémiathé- tose de même origine, fait voir que l'atrophie cérébrale doit être consi- dérée comme une des principales causes de l'athétose soit unilatérale, soit bilatérale. Il semble que l'atrophie cérébrale a une tendance toute particulière à produire l'exagération de la force de mouvement, exagération qui se traduit soit par des crises bruyantes (attaques épi lepti formes), soit par des mouvements lents et continus (athétose), soit par les deux réunis, comme dans l'observation II. Observation IV. — Athétose double des pieds et des mains, delà face et du cou sans cause connue, avec spasmes intermittents des genoux et des cous-de-pied. — 11 s'agit d'un homme de 67 ans, à antécédents alcooliques, chez lequel la maladie a débuté à l'âge de 44 ans, sans cause appréciable. Actuellement le malade a beaucoup de peine à s'exprimer : sa parole est embrouillée et à peu près incompréhensible. La face est agitée par des con- tractions passagères de ses divers muscles qui lui donnent un aspect grimaçant; des contractions identiques se produisent au cou. La main gauche est tantôt en flexion, tantôt en extension sur l'avant-bras ; la main droite est contracturée en demi-flexion. Les doigts des deux côtés sont agités de mouvements alter- natifs de flexion, d'extension, d'adduction, d'abduction, qui sont continuels, persistant même pendant le sommeil. 11 se produit à certains moments dans les genoux des spasmes intermittents qui ramènent les pieds sous le siège. Quant à ceux-ci, ils sont comme luxés sur la jambe, se placent en varus, position surtout exagérée du côté droit ; en même temps dans les orteils, mouvements identiques à ceux des doigts. C'est là un cas remarquable, car il s'agit d'un homme qu'on avait considéré jusqu'ici comme choréique. C'est cependant bien de l'athétose avec ses mouvements pathognomoniques des extrémités. Mais, à cause précisément de la complexité des symptômes, ce cas pourrait être con- D'" E. BOURGUET. — OPÉRATION DE HERNIE ÉTRANGLÉE 907 sidéré comme intermédiaire entre Tathétose type et la chorée. On voit donc que Tathétose double peut être considérée comme une espèce particulière de chorée. Conclusion. — Des quatre observations que je présente aujourd'hui, il me semble pouvoir être tiré quelques conclusions. 1" L'athétose est un symptôme ou un syndrome clinique (Grasset) qui peut se présenter dans des cas variables. 2° Qu'elle soit unilatérale ou bilatérale, elle présente de grandes analo- gies avec la choréo, aussi doit-on la r-^garder comme une espèce parti- culière do chorée. 3" On peut trouver des termes de passage entre l'athétose-type et la chorée, comme le montre l'observation IV. 4" L'athétose n'est pas toujours un syndrome identique : elle est plus ou moins complète, ce qui permet de lui considérer plusieurs degrés en plus ou moins, on pourrait établir trois formes principales : 1° Forme type : mouvements involontaires des extrémités persistant au repos ; 2° Forme incomplète ou fruste : mouvements involontaires ne se produi- sant que par intervalles ou à l'occasion des mouvements volontaires (Observ. I et II) ; 3" Forme complexe ou de tramition : aux mouvements des extrémités s'ajoutent des mouvements de la face, du cou et même des membres (Observ. IV). o° Il existe un rapport très étroit entre l'athétose et l'atrophie cérébrale (Observ. I, II et III), rapport que la physiologie pathologique est encore impuissante à expliquer. M. le F E. BOÏÏE&ÏÏET d'Aix. DE L'IMMOBILISATION DE L'ANSE INTESTINALE DANS QUELQUES CAS GRAVES D'OPÉRATION DE HERNIE ÉTRANGLÉE — Séance du 30 août i879. — Le travail dont je vais avoir l'honneur de présenter une analyse suc- cincte à l'Association française pour l'avancement des sciences a pour but de faire connaître un procédé particulier de kélotomie que j'ai employé trois fois dans des cas de hernie étranglée présentant des complica- tions et une gravité tout à fait exceptionnelles. Sur ces trois malades, en efifet, deux étaient porteurs d'une hernie 908 SCIENCES MÉDICALES compliquée de gangrène de l'anse intestinale; le troisième d'arrache- ment de la tunique externe de l'intestin. Chez deux, d'entre eux, l'étran- glement se compliquait, en outre d'irréductibilité ancienne de la hernie, par suite d'adhérences entre les viscères et le sac. Enfin, on constatait, chez tous les trois, des traces évidentes d'inflammation de la séreuse du sac et de la séreuse intestinale (péritonite herniaire). Le procédé mis en pratique, dans tous les cas, a consisté, une fois les téguments incisés et le sac ouvert, comme à l'ordinaire, à détruire les adhérences avec le doigt, le bistouri ou les ciseaux, dans les deux cas où il en existait, à débrider l'anneau constricteur, et à réduire ensuite l'anse intestinale, en la retenant en face de la plaie de la paroi abdominale, et la fixant, l'immohilijiant complètement dans celte posi- tion au moyen de fils de suture ou de toute autre manière, de façon à obtenir l'adossement et l'adhésion consécutive de la séreuse intestinale à la séreuse péritonéale, et à prévenir ainsi, non seulement la chute du sang et de toute espèce de hquide pathologique dans la cavité du péritoine, mais encore le détachement de l'eschare et un épanchement stercoral dans cette cavité, en même temps que de circonscrire le pro- cessus inflammatoire aux environs de la plaie et de diminuer, dans une certaine mesure, le danger de la généralisation de la péritonite. Parmi les trois malades qui ont été soumis à cette opération, il y avait deux femmes atteintes de hernie crurale et un homme atteint de hernie inguinale congénitale, deux de ces hernies étaient des entéro- épiplocèles ; la troisième une entérocèle simple. L'étranglement, dans tous les cas, datait de plusieurs jours. Il remon- tait à 64, 68 et 70 heures. La gangrène affectait la forme de plaques circonscrites. Chez le premier malade , on voyait deux plaques très rapprochées l'une de l'autre, dont la plus étendue offrait la grandeur d'une pièce de vingt centimes et la plus petite la largeur d'une lentille ordinaire. Dans le second cas, il n'existait qu'une plaque unique de la grandeur d'une pièce de vingt centimes. Les adhérences étaient multiples: elles unissaient, d'un côté l'intestin à la face interne du sac ; de l'autre l'intestin avec l'épiploon. Quant à ce dernier, il adhérait pareillement, dans les deux cas, à la face interne du sac. Les adhérences intestinales étaient assez minces pour que leur détachement pût être opéré ; cependant elles off'raient assez de résistance pour que ce détachement ne se fît pas sans une certaine difficulté et que, dans un cas, la tunique externe de l'in- testin ne fût arrachée pendant ce temps de l'opération. Les adhérences de l'épiploon furent respectées. Cet organe fut lié à sa base et excisé au-dessous de la ligature. D"" E. BOURGUET. — OPÉRATTON DE HERNIE ÉTRANGLÉE 909 Les opérations ainsi pratiquées se sont toutes terminées par la gué- rîson. Deux fois, à la suite de l'établissement d'une fistule stercorale ; une fois, sajis cette complication. Chez les deux malades atteints de fistule stercorale, celle-ci s'est oblitérée spontanément et la guérison a été complète, dans un cas, le trentième jour^ dans le second, le trente- troisième; dans le cas non suivi de fistule, la guérison était définitive Je vingt-cinquième jour. Ces divers malades ont pu être suivis, tous les trois, pendant plu- sieurs années après l'opération. Aucun d'eux n'a présenté de troubles fonctionnels pouvant être rattachés au mode opératoire mis en usage, deux d'entre eux, au contraire, qui étaient porteurs, comme cela a été dit, de hernies adhérentes et irréductibles, ont vu leur infirmité trans- formée en une hernie réductible, facile à contenir au moyen d'un sim- ple bandage ordinaire. Ce travail se termine par les conclusions suivantes : i° Les hernies étranglées compliquées de péritonite herniaire, d'adhé- rences anciennes et récentes, de gangrène peu étendue, de perforation et d'autres lésions graves, mais circonscrites, de l'anse intestinale, peu- vent être opérées en réduisant cette dernière et la fixant à la face pro- fonde de la plaie de la paroi abdominale. 2° Cette pratique a pour avantage d'empêcher l'établissement d'un anus contre nature et de favoriser la production d'une fistule stercorale. En d'autres termes, à une maladie grave, dégoûtante, longue et do gué- rison difficile, elle substitue une maladie relativement bénigne, dont la guérison se produit spontanément, dans un délai généralement assez court. 3° La fixation de l'anse intestinale en face de la plaie de l'abdomen ne comporte pas de difiicultés sérieuses d'exécution et ne complique pas sensiblement l'opération de la kélotomie. 4P Les faits cliniques observés jusqu'ici tendent à démontrer que Cette méthode a pour résultat de circonscrire l'inflammation aux envi- rons de la plaie et qu'elle prévient la généralisation de la péritonite en interceptant toute communication avec la cavité du péritoine. 5" Ces mêmes faits permettent d'établir qu'il n'y a pas lieu de se préoccuper de l'adhérence consécutive de l'anse intestinale à la paroi de l'abdomen et des conséquences fâcheuses que ces adhérences pourraient occasionner au point de vue de l'accomplissement des fonctions diges- tives. PIO SCIENCES MÉDICALES M. LETIEYAÎIT Chirurgiuii en clibf de l'IIùtel-Bieu de Lyon. DE LA PROTHESE IMMEDIATE DANS LA PRATIQUE DE CERTAINES OPÉRATIONS SUR LA FACE — Séance du 30 août i 8T 9 . — Je démontrais au Congrès de Genève, en lb77, comment devait être pratiquée la résection de l'os maxillaire supérieur pour donner un résultat partait de forme et de fonctions. J'annonçais au Congrès de Paris, 1878, la voie nouvelle pour obtenir un pareil résultat : 1° dans la résection de l'os maxillaire inférieur ; 2" dans la reformation d'un nez nouveau sur des appareils prothétiques permanents. I Mes tentatives pour le maxillaire inférieur avaient été variées, mais insuffisantes comme démonstrations. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de pré- senter un fait tout à fait démonstratif de la perfection de la forme et de la fonction récupérées à l'aide d'appareils après la résection de l'os maxillaire inférieur. J'avais à opérer un jeune homme âgé de 20 ans. Son maxillaire inférieur était à peu près totalement nécrosé. Cette nécrose avait été la conséquence d'un traumatisme antérieur (extirpation dentaire, inflam- mation consécutive, lente, progressive, ayant duré plusieurs années). Des trajets listuleux couvraient le rebord alvéolo-gingival, quelques- uns étaient au-dessous du menton à droite. Par les orifices, je sentais partout l'os à nu et séquestré Tout l'os devant être extirpé, je priais notre habile artiste en appareils prothétiques, M. Martin, de me préparer un maxillaire artificiel, des- tiné à remplacer exactement celui qui allait être enlevé. Ce maxillaire devait être muni de ressorts et d'une plaque palatine. J'opérai par la bouche, voulant éviter ainsi la formation d'une cica- trice extérieure. Par une incision pratiquée sur tout le rebord alvéolo-gingival, je mis à découvert tout l'os nécrosé ; il se divisa facilement en parcelles variables de volume. J'enlevai avec des pinces tout le corps^ puis les branches, ne laissant LETIÉVANT. DE LA PROTHÈSE IMMÉDIATE 911 à droite que le condyle intact dans sa cavité, et une parcelle saine de l'apophyse odontoïde attachée au tendon temporal. A gauche je laissai à l'état d'intégrité une petite lamelle osseuse de cinq millimètres limi- tant l'échancrure sigmoïde et rattachant entre eux le col du condyle et l'apophyse odontoïde. 11 suffit alors à 31. Martin, qui assistait à mon opération, de réséquer rapidement sur le maxillaire artificiel les saillies correspondant aux fragments osseux sains demeurés en place, pour que son appareil s'adaptât exactement à la cavité laissée libre par l'extirpation de l'os maxillaire. La plaque palatine portant ses deux ressorts, maintint doucement refoulé le maxillaire nouveau dans la loge nouvelle. Le résultat immédiat fut parfait, et je pus apprécier et faire apprécier, séance tenante, combien était utile cette intervention prothétique immé- diate. Dès la fin de l'extirpation de l'os, on avait vu le menton et la lèvre, non soutenus, s'affaisser, se plisser, se lasser et la déformation habi- tuelle commencer. L'appareil mis en place, toute trace de déformation disparaît : la lèvre, le menton restent étalés, la salive est maintenue, le malade ouvre régulièrement la bouche. L'appareil fut supporté à merveille. Un érysipèle facial léger survenu le huitième jour n'eut aucune in- fluence sur la marche de la cicatrisation. Au bout de deux mois, l'appareil parut trop gros ; les dents faisaient plus de saillie dans la bouche; on s'apercevait que le moule était repoussé de sa cavité qui elle-même se resserrait. Quand on enlevait le maxillaire artificiel , on constatait l'existence d'une sorte de gouttière dure, résistante, presque osseuse, correspon- dant au bord inférieur de l'appareil et se moulant sur ce rebord et la partie voisine de ses faces. C'était l'arc osseux de nouvelle formation dû à la présence du périoste, et qui offrait déjà une résistance assez grande pour supporter la pression des parties molles. Il me parut bon, cependant, de ne point lui confier encore ce rôle, et je réclamai de la complaisance de M. Martin un nouveau maxillaire artificiel plus petit. L'appareil nouveau placé, le patient apprit à l'enlever , le nettoyer, il s'en servit de plus en plus facilement ; il put avec son aide, manger, mâcher, faire claquer les dents, écraser des amandes, mordre vivement, parler, siffler même, en un mot accomplir normalement tous les actes buccaux si nombreux et si variés. Je fis présenter alors ce malade à la Société des sciences médicales, où l'on put constater cet heureux résultat. 912 SCIENCES MÉDICALES II La méthode de la rhinoplastie a reçu aussi des perfectionnements et s'est enrichie de nouvelles notions depuis l'année dernière. J'ai obtenu récemment un nez partait sur charpente, dont je présente une photographie. Le nez était à refaire en entier; le patient âgé de 56 ans; la lésion rongeante du nez était un cpithéliome; il ne restait aucun support, aucune cloison. Ma charpente fut faite en platine. L'aluminium s'était corrodé sur le malade dont j'avais fait l'histoire au Congrès de Paris; j'ai dû extraire les débris de cette charpente; ce qui a pu se faire facilement. Cela a démontré qu'une fois la charpente demeurée longtemps, le nez, quoique privé d'elle, garde encore sa forme, sa dureté et ne tend nullement à s'enfoncer. On peut déjà prévoir qu'à l'avenir la charpente pourra ne pas être permanente. Bref, ayant choisi le platine plus résistant aux agents oxydants, je procédai à l'opération. Mon lambeau circonscrit sur le front selon les règles établies, fut taillé moins long que celui de l'an dernier. La torsion du pédicule fut complète, l'application sur la charpente plus tendue, des points de suture plus nombreux comprenant le pédicule et la plaie du front dans sa partie inférieure. Pour accuser les orifices des narines, je retournai un peu en dedans le bord libre du lambeau après les sutures complètes, et je maintins cette partie ainsi relevée à l'aide d'un grain de plomb attaché à unlil métalli- que. Je fis à son tour passer ce fil au-dessous de la lame transversale de la charpente et ressortir à travers la peau du lambeau . Un deuxième plomb le fixant en dehors, déprimait la peau au niveau des points où devaient s'accuser les dépressions extérieures de l'aile du nez. Le nez après l'opération fut très satisfaisant. La réunion se fit partout. Au bout de trois semaines, le pédicule, faisant un peu de saillie à la racine du nouveau nez, fut soumis à une compression permanente douce, à l'aide d'une tige métallique munie d'un petit bouchon. Cette tige était maintenue à l'aide d'une couronne adaptée autour de la tête. Cette couronne supportait aussi deux autres tiges recourbées, en fil de fer, et portant chacune un petit bouchon dont la pression maintenait accusées les dépressions extérieures des ailes du nez. M. Revillet, in- terne du service, chargé de ce soin, avait disposé très artistement cet appareil à modelage. LETJÉVANT. DE LA PUOTIIÈSE IMMÉDIATE 913- Par CCS moyens divers, le résultat est tel qu'aujourd'hui, quarantième jour^ on peut considérer comme supprimé le dernier temps de l'opéra- lion, la. section du pédicule : elle devient cette fois inutile. Ainsi ce nez est aujourd'hui à peu près parfait de forme, à ce point que l'opéré n'a pas, parait-il, à regretter celui qu'il tenait de la nature. De plus ce nez fonctionne, il permet la respiration, le tlair, comme son prédécesseur naturel. Je répète donc ce que j'ai dit au Congrès de Paris 1878, il est néces- saire d'associer la Prothèse immédiate à la pratique des opérations pré- cédentes sur la face. Et je le répète avec des faits tout à fait démons- tratifs de résultats heureux obtenus par cette nouvelle méthode. Sauver l'existence, enlever la souffrance, sont certes des résultats pré- cieux confiés à la cliirurgie. Éviter la difformité est utile aussi et extrê- mement important. Comme à Athènes, nous aimons la forme, et beaucoup de malheureux sont voués à l'isolement, à la tristesse, à la misère, en raison de traces fâcheuses laissées par certaines mutilations chirurgicales pratiquées au. visage. Évitons-leur ce préjudice, et nous aurons rendu service à l'humanité.. DISCUSSION M. Denlcé rappelle un fait analogue tiré de sa pratique. II moula avec de la gutla deux cornets représentant chacun la charpente d'une narine; sur les cornets vint s'appliquer le lambeau frontal. On put faire une sous-cloison et après la guérison de la plaie, on enleva, en les ramollissant à l'eau chaude le& deux cornets qui servaient de soutien au nez artificiel : l'organe ainsi res- tauré présente un aspect assez satisfaisant et livre à l'air un libre passage. M. Gayraud demande si la charpente en plaline employée par M. Letiévanfc est définitive. M. HoRTOLÈs répond qu'on l'extrait par parcelles. M. GryM'Klt dit que ces procédés constituent un simple perfectionnement des procédés anciens dans lequel on introduisait des fragments de sonde dans les narines, M. Denucé fait remarquer qu'il y a autre chose qu'un simple perfection- nement : avec les moules en gutta, par exemple, on peut reconstituer un; nez ayant une forme déterminée et assurer définitivement la perméabilité de- l'organe. 58 914 SCIENCES MÉDICALES M. le F EIEÏÏZAL Mûdticin en chef de l'hûpital d.js Quinze- Vingls à Paris. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES KYSTES HYDATIQUES SOUS-CONJONCTl VAUX. — Séance du î "' sep l a m b r e 1879. — M. FiEuzAL communique à la section deux cas de kystes hydatiques qu'il a eu la bonne fortune d'observer à sa clinique, sur un total de 18,000 malades. C'est la rareté même des faits analogues rapportés par les auteurs, une vingtaine en tout, qui l'a déterminé à faire sa commu- nication en présence de praticiens qui peuvent, selon lui, avoir des occa- sions plus fiéquentes qu'on ne croit, de rencontrer ces hydatides, car bien souvent, les vers vésicuieux qui les composent, doivent passer inaperçus et s'échapper au moment de l'ouverture spontanée d'un kyste arrivé à suppuration. 11 est donc bon, dit-il, d'appeler l'attention sur ces kystes, dont Sichel, dans son iconographie ophthalmologique, a donné une des- cription tellement exacte, qu'elle suftit à elle seule pour permettre, à celui qui n'en a jamais vu, de les reconnaître du premier coup. M. Fieuzal a observé dans les annexes de l'appareil oculaire, les deux variétés de vers vésicuieux qui se rencontrent dans l'espèce humaine; dans le premier cas, il s'agissait d'une tumeur développée dans l'épais- seur du muscle droit externe de l'œil droit chez une jeune iilie qui était restée longtemps à Nancy, dans le service de l'honorable professeur Monoyer; celui-ci avait introduit à plusieurs reprises le trocart dans l'épaisseur de la tumeur, mais M. Fieuzal n'avait pas connaissance du résultat de l'examen de M. Monoyer, lorscpi'on lui amena à sa clinique cette jeune fille âgée de 16 ans, atteinte d'une tumeur qui, en repoussant l'œil fortement en avant, avait compromis la vision par suite du tirail- lement opéré sur le nerf optique. M. Fieuzal pratiqua l'extirpation de cette tumeur qui avait la dimen- sion d'un énorme marron, et poussait son prolongement jusqu'au sommet de i'orbite. Elle était creusée dans son intérieur d'une cavité dans laquelle il trouva, à l'examen microscopique et nageant au milieu d'un liquide sanieux ou séropurulent, quelques crochets en même temps que des débris de lamelles très finement juxtaposées et caractéristiques de l'échinocoque, ou ver vésicuieux du lœnia échinococcus. De plus, circonstance qui avait une certaine gravite, il trouva de nom- breuses libres musculaires striées sur la paroi de la tumeur, et s'assura ainsi que c'était dans l'épaisseur de ces libres ou dans le tissu conjonctif D^ FIEUZAL. — ÉTUDE DES KYvSTES HYDATIQUES SOUS-CONJONGTIVAUX 915 tiques du cysticerque celluleux. Du reste, l'examen microscopique fait ultérieurement ne lui laissa pas le moindre doute sur la réalité de l'existence de ce ver vésiculeux pro- duit du tainia solium, et le regret seul de M. Fieuzal est de ne pouvoir le mettre à la disposition des assistants, car il n'a pas songé à apporter ces pièces qu'il conserve dans son laboratoire. Il insiste sur ces faits, parce qu'il est convaincu que la rareté des cas connus ne peut s'expliquer que par la possibilité qui doit souvent se produire, de l'ouverture spontanée des kystes sous-conjonctivaux, et par conséquent de la disparition inaperçue des vésicules qu'ils renferment. C'est ce qui serait incontestablement arrivé sur l'enfant dont il s'a^^it, ■oîi, sous l'influence d'une quinte de coqueluche dont elle était atteinte le kyste suppuré se fût certainement ouvert spontanément et eût été perdu pour la statistique. Les suites furent des plus simples, et après avoir excisé le plus possible du kyste avec une pince et des ciseaux, le reste l'ut abandonné à la sup- puration, et l'enfant ramenée chez elle avec une simple bande et de l'eau froide sur l'œil; la guérison était parfaite lorsqu'on reconduisit l'enfant au bout de quinze jours, et c'est à peine s'il y avait sur la con- jonctive bulbaire, une cicatrice adhérente. QIQ SCIE.\CES MÉDICALES M. IICÂTI LA IViYOPrE DANS LES ECOLES DE MARSEILLE (extrait du l'îîOCfcs-VKRBAL) — Séance du ■/<"" sep I einb re 1879. — M. NicATi faii, une communication sur la myopie dans les écoles de Mar- seille. De ses recherches qui ont porté sur 3,-434 yeux, il résulte : 1° Que les myopes, sont plus nombreux, à conditions égales, dans les écoles Israé- lites que dans les écoles chrétiennes ; 2° Que le nombre des myopes est plus grand chez les individus aux yeux bleus ou gris que chez les individus aux yeux noirs ou bruns ; 3° Que l'affaiblissement de l'acuité visuelle favo- rise exiraordinairement le développement de la myopie; i° Que le nombre des myopes est vraiment énorme parmi les internes du lycée et qu'il y a lieu d'abandonner complètement les salles d'études de ce bâtiment, dont la construclion est très défectueuse; 5" Enfin que l'internat est favorable au développement de la myopie. DISCUSSION M. Thaon, rapprochant les chiffres cités par i\l. Nicati et ceux notés par Cohn, à Breslau.; fait remarquer que la myopie est aussi fréquente dans les écoles de Marseille, qui est un pays de vive lumière, que dans le Nord. Il y a donc, dans ces caci, d'autres éléments étiologiques. M. BEETII Professeur à la FccuUé de médecine de Jloiiti e'.lior. LE NOUVEL HOPITAL DE MONTPELLIER (EXTRAIT DU PROCÈS-VERDAL) — Séance du I "' sejileinbrc IS79. — M. Bertin présente les plans du nouvel hôpital qui va êlre construit à Montpellier, suivant les avis d'une commission médicale, désignée par la municipalité. Situé au nord de la ville, à 1,700 mètres des boulevards, il sera formé de pavillons isolés, parallèles, à grand axe perpendiculaire à la ligne de plus grande pente, reliés entre eux par des galeries couvertes et ouvertes; au centre, sont les services généraux, avec établissement d'hydrothérapie et D"^ MATTEI. NOTICE HISTORIQUE SUR L ECOLE DE MONTPELLIER 917 hains d'air comprimé; à l'extrémité (au N.) sont les pavillons dos infectieux; à l'autre, la maternité. Fait pour 800 lits, l'hôpital ne contiendra pas plus de 700 malades, dans des salles de 28 lits, en un seul étage sur soubassement inoccupé, de 2'^,20; ayant 31 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur et ^■"jSS de plus grande élévation, la voûte étant ogivale. 11 y aura des pavil- lons d'attente, de convalescents, de rechange. L'hôpital sera relié par des tramways et des téléphones avec la ville et l'hôpital général, où sera le bu- reau central de réception des malades. M. le F MATTEI Pro.'ossuiir libiv; d'atcoticlicmeiils à Paris NOTICE HISTORIQUE SUR L'ECOLE DE MONTPELLIER CONSIDEREE SOUS LE RAPPORT DE L'OBSTÉTRIQUE!) (extrait) — Séance (lu 1'^'^ s c p I c m h r e IS79. — Divers auteurs, et en particulier Velpeau, ayant dit que l'école de Montpel- lier s'est peu occupée de l'obstétrique, M. Mattei, qui appartient autant à l'école de Paris qu'à celle de Montpellier, a profité de la réunion du Con- grès dans cette dernière ville pour démontrer i^ar l'histoire que l'école de Montpellier a plus fait qu'on ne pense sous le rapport obstétrical. L'école de Montpellier, la première qui se soit occupée sérieusement en France des sciences médicales, enseignait dès les xiii^ et xiv<^ siècles ce qui touche à l'obstétrique, comme nous le prouvent les ouvrages de Gordon et Guy de Chauliac. La prospérité de cette école augmentant toujours, elle parvint à fournir des médecins et des professeurs même aux rois de France et à l'école de Paris (Jean Chapelin, François Miron, Jean Majipe, Rabelais, etc.), parmi lesquels, au \vi<= siècle, Silvius écrivit sur la menstruation, Rousset sur l'opération césarienne, Paul Portai vint même exercer honorablement l'obstétrique au milieu des accoucheurs de Paris. Rondeiet, Hucher, Yarendée, Ranchin, La- zare, Rivière continuèrent à enseigner à Montpellier l'obstétrique pendant le xvii*^ siècle, en la faisant entrer dans le cadre général de la médecine et en lui conservant le caractère hippocratique. Au xviu'' siècle, l'école de Monlpellier fournit à la cour de France et même à l'école de Paris des professeurs distingués (le baron Portai, Lapeyronie) (1) Le bureau devaiiL lequel ccUxi lecture a été commencée u'ayaut pas voulu la laisser aclio ver et la i oinmission do publication n'ayant i)as voulu reproduire le mémoire in-exlcnso à cause du caractère purement bistorique qu'il i)rcsentc et qui ne rentre pas dans l'esprit de nos comptes rendus, on n'en donne ici qu'un court résumé. 918 SCIENCES MÉDICALES parmi lesquels des accoucheurs tels que Astruc, Lacombe, Solayres. Lapey- ronie légua par testament les moyens d'ériger, au collège de chirurgie de Paris, cinq nouvelles chaires, dont deux d'accouchements. Solayres exposa dans les cours des idées qui ont régné longtemps et forma des élèves qui ont illustré depuis l'école de Paris, Baudelocque entre autres. A MontpeUier, pen- dant ce temps, Eioy publiait un manuel d'accouchement, et Fizelard écrivait sur les maladies des femmes. Au commencement du xix*^ siècle, Delpech faisait entrer, à Montpellier,. l'Obbtétrique dans le cadre de la chirurgie, comme les anciens médecins la faisaient entrer dans le cadre de la médecine, pendant que Vigarous écrivait sur les maladies des femmes et Baumes sur les maladies des enfants. Api'ès la réorganisation des écoles, celle de Montpellier ne devait plus, comme par le passé, nommer ses professeurs par la voie du concours, ce fut le gouvernement qui les nomma et Paris lui envoya Dugès. Du reste, Mont- pellier manquait d'un élément indispensable, la clinique obstétricale, et c'est le professeur Delmas qui la commença; le professeur Dumas l'a encore mieux établie depuis, et de nos jours, nous voyons le professeur Courty ne pas seule ment s'occuper avec succès des maladies des femmes, il a publié sur cette matière un ouvrage désormais classique, comme les travaux de Coste, qui est venu aussi de Montpellier, sont devenus classiques pour l'embryologie. M. JAÏÏMES Professeur à la Faculté de méJeciiie de Montpellier. PROCEDE A EMPLOYER POUR RELEVER LES EMPREINTES SUR LE SOLU) — Séance du •/ « ■■ septembre 18T9. — M. Jaumes expose d'abord le procédé mis en usage par M. Hugoulin,. pharmacien en chef do la marine, à Toulon, et décrit par lui dans les Annales d'hygiène et de médecine légale, en I80O; — il fait ressortir les mérites et les avantages de ce procédé ; mais il en signale ensuite les inconvénients qui consistent principalement dans les dangers de détério- ration, de cassure auxquels l'empreinte est exposée dans les diverses ma- nipulations dont elle est l'objet. Pour parer à ces inconvénients, M. Jaumes propose, tout en conser- vant le point de départ du procédé de Hugoulin, de le modifier de la façon suivante : L'empreinte^ une fois solidifiée au moyen de l'acide stéarique, la (1) Voir le mém&ire m extenso qui a paru daas Montpellier médieal. lome XLIV, et dans Ann. d'hyg. publ. et de méd. lég., lévrier 1S80. ROUSTAN. — SALPINGOTOMIE 919 surface en est lubrifiée au moyeu d'un corps isolant, de l'huile par exemple, et on y coule du plâtre gâché qui reproduit les détails dessi- nés sur l'empreinte par le corps dont l'impression sur le sol a produit l'empreinte. Le plâtre, en se solidifiant, reproduit la forme, l'image du corps qui a déterminé l'empreinte. M, Jaumes énonce ensuite les résultats des expériences poursuivies dans son laboratoire à l'aide de la parafine, de la colophane, etc., pour consolider l'empreinte; de l'eau savonneuse, de l'œuf légèrement battu, comme corps isolant ; de la parafine comme substance à mouler. M. Jaumes soumet à la Société une série de pièces obtenues soit à l'aide du procédé proprement dit de Hugoulin, soit à l'aide de ce pro- cédé modifié ainsi qu'il vient d'être dit. DISCUSSION M. MiLLiOï rappelle un moyen qu'il a présenté à l'Académie de médecine en 1868 et qui consiste à se servir du caoutchouc ramolli ou dissous pour prendre les empreintes. M. Jaumes fait remarquer que ce procédé ne peut pas servir pour les em- preintes fugaces qu'il a eues spécialement en vue. M. ROÏÏSTAN Professeur agrégé à la Furulté de médecine dj MontpeUier. DE LA SALPINGOTOMIE — 5' éa ne e du 7 " '■ septembre 1 8~ 9 . — Lorsqu'un malade atteint de surdité se présente à nous, nous nous préocuppons tout d'abord de l'état de la trompe d'Eustache, et nous cherchons par tous les moyens à la rendre aussi perméable que possible, persuadés avec raison que nous arriverons de la sorte à la guérison plus facile des lésions si nombreuses de l'oreille moyenne ; soit par la circu- lation de l'air et des liquides pathologiques, soit aussi par la possibihté d'utifiser cette perméabilité dans un but thérapeutique par l'injection ou l'insulïlation de liquides ou de gaz dissous. Que trouvons-nous dans la pratique pour remplir ces indications ? rien ou pres(iue rien. En quoi les insufflations par lesdivers procédés remédient- elles au rétrécissement de la trompe d'Eustache ? Elles renouvellent mo- mentanément l'air de la trompe, et souvent l'améUoration qu'elles amè- 920 SCIENCES MÉDICALES lient est aussi passagère qu'elles : en tous cas elles dilatent très peu la trompe d'Eustache ; le catliélérisnie lui-même donne très peu de résultat, avec une sonde cylindrique et toujours du même calibre. Examinant unjour l'orifice nasal de la trompe d'Eustache et cherchant à faciliter l'introduction des médicaments dans l'oreille moyenne, je tus frappé de la grande dilatation qu'on obtient par la salpingotoniie. La lèvre postéro-intcrne semble le lieu d'élection pour cette opération et son incision donne la dilatation la plus grande ; de plus toute la face postéro-interne de la portion cartilagineuse de la trompe est libre dans le larynx , elle n'est séparée de ce dernier que par la muqueuse, qui n'est point doublée en cet endroit d'une couche épaisse de tissu cellulaire. De ce côté l'hémorrhagie est moins à craindre que des autres. On pourrait faire porter l'incision sur la membrane fibreuse, dans le but de ne point atteindre le cartilage, si la lésion de ce dernier présentait des inconvénients ; il faudrait alors chercher à l'atteindre tout à fait à sa partie inférieure, c'est-à-dire à son insertion sur le bord postérieur et interne du cartilage de la trompe. Sur le cadavre, la dilatation obtenue par la section de cette partie est beaucoup moindre que la dilatation obte- nue par la section de la lèvre postérieure ; de plus en ce point on risque ■davantage de provoquer une liéinorrliagie ; enfin toute la lèvre postéro- extcrne est enterrée dans du tissu cellulaire qui risquera de s'enflammer ■et de suppurer. Je ne puis donner ici que des raisons théoriques pour l'adoption de telle ou telle manière de faire, il est bien entendu que la clinique devra trancher la question et avoir le dernier mot. Je vais rappeler en quelques lignes les notions anatomiques précises nécessaires à l'intelligence de ce sujet. La trompe d'Eustache présente une longueur de 0™;035 à O'",040 millimètres, sur lesquels la portion cartilagineuse compte pour 0"',024 à 0™, 028 millimètres. Cette dernière nous intéresse surtout, elle forme un cône aplati de dehors en dedans et d'avant en arrière; on peut lui distinguer deux faces: l'une antéro-exierne, cachée , enfouie dans les tissus, répond au muscle péristaphylin externe, auquel elle fournit dos points d'attache et qui la sépare du muscle ptéri- ^oïdien interne ; elle répond aussi au bord postérieur de l'aile interne de l'apophyse ptérygoïde, bord qui est d'ordinaire légèrement échancré dans sa moitié supérieure, commepours'adapter à la saillie de la trompe. L'autre postéro-inierne n'est séparée du pharynx que par la muqueuse ; elle est si superficielle qu'on pourrait à la rigueur l'exciser avec facilité si l'indication s'en présentait; en tous cas l'incision arrive sans peine à la diviser en entier. Le cartilage forme une gouttière dirigée en bas et en dehors; le bord antéro-externe descend moins bas et est plus épais que le bord postéro- ROUSTAN. SALPINGOTOMIE 921 interne. La lame fibreuse qui réunit ces deux bords occupe donc la plus grande partie de la paroi antéro-externe. La muqueuse très adhérente à la portion cartilagineuse l'est peu à la portion osseuse. Les glandes très nombreuses sur le pavillon le devien- nent moins à mesure qu'on se rapproche du point de jonction des deux cônes. Enfin le réseau lymphatique lui-même paraît d'autant plus riche qu'on se porte davantage vers le pharynx. La muqueuse des pavillons est moins vasculaire en arrière qu'en avant et en bas. Ces conditions anatomiqucs expliquent la fréquence des obstructions de la partie cartilagineuse de la trompe pour lesquelles la salpingoto- mie, bientôt, j'ose l'espérer, sera le moyen curateur le plus ordinairement employé ; avec elle l'insufflation dans l'oreille moyenne deviendra inntile puisque la cause matérielle de l'obstruction aura disparu, puisque la circulation de l'air redeviendra facile et noimale à travers la trompe d'Eustache agrandie. A ce propos je dois ici distinguer l'obstruction absolue de l'obstruction relative; la première est beaucoup moins com- mune qu'on ne le suppose; tandis que la deuxième se rencontre beau- coup plus souvent à l'occasion d'une inflammation de la cavité nasopha- ryngienne ou de la caisse du tvmpan. L'obstruction relative existe dans toutes les otites moyennes avant même la propagation de l'inflammation à la muqueuse de la trompe. Nous voulons dire que le conduit qui suffit à la circulation de l'air à l'état normal, devient trop étroit pour la circu- lation des liquides pathologiques qui prennent alors naissance. Beaucoup d'olites moyennes ne sont graves ([ue par la difficulté que rencontre l'éliniination du pus; ce dernier, même en très faible quantité, devient pour la caisse un corps étranger, origine d'accidents que l'on décrit comme les symptômes de son inflammation. Il sera donc de la plus grande utilité, au début d'une otite moyenne, d'agrandir par la salpingotomie la voie de communication de cette cavité avec la cavité nasale afin que l'air entrant plus facilement et en plus grande quantité dessèche la muqueuse malade, diminue la sécrétion du pus et entraîne librement à l'extérieur celui qui vient de se former. Si nousexaminoiis mieux ce qui se passe en réalité, nous veiTOns que le plus souvent l'otite s'accoujpagne de salpingite, avec gonflement de la muqueuse et diminution du calibre du canal. Les insufflations d'air par la sonde, par le politzer ou parle vasalva sont impossibles ou nuisibles porce qu'elles ne trouvent pas le chemin suffi?amm(nt libre. Par la salpingotomie on pr-^parera la voie aux insufflations gazeuses ou liquides, si efficaces quand on peut les bien faire: on facilitera la mobi- lisation de la membrane du tympan et des osselets, ce qui sera aussi utile pour le diagnostic que pour le traitement. Quant a l'obstruction absolue, tout le monde sait cpie si elle se pro- 922 SCIENCES MÉDICALES * longe elle peut compromettre la fonction auditive par l'ankylose des osse- lets, l'atrophie des muscles et des membranes du tympan. Les insufflations retardent ces mauvaises conséquences, mais elles ne remplissent en aucune manière l'indication causale, elles ne font en rien disparaître l'obstruction. J'ai fait construire un salpingotome chez M. Charles Dubois, fabricant d'instruments à Paris, 31, rue Saint-André-des-Arts. Il se compose d'une sonde d'Itard ordinaire, creusée dans toute sa longueur d'une cannelure qui occupe la convexité, mais qui pourrait être placée sur la face interne si on voulait faire porter l'incision sur le deuxième point d'élection que j'ai indiqué. A quatre centimètres de son extrémité, elle porte deux plaque destinées à cacher la lame et à protéger les tissus. Dans la cannelure s'engage un mandrin ayant à son extrémité une lame tranchante; ce mandrin porte un talon qui en s'arrêtant au niveau du pavillon de la sonde limite le mouvement de retour de la lame et assure son séjour entre les lames protectrices dont nous avons parlé plus haut. Avec cet instrument, rien n'est plus simple que la salpingotomie : après avoir introduit l'instrument dans le pavillon de la trompe aussi profondément que possible, on fixe d'une main la sonde et de l'autre on pousse le mandrin ; les deux mains doivent pousser à la fois pour ne pas s'exposer à retirer la sonde en enfonçant la lame cachée. Il est utile de faire le catliélérisme pendant deux ou trois jours pour exagérer la dilatation, éviter la réunion des lèvres de l'incision, en un mot retirer de l'opération tout le proiit possible. On pourrait encore ajouter la dilatation par des sondes d'un volume croissant graduellement. M. J. PAREOT Professeur à la FamiUé de médecine, membre de l'Académie de médecine. SUR LE PLATEAU DES ORIFICES ARTÉRIELS DU CŒUR — Séance du l"^ sep lembre 1879. — I En 1876 (1), j'ai fait connaître (2) une disposition du centre circu- (1) Sur le plateau de l'aorte et de l'artère pulmonaire, dans quelques espèces animales. (Gai. méd. 1876, p. 193.) (2) Parchappe est, à ma connaissance, le seul auteur qui l'ait entrevue sur le cœur du din- don. — a Le calibre de l'aorte, dit-il, s'élargit notablement au-dessus de son orifice, et les sinus sigmoïdes sont considérables. La valvule siymoïde antérieure repose sur le bord supérieur du ventricule, qui forme le plancher du sinus correspondant. [Du cœur, de sa structure et de ses wo)(V??7ien(.?, p. -168. Paris, 1848-! J. PARROT. — SUR LE PLATEAU DES ORIFICES ARTÉRIELS DU COEUR 923 latoire, sur laquelle je me propose de fournir aujourd'hui des indications plus complètes. Les valvules sigmoïdes de l'aorte, lorsqu'on les envisage au point de vue topogra[)liique, peuvent être qualifiées de droite, de gauche et de postérieure, et cela tout aussi bien chez les animaux que sur l'homme ; mais tandis que sur ce dernier, elles interceptent entre les vaisseaux et leur propre paroi, un angle dièdre; dans certaines espèces animales, il existe entre l'aorte et les valvules, non plus un espace angulaire, mais une large surface plane qui a la forme d'un segment de cercle, dont la circonférence répond à l'artère, tandis que la ligne droite qui le détermine est représentée par l'insertion de la valvule, sur un bourrelet saillant que forme la cloison à la région supérieure du ventricule gauche. — C'est cette surface musculaire que j'appelle le Plateau aortique. — L'endocarde la revêt, n'ayant pas d'ailleurs sur tous les points la même épaisseur. La mesure du plateau, c'est-à-dire celle de la saillie qu'il fait dans la cavité de l'aorte, est représentée par la perpendiculaire, menée du milieu de la ligne d'insertion delà valvule jusqu'à la paroi artérielle. Pour la prendre, je me sers habituellement d'une glissière, munie d'un vernier, qui donne le dixième de millimètre. Sur un cheval j'ai trouvé que celui de la valvule droite était de 26 millimètres; et sur un autre, de 2o. — Pour bien étudier le plateau, il faut, au niveau de sa partie médiane, pratiquer une coupe perpendiculaire à la cloison qui sépare les ventri- cules. Elle fait voir que ce sestum, surtout dans sa région supérieure, est constitué par deux couches musculaires adossées et intimement unies l'une à l'autre, ce qui pourtant n'empêche pas de les distinguer; la direction de leurs fibres, leur couleur et leur densité, étant très dif- férentes. En effet, tandis que la gauche est dense, d'un rouge assez foncé et faite de fibres à peu près perpendiculaires à l'axe du ventricule; celle de droite est plus pâle, d'une texture plus lâche et formée de faisceaux parallèles à l'axe ventriculaire. — La part que chaque ventri- cule prend h la formation de cette paroi, est très inégale et propor- tionnée à sa puissance. Sur un cœur de cheval, dont la cloison avait 36 millimètres d'épaisseur, 20 millimètres appartenaient au ventricule gauche et 16 au droit. — Le plateau est exclusivement formé par la couche gauche de la cloison. Le nombre des plateaux est variable pour chaque espèce animale, et môme, dans des cas d'ailleurs assez rares, pour les différents individus d'une même espèce. Sur un cœur de bœuf, j'ai trouvé un plateau droit de 22 millimètres, bombé au centre, et un autre correspondant à la val- vule gauche, mais de 7 millimètres seulement. — Le cœur d'une girafe femelle, qui pesait i,SU grammes, avait trois plateaux : un droit de 43 millimètres, un gauche de 6 et un postérieur de 5. Pouls du cœur Pkitoiuix gr. D. G. P. _ — — 12.50 3.7 3.» 3.» 9.5 3.2 2.5 2.» 2.15 1.5 1.2 0.8 6.50 3.2 2.2 1.4 924 SCIENCES MÉDICALES Les sigmoïdes droites et gauche du chien ont un plateau. Dans quel- ques cas rares, la postérieure en est également pourvue. Le chevreuil en a toujours deux, dont les dimensions sont très inégales. Sur un cœur qui pesait 160 grammes, le droit avait 7 millimètres et le gauche 2. Chez les oiseaux le plateau atteint son développement maximum, car non-seulement il y a une surface considérable, eu égard, bien entendu, au poids et au volume du cœur, mais ce qui est très remarquable et distingue cette classe de toutes les autres, c'est que chaque valvule en est pourvue. Voici quelques exemples : Cigogne Buse Pie Faisan Cette saillie considérable des plateaux à roritlce aortique des oiseaux a pour résultat de l'oblitérer presque complètement, du moins quand le cœur est en rigidité cadavérique. Les valvules de l'artère pulmonaire sont également munies de pla- teaux ; mais à part ([uelques exceptions, ils sont moins saillants, moins robustes, moins fermes que ceux de l'aorte, dont ils se distinguent sur- tout par leur direction qui, dans un très grand nombre de cas, est celle d'un plan incliné de haut en bas, et de la paroi artérielle VH?rs le ventricule. II La constance du plateau cardiaque dans certaines espèces animales, ne peut laisser aucun doute sur son importance ; et l'on doit admettre, à priori, que dans la circulation de ces êtres, il joue un rôle qui est commandé par leur genre de vie et leur organisation. Un simple coup d'aVil jeté sur la liste, d'ailleurs très restreinte, des animaux dont j'ai parlé, montre que leur masse est considéra- ble, ou bien qu'ils sont obligés à des efforts musculaires rapides, puissants et prolongés. — A la première catégorie appartiennent le bœuf, le cheval, la girafe; à la seconde, le chevreuil, le chien, les oiseaux. On va voir que chez tous, bien que pour des raisons différentes, le cœur est soumis aux mêmes exigences. En effet : chez les grands animaux , à chaque systole 'ventriculaire , une masse énorme de sang doit être répartie sur une surface très étendue ; aussi le cœur est- il volumineux, puissant, et l'aorte d'un diamètre et J. PAUIIOT. SUR LE PLATKAU I>ES OUIKICES AKTÉKIELS DU CœUR 92l> d'une épaisseur équivalents. Car ce vaisseau joue le rôle d'un ressort, qui tendu à chaque systole ventriculaire, rend en se détendant et en pressant sur son contenu, la force qui lui a été communiquée par le cœur. Eu sorte que la pression déterminée par l'élasticité aortique est proportionnelle à la force impulsive du cœur; et lorsque celle-ci exige un muscle robuste, l'autre ne peut se passer de parois artérielles, épaisses et résistantes. Mais si les parois cardiaques et aortiques peuvent s'épaissir sans limite, il n'en est pas de même des valvules sigmoïdes, qui ne sauraient fonctionner sans une souplesse parfaite. Or celle-ci est incompatible avec la résistance qu'elles devraient avoir chez les animaux précédem- ment indiqués, si une disposition anatomi(jue ne leur venait en aide. Cette assistance, c'est précisément le plateau qui la réalise, et de la manière la plus efficace. En effet, sur le cœur du cheval, par exemple, le plateau correspond à la région droite, c'est-à-dire à celle qui par la courbure aortique, reçoit l'effort principal du choc en retour de la colonne sanguine. C'est lui que cette colonne comprime tandis que la valvule n'a de cette secousse, pour ainsi dire, que l'écho. Chez les animaux coureurs de taille moyenne ou petite, comme le chien ou le chevreuil, ce n'est plus l'étendue du cercle à parcourir qui exige un ressort aortique puissant ; c'est, durant la course, une irriga- tion active des muscles, alors que par leur contraction, ils opposent une grande résistance au sang qui les parcourt. Pour cela, ces mammi- fères ont un ventricule gauche et une aorte dont l'épaisseur considé- rable serait disproportionnée à la minceur des valvules sigmoïdes, si une plate-forme charnue ne venait en aide à celles-ci. Tout ce que je viens de dire des animaux coureurs s'applique, à fortiori, aux oiseaux. Pour la plupart d'entre eux, le travail musculaire est en effet bien autrement considérable que pour les premiers; aussi leur muscle cardiaque est-il doué d'une vigueur exceptionnelle, et leur aorte a-t-elle une épaisseur qui surprend toujours, quand on la com- pare à son propre calibre et au volume du cœur. Dans un tel état, si les valvules sigmoïdes étaient constituées assez puissamment pour ré- sister à elles seules à la pression du sang, non seulement elles auraient perdu toute souplesse, mais encore elles mettraient obstacle au passage du sang. C'est donc chez les oiseaux que la nécessité du plateau apparaît avec toute son évidence; aussi chaque valvule en est-elle pourvue. Les plateaux de la pulmonaire, constituent, comme ceux de l'aorte, des organes de secours; ils aident les valvules à supporter la pression^ parfois considérable, du sang qui doit traverser les poumons. Oi~26 SCIENCES MÉDICALES Chez les maimuifères ils sont plus fréquents, plus larges et plus nombreux que sur les cœurs d'oiseaux où ils n'existent qu'à l'état ru- diïuentaire. Je ne puis expliquer cette difterence, que par la disposition de l'appareil respiratoire de ces derniers, si différent de celui des antres. La vaste étendue qu'il occupe, son immobilité relative, l'absence de diaphragme, mettent, en eli'et, sa circulation à l'abri des changements considérables et brusques, qui résultent, chez les mammifères, de condi- tions opposées. m Si les considérations qui précèdent ne sont pas de pures hypothèses, si le plateau est l'organe d'une véritable fonction, et si cette fonction est bien celle que je lui ai assignée , on doit pouvoir dire d'avance si le cœur d'un animal, dont on connaît le genre de vie, est pourvu de plateaux, et fixer approximativement leur nombre et leurs dimensions. Et d'un autre côté, un cœur étant donné, sans aucune indication sur sa provenance, on doit à la seule inspection de ses orifices artériels, dire s'il appartient à un oiseau ou à un mammifère ; et dans ce der- nier cas, s'il s'agit d'un coureur. Dans les nombreuses recherches que j'ai faites, j'ai vu mainte fois se vérifier mes prévisions, basées sur les notions précédentes. Il était aisé de prévoir, par exemple, que les singes ne devaient pas avoir de plateau. C'est ce qu'il m'a été donné de vérifier sur : 3 macaques; 1 cynocéphale nègre; 3 cébus. I ouistiti. II est vrai que tous ces animaux sont de petite taille; mais je ne doute pas, en m'appuyant sur ce que l'on observe chez l'homme, que le cœur des singes anthropomorphes, le gorille, l'orang, le chimpanzé, ne soit dépourvu de plateaux; ou que du moins cet organe y soit réduit à de très minimes proportions. Le lion n'a que des plateaux peu saillants; sur trois cœurs étudiés à ce point de vue, le plus large ne dépassait pas 4 miUimètres. — C'est que le lion n'a pas une taille qui exige la présence de larges plateaux; et puis ce n'est pas, à proprement dire un animal de course. Il est capable de faire, coup sur coup, des bonds puissants, mais il est bien loin de courir aussi vile et aussi longtemps que les animaux dont il fait sa proie. On sait en effet qu'il les prend non de vitesse, mais par surprise. J'ai vu un cœur de guépard qui était complètement dépourvu de pla- J. PAKROT. SUK LE PLATEAU OES OBIFICES ARTÉRIELS DU COEUR 927 teau. Je suis persuadé que si ces études sont continuées, elles feront ▼oir que tous les félins, y compris les plus grands, tels que le tigre, sont dans le même cas que le lion. — Ce n'est pas qu'ils ne puissent courir; ils le peuvent, même avec rapidité, mais non d'une manière continue. Ils courent comme le fait l'homme. Chez eux la course n'est pas une allure habituelle, c'est un accident. D'ordinaire, ils marchent silencieusement, avec lenteur et prudence. Parmi les autres animaux dépounusde plateau, je signalerai la fouine, le furet, le kanguroo géant. — Chez la loutre, l'aorte n'en a pas, mais l'on en trouve à l'orifice de la pulmonaire. — Les habitudes de ces carnassiers rendent facilement compte de cela. — Par contre, le re- nard, le lièvre, le lapin, ont des plateaux, on devait bien le prévoir. Ces organes, chez les mammifères marins, atteignent souvent des proportions considérables. Sur le cœur d'un dauphin j'ai trouvé que ceux de l'aorte avaient : le droit lo°«°, le gauche 41 et le postérieur g. — Sur un phoque, ces dimensions étaient moins considérables, puis- cpi'elles étaient représentées par les chiffres 6, 2 et 1, o. IV Parmi ks animaux qui nont pas de plateau, j'ai signalé quelques singes, mais je n'ai pas parlé de l'homme, lui réservant un chapitre spécial . A ce point de vue, il ne diffère pas des autres prim les. Sur son cœur, les valvules de l'aorte s'insèrent directement à la partie inférieure des sinus de Vasalva. Celles de la pulmonaire s'attachent sur le muscle, mais sans que c^lui-ci fasse la momdre saillie à ce niveau. — Chez un certain nombre d'enfants au-dessus d'un an, on constate un plateau aorlique des plus nets, formé par le relief de la cloison. Rarement il atteint 2 millimètres. Cette différence entre l'adulte et ieafant, ne peut surprendre, quand on songe aux changements que l'évolution imprime au cœur dans sa forme, son épaisseur et sa puissance, notablement su- périeures durant les premières années de ia vie, à ce qu'elles seront plus tard. Aussi n'est-il pas rare de constater chez l'enfant, dans le ven- tricule gauche, une saillie de la cloison, assez considérable pour consti- tuer un plateau, mais elle ne tarde pas à disparaître. Ici donc, comme en d'autres circonstances, l'être humain, en ^'éloignant de l'époque de sa formation, voit se rompre les liens qui le rattachaient aux autres rameaux de l'animaiité. Mais si le plateau n'existe pas à l'état physiologique chez l'homme adulte, il peut s'y développer sous l'intluence de la maladie ; et je l'ai constaté sur des cœurs atteints d'hypertropie du ventricule gauche. 928 SCIENCES MÉDICALES Tous ceux que j'ai étudiés présentaient en même temps une insuffisance des valvules sigmoïdes de l'aorte. — Dans un de ces faits, où la cloison interventriculaire avait deux centimètres d'épaisseur, l'aorte étant très athéromateuso, au-dessus di>s sinus de Vasalva, il y avait, au niveau de la valvule droite, un plateau dont la saillie apparente était de 6 milli- mètres, tandis qu'en le mesurant, d'après les règles que j'ai indiquées plus haut, il n'en avait en réalité que quatre. Ce cas et ceux analogues qu'il m'a été donné d'étudier me permet- tent de dire que deux conditions sont nécessaires au développement du plateau morbide; à savoir : une hypertrophie de la cloison intervenliicu- laire et une souplesse, du moins relative, des parties de l'aorte et de la valvule, qui constituent le nid de pigeon. Lorsque celte région est indurée et partant immobilisée, il n'y a pas de plateau, même avec une hypertrophie considérable. Le développement du plateau, dans les formes d'hypertrophie que je viens d'indiquer, me semble j'ouvoir être expliqué de la manière sui- vante : En augmentant de volume, sous l'inllucnce du travail excessif qui incombe au ventricule gauche, la cloison interventriculaire se porte tout à la fois en dedans et en haut. Sa partie supérieure et interne, qui a la forme d'un angle arrondi, pénètre entre les deux feuillets de l'endocarde constitutifs de la valvule, qui subissent eux-mêmes une élongation et un épaississement, grâce auxquels ils peuvent supporter ces modihcations topographiques. De la sorte se trouve constitué le plateau morbide, formé par la paroi du ventricule gauche, coiffé par l'endocarde. Dans l'ordre pathogéni- que, il doit être mis à côté de l'hypertrophie, parmi les accidents deu- téropathiques. Comme elle, il constitue un bien. C'est un secours qui, en exécution des lois de la physiologie, vient en aide à l'organisme troublé par Talfection organique du cœur. Il n'est pas sans intérêt de voir la maladie abaisser le cœur de l'homme au niveau de celui d'espèces animales qui sont bien loin de lui sur l'échelle zoologique; — de constater que chez l'homme malade, comme chez les animaux sains, le plateau répond à un même besoin, remplit une même fonction ; et dans l'un et l'autre cas, joue le rôle d'un organe de secours; — de saisir entin un de ces traits d'union qui rattachent les maladies à des conditions physiologiques. E. TISON. — UELATIO.N D*UN CAS d'aTHÉTOSE t^29 M. CORIYEAUD OBSERVATION D'UN CAS D'IOHTHYOSE CORNEE IKXTHAIT] — S é a n c e d H I '' " S e p t e m h r e t 87 9 . — M. CoRivEAUD expose l'observation d'un cas d'iclilhvose cornée probablement unique par sa généralisalion. En effet, le cas le plus célèbre de ce genre de monstruosité est celui des frères Lambert qui avaient d'indemnes la face, les mains et les pieds, tandis que la jeune E. D''"^* a la surface cutanée, abso- lument recouverte dans sa totalité d'écaiiles épidermiques en forme de piquants arrondis, coniques ou pointus, dont la longueur varie suivant les régions. Cette monstruosité est congénitale ; dès sa naissance l'enfant avait le corps recouvert d'écaillés qui s'enlevaient, dit l'accoucheuse , sous forme de farine mouillée. D'ailleurs intégrité absolue de la santé générale, croissance nor- male, etc. Un point curieux de cette observation est l'absence de toute cause étiolo- logique quelconque : dans la famille très nombreuse de cette enfant, aucun des membres n'ayant jamais eu une maladie de la peau. L'observation entière sera publiée avec reproduction du sujet par la gravure dans un volume. M. E. TISOIJ Docteur ès-scioncL'S nuturuUos à Paris. RELATION D'UN CAS D'ATHETOSE DES MEMBRES INFERIEURS GUERIS PAR LES COURANTS CONTINUS (extrait) — S é a H c e d u f "'' s c p l c m b r e 1879. — Le 18 février 1879, j'ai présenté à la Société de Biologie, Tobservation d'un cas d'athétose du membre inférieur. Je viens la compléter aujourd'hui en y ajoutant certains détails et en donnant quelques renseignements particuliers sur le traitement qui a amené la guérison. Le 3 novembre 1878, je vis, pour la première fois, M. L... Il est âgé de trente-trois ans et présente toutes les apparences d'une bonne constitution. Parmi les antécédents, deux points doivent être signalés, à cause d'une relation possible et peut-être probable avec l'affection actuelle. Vers l'âge de cinq ans, 59 930 SCIENCES MÉDICALES M. L... a eu le pied gauche brûlé par de la soupe très chaude, accident qui n'a pas été bien grave puisqu'aujourd'hui on ne constate aucune cicatrice. A râ"-e de vingt ans, au mois de janvier, le côté gauche de la lace se trouva paralysé, pour ainsi dire inopinément, car il n'y eut ni douleur, ni embarras de la parole, ni gêne d'aucune sorte. Notre malade ne fut averti de ce nouvel accident que par ses camarades qui lui firent remarquer, pendant une promenade, qu'il avait la bouche et la figure de travers. J'insiste ici pour dire que ce fut le côté gauche de la figure qui fut atteint , car, lors de la présentation de cette observation à la Société de Biologie, j'ai dit que c'était le côté droit. Malgré l'insistance que j'avais mise, auprès du malade, pour bien fixer ses souvenirs il m'avait toujours affirmé que c'était le côté droit, mais quelques mois plus tard il est venu m'affirmer que c'était le côté gauche, ses parents et ses amis auxquels il s'é- tait adressé pour bien fixer ce point, le lui ayant assuré d'une façon qui ne laissait pas de doute. Si j'insiste, c'est que l'observation a été reproduite par la Gazette des Hôpitaux (n» lî, 28 janvier 1879) et, à cause de la nouveauté de l'affection, il est important qu'il ne subsiste aucun doute dans le cas actuel. Celte paralysie faciale gauche céda à un repos de deux mois, sans autre traitement que l'application à la tempe, dès le début, de deux ou trois vési- catoires. Il n'y eut aucune suite fâcheuse; la motilité, la sensibilité et l'intel- hgence restèrent ce qu'elles étaient auparavant. Aussi M. L... que cet acci- dent ne préoccupa en aucune sorte, put-il terminer ses études et devenir professeur sans le moindre inconvénient. Mais cinq ans plus tard, à l'âge de vingt-cinq ans, et il y avait par consé- quent huit ans lorsque je fus consulté, des mouvements involontaires se firent sentir dans les trois derniers orteils du ^^iccZ gauche. Ces mouvements ont per- sisté depuis en s'aggravant peu, il est vrai, mais ils inquiètent et tourmen- tent le malade et c'est; à ce sujet qu'il réclame un traitement. Ces mouvements, qui sont la partie intéressante de cette observation , se produisent d'une manière continue et sans provocation d'aucune sorte, que le malade soit assis, le pied gauche reposant à plat sur le sol, ou maintenu en l'air; soit debout dans les deux situations analogues. Toutefois, si on fait tenir le malade debout, de manière que la plante du pied repose exactement sur le sol, les mouvements ont une étendue moindre que si le pied appuie uniquement sur le talon. Je n'ai jamais pu savoir s'ils persistaient pendant le sommeil. La volonté ne paraît point avoir sur eux d'influence appréciable, ils conti- nuent même quand on détourne Faltention ou qu'on la fixe par une conver- sation intéressante, soutenue et étrangère à la maladie. Au premier aspect, ces mouvements ont une apparence bizarre et leur analyse ne paraît pas facile. Ce sont comme des mouvements simultanés d'extension et d'abduction, puis d'adduction. Les trois orteils se redressent pour se diriger ensuite en dehors- par une progression lente qu'on ne peut mieux comparer qu'à un mouvement vermiculaire. 11 y a là comme une sorte de torsion externe et les orteils revien- E. TISOX. — RELATION d'uN CAS d'athkTOSE 931 nenl à leur position première pour recommencer immédiatement une nou- velle révolution. Ces mouvements ont pour siège principal les trois orteils externes du pied gauche: ils affectent aussi, mais légèrement, le deuxième. Us sont accompa- gnés d'une sensation particulière, indéfinissable qui a son siège dans tout le côté gauche, y compris le membre inférieur et le membre supérieur. La plante et le dos du pied, du même côté, donnent au malade une sensation d'engourdissement accompagnée de fourmillements constants. La marche est naturelle, elle n'est ni entravée ni empêchée par les phé- nomènes que je viens de décrire. La sensibilité examinée dans tous ses modes ne permet de constater aucune différence entre le côté droit et le côté gauche. Ainsi pas d'anesthésie, ni d'analgésie; aucune insensibilité au toucher, au chatouillement, au pincement, à la piqûre, au froid, au chaud. Les pressions plus ou moins énergiques le long de la colonne vertébrale ne déterminent aucune douleur. Pas de cépha- lalgie, ni de rachialgie. Les fonctions digostives s'accomplissent régulière- ment. La face ne présente aucune trace de l'ancienne paralysie ; pas de dé- formation dans les traits, les commissures labiales et la langue. Les deux côtés de la figure sont aussi semblables que possible. Pas d'inégalité dans la dilatation des pupilles ; vision normale et régulière. Le malade se sert depuis longtemps de verres biconcaves n" lo pour remédier à une myopie peu pro- noncée. Sa seule préoccupation est une certaine inquiétude que lui causent ces mouvements involontaires des orteils du pied gauche, mouvements assez pro- noncés parfois pour détourner son attenlion et le distraire de ses occupations habituelles. C'est une préoccupation assez grande pour l'avoir empêché jusqu'à présent d'accepter une position définitive. Notons maintenant les signes négatifs suivants, nécessaires à éclairer le diagnostic de celte affection si singulière et si rare que je n'ai trouvé, dans les auteurs, aucun cas semblable ou analogue. La main et le bras gauche ne présentent aucun phénomène particulier : ils ne sont le siège d'aucun mouvement involontaire. On ne voit aucune oscilla- tion dans les doigts. La force musculaire des deux mains paraît égale, car le malade serre éga- lement fort à droite et à gauche. Rien au cœur ni au poumon. Impossible de découvrir la moindre trace de syphilis ou d'alcoolisme. Comme antécédenls héréditaires on ne cite qu'une cousine germaine assez folle pour être admise dans un asile; les autres membres de la famille sont en bonne santé. Dans une autre entrevue, un mois plus tard environ, j'ai remarqué, en étudiant les mouvements si curieux des trois derniers orteils du pied gauche, qu'il suffit de frictionner légèrement, avec la pulpe du doigt, la base des or- teils, au-dessus des tendons des muscles extenseurs (extenseur commun des orteils, muscles pédieux) etc., pour arrêter les mouvements. La friction faite à la base du deuxième orteil, outre qu'elle arrête tout mouvement dans le 932 SCIENCES MÉDICALES pied, amène dans les orteils une sorte de calme qui ne se communlquo pas toutefois au reste du membre. On fait également cesser le mouvement des orteils quand on fait ces fric- tions le long de la face externe de la jambe. Aussitôt celles-ci terminées, les mouvements ne tardent pas à recommencer. Le pied droit examiné attentivement, présente, dans le deuxième orteil, un léger mouvement involontaire, qui parfois se communique aux trois derniers. Mais ces mouvements sont beaucoup moins accentués que du cô'.é gauche. Aussi les sensations particulières, qui ont leur siège dans tout le côté gauche, sont- elles moins vives dans le côté droit, et ne dépassent-elles pas le pli inguinal. Quoique questionné à plusieurs reprises, M. L... a toujours répondu que depuis sa paralysie faciale, il n'avait jamais observé la moindre insensibilité dans le côté gauche ni à aucun point du cor[is. Traitement. — Au début du traitement, c'est-à-dire le 3 novembre 1878, notre malade fil usage d'une pommade belladonée qui n'amena aucune amé- lioration. Je lui conseillai alors les courants continus. Par suite de circons- tances particulières, ceux-ci ne furent appliqués que vers la fin de janvier 1879. On employa d'abord la petite machine de Gramme qui ne produisit que des ■effets très médiocres, mais cependant suffisants pour penser qu'avec de la per- sévérance et un courant plus intense on obtiendrait un bon résultat. Afin 4'obtenir un courant continu, présentant une tension assez forte en môme temps qu'une action chimique minimum, jti m'adressai à mon collègue M. E. Branly qui avait déjà mis à ma disposition la machine de Gramme de son laboratoire. Sur son conseil j'eus recours à la pile de Volta, dite pile à colonne. Celle-ci possède une grande force électro-motrice et par conséquent une tension considérable avec un pouvoir cliimique des plus faibles. Le seul inconvénient est qu'il faut la monter chaque fois qu'on veut s'en servir. Comme notre malade avait le temps de faire cette petite opération qui ne de- mande guère plus d'un quart d'heure à vingt minutes, je lui fis les pre- mières applications avec les rondelles de drap imprégnées d'eau salée, mais le résultat ne fut guère meilleur qu'avec la machine de Gramme. Les appli- cations furent ensuite faites avec l'eau acidulée avec 1/10' d'acide sulfurique. Le courant développé était beaucoup plus intense et l'amélioration fut tout de suite plus considérable. Très souvent les mouvements s'arrêtaient pendant l'applicaiion et ne reparaissaient que plusieurs heures plus tard, mais heau- coup plus faiblement. La durée de la séance était d'abord d'un quart d'heure; le pôle positif était appliqué successivement sur la région externe de la jambe, un peu au-dessous du genou, puis en difi"érents points de réi)ine dor- sale, tandis que le pôle négatif l'était sur la surface dorsale du pied droit, près des orteils, ou quelquefois à la région plantaire. Le courant était généralement bien supporté ; quelquefois cependant il exci- tait une douleur assez vive au point d'application du pôle positif. En retirant le cylindre en laiton garni d'une éponge imbibée d'eau salée qui servait E. TISON. — RELATION d'lN CAS d'aTUÉTOSE 933 d'électrode, on voyait que la peau était rouge dans une certaine étendue, mais sans produire ni phljctène, ni eschare. Après avoir fait une séance tous les deux jours, pendant environ quinze jours, je constatai deux choses : d'abord ramélioration évidente, ensuite l'ino- cuité des courants. Je laissai alors le malade faire les applications lui-même, ce qui lui est facile en se couchant. Celles-ci furent faites alors plus irrégulière- ment, tous les trois ou quatre jours pendant un intervalle variant d'un quart d'heure à une demi-heure et comme notre malade était assez douillet, il ré- duisit successivement le nombre des éléments de la pile; de cinquante que j'avais employés primitivement il arriva bientôt à vingt-cinq. Il est vrai que pour varier facilement le nombre des éléments et par conséquent l'intensité du courant, j'avais fait faire plusieurs disques munis d'un petit anneau exté- rieur, propre à recevoir un électrode. De la sorte, on peut varier presque instantanément le nombre des éléments suivant la sensation ressenlie. Malgré les irrégularités de cette application, l'amélioration du début se maintint et progressa si bien qu'à la fin d'avril, les mouvements involontai- res avaient tout à fait cessé. En même temps avait disparu cette inquiétude vague qui tourmentait le malade. Cependant les sensations singulières dont le côté gauche était incommodé n'ont fait que diminuer d'intensité sans dispa- raître complètement. Pour être complet, ilfaut encore ajouter que pendant la durée du traitement survinrent des furoncles qui occupèrent principalement les jambes surtout à gauche. Essayons maintenant de les rattacher à une affection connue du cadre no- sologique. La légère paralysie faciale gauche survenue à ITige de vingt ans et disparue en deux mois, sans laisser la moindre trace, pendant cinq ans, nous permet, peut-être, de rapporter les mouvements involontaires des orteils à la série des troubles posthémiplégiques sur lesquels Taltention du monde mé- dical a été attirée dans notre pays par les travaux de M. le professeur Charcot et par ceux de ses élèves. Mais ces troubles posthémiplégiques cons- tituent l'hémichorée pour M. Charcot. Notre malade ne présente rien d'analo- gue avec ce que nous voyons dans la thèse de M. Raymond [Étude anatomo- plujsiologiqucsur rhémiaiicslhésie et les tremblements symptomatiques, Paris, 1876). L'afteclion décrite pour la première fois, en 1871 par Hammond, médecin de New-York, sous le nom à'athétose et que la thèse de M. P. Oulmont (Étude clinique sur l'athéthose, Paris, '1878) a beaucoup contribué à faire con- naître en France, pourrait, peut-être, mieux convenir aux symptômes présen- tés par noire malade. Mais disons tout de suite que la lecture très attentive de la thèse de M. P. Oulmont, où sont rapportés tous les cas connus d'athé- tose, ne nous a pas montré une seule observation pareille à la précédente. Il res-ort, en effet, de cette lecture que, dans tous les cas cités, l'affection a dé- buté invariablement par le membre supérieur. Ce sont d'abord les doigts qur sont animés de mouvements involontaires. C'est simultanément ou plus tard que les orteils se prennent à leur four. Jamais le membre inférieur n'a pris^ l'initiative de ces curieux symptômes. Dans l'observation VllI du travail de 934 SCIENCES MÉDICALES M. P. Oulmont (p, 4o) où il s'agit d'un garçon de quatorze ans, atteint d'hé- miathétose, à droite, consécutive à une attaque d'apoplexie survenue à l'âge de quinze mois et dans laquelle les mouvements involontaires sont plus accen- tués au pied qu'à la main, l'auteur fait remarquer que : « Il existe ici, dans les caractères de l'athétose, une anomalie qu'on ne retrouve nulle part ailleurs; c'est l'intensité plus grande des mouvements involontaires au membre inférieur qu'au membre supérieur. C'est en contradiction, non seulement avec les autres cas d'athétose, mais avec les autres désordres des mouvements posthémiplé- giques, plus accentués d'habitude dans le membre supérieur. Cette locahsalion des mouvements athétosiques dans les orteils, me paraît être le seul exemple connu, et c'est uniquement à ce titre que je rapporte cette observation avec le plus de détails possible. Que l'on range ou qu'on ne range pas l'observation précédente parmi les cas d'athétose, il est utile de résumer ici les particularités qui empêchent de la confondre avec les observations publiées jusqu'ici. Constatons : 1° La faible intensité de la paralysie faciale du côté gauche. 2" L'apparition des mouvements involontaires dans les orteils du pied gau- che, c'est-à-dire du côté qui avait été atteint de paralysie. Il n'y a donc pas croisement comme je l'avais dit d'abord sur la fausse indication du malade. 3° L'intervalle de temps considérable (cinq ans) écoulé entre la disparition complète do la paralysie et l'apparition des premiers mouvements involontaires. 40 La localisation de ceux-ci dans les orteils, sans qu'il y ait la moindre atteinte dans les doigts. 0° L'apparition, plusieurs années après, de mouvements semblables mais moins intense dans le second orteil du pied droit (1). 6° La cessation de ces mouvements par l'application, pendant trois mois environ, des courants continus fournis par une pile à colonne de cinquante éléments. Cette dernière constatation vous empêchera, ainsi que moi, je l'espère, de ne point regretter que je laisse de côté toute discussion sur le siège anatomi- que et sur la nature de cette affection reconnue depuis si peu de temps comme maladie distincte et qui, dans les exemples décrits jusqu'à présent, paraît plus symptomatique qu'idiopathique. Le cas actuel est le seul qui pourrait autoriser à admettre une forme idio- pathique d'athétose, c'est-à-dire une forme qui n'aurait point pour cause une ésion cérébrale quelconque. Il est, en effet, à remarquer que les cas d'athé- tose publiés jusqu'ici se rapportent tous à des malades atteints, un certain temps auparavant; de lésions cérébrales. (1)A ceux qui se demanderaient si nous n'avons pas eu afTaire à un cas d'athétose double nous répondrons que le cas actuel diffère tellement de ceux décrits jusqu'à présent, qu'il est difficile, en l'absence des mouvements involontaires de la face, de trop songer à cette assimila tien. On a vu plus haut que notre malade ne piésentait pas ces mouvements particuliers de la face que M. Charcot regarde comme un symptôme constant de l'athétose. eu. HORTOLÈs. — i':ri:bE comparative des éthérisations 933 M. Ch. ÏÏOETOLES Interae des hôpitaus da Lron. ÉTUDE COMPARATIVE DES ÉTHÉRISATIONS SIMPLES ET MIXTES AVE3 LES CHLOROFORMISATIONS CE MÊWE ORDRE — 5can.cc du y*» septembre 1S~9, — Pendant les quelques mois que nous venons de passer au service de M, ie docteur Aubert, chirurgien de l'Antiquaille, nous avons eu l'occasion d'assister à diverses séries d'anesthésies simpl(;s et mixtes à l'éther. Nous avons cru d'autant plus utile de publier les résultats obtenus qu'ils pouvaient être com- parés à ceux que M- le docteur de Brinon, notre ancien collègue dans les hôpitaux de Lyon, donnait l'année dernière, dans sa thèse inaugurale. Cette thèse était, comme notre travail, due à l'inspiration du même maitre, et les matériaux étaient puisés dans le même service : enfants de six ans à dix-sept ans, réclamant l'interv'ention chirurgicale pour des lésions en généra! de na- ture scrofuleuse ou syphilitique. Les divers phénomènes observés étaient notés avec soin dès le débuL aes anesthésies. C'était d'abord l'excitation initiale , appréhension plus ou moins vive du sujet à l'approche du bonnet; l'excitation secondaire, survenant après les premières inhalations ; le temps écoulé entrs ces premières inhala- tions et le début des opérations; la durée des inhalations, en notant soigneu- sement leurs suspensions et reprises ; la durée de l'opération ; les vomisse- ments. Ce travail a été fait pour trois séries de trente cas chacune. Dans la première série, les anesthésies ont été obtenues par l'éther seul. Dans la seconde, on a fait précéder les inhalations d'un lavement de mor phine, 0,01 centigramme dans 1 gramme d'eau. Dans la troisième, on a fait précéder les inhalations (l'une injection sous- cutanée de 0,01 centigramme de morphine. Nous avons pu alors comparer ies statistiques de nos diverses séries à celles relevées par M. de Brinon dans les chloroformisations correspondantes. ANESTHÉSIES SIITPLES PAR l'ÉTHER ET PAR LE CHLOROFORME Nous n'insisterons pas sur les anesthésies de cette série. Depuis longtemps 4éjà on sait à quoi s'en tenir sur les avantages et les inconvénients de ces deux agents anesthésiques. Cependant il est un fait que nous avons nettement observé, et qu'il est bon de noter une fois pour toutes, c'est Tappréhensioa que cause à nos jeunes malades l'usage du bonnet dans les éthéri!>ation8. Cette appréhension est telle, du reste, qu'elle nous donne comme excitaiio- initiale 38.66 0/0, chifiFrc qui tombe à 10 0;0 avec la simple compresse iniDré- 936 SCIENCES MÉDICALES o a ^ c; " i'S T, a ■p S' ci •_■ o - ■ « •-! o - ■'' "^ ^1 st " tSJ •M tl. s •S ^ 5 o rt "^ i" H. ~ "^ •c t/i" '/' !/■ . o c: o -:: o r: o c o o o o --. — o o cz a o ^ 'S ^ ■j^ ta o SI -~~ .ï _ r- 'S •— *o-^ O ■~ ci o V^ O c:- CD ■^ ■^ ■^ -/ . ■j: ^"o cJ ^"^ o C O ô ■— o " J? '^ o" O ^^ ~ t« M -/ o ! " rs 3 â| iS'l " s o > o (M "^ ■^ '-^ 3 lÀ ? ^ ^ - o c o c ~ S .5" "o . o.S o c s -5 -^ 5 S5 ^ " S- „ o O . o ^ s 2 •= ::; o S "^ t}: ^ ^ -5 i O . — co O ''' o "ô ^ ç o c O c c^ ■ ■ ^ " '5 o ^z> Js 3 p o § o „ S" -^ „ , ^ •r^ c: - o '^ o v. ^ O ^^ o '^ o H s n «o "" ci d JS" "P ,y: » — decliaux 0,0320 0,1040 0,0878 0,0451 — de magnésie 0,0111 0,0200 0,0170 0,0217 — de lithine traces » ». •» 942 SCIENCES MÉDICALES Source Source Source Source Spach César Arlhur Madeleine par litre par litre par litre par litre Sulfate de chaux 0,0170 0,0482 0,023^ 0,0134 — de magnésie. ..... 0,0022 0,0060 0,0049 0,0l65 Chlorure de sodium 0,0552 0,0729 0,0585 0,0541 — de potassium 0,0277 0,0428 0,0232 0,0343 Acide crénique et apocréniquo. . 0,0030 0,0033 0,0024 0,0021 0,2883 0,3370 0,2251 0,2080 Débit annuel en litres 2.iU2.400 473.040 21U.240 52.560 Comme on peut le voir par l'examen des chiffres ci-contre la source- Spach est très ferrugineuse, elle a la môme quantité de fer que l'eau d'Orezza avec du manganèse en plus. L'eau est limpide, d'un goût ferrugineux si on la boit sans mélange; elle se digère très facilement; elle doit contenir aussi des traces de soufre car certaines bouteilles ont une odeur sulfureuse sensible, seulement la petite quantité de ce corps qu'y décèle l'odorat échappe à toute analyse. Ces eaux ont les propriétés thérapeutiques si connues des eaux mar- tiales, leur emploi est donc tout indiqué, nous n'avons pas à insister sur ce point, nous dirons seulement qu'elles sont très efficaces, que leur usage ne donne lieu à aucun inconvénient. La réputation en est déjà faite par les cures dites merveilleuses qu'elles ont opérées. M. le F L. YILLEIEÏÏYE fils Chirurgien en chef des hôpitaux. Professeur suppléant à l'Ecole de médecine de Marseille^ NOTE SUR UN CAS DE VAGlNALITE NÉO-MEIVIBRANEUSE HEMORRHAGIQU E — Séance du 3 septembre 1879. — Depuis les recherches de M. Gosselin, les chirurgiens ont été conduits- à considérer l'hydrocèle et l'hématocèle comme formant des espèces- cliniques distinctes il est vrai, mais résultats d'un degré de plus en plus avancé du même processus indammatoire. C'est ainsi que l'on n'admet guère plus l'épanchement séreux de la vaginale, comme accident réel- lement primitif, spontané, mais comme la suite d'un premier degré d'irritation. Dans les cas assez fréquents oii cette hypérémie continue à D'' J. VILLENEUVE FILS. VAGINALITE NÉO-MEMBRANEUSE 943: se développer, on voit se produire successivement l'épaississement, quel- quefois l'incrustation calcaire du sac vaginal, et enfin la production d'une néo-membrane à sa surface. Cette membrane organisée de nouvelle formation renferme naturelle- ment des vaisseaux qui, par la mollesse et la friabilité de leurs parois, sont exposés à se rompre sous l'influence d'une cause parfois légère, et l'on voit alors se produire, la seconde espèce clinique ; l'hématocèle. Le sang épanché subit ici les transformations habituelles ; des couches fibrineuses, des pseudo-membranes, s'étalent à la superficie de la néo- membrane primitive, en augmentent l'épaisseur, et donnent à cette forme de tumeur des bourses des caractères cliniques propres. En somme, et c'est sur ce point que je veux insister, il ne se passe ici que ce que l'on peut journellement constater sur toute autre séreuse, et le processus de l'hydrocèle et de l'hématocèle est exactement le même que celui de la péritonite, de le péricardite, de la pleuritc, qui d'abord sim- plement séreuses, peuvent dans certains cas et par des transformations anatomiques analogues, devenir hémorrhagiques. Je le répète, au point de vue clinique, l'hématocèle forme une espèce légitimement distincte, mais au point de vue de la physiologie patholo- gique, elle n'est pas autre chose, qu'une vaginalite néo-membraneuse hémorrhagique, sauf les cas très rares de traumatismes primitifs. Mais ce n'est pas sur ce point, désormais hors de contestation que je veux attirer l'attention. Il m'a été donné d'observer un cas d'hématocèle, nettement et sûre- ment constatée, et qui s'est spontanément retransformée en hydrocèle. C'est sur ce fait^ que je crois exceptionnel, que je serais heureux de provoquer les remarques de nos confrères. M. D..., âgé de 65 ans, ancien percepteur, atteint de varices aux jambes, porte depuis 1867, une hydrocèle droite, survenue sans cause appréciable. Dès- le début de cette affection, son médecin lui conseilla la ponction suivie d'injec- tion iodée ; mais il s'y refusa, et ne voulut se soumettre qu'à la ponction simple. Le liquide qui s'écoula était, comme d'ordinaire, limpide et légèrement citrin. Un an après, sans violence d'aucune sorte, les bourses s'enflèrent, et le doc- teur Barthélémy constata un œdème simple,, qu'il attribua à une rupture de la vaginale opérée par une pression passée inaperçue. Les applications résolutives- en eurent bientôt raison, mais l'hydrocèle persista, et il fallut en venir à une seconde ponction. Notre malade qui refusait toujours l'iode subit ainsi quatre ponctions successives ; toujours suivies de récidive, jusqu'en 1875, époque à laquelle il vint me consulter. J'insistai pour qu'il se décidât à subir une opération radicale, mais sans pou- voir le décider. Je ne lui laissai pourtant pas ignorer qu'il s'exposait à voir sa- ôiri SCIENCES MÉDICALES tumeur se transformer et s'aggruver. Force me fut donc de me contenter de la poncliou qui donna issue à un liijuide limpide, un peu jaunâtre. Au mois de juillet 187G, le malade, pour combattre des maux de tête per- sistants, se fit appliquer des sangsues à l'anus. Dans la nuit suivante, les bourses s'enflèrent et se tendirent, et le lendemain je trouvai le .^crotum par- semé de petites cccliytnoscs. Après m'être assuré qu'aucune sangsue n'avait piqué la peau des bourses, je prévins 3f. D..., qu'il était possible que mes pré- dictions se fussent réalisées, et que du sang se fût épanché dans la tu- meur. A Ja suite de l'application de quelques résolutifs, les ccclivmoïes disparu- rent, mais la tumeur resta dure, tendue quoique indolente. Je constatai éga- lement que la transparence antérieure avait disparu. J'avertis alors le malade qu'il pouvait se faire que l'injection iodée ne fût plus suffisante. Néanmoins devant son extrême pusillanimité, je me laissai en- traîner à faire encore une fois la ponction, ce que je me reproche^ car je m'exposais à voir survenir une inflammation septicémique. Cette dernière ponction fut pratiquée le 13 décembre 1876, et laissa écouler un liquide ronge brun, épais et visqueux, manifestement hémalique. Je pris toutes les précautions pour que les parois de la poche, qui étaient épaissies, ce que l'on pouvait manifestement constater après la ponction en les pinçant entre les doigts, n'aspirassent pas de l'air en revenant sur elles-mêmes, et de fait, je n'eus à déplorer aucun accident. Cependant, en présence du résultat de celte ponction, M. D... se décida à subir une opération radicale, quelle qu'elle fût. Sur ces entrefaites il fut suc- cessivement atteint d'hémorrhoïdes procidentes, puis de pneumomie, ce qui m'obligea à remettre toute intervention. Le 19 avril, la tumeur étant revenue à son volume ordinaire, je demandai une consultation avec M. le professeur Combalat qui, après avoir constaté la non-transparence, et pris connaissance des précédents, fut d'avis, comme moi, que nous étions en présence d'une vaginalite néo-membraneuse hémor- rhagique, ou, si l'on veut d'une hydrocèle transformée en hématocèle, à la suite de la production de néo-membranes vasculaires, dont quelques vaisseaux s'é- taient déchirés, probablement à la suite de la fluxion sanguine déterminée par l'application de sangsues. L'opération proposée et acceptée, fut la décorti- cation, d'après les règles posées par M. Gosselin. Le 9 mai , le malade ayant été chloroformisé , je commençai l'opéra- tion en plongeant un gros trocarl; en avant et en bas de la tumeur, après avoir soigneusement constaté, par la pression, la présence du testicule en ar- rière. Mais quel ne fut pas notre étonnement de voir s'écouler, au lieu de liquide hématique, une sérosité claire et limpide. Nous restâmes un moment indécis sur le parti le plus convenable à prendre. Mais considérant la répu- gnance extrême que le malade avait témoignée pour l'opération, à laquelle il ne s'était décidé que sur nos vives instances , la probabilité d'un travail de régression spontanée, attesté par le changement de nature du liquide, la pos- sibilité d'imprimer à ce travail une allure plus décidée par l'injection iodée, nous prîmes ce dernier parti, et je poussai lentement une solution aux deux D"^ L. VIÎ.LE.NEULE FILS. VAGINALITÉ NÉO-MEMDRANEUSE 94S tiers d'iode ioduicc. Le liquide l'ut maintenu pendaiii, qiioiques minutes au contact de la poclio, sur laquelle je pratiquai de K'gères malaxations, et avant de retirer la canule, j'eus soin de verser quelques gouttes d'iode sur la partie qui était au dehors, ce qui me permit de mesurer Tépaisseur des parois, qui atteignait presque un centimètre. Tout alla bien jusqu'au 13 mai, où les bour- ses reprirent leur voluine primitif. Le 26, de vives douleurs se déclarèrent s'irradiant le long du cordon. La tumeur était rouge et empâtée. La fluctua- tion étant devenue manifeste, le 30, je passai un drain dans le foyer de la suppuration. A partir de ce moment tout s'est passé normalement. Le drain a laissé écouler le pus, en quantité chaque jour décroissante, l'abcès était lavé deux fois par jour avec une solution phéniquée au millième. Le 14 et le 23 il a fallu ouvrir deux petits abcès des téguments. Enfin, le 28 juin, le drain enlevé, Ja guérison était complète quelques jours après. Je revois le malade le 10 juillet. La moitié droite du scrotum est rétractée, et déprimée par les cicatrices des incisions. Le testicule, un peu plus gros que son congénère, n'est pas douloureux. Le cordon est égab'ment un peu plus volumineux que celui du côté opposé. Le malade marche sans fatigue et sans suspensoir, ce qui ne lui était pas arrivé depuis dix ans. En résumé, ce (jii'il y a de remarquable dans ce fait, c'est l'absorp- tion du liquide hématique, et son remplacement spontané par une sé- rosité claire et limpide. -1 priori, il n'y a là rien qui soit contraire à ce que nous savons de la physiologie des séreuses enilammées : la vaginale s'iiypérémie et sé- crète delà sérosité; puis, une néo-raeinbrane pourvue de capillaires se forme; un ou plusieurs de ces petits vaisseau.x venant à se rompre, une liémorrhagie se produit. Par le simple repos, la i-upture vasculaire s'o- blitère, l'hémostase se fiiit, et le liquide hématique résorbé, ne laisse plus ?près lui que de la sérosité. Le temps écoulé entre la ponction qui a donné issue au liquide foncé, et l'opération qui ne nous donna que du liquide clair ayant été de près de cinq mois, tout le temps désirable pour cette transformation a été accordé. Je le répète, il n'y a rien, dans tout cela, que de très explicable, et néanmoins, malgré les très nom- breuses lectures que j'ai faites à ce sujet, il ne m'a pas été possible de rencontrer un fait semblable. J'ai voulu savoir, en raisonnant par analogie, si une pareille trans- formation avait été notée sur d'autres séreuses, et si on avait observé des péricurdites, pacliy-méningites, pleurites, péritonites hémorrhagi- ques, revenus spontanément à leur premier état. J'ai mis à contribu- tion à ce sujet l'érudition de nos confrères le professeur La^^et et le D'' Richaud fils. 3Iais leurs recherches ont été également infruc- tueuses. 60 946 SCIENCES MÉDICALES Je me crois donc autorisé à considérer ce fait comme exceptionnel, et c'est ce qui m'a engagé à le présenter à mes confrères de l'Association, en les priant de me prêter sur ce point le concours de leur expérience et de leur érudition. M. CâSTAI[ Professeur à la Faculté' di; iiiodirinf de Montpellier. TRAITEMENT DE LA GRAVELLE URINAIRE PAR LES STIGMATES DE MAIS (extrait du PROf.È.S-VErxDAL) — Séance du 3 septembre 1 81 9 . — M. Castan présente quelques considérations sur le traitement de la gravcUe urinairc par les stigmates de maïs. Dans ces derniers temps, il s'est fait beau- coup de bruit autour de ce remède, et l'on a rej^ardé les stigmates de maïs presque comme un médicament nouveau. Cependant, M. Castan le connaît depuis longtemps^ il avait notamment employé l'infusion des stigmates de maïs chez plusieurs individus affectés de gravelle, et il avait constaté surtout; une grande sédation dans les phénomènes douloureux de la colique néphréti- que. Il présente à la Société une série de gros graviers qui ont été rendus à la suite de l'infusion de stigmates de maïs prise chaque jour à la dose de quatre ou cinq tasses à café. Quant à l'action spéciale, mais réelle, de cette- infusion, M. Castan se l'explique difficilement, ou plutôt il pense que les stigmates de maïs agissent moins comme diurétique que comme anesthésique local. DISCUSSION M. Denucé dit également que l'emploi des stigmates de maïs n'est pas nou- veau. A Bordeaux et dans les environs, il y au moins dix ans qu'on en fait usage. Au Mexique, depuis fort longtemps, les colons s'en servent volontiers- dans la colique néphrétique, et ils en obtiennent de bons résultats; ils s'en servent aussi dans le catarrhe vésical, ce qui indiquerait une action élective des stigmates de maïs sur les muqueuses des voies urinaires, et en particulier sur la muqueuse de la vessie. M. Pons ajoute que les stigmates de maïs sont employés de temps immémo- rial parles paysans dans la contrée oîi il exerce. M. Qleirel a souvent utilisé les stigmates de maïs, et il a remarqué que ce médicament n'augmentait guère la quantité des urines, mais qu'il calmait ks douleurs, dans la colique néphrétique, d'une manière très efficace. LANNEGRACE. — SUR LES LEUCOCYTES 94" M. Castan a constaté également que son action diurétique est peu marquée ; et ce n'est pas à elle qu'il laiU, attribuer l'efficacité des stigmates de maïs dans le traitement des maladies urinaires. M. Trançois PEAICK Préparateur au Collège de France. SUR L'INNERVATION DU CŒUR [i] (extrait du procès-vkrbal) — Séance dit 3 septembre 1879. — M. Français Franck indique le résultat de quelques recherches expérimen- tales sur /'mneruaiion du cœur. II s'agissait de contrôler l'opiaion de Schiflf qui consiste à faire passer les fibres accélératrices du cœur par les nerfs laryn^-és supérieurs, les anastomoses deGalien, puis les récurrents. Dans une première série d'expériences, chez le chat où l'anastomose de Galien est facilement acces- sible sur une longueur de l centimètre environ, M. Franck a lié cette anas- tomose; et. malgré l'interruption des fibres considérées comme accélératrices, il a constaté l'accélération au moyen de la compression carotidienne, compres- sion qui a pour caractère constant d'accélérer les mouvements cardiaques. Ce premier résultat démontre que les fibres accélératrices ne passent point par l'anastomose de Galien. M. Franck a fait ensuite une contre-expérience il a irrité le bout inférieur du récurrent au-dessous de la ligature, et il a constaté que cette irritation n'accélère point les mouvements du cœur. Aussi, d'après ces expériences; est-il porté à rejeter l'opinion de Schiff. Il pense plutôt que quelques fibres accélératrices viennent directement du tronc du vague et que la plupart se détachent du ganglion cervical inférieur et du premier ganglion thoracique, ainsi que de l'anneau intermédiaire de Yieusens. M. LAME&RACE Agrégé à la Faculté de raédecino de MontiJcUier. SUR LES LEUCOCYTES (extrait) — Séance du 3 septembre 1 8T 9 . — M. Lannegrace communique une note sur les leticocytes. II considère comme défectueuse la classification de M. Hayem, et distingue plusieurs phases d'évo- (1) Voir Compte'! rendus des travaux du laboratoire de M. Marey, t. IV, 1878-79. 948 SCIENCES MÉDICALES lution pour le leucocyte. Le leucocyte, réduit à sa plus grande simplicité, se compose uniquement d'une masse de protoplasnia sans qu'il suit possible d'y démontrer l'existence d'un noyau soit par l'acide acétique soit par le carmin et autres réactifs. M. Lannegrace lui donne le nom de Icuco-yte protoplasmique. Ce leucocyte peut évoluer dans diverses directions : i" il se pourvoit d'un noyau; le leucocyt ! nucléé peut rester tel quel, c'est le leucocyte cellulaire à proto- plasn)a transparent, ou prolifer, soit par division (leucocyte à protoplasma granuleux), soit par bourgeonnement (leucocyte uréniforme) ; £" peut aussi donner naissance à des globules rouges par une série de transformations qui modifient le protoplasma. M. AELES Do Montpellier. NOUVEAU MODE DE TERMINAISON DES KYSTES DU FOIE (EXTRAIT UU PROCÈS-VERBAL. — Séance du 9 septembre I S7 9 . — M. Arles lit une note sur un nouveau mode de terminaison des kijstes du foie. U a eu l'occasion d'observer une femme de 78 ans qui, après avoir pré- senté une tumeur considérable à l'hypocondre droit et après avoir eu de la fièvre, des vomissements bilieux, de l'inappétence, de la diarrhée, etc., expulsa par l'anus une énorme poche kystique analogue k celle d'un kyste hydatique. Après l'expulsion de cette poche, le ventre reprit son volume ordinaire, et la santé se rétablit rapidement. M. Ailes pense qu'il s'agit d'un kyste hydatique 'de la face inférieure du foie et que ce kyste s'est d'abord ouvert, puis évacué par le tube digestif. U n'existerait pas, à sa connaissance, d'observation ana- logue. DISCUSSIO]^ M. Uenrot a observé une péritonite consécutive à la rupture d'un kyste hy- datique de la fiice inférieure du foie. Les hydatides s'étaient en quelque sorte greffées sur la partie inférieure de la cavité péritonéale et présentaient un commencement de suppuration. M. Grynfellt regrette que M. Arles n'ait point pratiqué l'examen histologique et qu'il n'ait point porté la pièce devant la Société. M. Aiu.es répond que le microscope n'a point révélé des crochets d'échino- coques, mais que la poche avait tous les caractères ordinaires d'un acéphalo- cyste. A la suite delà présentation de la pièce qui est le sujet de cette conimuni- cil. ROUGET. — SUR LA CONTRACTILITÉ DES CAPILLAIRES 9^9 cation, M. Masse fait observer que c'est bien une membrane enkystante, mais que ce n'est pas rhydalide elle-même, et il rappelle, comme pièce démonstra- tive, un énorme kysie qui figure au musée de la Faculté de Montpellier et que M. le professeur Montet enleva de la paroi abdominale d'un individu qui \it encore. M. CL ItOïïGET Professeur h la Faculté (1-3 méilfcioe de Montpellier. SUR LA CONTRACTILITÉ DES CAPILLAIRES (EXTRAIT Dr rnOCÈS-VERBAL) — Séance ri h .7 septembre 1879. — M. Rouget fait une communication sur la Conlractilité des Capillaires, et préscnle une série de dessins et de photographies qui se rattachent au même sujet. Il n'a pas seulement constaté l'existence d'une tunique contractile, mais il a encore observé la contrac ilité des capillaires dans la membrane hyaloïde de la grenouille adulte et chez les larves d'amphibiens. Des cellules à prolonge- ments protoitlasmatiques ratuiliés constituent chez les larves une tunique dite adventice sur les capillaires artériels, sur les capillaires veineux, et sur les capillaires vrais. Cette tunique n'étant que la continuité des tuniques mus- culaires des artères et des veine;;, il en résulte que tout le système vasculaire sanguin, du cœur aux capillaires inclusivement, est enveloppé dans une tuni- que contractile. Si l'on soumet les lét irds à l'aclion des agents aneslhésiques, de manière à produire un commencement de syncope, on voit les vais.seaux qui émergent du tronc artériel caudal et jouent le rôle d'artères de distribution, se contracter et se rétrécir au point que la lumière du vaisseau disparaît au niveau d'étranglements annulaires multiples, et surtout au voisinage de l'émer- gence du vaisseau. Les excitations locales, mécaniques, chimiques ou (iiectri- ques, déterminent, sur ces mêmes vaisseaux, des étranglements annulaires au point cité; mais, en outre, une excitation du même genre portant sur la sur- face de section d'une queue coupée sur l'animal vivant, c'est-à-dire sur les troncs nerveux et les troncs vasculaires d'oii émergent les ramifications de la membrane natatoire, est suivie immédiatement du retour du sang, sous l'in- fluence seule d3S contractions propres des vaisseaux... Quant à TexisLeiice de filets nerveux ss distribuant à la tunique contractile des capillaires, M. Rouget la croit probable, mais n'est pas encore parvenu à la démontrer, et avec Krause, il tient pour erronées les indications de Tomsa relatives à ce sujet. 950 SCIENCES MÉDICALES M. EABEE DE EIEÏÏÎfÈ&EE UTILITÉ DE LA CRÉATION DE CHAIRES D'HYDROLOGIE MÉDICALE — Séance du S septembre 1879. — M. le W MILLIOT CES AIGUILLES INTRODUITES DANS LE CORPS HUMAIN ET DE LEUR MIGRATION; DU DIAGNOSTIC DES AIGUILLES ET DE LEUR EXTRACTION — Séance du 3 sej^tembre 1879. — Ceux de vous, Messieurs, qui ont assisté aux expériences que je fis, Tannée passée, au Congrès de Paris, se souviennent que si, avec mes électro-aimants, je pouvais faire l'extraction de corps paramagnétiques de dimensions tant soit peu considérables du corps humain, je me trouvais impuissant en face d'une aiguille. Eli bien, c'est l'aiguille, corps intime par ses dimensions, mais important par les difficultés qu'il nous crée quelquefois dans la pratique journalière, que j'ai choisie aujourd'hui pour objet de ma communication. Je ne m'arrêterai pas sur l'opération journalière de l'extraction des aiguilles ou bouts d'aiguilles enfoncés involontairement par les coutu- rières et autres dans les doigts ou paumes de la main. J'observerai seulement que du moment que ces aiguilles ou bouts d'aiguilles, soit par l'exiguïté de la superlicie de leur cassure, soit par leur oxydation, leurs aspérités et l'étreinte musculaire dans laquelle ils se trouvent pris, ne donnent pas de prise aux électro-aimants, force nous est, dans l'état actuel de la science, de recourir à l'opération chirurgicale dans les cas où leur extraction est indiquée. J'aborde d'emblée la migration des aiguilles. L'histoire de la migration des aiguilles dans le corps humain n'est plus à faire, et il suffit de lire les articles rédigés par le i)'" Peler, dans les Archives (jénérales de médecine, septembre 185o, et du D' Gilette, dans YUninn médicale, numéros 4i, 45 et 47, 1878, pour voir que cette !)'■ MILmOT. AUGRATI03J DES AIGUILLES DANS LE CORPS HUMAIN 9oi niigration s'opère tantôt avec une parfaite innocuité et que tantôt elle est accompagnée d'accidents sérieux. Il y a des cas où des femmes et 'des jeunes filles hystériques ont avalé une quantité prodigieuse d'ai- guilles ou d'épingles sans que mort s'en suivît. Dans le cas du D^ Desmalines, un officier; âgé de 46 ans, s'étant baissé, la douleur qu'il ressentit fut si vive qu'il tomba et perdit l'usage de ses bras et de ses jambes. Pea à peu son état s'améliora et le D" Desmalines, après avoir examiné la région de la colonne vertébrale, reconnut la présence d'une aiguille d'un pouce et 1/4 de longueur et en fit l'extraction. Tous les accidents se dissipèrent. Le /)■• Bérenrjer-Fémud fit, chez une dame de 24 ans, l'extraction d'une aiguille de 16 millimètres qu'elle portait depuis douze ans au bras droit, vers l'insertion supérieure du grand supinateur. Les /)" Porter et Mac-Donnel firent l'extraction des crochets à aiguille, implantés l'un au-dessous de la région poplitée de la jambe gauche, l'autre dans l'articulation du genou au-dessous de la rotule. Les aiguil- les à crochet furent reconnues au moyen d'aiguilles aimantées; les malades guérirent, le dernier avec ankylose du genou. J'ai fait, en 1874, l'extraction d'une aiguille à coudre de la cuisse gauche d'une dame russe, la comtesse T., qui l'avait gardée dans les chairs deux mois. Amhroise Paré parle d'une jeune fille vénitienne qui rendit par la vessie une aiguille longue de quatre doigts quelle avait avalée en dor- mant. Saucerotte fit l'extraction d'une moyenne aiguille à coudre d'une fistule anale à une jeune fille qui l'avait avalée eu mangeant sa soupe. Enfin Villeneuve rapporte l'histoire d'un enfant qui avala une épingle d'acier dont la tête était en cuivre, et qui la rendit ([uarante-huit heu- res après sans douleur. Quelquefois les aiguilles séjournent dans les organes viscéraux sans produire d'accident. Le D'^ Tillaux a cité le cas d'introduction dans la région du cœur d'une aiguille à tricoter de 16 centimètres de longueur et qui séjourna dans le thorax treize mois. Le D'" Biffi a cite également le cas d'une aiguille de 6 centimètres enfoncée dans la région du cœur et qui avait été supportée vingt-deux mois sans que le malade accusât aucun phénomène cardiaque. Les aiguilles introduites dans le corps humain peuvent occasionner la mort. Schenkius parle d'un homme qui avait avalé une épingle de fer qui le conduisit au tombeau. A l'ouverture du cadavre, on trouva fépingle dans la substance du foie. 0^2 SCIENCES MÉIJICALES KiTdudrcn a coriiinuiii(|U(' l'histoire d'uiu! (l'iiiiiu; (jiii succomba en présentant tous les si^aies (le la plilliisic puluionairo. A l'autopsie il trouva dans lo poumon un foyer purulent dans lequel était une aiguille. L(! ly FurriiKjlnii a publié le cas de mort survenue par la pi(iùre de l'aorte par une aiguille. Le ]y BnutciUicr a publié l'histoire d'une demoiselle C. qui avala une aiguille de 4 centimètres. A l'autopsie, il trouva une foule de foyers purulents au-dessous de la région parotidienne et dans le voisi- nage de la partie cervicale de l'œsophage. L'aiguille était (ixée dans les parois fibreuses et tendineuses qui recouvrent en avant la colonne vertébrale. Passons maintenant aux exemples d'introduction d'un grand nombre d'aiguilles dans le corps humain. Dans le cas du D' Villars, ou plutôt du D' Bniss/cnœ-BeUcfjardc, plus de deux cents aiguilles ou épingles avaient été exti-aites dans l'in- tervalle de neuf mois, de la main, du bras, de l'aisselle, du dessous du sein gauche et du bas-ventre jusqu'au genou. Dans li; cas de S/lvy, quinze cents épingles ou aiguilles furent ava- lées. Dans le cas d'Otto, de Copenhague, trois cent quatre-vingt-quinze aiguilles sortirent par divers points du corps sans déterminer aucune réaction locale. Dans le cas du />■■ Birt, deux cent cinquante-quatre épingles ou aiguilles furent extraites dans l'espace de quatre mois. Le JP l''fifj('>' a cité le cas d'une nourrice, à l'autopsie de laquelle on constata la présence de trois cents aiguilles disséminées dans tout le corps. Le D" Ko^sinski a rapporté l'histoire d'une jeune lille qui prétendait avoir avalé deux cents aiguilles et chez laquelle il lit l'extraction de seize aiguilles de différents endroits du ventre. Ayant remarqué que tou- tes ces aiguilles avaient leur chas tourné du côté de la peau, et se dou- tant de (juelque supercherie, il pressa tant la malade que celle-ci lui avoua qu'elle avait introduit les aiguilles par la [)eau. Enfin le D'' G/Ilctie rapporte le cas du ly Le Paulm/cr, dans lequel trois cent dix-huit aiguilles furent extraites par ce dernier chez une jeune fille de vingt ans. Pour le diagnostic des aiguilles cachées sous la peau du corps humain, on peut employer, à l'instar des D^^ Porter et Mac-Donnell, une aiguille aimantée du galvanomètre, aiguille proposée depuis bien longtenqxs par Smée ; ou bien une petite boussole do précision qui est déviée par l'aiguille si on prend la précaution d'aimanter préalablement cette dernière. OLLIEU. SUR LA RÉSECTION DU COUDE 9o3 Pour l'extraction, je propose l'emploi de pinces à aiguilles et de pin- ces à faux que j'ai l'honneur de vous soumettre. La première présente une utilité incontestable par la raison que, lorsqu'on saisit les aiguilles avec des pinces ordinaires, celles-là présentent une certaine résistance, à laquelle on ne s'attend guère, et les pinces glissent sans les avoir saisies. Mes secondes pinces sont indispensables dans les cas où, après avoir fait l'incision de la peau, on tombe sur le milieu de l'aiguille. En cassant celle-ci en deux morceaux avec cette pince, on les extrait facilement, sans avoir besoin d'agrandir l'incision. M. OLLIEE Professeur à la Faculté île niêaccine df I.yon, ruinsponlant rie l'Iiisliiut. SUR LA RESECTION DU COUDE (extrait du l'IiOCÈS-VflIiBAL) — Séaiirc du .? .te ptc m h rc IH~9. — M. Ollier fait une communicalioti orale sur la Résection du coude. 11 y a deux sortes de résections articulaires : celles qu'il faut répandre et celles qu'il faut restreindre. Pour le membre supt^rieur, les résultats opératoires sont supérieurs à ceux de l'expeclalion ou de la chirurgie conservatrice, tandis que c'est l'inverse pour le membre inférieur. M. Ollier se limite à la résection du coude. Au début de sa pratique chirurgicale, il pratiquait peu de résections du coude, et il avait une mortalité de I/o. Aujourd'hui, il opère beaucoup plus souvent, et les statistiques qu'il a obtenues présentent une mortalité bien moins considérable; ce qu'il attribue non seulement aux progrès de la mé- decine opératoire, mais encore et surtout aux perfcciionnemenis des méthodes de pansement. Malgré ses brillants résultats, la réseciion du coude n'est pas pratiquée en France aussi souvent qu'elle le mériterait, tandis que les chirur- giens étrangers, surtout les Allemands, en font un véritable abus. Il s'agit, par conséquent, d'en formuler nettement les indications. M. Ollier opère rarement, chez les entants du premier âge, parce que la nature présente des ressources considérables ; lo plus souvent, grâce à l'hygiène, au traitement tonique, à l'ignipunclure et à l'immobilisation, les arthrites du coude guéris- sent rapidement et d'une manière parfaite. Dans la seconde enfance, au con- traire, et dans l'a'dôlescence, M. Ollier résèque le coude de très bonne heure : on obtient ainsi une guérison plus rapide, une reproduction articulaire de même type, et le plus souvent un membre mobile, utile et fort. Le point important, pour la force du membre, est la reproduction du crochet olécrù- nien. Au delà de vingt ans, M. Ollier pratique moins souvent la résection du coude; car, tout en conservant la gaine sous-périoslée, il faut craindre la 9S4 SCIENCES MÉDICALES laxité de la jointure et, par conséquent, l'inutilité du membre. Les résultats -sont d'autant moins avantageux que l'opéré est plus avancé en âge. M. OUier n'a point réséqué le coude au delà de oO ans. — Chez les enfants, la guérison ■est la règle; M. OUier n'a jamais eu de mort au-dessous de 25 ans, I! y a une autre question intéressante ; c'est celle des indications dans les diverses affections diathésiques. M. Ollier a cherché depuis un ou deux ans à retrouver tous ses anciens opérés, et il est arrivé à cette conclusion que la résection du coude soulage souvent les malheureux tuberculeux, à titre de débridement articulaire, et qu'elle peut ainsi enrayer, du moins pour quelque temps, le processus destructif de la tuberculose. Cependant, ajoute M. Ollier, il n'est malheureusement que trop vrai que tout individu affecté d'une lésion osseuse spontanée est un candidat à la phthisie pulmonaire. DISCUSSION M. RocHAiiD est convaincu que la résection du coude se pratique en France beaucoup plus souvent que ne le pense M. OUier, et il ajoute que c'est à M. Ollier qu'on doit la vulgarisation de cette opération. Il demande ensuite à quel moment la résection doit être pratiquée, s'il faut attendre l'apparition de fistules, ou s'il suffit de constater l'arthrite. M. Ollier répond qu'il opère dès les premiers symptômes de suppuration articulaire. D'auire part, il pense que les mauvais résultats obtenus par les chirurgiens allemands dans la dernière guerre, pour les résections traumati- ques du coude, doivent être attribués principalement à la négligence et à l'inexactitude des pansements. M . Seux dit qu'à Marseille on a pratiqué un grand nombre de résections du coude, mais qu'on n'a pas publié les observations. Les tuberculeux ont retiré de l'opération des résultats avantageux pendant quelques mois ; mais en défi- nitive, ils ont tous succombé aux progrès de la diathôse ou à des accidents lo- caux (phlegmon, érysipèle). M. RousTAN dit également que la résection du coude a été faite un certain nombre de fois à Montpellier, notamment par M. Courty. M. HoLZÉ DE l'Aulnoit cite un succès de la chirurgie conservatrice chez un adolescent qui avait une arthrite du coude avec fistules et qui a guéri parfai- tement avec une ankylose. 11 a également vu guérir par l'immobilisation un militaire qui eut le coude traversé par une balle pendant la guerre de 1870. Il fait ressortir à cette occasion les avantages de l'immobilisation sur les champs de bataille, et affirme que, grâce à elle, on peut conserver un grand nombre de membres sans être obligé de recourir à la résection. M. MoNDOT cite le fait d'un matelot qui reçut une forte contusion du coude avec fracture du condyle externe de l'humérus. On mit le bras dans un ap- pai-eil inamovible, et la guérison eut lieu avec ankylose incomplète après l'extraction d'un séquestre. HENRI-PETIT. PERFORATION MÉCONNUE DU CRANE 9oO M. A&ÏÏILÏÏOI SUR LE CHLORURE DE MAGNÉSIUM ET LEAU DE CHATEL-GUYON (extrait du procès-verbal) — Séance du 3 septembre 1879. — M. Aguilhon fait une communication orale sur le chlorure de magnésium et l'eau de Châtel-Guyon (Auvergne), en insistant sur l'analyse chimique de cette eau, sur l'action physiologique du chlorure de magnésium et ses propriétés purgatives. DISCUSSION M. RouviER demande si, dans ses expériences, M. Aguilhon n'a pas observé d'ecchymose gastrique, ainsi que cela est arrivé pour Xandrarhné radishaw, qui est un purgatif énergique. M. Aguilhon répond qu'on a constaté de la congestion pulmonaire et des ecchymoses sous-pleurales, mais nen du côté de l'eslomac. M. L HEIEI-PETIT PERFORATION MECONNUE DU CRANE PAR DES TUMEURS PARACRANIENIMES (KXTRAIT du l'ROCÈS-VERBAL ) — Séance il u 3 se iilembre IS79. — M. L. -Henri Petit lit un travail sur la perforation méconnue du crâne par des tumeurs paracrâniennes. Les tumeurs qui siègent autour du crâne peuvent perforer cette paroi osseuse, même dans une très grande étendue, et se mettre en contact avec le cerveau sans provoquer aucun accident. Rien, dans ces cas, ne peut donc avertir le chirurgien de cette éventualité. L'ablation de ces tumeurs peut déterminer la mort pendant l'opération elle- même, par syncope, ou, quelques jours après, par méningite. Dans un petit nombre de cas, la survie a pu être assez longue pour permettre la cicatrisation de la plaie opératoire. L'existence d'une céphalalgie continue, fixe, pongitive, peut, en l'absence de phénomènes cérébraux, l'aire soupçonner la perforation. Mais celte céphalalgie peut être marquée par des névralgies de la face. Les phénomènes cérébraux peuvent exister sans qu'il y ait perforation ; l'ablation des tumeurs paracrâ- 956 scIK.^CEs médicales niennes non pénétrantes peut nirnie déterminer une méningite ou la mort brusque sans méningite, de sorte que le chirurgien no peut le plus souvent baser son diagnostic sur aucun Indice certain. On ne i)eut donc, en cas de mort, rendre l'opérateur re.) ; terminaison fatale, et fréquence de la phthisie pulmonaire qui débute par une pneumonie chronique à crachats visqueux et verdâtres ; tous ces ca- ractères distinguent profondément le diabèie maigre du diabète gras, sans compter l'énorme quantité d'urine et de sucre rendus dans les 24 heures. De plus, ici, l'étioiogie est inconnue, et. dans les deux cas que M. Lancercaux b"" E. MASSE. — INFLUENCE DU MOUVEMENT SUR LES ARTICULATIONS 957 a examinés, il y a eu destruction du pancréas. Se basant, par conséquent, sur les données de la clinique et de la physiologie expérimentale, M. Lancereaux pense que le diabète maigre mérite une place à part en nroiogie et qu'il doit y avoir des relations élroites entre ce diabète et les lésions destructives du pancréas. DISCUSSION M. Thaon rapporte un fait de diabète maigre où les influences dépressives du système nerveux lui paraissent avoir joué un certain rùle. M. Masse a observé une jeune fille diabétique à l'autopsie de laquelle on trouva les deux pneumogastriques comprimés par une série de tumeurs gan- glionnaires. Il se demande s'il n'y aurait pas quelque rapport entre la lésion nerveuse et la présence du diabète. M. Lancereaux fait observer que, dans les cas 'soumis à son examen, le pancréas seul était malade et que le [ Icxus solaire notamment ne présentait aucune alléralion. M. le D'- E. MASSE Professeur à la Faculté de mêljcine de Bordeaux. DE L'INFLUENCE DU MOUVEMENT ET DZ LA POSITION SUR LES ARTICULATIONS — Séance du S sep te tnhre 1879. — La fonction fait l'organe, c'est en vertu de cette loi que nous pouvons dire que le mouvement façonne l'articulation. Tout ce qui constitue une articulation, les os, les ligaments, la syno- viale, tous ces organes ont un développement, une forme, qui sont le résultat des mouvements que les muscles exécutent. Si par une cause quelconque, les mouvements sont modifiés ou troublés, la forme des extrémités articulaires sera changée ainsi que la longueur et la résis- tance des différents faisceaux ligamenteux. Les ligaments ne jouent qu'un rôle secondaire dans les fonctions de l'articulation. Contrairement à ce qui est généralement admis, je crois que c'est le muscle qui dans les articulations tient le rang le plus impor- tant et qui subordonne à son iiilluence tous les autres organes. C'est le musnle qui maintient la solidité des rapports qu'affectent entre eux les différents os, c'est encore le muscle qui limite partout les mouvements et qui modifie leur direction. Pour le démontrer, il suffit de dissé({ucr une articulation-, on peut 958 SCIENCES MÉDÎCALES alors voir facilement que ce sont les muscles qui, dans les attitudes ex- trêmes, limitent les mouvements articulaires. Si l'on vient à faire des sections tendineuses ou musculaires autour de l'articulation disséquée, on peut, en portant les os jusqu'aux limites des différentes attitudes, constater que l'excursion articulaire a considérablement augmenté. Il faut, après les sections musculaires, atteindre un écartement angulaire plus considérable pom- arriver à mettre en jeu la résistance des ligaments. Ce sont donc les muscles qui sont appelés dans les fonctions normales de l'articulation à limiter les mouvements extrêmes des leviers arti- culaires. Les mouvements ont encore la plus grande influence sur la forme et la capacité de [a synoviale. La pression intra-articulaire varie dans différents temps de l'excur- sion de l'articulation. Des recherches nombreuses m'ont permis de mesurer les variations de capacité de la synoviale pendant les mouve- ments. J'ai établi par des procédés rigoureux la marche de ces varia- tions et l'attitude correspondant au maximum de capacité de l'articu- lation ; je n'insiste pas sur ce point qui a fait le sujet de travaux que j'ai déjà pul)liés. Je crois avoir démontré d'une manière très nette et très positive que le maximum de capacité de la synoviale se trouve sur la bissectrice de l'angle d'excursion des leviers articulaires (1). Pour mesurer les variations de capacité de la synoviale, j'ai mis les différentes articulations en expérience en communication avec un manomètre gradué en centimètres cubes; les déplacements du liquide pendant les mouvements m'ont servi à mesurer les variations de capa- cité de l'articulation. J'ai pu facilement faire inscrire sur un cylindre enregistreur par un flotteur muni d'une aiguille toutes les variations de capacité de la synoviale. J'ai simultanément et parallèlement noté les variations angulaires par un procédé très simple, dont la première idée m'a été donnée par mon excellent confrère de la faculté de Bordeaux, M. le professeur Jolyet. J'ai relié entre eux les deux leviers articulaires par un tube en caoutchouc mis en communication avec un tambour muni d'une ai- guille. L'étirement du tube dans l'extension, son retrait dans la flexion, amenant des variations de capacité proportionnelles aux angles parcourus, j'ai pu superposer au tracé graphique des variations de capacité de (1) De l'influence de l'attitude des membres sur leurs articulations au point de vue physiologi- que, clinique et thérapeutique. Paris, A. Delahayc, 1878. D^ E. MASSE. INFLUENCE DU MOUVEMENT SUR LES ARTICULATIONS 959 l'articulation, les variations simultanées d'écartement angulaire des leviers osseux. Les tractions qui portent sur les articulations déterminent toujours un agrandissement de la cavité synoviale. C'est en partie à ce fait que l'on doit les bienfaisants effets de l'extension continue dans le traitement des arthrites chroniques. J'ai démontré ce fait en mettant en communi- cation l'articulation avec un manomètre. J'ai noté la marche de l'ac- eroissement de capacité de l'articulation sous l'influence de tractions de plus en plus énergiques. Pour l'articulation coxo-fémorale, l'extension seule suffit à augmenter la capacité articulaire de 12 centim. cubes, la flexion forcée diminue la capacité de 16 centim. cubes. Si Ton se place sur la bissectrice du mouvement articulaire de flexion, on obtient une augmentation de capacité correspondant à 14 cent, cubes. Si l'on exerce alors des tractions suivant l'axe du membre, on voit la capacité de l'articulation augmenter encore. J'ai pu arriver, après de nombreuses expériences, à ce résultat approximatif que la capacité de la synoviale augmente sur le cadavre de 1 centim. cube environ pour une traction de 2 kilos ; une traction de 14 kilos a donné une augmen- tation de 7 centim. cubes. Les tractions que l'on fait subir dans un but thérapeutique aux arti- culations peuvent avoir un rôle utile dans les maladies articulaires, en détruisant les contractures péri-articulaires. Les contractures musculaires jouent en effet un rôle des plus néfastes sur l'évolution des maladies des jointures. Les muscles contractures pressent l'un contre l'autre les leviers osseux; ils compriment fortement les culs-de-sacs synoviaux; ils augmentent en môme temps la pression intra-articulaire. L'extension continue, en faisant cesser les contractures, met l'articu- lation dans de meilleures conditions pour la guérison en diminuant les pressions que subissent les tissus enflammés. Bonnet avait depuis longtemps recommandé d'assouplir les jointures malades pendant le sommeil chloroformique, avant de les immobiliser. J'attache à cette manœuvre une grande importance en ce qu'elle débar- rasse l'articulation des contractures péri-articulaires. Si les os sont en- flammés, pour peu qu'ils soient pressés, ils deviennent le siège de dou- leurs violentes ; pour peu que la synoviale soit hypérémiée et renferme une petite quantité de liquide, l'augmentation de la pression intra-arti- culaire devient le point de départ de douleurs très vives. L'immobilisation, la compression, la cautérisation sont des moyens qui peuvent servir à compléter la guérison des maladies articulaires, en joignant leurs effets à celui de l'extension continue 900 SCIENCES MÉDICALES Un point qui m'a souvent préoccupé, c'est le degré de résistance des différents culs-de-sac des synoviales dans les mouvements extrêmes. La pression d'une colonne de mercure de 10 centimètres de hauteur déter- mine la rupture du cul-de-sac tricipilal dans l'articulation du genou. Des pressions diverses amènent la rupture du cul-de-sac sus-olécrànien au coude; l'articulation coxo-fémorale se rompt toujours en bas et en dedans ; dans l'arliculalion de l'épaule, la rupture se fait le plus sou- vent au niveau du prolongenuint bicipital; dans l'articulation du cou- de-pied, c'est en haut et en arrière que se fait la rupture du cul-de- sac synovial. Dans certaines hydarthroses rapides, des contractions musculaires brusques peuvent amener la rupture des culs-de-sac syno- viaux; ce sont les mouvements extrêmes qui exposent le plus l'articu- lation à ces graves accidents, la rupture se fait presque toujours sur le point le plus faible de la synoviale. Il est souvent nécessaire de combiner l'extension continue avec l'im- mobilisation ; l'extension continue permet de lutter contre l'atrophie musculaire, péri-articulaire, qui est souvent la conséquence des arthro- pathies. L'extension continue prévient la rétraction des muscles et de l'appareil ligamenteux pendant l'immobilisation ; c'est surtout à ce titre que je considère ce moyen comme très précieux. Grâce à l'extension continue, les muscles immobilisés ne s'atrophient pas et les ligaments conservent en partie leur souplesse. L'inflammation passée, l'articulation guérie, le mouvement devient le moyen thérapeutique par excellence pour remédier aux lésions qui sont la conséquence de l'arthrite, c'est le mouvement qui régénère le muicle; le muscle à son tour façonne l'os, assouplit les ligaments et la syrioviale. La synoviale, redevenue normale, résorbera toute seule à son tour les produits épanchés, si les désordres anatomiques n'ont pas été trop profonds. Le mouvement rétablit donc l'intégrité de l'articulation; c'est un des moyens thérapeutiques les plus actifs dans le traitement des maladies articulaires. Pour prévenir l'atrophie des muscles condanmés à l'immobilité pen- dant le traitement des maladies articulaires, M. Verneuil électrise l'arti- culation sous le bandage inamovible. 11 n'est pas sur qu'd ne soit quelquefois fâcheux de mettre ce moyen en pratique sur des articulations enllammées. L'extension conti- nue pendant l'immobilisation me parait arriver au même b'Jt sans pré- senter les mêmes inconvénients. L'inlluence du mouvement sur l'articulation étant bien établie, il D"" E. MASSE. INFLUENCE DU MOUVEMENT SUR LES AUTIGULATIOiNS 961 reste à préciser exactement, au point de vue clinique, l'opportunité de son emploi dans le traitement des maladies articulaires. Dans les maladies articulaires il sera souvent utile de mouvoir les articulations contracturées pour les assouplir avant de les immobiliser. Le chloroforme nous permet de réaliser cette manœuvre sans soulFrances- pour le malade. L'inflammation se guérira d'autant plus vite que l'ar^ ticulation sera moins contracturée. Les phénomènes inflammatoires passés, les mouvements serviront encore à régénérer les muscles atrophiés, les muscles à leur tour réta- bliront les fonctions de l'articulation. La position joue un rôle important dans le traitement des maladies articulaires, mais ce rôle est différemment compris par les chirurgiens. Il faut immobiliser le membre dans une bonne attitude. En portant les articulations malades des attitudes extrêmes dans des attitudes moyennes, on augmente la capacité de l'articulation, on dimi- nue les pressions intra-articulaires; la synoviale enflammée se trouve moins pi'essée , les os sont moins uxactement rapprochés, plus mobiles. Si l'on immobilise une articulation, préalablement assouplie dans son altitude moyenne, on soulage les malades, on facilite la résolution des phénomènes inflammatoires dont l'articulation est le siège. La position moyenne, quoique bonn(i pour la gnérison, peut cepen- dant être fâcheuse si l'ankyloso survient comme conséquence d'une arthrite par exemple. 11 faut donc que le chirurgien renonce quelquefois aux bons effets antiphlogistiques de raltitude pour éviter, en cas d'ankylose, une positioir mauvaise au point de vue des fonctions ultérieures des membres. Si le chirurgien est obligé de renoncer à l'attitude moyenne, il faut qu'il assouplisse l'articulation, qu'il l'immobilise avec soin après l'avoir assouplie, enfin qu'il la soumette à l'extension continue pour cori'iger dans une certaine mesure les effets fâcheux de l'attitude. La lésion articulaire guérie, pour rétablir les fonctions de l'articu- lafion et rendre à tous les oi-ganes qui la constituent leur intégrité pi'imitive, il faut que les mouvements rétablissent les muscles, les muscles à leur tour rétabliront l'intégrité de tous les autres organes. 61 962 SCIENCES MÉDICALES MM. les B-"^ QïïEIEEL et Jules EOÏÏYIEE De Miirscillp. RECHERCHES STATISTIQUES SUR LA MENSTRUATION A MARSEILLE ET DANS LES BOUCHES-DU-RHONE — Séance il ii 3 sep le m b rc 1879. — Malgré son importance au point de vue de la population, le départ;- ment des Bouclies-du-Hliône n'a fourni qu'un petit nombre de docu- ments relatifs à l'histoire de la menstruation. 11 n'existe, à ce sujet, que deux statistiques fort incomplètes, l'une de Marc d'Espine, basée sur vingt-cinq observations, et l'autre de Bernard, sur cent six. Aussi les moyennes adoptées dans la science pour notre contrée ont-elles été éta- blies sur des données tout à fait insuffisantes, Ces divers motifs nous ont engagés à reprendre cette étude. I PUBERTÉ Nos recherches ont porté sur 2o8 femmes, nées pour la plupart à Marseille, ou au moins dans les Bouches-du-Rliône, de parents ayant la même origine. On sait que Marseille est sous 43'' 17' 52' de latitude et a pour tem- pérature annuelle ir.oyenne 14" 7o. Chez les 258 femmes que nous avons interrogées, la puberté ou plu- tôt la première éruption des règles s'est manifestée de 10 ans à 22 ans. Une seule d'entre elles, (juoique bien conformée, n'avait jamais eu ses affaires. Si nous résumons dans un tableau les principaux âges auxquels correspond la première apparition du flux menstruel, nous trouvons qu'elle a son maximum de fréquence à 14 ans. Puis viennent les autres âges dans l'ordre suivant : 13 ans, 15, 11, 12, 18, 16 et 17, 12 1/2, 13 1/2, 14 1/2, 19 et 11 1/2, 10 1/2, 10 ans deux mois, 10, l»î 1/2, 19 1/2, 20 et 22. Numéros Ages. Nombre Proportion d'ordre. — de cas. (par 1,000) 14 10 ans î 3.8 13 10 ans 2 mois ■± 7.7 12 10 — 7 — 3 11.6 4 11 — « — 26 loi 11 11 — 6 — 5 19 5 12 — « — 21 81.7 D""' QUEYUEL ET J, IIOLVIER. STATISTIQUE DE LA MENSTRUATION 963 Numéros Ages. Nomljre ProporLioa d'ordre. de cas. (par 1,000.) 8 12 ans 6 mois. 10 38 2 13 45 175 9 13 — 6 — 9 34.8 1 14 47 183 10 14 — 6 — 6 23 3 15 28 109 7 16 14 54.5 14 16 — 6 — 1 3.8 7 17 14 54.5 14 17 — 6 — 1 3.8 6 18 16 62 11 19 5 19 14 19 — G — 1 3.8 14 20 1 3.8 14 22 1 3.8 14 jamais. 1 3.8 Gomme il est facile de s'en assurer, Fàge moyen de la puberté dans les Bouches-du-Rliône est 13 ans, 8 mois, 4 jours. Nous ne différons donc pas notablement de l'âge moyen, admis dans la science, d'après les deux statistiques réunies de Marc d'Espine et Bernard. Cet âge, en effet, est 13 ans, 7 mois et 24 jours, d'après le tableau de leurs 431 observations. Ages. Nombre Proportion Ages. Nombre l'roporlion - de cai. par 1,000 — (le cas. par 1,000. 10 ans. 3 23 16 an&. 14 107 11 — 14 107 17 — 2 15 12 — 21 160 18 — 4 31 13 — 27 206 19 — » » 14 — 24 183 20 — 1 8 15 — 21 160 En réunissant nos 2o0 observations, les 2o de Marc d'Espine et les 106 de Bernard, nous trouvons, d'après un total de 399 observations, un âge moyen de 13 ans et 8 mois. Ce chiffre se rapproche sensiblement de celui qui a été admis pour les villes voisines de Marseille : Toulon, Nîmes et Montpellier. Voici, en effet, l'âge moyen de la puberté dans ces dernières villes. Pour Toulon, d'après 144 femmes, 14 ans, 5 jours; Pour 3Iontpellier, d'après o99 femmes, 14 ans, 1 mois, 26 jours; Pour Nîmes, d'après 941 femmes, 14 ans, 3 mois, 2 jours. Or, notons que Marseille, Toulon, Nîmes et Montpellier sont toutes quatre par le 43'' degré de latitude, et qu'il n'y a entre elles qu'une différence de quelques minutes. 2 ù 14 2 à 15 2 à l(i 1 à 18 1 à 19 1 ù 19 — G mois. 964 SCIENCES MÉDICALES Sur les 2o8 femmes observées, 52 appartiennent à la classe aisée. Elles ont été réglées pour la première lois : hcport.. "20 mois. 13 à 14 ans. — 6 — — 6 — — G — — t; — A report. IsT Total . . . 52 L'âge moyen de la puberté, d'après ce tableau, est donc de 13 ans 4 mois et 7 jours, pour la classe aisée. Si nous recherchons maintenant l'âge moyen dans les classes labo- rieuses, nous trouvons que ces 20G femmes ont été réglées: — 2 mois. 1 à 10 ans "2 à 10 — 7 il 11 — 2 à 11 — 2 ù 12 — 1 à 12 — 11 à 13 — 4 à 13 — 1 à 10 ans. 1 à 10 ;2 1 à 10 — 7 19 ù 11 — a 3 à 11 — C. 19 à 12 — » 9 à 12 — G 34 à 13 — >> 5 à i:î — G 34 à 14 ■ — » 4 ù li — G 26 à 15 ans. 12 à 1G — 1 à i(; — 6 mois 14 à 17 — » — 1 à 17 — 6 — 15 à 18 — » — 4 à 10 — » — 1 à 20 — » — 1 à 22 — M 1 jamais. L'âge moyen de la puberté dans la classe laborieuse est donc 14 ans 1 mois 15 jours , ce qui constitue un écart de 9 mois en faveur de la classe aisée. Leudet, s'occupant des mêmes recherches pour Rouen, avait trouve un éciirt beaucoup plus considérable i an et 2 mois au lieu de 9 mois. Sur ces 20G femmes de la classe oiivrière, 41 sont paysannes et ha- bitent la campagne. Le premier llux menstruel s'est manifesté chez : 1 à 11 ans. 6 a 14 ans. 1 à 11 — G mois. 8 il 15 — 4 à 12 — » — 3 à IG — 4 à 12 — G — 2 ù 17 — 9 à 13 — » — 1 à 17 — 6 mois. 2 à 13 — G — Ce qui nous donne pour les femmes de la campagne un âge moyen de •13 ans 9 mois et 24 jours alors que l'âge moyen des 1G5 ouvrières de la ville est seulement 14 ans 1 mois et 23 jours. En résumé, les femmes de la classe aisée sont plus précoces que les autres, probablement â cause des meilleures conditions hygiéniques de D" QUEIRKL et J. ROUVIER. STATISTIQUE DE LA MENSTRUATION OGo leur existence. Après, viennent les femmes de la campagne qui, se trouvent comme les ouvrières des villes dans d'assez mauvaises condi- tions hygiéniques comme nourriture et habitation, mais ont sur ces der- nières l'avantage de respirer un air plus pur, et d'être employées à des travaux plus salutaires pour la santé. En dernier lieu se placent les ouvi-ières de la ville, dont la vie se passe en général dans un milieu hygiénique des plus détestables. II DURÉE DE l'écoulement MENSTRUEL Sur les 258 femmes de notre statistique, 228 avaient régulièrement leurs affaires tous les mois. Sur ce nombre : !3 perdaient pendant 1 jour. 14 perdaient pendant 6 jours. 68 — — 3 — 38 — — 8 — 40 — — 4 — 4 _ _ 10 — 20— — 5— i__-15 — Si nous classons suivant l'ordre de fréquence ces jours, nous trou- vons que la majeure partie des femmes à Marseille perd pendant o jours, après viennent successivement 4 jours, 8 jours, 5 jours, G jours, 1 jour, 7 jours, 10 jours, 2 jours, IS jours. La durée moyenne de l'écoulement menstruel dans notre département serait 4 jours et demi. Sur ces 229 femmes, o étaient réglées tous les lo jours, pour les au- tres la période intercalaire variait, en général, de 2o à 28 jours. Nous avons rencontré six fois sur 2o8 femmes des déviations mens- truelles des phénomènes supplémentaires. Il nous a paru intéressant de rechercher la durée moyenne de la pé- riode cataméniale, suivant chaque tempérament, chez 166 femmes dont l'état général était bon, et pour lesquelles nous avions pu prendre des notes sur ce point. Sur ces 160 femmes : 29 avaient un tempérament sanguin; 57 — — lymphatique; 17 — — nerveux; 5 — — bilieux; 35 — — lymphatico- sanguin ; 23 — — lymphatico-nerveux. Sur les 29 femmes à tempérament sanguin : 1 perdait 2 jours. 1 perdait 5 jours. 14 — 3 — 3 — 6 — 7 — 4 — 3 — 8 — 966 SCIENCES IVrÉDICALES La durée moyenne de la perte est, chez ces ^29 femmes, de 4 jours. Sur les 57 femmes à tempérament lymphatique : 4 perdaient 1 jour. G porduienL G jours. 7 2 — 1 — 7 — 20—3— 8—8 — 4 _ 4 - 1 _ 10 — G — 5 — La durée moyenne de la perte, chez ces 57 femmes, est de 4 jours 6 heures. Sur les 17 à tempérament nerveux : 1 perdait 1 jour. ^i perdaient à jours. 2 — 2 — 1 — ^ — 5 - 3 - 4 _ 8 - La durée moyenne de la perte chez ces 17 femmes est de 4 jours 7 heures. Sur les 5 fem.mes à tempérament bilieux : 1 perdait 1 jour. 2 — 3 — 2 — 8 — Chez ces 5 femmes, la durée moyenne de la perte est de 4 jours l'4 heures. Sur 85 femmes, à tempérament lymphatico-sanguin : i perdait 1 jour. 3 perdaient 5 jours. 5 _ 2 — 1 — 7 — 10 - 3 - 6 - 8 - 10 — 4 — Chez ces 35 femmes, la durée moyenne de la perte est de 4 jours 7 heures. Sur 23 femmes à tempérament lymphatico-nerveux : 1 perdait 1 jour. 1 perdait 5 jours. 2 — 2 — 1 — 6 — 10 — 3 — 2 — 7 — 3—4— 3—8 — Chez ces 23 femmes la durée moyenne de la perte est de 4 jours et 4 heures. On peut donc conclure de nos recherches que la durée moyenne de la perte est à peu près la même pour les différents tempéraments. III MÉNOPAirSE Sur les 258 femmes de notre statisti(iue, 44 avaient franchi l'époque de la ménopause. D''' QUEiREL ET J. ROUVIER. — STATISTIQUES DE LA MENSTRUATION 967 Sur ce nombre : 2 avaient cessé d'être réglées à 32 ans. 1 avait cessé d'être réglée à 45 ans. 9 33 — 2 — — 45 ans 6 m. 1 — 1 — 1 — 1 — 1 — 3 — 2 33 — 2 35 — 3 36 — G 38 — 5 40 — 2 41 — 3 42 — 2 43 — 1 44 — 1 — 46 — — 47 — — 48 — — 49 — — 50 — — 52 - — 54 — — 57 — D'après ces 44 femmes, l'âge moyen de la ménopause à Marseille serait 46 ans 11 mois et il jom-s. Dans la classe aisée lage moyen, d'après 7 femmes, est 4o ans 2 mois et 17 jours, et dans la classe la laborieuse, d'après 37 femmes, 47 ans, 3 mois, 17 jours. L'âge de la première apparition des règles ne paraît pas exercer une influence notable sur la ménopause comme on peut s'en assurer par le tableau suivant : Age Nombre Age Age Nombre Age de la de Ciis de La de la de cas de la ménopause — puberLc ménopause - puberté 32 ans 2 cas 11 ans, 14 ans, 45 ans 1 cas 15 ans 33 — 2 12 —,17 — . 43 ans 6 m. 2 — 15, Î5 ans 35 — 1 — 13 ans, 6 mois 46 ans 3 — 15, 16, 18 36 — 1 — 14 ans 47 — 6 - 11, 14, 14, 13,14,15 38 — 1 — 13 — 48 — 5 — 11, 13, 14, 15,17 40 — 1 — 13 — 49 — 2 12 1/2, 14 41 — 2 16 —, 14 ans 50 — 3 - 11, 11, , 12 42 — 2 11 — 18 — 52 — 2 12, 17 — 43 — 2 15 — , 15 — 54 — 1 - 14 — 44 - 4 — 15,13,12 1/2, 1 2 57 — 1 — 14 — Parvenus au:-: limiLes que nous nous étions tracées, nous devons re- gretter de n'avoir pas eu en main des éléments plus importants de sta- tistique. Nous avons eu à lutter contre une difficulté très grande ; nous étant tracé un cadre restreint, nous avons dû éliminer de nos recherches toutes les femmes étrangères à notre ville, et Dieu sait si le nombre en est considérable! Malgré cela, nous croyons avoir contribué, bien que fai- blement, à élucider quelques points encore mal connus de la question, et nous trouvons dans cette conviction la récompense de notre tra- vail. DISCUSSION M. EusTACHE s'élève de toutes ses forces contre les idées de M. le profes- seur Queirel et les repousse d'une manière absolue. 968 SCIENCES MÉDICALES M. Chalot fait remarquer qu'on a torl d'o[iposcr les laits les uns aux autres, et qu'au lieu de séparer la menstruation de l'ovulation, on doit les regarder comme deux éléments habituellfuient coïncidants et soumis à une même cause commune, l'afflux sanguin qui constitue le grand phénomène de l'éreclion. M. MoNDOT ne comprend pas qu'on cherche à conslesler la valeur des Ira- vaux si connus de M. le professeur Rouget, car ils ont une autorité des plus considérables. M. Roi viER qui a fa-t le mémoire en commun avec M. Queirel, dit que les faits ne sont pas en faveur de la lliéorie ordinaire et que la menstruation n'est pas l'eflét immédiat de l'ovulation. M. PEGHOLIER Professeur agrégii ù li Faculté de iuéile;iiie (U> Miiiitpellior. SUR LES EFFETS PHYSIOLOGIQUES DE L'OPIUM ( EMliAlT .) — Séance du i septembre 1S79. — CONCLUSIONS 3'affirme avec l'immense majorité des médecins de tous les temps, et quoi qu'en ait ditBrown, que l'opium est un sédatif direct, primitif et constant de la sensibilité. Mais j'affirme avec Brown et contre l'opinion du plus grand nombre, que, sur toutes les autres fonctions de l'organisme, l'opium pris à des doses vrai- ment actives, exerce primitivement, chez la plupart des sujets une action excitante. 1° Ainsi, il anime le travail cardiaque et la circulation du sang. Il augmente l'activité de la respiration. il élève la température du corps. C'est un stimulant puissant des facultés intellectuelles. Il accroît pour le présent, l'activité de l'intelligence, la mémoire, l'aplittide au travail, il aiguise l'esprit, donne delà bonne humeur, de la gaîté, du bieu-élre. Il équivaut à lui seul à de fortes dos;^s de café aidées par une pointe de vin de Champagne. JLe vin et le café réunis et mieux que cela encore, voilà l'opium. il n'a pas d'action hypnotique directe. Loin de là il fait très souvent fuir le sonmieil. Pour ce qui est de son effet sur les sécrétions, je conlirme l'opinion commune. En sa qualité de stimulant, il augmente la sueur, et diminue, au contraire, les sécrétions internes. DE MUSGRAVE CLAY. CRÉATION d'hOPITAUX POUR LES PHTHISIQUES 969 Enfin, il suspend, ou plus tôt diminue très notablement tout au moins, le Je mouvement de dénutrition et produit ce que j'ai appelé, depuis 1861, la catalepsie de la nutrition. C'est de là que j'ai tire ma théorie de ses bons effets dans le diabète sucré. Mais cette période excitante de l'opium est suivie, au bout d'un temps plus ou moins court et en vertu des lois ordinaires de l'organisme, d'un eflfet dé- pressif. Cet effet dépre.^'sif, très pénible d'ailleurs, ne porte que trop le consomma- teur à réagir par de nouvelles doses sans cesse croissantes. De là pour lui les plus graves dangers. A des doses toxiques énormes, la période d'excitation diminue ou même s'efface plus ou moins complètement; De là une vraie sidération comparable à celle que produirait, je suppose, l'ingestion en une fois d'un litre d'alcool. M. de MÏÏS&E,AYE CLAY SUR LA NECESSITE DE CRÉER DES HOPITAUX POUR LES PHTHISIQUES DANS LE MIDI DE LA FRANCE — Séance du 4 -s- rptc m b r c 1879, — CONCLUSIONS Deux questions se posent à propos de la création des hôpitaux pour les phthisiques. 1° Faut-il les créer? 2" En cas de réponse affirmative, oi^i faut-il les créer? Il faut les créer parce que les hôpitaux généraux ne répondent pas aux indications du traitement, et parce qu'il y a intérêt pour la société à conserver et à rendre à la santé des hommes que la maladie saisit en pleine période d'activité sociale et laborieuse. Mais il ne faut pas les créer exclusivement, comme on l'a proposé, dans le Sud-Est de la France; il faut en établir également dans le Sud-Ouest, car s"il y a deux formes de phthisie, une forme éréthique et une forme torpide, il y a aussi deux climats qui répondent à ces deux indications. S'il y avait un troisième climat, il faudrait y créer un troisième hôpital. La question a déjà été étudiée par MM. Bourneville, Grancher et Trélat : il est à souhaiter qu'un gi-and mouvement de l'opinion publique médicale assure la réalisation de cette idée. 970 SCIENCKS MÉDICALES M. MAIEET Profpssciir abrégé .-i l,i Fiiculh': du iinvlccino tli' Montpcllic-r. ACTION DU NITRATE DE POTASSE AU POINT DE VUE DE LA DIURESE (i:\iii.\iT) — • S e a nce d ii i s c [i le m h r e 1879. — Le nitrate de potasse a une action diurétique évidente. Le nitrate de potasse est un diurétique sanguin. Il agit en fluidifiant le sang par suite de son action sur les globules du sang ; en accélérant la vitesse du sang (expériences de Poiscnille) et peut-être en favorisant les phé- nomènes d'osmose... Le nitrate de potasse a une action passagère et qui se produit peu de temps après son administration pour durer une heure à une heure et demie environ, pour démontrer ce fait, il n'y a qu'à faire une fistule de l'artère chez un chien ; on peut voir que dix. minutes environ après l'ad- ministration du sel, la filtralion urinaire augmente, pour diminuer et revenir à sa normale progressivement. Cette augmentation dans la filtration urinaire suit complètement l'action du nitrate de potasse sur le sang; quand le glo- bule sanguin est crénelé, la quantité d'urine rendue augmente, quand cette crénelure disparaît, la quantité d'urine revient à la normale. M. A. GOÏÏETT Profjssôur à la Facultù di- riicdenne Je Montpellier. SUR LA DIVERSITÉ DES ALTÉRATIONS HI3T0L0G1QUES DE L'UTÉRUS EN RAPPORT AVEC LA DIVERSITÉ DES INFLAMMATIONS DE CET ORGANE — Séance du i scpicmbre iS79. — Nous ne pouvons donner ici qu'un résumé et, pour ainsi dire, les conclu- sions seules de ce long mémoire. 11 y a quelques années, je présentai à f Académie des Sciences un mémoire intitulé : Altérations histologiques de r utérus dans leurs rapports avec les mala- dies de cet organe. 11 était, en quelque sorte, le programme de l'ouvrage dont le mémoire actuel sur les altérations histologiques de la métrite est un cha- pitre particulier. Ce mémoire a pour but de démontrer que les diverses formes de métrites, A. COURTY. DIVERSITÉ DES ALTÉRATIONS DE l'uTÉRUS 971 qu'elles tiennent manifestement à la diversité des localisations ou qu'elles pa- raissent tenir à une diversité de nature, se raltai-hent, comme les diverses sor- tes de maladies des autres organes, à la diversité même des altérations histolo- giqucs. C'est une constatation nouvelle de ce fait important mis en lumière par les recherches modernes, à savoir : qu'il faut toujours en venir à l'altéra- tion de l'élément pour l'intelligence des maladies d'un organe, comme aux propriétés normales et à la vie propre de l'élément pour l'intelligence de sa physiologie. On a distingué plusieurs espèces de métrites, non seulement au point de vue de la diversité des causes, de la marche du processus morbide, de son mode de terminaison; mais encore delà localisation du travail pathologique. Je n'ai rien à dire des métrites traumatique, spontanée, puerpérale, post- puerpérale, etc.; ni des métrites aiguë, chronique, etc.; ni des métrites leucor- rhérique, granuleuse, hypertrophique, indurée, etc. Quant à la localisation du travail pathologique, on s'est borné à l'envisager, eu égard aux divers segments ou aux principaux tissus en lesquels on peut naturellement décomposer l'organe. Ainsi on a distingué la métrite totale, de la métrite partielle (du corps ou du col); la métrite générale, de la métrite partielle (celle de la muqueuse, cndométrite ou celle du tissu propre, mélrite farcnchymatcuse). C'est cette dernière division, fondée sur la localisation histologique du travail morbide, qui nous paraît la plus importante à connaître, et il faut convenir que, jusqu'à ce jour, c'est celle qui est la plus imparfaitement con- nue. Et pourtant que la métrite soit aiguë ou chronique, elle peut résider dans tel ou tel tissu, à l'exclusion des autres, non pas, si l'on veut, d'une manière absolue, mais à peu près certaine. C'est un premier point dont la constatation est assez aisée. Un second point important à considérer est le suivant : non seulement la phlcgmasie se limite à des tissus qui entrent dans la composition de l'organe; mais encore, suivant l'acuité, l'intensité, la durée, la période d'évolution de l'acte morbide, suivant la cause générale qui lui a donné naissance ou qui l'entretient, cette phlegmasie provoque dans le tissu qu'elle a atteint, une évo- lu'.ion qui peut en modifier la structure et les fonctions, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. C'est surtout lorsque la métrite est chronique (primitivement ou consécuti- vement), que l'on voit peu à peu s'accentuer dans un sens ou dans un autre les altérations dont nous parlons. En même temps, on peut recueillir des symptômes, subjectifs ou objectifs, essentiellement caractéristiques de l'acte morbide, non seulement coïncidant avec ces altérations hislologiques, mais étant directement sous leur dépendance, puisqu'elles en sont souvent la con- séquence immédiate. Ainsi, l'observation très souvent répétée nous a appris qu'il ne suffit pas de distinguer les phlegmasies utérines en celles qui siègent sur la muqueuse et celles qui siègent dans le parenchyme. Mais dans la muqueuse il y a plus que des glandes tubulées et dans le parenchyme il y a plus que des fibres lisses. — Or, dans la muqueuse, l'inflammation peut atteindre les 972 SCIENCES MÉDICALES glandes ou seulement leur (■pUii('liuni, ou bien elle atteint seulement l'épi- théiiuni de revêtement de la muqueuse, ou le stroma dermoïque de cette membrane, ou le réseau vasculaire sanguin si riche et si souvent à prédo- minance veineuse et lacunaire (notamment pendant la gestation) qui en par- court toute l'épaisseur, ou le réseau lymphatique dont la présence même a été si longtemps négligée, ou les éléments embryonnaires, les noyaux, fusiformes ou fibroplastiques si nombreux dans cette muqueuse, ou bien enfin un certain nombre de ces éléments simultanément. — Dans le parenchyme (dénomination impropre), l'inflanmi.ilion peut atteindre les fibres musculaires lisses qui for- ment plusieurs plans superposés, ou seulement certains groupes de ces fibres, ou le tissu fibrillaire {vulgo cellulaire ou conjonctil') interposé à ces divers plans, ou le réseau vasculaire sanguin, surtout veineux, si remarquable par ses lacunes et par ses relations avec I(!S trabécules musculaires qui, pouvant l'étrangler et y retenir le sang, donnent au gonflement de l'utérus le caractère de l'érectilité et y provoquent des érections plus ou moins fréquentes, ou même les éléments embryonnaires fusiformes, qui, pour y être moins nom- breux que dans la muqueuse, ne se rencontrent pas moins pour cela dans le parenchyme musculaire de l'utérus. En outre, on ne peut nier que, même en agissant sur le même élément his- tologique, l'inflammalion n'y développe, suivant les cas, des tendances diver- ses et n'y produise des altérations très différentes dans une circonstance et dans une autre. C'est à déterminer les conditions de cette diversité d'altération du même élément anatomique, sous l'influence de la cause en apparence uni- que f.'.t identique de l'inflammation, que doivent s'appliquer nos soins, pour y découvrir les sources d'indications thérapeutiques diverses, en rapport avec les altérations histologiques même qui sont les éléments caracléiisliques essen- tiels des espèces de métrite pour lesquelles il s'agit d'instituer un traitement rationnel. Voici, d'après de patientes observations entreprises sur un grand nombre de malades, quelles sont les altérations histologiques élémentaires qu'il m'a été donné de constater, comme caractéristiques des divers états morbides assez semblables entre eux, quoique différant par le siège, pour y être confondus sous le nom de mcirlics. Si je ne me trompe, ces distinctions ont tuir la plu- part des autres cette supériorité qu'elles correspondent aux distinctions que l'on peut établir parallèlement entre les tableaux symptômatiques des diverses mélrites, qu'elles répondent seules et d'une matière positive, ce.'-t-à-dire par une désignation anatomi(iue, aux diversités de nature des inflammations uté- rines, qu'elles sont en conséquence les uniques bases de di>tinctions patholo- giques exactes et d'une classification naturelle des divers états morbides connus sous le nom de métrite, qu'elles sont enfin les sources des véritables indications thérapeutiques. Ne pouvant écourter ce travail qui, par sa nature même, demande do grands développements, je dois me contenter d'en repro- duire ici les Conclusions : 1" La métrite peut être aiguë, subaigué ou chronique, soit que l'inflam- mation afiecte la totalité de l'organe, soit qu'elle se borne à un de ses tissus constituants ou même à un de ses éléments histologiques. A. COURTY. DIVERSITÉ DES ALTÉRATIONS DE l'uTÉRUS 973 2" Dans les métrites spontanées ou traumaLiqaes, puerpérales ou poslpuer- pérales, comme dans les métrites spécifiques (catarrhales, rhumatoïdes, diphté- ritiques, etc.), l'inflammation peut aussi atteindre tantôt la totalité de l'ori^ane tantôt un de ses tissus constituants, ou même un de ses éléments histolo- giques. 3° Que la métrite se termine par la leucorrhée, la suppuration, l'iilcéra- lion, la gangrène, ou par le ramollissement, l'hypertrophie, l'induration, on peut reconnaître que l'inflammation affecte tantôt la totalité de l'organe, tantôt un de ses tissus ou seulement un de ses éléments histologiques. 4° Que la métrite soit totale ou partielle (métrite de tout l'organe, métrite du corps, métrite du col), générale ou spéciale (cette dernière étant muqueuse ou parenchymateuse), elle peut encore, dans la partie ou dans le tissu de l'or- gane atteint à l'exclusion des autres, porter son action particulièrement sur l'un ou l'autre de ses éléments histologiques. 5° La localisation hislologique élémentaire du travail morbide de l'inflam- mation aiguë et surtout de l'inflammation chronique, la moins connue jus- qu'ici, est la plus importante à connaître. La concordance entre chaque alté- ration histologique et chaque tableair syrnptômatique subjectif et objectif, est la meilleure source de détermination pathologique et d'indication thérapeu- tique. 6° L'inflammation particulièrement développée dans la muqueuse porte le nom de métrite muqueuse ou endoinétritc ; celle qui atteint particulièrement le tissu musculaire et ceux qui s'associent avec lui dans la couche externe de l'organe, a reçu le nom de métrite parenchymateuse. 1° L'endométrite réside parfois exclusivement dans les glandes, elle en active la sécrétion et mérite le nom de leucorrhéique, ou y détermine l'hyper- trophie engendrant les 'pohjpcs folliculaires de Huguier (sessiles ou pédicules) ; ou dans Tépithélium dont elle excite la prolifération superficielle, indépendante (m. granulée), ou dendritique, sous forme de végétation (m. vcgétayite), ou associée ti l'hypertrophie d'autres éléments (adénomes). 8» L'appareil vasculaire de la muqueus(î est-il plus particulièrement atteint, le plus souvent il est congestionné : la métrite congcstivc artérielle est encore aisément curable ; mais la métrite congestive veineuse se présentant souvent avec des caractères de passivité qui font ressembler sa congestion à celle de la ges- tation (congestion veineuse érectile, congestion veineuse geslalive) est toujours très difficile à guérir : c'est certainement d'elle que quelques praticiens, M.. Scanzoni entre autres, ont pu dire qu'elle était incurable. 9° L'alt^Tation de l'appareil vasculaire disi)0se parfois le réseau vasculaire superficiel aux déchirures, aux hémorrhagies (endoméirite hémorrhagiparc) . — Parfois cette tendance hémorrhagipare tient à l'hypertrophie vasculaire locali- sée sur un point, qui se trouve lo siège d'une excroissance ou végétation fon- gueuse analogue à une hémorrhoïde (endomclrite fongueuse ou pohjpiforme hémorrhagipare) . ■10° Enfin l'épilhélium et les tissus sous-jacents, au lieu d'une tendance pro- liférante, sont atteints d'une tendance destructive qui donne à riuflammation, suivant ses degrés, les caractères de métrite suppurée, ulcérative ou ulcéreuse^ 974 SCIENCES MÉDICALES gangreneuse, elc. — L:i phlébite suppurée, la lymphangite suppurée, l'adénite, sont dos complications graves de certaines métrites, surtout de la métrite puerpérale, mais ne peuvent pas passer pour des espèces particulières de mé- trite. Rappelons seulement l'adénite périutérine comme un signe précieux de métrite ulcéreuse chronique, important à recueillir. Il" Le système cellulaire, le derme de la muqueuse, ses corps fusiformes ou éléments embryonnaires sont-ils atteints, leur inflammation peut doimer naissance à ces hypertrophies superficielles qui, suivant leur étendue, leur forme, leur association à l'hypertrophie d'autres éléments, cunstituent ïendo- métrite granuleuse, végétante, fangeuse, polypiforme, etc., ou à une hypertro- phie profonde qui peut revêtir le caractère d'endomclrite hypcrtrophiqm, ramol- iissante, indurée, totale ou partielle : c'est elle qui, tout en éiant bornée à une lèvre du col, suffît pour modifier la forme de l'orifice au point de causer la stérilité. 12" La méirite parfuichymateuse, atteignant les éléments histologiques géné- raux, notamment le système vasculaire, peut prendre, comme l'endométrite, le caractère de métrite congestive artérielle ou veineuse, active ou passive, et pré- senter, comme celle-ci, avec laquelle elle coïncide assez souvent, des caractères de gravité au point de vue de la difficulté de la guérison. Ici encore la métrite congestive veineuse passive est assurément très difficilement curable. 1:30 Le tissu conjonctif, les éléments fusiformes peuvent aussi donner à la mélrile parenchymateuse des caractères qui donnent naissance aux variétés hypertrophique, atrophique, proliférante, elc. 11 est difficile souvent de décider si c'est dans l'un ou dans l'antre de ces tissus ou des éléments de ces tissus, ou si ce n'est pas dans le tissu musculaire que se développent certaines tu- meurs, dont le point de départ est une véritable phlegmasie. 14° Les fibres musculaires lisses formant la pins grande partie de l'épais- seur de l'organe sont certainement le siège de prédilection de telles métrites, par exemple de la métrite rhumatismale; on en peut avoir pour preuves les douleurs sous forme de crampes ou de douleurs expulsives, comme pour l'ac- couchement, accusées par les femmes atteintes de ces sortes de métrites. iS° On y constate en outre trois espèces principales d'altérations bien dis- tinctes : une simple hypertrophie, avec ou sans prolifération [métrite parenchy- mateuse hypertrophique) — du ramollissement avec infiltration ou dégénéres- cence graisseuse, qui n'est qu'un mode particulier d'atrophie (métrite parenchymateuse atrophique, ramollissante) — de la contraction plus ou moins douloureuse, suivie de rétraction, d'induration consécutive, avec diminution ou atrophie sensible des éléments, altération de forme de l'organe, etc. (métrite parenchymateuse indurée rctractile). Celte dernière forme est encore une de celles que l'on guérit le plus difficilement, si tant est qu'il soit pos- sible de la guérir. Ces conclusions ne donnent qu'une idée bien incomplète des développements par lesquels j'ai cherché à faciliter rmlelligcnce de plusieurs faits qui me parais- sent nouveaux. Peut-être même en est-il encore bien d'autres qui restent voilés pour nous et que rav(niir nous découvrira. On est bien porté à le présumer lorsqu'on voit les opinions les plus contraires profe^^sées par des médecias CLÉMENT. APPLICATION d'lN NOUVEL APPAREIL UE liÉFniGÉRATlON 97 5 justement renommés, au sujet de la métrite : les uns englobent dans sa des- cription la pathologie utérine presque enlière, tandis que les autres, au nombre desquels est M. Emmel, de New-York, nient jusqu'à l'existence même de la métrite chronique. M. Ch. ROU&ET Professeur ù la Facu'.tii de médecine de Montpellier. PRÉSENTATION DE PLANCHES ET DE PlèCES RELATIVES AUX ORGANES GÉWITAUX INTERNES DE LA FSWWÎE Séance ri u i .t e p I e m b r e / 87 9. — M. GLEMEIT MêJi^cin des Li'pitjux, ù Lyon. APPLICATION D UM NOUVEL APPAREIL DE REFRIGERATION AU TRAITEMENT DES MALADIES FÉBRILES (EXTRAIT VV PîîOCKs-VERDAL) — S é a 11 c c il II i .V e p t e m h r e 187 9. — M. Clément présente de nouveaux faits relatifs à l'application de son appa- reil de réfrigération au traitement des maladies fébriles. Il rappelle que le problème qu'il s'était posé était le suivant : « à l'aide de Feau et sans mouiller le malade abai-.ser la température centrale, d'une quantité égale à rabaissement produit par un bain froid général. » Ce résultat, il est facile de le prévoir, serait obtenu à l'aide d'un appareil de caoutchouc enveloppant la totalité ou la plus grande partie du corps, notre savant secrétaire, M. Franck, vient, en effet, de décrire un manchon analogue à l'aide duquel il peut à volonté élever ou abaisser la température d'un animal. C'est ainsi qu'il a pu faire tomber dans quelques cas la température d'un chat de SS" à ST". Ce moyen serait dis- pendieux, difficile à appliquer en clinique. Le problème se posait alors différemment et de la façon suivante : « Sur quelle étendue de la surface cutanée suffit-il d'appliquer une masse d'eau de volume donné et de température voisine de 48° pour obtenir le résul- tat cherché ? » M. Clément, ainsi qu'il l'avait déjà dit, a reconnu que la ceinture de caout- chouc de 1 mètre de long et de 0"',80 est suffisante dans la majorité des cas. Deux procédés peuvent être employés. 97G SCIENCES MÉDiCALES 1° Procédé lent : Laisser le malade pomlant un temps assez long entre une heure et demie et trois heures dans la ceinture en renouvelant l'eau de vingt minutes en \ingt minutes. 2° Procédé rapide, se rapprocliant davantage de ce que l'on obtient par le traitement de Brand : 11 consiste à administrer toutes les trois heures un bain de une demi-heure à trois quarts d'heure avec eau de 15 ou 18", tra- versant la ceinture en courant continu. Dans ce dernier mode, que M. Clément prélere, on obtient des abaissements très notables, ainsi que cela résulte de la lecture des tracés thennométriques qu'il fait passer. Ces tracés représentent environ 450 bains donnant un abaisse- ment moyen supérieur ii l'\ 11 a reconnu de j;lus que le lieu le plus favorable pour l'application locale du froid est l'abdomen et la région dorso lombaire. C'est donc à ce niveau qu'il faut placer la ceinture réfrigérante. Tels sont les faits sur lesquels il tient à insister pour le moment. Quant aux phénomènes calorimétriques qu'il a observés, ils seront contenus dans le mé- moire. M. îfEPYEïï DES EFFETS DE LA RETRACTION DES EXTENSEURS DU PIED, ET EN PARTICULIER DE L'ATROPHIE DE LA MASSII FIBRO-GRAISSEUSE MÉTATARSO-PHALANGIENNE (extrait) — Scance du i septembre 1879. — La rétraction ou la contracture des extenseurs des orteils peut avoir pour conséquences l'atrophie du bourr-elet llbi'o-graisseux mélatarso-phalangien et l'annulation du pilier accessoire de la voûte du pied formée par les orteils. — Dans quelques cas le boun^elet est simplement déplacé, mais les effets sont les mêmes. La déviation des orteils, dans ces cas, constitue une difficulté plus grande pour la marche que dans la désarticulation métatarso-phalangienne où leur suppression est incomplète. Dans ces cas, la rétraction, et par suite la déviation, était bornée au gros orteil. Le traitement de l'atrophie du bourrelet fibro-graisseux sous-métatarso-pha- langien consiste à faire porter au malade un soulier spécial, qui empêche le pied de porter sur la tête des métatarsiens. — L'électricité pourrait certaine- ment améliorer la situation en renforçant les fléchisseurs; mais le plus souvent la lésion est très ancienne. Dans la rétraction des orteils en haut, la ténotomie a donné de bons résultats à M. Verneuil; les orteils sont ainsi replacés dans leur situation primitive et la marche peut s'effectuer sans douleur. TERRILLOX. DES EXCROISSANCES FONGUEUSES DE l'uRÈTHRE 977 M. TEEEILLON PiofL-ïseur agrégé ù lu Faculté de méiit^i ine de P;iri5. Chirurgien des liwpitnm. D£S EXCROISSANCES FONGUEUSES DE L'URETHRE, CONSIDÉRÉES COMME SYMPTOME DE LA TUBERCULISATION DES ORGANES URINAIRES DE LA FEMME — S c a n ce du i septembre I 8~ 'J . — Les végétations ou excroissances fongueuses de l'orilice du méat et du canal de l'urètlire chez la femme ont, jusqu'à présent, été considérées comme une maladie idiopathique. Si quelques auteurs ont admis des causes spéciales, ce sont ordinairement des causes mécaniques ou dues à une irritation du voisinage. Je crois pouvoir démontrer, en rapportant trois observations que j'ai recueillies dans les hôpitaux, qu'elles peu- vent reconnaître une cause plus générale : la tuberculisation des orga- nes urinaires de la femme. Elles ont le même caractère que celles qui viennent sans cause con- nue et forment une masse plus ou moins volumineuse, d'aspect fongueux, rouge et framboise, qui masque plus ou moins rorifice du méat. Elles peuvent se prolonger dans le canal de l'urètlire et donner lien à un ré- trécissement du canal. Un écoulement purulent plus ou moins abondant les accompagne. Les phénomènes douloureux, au moment du passage de l'ui-ine, sont très accentués. Bientôt viennent s'ajouter les symptômes de la cystite l)urulente tuberculeuse, tenesme, urines troubles, hématuries légères. La cystite de la vessie et du col peut précéder l'apparition des excrois- sances fongueuses qui paraissent alors succéder à l'irritation continuelle de l'urèthre par le passage de l'urine purulente. Tous les moyens classiques employés contre cette affection : cautéri- sation énergl(jue, ablation, dilatation de l'urètlire, ne peuvent ({ue servir de palliatif, puisque l'affection générale persiste. Les végétations peuvent reparaître après l'ablation. Elles sont souvent exagérées par les cautéri- sations fortes, au point de faire accuser le traitement de cette recru- descence des phénomènes douloureux et des altérations vésicales. Le seul moyen qui semble indiqué consiste dans des attouchements avec une solution faible de nitrate d'argent, extérieurement et dans le canal de l'urètlire. On arrive ainsi à procurer un soulagement momen- tané. Une fois reconnues, comme symptomatiques d'une lésion plus générale et plus profonde qui est la tuberculisation Acs organes génitaux, cette G2 978 SCIENCES MÉDICALES affection indique un pronostic très grave. Aussi t'aut-il se garder de con- sidérer la cystite et les autres phénomènes consécutifs, comme une lésion secondaire des excroissances ou comme une conséquence du traitement, mais la regarder comme un phénomène concomitant ou même précur- seur. J'espère démontrer dans un mémoire plus complet que cette simple note, que plusieurs observations publiées par divers auteurs paraissent se rapporter à ce genre de lésions. Obs. 1. — Résumé. — Rapp (Marie), 29 ans, entre dans le service de M. Gosselin, avril 18G9. Elle fut prise, il y a plusieurs mois, de douleurs vives en urinant, lesquel- les s'accompagnèrent bientôt de phénomènes de cystite, de douleur quand elle était assise, et de ténesme violent. Soignée d'abord à Strasbourg, elle fut peu soulagée par un traitement du professeur Stoltz. Son urine devint purulente et les douleurs très vives en urinant apparurent. Actuellement elle présente les sympLômes suivants : petites végétations rouges à l'orifice de l'urèihre et dans le canal où elles saignent par le son- dage.Cystile purulente avec ténesme et douleurs vives au moment de la mixtion. On fait la cautérisation de l'urèthre, la dilatation de ce canal, des cautérisa- tions de la vessie avec une solution de nitrate d'argent; le tout en vain, et on ne peut obtenir de soulagement complet ni durable. La malade, très vigoureuse, devient maigre, pâle. Cet état de souffrance se prolonge jusqu'au mois d'août. A cette époque la malade était extrêmement affaiblie et commençait à tousser, mais n'était nul- lement soulagée de sa cystite. Elle sortit de l'hôpital. J'ai su qu'elle était morte quelque temps après, ayant eu tous les symptô- mes de la tuberculisation des poumons. Obs. 2. — Résumé. — Bouko, 28 ans, mariée, entre dans le service de M. Yerneuil le 26 mars 1872, Cette femme se plaint depuis plusieurs mois de douleurs vives dues à la présence d'excroissances fongueuses de l'urèthre. Ces douleurs arrivent surtout quand elle urine, et quand elle subit les approches de son mari. Il y a donc un peu de vaginisme. La position assise lui est souvent pénible. M. Yerneuil pratique la dilatation vulvaire contre le vaginisme et la cautéri- sation des fongosités avec le nitrate d'argent. Le soulagement est peu durable et peu sensible. La malade sort de Thôpital le 30 avril. Elle revient le 28 mai, souffrant davantage : les urines sont troubles, son état général s'est aggravé; elle a beaucoup maigri. M. Yerneuil fait l'ablation des fongosités aussi profondément que possible. Le soulagement est peu sensible, la cystite continue et augmente. Au mois de juin elle sort de l'hôpital. Mais j'ai pu avoir de ses nouvelles, car son mari était garçon de l'am phi théâtre des hôpitaux où j'étais alors pro- secteuF. Je sais que la cystite est devenue de plus en plus intense, et je l'ai vue TERPJLLO?.'. — DES EXCROISSANCES FONGUEUSES DE l'uRÈTHRE 979 dans cet état deux fois. Les signes cavitaires du côté des poumons se sont accentués. Elle est morte, certainement phthisique tuberculeuse au mois de janvier J873, Obs. 3. — Résumé. — Pendant un remplacement que je fis à l'Hôtel-Dieu dans le service de M. Cusco, je pus observer le cas suivant : Une femme de 40 ans me fut adressée par mon ami le docteur Raymond, alors chef de clinique de M. le professeur Sée, pour la débarrasser d'une grosse excroissance fongueuse de l'ouverture de l'urèthre. Cette femme avait depuis quelque temps de la cystite légèrement purulente, et son état général était très mauvais. Les jambes et le corps légèrement œdématiés étaient en rapport avec une albuminurie assez accentuée. L'excroissance fongueuse framboisée avait le volume d'une grosse noiselte. L'orifice de l'urèthre caché au milieu des papilles hypertrophiées était difficile à trouver. Ces fongosités se prolongeaient dans le canal. L'auscultation indiquait déjà des râles fins et quelques craquements au sommet. Aussi d'accord avec le docteur Raymond nous pensâmes à une tuber- culisation des organes urinaires, e! je ne voulus faire aucune opération. Je me contentais de faire des instillations d'une solution de nitrate d'argent au -7- dans l'urèthre et la vessie. J'arrivai ainsi à diminuer la cystite et l'état de souffrance de la malade; mais son état général alla en déclinant, l'alfeclion pulmonaire augmenta rapi- dement. Elle retourna alors dans le service de M. Raymond où elle mourut tuberculeuse quelques mois après. M. Alfred HOÏÏZÉ LE L'AÏÏLNOIT rrofasseiir de Clinkiue chirurgicale à la Faculté de médecine de Lille, Membre correspondant de la Société do clilrurgie. NOUVELLE MÉTHODE D'APPRÉCIER LA MARCHE DE LA CICATRISATION ET LES MODIFICATIONS DE VOLUME DES ORGANES Séance du i septembre IS'O. — L'adoption des tracés pour recueillir et enregistrer l'état de la circu-'. lation, de la respiration et de la température a été le point de départ, pour la clinique et la thérapeutique, d'un immense progrès. La clinique, grâce à la méthode graphique, a été à même de mienx observer les modifications que la maladie fait éprouver aux phf'mo- mènes physiologiques et la thérapeutique, en s'appuyant sur leurs PSO SCIENCES MÉDICALES révélations, a pu mieux apprécier l'action que certains médicaments impriment aux mouvements du cœur et des poumons, ainsi qu'à la clia- leur animale. J'ai pensé qu'un semblable moyen pourrait être utilisé par la cliirur- gie pour suivre pas à pas la marche de la cicatrisation et arriver ainsi à poser les principes qui président à la réparation des tissus. Et quand on constate que cette réparation est modifiée par l'âge, le sexe et la force du sujet, la forme et l'étendue de la perte de substance, ainsi que par l'induence des milieux, des topiques, des pansements, de la position de l'organe et de l'alimentation, on est en droit de s'éton- ner qu'on n'ait pas fait jusqu'à ce jour de plus grands efforts pour arriver à la solution de tant de problèmes qui se recommandent aux observateurs et qui iuLéressent si vivement les chirurgiens. Sans m'exagérer l'importance de ces tracés par suite des causes nom- breuses qui peuvent activer ou retarder la marche de la cicatrisation, il m'a donc semblé que l'observation comparative en serait plus facile et que la science ne pourrait que gagner à avoir comme élément d'ap- préciation des données d'une précision mathématique, au lieu de ces vagues et incertains souvenirs qu'une description même très fidèle ne peut éclairer d'une vive lumière. Les dessins graphiques de la marche progressive du tissu cicatriciel devront être pris après la chute des escarres, au début de la période granuleuse et recueillis, soit tous les jours, soit, si la plaie est protégée par un appareil inamovible, tous les cinq jours. Pour les obtenir, le moyen qui nous a paru préférable au compas «st l'application, sur la surface, d'un papier transparent, permettant, à l'aide d'un crayon, de suivre très exactement tous les contours de la .solution de continuité, ou, encore, d'un papier brouillard qui se laisse mouiller par l'humidité de la plaie. Après chaque opération, on peut découper le papier en y mettant la date, ou le décalquer immédiaiement sur la feuille, qui doit enre- .^istrer toutes les lignes concentriques. De cette méthode, il résulte que, d'un simple coup d'œil, on peut: 1» Se rendre compte de la marche plus ou moins rapide de la cica- trisation aux diverses périodes du traitement; 2° Apprécier les modifications qui surgissent dans la forme des tracés pendant la durée de la réparation ; ,3» Et, après la complète cicatrisation, être renseigné d'une manière ti"ès exacte sur le d(!gré de rétractilité. Un des plus grands avantages de cette méthode est de pouvoir juger quel est le mode de pansement le plus favorable aux diverses périodes de la cicatrisation. Telle substance, comme le chlorure de sodium, A. IIOLZÉ DE l'aULXOIT. MAnCHE DE LA CICATRISATION 981 peut être très utile au début pour activer la formation de la substance granuleuse et ne plus convenir à la fin du traitement. Dans ce dernier cas, il pourrait être avantageusement remplacé par le vin aromatique, les astringents ou toute autre substance. Peut-être à l'aide de ces tracés pourrait-on juger la valeur du pan- sement ouaté ou de ceux qui ont pour base l'alcool, la glycérine, l'acide pliénique ou l'eau salée ; si on les applique à l'appréciaticm des changements de volume, on ne s'exposera pas à faire une trop forte compression au début du traitement des fractures et des luxations. Eux seuls peuvent, avec une certitude absolue, indiquer à quelle époque iî est permis de recourir à l'application des appareils inamovibles, sans exposer les malades aux fâcheux effets de l'étranglement. Sans vouloir m'étendre davantage sur les avantages de cette méthode graphique, je veux me contenter dans cette note de reproduire les applications que m'a fournies l'enregistrement, de cinq jours en cinq jours, d'un phlegmon gangreneux du pied, et montrer comment il m'a été possible, en calculant les surfaces circonscrites par ces tracés, de dresser la courbe fournie par le travail. Dans un autre mémoire je ferai connaître les modifications imprimés au volume d'un membre pendant les premiers jours qui suivent les fractures, les luxations et les contu- sions. Les nombreux tracés que j'ai recueillis me font es])érer de pou- voir, comme pour la cicatrisation, poser des lois à peu près inva- riables. On trouvera plus loin les applications que j'ai tirées de ces chilfres. DES DIVERS MOYENS d'aPPRÉCIER LES SURFACES CIRCONSCRITES PAR LES TRACÉS CICATRICIELS Pour transformer en centimètres carrés soit les surfaces envahies par la cicatrisation, soit la diminution progressive de la plaie, on peut recourir à l'un des trois moyens suivants : 1° Calculer les surfaces d'après les données géométriques ; 2" Peser, à l'aide d'une balance donnant les milligrammes, le papier sur lequel se trouvent inscrites les zones, après avoir déterminé le rap- port entre le poids et la surface; 3" Ou additionner, sur un papier quadrillé, le nombre des petites surfaces circonscrites par les tracés cicatriciels, en admettant qu'un cen- timètre carré soit divisé en quatre ou cinq parties. Le premier moyen, est loin de donner un résultat très exact, à cause de l'irrégularité des tracés. Si, au contraire, on a recours à la seconde méthode, qui consiste à 98:2 SCIENCES MÉDICALES pesci' le papier, on obtient des chillVes ([ui s'éloignent, d'une manière assez sensible, de ceux obtenus par le calcul géométrique. La troisième méthode est beaucoup plus rapide que les deux premières. Il suflit de compter, sur un papier (juadriUé, les surfaces circonscriles par les zones, en comptant pour un celles dont plus de la moitié est en dedans du tracé, et en négligeant celles dont moins de la moitié est en dehors. A cause de sa simplicité, cette méthode sera pro- bablement adoptée par les cliniciens. Je donne la préférence à la seconde, qui me paraît plus exacte. La première n'est pa« d'une appli- cation facile. En résumé, d'après les données de la projection obtenue par la méthode de la balance, on peut conclure : 1° Que la plaie d'un anthrax, dont nous avons l'observation «ous les yeux et que l'espace ne nous permet pas de publier dans cette note, (jui a mis cin(iuante-six. jours pour arrivera parfaite cicatrisation, a diminué dans les dix-huit premiers jours, des deux tiers. Le demier tiers a exigé les trente-huit derniers jours de travail; 2° Que le moment le plus rapide a été du premier au sixième jour, où la diminution aété de 0'",42'* : puis du 6" jour au 12'^, où, de 0'%70'='94""=, la surface s'est ré- duite à O'",o2'''=, diminuant ainsi de 0'",48'^'-80'"^ En un mot, marche très ra- pide pendant les dix-huit pre- miers jours; marche très lente les trente-huit jours suivants. 1 '' Un point intéressant : c'est la forme de la plaie qui, d'abord circulaire, s'est transformée plus tard en une cicatrice triangu- laire. Dans un autre cas où il exis- tait une large perte de substance consécutive à un phlegmon gan- greneux diffus de la face dorsale du pied, chez une femme âgée de 78 ans , quatre incisions furent • faites le 14 février : pansement à l'eau salée. A da- ter du 26 février, les tracés furent ensuite enregistrés avec Fig. 79. A. HOUZÉ DE l'aULNOIT, MARCHE DE LA CICATRISATION 983 beaucoup de soin de cinq jours en cinq jours par M. Decouvelaort, interne, et M. Gauvin, externe du service, jusqu'au 16 avril, époque de la complète cicatrisation. Sur la ligure 19 ci-joinle, on peut se rendre compte, d'après des tracés pris de cinq jours en cinq jours, de la marche de la cica- trisation, et sur la figure 80, de la projection tburnie par chacune des surlaces transformées en centimètres carrés. ÉVALUATION DES SURFACES LIMITÉES PAR LES TRACÉS CICATRICIELS, PAR LA MÉTHODE BE LA BALANCE Nous devons à l'obligeance de M. Robillard la note suivante : Qufttre centimètres carrés du papier qui a servi à prendre les tracés ci-après pèsent ensemble 88 milligrammes; 1 centimètre carré de papier pèse donc 9 milligrammes S. J)onc 9 milligrammes 5 représentent, en surface, 1 centimètre carré ; autant de fois 9 milligrammes 5 seront contenus dans les poids des dillérentes zones, autant nous aurons de centimètres carrés. Le l*^"" tracé pèse 093 milligrammes. Le 2« » o38 » Le 3° » 3.j8 » Le 4'' » t2-20 » Le 5« » 150 » Le 6^' » 1-20 » Le 7" » 03 » Le 8"= » 42 ». Le 9" » 13 » Le 10° » , 3 » En faisant les divers calculs, on obtient : Pour le 1" tracé : 0'",70 » cent, carrés, le 26 février 1879. » le 2° » 0"',30.03 » le 3 mars » » le 3"= » 0'",37.08 » le 8 mars » » le 4" » 0'",23.13 » le 13 mars > )) le 3'' » 0"',13.78 » le 18 mars » » le 0-^ » 0'",12.03 » le 23 mars « )) le 7« » 0"',06.8i » le 28 mars » « le 8° » 0™,04.42 » le 2 avril » )) le 9" » 0"',01.38 ») le 7 avril » » le 10-^ .) 0"',00.32 » le 12 avril j) 984 SCIENCES MÉDICALES CONCLUSIONS DE L AUTEUR En recherchant les différences qui existent entre la surlace du pre- mier tracé et du second, du second et du troisième, etc., nous obtenons les résultats suivants ([ui nous peruiettront de dresser en projection la marche progressive de la cicatrisation : Surfaces DHféicnLos 0'","0. » cent, carrés, moins 56.63 13.37 0'",56.63 )) )> 37.68 18.95 0"',37.G8 » » '23.15 l4.o3 0"%23.15 » » 15.78 7.35 0"\ 15.78 » » 12.63 3.15 0'M2.63 » » 6.84 5.79 O"',0U.84 « >y 4.42 2.42 0"',04.82 ). » 1.58 3.24 O'",01.58 ). ); 0.52 1.U6 A l'aide de ces chilfrcs, il nous est l'acilc de dresser la projection cl-jointi> (fig. 80). = 0"',46'''=85 0'"2,3==15 ^uri aco'S en ocr:*.i m êtres carres 75, -n . i 1 . 1 1 } 1 1 A \ T ^ i i 1 ! 60 1 i ! '.■•, V- 1 1 '•n; 1 l.?,l .\ \ 1 1 fcO; 1 \ 1 \ j _._.. ! i ■ 33' \ i ■loi i . j\ 1 7'r,\ 1 \ 70 ; 1 \ 1 S J ■ \ --. ! 1 i ) in i i ! h i 1 \^_^ ol _j i ! ! ^7^ ^^ ' ÎSF^vr.-r 3 Ma 18 M. Fis- 80. Loi de ht marche de la cicatrisation. — Eu additionnant les trois premières surfaces cicatrisées pendant les (juinze i)remiers jours, on A. IIOUZÉ DE l'aULNOîT. MAUCIIE DE I.A CICATRISATION 985' obtient 0'»,46""85'""' ou les deux tiers. Si de 0"%70'^% surface totale et pri- mitive, on soustrait 0"',46"8o'^"» on a O'»,23'=4o"'", ou un tiers pour le travail cicatriciel obtenu pendant les trente-cinq derniers jours. Cette loi qui n'avait jamais été posée, s'est ég'alement vériliée- dans une observation d'anthrax du dos. En elfet^ en résumant cotte ol)si,'rvation, nous voyons que la sur- face totale à cicatriser était de 0",il2''82""" que, dans !e premier tiers du traitement qui a été de dix-huit jours, la durée totale ayant été de cinquante-six jours, la cicatrice a recouvert 0"',76'^'=28"'™, et dans les deux tiers suivants de la durée du traitement, c'est-à-dire pendant les trente- huit derniers jours, le travail cicatriciel s'est étendu sur le dernier tiers, dont la surtace était de 0"',o6''o4. On peut mettre ainsi en présence les rapports de la marche de la cicatrisation avec les différents temp* de la durée du traitement. Siirrtici'.^. Durée iJii traitumi-nt. ()'", 76"28 18 premiers jours. 0'", 3G='54 38 derniers jours. 0'",lli'«82 o6 jours. Il est permis de supposer que cette loi se reproduira également lors de la réparation de toute autre perte de substance en général. Dans notre première observation comme dans la seconde, cette loi se vérifie avec une précision vraiment mathématique ; en effet, pendant les dix-huit premiers jours, il y a eu cicatrisation des deux tiers de la surface et pendant les trenle-luiit jours suivants du dirnier tiers. D'où on peut conclure, d'après ces deux observations : 1" Que le premier tiers de la durée du traitement produit un travail cicatriciel deux fois supérieur à celui qui s'accomplit pendant les deux autres tiers; 2" Que, connaissant le temps pendant lequel les deux premiers tiers d'une piaie seront cicatrisés, on peut, à moins de complications impré- vues, déterminer le temps nécessaire pour obtenir la complète cicatri- sation de la plaie tout entière. Les révélations des tracés nous paraissent donc de nature à ne pas moins intéresser le médecin légiste que le chirurgien. Réflexions. — En exposant avec tnnt de détails la manière de dres- ser les tracés cicatriciels d'un phlegmon gaugréneux du pied que nous avons pris comme exemple, nous avons voulu qu'on n'éprouvât pas la moindre hésitation à adopter une méthode qui seule peut permettre d'apprécier, avec la rigueur mathématique, le travail de la cicatrisation d'une plaie, aiusi «pie l'étendue de la rétraction. Sous ce dernia- point 986 SCIENCES MÉDICALES de vue, dans robservalion de l'anthrax, en l'espaeê de deux mois., du 27 décembre au ^8 février, le tissu cicatriciel a diminué la surface pri- mitive des deux tiers, puisque de 108'', il s'est réduit à 36'='=, et dans celle du pied, en cinquante jours, cette diminution a été des deux cinquièmes. Ces tracés pourraient être également appliqués pour apprécier les changements de volume des organes, soit dans leur fonctionnement physiologique : tel que l'utérus gravide; soit sous l'inlluence d'un état pathologique : tel que le foie atteint de cirrhose ; ou les épancheraents de sérosité dans la poitrine, dans l'abdonien, dans la tunique vaginale ou dans les cavités articulaires. Nous avons obtenu des résultats très intéressants, en suivant pas à pas l'augmentation de volume des enveloppes scrotales à la suite de l'opération de l'hydi'ocèle et surtout le gonllement à la suite de fracture, de contusion ou de luxation des membies, étude qui nous a permis de déterminer à quelle époque il était permis d'appliquer les appareils silicates sans crainte d'étranglement. Nous serons en mesure, grâce à cette méthode, de fournir, d'ici peu, en projection, de nombreux exemples de la marche ascendante ou décroissante que présentent si fréquemment les organes et les tumeurs. Nous ne doutons pas qu'il ne résulte de cette étude de nombreuses applications à la thérapeutique chirurgicale et médicale. Nous avons de plus pensé qu'en vulgarisant ce mode d'observation, c'était le seul moyen de discuter la valeur des nombreuses médications mises chaque jour en avant par nos confrères et de se faire une opi- nion sur celles qui pourraient être employées avec le plus de succès, soit au début, soit à la fin d'un traitement. Si, dans toutes les cliniques, on consentait à recueillir tous les tracés qui s'offrent à l'observation des maîtres ou des élèves, on aurait bientôt de nombreux termes de comparaison, pour résoudre la ques- tion si controversée de la marche de la cicatrisation., suivant les âges, les constitutions et les maladies des tissus, et on serait ainsi amené à pou- voir recommander, avec certitude, le mode de traitement le plus efficace aux diverses périodes de la reproduction d'une perte de substance. De la lecture du travail de Delpech et des articles d'ailleurs si com- plets et si bien rédigés sur la cicatrisation, dans nos nouveaux diction- naires par M3I. Legouest (1) et Panas (2), il résulte que de nouvelles études sont indispensables pour suivre pas à pas et presque jour par jour le travail de réparation. (1) I)iclio}in(iiir f/e.v Sciences médicniea, t. .VVII, p. 198. — Cicatrices. — Cicatrisatiou. (2) ISouvcnu Dicliunnairc de .Vcilccinc el de Chirurgie, t. VII, p. 587. FANTON. PRÉSENTATION d'uN SALPINGOTOME 987 Il sera, je pense, facile de combler cette lacune, en s'appayant sur la méthode d'appréciation que je propose dans ce travail à tous ceux qui ne veulent faire progresser la science qu'en s'appuyant sur les don- nées d'une observation exacte et positive. M. AÏÏQTJIER Oe Montiiellicr. SUR LE DÉCOLLEWEM HYALOIDIEN Séance du i septembre 1879. — M. TAITOI De Marseille.- PRÉSENTATION D'UN SALPINGOTOME (KXTnAIT) — Séance du i septembre 4879. — Messieurs, Dans la très Intéressante coaimunication (1) qui nous a été faite par M. Roustan, l'éminent professeur agrégé de la faculté de Montpellier a pré- cisé une indication nouvelle de l'aijplicalion de la salpingoiouiie. Celte opéra- tion jusqu'ici réservée à la destruction des adhérences des parois du pavillon consécutives à des ulcérations de nature spécifique, trouvera dorénavant une indication nouvelle dans les cas d'oblitération incomplète de l'ouverture de la trompe par l'épaississement delà muqueuse qui recouvre le pavillon. Pour des raisons anatomiques très justes et très nellement détaillées et sur lesquelles nous ne reviendrons pas, M. Roustan a fixé le lieu d'élection de la salpingotomie au milieu du bord postéro-intcrne du pavillon de la trompe. Pour l'aciliter le manuel opératoire, M. Rouslan a fait confectionner un sal- pingiiiome très ingénieux, mais qui nous paraît devoir, dans la pratique, offrir q uelques difficultés à la manipulation, (1) Voir ci-dossus, page 919. ^88 SCIENCES MÉDICALES La courbure de la sonde, déjà très acoenluéc par elle-même, est encore aug- mciilée pur les deux valves qui cachent la lame, et il y aurait à craindre, soit que l'appareil ne puisse pas être introduit, soit encore qu'une fois intro- duit, le mouvement de rotation qui aniè'ntî le bec de la sonde à l'ouverture de la trompe ne puisse être accompli. Pour obtenir de la salpingotomie tous les résult;its que l'on est en droit d'en attendre, il imporlc cerlainement que l'incision atteigne la plus grande étendue possible dans les parois du canal d'Eustache, il faut donc que la sor.de conductrice pénètre dans ce canal et s'y introduise le plus avr.nt possible. Pour être sur que le bec de la sonde a pénétré dans le canal et non dans la fossette de Rosenmuller ou ailleurs, je ne crois pas qu'il y ait un moyen plus pratiquement précis que celui de l'auscullation par l'otoscope do Toynbée, c'est pourquoi il est regrettable que l'instrument de M. Roustan ne permette pas de faire l'insufflation de la tronipe et de préciser nettement la position de l'appareil avant d'opérer. La sonde une fois placée demeure difficilement en place et la marche de la lame dans le salpingolome dont nous parlons tendra bien souvent à déplacer la sonde conductrice en la faisant sortir du canal d'Eustache. Pour obvier, Messieurs, aux divers inconvénients que je viens de signaler, j'ai l'honneur de vous soumettre un appareil dont je ne puis vous présenter malheureusement que le dessin. La lame est dissimulée dans la sonde elle-même et n'augmente pas le ca- libre de l'instrument. Elle atteint jusqu'au bout du bec de la sonde, et l'extrémité externe du salpingotome peut recevoir un appareil insufflaleur quelconque. Le maniement de cet instrument peut se faire d'une seule main, et le mouvement imprimé à la sonde pour faire saillir la lame tend en même temps à faire pénétrer l'instrument plus profondément dans la trompe. De nombreux appareils ont été inventés jusqu'à ce jour pour pouvoir faire pénétrer dans l'oreille moyenne des injections de vapeur ou de liquide mé- dicamenteux. 11 serait trop long de les énumérer tous et surtout d'indiquer leur défectuosité. Qu'il me suffise de dire que presque toujours très encom- brant et d'un maniement très difficile, ils ne peuvent servir qu'à un seul mode de ces injections, aucun ne permi^t de préciser avant l'injection, la péné- tration certaine du bec de la sonde dans la trompe. L'appareil que j'ai l'honneur de vous présenter, Messieurs, me parait avoir tous ces avantages: il peut être tenu dans une seule main et peut, suivant l'inclinaison du fliicon récepteur, être tantôt un appareil à injections liquides, tantôt un appareil à injections de vapeurs ou de gaz. L'appareil se compose : l" D'une poire à insufflations appelée à chasser l'air, les gaz ou les liquides; 2" D'un flacon à trois tubulures; l'une reçoit le tube qui la met en communi- cation avec la poire à insufflation, La tubulure médiane reçoit un thermo- mètre qui permet d'apprécier la température du gaz, de la vapeur et du DAI.I.Y. DÉrOUMATION SCOLAIUE DE L\ CUI.ON.NK VEUTKlîHALE 989 liquide à injecter; I;i troisième liibuliire reçoit un tube qui peut être recourbé CM U et cette courbure } eut être graduée pour mesurer 1 1 quantité de liquide à injecter. Nous dirons de suite que cette petite particularité ne présente qu'un avantai;e tiiéorique. L'extrémité du tube qui est dans le llacon doit rester dans le quart supérieur de ce flacon; elle est mise en contact avec le liquide lorsque cela devient nécessaire, par une simple inclinaison du flacon. Par son autre extrémité, le tube se continue avec un tube de caoutchouc qui se termine par une sonde d'Itard, de Triquet ou de Miot. V.n plaçant le fl:ico:i à trois tubulures dans un bain marie, on peut donner à l'injection la tem[)érature voulue. Im dis[iosilion d(' cet appareil nous permet, par ce lait, en tenant le flacon d'aplomb, de l'aire d'abord une insutllatiou d'air, et de nous assurer, par l'auscultation, que la sonds, étant dans la trompe, l'injection atteindra sûre- ment cette partie, et nous ne sommes pas ainsi exposé ù envoyer dans le phar\ nx ou dans le nez une injection que nous destinions à l'oreille niovenne. M. MOÎfDOT  Or.iM. SUR UN CAS DE FISTULE ANALE {I, .•n (■ u II c e il it 4 s f /) / (• m h r e t S7 il . M. DALLY de ryski. — Observations médicales sur le climat algérien pendant l'hiver 1878-1879. M. E. Làntier. — Notice sur les perfectionnements apportés à l'aspiration pneumatique, par le D'" E. Lantier, etc. M. MiGNOT (de Chantelle). — Remarques sur la contagiosité de la rougeole et sa prophylaxie. M. D. Mollière (de Lyon). — Luxation ancienne du long péronien latéral guérie par la ténotomie et Tavivement sous-cutané. Présentation de travaux imprimés ENVOYÉS AU CONGRÈS POUR ÊTRE COMMUMQUÉS A LA SECTION MM. Gili.e et Madsen. — Pharmacopée universelle. M. Macé. — Pharmacie galénique. M. A. Petit (de Royal). — Cartes des principales eaux minérales d'Auvergne. M. Seguin (de New-York). — Unité internationale en médecine. 4"^^ Grroupe SCIENCES ÉCONOMIQUES 13" Section AGRONOMIE Président d'hon.nelu M. Gaston BAZILLE, Sénateur. PiiÉsiDK.M M. BARRAI, Secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agri- culture de France. YiCE-Pr.KsiDK.NTS ilM. RISLER, Directeur de l'Institut national agronomique. MALLA, Président de la Société centrale d'a?ritulturc de l'Hérault. Secuétaires iM.M. CONVERT, Professeur à l'École nationale d'agriculture de >l 3.02 » Acid e ihuspl lor. 1.20 0/0 » 9.80 '' 7> » 3.G2 » 4.22 » 7.20 » ■|.'..',0 » 'i.03 » 0.32 0/0 43.00 » 8. » » M. Xi » 2'.. 73 » S. 12 » 7.40 » 22. SO » Avant de donner les résultats que nous avons recueillis de cette expé- rimentation, nous devons faire remaniuer que, dans ce champ, de même que dans celui de Bavay, le lin a été ensemencé assez tard, qu'il a été versé par place par les orages de l'été et que plusieurs par- A. LADUREAU. ÉTUDES SUR LA CULTUfiE DU LIN 997 celles ont donné des produits qui ne permettent i;uère de bien appré- cier ce que l'on eût obtenu dans une année moins favorable à une végétation trop abondante. Tous les chiffres du tal)!eau qui suit ont été rapportés à l'hectare, bien que la superficie de chaque carré d'essai n'ait été que de quel- ques ares. L'appréciation de la valeur commerciale aux 100 kil. a été faite par un homme de métier. Quoique cette appréciation n'ait rien d'absolu, elle peut être néanmoins intéressante au point' de vue do la comparai- son des valeurs respectives des libres obtenues sur chacun dos carrés d'expériences. Les poids de lin brut, de paille, de graines, de lin roui et leillé, ont été relevés avec grand soin. C'est un travail assez long qui n'avait pas été fait aussi complètement jusqu'ici, à notre connaissance du moins, et qui peut soûl permettre d'apprécier sainement les différences pro- duites par l'emploi des divers genres de fumures soumis à l'cxpéri- mentalion. Car il ne suffit pas seulement de dire: « Tel ou tel engrais produit tant de kiiogs de tiges, tel aulie en produit 10 ou 20 0/0 en plus ou en moins, pour conclure à l'efficacité de l'engrais employé. Cortaituîs fumurtis surexcitent la végétation du lin et produisent un poids brut beaucoup plus élevé que d'autres, mais cola souvent au dé- triment de la linosse et de la qualité de la fibre textile, de sorte qu'au lieu d'avoir un résultat final plus avantageux, on a, en lin de compte, un déficit dans le produit commercial par suite de la moins value de la fibre au point de vue marchand. C'est cette considération si importante qui nous a engagé à complétor les premiers renseignements donnés par l'évaluation brute de la récolte, par ceux que l'on pouvait tirer du poids des mêmes lots, après les avoir soumis au rouissage et au teillage, opérations qui, comme chacun le sait, ont pour but de séparer la fibre textile de la tige ligneuse et des matières organiques diverses qui l'accompagnent. La valeur de la récolte représente le produit des graines, au prix moyen de 83 francs les cent kiiogs, joint au produit du lin teille aux prix d'estinuition relevés dans la huitième colonne. On reconnaît à l'examen de ces chiffres que c'est l'engrais complet n° 7, renfermant les trois éléments utiles : Azote, acide phosphorique et potasse, qui a produit la récolte la plus lucrative. En second lieu vient le nitrate de potasse qui renferme une dose élevée de potasse et d'azote, puis le mélange de superphosphate et d'engrais potassique et en dernier lieu l'engrais organique, dit du Grand-Clos, dont les éléments sont pro'oabloment d'une assimilation trop lente pour convenir aux besoins de cette plante à croissance rapide ; il ne peut, en elïet, soute- 998 AGUONOMU. nir la comjxiraison, mt'^me avec les tourteaux d'arachides qui pourtant ne i-enfermeiit guère que do Tazote ù rélat organique et une très faible pi\>portion d'acide phosphorique et de jx^tasse. Voici donc le tableau des résultats que nous avons obtenus sur le champ d'exjvrience de IxMsée : Tableau n'-' i». do ta parwUe l>ÈSii-,N VTU>N DK l ENCRAIS KKMiKME-NT . y. l'UKl.TARK Valeur de la rét>oU' Poids rouis eu roids eu roids du liu roids du liu Valeur commer- brat paille jraùues roui teille ciale p.iiHikil i U'urteviux liai'achiiio*. . . >is* oiSS 300 S469 930 120 1215 â Nitrate de potasse .... S9:s: 35ii 4ô3 3119 $90 210 t9S2 s Exi^rais complet pour lin. 6I.J9 5S(.)7 392 .^96 H 000 UO US6 A >iilfate de potasse et de ma^aé&ie W93 6U0 353 iiu; i050 150 1663 5 Ku^r. de potasse c-onceatrt». sar: 4SS-; 590 32:>3 S30 it;o U25 6 Nitrate de potasse, super- phosphate et pKtO;». . . est s 6(33 3 s:. 37^3 990 ITO ITTO : Nitrate de soude, superph. engrais de potasse. . . 5901 5311 390 SSOi 10 10 190 20t6 s Superphosphate et engrais potassique (fô«S 6I4!> ÎTv'* i0î;3 1100 165 1907 vl Superphosphate seul. . . . 6369 6019 SiO 37«9 S0.> 1-0 1U0 HO Kagnùs oi-çaaiqae tdit du Graud-Otos) 52S(5 5033 253 390S S30 120 1060 L'avantage reste, en tous cas, aux engrais renfermant une dose de potasse élevée tant au point de vue de la valeur totale de la récolte qu'à celui de la qualité et de la finesse de la libre. C'est, en etfet, le nitrate de potasse qui a donné la fibre la plus fine et celle dont la valeur est la plus élevée, puis l'engrais n*' 7, etc.. Nous ne ti-ouvons pas ici un rapport bien détini entre la qualité de la fibi-e et la quantité de graines produites. Il faut remaniuer toutefois que c'est encore le nitrate de potasse qui a produit le poids de graines le plus cousidéi-able, et que les engrais organiques, tourteaux d'arachi- des et engrais dit du Grand-Clos viennent encore en dernière ligne. Il ressort également de la comparaison des chiffi-es précéilenls que les récoltes dont les poids bruts sont les plus élevés sont aussi générale- ment celles dont la valeur commerciale est la plus faible. Ce fait est analogue à celui que nous avons maintes fois constaté dans la culture- de la betterave, où nous voyons les racines pauvres en sucre donner des rendements en poids à l'hectare souvent très supérieui-s à ceux que A. LADUREAU. ÉTUDES SUR LA CULTURE DU LLN 999 l'on obtient avec des racines d'une richesse saccharine élevée. Il nous paraît probable que pour le lin, c'est la grosseur des tiges qui inllue sur leur poids et sur la qualité des fibres que l'on en extrait. De grosses tiges donnent des poids élevés en lins bruts et même en lins rouis et teilles, mais comme la fibre est plus grosse, plus commune, elle a par suite une valeur moindre: c'est ce que nous disions en commençant. Nous nous proposons de suivre ces recherches durant quelques années et verrons par la suite si l'expérience confirme la théorie que nous émet- tons aujourd'hui Tableau n" 3. ENGRAIS EMPLOYÉS SUR LE CHAMP d'eXPÉRIENCES DE BAVAY. 7 8 9 10 11 Ai Vi f. 15 16 17 NATURE DES ENGRAIS EMPLOYES Tourteaux d'arachides Sulfate de potasse et de magnésie Engrais potassique concentré Tourteaux de lin Superphosphate d os oOO k. superph. -f- 500 iv. engr. potassique. . Nitrate de potasse de soude 500 k. nitr. de potasse + 200 k. superph. . 300 k. engr. pot., nitr. de pot. et superph. d'os. Engrais spécial ponr lin (n» i) Engrais sans potasse Engrais complet (n" 2) Sans engrais Autre engrais pour lin (n» 3) Engrais composé pour lin (n° •,) Tourteaux d'arachides. 2.000 i.ooO 1.000 2.000 000 1.000 500 500 700 900 1.000 1.0' lO 1 .000 1.000 1.000 2.000 LELK BICHLssE CE.MLsIMALE EX Acide phosphor. T.'iS O'O 4.53 i> 0.80 » 0.40 i> 13.72 » 1G. » » 6.86 » 4.40 > 2.90 » 0.45 » 4.20 » 2.00 " 1.20 0/0 1.92 :;.;o 7.S5 3.40 4.63 9.70 9.50 6.60 * 9.70 0.2>« l.iu 0.32 0/0 17.33 » 24.73 " 0.47 2 12.36 » 45.60 » 22.80 » 21. » » 8.10 » 8.10 » 9.12 » 0.32 » Nous allons passer à l'examen des résultats de notre deuxième champ d'expériences, situé, comme nous l'avons dit plus haut, à Bavay (Nord), sur une bonne terre à blé argilo-calcaire, n'ayant pas porté de lin de mémoire d'homme et très convenablement disposée pour notre expéri- mentation. Malheureusement, de même que pour le champ de Bersée, nous n'avons pu l'ensemencer que très tard en saison, ce qui a influencé beaucoup les résultats. Les orages l'ont également versé par place ; de sorte que sa qualité est généralement assez médiocre. Néanmoins, comme toutes les parcelles ont été semées en même temps et ont participé aux mômes phénomènes météorologiques, l'examen comparatif des chiffres qu'il nous a donnés peut offrir assez d'intérôt pour que nous n'hésitions 4000 AGRONOMIE pas à les présenter d'autant plus que, comma nous l'avons dit plus haut, ces recherches vont être suivies par nous durant un certain nombre d'années et que les résultats de nos études de celte campagne seront corroborés ou modifiés par ceux des campagrnes prochaines. Les engrais •employés sur le champ de Bavay n'étaient pas tous les mêmes que ceux que nous avons expérimentés à Bersée. En voici la nomenclature -ainsi que la richesse en éléments térlilisanls (voir ci-dessus, tableau n"3). Les engrais complets (1) et (3) des carrés n"' 11 et lo sont les mê- mes. On a employé la môme formule à deux places différentes pour s'assurer de l'exactitude des lésultats obtenus, ces résultats sont pres- que identiques. L'engrais complet n° 2 du carré 13 renferme une pro- portion de potasse plus considérable que celle de l'engrais n° 1. Enfin l'engrais complet n° 4 était composé comme suit: Superphosphate .... 400 kiîog. Nitrate de potasse . . . 200 — Sulfate d'ammoniaque . GO — Plâtre 340 — Total. . . 1.000 kilog. C'est, comme on le voit, un engrais exclusivement chimique renfermant de l'azote ammoniacal et nitrique, de la potasse, de l'acide phosphori- que assimilable en proportions assez élevées. Les engrais n°** 2 et 3 : sulfate de potasse et de magnésie et engrais potassique concentré, proviennent des mines de Stassfurth, en Prusse, •et renferment les sels suivants combinés entre eux de diverses manières, sulfate de potasse, sulfate de magnésie, chlorures de potassium et de sodium, sulfate de chaux. Ce sont des sels naturels que l'on extrait du 5ol et qui servent à l'état brut, sous le nom de Kai'nit à l'agriculture comme sels potassiques et magnésiens, et à un autre emploi que nous voudrions ne pas devoir signaler, à la falsification des nitrates de soud du commerce. Soumis à des dissolutions et à des cristallisations successives, ces sels sont séparés les uns des autres et livrés à la culture à divers états de pureté et à des prix variant suivant leur richesse réelle en potasse pure. On peut s'en procurer des quantités considérables à des prix relativement assez bas ; aussi avons-nous cru devoir en faire l'essai sur le lin, plante (|ui a un besoin si impérieux de cet élément. Tous les engrais qui ont été expérimentés dans ce champ et dans les précédents ont été analysés par nous afin de nous rendre un compte exact des quantités d'azote, d'acide phosphorique et de potasse que nous introduisions dans le sol par leur emploi. Nous avons été aidé pour le traitement industriel des lins de ce champ A. LADUREAU. ÉTUDES SUR LA CULTURE DU LIN 1001 par notre collègue du Comice agricole de Lille, M, Vallet-Rogez né^-o- ciant en lins à LiHe, qui a bien voulu se charger de leur rouissa"-e et de leur teillage. L'estimation de leur valeur commerciale a été faite avec la gracieuse collaboration de 3). A. Renouard, manufacturier à Lille filateur de lin, lauréat de la Société industrielle du Nord pour son très remarquable ouvrage sur l'industrie de la filature du lin : c'est dire que lus appréciations émanant d'une source aussi autorisée doivent être regardées comme aussi rigoureusement exactes que possible. On trouvera dans le tableau n" 4 ci-après les résultats obtenus sur ce second champ de Bavay, le tout rapporté également à l'hectare afin de mieux fixer les idées. Tableau n° i CHAMP d'expériences DE BAVAY N" du .NATURE des POIDS \. L'HECr ARE EN V.ileur comm f r - tia le ■^^'■â Tiges Lin Lin (:u;ki'. ENGiiAis i;mployi.s bjules Pailles Graines roui trille 0/0 k. >|| 1 Tourtuaiix d'aracliidcs . /.'.OO 3800 (iOO 1250 190 50 203 2 Sulfate de potasse ol de magnésie 4000 3200 800 3300 800 ^25 12G4 3 Engrais pota>sique . . . 3700 3200 000 3000 550 115 830 K Tourteaux do lin . . . . 3900 3400 UOO 3000 320 60 357 5 Superphosphate d'os . . 4050 3450 GOO 3300 420 115 G82 0 Superphosphate et en- grais potassique. . . . 4700 4100 (100 3800 300 TI5 773 7 Nitrate de potasse . . . 4200 3900 300 3600 400 70 3 7 y 8 — de soude Superpli. et nitrate ilr 4000 3Ô00 yOO — — ~ ir,5 potasse 4100 3000 .'.00 3500 330 liO 363 m Superph., nitrate do pot.. engrais potassique . . 3900 3S00 4 00 3100 330 CO 342 n Engrais complet pour lui n» 1 4400 3000 obO 300 3800 3500 420 200 00 GO 437 283 12 Engrais sans potasse . . 4200 3700 13 Engrais complet n" 2. . 4200 3BoO 350 3300 420 so 4IS 14 iUen 4000 3300 700 3200 700 113 1030 15 Engrais poui' lia u» :!. . 4400 4200 GOO SliflO 420 60 ■ 450 16 Engrais pour lin u" 4. . 4400 ;<800 COO 3400 450 80 538 17 Tourteaux d'araeliidcs. . 4.-|(i0 3000 tiOO 1 200 ISO 30 288 Ajoutons, en passant, que nous mettrons de nouveau du lin sur ce champ l'année prochaine afin de reconnaître s'il est possible de se livret- deux années de suite, à Bavay, ù cette môme culture, et de voir de plus si l'elfet des engrais expérimentés cette année se fait encore sentir 1002 AGRONOMIK sur la récolte de l'année suivante. Le champ avait été, par mes conseils, entouré d'avoine de tous les côtés, cette avoine étaftt destinée à rece- voir les insectes appartenant à la famille des thrips que nous avons étudiés et décrits dans un précédent mémoire et auxquels nous attri- buons la cause de la maladie connue dans notre pays, sous le nom de brûlure du lin. Il est à remarquer que cet ennemi du lin n'existait qu'en très petit nombre sur le champ de Bavay, ce qui nous fait espérer pouvoir en récolter sur la même terre l'année prochaine et éviter cette maladie. Il ressort de l'examen des chiffres de ce tableau que ce sont les en- grais à base de potasse, carrés 2, 3, 6, qui ont donné les résultats les plus avantageux au triple point de vue du poids élevé en graines, en lin roui et teille et de la finesse et de la qualité de la fibre ; dans ces quatre carrés, en effet, le lin teille a une valeur d'environ 1 fr. 15 c. à 1 fr. 25 c. le kil., tandis que cette valeur décroît rapidement et tombe de 0 fr. 80 c. à 0 fr. 50 c. pour les autres lots. Le carré 8 n'a pas donné de résultats ni au teillage ni au rouissage, parce que dès cette dernière opération, on a reconnu qu'on ne pourrait en tirer aucun parti, on ne pouvait faire que de l'étoupe avec la fibre obtenue avec le lin de ce lot, et on préféra la laisser de côté, on ne lui avait donné que du nitrate de soude: or le lin, comme nous le voyons, n'a pas besoin d'engrais azotés, dans des terres de bonne qualité ayant une certaine provision d'arrières fumures, comme celles sur lesquelles ont été faites ces études ; de plus il absorbe une quantité assez élevée de potasse, qui parait être absolument indispensable à son développe- ment ; mais il ne peut comme certaines plantes, la betterave entre autres, remplacer cette base par sa voisine la soude; en effet, dans toutes les analyses que nous avons faites jusqu'ici des plantes de lin en tiges, nous avons trouvé dans les cendres une proportion considérable de potasse et toujours fort peu de soude. On devait donc s'attendre, en ne donnant à la plante que de l'azote et de la soude, au moyen de nitrate de soude à obtenir des résultats très désavantageux, et c'est ce qui est arrivé en effet. En un mot, plus la quantité de potasse et de magnésie a été élevée, plus aussi la récolte a été abondante en graine, et meilleure a été la qua- lité de la libre. Ce point se dégage très nettement de notre expérimentation, car ce sont ces champs u°' 2 et 3 sur lesquels on a employé les engrais potas- siques seuls, à la dose de 170 et 250 kil. de potasse pure à l'hectare, qui occupent la tête du classement que nous présentons dans le tableau ci-après n" 5. A. LADUREAU. ÉTUDES SUR LA CULTURE DU LIN 1003 Tableau n° S. CLASSEMENT DES CARRÉS d'eSSAIS, d'aPRÊS LA VALEUR DE LA RÉCOLTE. N° de N° du classement. carré. i 2 M, 3 •i 4 6 5 5 6 •16 7 •lo 8 13 9 \\ iO - i^ 9 •12 4 •13 1(1 ^^ 1 •15 17 IG 12 •17 S ENGRAIS EMPLOYE Sulfate do potasse Rieu Engrais potassique — — et superphosphate. . . . Superphosphate d'os Engrais pour lin n" 4 — — n» 3 — — n° 2 Engrais complet pour lin n° 1 , Nitrate do potasse • — — et superphosphate. . . . Tourteaux de lin Superph., nitr. de potasse, engrais potassiqu Tourteaux d'arachides Engrais sans potasse Nitrate de soude VALEUR DE LA r.ÉCOLTE. 1.26i fr. 1.03G >' S30 ■» 773 » 68-2 » 538 » 430 » 418 » 417 » 079 » 3G3 » 357 » 3'. 2 ^> 293 » 288 » 283 y> 163 » Nous devons faire remarquer que l'on ne doit pas attacher plus d'im- portance qu'il ne convient aux chiifres de ce tableau qui n'ont guère qu'une valeur relative à cause : 1° de l'époque très tardive à laquelle le lin de ce champ avait été ensemencé, et 2" de la verse qu'il a subie sur presque toutes ses parcelles ; ces deux causes ont réduit beaucoup le rendement et en ont abaissé la qualité. Un fait assez digne de remar- que et qui prouve combien la terre sur laquelle on a opéré est de bonne qualité et convient à cette culture, c'est que le carré 14 sans engrais est un de ceux sur lesquels on a obtenu les meilleurs résultats. Cela montre une fois de plus que l'emploi irrationnel des engrais spé- ciaux peut parfois être non seulement inutile, mais même désavanta- geux ; on peut en tirer également cette conclusion, que les engrais qui conviennent le mieux au lin sont ce que l'on appelle les vieilles graisses, c'est-à-dire les arrière-fumures demeurées dans le toi pendant de longs mois et s'y trouvant par suite dans un état de décomposition et de divi- sion qui en l\icilite l'absorption et l'assimilation par les plantes. Il faut remarquer également que les carrés 2, 3 et 14 qui ont donné les poids les moins élevés en tiges brutes sont aussi ceux qui ont eu le plus fort rendement en lin teille, et en même temps ceux dont la fibre avait la meilleure qualité. Or ces carrés n'ont pas reçu la moindre quantité 1004 aguunomip: d'azote, on ne ieur a donné que de la potasse et de la maj^nésie. Nous devons en conclure qu'il est inutile de donner au lin des aliments azotés, du moins dans les terres de bonne qualité et convenablement préparées. On doit donc proscrire dans la culture du lin, l'emploi des doses élevées de fumier, de guanos, de tourteaux, de déchets de laine et d'autres, que la plupart des cultivateurs y consacrent lubituellement; nous croyons que la meilleure manière de le cultiver pour avoir un ren- dement élevé et belle qualité est de le semer dans un sol renfermant une provision suffisanle d'éléments fertilisants sous forme d'arrière- fumures, auquel on ajoutera à l'époque des semailles, de SOO à 1,000 kil. de sels de potasse et de magnésie, suivant les terrains. ÉTUDES DE 1878 Nous avions institué un nouveau champ d'expériences cette année avec divers engrais, dans la culture de M. Di^rùme, de Bavay, et comp- tions en rendre compte comme nous venons de le faire pour celui de 1877 ; mais cela ne nous est malheureusement pas possible, par suite de la négligence du chef de culture, qui a mélangé toutes les bottes de lin des carrés d'tssais, les unes avec les autres, sans tenir compte des ins- tructions que nous lui avions données. Nous n'avons donc pu prendre les poids de chacune des parcelles d'expérimentation et nous ne pouvons que donner une apprécialioii générale basée sur l'examen que nous avons fait à diverses reprises du champ d'expériences. Nous avions remis du lin cette année sur notre champ d'études de l'an dernier sans y ajouter de nouvel engrais, alin de constater l'effet des parties non absorbées par la culture de l'année précédente, ce lin a végété régulièrement, il n'a pas paru soulfrir de la maladie, nous n'a- vons vu sur lui qu'une très petite quantité de tJtrips, mais il était plus maigre, beaucoup moins nourri, moins serré que dans le champ d'expé- riences voisin où nous avions employé des engrais nouveaux. Nous avons remarqué encore dans ce dernier champ l'influence favo- rable des sels de potasse et de magnési.', avec lesquels le lin paraissait vigoureux, serré et en même temps d'une grande finesse, tandis que les engrais organiques donnaient des tiges beaucoup plus vertes, plus grosses., mais de qualité inférieure. Voici quelle avait été notre appré- ciation lors de notre dernière visite: Lin de mauvaise qualité, très gros de tige sur les parcelles fumées avec les tourteaux d'arachides, de lin. de chanvre, le nitrate de t-oude et le fumier de ferme. Lin de mé- diocre qualité sur les carrés oii l'on avait mis du nitrate de potasse seul, du sup' rphosphate seul, un mélange de nitrate de potasse et de super- phosphate et quelques mélanges d'engrais complets organiques et chimi- ques. Enfin, le lin était très beau comme longueur et comme qualité de A. LADUIIEAU. ÉTUDES SUA LA CULTURE DU LIN JODo libres sur les parcelles où l'on avait employé les engrais potassiques et magnésiens, dont nous avons parlé plus liaut; sur la parcelle sans en- grais, il présentait également une fort belle apparence comme qualité, mais était de 0,10 environ moins long que sur les carrés d'essai. Nous regrettons vivement de ne pouvoir donner sur cette expérience de renseignements plus précis et remettons la suite de cette étude à l'année prochaine. BRULURE DU LL\ Nous ne voulons pas clore ce travail sans dire quelques mots de ce que nous ont monlré nos dernières recherches sur cette singulière ma- ladie que nous avons déjà étudiée depuis plusieurs années. Nous avons examiné un certain nombre de champs atteints en totalité ou partielle- ment par ce iléau et avons, comme précédemment, reconnu sur tous, la présence du llin'ps Uni . Plusieurs champs que nous avons vus, ont dû être labourés entièrement; sur d'autres, les dégâts se sont localisés et n'ont pas dépassé certaines limiles. La plupart des champs atteints avaient été fumés avec des vidanges de villes, du fumier de ferme et du guano. Cependant nous avons vu la brûlura se produire également dans des champs où l'on avait employé les engrais chimiques. [Vous avons prélevé un nombre considérable d'échantillons de plantes malades et d'aiUres saines et avons renuircjué, couimi; nous l'avons déjà annoncé dans un précédent mémoire, que les racines des plantes atteintes de cette maladie présentaient généralement une atrophie particulière ana- logue à celle que le phylloxéra produit sur les racines de la vigne. Cette a trophie caractérisée est au début de la maladie par un grand nombre de petites taches rougeàtres en creux sur les racines principales et par de petites nodosités charnues sur le chevelu. Ayant étudié ce phénomène, nous avons reconnu (jue les taches en (juestion ne pouvaient être im- putables qu'aux morsures du thripa à l'état de larve, au moment où il vient d'éclore de l'œuf déposé en terre cl avant (ju'il n'ait gagné les par- ties supérieures de la plante. Nous l'avons surpris bien des fois à l'en- droit môme où il était occupé à exercer ses ravages ; si les attaques de ces parasites à cet état sont nombreuses, le lin ne pi-ut y résister et brûle du pied, comme disent les cultivateurs. Si elles sont peu importantes et que les racines aient assez de vigueur pour pouvoir les supporter, et qu'alors l'insecte monte au sommet de la tige, le lin peut brûler de la tète sous ses attaciues, il frise et meurt en peu de temps ou parfois continue à végéter mais péniblement et sans prendre d'accroissement. Nous avons fait quelques essais d'insecticides, le pétrole émulsionné dans l'eau alcaline, la naphtaline, etc., et avons remarqué que ces in- secticides ne pouvaient guère atténuer le mal, ils détruisent l'insecte 1006 AGRONOMIE momentanément, mais les dégâts qu'il a commis sm^ la plante subsistent et celle-ci a parfois beaucoup de peine à s'en relever. Le tabac en dé- coction nous a paru donner encore les meilleurs résultats, surtout quand on y avait additionné une certaine quantité de sels de potasse; mais nous devons ajouter une observation qui nous parait avoir une très grande importance. Nous n'avons pas remarqué le moindre phénomène de brû- lure dans les champs de lin ide passage, voulant avoir une idée de ces fjrmes multiples entre les |ue!les les agriculteurs pratiquecnent intéressés s'efforcent de faire un choix appro- prié à leurs besoins. Ce triage se fera lentement, mais sûrement, G. FOEX. — RÉSISTANCE DES VIGNES AMÉRICAINES 1013 comme toutes les choses sérieuses et qui sont appelées à durei*. Les insuccès partiels n'en coinpromellront pas le succès général, et si nous avons pour le moment presque l'embarras des richesses, nous n'en serons que mieux servis pour adapler ces divers éléments aux besoins divers de toutes nos nuances de sol et de climat. M. &. FOEX l'rolesseur à l'Ecole nationalj ilagnculturc de Montpellier. RESISTANCE DES VIGNES AMERICAINES — Séance du •/<•■• scptcinhre i879. — Ce fut M. Lalimau, de Bordeaux, (pii eut l'honneur de signaler le premier, au Congrès viticole deBetune en 1869, la résistance qu'offrent certaines vignes américaines aux effets du phylloxéra ; il mentionne la bonne tenue et la vigueur de quelques souches de cette origine, au milieu du dépérissement général ou de la mort des cépages indigènes qui les environnaient. Cetle communication, d'abord oubliée, fut ensuite remise en lumière par les observations du savant américain Riley, entomolo- giste de l'Ê'.at du Missouri, lequel, dans ses rapports des années 1870, 1871 et 1872, cite d n. MARES. — PHYLLOXÉRA, LNSECTICIDES, VIGNES AMÉRICAINES 1025 Avant la maladie. Sup. dcLriiitcs. Sup. malados. Total tué ou attaque. Report 177.63.3 h. 164.170 h. 22.387 h. Var 90.327 30.476 2i.23Û » Ardèche 3i.l3l 17.806 8.352 2G.158 Drônie 38.657 15.248 8.243 23.491 Hérault 180.000 85.91G 28.284 » .520.748 h. 313.616 h. 91.493 h. 405.112 h. Taclw occidentale : Gironde 155.232 h. 10.612 h. Dordoyim . 96.717 3.828 Lot-et-Garonne 140.000 2.800 Charente 116.805 24.897 Charente-Inférieure. . . . 168.945 14.190 677.089 h. 56.327 h. 39.481 h. » 3.833 » 16. SCO • 37.335 62.232 32.275 h. 46.469 129.74't 185.071 h Ces différences paraissent dépendre du climat. Plus il est sec et chaud, plus le mal est rapide et violent. On voit, en effet, dans la région méridionale sur cinq départements, dont quatre sont riverains de la Méditerranée, le phylloxéra avoir détruit on attaqué la presque totalité des vignes, soit 3oo,000 hectares sur 450,000. Et dans la Gironde 50,000 hectares sur 155,000. Dans les Charentes, 108,000 hectares sur 285,000. Dans l'Ardèche et dans la Drôrae, 50,000 hectares sur 72,000. Les contrées privées de pluies estivales, desséchées par un soleil brû- lant, sont l)ien plus rapidement attaquées que les autres. C'est d'ailleurs ce qu'on observe en Bourgogne, en Franche-Comté, en Savoie, où on découvre des taches qui paraissent remonter à 3 et à 4 ans de durée. Dans l'extrême midi, on n'observe rien de pareil. Il est rare (ju'une vigne qui n'est pas vigoureusement secourue, résiste plus de deux ou trois ans. L'attaque est même souvent foudroyante pendant les années de sécheresse, comme cela a été observé en 18G8 dans la vallée du Khône, et 1878 dans les vignobles de l'Hérault. Ces cas foudroyants se produisent surtout dans les vignes jeunes dont le système radiculaire n'a pas encore acquis un degré de consistance sufHsant. Quoi qu'il en soit, les progrès du phylloxéra ont été si grands, que les contrées intermédiaires entre les deux points extrêmes où l'invasion a commencé sont toutes atteintes, et qu'entre Bordeaux, d'une part, et Boquemaure, de l'autre, en ne considérant que l'ensemble par arrondis- sement, le phylloxéra s'est attaqué à tout le midi. Les vignobles fran- 65 1026 AGRONOMIE çais riverains de la Méditerranée sont aussi tous attaqués de la frontière d'Italie à celle d'Espagne. Dans le centre même de la France, le mal a pénétré dans la vallée de la Loire, mais il est encore peu important. La vallée du Rhône et celles qui en dépendent sont attaquées à des degrés très différents. L'invasion a pénétré en Bourgogne où elle est menaçante, mais dans laquelle elle n'a pas encore acquis une grande extension. A l'étranger, on sait qu'on rencontre le phylloxéra en Suisse et sur les bords du Rhin, mais ily a été énergiquement combattu, et ses dégâts y sont peu importants. Il est en Hongrie et en Autriche ; on l'a récemment découvert en Italie et en Espagne, où il prend les proportions les plus menaçantes. Les vignobles du Portugal en sont infectés depuis longtemps et paraissent avoir été atteints à peu près à la même époque que ceux du Bordelais. Quoi qu'il en soit, le mal paraît devenir général, et s'étendre à toute la viticulture. .îusqu'à présent, c'est le fléau le plus terrible qui ait sévi sur elle, car il fait complètement périr les vignes dans un temps relativement court, et dans les pays où leur durée et leur vigueur étaient les plus grandes. Il résulte de ce qui précède que les vignobles des contrées chaudes et sèches sont bien plus exposés que ceux des contrées arrosées. En pareil cas, la sécheresse étant un obstacle à la culture des céréales et des fourrages, les résultats économiques de la perte des vignes sont désas- treux. C'est ce qu'on voit dans le Gard, et principalement dans l'Hérault, le département le plus vinicole de France, dont nous esquisserons rapi- dement la situation, comme un exemple à citer. Rappelons que les vignes couvraient, dans l'Hérault, près de 200,000 hectares sur une surface cultivée de 300,000, et sur une superficie totale de 625,000 ; que de 1870 à 1877 les deux arrondissements de Montpellier et de Lodève ont perdu à peu près toutes leurs vignes, soit 9o,000 hectares sur 200,000; que de 1878 à 1879, une partie orientale de l'arrondissement de Béziers a succombé et que le reste est couvert de points d'attaques; que le mal commence à s'étendre sérieu- sement dans l'arrondissement de Saint-Pons. En résumé, on ne peut guère compter, dans l'Hérault, sur plus de 50,000 hectares de vignes indemnes, et sur 30,000 hectares à l'état d'invasion, mais capables de production. On prévoit la ruine prochaine et complète de ce grand vigno. ble de l'Hérault qui, en 1872, produisait plus de 15 millions d'hectolitres de vin. Les conséquences économiques d'un pareil état de choses sont désas- treuses. Le midiviticole delà France et l'Hérault principalement, étaient deve- nus par la vigne, des foyers de production industrielle. La viticulture H. MARES. PHYLLOXÉRA, INSECTICIDES, VIGNKS AMÉRICAINES 1027 est, en effet, une grande industrie agricole, dont le développement récent avait produit d'admirables résultats. Ainsi lorsqu'en 1849 l'oïdiLim atteignit l'Hérault, les vignes s'étendaient sur 420,000 hectares environ. Six ans après, en I806, lorsqu'on put le com- battre au moyen du soufre, elles n'occupaient plus que 80,000 hectares. En six ans, l'oïdium avait donc détruit 40,000 hectares des vignobles de l'Hérault, principalement dans les arrondissements de MonLpellier et de Lodève. Mais grâce à l'emploi du soufre, qui depuis lors est rentré dans les méthodes culturales des vignerons, la reconslitutioii fut rapide. Sous l'impulsion de la consommation que les chemins de fer étendaient, et des hauts prix qui en étaient résultés, 10 ans après, en 1866, l'Hérault avait doublé la superficie de ses vignes ; et sa production qui, en I8S0 et 1856, n'avait guère atteint qu'un milhon d'hecto- litres, s'éleva à près de dix milions en I8C0. Depuis elle n'a cessé de progresser jusqu'en 1872 qui ilit le point culminant de celte grande production. Dans l'espace de lo à 16 ans, malgré les malheurs des dernières années, une évolution admirable s'était produite, cent mille hectares de vignes avaient été créés et mis en valeur. On pouvait les considérer comme un immense atelier de travail, établi en plein air, au soleil, dans les meilleures conditions de santé, de salubrité, de moralité. En évaluant à 3o0 francs par h(!Ctare la moyenne de la dépense faite sur ces vastes surfaces, l'Hérault dépensait sur 200,000 hectares de vignes, dont plus de la moitié étaient de création récente, une somme de 70 millions de francs. Il sollicitait ainsi non seulement tout le travail de sa population, mais celui des départements voisins. La viticulture amenait en effet chaque année, de février en juin, le déplacement d'en- viron 80,000 iuontagnards des départements voisins, et à l'époque des vendanges, ce chiffre se doublait. Au point de vue économique, l'Hérault était alors un des départements où l'échange des produits se faisait sur une immense échelle, et où leur liberté était la première condition de sa prospérité. En effet, selon les années, il ne produisait guère les céréales nécessaires à sa consom- mation, que pour une durée de 3 à 4 mois. Il en était à peu près de même pour les fourrages et pour les pailles. Il avait besoin d'une grande quantité de viande et il la payait très cher. Les troupeaux de bêtes à laine qui vivaient sur les pâturages secs des Garrigues avaient diminué à mesure que la vigne s'était étendue, et de plus la richesse croissante de la population lui permet- tait de consommer beaucoup l'aliment par excellence après le pain. De toutes parts on bâtissait et la population augmentait. C'est la vigne qui payait tout. L'Hérault était un pays d'échange par excellence. 1028 AGRONOMIE Nulle part aussi la liberté des échanges n'y a été mieux appréciée et n'y a jeté de plus profondes racines. Depuis peu, tout est bien changé. Malgré les efforts les plus vigoureux, les vignes ont péri, et la terre naguère si productive, ne donne que les plus minces revenus. Dans un grand nombre de cas, elle n'en donne même plus. Peu propre, à cause de la sécheresse du climat, à la production des céréales et des fourrages, elle subit une évolution d<''sastreuse. Les capitaux immobilisés dans les celliers, deviennent absolument improductifs, et tombent à la charge des possesseurs; la ruine des vignes phylloxérées comporte le plus souvent trois années, au moins, d'improductivité qui ne couvrent pas les dépenses de culture. Les terres des coteaux impropres à d'autres cultures tombent en iriche. Ces terres sont malheureusement en grand nombre dans la région méditerranéenne. Leur produit en vignes calculé à raison de 35 hectolitres par hectare et de 20 francs par hectolitre, était de 700 francs brut, et 300 à 350 francs net. Aujour- d'hui le retour à la dépuissance de ces terres, ne permet guère d'en tirer, au moyen des bêtes à laine, plus de 8 à iO francs par hectare, en admettant que deux moutons en moyenne puissent s'y nourrir. Il faut nécessairement sortir de cette situation qui entraînerait la dépopulation du pays, et plus particulièrement la perte de sa popula- tion rurale- Ce serait la plus grande des pertes qu'il pourrait éprouver, car elle ajournerait indéfiniment la possibilité de sa reconstitution, les propriétaires ne trouvant plus à leur disposition la main-d'œuvre nécessaire pour leurs opérations les plus essentielles. Comment en sortir aujourd'hui ? Les moyens les plus rationnels me paraissent consister : \° Dans une remise de l'impôt foncier aux viticulteurs atteints par le phylloxéra, pendant trois années, et une remise pareille à litre d'en- couragement à ceux qui replanteraient leurs terres. 2" En travaux pour amener dans ces contrées desséchées, la plus grande quantité d'eau possible. Le Rhône, dont les eaux fertilisantes vont sans profit et en immense volume, se perdre à la mer, pourrait lar- gement fournir à l'irrigation du littoral méditerranéen, et en régénérer l'agriculture. Ces eaux si abondantes, dont la navigation ne tire plus que des avantages insignifiants, sont un trésor dont l'agriculture tirerait les plus grands profits, et qui se perdent inutilement. Dans tous les cas, si on ne considère que les époques pendant lesquelles en été les eaux du fleuve sont au-dessus de l'étiage, on pourrait sans nuire à la naviga- tion, couvrir d'eaux fertilisantes nos campagnes desséchées. Les travaux de construction du canal retiendraient dans le pays les populations rurales qui faute de ressources se verraient contraintes à H. MARES. — PHYLLOXÉRA, INSECTICIDES, VIGNES AMÉRICAINES 1029 émigrer. Ces travaux s'imposent donc comme une nécessité urgente. 3° Il faut activement travailler à la reconstitution des vignes, qui seront toujours la base la plus solide de l'agriculture méridionale. Dans ce but, plusieurs moyens se présentent : D'abord détendre les vignes encore indemnes et vigoureuses qui don- nent de bons pioduits afin de rester centre de production et de com- merce, et de conserver le goût et la connaissance de la viticulture. Les moyens exclusivement culturaux sont insuffisants; l'expérience l'a partout démontré; mais ils donnent d'utiles résultats quand ils sont combinés avec des moyens insecticides, et lorsqu'ils sont appliqués dans les terrains qui permettent la résistance de la vigne. En première ligne se présente la plantaLion des sables, comme cçux de la plage d'Aigues-Mortes. Ces sables forment un milieu, dans lequel la vigne suffisamment pourvue d'engrais, donne des pro- duits abondants, et qui ne permet pas au phylloxéra de se multiplier. Cet insecte y succombe très vile, mais de légères quantités de terre ou de limon mêlées aux sables modifient suffisamment le milieu pour que le phylloxéra y pullule et détruise la vigne. On devra donc s'atta- cher Iors({n'on possédera des vignobles en terrains de sables à ne pas modifier la composition du sol, dans un sens qui pourrait y amener la présence de cet insecte. Au premier rang des procédés de destruction du phylloxéra se pré- sente la submersion étudiée et appliquée avec succès par M. Faucon. On connaît les détails de cette opération pour laquelle il faut de très grands volumes d'eau, et des sols peu perméables placés près des cours d'eau. Il faut de plus prolonger la submersion pendant oO jours au moins, pour que la vigne soit utilement défendue. Il est à regretter que bien peu de terrains paissent répondre à de pareilles conditions. Dans tous les cas la submersion a démontré que la vigne peut être utilement défendue. Un point sur lequel j'appellerai l'attention des viticulteurs, est celui de l'âge des vignes qu'on submerge. Lorsque ces vignes ont passé la période de la jeunesse, quand elles arrivent à 23 ou 30 années, et qu'elles sont déjà attaquées, elles no peuvent guère se reconstituer; dans ce cas le meilleur parti ù prendre, est de les arracher et de les replanter. On rentre ainsi dans la règle générale de l'expérience qui démontre qu'une vigne trop attaquée ne peut être utilement rétablie. Les autres insecticides qui agissent plus spécialement par leurs pro- priétés particulières sont le sulfure de carbone et ses dérivés, les sulfo- carbonates alcalins ou terreux. M. Dumas, en proposant les sulfo-carbonates aux viticulteurs, a plus particulièrement signalé le sulfo-carbonate de potassium qui possède la lOBO AGRONOMIE double propriété d'être un insecticide énergique et un engrais précieux pour la vigne. Les engrais sont, en effet, indispensables pour conserver les vignes dès qu'elles sont atteintes par le phylloxéra ; ils sont indispensables à leur reconstitution et doivent toujours être associés à l'emploi des insecticides et des sels de potasse. M. Cauvy s'est appliqué à fabriquer du sulfo-carbonate de calcium dont il s'efforce de répandre l'emploi. Nous devons faire observer que jusqu'à présent les insecticides ont presque toujours été employés trop tard lorsque la \igne était déjà trop malade. Leur application devrait être préventive, tandis qu'elle n'a encore été, dans la plupart des cas, que curative. Enfin, il faut convenir que leur emploi n'est pas toujours possible dans des conditions utiles. C'est ce qui a eu lieu pour le sulfure de carbone, dont l'action sur le phylloxéra ainsi que le mode d emploi, ont été spécialement étudiés par M. Marion à Marseille. — Les sols rocheux qui produisent tant de bons vins, et dans lesquels la vigne se développe si bien, ne permettent pas l'emploi des pals au moyen desquels on fait pénétrer le sulfure de carbone dans la terre; les terrains argileux, quand ils sont secs, laissent mal diffuser le sulfure de carbone ; de là de grandes inégalités dans l'emploi de cet agent. Il rend néanmoins les plus grands services quand il s'agit, au début d'une invasion, d'éteindre les premiers foyers phylloxériques, et c'est à lui qu'on recoure actuellement dans ce but, afin de retarder tout au moins, l'invasion des vignobles, quand on ne peut pas l'empêcher. Les belles expériences de M. Marion et les bons résultats qu'ont donnés divers traitemcnis au cap Pinède et au Galetas autour de Marseille, à Tain, chez M. Thiollièreau vignoble de l'Hermitage, les applications de l'as- sociation vitlcolc de Libourne, démontrent l'efficacité du sullure de car- bone. Dans ma pratique, j'en ai eu des effets remarquables toutes les fois qu'il a été employé dans des sols récemment arrosés, et autour de ceps encore exempts sui- leurs racines de fortes lésions phylloxériques. Mais lorsque les racines sont déjà attaquées et détériorées, l'action du sulfure de carbone produit sur elles des mortifications qui précipitent la mort du sujet, ainsi que je l'ai signalé en 1877. II faut donc employer ie sulfure de carbone pour en obtenir un résultat utile dans les terrains assez frais pour que la diffusion des vapeurs puisse régulièrement s'y produire, et avant que la vigne soit assez attaquée pour que la végé- tation en ait souffert. Les vignes jeunes supportent bien mieux le trai- tement par le sulfure de carbone, que les vignes déjà vieilles. Enfin, il convient, autant que possible, de n'employer le sulfure de H. MARES. PHYLLOXÉRA, INSECTICIDES, VIGNES AMÉRICAIINES 1031 carbone que lorsque la végétation de la vigne est en repos apparent, d'octobre en mars. Je l'ai cependant appliqué avec succès au mois de juillet, aussitôt après une pluie. M. Talabot, par l'organisation à la fois habile et puissante qu'il a su donner à l'étude des applications du sulfure de carbone, a fait faire à cette question les progrès décisifs qui l'ont rendue pratique. Les services qui «n cette occasion ont été rendus par la Compagnie de Paris-Lyon-Médi- terranée méritent à son directeur général la reconnaissance des viticul- teurs. Les sulfo-carhonates dissous dans de grandes quantités d'eau ne por- tent aucune atteinte à la végétation de la vigne quelle que soit l'époque de leur emploi. Ils présentent encore un moyen précieux d'attaquer le phylloxéra à toutes les périodes de son existence. Employés à la dose de 500 kil. par hectare , mêlés à 15o ou loO mètres cubes d'eau répartis aux pieds des ceps, on en obtient d'excellents effets. On pi-ut ainsi les appliquer aux terrains rocheux, l'eau permettant de les pénétrer et d'y diffuser l'insecticide. L'emploi de ce mode de traitement présente de sérieuses ditïicultés quand il n'est pas accompagné d'un outillage spé- cial. Mais cet outillage créé avec une grande intelligence par la Compa- gnie pour le traitement des vignes phylloxérées, permet avec un seul appareil de traiter plus de 3,000 ceps par jour, à raison de 30 litres de liquide pour chacun d'eux. En comptant les prix des sulfo-carbo- nates k SO francs les 100 kil. et la location à forfait des appareils Mouillefert et Hembert à 50 francs par hectare, on peut estimer à 3o0 francs par hectare la dépense du traitement par les salfo-carbonates. Ce prix s'abaissera encore sensiblement avec celui des sulfo-carbonates. Partout où la vigne est susceptible de donner de grands revenus, soit par la qualité des vins, soit par une abondante production, les sulfo-car- honates permettront de la faire vivre et produire, et ils la défendront du phylloxéra. C'est à M. Dumas, l'illustre secrétaire de l'Académie desscien ces, que la viticulture est redevable des sulfo-carbonates. Nous sommes convaincus, d'après nos expériences personnelles, qu'ils doivent devenir le point de départ des plus utiles applications, et qu'ils sont pour leur auteur un nouveau titre à la reconnaissance des viticulteurs. Je dois renouveler ici ce que j'ai dit à l'occasion du sulfure de carbone; il ne faut pas entreprendre le traitement de vignes, à la fois, trop malades et trop vieilles. Les vignes jeunes de dix à quatorze ans me paraissent réunir les meilleures conditions du traitement, surtout quand elles sont dans des sols assez perméables et profonds. On les maintient aussi dans les ter- rains rocailleux quand on les prend au début. J'ai employé avec succès un traitement combiné de sulfure de car- bone et de sulfo-carbonate de potassium, en appliquant en hiver un 1032 AGRONOMIE traitement simple de sulfure de carbone à raison de 20 grammes par mètre carré, en deux trous, et en été (juillet-août) un traitement au sulfo-carbonate de potassium à raison de oOO kil. de sulfo-carbo- nate par hectare, dissous dans 140 mètres cubes d'eau. Sulfure de potassium. — Le suli'ure et les polysuHures de potassium peuvent être aussi placés, jusqu'à un certain point, au rang des insecti- cides. Quand ils sont mélangés à du fumier de ferme, à la dose de 100 grammes par cep ou 460 kil. par hectare, ils soutiennent remarqua- blement la vigne dans les sols perméables et profonds. Le sulfure de potassium mélangé aux fumiers dégage de l'hydrogène sulfuré et du sulphydrate d'ammoniaque , mais est-ce à cette propriété qu'il faut attribuer son action (|ui, dans ce cas, serait insecticide? Ce serait dans tous les cas douteux. On trouve ordinairement du phylloxéra en quantité variable sur les racines des ceps ainsi traités, et par conséquent des racines très endommagées; néanmoins il en repousse d'autres qui maintiennent la végétation et la vigueur du sujet. Lej. vignes de M. Michel Fermaud à Las Sorrès, près Montpellier, on sont la preuve. Attaquées depuis 1872, elles donnent encore après sept ans d'utiles produits, tandis qu'autour d'elles tous les vignobles ont disparu. Une observation générale qui s'applique à tous les traitements insec- ticides, c'est qu'ils ne doivent pas s'étendre seulement aux points d'atta- que, d'apparence malade; ils doivent comprendre toute la siirface de la vigne. Les foyers d'infection conservés sans défense auprès des portions traitées, compromettent sans cesse ces dernières, et finissent par les détruire. Cépages américains. — Les difficultés que présente l'application des insecticides et les insuccès qui en ont été fréquemment la conséquence, ont fixé l'atteniion sur les vignes américaines proposées dès J8G9 au congrès vilicole de Beaune par M. Laliman, de Bordeaux, comme na- turellement résistantes au phylloxéra. M. Planchon est allé, quelques années plus tard, en faire une étude en Amérique, et en est revenu con- vaincu qu'elles peuvent servir à reconstituer de nouveaux vignobles résistants au phylloxéra. ïl n'y a guère que huit ans que les espèces américaines ont été assez multipliées danc l'Hérault pour qu'on ait pu en faire une étude sé- rieuse. D'une manière générale, on peut dire que la plupart des espèces américaines introduites d'abord dans les jardins, s'y sont conservées. Un sol très engraissé, l'humidité des arrosages leur ont fait prendre un grand développement, et elles se sont maintenues malgré les attaques du phylloxéra. On peut citer des faits analogues nombreux, relativement aux variétés ft-ançaises de la vitis vinifera. Les vignes américaines, H. MARES. PHYLLOXÉRA, INSECTICIDES, VICNES AMÉRICAINES 1033 plaiUres en plein champ, n'ont pas toujours donné les mêmes résul- tats : si elles se sont généralement montrées plus résistantes que le;? cépages français usités dans nos cultures, on en a vu cependant un grand nombre jaunir, s'étioler et périr, comme nos vignes attaquées par le phylloxéra, d'autres, au conîraire, se sont mieux conservées, et végètent bien là ou les cépages français ont péri. Les différences se sont accusées selon les sols et les cépages, mais le fait qu'on peut d'ailleurs vérifier partout oîi la vigne américaine a été plantée en remplacement des vignes françaises, c'est que d'une manière générale la résistance des vignes américaines ne parait être que relative. Elles périssent trop sou- vent quant elles sont attaquées par le phylloxéra. De plus, la plupart d'entre elles ne croissent pas généralement d'une manière satisfaisante, dans les sols secs et rocheux des coteaux et des garrigues, elles y meu- rent ou s'y étiolent avec les symptômes des attaques phylloxériqucs. Ces divers faits ont conduit à rechercher les espèces qui s'adaptent le mieux aux terrains assez variés de nos cultures. Les sols sablonneux et ferrugineux sont ceux dans lesquels la vigne américaine, de même que la vigne européenne, parait réussir le mieux. Mais que de nuances dans cette adaptation du sol aux cépages américains, qui est cependant la base nécessaire de leur culture, et que d'incertitudes lorsquea pour reconstituer un vignoble au moyen de vignes américaines, on n'a pour se guider, d'autres notions (jue celles de la résistance du cépage, et de son adaptation au sol, qui l'un et l'autre ont donné si souvent des résultats ou tronqxurs ou contradictoires ! Nous pensons qu'on peut se guider sur d'autres observations, tout en réservant cependant les résultats que l'expérience peut indiquer, relativement au meilleur choix des cépages, selon les terrains. Ces observations dérivent do la propriété (ju'ont certaines espèces améri- caines d'être peu ou point attacpiées par le phylloxéra. Cet insecte se multiplie peu ou point sur leurs racines, même dans les foyers phyl- loxériqucs les plus intenses, aussi ces vignes conservent-elles intact leur système radicellaire. Feu M. Fabre, ancien député, propriétaire à Saint-Clément, près Montpellier, signala le fait à l'Académie des sciences au mois d'octobre 1877 pour h Riparia, qui fut reconnu par M. Millardet pour le Riparia type de Michaux. C'est une vigne qui a été désignée aussi sous le nom de Cnrdifolia sauvarje, parce qu'elle croît en abondance dans les forêts américaines. Jusqu'à j)résent le Riparia-Fabre et plusieurs de ses congénères parais- sent former une des espèces sur laquelle le phylloxéra se multiplie le moins. Le Solonis paraît jouir de propriétés analogues, mais à un de^-ré mi'indre, et il ne possède pas la même rusticité. 1034 AGKUiNOMIK Le York madcira présente aussi peu de phylloxéra sur les racines, et végète avec une grande vigueur. On a pu en voir des exemples frappants aux champs d'expérience de la Commission départementale à Las Sorrès où depuis quatre ans une nombreuse collection de vignes américaines est soumise à une série d'expérimentations des plus variées. Un autre fait relatif aux cépages peu attaqués sur leurs racines par le phylloxéra, et que j'ai pu constater et signaler sur divers points de notre territoire, c'est qu'ils croissent vigoureusement dans tous les sols, même dans les plus secs et les plus mauvais. On peut s'en assurer chez Mme Fabre, à Saint-Clément ; on les voit prospérer dans les terrains où périssent les Clintons, les Taylors et la plupart des ^stivalis. — Ainsi, pour ces vignes, le fait de la présence d'un très petit nombre de phyl- loxéras sur les racines, se produit parallèlement à celui de leur vigou- reuse végétation dans tous les terrains, même dans les sols brûlants et sans profondeur de la Garrigue et des coteaux. Cet ensemble de faits nous paraît établir que la cause la plus fréquente de la résistance relative et si diverse des vignes américaines n'est autre que la quaniité de phylloxéra qui se multiplie sur les racines. Pas ou peu de phylloxéra, végétation normale, vigueur de la vigne. Beaucoup de phylloxéra, mauvaise végétation. Jaunisse, maladies diverses dont le siège est dans les racines, comme le Cottis, le Rougeau, etc. Il y a déjà longtemps (1875 et 1H76), qu'exprimant mes idées sur la vigne améri- caine, je disais que les meilleures seraient celles sur les racines desquel- les le phylloxéra se multiplierait le moins. Les faits que nous possédons aujourd'hui justihent cette appréciation des vignes exotiques. — Il est possible et môme probable que les recherches étant désormais plus spécialement dirigées dans la direction que je signale, on découvrira d'autres vignes douées de la propriété d'être réfractaires ou à peu près, au phylloxéra, et qu'on augmentera ainsi les moyens propres à reconsti- tuer les vignobles. Les vignes américaines, dont il vient d'être question, se greffent bien avec nos vignes françaises les plus fructifièreS; aramons, carignanes, grenaches, morrastels, terrets, clairettes, etc., et donnent de beaux sujets, comme sur les Clintons et les Taylors, lorsque ces derniers n'ont pas été rabougris par le phylloxéra. Il y a donc lieu d'espérer qu'elles pourront devenir le point de départ de nouvelles plantations, qui s'adapteront à tous les terrains en présentant de sérieuses chances de succès contre le phylloxéra. Néanmoins il faut encore attendre que l'expérience démontre par leur durée, le succès définitif de la greffe, quand elle est faite avec nos variétés cultivées de la Vitis vini- iera, et qu'elle est suivie d'une fructification soutenue. H. MARES. PHYLLOXÉRA, LNSECTICIDES, VIGNES AMÉRICAINES 1035 Dans les sols profonds et fertiles, le Jacquez végète avec une grande vigueur, malgré les nombreux phylloxéras qui attaquent ses racines; mais dans les terrains maigres et secs, où son système radiculaire ne peut suffisamment se développer, il jaunit et périt. On observe aussi des faits analogues et très souvent contradictoires en apparence, pour les aestivalis (Herbemont, Cuningham, etc.) et pour les Cordifolia (Clinton, Taylors, Ives, etc.). Je ne m'étendrai pas davantage actuellement sur la vigne américaine et sar les nuances de résistance que présentent ses espèces, ce que j'en ai dit suffit pour expliquer pourquoi elle passe, aux yeux d'un grand nombre de viticulteurs du i\Iidi , comme la res- source principale la moins coûteuse et la plus sûre, qui leur soit offerte pour replanter de nouveaux vignobles et rendre à la viticulture son ancienne prospérité, et pourquoi ils sont considérés par d'autres comme insuffisants pour cette œuvre de régénération. Au besoin, on peut traiter la vigne américaine par les engrais et par les insecticides, comme la vigne française. On en obtient assez facile- ment de bons résultats. Je crois avoir montré dans quelle voie il convient de s'engager pour en tirer tout le parti qu'elle comporte: adopter les espèces vigoureuses, faciles à la reprise, faciles k greffer, dont les racines ne sont pas atta- quées de phylloxéra ou sur lesquelles il est difficile d'en trouver. On en connaît di'jà plusieurs espèces, et à leur tète se place jus([u'à présent, le Riparia Fabre ou Riparia type de Michaud. Ces vignes, je le répète, végètent vigoureusement dans les mauvais sols où succombent leurs congénères américaines, fait qui contrôle et qui prouve que, dans une foule de cas les vignes américaines qui sont envahies par le phylloxéra succombent aux attaques de cet insecte, quoiqu'elles lui résistent plus longtemps et mieux que nos vignes cultivées d'Europe et d'Asie. Ainsi, 0!i voit ici se reproduire le fait général, d'absence ou de rareté de phylloxéra, (jui concorde avec la conservation de la vigne, comme cela a lieu pour les vignes européennes plantées dans les sables, pour celles qui sont susceptibles d'être traitées par la submersion, par le sulfure de carbone, par les sulfocarbonates. La vigne américaine rentre donc dans les condi lions générales du problème qui consiste à établir les vignobles de manière à les mettre à l'abri des attaques phylloxériques; pour les uns, c'est le milieu dans lequel végète la vigne elle-même qui est réfraclaire au phylloxéra, comme dans les sables, pour les autres ce sont des traitements insecticides et culturaux qui atteignent le but en détruisant l'insecte parasite ; pour d'autres encore, c'est la vigne elle-même sur laquelle doit vivre le phylloxéra qui ne lui offre pas les conditions propres à une grande multiplication, et qui dès lors rentre dans les conditions normales de sa végétation. 1036 AGRO.NOMIE ,1'ajouterai que les vignes américaines dont les fruits sont les meilleurs, comme le Jacquez et rner])emont, sont très inférieures sous ce rapport aux cépages européens ou asiatiques qui forment nos vignobles fran- çais. Ces derniers, résultats de sélections poursuivies à travers les siècles, sont les plus précieux instruments de notre viticulture française et doivent, comme notre sol lui-même, en rester la base. On y parvient facilement avec la vigne américaine acclimatée et indemne de phyl- loxéra; en la greffant avec nos cépages. Les essais faits dans ce but sur une foule de points ont d(''jà donné des résultats qui permettent les meilleures espérances. Jusqu'à présent la culture directe des cépages américains (à de rares exceptions qui ne s'appliquent guère qu'au Jaquez), ne me paraît pas destinée à donner des produits suffisants, soit sous le rap- port de la qualité, soit sous celui de la quantité. Les cépages améri- cains ne me paraissent donc guère avoir d'autre destination que celle de porte-greffes pour reconstituer nos vignobles avec les mêmes fruits, mais sur des racines différentes. Vne foule de combinaisons et de ré- sultats nouveaux, tant au point de vue cultural qu'à celui des produits, peu^ent sortir de cet étal de choses. Dans les conditions actuelles, malgré les pertes que fait annuellement la viticulture et les craintes légitimes qu'elles excitent, les faits que nous venons d'exposer permettent d'espérer que cette branche si féconde de notre agriculture nationale, n'est pas destinée à périr à prochain terme. Dans les contrées où les vignobles sont encore intacts, la surveillance rigoureuse des vignes s'impose comme une mesure de salut. Les commis- sions de vigilance instituées par le Ministère de l'agriculture dans tous les arrondissements viticoles, ont à remplir une mission des plus im- portantes; leur richesse et leur prospérité en dépendent. Dans ces contrées, dès qu'on aura reconnu l'existence d'une tache phylloxérique, elle doit être détruite. On y parvient, soit par l'applica- tion du traitement d'extinction au moyen du sulfure de carbone, soit par la destruction de la vigne et la désinfection du sol, ainsi que cela a été pratiqué en Suisse. La loi du 15 juillet 1878 a pourvu, en France, à l'exécution de ces mesures, et, en outre, elle a cherché par des subven- tions e!i argent à provoquer la formation de syndicats de propriétaires, développant ainsi l'esprit d'association dans le but de résister aux ravages du phylloxéra. On ne saurait trop se féliciter de l'adoption de mesures destinées à organiser un ensemble de résistance aux invasions et aux ra- vages du phylloxéra. Nous savons que les esprits pessimistes ne croient point à l'efficacité des mesures prises, mais quelle que soit l'opinion ({u'on puisse avoir en pareille matière, la viticulture a une si grande H. MARES, PHYLLOXÉRA, LNSECTICIDES, VIGNES AMÉRICAINES 1037 importance qu'on serait peu excusable de n'avoir point étudié et orga- nisé pour la conservation des vignobles, tous les moyens de résistance compatibles avec Fétat de nos connaissances sur la question. Nous dirons néanmoins que ce qui manque à la loi du lo juillet, c'est un ensemble de mesures pour encourager h la résistance contre le phyl- loxéra les propriétaires isolés, aussi bien que ceux qui sont syndiqués. Rien ne peut justifier la préférence de la loi pour subventionner les uns et abandonner les autres. 11 faut aussi encourager, par une remise temporaire sur les impositions, les nouvelles plantations quel que soit le cépage dont le propriétaire voudra les former. Dans les contrées encore peu attaquées, la résistance s'impose comme une nécessité par les moyens insecticides : submersion, sulfure de car- bone, sulfo-carbonate, sulfure de potassium, combinés avec les moyens culturaux, engrais, taille, plantation, etc. On peut ainsi faire durer la résistance des vignes et la rendre efficace, si on applique les traite- ments avant la diminution de vigueur qu'amène toujours avec elle l'invasion et la propagation de l'insecte. Autant que possible, il faudrait traiter préventivement toute vigne capable de donner des revenus suffi- sants. Enfin, à mesure que les vignobles auront succombé, on peut les re- planter après le temps nécessairt; pour que le phylloxéra ait pu dispa- raître du sol. Selon l'expérience qu'on aura acquise, la rcplantation peut être faite au moyen do cépages français qui devraient être soumis chaque année à un traitement suilisant, de manière à prévenir et à combattre à la fois l'invasion, ou en cépages américains indemnes de phylloxéra par nature, et qui devront être greffés avec les meilleurs cépages français de la contrée où la replantation sera faite. Tel est l'ensemble des moyens dont nous disposons actuellement ; ([uel que soit le succès qu'on puisse espérer de leur application, il faut recon- naître que la viticulture subit actuellement sous les attaques du phyl- loxéra la crise la plus grave qu'elle ait encore éprouvée. Mais, il est probable qu'elle en sortira plus vigoureuse, plus forte, armée de nouveaux moyens de production et de défense, et que le vin gardera dans l'alimentation publique la place que lui assure, comme boisson, la supériorité de ses qualités nutritives et hygiéniques. 1038 AGKO.NOMIK M. Louis YIALLA PrésiiUmt de lu Si)ci(Hr fcnlvilr ira^'rirultm- ■ du (Irpiirt ;i!v_'nt do !'II('Tniil DES CÉPAGES AWIÉRICAIWS ET DES TERRAIWS QUI LEUR CONVIENNENT -■ '>e(i)iri' il II /<■'' spploiihrr iS79. — Messieurs, Dans l'étude des vignes américaines, le point évidemment le plus important est de savoir s'il y en a parmi elles qui soient réellement résistantes au phylloxéra. Cette question débattue depuis longtemps ne peut être définitivement résolue que par l'expérience. Or, l'expérience se prononce tous les jours d'uoe manière de plus en plus affirmative. Nous avons dans le dépai tement de l'Hérault des vignes américaines plantées depuis sept ou huit ans au milieu du phylloxéra et encore pleines de vigueur, quoiqu'elles portent depuis longtemps un assez grand nodjbre de pucerons sur leurs racines. Chez M. Aguillon, dans le Var, le principal point d'attaque d'une vigne entièrement détruite depuis, a été arraché en 1872, et replanté immédiatement en cépages apparte- nant à des variétés différentes. Tout y a été détruit de nouveau par le phylloxéra, sauf un certain nombre de pieds américains qui ont seuls résisté. Que dirai-je encore ? Nous avons vu chez nous des vignes américaines rester vigoureuses quoiqu'on eût enfoui à leur pied des quantités consi- dérables de racines phylloxérées qu'on avait enlevées à des cépages fran- çais; nous avons vu dans une foule de cas des racines américaines piquées par le phylloxéra, échapper à la pourriture qui se manifeste en pareil cas sur les vignes indigènes, et émettre de jeunes radicelles, même à travers les nodosilés produites par les blessures qu'elles avaient reçues. A ces faits pratiques dont la portée est incontestable, M. Foëx, que vous venez d'entendre, est venu ajouter l'autorité de ses recherches scientifiques; il a démontré que par la constitution de leurs tissus, les racines de certaines vignes américaines résistent d'une manière toute particulière aux attaques du Phylloxéra. De cet ensemble de faits et de recherches scientifiques, il résulte évi- demment que certaines vignes américaines ont la propriété d'être résis- tantes au moins dans une très grande mesure. Cette résistance sera-t-elle éternelle et absolue, comme on affecte souvent de le demander? Évi- demment on ne peut pas l'affirmer. On n'a pas la certitude absolue que des vignes qu'on ne voit résister que depuis sept ou huit ans résis- L. VIALLA. DES CÉPAGES AMÉRICAINS 4039 teroiit toujours. Mais l'on peut aHirmer que les chances favorables sont immenses, et qu'on ne fait aucune entreprise dans le monde des affaires, dans le commerce et dans l'industrie avec d'aussi grandes probabilités. Mais à côté de la question de la résistance, dont beaucoup d'agricul- teurs commencent à ne plus s'occuper dans le midi, il y en a une seconde qui n'a pas moins d'importance au point de vue prati(iue ; c'est la question de l'adaptation des différentes vignes américaines aux différents genres de terrain. Cette question de l'adaptation n'est pas absolument nouvelle, car on a vu de tout temps et dans tous les pays certaines variétés de vignes préférer certaines variétés de sol. Mais les cépages américains se montrent à ce sujet d'une susceptibilité qui dé- passe de beaucoup tout ce que nous avions l'habitude de voir. Tel d'entre eux qui prend des proportions remarquables dans un terrain sou- vent médiocre, jaunit et languit, et succombe, même fréquemment, dans des sols de meilleure qualité, mais d'une autre nature. Nous avons vu bien souvent autour de Montpellier des vignes entières de concords et de clintons végéter misérablement et mourir à, la première ou à le deuxième année après leur plantation, tandis que les mêmes cépages se comportaient fort bien sur d'autres terrains situés dans le voisinage. Le phylloxéra n'était pour rien dans ces désastres. Ces plants chétifs, dont la tige se desséchait, avaient presque toujours leurs racines en bon état. C'était une simple question de sol. Il ne faut pas être surpris qu'il en soit ainsi. Les États-Unis de l'Amé- rique du Nord sont plus grands que l'Europe; ils touchent d'un côté a pays des fourrures au Canada, et de l'autre au pays de la canne à sucre et des cultures intertropicales. Nous avons reçu dans le principe des boutures venant de toutes les régions qui composent cet immense pays.. 11 est impossible que des cépages originaires de contrées si diverses n'aient pas besoin pour prospérer d'être placés dans des milieux différents, soit au point de vue du climat, soit au point de vue du sol. L'adaptation des cépages américains au sol est donc une question qui s'impose d'une manière inévitable, j'ajoute que c'est une question non moins importante dans la pratique que celle de la résistance. Car une vigne considérée comme non résistante, telle que l'Isabelle, par exemple, peut vivre un certain temps et donner quelques produits, tandis que le meilleur cépage, planté dans un terrain qui ne lui convient pas, est exposé à mourir à la première ou à la deuxième année ou à végéter misérablement sans produire ni sarments ni fruits. J'ai signalé dès l'année dernière l'importance de cette question. J'ai même essayé de commencera la résoudre. J'ai visité dans ce but un très grand nombre de plantations de vignes américaines, et partout où je suis allé, j'ai comparé avec soin l'état des cultures que je voyais avec 1040 AGIIONOMIE la nature du sol qui les portait. Je suis parvenu de cette manient à poser quelques principes que les observations de cette année ont pleine- ment confirmées. 3Iais il ne faut pas se le dissimuler, cette question sera longue et difficile, elle aura besoin d"être étudiée sur une foule de points par un grand nombre de viticulteurs. Je dirai môme qu'elle n'est pas susceptible en ce moment de recevoir une solution complète et définitive par la raison bien simple que tous les genres de terrains n'ont pas été encore suffisamment plantés et que toutes les variétés de cépa- ges n'ont pas été encore suffisamment étudiées. Je l'ai dit très souvent et je le répète encore, le seul moyen pratique et véritablement certain que nous ayons aujourd'hui pour choisir les variétés américaines, méritant d'être plantées dans un terrain donné, consiste à faire des essais préala- bles. Heureusement ces essais ne sont ni très coûteux ni très difficiles. Avant de planter un vignoble de quelque importance, un véritable viti- culteur avisé et désireux, de ne pas se tromper, n'a qu'à essayer sur dif- férents points de son domaine quelques plants enracinés choisis parmi ceux qui sont le plus en crédit et qui ont le mieux réussi dans des terrains analogues à ceux qu'il possède. Il sera fixé sur les différents degrés de confiance que méritent ces plants de vigne dans Tannés même de leur plantation ou au plus tard dans le courant de l'année qui suivra; ceux qui auront trouvé un terrain à leur convenance resteront verts et bien portants pendant le mois de juin et le mois de juillet; les autres, au contraire, jauniront et donneront des signes de souffrance si évidents, que les plus inexpérimentés ne pourront pas s'y tromper. Mais il est tout à fait indispensable de ne faire ces expériences qu'avec des bou- tures enracinées; la végétation d'une simple bouture demande si peu à la terre et peut être contrariée par tant de causes accidentelles, qu'elle ne permet pas souvent à l'action du sol de se faire sentir nettement. Je crois devoir faire à ce sujet une seconde recommandation assez importante. C'est à la fin du printemps ou au début de l'été au moment où les grandes chaleurs arrivent et où le sol commence à se dessécher que rinfiuence favorable ou défavorable du terrain se manifeste de la manière la plus sensible. Plus tôt, c'est la force de la première végéta- tion printanière qui peut masquer l'action du sol; plus tard c'estle retour de la Iraîcheur et la sève d'automne qui produisent le même effet. Inutile de dire que de jeunes plants fortement fumés et fréquemment arrosés se trouveraient dans des conditions de développement trop favo rables et trop exceptionnelles pour pouvoir donner les indications désirées. Quoicpie la question de l'adaptation des vignes américaines soit bien loin d'être résolue il ne faut pas croire qu'elle n'a fait encore aucun pas. J'ai pu, comme je l'ai déjîi dit, arriver dès l'année dernière à L. A'IALLA. — DES CÉPAGES AMÉRICAINS 1041 quelques constatations que les expériences de cette année n'ont pas démenties. Aux environs de Montpellier, dans les sols siliceux rouges et par conséquent ferrugineux que les géologues appellent le diluvium alpin, dans certains terrains analogues tels que les dépôts caillouteux des plateaux, tous les cépages américains semblent réussir. L'expres- sion dont je viens de me servir est peut-être un peu trop absolue et un peu trop générale car tous les cépages américains n'ont pas encore été plantés dans les terrains dont je viens de parler, et je n'ai pas pu par conséquent voir comment ils s'y comportaient tous, mais ce que je puis affirmer c'est que je n'ai jamais trouvé sur les sols de cette espèce un cépage américain qui fût jaune ou languissant, et pourtant j'y ai rencontré souvent des Concords pour les Labrusca, des Clintons pour les Cordifolia, des Norton's, des Cynlliiana, des Herbemont pour les ^'Ëstivalis. Or, ces cépages sont tous d'une délicatesse extrême au point de vue des terrains, et quand je les vois réussir quelque part, je ne puis pas ni'empêcher de croire que tous les autres en feront autant. Un autre point qu'il importe de signaler c'est que si tous les cépages américains semblent toujours réussir dans les sols de celte espèce, ils n'y sont pas toujours d'une très grande vigueur. Dans la question qui nous occupe il faut bien distinguer la bonne santé d'un cépage, de la force de son développement. La bonne santé dépend essentiellement de la nature favorable du sol, le développement dépend de plus de son degré de fertilité. Or les terrains dont je viens de parler ne sont pas toujours très fertiles, dans ce cas les vignes américaines prennent moins de développement, mais ce qu'il faut constater c'est qu'elles restent même dans ces circonstances toujours vertes et en bonne santé. Je n'entrerai pas ici dans de très longs détails, sur les genres de terrain qui semblent convenir à tels ou à tels cépages, ce n'est ni le lieu ni le moment. Je ferai pourtant observer d'une manière générale que si les terres rouges, c'est-à-dire fortement chargées d'oxyde de fer semblent être en général très favorables à toutes les variétés de vignes améri- caines, les terres blanches semblent au contraire leur convenir fort peu et seront probablement plus difficiles à planter que les précédentes. Il est vrai qu'on pourra peut-être introduu-e facilement des éléments ferru- gineux dans ces sols qui en manquent. Les terrains riches en fer sont partout très abondants ; l'industrie fournit d'ailleurs sur une foule de pdints des résidus qui pourront rendre de grands services ; les pyrites traitées pour la fabrication de l'acide sulfurique sont notamment dans ce cas. Les hématites, les sulfates de fer sont encore susceptibles d'être utile- ment employés. Ces divers éléments pourront être introduits dans le sol soit au moment des fumures soit pendant les labours. 66 1042 AGRONOMIE Qu'il me soit permis de raconter à ce sujet ce qui m'est arrivé Fan dernier dans le cours de mes excursions. Je visitais un grand jardin situé dans un des faubourgs de la ville de Montpellier et j'étais très surpris d'y trouver des Jacquez, des Cunninghams, des Herbemonts, et des CHntons fort beaux quoiqu'ils fussent plantés sur un sol sablon- neux peu favorable en général à quelques-uns de ces cépages, mais en passant derrière un massif d'arbres assez épais j'aperçus une véritable montagne de terre rouge venue de coteaux peu éloignés. Depuis long- temps, le jardinier avait l'habitude de composer ses terreaux avec cette terre très riche en fer. La beauté des cépages que je voyais se trou- vait dès lors expliquée elle était due à l'introduction soutenue d'un élément très ferrugineux dans le sol. Beaucoup d'agriculteurs pourront évidemment, dans une foule de cas, imiter ce procédé . Entre les terres blanches assez diificile, à planter et les terres rouges oiî tout, au contraire, est facile il y aura une foule de sols intermé- diaires qui se prêteront aisément à la culture des cépages américains, pourvu toutefois qu'on ait le soin de ne choisir que des variétés con- venables. Parmi les cépages qui se recommandent le plus en ce moment à l'atlention des viticulteurs je signalerai les Jî^stivalis qui sont en général très vigoureux, très résistants, qui ont de plus le pied très gros et fort bien constitué par conséquent pour servir de porte- greffes. Ils ont de plus l'avantage de donner des raisins exempts de tout mauvais goût et de produire des vins très estimables, soit au point du vue de la saveur et de la vinosité, soit au point de vue de la couleur. Le Jacquez donne des vins excellents et plus noirs que les Roussillons, les Norton's et les Cynthiana produisent des vins plus colorés encore. Le vin fourni par J'Herbemont est moins coloré mais il est plus fin, plus riche en bouquet. Les produits du Rulander, du Black-July sont encore très estimables, le Cunningham seul donne un vin très clair qui n'a des qualités réelles que lorsqu'il est fait en blanc. Tous les cépages ont en outre l'avantage d'être fructifères même sur leurs bourgeons les plus bas et peuvent, par conséquent, être cultivés en taille courte et en souche basse, ce qui est un grand avantage pour le midi. Plusieurs d'entre eux ont malheureusemen t l'inconvénient d'être fort difficiles en fait de terrain. Ainsi les Norton's et les Cyn- thiana ne réussissent aux environs de Montpellier que sur les terrains appartenant au diluvium alpin ou sur des sols analogues. L'Herbe- mont, lui aussi, a une prédilection marquée pour ces terrains et surtout pour les terres calcareo -siliceuses et ferrugineuses : il réussit très bien encore sur certains terrains argileux. Le Jacquez et le Cunningham sont, au contraire, des cépages qui L. VIALLA. DES CÉPAGES AMÉUICAINS 1043 s'accommodent d'une foule de terrains ; aussi partout où ils ne réussissent pas il est inutile d'essayer d'autres sestivalis. Les Black-July et les Ruiander sont très difficiles et sont loin d'être aussi accommodants que les deux cépages précédents. A côté du groupe des iEslivalis vient naturellement se placer celui des Cordifolia, constitué par des cépages très résistants, très vigoureux, mais en général peu fructifères, ayant besoin d'être cultivés à longs bois, et ne donnant ordinairement que des vins un peu foxés. Peu re- commandables pour la production directe du vin, ils peuvent nous fournir d'excellents porte-greffes quoiqu'ils aient le bois grêle et le pied un peu petit. Je citerai d'abord parmi eux le Clinton, excellent porte- greffe, mais cépage très délicat au point de vue du sol, il réussit très bien dans les terrains faisant partie du diluvium alpin et dans ceux qui sont analogues. Il réussit assez bien encore dans certaines terres d'alluvion, mais non dans toutes, dans les terres argilo-calcaires, riches, fraîches, profondes, perméables et un peu rouges. Dans quelques sois argileux de bonne qualité il prend un grand développement, mais il jaunit très souvent en été. Dans les terres blanches et maigres, qu'elles soient calcaires, argileuses ou sablonneuses, il se comporte en général fort mal. Il a, de plus, besoin de terrains frais en été. Le Taytor est bien plus robuste, bien plus acconnnodant que lui, il réussit dans presque tous les terrains qui ne sont ni trop maigres ni trop compactes, pourvu qu'ils aient de la profondeur et de la fraîcheur pendant les fortes chaleurs. Les terres d'alluvions, les terres sablon- neuses et fertiles, les terres fraîches et perméables lui conviennent par conséquent beaucoup. , Je ne dois pas oublier de signaler dans le groupe des Cordifolia le Vialla, cépage très répandu et très apprécié dans le centre de la France. Dans le Midi, où les étés sont plus chauds et plus secs, il n'a pas encore été beaucoup planté. C'est dans les terres d'alluvions et dans les terres argilo-calcaires, riches, profondes et fraîches, que je l'ai vu chez nous prendre son plus grand développement. Comme le Clinton et le Taylor, le Vialla ne peut être qu'un porte-greffe. Je dirai à peu près la même chose de la Vit/s solonis : c'est dans les terrains frais et profonds qu'elle a besoin d'être placée; dans les ter- rains secs je l'ai vue souvent perdre ses feuilles pendant les chaleurs de l'été. En dehors des Cordifolia je n'ai plus que trois cépages à examiner : VYork madeira, qu'on considère comme un hybride; le Concord, qui appartient aux Labruaca, el les Ripan'a, qui constituent un groupe à part. 1044 AGRONOMIE L'York madeira est tin des cépages américains les plus résistants au phylloxéra et les plus accommodants au point de vue de la nature et de la qualité des terrains. Chez M. Aguillon, dans le Var, il se comporte très bien depuis sept ans, quoiqu'il soit planté dans un terrain de cail- loux calcaires fort peu fertile. Dans beaucoup de terres riches il ne -prend pas un aussi grand développement que quelques-uns des cépages que nous venons de nommer, mais comme il est très robuste, très rus- tique et très facile en fait de terrain, il pourra rendre des services dans beaucoup de cas, mais seulement en qualité de porte-greffe. Le Concord est le seul cépage du groupe des Labrusca qui ait pris une place notable dans les plantations importantes de vignes améri- caines. Peu convenable pour la production directe du vin à cause de son goût très foxé, il s'est montré excellent porte-greffe dans les terres qui lui sont propices. Mais ces terres sont malheureusement fort rares «t pour ma part je ne l'ai vu encore prospérer que dans les terres rouges appartenant au diluvlum alpin ou dans des sols analogues et leur ressemblant beaucoup. Les Riparia, qui se rapprochent beaucoup du Taylor^ sont encore plus robustes et plus faciles que lui en fait de terrain ; ils ne jaunissent que rarement; je n'en ai vu, pour ma part, quelques pieds languis- sants que dans une terre argileuse de mauvaise nature et dans une terre sablonneuse un peu maigre; on m'a signalé encore im autre cas que je n'ai pas pu vérifier. Malgré ces rares exceptions, c'est un des cépages qui a le plus constamment réussi dans les divers terrains où il a été planté. Les plus beaux que j'ai vus se trouvaient dans des terres d'alluvion basses, sur des prairies défrichées et sur des terres argilo- calcaires très riches et très fraîches. Dans certains terrains pierreux qu'on appelle chez nous terres de garrigue, on en voit aussi de très beaux. Comme porte-greffe, les Riparia sont évidemment appelés à un grand avenir, au moins dans le Midi. Les indications que je viens de donner sont très incomplètes et je me garderai bien de les présenter comme étant à l'abri de toute modi- fication et de toute critique. En matière agricole les questions de ter- rain sont très complexes et très difficiles, j'en appelle à tous ceux qui s'en sont occupés. Pour pouvoir traiter le sujet dont je viens de parler avec une autorité complète, il faudrait avoir fait l'analyse chimique de tous les terrains observés, il faudrait encore avoir étudié avec soin toutes les causes accidentelles qui ont pu se mêler à l'action du sol et en mo- difier les effets dans les plantations examinées jusqu'à ce jour. Mais le temps et le concours éclairé des viticulteurs qui s'occupent eu ce mo- ment des vignes américaines parviendront certainement à résoudre com- plètement cette question si importante de l'adaptation. CÛURTY. — PROPAGATION RAPIDE DES VIGNES AMÉRICAINES 404o Pour le moment, et c'est par cette dernière recommandation que je veux finir, le seul moyen réellement certain que nous ayons pour savoir si un cépage américain convient à un sol donné, consiste à interroger le sol lui-même en faisant, conmie je l'ai déjà dit, de petites planta- tions préalables avec des boutures enracinées. M. XAMBEÏÏ Professeur au Lycée de Sainics. TRAITEMENT DES VIGNES PHYLLOXÉRÉES (extrait du P'ROCÈS-VERBAL) — Se a 71 ce du -/'■■ scpte vibre 1879. — M. Xâmbeu préconise, comme insecticide, un mélange d'eau de savon ei de sulfure de carbone, qu'il introduit dans le sol à l'aide de pals injec- teurs. M. COÏÏRTT Professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. DE LA PROPAGATION RAPIDE DES VIGNES AMERICAINES PAR LA PLANTATION DES BOURGEONS VÉGÉTANTS — Séance du i" septembre 1879. — S'il est un problème dont la solution intéresse les viticulteurs, c'est, à coup sûr, celui de la rapidité de multiplication et de la certitude de propagation des vignes américaines. Il les intéresse d'autant plus que cette propagation n'est rien moins que facile. Sur les boutures qui nous viennent d'Amérique, un grand nombre ont perdu toute vitalité. Si, pour n'avoir pas de mécompte, on se procure, au lieu de boutures, des plants racines, le prix en est très onéreux. Vous venez d'entendre, il y a quel- ques instants, par la parole si autorisée de M. Louis Vialla, qu'un plant racine de Jacquez coûtait 1 fr. SO c. et au delà. Ce sont des prix qui constituent pour l'agriculture des dépenses sérieuses. 1046 AGRONOMIE Frappé de cette cherté des jeunes vignes américaines et de la diffi- culté de les propager, mon jardinier, Paul Maury me proposa d'essayer de multiplier ces vignes comme on multiplie quelques autres végétaux par l'ensemencement des bourgeons, au moment où ils se disposent à végéter, ou même dès qu'ils ont émis leurs deux premières petites feuilles. J'ignore ce que ce moyen de propagation a déjà pu donner en d'autres mains et pour d'autres espèces, et je n'ai pas la prétention d'exposer une nouvelle méthode de multiplication végétale. Mais je viens vous exposer les résultats des essais que j'ai tentés, en très grand nom- bre, pour expérimenter l'application de cette méthode, et je suis heu- reux de vous apprendre le succès complet de tous ces essais. Mon jardinier, à mesure qu'une jeune bouture, ou, mieux encore, une jeune vigne d'un an commence à pousser, tout en laissant les ceps prendre leur accroissement normal, enlève sur chacun de ces ceps un certain nombre de bourgeons, avec une petite portion d'écorce y atte- nante, de préférence au moment où ces bourgeons viennent d'épanouir leurs deux premières petites feuilles. Il sème, en quelque sorte, ou il enterre ce bourgeon dans un tout petit vase, en ne laissant sortir que les deux petites feuilles et il enterre ce petit vase sous couche, derrière un châssis vitré, pour l'y maintenir à une température élevée, en même temps qu'il l'arrose de temps en temps. Sous l'influence de la chaleur et de l'humidité, ce bourgeon ne tarde pas à émettre de nombreuses racines en môme temps qu'il étale et élargit ses feuilles et qu'il en pousse successivement plusieurs autres, au point de former, en deux ou trois mois, une petite souche pleine de vigueur par son système de feuilles, en même temps que munie d'un système radiculaire d'une richesse sans pareille, remplissant tout le petit vase de son chevelu. J'ai l'honneur de vous présenter des reproductions de Jacquez, par bourgeons, de tous les âges, pour que vous puissiez juger du temps que les bourgeons mettent à se développer. Vous en avez sous les yeux, de quinze jours, de trois semaines, d'un mois et jusqu'à trois mois, quoi- que habituellement on ne doive pas les laisser en pots aussi longtemps. Vous comprenez maintenant que lorsqu'on dépote une pareille sou- che avec un système radiculaire de cette richesse, qu'on la transplante dans une terre profondément remuée et qu'on l'arrose un peu après sa transplantation, il ez propose, pour les vignes phylloxérées, un traitement compliqué destiné à combattre: 1° le phylloxéra souterrain, à l'aide d'une composition dont il donne les éléments: 2° l'œuf d'hiver, par des procédés du même ordre ; 3^ les insectes ailés, en créant dans les vignes une atmosphère propre à les éloigner d'elles par la culture de certaines plantes, du Daiura stramonium ea particulier. DISCUSSION M. LiCHTENSTEi>-, délégué de la Société d'agriculture de Saragosse, apprend à la section que les insecticides sont de plus en plus délaissés en Espagne en faveur des semis de vignes américaines. — Sur ses observations, la section s'as- socie à l'avis qu'il exprime, en déclarant qu'il serait scientifiquement juste daccorder à ceux de nos propriétaires qui croient à la possibilité de reconsti- tuer leurs vignobles par les cépages américains les mêmes faveurs que ceux qui ont confiance dans les insecticides. M. Maistke, de Villeneuvette, signale les bons effets qu'il a obtenus de l'emploi du sulfocarbonate de potasse combiné avec les irrigations. L'eau a selon lui, la curieuse propriété d'éloigner les phylloxéras. M. E. COÎYEET Protèssear d'économie rurale à TEcoIe (Ta^ricnltiire de Montpellier. DES VARIATIONS DE PRIX PROVOQUÉES PAR LES PROGRÈS DE LA MALADIE DES VIGNES DANS LE MIDI — Séance du 3 septembre fS79. — Les désastres causés par le phylloxéra sont considérables; on ne se fait plus aucune illusion sur la situation des pays dévastés après y avoir passé quelque temps. Si toutefois l'intensité du mal n'est pas contestable, sa mesure est diflficile, et, à défaut de renseignements précis on peut COXX-ERT. VAB1ATI0S5 DE PRIS PROVOQUÉES PAR LE PHYLLOXÉRA lOol être tenté d'en exagérer ou d'en atténuer la portée. La statistique ne peut donner, en pareille matière, que des indications jrrossières; il n'y a rien à en attendre de plus. Ce n'est pas après avoir eu tant de peine pour établir autrefois les nombres qui se rapportaient à l'étendue et à la production des vionobles, qu'on peut attendre des documents admi- nistratils l'expression réelle des ravages causés par le fléau. L'esprit, du reste, n'apprécie guère des valeurs dont l'élévation dépasse celles que l'habitude lui a rendues familières. Les chiffres qui les représentent produisent une profonde impression sur l'imagination, sans laisser cep«i- dant aucune idée précise après eux. De simples phénomènes écono- miques montrent souvent mieux les choses et, parmi eux. il n'en est pas de plus sensible et de plus intéressant que les prix. Les modifications des prix expliquent bien des choses ; on commence à s'en occuper d'une manière sérieuse et peut-être l'économie politique arrivera-t-eîle bientôt à connaître quelques-unes des lois auxquelles ils obéissent. La science aura réalisé alors un grand progrès. 11 suffirait, pour faire l'histoire de l'agriculture, de suivre le cours de ses princi- paux produits et de noter l'intluence de leurs variations. C'est leur élé- vation continue qui justifie la transformation de certaines méthodes culturales; c'est leur stagnation ou leur avilissement qui provoque d'au- tres changements aussi importants. Les prix dont les oscillations et les tendances exercent une action si considérable sur les déterminations des producteurs, reçoivent également le conire-coup de tous les trou- bles qui surviennent dans un centre d'activité quelconque. La crise phylloxérique ne pouvait manquer de se traduire par des mouvements plus ou moins accentués dans leur taux. Si considérable que soit le fléau qui sévit particuhèrement dans le sud-est, ses dégâts n'ont pas encore pris assez d'extension pour avoir amené la hausse des vins. Leur cours, relativement élevé, a été atteint à plusieurs reprises. On est autorisé à prévoir son augmentation, mais, pour le moment, on ne peut faire encore, sous ce rapport, que des con- jectures qui n'autorisent aucune déduction positive. Il n'en est pas de même de la valeur de la propriété. Après avoir augmenté régulièrement d'année en année, sans autre temps d'arrêt que la période de 1848 à I80O, elle a subi tout à coup une dépréciation rapide sous l'influence de l'invasion du phylloxéra. Les vignes abandon- nées ne sont plus que des appareils de production mis au rebut. On n'en fait autre chose que d'utiliser ce qu'il en reste comme vieux matériel. Du sol, les propriétaires font des champs à céréales; les souches servent au chauâfage. En cas de vente, et ce n'est que sous la pression de la néces- sité qu'on se résout à cette triste extrémité, on ne trouve des planta- tions ruinées que la moitié et souvent que le tiers de leur ancien prix. 1052 AGRONOMIE Les ouvriers ont été aussi durement éprouvés que les capitalistes. La masse de leurs salaires n'avait cessé de s'élever, comme leur quotité journalière, depuis le commencement du siècle. On peut s'en assurer en consultant les registres, généralement bien tenus, des cultivateurs du pays. J^a révolution de 484(S avait seule exercé une faible dépression sur leur taux comme sur celui de la propriété. Le fléau récent a consi- dérablement réduit et leur montant total et leur chifFre par jour. La vigne permettait de distribuer, dans les riches plaines de l'Hérault, 300 francs par hectare à la population ouvrière ; les cultures qui la remplacent ne lui en laissent que 100. Beaucoup de travailleurs ont dû porter leurs bras ailleurs ; ceux qui sont restés se sont contentés d'une rémunération moindre. La journée de travail, moins assurée qu'autre- fois, a diminué d'un quart et même d'un tiers. De la marche relative de la valeur de la propriété et des salaires ressort accessoirement l'harmonie complète qui existe entre les intérêts des capitalistes et ceux des ouvriers. Sous un antagonisme apparent, que malheureusement on a trop souvent cherché à exciter, les avantages des uns concourent aux avantages des autres. Ce n'est pas d'aujourd'hui que la science économique a prolesté contre les préjugés qui dominent à cet égard. L'histoire de la vigne dans l'Hérault est démonstrative. La prospérité de la classe ouvrière y a toujours marché de pair avec celle des propriétaires. Elle a été atteinte en môme temps en 4848 et par les mômes causes ; il en est de môme actuellement. Gela se comprend du reste facilement : il n'y a qu'une culture riche qui puisse payer large- ment les services des capitaux et du travail; sa pauvreté oblige à réduire la part de tous ceux qui lui consacrent leurs soins. La vigne offrait aux engrais des villes leurs meilleurs débouchés. Sa disparition a rapidement amené leur dépréciation. Les archives de l'ad- ministration des hospices de Montpellier sont curieuses à consulter sous ce rapport. De 1860 à 1876, le prix d'adjudication du fumier de ces élablissements n'avait cessé de s'élever; de 4 francs par mètre cube il était arrivé à 6 francs et au delà. Depuis trois ans il a diminué de moitié. Autrefois les laitiers de la ville ne cédaient le fumier de leurs vacheries qu'à raison de 0 fr. 20 c. par tête et par jour, non compris ^a fourniture de la paille, qui s'ajoutait aux charges de l'acheteur ; ils n'en retirent plus maintenant que 0 fr. 10 c. Les roselières, dont les produits en roseaux pour litière étaient si estimés, ne donnent plus qu'un modeste revenu et leur valeur a diminué en proportion. H n'est pas jusqu'aux produits les plus indépendants en apparence de la vigne qui n'aient subi le contre-coup de sa ruine. Les souches arra- chées sont arrivées en telle quantité sur le marché qu'elles ont pesé sur le cours du bois de feu. Nîmes en a consommé, en 187G et 1877, p. -p. DEHÉRAIN. PERTES DES PLANTES HERBACÉES A MATURATION 1053 40,000 kilogrammes sur un poids total de 160,000 kilogrammes de bois de chauffage qu'elle emploie ; c'est un quart. Tandis que les rondins à brûler diminuaient, les sarments, dont on ne savait que faire il y a quelques années, doublaient de prix. La dépréciation générale des valeurs ne s'est pas arrêtée là. Tout s'en ressent à Montpellier; chacun se contente d'un bénéfice plus mo- déré. Les chambres et les pensions d'étudiants sont un peu moins chères. La pierre de construction a perdu 5 francs par mètre cube, etc., etc. En résumé, la crise phylloxérique s'est manifestée par une diminution de moitié ou des deux tiers dans la valeur de la propriété; par une réduction des deux tiers dans la masse des salaires et d'un quart au moins dans leur quotité journalière ; enfin, par une dépréciation qui s'étend pour ainsi dire sur tout. M. P. "P. LEHEHAIÎf Professeur à l'École d'agriculture de Grignon, aid>naturaliste au llusium d'histoire natnrelle. SUR LES PERTES DE MATIÈRES SÈCHES QUE SUBISSENT LES PLANTES HERBACÉES AU MOMENT DE LA MATURATION (extrait du procks-verbal) — Séance du 3 septembre /S 75. — M. P. -P. Dehérain rappelle les travaux de ses devanciers sur les migra- tions des principes végétaux pendant la croissance des plantes. Il insiste sur les perles de matière sèche qu'il a constatées, par de nombreuses expériences, à l'époque de la maturité. Pendant la période de développement des végétaux l'assimilation l'emporte sur la combustion; il en est tout autrement au mo- ment de la formation des grains. Il convient donc, en pratique, de ne pas ajourner par trop le moment de la récolte. 1054 AGRONOMIE M. PLÂl^CHOlîJ Correspondant de l'Institut, à Montpellier. LES MALADIES DU SYSTÈME AÉRIEN DE LA VIGNE (EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL) — Séance du 3 septcmhr c 1879.— M. Planchon signale les principales maladies du système aérien de la vi- gne. Le jaunissement est la plus grave. Souvent il n'est que superficiel et sans inconvénient sérieux, mais parfois aussi il est caractérisé par le rabou- grissement des sarments et la pousse en ortille; il devient alors très dange- reux. Le folletage et le rougeol ont quelquefois des effets des plus déplora- bles, mais leur action reste toujours assez limitée. M. YIÛLLETTE Doyen de la Faculté des Sciences de Lille. NOUVEAUX ENGRAIS (extrait) — Séance du 3 septembre 1879. — M. C. ViOLLETTE, appelle l'attention delà section sur des engrais nouveaux qu'il désigne sous les noms de guano de suint et de guano de vinasse ; il en- gage les savants et les agriculteurs du Midi à expérimenter ces engrais qui ont donné les meilleurs résultats dans la région du Nord pour la culture des cé- réales, du lin, de la betterave, du tabac, etc. De même que le guano du Pérou, ces produits sont des mélanges très com- plexes qui contiennent les principes fertilisants sous forme organique. L'em- ploi comme engrais du suint et de la vinasse, que la concentration laisse sous la forme de pâtes, est toujours demeuré très limité. Les produits que préco- nise le professeur de la Faculté de Lille se présentent au contraire sous la forme de poudres sèches, peu hygrométriques, faciles à transporter et à employer sans main-d'œuvre coûteuse. Ils sont d'ailleurs beaucoup plus effi- caces que les suints et les vinasses ordinaires et ils paraissent appelés à ren - dre les plus grands services à la culture de toutes les plantes qui ont besoin de potasse sous « forme organique, sans soude ni chlorure . » Le traitement auquel M. Yiollette soumet le suint pour le transformer en VIOLLETTE. NOUVEAUX ENGRAIS 1055 guano est le suivant. Après avoir fixé l'azole ammoniacal du suint pendant la concentration en ajoutant un acide, il introduit la pâte ainsi obtenue dans des fours à calcinalion, en y ajoutant oO 0/0 de superphosphate, de phosphate ou de carbonate de chaux. La matière organique étant ainsi devenue très peu combustible, la dessication peut s'achever dans les tours à calcinalion eux- mêmes. Après broyage de la masse, on obtient soit du suint phosphaté, soit du suint sulfaté, soit du suint phospho-azoté, si l'on a ajouté du sulfate d'am- moniaque. Le premier de ces engrais renferme 12 0/0 de potasse, 1 à 1.5 0/0 d'azote, S à 6 0/0 d'acide phosphorique soluble et 25 0/0 de matières organi- ques. Le second ne diffère du premier que par l'absence d'acide phosphorique soluble, le troisième, par suite de l'addition de l'azote, renferme 10 0/0 de potasse, 6 0/0 d'azote, 5 0/0 d'acide phosphorique soluble et 20 0/0 de matiè- res organiques. Cette richesse en principes fertilisants des guanos artificiels est la conséquence de la composition de la pâte de suint qui, à l'état sec, ren- ferme 39.50 0/0 de matières minérales et GO. 50 de matières organiques. M. Viollette rappelle que durant ces dernières années on a essayé de distil- ler les vinasses pour en retirer l'azote sous forme d'ammoniaque ordinaire, ou d'ammoniaques composées, que l'on utilisait ensuite comme engrais, malheureusement ce procédé est coûteux ; il ne permet d'ailleurs d'utiliser comme matière fertilisante qu'une très faible partie de l'azote que contiennent les vinasses. Les engrais que M. Viollette obtient à l'aide d'une manipulation peu différente de celle que nous avons indiquée plus haut retiennent au con- traire la totalité des principes fertilisants des vinasses ; ils présentent une composition assez variable et renferment de 8 à 11 0/0 de potasse, 5 à 7 0/0 de soude; 5 à 6 0/0 d'acide phosphorique soluble 2 à 2.5 0/0 d'azote (nitri- que et organique) ou 6 à 7 0/0 après addition de sulfate d'ammoniaque, enfin de 20 à 25 0/0 de matières organiques. M. Viollette estime que l'industrie pourrait fournir une quantité de résidus qui permettrait de fabriquer annuellement de 80 à 100 millions de kilogram- mes de guanos de suint et environ 200 millions de kilogrammes de guanos de vinasse. L'industrie brûle actuellement les suints pour en retirer des potasses, les vinasses pour en obtenir des salins bruts, détruisant ainsi en pure perte une quantité considérable de matières fertilisantes, qu'il serait avantageux de pouvoir restituer au sol. L'emploi des guanos artificiels empêcherait l'appau- vrissement du sol si funeste dans les régions où l'on met en pratique les cul- tures intensives. Ces engrais permettraient de rendre continue la culture des plantes épuisantes, telles que le lin, le houblon, la betterave, etc., puisqu'il n'y aurait en définitive qu'un déplacement momentané des matières fertili- santes. Le jury du concours régional agricole du Nord, pénétré de l'importance pratique des recherches de M. Viollette lui a récemment décerné une mé- daille d'or. 1056 AGRONOMIE M. A. LADÏÏEEAÏÏ Directeur du laboratoire d.2 l'Étut ft d:; In station agronomique du Nord. ACCLIMATATION DE LA LUZERNE DU CHILI (MEDICAGO APICULATA] (extrait) — Séance du 3 septembre 1879. — L'auteur présente une pctitie graine jaune que l'on trouve en très grande quantité dans toutes les graines de provenance américaine et qui provient d'une luzerne sauvage à fleurs jaunes. Il signale les avantages que l'on peut en retirer comme fourrage et comme engrais vert à enfouir au printemps. Ce résidu industriel n'a qu'une valeur très faible, 20 à 2o francs les 100 kilog. La luzerne du Chili est une plante à croissance hâtive: elle est très recher- chée par les animaux auxquels on en donne. Sa composition chimique se rapproche beaucoup de celle de la luzerne de Provence, avec laquelle on a cherché à la mélanger frauduleusement. Son inconvénient est de périr sous l'influence des gelées de l'hiver : ce n'est pas une plante vivace sous nos cli- mats, et elle doit êlre resemée chaque année. L'auteur insiste sur le parti que l'agriculture peut tirer de cet excellent fourrage et en recommande l'essai à tous les cultivateurs. M, A. LADÏÏEEAÏÏ Directeur dj la Station agronomique du Nord. ÉTUDES SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DE LA GRAINE DE LIN — Séance du 3 septembre 1879. — On n'a publié jusqu'ici qu'un très petit nombre d'analyses de grai- nes de lin. La composition de cette graine et les variations que pré- sentent les divers éléments minéraux qu'elle renferme sont donc peu connues encore. C'est pour combler cette lacune que nous avons entrepris le travail dont nous allons exposer les principaux résultats. Chaque année, les cultivateurs français qui se livrent à la culture du lin, emploient pour leurs semailles ^quelques millions de kilogrammes de graines^ qu'ils font venir à grands frais de Russie, et que l'on A. LADUREAU. — COMPOSITION CHIMIQUE DE LA GRAINE DE LIN 1051 connaît sous le nom de graines de tonnes. Nous reviendrons tout à l'heure sur cette dénomination. Ces graines donnent naissance à d'autres que l'on peut encore semer et que l'on désigne sous le nom de graines de sous-tonne. Les pro- duits de cette deuxième culture ne sont plus susceptibles d'être semés j les lins qui en résultent sont maigres, courts, étiolés, presque sans valeur; on ne les emploie donc que pour la fabrication de l'huile, et c'est ce que l'on appelle graines de troisième année ou graines à tordre. Or, il arrive souvent que des négociants peu honnêtes défoncent les tonnes dans lesquelles les graines de iin de Piussie sont expédiées (d'où leur nom de graines de tonnes) et remplacent ces graines en partie ou en totalité par d'autres récoltées dans le pays, ayant une valeur com- merciale et agricole beaucoup moindre. Ils réalisent ainsi, au détriment de la culture, des bénéfices élevés, et compromettent gravement le ré- sultat des longs et minutieux travaux que cette plante exige à son dé- but. Les caractères physiques qui différencient la graine de lin russe de le graine du pays n'étant pas assez tranchés pour permettre de les reconnaître facilement l'une de l'autre, surtout quand elles ont été mé- langées ensemble, nous avons recherché si l'on ne pouvait trouver dans la composition chimique de ces différentes graines le critérium nécessaire à leur distinction. Nous avons voulu voir, en outre, quelle dégénérescence éprouvait la graine russe cultivée dans nos climatS; puisque dès la seconde année de son emploi, elle devenait inapte à la reproduction. Était-il possible d'empêcher cette dégénérescence, soit au moyen d'un procédé de culture spécial, soit par l'emploi d'engrais appropriés ? Une telle découverte exempterait à l'avenir la culture française de l'impôt indirect qu'elle paie chaque année à la Russie, en important de ce pays, un grande partie de ses graines de semences. Pour résoudre ces divers problèmes, nous avons entrepris l'analyse d'un grand nombre d'échantillons de graines de toutes provenances. Ayant reconnu que la composition de ces graines présentait peu de variations au point de vue de la quantité d'huile, de cellulose, d'ami- don, de matières protéiques qu'elles renferment, nous avons examiné tout particulièrement les matières minérales, les sels divers que conte- naient ces graines. Les résultats de nos analyses, leur examen compara- tif, nous ont paru assez intéressants pour devoir être publiés ; nous avons du moins l'espoir qu'ils auront avancé un peu l'état de la ques- tion, s'ils ne l'ont pas complètement éclairée. Pour exécuter les analsses dont nous parlons, nous avons d'abord incinéré complètement, au rouge sombre, chaque échantillon de graine , jusqu'à ce que les cendres fussent complètement blanches, 67 10S8 AGRONOMIE sans traces de noir; nous en avons déterminé chaque fois la proportion exacte par une pesée directe, puis nous avons séparé par de nombreux traitements à l'eau distillée bouillante, puis à l'acide azotique étendu, d'abord les sels alcalins, solubles dans l'eau, puis les sels magnésiens et calcaires, dits alcalino-terreux, solubles dans les acides, et enfin les ma- tières minérales diverses insolubles, telles que la silice, les silicates, le sesquioxyde de ier, etc. Chaque catégoi'ie de sels a été pesée à part : on trouvera au tableau ci-après les chiffres qui s'y rapportent; ce premier travail, qui a été exécuté avec le plus grand soin, constitue déjà une base fort utile : il fixe d'une manière tout à fait nette et pré- cise les proportions des divers groupes de sels que renferment les lins de tous les pays de production. C'est un point de repère et de comparaison auquel on peut se repor- ter facilement, et qui montre' que les rapports qui existent entre les divers groupes de sels que renferment toutes les graines de lin ne sont susceptibles que de faibles variations. Ce point était utile à établir, surtout en présence des analyses de graines de lin déjà publiées, et dans lesquelles nous avons rencontré parfois une quantité de potasse (KO) , qui à elle seule était plus élevée que la totalité des sels solubles, ce qui nous fait croire que bien des analyses de nos savants prédécesseurs sont à refaire, car elles sont souvent entachées d'erreurs graves, qu'expliquent suffisamment l'impureié des produits qu'ils y employaient, l'imperfection des procédés suivis, et parfois aussi l'inhabileté des jeunes élèves et préparateurs qui les aidaient. Après avoir isolé ainsi les uns des autres les sels alcalins, alcalino- terreux et autres, nous avons déterminé dans chacune des solutions : 1° la quantité de potasse (KO) en la précipitant de l'état de chloropla- tinate de potassium et en la pesant à cet état; ^2** la quantité de chlore par le nitrate d'argent ; S*' l'acide sulfunque soluble au moyen du sul- fate de baryte ; 4° l'acide phosphorique soluble, en le précipitant à l'état de phosphate ammoniaco- magnésien, et en le dosant ensuite par la liqueur d'urane titrée ; S° l'acide carbonique et la soude, par différence; 6* la chaux par l'oxalate d'ammoniaque et la calcination du précipité, 7" la magnésie par le phosphate de soude et l'ammoniaque; S° l'acide phosphorique insoluble, c'est-à-dire la partie combinée à la chaux et à la magnésie, par le môme procédé que celui décrit plus haut, et enfin les acides carbonique et sulfurique en combinaisons insolubles par différence. Ajoutons que, avant de procéder à la calcination des graines, elles avaient été versées sur une grande feuille de papier blanc et que l'on avait isolé à^la main tous les corps étrangers, bois, paille, terre, cail- A. LADUREAU. — COMPOSITION CHIMIQUE DE LA GRAINE DE LIN 1059 loux, graines étrangères, etc., dont la présence aurait pu influer d'une manière fâcheuse sur les résultats de l'analyse; malgré ces précautions, enverra dans le tableau ci-après, quatre ou cinq échantillons, qui pré_ sentent une proportion de substances minérales insolubles dans les aci- des, beaucoup plus élevée que tous les autres, et qui doivent cette ano- malie à une petite quantité de terre adhérente à la graine et dont nous n'avons pas pu la débarrasser complètement. Nous avons remarqué cela après avoir épuisé nos cendres par l'acide azotique, en jetant sur le filtre le résidu de ce traitement, qui avait tout à fait l'apparence de l'argile calcinée. Les échantillons sur lesquels nous avons opéré nous ont été fournis par quelques grands importateurs de graines de lin, qui nous ont ga- ranti leurs provenances et qui sont entièrement dignes de foi. Nos incinérations ont porté toujours sur une quantité de graines égale à 50 grammes au moins, quelquefois même 100 grammes. A plusieurs reprises, nous avons recommencé des opérations qui nous avaient inspiré quelques doutes et n'avons admis leurs résultats que lorsque nous en étions absolument certain . On trouvera dans le tableau suivant, les chiffres qui se rapportent à chacune de ces analyses. Voici les conclusions que l'on peut tirer de rexamen comparatif des chiffres de ce tableau : 1° La proportion de sels minéraux varie peu dans les graines de di- verses provenances. Elle est un peu plus forte dans les graines de deuxième et de troisième année que dans celles de tonnes. Leur quan- tité moyenne est de 3.60 0/0 du poids des graines sèches ; 2° Le rapport de sels solubles aux sels insolubles n'éprouve également que des variations assez faibles; 8° Les substances minérales insolubles dans l'eau et dans les acides sont presque constantes. Dans les graines bien émondées, leur quantité ne dépasse guère 3 0/0 du poids des cendres totales ; 4° Les éléments qui dominent dans ces sels sont, dans l'ordre de leur importance relative : l'acide phosphorique, la magnésie, la potasse, la chaux ; 5° La proportion d'acide phosphorique total, dans les graines de même provenance est sensiblement constante. Elle atteint son maximum dans les graines d'origine russe venant de Riga, ce qui explique leur grande valeur comme graines de semence ; 6" Les graines d'importation directe renferment ordinairement près de 40 0/0 du poids des cendres, d'acide phosphorique total; celles de deuxième année ne renferment plus que 30 0/0 environ de ce corps; quant à celles àe troisième année impropres à l'ensemence- 1060 AGRONOMIE ment, leur proportion moyenne d'acide phosphorique n'est plus que de 15 à 20 0/0. C'est ii ce fait surtout qu'on doit, croyons-nous , attribuer les causes de dégénérescence rapide des graines russes dans nos pays. Cette proportion élevée d'acide phosphorique que nous trouvons dans COMPOSITION CHIMIQUE DES SKLS SELS SELS insolubles NUMÉRO PROVE.\ANCE CIÎNDUES solublss solublcs silice, sili- d'ordre. DES GRAINES. 0/0. dans reau. dans acide. c.Ues, ox.do fer. i lUga (Uussiej. Tonnes 3,3'. 24,20 71,00 4,80 Id. 3,59 23,10 71,80 5,10 3 Id. 3,57 19,60 77,90 2,50 A Id. 3,59 18,70 80,50 0,80 5 Id. 3,60 18,20 79,67 2,13 6 Id. 3,58 17,70 80,00 2,30 7 Id. 3,55 18,70 78,50 2,80 8 Id. 3,57 17,20 80,30 2,30 9 Id. 3,25 17,60 80,80 1,60 10 u Tii^iinro"' (ï\uss)e) 3,05 23,00 75,20 1,80 Id. 3,25 18,110 79.70 1,80 i 2 Siiint-Pétersbourg (Russie) 3,70 22,40 75,80 1,80 i 3 filpiiftaflndol . 3,50 23,20 74,00 2,80 H l'I RniTihiv ! I(J 1 2,80 24,00 73,20 2,S0 15 Id. 2,95 22.50 76,20 1,30 16 Id. 3,10 27,20 64,70 8,10 17 Id. 3,04 23,30 75,45 1,03 18 19 '2i rliili ^ i iïiôrî(""'f» 'ruM'idionMlfl 3 30 19,50 78,30 2,20 Al^'éric (Afrifiuc) 2,!;3 22,10 75,90 2,00 Omn (\d ) 3,28 24,20 72,00 3,20 PrinciDi^utés dcinLi])iGniiGS. 3, AI 22,92 75,28 1,80 22 UoLimclic 3,20 19,20 79,70 1.10 23 24 25 Tiirniiir* (l'Fiirnnf* • 3,y5 21,50 76,40 2,10 Il ivriTiTiP /Pn.nppl 3,20 20,20 76,00 3,80 Nord de la France (sous-tonncj 4,32 22,00 76,40 1,60 26 Id. (Id.) 4,30 20,20 69,40 4,40 27 Id. (id.) 4,40 22,20 71,20 6,60 28 Id. (3""- année) 4,25 24 , 30 71,90 3,80 29 Id. (ii-) 4,20 25,40 OS, 90 5,70 30 Id. (id.) 4,33 22,70 73,00 2,30 31 Id. (id.) Mo\cnnos 5,10 25,43 71,40 3,15 3,60 2',, 10 7 3,10 2.80 les graines russes et dans celles de quelques autres régions nous fait croire que le sol dans lequel ces graines ont pris naissance est excep- tionnellement riche en éléments phosphatés; 70 Enfin, la potasse, la chaux et la magnésie ne subi ssent qu( i peu 1 A. LADIUEAU. COMPOSITION CHIMIQUE DE LA GRAINE DE LIN 1061 de variations, tantôt en plus, tantôt en moins, de sorte qu'il paraît très difficile d'en tirer la moindre déduction Intéressante. Nous avons voulu savoir si, au moyen d'engrais de richesse et de composition variables , on pouvait faire passer dans la graine du lin, des quantités correspondantes d'éléments minéraux, et nous avons, dans CENDRES DE LA GRAINE DE LIN. SELS SOLUL L tS. SELS I X S OLUBLES. POTASSE. CIILOSE. ACIDE SLLFL'RiaUE. ACIDE pnosPHo- IlIQIE. SOUDE ET ACIDE C.IR- BOMUl'E. CHAUX. MAGNKSIi;. ACIDE PHO>t>i!0- RIQUE. ACIDE SlLFfRIi.iL'E ET C.ARBONiyUE. 6,30 0,70 3,00 7,70 3,90 8, '.2 13,32 31,35 17,91 3 . T8 0 , liO 1,SI 8,63 1,26 8,92 12,4'f 28,40 22,04 4,3/i 0,60 3,69 6,60 4,37 7,39 13,70 24,03 20,10 3,22 0,03 3,70 G, 09 2,54 7,02 18,30 35,75 18.77 8,13 0,80 2,43 4,93 1,83 7,95 10,50 33,33 2i,i;i 10,89 0,80 2,22 3.90 3,79 8,17 18,26 32,93 16,72 3,27 0,30 4,30 3 , 85 4.38 7,00 13,73 33,20 20,31 7,70 0,30 4,30 2,20 2,.:0 7,00 17,49 36,30 19,03 0,75 O.'.S 3,09 3,60 3,71 7,10 22,32 36,00 21,23 \i,.iH 0,27 8,24 2,18 0,93 7,04 23,32 29,is< 1 4 , 09 7.6S 0.33 3,0G 3,39 1.21 7,33 29,00 26,80 10,33 9, OU 0,20 3,20 4,41 3,00 0.92 18,72 29,70 20,46 0,93 0,'.O 3, fil S 40 0,80 6,77 15,32 2^,00 17,71 11,07 0,65 3,43 3,58 4,03 7,32 23,40 18,80 21,6-3 12,11 0,35 5,15 '.,40 0,29 0,96 23,98 20, SI 22,4 'i 10, fil 0,33 10,82 3.04 2,38 6,72 18,.-.0 23,8:; 13,37 11,23 0,13 4,36 3,83 3,89 8,10 1S,93 26,93 21,47 8,19 0,32 3,13 4,71 1,13 8,03 23,08 29,00 18,17 12,33 0,12 3,10 4,43 0,95 7,18 18,57 31,35 19,S^0 12,03 0,32 3,60 3.73 4,30 8,13 22,52 29,59 22,39 9,32 e,23 2, GO 4,93 3,80 7.42 20,37 30.25 17,2'. 7,21 11,43 i.2'J 1,33 3,70 7.25 1 2 , 73 23,^0 34,32 7,73 0,30 '< . so 7,70 0,77 8,10 12, ',5 14.30 41,33 .8,6s o,sv 3,93 4 , 39 2,33 3,98 14,97 30,0'. 23,05 7,61 0,10 3,19 '.,30 0,30 0,93 13,33 20 . 30 2y,!2 6,73 0,27 3.13 4,00 2,43 3,89 l'.,82 30,80 17,>9 6,73 0,30 7,37 6,80 0,97 6,10 13,28 20,80 31,02 9,3'. 0,25 2,23 2,20 10,28 7 , 94 9,21 14,83 .39,90 5,31 0,20 7,48 2,'.Ù 10,01 6,23 16,41 13,80 30, 4 i 7,.'<3 0,37 4,81 3,20 6,89 6,03 13,5.3 15,62 37,78 8,31 0,23 6,33 2,33 8,23 6,3'. 1 0 , 39 14,03 31,02 S, 4.3 0,4:5 4, '.3 4,00 3,76 7,30 18, uO 27,00 23,43 ce but, recueilli avec soin les graines provenant d'un champ d'expé- riences, que nous avons institué dans les environs de Lille, pour y étu- dier l'influence de divers engrais sur cette culture. Nous avion.s employé une bonne graine venant directement de Ri^a et d'062 AGRONOMIE dont nous donnerons ci-après la composition. Les divers carrés du champ d'expériences avaient reçu les engrais suivants : Nitrate de soude, guano, superphosphate de chaux Ibssile, kaïnit (sel multiple de potasse, soude et magnésie), engrais flamand (déjections humaines), un engrais chimique complet spécial pour lin employé à doses progres- sives. Enfin un carré avait é!é laissé sans aucun engrais pour servir de terme de comparaison. Nous n'avons recherché dans ces graines que les quantités de potasse, d'acide phosphorique soluble et d'acide insoluble. Ces résultats sont relevés dans le tableau suivant : Tableau II. Cd MIIÉI 1 i^lll 1 PS ^ P3 • o O O -^ • a . ^ OBSERVATIONS = /: w ^ « a o •S DIVERSES. 5 z 2 i O 2 i H O g i DE PHO INSOLUB o p> o C z < < 1 1 '' Graine semée 3 Oj 17.00 82.40 6.75 3.60 36.00 Graine récoltée : Nitrate A.bO 24.80 73.20 9.64 3.20 23.20 3 — Guano /i.96 23.40 76.60 8. 68 2.90 28.90 1 ' — Superphosphate. 6.13 32.10 67.60 11.90 4.2b 33.75 — Kaïnit 3.00 20.80 79.20 10.22 2.30 32.50 1 ^ — Engrais flamand. 3.85 12.80 87.20 5-59 1.05 29.15 ! ' — Engr. chimique. 3.73 18.80 81.20 6.75 4.40 29.20 8 - id. id. 3.94 18.75 81.2:-. 8.10 2.90 34.70 9 - id. id. 3.62 1/..83 85.17 5.79 1.30 37.10 •m - liien 2.SG 2o.80 7-4.20 11.54 3.10 35.12 Cette expérimentation n'a pas donné, comme on le voit, de résultats bien intéressants. C'est le nitrate de soude qui a fourni les graines dans lesquelles nous trouvons le moins d'acide phosphorique, il est vrai ; mais dans le carré où Ton n'a employé que du kaïnit, c'est-à-dire un sel de potasse, soude et magnésie sans phosphates, nous obtenons des graines aussi riches en acide phosphorique, que celles du carré 7 où l'on a em- ployé un bon engrais chimique complet. Le carré 10 sans engrais a donné une graine presque aussi riche que la graine-mère, mais le lin qui portait cette graine était de qualité très médiocre et la semence fort peu abondante. Ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que dans les carrés fumés avec des doses progressives d'engrais chimique, ce sont les quantités les plus élevées de cet engrais qui ont donné les graines les plus riches en acide phosphorique. Les lins cultivés av(^c cet engrais étaient d'excellente qualité et d'une égalité très remarquable. Leurs graines furent abondantes et riches. A. LADUREAU. COMPOSITION CHIMIQUE DE LA GRAINE DE LIN 1063 Quoique ces études demandent beaucoup de temps et que leurs ré- sultats ne soient pas toujours aussi nets et aussi concluants que nous pourrions le désirer, nous allons les continuer durant quelques années et chercher si l'on ne peut arriver à produire en France des graines spéciales capables de lutter avec celles de Russie, soit en faisant l'objet d'une culture spéciale, comme cela a lieu pour la betterave, soit ce qui serait infiniment préférable, en améliorant celles que produit le lin cultivé dans nos régions en vue de sa libre textile. Nous rendrons prochainement compte de nos dernières expériences relatives à la culture de cette plante à l'aide des engrais chimiques et autres. DISCUSSION M. Alfred Renouard fait observer que la communication de M. Ladureau a une extrême importance au point de vue de la culture du lin. Cette culture dinnnue., en effet, non pas tant en raison des conditions économiques de cette culture qu'à cause de la fraude continue qui se pratique sur la graine. La récolte accusait, en 1870, 100,000 hectares de lin et 100,000 hectares de chanvre, tandis que le relevé officiel de 1878 ne donne plus que 7o,891 hec- tares de lin et 97,200 de chanvre. A ce sujet, M. Renouard dit que tous les barils de graine de lin provenant vraiment de Riga contiennent une sorte de graine, dont la forme est celle d'un petit sac allongé d'où s'échappe une touffe de poils. Un certain nombre de cultivateurs reconnaissent la graine de Riga à ce signe seul. Cette graine que les liniculteurs désignent ordinairement sous le nom de brosse ou bouquet du baril passe chez nous pour incapable de reproduction, parce qu'on ne la rencontre pas dans les graines du pays. Après examen de celte graine, M. Renouard a reconnu que ce n'était autre que le fruit du centaurea cyanus ou bleuet vulgaire, qui croît très bien chez nous. La principale raison qui fait qu'on ne la rencontre pas dans les grai- nes d'après-tonne, provient tout simplement des soins que nous donnons chez nous à la culture du lin; en Russie, on sarcle peu ou pas, et la centaurea qui pousse avec le lin porte ses graines en même temps que lui; dans un pays linier, on sarcle souvent deux et trois fois, et toute mauvaise herbe dis- paraît. La révélation de cette origine à un grand marchand du Nord n'a servi qu'à faciliter la fraude des graines ; de sorte que, depuis un an, on peut trouver des graines de centaurea dans les graines de sous tonnes, semées en France. L'orateur o indiqué en 1874 dans le tome II des Annales Agroiiomiques divers moyens de reconnaître la graine de lin de Riga, mais si l'on peut désormais, avec l'analyse chimique seule reconnaître cette provenance, il y aura là, de la part de M. Ladureau, un grand service rendu à l'agriculture française. 1064 AGRONOMIE M. MSLEE Directeur de l'InsliUit nutiuaal agronomique. DESTRUCTION DE LA CUSCUTE (extp.ait m; i'ROcks-verdal) — Séance du 3 septembre 1 8'7 9. — M. RiSLER indique un procédé pour débarrasser les luzernes de la cuscute. 11 consiste simplement à respecter, avec beaucoup d'attention, au moment du fauchage, les parties cuscutées, de crainte de répandre ensuite des semences pendant la manipulation du fourrage et à labourer les surfaces envahies. La jcuscute ne tarde pas à disparaître et souvent la luzerne repousse ensuite sans laisser voir aucune trace de son parasite. M. le D-^ II. GOSTE Sous-Bibliotliécaire de la Farulté de médecine de Monipellier. EFFETS DE LA SUBMERSION SUR LA CONSTITUTION ELEMENTAIRE DES RACINES PHYLLOXÉRÉES (EXTRAIT DU ITiOCÈS-VEIlBAL) — Séance du 8 septembre 1879. — M. le D'^ U. CosTE a recherché quelle était l'influence de la submersion sur la constitution des racines de vignes. L'eau agit différemment à ses yeux, durant le sommeil de la végétation et durant son activité. M. &. EOEX Professeur à l'École d'agriculture de Montpellier. SUR LA RÉINVASION /ESTIVALE DES VIGNOBLES SOUMIS A DIVERS TRAITEMENTS INSECTICIDES — Séance du 4 septembre 1 ST 9 . — M. Foëx rend compte des résultats des études, sur la réinvasion festivale des vignobles traités par divers procédés insecticides, dont il a été chargé récemment par l'Académie des sciences. Ses recherches G. FOEX. SUR LA RÉINVASION ^ESTIVALE DES VIGNOBLES 1065 ont porté plus spécialement sur les submersions, il a cherché néanmoins à établir une comparaison au point de vue de la permanence de l'in- secte, entre ce procédé et les insecticides proprement dits (sulfure de carbone et sulfo-carbonate de potassium). Dans une série d'excursions entreprises au commencement de l'été et à la suite d'expériences faites à l'École d'agriculture de Montpellier, il a constaté des faits qu'il expose, et dont il croit pouvoir tirer les déduc- tions suivantes : 1° En ce qui concerne la submersion : une submersion de quarante à quarante-cinq jours, bien que suffisante dans les terres peu perméables par elles-mêmes ou par leur sous-sol, pour assurer la conservation et l'abondante fructification de la vigp.e, ne fait pas absolument disparaître l'insecte et rend possible une réapparition annuelle par la multiplication des indi- vidus conservés. La perméabilité du sol, la proximité des souches rela- tivement aux bourrelets, le manque de pression d'eau, la discontinuité dans son application, sont les causes qui augmentent le plus dans la pratique, les chances de permanence de l'insecte. La réinvasion peut se faire de l'extérieur non traité vers l'intérieur qui l'a été, ou des taches vers les parties nettes, par cheminement sur le sol ou par toute autre voie analogue. Si l'on compare l'influence relative de ces divers modes de réinva- sion, il semble résulter des faits mentionnés précédemment, que dans les vignes bien submergées et situées dans des conditions favorables à l'action de la submersion, la réinvasion par l'extérieur joue le rôle le plus important. Dans ceux, au contraire, oîi les circonstances sont moins favorables, c'est la réapparition par permanence qui aurait la plus grande part d'action. i2^ Pour ce qui est des insecticides proprement dits : l'œuf d'hiver joue probablement un certain rôle dans la réapparition, chez les vignes traitées par les sulfures ou les sulfo-carbonates (l),sans que l'on puisse, néanmoins, lui attribuer une grande importance dans la région médi- terranéenne. Sauf des cas fort rares, les traitements par le sulfure de carbone et le sulfo-carbonate de potassium, paraissent conserver plus d'insectes que ceux par la submersion bien exécutée, et par suite ils sont plus propres à assurer la réapparition du phylloxéra (2). M. Foëx pense (1) Cette hypothèse repose sur une observation do. M. Marion, qui a trouve au champ d'essai du cap Pinède, sur des vignes traitées au sulfure de carbone, des phylloxéras d'une génération très rapi)iofhée de celle qui provient de l'éclosion de l'oeuf d'hiver. (2) Des observations faites à l'École d'agriculture sur des vignes qui venaient d'être traitées huit jours auparavant par le sulfo-carbonate de potassium, nous ont montré, il est vrai, tous les insectes morts dans une couche de o^.to environ à la surface, mais les œufs avaient conservé leur vita- lité dans ce milieu, et lorsque l'on descendait au-dessous, les phylloxéras eux-mêmes étaient vivants. Dans des vignes traitées depuis trois jours par le sulfure de carbone à l'École d'agricul- ture et au mas de las Serres, la plus grande parli" des insectes avait conservé toute sa vitalilé. 1066 AGRONOMIE donc que les insecticides sont inférieurs à la submersion comme moyen de conserver les vignobles existants, il pense en tous les cas qu'il serait imprudent de replanter des vignes indigènes en vue de les traiter par leur moyen, ainsi qu'on le fait au contraire avantageusement dans les milieux oîi la submersion est possible. M. MÂISTEE DE LA CONSERVATION DES VIGNES FRANÇAISES (extrait du ITiOCÈS-VEItBAL) — Séance du 4 septembre 18'79. — M. Maistre cherche moins à détruire le phylloxéra qu'à faire vivre ses vignes et à les conserver. Il a essayé avec succès le suHb-carbonate de potasse, mais il insiste sur les bons résultats qu'il a obtenus de l'emploi de l'eau sous forme d'irrigation. Il proteste contre l'engouement dont sont l'objet les vignes américaines, et, sans nier leur valeur, il croit qu'il faut soigner avant tout les plantations françaises qui nous restent encore. Il voudrait que l'École d'a- griculture porte son attention sur les cultures à l'irrigation. M. MOiaELLAS Vice-président du Consi'il général à Alger. NOUVEAU MODE DE PLANTATION DES VIGNES FRANÇAISES 'extrait du procès-veueal) — s é an ce du i septembre -187 9. — M. MoNGELLAs recommande un traitement aérien en juin, pour les vignes atteintes par le phylloxéra. Il préconise l'emploi de la chaux contre les in- sectes ailés. Il propose également un mode de plantation destiné à donner plus de forces aux pieds auxquels on l'applique : il consisterait dans l'emploi de boutures de grandes dimensions, repliées sur elles-mêmes à leur base, de manière à donner un fort développement au système radiculaire. SYLVESTRE. ROLE DES INSECTICIDES DANS LA VITICULTURE 1067 M. CAÏÏYY LES INSECTICIDES ET LEUR ROLE DANS LA VITICULTURE (extrait du procès-verbal) — Séance du 4 septembre 1879. — M. Cauvy a consacré de longues études aux insecticides et aux modes d'ap- plications qui leur conviennent ; il a une confiance absolue dans leur efficacité. Si beaucoup d'entre eux ne réussissent pas, c'est qu'ils ne tardent pas à per- dre leurs propriétés toxiques sous l'influence de la terre. Le sulfure de carbone et l'hydrogène sulfuré sont dans ce cas. Les sulfocarbonates employés avec l'eau ne présente pas ces inconvénients. De tous, le plus énergique est, à son avis, le sulfocarbonate de calcium. Son prix est assez faible et , depuis l'in- vention de MM. Mouillefert et Hembert, il n'y a plus à se préoccuper de la rareté de l'eau. Le procédé de M. Cauvy a été expérimenté avec un plein succès dans l'arrondissement de Béziers. Toutefois , si le sulfocarbonate de calcium est vraiment utile, c'est à la condition de s'adresser à lui avant que les vignes ne soient trop endommagées. DISCUSSION M. Planchon, tout en reconnaissant les services que peuvent rendre les insecticides , montre les difficultés de leur application, et il proteste contre l'exclusivisme dont les vignes américaines sont l'objet de la part de M. Cauvy. M. STLYESTEE LES INSECTICIDES ET LEUR ROLE DANS LA VITICULTURE (extrait du rnocks-VERBAL) — Séance du 4 septembre 1879. M. Sylvestre se déclare l'adversaire convaincu des cépages américains, et c'est dans les travaux de MM. Planchon, G. Foëx etVialla, qu'il cherche la con- firmation de l'opinion qu'il défend. Si les vignes américaines subsistent, tandis que nos vignes françaises disparaissent , ce qui d'ailleurs est contestable d'a- près lui, c'est que les insectes qu'elles propagent les abandonnent quand ils 1068 AGRONOMIE trouvent, à proximité d'eux, des cépages français beaucoup plus délicats. 11 n'a pas plus de confiance dans les insecticides que dans les vignes améri- caines, et ne voit le salut de la vigne que dans l'adoption des procédés cul- turaux qu'il indique comme rationnels. La communication de M. Sylvestre soulève quelques protestations, qui tor- mcnt l'objet d'une courte discussion. M. Camille SÂOT-PIEREE Professiiur ili; teclinologic; et Directuur dt; TÉcoli: d'agriculture de Montpellier. RÉSUMÉ DES ÉTUDES FAITES A L'ÉCOLE D'AGRICULTURE DE MONTPELLIER SUR LES VINS DES CÉPAGES AMÉRICAINS — Séance du 4 septembre 4879. — Le laboratoire d'œnologi© de l'École d'agriculture a recueilli les vins des cépages américains récoltés en France pendant les années 1874 à 1878. Durant ces cinq années de recherches il a été préparé dans les laboratoires environ cent types de vins. Les études ont porté sur ces produits et sur des vins récollés dans le Midi par des personnes dignes de toute confiance. L'ensemble des échantillons soumis à l'examen dé- passe deux cent cinquante. Avec des matériaux aussi nombreux et aussi variés, il a été facile de se former une opinion sur les qualités des vins fournis par les cépages américains, et la question de leur composition, de leur emploi et de leur conservation peut être considérée comme très suffisamment connue. Il est permis d'affirmer aujourd'hui que les cépages du groupe des jEstivalis (Jacquez, Rulander, etc..) peuvent donner des vins très colorés, très alcooliques et francs de goût. Dans le même groupe, le Cuningham donne un raisin rouge dont le jus est blanc, et qui, fermenté en dehors de la pellicule, fournit un vin blanc d'une certaine valeur. Le vin du groupe des Labrusca et des Riparia possède un goût foxé désagréable pour les Européens et qui a servi de base à l'opinion fort répandue qu'il serait impossible de tirer parti des vignes américaines. C'est une erreur et comme certains Riparia, tels que le Clinton, donnent des vins très corsés, on a cherché le moyen d'utiliser ces produits en les débarrassant de tout mauvais goût. Des expériences entreprises à l'École d'agriculture permettent d'espé- G. BAZILLE. LA GREFFE DES VIGNES AMÉRICAINES 1069 rer que, par la combinaison de divers moyens, dont chacun a pour effet, pris isolément, de diminuer le goût foxé, on parviendra à préparer des vins de Clinton capables d'entrer dans la consommation française. On a pu se convaincre, en effet, que par le vieillissement, par le chauffage, par l'acidification des raoùts, par les vendanges précoces, le goût foxé était diminué et atténué. En combinant tous ces moyens, il semble possible d'arriver à des produits dépourvus de tout mauvais goût. C'est à l'expérience à nous fixer définitivement, mais il est déjà un certain nombre de faits acquis : ils ont vengé les vins des cépages amé- ricains d'un reproche qui était certainement immérité. M. Gaston BAZILLE LA GREFFE DES VIGNES AIVIERICAINES (EXTBAIT DU PliOCKS-VERBAL) — Séance du 4 septembre 18~9. — M. G. Bazille signale à la section les avantages des nouveaux modes de greffage que le dernier Congrès viticolede Montpelfier, ouvert à FÉcule d'agri- culture, a fait connaître au public. Il n'est pas nécessaire, comme autrefois, d'attendre trois ans avant de greffer ses vignes; le procédé Champin permet de le faire dès la première année. Ses expériences personnelles lui ont prouvé sa valeur réelle. DISCUSSION M. BouscHET DE BERNARD fait unc revendication de priorité à propos des greffes hâtives. M. L. VîALLA cite de très beaux exemples de plantations greffées avec suc- cès. Il déclare que les méthodes recommandables ne sont pas moins nom- breuses que les porte-greffes. C'est une opération sur l'avenir de laquelle il n'a aucun doute. 1070 GÉOGRAPHIE 14* Section GÉOGRAPHIE Président d'hojîxeur M. Ch. MAUTINS, correspondant de l'Institut, Professeur à la Faculté des sciences de Slontpellier. Président M. MAUNOIU, secréuiire général de la Société de géograpliie de Paris ((). Vice-Présidems M. KABAUD, président de la Société de géographie de Marseille. M. le D'- FOUIINIER, délégué de la Société de géographiejde l'Est. Secrétaire M. CONS, professeur au Lycée de Montpellier. M. Paul SOLEILLET PEUPLEMENT ET FERTILISATION DU SAHARA (extrait du PltSKÈS-VEUCAL) — Séance du 2 9 août y S 79. — Après avoir montré quel intérêt éminemment français s'attache à cette qtieslion, M. Soleillet dit que le Sahara, autrefois peuplé, n'est devenu ce qu'il est aujourd'hui que lors de sa conquête par des populations nomades qui, pour le besoin de leur genre de vie, ont fait le désert autour d'elles. Il invoque à l'appui de son opinion les témoignages des historiens anciens et des voyageurs modernes, de M. Duveyrier notamment, qui a trouvé dans le sud de la Tunisie les preuves de l'existence antérieure d'une grande popula- tion et d'une grande fertilité. Il compare la faune ancienne et la faune actuelle du désert, décrit les oasis établies où se trouvent des éminences assez rapprochées pour que les groupes puissent se défendre, et les travaux faits pour amener à la surface du sol l'eau souterraine qui descend en abondance des monts du Maroc, de l'Algérie et du Hoghar. La culture du palmier, dont les fruits et les fibres ont de tout temps fourni de si grandes ressources, peut être étendue ; les arbres même de l'Europe y ont été transportés, des jardins créés; le colon, le tabac, les céréales même y prospèrent. Le climat en est favorable à la race blanche comme à la race noire. L'ancienne population (1) M. Duveyrier, président de la Section, élu au Congrès de Paris, ayant donné sa démission, il a été procédé à son remplacement dans la séance du 28 août 1879. G. REVOIL. LES PAYS ÇOMALIS 1071 berbère pourrait s'y élablir, et les éléments du repeuplement se trouvent dans la population qui surabonde aux portes même du pays, dans les hommes libres des petits États du Soudan, dont il dépeint la situation malheureuse et les esclaves qui accepteraient la liberté s'ils étaient sûrs de trouver une pro- tection efficace. Ces races sorties de l'état sauvage sont susceptibles de civili- sation. M. Soleillet termine en émettant le vœu que ces populations soient plus souvent visitées par des Français et rattachées à l'Algérie, cette autre France, par une voie ferrée. Le Sahara redeviendra peuplé et fertile du jour où la locomotive circulera du Sénégal à la Méditerranée. M. le colonel ÎÏÏLCEAID Directeur du génie à Montpellier. RECONNAISSANCES AU SÉNÉGAL EN 1856 (extrait du procès-verbal) — Séance du 29 août 1879. — M. le colonel Fulcrand communique des levers faits au Sénégal en 1856. Il explique comment des reconnaissances et les renseignements obtenus des indigènes permirent de tracer des cartes du pays avec une assez grande exac- titude pour que, dans leur marche en avant, les Français, sous la conduite du général Faidherbe, n'aient éprouvé jamais aucun mécompte, DISCUSSION M. Soleillet a rencontré dans le Segon d'anciens otages comprenant et parlant le français et qui, dans leur reconnaissance pour les bons soins dont ils avaient été l'objet, appelaient le général « leur père ». M. Maunoir cite comme un exemple de cartes dressées par renseignements celle du Maroc de M. Baudoin. M. Creorges REYOIL LES PAYS ÇOMALIS (extrait du procè.s-verbal) — Séance du 30 août 1879. — M. Revoil a visité en 1877 ce pays si peu connu des Européens, et bien qu'empêché par une guerre de pénétrer dans l'intérieur aussi loin qu'il l'au- 1072 GÉOGllAPHIE rait, voulu, a recueilli dans un séjour de quarante jours à Miraia et dans ses explorations de la côte des renseignements précieux sur le type, les mœurs, les monuments, l'org-anisation sociale, la manière de combattre de ces tribus. Il les justifie du mauvais renom qui s'est attaché à elles, à la suite noîamment du naufrag-e du Mei-Kong, et présente le pays comme pouvant être exfiloilé avec fruit et sans danger par les Européens, auxquels un firman accordé à M- Revoil par le sultan de Guardafifi donne le droit de s'y établir. Le premier de tous les Européens, M. Revoil, a escaladé le pic de Karom. Il a reconnu à 90 mètres au-dessus du niveau de la mer les coquillages qui, aujourd'lmi encore, se trouvent dans la mer voisine. Il a rencontré dans le pays l'arbre à encens, la gomme, le guano. Des indigènes lui ont présenté des minerais de plomb et de mercure dont des gisements doivent, par conséquent, se ren- contrer à peu de distance de la côte. M. Revoil a perdu dans un accident la plupart des vues, caries et plans qu'il rapportait ; il a pu néanmoins donner des informations très intéressantes sur une contrée dont il se propose de reprendre un jour l'exploration. DISCUSSION M, Brau de Saint-Pol-Lias explique dans quelles circonstances s'est établie la mauvaise réputation dont M. Revoil justifie les Çomalis, et qui persiste encore à Aden et dans tous ces parages. M. EŒÏÏEia Professeur à l'École supùrieuiv d.; commerco et d'iii.las'i-io 1I2 Bordeaux. PROJET D'ORGANISATION DE MUSÉES POUR LES MATIERES PREMIERES DE L'iNDUSTRIE ET LES PRODUITS FABRIQUÉS — Séance du S 9 a o l'tl 1879. — J'ai eu l'honneur de présenter à la si'ssion du Havre (1) un essai de classification des matières premières d'industrie. Dans cette classification, tout en tenant compte de l'origine naturelle des divers produits, on a pris pour base principale leur destination. Au point de vue de l'étude spéciale des marchandises, il y a un avantage à considérer les objets, surtout au point de vue de leur utilité pratique. Le groupement étant ordonné, il importe de donner tous ses soins au choix des échantillons. (1) Coniplc rendu de la Session du Havre, p. 100'.. ROEiiiiKi. — PUO.IKT 1)'(>iu;anisaii(>n I)K ,vnisi^:Ks iiM)iisTiiiKi,s 107;^ L'«!cliantilloii doit, It^ plus lidèlomciit possible, n'pn'sciilcr hi mar- chandise tello qu'elle circule dans le commerce. Il est nécessaire (pi'il soil nii peu volumineux alin (pu; ses divers caractères soient l»i(Mi a|)p;ircnls (M puissent être eoiistiilV-s avec la ci li lé. Les loi-mcis commerciales d'une seid(î et même iiialièr(^ sont souvent très varial)l(!s. IMus on pourra représenter d(i ces l'oi'iuiîs, mieux cela vaudra. EII(!S ont un int('rèt réel, car dans tel eus la lornn! (l(''no((^ la provenance;; dans tel autre, elle indi(jU(î la l'acililé' de; l'citnploi. Personne n'ignoi'e cprim spécialiste, en parcourant un enlrepôt où se trouveraient, je suppose, (ous les produits de l'induStrie chimiipie ou mt''tallui'f,'i(iue, i'(;connaîlrait à leur asps se)ins minuti(;ux epi'oii a [)ris pour adapter l(;iirs r()rm(;s aux l)(;S()ins l(;s plus m()desle;s. Les modilie-atie)us de l'oruK; ueMis montrent doue les miilliple-s (;mplois el'uue même; substance;. I^a repr(;se'ntation des re)rm(!S élans un musée ce)unn(;rcial (;t industri(;l est, par e;ons(';(pienl, indispensable;. Si, au point de vin; de IN'-lude scientiiiepie, un (''e;hantdlon uuiipi'i d'mui matière; sullit, il n'(;n s(;i'a plus ainsi |)onr l'étude; eiorrunere-iaie; <-t industi'ielli;. — (]ite)ns un exe;mpl(; lamiliei-, la ; russe se prononce très souvent a ou eu quand il n'est pas accentué. La quatrième lettre de l'alphabet russe (r, r) est un g dur, mais cette lettre se prononce aussi comme une h aspirée (par exemple dans -locnoAi., seigneur), comme le x grec ou le ch allemand (par exemple dans l'oi-b, D.eu), et même comme un v dans les inflexions aro, oro, ero des adjectifs et des pronoms. Il en résulte que le mot 6oAbmaro (génitif (1) Uebev die Ikchtschreibung der gcogniphischen Naman, von L. Ewai.d. -22 B^iid, 1870. VU I (p. 297). G'"' PARMENTIER. TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1079 de l'adjectif grand) qu'on ne pourrait transcrire — abstraction faite de la lettre muette h qui indique que ji a sa valeur douce, celle de notre / — que par bolchâgo, se prononce en réalité balchôva, les deux o, Va et le g ayant leur valeur accidentelle. La transcription scientifique défigurerait donc complètement la sonorité du mot. Pour l'arabe, on a proposé plusieurs transcriptions scientifiques dont je ne veux point, en ce moment, discuter la valeur, car ce n'est pas d'un pareil système qu'il peut être question ici (4). Je n'entends m'oc- cuper que d'une transcription essentiellement pratique, ayant pour but de reproduire les mots arabes, dans leur sonorité , aussi fidèlement que possible, au moyen de nos lettres simples ou combinées, à Vexclusion de tous signes diacritiques conventionnels qui n'existent pas dans nos im- primeries courantes et que les lecteurs ordinaires ne comprendraient pas. Je tenais à bien établir ces distinctions avant d'entrer dans mon sujet. III Et d'abord, je pense utile de bien faire comprendre par un exemple, à quel degré d'anarchie nous sommes encore en France en ce qui re- garde les noms arabes, et combien il est urgent qu'on apporte quelque méthode dans leur transcription. Je choisirai le mot cheikh ( j^ ) qui veut dire à la fois vieux et chef ou notable (senior). Les transcriptions en sont des plus nombreuses et des plus curieuses, comme on peut le voir par le tableau suivant des trois éléments dont il se compose : ai , aï , ay \ k ck ei, eï, ey I kh ch ] e, é ( ckh sch \ i ( kr khr cr qr • En combinant ces trois éléments de toutes les manières possibles, on arriverait à 2 X 10 X 8 = 160 transcriptions françaises d'un seul (1) Dans les livres didactiques (grammaires, dictionnaires) de l'arabe algérien où il a bien fallu distinguer les différentes lettres arabes qui ont de l'analogie entre elles, on a employé tantôt un accent, timlôt un point placé sous les lettres, pour indiquer une modification quelconque de la lettre primitive. Ce point ou cet accent indiquent tantôt un renforcement, tantôt une aspiration ou une guituralisation et même le grasseyement de Ir. Un tel système est peu logique, et c'est d'une manière plus judicieuse que l'école de Nancy emploie les signes diacritiques dans la tran- scription du sanskrit. ^080 GÉOGRAPHIE et même mot arabe I Et qu'on ne se récrie pas trop contre cette dé- duction algébrique : si l'on cherchait bien, on trouverait presque toutes ces combinaisons réellement employées par quelque écrivain. Les ortho- graphes suivantes sont très fréquentes : cheik ou cheik, cheick, cheikh, cheikr, cheikhr, chikh, ainsi ((ue les mêmes variantes commençant pnr sch. SyUestre de Sacy écrit scheikh,Gdircm de 'ïassy schaikh : le général Daumas écrit chïkh sans qu'on puisse deviner ce que peut bien signi- iier ce tréma sur Vi entre deux consonnes ; le vocabulaire des noms de personnes fait au ministère de la guerre par les interprètes militaires de Slane et Gabeau (1) donne chikr ; Pihan (2) écrit chycr, Esterhazy (3) chiqr. Et je ne compte pas les transcriptions du genre de celles (jue j'ai appelées scientifiques, comme celle de Gorguos (4) qui, dans son cours d'arabe vulgaire, écrit chjk. Croirait-on possible que schaikh et chiqr soient des transcriptions d'tm seul et même mot arabe, faites toutes deux par et pour des Français? Ce qu'il y a de plus étonnant dans ces dilférenccs de transcription d'un même mot, c'est que beaucoup d'écrivains semblent avoir pris à tâche d'augmenter à plaisir cette regrettable confusion, en modifiant eux-mêmes, à chaque instant, l'orthographe qu'ils emploient, Esterhazy écrit, dans un même ouvrage, cheik et chiqr, graz/a et razia, moedden et moudzen, etc. ; le Bulletin officiel du gouvernement de l'Algérie écrit tantôt cadi, tantôt cadhi; Tateb et Tayeb (n. pr), Belkassem et Belka- cem (n. pr.), etc. Dans l'excellent ouvrage du général Daumas sur les Mœurs et Coutumes de l'Algérie (ë), on trouve krè'ima, khréïma et khéïma (tente) ; gharbi et ghrarbi (occidental) ; taleb, taleub et thaleb (lettré); kadi et cadi (juge); zïara, ziarah et zyara (visite); Abder- rahman et Abd-er-rhaman, etc., etc. Si, entre tous les mots étrangers, les mots arabes ont été tout parti- culièrement estropiés chez nous, cela tient à plusieurs causes. Une première difficulté résulte de ce que l'alphabet arabe renferme un assez grand nombre de lettres qui n'ont pas leurs analogues en fran- çais, ni même dans aucune langue européenne. Je citerai en second lieu les différences de prononciation qu'on rencontre en Algérie, tant dans le son des voyelles qui ne sont pas représentées dans l'écriture et qui sont plus ou moins flottantes, que dans l'articulation de cer- (1) Vocabulaire destiné à fixer la transcription en français des noms de personnes et de lieux usi- tés chez les indigènes de l'Algérie... ..^par Mauc G. de Sl\ne et Ch. Gabeau. — Paris, 1868. (2) Eléments de la tangue algérienne ou principes de l'arabe vulgaire usité dans les divcr.tes con- trées de l'Algérie, par A. -P. Pihan. — Paris, 1852. (3) De la domination turque dans l'ancienne régence d'Alger, par M. Walsin Esterhazy, capi- taine d'artillerie. — Paris, I8i0. (4) Cours d'arabe vulgaire, par A. Goncuos, professeur de langue arabe au lycée d'Alger, 2" édition. —Paris, 1857. (5) Mœurs et Coutumes de l'Algérie, par le général E. Daumas, 2" édit., Paris, ir55. G"^ PARMENTIER. TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1081 tainos consonnes qui n'est pas la même dans l'Est et dans l'Ouest, sur les bords de la Méditerranée et dans le Sahara. Enfin, la connaissance imparfaite de la langue et de l'écriture arabe a elle-même causé quel- ques erreurs qui se sont d'autant plus accréditées qu'elles venaient de personnes que l'on croyait plus compétentes. IV Avant d'entrer dans le détail de l'alphabet arabe, je ferai remarquer que, sans connaître une seule lettre de cet alphabet, on peut rectifier les orthographes dans lesquelles entrent des symboles étrangers tels que sch et ck allemands, .sh et iu anglais. Ainsi que je l'ai exposé dans mes Observations sur l'ortliographe des noms géographiques, nous n'avons nulle bonne raison de préférer sch allemand ou sh anglais à notre ch, et w anglais à ou ; quant à ck pour k, c'est un germanisme qui n'a aucune raison d'être dans une transcription. On pourra donc remplacer schérif ou shérif par chéri f, scheick par cheik — orthographe qui pour n'être pas tout à fait exacte n'en est pas moins meilleure, — Wargla par Ouargla (1). A ce propos, je ne puis que m'étonner de voir Garciii de Tassy, ce savant profondément versé dans les langues orientales, se servir d'un système de transcription anglo-allemand qui ne me paraît justifiable à aucun degré. Préoccupé d'autre chose dans les savantes études qu'il a laissées, Garcin de Tassy n'attachait sans doute pas à la (juestion de la transcription toute l'importance qu'elle mérite. 11 emploie (2) u pour ou voyelle {ahû, Timùr, Yuçuf pour aboû, Timoûr, Youçouf), 10 anglais pour ou consonne (tawil pour taou'il, wa pour ouu), j anglais pour dj {hâjji, Araj, wujuh, jauhur pour hàdji, Aradj, oudjouh, djouhour ou djaouhour). En cela, il n'a pas été guidé par le désir de rendre chaque articulation arabe par une seule lettre, car il emploie kh pour le ~ arabe, sch germanique pour ch (schaikh, schâh, scharif), et ch anglais pour tch persan (chahâr pour tchahâr, quatre). La même observation s'applique d'ailleurs à l'illustre Sylvestre de Sacy, dont les transcriptions sont également entachées d'un germanisme qu'il n'a pas pris la peine de réformer. (1) Mais il ne faul pas l'aire saljir nno pareille l'orroction à di.'s mois français donl l'oilhogra lihe csl consacrée depuis longtemps, et écrire clii-ime pour schisme, comme le fait le capitaini; VilIoL [Mœurs, Coutumes et Institutions des indigènes de l'Algérie, 2"^ édil., Couslanliue, 187")). L'orthographe du mol schisme qui vient du grec sy_î.iia (schéma, de G'/ri^a.). (2) Par exemple dans son Mémoire sur les Xoms projjres et sur Ifs Titres musulmans [Journal asiatique, mai-juin isS/r). 1082 GÉOGRAPHIE L'alphabet arabe, comme tous les alphabets sémitiques, ne se com- pose que de consonnes. Les trois voyelles a (ou è), i, ou (ou o), ne peuvent être indiquées que par de petits signes placés au-dessus ou au-dessous des consonnes. Avec la lettre w^ (b) par exemple, on fait ^ (ba), V (bi), J^, (bon) (I). Mais ces trois signes de vocalisation sont toujours omis dans l'écriture et les livres, ce qui rend la lecture arabe fort difficile pour les commençants, et fait que le môme mot doit quelquefois être prononcé de plusieurs manières différentes suivant sa signification. Le mot Ja^. (r. dj. 1.) signifie homme ou pied, suivant qu'on le prononce radjeul ou ridjl. C'est là un inconvénient grave, propre à toutes les langues sémitiques, ainsi qu'à quelques langues telles que le persan, le iurk, ïhindoustani, qui ne sont pas de la même famille linguistique, mais qui ont adopté l'alphabet arabe. Les consonnes arabes sont au nombre de 28 ; elles se tracent et s'en- chaînent en allant de droite à gauche. On trouvera leur forme, leur nom et leur valeur dans le tableau annexé au présent travail. Je vais examiner successivement ce que représentent ces vingt-huit lettres, non en suivant leur ordre alphabétique, mais en les groupant de la manière la plus commode pour le but que je me propose. VI — Lettres qu'on -peut exactement rendre en français^ Onze lettres ont leur équivalent exact dans l'alphabet français. Ce sont les lettres ^ (b), ^ (d), ^ (r), j (z), ^ (s), ^ (f), s^ (k), J (1), ^ (m), . (n) et i (h aspirée) (2). Deux autres lettres (^ et ^) sont exactement représentées par dj et ch. La transcription de ces treize lettres n'offre donc aucune difficulté et tout le monde devrait être d'ac- cord là-dessus. Mais il n'en est pas ainsi, et même quelques-unes des onze lettres qui n'ont que le tort d'avoir une autre forme que nôtres, n'échappent pas au caprice des transcripteurs. (1) Les signes qui marquent les voyelles a, i, ou se nomment, respectivement fatha (i.s^^-'), kcsra ("^y*^') et dhamma ^U-o. Prononcez fat-ha avec h aspirée et non fa-tha avec th anglais. (2) Oii s'étonnera peut-être que je n'aie pas compris dans cette liste le ta (C->) que tout le monde identifie avec uotie (. Je ne pense pas que ces deux lettres soient réellement équiva- lentes (Voyez la note i du § YIII. page ior>ll. G^l PAHMENTIEH. TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES EX FRANÇAIS 4083 1° Le fa(^ •— en Algérie ,^5) (1), est quelquefois rendu par ph dans des mots tels que Moustapha, muphti, ce qui ne peut s'expliquer que par une influence grecque; ces mots nous viennent en effet de l'Orient, et leur orthographe vicieuse est antérieure à notre conquête de l'Algérie. Ce ph est à rejeter absolument et doit être remplacé par f; on écrira donc col de Sf'a (près de Biskra), et non Spha comme on le voit quelquefois. 2'' On trouve parfois rh pour ?'au commencement des mots. Le géné- ral Dau mas écrit rhamadan (mois déjeune), Abd-er-Rhaman (n. pr.); on trouve souvent Rhumel pour le nom de la rivière qui passe à Constantine. C'est encore là un hellénisme qui est d'autant plus injus- tifiable que ceux qui rendent ainsi IV initiale arabe emploient aussi le symbole r/? pour désigner le ghaïn ( ?•) dont il sera question plus loin, confondant ainsi deux lettres fort différentes, dont l'une a son écjuiva- lent exact en français. 3° Le shi (^ (pron. sinn) est notre s, mais il est toujours dur, comme en espagnol, et ne prend jamais la valeur de z que nous donnons à l'.s' entre deux voyelles (raison, brisé). La crainte de cet adoucissement de l'^ fait que la plupart des auteurs rendent le sin tantôt par s, tantôt par ss,c ou ç et ce (hassipour /îâs/^^U., puits, chemce pour chems ^>^^^^, soleil, etc.). De Slane et Gabeau emploient méthodiquement s au commencement des mots ou après une consonne (S/Z/no/u', Tlemsani),1et c ou 6's entre deux voyelles, suivant que la seconde est e, i ou bien a, 0, ou, {Kacem, Faci, Monssa) ; ils repoussent ç, de crainte que, la cédille venant à être oubliée, on ne prenne, par exemple, caïd (A-.xw, heureux) pour caid {^ijJ, cheA'). M. Beaussier (2) a adopté les mômes principes dans un dictionnaire com- posé d'ailleurs avec beaucoup de soin. Mais n'est-il pas regrettable qu'une seule et môme lettre, dont VarLiculation est toujours la même en arabe, soit ainsi représentée de trois façons différentes (.s^, ss et c)? Du moment que les auteurs que je yiens de citer admettaient ss, il n'y avait pas lieu de prendre encore le c; ne pouvait-on écrire Kassem, Fassi aussi bie:i que Moussa (3), et n'est-ce pas chercher la complica- (1) Il esl à remarqiKM- qu'en Algérie et dans tout lo MaghrebJ(Etats barbarosqucs) les lettres ^_^ (1) et {^{i[] sont autrement ponctuées qu'en Orient. On écrit v_5(f) et <^_^(q). Cette difTôrencc de ponctuation a souvent donné lieu à des méprises, particulièrement dans les noms propres. C'est ainsi que le mot 5^Li,, nom d'une ville qui était située près de Cairouan, a fait croire à l'exis- lenco de deux villes distinctes Racdda et Rifâda, suivant que ,^__3 a été pris pour un q ou pour une f. —Dans le présent travail, j'emploierai toujours la ponctuation orientale de l'arabe classique. (2) Diciionnaire pratique arabe-friuiçais, contenant tous te mots employés dans l'arabe parlé en Algérie et en Tunisie par MAncELiN Beaussier, interprète principal de l'armée d'Algérie. — Alger, 1871 (autographié). (3) Je préférerais d'ailleurs la solution inverse, en rejetant tout à fait ss et reprenant ç devant a, 0, ou ; hdti, Moùça rendraient bien mieux la prononciation arabe que ha.isi, Moussa. 1 084 GÉOGRAPHIE tion à plaisir? Il vaudrait bien mieux, à mon avis, convenir une fois pour toutes que dans les mots transcrits d'une langue quelconque pos- sédant un alphabet spécial, nos consonnes gardent strictement leur valeur alphabétique et qu'elles ne doivent jamais s'altérer comme s'al- tèrent, par exemple, s, f, d, dans nos expressions maison, neuf heures, grand homme, pas plus qu'elles ne peuvent être muettes, ce qui arrive si souvent à la plupart d'entre elles en français (plom6, tabac, grantZ, cle/; rauf/, fusi/, coup, aimer, pas, Xvot, aux, nez). Ces exceptions dans la valeur de nos lettres sont propres à notre idiome, et ne devraient pas être transportées dans des mots étrangers (1). Si, comme je le propose, on rendait toujours le sin par a-, on n'emploierait 5-s- que lorsque la lettre arabe est elle-même redoublée, comme dans les mots Tébessa, Hassan, qui rendent fort bien iZ^ et j'-*"=^ C^)- Je ferai une dernière remarque sur la transcription du sin par ss. Beaucoup d'auteurs redoublent Vs à la tin des mots et écrivent medjless pour medjlès ( ^^^sr■' tribunal), sans doute par crainte qu'on ne pense que Ys finale n'est que la marque d'un pluriel français et n'ap- partient pas au mot arabe. Cette cause d'erreur n'existerait pas si, comme je le voudrais, on ne mettait jamais à des mots arabes le signe du pluriel français (3). On admet cette dérogation aux règles de notre orthographe dans beaucoup de mots d'origine étrangère, tels que des quiproquo, des alibi, des alinéa, des déficit, des Te Deum, des forte et des piano, etc. Cette pratique me paraîtrait sage et éviterait bien des erreurs. On a dit d'abord un spahi; à force de voir écrit des spahis, beaucoup de gens, croyant que Vs appartenait au mot arabe, se sont mis à dire un spahis, en faisant sonner une le!.tro qui n'existe pas dans le mot arabe. J'ai trouvé de môme un gourbis (gourbi, hutte en bran- chages). L'emploi, de l'.s- comme marque du pluriel conduit encore à d'autres erreurs. Les pluriels arabes se forment le plus souvent par un changement de voyelle ou par l'intercalation d'une voyelle qui n'existe (1) On pcLil ccrUiinemonL objecicr qu'il u'esl pus possible; di; faire une convention avec les lec- teurs ordinaires et qu'en écrivant hâsi presque tous prononceront liâ:i et non hdci. Cela est vrai ; mais les mêmes lecteurs feront la môme faute de prononciation dans les noms espagnols tels ()ue Vtllahennosn (où \'s doit également être prononcée comme ç) , et nous verrons plus loin qu'on est bien obligé d'employer des symboles de convention pour rendre les articulations (jui manquent à notre langue. Si le but principal des transcriptions pratiques est de représenter aussi fldèlemcut que possible la ■prononciation, il faut pourtant chercher aussi à ne pas trop altérer la physionomie des mots : en voyant Tlcmsani, Kacem et Moussa, chacun pensera tout naturellement que ces mots arabes renferment trois sifflantes distinctes. (2) En arabe on n'écrit pas deux fois de suite la môme leltrc. Pour la doubler , on la surmoule du signe ~ qu'on appelle un teclidid (renforcement). (3) Les écrivains sont pleins d'inconséquences à cet égard. Ainsi le même auteur (le capitaine Villol) écrit sans s .- les mahakma, les cheïkh, les mokaddem, les felidj ou les feldja (plur. arabe de felidj), et an'c -s .- les haïks, les smalas, les djemâas, les zaouïas, les gourbis, et même les tolbas, les kçours, les khouaiis, mots qui sont déjà des pluriels arabes. G''^ PARMENTIEU. TRA.NSCUIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1085 pas au siiig-ulier. Le pluriel de kbir {j^ grand, chef) est khàr slS . On a dit longtemps les kebirs': depuis quelques années, les offi- ciers de l'armée d'Afrique disent volontiers les kbnr, mais ils écrivent presque toujours kbars, pluriel français d'un pluriel arabe (1). 4° C'est encore par crainte que l'on n'applique à tort les règles de notre prononciation à des mots arabes que beaucoup d'auteurs doublent Yn après une voyelle ou la fout suivre d'un e muet. De Slane et Gabeau écrivent Mannsour, Slimane, Hacene, Bedr-ed^dine ; mais ils écrivent Hassoun parce qu'en français Yn ne nasalise pas la voyelle ou. Ils tran- scrivent le mim ^ (prononcez mimin) simplement par m. Pourquoi donc ne craignent-ils pas qu'on nasalise l'a de èeïram (comme dans li/;. quidam), et n'écrivent-ils pas beirame ? Ce serait logique. Pour moi, je pense que ces complications sont inutiles, d'autant plus qu'il est bien difficile d'être conséquent avec soi-même : les auteurs que je viens de citer écri- vent bent (vJU^j iillej, et non bennt, sans craindre que l'on prononce eut comme dans les mots français deiit, arpent ou il vient. Je propose donc de remplacer toujours l'/t comme Ym aiabL' par les mêmes lettres françaises et d'écrire Mansoûr, Slimân, Hasn, Bedr-ed-din (2). 5° Rien ne paraît plus simple que de remplacer le kafon kef(^Lf) par /.• qui est son équivalent français. Mais on le rend souvent par c {couscoussou, mets arabe, beylic, gouvernement du bey),ou par ck {haïcky vêtement arabe, beylick, Sidi-Mabrouck, localité près de Constanline, Abou-Beckre (3), beau-père et successeur de Mahomet). Ces orthogra- phes sont à rejeter. 6" Le hé (ï) est une h aspirée (comme Yh du mot français lieras) que les Arabes prononcent toujours, même à la lin des syllabes (Allah). C'est donc à tort que l'on considère souvent cette lettre comme étant muette, en disant, par exemple, la sagesse d'Haroun, ou qu'on la supprime même comme dans enchir pour henchlr (v^-^*^ ruine archéo- logique), mot que l'on trouve souvent sur les cartes géographiques. [i] Cette double forme est d'ailleurs une recherche qui ne pourra jamais être appliquée qu'à un petit nombre de mots très usuels en Algérie. On dit vn kçnr, des /içok/- [y^, pi. jy'^],'un tâleb, des tolba ('^^'-J=. lettré, pi. '-~^) ; mais on dit des cheikh et non des m'chaïkh ou rfes chioukh comme disent les Arabes. C'est affaire d'usage en Algérie. Je ferai encore remarquer, eu passant, cfue l'on prend souvent un pluriel pour un singulier : on entend dire parfois un kçour, un alalic.h (pluriel arabe de altouch, palanquin pour fumme). Un Touareg (pluriel arabe de Targui] est presque consacré par l'usage, et l'on ajoute communément une s à ce pluriel quand on écrit des Touaregs. Ce sont des erreurs contre lesquelles il importe de réagir. (2) L'c muet après une n finale serait plus justifiable s'il était réellement muet comme dans la langue anglaise, où les mots cause, taie, there soni de véritables monosyllabes que li's poètes font rimer avec laws, hail, air. Mais le génie de notre langue ne i)ermeL pas de considérer le mot terre comme un monosyllabe et de le faire rimer avec nir ou fer. En écrivant Slimane, il faudrait, dans un vers français, compter ce nom pour trois syllabes, tandis qu'il n'en comporte réellement que deux. Celle raison me paraîlrait seule suflisanlc pour rejeter l'emploi de l'c final, prétendu muet, dont il est ici question. (3) Fn. CoppÉi:. if< Itécils et tes Élégies [l'Araignée du prophète}. 1086 GÉOGRAPHIE 7" Le chin ^ (prononcez chinn') a pour équivalent notre eh et doit toujours être rendu par ces lettres, à l'exclusion de Vsh anglais et, malgré le fâcheux exemple donné par Sylvestre de Sacy, de Ysch germanique, ainsi que je l'ai déjà dit plus haut § IV. S^ Le djim ^ (prononcez djimni') est très généralement transcrit par dj, et ce n'est que par ignorance qu'on rencontre souvent cette lettre rendue par le ,/ anglais ou le barbare dsch des Allemands, dans des noms orien- taux maladroitement copiés en France sur des transcriptions anglaises ou allemandes. Pourtant, Garcin de Tassy a adopté le j anglais pour tran- scrire le djim arabe et persan, ce qui est d'autant plus inexplicable que l'alphabet persan possède le j français (j) que Garcin de Tassy tran- scrit également par j. Chodzko, dans son excellente grammaire per- sane (1), rend avec raison le J par / et le ^ par dj . Il est à remarquer que dans une partie de l'Orient, noEaaiment en Egypte, le -. se prononce comme un y dur : -Us-***-^, mosquée, se prononce masguid, mesguèd, au lieu de masdjid, mesdjêd ; )^^\ se lit Zanguebâr et non Zandjebâr. C'est que primitivement le -. ré- pondait au (juimel hébraïque (j) c'est-à-dire à notre g dur, et cette lettre s'est adoucie plus tard chez les Arabes, de môme que le g latin s'est amolli en français et en italien oîi il a pris, au moins devant e et i, respectivement la valeur de j et dj. — Pour les contrées où le ^ a conservé sa valeur archaïque, on le transcrira par g (devant a, o) ou gii (devant c, i). En Tunisie, le djim se prononce généralement comme le y français, ce qui explique l'orthographe du mot mjez qu'on trouve sur beaucoup de cartes de l'Algérie près de la frontière de l'Est (pour mdje:^, ys:^ passage). VII — Les trois lettres faibles et le àin. L'alphabet arabe renferme quatre lettres d'une nature tout à fait par- ticulière au suJHt desquelles il est indispensable que je m'étende un peu. Toutes les grammaires arabes débutent en disant que l'alphabet com- prend vingt-huit consonnes sans voyelles, puis elles donnent le tableau de ces lettres avec leur valeur en français. Je me rappelle encore la profonde stupéfaction que j'éprouvai en voyant pour la première fois, dans une grammaire de l'idiome algérien, le tableau des consonnes ara- bes dont quatre \, p, j, ^, avaient pour valeur a, é, i, o, ou — a, o, ou, eu, i — 0, ou — y, i, a. Je cherchai l'explication de ce phénomène dans la suite de la grammaire et ne trouvai rien de satisfaisant. Les deux dernières de ces lettres sont, à proprement parler^ des (1) Grammaire persane ou principes de Uiranien moderne, par Alex. Chodzko. — Paris, 1832. G"*^ PARMENTIER, — TRAiNSCRIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1087 demi-voyelles. Le ouâou (j) n'est autre chose que le w anglais que nous ne pouvons effectivement rendre que par ou. Le ija { -) est 1« j allemand, consonne que les Latins connaissaient mais confondaient dans l'écriture avec I (1). Ces deux lettres peuvent, comme les autres co isonnes, porter les signes des voyelles : J, j se lisent oua, oui (wa, wî angl.) ; ^, /ç ^^ prononcent ^/a, you (ja, ju allem.). Mais lorsque ces lettres suivent une consonne affectée du fatha, signe de ïa, elles forment diphthongue avec cet a : J se lira laou, et ^ mai (lau, mai italien ou allemand). Le tv anglais et le j allemand s'emploient exac- tement de la même manière : haw (prononcez liaou) est une diphthongue où tv joue le rôle d'une voyelle, de même que aj est une diphthongue dans le mot allemand Baj (prononcez bai). Lorsque j se trouve après une consonne qui porte le dhamma, signe de la voyelle ou, il ne peut plus former diphthongue et il n'est plus qu'une lettre de prolongation remplis- sant le même office que les voyelles redoublées en allemand et en hol- landais, ou que notre accent circonllexe; il eu est tout à fait de même du ^ après une consonne portant le ke.sra, signe de 1'/ : J se lira donc boû, et ^f" chi. Il est à remarquer seulement qu'à la tin d'un mot terminé par ^, dont l'avanl-dernière lettre est affectée du signe de l'a, la diphthongation ne se fait pas sentir et le ya est réellement muet, ce qui fait dire souvent improprement qu'il se prononce a : j! se prononce ila (au lieu d'ilai), comme si le ^ n'existait pas (2). D'après ce qui précède, il convient de représenter ^ par y au com- mencement des syllabes (Youcef, Yaqoub, Yahia, c'est-à-dire Joseph, Jacques, Jean) et par / ou plus exactement par l'accent circonflexe sur Vi, quand il est lettre de prolongation (j^\ amir on émir, chef, prince; {^'.^ din, religion). Le j doit de même être transcrit par l'accent circonflexe sur ou quand il est lettre île prolongation {J\ aboû , père). Lorsqu'il est au commencement d'une syllabe, il a la valeur du w anglais, et M. Duveyrier (3), ainsi que plusieurs grammairiens, le transcrivent par cette lettre. Pour une transcription scientifique, ce caractère convien- drait très bien, en eflet, mais pour la pratique je pense comme de Slane et Gabeau, comme M. Beaussier, que ou doit être préféré. Des tran- (1) L'y des Anglais a également ce double caractère : après une consonne, c'est une voyelle [by. my]; au commencement d'une syllabe, devant une voyelle, c'est une consonne {year, you) ^iie nous prononçons nous-mêmes dans des mots tels que yacht, Bayonne. (2) Dans ce cas", on ne marque pas les deux points sous le ya. (3) H. DuvEVRiEU. Les Touareg du Nord, Paris 18G'.. 1088 GÉOGRAPHIE scriptions telles que Warçjla pour Ouargla seraient à la rigueur admissi- bles, mais la diphthongue anglaise aiv pour aou ne convient certaine- ment pas : awlad pour aoulad (^^5^ eniants), Sawdi pour Saoudt {'S^r" ^^ "^''"' "• P''*)' ^^'^^^^ P<^"^' ^^«ow^ (J_»a> n. pr.) ne sont réelle- ment pas des transcriptions françaises. D'ailleurs, beaucoup de mots tels que Oued, ouadi sont entrés dans l'usage général en Algérie, et wed, wadi ne s'y feraient jamais accepter. De plus, l'arabe vulgaire orthographie beaucoup de mots par un j initial ne portant pas de voyelle, à la place de la diphthongue littérale _ji (aou). Comment tran- scrire J-3_3 (ould, enfant) (1), J^ (oukîl, procureur), ^~>^j (oucjf, domestique), au moyen du iv anglais ? Je me sépare donc entièrement ici de M. Duveyrier avec lequel je suis le plus souvent d'accord, et je propose de transcrire uniformément le j arabe par ou (^). Quant à Vélif (1) il joue également un double rôle. Lorsqu'il est hamzé, c'est-à-dire affecté du signe * que l'on appelle hamza, il est le support d'une quelconque des voyelles a, i, ou, suivant que le hamza est accompagné du falha, du kesra ou du dhamma. Les voyelles ne se marquant qu'au moyen de ces trois signes placés au-dessus ou au- dessous des lettres, il fallait bien un caractère pour les porter lorsque la syllabe commence par une voyelle : c'est le rôle de Vélif hamzé \ ou \ (3). On peut dire que les S(';mites n'ont pas admis l'existence propre et indépendantL' des voyelles, ce (\u\ montre qu'ils ont fait une analyse très fine et très subtile du mécanisme de la voix humaine. On ne peut, en effet, prononcer aucune voyelle sans l'accompagner d'une articulation. L'/t seule peut sortir du gosier humain sans qu'il s'y pro- duise un mouvement d'articulation. Après une voyelle, on en peut faire entendre une autre sans nouvelle articulation, en les liant pour ainsi dire ensemble; si l'on veut les séparer distinctement, il faut repro- duire cette articulation. Pour se rendre compte de cette différence, il suffit de bien observer ce qui se passe quand on prononce successivement Léonce et les onze, ou bien le néant puis la phrase né en Normandie, ou mieux j'y suis né, en Normandie. Dans le mot néant, les deux voyelles se lient et ne forment pas d'hiatus, mais en disant né en Normandie, il se produit dans le gosier entre né et en une contraction suivie d'une explosion qui est une véritable articulation, qu'on sent bien aussi en (1) Gaivin de Tassy ocrit ivalad, cl ajoute qu'on Algérie « on écrit jj» ould ». (2) Kazimirski est du même avis, car dans son grand Dictionnaire arabe-frauçni.i, il donne à la lettre j le nom de ouaou et non de loaw. (3) Le hamza ne se marque d'ailleurs pas plus que les signes des voyelles dans l'usage ordi- naire. Mais lorsque Télif hamzé termine un mot, on le remplaci! par le hiimza seul, mis en ligne avec les autres consonnes (,Li, c'ià, vouloir). G°^ PARMENTIEn. — TKA.^.SCRIPTION DES NOMS ARABES EX FRANÇAIS 1089 disant les voyelles a, é, 1, o, u. Cette articulation est précisément l'élii' liamzé ou le liamza des Arabes, et c'est elle aussi que les Grecs, qui ont emprunté leur alphabet aux. Sémites, ont représentée par Vesprit doux (') dont ils accompagnent leurs voyelles initiales. Lélif ham/.é est donc bien réi'llement une consonne qui porte sa voyelle comme toute ^ i , autre consonne: ! , a — \, i — i, ou, comme v », ha — <__», hl — ^ hou. J'ai dit que î'élif avait un double rôle. Privé du baraza dans l'inté- rieur des mots, il n'est plus qu'un signe de prolongation pour l'a qui affecte la consonne précédente, jouant par rapport à cet a le même rôle que j5 et ^ de prolongation par rapport aux voyelles ou et i. La svllabe Lj n'est donc autre chose que hâ. Comme I'élif e:st rarement bamz dans l'intérieur ûc?, mots, sa présence indique presque toujours l'exis- tence d'un a qu'il prolonge : c'est pourquoi on l'identifie si souven fort impi'Oprement avec notre lettre a (Ij. Les trois lettres dont il vient d'être question î, _5, ^ ont été nom- mées lettres faibles ù cause de leur analogie avec les trois voyelles et du fréquent remplacement de l'une par l'autre dans les flexions ver- bales. Le ain (2) (p) ne>t autre chose qu'un renforcement guttural du hamza, qu'on produit par une forte contraction du gosier et qui est ex- ti'èmement difficile à prononcer pour un Européen, à moins, a-t-on dit, qu'on ne l'étrangle un peu. En effet, si l'on se serre la gorge et qu'on essaie de prononcer la voyelle a, on fera entendre le aïn et on pronon- cera ?-, au lieu du simple a (î). La forme même du aïn n'est qu'un hamza agrandi. On ne peut le transcrire pratiquement, comme l'élit hamzé, que par la voyelle qu'il porte, et c'est bien à tort que Glaire (3) le représente par h. On ne traduira donc pas v*5 (Omar) par Homar, V.5 (œil, source, ou letti'e aïn) par haïn (4), etc. Dans les livres (I) Les Arabes de rAlgerie ne prononcent géuéralcracnl pas le liamza au milieu des mots. Le respect religieux a pourtant sauvé le hamza dans le mol Koran qu'on prononce Qor-'dn et non Qo-rdn. Celte tendance à négliger le hamza est d'ailleurs toute nalurelle, et dans la conversation rapide on prononce né en à peu prés comme mant. Cela est si vrai que beaucoup de personne en France ne savent pas bien ce que c'est que ikinlus et s'el')imenl de la sévérité des règles de notre versification à cet égard, a. Pourquoi, disent-elles, ne peut-on écrire lu es puisqu'on dit tué : l'un n'est pas plus dur que l'autre. •> La différence est le liamza ou esprit doux qui sépare les deux voyelles dans le premier cas et qu'on ne peut s'empêcher de faire sentir en pronon- çant bien comme lorsqu'on parie en public. (2i Je dis le ain et non tain, parce que, si rusage français de raposlrophe supprime le hamza des voyelles initiales, il me paraît difficile de ne pas tenir compte de la forte contraction «jui commence le mot ain. Nous admettons un hiatus du même genre quand nous disons le onze du mois. (3) Principes de grammaire arabe, pat J.-B. Glaire. Paris, 1861. [i] Dans le mot Itorde qui vient du lurk o;7/oii ' J-^ij", camp), c'est un simple hamza qui a été remplacé par une A aspirée. 69 ^090 GÉOGRAPHIE didactiques, les uns ont représenté le aïn soit par l'esprit doux ou une apostrophe (1), soit par l'esprit rude (/) (2); d'autres l'ont marqué par un double accent (a", eu", o") (3) ; d'autres encore, par un accent circonflexe (â, ê, î, ô) (4), ce qui n'est pas judicieux, car il n'est pas naturel de détourner cet accent de sa signification ordinaire de signe d'allongement . VIIL — Les emphatiques, les dentales et le ha. Parmi les onze lettres qu'il me reste à examiner, cinq sont dites emphatiques, parce qu'elles se prononcent en effet avec une certaine emphase, comme cela nous arrive accidentellement pour certaines de nos lettres dans le débit oratoire ou dans le chant. Ce sont les lettres : >^ , emphatique du /r» (s); q^, emphatique du i (d) ; L, emphatique du C-» (t) ; ^, emphatique du S (o grec) ; et ^k*, empha- tique du ^jX (k). Le çad (^) est une s très dure comme Vs espagnole. Les grammai- riens qui ont voulu le distinguer du sin (^, s ordinaire), l'ont rendu par ç, s, s'. Dans la pratique, la plupart des auteurs (Garcin de Tassy, de Slane et Gabeau, Beaussier, etc.), le transcrivent de la même manière que le sin. Mais notre c, muni d'une cédille devant a, o, u, semble avoir un degré de dureté de plus que Vs, et convient parfaitement pour repré- senter le çad et le distinguer tout naturellement du sin, si l'on adopte la proposition faite plus haut (§ VI, 3°) de rendre toujours cette dernière lettre par s. Les Arabes ont tout particulièrement développé le système des dentales dont ils ont marqué beaucoup de nuances. Leur alphabet renferme le :> (d), le C^ (t un peu adouci), le i) (o grec ou ih anglais doux), le O (0 grec ou Ih anglais rude), et trois lettres J^ , ^ et Jb, qui sont (es em- phatiques de :> (d), vj> (t) et 3 (o). Il est vrai que les Arabes modernes, ceux de l'Algérie notamment, ont beaucoup perdu de la sensibilité d'oreille de leurs ancêtres ; ils ne connaissent plus toutes ces nuances, et (1) BriESMEu [Principes chhncntaîrcs de la iuigue aruba. Alger, Paris, 1807). — Pihan [Élc- mcnlsde la langue algérienne, otc. dojà cité). — H. Duveyrier (ies Touareg du yord, à.&ik cite). (2) PiHAN [Dictionnaire étymologique des mots de la langue fran^jiise dérivés de l'arabe, du persan ou du tu7-k. Paris, 1866). — Al'g. Cherconseau [nictionnaire français-arabe pour la conversation en Algérie. Paris, 1872). (s) Bellemarb [Grammaire arabe à l'usage de l'armée et des employés civils de l'Algérie, 5° édit. Alger, Paris, 1865). (/,) HÉLor [Dictionnaire de poche français-arabe et arabe-français à l'usage des militaires, des voyageurs et des négociants eu Afrique. Alger). — Delaporte (Guide de la conversation française- arabe 0'/ dialogues. Alger, 184G). G"" PAîniEXTIEU. TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1091 quelques-unes des lettres ci-dessus ne sont plus qu'une affaire d'ortho"-ra- phe. Le 3 (3) est généralement prononcé comme le :> (d), quelquefois comme c^;^ ou .z : on dit Drâa-el-Mizân (jh-n-*-^' f'v-^)» comme si le nom de cette localité commençait par ^ et non par :>. Le vJl^ (6), qui a conservé sa valeur en Orient, est rarement bien prononcé en Algérie où on lui donne souvent la valeur de t au milieu des mots, et de ts ou 5 à la tin. Le dhad (j^) et le dha (Ji), emphatiques de :> et O, sont complètement identifiés en Algérie, et sont peu distincts de 3.. Comment convient-il de transcrire pratiquement ces lettres? Tout le monde rend le C-» par notre t ; son emphatique ^ se transcrit tantôt par t, tantôt par th (oa t', t dans les livres didactiques). Le symbole th est il rejeter, ou plutôt à réserver pour rendre le . ie propose donc d'accord avec M. Duveyrier, avec de Slane et Gabeau (et pour cette lois aussi avec Garcia de Tassy), de rendre le vIj et lei> indifféremment par t (1). Je traiterai plus loin de la forme particulière et du rôle du t final (s) dit Ta marboula (voy. § X). Le ôj doit être rendu par th. La plupart des grammairiens de Tarabe algérien le rendent par ts qui représente effectivement la prononciation vicieuse des Arabes moghrébins (2) ; mais, dans tout l'Orient cette (1) Ceux qui ont voulu dislinguer ces deux lettres arabes ont toujours et univorseliement rendu le .J^ par t , et désigné le h par une modification de cette lettre, telle que th, l', t. C'est pourtant là, bien certainement, une erreur : c'est le ]s qui répond à notre /, et c'est le ^" , qui aurait dû être distingué comme un arhucissemcnt du t. Le vJIj se prononce avec beaucoup moins de force que le t européen, et en Algérie il sonne même parfois comme ts. Nos auteurs se sont laissé influencer par les grammairiens arabes qui disent que le ^ est un ^j^ emphatique. Empha- tique pour eux, mais non pour nous. Pour justifier cette opinion, un peu neuve peut-être il me suffira de faire remarquer que les Arabes, tant anciens que modernes, ont partout et tou- jours transcrit le t européen par Js et non par vj^ ; IllâTwv est devenu .^^Jp^llAflàtoun ou Flàloun) ; cvÔÂO;, Jj.l2.0l (Astoûl) ; la Palestine ^^*Ji (Filaslîn) ; Constantine  ; ■ ti ' «.? (Qoseatinal, et quand les Arabes algériens transcrivent des mots européens tels que ^iXjll^ tabla, table), iJsLiiJ [balâta, patate, c'est-à-dire pomme de terre), quelques-uns d'une façon fort barbare comme ^^JaJ.^ (mîlîtîr) pour militaire , ^Jaj (notîr) pour notaire, c'est encore par ja et non par ,j-_, qu'ils rendent notre f. C'est une raison de plus pour ne pas transcrire le U autrement que par t. Les Malais, dont la h-.ngae s'écrit avec les caractères arabes, se servent aussi du _^ préférablemcnt au ^j^ pour rendre le t des mots européens tels que / w*]^ S" [fiartas papier), jùA-svia [tambour, tambour), etc. Richebé (savant professeur d'arabe, malheureusement mort fort jeune à Alger) qui a le premier attiré mon attention sur le fait indéniable dont il vient d'être question, pensait qu'il en est de même des lettres . ^ et o -, cette dernière, emphatique de la première pour les Arabes, serait d'après lui équivalente à Vs des langues européennes dont le serait un adoucissement. Cela me paraît contestable,, et n'est, en tout cas, pas aussi constant que pour ,^ , et !^- les Arabes rendent les .? européennes, tajitôt par ^^^ , tantôt par ^ ; et, de fait, il y a bien plus de nuances de force entre les s des diverses langues de l'Europe qu'eatro leurs t. (2) On appelle Maghreb {>^j^i l'occident), tout le nord de l'Afrique, àtué à l'occident de l'Arabie, et Maghrébine ou Moghrébins les habitants de tous les États barbaresqucs. '1092 GÉOGRAPHIE lettre a conservé la valeur du 0 t^rec que nous transcrivons logiquement par th. En anglais, th a la mAuie valeur quand il a la prononciation rude (thus, think). Je pense donc, avec M. Duvoyricr, qu'il faut tran- scrire le yjL> par th, et écrire Ihénia (col) et non ténia ou tscnia. Le i est ordinairement représenté par d ou ch. C'est l'aspirée du d '(le 8 grec) (ju'il est naturel de figurer par dh, de môme qu'on représente par //t l'aspirée du t. On peut figurer de la même manière son emphati- que-îs. Quant au ^, emphatique du d, il n'est pas rationnel de lui -donner le signe de l'aspiration. Mais cette lettre ne diilere aucunement, en Algérie du moins, du ^, et la plupart des grammairiens adoptent le •même symbole pour ces deux lettres et même pour 3. De Slane et Gj- beau rendent simplement les trois lettres dont il est question par d, comme le 3, parce qu'ils admettent qu'en Algérie 2> est identique à 0, et que les emphati(|ue3 de ces deux lettres n'en peuvent pas être prati([uement distinguées. M. Duveyrier transcrit les trois lettres 3, Jà et. ^js par dh, et je me range à son avis, bien qu'à regret pou.' ^y» et faute de mieux (1). On écrira donc dhaya {hl^, grande ilaque d'eau), dhoh'r ij^'^ heure de midi), dhib (v -ji loup, chacal). La dernière des cinq lettres qu'on appelle em{)hatiques est le qaf ou qof{i^ — ^'^ Algérie ^). C'est un li très guttural (|ui doit être formé plus avant dans la gorge que le k, an même point que le g dur. Quand, -imitant le cri des poules, nous disons qu'elles font gâ-gâ, cela n'est pas ^rès exact ; elles font en réalité qâ-qâ avec le qof sémitique (2). — On pourrait sans grand inconvénient tj'anscrire le ^^ et le ^ indistincte- ment par k, comme l'ont fait De Slane et Gabeau, mais rien n'empêche de profiter de ce que notre alphabet possède le k et le q, pour distin- guer les deux lettres arabes, au moins par Vccriture, à l'exemple de beaucoup de grammairiens et de M. Duveyrier (3). Il est vrai que le q étant, en français comme en latin, toujours suivi de u, des mots tels •{\) Les Tiiiks et les Persans qui no connaissent jias l'articulation du 5 grec mais qui ontnéan- f moins conservé les lettres Js Ji et ^ dans leur alphabet, leur attribuent à toutes trois vnc -seule et même valeur, celle du z français. (2) Si Ic.-i poules peuvent nous apprendre à bien prononcer le qof, les oies irrilèes nous font très bien enlcndre le sifflement du 6 grec ou th rude anglais, et le bêlement du mouton n'est pas sans analogie avec l'articalatiju du aïn, ainsi que l'ont fait remarquer Vignard et Martin, auteurs d'un Choix de fables tirées de La Fontaine et écrites en arabe vulgaire (Constaniine, H8o.'.). (3) Lorsque les Grecs ont empiunté leur alphabet aux Phéniciens, ils ont d'abord admis le .kaf cl le r/o/" sous la lorme du kappn (x) et du I;oi);ta (*P), mais bientôt, ne distinguant pas ces deux lettres dans la prononciation, ils ont suppiinié la seconde, la conservant seulement dans leur système de numération oii elle représentait le nombre 90. Les Latins, qui ne distinguaient ■pas davantage les deux arliculaiions du kat et du qof sémitiques, ont au contraire adopté le qof sons la forme du q, et ce n'est qiic plus lard qu'ils ont admis le k grec dans leur alphabet. C'est ainsi que les deux lettres sémitiques sont arrivées jusqu'à nous et i-e retrouvent dans notre ..alphabet, quoique dans notre systcnio phonique les lettres k et q no représentent qu'une seule -et môme articulation, celle du kaf (k). G"' PARMENÏIER. — TRANSCniPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1093-' quo El qantara, saqia, fondouq ont pour nous une forme insolite (1). C'est sans doute pour cette raison ([ue Garcin de ïassy transcrit le ^^ par c à la fin des syllabes et devant a, o, u, et par qu devant e, t. Le général Daumas a inventé la singulière transcription ku pour (^ : i^ écrit iaiesob (Mia), kui^hila (tribu), kuesenr (château) pour qçob, qbila^ qçar ou qaçr. Mieux vaudrait assurément adopter r/(i comme Hélot, qui' écnl quadi, quaïd, oie. Une autre singularité qui mérite d'être relevée, c'est que dans sa grammaire de l'arabe littéral (ou classique), Glaire^ représente ^ par k, et ^^^, qui est universellement reconnu comme l'équivalent de k, par q ou c. Tout cela est bien peu rationnel, et je pense qu'il convient de représenter les deux lettres arabes dont je m'oc- cupe par k eiq, sans toutefois repousser absolument le système qui con- siste aies rendre toutes deux par k (2). Il est bien entendu d'ailleurs que ce que j'ai dit à propos de la transcription vicieuse du '.jX (k) par ck s'applique également au ^ (q), et qu'il est bien fautif d'écrire /b/îf/ouc/c (^•jj._i), (fondouq, marché couvert), ou mùme Sad/cq-Pacha (par cq). Le g dur, qui est l'adoucissement du qof, n'existe plus dans l'alphabet des Arabes qui ont laissé le -. s'amollir en dj (3). Cette articulation est pourtant fréquente en Algérie (goum, rassemblement; gourbi, hutte en branchages; gandoura, chemise longue; gazzân, dhaur de bonne aven- ture ; Bcn-Gana, n. pr. etc.) (4). Aussi a-t-on inventé dans le Maghreb la lettre o pour désigner notre g dur, ou bien on y emploie la lettre per- sane vj/'qui a la même signification. Ces lettres seront naturellement ren- dues par^y devant a, o, ou, et par gu devant e, /, et l'on écrira de même les noms propres du Sud de l'Algérie tels que i7-Go/crt, quand même on les verrait écrits, comme il arrive souvent, par le qof ^ au lieu du ô peu usité. Puisque je viens de passer en revue les lettres dites emphatiques, je rattacherai :'i ce paragraphe le ha (^) qui pourrait être considéré comme (1) Au \\\' siècle, beaucoup de bons esprits (Mcigrct cl Jean le Pellolier, Ramus et Antoine le Baïf, Et. Pasquier et d'Aiibigue.. .) avaient essayé de remplacer, dans le français, qu par un simple 7 chaque fois que Vu ne doit pas se faire entendre : lis écrivaient qoy. qelricfois, qatre. Coite reforme n'a pas prévalu dans notrclangue, mais on pourrait bien admettre ce q non suivi de u pour rendre le " de l'alphabet arabe. (2) Beaucoup de mots arabes, très usuels en Algérie et presque naturalisés français ont une- orthographe consacrée par l'usage. Tels sont les mots cuid ou kaïd, cadhi, Coran ou Koran casbd ou laishci, ainsi que le nom û' Abd-el-Kader. Ce serait faire acte de pédanli-me que de vouloir reformer ces orthographes consacrées el décrire qaid, qàdlii, Qoràn, qnçba, Ahd-el- Qàdr. ou même Q'i:uil pour Kabilcx. Les règles de transcription que je propose ne s'appliquent pas à ces cas, mais à la reproduction de mots arabes nnn frinicisés p-ir l'usage, et surtout à des noms propres d'hommes ou de lieux. (3) Voyez à la lettre djim § vi, 8". (4) Les Bédouins du Sud notamment ont une grande tendance à adoucir le l3 on g dur et k prononcer giiebli pour qabli méridional, sâguia pour sâqia can il d'irrigation, azreg pour arceg bleu _ d'azur, etc. C'est une espèce de provincialisme. 1094 GÉOGRAPHIE l'emphatique du hê (s). C'est une h très fortement aspirée, même à la fin des syllabes ( w\^a.t, A/?.mcd, n. pr. ; ^i^, fella/i , laboureur (1). Certains grammairiens l'ont représentée par hh ou h, ce qui n'est pas à adopter dans la pratique. Mais moins encore que pour le ï (h), con- vient-il de considérer Vh provenant de la transcription du ~. comme muette, ou même de la supprimer comme on le lait parfois. On n'écrira donc pas l'hammam {a'^s^, h^'m maure); ou amar pour hamâr (jU^ âne) ou pour ahmar ( »y=»-'> rouge). Le capitaine Villot citant les rites orthodoxes de l'islamisme les nomme : le chafeïte, le maUkite, l'hanejite et le hanbalite ; or ces deux derniers mots commencent l'un et l'autre par un _ et il n'y avait aucune raison de supposer l'une de ces h muette. Le mot alfa (plante textile) est aujourd'hui à peu près consacré par l'usage : on a d'abord écrit Vhalfa, puis l'alfa , et cela est regretta- ble car le mot arabe (a_àW) commence par un ^ (h fortement aspi- rée (2). IX. — Le kha et le ghdin. Le kha a. est une très rude aspiration du k, ressemblant au x grec, au eh allemand après a, o, u, et surtout à la jota espagnole (j). Cette let- tre a subi les transcriptions les plus curieuses et les plus variées (k, ck, kh, ckh, kr, khr, cr, qr) (3), ainsi que j'ai déjà eu occasion de le dire à propos du mot cheikh (§ III). Les orientalistes de toute nationalité représentent généralement le ^ par kh, et cela avec raison puisqu'il s'agit d'une aspiration du k (quoi- que plus rude et plus ronflante que le / grec et le ch allemand). Mais •;H) Xes Arabes font entendre très distinctement l'h finale, que ce soit un ^ comme dans Allah ou un -^ comme dans fellah. Aussi, les Grecs de rAsie-Minoure qui nont pas d'h dans leur alpha- bet, rendent-Us souvent l'h finale par X dépassant ainsi le but (' Aj(;n.7i5, 'ALLàj^. (2) Entraîné sans doute par un souvenir classique, le capitaine Yillot écrit même, fort incorrec- tement, alpha (Cf. § Yi, ^°.) i(.3) iLa transcription maghzen pour .'js:* (makhzen) que j'ai trouvée dans le Bulletin géttéral du goicvcrncment de l'Algérie ne peut provenir que d'une erreur d'orthograptie dans le mot arabe lui-même, car personne n'a jamais songé à transcrire le kha par gh. Le capitaine d'état-major Parisot confond de même le kha avec le ghaïii quand il écnlsebgha pour sebkha Çl^-y^ lac salé), dans une remarquable étude sur la région saharienne comprise entre Ouargla et El-Goléa (Bulletin de la Société de géographie de Paris — février >t880). Cela est d'autant plus étonnant que les transcriptions qu'on trouve dans ce travail sont généralement fort rationnelles et témoignent d'une recherche d'exactitude bien rare chez les nombreux écri- vains qui se sont occupés de notre colonie algérienne. G^l PARMENTIER. TRANSCUIPTION DES \OMS ARABES EN FRANÇAIS 1093 quelques grammairiens et la plupart des écrivains sur l'Algérie ont in- troduit un r dans le symbole qu'ils adoptent. Pihan écrit cr, Hélot kh et khr, Richard (1) kr, Esterhazy qr. Le général Daumas écrit, dans le système éclectique qui lui est propre — si toutefois on peut appeler ce désordre un système, — khéïma, kréima et khreima ('!y>, Gherâm, n-. pr.), rezala (l)iv=^, ghezàla, gazelle), rarbi { ^^ji, gliarbi, occidental) et par inconséquence, gueraba, pluriel de leur rarbi, qui commence par la même lettre. Ils admettent agha « transcription consacrée par l'usage, » quoi- -17 et ^ l>ar ch. dj et gh ne peut donner lieu à auriino équivoque, car r, ; et g seuls ne ré- pondent à aucune lettre de l'alphabet arabe. (1) Souvent on appelle aussi cette lettre le rhaïn. Kaziuiirski, dans son excellent Dictionnaire arabe-français (Paris, 18150), lui donne les deux noms. (2) Eu malais, le gha'in a toujnurs li valeur du g dnr. (3) Qu'est-ce que le son du gh pour un Français ? G-'"' PAUMENTIEU. TRA^'SCRIPTION DES NOMS AUAIiES EN FRANÇAIS 1097 que « les indigènes prononcent ce mot ara (1).» Beaussier dit, assez sin- gulièrement, « le p est, dans beaucoup de cas (2), rendu exactement par Vr, car il n'est en réalité, (ju'un r grasseyé ». Lcghain étant un r gras- seyé (très fortement grasseyé même) ne devrait pas être confondu avec Yr ordinaire, et mieux vaudrait adopter le symbole de convention rh que de ne pas distinguer du tout deux articulations aussi différentes que r et f. M. Duveyrier écrit gh ou rh (Ghadâmès, ville du Sahara; rhedir, flaque d'eau), suivant le besoin, dit-il II est de fait que la pro- nonciation du ghaïn est assez variable en Algérie et qu'elle tient tantôt un peu plus de 1'/% tantôt un i)eu plus du g. Mais il serait bien difiicile de fixer la limite de telle ou telle prononciation et, suivant l'oreille, l'Européen entendra g ou r. Ainsi, la ville que M. Duveyrier — qui admet pourtant le symbole rh quand il en est besoin — appelle Ghadâ- mès,est souvent désignée par Rhadamès, Badamés ou Rdamès. C'est pour- quoi je pense qu'il convient d'adopter un symbole unique pour rendre le ç- et de le transcrire, à l'exemple des orientalistes , invaria- blement par gh. A l'appui de celte opinion, je ferai remarquer encore que jamais les Arabes ne prononcent le ghaïn comme une simple ?•, tandis que dans un certain nombre de localités, dans les Ziban par exemple, cette lettre prend exactement la valeur de notre g dur. En prononçant aga on fait donc un provinciaL'sme arabe, on prononce comme certains Arabes, tandis qu'aucun Arabe n'a jamais dit ara. X. — Le ta marbouta (T lié ou fermé) Il me reste à parler d'une dernière lettre qui n'est pas comprise dans l'alphabet parce qu'elle n'est qu'une forme particulière du <^ (t), dont la (]ueue, au lieu de s'éiendre à gauche, revient sur elle-mpuie de manière à former une boucle, ce qui le fait entièrement ressembler au hé isolé ou final (», i), dont il ne diffère que par les deux points qui le surmontent. Ce t ('») que les Arabes nomment Ta marbouta {t lié) ne s'emploie qu'à la tin des mots : il est ordinairement la marque du féminin et la consonne qui le précède est toujours affectée du fatha (voyelle a, è). Ca t est d'ailleurs complètement muet, à moins que le mot (1) Les iiidIgC'iies ne prononcent jiimais ara, et je suis persuade que aga, tout aussi pou exact d'ailleurs, serait au moitts aussi bien compris que ara. Les Turks prononcent arja. — De même yatagan (pour yataghàn) serait mieux compris d'un Arabe que yaturdn. (2) Oui, dans le cas des personnes qui ont le défaut de grasseyer. 1098 GÉOGRAPHIE qu'il tcraiine ne soit suivi d'un détcrminatif (1). On dit Blida V-xJ.^ sans faire entendre le t ('i ) qui termine le nom de cette ville, mais Blidat-el-djedida (Blida-la-Jeune) ; koudia (colline) et Koudiat-Ati (nom d'une colline près de Gonstantine) ; thénia (col) et Théiiiet-el-had (col du Dimanche, c'est-à-dire où le marclié se tient le dimanche). Le ta marbouta est donc tout à fait analogue au t final des mots français soldat, magistrat, qu'on ne prononce que lorsque le mot qu'il termine est suivi d'un déterminatif (2) commençant par une voyelle : soldat agile, magistrat intègre. Seulement les Arabes ont la précaution de distin- guer par la forme de l'écriture le t muet ( s ) de celui qu'ils prononcent tou- jours (>J1^). Cela est fort simple. Eh bien! le ta marbouta est presque toujours ii:.nscrit en français par une h : Blidah, Milianah, Médéah Habibah ou Aïchah (n. pr. de femme) ; la smalah d'Abd-el-Rader, la casbah d'Alger, la porte Fatimah à Bougie, le djebel (mont) Khalifah, leMansourah (mont près Gonstantine), le Gourayah (mont près Bougie), le théniah de Mouzaïa, etc., etc. C'est là une erreur qui était très géné- rale au début de notre conquête de l'Algérie et qui persiste encore trop souvent malgré bien des etforts faits déjà pour rectifier une ortho- graphe aussi fautive (3). Nous devons supprimer complètement le » lorsqu'il est muet en arabe et le rendre par t quand la présence d'un déterminatif veut qu'il soit prononcé. Nous écrirons donc Blida, Médéa, mais théniet-el-had, Koudiat-Ati, etc. (4). La transcription du i par h est une de ces erreurs que je disais, en commençant, provenir de la connaissance superficielle de la langue arabe. Les indigènes prononçant Blida, Médéa, il n'y aurait eu aucune raison d'écrire Blidah, Médéah, si l'on n'avait entendu ces mots que de (1) De Slane et Gabeau disent : a à la fin des mots, le ta marbouta ou t ferme se prononce n et doit se représenter par cette lettre, mais si ce mot est suivi d'un autre qui commence par une voyelle, le ta marbouta reprend sa valeur réelle, se prononce at et doit s'écrire ainsi. » C'est là une manière fort impropre de s'exprimer. Le ta marboula elant une consonne, ne peut pas se prononcer a ou al. 11 est muet ou se prononce t : l'a accompagne la consonne précé- dente. 11 n'est pas exact non plus de dire que le t se fait entendre quand le mot suivant com- mence par une voyelle : il faut que ce mot soit un déterminatif du précédent, et il peut ne pas commencer par l'article e/.- ou dit thénicl-bou-Saïd, koudiat-Zouïla, chabct-Debouba, dhayet- Kkiaber, (jarct-bcl-Mouïssa , etc. (2) Je dis un déterminatif et non pas un mol commençant par une voyelle, car le t final ne se prononce pas quand on dit : ce soldat est agile, ce magistrat est intègre. (3) Cette h remplaçant le g est d'autant plus fâcheuse que bien des mots arabes se terminent réellement par /i ( 2? ou — - '), par exemple, Allah, fellah, et qu'on supprime parfois cette h né- cessaire et toujours aspirée, croyant coiiiger la transcription fautive du ta marbouta. C'est ce qui est arrivé à l'auteur d'un article récent de la Revue géographique internationale, quand il a écrit Aïn-Sala en supprimant le •y' de .^-J-o (çaiali). (4) a Les 'préceptes de la sunnct » (Journal asiatique) sont une transcription trop rigoureuse, lettre par lettre. Le t représente un ta marboula muet : il fallait écrire la sounna (Recueil des lois traditionnelles des Musulmans). — Dans le mot minaret, dont l'orthographe est consacrée depuis longtemps, nous avons conservé et l'orthographe et la prononciation orientales. G'^l PARMENTIER. TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1099 leur bouche, mais en les voyant écrits on a confondu le ta marbouta avec le hé, ï avec s. Cette erreur était d'autant plus facile à commettre que fort souvent les Arabes omettent de marquer les deux points qui surmontent le ta marbouta. J'ajouterai que les Persans et les Turks, dans beaucoup de mots pris à l'arabe, ont réellement remplacé le ta mar- bouta (qu'ils n'emploient pas) par un hé muet; la terminaison en ah on eh pour des mots d'origine arabe peut donc être exacte dans certaines contrées orientales, et ce fait a pu contribuer aussi à induire en erreur quelques transcripteurs. Je vais rendre compte d'une autre erreur provenant d'une demi con- naissance de la langue arabe. XL — Les lettres solaires et lunaires. L'article arabe, quoique s'écrivant toujours Jl , ne se prononce pas inva- riablement al ou el. Devant quatorze des vingt-huit consonnes de l'alpha- bet, la lettre l de l'article s'assimile à la lettre suivante, de sorte que jVM^iJ! (le soleil) ne se prononce pas el-chems, mais ech-chems, de même que ^j-Otj^:i. ne se lit pas Khéïr-el-cUn, mais Khéïr-ed-din et que ,l^=>. J! »\-.& je prononce Abd-er-Fahmân et non Abd-el-Rahmàn (1). On doit avoir égard à cette altération euphonique de l'article dans les transcriptions françaises, mais pour cela il faut savoir les lettres qui l'exigent. Les grammairiens arabes ont partagé leurs lettres en deux groupes : les lettres solaires et les lettres lunaires (2). Les premières comprennent les quatorze consonnes suivantes : Les dentales : ^jLj cl ^ (t), «^ (th), ^ (d), ^, Jb et ^j^ (dh) .; Les sifflantes et les chuintantes : j (z), ^w (s), ^ (ch) et qs (ç) ; Les liquides : . (r), J (1) et ^ (n). Les lunaires comprennent les quatorze autres consonnes, savoir : Les faucales et les gutturales: 1 (élif) et 9 (a'in), «- et 5 (h), ^ (k.b), Les labiales : ^ > (b), ^ (t), ^ (m) et j (w anglais); Les palatales : ~ (dj) et ^ (j allemand). (1) Je fais remarquer en passant que dans l'écriture l'arlicle \\ se joint toujours au mot sui- vant comme s'il en faisait partie intégrante. (2) Ces dénominations viennent de ce que le mot soleil (chems) commence par une des lettres de la première catégorie et le mot lune \j^ q'mar) par une lettre de la seconde calé- goric. H 00 GÉOGRAPHIE Pour que le J de l'article s'assimile à la consonne suivante, il faut que celle-ci soit une lettre solaire. La règle est sijnpie, et il est assez facile de retenir quelles sont les lettres solaires. On commet pourtant beaucoup d'erreurs à cet égard. Les uns transcrivent toujours l'article par alouel (même systématiquement), et écrivent Abd-el-Rahmân,Haroun-al- Rachîd, quoiqu'on ne prononce pas ainsi ; d'autres se trompent et font l'assimilation pour une lettre lunaire, ce qui est un barbarisme. Le gé- néral ILinoteau, le savant auteur de la grammaire de la langue tamacheq (idiome berbère), a lui-même écrit Abd-el-Kader-(^d-DjiIani (1), comme si le djiin éia'it une lettre solaire, ou comme si le mot DjUani commen- çait par un d (lettre solaire) et non p?.r un ^ (lettre lunaire). M. Lar- geau , explorateur du Sahara, fait exactement la même faute quand il écrit hassi-cd-djemel, au lieu de hàsi-el-djemel (puits du Chameau). J'ai relevé quelque part la transcription Abd-er-Haman, où l'article devient er devant une h! L'auteur de cette singulière règle d'euphonie avait en- tendu qu'on disait Abd-cr-Rahmân, mais il ne connaissait évidemment pas la cause de la transformation de l'artic'e en er. XII . — Les voyelles. 11 me reste à dire quelques mots de la transcription des voyelles. Dans l'origine, les Sémites n'ont pas, comme les Aryas, poussé l'ana- lyse du langage jusqu'à la conception de la consonne abstraite dépour- vue de voyelle. Toute consonne l'eprésentait, à proprement parler, une syllabe, ou, en d'autres termes, elle portait toujours sa voyelle avec elle. Le ^ (b), par exemple, était accompagné de l'un des signes de voyelle brève dont j'ai déjà parié {■, » ba, v » bi, >. > bon) ou, à la tin des mots, du tanouin, signe de voyelle suivie de n (. > Ijan, w^ bin, v._> boun), La consonne peut pourtant aussi être précédée et non suivie de voyelle, et, dans ce cas, on la marque d'un -so/iOîîn('^) ou signe de repos r (v )l , ab) : le mot l.sùs (dholma, obscurité), par exemple, porte un sokoùn suri'/ (i.^!]?). Il résulte de celte manière de comprendre les consonnes que les Ara- bes ne peuvent transcrire sans altération les mots étrangers présentant (1) Dans SCS Poésies populaires de la KubtjUe ilu Jurjura. Paris, 1367. G^^ PARMENTIEU. — TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1101 deux consonnes de suite dans la môme syllabe. C'est pourquoi nXâxojv est devenu chez eux Aflàtoun : n'ayant pas le p, il fallait le remplacer par b ou f, et la double consonne pi ne pouvait être prononcée que fa-la ou af-la. Dans l'arabe classique dit lUtéval (celui du Roran, par exemple), chaque consonne porte — ou, quand les voyelles ne sont pas marquées, est censée porter — son signe grammatical (voyelle ou sokoûn) rigoureuse- ment déterminé. 3Iais dans la langue parlée, les voyelles brèves se sont peu à peu alfaiblies et ont pris souvent le son indéterminé qu'a notre e demi-muet dans le mot chemin. Cela est tout naturel : la rapidité du langage a produit partout le même pliénoms^-ne. C'est ainsi que l'agen- cement compliqué des syllabes longues et brèves des langues classiques a été remplacé dans les langues novo-latines, le grec moderne et les langues de l'Inde dérivées du sanskrit, par le principe d'un accent uni- que faisant prédominer dans chaque mot une seule syllabe au détriment des autres dont les voyelles sont prononcées plus ou moins indistincte- ment. Dans l'arabe parlé de nos jours, on croit souvent entendre deux consonnes de suite, tant la voyelle devenue sourde s'est effacée. En fran- çais, dans la conversation rapide, l'e demi-muet (qui rtMnplace généra- lement une voyelle sonore du mot latin correspondant) disparaît de même, et le moi pelote n'est pas plus long que plate. L'élif initial suivi de deux consonnes (comme dans le mot ^j.\>%\, Aflàtoun, cité plus haut) se prononce à peu près comme l'article iiuJélini a en anglais et s'entend à peine. En Algérie, l'elif initial se prononce souvent ainsi, même sans qu'il soit suivi de deux consonnes : on dit Laghouat pour El-Aghouat, Xa?'6ï pour El-Arbi (n. pr.). Comme dans ces deux exemples, l'élif initial peut fort souvent être entièrement supprimé dans la transcription fran- çaise. Les Arabes eux-mêmes le suppriment parfois dans l'écriture : y bail, pour y \ aboù (père ou possesseur de). Quant aux voyelles sourdes de l'intéri. ur des mots, il serait naturel de les représenter par notre e muet. Malheureusement cela n'est pas sans inconvénient et a donné lieu à une foule d'altérations fâcheuses. Nous sommes si accoutumés h considérer les e des langues étrangères comme devant être prononcés é ou è, (jue non seulement nous les prononçons ainsi dans des mots écrits Mecid, seghir, béni, mais (jue la plupart des éci'ivains prennent le soin de les accentuer et écrivent Mécid, séghir, béni, des mots que les Arabes prononcent M'cid, sghir^ b'ni (l). Cette manière de prononcer est, d'ail- leurs, toute naturelle chez les Français lorsque l'e est suivi d'une con- sonne dans la même syllabe, car, dan? ce cas, notre e, quoique non ac- (i; Les étr.ingcrs^nous rcndenl parfois la pareille: il u'cst pas rare de rencontrer des Italiens qui pronoucciit et écrivent iiicmc (7 fera son chemin. H02 GÉOGRAPHIE œntué, se prononce é (mer, sel, chef) ; c'est pourquoi nous prononçons beti (fils) comme bénn au lieu de dire beunn, et que le nom écrit Abd- el-Kader est presque toujours prononcé Ahd-el-Kadère au lieu de Abd-el- Qadr (I). Beaucoup d'écrivains, pour éviter cette prononciation vicieuse, remplacent Ve sourd des Arabes par eu. Le général Daumas écrit Abou- Bekeur,Touareug, taleub (lettré), fegurv (contrée), a,'?seur (une des heures de prière) ; mais c'est tomber de Charybde en Scylla ; notre eu est trop sonore et trop long- pour représenter Ye demi-muet du mot chemin, et Bekeur ne rend pas mieux que Beker le mot arabe j.Xj (Bekr;. Il y a là une difficulté réelle. Si l'on admettait que e won accen^tté représente tou- jours Ye demi-muet, il faudrait accentuer l'e dans des mots tels que bel (pour ben el, fils de); or, l'orthographe 6e/ paraît bien insolite, et cette distinc- tion entre ber (pron. beurr ou 6'r) et bel est trop subtile pour devenir d'un usage général. Je pense donc que, dans la pratique, il faut suppri- mer Ye demi-muet chaque fois qu'on le peut sans inconvénient, comme dans s^'/i/r (petit), ou le remplacer par une apostrophe J/'c/d (mont près Constantine), ch'mal (gauche), ainsi qu'on le fait souvent pour escamoter une syllabe dans la prosodie de nos chansonnettes comiques (il fra son ch'min). En ce qui concerne les voyelles sonores à conserver dans les mots, le fatha ( ^ ) se prononce tantôt a, tantôt è : on appelle indistincte- ment aiif ou élif la première lettre de l'alphabet, on dit en Algérie émir pour amir, el pour al. L'usage peut seul guider en cela. Le kesra ( / ) se transcrit par i, quelquefois par é, mais suivi du ^ de prolon- gation il équivaut toujours à t. Le dhamma ( ^ ) se transcrit par ou, quelquefois par o, et suivi du ^ de prolongation, on doit le rendre par où. Xlli En résumé, j'appellerai surtout l'attention sur les points suivants : 1° Ne jamais employer ck (pour k ou q), ni sch et u allemands (pour ch et ou); 2'' Répudier les transcriptions anglaises sh (pour ch), j (pour dj), w (pour ou consonne) ; 3" Répudier les orthographes grecques ph (pour f), rh (pour ;- initiale) ; 4° Considérer toutes les h comme aspirées ; (1) Les Français font communément la même faute de prononciation dans les mots allemands, et disent fatère, moutère, Odére, au lieu de fat'r, moufr, Odr [Valer, père, .Vutter^ mère, Oder, n. de fleuve). G^^ PARMEXTIER. TRANSCRIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1103 5° Au commencement des mots considérer y et ou suivis d'une voyelle comme étant des consonnes (1). Par suite, ne pas apostropher l'article dans les mots commençant par ces lettres; 6" Ne pas mettre d'.s- à la fin des mots arabes pour marquer le pluriel (ce qui est surtout choquant pour les mots tels que Icbar, grands, nota- bles, tolba, lettrés, Touareg, qui sont déjà des pluriels par eux-mêmes); 7° Rendre le kha (^j par kh (et non par k, khr, kr, cr ou qi-) et le rjhain ( ?• ) par gh (et non par g, gr, ghr, )'h ou r) ; — le kaf {^) par /;, et le qoj {^J,) par q (ou g, gu, quand il doit se prononcer ainsi) ; — le shi (ir'} par s (n'ayant jamais la valeur de z), et le çad (^) par c ou c. — le ta (wj) par t, ainsi que le Jy (qu'il ne faut pas transcrire par th); — le tha (v±j) par th, et les lettres 5, ib et j^ par dh ; 8** Écrire par un simple a (et non par ah) les noms terminés en arabe par le ta marboula {'i ) (Blida, kasba), à moins qu'ils ne soient suivis d'un délerminatif, auquel cas ces mots se termineront en at ou et (Koudiat-Ati, théniet-el-had) ; 9° Écrire an, in, am, im — et non ane, ine, ame, ime (en pronon- çant ann', inn', amm', imm', les nasales françaises n'existant pas en arabe) ; 10" Assimiler la lettre l de l'article al ou el h la consonne initiale du mot suivant quand cette consonne est solaire, c'est-à-dire dentale, sifflante et chuintante ou liquide, ou pratiquement devant t, th, d, dh (à l'exclusion de dj) ; z, s, c ou ç, ch ; r, l, n. XIV J'ai terminé ce qui concerne la transcription des noms arabes. Mais il n'est pas inutile de dire un mot de la transcription des noms turks, persans, hindoustanis et malais qui s'écrivent au moyen de l'al- phabet arabe un peu modifié. Le turlv est beaucoup plus riche en voyelles que l'arabe. On y distin- gue nettement les voyelles a, é, i, o, ou, u, eu; malheureusement ces sept voyelles ne sont représentées que par les trois mêmes signes de vocalisation dont se servent les Arabes, signes dont la valeur se diversifie m Commo cela a liuu cxceptionmltement en français quand on dit le yacht, la yole, le yucca — la ouate, le oui et le iwn. 1104 GÉOGRAPHIE suivant cerlaiiies règk'S d'euphonie, et encore ne les écrit-on pas plus en turk qu'en arabe. Il en résulte une grande difficulté quand on veut transcrire des mots, particulièrement des noms propres, qu'on ne voit qu'écrits, et cette difficulté se retrouve dans toutes les langues qui ont adopté le sysième alpliabétiipie des Arabes. Les Persans et les Turks ont conservé toutes les consonnes de l'al- phabet arabe, quoiqu'il y en ait plusieurs qu'ils ne savent pas prononcer ou qu'ils ne distinguent pas entre elles, si ce n'est orthograpbiquement pour les nombreux mots se rapportant à la religion qu'ils ont empruntés à la langue arabe. En persan, les lettres O, ^, q^, ^j^, ^,-^-, ^ et j^* ne se rencontrent jamais dans des mots originairement persans, el ces huit lettres auraient pu être supprimées, car O se prononce s (ainsi qu'en turk), et ^, ^, i», ^ ne sont pas distincts de i (h), ^ (s), c^ (t) et ■JlS' (k); le aïa ne se prononce ni en turc, ni en persan, ou plutôt il se réduit à un simple élif hamzé ; enfin dans ces deux langues les trois lettres h, ^ et ^js se prononcent toutes comme j c'est-à-dire z. En turk, tantôt !e j est notre consonne v {j\ èv, maison), tantôt il fait l'onction d'une voyelle qu'on prononce, suivant le cas, ou. o, u, eu {ui bon, celui; ^3*^^ tchok, beaucoup; ^JJjy. yurek, cœur: J^^ tcheul, désert). En persan, le j correspond très souvent au v fran- çais (jr-^ serVj cyprès), notamment au commencement de tous les mots d'origine persane, mais il peut aussi être voyelle (ou) ou diphthongue (ôou prononcez o-ou) : la conjonction _« (et) se prononce vé lorsqu'elle commence une sentence, et ou quand elle sert ù unir plusieurs parties du discours ; ai. a un sens différent suivant qu'on le prononce chév, chou ou ciiôou. Le hé (i) est presque toujours muet à la lin des mots turks (iy qara, noir, iOi dcdé, grand père. Il en est de même à la lin des mots persans (^^j ne, non; aS^ ki, qui), particulièrement toutes les fois que cette lettre remplace le ta marbouta ('» ) dans un mot emprunté à l'arabe (i-xU qalè, forteresse, de l'arabe lAi qala). Le mieux est de ne pas transcrire celte h muette tiiiale : on la trouve pourtant souvent indi(iuée dans les noms propres turks et persans. Les Persans ont été obligés d'ajouter à leur alphabet quatre lettres inconnues aux Arabes. Ce sont le pa v^ (p), le tchim ^ (tch; ch anglais et espagnol), \e guief ^ ou ^ {g dur), et le > J [j français). Ces lettres ont été adoptées par les Turks, mais ils appellent la letire ^ saghir noun, c'est-à-dire n sourde, et en font une n de nasalisation ou la prononcent comme le ng allemand et anglais (1). (I) Cette prononciation appartient surtout au tatare et au turk des provinces, car à Constanti G''' PARMENTIEU. TRANSCUIPTION DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1105 L'alphabet hindoustaal, que Garcin de Tassy appelle persi-indien (1), se compose des trente-deux lettres de l'alphabet persan auxquelles on a encore ajouté les caractères O , ^ et j . La première de ces lettres nouvelles correspond au t lingual ou 'cérébral sanskrit {?5, ordinaire- ment écrit / dans les transcriptions) ; les deux autres, qui paraissent peu différentes, proviennent du dédoublement du d ou d lingual sanskrit (3). Les Malais, qui emploient également les caractères arabes, ont adopté. en outre, le -^ (tch) et le > > {g dur) persans, mais au lieu du w» ip) persan, ils écrivent o, faisant dériver le p de Vf ( /J ) et non du b (v >) (2). Ils ont de plus inventé les caractères £ et ^ pour repré- senter les articulations de ng allemand ou anglais et de gn français (/î espagnol). Cela porte à trente-trois le nombre des lettres de l'alphabet malais (3). Mais beaucoup de ces lettres sont, comme chez les Persans et les Turks, simple affaire d'orthographe pour des mots d'origine arabe. Le ^^, le ^, le ^^ équivalent à ^ (.s), c^ (t) et ^^^ {k) , et le v^ est prononcé s ou Is ; le 9 (aïn) est, comme l'alit'un, simple support de voyelle; les deux h (^ et ») ne sont pas distinctes et sont muettes ou à peine aspirées, comme en français ; le kha (^) est rarement dis- tinct d'un simple k, et le ghaïn (?•) est prononcé comme un g dur. Le ,d est aussi une lettre étrangère, prononcée tantôt f, tantôt p. Le ià et le j» sont prononcés tl et dl (tous deux quelquefois même comme /). Enfin chez les Malais le ta marbouta (5) des mots arabes n'est ja- mais muet et se prononce toujours comme un t. ( Voir le tableau de l'alphabet arabe ci-joint.) nople le sngliir-nouii se prononce presque comme une simple ii. Ainsi, le mot • C* v (dcng-iz, mer) se prononce deniz dans la capitale de l'Empire turk. Quelquefois cette lettre s'adoucit encore davantage, et devient à peu près un i/, comme dans le mot ^^XJ (bey.) (1) Rudiments de langue hindouslame, 2= édit., Paris, 18G3. (2) Les Hébreux considéraient de même le p et 1'/" comme des nuances de la même articulation qu'ils ne distinguaient pas originairement par l'écriture. Plus tard, ils ont ajouté un point au caractère commun lorsqu'il doit avoir sa signification primitive de ;} .- Q =: p; D = /" (phj. (3) L'abbé Favre appelle cet alphabet arabico-matais [Grammaire de la langue Malaise. Vii'nne 1876). 70 1106 GÉOGRAPHIE SS il ^2 3 <=> '^ ■S-2 =S o P- t. 3 ,:^ c 6ii„ £ "S:S = S S -^ ? S c ^ 3 _. O a '* c o « K U. W hJ Cî 2 — ^- 3 H _6C m «, o g c o o < ;;; cï « -~ H s= -:i H fa C3 m 3 O • o H » O en J5 ■g o, o es ta S a y^ t-. . o ^ 'i -7= " consonii îcédente. médial), o s g c o c 'S es CL, H H S rt ^^^ "[ 'o. H e -< -s •-' « '^ 's3' -= 5 3 ^ .(3 Jj O c s» ^ i S 2. S H ►J -45 desvoyc qiiivaut i Grecs, ou sou nplo sigi '3 o > S. c •O O c ^1^ a ti > c — ' cï p 2 W PS H ci N a •C !/ porte une /, OU; il è doux (') des unza (écrit ) c'est un sii n ■a 3 a o o o •À 'S "^ s -g S 'o ■fcc c C3 C '^_3 O ■^ fe'ttl o Si "5 o O •a 5 ^,^ _53 "âÉ %. ■^ 15. "^ g. S &= ^ *j ? "^■o.S o •c-,~ '?^ c o ifi •1 S^J^I ses ■:r 3 a ij,' ^ Zl &D .- ^ ■•*- g-C '- « ■^ - -- C> '■? ■« < T 0) o o :2 ■^ > « ^. ;-» n <-> & t •< s o =" M O S ? a C3 O H H .--4 'i ce :^ d CD C R <• :t „ •«< n. Vi -1 t4 -o — 'rt O >^ s 5 i) S t/2 Cl. _ fci: o c CD :2 'Œj c o ■a _J )• ■) :-4 -3 VJ \J ■ G 3 o c: O -p ■g H. """■ ~~ „ ?> O «^ ■_2 o §, -nT •'-N — ]• 0 ;» •0 \:Ù fJ • ., O ^-r ~> ï^ !H «a o 1) -a es H H ^ o 5 H ' >-! o S _a " eo" 1 — j ca c re '— » et i W pa H H H Q a ^ •3>ia >io,a soigKnKi -- G^ ro ^ ■ M « °^a to isj a -^ tn 0) •a o< 2 C3 a g§ a a es a o Sa. EJDO a; o a o J2 o '=<5 3£i Ol, a o o 3 o. o a ^ o a f^-i ,. C3 a •-. ^ ^ - ^ ;o _" ""^ ^ » a ft > -î ^ 1 -A -Ji a •o i A ^ ^i ^ -^ *^ '"^ S b h ^ -^ *^ <= = '3 O PS !< Wj o ^' Q H Q ■^ =i C-. o ^ ^1 co •2 ■:^ _-;^ .| -a 5 2 MJ CJ "^ 1 -5 ~ _ -ty -o — go £ w I ::i :i; -:ï -3 0-1 j^' -5-^ ■^) 2 ^ o o "^ s ^'c; •\:j o o a o o "S S-^ o O = ^ ^2 = a a ;5- H <1> o - — J = 1= Ils E 7.= iî 2 T" ï o a 2 = 2§=- ?"~" S « 5 1 2 O ?; lii = O a O «s CL H nne cire ur nso ente en O ^ ^" ïï "' S3 o c- pd ryi o M 2 E H 1 |go-i cS H ~ o ■"■ ^ "^ ^ pu ^>-^ O -^ - ~ = S -^ F ,a> . o i= o\ c _ o o "■"^ • es '« -c 6-2 tJC c — o Vo :=ï \>^ î^ 1 =t) ^" -^:^ t> 1 «-, S S E = O) CI 3! ~ o ■3ïi(uio,a souaKûN PAUMENTIEU. TRANSr.RIPTÎOIV DES NOMS ARABES EN FRANÇAIS 1109 p "" ^ =™ =»=-. __^ S" ç^* a H 9 OJ 5 " i: '-" S »4 i S ■£ 3 cr M Js c a S g sS^S.- s g ii :r ë < m H ^ 2 ■—> Si î5 1 --3 O .0 S o glais a fin 0 la onne S ■à ~-à^ 3 -S'a c — -s 22 7H — o a> 1 S c i ^ H "53 o •" c s - X .2 o o 2 ■3 i2 1 àc 9 S' '>= ,'5 a i^ (^ o c o -^ a c p ^ C .^, — . ^ O ■*:; P. n 2 ■~ a a a ca g' ^ o ~ 3 '-^ a - a o -a o ^ s O CD 7° 'H -= = « a — -o "^ o ^^ 6p ;r^^ _o « .2 '3 O' a o g s> "o =3 •3 re -> î ^ ! -a > îi^ <3 1 ^ïlll Ôj C 2 -o J î- Ji ^ ~" ■^ * 'Nvp:^" _o S a; c- 3 ^ ^ «— ^^ — . . •»t W a a. *k> <1- « s 5 a o .2 s. o M î— t 03 ■a © -^ o « j 2 5 O o <3 •'^ Er o en 3 O ■p C/3 •\^ ")■ ^ 'H H O > \-ô ■^ ^ s 3 9 -a •^ -S ^> 73 W }■• li> •"A m 2 2 "3 "3 C3 ■i b H S "^ .._> > H '~r ÇB 2 « 03 Qi '5 h3 ï "^ 0) ' ço « a.) a. s ci .2 iO S "3 S 9^ © 2 >< c5 2 o (X'i; s ô s ^ Q.t «5 C3 o ^ P cz 3 O C >* Oh f-l 1-5 O (y:'::ig o 6-1 S .2 .— .'£. .^ i' •OJ GO o G-1 S-» .o ^^_ ^^ :?! 1^^ ^m^ , Ml# ^ÈdHSÊMwm — Séama-» Iv. *•" *9p)li9-m»d^tr9 #*7*. — [. Albert IlBEl = = î? î H ' .' ' ■: V : — Séntna-» liui -î f^pè^m^ir^ 08:79, — M. ribbé BÏÏEAI]) SAHARA COTTKAL — Sémibe» dm S «irp.f *»»^r* **?*. Fiésentation des traTaux imprimés FOtTi ÎTKE COMMrJXÎQUÉS A lA 14» SECnOX M. J. Dcrns. — LVuxerture du Fleuve-Rwige au eommerce et les é\éne ments du Tong-Kin (IST^lSTSi. M. FAbbé Roi'e£Ki£. — les (ayur^ats atraosphériques reproduits autour d'un glol>e en rotation itaus Fair ambiant et reliés avec la pression atmo>- phêrique;. [*} Voir se^tioB de Métèoirologje, p. 342. MISMER. — RÉFORlfE DES MÉTHODES D ENSEJGXEMEM 1111 15* Section ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE Pii£sii>EN7 »"Hoio(Er!t M. A. D'EîCHTHaL, Président du Conseil d'adHânistratiom des che- mins de 1er du Mtdi. P&ÉEiDeM M. FrE». PA5ST, Membre de ITastitut. vicB P8£fiD£si M^- ROZT, Professeur à la Faculté de droit de Toulouse. SocsÉTAisE ^- ERECL. ATocat à la Our d'appel de Paris. M. MISÎlEPt Direetrar 4e la Hisâon EsTpMJm-. SUR LA RÉFORME DES MÉTHODES ET DES PROGRAMMES D'ENSEIGNEMENT. — Séance du 99 «o*» #«7f — Messieubs, Quelle que soit l'inteDsité des efforts progressifs, Tinstruction publique ne portera pas tous ses fruits, aussi longtemps qu'une méUiode positive, fondée en nature comme la science positive, fera défaut à renseigne- ment. Il y a plusieurs manières d'enseigner, et pour ne citer que les plus divergentes, les plus contradictoires, la manière théologique, ne ressem- ble en rien à celle qui s'interdit la recherche des causes finales au delà des frontières du calcul, de lobservation et de l'expérimentation. Reste à savoir quelle est la meilleure instruction. Elle consiste en une récapitulation aussi complète que possible des progrès accomplis par Thumaniié à travers le cours des siècles. Or, la vie de Ihomme est bornée. Si l'évolution individuelle devait subir les retards, les temps d'arrêt, voire même les reculs que l'on observe dans l'évolution générale de l'espèce, elle ue parviendrait jamais à s'élever au même niveau. D'ailleurs, la plupart des hommes ne peuvent consacrer à l'élude pro- 1112 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE prement dite que la première partie de leur carrière, le reste apparte- nant à la lutte pour l'existence et à raccomplisscment des devoirs sociaux. Le meilleur système d'instruction sera donc le plus économique du temps et des forces intellectuelles disponibles, le plus capable de rac- courcir la trajectoire du progrès, en remplaçant par une ligne droite la ligne courbe et brisée qu'il a suivie jusqu'à ce jour. Dans cet ordre d'idées, il importe de ne pas perdre de vue le point de départ de l'évolution humaine, et d'en jalonner scientifiquement les étapes. Par ((uoi l'iiomme a-t-il débuté ? Par la lecture ? Il ne savait ni écrire ni parler. En revanche, il avait, comme les animaux et les sau- vages contemporains, poussé très loin l'éducation de ses sens. Au sein de la civilisation, les sens, faute d'usage et d'exercice, tendent à l'atro- phie. Or, la civilisation ne dispense pas de l'usage des sens. Aujourd'hui, comme au début, les idées originales, personnelles, entrent dans le cerveau par la porte des sens. La rectitude des sens entraîne la recti- tude de l'esprit. Le moindre écart dans le rapport des sens donne lieu à une fausse conception et à un faux jugement. Les sens étant chez les enfants, comme chez les hommes primitifs, les premières facultés, selon Condillac, des espèces d'instruments dont il faut apprendre à se servir, selon Buffon, l'éducation des sens doit précéder toute autre édu- cation. L'éducation des sens réclame la plus sérieuse attention, non seule- ment pour que l'homme civilisé n'ait rien à envier au sauvage, voire même aux animaux, mais, parce que le concours des sens est indispen- sable dans mille circonstances de la vie. Les observateurs par caractère ou par état savent seuls la quantité d'idées dont le cerveau de l'enfant est pourvu par les sens, alors que la parole n'est encore d'aucun secours. A l'origine, le développement du corps marche de pair avec celui des sens. L'homme primitif avait une force, une agilité et une rusticité que l'on ne rencontre guère que chez les sauvages. En général, l'homme ci^ilisé est, par rapporta l'homme primitif, ce que le porc est au san- glier : un être dont la pusillanimité, la mollesse et la voracité contras- tent avec la sobriété, la densité musculaire et l'énergie de son ancêtre. Une gymnastique graduée, une robuste hygiène, un dur entraînement, imposés à l'enfant, fortifient son corps et trempent virilement son esprit. Le langage réclame la môme sollicitude que les sens et les organes corporels. On ne saurait trop recommander aux éducateurs de l'enfance une correcte articulation, l'emploi des mots propres pour désigner les choses, une progression dans le choix des mots, allant du simple au MISMER. RÉFORME DES MÉTHODES d'eNSEIGNEMENT 1H3 composé, du concret à l'abstrait; surtout la plus grande clarté et la plus grande précision dans les réponses aux incessantes questions de l'enfant. L'entant est la curiosité même. On peut définir l'enfance une humanité sans expérience, avide de connaître et de s'instruire. Que de temps on fait perdre aux enfants, en leur apprenant une foule de choses qu'ils devront désapprendre plus tard ! Trop souvent la résistance oppo- sée par les enfants à l'instruction scolaire vient de ce que, semblable à un champ vierge où l'on a semé au hasard toutes sortes de mauvaises graines qui ont poussé racine, leur cerveau réclame un travail d'extir- pation et de défrichement avant toute nouvelle culture. Ce n'est point une exagération d'affirmer que si toutes les curiosités naturelles de l'enfant recevaient, au fur et à mesure qu'elles se manifestent, une véridique et substantielle satisfaction, son instruction générale serait largement ébau- chée à l'âge oîi elle commence d'habitude. Ainsi qu'il a été dit, l'homme primitif n'a pas débuté par la lecture. La lecture suppose l'écriture. L'écriture a donc précédé la lecture. Mais, l'écriture alphabétique, que nous pratiquons, est une écriture conventionnelle ; elle est une acquisition du progrès; elle est comme l'algèbre à l'arithmétique. Un grossier dessin, tel qu'on le retrouve sur des cornes de renne et des ossements contemporains de l'âge de pierre, a précédé toute espèce d'écriture. Cette observation enseigne que l'écriture doit précéder la lecture; d'autant qu'il est inutile de séparer deux opérations qui n'en font qu'une : en apprenant à écrire, on apprend à lire nécessairement. Mais, l'écriture n'étant venue qu'après le dessin, c'est par le dessin qu'il faut inaugurer l'écriture. La nature même l'indique : tous les enfants dessinent naturellement. Qu'on rassemble au hasard des enfants de toutes les races humaines, qu'on mette à leur portée du charbon ou de la craie, ils dessineront. En se réglant d'après l'instinct, l'éducateur facilite sa tâche, la nature collaborant avec lui. Ce n'est point à dire que le dessin marque la première étape de l'évolution scientifique et que c'est par là qu'il fillle commencer. En approfondissant l'observation, on découvre que le calcul, un calcul rudimentaire, est antérieur à tout progrès. Les hommes les plus sauvages, même ceux qui restent au-dessous du dessin, savent compter jusqu'à cinq; au delà, faute de uioyens d'ex- pression, ils disent beaucoup. Mais tous conrtois33nt l'addition et la soustraction. Cette observation s'applique aux enfants : les plus jeunes addition- nent leurs jouets et réclament ceux qui viennent à manquer. Même les animaux ont la notion du calcul. Une chatte compte jusqu'à qu;itre; au delà de ce nombre, on peut lui enlever des petits sans 1114 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE qu'elle s'en aperçoive ; en deçà, son agitation et ses recherches prou- vent qu'elle a conscience de sa perte. L'industrie de certains insectes témoigne qu'ils poussent beaucoup plus loin le calcul. Ainsi, le calcul marque réellement la première étape du progrès intel- lectuel, et Auguste Comte a eu raison de considérer les mathématiques comme l;ii clef de la science positive. Les Zodiaques et autres signes astronomiques, que l'on trouve parmi les plus anciens monuments, justifient ce terme ambitieux de mathématiques, l'astronomie la plus élémentaire supposant le calcul élevé à une certaine puissance. L'humanité primitive ayant reçu de la nature l'incitation au calcul et au dessin, c'est par là qu'il faut commencer l'instruction de l'enfant. Le calcul est indispensable aux premières opérations de l'esprit ; le dessin est indispensable pour les fixer. Outre que le dessin sert d'in- troduction à l'écriture et à tous les arts graphiques, qu'il rend d'émi- nents services à l'industrie, il a l'avantage de centupler les forces de la mémoire. Le dessin peut fournir en partie le substratum de la mémoire. Ce qu'il y a de concret et d'essentiel dans toutes les sciences, se pré- sente sous forme d'images dont les traits fugitifs sont irrévocablement fixés par le dessin. En résumé, éducation des sens et de l'appareil vocal, gymnastique en rapport avec l'âge, calcul élémentaire, dessin, écriture, lecture, tel est l'ordre tracé par la nature, sanctionné par l'histoire de l'évolution humaine, qui s'impose aux méthodes d'enseignement applicables à l'enfance. Arrivé à ce point, l'enfant reste encore étranger à la science proprement ditr, mais il a tous les instruments nécessaires pour appren- dre vite et bien. Tout enfant .■^ainement constitué devrait recevoir, soit au sein de sa famille, soit à l'école une préparation conforme au pro- gramme esquissé plus haut. Après avoir ainsi fondé sur un roc immuable les premières assises de son développement corporel et mental, il ne reste plus qu'à édifier son instruction, conformément aux plans de la nature et au but final de l'évolution humaine. Quels programmes suivez-vous? s'écriait dans une discussion sur la liberté de l'enseignement un député français. Ce sont ceux des Jésuites. Or ce sont ces programmes qu'il faudrait changer. Malheu- reusement, il négligea d'expliquer comment il entendait le changement des programmes. Avant tout, il convient d'en écarter les notions fausses ou simplement douteuses. On peut élargir ou restreindre à des points de vue différents le do- maine du doute et de l'erreur; mais on ne le saurait confondre avec celui de la science positive dont le respect s'impose à tous les systèmes et à toutes les croyances. L'instruction publique n'a ni le temps de MISMER. — RÉFORME DES MÉTHODES d'eNSEIGNEMENT H 15 s'égarer en des chemins de traverse , ni la mission de préparer l'anar- chie sociale, en fomentant l'anarchie mentale. Le faux et le douteux, qui troublent l'intelligence et la conscience de la jeunesse, sont les fléaux de l'école. L'école doit borner son enseignement à la vérité revêtue du consentement universel. Les mathématiques, l'astronomie, la physique, la chimie, l'anatomie et la physiologie, les sciences naturelles, la géographie, la chronologie historique et les faits qui s'y rattachent, en tant (ju'ils sont hors de suspicion , se meuvent dans une absolue certitude. La plupart de ces sciences s'enchaînent logiquement comme des théorèmes de géo- métrie. MaiS; bien qu'il y ait une hiérarchie dans les connaissances, les unes servant aux autres d'introduction, il n'en est point dont le germe ne soit visible au début. L'humanité primitive a prodigué sa curiosité partout à la fois. La curiosité des enfants reproduit celle des premiers hommes; toujours elle déborde la théorie. Dès loi's, il est naturel d'é- tendre l'instruction publique, dès le degré primaire, sur l'ensemble des connaissances humaines, et d'élever l'édifice scolaire, de manière que chaque étage supérieur porte exactement sur l'étage inférieur. L'instruction peut devenir encyclopédique sans faillir à la hiérarchie des sciences. Les notions essentielles de la physique, de la chimie, de la biologie, de la sociologie n'exigent qu'une faible préparation mathé- matique. L'école primaire se contenterait d'un programme exposant d'abord le plan général de la science, les subdivisions qu'il comporte, l'interdépendance des diverses spécialités scientifiques , la terminologie propre à chacune d'elles, les principales vérités qu'elles professent et les applications pratiques qui en découlent. Avant tout, il importe que l'enfant connaisse la signification du mot instruction, qu'il porte une vue d'ensemble sur l'édifice de la science; qu'il y pénètre et y circule, un fil conducteur à la main, jusqu'à ce qu'il conçoive une idée juste de ses proportions, de son aménagement et de son utilité. La forme con- crète est de rigueur pour ce travail élémentaire. Un mot qui porterait à vide serait incompris ou mal compris. A ceux qui jugeraient dangereux cette précoce familiarité de l'enfance avec les grands phénomènes et les grandes lois de la nature, il serait facile de démontrer, par l'expérimentation directe, que nulle science positive ne répugne à Fintelligence autant que les entités religieuses et les abstractions métaphysiques dont l'ancienne scolastique entretient l'abus. Sans doute, l'analyse mène à la synthèse; sans doute, la notion positive de l'univers engendre une conception positive de l'univers; mais c'est précisément vers ce but que doivent tendre tous les elforts de l'enseignement moderne. La moitié du temps qu'emploient les méthodes de la routine, pour 1116 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE inspirer au plus grand nombre des enfants l'horreur de la science, per- met de donner à tous une instruction primaire encyclopédique. La grammaire ne doit venir qu'après. Les exceptions, les contradic- tions, les anomalies des règles grammaticales sont funestes aux jeunes intelligences (|ue la rigueur des méthodes scientifiques n'a pas encore disciplinées. Toujours le fond doit précéder la forme; au besoin, il permet de s'en passer. Si Voltaire et Napoléon ont pu se dispenser de l'orthographe, a plus forte raison un ouvrier ou un paysan. L'histoire tend de plus en plus à prendre rang parmi les sciences positives. Avant l'écriture, avant les hiéroglyphes, avant le dessin, l'homme a raconté son histoire aux métaux et aux pierres. Des haclies de silex, des débris de coquillages et de poterie, des os sculptés, des plaques de grès noircies au feu, des fragments de mâchoire, des crânes à ressem- blance bestiale, sont les témoins de l'histoire au même titre que les mo- numents et les écrits. Les premières annales de l'humanité sont enfouies dans le sein de la terre et des eaux. 11 n'y a point d'autre histoire que celle du progrès humain, enté sur le progrès universel. Comment par- venir jusqu'aux racines de l'histoire sans la science positive qui permet de rattacher l'évolution historique à l'évolution organique, et de pous- ser la recherche des causes jusque dans les profondeurs du monde inorganique"? La loi d'évolution est le dynamomètre du jugement en matière his- torique; elle est la boussole de l'histoire. Elle apprend à distinguer ce qu'il y a d'immuable, de ce qui est modifiable au gré des acteurs. Elle enseigne que les actes de violence, les commotions de la guerre et de la conquête, les intrigues des hommes d'État et les compétitions ni^itio- nalcs n'ont pas plus d'importance et n'ont pas plus de droits à la mé- moire que les combats des tribus sauvages et les rivalités de leurs chets; elle marque le moment précis où le progrès, devenant irrésistible, on ne peut lui tenir tête qu'en s'exposant à être broyé sous son char; elle démontre que, dans certains cas, la résistance est nécessaire, lorsque la progrès réclamé constitue une anticipation sur la marche de la loi, une sorte d'accouchement avant terme, périlleux pour la société; elle enseigne enfin que la politique doit être à la fois radicale et conservatrice : con- servatrice de ce qui existe, lorsque la science est impuissante à le rem- placer par quelque chose de meilleur; radicale sur tous les points où la théorie et la pratique garantissent les bienfaits d'un changement. Ainsi la politique apprend par elle à se maintenir au niveau de la science générale, ni plus haut ni plus bas. Mais, pour que la conduite publique et privée retire tout le profit de l'expérience des siècles, il faut que l'histoire fasse l'office d'un grand. MISMER. — RÉFORME DES MÉTHODES d'eNSEIGNEMENT 1117 justicier. Au lieu de faire l'apologie de la guerre et de la conquête, d'é- lever un piédestal aux grands ravageurs et aux grands scélérats, l'his- toire refaite selon les méthodes de la science , abaissera la renommée des perturbateurs du progrès au prolit des hommes de pensée et de sagesse, des philanthropes et des inventeurs, des modestes bienfaiteurs de l'humanité. Au lieu d'excuser tous les crimes et tous les attentats, elle n'en laissera aucun sans flétrissure, et découragera le mal, en fai- sant éclater la justice de la nature dans la sanction des causes par les effets. Alors, elle sera le meilleur facteur de la conscience, le meilleur code do morale. Une méthode récente commence l'étude de la géographie par l'étude du territoire le plus immédiat; de même la géologie fait l'inventaire des couches superficielles avant de descendre dans les couches souter- raines. Cette méthode est applicable à l'histoire. Les faits et gestes des Hébreux, dfs Gaulois et des Francs iuiporteut moins que la connaissance des événements contemporains. La partie vivante de l'enseignement historique, applicable aux écoles primaires, ne devrait pas s'attarder aux détails avant la lin du dernier siècle. C'est à dessein qu'on n'a point soulevé jusqu'à présent la question des langues mortes. Au temps de la Renaissance, les langues grecque et latine rendaient grand service à qui voulait s'instruire : loute science étant dans les livres grecs et latins. Le latin surtout, langue de l'Église, avait une importance en rapport avec l'importance de l'Église. Depuis trois siècles, un grand changement a eu lieu. D'une part, l'Eglise a perdu sa prépotence; d'autre part, les langues modernes se sont cons- tituées et, avec elles, la science moderne qui dispense de recourir à des textes archaïques. Sans doute, le grec et le latin sont utiles aux jurisconsultes, aux médecins et aux érudits; mais il est absurde de condamner à l'étude de ces langues, au détriment de la science posi- tive, la population entière des lycées dont les neuf dixièmes ne pratique- ront que la langue maternelle. Les langues mortes n'ayant plus qu'une utilité spéciale doivent être reléguées dans des écoles spéciales; alors on pourra réduire des deux tiers le temps qu'elles absorbent aujourd'hui. Quant aux langues vivantes, il est inutile d'en décrire les avantages ; on ne démontre point ce qui est évident. Le renouvellement des méthodes et des programmes scolaires, selon les idées exprimées dans ce travail, permet de répandre sur les masses, avec une moindre dépense de temps et d'argent, un enseignement bien supérieur h celui de la routine. Une seule école primaire, scientilique- ment con;>titu.'0, vaut pins p-mr Tavenir d'une nation ({ue tout l'appa- rv'il universitaire légué par i\tncicnne s;:olasli;jue. Tant vaut rin,btruc- tion jjrima^re. lant vaut rm^ti'uction secondaire, celie-oi n'étant qu'un 1118 ÉCONOMIK POLITIQUE ET STATISTIQUE développernenl d.^, cdU-là. Les matières enseignées sont les mêmes avec plus d'extension et de profondeur. L'instruction supérieure a pour limites celles de la science positive; ce qui ne veut pas dire qu'un jeune homme, ayant terminé ses études, possède i'omni-science, mais simplement qu'il dispose de toutes les ressources scientifiques dans une mesure convenable pour investir les plus difficiles problèmes et les réduire ù capitulation. Dix années suffisent amplement à la réalisation de ce programme ; ainsi, l'on peut faire un savant en moins de temps qu'il n'en faut pour réciosion d'un bachelier. Un jeune homme de seize ans , ayant des sens aiguisés, un corps souple et vigoureux, pourvu d'une instruction encyclopédique, a devant lui tout le temps nécessaire pour approfondir n'importe quelle spécialité. Ces avantages ne sont pas à dédaigner à notre époque où, faute d'un héritage matériel, le pauvre revendique le droit à l'héritage mental et moral de l'humanité. Mais la société ne doit l'instruction supérieure qu'à ceux qui sont capables d'en profiter. Libre aux parents riches de cul- tiver des enfants stériles ; en aucun cas, l'ineptie et la paresse ne doi- vejit prendre la place des intelligences les plus robustes et les plus avides de savoir. Eu un État bien i-églé, ii faut que les hommes éminents parviennent seuls aux fonctions éminentes et que les hommes rejetés dans les rangs inférieurs ne puissent imputer leur disgrâce qu'à la faiblesse de leur esprit. Tous les grands philosophes, législateurs et fondateurs de reli- gions ont proclamé l'hégémonie de l'intelligence et du savoir; et c'est l'idée-mère de la démocratie moderne que la hiérarchie des rangs et des fonctions corresponde à la hiérarchie des capacités. En divisant l'instruction publique en primaire, secondaire et supé- rieure, en édictant que nul ne passera d'un degré à l'autre sans exa- men, en assurant aux enfants pauvres les moyens de s'élever dans la science et par la science, l'ordre social trouve sa meilleure garantie dans la libre et régulière expansion du progrès. Mais, pour que la réforme des programmes et des méthodes d'ensei- gnement produise des résultats complets et décisifs^ il faut que la femme soit la première à en profiter. En regard de la science, la femme est la pierre angulaire de l'ordre et du progrès. Tant vaut la femme, tant vaut la famille et la société. En sa triple qualité de sœur, d'épouse et de mère, la femme exerce sur son entourage une influence bonne ou mau- vaise, mais toujours prép(mdérante et durable ; elle est, pour les nations comme pour les individus, un stimulant ou un éteignoir. Ou peut dire que le mal vient de la femme ; de même, rien de grand, rien de fécond, rien de ce qui nécessite le concours des sentiments nobles et généreux ne peut se passer de son ardente coopération, de son dévouement pas- MISMER. RÉFORME DES MÉTHODES D ENSEIGISEMEXT 1119 sionné. Toute cause qui a pour elle la femme est une cause gagnée ; toute cause qui l'a contre elle est une cause perdue. Dès l'orii^ine, l'in- telligente faiblesse de la femme a triomphé de la force brutale de l'homme. Toujours le génie de l'homme s'alimente de l'amour de la femme ; on connaît l'épitaphe de Metzu: Connuhialis amor de mulcibre fecit Appellem Jusqu'ici, la femme a été pour ainsi dire exclue de toute culture scientifique ou simplement sérieuse. Même chez les peuples les plus avancés, l'instruction de la femme est loin de répondre à ses fonctions naturelles et sociales. Le résultat est sous nos yeux. Incapable de s'éle- ver de par les lacunes et les vices de son éducation au-dessus d'un fri- vole babil, la femme en est réduite, malgré les révoltes de son instinc- tive délicatesse, à faire assaut de coquetterie et de vanité, à inventer toutes sortes d'artifices pour plaire et pour charmer. Pourtant le rôle de la femme, tel qu'il est tracé par la nature, est bien moins poétique que celui de l'homme. Dans les conditions ordi- naires de fortune, la vie entière de la femme est vouée à la prose. Outre qu'elle a la charge du ménage , elle porte l'enfant dans son sein ; elle l'allaite et l'élève; elle est l'arbitre dt son tempérament physique, de son intelligence et de son caractère moral. A cet âge où l'enfant porte sur tous les objets et sur tous les sujets une insatiable curiosité la femme est presque seule à fournir les réponses. Les impressions de l'en- fance étant les plus vives et les plus durables, si les mères étaient ins- truites et vertueuses, les enfants le seraient aussi. Une considération puissante, bien que trop négligée, milite en faveur de cette conclusion. On sait que l'intelligence d'un homme ou d'une race d'hommes se manifeste dans le volume, le poids et la qualité du cerveau, dans le nombre et la forme des circonvolutions cérébrales. Ces attributs sont héréditaires au même titre que les autres attributs cor- porels. Un haut et large front, accusant la richesse cérébrale, se trans- met de père en fils, comme les poumons du coureur _, les reins et les muscles de l'athlète. Pourquoi les sauvages sont-ils incapables de s'élever d'un seul coup au niveau de la civilisation ? Tout simplement parce qu'ils ont reçu en héritage un cerveau borné, dont le développe- ment ne peut être obtenu qu'à travers plusieurs générations. Pourquoi certains enfants sont-ils en état de comprendre et d'apprendre presque sans travail les sciences les plus ardues, tandis que d'autres enfants font preuve d'une stérile application? Parce que les derniers, apparte- nant à des races arriérées, ont un appareil cérébral trop rudimentaire pour une haute élaboration scientifique. Les premiers, au contraire, ont reçu de leurs ancêtres un cerveau façonné au travail intellectuel, rem- 1120 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE pli d'idées latentes, d'idées innées, prêtes à se dégager au moindre choc. Ainsi s'explique que Pascal, enfant ait reconstitué seul trente-deux pro- positions d'Euclide. L'étude des animaux coi-robore cette observation, ^c Chien de chasse chasse de race »,dit un proverbe. Le chameau domestique, qui s'agenouille au commandement d'un enfant, a été dressé à cet exercice dans la personne de ses ancêtres; il a reçu l'idée d'une certaine obéissance, par transmis- sion héréditaire, en même temps que les callosités visibles à ses jambes. On peut dire profondément que l'enfant d'une race ignorante est obligé d'apprendre où celui d'une race cultivée ne fait que se souvenir. Si cette constatation n'a pas été formulée plus tôt, si même elle est parfois démentie par l'expérience, c'est que, — point essentiel à retenir — nulle part la femme n'est instruite au même degré (jue l'homme; par conséquent, sa participation au phénomène héréditaire contrarie et amoindrit l'influence de l'hojnme. Il faut donc que la femme reçoive la même instruction que l'homme, afin qu'elle puisse contribuer parallèle- ment au développement cérébral de l'espèce et à l'élévation progressive des races inférieures au niveau des races cultivées. Une grande économie de temps et d'argent serait réalisée si l'on don nait pour fondement à l'instruction publique l'instruction de la femme: en int.truisant l'homme, on n'instruit qu'un homme; en instruisant la femme, on instruit son entourage et ses enfants, on allume un foyer de lumière dont les rayonnements s'étendent jusqu'à l'infini. 11 appartient à l'Association pour l'avancement des sciences de tra- vailler au progrès futur, en signalant aux pouvoirs publics les moyens de vulgariser aussi rapidement et aussi complètement que possible le progrès acquis. DISCUSSION M. Bouvet demande à M""^ Muller, inspectrice des salles d'asile, son opinion sur la possibilité d'enseigner à une réunion d'enfants une langue vivante, en donnant à l'asile, par exemple, une sous-directrice étrangère, allemande, italienne, espagnole ou anglaise suivant les régions, et en obligeant les enfants à ne s'entretenir avec elle que dans sa langue maternelle. — L'expérience tentée à Lyon a réussi. En six mois la langue étrangère (allemande dans l'espèce) était très bien comprise. Si la sous-directrice d'asile continuait ensuite ses leçons à l'école voisine, les enfants se perfectionneraient dans cette étude au lieu de tout oublier, et cet enseignement, qu'il serait facile de généraliser, ne coûterait rien à l'Etat ni à la Commune, non plus du reste qu'aux enfants qui en profiteraient. M™e Muller répond qu'elle n'a jamais eu l'occasion d'étudier cette question. M. UsQuiN, directeur des postes et télégraphes de l'Hérault, constate que dans certains pays étrangers les enfants parlent jusqu'à quatre ou cinq langues. A GROULT. — LES THÉÂTRES RURAUX IIM propos de la communication de M. Mismer, il dit qu'il sera toujours nécessaire d'apprt'ndre pendant trois ans ou plus les langues anciennes, au moins éty- mologiqnemcnt. M. Mismef; répond qu'il faut commencer par le nécessaire et non par le luxe - les langues vivantes sont nécessaires, les langues mortes sont du luxe. Il cite les femmes dont un grand nombre savent très bien les langues vivantes eîr n'ont pas appris de langues mortes. 11 admet du reste qu'on pourrait enseigner ces dernières dans les écoles spéciales oii cela serait nécessaire. •M. Rozv approuve la séparation de l'enseignement primaire et de l'ensei- gnen)ent .Hi[)éricur telle que la conçoit M. Mismer. L'enseignement primaire- abordant les cléments des principales sciences, l'enseignement secondaire et l'enseignement supérieur n'ont plus qu'à développer le même programme, et à l'éliirgir. C'est une idée qui mérite d'être discutée. M. KowNACKi, chef d'institution à Paris, fait observer que celte idée a déjà été développée au Congrès des instituteurs en 1878, et adoptée sous le non> d'cnscigncwent intégral. 11 a pour but d'éveiller et d'exciter toutes les fa- cultés. M. &ROÏÏLT Avo ut, l'onJjtL-ur do» Musées cantonaux. LE PROGRES PAR L'INITIATIVE PRIVEE DANS LES CANTONS RURAUX. - LES THÉÂTRES RURAUX (EXTlLin) — Séance du 29 août 1879. — M. GiiouLT indique un certain nombre de progrès réalisés dans nos cam-- pagncs par l'initialive des bons citoyens. 11 propose d'organiser les théâ'rcs ruraux. Il pense qu'on pourrait les élablir provisoin-mciit à peu près sans frais dans loufi's nos bourgades, on les instal- lerait dans les granges, dans les hangars, dans lesédifioes abandonnés qu'une réparation souvent peu coûteuse préserverait d'une ruine définitive. Plus tard, quand nos villageois auront pris goût à ce genre de distraction nouveau pour eux, on verra surgir spontanément de vrais théâtres en pierres et en- briques. — Ce sera une œuvre de plus accomplie par l'initiative privée. M. Groult espère que l'on coinposera, pour être jouées dans ces théâtres, de . petites pièces simplement écrites, mais remplies de nobles et patriotiques sen- timents. — Les pièces seraient représentées par les amateurs de la localité ou ceux de la ville voisine. M. Groult signale en terminant quelques-unes des heureuses cons:'^qncnces-- politiques et sociales qu'entraînerait nécessairement et dans un avenir prochain/- 71 1122 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE la création des théâtres ruraux, et il convie à celle œuvre tous ceux qui sentent vibrer dans leur cœur l'âme de la patrie. DISCUSSION Quelques membres font observer qu'il y a lieu de faire des réserves sur l'utilité de ces représentations. M. Frédéric PASST Menibrj de rinstitut. DES FÊTES PUBLIQUES, ET PARTICULIÈREMENT DES FÊTES LOCALES {extrait du procès-verdal) — Séance du 29 août iS79. — M. Frédéric Passy traite des Fêtes j)ubliques, et particulièrement des fêtes locales. Le nombre de ces fêtes va toujours en augmentant : tout devient un prétexte à en organiser. Cela devient un abus. Dans les communes on croit que c'est une cause d'enrichissement, parce que cela fait entrer de l'argent dans la caisse municipale et dans celle des particuliers : c'est une erreur, car chaque commune ayant sa fête il y a réciprocité entre elles ainsi qu'entre leurs habitants. Tout le monde perd son temps et son argent, sauf les mar- chands de vins et les aubergistes. Ce qui est plus grave, c'est que les popu- lations agricoles prennent Vhabitude de perdre leur temps. Elles assistent à des spectacles plus ou moins mauvais : des parades stupides et immorales sont représentées devant des enfants, des ouvriers, des ignorants. L'orateur ne veut pas empêcher ces artistes forains de gagner leur vie, mais il voudrait qu'on réagît contre ces habitudes de fêtes continuelles qui entretiennent une population interlope, malpropre et immorale qui peut, en se déplaçant, et en raison surtout de ses mauvaises conditions d'hygiène, transporter avec elle les germes de maladies contagieuses, comme la rougeole, la scarlatine, etc. Ces tendances malheureuses amènent le succès déplorable de certaine littérature et de certains dessins qui constituent de véritables cours de démoralisation. Faisant ensuite allusion à, certains étalages « en chair et en os », M. Frédéric Passy ajoute qn'on ne peut assurément empêcher ce qui relève du for intérieur, mais que ce qui se produit et s'étale sur la voie publique ne devrait pas être toléré. DISCUSSION M. RozY, après s'être associé à l'énergique formule de réprobation qui a terminé le discours de M. Frédéric Passy, étudie sommairement la question de savoir si l'État a le droit d'imposer des fêtes, des jours de repos et de AD. d'eICHTHAL. SUR l'imPORTATION DES BLÉS AMÉRICAINS 1123 chômage forcé. Il croit que les fêtes sont utiles et légitimes, mais il ne faut pas en abuser et on se trouve vraiment en face d'abus. Ce qui reste h déter- miner, c'est le critérium qui doit servir à distinguer les fêtes bonnes et utiles de celles qui ne le sont pas. M. Grosset, président honoraire à la cour de Montpellier, appuie les obser- vations de M. Passy. 11 insiste sur les résultats déplorables de ces fêtes multipliées au point de vue de la famille. Les hommes et les garçons sortent en laissant à la maison les femmes et les filles. Non seulement il y a ainsi et dépense et absence de gains, mais encore ils rapportent des habitudes que sans cela ils n'auraient pas connues. M. UsQuiN demande qu'il soit fait exception pour les concours de tir ou de gymnastique (approbation). M. KowNACKi, répondant à M. Rozy, ne croit pas que l'Etat puisse indiquer un jour obligatoire de repos et forcer à suspendre les travaux, car alors on pourrait demander à l'État une indemnité, et c'est ce qu'il y a de pire dans le socialisme. M. Passy e-time que l'État peut bien suspendre à jour fixe le fonc- tionnement de la machine administrative, mais qu'on ne peut empêcher un particulier ou un entrepreneur de faire travailler s'il en a besoin. M. d'Eichthal fait observer que cette question revient à discuter où s'arrêten le droit individuel et le pouvoir de l'Etat. Il indique à ce sujet que le repos du samedi a fini par s'ajouter à celui du dimanche en Angleterre, non par la loi, mais par les mœurs, et que l'on se demande actuellement si ce chômage régulier de 104 jours par an ne constituait pas pour l'industrie anglaise une cause d'infériorité. Il termine en indiquant le besoin de distractions qu'il a eu maintes fois l'occasion de constater dans les populations rurales, et l'utilité que peuvent avoir des réunions pour éveiller l'esprit du paysan. Le tout est d'éviter les abus. M. Ad. d'EICïïTHAL Président du Conseil d'administration dos Chemins do fer du Midi. SUR ^IMPORTATION DES BLES AMÉRICAINS (EXTRAIT DU l'ROr.KS-VEBBAL) — Séance du 29 août 1879. — M. d'Eichthal communique à la section quelques renseignements elatifs à l'importation en France des blés américains. Frappé de l'augmentation rapide de cette importation, il a soupçonné qu'elle devait avoir pour cause une ques- tion de tarifs de transport. Renseignements pris, voici ce qu'il en est : quatre Il2i ÉCONOMIE POLlTiniE ET STATlSTlni:E chemins de fer, sans (;oai|)ter les balf>aiix à vapeur (iLii lt!ur Ibnt conçu itchc^, par les lacs el le Sainl-Laurciit, transportent les Mes de Chicayo, centre de l'approvisionnement, juscpTaux ports d'embarquement. En général, dès que l'hiver arrive, les chemins de fer, d'accord entre eux, relèvent ensemble leurs tarifs, dont ils sont maîtres, pour profiter de la gelée des lacs qui les délivre de leurs concurrents. Mais depuis dix-huit mois ou deux ans, la guerre a éclaté entre ces compagnies jadis alliées: les prix de transport sont ainsi tombés de 63 centimes à Ti centimes; ils ont depuis remonté à 10 et 15 cen- times et même depuis le !•='' août ù 2S centimes. Les exportateurs ont immé- diatement ])rotUé de la baisse des tarifs, et l'exportalion a monté l'an dernier de 2 il G millions 1/2 de boisseaux. Les grains ont donc profité de la baisse des prix de transport pour aller à la mer et gagner l'Europe, mais l'Amérique a perdu une immense réserve de blé, et une importation pareille ne pourrait longtemps durer. Les craintes à ce sujet ont donc été grandement exagérées, et il n'y a pas lieu de concevoir de si grandes inquiétudes. M. A. COTJRTY Pruf ssnir à Ij raciilté dj méilecln.; ù.' jIoTiîivllijr. L'ÉDUCATION BASÉE SUR L'ÉVOLUTION ORGANIQUE INDIVIDUELLE ET SUR LES CONDITIONS SOCIALES — .S é a n c c du :i 0 août 1879. — Tout le mondo semble d'accord sur la nécessité daméliorer considé- rablement nos méthodes d'éducaiion ; mais bien peu paraissent avoir réfléchi aux réformes qu'elles réclament et moins encore aux bases de ces réformes, c'est-à-dire aux principes qui doivent en diriger le choix. Et pourtant, si l'on s'accordait d'abord sur ces bases, c'est-ù-dire sur 'es principes, on n'aurait pas de peine à s'entendre sur les conséquences de ces principes ou sur les réformes. Je ne sais si l'on s'est jamais préo:;cupé sérieusement des bases de l'éducation et si les pédagogues, pas plus que les philosophes et les an- thropologistes (jui s;' sooi occupés d'enseignement, se sont bien rendu conijjle des conditions dans lesquelles se posait le problème qu'ils vou- laient résoudre. Or, ces bases nie paraissent devoir être cherchées, comme l'indique le litre de ce travail, d'une part dans le sujet qui doit proliter de l'en- seignement, d'autre part en dehors du sujet ou dans le mi'ieu habité par le sujet dont on doit faire l'éducation. COUUTY. — ÉDUCATION BASÉE SUR l'ÉVOLUTION ORGANIQUE, ETC. il2o Pour ce qui est des premières, celles qui viennent du sujet, elles ne peuvent être cherchées en dehors de ses facultés intellectuelles. Mais elles dépendent peut-être moins du nombre et de la nature de ces facultés que de leur ordre d'apparition, de leur mode de développement et de la subordination relative dans laquelle leur diversité d'accroissement les place les unes à l'égard des autres : c'est ce que j'appelle {'Évolution organique individuelle; car je ne sépare pas le développement des facultés intellectuelles du dévelo])pement des ganglions nerveux faisant partie de la masse encéphalique qui en sont les instruments. Ce n'est pas ici le lieu de prouver que les phénomènes psychologiques ne sont pas autre chose que les plus élevés des phénomènes physiolo- giques. Quelques philosophes modernes, Herbert Spencer en par- ticulier, ne méconnaissent plus cette vérité et conviennent que la méthode d'observation et d'expérimentation qui sert de base à nos recherches physiologiques est également applicable à l'étude de l;i psy- chologie. Or le premier fait qui ressort de l'obsorvalion du cerveau et des facultés intellectuelles, c'est que cet organe, comme les organes des sens et comme tous les autres organes, n'existe pas tout fait dans le germe de l'homme, pas plus que ces facultés intellectuelles, comme les facultés dont ces organes sont les instruments, ne sont h. l'état latent et en puissance de remplir toutes leurs fonctions dans ce même germe, pas plus enlin cpie ce germe lui-même n'est la miniature de l'homme, comme on l'a enseigné longtemps, contre toutes les preuves de l'obser- vation la plus élémentaire et contre les inspirations du plus vulgaire sens commun ; mais, au contraire, que les facultés intellectuelles avec le cerveau, comme toutes nos facultés avec tous nos organes, comme la vie entière avec tout le corps de l'homme, se développent peu à peu, par bourgeonnement, par végétation, d'une simple cellule, et par un perfectionnement graduel et progressif qui, faisant passer cette cel- lule par toutes les formes de l'animalité, la conduit jusqu'à la plus élevée de ces formes : c'est à ce mode de développement qu'on a donné le nom (ïcvolation organique. Par le fait même que le développement du cerveau et de l'intelli- gence se fait par évolution, il en résulte qu'il ne peut pas être égal pour toutes les parties du cerveau et pour toutes les facultés, à toutes les époques de l'évolution, depuis la première enfance jusqu'à l'âge adulte; mais qu'il doit différer d'un ganglion cérébral à l'autre, d'une faculté à l'autre, d'une fonction à l'autre, d'un âge à l'autre, etc. Il n'y a pas une partie du cerveau qui n'ait, d'un âge à l'autre, une prépondé- rance sur les autres parties et par conséquent une faculté ou une fonction qui n'ait aussi une prépondérance sur toutes les autres : il26 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE c'est cette faculté qui est la maîtresse directrice de l'instruction à cette péi'iode de la vie. Or, les parties des centres nerveux qui se développent les premières sont les parties correspondantes aux organes des sens ; les vésicules, olfactives, optiques, auditives, etc., et, avec elles, leurs points d'origine sur l'axe central. La réceptivité des impressions est assurée d'abord et elle seule est assurée. Ce n'est que plus tard que se développent les organes des mouvements réflexes, puis des volitions et bien plus tard les organes des actes intellectuels, plus tard enfin vient le développe- ment, le perfectionnement des organes de ces actes intellectuels, la volonté, le langage, etc., avec l'immense développement de la subs- tance grise, se déployant en de nombreuses circonvolutions à la péri- phérie du plus volumineux de nos centres nerveux. Quand on croyait aux idées innées, aux facultés innées (car les unes entraînaient les autres), on pouvait présumer que le jugement se trou- vait dans le cerveau des enfants dès leurs plus jeunes ans, comme la mémoire. Il importait, dès lors, de l'y cultiver de même et d'aussi bonne heure ; même l'idée a prédominé et prédomine encore dans l'Université qu'il faut cultiver le jugement plus tôt et plus que la mémoire, comme étant une faculté maîtresse, dominante, dont la fonction, l'exer- cice et le développement sont plus importants que ceux de la mémoire. On recommande donc de le cultiver, au détriment et en quelque sorte à l'exclusion de la mémoire, qui est négligée souvent, au point d'être à peu prèsMélaissée. Il n'est plus permis aujourd'hui de suivre des méthodes d'enseigne- ment fondées sur de telles erreurs. On sait que le jugement ne se trouve pas simultanément avec la mémoire et au môme degré de développement dans le jeune cerveau ; il s'en faut bien A ce moment tout lui manque : et son organe dans le cerveau et les matériaux sur lesquels il doit exercer une comparaison pour arriver à une conclusion. Le jugemen ne se développe que peu à peu, par l'évolution du cerveau d'abord, et ensuite par la mise en œuvre des matériaux dont les facultés les plus précoces de cet organe ont fait l'acquisition, ainsi que par l'association des images et des idées, par leur comparaison, par la découverte de leurs rapports, etc. Quelles sont, en effet, les conditions de la mise en œuvre du juge- ment? Il faut que la perception de l'objet extérieur se produise d'abord par ébranlement delà cellule nerveuse; il faut que cette perception ou son image, ou l'idée qui en émane se reproduise, qu'elle puisse se reproduire indéfiniment par souvenir, c'est-à-dire par un renouvellement de cet ébranlement de la cellule cérébrale qui a produit la perception, COURTY. — ÉDLXATION BASÉE SUR l'ÉVOLUTION ORGANIQUE, ETC. llâT OU par une véritable hallucination cérébrale, car ce que nous appelons la mémoire ou le souvenir n'est pas autre chose ; il faut que d'autres images, d'autres idées se produisent, qui permettent d'établir entre elles une comparaison, des rapports d'analogie, de différence', de succession, de cause à elfet, etc. Alors, et seulement alors, entre ces divers rap- ports un raisonnement peut naître, et le jugement peut se développer par l'usage, le jugement, cette faculté maîtresse qui a la plus haute portée sur l'accomplissement de tous nos actes et de notre vie entière. Aussi avec la doctrine de l'évolution, il n'est plus possible de deman- der d'abord aux. enfants des raisonnements et d'exiger d'eux, à tout prix, même au détriment de leur mémoire, de développer le jugement, faculté qui ne peut s'exercer que par la comparaison de perceptions multiples dont l'enfant n'est pas même encore en possession. Le jugement ne peut pas se développer, s'accroître, se perfectionner à cet âge, comme on prétendait le faire, et cela pour une bonne raison, c'est qu'il n'existe pour ainsi dire que virtuellement. Il n'existe réellement, ou, si je puis dire, d'une manière concrète que du moment où il peut entrer en exercice et il ne peut entrer en exercice que lorsque les premières idées auront été recueillies ; car elles seules sont les matériaux qu'il pourra mettre en œuvre, ou plutôt les matériaux dont le rapprochement, et la comparaison, provoqueront en quelque sorte le bourgeonnement de cette faculté nouvelle, dont la floraison produira à son tour (tomme un fruit une perception nouvelle : cette perception nouvelle sera, elle seule, ce qu'on appelle un raisonnement, un jugement. Le raisonnement ne se développera donc dans l'enfant que lorsque l'enfant aura des idées, et alors il se développera de lui-même. Autant il y a d'impossibilité à le faire naître dans une intelligence vide de perceptions antérieures, autant il y a d'impossibilité à l'empêcher d'entrer en action dès que l'intelligence est en possession seulement de deux perceptions ou de deux idées. Ce que peut l'enfant, et c'est la seule chose qu'il peut, c'est, après avoir été en quelque sorte passif, de devenir actif; après avoir reçu les impressions et les avoir perçues, de provoquer lui-môme l'arrivée de ces impressions, c'est de regarder, au lieu de voir simplement ; c'est de tendre alors ses organes vers l'univers, d'absorber enfin par tous ses sens et de s'assimiler cet univers qui l'entoure. Et, comme ce qui domine alors chez l'enfant, c'est cette activité, cette curiosité, cette contemplation de l'univers, ce besoin d'assimilation du monde extérieur, il faut en profiter pour donner à l'enfant (par ce qu'on a ingénieusement appelé les leçons des clwses, par opposition au déplorable caquetage en honneur jusqu'à ce jour) la notion la plus exacte du monde qui l'entoure, en 1128 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE même temps que pour dt'velopper siiiuiltan(''ment et forcément sa mé- jnoire, enlin pour meubler son cerveau, à la laveur de la mémoire, xion seulement de tous les faits, de toutes les perceptions des objets de la nature, mais encore de tous les instruments de travail, de toutes les Jangues, de toutes les notions, de toutes les idées dont la mise en œu- -vre, en développant son jugement, le rendra capable de tirer de ces riches approvisionnements, d'utiles conséquences, qui lui inspireront, à leur tour, des travaux dans la direction dont son goût ou sa vocation sauront faire choix. Ainsi, nul doute qu'après le pouvoir d'avoir des sensations, de recevoir et de recueillir des impressions, il n'y ait chez l'enfant l'ini- tiative, la spontanéité, le pouvoir d'aller à la recherche de l'impression ; il n'attend plus que la sensation arrive à lui, il va en provoquer l'appli- cation à ses organes sensitifs et en rechercher l'impression. Non seule- inciit l'organe sensitif est dirigé, avec plus d'avidilé, il est vrai, que d'ha- bilelé. vers l'objet capable de l'impressionner, mais il y a encore chez Tentant un ardent désir de provoquer ci'S sensations et ces impressions, il y a curiosité et recherche d'impressions nouvelles. Il y a plus : la recherche de l'impression nouvelle ne nuit pas à la conservation de celle qui l'a précédée. L'impression, non seulement perçue, mais cherchée avidement et recueillie méthodiquement, est encore conservée et aisé- ment conservée par la mémoire, probablement parce que sur des cellules jeunes la vibration se reproduit plus aisément que sur des cellules anciennes, et c'est parce qu'il a le sentiment de cette faculté de conser- vation que l'enfant s'abandonne à son instinct, qu'il a recueilli à peine une impression qu'il court aussitôt à une impression nouvelle, ne con- naissant encore rien, il ne fait pas, pour ainsi dire, autre chose que d'aller à la recherche de l'inconnu. Il n'a pas le temps de réfléchir, de raisonner, de juger. Si l'on étend l'observation à la majorité des entants, et si des enfants de l'homme on l'élend encore aux pelits des animaux, on constate assurément que ce qui les distingue des êtres des autres âges, ce qui les distingue le mieux, c'est la curiosité, et la curiosité agitée, inquiète, le désir, le besoin impérieux de connaîlre. (Malheur fi celui que ce dés'r ne tourmente pns et ne rend pas inquiet !) Avec la curiosité, la recherche, la demande, l'interrogation, l'en- quête, l'acquisition des faits nouveaux, de sensations, d'impressions nou- velles, la répétition de ces impressions, la reproduction souvent renou- velée des vibrations que ces impressions provoquent dans les cellules cérébrales, et de là une facilité croissante de rappeler ces vibrations à la première occasion, de les évoquera la moindre provocation, une sorte d'habitude de ces hallucinations cérébrales, qui sont autant de souvenirs, COL'RTV. — ÉDUCATION BASÉE SUR l'ÉVOLUTIÛ.X OUGANIQUE, ETC. 1129 et dont l'ensemble nous est connu sous le nom de mémoire, mais ne dépend pas au fond d'une faculté particulière, tel est l'enchaînement des premiers actes intellectuels chez l'enfant. Cet enchaînement constitue sa vie absorbante, cette vie par laquelle il semble vouloir s'assimiler l'univers entier. Tout conspire chez l'enfant, comme tout converge chez le vieillard, à, l'augmentation individuelle, à la conservation et par suite à l'égoïsme. Le vieillard conserve et veille à prévenir la destruc- tion; l'enfant conserve et s'occupe de l'accroissement. Aussi, légoïsme, non pas régoïsme féroce du vieillard, mais l'égoïsme débordant, gai, assimilant, caractérise l'enfant. Se nourrir, s'accroître, augmenter son être en tout sens par de? acquisitions nouvelles, voilà la vie de l'enfant. De prétendus réformateurs de l'enseignement (et malheureusement l'Université n'a pas évité de glisser sur cette pente erronée) ont cru délivrer l'enfance de la tyrannie des pédagogues, depuis le commen- cement de se siècle, en s'efforçant de persuader et répétant partout qu'il ne faut pas faire peidre leur temps aux enfants en l'employant à des exercices de mémoire, mais qu'il faut l'utiliser en développant leur jugement, comme si l'on pouvait développer ce qui n'existe pas encore, cumme si l'on avait jamais songé en pédagogie à fausser ce jugement, et si l'on n'avait pas au contraire tendu toujours et par tous les elforts à développer ce jugement et à lui imprimer une bonne direction, comme si l'on ne devait pas enfui appliquer tous ses elforts à déve- lopper, surtout chez l'enfant, l'aptitude, dominante à cet âge, non seulement à recevoir, mais à conserver les impressions reçues et à les rappeler au besoin, aptitude merveilleuse qui tient sans doute à la jeunesse et à l'activité des cellules nerveuses ébranlées par chaque per- ception, aptitude sur laquelle est basée en définitive toute instruction ; car sans elle, sans la mémoire, puisqu'il faut la nommer, que resterait-il à l'enfant de tout ce que vous lui avez enseigné? et qu'est-ce que ensei- gner et apprendre, sinon provoquer chez un enfant certain nombre de perceptions qu'il peut emmagasiner en quelque sorte et conserver pour s'en servir au besoin, en même temps que lui donner l'habitude de rappeler à volonté ces images et de savoir comparer entre elles ces per- ceptions pour en faire un jugement? Quand on médit tant de la mémoire, c'est qu'on ne s'entend pas bien sur le mot et sur le sens qu'on y attache; c'est qu'on attribue le mot mémoire exclusivement au souvenir des mots, et que l'on confond ce don précieux de conserver l'image de tout ce qui a pu impressionner le cerveau, en y provoquant un premier ébranlement, avec l'aptitude du perroquet à répéter des sons, comme si la mémoire ne s'appliquait pas à toute sorte de perceptions et comme si l'aptitude à se souvenir ne se 1130 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE rapportait pas aux sensations de toute sorte et même aux résultats de la comparaison, du raisonnement et du jugement, tout aussi bien qu'aux mots et qu'aux termes usités dans une langue ou dans plusieurs langues, pour peindre ces sensations, pour graver ces perceptions, pour con- créter enfin ces idées nouvelles émanant elles-mêmes de toutes sortes de jugements et même de véritables abstractions. • Nous sommes trop beureux que nos jeunes cellules cérébrales, si im- pressionnables, soient douées de la faculté de s'ébranler aisément de nouveau, à la moindre occasion, de manière à reproduire les vibrations qui ont été provoquées une première fois en elles par une impression quelconque. Sans doute, les clioses et le souvenir des choses, la consta- tation et les souvenirs des faits et des jugements nés de leur compa- raison, sont bien autrement importants que les termes et les souvenirs des termes qui servent à les exprimer. Nous n'avons pas de peine à convenir que ces termes seuls ne sont rien, et qu'avant tout, c'est la chose qu'il faut connaître, le nom n'étant qu'une étiquette appliquée à l'objet pour qu'on puisse le retrouver. Mais encore faut-il convenir aussi bien que le souvenir de l'étiquette n'est pas moins précieux que celui de la chose, puisqu'il est le seul moyen de nous conserver ce dernier. N'est-ce pas assez merveilleux que par le langage, ce caractère éminemment distinctif de l'espèce humaine, nous puissions représenter suffisamment les choses et même les idées et jusqu'aux jugements, que nous en communiquions la perception aux autres hommes, que nous en gardions pour nous-môme le souvenir, et que nous la transmettions à la postérité? Oui, c'est une chose précieuse que ce signe qu'on appelle un mot, puisqu'il peut rappeler si bien une chose, lorsqu'on l'a bien vue une ibis, qu'on ne puisse plus l'oublier, et que la vibration imprimée par le mot à la cellule nerveuse soit inséparable de la vibration im- primée à cette même cellule parla chose elle-même. On ne saurait donc en trop bien graver les lettres dans le souvenir, puisque c'est le seul moyen, par le souvenir du mot, de ramener le souvenir de la chose. La mémoire nous est si précieuse qu'au lieu de la négliger, comme on n'a été que trop porté à le faire, on ne saurait jamais trop la déve- lopper par l'exercice. C'est ce que sentent, plus que d'autres, ceux dont la mémoire est rebelle. Et quand je dis la mémoire j'entends celle des mots aussi bien que celle des choses. Car, outre que sans les mots, comme je viens de le dire, on serait bien embarrassé de se représenter les choses, les mots ne servent-ils pas à exprimer nos idées les plus neuves, les plus originales, et ne parviendrons-nous pas à communiquer celles-ci plus facilement à nos semblables si nous avons plus de mots à noire disposition et si l'usage nous en est plus familier? Quelle supériorité a sur les autres hommes celui qui joint à l'éclo- COURTY. ÉDUCATION BASÉE SUR l'ÉVOLUTION ORGA^nQUE, ETC. 1131 siori des nouvelles idées, non seulement le souvenir d'idées anciennes et des faits sur lesquels il peut baser les démonstrations de ses idées nou- velles, mais encore le souvenir d'une multitude de mots qui lui permet de les imposer à ses semblables, non seulement par la justesse de l'expression qui en rend l'intelligence facile, mais aussi par le charme même de la parole qui exerce plus souvent encore sur eux un entraîne- ment irrésistible! Ne craignons donc pas de meubler notre mémoire de mots et de mots de toutes les langues, pour pouvoir nous mettre en relation avec les peuples de toutes les nations et de multiplier, par la multiplication même des contacts, les connaissances que nous pouvons acquérir d'eux par nos emprunts ou leur transmettre par nos commu- nications. Ainsi, quoi qu'on en ait pu dire, rappelons-nous que, concurremment avec l'observation, la recherche, l'appel des impressions par la curio- sité, l'art de les recueillir et de les transmettre, de les comparer et de les juger, il faut aussi et surtout développer de bonne heure la faculté de les conserver, l'art de les retrouver et le pouvoir de les faire com- paraître de nouveau au premier appel devant notre conscience. L'expé- rience nous apprend que celte faculté de conservation et de rappel est développée chez l'enfant plus que d'autres, ce qui tient sans doute à ce que les autres ne peuvent pas exister sans elle, à ce que pour pouvoir comparer et juger des objets, il faut pouvoir en faire comparaître simultanément plusieurs ou du moins leurs signes, les mois qui les expriment, devant notre raison. Ne méprisons donc pas cette faculté; usons-en largement au contraire. L'expérience qui nous la montre si prééminente chez l'enfant, nous apprend encore qu'elle peut se déve- lopper chez lui par l'exercice : ne manquons donc pas de la dévelop- pcu- autant que possible ; car de son déviiloppement dépendra le nom- bre des choses, des faits, des noms que nous pourrons faire revivre, évoquer simultanément et par conséquent éclairer par une comparaison qui décidera un jugement ; en un mot, de son développement dépen- dront le nombn; et la diversité des matériaux qui serviront d'éléments aux. jugements de cet enfant, à mesure qu'il deviendra un homme, en même temps (ju'ils l'aideront ;\ donner un corps à ses idées nouvelles et jusqu'à ses plus profondes pensées, car ne perdons pas de vue que les pensées les plus abstraites ont pour point de départ le fait le plus concret : nihil est in intellectu quod nœi prima fuerit in sensu. Encore une fois, exerçons la mémoire, même celle des mots, pour nous donner de bons modèles, pour nous apprendre non seulement à bégayer mais à parler richement les langues étrangères, modernes et anciennes, comme notre propre langue. Le seul moyen de ne pas bégayer toute sa vie, mais de parler correctement toutes les langues, aussi bien 1132 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE qu'une seule, c'est de les apprendre toutes sérieusement. Que de choses n'apprend-on pas avec les mots! que de mots n'apprend-on pas en puisant dans tel ou tel auteur la narration d'une aventure, la relation d'un accident, l'expression d'une œuvre morale, comme l'exposition d'un fait physique ! que de tacilités ne se crée-t-on pas pour exprimer plus tard ses propres pensées et ses découvertes! D'ailleurs quand on s:iit ce qu'est la mémoire, on voit bien que ce n'est pas une faculté si distincte des autres, comme on le croit au pre- mier abord, et qu'on n'est pas maître de la laisser, pour ainsi dire, sommeiller, à moins d'engourdir en même temps toute activité intel- lectuelle. Ce n'est pas la mémoire seule qui sommeillerait alors, ce serait l'être entier, ce seraient tous les sens; ce sommeil de la mémoire serait, à vrai dire, un assoupissement général. Ce n'est pas là, sans doute, ce que l'on entend. On veut dire seule- ment, lors(iu'on recommande de ne pas faire pi'rdre à l'enfant son temps à des exercices de mémoire, qu'il ne faut pas employer ce temps à lui faire lire et relire des mots et à les lui faire répéter sans qu'il se rende compte seulement du sens de ces mots. Mais si l'enfant emploie son temps à observer et k apprendre la manifeslation d'un phénomène en un ou p'usieurs actes, s'il l'emploie à en lire et relire un exposé bien écrit, doué d'un mérite littéraire incontestable, de manière ùi pou- voir le redire et le répéter, comme il pourra vous raconter ou répéter devont vous les divers actes du phénoraène qui s'est passé sous ses yeux, il occupera son activité intellectuelle à acquérir de nouvelles con- naissances et il exercera simultanément sa mémoire. Et qu'on ne croie pas que cet exercice de la mémoire vienne à ces- ser jamais. Quel est le moment où l'homme croit n'avoir plus besoin de confier à son souvenir ce qu'il a vu, ce qu'il a entendu, ce qu'il a pensé, ce qu'il a enfanté et même ' ce qu'il a rêvé dans son cerveau? Seulement un moment vier.t oîi la majorité des expressions d'une langue est connue, oîi l'on possède du moins les expressions usuelles, de manière à savoir en faire usage et à pouvoir exprimer ses pensées. Un moment vient oîi l'on a constaté, recueilli, groupé, comparé assez de faits, pour pouvoir établir entre eux des rapprochements auxquels per- sonne n'avait songé auparavant, à découvrir des relations imprévues, à en tirer des conclusions inattendues. C'est encore une belle part de la vie. Si la première nous a charmé par la nouveauté incessante des im- pressions, dans cette sorte de voyage de notre microcosme autour du macrocosme, dont nous prenons peu à peu une entière possession, grâce à cette facilité d'observer et de recueillir nos impressions, la se- COUUTY. — ÉDUCATION BASÉE SLR l'ÉVOLUTION OUGANIQUE, ETC. 1133 conde ne nous captive pas moins par l'imprévu et la surprise que nous causeiit les co:iso(jucnces auxquelles nous amènent les découvertes qui découlent de la comparaison des faits précédemment observés, les lois des phénomènes qui se sont déroulés sous nos yeux, et ce ((ue j'q,p- pellerai le soupçon naissant de l'avenir par la connaissance possédée du passé. Ainsi, je ne crains pas de le proclamer, mes propres préoccupations, à l'inverse des préoccupations de la pédagogie moderne , sont de développer surtout la mémoire. Je ne prends nul souci du jugement de l'enfant: j'ai seulement grand soin de ne pas le fausser; mais je me garde bien de lui faire perdre son temps à l'appliquer et à le tourner peu à peu vers les abstractions, ce qui arriverait indubitablement. Je m'occupe, au contraire, beaucoup de meubler son cerveau d'autant de faits concrets et d'autant de mots que je le puis, et d'approvisionner ainsi grandement sa mémoire, seule faculté qui permette à sonjugement de se développer plus tard largement, de !e conduire par l'assemblage à la synthèse, et par la comparaison des premiers résultats à des résul- tats seconds et à de véritables abstractions. Que si l'on veut tracer un Essai de la marche à suivre pour l'instruc- tion d'un enfant, à partir des débuts, je proposerai, comme me parais- sant le plus logique, à peu près le suivant : leçons des choses, étude do tout ce qui nous entoure et nous touche, avec ]es propriétés de la matière, la physique, la chimie l'histoire naturelle élémentaires, la Géo- graphie, étendue à Yétude de l'univers, à la Cosmographie, la structure de l'homme, l'étude des langues modernes, tel est le début de l'enseigne- ment : tout est concret, tout est science, tout est vérité; rien encore des œuvres d'imagination, ni de ces fausses sciences que l'on trouve dans les poètes et qu'on a tant de peine à oublier plus tard, quand il faut bien un jour substituer la vérité à l'erreur. — Plus tard vient l'étude de Yhumanité, de Vhistoire des divers peuples, puis celle ôcs mathématiques et des abstractions , facilitée par l'étude concrète des grandeurs et de leur mesure, de la géographie et de l'astronomie de pure observa- tion, qui ont précédé. — Enlin Yétude des humanités, des œuvres d'imagi- nation, l'étude des langues anciennes et àes poètes, en même temps que du mécanisme des langues des grammaires comparées, de la philosophie, et notamment de la philosophie du langage, que l'on fait alors en connaissance de cause. Voilà, à ce qu'il me paraît, l'ordre logique pour le sujet. La puis- sance d'observation et d'assimilation, la curiosité et la facilité à provo- quer le retour des impressions ou la mémoire : telles sont les facultés qui sont surtout mises en jeu par la première partie de ce champ d'ensei- gnement. L'imagination et en môme temps la raison et le jugement, 1134 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE comme pour en tempérer les écarts, telles sont les facultés mises sur- tout en jeu par la seconde partie. L'ordre dans lequel on doit faire successivement appel à chacune de ces facultés est l'ordre même de leur apparition et de leur déve- loppement dans l'évolution organique. On ne sort pas de la marche que la nature elle-même nous trace. Je sais qu'il faudrait développer, ces idées, qu'il faudrait montrer tout ce que Ton peut apprendre ainsi successivement, et si bien qu'on ne l'oublie plus, en subordonnant toujours une étude à venir à une étude passée (que l'usage auquel on l'applique, aussitôt qu'on la pos- sède, empêche d'oublier), au lieu de ne rien pouvoir retenir de tout ce qu'on a appris simultanément, sans aucune corrélation logique, dans ces programmes universitaires si chargés, si bourrés de leçons, qu'il n'y reste aucune place disponible et qu'on ne doit plus chercher que la leçon qu'on en peut retrancher, au lieu d'en inventer une nouvelle à y intercaler et à y ajouter. Mais je tiens à redire que cette marche est celle de l'évolution elle-même des diverses parties du cerveau et des diverses facultés de l'intelligence. Celte évolution cérébrale, à mesure qu'elle sera mieux connue, ne peut manquer d'être la base sur laquelle seront établies nos méthodes d'en- seignement : elle seule fournira une marche sûre pour les études et pour l'ordre à introduire dans les matières de ces études : 1° observa- tions concrètes, leçons des choses ; 2" simultanément leçons des mots^ complications progressives de ces leçons, d'abord sur une langue, puis sur deux; 'è'^ union des leçons des choses aux leçons des mots et emma- gasinement du plus grand nombre possible de connaissances, tant en choses ou en phénomènes, qu'en expressions ou en mots. Je tiens beaucoup à cet emmagasinement, à l'épreuve qu'il est bien et dûment effectué, c'est-à-dire que, a l'appel du souvenir, soit par réci- tations, soit par compte rendus, la mémoire ramène immédiatement à notre disposition l'objet ou l'expression demandés. S'il en est autre- ment, il faut s'efforcer de développer par Yexercice, par le fréquent retour des vibrations de la cellule nerveuse, siège de la perception, cette mémoire qui doit rappeler les mots en faisant réciter de beaux modèles de littérature dans toutes les langues, et les choses en faisant raconter ou écrire les phénomènes observés, de manière à avoir la certitude que ces phénomènes sont ramenés par le souvenir, aussi bien que les mots, sous le regard du sens intime, dans tous leurs détails, quels qu'en soient le nombre et les qualités; 4° après l'observation concrète, après l'étude des mots et l'exercice de la mémoire des choses et des mots, vient l'exercice du jugement, c'est-à-dire l'étude, par comparaison, des objets ramenés devant la conscience par la mémoire et, à sa suite, la conclu- COURTY. ÉDUCATION BASÉE SUR l'ÉVOLUTION ORGANIQUE, ETC. 1135 sion ou l'abstraction, qui n'est que le jugement résultant de cette com- paraison. Que Ton applique cette méthode à toutes les études, à l'enseignement primaire général ou à l'enseignement primaire d'une partie du pro- gramme seulement; ou bien encore qu'on l'applique à l'enseignement secondaire, à tout l'enseignement secondaire ou à une partie seulement de l'enseignement secondaire, telle que l'étude des langues ou même l'étude d'une seule langue, ou à l'étude des mathématiques, de la phy- sique, de la chimie, de l'histoire naturelle, de la géographie, de l'his- toire, etc.; c'est toujours la même chose. Jusqu'ici malheureusement, dans l'enseignement donné aux générations qui nous ont précédé, on a commencé tout au rebours de la logique. On a enseigné à l'élève toutes les œuvres d'imagination (et les œuvres réputées littéraires ne sont pas autre chose), au lieu de lui enseigner d'a- bord ce qui doit le plus l'intéresser, c'est-à-dire ce qui est, ce qu'il est lui- même, ce qu'est cette terre sur laquelle il vit, ce qu'est ce monde qui l'entoure, ce qu'est enfin l'univers et cette matière dont il est formé, lui comme tout le reste, les propriétés de cette matière, la chaleur, la lumière, ia pesanteur, l'électricité, que sais-je? ce qu'est l'homme lui- môme autant qu'on le peut connaître, les moyens par lesquels il peut entrer en relations avec ses semblables, d'abord les plus proches, les plus voisins et les contemporains, jusqu'aux plus éloignés, jusqu'aux anciens qui nous mènent par la main à l'histoire, à la philosophie et aux œuvres d'imagination, par lesquelles un enseignement doit finir au lieu de commencer. Tout a été jusqu'à ce jour si illogique dans notre enseignement, que le même vice dont j'essaie de montrer l'existence dans le cycle de l'en- semble des études, n'existe pas moins dans la manière d'étudier chaque chose et jusqu'à chaque langue en particulier; car on a grand soin d'enseigner à l'élève d'abord la partie abstraite et par cela même, dès le principe inintelligible, d'une langue (la grammaire), avant d'en apprendre la partie concrète, usuelle et utile, fienversez la méthode et je puis vous garantir, par expérience, en 10 fois moins de temps, au moins, des résultats 10 fois plus satisfaisants : j'en ai eu l'épreuve faite sous mes yeux. Il serait si simple de suivre dans l'enseignement des langues la marche de la nature, celle que l'on suit dans l'étude de sa propre langue maternelle : les parler d'abord par mots simples, monosyllabiques ; sim. plicité dans les idées égale à celle des mots; complication graduelle, comme celle par laquelle passe l'enfant, s'élevant par degrés, dans sa famille, à la connaissance de sa propre langue, sans y prendre aucune peine : l'élève n'en prendrait pas davantage en suivant cette méthode à 1136 ÉCONOilîE POUTIQLE ET STATISTIQUE l'école. — Agissons de même pour les choses. Quoi de plus aride et de plus rebutant que l'étude des mathématiques pour les élèves qui n'ont pas de goût ou de vocation décidée pour cette science 1 L'arithmétique même, si vous ne faites (jue des chiffres, pour peu surtout que les opé- rations s'allongent de nombres d- plusieurs chiffres, est aussi intolérable que tout autre. Au lieu de commencer par aligner ces chiffres, par addi- tionner ou multiplier ces nombres, les soustraire ou les divi er, allez avec vos élèves sur un terrain, mesurez en les bords, puis les contours, puis la surface, la hauteur des édifices, le cube des bâtisses ou des mon- tâiines, les divisions et les accidents de terrain, les cours d'eau (jui le traversent, etc. Il n'y a pas de problème compliqué que ces élèves n'abordent avec plaisir, au retour de celte promenade, après avoir eux- laêmes recueilli sur le sol. en les mesurant, les diverses données de ce problème. Toujours le concret au début, l'impression des choses, l'im- pression recueillie par l'organe des sensations spéciales ou parles orga- nes des sens. Alors l'esprit opère sur des éléments dont il se représente toujours une image ; non seulement l'objet existe, mais le but existe et l'élève s'v intéresse. Dès que vous avez fait naître l'intérêt du but et que vous avez pu ajouter cet intérêt à celui que provoque la connais- sauce de l'objet, vous avez excité l'attention de l'élève , il fera à coup sur ses opérations avec un soin qui ne peut manquer de le rapprocher de la perfection. Cette simple esquisse de quelques exemples des réformes que la connaissrmce de l'évolution organique apportera à l'éducation, paraît assez logique. Et pourtant plus d'un philosophe a tourné ce système en ridicule, comme si cela pouvait l'empêcher d'être l'expression de la vérité. Tourner en ridicule les partisans de l'évolution orga- nique, ce n'est pas les combattre, ni moins encore les vaincre par la logique. L'évolution est une loi de développement incontestable, ce n'est pas une affaire de sentiment ni de démonstration : c'est un fait, il suffit d'v regarder pour le voir. Elle ne fait en rien pri^juger, comme le disent certains plaisants, l'apparition d'une espèce supé- rieure à la nôtre, et ceux qui en ont étudié les manifestations n'ont pas entendu poser seulement de pareilles questions. Mais ces lois, bien comprises, obligent à apporter aux anciennes méthodes d'enseigne- ment, d'utiles, d'indispensables modifications. Je ne puis douter qu'en en prenant connaissance d'une manière sérieust', on en méconnaisse plus longtemps la valeur et l'on ne sente l'urgence qu'il y a à suivre, dans le mode d'administrer à l'élève l'aliment intellectuel, une marche conforme à celle que suit dans son développement l'organe destiné à recueillir ou à élaborer cet aliment; s'obstiner à faire autrement, c'est absolument comme si l'on voulait obliger l'estomac et l'inteslin du COURTY. ÉDUCATION BASÉE SLR l'ÉVOLUTIO.N ORGANIQUE, ETC. ll37 nouveau-né à digérer de la viande au lieu de lait et des légumes secs au lieu de panade. Je n'en ai pas fini avec l'évolution organique corame base des méthodes d'enseignement. Je dis, en effet, l'évolution organique individuelle et non pas simplement l'évolution organique générale, parce que dans l'évolution de l'homme ou du cerveau de l'homme, comme élément de détermination de l'ordre à suivre dans l'enseignement, il faut ajouter à l'ordre de succession des facultés se produisant chez tous les individus, la prédominance d'une faculté chez tel ou tel individu, c'est-à-dire la diffé- rence des aptitudes, qui est un élément non moins important de déter- mination des matières à enseigner et du mode à suivre dans leur ensei- gnement. Vous ne changerez jamais les aptitudes : apprenez donc à les connaître, à les distinguer et à les déterminer. Amoindrir les mauvaises qualités, développer les bonnes par lexercice : là est le secret de l'édu- cation, pour les hommes comme pour les animaux, comme pour les plantes. De là seul résulte le pouvoir de retirer de chacun d'eux ce qu'il peut donner de meilleur. Quand on fait renseignement des enfants, non seulement il faut suivre les lois de l'évolution, c'est-à-dire suivre dans l'ordre des matières de l'enseignement, l'ordre de développement des facultés dépendant du développement des organes qui sont en relation avec ces facultés et avec ces matières, d'abord l'observation, la recherche, l'étude, la mé- moire, puis le jugement, etc.; mais encore il est un principe important à appliquer dans l'enseignement, c'est de connaître de bonne heure les aptitudes de chaque élève et de s'attacher à les déveioppper, bien entendu en les supposant favorables. Il serait aussi inutile de chercher à en créer une absente, que de chercher à faire porter des pêches à un poirier et des pommes à un abricotier. Malheureusement, ce n'est guère connu, encore moins utilisé! C'est ce qui fait que, malgré les immenses services qu'elles rendent, les grandes écoles, comme les écoles normales, centrales, etc. , présentent souvent des inconvénients sérieux. Elles jettont tons les disciples dans le même moule et ne peuvent en faire sortir souvent que des inégalités par trop choquantes! Comment ne pas s'affliger, quand on est bien pénétré de celte inégalité, de l'igno- rance dans laquelle on rencontre, à cet égard, ceux qui de\Taiént en être le moins atteints. Je me rappelle avoir parlé un jour, dans le cabinet d'un ministre, à son secrétaire intime, de ces différences d'aptitude et de l'importance, en même temps que de la difficulté, qu'il y a à les connaî- tre : « Je ne connais, me répondit-il, que deux sortes d'aptitudes ■ celle à travailler et celle à ne rien faire. » Certes rien n'est plus faux, et je fus profondément attristé à la pensée que je n'avais pas pu pro- voquer d'autre réponse que celle-ci . De même, comment nos législa- 7î 1138 ÉCONOMIE POLITIQLE ET STATISTIQUE teurs, nos députés, n'ont-ils rien trouvé de mieux à faire en fait d'en- seigneiiienl que ce qui a été fait? c'est affligeant. Cela tient sans doute à ce que nous ne sommes pas mûrs pour ces questions : aussi les sou- lever seulement ici me donne l'espoir d'être un jour utile. C'est quand on est médecin, et surtout physiologiste, que l'on sent que rien n'est variable d'un homme à un autre homme comme les aptitudes. Si les pédagogues connaissaient, comme les médecins, (juelles diffé- rences profondes existent entre les constitutions, les tempéraments, les idiosyncrasies, quelles différences dans la manière dont un homme et un autre homme digèrent, se nourrissent, supportent le mal et tolèrent le remède, assurément le pédagogue ne nierait plus les aptitudes. Du reste, pour peu qu'il ait bien v(julu observer, le plus infime pédagogue n'aura pas tardé à voir que ses élèves ont des goûts différents, qu'ils ont des aptitudes différentes à chercher, à regarder, à être curieux, à saisir ce (|u'on dii, à le retenir, à le garder, à le redire par souvenir, à le comparer, à le juger, etc. Chez un élève, par exemple, on admire une- grande facilité de souvenir, mais on regrette qu'elle s'associe, comme par un fâcheux contraste, avec une légèreté, quelquefois même avec une insuf- fisance totale de jugement et de justesse dans le choix ou la décision. Chez un autre, c'est tout le contiaire : le jugement est aisé, l'élève voit droit, vite et bien, mais il a beaucoup de peine à se rappeler ce qu'il a confié à la mémoire. Autres différences : l'un a du goût et de la facilité pour les arts, un autre pour la littérature, la poésie, larl drama- tique, un autre pour les sciences, l'expérience, la physique, la chimie, etc., un autre pour les mathématiques, etc. Ces aptitudes sont aussi distinctes,, aussi accusées que chez les animaux de même espèce, mais de race dif- férente, dont les diversités d'aptitudes sont en rapport avec les variations d'organisation, si remarquables chez les chevaux, les chiens, etc. Tous les pédagogues observateurs ont bien remarqué que ces diffé- rences d'aptitudes se révèlent même dès les premiers moments de l'exis- tence, pour ainsi dire. M"'^ Pape Carpantier dit qu'il faut avoir constamment en vue, non de forcer à naître de précoces aptitudes, mais de satisfaire et d'entretenir celles qui se manifestent d'elles-mêmes. (Enseignement pratique dans les écoles d'asile, p. 4.) Il faut, dit encore un philosoi)he contemporain, au lieu d'imposer au hasard tel ou tel genre d'études, consulter les goûts naturels de l'élève et essayer de devmer ou plutôt de reconnaître sa vocation (V. Compayré, Traité de F Education, t. II, p. 433.) Amoindrir les défauts, augmenter les qualités, pour l'homme comme pour les animaux, comme pour les plantes : toute l'éducation est là; on ne crée rien, on peut modifier tout. Ainsi l'évolution organique individuelle est la loi de développement de COURTY. ÉDUCATION BASÉE SUR l'ÉVOLUTION ORGANIQUE, ETC. 1139 nos facultés. Elle doit servir de base à l'ordre de nos études. C'est sur sa connaissance encore imp-rirtaite, mais devenant de jour en jour mieux appréciée et plus complète, qu'est fondée la marche que la pédagogie doit suivre dans l'enseignement de toutes les connaissances qui consti- tuent son domaine, aussi bien celles des langues que celles des choses, aussi bien chaque science en particulier que l'ensemble des sciences humaines. Mais ce n'est pas tout : un autre facteur doit entrer dans l'apprécia- tion que nous devons l'aire des niatièrcs d'enseignement à distriijuer à iios élèves, et de l'ordre dans lequel ces matières doivent être distribuées. Une source d'oîi découlent, comme des lois de l'évolution, 'es principes de l'éducation, c'est là condition ou Valilité socï'a/e. La première base est physiologique, celle-ci est en quelque sorte historique. C'est ce que M. Compayré, qui a écrit dernièrement un bon Traité de l'Education, appelle improprement, à mon sens, la science de la destination de l'homme et du but de son existence, la morale en un mot. En déter- minant les conditions idéales de la destinée de l'espèce et des individus, ajoute ce philosophe, on s'assure le moyen de résoudre ces problèmes essentiels : o Que doit-on enseigner? quel est V objet, le but de l'éducation? y» Quant à moi, je crois que c'est l'état social qui dirige surtout cette recherche : ainsi, la vie de ce siècle, cette vie de découvertes nouveiles, cette vie de science et d'application de la science, cette vie de commerce, d'industrie, etc., est évidemment toute dillérente de celle du siècle dernier. Or cette différence commande une différence dans les connaissances utiles, indispensables même à acquérir. C'est donc évidemment la différence de notre état social, et non de notre destinée, la condition actuelle de notre manière de vivre en société et non les conditions idéales de notre existence et de notre fin, qui règle les lois de notre enseignement : Que devons- nous apprendre ? qu'avons-nous besoin d'apprendre ? Aussi, malgré tout ce qui a été dit de beau, de bon, de vrai, de pro- fond sur l'enseignement, par les Bossuet, les Fénélon, les Rolliti, etc., il ne faut pas s'étonner que nous devions penser autrement qu'eux en fait d'éducation. La nature de l'homme, mieux connue, exige que nous nous conformions à la loi de développement de ses facultés ; mais le change- ment dans ses conditions sociales ne jette pas moins de changement dans les méthodes et surtout dans les sujets d'instruction : il faut fléchir au temps. L'influence de l'état social sur le mode et les sujets d'instruction est nécessairement considérable. L'enseignement au sircle de Louis XIV ne devait pas être ce qu'il est maintenant. Abstraction faite de toute autre influence, quelle n'est pas celle des lettres ou des sciences ? Il est évident qu'autrefois l'enseignement littéraire était le plus important, et avait le pas 1140 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE sur tous les autres, par cette bonne raison que la science, au ijerceau, ne pouvait pas se comparer, pour l'importance, le temps qu'on lui con- sacrait, la peine qu'elle donnait, avec la littérature. Aussi les humanités, les belles-lettres, anciennes et modernes, grecques, latines et françaises^ étaient l'objet principal, sinon exclusif, des études. Aussi, avec notre facilité, notre imagination, fécondées par ces fortes études littéraires, avons-nous eu des générations d'esprits brillants et de grands littérateurs, Au contraire, aujourd'hui, les pas de géant de la science dans les cinquante dernières années, le mélange des langues, ou plutôt de notre langue avec celles des peuples amenés par les chemins de fer, qui introduit forcément dans chaque langue tant d'expressions étrangères et de tour- nures différentes que chaque langue tend à perdre de plus en plus son caractère privé pour devenir cosmopolite, ont tellement donné le pas à la science sur la littérature, que c'est forcément la première qui doit l'em- porter sur la seconde, qui doit la primer, qui doit être enseignée con- séquemment avec plus d'importance et de développement, même au détriment de celle-ci. Il faut bien se le dire et en prendre son parti, dans lequel parti, du reste, il n'y a rien de bien pénible, si l'on songe aux services que nous pourrons tirer un jour de la science : « les savants auront le pas sur les littérateurs. » Et il en sera ainsi, des peuples comme des individus. Nous ne sommes plus dans le siècle de l'éloquenee ou des belles-lettres, nous sommes dans le siècle de la science. Eh bien, celle-ci doit avoir la prééminence, c'est elle qui doit commencer et non finir l'instruction, comme c'est encore malheureusement l'usage chez nous ; c'est elle qui doit être répandue dans toute la masse de la jeunesse, elle doit former le fond même de l'enseignement. La partie littéraire est moindre, ou du moins elle ne doit être poussée aussi loin qu'autrefois et absorber la majeure partie du temps que chez les jeunes gens dont les aptitudes sont décidément tellement prononcées pour les belles-lettres que leur temps se perdrait aux mathématiques ou aux sciences, tandis qu'on peut en espérer des chefs-d'œuvre littéraires. Ce n'est pas à propos de la science qu'on peut dire ce qui a été avancé de la société française, à la conversation brillante, aux salons si attrayants, qu'elle savait tout, sans avoir pris la peine de rien apprendre. Et effec- tivement avec de l'imagination, du feu, de l'esprit, de l'entrain, on peut produire des œuvres littéraires, même durables (quoique ces dernières se passent rarement de l'érudition, ainsi que des soins et du polissage du temps : le temps respecte peu ce qu'on a fait sans lui) ; mais il est absolument impossible d'en dire autant des œuvres de science : pour celles-ci il faut de l'étude, de l'observation, des recherches, de la démons- iration, elles sont moins personnelles. Chacun peut faire une découverte, COURTY. — ÉDUCATION BASÉE SUR l'ÉVOLUTION ORGANIQUE, ETC. 114Î sans doute ; mais il n'y a qu'une vérité dans cette découverte, cette vérité est la même pour tous, il faut la chercher ; mais une fois trouvée, elle a une durée éternelle, car elle est une partie du développement de la science même et du trésor de l'esprit humain. La littérature n'offre rien de pareil. Aussi le temps est passé où, par sa langue seule et sa merveilleuse littérature, sinon par d'autres côtés, la France pouvait aspirer à l'honneur de diriger les nations ; la prépondé- rance dans le domaine intellectuel, qu'elle devait à celte langue et à cette littérature, elle ne peut plus la conserver, justement, parce que cette langue et cette littérature, quelque remarquables qu'elles soient, doivent aujourd'hui céder le pas à des conquêtes de l'intelligence humaine bien supérieures par l'importance qu'elles ont pour le progrès de l'humanité, je veux parler des conquêtes scientifiques. Aussi, malgré le prix du style qui, quoi qu'on dise, ne périra pas, et qui a même le mérite d'être pour la science une forme qui aide à la propager, en même temps qu'une enveloppe éminemment conservatrice, comme ces coffres de cèdre qui préservaient les objets précieux des injures des insectes et du temps, on attribue aujourd'hui, dans le monde, moins d'importance à l'art d'ex- poser ses pensées, ses connaissances et même ses découvertes, qu'à la facilité de multiplier ces mômes découvertes, de les féconder par le travail, de les faire tourner, par d'heureuses applications, au bonheur de l'humanité. Les peuples sont engagés dans une lutte de rivalité, non plus litté- raire, mais scientifique. Or, la science demande le travail et toujours le travail. Il ne suffit pas d'un peu plus ou d'un peu moins d'imagination, ou d'un moment d'inspiration. Non, pour découvrir une nouvelle vérité scientifique, il faut d'abord savoir beaucoup, puis il faut, en outre, y penser toujours, comme Newton pour découvrir la gravitation. Ne nous plaignons pas d'ailleurs qu'au siècle des lettres ait succédé le siècle des sciences : La science fait de l'homme le maître de la nature; les éléments, savamment dirigés, deviennent nos serviteurs ; l'ignorance nous en rend les esclaves, sinon trop souvent les martyrs. Mais seule- ment, sachons changer la direction de notre enseignement et donner le pas aux sciences sur les lettres; substituer, dans le début de l'éducation, la connaissance de la nature à celle du beau langage, ou simplement des langues dont nous n'avons pas un besoin immédiat; habituer enfin l'esprit à penser sévèrement avant de le former à exprimer richement ses pensées . Ainsi les conditions sociales du sujet, l'utilité sociale des connaissances qu'il doit posséder, le parti qu'il en pourra tirer pour le bien de la so- ciété même au milieu de laquelle il vit, plus encore que pour sa propre utilité, commandent, autant que son évolution organique et ses aptitudes, 1142 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE les éléments et la méthode de son éducation. Seulement, tandis que l'évo- lution organique règle surtout l'ordre de ces matériaux d'éducation, les conditions sociales dirigent plutôt la nature des matériaux qui doivent constituer le fond même de cette éducation. A la première est dévolu le choix des méthodes dont il fora usage et Tordre dans lequel se fera son éducation; aux secondes appartient la détermination des connaissances même que nous devons lui enseigner. Toujours nous aurons égard à son évolution pour la méthode et l'ordre ; à ses aptitudes comme à ses con- ditions sociales pour la nature de son instruction. Et pour conclure, il nous reste à répéter : 1° Que de Vévolution organique individuelle résulte surtout l'ordre dans lequel dos facultés doivent être utilisées en éducation : la consé- quence la plus saillante de cet axiome est que l'enseignement du concret passera toujours avant celui de l'abstrait, et que le développement de la mémoire précédera toujours celui du jugement. 2** Que des différences individuelles résulte la classification des aptitu- des bonnes à développer chez Vmi ou chez l'autre, variant naturellement d'un sujet à l'autre, et réclamant pour chacun des matériaux d'in- struction en rapport avec ses aptitudes. La seule généralité qui découle de ce principe est de savoir d'abord discerner les aptitudes de nos disciples, ensuite de nous eiforcer de développer celles qui sont prééminentes, même au détriment des autres, à moins qu'il n'y en ait de ces dernières dont Futilité oblige à conserver et à accroître l'importance. 3° Que de Vétat social résulte la nature des sujets qui doivent être enseignés de préférence, dans un système complet d'éducation, et l'ordre . de subordination dans lequel on doit les enseigner. La conséquence immédiate qui se déduit de ce principe, c'est de déterminer d'abord avec précision quelles sont les conditions sociales au milieu desquelles nous vivons, et de mesurer ensuite dans quelles proportions notre élève prend plus ou moins de part à ces conditions sociales, soit pour le pro- fit qu'il en tire, soit pour les services qu'il peut être appelé à rendre à ia société . Il y aurait encore bien des choses à dire sur la part à faire aux repos, aux exercices, aux changements d'occupation, à l'hygiène, à la gymnastique, au sport, etc. ; d'autres sur la manière de transmett.e la science que l'on doit donner, sur la récitation, le compte rendu, le de- voir écrit; ou sur la manière de connaître un auteur, ou une histoire, ou d'aborder les questions scientifiques. Mais ce sont autant de sujets à traiter successivement : les uns, à l'occasion de l'enseignement prima re ; les autres au sujet de l'enseignement secondaire. Plus tard, en faisant un plan d'études pour l'un ou l'autre enseignement, il sera intéiessant de tracer des programmes, des cours d'études, et de les comparer à ceux DISCUSSION SUR l'ÉDUCAïION BASÉE SUR l'ÉVOLUTION ORGANIQUE, ETC. 1143 •de nos principales maisons d'iostniction publique ou de nos établisse- sements universitaires. Ici, nous ne nous étions pas proposé de l'aire autre chose que de rechercher les bases nouvelles de l'éducation moderne. Aborder les sujets en question, ce serait entrer dans l'apphcation. DISCUSSION M. Glaize, juge suppléant au tribunal de Montpellier, tout en adressant ses félicitations à M. Courty sur son travail , regrette qu'il se soit servi du mot de facultés, lequel semble n'être pas d'accord avec les prémisses posées au début de son mémoh-e. Au point de vue où s'est placé M. Courty, on ne ■devrait s'occuper que des fonctions de l'intelligence. Le mot de facultés ne saurait, il est vrai, être suppléé par un autre pour exprimer ce qu'il exprime, mais ici c'est à l'idée même rendue par ce mot qu'il faudrait en substituer une autre, et le mot de /onctions semble mieux convenir. M. Glaize fait encore des réserves sur l'é^îoque oij apparaît le jugement. Suivant lui il résulte des principes de l'école associationataire que, si la mémoire est le fondement de l'intelligence à qui elle fournit un riche matériel de représentation, le déve- loppement du jugement commence dès le premier âge, puisqu'il s; rattache aux dissociations des représentations, et aux associations par similarité for- mées avec les éléments fournis par ces dissociations. Il paraît indispensable, pour assurer la formation d'un bon jugement, de surveiller dès le premier âge et de diriger par des exemples ces associations premières qui sont le rudi- ment d(; ce qui plus tard apparaîtra comme fonction de jugement. M. KowNACKi, chef d'institution à Paris, reconnaît qu'il est difficile en cette matière de séparer la philosophie des recherches médicales, mais il ne veut aborder que le point de vue pédagogique. Sans doute on doit développer la mémoire, mais on doit protester contre l'abus qu'on en fait. Elle ne doit pas être un réceptacle commun de connaissances disparates, et on devrait mettre un ordre raisonnable dans les exercices qu'on lui impose. M. RozY dit, à propos de la communication de M. le professeur Courty, qu'il ne faut assurément pas jeter dans un même moule toutes les jeunes intelli- gences; mais un enseignement spécial, donné à chacun suivant la forme de son développement intellectuel, n'est pas possible en pratique. L'enseigne- ment public notamment deviendrait complètement impossible. De plus, sans négliger les sciences, il ne faut pas leur sacrifier l'éducation littéraire qui donne le revêtement de la pensée sans mettre la forme avant le fond, encore faut-il cette forme et la faut-il claire, nette et élégante. M. Courty demande que l'on cultive la mémoire qui doit alimenter les idées. Sans elle le vide se fait dans l'intelligence qui périt faute d'aliment. M. FuÉD. Passy, résumant la discussion, dit que les personnes s'occupant d'éducation doivent discerner les aptitudes et les diriger dès qu'elles se mani- festent, sans s'efforcer de jeter toutes les intelligences dans le même moule. Il faut développer le jugement, caria mémoire seule est un emmagasinement stérile : l'esprit doit assimiler, digérer, et non seulement ingurgiter. 11 faut. 1144 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE à mesure que la mémoire se développe, faire grandir avec elle le dis- cernement, le jugement, développer aussi la force intellecluelle, vitale, d'as- similation en la mettant dans les milieux qui lui sont les plus propres, et en ne cessant de la guider et de la diriger. M. MEÎflEE Député de Seino-et-Marn°. DE LA TRAIMSFORMATIOIM DES OCTROIS EN TAXE DIRECTE ( KXTIlMr ) — Séance du 3 0 août i87 9. — Les centimes additionnels communaux ne représentent que le tiers ou le quart environ des recettes des communes françaises; en 4871, d'après un rap- port officiel, les communes de France, Paris excepté, avaient un budget de 313 millions de recettes ordinaires et de 212 millions de recettes extraordi- naires; ces dernières ne consistaient guère qu'en emprunts ou aliénation de domaines. En Angleterre, en France, le droit qu'ont les comtés, les départements, les bourgs ou les municipalités de s'imposer, de contracter des emprunts, est limité. Je le conçois, tout en constatant que l'Etat ne s'est pas montré d'une telle sagesse dans ses dépenses et dans son administration qu'il puisse justi- fier de son droit de tutelle. En France, les départements, comme les comtés en Angleterre, ne peuvent avoir recours qu'à des taxes directes pour subvenir à leurs dépenses. Pour- quoi, en Fi'ance, donne-t-on aux communes le droit, au contraire, de frapper de taxes indirectes la plupart des objets de consommation dont elles ont besoin ? Si les départements avaient établi des octrois, on aurait assisté à la résur- rection des douanes intérieures. C'eût été trop choquant. On s'est borné à les rétablir pour les villes. On reconnaît qu'une ville se développe, quand sa population s'accroît, quand ses afïaires augmentent. Alors le prix de ses terrains hausse, ses maisons ont une plus-value. Une ville, au contraire, est en décadence, quand sa popu- lation diminue, quand ses affaires décroissent. Le prix de ses terrains baisse et ses constructions ont une moins-value. Or que fait notre intelligente fiscalité par ses droits d'octroi? Elle éloigne les habitants des villes, en frappant de droits énormes tous les objets indispensables à la vie ; elle empêche même de construire en frappant les matériaux de construction de droits dont il faut faire l'avance longtemps avant que les maisons construites puissent rapporter de l'argent; elle écarte l'industrie MENIER. — TRANSFORMATION DES OCTROIS EN TAXE DIRECTE 1145 des villes en frappant la houille, le bois, en augmentant la cherté de la main- d'œuvre par la hausse factice des salaires. En un mot, Poctroi semble avoir été inventé pour empêcher les villes de se développer. 11 n'y a pas d'impôt plus vexatoire, plus onéreux aux consommateurs pau- vres, plus nuisible au développement de la richesse publique que l'octroi. Les cahiers des Etats généraux en réclamaient l'abolition avec énergie. Le 19 janvier 1791, l'Assemblée constituante, sur le rapport de M. de La Rochefoucauld, décréta la suppression de tous les inripôts perçus à l'entrée des villes, bourgs et villages, proclamant à l'unanimité la nécessité de donner des débouchés à l'industrie et de dégager le commerce de toute entrave. C'était la confirmation du principe de la liberté du travail déjà affirmé par elle. L'octroi ne reparut qu'avec la réaction, le 27 vendémiaire an Yll. Sa réap- parition fut timide, toute sournoise et honteuse. 11 apparaissait seulement à Paris, simplement comme un remède d'urgence et d'impérieuse nécessité à des maux pressants. « Il sera perçu, disait la loi, par la commune de Paris, un octroi municipal et de bienfaisance, spécialement destiné à l'acquit de ses dépenses locales, et de préférence à celles des hospices et des secours à domicile. » Un règlement de 1809 établit cinq catégories en dehors desquelles aucun objet ne peut être taxé : les boissons et liquides, les combustibles, les comes- tibles, les fourrages et les matériaux. Il est vrai que ces catégories compren- nent tous les objets, 11 y a peu de temps encore, le blé était taxé, à son entrée à Paris. Non seulement l'octroi arrête la circulation, mais encore il frappe la liberté du travail. M. Frère-Orban, dans l'exposé des motifs du projet de loi qui supprime les octrois en Belgique, avait constaté cette grave conséquence. « Une guerre in- testine de tarif, dit-il, une guerre à l'état latent, mais des plus pernicieuses pour la consolidation de l'unité nationale, existe entre nos communes; car de l'impossibilité, dans la plupart des cas, d'établir sur la même base la taxe à l'importation et à la fabrication, résulte celle de produire exactement les deux taxes ...» 11 y a donc inégalité entre telle ville et telle ville; il peut dépendre du caprice d'un conseil municipal, quedis-je! d'un administrateur, de ruiner une industrie dans une ville. L'empereur avait peur des agglomérations ouvrières qu'appelaient à Paris les grandes usines. M. Haussmann, secondant sa politique, voulut les expulser de Paris. « La grande industrie, disait-il, répand des torrents de fumée, trouble la sérénité du ciel. » Pour en débarrasser Paris, il proposa, en 1867, un droit exorbitant sur la houille. « Le droit sur la houille, disait-il sans dis- simuler le moins du monde le but qu'il poursuivait, met un frein à l'aug- mentation des grandes usines dans Paris. » 11 y a 1,530 octrois pour toute la France. Le Finistère en compte 183 à lui tout seul; le Nord, 63; les Bouclies-du-Rhùne, 36; le Var, 30; Yaucluse, 46; l'Isère, -43, le Lot-et-Garonne, i2 ; la Seine, 41. La population soumise à l'octroi était : 1146 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE 187-2 10.4G2.000 habitants. 1873 10.Si7.000 1874 10.541.000 1875 10.555.000 187G 10.482.000 C'est plus du quart de la France. Le produit total des droits perçus a été : En 1872 de Fr. 199.530.000 1873 de 211.205.000 1874 de 201.043.000 1875 de 235.948.000 187G de 249.510.000 Les frais de perception ont été : En 1872 de Fr. 1 7.510.000 1873 de 18.2Î4.000 1874 de 18.614.000 1875 de 18.967.000 1876 de 19.571.000 Le produit net a été : Eu 1872 de ' Fr. î81.922.0Q0 1873 de 192.875.000 1874 de Î82.497.000 1875 de 214.115.000 iS7G de 229.866.000 Les frais de perception des octrois ont beaucoup diminué depuis une ving- taine d'années. Ils n'en restent pas encore moins élevés. Ils ont été en moyenne pour toute la France de 8.27 pour 100 en 1875, de 8.87 pour 100 en 1876. Le produit des droits de vins en cercles et en bouteilles a été de ; En 1872 de Fr. 64.739.000 1873 de 06.G5S.000 187i de 56.087.000 1875 de 74.415.000 1876 de 80.743.000 Le produit des alcools a été : En 1872 de ~ Fr. 6.628.000 1873 de . 12.117.000 1874 de 13.120.000 1873 de 15.099.000 1876 de 13.550.000 Les recettes de l'octroi de Paris ont été de 124 millions en 1876, de 132 millions en 1878; elles ont été évaluées à 127 millions pour 1879; elles MEXIER. — TRAXSrORMATIOX DES OCTROIS EX TAXE DIRECTE 1147 sont montées pour les six premiers mois à plus de 63 millions; elles sont cvaluées à 128,500,000 francs pour 1880. Sur ce chiffre de 12i raillions, le vin est compris pour 52,646,000 francs, l'alcool pour 8,o06,000 francs, les comestibles pour 23,342,000 francs, les com- bustibles pour 12,oT3,000 francs, les matériaux pour 8,980,000 francs. Les vins et les alcools supportent la moitié des droits de l'octroi de Paris. Tout le monde reconnaît lerôle utile que joue le vin dans l'alimentation . Cha- que Parisien, en moyenne, payerait 26. oO pour cet impôt. Mais il faut plus que doubler ce chiffre; car si les vins payent par hecto- litre 10 francs au proGt de la ville, 12 francs décimes compris, ils payent le droit d'entrée au profit du Trésor 9 fr. oO c, avec les décimes 11 fr. 87 c; total 23 fr. 87 c, soit un prix plus élevé que la valeur vénale des vins de qua- lité commune sur le lieu de production. Plus de 10 francs par tête, pour une famille de quatre personnes 200 francs, voilà ce que coûterait l'usage du vin aux ménages d'ouvriers si les malheureux ne prenaient pas le parti de s'en priver. A Paris, la consommation du vin est loin de répondre à l'importance delà population. Elle est environ de 180 litres par tête. Or, dans les autres communes à octroi du département de la Seine, elle s'élève à 3C1 litres par habitant; dans les comm.unes du département de Seine-et-Oise à 269 litres; dans 25 départements, la consommation moyenne en vins des communes à octroi est plus forte qu'à Paris. Evidemment ce n'est pas le désir de boire du vin qui fait défaut à Paris, c'est le pouvoir d'en consommer. Certaines personnes disent : « Mais il y aune réforme bien simple à faire. 11 est injuste qu'une barrique de Château-Yquem soit taxée le même prix qu'une barrique de vin de l'Hé- rault. Qu'on impose surles vins un droit ad valorem. » La question a été étudiée en 1S77 au Conseil municipal et a provoqué un rapport de M. Oulin, dont voici les conclusions. Voici comment sont classées les diverses qualités de vins consommés dans Paris : 5 0/0 vins de luxe; H 0/0 vins dits bourgeois ; 84 0/0 vins ordinaires. Or, la moyenne des vins introduits de 1872 à 1875 étant de 3 millions 801,73 i h clolilres, 5 0/0 représentent 198.086 hect. 11 0/0 410.200 Ensemble 60^.286 hect. Ce chiffre est donc insignitiant. Qurl est le rapport des contributions directes avec l'octroi ? Les propriétaires se plaignent quelquefois « des ciiarges qui pèsent sur la propriété. » C'est la locuîion consacrée. Les consommateurs seraient ; ncore bien plus en droit de se plaindre des charges qui pèsent sur eux. Mais si les propriétaires examinaient bien de quelle manière sont réparties les contribu- 1148 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE lions directes, ils verraient que la plus petite partie en revient aux com- munes. D'après un travail publié par le Ministère des Finances en février 1877, voici comment se faisait le partage du produit des quatre contributions direc- tes de 187G entre l'Etat, le département et la commune : Tableau indiquant, potir les villes ci-dessous, le partage du produit des quatre contributions directes de i816, entre l'État, le département et la commune. VILLES PART REVENANT SDR LE PRODUIT DES QUATRE CONTRIBUTIONS DIRECTES à l'État (1) à la commune (2) au départcm' (3) PRODUIT TOTAL des quatre contributions. PROPORTION pour 100 de la part revenant aux communes sur le produit des quatre contributions directes. Paris . . Lyon . . Marseille. Bordeaux Lille. . . Nantes . Toulouse Rouen. . Le Havre St-Éticnne Reims. . Roubaix. Nîmes. . Amiens . Angers . Nancy. . Limoges. Toulon . Nice. . . Rennes. . Tours . . Versailles Grenoble. fr. 62.965 8.051 7.156 5.917 3.291 2.103 2.109. 2.9i6. 2.575 1.S53. 1.601. 1.391. 1.051. 1 .4 1.048- 1.003 754. 82 99 787. 742 873 721 C. .374 32 .055 40 .337 83 .129 07 .087 08 .256 39 .445 30 .S54 Oi .989 87 .986 71 .903 66 .710 42 .079 11 .876 48 -877 22 .900 08 .111 54 .721 13 .659 86 .707 00 .926 77 .996 11 .323 90 fr. 18.987 2.510 2.266 1539 839 786 504 827 700 469. 347. 334. 261. 305. 343. 247. 229 250 423 217 224 286 172 C. .140 37 .003 02 .405 29 .958 02 .828 12 .768 79 .098 53 .390 74 -743 92 .117 65 .401 10 .715 6:3 .129 51 .550 81 .039 62 .147 24 .005 40 .541 27 .727 23 .307 90 .037 76 .303 61 .807 11 fr. 23.890. 3.127, 1.662. 1.593. 737. 772. 658. 987. 739. 273. 484 412. 463. 375. 369. 308. 323. 229. 179. 216. 236. 199. 233. C. .822 63 318 22 085 67 104 40 674 58 202 46 519 98 086 73 029 89 099 24 152 33 178 41 435 92 046 43 311 03 815 45 33 00 739 68 096 23 082 08 716 00 160 49 163 09 fr. 105.843 13.688 11.084 9.032 4.888. 3.602. 3. 272. 4 . 701 . 4.015. 2.590. 2.433. 2. 138. 1.785. 2.173. 1.761. 1.539. 1.306. 1.309. 1.595. 1.221. 1.203. 1.359. 1.129. c. 337 54 436 64 82S 79 191 58 589 78 227 84 063 87 431 48 763 68 203 00 437 11 604 46 644 34 472 72 227 87 862 77 949 94 002 08 483 34 096 98 080 53 462 21 33.'. 10 p. 100 22.5 22.8 13.9 17.5 13.1 21.1 20.1 20.7 18.4 10.5 19.8 19.2 26.0 17.2 20.9 19.8 24.7 17.5 11.2 17.6 19.7 14.0 20.9 (1) Principal (moins les 8 centimes attribués aux commuiics sur le principal des paten- tes). — Centimes généraux sans afTectation spéciale. — Fonds de non-valeurs sur le princi- pal. — Fouds de secours. — Réimposition. (2) Centimes communaux, y compris les fonds de non-valeurs et les frais de perception. — 8 centimes attribués aux communes sur le principal des patentes. !3) Centimes départementaux. — Fonds do non-valeurs sur le produit des dits centimes. On voit, d'après ce tableau, que, relativement, la commune ne perçoit que fort peu de chose sur les contributions directes. Ses véritables ressources lui MENIER. TRANSFORMATION DES OCTROIS EN TAXE DIRECTE 1149 sont assurées par l'octroi, qui, à Paris, dépasse le total des quatre contribu- tions et, dans la plupart des grandes villes, en approche. Comparaison entre le produit total des droits d'octroi et le produit total des quatre contributions directes, en 4816. VILLES DROITS D'OCTROI total en 1876. PRODUIT TOTAL des quatre contributions directes. RAPPORT entre le produit de l'octioi et celui des contributions directes. Paris fr. 124.238.118 11.138..'<97 9.782. :>19 4.267.331 3.717.053 2.309.377 2.904.121 3.499.820 2.484.347 2.847.545 1.072.340 1.350.249 1.095.857 1.107.082 1.006.869 1.363.G54 1.140.029 1.267.100 1.277.518 1.148.469 1.023.582 1.146.738 1.049.734 fr. c. 105.843.337 54 13.688.436 64 11. 08.-1.828 79 9.052.191 58 4.SS8.589 78 3. 602. 227 84 3.272.063 87 4.-GI..'r31 48 4.015.7C3 68 2.598.203 60 2.433.437 11 2.138.604 46 1.78.1.644 54 2.173.473 72 1.761.227 87 1.559.862 77 1.306.949 94 1.309.002 08 1.595.483 34 1.221.096 98 1.203.680 53 1.359.462 21 1.129.35V 10 p. 333 117.4 80.6 88.2 47.1 76.0 63.7 88.7 73.5 61.8 109.5 44.7 63.1 61.4 50.9 62.2 87.5 87.3 96.8 80.0 94.0 85.0 84.3 92.9 Lyon Marseille Bordeaux Lille Nantes Toulouse Rouen Le Havre Saint-Étienne Reims Roubaix Nîmes Amiens Angers Limoges Toulon Ivice Rennes Tours Versailles Grenoble A Paris, tandis que, dans les évaluations du budget de 1879, les droits d'octroi sont compris pour 12G millions, les centimes comnmnaux, imposi- tions communales et taxes sur les chiens comprises , ne montent qu'à 24 mil- lions 576,000 francs. Or, c'est la propriété immobilière qui profite le plus de toutes les dépenses faites à Paris, et c'est elle qui paie le moins. Et, en même temps, elle perd à ne pas payer, parce que si l'octroi était supprimé demain à Paris, Paris verrait son industrie et sa population instan- tanément doubler. La question se pose donc ainsi : Supprimer peu à peu, à l'aide de transitions, que je n'ai pas à déterminer, 1Î50 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE les octrois, les droits sur les halles et mnrchés, tous les impôts qui frappent la circulation et la consommation, et les remplacer par des impôts directs. Quel impôt direct? Pour mon compte porsonnel, je ne serais pas embarrassé de répondre. Mais j'ai assez de conliancc dans mon système pour croire qu'il a tout à ga- gner de TexpérienCe. Aussi j'en fais abstraction, et je demande tout simple- ment que les communes aient le droit de remplacer leurs octrois par des taxes directes dont ellesTdétermineront elles-mêmes l'assielte. Ainsi se feront des expériences multiples. Telle commune essaiera un sys- tème, une autre en essaiera un autre; et, on définitive, toutes finiront par adopter le meilleur et le plus simple, au bout d'un nombre d'aimées plus ou moins grand. Voilà de la décentralisation pratique. L'État n'a à s'occuper que d'une seule garantie: c'est que l'impôt soit pro- portionnel. La proportionnalité est un terme exact qui écarte tout arbitraire, toute idée de spoliation. Si on admettait la progressivité dans une mesure aussi étroite que possible , on pourrait arriver aux plus monstrueux abus. On aurait à se débattre au milieu de difficultés que crée toujours l'application d'un principe faux (1). Si on n'admettait pas le principe absolu de la proportionnalité, l'Etat se réserverait le droit de déterminer la progressivité et d'approuver les taxes à l'aide desquelles les communes voudraient remplacer leurs octrois. On peut prévoir ce qui arriverait de cette ingérence de l'État. 11 n'autoriserait jamais les tentatives de réformes fiscales que voudraient faire les villes. Les projets s'entasseraient. On nouîmerait des commissions. Ces commissions feraient des enquêtes et publieraient des rapports qui remonteraient aux impôts préhisto- riques. L'autorisation n'arriverait jamais. En introduisant dans la loi le prin- cipe de la proportionnalité absolue, nous écartons immédiatement l'interven- tion de l'État. La délibération du conseil municipal une fois prise est valable- Elle peut être exécutée par les soins du maire du jour au lendemain. Mon projet ne préconise aucun système ; il doit rallier tous les adversaires des octrois, c'est-à-dire tous les partisans des taxes proportionnelles aux res- sources et non aux besoins. Il donne aux Conseils municipaux une vie et une activité qu'ils n'ont pu avoir jusqu'ici. 11 fait enfin de la véritable démocratie et permet d'essayer de sérieuses réformes économiques. Il a enfin ce grand avantage au point de vue politique : immédiatement, les bienfaits de cette réforme se font sentir à la grande majorité des habitants des villes et à tous les habitants des campagnes. PROPOSITION DE LOI Article Premier. — Les Conseils municipaux des communes soumises h l'octroi sont autorisés à remplacer leurs octrois par des taxes directes. U) V. Théorie et application de l'impôt su?' te capital, 1. V, ch. x. DISCUSSrON SUR LA TRANSFORMATION DES OCTROIS EN TAXE DIRECTE 1451 Art. 2. — Ils pourront eux-mêmes déterminer l'assiette de ces taxes. Art. 3. — Ces taxes devront être proportionnelles. Art. a. — Les communes pourront, à l'aide de centimes addiiionnels ajou- tés au principal de leur taxe locale, se rédimer envers le Trésor des taxes perçues pour son compte à l'entrée des villes (I). DISCUSSION M. RozY déclare que tout le monde est bien actuellement d'accord pour condamner Voctroi, mais il combat l'établissement spécial d'un impôt foncier. Les services municipaux profitent à une collectivité : les détenteurs de pro- priétés foncières ne doivent pas seuls en supporter le poids. 11 est de toute justice que cette charge grève tous ceux à qui les services en question peu- vent être utiles. M. Gi:yot dit que la Belgique a déplacé l'assiette de l'impôt quand elle a supprimé les octrois, et qu'elle y a gagné de détruire ainsi de petites barrières pour répartir les charges sur l'ensemble de la nation. Défendant les idées émises dans le travail de M. Meniei% il maintient que les propriétaires sont les plus intéressés au développement, à l'entretien et à l'embellissement des villes. D'ailleurs, par répercussion, ils récupéreraient sans peine l'avance qu'ils auraient dû faire. M. RozY remarque que ce sera toujours le public qui paiera et non le pro- priétaire. M. Bouvet pense qu'on a bien exagéré les inconvénients des octrois. Le consommateur ne les supporte pas définitivement, car il fait à son tour payer plus cher son travail , son industrie ou ses produits : la répercussion amène une distribution régulière des charges. Il est juste, d'ailleurs, que les habi- tants de la campagne qui profitent de certains avantages de la ville, pour leurs approvisionnements, par exemple, supportent quelque peu des charges de ses habitants. Mais M. Bouvet se montre adversaire de l'impôt proposé par M. Manier : rien n'est difficile pour le petit commerce et pour la classe ouvrière comme de payer une somme à échéance fixe, et ici le paiement de l'impôt viendrait s'ajouter encore au paiement du loyer, au lieu de s'opérer au jour le jour et insensiblement comme par l'acquittement des droits d'octroi. A ce point de vue ce ne serait pas une amélioration. De plus il n'est pas prudent de s'adresser à une seule classe de contribuables, car on | ourrail craindre un jour le fléchissement de l'impôt : en s'adressant à tout le monde, rien de pareil n'est à craindre. M. Yves Guyot reconnaît que la répercussion continue au delà du consom- mateur, mais la question est de savoir qui fera l'avance de l'impôt. Dans le système actuel ce sont les classes pauvres, et pour pouvoir récupérer sur le salaire l'impôt qu'elles ont payé, il faut parfois recourir à des luttes , à des grèves. Et puis, qu'un chômage survienne, l'impôt reste, mais le salaire est supprimé ! (1) Ce projet a été dépose à la Chambre des députés dans la séance du 24 janvier 1880. H52 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE M. MuLUKR, professeur au lycée de Montpellier, fait remarquer que l'adoption de l'impôt proposé par M. Menier ferait aux propriétaires une situalion ana- logue à celles des curiales de la fin de l'empire romain. De plus une sem- blable mesure exciterait immédiatement contre une seule classe toutes les aulre^ classes de la société à cause de l'élévation subite des loyers qui en résulterait. M. FuÉi). Passy se déclare ennemi de l'octroi, cet impôt progressif à rebours, car les objets taxés étant également consommés par tout le monde, on de- mande moins à celui qui a plus de ressources. 11 entrave le chauffage et l'éclai- rage qui sont de première nécessité, il gêne la libre circulation , il donne une prime à la fraude, et encourage une foule d'industries interlopes qui forment une pépinière de malfaiteurs, il coûte très cher directement comme percep- tion et indirectement par la gêne qu'il cause. Aussi M. Passy approuve-t-il les conclusions finales du projet de M. Menier, laissant les villes libres- de pou- voir remplacer leur octroi par une taxe locale appropriée à leur situation géographique ou financière, à condition qu'elles ne s'écartent pas de certains principes généraux posés par la loi, tels que le respect de la libre circulation et la prohibition de toute progressivité dans un sens ou dans l'autre. M. Bouvet pense que la fraude ne résulte pas directement de l'existence même de l'octroi, mais bien de l'organisation vicieuse de la perception des droits sur les liquides et de leur exagération. Il insiste sur la facilité de recou- vrement de cet impôt. M. Gu\or constate l'accord presque unanime des économistes pour réprouver l'octroi, et indique l'utilité qu'il peut y avoir pour les villes à chercher le remplacement de cet impôt par une autre taxe suivant leur situation particu- lière et leurs ressources. M. DEOÏÏIIÎEAU Secrétaire du Conseil d'iiygiène de la Cliar>?ntc-Inférieure. LE BUDGET DE L'HYGIÈNE PUBLIQUE (0 (extrait) — Séa7ice du 30 août 1879.— M. le D"" DiiouiNEAu expose la situation budgétaire des Conseils d'hygiène; il montre l'insuffisance des ressources que les divers conseils généraux affec- tent à ce service ; s'appuyant sur la nécessité qu'il y a à assurer le fonction - nement régulier de, celte Institution sanitaire, il propose des combinaisons particulières pour fournir des ressources aux conseils. (1) ie mémoire in cjctenso a été publié in Revue d'hygiène, 13 oclobre 1879. E. CACHEUX. — ÉTUDES SUR LES HABITATIONS OUVRIÈRES 1153 Selon lui, deux sources pouvent alimenter le budget de l'hygiène publique : l'industrie, l'aggloîiiération humaine. Pour celte dernière, il réclame de cha- que commune d'une population supérieure à 1,000 habitants, une redevance de 1 franc par 100, c'est la contribution communale. Le département, à cause des besoins particuliers du département, doit être soumis à la même rè^le,, 1 franc par 100 habitants. L'imposition industrielle est étendue, dans le projet du D'' Drouincau, à tous les établissements classés : 3 francs pour la l''-^ classe, 2 francs pour la aidasse, 1 franc pour la 3^ classe. Cette imposition est inscrite sur les patentes sous le nom de droit de visite^ et perçue directement par le Trésor. En même temps, M. Drouineau réclame le contrôle constant des industries^ classées par l'institution d'une inspection départementale. Enfin les établissements particuliers soumis aux inspections habituelles dii- jury sont taxés uniformément et sans exception du droit fixe de 3 francs. Avec cet ensemble de ressources, M. Drouineau montre que pour le départe- ment de la Charente-Inférieure, on obtiendrait ainsi sans frais de perception et sans difficultés une somme de 13,000 francs au moins avec laquelle on pour-- rait aisément donner satisfaction aux premiers besoins. Cette mesure établie par une sanction législative à toute la France assure- rait un budget régulier à l'hygiène publique, M. Drouineau demande à la section de s'associer à ce vœu, ce qui a lieu après quelques observations de M. Sicard pour appuyer ks conclusions de M. Drouineau. M. E. CACHEÏÏX Ingénieur, Oflicier d'Acadénii,-!. ÉTUDES SUR LES HABITATIONS OUVRIÈRES EXPOSÉES EN 1878 — Séftnce du •/" septembre 1879. — Les documents concernant les habitations ouvrières que nous avons- recueillis à l'Exposilion de 1878 ont été trop nombreux pour que nous puissions en donner même l'analyse; nous nous bornerons à exposer les conclusions que nous avons tirées de leur étude sur la meilleure manière d'établir un logement d'ouvriers et les moyens à employer pour en mettre le plus grand nombre possible à la disposition des travail- leurs. Établissement d'un logement d'ouvriers. — Le logement de l'ouvrier doit être: 1" Sain, sa santé étant sa seule richesse; 73 1154 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE 2° Commode, il doit pouvoir s'y plaire assez pour n'être pas tenté d'aller perdre son temps et son argent au cabaret ; 3° Économique, le prix doit en être à portée de sa bourse. Ces trois conditions sont très difficiles à remplir; aussi avons-nous rencontré très peu de maisons convenables parmi celles dont on a exposé les plans. Maisons a étages et habitations isolées. — On a longtemps discuté la question de savoir s'il fallait loger les ouvriers dans des maisons à étages ou dans des maisons isolées. Au point de vue hygiénique, une maison à étages bien gérée contenant des logements composés de trois pièces et cuisine et dont tous les services sont bien étudiés est aussi satisfaisante que la maison isolée, mais nous croyons que celle-ci rendra plus de services, car une maison de ce type est susceptible d'être ven- due et par suite offre aux ouvriers un placement très sûr pour leurs économies à un taux très rémunêniieur , attendu qu'on loue une maison ouvrière mr le pied de 8 à 10 0/0, tandis ciuon prête de l'argent au taux de 5 0/0 quand le prêt est bien garanti. Notre opinion est confirmée par l'examen des maisons exposées. Nous avons reproduit dans l'ouvrage'sur les habitations ouvrières, que nous avons eu l'honneur de faire en collaboration avec M. MuUer (1), les plans des maisons à étages citées comme modèles et qui sont : 1° Le familistère de Guise; 2° Les maisons de la Société immobilière de Berlin; 3" Les maisons de l'Association métropolitaine de Londres ; 4" Les maisons ouvrières de New- York, de Madrid, de Florence, de Milan, de Christiania, de Stockholm, de Vienne, d'Amsterdam. Nous pouvons encore citer les maisons de Peabody de Londres, celles du duc de Galliera à Gênes, les immeubles de la Société immobilière de Bruxelles, les maisons Maliouline de Moscou, etc. Pour les maisons isolées, nous avons l'embarras du choix. Presque tous nos établissements industriels possèdent des cités ouvrières et on en trouve dans les villes les plus populeuses. Ainsi la Société coopérative immobilière des ouvriers de Paris a construit la villa des Rigoles, sur un terrain de 13'",90 de largeur et de 200 mètres environ de profon- deur. Le terrain en bordure sur la rue des Rigoles a été réservé pour des maisons à étages et le terrain du fond a été couvert d'habitalions groupées par deux. On voit qu il est assez facUe de donner des plans d'habitations ou- vrières confortables. Il est ])lus difficile de les mettre à exécution par (1) Habitations ouvrières en tous pays, par E. Muller, 0. *, et E. Cacheux. Baudry> m, rue des Saint-Pères. Paris. E. CACHEUX. ÉTUDES SUR LES HABITATIO^iS OUVRIÈRES 11S5 suite du prix élevé des constructions et du peu d'importance de la ■«omme que l'ouvrier affecte à son loyer. Avant de passer à la descrip- tion de ce qui a été fait pour développer la construction d'habitations ouvrières, disons quelques mots sur les conditions de leur établis- sement. Construction d'une maison ouvrière. Choix du sol. — Une maison doit reposer sur un sol sec, susceptible d'être drainé, au-dessus du ni- veau des eaux souterraines, à une altitude convenable, à l'abri des vents 'dominants, à distance convenable de foyers d'msalubrité ou de voisina- ges dangereux. Le constructeur est rarement libre de choisir son so! ; dans cl- cas il remédiera autant que possible aux défectuosités qu'il \k-x\i présenter en recourant aux moyens dont la science dispose aujourd'hui. Matériaux. — Le choix des matériaux à employer dépend des pays oîi l'on construit. Tout en écartant en principe l'emploi de matériaux -hygroméiriques, il faut étudier avec soin si leur emploi n'est pas pos- sible dans des endroits abrités. — Dans tous les cas, il faut isoler les constructions situées au-dessus du niveau du sol par des couches de matières imperméables à l'humidité. Il faut aussi tenir compte de la solidité et être bien pénétré de ce fait que les réparations, dans les maisons ouvrières surtout, absorbent une grande partie du produit -quand on construit trop légèrement. Nous avons .remarqué plusieurs systèmes particuliers de construc- tion. M. Hugedé remplace le moellon par des carreaux de plâtre creux enduits d'une couche de mortier à l'extérieur, dans le but d'avoir ses murs traversés continuellement par de l'air. M. Stanislas Ferrand et M. ToUet font des carcasses de maisons soit en fonte, soit en fer à té, et ils remplissent les vides au moven de bri- ques. M. Ferrand a obtenu une médaille d'or pour une école construite d'après son système. — M. Tolht a ea la même récompense pour ses hôpitaux. On a décerné une médaille d'or à M. Lascelles, de Londres pour ses cottages, dont les murs, les plalbnds, les toitures sont de sim- ples grillages en bois sur lesquels on visse des panneaux formés d'un mélange de ciment et de scories. Composition d'un logement. — Nous donnons comme minimum la composition suivante, savoir : Une chambre à demeurer {living-rooin des Anglais ; siube des Vlle- inands) 4'»,00 x 4"\00 = le-"- Deux chambres à coucher pour séparer les sexes, de S"», 00 X 4"" 00 Une cuisine de 2'",00x3'"00 «Des dépendances en nombre suffisaiit pour permettre à l'ouvrier de HoP) ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE faire quelques provisions et d'accomplir les travaux insalubres hors de riiabitatioii. La hauteur des pièces devra être de 2'",8U au minimum. Nous recommandons de donner le plus de lumière possible aux dif- férentes pièces et de dépasser les dimensions que nous donnons quand cela sera faisable, car les ouvriers se servent rarement des appareils de ventilation qu'on met à leur disposition. Le meilleur moyen de ventilation est de disposer les pièces de façon qu'en ouvrant portes et fenêtres un large courant d'air enlève les parti- cules odorantes qui s'attachent au mur et qui caractérisent les logements d'ouvriers. Écoulement des eaux, ménagères et pluviales. — Il est très impor- tant de faire écouler les eaux pluviales au dehors des propriétés. Il faut quelquefois les recueillir dans des puisards, qui devront être nettoyés souvent. Dans aucun cas les eaux ménagères ne devront être dirigées dans les terres, à moins de les amener dans les trous à ordures qui feront l'office de filtres, et qui retiendront les matières grasses. Vidanges. — L'imperfection de la vidange est très souvent une cause d'insalubrité. A la campagne, le meilleur procédé consistera à brasquer des tonnelets avec les poussières, les détritus de toutes sortes prove- nant du ménage et à les placer sous les tuyaux de chute. Les tonne- lets sont faciles à préparer au moyen d'un moule, leur remplacement se fait aisément, et le prix de celte opération est bien compensé par l'engrais qu'on obtient. En Angleterre, en Amérique, dans les ménages d'ouvriers, on emploie des cendres, de la terre à four, qui, mélangées avec la vidange, la désinfectent et constituent un excellent engrais. Nous croyons que ce procédé serait même applicable à Paris. Chaque maison devra être pourvue, dans un avenir prochain, d'un égout parti- culier; il serait donc facile d'en profiter pour enlever les ordures et les vidanges d'une façon non apparente. La fosse mobile serait pourvue de deux tuyaux; l'un, le tuyau de chute, destiné aux vidanges, l'autre, le trou à poussière, destiné aux ordures. On se servirait des ordures pour brasquer les tinettes qu'on emploierait pour recevoir les matières, et dont le remplacement ainsi que l'enlèvement se feraient par les égouts à l'aide de petits chemins de fer. Chauffage. — Dans les pays du nord, à Berlin, à Christiania, à Copenhague, etc., nous avons constaté l'emploi de poêles en terre cuite qui servent à la fois à la cuisson des aliments et au chauffage des logements. E. CACHEUX. ÉTUDES SUR LES HABITATIONS OUVRIÈRES l'IoT En hiver, la cuisine se fait dans la salle à manger ; les ])rocluits de la combustion circulent dans les carneaux du poêle et réchauffent. Avec des bouches de chaleur convenablement disposées, on maintient une température élevée dans toutes les pièces. En été, on ferme les carneaux avec des registres et on envoie directement les produits de la combustion dans la cheminée. A côté du tuyau de fumée, il y a toujours un ventilateur d'une section bien plus considérable qui sert à évacuer les produits culinaires et l'air vicié. L'air frais est amené du dehors par des ouvertures placées de façon à ne pas produire de courants d'air nuisibles. A Paris, le chauffage et la cuisson des aliments se font généralement à l'aide d'un poêle en fonte placé devant une cheminée ; l'appareil fourni par le propriétaire ne sert donc pas aux locataires, et il serait très intéressant d'étudier l'application dans nos contrées d'une disposition analogue à celle des pays du nord. , Fourniture d'eau potable. — L'eau potable doit souvent être ame- née de fort loin ; en conséquence son prix est relativement très élevé pour les ouvriers, aussi s'en servent-ils avec parcimonie. Chacun sait que l'ouvrier dépense plus pour ruiner sa santé que pour la conserver, c'est pourquoi les municipalités devraient fournir gratuitement l'eau dans les quartiers ouvriers et se couvrir de ces dépenses par des impôts moins préjudiciables à la santé de leurs administrés. A Paris, l'établissement de l'eau dans une maison revient à un prix très élevé. La Compagnie des Eaux, par suite de son monopole, établit la canalisation à un prix double de celui que ferait payer un entrepre- neur de plomberie; de plus, les tarifs auraient besoin d'être modifiés. Ainsi, le propriétaire d'une maison divisée en cinq appartements complets paiera 120 francs pour fournir de l'eau à ses locataires; si ces appartements forment cinq habitations isolées contenant toutefois un nombre égal de pièces, il faudra pour donner aux habitanîs la même quantité d'eau, payer une somme cinq fois plus forte, soit COO francs. Résumé. — En résumé, pour maintenir les maisons en bon état, il faut les efforts réunis du constructeur et de l'habitant. Le constructeur doit pourvoir la maison d'appareils propres à faire écouler les eaux pluviales et ménagères et à recueillir les ordures; il doit s'appliquer à placer les privés dans des endroits bien éclairés et bien aérés et donner en un mot toutes les facilités possibles pour permettre à l'ouvrier de tenir proprement son logement. De son côté le locataire doit éviter de loger trop de monde dans son habitation, et il est de son devoir de l'habiter en bon père de famille et non en ennemi acharné du propriétaire. 1158 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE. DEUXIÈME PARTIE D'après ce que je viens d'exposer, ou voit qu'il est facile d'obtenir d'un architecte des plans de maisons salubres et commodes, mais il est moins aisé de déterminer les capitalistes à les mettre à exécution. En effet, le prix élevé des constructions empêche le propriétaire d'ha- bitations ouvrières convenables de retirer un intérêt rémunérateur de son argent, et la spéculation, seule puissance capable d'établir les loge- ments qu'il faudrait à nos travailleurs, porte ses fonds d'un autre côté. Il serait donc désirable de voir reconnue par tout le monde la vérité de ce principe établi depuis longtemps en Angleterre, savoir que les som- mes dépensées pour les hôpitaux, les établissements de bienfaisance, les prisons sont proportionnelles au nombre de gens mal logés. Nous allons donc indiquer, d'après les efforts faits un peu partout pour améliorer les logements des travailleurs, la part que chacun pour- rait prendre à cette œuvre humaine. AcTiox DE l'État. — L'Etat peut agir de trois manières, pécuniaire- ment, moralement et législativement. Il est très difficile, du moins en France, d'obtenir de l'argent en donnant pour garantie des maisons d'ouvriers. Nous serions très heu- reux de voir le gouvernement français imiter le gouvernement anglais qui a prêté une cinquantaine de millions à des constructeurs d'habita- tions ouvrières, lesquels s'engageaient à les rembourser par annuités payées pendant une trentaine d'années. Le gouvernement français a donné 10 millions en 18o2 pour amé- liorer les habitations insalubres. Cet argent n'a pas été employé comme on aurait pu le souhaiter, car 6 millions ont été affectés à la con- struction des asiles du Vésinet et de Vincennes ; 2 autres millions ont servi à élever 17 maisons boulevard Mazas, qui ne sont pas des habitations ouvrières, et les 2 autres millions ont été distribués en subventions, soit à des constructeurs de maisons à étages, soit à des sociétés d'habitations ouvrières. Les constructeurs de maisons à étages furent les plus favorisés; on leur alloua le tiers de la valeur des sommes qu'ils dépensèrent pour établir des logements de deux piè- ces et cuisine qu'ils s'engagèrent à louer 200 et 250 francs. Suivant nous, on n'aurait pas dû subventionner de pareils logements, car au- jourd'hui encore, malgré le prix élevé des constructions, on arriva à retirer 7 ou 8 0/0 net de son argent en faisant de telles maisons. Les 300,000 francs donnés en subvention à la Société des cités ouvriè- res de Mulhouse, pour faire des rues, des égouts, des lavoirs, ont per- mis à celte association de vendre ses maisons aux ouvriers, moyennant E. CACHEUX.. ÉTUDES SUR LES HABITATIONS OUVRIÈRES AioQ Ite paiement d'une annuité de très peu supérieure au prix d'un loyer ordinaire. Grâce à la mise en pratique de cette idée, les habitations ouvrières mulhousiennes élevées jusqu'ici sont au nombre de 980 et servent à loger 5,000 personnes environ ; on peut donc dire que le meilleur emploi que le gouvernement puisse faire des fonds qu'il vou- drait consacrer à l'amélioration des logements de la classe laborieuse, consiste à subventionner des sociétés analogues à celle de Mulhouse. L'inlkience morale du gouvernement peut être très efficace ; en Bel- gique, les circulaires lancées par le ministre de l'intérieur et par celui de la justice ont beaucoup contribué à la construction d'habitations ouvrières convenables dans ce pays. Le gouvernement peut agir sur ses employés et les forcer à se loger convenablement ; il peut aussi provoquer d'heureux résultats en insti- tuant des concours ayant pour objet la construction d'habitations ou- vrières modèles, en faisant mettre dans les écoles des types d'habitations salubres et commodes, et en rendant obligatoire dans les écoles l'ensei- gnement de l'hygiène. L'action législative du gouvernement a aussi une grande importance. Les lois ayant pour but la réduction du prix de revient des logements d'ouvriers et la diminution des charges qui les grèvent sont de nature à rendre de grands services, mais il n'en est pas de même des lois ré- pressives, c'est-à-dire de celles qui ont pour but d'empêcher l'habitation des logements insalubres. L'effet de ces dernières ne se produira qu'à la longue, c'est-à-dire quand il y aura assez de logements salubres et commodes à la portée de la bourse de l'ouvrier. Les villes et les communes pourront agir comme le gouvernement. Nous sommes heureux de citer : 1" Les villes de Florence, Milan, Madrid, qui ont donné du terrain pour y établir des habitations ouvrières; %" La ville de Lille qui garantit 5 0/0 d'intérêt aux actionnaires de la Société des cités ouvrières de cette ville ; 3° La ville du Havre qui a donné 2o,000 francs pour établir l'eau et le gaz dans la cité qui s'y trouve. Les villes ont un intérêt considérable à provoquer la construction de maisons , les immeubles étant pour elle une source de revenus par suite des impôts directs et indirects dont ils sont grevés. Nous ne pouvons qu'engager nos concitoyens à suivre l'exemple donné par des pasteurs anglais et par des médecins à Copenhague, qui se sont cotisés dans le but de détruire des logements insa- lubres et de les reniplacer par un nombre égal de demeures saines et convenables. Nous engageons vivement les instituteurs à vulgariser dans le milieu ^160 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE -OÙ ils vivent les notions d'hygiène sans lesquelles la civilisation est jîlutot nuisible qu'utile aux travailleurs. Les opérations faites par les bureaux de bienfaisance de Nivelles et /d'Anvers ont démontré que la construction d'habitations ouvrières .peut constituer un bon placement; nous croyons néanmoins que les bureaux de ce genre feront mieux de prendre des actions de sociétés constituées pour établir des logements d'ouvriers que de construire pour Jeur propre compte. La bienfaisance privée n'a pas réalisé d'œuvre plus méritoire que .celle de M. le duc de Galliera qui consacra 2 millions à la construc- tion dans Gênes d'habitations destinées à loger les personnes dignes de ■secours, incapables de payer momentanément leurs loyers, ou celle de M, Peabody, riche Américain, qui affecta 4 millions à l'établissement .4'immeubles pour les classes ouvrières. Les loyers sont calculés de >i"açon à produire 3 0/0 de revenu net, et ils sont employés au fur et à .mesure des rentrées, à faire de nouvelles maisons. Aujourd'hui, ces immeubles valent 13 millions et sont habités par 7,000 personnes. Dès longtemps, les chefs d'industrie s'occupentde loger leurs ouvriers. .En Russie, ils le font gratuitement, mais très mal; aussi la mortalité ■ des travailleurs est-elle excessive. En général, les grands industriels fournissent à leurs employés des demeures convenables moyennant une «rétribution minime. La spéculation peut s'inspirer de l'exemple donné par M. de Madré >qui, ayant acheté à Paris un vaste terrain bien placé, construisit un :groupe de maisons sur lequel il emprunta une somme suffisante pour en construire d'autres; il loua le reste de son terrain avec la condition que les immeubles qu'on y construirait lui reviendraient à la lin du .bail. M. de Madré a aujourd'hui près de 7,000 locataires. La spéculation peut encore tenter une entreprise analogue à celle des •Lilasoù j'ai couvert 9,000 mètres de terrain en combinant le système de ventes par annuités à la méthode qui fait la base des buildings, sociétés anglaises, et qui consiste à prêter de l'argent aux ouvriers qui veulent construire à leur guise en leur donnant la facilité de se .Jibérer par des paiements comprenant l'intérêt et l'amortissement du .■^capital. On reconnaît généralement aujourd'hui que l'association est l'agent le •plus efficace d'amélioration des habitations ouvrières. Elle peut exister sous deux formes bien distinctes, selon qu'elle est constituée entre capitalistes ou entre ouvriers. Nous avons remarqué que dans presque toutes les grandes villes fonctionnent des Sociétés puissantes formées par des capitahstcs et ayant ,pour but la construction d'habitations ouvrières. A Londres seulement, VALAT. — DU SYSTÈME MONÉTAIRE EN GÉNÉRAL 4161 les capitaux qu'elles ont engagés dans des immeubles de cette nature s'élèvent à 38,000,000 de francs. Nous croyons que Paris ne restera plus longtemps en arrière, et qu'à l'heure où paraîtront ces lignes, la Société parisienne des habitations économifjues aura commencé ses opérations. Quant aux Sociétés formées entre ouvriers, elles existent par milliers en Angleterre. Il y en a plusieurs dans les pays du Nord. La plus célèbre est celle qui a été fondée par les ouvriers de l'usine Burmeister et Wain et qui compte 8,000 membres. Chaque membre verse annuelle- ment une somme minime dans la caisse. Dès que les fonds réunis sont suflisants, ils sont employés à faire des maisons qui sont tirées au sort et que le gagnant paie en quinze ans. La Société se dissoudra quand chacun aura sa maison ; aujourd'hui les habitations construites forment un village. DISCUSSION M. Frédéric Passy rappelle qu'il y a deux ans un concours, a été ouvert à Ginève sur cette queslion des habitations ouvrières ; un volume résumant les meilleurs systèmes a été publié à la suite de ce concours. M. RozY fait observer que la section a, de son côté, déjà discuté ce point lors du Congrès de Clermont et à l'occasion d'un travail de M, Lefort. On avait conclu qu'il valait mieux laisser les ouvriers libres de se choisir une demeure à leur gré, que de les parquer en quelque sorte dans d'immenses cités. M. Passy répond qu'assurément il faut leur laisser la liberté de choisir leur résidence, mais qu'il est bon de leur offrir des habitations saines, commodes, appropriées à leurs besoins et ce à des conditions avantageuses. M. YALAT Ancien Élève de rÉfole Polytu -hnique, ancien Rocteur. DU SYSTÈME MONÉTAIRE EN GÉNÉRAL ET D'UNE CIRCULATION Dl MONNAIES SPÉCIALEMENT INTERNATIONALES — Séance du I ^^ septembre 1879. — La question du système monétaire fut toujours d'une importance capi- tale, et partout l'une des premières qui se soit présentée à l'origine de l'organisation des sociétés anciennes ou modernes; elle est devenue, dans le dernier siècle et à l'époque actuelle, très complexe par l'éten- due des relations commerciales qui ont agrandi l'importance de l'échange extérieur en augmentant celle de l'échange purement national, dans une proportion dont il n'est pas aisé de se rendre compte. C'est pour remplir ri 62 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE les nouvelles conditions de cet immense trafic, qu'ont été successivement imaginés les instruments de transaction tels que billets à ordre, lettres de cliange, banques de tout genre, traites, et, en dernier lieu, les chè- ques, etc.. On n'est pas encore parvenu cependant à vaincre les diffi- cultés qui se rattachent à nombre d'opérations financières, inséparables des entreprises industrielles et commerciales; avec les exigences crois- santes de la civilisation, il n'est pas douteux que l'on essaiera bien d'autres moyens pour subvenir à des besoins nouveaux ; nous avons indiqué dans- les actes de l'académie de Bordeaux la voie que nous croyons la plus rationnelle pour résoudre le problème vainement abordé jusqu'à présent par les Congrès et les commissions internationales ; nous saisissons avec empressement et avec conliance l'occasion de développer nos idées à cet égard-, sans rechercher si elles sont neuves ou ancien- nes; persuadé que les savants spéciaux que le Congrès réunit en ce moment, apprécieront, jugeront, et, par suite, adopteront ou rejetteront nos propositions ; mais en émettant sur cette matière controversée leur opinion et leurs vues, nous aurons donc dans tous les cas rendu quel- que service, en attirant l'attention du Congrès sur la question. A notre avis, l'on a insisté sans raison suffisante sur les réformes dont chaque système monétaire paraît susceptible ; les changements qui s'opè- rent à la longue et qu'amènent les événements, ne sont pas toujours ceux que réclament les économistes qui improuvent ou approuvent sans pouvoir faire prévaloir leur opinion, même quand ils sont d'accord ; ces modifications n'ont pas l'importance qu'on leur attribue, et parfois encore elles produisent un trouble fâcheux, car il faut s'habituer à des formes nouvelles qui demandent d'autres calculs. Le temps et l'expé- rience réparent le mal passager, sans doute; mais l'expérience comme le temps sont des capitaux qu'on doit ménager. Laissons chaque peuple libre de conserver ou de modifier son système, comme il convient de lui laisser sa langue et ses mœurs. Avec la diftusion des lumières et la connaissance de plus en plus intime des nations voisines ou contempo- raines, qui nous devancent dans certaines carrières où s'exerce l'indus- trie humaine, on ne saurait manquer de leur emprunter les moyens d'action qui font leur succès . Concluons qu'à ce point de vue les con- grès ou conférences dont les gouvernements ont fiiit une de leurs préoc- cupations, deviennent inutiles et n'ont aucun service à rendre; sachons- leur gré cependant des conventions qui ont facilité l'échange de quelques pièces entre plusieurs de nos voisins, la Suisse, l'Italie, la Grèce, la Belgique. Mais avouons aussi que les avantages sont encore bien minces,, et qu'ils pouvaient s'obtenir directement, sans conférences spéciales ou internationales... Il est évident que voyageurs, touristes, navigateurs, négociants surtout, demandent plus et mieux ; d'ailleurs fenibarras VALAT. DU SYSTÈME MONÉTAIRE EN GÉNÉRAL 1163; subsiste toujours avec les nations les plus impjortantes par leurs riches- ses et le rang qu'elles occupent, l'Angleterre, les États-Unis, l'Allema- gne, la Russie, la Turquie, etc.. Nous parlons de l'embarras, et nouS' aurions pu parler des pertes occasionnées par la différence du change des monnaies. Les détails qui se présentent à notre esprit, pour appuyer nos asser- tions, sont tellement connus et si bien sentis par tous ceux qui visitent les pays d'Europe ou d'outre-mer, que nous craignons bien plus d'en dire trop que de ne pas en dire assez. Concluons : « 1° Qu'il ne faut pas toucher au système monétaire des nations ■ » étrangères, nos alliées naturelles; à chacune le soin de régler son » ménage financier : qui, mieux que l'indigène connaît le remède qui « convient à sa situation et que comporte son tempérament ? » 2" Que le seul moyen rationnel et pratique de remédier aux pertur- » bâtions quotidiennes qu'entraîne l'usage de différentes espèces de » monnaies, c'est de créer, d'un commun accord, une monnaie inter- » nationale. » N'examinons pas d'abord les moyens de réalisation : simple ou non, admettons-les sans objection. S'il s'agit du principe, il ne saurait être contesté; nous recevons de l'étranger les produits que notre sol ne four- nit pas ou ne nous donne pas en quantité suffisante ; le sucre, l'indigo, le tabac, etc., le blé lui-même, les fers et les bois...; à son tour l'étran- ger reçoit les produits fabriqués, ou les fruits de notre sol, vins, alcools œufs, etc. Par conséquent la monnaie fabriquée sur un type connu, avec une quantité de matière métallique déterminée, à un titre invaria- ble, monnaie qui pourra prendre naissance à Londres comme à Vienne ou à Paris, ira partout conservant sa valeur. . . C'est incontestabl'e. Nous allons plus loin et nous affirmons qu'elle obtiendra partout un succès tellement favorable qu'il faudra aviser à agrandir son action commer- ciale pour satisfaire aux demandes d'une foule de peuples que sa con- vention internationale n'aura pu comprendre ou même consulter; notre proposition est donc sérieuse, et nous démontrerons aussi aisément qu'elle n'offre aucune difficulté d'exécution, pourvu qu'on, mette de côté toute question d'amour propre national, et qu'on sache se contenter du bien, sans courir après le mieux. Le mieux, selon nous, serait : 1° L'adoption d'un seul métal comme étalon, car alors les variations- de valeur dont la monnaie serait passible, comme tous les objets d'échange, n'auraient aucun effet perturbateur, et d'ailleurs seraient bien faibles, nous en avons l'expérience, et la science économique ne le conteste nullement. 2" La division décimale offre le plus d'avanta-ges en raison du système- 416 i ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE de nmiiération gériéralcui^iit admis, qui faciliterait les calculs; si elle est d'accord avec notre système métrique, on ne saurait être surpris ni alarme. On convient (|u'à la longue, il deviendra le seul rationnel pour les nations, et plusieurs l'ont déjà adopté. 3° Enfin nous proposerions quatre types d'or aux 9/10, savoir des piè- ces de 10, 20, 2o, SO francs. Toutefois, ainsi que nous avons eu le soin de le dire avant de présenter notre plan, l'essentiel est la circulation d'une monnaie internationale, qu'elle soit d'or, d'argent, de platine ou de cuivre. Il est donc bien entendu que l'on déciderait de la question de forme k la pluralité des voix, entre les délégués de tous les pays, appe- lés à ce Congrès vraiment universel... Il est presque impossible qu'on ne choisisse pas le mieux qu'il nous a paru convenable d'indiquer; mais nous croyons qu'il est sage d'accéder à des vœux qui ne seraient point d'accord avec le nôtre, pourvu que le principe fût reconnu et servît de base, comme de terme de conciliation, au débat. Le succès d'un tel concert nous paraît assuré, d'autant plus que la question est à la portée de tout esprit sérieux, ami des progrès de l'humanité : qui pourrait oublier maintenant que l'homme est partout solidaire et responsable dans une large mesure de tout ce qui s'attache à l'espèce humaine, sous quelque zone qu'elle vive et quelle que soit la couleur qui la distingue ! M. BOUYET do Lyon. DE LA CIRCULATION INTERNATIONALE DES MONNAIES (EXTUAir DU PnOCÈS-VERBAL) — Séance du I" septembre IS79. — M. Bouvet rappelle les motifs qui ont fait échouer l'adoption d'une monnaie internationale en 1867 : aucun Etat n'a voulu modifier la valeur de ses pièces de monnaie pour accepter un système qui ne présentait aucun avantage et était basé sur un rapport arbitraire et même fictif entre l'or et l'argent. II est, en effet, regrettable que lors de la création de notre système monétaire actuel, on ait cru devoir donner à la monnaie un nom différent de la constatation même de son poids, alors que de par la loi elle-même ce nom représente un poids : un franc, c'est cinq grammes d'argent. Si on pouvait et si surtout on voulait en revenir à ce principe que la valeur d'une monnaie réside dans son poids à un titre convenu, ce qu'on n'a pas pu faire en 1867 deviendrait réali- BOUVET. — DE LA CmCULATION INTERNATIONALE DES MONNAIES 1 1 6o sable. En effet, pour le poids nous trouvons dans presque tous les ] ays le système métrique accepté, qu'il soit obligatoire ou simplement admis. Depuis le 17 août 1878 l'Angleterre, qui avait le plus résisté, en a déclaré l'emploi désormais légal. De même aussi pour les Etats-Unis. La question du poids se trouvant déjà aplanie, reste celle du titre. Or toutes les nations, sauf l'Angle- terre et quelques exceptions négligeables, ont admis le titre de 9/ 10 de fin, et c'est là précisément le seul point sur lequel l'Angleterre n'insiste pas et consente à entrer en négociations. — Que faudrait-il donc faire? Simplement inscrire sur chaque pièce de monnaie son poids en grammes et en centi- grammes, en convenant d'accepter universellement le titre de 9/10. Chacun saurait ainsi parfaitement la valeur absolue de chaque pièce et de sa valeur relativement à la monnaie nationale. Comme pour avoir une somme il suffi- rait d'avoir le poids correspondant il en résulterait que toutes les pièces por- tant indication de leur poids auraient rapidement une circulation internatio- nale. M. Michel Chevalier avait demandé qu'on frappât des pièces de 6 et 10 grammes à 9/10 de fin. Elles n'auraient servi à rien, et c'est ce qui est arrivé en Espagne, en Suède, en Autriche, etc., où on a frappé des pièces qui ne répondaient pas à l'usage du pays. Il faut d'abord préparer les populations et les familiariser avec le rapport du poids à la valeur. M. Bouvet conclut en demandant que l'Etat fasse inscrire sur la monnaie qu'il fera frapper à l'avenir, et ce en lettres et chiffres très apparents, le poids de la pièce en grammes et centigrammes. DISCUSSION M. Yves Glyot recommande à cette occasion le type de la pièce de 10 francs dont 250 millions de personnes font actuellement usage. — Il ajoute que l'Allemagne ne serait peut-être pas éloignée de renoncer à son système moné- taire actuel. M. Rozv voudrait qu'on ne s'occupât de monnaies internationales que lors- qu'on serait d'accord sur certains grands problèmes monétaires, comme l'unité de l'étalon, la communauté de titre des monnaies divisionnaires, etc. 11 fau- drait s'entendre sur l'adoption d'un système unique. Quant au fond, il approuve pleinement les conclusions de M. Bouvet. M. FuÉu. Passy fait observer que M. Bouvet n'a pas demandé la création d'une monnaie nouvelle, ni demandé qu'on oblige l'étranger à agir de même ou à l'accepter. Il a simplement demandé qu'on y inscrive la constatation de ce qu'elles sont. De la sorte il n'y a pas confusion ni superposition de deux systèmes monétaires, mais il y a, si plusieurs pays agissent de même, une grande facilité de compte, qui simplifierait singulièrement le travail de con- version des monnaies d'un Etat en monnaie de tel autre. On aurait donc ainsi une véritable monnaie de compte qui en peu de temps acquerrait un cours universel, ce qui constituerait incontestablement une amélioration de l'état de choses actuel. A propos du dissentiment qui s'élève entre les personnes s'occupant de questions monétaires, M. Passy dit que peu de personnes refusent l'usage de deux ou plusieurs métaux, mais ce qui fait question, c'est la fixité du rapport 11166 ÉCONOMIE I>OLITIQUE ET STATISTIQUE entre les métaux. Demander que ce rapport soit invariablement fixé, c'est vouloir la constatation d'un fait inexact. Ce qu'on peut décider, c'est que dans le silence des parties stipulantes, une seule monnaie sera supposée faire l'objet ■ de la convention, toute autre ne pouvant servir que pour appoint et selon sa valeur du moment. L'adoption de la proposition de M. Bouvet aurait encore ce grand avantage de faire l'éducation du public qui se rappellerait que la monnaie n'est pas un simple signe fiduciaire que l'Etat peut modifier à son gré, mais est bien une véritable marchandise ayant sa valeur propre comme toute autre, et n'ayant de particulier que de servir de commune mesure aux ..autres . ,M. KOWÎfACKÏ Cliof d'institution ù Paris. ;.LA QUESTIOW DES MAITRES D'ETUDE (extrait lu l'EOCÈs- verbal) — Séance du i" septembre f879. — Rappelant la triste situation faite à cette partie du corps enseignant, et • cherchant un remède efficace, M. Kownacki propose qu'on donne aux maîtres d'études la possibilité d'arriver au professorat, ce qui les encouragerait au travail par l'espoir de se créer une situation honorable, et que, d'un autre ■ côté, pour relever un peu leur prestige, on oblige en général les aspirants .au professorat à faire un certain stage comme maîtres d'études, DISCUSSION M.Rqzy adopte volontiers l'idée qu'un maître d'études puisse suppléer au besoin un professeur sans être lui-même titulaire, mais il trouve rigoureux ■ de faire passer un aspirant professeur par les fonctions de maître d'études qui pourraient détourner du professorat des jeunes gens capables. Il serait à •craindre qu'on ne restreignît ainsi le recrutement du personnel enseignant. M. Kownacki persiste à croire qu'il y aurait grande utilité à faire passer les professeurs par les fonctions de maîtres d'études. M. Fréd. Passy estime , qu'il serait fort désirable que les maîtres d'études pussent s'élever aux fonctions de maître répétiteur ou auxiliaire, mais il y aurait des inconvénients à imposer à tous une règle absolue et à créer une -règle de ce genre. M. MuLLER, professeur au lycée, dit qu'il y a d'excellents maîtres d'étu- des qui désirent arriver au professorat et qui s'occupent de leurs élèves. Il 1 proteste contre la soi-disant déconsidération dont les maîtres d'éludés seraient .l'objet. p. SOLEILLET. — DE l'eSCLAVAGE DA.NS l'aFRIQUE OCCIBENTALE 1167 M. Fréd. Passy indique ce qui se fait au collège Chaptal. Les surveillants sont des professeurs de l'établissement qui accompagnent les élèves aux cours de professeurs extérieurs, restent avec eux, voient comment ils com- prennent, leur donnent les explications nécessaires et exercent une influence salutaire sur les élèves. On se loue beaucoup de cette organisation. M. Muller désirerait qu'on rétablît les fonctions de maître répétiteur. M, Paul SOLEILLET DE L'ESCLAVAGE DAIMS L'AFRIQUE OCCIDENTALE (EXTRAIT DU PItÛCKS-YEnBAL) Séance d u 3 septembre 1879. — M. P. SOLEILLET dit que l'opinion qu'il va exprimer est le résullat d'ob- servations personnelles qu'il a pu faire dans l'intérieur de l'Afrique. La sup- pression de lu traite a été un bienfait pour le blanc, car l'homme qui voit un autre homme dans son semblable est supérieur à celui qui n'y voit qu'une marchandise: mais elle n'a pas été un bienfait pour le noir, tout au contraire, car elle le prive du seul m lyen qu'il avait d'arriver à la civilisation. Pour bien comprendre cela il faut se faire une idée de ce qui s'est produit en Afrique. De tout temps, dims ces pays, la guerre pour se procurer des captifs a été l'état normal. Autrefois les captifs étaient tués et mangés. Quand les Européens ont fait la traite on les leur a vendus. A cette époque les Africains sont devenus musulmans, d'idolâtres qu'ils étaient auparavant. Grâce à leur nouvelle religion, lorsque les Européens ont aboli la traite, ils n'ont plus repris l'habitude de manger leurs captifs ; ils se contentent de tuer sans rémission tous ceux qui ont plus de douze ans, car au-dessus de cet âge les prisonniers ne songent qu'à s'échapper, et on ne peut en tirer aucun service. Quant aux «nfants que l'on garde, ils sont réduits à un anéantissement intellectuel complet. M.. Soleillet a vu enlever à une mèie son enfant à la mamelle pour îe vendre sans que cette mère ait pleuré. Dans une situation pareille, il n'y a pas de régénération po.^sible, tandis que le nègre, quand il se trouvait avec des Européens, ne songeait qu'à se racheter, et sa situation n'était pas infé- ■rieure à ce qu'elle est là-bas. Dans le Soudan, c'est un malheur pour un homme d'être libre s'il n'est pas puissant. La préoccupation d'un homme libre est de se mettre à la suite de quelqu'un qui possède quelque autorité, et •de se faire bénévolement son captif pour obtenir sa protection. Les hommes libres vont même jusqu'à séduire des captives, pour que du moins leurs enfants ne connaissent pas le malheur de la liberté. U y a dans le Soudan, trois classes de captifs : 1" les captifs de case, dont 1168 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE la situalion est analogue à celle des serfs du moyen âge. Ce sont des enfants enlevés à la guerre qti'on élève, qu'on marie, et à qui l'on donne alors une portion de terre : on ne leur demande qu'une demi-journée de travail et le partage de la récolte dans la proportion de 4/5 contre 'J/5 après déduction de la nourriture du colon et de sa famille. Ils arrivent quelquefois à être très riches; 2° les captifs domestiques, attachés à la personne du chef. Us sont soumis à son bon plaisir, et cependant c'est une position bien plus recherchée, car c'est parmi eux que les grands cherchent leurs officiers. Ces domestiques sont d'une lidéhté à toute épreuve; 3° les captifs monnaie. Ceux-là ne sont plus des hommes, ce sont dos choses qu'on échange. On paie en captifs. Ils en arrivent à un degré d'abrutissement si complet qu'on ne peut s'en faire idée- Là, la femme n'est pkis considérée que comme une bête qui reproduit, et dont le produit aura de la valeur à son tour. Yoilà l'état de choses qu'on a éternisé par la suppression de la traite. Du reste, en cherchant bien, on trouverait probablement à cette suppression un autre motif que la seule philantliropie : l'intérêt commercial. Que faire? l'orateur ne propose pas le rétablissement de la traite qu'on a bien fait de supprimer par respect de la dignité humaine. L'engagement libre est une mystification : ce n'est que la traite déguisée. Que ferait-on pour un malade ou un enfant? Le laisseriez- vous seul et libre par respect pour lui? Non, car l'homme fort et bien portant a un droit de quasi-paternité, un droit de protection sur le malade et sur le faible. C'est sur ce droit qu'il faut s'appuyer à l'égard du nègre, qui représente l'humanité faible, malade et encore dans l'enfance. Il faudrait reconnaître à une société spéciale, qui ne soit ni religieuse ni industrielle, mais simplement philanthropique, ce mandat de paternité: elle se présenterait comme le patron des hommes libres, et nous avons vu que les honimcs libres considéraient cette liberté comme une charge. Elle serait donc accueillie avec faveur par ceux dentelle deviendrait l'appui et qu'elle grouperait. D'un autre côté elle emploierait ses ressources à racheter des esclaves pour les amener à la liberté. Elle favoriserait aussi, autant qu'il serait en son pouvoir, le placement en Europe des jeunes nègres comme domestiques. Ils ont la fidélité du chien : c'est un attribut de leur race. Élevés dans la famille, ils feraient des serviteurs dévoués : sans doute ils peuvent avoir quelques vices, mais ils ont à côté de cela d'excellentes qualités. Le devoir de l'humanité est maintenant d'instruire le nègre, de le prendre au milieu de nous, de lui enseigner la civilisation. Nous ne devons pas avoir ce monde nouveau seulement pour l'exploiter, mais encore pour l'éclairer. DISCUSSION M. le D'' MoNOD appuie les idées de M. Soleillet sur la nécessité d'élever le nègre et non de lui donner seulement la liberté. A Bourbon les esclaves sont morts du jour où ils ont été libres : l'éducation du noir se fait par son con- tact avec l'Européen : c'est ainsi que des noirs élevés aux colonies sont devenus les égaux des colons. Mais tout cela ne peut se faire d'un jour à p. SOLEILLET. DE l'eSCLAVAGE DANS l'aFRIQUE OCCIDENTALE 1169 l'autre, surtout l'introduction de l'emploi des noirs dans l'intérieur des familles. M. SoLEiLLET estime que, par la force des choses, les relations commer- ciales contribueront beaucoup à l'éducation des noirs : mais ce ne serait pas assez : il faut les employer autant que possible. Seulement il ne faut pas sur leur sol leur imposer brusquement des manières d'agir contraires aux leurs : ils nous considéreraient comme des ennemis. M. RozY ne compte pas sur la générosité des capitalistes pour fonder la compagnie dont parle M. Soleillet. D'un autre côté, l'emploi de domestiques noirs ne modifierait p,is grand chose, car il ne pense pas que la demande puisse dépasser un million de sujets : c'est peu, relativement à la population de ces pays africains. M. Georges Renaud croit que l'on doit s'en rapporter, pour la transfor- mation des populations intérieures de l'Afrique, au temps et à la force des choses, à la pénétration de ces contrées par les races européennes et au développement du commerce. Il est dangereux, d'ailleurs, de faire du senti- mentalisme quand on ne connaît pas toutes les conditions d'un problème de ce genre : c'est ainsi que, suivant ce que vient de dire M. Soleillet, lorsqu'on a voulu, par philanthropie, supprimer la traite, on a amené la substitution du massacre des prisonniers à leur vente. Il faut se garder des illusions en ces matières : l'association africaine a eu de fréquents mécomptes, parfois des désastres. 11 faut aussi ne pas lutter contre la loi climatérique : l'Afrique n'est pas favorable à l'Européen. Ce qu'on doit faire, c'est ne pas opérer par extinction des populations indigènes, et au contraire acquérir une action sur elles. M. Emile Trélat tient à protester contre les paroles par lesquelles M. Renaud a paru critiquer le sentimentalisme et considérer la proposition de M. Soleillet comme une généreuse illusion. Ne chassons pas le sentiment. C'est par le cœur et par la raison que l'homme arrive à s'occuper de ces questioûs, et son dévouement lui fait faire alors de grandes œuvres. Ne cri- tiquons pas toujours : s'il y a témérité quelquefois, qu'importe! C'est ainsi que les questions se résolvent. M. Soleillet nous a révélé qu'en Afrique un homme pouvait arriver à se faire libre, mais ne pouvait rester libre. C'est là ce qui est grave. D'un autre côté nous n'avons plus de véritables domestiques, de ces serviteurs attachés à une famille et en faisant partie : s'il en reste ce sont de pures exceptions. M. Soleillet a pensé qu'on pourrait peut-être les remplacer par ces noirs qui ne peuvent rester là-bas en conservant leur liberté, et M. E. Trélat ne croit pas la chose impossible. M. Fréd. Passy demande si la situation des nègres n'est pas due seulement au premier contre-coup d'un changement de situation, ou si au contraire, du jour où il n'y aurait plus besoin de marchandises, il n'y aurait plus besoin d'esclaves . M. Soleillet répond que l'on faisait déjà des captifs avant la Iraite : c'est dans Torganisalion de la société noire. Quand les noirs étaient fétichiste*, ils mangeaient les adultes : actuellement on les enterre au lieu de les manger. 74 1170 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE La traite avait du moins l'avantage relatif de permettre au noir d'arriver à la civilisation. M. Soleillet ne désespère pas de voir affluer l'argent dans un but philanthropique, pour acheter des noirs. 11 ajoute que dans sa conviction on arrive à une amélioration bien plus rapide de l'état de chose actuel en inter- venant qu'en laissant faire le temps. M. Georges EEIAÏÏI Directeur de la Revue (jéo(jraphique intermitionale, attaché au Cabinet du Ministre des Finances. SUR LES TRAITÉS DE COMMERCE ET LE TARIF GÉNÉRAL DES DOUANES (EXTRAIT DU PRO(.ÈS-VERBAL) — Séance du 3 septembre 1879. — M. Georges Renaud expose d'abord la situation actuelle. Notre tarif géné- ral suranné, prohibitif, est abandonné, car il est impossible en pratique. Les protectionnistes ont obtenu la dénonciation des traités et la revision du tarif cfénéral ou plutôt sa réfection complète. En attendant, le tarif conven- tionnel en vigueur a été prorogé pour six mois à partir de la promulgation du nouveau tarif. A ce moment, les uns demanderont l'application du tarif o-énéral, les autres celle des tarifs conventionnels, le tarif général ne devant servir qu'en l'absence de conventions. C'est ainsi que la lutte s'engagera. Le "•ouvernement a déjà pris position : il s'est prononcé pour le maintien des ta- rifs actuellement en vigueur. Nous devons le soutenir dans son attitude. 11 y a un intérêt considérable à maintenir les traités, parce que les divers pays ont tout intérêt à ne pas modifier leur régime, et que les opérations commerciales ont été en gagées en connaissance de cause. Pour combien de temps doit-on contracter? C'est une question de sécurité et de stabilité : il faut que ce soit pour le plus long temps possible; les économistes admettent comme minimum dix ans. Nous devons d'un autre côté développer et améliorer nos moyens de transport. Dans la région du sud-est, ils s'élèvent encore en moyenne aux 2/3 de la valeur. On a dit que l'industrie avait besoin de plus de protection que le commerce, c'est une erreur; leurs intérêts sont liés, car ce dernier ne fait que distribuer les produits fabriqués. Plus le commerce sera prospère, plus il demandera à l'industrie. M. Renaud demande en terminant que l'état de choses actuel soit au moins maintenu, et qu'on n'aggrave encore ni char- ges ni taxe. Les agriculteurs eux-mêmes doivent se joindre aux ennemis du protectionnisme, car toute charge nouvelle les chargerait par contre-coup. Il propose en terminant un vœu tendant à ce que les traités de commerce soient prorogés pour le plus longtemps possible. G. RENAUD. — SUR LES TRAITÉS DE COMMERCE 1171 DISCUSSION M. Wartelle indique que la résistance s'est surtout produite dans la région du nord ; la raison en est qu'on y a peur de crises chaque fois qu'il est question de traités à conclure ou à renouveler. Ce n'est d'ailleurs pas logique ni exact au point de vue économique. 11 ne s'agit après tout que de ménager les intérêts existants. Il propose de laisser au capital industriel le temps de s'amortir, ce qui se fait en quinze ans environ. On sauvegarderait certai nement tous les droits en mettant vingt ans et en diminuant les droits d'un vingtième par an. M. Yves Guyot fait observer que si les protectionnistes se remuent plus que les autres^ c'est qu'ils sont plus directement intéressés, tandis que le libre-échange profite à tout le monde en général et à personne en particulier. Et parmi les industriels, les gros ont encore plus d'intérêt que les petits à la protection parce que, en cas de surélévation des prix, la consommation diminuerait et les grandes maisons triompheraient de la ruine des autres. Les petits industriels seraient dupes des autres. Les agriculteurs ont tort de vou- loir s'abriter aussi sous la protection, car en faisant payer le pain plus cher ils se mettraient tout le monde à dos. Le prix du blé ne variant pas, il en résulte que par suite de la diminution de valeur de l'argent, la diminution du prix du blé est un phénomène constant. Mais, d'un autre côté, le prix de la viande a quadruplé. Les objets de consommation, beurre, œufs, volail- les, etc., qui autrefois n'occupaient dans les fermes qu'un rang accessoire, en sont devenus des produits importants. La meilleure protection pour les agri- culteurs, c'est de modifier leur exploitation plutôt que de demander des droits sur le blé, qu'ils ne peuvent obtenir, qu'on ne leur accordera certainement pas. Il y a des droits qu'il faut même supprimer. Celui de 1 fr. 20 c. sur la houille a été supprimé déjà en fait par les compagnies de chemins de fer qui ont diminué leur tarif de cette somme. La métallurgie, les forges, demandent la houille à bon marché. Ce qu'il nous faut, c'est l'abaissement des tarifs de transports intérieurs et des communications faciles. 11 n'y a somme toute que les cotonniers d'intraitables. Dans cette campagne protectionniste, il y a eu des entraînements mutuels. Voyant leurs voisins demander un droit, on en a demandé aussi, afin de faire payer le voisin plutôt que de payer soi-même. Si on avait écouté ces demandes, on serait arrivé à produire un renchéris- sement factice et à entraver la fabrication par des taxes sur les matières pre- mières. L'intérêt national exige au contraire que les tarifs de douane soient réduits pour faciliter le travail national. M. Fréd. Passy, après avoir comparé certains prix en France et en An^de- terre, conclut qu'il est impossible de vivre au jour le jour, sous la menace d'un brusque changement de tarif qui peut résulter d'un changement de poli- tique intérieure, et qu'il faut pour la stabilité avoir des traités avec les autres nations. Il demande que dans le projet de vœu on insiste dans le sens de l'a- baissement des tarifs actuels. A propos de la proposition de M. Wartelle il 1172 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE rappelle que M. Marc-Morel, de Bordeaux, avait déjà demandé qu'on arrivât en un certain temps et par étapes à la pleine liberté commerciale. M. Renaud demande qu'on maintienne le vœu aussi simple que pos- sible. La section adopte en principe le vœu de M. Renaud, et dans la séance du 4 septembre, elle a adopté définitivement le texte suivant : « La section émet le vœu que les traités de commerce actuellement exis- » tants soient renouvelés pour la plus longue durée possible, avec atténuation » du tarif conventionnel dans la mesure oîi le gouvernement pourrait la faire » ace pter. )) Et comme moyen de réaliser ces atténuations et d'arriver le plus promp- » tement possible à la liberté complète des échanges, qui est le but, demande A que les droits protecteurs actuellement existants soient réduits d'année en y> année, de façon à disparaître complètement dans un laps de temps déter- » miné et qui ne devrait pas excéder vingt ans, période la plus large qui » puisse être réclamée pour l'amorlissement des capitaux et du maté- « riel. « M. YÂLAT Ancien Élève de l'École Polytechnique, ancien Recteur. SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA GÉOMÉTRIE DANS LES ÉCOLES ET LES LYCÉES (EXTRAIT DU PROCÈS-VSnBAL) — Séance du 4 septembre 1879. — M. Valat essaie de démontrer que la distinction de deux géomélrles, eucli- dienne et non euclidienne, est purement idéale, par suite liypothélique : qu'il n'y a qu'une géométrie élémentaire, celle d'Euclide, dont il admire l'élégante simplicité, sans méconnaître les imperfections signalées avant lui : toutefois il reconnaît une géométrie supérieure : celle de Descartes. Passant ensuite à l'enseignement d'une science qui est à la fois une étude attrayante et la seule voie qui mène à la connaissance comme au perfection- nement des arts, il propose un premier cours pratique qu'il place (à l'âge de 10 à 12 ans) avant l'arithmétique et l'algèbre : Puis un deuxième cours rationnel et scientifique pour un âge plus avancé (15 ou 16 ans). Il termine ces considérations par l'exposé d'un plan nouveau d'enseignement géomé- trique, qui consiste à faire marcher de front l'étude des lignes, des surfaces et des volumes; il en montre les avantages et reconnaît que l'idée lui en avait été suggérée depuis longtemps par le savant auteur des annales de mathématiques, evrait être largement répandue dans les classes. Dans le nord, la myopie est plus fréquente que dans le midi, probablement parce que la lumière est moins intense. M. Dally voudrait que, dans tout établissement public oîi l'homme se fait, il fût tenu un registre de renseignements, don- nant l'état civil, l'état de santé des enfants qui le fréquentent, et dont les énonciations pourraient éclairer et guider le médecin. Ce serait important pour diriger ensuite l'enfant dans le choix d'une profession et pour donner une bonne direction aux soins que peut nécessiter la conservation de sa santé. Cela aurait également son avantage au point de vue do la phtisie. On pourrait échanger les élèves d'un établissement à l'autre, de manière à placer dans le midi ceux auxquels le climat serait plus avantageux. Les programmes étant les mêmes, cela ne présenterait pas d'inconvénient pour les études, et il est utile de changer de résidence, même pour les méridionaux qui vont dans le nord. C'est en associant la culture corporelle et la culture intellectuelle que l'on élèvera la valeur de la nation. 1174 ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE DISCUSSION M. le D"" Drouineau fait observer que les cas ne myopie sont très fréquents à Marseille, 15 0/0 d'après une statistique. Il y aurait lieu de l'attribuer plutôt aux vices du mobilier scolaire qn'à l'insuffisance de la lumière. Relati- vement aux registres, il croit l'idée bonne, mais il faudrait nommer aupa- ravant des médecins des écoles pour les tenir : c'est un service à reconstituer M. Chane dit qu'un registre de ce genre est tenu à Nice pour les enfants assistés. Il est tenu par un Frère de l'établissement. M. le D'' SiCÂRD dit que la myopie s'est développée depuis qu'on emploie l'éclairage au gaz, M. le D"" Dally, complétant sa communication, dit qu'à Paris on recons- titue le service des médecins des écoles, mais d'une manière insuffisante et en leur donnant des fonctions étroitement limitées. La surveillance de la manière dont se développe un enfant, devrait être très suivie pour permettre au conseil médical de le diriger dans ses exercices du corps, ses jeux, etc . Il conclut à ce qu'on développe encore davantage le service médical dans les écoles, et à ce que les feuilles d'observations individuelles sur l'état des enfants soient constamment tenues à jour et mises à la disposition du méde- cin de l'école ou de la famille. M. le D^ Adrien SICAED Secrétaire général et délégué de la Société de statistiquejde Marseille. ÉDUCATION PHYSIQUE ET MORALE DE LA PREMIÈRE ENFANCE — Séance du 4 septembre 1879. — Entendons-nous sur le mot éducation. Nous appelons éducation le développement physique et moral de l'en- fant qui vient de naître. Il est incontestable que l'être humain livré à ses propres forces ne pourrait arriver utilement à l'âge d'homme; nous devons donc nous persuader que dans l'enfant de naissance, il existe en germe, les qua- lités physiques et morales qui , plus ou moins bien développées , feront de ce petit être, un homme, rebut de la société ou utile à sa famille, à son pays, au monde entier. Le père et la mère dès la naissance de leur progéniture se trouvent en face de grandes difficultés. D"" A. SICARD. — ÉDUCATION DE LA PREMIÈRE ENTANCE 1175 L'enfant qui sort d'une température égale et douce venant dans l'air atmosphérique a besoin d'être vêtu . Sans vouloir établir des règles immuables, ce qui est impossible vu le climat et les saisons, l'on peut dire en thèse générale, que l'enfant doit s'accoutumer peu à peu à l'atmosphère dans laquelle il est né, où il doit vivre et prospérer. Nous entendons par atmosphère l'air extérieur, car rien n'est plus pernicieux pour l'enfant que l'air factice des appartements, vicié par la respiration, la fermeture complète des fenêtres ou les fumées de tabac, etc. La question la plus grave pour la première enfance, c'est l'allaite- ment. Nous ne pouvons nourrir notre enfant, tel est, malheureusement , ce que l'on entend dire le plus souvent dans les grandes villes et aujour- d'hui dans les campagnes. La cause en est-elle à ce que la mère soit sans lait? Non, mais c'est la mode. Il est d'observation, que la plupart des femmes peuvent nourrir, les exceptions sont rares; même dans ce cas particulier, la mère se doit à son enfant : avec peu de lait, et sans se fatiguer, elle peut nourrir sa progéniture, par l'allaitement au biberon. Quelques personnes plus théoriques que pratiques, s'élèvent contre l'allaitement artificiel; si elles n'ont pu réussir, la faute en est, non à la méthode, mais bien à la manière de l'employer. Le lait des animaux remplace complètement celui de la femme, l'observation le prouve. Il faut éloigner de la nourriture des chèvres et vaches, certains aliments, dans ce cas très rare où il est démontré par l'expérience acquise, que l'enfant ne peut les supporter. Inutile d'ob- server que l'on doit toujours faire traire le lait devant soi et du même animal. Pour biberon, il faut choisir celui qui se tient propre le plus aisément et dans la confection duquel il n'entre aucune substance pouvant deve- nir toxique ou désorganiser le lait. Traire l'animai, conserver son lait sans jamais le mettre au feu, ce qui détruit sa composition intime; avoir soin de placer dans le biberon, juste la quantité de lait nécessaire à une tétée, le faire chauffer aubain- marie, rejeter impitoyablement ce qui reste dans l'appareil, le laver avec le plus grand soin à l'eau bouillante seule, tel est en peu de mots le mode d'élevage au biberon que les mères doivent employer. Malheureusement les commères du quartier et beaucoup trop souvent, nous sommes obligés de le dire, les médecins, sont les premiers à dé- tourner la mère de l'allaitement mixte, ou bien l'on conseille de mêler au lait, de l'eau, de l'orge, de l'avena, c'est-à-dire tout ce qu'il faut 1176 ÉGONO.VIIE POLITIQUE ET STATISTIQUE éloigner de l'allaitement, si l'on ne veut faire périr, celui que l'on désire sauver. L'enfant doit se nourrir exclusivement de lait pendant six mois. S'il a soif, on lui donne un peu d'eau légèrement sucrée; l'enfant a soif comme tout animal vivant, lui donner trop à boire est cause de mala- dies graves. Régler les tétées dès la naissance, les rapprocher ou les éloigner selon l'âge de l'enfant, c'est la règle. Laver toujours l'enfant, le tenir d'une propreté irréprochable, lui don- ner souvent des bains, jamais de lavements, tel est, à peu près , l'hy- giène de la première enfance. Nous nous sommes occupés de la vie physique du nouveau-né, passons à sa vie intellectuelle. Niera-t-on que l'enfant, peu de temps après sa naissance, donne des signes d'intelligence? Ne tourne-t-il pas ses yeux vers la lumière? Ne le voyons-nous pas sourire au sein de sa mère ou au biberon ? Ne re- connaît-il pas la personne qui le soigne ou l'amuse, celui (jui le cares-e ou le brusque? le chien, le chat ou l'oiseau de la maison? C'est au père et à la mère de famille qu'incombe le devoir de diriger ces premiers éclaircis d'une vie toute nouvelle pour l'enfant; l'on a dit avec juste rsiison meus sana in corporesano, que l'on doit traduire ainsi: L'intelligence se développe bien chez les personnes qui jouissent d'une partaite santé, tel est l'enfant. Accoutumé dès sa naissance à tous les bruits d'une grande ville, aux cris des animaux ou tous autres, il croîtra sans y prendre garde, à la grande joie du père et de la mère et sera moins sujet que d'autres aux convulsions. Initier l'enfant à la vie réelle dès sa naissance, l'habituer h n'avoir peur ni des ténèbres, ni des animaux, ni du tonnerre ou tout autre phénomène terrestre ou accidentel, c'est lui rendre le plus grand service pour la vie. Que de pères et de mères doivent à leur incurie la mort de leur progéniture. Au lieu de les bercer et de les ballolter lorsqu'ils pleurent, voir s'ils ne souffrent pas, s'ils sont propres, si quelques plis des langes ne les bles- sent pas, s'ils urinent bien ; en cas de maladie avoir tout de suite recours à un vrai médecin des enfants. Veut-on les distraire? au lieu de leur crier dans les oreilles et de les balancer, fixer leur attention sur des objets divers, tels que les animaux, les poissons, etc., l'être vivant étant toujours en mouvement, l'enfant suit toujours avec intérêt ce déplacement de couleur. Le temps s'écoule rapidement, six mois après la naissance , les genci- ves se sont durcies, les dents font ou vont faire leur évolution, l'enfant s'est renforcé; à moins de circonstances particulières, quelque bonne D'' A. SICAnO. — ÉDUCATION DE LA PREMIÈRE ENFANCE H77 que soit la nourrice, ce petit être ne peut trouver dans le lait seul, les principes réparateurs dont il a besoin pour croître, ayons recours, alors, non à des médicaments mais, à d'autres substances alimentaires que le lait. La désorganisation du lait parle feu prouve que, toute substance ali- mentaire cuite avec du lait doit s'écarter de la nourriture des jeunes enfants. Ayons recours soit aux fécules légèrement torréfiées, soit au pain et préférablement aux galettes. Enlever la croûte du pain rassis, la faire tremper dans l'eau, puis l'exprimer pour lui faire rendre le levain, remettre au feu dans la quan- tité de liquide convenable pour la bien faire cuire , passer ensuite au tamis de soie, tel est un procédé par lequel on obtient une alimentation complète pour les enfants. Inutile de dire que l'on augmente sa consis- tance selon l'âge. Le lait de poule, jaune d'œuf bien irais, battu avec du sucre et mé- langé avec une certaine quantité d'eau chaude est un procédé des plus utiles. Sevrer l'enfant, c'est le lancer tout à fait dans la vie animale natu- relle; cette transformation doit s'a(;complir peu à peu, il faut bien se garder de donner de la viande avant d'avoir fait usage de bouillon dégraissé, de houpe, le tout bien cuit. Oublier ces prescriptions est la cause de ces maladies de l'abdomen qui emportent la plus grande par- tie des enfants. Nous ne pouvons passer sous silence la gymnastique nécessaire à l'enfant; presque dès sa naissance il bouge les jambes et les bras et un enfant complètement nu cesse de pleurer; quelle en est la cause? L'enfant débarrassé de ses langes n'a rien qui puisse empêcher le dé- veloppement de son corps, comme nous, il est sujet à gonfler, à subir les inlluences atmosphériques; il se trouve quelquefois dans les mêmes conditions que certaines personnes qui sont obligées, selon le temps et la température, de desserrer leurs vêtements. Mettez à l'enfant une chemise et un caleçon^ étendez-le sur un tapis ou une natte, pour le préserver du contact du sol, vous le verrez alors heureux et content se roulant à sa façon , puis un jour, sans plus de peine, il se relèvera et marchera au moment où vous vous en douterez le moins. Usez de ce procédé bien simple qui permet aux parants de vaquer à leurs travaux et dont la réussite est assurée. N'effrayez jamais l'enfant par des cris ou des mouvements désordon- nés, c'est l'un des points essentiels de l'éducation enfantile; combien de pauvres êtres traînent une vie languissante parce que l'on a oublié cette règle. 1178 ÉCONOMIE POLlïIQL'E ET STATISTIQUE Revenons à l'enfant de six mois et occupons-nous de son éducation morale. A mesure que l'enfant se développe physiquement , son intelligence s'ouvre au monde exlérieur, il a déjà de petites pensées et prouve par ses gestes et ses éclats de rire ou ses pleurs que tel ou tel objet lui est agréable, c'est surtout à cette époque de l'éclosion des premières sen- sations que l'on ne saurait trop se garder de donner à l'enfant des im- pressions inexactes sur la vie naturelle. L'on doit parler à l'enfant comme aux grandes personnes, lui faire observer les objets tels qu'ils sont, objets usuels, animaux, végétaux, insectes ou tout autre, il faut toujours lui parler franchement et se garder de lui dire, que le loup le mangera, l'abeille le piquera, le diable et le loup garou viendront le prendre et autres balivernes. A mesure que ce petit être avance en âge, surtout si l'on s'occupe de lui, l'on voit sa petite intelligence se développer peu à peu, il faut l'ai- der sans la pousser trop en avant ; la laisser en retard est pernicieux. Expli([uer en se mettant à leur portée les phénomènes de cette nature que l'enlant a toujours sous les yeux, les choses usuelles qu'il voit, les animaux avec lesquels il joue ou qui s'ébattent dans la basse-cour et les écuries, lui expliquer les fleurs, les aquariums, les devantures des magasins, tel est le moyen bien simple et bien économique de lui sug- gérer des idées. Les notions de Dieu, du juste et de l'injuste et toutes autres indis- pensables à l'homme, se développeront peu à peu si l'on soigne les enfants, mais de même que la notion du bien prend droit de cité dans leur cerveau, c'est aussi le moment où la notion du mal fait une telle impression qu'elle pervertit, quelquefois pour toujours, cette jeune intel- ligence. La société a des devoirs à remplir : Développer dans les masses l'allaitement maternel et mixte, venir en aide aux mères de famille qui ne peuvent nourrir complètement de leur lait, vêtir les enfants, procurer à la mère les moyens de gagner sa vie tout en allaitant, tels sont les devoirs de la société. Etendons le plus possible les sociétés protectrices de l'enfance, fon- dons des crèches, plus tard des salles d'asile, et nous accroîtrons ainsi la population française. Rappelons-nous les paroles de Schiller ; « Etre un homme de son temps, c'est être du même coup un homme de l'avenir. » PRÉSENTATION DE TRAVAUX IMPRIMÉS 1179 Présentation de travaux imprimés ENVOYES AU CONGRES POUR ÊTRE COMMUiNIQUÉS A LA 15^ SECTION M. Emile Acollas. — Philosophie de la science politique. M. Fr. Passy. — La Liberté du travail et les Traités de commerce. M. César Poulain. — Tableau synoptique de l'agriculture de 1800 à 1878. — Tableau synoptique de l'industrie linière de 1789 à 1879. M. le Dr Adrien Sicard. — Étude historique sur le D"" P. -M. Roux.— Société de statistique de Marseille : compte rendu de 1878 et rapport sur les concours. — Compte rendu des assises régionales d'horticulture et d'histoire naturelle de Marseille . CONFÉRENCES M, J.-A. BAUUAL Secrétaire perpétuel de la Société nationale d'agriculture. SUR LES IRRIGATIONS Séance du S 9 août 1879. — Mesdames, Messieurs, Le Conseil d'administration de l'Association Française pour l'avancement des Sciences, ayant cherché quelle était la question scientifique qui pourrait être le plus avantageusement traitée dans une conférence faite durant la session de Montpellier, au point de vue des intérêts les plus chers au midi de la France, a pensé que celle du meilleur aménagement des eaux attirerait plus vivement l'attention qu'aucune autre. L'afifluence considérable des auditeurs venus dans cette enceinte pour entendre parler des irrigations, prouve qu'il ne s'était pas trompé, mais la tâche qui m'incombe n'en est que plus difficile. J'ai besoin de votre bienveillance pour la remplir selon son attente. Je n'y ai d'autre titre qu'un dévouement absolu à la cause du progrès de l'agriculture et de longues et patientes études sur ses besoins et les moyens de les satisfaire. Je vais tâcher de vous montrer combien le bon emploi de l'eau pourrait produire de résultats importants pour la prospérité du pays, pour la richesse de l'Élat, pour la science elle-même, dont les applications fécondes aug- mentent l'influence dans les sociétés modernes. Dans une contrée oiî de longues sécheresses rendent si souvent stériles les efforts de ses courageux laboureurs, il n'est pas nécessaire d'insister sur l'importance des irrigations, car Fexemple des privilégiés que le hasard de la situation fait jouir d'un cours d'eau a depuis longtemps appris à tous qu'on peut, par les arrosages, suppléer avantageusement à l'absence prolongée des eaux pluviales. Mais de là à se rendre exactement compte du rôle véritable de Fhumidité dans la végétation, de là à expliquer complètement les grands rendements des récoltes, que de chemin a dû parcourir l'esprit humain 1182 CONFÉRENCES s'attachant à poursuivre la découverte des lois de la production de la matière vivante. Un regard jeté sur le passé peut inspirer des réflexions utiles ; je vous demande la permission de vous arrêter quelques instants sur l'origine de nos connaissances en cette matière et sur leur développement. Après ces courtes considérations historiques, je décrirai successivement les systèmes d'irrigation adoptés chez les différents peuples agriculteurs, les constructions effectuées en vue de bien aménager les eaux, les applications faites aux diverses cultures et les résultats obtenus. J'aurais tant de descriptions à donner, tant de choses à détailler, qu'il ne me serait pas possible de passer en revue l'immensité des sujets que je dois au moins effleurer, si je n'avais la ressource de faire passer devant vos yeux, par des projections que veulent bien m'aider à faire MM. Duboscq, Crova, Foëx et Henri Sagnier, les plans et les dessins des nombreux objets que je n'aurai plus qu'à montrer, pour les faire connaître, sans avoir besoin d'insister. S'efforcer de trouver les causes des grands rendements que l'on peut obtenir de la terre, c'est chercher le secret de la vie des plantes, c'est tenter de dérober à la nature la connaissance des forces qu'elle met en jeu pour créer les êtres vivants avec la matière inerte. Dès la plus haute antiquité, les grands esprits qui ont, par leurs idées, par leurs travaux, par leurs recherches, enrichi le domaine du savoir humain, se sont occupés des raisons de la production végétale ; aucun n'a tout de suite découvert les causes même immédiates des phénomènes, mais tous ont concouru à approcher du but. La vérité est abritée sous des voiles qu'il faut successivement détacher. C'est ainsi que les philosophes de la Grèce ont d'abord confusément aperçu la théorie de la production agricole, lorsqu'ils ont émis la conception que quatre éléments doivent tout engendrer. 11 est facile de voir cette théorie d'abord vague, se préciser avec le temps, à la lumière de l'observation des faits, et finir par devenir pratiquement utile. Le philosophe pythagoricien Empédocle, qui vivait au cinquième siècle avant Jésus-Christ, admettait que, dans la nature, quatre éléments servaient à former tous les corps : le feu ou Jupiter, la terre ou Junon, l'air ou Pluton, l'eau ou Nestis. Deux causes produisaient tous les phénomènes de combinaison ou de décomposition : l'amitié qui unit les éléments, et la haine qui les sépare. Cette théorie a été développée par Platon et par Aristote. Or, qu'est-elle devenue aujourd'hui, cette conception à l'origine plus poétique qu'utile? Elle se résume dans le produit de la chaleur et de la lumière par de l'humidité ou de l'eau, et enfin de l'engrais comme troisième facteur. Depuis les belles expériences de Bonnet, de Saussure, de Boussingault, pour ne parler que des plus illustres entre tous ceux qui ont concouru à constituer la science moderne, au lieu du feu, nous avons la chaleur et la lumière qui agissent pour assurer le développement des plantes et amener l'assimilation des éléments qu'elles puisent, par leurs racmes ou par leur feuil- lage, dans le sol ou dans l'atmosphère. La terre est toujours le réceptacle de tous les éléments nécessaires à la végétation, mais les agriculteurs savent maintenant qu'il faut la compléter par l'addition des engrais qui lui apportent les principes nécessaires à la J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1183 vie des plantes, qui y font plus ou moins défaut. Au point de vue physique, la terre a cessé aussi d'être seulement le point d'appui ou la fondation des végétaux ; on sait qu'il est nécessaire d'en modifier la constitution par des travaux de labour, d'en amener l'égouttement par le drainage et d'y assurer la circulation d'un air suffisamment oxygéné. Quant à l'air qui entoure tous les êtres vivants, il fournit particulièrement le gaz acide carbonique que les feuilles décomposent sous l'action de la lumière, pour fixer le carbone et dégager l'oxygène, que parfois elles consom- ment, en jouant parallèlement deux rôles, l'un de réduction et l'autre de combustion. Enfin, l'élément liquide n'est plus seulement desliné à rafraîchir les plantes ; l'eau dissout dans le sol tous les principes qui, amenés au contact des cellules végétales, y sont absorbés, condensés, transvasés par une série d'endosmoses et d'exosmoses, tandis que l'humidité s'évapore parallèlement aux autres phénomènes de combinaison et de décomposition qui se produisent sous la double action de la chaleur et de la lumière. L'humidité météorique agit en même temps pour donner satisfaction à un besoin d'absorption qui, à certains instants, doit succéder à l'évaporalion . L'eau mise en réserve dans les couches profondes du sol, s'élève jusqu'à la couche arable, pour être absorbée par les racines. Mais la provision d'humidité souterraine finirait par être épuisée, si les pluies ne venaient la remplacer. Comme la multiplication des cellules végétales et les assimilations diverses qui en sont la conséquence ne peuvent se produire qu'au prix de la dépense d'une certaine quantité d'eau, la récolte que fournit chaque culture dans un lieu déterminé dépend en grande partie de l'abondance ou de la rareté des pluies, c'est-à-dire de la sécheresse ou de l'humidité de l'année. Si le culti- vateur peut modifier cet élément, de même qu'il sait changer la composition du sol, il se rend, en quelque sorte, maître de la production elle-même. Une expérience facile à répéter, montre dans quelles limites considérables un agriculteur peut faire varier le rendement d'une récolte. Que l'on cultive, par exemple, quatre betteraves dans quatre grands pots-à-fleurs contenant la même quantité de terre. Que l'un de ces pots ne reçoive que l'eau pluviale, tandis que le second, les jours oili il ne pleuvra pas, reçoive un quart de litre d'eau, le troisième un litre d'eau, et le quatrième la quantité d'eau nécessaire pour que le poids du vase soit chaque jour ramené au poids de la veille, ce qui pourra exiger, à certains jours très chauds et très lumineux, jusqu'à deux litres et demi d'eau. Le poids de la racine, au moment de la récolte en novembre, présentera des différences énormes. Voici, par exemple, les chiffres que j'ai obtenus dans une expérience : on pourra, en répétant l'épreuve, trouver des chiffres un peu différents, mais les variations seront toujours dans le même sens. Tandis que la première t)etterave ne pesait que iuO grammes, j'ai trouvé que la deuxième pesait 523 grammes, la troisième G37 grammes; quant à la quatrième, elle avait un poids plus que quadruple de celui de la première, puisqu'il atteignait 1,850 grammes. Les feuillages des quatre plantes étaient, en outre, bien différents ; ils avaient pris un immense développement sur la betterave la plus grosse, pour attester à tous les yeux combien l'irrigation 184 CONFÉRENXES peut modifier les résultats de la culture, de telle sorle que, dès maintenant, je puis affirmer devant vous que même dans les régions où les pluies sont assez abondantes et fréquentes, les irrigations peuvent néanmoins avoir une grande utilité, et qu'elles ne sont pas seulement le remède de l'agriculture des pays oui régnent de grandes sécheresses. El, en effet, ce sont des merveilles que les irrijçations produisent, merveilles dont je vais vous donner des preuves en décrivant rapidement les irrigations de l'Italie et de l'Espagne, c'est-à-dire des deux pays voisins qui, l'un à gauche au delà des Alpes, l'autre à droite derrière les Pyrénées, ont fait des cultures arrosées qui ont servi d'exemple à notre pays, lorsque se sont établies d'un côté les belles irrigations des bassins de la Durance et du Rhône, et de l'autre celles des trois grandes vallées des Pyrénées-Orientales. Mais ce n'est pas seulement dans ces régions méridionales que les études que j'ai faites m'ont démontré le rôle capital des irrigations. Au centre de la France, dans l'Auvergne et dans le Limousin, j'ai constaté des faits non moins importants, en parcourant toutes ces campagnes comme membre des jurys institués par le gouvernement dans les concours destinés à encourager le meilleur aménagement des eaux pour l'agriculture en France. On est enfin arrivé à reconnaître, dans notre patrie, que les cours d'eau ne sont pas seu- lement destinés à être des chemins qui marchent, avec le grand défaut de descendre toujours et de ne remonter jamais, mais qu'ils doivent servir à féconder toutes les vallées qu'ils traversent. Aujourd'hui ils sont des agents de stérilisation, car ils entraînent dans les profondeurs de la mer, le mdlle«r de la surface des hautes montagnes et la richesse des vallées que souvent ils dévastent ; ils doivent être désormais les agents de la fertilisation. 11 faut se souvenir d'appliquer le proverbe arabe : la terre est femelle, et Veau est mâle. L'antique usage des irrigations en Italie est attesté par les vers célèbres du 1^'' livre des Géorgiques : Deinde salis fluviura inducil rivosque sequenlis. Et, quum exustus ager morienlibus œstuat lierbis, Ecce supercilio clivosi tramitis undara Elicit: illa cadens raucum per levia raurmur Saxa ciel, scatebrisque arenlia temperut arva. « Bientôt ils conduisent (sur leurs champs ensemencés) les eaux d'un fleuve, et les courants détournés. Quand le soleil embrase les campagnes, que l'herbe sèche et meurt, tout à coup des hauteurs sourcilleuses du coteau l'eau descend, amenée dans la plaine; je l'entends qui murmure en tombant sur les cailloux ; les champs sont rafraîchis et l'herbe s'est ranimée. « Depuis deux mille ans, les cultivateurs de la Lombardie et des plaines du Milanais, de la Toscane, ont pris soin d'améliorer la canalisation de leurs terres et de rendre leurs prairies plus fertiles. Je fais passer sous vos yeux les plans des principaux canaux d'arrosage de la Lombardie. Vous y voyez que les eaux des rivières de l'Adda, du Tessin et du fleuve le Pô, sont presque complètement détournées pour fertiliser de vastes plaines. Je rappellerai, pour J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1185 VOUS donner une idée de l'action de l'eau, la fécondité des célèbres prairies du Milanais, où l'on peut faire jusqu'à sept à huit coupes de fourrages par an. Mais si l'eau qui circule, l'eau qui est profondément et constamment aérée,est féconde et donne une végétation luxuriante, il n'en est pas de même de l'eau sta- gnantedans laquelle l'oxygène ne se renouvelle pas. Cette eau est mortelle pour un grand nombre de plantes, car elle ne convient qu'aux plantes marécageuses; elle est mortelle aussi pour les hommes et les animaux. En même temps qu'on arrose, il faut assainir. A un canal d'arrosage il faut joindre un canal de colalure, afin d'enlever l'excès de l'eau qui a servi à rirrigation. Dessécher est aussi nécessaire qu'irriguer, sous peine de n'avoir que des récoltes mauvaises et de transmettre aux populations rurales les germes des fièvres paludéennes. L'Italie moderne, qui a repris la tête de la civilisation, nous en donne un ma- gnifique exemple. Je fais passer sous vos yeux le plan du dessèchement du lac Fucino que le prince Torlonia a entrepris et mené à bonne fin avec le concours de trois ingénieurs français, MM. de Montricher, dont j'aurai tout à l'heure à vous parler longuement, Bermont et Brisse. Ce lac occupait, dans les Abruzzes, le fond d'une immense cuvette de 6o,000 hectares environ, sans aucune issue. Sa surface était de plus de 13,000 hectares. 11 recevait les eaux de toutes les montagnes qui l'entouraient; ses crues ravageaient souvent ses rivages. Pour en faire écouler les eaux, il a fiillu creuser une galerie d'écou- lement d'une longueur de plus de 6,000 mètres, en tunnel sur une grande partie de son parcours. Le travail d'écoulement a demandé près de quinze années; il est achevé aujourd'hui. L'aménagement agricole des terres conqui- ses sur les eaux se poursuit avec activité. Dans toute cette vaste surface, la santé succède à la fièvre, l'abondance à la misère ; la population cesse d'émi- grer, car une terre féconde lui assure une légitime rémunération de son tra- vail. Les eaux des sources sont captées et leur action désormais bienfaisante servira à multiplier les récoltes. Si nous quittons la région d'au delà des Alpes, pour aller dans les pays d'au delà des Pyrénées, nous trouvons encore en Espagne des travaux importants d'irrigation, sans doute inaugurés d'abord par les Romains, mais améliores et considérablement augmentés par les Maures et les Sarrasins. L'emploi judi- cieux de l'eau était une condition de vie ou de mort pour ces contrées. Quand en remonte au v« ou au vi« siècle, on voit, dans l'histoire du royaume de Yalence notamment, la profonde trace qu'a laissée parmi les populations le souvenir de la fondation des canaux. Je fais passer sous vos yeux la repro- duction d'une gravure du temps, où vous vo^'ez les ingénieurs de l'époque venir présenter à genoux au sultan le plan de la distribution des eaux de la rivière de Turia. Le sultan est entouré de sa garde, Je sabre nu. Aujourd'hui, Messieurs, les ingénieurs ne sont plus à genoux, ils administrent et gouver- nent. Yoici maintenant deux cartes, dont l'une vous montre l'ensemble des arro- sages faits avec l'Azequia del Rey et avec les eauxduXucar, de la Turia, et dont l'autre vous donne une idée du soin avec lequel, depuis des siècles, aucune goutte d'eau n'est perdue dans la banlieue de Valence; les canaux s'enchevô- 75 1186 CONFÉRENCES trerit et retiennent successivement toute la puissance fécondante de la rivière. A côté des plans d'ensemble, je vous montre les travaux d'art gigantesques, dont quelques-uns remontent aux premiers temps de l'occupation romaine. Voici l'aqueduc construit par leurs armées pour amener l'eau de la rivière de la Turia au camp de Liria. — Près d'Alicante, le voyageur étonné rencontre dans les montagnes de Tibi, l'immense réservoir dont je fais passer la perspec- tive sous vos yeux. Construit au xvi«^ siècle afin de retenir les eaux descendant des montagnes, pour les distribuer dans la vallée suivant les besoins des "\\ Fi g. 81. — Bassin de Tibi, près d'Alicante. récoltes, il n'a pas moins de 110 mètres de largeur, et la haute muraille qui le borne entre les rochers compte 66 mètres. Accru à différentes reprises, il a été complètement achevé en 1738. J'ai visité les irrigations du royaume de Valence il y a trois ans. Quand la rivière arrive à la ville, elle n'a plus d'eau ; tout a été emplo\é pour les irri- gations. Le lit de la Turia, jusqu'aux rivages de la mer, ne sert plus que dans le cas des crues ou des inondations. L'idéal, pour les ingénieurs espa- gnols, est qu'à l'étiage la totalité de l'eau des fleuves et des rivières soit em- ployée par l'agriculture ; ils ne tiennent pas, comme chez nous, à ce que toujours de l'eau se rende à la mer, sous prétexte de navigation qui souvent manque complètement. Mais aussi quels magnifiques résultats sont obtenus dans ces cultures maraî- Î.-A. BARRAL. — SUR LES IRRIGATIONS H87 chères, fourragères et arborescentes! Des masses immenses d'engrais sont employées, en même temps que l'eau est répandue, pour les rizières sèches, pour l'arachide, pour les vignes et les orangers, pour les luzernes. Dans aucun port, il n'entre autant de navires chargés de guano que dans le grao de Valence. La population ne laisse perdre aucun détritus animal, aucune déjec- tion. J'ai vu, au mois de novembre, faire la vingt-deuxième coupe dans une luzernière qui avait donné 22,000 kilog. de foin sec à l'hectare. Aussi nulle part les canaux ne sont mieux administrés. Des syndicats nom- breux existent dans la province ; toutes les difficultés qui peuvent naître entre voisins sont jugées souverainement par un tribunal composé de cultivateurs, Fig. 82. — Barrage construit avec dos poutres et des pieux. le tribunal des acequieros. J'ai vu ce tribunal, qui se réunit le jeudi de chaque semaine, à H heures précises, au parvis et sous le portail latéral de l'église métropolitaine de Valence, en plein air, sous la voûte du ciel, rendre simple- ment et souverainement la justice. Ils étaient sept paysans, quelques-uns venus en manches de chemise; après avoir déposé leurs bâtons contre les piliers de l'église, ils se sont assis sur un banc semi-circulaire. Une grille basse portative avait été installée pour leur fournir un étroit prétoire. Le secrétaire était habillé simplement en bourgeois et assis à côté d'eux ; son clerc appelait les causes. Un jour que j'y ai assisté, il n'y avait que deux affaires pour lesquelles des remises à huitaine ont été demandées et immédiatement accordées. La séance n'avait duré que quelques minutes. Un autre jour, une amende a été prononcée après quelques explications contradictoires ; elle fut immédiatement payée, sans la nécessité de la signification. Il y a réellement là une leçon à prendre, un enseignement à garder. Ainsi qu'Arago le raconte dans le récit de son voyage en Espagne pour la mesure du méridien terrestre, les Catalans avaient jadis une bien mauvaise opinion des Valençais : « Dans » le royaume de Valence, disaient-ils, la viande est légume, les légumes de » l'eau, les hommes des femmes et les femmes rien, v Celte opinion doit être 1188 CONFÉRENCES bien modifiée ; j'ai \u des femmes travailler avec énergie, et les fruits sont succulents. Les habitants de cette province sont profondément industrieux, je vous ai donné des preuves nombreuses et qui ont dû vous convaincre (J). Les travaux d'irrigation espagnols ont été introduits de ce côté des Pyré- nées, lors de l'invasion des Sarrasins. On en trouve de nombreux vestiges, notamment dans les parties de la Catalogne et du Roussillon qui forment aujourd'hui le département des Pyrénées-Orientales. Les procédés d'arrosage et d'exécution des canaux encore suivis dans ces contrées sont ceux qui sont décrits dans le traité d'agriculture d'Ebn-el-Awam, paru au xii° siècle de notre ère. Les figures qui apparaissent au tableau montrent avec quelle simplicité, et à la fois avec quelle solidité les travaux étaient exécutés. Voici d'abord un barrage placé en travers d'un cours d'eau, et construit avec poutres placées horizontalement, que consolident des pieux enfoncés dans le lit ; les poutres sont arc-boutées sur les rochers des rives (fig. 82 ci-dessus). Pour relever le niveau des rivières ayant une plus grande largeur, on a adopté des digues submersibles. Voici (fig. 83) la vue perspective de l'une de Jm^'. ,sj. — Diguo iurmée de madhors et de cailloux. ces digues. Elles sont formées par des poutres assemblées et formant des car- rés que l'on remplit soit avec des cailloux, soit avec des pavés solidement tassés. — Pour les construire (fig. 84 et 85), on enfonce dans le lit des rangées de pieux parallèles, dont la hauteur est déterminée par le niveau auquel on veut élever l'eau. Les pieux sont moins enfoncés en amont cl en avaFde la hgne centrale (fig. 8i). En travers de ces rangées de pieux on fixe les pou- tres qui réunissent les deux extrêmes en s'appuyant sur la ligne du milieu ; sur celles-ci on en place d'autres carrément, assemblées entre elles à mi-bois de manière à former un plan incliné, divisé en échiquiers et supporté par (1) On peut consulter à ce sujet le Tratado de la dislribucion de las aguas del rio Turia, y del tribunal de las Acequieros de la Huerta de Valencia, par don Francisco Xavier BorruU y Vilanova — Valencia, 1831. J.-A. BARRAL, SUR LES IRRIGATIONS 4189 autant de pieux verticaux qu'il y a d'intersections. Toutes les cases sont ensuite remplies par des pierres et des cailloux, et on termine la digue par un pavé solide qui arrase la charpente. Ces digues ont une très longue durée ; elles rendent de très grands services dans les montagnes. Ces dessins sont empruntés à l'excellent mémoire sur les irrigations des Pyrénées-Orientales que Jaubert de Passa a publié en 1820. Ce mémoire per- met de constater aujourd'hui les progrès réalisés depuis soixante années. Dans cet intervalle, le nombre des hectares arrosés dans le Roussillon, qui était de 12,000 environ, a plus que doublé; il est actuellement de 23,000. En outre, les irrigations s'y pratiquent plus avantageusement, et surtout elles sont mieux combinées avec le système général de culture. Fig. 84 et 83 Profil de la digue submersible; plau de la digue submersible. Je fais passer sous vos yeux la carte générale des irrigations dans les Pyrénées-Orientales. Vous voyez qu'elles sont répandues dans la montagne, comme dans la vallée, dans les trois bassins de l'Âgly, de la Tet et du Tech qui se rendent parallèlement à la mer en arrosant le département. Non seule- ment les eaux de rivières sont dérivées, mais celles des sources sont captées dans des réservoirs, et Ton va chercher, dans la plaine de Perpignan, les nappes d'eau souterraines pour les faire remonter par des puits forés; les eaux jaillissant naturellement, forment maintenant une quarantaine d'oasis d'une luxuriante prospérité. Si nous franchissons maintenant toute la zone méditerranéenne située entre les Pyrénées et les Alpes, nous trouvons de nouveaux systèmes de canaux d'arrosage remontant aussi à une haute antiquité, principalement dans les départements des Hautes et Basses-Alpes, deVaucluse et des Bouches-du-Rhône. Le bassin de la Durance est aujourd'hui un des mieux arrosés parmi tous les bassins fluviaux de l'Europe. Dans les deux seuls départements des Bou- ches-du-Rhône et de Vaucluse, 40,000 hectares sont fécondés par les eaux d'une rivière qui naguère n'était connue que par la dévastation qu'elle cau- sait. Il y en a 20,880 dans les Bouches-du-Rhône seulement, dont le plan que 1190 CONFÉRENCES je -vous montre (fig. 86) fait voir les principales canalisations. Le réseau paraî- trait inexlricable s'il avait été possible de tracer les canalisations secondaires. Une grande célébrité appartient déjà à plusieurs de ces canaux. Nommer, par exemple, le canal de Crapponne, c'est immédiatement justifier celte alléga- tion. L'histoire de ce canal est curieuse et instructive; elle mérite de vous être résuiiiiée en quelques mots. Fig. 86. — Carte des canaux dés Bouches-du-Rhône. Ingénieur éminent, Adam' de Crapponne, né à Salon vers 1325, avait placé en première ligne, parmi les vastes projets qu'il avait conçus, la pensée de donner la richesse à la partie de la province où s'étaient écoulées ses jeunes années, en la dotant d'un canal alimenté par la Durance. Il se mit à l'œu- vre ayant à peine trente ans. Le canal dont il obtint la concession, en 15S4, devait avoir sa prise au territoire de Janson, traverser les terroirs de Laro- que, Yalbonnette, Mallemort, Laroanon, Salon, Cornillon, Chamas et aller se jeter dans la mer au delà de cette dernière commune. Il réalisa son projet avec ses seules ressources, souvent contre ses amis, contre ses parents, avec le seul appui de sa sœur Jeanne, qui le soutenait par des prodiges d'amour fraternel. Le canal qui porte son nom et qui, sur un parcours de treize ]ieues,Tferti- J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS H91 lise près de 10,000 hectares de terres appartenant à dix-neuf communes, fut achevé en cinq années, et il ne fallut rien moins que le succès pour convain- cre le public de la possibilité de l'entreprise. Entre temps, Adam de Crapponne fut abreuvé de tous les dégoûts, de toutes les amertumes. Un jour, le 13 mai 1552, il fut hué par la foule el exposé aux plus graves violences, parce que, dans un essai de son canal principal, il avait eu la douleur d'avoir à consta- ter des infiltrations. Sa sœur Jeanne, seule, lui rendit le courage; la noble fille lui fit accorder par Antoine de Cadenet, contre le don de sa main, les secours nécessaires pour l'achèvement de son œuvre. Enfin, le 30 avril 1559, les eaux arrivèrent à Salon où elles furent reçues avec enthousiasme par une population versatile, mais alors reconnaissante, ayant à sa tête le clergé. Cette grande fête n'apporta qu'un court soulagement à la dure existence d'Adam de Crapponne. S'il put obtenir quelques subsides pour compléter son œuvre, sa ruine n'en fut pas moins bientôt absolue. 11 dut abandonner la Provence et redemander du service au roi Henri III. Yers 1575, envoyé à Nantes pour inspecter les travaux de fortification exécutés par des entrepreneurs que pa- tronnait la reine-mère, il constata de graves malfaçons dans les ouvrages. Ses ennemis, n'ayant pu acheter son silence, l'empoisonnèrent. Sa mort ne fut pas vengée; ses dépouilles mortelles restèrent confondues dans une fosse commune; sa sœur Jeanne ne put leur donner la dernière sépulture; elle dut se borner à assurer le culte du souvenir du mort parmi les siens et dans son ingrate patrie. La statue du grand ingénieur a été élevée , il y a quelques années seulement, en face l'hôtel de ville de Salon. Je mets sous vos yeux son portrait, pour rendre un pieux hommage à sa persévérance et à son génie. Il n'a recueilli de son vivant que la ruine pour une œuvre qui, au- jourd'hui encore et dans l'éternité, enrichira son pays. Et puis, quel bel exem- ple à citer que celui du dévouement infatigable de sa sœur ! N'est-ce pas vous toutes qui m'écoutez , mesdames , vous vous souviendrez de Jeanne de Crap- ponne, et sœurs, mères ou épouses, vous voudrez vous associer aux œuvres de ceux que vous aimez. Ne les laissez jamais désespérer. Comprenez leurs aspi- rations, et s'ils succombent dans les rudes labeurs de ce monde, défendez leur mémoire devant la postérité. Sur la même carte vous apercevez encore une autre canalisation d'une grande importance, c'est celle des canaux des Alpines. Elle a sa prise en Durance à Mallemort. Une branche commune, dite du canal Domanial, part de la rivière, puis se partage au pont Donneau, en deux réseaux distincts, l'un des branches méridionales, l'autre des branches septentrionales. La première partie fut d'abord appelée canal de Boisgelin, du nom de l'archevêque d'Aix, qui, en 1772, en ordonna la construction. Depuis 1791, une partie est devenue pro- priété de l'Etat, qui exploite aujourd'hui le tronc commun, la branche d'Orgon et celle de Lamanon ; l'autre partie appartient à la Compagnie française d'ir- rigation, et comprend les deux branches septentrionales. Cette Compagnie a établi une nouvelle prise à Noves, et elle a créé les branches de Rognonas, de Barbentane et de Tarascon. Elle a pour directeur M. Cacheux, et pour ingénieur actif M. Caucanas. L'ensemble des canaux dits des Alpines sert à l'arrosage de 8,400 hectares. 11 92 CONFÉRENCES Une troisième œuvre capitale doit encore vous être signalée. C'est celle du canal qui, partant de la Durance au pont de Pertuis, traverse le département du nord au midi, pour venir, après avoir répandu la fertilité sur une lon- gueur de 83 kilomètres, apporter la salubrité à Marseille et transformer les coteaux arides de son voisinage en jardins et en parcs splendides. Il n'y a peut-être pas d'exemple plus frappant de Faction merveilleuse de l'eau sous les climats méridionaux, que celui de la transformation opérée sur tout son parcours par le canal de Marseille, et par ses ramifications qui s'étendent à droite et à gauche de la branche principale et vont porter aujourd'hui la fer- tilité jusqu'au delà d'Aubagne. Fig. 87. — Prise du canal de Marseille, dans la Durance. Pour accomplir celte grande œuvre, de vaillants efforts ont été nécessaires. 11 a fallu lutter contre de très grandes difficultés. Je vais vous indiquer quel- ques-unes des principales. Voici d'abord (fig. 87) la prise du canal en Durance près du pont suspendu de Pertuis. En aval de cette prise où veillent nuit et jour deux familles de gardiens, on a construit en travers de la rivière un barrage ou un radier général, afin de maintenir constamment le niveau des eaux h la hauteur de la prise. Sur les 83 kilomètres que parcourt le canal, 16 ont dû être creusés en sou- terrain. Les trois principaux souterrains de la branche-mère sont ceux des J.-A. BARRAL. — SUR LES IRRIGATIONS 1193 Taillades, de l'Assassin et de Noire-Dame ; ils ont chacun une longueur de 3,S00 mètres. A côté des tunnels qui percent les montagnes, il faut aussi citer les aqueducs qui franchissent les vallées, et portent l'eau d'un versant à l'autre. Il a fallu en construire plusieurs le long du parcours du canal. Le plus important est le pont-aqueduc de Roquefavour, sur la rivière de l'Arc, que je vais faire passer sous vos yeux (fig. 88) ; il fait à juste titre Torgueil de Marseille; on le citera éternellement avec admiration. Commencé en 18-41, il a été terminé en 18i7. Ses piles reposent toutes sur le rocher; celles du milieu sont fondées à une profondeur moyenne de 10 mètres au-dessous de l'étiagc de l'Arc. Sa longueur est de 382 mètres, et il s'élève à 82 mètres au-dessus du rig. 88. — Aqueduc de Roquefavour. niveau de la rivière qu'il traverse. Trois étages d'arches sont superposées, et livrent passage à une route, aux eaux du canal et au chemin de fer. Ce gigantesque travail dépasse, en élégance et en hardiesse, les plus belles œuvres que nous ont léguées les Romains. Pendant les premières années de son fonctionnement, le canal amenait à Marseille les eaux de la Durance à l'état trouble. Afin de les clarifier, plu- sieurs bassins ont été échelonnés sur son parcours. Le plus important et qui a remplacé les premiers construits, est le bassin du Réaltort, que je vais encore vous montrer (fig. 89). Il n'a pas moins de 70 hectares de super- ficie, et sa capacité est de 4,500,000 mètres cubes. Les eaux s'y décantent et 1194 CONFÉRENCES en sortent débarrassées de leur limon. Mais ce bassin aura forcément une durée limitée. On songe à le remplacer, dans un avenir peu éloigné, par un plus grand bassin, dans la vallée de Saint-Christophe à 15 kilomètres en aval de la prise en Durance. L'auteur de l'œuvre admirable que nous venons de décrire était un des plus distingués parmi les éminents ingénieurs sortis de notre Ecole polytechnique 11 y a quelques instants, nous citions son nom parmi ceux qui ont concouru à exécuter en Italie la grande entreprise du lac Fucino. Jean-François de Montricher, né en 1810, est mort prématurément en 18o8. Jusqu'à ce jour, nul monument de la reconnaissance publique n'a encore été élevé à la mémoire de cet illustre ingénieur. Autant qu'il est en nous, nous 3 Fig. 89. — Bassin du Réallort. vous demandons de lui adresser un salut de reconnaissance pour l'honneur qu'il a fait rejaillir sur notre patrie. En projetant ses traits quelques instants sous vos yeux, vos acclamations retentiront jusqu'à lui dans la tombe. J'ajou- terai qu'il avait voulu donner lui-même, dans une exploitation rurale, la preuve des bienfaits de l'irrigation. Sa veuve a continué l'œuvre agricole qu'il avait entreprise, et dans un des concours d'irrigations institués par le gou- vernement pour encourager l'aménagement des eaux, nous avons eu la douce joie de pouvoir décerner, au nom du jury, une médaille d'honneur à M""*^ de Montricher. Les autres irrigations dans le département des Bouches-du-Rhône , ne J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1195 s'étendent que sur un peu plus de 8,000 hectares. Elles sont dues au Rhône et à quelques cours d'eau secondaires. Ce serait peut-être important ailleurs; mais nous ne les citons que pour indiquer que partout où le cultivateur a vu les bienfaits de Tarrosage, il ne néglige plus aucun cours d'eau, ni aucune source; il en profite pour fertiliser. Même les canaux d'assainissement ou les colatures servent à leur tour pour donner une seconde fécondation, en Fig. 90- — Carte des canaux du département de Vaucluse. étant aussi employés à des arrosages. C'est ainsi que sont utilisés plusieurs des canaux d'assainissement ou de dessèchement que montre la carte des^ Bouches-du-Rhône. La carte des irrigations du département de Vaucluse, que la lumière électri- que projette maintenant sur le tableau (fig. 90), présente des enseignements non moins remarquables. 1196 CONFÉRENCES On comple, dans ce département, plus de 21,000 hectares soumis à l'arro- sage. La carte qui est sous vos yeux, vous montre que dans la partie méri- dionale, les canaux, forment une sorte de lacis qui s'étend sur la presque totalité de la surface des vallées. Les uns empruntent leurs eaux à la Durance, les autres à la rivière des Sorgues qui sort de la célèbre fontaine de Vaucluse. Les autres rivières qui arrosent le département fournissent aussi leur contin- gent, mais beaucoup plus faible et surtout plus intermittent, à l'irrigation. Les plus anciens parmi les canaux dont je parle, sont dérivés de la Durance. La plupart ont une origine qui remonte aux temps féodaux; pour n'en citer qu'un exemple, le premier acte de concession du canal Saint-Julien date du mois de mai 1171. Le plus important est le canal de Carpentras. Il remonte du midi au nord jusqu'à la rivière de l'Aigues. Il n'a pas de prise spéciale dans la Durance; les eaux y sont dérivées par une prise qui lui est commune avec les canaux de Cabedan-Neuf et de l'isle, et elles n'y parviennent qu'après avoir suivi ces deux canaux sur une longueur de 24 kilomètres. Il arrose actuellement 4,000 hectares environ, mais il pourrait en irriguer quatre fois plus. 11 porte la prospérité dans des régions naguère dévorées par un soleil brûlant et ruinées par des sécheresses désastreuses. Son parcours total est de A58 kilomètres, tant pour la branche principale que pour les déri- vations secondaires et tertiaires. Il a été construit, de 1834 à 1857, par une association de propriétaires appartenant à onze communes. — A côté du canal lie Carpentras, ceux de Cadenet, de Janson, de Lauris, de Cabedan-Vieux, de Saint-Julien, de Fugueyrolles, de l'Hôpital, Grillon, Puy ou de Cambis, em- pruntent aussi leurs eaux à la Durance. Ce rapide exposé suffit pour vous montrer que, sur sa rive droite comme sur sa rive gauche, cette rivière est utilisée de la manière la plus fructueuse pour les agriculteurs. La banlieue d'Avignon et les communes voisines ont acquis, grâce à ces travaux, une prospérité véritablement extraordinaire. Mais le département de Vaucluse possède une véritable corne d'abondance dans la célèbre fontaine qui lui a donné son nom, la divine fontaine, suivant l'expression de M'"^ de Sévigné, la fontaine illustrée parLaureet par Pétrarque, que les poètes de tous les âges ont célébrée. Ses eaux fécondent des milliers d'hectares dans les méandres de la Sorgue et par les canaux qui en sont dérivés. Voici la fontaine de Vaucluse (fig. 91). Située au pied du massif du Venteux, à 8 kilomètres de l'isle, elle est renfermée dans un vaste bassin presque circulaire et en forme d'entonnoir, vers lequel il faut monter assez péniblement. Le chemin aboutit à une caverne ouverte en arcade dans un rocher qui s'élève à pic à une hauteur d'environ 200 mètres au dessus du lit du cours d'eau que la source forme en jaillissant. Un double figuier couronne la partie supérieure de la grotte. Tantôt l'eau paraît dormir au fond de ce vaste entonnoir, et le visiteur peut pénétrer dans la grotte; tantôt au contraire elle s'élève en nappe qui déborde et ferme l'entrée delà caverne. L'eau, très verte, coule d'abord tranquille, mais bientôt elle tombe de rochers en rochers , en nappes écumantes, pour former la rivière de la Sorgue. La grotte de la fontaine a environ 40 mètres de longueur de roue>t à l'est, et une lar- .T. -A. BARRAL. — SUR LES IRRIGATIONS 1197 geur variable de 12 à 13 mètres, dans la direction du sud au nord. La pro- fondeur de l'abîme n'a pu encore être sondée. L'origine de ses eaux paraît devoir être attribuée aux pluies qui tombent sur les montagnes séparant la fontaine de Sisteron ; on a remarqué, en effet, que les oscillations du niveau de l'eau dans la fontaine ont toujours une corrélation avec les séche- resses ou les pluies qui régnent sur la montagne. Fig. 0). — Fonlaiue de Vaucliisf. Afin de vous prouver que rien n'est exagéré dan.^ les termes dont je viens de me servir pour caractériser la fontaine de Vaucluse,je mets devant vos yeux la carte des Sorgues et des canaux qui en sont dérivés (fig. 92). Le débit du torrent qui sort des entrailles de la terre est, à l'étiage, de 13 mètres cubes. Il donne naissance à la rivière de la Sorgue. Celle-ci, bientôt dédoublée, au lieu d'aller se perdre inutile dans le Rhône, met en mou- vement iOO usines, et sert, chaque année, à arroser 2,115 hectares; elle pour- 1198 CONFÉRENCES rait en irriguer cinq fois plus. Elle se dirige d'abord à Torient, puis au nord et forme des méandres sur lesquels vous voyez s'échelonner une vingtaine de prises qui alimentent autant de canaux; le plus grand nombre sont la pro- priété des riverains constitués en associations syndicales. Parmi ces canaux, le plus important est le canal dit de Vaucluse, formé par plusieurs branches qui ont reçu différents noms, et dont la longueur dépasse 26 kilomètres. Elles arrosent ensemble 675 hectares. Le canal de Vaucluse appartient aujourd'hui à l'État. Sa construction remonte à une épo- que qui reste encore inconnue. Le document le plus ancien dans lequel on en trouve mention est une charte de donation faite en 1101 par Rostang de Berenger au chapitre métropolitain de la ville d'Avignon. D'autres règlements ont été élaborés aux xiv«= et xvii^ siècles. Finalement, en 1798, de grands désor- Fig. 92. — Carte des Sorgues et des canaux dérivés. dres ayant été constatés dans l'usage du canal, l'administration [du départe- ment prit un arrêté relatif à l'établissement de déversoirs et à la distribution des eaux, tant pour les usines que pour l'irrigation des terres. Mais ce n'est que par deux décrets qui datent de i8i2 et 18S3 que les dernières difficultés relatives à l'usage du canal ont été enfin aplanies. Je vous donne ces détails pour vous montrer combien souvent a été accidentée l'histoire des canaux d'arrosage en Provence, combien parfois est vaste l'arsenal des réglementa- tions qui les régissent. Le canal de Pierrelatte, le seul dérivé du Rhône, à la partie nord du dépar- tement de Vaucluse, est encore un exemple de ces difficultés. Il a été concédé en 1693. La première entreprise a peu réussi, et même le canal a été à peu près complètement comblé à la fin du siècle dernier. Repris sous le pre- mier empire, il a fonctionné irrégulièrement jusqu'en 1838 ; depuis cette date, J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1199 la compagnie qui l'avait repris s'est ruinée, et le canal est sous le séquestre depuis 1861. Sa longueur n'est que de 16 kilomètres, et il n'arrose pas plus de 300 hectares chaque année. Le prolongement du canal est projeté jusqu'à la rivière de l'Ouvèze ; il aurait alors une longueur de 80 kilomètres, et il pourrait arroser 17,000 hectares dans le département de Vaucluse. Souhaitons que cette entreprise s'accomplisse à bref délai. 11 est d'autres entreprises de canaux, en France, qui sont aujourd'hui plus ou moins avancées, d'autres encore qui ne sont qu'en projets plus ou moins étudiés. Je citerai notamment le canal de la Bourne, dans le département de la Drôme, presque complètement achevé aujourd'hui et qui doit arroser 7,000 hectares depuis Pont-en-Royans jusqu'à Montvendre ; — le canal dérivé de la Vésubie pour l'irrigation de la campagne de Nice, qui dominera une superficie arrosable de 3,300 hectares, et qui se développera, avec ses branches secondaires, sur une longueur de 73 kilomètres ; — le projet de canalisation de la Dordogne, dans la plaine de Bergerac, qui permettra de féconder aussi de vastes superficies, où l'eau est nécessaire pour accroître le rendement des récoltes ; — le canal d'irrigation de la Basse-Ariège qui doit arroser 3,000 hec- tares, surtout dans l'arrondissement de Pamiers ; — enfin plusieurs projets de canaux d'arrosage dans la Basse-Camargue. Je ne dois pas omettre non plus le grand projet de dessèchement des marais de Fos et de colmatage de la Crau. Vous savez que les marais de Fos s'étendent le long du canal de navigation d'Arles à Bouc, sur les deux arron- dissements d'Arles et d'Aix. Ils couvrent une surface de 4,800 hectares dont la hauteur moyenne au-dessus du niveau de la basse mer ne dépasse pas 63 centimètres. C'est à l'aide d'un canal dérivé de la Durance que le dessèche- ment sera opéré. Le canal de dérivation servira en même temps au colmatage de la Crau ; le périmètre qui pourra être ainsi acquis à la culture, dans cette vaste plaine aujourd'hui absolument stérile, est de !20,000 hectares environ. £e projet qui a été élaboré depuis de longues années par M. Nadault de Buffbn, pourra bientôt être exécuté. Je n'ai pas encore parlé d'autres travaux d'irrigation qui ont un caractère absolu- ment différent de ceux dont je viens de vous entretenir. Ils méritent néanmoins par leur importance de fixer l'attention. Il s'agit des irrigations très étendues qui se font dans le massif du centre, notamment dans le Limousin et en Auvergne. Ici on ne trouve plus ni grandes canalisations ni associations syndi- cales; chaque propriétaire, chaque cultivateur opère individuellement pour ses propres besoins, en captant des sources, en détournant quelques ruisseaux, en faisant des réservoirs pour amasser les eaux pluviales qui descendent des terres hautes, quelquefois, plus rarement, en mettant une machine élévatoire «ur le bord d'une rivière. L'intégrale de tous ces efforts particuliers ne laisse pas que d'être considérable, car on arrose ainsi au moins 150,000 hectares de prairies. Dans les Vosges aussi, on fait des irrigations d'un système spécial qui con- siste à employer des masses d'eau très considérables pour la création et l'en- tretien des prairies. Dans beaucoup d'autres localités, sans être méthodique, e mploi de l'eau pour l'agriculture est assez fréquent, beaucoup plus même 1200 CONFÉRENCES qu'on ne le pense. Aucune statistique complète et sérieuse n'a encore été faite à ce sujet. Le ministère des travaux publics a commencé, mais il n'a encore publié les détails que pour le département de l'Ariège qui compte 7,280 hectares régulièrement arrosés, et pour celui de la Haute-Garonne qui en compte 4,300. Dans toute cette description, n'aurez-vous pas remarqué que je n'ai pas eu à parler de cet immense espace qui touche à la Méditerranée et qui est limité de deux côtés par les massifs des Pyrénées et des Alpes, et d'autre part par les montagnes du centre? Le bienfait des irrigations y est, pour ainsi dire, inconnu ; cependant un canal y a été tracé. Malheureusement, jusqu'à ce moment du moins, c'est un canal de navigation seulem'enl, mais un canal sur lequel on navigue peu. Ce fut cependant une grande œuvre. Je veux parler du canal du Midi, appelé quelquefois canal des Deux-Mers. Sa longueur est de 210 kilomètres. 11 commence à 2 kilomètres au-dessous de Toulouse se dirige au sud-est, entre dans le département de l'Aude, et se portant ensuite à l'est, débouche près de Marseillan, dans l'étang de Thau (Hérault). Ce canal a illustré Riquct qui l'a construit; deux statues ont été élevées à sa mémoire, l'une à Toulouse, l'autre à Marseillan. Sa mémoire sera bientôt bénie encore davantage par les populations rurales ; car on s'occupe de prendre les mesures nécessaires afin de soumettre à la submersion, avec ses eaux, 7,000 hectares de vignes qui seront ainsi soustraites à l'action destructive du phylloxéra (1). n n'en reste pas moins une immense lacune à combler, et l'on se demande vraiment comment il est possible que l'on n'ait pas plus tôt employé les eaux du Rhône à arroser les départements méditerranéens qui ne demandent que de l'eau pour présenter bientôt l'aspect des plus riches jardins du monde. Mais, il faut bien le dire, la faveur publique n'a pas été jusqu'à ce jour pour les grandes entreprises agricoles, et quand il s'est agi de créer des canaux, les capitalistes ont préféré apporter de l'argent pour la construction des canaux de navigation et de commerce que pour les canaux agricoles d'arrosage. Ces dernières affaires avaient en général assez mal réussi. Les choses vont main- tenant changer. En effet, la loi préparée par la commission supérieure de l'aménagement des eaux nommée par M. de Freycinet, prescrit que la garantie d'intérêts sera donnée par l'État en même temps que de larges subventions. On pourra, dès lors, traverser la première période d'exécution des canaux, pendant laquelle manquent les revenus, pour arriver, sans avoir fatigué l'attente, à la période des produits. Or, les grands bénéfices des irrigations ne peuvent plus être mis en doute. La valeur des terres, du jour oii un canal est exécuté, double, triple, qua- druple, décuple même si ces terres sont dans la zone arrosable. De 1,000 à 1,500 francs l'hectare, cette valeur passe facilement à -4,000 et S,000 francs, et même davantage. Les exemples qui démontrent ce fait sont nombreux. Tout le monde peut constater la vérité de mon aftirmation, dans les zones arrosables (1) Le projet de loi dont il s'agit ici, a été présenté par le gouvernement à la fin de l'année 1879, et il a été voté par le Sénat et la Chambre des députés. J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1201 des canaux, de Carpentras, de Marseille, du Verdon, etc. Le revenu des terres cultivées à l'arrosage justifie d'ailleurs la plus-value que j'indique. Alors que, dans de très bonnes terres sans arrosage, on parvient à peine, pour la région du Midi tout au moins, à obtenir 2,000 kilog. de fourrages par hectare, au moyen de l'irrigation on atteint 8,000, 10,000 et même jusqu'à 15,000 kilog. de foin. Le nombre des coupes s'élève de deux à trois jusqu'à cinq ou six. J'ai vu vendre des récoltes de fourrage sur pied d'une année de -400 à r)00 francs l'hectare, le propriétaire n'ayant eu à son compte que les frais d'irri- gation et d'entretien de la prairie. Les résultats ne sont pas moins remar- quables pour d'autres cultures. Ainsi, les céréales ne produisent dans quelques localités presque rien si on ne les arrose pas; dans tous les cas, l'irrigation, répétée seulement deux ou trois fois en un an, donne un excédent de rende- ment d'au moins trois ou quatre hectolitres de froment. Elle permet de faire des cultures dérobées ; car, sans un arrosage, il serait absolument impossible d'exécuter un labour ou de faire une semaille après la moisson d'une céréale. C'est aux irrigations que les communes de Cavaillon, de Chateaurenard, de Saint-Remy et tant d'autres doivent la prospérité de leurs cultures maraî- chères, et aussi, pour quelques-unes, de leurs cultures florales. Dans plu- sieurs de ces communes, à Saint-Remy par exemple, on fait des graines de fleurs pour le monde entier. A Cadenet, la culture des pommes de terre, qui est la richesse du pays, ne peut se bien faire qu'avec l'irrigation ; les haricots pris en culture dérobée ne viendraient pas sans des arrosages. On n'a pas idée de la prospérité que peut répandre un canal d'irrigation, quand on n'a pas par- couru ces petites cultures de Provence où l'on voit des lamilles vivre dans une véritable aisance sur de petites propriétés de deux à trois hectares ou même moins. Permettez-moi de vous citer un fait, entre beaucoup d'autres. M. Joseph Gay, dans la banlieue de Marseille, a commencé à cultiver, comme locataire, dès l'origine du canal, une petite surface, 120 ^ares seule- ment. 11 avait à [peine l'argent nécessaire jiour acheter ses premiers outils de travail et payer l'établissement de ses rigoles d'irrigation. Il s'est mis à l'œuvre avec cet amour passionné que le paysan éprouve pour la terre. Après quinze ans, il avait assez économisé pour devenir propriétaire du jardin maraîcher qu'il avait créé. Il avait, en plus, élevé une tamille de trois entants qui sont devenus ses aides. La femme va trois fois par semaine porter au marché les produits de ses cultures : tomates, melons, haricots, légumes de tous genres, et puis des fleurs, des oignons de jacinthe, etc. Tout se vend bien parce que tout est produit pour l'heure voulue. Les bénéfices se sont multipliés. M. Jo- seph Gay a acheté et payé un matériel horticole considérable; il a un cheval. Enfin il vient d'acquérir au prix de 37,000 francs une propriété voisine. Voilà un exemple de ce qu'un homme peut'fairc,Ven moins de vingt ans, sur un peu plus d'un hectare, avec le seul^secours de l'eau et grâce à un labeur incessant. Et ce n'est pas une exception, c'est par milliers que l'on compte les petites exploitations qui ont une aussi grande prospérité. Dans tous les cas, il est un fait certain, c'est que l'on peut payer, pour la jouissance de l'eau, une rente qui rémunère largement le capital dépensé pour l'exécution des canaux. Ainsi, j'ai constaté un grand nombre de fois qu'une 7fi 1202^ CONFÉRENCES taxe de 40 à 50 francs par hectare n'a rien d'exagéré. Sur le canal de Marseille la taxe est de 80 francs et, en outre, chaque arrosant nouveau paie 400 francs de première mise comme équivalent des frais d'établissement. Sur le canal de Carpenlras, les fondateurs de l'œuvre ont dû payer 575 francs, et annuellement ils foni un versement de 33 francs pour solder l'amortissement du capital et les frais d'entretien et de surveillance. Ils ne trouvent à cela aucune exagération. Comment pourraient-ils reculer devant cette dépense, alors que l'irrigation transforme une propriété absolument infertile, produisant à peine quelques francs par hectare, en un domaine dont le revenu, pour la même surface, dépasse 150 ou 200 francs? Je fais passer sous vos yeux, afin de vous le faire apprécier, le plan du domaine de Mousquety, sur la commune de l'Isle, dans le département de Vaucluse, avant l'irrigation (fig. 93) et après l'arrosage avec les eaux de la rivière de la Sorgue et du canal de Carpentras (fig. 94). Fig. 93. — Etat ancien du domaine de Mousquety. 11 convient d'ajouter que, lorsqu'une partie des terres d'un domaine peut jouir de l'irrigation, la plus-value ne porte pas seulement sur la partie arro- sable. Par une sorte de contact, les terres voisines augmentent ausi d e valeur, et c'est facilement compris par tous ceux qui connaissent quelque chose à l'agriculture. Par cela seul qu'on peut avoir une certaine quantité de fourrage, élever du bétail, la fertilité de tout un ensemble de terres s'accroît, car tout se tient dans une exploitation rurale. Ici, je touche à la question des engrais. Une erreur a régné trop longtemps en agriculture, c'est que l'irrigation suffisait à un pré. Les agriculteurs méridionaux n'ont pas tardé à reconnaître combien cela était inexact ; ils ont fini par professer que les arrosages enlevaient la fertilité du sol, car ils s'étaient aperçu que, au bout de quelques années, le rendement des terres irriguées diminuait. Ils en sont arrivés à admettre aujourd'hui que, pour les prés comme pour les autres récoltes, il faut beaucoup d'engrais, si Ton veut obtenir de grands rendements. Un cultivateur des environs de Marseille répondait dernièrement à cette question que je lui adressais : « Avez-vous fumé cette luzerne ? (Elle était splendide.) — Est-ce que vous croyez qu'on a de bons ouvriers, en les nourrissant avec des épinards ? « J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1203 Dans cette démonstration des résultats que donne en agriculture l'emploi judicieux de l'eau, je n'ai pas encore parlé de la vigne. Je réservais cette question pour vous l'exposer avec les détails qu'elle comporte. Depuis longtemps, on donnait dans les vignobles du Midi, quelques arro- sages, surtout pour les jeunes plantations, ou bien afin de pouvoir exécuter quelques travaux de culture. Depuis la terrible invasion du phylloxéra, l'em- ploi de l'eau dans les vignes a pris une bien autre importance. Vous savez les désastres que le funeste insecte a causés et ceux dont il menace les vignobles non encore atteints. Yuus le connaissez, et si je le fais passer sous vos yeux dans ses différents états, depuis l'œuf jusqu'à l'insecte ailé, en insis- tant sur son état aptère, afin de vous montrer comment il exerce sa succion fatale, c'est surtout pour indiquer, en passant, son énorme fécondité. J'ai cal- culé que, en une seule année, les générations successives de mille phylloxéras Fig. 9-'!. — Domaine de Mousquety transformé par l'irrigation. seulement peuvent couvrir complètement un hectare. Or, c'est par millions que, au bout de deux ou trois ans, ils se rencontrent dans une vigne. Nos tendres cépages nationaux ont un bois qui ne peut résister à l'insecte, tan- dis que, comme M. Foex l'a démontré par des recherches patientes et bien dirigées, certains cépages américains ont un bois qu'il ne peut entamer que superficiellement. Ces recherches ont étépours uiviesà l'école d'agriculture de Montpellier, qui, sous l'habile direction de M. Saint-Pierre, est devenue, dans le Midi, le centre des études sur le phylloxéra. La destruction de celui-ci est extrêmement difficile, parce qu'il faut que l'insecticide pénètre dans toutes les parties du sol oia la vigne est plantée ; en outre, le petit animal a la vie des plus résistantes. Après des expériences ingénieuses faites sur une petite échelle, M. Faucon, dont le domaine est situé au mas de Fabre, à Graveson, a reconnu qu'après quarante à quarante-cinq jours de submersion sous l'eau, l'insecte et ses œufs étaient complètement détruits. Sa vigne, composée de 23 hectares, avait à peu près disparu. Elle est à quelques kilomètres du canal des Alpines. 11 obtint de M. Rhône, président du Conseil d'administration de la Compagnie fran- çaise d'irrigation, de faire une dérivation afin d'amener, au mois d'octobre, 1204 CONFÉRENCES sur sa propriété, assez d'eau pour couvrir toute sa vigne préalablement dis- posée en compartiments susceptibles de conserver une couche aqueusesur une épaisseur de 2S à 30 centimètres pendant quarante-cinq jours. Il égoutte complète- ment sa terre après ce séjour de l'eau. Le résultat a comblé ses espérances. Sans doute, il a toujours le phylloxéra, soit que quelques œufs échappent à la submersion, soient que les insectes reviennent chaque année du voisinage. Mais ses vendanges sont désormais assurées; elles sont même annuellement plus belles qu'avant l'invasion phylloxérique. En voici le tableau : Production Annùes en hcclolit. de vin, 1867 Avant l'invasion du phylloxéra 925 186S Première année de l'invasion (vignes fumées, non sub- mergées) /<0 1869 Deuxième année de l'invasion (vignes fumées non sub- mergées) 35 1870 Première année de la submersion (sans engrais) . . . 120 1871 Deuxième — — ... 450 1872 Troisième — (avec engrais) . . . 849 1873 Quatrième — — ... 736 1874 Cinquième — — ... 1.175 1875 Sixième — — . . . 2.480 1876 Septième — — ... 507 (t) lb77 Huitième — — . . . 2.235 1878 Neuvième — — ... 1.155 ('2) Ce tableau n'a pas besoin de commentaires. D'ailleurs, les résultats au point de vue financier sont aussi beaux qu'au point de vue matériel, car la dépense pour l'établissement et l'entretien des bourrelets nécessaires à la submersion ne dépasse pas annuellement 50 francs par hectare. Quant aux frais de premier établissement, ils ne se sont élevés qu'à 14.3 francs, 11 faut, il est vrai, compter encore une dépense de 233 francs par hectare pour les engrais. Mais M. Faucon n'a pas vendu son vin moins de 30 francs l'hectolitre, et les récoltes ont varié de 50 à plus de 100 hectolitres, soit de 1,300 à plus de 3,000 francs de produit brut par hectare. Il y a de quoi payer tous les frais et faire, en outre, de très beaux bénéfices. — Voici, d'ailleurs, le détail des frais : rniX DE REVIENT DE LA SUBMERSION Premiers frais d'établissement: prise d'eau au canal des Alpines, canal d'amenée, rigoles de distribution ; bourrelets; martelières ; vannes: ensemble 3,000 francs, soit pour dépense annuelle à raison de 5 francs du capital engagé Fr. 150 » Abonnement au canal des Alpines à raison de 23 francs par hec- tare (la Compagnie du canal, qui faisait payer 35 francs, a consenti une diminution de 10 francs en faveur des vignes submergées) : pour 21 hectares 325 » A reporter Fr. 673 (1) Vignes gelées le u avril 1876. •(2) Vignes gelées le 28 mars i878. J.-A. BAURAL. — SUR LES IRRIGATIONS Report Fr. Préparation et conduite de l'opération de la submersion propre- ment dite : un homme pendant quarante-cinq jours à 3 fr. 50 c. . Un jeune garçon pour aide: quarante-cinq jours à 2 francs , . . Arrosage d'été; quinze jours à 3 fr. 50 c Réparation des bourrelets avant l'époque de l'opération d'hiver et leur tenue en bon état pendant le courant de l'année : quinze jours à 3 francs Frais imprévus Total pour 21 hectares Fr. 1205 675 s 157. 50 90 :• 52.50 43 0 30 » 1.050 ^[jRxl Ju '^a-r J< Fi.jr<>er-fi" froBl en Fig. 95. — Vignoble du Jus-de-Puyvcrt, soumis à la submersion. M. Faucon a des imitateurs de plus en plus nombreux. 11 a rendu un immense service. Le produit de la submersion donne dès maintenant, chaque année, du vin pour plusieurs millions de francs. Son auteur a certainement droit à ce que son portrait que je fais apparaître sur le tableau soit salué par vos acclamations. Afin de montrer comment doivent être disposés les vignobles pour la sub- mersion, je fais passer sous vos yeux la projection des vignes de deux, imi- tateurs de M. Faucon. Le premier plan (fig. 95) est celui du Jas-de-Puyvert, dans la commune de Puyvert, département de Yaucluse, qui appartient à M. de Savornin. Vous voyez comment la vigne est disposée en échiquier ' elle compte 3G,000 pieds. 4206 CONFÉRENCES Elle a été soumise à la submersion automnale depuis le mois d'oetobre 1874? avec un succès complet. Le deuxième plan (fig. 96) représente le mas de Roy. Il appartient à M. Es- pitalier, et est situé en pleine Camargue, sur les bords du Rhône. La vigne y couvre 100 hectares; pour la submerger, M. Espitalier a recours aux eaux du fleuve qu'il élève directement par un ingénieux système sur lequel je revien- drai tout à l'heure. Ce vignoble est magnifique ; il donne des milliers d'hecto- litres de vin qui sont la juste compensatisn du labeur de son propriétaire. Vous pouvez d'ailleurs voir d'autres exemples de submersion non loin de Fig. 96. — Algnoble du mas de Koy, soumis à la submersion. cette ville. Je vous citerai d'abord celle de M.Gaston Bazille. C'est en 4873 qu'il a commencé à soumettre à ce traitement 8 à 9 hectares de vignes ; 9 autres hectares ont été ajoutés en 1877. C'est avec les eaux du Lez qu'il submerge ses vignes. La récolte qui, en 4873, après l'invasion du phylloxéra, était des- cendue à 322 hectolitres, est remontée immédiatement à 1,094 hectolitres dès 4874, pour être de 588 hectolitres en 4876, malgré la funeste gelée du 46 avril, si fatale aux vignes du Midi, de 728 hectolitres en 4877, et de 700 hectolitres en 4878, malgré l'anthracnose qui avait atteint le vignoble. En 4873, une crue du Lez anéantit toute la récolte. Non loin de Saint-Sauveur, M. Teisserenc a appliqué avec un égal succès J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1207 la submersion à son vignoble de Lattes sur une étendue de 40 hectares. Comme M. Gaston Bazille, il utilise les eaux du Lez. Bien d'autres exemples pourraient encore être développés. Mais je m'arrête pour examiner quelques objections qui ont été soulevées contre la submersion. Dans plus d'une expérience on a échoué. Il en est résulté du décourage- ment, car il arrive malheureusement qu'un seul échec fait plus de mal au progrès agricole qu'un grand nombre de réussites ne font de bien. Mais chaque fois que j'ai pu examiner de près les circonstances au milieu desquelles se trou- vaient les opérations de submersion qu'on me disait avoir manqué, j'ai trouvé que quelques-unes des conditions essentielles pour le succès avaient fait défaut. Ainsi, dans telle localité, on opérait sur un sous-sol trop perméable, de telle sorte que l'eau ne pouvait pas tenir, et que, par conséquent, jamais Fig. 97. — Noria anlique. n compartiment n'avait été plein. Ailleurs, la submersion avait été inégale, ians quelques parties très bien faite, mais dans d'autres tout à fait incom- plète, et limitée par exemple à une dizaine de jours, au lieu de quarante à cinquante. Ailleurs encore, des ceps de vignes étaient, en grand nombre, plantés sur les bourrelets de séparation des compartiments, et par conséquent ne pouvaient pas être submergés, de telle sorte que Ton avait créé des refuges pour l'in- secte dévastateur. Il n'y a pas d'exemple où, toutes les règles de la bonne submersion ayant été observées, et lorsqu'elle était exécutée en terrain conve- nable, l'on n'ait pas eu des récoltes qui ont toujours couvert les frais de l'opération, lors même qu'on devait avoir recours à des machines pour ame- ner l'eau nécessaire. De tout temps, on a eu recours à des moyens mécaniques pour l'arrosage -des terres. Sans doute, il est plus commode et plus économique de n'avoir 1208 CONFÉRENCES qu'à lever une vanne pour obtenir tout de suite en abondance toute la quan- tité d'eau nécessaire. Mais lorsqu'un terrain se trouve plus élevé que le canal, aut-il renoncer à l'irriguer ? Des expériences séculaires répondent négative- ment. Le long du Nil, de temps immémorial, les fellabs élèvent l'eau avec des seaux ou des pelles. Je fais passer sous vos yeux le dessin de l'antique noria (fig. 97), telle qu'on la trouve encore établie en Afrique, en Espagne, en Italie, et parfois même en Provence. Elle a été perfectionnée, et dans les bonnes cultures maraîchères des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse, dont je vous ai parlé, on trouve l'excellente noria Bonnaud que je vous montre à son tour (fig. 98). Ailleurs on emploie des vis d'Archimède, des roues à tympan, mues par des roues hydrauliques telles que la roue Poncelet, et enfin la machine à Fig. 98. — Noria Bonnaud. vapeur comme moteur des excellentes pompes centrifuges de Dumont ou de Gwynn. Voici la vue d'une installation de pompe centrifuge adaptée à la sub- mersion des vignes (fig. 99). C'est une balance à établir entre les dépenses et les recettes: quel est le prix de l'élévation du litre d'eau par seconde à une hauteur de 1 mètre, 2 mètres, 3 mètres, et combien laut-il de litres ? L'expérience a appris qu'on satisfait en moyenne à tous les besoins de l'ir- rigation par cette formule théorique, qu'il faut donner, dans le Midi, un litre d'eau par hectare et par seconde, depuis le l'^'' avril jusqu'au 30 septembre, soit en totalité JS,811 mètres cubes. Mais on ne déverse pas l'eau d'une manière continue. On donne cette quantité totale pour les prairies, dans cer- taines localités, par exemple le long du canal de Marseille, en quarante- trois fois, en faisant écouler le volume correspondant en six heures, soit 17 litres pendant chacune des secondes de ces six heures. D'autres règle- ments d'eau donnent vingt-deux arrosages, d'autres quinze, d'autres sept seulement, pendant la saison, en arrosant chaque fois pendant douze heu- s. dix-huit heures, vingt-quatre heures. — Pour certaines plantes, pa J.-A. CARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1209 exemple, quelques cultures maraîchères, il faudra deux ou trois litres par seconde. Bref, il est facile de connaître la quantité d'eau nécessaire à chaque tour d'irrigation, selon la fréquence des tours. Il y a souvent abus, négli- gence ; on déverse plus d'eau qu'il est nécessaire. Dans certains syndicats, on voit l'eau se perdre sur les routes. Avec une meilleure réglementation, on 1210 CONFÉRENCES pourrait diminuer la dépense et étendre les arrosages. Nous avons vu des irrigateurs habiles qui connaissent le prix de l'eau et qui n'en perdent pas une goutte. Quand, par exemple, l'eau est arrivée aux quatre cinquièmes d'une planche, ils ferment la vanne d'amenée pour que la cinquième restant s'arrose par simple imbibition et serve en quelque sorte de colature. Comme l'a fait remarquer avec raison M. l'ingénieur en chef Bouvier, qui a toute la surveillance des nombreux canaux de Vaucluse, lorsque partout, au lieu de faire payer l'eau par surface arrosée, sans s'occuper de la quantité, on la vendra aux arrosants d'après le volume qu'ils auront employé, on est sur que bientôt ils la ménageront, en gens qui savent compter. Pour la submersion des vignobles, on peut aussi connaître, en se basant sur l'expérience de M. Faucon, la quantité d'eau qu'on devra dépenser. Tout d'abord, il faut savoir qu'il est nécessaire d'amener, soit en vingt-quatre heures, soit en quarante-huit heures, toute l'eau nécessaire pour couvrir le sol, et qu'en- suite on devra pourvoir aux pertes provenant soit de l'évaporation, soit de la fil- tration à travers le sous-sol. En donnant 20 litres par seconde, par hectare, on aura, en vingt-quatre heures, 1,728 mètres cubes, ou une hauteur deO"^ 1,728. La moitié sera absorbée par le sol, l'autre moitié, soit O-» 0,864, surnagera. En donnant seulement 30 litres par seconde, deux jours seraient nécessaires pour faire le même travail. A l'automne, il faut un demi-Utre par seconde pour remplacer les pertes par filtration et par évaporation. Dans ces conditions, si la submer- sion dure trente jours, elle réclamera 2,981 mètres cubes ; si elle dure qua- rante-cinq jours, elle exigera 3,S86 mètres cubes d'eau. Il est bien entendu que ce chiffre pourra varier avec la nature du terrain, et qu'il sera plus consi- dérable si l'on veut entretenir une nappe d'eau plus épaisse. Quoi qu'il en soit, il est certain que c'est une bonne affaire que d'employer les machines à vapeur pour la submersion des vignes. Je citerai pour premier exemple l'opération faite à l'Armeillère sur les bords du Rliône, par M. Reich. Vous pouvez aller y voir 23 hectares de vignes submergées en plein rapport; 8 hectares sont de cinq ans, les autres de trois et quatre ans. Sur les pre- miers, le rendement a été, l'an dernier, de 100 hectolitres à l'hectare. Or, voici, d'après M. Reich, la dépense faite : Matériel : capital, 12,500 francs (intérêt 5 0/0) Fr. 62o » Amortissement 10 0/0 1-2S0 » Total pour 80 hectares. . . Fr. 1.873 » Par hectare Fr. 23.33 Charbon, 400 kilog. à 30 francs la tonne 12 « Chauffeur (2 journées) 8 « Deux eygadiers à 3 fr. 30 c "< '' Frais imprévus (rupture des digues) S » Entretien des écoulages ^ * Frais par hectare Fr. 39.33 J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1211 Le département de la Gironde présente de très belles applications de la submersion des vignes. Quoique le Blayais et le Médoc soient atteints par le phylloxéra, les eaux de la Gironde n'ont pas encore été utilisées dans ce but; mais celles de la Garonne et de la Dordogne ont été mises à profit par un grand nombre de viticulteurs. Des syndicats spéciaux ont été constitués, afin d'organiser eu commun les travaux de défense des vignes et de supporter ensemble les frais généraux d'achat ou de location des machines élévatoires, de mise en œuvre pour leur fonctionnement. Parmi les domaines où l'on trouvera surtout des exemples à imiter, je dois citer, d'après les renseigne- ments donnés par M. le docteur Micé, président de la Société d'agriculture de la Gironde, ceux de MM. Ghenu-Lafitte, Eymon, Paul Princeteau, F. Lacroix, de Séguin et Piola. Toutes les demandes relatives à l'inondation des vignes par les eaux des deux grandes rivières et du fleuve, sont d'ailleurs accueil- lies avec empressement par l'administration. Plus de deux cents installations de la submersion ont été faites dans le département depuis quatre ans. En même temps, on emploie les eaux pour le colmatage; je citerai, à cet égard, Popération faite au château Lafitte, sur la commune de Pauillac, sur l'initia- Fig. 100. — Siphon du mas de Roy. tive de M. de Rothschild, qui veut faire disparaître un marais existant au bas du coteau renommé. La Provence présente quelques applications très heureuses de la submersion. Je rappellerai M. Espitalier, dont je vous parlais tout à l'heure. Son vignoble est situé sur le bord du Rhône, de l'autre côté de la digue qui longe le fleuve. Il avait demandé l'autorisation de faire une percée dans la digue pour amener l'eau sur ses terres. Grâce aux lenteurs administratives, cette autorisation n'était pas arrivée en temps utile. Que fit M. Espitalier ? Il eut l'ingénieuse idée de profiter de ce que le niveau de ses vignes est plus bas que Pétiage du fleuve, pour y amener Peau à l'aide d'un siphon passant par-dessus la digue. Yoici Pimage de cette installation (fig. 100). Une machine à vapeur et une pompe rotative sont employées pour amorcer le siphon. M. Espitalier obtient ainsi Peau nécessaire pour submerger ses 100 hectares de vignes, de la manière la plus naturelle et avec une dépense relativement très faible. 11 est donc bien acquis que, par la création d'un canal, on peut produire des merveilles agricoles dans une contrée aride, et que les produits des irri- gations ou de la submersion peuvent largement payer les frais de l'entreprise, pourvu que les fondateurs aient le temps d'attendre que le cultivateur soit en 1212 CONFÉRENCES étal de donner une rente variant de 30 à dOO francs par hectare ou par litre d'eau par seconde pour les six mois de la saison d'arro=age. En outre, on peut obtenir une rente spéciale pour quarante jours de submersion, et aujourd'hui il est des administrateurs de canaux qui n'hésitent pas à demander 100 francs par hectare de vigne submergé. Les viticulteurs réclament naturellement pour que l'eau leur soit livrée à meilleur marché ; mais l'avantage est tellement grand que, s'ils ne peuvent pas faire autrenient, ils se résignent à payer. Cette démonstration faite, je n'ai plus besoin d'insister sur l'importance d'un canal qui utiliserait enfin l'eau du Rhône pour porter la fertilité dans les dé- partements méditerranéens. La conviction est complète dans tous les esprits; les efforts que fait depuis tant d'années M. l'ingénieur en chef des ponts et chaussées Aristide Dumont pour mener à bien l'entreprise qu'il a conçue, vont, Fig. 101. je l'espère, triompher des derniers obstacles, et les applaudis- sements que vous donnerez à son œuvre feront beaucoup pour la rendre plus facile. Je fais passer sous vos yeux le plan du projet de M. Aristide Dumont (fig. 101), projet dans lequel il a été aidé par M. Michel et M. Lenthéric. Entre tous nos fleuves, le Rhône est peut-être celui qui se prêle le mieux à la pratique de la grande irrigation, et cela par deux raisons princi- pales : La première, c'est que, comme tous les fleuves d'Italie, le Rhône a toujours un volume abondant pendant l'époque des irrigations du 15 avril au 15 octobre. Cela lient à ce qu'il est alimenté par la fonte des neiges et des glaciers des Alpes. Il résulte d'un relevé des hauteurs du Rhône constatées à l'échelle de Yalence pendant vingt-six années que le fleuve ne descend presque jamais dans la période estivale à plus de 0™,50 au-dessous de l'étiage. II se tient presque toujours entre 1™.50 et 1 mètre au-dessus de cet étiage et roule, à la prise d'eau du canal, un volume qui varie de 400 à 600 mètres par seconde. La seconde raison, c'est que la pente moyenne du Rhône est très forte. Le projet de canal d'irrigation du Rhône a été conçu par son auteur de manière à utiliser, au profit de la vallée tout entière, ces deux conditions. J.-A. BARRAL. — SUR LES IRRIGATIONS 1213 Les dispositions techniques qn'il a adoptées à cet égard peuvent se résumer de la manière suivante : Le canal d'irrigation du Rhône prendrait son origine un peu au-dessus des Roches de Condrieu, sur la rive gauche du fleuve, à la cote 141™,3S (plafond du canal), au-dessus du niveau de la mer, et il se terminerait dans la ban- lieue de Montpellier, à la cote GI'HjSS au-dessus du même niveau. Son développement total entre ces deux points serait de 327,8o0 mètres par le tracé d'Uzès ou de 369,400 mètres par la variante de Nîmes, et la pente totale de 80'°,0j, soit 0™,24 environ par kilomètre. Il sera continué jusqu'à Béziers par une rigole spéciale, prenant naissance à l'extrémité du canal principal, dans la banlieue de Montpellier, à la traversée de la route de Mende, et se terminant dans la banlieue de Béziers. La longueur de la rigole de Béziers est de 80,600 mètres ; sa cote d'arrivée à Béziers de 31™, 68, et sa pente moyenne générale par kilomètre de 0"\30. De Condrieu à Mornas, sur un développement de 194 kilomètres, le canal arrosera le flanc gauche de la vallée du Rhône et passera par ou près les villes de Saint- Yallier, Tain, Valence, Montélimar, Saint-Paul-Trois-Châ(eaux, Orange. A Mornas, le canal franchirait, à l'aide d'un pont-siphon, la vallée du Rhône et déboucherait sur la rive droite, à la cote 94°>,2o. Après le pont-siphon de Mornas, le canal passe par ou près les villes de Bagnols, Uzès, Nîmes, Sommières, au-dessus de Lunel, de Castries, et arrive enfin à Montpellier. La ville de Nîmes pourra être desservie soit par une rigole spéciale qui serait détachée du canal principal, soit à l'aide d'une variante du tracé qui prendrait naissance à Tresques, traverserait le Gardon, près du pont de Gard, passerait derrière la ville de Nîmes, et rejoindrait l'ancien tracé dans la com- mune de Fontanès. La carte générale indique ces deux tracés. Les études définitives décideront en ce qui concerne le parti le plus rationnel à adopter. La rigole de Béziers, prenant naissance à l'extrémité du canal principal, passera par ou près Pignan, Cournonterral, Pousson, au-dessous des vignes de Montagnac et de Pézenas, traversera l'Hérault, à la hauteur de Castelnau-de- Guers, et viendra déboucher dans la banlieue de Béziers, en passant au-dessus de Nezignan, au-dessous de Yalros, de Montblanc et de Gers. J'ai dit que la longueur du tracé du canal principal, entre la prise d'eau et Montpellier, doit être de 327,8.j0 mètres. Si l'on adopte le tracé par Nîmes, cette longueur serait de 369,400 mètres, soit une augmentation de41,b50 mètres. Cette augmentation serait compensée en partie par une diminution considérable dans la longueur des tunnels et par l'avantage de permettre l'irrigation directe des surfaces comprises dans les syndicats de Nîmes et de la Vannage. Dans le tracé par Uzès, la longueur totale de 327,830 mètres comprend : Parties à ciel ouvert, sur une longueur de 285,328 mètres. 11 souterrains d'une longueur totale de 30,027 — 48 arcatures 11,527 — Dans la variante de Nîmes, entre la prise d'eau et Montpellier, la longueur 1214 CONFÉRENCES des tunnels se trouve réduite à 20,010 mètres et, 'par compensation, la lon- gueur des arcatures est portée à 15,890 mètres. Ces deux tracés offrent d'ailleurs peu de différence dans l'estimation des dé- penses, l'augmentation de longueur étant compensée par la suppression de trois longs tunnels et d'une rigole importante. Le canal d'irrigation du Rhône pourrait être, d'api-ès M. Dumont, exécuté dans l'espace de quatre années. Si, comme tout le fait présumer, des crédits suffisants pour la prompte aclivation des travaux d'amélioration du Rhône sont enfin accordés, aucun obstacle ne s'opposera à l'achèvement de l'œuvre agricole. Les deux entreprises pourront donc marcher parallèlement, et les vannes du canal ne seront ouvertes que lorsque les mauvais passages du fleuve pour la navigation seront améliorés. La dérivation projetée présente l'avantage, par sa hauteur, d'atteindre sur les deux flancs de la vallée des terrains aujourd'hui de médiocre valeur^ et qui seront entièrement transformés, tandis que les dérivations partielles ou rive- raines du Rhône ne peuvent avoir qu'une bien moins grande utilité. JI. l'ins- pecteur général Périer, rapporteur du projet au Conseil général des Ponts et Chaussées, n'a pas estimé à moins de 8 millions l'accroissement de revenu annuel que procurerait l'irrigation des terres, et à -40 millions le revenu actuel et annuel des vignes que le canal pourrait sauver par la submersion. L'exécution du canal permettant de créer une surface arrosée de 50,000 hectares, pourrait donner naissance à une production de 300,000 tonnes de foin par an, pouvant nourrir 100,000 têtes de gros bétail. Cette production animale enrichirait dans des proportions énormes l'agriculture des départements intéressés. Les forces motrices auxquelles le canal pourra donner naissance sur son parcours sont considérables et pourront se louer avantageusement. Ces forces s'élèvent à 4,3iO chevaux-vapeur environ. Après leur chute, ces volumes d'eau seront utilisés pour les irrigations des plaines inférieures. Les irrigations ou submersions, créées par le canal d'irrigation du Rhône, pourront s'étendre sur le territoire des départements de la Drôme, du Vaucluse, du Gard, de l'Hérault. Rien ne s'opposerait à ce que ses bienfaits pussent être répandus sur les plaines situées dans le département de l'Aude, entre Béziers et Narbonne. Vers son origine, il pourrait aussi atteindre utilement une partie du département de l'Isère, au moyen de combinaisons qui sont à l'étude. On propose de dériver à Condrieu 35 mètres cubes seulement à partir d'une hauteur de 0"\50 au-dessus de l'étiage ; sauf à augmenter ce débit d'année en année, au fur et à mesure que les travaux du Rhône seront perfectionnés et que s'étendront les zones d'irrigation. Ce n'est probablement pas avant quelques années que le maximum de la dérivation s'élèverait à 60 mètres cubes ; lorsque ce chiffre sera atteint, il y aura bien longtemps que les travaux de perfectionnement du lit du Rhône seront terminés. Il n'y a rien d'exagéré à demander la dérivation d'un volume de 35 mètres cubes dans un fleuve qui débile au minimum, à la prise d'eau, un volume J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1215 de 388 mètres cubes d'eau par seconde, qui ne demeure à cet état que quatre jours en moyenne, et qui ordinairement, atteint près de 1 mètre au-dessus de l'étiage. A cette hauteur, le Rhône débite, à la firise d'eau du canal, près de 600 mètres cubes par seconde. Le canal du Rhône est destiné à fournir : l» l'eau nécessaire à Tirrigation des terres ou eau discontinue ; 2° l'eau destinée à l'alimentalion des centres dépopulation ou eau continue; 3° enfin l'eau qui servira à la création des forces motrices. Les eaux discontinues seront distribuées loour les irrigations, par arrosages périodiques, du i^r avril au i^'' octobre de chaque année, à raison d'un litre par seconde et par hectare ; pour la submersion des vignes, du l^f octobre au l^r avril, à raison de 6,000 mètres cubes à l'hectare, pendant une période de trente-cinq jours. Les actes d'engagements sont faits pour cinquante ans; ils sont conditionnels à Texécution du canal, en n'engageant le souscripteur qu'à payer le volume d'eau qui lui sera livré à la limite de sa propriété, aux condifions stipulées. La taxe due est de SO francs par hectare et par an pour les 2o,000 premiers hectares abonnés. Elle sera augmentée de 30 francs pour les 20,000 derniers hectares abonnés ; les souscripteurs auront en outre à payer pour la construction première des canaux de distribution, une somme fixe, calculée à raison de 200 francs par hectare souscrit. Cette dernière taxe sera payée à la volonté du souscripteur, soit en cinq termes égaux, soit convertie en une annuité de 13 fr. SO c, portant à 63 fr. 50 c. le prix de l'hectare souscrit. Chaque propriétaire sera dégagé des obligations qu'il a contractées, si la loi de concession n'a pas été rendue. Les redevances pour eaux continues destinées aux jardins, jets d'eau et autres usages d'agrément, seront calculées à raison de 30 francs par demi- module (le module représente un décilitre d'eau par seconde coulant d'une manière continue), el en conformité avec les prix déjà adoptés sur les canaux de Saint-Martory et du Verdon. Comme pour les eaux discontinues, les souscripteurs auront à payer, outre les taxes ci-dessus, pour la construction première des canaux de distri- bution, soit une somme fixe, soit une annuité. La force de cheval dans les chutes d'eai] sera représentée par un volume de cent litres d'eau par seconde tombant d'une hauteur de 1 mètre. La redevance annuelle par chaque force de cheval sera de 200 francs pour les chutes situées sur le canal ou ses dérivations. Les chutes d'eau ne pourront être concédées pour moins de cinq années. Les conditions qui précèdent ont été formulées sur les actes d'engagement soumis en ce moment sur toute la ligne du canal à la signature des proprié- taires. Elles ont été acceptées par les syndicats créés par les soins des préfets, con- formément aux instructions ministérielles qui ont suivi l'approbation de l'avis du Conseil général des Ponts et Chaussées. Pendant que se complète l'instruction de cette entreprise par les pouvoirs publics, les souscriptions conditionnelles de la part des propriétaires intéres- 1216 CONFÉRENCES ses sont poursuivies avec la plus grande activité depuis plusieurs mois dans les départements de la Drôme, de Vaucluse, du Gard, de l'Hérault. Les populations ont répondu à l'appel d'une manière très favorable, car le nombre des souscripteurs dépasse aujourd'hui 13,000, et si l'on ajoute au montant des souscriptions déjà recueillies pour ventes d'eau la valeur des forces motrices qui seront créées, on arrive à une annuité de plus de 2 mil- lions déjà acquise au canal. Il est donc probable que le chiffre de 3 millions, exigé par l'administration, sera rapidement atteint. Il s'est produit là un fait d'une très grande importance pour notre agricul- ture et jusqu'ici sans exemple. Voici plus de 13,000 propriétaires répartis sur la surface de quatre départements, qui se sont entendus pour s'associer dans une même pensée et dans un même but. Voici des classes agricoles si inté- ressantes et si vivement éprouvées par les désastres de ces dernières années, qui, loin de se décourager, réagissent avec énergie contre la mauvaise fortune, qui viennent assurer à l'œuvre du canal d'irrigation du Rhône leur concours pécuniaire, qui n'hésitent pas à s'engager pour une période de cinquante ans, en promettant à celte œuvre d'intérêt national la rente d'un capital de 100 millions de francs. Il y a là, j)our les pouvoirs publics, un grand enseignement et une grande raison pour ne pas marchander à ces classes agricoles qui ne s'abandonnent pas le juste appui du gouvernement. Depuis vingt ans, l'appui de l'Etat a été généreusement accordé à toutes les entreprises de chemins de fer ; aujourd'hui que nos grandes lignes sont achevées, le moment est venu d'entrer résolument dans la voie des grands tra- vaux publics agricoles qui seuls peuvent réparer nos désastres et accorder à nos chemins de fer et à nos canaux un trafic rémunérateur. Comment serait-il possible de refuser la déclaration d'utilité publique à un canal qui doit transformer si heureusement notre agriculture méridionale alors qu'on l'accorde aux chemins de fer. Mais ce n'est pas une simple déclaration d'utilité publique qu'il faut au canal d'irrigation du Rhône, il faut une exécution immédiate, car noire agri- culture méridionale est à bout de forces et de patience. Il est surabondamment démontré par ce que je viens de vous dire que l'exé- cution du canal d'irrigation du Rhône peut se concilier avec la navigation, qu'il répond à un besoin urgent et immense, que les populations sont décidées à faire dans ce but tous les sacrifices nécessaires ; il n'y aurait aucune raison pour de nouveaux délais que rien ne saurait justifier. 11 convient d'ajouter enfin que dans les études de M. Duniont se trouve comprise l'affectation du lac du Bourget comme réserve d'eau pendant l'été ; il y a là la possibilité d'emmagasiner plus de 100 millions de mètres cubes d'eau à litre de réserve pour les irrigations d'été. Dans son œuvre se trouve aussi l'élude pour la création d'un certain nombre de grands réservoirs dans les vallées du Roubiou, de l'Eygues et du Lez en profitant des étranglements naturels offerts par ces vallées ; la capacité réunie de ces diverses réserves d'eau dépasserait 50 millions de mètres cubes. Mais le carac- tère si heureux du régime du Rhône ne rend pas nécessaires ces réserves qui J.-A. BARRAL. SUR LES IRRIGATIONS 1217 ne seront probablement exécutées que lorsque la pratique des irrigations se sera propagée par l'exécution immédiate du canal d'irrigation du Rhône. Les populations intéressées attendent l'exécution de ce canal avec une vive impatience, mais il faut qu'elles s'aident de plus en plus elles-mêmeet qu'elles répondent aux appels qui leur sont faits par le comilé d'action. Vous saluerez avec moi les noms des hommes dévoués qui s'y sont consacrés ; ce sont, avec M. Aristide Dumont, MM. .Julien, Pavin do Lafarge, Villeneuve, Eugène Ras- pail, Jorret, Dcandreis, Faucon, de Lunaret, Maistre, Gaston Bazille, Viallo, d'Espons, Henri Mares, Lenard. Si les désastres causés par le phylloxéra sont un motif puissant pour qu'on hâte l'exécution, il ne faut pas cependant supposer que tout l'intérêt du canal repose sur le rétablissement des vignes par la submersion. Il est possible et nous souhaitons que les dégâts causés par le phylloxéra soient arrêtés par des insecticides, ou bien encore que, par la plantation des cépages américains sur lesquels on greffe les cépages français, on puisse ressusciter les vi'^nes. Pour nous, nous ne repoussons aucun système et nous croyons même que tous peuvent trouver leur application utile selon les circonstances de sol, de climat, de position. Mais la question du phylloxéra résolue, la construction du canal n'en resterait pas moins une grande œuvre d'utilité publique. Pour le démontrer, il n'y a qu'une réflexion à vous présenter. N'est-il pas vrai que si le canal eût existé, alors qu'est survenu le fléau qui a causé tant de ruines, la propriété et l'agriculture dans le Midi ne se seraient pas trouvées aux abois ? Certes il y eût eu tout d'abord une diminution dans les revenus. Mais combien facilement les agriculteurs se seraient retournés pour donner plus d'activité aux autres cultures qui eussent existé en concomitance avec celle de la vigne ! D'ailleurs la vigne elle-même ne donne d'abondantes ven- danges qu'à la condition de fumures répétées, et pour avoir des iumures à bas prix il faut du bétail et par conséquent des prairies. En outre, pour la prospérité de la vigne elle-même, l'emploi de l'eau est utile. On en a pour exemple les cultures de M. Jules Maistre, à Villeneuvette, et cellee de M. Henri Mares pour une partie de ses vignes de Launac. C'est parce qu'il a de l'eau à sa disposition que, quoique n'étant pas dans les conditions de faire la submersion, il a pu maintenir son vignoble. Pour l'emploi des insecticides du sulfocarbonate de potassium notamment, et même du sulfure de carbone, il est nécessaire d'avoir de l'eau. Que de malheurs eussent été évités au dé- partement de l'Hérault si le canal du Rhône avait été construit il y a quelques années, ainsi que le demandait son promoteur ! J'espère, Messieurs, avoir fait triompher devant vous la cause des irri "da- tions. Je vous ai montré les plaines stériles, oîi la création d'un canal a fait naître d'immenses richesses. Je vous ai fait voir le petit cultivateur qui serait plongé dans la misère et qui, grâce à l'emploi judicieux de l'eau, est dans l'aisance. Je viens de vous signaler la profonde misère qui, tout d'un coup a succédé dans les départements méditerranéens, à une prospérité inouïe et je pense vous avoir fait co.mprendre que si un canal avait été creusé pour uti- liser dos eaux qui maintenant s'écoulent infécondes vers la mer la France n'aurait pas eu à déplorer la ruine de ses populations méridionales. Imaginez '1 1218 CONFÉRENCES par la pensée, que le canal du Rhône soit creusé, et vous voyez d'ici les magnifiques cultures qui rendraient luxuriantes vos plaines devenues arides, alors que, aux environs de Marseille, l'aridité des temps passés a fait place, grâce au canal construit par Montricher, à des splendeurs vraiment fée- riques. La leçon me paraît si grande, si évidente, que je ne crois pas que, parmi ceux qui la contemplent, il puisse rester des incrédules. Dans tous les cas, ce ne sont pas les populations rurales qui, aujourd'hui, ont des doutes. Pour elles, la science a parlé le langage qu'elles entendent toujours, celui de l'ex- périence; car les faits sont éclatants, et ils ont chez elles porté la conviction. Pour moi, en cessant de parler, j'éprouve une véritable joie, c'est que la patience, l'attention avec laquelle vous m'avez écouté me prouvent que vous croyez désormais à l'agriculture reposant sur les données de la science ; le plus grand bonheur du savant, c'est d'avoir fait reluire une vérité. M. DElîAYEOUZE Ancien Élève de l'École Polytechnique. LA LUMIERE ELECTRIQUE Séance du 3 r.cpicmhre -1879. — RÉCEPTIONS VISITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES On sait que l'intérêt d'une session ne réside pas uniquement dans les travaux des sections et que les excursions, les visites scientifiques et industrielles, les réceptions constituent une part importante du Congrès. C'est de cette session extérieure pour ainsi dire que nous avons maintenant à rendre compte sans que l'espace qui nous est mesuré nous permette de nous y arrêter autant que nous le voudrions. La plupart des sections avaient leur salle de réunion au lycée où se trouvait également le secrétariat : aussi la cour principale étail-elle constamment remplie de visiteurs qui étaient charmés et intéressés par l'exposition qui avait été préparée par les soins de la Société d'horticulture à l'occasion du Congrès et qui réunissait sous une vaste tente de riches parterres de fleurs contenant des échantillons remarquables, des exemples de mosaïculture, des bouquets, des collections de fleurs et de fruits. Nous regrettons vivement notre incom- pétence qui ne nous permet pas d'apprécier en détail les richesses qui avaient été accumulées dans cette exposition : ce que nous savons, c'est que même sans les examiner en détail, ou était charmé par l'aspect de ce jardin créé pour durer autant que le Congrès et dans les allées duquel de nombreux congres- sistes se rencontraient principalement aux heures du commencement et de la fin des séances. La première réunion à laquelle nous fûmes conviés nous était off'erte par la Municipalité, dès le jour de l'ouverture du Congrès : nous fûmes reçus d'une manière cordiale et sympathique par le maire, M. Laissac, les adjoints, les conseillers municipaux et le comité local dans la grande et belle salle des concerts, au théâtre, salle qui avait été ornée à profusion de fleurs, d'arbustes et de drapeaux. C'est là que pour la première fois nous avons eu l'occasion de faire connaiisaace avec nos hôtes et que commencèrent d'excellentes rela- tions dont tous nous gardons le souvenir. Les conversations étaient inter- rompues, il est vrai, par les sons d'un orchestre, constitué par l'excellente musique du génie, et par le passage de nombreux et délicieux rafraîchisse- ments; mais, dans ces conditions, on ne se plaignait pas des interruptions. La soirée se termina fort tard et fit bien augurer de la session qui commen- 1220 RÉCEPTIONS, VISITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES çait : on sait que, à cet égard, cette impression favorable fut parfaitement justifiée. Le Cercle artistique et la Société des Amis des arts, réunis dans un même local situé près du théâtre, jouent un rôle important dans la vie intellectuelle de Montpellier : là se rendent pour y causer les nombreux membres qui le composent et qui, fidèles au titre de leur société, y ont rassemblé d'intéres- santes peintures. Chaque année on organise des soirées musicales oij se font entendre les artistes les plus renommés qui sont assurés d'un public nombreux et enthousiaste et des conférences littéraires et scientifiques qui attirent un grand nombre d'auditeurs. Les salles du Cercle se prêtent fort bien aux réceptions : aussi son conseil d'administration, qui avait dès l'ouverture du Congrès adressé à tous les étrangers une carie d'admission, voulut-il offrir au Congrès une soirée dans laquelle pussent faire quelque peu connaissance les habitants de Montpellier et les congressistes venus des diverses parties de la France. Cette soirée avait été fixée au vendredi 29 août et l'on s'y rendit au sortir de la conférence de M. Barrai : on n'avait qu'à traverser la place de la Comédie qui avait été, à cette occasion, pavoisée et illuminée. Les membres du Congrès ayant à leur tête le président M. Bardoux, furent reçus par le vice-président M. Dufresse en l'absence de M. Kûhnoltz-Lordat, président, et le conseil d'administration du Cercle; discours de bienvenue, réponse de M. Bardoux furent vivement applaudis et méritaient de l'être par l'élévation des sentiments qui y étaient exprimés. On se répandit alors dans les salons, oii nous furent offerts de nombreux rafraîchissements et d'excellents cigares; les conversations s'éta- blirent bien vite au son de la musique du régiment du génie qui, sous les fenêtres du Cercle, faisait entendre les plus brillants morceaux de son répertoire. La fête se prolongea fort tard laissant aux invités les meilleurs souvenirs. Nous ne pouvons parler des visites spéciales faites par certaines sections et qui avaient un bu^t limité, comme celles qui furent faites à l'École de méde- cine, à l'École de pharmacie, à l'Exposition d'instruments de physique et de météorologie qui avait été installée à la Faculté des sciences, chez M. de Luna- rct, etc.; mais nous devons dire quelques mots des visites générales portées au programme. Le samedi 30 août était consacréal'usinedeVillodève, grande fabri- que de bougies où nous fûmes gracieusement reçus par M. Faulquier qui nous guida dans les diverses parties de son bel établissement; nous ne pouvons dé- crire ici les opérations qui nous furent soigneusement expliquées et nous donnons, d'autre part (voir ci-après, page 1245) quelques renseignements sta- tistiques sur l'usine Faulquier Cadet et C'*^; mais, ce que nous tenons à ne pas omeLlre c'est l'affabilité, la gracieuseté de M. Faulquier qui , avant la fin de la visite qu'il avait parfaitement disposée et préparée, nous invita dans le jardin à une déliciiusc collation. Notre secrétaire général, M. le marquis de Saporta, profila de celte occasion pour lui adresser les remerciements sin- t:ères des visiteurs. Le préfet de l'Hérault avait annoncé qu'il recevrait le samedi G à l'occa.'^ion du Congrès : la soirée fui brillante, et quoique l'on dut se lever le lendeiiiain RÉCEPTIONS, VISITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1221 de fort bonne heure, les membres du Congrès avaient tenu à se rendre à cette invitation à laquelle avaient également répondu nombre d'habitants de la ville. On ne s'étonnera pas de cet empressement : le préfet, M. Gazelles n'est pas seulement un administrateur, c'est un savant , docteur en médecine, ancien interne des hôpitaux de Paris, M. Gazelles est le traducteur du philosophe an- glais Herbert Spencer et l'on tenait à lui témoigner toute la sympathie que font éprouver sa distinction et son savoir. Nous n'avons pas à raconter l'excursion faite à Nîmes et à Aigues-Mortes, le dimanche 31 août; on en trouvera le détail ci-après. Le programme de la journée du lundi 1" septembre comprenait une visite générale à l'École d'agriculture dont l'importance est bien connue : cette visite avait été dès longtemps préparée et l'on trouvera plus loin, dans une note spéciale, des renseignements détaillés à cet égard. Mais ce que ce procès- verbal ne peut dire, c'est le charme de cette journée, sur les promenades, sur la ter- rasse ombragée de grands arbres d'où l'on découvre un vaste horizon, c'est l'animation et le mouvement résultant de l'arrivée, du départ des voitures, des allées et venues des congressistes auxquels s'étaient joints, pour la circonstance, nombre d'habitants et d'habitantes de Montpellier; ce que nous devons signa- ler également, et nous le faisons bien volontiers bien que cela nous en- traîne à des redites, c'est la manière charmante dont nous avons été reçus par le directeur, M. Saint-Pierre, et par les professeurs de l'École qui répondaient avec empressement aux questions que l'on ne se faisait pas faute de leur adres- ser. Ajoutons que, de son côté, M™« Saint-Pierre faisait, aux invités, les honneurs d'un magnifique lunch avec une grâce et une affabilité auxquelles chacun aimait à rendre hommage. Nous ne doutons pas que cette fête, de laquelle nous donnons d'autre part un récit détaillé et qui a permis de faire apprécier l'École de Montpellier, ne laisse de vifs souvenirs h. tous ceux qui y ont pris part. La journée du mardi 2 septembre fut consacrée à l'excursion à Balaruc et à Gettc; nous en donnons le récit détaillé plus loin et nous insérons égale- ment quelques notes statistiques tant sur le port de Gette que sur la fabrique de vermouth de MM. Noilly, Prat et G'^ La journée du mercredi 3 septembre était consacrée à une visite au polygone du génie. Gette visite avait, pour la plupart d'entre nous*, un intérêt tout particulier. Les écoles du génie sont peu nombreuses, puisque la France n'en possède que trois et nous n'étions pas fâchés de voir de près la nature des travaux qui y sont enseignés et exécutés. L'école régimentaire du génie est destinée, on le sait, à perfectionner l'ins- truction théorique et pratique des militaires de tout grade appartenant au régiment. L'école de Montpellier possède une bibliothèque de 7,500 volumes, des collections d'instruments et de modèles en relief, et un cabinet de phy- sique très complet. Elle possède, en outre, des ateliers, munis d'une machine à vapeur, pour l'entretien et la réparation du matériel de guerre entreposé à Montpellier, et des outils ou engins de toute nature employés dans les travaux. Un polygone de 26 hectares d'étendue, contigu à la citadelle, est affecté 1222 RÉCEPTIONS, VISITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES aux manœuvres et aux travaux spéciaux exécutés par !e 2'= régiment du génie. C'est également l'école régimentaire qui est chargée de faire les expériences nécessaires pour améliorer les engins de toute nature employés à la guerre par le service du génie, ainsi que les méthodes d'exécution des travaux confiés à cet arme. C'est ainsi qu'à Montpellier, en 1844, M. le chef de bataillon Banchetet, alors commandant de l'école, exécuta les premières applications de la lumière électrique à l'éclairage des travaux d'approche exécutés par une armée assiégeante. Après quelques explications fournies, d'une façon sommaire, quoique très précise, par M. le capitaine Bertrand, nous avons assisté à des opérations qui ont vivement intéressé les visiteurs. Citons quelques-unes de ces opérations : Brèche à un mur par la dynamite. — Application de la dynamite a l'élargisse- ment d'un trou fait dans un terrain argileux. — Jeu d'un fourneau de mine. — Explications sur les divers systèmes de mines. — Construction et destruction d'une ligne de chemin de fer. — Explosions de fougasses pierriers. (Les fougasses sont destinées à repousser les colonnes d'attaque, en dirigeant sur celle-ci une grêle de pierres lancées au moyen d'une charge de poudre. On creuse, à cet effet, dans le terrain, une sorte de canon, et on lui donne une direction inclinée, afin que la gerbe de pierres balaye le terrain occupé par l'assaillant.) Après quelques autres expériences, nous nous sommes rendus dans une autre partie de l'école aux bords de la rivière le Lez pour assister à la cons- truction, ainsi qu'à la destruction des différentes sortes de ponts en usage par les armées en campagne. Ce n'était certainement pas le côté le moins intéressant de notre visite. Nous avons quitté l'école régimentaire du génie avec la conviction que notre armée travaillait sérieusement et bien plus sérieusement qu'on ne le pensait. L'empressement que les officiers de toutes les armes ont mis à suivre les travaux de l'Association prouve bien que l'armée désire s'instruire, de façon à rester au niveau intellectuel des officiers des autres nations de l'Europe. La session close officiellement à l'assemblée générale du 4 septembre n'était pas terminée réellement : c'est ainsi qu'elle se prolongea par une nouvelle visite faite au polygone pour y assister à l'intéressant simulacre d'un travail de nuit dans les tranchées, et que le lendemain trois excursions se dirigeaient vers Carcassonne, dans le Gard et dans l'Hérault, conformément à des pro- grammes préparés à l'avance, excursions dont on trouvera le compte rendu ci-après . Mais c'est dans la soirée du 4 septembre qu'eut lieu la dernière réunion à laquelle assistèrent tous les membres du Congrès réunis à Montpellier. Il s'agissait d'une grande fête donnée au Peyrou par les souscripteurs qui, par leur initiative, avaient assuré la session de Montpellier : le Peyrou, ce jardin d'aspect grandiose qui domine la ville et la campagne, avait été brillamment illuminé et était rempli d'une foule compacte; toute la population de Mont- pellier s'y était donné rendez-vous. Une partie avait été réservée pour les membres du Congrès et les personnes invitées par les souscripteurs. Musique RÉCEPTIONS, VISITES SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELLES 1223 d'une part, feu d'artifice d'un autre côté, buffet largement servi, on avait réuni toutes les attractions pour attirer la foule, et elle était venue. On ne se sépara que fort tard; le temps était magnifique, et l'on regrettait d'avoir à quitter, sans l'espoir de les retrouver le lendemain, des collègues avec lesquels on venait de passer une semaine si bien remplie. Mais, cepen- dant, les heures fixées pour les excursions finales étaient matinales et l'on dût rentrer en ville non sans avoir échangé la promesse de se retrouver au prochain Congrès. Nous n'avons pas qualité pour juger absolument la session de Montpellier, mais nous sommes assuré que le souvenir de cette ville et de ses hospitaliers habitants restera gravé dans le souvenir de ceux qui ont assisté au Congrès de 1879. Nous ne doutons pas que la plupart d'entre ceux-là trouveront un véritable plaisir, dans quelques années, à feuilleter l'intéressant recueil de notices sur Montpellier qui avait été préparé par les soins du comité local, grâce auquel le Congrès de Montpellier avait été remarquablement organisé et à qui il n'est que juste d'adresser les remerciements de l'Association française. EXCURSIONS EXCURSION A NIMES ET A AIGUESMORTES (I) — 31 août -/S 79. — La journée du dimanche 31 août a été consacrée à une excursion à Nîmes et à AigLiesrnortes, qui a présenté, à tous les points de vue, le plus vif intérêt, et que nous allons brièvement raconter. Un train spécial emporte, à G heures du matin, les excursionnistes, au nombre de 2^.0 environ, dans la direction de Nîmes. Il marche à toute vapeur et s'arrête bientôt à Lunel, le seul arrêt avant Nîmes. Mais la rapidité du tra- jet n'est pas telle que l'on ne puisse examiner le paysage qui se déroule à droite et à gauche. Le chemin de fer traverse une vaste plaine que ferment à l'horizon les derniers contreforts des Cévennes. Presque parlent le sol est nu et désolé ; quelques champs de blé récemment coupés montrent encore leurs chaumes; par ci par là des plantes fourragères essayent de pousser, mais la sécheresse et le soleil en arrêtent l'essor. Pour celui qui a parcouru cette ligne, il y a quelques années, le contraste est douloureux. Jadis, à cette date, une vraie mer de pampres verdoyant? couvrait le sol à perte de vue ; les joyeuses vendanges commençaient, et donnaient de véritables fleuves de vin. On se procurait à grand'peine les foudres nécessaires à la récolte, et les im- menses hangars construits à toutes les gares regorgeaient de futailles. Au- jourd'hui CCS hangars sont vides, la vigne a disparu, et avec elle la richesse du pays. C'est le phylloxéra qui a fait ce désastre. 11 n'y a plus de vin, et il n'y a même pas d'eau. Aussi tous les habitants aspirent-ils ardemment après la création du canal dérivé du Rhône qui leur apportera l'eau indispensable à tous leurs besoins, ainsi qu'à la production de leurs champs. Jusqu'à Nîmes et bien au delà, s'étend cette vaste région ruinée qu'on a caractérisée par le nom trop juste de faijs de la soif. A Nîmes, la population tout entière, massée autour de la gare, attend l'Âssociaiion française. Les autorités viennent saluer son président, M. Bar- il) Extrait du journal la Nature, 27 septembre 1879. EXCURSIOiNS 12-25 doux, k la SOI te du wagon. Les musiques entonnent l'hymne national, et c'est au milieu d'applaudisseuients que les excursionnistes descendent de la gare pour faire, à travers la ville, un rapide pèlerinage à tous ses monu- ments. M. Revoil, architecte de la ville, qui a consacré sa vie à ses antiquités, nous fait successivement visiter les Arènes, qu'on restaure avec beaucoup de goût, le Musée, la Maison-Carrée, qui suffirait pour illustrer une ville, les Bains romains, qui remontent au temps d'Augusle, le Temple de Diane, la Maison d'Antonin. A la cathédrale, il nous explique ses plans de restauration de ce magnifique morceau d'architecture romane auquel il a l'ambition de rendre toute sa pureté. Nous saluons, en passant, la statue de Reboul, le poète nîmois, et la belle fontaine due au ciseau de Pradier. La caravane s'arrête au Casino pour faire honneur au déjeuner. La longue course à travers la ville a ouvert l'appétit ; le soleil de midi, qui s'est mis de la fête, a altéré tous les gosiers. La musique de l'artillerie se fait entendre pen- dant tout le repas. Au dessert, M. Bardoux se fait l'interprète de l'Association et prononce le toast suivant: r Je crois être votre interprète à tous, Messieurs, en exprimant en votre nom des remerciements à M. Revoil, qui nous a si courtoisement guidés à travers les beaux monuments de cette ville. Des remerciements aussi à l'armée, qui a pris le soin attentif de semer pour ainsi dire des musiques à toutes nos étapes . (Applaudissements . ) » Je bois à la prospérité de la ville de Nimes, si artistique, si intelligente, et qui est comme la fleur de cet incomparable pays de soleil que nous venons de visiter. » Ce toast est couvert d'applaudissements. On acclame M. Revoil, l'armée, la ville de Nîmes. M, Revoil répond en excellents termes; puis M. le docteur Gosse, de Genève, porte, au nom des savants étrangers un toast éloquent à la France et à la science française. En wagon pour Aiguesmortes ! La chaleur devient étouffante, mais personne ne reste en arrière. Quelques dames, qui ont voulu faire partie de l'expédi- tion, ne sont pas les moins intrépides à braver les ardeurs du soleil. Autour de Nimes, la campagne a toujours le môme aspect. A pari;' quelques vergers d'oliviers, la végétation est presque partout misérable, la terre a soif. Les cigales chantent de toutes parts. Les criquets voyageurs viennent jusque dans les wagons saluer les entomologistes, et leur donner la passagère illusion d'une course à travers les plaines africaines. Mais nous passons la station de Milhaudet nous voici dans la région des sables de la côte. Le paysage prend un aspect nouveau. Aussi loin que la vue peut s'étendre à droite et à gauche de la voie, c'est une immense plaine sans aucune ondula- tion. A peine quelques, bouquets de pins arrêtent le regard. Des marais presque partout. Sur l'espace enlevé aux eaux, des champs cultivés entoures de remparts de roseaux, pour abriter des venis violents leur sol trop mobile. Les mas (fermes) sont clairsemés. Les produits sont maigres. On est réduit à exploiter les roseaux des marais, qui sont vendus pour faire des litières, des toitures, etc. 1226 EXCURSIONS De loin en loin, un village : Beauvoisin, Vauvertj Aymargues, Massillargues, Saint-Laurent d'Aigouze. L'œil ne trouve de réelle verdure que dans quelques plantations de vignes. Mais le travail de l'homme se révèle dans cette solitude. Les cours d'eau sont canalisés ou endigués, des roubines d'assainissement sont creusées de toutes parts; c'est la lutte persistante contre le marais. Tout à coup une haute tour se profile à gauche de la voie. Elle coupe la route de Nîmes. C'est la tour Carbonnière, ancien poste avancé d'Aiguesmortes construite à la fin du xiii^ siècle, et complètement restaurée il y a vingt ans. Encore quelques tours de roue, et nous sommes en gare. Le chemin de fer ne va pas plus loin. La population tout entière est sur pied pour nous recevoir ayant à sa tête M. Mouret, maire d'Aiguesmortes, et M. Aguilhen, conseiller d'arrondissement, qui nous souhaitent la bienvenue: la musique municipale joue la Marseillaise au pied des antiques murailles des temps fiodaux. Aiguesmortes est une ville du moyen âge qu'on croirait édifiée de la veille, tellement toutes les parties de son enceinte sont admirablement conservées. Celle-ci forme un vaste quadrilatère avec tours, créneaux, mâchicoulis, sans qu'une seule pierre y fasse défaut. La ville est demeurée limitée à son ancienne enceinte ; elle dort silencieuse entre ses hautes murailles, sans qu'aucun toit émerge au-dessus de celles-ci. Aiguesmortes est restée telle qu'elle fut con- struite au xiii^ siècle; c'est autour de la ville que des changements se sont opérés. Mais ces changements n'ont pas été tels qu'une ancienne légende le ferait supposer. Il n'est pas vrai que la Méditerranée venait au moyen âge baigner les murs de la ville ; saint Louis partant pour la croisade, s'embarqua à Aiguesmortes, mais comme nous le ferons tout à l'heure, sur un chenal conduisant à la mer, qui était distante de la ville de plus de 5 kilomètres comme aujourd'hui. L'armée des croisés était campée entre Aiguesmortes et la mer. Le canal qui, alors, menait à la Méditerranée, traversait les étangs de la Marette et du Repausset, et aboutissait au Grau-Louis (le mot grau, ou grao en langue romane, signifie embouchure). Au xvi^ siècle, ce canal, ayant été ensablé, était remplacé par un deuxième, que suivit Charles-Quint, et qui aboutissait au grau de Croiselte. Le chenal actuel date du siècle der- nier. Tous ces faits reposent sur des documents authentiques recueillis dans les archives d'Aiguesmortes. Avant de nous embarquer, montons sur la tour Constance que construisit baint Louis et d'où il s'embarqua. Isolée de l'enceinte au nord, la tour forme un des plus beaux modèles de l'architecture militaire gothique que l'on puisse voir. Vastes salles d'armes, cheminées monumentales, et dans l'épaisseur des murs qui a près de 7 mètres (20 pieds), couloirs sombres, escaliers en colimaçon, cachots, oubliettes, etc. De la plate-forme qui domine le sol à une hauteur de 52 mètres, la vue est magnifique. Elle s'étend, sans obstacles, d'une part sur la Camargue et les lagunes qui la remplissent, d'autre part sur la Méditerranée, et les mille accidents de la côte. Mais voici qu'au delà du canal de Beaucaire qui aboutit à la ville, et derrière l'enceinte, se montre une vaste surface dont la magnifique verdure contraste avec le reste du paysage. C'est le vignoble, la nouvelle source de richesse pour Aiguesmortes. EXCURSIONS 1227 Depuis quelques années, près de 1,500 hectares de vignes ont été plantés sur son territoire; la vigne française a trouvé ici un refuge contre le phylloxéra. Celui-ci, en effet, se développe mal dans ces terrains mobiles, et la vigne est prospère malgré lui. Dans les nouvelles plantations, on a bientôt une produc- tion de 80 à 100 hectolitres de vin en Aramont et en Grenache ; quand la vigne peut être fumée, le rendement s'élève après cinq ans, jusqu'à 130 et 180 hecto- litres. Aiguesmortes et les sables du littoral s'enrichiront par la ruine du vi- gnoble méridional. Nous redescendons au port. Trois grands bateaux, frétés par la Compagnie des Salins du Midi, attendent l'Association française pour la conduire aux sa- lines. Nous suivons le nouveau chenal maritime d'Aiguesmortes ; il traverse jusqu'à la mer l'étang du Repausset, et deux digues insubmersibles le pré- servent contre les ensablements du Rhône. C'est, en effet, par les crues de ce fleuve que les deux anciens canaux ont été peu à peu comblés. Dans les très grandes eaux, il est arrivé que le Rhône venait battre les murailles d'Ai- guesmortes. Le canal actuel a une longueur de 5,600 mètres; sa largeur varie de 40 à 50 mètres. Bientôt nous faisons escale aux pontons des salines. MM. Gervais et Mion, ingénieurs de la Compagnie, font à l'Association fran- çaise les honneurs de leur vaste exploitation. Les tables saunantes, longues de 150 mètres, entourées de rigoles d'écoulement, se succèdent sur une longueur de plusieurs kilomètres. La saline que nous visitons est celle du Perrier. Les tables (larges bassins d'une profondeur de 30 à 33 centimètres, oia l'eau de mer subit, pendant deux mois environ, l'action du soleil) se succèdent pour montrer toutes les phases du travail. La première est encore pleine; sur la deuxième, on a fait écouler l'eau, et nous marchons sur la couche de sel ad- mirablement cristallisé. Sur la troisième, on procède au battage; les ouvriers détachent, avec une pelle plate en bois, les cristaux de sel, et en forment des gerbes ou petits cônes de 1 mètre environ de hauteur où. le sel se débar- rasse de l'humidité qu'il renferme ; les cristaux ont, au moment oii ils sont réunis en gerbes, une jolie teinte rose ; à mesure qu'ils se dessèchent, ils prennent une blancheur éblouissante. Sur une quatrième table, se fait le levage ; on enlève le sel des gerbes, et les ouvriers en forment de vastes masses prismatiques, appelées camelles, qu'on recouvre non seulement au sommet, mais sur les parois, d'un paillis en roseaux, pour protéger le sel jusqu'au moment oh la camelle est détruite pour la vente du produit. La visite s'achève par l'examen des roues à tympan qui servent à élever l'eau de mer sur les tables, et r;elui des appareils de trituration, bluttoirs, etc., qui permettent à la Compagnie de livrer des sels pulvérisés, d'une pureté re- marquable. Mais deux gardes montés sur leurs chevaux camargues à l'allure rapide et au jarret vigoureux, rallient les excursionnistes disséminés sur la vaste étendue de la saline, et les appellent aux bâtiments principaux. On arrive à un immense chalet en bois, exhaussé de 2 mètres environ, d'une longueur de 30 mètres, d'une largeur de 13 mètres, et dont l'architec- ture est des plus élégantes. Après avoir gravi les marches du perron, on tra- verse un véritable musée des salines, renfermant tous les outils qui servent à l'exploitation du sel. Des spécimens d'oiseaux de mer, habitants de ces pa- 1228 EXCURSIONS rages, ornent les murs ; un flamant rose attire surtout l'attention. Puis, on pénètre dans un immense hall : d'un côté, un long divan, de l'autre une table enguirlandée de fleurs, ornée d'admirables cristaux de sel, mais surtout couverte d'un lunch riche et par la variété et par l'exquise qualité des rafraî- chissements qu'il oflre aux hôtes des salines. Chacun se réconforte, puis M. Bardoux se lait l'interprète des sentiments de tous pour exprimer à la Compagnie des Salins nos remerciements pour son chaleureux accueil. L'ad- miration devient une véritable stupéfaction, quand on apprend que ce vaste et magnifique chalet n'est qu'une œuvre éphémère, qu'il a été construit en l'hon- neur de l'Association française, et que, le lendemain, il sera par terre. Jamais encore depuis huit ans, l'Association n'avait reçu, de simples particuliers, ré- ception aussi grandiose. Il faut s'arracher à tant de cordialité, et remonter sur les bateaux pour achever l'itinéraire. La flotille continue à descendre le canal, et arrive bientôt au Grau-du-Roi. Ici encore la population est sur pieds; elle se presse sur les deux rives du canal, drapeaux à la main, musique en tête. Quand les bateaux passent, ce sont des hourras enthousiastes, des décharges de mousqueterie, puis une farandole effrénée qui se poursuit jusqu'à l'extrémité de la jetée. On tra- verse le port rem])li de bateaux de pêche, bateaux-bœufs, suivant l'expres- sion du pays: ils sont tous pavoises. Puis lentement, on entre dans la Mé- diterranée. La mer aussi a fait sa toilette des jours de fête pour recevoir l'Association. Pas une ride sur les flots. Au large, la vue est magnifique; on embrasse d'un coup d'œil le golfe d'Aiguesmortes. Adroite la pointe de TEspi- guette, avec son phare avancé sur les sables. A gauche, la ligne des sables qui borde l'étang de Mauguio, puis le grau de Palavas, l'étang de Thau et Cette, le port heureux rival d'Aiguesmortes. Au fond, la ligne des Cévenncs. Au retour, ce sont les mêmes acclamations, les mêmes vivats qui accueil- lent nos bateaux à Aiguesmortes, comme au Grau-du-Roi, 11 faut enfin débarquer et reprendre le train spécial qui, sans interruption cette fois, nous ramène à Montpellier. EXCURSION A BALARUC ET A CETTE — 2 septembre 187 9. — Le récit enthousiaste des congressistes qui avaient pris part à l'excursion de Nîmes et Aiguesmortes avait décidé un grand nombre de personnes à aller à Cette, où Ton nous assurait que nous serions très bien reçus, encore bien que personne ne put prévoir la magnificence de la réception qui nous attendait. L'heure du départ était matinale le 2 septembre, et cependant personne ne manqua de se trouver à l'instant du départ à la gare de l'Esplanade où la Con)pagnie des chemins de fer de l'Hérault avait gracieusement fait préparer un train spécial à notre intention. En quelques instants, les wagons sont en- EXCURSIONS 1229 vahis, on se groupe sympathfquement et nous partons ; nous quittons bientôt la ligne de Palavas, si fréquentée par les Montpelliérains pendant la belle saison et dont nombre de congre-ssistes ont fait si souvent usage, et nous con- tournons la ville de Montpellier pour aller emprunter sur une certaine lon- gueur la ligne des chemins de fer du Midi. Le trajet s'effectue sans embarras jusqu'à Poussan : là, un arrêt a été ménagé pour que les géologues qui font partie de l'excursion puissent aller étudier les coupes géologiques que l'on rencontre dans les tranchées voisines : il y a bien quelque embarras, car il y a une tranchée à l'amont et une à l'aval et toutes deux sont intéressantes. Ce ne sont d'ailleurs que les fervents qui se déplacent : outre que la question est bien spéciale, malgré l'heure matinale la chaleur est réellement accablante et l'on préfère, en général, rester à l'ombre des wagons, faute d'autre ombre," à continuer la conversation entamée, conversation ou légère ou sérieuse. Mais le sifflet se fait entendre, on regagne ses places, nous partons et bien- tôt après nous commençons à apercevoir l'étang de Thau. Un peu plus tard, nous nous arrêtons de nouveau : nous sommes arrivés à Bouzigues, station où nous quittons .le chemin de fer. Nous sommes reçus par une population em- pressée et le miiire nous souhaite la bienvenue : en l'absence du président qui avait quitté Montpellier le jour même, M. Frédéric Passy remercie cha- leureusement de l'accueil cordial qui est fait à l'Association française. On se met en marche et en quelques minutes, on arrive au port de Bouzigues où nous retrouvons les chalands qui ont été installés pour nous à Aigues- mortes par la Compagnie des Salins du Midi, et que, pour nous, on a fait venir à Balaruc : ces chalands sont placés bord à bord le long du quai tandis que, à quelque distance, se trouve le remorqueur qui doit les entraîner. Ce remorqueur appartient à M. Nahmens qui l'a mis gracieusement à la disposition du Congrès. L'embarquement se fait avec ordre et on un temps relativement court, on est paré : le remorqueur s'éloigne alors lentement entraînant successivement les chalands qui, reliés entre eux, quittent le quai l'un après l'autre. A cet instant, le ciel est bleu, le soleil projette une vive clarté, les eaux du lac sont calmes et scintillantes, l'aspect de cette flottille pavoisée qui s'éloigne de la rive où se presse une foule sympathique est saisissant et de toutes parts s'élèvent des hourras et des vivats. Le spectacle est magique et nous som- mes convaincu qu'il ne sortira pas de la mémoire de ceux qui en ont été témoins. Le trajet s'effectue, non sans quelques incidents plaisants qui font passer le temps : un chapeau qui tombe à l'eau, des méduses que l'on pêclie et qui en- tretiennent la bonne humeur des congressistes déjà bien disposés parle début de l'excursion. On arrive à Balaruc où, de distance en distance, les rues sont ornées de drapeaux, de pavillons. Avouons que, à cet instant, la préoccupation géné- rale, c'était d'arriver au déjeuner: pour être savant ou congressiste, on n'en est pas moins affamé et altéré. Le repas avait été dressé sur une immense table en 1er à cheval dans le parc de l'établissement balnéaire ; nous n'avons pas besoin de dire i|uc l'un (il 1230 EXCURSIONS un sérieux accueil à ces agapes que l'ardent soleil du Midi contrariait un peu, malgré les précautions prises. Combien volontiers l'on se serait oublié sous les frais ombrages ! Et de quel dévouement professionnel n'ont pas fait preuve les médecins qui ont jugé qu'il fallait visiter l'établissement et se rendre compte au moins sommaire- ment des ressources dont il dispose ! M. le D"" Plancbe s'est mis avec empres- sement à la disposition de ses confrères qui l'ont vivement remercié, tandis que le nom de M. Belugou, organisateur du repas, était acclamé par ceux des convives que rien n'avait forcés à quitter prématurément la table. Mais on donne le signal du départ, et sans grande hâte, il faut le recon- naître, on se dirige vers le port, ignorant que nous devons, toute la journée, marcher d'enchantement en enchantement. Nous reprenons les chalands el nous faisons route vers Cette. Un peu plus lard, un bateau à vapeur se dirige vers nous ; c'est le station- naire de Cette et qui vient prendre la tête du convoi que nous saluons de mille acclamations, pour ne nous quitter que lorsque nous débarquons. Bientôt nous entrons dans le port de Cette aux sons d'une musique placée sur le quai pour nous recevoir dignement. A partir de cet instant nous circulons dans les bassins accompagnés des vivats de la foule qui est nom- breuse, car notre visite coïncide avec la fête patronale : tous les navires sont pavoises, les barques de plaisance circulent de toutes parts, les maisons ont arboré leurs drapeaux; dans l'avant- port nous voyons, en passant, les estrades qui ont été préparées et qui sont déjà presque remplies ; les places qui nous sont réservées seules sont vides. Et dans ce mouvement, dans cette foule flottante, notre convoi se déroule gravement, sans bruit, avec une habileté que nous ne pouvons qu'admirer et nous passons sans embarras au milieu d'en- combrcmcnls que l'on aurait pu croire inextricables. Nous faisons ainsi le tour des bassins sur lesquels nous donnons ci-après (pag3 1252) quelques renseignements statistiques, et nous sommes frappés de leur étendue que l'on nous assure être insuffisante. Le temps est assez beau pour que notre flotille, toujours précédée du stationnaire, nous nous élancions en pleine mer et nous faisons le tour de la jetée. Enfin, nous débarquons et non sans embarras, nous cherchons à suivre le programme qui a été fixé ! Ce programme est trop riche et l'on ne saurait le suivre en entier : il faut opter. Les uns se dirigent vers les belles collections de M. Doùmet-Adanson que le propriétaire se fait un plaisir de montrer et dont il fait les honneurs avec une intelligente gracieuseté. D'autres, et c'est le plus grand nombre, se rendent dans les chais de MM. Winberg et C'« qui avaient été spécialement ouverts et où l'on avait établi un véritable buffet oîi il était possible de déguster tous les types de vins dont la fabrication est devenue, à Cette et dans la région, une industrie si importante. D'un autre côté, on se rendait aux magasins de MM. Noilly-Prat et C'% ont la marque de vermouth est si universellement renommée et où nous étions reçus cordialement et d'une manière affable : l'étendue de ces maga- sins, l'importance des approvisionnements parurent extrêmement remarqua- EXCURSIONS 1:231 blés (1) et Ton fut très sensible à la dégustation des meilleurs échantillons qui nous furent oflerts. Pendant ce temps, des joutes avaient lieu dans l'avant-port et les congres- sistes amoureux de ces luttes nautiques s'étaient réfugiés sur les estrades ; d'autres suivaient les régates en mer à bord d'un chaland et quelques- uns même, malgré la chaleur, faisaient l'ascension de la montagne de Celte. L'heure s'avance, le soleil baisse à l'horizon, on commence à se réunir et les uns à pied, les autres en barques, la plupart à bord des chalands, nous nous dirigeons vers la salle du banquet. Que dirons-nous de ce repas qui ne réunissait pas moins de six cents personnes et qui était offert aux trois cents congressistes par trois cents habitants de Cette : nous n'osons insister de peur d'avoir Pair d'attacher une trop grande importance aux questions de cet ordre, bien que l'on sache combien elles présentent d'intérêt dans les excursions, mais nous croyons qu'il est difficile d'imaginer un spectacle plus complet, une organisation plus satisfaisante. Aussi quels ne furent pas les applaudissements lorsque M. Frédéric Passj% répondant au maire de Cette, M. Espitalié, le remercia au nom de l'Association française avec des paroles empreintes d'une éloquente émotion. 11 semblait que tout dût être fini et qu'il était impossible de faire croître encore notre enthousiasme : nous n'étions pas au bout des merveilles cependant. Nous nous embarquons de nouveau sur nos chalands brillamment illuminés et nous arrivons dans l'avant-port rempli d'embarcations couvertes de lampions, de lanternes vénitiennes; nous prenons place sur l'esiradc et bientôt éclata un spectacle magique et que nous renonçons à décrire : le bassin est sillonné de feux qui se déplacent en tous sens avec rapidité, la lumière électrique pro- jette ses rayons ardents sur le périmètre entier, sur les maisons, sur la foule, sur les collines; nous assistons au simulacre d'un combat naval nocturne entre le Hussard et le bâtiment de l'école des mousses ; un feu d'artifice, avec pièces en l'honneur du Congrès, part sur l'eau en face de nous et pendant ce temps les pièces d'artillerie de marine tonnent et remplissent l'air de leur fracas ; puis la montagne de Celte, de la base au faîte, s'embrase et de tous les côtés s'allument des feux de bengale de couleurs variées. 11 faut partir, mais ce n"est pas sans peine que l'on parvient à nous faire embarquer encore une fois pour nous conduire à la gare oii nous croisons une splendide retraite aux flambeaux qui doit parcourir la ville pour clore la soirée ; la Compagnie des chemins de fer du Midi a fait préparer un train spécial qui nous ramène à Montpellier à une heure tardive, fatigués, fourbus même, mais enthousiasmés, fiers de la réception splendide laite à la science par la ville de Cette, regrettant que cette magique journée, qui a dépassé ce que l'imagination pouvait inventer, ait dû prendre fin, mais convaincus que le souvenir en restera toujours vivant dans notre esprit et dans notre cœur. (1) Voir ci-;ipn'£, page 1232. I ^32 EXCURSIONS EXCURSION A CARCASSONNE ET A PERPIGNAN — S septembre 1870. — Un avis affiché au secrétariat de l'Association, le dernier jour de la session, informait les nombreuses personnes qui s'étaient fait inscrire pour rexcursion de Carcassonne que cette course n'aurait pas lieu. Quelques membres, déci- dés à ne pas perdre l'occasion de voir un spécimen si remarquable des forti- fications du moyen âge, se réunirent à l'issue de l'Assemblée générale et réso- lurent de faire cette visite. Le programme fut bien vite arrêté, grâce à l'obli- geance de M. Cochet, inspecteur des télégraphes à Carcassonne, qui était venu en éclairour, à Montpellier, pour savoir ce qu'on avait décidé relativement à cette visite. Rendez-vous fut donné aux adhérents à la gare du chemin de fer pour le train partant le lendemain, vendredi, à i heures 34 minutes du matin. Dix membres répondirent à l'appel et malgré l'heure matinale, partirent gaîment pour Carcassonne. Voici dans quels termes l'un d'eux rend compte de ce voyage. Après Cette, nous traversons d'importants marais salants oij la récolte du sel est en pleine activité ; les divers chantiers que nous rencontrons présentent le coup d'œil le plus original. Nous admirons, en passant, Béziers dominé par son église fortifiée et ses immenses terrasses; nous entrevoyons ses deux ponts sur l'Orb dont l'un sert de passage au canal du Midi: le pays est vert et riant et justifie le dicton qui fait de Béziers un paradis terrestre. Les vignes sont belles et chargées de fruits ; le phylloxéra ne les a pas encore atteintes ; les premières traces de l'invasion ne se rencontrent qu'en se rapprochant de Narbonne. En remontant la vallée de l'Aude à partir de celte ville les vignes deviennent de plus en plus belles et bientôt elles s'étendent à perte de vue au delà de la petite ville de Capendu. Arrivés à Carcassonne, nous retrouvons M. Cochet qui veut bien nous diri- ger dans notre excursion. Nous visitons d'abord la ville basse avec ses rues tracées à angles droits, arrosées en permanence par de l'eau courante, son boulevard de cinture avec de gigantesques platanes, sa halle où se trouvent de curieuses mesures de capacité en pierre, ses restes de vieux bastions, sa vieille porte d'oîi nous découvrons dans son ensemble la Cité, située de l'autre côté de l'Aude, sur une éminence escarpée et entourée d'une double enceinte de murailles flanquées de tours. Après un excellent déjeuner pris à Thôtel Bernard, nous nous rendons dans la Cite dont nous parcourons la double enceinte admirablement restaurée dans une de ses plus importantes parties par YioUet-le-Duc; nous visitons le châ- teau, plusieurs tours et l'admirable église de Saint-Nazaire. Nous n'essayerons pas de, décrire tout ce que nous avons vu et admiré dans cette visite, mais nous pouvons dire qu'elle nous a tous vivement intéressés et impressionnés et nous r.iisons des vœux pour que l'Association puisse un jour en faire l'objet d'une excursion finale lorsque la réunion se tiendra à Toulouse. EXCURSIONS 1233 Le soir, nous partons de Carcassonne pour aller coucher à Quillan, tête de ligne du chemin de fer qui remonte la vallée de l'Aude en desservant Limoux. Pendant que le souper se prépare, nous allons faire une visite aux bains de Ginoles. Le lendemain samedi, nous remontons la vallée de l'Aude pour visiter les gorges de Saint-Georges et plus loin le curieux défilé de Pierre-de-Lys ; nous nous arrêtons à Gesse qui paraît être le bout du monde et où s'arrête actuelle- ment la route. Ce pays est admirable; ce sont à chaque instant des surprises nouvelles et des transports d'admiration ; les sites les plus pittoresques et les plus variés se succèdent avec une rapidité telle qu'on peut croire que la na- ture a réuni sur ce point les plus beaux spécimens de la création. Nous trouvons là des blocs erratiques de granit, puis une moraine glaciaire coupée par la route, une espèce de brèche très curieuse verte et rouge, de beaux marbres très variés, blancs, noirs, veinés de rouge, entamés pour établir la route et qu'il serait maintenant très facile d'exploiter. Nous revenons sur nos pas jusqu'à Axât en déclarant que cette n'gion fort peu connue est certaine- ment une des plus pittoresques et des plus intéressantes qu'on puisse voir. D'Axat nous nous rendons à pied à la Pinouze où nous visitons un chan- tier d'injection de poteaux télégraphiques par le procédé Boucherie, puis nous rejoignons notre omnibus pour remonter la vallée d'Aliès jusqu'au col de Com- perrier où se trouve l'origine de la célèbre forêt des Fanges : de là nous nous dirigeons sur Perpignan. A Saint-Paul-de-Fenouillet, le hasard nous met en relation avec le maire, qui tient à honneur de nous taire déguster les vins de la région et notamment un Rancio récolté par lui en 18io. En passant à Estagel nous mettons pied à terre pour visiter la maison où Arago est né et voir sa statue élevée sur la place principale de la ville. Le soir, nous visitons Perpignan, elle lendemain dimanche après avoir complété notre visite, nous prenons le chemin de fer de Collioure dont nous ne nous lassons pas d'admi- rer le site original et pittoresque, puis nous suivons à pied la route qui lon^e la mer jusqu'à Port-Yendres, où nous arrivons en même temps que la Picardie qui ramène de la Nouvelle-Calédonie le premier convoi d'amnistiés. Nous assis- tons au débarquement pendant que quelques-uns d'entre nous poussent jus- qu'à la frontière d'Espagne, et nous rentrons le soir à Narbonne en nous arrê- tant, entre deux trains, à Elne pour visiter le très beau cloître du xii^ siècle qui s'y trouve et qui est en parfait état de conservation. Entre Perpignan et Narbonne, près de Sainte-Lucie, nous remarquons un village entièrement lacustre, habité par des pécheurs et qui n'est relié à la terre ferme que depuis cinq ou six ans par une digue formant chaussée. Près de Maudirac, nous traversons de vastes terrains conquis sur la mer et très bien cultivés par une Compagnie qui y applique exclusivement le labou- rage à vapeur. Nous arrivons le soir à Narboane, et lundi, après avoir visité la ville, nous nous séparons en nous donnant rendez-vous à Reims en 1880 et en remerciant M. Cochet qui par son amabilité et son précieux concours a assuré la réussite complète de notre excursion finale. 78 ^234 EXCURSIONS EXCURSION DU GARD — g septembre 4 8T 9. — Un très petit nombre de membres du Congrès de Montpellier ont pris part à la course finale dans le département du Gard. Cette circonstance est double- ment reo-rettable . D'abord, les usines et exploitations visitées présentaient un spectacle des plus intéressants ; en second lieu, les Compagnies avaient fait paur recevoir l'Association des préparatifs qui semblaient attendre et qui sû- rement méritaient de plus nombreux visiteurs. L'excursion a duré trois jours. Partis de Montpellier le vendredi 5 septembre de grand matin, les membres du Congrès ont trouvé à la station de la Pise M. Graffin, directeur des mines de la Grand-Combe, entouré de tout son per- sonnel. Ces messieurs, avec une amabilité et une complaisance dont nous les remercions sincèrement, nous ont montré les détails de cette organisation grâce à laquelle les mines de la Grand-Combe sont une véritable exploitation modèle. Les ingénieurs ont pu étudier un service d'extraction, de prépara- tion mécanique, fonctionnant avec une régularité parfaite, et une méthode de roulage fondée sur une originale et élégante application de la gravité. Les agriculteurs ont admiré ces travaux de reboisement, conception de M. Talabot, qui ont assuré au pays un climat salubre, en le recouvrant d'une admirable forêt de pins. Les économistes enfin ont pu voir à la Grand-Combe ce beau spectacle d'une immense famille ouvrière travaillant heureuse et paisible sous le patronage d'une administration éclairée ; l'ordre dans les mé- nages encouragé par des primes, l'instruction religieuse et technique largement distribuée aux enfants des mineurs ; l'ouvrier associé parfois aux bénéfices de la Compagnie, des caisses de secours, de retraite, en un mot toutes les iustitu- tions philanthropiques fonctionnant dans d'excellentes conditions. Un déjeuner de cinquante couverts avait été préparé par les soins de l'admi- nistration. Bien des places malheureusement, étaient vides; nous plaignons sincèment ceux de nos collègues qui n'ont pu venir les occuper. Au dessert, M. Delesse, inspecteur général des mines, membre de l'Associa- tion, a retracé, en quelques paroles, l'histoire des progrès de la Grand-Combe, et a porté à sa prospérité un toast accueilli par d'unanimes applaudissements. La visite s'est terminée par l'usine à agglomérer et l'atelier de carbonisa- tion de la houille. Nous avons pris congé de M. Graffin, non sans le remer- cier chaleureusement de sa charmante hospitalité. A notre arrivée à Alais, nous avons trouvé une carte de bienvenue du maire cl des adjoints de cette ville. Qu'il nous soit permis de remercier la munici- palité d' Alais pour ce courtois témoignage de sympathie. La journée du lendemain a été consacrée à Bessèges. M. de la Rouzière, 'iirecteur de la Compagnie houillère; M. Jouguet, directeur des forges de la Compagnie de Terrenoire, La Youlte et Bessèges, étaient venus recevoir le Congrès à la gare. Détail à constater, mais dont le commentaire serait un EXCURSIONS 1235 peu honteux pour l'Association : il y avait plus d'ingénieurs des deux Compa- gnies que de membres du Congrès. On a d'abord parcouru les installations de la Compagnie houillère, puits d'extraction, lavoir Evrard. On a admiré la méthode parfaite avec laquelle est installée la salle des plans, où les travaux souterrains sont continuelle- nient indiqués; les bureaux des maîtres mineurs, avec la disposition ingé- nieuse adoptée pour le paiement des ouvriers; la lampisterie, établissement d'une importance si capitale dans une exploitation minière. Puis on a passé sur le terrain de la Compagnie métallurgique. On a vu le charbon livré par la Compagnie houillère, distillé et transformé en coke dans de longues batteries de fours carrés, les produits volatils condensés et traités par les appareils de concentration de M. Solvay. Après avoir examiné les assortiments de minerai et les dispositions intérieu- res des hauts fourneaux, on a assisté au spectacle toujours grandiose de la coulée de la fonte. A l'atelier Bessemer on a fait manœuvrer devant nous le convertisseur à couler des lingots d'acier. L'espace nous manque pour rappeler tout ce qu'a présenté d'intéressant la visite des laminoirs, de la forge, de la boulonnerie, etc. Vers midi, MM. Jouguet et de la Rouzière se sont partagé les membres du Congrès, et l'un au nom de la Compagnie des forges, l'autre au nom de la Compagnie houillère, leur ont fait avec une extrême cordialité l'honneur d'un excellent déjeuner. Un train à locomotive pavoisée et aux wagons élégamment décorés de feuil- lage nous a transportés au cap Finistère, d'où l'on domine l'usine à fer de Tamaris, dépendance de la Compagnie de Terrenoire. On a visité les hauts fourneaux, la forge, et admiré une fort jolie vitrine, où se trouvaient réunis des échantillons de toutes les matières élaborées dans l'usine ; minerais, fonte, spiegel-eisen, laitiers divers, fers finis, jusqu'au plomb que l'on recueille dans le traitement des minerais galénifères. Une table avait été dressée sur le plateau de Bouzac, et nous avons eu l'agréable surprise d'y trouver préparé un lunch et des rafraîchissements. . M. Escalle, ingénieur en chef des Usines de Tamaris, a prononcé alors le dis- cours suivant : « Permettez-moi, Messieurs, de me joindre à mon sympathique directeur, M. Jouguet, pour vous souhaiter la bienvenue dans nos forges, et vous remer- cier plus particulièrement au nom de notre personnel de Tamaris, de votre trop courte apparition parmi nous. » Des visites comme celle-ci ne doivent pas être seulement un honneur et un plaisir ; elles doivent être surtout une espérance. — Le progrès de la science, qui est l'objet de votre réunion et votre mot d'ordre, devient plus que jamais la loi et la nécessité de notre industrie du fer. » Beaucoup de personnes cultivées et instruites, qui visitent nos usines, sont frappées du spectacle extérieur de sidérurgie; c'est, nous disent-elles souvent, le triomphe de V intelligence sur la matière. Hélas ! Messieurs, à vous qui devez nous regarder avez les yeux de la science, qui percent à travers les 1236 EXCURSIONS surface^, nous devons vous avouer que, bien loin de triompher de la matière, nous lut'ons péniblement, très péniblement avec elle. » Tandis que nous la remuons par grandes ma-'ses, avec de puissants appa- reils dont vous avez vu surtout de superbes spécimens à Bessèges, elle nous tient sérieusement en échec ; et par quoi ? — Par des quantités infinitésima- les. Oui, Messieurs, aujourd'hui la question vitale de notre métallurgie du fer est tout entière dans la présence ou le départ de quelques atomes de soufre, de manganèse, de phosphore et de carbone. — C'est par l'appel ou le départ de ces atomes que la science révèle son influence sur nos fourneaux et sur nos foyers depuis trente ans. » Vous venez de parcourir le Midi ; on vous a parlé de l'oïdium et du phyl- loxéra, ces infiniment petits, plus énergiques et plus terribles en agriculture que les plus terribles perturbations atmosphériques. Eh bien, nous avons aussi, dans la métallurgie du 1er, notre oïdium et notre phylloxéra qui sont le soufre et le phosphore. » Au chimiste, et je souhaite. Messieurs, qu'il s'en trouve paimi vous, au chimiste qui la débarrassera de ces deux métalloïdes désagréables, la métal- lurgie élèvera des statues. )) Je ne cite le soufre, cet oïdium du fer^ que pour mémoire; car s'il s'al- lie facilement au fer, nous finissons par (ui avoir facilement raison; mais le phosphore, ce phylloxéra de facier, le phosphore, qui s'allie difficilement au fer mais qui, une fois présent, semble défier notre science; quel est le savant qui nous en débarrassera ? » Quehiucs faits. Messieurs, pour bien préciser, à ce point de vue scientifique, le desideratum de notre sidérurgie du fer et ce qu'elle attend encore de la science. 3) Nous dosons chaque jour la proportion du soufre contenu dans nos fontes; nous sommes arrivés à cette loi pratique que cinq dix-millièmes de soufre ren- dent nos fontes absolument impropres à la fabrication des fers fins. — Les soins donnés au puddlage ne rachètent pas plus tard le vice originel de ces fontes iafecté:s de quelques atomes de soufre. » C'est dans les hauts-fourneaux que doit se faire l'élimination. Le grand agent de cette élimination est, depuis quelques années, le manganèse. — Grâce à lui, nous la poussons jusqu'à deux, presque à un dix-millième. » Mais le phosphore, lui, pas plus que le phylloxéra, n'a trouvé encore de remède bien topique. — Il faut d'abord dire à son avantage que, dans certai- nes proportions, 3 à 5 millièmes, il est tout à fait inoff"ensif, il est même utile au fer. Mais à cette proportion, il est terrible dans l'acier dont il change absolument la nature. — Plus de ductihté, plus de malléabilité ni à chaud ni à froid. — De là vient qu'il nous faut aller au loin, en Afrique, en Espagne, dans ks Pyrénées, chercher des minerais à peu près privés de phosphore. » Vous voyez l'immense service que nous rendrait encore le chimiste qui saurait découvrir l'antidote du phosphore. )' Actuellement des essais industriels sont faits dans ce sens en Angleterre. Eu appliquant aux convertisseurs Bessemer des garnissages basiques, on expulse une grande pariie du phosphore contenu dans des fontes très phosphoreuses. EXCLUSIONS 1237 » C'est un grand progrès, mais ce n'est pas la solution tout entière; en ce qui regarde l'acier, le problème de la purification totale des fontes qui ne contiennent que très peu de phosphore reste posé devant la science. — Ces aujourd'hui le plus important problème de la métallurgie du fer. » Mais ici encore, à défaut d'une solution radicale, nous retrouvons de nouveau l'action bienfaisante du manganèse; non content de chasser le soufre de nos fontes, il neutralise, jusqu'à un certain point, dans les aciers, la pré- sence du phosphore et permet de tirer parti de ceux qui en contiennent une proportion de 2 à 3 millièmes. Ajoutons pour rendre tout à fait justice au manganèse, qu'il exalte toutes les qualités du fer et de l'acier. Cela est telle- ment remarquable, que, pour ce dernier, on en arrive à dire en ce moment, qu'il n'y a fas de bon acier sans manganèse . » Sans ériger cette remarque en axiome métallurgique, je la signale aux géologues et aux minéralogistes qui peuvent se rencontrer parmi vous. t> Qu'ils recherchent dans leurs excursions les gîtes à manganèse. Les minerais de manganèse, déjà très chers, acquerront encore une valeur plus considérable d'ici à peu de temps. » Voilà, Messieurs, le rôle prépondérant que jouent dans notre industrie du fer ces agents infinitésimaux redoutables ou favorables, qui s'appellent le soufre, le phosphore, le manganèse. » Il en est un quatrième dont le rôle est trop connu pour que j'en parle ici longuement. C'est le carbone. Quelle merveille que ces 5 millièmes de carbone changeant le fer en acier ! le rendant propre à la trempe, attirable à l'aimant, doublant sa résistance à la traction et décuplant sa résistance à l'usure. A^oici deux exemples : » La résistance du fer est en moyenne de 3o kilog. par millimètre carré de section ; celle de l'acier est de 70 kilog. » Les rails en fer s'usent d'un millimètre par an. Les rails en acier, placés dans les mêmes conditions, ne s'usent que de un dixième de millimètre par an, c'est-à-dire dix fois moins ; aussi, tandis que les rails en fer duraient de 5 à 10 ans, les rails en acier dureront de SO à 100 ans. » Voilà les effets de cette si petite proportion de carbone. » Mais quelle merveille aussi que ces periectionnements successifs qui nous ont amenés depuis vingt ans à fabriquer l'acier à si bon marché et en quan- tités si considérables. » Votre visite à Bessèjes vous a montré ces phénomènes. A Tamaris nous avons voulu simplement vous dire quelles étaient nos luttes du moment et nos demandes actuelles à la science. » Mais j'ai surtout voulu me donner l'honneur de porter un toast à la santé des hommes de cœur qui, comme vous, Messieurs, se sont réunis en société dans le but d'étudier sérieusement tous les problèmes scientifiques. » M. Gervais a répondu, au nom de l'Association, quelques paroles de remer- ciements et a bu à la prospérité de la Compagnie. Dans la troisième el dernière journée de l'excursion, on a visité l'usine à produits chimiques de Salindres, fondée parle regretté M. Merle. 1238 EXCURSIONS Le directeur, M. Péchiney, nous en a expliqué les innombrables détails, avec une saisissante clarté et une humour des plus entraînantes. Il nous a successivement montré la fabrication de l'acide sulfurique, sa purification ; l'extraction de la soude du sel marin par le procédé Leblanc, l'acide chlorhy- drique utilisé pour la génération du chlore par sa réaction sur le bioxyde de man- ganèse, le chlorure de manganèse retransformé en bioxyde par l'ingénieux appareil Weldon, le chlore formant avec des alcalis ou de la chaux des ma- tières décolorantes ou désinfectantes, etc., etc. Nous avons vu les préparations connexes du sodium et de l'aluminium, et nous avons emporté comme souve- nir de petits lingots de ce dernier métal. Enfin, nous avons visité l'atelier d'extraction du soufre, des eaux qui circulent, dans des drainages méthodi- ques à travers les tas de résidus sulfurés de l'usine. Cette intéressante visite a été, comme les jours précédents, coupée par un déjeuner servi sous une tente élégante, dans un jardin dont la fraîcheur, aux portes d'une usine de produits chimiques, est une véritable merveille. La gaieté la plus cordiale n'a cessé de régner pendant ce repas, dont jyjme Péchiney avait eu l'amabilité de prendre la présidence. De sincères et cha- leureux toasts ont, cela va sans dire, remercié nos hôtes de leur gracieuse réception. Là se termine cette excursion, dont certainement je n'ai pas réussi à retra- cer en termes suffisants les intéressants détails. L'Association française pour l'avancement des sciences n'oubliera jamais le touchant accueil qu'elle a reçu à la Grand-Combe, à Bessèges et à Salindres, et elle remercie encore une fois bien sincèrement les Compagnies qui lui ont fait l'honneur de la recevoir. EXCURSION FINALE DANS L'HÉRAULT — s Septembre 1879. — Les excursions finales ont commencé le lendemain de la clôture du congrès. Une excursion pour le département de l'Hérault avait été habilement ména- gée par M. Simon, directeur de la Compagnie de Graissessac; la nature devait entrer pour beaucoup dans l'agrément des Congressistes ; aussi, bon nombre d'entre eux, et quelques dames, se laissèrent séduire par l'attrait des lieux répu- tés dans le département : Yilleneuvette, Mourèze, Bédarieux, Graissessac et comme dernière étape, une course en dehors des limites de l'Hérault, une visite aux caves de Roquefort, que M. Mialane, l'un des propriétaires de caves les plus importants, avait provoquée lui-même et devait faciliter; paysages variés, intérêt géologique, foyer important d'industrie auxquels se joignait la magnifique usine des zincs français qui devait se trouver sur le passage et ne manquerait pas d'ouvrir ses portes, tout se réunissait pour amorcer la curiosité; on se trouva donc plein d'entrain à l'heure du rendez-vous; tou- tefois, hâtons-nous de le dire, tant de motifs et de si légitimes attractions se EXCURSIONS 1239 sont trouvés, durant l'excursion, merveilleusement primés par un élément d'un autre genre, un agrément d'un autre ordre, plus accessible peut-être à tous, et que les amateurs les plus désintéressés de la belle nature et des merveilles de l'industrie savent apprécier et tenir en boa compte à l'heure présente et dans leurs souvenirs : je veux dire l'extrême bonne grâce de l'accueil qui s'est traduit ici tout le temps, non seulement par une aménité vraiment touchante, mais encore, pour le plus grand honneur de l'Association française, par un luxe d'apprêts, une magnificence de préparatifs, une accumulation de témoignages de haute estime pour l'hôte reçu, un raffinement d'attentions élégantes, une émotion générale à la rencontre et à la réception des représenlants de la science et du travail, enfin une vraie transformation de leur passage en un événement local et une fête pour tous. A Villeneuvette, le directeur de la fabrique de drap, M. Maistre, avait appelé toute la population ouvrière à participer sur des tables dressées par eux autour de la table maîtresse sous d'élégantes tentures de drap, au milieu d'une prairie, à l'ombre de beaux arbres, au festin splendide offert au Congrès. A Bédarieux, la municipalité tout entière, entourée des principales notabi- lités de la ville, souhaitait la bienvenue au Congrès et lui offrait un magni- fique repas. A Graissessac, la direction des mines, escortée de l'orphéon local, se porta au devant du Congrès et après une visite à tous les chantiers sous la conduite et avec les explications si compétentes de MM. les ingénieurs, offrit à ses hôtes un somptueux banquet dans une salle ornée des symboles de l'industrie locale et retentissante, pour le charme du ton, des mélodies de l'orphéon. Le soir au Bousquet d'Orb, dans la propriété de notre guide, M. Simon, où l'on s'était rendu en chemin de fer, dans un convoi spécial frété par la compagnie, la réception revêtait un caractère nouveau, ou plutôt unissait aux splendeur? de la veille et du malin, un nouvel élément : les charmes de la famille. M'"^ la Directrice et M'"^^ Lambert et Mas ses filles, M. et M™^ René Simon, MM. Mas et Lambert chez eux, à leur château, dans une cour élégamment disposée, rappelant par les trophées et les panoplies qu'on était encore en terre houillère, réunirent à leur table les congressistes et les ingénieurs des mines qui jouirent tous ensemble des grâces d'une exquise affabilité et des charmes d'une causerie animée par les agréments d'un menu luxueux et alimentée par l'échange des impressions recueillies depuis le jour du départ. Tout le village du Bousquet fut aussi de la fête, et la musique locale après avoir fait entendre aux invités et à la foule réunie sur les parapets de la cour les morceaux qui venaient dans un concours récent de lui valoir des médailles, accompagna des danses qui se prolongèrent fort avant dans la nuit, La dernière étape, le lendemain à Roquefort, fut une occasion nouvelle pour l'Association de recevoir dans la personne de ses représentants le témoignage non moins flatteur et non moins empressé de l'intelligente com- pagnie des Caves. Voitures à l'arrivée du train, précautions prises pour que le repos du dimanche ne diminuât en rien l'intérêt de la visite des caves, quel- ques, ouvrières et les principaux appareils en fonctionnement durant notre pré- 1240 EXCURSIONS sence, exposition des divers procédés par M. le Directeur, enfin banquet où l'art culinaire de l'Aveyron si réputé dans nos régions, s'était plu à accumu- ler ses meilleurs produits ; rien ne manqua à cette dernière partie de l'excur- sion. Inutile de dire que l'Association malheureusement privée de ses membres les plus éminents, à la fin d'un congrès long et laborieux, ne manqua pas au devoir de remercier, comme ils en étaient dignes, ses amphytrions des diverses étapes, qui avaient tous pris un si grand souci de lui marquer avec une si libérale prodigalité, l'estime où ils tenaient les efforts et les résultats déjà obtenus. A M. le directeur de Yilleneuvette, tout à la fois chef et père des ouvriers, à M. le maire de Bédarieux qui au nom de sa ville avait si gracieusement salué le Congrès, à la Compagnie de Graissessac dont l'ingénieur en chef avait su tirer avec une humour charmante de son puits la vérité, enveloppée pour la circonstance des compliments les plus flatteurs, à M . Simon, le soir au banquet, tout ensemble, à cette place, directeur des mines et père de famille, à M""^ Simon et à tous les siens, enfin à la direction des caves de Roquefort, plus d'une bouche exprima des remerciements sincères où dominait la double note de la reconnaissance ressentie et de la satisfaction reçue d'un aussi intel- ligent et sympathique hommage à la représentation de la science et du travail . De pareilles manifestations qui honorent autant leurs auteurs que ceux qui en sont les objets demandaient à être mises au premier rang dans le compte- rendu de l'excursion; ni le temps, ni les dispositions, ni les circonstances ne se prêtent en pareilles conditions à des études techniques et attentives ; l'exa- men ne peut être long ; il ne veut pas être laborieux ; tout doit s'y produire, s'y montrer spontanément; aussi, sans la bonne volonté de l'amphytrio» ou du guide, de pareilles excursions seraient impossibles, et pourtant que de pro- fit n'en recueille-t-on pas en dépit de la rapidité! Honneur donc à toutes ces intelligences amies qui consentent pour un instant à dévoiler tous leurs mystères, et à livrer tous les fruits de leurs longues élaborations ! ne nous étonnons pas si le double sentiment dominant dans chacun des Congressistes a été celui de l'admiration et de la reconnaissance. Quelques mots sur chacune des étapes de l'excursion justifieront ample- ment l'itinéraire arrêté et les impressions recueilhes. Yilleneuvette s'offrait tout d'abord, et comme monument d'une industrie antique dans le pays, et comme centre agricole où se font en ce moment des essais de toutes sortes dans le but de résoudre le problème si difficile et si anxieux d'un remède à opposer aux ravages du phylloxéra; cette réunion sur un même point d'un foyer d'industrie et d'un champ agricole a permis au directeur M. Maistre d'atteindre à des résultats exceptionnels au point de vue de la question ouvrière (1). A Yilleneuvette succédait comme deuxième étape Mourèze, localité connue (1) Villeneuvetle est située à trois kilomètres de Clermout-rHerault, la commune appartient en entier à un seul propriétaire, M. Jules Maistre. Nous donnons ci-après quelques détails historiques sur la manufacture de ViUeneuvette, Voir page 1254. EXCURSIONS 1241 encore d'un trop petit nombre de nos compatriotes, malgré tout ce que le pittoresque de son site étrange présente d'assez original pour lui concilier la faveur des touristes. 11 est vrai que sa distance de la route de Bédarieux ou plutôt sa situation en contrebas qui la dérobe de tous les côtés à la vue, était bien faite pour la tenir ignorée jusqu'au jour où le géologue, pour lequel aucun lieu ne doit rester caché, fut venu comme la découvrir. Mourèze tous les jours plus visité, déjà plusieurs fois décrit, et représenté par bien des dessinateurs et en par'.iculier par M. Fabre dans sa publication de l'Hérault illustré, devait naturellement trouver sa place dans le programme de M. Si- mon. Trois heures furent consacrées à contempler ses roches sauvages, aux mille aspects, que les géologues expliquent par la nature de la substance minérale qui les compose, la dolomie, susceptible de s'effriter à l'air et de se réduire en sable, ce qui permet aux agents atmosphériques de la fouiller en vrais sculpteurs, et d'y produire des formes étranges, produisant tout ce que la notion de ruine rappelle à l'esprit de sauvagerie, de grandeur, et aussi ce qu'elle lui suggère de mélancolie. Nous relisons à la hâte la notice de M. Fabre oh l'on trouve une description plus détaillée, et nous reprenons les voitures mises gracieusement à notre disposition par M. Maistre pour nous rendre à Bédarieux. Le ciel, jusque-là radieux, sembla bientôt vouloir nous soustraire aux dou- ceurs un peu uniformes d'un voyage éclairé d'un soleil trop fidèle ; les nuages s'amoncelèrent, un éclair brilla, avant-coureur d'un orage qui devenait cha- que moment plus menaçant, et ne contribuait pas peu à ralentir l'entrain d'une causerie fort animée dans une vaste voiture hospitalière oià voyageurs des deux sexes échangeaient leurs impressions sur la route parcourue. Les grondements du tonnerre, les rafales de la pluie réussirent bientôt à assom- brir certaines humeurs, à altérer même certaines physionomies qui devinrent en butte aux traits de malignes mais inoffensives réflexions. Ce fut au milieu d'une vraie scène de déluge que nous arrivâmes à Bédarieux ; nous fûmes reçus dans une salle de l'hôtel du Nord dont l'hôtesse se plut, par son bon accueil, à conjurer nos infortunes, tout en nous 'déclarant, à son grand regret, que toutes ses chambres se trouvaient occupées; mais la municipalité de Bédarieux veillait sur nous, et après quelques moments, nous étions chacun chez un habitant dont la bonne grâce suffit à réhabiliter complètement Béda- rieux qui aurait bien pu souffrir dans notre souvenir des mauvaises condi- tions où nous l'avions abordé; le dîner municipal reconforta tous les courages, et le soir, nous assistâmes, tout refaits, à une très intéressante conférence que l'un des nôtres, M. Yialla, président de la Société d'agriculture de l'Hérault, voulut bien faire aux Bédarriliens sur le phylloxéra et les vignes américai- nes. Les applaudissements que la netteté et la compétence de son exposition reçurent des auditeurs furent tout ensemble, pour l'orateur et pour l'Associa- tion française elle-même qu'il représentait si bien, le témoignage d'un bon service rendu à des compatriotes. De Bédarieux le lendemain matin s. 5 heures on se rend à Graissessac sous la conduite de M. Simon, administrateur délégué de la Compagnie des Mines. Le trajet en chemin de fer est de 20 minutes, on remonte la jolie vallée de 1242 EXCURSIONS rOrb jusqu'à la station de Latour (6 kil.) où l'on abandonne la ligne de Mont- pellier à Rodez pour suivre l'embranchement de Graissessac (4 kil.) qui s'ouvre dans la direction du Nord, et aboutit après avoir franchi le viaduc de Boussa- gues et trois tunnels successifs, dans celle beaucoup plus étroite mais non moins pittoresque de Graissessac. (Altitude moyenne MO m.) Reçus à leur descente de wagon par le Directeur et les Ingénieurs de l'ex- ploitation, les membres de l'Association, dont le temps est compté, sont con- duits directement vers le haut de la vallée, à la galerie du Grand-Chauip oii les attend l'i nauguration d'un service de lt.»-omotive à air comprimé pour la traction intérieure. On passe sans s'arrêter devant les principales installations extérieures, quais d'embarqueme nt, magasins et ateliers, bureau de la direction, Mines José[ihine et Saint- Joseph ; et l'on arrive peu après sur le terrier de Sainte-Barbe qui se trouve au centre de l'exploitation. C'est en ce point que sont établies les machines à comprimer l'air, les accu- mulateurs et engins de chargement des locomotives, mis successivement en marche devant les membres de l'Association. On a pu voir fonctionner à l'Ex- position universelle, ces locomotives (sijstème Mekarski). On espère retirer de leur service tous les avantages que donnent les locomotives à vapeur, dont l'emploi n'est pas possible dans la plupart des mines et surtout dans les mines à grisou. Quelques membres, au nombre desquels nous devons mentionner de coura- geuses dames, s'arment bravement de lampes Mueseler, et entrent assez avant dans lamine du Grand-Champ; d'autres, voulant ajouter à leur visite de mine l'attrait d'une descente dans des cages sont accompagnés au puits Sainte-Barbe, dont on leur montre les chantiers les plus rapprochés. Revenu au jour, notre petit groupe atteignait SOO mètres plus loin le pied des plans inclinés automoteurs qui amènent les charbons extraits des mines supé- rieures, traversait ensuite sur la rive gauche le village de Graissessac propre- ment dit, et revenant par les quartiers élevés où se trouvent les maisons d'ouvriers, les écoles, l'hospice et l'économat, sur le terrier Sainte-Barbe pour visiter en détail les installations extérieures du puits, machine d'extraction, ventilateur Guibal, lampisterie, etc. Après quelques minutes de repos, on se dirige par la voie ferrée qui relie toutes les mines de la vallée vers les ateliers de la gare dont on n'a pu prendre encore qu'une rapide vue d'ensemble. Ce petit chemin de fer dont l'origine se trouve aux plans inclinés visités tout à l'heure (longueur totale 1,800 m.)perce en tunnel un pli delà rive gauchequi sépare les emplacements de Sainte-Barbe des établissements voisins; il dessert ensuite la mine Saint-Joseph par laquelle arrivent aussi les charbons de la vallée de Camplong (vallée parallèle à celle de Graissessac à 1,500 m. à l'est) et vient déboucher 400 mètres plus loin en lôte de la gare d'expédition et à 30 mètres au-dessus. Cette différence de niveau a permis d'étager les uns au-dessus des autres et dans l'ordre voulu les divers ateliers de préparation mécanique dans lesquels les charbons descendent successivement par leur propre poids. L'économie de EXCURSIONS I2J43 cette disposition n'est pas sans importance quand il s'agit de manipulations répétées sur de grandes masses d'un produit, dont îa valeur vénale est si petite. Au premier étage sont établis les cribles mécaniques sur lesquels les charbons sont culbutés, triés et classés suivant leur destination ; de ce point les uns descendent directement sur les quais d'expédition, les autres arrivent par cou- loirs aux ateliers de lavage établis parallèlement sur la plate-forme immédia- tement inférieure. Plus bas enfin sont disposés les bassins de dépôt des houilles lavées et les fours à coke. Vis-à-vis les fours et de l'autre côté du ruisseau voûté en plusieurs endroits, se trouvent les ateliers de construction et de réparation du matériel et des machines, les bassins-réservoirs de brais, enfin les machines à agglomérer les charbons dont les chaînes sans fin versent les produits, directement, dans les grands wagons du chemin de fer. Les membres de l'excursion peuvent suivre successivement ces diverses opérations, la carbonisation dans les fours Appolt, et la fabrication des agglo- mérés dans les machines de divers types qui les débitent sous forme de bri- quettes de 1 kil. 1/2, 5 et JO kil. Un train spécial offert par la Compagnie des mines, nous emporte vers le Bousquet d'Orb, siège important de son exploitation. La marche de ce train est calculée de façon à nous permettre de visiter avant d'y arriver les usines de la Société des Zincs français. Nous regagnons Latour, la ligne de Rodez et descendons, quelques minutes après, devant cet important établissement. M. Rémont, directeur, accompagné de ses ingénieurs et chefs de fabrication nous reçoit au seuil de l'usine et nous montre successivement: L es approvisionnements de minerais (blendes et calamines) des divers gise- ments du Gard, de l'Hérault (Saint-Laurent-le-Minier) et de Sardaigne, la fabrication des moufles et les laboratoires d'analyse, enfin, la réduction, la coulée du métal et le laminage en feuilles. Un lunch très gracieusement offert sous les halles enguirlandées de l'usine vient clore cette intéressante visite. Le château de la verrerie du Bousquet d'Orb, où. nous attend la réception de M. Simon est à un petit kilomètre de là ; à peine engagés sur la route, nous sommes salués par la musique des mineurs et ouvriers verriers du Bousquet, venus bannière en tête à notre rencontre. A partir de ce moment ce n'est plus le congrès, ce n'est plus l'association, c'est une grande famille qui se constitue et s'unit sous une grande et fraternelle présidence, celle non plus du directeur des mines, mais du pater familias dis- tribuant les siens au milieu des membres nouveaux venus de tous les points de l'horizon, et rompant avec eux le pain très blanc et très succulent de la vraie fraternité; l'habitant du Bousquet d'Orb, comme celui de Bédarieux, abrite sous son toit, la nuit, les nouveaux hôtes qui allaient y chercher, dans un sommeil attardé, les forces nécessaires pour le lendemain. Ce devait être la dernière étape, celle des caves de Roquefort ; nous l'avons dit déjà, ce furent mêmes honneurs et mêmes acclamations, sous un ciel bien 1244 EXCURSIONS nouveau et au foyer d'une industrie bien spéciale ; nous voulons dire que le site de Roquefort contraste singulièrement avec celui de Bousquet et que les fromages qu'on y fabrique sont un produit universel comme rayonnement, mais singulièrement localisé comme centre de fabrication. L'heure de midi et demie devait nous arracher à Roquefort ; les curiosités naturelles de la région, les rochers fissurés, si merveilleusement disposés pour la circulation intérieure de l'air et le maintien d'une température basse au fond des caves, les éboulemenfs, les entassements de décombres ajoutant encore à des conditions si favorables auraient mérité un examen plus long que celui auquel nous pûmes nous livrer en gravissant rapidement la roche en surplomb qui domine la vallée ; les provisions accumulées pour la réception et la bonne grâce de MM. les propriétaires nous eussent garanti une deuxième partie de la journée bien intéressante et bien remplie; mais les projets de départ étaient faits et la limite posée à tant d'agréments inexorable. Nous prenons donc congé de la Compagnie en l'assurant d'un bon et durable sou- venir; nous remontons en voiture, et le chemin de fer de la station voisine nous emporte vers Bédarieux. Nous traversons la station du Bousquet d'Orb ; nos hôtes de la veille se retrouvent à la portière les mains pleines de fruits et de boissons pour nous saluer et nous réconforter à notre passage ; nouveaux soins, nouvelles prévenances, nouveaux remerciements, nouvelle expression de bonnes sympathies. Le train nous emporte vers Bédarieux ; en route, une partie des nôtres imagine un impromptu à Lamalon, On profite du télégraphe, on prévient le docteur Belugou qui s'est trouvé (merveille de l'électricité et de la bonne volonté !) à point nommé à l'arrivée et a fait aux congressistes insatiables les honneurs de la vallée des Bains et même de Colombières et des abords du Caroux. Les plus modérés avaient regagné Montpellier le soir même, et le lendemain on se retrouvait tous, bénissant une fois de plus les avantages immenses de l'association en général et ceux de l'Association française pour l'avancement des sciences en particulier. 1245 NOTES GOMPLEMEiNTAIRES SUR QUELQUES ÉTABLISSEMENTS SCIENTIFIQUES ET INDUSTRIELS. USINE FAULQUIER CADET ET C'« Roule du Pont-Juvénal à Montpellier. L'usine de Villodève, appartenant à MM. Faulquier Cadet et C'% est une des plus considérables de France. Son étendue, ses aménagements, son outillage qui présentent le résumé de tous les perfectionnements modernes, la placent au premier rang parmi les fabriques de produits stéariques et les savonneries. Quelques chiffres donneront une idée de l'importance de Villodève. L'usine consomme annuellement 4,000,000 de kilogrammes de charbon. Elle occupe 300 ouvriers. Dans ce chiffre ne sont pas compris les employés de l'administration et des bureaux. Ses puissants appareils peuvent travailler 18,000 kilogrammes de suif et produire 16,000 paquets de bougies et 15,000 kilogrammes de savon par jour. Tous ces produits sont obtenus exclusivement par la saponification calcaire. Au début, le suif était traité à vase ouvert; mais depuis 1867, cette saponification se fait dans des autoclaves. En 1876, l'autoclave pi'imitif en fer a fait place à des autoclaves en cuiv:e qui réalisent tous les progrès faits dans ces derniers temps. L'usine possède neuf générateurs, produisant ensemble une force de 400 chevaux- vapeur. Deux machines, l'une horizontale, l'autre verticale, distribuent le mouvement dans tous les ateliers. A côté de la {iioduclion annuelle en bougies, qui peut se chiffrer par 4,000,000 de paquets, et de celle du savon, représentée par environ 4 millions et demi de kilogr., la glycérine, dont l'emploi s'est tant généralisé dans ces dernières années, figure pour 300,000 kilogrammes environ. Villodève a aussi un atelier spécial pour la blanchisserie des cires et la ciergerie. Cet atelier t'availle annuellement 40,000 kilogrammes de cire et produit environ 50,060 kilogrammes de cierges divers. L'usine possède un atelier de construction et de réparation dans lequel se répare et se crée même une grande partie de l'outillage. Une menuiserie, un atelier de caissage, une tonnellerie, un atelier de charronnage, un laboratoire de chimie, des magasins généraux, complètent les services nécessaires à la marche de l'industrie. Les principaux débouchés des produits de la fabrication sont ; le Midi de la France, 1 Espagne, l'Italie, l'Algérie, le Maroc, l'Egypte et la Roumanie. La maison a obtenu dans toutes les Expositions les plus hautes récompenses. A Paris, en 1878, elle a été mise hors concours : l'un de ses membres faisait partie du Jury international de l'Exposition. 1246 EXCURSIONS VISITE DE L'ÉCOLE D'AGRICULTURE DE MONTPELLIER. Dans sa session de 1878, à Paris, l'Association française pour l'avancement des sciences avait consacré une journée à la visite de l'Ecole nationale d'agriculture de Grignon (Seine-et-Oise). En prenant congé de ses membres, à la fin d'une excursion bien remplie, M. Porlier, représentant le Ministre de l'agriculture, leur donnait alors rendez-vous à Montpellier pour l'année suivante. Le conseil d'administration de l'Asso- ciation n'a pas oublié l'invitation qui lui était adressée et, dans le programme de ses travaux il a réservé une demi-journée à la nouvelle Ecole d'agriculture du Midi. M. C. Saint-Pierre, son sympathique directeur, a tenu à recevoir dignement ses hôtes. Ce n'est pas trop faire que d'en évaluer le nombre à mille personnes; et chacun a pu se rendre compte de l'organisation et des ressources d'une institution qui est mainte- nant en plein fonctionnement. L'Ecole d'agriculture de Montpellier n'est distante de la ville que de deux kilomè- tres environ. Sa situation assure à son personnel et à ses élèves tous les avantages que comporte la proximité d'un centre universitaire d'une réputation indiscutée. A leur arrivée, les membres de l'Association française sont introduits dans la cour d'honneur pavoisée pour la circonstance; sous la conduite du corps enseignant com- mence immédiatement une visite générale. En quelques instants ils parcourent suc. cessivement l'amphithéâtre et les salles d'études, la bibliothèque riche de 8,000 volu- mes, les collections momentanément ornées de 60 aquarelles de 31. J.-B. Laurens représentant des arbres du Midi; les dortoirs dans lesquels chaque élève dispose d'une cellule particulière, le réfectoire, etc., etc. A peine ont-ils terminé cette course rapide qu'un appel les invite à se diviser en groupes distincts, selon leurs goûts et leurs préférences, d'après un programme arrêté à l'avance, pour suivre et observer plus spécialement un ordre de chose ou un autre. De l'ensemble on passe aux détails, en laissant à chacun le soin de choisir ceux qui l'intéressent plus directement. l" GROUPE. Economie rurale.— La science deVEconomie rurale n'a pas de matériel d'enseignement. Elle s'appuie dans ses déductions sur l'étude des exploitations agri- coles et sur le dépouillement des documents de toute sorte, anciens et nouveaux, publics et privés, qui concernent les faits commerciaux, statistiques et agricoles. Son champs d'expérience n'est autre que le territoire entier de la région et du pays. M. CoNVERT en montre l'importance, en insistant sur ses méthodes. D'un autre côté M. Chabaneix explique les faits essentiels qui ressortent de la carte murale de la région de l'olivier qu'il a dressée d'après les feuilles de l'état-major et sur les renseignements qui lui ont été fournis par MM. les professeurs. Le relief du terrain est parfaitement représenté; la limite de la culture de l'olivier révèle des par- ticularités curieuses et peu connues. M. Chabaneix s'occupe, à l'école, des travaux d'irrigation. Sou appareil pour mesu- rer le débit des sources est fort entouré. On s'arrête surtout devant l'agencement qu'il a imaginé pour l'utilisation des plus petits filets d'eau et des eaux ménagères trop souvent perdues. L'expérience qu'il a entreprise est d'ailleurs concluante. Au lieu de chercher à évacuer les eaux d'égout, il a eu l'heureuse idée de les recueillir dans une citerne qu'un siphon vide, automatiquement, dès qu'elle est remplie. Un compteur donne à chaque instant le volume d'eau écoulée ; son emploi mtermittent, par masse assez considérable pour être bien dirigée ne présente aucune difficulté. Les EXCURSIONS 1247 résultats témoignent de l'efficacité du procédé. Sur une petite prairie expérimentale, on a récolté l'équivalent de 13,000 kilogrammes de foin sec à l'hectare. 2' GROUPE. Culture générale, culture du domaine et emploi des insecticides contre le phylloxéra. — M. Quercy conduit ses auditeu rs dans les diverses parties du domaine, les arrêtant aux cultures arbustives de mûriers et d'oliviers, aux champs d'expériences qu'occupent les principales plantes cultivées, leur montrant des essais d'ensilage du maïs, une installation de plate-forme à fumier. Les vignes traitées par les insecticides fixent particulièrement l'attention. Leur aspect n'est guère encourageant. Si on a pu retarder la ruine des vignobles à l'aide de traitements coûteux on n'a pas pu parvenir à les reconstituer. Les principaux sys- tèmes essayés ont été et sont encore : le sulfocarbonate de potasse, dont l'application a été dirigée par M. Mouillefert depuis 1876; — le sulfure de potassium, selon les indications de la C'^ P.-L.-M., depuis 1878; — le procédé Rousselier, depuis 1876 avec les sulfocarbonates, la sulfoléine et le sulfure de carbone ; — le procédé Cauvy : par le sulfocarbonate de calcium, depuis 1876; — le procédé Dauvis ; — la submer- sion (incomplète), etc. 3« GROUPE. Zoologie et zootechnie. — M. Tayon dispose, pour son enseignement, d'une salle de dissection et d'un laboratoire de physiologie expérimentale. — Le bétail de la ferme lui donne les éléments de ses leçons pratiques. Il se compose de vaches laitières installées dans une étable dont on remarque les bonnes dispositions, et d'ani- maux d'espèce ovine de diverses races parmi lesquelles la plus large place est accordée à celles de la région. C'est ainsi que les agronomes du Nord ont l'occasion d'étudier, avec lui, de beaux types des races larzac, caussinarde, barbarine et africaine. — Le cours de zootechnie possède encore des collections précieuses. Les visiteurs remar- quent les moulages de types d'animaux de l'espèce bovine, très heureusement réussis, de M. de Lapparent, inspecteur de l'agriculture ; ils s'assurent des sympathies que rencontre partout l'Ecole en voyant les pièces d'anatomie normale et pathologique qui lui ont été offertes par M. Pourquier, ainsi que la belle collection d'œufs de M. Fré- déric CazaUs et la riche collection de coquilles terrestres et fluviales de M. Dubreuil. h" GROUPE. Génie rural. — M. Jeannenot guide ce groupe sous le vaste hangar qui sert de machinerie. La moissonncuse-herse Mac-Cormick se détache des instruments voisins comme un des plus curieux et des plus nouveaux. On apprend qu'on la essayée cette année même aux environs de Montpellier avec un succès complet. — Les collec- tions du génie rural comprennent tous les appareils désirables d'arpentage et de ni- vellement, mais on ne fait qu'y passer pour avoir le temps de voir fonctionner le dynamomètre puissant dont l'administration a récemment doté l'Ecole, à la demande de la Société centrale d'agriculture de l'Hérault. Ce dynamomètre est assez fort pour résister aux tractions que nécessitent les labours les plus énergiques ; sa force est de 2 000 kilogrammes. Son emploi permettra de contrôler le tirage que nécessitent les engins les plus lourds ; c'est toute une série de recherches absolument nouvelles à entreprendre. 5' GROUPE. Sylviculture et botanique. — M. Durand n'avait d'autre matériel de démonstration, à l'origine de l'École, que celui qui provenait de l'ancien établisse- ment de la Saulsaie. Depuis 1872, ses collections se sont enrichies de modèles réduits d'instruments forestiers provenant de l'Institut de Hohenheim ; — de nombreux échantillons de bois de toutes les parties du monde;— d'une série complète de pins maritimes gemmés de différents âges, envoyés des Landes par M. du Peyrat, inspec- teur général de l'Agriculture, qui en a fait don à l'École : — d'échantillons de lièges de différentes provenances levés sans croûte ni crevasses par le procédé de M . Can- 1248 EXCURSIONS grand-Molhes ; — de produits de l'Industrie forestière de Sauve (Gard), de Perpignan, de la Lozère, de Saint-Pons et de Saint-Gervais (Hérault], etc., etc. L'herbier de l'Ecole est fort riche; il a été considérablement augmenté par les libéralités du professeur actuel qui a fait don de la collection de plantes de M. Per- ris qui contient 1,000 types. Les plantations se créent moins vite que les colleclions. Le jardin botanique ren- ferme cependant 1,200 espèces indigènes, choisies de préférence parmi celles qui appartiennent à la région de l'olivier. Le jardin dendrologique compte 700 essences qui peuvent être cultivées en pleine terre sous le climat de Montpellier. L'Ecole vient enfin de tenter, tout récemment, sur des terrasses bien exposées, la culture de plantes de l'extrême Midi et de l'Algérie : orangers, palmiers, eucalyptus, chamœrops, dra- cœna, cycas, etc. Tandis que les forestiers suivent M. Durand, les jardiniers et les maraîchers par- courent avec M. Berne les jardins de l'Ecole. Ses contre-espaliers sont pleins de vigueur et promettent de former bientôt un beau jardin fruitier. 6'^ GROUPE. Sciences physiques, station agronomique et œnologique. — M. Audoy- NAUD s'occupe surtout de l'analyse des sols et des engrais. Il décrit, devant ses auditeurs, en joignant l'exemple à la parole, le système qu'il a imaginé pour simplifier la lévitation des terres. Son appareil est d'une extrémité simplicité, il n'occupe qu'une place minime. Ce qui doit le recommander à l'attention des chimistes, c'est qu'il permet d'opérer sur de petits échantillons sans exiger l'évaporation de grands volu- mes d'eau. — En dehors de son laboratoire, M. Audoynaud a créé avec M. Chabaneix, un jardin météorologique qui comprend un observatoire relié au réseau de l'Ouest- Méditerranéen. On y suit non-seulement les variations atmosphériques, consignées régulièrement, depuis 1872, dans le Bulletin météorologique de l'Hérault, mais aussi les diverses phases de la vie des plantes. Les visiteurs y trouvent des thermomètres, un baromètre, une girouette, un miroir orienté pour l'étude des vents, des pluviomètres à diverses hauteurs, un évaporomètre, un psychromètre, un ozonomètre, un actino- mètre Arago, etc. On y fait des observations comparatives sur l'air et le sol à des profondeurs différentes, ainsi que des cultures dans des cases de végétation. Le laboratoire d'œnologie ne cesse d'être comble. MM. Saint-Pierre et Saint- André y ont réuni près de 200 échantillons de vins américains, rouges ou blancs, secs ou doux, vinés ou abandonnés à eux-mêmes, plâtrés ou acidifiés et préparés presque tous à l'Ecole. Les nombreux dégustateurs saisissent l'occasion qui se présente si heureusement pour apprécier ce goût (foxé) qui caractérise les produits des vignes des Etats-Unis. Plusieurs semblent surpris de voir que ce défaut n'est pas général. Le vin de Jacquez fait tomber bien des préventions. Les simples consommateurs trouvent, pour la plupart, qu'il manque de bouquet et de finesse, mais les commer- çants, qui savent que les vins communs sont les plus demandés et les plus utiles pour les besoins généraux, sont unanimes à reconnaître son goût franc, sa force alcoolique et sa coloration extrême. Des tubes scellés montrent en effet que le vin de Jacquez additionné de 90 pour cent d'eau, est encore plus coloré que celui d'.\rainon obtenu dans le même terrain. Sa richesse alcoolique est d'ailleurs de 12 à 14 degrés, tandis que celle de l'Aramon n'est que de 7 à 8. La collection de technologie s'est rapidement augmentée par les soins de M. Saint- Pierre. Tous les industriels de la région y ont apporté leur tribut. Les instruments d'œnologie y sont nombreux ; des modèles de foudres et de vases vinaires décorent gracieusement le sommet des vitrines ; ils semblent, a-t-on dit, attendre le retour de la prospérité passée. 7« GROUPE. Station séricicole. — La station séricicole, créée en 1874, est une VISITE A l'école d'agriculture DE MONTPELLIER 1249 annexe de l'Ecole d'agriculture, on s'occupe, dans cet établissenient important, de faire Ithaque année: 1° Des éducations normales au printemps, en vue du grainage, dans une magna- nerie isolée; 2° Des éducations expérimentales relatives aux maladies des vers, dans les locaux de la station ; 3° Des essais précoces avec les feuilles que produit une serre à mûriers chauffée par un therraosyphon. M. Maillot, qui dirige la station depuis sa fondation, est chargé de l'enseignement de la sériciculture à l'Ecole d'agriculture. Ses leçons sont complétées par des appli- cations pratiques consacrées en grande partie à des travaux micrographiques. La région entière est appelée en outre à profiter de ses conseils qu'il donne, sous forme de conférences, dans les principales villes du Midi. De nombreuses publications assu- rent enfin le succès de l'œuvre de vulgarisation qui s'imposait, à ses débuts, à la station séricicole. La plus importante et la plus récente consiste dans la réédition du traité classique du célèbre savant bolonais Malpighi, que M. Maillot a accompagnée d'une traduction et d'une préface qui ajoutent au prix et à l'utilité de l'ouvrage. La station séricicole n'a pas seulement pour but de perfectionner l'instruction technique des éducateurs ; elle poursuit également des travaux originaux. Les sérici- culteurs expérimentés qui la visitent y trouvent réunis tous les éléments d'étude désirables. La salle de micrographie est vaste et bien éclairée. M. Maillot s'est entouré des principaux instruments qui ont été recommandés dans les magnaneries. Son installation de chimie, de physique est suffisante. Il a sous sa main une biblio- thèque spéciale de 300 volumes. Le directeur de la station demeurait autrefois à Montpellier ; il lui était fort diffi- cile de surveiller dans tous les détails les diverses opérations des services qui fonc- tionnaient en tous temps. Pour remédier à cet inconvénient on a construit, à son intention, un fortjoli chalet que des avertisseurs électriques tiennent en communica- tion constance avec les appartements dans lesquels marchent les éducations. 11 n'y a plus de néghgence à craindre sous ce rapport. 8'= GROUPE. Entomologie. — L'étude des insectes est confiée à M. Valery-Mayet, qui a créé, en 1878, un laboratoire d'entomologie. Ses recherches sont dirigées surtout dans l'intérêt de la culture. Le phylloxéra , en particulier, y est observé sous toutes ses faces. Les expériences auxquelles il est soumis provoquent de nombreuses de- mandes de renseignements de la part des assistants. Si ce terrible ravageur est connu de tout le monde dans les départements du Midi, on ne sait guère que son nom dans le reste de la l<>ance. On veut le voir sous ses différentes formes et elles sont nom- breuses. M. Valery-Mayet en présente des types vivants, sur les racines qu'ils atta- quent, et des individus isolés sous le champ du microscope. Les savants qui s'occupent d'entomologie s'arrêtent surtout devant la collection Per- ris que l'Éoole a récemment achetée. Elle ne renferme pas moins de 10,000 espèces d'insectes européens représentés par 100,090 individus ; 2,000 larves sont conservées dans des tubL:s remplis d'alcool ; 350 échantillons de bois attaqués par les insectes xylophages facilitent les études d'entomologie forestière. Des manuscrits et des des- sins originaux de l'auteur en augmentent encore la valeur. M. "V'alery-.VIayet a commencé une collection spéciale à la région dont le rapide accroissement promet beaucoup. 9° GROUPE. Station viticole. — Ce dernier groupe est le plus suivi ; c'est qu'il n'y a pas en ce moment de questions plus sérieuses pour la région que celles que soulève la destruction des vignobles. MM. Foex, Bréheret et Sabatier restent constamment 79 12o0 EXCURSIONS à la disposition de leurs nombreux visiteurs devant lesquels ils exposent les travaux qui les occupent. Sous leur conduite les membres de l'Association parcourent successivement : 1» L'école de multiplication oii sont faits des essais sur le semis, le bouturage, le provignage et la greffe de la vigne; avec ses instruments météorologiques et ses appareils avertisseurs ; 2° L'école de taille mettant en parallèle les méthodes du midi , du centre, de l'est et du sud-ouest; 3° La collection de 250 espèces ou variétés de vignes américaines que l'on conser- vera franc de pied, si faire se peut, et auxquelles on joindra l'ensemble de nos cépages français dont on assurera l'existence en leur fournissant des racines améri- caines bien choisies; 4° Les plantations en grande culture de vignes américaines, celles d'Herbemont notamment dont on admire la vigueur; 5» Le laboratoire oii sont réunis d'excellents instruments de travail : microtome rotatif de M. Monnier, pantographe, microscopes , loupes montées , cellules transpa- rentes, séchoir, etc.; 6° L'atelier de photographie dont 31. Izard tire un excellent parti, soit qu'il fasse de la photographie microscopique , soit qu'il exécute de grandioses ampliflcations. On entre ensuite dans une salle spéciale où M. Foëx soumet aux yeux des assis- tants des projections de coupes de racines de vignes à l'aide d'une lanterne éclairée par la lumière solaire. Il complète ainsi la communication dont il a fait part en subs- tance, à la section d'agronomie, sur la structure des racines de vignes américaines et les causes de leur résistance. M. Foëx fait aussi passer devant les auditeurs une collection de modèles de pépins grossis à 10/1 de diamètre qui permettent de distinguer nettement les différences caractéristiques que présentent entre elles les graines des différentes variétés de vignes. Le professeur a dû se faire sculpteur, mouleur et peintre. L'empressement des membres de l'Association française à étudier avec autant de soin que le temps leur permet, les travaux de la station viticole témoigne de la sym- pathie que provoquent, dans toute la France, les souffrances de l'agriculture méri- dionale. L'heure s'avance rapidement mais les divers groupes de visiteurs ne se séparent qu'aux sons de l'excellente musique du 2= régiment du génie qui invite les membres de l'Association française à se réunir sur la terrasse de la Direction où un lunch a été préparé à leur intention. M""^ Saint-Pierre fait les honneurs de la réception avec une grâce parfaite. On prend volontiers un instant de repos après une course dans les champs et les laboratoires que la chaleur accablante a rendue réellement fatigante. Le Champagne arrive à temps et, en remerciant la Direction de ses délicates attentions, on rassemble ses idées pour échanger ses observations et compléter ses impressions. Le personnel de l'Ecole reçoit de nombreuses félicitations : l'installation de ses divers services a frappé tout le monde. Les éléments de travail abondent dans l'établisse- ment. De nombreuses ressources y facilitent l'enseignement; les recherches nouvelles seront abordées dans les meilleures conditions de succès. A côté des études générales qui peuvent être entreprises partout/ le climat de Montpellier et ses relations de toute nature en indiquent de spéciales qui ne peuvent être poursuivies nulle autre part. L'Ecole d'agriculture est donc appelée à rendre de grands services. En même temps qu'elle formera des élèves qui seront de précieuses recrues pour l'agriculture méridionale, elle élucidera des questions scientifiques dont la solution a une impor- tance capitale pour le Midi. C'est, d'un avis général, le double rôle que lui imposent VISITE A L ÉCOLE D AGRICULTURE DE MONTPELLIER 1231 sa situation et son organisation. C'est celui que n'oubliera pas l'administration en pré- sence d'un but aussi utile, car elle ne voudra pas perdre en partie le fruit de ses premiers et intelligents saeriflces. L'Ecole d'agriculture continuera à améliorer soa organisation. Ses rapides transformations sont le gage du soin qu'elle aura de se maintenir au niveau des exigences, heureusement toujours croissantes, de la science moderne. Les conversations s'arrêtent quand M. Saint-Pierre porte le toast suivant : K Jlessieurs, » Je vous propose de boire à l'Association française. 3) Permettez-moi, Messieurs, vous qui portez si haut le drapeau du progrès vérita- ble, de vous remercier de l'honneur que vous faites à l'établissement scientifique le- plus nouvellement créé de notre cité. Cette visite est, pour nos travaux, un bien précieux encouragement. » Veuillez croire combien le corps enseignant de l'Ecole d'agriculture est sensible à ces marques de sympathie que lui donnent aujourd'hui les représentants les plus autorisés de la science et les maîtres éminents de l'Université à la tête desquels je suis heureux de saluer, dans la personne de M. Bardoux, votre honorable président, un ami si dévoué de la science et des lettres. » Buvons à M. le Président et à MM. les Membres du Congrès de l'Association fran- çaise. » M. Bardoux répond : « Le Congrès eût désiré, au moins pour ce soir, avoir pour président un agronome, afin de répondre avec compétence au toast que vient de lui porter M. le Directeur de l'Ecole d'agriculture. Mais si je ne puis pas dire tout le bien que méritent l'admi- nistrateur et les professeurs de cet établissement modèle, je puis, au moins, constater que l'installation, les collections et tout l'outillage scientifique répondent aux besoins- de la science agronomique moderne. » C'est à l'intelligence et au zèle de M. Camille Saint-Pierre que cette école doit, son succès incontesté. Il y a mis toute son énergie. Aujourd'hui on peut espérer que, grâce à sa situation, cette maison recevra non seulement tous les élèves du Midi mais aussi, avec une hospitalité toute française, les étudiants d'Italie et d'Espagne. Les sacrifices faits depuis six ans n'auront donc point été stériles. » Au nom du Congrès, j'ai l'honneur de vous proposer un toast à la prospérité de l'Ecole d'agriculture. » M. Saint-Pierre reprend la parole : « Monsieur le président, » Je ne saurais accepter tant d'éloges; permettez-moi d'en rendre la plus grande part à mes dévoués collaborateurs. » N'oublions pas surtout que nos vœux, nos efforts, nos travaux, ont été soutenus et encouragés par l'administration de l'Agriculture. C'est un devoir pour moi de rappeler toute la reconnaissance que cette Ecole doit à M. le Ministre. 3) Je vous propose. Messieurs, un toast à M. le .Ministre de l'Agriculture et du Com- merce. y> 1252 excursîOjVS LE POUT DE CETTE Le port de Cette date de 1666: son plan, dressé par Yautian. s'exécuta d'abord sous la direction de Riquet, puis sous celle du chevalier de Clerville. Pour le construire, il avait suffi de canaliser et d'abriter des vents du large le Grau de Cette, une des ouvertures par lesquelles l'éLang de Thau, sorte de petite mer intérieure, communique avec la Méditerranée. Actuellement le port de Cette comprend une rade, dans laquelle on trouve une pro- fondeur d'eau normale de 7 mètres et qu'abrite un brise-lames curviligne de 600 mè- tres de longueur; un avant-port d'une superficie de 11 hectares; Vancien bassin, à l'ouest, de 6 hectares avec une profondeur normale de 5'",50 ; un chenal de 450 mè- tres de longueur sur 55 mètres de largeur moyenne, faisant suite à l'ancien bassin; le nouveau bassin, au nord de lavant port, superficie de 7 hectares, prorondeur de 5 mètres ; le nouveau canal maritime de 525 mètres de longueur sur 72 de largeur qui fait communiquer le nouveau bassin avec la darse delà Peyrade; et enfin le Canal maritime prolongé de 400 mètres de longueur sur ÎOO de largeur qui aboutit au Canal latéral à la gare du Midi. Depuis le commencement du siècle, 1 Empire consacra un million à l'amélioration du port de Cette et la Restauration trois millions pour la cons- truction de jetées et de brise-lames. Le gouvernement de Louis-Philippe affecta à di- vers travaux plus de huit raillions, et la second Empire quatre millions cinq cent mille francs. Actuellement un crédit de huit millions est ouvert et l'on projette des travaux pour plus de 23 millions. Le trafic de Cette s'élève annuellement à 1,200,000 tonnes et il n'est pas douteux qu'il ne doive augmenter et que 1 avenir réservé à ce port ne soit considérable. FABRIQUE DE VERMOUTH DE MM. NOILLY-PRAT ET G'« A CETTE. Fondée à Lyon en 1800, dans de modestes proportions, par M. Louis-Ancoine- Marie Koiliy, notre père et grand'pèra, notre maison de commerce s'occupait à cette époque presque exclusivement de la fabrication des liqueurs ; ses affaires s'étant éten- dues, :ii. Louis Noilly créa en 1843, avec le- concours de M. Glàudius Piat, son gen- dre la maison de Marseille, qui, sous l'impulsion intelligente de ses deux fondateurs, prit un essor si rapide, qu'elle ne tarda pas à dépasser comme imiiorlance d'affaires, la maison mère de Lyon. L'importance annuelle de notre fabrication se résume dans les chiifrcs suivants : 10.000.000 litres de vermouth. ôOO.OOi) litres d'extrait d'absinthe 200.000 litres de liqueurs. C'est sur le vermouth que s'est principalement porté le développement d' notre fabrication Le vermouth, dont la consommation augmente toutes les années, constitue une bois- FABRIQUE DE VERMOUTH DE MM. NOILLY-PRAT ET C'°, A CETTE 1253 son essentiellement hygiénique, dans laquelle il n'entre absolument aucun principe nuisible à la santé. C'est une boisson tonique qui est de plus en plus appréciée surtout dans i^s pays chauds. Son emploi se généralise sur tous les points du globe et se substitue à d'autres boissons n'offrant pas les mêmes avantages. Sa base est le vin blanc, dans lequel on fait infuser à froid des fleurs et des plantes aromatiques salutaires qui lui communiquent le bouquet qui caractérise cette boisson. Les procédés de fabrication varient évidemment chez tous les préparateurs de ver- mouth, chacun d'eux met en œuvre des vins de qualités diverses et si les plantes qu'ils emploient en infusion sont toujours à peu près d3 même nature, il n'en est pas de même pour la proportion dans laquelle elles sont mélangées. La faveur qui s'est attachée à notre produit provient uniquement do la supériorité ■:t de la vieillesse des vins que nous employons, des soins spéciaux qu'ils reçoivent dans nos entrepôts avant d'être rais en fabrication, du choix scrupuleux des fleurs et des plantes et de la minutie qui préside à leur dosage. C'est grâce à toutes ces |)récautions dont nous ne nous écartons jamais, que nous pouvons arriver à livrer à la consommation un vermouth d'une excellente qualité, toujours uniforme et à trou- ver le débouché des dix millions de litres que nous fabriquons. L'ensemble de notre exploitation comporte cinq établissements distincts : Marseille (siège principal de notre Société), Lyon, Bordeaux, Celte, Marseillan (Hérault). Ces établissements sont outillés dans leur ensemblf, pour recevoir soit en prépa- ration, soit en fabrication la quantité de quinze millions de litres de vin. Notre personnel d'employés et d'ouvriers, hommes et femmes, s'élève à six cents. Marseille (surface 10,000 mètres). — C'est à Marseille que nous avons concentré la plus grande partie de notre fabrication de vermouth, et aussi celle des extraits d absinthe. Nous fabriquons en moyenne à Marseille : 9.000.000 litres de vermouth. 500.000 litres d'extrait d'absinthe Ces produits sont expédiés en France ou exportés à l'étranger. Sur ces quantités, nous avons exporté environ trois millions de litres, pour les divers points du globe. Ces expéditions se font, suivant les pays, ou en barriques de diverses capacités, ou en bouteilles que l'on met dans des caisses. La mise en œuvre de ces quantités importantes, nécessite en outre d'un nombreux personnel d'ouvriers, l'emploi de deux chaudières d'une force de quarante chevaux- vapeur, mettant en mouvement plusieurs machines et des pompes; cette force mo- trice fait aussi fonctionner neuf alambics pour la distillation de l'absinthe. Nous avons fait installer récemment une presse hydraulique, développant une pression de 200,000 kilogrammes aûn d'extraire complètement des fleurs et des plantes aromatiques ayant servi à la préparation du vermouth, tous les principes qu'elles renferment. Lyon (surface i,609 mèlres). — Cet établissement auquel nous avons conservé la raison sociale existant à sa fondation L' Noilly flls et C'^ est spéL-ialement alfecté à la fabrication des liqueurs; on y fabrique aussi du vermouth, mais dans une moindre proportion qu'à Marseille. La production annuelle est de : 2.000 hectolitres liqueurs. 10.000 hectolitres vermouth. J254 EXCURSIONS Le travail s'opère avec une machine à vapeur faisanl fonctionner des pompes, et avec quatre alambics servant à la distillation des liqueurs. Bordeaux. — Nous avons établi à Bordeaux une maison d'entrepôt, afin de faciliter et de développer l'exportation de nos produits. Cette (surface i4,000 mètres). — Nous avons créé à Cette un établissement très important, comprenant, d'une part de vastes magasins dans lesquels nous entrepo- sons nos vins avant de les mettre en préparation, et d'autre part, des foudres dans lesquels nous préparons nos vins avant de les transformer en vermouth. Leur conte- nance totale s'élève à 70,000 hectolitres. Les nombreuses manipulations auxquelles les vins sont soumis (collage, soutirage, filtrage, etc.), sont faites par un personnel d'ouvriers choisis, placés sous la sur- veillance d'agents expérimentés. Quatre pompes servant à la mise en foudres des vins et à divers travaux sont mues par une chaudière à vapeur de vingt-cinq chevaux. Marseillan (surface 8,000 mètres). — Cet établissement est également pourvu d'un jnatériel de foudres, dont la contenance totale s'élève à 45,000 hectolitres. Il est placé sur les bords de l'étang de Thau, presque au centre de la production. Son affectation spéciale est de recevoir et de loger les vins provenant directement de la propriété qui y sont soumis aux soins nécessaires que réclament leur conservation et le déve- loppement de leurs qualités naturelles. Les manipulations y sont faites au moyen d'une machine à vapeur de douze chevaux faisant mouvoir deux pompes. A ces quelques données statistiques, ajoutons que le Trésor public perçoit actuel- lement de notre chef, à titre de contributions directes (patentes, impôt foncier, portes et fenêtres), 30,000 francs, et. en paiement de droits de régie sur les quantités que «nous livrons directement à la consommation 130,000 francs. De plus, les quantités que Tious livrons à l'intérieur avec suspension du paiement de l'impôt, représentent comme droits, une somme approximative de deux millions de francs. MANUFACTURE DE DRAPS DE VILLENEUVETTE. La manufacture actuelle où se fabrique spécialement le drap pour les troupes a été fondée en 1666 sous le ministère de Colbert : elle fut l'œuvre d'une association de riches capitalistes du Languedoc. Elle avait pour but de fabriquer des étoffes destinées à l'exportation. On sait qu'à cette époque le commerce des draps pour le Levant se trouvait entre les mains des Hollandais et des Anglais. Grâce à une protection qui était donnée à chaque [lièce de drap fabriquée, les draps français purent entrer en lutte avec les draps anglais et hollandais. Depuis que cette protection n'existe plus ce sont les Anglais et les Autrichiens qui livrent presque tous les draps en Orient. Nous disons presque tous les draps car il se fabrique encore à Bédarieux quelques draps pour le Levant. Au sujet de Villeneuvette et de son organisation ouvrière , il est essentiel de faire ■connaître la situation de nos fabriques de draps, car l'Association française ne MINES DE GRAISSESSAC 12SS s'occupe pas seulement de toutes les questions scientifiques, mais de toutes les questions qui ont de l'intérêt pour notre pays. Nous ne parlerons pas ici pour ou contre le libre-échange : notre but est plus élevé et il convient de signaler les causes qui font que nos fabriques de draps ne sont pas prospères. En Angleterre, les mêmes familles se perpétuent dans l'industrie, elles disposent de fonds considérables, elles peuvent donc lutter plus facilement pour tout ce qui con- cerne le commerce extérieur. En France, on veut arriver vite à la fortune pour se retirer de l'industrie. Xos maisons n'ont pas le temps d'être connues, et par suite, elles vendent moins facile- ment leurs produits. Ce qui fait la force, ou pour mieux dire les avantages et en même temps les* incon- vénients de la manufacture de Villeneuvette, c'est que le chef de cet établissement est amené, par la forme de son organisation, à conserver les mêmes familles ouvrières dans l'établissement. Si cette organisation présente pour le drap des inconvénients, lorsque le travail di- minue, elle présente, par contre, de très grands avantages pour les ouvriers, car elle leur donne de la sécurité. Et on sait que l'ouvrier ne cherche pas tant un salaire élevé que de la sécurité ; mais comment a-t-on pu donner de la sécurité à l'ouvrier? En réunissant le travail agricole au travail industriel. A Villeneuvette le chef vil constamment avec l'ouvrier, voit de près ses souffrances quand elles existent et les soulage dans la mesure du possible; l'ouvrier, de son côté, voyant de près le chef ne peut pas se mettre en lutte avec lui et comprend vite que leurs intérêts sont les mêmes. Grand problème social que M. Maistre est ainsi parvenu à résoudre. MINES DE GRAISSESSAC. Le terrain houiller forme au nord du département de l'Hérault une zone monta- gneuse dont la longueur est de l'est à l'ouest de vingt kilomètres. Sa largeur varie de un à cinq kilomètres. Constitué par le remplissage d'une vaste dépression dans les terrains anciens, il est à découvert sur la plus grande partie de sa surface. Au sud seulement, il plonge sous les terrains permiens de la vallée de l'Orb. Les quatre concessions exploitées par la Compagnie des mines ont une superûcie de 6,230 hectares. Dans celles de Saint-Gervais et du Dévois on exploite six couches principales d'une épaisseur totale de 14 mètres contenues dans un massif de grès et de schistes de 70 à 90 mètres d'épaisseur. Dans les concessions de Boussagues et du Bousquet d'Orb, il en existe un plus grand nombre, leur puissance totale peut être évaluée à 20 mètres. Les charbons sont demi-gras flambants, essentiellement propres à la production de la vapeur. Recherchés pour la forge ils alimentent les usines à gaz de la contrée et fournissent un coke métallurgique excellent. Les travaux comprennent actuelle- ment : 1" Concession du Bousquet : Mines de Carapredon; — — Mines de l'Orb. 12o6 EXCURSIONS 2° Concession de Boussagues. Mines du Cap Nègre; — — Puits Durand; — — Mine Saint-Josepli et Joséphine; — — Puits Sainte-Barbe. 3° Concession du Devois : Mine Simon ; — — — Garella; — — — du Grand-Champ. 4° Concession de Saint-Gervais : Puits des Nières. Un réseau de chemin de fer et de plans inclinés aboutit, duno part, à la gare d'Es trechoux (Graissessac), de l'autre, à la gare du Bousquet d'Orb. Les établissements accessoires comprennent : 2 fours à coke du système Appolt, à Graissessac; 2 — — au Bousquet (en construction) ; 5 machines à agglomérer dont 3 du système David ; 1 — du type Mazeline, et 1 système Révollier (hydraulique); 1 atelier de construction et réparation, comprenant fonderies, forges et ajustages ; 1 usine à gaz à Graissessac. La Compagnie occupe 1,800 ouvriers tant aux mines que dans ses ateliers d'élabo- ration de la houille et a institué pour eux une caisse de secours, une caisse de retraite, des écoles, un hospice et trois économats. L'extraction qui était de 93,000 tonnes en 1860, de 202,000 en 1870, est de 300,000 actuellement. Elle a donc plus que triplé en vingt ans. Le rayon territorial de vente, s'étend à l'ouest jusqu'à Toulouse et les embranche- ments du chemin de fer qui y aboutissent ; à l'est jusqu'au département du Gard; au nord, jusqu'à Millau et Rodez; au sud, en Espagne et parles ports d'embarquement de Cette, Agde, la Nouvelle et Port-Vendres, en Algérie, et sur tout le littoral de la Méditerranée. FABRICATION DU FROMAGE, A ROQUEFORT Pour comprendre l'importance du mouvement d'affaires auquel donnent lieu la tenue des troupeaux de brebis laitières et les caves de Roquefort, il suffit des chiffres sui- vants : Nous avons évalué à 400,000, dont 250,000 brebis laitières, ".'eifectif des troupeaux entretenus en vue de la production des fromages. Elle s'est élevée en 1866 à 3,250,000 kilogrammes, vendus aux négociants qui exploitent les caves au prix de 120 francs les 100 kilogrammes. C'est donc une somme de 3,900,000 francs que les cultivateurs per- çoivent pour ce seul article. Si l'on ajoute la laine dont le produit est évalué à 5 francs par brebis, c'est un second chiffre de 2,000,000 qu'il faut ajouter au premier. Plus 80,000 vieilles brebis vendues à 15 francs l'une, pour la boucherie ; c'est une autre somme de 1,200,000 francs. 83,000 vieilles brebis sont remplacées par 80,000 agneaux ; il en reste donc environ 140,000 à vendre qui, à 4 francs l'un, font encor-; 560,000 francs à ajouter aux proûts de l'agi-iculture. FABRICATION DU FROMAGE A ROQUEFORT 1257 Ces diverses sommes additionnées donnent 7,t5tjO,000 francs perçus annuellement par les cultivateurs des environs de Roquefort, pour le seul produit de leurs troupeaux, et cela ne s'arrêtera pas là si nous jugeons de l'avenir par le passé. Voici quelle a été la progression suivie par la production des fromages depuis le coramenceraent du siècle. En 1800 250.000 kilog. 1820 300.000 — 1840 750.000 — ■ 1850 1.400.000 — 1860 2.700.000 — 1866 3.250.000 — En déduisant 23 0/0 de poids pour le déchet que les fromages subissent dans les caves, il reste encore plus de 3,000,000 de kilogrammes do fromages préparés versés dans la consommation. On a calculé que le mouvement de fonds auquel donne lieu lindustrie de Roque- fort s'élève à 15,000,000 de francs. Il proflte à près de 60,000 personnes, en y com- prenant les propriétaires, les fermiers, les négociants de Roquefort et leurs agents de toute espèce, les employés des fermes et les gens occupés aux transports. L'importance de cette industrie rend nécessaires quelques détails sur les manipula- tions que subissent les fromages dans les caves de Roquefort. Les fromages sont préparés par les propriétaires ou fermiers de la contrée. Une fois faits (1) et mis en moule ils sont déposés dans une sorte de huche, appelée trennel, au fond de laquelle sont des rainures destinées à recevoir et à égouter le petit lait qui sort des moules. Au bout de deux ou troix jours, ils sont retirés des moules et portés au séchoir. Une fois secs, les fromages sont prêts à être portés aux caves. Le transport se fait d'ordinaire avec des carrioles suspendues, dans les caissons desquelles il est emballé avec beaucoup de précautions : elles sont nécessaires pour que le fro- mage, dont la croûte est encore tendre, ne soit pas brisé par les cahotements de la voiture. Le voyage se fait de nuit, pour éviter les chaleurs du jour; les fromages arrivent à la cave de grand matin. A leur arrivée, les fromages soat reçus dans le poids (2). On les examine; on met au rebut ceux qui sont défectueux ; on les pèle ; on passe écritures de la quantité reçue et on l'inscrit sur une feuille que l'on remet au fermier jjour lui servir de titre lors du règlement déflnitif . Les fromages rebutés sont préparés pour le compte du propriétaire, qui s'en défait ensuite comme il l'entend. Les fromages arrivés le malin à la cave sont portés le soir au saloir (3), où l'on étend d'abord sur une ne leurs surfaces planes une poignée de sel fin. Dans cet état, on les dispose en piles de trois. Vingt-quatre heures après on les retourne, on sale l'autre surface et on les replace de la même manière. Quarante-huit heures après on les froUe vivement avec une toile forte, en vue de l'aire pénétrer le sel dans la pâte. [\] La plus grande propreté préside aux travaux de la laiterie. Le pain moisi, qu'oa introduit en poudre au moment de la mise en moule, est fabriqué tout exprès, et avec le plus grand soin, sa qualité influant beaucoup sur celle des fromages. On emploie, pour sa fabrication, par égales parts, de la farine de froment, d'orge d'hiver et d'orge de mars, en y ajoutant un levain très fort et en très grande quantité (1 hect. par 23 liect. de pâte) plus ^ litre de vinaigre. (2 Le poids, qui est au-dessus de la cave, est l'entrepôt où les fromages sont reçus lorsqu'ils arrivent à l'établissement. (3) Le nom en indique l'usage. Ce dernier local est d'autant meilleur qu'il participe de la fraiclicur des caves. 1258 EXCURSION On les replace ensuite en piles de trois ; on les laisse ainsi deux jours, après quoi on les remonte dans le poids pour y subir deux nouvelles opérations. La première consiste à enlever, à la surface des fromages, avec la lame d'un cou- teau, une couche, déjà soulevée, d'une matière gluante qu'on appelle pégot. L'épais- seur de cette couche varie avec les saisons. Immédiatement après on racle les froma- ges et on enlève une seconde couche, qui est la rebarbe blanche. La rebarbe est estimée comme aliment par les personnes de la classe ouvrière-, c'est un bon tonique et un fort stimulant pour l'estomac. On la vend 40 à 50 centimes le kilogramme. Cette première série d'opérations s'appelle racler. Lorsqu'elle est terminée, on peut juger de ce que seront les fromages, et on procède au classement. On les divise en trois catégories, qui sont : le premier choix ou surchoix, la première et la deuxième qualité. A la vente, il y a entre ces trois classes une différence de prix de 20 francs par 100 kilogrammes. Après leur classement, les fromages sont portés à la cave ; ils y restent pendant huit jours, en piles de trois, après quoi on les met de champ, en ayant soin de les tenir séparés les uns des autres et d'éviter entre eux tout point de contact. On appelle cela les mettre en plies. Ils se couvrent alors d'une croûte jaune ou rougeàtre. La couleur n'est pas la même dans toutes les caves. Il arrive quelquefois que sur cette croûte se développe une moisissure blanche, serrée, de 5 à 6 centimètres de longueur; les fromages sont alors raclés de nouveau. On appelle cette opération reviser ; le résidu s'appelle rcverun ; il ne sert que pour les porcs et se vend 5 centimes le kilogramme. Le revisage se renouvelle de huit à quinze jours d'intervalle, selon la qualité des fromages et selon que les caves en accélèrent la maturité. Les fromages à pâte grasse et fine sont plutôt mûrs que ceux de qualité inférieure. Le travail des fromages est fait, dans les caves, par des femmes appelées caba- nières (1). Leur nombre est de quatre cents environ. Leur salaire, autrefois de 100 francs seulement, avec le logement et la nourriture, est aujourd'hui de 200 francs. Elles sont engagées pour huit mois environ, c'est-à-dire pour le temps que dure le travail des caves : elles sont vêtues de vêtements chauds, et portant des sabots et des bas de laine, précaution recommandée par la température des caves; elles ont chacune un tablierde toile à plastron. Leur séjour dans les caves n'altère aucunement leur santé. Fraîches, vives et alertes, elles allègent leur travail par leurs chansons et une gaieté qui surprend l'étranger qui pénètre dans les caves. Les fromages des premiers mois de la campagne sont prêts pour la vente après un séjour de trente ou quarante jours dans les caves. On les expédie à mesure des de- mandes, en ciioisissant toujours ceux qui rapprochent le plus de la maturité. Ces fro- mages sont peu susceptibles de conservation. Ceux de l'arrière-saison restent plus longtemps en cave; ils sont raclés plusieurs fois. "Vers la fin septembre, ils ont atteint leur maturité complète. Après qu'on a enlevé une dernière fois le rêver un, on fait une seconde raclure; ce qu'on enlève, en la faisant, constitue la rebarbe rouge., qui sert, comme la blanche, d'aliment. Les fromages de cette époque sont les plus estimés; ils ont plus de fermeté, un goût exquis, et, avec des soins convenables, ils se conservent plusieurs mois. Les déchets qu'éprouvent les fromages, par le travail des caves, s'élève de 23 à 25 0/0. Il n'est aucune ligne particulière et facile à définir pour indiquer la maturité du fromage : une longue expérience seule apprend à la reconnaître au tact et à la nuance. (1) Du mol caban", ancienne dés'gnation dos caves. FABRICATION DU FROMAGE A ROQUEFORT 1259 Les fromages sont expédiés vers les lieux de consommation, emballés dans des pa- niers cylindriques, en osier, des cages en bois, dites gagets, et dans des caisses. Les résultats obtenus dans les caves de Roquefort ont donné l'idée d'utiliser, soit dans l'Aveyron, soit dans l'Hérault, plusieurs excavations naturelles, pour y préparer des fromages de brebis, en imitant les procédés de Roquefort ; il en sort une qualité de fromage sui generis, et qui ne manque pas d'une certaine valeur. Cependant ces fromages sont bien loin, pour leur qualité, de ceux des caves du centre de fabrica- tion. Le commerce ne les accepte que sous le nom de fromages façon de Roquefort. n y a entre eux et ceux de cette localité la différence que les connaisseurs trouvent entre les vins des grands crûs et ceux des coteaux voisins, qui les rappellent, mais ne peuvent en atteindre les qualités supérieures. TABLE AiNALYTIQUE Abri portatif pour thermomètres, 482. Abordages (Théorie mathématique des), 312. Absorption des radiations ultra-violettes des spectres solaires, 414. Acclimatation de la luzerne du Chili [me- dicago apiculata), 1056. Accouplement des ophidiens, 765. Acide carbonique (Décomposition de 1') par les feuilles sous l'influence de la lumière artificielle, 992. formique (Action spéciale dî I) sur le Térébenthène, 458. • formique cristalisable (Préparation in- dustrielle de 1'), 478. nitrolactique (Sur 1 oxydation sponta- née de 1'), 460. pyrogallique (L'j et S3s phtaléines, 455. salicylique (Étude physiologique de 1), 861. Acides (Action des) sur les sels sans l'action d'un dissolvant, 477. gras de l'huile de sésame, 450. Actions à distance (Sur une méthode de calcul appropriée aux corps discontinus qui obéissent à des), 261. Affections cardiaques (Les) consécutives aux maladies de l'appareil gastro - hépati- que, 938. Afrique (Ethnographie de quelques peupla- des de 1'), 839. occidentale (L'esclavage dans), 1167. Age du bronze (Matériel de l'ouvrier en métaux à 1'), 816. du bronze (L') en Médoc, 822. du fer (Premier) dans le Tarn, 839. de /ap/e/re (Découverte de F) en xV.lgc- ric. 828. .&g-uîIîîou. — Sur le chlorure de magné- sium et l'eau de Chalel-Guyon, 955. Aiguilles (Des) introduites dans le corps humain et de leur migration, du diagnos- tic des aiguilles et de leur extraction, 950" Air comprimé (Les machines à), 376. sec et de l'air humide (Passage de 1') à travers les plaques poreuses, 422. — ambiant (Courants atmosphériques reproduits par la rolation d'un globe dans 1), 1110. (Passage de l'eau et de 1") dans la terre arable, 993. Aigues-mortes (Excursion à), 1224. Albespy (D .). — Dessins bizarres fabri- qués par les bergers de l'Aveyron sur les arbres à écorce lisse, 840. Alcool méthijlique (Séparation et dosage de 1') en présence de l'alcool éihylique, 440. (de 1') produit dans le^ tissus ani- maux pendant la vie et après la mort, 446. Alcoolisés (Lésions du péritoine chez les), 860. .^llexantSriu (L.). — Discussion sur l'àgr; de bronze en Médoc, 823. Alexveff (N.). — Sur l'intégration de l'é- quation y" + Py" -f- Qy = 0, 190. Algérie (Découverle de l'âge de pierre en), 828. Allagnon (Fouilles d'une caverne des bois de 1) Puy-de-Dôme, 814. Altératinns histologiques (Diversité des) de l'ulérus en rapport avec la diversité des inllammations de cet organe, 970. Aluminium (Spectre de 1'), 4-2. iLinaary de Montclair. — Sur l'acide pyrogallique et ses phtaléines, 455. Ainîg-ues (E.). — De quelques propriétés d'une famille de courber représentée par une équation différenLicUe à deux varia- bles, 117. Ammoniaque (Préparation de 1), 444. Ammoniaques composées (SéparatioK des) 429. Ammonites (Les) du lias, 573. 1262 TABLE ANALYTIQUE Ampélidées (Affinités des vignes et rapports naturels des), 742. Amputés (Les athrophies cérébrales chez les), 883. Analogie (L'homologie et F) en histoire na- turelle, 777. Analyse des eaux minérales, 474. Anatomie et organogénie des cucurbitacées et des passiflorées, 711. Anesthésie (Danger de 1) par l'éther ou le chloroforme pendant la réduction de certaines fractures, 898. Angot. — Discussion sur le projet de construction d un observatoire sur le mont Aigoual, 516. L'observatoire de Lyon, 552. . • Tables nouvelles pour réduire le.'^ hauteurs barométriques au niveau de la mer, 561. Anguille (Appareil reproducteur et repro- duction de 1'), 775. Jnneawa; colores d'interférence (Nouveau pro- cédé phonéidoseopique par les), 395. Aplatissement terrestre (Sur 1') et la disiri- bution de la matière à l'intérieur du globe, 187. Appareil génératear (Anatomie, histologie et physiologie de 1') du zonites algirus, 757. électrique (Structure de 1') du gym- note, 775. reproducteur et reproduction de l'anguille, 775. . gastro-hépatique (Les affections car- diaques consécutives aux maladies de 1'), 938. de réfrigération (Application d'un nouvel) au traitement des maladies fé- briles, 975. Appareils (Présentation d') pour le tracé des lignes droites et des ovales de Casi- ni, 128. ■ Mouchot (Sur lutilisalionde la cha- leur solaire dans les), 341. à projection (Expériences et présen- tation d'), 404. d'optique élémentaire, 423. — ■ — enregistreurs (Présentation d'), 517. Appell (P.). — Sur certaines équations différentielles linéaires contenant un pa- ramètre variable et sur les polynômes sa- tisfaisant à une équation différentielle du 3° ordre, 253. Application de l'algèbre à la géométrie faite par Viète; application de cetle mé- thode au polygone de neuf côtés, 248. Aquarium (Sur un projet d') maritime à Cette et sur la nécessité de cette créa- tion, 33. Arches biaises (Expériences pour détermi- ner la direction des pressions dans les) , 302. Arc voltaique (Tempéi-ature de 1'), 387. dans les lampes électriques à char- bons mobiles, 402. Architecte (Le fer dans les mains de 1'), 338. Ardèche (Les Troglodytes de 1'), 797. Argile comestible (Présentation d'), 661. Argiles à silex, des Ardennes, 666. Argonaula bethencourtina (Le mollusque), 783. Arles. — Nouveau mode de terminaison des kystes du foie, 948. Arthro-synovite fongueuse (de l'ignipunc- ture dans le traitement de 1) et du sar- cocèle tuberculeux, 901. Articulations (Influence du mouvement et de la position sur les), 957. Aryens (Ancienne manière de compter par nuits des Sémites et des), rappelée par la philologie, 834. Ascite (La ponction capillaire dans 1'), 887. Assemblée générale, 1. Association française (L') à l'Exposition de 1878, 19. Astéries (Observations sur les), 776. Altitudes vicieuses (Le mobilier scolaire et les), 1173. Athétose (quatre nouveaux cas d'), 902. (Relation d'un cas d') des membres inférieurs guéris par les courants conti- nus, 929. Atrophie (Effets de la rétractation des ex- tenseurs du pied et en particulier de 1'), de la masse fibro-graisseuse métatarso- phalangienne, 976. Atrophies cérébrales (Les) chez les ampu tés, 883. Audoynaïul (A.). — Note sur la compo- sition de la feuille de l'olivier, 443. Du passage de l'eau et de l'air dans la terre arable, 993. Augmentatifs (Diminutifs et), 836. Auquier. — Sur le décollement liyaloï- dien, 987. Aurine (Sur la formation de 1'), 448. Axolotl (Sang de 1") et des batraciens, 7G6. Baillo». — Discussion iur l'étude sur la cristalline, 681. Discussion sur la préparation du curare, 686. TABLE ANALYTIQUE 1263 Bâillon. — Sur l'organogénie des fleurs femelles et des fruits des noyers, 726. Sur l'organogénie florale des sélagi- nées et des hebenstreitia, 742. Sur les affinités des vignes et sur les rapports naturels des ampélidées, 742. Bains sulfureux (Observations sur les), 454. Balistique expérimentale (Essai de), 180. Balaruc (Excursion à), 1228. Bananier (Etudes sur le), 68G. Bancs à broches (Sur un système de cônes conjugués à profil hyperbolique pour le mouvement différentiel des), 378. Bardoux. — Réformes des méthodes d'en- seignement en France, 9. Baréti. — Discussion sur les hémor- rhagies intermittentes d'origine palu- déenne, 891. Discussion sur les hémorrhagies bronchiques dans leui's rapports avec la phthisie pulmonaire, 898. Baromètre enregistreur (Un nouveau) , 393, 518. Barrai. — Des irrigations, 1182. Barres (Sur les coupures à faire dans les), 311. Barrois (D' Ch.). — Sur l'étendue du système tertiaire inférieur dans les Ar- dennes et sur les argiles à silex, 666. Sur le marbre griotte des Pyrénées, 668. Sur la faune troisième silurienne du Finistère, 669. Bassin (Homologie des muscles de l'épaule et du), 778. vicié (Présentation d'un), 892. Batraciens (Sang des axolotl et des), 766. de France (Action du venin de quelques), 778. Bazille (G.). — La greffe des vignes américaines, 1069. Bécliamp (J.). — De l'alcool produit dans les tissus animaux pendant la vie et après la mort, 446. Berchon (D"'). — Discussion sur le dan- ger (les croisements ethniques, 796. Sur l'âge du bronze en Médoc, 822. Berdellé (Ch.). — Sur l'élévation aux puissances et le calcul d'intérêt composé, 170. Propriétés des puissances de 5 et de leurs multiples, 176. Bergeron (.1.). — Discussion sur l'étude physiologique de l'acide salicylique, 862. Discussion sur les hémorrhagies in- termittentes d'origine paludéenne, 891. Berg^eron (J.). —Discussion sur la compa- raison des éthérisations simples et mixtes avec les chloroformisations de même ordre, 938. Beri^eron (Ch.). — Réformes dans la pose etlentretien de la voie des chemins de fer, 296. Discussion sur le tunnel trans marin, 399. Sur les coupures à faire dans les barres, 311. Bergers de l'Aveyron (Dessins bizarres fa- briqués par les) sur les arbres à écorces lisses, 840. Berry préhistorique (Légendes et supersti- tion du), 829. llertin. — Le nouvel hôpital de Mont- pellier, 916. Blés américains (Importation des), 1123. Blonds (majorité des) dans les infirmes et les illeltrés dans les conscrits de la Sa- voie, 827. Bonnefond (A.). — Du pin mugho, 7.39. Borius (D.). — Détermination de l'état hygrométrique de l'air sur le littoral du Finistère, 562. Boucherie. — Diminutifs et augmenta- tifs, 836. Bouquet de la CJrye. — Discussion sur la théorie mathématique du mouvement de l'eau dans les courbes, 377. Bourdel (D"-). — Hygiène de la ferme, 995. Bourg'eois (Léon). — Sur la production des chromâtes cristalhsées, 445. Bourgeons végétants (Propagation rapide des vignes américaines par la plantation des), 1045. Bourg^uet (D'' E.). — De l'immobilisation de l'anse intestinale dans quelques cas graves d'opération de hernie étran- glée, 907. Bouschet de Bernard. — Discussion sur la greffe des vignes américaines, 1069. Boussole des sinus et des tangentes de Pouillet, 390. BouTet. — Discussion sur la réforme des méthodes et des programmes d'enseigne- ment, 1121. ■ Discussion sur la transformation des octrois en taxe directe, 1151. De la circulation internationale des monnaies. 1164. Bouvier. — La Fontaine de Vaucluse, 348. 1264 TABLE ANALYTIQUE BouTier. — Discussion sur le projet de construction d'un observatoire sur le mont Aigoual, 516. lëi-aii «le §aint-Pol-Ijias. — Discus- sion sur les pays Çomalis, 1071. Brèche au Diable (une station de Silurien à la) Calvados, 663. Brég-uct (A.). — Sur [les machines raa- gnélo-élcctriques du genre de celle de Gramme, 427. Brîcka (Scipion). — Sur le projet de construction d'un observatoire sur le mont Aigoual, 514. Brioschi. — Recherches sur les équa- tions différentielles linéaires du second ordre, 278. Broca (Paul). — Compte rendu du Con- grès de Moscou, 849. Bron«^uiart (Gh.). — Obsarvations nou- velles sur les épidémies sévissant sur les insectes, 735. Brousse (A.). — Quatre nouveaux cas d'athétose, 902. Budget de l'hygiène publique, 1152. Buisine (A.). — Sur la sépai-ation des ammoniaques composées, 429. Sur la triméthylamine commerciale, 437. Caliello e It'banez. — Traitement des vignes phylloxérées, 1050. Cacheux. — Études sur les habitations ouvrières exposées en 1878, 1153. Ca«Iot. — Discussion sur les réformes dans la pose et l'entretien de la voie des chemins de fer, 296. Sur l'action des grands chantiers sur la moralité des pays intéressés, 321. Caféiers (maladies des), 725. Caillol de Poney (0.). — Séparation de l'alcool méthylique en présence de l'alcool éthylique, 440. Acides gras de l'huile de sésame, 450. Cailloux quaternaires (Érosion des) due à l'action du vent et du sable, 646. Cailloux rayés de l'éocène, 594. Calculs de cholestérine (Analyse de liquides de kystes et de prétendus), 882. Canuiiuati (P ). — Théorie et pratique des logarithmes d'addiLion et de sous- traction, 180. Camphre (Nouveaux dérivés du), 444. Canal du Midi (Sur la transformation du), 297. de IHérault (Utilité du) pour les irrigations, 321. Cantons ruraux (Le progrès par l'initiative privée dans les), 1121. Capillaires (Sur la contractilité des), 949. Caractères latins (Transcription pratique au point de vue français des noms ara- bes en), 1076. Carcassonne (Excursion à), 1232. Cardozo de Bétliencourt. — Etude sur les chàtaigners atteints de la nouvelle maladie, 734. Le mollusque argonauta bethencour- tina, 783. Carj^e (Os supplémentaire de la deuxième rangée du). Analogie avec le carpe des singes, 850. Csirret (D'' Jules). — Détérioration du cli- mat dans l'Europe occidentale, 519. ■ Accroissement survenu dans la taille moyenne des conscrits de la Savoie, ma- jorité des blonds dans les inflrmes et les illettrés, 828. Discussion sur la statistique anthro- pologique en Suisse, 836. Carrieu. — Discussion sur l'étude phy- siologique de l'acide salicylique, 862. Cartailhac (E.). — Discussion sur le gisement quaternaire de Sarliève, 807. Discussion sur l'âge du bronze en Médoc, 823. Nouvelles découvertes do l'âge de la pierre en Algérie, 828. Le premier âge du fer dans le Tarn, 839. Discussion sur la station néolithique du moulin de Sauret près Montpellier, 855. Carte archéologique (Ébauche dune) du département de l'Hérault, 799. archéologique du département de l'Aube, époque celtique, 817. géologique (Présentation d'une) du mont Ventoux, 650. en relief (Présentation dune) du département de l'Hérault, liiO. Cartes linguistiques (Présentation de), 839. Castain^. — Discussion sur les hémor- rhagies intermittentes d'origine paludéen- ne, 891. Oasîau. — Traitement de la gravelle uri- naire par les sèigmates de ma'is, 916. Castagfuîer. — Discussions sur les réfor- mes et l'entretien de la voie des chemins de fer, 296. Sur le tunnel sous-marin, 309. Castel d'Appio (Le Pliocène de) en Italie, nomenclature des fossiles qu'il renferme, 670. TABLE ANALYTIQUE 1265 Cauty. — Les inseclicidcs et leur rôle dans la viliculture, 1067. Caverne (Fouille d'une) des bords de l'AUa- gnon (Puy-de-Dôme], 814. Caves (Visite aux) de Roquefort, fabrication du fromage, 1256. Cuzilis de Fondonce. — Erosion de cailloux quaternaires due à l'action du vent et du sable, 646. Ebauche d'une carte archéologique du déparlemenl de l'Hérault, 779. Caxelles. — De l'influence sociale de lesprit scientifique, 16. C'azciM'UTc. — Sur l'action oxydante de 1 oxyde de cuivre, 4iO. Cénomanien de l'Algérie (Considérations stratigraphiques et paléontologiques sur les échlnides de l'étage cénomanien de ■ l'Algérie, 675. Cépages américains (Des) et des terrains qu leur conviennent, 1038. (Etudes faites à l'école d'agriculture de Montpellier sur le vin des), 1068. Cerf-volant (Théorie du), 283. Certes (A.). — Sur une méthode de con- servation des infusoires, 777. Cette (Sur un projet d'aquarium maritime à) et sur la nécessité de cette création, 33. (Phosphate de chaux), 662. (Excursion à), 1228. Cévenncs (Les terrains des), 610. Chaires d'hydrologie médicale (Utilité de la création de), 950. Chais (Visi'e aux) de MM. Noilly-Prat et C'% 1252. Chaleur solaire (La) et les chaudières Mou- chot, 341. Chaleur solaire (Note sur la distribution do la) sur les différents points du globe ter- restre dans les jours d'équinoxe et de solstice, 489. Chalot. — Sur les injections de chlorhy- drate de pilocarpine, 868. Discussion sur les hémorrhagies bronchiques dans leurs rapports avec la phthisie pulmonaire, 897 De l'ignipuncture dans le traitement del'arthrosynovite fongueuse et du sarco- cèle tuberculeux, 901. Discussion sur les éthérisations sim- ples et mixtes elles chloroforraisations de même ordre, 938. Discussion sur la menstruation à Mar- seille et dans les Bouches-du-Rliône,968. Champignon parasite du Chironomus ripa- rius 768. Chainpig^ny. — Analyses de liquides de kystes et de prétendus calculs de choles- térine, 882. Chanc. — Discussion sur le mobilier sco- laire et les attitud3s vicieuses, 1174. Chantiers (Sur l'action des grands] sur la moralité des pays intéressés, 321 . Caperon (G.). — Nouvelle machine ma- gnéto ou dynamo-électrique, 417. Charbons mobiles (L'arc voltaïque dans les lampes électriques à), 402. feuilletés glaciaires (formation des] de la Suisse, 636. Chassagnette (fouilles d'une sépulture à], 814. Châtaignier (Le parasite de la maladie du], 730. (La maladie des], 733 et 734. Chatel-Guyon (Sur le chlorure de magné- sium et l'eau de], 955. Chaudière solaire. Appareils de M. Mou~ chot, 341. Chemins de fer (Réformes dans la pose et l'entretien de la voie des], 296. — — (Sur le) Transsaharien, 298, 310. Cheval des pampas (Importation en France du], 991. Clieysson. — Album de la statistique graphique pour 1879, 326. Chironomus riparius (Un champignon parasi- te du), 768. Chlorhydrate de pilocarpine (Injections hy- podermiques de), 868. Chloroforme (Dangers de lanesthésie par létheroule) pendant la réduction de cer- taines fractures. 898. Chloroformisations (Étude comparative des éthérisations simples et mixtes avec les) de même ordre, 935. Chlorure de Magnésium (Sur le) et l'eau de Chatel-Guyon, 955. Cholestérine (Analyse de liquides de kystes et de prétendus calculs de), 882. Chromâtes cristallisées (Production des), 445. Chute du calice operculaire des Eschschol- tzia, 679. Cicatrisation (Nouvelle méthode d'appré- cier la marche de la) et les modifica- tions de volume des organes, 979. Circulation internationale des monnaies, 1164. Cleistogamie (la) dans le pavonia hastata et dans quelques autres plantes, 688. Clément. — Discussion sur l'étude phy- siologique de l'acide salicylique, 862 80 1266 TABLE ANALYTIQUE ■Clément. —Application d'un nouvel appa- reil, de réfrigération au traitement des maladies fébriles, 975. Clermont (Ph.de). —De l'action des sels ammoniacaux sur quelques sulfures mé- talliques et de l'application des faits ob- servés à l'analyse, 446. Sur la formation de l'aurine, 448. Observations sur les bains sulfureux, 454. Climat [Détérioration du) de la Savoie, et variation des climats dans l'Europe occi- dentale, 519. Cœur [Sur le plateau des oriûees artériels du), 922. , (Sur l'innervation du;, 947. Collis^non (Ed.). —Problème de géodésie, 129. Note sur l'inscription dans le cercle du polygone régulier de 17 côtés. 162. Considération sur la formule de Wallis, 193. Collot. — Cailloux rayés de l'éocène, 594. Discussion sur l'oxfordien supérieur, le corallien et le néocomien inférieur dans les Cévennes, 626. La Crau, 660. Discussion sur l'étude sommaire des faunes paléozoïques du ibas Languedoc et des Pyrénées, 662. Colonne verlébrale (Déformation scolaire de la), 989. Çomalis Medjourtines ( Renseignements ethnographiques sur les), 841. Coiubal. — Discussion sur l'étude phy- siologique de l'acide salicylique, 862. Discussion sur les affections cardia- ques consécutives aux maladies de l'ap- pareil gastro-hépatique, 939. Comité local, 6. Composition chimique de la graine de lin, 1056. Cônes conjugués (Sur un système de) à profil hyperbolique pour le mouvement différentiel des bancs à broches, 378. Congrès de Moscou (Compte-rendu du), 849). Coosmis (Accroissement de la taille moyenne des) de la Savoie, 828. Conservation ^Méthode de) 777. Constructions graphiques de Viète relatives à la cercle, 283. Contractilité (Sur la) des capillaires, 949. des jnfusoires, (Sur quelques) quadrature du Conversion des températures Fahrenheit en températures centigrades, 489. ConTcpt (F.). — Des variations de prix provoquées par les progrès de la maladie des vignes dans le Midi, 1050. Coordonnées polaires (Sur les équations d'une même courbe en) par rapport au même axe, 240. Corallien (L'oxfordien supérieur, le) et le néocomien inférieur dans les Céyennes, 610. Corbières (Terrain crétacé des), 574. CorÎTcaud. — Observations sur un ca d'ichthyose cornée, 929. Cormillaricns (Développement des), 771. Cornu (A.). — Sur l'absorption des radia- tions ultra-violettes des spectres solai- res, 414. Sur les spectres de l'aluminium et du zinc, 422. Cornu (M.). — Observations nouvelles sur les épidémies sévissant sur les insectes, 735. Corps discontinus (Méthode de calcul ap- propriée aux) qui obéissent à des actions à distance, 261. Coste (D.-U.). — Effets de la submersion sur la constitution élémentaire des racines phylloxérées, 1064. Cotteau. — Discussion sur l'étude de l'oxfordien supérieur, le corallien et le néocomien inférieurs dans les Cévennes, 626. Considérations stratlgraphiques et pa- léontologlques sur les échinides de l'é- tage cénomanien de l'Algérie, 655. Coude (Sur la résection du), 953. Couleur, odeur et saveur des fleurs et des fruits, 734. Coupures (Sur les) à faire dans les barres, 311. Courants atmosphériques reproduits par la rotation d'un globe dans l'air ambiant, 542, 1110. Courants continus (Relation d'un cas d'a- thétose des membres inférieurs, guéris par les), 929, Courbe unicursale (Déterminer une) de qua- trième ordre ayant des points doubles en A, et Aj, et passant par les sept points 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7, 249. Courbes (Sur les) tracées sur une surface de second ordre, 180. (Propriétés d'une famille de), 117. (Équations des) en coordonnées polaires, 240. TABLE ANALYTIQUE 1267 Courbes du troisième degré (Sur les poly- gones à la fois inscrits et circonscrits aux), 245. unicursales de 4" ordre, 249. gauches unicursales (Etude sur les] applications aux quartiques et aux quin- tiques gauches, 253. Théorie mathématique du mouvement de l'eau dans les], 377. Courchet. — Mémoire sur les galles du térébinlhe, 681. Conrty (A.). — Sur la diversité des alté- rations histologiques de l'utérus en rap- port avec la diversité des inflammations de cet organe, 970. De la propagation des vignes améri- caines par la plantation des bourgeons végétants, 1045. L'éducation basée sur l'évolution or- ganique industrielle et sur les conditions sociales, 1124. Crâne (Perforation méconnue du) par des tumeurs paracràniennes, 955. Crau (La], 660. Crinoides fossiles (Les) de la Suisse, 627. Cristalline (Etude sur la], 680. Croisements ethniques (Dangers des), 796. Crova. — Discussion sur les pouvoirs ab- sorbant et émissif thermique des flam- mes et sur la température de l'arc vol- taïque, 389. Appareil pour la mesure des hautes températures, 392. Expériences et présentations d'appa- reils mesure spectrophotométrique de la température des flammes, 413. Discussion sur l'absorption des radia- tions ultra-violettes des spectres solaires, 414. Sur la mesure de l'intensité calorifi- que et de la transmissibilité des radia- tions solaires dans les observations mé- téorologiques, 567. Cucurbitacées (Organogénie des) et des pas- siflorées, 711. Cucurbitacées (Le squelette fibro-vasculaire des), 741. Cultures (Les) du champ d'expérience de Grignon, 1006. Curare (Préparation du), 685. Cuscute (Destruction de la], 1064. Daleau (F.). — Les stations préhistori- ques des étangs d'Hourtin et de Lacanau (Gironde), 807. Dally (D'). — Dangers des croisements fullliqu.i, 733. Daily (D''). — Discussion sur la statistique anthropologique en Suisse, 836. Déformation scolaire de la colonne vertébrale, 989. Sur le mobilier scolaire et les atti- tudes vicieuses, 1174. Dames (Jeu de) à la Polonaise, 549. Darboux (P.). — Présentation d'appareils pour le tracé des lignes droites et des ovales de Cassini, 128. Sur les équations diff"érentielles aux dérivées partielles, 248. Sur la théorie du cerf-volant, 283. Appareils divers de Peaucellier, Hart et Kempe, 376. Da ^llva (S.). — Notice sur les monu- ments mégalithiques en Portugal, 823. Dauphiné (Grottes préhistoriques du), 857. Déclinaison magnétique (Nouvelle méthode pour mesurer la) en un lieu donné, 193. Décollement hyaloïdien (Sur le), 987. Déformation scolaire de la colonne verté- brale, 989. Déformations (Cas de) multiples du sque- lette. 990. Dehérain (P. P.). — Sur la décomposi- tion ucornot. — Utilité du canal de l'Hérault pour les irrigations, 321. Ducretet (E.). — Boussole des sinus et des tangentes de Pouillet, 390. Dufour (H.). — Note sur un nouveau ba- romètre enregistreur, 393. Sur le passage de l'air sec et de l'air humide à travers les plaques poreuses, 422. Nouveau baromètre enregistreur, 518. Unification des échelles employées dans les instruments enregistreurs, 518. Dumas. — Présentation d'un bassin vicié, 892. Uuplay (S.). — Traitement chirurgical de l'hypospadias et de fépispadias, 886. Duponchel. — Sur le chemin de fer Transsaharien, 298. Oarand.— Ostéologie comparé.3 du mem- bre thoracique, 766. Sur l'honaologie et l'analogie en his- toire naturelle, 777. Uuraud (l'abbé). — tral, 1110. Btutailly (G.).— Recherches anatomiques et organogéniques sur les cucurbitacées et les passiflorées, 911. Recherches sur le squelette flbro- vasculaire des cucurbitacées, 741. Sur le Sahara cen- TABLE ANALYTICL'E 1269 On^illicr (E.). — Sur la séparalion des ammoniaques composées, 429. Sur la trimélhylamine commerciale, 437. Eau de Chatel-Guyon (Sur le chlorure de magnésium et 1'), 955. (Passage de 1') et de l'air dans la terre arable, 993. (Rôle de la surface libre de 1'], 553. (Théorie mathématique du mouve- ment de 1 ) dans les courbes, 377. Eaux minérales (Analyse des), 474. Échanges internationaux (De la balance du commerce et du véritable rôle des mé- taux précieux dans les), 60. Échinides (Notes sur les) recueillis dans les . expéditions du Challenger et du Blake, 650. (Considérations stratigraphiques et paléontoiogiques sur les) de l'étage cé- nomanien de l'Algérie, 655. Éclosion des vers à soie par le frottement, 754. École d'agriculture (Études faites à 1') de Montpellier sur les vins des cépages amé- ricains, 1068. — d'agriculture de Montpellier (Visite a 1'), 1247. (Hygiène de la maison d'), 50. de Montpellier (Notice sur 1') consi- dérée sous le rapport de l'obstétrique, 917. Ecoles de Marseille (La myopie dans les), 916. (L'enseignement de la géométrie dans les) et les lycées, 1172. Education (L') basée sur l'évolution organi- que individuelle et sur les conditions sociales, 1124. physique et morale de la première enfance, 1174. Eichthal (Ad. d'). — Discussion sur les fêtes publiques et particulièrement sur les fêtes locales, 1123. Sur l'importation des blés américains, 1123. Electricité de la pluie (Observations sur r),418. statique (Sur une propriété carac- téristique des surfaces du second degré dans la théorie de 1), 236. Electro-magnétique (Machine), 376. Elévation aux puissances (Sur 1') et le cal- cul d'intérêts composés, 170. Empreintes (Procédé pour relever les) sur le sol, 918. Enfance (Education physique et morale de la première), 1174. Eii^el. — Sur les lois de dissociation, 414. Sur l'action tonique de l'hydrogène phosphore, 444. Sur l'action de l'hydrogène sulfuré sur le mercure, 444. Sur la préparation de l'ammoniaque, 444. Sur les densités de vapeurs anorma- les, 458. Engrais chimiques (Culture du lin à 1 aide des), 996. (Nouveaux), 1C54. Engrenages (Module des), 329. Enseignement (Réforme des méthodes d') en France, 9. (Réforme des méthodes et des pro- grammes d'), 1111. (L') de la géométrie dans les écoles et les lycées, 1172. Eocène (Cailloux rayés de), 594. Epaule (Homologie des muscles de 1') et ûu bassin, 778. Epidémies (Observations nouvelles sur les) sévissant sur les insectes, 735. Epispadias (Traitement chirurgical de l'hypospadias et de J'), 886. Epoque celtique (Dictionnaire archéologique du département de l'Aude), 817. Equation différentielle (De quelques pro- priétés d'une famille de courbes représen- tée par une) à deux variables, 117. — (Sur l'intégration de 1) différentielle y" + Py' + Qy = 0, 190. Equations différentielles (Remarques sur les solutions singulières des) du 1" ordre à deux variables, 241. (Sur les) aux dérivées partielles, 248. linéaires (Sur certaines) contenant un paramètre variable, 253. du 3^ ordre (Sur les polynômes satis- faisant à une), 253. linéaires (Recherches sur les) du second ordre, 278, de degré premier (Sur les) solubles par radicaux, 245. Equinoxe (Note sur la distribution de la chaleur solaire sur les différents points du globe terrestre dans les jours d') et de solstice, 489. Erosion Aqs cailloux quaternaires due à l'ac- tion du vent et du sable, 646. Escary. — Valeur finale de la fonction Y/i pour les valeurs indéfiniment crois- santes de l'entier n, 273. Eschscholtzia (Mécanisme de la chute du calice operculaire des), 679. j270 TABLE ANALYTIQUE [L') dans l'Afrique occidentale, sociale sur les Çomalis sur les injec- chlorydrate de urinaires dans Esclavage 1167. Espagne [D-^]. — L'ancienne manière de compter par nuit des Sémites et des Aryens rappelée par îa philologie, 834 Esprit scientiflque (De l'influence de 1'), 16. Etang de Berre (L') au point de vue mili- taire et commercial, 332. d'Hourtin et deLacanau (Les stations préhistoriques des), 807. Ether (Danger de l'anesthésie par 1') ou le chloroforme pendant la réduction de certaines fractures, 898. Ethérisations (Etude comparative des) sim- ples et mixtes avec les chloroformisa- tions de même ordre, 935. Ethnographie de Quelques peuplades de l'Afrique, 839. (Renseignements d') Medjourtines, 840. Eustache. — Discussion tions hypodermiques de pilocarpine, 869. Lésion des organes l'ovariotomie, 940. Discussion sur la menstruation à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône , 967. Excitabilité réflexe (Agents qui modifient 1') du pneumogastrique, 775. Excroissances fongueuses de l'urèthre con- sidérées comme symptôme de la tuber- culisation des organes urinaires de la femme, 977. Excursions à Nimes et Aiguesmortes, 1224 ; à Balaruc et Cette, 1228 ; à Carcassonne et Perpignan, 1232 ; dans le Gard 1234 ; dans l'Hérault, 1238. Exposition de 4878 (L'Association française àl'), 19. Extenseurs du pied (Des effets de la ré- tractation des) et en particulier de l'atro- phie de la masse fibro-graisseuse méta- tarso-phalangienne, 976. Fabre (A.). — Présentation d'une carte en relief du département de l'Hérault, 1100. Fabre de Rieunègre. — Utilité de la création de chaires d'hydrologie médicale, 950. Fanton. — Présentation d'un salpingo- tome, 987. Faulquier Cadet et C'° (Visite à l'usine de MM.], 1245. Faune, troisième 669. erpétologique d'Europe silurienne du Finistère, points obs- curs de la), 778. Faunes lacustres de la région subalpine, 744. paléozoïques (Étude sommaire des) du bas Languedoc et des Pyrénées, 662. Fécondité (Rapport inverse entre la) des parents et le poids des nouveau-nés, 850. Fêtes locales (Fêtes publiques et particu- lièrement les), 1122. Fêtes publiques (Les) et particulièrement les fêtes locales, 1122. Fer (Le) dans les mains de l'architecte, . 338. Ferme (Hygiène de la), 996. Fertilisalion (Peuplement et) du Sahara, 1070. Feu grisou (Avertisseur du), 517. Fibres musculaires (Structure des). Fière (P.). — Grottes préhistoriques du Dauphiné, 852. Fieuzal. — Discussion sur les injections hypodermiques de chlorhydrate de pilo- carpine, 869. Contribution à l'étude des kystes hy- datiques sous-conjonctivaux, 914. Filhol. — Sur les polysulfures, 449. Finances (Les) de l'Association, 30. Fines (D'") . — Allocution, 480. Sur la mesure delà neige, 517. Avertisseur du feu grisou, 517. Finistère (Détermination de l'état hygromé- trique de l'air sur le littoral du), 562. Fistule anale (Sur un cas de), 989. Foex (G.). — Résistance des vignes amé- ricaines, 1013. Sur la réinvasion œstivale des vigno- bles soumis à divers traitements insecti- cides, 1064. Foie (Nouveau mode de terminaison des kystes du), 948. Fonction Yn (Valeur finale de la), 273. Fontaine de Vaucluse (La), 348. Forces (Le travail humain et la conserva- tion des), 1007. Forel (F. -A.). —Seiches et vibration des lacs et de la mer, 493. Les faunes lacustres de la région su- balpine, 744. Statistique anthropologique en Suisse, 835. Forestier. — Note sur les équations d'une même courbe en coordonnées po- laires par rapport au même axe, 240. TABLE ANALYTIQUE 1271 Formes (Des) des grands navires à vapeur, 326. Formule de Wallis (Considération sur la), 193. Fossiles (Sur les ossements) des terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims, 585. siluriens (Supplément au catalogue des) de l'Anjou et de la Bretagne, 663. (Le pliocène de Castel d'Appio en Italie, nomenclature des) qu'il renferme, 670. Fractures (Danger de l'anesthésie par l'éther ou le chloroforme pendant la réduction de certaines), 898. Franck (F.). — Sur quelques agents qui modifient l'excitabilité réflexe du pneumo- gastrique, 775- Discussion sur les affections cardia- ques consécutives aux maladies de l'ap- pareil gaslro-hépalique, 939. Sur l'innervation du cœur, 947. Francq (L.).. — La locomotive sans foyer, ses résultats ; applications diverses de son principe, 342. Fredericq. — Travaux de zoologie exé- cutés au laboratoire de Roscofï, 771. Freyssinet (Fouilles d'un dolmen à), 814. Fromage (Visite aux caves de Roquefort, fabrication du), 1256. Fromeut. — Projet d'un observatoire au Mézenc, 561. Froiumel (J.). — Sur la formation de Taurine, 448- Observations sur les bains sulfureux, 454. Fulcrand (Colonel). — Reconnaissance au Sénégal en 1856, 1071. Présentation des instruments de voyage et de reconnaissance du colonel Goulier, 1076. Ciajrauld. — Discussion sur la prothèse immédiate dans la pratique de certaines opérations sur la face, 913. Galles duTérébinthe (Mémoire sur les), 681. Gallinacées (Polydactylie héréditaire chez les), 817. Gard (Excursion dans le), 1234. Garicl. — Appareils et expériences pour les démonstrations d'optique élémen- taire, 423. CJarrigou (le D"'). — Des sources miné- rales mercurielles de la France — ana- lyse des eaux minérales, 474. Cicnaillc (H.). — Sur la machine électro- magnétique, 376. tîenty. — Étude sur les courbes gauches unicursales, application aux quartiques et aux quintiques gauches, 253. Génération (la) des pucerons, 772. Géodésie (Problèmes de), 129. Géographie physique (La) au point de vue de la défense du territoire, 37. Géométrie (L'enseignement de la] dans les écoles et les lycées, 1172. -^^^^ Germination (Du rôle des corps gras dans la) des graines, 699. Ciiard. — Les Orthonectida, genre nou- veau de l'embranchement des Termes, 751. Sur un champignon parasite du Chi- ronomus riparius, 768. Sur la croissance du ver solitaire (Taenia mediocanellata), 768. Gisement quaternaire de Sarliève, 801. Cilaize. — Discussion sur l'éducation basée sur l'évolution organique individuelle et sur les conditions sociales, 1143. Glaucome (Guérison du) simple par la sclérotomie, 8.56. Cilénard. — Sur un nouveau principe immédiat retiré de la racine d'Ipéca, 442. €>iosse (D'). — Matériel de l'ouvrier en métaux à l'âge du bronze, 816. Discussion sur l'âge du bronze en Médoc, 823. Discussion sur le rapport inverse entre la fécondité des parents et le poids des nouveau-nés, 851. Goulier (Appareil du colonel), 1076. Cirad (Charles). — Sur la formation des charbons feuilletés glaciaires de la Suisse, 636. Graine de Lin (Composition chimiq e de la), 1056. Graissessac ("Visite aux mines de), 1255. Cirassct. — Rapports de la lèpre tubercu- leuse et de la sclérodermie, 902. Gravelle urinaire (Traitement de la) par les stigmates de maïs, 946. Greffe (La) des vignes américaines , 1069. Grêle (Influence du relief du sol sur la), 542. (Examen critique des diverses théo- ries de la), 543. Gricjnon (Culture du champ d'expériences de), 1006. Grimald [D'). — Présentation d'un dic- tionnaire de botanique, 679. Cirosset. — Discussion sur les fêtes pu- bliques et particulièrement sur les fêtes locales, 1123. 127 TABLE ANALYTIQUE Grottes quaternaires (De quelques hypéros- toses de poissons trouvées dans les) de Menton en Italie, 595. Grottes préhistoriques du Dauphiné, 852. Clronlt. — Le progrès par l'initiative pri- vée dans les cantons ruraux. Les théâtres ruraux, 1121. Ciryufelt. — Discussion sur la prothèse immédiate dans la pratique de certaines opérations de la face, 913. Discussion sur un nouveau mode de terminaison des kystes du foie, 948. diuébhard (A.). — Nouveau procédé pho- néidoscopique par les anneaux colorés d'interférence, 395. Osmose de l'alcool à travers la gutta- percha, 410. Guieysse (P.).— Étude sur les sondages, 211. Ciuillaud. — Discussion sur les tubé- roïdes de M. Duchartre, 729. Gutta-percha (Osmose de l'alcool à travers la), 410. CJuyot (Yves). —Discussion sur la trans- formation des octrois en taxe directe, 1151. ■ Discussion sur la circulation interna- tionale des monnaies, 1165. Discussion sur les traités de com- merce et le tarif général des douanes , 1171. Gymnote (Structure de l'appareil électrique du), 775. Habitations ouvrières (Sur les) exposées en 1878, 1053. Haller. — Sur de nouveaux dérivés du camphre, 444. Hancelin. — Discussion sur la ponction capillaire dans l'ascite, 890. Hart (Appareils de), 376. Hauteurs barométriques (Tabl,es nouvelles pour réduii-e les) au niveau da la mer, 561. Hebenstreitia (Organogénie florale des sela- ginées et des), 743. neckel. — Étude sur la cristalline. 680. Discussion sur la préparation du cu- rare, 686. De la Cleistogamie dans le pavo- nia hastata et dans quelques autres plan- tes, 698. De l'organisation des dicranum, 698. Hémorrhagies intermittentes d'origine pa- ludéenne, 891. bronchiques (Des) dans leurs rapports avec la phthisie pulmonaire, 892. Bleiirt-Petît. — Discussion sur l'étude physiologique de l'acide salicylique, 862. Perforation méconnue du crâne par les tumeurs paracràniennes, 955. Ilenrot (D"' H.). — Discussion sur les lé- sions du péritoine chez les alcoolisés, 860. De la ponction capillaire dans l'ascite, 887. Discussion sur un nouveau mode de terminaison des kystes du foie, 948. Oenry (Louis). — Sur l'oxydation sponta- née de l'acide nitrolactique, 460. Sur l'addition d'oxygène libre aux composés non saturés. 461. Sur la distillation sèche du trichloro- acétate de sodium, 468. Hérault (Excursion dans 1'), 1238. Eleriuary. — Sur le jeu du solitaire, 284. Hernie étranglée (L'immobilisation de l'anse intestinale dans quelques cas graves d'o- pération de), 907. Homologie [V ] et l'analogie en histoire naturelle, 777. des muscles de l'épaule et du bassin, 778. Hôpital (Le nouvel) de Montpellier, 916, Hôpitaux (Nécessité de créer des) pour les phtisiques dans le midi de la France, 969. lEortolès (Ch.). — Discussion sur la pro- thèse immédiate, dans la pratique de certaines opérations de la face, 913. Étude comparative des élhérisations simples et mixtes avec les chloroformi- sations de même ordre, 935. Hourtin (Les stations préhistoriques des étangs d') et de Lacanau (Gironde), 807. Houxû de l'Aolnoit. — Discussion sur la résection du coude, 954. Nouvelle méthode d'apprécier la marche de la cicatrisation et les modifl- cations de volume des organes, 969. Uovelucqiie. — Discussion sur les dan- gers des croisements ethniques, 197. Discussion sur les fouilles d'un dol- men à Freyssinet, dune sépulture à Ghassagnette et une caverne des bords de l'Allagnon. Discussion sur l'accroissement de la taille moyenne des conscrits de la Sa- voie, majorité des blonds tans les in- firmes et les illettrés, 829. Discussion sur la statistique anthro- pologique en Suisse, 836. TABLE ANALYTIQUE 1273 IIoTelacquc. — Présentation de cartes lin- guistiques, 839. Hydatides (Les] description et distribution géographique locale, 752, Hydrogène phosphore (Action toxique de 1'), 444. sulfuré [Action de 1') sur le mercure), 444. Hydrologie médicale (De l'utilité des chai- res d'), 950. Hygiène de la maison d'école, 50. de la ferme, 996. publique (Le budget de 1'), 1152. Hygrométrie (Détermination de 1') de l'air sur le littoral du Finistère, 562. Hyperostoses ( De quelques ) de poissons trouvées dans les grottes quaternaires de Menton, en Italie, 595. Hypospadias (Traitement chirurgical de 1 ) et de l'épispadias, 886. Ichthyosc cornée (Observation d'un cas d), 929. Ignipunclure (L'j dans le traitement de l'arthrosynovite fongueuse et du sarco- cèle tuberculeux, 900. Ile de Kcrguden (Étude météorologique de 1'), 483. Illusion (Note sur une) d'optique, 299. Importation (Sur 1') des blés américains ii;3. Inflammations (Diversité des altérations histologiques de l'utérus en rapport avec la diversité des) de cet organe, 970. Infusoires (Méthode de conservation des) 777. Injections hypodermiques de chlorhydrate de pilocarpine, 868. Innervation du cœur (sur !'), 947. Inscription (Sur 1') dans le cercle du poly- gone régulier de 17 côtés, 162. insectes (Nouvelles observations sur les épi- démies sévissant sur les), 735. Insecticides (Réinvasion testivale des vi- gnobles soumis à divers traitements), 1064. (Le phylloxéra, les), les vignes amé- ricaines, 1023. (Les) et leur rôle dans la viticulture, 1067. Instruments enregistreurs (Unification des échelles dans les), 518. de voyage et de reconnaissance, (Présentation des) du colonel Goulier, 976. Intégration (Suri') del'équalion différentielle, y"+Py' - Qy = 0, 190. Intensité calonUque (Mesure de 1') et de la transmissibilité des radiations solaires dans les observatoires météorologiques, 567. Intérêts composés (Sur l'élévation aux puis- sances et le calcul d'), 170. Interférence (Nouveau procédé phonéidos- copique par les anneaux colorés d"), 395. Inventions mathématiques de Viète, 143. Invertébrés (Modification de taille observée chez les) dragués à de grandes profon- deurs, 772. Ipéca (Nouveau principe immédiat retiré de la racine d"), 442. Irréductibilité (Sur 1") au point de vue arithmétique, 162. Irrigations (Utilité du canal de l'Hérault pour les), 321. (Les), M82. «ianiii (G.). — Résolution du problème de Jacobi et de celui de Reimann, 260. daumes. — Discussion sur les hémorrha- gies intermittentes d'origine paludéenne, 891. Procédé à employer pour relever les empreintes sur le sol, 918. eleanjean (A.). — Etude sur loxfordien supérieur, le corallien et le néocomieu inférieur dans les Cévennes, 610. Jeu de dames à la polonaise, J49. Jeu (Sur le) du solitaire, 28i. «lobert. — Sur la préparation du curare, 685. Sur la maladie des caféiers, 725. Sur la prétendue voix de certains poissons siluroïdes, 943. Sur le rôle des renflements œsopha- giens du tétraodon, 766. Mode d'existence d'une taupe grillon amazonienne, 774. Sur l'action des poisons ichthyothères employés par les Indiens de l'Amazone, 775. • Structure de l'appareil électrique du gymnote, 775. •loly (A.). — Discussion sur l'élude sur la cristalline, 681. Etudes sur le bananier, 686. Discussion sur la génération des pu- cerons, 774. Kempe (Appareils de), 376. Kcrguélen (Etude météorologique de l'île de), 483. Kiew (Etat sanitaire des populations du gouvernement de), 863. 1274 TABLE ANALYTIQUE Kownacki. — Discussion sur la réforme des méthodes et des programmes d'en- seignement, 1121. Discussion sur les fêtes publiques et particulièrement les fêtes locales, 1123. La question des maîtres d'études, 1166. Kyste hydatique congénital dans la région temporale, 769. Kystes (Analyse de liquides de) et de pré- tendus calculs de cholestérine, 882. hydatiques (Étude des) sous-conjonc- tivaux, 914. du foie (Nouveau mode de terminai- son des), 948. Laboratoire (Le) de zoologie expérimentale de Roscoir, 767. (Travaux de zoologie exécutés au) de Roscoff, 771. Lia Blanchère (H. de). — Appareil re- producteur et reproduction de l'anguille, ■ 775. Importation en France du cheval des Pampas, 991 . Lacanait (Les stations préhistoriques des étangs d'Hourtin et de) (Gironde), 807. liacaze Dutliiers (de). — Sur la crois- sance du ver solitaire (Tœnia medioca- nellata), 749. Nouveau mode de parasitisme observé chez la « Laura Gerardiœ » genre de crustacé non décrit, 749. ■ Le laboratoire de zoologie expérimen- tale de Roscoff, 767. Lacustre (Faune) de la région subalpine, 744. liadureau (.\.). — Acclimatation de la luzerne du Chili (medicagoapiculata),1056. Étude de la culture du lin à l'aide des engrais chimiques, 996. Du rôle des corps gras dans la ger- mination des graines, 699. ta Gournerie (de). — Expériences pour démontrer la direction des pressions dans les arches biaises, 302. liaisant. — Discours d'ouverture, 61. Sur la transformation exponentielle. 206. liaissac. — Discours, 15. Lampes électriques (L'arc vol laïque dans les) à charbons mobiles, 402. liancereaux. — Discussion sur les affec- tions cardiaques consécutives aux mala- dies de l'appareil gastro-hépatique, 939. Discussion sur les perforations mé- connues du crâne par les tumeurs par- crâniennes, 956. I^iaiicereaux. — Le Diabète maigre et ses relations avec les lésions du pancréas, 956. liandré (C.-L.). — Remarque sur les so- lutions singulières des équations différen- tielles de l'ordre à deux variables, 241. Lianne^race. — Sur les leucocytes, 947. Sur le sang de l'axolotl et des ba- traciens, 766. Laquière. — Théorie nouvelle de la tra- jectoire dans le vide. — Sur l'emploi dos télémètres, 240. ILataste (F.). — Discussion sur l'organe électrique de la torpille, 753. Sur l'accouplement des ophidiens, 765. Sur les points obscurs de la faune erpétologique d'Europe, 776. Laura Gerardiœ (Nouveau mode de parasi- tisme observé chez la) genre de crustacé non décrit, 749. E^ausgedat (le colonel). — La géographie physique au point de vue de la défense du territoire, 37. Discussion sur une illusion d'optique, 302. Présentation du réflecteur du colonel Mangin, son application à la lumière électrique au point de vue militaire, 378. Ijebesconte. — Supplément au catalo- gue des fossiles siluriens du Poitou et de la Bretagne, 663. Ijeenharilt. — Discussion sur l'étude de l'oxfordien supérieur, le corallien et le néocomien inférieur dans les Cévennes. 626. Présentation d'une carte géologique du mont Ventoux, 650. Discussion sur la Crau, 660. Légendes et superstitions du Berry préhisto- rique, 829. I^emoine (Em.). — Les machines à air comprimé, 376. Découverte de sources d'eau minérale àRipcrvillié (Alsace), 941. Liemoine (D' 0.). — Sur les ossements fossiles des terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims, 585. Ejeueveu (E.). — Module des engrenages, 329. Lèpre tuberculeuse (Rapport de la) et de la sclérodermie, 902. Lésion hématique (La maladie et sa), 870. Lcholl::iii. . 679 Heckel. — Étude sur la cristalline 680 Discussion : MM. Bâillon, Tison et Jolt 681 L. Courchet. — Analyse du mémoire sur les galles du tén'binthe 6Sl JoBERT. — Sur la préparation du curare 085 Discussion : MM. Heckel et Bâillon ." 686 N. JoLY. — Etude sur le bananier 686 Merget. — Respiration chlorophyllienne des plantes submergées 698 Heckel. — De la cleistogamie dans le pavonia hastnla et dans quelques autres plantes 698 — De l'organisation des dicranum 698 A. Ladureau. — Du rôle des corps gras dans la germination dus graines . . . 699 D"" Tison-. — Mécanisme de la déhiscence des siliques 710 G. Dutaillt. — Recherches anatomiques et organogéniques sur les cucurbita- cées et les passidorées 7tl Jobert. — Sur la maladie des caféiers 725 H. Bâillon. — Sur Porganogénie des fleurs femelles et des fruits dus noyers. 726 D'" Tison. — Les tubéroïdes de M. Duchartre 726 Discussion : MM. Guillaud et Planchon 729 DE Seynes. — Le parasite de la maladie du châtaignier 730 Planchon. — Sur la maladie des châtaigniers 733 Cardozot de Bethencùurt. — Etude sur leschàtaigniers atteints de la nouvell;; maladie 734 G. Delaunay. — Rapport entre la couleur, l'odeur, la saveur de (-eriaines fleurs, fruits, elc 73i Ch. Brongniart et M. Cornu. — Observations nouvelles sur les épidémies sé- vissant sur les insectes 735 A. Bonnefond. — Du pin mugho 7o9 1294 TABLE DES MATIÈRES H. DuTAiLLYS. — Recherches sur le squelette flbro-vasculaire des cucur- bitacées , 741 D. Tison. — Les pieds femelles du Thladiantha dubia possèdent des tubercules semblables à ceux des pieds mâles 741 H. Bâillon. — Sur rorganogénie florale des sélaginées et des hebenstreilia sur les affinités des vignes et sur les rapports naturels des ampélidées . . . 742 lO" Section. — Zoolog^ie et Zootechnie. Bureau. JoBERT. — Sur la prétendue voix de certains poissons siluroïdes 743 F.-A. FoREL. — Les faunes lacustres de la région sulbalpine 744 DE Lacaze-Duthiers. — Sur la croissance du ver solitaire (Tœnia médioca- nellata) 749 — Nouveau mode de parasitisme observé chez la Laura gerardiœ, genre de crustacé non décrit 749 GiARD. — Les orthoneclida, genre nouveau de l'embranchement des vermes. . 751 PouRQUiER. — Leshydatides, description et distribution géographique locale. . 752 Ch. Rouget. — Sur l'organe électrique de la torpille 750 Discussion : M. F. Lataste 753 Valery-Mayet. — Eclosion des vers à soie par le frottement 754 H. RouzAUD. — Anatomie, histologie et physiologie de l'appareil générateur iJu Zonites algirus 754 Discussion : M. Sabatier 764 F. Lataste. — Sur l'accouplement des ophidiens 765 P. Lannegrace. — Sur le sang de l'axolotl et des batraciens 766 Jobert. — Sur le rôle des renflements œsophagiens du tétraodon 766 Durand. — Ostéologie comparée du membre thoracique 766 Discussion : M. Sabatier 767 DE Lacaze-Duthiers. — Le laboratoire de zoologie expérimental de Roscoff. . 767 Giard. — Sur un champignon parasite du chironomus riparius 768 — Sur la croissance du ver solitaire (Tœnia médiocanellata) 768 D' RousTAN. — Kyste congénital dans la région temporale 769 Fredericq et Yandeyelde. — Travaux de zoologie exécutés au laboratoire de Roscoff 771 Marida. — Sur le développement des Cormilariens 771 — Sur les modiflcations de taille observées chez les invertébrés dra- gués à de grandes profondeurs 772 J. LiCHTENSTEiN. — SuT la génération des pucerons 772 Discussion : M. Joly 774 Jobert. — Mode d'existence d'une taupe grillon amazonienne 774 — Sur l'action des poisons ichtyothères employés par les Indiens de l'Amazone 775 — Structure de l'appareil électrique du gymnote 775 H. DE la Blanchère. — Appareil reproducteur et reproduction de l'anguille. 775 F. Franck. — Sur quelques-uns des agents qui modifient l'excitabilité réflexe du pneumogastrique 775 F. Lataste. — Sur les points obscurs de la faune erpétologique d'Europe. . 776 H. RouzAUD. — Observations sur les astéries 777 A Certes. — Sur une méthode de conservation des infusoires 777 Durand. — Sur l'homologie et l'analogie en histoire naturelle 777 Ch, Rouzet. — Structure des flbres musculaires 777 A. Sabatier. — Sur l'homologie des muscles de l'épaule et du bassin .... 778 H. E. Sauvage. — Sur l'action du venin de quelques batraciens de France. . 778 J. L. C.A.RD0Z0 de Béthancourt. — Le mollusque argonauta bethencourtina. . 783 E. Masse. — De l'origine du ténia inerme de l'homme 783 Présentation de travaux imprimés 794 TABLE DES MATIÈRES 1295 11* Section. — Anthropologie. Bureau. Dépêche du congrès de Moscou à la section 795 D. Dallt. — Dangers des croisements ethniques 796 Discussion : MM. Berchon et Hovelacque 796 Ollier de Marichard. — Les troglodytes de l'Ardèche ou première page inédite de l'histoire du Vivarais 7G9 Cazalis de Fondouce. — Ebauche d'une carte archéologiqne du département de l'Hérault 799 D' PûMMEROL. — Le gisement quaternaire de Sarliève ^01 Discussion : M. Cartailhac 807 F. Daleau. — Les stations préhistoriques des étangs d'Hourlin et de Lacanau (Gironde) 807 Delort. — Fouilles d'un dolmen à Freyssinet, d'une sépulture à Chassagnette et d'une caverne des bords de l'Âllagnon [Puy-de-Dôme) 814 Discussion : MM. Pommerol et Hovelacque 814 D' Gosse. — Matériel de l'ouvrier en métaux à l'âge du bronze ^16 L. Martinet. — Polydactylie héréditaire chez les gallinacées 817 Ph. Salmon. — Dictionnaire archéologique du département de l'Aube, époque celtique, avec une carte 817 D' Berchon. — Sur l'usage du bronze en Médoc 822 Discussion : MM. Gosse, Cartailhac et Alexandrin 823 J. DA SiLVA. — Notice sur les monuments mégalithiques du Portugal .... 823 E. Cartailhac. — Nouvelles découvertes de l'âge de la pierre en Algérie . . 828 D' Jules Carret. — Accroissement survenu dans la taille moyenne des con- scrits de la Savoie, majorité des blonds dans les inflrmes et les illettrés . . 828 Hovelacque. — Discussion sur la communication précédente 829 L. Martinet. — Le Berry préhistorique, légendes et superstitions 829 D' Espagne. — L'ancienne manière de compter par nuits des Sémites et des Aryas rappelée par la philologie 834 A. FoREL. — Statistique anthropologique en Suisse 835 Discussion : MM. Hovelacque, S. Carret et Dally 836 Boucherie. — Diminutifs et augmentatifs 8.36 P. SoLEiLLET. — Ethnographie de quelques peuplades de l'Afrique 839 E. Cartailhac. — Le premier âge du fer dans le Tarn 839 Hovelacque. — Présentation de cartes linguistiques 839 D"' Albespy. — Dessins bizarres fabriqués par les bergers de l'Aveyron sur les arbres à écorces lisses 840 G. Revoil. — Renseignements ethnographiques sur les Çomalis Medjourtines . 840 P. Broca. — Compte rendu du Congrès de Moscou 849 D' E. Vincent. — Os supplémentaire de la deuxième rangée du carpe, analogie avec le carpe des singes 850 D' G. Delaunay. — Rapport inverse entre la fécondité des parents et le poids des nouveau-nés 851 Discussion : M. Gosse 852 P. Fière. — Grottes préhistoriques du Dauphiné 852 D-- G. Planques. — Station néolithique du Maclin de Sauret près Montpellier 853 Discussion : M. Cartailhac 855 12'' Section. — Sciences médicales. Bureau . De Wecker. — La guérison du glaucome simple par la sclérotomie 856 Discussion : M. Denucé 860 Leudet. — Los lésions du péritoine chez les alcoolisés 860 Discussion : MM. Henrot, Denucé et Potain 860 i296 TABLE DES MATIÈRES LivoN. — Contribution à l'étude physiologique de l'acide salicylique 861 Discussion : ftLM. Carrieu, Clément, Combal, Bergeron et Petit 862 D'' S. PoDOLiNSKi. — L état sanitaire des populations du gouvernement de Kiew 863 Chalot. — Sur les injections hypodermiques de chlorhydrate de pilocarpine . 868 Discussion : MM. Fieuzal, Denucé, Eustache, Leudet et Massart 869 D' QuiNQUAUD. — La maladie et sa lésion hématique 870 D"" 31ARQUEZ. — Noie sur le sable intestinal 878 Champigny. — Analyses des liquides de kystes et de prétendus calculs de choleslérine 882 Seguin. — Sur le système métrique en médecine 883 H. DE Tarigny. — Note sur les atrophies cérébrales chez les amputés .... 883 J. DuPLAY. — Traitement chirurgical de l'hypospadias et de l'épispadias. . . ^86 D'' H. Henrot. — De la ponction capillaire dans lascite 887 Discussion : MM. Leudet, H. Mattei, Potain et Hancelin 890 Massart. — Hémorrhagies intermittentes d'origine paludéenne 891 Discussion : MM. Castaing, Jaumes, Baréty et J. Bergeron 891 Dumas. — Présentation dun bassin vicié 892 Discussion : 31M. Mattei et Poncet 892 D'" Teissier [)ère. — Des hémorrhagies bronchiques dans leurs rapports avec la phthisie [lulmonaire 892 Discussion : MM. Marquez, Thaon, Denucé, Chalot. Baréty, PoNCET et Postain. 897 A. Poncet. — Du danger de l'anesthésie par l'éther ou le chloroforme pen- dant la réduction de certaines fractures 898 Chalot. — De l'ignipuncture dans le traitement de l'arlhrosynovite fongueuse et du sarcocèle tuberculeux 901 Grassot. — Rapports de la lèpre tuberculeuse et de la sclérodermie 902 Discussion : M. Thaon 902 A. Brousse. — Quatre nouveaux cas d'athétose 902 D'' E. BouRGUET. — De l'immobilisation de l'anse intestinale dans quelques cas graves d'opération de hernie étranglée 907 LÉTiÉVANT. — De la prothèse immédiate dans la pratique de certaines opéra- tions sur la face 910 Discussion : MM. Denucé, Gayraud, Hortolès et Grynfelt 913 D' Fieuzal. — Contribution à l'étude des kystes hydatiques sous-conjonctivaux. 914 Nicati. — La myopie dans les écoles de Marseille 916 Discussion : M. ïhaon 916 Bertin. — Le nouvel hôpital de Montpellier 916 Mattei. — Notice historique sur l'école de Montpellier considérée sous le rap- port de l'obstétrique 917 Jaumes. — Procédé à employer pour relever les empreintes sur le sol 918 Discussion : M. Milliot 919 Roustan. — Sur la salpingotomie 919 D"' Parrot. — Sur le plateau des oriflces artériels du cœur 922 Coriveaux. — Observations sur un cas d'ichthyose cornée 929 E. Tison. — Relation d'un cas d'athétose des membres inférieurs guéri par les courants continus 929 Ch. Hortolès. -^ Etude comparative des éthérisations simples et mixtes avec les chloroformisations de même ordre 935 Discussion : MM. Chalot, Denucé, Masse et Bergeron 938 J. Teissier. — Surles affections cardiaques consécutives aux maladies de l'ap- pareil gastro-hépathique 938 Discussion : MM. Combal, Franck, Lancereaux, Thaon et Potain 939 G. Eustache. — Lésions des organes urinaires dans l'ovariotomie 940 Em. Lemoine. — Découvertes de sources d'eau minérale à Ripervillé (Alsace). 941 D"' Villeneuve. — Sur un cas de vaginalite néo-membraneuse hémorrhagique. 942 Castan. — Traitement de la gravelle urinaire par les stigmates de maïs. . . . 946 TABLE DES MATIÈRES 1297 Discussion : MM. Denucé, Pons et Queirel 946 F. Franck. — Sur l'innervation du cœur 947 Lannegrace. — Sur les leucocytes 947 Arles. — Nouveau morle de terminaison des kysteî du foie 948 Discussion : MM. Henrot, Grynfelt et Masse 9i8 Ch. Rouget. — Sur la eontractililé des capillaires 949 Fabre de Rieunègre. — Ulililé de la création de chaires d'hydrologie mé- dicale 900 D'' MiLLiOT. — Des aiguilles introduites dans le corps humain et de leur mi- gration, du diagnostic des aiguilles et de leur extraction 9:;0 Ollier. — Sur la résection du coude 952 Discussion : MM. Rochard, Seux, Houzé de l'Aulnoit, Roustan et Mondot. . 954 Aguilhon. — Sur le chlorure de magnésium et l'eau de Chatel-Guyon . . . . 955 Rouvier. — Discussion sur la communication précédente 955 L. Henri-Petit. — Perforation méconnue du crâne par les tumeurs para- crâniennes 955 Discussion : MM. Denucé et Lancereaux 956 Lancereaux. — Le diabète maigre et ses relations avec les lésions du pancréas . 956 Discussion : MM. Thaon et Masse 959 E. Masse. — De l'induencc du mouvement et de la position sur les articula- tions 957 D" Queirel et Rouvier. — Recherches •.latistiques sur la menstruation à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône 962 Discussion : MM. Eustache, Chalot et Mondot 967 PÉCHOLiER. — Sur les effets physiologiques de l'opium 998 DE Musgrave Claye. — Sur la nécessité de créer des hôpitaux pour les phti- siques dans le raidi de la France 969 Mairet. — Action du nitrate de potasse au point de vue de la diurèse . . . 970 A. CouRTY. — Sur la diversité des altérations histologiques de l'utérus en rapport avec la diversité des inflammations de cet organe 970 Ch. Rouget. — Présentation de planches et de pièces relatives aux organes génitaux internes de la femme 975 Clément. — Application d'un nouvel appareil de réfiigératlon au traitement des maladies fébriles 975 Nepveu. — Des effets de la rétraction des extenseurs du pied, et en particulier de l'atrophie de la masse fibro-graisseuse raétatarso-phalangienne 976 Terrillon. — Des excroissances fongueuses de l'urèthre considérées comme symptôme de la tuberculisation des organes urinaires de la femme 977 A. HouzÉ DE l'Aulnoit. — Nouvelle méthode d'apprécier la marche de la cica- trisation et les modifications de volume des organes 979 AUQUIER. — Sur le décollement hyaloïdien 987 Fanton. — Présentation d'un salpingotome 987 Mondot. — Sur un cas de listule anale 989 Dally. — Déformation scolaire de la colonne vertébrale 989 Vibert. — Cas de déformations multiples du squelette 990 Titres des travaux n'ayant pu être communiqués en séance 990 Présentation de travaux imprimés . 990 4*^ GROUPE. — SCIENCES ÉCONOMIQUES 13* {Section. — Ag^ronomie Bureau. H. DE LA Blanchère. — Importation en France du cheval des Pampas . . . 991 P. -P. Dehérain. — Sur la décomposition de l'acide carbonique par les feuilles sous l'influence de la lumière artificielle 993 82 l'â^S TABLE DES MATIÈRES Discussion : M. Lichtenstein 992 A. AuDOYNAUD. — Du passage de Teau et de l'air dans la terre arable .... 993 D"" BouRDEL. — Hygiène de la fermî 99.5 A. Ladureau. — Etudes sur la culture di lin à l'aide des engrais chimiques . 996 P. P. Dehérain. — Les cultures des champs d'expérience à Grignon 1006 D'' PoDOLiNSKi. — Le travail humain et la conservation des forces 1007 J. E. Planchon. — Sur les principaux typss (espèces ou variétés) des vignes américaines 1007 G. FoEX. — Résistance des vignes américaines 1013 H. Mares. — Le phylloxéra, les insecticides, les vignes américaines 1023 L. ViALLA. —Des cépages américains et des terrains qui leur conviennent. . 1038 Aambeu. — Traitement des vignes phylloxérées 1045 Courty. — De la propagation des vignes américaines par la plantation des bourgeons végétants 1045 Cabello E Ybanez. — Traitement des vignes phylloxérées 1050 Discussion : MM. Lichtenstein et Maistre 1050 F. CoNVERT. — Des variations de prix provoquées par le progrès de la maladie des vignes dans le Midi 1050 P. P. Dehérain. — Sur les pertes de matières sèches que subissent les plan- tes herbacées au moment de la maturation 1053 Planchon. — Les maladies du système aérien de la vigne 10.54 Viollette. — Nouveaux engrais 10.54 Ladureau. — Acclimatation delà luzerne du Chili (medicago apieulata). . . . 1056 Discussion : M. Re o ard 1063 Risler. — Destruction de la Cuscute 1064 D' V. CosTE. — Effet de la submersion sur la constitution élémentaire des raci- nes phylloxérées 1064 G. FoEX. — Sur la réinvasion œstivale des vignobles soumise divers traitements insecticides 1064 Maistre. — De la conservation des vignes françaises 1066 Mongelas. — Nouveau mode de plantation des vignes françaises 1066 Cauvy. — Les insecticides et leur rôle dans la viticulture 1067 Discussion : M. Planchon 1067 Sylvestre. — Les insecticides et leur rôle dans la viticulture 1067 C. Saint-Pierre. — Résumé des études faites à l'Ecole d'agriculture de Mont- pellier sur le vin des cépages américains 1068 G. Bazille. — La greffe des vignes américaines 1069 Discussion : MM. Bouschet de Bernard et L. Vialla 1069 14' Section. — Ciéog^raphie. Bureau. P. Soleillet. — Peuplement et fertilisation du Sahara 1070 Colonel FuLCRAND. — Reconnaissances au Sénégal en 1856 1071 Discussion : MM. Soleillet et Maunoir 1071 G. Revoil. — Les pays Çomalis 1071 Discussion : M. Brau-de-Saint-Pol-Lias 1072 Roebrig. — Projet d'organisation de musées pour les matières premières de l'in- dustrie et les produits fabriqués 1072 Colonel FuLCRAND. — Présentation des instruments de voyage et de reconnais- sance du colonel Goulier 1076 Général Parmentier. — De la transcription pratique, an point, de vue français, des noms arabes en caractères latins 1076 Abbé Rolgerie. — Courants atmosphériques reproduits par la rotation d'un globe dans l'air ambiant 1110 A. Fabre. — Présentation d'une carte en relief du déparlement de 1 Hérault . 1110 TABLE DES MATIÈRES 4299 Abbé Durand. — Sur le Sahara central HIO Présentation de travaux imprimés . . , IUq la^ Section. — Economie politique et Statistique. Bureau. MisMEH. — Sur la réforme des méthodes et des programmes d'enseignement , 1121 Discussion : MM. Bouvet, Muller (M""), Usquin, Rozy et Kownacki 1121 Groult. — Le progrès par l'initiative privée dans les cantons ruraux. — Les théâtres ruraux U2i F. P.ASST. — Les fêtes publiques et particulièrement les fêtes locales .... 1122 Discussion : MM. RozY. Grosset, Usquin, Kownacki et d'Eichthal 1123 Ad. d'Eichthal. — Sur l'importation des blés américains 1123 A. CouRTY. — L'éducation basée sur l'évolution organique individuelle et sur les conditions sociales 1J24 Discussion : MM. Glaize, Kownacki, Rozt et F. Passy 1143 Menier. — De la transformation des octrois en taxe directe 1144 Discussion : MM. Rozy, Yves Guyot, Bouvet, Muller et F. Passy 1151 Drouineau. — Le budget de l'hygiène publique Ij52 Cacheux. — Etudes sur les habitations ouvrières exposées en 1878 1153 Discussion : MM. Fred. Passy el Rozy ][qi Valat. — Du système monétaire en général et d'une circulation de monnaies spécialement internationales 1161 Bouvet. — De la circulation internationale des monnaies 1164 Discussion : MM. Yves Guyot, Bozy et Fred Passy 1165 Kownacki. — La question des maîtres d'études 1166 Discussion : Rozy, Fred. Passy et Muller 1166 P. SoLEiLLET. — De l'esclavage dans l'Afrique occidentale 1167 Discussion : MM. D"" Mondot, Rozy, G. Renaud, E. Trélat et Fred. Passy. 1168 G. Renaud. — Sur les traités de commerce et le tarif général des douanes. . 1170 Discussion : MM. Wartelle, Yves Guyot et Fréd. Passy 1171 Valat. — Sur l'enseignement de la géométrie dans les écoles et les lycées . . 1172 D'' D.\LLY. — Sur le mobilier scolaire et les attitudes vicieuses 1173 Discussion : D. Drouineau, Ch.ane et D"" Sicard 1174 A. Sicard. — Education physique et morale de la première enfance 1174 Présentation de travaux imprimés 1179 CONFÉRENCES. Barral. — Sur les irrigations 1182 Denayrouze. — La lumière électrique 1218 EXCURSIONS ET VISITES INDUSTRIELLES. Réceptions et visites scientifiques et industrielles j219 Excursion à Nimes et Aiguesraortes 1224 — à Balaruc et Cette 1228 — à Carcassonne et à Perpignan 1232 — dans le Gard 1234 — dans l'Hérault 1238 NOTES COMPLÉMENTAIRES. Visite à l'usine de MM. Faulquier Cadet et C'" , 1245 ■ — à l'école d'agriculture de Montpellier 1246 1300 TABLE DES MATIÈRES Visite au port de Cette 1252 — aux chais de MM. Noilly-Prat et C'« 1252 — à la manufacture de draps de Villeneuvette 1254 — aux mines de Graissessac 1^^^ — aux caves de Roquefort, fabrication du fromage 1256 TABLES. Analytique. . -• • • • 1^^^ Des matières 1-^^ ERRATA. 5 1 Page 152, ligne 4 en remontant, au lieu — - h' /"" [x") ; lisez -— - h' /"" [x,,]. Page 554, lignes 31 et 32; au lieu de une portion y = 0,0012 environ; lisez une 9 poition notable qui peut dépasser les —t^- Page 558. lignes 21 et 22; au lieu de une quantité d énergie cinétique équivalente aux douze dix-milliorar s de l'énergie potentielle, lisez : une quantité d'énergie cinéti- que équivalente à une notable portion de l'énergie potentielle. Page 822, titre, au lieu de M. le D"- Berchoin, lisez M. le D-- Berclion. COMPTE RENDU DU CONGRÈS DE PARIS (7® SESSION). Page 139, ligne 4, dans le second terme du numérateur de l'équation en n^ lire 1 1 — B^ au lieu de — B^ • 8 ' 4 lUPRIMEHlE CBNTHALE des chemins de fer. — A. ClIAIX ET C"^, ItlE BERGÈRE, 20, A PARIS. — 16C33-9 Association Française. TTITT Dl 1 ^L 1 HOTEL DE VILLE 2 MUSÉE ET FACULTÉ DES LETTRES 3 LYCÉE - FaeaUa lie J/ri/i'ii/ie a,t/„'Jm/e s' /'lern- tiopUft/ tff/it'm/ ' ' Teiii/)lf priitr.tr Mil 12 O-aiv de PI .If 13 ffote/ t/e /a Pn^èeti/J'e 1"^ Pa/ai.r de ,/u.rfùv \^ Pojfr ' G Telei^nip/ie ' ' Bajitfue de Fnuiee 18 Gttif, lie Palimas' 19 ifivi/ùi dej- pltmtej' ^0 Hotet de ( A-ade/uw HOTELS ET RESTAURANTS A y^i-vet B diiJTidi C- du f/i&vi/ f>ftr/ti' D fi,i„el E Nêoco7niens Terrains JT&ocomwns Jlarncs 2Ç^eocontieiaies Terrains SuicroUdaiccs Terruvns Jurassùfues Sownce A Dan, lùnit&pré^-UTiitm Uu hassùh alun^nrazre dà lûL fontaine. de-Vauduse-- .. Gravé- paT- E. Moricu J.3, r de B'-t BOUVIER LA FOI T VllI PI II / M N ' ï-é.-;s ^ÉPARTEMENTA,/£n«pc.v DES KJhi. ^t W.fi "»/ "~^S3.i— --9-? *".r.';V''/<^oc Noyers W^V* w»„/ .4m:n iA'-*' Gth tieCoj^H.'^ Jacucù,':iPr,. ,/^'''^??ÎJ? m-. ',VuIS*Vo, isibiut. (fiffj- o .7 /iof^oj ^ Ccwntût N % Valsaxntej" "■ VfUcheT oïonttcn. lat/alze i ly.. .ruJ', 1 ' ' — ^tJi~^ — ^ ^ iaseneuve ^ ® u- , ^1 • '^T \!.Va,-tin-df!-ù,j,iillmi Relllanne | '' o ,^i tif,: urpft ù^'Owi^y if MI \ V-Me/ai. Bea.'umpni * ''la Bast liùni i. Jlù sPertul Echelle de 600,000. 311K1I" INE DE VAU CLUSE DCialion irançaise Fi (j. i' - V'2 Ficj.7 — grandeur nat. 1. VI il -'^^7^&^hê*^.^ Fig. 5 - Va Fin 6 — grandeur nat. atiori Française Yicj.7 — grandeur nat. T. VIII- !i^iP»«>*"*'»*!c ".f Fig 3 — y 5 \ 'n ^ ^^^^^^Uin,^ y >% Fig. 5 - V2 Fig. 6 — granaear nat. Association française 8 S.E. 3 '^k^ ou^ ■pf L COURCHET LES GALLES DU TEREBINTHE. Association Fraaçaise, ^R r,LL. ,.f V ^^ ^/^ N. JOLY. __ETUD. Jmp.Ié, T, vin.„pi.^ JR LE BANANIER. Association Française. AKddae^etllfobf del. ¥. JOLY. ^ETUD Imp.L T, vni^pi.v. Piaut st>. ;UR LE BANANIER. Association Française AFLUeiUe etlT-Joly del . OQ ^ îi. JOLT.__ ÉTUDE T. vni PI. VI. l'ï/uirt se . LJR LE BANANIER. As s o CI y. Lion i'rançaise A.R.DeUUf elir.Job/ Jel . N". JOLY _-_ ÉTUDE T. vm._pi.vi. l'i/uvrf ,rc . R LE BANANIER, />«/■/.. ',ifiu<-t efDiiftii//// i/f/- n,'l'nu, . G. DUTA1LLY_ RECHERCHES ANATOMIQUES ET ORGANOGENIQUES SUR LES CUCURBITACÉES ET LES PASSIFLOREES , ///,/../ I.uu'ur.r< Fiifliiet ff Putai/h/ .//■/ G, DUTAILLY_ RECHERCHES ANATOMIQUES ET ORGANOGENIQUES. SUR LES CUCURBITACÉES ET LES PASSIFLORÉES. /■ui/iiti U DiUai^y dcZ. AîvioeU /tt/i . G.DUTAILLY_RECHERCHES AWATOMIQUES ET ORGANOGÉNIQUES SUR T, F. S nnmrRRTTAr.F.'P:.'; -RT T.-p.^ PAc;<:;TTrT n-Dfftrc: A^— f ^ i/mmiUf jfaf Association Française T.VIII-Pl.XI HROUZAUD_ANATOMIE,fflSTOLOGIE ET PHYSIOLOGIE DE L'APPAREIL GÉNÉRATEUR DU ZONITES ALGIRUS . J/n^ Ztz^iau^yzé-r J^fwù-