PPl^^^"Tr'"'""'~^".i|W ' .\i^,T353^^ a^i,>,v:o^'.")li^ ;jLi-.Kv»vVu.iJî * .■\iiiKViWX ASSOCIATION FRANCAl POUR L'AVANCEMENT DES SCIENC 44^ SESSION STRASBOU T Biiiwiwiiw I Kjniiif 11» i \\ ; i I t'î :<« 3? MÉMMHtMM* i,i..«^«.i.^- — UV- — 17« — 18'' — 19'- — 2i;- — 21' — 22- — 2:;- — 2V- — 25- — 2C- — 27- — 28- — 29- — 30- — 31' — 32' — 3::- " — 3'*- — 35- — 36- — 37- — 38- - 39- - m- — /ll- — /,2- — 43- - 19J6 (Confri 1917 1918 1920 - 'i'(- Session VIl.l.llS liiinlisiuN I,_\()ii. ...... Lill.- .Naiilcs Clcrmoiit-F('i-i-;iiMl. Le H;i\ic Paris .Montinliii-r . . . Ufiiiis Alger .La lîoehelle . . . Hoiieii lilois ( ii'eritibii' Kaiir.v Tdiiloiise Oraii Paris Limoges Marseille . . . . Pau Besançon. . . . . Caen Bordeaux . . . . Tunis Saint-l'^tifune . . Nantes Boulogne-su l'-iMer. Paris Ajaeeio Monlauljan. . . . Angers. . . ... . Tireiiolde C.herhourg . . . . LM)n lieiuis Clerinoiit-Ferranil Lille 'l'ouiiiuse* Kijnn Niiui's Tunis Le Ha\r.' eneesi Strasbiiui i>iu:siui:nts iliuur. Claude Beunaud. ,. — DK Qlatrefa(m;s . . _ Adolphe \Vi liTZ. . — Adolphe D'IùcniHAL — J.-B. Dumas. . . . — Paul BitocA .... l'.dmond FitKMV . . — Agénor Baudoux. . — J.-B. Krantz . . . — Auguste Chauveau. Jules Janssen. . . — Frédéric Passy . . voluniesi'i. Anatole BouQt'LT de — » Aristide Verneuil . — >: Charles Fiuedel. . — « Jules Roi.HArti). . . — " Aimé L aussi; DAT. . — » Henri de Lauazk-Du — » Alfred CoiiNU . . . — » P. -P. DeUI KAl.N . . — » Kdouard Couligaon — )> Charles Bouchard . — >• V.. Mascart .... — » Kmile Tréi.at. . '. — ). Paul DisuÈUE — ,. J.-E. Marey. . . . — .) Kdouard ("irimaux . — » Paul Bhouardei, . . — .. Hippolyte Sebert. — » \].-T. Ha.mv. . . . — » Jules Carpe.ntier — )j Kmile Levasseur . C.-Â. Laisant. . . Alfred Guvrd . . . Galu'iel Ln'PMAN.N Henri He.nrot. . . Paul Api'Ell. Louis Landouzy . . C.-M. Gariel. S. Arloiku. .... Chai'les Laui.emanu. Kmile Haug. Armand (îautieh. Albert Cai.metie. 1 1 — 1 — 1 — 1 — 1 — 1 1 — 1 — 1 — 1 — 1 — 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 1 1 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 I 1 1 \i)lnme (-). — (2.. volumes ('i. — CJ. \ulunu' Cl. — (')■ — ('"''i. - !'■' A G RVE HIERS {Décédé.) [Décédé.) I Décédé. I ( Décédé. I [Décédé.] ( Décédé. ) [Décédé.) (Décédé. \ [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) { Décède.) I Décédé, t [Deccdé.) [Décédé.) (Décédé. I [Décédé.) (Décédé.) [Dé cédé, i {Décédé.} (Décédé.) {Décédé.} [Décéd'.) [ Décédé. ) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) [Décédé.) M i Les Tomes I et II sont reliés séparément. (2) Pour la :!;i» Session, (irenolile l'jO'i, et la .■}'.- Session, r.iierhoiii!.' i!in.ï, le Tome I a été r Bulletin mensuel dont les numéros s et 9 de chaque année ont été consaerés aux comptes ren générali'S el aux [)rocès-Yerliaux des Sections ; (3) IjG Tome 1 a été remplacé ()ur deux bioeiiurcs parues en 1008. I.e Tome I a été lemplacé pai- une brocNure parue ilans l'année où a eu lieu le Congrè.« ■m placé ])■ lus des sw un aiices I.e Tnme I a l'té remplacé pai- une briM'Iuiic païue d;ins l'année où a eu lieu le Congrès. Le volume tes rt recetles de 1919. Budget de 192'). — M. le Président rappelle que Télat des dépenses de 1919 et le budget prévisionnel pour l'.)i20 ont paru dans le bulletin de juin et demande si personne n"a d'ob- servations à présenter à ce sujet. Personne ne demandant la parole l'état du dernier exercice linancier et du budget pour 1920 sont mis aux voix et adoptés. II. — Choix des villes pour le Congrès de 1921 et 4922. — M. le Président informe l'Assemblée que nous avons reçu une invitaliitn de \L le Maire de Houen pour le Congrès de 1921. et deux invitations, l'une de M. le Maire de Marseille. la seconde de M. le Maire de Montpellier pour le Congrès de 1922. Pour 1921, l'invilalion de la ville de Rouen est mise aux voix et acceptée à l'unanimité, conformément à la proposition pivsenlée par le Conseil. G ASSEMBLÉE GÉNÉRALE l'our 19-2-2. quelques membres appellent rallenlion de l'Assemblée sur Tanlé- riorilé de Tinvitation de Montpellier où devait sfe tenir, sans la guerre, le Congrès de 1915, et rappellent cjiie nos collègues de cette région avaient déjà établi les projets de préparation de cette session. 11 paraîtrait donc juste de reprendre nos relations avec Montpellier et d'.y tenir le Congrès de 1922. bien entendu en témoignant tous nos regrets et notre reconnaissance à la Munici- palité de Marseille. Telle est d'ailleurs Topinion formulée par le Cosnseil dans sa dernière séance, tenue le matin même. Cette proposition, n'ayant donné 4ieu à aucune observation, est mise aux voix et adoptée à l'unanimité. III. Transfurinalioit en section de la soiis-scdion de Psycholof/ie expérimentale. — M. Dkscrez donne lecture du rapport suivant, présenté à l'appui de la demande, déjà faite au Havre en 1914, tendant à la transformation en section de la sous- section de Psychologie expérimentale. « Constituée au Congrès du Havre en 1914, la sous-section de Psychologie physiologique réunit plus de 40 adhérents dont 35 devinrent membre de l'Asso- ciation au titre de la nouvelle sous-section. Parmi ceux-ci figuraient : MM. Bi'Rr.soN, de l'Académie française; feu Déjerlne, de l'Académie de Médecine; feu liHîOT, de l'Institut; Pierre Janet. de l'Institut, qui présida la sous-section au Congrès du Havre; G. Dumas, Delacrolx, Lalande, Brunschwig, Rey, Pro- fesseurs à la Sorbonne; Bourdon', Professeur à l'Université de Rennes; Mairet et Foucault, Professeurs à l'Université de Montpellier, etc., sans oublier Henry Beaunis, l'Agrégé de Strasbourg d'avant 1870, et qui a pu être nommé tardive- ment Professeur honoraire à l'Université reconquise. La réunion du Havre réunit de nombreux, congressistes et entendit de nom- breuses et intéressantes communications. Cette année, une vingtaine d'adhésions nouvelles à l'Association au titre de la sous-section ont augmenté le nombre des membres de cette dernière d'un<; série de savants tous connus par leurs recherches, parmi lesquels : MM. Abadie, Professeur à l'Université de Bordeaux; Lambert, Professeur à l'Université de Nancy; Devoia'é, Professeur à l'Université de Montpellier; Chavigny, Professeur à l'Université de Strasbourg; Iïesnard, Professeur à l'Ixole de Médecine navale de Bordeaux; Roblnovitch, Rocues de Fursac, Mignard, Médecins des hospices ou asiles de la Seine, etc. Finalement la sous-section a réuni les adhésions de 3 Professeurs au Collège de France, 18 Professeurs de Facultés, 12 Médecins d'hôpitaux ou asiles. Sous la présidence de M. Foucault et la vice- présidence de M. Blondel, Pio- fcsseur à l'Université de Strasbourg, la sous-section a entendu, à ce Congrès, de nombreuses et intéressantes communications avec d'utiles discussions. Elle se propose de tenir a Rouen, sous la présidence de M. Bourdon, Professeur à l'Université de Rennes, des réunions plu« animées encore, et de continuer son développement. Ce développement sera aidé par la transformation en section, qui paraît pleinement justifiée. En ayant une section psychologique, l'Association française ne fera que suivre l'exemple qui lui a été donné, depuis pas mal d'années déjà, par la Brilish Association for tlic Advanccnient oj Science ». EXTRAIT DU PROCKS- VERBAL / M. ij< Président demande si quelques membres de l'Assemblée désirent la parole sur h\ demande en question. Personne n'ayant d'observations à présenter, il ajoute que le Conseil, saisi de la demande, a donné un avis favorable, et met. aux voix la transformation; celle-ci est votée à l'unanimité (1). Il met enlîn aux voix les propositions présentées à la séance' même par la sous-section et le Conseil pour les nominations d'un président et de délégués destinés à la nou- velle section (2). Ces propositions qui figurent dans le tableau donné d'autre part, sont volées à l'unanimité. IV. Éleciions. — A) Bureau. — M. le Président donne lecture des propositions die candidatures pour les deux, places de Vice-Présidents vacantes et la place de Vice-Secrétaire. Il ajoute que le Conseil a reconnu la régularité de ces candida- tures et que, comme il n'y en a qu'une pour chaque place, les éleciions peuvent se faire à mains levées. Les élections suivantes se font à l'unanimité : 1° En remplacement de M. Emile Picard, démissionnaire, M. Râteau, membre de l'Institut. M. le Président informe l'Assemblée que M. Bateau va donc devenir Président de l'Association à la lin de celte réunion ; '2." Pour la place ordinaire de Vice-Président : M. le Professeur Mangin. Membre de rinslitut. Directeur du Muséum national d'Hisloire naturelle, à Paris : 3° Comme Vice-Secrétaire : M.. Saugiiain, Meml)re du Conseil de l'Asso- ciation. B) DÉEÉcuÉs DE i/ Association au Conseil. — Le Secrétaire fait connaître les- résultats du dépouillement du scrutin pour la nomination des délégués de l'Association : MM. d'Arsonvae. . . . 391 voix Bergonié 389 — Meunier 391 — MouREU 392 — Ed. Perrier ... 389 — C AVEUX 2— - Kilian 1 — Y. Delage .... 1 — MM. Lebègue . Desgrez . BÉCLÈHE . Bar.io.n . Jadin . ' . DELÉriNE BOGER. . 1 voix î — 1 — 1 — 1 — 1 — 1 — En conséquence, iWM. d'Arsonval, Bergonié, Meunier, Moureu, Peiîrier sont- nommés délégués de l'Association au Conseil. C) Présidents des sections et délégués proposés par les sections. — Le Secré- taire donne lecture de la liste des Présidents- des Sections et des délégués à la Commission des subventions qui viennent d'être nommés à la présente session (1) Cette décision ayant été reconnue illégale aux termes des statuts dans la séance du Conseil du 8 janvier 1921, a été rapportée. Le rapport sur la transformation a été publié dans le Bulletin u" 49. La question sera résolue par l'Assemlilée générale du Congrès de Rouen. (2) Pour la même raison, les nominations ne deviendront effectives qu'après décision de l'AssenUjlce générale de Rouen. 8 ASSKMiM.KE GKNKHAI.K et fait éi^aleiuenl coniwUre la liste des délégués proposés par les sections. Ces délégués sont élus à runanimité. si:<:nnNS 1- ft 2» 3- et 4" i 10" u« 12' i3' 14° IL- 16' 17- 18" 19' 20-= Psychologie i expériment. ( Arch|éologie l'IUiSlDK.NTS pour i.E (;iix(;iii:s ni-: hiiikn .MAI. Lki.ikuvi e Bauim.on l^LA.NC. IIalleu Cl.ÉIW Bigot .MeIII lEli COIHTY |!lU .NON HE.NHAliD \'lLLAl.N SCHI.ŒSING .M(iM LIEi; (lENïOf L J. lÎAY Ce UNE Gascaiîu lîdl IIUOM C' QUENEDEY i|i M. Vijjiiicr ifiiiphicant .M. Poisson, ilcccdé pour un an. i2i SI. Zundel est nommé pour deux ans. DEI-Iiia lis rocR mois ANS .M .M. i'>EI.(lT Vaidhey Tlri'ain TiFFENEAi: G. Lemoi.xe Ge.ntil Bonnet VlGtlER (Il Loi sel GîllAl X Yerchére N0(.IEH .M. Hov Fhon Zt'MlEI. 1^1 P. Laijué BÉlilLl.ON Gkaniuux Lemaite Dei-aiisoix Raraiu PiÉnON .MlîMUtAlLS (le la i:(l.\l,\ll>MII.N dfS^LDVKMIiiN' MAI. Bei.ot A.MIOT Blondin Delépine DONGIER r. Lemoine ltAN(;iY Cailleuy DE MoilTILEET L. Beunaiu) Keehkk.m M. B(.Y Ilo.M.MELL 1'. La nu:'; Ba/ocs Béai visage Lan G LOI s COLLARD Baiîaid dont le mandat Unissait en 11121, i: "est élu i|iie V. Vœux. — ].c Secrétaire donne lecture des vœux présentés par les Sec- tions : La Section de Génie civil cl nnlilaire. XnvigiHon émet le vo'U : Considérant que le Conseil d'Administration de l'Association Française pour rA\anccment oyen de la Faculté des Lettres. Le Colonel Renard, Conterencier. Mengi'S. StEIiNRRENNER. Le Professeur Lickteic. 'Netter. Le Professeur Houard. Le Professeur Rothé, Directeur de l'Institut sismologique et météorologique. Le Docteur Schmltz. Le Docteur Holtzmanx. Jules Garmeu, Chef de Travaux à la Faculté de Pharmacie. EscLANGOiN, Directeur de rOhservatoire. Gaston Kern, Président de la Société des Sciences, Agriculture et Arts. Le Docteur Forrer, Conservateur du Musée. Le Professeur Gig.noux. Detoele, Directeur du Port. La Chorale » Concordia » et son Directeur. Le Directeur des Moulins Baumann. Le Directeur des Usines de Graffenstaden. Le Directeur de la Brasserie Griiber. Le Directeur des Tanneries de France. Maire, Chef de Travaux à la Faculté de Pharmacie. André Despoix, Proviseur du Lycée. Le Surveillant général du Lycée. Walter. Pharmacien honoraire à Saverne. Le Directeur de la Société Alsacienne de Constructions, mécaniques. Dolfls, de la Société Industrielle de Mulhouse. SCIHAMBERGER, flls. WiLD, Directeur de l'École de Chimie industrielle de Mulhouse. Le Directeur général des Mines de potasse. Le Comité des Dames, qhi ont bien voulu s'occuper des Dames présentes au Congrès. Les Journaux de Strasbourg. M"*' ScHAEFER et M. Metzgeii, qui ont bien voulu nous seconder à la Commis- sion des Excursions et pour la tenue de notre Caisse. Ces remerciements, mis^aux voix, sont votés par acclamation. M. le Prési- dent tient à ajouter un mot spécial de chaleureuse gratitude pour le Président du Comité local, pour le Comité et, tout particulièrement le Secrétaire général, ■qui ont préparé avec tant de dévouement un véritable succès. Il veut aussi 12 ASSEMBLÉE GÉ.NÉHALE remercier les Daines de Strasbourg et les liâmes qui onl accompagne les Con- gressistes et ont tant ajouté aux attraits de l'a session par le charme de leur présence. M. «iHAN'Kï demande la parole pour remercier, au nom de l'Assemblée, M. le Président CALMETTii, que tous les membres de l'Association ont été si heureux de revoir à leur léle, au lendemain de la délivrance de Lille. (Applaudissements unanimes.) M. le {'résident déclare close la session de 1920, SËAINCE GILNKRALE D'OUVERTURE 20 JUILLET 1920 [•résidence de ^E Aluert CAEMETTE M. Albeut CALMETTE, (:orrcs|)uiidaiil de lliislilul, Sous-Directeur de riiislUut Pasteur, rivsident de rAssocialion. En mkmuire du skiour di:' P.vstklh a Strasbourg (1849-1854). LES ULTRAMICROBES. 576.83 ^Mesdames, Messieurs, Depuis l'-»l4, rAssociation française pour l'Avancement dos Sciences atten- dait cet heureux joui' de fêle 1 Nos frères et nos sœurs d'Alsace, fièrement restrs fidèles à la pensée française, se demandaient avec anxiété s'ils allaient enfin pouvoir se jeter dans nos bras. 11 était juste que nous nous précipitions les premiers vers eux pour les étreindre. Leurs longues souffrances stoïquement subies avant et pendant l'horrible tourmente nous les rendent doublement chers. C'est donc avec une reconnaissante et i)rofonde émotion que nous leur apportons notre fraternel .salut. Strasbourg, que nous aimons d'autant plus tendrement qu'il nous a coûté plus de larmes, avait un droit sacré a être le siège de nos premières assises. Neus lui devions de nous réunir en un pieux pèlerinage à Tomiji-e de sa cathé- drale pour évoquci- le souvenir vivifiant des gloires intellectuelles qui ont si magnifiquement illustré sa vieille Université française. Tarmi ces gloires, il en est une plus splendide, plus pure que toutes les autres, dont Strasbourg peut justement s'enorgueillir, c'est celle de Pasteur. El puisque le grand honneur m'échoit cette année de présider les assises de noire Association dans la capitale de l'Alsace redevenue française, vous trouverez naturel que le • pastorien >> que je suis espère vous intéresseï- quelque peu en montrant tout d'abord l'inlluence indéniable que le séjour de Pasteur à Stras- bourg eut 6ur l'évolution de son génie. Pour remplir cette partie de ma tâche 14 SKANCl:: GKM-:UALK l/oUVERTCR!; je n'aurai qu"à m'aider des souvenirs recueillis avec tant de consciencieuse précision et d'émouvante piété par mon éminent ami M. Reti'' Vallery-Radut. J'essaierai ensuite de vous transporter un instant dans le monde nouveau des ultramicrobes, dont l'exploration, à peine commencée dejjuis les dernières découvertes de Pasteur sur la rage, fait entrevoir aux biologistes des horizons aussi immenses, aussi infinis que ceux qui s'étalent aux yeux des astronomes explorateurs de la voie lactée. Pasteur avait 27 ans lorsque, le 15 janvier 1840 — déjà connu dans le monde des chimistes et des physiciens pour ses premiers travaux sur les phénomènes relatifs à la polarisation rotatoire — il arrivait à la Faculté des Sciences de Strasbourg pour y remplir la suppléance de la chaire de chimie dont le titulaire était Perso:. Il eût assin'ément préféré pouvoiu. travailler à Paris, aux côtés de son maître Biot qui l'avait en grande estime et qui portait un vif intérêt à ses recherches. Mais il se faisait une joie de rejoindre son bon ami Berlin, professeur de physique, franc-comtois comme lui, et il allait enfin disposer d'un laboratoire, ce qui est le comble du bonheur pour un jeune savant. Ce laboratoire n'avait qu'un budget annuel de 1.200 francs sur lequel il fallait d'abord prélever de quoi payer un garçon 1 C'était précisément l'une des raisons qui avaient découragé Permz. Pasteur allait quand môme y faire de belles découvertes. Il était alors piéoccupé de reprendre les travaux de cristallographie qu'il avait dû abandonner depuis qu'il siétait vii obligé de quitter le laboratoire de Balard, deux ans auparavant, pour enseigner la physique aux élèves du lycée de Dijon. Étant préparateur à l'Ecole Normale. Pastsur avait été frappé des relations étroites qui existent entre le pouvoir rotatoire de certains sels et l'existence de facettes particulières sur leur cristaux. En étudiant les tartrates et les. para- tartrates, il avait trouvé leurs cristaux dissymétriques, c'est-à-dire que les uns portaient leurs facettes caractéristiques à droite, alors que les autres les portaient à gauche. Celte constatation l'avait amené à penser que les substances organi(|ues élaborées par les êtres vivants, — c'était le cas des tartrates et des paratartrates provenant de la fermentation du jus de raisin — ont une consti- tution moléculaire dissymétrique, et il voyait, dans cette dissymétrie qui caractérise les êtres vivants eux-mêmes, la preuve d'une démarcation parfBite- ment nette entre le monde organique et le monde minéral. Cette conception d'une grande portée philosophique se vérifia dans toutes les i-echerches effectuées par Pastnir dans ce modeste laboratoire de l'anciemie Faculté des Sciences de Strasbourg, d'abord sur les acides aspartiqueet malique, puis sur un corps particulièrement curieux, l'acide racémiqueou paratartrique, variété d'acide tarlrique inactif sur la lumière polarisée, que Kestner avait, tout à fait incidemment, obtenu à Thann en 1822, sans qu'il eût été possible d'en produire de nouveau. Les tribulations de Pasteur à la poursuite de cet acide racémique, dans toutes les usines qui lui étaient signalées comme manipulant des tartres de diverses origines, à Leipzig, à Dresde, à Vienne, à Prague, sont un véritable roman d'aventures. Il interroge les fabricants. Un seul d'entre eux prétendait obtenir A. CALMKTT1-: LES ULTRAMICROCES lo à volonté l'acide racémique en parlant de l'acide tartrique pur, et il se trompait! Enlîn Pasteur n'aissit à dédoubler cet acide en deux acides tarlriques, droit et gauche, doués de pouvoirs rotatoires égaux, mais contraires; il démontre que sa formation naturelle n'a lieu que dans les eaux-mères de puritication de certains tartres bruts, et, — tiioniphe qui lui procure une joie extrême — il parvient à le prépai'cr artificiellement en partant du tartrate de conchonine chautfé à une température élevée. C'est encore au laboratoire de Strasbourg que Pasteur a réalisé ses belles expériences, reprises et étendues plus tard par son élève Gernez, sur la cicatri- sation et la réparation des plaies faites aux cristaux. Un cristal brisé, replongé dans son eau-mère, reprend au bout de quelques heures sa forme primitive, reconstitue ses facettes caractéristiques, par un phénomène tout à fait analogue à celui qu'on observe chez les êtres 'vivants. Toute une science nouvelle, la stéréochimie ou chimie dans l'espace, a trouvé son origine dans ces découvertes. Pasteur ne devait cependant pas s'y attarder. Il avait observé qu'en faisant vivre une moisissure banale des fruits avariés, le Pénicillium glaitcum, sur une solution de cendres et d'acide paratartrique, l'acide tartrique droit sert seul d'aliment à la petite plante et que l'acide gauche reste dans le liquide, d'où il est possible de le séparer à l'état pur. C'était la preuve que certainsorganismessaventchoisir pour leur alimentation telle forme dissymétrique de préférence à telle autre et cette démonstration saisissante allait maintenant déterminer Pasteur à s'engager dans l'étude des fermentations. A cette époque, — septembre 183.4 — il fut nommé professeur et doyen de' la nouvelle Faculté des Sciences de Lille. Il devait donc quitter, non sans regrets, l'Université et la ville de Strasbourg où son amour des cristaux ne l'avait pas empêché de se découvrir un autre amour qui lit le charme et le bonheur de toute sa vie. C'est à Strasbourg en effet que Pasteur, peu après son arrivée, le 29 mai 1849, épousa Mil'' Marie Laurent, fille de son recteur, qui fut à la fois pour lui la plus admirable compagne, pour son œuvre la plus utile collaboratrice et pour les pastoriens de mon âge la plus vénérée des bienfaitrices. Le séjour de Pasteur à l'Université de Strasbourg, bien qu'il eût été de courte durée, laissa néanmoins une forte empreinte sur son esprit. Dans cette Univer- sité, la méthode expérimentale était et resta fort en honneur avec Lobstein, Charles Schutz-emberger, Alexandre Lnuth, pour ne citer que les plus célèbres professeurs de sa Faculté de Médecine. Leur iniUicuce était grande et le voisi- nage de l'Allemagne excitait les rivalités, stimulait l'ardeur au travail, favorisait l'interpénétration des intelligences. Cette ambiance ne fut pas étrangère à l'orien- tation que Pasteur allait désormais donner à ses recherches. L'histoire de celles-ci est trop connue pour qu'à un auditoire de savants frantjais je puisse apprendre ([uelque chose qui soit ignoré d'eux. Mais peut-être, Mesdames et Messieuis, trouverez-vous quelque intérêt à suivre le développe- ment prodigieux que, depuis les derniers travaux de Pasteur sur la rage, ses méthodes générales d'investigation ont permis de donner à nos connaissances sur tout un groupe de maladies de l'homme, des animaux et des plantes, qui sont dues à des virus tellement petits que les microscopes les plus puissants ne permettent pas et ne permettront vraisemblablement jamais de les observer. IG SI'A.NCE (iKNKKAI.K I>"0UVEIiTI li!-: I,c prololype de ces \iriis invisibles, auxquels il convient de donner le nom û' Il lira microbes, est précisrment le virus rabique, dont il n'a jamais été possible d'obtenir une culture hors de lorganisme vivant, dans l'un quelconque des milieux artificiels grâce auxquels on reproduit à volonté le choléra des poules, le l'ouget des porcs, la ficvi-e charbonneuse, la fièvre tvphoïde. La lulierculose et tant d'autres microbes pathogènes. Le virus rabique ne se développe et ne subsiste que dans les cellules nerveuses de l'homme et des animaux sensibles. Il passe à travers les filtres de porcelaine ou de terre poreuse qui retiennent les germes microbiens visibles les plus ténus. (Test cependant un virus animé, puisqu'il se multiplie dans le cerveau, la moelle épinière et les nerfs, et (|u"on peut communiquer la rage successive- ment à d'interminables séries d'animaux par la seule inoculation d'un frag- ment extrêmement petit du cerveati ou de la moelle épinière d'un animal atteint de celte maladie. Il ne peut donc s'agir iVun ferment soluble, diastase ou toxine, car le |iropre de ces ferments est qu'ils épuisent leur action sur les éléments qu'ils modifient ou Iransformenl, et que. s'il est vrai qu'ils sont parfois susceptibles de se régé- néi-cr, .ils sont toujours inca|)ables de se multiplier. Depuis la découverte par l'axl.eitr. en 1881, du virus invisible de la rage, on a naturellement été conduit à chercher des méthodes ou des procédés nouveaux pour l'élude expérimentale de toutes les maladies dont il était im]iossible, par les techniques précédemment employées, d'isolçr et de cultiver les germes micro- biens. En se basant sur un ancien travail de Ilelmliollz, S. Cz-npski (dlénaj était arrivé à cette conclusion que, du moins en l'état actuel de nos connaissances théoriques, les microscopes modernes sont bien près d'atteindre l'extrême limite de ce qu'on peut leur demander. (^n ne peut guère, avec les éclairages les plus parfaits, espérer pousser leur pouvoir de résolution au delà d'éléments ayant une épaisseur de lU à 13 cent millièmes de millimètre, ou centièmes de microns. Or, les plus petits organismes observés jusqu'ici sont précisément de cet ordre de grandeur et rien ne s'oppose à ce qu'il puisse exister des êtres beaucoup plus [ictils que les plus petits microbes connus. Les organismes vivants les jikis simples étant des agrégats de molécules com- plexes, on doit toutefois admettre que leur dimension "minimum a des limites que les physiciens ont calculée en se basant sur le nombre de molécules albu- minoïdes qui les constituent. C'est ainsi qu'un micrococcus de 1 dix millième de millimètre, à la limite de la visibilité, renferme au maximum 'lO.OOO molé- cules de substances albuminoï ou fièvre catarrhale des moutons sud-africains. Puis viennent les virus filtrants de la 'pesie des volailles, de la variole des poules, de la peste bovine, de la clavelée des moutons, de la peste du porc. Remlmf/er démontre en 1903 la filtrabilité du virus de la rage. Les Améri- cains Reed, Agramonie et Carrol celle du virus de la fièvre jaune qu'on sait, çpar les travaux récents du Japonais Noguchi-, être un très petit protozoaire pirallé appelé Leptospira icteroides. La nature des agents virulents d'une foule d'autres maladies nous est ainsi révélée. On obtient, grâce à la filtration, à l'état pur les virus de Vanéniie pei'nicieuse du cheval, de Vépithèlioma contagieux des oiseaux, de la maladie des chiens, de Vagalaxic contagieuse des brebis laitières, de la leucémie des poules, de \d. fièvre typhoïde du cheval, d'une sorte de sarcome ou cancer des volailles et, ce qui est plus important pour nous, les virus de la fièvre dengue, de la fièvre de ^/•oss jO)/rs, si commune dans le bassin oriental de la Méditerranée, du tra- chome, de la rougeole, de la scarlatine, de la variole et de la vaccine, des verrues vulgaires, de la pjoliomijélite, de Y encéphalite léthargiciue épidémique. D'autres ultramicrobes, que les meilleures techniques de coloration ne per- mettent pas d'apercevoir, ne se laissent pas filtrer, mais attestent leur présence par la virulence des humeurs qui les contiennent à l'état pur. Tel est le cas du typhus exanthématique, si bien étudié par Ch. Xicolle, Conor et Conseil à Tunis, de la fièvre ou « maladie bleue » des Montagnes Rocheuses, de la fièvre des rivières du Japoji. " D'IIerelle a récemment découvert un uKramicrobe isolé par lui de l'intestin de certains animaux et qui a la propriété tout à fait curieuse de détruire, en les dissolvant les bacilles de la dysenterie et quelques autres microbes patho- gènes. Ce virus filtrant invisible qui, seul avec celui de la péripneumonie, se montre cultivable dans les milieux artificiels, peut, lorsqu'on le fait ingérer au poules, remplir le rôle de vaccin très clficace contre le typhus des volailles. S'il arrivait qu'on découvre, ce qui est fort possible, des virus analogues qui fussent capables de dissoudre le vibrion cholérique par exemple, ou encore le bacille typhique dans rintestin de l'homme, il sulïii'ait d'en absorber des cultures pour se mettre à l'abri des infections cholériques ou typhiques. La prophylaxie de ces maladies se trouverait alors très simplifiée. Les ultramicrobes déjà connus sont donc nombreux. Outre leur invisibilité aux plus forts grossissements et la filtrabilité de la plupart d'entre eux, ils présentent certains caractères communs. Tous sont faiblement résistants aux A. CALMETTE — LES ULTRAMICROBES ' 19 agents physiques, sui'toiil au chauCfage. Une température de 5o à 60^ les tue en quelriues minutes. Par contre, ils supportent pendant assez longtemps sans être détruits l'immersion dans la glycérine. Les lésions anatomo-pathologiques qu'ils produisent présentent une analogie frappante : ce sont toujours des inclusions protoplasmiques ou des altérations de noyaux cellulaires. Enfin tous sont conta- gieux par contact ou par inoculation directe, jamais par l'intermédiaire du sol, de l'eau ou des vêtements. Beaucoup de ces ultramicro])es sont véhiculés et propagés par certains insectes piqueurs ou suceurs et quelques-uns déterminent chez ces derniers une infection héréditaire, non mortelle, de telle sorte que les œufs issus d'un insecte infecté donnent naissance à des jeunes qui conservent, pendant un temps plus ou moins long, le pouvoir de transmettre à leurs hôtes accidentels le virus invisible qu'ils ont reçu de leurs parents. Tel est le cas de la fièvre des Montagnes Kocheuses, connue au Mexique sous le nom de Tabardillo, et qui est propagée par une sorte de tique, le Dermocentor vemifitus. Une autre tique sud-africaine, la Tique-Tortue ou bigarrée^ — Ambli/omma hebroeum, — est responsable de la diffusion d'une maladie des ruminants doniestiques, la Heart-Water. très meurtrière dans les régions chaudes du Cap de Bonne-Espérance et du Transwaal. Ce sont diverses sortes de moustiques qui véhiculent les ultramicrobes de la fièvre des trois jours, si comnmne sur la côte albanaise et dans d'autres régions de l'Orient: ceux de la De ngue ; ceux de la Horse-Sickness des chevaux de Hhodésie. Les mouches domestiques promènent, des paupières malades aux paupières saines, le virus du TrarJumv, et les poux du corps répandent le Tijphus exanthématiqwi qui décime actuellement la Pologne et la malheureuse Kussie. Peut-êti'e l'avenir nous apprendra-t-il, — et c'est infiniment probable, — que les ultramicrobes n'exercent pas exclusivement des fonctions pathogènes et que la nature en compte d'innomin-ables espèces dont les fonctions sont utiles à la vie des cellules plus complexes des animaux et de;s végétaux. Peut-être même découvrira-t-on quelque jour que ces ultramicrobes repré- sentent, dans l'évolution des êtres organisés, les premiers éléments vivants qui aient peuplé les eaux avant l'apparition des protozoaires. Sans doute, ce ne sont laque des hypothèses; mais lorsque celles-ci ont, — et c'est le cas, — une base expérimentale, il n'est pas inutile au progrès de la science de les formuler. Certes, Mesdames et Messieurs, nous voici loin des recherches cristallogra- phiques qui absorbaient les pensées de Pasteur dans son laboratoire de Strasbourg. Mais si nous jetons un regard sur la route que nous avons parcourue, nous voyons que nous n'avons fait que suivre le faisceau lumineux projeté par son immense génie. Les méthodes d'investigation scientifique qu'il a créées ont réalisé des prodiges. Elles en réaliseront beaucoup d'autres. Et si l'on mesurait la part qui revient aux diverses sciences dans la marche de l'humanité vers le progrès, qui pourrait contester que l'étude des inliniment petits s'est montrée la plus féconde ? C'est assurément dans l'infiniment petit par rapport à nous que la nature se montre le mieux, à nos yeux infirmes, dans sa plus grandiose splendeur. « Naturel in minimis inaxima .» 20 SÉANCK (,KM-:r.\I.K b'OLVKUTLTxE M. ri:i ROTES iMaire de Strasbourg .Of3'2] t44.36i (AFAs) 5 M KSD A M i:s, .M i;ssi i: i RS , Ail nom de la Ville de Strasbourg, je vous souhaite une cordiale bienvenue dans notre vieille cité toujours restée française. Nous sommes heureux et liers dolïrir riiospitalilé aux membres de TAssocia- (ion française pour lAvancement des Sciences, aujoui'dhui que nous sommes réintégrés dans notre Patrie, que, vous le savez tous, nous n"avons cessé d'ainiei', malgré la séparation d'un demi-siècle. La visite de Strasbourg vous prouvera, .Mesdames et Messieurs, que nous ne sommes pas restés en arrière au point de vue scientihque. Nous avons même été favorisés en quelque sorte pour marcher avec le pro- grès, car si d'aucuns d'entre nous oui eu la fortune de s'asseoir au pied des cluiires de nos savants universitaires français, d'autres ont pu prodter des leçons de l'Allemagne savante, leçons qui ne sont pas à dédaigner. i'ar le canal de notre Université le bénélice en reviendi-a à la France tout entière, qui y trouvera une souice inépuisable de richesse, une force incompa- rable, et l'auxiliaire le plus sur de l'indépendance et de la liberté. En parcourant les rues et les faubourgs de notre ville, en visitant nos hôpi- taux, nos orphehnats, nos bains municipaux, nos cliniques dentaires scolaires, nos maisons ouvrières, nos cités-jardins, vous verre/ ce que Strasbourg a accompli sur le domaine de l'hygiène. Si j'insiste particulièrement sur ce point, c'est qu'il me semble qu'à l'heure actuelle surtout, les Municipalités ont le devoir saci-é de contribuer dans la plus lai'ge part, à diminuoi- la mortalité et à économiser ainsi pour notre pays, déjà tant éprouvé et tant dépeuplé, le plus gi-and nombre de vies humaines. f/hygiènc intellectuelle, physique et morale, sa pénétration dans tous les milieux les jtlus inlnnes et les plus déshérités s'imposent en eflet. si l'on veut o!)tenir ce précieux résultat. f't puisque je viens de citer nos hôpitaux, permettez-moi de \ous. lecom- inander tout spécialement la \isite de notre hôpital civil, qui forme iioui' ainsi dire une ville dans notre ville même, et qui a provoqué l'admiration de toutes les délégations de France et de l'étranger qui sont venues à Strasbourg dans ces derniers temps. Savez-vous, Mesdames et Messieurs, (juol est le sacridce que nous devons apporter à celte institution de préservation sociale? En I9I9 nous avons clôturé avec un délicit de 3.GGo.000 francs. I/e\ercicc de 1920, malgré les améliorations considérables au point de vue administratif, malgré le relèvement des prix de la pension pour les hospitalisés de l'extérieur, et la diminution du personnel, noii.s laisse un déficit de 1.7U0.O0O francs. Si lourd que soit ce sacrifice, que l'État semble ignore;-, nous continuerons à PKi HOTES — AI.LOCL riON ' 21 le faire dans l'inlérèt tle riiumanité souflrante, et avec cet esprit de charilé dont Slrasl)ourg était constamment pénétré. L'œuvre de la préservation sociale, nous la complétons par les œuvres muni- cipales de puériculture et de la protection de Tenfant. Mesdamks ft Messiei us, Slrasboui'g n"a pas attendu que la natalité diminuât comme dans beaucoup de villes françaises d'une façon inquiétante pour le maintien de notre race, et depuis de longues années nous avons cherché les moyens d'assurer l'existence de tous les jeunes êtres. Notre excellent médecin municipal, le docteur Beliii. qui, grâce à son inlas- sable dévouement, a accompli des prodiges" sur ce terrain, autant que dans le combat contre la tuberculose, a été admirablement secondé, je ne peux le laisser passer sous silence, par l'ingéniosité féconde de nos femmes strasbour- geoises, auxquelles je voudrais exprimer à celte occasion toute notre recon- naissance. Nos colonies de vacances oii des milliers d'enfants des deux sexes, de consti- tution chétive, trouvent un asile gratuit pendant plusieurs semaines de chaque année, méritent également d'être menlidunées, car elles aussi jouent un rôle prépondérant dans le combat contre la mortalité. L'Administration de l'Assistance publique contribue évidemment beaucoup à ces œuvres protectrices, mais, il faut le reconnaître, c'est l'initiative privée qui nous a donné depuis de longues années de magnifiques exemples de généi-osité. Et puisque j'en suis à ce chapitre, je veux bien avouer qu'on ne peut demander à des employés salariés qui remplissent une fonction pour gagner leur vie, de donner à chacun de ceux qu'ils secourent, un peu de leur cœur et de leur sen- sibilité en luême temps qu'un conseil affectueux et un réconfort moi-al. Mais je ci'ois qu'il serait bon qu'entre ceux qui )-eçoivent et ceux qui donnent, ils s'établisse des relations d'estime mutuelle. C'est par cet échange incessant que l'on développera les sentiments les plus nobles et les plus généreux de solidarité sociale, et que l'on fera disparaître le fossé profond qui sépare les classes aisées des classes nécessiteuses. Pratiquer ce devoir, c'est rehausser la personnalité humaine et accroître sa force morale. J'arrive maintenant à la question de l'enseignement primaire qui assure à l'enfant, garçon ou fille, le développement intellectuel et moral. Le devoir de l'éducateur de la jeunesse est de développer, en môme temps que les qualités intellectuelles, l'amour de la famille et l'amour de la patrie. L'enfant doit savoir qu'avant les satisfactions qu'il attend de la vie, il y a des devoirs à remplir et des choses à respecter. Je crois pouvoir dire que dans ce sens nos écoles primaires fonctionnent admirablement et que notre corps enseignant est exenq^t de toute critique. Nous complétons cet enseignement par nos écoles postscolaires où nos garçons vont faire l'apprentissage pratique de la vie. . L'éducation qu'ils y reçoivent, appi'opriée aux besoins du métier, du com- merce ou de l'industrie, leur est donnée selon les méthodes perfectionnées, et facilitée par des installations modernisées. ' 25 ' si':a\ce générale d'ouverture L'école comaierciale supérieure créée l'année dernière, Técole professionnelle, lecole technique et l'école des arts décoratifs nous donnent satisfaction sous tous les rapports. Pour les jeunes filles, l'enseignement primaire est complété par l'enseigne- ment ménager. Notre école ménagère, sérieusement organisée et habilement dirigée par une excellente Strasbourgeoise, leur donne en peu de temps l'habi- lude et l'aptitude de tenir un ménage avec ordre et économie. Sur le domaine artistique, je ne vous apprendrai rien de nouveau en vous disant que notre Conservatoire de musique, dans les locaux duquel a lieu aujourd'hui cette séance d'ouverture, a la bonne fortune d'avoir à sa tête une illustration de la musique française. J'ai nommé le maître Guy Rapartz, qui à son tour est vaillamment secondé par des professeurs distingués. Quant à ce qu'a fait Strasbourg pour son théâtre municipal, il n'est un secret pour personne, que nous avons fait.'et (\\\g nous devons encore faire des sacri- fices pécuniaires importants. Nous avons réussi pendant la dernière saison à nous assurer des artistes de premiei- ordre. La troupe d'opéra ainsi que la troupe de comédie se trouvaient composées d'éléments admirables. Nous ne regrettons pas les 800.000 francs de déficit que nous avons dû enre- gisti^er, car avant comme après, nous voyons dans notre théâtre un foyer de culture intellectuelle éminemment- fraiiçaise, et nous avons la ferme volonté de reconquérir la réputation dont nous jouissions avant 1870 et qui nous classait deuxième srèni- de P'rance. Mesdames et Messieurs. Quand vous aurez fait le tour de notre ville, quand vous aurez visité notre cathédrale affreusement nmtiiée il y a un demi-siècte par des mains barbares, nos musées, nos bibliothèques, nos ports, noire merveilleuse Orangerie, quand vous aurez pris contact avec notre population laborieuse qui, si parfois des querelles intestines la divisent, n'en renferme pas moins des trésors inépui- sables de volonté intelligente et réfléchie, vous nous rendrez cetémoig'uage que ûous avons payé notre large part à cette loi fatale de notre pauvre humanité qui veut que le progrès doit être chèrement achelé. Nos concitoyens n'ont pas voulu s'abandonner aux hasards de l'ancienne routine empii'ique. Quoi qu'absorbés par les soucis matériels, ils savent ne pas rester étrangers au mouvement des idées qui nous emporte. Ils suivront donc avec une déférente attenlion les travaux d'une assemblée comme la vôtre, piéoccupée exclusivement des progrès de la science, La Municipalité vous remercie d'avoir choisi Strasbourg comme siège de voli'e Congrès et souhaite à vos travaux le succè* le plus complet. ALAPETlïE — ALLOCUTION 23 M. ALAPETITE, Commissaire Général de la République en Alsace-Lorraine. (0132) (44.36) (AKAS) 5. MeSDAMK^, MliSSII-LliS, Dans le défilé des congrès qu'une impulsion de patriotisme et de fierté a dirigés cette année sur Strasbourg, le vôtre tient une place à part par la somme et par la diversité des compétences qui y sont représentées. C'est la science française avec toute l'étendue de son rayonnement, que je salue en vos personnes. Et je suis heureux de la saluer ici où elle a retrouvé un foyer d'activité qui lui était cher et des collaborateurs qui étaient impatients de lui faire honneur de leurs recherches. En quelle ville, le Président actuel de votre Association, illustre à la fois par tant de travaux cpii ont agrandi les conquêtes de Pasteur et par une si admiral)le fermeté d'altitude devant la persécution allemande, pour- rait-il être mieux accueilli que dans la ville dont le nom est un symbole de la fidélité française et où son maître, a enseigné? En 1906, c'était à Lyon, sous la présidence de M. Lipmann; en 1913, c'était à Tunis, sous celle de M. Havg, quej'avais l'honneur de i-ecevoir votre Association. A Lyon, le pro- fesseur Arloing avait fait, sur la tuberculose, une conférence magistrale où, avec une .scrupuleuse probité Intellectuelle, il avait exactement défini- les limites jusqu'où s'était avancée la science dans sa lutte contre le fléau. A Tunis, c'était le professeur Armand Gaidier, votre président de la dernière session qui, avec sa haute autorité scientifique et morale, retraçait devant le congrès, les travaux d' Arloing et faisait revivre sa noble figure. Aujourd'hui, votre congrès sera reçu par des maîtres éminents à qui la nou- velle Université française de Strasbourg doit sa renommée naissante. Ils se conformeront à la pensée du Gouvernement de la République qui a voulu que celte Université fût accueillante aux étrangers, et propre à leur faire goûter le .génie de la France, en montrant à leurs invités d&s nations amies tout ce qui a été fait ici pour donner à la jeunesse un enseignement enrichi par l'apport de tous les peuples et distribué selon les méthodes qui nous sont particulières. Ils exprimeront la reconnaissance de la France envers les savants éminents qui n'auront pas dédaigné de nous réserver la primeur de communications dont leurs pay-s ne seront pas jaloux, parce qu'ils savent que la France n'étouffe pas la lumière qu'on lui apporte mais qu'elle la fait resplendir sur le monde. SKAXCE GKNKUALE 1» OUVKirrUltE IUl>I>ORT DE M. ÉMILF. PEIUIOT, rrofesseur à la l'iiriillé de l'harmacie de l'aris, Secrélaire de l'Association. L'ASSOCIATION FRANÇAISE EN 1919-1920 (06-2) i^i'i.SG' lAi'-Asi 5 Mrsdamks, Mi-ssu: cks, Deux faits dominent les l'éunions du dernier Congrès du Havre en 1914 : c'est d"abord la présence des délégués de la Brilisli Association, symplomatique, non seulement d'une communauté d'aspirations, dans la voie de la vulgarisation scientifique, mais d'une cntenir cordiale plus étroite; puis ensuite le branle-bas de combat interrompant brutalement la série des excursions organisées à la fin de la session. Alors commença la plus affreuse des tragédies où cette entente allait s'alîirmer comme une alliance complète pour la défense commune contre l'hégémonie germani(|ue, coupable déjà de la plus flagrante ignominie en man- quant à sa signature et en attaquant la Belgique fidèle à la foi jurée. Aujourd'hui, c'est à Strasboui'g délivrée, libre désormais sous l'égide de la France, que votre Secrétaire a l'insigne honneur et la patriotique joie de prendre la parole poui" clore la session de l'.di. Par la Science, pour la Patrie, jamais devise n'a paru plus belle que celle de notre Association, au lendemain de cette terrible tourmente, au coui-s de laquelle s'est à jamais déshonoré un peuple, en asservissant sans excuses la science elle- même à des buts de desiruclion odieux. Ne sera-ce point, en effet, dans la suite des temps, la honte pecteur général des Mines, l\\ris. {Mem'>re à Vie.) le Docteur Alfred Pamard, Associé national de TAcadéniie de Médecine. {Membre ù \ie.) Jules Poisson, Assistant honoraire de Botanique au Muséum national trHistoirc naturelle. Paris. {Membre à Vie.]. Charles Mémy, Agrégé à la Faculté de Médecine, Paris. Louis Ri:y, Ingénieur des Arts et Manufactures, ancien Président de la Société des Ingénieurs civils de Fi'ance, Paris. [Membre à Vie.\ P.iul Keymer, Meml)re de l'Académie de Médecine, Paris. le Docteur Rociiet, Médecin prin-cipal de l'Armée en retraite, Paris. Joscfih Hoi ssEi.oï, ancien Président du Tribunal de Commerce, Nancy, ilenri Sari.on, Directeur de la Société des Accumulateurs Tudor, Lille. M'"<^ Georges Sai.et, Paris. MM. Henri de Seiu;o.\nes, Interne des Hôpitaux, Paris. Ch. DE Taveilmek, Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, Paris. .L-,I. \ M.i.AiîET, Directeur du Génie maritime au Cadi-c de Réserve, i'aris. David AVi.mer, Négociant, Par-is. Nominations. Institut : MM. L. Lindet, i'aris. et Louis Li mière, Lyon, ont été élus Membres: ic.5 Professeurs Leueee. Marseille, et Vna ieii, Alger, ont été élus Correspondants. Académie de Médecine : MM. les Professeurs Raethazard, Léon Bernard, P>REMPT, Caemette, le Docteur Lucien Ca.mis et le IMwfesseur Desgrez, Paris, ont été élus membres; le Docteur Etienne, Nancy, et Auguste Lemu^he, Lyon, ont ét(' élus Correspondants nationaux. Académie de Paris : M. le Professeur P. ArrEi.E, de Plnstilut, a été nommé Hecteur de l'Académie de i'aris. Faculté de .Médecine de Paris : MM. le Docteur Marcel Ladmié, Paris, a été nommé Pi'ofessenr: les Docteurs Clerc, Geh.eemenot, Mestre/at, ont été nojiimés Agrégés. Faculté de Médecine île Lyon : MM. les Docteurs Fernand Aiieoe\<; et Latarcet ont été nommés i'rofesseurs. Faculté de Médecine de Strasbourg : MM. le Professeur G. Weiss, Paris, a été nommé Doyen; Boeckee a été nommé Professeur honoraire; les Docteurs André Mayer et Nici.oi x ont été nommes Professeurs. RÉCOxMPENSES HONORIFIQUES 33 Faculté de Pharmacie de Strasbourg : MM. le Professeur F. Jadin, de Mont- pellier, a été nommé Doyen ; le Professeur Louis Br.ïmer, Toulouse, a été nommé Professeur. Service géologique de l'Alsace et de la Lorraine : M. E. de Margerie a été nommé Directeur. Faculté de Médecine de Toulouse : MM. les Docteurs Baylac, Agrégé; Charles Gerber chargé du cours de Matières médicale; et T. Marie, Chargé de cours, ont été nommés Professeurs. Le Docteur Moog a été nommé Agrégé. Faculté des Sciences de Paris : MM. Cotton et L, Gemil, Professeurs adjoints, ont été nommés Professeurs. Muséum national d'Histoire naturelle : MM. le Professeur Perrier a été nommé Directeur honoraire; le Professeur Mangin a été nommé Directeur; Louis Fage a été nommé Assistant de Zoologie. Faculté des Sciences de Poitiers : M. Félix Taboury a été nommé Professeur, Université de Rennes : M. James Hazen Hyde, Paris, a été nommé Docteur honoris causa de l'Université. Faculté des Sciences de Rennes : M. Bordas, Professeur adjoint, a été nommé Professeur. Faculté des Sciences de Strasbourg : MM. le Professeur Rothé et Emile Terroine ont été nommés Professeurs. Académie américaine des Arts et Sciences de Boston : M. le Professeur Caullery, a été élu Membre honoraire étranger. Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Beaux-Arts de Belgique : MM. Gl'igîvard, Moureu, Richet, de l'Institut, Caullery, Mesnil, de Margerie ont été élus Membres. Ponts et Chaussées : M. l'Ingénieur en Chef Maurice d'Ocagne, a été nommé Inspecteur Général. Récompenses honorifiques. LÉGION d'Honneur Grands-Officiers : MM. le Professeur Appelé, de l'Institut, Recteur de l'Académie de Paris, le Professeur Haller, de l'Institut, Paris, le Professeur G. Lippmann, de l'Institut, Paris. Vieille, Inspecteur général des Poudres et Salpêtres, Paris. Commandeurs : MM. le Professeur Béhal, Paris. le Professeur Chauffard, Paris. Léon Guignard, de l'Institut, le Professeur Emile Picard, de l'Institut, Paris, le Docteur Charles Walther, Paris. WoRMS de Romilly, Paris. Officiers : MM. Bigourdan, de l'Institut, Paris. A. Blondel, de l'Institut, Paris. 34 SÉANCE. GÉNÉRALE d'oUVERTURE MM. le Docteur Cauton, Correspondant de l'Institut, Kereddine (Tunisie). Charlety, Recteur, Strasbourg, le l'rofesseur Ducloux, Tunis. Edmond Faucheur, Lille. Maurice Jeannel, Toulouse, le Professeur Marcel Labué, Paris. Lacroix, de l'Institut, Paris. LeinekOgel-Le-Coq, Châteauneuf-sur-Loire (Loiret). H. PoRTEVLN, Paris, le Docteur Paul Rivet, Paris. RoDOCANACHi, PaHs. le Professeur Roger, Doyen de la Faculté de Médecine, Paris. Chevaliers : MM. le Docteur Banes. Bardot, Paris. le Docteur Alexandi-e Barillet, La Dauphinerie-de-Vihiers (Maire-et-Loire). J. Belot, Paris. Louis Chassaigne, Ruffec. Chifflot, Lyon. Chudeau, Paris. A. DE Dax, Paris. DoNC.iER, Bourg-la-Reine. le Professeur Ph. Glangeaud, Clermont-Ferrand. le Docteur Haret, Paris, le Professeur Langevin, Paris, le Professeur de Martonne, Paris, le Professeur Matruchot, Paris, le Professeur Massol, Montpellier, le Docteur Lucien Mayet, Lyon. Mentienne, Bry-sur-Marne (Seine). Paul MocQUERis, Tunis, le Professeur Moquin-Tando.x, Toulouse, le Professeur Nicolas, Paris, le Docteur Louis Parès, Montpellier, le Docteur Rémy-Roux, Avignon, le Professeur Louis Sauvage, Marseille, le Professeur Eugène Tassilly, Paris, le Docteur Louis-André de Vulpian, Paris. Croix de Guerre : MAL le Docteur Alexandre Barillet, La Dauphinerie-de-Vihiers (Maine-et-Loire). Louis Chassaigne, Ruffec. le Sergent A. Gérardin, Nancy, le Docteur Nogier, Lyon, le Docteur Rémy-Roux; Avignon, le Lieutenant-Colonel M. d'Ocagne, Paris, le Docteur Louis-André de Vulpian, Paris. PRIX ET SUBVENTIONS 35 Ordhe du Sauveur de Grèce : M. le Professeur Stanislas Meunier, Commandeur. Ordre Royal de Salm-Sava (Serbie) MM. Auguste Mahaut, Marseilles-les-Aubigny, Officier, le Docteur Rémy-Roux. Avignon, Chevalier. Prix et subventions. Académie des Sciences Prix Gay (Géographie) : M. Chudeau, Paris. Fondation Clément-Félix : M. Ch. Ferry, Paris. Prix Jeker : M. E. Fourneau, Paris. Prix Cahoiirs : M. G. Mignonac, Paris. Prix Di'lesse : M. F. Roman, Lyon. Prix Raulin : M. L. Joleaud. Prix Tliora : M. le Professeur Sartory, Strasbourg. Prix de Coincy : M. le Professeur Houard, Caen. Prix Rufz de Lavison : M. R. Combes, Paris. Prix Montyon (Statistique) : M. le Docteur Chervin, Paris. Grand Prix des Sciences Physiques : M. le Professeur Roule, Paris. Prix Barbier : M. Albert GoRis, Paris. Prix Bréant : M. le Docteur Lucien Camus. Prix Philippeaux : M'"« Lucie Raudoin, Paris. Fondation Bonaparte : MM. le Professeur Rrumpt, Paris, et Guilliermond, Lyon. Prix fondé par VÈtat, Grand Prix des Sciences physiques : M. le Professeur Louis Roule, Paris. Prix Henri de Parville : M. Legangneux, et M. le Docteur Adrien Loir, Le Havre. Prix Fanny Emden (arrérages) : M""" V»" Albert Dastre, Paris. Prix Houllevigue ; feu Camille Tissot. Prix Lacaze (Physiolof/ie) : !\L le Professeur Raphaël Dneois, Lyon. Prix de Navigation : M. le Docteur André Broca, Paris. Fondation Clermont Félix : M. le Professeur Paul Langevin, Paris. Fondation Loutreuil (Subventions accordées à la demande des Établissements dési- gnés par le Fondateur) : Muséum national d'Histoire naturelle; Observatoire de Paris, Fondation Loutreuil (Subventions accordées sur demandes directes) : Observatoire de Ksara (le Père Perloty, Directeur) : MM. Henri Deslandres, Meudon; Charles Marie, Paris: Lesne, Paris: le Docteur Albert Peyron, Mar- seille: le Docteur Cli. Nogier, Lyon. Prix de l'Académie de Médecine : Prix Apostoli : M. le Docteur Zimmern, Paris. Prix Itard : M. le Docteur Albert-Weill, Paris. Prix Monbimie : M. le Docteur Roy, Paris. 36 SÉANCE GÉNÉRALE D OUVERTURE M. Lucien PERQUEL, Agent de change, Trésorier de l'Association. LES FINANCES DE L'ASSOCIATION EN 1919-1920. (062) (44.36) (afas) 2 Mesdames, Messieurs et chers Collègues, Tai l'honneur de vous présenter au nom du Conseil d'Administration, l'état des recettes et des dépenses pour l'année 1919.- A la séance de clôture du 28 juillet, j'aurai à vous demander l'approbation définitive des comptes que je vais vous présenter : Recettes : Cotisations 25.324 » Recettes diverses 228 95 Intérêts du capital 53.921 88 Total 79.474 83 Réserve des exercices antérieurs 4.421 02 Total 83.895 85 Dépenses : Loyer, contributions, assurance, achat et réparations du matériel . 3.936 50 Appointements 11.705 » Frais d'administration (bureau, impressions, frais de poste, télé- phone, divei's) 1 . 858 95 Recouvrements de cotisations 1.114 40 Frais afférents aux rentes et valeurs 8 30 Frais d'Assemblée générale • 980 30 Subventions 31.050 » Conférences en dehors du Congrès 30.285 95 Bulletin trimestriel 2.897 65 Dépenses imprévues , 58 80 Total .... 83.895 85 SUBVENTIONS DE 1919 Le Conseil d'Administration, dans sa séance du 2 mars 1920, a voté, après examen des propositions des Commissions des Finances et des Subventions, les sommes suivantes : MM. Gérardin (A.), Correspondant du Ministère de l'Instruction publique, Nancy. — Construction d'une machine permettant le calcul méca- nique de problèmes d'un grand intérêt mathématique 1.500 » Lebon (E.), Professeur honoraire de l'Université, Paris. — Publica- tion d'une nouvelle table de caractéristiques de base 30030 . . . 1.000 » A reporter 2.500 L. PERQUEL LES FINANCES DE l'aSSOCIATION EN 1919-1920 37 MM. Reijort 2.500 » Institut d'Optique théorique et appliquée, Paris. — Création de l'Institut d'Optique 100 » Meunier (J.), Chargé de cours à l'École centrale des Arts et Manu- factures, Paris. — Continuation et publication de travaux scien- tifiques (spectrographie) . 800 » Navarro (E.), Pharmacien, Saint- Germain -du -Bel -Air (Lot). — Cristallisation du carbone (acquisition d'un appareil) 400 » l'Abbé Berloty, Directeur de l'Observatoire de Ksara (Syrie). — Observatoire de Ksara, remise en pleine marche de la section météorologique, achat et installation d'instruments coûteux. . . 1.500 - CossMANN, Ingénieur des Arts et Manufactures, Paris. — Publication de la XII*' livraison de ses essais de Paléoconchologie comparée . 800 » le Professeur Kilian, Membre de l'Institut, Grenoble. — Répertoire de bibliographie alpine sur fiches 4.000 > Lambert J.), Président honoraire du Tribunal civil, Troyes. — Fin de la publication d'un essai de nomenclature raisonnée des échi- nides .' 800- » Mengaud (L.), Professeur au Lycée, Toulouse. — Études géologiques de la région cantabrique (province de Santander et Asturies, Espagne) 1.000 » Ramond (G.), Assistant au Muséum national d'Histoire naturelle. — Études géologique et hydrologique des aqueducs d'amenée d'eau potable à Paris 200 » Repelin (J.), Professeur à la Faculté des Sciences, Marseille. — Fouilles dans le gisement de Nicot, près de Laugnac 1.200 » Savornin (J.), Chef de travaux à la Faculté des Sciences, Alger. — Publication d'une étude géologique de la région du Hodna et du plateau Sétifien 500 » Allorge (P.), Licencié es Sciences, Paris. — Publication et conti- nuation de ses recherches de géographie botanique synécologique sur le bassin de Paris 700 » Denis, Licencié es Sciences, Paris. — Recherches de planktologie d'eau douce 500 » Guillermond (J.), Lyon. — Recherches sur les mitochondries des cellules végétales 1 . OOO » Sautory (A.), Professeur à la Faculté de Pharmacie, Strasbourg. — Recherches mycologiques et biologiques des pnychomycoses et onychogryphoses oOO >. Société d'Études scientifiques d'Angers. — Achèvement de l'im- pression d'une publication commencée en 1917 300 » Allemand-Martin, Professeur au Lycée, Lyon. — Études de biologie appliquée à la culture des éponges sur les côtes tunisiennes ... 1 .200 » Chabanaud, Correspondant du Muséum national d'Histoire naturelle, Paris.— Études des reptiles et des batraciens 1.200 » Chappellier (A.), Préparateur à la Faculté des Sciences, Paris. — Recherches sur les oiseaux hybrides . 1.200 » A reporter 17.400 » 38 SÉANCE GÉNÉRALE D'oUVERTURE Roport. . \. . . 17.400 » MM. Dehorne (A.), Préparateur à la Faculté des Sciences, Lille. — Recherches sur : 1° la biologie et la cytologie des diptères; 2" les vers marins 500 » DuFRENOY (J.), Assistant à la Station biologique, Arcachon. — Con- tinuation de ses recherches à la Station biologique d'Arcachon . 500 » le Docteur Gerber (Ch.), Chargé de cours à la Faculté de Médecine', Toulouse. — Recherches sur les ferments protéolyliques végétaux et sur les pancréatines végétales 800 » le Docteur Pellegrin (J.), Assistant au Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. — Publication sur les poissons du bassin du lac Tchad : 500 » PÉREZ (Ch.), Professeur adjoint à la Faculté des Sciences, Paris. — Résorption phagocy taire sous l'influence du follicule que subissent les spermatozoïdes des tritons dans l'intervalle des périodes géni- tales (publication d'un mémoire . 800 « le Docteur Wintrebert (P.), Préparateur à la Faculté des Sciences, Paris. — Continuation des recherches et leur publication sur l'automatisme locomoteur des embryons des sélaciens 1.000 » Lahy (J.-M.), Chef de travaux à l'École des Hautes Études, Paris. — Recherches sur l'organisation scientifique du travail humain . 500 " le Docteur Mourgue (R.), Médecin adjoint des Asiles d'aliénés. Ville- juif. — Publication d'un mémoire sur la fonction psychomotrice d'inhibition étudiée dans un cas de chorée de Huntington. . . . 400 d PiÉRON, Directeur de laboratoire à l'École des Hautes Études, Paris. — Études sur les réflexes et les réactions sensorielles oOO " Anthony, Assistant au Muséum national d'Histoire naturelle. Paris. — Recherches sur le développement du cerveau des singes ... . 500 » l'Abbé Feutry. — Recherches historiques sur la commune , de Saint-Epain 200 » MiJLLER (H.), Conservateur du Musée Dauphinois, Grenoble. — Publication des résultats des expériences (taille du silex, emploi des outils obtenus, moulage, fonte, martelage du bronze, etc., trépanation, etc.) 1.2(X) » le Docteur de Saint-Périer (R.), Morigny-Champigny (Seine-et-Oise). — Fouilles préhistoriques dans une grotte paléolithique à Les- pugne (Haute-Garonne) 1.500 » TAbbé Philippe, Cui-é, Breuillepont (Eure). — Exploration d'une enceinte préhistorique : le Fort-Hari-ouard, commune de Sorel (Eure-et-Loir) 800 » le Docteur Rivet, Assistant au Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. — Recherches sur la métallurgie })récolombienne 1.000 » Société polymathique du Morbihan, Vannes. — Impression du cata- logue du Musée archéologique de la Société Polymathique du Morbihan 600 » A reporter 28.700 » L. PERQUEL — LES FINANCES DE l'aSSOCIATION EN 1919-19:20 39 Report 28.700 » MM. le Docteur Bablet, Paris. — Achat d'un microscope (étude des spirochétoses) 800 » le Docteur Benoit (Ch.), Paris. — Traitement de la tuberculose pulmonaire par l'héliothérapie artificielle 400 » le Docteur Joly, Directeur de laboratoire à l'École des Hautes Études, Paris. — Publication d'un livre original en l'histologie du sang 1.500 » Association des Naturalistes de la vallée du Loing, Moi-et (Seine- et-Marne). — Hydrographie de Moret et de ses environs 500 GiRARDiN (P.), Professeur à l'Université de Fribourg (Suisse). — Morphologie en haute montagne 500 » BossiÈRE (R.), Le Havre. — Essai d'équilibre économique social positif 250 » Total 32.650 » » Fonds commun 31.050 » Fonds Girard 1.400 » Don anonyme 200 » ^ Des voix plus autorisées qu la mienne vous diront la joie que nous éprouvons en venant faire notre Congrès à Strasbourg. Strasbourg, pour moi, enfant de Nancy, c'est le monde nouveau qui apparaît, c'est l'avenir qui s'illumine, faisant presque oublier tous les troubles et toutes les souffrances d'hier. Notre Association est dans une bonne situation, malgré les difficultés qu'elle a rencontrées; elle a tenu à ne pas augmenter, comme d'autres, le montant de sa cotisation annuelle et cependant elle a mis en réserve quelques fonds destinés à grossir le chiffre des sui>ventions pour les années qui viennent. M'"«^ Guézard a voulu contribuer au succès de notre grande œuvre en nous donnant une nouvelle preuve de son fidèle attachement à l'Association. Elle s'est inspirée du souvenir, si cher à tous parmi nous, de son mari qui nous a rendu tant 1 et seulement > 1, à cause de la convergence de la série dont la somme est plus grande en valeur absolue que celle des séries L, on a l'équation 1 1. (1) n . 1 = :s coï- =L 1 — ioi— n avec to^-' = 1 et le produit du premier membre étendu à tous les nombres premiers q. 42 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GEODESIE ET MECANIQUE Ensuite, il continue sa démonstration par des procédés d'analyse infini- tésimale qui exigent la supposition -s- = 1 -f p avec p infiniment petit et par suite ne sont absolument valables que pour la limite s — 1 ; il y a donc déjà une première contradiction puisque, pour cette valeur de s, l'équation (1) est inexacte ou non démontrée. Mais voici la plus grave, Dirichlet a admis à plusieurs reprises, que pour la valeur de s choisie dans sa démonstration, on avait log Lo = co , (notamment p. 408 et 411, loc. cit.), je mets intentionnellement oc pour infiniment grand, parce qu'il n'est assigné aucune quantité assez grande que log Lo doive dépasser et qu'il est seulement spécifié : une quantité positive quelconque; or, si l'on a log Lo = oo , on a à beaucoup plus forte raison L» = oo et puisque, par construction Lo < C(s), on a encore à plus forte raison la série Us) = co et non convergente pour la valeur choisie des, il en résulte donc que la démonstration de l'équation (1), basée formellement sur la convergence de ^s), ne s'applique pas pour cette valeur de s et n'est aucunement concluante. M. MiURicE FRECHET, (Université de Strasbourg) SUR UNE NOUVELLE EXTENSION BU THÉORÈME DE BOREL-LEBESGUE 26 Millet. J'avais généralisé le théorème de Borel-Lebesgue au cas d'un ensemble appartenant à une classe oii la limite peut être définie au moyen de ia distance (*). M. R.-L. Moore Ta étendu ensuite au cas où les éléments d'accumulation sont définis par l'intermédaire de la notion de suite convergente et où tout ensemble dérivé est fermé. Il utilise dans ce but une généralisation de la notion d'ensemble compact (**). On peut étendre encore une fois, au moyen de cette nouvelle notion, le théorème de Borel-Lebesgue. Disons qu'un ensemble E est parfaitement compact en soi si, quelle que soit la suite monotone S de sous-ensembles G de E, il existe un élément de E qui est commun à tous les G ou qui est commun à tous leurs (*) Sw la Notion de voisinage dans les ensembles abstraits, par M. Fréchet, Bull. Se. Math.,'2^sév., t. XLII, 1918, p. 1-18. (**) On the most gênerai class [L] of Fréchet in which the Heine Borel-Lebesgue theorem holds true; Proceedings o/" i/ie National Academy of Sciences, vol. V, 1919, p. 206-910. R. GOOKMAGHTIGH — SUR UNE NOUVELLE DIRECTION FIXE 43 dérivés. (Une suite S d'ensembles G est dite monotone si de deux quel- conques d'entre eux, l'un est toujours contenu dans l'autre.) Ceci étant, on obtient le théorème suivant : La condition nécessaire et suffisante pour qu'un ensemble E possède la propriété de Borel-Lebesyae est que cet ensemble soit parfaitement compact en soi. (Dire que E possède la propriété de Borel-Lebesgue, c'est dire que si tout élément de E est intérieur à l'un au moins des ensembles G d'une certaine famille F, on peut toujours supposer que F est finie.) Le théorème précédent est vrai non seulement dans le cas considéré par R.-L. Moore, mais aussi dans /e cas p/us(/ewera/ des classes (H), c'est-à-dire des classes (V) salisfaisant aux conditions 2" et 5° de mon mémoire (*). Et même la condition nécessaire est vraie dans une classe (V) quel- conque. M. il. GOOKMAGHTIGH, Ingénieur, Professeur à l'École Industrielle, La Louvière (Belgique). SUR UNE NOUVELLE DIRECTION FIXE ASSOCIÉE AUX HÉLICES CYLINDRIQUES 516.4 te Juillet. ■ Soit une hélice de cylindre, caractérisée par la relation t = «p entre ses rayons p et t de courbure et de torsion ; on peut lui associer une première direction fixe remarquable, celle des génératrices du cylindre. Mais il existe une autre direction remarquable, associée à l'hélice, et sur laquelle on n'a pas — croyons-nous — attiré jusqu'ici l'attention. La notion de cette direction résulte des développements qui vont suivre. Considérons d^abord une courbure gauche quelconque (M) et prenons comme axes mobiles Ma*, My, Ms la tangente, la binormale, la normale principale en un point variable M de (M), caractérisée par la valeur s de l'arc. Si p et T désignent les rayons de courbure et de torsion de (M) en M, les cosinus directeurs a, [3, y d'une direction fixe satisfont aux équations ds 0 ds 1 ds p T Portons maintenant à partir de M, parallèlement à la direction a, [3, y, un segment MT égal à l'arc s de la courbe (M) en M, et étudions le lieu (T) (') Sur la Notion de voisinage dans les ensembles abstraits, par M. Fréchet, Bull. Se. Math., 2' sév., t. XLIl, 1918, p. 1-18. 44 MATHKMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE de ï. On voïl facilement que les cosinus directeurs de la tangente en T à (T) sont proportionnels à a -f- 1, [3, y. On peut d'abord remarquer que ce résultat se traduit par la propriété suivante : La tangente en T à la courbe (T) liasse par le point obtenu en portant, sur la tangente en M à (M), vers V origine des arcs, un segment égal à l'arc en M. C'est l'extension aux courbes gauches d'un théorème de M. d'Ocagne, en vertu duquel, si l'on porte, à partir des centres de courbure d'une courbe plane, des segments parallèles égaux aux rayons de courbure correspondants, la tangente en un point du lieu obtenu passe par le point correspondant de la courbe plane donnée. D'autre part, le calcul des rayons de courbure pi et de torsion x^ de la courbe (T) donne Pi = 2 \/iL p La courbe (ï) sera donc plane si « + ' = (;)- relation qui, transformée en tenant compte des égalités (1), devient 3 (a-f-i)' (a A- 1)2 -f [3^ V/2(a+i)_y^ a -U 'i [3 T p ?i (-:)=«■ ds ou, le cas p = 0 étant écarté, t = a p ; c'est l'équation qui caractérise les hélices. Posant enfin s/a" + 1 r^ ds on trouve fl* sin (p — 1 _ a(sin cp -f-'^' _ a cos 9 Telle est la loi qui détermine, pour chaque position du point M sur une hélice (M), les cosinus directeurs de la direction remarquable que nous envisageons. Le théorème que nous obtenons peut s'énoncer ainsi : Une hélice cylindrique étant dminée, il existe une direction fixe parallèle- ment à laquelle on peut mener, à partir de chaque point de la courbe, un segment égal à l'arc en ce point et tel que le lieu des extrémités de ces segments soit une courbe plane. Il est d'ailleurs aisé de reconnaître que le plan de cette dernière courbe est perpendiculaire aux génératrices du cylindre. R. GOORMAGHTIGH — COURBES EXPONENTIELLES 45 M. R. GOORMAGHTICxH SUR LA COURBURE DES COURBES EXPONENTIELLES TRIANGULAIRES 2fi Juillet. Dans un système de coordonnées projectives çj, ti, Çj dont Q est le p(Me (1, 1, 1), considérons une courbe exponentielle triangulaire «1, aj, a., sont des constantes, e est la base des logaritrimes népériens, n Vindice de la courbe. 1 Soient Aj, \^, A3 les sommets du triangle de référence d'aire ^ a', ^■15 1*2' P-3 l6s coordonnées barycen triques du point (^1, ç^» ^3) de la courbe (1), oj^, w.^, cog celles du pôle Q ; on a donc ^j = — . Si a;,, yi dési- gnent les coordonnées cartésiennes des points A; par rapport à la tangente 1 et la normale au point M de la courbe (1), où l'arc est s et - la courbure, P on aura ^f*i _ y-i — y s d'^ix^ x.^ — x-i 3 ds a- '"" ' ds'^ a-ç ' 3 3 <2) Zoi, = ^ IX, -_= 1 . s [^, u-g î/j (y, — y.^y = — î/i 2/2 1/3- 1 1 La dérivation de l'équation (1), par rapport à s donne <3) S-1 ^/*^i -1-^ = 0, coj as et l'on voit que ,(4) a,e'"^i (i..^e^^^'i «je^^a ^3 — Vi _ Vx — y^ yi — ^2 _ ^2 — Vz y^ — ys _ ^3 — 1/1 W2 0J3 (03 toj toi OJ.^ L'équation obtenue en dérivant (3) pourra donc s'écrire, eu égard à (4), CI2 \ OJj / \ (O2 (O3 / /y-s — y y _ !/i —yi\} \ ^"'i ^3 ) 1 ^ x^ — X, ^y, — y, _ y, — y^y _ ^ P «'^1 Cette équation montre que la courbure en un point de la courbe (1) ne dépend que de la direction de la tangente en ce point; par conséquent, 46 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE » pour déterminer le rayon de courbure de la courbe en un de ses points, il suflira de considérer la courbe exponentielle qui passe par Q et ?/ a sa tangente parallèle à celle de la courbe (1) au point envisagé, et de chercher son rayon de courbure en û. En supposant l'équation (5) appli- quée au point û et en tenant compte des identités (2), on trouve P ^ n La courbure d'une courbe eœponentieUe Lriancjulaire en Vun de ses points mut n fois celle de la conique, conjuguée au triangle, qui passe par le pôle Q et y a sa tangente parallèle à celle de la courbe exponentielle au point considéré. Il résulte de cette proposition que la radiale d'une courbe exponentielle est homothétique au lieu des centres de courbure des coniques du faisceau ponctuel (A^, A„, A3, û) correspondant au point de base Q. La radiale d'une courbe exponentielle triangulaii^e est une cubique. En particulier : La trisectrice de G. de Longchamps est la radiale d'une courbe exponen- tielle représentée, dans un triangle de référence équilatéral, par l'équation barycentrique M. Eugène NAVELLE, Saint-Léger-en-Yvelines iSeine-et-Oise'». 1° CONSIDÉRATIONS SUR LES SCIENCES DITES « SUBJECTIVES » lliÉSUMÉ) 5 (01) 26 Juillet. La science est la connaissance de tout ce qui est et de la place exacte que chaque chose occupe dans la nature, c'est-à-dire dans l'espace et dans le temps. Cette définition simple et claire ne paraît pas contestable, et, en effet, elle n'est contestée par aucun savant, du moins en théorie, Mais en pratique, dans la construction de la science, elle est souvent méconnue, et de grands savants, comme H. Poincaré, qui l'acceptent lorsqu'il s'agit des sciences physiques, la rejettent lorsqu'ils traitent des sciences exactes, telles que l'arithmétique et la géométrie. Dans ces dernières sciences ils commettent cette erreur, trop commune encore malgré les progrès des sciences positives, qui consiste à déplacer l'objet observé, à transporter E. NAVELLE CONSIDÉRATIONS SUR LES SCIENCES 47 dans le monde extérieur des choses ou des phénomènes qui se trouvent seulement dans leur esprit, et dans cette partie de leur esprit la plus sujette à caution, dans leur imagination. Ils introduisent ainsi parmi les notions objectives de la science des notions subjectives, dues à l'activité inventive de leur cerveau, notions qui ne correspondent à aucune réalité, qui, par conséquent ne peuvent servir à l'édification de la science. Elles s'opposent même à ses progrès, à sa marche vers cette unité de principe qui est le mobile de nos recherches ; elles maintiennent un dualisme philosophique démenti par la logique des choses et perpétuent le désordre intellectuel qui règne dans le domaine scientifique où se mêlent et se combattent les idées positives, inétaphysi([ues et mystiques. Il est facile d'établir le bien-fondé de cette critique en lisant les livres de nos philosophes scientifiques, comme par exemple : La Science et rHypothèse, de H. Poincaré. On y trouve des assertions absolument contraires à la définition de la science, telles que celles-ci : « Les hypo- thèses, celles qui se rencontrent surtout dans les mathématiques, se réduisent à des définitions ou à des conventions déguisées. Ces conventions sont l'œuvre de la libre activité de notre esprit qui dans ce domaine ne connaît pas d'obstacle. Là notre esprit peut atrirmer parce qu'il décrète. » — On ne peut nier plus catégoriquement la part de la nature dans la science. D'ailleurs il sépare délibérément la nature et la science. — « Ces décrets, dit-il, s'imposent à notre science, mais ils ne s'imposent pas à la nature. » — Nous avons donc d'un côté la nature et de l'autre notre science qui sont ainsi étrangères l'une à l'autre. C'est la négation pure de notre déhnition : la science est la connaissance de ce qui est. Lorsque M. Poincaré nous dit que les « principes des mathématiques (les notions de grandeur, d'espace, de temps) sont créés par nous, qu'ils ne sont que des conventions et qu'ils pourraient être remplacés par d'autres dans un inonde différent du nôtre, qu'ils rie nous sont pas imposés par la logique, comme l'a prouvé Lobatchewsky en créant une géométrie non- enclidienne » on peut l'accuser de jouer sur les mots. Car il est bien évident que nous pouvons, non })as imaginer, non pas concevoir nette- ment, mais sui)poser verbalement un monde différent du nôtre ; on peut supposer verbalement la Logique Réelle remplacée par une autre logique, mais il nous est impoàsil)lede l'imaginer avec précision et de la formuler: on peut supposer verbalement rjue l'espace n'a que deux dimensions, mais il est impossible d'imaginer cet espace et H. Poincaré l'avoue lui- même en disant « qu'il cherche à l'imaginer )i. Et lors même qu'il y réussirait, quelle utilité en tirerait-il? A quoi ont servi toutes les entités métaphysiques inventées par les esprits mystiques, sinon à nous éloigner de la connaissance du réel, la seule qui puisse nous aider à vivre en société. La vérité est que nos principes mathématiques les plus purs, les notions les plus élevées de la science ont leur origine dans les impres- sions que les réalités produisent sur nos sens. Les erreurs de principes contenues dans les œuvres des spéculatifs se 48 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MECANIQUE sont malheureusement répandues dans nos livres didactiques et l'on enseigne aux débutants des absurdités qui déforment leur intelligence et leur donnent des habitudes d'illogicité qui ne les quittent plus. Les auteurs de nos livres classiques ne paraissent pas bien fixés sur la nature des défini- tions, sur leur utilité et leur nécessité. Un « Traité d'arithmétique à l'usage des élèves de mathématiques A et B et des candidats aux Écoles « donne du 0 deux définitions inconciliables. Selon la première, 0 est un chitîre, un symbole occupant dans un nombre la place des unités absentes; selon la seconde, 0 est un nombre comme un autre. Ce même traité intro- duit en arithmétique les notions métaphysiques du néant et de l'infini. Le néant représenté par 0, a d'abord une vertu destructive, car il suffît de multiplier un nombre réel par le nombre 0 pour que le nombre réel se trouve du coup anéanti; il a aussi une valeur créatrice, car le nombre réel divisé par le même 0 devient immense, infini; de sorte que quand' il multi- plie il diminue, et qu'en divisant un nombre il l'augmente. Il importerait de faire comprendre aux jeunes intelligences que le néant et l'infini sont des idées subjectives qui n'ont aucun rapport avec les réalités, qui n'ont point de place dans la science exacte ; il faudrait leur démontrer que toute opération arithmétique dont l'un des facteurs est 0 est une opération impossible et ne doit pas être tentée. Dans les traités de géométrie élémentaire on relève des erreurs de même nature. Ainsi l'un de ces traités classiques nous affirme qu'on lïe peut définir la ligne droite : comme si la ligne droite n'appartenait à aucune espèce d'aucun genre de choses réelles. Il ignore que le Postulat d'Euclide est tout simplement la constatation d'un fait réel, d'un phéno- mène naturel que nous reproduisons à volonté et qu'il n'y a pas lieu de chercher son explication dans on ne sait quelle mystérieuse essence de parallélisme. Il donne comme des théorèmes des propositions imprécises, particulières indûment généralisées, telles que celles-ci : 1° la surface ,d'un parallélogramme est le produit de sa base par sa hauteur, ce qui est 'vrai seulement si le parallélogramme est rectangulaire ; 2" tout triangle est la moitié d'un parallélogramme, ce qui est vrai seulement du triangle équilatéral ; dans tout autre cas, il peut être la moitié de trois parallé- logrammes de surfaces différentes ; 3° la surface d'un triangle est le pro- duit de sa base par la moitié de sa hauteur, ce qui est vrai seulement si le triangle est équilatéral, autrement la surface' varie avec le côté pris pour base. C'est sur ces propositions à demi vraies à demi fausses qu'est fondée la démonstration du théorème de Pythagore qui est ainsi entachée d'erreur dans son principe et qui par suite est illusoire et fallacieuse. Le théorème de Pythagore n'est vrai que dans les conditions requises pour que le théorème arithmétique sur les trois nombres carrés dont l'un est la somme des deux autres se trouve réalisé par la construction d'un trian- gle rectangle dont Thypoténuse et les petits côtés sont dans le rapport des nombres 3, 4, et 5. Pour mettre cette vérité en évidence il suffit de consi- dérer que le triangle ACB se trouve être à la fois égal à la moitié du E. NAVELLE REFLEXIOiNS SUR L ESPRIT DE SYSTÈME 49 carré ACBD, et au quart du carré ABEH. ACB étant un triangle rectangle si AB = 10 on a AC = CB = 7,09. La surface est à la fois égale à : ^ = 25,134 et à 55 = 25 2-4 d'où 25,134 = 25, ce qui est absurde. Il faut laisser la concorde régner entre l'arithmétique et la géométrie. La conclusion de qui précède est qu'il y a lieu de réviser et de corriger tous nos livres classiques de mathématiques, qu'il y a urgence d'en expulser toutes les idées subjectives, tous les faux principes qu'y a intro- duits l'esprit mystique de nos anciens maîtres ; qu'il est nécessaire, si l'on veut que la science pure progresse, de purifier ses sources et de s'en tenir strictement à la constatation et à la classification des réalités. Hors de la nature il n'y a ques rêverie et folie. 2" RÉFLEXIONS SUR L'ESPRIT DE SYSTÈME (résumé) 26 juillet. 112 J'appelle esprit de système l'attachement irréfléchi et obstiné de notre intelligence à un principe admis primitivement et provisoirement pour expliquer l'univers ou une classe de phénomènes. Je ne confonds pas avec l'esprit de système le procédé employé nécessairement d'abord et spontanément pour synthétiser nos connaissances acquises. L'histoire de 50 , MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE l'espril humain est Thisloire des systèmes Ihéologiques, métaphysiques et positivistes qu'il a imaginés pour s'expliquer la nature et celle histoire est celle de nos erreurs. Tous les systèmes connus sont erronés parce qu'ils sont l'œuvre de notre esprit, atlranchi des nécessités logiques, qui substitue aux causes réelles des phénomènes, des causes imaginaires, à l'évolution naturelle, des enchaînements fantaisistes. Pour combattre cet esprit de système il faut dévoiler ses méfaits dans les sciences exactes. A. Comte partage les systèmes en trois groupes, les théologiques, les métaphysiques et les positivistes. On peut apprécier la valeur de ces sys- tèmes d'après la nature de leur critérium. Celui des systèmes théologiques est la révélation qui est proprement la négation de la connaissance scien- tifique. Celui des systèmes métaphysiques est l'évidence qui est notoirement insuffisant. Celui des positivistes est le consensus hominum qui est également inacceptable puisque tous les humains peuvent être et se sont trouvés d'accord sur certaines erreurs. Ces trois critériums ont le vice commun d'être fondés sur des idées subjectives. C'est de ses rêves et de ses halluci- nations que le primitif a formé ses systèmes religieux ; c'est de l'apparence, souvent trompeuse, des choses, que notre raison a tiré ses abstractions métaphysiques; c'est des conventions admises arbitrairement par le plus grand nombre que le positivisme a tiré son concept scientifique. Mais ces conventions, lors même qu'elles seraient universelles et unanimes, ne peuvent prévaloir contre les faits constatés, et la constatation de ce (jui est réellement est la seule base possible, solide de la connaissance. Les positivistes ont dit avec raison que la science est faite d'abstractions, mais ils ont le tort de confondre en un seul bloc toutes les espèces d'abs- tractions. Leur chef illustre ne se piquait pas de psychologie ; il la dédai- gnait à tort, car il n'est pas inutile, quand on raisonne, de connaître les procédés et les moyens de son intelligence. Il aurait pu savoir que les concepts abstraits sont plus ou moins abstraits et qu'il y a des abstractions de diverses natures. Il est absolument nécessaire de savoir qu'il y a des abstractions directes, des abstractions dérivées et des abstractions chimé- riques. Ne pas tenir compte de ces diversités, c'est courir le risque de confondre le réel avec l'imaginaire, avec l'inimaginable. — Du mépris de la psychologie et de l'emploi du critérium du consensus il est résulté chez A. Comte d'une part, l'indécision, l'obscurité et les assertions contradic- toires que l'on remarque dans la deuxième leçon de son cours de Philosophie positive, et, d'autre part, l'imprécision de la discussion qu'il institue sur les équations et les fonctions. S'il avait tenu compte du fait que les sym- boles a;', X-, x^ réprésentent des abstractions directes, que les fonctions x\x^ X'' représentent des abstractions dérivées, et que l'équation qui comprend des fonctions de ces deux .espèces constitue une abstraction chimérique; il n'aurait pas exprimé son étonnement de voir que nous ne savons pas résoudre l'équation «" -f If = c^ ; il aurait vu que cette équation ne représente aucune réalité, aucime loi naturelle et que par suite sa solution, fût-elle possible, ne nous serait d'aucune utilité. E. INAVELLE — REFLEXIONS SUR l'eSPRIT DE SYSTÈME 51 Si les géomètres n'étaient pas aveuglés par l'esprit de système et par. leurs vieilles croyances métaphysiques ils raettraient plus d'ordre dans leurs concepts et ne chercheraient pas dans l'arithmétique la solution d'un problème de géométrie tel que celui qui consiste à trouver le côté d'un carré ou d'un cube dont on connaît la superficie ou le volume. Ils se sont en effet donné beaucoup de peine pour chercher à extraire, selon leur mauvaise expression métaphorique, la racine carrée, cubique, n'"""'' d'un nombre donné. Il était simple et facile de considérer les deux premières opérations dans l'ordre géométrique ou des abstractions directes et les suivantes dans l'ordre des abstractions dérivées. Ils obtenaient ainsi les formules à appliquer : 'a = V^^"=-\/1^^'"=Vw^^^''=-\/â«'^- Il est à peine besoin de faire remarquer que si l'on divise un carré en quatre carrés égaux, ses côtés se trouvent être divisés seulement en deux parties égales; que si l'on partage un cube en huit cubes égaux ses côtés sont partagés de même seulement en deux parties égales. Donc quelque grand que soit le carré ou le cube donné, il sera toujours possible de le réduire à un carré ou à un cube de dimension telle que le nombre expri- mant sa surface ou son volume soit contenu dans des tables dressées ad hoc et ne contenant que les petits carrés ou cubes de 1,01 à o par exemple. On agira de même avec les abstractions dérivées a\ a% a" en ayant soin de construire les tables nécessaires. J'ai calculé ces tables pour les nombres de 1,01 à 5 jusqu'à leur dixième puissance inclusivement. L'épreuve de ces tables et la démonstration de leur utilité sont faciles à faire en opérant sur une puissance dont le nombre initial est connu d'avance. Soit à trouver le nombre dont la cinquième puissance est 100.000. Nous avons successi- vement : /inn non . — ■ — ^ /'^ i9^» .. t^'ioo.ooo = 2 sJ-^^^ ; \^^-^^ = ^ V^^ *"'' ±v^i.mm. Notre table des puissances 5 nous dit que 97.65625 est la cinquième puis- sance de 2,50. Si donc nous multiplions 2,50 autant de fois par 2 que nous avons divisé le nombre donné par 32, soit 2'^ ou 4 nous obtenons 10 dont, en effet, la cinquième puissance est 100.000. Il me semble que cette épreuve est suffisante: mais il faut insister sur la nécessité de traiter les abstractions scientifiquement. Si l'on examine l'équation a-^ -|- 6'' = c^ on voit qu'elle peut appartenir à l'un ou à l'autre des trois ordres d'abstractions selon la valeur donnée à x, et que par suite elle sera possible ou toujours, ou quehjuefois, ou jamais. En eflef dans le cas de œ = 1, il s'agit d'une abstraction directe et elle est toujours possible puisqu'elle représente les fonctions somme et différence. Dans le cas de ic = 2, l'abstraction est encore directe mais elle n'est possible que sous certaine condition; c'est S2 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE la représentation du théorème géométrique de Pythagore, corrélatif du phénomène arithmétique qui a lieu quand les nombres a, b et c sont proportionnels à 3, 4 et o. Le cas de a- = 3 est la notation du dernier théorème de Fermai, abstraction dont chaque terme est dérivé, mais dont l'ensemble est chimérique puisqu'aucun phénomène naturel, ni arithmé- tique, ni géométrique ne lui correspond : ce qui se prouve par le fait que .a^-\-b^-\-n^ — c^ — ^î^est possible pour a, 6, m, c respectivement égaux à 3, 4, S, 6 et donne a^-]-b^ = c^ — n^. Le dernier théorème de Fermai se trouve donc démontré par cette progression : a -\- b ^=c toujours possible; a^ -{-b"^ = c'^ pas toujours possible ; a^ -j- b^ =z c^ jamais possible : a'^ -\- b^ = c'' et les suivantes (toutes abstractions chimériques) a for l ior i ioupur s impossibles. On peut affirmer qu'on ne trouvera pas une autre démonstration générale de ce théorème de Fermât. L'esprit de système et la multiplicité des systèmes nous empêchent de saisir l'ensemble du phénomène mondial qui est, dans sa plus haute géné- ralité, un phénomène de mécanique. Mais pour comprendre ce phénomène il faut le concevoir comme un mouvement vraiment général, c'est-à-dire comprenant tous les mouvements de la matière, depuis les mouvements des masses inertes jusqu'à ceux de la matière impondérable, radiante, ceux des particules électriques, ceux de l'éther, ceux de la vie et de la pensée. Or ce mouvement général n'est autre que ce que nous appelons l'évo- lution. L'évolution intégrale de la matière est donc ce phénomène global qu'il faut observer et reconnaître si l'on veut comprendre tous les phénomènes, les distinguer, les définir et les classer dans leur ordre logique. Adopter ce point de vue, ce n'est pas construire un nouveau système, c'est plutôt renoncer à tout système et constater simplement ce qui est ; ce n'est pas systématiser nos connaissances et les répartir en sciences distinctes, c'est classer dans leur ordre naturel tous les êtres et phénomènes parvenus à notre connaissance; ce n'est pas arranger la nature sur un plan préconçu, c'est conformer nos concepts à nos constatations, c'est astreindre notre activité intellectuelle à se soumettre aux lois logiques de la nature. Ainsi donc disparaissent tous les systèmes et à leur place apparaît l'ordre naturel des choses et des faits dans l'espace et dans le temps. Ainsi encore toutes les sciences se rejoignent et se fondent dans l'unique science des mouve- ments et de leurs modalités. Comme il n'y a qu'une nature il ne peut y avoir qu'une science. Ainsi enfin s'établit l'unique critérium du vrai qui est: l'accord logique et réel de chaque chose avec toutes les choses de son ordre, et l'accord de chaque ordre avec tous les ordres de choses, fondant l'unité de la science sur Punité de la nature constante et logique dans son évolution. A. VÉRONNET — CONSTITUTION, ÉVOLUTION ET FORMATION DES ASTRES 53 M. Alexandre VERONi^ET, Astronome à l'Observatoire de Strasbourg CONSTITUTION, ÉVOLUTION ET FORMATION DES ASTRES 5-2.31 iO Juillet. Les données physiques connues relatives aux astres sont assez nom- breuses pour nous en permettre l'étude théorique et mathématique. On ' leur a appliqué jusqu'alors la loi de Marlotte-Gay-Lmsac ou des gaz par- faits. Cette loi exige des températures de millions de degrés pour expliquer l'équilibre interne du Soleil et des étoiles. Elle exige que la température varie en raison inverse du rayon de l'astre. Elle n'explique donc ni la constitution, ni l'évolution des astres. J'ai appliqué à ce problème la loi des gaz réels, qui introduit la densité limite vers laquelle ils tendent aux hautes pressions. On obtient alors pour la constitution des astres un noyau stable, homogène, qui se sépare nette- ment de l'atmosphère, dont on peut déterminer la composition et les dimensions. Le noyau se comporte comme un liquide stable, dont les conditions de densité et de température ont dû très peu varier au cours de l'évolution, ce qui permet d'étudier d'une façon assez précise l'évolution du soleil et la nôtre, au moyen des lois du rayonnement. Enfin le calcul permet de déterminer l'attraction d'une masse supplémentaire dans une nébuleuse homogène indéfinie, de déterminer aussi le temps et la tempé- rature de formation d'un astre, éléments qui se limitent assez étroi- tement l'un par l'autre. Tous les résultats résumés et groupés ici ont fait l'objet de notes publiées aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences de 1917 à 1920. 1° Constitution interne. — J'ai fait les calculs avec deux hypothèses limites qui encadrent sûrement la réalité. On peut supposer d'abord la tempéra- ture uniforme, ce qui donne un accroissement maximum de la densité. On peut supposer la densité uniforme, ce qui donne un accroissement maxi- mum de la température. Ces deux hypothèses donnent des résultats égale- ment intéressants. Si on admet, que la température est partout la même, dans un astre gazeux, l'étude mathématique de la formule des gaz réels nous montre que la densité croit brusquement, au voisinage de la couche où elle atteint le tiers de la densité limite du gaz (Comptes rendus, t. 165, p. 1035 (1917), t.. 166, p. 109 (1918J, et t. 167, p. 722 (1918). Sur le Soleil cette densité doit doubler pour une profondeur de deux kilomètres seulement. Elle atteint les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de sa valeur limite à cent 54 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GEODESIE ET MÉCA.MQL'E kilomètres de profondeur, ce qui correspond à un kilomètre sur la Terre relativement au rayon. La densité est donc très sensiblement uniforme dans toute la masse et égale à la densité moyenne du Soleil. Si on considère un mélange gazeux, l'accroissement de densité a lieu sensiblement à peu près à la même pression, voisine de l.oOO atmosphères. La composition reste sensiblement homogène dans tout le noyau et la densité reste encore uniforme . Il se forme donc ainsi une couche de niveau parfaitement définie et stable, qui délimite nettement Je noyau. Cette constitution se maintient, même avec une dilatation considérable, et peut s'appliquer ainsi à toutes les étoiles normales et rayonnantes, comme aussi à tous les stades de leur évolution. Au-dessus du noyau la densité et la composition de l'atmosphère varient également vile. Les vapeurs lourdes ne comptent presque plus dans la densité à partir de 30 à 40 kilomètres et l'hydrogène domine à peu près seul au delà de 100 kilomètres. La photosphère à surface brillante sera constituée par cette zone relativement peu épaisse. Selon la température de l'astre les nuages brillants s'élèveront plus ou moins haut dans ces couches, ce qui donnera les différents spectres d'absorption, depuis les étoiles blanches jusqu'aux étoiles rouges. Enfin la théorie cinétique permet de déterminer la pression limite et la hauteur limite d'une atmosphère. (Comptes rendus, 1. 167, p. o28, 636 et 722 (1918). Sur la Terre une atmosphère d'oxygène et d'azote s'élèverait seulement à 150 kilomètres, mais la moindre proportion d'hydrogène la prolongera à 500 kilomètres et au delà, distance de visibilité des étoiles filantes. Sur le Soleil l'hydrogène seul s'élèverait à 5.000 kilomètres seule- ment ou 6 secondes d'arc. Il faudrait un milieu plus léger, probablement formé d'électrons libres, pour qu'il puisse s'élever plus haut comme on l'a observé. Si nous faisons pour le noyau la seconde hy[»othèse que la densité est rigoureusement constaule nous trouvons une variation correspondante de la température. {Comptes rendus, t. 168, p. 398 (1919). Elle croit d'abord brusquement pour tendre vers une limite qui ne peut pas dépasser le triple et probablement le double de la température à la surface du noyau. Ainsi donc nos deux hypothèses limites, qui en<;adrent la réalité possible, nous indiquent que la densité et la température, à l'intérieur d'un astre gazeux, ne peuvent varier tout au plus que de un à trois. Il en a été de même au cours de l'évolution. Les conditions physiques sont donc restées voisines de celles que nous connaissons. Nos calculs peuvent donc s'y appli- quer encore, au moins comme première approximation. 2" Évolution. — La loi des gaz réels montre qu'un astre" gazeux se refroidit et se contracte en rayonnant de la chaleur, dès que la densité atteint le quart de la densité limite du gaz. Ceci a lieu pour tout le noyau A. VÉRONNET — CONSTITUTION, ÉVOLUTION ET FORMATION DES ASTRES 55 qui se comportera donc comme un liquide stable. On détermine ainsi un maximum théorique de température, jamais atteint d'ailleurs pour les étoiles, (Compter rendus, t. 166, p. 286. 1. 167, p. 67 (1918) ; et t. 168, p. 679 (1919). Si l'on étudie les causes capables d'entretenir le rayonnement du Soleil on trouve que la tbéorie de la contraction, due à Helmho/tz, permet seule de fournir une quantité de chaleur appréciable. Cette quantité serait de 15 à 30 millions d'années de chaleur, au taux actuel. {Comptes rendus, 1. 158, p. 1649 (1914). Mais le Soleil était autrefois plus gros et plus chaud, la perte a été plus rapide et même très rapide, car la chaleur rayonnée est proportionnelle à la quatrième puissance de la température. En reliant la température au rayon par les lois de dilatation on obtient la vitesse de contraction et la vitesse de refroidissement. En toute hypothèse, le rayonnement du Soleil une fois formé ne daterait guère que à' un mil- lion humées. [Comptes rendus, t. 166, p. 642, 812 et 901 (1918). Cependant les géologues ont calculé que la formation des couches sédi- mentaires aurait exigé des millions d'années, mais à la vitesse de forma- tion actuelle. Or si l'on tient compte du rayonnement du Soleil il y a 150.000 ans on trouve sur la Terre une température de 11 degrés plus élevée qu'actuellement, ce qui donne une évaporation et une chute de pluie double. L'érosion était quatre fois plus grande. Puis, 120.000 ans plus tôt ces nombres étaient encore quadruplés. Le Soleil a pu produire ainsi en un million d'années le travail de plusieurs centaines de millions d'années. Il y a 250.000 ans la température du Soleil était de 400° plus élevée, avec un rayon à peine plus gros. La température sur la Terre était de 60" à l'équateur, y rendant la vie à peu près impossible, et de 34°à la latitude de Paris, y produisant la végétation tropicale de la période secondaire. L'évolution dans l'avenir serait moins rapide que dans le passé. La tem- l)érature tomberait à zéro degré à Paris dans 200.000 ans et à zéro à l'équateur dans 600.000 ans, et la Terre serait gelée. 3« Formation. —On admet que tous les éléments qui forment les astres étaient dispersés à l'état de nébuleuse dans tout l'espace. Une nébuleuse isolée se contracterait trop vite. On peutsupposer d'abord ce milieu homo- gène et indéfini. L'addition d'une masse sup[»léinentaire y produit un centre d'attraction. On peut calculer mathématiquement le temps de chute d'un élément attiré par celte masse supplémentaire, le temps exigé pour la formation d'une masse analogue à celle du Soleil, la température de formation de cet astre {Comptes rendus, i. 169, p. 844 (1919), et t. 170, p. 40etp! 1565(1920). Les masses formées restent |»roi)ortionnelles à la masse initiale, supplé- mentaire, dans le même milieu. Une différence de densité assez faible entre deux régions de l'espace peut y produire une grande différence d'évolution, créer des régions à nébuleuses en formation et des régions à étoiles formées, comme la Voie Lactée. La formation est lente au début. 5t> MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE saccélère et finalement le temps et la température de formation des909mi/- Uèmes de la masse ne dépendent que de la densité du milieu. Si on diminue cette densité on augmente le temps de formation, mais on diminue la température. On trouve ainsi des limites intéressantes. Le temps de formation du Soleil ne saurait dépasser 20 millions d'années ni sa température 20.000°. En tout cas le milieu nébulaire serait très instable. Un atome de plus suffît pour former un soleil. En résumé la loi des gaz réels, appliquée aux astres, permet donc d'établir solidement leur constitution physique et leur équilibre interne. Appuyés sur cette première base nous pouvons entrevoir leur évolution et esquisser même les conditions de leur formation. M. C. CLAPIER, Docteur es Sciences. NOTE SUR LES SURFACES DE RÉVOLUTION A COURBURE MOYENNE CONSTANTE 516.4 27 Juillet, Dans l'étude de la capillarité, on réalise à l'aide du liquide glycérique, des surfaces de révolution à courbure moyenne constante qui peuvent être engendrées par des courbes de Delaunaij. Je me propose de démontrer que ce sont les seules surfaces de révolution jouissant de cette propriété géométrique : Prenons pour axe des a*, l'axe de révolution; la normale MN en un point M {xyz) rencontre l'axe et ses cosinus directeurs C, C, C" sont proportionnels à {x — ç, y, z) ; la sous-normale PN = ; — x est une fonction de la distance à l'axe p = \,''y^ -^ :■- ; cette fonction dépend de la forme de la méridienne que nous nous proposons de déterminer. Nous poserons C - /t, C" = 7f- et par suite C = ^'^'^^ ~ ^' t(?) fi?) fi?) L'expression Cdx -|- Cdy -|- Cdz == 0, nous donne l'équation ditïéren- tielle de la méridienne. Exprimons que la courbure moyenne est constante et égale à - ; nous C. CLAPIER — NOTE SUli LES SURFACES 57 avons d'après une formule connue (*) I / <' c ^ de à c" Y b y àio ()// àZ /' ce qui nous permet de déterminer fip), à l'aide de l'équation de Bemouild tbf-obf Arp' = 0: en intégrant on trouve avec a constante d'intégration. L^équation différentielle des méridiennes cherchées est : ^_^^ -dy{f + Uo.) S^b'^f — if -{-'Iboif Cette équation montre que ces courbes peuvent s'obtenir comme lieu du foyer d'une conique fixe qui roule sur Tune de ses tangentes ox : Soit par exemple dans le plan du xy une ellipse invariable ayant pour axes A et B. qui roule sur la tangente fixe ox\ M étant le })oint de contact et F un foyer d'ordonnée FI* := ?/: si on désigne parc l'inclinaison du rayon vecteur FM sur l'axe du x. nous avons y =^ r sin ?. Cherchons l'équation intrinsèque de l'ellipse qui donne la relation entre Pangle FMP = o et la distance FP = y, du foyer à une tangente. Nous avons, en passant par î'équation en coordonnées polaires : P rdo) 1 + e cos oj. ^^ • dr d'où on déduit : l> élevant au carré et remplaçant /• par ^r-^ , il vient sm C2 t'-y- — [[) sin 9 — y)'^ =^ p"- cos''* cp et par suite sm ç Or il suffît de poser, pour trouver 2p;v 2Ay 6 = A, 26a =-. A ' . 26a 4- f C) Voir ma Thèse sur les surfaces minimti, Gauthier-ViUars (1919). 58 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE D'après la valeur de C précédemment trouvée on voit (juc la méridienne trouvée, est la trajectoire du foyer d'une conique qui roule sans glisser sur l'axe de révolution. La grandeur de l'axe de la conique est è, et son demi -paramètre = a. Les surfaces correspondantes à l'ellipse ou l'hyperbole s'appellent onduloïde et nodoïde ; le calénoïde a pour méridienne la chaînette dont l'équation différentielle est ad\i dx -- I n ., vr—a~ elle est engendrée par le foyer de la parabole ayant pour paramètre 2a. M. J. DAVID, Membre de la Société des Sciences de l'Yonne, Auxerre.- SUR LES SPHÈRES INSCRITES ET CIRCONSCRITES AU DODÉCAÈDRE ET A L'ICOSAÈDRE 513.41 27 Juillet. Dans l'intervalle compris entre deux sphères concentriques dont les rayons sont dans le rapport de 5 à 4 (plus exactement : rapport du rayon intérieur au rayon extérieur 0,79482), on peut placer aussi bien un dodé- caèdre (l'a faces) qu'un icosaàdre (20 faces). Le volume de l'icosaèdre est 0,60o4o6 de celui de la sphère circons- crite. Augmentant de 1/10 on a 0,6660, c'est-à-dire pratiquement le volume du dodécaèdre lequel est 0,6636, nombre ne différant du précé- dent que de 4 : 10.000. Le volume du dodécaèdre est donc bien près des 2/3 de celui de la sphère circonscrite (différence 0,0011). Remarquer encore que le volume de la sphère intérieure est la moitié de celui de la Sphère extérieure; plus exactement les 5018/10000. La formule du volume de l'icosaèdre inscrit dans une sphère de dia- K 4/2 fi 4- i/^Y^ mètre égal à 1 est -^ >< \ = 0,31702. (l + v'5)^ Le volume du dodécaèdre s'obtient avec le coefficient 0,3486, La somme de ces deux polyèdres équivaut à 1/1000 près par défaut aux 2/3 du cube dont le côté est égal à l'unité. H. MULLKR — LE CADRAN SOLAIKE DU LVGÉE DE FILLES DE GRENOBLE 59 Si l'on représente par a le C(Hé de l'icosaèdre, le rayon de la sphère extérieure est a 4/ "-^ + V^ '^ . jç rayon de la sphère intérieure est - X ^-— ou Tô • 2 8^3 *^ La Grande Encyclopédie, dirigée par Berthelot, donne pour r la formule ^^ (3 ^ \'o) , formule erronée. 12 — Réduite en fraction décimale, on aurait /• = 0,6171 X « au lieu de 0,7oo7 X «• Ce dernier coefficient est d'ailleurs en parfaite concordance avec une épure tracée spécialement. M. H. MILLER, Bibliothécaire de l'École de Médecine de Grenoble. LE CADRAN SOLAIRE DU LYCÉE DE FILLES DE GRENOBLE (KÉSIMÉ) 27 juillrt. Le cadran solaire du Lycée de filles de Grenoble, dessiné en 1673, par un Jésuite, le R. P. Bonfa, est peu connu. Il vient d'être classé (mars 1920) comme monument historique, sur les instances de M. A. Rome, architecte départemen- tal et des monuments historiques. M. de Rey-Pailhade. ex-président de la Société de Géographie de Toulouse, a pris l'initiative de sa restauration en 1918, avec la collaboration de M. Aug. Favot. Les travaux sont terminés. Le cadran donne les heures françaises en noir, les heures italiques en rouge, les heures babyloniques en jaune. Des arcs d'hyperbole indiquent les signes du zodiaque; les saisons et les mois sont aussi indiqués. On y voit encore les calendriers de la Société de Jésus, de la Vierge et du Roi; les heures du lever et du coucher du soleil et celles des crépuscules; les maisons célestes et une table des épactes. Le calendrier civil de la lune permet de calculer rapidement l'âge de cet astre- et enfin, l'Horloge nouvelle, œuvre peut-être unique, donne « la situation de la lune par le soleil, celle du soleil par la lune et, par l'un et par Vautre, les jours de la lune dans le monde entier. ^ Le cadran du Lycée de filles de Grenoble couvre environ cent mètres carrés de surface. Des plans permettent de se rendre compte de l'importance de ce travail. 60 MATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MÉCANIQUE M. A. GÉRARDIN, Correspondant du Ministère de l'instruclion Publique, Nancy. 1° RÉSULTATS ACQUIS DEPUIS 1912 AVEC LES MACHINES A CONGRUENCES A. GÉRARDIN. — MODÈLE DE DÉMONSTRATION 681.14 27 Jidlle!. Depuis 1906, je fais connaître les innombrables questions de la Théorie des Nombres qui peuvent se résoudre par des équations de la forme ax^ 4- bx ^ c = y^ (1) en nombres entiers. J'emploie des procédés puissants et depuis 1912, mes machines m'ont permis d'allonger de beaucoup les limites d'étude de ces questions. J'ai exposé dans les congrès français, anglais et internationaux de 1912, 1913, 1914 et 1920, ainsi que dans un grand nombre darticles mes méthodes, et je dirai simplement ici que mes machines ont déjà résolu près de sept inille problèmes. Ces équations se rencontrent dans la factorisation des grands nombres, dans beaucoup de questions d'analyse indéterminée, sous une forme diffé- rente dans l'établissement automatique de la liste délînitive des nombres premiers, etc. Les résultats obtenus sont surtout intéressants lorsque l'on étudie en série un lot de nombres d'une même forme, par exemple, ou une liste d'inconnues répondant à des conditions différentes faisant partie d'une liste de conditions possibles. J'établis alors sur l'une de mes machines les bandes répondant à ces conditions et les résultats recherchés s'obtiennent à une vitesse de 200 nombres par seconde, lorsque Ton sait utiliser conve- nablement ces instruments de travail, et généraliser les résultats obtenus. Ainsi, j'ai trouvé des équations de la forme (1 ) admettant une solution fractionnaire évidente, et qui, par mes procédés donnent immédiatement les solutions entières. Exemple : a =r 4/i — 1 , 6=1, c = p^ -\- p — |(4/i — I ) n- 4- 4/iw -t- h\ où les variables sont p, h, n. J'ai la solution générale de ces problèmes et d'autres connexes : 4 (4/i _ 1) c 4- 1 = [(8/1 — 2) ^ -L 1]2 _ (Ah — 1) (22/)* 4 (4/i — 1) n" ^ IQhn -j- {4h -f 1 — 4 R) == ^- (4/t — 1) p' 4- (4/i — 1) i» + [h (4R — l) — ]\]=t' et de beaucoup d'autres équations, dont j'obtiens les solutions entières, positives ou négatives. A. CiÉRARDIiS — FACTEURS d'uN NOMBRE COMPOSÉ 61 Les 6.000 équations résolues de la forme x'^ ±: if = ± a ou a est nul. Il obtient ainsi la formule : R(z — z', p,p') = =;log-+%. 9 ' avec r =\/{z — z')- -f (g — p')-, g étant une fonction des arguments s, p, z' p' restant finie et continue même pour ^ = 5', p = p' et il pour- suit le calcul en admettant que les parties des intégrales provenant de g sont négligeables devant celles fournies par le terme principal. Le procédé de calcul habituellement employé consiste au contraire à se servir de la théorie des fonctions elliptiques pour trouver un développe- ment limité de la fonction R. Cette méthode conduit à poser : 2 1 R (z — z', 0, 0') = -= log - + 2 y. 1/ G 0 V i k la fonction y étant elle-même finie et continue pour ^ = :;', 0 = p'. Il est facile de voir du reste que la différence des valeurs de ces deux fonctions g et y reste limitée et même tend vers zéro quand /• devient très petit; en effet, en posant p = p' 4- r cos 6, ^ = j' 4- r sin 0, on a : cos 6 Q — V = = =- r log /• • f' v'f (vV + v'p) expression qui, quel que soit 9, tend évidemment vers zéro avec r. og S y On vérifie de même innnédiatement que la diflérence ;; conserve 6 y ùZ elle aussi une valeur finie dans les mêmes conditions. Mais il n'en est plus ainsi de la différence des dérivées par rapport à p : 09 Sy 1 , , cos- 0 ■^ ' — log r 4- ^? '' 2pv/pp' ^ p'/p (v/p' + v/?) ' 1 Cette différence se comporte comme ;^- log r pour les petites valeurs de r. '"9 ' C'est précisément dans ce fait que se trouve la divergence observée, les deux valeurs asymptotiques ne pouvant pas toutes deux constituer une bonne approximation pour la suite des calculs. Or il est facile de montrer que la fonction y a ses dérivées partielles premières finies pour r = 0 et que par conséquent c'est l'application de R. THIRY THÉOUIE DES TOURBILLONS » 00 la formule de Riemann qui, dans les conditions présentes, conduit à une approximation défectueuse. En effet, en posant k' = ttt-t^t — ; — ^ ^n met R sous la forme : E et K désignant les intégrales elliptiques connues (cf. Kirchhoff, loc. cit.), rfcp - / v/ï •/o E — I v/1 — A* sin- 9,^9, \J\. — /i- sin- cp Le module complémentaire k' est alors donné par la formule : (5 - z'f + (p - pr /£'» = 1 — /.-^ (.. - z'Y 4- (p + ?'f 7' il est de l'ordre de ^r-, quand r est petit. 2p Il est alors facile en se servant de développements connus (cf. p. ex. : Tannery et Molk, formules CXXII,i), de mettre R sous la forme : 2 , k' R = T^'^H + les termes non écrits étant, soit des puissances positives entières de k\ soit des termes de la forme k"-p log k'. En remarquant que ;; — et ^; — restent finis, on conclut tout de suite que os 0 p les termes non écrits donnent dans R et ses dérivées partielles premières une contribution négligeable lorsque r est très petit. Cette remarque étant faite, la suite des calculs de M. Weingarten s'effectue sans modifications sensibles. On tiouve pour la fonction de coui:ant introduite la valeur : m ,— l , a , \ c'- — (o — ay — {z — by , , ) a> =3 - y/ap j log - + -^ ^^ L — ^ L + /, j et pour l'expression asymptolique de la vitesse de translation de l'anneau infiniment mince : m , 8a »^'=.5 — log — za-K c {a désignant la valeur de p au centre du cercle méridien), c'est-à-dire pré- cisément la valeur indiquée par les auteurs anglais. Quant à la partie la plus importante du jnémoire de M. Weingarten. celle où il montre que la pression dans un tel mouvement peut dépasser toute valeur négative donnée à l'avance, et que par suite il y a lieu d'émettre des restrictions sur la possibilité physique de la naissance de tels tourbillons annulaires, elle subsiste entièrement avec le développe- ment rectifié que j'ai mentionné plus haut pour la fonction R. 66 JIATHÉMATIQUES, ASTRONOMIE, GÉODÉSIE ET MECANIQUE CoMMAiVDAIST E. LITRE, Toulouse. DÉMONSTRATION DIRECTE DE LA LOI DES AIRES 28 JuiUet. 531.22 1 . _ On peut, atout instant, dans un système quelconque de points maté- riels, considérer un centre de gravité. Supposons menés de ce centre des axes de coordonnées qui conservent des directions toujours parallèles, le mouve- ment du. système pourra être décomposé en deux parties : l'une externe, par laquelle le système en bloc sera transféré dune position dans l'espace à une autre position; et l'autre, interne, comprenant la variation des points du système par rapport aux axes susdits. C'est et pour A3 et k,, celles que donne le système : \ k^m -\- k^n m 0 • ' \ k,p^k,q-\-\=.0. En un point quelconque du domaine de continuité considéré, les valeurs de (s^ — 1), t!,, s'y et {t'y — 1) étant respectivement {m -f- t^m), {n + An), (p'-j- AjD) et (7 + ^q), on aura : u'^ = 1 4- ki{m 4- A m) -f- /i:^(n -r A;<) -_ /CjAm 4- A^A/?, w,; = k,(p ^ A/)) + A",(f/ + \q) — k,!^ii + /..Aç, i/ = /.-gAm -4 /C4A/?, et la condition visée sera satisfaite si, à la fois K\ ■ 1 Aîn I -f /V, 1 • 1 ^» i ^ 1 < 2' K \ . 1 Ap ! + 1 k, I ■ 1 Ag 1 ks 1 . 1 Ajn 1 4- ! A-, . , 1 A?i 1 1 ks . i Ap +1 A:, • i Agi ^1 K étant le plus grand des modules des A, i A, | , | A.^ | , | A.j | et k^ \ , il suffira pour qu'il en soit ainsi que, simultanément : 1 , , l'- 1 ^m I -i- I an i < — et I Ap H- I ^q \ < ^^^. Donc, les valeurs constantes A ayant été déterminées comme il vient d'être dit, pour que la méthode réussisse, appliquée au système : j X — v{xij) l y = v(xij)', en vue de la recherche de valeurs approchées de la solution (Xoy^)), il suffit que la valeur initiale («1?/!), ainsi que les valeurs approchées suivantes, soient assez voisines de (a^oj/o) POur qu'aux différents points correspondants on ait : I A//; I + ! An 1< ^ et 1 Ap I + I A^ I < -^, ce qui est réalisable lorsque le domaine de continuité envisagé existe; si H. TRII'IER — RÉSOLUXrON DES ÉQUATIONS NUMÉRIQUES 75 les valeurs w, n, p et q correspondent au point initial, ix^y^), en ce point on aura : Am = ts.H = A/j = Ag = 0, et les deux inégalités seront à vérifier aux points suivants. Pour la vérification, on pourra observer que : 1 \m\ <| Aa; IXIS.2I + I % I X U;, I, I A/i Kl Aa;] XI /:;jH- I Ay IXI C„ U de sorte que : I Am 1 + 1 Au 1< 1 Aa; I (I ^ | + | Q, \) + \ ^y \ {\ s,^ \ + 1 Q Dl et de même : 1 A/) 1 + 1 Ary |< I Aa; I (I 5;j + I C, |) + i A?/ | (i s^^ \ + ] Ç, \). II résulte de là que, si L est une limite supérieure, relative au domaine oîi évolue la valeur approchée, à la fois Je (I 4 I + I Q I), de (U;; I + I Qy I) et de (| s^,, | + I l'y. |), il suffira d'avoir : (I Aa;l + 1 A^IX^, inégalité dont la vérification sera très facile. On voit, par analogie, comment l'idée signalée sera utilisée dans le cas d'un système de trois équations à trois inconnues; plus généralement dans celui d'un système à inconnues en nombre quelconque égal à celui des équations. PRÉSENTATION DE TRAVAUX IMPRIMÉS H. Brocard et T. Lemoyne. — Courbes géomHriques remarquables (courbes spéciales) planes pt gauches. 3' et 4« Sections. NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE Président .... M. le D' V. AMANS, Docteur es Sciences, Montpellier. Vice-Présideîit. . M. P. VAUDREY, Ingénieur-constructeur, Paris. M. LE D-^ AMANS, Montpellier. SUR LES PROGRÉS ET L'AVENIR DE L'AVIATION • 26' Juillet Il y aura bientôt quarante ans, nous étions un petit nombre d'aérophiles réunis à la Société Française de Navigation aérienne, et nous échangions nos idées sur le travail de sustentation, des cerfs-volants, des oiseaux, des aéroplanes ; on discutait dans ÏAéronaute le plus léger et le plus lourd quei'air. Nous avions du reste vite fait le tour de nos connaissances et des appareils ébauchés. Actuellement les progrès de l'aviation sont tels qu'il est difficile à un seul homme d'en parler savamment; ces progrès sont dus au concours d'un grand nomln-e de sciences (architecture aérienne, métallurgie, méca- nique des moteurs, chimie, sans-fil, armement, etc.). Ils ont été réalisés en quatre ans pendant la guerre, à une allure qui aurait été impossible en temps de paix. ,Ie laisse à de plus autorisés et mieux documentés le soin d'exposer ces progrès, .Je signalerai seulement ceux qui ont trait à la voilure, au fuse- lage, aux propulseurs, et je vous demanderai si ces progrès sont suffisants pour faire de l'avion un appareil aussi utile et pratique en temps de paix, qu'il a été nuisible en temps de guerre. Voilure. — On a, avant tout, cherché à voler le plus vite possible, et on a réussi. Prenons les formules fondamentales de l'aéronautique : (1) (Poids total) F = aSv^ (2) Résistance à l'avancement) R = (bS -f (p) V' /P r'''2 (3) ("Travail de poussée) T = (6S -j- cp) I — j (*) Allocution prononcée à l'ouverture de la première séance par le président de la section. AMANS — SUR LES PROGRÈS ET l'aVENIR DE l'aVIATION 77 dans lesquelles S est la surface, v la vitesse à la seconde, a et b des coefTi- cients propres à la voilure, et cp un produit spécial, dû au fuselage, hau- bans, câbles et saillies diverses. On voit immédiatement que la vitesse sera d'autanl plus grande que (a) sera plus taible, ce qui pour une voilure donnée revient à voler à un plus petit angle, mais si on peut diminuer le travail de poussée, il faut aussi diminuer b et 9, d'une manière générale tous les ceflicienls de traînée. Si on consulte les mesures prises au laboratoire Eilîel pendant la guerre (*), on lit que la résistance à l'avancement a été réduite au point de faire réaliser un gain de vitesse de 4^ 0/0. Cette amélioration serait due, croit-on, à ce qu'on a fait en France les ailes de plus en plus plates. Il ne faudrait pas accepter sans réserves cetle conclusion, car il y a creux et creux, et du reste dans le même ouvrage de M. Eiffel, il est question de l'avion Seywmatix, qui aurait donné des résultats remarquables avec une voilure très réduite, et très creuse. En 1020, on serait arrivé à - = 0,11 et -^r, voisin de 1/2; le premier a (r ' rapport est dit un coeflicient de finesse, le second de puissance. Le gain dans la consommation pour franchir une distance donnée atteint 50 0/0. Enfin il y a quelques semaines à peine, on faisait grand bruit d'un nou- veau type d'ailes de la maison Handiey-Page qui donnerait un coefficient de })uissance encore plus faible : à vitesse égale on aurait la puissance réduite d'un cinquième par rapport aux meilleures voilures; on pourrait ainsi envisager la construction d'une sorte de taxi-cab aérien, pouvant aller de Montpellier à Strasbourg en cinq heures avec un moteur de 2o ch., le pilote et un passager. La vitesse moyenne serait de 170 km/'', en plein vol, de 60 seulement à l'atterrissage. Le fjrand écart entre la vitesse normale et celle d'atterrissage est passé pendant la guerre de 1,33 à 1,98, mais celui de l'aile susdite serait de 3, ce qui est un progrès sérieux, insuflisant cependant pour ceux qui ont défini l'aéroplane : appareil permellant à un homme jeune encore de se suicider avec tous les honneurs religieux, militaires et mondains. Il faut remarquer que les ailes plates ne favorisent pas le grand écart. Il faudrait, conmie je l'avais proposé jadis, construire une aile à creux variable ; on augmenterait ce creux, au moment de l'atterrissage, de manière à freiner, faire caljrer, et en mente temps augmenter le coefficient de sustentation. Je ])référerais cette méthode à celle du biplan Schmidt, construit avant la guerre, oii les deux ailes formaient un ensemble rigide à incidence variable. M. Sclnnidl comptait réduire la vitesse d'atterrissage au tiers de la normale. L'idéal serait évideunnent de la réduire à zéro, comme font les insectes et les oiseaux dans le vol sur pince. L'appareil capable d'une telle perfor- (*) Bésinné des principaux travaux exécuirs pendant la ijuerrean laljoratoire Eiffel par M. EiKFiiL (1913-1918), chez Chéi'oii. 78 NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE mance gagnerait sûrement le prix Michelin de 500.000 francs, car pour gagner ce. prix, il faut pouvoir s'élever et atterrir sur un espace de 5 mètres de rayon ; c'est du vol quasi vertical. Il faut dans ce but changer complètement la structure de l'appareil. Faut-il un hélicoptère, un orni- thoptère, pour ne citer que les plus anciens projets? Les partisans de l'hélico (propulseurs à axe vertical) reprennent courage depuis que le poids unitaire des moteurs est tombé à un kilogramme par cheval, et même au dessous. Les partisans de l'ornitho sont plus timides : leurs devanciers ont eu tant de déboires ! Mais M. Gillet, ingénieur belge, ex-capitaine du génie, a fait pendant la guerre des mesures très intéressantes sur les résistances comparées d'une pale battant d'un mouvement varié, ou gli^sant d'un mouvement continu; il nous a même adressé ici une note à ce sujet, montrant l'augmentation énorme du coefficient de sustentation, due au battement!;"). On a fait observer en restant sur le terrain zoologique, que les oiseaux les plus lourds ne sont pas batteurs et qu'un animal même de 200 à 3(J0 kilogrammes seulement, à ailes battantes, serait une monstruosité irréalisable. Qu'à cela ne tienne, répond le docteur, Nimfulir de Vienne : nous agirons sur l'air au moyen d'un grand nombre de petites surfaces (pidsirende Tragflâcher), à vibrations de grande fréquence et faible amplitude. J'ai exposé ailleurs (**) les principes directeurs de Nimfuhr. Il s'insurge, avec raison du reste, qu'on ait jusqu'ici appliqué si rigoureusement à l'aéro- nautique les formules de l'hydrodynamique, sans tenir compte que l'air est éminemment compressible, et sans faire intervenir les chaleurs spéci- fiques. La formule de Nimfuhr pour le travail de battement est séduisante si on admet toutes les hypothèses qui sont à la base de ses calculs, entre autres l'application du théorème de Poisson (*^-*). Ce travail serait très petit relativement au \ oids, et à la charge unitaire | T = 0,023 P ;< — 1. A propos de charge unitaire, les naturalistes pourraient faire observer que cette charge augmente directement avec le poids des oiseaux. Comment se fait-il alors que le poids relatif dés muscles moteurs de l'aile va en diminuant ? Nimfuhr pourrait répondre que les oiseaux_ de plus en plus gros font de moins en moins de battements de grande aniplitude, deviennent voiliers et empruntent le plus possible aux forces externes de l'atmosphère. Il pourrait ajouter, fort de mes propres expériences, que les (*) Les résviltats ont été exposés dans la Con(/u. GI1-LF:T — KTUDE COMPARÉE DES RÉSISTANCES AÉRIENNES 81 M. LE CVIMTUNR V. (.ILLKT, Bruxelles. ÉTUDE COMPARÉE DES RÉSISTANCES AÉRIENNES DANS LE MOUVEMENT UNIFORME CONTINU ET DANS LE MOUVEMENT VARIÉ OSCILLANT < 533. fi ^7 .luillet. On sait, que dans le momemenl uniforme la résistance aérienne d'une suif,u;e obéit sensiblement à la loi quadratique de la vitesse : R= KSV-. Pour un pian se mouvant normalement àsa surlace K = 0,07 environ. Dans le mouvement rapidement varié cette loi n'est plus applicable. La résis- tance aérienne, pour une surface légèrement incuj'vée, varie suivant une loi complexe d'allure ondulatoire que mes expériences ont mise en évidence. Elle augmente, diminue et même change de sens dans le cours d'un même batte- ment. Sa valeur moyenne pendant un court intervalle de temps peut èti-e beau- coup plus grande (|ue dans le mouvement uniforme : 80 à 100 fois. L'observation de l'air de part et d'autre d'une surface battant orthogonalement permet d'ailleurs de se rendre compte de^ la possibilité de ces variations «!e la résistance. C'est donc à tort que certains auteurs ont voulu mettre en équation les mou- vements du vol de l'oiseau en prenant pour base la formule R = KSV^ Si cependant, on le faisait, à l'effet d'avoir un point de comparaison pour le mou- vement uniforme, il faudrait adoptei- pour K la valeur Lj.e 1,7 et même plus. Discussion.— M. Ama.ns tlonne ([uelques détails et commentaires sur les expé- riences de M. le Capitaine Gilh't. exécutées en Hollande pendant la guerre, en insistant sur les cas suivants : 1" La surface expérimentée se meut autour d'une charnière basilaire; 2° Elle se déplace d'un mouvement de translation; 3° Comparaison avec le battement des ailes animales; 4" Travail appioximatif du battement animal. 82 NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE M. FROGER, OfTicier de marine en retraite, Lorient. EXAMEN DES MOUILLAGES PAR LES MOYENS DU BORD 27 Juillet. 656.61 Examen des mouillages far les moyens du bord. — Ou en compte six : 1" Mouillage sur une seule ancre qu'on retrouve, en permanence dans les cinq autres; 2" Affourchage pour les vents à craindre; 3° Mouillage simul- tané de deux ancres; 4" Afïourchage en rivière; ;? Mouillage sur trois ancres en barbe : 6° Mouillage en plomb de sonde. Mouillage sur une ancre. — Chaque ancre à jas ou articulée est reliée au navire par sa chaîne ou ligne de mouillage, dont le premier dormant Figl. Mouillage sur une seule ancre. OC s'effectue sur la cigale de l'ancre et le deuxième dormant dans le manchon de l'écubier correspondant, écubier qui, comme on sait, est situé à l'extré- mité du bras de levier qui sépare le centre de carène de l'étrave de tout navire, démontrant bien que chaque ancre est reliée au navire par un mode de liaison linéaire-pendulaire. Avec les ancres à jas ou articulées, il faut, étant données leuis formes empruntées aux instruments arables, pioche à deux ou un seul bec les mouiller en vitesse en avant ou en arrière à l'inlersection d'un angle de relèvement ou d'alignement (fig. I et 6). Supposons que le point de chute de cette ancre coïncide (tout a fait par KI1.0GER — EXAMK?< DES MOUILLAGES PAR LES MOYENS DU BOliD 83 hasard) avec cette intersection, on se demandera comment est tombép cette ancre, la position dans laquelle elle tombe; à quelle distance du point de chute elle se retournera et à quelle distance de ce nouveau point finira-t-elle par s'enfouir dans sa souille ? Autrefois, après le mouillage, au moyen d'un orin et d'une bouée on pouvait le savoir, la vapeur a supprimé ce moyen de contrôle, de sorte que le meilleur marin continue à agir eiï aveugle, il imite, sans discuter, ce qu'il a vu faire, ou ce qu'on lui a appris dans nos écoles. L'ancre mouillée, la touée lilée, le navire retenu par sa chaîne faisant dormant dans son écubier, de mouillage, comtilue bien un mode de liaison linéaire-pendulaire, d'où oscillations pendulaires, rappels par les tensions de la chaîne du navire vers son ancre et reculs par les tractions du navire sur sa chaîne. Défectuosités de ce mouillage. — La souille de l'ancre est déformée par les causes suivantes : 1" Par le sillou que creuse l'ancre avant de s'enfouir ; 2° Les oscillations pendulaires l'élargissent comme les rappels et les reculs l'allonj^ent avec d'autant plus de facilité que la touée est moins longue, sa légèreté plus grande, la chaînette de la chaîne plus faible et le temps moins maniable ; 3° Dans les rappels brusques d'un navire, très fin de formes, il arrive que le navire prend de la vitesse, entraînant avec lui sa chaîne et que celle-ci vient se capeler sur la patte extérieure de l'ancre à jas et l'arrache du fond en culant ou encore, avec l'ancre à jas articulée, qu'après l'amortissement de sa vitesse en avant, il repart en arrière avec une vitesse telle, que la force vive dépensée par le navire devient plus grande que la force vive emmagasinée dans la souille, l'ancre chasse alors, ou encore dans la cliaîne et cette dernière se rompt; 4° Enfin, à toutes ces causes de déformations de la souille, on peut ajouter encore les évolu- tions partielles ou totales du navire dans les deux sens dont l'ancre est le pivot, qui ne sont pas négligeables {fig. 1 et6) puisqu'elles la déchaussent. Toutes ces raisons réunies nous amenèrent à inventer une « Ancre dor- mande » qui, par son poids et sans vitesse, s'enfoncera dans tout fond pénétra bic et dont nous parl(-rf)ns à la fin de cet exposé, « 2° Affourrh'ige pour les vents à craindre. — Si le meilleur marin ignore où est accrochée son ancre, lorsqu'il n'en mouille qu'une, il lui sera bien plus dillicile de savoir où se trouvent mouillées les ancres A et B {fig. 2). Comme deux points déterminent une droi#', nous mouillons l'ancre de tribord A que nous remorquons jusqu'à ce qu'elle s'accroche en filant sa chaîne (pie nous traînons à l'extérieur et à l'intérieur du navire, tendant à faire venir le navire sur tribord où nous mouillons, pour des vents de Nord à craindre, la deuxième ancre B, ensuite nous égalisons les louées sur chaque ancre. Si l'orientation de la ligne A B qui est (fig. i) S. 79" E. N. 79" 0 était connue, il est bien évident que, si les oscillations pendulaires du navire étaient sup- primées ainsi que les rappels, reculs et évolutions, com»i(? sur le papier. 84 NAVIGATION, AERONAUTIQUK, GÉMK CIVIL ET MILITAIRE avec un vent soufïlant uDiforniénient de la bissectrice de l'angle A CB, c'est-à-dire du N. 11° E., la tension des cliaînes pourrait èlre uniforme, Fig.2. Mouillage pour les veats à craindre. mais {tour cette direction du vent seulement ou pour la diiection opposée du vent S. 11° <). en inversant le raisonnement (fig. 2). H°. Mouillage sitnnltané de deux ancres. — Les ancres A et B tomberont comment, s'accrocheront à quelle distance du point de chute, etc....? Personne ne peut le savoir. F,g.3. .Vlou'.llage simultané de deux ancres ,. En reliant les deux ancres A et B par une ligne droite A B que nous FROGER EXAMEN DES MOUILLAGES l'AR LES MOYENS DU 150RD 83 supposerons orientée N. 40° E. — S. 40° 0., comme la louée est égale- sur chaque ancre, toute normale à AB, d'où souillera le vent, tendrait à répartir uniformément la traction du navire sur chaque chaîne, si tout se passait comme sur le papier {/ig. 3). 4° Affourchage en rivière. — Comme pour le mouillage des vents à craindre, l'objectif est de réduire le champ d'évitage. Ou mouille par exemple l'ancre de tribord, de flot et l'ancre de bâbord pour le jusant (pg. 4). On égalise les touées et alors le navire peut évoluer du nord au Affounchaae en nvière . sud et du sud au nord [)ar l'ouest sans qu'il se produise, dans cet arc de 180° décrit par le navire, la moindre anomalie dans les chaînes des ancres mais si le navire continue à tourner, dans le même sens, on verra apparaître des croix et des tours dans les chaînes et il en sera de même si, par suite du vent, le navire évolue du nord au sud par l'est. C'est le mouillage, sur une seule ancre, avec tous les inconvénients que nous venons de signaler en plus. 5° Mouillage en barbe sur trois ancres. — Ce mouillage (fig. 5 et S bis)., représente trois ancres A, B et C dont les touées auront des longueurs de . F,g.5. Mouillage en barbe sur trois ancres. trois L sur A» de deux L sur B et de L sur C. Avec des vents d'Est seule- 86 NAVIGATION, AERONAUTIQUE, GEME CIVIL ET MILITAIRE ment, le poids des chaînettes des chaînes des ancres A et B rappellera, très légèrement le navire vers ses ancres, mais à la plus courte des chaînes de l'ancre C sera confiée la sécurité de l'équipage et du navire (fig. 3). Si le vent tourne au Sud, puis à l'Ouest, le navire pivote sur l'ancre C et sa chaîne seule travaille, les ancres et chaînes A et B arrivent par le travers du navire en attendant qu'il prenne celles-ci par l'arrière (fig. ôbis) lorsqu'il fera face à l'ouest. (J° Mouillage en plomb de sonde. — Ce mouillage est aussi empirique que les précédents. Il faudra que la première ancre chasse pour que la seconde travaille et, comme on le sait, ce sera l'ancre de tribord seule et F,g.6 Mouillage en plomb de sonde. -Jn nfK .St -^ L.rJ sa chaîne qui retiendi'ont le navire au fond de la mer (fig. 6 et 6 bis), c'est-à-dire la plus courte. On remarquera que, après examen de ces six modes de mouillage par F,q.6'"^ ;3€r^caCTC3eaEacb£3€30t3- les moyens du bord, pas un ne peut donner satisfaction aux marins qui ont la pratique des choses du métier de la mer et du bâtiment. A quoi doit-on celte situation inquiétante? Aux ancres et aux modes linéaires pendulaires de liaison. FROGER EXAMEN DES MOUILLAGES PAR LES MOYElNS DU BORD 87 Conclusiofi. — Un navire ne peut è(re bien mouillé que sur une seule ancre. Mais alors, objeclera-t-on, comment afîourcherez-vous un navire en rivière? Je l'em bosserai pour le flot et pour le jusant. Toutes ces critiques sur les mouillages, universellement pratiqués de la même façon dans toutes les marines mondiales, se répercutent sur les embossages aussi bien que sur les remorquage et renflouage, lancement et halage sur cale. Soumises à la Société des Ingénieurs Civils de France, elles furent ana- lysées par M. l'Ingénieur Laiibœuf, connu par ses remarquables travaux et découvertes sur les sous marins, membre de l'Académie des Sciences, qui voulut bien reconnaître, avec nous, qu'un navire ne peut être bien mouillé que sur une seule ancre. Après avoir démontré l'insuflisance de ces mouillages universellement employés dans toutes les marines mondiales, il convenait de tenter d'en tirer quelques idées pratiques. Ancre dormante. — Elle est constituée par une crapaudiue à ailettes 1 de forme tronconique, dont le centre de gravité est voisin de la base d'assise et qui, scms vitesse du navire, s'enfonce dans tout fond pénétrable Mouillage par la chaîne sans fin sur ancre dormante (fig. 7 et 7 bis) surmontée d'une axe fixe 2 qui reçoit un collier armé d'une chape à la cardan 3, tournant autour de l'axe 2 horizontalement dans les deux sens et de droite à gauche de 180° au-dessus de l'axe 2. Dans la gorge 4 de la chape passe une chaîne pantoire mobile elle-même S, à chaque extrémité de laquelle vient se mailler chacune des chaînes de mouillage 6. (Les manilles d'assemblage formeront butoirs de chaque côté de -la gorge 4 quand il y aura lieu de s'en servir.) Dès ce moment, si l'on mouille cette ancre 1 sur chacune des chaînes 6 venant de chaque écubier de mouillage, on constituera une véritable 88 NAVIGATION, AÉRONAUTIUL E, (JÉMK CIVIL tT MII.ITAIUE girouelle hydraulique ou aérienne qui s'orientera en permanence dans l'axe du courant ou du vent el dont chaque cordon 6 du pahui supportera la moitié de la traction du navire ou T 2, mais la siubUilé de direction dans la propulsion reste à établir dans re mode de liaison. Construclinn rapide des triangles semblables indéformables de mouillage. — Avec notre seule ancre, nous doublons déjà la résistance de la chaîne, il reste donc maintenant à supprimer les oscillations pendulaires du navire et à lui jjermeltre, dans une tempête, de se défendre contre les éléments déchaînés en présentarit à leurs coups sa moindre st^ction. Dans un plan parallèle, voisin et de même largeur que la maîtresse section, nous fixons deux pitons 7 — 7' dans le même plan que le point 0 de l'axe du navire, sur chacun desquels vient se mailler chaque jjan- loire 8 — 8' en chaîne de longueur, diamètre et résistance appropriés comme chacune des grifîes !) — 9' qui termine chaque pantoire. L'ancre mouillée, la touée filée sur les deux chaînes 6 au repos dans •"'g? ■ter Evolution du navire sur son ancre dormanle. N / -/TA ^ chaque écuhier de mouillage, on crochera chaque gritï'e 1) — 9' sur chaque chaîne t) en avant de chaque écubier, on filera, sur chacune des chaînes B du bord, une longueur égale de chaîne et l'on aura ainsi les points 0 et 0' de l'axe longitudinal du naviie et la |)artie de celui-ci, comprise entre ces deux points U et 0', équilibrée. On obtiendra ainsi deux triangles indé- formables semblables mobiles autour de l'axe "2 et dont les côtés s'équili- breront en longueur, poids et tension. Là figure? 6/.smonlre bien les deux triangles semblables indéformables, .nous navons plus qu'à démontrer comment, d'après la même formule, AMANS — SUR LES HÉLICKS A PALES MULTIPLES 89 les points 0 H 0' sont tenus en équilibre. Le point U est équidistant des points d'attache 7 et 7' comme D' l'est des griffes 9 — 9' dans les triangles isocèles semblables. On aura donc, dans le grand triangle, la somme algé- brique des moments M. FI -h M. F2 =: 0 quand le moment de la résul- tante K ou M H est nul lui-même et dans le petit triangle, m. f\ f m. f± = 0 quand m. H =: 0. M. LE Docteur AMANS 1" SUR LES HÉLICES A PALES MULTIPLES 629,13 014 '2~ Juillet. Le problème des hélices à pales multiples a été l'objet de nondjreusés recherches dans la navigation aquatique. On visait surtout à diminuer l'envergure, ainsi que les trépidations et les chances de rupture. On expé- rimentait généralement des pales semblables géométriquement à celles d'une bipale de plus grande envergure, ou plus simplement des pales de môme envergure, mais à profils plus courts. La quadrupale Mangin élait obtenue, en divisant radialement chaque pale ordinaire en deux pales identiques, par conséquent à profils deux fois plus courts; on les fixait en croix sur le moyeu dans le même équa- teur et on avait ainsi moins de trépidations. Dans les expériences du steamer Charbich on a constaté moins de trépi- da'ions avec une hélice à six pales qu'avec une tripale, et avec celle-ci qu'avec une bipale Gri/fith. Faut-il attribuer ce résultat soit au plus grand nombre de pales sur le même équateur, soit au raccourcissement des profils, soit aux deux facteurs réunis? J'ai constaté aussi l'influence d'un troisième facteur, celui des incidences critiques; il y a des incidences déterminant dans le fluide un régime instable. Ces incidences peuvent très bien se produire dans un fluide agité, à vagues et remous. Il est possible que leur influence soit moins nuisible avec des ailes étroites et en plus grand nombre. Dans des expériences plus récentes d'hélices aquatiques, l'adjonction d'une troisième pale, pour un môme nombre de tours donne 20 0/0 de plus de poussée, et réclame 23 0/0 en plus de puissance (d'où un indice de poussée (*) moindre). Cette légère diminution de poussée relative serait compensée par une nîoindre envergure que celle d'une bi))ale équi- valente, et par de moindres trépidations. A (poussée). (•) J'appelle indice de poussée ou poussée relative le rapport -, — — :"— " 90 NAVIGATlOiN, AÉROMAUïJgUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE La même observation m'a été faite pendant ia guerre par M. Maloiiet, pour une trij»ale aérienne, étudiée et expérimentée comparativement avec une bonne Levasseur, de plus grande envergure et bipale : la tripale Ma/oaet donnait moins de trépidations. Cependant Jes hélices aériennes à pales multiples sont peu goûtées des constructeurs; les bipales, disent-ils, fonctionnent aussi bien, sinon mieux, et sont plus faciles à construire et à monter sur le moyeu. Ce dernier motif perdra d'e sa valeur, si on arrive à faire des alliages métalliques, aussi résistants que le bois, à poids égal. On pourrait alors construire des pales interchangeables, n'ayant avec le moyeu que des rapports d'encastrement et de fixation. On les fixerait à une incidence convenable, soit ne varietiir pendant le vol, soit variable au gré du pilote. 11 reste quand même une cause sérieuse de défaveur, pour l'emploi des pales multiples, c'est l'absence de principes directeurs, dérègles pratiques. Étant donnée une bonne bipale d'une certaine envergure, on désire la remplacer par une hélice à pales multiples de moindre envergure, ayant même poussée, et sensiblement même puissance. On suppose que la multiplicité des pales a compensé la diminution d'envergure, sans exiger un excès de puissance. Cependant si on n'est pas avare de chevaux, on peut se poser le problème dilféremment : Étant donnée une bipale ayant un bon indice de poussée, on désire la remplacer par une hélice à pales multiples de même envergure, donnant pour un même nombre («) de tours, une poussée absolue beaucoup plus grande, et une poussée relative — aussi bonne que possible. Les expériences elfectuées jusqu'à ce jour ne donnent aucune indication pratique pour les solutions des deux problèmes. Il peut y avoir des solu- tions équivalentes pour le même cas; l'inventeur doit avoir toute latitude pour le choix des formes, diamètres, profils, nombre de pales, mode de répartition (sur le même équateur ou en tandem), inclinaison de l'axe proximo-distal, mode de torsion, etc. La simple énumération de ces facteuiv montre la complexité du problème. Je n'apporte pas de solution dans ma présente connnunicalion ; j'eilleure seulemejit quelques-uns de ces facteurs dans les questions suivantes : 1° Étant donné un certain nombre de pales identitfues, mesurer les poussées et les puissances en fonction de l'incidence des pales sur l'équa- teur, et du nombre de tours, lorsque l'on met deux, quatre ou six pales sur le même équateur ; 2" Lorsqu'on met quatre ou six pales en tandem ; 3" Dans la disposition en tandem à quatre ailes, y a-t-il avantage à modilier le diamètre, l'incidence et même la forme de la paire postérieure, ainsi que l'inclinaison de l'axe proximo-distal ; 4° Eifets de la force centrifuge et de la résistance aérienne, suivant que l'axe de la pale passe par l'axe de rotation, ou en dehors. AMAI»^S SUR I.KS HliUGKS A l'ALES MULTll'LKS 91 En 1907 j'écrivais (*) que si on se servait de quatre pales identiques, il valait mieux (meilleur — pour une même poussée) les disposer en tandem que sur le même équaiour, surtout si on donnait à la paire postérieure une incidence plus grande. J'étais un peu guidé par mes études antérieures sur les insectes tétraptères, mais point n'en était besoin pour prévoir les résultats. On comprend a priori qu'un moulin à vent peut avoir un très grand nombre de pales sur le même équateur, cliaque pale étant identi- quement placée i)ar rapport au vent moteur, mais qu'il nen est plus de même pour une hélice active où les pales s'éclipsent mutuellement, où chacune travaille plus ou moins dans la zone de dépression dorsale de celle qui la précède. On comprend aussi qu'en tandem, la paire postérieure reçoit un courant d'air, déjà travaillé par l'antérieure, qui lui communique une certaine vitesse; tout se passe comme si la postérieure avait elle-même une telle vitesse de translation, et l'on ?ait que dans ce cas, une plus grande vitesse réclame une plus grande incidence, ou un plus grand pas, s'il s'agit d'hélice géométrique. J'ai repris ces expériences en perfectionnant les instruments de mesure. Je me sers toujours d'un puissant train d'engrenage avec des poids moteurs variant de 6 à 60 kilogrammes. L'arbre porte-hélice est éloigné du bâti moteur par une longue courroie, de manière que les courants d'air ne soient pas influencés par le voisinage du bâti. La poupée de l'arbre est sur un chariot à course micrométrique, si bien qu'on peut donner à la courroie la tension voulue, et c'est absolument indispensable, car la moindre variation hygrométrique change la valeur de la tension, et par suite celle du couple moteur. H est indispensable d'avoir toujours les mêmes constantes si on veut constater des différences parfois très faibles dans les valeurs de A et - et, si on opère à plusieurs jours d'intervalle. Le nombre de tours est toujours le même; il est basé sur les lueurs d'une lampe électrique; qui s'éclaire à chaque tour du treuil moteur; on évalue le temps au moyen d'un chronomètre au 1/5'' de seconde; comme on sait exactement le nombre correspondant de tours de l'arbre porte- hélice, on en déduit le nombre de tours à la seconde. La poussée de l'arbre est transmise directement au fléau d'une balance spéciale. La valeur du couple moteur est mesurée par un frein à corde, ressort à boudin, et contrei)oids. Dans une première série d'^expériences, je choisis quatre pales identiques en bois, ayant les caractères suivants : torsion nulle; proximum creux; distum creux dans le sens radial, mais plat dans les profils ; gros bout avant dans les sections de profd. Le moyeu a 40 millimètres de diamètre; (*) Bulletin de l'Académie des Science^ et Lettres de Montpellier. — Sxr les hélices multiples. 92 NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIKE l'envergure totale est de 418 millimètres. On peut monter plusieurs moyeux en tandem, de manière à étudier diverses combinaisons à pales multiples; on peut faire varier les distances des moyeux, et les faire tourner et fixer à un angle quelconque {angle frontal) sur l'arbre. • J'ai choisi ces pales comme base de comparaison, et non comme modèle d'hélice propulsive : ceci est une question d'espèce, que je n'examine pas en ce moment. Dans les tableaux qui suivent : II signifie une bipale: chaque pale a son distum à 15"^ sur lequateur. Cet angle est celui de la corde du profil, situé aux 4/5«" du rayon; je désigne par Bi l'angle de l'aile antérieure, 02 celui de laile postérieure, quand il y a deux paires en tandem. III est une tripale. ISm est une quadrupale, où les pales sont sur le même équateur. IV^ est une quadru oij les pales sont en tandem. M„ est une bipale, chaque pale ayant les mêmes caractères que les précé- dentes, mais pins large, avec courbures différentes des lignes d'entrée et de sortie. R2 est une bipale flexible, très étroite; c'est une des premières rémiges digi- tales de Meleagris. Sa largeur maxima est seulement de 32 millimètres, celle de II est de oO, et celle de M» de 7o millimèti'es. R4 est une quadru formée de quatre rémiges; la paire antérieure a même envergure que les pales en bois, mais la paire postérieure a un peu moins (393 au lieu de 418). n nombre de tours à la seconde. A poussée en grammes. T puissance en grammètres. o incidence dislale. - [ 9.5 36 71 11 \ 12,8 68 179 0 = 15° j 14 83 238 ( 16.3 1 18 420 m = 15" ( 10.3 56 143 0 ) 11,2 14.4 69 107 207 367 iy,„ r^ 15" 10.2 62 173 0 12 14 92 125 306 493 IV, 1 Vn \ 10,3 12,4 65 87 173 316 ô r= lo" l 14.2 115 362 IV, 1 V 9,2 62 138 01 = 15" ' 11,2 92 285 h z= 18" / 12,8 122 448 M, 2n" Ri 7a = 20" r, = 23" n A T ',9 34 59 10,2 62 143 11,2 77 190 13,4 112 341 15 142 480 11.2 26 59 14,2 33 106 16,8 ■ 39 173 18,6 42 230 8 26 m 11.7 58 163 13 72 221 13,7 100 400 Au moyen de ces chiffres on peut construire les courbes de .\ et ï en fonction de n; on peut ensuite comparer les valeurs de deux quelconques R, R4 H HI M IV„, IV, j °^ - Jg° AMANS SUR LES HfîLlCES A PALES MULTIPLES 93 de ces facteurs, en fonction du troisième. Prenons par exemple successi- vement n = 12, A — 75 gr., T ^ 200. Nous avons pour les diverses pales les chilïres suivants : R2 R Largeur 64 128 100 150 150 200 800 ( A 28 62 02,3 80 89 92 104,5 H rr 12 T 05 175 150 195 235 305 360 ( V, 430 354 416 410 378 301 288 / , n 13,3 13,2 11,6 11,1 U 10,1 A = 7ogr. ) T 240 19:; 180 183 230 210 } A/j 312 384 416 409 326 337 I n 17,6 12,5 13,3 12,1 11,4 10,6 9,95 T = 200 A 40 66 77 80 79 67,3 72 ( A/.,. 200 330 383 400 393 337 360 Remarques. — 1° A vitesse de rotation égale, c'est la bipale II qui a la plus forte poussée relative ^/t, comparée à celles de IH et IV, mais la tripale est supérieure à poussée égale, ou à travail égal. Ceci est intéres- sant pour le problème de la voituretle à liélite. 2° A douze tours, la tripale augmente la poussée de la bipale de 27 0/0, la quadru IV™ de 47 0/0, et la quadru en tandem de 67 0/0. Ces propor- tions varient avec n. 3° La disposition en tandem avec pales identiques et mêmes incidences est presque équivalente à la disposition cruciale sur le même équateur. Avec le mode actuel de couslruclion d'hélices en bois,, le constructeur préférera la quadru-tandem; il peut en outre à poussée égaie ou travail égal, obtenir un plus grand ^/r, s'il donne à la paire postérieure une incidence plus grande. Il est rationne', si on met des pales sur le même équateur, de les faire toutes identiques et identiquement placées; mais si on les place en tandem, il y aurait intérêt à les faire dissemlilables, et inégales d'envergure et d'incidence. ¥ Des trois bipales l\^, H et M, c'est la plus étroite H^ qui à douze tours a la plu^ forte poussée "^/i, mais à poussée égale et travail égal, c'est la plus large M. Au-dessus de douze tours, le rapport optimum est donné par la bi[tale II. Celte comparaison ne permet pas d'isoler le facteur largeur, parce que les trois pales sont trop dissendjlables. A douze tours, les T de II, Il[ et IV,„ sont sensiblement proportionnels aux largeurs, mais U4 dépense plus que II tout en ayant une largeur totale moindre; elle est handicapée par d'autres facteurs (''). Il ne faut pas oublier que tous les facteurs d'une hélice sont solidaires, (*) Je ref;rette, faute de place, de ne pouvoir donner d'autres tableaux avec commen- taires inédits. 94 NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE et que la modification d'un seul d'entre eux doit entraîner des modifica- tions plus ou moins profondes des autres. La loi de corrélation de Cuvier s'applique aussi aux hélices; pour appliquer correctement cette loi, il faut avoir beaucoup expérimenté, et ne pas trop s'hypnotiser sur la formule des hélicoïdes ta a -- . 2 TT r Dans de prochains mémoires, je montrerai les résultats de certaines combinaisons, et les apj)lications possibles dans le vol à hauts plafonds. * * 2° SUR LA POSSIBILITÉ DE L UTILISATION DES GAZ RARES DE L'ATMOSPHÈRE DANS L'AÉRONAUTIQUE 629.13:546.29 28 juillet. M. Avions, docteur es sciences, président de la section, attire l'attention sur les travaux de M. Constantin Massa, ancien lieutenant-colonel de l'aéronautique russe, lesquels portent sur l'emploi des gaz rares de l'atmosphère. Ces gaz, sous l'action d'un fort courant électrique, dégagent une énergie considérable, dénommée par les Anglais « anti-gravitie ». Entre autres applications, il suggère l'aéronautique que cette découverte pourrait modifier totalement. Discussion. — M. Froger, estimant que le sujet mérite une étude et des dis- cussions approfondies qui ne peuvent être réalisées en cette fin de session propose que la question soit retenue et reportée également à l'ordre du jour du [trochain Congrès. M. Amans informe les membres de la section qu'il se propose de solliciter ladhésion de M. Massa à l'Association, pour venir à Rouen en 1921 exposer ses idées. M. Vaudrey. chargé, comme vice-président de la section, de la préparation du programme des 3^ et 4^ .sections au Congrès de Rouen, assure qu'il prendra en temps voulu les dispositions utiles pour attirer à cette occasion d'autres commu- nications du même ordre qui renforceront l'intérêt de ces travaux. L'ARUE SUR LES TRANSPORTS SANS CHEMINS DE FER 93 M. Pierre LARUE, Ingénieur à Gurgy (Yonne SUR LES TRANSPORTS SANS CHEMINS DE FER 28 juillet. 625.01 Les grèves de chemins de fer ont été une leron pour ceux qui avaient coutume de dire que les distances ne comptaient plus et refusaient à cer- taines régions de profiter de leur situation tojjographique sous prétexte qu'on produisait meilleur marché ailleurs. On a trop combiné les transports uniquement par rapport aux chemins de fer. Sans négliger le réseau de ces derniers, on peut concevoir un réseau : " canaux-routes " par bateaux et camions automobiles. Dans le nord et l'est de la France, on peut admettre que la distance entre deux voies navigables dépasse rarement 100 kilomètres. Il sullirait donc de recouper cet intervalle par des « lignes » plus ou moins sinueuses de camions automobiles transportant les marchandises à 50, 60 kilomètres au plus. Les transports organisés dans ces conditions seraient presque aussi écono- miques qu'en chemin de fer car ils éviteraient certains transbordements et le transport par eau redeviendra bon marché en même temps que baisseront les piix de l'avoine, du foin, des chevaux, des denrées alimentaires et des bois. SI y a peu à espérer sur le bas prix des essences et de la houille. J'exprime donc le vœu qu'en vue de doubler le réseau des chemins de fer, de {)allier aux arrêts des trains, de préparer les transports en cas de guerre, il soit étudié un réseau canaux-routes avec bateaux et camions avec expériences sur des points particuliers et organisation en cas d'évé- nement présentant un intérêt général. Dificussion. — M. Vaudrey fait remarquer rintérét de tout premier ordi-e que présente cette question. Mallieureusenient, le nombre restreint d'auditeurs ne permet pas une discussion suffisamment étendue pour justifier l'adoption d'un vœu de cette importance. Il propose donc que le sujet soit maintenu et reporté à Tordre du jour du prochain Congrès. D'ailleurs, M. Vaudrey se propose de traiter alors une question subsidiaire du même ordre : L'ulilisation des tramways urbains et interurbains pour la desserte des éta- blissements industriels et commerciaux concernant le transport non seulement des voyageurs (ouvriers et employés), mais aussi des marchandises (matières premières, produits fabriqués). 96 NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIHE M. SALMIN, Ingénieur des Arts et Manufactures, Sevran (S.-et-O.), Licencié és-Sciences Mathématiques. LE FLAMBATJE DES POTEAUX EN TREILLIS CHARGÉS EN BOUT 27 Juillet. 539.4 : 624.221.3 J'ai communiqué au Congrès tlu Havre une étude sur les pièces chargées en bout qui dillcrenl de ceTles connues : 1" Par la méthode élémentaire qui évite les intégrations, ne les utilise que pour la généralisation des résultats et in"a permis, en particulier, de calculer très simplement les profils les plus économiques; ce qui, je pense, n'avait pas encore été fait. 2'^ Par le prohlème envisagé qui n'est pas simplement l'étude de la forme de la fihre moyenne mais celle do la stahililé proprement dite telle qu'on la définit en mécanique rationnelle. Potemix en treillis. — Les montants des poteaux en Ireillis ou composés se calculent comme ceux des poteaux à àme pleine; on ne s'attarde pas à juslilier cette assimilation; quant aux ànies, rivures et croisillons aucun irailé n'en parle et pour cause. La méthode qui suit et que je ne peux (pie résumer permet de calculer tous les éléments de tels poteaux. Considérons (fig. '/), une maille AlîCD de poleau en treillis dont les 2 montants AC,B1) sont seuls élastiques, les autres barres indéformables; A, 13, C, D, étant des articulations. Soit a une déviation angulaire très petite; elle est la même pour BC que pour Pd); soient e et s les allongements et accourcissemenis correspon- SALMIN — LE FLAMBAGE DES POTEAUX EN TREILLIS 97 danls de ces monlanls. On reconnaîtra, en établissant les deux équations de liaison, qu'au 2* ordre près s = s' = aa. Considérons un poteau vertical formé d'un certain nombre de mailles A ' B FiG. -2. seniblal)les, de base fixe invariable AB, cliargé au sommet de son axe ver- tical d'un poids P. Soit a Fangle de déviation du seyment de montant inférieur avec la verticale et [3, y, o, les angles successifs des segments de montant entiv eux. 10 étant la section d'un montant, l'équation des travaux virtuels donne : (1) Vh Eco ach. + la -^ |3)U/a -f rfp) -^ ( a ^ [5 + y)(rfa ^ d^ -{- dv) ta'- tda -L- Cp — a)(r/p — da) J- ( y — ? ^ a)(f^r — f^? "^ i'^-^ + Désignant pari le moment d'inertie d'une section fictive normale aux montants I = 2aj — et posant K = — - on tire de l'équation (1) un sys- 4 Vu lème de n équations homogènes à n inconnues qui admettent pour solu- tions : 1° a -- p -- = ^ = 0 2° Une inllnité de valeurs de ces variables, non toutes mdles, à la 4 98 NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE condition que leur déterminant ci-dessous soit nul : n(l— K) (w— 1)(1 + K (/i-l)(l+K) (n-J)(l-K 1 + K 1— K 1+K 1— K I— K Posant j — j— p = m, divisant tous les ternies par l -)- K, retranchant les 1 -p k unes des autres les colonnes, puis les lignes- de même parité on arrive à Im 10 0 0 0 1 2m 1 0 1 ±m 0 10 0 1 2m 1 0 0 1 m On voit que A„ = 2mA„_i — A„_2. Comme dans l'étude de la pièce pleine les i-acines de A", toutes réelles et distinctes sont séparées par celles de A„_i, et zb oc 4EI 4«- El / longueur totale de la pièce P62 K /-' n nombre de mailles. Je ne considère que les valeurs de P les plus élevées dans chaque sys- tème; on verra comme dans l'étude précitée que celles-là seules corres- pondent à l'équilibre stable. On trouve P^ = 2,o3 Pï — 2,50 El P« = 2,48 f VP .le démonire plus loin que pourn infini lim -^ est bien - ~ 2,4074 Étude (les croisillons. — A la déformalion de la figure 1 super])Osons-en une seconde dans laquelle les montants restent indéformables tandis que les croisillons AD', BC sont élastiques. Soit a' la déviation angulaire de BD", a" celle de AC"; on verra par projection de contour que a" =z a' à SALMIN LE FLAMnAGE DES POTEAUX EN TREILLIS 99 a 1 une quantité près d'ordre supérieur à a, a', a" et que PC" = QD"àR - a'a près (fig. S). ^c^ P /^ \*f .2a: '1^ ' /c^ V^^^^ ri.^ a.LJ \ '^Jly^\' 2ac: 1 11- 1 A B Fro. 3. La droite CD' peut donc être considérée comme se déplaçant parallèle- ment à elle-même; de plus elle n'est soumise à aucun etfort longitudinal. Considérons une déformation analogue du poteau; soient a', [3i, yi, les G .' ■ 'i-' A B Fk;. 4. angles respectifs des barres BD", WV , F"I1", avec BD', DF' FH' [fixj. 4), soit Af le nouveau déplacement du sommet. ^r a' f/a + pi d[i + y[dy + . ..-fa. (h/ f - a f/p; + a b + T' -fa' + P - +i^i + yi 100 NAVIGATION, AÉRONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL El MILITAIRE Soit îrf la section d'un croisillon, d sa longueur, le Iravail élastique est 2Eîrf — - (aV/a' + ,8;f/3; H- vic/yi); fP posons 2E (o a 6-' = '^ 2Eirf a*6 r/3 L En introduisant ces nouveaux termes dans les équations du travail vir- tuel, posant encore = /«, puis (1 -i- K)(l — L) ■= ï et opérant comme précédemment on arrive au déterminant : 2wi 1 0 l I 0 1 ±m 1 1 1 1 0 1 m 0 0 1 1 0 0 T 0 0 1 1 0 0 T 0 0 1 1 0 0 T = A3T'' I (— 8m* + 4m -f- 1) T^ + (î»//i — b)T Pour limiter les signes, je me borne à étudier le système à 3 inailles : m variant de la racine de A3 à — 1. T varie de — oc à une racine d'une équation en T*. Portant en coordonnées les valeurs de Ket de L on trouve une courbe analogue à une hyperbole; lorsque le coefficient de sécurité choisi est suffisant, K étant grand, m voisin de — 1 on a rhy|)erbole équilatère (1 + K)(l — L) = C'^ Les calculs sont longs; il est plus simple de supposer successivement chaque croisillon déformable, tous les autres restant indéformables. Cette étude ne peut trouver place dans ce résumé; on trouve que lorsque le nombre des mailles augmente L tend vers l'unité. Effets des goussets aux articulations A, B, C, M, E, F, G, 11. Ces goussets forcent les montants à se déformer suivant des courbes successives qui se raccordent en ces points les unes aux autres, norma- lement aux traverses CD, EF {fig. o). Considérons d'abord une pièce formée d'un seul de ces montants. . appliquons-lui le principe des tra- vaux virtuels : Soit />(! pour une la" longueur du montant maille, A/i l'abaissement du sommet dû aux courbures impri- mées à la pièce. SALMIN — I.i: FLAMBAGE DES POTEAUX EN TBEILLIS lOl Nous trouvons pour la l'"'' maille — i= — do.\ pour les deux |)remières Ih h ''"■ 1 ' ^^ + -P / ''P + '2^ ,, 8 :^ 8 Ou voil sur la figure 'i (|ue les anjiles successifs à considérer sont : a, |3, Y + a, 0 + .3, £ + y -{- a, ï + 0 4- .8, -^ + £ + Y + a, 0 + ï + 0 + p,... Soit r l'un de ces angles afïecté à rexirémilé inférieure dun segment /y,i (le moulant, L l'angle afrecté à l'extréiuité supérieure, l'expression à ir -^ 2L 4L -h 2r ajouter à la sonnne des précédentes est >< d^ + 3 r/L. Le '^^ meml)re de l'équalion des Iravaux virtuels se déduit de ce que le Iravail élémentaire dû à une rotation ■(] de l'une des extrémités d'un seg- FJ nicnl bo de montant par rapporta I autre est rfT =: — -rid-ri J étant le mo- menl d'inertie du monlani e( de ce (]u«^ v] joue ici (fif/. o) le même rôle que a dans la ligure 2. Le secoud membre se Ibi'mc donc comme dans l'élude précédente. hn posante ^ -— puis j — ~ y. on ohluiit, pour le système a .') termes, par exemple : i.u I (J (I 0 1 4,a I 0 0 () 1 i-.a l 0 0 (I I \'j. I 0 0 0 I ±j. En se rcporlant à létudc précédente on voil (pic 2;x -^- m := [ — K d'o\i on lire K = 4N EJ Quand N cl K soni snllisammenl ^lands on a K i.\ r= 4 — ^ 0 C'est la même solution (|ue pour la piéc»^ en treillis. Ici, il est évident (i priori que, pour ini nombre d'éléments h,, infini, la solulion sera donnée par la lornmlc connue V -^^ ^ — . Il en résulte que I- /'■' pour un nonihre de mailles inlhii le [troblènie de la pièce en treillis admet une solulion idenli(pie. Revenons au syslème en treillis c pld : désignons par K,, .\, les variables coi'iespondant à K et .\ dans les études précédentes. 102 NAVIGATION, AÉHONAUTIQUE, GÉNIE CIVIL ET MILITAIHE treillis arliculéo. son al g. Posons VP 1 moment d'inertie de ia section lictive de la pièce en J moment (rinerlie de la seclion d'un monlaul ;>. r. à 1 — tLN, Ri 1 + 12N, ITT S, 4ii !v, A — 3 ~'" 3 " 2S— K, on trouve par la combinaison des deux systèmes [H'écédents : 2à 1 0 1 ±1 1 (J àn = 1 2à () 0 0 0 0 0 ±\ 1 1 X t) 0 0 0 0 0 On trouve donc pour X les mêmes solutions que celles tiouvées précé demment pour m. On a donc : . , .- = „., , ,- 1 -L K 2S + Ivi K étant la variable étudiée an début. 3 On obtient donc finalement I» E il ^-2.1) 4/j- I _|- 2J correspond bien au moment d'inertie de la section fictive totale CDi. Remplaçons cette somme par le symbole I. Quand K croit indéfiniment 'm' ; tend vers la h mite de -p- , ^ * K et on retrouve encore la formule 1* t:- va Influence de la rivnre en M (fiy. 0). — Cette rivure force les croisillons à s'incurver en prenant les flèches M' — Z' = M^'. CM \ On trouve ±b=±dsin — j- : l'angle CMA est invariable à une quantité près d'ordre supérieur à a. On trouve aussi ^P = f = - X -• 2 a EJ, £ Soit F l'elfort normal, en P, qui proiluit la llexion !• =24 — moment d'inertie de la section du croisillon. Soit M le moment de flexion =^ Z) '^ '''^ -^ *'" ^'• a SALMIN — I.K FLAMIUGK UES POTEAUX EN TREILLIS 103 Le travail de flexion de A en D est T = 2 >< : — et". 1 pp 2i:.i, / 4 H, t\ FiG 6. • On complétera donc r(''qualion des travaux virtuels par le terme : EJ' V/ a(/a H- (;3 — a)(r/p — dx] + (y — p + a)(, pour les deux croisillons. Soit : Le terme 4N devra être remplacé par 4 (N + ^2)- La valeur de P trouvée ci-dessus devient : ,, E (1-^2.1 -^(U,^)^ 4/«2 K et pour n =; 00 en renfermant I -U 2J dans le symbole unique I 6 T. e(i + 6J.-) /•^ OUVRAGES LMlMiLMÉS PRÉSENTÉS AUX 3<^ ET 4'' SECTIONS M. A. Mahait. — Divers ouviacces relatifs aux fleuves et aux canaux. Le clou et la plaque (Vucicr. 2*" Groupe. SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES 5*^ Section. PHYSIOUE Président d'Honneur. M. le professeur GUYE, Genève. Président M. FAUCON, professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier. Serrétaire M. le capitaine METZ, Metz-Sablons. M. LE D' Stéphane LEDUC, Professeur à l'École de Médecine de Nantes. DÉCHARGE ÉLECTRIQUE EN BOULE :>(! .h/illcl. La lecture des livres donne l'opinion que le tonnerre en boule est une illusion, et l'éclair en trait la réalité. Fk;. 1. — l'holographie do la décharj>e en houle négative. L'étude des faits donne roi)inion que le tonnerre en boule est la réalité et l'éclair en trait une illusion provenant de la persistance sur la rétine s. LEDUC DÉCHARGE ÉLECTRIQUE EN lîOULE 1 Oo des impressions de la boule négative lumineuse se déplaçant très rapir dément. En 1899 nous avons décrit sous le nom d'étincelle globulaire ambulante la décharge d'une pointe négative sur une plaque sensible sous forme d'un FiG. 2. — Photographie d'une décharge de boule négative lancée d'une plus grande distance. FiG. 3. — Décharge positive enveloppant de ses bras une boule négative. 106 SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES FiG. 4. — Décharges négatives et positives voisines. FiG. 5. — Décharge positive s'en allant envelopper complètement une boule négative immobile. A. METZ — LA RÉACTlOiS UMVEKSELLK 107 globule lumineux' qui lèduil l'argent el avance très lentement en faisant lui-même sa route conductrice. En mettant une plaque sensible flans un champ électrique uniforme, parallèlement aux armatures dans l'air formant le diélectrique d'un conden- sateur à plateau, et en provoquant ime forte décharge, on enregistre simultanément sur la plaque la décliarge positive et la décharge négative. La décharge positive est toujours un effluve peu lumineux, peu photo- génique. La décharge négative, dans ces conditions s'enregistre comme une boule très lumineuse (fig. f et 2) ; lorsque les décharges positive et négative se superposent, la décharge positive en ellluve entoure de ses bras la boule négative (fig. 3). Si les décharges ne se superposent pas, mais sont voisines, les branches de l'etlUive positif se dévient pour entourer la boule négative (fig. -i). Enfin la figure 5 enregistre parallèlement à la décharge un ellluve positif allant entourer complètement une boule négative immobile. M. A. MEIZ, Metz-Sablon. LA RÉACTION UNIVERSELLE (' 26 .litillet. Le but de ceux qui étudient les phénomènes de la nature est de découvrir les relations entre ces phénomènes, et on estime avoir réalisé un grand progrès en démontrant qu'un ordre de faits connus se rapproche d'un autre ordre de faits (son et vibration; lumière et ondulations électriques). Établir d'une manière certaine l'identité des phénomènes de la nature vivante et de la nature inanimée — et je crois fermement que c'est possible — serait un progrès indiscutable. Mécanicistes et vitalistes. — Actuellement, il y a des mécanicistes et des vitalistes; mais il est ditticile de trouver un point précis de contradiction entre les deux théories, leurs défenseurs n'abordant pas- les mêmes sujets. Les mécanicistes mettent en avant les progrès constants de la chimie biologique, qui nous montrent, dans les détails, que les phénomènes de la vie se ramènent, un à un, à des faits d'ordre chimique ; extrapolant les progrès futurs d'après les résultats acquis, ils voient le domaine des faits biologiques inexpliqués par la IMiysique et la Chimie, qui se restreint (,') Mémoire présenté avissi a la section de zoologie. 108 SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES tous les jours, condamné à disparaître définitiv(*meiit d;ins un avenir rapproché. Les vitalistes, sans contester les piogrès de la bio-chimie, se j)lacent à un autre point de vue : « Il y a. disent-ils. entre les êtres vivants et la matière des différences essentielles, non. seulement inexpliquées mais inexplicables : l'être vivant réagit et se défend, la matière est inerte. » L'argument est le même chez tous les vilalisles, depuis l'abbé Mo/'e(/.x- jusqu'à Bergson; chez ce dernier il esl un peu Iranslbrmé, l'individu y est remplacé par Vespéce évoluant : l'espèce se perleclionne de manière à s'adapter d'une manière toujours plus parfaite à son milieu; la sélection naturelle, seule interprétation causaliste de l'évolution, ne permet pas, d'après l'auteur de l'Évolution créatrice d'expliquer certains phénomènes remarquables (comme la formation de l'd'il): il ne reste que l'interpré- tation finaliste : tout se passe comme si la nature animée, essentiellement différente en cela de la nature inanimée, obéissait à une fin de progrès constant et tendait à former, au cours d'une lente évolution, un être supérieurement adapté, l'homme. De leur côté, les mécanicistes passent généralement sous silence cette difficulté, ils ne discutent même pas : pour eux, il n'y a pas de réaction ou de défense véritable de l'organisme : il n'y a que des apparences; il n'y a pas de causes finales, et en parler est antiscienlilique ; il y a seulement des actions chimiques à l'intérieur des cellules et entre les cellules, qui peuvent donner un résultat apparennuent en harmonie avec une fin de défense de l'individu ou d'adaptation de l'espèce; mais en réalité ces actions sont déterminées par des œuvres etïicientes (pie les progrès de la science découvriront un.jour. si ce n'est déjà fait, La réaction universelle. — Mais est-il vrai que la réaction, ou l'adapta- tion (c'est la .même chose) soit propre aux êtres vivants ? 11 semble bien, au contraire, que la matière soit un élément qui toujours résiste, réagit, s'adapte; on pourrait même prendre cette [jropriété comme la définition de la matière, puisque le vide ne résiste pas. DaES toutes les manifestations naturelles nous retrouvons des lois qui s'énoncent d'une manière analogue : lois de Bertliollet sur les mélanges chimiijues; loi de Len:- en électricité; lois du déplacement de l'équilibre en thermodynamique: lois de l'élasticité des solides et des gaz en méca- nique. — Toutes ces lois peuvent, dans ce qu'elles ont d'essentiel, être ramenées à un énoncé commun : « Étant donné un système en équilibre avec le milieu environnant, toute modification extérieure agissant sur lui, suffisamment petite, produit vue transformation du système qui, réagissant sur le milieu extérieur, amène un nouvel état d'équilibre aussi voisin que l'on veut du premier. » Interprétât iou. — Quelques remarques sur cet énoncé : Un système en équilibre est un cas pratique extrêmement général : la Physique, la Chimie, la Mécanique nous apprennent que les phénomènes A. METZ — LA RÉACTION UNIVERSELLE 109 qui se réalisent autour de nous al)Outissent (en théorie, asymptotiquement ; mais, en pratique, très rapidement) à des états de repos apparent ou de « régime permanent » qui constituent « l'équilibre ». — La loi précédente s'applique, par continuité, à ces cas d'équilibre pratique sulïisamment voisins de l'équilibre théorique. Les équilibres de la nature sont stables ou faux, l'équilibre instable étant irréalisable. Le « faux équilibre » est caractérisé par ce fait (dû à des « frottements ») qu'une modification extérieure suflisamment petite nafjU pas sur le système considéré; il est donc écarté par l'énoncé même. — Reste donc l'équilibre stable : l'énoncé est presque semblable, dans ses termes, à la définition de l'équilibre stable; mais il met surtout en lumière le fait, très important, qu'il se produit un nouvel équilibre. Ce qui est également très important, c'est que, pour une modification extérieure sufjisamnmit petite, le nouvel état d'équilibre est aussi voisin que l'on veut du premier, car cela indique que l'on passe d'un état à l'autre d'une manière continue, La rupture. — D'ailleurs on sait par expérience que si les perturbations extérieures deviennent suffisamment fortes, dans presque tous les cas l'équilibre se trouve rompu pendant un temp splus ou moins long, et il y a alors une succession de phénomènes dynamiques (ruptures, explosions, chutes) qui finissent par amener un nouvel état d'équihbre, mais après une discontinuité. Élasticité et déformations permanentes. — L'étude des phénomènes phy- siques et mécaniques, en particulier l'étude d'un barre d'acier étirée sous l'action d'une force de traction, nous montre qu'on peut décomposer les déformations en deux périodes distinctes, lorsque, partant du repos, l'action extérieure va en croissant : D'abord une période de déformations dites « élastiques », telles que, si la modification cxlc'rieure cesse, le système revient exactement à son état premier. Puis une période où les perturl)ations extérieures, plus fortes, laissent leur empreinte sur le système sous la forme d'une déformation permanente subsistant même après leur dispai'ition. Enfin, pour une valeur suffisamment forte de la perturbation, il y a rupture du système. La deuxième période, celle des déformations permanentes, peut sans doute s'expliquer par des sortes de ruptures j^r^îe/Zes affectant des fractions de l'ensemble qui constitue le système considéré. Ces phénomènes de résistance de la matière aux agents extérieurs, nous les retrouvons dans toutes les manifestations de la nature; l'existence des deux périodes (élasticité et « déformations permanentes ») est le cas général ; dans certains ordres de phénomènes, ou dans certains cas- parti- culiers, l'une des périodes peut manquer. Mais le principe de la « réaction universelle » énoncé plus haut s'applique toujours. 110 SCIENCES PHYSIQIE!> ET CHIMIQUES ^adaptation chei les êtres vivants. — Les pliénomènes d'adaptation chez les êtres vivants ne sont qu'un cas particulier rentrant dans la règle de la réaction universelle. Les êtres vivants sont des transformateurs d'énergie constamment en action, et à ce titre ils semblent np pas devoir rentrer dans la catégorie des systèmes en équilibre; en réalité, d'après les constatations expéri- mentales, les transformations qui s'y passent sont extrêmement voisines, au point de vue thermodynamique, des transformations réversibles, c'est-à-dire que les êtres vivants sont constamment dans un état extrême- ment voisin de l'équilibre avec le milieu extérieur, à ce point qu'on peut leur appliquer sans crainte les lois de l'équilibre que nlus appliquons pratiquement tous les jours à des systèmes qui méritent beaucoup moins cette assimilation. Ceci posé, nous ne pouvons pas encore suivre en détail, dans l'état actuel de la Science, le processus de toutes les réactions qui aboutissent à produire les merveilleuses adaptations des êtres vivants; mais nous pouvons, en examinant ces phénomènes, constater qu'ils sont du même ordre que les adaptations de la matière, en ceci qu'ils obéissent à la loi de la réaction universelle. On observe, en effet, dans les phénomènes de réaction de l'individu, comme dans ceux de transformation des espèces, les périodes d'élasticité, de déformation permanente, de rupture (j'emploie à dessein les expressions de la mécanique). Par exemple, les maladies des êtres vivants ne sont (c'est la science moderne qui nous l'enseigne) dans leur évolution comme dans leur guérison, que des séries de réactions successives de l'individu et de ses organes, se terminant par : la guérison complète; une demi-guérison qui laisse au patient des traces permanentes de la maladie; ou enfin la mort, suivant le degré de gravité de latTection et de la résistance de l'individu. Les régénérations ne sont que le résultat de l'élasticité de l'être vivant, qui fait qu'après une perturbation, il tend à reprendre le même état qu'au- paravant; lorsque la régénération ne se fait pas, le fait s'interprète, par analogie avec les propriétés mécaniques de la matière, en disant que dans le cas envisagé la limite d'élasticité est dépassée : il y a rupture partielle et déformation permanente, subsistant après disparition de la pertur- bation. La reproduction n'est, dans cette interprétation, qu'un cas particulier de la régénération, une seule cellule pouvant régénérer tout l'individu pour rétablir l'état d'équilibre. Les instincts, les réflexes et tous les actes conscients ou non de l'individu se ramènent à des réactions; les instincts collectifs se rapportent au cas où une société d'êtres vivants forme un tout dont les éléments se complèten t l'un l'autre, en équilibre avec le milieu. A. METZ — LA RÉACTION UNIVERSELLE 111 L'évolution des espèces. — Si l'on veut parler de l'évolution, on voit d'abord se poser le problème de Vhérédité. — Je crois qu'on peut admettre à l'heure actuelle que la ressemblance entre un être vivant et ses parents est due à deux facteurs, nécessaires tous deux, mais dont aucun pris isolément n'est suffisant : 1° La cellule initiale a quelque chose (sans qu'on puisse savoir encore la nature de ce quelque chose) qui lui vient de ses parents et qui le distingue des autres cellules (part de la « prédétermination » dans l'hérédité) ; 2" Ses conditions d'existence — surtout les conditions initiales — sont les mêmes, sensiblement, que celles de ses parents aux stades corres- pondants de son développement (c'est la part des « causes actuelles »). Ceci posé, si nous supposons qu'une modification de milieu (au sens très étendu du mot milieu) s'est [)roduite à une époque donnée de l'histoire de l'espèce, et si depuis de longues générations elle a persisté, l'espèce se sera adaptée; au bout d'un temps suffisant, les enfants se trouvant régulièrement dans les mêmes conditions que leurs parents à chaque stade de leur développement, leur ressemblent (*). Mais supposons que la modification du milieu disparaisse; les individus vont-ils revenir à la forme primitive? Oui, si la limite d'élasticité vis-à-vis de la transformation considérée n'a pas été dépassée. — Si cette limite a été franchie, les descendants pourront garder une trace de la modification subie par leurs ancêtres; c'est ce qu'on appelle un caractère fixé. Deux conditions sont nécessaires pour cela : 1" Que la modification du milieu ait déjcà amené une « déformation permanente » chez les individus des générations qui ont subi la modifi- cation, puis le retour à l'état antérieur: 2° Que cette déformation ait réagi (par l'intermédiaire des fonctions vitales qui font que dans l'être vivant tout se tient) sur les cellules germinales contenues dans ces individus, de manière à donner, chez ceux (*) Cela ne veut pas dire nécessairement que, si la première modification du milieu s'est produite au cours de la vie adulte de certains individus, leurs descendants, qui ont subi le milieu modifié depuis leur conception, soient semblables à leurs parents qui l'ont subi sur le tard; dans ce sens l'hérédité des caractères acquis ne semble pas nécessaire. Ce qui est certain, c'est l'utilité des caractères acquis : ceux qu'ont acquis les descendants, comme ceux qu'avaient acquis les parents, sont, en effet, des adapta- tions au nouveau milieu. Cependant il est remarquable de constater que chez beaucoup d'espèces, surtout parmi les plus f< évoluées » l'une des réactions de l'espèce au milieu consiste à faire proléger le jeune individu par sa mère, et à le préserver, en particulier, du milieu modifié jusqu'à ce qu'il soit en âge de supporter la modification; on peut considérer l'œuf des ovipares, la gestation des vivipares, les instincts maternels et familiaux comme destinés à recons- tituer pour le jeune être les milieux successifs o\i a vécu l'espèce aux stades antérieurs de son évolution. — Cette interprétation, se basant sur la théorie des causes actuelles, permettrait d'expliquer à la fois l'hérédité des caractères acquis et les ressemblances ancestrales des embryons. 112 SCIENCES PHYSIQUES ET CHIMIQUES (le la génération suivante, une déformation permanente (pas forcément la môme que celle des parents). A jDartir de là, la nouvelle forme étant, elle aussi, un état d'équilibre, subsistera tant qu'il n'y aura pas une cause suffisante pour la modifier encore. Les caractères fixés après déformations subies par une seule génération sont très rares (les amputations, par exemple, ne se fixent pas) : cela vient sans doute de ce que ces déformations subies à l'état adulte, viennent en général trop tard pour pouvoir exercer sur les cellules germinales une influence donnant lieu à déformation permanente. Sélection et lutte pour, la vie. — La théorie précédente est conforme à la thèse de Lamarck : « La fonction crée l'organe. » La sélection naturelle, unique base de l'évolution d'après les néo-darwi- niens, n'a plus dans cette interprétation qu'un rôle secondaire ; elle élimine, lors d'une modification de milieu sutfisamment forte, les individus moins bien constitués pour lesquels celle-ci se trouve trop forte et provoque la rupture, c'est-à-dire la mort. La concurrence vitale force les êtres vivants à rechercher des conditions d'existence de plus en plus compliquées, de plus en plus éloignées des conditions primitives; elle force un être ainsi exilé à se défendre contre de nombreux périls difl'érents les uns des autres, et à se plier à des conditions de vie pouvant varier dans de larges limites; l'adaptation à de telles conditions ne peut se faire que par une complication croissante ; c'est ce qu'on appelle le progrès; c'est donc la lutte pour la vie qui transforme l'adaptation en progrès; c'est ainsi que se créent des organes et des systèmes de plus en plus compliqués, aboutissant à la formation des espèces supérieures. Conclusion. — La théorie ou plutôt l'esquisse de théorie qui précède, ne peut avoir la prétention de pousser, en quelques lignes, jusqu'au bout de la discussion; ce qui m'a frappé c'est Y assimilation possible des phéno- mènes de la vie à ceux de la nature inanimée, qui semble devoir trancher le diiférend entre vitalistes et mécanicistes. Personnellement je ne crois pas à l'assimilation possible entre l'esprit humain et la matière; mais d'après ce qui précède je crois que les faits de la vie des plantes et des animaux sont essentiellement du même ordre que les phénomènes du reste de la nature. 6' Section. CHIMIE , , . , „, [ Le Professeur GESCHÉ, Gaiul. Préside»!, 17^,0 ^J^^<^''' — i2%:I + o4" et, dans cette première région l'alternance est très marquée. Puis nous avions une interruption pour l'heptane normal C 4^", dont le point de fusion n'a ]»as été déterminé. L'octane, en C/ nt>us donnait 174'',8 d'a]jrès L. F. Gutlmann (*), et le nonane normal: 222 degrés. Enfin, à partir de C^ venait une suite de points alternants qui montrent que d'un terme à l'autre il y a élévation du point de fusion, mais plus grande toujours lorsqu'on passe d'un impair à un pair que de ce dernier à son homologue impair. Les différences d'ailleurs s'atténuent peu à peu. En un mot cette seconde région ressemble tout à fait à celle des acides gras de grande condensation : deux courbes en réalité, l'une pour les car- bures de degrés pair, l'autre pour ceux de degré impair, les deux courbes se rapprochant peu à peu et tendant à se confondre vers le haut du gra- phique, à s'éloigner vers le bas. Mais il est aisé de voir sur notre dessin que les deux régions ne se raccordent pas. C'est pourquoi nous avons cru devoir reprendre la délerminalion du point de fusion de l'octane normal, dont nous possédions un échantillon (Kahlbaum) très pur (**) ; nous avons trouvé ainsi pour ce point de fusion — 57°, 4 soit 215'', 6 abs., et non pas — 98°,2 soit 174°,8 comme l'indique L. F. Gutlmann. Nous avons fait deux fois cette mesure, et la différence : 98°, 2 — 57", 4, déplus de 40 degrés nous paraît inexplicable. Il suffit de se reporter à notre graphique pour voir que le point C* se relie désormais très régulièrement avec C^. C", C" et forme avec eux une (*) /. Am. Cheiii. Soc. t. 29 p. ^45 à 3'iS, :'.. 1907. — î'Atrait dans lu B. Soc. Cli. F. 'l' série t. 4 p. 299 1908. (**) Nous avons trouvi'', pour notre édiautillon -}- 125°, 2 comme point d'ébullitiun soiis 760""" et 0,7184 comme densité 0/4", tandis que Thoupe (/. Chem. Soc. t. 37 p. 217 1880) donne pour l'octane normal : -f 12.>/tG sous 700""", et 0,7178 à 0/4". HENRY ET FORCRAND — SUR LES POINTS DE FUSION 117 couibe bien nette, les deux régions se reliant alors l'une à l'autre par le haut. Nous avons d'ailleurs vérifié que l'hexane normal fond réellement à — 93°,5, soit 179»,o abs. comme l'indique L. F. GiUtmann. A vrai dire il eût été désirable de déterminer le point C% mais nous ne possédions pas d'échantillon d'heptane normal pur. Nous nous proposions d'en préparer, projet que nous ne |»ùmes pas, hélas, réaliser, mais en vérité le point C^ restant seul inconnu dans cette région, il n'est guère utile d'avoir une détermination directe. Il suffit de tracer la courbe des condensations impaires passant par C% C», C" pour fixer, avec une appro- ximation bien suffisante la place de C\ soit 179^' abs. Et dès lors nos deux courbes donnent un fuseau très régulier. Quant au point C/' il demeure incertain. Lors de ses recherches sur le propane M. Lebeaiti*) a constaté que ce carbure restait liquide dans l'air liquide récemment préparé, soit à— 19o° (plus exactement sans doute — 190°, soit 83° abs.). Un voit sur notre graphique que si l'on prolonge la courbe passant par les points C% C^ C^ C^S on arriverait à fixer le point de fusion du propane un peu au-dessous de —223° soit 50° abs (**). C'est, de tous les carbures forméniques normaux celui qui se solidifie à la tempéra- ture la plus basse. Il joue ici le même rôle que l'acide valérique {O) dans la famille des acides gras. Je ne proposerai pas de modification pour le point correspondant à l'éthane (C^), bien que M. Leheau ait constaté aussi qu'il restait liquide dans l'air liquide (83°) et que le prolongement de notre courbe indique en effet 75° environ, car ici nous touchons aux tout à fait premiers termes de la série pour lesquels il faut toujours s'attendre à des irrégularités. D'ailleurs le point de fusion de l'éthane a été déterminé deux fois, et, sem- ble-t-il, avec beaucoup de soin, d'abord par Ladenburg et Krugel en 1900 (100",9), puis par Cordoso et Bell en 1912 (100°,5) ; la concordance de ces deux expériences inspire confiance ; d'autre part l'observation de M. Le6em« peut s'expliquer par la surfusion ; il n'est pas impossible qu'un corps se solidifie à 100°,5 abs. reste liquide à 83° abs. En somme le prolon- gement de notre courbe C', C^ C/ peut aussi bien passer par 100°,5 pour C- et aller rejoindre le point de fusion du méthane à 89°, 4. Nous aurions désiré étendre ces recherches àd'autres séries, notamment aux carbures non saturés; mais dans ce domaine c'est toute une étude expérimentale à faire car parmi les carbures étliyléniques et acétylé- iiiques seuls Téthylène et lacélylène ont mi point de fusion connu. Il en est à peu près de même pour les carbures cyclaniques, bien que là pourtant on ait quelques déterminations indiquant aussi l'alternance. Pour les silanes, les belles recherches de Stook et de ses élèves nous permettent déjà d'amorcer la courbe des silanes saturés, grâce aux quatre (*) c. n. i. 140 p. I'i5'i. 1000 ("*) La question vient d'être tranchée pour le propane par M. I. Timmermans (/. Ciiiinie physique, t. 18, p, 134, juillet 1920) qui a trouvé : 187°,8 soit 85»,2 abs. 118 CHIMIE premiers termes connus. La courbe part de 88°, pour Si H'* (qui se solidifie presque à même la température que C H'^), puis elle passe par SP, SiS S/S indiquant une alternance très nette et dès les premiers termes; donc deux courbes encore, l'une en haut pour la condensation paire, l'autre plus basse, mais tendant à rejoindie la première, pour la condensation imj»aire. Par extrapolation on peut fixer à environ 189°, 5 et 205° respec- tivement les points de fusion des sdanes en Sr^ et S/^ " Il faudrait pourtant se garder de trop vite généraliser, car il est des familles comme celles étliers sels auxquelles ces remarques ne s'appliquent certainement pas. M. iJi Puoi^EssEiR Marcel DELEPINE, Paris. SUR QUELQUES CAS D'ISOMÉRIE DANS LES COMPLEXES DE L'IRIDIUM 546.93 - :>7 J II il Ici. L'action de la pyridine sur un chloro-iridite conduit aux pyridino-pen- tachloro-iridites Ir (C^ H^ N) Cl" M^ si elle a une courte durée; mais si on la prolonge, elle donne des dérivés dipyridinés Ir (C-^ H^ N)- CP M. Comme le prévoit la théorie de Werner, il y a deux séries de dérivés dipyridinés, les uns jaunes orangés, les autres rouges. M. DeUpine expose comment on prépare ces corps. Il s'est demandé quelle constitution pouvaient avoir respectivement les sels rouges et les sels jaunes ; cela a nécessité une longue série de recherches non encore terminées qui ont consisté à rattacher l'une ou l'autre de ces séries à d'autres dérivés dipyridinés dont la constitution eût été coniuie. A cet effet, il a introduit de la pyridine dans Ir (C* 0*) Ch M% Ir {O 0*)*C1* M», Ir (C^ (}'Y W. Il a obtenu les sels Ir(C^ H» N) (C* 0*) Cl^ M^ et Ir (C^ O'^YiO" W N)- M. Ceux-ci se forment identiquement à partir des deux derniers sels. On pouvait supposer que ledipyridino-dioxalato-iridite dérivé de l'irido-trioxalate était dissymétrique etdédoublable optiquement comme l'est le trioxalate lui-même. Ses sels de strychnine sont cependant indédoublables. Il y a donc eu transposition pendant l'introduction de la pyridine. En effet, le sel Ir (C- 0*f CP K' (celui de Vèzes et Duffour) a pu être dédoublé. Il n'en formait pas moins le même dérivé dipyridiné indédou- blable. Il s'est donc transposé pendant l'opération. Mais s'il est transpo- sable, il doit pouvoir se transformer en l'isomère possible (trans, avec MULLER SUR l'ÉNERGIK LIBRE DES SYSTÈMES CONDENSÉS 119 Cl'' en 1.6). M. Delépine montre un échantillon magnifique de ce sel indé- doublable par la strychnine ; il ajoute que dans la préparation du pre- mier il se fait toujours de l'indédoublable (ainsi que des matières incris- tallisables). Le Ir (C^ 0*)^ Cl^ K* indédoublable donne très facilement le même dérivé dipyridiné que le dédoublable et le trioxalate, ce qui vient confir- mer la transposition supposée, lors de l'action de la pyridine sur ces derniers. Enfin, M. Delépine montre les relations existant entre les sels rouges et les dipyridino-dioxalates, ceux-ci pouvant donner les premiers dans des conditions où la pyridine ne change certainement pas de place. Les sels rouges seraient donc les isomères trans Ir (O^ H^ N)/^^ Cl* K. Lors de la préparation de Ir (C^ H^ N)^ C^ 0* K par Ir (C^ 0*)* CP K^ ou Ir (C*0*)Mv^ il se fait toujours de grandes quantités (7/10) de matières incristallisables. Celles-ci se rattachent au dipyridiné jaune Ir (C-' H^ N)^ Cl*, Ken lequel on a pu les transformer. Ce qui confirme le résultat précédent. Ces recherches établissent donc que dans les complexes de l'iridium, il peut se présenter toutes sortes d'isoméries et de transpositions ; l'exposé précédent n'est qu'un coin bien faible du champ à explorer. M. Delépine a aussi insisté sur la lenteur des diverses réactions qu'il a dû utiliser en vue de ses démonstrations. Plusieurs heures de chauffage à 130" sont sou- vent nécessaires. M. P. -Tu. MULLER SUR L'ÉNERGIE LIBRE DES SYSTÈMES CONDENSÉS AUX TRÈS BASSES TEMPÉRATURES 541.11 27 Juillet. L'énergie libre dégagée lorsqu'un système liquide amorphe, tel que f l'eau, passe à l'état cristallisé est donnée par la formule KT log. INép. -, où T est la température absolue, /" la tension de vapeur du système amorphe et f la tension de vapeur du système cristallisé. — Cette formule qui n'invoque que l'application de la loi des gaz parfaits aux vapeurs très diluées semble devoir s'appliquer jusqu'aux plus basses températures. — Par conséquent il faut admettre que l'énergie libre relative au passage de l'état amorphe à l'état cristallisé devient nulle vers le zéro absolu; à moins 120 CHIMIE que nous ne supposions que la tension de vapeur du syslème amorphe dépasse infininienl celle du système cristallisé. — Si nous écartons provi- soirement cette dernière hypothèse et si, conservant la formule précitée, nous a|)pliquons en outre le théorème de yernst au système condensé, il est aisé de trouver des formules en aT''^ -j- [3T^ 4- yT^ où a, 8, y sont des constantes et qui, chose surprenante, semblent représenter avec exactitude l'allure de la chaleur de fusion de la glace, le rapport - dans la région où ces quantités ont été déterminées expérimentalement et aussi les valeurs de la difïerence entre la chaleur spécifique de l'eau liquide et celle de la glace. Ces formules présentent plusieurs singularités dans la région non encore explorée du zéro absolu. — L'auteur se propose en conséquence de conti- nuer quelques recherches théoriques dans cette direction. MM. LE Professeur MvRCEL DELEPINE, P;iri.s, Pierre JAIPEUX SUR LE SULFURE DE PROPYLÈNE CH' CH — CH^ Ls^ 5'i7.212.3. — h i/ Juillf't. Les travaux entrepris jusqu'à ces temps derniers avaient montré que la ft>rmalion de chaînes fermées à trois éléments, dont un de soufre, était très dilTicile. Un n'y avait' jamais réussi et même, un savant russe, (Inchkévitch-Trokhimovsky, ayant pu préparer les no.yaux supérieurs à 4, o. 6 et 7 éléments, dont un de soufre et ayant constaté que la stabilité diminuait de ceux de 6 à ceux de 4, en avait conclu que les noyaux à trois éléments ne semblaient pas devoir exister. M. Delépine a montré tout récemment que l'on pouvait parfaitement préparer le sulfure d'éthylène monomère correspondant à l'oxyde d'éthy- lène connu depuis longtemps. CH= — CH^' correspondant à CH^ — CH-' LsJ Lo_i En son nom et au nom de son collaborateui', M. Jaffeuœ, il expose à la V, GRlGNAKb — ACïlON DE l'oXYDE DE MÉTHYLE 121 Section que les réaclioiis ({u'il avait utilisées dans ce but conviennent aussi à la préparation du sulfure do propyiène. On fait agir le sulfure de sodium neutre sur le clilorosulfocyanate 1,2 ou le disulfocyanale 1,2 de propyiène. Cl CH\ CH. CH^ SCN CH»CHC1. CH^ SCN + Na. S. Na= | + \ / + I Na ^"^ Na . GH\ Cil. CH- CH^ CH(SCN). C.]\\ SCN - Na. S. Na = 2 CNSNa, + \ / . .S Le sulfure de propyiène C''H"S est un liquide incolore, d'odeur forte, non alliacée; Eb. 7o-77»; d^ = 0,9642. N^,^ =: 1,4729. 11 se combine à l'iodure de méthyle. M. Delépine fait ressortir les propriétés de ce corps, comparées à celles de son isomère, le sulfure de Iriméthylène : plus faible densité, plus faible point d'ébullition, que laissaient déjà prévoir les propriétés du sulfure d'élhylène (éb. o6°, d*^ = 1,035). M. LE Professeur V. ('.RK.NARD, Lvon. ACTION DE L'OXYDE DE MÉTHYLE SUR LE CHLORURE DE PYROSULFURYLE 5'47 — 'il — 434 i7 .liiillel. • Dans une première pliase de la réaction loxyde de mélhyle réagit sur le chlorure de pyrosulfuryle en fournissant le clilorosulfonate de méthyle. Ce dernier composé peut à son tour tlxer une deuxième molécule d'oxyde de méthyle en conduisant à l'éther trimélhylii|ue de l'acide chloro-orlhosulfurique. ^Cl ■•••■w 0 ,.4- 0'\ = 2 Cl SO-^ 0 CH ' SU\ ■■•■' CFP \CI Cl 80'-' i) CW 4- 0 (CH^j- = Cl SO (0 CH^^^' 122 CHIMIE MM. LE Professeur V. (.RIGNARD ET P. CROUZIER, Ingénieur-Chimiste. SUR LA PRÉPARATION DU RROMURE ET DE L'IODURE DE CYANOGÈNE ■ 547.14 27 JalHef. Les méthodes de préparation des halogènures de cyanogène reposent d'une manière générale sur l'action des halogènes sur le cyanure de mercure, les cyanures alcalins ou l'acide cyanhydrique : dans les labora- toires on emploie ordinairement les cyanures alcalins. Dans tous les cas^ le processus réactionnel revient à la réaction (*) : X' + MCN — MX + XCN c'est-à-dire que la moitié de l'halogène passe à l'état de sel métallique et est, de la sorte, mise hors de cause pour la préparation considérée. Il faut récupérer le sel halogène et en séparer à nouveau l'halogène pour le faire rentrer en fabrication. Dans le cas du bromure de cyanogène qui avait reçu une application iiidustrielle [dissolution de certains minerais d'or qui résistent aux cya- nures alcalins (**)], on avait tourné la dilIicuUé en faisant réagir l'acide sulfurique sur un mélange de bromure, bromate et cyanure de sodium, suivant la formule : 2NaBr -f BrO^Na + 3NaCN -f 3 SU* H- = 3BrCN + 3SU*Na^ -|-3H^0. Si l'on fabrique ce bromate par action directe du brome sur la soude, on obtient 5NaBr -)- BrO^iXa, c'est-à-dire que la moitié du Br passe encore à l'état de sel alcalin inutilisé dans la réaction. Si la préparation est faite au moyen du Cl, il faut en employer la quantité correspondante. Nous allons voir qu'on peut utiliser le Cl beaucoup plus simplement. Si l'on compare, en eifet, les réactions du chlore, du brome et de l'iode sur les cyanures alcalins, on constate immédiatement, sans aucune mesure, que la combinaison du brome ou de l'iode est pratiquement instantanée, tandis que celle du chlore ne s'etïectue qu'avec une certaine lenteur (dans la méthode de Drechsel, pour préparer CICX, il faut attendre environ 24 heures pour que la réaction soit complète). D'autre part le chlore décompose instantanément les bromures et iodures alcalins, mais il est sans action immédiate sur l'iodure ou le bromure de cyanogène. Il (*) Nous n'avons pas à nous préoccuper des combinaisons doubles qui peuvent pren- dre naissance, comme par exemple Kl, 'i ICN + 4 H-0, décrite par Lani/lois. ['*) Voir Th. Ewan; Chem. Jnd., 1906, p. 11.30. GHIGNARD ET GROCZIKK — SUU LX PRKPAUATION DU BROMI RE 123 paraît donc possible de déplacer l'iode, ou le brome, au sein même de la liqueur contenant le mélange Kl -|- ICN, par exemple, pour lui per- mettre de réagir sur une nouvelle ([uanlité de cyanure. C'est ce que l'expé- rience a vérifié. Il ne faut pas oublier toutefois pour la conduite de ces réactions, que les halogénures de cyanogène, lorsqu'ils se trouvent en présence d'un cyanure' alcalin, se décomposent avec formation de paracya- nogène et de produits azulmiques : n(KCN -f ICÎV) =L nlil + (C^N-)" . Quoique cette réaction soit peu intense, dans le cas de l'iodure de cyanogène, tout au moins, il est évidemment préférable de l'éviter, et on y arrive à peu près complètement en n'introduisant le cyanure que peu à peu, au fur et à mesure que l'halogène est régénéré. Voici à titre d'exem- ples, la marche d'une opération dans chaque cas. lodtire de cyanogène. — On met dans un ballon 63 grammes d'iode et iOO grammes d'eau, puis on y fait tomber, peu à peu, en agitant, une solution de 12^'",5 de NaCN dans 250 grammes d'eau. Au début l'eau iodée se décolore à chaque addition, puis l'iode se dissout dans l'iodure de sodium engendré, en donnant une solution très foncée qui ne se décolore plus qu'à la fin de l'opération. Il fut même nécessaire d'ajouter un petit excès de cyanure pour obtenir la déc(»loration complète, car notre échan- tillon ne titrait que 97 0/0. On envoie alors, dans le ballon, un courant de Cl et, sans cesser d'agiter, une nouvelle solution de 12^^5 de NaCN, dont on règle le débit de façon qu'il y ait toujours un j)eu d'iode libre. On ajoute à la fin un faible excès de cyanure pour atteindre la décoloration ou plutôt la coloration minima ; celle-ci est très faible et est due à une trace de produits azulmiques. On épuise la liqueur à l'éther qui laisse une quantité absolument insi- gnifiante de flocons bruns de paracyanogène et manifeste une magnifique fluorescence verte due vraisemblablement à l'acide azulmiipie. L'évapo- ration de l'éther a donné 07-^5 d'iodure de cyanogène bien cristallisé, sensiblement pur, soit -un rendement de 88,9 0/0 par rapport à l'iode, supposé pur, Bromure de cyanogène. — 1" Nous avons d'abord essayé d'appliquer à la préparation de ce corps le procédé dont nous avons parlé plus haut, mais en remplaçant le bromate de sodium par le chlorate, comme l'a fait M. Moureu dans ses recherches sur la bromuration de l'acétone ; la réac- tion ('•') devient alors : NaClO^' -f- 3NaBr + 3NaCN 4- 6S0*H'^ r= eSO^NaH -f NaCl H- 3BrCfV +.3H^'0. L'opération marche régulièrement en faisant tomber la solution des trois sels, goutte à goutte, dans l'acide sulfuri(|ue à 30 0/0 et en niaint(Miant la température au-dessous de 25". Cependant le rendement en l»ronun-e de (*) On pourrait sans doute réduire de moitié l'acide sult'uriqwe. '124 CHIMIE cyanogène distillé, pur, n'a pas dépassé 750/0, mais on pourrait certaine- jnent améliorer ces résultats. 2*' Nous avons apj)liqué la même méthode que pour l'iodure de cyano- gène, dans un ballon à 3 tubulures, pourvu d'un agitateur central, d'une ampoule à robinet, d'un réfrigérant ascendant, d'un lube abducteur de Cl et d'un thermomètre. On y introduit 171 grammes de brome industriel à 93, o 0/0, soit Br% et 50 grammes d'eau et on y fait tomber goutte à goutte une solution de SB^^ide cyanure de sodium à 91,6 0/0 (soit NaCN) dans loO grammes d'eau, suivant la méthode de Scho/I. En refroidissant dans la glace et agitant, la température interne n'a pas dépassé 22°. Quand tout le brome a disparu, il reste 4 grammes de la solution de cyanure, soi! 1 gramme de ce sel . On fait alors passer le courant de Cl en même temps que tombe, goutte à goutte, une nouvelle solution de cyanure identique à la première et l'on règle les débits pour qu'il y ait toujours du brome libre. Déjà pendant la première phase, il avait commencé à se déposer un précipité cristallin, peut- élre une combinaison double de NaBr et dé BrCN; pendant la seconde phase, il change, en etïet, d'aspect et devient beaucoup plus abondant; il est alors constitué par de belles aiguilles de BrCN. Le liquide brunit légèrement, au cours de l'opération, par formation d'un peu de matières azulmiques qui résultent de la chute directe de gouttes de cyanure sur des cristaux accrochés à la paroi, en dehors du liquide; aussi a'-l-on (|uelque peine, vers la lin, à constater la présence du hrome libre. On arrête l'opération après avoir inlroduil la quantité théo- ri((ue de cyanure. l*our séparer le bromure du cyanogène, on peut distiller directement tout le contenu du ballon ou bien essorer au préalable les cristaux. La difïérence est peu sensible ; cela prouve que l'hydrolyse du BrCN n'ac- quiert une vitesse appréciable qu'à une température à laquelle la majeure parlie du produit a déjà distillé. Par essorage, par exemple, on a isolé 186 grammes de BrCN encore légèrement humide, titrant 97 0/0; les eaux-mères ont été distillées en faisant passer les vapeurs à travers un tube de chlorure de calcium sec chautTé à 80°; on a recueilli ainsi 8 gram- mes de BrCN pur et sec. Le rendement ressort de cette manière à 188 grammes de produit pur. soit 90 0/0 de la théorie et l'on constate que les eaux résiduelles contiennent encore un peu de bromure qui pourrait être récupéré. Il est bien évident (|ue pour des o])érations en grand on pourrait utiliser des bromures ou des iodures alcalins industriels jilus ou moins souillés de chlorures et d'autres sels et limiter l'opération à la seconde phase. Il est probable que la méthode précédente pourra s'appli(}uer dans d'autres cas, cha(jue fois que la vitesse de réaction de l'iode ou du brome sera sensiblement supérieure à celle du chlore dans les mêmes conditions. GRIGNAHM, RIVAT KT SC.Vn.HARI> SLR LA DÉTECTION MM. V. GlVIGiNAUD, Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon ; G. KIVAT, Ingénieur-Chimiste, ET G. SCATCHARD, Prolesscur à l'Université de Amherst. .Massachusetts lÉtals-Unis) 125 SUR LA DÉTECTION ET LE DOSAGE DE LYPÉRITE ET DU THIODIGLYOL 27 Jinllel. Le terrible gaz moutarde ou yperite dont les funestes effets se sont fait sentir sur les trouj>es alliées pendant les dix-huit derniers mois de la guerre est, comme on sait, le sulfure d'éthyle ,3-,3' dichloré S (CH'' CH^ CP). Ce corps dont les propriétés spéciales et complètement inattendues furent signalées pour la première fois par V. Meyer, en 1886 ('■'), agit non seulement sur les muqueuses et les voies respiratoires, mais encore sur la peau où il détermine des brûlures profondes, douloureuses et très dilTiciles à guérir. Lorsqu'il est pulvérisé dans l'air par l'explosion de l'obus qui le contient, son action se fait encore sentir à des doses extrêmement faibles, de l'ordre de 0«'',1 par mètre cube d'air et l'atmosphère peut rester dangereuse pendant plusieurs heures après la cessation du tir, par temps sec et calme. S'il est répandu en gouttelettes ou en flaques sur le sol ou les parois des abris, il ne s'hydrolyse que très lentement, même par temps humide et sa persistance peut atteindre plusieurs jours. 11 importait donc de pouvoir le déceler rapidement sur le front par un procédé sûr et d'exécution facile. On aurait pu penser que l'odeur spéciale de ce corps qui lui a valu son surnom de gaz moutarde et qui est due surtout aux impuretés qu'il contient et plus particulièrement au sulfure d'éthylène polymérisé, permettrait de le différencier aisément. Le nez est en effet un excellent détecteur de l'ypérite lorsque celle-ci est seule, mais sur le front, son odeur se confond rapidement avec toutes celles qu'apportent les explosifs et les autres gaz asphyxiants; bientôt, d'ailleurs, le sens olfactif s'émousse et n'est plus d'aucun secours. Le i)roblème nous fut posé au printemps de 1918 et son étude nous a conduits à un procédé de détection très simple qui est, croyons-nous, le (•) D. cil. Ges., 1886, p. 3259. l:2d CHIMIE seul spécifique que l'on possède acluellemenl. De plus, nous avons pu utiliser le même principe pour le dosage de i'ypérite et aussi du thiodi- glycol qui en est la matière première dans le ])rocédé allemand de fabri- cation. Le sulfure de chloréthyle est remarquable par la mobilité de ses deux- atomes de Cl ; par exemple, il peut être liydrolysé facilement par l'eau et transformé en thiodigiycol; de même le sulfure de sodium le convertit très vite en sulfure d'étbylène plus ou moins polymérisé. En le chauffant entre oO et 70 degrés en solution acétique avec de l'acide iodhydriquo de concentration convenable, nous avons pu le trans- former intégralement en dérivé di-iodé correspondant : S (CH^ CH^ C\y- ^ 2HI z= s (CH^ CH4)- + 2HC1. Ce corps se présente en petits prismes incolores, fusibles à fi2 degrés (de l'alcool), solubles dans l'alcool et l'acide acétique, très solubles dans l'éther, insolubles dans l'eau et stables à la lumière quand ils sont bien purs. L'analyse a montré qu'il n'y avait plus de chlore et a donné : I = 74,6 S = 9,8 calculé pour S (C^ H* If 74,3 0,4 Nous avons complété sa détermination en le reproduisant par éthérifica- tion directe du thiodiglycol au moyen de Pacide iodhydrique. Cette expé- rience a, en même lemjis, fixé le mécanisme de la transformation précé- dente. On pouvait, en effet, se demander s'il n'y avait pas préalablement hydrolyse de I'ypérite en thiodiglycol, puis élhérification de ce dernier. Il n'en est rien, car la transformation de I'ypérite en dérivé di-iodé s'effectue visiblement dans l'eau à-là dose.de 1/25000, tandis que l'éthérification du thiodiglycol, dans les mêmes conditions, n'est déjà plus manifeste à la concentration de 1/100. Ce genre de réactions est déjà connu et a été étudié, en particulier, pa.r Lieben qui a transformé le chlorure d'éthyle et le chlorure de benzyle en éthers iodhydriques correspondants, mais il a dû, pour cela, employer de l'acide iodhydrique de densité 1,9, en grand excès, et chaulfer à 130 degrés ou agiter pendant 2 à 3 semaines. Dans notre cas, au contraire, l'acide iodhydrique à 7 0/0, environ, sullit pour réaliser une transformation complète, en quelques minutes, à 00-70 degrés. IVous avons été ainsi conduits à examiner si le déplacement du chlore ne pourrait être aisément réalisé par action d'un iodure alcalin. C'est, en effet, un procédé couramment employé, mais qui exige d'ordinaire des solutions fortement concentrées. Dans le cas présent, nous avons reconnu qu'en restant dans les limites de la solubilité de I'ypérite dans l'eau (0'%48 par litre d'après M. L.-J. Simon), l'iodure de sodium Nal + 2Aq, à la concentration de 6 0/0 réagit apparemmenl plus vite encore que l'acide iodhydrique à 7 0/0. Les réactions précédentes, parce que pratiquement complètes ei très sensibles, nous ont permis d'instituer un procédé de dosage du thiodiglycol et de I'ypérite, ainsi qu'un procédé de détection de ce dernier corps. GRIGNARD, RIVAT ET SCATCHARD — SUR LA DÉTECTION 127 Dosage du thiodiglycol. — Le procédé de dosage est le même pour les deux corps : il consiste, en principe, à les transformer, l'un et l'autre, en sulfure d'iodéthyle par action d'une quantité déterminée d'acide iodhy- drique, puis à titrer l'excès de cet acide. Dans la pratique, l'opération se trouve un peu compliquée de ce fait que l'acide iodhydrique employé contient toujours un peu d'iode libre et qu'une nouvelle quantité d'iode est libérée au cours de la réaction, soit par décomposition d'un peu dypérite iodée, soit plutôt par suite d'une réaction secondaire de l'acide iodhydrique (hydrogénation) . Sans entrer ici dans l'examen critique du procédé, voici comment nous opérons : Dans une petite fiole conique, de 40 à 50 centimètres cubes, on pèse Og'-,7 à 0g^8 de thiodiglycol, on ajoute 5 centimètres cubes d'acide iodhydrique, à o4-5S 0/0, et l'on chauffe pendant 15 à 20 minutes, à 70-75 degrés. On refroidit alors sous un courant d'eau, puis on filtre le précipité d'ypérite iodée sur un tampon de coton de verre el on le lave rapidement jusqu'à ce que l'eau de lavage soit incolore et neutre. Sur l'ensemble du filtrat, on titre d'abord l'iode libre par l'hyposulfite N/10, en présence d'empois d'amidon, puis l'acidité iodhydrique par la soude N, en présence de phénol-phtaléine ; soit A le \olume en centimètres cubes de la soude N, et B le volume de l'hyposulfite employés. Une opération semblable à blanc (sans thiodiglycol), dans les mêmes conditions de chauffage et de dilution, permet de déterminer les valeurs initiales Ao et Bq. En admettant que l'iode libéré est dû tout entier à un phénomène d'hydrogéna- tion, on arrive aisément à la formule suivante : Thiodiglycol 0/0 = p^ [Ao - A - ^^^^ J L'erreur est au maximum de o 0/0 par défaut. Dosage de l'ypérile. — Lorsqu'il s'agit de doser le sulfure d'éthyle dichloré contenu dans une ypérite industrielle, la distillation dans le vide sera suffisante pour les ypérites au thiodiglycol qui sont à peu près pures, mais il n'en est plus de même pour celles qui sont préparées par action des chlorures de soufre sur l'éthylène. Celles-ci se décomposent partielle- ment à la distillation, même dans le vide, et le distillât contient d'autres corps à point d'ébullition voisin ou facilement entrainables, sulfures d'éthylènes, dérivés surchlorés ou sulfurés de l'ypérite, etc. Nous avions .songé à effectuer le dosage par pesée du sulfure d'iodéthyle, mais dans le cas des ypérites au chlorure de soufre, il est toujours souillé d'un peu de goudron. Il faut donc doser l'acide iodhydrique restant, mais le dosage direct n'est plus possible k cause de la présence de l'acide chlorhy- drique (*j. Après ditïérents essais, nous avons adopté la méthode par décomposition de l'acide iodhydrique et dosage de l'iode. \') La méthode de Lancelot et Andrews [Zeits. anal. Ch., 1903, p. 76) ne peut s'appli- quer parce que l'action oxydante de l'iodate de K se porte également sur le S libre, sur le sulfure d'éthylène et sur les dérivés surchlorés ou leurs produits d'h\drol\se. 128 CHLMIK Disons tout de suite qu'il est bien préférable de déplacer l'iode par lacide nitreux plutôt que par le perchlorure de fer. La précipitation de l'iode est beaucoup plus rapide; on peut l'enlever totalement par 4 ou b extractions, tandis qu'il en faut 30 au minimum en présence de Fe Cl*. Nous n'allons pas entrer dans le détail des recherches qui ont été néces- saires pour déterminer lintluence des ditlërents constituants de l'ypérite, ainsi que les facteurs de correction correspondant an rendement de la réaction fondamentale et à la léti,ère décomposition de l'ypérite iodée pen- dant le traitement. Voici comment il convient d'opérer pour le dosage : 1° On détermine la valeur en iode total de la solution d'acide iodhjdrique (à 54 0/0 environ) que l'on veut utiliser. Pour cela, dans un petit ballon conte- nant 15 centimètres cubes d'acide acétique cristallisable, on ajoute 5 centi- mètres cubes, exactement mesurés, d'acide iodbydrique. On surmonte le ballon d'un tube Eiscendant etTilé, pour éviter la rentrée des poussières, et l'on porte au bain-marie, à 70 degrés, pendant un quart d'heure. On refroidit, on étend à 500 centimètres cubes exactement, et l'on prélève 50 centimètres cubes sur lesquels on déplace liode par addition de 10 centimètres cubes d'une solution de nitrite de soude à 10 0/0. On extrait l'iode par CCI' (20 centimètres cubes, plus A fois 10 centimètres cubes), et l'on réunit tout le solvant dans une fiole contenant environ 100 centimètres cubes d'eau distillée. On agite pour laver le CCI' et, après décantation, on reprend les eaux de lavage par un peu de CCI* que l'on joint au précédent. On ajoute enfin à cette solution d'iode 100 centi- mètres cubes d'eau et l'on titre par l'byposulfite de sodium ^710, en présence d'empois d'amidon. Soit Af, centimètres cubes le volume d'byposulfite employé; il restera le même tant qu'on emploiera le même acide iodhydrique et le même acide acétique (*). 2° On recommence la même opération, mais en ajoutant un gramme environ (Pgr.) d'ypérite, exactement pesée. Après chauttage, puis refroidissement, on verse tout le contenu du ballon (magma cristallin d'ypérite iodée et liquide) dans un ballon jaugé de 500 centimètres cubes, bouchant à l'émeri et contenant déjà 100 centimètres cubes de CCI* et 200 centimètres cubes environ d'eau distillée. On agite vigoureusement pour dissoudre l'ypérite iodée (**), puis on complète à 500 centimètres cubes avec de l'eau distillée et on homogénise par agitation. Après repos et séparation des deux liquides, ou prélève .50 centi- mèti'es cubes de la portion aqueuse (400 centimètres cubes) dans lesquels on déplace et titre l'iode comriie précédemment. Soit A, le volume d'byposulfite employé. D'autre part, on décante très soigneusement les 100 centimètres cubes de CCI' contenus dans la fiole jaugée; on rime avec un peu de CCI' et, sur l'ensemble, on dose l'iode libre: soit A.j le volume d'hyposidfite correspondant., Nous avons établi la formule : Ypérite 0/0 = ^ lOA^ + l.-i — (8A, + A,} Pour a|»]>récier les résultats fournis par cette méthode, il faut tenir (*) L'acide acétique peut, en elîet, contenir des im])uretés, comme l'alcool,' qui fixent de l'iode. {"*) Dans le cas des ypèrites aux chlorures de soufre, il reste, en général, un peu de goudron insoluljle dans le CCI'. GRIGNARD, RIVAT ET SCATCHARD SUR LA ItÉTECTION 129 compte de ce que les dérivés siirclilorés de l'ypérile no subissent qu'incom- plètement la réaction et par suite titrent partiellement. Ainsi lypérile surchlorée div Professeur Irvine, constituée surtout par du sulfure d'éthyle trichloré, titre comme 18,7 0/0 de son poids d'ypérite pure; le sulfure d'éthyle penlachloré du Professeur Job titre seulement comme 3,1 0 0 d'y[)érite. La présence de ces corps dans les portions supérieures des ypérites aux chlorures de soufre peut relever le titre apparent de 2,5 à 3 0/0, au maximum. De même, si l'on titre des ypérites au thiodiglycol, non rectifiées, la présence.de ce dernier corps peut entraîner une erreur maxima de 4 0/0 par excès. Détection de rypérite. — La détection de l'ypérile se fera sur sa solution aqueuse, que celle-ci soit obtenue par lavage d'objets contaminés (étoffes, boiseries, métaux, terre, aliments, etc.), ou par barbotage d'un volume d'air sullisant. On peut employer comme réactif l'acide iodhydrique, mais l'iodure de sodium est préférable parce que plus facile à conserver et, en même temps, un peu plus sensible. JLa présence de l'ypérite dans la liqueur aqueuse se manifeste par l'apparition d'un louche qui tarde d'autanl plus que la concentration est plus faible. Un peut même ainsi, en se plaçant dans des conditions iden- tiques et à température constante, réaliser une véritable analyse chrono- métrique. iMais dans la pratique, le problème se pose autrement : il faut pouvoir opérer vite, tout en évitant l'emploi des moyens de chauffage. Nous avons réussi à résoudre cette difficulté de deux manières : 1° En ajoutant au mélange réactionnel un peu d'acide sulfurique concentré qui élève la température de 30 à 40 degrés; 2° Mais il est préférable encore d'accélérer la réaction au moyen d'un catalyseur. Voici la formule à laquelle nous nous sommes arrêtés pour la détection dans l'air : Na I, 2Aq 20 grammes. Solution de SO' Cu, 5Aq ù 7,.5 0/0. ... 40 gouttes (ls^64). Solution de gomme arabique à 35 0/0 . . 2 centimètres cubes. Eau distillée, q s, pour 200 centimètres cubes. On ajoute d'abord le sulfate de cuivre à une solution assez concentrée de l'iodure de sodium, puis la gomme arabique et l'on complète à 200 centimètres cubes, en agitant. S'il se produit un louche au bout de quelques heures, on filtre et la conservation est ensuite excellente, à l'abri de la lumière. Le catalyseur est comme on voit l'iodure cuivreux ('■') ; la gomme ara- bique diminue très légèrement son activité, mais elle empêche le préci- pité d'ypérite iodée de prendre l'état cristallin (sous l'influence du barbo- (*) Pendant que ces rechercties étaient en cours, MM. Desghez et Labat ont préconisé ■Comme catalyseur le chlorure de platine qui possède à peu près la même activité, mais qui a l'inconvénient d'être extrêmement cher et que, pour cette raison, nous avions écarté, a priori. 130 CHIMIE tage d'air) et permet d'apercevoir beaucoup plus facilement le louche colloïdal engendré. L'influence de ce catalyseur est extrêmement nette. Ainsi à 21 degrés, la solution aqueuse d'ypérite a 0"^3125 par litre précipité par l'iodure de sodium, seul, en 4 minutes 10 secondes; avec le réactif iodocuivreux à la même concentration, on a un louche instantané ; la solution à 0^%062o qui exigeait 23 minutes 45 secondes, avec le premier réactif, louchit en 3 minutes 35 secondes, avec le second. Dans la pratique, au moyen de petits appareils à soufïlet ou à pompe, on fait barboter l'air (6 à 8 litres) dans 5 centimètres cubes du réactif. A [tartir d'une concentration de 0^',05 par mètre cube (7/1.000.000 en volume) l'ypérite a donné régulièrement, en été (21 degrés), le louche caractéristique dans des temps variant de 3 à 5 minutes; en hiver, bien entendu, il faudrait attendre un peu plus longtemps, ou réchauffer légè- rement le réactif. En dehors de sa facile réalisation, ce procédé présente l'avantage d'être sensiblement spécifique. Il ne donne rien, ou tout au moins, rien de comi)arable, ni avec les produits d'hydrolyse de l'ypérite (thiodiglycol) qui sont inoffensifs, ni avec les .autres produits toxiques employés pendant la dernière guerre. MM. LE Professeur H. GAULT et R. WEICK CAS D'ISOMÉRIE DANS LA SÉRIE DES ACIDES CÉTONES ET AROMATIQUES ' 547.727 2" Juillet. L'éther phénylpyruvique existe sous trois formes isomériques (a, p, v) présentant un certain nombre de propriétés communes (semi-carbazone, phénylhydrazone et conïbinaison bisulfitique identiquesi et d'autre part de caractères chimiques distinctifs. Les formes a et p, colorées en vert parle perchlorure de fer, fournissent par bromuration à — 15 degrés un dérivé d'addition dibromé. Ce dérivé, incolore et cristallisé (F. 55-60°), est peu stable et perd facilement HBr en fournissant un dérivé monobromé monomère identique à celui que l'on obtient par bromuration directe à température ordinaire. La forme y n'est pas colorée par le perchlorure de fer, ne se laisse, bromer qu'à température du B.M. et fournit dans ces conditions le dérivé monobroméde l'étherphénylbenzyl-cétovalérolactone-carbonique (F. 151"). On est ainsi conduit à considérer les formes a et [ï comme répondant aux deux formules énoliques cis et cistrans que la théorie permet de concevoir, la forme y n'étant autre que la forme cétonique corres- pondante. TIAN SUR LA DISSOCIATION HYDUOLVTIQUE DES SELS 131 M .TIAN, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences, Marseille. SUR LA DISSOCIATION HYDROLYTIQUE DES SELS 537.333 : 541.3 27 Juillet. Les réactions réalisées entre ions se font avec une très grande vitesse, pratiquement infinie dans la majorité des cas. Il semble donc que l'hydrolyse des sels, qui résulte de l'action des ions H et OH, provenant de la très faible dissociation électrolytique de l'eau, sur l'anion et le cathion du sel, devrait se produire dans presque tous les cas d'une manière presque instantanée.^ II n'en est rien; car si les sels alcalins, aiçalino-terreux et les sels d'argent sont dissociés lorsqu'ils entrent en solution, de manière à donner instantanément leur état d'équilibre, la plupart des sels des métaux lourds, par exemple les sels cuivriques, ferriques, d'aluminium, etc.. , subissent une décomposition fort lente qui ne permet, à la température ordinaire, d'atteindre pratiquement l'état d'équilibre résultant de la dissociation hydrolytique qu'au bout de quelques semaines et même de quelques mois. Cette hydrolyse prog7'essîve ne se produit que lorsque les bases mises en liberté se présentent sous forme de solutions colloïdales. Cette parti- cularité permet de fournir l'explication suivante : les granules du colloïde qui se forment dès le début de l'hydrolyse, se réuniraient entre eux, grâce aux phénomènes de tension superficielle et malgré les répulsions électriques. Cette floculation partielle étant nécessairement accompagnée, pour un poids donné de l'hydrate métallique, d'une diminution de surface, on conçoit que la réaction inverse de l'hydrolyse — saturation de la base par l'acide — soit contrariée et que l'hydrolyse puisse se pour- suivre. Cette hydrolyse complémentaire serait lente parce que l'agglutina- tion des particules serait elle-même lente. Une expérience bien nette permet de confirmer cette manière de voir : si Ton gélatinise une solution étendue de chlorure ferrique en train de subir l'hydrolyse progressive, le phénomène s'arrête. Or, on sait qu'en un tel milieu les réactions entre ions ne sont pas altérées, tandis que les granules colloïdaux sont immobilisés. Il semble donc bien que l'hydro- lyse progressive des sels ne soit pas due à une action des ions entre eux, comme l'est l'hydrolyse ordinaire, mais à une réaction entre micelles d'hydrates métalliques, réaction d'une nature toute particulière, ce qui explique sa vitesse anormale. PRÉSENTATION D'UN TRAVAIL IMPRIMÉ Graham Lusk (New York) et Jean Le Goff (Paris). — Une édilion améri- caine du «Traité élémentaire de Chimie n de Lavoisier, publiée à Philadelphie en 1799. 1' Section. MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE • (M. ROTHÉ, professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. Présidents. . . | ^j STEIB, professeur au Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg M. CLARTE, Ingénieur Agi'onome Météorologiste agricole, Montpellier. \ VARIATIONS DU POIDS DU MÈTRE CUBE D'AIR AUX DIFFERENTES ALTITUDES 551.377.11 26 Juillel. Les Tables des corrections de la portée en fonction des variations du poids du mètre cube d'air ont été calculées par la Commission de Gâvres pour les pièces de marine et d'A.L.G.P. en se servant de la formule : (1) Aî/ = Aoe-''î/ dans laquelle Ay est le poids du mètre cube d'air à l'altitude y. A» le poids du mètre cube d'air au niveau de la mer, h un coefficient que l'on considère comme fixe et égal à - . Depuis la guerre, on a cherché à calculer le poids du mètre cube d'air en utilisant les observations de montagnes et les observations faites au moyen de ballons-sondes, en appliquant la formule : 10« X 0,001293 X H (^) ^y = — 76(1 + a/) — y étant toujours la hauteur, H étant ici la pression barométrique à l'alti- tude y et Ma température. Cette seconde formule donne des valeurs de A?/ qui ditterent sensible- ment des valeurs trouvées au moyen de la formule 1, les écarts atteignant 40 et oO grammes. Comme une erreur de 30 grammes dans le poids du mètre cube d'air entraine une variation de l'ordre de. 150 mètres dans la portée pour les pièces d'A.L. G. P., il paraît du plus haut intérêt de pousser plus avant les recherches dans cette voie. CLARTE VARIATIONS DU POIDS DU METRE CUBE D AIR 133 Le Lieutenant Rothé, attaché à la Direction des Inventions, nous a demandé de faire cette étude. Nous possédons à VInstitut Aérodynamique de Nancy la collection des sondages aériens publiés par la Commission Internationale lioiir V Aérosta- tion scientifique de 1906 à 1912. Après un examen attentif des sondages et des modes opératoires des différentes stations, nous avons été conduits à choisir ceux de Linderberg parce que ses ballons sont presque tous suivis à l'aide de deux théodolites et que par conséquent les hauteurs ysont déterminées et non pas calcu- lées d'après la. pression H en admettant l'exactitude de la formule de LapJace. Objet de nos recherches : Nous nous sommes proposés de rechercher, d'après les indications du Lieutenant Rothé, jusqu'à quelle approximation on peut admettre la constance de h dans la formule 1. Existe-t-il une valeur de //, de saison, de mois, de jour et de nuit? Connaissant les deux formules 1 et 2, nous allons calculer ù^y au moyen de la formule 1 en faisant y = 0, 500, 1000, 1500, 2000, etc. . ., de 500 en 500 mètres, puis nous porterons ces valeurs dans la formule : 2,30259 ;< Jog A„ — log Ay y Nous porterons les hauteurs y en abcisses et les valeurs de // en ordonnées. Pour une même ascension, le même jour, h doit être constant si la formule 1 est exacte. Par conséquent, nous devons avoir comme courbe une parallèle à l'axe des abcisses. Nous avons calculé la valeur de h pour les douze mois de l'année de roo 90 M A ]M J J A FiG. 1. O N D 1906 à 1912, il est à remarquer que tous nos calculs conduisent à la même particularité à savoir que la fonction h = 2,30259 X — ^ — '^ n'est pas une droite le plus souvent entre 500 et 2.500 mètres. Dans la 134 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE grande majorité des cas, nous avons, en effet, des perturbations très mar- quées qui toutes disparaissent à partir de 2.500 mètres. A partir de là, on peut très aisément faire passer une droite par les points correspondants et trouver une valeur moyenne acceptable de h. La cause de celte perturbation marquée en deçà de 2.500 mètres est sans doute due à l'influence du sol. Ce point pourrait faire l'objet d'une étude intéressante en utilisant les ballons d'observation jusqu'à 2.500 mètres. Cette variation est surtout imporfante pour les pièces de petit calibre, mais elle n'est pas sans influence pour l'artillerie à grande puissance. Le tableau que voici indique ces valeurs moyennes à partir de 2.500 mètres seulement. Janvier .... 112,5 Mai 105,1 Septembre. . . 100,0 Février .... 110,3 Juin 103,2 Octobre. . . . 106,6 Mars 109,0 Juilllet .... 100,0 Novembre. . . 110,5 Avril 106,4 Août 99,0 Décembre . . . 109,7 Si maintenant nous traçons la courbe des h moyens par mois, nous verrons qu'elle a l'allure suivante (fig. 1). Il existe donc bkn un li de mois. Les variations ne s.ont pas très grandes, mais elles existent néanmoins et les écarts sont maxima entre Janvier et Août. M. CLARTE RECHERCHE DU NOMBRE DE GOUTTES ET DE LA MASSE D EAU CONTENUS DANS UN MÈTRE CUBE D'AIR PLUVIEUX (*) 551.57 26 Juillet. Nombre de gouttes tombant à la seconde sur une sur face de I mètre carré. — A cet eflèt, on peut recevoir pendant un certain temps les gouttes de pluie sur une feuille de papier buvard de surface connue, puis compter les tacbes ainsi formées. Pour rendre l'opération plus facile, il est bon de sensibiliser au moyen d'éosine par exemple la face du papier buvard non exposée à la pluie. Les gouttes d'eau forment ainsi des cercles fortement colorés que l'on aura toute facilité de dénombrer quand le papier sera sec. Soit n le nombre de gouttes tombées sur la surface considérée S pen- (*) Ces refherches ont été entreprises sur la demande de M. Cotton, Professeur à l'Ecole Normale Supérieure en vue d'étudier l'influence de la pluie sur le tir de l'artillerie. CLAUTE — AIR PLUVIEUX J3S. dant le temps t, le nombre N de gouttes tombées sur un mètre carré de surface en une seconde, est donné par l'égalité : .. n 10* Un dispositif très simple nous a permis de prendre facilement des empreintes de pluies dont on trouvera ci-joint une photographie {fig. /). FiG. 1. — Goutte d'eau. Les feuilles de papier buvard utilisées sont des fUtres Durieux, n° 111, de 9 centimètres de diamètre (bande rouge), ce papier est très homogène et présente une épaisseur constante, qualités absolument indispensables. Recherche du poids des gouttes de pluie. — Tarage du papier. — Pour sensibiliser les liltres nous nous sommes servis de poudre de tribromo- fluorescéine simplement déposée à la surface du papier et étendue au moyen d^un pinceau. Nous avons fait tomber sur la face non sensibilisée des gouttes dont le diamètre a été conipris entre 0'""',4 et 3'""', 3. M. Ollivier, Professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg, a bien voulu, pour ces expériences, monter et mettre à notre disposition un appa- reil spécial permettant de produire des gouttes de très petit diamètre (*). (*) Thèse de M. Ollivieh, ■< Recherches sur la capillarité ». (Gauthier Villars 1907.) 136 METEOROLOGLE ET PHYSIQUE DU GLOBE La photographie ifig. 2) représente les empreintes de gouttes de 0'""',4 de diamètre dont le poids est dé 0'"^'',03. !< iG. SJ. — Goutte d'eau. Les courbes de la figure 3 résument ces expériences (*) qui, répétées plusieurs jours de suite ont donné des résultats tout à fait concordants. -3 ■4 0,9 û, ; 6', t <^^ o.i 0, t 0. ^ A ^ iB 16 H 11 10 8 6 4 0^4- 6 t ^0 11 ilt -te i& lu U ti i-f ■ %5 Diamètre des gouttes et poids cori'espo7idants. — Les trois courbes de la (*) Rapport des abscisses aux ordonnées : courbe 1 = 1/20, courbe 2^1. CLARTÉ AIR PLUVIEUX 137 figure 4 réprésentent le poids des gouttes d'eau en fonction de leur diamètre (*). Diamètre des gouttes en fonction du diamètre des taches. — Au moyen des figures 3 et 4 nous avons tracé la courbe 1 de la figure 5 qui nous 0 i- ^ ô & <0 -Il -i^ 1b ie, le il' i^ i-i F^ 5 donne le diamètre des souttes connaissant celui des lâches sur le filtre ('•' :;:*\ ISombre de gouttes contenues dans V unité de volume. — D'après les nombres de Lénard (-*^i=), nous av(jns tracé la courbe de figure 6 donnant la vitesse de chute des gouttes d'eau en fonction de leur diamètre (****). Supposons pour un instant que la pluie soit composée de gouttes de même diamètre D,, nous connaissons le nombre N, de gouttes qui tombent I*) Rapport des abscisses aux ordonnées : courbe 1 = 1/4, courbe 2 = 1,25, coui'be 3 = 25. C"*) Rapport des abscisses aux ordonnées : 1,5. (***) Meteorologische Zeitschrift , 1904, p. 250. y**'*) Rapport des abscisses aux ordonnées : 2,5. 138 MÉTÉOnOLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE par seconde sur l'unité de surface, ainsi que leur vitesse Vj, nous pou- vons donc dii'e que ces youttes étaient contenues dans un volume ayant pour base 1 mètre carré et pour hauteur la vitesse V^. 1 ê "1 ® — " ■ 6 ^ r ^/ 1 > y /^ / ^ ^ V / / i t 5 if 1,- 6 Le nombre %i de gouttes de diamètre Di contenues dans 1 mètre cube sera donc de : Le même raisonnement s'appliquant aux gouttes de diamètre D.^, Dj...., etc, nous aurons : 9^ V, ^ N„ + N Masse d'eau contenue dans l'vnité de volume. — Connaissant pour chaque diamètre des gouttes leur nombre dans l'unité de volume, la masse d'eau sera définie par l'égalité : 1 etc. m 1== g ^ Di^» en posant : 1 1 - 71 Di» — J), g 71 1),' _ p. nous écrirons : m^ = N, |î m. = N^ 1^ m = N, Il 4- N, |-^ + . . . = 2^1 j' Ce qui nous intéresse donc c'est -. COURTY LA PROTECTION CONTRE LA GRKLE 139 P Les courbes 2 et 3 de la figure 6 nous donnent ces valeurs de — en fonction du diamètre des taches de pluie sur le papier buvard (*). Conclusion. — Nous allons par cette méthode, rechercher le nombre de gouttes d'eau tombées à la seconde sur 1 mètre carré de surface et trouver leur nombre dans 1 mètre cube d'air ainsi que leur masse totale (**). En nous reportant à la figure /, nous voyons qu'il existe pour la chute de pluie considérée, quatre types de taches bien nets : a) des taches dont le diamètre moyen est de 5'"'",0 au nombre de 3 b) — 3™»>,5 — . 8 c) — 1""",5 — 12 d) . — 1™'",0 — .12 Le tableau ci -dessous groupe toutes les opérations décrites précédem- ment : Diamètre P des taches V n N % V m 5,0 1,01 3 94 20 0,135 12,69 3,5 0,8 8 251 . 61 0,076 17,57 i,s 0,48 12 377 110 0,017 6,41 1,0 0,38 12 377 121 0,010 3,77 Nombre total de gouttes au mètre carré à la seconde . . . 1.099 au mètre cube . . . . 312 Masse totale de ces gouttes au mètre cube 40,44 gr. La méthode est donc très simple, il sulfit de posséder du papier filtre taré et de construire les trois courbes de la, figure 6. M. œURTY, Astronome, Bordeaux. LA PROTECTION CONTRE LA GRELE 551.578 ' 26 Juillet. M. Courty communique les fascicules relatifs aux orages dans la Gironde de 1912 à 1918. Il s'ensuit une discussion relative aux paragrêles, à laquellâ prennent part MM. Dongier, Mathias et l\othé. (*) -Rapport des abscisses aux ordonnées : courbe 2 ml/S; courbe 3 = 1/20. [ (**j Chute de pluie du 13 mai 1918, à 17 h. 10, Durée d'exposition du p^ipier sensible : 5 secondes. 140 MÉTÉOROKOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE L'Abbé Michel LALIN, Curé de Viévigne (Côte-d'Or). LES TAtHES SOLAIRES ET LES DÉPRESSIONS BAROMÉTRIQUES 52.374 + 551.54 2G Juillet. Il y a plus d'un tiers de siècle, l'abbé Fortin prétendait établir une relation entre les précipitations atmosphériques et l'activité solaire, mani- festée par les taches et les chami)s de facules. Sa théorie, violemment contredite à cette époque, a trouvé d'ardents défenseurs. Les coïncidences relevées au cours de leurs observations, la vérification de nombre de leurs prévisions, nous inclinent à croire que dans l'hypothèse du curé de l'Orléanais, il y a une part de vérité; Rien en météorologie ne prévaut contre les faits. Les tenants de cette méthode, d'après l'aspect de certaines zones du Soleil, établissent des pré- visions assez exactes, 4 ou -5 jours à l'avance. On pourrait dans bien des cas obtenir davantage. Parmi les taches solaires, les unes disparaissent rapidement, les autres se maintiennent plusieurs mois. Les mouvements conjugués du Soleil et de la Terre les ramènent au méridien central, après une période de 27 jours environ. Il sera donc possible, parfois, de prévoir 4 semaines à l'avance, une dépression barométrique si la tache nest point modifiée. D'ordinaire, le foyer d'activité solaire diminuant avec le temps d'intensité, les pertur- bations atmosphériques iront en décroissant. En 1912 le baromètre descendait du 5 au 9 janvier au-dessous de la normale, 732 mm. avec 11 et 10 mm. d'eau le 6 et le 9 à Paris. 27 jours après, nouvelle dépression; à partir du 31 janvier, en 2 jours, chute de 28 mm. Le 29 février la dépression se comble, mais un iléchissement de 10 mm. 7GG.756 détermine une pluie abondante (9 mm.). Sur le diagramme de janvier, on relève une baisse du baromètre le 23 jan- vier, avec 11 mm. d'eau. Le 19 février, les instruments indiquent une baisse d'une douzaine de millimètres, et à Viévigne le pluviomètre enregistre 7 mm. d'eau. Le 18 mars, la pression à Paris est 732, avec 3 mm. de pluie le 17, 5 le 18 et 4 le 19. Cette dépression considérable m'avait amené à conjecturer une baisse pour le 14 avril. La tache disparut et si un mouvement descendant fut signalé, il n'a aucune relation probablement avec le foyer d'activité remarqué au 23 janvier, au 19 février et au 18 mars. Le 5 mars le baromètre marque 74G mm. avec 6 mm. de pluie. 27 jours après, le !«■• avril, la chute est de 18 mm. et 11 mm. d'eau. Le 27 avril, Paris note 749 avec 3 mm. d'eau, mais Lyon accuse 9 mm. Quant à Perpignan, H. MÉMEUY VARIATIONS DE LA TEMPÉRATURE 141 6i mm. et 58 mm. M. Mengel écrit : « Les pluies torrentielles des 24, 27 et 28, » quoique ayant provoqué des inondations dans les parties basses de la plaine, » ont mis fin à la longue et inquiétante sécheresse de l'hiver. » Le 23 mai, je note à Viévigne 12 mm., Paris enregistre 5 mm. Faut-il continuer cette série en mentionnant les pluies orageuses du 19 juin? Paris 14 mm. — Non, sans doute, car les orages sont des perturbations locales. Le 15 mai, le baromètre enregistre une baisse de 12 mm. à. Paris, avec une petite averse ; la veille, pareille baisse était signalée à Nantes avec 11 mm. d'eau. Le 11 juin : dépression à Paris d'une quinzaine de millimètres ; l'orage menace, mais pas d'eau. Viévigne 10 mm. de pluie; je croyais à un crochet d'orage. Mais Nantes et Lyon accusaient semblable dépression, et Saint-Genis recueil- lait 37 mm. d'eau. Le 6 juillet, la chute est faible, 7 mm. seulement, mais avec une pluie appréciable; 7 mm. à Paris et a, Nantes. Le 4 mai, le baromètre enregistre un fléchissement d'une douzaine de milli- mètres. Le 1*^'" juin, il descend à 745 avec 11 mm. de pluie le 1*^'', 5 le 2 et 9 le 4. Le 28 juin le baromètre commence à baisser. On recueille 7 mm. à Paris le 29, 11 le 30 et 5 le 1<^'' juillet. Saint-Genis accuse 22 mm. le 30. Il me semble inutile de pousser plus loin l'étude de ces coïncidences : élude que tout le monde peut faire à l'aide des cahiers d'observations personnelles, ou des diagrammes du Bulletin du Bureau cenlral météorolo- gique. Nous avons dit : coïncidences. l'rovisoirement conservons cette expression, encore que certaines lois de physique soient dites « appro- chées »! En tenant compte du fait que les taches solaires se modifient brusquement, et en laissant à la période de 27 jours une certaine élasticité, nous pouvons prévoir des dates critiques. M. Henri MÉMERY CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES VARIATIONS PÉRIODIQUES DE LA TEMPÉRATURE. LEUR CAUSE PROBABLE. 551.522 26 Juillet. La question des variations périodiques de la température a fait l'objet d'un certain nombre de travaux et a donné lieu à des recherches du pins haut intérêt au point de vue de la fixation des dates auxquelles on observe, presque chaque année, soit des retours de froid au printemps et en été, soit des hausses de la température en automne et en hiver. Les recherches elTectuées sur les températures de plusieuis localités de l'Europe occidentale : Paris, Bruxelles, Bordeaux, Montpellier, Perpignan, 142 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DL GLOBE Lausanne, etc., et portant sur diverses séries d'années, ont fait apparaître des variations à peu près annuelles, ayant un caractère nettement pério- dique, sensiblement aux mêmes époques pour les diverses localités citées plus haut; la plupart des météorologistes s'accordent pour reconnaître que ces variations paraissent dues à des causes générales, mais que l'on n"a pu jusqu'ici arriver à déterminer. Nous nous bornerons à citer, parmi les auteurs qui se sont occupés de cette question : Ed. Roc/te, pour le climat de Montpellier et celui de Bruxelles. Nous trouvons dans L Astronomie (1883, p. 291 et suiv.j, sous la signature de A. Roche, cette conclusion : « . . . . De celte concordance, nous concluons que les causes auxquelles sont )) dues les variations thermométriques s'exercent sur une immense échelle, » qu'elles se développent à la surface du globe suivant une progression régu- » Hère et se maintiennent constantes pendant une longue durée. Ces causes » sont encore peu connues, mais il est d'un haut intérêt d'en établir expéri- » mentalement la permanence et l'irniversalité. Comme le Soleil est, au fond, » le grand régulateur de la température, ainsi que des autres inlluences si » diverses qui agissent sur elle indirectement, tout doit en réablé être réglé sur » son mouvement, y E. Duclaux (Cours de Physique et de Météorologie, jj. 4SI et 482) : « M. Renou a pu tracer la courbe de la température moyenne des divers jours » de l'année, à Paris, pour 130 ans (1757-1886). Cette courbe révèle des ano- •' malies régulières et par là singulières. »... Tous ces résultats sont en ce moment inexplicables pour nous, ce qui » prouve que le réseau dans lequel nous nous efforçons de renfermer tous les » phénomènes météorologiques a encore ses mailles très larges et laisse échapper » beaucoup de faits. » Le D"" Fiîies, dans un mémoire présenté à TAssociation Française (La Rochelle, 1882), sur la climatologie du Roussillon, rappelle les recherches d'Ed. Roche et conclut dans le même sens : (.i M. E. Roche a fait une étude sur le climat actuel de Montpellier comparé >. aux observations du siècle dernier: pour lui comme pour nous, l'explication » du plus grand nombre de ces variations périodiques reste inconnue. » M. Marcel Moye (Météorologie populaire, p. 65 et 66) : « La courbe des moyennes de chaque jour de l'année présente ce fait remar- » quable que dans beaucoup de stations il existe des anomalies persistantes .) dues à des causes non encore déterminées. » ... A Montpellier et à Nancy, on a relevé des irrégularités non identiques, » mais de même nature, ce qui indique une cause générale et inconnue. » Celte concordance d'opinions sur la cause inconnue des variations anor- males |)ériodiques de la température, est digne de remarque. Il ne semble pas que cette question ait fait quelques progrès en ces dernières années. H. MÉMERY ~ VARIATIONS DE LA TEMPÉRATURE 143 Il y a lieu de noter l'idée exprimée par plusieurs auteurs qu'il faut peut- être chercher dans le Soleil la cause de ces variations. Mais dans cet ordre d'idées, il ne paraît pas que ni le mouvement apparent annuel, ni la rota- tion de cet astre qui ramène chaque point de la surface solaire en face de la Terre tous les 27 ou 28 jours, puissent expliquer les phénomènes en question, ces derniers n'olfrant pas une régularité aussi marquée et les variations anormales de la température n'étant pas séparées par des inter- valles égaux. D'autre part, aucune des intluences cosmiques mises en avant : essaims de météores, régions froides ou chaudes traversées par le système solaire dans sa translation à travers l'espace, etc., ne paraît de nature à donner une explication suffisante de ces variations pério- diques. Or, il semble que l'on peut trouver dans l'aspect changeant des phéno- mènes solaires, et principalement dans celui connu sous le nom de taches, l'explication des variations anormales de la température. L'étude de l'influence des taches solaires sur les variations des princi- paux éléments atmosphériques, n'a pas encore donné de résultats positifs, très probablement parce que les méthodes habituellement employées dans, ce genre de recherches ne tiennent pas compte de certains facteurs que l'observation suivie des phénomènes solaires révèle comme paraissant avoir une action assez importante, savoir : la forme des taches, — leur position en latitude sur la surface du Soleil, — le sens de lactivité solaire (activité ascendante où descendante) les jours qui précèdent ou qui suivent l'époque considérée, etc.. En tenant compte de ces diverses particularités, l'observation montre que, sur les régions de l'ouest de l'Europe : — les hautes températures coïncident généralement, soit avec la présence de taches nombreuses, soit avec un accroissement dans le nombre et l'étendue des taches visibles, et les basses températures coïncident généralement, soit avec l'absence de taches solaires, soit avec une diminution dans le nombre et l'étendue des taches. D'autre part, les recherches entreprises pour découvrir dans les varia- tions des taches des périodes autres que celle de Schwabe (période iindé- cennale), ne paraissent pas avoir donné de résultats concluants. Mais si, au lieu de représenter les variations des taches solaires par année ou par rotation de 25 ou 27 jours, on effectue le total — ou la moyenne — du nombre ou de l'étendue des taches du Soleil à une même date jjour une série crannées (30 ans, par exemple), c'est-à-dire en opérant comme on le fait couramment en météorologie pour l'établissement des normales quotidiennes de la température, on observe alors un fait des plus curieux et qui n'a pas encore été mis en évidence d'une manière com- plète ; c'est le suivant : L'examen des moyennes quotidiennes des taches solaires (nombre ou superlicie des taches) pour une série d'années, montre qu'au cours de i44 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE l'année certaines époques sont caractérisées par une grande fré([uence de taches, tandis que d'autres époques sont marquées par une faible étendue de taches solaires. Or, si l'on met en regard d'une part, la courbe représentant la normale quotidienne de la température pour une série d'années; d'autre jtart, la courbe représentant la moyenne quotidienne des taches solaires pour la même série, on observe un parallélisme des plus frappants entre ces deux courbes, les recrudescences anormales de la température correspondant aux époques de %'liis grande fréquence des taches solaires et les retours de froid correspondant aux époques de diminution dans le nombre ou rétendue des taches. L'étude détaillée de ces phénomènes exigerait des développements hors de proportion avec le cadre de cette communication ; aussi, nous borne- rons-nous à l'examen de deux époques intéressantes à divers titres : l'^ Celle du 10 ali 20 avril, et principalement du 15 au 20, marquée presque chaque année par un abaissement de la température. La plupart des gelées de printemps des soixante dernières années, sont survenues du 10 au "10 avril ; 2° Celle du 5 au 15 juin, remarquable par un abaissement de la tempé- rature survenant après un réchaulfement sensible les premiers jours de juin. Les pluies qui accompagnent d'ordinaire un refroidissement s'étendant sur plusieurs jours pendant la saison chaude, ont donné naissance, k cette époque de l'année, au dicton de la Saint-Médard . Or, il est à remarquer que la quantité de pluie, à Bordeaux, par exemple, tombée pendant une série d'années k la date du 8 juin, jour de la Saint-Médard, est lune des plus élevées du mois de juin. Ce dicton paraît donc avoir une base, à savoir que le jour de la Saint-Médard est une date généralement plu- vieuse. Cet abaissement de la température du 5 au 15 juin est l'un des plus marqués sur toutes les courbes établies par les auteui-s cités plus haut. Or, la courbe représentant le nombre ou la superficie des taches solaires pour'une série d'années un peu étendue, montre aux époques dont il vient d'être question : 10-20 avril et 5-15 juin, une diminution des plus sen- sibles dans l'activité solaire. Voici, pour ces deux époques, les chiffres se rapportant, d'une part, aux températures normales quotidiennes de Paris (Parc-Saint-Maur) et de Bordcaiix (Observatoire de Floirac) et, d'autre part, les moyennes quotidiennes normales de la superficie des taches solaires déduites des relevés de l'Observatoire de Greenwich. Nous don- nons deux séries d'années : 1874-1903 et 1878-1913, pour montrer que les variations s'observent à peu près aux mômes dates, quelles cpie soient les séries d'années. (Pour 1878-1913, nous avons indi(|ué, pour Bordeaux, la quantité totale de pluie tombée à la même date pendant ces trente-six années.) II. MÉMEKY — VARIATIONS DE LA TEMPÉRATURE /*"'■ au 20 avril. MOYENNES NORMALES QUOTIDIENNES 1874-1903 1878-1913 Température Ta<-hes Température Taches Paris solaires Bordeaux solaires ^en degrés) ; superficie) (en degrés) (superficie)^ 145 9,6 692 10.9 739 9.1 651 11,1 7ol 9,3 641 11,1 727 9.2 391 10,8 663 Avril 1- S,o 646 10,9 620 _ 2 8,6 700 • 11,0 698 _ 3 8,0 722 11,0 738 — 4 — a — 6 _ 7 _ 8 9>2 o90 11,0 654 _ 9 9,4 376 11,1 622 _ 10 9,1 383 11,4 617 _ 11 8,6 374 11,3 573 _ 11 8,3 620 11,5 . 601 _ 13 8,3 398 11,6 571 _ 14 S. 7 605 11,7 580. _ 15 9,5 646 11,5 533 _ 16 9,2 .618 11,1 361 _ n 9,0 674 11,1 390 . _ 18 9,8 691 11,7 607 — 19 10,4 678 11,9 603 _ 20 11,0 689 11,9 618 " Pli'ie (Bordeaux) f' au 20 juin. en millimèties Juin l- 16,0 673 17,4 665 136 688 17,5 678 99 ■ 701 17,7 679 132 669 18,2 644 86 619 18.4 603 114 588 18,3 582 111 556 18,1 529 68 333 18,1 483 121 522 17,6 466 110 533 17,5 481 • 78 521 17,1 469 110 507 17,2 479 122 566 17,3 530 93 598 17,6 377 93 642 18,0 632 52 721 18,0 733 95 793 18.4 770 83 823 18,4 797 36 893 18,8 843 68 889 18,3 839 73 1er 16,0 2 1G,2 3 17.1 4 17,2 3 16,8 6 16,7 7 16,2 8 16,2 9 • 16,0 10 13,7 11 13.4 12 13,8 13 13,4 14 13,6 13 15,3 16 13,4 17 13,4 18 13,8 19 16.4 20 16.4 146 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE Si l'on effectue des comparaisons du même genre avec les variations d'autres éléments atmosphériques, la pluie par exemple, on observe que les dates de l'année correspondant aux plus grandes hauteurs de pluie, coïncident généralement avec les dates de moindre activité solaire et, inversement, les époques de moindre hauteur de pluie coïncident généra- lement avec les époques de plus grande abondance de taches solaires. En présence de ces concordances, il semble difficile de trouver en dehors du vSoleil une explication plus rationnelle des variations anormales des divers éléments météorologiques. M. Je\n meunier. Docteur es sciences, Paris. SUR LA DIFFUSION UNIVERSELLE DES HYDROCARBURES NATURELS 549.88. 26 Juillet. Les hydrocarbures ou pétroles, contrairement à ce qui a lieu pour la houille, n'ont pas de gisement géologique déterminé; ils se rencontrent dans des terrains d'origine et d'âge variés.- Aussi, l'explication de leur formation a-t-elle conduit à des controverses. On se rappelle la brillante hypothèse soutenue, il y a quelques années, par des savants illustres qui attribuaient la production des pétroles à l'action de l'eau sur les carbures métalliques. Cette assertion est difficile à soutenir sans réserve; elle n'a pas remplacé pour tout le monde l'ancienne manière de voir, où l'on admet que le pétrole prend naissance par la fermentation forménique des boues des marécages. Dans ce milieu, à l'abri de l'air, les détritus d'origine animale ou végétale, subissent une action réductrice intense, qui fait bientôt appa- raître l'huile. On l'observe d'une manière frappante dans les marais salants et dans leurs annexes, quand les eaux-mères atteignent leur maxi- mum de concentration, pendant les fortes chaleurs de l'été. Il a été reconnu du 'reste que de l'eau salée se trouve presque toujours dans le voi- sinage du jaillissement de l'huile. Mon intention n'est pas d'insister actuel- lement sur ces faits; ce mode de formation semble insuffisant pour expli- quer toutes les observations, et je voudrais aborder des considérations d'ordre plus général, qui ne résoudront pas entièrement la question, mais contribueront peut-être à l'éclaircir. 1° Les hydrocarbures existent dans les espaces interplanétaires et voici comment je puis le démontrer. Les comètes traversent en biais (par rap- [)ort à l'écliptique) ces espaces et, ce sont elles qui en font pour nous J. MEUMEK SUR LA DIFFUSION UNIVERSELLE DES HYDROCARBURES 147 l'analyse. Je Tai déjà signalé dans ma note au Congrès du Havre (Compte rendu de la 43" session, p. 324), elles rencontrent sur leur trajet des masses gazeuses, auxquelles elles impriment un mouvement tourbillon- naire et qu'elles enflamment; ainsi se forment la tète, la chevelure, les aigrettes, etc. J"ai reproduit toutes ces apparences, dont quelques-unes semblent bizarres et incohérentes entre elles, simplement en dirigeant un jet de chalumeau sur des masses gazeuses combustibles. Le jet de chalu- meau, animé d'une vitesse relativement grande, remplace virtuellement le noyau de la comète, qui, lui, se meut rapidement en suivant son orbite; la masse gazeuse traversée est, au contraire, stabilisée ou douée d'une vitesse beaucoup plus faible. La forme de la figure engendrée dépend sur- tout de l'obliquité de l'attaque et de la composition gazeuse. Telle est, sommairement exposée, la reproduction artificielle des phénomènes cométaires. Mais les tètes de comètes présentent indiscutablement le spectre des hydrocarbures en combustion, appelé ordinairement spectre de Sivan, comme les reproductions que j'en fais. On a dit, il est vrai, que le spectre de Swan pouvait se produire également dans les comètes par l'illumination électrique des hydrocarbures. Soit; mais l'existence des hydrocarbures n'en est pas moins manifestée. L'illumination électrique suppose des phénomènes électriques intenses dans les comètes, et l'on s'attendait à constater ceux-ci, lors du passage de la Terre dans la queue de la comète de Balley en mai 1910; or, les instruments les plus sensibles n'ont donné aucun signe particulier de phénomènes électriques : c'est donc bien la combustion qui a lieu dans les comètes. Les masses gazeuses interplanétaires contiennent-elles simplement des hydrocarbures légers, comme le méthane et ses liDuiologues immédiats? La lueur bleuâtre observée sur certaines comètes, mais non pas sur toutes, tendrait à prouver l'existence du méthane, il existe toutefois des hydro- carbures plus condensés, sinon la lumière de la comète serait trop pâle pour être visible, et raison plus démonstrative encore, le spectre de Stcan est toujours accompagné d'un spectre continu, comme cela a lieu dans une flamme blanche ordinaire riche en carbone. Je puis aller plus loin dans une telle analyse. J'ai reproduit les ap[ta- rences cométaires en dirigeant le jet de chalumeau, soit dans la flamme du gaz d'éclairage donnée par un bec dit « papillon » ; dans ce cas, les apparences caractéristiques sont encadrées de la flamme, soit en le dirigeant sur la partie fumeuse d'une lampe à pétrole. La similitude d'apparence avec les comètes est alors absolument complète : c'est-à-dire que la com- bustion se borne à la portion fumeuse entraînée par le jet dans le mouve- ment tourbillonnairo produisant la tête et la queue de la comète artifi- cielle et ne s'étend nullement au reste. J'ai réussi à photographier ces formes, malgré la rapidité avec laquelle elles se modifient, et ces photo- graphies reproduisent exactement les dessins que les astronomes ont donnés de ces objets, depuis nombre d'années. 148 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE ' Cela conduit à admettre qu'il existe dans les espaces interplanétaires et particulièrement dans le voisinage du Soleil, des masses gazeuses d'hydro- carbures comparables à ceux qui se dégagent d'un combustible fuligineux. J'ai démontré ailleurs que l'inflammation limitée décrite ci-dessus a lieu par suite de la vitesse du jet inflammatoire et, s'il s'agit d'astres, par suite de la vitesse du noyau de la comète. On ne peut donc révoquer en doute l'existence des hydrocarbures, même à poids moléculaires élevés (1), en conséquence analogues aux pétroles, dans ces milieux sidéraux. Ils s'y trouvent mélangés à de l'oxygène comburant, dont on pourrait peut-être fixer approximativement la proportion, 2° Les hydrocarbures existent aussi dans le Soleil. Jusqu'à ces dernières années, on avait méconnu la présence des bandes cannelées du spectre de Swan au milieu des innombrables raies du spectre solaire. Certains speclroscopistes les soupçonnaient .pourtant et, de fait, quand on tire sur une même plaque au spectrographe le spectre de Sican et le spectre du Soleil avec des durées d'exposition appropriées, on constate que celte juxtaposition fait ressortir des coïncidences. Les spectroscopistes A'eî^q^//, . Baxandall et Butler, de l'Observatoire de Cambridge, ont étudié de près la question et ils ont reconnu dans le spectre solaire toutes les cannelures de la bande violette des hydrocarbures dont la tête est située à X 4314. tout près de la raie G' ou /"de l'hydrogène solaire. L'identification est même si facile, qu'ils ont exprimé leur étonnement que personne ne l'ait faite avant eux. Les autres bandes des hydrocarbures s'y retrouvent aussi. Mais le fait beaucoup plus intéressant pour nous qu'ils ont constaté, c'est que les cannelures sont renversées et qu'elles demeurent renversées dans le spectre-éclair, celui qiie l'on observe seulement dans les éclipses et dans lequel la plupart des raies renversées du spectre solaire ordinaire se mon- trent brillantes :' il faut en conclure que l'inflammation des hydrocarbures n'atteint pas les couches basses de la chromosphère et se produit au-dessous, dans la photosphère. Les hydrocarbures se dégagent donc des profondeurs de l'astre qui, comme la Terre, contient des pétroles. Ainsi localisés, ils ne sont pas portés à une température très élevée, sinon ils seraient disso- ciés en hydrogène et carbone. On voit par là avec quelle réserve il faut accueillir les hypothèses de certains calculateurs, qui assignent à l'inté- rieur du Soleil des températures croissantes fantastiques. La structure du Soleil n'est pas sans analogie avec celle de notre globe, et il est vraisem- blable qu'ayant la même origine nébulaire, il est formé par des éléments identiques qui sont manifestés du reste par son spectre. En un mot, les hydrocarbures existaient dans la nébuleuse initiale. S"" La diffusion des hydrocarbures n'est pas particulière au système solaire; il existe, notamment dans la Constellation des J^oissons et dans (1) Dans la ilamine fumeuse d'une lampe, les-hvcirocarbures subissent la pyrogénation; leurs molécules sont par suite décomposées : une partie devient plus riche en carbone, d'où, poids moléculaires plus élevés. ROUCH — VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC l'aLTITUDE 149 celle de l'Hydre, des étoiles diles carbonées. Leur spectre présente nette- ment les bandes des hydrocarbures, accompagnées de la raie D du sodium et de la raie E solaire, raie verte du fer. Leur température paraît être relativement moins élevée que celle des autres étoiles; leur couleur rouge rubis l'indique. L'hydrogène libre n'y serait contenu qu'en faible quantité, ou même en serait absent, et leur élément combustible se montrerait principalement constitué par des hydrocarl)ures. Que conclure de tous ces faits au point de vue spécial qui nous occupe, celui des origines des pétroles terrestres? C'est qu'il faut vraisemblable- ment attribuer à une partie de ceux-ci une origine cosmique. Les maté- riaux solides, en se réunissant pour former notre globe, ont entraîné, emprisonné môme, ces hydrocarbures. Sans doute, suivant leur localisa- tion, ils ont été soumis à des températures ditférentes et une partie a subi des modifications de composition par pyrogénation. Ainsi s'expliquerait la ditférence si marquée des pétroles d'Amérique et de ceux du Caucase. La température de 450 degrés est suffisante, ainsi que je l'ai établi, pour transformer l'huile et faire passer ses carbures de la série saturée aux car- bures de la série éthylénique, spontanément polymérisables. Une foule dé causes peuvent intervenir pour agir sur une matière aussi plastique chimiquement que les pétroles et produire des effets en appa- rence contradictoires. En réalité, dans la nature il n'y a rien de contradic- toire, les faits naturels dérivent les uns des autres et s'enchaînent d'une manière parfaitement continue. M. ROUCH, Lieutenant de vaisseau. VARIATION DE LA VITESSE DU VENT AVEC L'ALTITUDE 551.5tl.3 26 Juillet. La plupart des sondages aérologiques que nous avons étudiés présentent la particularité suivante : La vitesse moyenne du vent ne croît pas d'une façon continue avec l'altitude. Généralement le vent augmente de vitesse entre le sol et une altitude qui varie de 500 mètres à 1.500 mètres suivant les stations, puis il reste stationnaire dans une couche dont l'épaisseur est d'un millier de mètres, pour augmenter de nouveau plus haut. Ces résultats ne sont pas nouveaux. Ils ont été, à ma connaissance, mis en évidence pour la première fois par M. Fabrk, d'après des sondages exécutés dans les environs de Home. Le tableau suivant donne la vitesse moyenne du vent (en mètres à la loO MÉTÉOnOLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE seconde I à diverses altitudes pour plusieurs stations dépendant du Service de la .Météorologie maritime ; 0"' 2(MI"> 4(MI'" li(R)"> m)'" I.OUd'" I.ÔOO'" 2.000'" :iOI)0"' i.OOO'" .Miirquise-Rinfiil . . 4"', 4 O-n^O 7'", G 8"\2 8"',4 8"', 4 9'»,0 Qui C) 9'", 8 » Le Havre. . . 3'",5 5'M G"', 4 G'", 7 G'", 6 6'", 7 7'",3 « » » Rocheforl . . 2'", 7 G"' ,9 7'", 4 7i",l 6"",8 7"',o 7">,4 7'", 7 » » Bayonne . . . 3'»,3 4'",o 4'". 9 4"',9 4">,9 o"'.2 o"'.9 6"', 2 G'",8 9'",9 Cette. . . . . 4'", 4 6"', 5 7"', 2 7'",3 7'",6 8">,2 8"',G » ^■> » Cran. . . . . 3'", 8 5"S6 5'", G o"',4 o'",3 o"',.o 5"',9 6'»,8 9"', i 10'",9 Saint-Cyr. . . 3"',0 » w » » o''',G )) 5"',9 6'",6 7-",8 Nous avons montré qu'il fallait attribuer en partie l'allure de cette variation à la variation diurne (C. R. Académie des Sciences, 11 août 1919). n arrive en effet souvent que le matin le vent augmente de vitesse avec l'altitude entre 0 et 2.000 mètres, l'après-midi le vent diminue de vitesse, ou reste stationuaire, entre 0 et 1.000 mètres. Mais jnatin et soir beau- coup de sondages présentent l'inflexion signalée. On peut dire que sept sondages environ sur dix présentent cette allure pour les stations dont nous avons étudié les résultats. L'explication de ce phénomène est inté- ressante au point de vue de la structure du vent. Sans pouvoir présenter une explication définitive, je me permettrai de rapprocher de la variation de la vitesse du vent avec l'altitude les données acquises en hydraulique sur la loi de la répartition des vitesses dans la section d'un canal. <)n sait que les expériences de Bazin, de Ounninghain. d'HumpItreys et d\ibbot ont permis d'énoncer la loi suivante : « Sur une verticale, la vitesse maximum des filets d'eau ne se trouve que très rarement à la surface libre, mais elle se rencontre à une certaine distance au-dessous de celte surface. La loi de la variation des vitesses sur une même verticale est grossièrement représentée par une parabole à axe horizontal. » D'autre part, d'après certains travaux anglais et français, il parait hors de doute que le vent en l'air est en relation directe avec la distribution des isobares au sol {vent du gradient ou yeostrophic wind). L'étude de la variation du vent avec l'altitude montre que ce vent du gradient souffle dans une large tranche dont l'épaisseur peut atteindre un millier de mètres. Dans toute cette couche, la distribution moyejuie de la pression barométrique ne changerait donc pas avec l'altitude. Les documents nous manquent pour élucider ce point important de la dynamique de l'atmo- sphère. Quoi qu'il en soit, au point de vue pratique, il est intéressant pour l'aéronaute de savoir que le vent du gradient, qu'il peut inférer, en l'ab- sence de sondages aérologiques, de la carte des isobares au voisinage du sol, se rencontre sur une épaisseur assez graitde. Entre 500 mètres et l.oOO mètres, il n\v aura pas d'avantage au point de vue atmosphérique, sept fois sur dix, à voler un peu plus haut ou un peu plus bas. LABROUSTE — TREMBLEMENTS DE TERRE 151 M. DONGIER, Chef de service au Bureau central météorologique. DESCRIPTION DE L'APPAREIL QUI A ÉTÉ CONSTRUIT, SUR SES INDICATIONS POUR LE BUREAU CENTRAL MÉTÉOROLOGIQUE, PAR M. LEQUEUX, DE PARIS 533.42 : 629.10 n Juillet. Ce dispositif a été établi pour comparer aux étalons les baromètres destinés aux aéronefs; il permet de faire varier non seulement la pression, mais aussi la température, afin que la marche des instruments soit connue dans les conditions mêmes de leur utilisation. Les aviateurs auront ainsi à leur disposition des instruments étalonnés, dont les indications permettront de connaître, avec une précision convenable, les. altitudes atteintes en avion, par exemple lors des records d'altitude. M. LABROUSTE Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Strasbourg. RÉPLIQUES DE TREMBLEMENTS DE TERRE ENREGISTRES A STRASBOURG. 551.22 • 27 Juillet. On désigne sous le nom de répliques, les tremblements de terre de même origine se succédant à des intervalles de temps généralement petits. Il a été enregistré le 30 mai 1920 la réplique d'un tremblement de terre sur- venu le 29 mai. Les deux enregistrements présentent une analogie profonde, manifestant l'identité de foyer et de chemin parcouru par les ondes depuis ce foyer jusqu'à l'observatoire enregistreur. Il existe d'autres exemples remarquables d'une pareille identité; en particulier pendant les 15 et IG août 1916, a été enregistrée unesérie de onze tremblements de terre, dont sept au moins présentent une analogie très grande, parfois une identité presque parfaite. Parmi ces répliques se rencontrent des tremblements d'intensité très différentes. Il en résulte qu'un tremblement de terre est, malgré lexti^ême complexité des enregistrements, un phénomène parfaitement net, pouvant se reproduire semblable à lui-même, quelle que soit l'intensité du phénomène. lo2 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSlgUE DU f.LOlSE Celle constatation est illustrée par la présentation à MM. les Membres de la section d'agrandissements de sismogrammes enregistrés à Strasbourg. Malgré ridentité parfaite de certaines parlies des sismogrammes, il existe néanmoins des régions où les coïncidences sont mauvaises et où les sinuosités de Feni-egistrement sont plus ou moins altérées. L'étude de ces altérations peut contribuer à la connaissance de la genèse des ondes et des accidents dans la constitution du sol qui les ont fait naître, surtout sicelleétude est parallèlement entreprise par plusieurs ob.servatoires différents. M. Pierre LARUE, ingénieur Agronome, Docteur de l'Université de Paris, Gurgy près Auxerre (Yonne). POINTS DE VUE HUMAIN ET AGRICOLE DE LA CLIMATOLOGIE 551.56 : 63 27 Juillet. La classification générale des climats est ditlicile. Les ouvra,i;es de météorologie embrassent naturellement toutes les notions scientifiquement nécessaires. On peut arriver à des idées plus nettes et plus utiles surtout, suivant que l'on se place par exemple au point de vue de confortable, de l'hygiène humaine ou de l'agriculture. Point de vue du confortable. — La majorité des hommes s'enferment pour dormir pendant la nuit. Peu leur importe le temps qu'il fait au dehors. Si l'on vise donc l'agrément, le confortable et l'hygiène pour la défini- tion et la comparaison des climats, on doit éliminer les observations faites entre neuf heures du soir et cinq ou six heures du matin, soit au moins huit heures sur vingt-quatre ou le tiers. Pou importe que les nuits d'hiver soient froides à Nice si les jours enso- leillés et l'abri contre le vent du Nord y rendent agréable la journée, la courte journée d'hiver. Comparer les températures moyennes d'une autre ville à choisir comme résidence serait faux. Il en serait de même d'une comparaison de température sans tenir compte de l'humidilé, des durées d'insolation, de la direction du vent. Une température élevée sèche est mieux supportée que la même tempé- rature « humide ». Ce que nous disions du climat diurne s'applique au climat saisonnier. En hiver les lianes bien exposés de montagnes sont préférables aux I'. r.ARUE — CMMATOLOGIE * 153 vallées pour la résidence de l'homme. Si la moyenne de température y est plus basse, si la neij;e y tombe plus souvent et y séjourne plus longtemps — invitant du reste au luisn-, les brouillards y sont moins fréquents. C'est ainsi que les embrumés de la vallée du Rhin montent se réchaufîer au clair soleil dans les sites abrités et aménagés de la Forêt-Noire et des Vosges. Dans notre parallèle entre ces deux régions, nous avons présenté une photographie de la mer de nuages qui comble la vallée de Saint- Amarin. Points de vue agricole. — Si on envisage la production des plantes cul- tivées, la comparaison utile des climats ne peut guère porter sur les mois de novembre, décembre, janvier ou février, durant lesquels la végétation est suspendue. Il ne reste en terre que peu de cultures annuelles. On pourrait à la rigueur se dispenser des travaux agricoles si les loisirs des attelages et la sécheresse étaient suffisants en mars. Donc peu importent les moyennes annuelles si les sommes de tempéra- ture de printemps et d'été sont convenables et si des gelées intempestives ne surviennent pas trop tard au printemps et trop tôt à l'automne. Les Américains limitent leurs zones culturales par le nombre de jours compris entre ces deux gelées néfastes aux cultures. Même pour les plantes pérennes, les froids de l'hiver n'ont pas toujours une importance capitale puisque l'on couvre de terre les troncs des plantes délicates, comme la vigne. Toutefois les climats à hiver doux offrent l'avantage de permettre deux récoltes par an ou trois récoltes en deux ans comme sur les côtes de Bretagne. Dans les pays chauds et secs, c'est l'été qui constitue la période princi- pale d'arrêt agricole. La moisson s'y fait de très bonne heure. On y compte en réalité deux stades de suspension de la végétation. 11 y a lieu d'éviter de comparer les chiffres avec ceux de nos climats. On ne peut comparer que des choses comparables. — On sait combien la notion des climats maritimes et des climats conti- nentaux a d'importance en agriculture. Les moyennes diurnes même ne peuvent pas toujours servir à suivre l'évolution des plantes. Soient deux journées à moyennes égales. Si dans un cas il fait une température cons- tante (climat marin) et que cette température soit inférieure à celle nécessaire au stade de la végétation (par exemple maturité du raisin), celle-ci n'avancera pas. Si au contraire les nuits sont froides, mais les journées très chaudes (climat continental), la végétation profilera des quelques heures de chaleur pour s'arrêter ensuite, mais elle ne rétrogradera pas la nuit. Elle aura avancé d'un pas. Nous avons louché celte question dans notre étude sur le milieu physicpie de la vigne en Alsace (Revue Scientifique, 11 sep- tembre 1915). 154 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE Microclimats. — - Tout ce qui précède s'applique au climat où vivent l'homme et les plantes déjà élevées à un mètre par exemple. Mais au ras du soi, le climat est tout difït^nt. A l'abri d'une simple motte de terre, la température, l'humidité, la ventilation peuvent dilïérer considérablement des mêmes facteurs de l'atmosphère. C'est du reste ainsi que l'on explique l'utilité des mottes dans les labours d'automne. Même sur une surface unie, il y a parfois atténuation des variations de l'atmosphère, parfois exagération. Ainsi M. Sprecher a mesuré à Java une température de 07 degrés à la surface d'un semis. La température était encore de 47 degrés à la profondeur de 3 centimètres. La plantule vit donc pendant quelques heures au milieu de" la journée à la tiédeur d'au moins 50 degrés, elle l'atténue par absorption d'eau en profondeur. • Le sol constitue en effet un volant régulateur emmagasinant la chaleur, mais ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur cette question. Manquant de moyens d'étude, nous avons voulu seulement appeler l'attention sur la nécessité de perfectionner la science des climats dans l'intérêt des applications à l'hygiène et à l'agriculture, en comparant sui- vant les cas : les températures du lever au coucher {de Vhomme et non du soleil), les températures du printemps, de l'été et parfois de l'automne seulement, les dates des gelées tardives ou précoces, les variations diurnes de température estivale, les conditions agricoles ou humaines suivant les abris, depuis les montagnes jusqu'à la simple motte de terre. M. LE Professeur MATHIAS, Directeur de l'Observatoire du Puy-de-Dôme, Clerniont-Ferrand. LE RÉGIME DE LA PLUIE DANS LE COMTÉ DE KENT ET LA RÉGION FRANÇAISE DU PAS-DE-CALAIS 551.56 (42.23) (44.27) 27 Juillet. La géologie nous apprend que le détroit du Pas-de-Calais s'est creusé au commencement du quaternaire. Avant cette époque, il y avait contimiité ]»arfaite entre les falaises de Douvres et celles de la France et le régime de la pluie en fonction de l'altitude était, vu la faible variation de la lati- tude, le même dans le comté de Kent et les départements français qui lui font face de l'autre côté du détroit. Maintenant que celui-ci est creusé, on peut se demander si la coupure produite et le grand nombre des années écoulées depuis ont apporté une perturbation sensible dans le régime de MATHIAS LE REGIME DE LA PLLIE " '^'^' la pluie, ou fonction de l'altitude, identique de toute évidence à l'origine. C'est ce problème que nous allons essayer de résoudre. Nous utiliserons, à cet eflet, un travail anglais dû au service des ingé- nieurs de l'eau (The Inslitutioit of Waier Engineers), ou plutôt à son directeur actuel, M. Carie Salter, et intitulé : The relation of Ra in f ail to configuration. La planche I de cette publication montre, dans le sud-est de l'Angleterre, un noyau de stations pluviométriques très dense, au nombre de quarante, chacune étant désignée par un numéro. Quand on se reporte à l'Appendice, pp. 35-37, on trouve l'altitude en pieds et la hauteur de pluie annuelle moyenne en pouces. Un premier travail consiste a convertir les altitudes en mètres et les hauteurs de pluie en millimètres. Au point de vue français, nous avons naturellement utilisé notre travail sur La pluie en France. Quand on cherche les départements qui font face au comté de Kent, on trouve le Pas-de-Calais et la Somme, qui sont carac- térisés tous deux (voir p. 128) par lig — 1,2, ainsi que les Ardennes. Si on se reporte aux pages 27, 28, 29 du mémoire, on trouve, en appelant n le nombre des stations pluviométriques, k le coetlicient d'altitude et ho la la hauteur de pluie au niveau de la mer : n li lio Pas-de-Calais lU 1,2 674,4 Ardennes 20 1,2 655,0 Somme 10 1,2 " 643,1 . 40 moy. ziz 657,5 Une conclusion s'impose irrésistiblement : les trois départements fran- çais considérés constituent un ensemble homogène de quarante stations caractérisées par A- =i 1,2 et ho voisin de 657 millimètres. Le nombre des stations de cet ensemble étant précisément identique à celui des stations anglaises du Kent, on est dans les meilleures conditions possibles pour faire la comparaison projetée. Si le régime^ pluviométrique du Kent, en fonction de l'altitude, est l» même que celui des trois départements français susnommés, les altitudes du Kent n'atteignant pas 300 mètres, on devra avoir pour les stations régulières de ce comté h =: ho -\- kX, h étant la hauteur d'eau annuelle moyenne, en millimètres, d'une station, réelle ou virtuelle, d'altitude A (en mètres), ho et k étant les mêmes que pour les stations françaises de comparaison. Or, pour ces dernières, k z=: 1,2; on devra donc avoir aussi, pour les stations du Kent, k :r=; 1,2. Dès lors, l'équation précédente pourra s'écrire : h — l,2X=:ho. Autrement dit, en formant les différences {h — 1,2A) pour les stations anglaises et françaises, on devra obtenir des nombres pratiquement cons- tants ayant des valeurs moyennes rigoureusement identiques. C'est ce que montrent les deux tableaux suivants : 156 METEOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE Stations anglaises du Kent. N»» Stations A"- SO Dymchurch . 3,7 76 Hythe . . . 3,7) 53 Eatsbourne . . 3,7 116 Shoeburyness 4,0) 22 Bognor . . . . 4,6 129 Walmer . . 6,1 56 Emsvvorlli (Tlwirncy) . 7,0 91 Maidstone . . • 9,1^ 25 Brighton . . 9,8i 20 Birling Gap . 12,2 70 Gravesend. . 7,31 27 Buxted . . . 28,7 127 Venlnor . . 25,7) 105 Portslade . . 50,9 54 Edenbindge . 49,1) 130 Warbleton . 55,5 i 37 Cranleigh. . 53,3 52 Earlham . . 70.1 103 Palcham . . 63H } 44 Detling . . . 102,4 i 5 Alciston . . m,i} 11 Ash . . . . 164,6 i 99 Nutley . . . . 117,7 92 Malquoits . . 121,9 93 Maresfield. . 75,3) 58 Ewhurst . . . 182,9 i 107 Pyecombe. . 119,5) 34 Chipstead . . 167,6^ 122 Tottingwurth . 152,4 113.Selhurst . . . 91,4) 38 Crowborough 236,8 \ 137 Worlh . . . 170,1 19 Beplon . . . 168,9 ) 136 Willingdon . 182,6^ 101 Paddlesworlh . 186,5) 73 Harrietsham . 189,0^ 81 Lavington. . . 76,2] lOG Poynings . . . 2p7,3/ 77 IdeHill. . . 213,4 ( 24 Botley Hill . . 265,2) h — i,2A 3,8 9,5 20,6 52.3 82.8 108.5 129.1 143.6 164,1 175.8 187,8 190,5 672,9" 645,2 711,2 784,9} 662.1 490,2 660,4 . 657,9 678,2 616,7) 729,0 i 683,3 518.2 1 779,8 679,9 741.7 )■ 736,6 657,9) 797,6^ 741,7 749,3 807,7 706,1 861,0 685.8 \ 802,6 797,6 792,5 817,9^ 904 2 ) ^^/:: 839.5 774,7 \ 823,0 817,9) 891,5^ 873,7 939,8) 797,6^ 970,3) 800,1 \ 1018,5 727.8 756,9 773.4 805. 854,7 868.7 885,2 871, 2 I 779,8 ( 850,9 880.1 640 706 780 485 654 630 669 605 717 668 509 745 711 675 599 731 677 665 732 583 798 488 661 651 702 598 760 573 640 708 607 669 737 578 746 573 927 622 523 532 7 7 4 4 9 6 8 7 3 7 5 4 9 5 0} 0\ 7 9! 657,5 661,5 665.0 657.6 650.3 0] 2^ ,^| 643.2 4 3 2^ ?! 667.2 2 2) 3 6 2 ) ^657.9 o ] ^1 657.8" 3i 1 5 8 7 659,9 651,5 —0,3 Anomalie en mm. - A — 1,2A — 657,8 — 17,1 + 48,9 + 122,6 — 172,4 — 2,9 — 7,2 — 12,0 — 52,1) + 59,5 j + 10,9 — 148,3 655 . 6 - f- + + . 87.6 54,1 17,7 58,8 i 73,2/ 19,9 7,4 + 74,2) — 74,6^ -{- 140.3 ) — 169,6 1 + 3,6 — 6,5 -f 44 , 4 ) — 59,4 1 + 103,0) — 84,3^ — 17,6 + 50,4) — 50,5^ 11,8 79,4 79,3 88,6) — 84,5 i + 269,3 — 35,3 -134,0 — 125,1 + 4 + 3,7 -2,2 + 7,2 — 0,2 — 14,6 -7,5 + 9,4 0,0 0,0 + 2,1 —6,3 La valeur moyenne des différences {h — 1.2A) est 26311,3 40 657,8. Les stations du Kent sont, avec une grande perfection, représentées par la formule : (1) h = 657,8 + 1,2A. MATHIAS LE REGIME DE LA PLUIE 1S7 La dernière colonne donne des anomalies toujours inférieures à 20 mil- limètres et qui, la plupart du temps, sont inférieures à 10 millimètres, indiquant que les stations réelles et virtuelles du Kent sont remarquable- ment régulières. Les stations réelles régulières sonl au nombre de douze et leurs altitudes vont de 3'" 7 à 110'" 1. ' stations Boulogne (P.C. Nesle . . . Boulogne . Quend ... S''-Valery-sur-S Amiens(St.AgT Rue Saint-Riquier Moreuil . . . Forét-l'Abba^ye Gris-Nez (Sém. Sorrus . . . Péronne . . Doullens . . Tagnon . . . Asfeld . . . Chéhéry . . Vouziers . . Fumay . . . Guigny . . . Mapicourt-sur-C.ant'hf Attigny . . . Saint-Aignan Remaucourt . Charleville . Erquières . . Hucquelières Montliermé . Valhuon. . . Sedan. . . . Signy. . . . Mouzon . . . Saint-Marcel. Neuville-au-Boi Cari gn an . . Poix .... Gespunsart . Reuwez . . . Maiibert-Fontaino . A. Rocroy . . . Stations françaises. A" II"'"' h — 1.2 A 7 V 10 8^ 34 i 10 33 40 35 U 50 52^ 57 \ 96 66^ 143^ 97^ 120^ 100 I 132 ] 160 j 119^ 144^ 120^ 150 i 138 150 153 155^ 160^ 181 / 135 \ 165/ 187 \ 200 267/ 294^ 394 7, S 21 28,3 54,5 104,5 108,5 116 122 131,5 135 157,5 158 176 280, 5 075,0 615,9 I 735,3 i 683,0 692,7 I 637,8^ 691,3) 741,6 580,9) 682,5 » 728,8 654-,6| 760.5^ 742,1 634,3) 877,4^ 662,5; 926,7 j 935,6; 698,9) 662,4 948,9 740,8/ 845,9 ) 718,0 ; 989,3 \ 1047,65 840,8 812,0 950,4/ 736,3) 1148,5/ 562,6 ) €84,4/ 1104,4) 917,1 949,7; 1066,9 i 1181,8 675,6 " 665,3 671,3 707,6 756,0 794,6 817.3 805,7 7173,4 833.7 843,4 855,6 894,4 1008,3 667 607 715 671 683 597 679 699 532 640 668 592 692 628 553 703 546 782 815 -540 561 756 598 673 574 809 660 628 764 544 931 400 486 880 677, 629 714 659 3 '^'j 661,6 0 1 0 3 6 [637.3 9 640.1 6 2 J ' 642 2 1 8 I 630, 6 1/ 7) 6; 5) 6/ 9 0/ o; 3) » 8 4 4 ; 3(654,4 iî( 666,0 6) qJ 683,2 1 0 664,4 678,1 639, 3 633,6 691,7 Anomalie en mm. = A— 1.2A — 657.1 + 10,4 — 49.6; + 58,6) ^ ' + 13,9 + 26,0/ — 60,1 + 22,2) + 42,5 —19,8 — 124.2) — 16,6 — 17,0 14,9 + 11,5 — 64,9 I + 35,0) — 29,0 + 48,7) ' -ili,0) ,.0 -f 125,6) "^ ' -f 138,3; — 116,6^ — 95,5; + 99,8) — 59,1; + 16,0) - 83,1 ; + 152,2) Anomalie résiduelle + 3,7 — 28 ,.7 + 107,3; — 112,8) + 274,2, — 256,5 \ — 170,7; + 222,9) -f 20,0 — 27,8 + 57,0) + 1,2 + 21,0 -2,2 21,5 + 34,5 .9 7 + 9,1 + 20,1 + 14,6 ir>8 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE 24969, 7 La valeur moyenne des différences {h — 1.2Aj est = 657,1 Les trois départements du Pas-de-Cahiis, de la Somme et des Ardennes sont donc représentés par la formule unique (2) /i = 657,l 4- 1,2Â. La dernière colonne donné des anomalies qui ne dépassent 20 milli- mèties (jue dans un petit nombre de cas. Los stations réelles et virtuelles peuvent donc être considérées comme régulières. Les stations réelles régu- lières sont au nombre de 9 et leurs altitudes vont de 7 mètres à 394 mètres; si elles sont moins nombreuses que les stations anglaises analogues, leur altitude moyenne est beaucoup plus élevée. La même raison explique pourquoi les petites anomalies des stations réelles ou virtuelles régulières sont un peu plus grandes que celles des stations anglaises. La formule (2) peut être considérée comme pratiquement identique à (1). Il s'ensuit que le régime de la pluie, en fonction de l'altitude, peut être considéré comme pratiquement le même dans le Comté de Kent et dans les déparlements français du Pas-de-Calais, de la Somme et des Ardennes. MiM. LE Professeur Ch. MOUREU, Membre de l'Institut ET A. LEPAPE, Chef de Laboratoire au Collège de France. LES GAZ RARES DES GAZ NATURELS D'ALSACE ET DE LORRAINE (') • 54.629 : 622.322 27 Juillet. l. — Pour inaugurer l'étude systématique des gaz naturels français, particulièrement au point de vue de l'hélium, et faire suite aux recherches élendues que nous avons déjà publiées à ce sujet (gaz de sources thermales et grisous) (**), la Commission de l'Hélium, nommée par M. le Ministre de la Marine, en juin 4919, nous a chargés, il y a un an, d'examiner les gaz naturels d'Alsace et de Lorraine. A cet effet, l'un de nous s'est transporté en Alsace- Lorraine faoùt 1919), (•) Cette étude a été présentée aux sections de chimie, de météorologie et de géologie réunies. (**) Ch. MoiREu. Recherches sur les gaz rares des Sources Thermales, \Journ. de Chimie-Pliysiqùe, t. XI, j). 63, 1913). Ch. MouREU et A. Lepape. Les gaz rares des grisous [Aiinales des Mines, mai 1914, ou Annales de Chimie, 1915 et 1916). MOUREU ET LEPAPE — LES GAZ RARES 159 pour visiter tous les gisements présumés de gaz naturels (*) et prélever très soigneusement des échantillons qui ont été ensuite étudiés à Paris, à notre laboratoire du Collège de France. Nous avons pu ainsi étudier sept échantillons de gaz naturels qui offrent une très grande variété d'origine et de composition, car on y rencontre : 1° Trois gaz de pétrole (Péchelbromi).; 2° Un gaz de mine de potasse (Fosse Théodore) ; 3'^ Un grisou (Mines de houille de Saire et Moselle) ; 4° Deux gaz spontanés de sources minérales, dont l'un très riche en azote (Niederbronn), et l'autre très riche en anhydride carbonique /^Sou/Z-s- matt) (**j. II. — Chacun de ces gaz a été recueilli, par déplacement d'eau, dans un flacon de verre sur cuve à eau formée soit par de l'eau native (grisou, gaz de sources minérales), soil par de l'eau ordinaire préalablement satu- rée de gaz naturel. Des difficultés particulières ont été rencontrées pour [•relever le gaz des mines de potasse. Dans ce cas, le dégagement gazeux, consécutif au forage d'un trou de sonde d'environ trois mètres de profon- deur, est souvent très fugitif. Après une dizaine d'essais infructueux, un forage a fourni un dégagement gazeux qui s'est maintenu sous pression le temps suffisant pour recueillir environ l.oOO centimètres cubes de gaz rigoureusement exempt d'air (***), III. — Nous avons soumis ces gaz à une analyse complète, dont l'objet a été de déterminer les proportions d'anhydride carbonique, de gaz com- bustibles (****), d'azote, d'argon et d'hélium, et de caractériser, par leurs spectres, le néon, le krypton et le xénon. La dessication du gaz, ainsi que la détermination directe de l'anhydride carbonique, des gaz combustibles, de l'argon et de l'hélium (et la carac- térisation du néon, du krypton et du xénon) sont effectuées sur le même C } Le programme de ceUe tournée a été dressé d'après les indications que nous ont fournies M. SchUimherger, Directeur des Mines iV Alsace- Lorraine, M. Couraii, Ingénieur des Mines à Strasbourg, M. Behigou, Ingénieur des Mines à Mulhouse eX M. de Retz, Directeur général technique des Mines sous séquestre, à Mulhouse, à qui- nous adressons tous nos remerciements. 1**1 M. Lepape a visité presque toutes les stations thermales d' Alsace-Lorraine : SouHz-les-Bains, Morsbronn, Ilibeauvillé, Chatenois, Reipertsweiler, Wattweiler, \ieder- hronn et Soulzmatt, mais ce n'est qu'à ces deux dernières stations qu'il a pu constater un dégagement gazeux appréciable aux sources. (**'j En général, le prélèvement des échantillons de gaz a été délicat, mais il a tou- jours pu être effectué très correctement, grâce aux concours très dévoués que nous avons trouvés sur place. 11 nous est agréable de remercier ici tout particulièrement : M. Paul de Chamhier, Directeur général, et MM. Bougeât, Dumas et Haas. Ingénieurs des Mines de pétrole de Péchelbromi: M. Bucherer, Directeur de la Mine de potasse Amélie; M. Kissel, Directeur, et iM. l'Ingénieur de la .Mine de potasse Théodore: M. Vouters et M. Delaglière, Ingénieurs des Mines de houille de' Sarre et Moselle et M.M. les .Maires de Niederbronn et de Soullzmatt. ■ (***") Nous n'avons effectué qu'un dosage global des gaz combustibles, mais ces der- niers sont principalement ou totalement constitués par du méthane. 100 MÉTÉOROLOGIE ET ['HVSIQUE DU GLOBE échantillon de gaz et dans un appareil unique, d'où ie gaz, une fois intro- duit, ne sort plus. L'oxygène est reconnu et mesuré sur la cuve à mercure, au moyen d'une solution de pyrogallate de potasse, soit sur le gaz brut, soit sur le résidu obtenu après ébmination de l'anhydride carbonique. L'appareil, tout en verre coudé, qui nous a servi pour ces délicates expériences est basé sur le même principe que ceux utilisés pour nos recherches antérieures (*). Il comprend essentiellement une trompe à mercure à une chute dont l'extrémité intérieure peut s'engager sous une cloche barométrique à robinet. Entre la cloche et la trompe, on dispose les tubes à réactifs destinés à éliminer, par formation d'un composé solide non volatil, un ou plusieurs des composants du gaz traité. L'ensemble de l'appareil constitue un circuit fermé permettant de réaliser une circulation continue du gaz sur les réactifs, jusqu'à absorption intégrale des compo- sants à éliminer. Nous avons réuni sur le même appareil plusieurs circuits destinés : i° A la dessication du gaz, .par l'anhydride phosphorique ; 2" A Télimination de l'anhydride carbonique, par la potasse solide; 3" A l'élimination des gaz hydrocarbonés, par combustion sur l'oxyde de cuivre et absorption de l'anhydride carbonique et de la vapeur d'eau formés par le potasse solide et l'anhydride phosphorique; 4° A l'élimination de l'azote, par fixation sur le calcium métallique chauffé au rouge ; 5° Au fractionnement des gaz rares, au moyen de charbon de noix de coco refroidi. Le volume du gaz est mesuré avant et après l'élimination de chacun des composants. Après l'élimination chimique successive des gaz ordinaires de l'échan- tillon de gaz naturel de 200 centimètres cubes environ d'où nous partions généralement, il n'est fréquemment resté qu'un résidu de gaz rares s'éle- vant à quelques dizaines de millimètres cubes, ou même, à quelques millimètres cubes. Nous avons pu cependant mesurer ces faibles volumes, grâce à un dispositif très simple, imaginé par M. Lepape, et qui comprend une jauge de Mac Leod dont le tube manométrique porte une trompe à mercure (**j. Après leur mesure et la vérification spectrale de leur pureté, les gaz rares sont traités par 0^'',! de charbon de noix de coco refroidi dans l'oxygène liquide ( — 184°). Dans ces conditions, l'argon, le krypton et le xénon (gaz lourds) sont intégralement absorbés et il ne reste, à l'état gazeux, que l'hélium et les traces de néon qui l'accompagnent (gaz légers). En réchaulfant ensuite (*) Loc. cit. (**) Nous avons été très intelligemment aidés dans ces laborieuses et délicates expé- riences par M. M. Geslin, que nous remercions ici bien cordialement. MOUREU-ET LEPAPE — LES GAZ RARES 16Ï progressivement le charbon, on peut mettre en évidence, clans la dernière portion d'argon qui se dégage, les raies principales des spectres du kryp- ton et du xénon. . " • IV. — Les résultats de nos expériences sont réunis dans le tableau suivant, nous les traduisons en exprimant la composition centésimale, en volumes, des gaz bruts secs que nous avons étudiés (nous y ajoutons l'air atmosphérique à titre de comparaison) : Tableau I. Composition centésimale, en volumes, de quelques gaz naturels d'ALSACE-LOBRAlXE ORIGINE DATE de PltÉLÈ- VEMENT Anhydride cai- lionii|!ie OXYGÈXE 0^ GAZ comlius- lihles ■ AZOTE N-^ G. EN BLOC iZ RA ARGOX \_ traces de Kryplnii et de Xénnii RES HÉLIUM + traces de Xeon I. — Mines de jjélrols de l't'rhelhronn. 1" Puits no 1 (souf- tlard) 2/8/19 traces néant 98,40 1.B6 0,040 0,032 0,008 2° Sondage n" 2141. 1/8/19 traces néant 98,98 1,00 0,020 0,017 0,003 3" Source thermale (-•') . t/8/19 26.03 néant 6,77 63.31 1.87 0,78 1.09 II. — Miite.s de potasse de Mulhouse. 1° Fosse Théodore . 6/8/19 0,60 néant 96,67 2,69 0,038 0.0294 0,0087 III. — Mines de houille de Sarre et Moselle. 1« Puits n° rs (souf- tlai'd) D/8/19 0,67 néant 98,26 1,047 0,018 0,0156 0,0023 IV. -- Sources miné- rales. i° Niederbronn. . . 3/8/19 o,16 néant néant 92.15 2,69 1,01 1,68 2'^Soulzmalt (source communale) . . . b/8/19 96,16 0.12 iiiiiirei'li. 3,71 0,011 0,0104 0,0006 Air atmosphérique. . 0.0003 20,99 0,0001 78,03 0,933 0,933 0.00235 (dont 0.00181 de Néon) (*) La composition de ce gaz a été Séjà déterminée, en 1912, par E. Cz-al^o, qui a trouvé : CO'- : 47,75 0/0; 0'^ : 0,10 0,0; CH* : .5,(j.3 0/0; N'^ (+ Ar?) : 46,1 0/0; He : 0,38 0/0. Nous ne nous expliquons pas les divergences importantes que ces résultats présentent avec les nôtres. J62 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE A notre demande, M. de Chambrier, Directeur général des Mines et Usines de PécheJbro/m, a fait mesurer le débit gazeux du sondage n^ 2141 et celui de la Source Thermale de ces Mines; d'autre part, on estime, aux Mines de houille de Sarre et Moselle, que le volume de grisou extrait par le ventilateur est de un mètre cube par secontie. En combinant les nombres obtenus pour les débits de ces gisements gazeux avec les propor- tions de gaz rares indiquées dans le tableau précédent, on obtient les résultats suivants pour les volumes de gaz rares dégagés annuellement : Tableau H. Débits gazeux en mètres cubes, par an. ORIGINE (a/. XATIKEI, ARGON HÉLIUM I. — Mines de pétrole de Péchelbronn. 10 Sondage n" 2141 2° Source thermale. II. — Mines de tiouille de Sarre et Moselle 47.813* 3.304 31.336.000 8 27 4.800 1.4 37.0 723 (*) Il est pratiquement impossible d'évaluer le débit annuel exact d'un déga- gement gazeux aussi variable que ccUii fourni par un giscmeat de ce genre, aussi les chiiîres que nous indiquons ne peuvent-ils représenter que l'ordre de grandeur. V. — Des données précédentes découlent des enseignements qu'il est intéressant de dégager et que la comparaison avec les résultats analogues obtenus par nous antérieurement mettra pleinement en relief. Nos études antérieures ont porté sur soixante-dix gaz de sources miné- rales, un gaz volcanique et cinq grisous. On peut résumer ainsi les faits qu'elles établissent (*) : 1° Dans tous les mélanges gazeux naturels, ou rencontre, sans exception, et quel qu'en soit le constituant principal (azote, anhydride carbonique, méthane) ou l'origine (air atmosphérique, gaz de source minérale, gaz volcaniques, grisous, etc.), l'azote et les cinq gaz rares : hélium, néon, argon, kryjjton et xénon. {*! Nous renvoyons, pour plus de détails, à nos publications générales, déjà citées. MOUREU KT LEPAPE — LES GAZ RARES 163 2° L'oxygène est généralement absent, lorsque le gaz a été soigneusement recueilli. Cependant nos recherches antérieures et des expériences toutes nouA'elles et encore inédites nous permettent d'affirmer que Voxijgéne fait certainement partie intégrante des gaz thermaux très riches en anhydride carbonique. 3" Au point de vue quantitatif, les proportions des gaz rares dans la composition centésimale des gaz naturels varient dans de très larges limites (depuis 0,01 0/0 jusqu'à 10,88 0/0 à Santenay, Source Lithium) et les deux plus abondants sont toujours l'argon et l'hélium. Mais, alors que nous n'avons jamais rencontré de gaz naturel contenant notablement plus d'ai'gon que l'air atmospliérique, les teneurs de certains gaz de sources thermales en hélium sont souvent énormes (jusqu'à 10,16 0/0 à Santenay, Source Lithium) (*). 4" Nous avons même constaté une curieuse concentration géographique, et probablement aussi géologique, des sources thermales riches en hélium : celles-ci se groupent sur une bande relativement étroite du territoire français, orientée sensiblement S.-O.— N.-E. et dont l'axe passe par les villes de Moulins, Dijon et Vesoul (**). Certaines d'entre elles (Néris, San- tenay, Bourbon- Lancy) qui dégagent de 10 à 34 mètres cubes d'hélium par an, à la concentration de 1 à 10 0/0, constituent de véritables gise- ments d'hélium, susceptibles d'exploitation industrielle. 3° Si l'on envisage Vazote brut (azote et gaz rares) des gaz naturels, on constate, aux points de vue qualitatif et quantitatif, une uniformité de composition hautement significative. Partout l'azote brut présente la même composition : azote, hélium, néon, argon, krypton et xénon, avec prédo- minance importante de l'azote, puis de l'argon ou de l'hélium et propor- tions négligeables de néon, de krypton et de xénon. Bien plus, si l'on calcule les rapports argon-azote, krypton-argon, xénon-argon et xénon- krypton, il se dégage de la comparaison des résultats une loi de constance absolument générale : chacun de ces rajiports est sensiblement constant et très voisin, mais généralement un peu plus élevé, dans les gaz naturels que dans Vair atmosphérique. En outre, les rapports entre Chéliuni, d'une part, et, d'' autre part, l'azote, l'argon, le krypton et le xénon, sont variables et tout (I fait irréguliers, et cela quelle que soit le catégorie du mélange gazeux (gaz de sources thermales, grisous, etc.). Si, par exemple, nous considérons le rapport hélium-argon et que nous prenions pour unité sa valeur pour l'air atmosphérique, nous avons trouvé qu'il varie, dans les gaz naturels, entre 7,49 {Grisy, Source n°2) et 31.095 (Grisou de Mons). (*) Devant l'argon et l'hélium, les proportions de krypton et de xénon sont toujours €t les proportions de néon presque toujours, négligeables. (**) Cil. MouREU et A..LEPAPE, C. R. t. 155, p. 197, 1912. 'J64 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE La constance des rapports que présentent entre eux ces quatre gaz : azote, aryon, krypton et xénon dérive selon nous : a) du fait que ces élé- ments sont toujours restés libres, parce que chimiquement inertes (dans les réactions géologiques l'azote se comporte comme un gaz pratiquement inerte) et gazeux entre de larges limites de température et de pression ; b) de l'hypothèse très vraisemblable de Vuniformité approximative de leur distributio7i dans la nébuleuse génératrice. du système solaire. Au cours de l'évolution continue de la Terre, à partir de la masse ^î^zeuse incandes- cente initialement homogène d'où elle provient, tandis que les autres éléments contractaient des combinaisons mutuelles, les gaz rares et l'azote sont demeurés libres et leurs rapports quantitatifs réciproques, dans l'atmosphère externe du globe, comme dans les mélanges gazeux souter- rains qui furent emprisonnés ou occlus dans les roches de l'écorce au moment de sa solidification, n'ont pu être altérés que par des actions phy- siques {diffusion, occlusion, dissolution, etc..) relativement peu impor- tantes. Quant à l'exception à cette loi présentée par lliélium, elle découle nécessairement du fait que ce gaz est l'un des résidus inertes de la désinté- gration des corps radioactifs et que ceux-ci, quoique partout présents, sont très inégalement répartis dans l'écorce terrestre. VI. — Les nouveaux résultats que nous apporte l'étude des gaz naturels (ï Alsace-Lorraine viennent confirmer en tous points les conclusions déduiles de nos recherches précédentes, et, à cause de la variété de leur origine et de leur composition, ils élargissent singulièrement la base expéri- mentale de la loi de constance de composition qualitative et quantitative de Vazote brut des gaz naturels que nous venons de formuler. Dans chacun de ces gaz, en effet, nous avons rencontn'' l'azote et les cinq gaz rares C^) et dans un seul d'entre eux, précisément celui qui est très riche en anhydride carbonifjue (Soultjzmatt), nous avons trouvé de l'oxygène. ^"ayant pu doser, jusqu'ici tout au moins, le krypton et le xénon, nous ne pouvons calculer toute la série des rapports indiqués ci-dessus. En voici cependant deux : argon-azote et hélium-argon, qui résultent de nos déterminations; les rapports correspondants dans l'air étant pris pour unité : I*) Avant nous, riiélium et le néon avoient lIi'; mis en évidence dans le gaz de la mine de potasse de Leopoldshall (0,17 0/0 He), par Erdmann (Kali, IV, p. 137; 1910) et dans les gaz de pétrole de Péchelbronn , par E. CzaJco fBeitr'àge zur Kenntnis naturlicher Gas- ausstramûngen , Karhruhe, 1913). MOUREU ET LEPAPE — LES GAZ RARES Tarleau m. 16o ORIGINE Ar/N- (Gaz) Ai"/N-^ (Air) He/Ar (Gaz^ He/Ar (Air) I. — Mines de pétrole de Péchelbronn. 1" Puits nM (sou (ïlard) . 2° Sondage n" i'141 3" Source theriïialc 1,68 1,44 1 0,91 1,25 G. -916 2.48 457 288 2.394 515 . 257 2.869 9,5 If. — Mines de potasse de Mulhouse. 1° Fosse Théodore III. — Mines de houille de Sarre et Moselle. 1" Puits 11° 5 (soullïard) I\'. — Sources minérales. 1" Niederbronn 2° Soultzmatt (source communale). ., . . . Le rai)porl argon-azole ne varie qu'entre 0,9 et 2,48, nombres compris entre les limites extrêmes (0,64 — 2,85) précédemment trouvées. Nous pouvons donc dire que la loi de constance (qui n'est qu'assez approxima- tive pour le rapport argon-azote) est ici vérifiée. Quant au rapport hélium- argon, il est, comme on devait s'y attendre, très variable; il oscille entre 9 et 2.869. Ces considérations nous permettent d'étendre aux gaz étudiés, et parti- culièrement aux gaz de pétrole de Péchelbronn, aux gaz des mines de polasse et au grisou de Sarre et Moselle, une conclusion déjà formulée à propos des grisous que nous avons examinés autrefois (*), à savoir : que l'azote de ces gaz riches en gaz hydrocarbonés ne sauraient avoir une origine organique, c'est, selon nous, de cet azote brut disséminé partout dans l'écorce terrestre et dont l'origine (sauf pour une partie au moins de l'hélium) doit remonter jusqu'à la nébuleuse génératrice du système solaire. Quant à l'hélium, nous pouvons remarquer que les rapports hélium- argon peuvent se grouper en deux séries dans chacune desquelles la variation est faible : a) les deux rapports 2.394 et 2,869 (source thermale de Pik-helbronn et source de Niederbronn) ; 6) les rapfx^rts compris entre 2o7 et ol5 (autres gaz, sauf SouUz-malt). Or, les deux rapports élevés caractérisent des gaz d'origine profonde (la (') Ch. MouREU et A. Lepape : Les gaz rares des grisous [Loc. cit.). 166 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE source thermale de Péchelbrotin a été rencontrée, dans un sondage, à la profondeur de 940 mètres) (*), tandis que les rapports compris entre 2o7 et 515 sont relatifs à des gaz dont le gisement est situé entre 200 et 550 mètres de profondeur (**). Quoi qu'il en soit, les gaz des sources de Péchelbronn et de Nîederbron» se rangent parmi les gaz riches en hélium et il serait intéressant de rechercher si, au point de vue géologique, ils ne présentent pas quelque afïinité avec les autres gaz français riches en hélium. Le gaz de la source thermale de Péchelbronn, à cause de sa haute teneur en hélium et de son débit abondant, peut fournir pins de 100 litres d'hé- lium par jour, et à ce point de vue, il mériterait sans doute d'être exploité industriellement. M- LE PROFCSSRUR ROïHE, Stpasboura. ORGANISATION DU SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE RÉGIONAL DALSACE ET LORRAINE 551.59 \!\?,Ah, 27» Juillet. Le service météorologique d'Alsace et Lorraine (anciennement meteoro- logisches Lande sanstalt) est actuellement rattaché à la Faculté des Sciences de l'Université de Strasbourg et fait partie intégrante de l'Institut de physique du globe de cette université. La station principale est à Strasbourg, provisoirement dans un local loué, quai de la Forte-de-i'Ill. C'est un véritable observatoire muni des instruments d'observation de tous les éléments météorologiques soit à lecture directe, soit à inscription; parmi les observations journalières qui y sont faites il y a lieu de citer celles de la température du sol à quatre profondeurs 0"',30, 0'",60, 0'",90, 1"S20, et de la température de l'eau de rill. La station est munie d'un pluviomètre enregistreur. Deux stations annexes lui sont rattachées, celle de l'observatoire astro- nomique pour les mesures de température et d'insolation, celle de la cathédrale de Strasbourg pour la nébulosité, la température et l'anémo- métrie. Le poste de la cathédrale joue un rôle dans la météorologie générale ; l'anémomètre est au sommet de la llèche à 140 mètres au-dessus du sol; c'est donc une station du genre de la Tour Eiffel et tout indiquée pour (*) P. DE Chambrier : Historique de Péchelbronn (Libr. Attinger, Paris, 1919). (**) Cette relation, qui n'est peiit-êti-e pas fortuite, ne saurait être regardée comme générale; ainsi, pour les- grisous de Liéviii, Anzin, Lens et Mom, dont les gisements soi^t voisins et situés à la même profondeur (500 mètres), le rapport précédent vai-ie de 15 à 31.095 (Ch. Mot Ri:r et A. Lepape, loc. cit.). Il est cependant naturel de penser que des sondages profonds (1.000 mètres), effectués dans la région de Péchelbronn-Niederbronn, auront chance de donner issue à des déga- gements gazeux riches en hélium. ROTHK — ORGANISATION DU SERVICE MÉTÉOROLOGIQUE 167 les comparaisons de vitesse du vent aux diverses altitudes. Elle vient d'être rétablie après plusieurs mois d'interruption. C'est à Strasbourg, à la porte de l'IU, que se trouvent les bureaux du service, dont le personnel comprend, outre le directeur, professeur de physique du globe à la Faculté des Sciences et le sous-directeur, maître de conférences de météorologie, un assistant qui est classé parmi les prépara- teurs de la Faculté des Sciences, un calculateur qui remplit aussi le rôle d'observateur à la station principale, une calculatrice qui est aussi chargée du service de réception des radiolélégrammes, un garçon de laboratoire; une sténo-dactylographe qui consacre seulement au service une partie de son temps. Ce personnel est nécessaire pour coliationner et vérifier les observations des stations d'Alsace-Lorraine et procéder aux calculs de moyennes et préparer les publications. Le service comprend en outre des stations de première classe (1) où l'on fait toutes les observations directes et qui sont en outre munies d'enregis- treurs, des stations de second ordre (2) qui ne sont pas munies d'enregis- treurs, des stations de troisième ordre (3) où on ne fait pas les lectures du baromètre. Toutes ces stations portent le nom de stations « météorologiques » par opposition aux stations pluviomélnques (4) dont il existe un réseau serré. Dans le tableau ci-dessous les stations sont réparties par bassins et chacune d'elles est alfectée d'un numéro qui indique sa nature; les stations météorologiques sont en outre écrites en italique. A cette liste il convient d'ajouter les, stations pluviométriques de la Société industrielb de Mulhouse. Les stations météorologiques et pluviométriqnes en Alsace et, Lorraine, réparties par bassins. Rhin : Salzlecke 4, Neuf-Brisacli 4, Brumbach : Dachs hûbel 4. Khinau 4, Pont de Kelil 4, Breit- Sdtzbach: Sellz 4. lach 4. Lcîulerbourg 4, Sirasbourg Sauerbach : Oh^rha^ÛiAod. , o • . r.- , Canal de la Marne au Rhin: Lulzel- Lutzd: Sauil-Pierre 4. j^^^^^^g. ^^ j^a-arde 4. ///: Wolschwiller L Colmar 2, Stras- ^.^^^^,, Wolfenhulle 4, Zinswiller 1. bourg 1. ,, , , , r. i , ^ , , ni ' m ■ \\r le i^ f r. Schwavzbach : Erlenmoos 4. CanatduRhôneau Rhin:M;o\ievsaorii, ^ , r. , ; /- i, h a Mull.ouse écluse 4, Mulhouse lycée 1. Thur et Lauch: Ballon de Guebwiller Z. Botter : Lac d'Alfeld 3, Sewen 4. Eichet-Sarre : Neumalt 3. Thur: Wildenstein 4, Oderen 4. Sarre: Carlsthal 4, Scuregue mines 2, , , . , Longevitle 4, Abreschwûler 3 (Sarre W eiss : Lapoutroie 4. rouoe) Fechl: MUllacli 4, Lac Noir 4, Saint- ^^^^^^^^ ^[^^ homllères : Remelfing 4, ^'^^•^^ *• Mittershcim 4. L'ber : Peut-Haut 4. ^.^^ . p^^^lquemonl 4. Andlaubach : Melkereilelsen 3. ^^^^^^_^ .^^, Lorraine : Gondrexantie 2. Strenijbach : La Pépniière 4, Aul)ure 4. j;^,g//^. ^^s 4, Vevmerange 4, Metz i. Bruche: Weissenberg 4, Rothau 2, 'Soxéani i, Iluul-Sierck 3. Ec]v].olsheim4, Ergersheim 4. pj^.^^^ . ^^ oiacimont 4. Mossig : Bischollàger 4. ^ .^^ . c^eulzvvald 4. Eberbach: El)erbach 4, Schwarzlach 4. p^tite-Sedle : Toussaint 4. Moder: Herrenwald 4, Drusenheim 4. 168 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE Ce service d'Alsace et Lorraine forme un loul; il a son budget propre et ce qui le distingue des services similaires existant en France, c'est que ses agents sont rémunérés. Ainsi les agents des stations météorologiques touchent suivant leur ancienneté ei aussi l'importance des services rendus des sommes qui varient de loO francs à 400 francs par an. Les observateurs des stations pluviométriques touchent 75 francs par an. Quelques-uns sont d'ailleurs rétribués par leurs administrations: ce sont ceux des Ponls et Chaussées et des Améliorations agricoles. Je me plais à reconnaître que le service météorologique trouve en Alsace et Lorraine un bienveillant appui auprès de tous les services publics au premier rang desquels il y a lieu de placer l'Administration des eaux et forêts : les agents de cette administration qui nous prêtent un concours aussi habile qu'assidu • sont nombreux dans le service. Récemment, ayant voulu organiser un réseau pour l'observation des orages, j'ai fait un appel dans les journaux et ai demandé à MM. les Préfets et Chefs d'administration le concours d'observateurs de bonne volonté. De nombreux forestiers ont répondu à cet appel ainsi (jue des instituteurs, qui seront ainsi, comme à l'intérieur de la France, intéressés au service météorologique, ce qui n'avait pas lieu autrefois. Avant la guerre, le budget d'Alsace et Lorraine consacrait à ce service 32.000 marks; si on considère que chaque pays ressortissant de l'empire alle- mand possédait un service analogue, aussi bien ou mieux doté, on peut se faire une idée de l'inqDortant effort que l'Allemagne avait fait en faveur de la météorologie. Avec les diflicultés actuelles, l'augmentation du prix des instruments, des. transports, des impressions et publications notre situation est moins brillante et il est indispensable que les crédits ne nous soient pas marchandés dans Tavenir. C'est seulement ainsi qu'on pourra apprécier Jes services que peut rendre une organisation reijionale. Le premier de ces services, c'est l'envoi quotidien d'avertissements aux communes. C'est le sous-directeur du service qui effectue le plus souvent les prévisions: il n'a actuellement à sa disposition pour ce travail que les dépêches envoyées par nos stations de Metz et de Mulhouse (les communi- cations téléphoniques du Grand Ballon seront procliainement rétablies) et surtout les radiotélégrammes'recueillis et traduits par la calculatrice. Ce n'est guère que sur les radiotélégrammes (}ue l'on peut compter aujour- d'hui (*) : M. le Directeur du bureau central météorologique veut bien adresser tous les jours à Strasbourg un télégramme spécial contenant les observations des principales stations européennes; mais le plus souvent il ne nous parvient que dans Taprès midi alors que la prévision locale faite à 11 heures est expédiée. Avant la guerre le service recevait de la Seewarte de Hambourg plusieurs télégrammes par jonr. Il serait désirable qu'une réforme de nos communications télégraphiques fût promptement réalisée et nous mît à même d'effectuer nos prévisions dans des conditions .|)lus avantageuses. La prévision est faite pour quatre régions: Jura, Haut-Rhin, ROTHI-: — OKGANISATION DU SERVICE MÉTÉOUOLOGIQUE 169 Bas-Hhin, Lorraine. Le plus souvent, la prévision est la même pour les quatre régions ; mais, dans des cas particuliers, des télégrammes spéciaux peuvent être nécessaires. La prévision est téléphonée au bureau télégrapliique de Strasbourg qui [trocède à Tenvoi de télégrammes aux communes abonnées et qui actuelle- menl paient au bureau télégraphi(iue une redevance semestrielle de "10 francs pour la période s'étendant du 1^'' mai au 31 octobre; ce n'est là qu'une faible dépense. Mais les maires des communes étaient habitués à recevoir sous l'occupation allemande ce télégramme gratuitement; Pan dernier cjuatre seulement s'abonnèrent. Cette année il y a une ipiarantaine d'abonnés et il nest pas douteux que l'an prochain la plupart des maires accepteront sans protester davantage la réglementation nouvelle. Le service pul)l!e chaque mois un résumé dans la Correspondmiee de Strasbourg, dans le Bulletin de Statistique d'Alsace et Lorraine et dans celui de V Office municipal. Chaque année il publie im important annuaire contenant le détail des observations des stations, ainsi que les moyennes mensuelles et annuelles. Travaux spéciaux. - La station principale de Strasbourg est équipée pour le lancer des ballons-sondes et des ballons-pilotes. Elle collaborera aux ascensions internationales dès que ces ascensions seront de nouveau orga- nisées. En outre l'Institut de physique du globe a entrepris l'étude détaillée des orages et des expériences seront entreprises sur leur radiogoniométrie: les résultats acquis jusqu'à présent permettent d'espérer qu'on pourra définir la direction et la marche des orages. Le service d'Alsace et Lorraine réalise en résumé ce que demandent un certain nombre de météorologistes français, la réunion de plusieurs com- missions départementales par région. Cette idée est combattue par d'autres savants qui préfèrent la centralisation. Ce n'est pas à moi qui ai l'honneur de diriger le seul service régional existant à prendre parti. Mais j'émets le vœu que le fonctionnement de ce service d'Alsace et Lorraine soit sérieu- sement étudié dans ses détails et que ses résultats en soient discutés dans rinlérêt général du pays. {* } J'ai [Hi réunir el installer dans ce but, grâce au bienveillant concours de M. le général Ferbié, un abondant matériel moderne de radiotélégraphie. 170 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQL'E TU GLOBE M. J. STEÏB, Professeur au Lycée Fustel-de-Conlanges, Strasbourg. LES APPLICATIONS DE LA BALANCE D'EÔTVOS A LA GÉOLOGIE, EN PARTICULIER A LA RECHERCHE DU PÉTROLE. 622 — 19 — 223 Ti Juillet. Sur la proposition de réminent président de notre Section, iM. le Profes- seur Rot/lé, je me permets de vous donner un résumé des applications de la balance d'Eotvos à là géologie. Je sollicite votre indulgence, si je ne puis vous présenter des résultats nouveaux ou décisifs; voilà trois semaines que je m'occupe de la question, et il va sans dire que ma compétence soit limitée par les quelques ouvrages publiés là-dessus qui se trouvent dans la bibliothèque de Vlnst'Uut de Physique du Globe. L'appareil à'EoWos est une balance de torsion, composée d'une tige horizontale légère suspendue à un fil très fin. Les masses sur lesquelles agissent les forces d'attraction sont 'fixées aux deux bouts de celle-là, soit dans le même, soit dans différents niveaux. Les déviations sont mesurées par la méthode de Poggendorff. Je n'insisterai pas sur la théorie mathéma- tique, qui est basée sur la théorie du potentiel. Il est clair qu'une barre suspendue à un fil sans torsion nous ferait connaître, par sa direction et ses oscillations, le siège et la grandeur d'une m.asse troublante, mais il est non moins évident qu'un tel fil de suspension n'est pa3 réalisable, que l'élasticité de torsion ne reste pas absolument constante, que le moindre courant d'air, produit par des dilférences de température dans la cage qui abrite l'instrument, et d'autres influences faussent les indications très sensiblement. Et, en effet, le physicien hongrois a dû surmonter bien des diflîcultés d'ordre technique, particulièrement pour éviter les erreurs causées par l'inconstance des températures. Ce que nous permet de déterminer l'instrument, c'est le gradient du potentiel et sa direction en un point donné, donc les variations de Finten- sité de la pesanteur, et ceci avec une sensibilité surprenante. La balance réagit sur des attractions de l'ordre du cent millionième de dyne et permet de mesurer des différences d'un à deux millionièmes dans la valeur de g. Une détermination précise du champ de gravitation terrestre est naturel- lement du plus haut intérêt pour la géodésie. Je citerai principalement les expériences qui ont pour but de reconnaître la figure de la Terre. Il est vrai que, dans ces sortes de mesures la balance de torsion ne remplacera jamais les pendules, mais elle complétera et confirmera leurs indications. Son rôle essentiel est de déceler des masses trop faibles- pour agir sur J. STEIB — LES APPLICATIONS DE LA BALANCE d'eÔTVÔS 171 ceux-là, de donner des indications très précises dans un terrain, dans lequel la distance des stations ne dépassera pas oOO mètres à 1 kilomètre. Elle permet en outre de déterminer la direction des forces troublantes, et, sous ce rapport, sa supériorité est incontestable. Les expériences cVEolvôs et de ses collaborateurs ont donné un accord satisfaisant entre les valeurs de la déviation de la verticale, calculées d'après les indications de la balance, et celles obtenues par des opérations astronomiques et géodésiques combinées. Des études systématiques faites dans ce domaine pourraient bien -nous éclairer encore sur des phénomènes, dont les causes précises nous échappent. A titre d'exemple, je ne citerai que la grande anomalie de la verticale autour de Moscou. Le pendule de torsion peut être très utile pour contrôler la théorie de l'isostasie. Ainsi : une chaîne, comme les Alpes, doit exercer jusqu'à ■200 ou 300 kilomètres de distance une influence appréciable sur la barre. Si l'isostasie est réalisée par un défaut de masses dans l'écorce, il y aura, à grande distance, compensation, et l'attraction se trouvera annulée. Ln autre problème : depuis longtemps on a remarqué des coïncidences entre les anomalies du magnétisme et de la pesanteur d'une région; dans ses grandes lignes, le phénomène paraît répondre à l'idée qu'on peut s'en faire, c'est-à-dire que l'anomalie de la pesanteur se fait sentir surtout au centre d'un conipaitiment formé par des affaissements du sol, tandis que les influences magnétiques ont leur origine plutôt sur ses bords. On relate aussi parfois des troubles magnétiques survenus à la suite de certains tremblements de terre. Ur, il ne serait pas étonnant qu'une dislocation produise un effet magnétique sensible en déplaçant les lames aimantées que constituent les couches géologiques. La physi(]ue du globe pourra certainement tirer parti de l'appareil d'Elitvos pour étudier en détail ces questions. On en a également proposé l'emploi pour reconnaître, par son attraction, la montée de la lave dans la cheminée d'un volcan et prédire» ainsi une éruption prochaine. Outre la physique du globe, la géologie peut, dans certains cas, obtenir des renseignements utiles sur la tectonique d'un pays par les indications de la balance. .Je ne m'étendrai pas sur la recherche des dislocations; il s'impose un autre problème d'utilité éminemment pratique et où le pendule de torsion a donné des résultats encourageants. Il s'agit de la constatation des plissements de teriains sédimentaires, qui, souvent ensevelis sous d'épais dépôts récents disposés horizontalement, se dérobent aux investigations directes. Si nous portons sur une carte topographique les données des mesures de pesanteur en joignant par une ligne tous les points d'égale intensité de g, nous obtiendrons des courbes plus ou moins régulières que nous nommerons isogammes. Une courbe fermée annoncera la présence, en son centre, d'une matière de densité différente de celle des couches avoisinantes, peut-être des niinerais qui auraient provoqué une augmen- tation, peut-être du sel qui, au contraire, aurait causé une dimmution de 172 MÉTÉOROLOGIE KT PHYSIQUE DU GLOBE la pesanteur. Pour préciser l'ordre de grandeur des variations, je dirai que le géophysicien hongrois M. Pekàr a calculé qu'une masse de sel lenti- culaire de 250 mètres d'épaisseur et 4.000 mètres de diamètre produit une diminution de la pesanteur de 0,0015 unités CGS, en supposant la densité du sel 2,16, celle des couches qui l'entourent 2,4 et en admettant que le sel alïleure à la surface. C'est donc bien appréciable. Supposons des assises plissées, dont la densité augmente avec la profon- deur, recouvertes de couches horizontales. Un regard sur la figure nous Fiu. 1. démontre la nécessité de l'existence de maxima de g en A, dans les voûtes, les anticlinaux, comme disent les géologues; les minima se trouvent en S, les cuvettes, les synclinaux. Les isogammes, représenteront *en quelque sorte un négatif des formes de la roche lourde. Examinons alors le cas de sédiments plus légers situés entre des couches plus denses. Cette fois, au contraire, le minimum correspondra à l'anticlinal. On voit que la méthode d'Eolvos est capable de donner des résultats intéressants. L'expérience a montré que le sel est fréquemment lié aux anticlinaux. D'après une théorie soutenue par Arrheimis et d'autres, il serait pressé vers les voûtes. Or, très souvent, le sel se trouve entouré de couches pétrolifères. Du reste, Oldham avait reconnu, dès 1835, la présence de l'huile minérale exclusivement dans les anticlinaux. En 1867 Hunt constate que « toutes les sources productives de l'Amérique du Nord sont situées uniquement dans les axes des anticlinaux ». Les recherches de M. Mrazec en Roumanie l'ont conduit à considérer les lignes anticlinales au moins comme lignes d'orientation, la répartition des puits de ce pays dépendant encore de certains bouleversements des terrains. Quant aux hypothèses qui expli- queraient la présence de ce combustible aux anticlinaux et son association fréquente avec le sel, aucune ne paraît bien satisfaisante. On a parlé d'une J, STEIB LKS APPLICATIONS 1>E LA BALANCE d'eOTVOS 173 migration, vers les sommets des plis, de l'huile ayant formé avec la solution de sel une émulsioH. Ces problèmes nous conduisent aux théories sur l'origine des pétroles. Vous n'ignorez pas que nous pouvons en somme discuter trois modes de formation : 1° la théorie minérale considère des carbures métalliques formés au sein de la Terre, amenés vers la surface à la suite de bouleversements et de soulèvements, et décomposés par des eaux d'infiltration; — 2" la décomposition lente ou distillation de matières végétales; des exemples à l'appui sont le dégagement du grisou de la houille et les mines où suintent des hydrocarbures liquides; — 3° la décomposition très lente de graisses animales sous la vase avec le concours de chlorures, bromures, etc., indispensables. — La première théorie doit admettre la montée des hydrocarbures dans des fissures de l'écorce et rendrait plausible la présence de ces combinaisons dans les lignes de soulèvement, la rencontre du sel et du pétrole serait fortuite. Les seconde et troisième théories combinées, partant de la décomposition d'algues et micro-organismes, rendent parfaitement compte de l'association du sel et de l'huile minérale, sans pouvoir bien satisfaire sous le rapport de la loca- lisation. Une théorie très intéressante traitée hier dans une communication de M. Meunier se base sur le fait que des astres en voie de refroidissement et des comètes donnent parfois le spectre de Swati, identifié avec celui des hydrocarbures qui sont mélangés avec plus ou moins d'oxyde de carbone. D'autre part ces gaz se trouvent dans les exhalaisons volcaniques. On peut donc supposer que ces composés de carbone sont répandus partout à l'intérieur du globe et montent comme dans la théorie minérale. Mais, revenons au côté pratique de notre problème. Je crois que les explications précédentes démontrent que, dans des terrains qui ne sont pas trop morcelés par des failles, les chances de trouver, des huiles minérales sont infiniment plus grandes quand on effectue les sondages aux anticlinaux. Nous avons démontré la possibilité de poursuivre les axes de soulèvement par les méthodes de gravitation, plus particulièrement la balance de torsion. — La conclusion s'impose. — En effet, le géologue hongrois M. von Bockh a pu suivre en Transylvanie aisément huit plisse- ments successifs des couches tertiaires allant du N.-O. au S.-E, avec ■ minimum d'attraction aux anticlinaux. Il a ainsi non seulement complété la connaissance de la tectonique de ce pays, mais il a, par le procédé, trouvé en différents endroits, .sinon du pétrole, au moins des gaz inflammables. Une question d'ordre local peut encore nous préoccuper : pouvons-nous, dans le bassin pétrolifère du Bas-Rhin, espérer quelque succès de l'appli- cation des méthodes développées ? Je crois devoir répondre négativement. Les nappes de pétrole y sont coupées par de trop nombreuses dislocations, et ne paraissent fixées nettement à aucune ligue tectonique. Tantôt les sables bitumineux forment des masses lenticulaires dans les marnes oligocènes, tantôt ils s'étendent en nappes. D'après M. van Wenveke nos pétroles se seraient formés à l'endroit même de leur gisement actuel par 174 MÉTÉOROLOGIE KT l'IlYSIQUE DU GLOBE décomposition de myriades d'organismes tués au contact de l'eau (îouce et de l'eau salée. Quoique la structure de nos terrains tertiaires ne nous permette pas d'attendre des résultats d'utilité pratique des mesures dej pesanteur, il est certain que dans daulres régions de tectonique difîérente, et plus encore dans des pays dont la géologie n'est qu'imparfaitement connue, l'instru- jnent du savant Hongrois rendra les meilleurs services à l'ingénieur. Dans jiotre province son rôle sera plus modeste, dans tous les cas plus limité. On pourrait demander des temps futurs une balance de torsion plus sensible et notablement perfectionnée qui nous indiquerait les moindres discontinuités de densité, les moindres détails lopographiques, et qui se [)rêtorait ainsi à des investigations aujourd'hui hors de notre portée : nous aurions la baguette divinatoire idéale. BIBLIOGRAPHIE EôTvôs. — Bericht ûber die geodulischen Arbeiten in Ungarn, dans les comptes- rendus de la 15'^ conférence générale de l'Association géodésique inter- nationale à Budapest, 1906. EôTVÔs. — Geodutischo Arbeiten in Ungarn und Beobachtungen mit der Drchivage, 1909. V. BocKH. ^- Der Nachweis von Brachyantiklinalen und Domen mittelst der Drehwage, dans Petroleum, XII, 10, 1917. Bonasse. — Géographie mathémaliqur, 1919. V. BoCKH. — Uber die erdgasfiihrenden Antiklinalzi'ige des Siebenbiirger Beekens, 1911. SiEBERG, — Der Erdball, 1909. De Lapparent. — Traité de Géologie. Van Werwcke. — Uber die Entstehung der elsàssiscJien ErdÔllagcr dans Mitteil- tmgen der geologischen Landesanstalt von Els.-Lolhr., VI, 1909. Orton. — Tlie Trenton limestone as a source of Petroleum and inflammable gas. AxDREAL. — Beitrâge z-ur Kenninis des Elsasscr Terticirs, dans Abhandlungen :ur geologischen Spezialkarte von Els.-Lothr., II, 1884. J. TOURNEIIR-AUMONT — POUR LA CARTE CLIMATIQUE DÉTAILLÉE 175 M. J. TOUllNEUll-AUMOiNT, Membre de l'Association de Géographie française, Nancy. POUR LA CARTE CLIMATIQUE DÉTAILLÉE 912 : 551.56 (44) 21 .liiilkl. . • La climatologie régionale. — Montrer la légitimité de la climatologie régionale, son prix, son attrait, siérait mal devant une Association scienti- fique fondée par le créateur des Commissions métérologiques régionales, Le Verrier, et qui a depuis un demi-siècle apporté dans ce domaine tant de contributions précieuses. Mais on doit constater quelques témoignages que la climatologie régionale connaît aujourd'hui une faveur nouvelle. La climatologie régionale n'a jamais été négligée. On était habitué à la voir sous des noms divers, à côté de la climatologie générale adonnée à la recherche des lois et préoccupée des liaisons terrestres et cosmiques, étu- dier terre à terre dans leur complexité réelle les accidents climatiques locaux qui touchent le plus ordinairement les intérêts humains, l'hygiène l'agriculture, l'élevage, l'alimentation en eau potable, la préparation et la conservation des aliments, la chasse, la pèche, la construction, la visibilité, l'économie urbaine etc.. Aujourd'hui les besoins de la navigation aérienne ont élevé d'un coup la climatologie régionale à un rang où l'eussent d'ail- leurs portée peu à peu les monographies savantes qu'on voit se multiplier sur les vents locaux, les grains, l'influence climatique des forêts, des étangs, de l'inclinaison du sol, des nuances locales de la température etdu régime pluviométrique (*). La prévision du temps doit devenir pour une large part, suivant des avis désintéressés, une affaire régionale. « La prévision du temps, écrit M. Rouch dans son récent manuel, ne doit pas » être faite par un service central qui la communique à distance aux inté- » ressés; elle peut et doit être faite sur place par les intéressés eux-mêmes, en » utilisant les renseignements généraux communiqués par un service central. « De nos jours enfin où la production agricole est une grave question nationale en tous lieux, on s'intéresse plus anxieusement et plus communément qu'autrefois « au rapport des récoltes et du temps qu'il fait ». Dans ces progrès récents, qu'il serait aisé de décrire et de justifier plus longuement, la climatologie régionale n'est pourtant pas encore entrée en possession de tous ses moyens d'enregistrement et d'interprétation des faits. C) Annale!^ de Géographie, 1910, pi'.. 399-400. — kncmwswi, Studies on climate and crops, s. 1., 1912. ^ J. Rouch et L'. Gain, Les cartes des vents à Vusage des aénmautes, {Revue générale des Sciences, 30 mars 1919). 176 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE Df GLOBE Elle se sert encore avec quelque gaucherie de l'un d'eux, la cartographie de précision, qui pourrait être parmi les plus utiles. Il y a entre ces progrès et cette timidité une contradiction qu'il est opportun d'essayer d'expliquer et de résoudre. La cartographie climatique détaillée. — Le Comité météorologique inter- national a recherché en 1907 (*) l'échelle la plus convenable aux cartes météorologiques. 3Iais il n'a pu que s'occuper de la cartographie à petite échelle, qui est une cartographie de reconnaissance, non une cartographie de précision. Faute de directions cartographiques, la climatologie régionale, en France et à l'étranger, s'est contentée, au hasard, d'une cartographie qui convient plutôt à la climatologie générale. En France, les- Commissions météorologiques départementales se servent de fonds de carte chorogra- phiques à des échelles diverses, dont le choix apparaît mal. LaNièvre uti- lise un beau fond en couleurs à 1/400.000 ; la Seine-et-Marne, le 1/400.000 ; les Deux-Sèvres et l'Ille-et-Vilaine, un fond chorographique rudimentaire sans échelle indiquée ; les Ardennes, le 1/300.000; la Meuse, le 1/270.000, emprunté aux anciennes cartes d'orages; les Bouches-du- Rhône, le l/oOO.OOO ; la Gironde, le 1/725.000 ; le Doubs, le 1/320.000 ; le Vaucluse, le 1/600.000, etc.... Des bulletins luxueux, comme ceux de l'Hérault, sont pauvres en cartes. Dans l'état présent de la cartographie de précision en France, les fonds de carte les plus commodes sont la carte d'état-major à 1/80.000 et sa réduction à 1/320.000. Le climat est d'ailleurs un facteur géographique si puissant qu'on peut obtenir des renseignements climatiques par l'analyse de diverses caries non climatologiques par leur objet; cartes phénologiques, cartes bota- niques et forestières (**), cartes topographiques (***), cartes de géographie médicale ^(****) etc. L'œil exercé décèle çà et là des traces terrestres de l'activité céleste, dans les cultures, dans la figuration des eaux stagnantes ou courantes, dans des noms de lieux expressifs comme ceux de Ventoux et d'Aygoual. Mais on n'a point véritablement une cartographie climatique détaillée. On se demande pourquoi les cartes à grande échelle du Service géographique de l'Armée, le 1/80.000 et le 1/50.000, les cadastres communaux, les plans de villes ne sont pas couramment utilisés comme fonds de carte en climatologie régionale, ainsi qu'ils le sont devenus de tant de manières, directement ou sous des transparents, en géographie physique et en géo- graphie humaine (^'-i^ *=;-•*). (*) Voir \6?, Procès-verbaux, appendice VII; et dans las Annales du B. C. M. pour 1897, t. I. 1890, p-p 151-158, La nouvelle carte du Bulletin international, par A. Angot. (**} .]. Massart, Quelques adaptations végétales au climat de la côte d'Azur (Annales de (iéographie, 15 mars 1917, pp. 94-115, cinq tableaux). (***) Emm. DE Martonne, Le cliinat facteur du relief (Scientia,\ÏU, 1913, pp. 339- 355). (****) R. DE C. Ward, The relative htimidity of our lieuses in ivinter {Boston médical and surgical Journal, CXLII. 1900, pp. 217-219.. (*****) L. Gallois, Revue historique, 1889. — Les fonds de carte. J. TOL'RNEUR-Al'MONT POL'K LA CARTE CLIMATIQI E DETAILLEE 177 Les skjnes conventionnels. — La principale difficuité provient peut- être de ce que les signes conventionnels proposés par le Comité météorolo- gique international ne sont pas encore assez connus ou employés le plus utilement. Les cartes climatiques régionales sont trop souvent construites sous l'intluence de la climatologie générale. Bien que la cartographie cli- matique régionale permette la fixation précise d'épisodes météorologiques suivant leur distribution spatiale c'est cependant leur succession dans le temps, saisonnière, mensuelle, annuelle, qu'on s'attache le plus souvent à y figurer, dans un groupement conventionnel de cinq cartes (les quatre saisons et l'année), ou de treize cartes (les douze mois et l'année). De même la méthode des damiers et des carrés des cartes nautiques ne convient pas sur une carte topographique. Aligner sur une carte à petite échelle des signes de chutes de grêle à coté d'un nom de station météorologique ne renseigne pas très notablement plus que de juxtaposer dans les colonnes d'un tableau un nom et un chitfre. Les courbes d'égale intensité, fréquence ou anomalie, les isoplèthes de tout genre, les teintes plates ou dégradées conviennent peu sur une carte à grande échelle, qui exige la rigueur dans la localisation.* Il faudrait donc que la cartographie climatique détaillée adoptât un répertoire de signes conventionnels. Ceux qu'offrent le Comité météorolo- gique international s'imposent. Ils servent à désigner la grêle, le grésil, la rosée, la gelée blanche, le givre, le vergias, le brouillard, le brouillard sec, le sol couvert de neige, etc.(**).Il y a en cartographie climatique une pla- nimétrie et un nivellement d'une technique particulière et perfectible. Comme signes représentatifs, on peut utiliser des symboles, des chiftres de grosseur et couleur variables, figurant des valeurs relatives. Le but est d'enregistrer avec précision une chronique climatique non seulement pour perpétuer des souvenirs, mais pour permettre l'étude, pratique et théorique, de faits qui, conservés le plus ordinairement sous forme de dia- grammes et de colonnes de chitfres, peuvent être examinés aussi très utilement dans un plan perspectif, qui fixe les aspects et fait évoquer la complexité du milieu naturel. Chroniques phénohgiques locales. — Il y a un intérêt scientifique et pratique ('•'**) bien connu à suivre dans une chronique ininterrompue non seulement les aspects changeants qu'étudie la climatologie, mais toute la vie de la nature. Cette chronique existe déjà sous deux formes, dont aucune ne satisfait. Quelque valeur peut être attribuée encore à la forme 1*1 Mathias, Sur la construction et l'ulUisalion des cartes nunjnétiques. Application au bassin de la Garonne (Mémoires de l'Académie des Sciences de Totilouse, 9= série, IX, 1897, p. 4.38-464 1. (**! Annales du B. C. M. de France, année 1914, II, observations, Paris 1919. — Voir les Procès-verbaux, des séances du Comité météorologique international de 1919. ('**) E. Ihne, Vber praktische Amvendung von phanologischen Karten. — Meteorologische Zeitscltrift, XXVI. 1909, 2,81. 178 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE ancienne, à la chronique météorologique des registres paroissiau> annales monastiques, minutes de notaires, archives communales, nié moires et notes diverses d'observateurs curieux. La forme moderne ^e rencontre dans les publications de services officiels : Annales du Bureau Central Météorolof/ique ('') Atlas de statistique agricole, etc. Mais les cadres et les points de vue sont encore ici ceux de la climatologie géné- rale, qui procède par questionnaires -uniformes afin d'obtenir des données comparables, et classe les faits non scientifiquement mais' officiellement, suivant des circonscriptions administratives. Cependant on voudrait savoir et voir obligatoirement noté quand telle source a tari, de combien telle forêt a reculé, quelles températures vraies s'accumulent sur ce coteau pendant une saison. Pour prévoir le temps là où on est, là où on va, il faut, outre des indications générales, des séries d'observations très locales. Pour remembrer scientifiquement la propriété au village ('•'*), adapter pleinement des cultures, des engrais à un sol, il faut connaître le temps habituel en un lieu précis, la longueur d'ombre d'une colline, la moyenne journalière de l'éclairement (***), de l'évapo- ration aux points intéressants (****). Ce sont ordinairement le hasard, la routine, les dictons qui transmettent sans garantie l'ensemble si précieux des connaissances sur la phénologie particulière d'un canton (**^i'**).Ii n'est pas inévitable de laisser la richesse rurale à la merci de cet empirisme. La carte agronomirpie, le plan cadastral, la carte topographique sont des fonds excellemment disposés pour recevoir, conserver dans les services commu- naux ou cantonaux (***--*), et transmettre comme un bien collectif, la chro- nique phénologique. Le cadastre, la carte topographique peuvent indiquer beaucoup plus que la dimension et la qualité édaphique des parcelles. Des séries de caries, organisées en archives phénologiques peuvent être, dans rhistoir.e naturelle du canton, l'équivalent des registres de l'état civil dans l'histoire sociale, des registres de délibération dans l'histoire poli- tique. On pourrait, sans s'abandonner à rêver une anticipation par trop chimérique, imaginer ainsi un dépôt des cartes phénologiques, comnm- nales ou cantonales, déroulant comme une série cinématographique cette (') A. Angot, Résumé des éludes sur la mardie des ptiénomênes de la végétation et la migralion des oiseaux en France [tendant les dix années 1881 -iSOO. (Annales du B. C M. pour 1893, t. 1, pp. 159-211, 4 pi. 1894.. (*') W. L. MiLHAM, The variations of... températures witliin Ihe confines of a village {Monthly iceatlier Review, XXXIII, 1905. pp. 305-308). (***) J. Leyainville, Moyenne journalière de Véclairement des différents ]>oints de la vallée de Barceionnette, carte à 1/500.000 {Annales de Géograptiie, XVI. p. 225). P. Sc.HREiBER, Die Mefeoro/o^i'e in der Landwirschafl (Der Sonnensctiein, Leipzig. 1899). (****) E. Ihne, Uher pMnologische Jahereszeiten. [Saturunssenchafllictie Woclienclirift, X, 1896). (**•**) M. ViLLARD, Météorologie régionale, Valence, 1889. ^,..,,.j ^yjJ Carnot, Cartes agrmomiques et musées cantonaux (Annuaire deî'Associa- tion normande , 1903; . J. TOURNEIR-AUMONT — POUR LA CARTE CLIMATIQUE DÉTAILLÉE 179 histoire naturelle, la suite des temps, toute la vie physique du pays sous le regard de Thomme d'étude et du praticien ("=). Les Commissions météorologiques locales. — Un organe de direction régio- nal est pres(|ue tout préparé. Les commissions météorologiques fondées par Le Femern'ont pas seulement un devoir de scrupuleuse fidélité envers le Bureau central ; elles ont des devoirs envers la région qu'elles observent et un droit à l'initiative, Elles utilisent le personnel des grands services régionaux du pouvoir central. Mais elles corespondent aussi avec tous les volontaires que suscitent l'intérêt local bien entendii, l'amour du pays, l'amour de la science. Des mémoires leur sont adressés par des observateurs locaux (**). Les pays qui, comme la Suisse, ont un vif patrio- tisme cantonal, produisent les plus belles œuvres de climatolagie régionale (***). L'activité des observateurs volontaires pourrait être sti- mulée par des moyens choisis : l'enseignement universitaire (****), les visites des professeurs d'agriculture, la diffusion des instructions abré- gées de A. Angot, le don d'instruments enregistreurs, la propagande des Pouvoirs, sociétés et particuliers intéressés. Le tourisme, la navigation, le service militaire obligatoire, la guerre de 1914 ont accru l'usage de la car- tographie et la pratique des instruments. Si la téléphonie sans fil se répand comme la radiotélégraphie au service de la météorologie (*****)^ un réseau de guetteurs se formera. Des villages de vignerons champenois ont déjà un service de guetteurs de jour et de nuit, qui surveillent le ciel avec l'attention inquiète de pilotes. Enfin par ses commissions cantonales des orages, Le Verrier a inauguré une organisation d'archivistes cartographes qu'il suffît d'aider à renaître et à évoluer. La carte climatique détaillée apporte ou appelle des renseignements bien propres à intéresser partout largement à la fois les hommes d'étude et l'opinion. Elle peut même ainsi non seulement servir une branche de la géographie pure et appliquée, mais éveiller en général la curiosité scientifique. (•i Gn. Petermanns MnïEiLUiNGEN, 1881, Vergleichende phànologische Karte von Milteleuropa. i'*i Annuaire de la Société méiéorûlogique de France, 1883, p. 300. (***) J. Maureh, R. BiLLWiLLEU et C. Hess Das Klima der Schweiz. — Frauenfeld 1909-1910, 2 vol. ; cartes. (***') R. DE C.Ward, Meteorolorjtj as a Universiltj course. (American meteorological Journal, XII, 1895-1896 [plaidoyer en faveur de la climatologie régionale]). (*****) A. Angot, Rapport sur les a}jplications de la radiotélégraphie à la météorologie (Bureau des Longitudes, Conférence internationale de l'heure, Paris, 1912). 180 MÉTÉOROLOGIE ET PHYSIQUE DU GLOBE . M. RoTHÉ, directeur de l'Institut de Physique du Globe, a fait une conférei^e accompagnée de projections en couleurs sur Le Climat d'A Isace et Lorraine, dans l'amphithéâtre de minéralogie de la Faculté des Sciences. Les auditeurs se sont ensuite rendus à la Station sismologique et à la Station météorologique, où ils ont pu examiner par groupes, sous la direction du pro- fesseur, des maîtres de conférences et de tout le personnel de l'Institut de Phy- sique du Glohe, les instruments servant aux études de tremblements de terre, de sondages aérologiques et de phénomènes électriques de l'atmosphère. 3^ Groupe. SCIENCES NATURELLES S'' Section. GÉOLOGIE ET MINÉHALOGIE Président d'Honneur. M. HAUG, membre de l'Institut, Paris. Président M. GIGNOUX, professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. Vice-Président . . . M. EmiManuel de MARGERIE, directeur du Service Géologique d'Alsace et de Lorraine. Secrétaire M. BOURGERY, membre de la Société Géologique- de France, Nogent-le-Rotrou. Secrétaire adjoint . . M. MORET, préparateur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. M. L. COLLIN, Chargé de Conférences de Géologie à la Faculté des Sciences de Rennes. NOTE SUR LA POSITION DU GRÈS ARMORICAIN DES ROCHERS DE PLOUGASTEL .551.74 (44.11) 26 Juillet. La carte géologique de Brest indique une grande faille (que je désigne par F sur la figure de cette note) se dirigeant du sud de Landivisiau vers Landerneau et se continuant sur la rive gauche de l'estuaire de lElorn, pour venir percer la côte un peu à l'ouest du village de ïraouidan, à peu de distance d'un petit port désigné dans le pays sous le nom de Pors-Keralliou. Or, cette faille est indiquée comme séparant des quartzites de l'ordovi- cien inférieur (assimilés au grès armoricain, sans cependant en présenter les caractères paléontologiques) (2 stir la figure), d'un grès dévonien qui la longe sur une distance de plusieurs kilomètres. La bande de grès armoricain ainsi dessinée sur la carte géologique et qui semble reposer en discordance sur les schistes algonkiens (1 sur la figure)' de la vallée de l'Elorn, est extrêmement étroite et ne présente pas l'aspect général des massifs de grès armoricain de Bretagne. / 182 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE / De plus, celle discordance du grès armoricain sur les schistes alyonkiens, sans qu'il y ait entre ces deux niveaux les schistes intermédiaires assi- milés au cambrien en Bretagne, montre, à mon avis, un accident tecto- nique plus important qu'une simple discordance. Je n'ai pas la prétention de donner ici la solution de ce qui me semble être un problème très important, mais il est peut-être utile d'indiquer le LEGENDE DE LA FIGURE. Coupe N.-S. de la côte de la rade de Brest, à l'ouest de Plougastel à 500 mètres à l'ouest du. village de Roc'h-Quilliou. 1 Echelle des longueurs .^ ^^.... (Les hauteurs sont exagérées trois fois environ.) 1. Schistes algonkiens. — 2. Grès Armoricain : Ordovicien Inférieur. — 3. Schistes etQuartzites de Plougastel : Gi'dinnien. — 4. Grès à Orthis Monnièri Rou : Taunusien. — /'. Contact anormal par faille. — F. Grande faille. — n. Niveau des hautes mers. La ligne de terre est prise au niveau des basses mers. résultat de quelques observations relatives au pendage des différentes couches intéressées. Bien qu'il y ait peu de difîérence entre le pendage et la direction des couches algonkiennes et ordoviciennes contre le contact anormal f indiqué plus haut, on peut cependant observer les faits suivants : 1" Les schistes algonkiens (1), dont on peut observer les affleurements depuis Landivisiau jusqu'à Brest et même sur la rive nord de la rade, jusqu'à la pointe Mengam (Goulet), sont, dans la vallée de l'Elorn, des schistes verts nettement stratifiés avec intercalations gréseuses ou quartzi- teuses de puissance très variable. Ces intercalations- bien régulières permettent d'observer avec assez de précision le pendage et la direction des couches. De nombreuses observations faites aux environs de l'estuaire de l'Elorn, tant sur la rive droite que sur la rive gauche, m'ont donné comme direc- tion la moyenne E.-W. et, comme pendage, 60 degrés vers le sud, rarement un pendage nord, quelquefois un pendage sud avec des couches presque horizontales, et ceci lorsqu'on s'approche des grès ordoviciens. Pour le grès ordovicien dont la bande longe l'Elorn depuis le sud de Landivisiau jusqu'au nord-ouest de Plougastel (Pors-Keralliou, il est plus dilficile d'observer le pendage des couches à cause des nombreuses diaclases qui viennent souvent masquer la stratification. Cependant, les couches de grès semblent être complètement verticales L. COLLIN — NOTE SUR LA POSITION DU GRÈS ARMORICAIN 183 et par conséquent ne pas avoir absolument le même pendage que celui des couches algonkiennes. Elles n'ont pas non plus la même direction ici, elles sont N.-E.—S.-W. Le contact de ces deux terrains est généralement caché par des couches d'argile épaisses dans lesquelles sont d'énormes blocs de grès ordovicien qui ont descendu les pentes et sont venus rouler jusque sur les schistes algonkiens, à une certaine distance des rochers dits Rochers de Plougastel. A mon avis, ce contact anormal / doit se faire par faille. Et la position relative du grès ordovicien par rapport aux schistes algonkiens doit èlre assez semblable cà^elle qui existe pour le grès armoricain du Toulinguet, qui semble avoir été charrié sur les schistes algonkiens de Pors-Naye. J'émets cette opinion d'après le manque des couches assimilées aux couches cambriennes et aussi d'après la divergence du pendage et de la direction des couches algonkiennes et ordoviciennes. Du côté sud de la bande de grès armoricain vient buter, par faille F le grès dévonien (4) nettement caractérisé par ses fossiles. La faille est très nette, surtout à l'endroit où elle coupe la côte, elle se présente sous la forme d'une grande coupure avec un miroir de faille très apparent sur la lèvre N. AV.; elle est remplie de fragments de schistes et de grès appartenant aux deux niveaux, ainsi que de fragments de quartzites dévoniens (3) dont les bancs en place forment soubassement au grès dévonien, le tout empâté à la base dans une argile jaune. On trouve alors à 50 mètres au sud le grès à Orthis-Monnieri-Rou, très fossilifère. Homalonotus. Rli} nchonella Thebaulti Rou. Orthis Monnie.ii Rou. Tentaculites. Orthis cf Hamoni Rou. Enclines. Le pendage des couches du grès est de 50 degrés vers l'ouest et leur direction à cet endroit est presque N.-S. A mon avis, cette bande de grès qui. occupe la côte de la grève et s'étend de Pors-Keralliou presque jusqu'à la pointe ouest de Kernisi, en s'appuyant sur les schistes et quartzites de l'anticlinal de Plougastel et le flanc sud d'un petit synclinal dévonien analogue à ceux que l'on trouve plus au sud et dont le bord nord a disparu dans la faille. Donc, dans cette région de l'estuaire de l'Elorn, on peut voir le résultat de deux mouvements orogéniques distincts. Le premier, par lequel le grès ordovicien a été charrié sur les schistes algonkiens, sans cependant qu'on puisse y reconnaître de véritables nappes de charriage. Le deuxième, par lequel le dévonien a buté contre la bande de grès ordovicien en laissant disparaître dans une faille une grande partie d'un de ses synclinaux. J84 GÉOLOGIE Kï MINÉRALOGII-: M. Paul COMBES iils, Paris. APERÇU SUR LA CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DE LA VALLÉE DE L'AIRE ET DE SES ABORDS ENTRE FLEURY-SUR-AIRE ET CLERMONT-EN-ARGONNE MEUSE). i() .Inillel. Entre Fleiiry et Clermont, l'Aire, alïUient de l'Aisne, coule sensiblement du S. 20° E. au N, 20° 0., sur les calcaires du Barrois, à leur limite occi- dentale, au moment où ils ploniient sous les sables verts albiens. Le fond de la vallée, qui est, à Fleury, à l'altitude -f 211, n'est plus q^i'à ^ toi à Autrécourt, -f- 205 à Lavoye, + 201 entre Lavoye et fVoidos, + 197 à Rarécourt et -[- 193 à Auzéville, à la hauteur de Cler- mont, soit une chute de 18 mètres sur un parcours de 11 kilomètres. Le portlandiên est représenté, dans cette région, par des alternances, plusieurs fois répétées, de calcaires et de marnes. Les bancs calcaires sont peu homojiènes et ne sont exploités que pour moellons ou pour l'empierrement des routes; ils sont caractérisés parla présence, dans leur masse, de très nombreuses géodes, tapissées de cristaux de calcite. Les lits marneux qui s'intercalent entre les bancs calcaires sont littéra- lement pétris cYEœogyra virgula Dehj, variété portlandica. La présence de ces nombreux fossiles a fait donner aux marnes, dans la région, le nom de « terre à oreilles de souris ». Une très belle coupe de ces alternances de marnes et calcaires port- landiens se voit en bordure de la gare de ravitaillement de Froidos, au sud de Rarécourt, le long de la ligne 6 bis, construite pendant la guerre. Immédiatement à l'ouest du cours de l'Aire, le portlandiên disparaît sous les sables verts albiens. Dans la masse de ces sables sont creusés, en bordure de la forêt d'Argonne, de nombreux puits oîi l'on exploite les nodules phosphatés dits « coquins v. La zone forestière proprement dite ne commence que sur les argiles du gault superposées aux sables. Plusieurs tuileries exploitaient jadis ces argiles, dans lesquelles la tranchée de la gare deClermont-en-Argonne est ouverte. Le sommet des liauteurs qui dominent à l'occident le cours de l'Aire est constitué par la gaize albienne qui surmonte les argiles. C'est cette gahe qui forme la masse du promontoire de Clermont-en-Argonne (cotes 302 et 308). Elle s'est admirablement |>rètée, à cet endroit, comme dans toute la région, au creusement d'abris et d'observatoires pendant la guerre. C. COUKTY — LE PHÉNOMÈNE VOLCANIQUE 185 C'est également dans cette roche qu'est ouvert l'énorme entonnoir de mine qui sectionne la butte de Vauquois. La situation et la direction du cours de l'Aire ont été nettement provo- quées par le contact du jurassique supérieur et de l'iniVacrétacé, la falaise albienne ayant retenu les eaux jusque plus au nord, à Grandpré. L'Aire qui, primitivement, constituait le cours supérieur de la Bar et appartenait au bassin de la Meuse, a été captée par l'Aisne, grâce à l'érosion qui a ouvert la trouée de Grandpré/ M. G. COUIITY, Fi'uresseur à l'Krole des Travaux publics', à Fai-is. LE PHÉNOMÈNE VOLCANIQUE DANS SES CAUSES VRAIES 551.21 28 Juillet. Le feu n'est pas, fonime ou le croit communément, l'agent primitif et origi+iaire des volcans. R. DE MONTLOSIEK. MM. de Monlessii-H de Ballore et A. Lacroix, ont montré qu'il n'existe pas toujours une relation entre le tremblement de tern; et la fonction volca- nique. Ces deux phénomènes paraissent en effet, bien distincts, car la vraie cause du volcanisme ne naît pas directement du fait delarétractilité générale du globe, mais elle émane d'un agent primitif: l'eau. Et en parlant de l'eau, nous ne comprenons pas seulement celle qui peut pro- venir de l'infiltration des océans, mais encore celle des rivières et des lacs, c'est-à-dire de surface en général, qui arrive à circuler souterrainemenl à la faveur des cassures terrestres. Nous ne supposons pas que l'eau soit venue de très loin, car nous savons que les régions dislaquées sont suscep- tibles de renfermer dans des dépressions, des masses d'eau plus ou moins considérables qui insensiblement arrivent à jouer par l'entremise des failles, le rôle principal, dans le mécanisme des volcans. A. de Lappa- renV admet cpie toute la vapeur d'eau et les gaz qui s'échappent des volcans, sont contenus dans les roches ignées. .4. Gmitier avec plus de justesse, pense que les vapeurs ne préexistent pas dans les roches de profondeur, mais qu'elles proviennent de réactions qui s'effectuent dans les roches, lorsque celles-ci se trouvent ramenées par glissement au voisi- nage de la pyrosphère. Notre éminent maître M. Stanislas Meunier rattache, dans son volume sur la géologie générale, la fonction volcanique, k la contraction de la croûte terrestre. Celle-ci en déterminant un dénivellation du sol, situe les roches imbues d'eau de carrière, sur la partie vois de la région 186 GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE chaude. Vient-il à se produire une cassure secondaire : « Les choses se passent comme si on supprimait le bouchon d'une bouteille de vin de Champagne ». Dans le phénomène volcanique, toute la question se réduit à ceci : quel est le vrai foyer qui alimente les éruptions des volcans ? Selon nos observations personnelles, nous répondons par cette simple parole : ce n'est pas le feu, c'est l'eau. Quant à savoir si les volcans sont en relation directe avec le magma igné, nous pensons pouvoir répondre par l'atlirmative. Les failles restent toujours des conduits naturels qui sont susceptibles de mettre en commu- nication l'air extérieur avec la portion du globe voisine de la région chaude; seulement, pour que l'action volcanique se |)roduise, il fautque des infiltrations d'eau s'effectuent dans les alentours mêmes du volcan appa- remment éteint. Les grandes cassures serviront alors de passage aux épanchements gazeux, liquides et solides. Pour ce qui regarde les mani- festations volcaniques, leur paroxysme^ j)eut être en rapport avec la quantité d'eau qui parvient aux abords de la pyrosphère. Il est possible que l'introduction de l'eau de surface soit assez lente, mais la rapidité de sa pénétration doit être subordonnée à la dimension des fissures de la croûte terrestre qui tendent insensiblement à se refermer à la longue. Dans l'Amérique Centrale, à San Salvador, les Indiens daulrefois, depuis la plus haute antiquité, avaient observé ce fait, que lorsque la rivière située non loin du volcan San Salvador, soi-disant éteint, atteignait un niveau supérieur à celui qu'elle a d'ordinaire, le volcan ne tardaitpas à donner des signes manifestes d'activité. Ces Indiens avaient également appris que l'obstruction d'une barranca connue d'eux, était la cause de ce phénomène, aussi veillaient-ils avec un soin très grand à ce que ladite barranca ne s'obstrue jamais en retirant soigneusement de sa base les éboulis charriés par les eaux météoriques. Naturellement les Indiens ne s'expliquaient point scientifiquement ce qui se passait exactement dans l'action volcanique. 11 doit vraisemblablement arriver que les eaux de la « barranca » en augmentant le niveau de la rivière, permettent alors aux eaux fluviales de pénétrer profondément dans le sol soit à la faveur de terrains perméables qu'elles atteignent, soit encore par l'intermédiaire de grandes fissures peu apparentes pour déterminer ensuite l'éruption volcanique. Ainsi, notre théorie explicative basée sur des observations nettement constatées, montre bien l'indépendance des phénomènes tectoniques avec la fonction volcanique. Quoiqu'il en soit, cette dernière fonction ne s'en relie pas inoins à la rétractilité du globe, d'où dépendent les grandes cassures qui favorisent à leur tour l'introduction en profondeur des eaux de surface. C'est ainsi que la portion corticale de la Terre vient peu à peu s'enrichir de matériaux nouveaux aux dépens de sa masse lluidale dont elle reste naturellement inséparable. A. GUÉIÎHAHI» — LA VRAIK CAUSE DU VOLCANISME IS'] M. LE D' ADR1E^ (UEBllAKI), Agrégé des Facultés de Médecine, Saint-Valliei'-Thiej' (A.-M.i l" LA VRAIE CAUSE DU VOLCANISME ^6- Jiiill./I. Aucune croûte solide n'ayant jamais pu prendre naissance et se refei'nier sur le globe de fonte initial s'il navait eu la propriété qu'ont l'eau, le fer, et presque tous los silicates et métaux, de se dilater au moment de la solidification, il est inutile de chercher ailleurs la cause immanente du volcanisme. Car, aussitôt la coque fermée, son intérieur, mis en état de surfusion, cherche à rompre les plus faibles lignes de soudure et à déverser son trop-plein sur les bords des déchirures qui, pliant sous la surcharge, ébauchent, de part et d'autre d'une crête volcanique en anses, ovales et guirlandes, les premiers géo-synclinaux, sous forme de canaux jumelés [Cf. Haug, Traité de Géologie, t. i, p. 317, fig. 132], destinés à recevoir dorénavant la suite des distillations des substances .restées suspendues dans l'atmosphère. Tandis qu'en bas s'enfonce l'isogéotherme de solidification (si mal dénommée le feu renlnil) et s'épaissit une voûte ferru- gineuse, réfractaire à toute conmiunication du dehors au dedans, en haut se multiplient les obstacles aux éjections du dedans au dehors, dont les volcans hawaïens, "vrais manomètres à déversement, attestent la force continue. Ailleurs, les colonnes montantes, plus uu moins obturées, doivent attendre de quelque réaction accidentelle, dans les chambres laccolithiques branchées sur leur trajet supérieur, le supplément de pression nécessaire pour déclancher, sous forme cataclystique, leur énergie potentielle contenue. Mais la cause directe de celle-ci est la propriété naturelle de foisonnement du magma se refroidissant, cause profonde et permanente, même lorsque ses manifestations externes sont dues à des interventions toutes supei'ticielles et temporaires. 2' LA VRAIE CAUSE DU DIASTROPHISIVIE CORTICAL Le coefficient de résistance à l'écrasement étant, pour chaque roche, une constante physique définie, tandis que, pratiquement, la duréede la lithogénèse est indéfinie, c'est mathématiquement qu'il y a lieu d'envisager, pour tout dépôt peu consistant du fond d'un géosynclinal, le moment où sa cohésion, vaincue par la surcharge croissante dès assises supérieures, provoquera l'effon- drement de celles-ci sur leur base écrasée. Mais cela n'a pu se produire sans un déplacement de matière et sans un dégagement d'énergie énormes : l'un n'aurait-il pas été l'équivalent de l'autre? Telle est la question que je me posai, à Castellane (B.-A.), en face des apparitions pseudo-éruptives du gypse triasique 188 GÉOLOGIK KT MINÉRALOGIE à la base de toutes les dislocations dont trente ans d "étude minutieuse de la Basse Provence m'avaient prouvé qu'elles ne pouvaient être attribuées à des « forces tangenlielles », démenties par maints témoins de pierre, tandis- qu'il n'est pas un détail du terrain qui ne s'éclaire, à considérer une vague de fond plastique ayant débité en soulèvements fragmentaires de sa superstruc- ture, jusqu'à échappement final, sa mise sous pression par un effondrement central. La même interprétation, adjuvée, quant aux roches granitoïdes, des condi- tions thermiques du jeu de l'isotasie, mettrait fin à la fois au préjugé de leur origine infra-corticale, au mystère des « deux temps de consolidation » et aux fantasmagories tectoniques de la théorie des Alpes... et d'ailleurs. En tout cas, il est certain qu'à maintes reprises, au cours de la lithogénèse, ont dû se renou- veler de la sorte des crises de diastrophisme. chaque fois que sur un plancher suffisamment résistant, une couche sutTisamment plastique s'est trouvée écrasée par une surcharge suffisante. 3- LA SÉDIMENTATION IGNÉE Sitôt occluse à la surface du géoïde primitif une coque solide, ce fut sur celle-ci que furent retenus dorénavant les dégorgements liquides d'une atmos- phère encore gravide de tout ce qui devait, avec les éjections volcaniques, édifier la croûte sédimentaire. Mais ici apparaît une extraordinaire lacune dans l'ensei- gnement classique, nul n'ayant jamais envisagé d'autre sédimentation possible que celle, tout aqueuse ou éolienne, que nous montre le spectacle des causes actuelles, alors que ce n'est qu'à 365» qu'a pu apparaître la première goutte d'eau liquide et qu'auparavant (depuis 18o0", d'après M. H. DouvUlé) a dû régner une ère immense de sédimentation purement ignée, qui, joignant à un degré paroxystique toutes les ardeurs de la température à toute la fluidité de l'état liquide, sans exclure les solidifications en « glaces » brûlantes, balaya un sol roùge, de lourdes averses de sels divers, entraînant en torrents de fonte, vers des mers de feu, les produits mélangés de l'érosion et de la corrosion, prêts pour toutes les décantations, liquations, combinaisons, cristallisations, etc. élaborant, à chaud et sous de formidables pressions, les roches fondamentales de la lithosphère. Non seulement cette considéi'ation ùterait toute raison à la déplorable confu- sion qui se perpétue entre les « roches de profondeur •> s iipr a -coviïc&les (granités, etc.) et les vraies laves infra-corticales, ainsi qu'à l'éternelle dispute des Pluto- niens et des Neptuniens quant à la métallogénèse, mais encore elle justifierait amplement qu'on détachât de l'ère primaire des géologues une ère antérieure ignée, infiniment plus importante, qu'il conviendrait d'étendre jusqu'aux véri- tables débuts de la vie et dont il y a tout lieu de croire que la planète Mars, en ce moment, nous offre le spectacle en action. DEPÉRET ET GIGNOUX SUR LA PRÉSENCE DU MENISCODON 189 M. Ch. DEPERET, Membre de l'Institut, Lyon. ET M. GIGNOUX, Professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. SUR LA PRÉSENCE DU MENISCODON EUROP^UM RUTIMEYER DANS LES CALCAIRES ÉOCÈNES DE BOUXWILLER Bas-Rhin) ^li 551.781.1 (43-445J 26 Juillet. Grâce à une subvention accordée à rfnstit Lit géologique de l'Université de Strasbourg par M. Achille Lebel, l'un de nous a pu entreprendre des fouilles systématiques dans le fameux gisement de Bouxwiller (Bas-Rhin)/ où des calcaires lacustres d'âge éocène contiennent une faune de mammi- fères depuis longtemps célèbre, caractéristique de la partie supérieure du Intécien moyen. A côté de nombreux restes de Lophiodon. bien connus dans ce gise- ment, nous avons étë assez heureux jiour y rencontrer une pièce tout à fait intéressante et nouvelle pour ce gisement. Il s'agit d'une branche mandibulaire gauche d'un Ongulé Suillien, voisin des Dichobune; elle s& rapporte indubitablement à un très curieux animal signalé pour k première fois dans le sidérolithique d'Egerkingen par Rûtimeyer, qui l'attribua d'abord au genre américain Phenacodus, sous le nom de Phenacodus europœus Riitimeyer; puis M. Sthelin montra ses affinités avec les Dichobunidés. En 1888, Rûtimeyer en fit le type du genre nouveau Meniscodon. de sorte que M. Sthelin, qui en a donné une description détaillée, l'a définitivement classé sous le nom de Meniscodon europœiim Riitimeyer. Le type d'Egerkingen était basé stir des molaires isolées. Depuis, l'un de nous a retrouvé également des molaires isolées dans le sidérolithique de Lissieu (Rhtnie). La pièce de Bouxwiller montre en place la série des trois arrière- molaires, des quatre prémolaires et de la canine, ce qui nous fixe sur les caractères de la dentition antérieure, jusqu'ici à peine connus; la canine est formée d'une pointe presque droite, comprimée en travers, et dépas- sant un peu le niveau des prémolaires. Les deux- premières prémolaires (p^ et p^) sont peu allongées et formées d'une seule pointe assez élancée, (i) M. Steib, •Professeur au L.vcée de Strasbourg, nous a offert pour ces fouilles une aide dont nous sommes heureux de le remercier ici. 190 GÉOLOGIE ET MLNÉRALOGIK avec de 1res faibles talons antérieur et postérieur. La troisième jjréuiolaire (p^) fait défaut sur la pièce, mais sa place dans l'os de la mandibule est bien visible. La dernière prémolaire (p*) est plus haute et plus allongée que les précédentes : les talons antérieur et postérieur sont plus dévelop- pés, et ce dernier est assez Ajrtement épaissi en travers. Les arrière- molaires (m* et m^j sont en place : elles ont une couronne rectangulaire allongée avec quatre denticules dont les deux externes ont une tendance crescentoïde, tandis que les deux internes sont de gros denticules con'iques tout à fait bunodontes. La dernière arrière- molaire (m^j a été détachée de la pièce et fortement brisée; elle portait, outre les denticules ordinaires, un cinquième denticule sous forme d'un gros talon. Tous ces caractères confirment entièrement les vues de M. Sthelin sur les affinités du Meniscodon avec les Dichobunidés. Enfin, la découverte du Meniscodon dans un gisement stratifié et d'âge bien comm nous fixe défi- nitivement sur l'époque précise à laquelle a vécu ce genre. Dans une publication u^téiieure, nous nous proposons de décrire plus en détail et de figurer cette pièce intéressante. M. Pail JODOT, Clief des TravMiix de Géologie générale à l'École Nationale Snpérieure des Mines, Paris. LA GEOLOGIE APPLIQUÉE A L'ART MILITAIRE PENDANT LA GUERRE 5r, : 623 « 1914-1918 » £6 JijiUet. Appelé à l'État -Major d'une armée pendant la guerre, pour y organiser un service de renseignements géologiques, j'ai eu, de ce fait, l'occasion de publier un certain nombre de cartes et de rapports basés sur la géologie appliqué et la géographie physique. J'attirerai l'attention sur les cai'tes des nols, spécialement intéressantes, car ce sont, à ma connaissance, les premières cartes de ce genre qui aient été publiées. Elles ont été dressées en interprétant les cartes géologiques et les cartes géologico-agronomiques, modifiées d'après les renseignements de personnes connaissant bien la région. Elles avaient pour but de rensei- gne»' l 'Etat-Major sur toutes. les questions liées à la nature superficielle du sol dans la zone de jnarche de l'armée sur les territoires occupés par l'ennemi. H. .lODOT — LA GÉOLOGIE APPLIQUÉE A l'aRT MILITAIRE 191 Les renseignements géologiques ulilisés dans l'art militaire peuvent se répartir en plusieurs catégories : 1° La géolof/ie superficieUe basée sur la nature des sols, en vue deprécLer les régions marécageuses ou les sols peu stables, devait rechercher Tutilisa- tio-n du terrain la meilleure dans le cheminement des colonnes (infan- terie, cavalerie, artillerie légère et lourde ou encore les colonnes des camions du ravitaillement). Les lignes de cheminement de ces diverses unités, dont les besoins étaient diiïérents, devaient, pour progresser perpen- diculairement au front d'attaque, utiliser au mieux les sols défectueux. Les cheminements spéciaux des tanks pendant la bataille ont souvent été ditriciles à indiquer, pour concilier, avec la nature du sol, le poids énorme de ces machines écrasant tout sur leur passage en vue d'atteindre un objectif rendu nécessaire par les besoins militaires. 2° La géologie basée sur la stratigraphie dam le but d'éviter les niveaux aquifères. — Il s'agissait de l'utilisation du terrain pour préciser l'empla- cement, soit des tranchées, soit des fourneaux de mines et des positions de batteries, ou bien encore du tracé des lignes téléphoniques en sous- plomb; et quand ces travaux étaient envahis par les eaux, il fallait trouver le moyen de procéder à leur assèchement. 3° Documentation sur les excavations souterraines. — En Champagne, la craie permettait de creuser facilement des excavations à système de rami- fications très complexes, dont on pouvait se rendre aisément compte sur les photographies d'avions par la couleur et le volume des matériaux extraits. En de nombreux endroits, rennemi a utilisé les hypogées sépulcrales préhistoriques ou historiques, ou bien encore les grottes naturelles, pour la documentation desquels les ouvrages touristiques et préhistoriques ont été d'un très grand secours. D'autre part, dans le Soissonnais les « creutes » du calcaire grossier per- mettaient à l'ennemi de se fortifier et de se mettre à l'abri des bombarde- ments. Les minutes du Service des Carrières souterraines ont permis d'indiquer la nature de la roche (pierre dure ou tendre), ainsi que l'épaisseur de la couche solide au-dessus de la carrière, enfin la surface de l'excavation. Tous ces renseignements furent utilisés très utilement pour le pilonnage par l'artillerie lourde de campagne. 4" La nature des fonds de rivières jouaient un grand rôle pour lixer l'em- placement des ponts à jeter, ainsi que les points de passage à gué en cherchant à éviter les zones marécageuses où les tourbières. 11 importait aussi de préciser la position des barrages sur les cours d'eau pour déler- mhier des inondations qui gêneraient l'ennemi, et réciproquement les travaux à effectuer sur les canaux ou les cours, d'eau pour les asséclier. 192 GlioUjGIK ET MINKltALOGIK o° Hydrologie pour l' alimenta lion des troupes. — Le sei'vice des eaux de l'armée a eu de très nombreux travaux à exécuter pour fournir ralimen- talion en eau potable ]X)ur les troupes. La géologie et l'hydrologie ont joué un grand rôle pour déterminer l'emplacement des sources à capter et leur périmètre d'alimentation, et aussi pour fixer la position des sondages profonds qui devaient ramener l'eau de la profondeur. Par ces quelques exemples, on. peut voir que la géologie appliquée a joué un grand rôle pendant la guerre. Du reste nos ennemis avaient compris l'utilité de constituer un service géologique militaire, et la plupart des nations belligérantes avaient également nsobilisé leur corps de géologues. M. 0. MENGEL, Directeur de l'Observatoire de Perpignuii DE LEXISTENCE EN AMPURDAN (Catalogne DES CORDONS LITTORAUX DE 225 MÈTRES ET DE 280 MÈTRES 551.331 (46.71) ÎU .fui l kl. .ï'ai récemment attiré l'attentioii sur deux terrasses anciennes caractéris- tiques du pourtour de la dépression roussillonnaise. Une première terrasse appartenant au Néogène supérieur atteint la cote 225, mètres à Bouleternère ou l'on trouve encore les traces d'un ancien trottoir méditerranéen. Un épais cailloutis a couvert ultérieurement celte formation littorale. .J'ai montré que ce cailloutis à galets de toutes prove- nances et de toutes grosseurs accusait sur tout le pourtour du Roussillon un palier à la cote 280 mètres avec galets recouverts de tubulures de ser- pulides, c'est ce que. j'ai dénommé littoral de 280 mètres. Le régime post-pliocène ayant vraisemblablement passé par les mêmes phases dans les deux dépressions qui bordent au nord et au sud l'extré- mité orientale de la chaîne pyrénéenne, j'ai cherché sur le pourtour de l'Ampurdan les terrasses de ces paliers. Les cartes espagnoles ne portant que de très rares cotes d'altitude, je fis mes relevés au baromètre, en me basant pour leur réduction sur les courbes de variation de l'Oservatoire de Perpignan. Le gradient étant resté très faible sur la Catalogne, pendant toute la durée de mon excur- sion, du 15 au 20 septembre 191o, je pouvais obtenir, en procédant ainsi, une approximation suffisante. — Voici les cotes des principaux méplats ou terrasses qui ont attiré mon attention. Le lecteur qui pourra se pro- 0. MENGEL — CORDONS LITTORAUX (CATALOGNE) 193 curer la récente carie éditée par le génie militaire pour la région de Gérone pourra juger de la valeur des nombres sur lesquels sont basées mes déductions : 35 mètres : Figueras: les Hostalets de Llers ; 90 mètres : Terrasse inférieure d'Agullana et du Sud de la Junquera; 120 mètres : Terrasse supérieure d'AguUana, et ancien cône de déjection nord de la Junquera (120 mètres à 150 mètres); cailloutis du plateau de San- Sadurni au sud de La Bisbal : 170 mètres : Cailloutis de Llers: plateau de la Casa-Cistella sur la roule de Figueras à Olot; croupe de l'église de Vilademiras; terrasse de la Fluvia, à Besalu; plaine et lac de Banolas (profond de 60 mètres et dû vraisemblablement à un effondrement par dissolution du gypse par lequel débute l'oligocène de toute cette région). 225 mètres : Sommet des collines basiques au sud de Llers, près Figueras ; cailloutis du village de Maya, au pied de la Mare de Deu-del-Mont ; quelques plateaux à droite de la roule de Besalù à Banolas; sur le revers nord de Montes-Gabarras, toute la série des méplats qui portent les groupes de fermes auquel appartient le mas Cazeille. sur la route encore inachevée, de La Bisbal à Casa de la Selva; le plat et les étangs de Camp-Forcat entre la Junquera et Cantallops. 280 mètres : Cailloutis de galets à tubes de serpulides de la Croix-de-Segarro, au pied de la Mare de Deu-del-Mont ; cailloutis des collines situées entre Maya et Torlella, fragments d'un cordon littoral de galets s'appuyant sur les contreforts du massif de la Mare Deu-del-Mont, dont ils sont séparés actuellement par l'ancienne vallée éteinte de Sainl-Aniol-Tortella-Beuda (vallée dont les apports constituent le large cône de déjection qui de Beuda s'étale en plan incliné vers la Fluvia. A droite de la roule de Besalu à Banolas on voit une série de paliers à 280 mètres. Dans les « Montes Gabarras » la ligne 280 est assez indécise ; les cultures de la région de Santa-Pelaya, en contre-bas de la route, paraissent appar- tenir au palier 280. mais il en existe d'autres avec alluvions schisteuses bréchoides au-dessus de la roule à l'altitude de 330 mètres. Le cailloutis du col du Perihus semble appartenir également à la formation 280, ainsi que le plateau au sud-ouest de l'Écluse-Haute. En somme les deux paliers de 225 mètres et 280 mètres, les seuls qui m'occupent pour l'instant paraissent tout aussi nettement accusés sur le pourtour des deux dépressions jumelles : le Roussillon et l'Ampurdan. A remarquer également que le cailloutis de 280 mètres repose par places (Maya, Besalu, Serinia) en stratification discordante sur un substratum constitué par une alternance de poudingues, de grès et d'argiles à végé- taux du Néogène supérieur (1) équivalent des alluvions sableuses de Boulelernère, ondulées comme elles et affleurant également (Maya) à la cote -225. (1) Eu (;oiu's d'impression de cette note, j'ai repéré sur te pourtour du Roussillon et de l'Ampurdan une ligne de rivage à la cote 100; d'autre part le tracé que j'ai fait pour le service de la Carte géologique de France, des contours géologiques de la feuille de Prades, m'a conduit à conclure que le littoral de 280 mètres était contemporain d'une glaciation de la fin du Pliocène, et que celui de 100 mètres était en relation avec une seconde période glaciaire du début du Pléistocène. 194 GÉOLOGIE ET iMIÎSÉRALOGIE M. E. PASSEMAHD, Biarritz. NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES TERRASSES ALLUVIALES DE LA NIVE ET LEURS RAPPORTS AVEC L'ABRI MOUSTÉRIEN D'OLHA 571.81 '44.79) 26 Juillet. On trouvera au compte rendu de la IP Section du Congrès les princi- pales caractéristiques de la faune et de l'industrie du giaement d'Olha, fouillé en 1917-18-19 avec le concours des trois subventions accordées par l'Association. J'ai été amené à essayer de rechercher les rapports qui existaient entre les nappes alluviales de la rivière Nive et le niveau le plus inférieur à cailloux roulés et à industrie paléolithique de cet abri. Ne seront exposés ici que les résultats sommaires des premières recherches. La Nive se dégage définitivement de l'emprise de ses parois rocheuses, au sortir du Pas-de-Bo/and à Itxassou ; elle décrit alors un grand coude pour contourner le massif calcaire de Cambo, puis s'écoule lentement à travers la plaine élargie qui va de Cambo à Bayonne, où elle se jette dans l'Adour tout près de l'embouchure de celte rivière, Les larges méandres de la INive sont dominés par des collines de moyenne altitude a])partenant à la pénéplaine qui va buter contre les derniers contreforts des Basses-Pyrénées. Lorsque d'un point de cette vallée, de la ligne de chemin de fer par exemple on examine ces collines on distingue immédiatement un grand niveau horizontal très net, puis en certains autres points des lambeaux à surface également horizontale qui indiquent à des altitudes moindres des terrasses plus divisées et moins continues. Un examen un peu plus approfondi permet très rapidemeiit de distin- guer au-dessus du lit niajeur de là rivière trois terrasses d'altitudes difîérentes. La plus élevée atteint 50 mètres, elle s'étend surtout sur la rive gauche d'une façon très régulière et presque continue, ses alluvions composés en majeure partie de cailloutis et de sable, viennent buter très vite contre des collines très érodées et à, peine sensibles qui forment une seconde ligne parallèle au cours d'eau. Dans celte région le substratum est généralement composé de schistes gris rapportés au cénomanien. La composition des alluvions est sensiblement la même pour les trois niveaux alluviaux, les quartzites et les grès en provenance d'amont dominent. La terrasse la plus inférieure n'est vraiment nette qu'en deux points. Elle supporte d'abord la partie haute du bourg d'Ustaritz, puis nous la L. OE SAKRAN-d'aLLAKD — NOTE PRÉLIMINAIRE GÉOLOGIQUE 195 Fetrouvons derrière la gare de Cambo elle a à cet endroit une altitude de 16 mètres au-dessus de Tétiage (plus basses eauxj, nivellement spécial des Ponts et Chaussées. Entre ce niveau de 50 mètres et ce niveau de 16 mètres on distingue plus dilficilement à cause d'une végétation exubérante une autre série de surfaces horizontales toujours coiffées de cailloutis ou de sables qui sont très nettes à la pointe de Cambo avec 30 mètres d'altitude relative et tout à fait en avant, à Campagnet,-avec 27 mètres. 11 semble donc que ces premiers résultats nous conduisent à des chiffres voisins de ceux donnés généralement pour les trois |)lus basses terrasses. Nous aurons l'occasion du reste d'aborder cette question au moment de la publication des résulats définitifs de ces recherches. D'un nivellement spécial des Ponts et Chaussées il résulte que le niveau archéologique compris dans le .sable et les cailloux roulés déposés sur la corniche calcaire de l'abri Olha est à 12 mètres au-dessus de la Nive. Il me semble donc possible le rattacher à la nappe qui a déterminé la ter- rasse de la gare de Cambo qui donne en altitude relative 16 mètres. Ce serait donc la plus basse terrasse au-dessus du lit majeur de la Nive. M. Louis de SARRAN-D'ALLARD, Membre correspondant de l'Institut des Hautes-Études Marocaines, Correspondant du Ministère de l'Instruction publique, Ingénieur-géologue conseil, Casablanca (Maroc). NOTE PRÉLIMINAIRE GÉOLOGIQUE, MINÉRALOGIQUE ET MÉTALLOGÉNIQUE SUR LES GISEMENTS DE MINERAIS DE FER PERMO-TRIASIQUES DU MAROC CENTRAL. (résumé) 533.3 (64) 26 Juillet. La région étudiée s'étend de Sidi-Ali jusqu'à la falaise du plateau de Settat. La coupe schématique est la suivante, de bas en haut : 1° Terrains antérieurs au Trias. — Ils constituent la meseta marocaine, ancienne chaîne hercynienne, transformée en une pénéplaine par les érosions subséquentes. La série comprend des sclnstes et quarlzites, rapportés au silurien et au devonien (cambrien douteux; carbonifère absent, au moins dans la région étudiée). Sur certains points, ces terrains sont métamorphisés : schistes à séricite, micas- chistes, etc. ; 2° Permo-trias. — On considère comme permo-triasique, un complexe for- mant le soubassement du plateau de Settat. Le Permo-Trias, presque toujours rubigineux, surtout à la base, est d'origine saumàtre; il renferme, par places, 196 GÉOLOGIE ET MINÉKALOGIE (les concentrations salines (gypse et même sel gemme), lesquelles pourraient masquer en profondeur des dépôts d'hydrocarbures, — si toutefois la séduisante hypothèse, émise par plusieurs savants, vient à se vérifier au Maroc. Quoi qu'il en soit, c'est dans le Permo-Trias, mieux encoi'e que dans le Primaire que l'on trouve des minerais de fer interstratifiés, à gangue tantôt calcaire, tantôt siliceuse, dont la richesse est généralement supérieure à la moyenne : de 4S à 60 Ô/O de fer métallique (teneur théorique : 70 0/0). Le minerai habituel est de Vhématile rouge, compacte, riche en fer oxydulé magnétique. Traces notables de inanganèse.'Veu ou pas de soufre. Teneur variable en phosphore. — D'après l'analyse chimique, cette hématite ne proviendrait pas directement de l'oxydation de minerais sulfurés pouvant exister en profondeur. Cependant, tout comme le Primaire, le Trias peut présenter des filons également niinéralisés en fer. En outre, on y a signalé des filons de sulfures complexes : type B. G. P. de Louis de Launay. L'auteur n'a pas encore rencontré en place, ni Blende, ni Calamine; mais il a vu des filons de pyrite plus ou moins cuivreuse. La Galène se montre à l'état sporadique. Bien que dans son ensemble, le Trias affecte une allure tabulaire, quasi- horizontale, il paraît certain que, plus que tous les autres terrains antérieurs au Miocène, il a subi les contre-coups des formidables, refoulements d'âge tertiaire, auxquels on doit la formation de lAtlas marocain, qui n'est lui- même qu'un segment de la grande Chaîne alpine. Et, de fait, on rencontre dans celte région, non seulement des failles, stériles ou minéralisées, affectant le Permo-Trias, mais encore de véritables plissements, accompagnés de roches volcaniques, de filons de quartz calcédonieux, etc.. Il y a tout lieu de croire que c'est à ces mêmes plissements Atiasiques qu'est due la remontée au jour ou tout au moins le rajeunissement du reliel du massif primaire du Djebel Lakhdar qui, du haut de ses 8S3 mètres, semble commander l'orogénie et l'hydrologie de toute la région. 3° Terrains postérieurs au Trias. — Non étudiés par l'auteur. Ils constituent la table du plateau de Settat, dit de Melgou. Crétacé supérieur. Dans le grand synclinal, situé bien plus vers l'Est, se montre l'Eocène, avec ses couches riches en phosphate de chaux : gisements d'El-Boi'oudj, de fOued-Zem, etc.. Conclusion. — Étude qui mériterait d'être poursuivie en détail, avec méthode, au double point de vue théorique et pratique. M. M. COSSMANN, Directeui- de la Bévue critique de Patéozoutogie, Paris. DESCRIPTION DES PÉLÉCIPODES JURASSIQUES RECUEILLIS EN FRANCE (II' Série, 1" Article) 26 Juillet. (MÉMOIRE PUBLIÉ HORS VOLUME) 9' Section. BOTANIQUE Président . . M. BRAEMER, Professeur à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg. Secrétaire . . M. GARNIER, Chef de Travaux à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg (Les communications ont été faites les 26 et ^7 juillet.) M. Gaston ASTRK BIOLOGIE DES MOLLUSQUES DANS LES DUNES MARITIMES FRANÇAISES ET SES RAPPORTS AVEC LA GÉOGRAPHIE BOTANIQUE 575 : 551.311.3 L'étude malacologique et botanique que nous avons poursuivie au cours de ces dernières années dans les dunes maritimes du littoral océanique fran- çais (1) nous a fourni sur la biologie de ces régions pseudo-déserliques les généralités sommaires suivantes : & I. — Au point de vue malacologique, la dune maritime est un milieu caractérisé par sa facilité de dessiccation; à ce titre, sa faune proprement dite est une faune xérophile. Au point de vue botanique, elle est caracté- risée d'abord par sa salinité, ensuite par sa facilité de dessiccation; il y aura donc une flore halophile et une flore xérophile. La distribution biogéograpliique des dunes est une conséquence directe de ce caractère de sécheresse et de lanhydrobiose qui en résulte, v^insi peut- on distinguer, selon le degré de sécheresse, quatre zones successives : a) Zone abiotique. b) Zone oligobiotioue, où la vie commence à apparaître. Végétaux: Psamma arenaria, Eryngium maritimum, Convolvulus Soldanella, Cakile maritima, etc. Mollusques : Hélix à test crétacé: variabilis, palavasensis, barbara, pisana, intersecta. c) Zone mésobiotique, où la vie rencontre ses conditions moyennes. Végétaux: Hippophae .rhamnoides, Solanum Dulcçimara, etc. Mollusques : Hélix nemoralis, Hélix aspersa, Sphyradlum slrentulum, etc. (1) Résumé des conclusions générales présentées dans une thèse de doctorat en phar- macie du Laboratoire de Botanique de la Faculté de Médecine de Toulouse (juillet 19"20)w 158 pages in-8°. 198 BOTANIQUE n) Zone pléistobiotique, à humidité notable: Pannes de Belgique, Lettes d'Aquitaine. Végétaux: Rubus, Mentha, Salicaria, Salix, etc. Mollusques: Hélix pulchella, Buiiminus obsciiriis, Hijatinia nitida, etc. Ces zones sont disposées les unes par rapport aux autres, soit d'une manière concentrique, comme dans les Flandres, soit d'une manière parallèle, comme en Aquitaine, suivant la disposition topographique des dunes. La disposition des zones botaniques par rapport aux zones malacologiques afTecte un même plan général, sauf les deux distinctions suivantes: a) Tandis que la partie la plus dénudée des zones oligobiotiques présente une flore halophile, il n'existe pas dans les dunes une faune malacologique correspondante différenciée; b) Les zones oligobiotiques, bolanique et malacologique, ne com- mencent pas au même endroit dans le voisinage de l'Océan, parce que l'on rencontre des végétaux sur le versant marin des premières croupes littorales, alors que les mollusques ne peuvent vivre qu'en arrière de la première crête de 'dunes. Par conséquent, selon que les dunes du bord de la mer seront en plateau allongé ou en monticule abrupt, les mollus(|ues s'approcheront plus ou moins de la côte, la zone oligobiotique malacologique sera plus ou moins étendue. IL — Le facteur sécheresse, auquel est due la disposition des zones, est aussi, dans une grande mesure la cause des principales réactions que pré- sentent les mollusques envers le monde extérieur. Les mieux adaptés de ces animaux à la sécheresse luttent en s'enfonçant de plus en plus dans la coquille et en sécrétant un épiphragme. Il est curieux de remarquer que les espèces les plus susceptibles de vivre en anhydrobiose se rencontrent souvent au sommet des tiges de graminées, parce qu'elles sont ainsi éloignées des couches d'air surchaufTé voisines du sol. Comme le test calcaire de ces animaux est généralement blanchâtre, réchauffement par rayonnement est très diminué et ils n'ont guère à subir comme température que celle des couches d'air assez distantes du sol. De plus, leur isolement derrière un épiphragme les maintient dans une atmosphère relativement saturée. Ces trois causes réunies leur permettent de résister à des conditions particulièrement défavorables, III. — La sécheresse possible des dunes a eu en outre, pour autre consé- quence, de ne permettre la vie sur les sables maritimes qu'aux mollus(iues les mieux adaptés à l'anhydrobiose. Cette condition se traduit par le courant migrateur d'origine méridionale et l'association littorale faunistique, si souvent signalés par les auteurs. Ce ne sont pas des gastéropodes habitant l'arrière-pays, n'ayant donc que quelques centaines de mètres à parcourir, qui ont pénétré dans la dune presque aride pour la coloniser: L. BRAEiMER — LES PHARMACIENS-BOTANISTES ALSACIENS 199 les formes qui ont apparu sur le sable sont celles qui avaient déjà des caractères d'adaptation à la sécheresse dans les régions lointaines plus méridionales et qui ont eu de longues étapes à franchir pour arriver dans ces contrées côtières. En dehors de quelques modifications secondaires peu importantes, la faune malacologique des dunes n'est pas une faune ayant évolué en vue d'une adaptation à un milieu spécial, mais une faune qui était déjà préadaplée dans les pays circa- méditerranéens et qui a simple- ment étendu son aire de distribution dans les lieux dont les conditions physifjues se rapprochent de celles des territoires où elle habitait déjà. IV. — A côté de la dessiccation, qui est le facteur physique essentiel de la dune maritime, se rencontrent des causes "secondaires dont l'action se traduit par le polymorphisme des espèces, -la costulations du test, la desquamation de la coquille et enfin un très curieux cas de mélanisme que nous avons observé dans les Flandres sur les téguments d'//e/«;r nemoralis. M. LE D'^ BRAEMER, Professeur à la Faculté de Pharmacie de SU-asbourg. 1" LES PHARMACIENS-BOTANISTES ALSACIENS 26 Juillet. 1" J.-R. Spieimann. Pendant quatre générations les Spielmanii ont joué un l'Ole professionnel et académique à Strasbourg. Le deuxième du nom Jacques- Rimbaut {J acoh-Reinbold , 1722-1783) a pratiqué la pharmacie, enseigné la chimie, la botanique, la matière médicale, la poésie classique, analysé les sources hydro- minérales, démontré la chimie expérimentale devant ses élèves et les gens du inonde, dirigé le .Jardin botanique, inspiré et présidé de nombreuses disserta- tions sur toutes les matières du savoir humain qu'il cultivait, enseignait, propa- geait par la parole et les écrits. Il a publié des Éléments de Chimie (1763), de Matière médicale (17G6), une Pharmacopée générale (1783) et, sous le titre de Prndronuis (lorce argentinœ, le catalogue des plantes du Jardin académique le « Docter Garte » qui n'a disparu comme tel qu'après la destructive annexion de 1871. 2° Apollinnire Fée (1789-1874). Berrichon d'origine, À.-L.-A. Fée nappartient pas à l'Alsace par sa naissance, mais il a passé à Strasbourg la plus grande partie de sa carrière comme pharmacien militaire et professeur à l'Hôpital d'Ins- truction (1832-1849) et à la Faculté de Médecine (1833-1870). 200 BOTANIQUE Il a débuté clans la carrière comme pharmacien sous-aide à l'armée d'Espagne (1809). Il a publié le récit de ses pérégrinations et de ses tribulations dans la Péninsule Ibérique [Souvenirs de la guerre d'Espagne, Strasbourg 1836). Ayant passé par tous les degrés de la hiérarchie de la pharmacie militaire jusqu'au grade de pharmacien principal de l""*^ classe, il fut retraité comme tel en 1852, mais il a pu poursuivre sa carrière professorale jusqu'en 1870. Ses publications sont aussi nombreuses que variées et, comme Cl. Bernard, il a débuté par une tragédie non représentée. Nourri de lettres classiques, il a étudié eh botaniste Homère et Théocrite, Virgile et Pline. La Cryplogamie lui doit de nombreuses publications, en particulier sur les Lichens et une série de 12 mémoires sur la classe des Fougères. En botanique générale et appliquée, il a publié im Traité d'histoire naturelle jjharmaceutique (2 volumes, Paris 1828; 2« édition, 1837). De nombreuses notes sur des sujets variés de botanique et de matière médicale s'ajoutent à son vaste bagage scientifique. Observateur des hommes comme des plantes, il a écrit de nombreuses études littéraires, morales et philosophiques. Par profession comme par goût il a beau- coup voyagé et a laissé de nombreux et très intéressants récits de voyage en Espagne, en Corse et dans différentes provinces de l'Empire français. Chassé de Strasbourg par l'Annexion, il est allé mourir à Paris en 1874. 2° LA FLORE DES RUINES D'ALSACE A côté des espèces pariétales indigènes les murs écroulés des châteaux et des monastères de la plaine et des coteaux sous-vosgiens offrent de nombreuses formes acclimatées. Textes en main, on peut indiquer la date de ces naturalisa- tions et, par comparaison, l'origine géographique de ces formes. Ce sujet si attirant de l'histoire de la flore d'une région a tenté, il y après de soixante ans. Ad. Chaiin pour les grands châteaux de la vallée de la Seine. F. Kirschleger, a plusieurs reprises [Végétation alsalo-vosgierine, Flore d'Alsace, t. II, et Bull. Soc. Bot. de France, 1862), a consacré à cette question des notes résumant'ses obser- vations depuis les portes de Bâle jusque dans le Palatinat. Dans les dernières années du xix" siècle, Ernest Krause a complété ces observations [Mith. der phi- lomat. Gesell. IV, 1?^96). Il en résulte que, contrairement à une légende trop accréditée, les Croisés n'ont pas rapporté d'Orient des végétaux dont ils auraient orné les jardins de leurs burgs, mais qu'il faut remonter jusqu'au ix« siècle (Capitulaire de Villis de Charlemagne pour les plantes médicinales, et au xvr siècle pour les plantes d'ornement. Les unes et les autres viennent directe- ment ou indirectement surtout d'Italie. BRAEMER ET KUENY LES PLANTES MÉDICINALES DE l'aLSACE 201 MM. LES D'^ L. BRAEMER et R. KUENY, Professeurs à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg. LES PLANTES MÉDICINALES DE L'ALSACE 26 Juillet. Pour échapper au tribut très lourd que le commerce de l'herboristerie paie à l'étranger, il importe d'organiser la cueillette et la culture des plantes médici- nales indigènes ou susceptibles de s'acclimater. Cette organisation est le but de VO/Jice national des matières premières pour la droguerie qui a créé, dans chacune des régions économiques du pays, un comité régional et des sous-comités locaux. L'Alsace est plus particulièrement favorisée par l'abondance et la variété de ses richesses naturelles et culturales. Ainsi les Vosges fournissent des sortes supérieures de certaines plantes très actives comme la digitale et l'aconit ou très usuelles comme la gentiane et l'arnica. Les forêts de sapins pourraient livrer comme naguère la térébenthine de Strasbourg. Les champs de myrtilles et de framboises donnent d'abondantes moissons. Nos houblonnières livrent cônes et racines de houblon. Toutes nos routes sont bordées de tilleuls ou de cerisiers et pourraient sulïïre non seulement à la consommation de la région, mais alimenter un important commerce d'exportation. La mélisse, la menthe et le bouillon- blanc sont cultivés et leur culture, très rémunératrice, pourrait s'étendre. Dans chaque jardinet croit un pied de romarin qu'il serait facile de multiplier. Nom- breuses sont les espèces sauvages qui viennent grossir cette liste. Un faible effort suffirait pour régulariser, étendre et organiser non seulement la cueillette et la culture, mais pour transformer les galeries qui ornent nos maisons rurales en autant de séchoirs de plantes médicinales comme cela se pratique déjà pour le tabac. Les auxiliaires les plus efficaces de cette œuvre utile seront les maîtres et surtout les maîtresses de l'enseignement primaire et moyen. On ne fait jamais appel en vain à leur dévouement pour là chose publique. M. P. LAVIALLE, Professeur à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg. SUR LE TÉGUMENT OVULAIRE DES COMPOSÉES Juillet. On sait que le tégument ovulaire des Composées se trouve envahi de très bonne heure par un agent de désintégration, qui le divise rapidement en deux zones : l'une externe intacte, l'autre interne gélifiée. Cette gélification parait en rapport avec la différenciation de l'assise interne du tégument qui tapisse le sac embryonnaire après la résorption du nucelle. 202 BOTANIQUE Expériences personnelles. — a) Des ovules de Cyncira Scolyrmis et d'Helianthus annuus, pris bien avant la fécondation, mais après la différenciation du. lissu tégunientaire, sont broyés finement et mis à macérer dans de l'eau distillée pendant quatre heures. Le liquide filtré est additionné de quatre volumes d'alcool à 95"^. Le précipité obtenu redissous, est précipité de nouveau par l'alcool, puis repris, après essorage, par quelques centimètres cubes d'eau distillée. b) Des coupes d'ovules d'Helianthus et de Cynara jeunes, chauffées à 100°, pendant un quart d'heure, sont placées dans la solution précédente. Lès parois cellulaires du parenchyme tégumentaire se gonflent d'abord et disparaissent ensuite. c) Des coupes semblablement traitées sont placées dans la même solution préalablement chauffée à 100°. Les membranes cellulaires restent intactes. d) L'assise interne du tégument ovulaire soumise, à chaud, à l'action du réactif de Millon (nitrate acide de mercure) prend, dans sa région différenciée, soit autour du sac, une coloration rouge noirâtre. Conclusion. — La gélification de la zone interne du tégument est bien due à l'activité d'un ferment soluble, ou d'un groupe de ferments solubles fcytase), s'adressant à la membrane d'une part, et au contenu cellulaire (noyau en parti- culier), d'autre part. Les caractères histologiques qui précèdent et accompagnent la résorption centrifuge progressive de cette zone, ne permettent pas de douter que les fer- ments sont sécrétés par la partie interne différenciée du tégument ovulaire. M. E. CHKMIN, Professeur au Lycée Malherbe, Caen. INTOXICATION DU SOL PAR LES PLANTES 58.11 Les plantes empoisonnent-elles, par leurs racines, le sol dont elles tirent, en partie, leur nourriture? Y a-t-il excrétion, par les organes sou- terrains, de principes pouvant compromettre une seconde récolte d'une même plante sur un même terrain ? Historique. — A. -P. de Candolle (1) insiste assez longuement sur cette excrétion possible. 11 cite, d'après de Humboldl et Plenck, un certain nombre de plantes qui nuisent au développement d'autres plantes. D'après lui: « Un pêcher gâte le sot pour lui-même à ce point que, si, sans changer la » terre, on replante un pêcher dans un terrain oîi il en a déjà vécu un autre w auparavant, le second languit et meurt, tandis que tout autre arbr^ peut y » vivre. » (1) A. -P. DE Candolle, Physiologie végétale, t. Ill, pp. 1674 et suivantes, Paris, 1834. E. CHEMIN — INTOXICATION DU SOL PAR LES PLANTES 203 Il rappelle les expériences de Macaire: « Des haricots languissent et meurent dans de l'eau qui renferme la matière » préalablement exsudée par les racines d'autres individus de la même espèce, » tandis que des plants de blé prospéraient dans cette même eau chargée des » excréments d'une légumineuse. » Ce n'est pour lui qu'une hypothèse, mais il a pleine confiance en des recherches nouvelles: « C'est un sujet de recherche délicat, mais important, que j'ose proposer aux » chimistes, de reconnaître dans le terrain, la nature des excrétions de divers » végétaux. » Liebig (1) parle aussi de: « tous ces principes malfaisants qui nuisent à la prospérité des générations » végétales à venir. » S'il admet la fatigue du sol par des cultures répétées, il l'explique sur- tout par un appauvrissement en éléments fertilisants et par l'existence dans le sol de matières organiques provenant de la décomposition des racines; par l'addition de chaux on peut annihiler l'action nuisible de ces dernières. Les expériences de Lawes et Gilbert (2), sur la culture continue du blé, en particulier, poursuivies pendant de longues années et conçues principalement dans le but de déterminer la nature et la quantité des éléments organiques et minéraux puisés dans le sol, ont paru détruire l'hypothèse de l'intoxication du sol. P. -P. Dehémin (3) en rendant compte de ces expériences, constate une diminution graduelle dans le rendement; il le met sur le compte de l'épuisement et il ajoute: « Le processus de cet épuisement diffère considérablement des idées préconçues y> qu'on s'était faites à cet égard. » Il considère bien la culture continue comme « fâcheuse » (4); il n'ose pas condamner la pratique des assolements ; mais il prétend qu'une bonne aération du sol, l'enlèvement des mauvaises herbes par des sarclages répétés, comme cela fut fait à Rothamsted assurentun rendement suffisant dans la culture continue du blé. (1) J. DE Liebig, Lettres sur l'agriculture moderne. — 1" lettre, traduction Swarts, 1862. (2) J.-B. Lawes et J.-lî. Gii-bkut, The Journal of the roijal AgricuUural Society. — Années 1864 et 1884. (3) P. -P. Dehérain, Sur la culture rontinue du blé à Rothamsted. — An. Agron., 1885. (4) P. -P. Dehérain, Lu culture du blé en France. — Revue générale des Sciences, 1902. ^ 204 BOTANIQUE L'hypothèse de de CandoUe. abandonnée par les plus célèbres agronomes fui reprise par Milton Whitney (1) et son école. Whitmy dit.: « Comme les animaux les plantes rejettent des excréta dont elles doivent se » débarrasser. Il faut donc assainir les terres comme on assainit les écuries et » les étables. » Il cite l'expérience suivante: des plants de blé en plein développement dans un pot sont coupés et remplacés immédiatement par d'autres plants de blé, la seconde récolte est moitié moindre que la première. Les mau- vaises herbes nuiraient aux plantes cultivées surtout par la production de toxines. Il ajoute: « Nous n'avons pas pu séparer des substances toxiques et les mettre dans un » récipient avec l'étiquette: ceci est une toxine. Mais je compte que nous pour- » rons identifier sous peu quelques-uns de ces excréta toxiques. » Ce fut là le point de départ de toute une série de recherches. En 1907, .7. Dumont et Cli. Dupont (^2) montrèrent que. contrairement aux affirmations de Lawes et Gilbert qui prétendaient que la luzerne peut revenir indéfiniment sur une terre de jardin, les légumineuses donnent un rendement bien moindre sur une terre de luzerne que sur une terre de vigne. Poiiget et Choucliak (3) ont pu extraire, par l'eau, de la terre d'une luzernière épuisée, un principe qui alîaiblil le développement de la luzerne sur terre vierge. Un mèine extrait aqueux, et calciné, est sans effet. L'alcool n'enlève pas ce principe à la terre. « L'action nocive de l'extrait de terre de luzerne est donc nécessairement due aux sécrétions de la luzerne elle- même. » Différentes substances toxiques: acide picoline-carbonique, acide dioxy- stéarique, etc., ont été isolés du sol par Schreiner et Shorey, Schreiner et Lathrop (4) et leur nocivité pour les plantes a été déterminée. De nombreux chercheurs ont essayé différents antiseptiques pour rendre au sol sa productivité (5). Le sulfure de carbone, le toluène, l'aldéhyde formique, ont donné de bons résultats. Prianichnikov (6), sans nier formellement l'existence d'excrétions nui- sibles, attribue la baisse de récolte principalement à des facteurs phy- siques, biologiques et physiologiques. M. Molliard (7), opérant en milieu (1) M. Whiïney, Lu fertilité du sot. — Analysée par D. Zolla dans la Revue annuelle d'Agronomie. — Revue générale des Sciences, 1907 et 1908. (2) J. Dumont et Ch. Dupont, Sur la culture des légumineuses fourragères. — C. R. Ac. Se, 1" sem. 1907, p. 985. (3) PouGET et Chouchak, Sur la fatigue des terres. — C. R. Ac. Se, 2= sem. 1907, p. 1200. (4) Voir G. André. — Chi/mie agricole. (5) Voir R'ivue annuelle d' Agronomie par D. Zolla. — Revue générale des Sciences, 1915. (6) PaiANiCHNiKOV. — Sur la question des excrétions nuisibles des racines. Rev. générale de Rot., 1914, t. XXYbis. (7) M. MoLLi.VRD. — Sécrétions par les racines de substances toxiques pour la plcmte. Rev. générale de Bol., 1915, t. XXVIl. E. CHEMIN - INTOXICATION DU SOL PAR LES PLANTES 2o:j rigoureusement aseptique, a montré que, dans les premières phases du développement, il y avait production de substances toxiques. Polir lui, ces substances résistent à une température de 120''. La question, très complexe, est donc loin d'être résolue. Aucune contri- bution à cette étiide ne doit être négligée. C'est ce qui nous encourage à publier les résultats de quelques expériences faites sur le blé. Expériences. — Dans un champ de Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados), à sous-sol calcaire de l'étage bathonieii, après une bonne récolte de blé exempte ou à peu près de mauvaises herbes, nous avojis prélevé, en sur- face, quelques kilogrammes de terre fin septembre 1919. La terre fut débarrassée avec soin des fragments de racines et conservée en sac jusqu'à tin octobre. On en fit alors quatre parts sensiblement égales et chaque part bien émiettée fut mise en pots. Deux de ces pots, ainsi remplis, furent portés dans un four à flamber et maintenus à une température de 70° à 80" pendant trois heures. On s'assura, au moyen d'un thermomètre, que la chaleur avait pénétré toute la masse de terre ; à la fin le thermomètre plongé dans la terre marquait la même température que cekii du four. Les quatre pots ainsi préparés furent ensemencés le 3 novembre. Nous choisîmes pour cela des.grains de blé de la récolte précédente, appartenant FiG. 1. — Culture de blé et avoine sur terre ayant déjà porté du blé : 1. Blé sur terre non traitée. — 2. Blé sur terre préalablement chauffée. — 3. Avoine sur terre non traitée. — 4. Avoine sur terre préalablement chauffée. — Photographies prises le 28 février 1920. à une variété de blé rouge non barbu désigné dans le pays sous le nom de « chicot rouge », et des grains d'avoine de la variété dite « d'hiver « fré- quemment semés dans le pays après une récolte de blé. Le pot n° 1 rempli de terre non chauffée et le pot n° 2 avec terre préalablement chaufîée reçurent chacun une dizaine de grains de blé : les pois n" 3 (terre non chauffée) et n° 4 (terre chauffée) re«;urent un même nombre de grains d'avoine. Les pots lurent alors disposés dans une des plates- bandes du jardin botanique de Caen, enfoncés à peu près de toute leur hauteur dans le sol 206 BOTANIQUE pour y maintenir une humidité relative, et exposés également au soleil et à la pluie. La germination fut normale et ne présenta aucune particularité; après germination le nombre des pieds fut ramené à huit dans chaque pot. Dès le 21 décembre, une différence très nette se manifeste entre les deux blés, tandis qu'entre les deux avoines il n"'y a pas de différence appréciable; en l la végétation était moins active qu'en 2. A ce moment nous avons relevé les dimensions suivantes: Hauteur moyenne. Largeur moyenne des feuilles. N° 1 N" 2 10'^'". 3""", 8 A la fm de l'hiver, le 28 février l'état comparatif des cultures est" le suivant (fig. /; : en 1 la végétation est maigre, en 2 elle est plus dense, plus élevée et peut être évaluée au double de la première: les deux Fig. "2. — Photographies prises le "2fi juin 1920 des cultures de la figure 1. cultiu'es d'avoine présentent une légère différence, en 4 la végétation est un peu plus active (pi'en 3. Ces états relatifs se maintiennent en s'accentuant jusqu'à la floraison (fig. 2) . Dans le n*^ 1, un pied est mort, deux autres n'ont pas fourni d'épis; les cinq derniers n'ont donné que de courts épis; la hauteur moyenne est de 0"'.30. Dans le n° 2, les huit pieds se sont développés, mais aucun n'a E. CHEMIN INTOXICATION DU SOL PAR LES PLANTES 207 . tallé; tous ont fourni des épis dont la longueur varie de 4 cenlimètres à 8 centimètres; la hauteur des pieds est comprise entre O'",7oet 0"\95. Les huit pieds d'avoine du n" 3 ont donné 16 tiges, ceux du n" 4 en ont donné 19; il y a eu tallige el certains pieds ont donné jusqu'à 3 liges ; la taille est à peu près la même dans les deux pots, toutefois la végétation est moins dense et plus irrégulière dans le n" 3; les inflorescences sont nor- males et en rapport avec la taille des tiges. Dans l'ensemble la végétation n'est nettement très affaiblie que dans le pot n" 1, si ailleurs elle n'est pas très vigoureuse cela tient à l'exiguïté du milieu oîi les racines sont confinées, A la récolte, le 16 juillet, les résultats suivants ont été notés: Noml)re de grains. . Poids des grains. Poids de la paille. NO i 10 » 2^%6 (mal conformés) NO 2 113 3^-^,5 15s'",5 N» 3 312 6^^ lo«'-,8 N« 4 393 6g%8 25^5 Sur les racines, aucune anomalie n'a été remarquée. Les racines étaient chétives et le chevelu rare dans le n" 1 ; dans les autres vases les racines étaient bien développées avec un abondant chevelu qui s'efforçait de s'étendre en passant par l'ouverture inférieur du pot. Conolusims. — Dans la terre non chauffée, le blé n'a produit qu'une récolte maigre, presque insignifiante, dans la terre chauffée, son dévelop- pement fut beaucoup plus grand. Pour l'avoine le résultat a été aussi un peu meilleur dans la terre chauffée, surtout en paille, mais la végétation en terre non chauffée a été bien supérieure à celle du blé dans pareille terre. Peut-on admettre que la première récolte avait épuisé le sol en éléments fertilisants pour le blé seulement? Nous n'avons point fait d'analyse du sol Mais la chaleur, ayant rendu sa fertilité à la terre, sinon en totalité, du moins en partie, n'a apporté certainement aucun élément fertilisant, et d'autre part elle n'a pu modifier la nature des éléments restants et les rendre plus assimiliables, car son action se serait fait sentir avec la même intensité sur les cultures d'avoine. l^es racines de la précédente récolte avaient été éliminées avec autant de soin que possible; il est difficile d'admettre que les fines radicelles, qui pouvaient rester ou qui s'étaient déjà décijinposées avant prélèvement de la terre, aient donné naissance à des substances toxiques pour le blé seu- lement et que la chaleur aurait détruites. La chaleur a pu modifier la flore microbienne. G. Truffant et //. Berssonoff {\) ont rappelé qu'une stérilisation partielle par la chaleur ou (1) G. Truffaut et H. Behssonoff, Influence de la slériUsation partielle sur la composi- tion de la flore microbienne du sol. — C. R. Ac. Se, 25 mai 1920. 208 BOTAMQGE par des agents chimiques diminue le nombre des j)rolozoaires et augmente celui des bactéries. Sans se livrer à des recherches microbioiogiques, on peut dire que, si c'était là la cause des diJïérences constatées, les difïé- rences entre les cultures d'avoine devraient être sensiblemenl de même ordre qu'entre les cultures de blé. Nous sommes donc obligés de conclure à une « fatigue du sol », et nous sommes ramenés à l'hypothèsr de de CandoUe et à la théorie de Whitney. Le blé eœsuderaif par ses racines des principes qui nuiraient au développe- ment d'une nouvelle récolte : ces principes ne résisteraient pas à une tempé- rature prolongée de 80'\ ils se comporteraient comme des toxines. Les différences constatées |>euvent ne pas être aussi importantes dans tous les sols. On peut admettre qu'à ces poisons il y a des antidotes ; la chaux éteinte pourrait en jouer le rôle, puisque, d'après L/e6?^, elle donne une nouvelle fertilité à un sol fatigué. Sur un sol pauvre, se prêtant mal à la culture du blé, comme celui de Rothamsted, les etïets de l'empoison- nement peuvent être moins sensibles. La circulation facile de l'eau, dans un sol léger, peut entraîner plus lapidement et ('-loigner les toxines produites. Les toxines du hV- nuiraient également au développement de l'avoine, mais à un moindre degré. A.-P. de Candolle (1) le prévoyait déjà lorsqu'il écrivait : « Les excrétions de certaines espèces sont nuisibles à leur propre famille w. Il ajoutait : « Et favoiables à d'autres familles. » Nous rappellerons à ce ]>ropos ce que nous avons établi pour des plantes parasites du genre Lathrœa (2); ces parasites émettent par leurs organes souterrains des principes qui activent la végétation des graminées voisines. Ce sont là autant de faits nouveaux qui viennent confirmer l'hypothèse émise pour la première fois par A.-P. de Candolle. M. LE Docteur DAl.MON, Bourroii (Seine-et-.Marne). LES VIEILLES FUTAIES DES RÉSERVES DE LA FORÊT DE FONTAINEBLEAU (XXP SÉRIE) CONSIDÉRÉES GOMME RÉSERVES BIOLOGIQUES. LEURS CARACTÈRES, FAUNE ET FLORE 63 49 (44.361) Dans la forêt de Fontainebleau, il existe une réserve dite artistique de 1.200 liectares, retirée à toute exploitation. Cette réserve se compose de rochers et de quelques vieilles futaies déjà décré- pites en 1720 (voir rapport du Maitre des Eaux de Ealucre). (1) A.-P. DE Candolle, loc. cil. (2) E. Chemin, Observations analomiqites et biologiques sur le fjunre Ltilhrœa. — Thèse, Paris, 1920. M. DENIS — CONTRIBUTION A LA FI.ORK ALGOLGGIUI E 209 Dans ces futaies, composées de chêne, hélre et charme, Tarbi-e accompht son cycle complet. Arrivé au terme de la décrépitude, il s'effondre et ses débris resteraient sur le sol si les naturalistes réclamaient leur conservation. A ce cycle ligneux complet et à l'évolution du massif, correspondent des asso- ciations végétales et animales très riches et très rares. 11 est donc intéressant de signaler ces réserves, uniques dans le bassin de Paris, très connues des botanistes et des entomologistes, mais considérées surtout comme matériel d'études picturales et non comme un ensemble œcologique, dont le caractère est particulièrement précieux à une époque où l'étude des phéno- mènes est toujours faite en fonction du milieu. M. Marcel DENIS, Préparateur à la Faculté des Sciences de Paris. CONTRIBUTION A LA FLORE ALGOLOGIQUE DES ENVIRONS DE PARIS 58.83 (44.361) I. — DESMIDIk'ES lŒS MARES DE FONTAINEBLEAU. Si la flore phaiiérogamique de la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne) est parfaitement connue, il n'en est pas de même de sa llore cryptoga- mique et particulièrement des algues d'eau douce. Les seuls renseigne- ments que l'on possède sur ces végétaux se trouvent dans les deux notes que Petit (1 ) et Mirande câ) ont consacrées à de rares récoltes faites çà et Jà dans les mares de la forêt. D'ailleurs la pauvreté de notre documentation algologique n'est pas un fait particulier à la région ni même aux environs de Paris. Tandis que dans Ift pays voisins de nombreux travaux florisli- ques, systématiques et écologiques ont été entrepris sur les algues d'eau douce, il y a à peu près tout à faire, en France, dans cet ordre d'idées. Au cours de trois années de recherches sur la végétation des mares de Fontainebleau, j'ai réuni un certain nombre de données concernant leur flore cryplogamique. Une place de premier ordre y est tenue par les Desmidiées; cette note qui a simplement pour but d'en donner l'énumé- ration ne constitue que l'introduction préliminaire à un travail d'ensemble pour lequel je réunis toujours des matériaux. Les mares de la forêt de Fontainebleau sont des masses d'eau d'origine exclusivement météorique qui viennent s'accumuler dans les parties basses à la surface d'affleurement des bancs de grès rupéliens. 11 existe une étroite relation entre la pluviosité de la région et la quantité d'eau qui est rassemblée dans les dépressions gréseuses. Les variations saisonnières du niveau aquatique marquent la résultante des effets de la pluviosité combinés à ceux de la sécheresse et, selon les cas, le déplacement vertical change de signe. Jusqu'en avril, le niveau (1) P. Peiit. — Liste des Desnikliécs observées dans les eiivirons de Paris. But. Soc. Bot. Fr., XXIV, 1877. (2) U. MiKANDE. — Note sur quelques Ahjues du plancton récollées à la mare au i Pigeons pré'i Franchard ( forêt de Fontainebleau). Bul. Soc. Bot. Fr., LVlll, 1911. 210 BOTANfQUE des eaux monte ; à partir de cette époque, l'évaporation l'emporte et le niveau s'abaisse jusqu'aux pluies d'automne pour remonter ensuite jusqu'au printemps. Ce balancement annuel ne produit guère do variations dans la concentration du milieu. Les eaux météoriques ne lavent qu'un substratum siliceux absolument insoluble aussi leur teneur en matières dissoutes reste-t-elle en toute saison extrêmement faible. On peuts'en rendre compte très facilement en mesurant le degré hydrotimétrique de ces eaux ce qui indique d'une manière approximative mais sufïisamment exacte pour une investigation écologique (1) leur teneur en carbonate de calcium. La différence entre le degré hydrotimétrique total elle degré après ébullilion ne dépasse jamais 1 ce qui correspond à des traces de calcaire. Ces eaux pauvres sont particulièrement favorables au développement dessphaignes et des plantes de tourbière kSphagnum. Le relevé des hydro- phytes et des hélophytes qu'on y rencontre a été donné par Evrm^d (2). Autour des mares s'étend généralement une ceinture deMolinia cœrulea qui fait le passage vers la lande à Calluna qui occupe sur les plateaux à mares tourbeuses des espaces souvent considérables. Dans la masse aquatique même végète un grand nombre d'algues appar- tenant aux groupes les plus divers (Myxophycées, Péridiniens, Flagellâtes, Diatomées, etc., et surtout Protococcacées et Desrnidiées). Soit dans la région la plus éloignée du bord où on peut les pêcher avec une gaze à blutter, soit sur les bords où il suffit de recueillir l'expression des touffes de Sphagnnm, les algues sont à certains moments de l'année particulière- ment nombreuses et pour nous en tenir actuellement aux Desmidiées, c'est pendant la belle saison que se manifeste l^r maximum numérique et leur plus grande variété spécifique. J'ai indiqué dans le tableau ci-dessous les espèces que j'ai déterminées jusqu'ici (+). Le signe — indique les espèces que Mirande (Inc. cit.) a touvées dans la mare aux Pigeons et que je n'ai pas revues; celles qui sont marquées ±: ont été vues par Mirande et par moi. Je me suis limité à dessein dans ce premier essai à 5 mares : mares du Mont Ussy, aux Pigeons, aux Couleuvreux, aux Fées et d'Épisy. Tout ce qui était nouveau pour les environs de Paris a été marqué d'un * et par ** j'ai désigné les formes qui ont été rencontrées pour la première fois en France. Les genres ont été classés dans l'ordre adopté par West (3) et les espèces jusqu'au '^enre Staurastrum oni éié énumérées dans l'ordre des Brilish Des- midiaceœ (4). J'ai suivi, pour les autres espèces, l'ordre adopté par Cooke (5). (1) M. Langeron. — Valeur de l'hydr timétrie en géographie botanique pour l'étude des accidents locaux. But. Soc. Bot. Fr., LVIH, 1911. (2) F. Evrard. — Les faciès végétaux du Gdtinais français, etc. Thèse Fac Se. Paris, n» 1565, 1915. (3) G.^. West. — Algœ I. — Cambridge, 1916. (4) W. West et G. S. West. — Monography of the British Desmidiacew. Ray. Soc, London (I, II, III, IV — 1904, 1905, 1908, 1912'i. (5) G. Cooke. — British Desinids. London, 1887. M. DENIS COiNTRlBUTION A LA FLORE ALGOLOGIQUE A. — SACCODERMiE I. — Gonalozygœ. 1. '■'GoNATozYGONj de Baiy. ■■G. Brebissonii, de Bary II. — Spirotœnieœ. "2. Netrium, Nâg. A'^. Digilus (Ehrenb), Itzigs et Rothe . iV. inteiritplum Bréb) Liilkem. . . . 3. Mesot.ïnium, Nag. *M. Endlicherianum, Nag B — PLAGODERM^ 111. — Closteriœ. 4. Closterh.m, Nitzsch, C. Ardierianum. Clève C. didymotocum, Corda *C. costatum, Corda C. striolatum, Ehrenb C. Venus, Kûtz V. Bianœ, Ehrenb C. Jenneri, Ralp C. Jenneri, var 'h-ohuslum, G. S. West C. Leibleinii, Kiitz C. Elirenbergii, Menegh , C. Lanceolatmn, Kiitz , *C. gracile, Bréb C. pronium, Bréb **C. aubulatum (Kûtzj, Bréb *C. Ralfdi var '■'Itybridum, Rabenh.. . , *C. Kiltzingii, Bréb C. seiaceum, Ehrenb IV. — Cosinarieœ. o. Pleurto.eml'm, Nag. *P. Elirenbergii (Bi'éb), de Bary . . . . 6. Tetmemorus, Ralfs. T. granulatus (Bréb), Ralfs MARES + + + c o + + + + + •0^ W + + + + + + 212 BOTANIQUE 7. EuASTRL'M, Ehrenb. E. oblongum (Grev.). Ralfs E. anmtum var ■■'■■pyxidatum, Delp . E. elegaiis (Brél).), Kûtz E. hinale (Turp.j, Ehrenb forma ''"^Gutivinskii, Schmidle . . . E. pectinatum, Bréb E. verrucosiim, Ehrenb. ...... ■■'*E. insulare (Wittr.), Roy 8. MicRASTERiA.s, Agardh. M. truncata (Corda), Ralfs M. papillifem var '■■'■■'glabro, Nordst . . . M. apiculata var fimbriata (Ralfs), Nordst. M. rotata (Grev.), Ralfs ■M. Crux. — MelUensis (Ehrenl).), Hass. . C. c. c. *c. r. *c. c. c. c. *c. *c. c. *c. c. r. c. c. c. 9. CosMARiuM, Corda. 1 1 ne tum, Ralfs pyramidatum, Bréb venustum forma minor, Wille. . . . moniliforme (Turp.), Ralfs connatiim, Bréb. psc'udoconnatum, ^ovàs\ recta ngulare var Cambreuse (Turn.' G. S. West quadralum, Ralfs sphagnicolum, West et G. S. West. . pygmœum, Arch abbreviatum, Racib Meneginnii, Bréb CucurbUa^ Bréb rc ni forme (Ralfs), Arch margaritiferum, Menegh humile (Gay), Nordst. Blytlii, wille tetraopJithaimum, Bréb Botrytis, Menegh conspersum, Ralfs amœnum, Bréb pseudamœnum, Ville West et + +. + + + + + + + + + H- + + 4- + + + + M. DENIS — CONTRIBUTION A LA FLORE ALGOLOGIQUE 213 10. Xanthidium, Ehrenb. A', antilopœum (Bréb), Kùtz , . A', cristatmn, Bréb A. fasciculafiim, Ehrenb 11. AuTHRODESMus. Ehrenb. *A. Incus (Bréb.), Hass var *'^Ralfsii, West et G. S. West. •'*4. triangularis, Lagerh.. .- A. convergens, Ehrenb ■^A. octocornis, Ehrenb 12. Staur.vstrum, Meyen. 5. dejectum, Bréb ■'*S'. lunatum, Ralfs *iS. cristatiïm (Nfcg.), Arch •"•''S'. Reinschii, Roy S. teliferum, Ralfs S. punctulatum, Bréb S. alternans, Bréb . S. dilatalum, Ehrenb . . S. gracile, Ralfs . . S. paradoxum, Meyen S. aculeatum (Ehrenb.), Menegh S. farcigerum, Bréb 13. Sph^rozosma. Corda. S. verlebratum, (Bréb.), Ralfs 8. cxcavatum. Ralfs *S. filiforme (Ehrenb), Rabenh. . . **/S. pygmœum, Rabh '■S. pulchellum, Arch . 14. Hyalotheca, Ehrenb. H. dissUiens (Smith), Ralfs . . //. mxicosa, Ehrenb 15. Desmidium, Agardh. D. Swartzii (Ag.), Ralfs 16. Gymnozyga, Ehrenb. G. moniliformis, Ehrenb MARES + c o + + + + + 11 O + + -h W + + + + + + + + + 214 BOTANIQUE Trois fails principaux relatifs à la localisation stationnelle, à la variété spécifique et à la répartition géographique des Desmidiées se dégagent de ce tableau. Je m'empresse tout d'abord de faire remarquer que bien que situt'^es sur des grès tertiaires les mares de Fontainebleau ont une riche flore desmidiale. J'atlire l'attention sur ce fait parce que, pour certains auteurs (1) (2) ce serait surtout sur les terrains paléozoïques (}ue l'on ren- contrerait en abondance des Desmidiées. Lorsque les terrains anciens, généralement imperméables et pauvres en calcaire supportent des masses aquatiques, les Desmidiées s'y développent d'une façon abondante parce que les eaux sont pures. Mais, dans des conditions analogues de pauvreté saline réalisées sur des terrains géologiques d'un âge différent — comme c'est le cas à l'onlainebleau — les mêmes algues peuvent tout aussi bien se développer pourvu que les autres nécessités vitales soient satisfaites. Il n'y a donc qu'une relation apparente entre l'ancienneté du terrain et la richesse en Desmidiées des eaux qu'il supporte. Le second fait que met en évidence la liste ci-dessus c'est la variété spécifique qui est très différente de mare à mare. Les sphaignes du Mont Ussy (Sph. cHspidatum var plumosum) se dessèchent très tôt et ce fait explique que les Desmidiées qui s'y trouvent mêlées rencontrent de bonne heure un milieu trop sec qui entrave leur développement. Les eaux des autres mares ne disparaissent jamais quelle que soit la sécheresse estivale aussi leur flore aquatique est-elle beaucoup plus riche. Elle est d'autant plus riclie aussi que l'ombre des arbres voisins est moins intense. Dans la marc d'Épisy très enfoncée sous bois les Desmidiées y viennent mal parce que l'ombre est trop forte. Sur les 8i espèces que j'ai déterminées actuellement 33 sont nouvelles pour les environs de Paris soit 30 0/0. Parmi elles 9 n'ont jamais été trouvées en France. Enlin le genre Gonatozygon est nouveau pour les environs de Paris. Tous les éléments qu'on rencontre dans les différents groupements systématiques ([ui habitent une station bien définie n'ont pas la même valeur synécologique. On trouve côté à côte des espèces qui sont exclu- sives à un genre de station donnée (Closterium graci/e, Cosmarium amœ- num, Cosmarium sphaynicolum pour les tourbières à Sphagnaiti) et des espèces moins exigeantes qui se rencontrent aussi dans des eaux plus riches (Closterium Leibleinii, Closterium lanceolatum, Cosmarium Botrylis, Cosmarium reniforme) . Pour se faire une idée de la « fidélité y stationnelle de telle ou telle espèce il est nécessaire d'entreprendre un travail de triage basé sur la connais- sance comparée des peuplements algologiques de diverses stations. D'autre part lorsque l'on compare la flore de stations analogues on retrouve un (1) \V. West et G. S. West. — On the periodicUy of tlie phyto-planlilon of some British Lukes. Journ. Lin. Soc. Bot., VL, 1912. i2) W. J. Dakin et M. Latarche. — The plankton of Longh Neagh. — Proc. Roij. Irish Acad., XXX, 1913. A. FÉRET — LE SAHARA FORESTIER 215 certain nombre d'espèces qui se répètent, on peut donc juger de Jeur degré de constance. Ainsi le peuplement desmidial des mares de Fontai- nebleau comparé à celui des marais de Stockem (1) en Belgique oflfre une très grande analogie; très peu d'espèces n'y sont pas en commun. A des conditions écologiques analogues correspond une listé d'espèces très comparable, en un mot on a affaire à la même associalion. Mais, pour entrei)rendre une étude synécologique, il est nécessaire d'avoir une très large documentation locale et ne pas se limiter à définir simplement Vélhos de chaque station pour employer l'expression de deux algologues anglais (2). Entrepris dans un sens écologique les relevés floristiques ont un rendement qui dépasse la valeur de l'énumération pure des formes rencontrées. Ceci doit réhabiliter un peu les Aoristes dans l'esprit des biologistes 1 M. A. FERET, Toutainville (Eure). LE SAHARA FORESTIER 63.49 (66.16) RESUME L'auteur, établissant un parallèle entre les dunes maritimes et les hauts pla- teaux sablonneux, ainsi que les étendues désertiques, cherche dans l'histoire les causes de leur état actuel, causes auxquelles il ajoute la teneur du sol en sel. Il montre les avantages de tout ordre qui résulteraient de leur peuplement par des espèces végétales, surtout arborescentes, appropriées au climat et à la nature du sol. Il cite un certain nombre d'espèces susceptibles (î'être utilisées dans ce but et préconise comme moyen économique leur semis ou plantation par les cara- vanes qui jalonneraient ainsi une route suivant les « oueds »; ce serait à la fois un point de départ et un essai dont il espère les meilleurs résultats. M. Jevn Fnil::DEL, Clief des Travaux de Botanique à la Faculté des Sciences de Nancy. REMARQUES SUR L'ANATOMIE DE L'AXE FLORAL DANS LE GENRE ANÉMONE ' 58.144 Dans un mémoire fondamental, Van Tieghem (3) a montré que la structure anatomique de l'axe de la fleur, à un niveau donné, dépend étroitement de la disposition des pièces florales situées au-dessus de ce (1) H. KuKFERATii. — Contribttlion à l'élude de la Flore algologiijae du Litxembourg méridional. But. So . Boy. Belgique Bot., LUI, 1914. (2i W.-J. Dakin et M. Latarchic, loc. cit. (3) Van Tieghem : Sur l'analomie de la jleur (Mrmoires des Savants étrangers à l'Acad.). 216 BOTANIQLE niveau. Des travaux plus récents (1) ont conduit à dégager ta conception de Van Tieghem des ](''gères réserves qu'il avait cru devoir conserver et à ne plus attribuer à l'axe de la fleur aucune individualiU' anatomique. Cet axe peut être considéré comme « la somme des queues » des pièces llorales dans le sens où Gaudichaux appelait la tige « une somme de queues de feuilles », les pièces llorales étant parfaitement assimilables à des feuilles, comme Gœthe l'a montré. Or, dans la plupart des plantes, les divers verlicilles floraux pn 'sentent un même type de symétrie : le type 3 dans le lis ou l'iris, le type o dans la pervenche, par exemple. Mais il est des cas où les verticilles floraux n'ont pas tous la même symétrie. C'est ce qui se produit dans le genre Lychnis où la corolle et landrocée ont le type o et le pistil le type 3 et chez le Passi/lom cœrulea L. (2) qui présente de curieuses alternances entre le type 3 et le type o. Les Renonculacées se prêtent très bien aux recherches de ce genre ; leurs parties aériennes sont, en général, dépourvues de formations secondaires, ce qui facilite la lecture des coupes. Dans le genre Aneinone, la fleur est située au-dessus d'un involucredeS bractées, le calice pélaloïde comprend des sépales en nombre variable, la corolle fait défaut, les étamines et les carpelles sont en nombre considérable et indéfini. Mes observations ont porté sur les espèces suivantes : Anémone stellala L., var. horiensis Lam. A. nemorosa L. ; ^. ranunadoides L.; A. coronaria L.: A. pulsatilla. J'ai étudié en outre VHepatica triloba Chaix, plante fort voisine du genre Anémone, dans lequel les anciens botanistes la faisaient entrer. Sur chaque espèce, des coupes ont été pratiquées au-dessous et au-dessus de l'involucre. , Anémone stei.lata. Au-dessous de l'involucre : o grands faisceaux alternant avec S plus petits situés un peu plus ît l'extérieur. Or les 3 bractées de l'involucre ont chacune 5 nervures, ce qui fait la faisceaux libéro-ligneux passant de l'involucre dans Taxe. lo étant un multiple simple de o, nous voyons immédiatement comment la symétrie de l'axe au-dessous de l'involucre dépend de la structure foliaire des J (raclées. Au-dessus de l'involucre, la symétrie de l'axe est la suivante : 8 grands faisceaux et 8 petits; c'est un type 4 très net. Dans l'.l. stellala, les sépales sont en nombre indéfini, la présence du type 4 au-dessus de l'involucre montre seulement que la symétrie est profondément modifiée au-dessous de l'involucre par les nervures des bractées. Chez l'Anémone nemorosa et 1'^. ranunculoides, les trois bractées ont une forme de feuilles composées, le nombre des nervures est toujours 5 par bractée. (1) Voir par exemple, 0. Bonnieu <'t .1. Friedel : .S'(//' les entrenœuds de la fleur {Rev. (jèn. Bot., 1917). (2) Jean Friedel, Rev. gén. Bât., t. X\V bU, 1914. \ J. FRIEDEL ANATOMIE DK l'aXK FLOUAI, 217 Anémone nemorosa. Dans VA. nemorosa, si l'on pratique une coupe au-dessous de l'involucre, on trouve la même disposition par 5 que dans VA. slellalu : 5 grands faisceaux alternant avec 5 petits. Les sépales sont en nombre variable suivant les individus, le nombre le plus fréquent est (3. Au-dessus de l'involucre, le nombre des faisceaux varie de 11 à 13 sans qu'on puisse établir de différences bien nettes et bien constantes entre les fleurs présentant tel ou tel nombre de sépales. D'ordinaire chaque tige florifère porte une fleur unique. J'ai étudié un échan- tillon anormal à deux involucres superposés. Un premier involucre présente 4 bractées au lieu de 3; de cet involucre partent deux pédoncules, l'un normal et sans bractées, l'autre muni d'un involucre à 2 bractées. Une coupe pratiquée au-dessous de l'involucre inférieur a montré 8 grands faisceaux alternant avec 8 petits au lieu de la symétrie habituelle par 5. Or cet involucre présentant 4 bractées à 5 nervures chacune, on conçoit que le nombre des faisceaux du pédoncule puisse se rattacher à une symétrie par 4. Au-dessous du second involucre, on retrouve la symétrie par S, ce qui corres- pond bien aux 10 nervures fournies par les deux bractées. Anémone ranunculoides. • La fleur à! Anémone ranunculoides possède habituellement 5 sépales. Dans ce cas, on trouve le type 5 dans le pédoncule aussi bien au-dessus et au-dessous de l'involucre. Chez les Anémone pulsotilia et coronaria, le nombre des faisceaux est plus grand et les l'ésultats moins nets. Anémone puhaliUit : au-dessous de l'involucre 20 faisceaux, 22 au-dessus. J'ai étudié deux échantillons horticoles (ï Anémone coronaria; les résultats ont été fort différents pour les deux. Sur une fleur de petites dimensions, j'ai trouvé 15 faisceaux au-dessous de l'involucre, 10 au-dessus, ce qui cadrerait parfaitement avec la loi indiquée. Sur l'autre échantillon beaucoup plus volumineux et dont les bractées présentent un grand nombre de nervures, il y a 23 faisceaux au-dessous de l'involucre, 27 au- dessus. Dans VHepaticd, où toutes les parties de la fleur sont du type 3, il y a en général 12 faisceaux au-dessus des bractées, 9 au-dessous dont 6 sont prédo- minants. Sur quelques échantillons, on observe un type 7 assez inattendu provenant du dédoublement de l'un des gros faisceaux. Il y aurait intérêt à étudier métliodiquement les cas, en somme assez peu nombreux, où dans une même fleur des symétries dillérentes se superposent. Ces quelques observations sur les Anémones sont une contri- bution à cette étude. 218 BOTANIQUE M. E. WALTER, Strasbourg. 1" LES ESPÈCES ALPINES DE LA VALLÉE DU RHIN Le Rhin, dont les alluvions ont formé en grande partie la plaine s'étendant des Vosges à la Forêt-Noire, a eu une influence prédominante sur la flore de cette région en y amenant toute une série de plantes des Alpes quon ne trouve ni dans les Vosges ni dans la Forêt-Noire. On peut diviser les éléments alpins en cinq catégories : 1° Espèces ayant un caractère transitoire, et qui se rencontrent sur les bords immédiats du fleuve. Ex. : Linaria alplna, Campunula pusilla. 2° Espèces habitant les sables et graviers le long du fleuve. Ex. : Myricaria germanica, llippophae rhamnoides, Equisetum trachyodon, et evariegalum. 3° Espèces ligneuses composant les bois de la plaine rhénane. Ex. : AInus incana, et différents Salix. 4" Espèces habitant les prairies marécageuses à sol noir (Kieds) entre l'IU et le Rhin. Ex. : Genliana utriculosa, Géranium palustre, Gladioliis palusler, Viola staynina. S" Espèces ayant gagné les collines. Ex. : Buphthahnum salicifolimn, Tofieldia cahjculata, Biscutella laevigata, Salvia glutinosa. 2- LES ROSIERS HYBRIDES DES VOSGES L'étude des rosiers sauvages n'est pas aussi difficile que beaucoup de commen- çants se l'imaginent. Tout en offrant une grande variété de formes, les espèces ont été, grâce aux travaux de Bunial, Gremli, Cltrist et Crépin, bien délimitées et n'offrent pas les fluctuations que présentent les Rubus. La question de l'hybridité ne joue pas, chez les églantiers de l'Est de la France, un rôle aussi important que chez les saules ou les cirses. 11 n'y a que deux groupes qui ne peuvent se rencontrer sans se mélanger, ce sont les Rosa arvensis et Rosa galHca, et les Rosa alpina et Rosa piinpincllifoUa. Parmi les autres rosiers des Vosges, les hybrides sont rares et ne se rencontrent qu'isolément. Les rosiers hybrides se distinguent généralement par 1?. grandeur de leur corolle et par la vivacité du coloris de leurs pétales. J. GARMER DISPOSITIF SIMPLE ET ÉCONOMIQUE 219 M. J. GARNIER, Chef de Travaux à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg. DISPOSITIF SIMPLE ET ÉCONOMIQUE DE PHOTOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 77.831 Ce disposilif, basé sur îiii procédé connu depuis de longues années, permet d'adapter instanlanémenl à l'usage pholoniicrographique le micros- cope que Ton possède el l'appareil photographique, quel qu'il soit, dont on se sert habituellement pour tous autres usages. Il sullit de faire dresser par. un menuisier une planche longue de 60 cen- timètres, large de 22 centimètres, et épaisse de 2 à 3 centimètres; une autre planche de même largeur, moins épaisse et moins longue (35 centi- mètres), peut coulisser sur la première à l'aide d'une bordure latérale et de deux encoches faites sm- 10 centimètres de longueur et dans lesquelles FiG .1. sont engagés deux petits boulons avec écrôus à oreillettes. Le microscope se placeen position horizontale sur la première planche; la petite reçoit l'appareil photographique: les deux instruments doivent, à l'aide de cales et de taquets convenablement posés, trouver leur place de telle sorte que les deux objectifs arrivent presque au contact et que tout mou\ement soit impossible, sauf le glissement prévu pour la mise au point avec des objec- tifs de divers foyers ou pour le tirage du tube du microscope. L'étanchéité du joint, contre la lumière extérieure, est assurée très suf- fisamment par une feuille de papier noir ou mieux par une rondelle de liège noircie, qui empêche en même temps les lentilles de se rayer 220 BOÏAMQIE mutuellement. Le parallélisme entre le plan de la platine du microscope et celui du verre dépoli doit être aussi exact que possible. Les résultats sont très satisfaisants, surtout pour les grossissements rela- tivement faibles usités en général dans les recherches botaniques. La dépense se réduit à un très simple travail de menuiserie; cette considéra- tion, ainsi que la rapidité du montage et la simplicité du maniement, sont des avantages sérieux sur les appareils spéciaux, parfois d'un modèle « colossal », souvent très comj)liqués, toujours fort onéreux et, en tous Cas, inaptes à tout autre usage courant. M. J.-E. GEROGK, Bibliothécaire de l'Université de Strasbourg UN BOTANISTE ALSACIEN : F. KIRSCHLEGER 92 — (Kirschleger, F) : 58 L'Association française pour l'Avancement des Sciences ayant pris en main la continuation, après la guerre de 1870-71, des anciens Congrès scientifiques de France, il n'est pas inopportun de rappeler, ici le souvenir de celui qui s'est tenu à Strasbourg, voici .soixante-huit ans écoulés, en septembre et octobre 1842. Cette 10^ session du Congrès scientifique a été un des événements mar- quants dans la vie, non seulement scientifique, mais politique aussi, de notre petit pays. Il a réuni un nombre considérable de participants; car le fait de voir venir à Strasbourg à une époque oîi il n'y avait guère, en fait de chemins de fer, que celui de Strasbourg à Mulhouse,- environ 500 personnes étrangères à la ville, parmi lesquelles il y avait une forte proportion de non-français : Allemands, Suisses, Italiens, etc., est en lui- même fort remarquable. Il bénéficiait justement de l'attraction particulière qu'excitait le nouveau chemin de fer d'Alsace, une des plus grandes lignes de l'époque, et d'une période de détente dans les relations franco-allemandes. Elle n'a pas duré longtemps mais elle est, néanmoins, nettement accusée entre les suites directes des guerres du commencement du siècle et la poussée de la politique de la Grande-Allemagne que la Prusse allait, quelques années plus tard, mettre au service des ses desseins d'expansion et de domina- lion. Et comme la Prusse voyait dans la France l'obstacle à ses projets d'hégéntonie européenne, c'est contre celle-ci qu'elle a fanatisé par tous les moyens l'opinion publique dans tous les pays de langue germanique. T.-E. GÉROCK — UN BOTANISTE ALSACIKN ; F. KlRSCnLEGEU 221 Les Allemands qui ont participé au Congrès (un certain nombre d'entre eux y ont joué un rôle marquant) ont signé, au moment de rentrer chez" eux, une adresse collective de remerciements non seulement correcte, mais cordiale, dans laquelle il n'y a pas trace des entreprises de revendi- cation que la période subséquente a vu se produire à tout propos envers l'Alsace et les Alsaciens, Le W Congrès nous a laissé la trace de ses travaux par les seize numé- ros d'un Bulletin quotidien qui était en lui-même une innovation heureuse, et les deux forts volumes de ses Procès -verbaux et Mémoires. Dans cette Section de Botanique, nous évoquerons la mémoire d'une des figures marquantes de la réunion scientifique de 1842, du botaniste alsacien Frédéric Kirschleger qui en a été l'un des principaux organisateurs. Né à Munster, près de Colmar, en 1804, professeur à l'École de Pharmacie et à la Faculté de Médecine, il en était alors à ses débuts dans la carrière uni- versitaire, mais son caractère, son activité particulière et l'entrain commu- nicatif qui lui était propre l'ont, dès ce moment, mis à la place qu'il a conservée sa vie durant, celle de représenter l'élément spécifiquement alsacien dans le cadre de la science française. L'œuvre capitale de sa vie a été de doter sa province d'une Flore conçue naturellement, au point de vue systématique, d'après les conceptions de son temps, mais à laquelle il a su procurer en outre une valeur considé- rable par les développements qu'ils lui a donnés. Celle Flore d'Alsace, parue en trois volumes de 18o2 à 1862, dans laquelle sont combinés, avec une connaissance approfondie des travaux des autres botanistes de la région à toutes les époques, les résultats de ses explorations personnelles et l'amour enthousiaste qu'il portait à sa patrie, n'a pas seulement été un ouvrage de botanique descriptive. Le Guide pra- tique du Botaniste qui en constitue presque tout le troisième volume, dépasse considérablement ce que ce sous-titre sembleraitindiquer et aété, on peut dire, une révélation de l'Alsace elle-même à un moment i)articu- lier de son histoire : celui du développement rapide des moyens de com- munication nouveaux par les chemins de fer. C'est précisément le Guide de Kirschleger, qui donnait non seulement des itinéraires botaniques et des listes de stations de plantes, mais des indications de tout genre sur le pays en général, qui a été le premier en date des Guides du voyageur dans les montagnes des Vosges comme dans la plaine d'Alsace. La fortune de ce livre remarquable, presque uni(iue en son genre, dure encore. En eflfet, c'est toujours encore à la Flore de Kirschleger (pTil faut revenir en matière vogéso-rhénane. En un demi-siècle écoulé depuis l'apparition de la deuxième édition (1869-1870) qui, soit dit en passant, n'a pas été un progrès sur la première, il a bien paru d^assez nombreux travaux de détail dont certains ne sont pas sans mérite, dûs à des bota- nistes de tout genre, mais aucune œuvre d^ensemble n'a remplacé Kirsch- leger qui est resté la base de toute notre floristique régionale. Mais notre Kirschleger n'a pas seulement été un savant spécialisé dans 222 BOTANIQUE une luanclie du savoir humain, un vulgarisateur dans le meilleur sens du terme, il a été un patriote aux conceptions élevées. S'il a toujours visé à maintenir les droits de la petite patrie dans la grande, pour le plus grand bien des deux, il a également défendu, par la plume et par la parole, les droits et le patrimoine moral de la France vis à vis de l'étranger. Et l'étranger, c'était ici l'Allemagne alors en train de se prussifier, que nul mieux que les Alsaciens éclairés comme il en était un, ne pouvait connaître dans ses desseins et juger quant à ses procédés. Le destin lui a épargné de voir l'aboutissant de cette évolution dont il avait pu suivre les étapes. Il est mort à la fin de 1869, plus heureux en ce sens que son collègue et ami Emile Kiiss, le dernier maire français de Strasbourg, qui est allé mourir à Bordeaux le 1«' mars 1871, le cœur brisé, le jour même que l'Assemblée nationale, où l'Alsace l'avait député, décidait d'abandonner au vaintjueur insolent trois déparlemenls du sol national. Le souvenir de Kirschleger vit encore parmi nous par une de ses créa- tions. En 1861 il a fondé, avec un succès marqué, V Association philoma- tique vogéso-rhenane, réunion libre de tous ceux (jui s'intéressaient aux sciences naturel les et à la région en elle même. Elle n'avait pu survivre à la désorganisation produite par les événements de 1870-71, mais, quel- que vingt-deux ans plus tard, un groupe d'Alsaciens a repris la tradition interromjRie et reconstitué dans le même esprit une nouvel le. Association à laquelle il fallut bien donner, dans une autre langue, un nom un peu dif- férent. Celle-ci, fortement fondée dans le pays, a résisté à la tempête que nous venons de traverser; elle a repris le nom tout à fait analogue d'.45.so- cialio» philomathique d'Alsace et de Lorraine et a été heureuse de trouver une place dans l'ensemble des sociétés savantes de France sous l'égide morale de l'Université de Strasbourg. Elle a participé au Congrès des Sociétés savantes de cette année, où plusieurs de ses membres ont, par des communications variées, marqué honorablement son rang. Elle avait réussi, il y a une douzaine d'années, par la voie d'une sous- ciiption publique, à ériger à son fondateur originaire, dans sa ville natale de Munster, un monument d'une haute tenue artistique dû à un artiste alsacien. Les Allemands n'ont su mieux faire que de le détruire en enle- vant les parties en bronze qui en constituaient l'élément principal. Peut-être la Section de Botanique du Congrès voudra-t-elle, par un vote formel, faire une manifestation qui ne sera pas sans valeur à l'effet de demander à qui de droit de faire toutes démarches et revendications utiles pour arriver à reconstituer le monument que nous avions dédié à la mémoire de Kirschleger, le botaniste alsacien et le savant français. A. GRAVIS STfiUCTl RE DE L HYPOCOTYLE 223 M. A. GRAVIS, Professeur à l'Université de Liège . STRUCTURE DE L'HYPOCOTYLE 58.144 L'hypocotyle est cette partie de l'axe de l'embryon qui porte le ou les cotylédons et qui se termine inférieurement par la radicule. Considérée dans l'ensemble des Phanérogames, la structure de l'hypocotyle présente de notables modifications. Trois cas i)rincipaux sont à considérer : 1° Les faisceaux libéro- ligneux, qui descendent des cotylédons et des feuilles primordiales, parcourent toute la longueur de l'hypocotyle et ne rencontrent le cylindre central de la racine que dans la région basilaire de celle-ci (jîg. A). Il en résulte que dans toute l'étendue de l'hypocotyle, FiG. A, /?, C, rt, ^, c. on trouve plusieurs, faisceaux libéro-ligneux à bois centrifuge comme dans une tige. En ce cas, nous dirons donc que la structure de l'hypoco- tyle est cauloïde (fiy. a) ; 2° Les faisceaux cotylédonaires et foliaires ne pénètrent pas, ou à peine dans riiypocotyle. C'est dans la région du nœud cotylédonaire, ou un peu en dessous, que les faisceaux libéro-ligneux se raccordent à un cylindre central, composé de plusieurs pôles ligneux centripètes alternant avec des 224 BOTANIQUE 9 ^.P Cài^ e^A.^ o A o 1. I 1 I I I I 8 FiG. 1 : Schéma d'une tige. — Fig. "2 : Un faisceau libéro-ligneux à bois centri- fuge. — Fig. 3, 4, 5 : Triade à trois nj_ veaux. — Fig. 6: Un pôle ligneux centri- pète alternant avec deux massifs libé riens. — Fig. 7 : Schéma d'une raci ne. — Fig. 8 : Schéma du raccord du bois centrifuge au bois centripète (ce dernier est représenté par un trait interrompu). pôJes Jibériens comme dans une racine (fig. C). Dans loiile l'étendue de l'iiypocotyle, la structure est donc radicoïdt (fig. c) ; 3° Les faisceaux cotylédonaires et foliaires descendent jusque tout en bas de l'hypocotyle et sont en contact avec le cylindre central de la racine qui, lui aussi, existe dans (ouïe la longueur de l'hypocotyle fig. B). Celui-ci a, ])ar ce fait, une structure mixte, caulo-mdicoïde (fig. b). D'une façon générale, on observe que les trois structures qui viennent d'être signalées sont liées au dia- mètre de l'hypocotyle embryon- naire. Lorsque l'hypocotyle de l'em- bryoïi est épais, sa structure, pendant la germination, est cauloïde (Cucur- bitaj. Lorsqu'il est grêle, sa structure est radicoïde (Mgella). Dans les cas intermédiaires, nous ob.servons une structure caulo-radicoïde (Mercu- ria/isj. Lorsqu'une graine germe, la radi- cule s'allonge et se garnit de poils absorbants. La circulation ne tarde pas à s'établir, grâce à la différencia- tion du bois et du liber. Dès ce moment, les faisceaux cotylédonaires et foliaires se raccordent au cylindre central de la racine. Ce raccord se fait par le moyen de groupements libéro-ligneux, qu'il convient de désigner sous le nom de triades. Conformément à ce qui vient d'être dit, c'est dans la région inférieure, dans la région supérieure ou dans toute l'étendue de l'hypocotyle que les triades sont localisées. Une triade se compose essentielle- ment d'un groupe de trachées centri- pètes compris entre les deux moitiés d'un faisceau libéro-ligneux à bois A. (J RAVIS STRUCTURE DE L HVPOCOTYLE 22o centrifuge. A un niveau supérieur, les trachées centripètes n'existent pas et les deux moitiés du faisceau sont unies en un faisceau normal. A un niveau inférieur, c'est le bois centrifuge qui fait défaut, tandis que les massifs libériens alternent avec le bois centripète. Fagus sylvatica. L. — Fu.. 9 : Entrenœud de la tige principale. — Fig. 10 : Un de ses faisceaux libéro-ligneux. — Fig, 11 : Hypocotyle. — Fig. 12 : Une de ses triades. — Fig. 13 : Racine principale. — Fig. 14 : Un de ses pôles ligneux, centripètes entre deux massifs libériens. Pour reconnaître la présence et l'organisation des triades, il- est néces- saire d'étudier les plantules à divers stades dès le début de la germination, et de les scruter dans toute leur étendue par le moyen de coupes transver sales successives. Lorsque l'hypocotyle s'allonge beaucoup, les trachées centripètes, différenciées généralement très tôt, sont étirées et plus ou moins résorbées lors de l'accroissement intercalaire : elles sont alors très difficiles à retrouver. 226 BOTANIQUE Les faisceaux qui entrent dans la constitution des triades, et que nous appellerons faisceaux triadants, sont les faisceaux cotylédonaires, parfois aussi les faisceaux foliaires descendant des feuilles primordiales, plus rarement les faisceaux sympodiques (résultant de la réunion de faisceaux foliaires descendant des feuilles supérieures). Les faisceaux triadants peuvent être en nombre égal, inférieur ou supérieur à celui des pôles ligneux de la racine. Lé premier cas. est le plus régulier; dans le deuxième cas, il y a un ou plusieurs pôles ligneux de la racine qui se terminent en pointe libre sans entrer dans la constitution de triades ; dans le troisième cas, il y a des triades normales et aussi des triades bi ou plurivalentes : ces dernières correspondent à deux ou à plusieurs nervures et non pas à une seule. Les triades affectent, d'ailleurs, diverses manières d'être ; elles devien- nent parfois presque méconnaissables. Dans les espèces qui ont un très gros embryon, les triades sont assez nombreuses : il y en a douze dans le Castanea vesca; huit dans le Qiiercus Robur ; six dans VjEsciiIus Hvppo- castanum ; quatre dans le Jugions regia; trois dans le Pmim sathnim; enfin, le nombre est réduit à deux chez beaucoup de Dicotylées dont l'embryon est de petite taille : NigeUa damescena, Urtica dioïca, etc. Dans ce dernier cas, l'organisation est fort condensée et profondément modifiée. C'est malheureusement par ces exemples particulièrement dilTi- ciles, que les anatomistes ont débuté. Aussi, pouvons-nous maintenant concevoir qu'il n'était pas possible, par cette voie, de se rendre compte du type primitif et de ses variations. L'existence des triades est un fait général, qui ne cesse de se manifester que dans les cas de différenciation trop peu marquée des tissus conduc- teurs (plantes aquatiques ou plantes terrestres à embryon minuscule). La structure des hypocotyles a été généralement étudiée sous le litre de Passage de la racine à la tige, et a fait l'objet de nombreuses recherches en France, et plus récemment en Angleterre. J'ai eu l'occasion d'examiner attentivement ces publications et d'observer moi-même l'organisation de plantules appartenant à plus de deux cents espèces de Gymnospermes et d'Angiospermes. Je me propose de faire prochainement l'exposé complet de ce travail. Une note préliminaire intitulée Connexions anatorniques de la tige et de la racine, a été insérée au Bulletin de la Classe des Sciences dé l'Académie royale de Belgique (avril 1919, p. 227). ISSLER — ASSOCIATION DU CHKNE LA>fUGINEUX 227 M. LE D' ISSLER, Professeur à Colmar. ASSOCIATION DU CHÊNE LANUGINEUX (Quercus laniiginom Lam. = Q. pubescens Willd. 63.49.192 (43.445) Sur les coteaux calcaires de la Haute-Alsace, les taillis de chênes sur roches siliceuses des contreforts se continuent en descendant sur les cal- caires des collines sous-vosgiennes. Situées dans le voisinage immédiat des localités, ces forêts, autrefois assez importantes, ont été presque complètement extirpées pour étendre les pâturages, les champs, les vignobles. Uniquement sur le sol impropre à la culture des restes médiocres se main- tiennent, en particulier sur les cimes rocheuses de la colline de Sigolsheim et du Florimont, sur le versant septentrional escarpé et frais du Bollen- berg. Malheureusement, cette formation végétale est menacée par l'exten- sion des plantations de pins déjà existantes et par les tentatives de substitution d'autres -essences. Au moins, une de ces forêts à forme buissonneuse, mériterait d'être conservée aux générations futures comme un monument historique naturel. Même l'observateur superficiel est frappé de l'aspect singulier du paysage : les pentes des collines couvertes de vignes en gradins: dans les vignes, des amandiers et des pêchers; sur les plateaux, des pâturages à herbe courte, rôtis dès le début de l'été par le soleil qui leur donne un ton brunâtre; des buissons disséminés, des rochers calcaires dénudés. Les influences locales du terrain et du climat — un sol perméable et des pré- cipitations peu importantes — ont réussi à faire se développer, au loin sous une latitude élevée, un îlot de sécheresse, rappelant une contrée méditerranéenne qui trouve son expression la plus typique près de Westhalten, à l'ouest de Rouffach. L'essence dominante n'est pas le chêne blanc, mais le chêne lanugi- neux. Nous ne voulons pas examiner si ce sont les qualités chimiques ou physiques qui déterminent cette prédominance. L'étude de Tinfluence des différents sols sur la répartition des végétaux, est le sujet d'un chapitre ultérieur. Dès à présent nous pouvons dire : tandis que sur les rochers siliceux, le chêne blanc, accompagné des plantes dites silicicoles, compose les taillis de chênes, c'est le chêne lanugineux qui, sur les collines cal- caires sous-vosgiennes prédomine, associé aux plantes dites calcicoles. 228 BOTANIQUE Les espèces qui accompagnent le chêne lanugineux sont celles des taillis du chêne blanc, en soulignant toutefois la fréquence bien plus grande de Coronilla Emerus où elle constitue, par endroits, le sous-bois. Sur les pentes chaudes est cantonné Colulea arborescens, qui fait défaut sur les roches siliceuses. A côté de buissons de {Cornus sanguinem. Viburnum lanliina, Liijustrum vul- gare, Berberis vulgaris, Rhamnus cathartico, Ribes grossularia, Lonicera xylosteuvi, Sorbiis Aria, S. torminalis, S. domestica, S. latifolia, Amelanchier vulgaris, Pirus malus, P. commuais, Crataegiis monogina. Prunus spinosa des rosiers rares {Rosa micrantha, R. agrestis), attirent l'attention. Rosa pimpinellifolia frappé de nanisme, ne dépasse pas sur les pâturages la hauteur du gazon. Rosa gallica et R. elUptica manquent. Il est surprenant que le buis {Buxus sempervirens fasse défaut dans les taillis (le chênes des contreforts et des collines sous-vosgiennes. M. J. Braun, parlant de la flore des Cévennes méridionales (p. 92j dit : A l'égard du climat, le buis partage les exigences du Quercus sessiliflora V, pubesecens (= Q. lanuginosa) , dont il fo)'me le sous-bois principal. Et plus loin (p. 93), après avoir signalé létude détaillée du D"" H. Christ : « Leurs listes floristiques (celles des buxaies du Jura suisse et d'Alsace), montrent la même dépendance du buis à l'égard des associations arborescentes, notamment des taillis de chênes. » En Alsace, le buis né parait que sur les collines calcaires du Sundgau et dans le Jura alsacien, où il est étroitement associé aux peuplements mixtes de Q. sessiliflora et Q. lanuginosa. Bromus ereclus est l'herbe dominante. Il forme une association particu- lière, le Xéro-Brometum erecti. Nous nous bornerons ici à caractériser brièvement la forme la plus stérile de celte association, particulièrement aride et singulièrement indigente qui s'est développée sur un sol rocailleux, là où la forêt de chênes lanugineux a été complètement détruite. Primiti- vement limitée aux rochers et à leurs alentours non garnis d'arbres, elle a certainement gagné en étendue à la suite des travaux de défrichement. Outre Bromus erectus contribuent à la formation du gazon court et clair- semé les espèces suivantes : Cai^ex Inwiilis, KoeJeria puramidala sub. sp.//ra- cilis, K. Vellesiana, Festuca ovina sub. sp. duriuscida ei Bromus erectus en qualité d'herbes principales, alors que Poa bulbosa, Andropogon schœmoii qui ne paraissent qu'en colonies restreintes, ne sont que des éléments accessoires. Cai'ex humilis prend parfois sur sol rocheux une extension telle que l'on peut parler d'un faciès de Carex humilis du Bromelum, erecti. Brachy podium pinnatum et Phleum Boehmeri ne font leur apparition que sur un sol de meilleure qualité. Les vides entre les touffes d'herbes sont remplis par Potentilla arenaria et P. ve^na, Teucrium chamaedrys et T. montana, Thymus chamaedrys, Linum tenui- foliurrij Cirsium araule, (Hobularia vulgaris, Eryngium campestre, Alsine ienuifolia, Cerastium ghuinosum et d'autres xérophvtes des stations analogues. Très signi- ISSLER — ASSOCIATION DU CHÊNE LANUGINEUX 229 fîcative est la série suivante : Hutscldasia, petraca, Fumana procumbens, Alsine fasciculata, Trinia glatica, Scilla autumnalis, Micropus erectus, Trifolium scabrum, Cladonia endiviœfoUa. Sur les rochers se joignent aux espèces précitées : Stipa pennata, Melica ciliata sub. sp. nebrodensis, Arabis auriculata Artemisia camphorata. — Festnca vallesiana manque. Aussitôt que l'humus devient plus profond, il se développe une végéta- tion plus variée, composée d'herbes de haute taille, une formation connue sous le nom de « garrigue ou Felsenfmde ». Elle est caractérisée par les espèces suivantes : Thalictrum minus, Pidsalilln vulgaris, Linum tenuifolium, Géranium sanguineum , Dictamnns albus, Trifolium montannm, T. rubens, Vicia tennifolia, Coronilla varia, Hippocrepis, Anthyllis. Bupleuruiii falcatum, Laserpitium latifolium, Seseli annuum, Libanotis montana, Peucedanum Cervaria, P. alsaticum, Asperula glauca, A. linetoria, Aster Amellus, Linosyris, Imila salicina., I. hirta, Buphlhalmum salici folimn, Chrysanthemum corymbosum, Gentiana ciliata, G. Cruciata, Euphorbia verrucosa, Vincetoxicum officinale, Veronica Teucrium, V. prostrata, Orobanclie ame- thystea, 0. Alsatica, 0. Fenerii. 0. caryophyllacea, Melainpyrum cristatum, Euphrasia lutea, Stachyse rectus, Brunella graadljlora, B. alba, Tliesium Unopliyl- ium, Polygonalum officinale, Anthericum ramosum, A. Liliago, Alliam sphœra- cephalum. La riche flore des Orchidées est représentée par Opiirys muscif'era, Ophrys ara- nifcra, sub. sp. pseudospecuhim.O. fuciflora, 0. apifera, Orchis purpurem, 0. Bivini, 0. Simia, Âceras anlliropophora. Anacamptis pyramidalis, Himantoglossum hirei- num, Herminium monorchis. Les trois espèces de Cephalanthera (C. alba, longi- t'olia, rubra) sont limitées aux parties plus humides de la forêt, là où le Bromus erecius et le Carex humilis sont remplacés par le Brachypodium pinnatum et le Carex monlana en société de Hepatica triloba, Viola mirabilis, Galium siivaticum, Crejjis praemorsa, Melittis melissophyllum, Mercurialis perenais, Euphorbia dùlcis, LiUuin mortagon, Sesleria cœrulea, Tlilaspi montanwn, qui sont cantonnés sur les pentes l'ocheuses septentrionales ou occidentales, établissent déjà la liaison avec une flore à caraclère plutôt jurrassique que méditerranéen. Elle trouve son expression la plus pure sur les collines de Muschelkalk, près de Winzfelden et (>senbach. Les plantes que l'on considère comme étant les éléments caractéristiques de la garrigue sont, de fait, naturellement répandues dans l'Europe méri- dionale chaude et l'Europe orientale sèche, c'est-à-dire dans les pays entourant la Méditerranée, en Bohême, Hongrie, dans la Russie méridio- nale, jusqu'en Asie occidentale et centrale. Elles sont singulièrement réfractaires au froid du nord et l'humidité de l'ouest de l'Europe. On peut donc comprendre les végétaux en question sous la dénomination Groupe méridional et continental. Si l'on veut établir une distinction, on appelle « méditerranéennes » les espèces particulièrement répandues dans les pays méditerranéens et « pontiques », celles qui se concentrent autour de la mer Noire. 230 BOTAMQUE Nous ne possédons ni les plantes qui caractérisent la flore méditerra- néenne, ni celles de la flore des ste]jpes pontiques, parce que la chaleur et la sécheresse ne sont pas d'une intensité sullisante pour permettre l'exis- tence de ces (hermo et xérophytes. C'est pourquoi la flore de la forêt de chèue lanugineux n'est que sub- méditerranéen et substeppique. On est allé jusqu'à considérer les plantes en question comme étant introduites. (Conf., Bulletin de l'Association PhiloinatJnqne d'Alsace et de Lorraine, t. III, p. 4fi7j. Donc, leurs stations seraient des colonies récentes. Cela peut être le cas des quelques associés de la culture, par exemple, des mauvaises herbes des champs et du vignoble. A noire avis, les espèces caractéristiques du Quercetum lanu- ginosi sont dans le pays depuis que cette association s'est formée. Elles forment avec celles-ci, un tout homogène, une forme de végétation har- monieusement circonscrite (jui a des analogues ailleurs, sauf que les espèces méridionales vont en augmentant vers la vallée du Rhône, en diminuant dans la direction inverse. Ne pas reconnaître l'authenticité du peu])lement de chêne lanugineux, avec son cortège floristique, serait mettre en doute le caractère primitif de toutes les colonies de plantes xériques entre les vallées du Rhône et du Rhin. Elles suivent de façon singulière les bords nord-ouest et sud-est du Jura. Pour l'historique de la colonisation floristique de notre pays. Tare nord- occidental du Jura, la c zone sous-jurassique française » (Thurmann, Essai de Phylostatiqne appliqué à la chaîne du Jura, t. 1. j). 190) est particuliè- rement inq)ortante. Elle est précisée; par les endroits suivants : Besançon, Salins, Arbois, Lons-le-Saulnier, Saint-Amour, Ceyseriat, Pont-d'Ain, l'Huis, Cordon. Dans l'arc sud-oriental « zone sous-jurassique suisse »" (ïhlkmann, t. I, p. 190), c'est à Bienne, Neufchàtel, Yverdon, Orbe, Gex, Collonge, Port- l'Ecluse, Seyssel , le Rourget, Chambéry où sont localisées les stations xériques des plantes méridionales. Artemisia camphorata, Scilla autumnalis, Kœleria Vallesiana font une exce])tion, les deux premières espèces en sautant complètement le Jura; la dernière, en suivant l'arc intérieui'. Après Grenoble, c'est tout de suite Rouffach (Haut-Rhin) la station la plus prochaine. Ce sont les mêmes espèces qui n'ont pas franchi le Rhin. Quercus lanuginosa, Orchis simia, Trifolium scabrum ont tout juste passé le fleuve sans s'étendre davantage vers l'est. Si donc, les espèces méridionales de l'association du chêne lanugineux n'ont pas été importées par l'hounne, comment sont-elles parvenues à leurs stations actuelles en Alsace? Il paraît plausible d'admettre qu'elles ont immigré de la vallée du Rhône, en suivant le Jura, ce qui serait impossible, il est vrai, dans les conditions actuelles, où les territoires riches en forêts humides de la trouée de Relfort et du Sundgau se glissent entre le Jura, les Vosges et la plaine Rhénane. L'immigration n'a été possible que dans une période plus sèche C. KOliMG — OBSEHVATIO.N FAITE SUR LA DIGITALE POUIU'HÉE 231 que la nôtre, qui n'était pas nécessairement plus chaude que l'époque actuelle, en utilisant comme voie de pénétration les terrasses diluviennes de sables et de graviers, riches en carbonate de chaux, ordinairement couverts de lœss cpii, par suite de leur perméabilité et de leur sécheresse, ont été longtemps dépourvus de forêts. C'est à la même époque que la flore des steppes immigrait dans l'Europe centrale, occidentale et septen- trionale. L'homme se bornait à favoriser l'avancement des espèces médi- terranéennes et pontiques en défrichant les forêts qui allaient toujours en s'étendant. Grâce à la force d'expansion qui leur est propre, les xérophyles sont à même de se propager encore de nos jours. Nous citerons Fuiaana procum- hetis, Arabis aurirulata, les Orcliidées. Fumana prociimbens qui, du temps de KiRscHLEGER, n'était connue que dans la région de Roulfach, a été trouvée, dans les dernières années, à plusieurs endroits de la zone sous- vosgienne en étendant son aire de distribution vers le Nord jusqu'à la vallée de la Bruche. Arabis; auricnlata, constaté par nous au Limbourg, dans le Kaiserstuhl à un endroit si souvent visité par les botanistes badois, a été inconnu en Bade jusqu'à 1903. L'année dernière, j'ai trouvé cette espèce sur la rive gauche du Rhin, entre Neuf-Brisach et Geisw^asser, en société de Himanloglossum htrcinum. , Tout à fait nouveau pour la llore d'Alsace est Plantago Cynops, une espèce méridionale qu'on a découverte sur la colline de Sigolsheim en 1901 et sur le Muschelkalk, près de Mutzig, en 191o, M. Charles KŒNIG, Président de la Société d'Histoh-e nnturelle de Colmar, OBSERVATION FAITE SUR LA DIGITALE POURPRÉE, DIGITALIS PURPUREA (FAMILLE DES PERSONÉES, SOUS-FAMILLE DES RINANTHÉES) 58.38.19 Un cas curieux d'aberration morphologique constaté sur la digitale pourprée, cultivée dans ses variations avec la variété blanche, à Colmar en 1913, dans les promenades de la ville encadrant le château d'eau. Les extrémités de deux massifs d'arbustes contigus à une pelouse de verdure, ornée dans son centre d'une corbeille de fleurs, alors garnie de géranium zonal avaient été complantées, comme bordure, de jeunes replants de digitales, provenant de croisements entre le type pourpré et sa variation blanche. 232 BOTANIQUE. Lors de la plantation, le jardinier avait sans doute pincé les extrémités, ou celles-ci avaient été détruites par l'opération du dé})lacement. Or. lors de l'épanouissement de la floraison, la fleur de Textrémil supérieure avait une corolle de la forme d'une cloche, présentant son ouverture au ciel et afl"ectant une régu- larité parfaite et un. diamètre à son renflement près du double de celui des corolles normales, alors que les fleurs inférieures conservaient les formes ordinaires de la digitale. Plus de la moitié des sujets présentaient cette anomalie qui me frapi)a chaque fois que je passais devant cette plantation, durant la période de floraison. Je ne puis m'expliquer le" fait qui, au dire d'un forestier de nos montagnes vosgiennes, l'aurait observé dans l'état sauvage, au mi- lieu des clairières, à la suite de chute de grêle ayant décapité les jeunes tiges de cette plante, opérant ainsi un pincement accidentel . • Sans doute, l'état de culture n'est pas sans avoir exercé son influence. Il semblerait que la disparition de l'extré- mité a eu pour conséquence de resserrer la croissance des fleurs devenues terminales, en l'arrêtant dans son expansion et en a provoqué comme la doublure, par l'accolage de deux fleurs l'une à l'autre, ce qui aurait donné la forme régulière d'une cloche, les parties inégales étant avortées. Cette supposition, je la reconnais comme bien hasardée, cependant, lorsqu'il y a doublure de la corolle, pour la transformation des étamines .en pétales, la disparition des parties de la corolle plus ou moins multiples s'emboîtent lune dans lautre, ce qui dans notre observation n'est pas le cas. 11 y a donc une cause qui paraît être différente puisqu'elle provoque une action, un caractère spécial. Je reviens au fait que j'ai cité, parce qu'il me paraît devoir intéresser les botanistes qui pourront en vérifier l'exactitude dans des conditions expérimentales analogues ou semlflables et en étudier plus en détail le développement des différentes phases. D'autres plantes ne seraient-elles pas susceptibles d'un même exemple? Quoi qu'il en soit, j'ai cru intéresser la réunion qui, si le fait a déjà été étudié, me laissera la satisfaction de sa vulgarisation. Digitale siii'montée d'une cloehe régulière , résultant d'un ])incement de la tige florale. Discussion. -^ M. le Professeur A. Gravis. — Depuis six[ans. j'ai eu l'occasion d'étudier au Jardin botanique de Liège, de nombi-eux cas d'anomalie sembla- bles à celui signalé par M. Koemg. La première fois, quelques plantes portaient I.ARMINAT — INFLOKESCEJSCES MONSTRl El SES 233 à.rèxlrémîté de leur tige une fleur en forme de cloche parfaitement régulière. — Par la suite les fleurs anomales sont devenues de plus en plus nombreuses. Elles avaient une corolle très grande, étalée horizontalement en forme de l'oue et iirégulièrement découpée. Leur pistil fortement renflé contenait des bour- geons pressés les uns contre les autres. — Cette année, enfin, outre des fleurs campanulées et des fleurs rotacées. se sont montrées aussi des fleurs à grande corolle étalée dont l'ovaire déchiré laissait sortii- une seconde inflorescence dans !e prolongement de la première. Les anomalies du premier degré sont de^ pélories; celles du troisième son t. des proliférations de Taxe de l'inflorescence. Il est à observer que dans nos cultures, les digitales sont très vigoureuses et que leur tige principale est bien intacte : elle mesure souvent deux mètres de hauteur. Les fleurs simplement péloriques sont fertiles. J'ai pu les polliniser entre elles et obtenir des graines qui ont parfaitement germé. • , ■ M. LE Chvxolne de LARMINAT, Professeur au Grand Séminaire de Soissons. INFLORESCENCES MONSTRUEUSES RELEVÉES SUR UN PIED SAUVAGE DE DAUCUS CAROTA , .58.1-2.198 Dans l'été de 1919, dans une terre demeurée inculte depuis la guerre, sur le terroir de Margival (Aisne), j'ai relevé un cas assez complexe d'inflorescence tératologique sur un pied de Daucus Carota. Lé pied était très vigoureux et les ombelles très nombreuses, mais d'un aspect singulier qui me fit douter un instant de son identité. Voici les principaux phénomènes observés : Les deux premiers étaient, si j''ai bonne mémoire, les plus répandus, le troisième et le quatrième n'ont été authentiquement relevés que dans trois ou quatre ombelles : 1" Je mentionne pour mémoire que les pétales, dont beaucoup avaient persisté sur l'ovaire déjà n(»lablement accru, étaient tous de teinte rou- i.;eâtre très accentuée; 2° Les deux styles étaient, dans un grand nombre de fleurs, transformés en expansions foliacées de deux à trois millimètres de long, si j'ai bonne mémoire; dans ce cas, comme de juste, les ombelles étaient ordinai- rement stériles ; 3° Sur certaines ombellules où les styles avaient sans doute pu remplir encore partiellement leur fonction propre, l'ovaire s'était développé; mais, 234 BOTANIQUE et c'est là ce qui m'avait le plus dérouté au premier abord, le fruit au lieu d'être elliptique, était devenu quasi linéaire, tout en restant hérissé ou au moins fortement rugueux; 4° Enfin, et c'est le cas le plus remarquable et qui m'a paru valoir la peine d'être signalé, dans une ombelle au moins, que j'ai encore dans mon herbier, un assez grand nombre d'ombellules étaient encore plus profon- dément modifiées, et chaque pédicelle floral portait lui-même une ombel- lule de second ordre si on peut ainsi parler. J'avais trouvé le même jour sur un pied de Lolium perenne plusieurs inflorescences anormales, l'épi composé étant transformé en panicule, mais le fait ne doit pas être rare, et j'ai vu l'autre jour dans une revue signaler un cas analogue. Eu tout cas, j'aurais chez moi quelques spécimens à distribuer à ceux que cela pourrait intéresser. M. F. PELLEGRIN, Docteur es Sciences, Préparateur au Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris. ET M. R. SARGOS, Ingénieur agronome, Inspecteur adjoint des Eaux et Forêts. QUELQUES FACIÈS DE LA FORÊT DU MAYOMBE CONGOLAIS 63.49 {675i La production forestière française se trouve, d'après une toute récente évaluation, en déficit chaque année de huit millions de mètres cubes de bois estimés à plus d'un milliard de francs. A ce chiffre énorme viennent s'ajouter les bois convertissables en pâtes, nécessaires à conjurer la crise actuelle du papier. La France fait donc un sacrifice considérable en achetant à l'étranger. Plus conforme à ses intérêts serait de tirer un meilleur parti des ressources inépuisables des forêts de ses colonies dont la surface est deux fois plus grande que celle de la métropole. Seuls jusqu'ici, des bois d'ébénisterie destinés à des usages très spéciaux, comme les acajous, ébènes, palissandres, étaient nécessairement demandés 'aux régions tropicales, ces essences ne s'accommodant pas d'un climat froid ou tempéré. Mais la forêt équatoriale est caractérisée par la diversité des espèces arborescentes qui s'y mêlent pied à pied. Dans ces conditions la recherche d'une seule sorte de bois, l'acajou par exemple au Gabon, PELLE6UIN ET SAR60S — QUELQUES FACIES DE LA FORET devient très onéreuse, exige des frais de transport considérables qui augmentent de jour en jour, puisque l'espèce visée se raréfie vite dans le voisinage des grandes voies de communication. I! faut donc remplacer ce procédé par une exploitation générale de proche en proche qui est beaucoup plus économique, baisse le prix de revient des bois spéciaux d'ébénisterie et en outre peut alimenter les marchés de la métropole en bois d'œuvre de toutes sortes, analogues au chêne, au frêne, au peuplier, si nécessaires à la reconstruction de nos régions dévastées. Cette exploitation plus rationnelle permet d'exporter ou d'utiliser sur place un nombre toujours croissant d'essences arborescentes dont l'importance commerciale est en train de se développer. Or, pour qu'un commerce soit loyal, la première condition est de s'entendre nettement sur la qualité et la valeur des marchandises. Il importe donc que chaque bois dont on fait trafic soit bien défini, que les sortes les meilleures une Ibis choisies puissent être demandées à nouveau, exigées sur les marchés sans que soient possibles les substitutions par ignorance ou par fraude de bois analogues, mais de qualités quelquefois toutes diiïé- rentes. Or, le seul moyen d'arriver à ce résultat, est d'avoir recours à une déterminalion scientifique sûre. C'est pourquoi nous nous sommes efforcés de faire un inventaire aussi rigoureux que possible des principaux bois utilisables de TAlnque équaioriale française, dans une région définie et d'accès facile du bas Koiii/ou, entre Magne et Congoîafi. Ces essences furent récoltées avec le plus grand soin par l'un d'entre nous au cours de nombreuses prospections. Aux documents susceptibles d'une détermination botanique, correspondent, })ortant le même numéro d'ordre, des échan- tillons de bois en billes assez grosses pour pouvoir juger des qualités et (les applications de chacun deux. L'étude au point de vue pratique a été poursuivie, dans le Service des Hois coloniaux du commandant A. Berlin avec toute la rigueur que permettait à l'un de nous son expérience dans les Services des Eaux et Forêts ; l'étude scientifique a été faite dans le laboratoixe de M. le Professeur H. Lecomte, au Muséum, où l'autre d'entre nous poursuit déjà depuis plusieurs années l'inventaire méthodique des richesses botaniques de nos possessions continentales africaines (1 ). Sans pouvoir donner dans celte courte note la liste complète des bois les plus communs du Gabon et de leurs usages présumés ou reconnus, ce qui fera l'objet d'un, travail ultérieur plus étendu, il nous a paru intéressant de noter les espèces dominantes dans chaque terrain et de signaler les principales associations d'arbres de cette partie de la forêt du Mayombe. Simples essais qui peuvent pourtant, pensons-nous, être de quelque utilité aux chercheurs et aux exploitants et permettre des compa- raisons fructueuses. Ces données qui n'ont rien d'absolu bien entendu, à (1) Voir entre aiUres notes : Bonnet et V.I'elleorin, Énumération des plantes recueillies par M. Chudeau, dans le nord-ouest de la Mauritanie, in Comptes rendus de l'Associatian Française pour V Avancement des Sciences, 1914, p. 463. 236 . BOTANIQUE cause de la diversité des essences qui composent la forêt équaloriale, sont cependant les résultats très condensés de l'application, pour la première fois dans cette région du Bas Koiiilou. des métliodes rationnelles de prospections telles qu'elles sont pratiquées dans les services forestiers en l'>ance même. 1. Forêt DE montagne, versants et plateai x montagnei x de 50 a 120 mètres D ALTITIDE EN TERRAINS SABLO-ARGILEUX, EN AMONT DE MaGNE : Pachylobus bahamifera Guill. (1), f. 6.6: — c. 4,5; — Gambeya africana var. Lecomteana Pierre f. 6,5: — c 12.4: — Coula edulis Bn. f. 6, 2: — c. 1,9: — Trichilia Kissoko De Wild. f. 5,8: — c. 2.6; — Staudlin gabonensis Warb. f. 5,3; — c. 5,4; — Pachylobus BûUneri et fraxinifoHus Engl. (2). f. 4,4; — c. 10; — Strombosia grandifolia Hook. f. 3,8: — c. 1.4; — Terininalia superba Engl. et Diels f. 3,3; — c. 6,7 ; — Xylopia Dunaliana Vallot et Brieyi De Wild. ; — f. 3,3: — c, 2,1 ; — D'iospyros et Maba f. 3.2; — c. 1,2: — Enantia chlorantlia Oliv. f. 3,1; — c. 0.9; — Enantia sp. f. 3.1; — c. 0,8: — Daniella Ktainei Pierre et Ogea Ilarms f. 1.2; — c. 3,1. 2. Forêt des vallées de montagnes et des montagnes basses de moins de 100 mètres d'altitude, au voisinage du Kouilou en amont de Magne : Terininalia superba E. et D. f. 30; — c. 52; — Sorindeia frimera Oliv. f. 7; — c. 1,6; — Irvingia gabonensis Bn., f. 6.4: — c. 3,3; — Berlinia bracteosa Btk et (icumi)iata Sol. f. 5; — c. 3,6; — Pacliylobus BûUneri Engl. et fraxinifoHus Eng. ï. 3,9; — c. 6,3;' — Psetidospondias microcarpa Engl. f. 3,6; — c. 1,9; — Klaine- doxa gabonensis IMerre f. 2,6; — c. 3,1; — Gambeya africana Pierre f. 1,5; — c. 3,6; — Ceiba pentandra Gaernt. i". 0.7; — c. 3,2. 3. Forêt des mamelons sablonneux de 20 a 100 mètres d'altitude au nord et au sud de la vallée du kouilou : Coula edulis Bn. f. 7,1; — c. 2,6: — Strombosia grandifolia Hook. f. 4,9; — c. 2,2; — Berlinia sp. f. 4,8; — c. 4,7; — Tasniannia africana Harnis, f. 4.3; — c. 2,4; — Pycnanfhus Kombo Warb.; — f. 4,2; — c. 2,6; — Vitex pachy- phylla Baker f. 4,1; — c. 7,4; — Xylopia Dunaliana Vallot et Brieyi De Wild. f. 4; — c. 1,8; — Cynometra Le Testui Pellegrin f. 3,5; — c. 1,6; — Staudtia gabonensis Warb. f. 3,1 ; — c. 2,9; — Erythrophlœum guineense G. Don f. 2,3; — c. 5; — Terminalia superba f. 2,4: — c. 4,7. 4. Forêt de marigots toujours humides, a sol vaseux d'une altitude infé- rieure A 20 MÈTRES : Antlioslcma Aubryanum Bn. f. 32,6; — c. 17,7; — Mitragyne niacrophylla Hiern. f. 19,6; — c. 12,1; — Vitex pachyphylla Bak. f. 17,5; — c. 29,9; — Berlinia bracteosa Bth. et acuminata Sol. f. 6,5; — c. 9,9; — Uapaca guineensis Mull. Aj'g. et Le Testuana A. Chev. f. 5,8; — c. 4,4; — Saccoglottis gabonensis Urb. f. 4,8; — c. 15,2; — Syw2Jhonia gaijonensis Pierre f. 3,6; — c. 2,8. ,(1) Dans les listes qui suiveût la letU^e /'. suivie d'un chiffre indique l'indice de fréquence pour cent, et la lettre c. le cube pour cent. (2) Lorsque deux noms d'espèces ou de genres, réunis par la conjonction « et», sont suivis d'un seul indice de fréquence' et d'un seul indicé de cube, c'est que la distinction a été impossible sur le terrain. pellegrin et sargos — quelques faciès de la forêt 237 5. Marais des hords des lacs du Kouilou inférieur : Premier stade de boisement après exhaussement du fond du lac par les alluvions succédant au peuplement de papyrus et précédant la forêt maréca- geuse alluvionnaire : Alstonia congensis Engl. f. 64,5; — c. 47.6; — Anthostema Aubryanum Bn. f. 10,2; — c. 23,8; — Milmgyne macrophylla Hiern f. 9,7; — c. 14,3; — Uapaca guineensis M. Arg. et Le Testuana A. Chev. f. 6,5; — c. 9,5; — Sarcoceplialus Trillesii Pierre, var. pahidosus Sargos et Pellegrin f. 3,1 ; — c. 4,8. 6. Forêt de plaine alluvionnaire du Kouilou, en amont de Magne, non marécageuse mais par endroits inondée lors des crues; altitude 15 a 20 mètres : Terminalia superba E. et D. f. 20,7: — c. 42,4; — Hexalobus crispifJorus A. R. f. 8,2: — c. 2,1; — Homalium africanwn Bth. et Loachocarpus sericeus Baill. f. 7,9: — c. 2,5; — Irvingia gabonensis Baill. f. 7,6; — c. 4,9; — Sarcocephalns Trillesii Pierre f. 5,8; — c. 11,4; — Berlinia bracteosa Bth et acuminata Sol. f. 5,7 ; — €. 3,9 ; — Maba et Diospyros f . 4 ; — cl; — Kkiinedoxa gabonensis Pierre f. 3,7 ; — c. 5.1 ; — Pseudospondias microcarpa Engl. f. 3,1 : — c. 1,2; — Ceiba pentandnt Gaertn. f. 1,1; — c. 3,6; — Kliaya Klainei Pierre f. 1,4; — c. 3,2. 7. Forêt de plaine alluvionnaire du Kouilou, en aval de Magne, sèche en SAISON sèche, inondée OU MARÉCAGEUSE EN SAISON DES PLUIES; ALTITUDE 10 à lo MÈTRES : Vitex pachyphylla Bak, f. 25,4; — c. 18; — Berlinia bracteosa Bth et acuminata Sol. f. 10,6; — c. 8: — Homalium africanum Bth et Lonchocarpus sericeus Bak. f. 8,4; — c. 3,9; — Terminalia superba E. et D. f. 8,3; — c. 24,4: — Anthosema Aubryanum Baill. f. 7,2; — c. 2,6; — Irvingia gabonensis Baill. f. 5,3; — c. 5,3; — Cynometra Le Testai Pellegrin f. 4,3; — c. 2,5; — Sarcoceplialus Trillesii Pierre f. 3,3; — c. 9,8; — Mitragyne macrophylla Hiern. f. 3,3; — c. 1,2; — Ceiba pentandra Goertn. f. 1,1; — c. 6,4; — Erythrophlœum guineense G. Don. f. 1,8; — c. 3,9. 8. Forêt de plaine alluvionnaire du M'Filou : Homalium africanum Bth, et Lonchocarpus sericeus H. B. K. f. 10; — c. 3,8; — Maba et Diospyros f. 9,6 ; — c. 4,1 ; — Irvingia gabonensis Bail. f. 8,4 ; — c. 5,1 ; — Cola acuminata l\. Bv. et Ballayi Cornu f. 7,7 ; — c. 2,1 ; — Terminalia superba E. et D. f. 6,7; ^ c. 25,6; — Sorindeia trimera Oliv. f. 6,7; — c. 2,2; Klainedoxa gabonensis Pierre f. 6,4: — c. 12,3; — Ptcralima nitida Pierre et umbellata Stapf. f. 5,2; — c. 0,9; — Symphonia gabonensis Pierre f. 4,9; — c. 1,8; — Khaya Klainei Pierre f. 4,6; — c. 11,9; — Hexalobus crispiflorus A. Rich. f. 3,5; — c. 1,2; — Sarcocephalus Trillesii Pierre f. 3,2; — c. 8,6; — Oxystigma Buchholzii Harms, var. elata Pellegrin et Sargos, f. 1,1; — c. 3,8, 9. Forêt de plaine alluvionnaire de N'Zila Zamui : Terminalia superba E. et D.. .16,2; — c. 49,4; — Homalium africanum Bth. et Lonchocarpus sericeus H. BK. f. 15; — c. 4,8; — Klainedoxa gabonensis Pierre f. 12,2; — c. 11,9; — Sorindeia trimera Oliv. f. 8,2; — c. 2,5; — Maba et Diospyros f, 7; — c. 1,9; — Cola acuminata R. Br. et Ballayi Cornu, f. 4,5; — 238 BOTANIQUE c. 1,1; — Hexalobus crispiflorus R. Br. f. 4; — c. :2; — Mammea Ebboro Pierre f. 3,7; — c. 5,6; • — Irvingia gabonensis Baill. f. 9,5; — c. 1,7; — Symphonia gabonensis Pierre f. 3; — c. 1,4; — 11. Daniella oblonga Benth. f. 1,7; — c. 3; — Khaya Klainei Pierre f. 0,5; — c. 3,1. — A ajouter 120 palmiers à huile {Elaeis gulneensis) qui ont été comptés sur une surface de cinq hectares. 10. Autre parcelle de la même plaink : Khaya Klainei .Pierre f. 19,4; — c. 45,6; — Homalium africanum Bth. et Lonchocarpus serieeus Bak. f. 16,7; — c. 3,4; — Tenninalia superba E, et D. f. 12,4; — c. 31.5; — Hexalobus crispiflorus A. Rich. f. 10,8; — c. 2,5: — Maba et Diospyros, f. 10,3; — c. 1,6; — Anliioserna Aubryanum Baill. f. 6.5; — c. 0,9; — Irvingia gabonensis Baill. f. 4,3; — c. 1,3; — Picralima nitida Pierre "et ambellata Stapf, f. 3,2; — c. 0,3; — Sarcocephalus Trillesii Pierre f. 2.2: — c. 7,3. Au point de vue de la densité de population végétale correspondant à chaque faciès ci-dessus étudié, la récapitulation des prospections donne : .Nombre d'arbres à l'hectare :Mètrcs eubes Pour la ibrèt de montagne n" 1 .53 279 Pour la forêt des vallées de montagne et dès montagnes basses n" 2 45 215 [*our la forêt des mamelons sablonneux 11° 3 44 144 Pour la forêt de marigots n° 4 73 142 Pour le marais à Emien (Alstonia congensis Engl.) n« 5 . 02 121 Pour la forêt de plaine alluvionnaire non marécageuse n" 6 45 204 Pour la forêt de plaine marécageuse n" 7. . 38 109 Pour la forêt de plaine alluvionnaire de MTilou no8 66 256 Pour la forêt de plaine alluvionnaire de IN'Zila Zauibi n° 9 80 333 Pour une autre parcelle de la même plaine, nMO . 49 375 Ce rapide aperçu donne une idée des stations où Ton peut rencontrer, dans le bas Kouilou, en abondance, certaines essences comme le Termi- nalia superbaEïig\. {Limbo), Mitragyne macropfujlla IWern. (Bahia), Berlinia bracleosa Bth. et acumiuata Sol. [Ebiara], Pachylobus {Oz4go), etc., dont les bois sont les succédanés du chêne de France, des sapins et des pins^ du peuplier ou du grisard, etc. M. PERAGALLO — ÉTUDE DE LA FLORE DIATOMIQUE 239 CoMM4ND\NT Maurige PERAGALLO, Sceaux-Robinson (Seine). 1" CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FLORE DIATOMIQUE DE L'ÉTANG DE THAU 58.96.11 Complétant sur le point spécial des Diatomées littorales les travaux ébauchés par Pavillard, Guinard et H. Pcragallo, l'auteur catalogue soigneusement les espèces rencontrées par lui dans une série de récoltes effectuées sur un espace de plusieurs années. Cette liste comprend de nombreuses espèces et variétés nouvelles, avec leurs descriptions et tîgures. Au total, cent quatre-vingt-qua- torze espèces ou variétés observées. 2° LES DIATOMÉES SAUMATRES DES SALINES DE CHAMBREY (LORRAINE) Les documents sur les Diatomées lorraines sont rares et ne mentionnent que des espèces d'eaux douces, alors que la vallée de la Seille, riche en gisements de sel, renferme des espèces propres aux eaux saumàtres. Après avoir cherché une explication à la présence des Diatomées saumàtres dans des eaux évidemment salées mais fort éloignées de la mer, l'auteur énu- mère les espèces observées dans des prélèvements faits à l'étang de Chambrey h différentes époques depuis 1905, le dernier en 1919, après une période de cinq années pendant lesquelles l'eau en question avait cessé d'être utilisée pour les sondages de la couche salifère. Il constate que, de ce. fait, le pourcentage en Diatomées saumàtres a diminué. Les stations sont indiquées dans un catalogue synoptique ; des variétés nouvelles sont décrites. M. W. RUSSELL, Docteur es Sciences, Paris, 1^ LES PLANTES CALCIPHILES ET LA TENEUR EN CALCAIRE DU SOL L'ancienne claseification des terrains en calcaire et siliceux n'a plus, on le sait, qu'une valeur relative, car il est bien peu de sols qui ne renferment pas au moins quelques traces de carbonate de calcium ; toute la question de l'influence du carbonate de calcium sur la distribution des espèces dites calciphiles est basée sur le point de savoir quel est le minimum de calcaire indispensable à chacune d'elles. 240 BOTANIQUE Les renseignements fournis par les géographes botanistes sont parfois contradictoires et, de plus, ne reposent, le plus souvent, que sur de simples observations non contrôlées par l'étude de la composition chimique du sol. Dans le but de serrer la question d'un peu plus près, j'ai, pendant plus de dix ans, procédé" à des analyses calcimétriques dans des domaines éloignés les uns des autres et soumis à des conditions écologiques diffé- rentes. De la sorte, j'ai pu obtenir une vue d'ensemble qui contribuera peut-être à faciliter la solution du problème. Le fait important que je crois avoir mis en évidence est que la quantité de calcaire sulTisante pour permettre aux plantes calciphiles de se main- tenir et de prospérer dans un sol est relativement peu élevée, une proi)or- tion d'environ 1 0/0 de calcaire permanent dans la terre au contact de. racines satisfait aux besoins des plantes les plus exigeantes: c'est à quelques millièmes et, fréquemment même, à quelques dix-millièmes que se limite l'appétence des autres. Le tableau suivant indique les doses minima de carbonate de calcium qui paraissent nécessaires aux plantes calciphiles les plus répandues en France : Indïce calcimétrique 1 0/0 CO^Ca. — Fumana procumbens, Coronilla mi- nima, Globularia vulgaris (I), Tew- criuin montanum, Orchis purpurea, Ophrijs ara ni fera, Ceplialanthera gran- di flora. Indice^calcimétrique 0,10 0/0 CO^Ca. ^- Diptotaxis tenuifolia, Coronilla varia, I .;! . . ■ Hippocrepis comosa{2), Buplevrum fal- catuin (3), Starhys recta (4), Marru^ bium vuïgare, Loroglossum hircinum. Indice calcimétrique 0.04 0/0 COCa. — ^?uraudi, En [{)[() Brurnpt a signalé dans son Précis de Parasitologie, piige 00^, deux cas d'onycho- mycoses dans la même famille causées par Scopularlopsis brevicaulis var- hominis qu'il étudia en collaboration avec Laiir/eron. En même temps que nous étudions ces alfections P.-E. Weil et L. Gandin (1) faisaient paraître un mémoire fort intéressant sur les Onî/c/io- mycoses et décrivaient un certain nombre de champignons nouveaux dont nous donnons ici les caractères principaux. Vmîlemin signale tout dernièrement les observations de son élève /.. Jiinnin au sujet d'un champignon isolé d'un cas d'onychomycose, ciiampignon dont on ne peut préciser le nom, vu les données insuffi- smtes (2). Onychomycoses causées par Scopidariopsis cinerea, Weil et L. Gaudin. — Nous avons nous aussi connue Weil el Gaudin rencontré dans les ongles elTrités des gros orteils d'un malade un champignon présentant les mêmes caractères culturaux que Scopulariopsis cinerea. Dans l'ongle il se présente sous forme de filaments toruleux, de temps en temps on remarque d'énormes vésicules qui ne sont que des chlamydospores. Nous avons cru pendant un certain temps pouvoir le classer dans le genre Scopularlopsis mais une étude botanique approfondie démontrait que nous avions afïaire à un Aspergillus assez po]ymorj)he puis![ue nous trouvions sur une même culture en gouttes pendantes des formes oïdiennes simples, des formes plus compliquées (Scopularlopsis) et enfin des appareils , conidiens d'Asperf/illus. Le fait n'est pas unique et chez beaucoup d'espèces para- sites des animaux nous avons pu constater des phénomènes semblables. Ce champignon donne des périthèces. Longueur des conidies : 4 à 5 f* de long sur 2[ji,50 à 3 jx de large. — (1) A. Sartory, Onychogryphoses et onychomycoses, C. R. Académie de Médecine, janvier 1920. (2) Paul Vuii-lemin, Fntctifications de champignons découvertes dans Vongle, par Louis Jain.mn. — C. R. Ac. Se, 29 mars, 1920, p. 788. A. SARTORY AFFECTIONS DES ONGLES 247 Chlamydosposes de 30 à 110 [x, — Périthèces possédant des asques mesurant, légèrement ovoïdes de 8 à 9 [x sur 12 à 14 [j. contenant Ara^ ascospores brunes avec sillon longitudinal de 3 à 3 p., 50 sur 6 à 7 fx. En réalité le Scopu/ariopsis de Weil et Gandin est un Aspergillus qui doit prendre le nom d'Eurotium puisqu'il donne des périthèces. Onychomycoses causées par Spicoria unguis. — Weil et Gaudin ont observé dans deux ongles tachés et dans deux cas d'onychogryphoses, un cham- pignon du genre Spicaria. L'examen microscopique montre dans l'ongle un mycélium grêle de 1 [ji., 50 à 3 p.. Cloisonné, souvent étroitement enchevêtré et portant parfois des corpuscules arrondis ou ovalaires terminaux ou laté- raux. Ce champignon pousse fort bien sur milieu de Raulin où il donne une culture granuleuse blanche, sur milieu maltosé, sur carotte, sur pomme de terre, etc. Onychomycoses causées par Sterigmatocystis unguis : Weil et Gaiidin signalent également un cas d'onychogryphose siégeant au gros orteil du pied gauche provoqué par un sterigmatocystis qu'il nomme Sterigmato- cystis ungais. Les principaux caractères sont les suivants : Conidiophores de longueur variable 250 à 300 p., largeur 5 p., tête sphérique de 12 [x de large, ou piriforme de 8 p. de large sur 14 à 16 p. de long. — ■ Basides, longueur 5 «x, largeur 3 [/.. — Sterigmates, longueur Ij p., de la base à l'étranglement, largeur 3 p.. Conidies 3 p.. Recherches personnelles . Vingt et un cas d'onychogryphoses cliniquement détînies ainsi furent examinés par nous et toujours nous avons pu déceler et cultiver un des champignons appartenant aux quatre genres suivants : Scopulariopsis, Aspergillus^ Pénicillium et Trichophylon (1). Dans la majorité des cas nous avons isolé un Scopulariopsis répondant à la diagnose, aux caractères biologiques et culturaux du Scopulariopsis brevicaulis var. hominis Brumpl-Langeron. Dans trois cas il nous a été ])ermis de décrire un Sco})ulariopsis différent dont nous résumons ici les caractères (2). Mycélium clair, d'abord blanc, puis coloré en jaune tirant sur le brun, mais jamais couleur cacao, de Op., 5 à 1[ji.,5, très ramifié, et ayant des tendances à s'agréger, Conidies de 4 à 5 [ji. Caractères biologiques : Cette espèce liquéfie la gélatine au bout de cinq à six jours; sur gélose nous ne remarquons aucune dislocation ni liquéfaction, l'amidon de riz n'est pas attaqué, le lait est coagulé le dixième jour, le vingtième jour la caséine est complètement précipitée et (1) L. Matruchot et F. SÉE : Sur un aa d'ouychoniycuse vraie. — C.R. Soc. BioL, 12 février 1921. (2) A. Sartory, Omjchomycoses provoquées par un champignon du genre Scopulario- psis. C. H., Soc. Biologie, juillet 1919, t. LXXXII, p. 808. 248 ■ BOTANlUlE coiiimeiice à subir la pcpionisaiion. Le giycose esl dédoublé; le saccharose est consommé, lé maltose est également dédoublé. Le lactose et le galactose ne subissent aucune transformation. Nous n'avons pu malgré nos expériences nombreuses sur les anijnaux (chiens, lapins, cobayes et souris) obtenir de lésions en injectant ou en saupoudrant, avec des conidies des plaies obtenues par scarification. Ce Scopulariopsis n'est certainement pas le même que celui décrit par Bnimpt el Lam/eron. Nous Je considérons cependant comme une espèce voisine. Parus des ongles : Dans un cas seulement nous avons constaté cette affection. Elle est d'ailleurs toujours secondaire à un favus de la tête ou du corps auto-inoculé. Les ongles présentent d'abord des taches jaunâtres, qui grandissent et soulèvent la lame unguéale, celle-ci se trouble, ' s'épaissit, s'effrite et il ne reste finalement que des débris striés. Otiychomiicoses à Aspergillus : Nous avons découvert (Ij chez un Cliinois travaillant en France un champignon nouveau du genre Aspergillus auquel nous avons donné le nom d'Aspegillus Gratioli. Caractères morphologiques : Mycélium blanc, grisâtre, puis brun et noir de 0[ji.,6 à 1 ;ji,o, cloisonné, richement ramifié. Hyphe fertile courte à paroi délicate mesurant 4 à 3 ix de diamètre et renllant à son extrémité supérieure en forme de massue, le renflement est sphérique de 8 à 20 ,a de diamètre dans sa plus grande largeur. Sterigmates elliptiques longs d'environ 6 .a et plus, très serrés, recouvrant la presque totalité du renflement terminal. Conidies arrondies brunes, mesurant 3 ourrie d'Abies, cette curieuse espèce est à suivre encore plusieurs années ; elle se sépare de pellicnlare K., par l'absence de subiculum bien distinct. Elle est .voisine d'ochroleucum Bres. (F. T. t. 2, p. 5H). Il y a des formes nombreuses entre ochroleucnm, pellicnlare, oUvaeo-aIbnn et Meruliiis pavcirngns, mais elles ne sont |»as assez constantes pour être nommées. Pour l'instant, nous désignerons cette espèce sur /''^ inaeqtialis. 2. ToMENïELLA spONGiosA ScHvv. — [Conioplioru (Schw.) Fr. — Hypocimvs spongiosus (Sch\Y.) Burl. — Hypoclnuis arachnoideas (B. et Br.) Bres. — Thele- pliora jloridaua (E. et Ev.) Bres. F. pol., p. 108. — V. H. et Litsch. West Cort. sp., n« 37 (Oest. bot. Zeit. n° 9, 1908)]. Herbier SARruRV-MAn;E, n° 1.141. Nous avons recollé cette espèce à Andelot (Haute-Marne), le 20 août 1919, dans le bois de Conifères, dit « Coteau Soleil ». Elle formait de moelleux 230 ■ BOTANIQUE tapis sous les roches enfouies dans l'humus desséché de celte station. BouRDOT considère cette espèce sub. f" isabellino-atra , pas typique, par conséquent, et semblant tendre vers Tomentella fuliginea Burt. Toni. spongiosa Schw., extrêmement fréquent, se reconnaît microgra- ]thiquem''nt à sa spore régulière franchement operculés; ses hyphes (4, o-7fAj brun-noir, bouclées, les basilaires.plus rigides, et à parois plus épaisses. Dans nos spécimens, la spore est un |»eu moins régulière, les hyphes presque homomorphes, et macrographiquement surtout, l'hyménium disco- lore. 3. Coniophora arida Yv. — ^l^r. H. Eiir., p. 639; Elench., p. 197. — Karst. Myc. fenn., p. 319, (Tom. brunnea Schroët. ; Con. Jarida, Karst; Cou. subcinnamomea, Karst.) V. H. et L. West. Cort., n'' 24.] Herbier Sartory-Maire, n" 1.019, camp de Satory (Versailles), octobre 1918, sur des fagots pourris, dans les tranchées. Celle espèce, rapportée par Bourdot à arida Fr. est considérée par lui, comme une forme assez près de Con. laœa, Pers. 4. Corticium caeruleum (Schrad.) Fr. — [Fr. Hym. Eur. — Quel. F. M. p. 10. — Pers. M. E. I., p. 147.] Herbier Sartory-Maihe, n"^ 1.128. Sur pieux d'acacia, Meaux (Seine-et-Marne), legit Dumée; sur poutres de chêne (Haute-Marne). 5. Corticium coronatum Schroët, — '(Schroët, Sacc, «3 p. 634, etc.) BouRE>OT, Hym. de F", n" 177.] Herbier Sartory-Maire, u° 1.14o. Sur charme, souche pourrie, 20 août 1919, Andelot (Haute-Marne), spores ayant pour mesure 6 >< 3, ou. Hyphes caractéristiques du groupe botryosa. 6. Aleurodiscusdisciformis l). C. — [Steream, Fr. H. E., p. 642; Quel. F. M.; Aleurodiscus (Thel. D. C). Pat.' S. M. F., 1894. — V. H. et L., 1907. Beit., p, 60.] 7. Solenia anomala Pers. — [Peziza Pers. M. E. 1., p. 270; Solenia, Fr. H. E., p. o96; Quel. F. M., p. 29; Bourdot, HymdeF«,sp. n°132.] — Herbier Sartory-Maire, n° 1.118. 8. Cytidia floccuknla Fr. (Cyphella ampla Fr.). — Bourdot, Hym. F'^% n« 114. Herbier Sartory-Maire, n" 1.125. 9. Elaphomyus variegatus Vitt. — Herbier Sartory-Maire, n° 1.142. Dans l'humus, au pied des charmes, dans les bois avoisinant la station de Conifères, dit « Coteau-Soleil », Andelot, août 1919, (Haute-Marne). Espèce reçue aussi des environs de Lyon, de M. Usuelli. SARTORY ET MAIRK — FLORE MYCOLOGIQUE 251 10 Porta obflucens Pers. — Herbier Sartory-Maire, n** 1.154. Août 1919, sur érable, Andelot (Haute-Marne). Espèce à suivre ! Il serait intéressant (le voir, si elle ne passerait pas à Polyp. (Coriolus) connatus ? 41. Mycoleptodon fimbriatum, Pers. — Herbier Sartorv-Maire, n° l.nO. Curieuse espèce, assez commune dans la Haute-Marne. Elle forme des plaques membraneuses, plus ou moins épaisses, et étendues, à la base des souches d'arbusles, de noisetiers; nous l'avions sur genêt (Vosges), nous la retrouvons sur chêne, tilleul, tremble, sureau, etc., en Haute-Marne. 12. Poria iindata Pers. — Herbier Sartory-Maire, n*" 1.153. Espèce reçue de M. Dumée, et récoltée par lui, en août 1919, sur hêtre, dans la forêt de Fontainebleau, où elle forme de grandes plaques, présen- tant une teinte légèrement verdàtre. 1.3. Pol. alho-sordescens Romell. — Herbier Sartory- Maire, n° 1.156. Espèce récoltée par M. Dumée, qui l'avait d'abord rapportée à P. rubigi- nostis Fr. Elle a été récoltée sur hêtre, août 1919, dans la forêt de Fontaine- bleau. Cette rare espèce, blanche, puis brun fauve, et décrite par Lloyd, Syn. Apus, p. 319, sub. P. fissilis Berk. = rubiginosus Bres. F. Kmet.,' non Fr. ::= Pol. albus Bres. FI. pol. (non Fr.?). L'identification de cette espèce est due à M. Tabbé Bourdot, à qui nous l'avions adressée. Dei)uis, nous l'avons reçue de Lyon, de M. Usuelli (n'^' 29) lequel l'avait récollé sur souche de châtaignier. 14. Peniophora MoUerianaBves. — Herbier Sabtgry-Maire, n" 1.158. Sur chêne tombé, septembre 1919. Andelot (Haute-Marne). [(Bres. F. Lusit.) Sacc. XI; Cort. Boumeguerii Bres. F. T. p. 36 t. 14i /". 1 ; Kneiffia, F. pol. j» 102]. Bourdot, Hym. de F", n° 299. 15. Tomeittella bofryoides Schw. Herbier Saktory-Maire, n° 1.165. Sur écorce de hêtre, septembre 1919, Andelot. Subiculum en bordure tloconneuse fauve, et hyménium noirâtre (métal- lique ?) granuleux. 16 TomenleJla rubi(jiiiosa Bres. — Herbier Sartory-Maire, n° 1.159. Sur l'humus des bois de pins, Andelot (Haute-Marne), sous des tas de pierres, comme T. sponr/iosa et fulvo-cincta. Teinte uniforme rubigineuse, permettant de la distinguer à première vue de fulvo-cincta, à hyménium nettement discolore. 17 ToM. (.OBiARiA Teck. — Herbier Sartory-Maire, n" 1.171. (;= fulvo-cincta Bres.) Cette espèce se distingue de la précédente par l'hyménium discolore. La bordure est la même que dans Tom. rubiginosa.- Même station que la précédente. 252 BOTANIQUE A propos de cette espèce et de la précédente, nous aurons lieu d'en reparler. Cette espèce, T. fulvo-cineta Bres., est mise en synonyme, par V. H. etL.deT. elaeodesBres. (subHypochnus: nous avons récolté aussi dans la même station, ce Tom. fulvo-cincta sur Tom. spongiosa Schiv., et il est à remarquer, que nous n'avons pas confondu Tomentellina ferruginea V. H. et L, sur Tomentella spongiosa avec Tom. fulvo-cincta, lesquels ayant souvent cet habitat, ont en plus, une teinte qui pourrait les faire facilement confondre. 18. Peniophora sanguinea L. — Herbier Sartorv-Maire, n° 1.181. Espèce reçue de M. Maudhuiï, pliarmacien à Valognes (Manche). 19. Cyphella albovlolascens, P. — Herbier Sartory-Maire, n° 1.179. Sur ceps de vigne, Andelot, 20 septembre 1919 (Haute-.Marne). C'est une forme ou variété de Cyphella villosa Pers. 20. Poria racodioides Pers. (M. E., 2 p. 118i. Herbier Sartory-Maire), n" 1.175. Cette espèce tapissait entièrement, d'une couche uniforme, toutes les parties creuses d'un vieux saule ; Andelot (Haute-Marne), 20 septembre 1919. Nous possédions déjà un spécimen (Herb. n" 1.136), récolté par M. Dumée," en octobre 1919, de cette espèce qui tapissait le creux d'un chêne. Nous l'avons reçue aussi de M. Usuelli, récoltée par lui sur néflier. La forme, n*^ 1.175, sur saule, est un peu difïérente d'aspect des autres spécimens que nous possédons. Elle se relierait peut-être par extension, à la forme, répondant à Poria racodioides (Pers. i Bres. ! 21. AleurocHscus alliaceus B. et G. — Herbier Sartory-Maire, n'^ 1.176. Sur saule, 2'2 septembre 1919, Andelot (Haute-Marne). 22. Acia uda L. — Herbier Sartory-Maire, ir' 1.186, et 1.187. [Fr. S. M. L, p. 422; Odonlia Bres. T. Kmet, n^lOl. Bourdot et Galzin, Hym. deF'^% n" 326. Cette curieuse espèce s'étalait, partie citrine, partie couleur saumon, sur un pieu de chêne, dans une clôture, avec Corticium caeruleum. Septembre 1919. Andelot (Haute-Marne). 23. Leptoporus tephrolencus Fr. — Herbier Sartory-Maike, n° 720. Sur humus des bois de pins ; sur souches de hêtre. '24. Leptoporus slypticus Pers. — Herbier Sartory-Maire, n° 143. Andelot, septembre 1919, sur souche de pins. Cette espèce, caséeuse, puis dure, étant desséchée, est considérée par M. Lloyd, sub trabevs, non trabeus Rost. (sensu Bres.) des auteurs fran- çais. . ^ • . Hymenochaete cinnamomm Fr. — Herbier Sartory-Mairk, n" 1.205. Bare, sur branche de charme. Andelot (Haute-Marne i. SARTORY ET MAIRE — FLORE MYCOLOGIQUE 2o3 26. Radulum orbkulare L. var. JimquilUna Quel. — Herbier Sartory- Maire, 11° 1.214. Hare, sur branches de pin tombées. Andelot (Haute -Marne). 27. Porta terrestris, D. C. — V' /"" albo-fuUginea. Nous désignons ainsi la forme qui vient sur conifère. Dabord blanc, puis fuligineux-cendré au toucher, enfin noir, à la dessic- cation, à bord s'enroulant de droite à gauche. Toute l'espèce devient dure, cornée (Vosges : Gérardmer, bords des lacs, etc; en général, sur bois, et racines de pins, sur tourbières). 2° f" albo-ochracea. Nous désignons ainsi la forme qui croît sur les souches des autres essences, dans les forêts feuillées. D'abord blanc, puis devenant roux-ocracé au toucher, entin devenant ou orangé ou même restant blanc à la dessiccation. Nous avons en herbier, une série de collections, représentant toutes ces formes, et provenant de diverses stations. En mai 1920, M. L. Maire a fait au sujet de ces espèces, une commu- nication à la Société Linnéenne de Lyon, dans laquelle il,exposeles vues de M. l'abbé Bolrdot, qui considère que cette espèce, souvent étiquetée terrestris D. C. n'est pas le vrai terrestris, mais n'est autre que le Poria sanguinolenta A et S. 28. Trametes subsimiosa Bres. — Herbier Sartory-Maire, n" 1.199. Espèce non décrite dans les flores françaises, assez rare, à odeur suave sur le frais, crème jaunâtre, sur les branches tombées et sèches de pin. Andelot, septembre 1919; nombreuses récoltes. 29. Cyphella erucaeformis Batsch. — Herbier Sartory-Maire, n° 1.201. Képond aussi à C. albissima Pat. et à C. albocarnea Quel, qui ne sont peut-être pas assez distincts. Récoltée sur tremble, septembre 1919, Écot (Haute-Marne). Après récoites nouvelles, et étude approfondie de l'espèce par Bourdot, elle doit être rapportée à C. albocarnea Quel. 30. Gloeociistidium pallidum Bres. — Herbier Sartory-Maire, n" 1.203. Sur Abies, septembre 1919, .\ndelot (Haute-Marne). 31. Exidiopsis grisea (Pers.) Bre<. — Herbier Sartory-Maire, n° 1.189. Cette belle plante du genre Sebacina Tul. n'est bien typique que sur Abies pectinata. Nos spécimens des Vosges, d'un .beau gris ardoisé, diffé- rent d'aspect des spécimens récoltés, sur Cornus, à Andelot, septem- bre 1919. Micrographiquement, ce sont les mêmes espèces, et il y aurait lieu de rechercher si cette espèce est constante, sur une autre essence que sur Abies pectinata. 254 BOTANIglK 32. Pohjporiis di'st rudor , Sclirad. — Herbu-r Sartorv-Maiue. îi" 1.193. (f" resupiiiata). Andelol (Haute-Marne). Espèce assez commune, en Haute-Marne, dans les bois de pins, très toufTus, où elle se développe surtout à la base des arbres, dans l'humus, et dont le mycélium, très byssoïde. s'élendant entre Faubier et l'écorce. s'infiltre assez vite dans le bois des pins secs, et leur donne ainsi une fragilité telle qu'ils sont facilement arrachés, ou brisés par le vent. 33. ConiopJiora betulae Pers. — Herbier Sartory-Maire. n° 1.194. Rare, sur branches tombées de pin. Andelot i Haute-xMarnej. 34. TomenteUa cinerascens Karst. — (ïom asterigma. l\. Maire, An. myc. 4.. p. 335, 1906.) Herbier Sarïorv-Maire, n" 1.191. Andelot (Haute-Marne). Dans des troncs cariés des bois de pins. 35. lomentellina ferruginea V. IL et L. — (V. H. et L., Beit, zur. Kennlnis, der Cort. l, p. 56; West. Cort., n"41). Herbier Sartory-Maire, n° 1.207. Forme des plaques jaunes, lomenteuses, sur un mycélium vieux, probable- ment mort, brun, presque noir, de TomenteUa .spongiom S(-lm\. et ce .mycélium forme un véritable tissu cotonneux, serré et résistant, tapissant les pierres, accumulées sons l'Ininnis des bois de Conifères. Septembre 1919. Andelot (Haute- Marne). 36. TomenteUa elaeodcs Bves. — Herbier Sartory-Maire, n" 1.207. Partie à teinte oUve, grenelée. Encore sur TomenteUa spongiosa, ou du moins, sur le mycélium mort, tenace, noir, de cette espèce, sur lequel s'étale l'espèce précédente et dans la même station. TomenteUa fnivo cincta Eres, est caractérisée par sa partie centrale gra- nulée olive ou même vert assez vif, et une large bordure fauve-rouillé. Elle a la même structure que elaeodes qui n'a pas de bordure, et M. V. HoENEL a considéré elaeodes et fuJvo cincta comme une seule et même espèce. INous ne somme pas convaincus de cette façon de voir. BuRï les maintient distinctes respectivement, sub coriaria et grannlosa. Si Ton veut les réunir, il faudrait alors aussi y joindre rubiginosa Bres., parce que f'iilvo cincta icoriaria) sur le vif, est souvent unicolore. Vous le placez en herbier sous le nom de rubiginosa, et, quelques mois après, vous vous apercevez, que votre détermination est fausse, et que c'était fulvo-cincta. Ce. fait n'arrive pas pour rubiginosa: donc, il y a. dans ces formée, un principe colorant différent, et, comme elles sont d'ordi- naire, assez distinctes, il faut les maintenir au moins comme sous-espèces ou variétés. 37. Ghcocystidium argillaieum, V. H. et L. — Herbier Sartory-Maire, n» 1.231. SARTOHV ET MAIRE — FI,(tRE MYCOEOGIQUE 2o5 Espèce très voisine et très peu distinctes de Gf. pallidum mais a une teinte rosée, assez nette, à la dessiccation. Septembre 1919, sur Abiespecti- nata, Andolot (Haute-Marne). 38. Tomentella sub fuUglnea, Bourdot et Galzin. — Herbier Sartory- Maire, n« 1 .2-27. C'est une de ces espèces trop nombreuses, dans ce genre, qui demandent ime quantité de récoltes pour être déterminées de façon définitive, ou ramenées à une autre espèce, qui serait, pour celle-ci : Tom. fulùjinea Burt. Andelot (Haute-Marne), septembre 1919. Tapisse, par endroits, de vieux trous faits par les sangliers, dans les bois feuilles. 39. Corticium flavescens Bon. — (Hypochnus, Bon.). Herbier Sartory- Mmre, n° 1.232. Nous avons déjà, en herbier, des spécimens récoltés aux environs de Montbéliard (Herrier Maire, n'^^ 728, 730), dont la teinte est quelque peu ditïérente des spécimens cités ci-dessus. Les premiers étaient sur coni- fères, ceux-ci sont sur lecorce d'un charme vivant, à la base enfouie dans l'humus profond de la pinaie de Signé ville (Haute-Marne). Cette forme mériterait d'être distinguée. Nous reviendrons sur ce sujet, après de nouvelles récoltes de l'espèce. 40. Peniophora g/ebulosa Fr. — Herbier Sartor y-Maire, n° l.23o. Septembre 1919, Andelot (Haute-Marne), sur pin, branche toinbée. Nous rapportons, pro tmiipore, à cette espèce, une forme curieuse, inter- médiaire entre glebuJosa Fr. et subalutacea Kar'sL 41. Hijgrophorus marzuolus {Fr.} Bres. Nous venions de donner une petite note sur cette espèce (Lorraine phar- maceutique, Thiriet, Nancy, 1920), quand nous recevons de M. Usuelli, un lot important de spécimens recueillis par kii dans un bois de sapins des environs de Lyon. Les spécimens étaient tout à fait enfouis dans l'humus moussu, à environ oOO mètres d'altitude. Ils sont, en tous points, conformes à ceux figurés par M. le Professeur B. Maire (Bull. Soc. myc. de F", t. 28, 3« fasc, t. 15). Nous croyons devoir signaler cette récolte la plus précoce que nous connaissions. Beinarquons par contre, la clémence du temps, et la végétation cryptogamique particulièrement avancée cette année. Cette belle et rare espèce a fait aussi l'objet d'une intéressante comnumication à la Soc. Linn. de Lyon, par notre éininent confrère, le Docteur Biel. 42. Odontia pruni Lasch. et Odonlia junquiUea Quel. — Herbier Sartory-Maire, n° 1.107. M. BoERDOT, à qui nous avons adressé celte espèce, ^nh junquiUea Qm\. pense qu'elle doit être étiquetée 0. pruni Lasch. 0. pruni Lasch. n'est pas compris dans Bourdot et Galzin (Hym. de ¥% bull. S. M. F.), mais il le serait dans la description de 0.y«/<7«<7/ea, 2S6 BOTANIQUE ' non parce qu'elle est trop large, puisqu'elle a été établie sur tous les spécimens de l'herbier Bourdot, dans lesquels Téminent auteur n'a rien trouvé de bien conforme à 0. pnmL mais parce que cette espèce est très près de 0. jiinqinllca, et ne fait peut-être qu'une seule et même espèce. 0. pruni se dislingue à ses petits aiguillons très serrés, ses spores plus petites, ayant pour mesure 5 — 7 X 3 — 4jx, et l'absence de cystides. Ces caractères peuvent rentrer dans 0. junquiUea et 0. pruni serait la forme qui les possède simultanément. 43. Pohjporus corrugis Vr. — Herbier Sartorv-Maire, mars 1920, sur souche d'abies, bois de Neuhof (Strasbourg). Les spécimens récoltés sont azonés, alors que. dans le type, ils devraient être zones et sillonnés. Espèce rare, récoltée aussi dans les Vosges, mais plus caractéristique. 44. Eichleriella spinulosa ? Bk. et Curt. Nous pensons que cette espèce, recueillie sur bois mort de tilleul (mont Sainte-Odile) est la même que celle que nous possédons en lierbier sous le n» 1.161. BuRT assimilerait cette espèce à E. Kmetiir Bres ? Doit-on réunir ces deux espèces, qui paraissent s'éloigner nettement. par l'aspect et la couleur ? Il y aurait lieu d'étudier ici les spécimens des auteurs pour être certains de l'identification. 2' ÉTUDE SUR LE TRICHOLOMA TIGRINUM, SCHAEFF 58.92 1" Synonymie et bibliographie relatives à Vespèce. A. — Synonymie. Secrétan, Myc. suisse, n» 717 (183.3): Quélet. Jura. 2. p. 339 t. 1. f. i, sub pardinum (1873); Fries. Epier., p. 45, sp. n» 151 pp. (1836); Quélet, Enchir., p. 12 (1886) ; CosT et Dufour, Nouvelle Flore, p. 14. Non Fr. le. sel, \, p. 37, t. 41, fig. inférieures, nec Quélet, Jura, % p. 340. Ag. fritillarius, Batsch, El. p. 50 (1783); Ag. tigrinus Schaeffer, t. 89, index p. 38(1774). Barla, Ch. Alpes mar.. t. 42, f. 1-5. Bigeard et GuiLLEMiN, Flore ch. France, p. 77, t. 14, f. 6; Bres. F. m., t. 25- Venturi, Mise. Bresc, t. 20, f. 1-2. SAKTOUY liT MAlllK — ÉTIDE SUii I,K T.tlCIIOl.OM.V !2o7 H. — )?ii;LiO(iP.ArHiK. (louRTKT, Cas d'cmpoisoiincincnl jii2l. ViWES {Sgstema ingcologicum). 1833. ^Sechétan {Mi/c. suisse). 1836-38. I'ries {Epierisis si/st. mijc). 18i4. Raremioiist {Deutsch. krgpi. Flora). — — {Planche dans Mgc. Fur.). 1873. Qi;éli:t {Les champ, du Jura et des Vosges). 1874. Fru:s {Ilyménotinjcèles d'Europe). 1880. Ql'ÉLET {Enchiridion fungorum). 1888. QcÉLET {Flore myc). Depuis 1888, divers traités, tloi'es, notes, etc., ont apporté une importante contribution à l'étude de celle espèce. Nous diviserons- ce paragraphe en deux parties, la première qui Comprendra les documents dont l'énoncé forme la bibliographie bien établie de l'espèce, et la seconde, qui donnera les documents qui avec les premiers ont présidé à l'étude magistrale faite par le l*rofesseur R. MAn^E {Bail. Soc. Myc. de France, 1911). 9 2o8 BOTANIQUK I^REMIÈUE l'AUTIi:. ï. ScoroLi : Ag. tigrinits (FI. Carn. II, p. 440, sp. n" 1S17). « Pileus lacei'Lis, stipes filamenfosus, aequalts, silvis. Pileus planus, obscure luteus. .Lamellao secedentes, Slipes Quatuor digitos transversos longus, quae menstira est eliam diamelri pilei. » II. ScHAEFFER : [Index Iriplex, Ag.'ligrùius, sp. p. 38, et t. 89). III. BuLLiARi) (Champ. (Je France). — L'espèce décrite, sub. ligrinus, n'est ni un Hygrophore, ni un Tricholoma, mais un Leniinus, n'ayant aucun rapport avec notre espèce. IV. Baïsch {Elenchus fungorum. p. 56), décrit suIj. frU'dJarius, l'Ag. tigrinus Schaeff.^ d'après ScHAi-n'ER. \. Feusoox (Sj/n. fung. : Ag. myornyces, sp. n» 1G2 a. var. de pardinus): [non Persoon, syn., p. 458 (= Leniinus tigrinus Bull.)]. « Pilco carnoso campanulato squamoso: squamis badio lividis nigrescenlibus, laniellis candidis, stipite solido tibriiloso albido. Rarius infaginetis. » Potiusdistinclaspecies? Pileus cinerascens, squamae pilosae. Lamellaesaepius erosae. 3-4 lin. lalae. » VI. De Ca.ndoele. — Lamarck et De Candolle, Flore française, 1813, t. 2, sp. n° 4.52, p. 169 : Ag. tigrinus. (Bull., t. 70, Sow., t. 68, Persso.x, syn., 438. Amanila ligrina Lain. Dict., 1, p. 107). Cette espèce est encore le Leniinus tigrinus Bull., non notre espèce. VII. Fries (Systema myc.) et (Epicrisis) : A. tigrinus. a) Fr. S. M., I. p. 53 (sp. inquir.) [Schaeteer, t. 89, Ag. fritillarius Batscu.J fe Pileus canus, undulatus, maculis obscurioribus. Lamallae sordide albae, stipes brevis bulbosus. » b) Fr. Epier., sp. n" 15L p. 43 [ScHAEEEEr.. t. 89. S. M. /., p. o3. dus. Esc. gen. VI, sp. 3, etc. A. frilillarius Batscii. A. camarophyllus Secr. n. 757 (nil saltim cum meo, et A. S., proi-sus ident. commune habel)]. H Pileo carnoso e conico, convexo expanso ditîormi rimosove udo glabro nigro maculato, margine laevi, stipite solido valide sujjpruinato slriato basi tumido, lamellis dente decurrente adnexis demum distantibus.ex albo fuligineis. Sub. pinubus caespilos.; Majo; sola sp. hujus gregis in pineto montanis obvia. iMajor^ mollis, in ciljariis vilior, pileo ex albo cano demum nigromaculato. Evitenda quidem homonyma, quae a synonymis differre quidem nesciunt I, inter Agari- cinos, sed cum nemo cum Secr. Lentinuni tigrinuin Bull. Pers. ! cura Tricholoma- libus comparabit, Schœfferi tolerandum. s> VIII. Se(,rétan, Myc suisse II. Ag. pardinus : Agaric faux-hj'dne écailleux. Il, sp. n" 717, p. 159 [Persoon, syn., p. SiB. Myornyces var. d., A. pardinus, Fries. Obs. Myc, 1, p. 27. A. imbricains.] " Chapsau. — Tout couvert d'un grivelage noir à grosses mèches, sur un fond blanc jaunâtre: jouant tout à l'ait l'Hydre écailleux (//. imhricatuni). Le centre est brun noir. Je' ne l'ai \u que concave, les bords irrégulièrement relevés. Diam. 5 [j-. ■>■> Feuillets. — Blanc tirant sur le jaunâtre: pas très nombreux, épais, fragiles. SAUTORY ET MAIKE — KTIDE SUR LE TRICHOLOMA 2o9 très arqués, rentrant après avoir formé un angle presque droit; ils sont larges (le 4 1. De I à 3 demi-feuillets; les extérieurs très petits. „ p;>f/. _ Blanc: assez mat; long de 2 p., d'une épaisseur presque égale à sa longueur; un peu comprimé; chargé de stries rousses et légèrement courbé vers le pied. L'odeur indifférente. On trouve cet agaric en septembre, sous les hêtres. îl est fort rare. » IX. QuÉLET, Jura, 2, p. 339, sub. 7V. pardiniis {Pers.) Qt a. s. ? n Stipe plein, ventru 2-3 centimètres, striolé, villeux, blanc. Chapeau globuleux, ondulé, puis aplani, 10-lu, fragile, gris clair, grivelé de mèches fihrilleuses et cendrées; marge amincie, enroulée et glabre. Chair molle, insipide, blanc fixe. Lamelles très larges, arrondies sinuées, blanches à reflet vert d'eau, spore ('0,01) ovale, subtilement pointillée. » Été. En groupe dans les sapinières humides du Jura. » X. Pries. Ag. ligrinus, Fr. Hgm. Eur., sp. n" 187, p. 68 [Schaeffer, t. 89. Fr!es, le, t. 41, infér. Gonn'. et Rab., t. 13, f. 2; Gooke Brit., p. 32: Camaro- plujlbi!', Secrétan, n° 757, c. descr. (saltim nil commune habet cum A. et S. et meo)]. « Pileo... repando, glabro, fusco macukUo, margine i^ivoluto; stipite... pruinoso albo;... sub pinis Majo, solitarius 1. caespitosus; legi etiam autumno. Major, obesus, jiileo in meo pallide brunneo, ex aliis cano, nigro maculato. Icônes haud parum ilifferunt, scd eadem sistere speciem non dubito (v. v.). » XI. Qlklet : a) Enckir.; h) FI. ingc. a) Ggrophila tigrina, QuÉf.ET, Euchir. p. 16 [Pries, le, t. 41, inf.; Schaefeer, t. 89 ?], sub var. de graveoiens. « Pilco cano, vel fuligineo, fusco-maculato: lamellis aljjo fuligineis, stipite albo. n . b) Ggrophila Ugrina, Quélet, F. M., p. 282 [SciiAKFi-En, le, t, 89. pardina, QuÉLET, Jura, II, p. 327, t. 1, f. 1]. « Stipe épais (2-3), tendre, striolé, villeux et blanchâtre. Péridium campa- nule convexe (10-30), festonné, tendre, gris clair, grivelé de mèches fihrilleuses, cendrées ou bistre. Marge enroulée, amincie, glabre et blanchâtre. Chair molle, blanche, insipide. Lamelles arrondies sinuées, très larges, blanc verdoyant. Spore pruniforme 10;^, pointillée. — Eté. En cercle dans les sapinières monta- gneuses. Vénéneux. C'est la plus grande espèce du groupe des Villosae. » Deuxième partie. Nous citerons simplement ici la liste des documenls qui, sub tigrinus, ne correspondent pas à l'espèce. l'5 .4. tigrinus, Bulliaud, Champ, de France. 2" .4. llgriiius, Persoox, Sgii., p. 4.o8. 3° De Candolle, fr. 1. c. 4" Pries, le. sel., I, p. 37, t. 41, fig. inférieures. 5" Quélet, Jura, II, p. 340. 6" Raiîexhorst (Dentsch. krypt. Flora), I, p. 55G, n'^ 3933. (^ Agar. tigrinus — Getigerter B. — Hut weicli lleischig, erst kegelformig, dann ausgebreitet, verschiedengestaltig', rissig, feucht, ei'st weiss, spiiter grau, 260 BOTAMol'E endiich schwar/.flecki.L,', am Ramlc cbcn: stiel kiirz, kiiiftig, knollig Ijereift; Laniellen enlfernl iinter einander, angehelfel, mit einen Zaline herablaiifend, anfangs iicisslicb, dann rauchgrau. Schaekfer, t. 8'J. Fn. 1. c. « In rasenformigen Haufen unler NadelgeliOlz in den gebirgen des sïidlichen gcbietes, in Fnibjalir. sellner in sommer. » Cette réponse est celle d'Hygr. mafznolns, non de Trich. ligrinum Schaeff. De l'exposé de ces dociunenls, il résulle qu'à leur examen, il est facile de voir que dans la plupart des cas, les auteurs ont interprété deux espèces, l'une rHygrophorus marzuolus, l'autre le vrai Tricholoma ligrinum Schaeff. La synonymie relative à la première espèce, a été établie par le Profes- seur K. Mahie, et son élude a été faite complètement {Bu/l. S. M. F. T. 28, t. 15, 11)1-2). A celle espèce, se rapportent les descriptions sub. iitjrituis, des auteurs suivants : Fnii£s, Epier., p. 4o; Raueniioust, Knjpt., I. c.; Quklet, JiO'a,2, p. 740. A la seconde se rapportent les diagnoses données par les auteurs cités dans la synonynrie de l'espèce (A). Plusieurs de ces descriptions, accompagnées ou non d'Icônes, sont à supprimer. L'étude de ces desciiptions et leur interprétation raisonnée a été faite par H. MAnîE, de façon détaillée, à la suite de l'élude de l'.lf/. cnmarophijl/us, in Bull. S. M. F. (1. c), et il n'y a lieu de tenir compte, pour le Tricholoma ligrinum Scliaelf., que de la synonymie établie au début de notre mémoire. 3° Toxicologie. Toxicité du Tiucholoma tigiumjm. Nous avons (avec des échantillons provenant de Neufchàtel et de la région de Heiligenberg en Alsace), fait une série d'expériences sur des cobayes, des lapins et des chiens. \'oici les résultais de nos expériences : Par ingestion du suc frais du champignon, cobayes et chiens sont incom- modés au bout de trois quarts d'heure. Même syndrome pour ces deux espèces animales, frissons, tremljlt'menls, vomissements abondants et diarrhée au bout de trois heures. Faiblesse générale. Le cobaye meurt en 48 heures. L'autopsie révèle des lésions, notamment à l'appareil digestif (congestion de l'estomac et du gros intestin). Le chien résiste et guérit au bout de 4-5 jours. Le cobaye meurt en o heures avec une quantité de champignons ingérés variant entre 15 et 20 grannnes. Le chien peut résister malgré l'ingestion d'une quantité équivalente à 30 grammes, mais il soulfre atrocement pendant 48 heures. Le lapin ne mange pas volontairement ce cryptogame. Nous avons pu à grand'peine lui faire absorber 20 grammes de suc frais du champignon. Cet animal est incommodé pendant 2-.'-> jours, mais il parvient à se rétablir en moins de 5 jours. SAIITOUV KT MAIRl ETUIiK St'R IJ-: TKICIIOLOMV 2GI E71 injection sous-culaiice 3 cenliinùlivs cubes de suc frais (Sélermine la mort du cobaye en 3-^i heures. 5 cenliinèlr.ës cubes de suc frais iiijeclés au lapin produisent le même résultat en 7 lieiires. Des expériences semblables répétées avec du suc frais porté à la tempé- rature de -j- 100 degrés démontrent (piil existe dans le Tric/ioloma tigrinum a côté d'un poison tlie)-iiw/al)ilf (hémolysine) facilement détruit à + 70 degrés, un poison theniwstabile résistant à + 100 degrés. Ce poison semble se rapprocher l)eaucou[) de celui contenu dans V Entoloma lividiiiii. Des travaux en cours j)réciseront la nature de ces toxiques. Nous reitroduirons et comparerons en terminant les deux syndromes, le syndrome entolomien et le svndrome tricholomien. Syndrome entolomien (SAivroriv) Début. Rapide, bruyant. Incuba Lion. 1 à 2 heures après l'ingestion. Sijmplûnifs. Vomissements incoercibles. Diarrhée persistant parfois 4-5 jours. Troul)les gastro-inteslinaux. Rémission très atténuée. Urine légèrement colorée. Parfois troubles pupilhiires et période de syncope. Soif ati'oce, gorge desséch(''e à ne pouvoir parler. h'inteliigence est supprimée. Terminaison. Guérison de 2 à 6 jours. Concl lisions. Syndrome tricholomien ( S A a T 0 n Y - K 0 N R A D - .M A I lu: ) Drlnit. U a p i d e . Incubai ion. i à 2 lieures après l'ingestion. Symp'.ômes. Douleurs stomacales, nausées, tarissons. Vomissements abondants et l'épélès. Diarrhée fétide. Douleur abdominale. Céphalalgie, crampes dans les mollets. (jrande faiblesse. Inipossibilité pour le malade d'absor- ber quoi que ce soit. Durée 2 à 0 jours, liétaljlissement complet. Ce cliam[)ignon est incontestablement vénéneux et doit être classé à côté de VEnlolama lividinn Bull avec le vocable dangereux. Ce n'est pas un champignon mortel. Les cas d'enipoisomiements dus au Jricholoma tigrimun sont noud^-eux et se répètent d'année en année dans la région de Neufchàtel (Ivo.nrad), toujours identiques à eux-mêmes (voir Bull. Soc. d'Hist. .\a(. Doubs, 1907, A. CouRïËT, sur un cas d'empoisonnement survenu en septembre 1907 à l*ontarlier; voir aussi Bu II. Soc. Mycol. de France, t. \XX. 3Mascicule, 1914. J.-Eo. Mathi'V, sur deux cas d'empoisonnement survenus en oclobiel913 à Neufchàtel). Ko.nuad de son côté, a pu en constater presque chaque année. Les plus récents datent de 1910 (deux familles à Neufchàtel et à Saint-Dlaise, en juillet et en septembre), et de 1918 (une dizaine de personnes ayant dîné au restaurant à P>ondry, en octobre 1918). Il est donc indispensable de faire connaître aux amateurs et surtout aux amateurs mycophages le Tricholoma tigrinum assez fréquent en Suisse et les départements français limitnqîhes. 10^ Section. ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE Pré!eut ne pas l'être pour une autre, même relativement peu éloignée. Pour arriver à déterminer l'influence des agents extérieurs qui agissent sur la production du lait, il importe avant tout de connaître les variations normales causées par la lactation et les saisons, dans le milieu oîi l'on veut expérim-enter. M. BOUIN — COMI'OSITION 1>U i.AlT 263 C'est à celle tâche que je me suis attaché de])uis i>lusieurs années. J'ai réuni un très grand nombre de données anaiyti(iues qui m'ont permis de constater un certain nombre de faits que je vais résumer brièvement, . Les modifications de la composition du lait au cours de la période de lactation d'un même lot d'animaux, n'apparaissent pas nettement à la simple inspection des chiffres d'analyses. Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir ces variations considérées par la majorité des auleui-s, comtne tout à fait négligeables ou même inexistantes (celles concernant la matière grasse exceptées). Pour se bien rendre compte de ces modifications dans la composition des laits, il est indispensable d'adopter la mélhode de représentation graphique. L'étude des graphiques montre : a) Que le taux de matière giasse, variable dans le colostrum, est en général assez faible dans le lait des vaches fraîches à lait, puis il augmente progressi- vement du commencement à la (in de la période de lactation, tout en montrant un minimum très net au mois de mai ou juin, fait qui a été constaté antérieu- rement par Crowther, Hatnoth, Ilog-diôni. Ujhelgi, Eckles. Brioiix, Richemond, etc. Les variations du taux de matière grasse peuvent être très étendues et dépasser même 50 0/0. b) Le taux de matières protéiques totales, très élevé dans le colostrum. tombe rapidement et se maintient pendant les S ou 6 premiers mois autour de 30 grammes par litre. 11 augmente ensuite-assez rapidement et peut atteindre et même dépasser 50: grammes dans le lait des vaches très vieilles à lait. Les variations du taux de matières protéiques peuvent donc atteindre normalement 30 à 40 0/0. La courbe de la caséine suit presque fidèlement celle des matières protéiques totales, et on peut dire que le taux de caséine est sensiblement égal aux 8/10*'^ du taux de matières protéiques totales. c) Les cendres brutes totales, très élevées dans le colostrum, s'abaissent rapi- dement jusqu'à un taux souvent inférieur à 7 grammes par htre. Ce taux se maintient sensiblement pendant les G à 7 premiers mois de la lactation, avec quelques oscillations, puis il augmente, lentement d'abord, rapidement en lin de la lactation où il atteint souvent S gr. 50 par litre, soit une variation de 18 à 20 0/0. Nous sommes loin de la constance remarquable que MM. Bordas et Touplain signalent. {Laiterie, 1913, p. 191.) d) Le lactose, très faible dans le colostrum des premiers jours, augmente rapidement pour atteindre un maximum généralement très voisin de 52 gram- mes pai' litre: La teneur en lactose diminue ensuite, très lentement pendant les 6 à 7 premiers mois, plus rapidement ensuite, jwur s'abaisser vers 42 ou 43 grammes dans le lait des vaches très vieilles à lait. Nous avons donc ici des variations qui peuvent atteindre normalement 18 à 20 0/0. comme pour les cendres, mais en sens inveree. Nous voyons en ré.>umé, que tous les éléments du lait varient au cours de la lactation, mais t^us ne varient pas de la même manière. 204 ZOOI.tH.lt;, ANATU.MIE Kï i'IlVSIOl.OGlE Si on néj^lige la période coloslrale, on voit que la matière crasse, les matières protéiques et les cendres au.umenlent, tandis que le lactose dimi- nue, du commencemenl à la lin de la lactation. Aucun des éléments conslilutils du lait ne présente une constance suilî- sante pour mériter de servir de base k rapjiréciation de la pureté des laits, aussi les auteurs (pii se sont occupés de la recherche des fraudes et spécialement du mouillage ont ils pioposé toute une série de constantes dont nous allons pouvoir apprécier la valeur à la lumière des faits que nous venons de résumer. Vextrail dégraissé, improprement appelé constante c/'J Duclaux, est pratiquement égal à l;i somme lactose -f- protéiques totaux -j- cendres. Il varie comme ses constituants. La courbe de l'extrait dégraissé suivra donc celle des protéiques, mais avec des oscillations atténuées par les variations inverses du lactose. L'extrait dégraissé non seulement accuse des variations très étendues (plus de 20 0/U), mais il présente en outre le grave inconvénient d'être d'une détermination incertaine comme nous l'avons montré. (Goîsert et Bon.N. lîectœ Générale du Lait, n" 0-iO, 1907.) La <■ oislante de Curnall/a n'est somme toute (pie l'expression extrait (légrais'ié moins caséine. Le lactose d'une part, les cendres et les matières protéiques autres qne la caséine, d'autre part, ont des variations inverses qui tendent à se contrebalancer. Dans le lait colostral. l'intluence de la forte proportion d'albumine, donnera un cor«rt//>r( élevé, mais après la période coloslrale le cornalba subira linlluencc ]M'épondérante du lactose et la courbe de celte constante sera sensiblement parallèle à celle du lactose. Le cornalba obtenu par la technique de Bordas et Touphwi (précipitation des matières protéiques totales i)ar l'alcool acétique) correspond sensible- ment à la somme lactose -f cendres. Les variations du lactose ne sont ici compensées que par celles inverses des cendres, aussi faut-il nous attendre à trouver des variations de plus grande amplitude que dans le cornalba. La faible proportion des cendres dans le lait n'aura que peu dintluence sur la constante Bordas et Toiiplain, aussi la courbe de ci'tte constante ost-elle |)resque rigoureusement parallèle à celle du lactose. A l'inverse de la précédente et à cause de l'élimination totale des protéiiiues, elle sera très faible dans les laits colostraux. Ueœtrait délaclosé proi^osé p:u- Ackermann est tout à fait irrationnel. C'est prali(]uement la somme : J»rotéiques totaux + cendres. C'est en défi- nitive prendre pour base de l'appréciation, l'élément «pii, normalement, présente dans le lait les variations les plus grandes, 30 à 40 0/0. (Matières grasses exceptées bien entendu.) [^retendre que tous les laits purs doivent avoir au minimum 40 grammes d'extrait délactosé, revient à dire que tous les laits doivent avoir au mini- M. lîOUIN — r.OMl'OSlTION DU I.AIT 2i>J miiin 32 à 33 grammes de matières proléiques, autrement dit c'est vouer à la police correctionnelle pres((ue tous les laits de vaches .fraîches à lait. La consianle iiio/eculaiir siiiipli/iéf' [C M S 1{) de Malhieu et Férée est la somme Lactose -f- chlorures e.\i)rimés en CINa X 11,9. Très précieuse pour l'appréciation des lails anormaux, elle subit cependant dans les laits normaux rinfluence prépondérante du lactose; dès lors, il est logique de trouver une C M S II très faible dans les laits colostraux, faible égale- ment dans les lails de vaches très vieilles à lait. Sirot et JorcI admetteid que la C M S réelle, c'est-à-dire corrigée du volume de l'insoluble (C M S H) peut varier de 70 à 80,2. Matliîeu et Fc/r'e admettent même 82.2 ( 1016), cela fait un taux de variation de 14," 00. iNos observations, dont r[uelques-unes sont consignées dans le tableau ci-après, nous obligent encore à étendre ces limites et à admettre des variations -possibles de 16,7 0/0. .Nous avons vu que les cendres et le lactose sont les éléments les moins variables du lait et que leurs variations se produisent en sens inverse, ils ont donc une tendance à se compenser mais par suite de la faible proporiion des cendres la com|tensalion pondérale n'existe |)as. Ces constatations lious ont tout naturellement amené à l'idée de rechercher si la somme (( lactose -|- cendres », ces dernières affectées d'un certain coefficient, ne donnerait pas une « constante » moins variable que celles usitées jusqu'ici. Dans le tableau ci-après, n'ont été consignés que quelques résultats analytiques choisis parmi les plus typiques et les plus eœtrènies. Tous ces laits prélevés à l'étable sont authentiquement purs. Nous avons adopté le coeflîcient 5. à la suite de calculs que nous espé- rons pouvoir dévelo|)per dans un prochain mémoin^ plus étendu. L'examen du tal)leau ci-après montre que la sonnne Lactose -\- Cendres X S présente une variabilité deux fois moindre que la plus précise des constantes chimi(|ues que nous possédions jusiiuMci. Nous pouvons d'ailleurs serrer le problème de plus près encore en etlèctuanl les correc- tions des volumes de l'insoluble. Les variations extrêmes sont alors infé- rieures à 7 0 0; c'est dire que dans les cas les moins favorables un mouillage de plus de 7 0 0 ne saurait passer inaperçu. Un mouillage de 5 0 0 sera décelé dans la très grande majorité des cas, grâce à la constance que nous proposons, Lntin, il y a lieu de remarquer que tous les minima ne se rencontrent pas sur le même lait, à l'inverse de ce qui se produirait sur des lails mouillés. Ainsi, dans le lait n" 7 de notre tableau et provenant d'une génisse fraîche à lait, l'extrait dégraissé (78,60), le cornalba (o8,44), la constante moléculaire sinq)litlée réelle (69,10), perirettraienttratfn-mer un mouillage de plus de 10 0/0, tandis que la constante Lactose X cendres X S (85,38) est normale, et démontre qu'il s'agit d'un lait naturellement faible et non d'un lait fraudé. Nous ne prétendons pas que notre constante, bien que plus précise. 2G6 ZOOLO. 87,. 59 12 2 vaches, dont une prête à vêler 93,27 60.26 55.22 » 85,94 13 1 vache, lait du soir 83,05 59,51 Li2,14 70.3 83,10 14 49 vaches, lait du malin .... 95,82 60,61 56,12 80.9 87,80 15 2 vaches, lait du soir 85,43 56.29 » 71.9 85,60 16 15 vaches dont 12 fraîches à lait. 86,93 61,02 .56,10 70,97 84,78 17 3 vaches très vieilles à lait. . . 93,70 58,1 50.7 68.10 82 18 1 vache très vieille à lait. . . . 99,2 57,2 48,7 77,12 84,34 19 5 vaches vieilles à lait 98,8 64,9' 57,4 72.5 86 20 1 vache très vieille à lait. . . . 100 68.10 55,90 70,81 86 21 1 vache encore fraîche à lait . . 89.1 66.5 58,4 73.9 89 .Maximum 100 68,10 60 80,9 89 Minimum 78,60 56.29 48.7 67.41 82 Variations 0/0 21,4 17. i 18.8 16.7 7,8 M. Paul CHABANAUh, Correspondant du Vhiséum National d'Histoire naturelle, Pai-is. VOYAGE D'ÉTUDES HERPÉTOLOGIQUES EN GUINÉE FRANÇAISE 59.81 iG65.2 20 JulUel {matin). La mission que m'avait fait l'honneur de me confier le iMusëum National d'Histoire naturelle avait pour but principal l'élude des Keptiles et des Batraciens de r.\frique Occidentale. Embarqué à Bordeaux, le 29 septembre 1919, sar le counier Afrique, j'arrivai à Conakry le 13 octobre, .le fis un premier séjour à Dixine, vil- p. CHABAXALl» VOYAGE d'ÉTUDES HEUPÉïOLOGIQUES 267 lage distant de 7 kilomètres de Conakry, puis je me rendis, le 11 novembre, directement par chemin de fer, à Kankan, point terminus de la ligne. Je quittai kankan le 18 novembre, pour Kérouané (important tata construit par Samory et dont subsistent encore les tours et les murs d'enceinte plus ou moins en ruine), où je séjournai du 22 novembre au 16 décembre. Les stations où je poursuivis ensuite mes recherches sout les suivantes : Macenta (du 22 décembre au 11 janvier 1920), N'Zébéla (du 12 janvier au 8 février), N'Zérékoré (du 10 février au 12 mars), Diéké(du 14 au 22 mars j. Ije ce dernier point, je me rendis en territoire Libérien, où je séjournai à Sangbwé (ou Sanquelle) du 23 mars au 3 avril, pour revenir ensuite en Guinée Française, en suivant la route Lola-Boola. Arrivé à Beyla le 10 avril, j'en repartis le 18, rej)assai à Kérouané (20 avril) et arrivai à Kankan le 25 avril. Revenu à Conakry, par chemin de fer, le o mai, je m'embarquai le 17 du même mois, sur le Bvaga, qui m'amena à Marseille le 1*-'' juin. Exception faite des environs de Conakry (basse Guinée), la totalité de. mon itinéraire se développe en haute Guinée. Kankan et Kérouané se' trouvent dans la région dite des hauts plateaux (altitude moyenne: 300 mètres); toules^es autres stations, y compris Sangbwé (en Libéria) sont situées dans la région montagneuse proprement dite, à des altitudes variant entre 4o0 à 700 mètres. Les stations suivantes : N'Zébéla (à deux heures de marche du Diani, alias Saint-Paul), N'Zérékoré, Diéké (à une demi-journée de marche de Mani qui forme, en ce point, la frontière guinéo-libérienne) et Sangbwé (Libéria), appartiennent au versant ouest delà cliahie de montagnes. Toutes ces stations de haute Guinée se trou- vent dans la région forestière, à l'exception de Kankan, Kérouané et Beyla, qui sont situés au milieu du pays dit de brousse (hault^s Gra- minées). Les collections que j'ai apportées ix)ur le Muséum comprennent : Des Vers (principalement parasites de Reptiles), des Mollusques, des Artliro- podes (Insectes, Arachnides, .Myriapodes. Crustacés d'eau douce), des Poissons d'eau douce, quelques petits Mammifères en alcool et deux Singes vivants [Cer- copithecus caUiirichus et C. palas). La collection des Reptiles et des Batraciens, que j'étais spécialement chargé d'étudier, se compose de : 3 Crocodiles, 21 Tortues (dont 17 vivantes), ^279 Ophidiens, 599 Lacertiliens, 3.032 Batraciens. Soit au total : 3.934 spécimens. Bien que l'étude de ce matériel ne soit encore qu'à peine ébauchée, il me semble, d'après les diverses observations que j'ai pu faire, que, d'une façon générale, l'aire de dispersion des espèces qui habitent la forêt équa- toriale (dont celle de Guinée et du Libéria, n'est que le prolongement nord-ouest) est beaucoup plus étendue que les données que nous possé- dons actuellement, ne le laissent à peaser. Beaucoup d'entre les espèces signalées jusqu'ici de la seule région équatoriale le seront, tôt ou tard, du versant ouest de la chaîne montagneuse, et cela jusqu'au Nord de 268 !a Guinée française (liio Pongo, IJagalaïei, sinon mémo, pour cerlaines (lu moins, jusqu'en Casamance. Les formes en question ne sem[)lon(. il est vrai, exister dans cette partie nord-ouest de la forêt qu'à l'état spora- dique; ce qui semblerait indiquer qu'elles seraient, en'ce point, en voie de disparition. La formidaldo destruction de la grande forêt, sur laquelle, en maints endroits, les (jramin(''es prennent le pas sans espoir de retoui-, peut probablement êlre mise en cause. Je regrette de me voir forcé de m'en tenir aujourd'bui à des généralités, car la liste que je pouriais fournir de mes captures serait |)ar trop incomplète; mais je crois pouvoir affirmei- que cette liste est de nature à augmenter sensiblement 1-e nombre des espèces connues d'Afrique Occidentale, tout au moins au Noid de la Gold Coast. La découverte d'une larve de Batracien Urodèle, non encore identifiée, capturée par moi dans le n)arigot de Diélvc. me permet d'allirmer la jiré- sence de représentants de cet ordre dans- la zone intertropicale du conti- nent africain. On sait qu'aucun Batracien Urodèle n'a jamais été signalé, en Afri(]ue, ailleurs que dans la région marocaine (au Nord de l'Atlas), si ce n'est sur la côte d'Egypte, où il aurait é(('' trouvé une forme larvaire de Sa'amandride (1). L'importance du fait tpie je viens de signaler, n'écliappera à aucun naturaliste, car il s'accorde mal avec ce que nous savions sur ladistribution géograpliique des Urodèles dont Taire d'habitat, confinée, tout au moins dans l'Ancien Monde, dans la zone tempérée de riiémisplière boréal, concoi'dait avec les limites attribuées à l'im des conti- nents de l'Epoque secondaire ; aigument a posteriori en faveur de l'ancien- neté des formes appartenant à ce groupe, dont les caractères primitifs sont de toute évidence. Celte extension vers le Sud peut s'expliquer par une migration de l'une (pielconque des formes marocaines (Triton Poircti Gervais. Ilageninuc/lcri Lalaste, Waltli iMich.). Une autre conséquence à tirer de ce fait important, est l'idée (pie nous pouvons avoir de tout ce (pii nous reste encore à apprendic sur la faune herpétologi(pie de l'Afrique tropicale, oii ce genre de chasse est particu- lièrement difficile. A côté d'espèces communes partout en Afrique Occi- dentale, aufsi bien dans la brousse aride que dans la forêt humide (notamment Python Sebae Gni.. Ihndrnspis vi)-i(li.s Hallow., ('aiisii>i rhoni- beatus Licht., Ikina mascareniensis]). lî., etc. j, vivent des formes étroitement localisées et ([ui, abondantes en certains points, demeurent introuvables dans un rayon considérable, alors même que les conditions d'existence paraissent identiques. A cette considération, il faut ajouter les conditions saisonnièi'es, dont les changements ont une infiuence prépondérante sur l'apparition de cerlaines espèces (Ciiéloniens, Ophidiens fouisseurs, noml)re de Batraciens) (pn subissent, généralement sous lintluence de la grande sécheresse, une période d'engourdissement (appelons-la eslivation en raison de la température du pays). C'est ainsi que, surtout vers la fin (1) Cf. G. -A. BouLENGiin .• Les Bdtniricns, \<. 103. (I*;ii-is, 1910). J. PELLKGIUN — POISSONS DES EAUX DOt'CES 269 de la saison sèche (avril, mai), les TypJihps et les Glauconia sont a])solu- nient introuvables en Guinée, et que même le vulgaire Agama coloiiornm Daud. se fait rare. Cet Af/ama colonorum l»aud. (le Margouillat des colons) a une tendance manifeste, (|u"il partage (railleurs avec Mabuia Perroteti D. H., a se rapprocher des lieux: habités. E\trè;nemeat abondantes dans toutes les agglomérations humaines, sans e.\ce[tler les grandes villes comme Cona- kry, Kankan et même Dakar, ces deux espèces, sont à peu près introu- vables, ou tout au moins extrêmement rares à une certaine dislance des constructions indigènes ou européennes. M. t:i: W Jacques PELLEdRIN, Docteur es Sriences, Assistant au Muséum national d'Histoire Natii relit LES POISSONS DES EAUX DOUCES DE L'AFRIQUE DU NORD FRANÇAISE ET LEUR DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE 59.7 <(3I) 20,JKillet {mntiii]. Les Poissons des eaux douces de l'Afrique du Nord française, Maroc, Algérie, Tunisie, forment un ensemble intéressant à étudier auquel i! faut joindre le Sahara. Comme je l'ai montré (1), en effet, celui ci n'est pas complètement dépourvu de faune aquatique et cela non seulement dans sa région Nord, au pied de l'Atlas, ainsi que cela a été signalé depuis longtemps déjà, mais encore dans ses parties cenirales (Tassili des Azdjers) ou occidentales (Adrar) et même orientales (Tibesti, Borkou, Ennedi) récemment explorées par le Lieutenant-Colonel Tilho (2) et le 31édecin- Major Noël (.'>). Les Poissons de ces contrées, toutes entières placées sous rintluence française, méritent de retenir l'attention, par ce fait, sans parler de leur valeur économique et de leur utilité pour l'alimentation humaine (pi'ils appartiennent à deux régions zoogéographiques entièrement distinctes. .l'ai déjà indiqué (4), en eifet, que la quasi-totalité du continent africain (Il D' J. I^ELLEGRIN. — Les Vertébrés des eau\ douces du Sahara [Ans. fr. Av. Se, Congrès de Tunis, 1913, p. 346.) (2) D" J. Pkllegrin. — Poissons du Tibesti, du Borkou et de l'Ennedi réroltés par la mission Tilho (Bull. Soc. Zool. Fr., 1919, p. 148. i (3) D'' J. PEi.LKGniN. — Sur un Cyprinidé nouveau du Tibesti appartenant au genre Labeo (op. cit., 1919, p. 3"25.) 1-4) D'' J. Pellegrin. — La distribution géographique des Poissons d'eau douce en Arique (C. R. Ac. S\, t. CLIII, 24 juillet 1911, p. 297i et les Poissons d'eau douce d'Afrique et leur distribution géographique (Ass. fr. Av. Se, Congrès de Dijon, lî)ll, publication hors volume). 270 ZOOLOGIE, ANATOMII-: ET PHVSIOLOGIi-: rentre dans la région éthiopienne de la zone équatoriale cyprinoïde d'/i. Gunther. Au contraire une petite parcelle, la sous-région Nord-Ouest ou mauritanif/ue, comprenant l'Atlas et ses bassins côtiers se rattache à la faune européenne, méditerranéenne, de la zone paléarctique. Après avoir donné une liste générale avec leur habitat de toutes les espèces actuellement signalées au Maroc, en Algérie, en Tunisie et au Sahara. J'examinerai les limites et en certains cas la juxtaposition de ces deux faunes différentes. Clupeid.e. ■i Alosa vulgarh C. V. — Maroc (?), Algérie, Europe. *2 — finta Cuv. — Aortl de l'Afrique, Europe. Salmonid.i;. 3 Salmo trutta L. var. macros lig ma, A. Dum. — Maroc, Algérie, Corse, Sar- daigne, Sicile, Asie mineure et Perse. Cyprimd.e. 4 Laheo Itorle Ilecivei. — Tibesti. Nil. 5 — Tibestii Pellegrin. — Tibesti. 6 Varicorhinus taaroccanus Gunther. — Maroc. 7 Barbus Reini Giintber. — Maroc. 8 — Harterii (iiinther. — Maroc. 9 — Paijtoiti Boulenger. — Maroc. 10' — Roihscliildi Giinther. — Maroc. 11 — Riggenbaclii Gunther. — Maroc. 12 — Fritsrlu Gunther. — Maroc. 13 — ^S'atdoi Boulenger (i). — Maroc. 14 — biscarensis Boulenger. — Sahara^algérien, Tas'sili. Ib — callciisis C. V. (2). — Maroc, Algérie, Tunisie. 16 — Setiviinensis C. V. — Maroc. Algérie, Tunisie. 17 — Ksibi Boulenger. — Maroc. 18 — Antinorii Boulenger. — Sahara tunisien. 19 — Palla.rgi Pellegrin. — Maroc (Figuig). 20 — Magnl Atiaatis Pellegrin. — Maroc. 21 — nasus Gunther. — Maroc. 22 — deserli Pellegrin. — Tassili, Tibesti, Ennedi, Chari. 23 — anetna Boulengei'. — Tibesti, Ml. 2i Leuciscus [Phoximlius) Guichenoti Pellegrin. — Algérie. 25 — — callensis C. Y. — Algérie, Tunisie. 26 — — Cliaignoni Vaillant. — Algérie, Tunisie. 27 — — punicus Pellegrin. — Tunisie. 28 BariUus Loali Boulenger. — Tibesti, Nil, Lagos. (Il Le Unrhiis allunlic/is Boiileuger, du Marof me parail dilllicile à séparer de celte espèce. i"2) Une variété de Figuig a été déci'ite par moi sous le nom de figtiigensis. J. PELT.EGRIN i'OlSSoNS DES EAU\' DOUCES 271 SlLlRID.E. :29 Clarias senegalensis C. V. — Adrar, Sénégal, Niger. 30 — lazcra C. V. — Algérie (Biskra), Tibesli, Syrie, Xil. Sénégal au Congo. Anguillid.k. *31 Angitilla vulgaris Tiirt. — Afrique du .\ord, Atlantique Nord et Méditer- ranée. Cyprinodontid.e. 32 Cijprinodon fasciatus Val. — Afrique du Nord, Sud de l'Europe, Asie mineure. 33 Ciiprinodon iherus C. V. — Algérie, Espagne. 34 Tellia apoda Gervais. — Algérie. Syngnathid.e. 35 Syngnathus algeriensis Playf. — Algérie, Egypte. SERRANin.iî. *36 Morone labrax L. — Afrique du Nord, Méditerranée, Côtes d'Europe. *37 — punciala Boulenger. — Afrique du Nord, Méditerranée, Europe méridionale, Sénégal. CiCHLID.iî. 38 Tilapla galilœa Artédi. — Adrar, Syrie, Nil au Sénégal et Niger. 39 — borkuana Pellegrin. — Borkou. 40 — Zllli Gervais. — Sahara algérien, Tibesti, Ennedi, Syrie, Nil au Niger. 41 Astatûlilapia D es f on laines i Lacép.' — Sahara, Syrie, Nil, Tchad, Tanganyika. 42 Hemichromis biinaculatus Gill. (l). — Sahara, Nil au Sénégal et Congo. GOBIID.E. =•■=43 Gobius rhodopterus Gûnther. — Algérie, Méditerranée. =i=44 — paganellm L. — Algérie, Atlantique jusqu'à Madère, Méditerranée. Atherinid.î:. 45 Alherina inocJioa C. V. — Nord de l'Afrique, Méditerranée. MlGILID.E. *46 Mug'd cephnhis L. — Loire au Cap, Etats-Unis au Biésil, Pacifique Sud- américain. '■'•47 Mugil capito Cuv. — Atlantique de la Scandinavie au Cap, Méditerranée. '■'48 — saliens Risso. — (lironde et Méditerranée au Cap. '•'49 — auratus Risso. — Atlantique delà Scandinavie au Cap, Méditerranée. 50 — chelo (Jiv. — Atlantique de la Scandinavie aux Canaries, Méditerranée. (il Sauvage a déiM^it une variété du Sahara sons le nom de Sahcine. 272 zorajiniE, anatomik kt i'iivskm.ogti-, Gasterosteid.e. 51 Gasterosteus aculeatiis]... \ar. algeriensis Sauvage. — Algérie. Blenmid.k. 5i2 Blemius fniler Bl. Schn. — Algérie. Europe occidentale, Dalmatie, Syrie. Comme on le voil 14 familles, 21 genres et o2 espèces sont représentées dans les eaux douces du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie et du Sahara. Un seul genre Tellia est spécial à ces régions, mais 23 espèces et 3 variétés ne se reirouvent pas ailleurs. Au point de vue de la distribution géographi(iue, l'intérêt présenté par ces divers Poissons est loin d'être semblable. I.es uns, en ellet, semi- marins comme les Aloses, les Bars, les Muges et les Gobies qui remontent plus ou moins haut dans les rivières pour y frayer, les autres comme les Anguilles qui descendent à la mer pour s'y reproduire et qui tous possè- dent un habitat des plus vastes ne doivent pas être pris en considéra- tion (1). De même certaines espèces qui se rattachent à des formes marines et ont constitué dans les eaux douces des colonies plus ou moins. stables comme le Syngnathe algérien, l'Athérine mochon, la Hlcnnie cagnetle peuvent aussi être négligées. Il en va tout aulrement des Poissons franchement dulcaquicoles, Cypri- nidés, Cyprinodontidés, Giclilidés. etc. (h% parmi ceux-ci, les uns comme la Truite, un certain nombre de P.arbcaux, les Phoxinelles, les Cyprino- dons, IHpinoche appnriiennont h des types européens ou méditerranéens. Au contraire parmi les Cypiinidés le Variror/iuuis, certains P>arbeaux, les Labéous, le BarUius, les Siluridés du genre Clarias et les Cichlidés sont de type franchement africain. Si en Algérie et en Tunisie la séparation est assez bien marquée entre les deux faunes (2), les formes européennes se rencontrant dans l'Atlas, les hauts plateaux, et les bassins côliers méditerranéens, les espèces afri- caines apparaissant dans le Sahara, immédiatement au pied du versant méridional de la chaîne montagneuse, il n'en va plus de même au Maroc. Là. en effet, on trouve mélangés dans les tleuves côtiers qui se jettent dans l'Atlantique à l'ouest de l'Atlas, notamment parmi les Cyprinidés. cà côté de Barbeaux à écailles à stries divergentes nombreuses, à troisième rayon osseux do la dorsale deiUiculé. se rapprochant de notre Barbeau européen (Barbus jluviatilis Ag.), des Barbeaux (Labeobavlnis) à écailles à stries parallèles, à rayon sans dentelures, du type du Barbus /j///i/?i Forskal du Nil, et même un lrtWc;o/7i//H/.s- à faciès africain encore plus prononcé. Les matériaux envoyés au Muséum de Paris de points variés du >Iaroc, (1) Dans la liste qui [u-rcède ces espèces sont précédées du siyne *. (2i 11 y a naturellement une li.mde plus ou moins étroite où les deux faunes sont en contactetmème le liurbuf. {,/5C(/;r»is/s Uoulenger, d'origine paléaivlique descend Jusqu'au Tassili. L. ItOl LK — LA BIOLOGIE MIGliATKiCK bi: SAUMON 27*:{ par le Médecin- Jiiajor H. Mil/el, M"''' du Gast, M. Pa/lary, M. AUiiaud et étudiés par moi (1) iiîonlrent lous celle |)énélralioii réciproque des deux faunes. M. Boulenfjer a donné de la conslation que j'avais faite une interpré- tation ingénieuse (2). l*our lui ces Labeobai'bus, ces Varicorhiiuis d'origine africaine sont venus du Sud et ont pu se maintenir et se développer au Maroc parce qu'ils ne s'y sont pas trouvés en concurrence avec des Disti- chodus et des Citharinus, Characinidés à régime. végétarien semblable au leur et qui y font di'-faut. Réciproquement partout ou les Cliaracinidés herbivores abondent, les Cvprinidés à nourriture identique et d'origine plus récente leur cèdent le pas. En généralisant ce fait on explique ainsi que dans l'Amérique du Sud où il y a tant de Cliaracinidés végétariens ou autres lesCyprinidés manquent, tandis que dans le Sud de l'Asie où les premiers son absents, les Cyprinidés ont i>ris un développement considé- rable. Uuoi qu'il en soit de ces considérations il n'en demeure pas moins incontestable que la faune ichtyologique de l'Afrique du Nord française appartient à deux régions distinctes assez nettement délimitées par le versant sud de l'Atlas en Algérie et en Tunisie, beaucoup plus enche- vêtrées dans les bassins atlantiques du Maroc où seul la presqu'île tangi- lane se rattache complètement à la faune européenne. M. Louis IIOLILE, Proiesseur au Muséum nHtioiial d'Histoire naturelle. LA BIOLOGIE MIGRATRICE DU SAUMON (Salmo salar L. DANS LE RHIN' 50 — l.j.2 — 7 26 Juillet {mutin}. La migration de moulée du Saumon comprend deux phénomènes consé- cutifs : i° l'entrée en estuaire, c'est-à-dire le passage du milieu marin à celui des eaux douces, et la pénétration dans le bassin hydrographique; 2'^ la remonte de ce dernier jusqu'aux régions à frayères, situées pour la plupart au voisinage de la tète du bassin. Le premier de ces phénomènes sera seul envisagé dans les présentes considérations : du reste, sa conduite (1) D'' J. PiiLLEGRiN'. — Les Vertébrés des eaux douces du Maroi" (A.s.s. fv. Av. Se, Congrès de Nîmes. 1912, p. 149i et Sur la faune ichtvolosique des eaux douces du .Maroc {C. n. Ac. Se, t. CLXIX, 1919, p. 809. i (2i (l. A. BouLENOER. — La distribution en Afrique des P.arl)eau\ du sous-genre Labeobarlnis {C. R. As. Se, t. CLXIX, 1919, p. 1016-. 274 ZOOLOGIE, AXATOMIl- ET P!l YSK lLOlement exploitée par les pêcheries néerlandaises, situées dans les bras de son estuaire. La presque totalité des saumons péchés en Hollande sont pris dans leurs eaux. Les statistiques officielles (Vers/ag betreffende den siaat der BinnenvisscheriJ) donnent à cet égard des chiffres élevés : 21.101 individus capturés pendant l'année 1910, 57.423 en 1915, 28.298 en 1914, 43.594 en 1913, 34,580 en 1912, 39.370 en 1911, 24.447 en 1910. Le chiffre le plus bas, depuis 1898, est celui de 1916; il est suivi de près par celui de 1908, qui é,unle 23.537. Les deux chiffres les plus élevés sont ceux de 1898 (33.834 individus), et de 1913 (43.594). Quel que soit le chiffre, le régime ordinaire de l'entrée, accusé par les nombres en série des captures opérées dans les pêcheries des estuaires, ne subit pas de variations et se présente de la même manière. L'année 1916, L. KOULE — LA BIOLOGIE MIGUATRICE DC SAUMON i75 l'ime des moins avantagées, et l'année 1913, l'une des mieux pourvues, peuvent servir d'exemples en les considérant mois par mois. Grands Saïunons Petits Saumons d'hivei" de printemps Madeleineaux Janvier 1913. . . Février — ... Mars — ... Avril — . . . Mai - - . . . .Juin — ... .luillel — . . . . Août — ... Septembre — ... Octobre — ... Novembre — ... Décembre — ... Janvier 191Q. . . Février — ... Mars — . . . Avril — . . . Mai — . . . Juin — . . . Juillet — ... Août — . . . • Septembre — ... Octobre — ... Novembre — . . . Décembre — ... Les deux années, malgré leurs différences de nombre, qui vont parfois du simple au double, ou môme dépassent cette proportion, montrent une concordance complète. Les grands saumons d'hiver entrent en estuaire pendant l'année entière : leur nombre est au plus bas d'octobre à décembre, au plus haut de février à mai, atteint son maximum eu avril, baisse brus- quement en juin pour descenclre peu à peu au chitfre minimum d'octobre. Les petits saumons de printemps font défaut, ou peu s'en manque, pen- dant la saison froide; ils apparaissent fin avril et en mai; se montrent rapidement en nombre, atteignent le maximum en juin et juillet, décli- nent quelque peu en août, puis cessent d'arriver de septembre à novembre. Les Madeleineaux ont une période d'entrée plus brève encore; elle va de mai à octobre, avec un maximum très accentué en juillet et en août. Ainsi, par op[iosition avec les lleuves de l'ouest de notre pays, le Rhin ne subit pas d'interruption estivale dans l'entrée en estuaire de ses sau- mons; bien mieux, les petits saumons de printemps et les Madeleineaux présentent en juillet et en août une part de leur période de maximum 913 1 0 2.8G2 0 0 7.434 . 0 0 7.71 i 0 0 4.809 1.632 1 1.597 3.680 4 474 4.362 1.707 397 3.691 997 42 778 34 3 43 1 31 10 0 286 0 0 75 0 0 923 0 0 2,930 0 0 3.175 1 0 3.127 1.746 1 968 5.31 i 2 215 3.203 il!» 196 1.4.55 349 29 219 6 1 4 0 4 2 0 3 0 0 270 ZOOLOGIE, AXATOMIE ET PHYSIOLOGIE numérique. Toutefois, celle |»ériode passée, el dès la seconde moitié de Télé, le nombre des entranls diminue progressivement pour tomber à son minimum en automne. En définitive, le Rhin ne se distingue des autres fleuves occidentaux que par le l'ait de retarder la dale de la diminution des entrées, el de ne point pousser celte dernière, malgré son accentuation, jusqu'à l'iiUerruption complète. La raison doit en être cherchée dans le régime hydrographique du fleuve, dont la période de basses eaux est ordi- nairement plus tardive et moins prononcée que dans nos cours d'eau atlantiques. Quoiqu'il en soit, la conséquence quant à la capacité du ren- dement des pêcheries est considérable, car le Rhin se trouve nettement avanlagt''. M. A. ALLEMAr^D-MAliTlN, Docleui' lis Sciences, Professeur au Lvcée de L\on-I^are. SUR L'ÉTUDE DES MÉTHODES A EMPLOYER POUR LA MISE EN VALEUR DE NOS RICHESSES MARITIMES : ROLE DE LA BIOLOGIE APPLIQUÉE 63.922 27 Juillet 'malin}. Dans son bel ouvrage Créer, qui renferme la documentation la plus complète qui ait été donnée jusqu'à ce jour, sur les méthodes aptes à servir à la régénération de notre pays, .M. le député IJerriot, sous le titre Les Industries de la Mer envisage, en particulier, la réorganisation des pèches maritimes, et éludie les moyens à adopter jtour l'exploilation la plus rationnelle de nos côtes métropolitaines et coloniales. Pour noire part, le séjour de plusieurs années qu'il nous a été donné de faii'e dans le milieu des pêcheurs, ainsi que les études de biologie marine poursuivies pendant ce temps, nous ont permis de nous rendre compte sur place (I), de la façon dont il serait possible d'obtenir le rende- ment maximum des productions naturelles de nos côtes, et nous avons été amenés à adopter un principe qui, à notre avis, peut servir de base à cette réorganisation. Nous nous sommes jiosé, depuis longtemps, les questions suivantes : Ouel peut être le rendement maxinuun d'une région inarilime au point de vue de l'exploitation de ses produits naturels? De quelles conditions dépend ce rendement maximum? Notre conclusion est celle-ci : on n'a envisagé jusqu'ici, l'exploilation des richesses naturelles de la mer, ({u'au simple point de vue du rendement brut de la pèche intensive, en (1) Allem.4ND-jMarti\. Étude de l'hijaiolonie appliquée à la Spongl':uUare sur les rôh's de Tunisie. Thèses doctorat, L\oii 1906. Iinji. Picard, Tunis. A. ALLEMAND-MARTIN — HOLK DK LA BIOLOGIE Al'PLIUUÉE 217 ein[tIoyaul dos eiij;ins oiïiaiil le maximum de gain immédiat au pêcheur, mais cela, en écarlanl toute autre considération, même celle de la conser- vation des fonds; l'engin serail-il deslrucleur, peu importe! On pêche encore, sans tenir compte de l'évolution de la science. Or, on sait qu'il ne faut pas entendre par rendement maximum dans linduslrie des pêches, le chiffre d'une excellente année, ou celui ol)lemi sur une période de deux ou Irois années seulement, mais bien le chiffre régulier moyen, basé sur une durée aussi longue que possible et répondant à l'oltscrvalion conscien- cieuse d'une réglemenlalion vraiment rationnelle. C'est pour cela que la pêche doit être envisagée^au tri[)le point de vue, pèche intensive, conserva- tion des fonds et culture ;^\ii culture devant intervenir jwur régulariser la pêche intensive : il ne faut pas, en tout cas, qu'un rendement trop élevé une année nuise à la production des années suivantes. Mais un plan d'études, reposant sur ces considérations, se trouve subor- donné fatalement à une méthode scientitîque précise; ainsi que le fait très justement remarquer 31. Herrio!, la base de toute organisation industrielle sérieuse, doit être le laboratoire. C'est de là que doivent venir les données qui serviront : 1° a une réglementation rationnelle ; 2" au choix des engins; 3" à l'établissement de parcs de culture ; 4''- à la meilleure utilisation pos- sible des produits recueillis (alimentaires ou industriels), à leur transport (frigorification), à leur conservation de longue durée (usines de conserves), ou à leurs transformations diverses. L'œuvre du laboratoire maritime est donc fort comi)lexe, puisqu'elle englobe des études biologiques, zoologiques et chimiques; elle mérite les encouragements, non seulement de l'Administration, mais des industriels eux-uîêmes. Il serait même à souhaiter, comme nous l'avons demandé dans la Revue Générale des Sciences en i917, que l'industrie privée ariive, un jour, à subordonner toute exploitation aux travaux d'uu laboratoire technique lui appartenant. Examinons quel pourrait être le programme de laboratoire à élaborer, tant au point de vue théorique que pratique, |iour répondre à ces dilfé- rents buts. Bien (ju'il soit susceptible de modifications, le plus rationnel parait être, dans ses grandes lignes, le suivant : 1° Étude approfondie de la localité au point de vue zoologiipie et bota- nique (détermination du plankton, du neclon et du benthos plus spécia- lement; 2" Étude des conditions biologiques précises de l'hatùlal, en tenant compte de la topographie, des conditions géologiques, de la température des eaux, de la salinité, des marées, entin du milieu organisé; 3° Etude du rendement maximum'[d"après les modes d'exploitations tolérés actuellement ; 4° Étude de l'augmentation pijssible de ce rendement par l'application des procédés mixtes de culture et de pèche, secondés par la réglemen- tation la plus rationnelle; 278 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYï^ilOLOGIE S° Elude du transjjorl el de la manufacture des produits de la mer. Ces études seraieul grandement facilitées par la création de Zones de pèche d'après les conditions biolor/iques et en attribuant à chaque zone ou région un petit établissement peu coûteux, permettant de recueillir les documents locaux et de maintenir un lien constant avec le laboratoire central ; le petit laboratoire de Sfax, rattaché scientifiquement à Lyon, peut servir d'exempl-e, et ainsi que l'avait demandé M. Canstier dans la Revue Générale des Sciences, en 1907, aurait dû être conservé. Enfin, il serait nécessaire de tenir compte des desiderata des pêcheurs, eu cherchant à concilier les intérêts du commerce avec ceux de la science : et pour cela, il y aurait lieu d'instituer une commission mixte d'adminis- trateurs, de scientiliques et de maitres-pècheurs , qui aurait pour but d'éclairer chaque parti sur les concessions réciproques possibles; les Chambres de Commerce devraient être consultées. Et pour Completel' et coordonner cet ensemble d'éléments, il serait indispensable de faire comprendre à la nouvelle génération de pêcheurs, le but poursuivi et Timportance des résultats obtenus : cela pourrait être, par la création de véritables écoles techniques niixtes de pèche et de navi- gation (1), subordonnant leur enseignement aux découvertes du laboratoire et suivant les progrès de la science. On obtiendrait ainsi la main-d'œuvre experte et éclairée, qui fait la supériorité de toute industrie, et qui ne se montrerait plus hostile, comme elle l'est encore trop souvent, à toute application et à tout progrès. Nous avons d'ailleurs exposé, dans le Bulle- tin de la Ligue Maritime Française, en janvier dernier, le premier essai de cette méthode tenté en Tunisie, sous radministration de M. le llésident général Pichon, et montré que les résultats produits avaient, malgré la modicité des moyens employés, répondu aux désirs dés pêcheurs et de l'administration, puisque la réglementation actuelle est basée sur ces pre- mières études. Nous devons donc conclure que l'industrie des pêches maritimes, dans tous ses détails, doit être comme tout autre industrie, subordonnée aux recherches des Laboratoires. C'est, par conséquent, à l'organisation des laboratoires qu'il faut procéder pour obtenir des résultats durables. (1) Rappelons rt^cole de Navigation indigène créée par 31.. Capuiata, capitaine du port de Sfax, en 1905 (qui aurait pu être perfectionnée par l'étude des pêdievi et qui donna de bons résultats. .].-P. BOLNHIOL — SUR LA BIOLOGIE DE LALLACHE 279 M. LE i)0CTEUIl J.-P. BOUNIllOL, Professeur à la Faculté îles Sciences d'Alger, fnsiîecteur général des Pêches maritimes en Algérie. SUR LA BIOLOGIE DE L'ALLAGHE Sardinella aiirila, Valenc.) DES COTES D'ALGÉRIE 51—1—7 S7 Juillet. La Sardinelle ou Allache, Allecia des Italiens, est une Clupe très abon- dante sur tout le littoral algérien. Elle ressemble, dans son jeune âge, beaucoup à la sardine [Alosa sardina L.), tant que la taille des deux espèces reste comparable. Les pêcheurs la vendent communément sous le nom de sardine, réservant le nom de vraie sardine (Sarda vera) aux repré- sentants de V Alosa sardina, L. En réalité, l'absence de stries en éventail sur l'opercule, l'absence de tache noire à la région scapulaire et la pré- sence d'une ligne jaune d'or bordant, sur chaque flanc, la teinte bleue de la région dorsale, permettent d'opposer très facilement l'Allaehe aux divers représentants du genre Alosa tout entier. Mais d'autres caractères, morphologiques et biologiques, accentuent fortement l'individualité de cette espèce, dont les bancs littoraux se mélan- gent volontiers à ceux de la sardine pendant la plus grande partie de l'année. La taille de notre petite sardine ne "dépasse pas 16 centimètres pour les mâles et 17 centimètres pour les femelles (1), à la limite de sa longévité, qui est de cinq ans. La taille de l'Allache atteint et dépasse 32 centimètres à l'âge de 6 à 7 ans. Nous avons observé ce double maximum, surtout dans les captures de juin et juillet, chaque année. A taille égale, l'Allache est, par conséquent, beaucoup plus jeune que la sardine. C'est ainsi qu'un mélange d'i.ndividus de même taille, capturés ensemble et appartenant aux deux espèces, comporte des sardines de 2 ans et des Allaclies de 10 mois à peine pour une taille commune de 13'^°',6 et des sardines de 4 ans, des A Haches de 16 mois pour la même dimension de 16 centimètres. L'accroissement de l'Allache est très rapide pendant les deux premières années, très ralenti pendant les deux dernières. A la lin de la deuxième année, la longueur totale atteint 20 à 21 centimètres pour les femelles. La taille maxima, soit 32 à 33 centimètres, se trouve sensiblement atteinte à la fin de la quatrième année ou entre la quatrième et la cinquième. il) J.-P. liouNiiioL, Le Dipliannisnie sexuel chez ht. sardine des côtes d'Algérie (Soc. Biol. Janvier 1917]. — Sur la Délerinination de l'âge de la sardine algérienne (C. B. Acad. Se. Juin 1912. — Un riiroinnnelre de la sardine algéerinne. (Congrès de VA. F. A. S., Août 1912). ^t^O ZOOI.OCIK, ANATOMIK ET PHYSIOLOGIE Il exifsle, chez celle espèce, comme chez la sardine et chez l'Alose linle ( 1), un dimorphisme sexuel très >iet : les mâles, à âge égal, sont loujours beau- coup plus pelils que les femelles. Mais c'esl surtout au point de vue reproducteur que TAI lâche présente des caractères très particuliers et jiresquo inattendus. Tandis que la sardine pond l'hiver (2), de novembre à fm février et l'Alose finte au printemjts (13 mars-30 mai), l'Allache ne se reproduit qu'en été, à une période cor- respondant au maximum thermique de nos eaux algériennes. La précocité sexuelle est un peu plus grande que celle de la sardine. Dès l'âge de 10 mois, on peut observer chez des femelles de 13'-'",o et des mâles de 1^2 centimètres l'apparition des glandes génitales qui, encore incapables de fonctionner, se développent cepentlant rai)idcment. La germination ovulaire débute tous les ans en juillet ou même en juin, si l'été est précocement chaud, par une vascularisation intense de l'ovaire. La ponte commence hn juillet et se continue jusqu'à la fin de septembre. Les individus les plus âgés pondent les preiiiiers ; les retardataires, plus petits, sont encore porteurs d'un petit nombre d'ovules mûrs, en octobre, à la condition que les premières pluies ne soient pas londjées à cette époque. Mais, — et quelle qu'en soit la date — les premières pluies ora- geuses, généralement très abondantes, qui marquent la fin de l'été, cli'iln- rent aussi la ponte d'une manière définitive. Tous les individus qui n'ont pas alors achevé leur ponte et sont porteurs de glandes encore actives, subissent la régression et la résorption de leurs ovules non expulsés. La cause de cette régression brusque réside-t-elle dans le notable abais- sement de température qui suit les premières pluies ou dans le fléchisse- ment momentané de la salure des eaux superficielles? Les deux facteurs ont vraisemblablement une influence convergente. Toujours est-il que les bancs d'Allaches plongent à ce moment et disparaissent de la surface pendant un certain temps. Pour chaque individu, la durée de Texpulsion des ovules paraît être d'une quinzaine de jours environ. Des examens en série, pratiqués quoti- diennement sur des individus ayant sensiblement le même âge, nous ont permis d'établir ce point que la comparaison des résultats de plusieurs années différentes a toujours été confirmé. Une fois commencée, la régression de l'ovaire, vidé et flasque, est fort lente. La glande n'a repris, anatomiquement et histologiquement. son aspect normal, caractéristique du repos génital, que vers le milieu de décemlne. Au début de janvier, nous n'avons jamais trouvé un seul indi- vidu qui n'eût ses glandes sexuelles au repos complet. (Il .I.-P. BoLNHtoi,, Sur la Biologie de l'Alose finie des rôles d'Algérie [Soc. BioL, mai 1917 . (2) J.-P. BoLKHiOL, .S'//r la Rein-Ddiirlion de la sardine algérienne. C. R. Acad. S'-., 19 mai 1913i.— Noarelles ohserrallons sur la reprodaclion de la sardine algér'tenne C.B.. Acad. Se, 26 mai 1913i. ClIAl-rKLLIKK — GKNÉIIALITH; de la iNOTlO.N D'iNTlillSEXL ALITK 281 Au cours des anuées nonnaies, ladiposilé saisonnière de TAllaclie est très prononcée de mars à novembre, surtout chez les jeunes, jusqu'à trois ans. Cependant, en 1909 et en 1911, la granJe majorité des individus capturés pendant la belle saison, resta maigre. La valeur marchande des l)êches ainsi réalisées se trouva fort diminuée. L'AUache est, avec la Sardine, \e 'palii de la mer du pêcheur algériea, Tous les individus jeunes sont consommés à l'état frais, salés ou mis en conserve, comme la Sardine elle-même. Les individus âgés sont quelque- fois consommés à l'état frais, mais le plus souvent, ils sont salés et mis en barils. Gastronomiquement, cette grande Clupe est inférieure à la Sardine; sa chair est plus sèche, moins tendre, mieux pourvue d'arêtes et ces défauts s'aggravent rapidement chez les sujets figés el de grande taille. Malgré tout, son abondance est telle que cette espèce occupe, après la Sardine, l'un des premiers rangs connue imj>orlance économique, parmi les nombreux poissons pélagiques de notre littoral. Le jour oi\ elle sera pratiquée par les méthodes modernes, sa i)èche, comme celle de la Sardine et poui' les mêmes raisons, deviendra en Algérie, l'une des i»lus riches industries de la mer. M. CHAPPELLIER, Ingénieur-agronome, Pari^-, Licencié es sciences. Chot' de ti'avaux à l'I'lcole pratique des Hautes Études GÉNÉRALITÉ DE LA NOTION D INTERSEXUALITE ' r,9.i2.6 il Juillet {indtln}. Des recherches sur les oiseaux hvbrides, commencées en 1910 et iiiter- rompues par la guerre, ont pu être terminées après démobilisation (1). Une ]iartie des résultats obtenus, ceux qui touchent au vivant, avaient été rédigés avant aoùl 1914; c'était la mise au point des observations journalières, recueillies sur fiches mobiles. Le dépouillement de toutes ces notes fît ressortir la constatation que les femelles hybrides étudiées — femelles de Fringillidés en plus grand nombre — présentent une grande irrégularité génitale. Dans leur comportement sexuel, ces femelles se montrent très incom- (1) Uni^ subvention de YÀsmciation française pour l'Avincemenl des Sciences, m'a {lermis de (Vanchir les ditricullés pécuniaires du moment. 282 ZOOLOGIE, ANATOMIE t"T IMlYSIOLOGiE plètes et très capricieuses. Elles ont rarement des manifestations femelles bien caractérisées, mais le plus souvent des altitudes, des gestes, des actions qui sont à peine d'une femelle, sans être parfaitement habituels aux mules. Quelques faits plus frappants avaient déjà attiré mon attention sur cette anomalie génitale: le groupage des notes la mit complètement en lumière. C'est à la reprise du travail, à la fm de 1918, que je pris contact avec l'intersexualité, par les travaux de Gohhchmidt e\ de Riddie. Il sutlit de lire les résultats de leurs recherches pour voir que l'étiquette seule manquait à mes observations et à mes remarques, qui s'éclairaient et s'animaient à la notion d'intersexualité. Celle-ci pénètre tout ce qui touche aux hybrides, à tel point que j'ai, avec reconnaissance, ajouté le mot « Intersexualité » au titre choisi pour le travail. Et quand on regarde autour de soi, quand on raisonne le compor- tement des êtres, qu'ils soient hybrides ou non, on sent s'étendre, enva- hissiinte, l'intersexualité. Elle permet de comprendre et d'expliquer, de grouper et de synthétiser <:!es faits qui paraissaient, jusqu'ici, sans lien entre eux ou sans cause saîsissable. La sexualité domine la vie des êtres — il faudrait dire : l'intersexualité — car le sexe pur, nous le voyons maintenant, n'est qu'une conception, théorique, pourrait-on dire. Nous n'avons jamais affaire qu'à des indi- vidus plus ou moins fortement ou faiblement sexués, qu'à des inler- sexuels. Dans toutes recherches, zoologiques, même très éloignées des manifes- tations proprement dites du sexe, on ne devra jamais perdre de vue que l'intersexualité rôde partout et qu'il faudra toujours compter avec elle. Uien n'est plus frappant que de sonder la vie de chaque jour, autour de nous : à quel point chez l'Homo, dit Sapiens, l'intersexualité imprime sa griffe sur tous les actes, sur tout le comportement! Les termes les plus vulgaires du langage courant, qui désignent des imperfections, des manque ou des trop chez l'homme ou la femme, ne pointent-ils pas, sans le savoir, des cas typiques d'intersexualité? Et combien il nous apjiaraîl, à la réflexion, que cette intersexualité explique des actes, des drames, des comédies, des vulgarités, des héroïsmes et des bassesses dont les auteurs se sont inspirés à la scène ou dans leurs romans, sans avoir pu en saisir le sens profond qu'ils ne devront plus ignorer maintenant. L'art de l'écrivain psychologue, du dramaturge disséqueur d'àme, frémira quand il connaîtra linlersexualité et rougira peut-être à la pensée que ses trouvailles, ses finesses d'analyse sont prescjue enfantines, si on les passe au crible de l'intersexualité ! Puisque nous sommes à ce point certains de la dominance intersexuelle dans le monde animal, pourquoi ne pas penser que des faits de même ordre et de même valeur se retrouvent chez les plantes? La vie psychologique des végétaux, plus loin de nous, nous échappe et nous aurons, certes, peine à la dépouiller pour y rechercher Tinter- II. CLÉMENT OUELQL'ES EFFETS DE LA CENTIUFLGATION 283 sexualité et ses efrets. Il se peut que, sous une de ses manifestatious plus grossières — dans la texture même des organes génitaux — l'intersexualité soit assez facile à mettre en évidence chez les plantes. Déjà, la lecture de quelques mémoires récents — celui do Julien Tournois, sur le Houblon, notanmient, — montrent que des recherches dans ce sens ne pourraient qu'être fécondes en heureux résultats. M. Hugues CLEMElST, Lyon. QUELQUES EFFETS DE LA GENTRIFUGATION SUR LE BOMBYX MORI r.9.57.87 27 Juillet (matin). Dans une série d'éludés antérieures (I ) nous avons montré : i° Que la centrifiigation donne un pourcentage d'œufs parthénogéné- tiques supérieur à la normale. (Si les œufs n'éclosent pas, leur dévelop- pement se poursuit fort loin) ; 2'^ Que les œufs fécondés, dont les ascendants furent centrifugés, produisent surtout des mâles"; 3° Que les œufs pondus par des papillons centrifugés, eux-mêmes issus de parents semblablement traités, ont des dimensions inférieures a celles des témoins; que les vers nés de ces œufs grimpent mal, et que leurs cocons déposés au ras du sol sont de très faible volume ; 4" Que les chrysalides peuvent perdre une forte f{uantité de liquide et malgré tout se transformer en papillons ; o° Que les insectes parfaits, nés à la fois d'œufs et de chrysalides cen- trifugés, ont une écl(»sion très rapide; 6" Que si Ton continue la centrifugation ])endant toute la période nym- phale, ou si on la reprend sur la Un, les papillons formés restent jusqu'à leur mort dans les cocons, sans pouvoir les percer. Poursuivant nos recherches, nous avons expérimenté cette année sur les larves du Bombyx mori, prêtes à se transformer. Voici nos premiers résultats : Tandis que les Bombix raori normaux sont à l'état chrysalidaire cinq à six jours après avoir commenc('; leur (1) H. Clément, Conirilnillon à Uétude de la Centvlfiujation expérimentale en Biologie, Th. Lyon 1917. — Contribution à t'élude de la Centrifugation expérimentale en Biologie, in. Rev. Gén. Sciences inirea et appli(j. 1917, n^ 18, p. 505 à 510. 284 ZOitLOGli;, AINATOMIE ET PHYSIOLOGIE cocon, il nous fiil loisible de retarder pendant plus d'un mois les méta- inorplioses nymphales. l'ne simple ceiilril'Hyalidu continuelle des cers à GoO tours jjar minute, permit l'obtention de celle anomalie. Au sortir de la cenlrit'ugeuse nous avons observé, soit des sujets légè- rement transformés comme aspect extérieur, soit des sujets présentant tout à fait le faciès larvaire. Ceux qui éprouvèrent le moins de modifications morphologiques avaient cependant subi une évolution interne considérable. Les schémas 1, 2, 3 montrent quelques-uns de ces derniers animaux, plus ou moins recliligi^es, j>lus ou moins recourbés, suivant la manière FiG. 1. FiG. 2. F. 'A. ^=^ Fu;. h. donl ils furent orientés. Tous présentent un étranglement caractéristique ie) entre les fausses pattes et les vraies. Leurs téguments allèrent se fonçant chaque jour davantage, se ratati- nant sans cesse, puis se durcissant à l'extrémité postérieure, pour former trois lobes épais. Deux semaines de traitement suffisent à d(Muier des transformations chrysalidaires manjuées. Mais des sujets analogues considérés quinze jours plus tard offrent des modifications autrement curieuses. A peine fendus, leurs tissus prolecteurs laissent échapjter un liquide noirâtre, puis permettent d'apercevoir une forme jaune foncée, d'aspect chiliueux. , Il ne s'agit pas d'une chrysalide normale, mais d'un être beaucoup plus allongé (f{(j. .^tj, faisant songer à la fois à une larve, à une nymphe et à un inseclt' parfait privé d'ailes (1;. Nous venons de décrire les types purement larvaires, conservés au cours de la cenlrifugàtion; voyons maintenant ceux qu'au début de celte (1) A la di'ijressioa lej dont nous avons parlé rorrespond ui une cavité {(i) de l'orme ovale. p. LKSNK CLASSIFIKATION DKS ItuSTUVCIlIDES ^o;> noie nous qualilions de « modifiés ». Certes, à [)iemière vue ils semblent changés, mais le sont en réalité beaucoup moins qu'il appert. Ces produits schématisés en (o) doiment l'impression de larves aplaties sur les côtés, tout à l'ait comparables à des haricots « feuille morte » lâchetés de jaune et de noir. L'étranglement (e) des ftgures 1, 2, :>, n'existe pas. Quant à la dissection, elle montre une autolyse des tissus beaucoup moins avancée que dans les cas précités. Les vestiges de l'appareil sericigvne sont toujours manifestes. Disons pour terminer deux mots sur les cocons. Tous, sans exception, présentent l'aspect d'une gouttière mi circulaire, très dense, très jaune, à peine garnie sur les bords d'un l(?ger feutrage blanc. M. PiERRi^ LLSlNE, AssiilaiU au Muséum Nalional d'Histoii-.' Naturelle. CLASSIFICATION DES COLÉOPTÈRES XYLOPHAGES DE LA FAMILLE DES BOSTRYCHIDES 59.57.r> 27 Juillet {ïiialin). Les Coléoptères de la famille des Bostrychides réalisent sans doule le type le plus parfait d'adajjtation au régime xylophage. D'une part, ces Insectes s'alimentent effectivement de tissus ligneux, aussi bien à l'état adulte qu'à l'état de larve; d'autre part, leur conformation est sous la dépendance étroite de leurs muMus térébrantes, du moins dans la majo- rité des cas. Les larves, hexapodes et scarabéiforuies, ayant des antennes normalement développées, mais privées de spinules légumentaires dorsales, creusent en plein bois des galeries orientées dans la direction des fibres du bois. Chez la plupart des espèces, l'adulte passe lui-même la plus grande partie de son existence à l'intérieuu des galeries qu'il creuse dans le bois, soit pour prendre de la nourriture, soit pour y déposer ses o'ufs. Très sou- vent, comme chez les Scolytides, ces travaux de forage sont poursuivis ea commun par un couple. Le corps des lîostrychides, cylindriipie et souvent armé de cornes ou de dents à l'avant du prothorax ou sur la troncature apicaledesélylres, est eu quelque sorte, moulé sur les galeries. Les pattes, ne pouvant se mouvoir que dans l'étroit espace sul)sistant entre le corps de l'Insecte et la paroi des galeries, sont conq)rimées dans le sens tangentiel. Leurs tarses notam- ment, se trouvent rabattus contre le cori)s et doivent se mouvoir suivant 286 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSKiLOGIE la paroi des galeries, ou plutôt suivant la surface d'un cylindre envelop- pant le corps. C'est sans doute à cette cause qu'il faut attribuer la tendance presrpie iiénérale à l'atrophie du premier article tarsien qui se manifeste chez les Bosirychides. Ce premier article est presque toujours réduit à une pièce trochantériforme destinée à dévier le tarse de sa direction normale et à lui permettre de décrire le mouvement dont il vient d'être question. Telle est, selon toute ^o-aisemblance, l'explication de l'une des particu- larités adaptatives les plus importantes parmi celles que présentent les Bostrychides, lorsqu'on envisage ceux-ci au point de vue systématique. Je signaleî-ai encore un autre ti-ait des plus remai-quables offert par ces Insectes, les curieux phénomènes de pœcilandrie métamérique que j'ai observés chez un certain nombre d'espèces appartenant aux genres Helovbostrycims, Boslrychopsis et Schisloceros, et qui, du moins à ma connaissance, n'ont pas été signalés avec le même caractère chez d'autres organismes. Je ne m'étendrai pas ici sur ces particularités. Mon biit n'est pas aujourd'hui de définir les Bostrychides, ni de rechercher comment a pu se produire .leur évolution, mais simplement de donner un tableau des principales subdivisions de la famille, tableau établi d'après une concep- tion nouvelle de la famille, et lendant compte, mieux que les essais anté- rieurs, des liens de parenté (ju'offrent ces êtres entre eux. TaF:LEAU des SOLS-IAMILEES ET DKS TRUîLS. 1-8. Lèvre inférieure portant des i)araglosses allon,i;és, digitiformes, écartés de la languette. Vestilure dorsale du corps composée de poils courts, épais, souvent tronqués ou claviformes, ou à surface hispidule. Cornes prothoraciques toujours absentes. Pointes des mandibules croisées au repos. Ovipositeur constamment grêle et long. 2-3. Dernier article des tarses beaucoup moins long que l'ensemble des précé- dents; premier article bien développé, très distinct, nullement trochantériforme; deuxième article plus long que le premier, troisième et quatrième moins longs que le deuxième et diminuant graduellement en longueur. Deu>iième article du galéa velu sur toute la longueur de son bord interne. Hanches antérieures feub- arrondies, conoides, contiguès. Sterniles abdominaux rebordés latéralement. Vertex granuleux. Au bord inférieur de l'œil, un canalicule destiné à recevoir la base des antennes dans l'altitude du repos. Taille relativement grande : 6-21 millimètres ' Subfam. I. — Dysididae. 3-2. Dernier article des tarses aussi long ou presque aussi long que les précé- dents réunis; articles 2 à 4 petits, subégaux: premier article généralement très petit et peu visible, mais quelquefois plus développé que les trois suivants (Dinoderastes) . Deuxième article du galéa velu seulement à son extrémité apicale. Vertex lisse ou ponctué, non granuleux. Taille petite : 1.7-7 milli- mètres. 4-. 7 Hanches antérieures suhcirculaires, séparées par im lobe prosternai. Massue antennairc composée de deux ou très rarement de trois articles, le der- 1'. LESNK — CI-ASSIFIC.ATKJ.N DES BOSTMVCIIID 287 nier seul, étant villeux et couvert d'organites sensoi-iels. Plan du labre parallèle à celui de répistonie. Une courte fissure médiane longitudinale attenant à la base du pronotum. Tète portée en avant du prolhorax et visible en dessus; pronotum plus ou moins déprimé et privé de denlicules râpeux. Saillie inter- coxale de Tabdonien ti'ès lai-ge. Corps plus ou moins déprimé. ; Subfam. II. — Lyctidae. 5-0. Cuisses claviformes. Ponctuation et pubescence des élytres plus ou moins régulièrement sériées Trib. 1. — Lyctini. 6-5. Cuisses comprimées, subeliipsoïdes. l'onctuation et pubescence des élytres diffuses, nullement sériées Trib. 2. — Tristariini. 7-4. Pas de lobe prosternai interposé entre les hanches antérieures; celles-ci plus ou moins transverses. Massue anlennaire composée de trois articles, tous villeux et garnis de nombreux pores sensoriels, au moins dans leur i>ortion terminale (Steplianopachys). Plan du labre angulé sur celui de Pépistome. Base du picnolum sans tissure longitudinale. Tète portée à la partie intérieure du prolhorax et invisible en dessus; pronotum très convexe, muni sur sa déclivité antérieure d'aspérités râpeuses disposées suivant des lignes concentriques. Sailh'e intiTcnxale de l'abdomen étroite. Corps convexe, cylindrique ; . . . Subfam. III. — Dinoderidse. S-1. Lèvre inférieure sans paraglosses distincts. Vertex granuleux ou plissé. Massue antennaire composée de trois ou quatre articles, tous criblés de nombreux pores sensoriels. Labre situé dans un plan parallèle à celui de l'épistome. 9-10. Vcstiture dorsale du corps composée de poils courts, éjjais, bifurques. Deuxième article du galéa glabi'e à son bord interne. Premiers articles des tai'ses tous petits, subégaux, le premier étant moins développé que les suivants. Tête portée sous le prolhofax •. . . Subfam. IV. — Hendecatomidse. 10-9. Yestiture dorsale du corps composée de poils sétiformes ou squamiformes. Deuxième article du gaiéa velu à la face interne. Piemicr article des tarses petit, trochanlériforme fquelqu'efois soudé avec le suivant): deuxième article, grand: troisième et quatrième, décroissant graduellement en longueur; dernier article, grand, mais moins long que l'ensemble des précédents (sauf chez VHeleroboHtnj- clius brunneus Murr.). Hanches antérieures conoïdes ou cuboïdes, saillantes, non tr an s verses. ' 11-12. Tête rétrécie en cou à la base, portée sous le prothorax. Hanches exsertes. Vertex plissé transversalement. Pronotum gijjbeux et offrant seule- ment quelques saillies râpeuses localisées au sommet de sa partie convexe, oii elles sont dis|)osées suivant deux rangées longitudinales. Premiei- article des tarses assez allongé, bien visible. Mandibules assez longues, affrontées par leur pointe au repos. Sternites abdominaux non i^ebordés latéralement. Oviposjteur court Subfam. V. — Chileniidae (1). 12-11. Tète nullement rétrécie en cou, encapuchonnée dans le prothorax. Vertex granuleux ou carinulé longitudinalement. Saillies râpeuses du prono- (1) Genre unique : Chilen'ms, nov. gea., avant le< mêmes cai-nctères que c-lux de la triJju. Type : Exopioides spinicollis FairisI'. et Germ., 1S61. 28S ZOOLOGIK, ANATOMIK ET PHYSIOLOGIE tum nulles ou occupant la déclivité antérieure de celte région, oii elles atteignent leur maximum de développement au voisinage des angles antérieurs. Premier article des tarses toujours très petit . . Subfam. VI. — Bostrychidae. 13-lC. Tète portée en avant du prolhorax, visible en dessus. PionoUim peu convexe, sans surface râpeuse en avanl. I4-1.J. Hanches antérieures séparées par un lobe prosternai. Intermaxillaire bien dévelop])é. Tibias antérieurs armés de deux calcars dissemblables ou d'un seul calcar très fort et recoui'bé Tiil). 1. — Polijaioitiiii. 15-1 i. Hanches antérieures contigues. Inlerinaxillaire atrophié. Tibias anté- rieurs armés de deux calcars droits et égaux ou d'un seul calcar très petit et ilroit. Premier article des tarses parfois soudé au deuxième. Trib. 2. — Psoiai. 16-13. Tête portée sous le prothorax et invisible en dessus, au moins dans sa presque totalité. Pronolun'i très convexe, garni, sur sa déclivité antérieure, de denticules dirigés en dessus et en arrière. 17-2i. Premier et deuxième articles de la massue aniennaire comprimés laté- ralement ou flabelliformes. Ovipositeur grêle et très long. 18-19. Cavités coxales du premier sternite apparent de l'abdomen incomplè- tement marginées. Saillie inlercoxale de l'abdomen non tabulaire Trib. 3. — Bostrycliini (T). 19-18. Cavités coxales du premier sternite abdominal complètement mar- ginées. 20-23. Saillie intercoxale de l'abdomen tabulaire. 21-2'2. .Manilibules plus ou moins atténuées en pointe, chevauchant au som- met lorsqu'elles sont fermées Trib. 4. — Bostnjchopslni. 22-21. Mandibules larges et très courtes, tronquées au sommet et aussi larges à l'apex qu'en leur milieu. Lorsqu'elles sont fermées, leurs jjords terminaux, semblables aux mors d'une tenaille, s'appliquent l'un à l'autre dans toute leur longueur Tril). 5. — SinoxijUni. 23-20. Saillie intercoxale de l'abdomen en lame coupante Trib. G. — Xyloperthiiii. 24-17. Premier et deuxième articles de la massue aniennaire calcéifcrmes, leur lobe interne uniformément et très densément poreux. 2.J-26. Saillie intei'coxale de l'abdomen tabulaire. Tibias armés, à leur côté extei'ne, de larges dents plates et pointues. Ovipositeur long et grêle . Trib. 7. — Dlntijnitini. 26-23. Saillie intercoxale de l'abdomen en lame, non dilatée en plateau sur son bord ventral. Tibias sans grandes dents triangulaires le long de leur bord externe. Ovipositeur large et très court Trib. 8. — Apatini. ^tl Genre unique : Bos^rijtliui (lEorKRuv ap. Mui.i.eu. F. MAIGNON RECHERCHES SUR LE ROLE DES GRAISSES 289 FamII LE DES BOSTRYCHIDES. Sous-famille 1. — Dysididae. ( Tribu 1. — Lyctini. ■ ^ ) — 2. — Tristariini. — III. — Dinoderidae. — IV. — Hendecatomidae. ' — V. — Chileniidae. Tribu I. — Polycaonini. — 2. — Psoini. — 3.^ — Bostrychini, — 4. — Bostrycfiopsini . VI. - Bostrychid» { _ 5. _ sinoxylini. — 6. — Xyloperthini. — 7. — Dinapatini. — 8. — Apatini. M. F. MAIGNOA, Professeur de Physiologie à rÉcole Vétérinaire de Lyon. RECHERCHES SUR LE ROLE DES GRAISSES DANS L'UTILISATION DES PROTÉINES ALIMENTAIRES ET LA PROTÉOGENÈSE 612.397.2 27 Juillet {matin). Le rôle des graisses dans k nutrition était encore entouré de la plus grande obscurité alors que celui des albuminoïdes et des hydrates de carbone nous était parfaitement connu depuis les mémorables travaux de Magendie et de Chauveau. On considérait les aliments gras comme destinés à fournir, en commun avec les hydrates de carbone, de l'énergie aux organes en activité, soit directement, soit après transformation en glvco- gène. L'étude de la répartition dans l'organisme de la graisse et .du glycogène permet déjà de penser que cette opinion ne doit pas être exacte. En dehors des grandes réserves générales de ces éléments ternaires dont le siège est le foie pour le glycogène et le tissu adipeux pour la graisse, il existe des réserves d'organes dont l'importance peut nous éclairer sur les rôles pré- sumés de ces principes nutritifs. Tandis qu'il existe de très grandes différences dans la teneur en glyco- 10 290 , ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE gène des divers tissus, la répartition de la graisse en dehors du système adipeux est à peu près uniforme comparée à celle des hydrates de carbone. On remarque d'autre part, que l'abondance du glycogène dans les organes est étroitement en rapport avec leur degré d'activité physiologique : on en trouve des proportions importantes dans les muscles, moins dans les reins, et des traces dans les autres tissus. Les hydrates de carbone et les graisses apparaissent donc comme devant avoir deux destinations bien différentes. Pour les premiers, le rôle de pourvoyeur d'énergie en vue de la [iroduction du travail physiologique cadre admirablement avec ces constatations. La répartition beaucoup plus uniforme des graisses semble indiquer au contraire une intervention dans les processus généraux de la nutrition. C'est précisément la conclusion de nos recherches qui mettent en lumière le rôle des graisses dans l'utilisation des albuminoïdes alimentaires. Dans des travaux antérieurs, nous avons contribué à établir définitive- ment la non transformation de la graisse en glycogène chez les animaux à sang chaud, non hibernants. Cet aliment est impuissant à assurer la reconstitution du glycogène hépatique et musculaire chez le chien inanitié; d'autre part l'ingestion abondante de corps gras et d'huile par des sujets diabétiqups. au lieu d'accroître la glycosurie a pour effet d'amener la disparition complète du sucre lorsque ces graisses sont données en substitution des hydrates de carbone de la ration alimentaire. Nous en avons déduit un traitement du diabète par les corps gras qui a donné chez l'homme exactement les mêmes résultats que chez le chien. Ce sont précisément les résultats obtenus par l'application de ce traite- ment dans les cas de diabètes très graves avec amaigrissement rapide et dénutrition azotée intense, qui nous ont porté à penser que les graisses devaient intervenir d'une façon heureuse dans le métabolisme des matières protéiques. Mous avons été frappé de constater, outre la disparition du sucre et le relèvement de l'état général, l'arrêt immédiat de l'amaigrisse- ment et de l'hyperazoturie. Pour vérifier cette hypothèse, nous nous sommes proposé d'étudier comparativement le rôle des hydrates de carbone et des graisses, dans l'utilisation de l'albumine. Dans ce but nous avons tout d'abord recherché les conséquences d'une alimentation exclusi- vement protéique, pour étudier ensuite l'influence de l'adjonction d'ami- don ou de graisse sur l'utilisation de l'élément azoté. La première catégorie d'expériences qui ont porté sur le rat blanc et le chien avec-l'ovalbuinine, la fibrine, la caséine et les- protéines muscu- laires nous a amené à étudier la toxicité des protéines alimentaires, et à résoudre la question de Magéndk relativement à la suffisance ou à l'insuf- fisance de ces aliments. Nous nous bornerons à résumer très brièvement les résultats obtenus. Les animaux soumis, au régime exclusif des protéines meurent au bout d'un temps qui varie de trois jours à deux mois. La Inort est Je résultat de J. MAKjJNUN RECHERCHES SUR LE ROLE DES GRAISSES 291 l'intoxicalion ou de répuisemeut des réserves. L'intoxication peut être aiguë, subaiguë, ou chronique. Dans les deux premiers cas, il s'agit d'une intoxication du système nerveux central, les sujets meurent dans le coma avec troubles respiratoires, après avoir traversé une période de vive excita- bilité. L'intoxication chronique se traduit par des lésions viscérales dégé- nératrices ou inllammatoires : dégénérescence granulo-graisseuse des organes d'élimination, foie et reins, hépatite aiguë, cirrhose porte, artério- sclérose du myocarde. L'allure des résultats obtenus ainsi que la nature de l'intoxication varient suivant les protéines et l'espèce animale envisagées. Tandis que la fixité prolongée du poids n'est jamais réalisée chez le rat blanc, quelle que soit l'albumine ingérée, ce résultat est facilement atteint chez le chien avec la caséine et les protéines musculaires, cet animal en sa qualité de Carnivore jouissant d'une faculté d'utilisation des aliments azotés bien supérieure à celle du rat blanc, omnivore, et souvent végéta- rien. Toutefois le poids ne peut être équilibré chez le chien avec l'oval- bumine. L'espèce animale exerce également une grande influence sur la nature des phénomènes toxiques observés. C'est ainsi que les lésions de l'intoxi- cation chronique toujours légères chez le rat et impuissantes à entraîner la mort (altérations dégénératives légères du foie et des reins), sont beau- coup plus graves chez le chien qui succombe brusquement après avoir présenté une longue période de fixité de poids (caséine : désinlégration graisseuse de l'épithélium rénal, artério-sclérose du myocarde). L'intoxication nerveuse chez le rat blanc nous a permis de constater avec i'ovalbumine une influence très manifeste des saisons sur la sensibilité de l'organisme à l'intoxication azotée. Tandis que les sujets meurent en été et en hiver, au bout de 18 à 21 jours, d'épuisement Hes réserves, dans un état d'amaigrissement extrême avec des pertes de poids égales ou supé- rieures à celles des sujets soumis à la diète hydrique (40 à 42 0/0), au printemps et à l'automne (mai et octobre), avec la même albumine, la mort se produit brusquement au bout de trois à cinq jours bien avant l'épuisement des réserves, la perte de poids pouvant n'être que de 20 0/0. La survie est notablement plus courte que chez les sujets soumis à la diète hydrique qui mettent six à sept jours à mourir. Il s'agit donc bien d'une intoxication, et d'une intoxication nerveuse .centrale, car l'animal passe brusquement, après deux ou trois jours d'alimentation, d'un état normal dans une période de vive excitation avec crises rabiformes, à laquelle succèdent sans transition le coma et la mort. Du mois de mai aux mois de juillet-août, on voit progressivement et régulièrement la survie s'allonger en même temps que l'intoxication devient subaiguë. En été et en hiver, août et décembre, la mort tardive est le résultat de l'épuisement des réserves. Cette influence saisonnière est à ra[)procher de celle que nous avons observée sur la glycogénie et les combustions respi- ratoires. Nous avons vu que les courbes de variations du glycogène muscu- laire (chien, cobaye, carpe) et de l'intensité des combustions respiratoires 292 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE (cobaye) passent par deux maxima au printemps et à l'automne et deux minima en été et en hiver, et cela en dehors de toute question thermique. L'alimentation du rat blanc à l'aide de protéines nous a permis en outre de constater un fait intéressant — celui de la transformation de la caséine et de la fibrine en graisse dans l'organisme de cet animal. Le rat blanc nourri à la caséine présente, au bout de peu de temps, dès le troi- sième jour, de la surcharge graisseuse hépatique. De gros globules grais- seux se déposent dans les cellules et au bout d'une quinzaine de jours l'organe présente tout à fait l'aspect du foie gras, avec un volume doublé, des bords arrondis, un toucher onctueux et une coloration jaunâtre. Le noyau des cellules n'est nullement altéré et parfaitement colorable. La localisation de la graisse sur le trajet du sang veineux porte et non sur celui de l'artère hépatique prouve bien qu'il ne s'agit pas d'un phénomène de migration, mais d'une formation sur place aux dépens des produits venant de l'intestin, c'est-à-dire de la caséine. Avec la fibrine, nous avons constaté aussi de la surcharge, mais moins intense et moins précoce. Avec l'ovalbumine. jamais trace de dépôt de graisse. En examinant les choses de près, nous pouvons déjà tirer de ces premiers résultats expérimentaux des argunfients en faveur du rôle des graisses dans l'utilisation des matières protéiques : i° Chez le rat blanc l'ovalbumine dont l'ingestion n'est jamais suivie, comme c'est le cas pour la fibrine et la caséine, de surcharge graisseuse hépatique, est la seule de ces trois protéines qui subisse l'influence saison- nière et présente au printemps et à l'automne des périodes de grande toxicité. Faisons remarque? en outre que l'adjonction d'une petite quantité de graisse (1/3) à cette même albumine, supprime ces grandes toxicités, ce que ne fait pas l'amidon dans les mêmes conditions. 2° Lorsque la mort n'est pas le résultat de l'intoxication, les animaux succombent dans la cachexie et le marasme, avec des pertes de poids égales ou supérieures à celles des sujets soumis à la diète hydrique. La mort se produit dès la disparition comi>lète des graisses de réserve; l'ani- mal est alors réduit à l'état squelettique. Il semble que l'albumine ne soit plus utilisable par l'organisme lorsque celui-ci ne renferme plus de graisse. 3° La survie moyenne des rats alimentés avec l'ovalbumine, la fibrine et la caséine est respectivement de huit jours, vingt-et-un jours et quarante-deux jours. D'autre part, la surcharge graisseuse hépatique est nulle avec l'ovalbumine, moyenne avec la fibrine, et intense avec la caséine. La durée de la survie est donc en rapport direct avec l'aptitude de ces protéines à faire de la graisse. La perte de poids quotidienne est en outre de 1 ,98 0/0 avec l'ovalbu- mine, de 1,78 0/0 avec la fibrine et de 0,81 0/0 avec la caséine. La destruction des graisses de réserve au cours de l'utilisation des pro- téines est donc en rapport inverse avec la quantité de graisse contenue à l'état potentiel dans la molécule protéique ingérée. Une quantité minimum de graisse semble donc nécessaire à l'utilisation de l'albumine, que cette J. MAIGISON — RECHEKCHES SUR LE ROLE DES GRAISSES 293 graisse existe à l'état potentiel dans la molécule protéique, ou qu'elle soit empruntée aux réserves de l'organisme, ce qui se traduit par de l'amai- l^rissement et de la perte de poids. 4° La caséine qui est utilisée chez le chien, sans le concours des graisses de réserve du moment que la fixité du poids est obtenue, est beaucoup plus toxique chez cet animal (désintégration graisseuse de l'épithélium rénal, artério-sclérose du myocarde) que chez le rat où l'amaigrissement est la règle. Chez le chien, la caséine est donc un aliment complet au point de vue nutritif, mais c'est un aliment qui ne larde pas à entraîner la mort par sa toxicité. Le pouvoir nutritif n'est donc pas nécessairement lié au défaut de toxicité. Le moment est venu de formuler une réponse à la question de Magendie qui peut être posée de la manière suivante : « La graisse qui existe à l'état potentiel dans la molécule albumine permet-elle l'utilisation non toxique des groupements azotés de cette molécule ? ;) Nous^pouvons sans crainte répondre non, étant donné que l'administration exclusive et prolongée de protéines entraîne fatalement la mort, soit par épuisement des réserves, soit par intoxication. Dans le premier cas, l'animal emprunte à ses réserves dès le début de l'expérience, la graisse qui manque à sa ration, et il meurt à l'épuisement de celles-ci avec des lésions très légères (rat blanc). La conclusion de ces premières expériences est que les graisses paraissent jouer un rôle important dans l'utilisation des matières protéiques dont elles diminuent et même suppriment la toxicité. Dans une autre série de recherches nous avons fait une étude compara- tive du r>saive à l'utilisation économique et non toxique de ralbumine. Cette théorie de la supériorité des graisses sur les hydrales de carbone dans l'utilisation des albuminoïdes reçoit une confirmation éclatante de la pratique de l'élevage et de la clinique. Les zootechniciens et les éleveurs ont constaté depuis longtemps que l'introduction dans la ration d'huile ou de graines oléagineuses exerce une action favorisante sur l'assimilation. Crilsius dès 1839, montra l'influence de la richesse du lait en graisse sur l'accroissement des veaux soumis au régime laclé. Avec du lait écrémé, la quantité de matières sèches nécessaire pour obtenir une augmentation de poids de 1 kilo était de 'l''^,90, tandis qu'avec le bon lait additionné de crème, ce résultat était obtenu avec une quantité moitié moindre : 0''",85. Pour ce même auteur, les rations qui conviennent le mieux aux ani- maux à l'engrais, formateurs de tissus, sont les plus riches à la fois en protéine et en graisse. WINTREBERT — LES CARACTÈRES ANATOMIQUES EXTERNES 29o Les effets cliniques obtenus par l'administration d'huile, végétale dans les maladies cachectisantes telles que le diabète et la tuberculose, accusent un arrêt de l'amaigrissement et de la dénutrition azotée, ce dernier ne pou- vant s'expliquer que par une intervention des graisses dans le métabolisme protéique. Les bons etïets de l'huile de foie de morue dans la tuberculose sont bien connus et l'on sait aujourd'hui que ces mêmes effets peuvent être obtenus avec une huile végétale. C'est donc par sa qualité de corps gras que ce médicament agit dans ce dernier cas. Enfin, l'action favori- sante des graisses (huile de foie de morue, huiles végétales) sur la crois- sance, s'explique par le rôle de ces dernières substances dans la protéogé- nèse. Four l'huile de foie de morue, il est possible que la présence de vitamines (fadeur A de Me Collum) renforce encore cette action en exerçant une influence distincte qui viendrait s'ajouter à la première. M. WINTREBEUT, Chef des Travaux à la Faculté des Sciences de Paris. LES CARACTÈRES ANATOMIQUES EXTERNES DES EMBRYONS DE SÉLACIENS iSfiUiorhiniis Cnniiula, L. GILL' PENDANT LES PREMIERS STADES DU MOUVEMENT. 59 — 13.3 — 73.1 27 Juillet \matin). Les embryons de Sélaciens ont fait l'objet de nombreux travaux, mais ils ont été surtout étudiés par la technique des coupes. L'abandon de l'observation morphologique externe a été presque complet àe\mis Bal four (1876) et, malgré les tentatives de van Wyhe (1882) et des Ziegler {1892), la sériation des embryons n'a fait aucun progrès. La plupart des auteurs négligent même de signaler les stades de Bal four et se contentent d'indi- cations illusoires sur la longueur sur le nombre des myotomes, caractères variables suivant les conditions de milieu et ditîérents chez les individus d'une même espèce. Cependant, sans une chronologie précise des faits de développement, tout raccord entre les divers travaux, toute synthèse de l'évolution embryonnaire est impossible. Frappé de ce desideratum, j'ai préconisé {19/7''), l'emploi d'un procédé pratique de classement, basé sur la gradation des transformations anatomiques, et je l'ai utilisé pour la sériation des embryons de Sélaciens. Depuis quelques années un revire- ment se dessine en faveur de l'examen externe et des travaux américains récents {Landacre, 1916; Johnson, 19/7) ont mis en relief l'aspect des embryons à une période avancée de l'ontogénie. Les stades G, H. L, de 296 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE Bal four, que. j'ai étudiés, sont ceux pendant lesquels se manifeste la contraction aneurale rythmée des myotomes {Wintrebert, 1917'', 1918). L'étude systématique des formes extérieures conduit à cette conclusion intéressante et inattendue qu'avec le perfectionnement actuel des procédés d'examen (éclairage et microscope binoculaire d'une part, variété des liquides fixateurs, colorants, éclaircissants, d'autre part), la plus grande partie des dispositions internes décrites par les coupes peut être discernée sur l'embryon transparent. La netteté des reconnaissances fait regretter que les deux procédés de recherche, interne et externe, n'aient pas été employés simultanément. Chacun a son importance et son intérêt. Les coupes et leurs combinaisons, utilisées pour la reconstruction, permettent d'atteindre à une exactitude de détails que la vue en surface ne saurait donner; mais, d'un autre côté, les résulats obtenus par ce procédé sont fragmentaires et la reconstruction plastique, qui les rassemble, exige des soins très minutieux; les structures qui fout l'objet spécial de la recherche sont évidemment tracées avec une grande précision, mais les rapports avec les organes voisins sont tro[) souvent négUgés. L'inspection extérieure de l'anima! in Mo montre, au contraire, avec une incom[)arable facilité la topographie des régions; non seulement elle indique les points intéres- sants qui peuvent faire l'objet de l'étude histologique, mais encore elle permet, avec le perfectionnement actuel des techniques, de résoudre beaucoup de problèmes qui jusqu'ici ne paraissaient point de son ressort. Elle a le grand avantage, souvent méconnu, de pouvoir être employée sur le vivant, et en montrant les phases successives des transformations onto- génétiques, elle réussit le plus souvent à élucider leur déterminisme et leur signification. Je me suis servi de Scylliorhimis canicula L. Gill, dont l'élevage est facile dans les laboratoires, même éloignés de la mer. L'exfoliation super- ficielle de la coque opaque {Hia, 1897), la rend transparente et l'on peut suivre tout le développement sur le même embryon. Les faits principaux, recueillis par l'élude anatomique externe, peuvent être ainsi résumés (1). 1° Le blastopore, formé par le rétrécissement graduel de la très large fissure périblastodermiquc [Wintrebert, i917 C) et réduit à un étroit goulot placé à la partie postérieure de la cavité germinale ou gastrulaire, semble persister jus- qu'à la fin du stade G; en effet, le profond sillon, qui creuse à ce moment le bord inférieur du bourgeon terminal, conduit en avant à un orifice situé juste à la limite postérieure du plancher endodermo-vitellin, c'est-à-dire à la place même où se trouvait primitivement l'orifice gastrulaire. 2« La papille cloacale n'est pas encore organisée au stade H ; je ne l'ai jamais vue au milieu du segment post-pédiculaire, comme le figure Bfl//"oîxr(P/. S, fig.H, M. E.) chez Prisliurus; on n'aperçoit, le long du bord ventral de ce segment, aucun contact entre lecloderme et l'endoderme [flg. -/). L'ouverture blastopo- (1) Le mémoire détaillé paraîtra prochainement dans les Archivea de Zoologie expéri- mentale et (jénérale, t. GO, fasc. 4. WINTREBERT — LES CARAeXÈRES ANATOMIQUES EXTERNES 297 rique du stade G, esl obturée; le canal digestif est complètement clos du côté de la face venirale; mais il reste en communication avec le tube neural par le canal neurentérique. La papille cloacale naît, à ce stade, de la masse commune des cellules émanées du centre de croissance terminal; on aperçoit nettement FiG. 1. — Embryon du stade H, lixé au Formol-Zen ker, éclairci dans le Baume du Canada et regai-dé par transparence. Deux poches branchiales présentes, placées derrièrcla cavité mandibulaire (2" somile de V. Wyhe). l^rosencéphale, mésencéphale, rhombencéphale délimités. Quatre rhombomères visibles, trigéminal, intermédiaire sans racine dorsale, facial, glossopharyngien. En avant, massif du trijumeau, d'où part vers l'œil le nerf ophthalmique profond ; en arrière massif acoustico-facial et glossopha- ryngien. L'angle dorso-cervical correspond à la limite future de la tête et du tronc. La rampe cervicale présente l'indication d'un dédoublement de certains myotomes. Le pronéphros se montre sous l'aspect d'une bande sombre située au niveau des 3% 4% 5° myotomes du tronc. Canal neurentérique visible. La papille cloacale naît de la masse commune du bourgeon terminal. Longueur totale : vivant, 4""", 3; deshydraté et inclus d^s le Baume, i""",4. son ébauche sur la figure 1, sous l'aspect d'une petite protubérance ventrale qui interrompt le liséré limbique du bouton postérieur. C'est seulement au stade I qu'elle se dégage de celui-ci, et que ht queue apparaît derrière elle; pendant le stade H, tout le segment postpédiculaire, en avant du bouton terminal, appar- tient au tronc. 3" Lesplacodes acoust'.qnes sont nettement visibles dès le début du stade G {fig. 2) ; l'embryon vivant, regardé par la face dorsale, montre leurs bords supérieurs brillants, concaves en dedans, encadrant le neuromère du facial. Au stade H, les placodes ont reculé {Locy, 1894) entre les renflements du facial et du glosso- pharyngien et leur bord dorsal est devenu concave en dehors. Au stade I, ils sont déprimés en leur centre et prennent l'aspect d'une cuvette, puis d'une coupe {fig. 3). i° Les neuromères cérébraux apparaissent successivement. Le premier formé est ce/m du/ïzcia/; il date du début du stade G {fig. 2); il est déjà bien déhmité alors que son plafond présenté encore une fissure, dernier vestige de la ferme- ture de la « gouttière médullaire ». Devant lui, l'archencéphaleetla région anté- rieure du rhombencéphale sont confondus en une seule cavité très large; derrière lui, le neuromère du glossopharyngien est à peine visible. A la fin du stade G, à l'apparition des premiers mouvements du corps, la division de l'archencéphale en prosencéphale et mésencéphale n'est encore qu'ébauchée et le pli dorsal rhombo-mésencéphalique n'est pas constitué. Cependant, en avant du neuromère facial un nouveau neuromère, qui ne postède pas de racine nerveuse dorsale est apparu ; au-devant de lui, la cavité mésencéphalique et la 298 ZOOLOGIE, ANATOMIE KT PHYSIOLOGIE partie antérieure trigéminaie du quatrième ventricule restent confondues. Au stade H, Tembryon montre enfin de façon distincte les trois grandes vésicules cérébrales dites « primaires » : l'antérieure ou prosencépbale, la moyenne ou mésencéphale. la postérieure ou rhombenoéphale; mais celle-ci est déjà com- posée de quatre vésicules, qui sont d'avant en arrière, la trigéminaie, l'intei médiaire, la faciale, et celle du glosso-pharyngien. La naissance des neuromères sur le tube neural commence donc par celui du facial, et se poursuit ensuite en arrière et en avant de lui. Indubitablement les trois vésicules véritablement FiG. 2. — Embryon vivant, au début du stade, G. de Balkour aperçu à tra- vers la coque, 22 heures avant le mou- vement, à une température de 18 degrés centigrades. Neuromère facial très net, le premier apparu, flanqué latéralement des placodes acoustiques. Vésicules céré- brales, dites jniin il ivi's, non encore déli- mitées. Échancrure neuroporale visible en avant. Traces de fermeture de la gouttière médullaire sous l'aspect de deux fissures médianes, l'une située au niveau du neuromère facial, l'autre placée au-dessus du canal neurentérique. Longueur totale sur le vivant : 2""", 8. Fio. 3. — Embryon du stade I, fixé au Formol neutre à 20 0/0. Face dorsale de la tète montrant l'intérieur du ventricule rîiombencéphalique, à travers le voile épendymaire et cutané. Apparition des angles antéro-latéraux.; en avant de cha- cun d'eux, le neuromère cérébelleux se précise et présente une subdivision pos- térieure, trochléaire; en arrière, entre, les trois rhombomères suivants (trigé- minal, intermédiaire, facial) et le rhom- bomère glosso-pharyngien, déjà présents au stade H, s'interpose un neuromère acoustique, et à la partie postérieure du ventricule naît le rhombomère du pneu- mogastrique, indécis en arrière. Lon- gueur totale de l'embryon vivant : 5 mil- limètres. « primaires » sont les trois dilatations postérieures primitives du rhombencé- phale, celles du facial et du glosso-pharyngien et l'intermédiaire; leur délimi- tation est plus précoce que celle du prosencéphale et du mésencéphale. Au stade I {fîg. 3), entre les rhombomèi^es du facial et du glosso-pharyngien s'intercale un nouveau neuromère, que l'on peut désigner sous le nom d'acoustique, bien qu'il ne présente pas de racine nerveuse; en outre, au-devant de l'angle antéro- latéral du ventricule rîiombencéphalique , apparaît un autre neuromère que WlNTHKIiEHT LES CAHACTKRES AiS ATOMIQUES EXTERNES 299 Ton peut appeler cérébelleux et qui présente parfois une subdivision postérieure, dite trochléaire. 5" Le cœur ne commence à battre que dans la seconde moitié du stade I, alors que loreillette et le ventricule sont déjà nettement distin<;ts, séparés par un orifice, étroit et que le sinus est ébauché. Les mouvements du corps, beaucoup plus précoces que ne le pensait Boifour, commencent plus tôt que ceux du cœur, à la fin du slade (i. 6" Le />ro/ieyj/«/os apparaît par transparence au stade H {fig. i), sous Taspect d'une bande sombre, placée au niveau des 3«, 4®, S^ segments du tronc {van Wyhe). L'aspect continu de cette bande confirme la découverte de 5«Weud, {1914), qui a montré que l'organe n'avait pas une origine segmentale. Le pronéphros devient saillant vers l'extérieur et visible par réflexion au stade I; on l'aperçoit jusqu'au milieu du stade K; on peut ainsi constater que sa position reste fixe, par rapport aux somites au niveau desquels il a pris naissance {Burlend). Le segment pronéphrotique antérieur, pré.sente de ce fait, un point de repère topographique extrêmement important: cai' entre lui et l'oreille il devient possible de dénombrer avec sûreté le nombre des somites occipitaux, pendant la période des transformations qui aboutissent à l'organisation de la région posté- rieure du crâne. 7" Les soitiilcs ocvipitaux présentent, d'après les constatations faites sur les embryons du stade H, une multiptication sur place de quelques-uns de leurs éléments. La rampe cervicale ascendante montre par transparence, d'abord 4, puis o, puis enfin 7 myotomes; on voit assez nettement sur la fig: I un dédou- blement des deux myotomes placés au-devant du dernier cervical. L'angle qui se trouve à la jonction ilu dos et du cou, chez les embryons des stades H et 1, correspond au septe intermétamérique qui sépare les 7^ et 8^ myotomes méto- tiques, et se trouve correspondre ainsi à la limite de la tête et du tronc, telle qu'elle a été établie par Braus {1899) chez les Scyllidés. On voit donc que l'examen analomique externe des embryons de Sélaciens permet de recueillir des laits intéressants et suggère des aper- çus nouveaux qui peuvent conduire à la solution des problèmes les plus controversés de'l'ontogénie. II est donc justifié de penser qu'il doit être pratiqué par les embryologistes avec le même soin que le procédé des coupes. Index bibliographique des aiteurs cités. IS70. Balfolr, Fb. m. A Monograph oii the development of Elasmobrancla Fisfies. Jouru. 0} Anal, and Phys. (Reprinted in the M. E., vot 1, pp. 203-520, 15 pi., London, 1886.) 1899. Braus, H. Beilcage zûr Entwiehelung der Musliiilatiir und des periphereii Ner- Yensy stems der Selacliier. 1. Teil. Die metotiselien Urvvii-bel und spino-occipilaleu Nerven. Murphol. Jahrb., Bd. xxvii, Taf. xix-xxi und 6 fig. ini Text, pp. 415-497. 19'li. Burlend, ï. H. Tlie proneplii'os oi Si'ijllunn i-anicula. Zool. Jahrb. Jena Abt. f. Anat., 37, 223-266, 8 TaC. 1897. His, W. Ueljer den Keimliof und den Periblast der Selachier. Ardi. /'. Auat, u. Ënfiv. 1917. Johnson, S. Ë. Structure and development of the sensé organsof the latéral canal System of Sclachians iMuxtehis. canix and Sqiialna nranfhiasi). .lourn. camp. Neurologif vol. 28. n" 1, pp. 1-75, 83 lig. •/9/6 Landacre, F. L. The cérébral ganglia and early nerves of Squalim acanthias. Journ. rornp. Neurolofjy, vol. 27, pp. 20-55, 13 fig. 189/i. LocY, W. A. Metamerie segmentation in the medullary folds andembryonic rim. Anat. Anz. 300 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ■I91S. Neal, h. V. Neuromeres and metaineres. J. Morpltol., Phila., xxxi, 293-315. 'I9I7\ Wi.NTKEBERT, P. Suf les piincipes d'une méthode pratique de sériation em- bryonnaire. Soc. Biol., 2 juin 1917, pp. 532-535.— f017 b. L'automatisme des premiers mouvements du rorps chez les Sélaciens. C. R. Ai-ad. Srienres, t. i65, p. 369. — i917\ La gastrula des Sélaciens. Id. t. 165, p. 411. — I9t8 a. Le début de l'intervention ner- veuse et la position du problème expérimental dans l'automatisme embryonnaire des Sélaciens. C. H. Sor. Biol., t. lxxxi, pp. 534-537. — ^9iS b. L'apport du système nerveux à l'automatisme de l'appareil locomoteur, chez les embryons de Sélaciens. C. B. Sor: Biol., t. Lxxxi, p. 585-588. 'IS8S. Van Wyhe, J. W. Uber die .Mesoderm segmente uni die Entwickelung der Nerven des Selachierkoptès. Apart 1882. (Auch in Verhandeld. Kon. Ahad. van Wetem- diappen. Deel xxii, 1883. (Réédité : Groningen, 1915.) 189M. ZiEGLER,H. E. UNO ZiEGLER, F. Bcitragc zur Entwickelunsgeschichte von Torpédo Archiv fur mikr. Anal., Bd. xxxix, pp. 56-102,Taf m u iv, u 10 fig. M. P. DE BEAUCHAMP, Chargé de Cours à la Facullé des Sciences de Dijon. SUR QUELQUES RHABDOCŒLES DES ENVIRONS DE DIJON 27 Juillet (soir). Les animaux signalés ici proviennent d'une petite mare à l'entrée du village de Perrigny-lès-Dijon, qui héberge une faune de Rhabdocœles particulièrement riche et variée par rapport aux autres collections d'eau de la région. Je mentionnerai quelques particularités de deux espèces rares qui y étaient abondantes au début de cet été, et un parasite d'une troisième. 1° Dalyellia diadema von Hofsten et son spermatophore. Cette espèce (le genre est celui qui porta longtemps le nom de Vortex) a été décrite en 1907 (1) et son auteur n'en avait eu que quelques exem- plaires en Suisse, dans le lac de Thoune et des mares de montagne, jusqu'à plus de 2.000 mètres; elle paraît n'avoir été revue qu'en Angleterre par Whitehead en 1914 [Essex Naturaiist, XVII) dont je n'ai encore pu consulter le travail. Elle est bien caractérisée par l'armature culiculaire du pénis, en forme d'anneau incomplet, finement réticulé, portant neuf (de huit à dix d'après mes observations) gros aiguillons creux; (1) Je renvoie pour toute la bibliographie à la revision de von Ghaff, Turbellaria Rhabdocœlida « Das Tierr ich», Berlin 1913 (voir aussi pour l'anatomie le même auteur, Broim's Tierreich 1904 à 1908). Je n'ai pu, d'ailleurs, dans les circonstances actuelles, me procurer la littérature plus récente, sauf un travail de voN Hofsten (Naturtobs. Untermch. des Sarelqiebirfies in Schwedisch-Lappland, Bd. /|/, Zoo<0(//e p. 697, Stockholm 1917) où il compte D. ornala et D. diadenui comme espèces « arctiques-alpines » connues uniquement en Suisse (l'indication de Whitehead pour la seconde paraît lui avoir échappé). p. DE BEAUCHAMP SUR QUELQUES UHABDOCOELES 301 Au point de vue de la forme générale, très sommairement décrite j>ar H., j'ajoute qu'elle est assez effilée, mais renflée au milieu, que l'intestin occupe environ le tiers moyen de la longueur du corps, dont le pharynx occupe un quart. Les vitellogènes forment deux cordons cylindriques, réunis à leur extrémité inférieure qui, lorsqu'ils sont très développés seu- lement, paraissent incisés plutôt que véritablement lobés. Les testicules sont au niveau du bout inférieur de l'intestin, l'ovaire un peu plus bas au niveau de l'œuf quand il est formé; celui-ci est elliptique, légèrement aplati sur une face. L'organe copulatem* frappe d'abord par sa grosse vési- cule séminale sphérique, séparée de l'armature cuticulaire par une masse aussi haute qu'elle de cellules finement granuleuses que surmontent, au contact de la vésicule, deux amas de grains très réfringents, la sécrétion accessoire si caractéristique des Rhabdocœles. Au même niveau la bourse copulatrice, qui vide est formée d'un long boyau contractile terminé par un cul-de-sac sphérique. Mais elle renferme en général un spermatophore sur lequel il faut insister car c'est la particularité intéressante de l'espèce. Il a déjà été vu par H. qui rapproche à juste raison sa structure de celle qu'il faisait connaître en même temps chez sa D. expedlta. Le mode de formation en est tout à fait aberrant, et mes observations complètent heu- reusement les siennes à ce point de vue: je puis affirmer, ce qu'il laisse encore dans le doute, qu'il n'est point sécrété dans les voies çf avant la copulation comme il est habituel dans le règne animal, mais se forme après coup dans ia bourse, partie de l'appareil $. Sa forme en ampoule à col allongé, ayant la même orientation que celle-ci et la remplissant alors que l'orientation serait inverse s'il s'était moulé dans le canal éjacu- lateur, suffit à le faire soupçonner. Mais de plus j'ai observé des stades précoces, où le réservoir ne renferme que la masse de spermatozoïdes issue de la vésicule séminale, entourée de boules protoplasmiques très vacuo- lisées. Cette couche ne fait pas partie de la bourse, dont les parois sont uniquement musculaires; c'est certainement une partie défachée des cellules granuleuses déjà signalées à l'intérieur du pénis (et qui sont en effet expulsées partiellement quand la fixation détermine une contraction). C'est à' ses dépens que se forme autour de la masse spermatique une couche cuticulaire d'abord très mince qui s'épaissit et se régidarise en se moulant dans ia bourse et son col. Au premier sta-le on retrouve au pôle supérieur du spermatophore les grains réfringents qui ont été eux aussi éjaculés avec le reste; mais je n'ai pu m'assurer qu'ils représentaient la matière nécessaire à sa formation, comme le soupçonne H. En tous cas ils dispa- raissent quand il est complet, ainsi que la couche vacuolaire. Il semble qu'une autre cuticule puisse être formée à la pérq^hérie de celle-ci, ce qui explique la double paroi conslalée (>ar H. chez D. expedita, mais dans notre espèce la par.oi reste mince et régulière. Les spermatophores présentant un aspect plissé et ratatiné sont ceux que la contraction de la bourse a vidés de leur contenu dans les voies 9, effectuant ainsi la fécondation propre- ment dite. On peut alors, fait déjà- noté par H., trouver à sou intérieur un 302 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE second spermatopliore formé par une autre copulation, refoulant le premier et d'abord de forme presque régulière (sa disposition prouve encore qu'ils ne sont pas sécrétés par la paroi de la bourse), puis se vidant et se ratati- nant à son tour. 2° Dalyellia ornata von Hofsten et les formes voisines. La D-lornata était un peu moins abondante dans ma station que l'espèce précédente, dont elle se distingue aisément par son corps un peu plus petit et plus linéaire, son pigment presque noir en traînées réticulées au lieu d'être couleur café et diflïis, son j>harynx, entouré de glandes à sa base, ne faisant guère que le huitième de la longueur du corps dont l'intestin fait au contraire la moitié. La disposition de l'appareil génital est analogue, sauf la présence d'un réceptacle séminal pédoncule et l'armature du pénis sur laquelle nous allons revenir. Elle a été également signalée par H. en 1907, puis en 1911, dans diverses collections d'eau en Suisse jusqu'à près de 2.000 mètres. On aurait donc pu regarder avec lui ces deux espèces comme des formes d'eau froide si on ne Tes retrouvait dans cette mare de Perrigny où la température est fort élevée pendant l'été; mais nous avons déjà eu plus d'une surprise analogue avec de prétendus rési- dus glaciaires ! Elle ne paraît pas avoir été retrouvée ailleurs, mais nous allons voir qu'elle n'est peut-être pas distincte de certaines espèces voisines. Beaucoup d'espèces en efîet ont été uniquement fondées sur les parties dures du pénis; or. d'après mes observations, celles-ci peuvent présenter une variabilité individuelleassez considérable. L'api)areil en question forme comme chez D.diademo un anneau incomplet dont les deux bouts s'etfilent et se rabattent et qui donne insertion vers le bas à une rangée d'aiguillons légèrement cintrés, ici beaucoup plus fins et plus nombreux. Il est difficile de les compter avec certitude, j'en trouve généralement un peu plus que H., entre vingt et trente et plus souvent les nombres élevés. Le ruban annulaire lui-même a une structure fibreuse, mais la base des aiguillons se prolonge à sa surface et au-dessus de lui par une rangée supérieure d'épines cuticulaires beaucoup plus courtes. Plus exactement ces épines alternent avec les aiguillons, mais de façon assez irrégulière car on lés voit s'incliner, se bifunpier, disparaître plus ou moins complètement par place. Enfin l'extrémité de ces épines est réunie par une seconde bague cuticulaire à paroi plus mince et sans structure apparente, de sorte que se trouve réalisé le type de H. : deux anneaux réunis par des trabécules plus ou moins régulièrement perpendiculaires. Tout cet ensemble est sujet à de grandes variations tenant simplement au degré de cuticularisation plus ou moins avancé du canal éjaculateur qui le différencie: l'anneau supérieur est souvent plus large que l'inférieur, comme dans la figure de IL, il peut être assez développé pour paraître se fusionner avec lui au moins sur une partie de sa longueur en une bande unique percée de quelques trous irréguliers, mais au contraire il peut manquer complètement et l'ensemble se réduit à l'anneau fibreux portant en bas les aiguillons, en haut les p. DÉ BEAUCHAMP — SUR QUELQUES RHABDOCOELES 303 épines dont le nombre, la longueur et l'épaisseur sont aussi très variables (1). Or toutes ces dispositions ont été décrites comme caractéristiques d'espèces différentes. Il existe une D. caucasica (Plotnikoiv, 1906] présentant un anneau large, dont la partie inférieure est seule fibreuse, mais traversée par les racines des aiguillons qui pénètrent dans la partie homogène ; cette espèce présente des zoochlorelles dans l'intestin, mais c'est un caractère qui peut être inconstant dans une même espèce de Rhabdocœles. La D. rhombigera décrite par le même auteur en 1905 présente d'autre part un anneau mince, avec des pointes des deux côtés, alternant entre elles, qui correspond absolument d'après sa figure fort schématique au dernier cas que nous avons décrit, la ligne qui réunit les supérieures est évidem- ment le bord d'un second anneau peu dilférencié. De plus le caractère qui a donné son nom à l'espèce, la forme en losange très arrondi de la coupe optique de l'œuf, existe très nettement chez mes ornata (et n'est pas un artefact comme le soupçonne von Graff). Je ne doute guère que ces trois formes, dont les autres caractères sont très analogues, et d'autres encore certainement, n'appartiennent au cycle de variation d'une même espèce. Il faudra néanmoins une étude plus approfondie d'un matériel de prove- nance variée pour établir cette synonymie, je nie borne à attirer là-dessus l'attention des systématiciens. 3° Cliampiijnon parasite de Mesosiom^ lingna. {Abild g.). Cette espèce, banale d'ailleurs et très répandue dans les eaux stagnantes de la région, se montrait au mois de juin à Perrigny infectée dans plus de la moitié des exemplaires par un champignon filamenteux. Le mycélium, très fin et souvent difficile à voir, cloisonné de façon peu distincte, semble se développer d'abord dans les cellules intestinales et surtout dans le vitellogène, où se forment les nombreuses spores assez grosses (10 a), rondes, à membrane épaisse donnant les réactions de la cellulose, et couvertes de crêtes dessinant des aréoles polygonales régulières. Elles sont complètement pédonculées et rattachées aux filaments par de courts rameaux latéraux. Mais les individus très infectés, reconnaissables à l'œil nu par leur teinte blanche opaque, sont stériles et n'ont plus guère d'autre organe que le pharynx au milieu d'un parenchyme très raréfié et bourré de spores détachées. Von Graff dans son relevé des parasites de Rhabdo- cœles n'a signalé aucun chanqiignon et je n'ai moi-même connaissance d'aucune autre observation. (1) Bien plus, ces aspects peuvent varier suivant le mode de préparation. Contraire- ment à ce qu'on dit en général, la cuticule du pénis des Rhabdocœles n'est pas de la chitine véritable; comme celle des Rotifères et des Nématodes elle est, M. Schulze l'a déjà vu, soluble dans la potasse, et si rapidement chez les DalyelUa qu'on ne peut de cette façon l'isoler des parties molles. U faut employer au contraire un acide, le lactophénol d'AMANN est en particulier un excellent médium. Mais même alors les parties les plus minces peuvent se dissoudre, et j'ai vu des armatures qui montraient nettement les deux anneaux sur l'animal entier n'avoir plus que l'inférieur une fois montées. 304 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE M. C. HOUARD, Professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg. LA COLLECTION CÉCIDOLOGIQUE DU LABORATOIRE D'ENTOMOLOGIE DU MUSÉUM DE PARIS 58.12.198.3 27 Juillet isoiv'. La Collection de Zoocécidies que j'ai établie en 1911 au Laboratoire d'Entomologie du Muséum national d'Histoire naturelle a pour objet de réunir en un faisceau unique : 1° Les diverses collections de galles conservées dans ce Laboratoire (Collections du D'' Giraud, 1877; du D"" Sichel, 1867; du W Fairmaire, 1'• P. Marchai {n°'^ 438 à 490) ; Galles du Maroc [n"^ 491 à 504) ; Galles d'Afrique et d'Asie (n«5 505 à 552) ; Galles de Burséracées (n"" 553 à 611); Galles d'Océanie 306 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE {n°^ G12 à 636) ; Galles marocaines, collection Pitard (no" 637 à 690) ; Galles de France (n^s 691 à 803): Collection E. Lemée fn»^ 804 à 1054); Galles d'Afrique, d'Asie et d'Océanie (n"* 1055 à 1100); Galles du Conyo français (n"» 1101 à, 1230); Galles de Nouvelle-Calédonie in°^ 1231 à 1531 ■!; Galles d'Asie et d'Océa- nie (n"** 1532 à 1539); Cécidies marocaines, collection Pitard (noM540 à 1542), Galles extra-européennes (n»* 1543 à 1593) ; Galles du Nord de l'Afrique (n"' 1594 à 1628) : Collection C. Hoiiard (no^ 2001 à 3000) ; Cecidotheca italien (n"s 3001 à 3500). J'ai réuni en de petites Notes ou eu des Mémoires i)arfois assez volumi- neux, illustrés de figures originales, tous les renseignements relatifs aux collections particulières ou aux groupements de galles qui constituent la grande Collection cécidologique du Laboratoire d'Entomologie. .le les ai publiés presque tous dans la c Rivista inlernazionale (H Cecidolog'ia » (Marcellia) sous le titre général : Les Collections cévidologiques du Labora- toire d'Entomologie du Muséum d'Histoire naturelle de Pmis. Ce sont les suivants : L'Herbier du D' S'ichel (1909) ; L'Herbier du Z)'' Fairmaire (1912); Galles de Mayr et Mûllner (1912); Galles d'Algérie et de Tunisie (1913); Galles du D' P. Marchai (1913) ; Galles du Maroc (1913) ; Galles d<> Burséracées (1913); Galles d'Afrique et d'Asie (1913); Galles de France (1914); Galles nouvelles d'Afrique, d'Asie et d'Océanie (1914) ; Galles du Congo français (1915) : Galles de E. Lemée (1915); Galles de Nouvelle-Calédonie, Premier Mémoire (1915); Galles de Nouvelle-Calédonie, Deuxième Mémoire (1917); Galles de l'Ancien Continent, extra- européennes (1917); L'Herbier de Galles du D' Giraud (1918). Enfin, les Cécidies récoltées au Maroc par C.-J. Pitard sont en cours de publication dans les « Travaux de la Mission scientifique marocaine » et le manuscrit de L'Herbier de Galles de C. Houard est prêt {)our l'impres- sion. Tel est l'état d'avancement de la grande Collection cécidologique que j'ai fondée au Laboratoire d'Entomologie du Muséum de Paris. Quand le classement des échantillons d'Ainériipie sera terminé et les l>ublications correspondantes achevées, il me sera possible de dresser: 1" La liste numérique de toutes les cécidies, avec les annotations biblio- graphiques corresijondantes ; 2" La table alphabétique des cécidozoaires ; 3° La table alphabétique des plantes hospitalières. Ces listes et ces tables permettront de retrouver avec rapidité tout ce qui concerne une galle déterminée, dont les échantillons sont disséminés dans la Collection cécidologique, et d'utiliser cette dernière au mieux des intérêts de la Science. R. CHUDEAU MAMMIFÈRES DfJ SAHARA 807 M. R. CHUDEAU, Docteur es Sciences, Paris. REMARQUES SUR QUELQUES MAMMIFÈRES DU SAHARA ET DU NORD DU SOUDAN 59.9 (COI) 27 Jaillel ;*«//•. • Au cours de mes diverses missions en Afrique, j'ai pu rapporter ([ueiques exemplaires de petites espèces et surtout prendre des notes sur la distri- bution géographique des grandes. .le résume les indications recueillies en suivant l'ordre zoologique. Le Lion habite toute l'année les bords du Sénégal, du Niger et du Tchad, ainsi que de toutes les mares permanentes (Menaka. Keita, Gossi, etc.). Fendant la saison des pluies il suit les troupeaux autour des nrares d'hivernage; il atteint ainsi, au moins accidentellement, la Tamourt en Naja (nord du Tagaiit) et la partie méridionale de l'Adrar des Iforas jusqu'à Bou Ghessa. Il semble se trouver toute l'année dans l'Air dont les montagnes volcaniques contiennent quelques tlaques d'eau permanentes. Quand les mares deviennent rares, le lion peut ne boire que tous les trois ou quatre jours. La Panthère a un habitat analogue, mais pénètre plus loin vers le nord. On la trouve dans tout le Tagant jusqu'au Kliat. Il en a été tué une à Tijikja, à 300 mètres du village en juin 1911. Le Guépard semble très répandu. En 19M, il en existait un au poste de Tijikja, pris au voisinage. Felis serval. Un exemplaiie apprivoisé au poste de Moudjeria, pris jeune dans la falaise du Tagant. En 1905, j'ai vu deux jeunes Lynx au poste de Gouré (Moundo). Hyœna crocuta (Gaboun en maure, Tahourit ou Tachourit en tama- chek) remonte très au nord dans la zone sahéliennc; elle semble assez commune dans l'Adrar mauritanien et dans l'Adrar des Iforas. Les indigènes la redoutent plus que le Lion. L'Hyène rayée est commune partout où il y a un peu d'eau. On a pu observer à Gouré (territoire de Zinder) qu'une hyène captive se passait de boire pendant sept à huit jours. Le Chacal ne manque «}ue dans les Tanezroult .(]»artie du Sahara où pen- dant quatre à cinq jours, les caravanes ne rencontrent ni eau ni pâturage; c'est le désert au sens absolu du mot). Auprès des puits médiocrement 308 ZOOLOGIE, ANAÏOMIE ET PHYSIOLOGIE profonds, il creuse des galeries qui lui permettent d'atteindre l'eau. Uij exemplaire tué en Mauritanie (1908) est le Canis Anthus *. ' Le Fenek {Canis Zerda), tout le Sahara, même loin des points d'eau, et le nord de la zone saliélienne. En 1903, à mi-chemin d'in Ouzel à Timissao, à 100 kilomètres de tout point d'eau, un teiTier contenait des Fenek tout jeunes. Le Fenek se nourrit d'insectes et de lézards et aussi de végétaux. En 1913, entre Araouan et Guir, j'ai pu m'assurer qu'il mangeait le Pheli/pœa violacea, dont les indigènes consomment aussi, en temps de disette, les parties charnues. Vulpes famelicKs'' un exemplaire d'Atar (Mauritanie), 1911. , Ratelus mellivora* . Un individu a été tué en 1908 en Mauritanie, au sud de Nouakchott. D'après les pistes, le- Ratel paraît avoir la même limite nord que les termitières (encore fréquentés dans la moitié méridio- nale de la zone sahélienne). Zorilla zorilla- (Jerbo en maure) semble très répandu dans la zone sahélienne. Se trouve souvent dans les cases indigènes. Il existe d'assez nombreux autres petits carnassiers sur lesquels je n'ai pas de renseignements précis. H. Duveyrier (Les Touareys du Nord, 1864, p. 224j, mentionne un grand carnassier, adjoulé en Tamachek qu'il croit être un loup. Un peu plus loin, page 230, il indique que ce fauve dangereux est très rare et ne se trouve que dans les régions montagneuses. Le P. de Foucauld a recueilli les mêmes renseignements ; l'adjoulé très redouté des indigènes, existerait encore dans la Tifedest. En Mauritanie, il existe aussi un Kelh El Kliela (chien de brousse) fort redoutable, parait-il; on m'a signalé aussi l'existence d'un grand fauve, qui n'est pas une hyène, dans le Timétrin (Azaouad). Il y a là une question intéressante à élucider. Dans l'Adrar mauritanien j'ai pu prendre Gerbillus validiis*, G. pygar- gus, G. gerbillus et G. longicaudis. D'après les récoltes de L. Quiroga, P. Martinez xj Saez a cité, du Rio de Ûro, Merior.es Sharvi et Bifa lerotina. Le Porc-épic semble exister dans toute la zone sahélienne; il est commun à Aleg (Mauritanie); je l'ai noté près de Chingetti (Adrar-mauri- tanien) et dans l'Adrar de Tigirirt (300 kilomètres E.-N.-E. de Gao). Il est connu a El Goléa. Les Lièvres sont assez répandus, même au Sahara; il semble que l'on en a décrit trop d'espèces. Le genre Ctenodactylus, Goundi en arabe du Nord, téloui en maure, telout en tamachek) se trouve dans toutes les régions rocheuses du Sahara (Timissao, Adrar des Iforas, Adrar mauritanien, etc.). Granmiati- calemenl, telout est le féminin de elou (éléphant); mais il a un sens lout différent. Près de TIemcen il existe un Ain ïeloul; il ne semble pas que Les espèces marquées d'un * oui éic déterminées au Muséum. R. CHUDEAU MAMMIFÈRES DU SAHARA 309 le nom de celte fontaine soit un souvenir des éléphants, mais plutôt des Clenodactylus; il n'est pas certain qu'il indique un changement de climat (St. Gsell, Le climat de l'Afrique du Nord dans l'antiquité. — Revue afri- caine, 1911, 55, p: 343-410j. Le genre Acomys{\) n'était connu que de l'Afrique orientale et australe : j'ai pu le rapporter d'Atar, (Max Kollman. — Bulletin du Muséum, 1911, t. XVII, p. 402); son existence m'avait été signalée, en 1908, à Port- Étienne. Un individu d'Akaokao, espèce déjà signalée par H. Duveyrier, a été envoyé au Muséum par le P. de Foucauld; c'est un Daman (2) dont l'exis- tence dans l'Ahaggar est ainsi établie {Procavia Bounhioli, Bull. Muséum, 1912, p. 281). Les Éléphants sont beaucoup plus méridionaux en général ; cependant pendant l'hivernage, ils arrivent au nord du Tchad; un troupeau existait il y a quelques années à Gao; on en signale quelques uns au sud du Tagant. Un groupe de trois éléphants était connu à Thiés; le dernier a été tué il y a deux ou trois ans. Phacochœrus Africanus Gmell., commun le long du Sénégal et du IN'iger, remonte pendant la saison d'hivernage assez au nord; il parvient jusqu'au nord du Tagant et dans le sud de l'Adrar des Iforas. En 1905, il en a été tué plusieurs à l'ouest d'Agadez, à Tegidda N' Taguei, oij il y a une petite mare permanente. Le genre Pliacochaerus qui du sud saharien vit jusqu'au Zambèze, est connu dans le quaternaire algérien et marocain. L'Hippopotame, devenu très rare dans le Sénégal, est encore abondant dans le Niger et le Tchad. Il faut remarquer surtout qu'il en existe quelques-uns dans plusieurs des petites mares que l'on trouve entre le Mounio et le Tchad. Ces mares sont aujourd'hui complètement isolées du Tchad. La Girafe est assez commune dans l'Hacera (partie méridionale du Tagant) ; pendant l'hivernage elle pénètre jusqu'à l'Adrar Timétrin (19"!. N.) et l'Adrar Tigirirt (17« 1. N.). Le Mouflon {Ovis Tragelaphus, Arouï en arabe et maure, oudad en tama- chek) répandu du Maroc à l'Egypte, se ti'ouve dans presque toutes les parties accidentées du Sahara. Il est commun dans tous les petits massifs mon- tagneux du Rio de Ord (Zoug, Aussert, Adrar Sotof, Guelb Djouali, etc.). Il existe aussi dans le Koudiat d'Idjil, l'Adrar mauritanien et proba- blement le nord du Tagant. Il manque autour de Taodeni dans le Hamada El Haricha, mais se trouve un peu plus au nord dans le massif d'Ei Eglab. Le mouflon est commun dans l'Ahaggar et les plateaux voisins (1) Thomas a signalé un Acomys en Tunisie. (2) Un Daman, Hynax Lalnsfei, est connu des chutes du Félou (Sénégal) ; il se trouve dans tout le plateau Mandingue. 310 ZOOLOGIE, AiNATOMlE ET PHYSIOLOGIE- (Mouidir Ahnet): on le rencontre aussi dans l'Adrar des Iforas et dans r Air (dans le nord tout au moins), ainsi (|ue dans le Tiberti. Contrairement à ce que j'ai indiqué antérieurement {Ann. de Géographie, 1918, p. 58), le mouflon se rencontre dans les hauteurs voisines du lac Faguibine, où il est rare. Son extrême limite méridionale se trouve donc vers le l""" degré L. N. L'Ouerg {Onjx Leucoryx, Fa lias i se trouve dans tout le nord de la zone sahélienne de TAllantique au Tchad: il devient très rare dans le sud du Sahara. Cependant en avril 1913, un ouerg a été tué entre In Echaïe et El Gattara, au voisinage du Djouf. Toutefois en Mauritanie il reste commun jusque dans les plaines du Rio de Uro. VAddax naso7naculatus, de Blainville, (Méhi (maure), Lebgar El Ouach arabe) est commun au contraire dans toutes les plaines et pénéplaines du Sahara, sauf en Mauritanie où à partir d'El Moënan, il devient rare et est remplacé i)ar l'Ouerg. Le 5 avril 1911, près de Bouarnouar, un méhi, suite d'un veau de quelques jours a été tué. Le jeune avait une robe café au lait avec le ventre à peine plus clair. Le 18 août 1909, dans TAzaouad, où le méhi est très commun, à une heure au sud du puits de Taganet Keina, j'ai croisé un gros troupeau d'Addax (300 têtes au moins;. C'était le moment de la pariade et ils se laissaient approcher à quelques mètres. Si comme il est probable l'accou- plement à lieu à la même époque en Mauritanie, cela ferait environ sept mois pour la durée de la gestation. En temps ordinaire les Méhis vivent par petits troupeaux (une dizaine de têtes, souvent moins). Les noms maures de ces deux espèces, Mélii et Ouerg, font allusion à la couleur claire de ces deux antilopes qui, de loin, paraissent blanches. Les mâles des grandes antilopes sont désignés par les Maures sous le nom de « sour », parce qu'ils défendent le troupeau. 11 y a bien un mot arabe « sour » qui veut dire muraille, rempart, mais il y a aussi « thor » qui est le taureau. Dans les dialectes méridionaux, le th passe souvent au z emphatique ou à l'.s; il se pourrait qu'il y ait confusion entre les deux radicaux chez les Maures médiocrement instruits en général. Gazella Mohor (mohor en arabe, inir en lamachek) ne se rencontre que dans la moitié occidentale du Sahara méridional; on la trouve en Mauri- tanie jusqu'à Idji! ; plus à l'est elle ne devient commune qu'au sud de l'Ahaggar. En 1908, avec Griivel, nous n'en avons pas vu une seule le long du littoral mauritanien. Des fœtus de Mohor à terme, provenant de "femelles tuées au Tchad dans la deuxième quinzaine de février avaient la robe fauve, avec à peine une origine de balsane. Des jeunes, observés en novembre dans le Damer- gou, âgés de huit à neuf mois, avaient à peu près exactement la robe de la gazelle commune. U. C.HLDKAU MAMMIl'KRES DU SAHARA 311 Les Gazelles ((/'. Dorcas et leptoceros) se trouvent dans tout le Sahara: elles deviennent plus rares dans la zone sahélieune. J'ignore la distribution exacte de chacune de ces espèces. Sur la foi de Dureyrier on a admis longtemps l'existence d'un âne sauvage {Eqîius Tœmopos), dans rAhaggar: il semble bien que tous les troupeaux ont un propriétaire, et qu'il n'y a que des ânes demi domes- tiques, tout au plus marrons. Ils savent très bien se faire abreuver par les caravanes et le fait cité par E. F. Gautier [La conquête du Sahara, 1910, p. 231), n'est pas une exception. L'existence de zébrures sur les canons est d'ailleurs extrêmement fréquente au Sahara et en Mauritanie chez les ânes domestiques. Le Rhinocéros pénètre certainement jusqu'au Tchad; son aire d'habitat est plus étendue ([ue ne l'indique le catalogue de Trouessart. Il ne se trouve pas au nord du golfe de Guinée, comme l'indique Osborn (The âge o[ Mammals, p. oOo). L'Oryctérope est connnua dans les parties méridionales de la zone sahélienne. Il y en a de nombreux terriers à l'est de Guimi (Mauritanie) ; j'en ai noté également à 50 kilomètres au sud de l'Adrar Tigirirt (à l'est de Gao) et jusqu'à 40 kilomètres au nord du lac Faguilin. Le Lamantin n'est pas limité à l'estuaire des grands tleuves ; on le trouve dans tout le Niger jusqu'à Kouroussa; il est particulièrement abondant dans le lac Debo. Les indigènes le connaissent bien et il a des noms dans les langues nègres. Pour les animaux domestiques; le chameau (dromadaire) existe dans tout le Sahara comme animal de selle: comme animal porteur, son extension est beaucoup plus grande au nord comme au sud. Au Sahara, le cheval se trouve en petit nombre dans les oasis : quelques chefs touaregs en possèdent dans l'Aliaggar : mais au Sahara, il est une bête de luxe d'emploi incommode. Pour les bœufs j'ai donné antérieurement (Clermont-Fernind, 1908, p. 106), quelques renseignements sur les bœufs du Tchad. Au Sahara, les bœufs n'existent guère qu'en Mauritanie; la limite des bœufs soudanais (zébu) et des bœufs marocains se trouve dans le Rio de Oro. Les races de chèvre et de mouton ont la même limite. Les Chiens, des lévriers, sont communs chez les Touaregs, beaucoup plus que chez les Chaamba. On trouve aussi dans les tentes touaregs des chats très familiers et qui ont souvent un collier. La connaissance des mammifères du Sahara et du nord du Soudan est encore trop lacunaire pour permettre des conclusions nettes. Fort peu ont une localisation étroite; \esGazella Mohr sont spéciales au Sahara occidental; la plupart des autres vont de l'Atlantique à la mer Rouge et pénètrent souvent en Asie, ou tout au moins sont représentées dans toutes ces régions par des espèces voisines (races géographiques). Les espèces soudanaises ne semblent pas pénétrer au Sahara. Seuls les 312 ZOOLOGIE, ANAT*>MIE ET PHYSIOLOGIE singes sur lesquels je suis mal renseigné atteignent des latitudes assez hautes dans la zone sahélienne (Adrar des Ifdras, Aïr, Tagant). Une espèce méditerranéenne, le Mouflon traverse tout le Sahara et atteint la zoile sahélienne. Au quaternaire, à l'époque où les grands fleuves sahariens coulaient encore, la barrière était moins nette; l'éléphant et le phacochœre se trou- vaient jusqu'en Berbérie; l'Ilyœna crocuta est connue dans le quater- na;ire européen. M. CUVRLES PI'^KEZ, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris. ATROPHIE SAISONNIÈRE ET RÉGÉNÉRATION DANS LE TESTICULE DES BATRACIENS URODÉLES 59 — 14.63 — "76 27 Juillet {soir}. 11 y a bien des années déjà, j'ai signalé dans une courte note (C. R.Soc. Biologie, t. 56, 1904, p. 783), les processus atrophiques dont le testicule des Tritons est le siège après la période- d'activité génitale. Cette commu- nication est généralement passée inaperçue, et la région du testicule qui résulte de l'atrophie a même été interprétée comme une glande intersti- tielle. 11 n'est donc peut-être pas inutile de revenir sur ces faits. Il n'y a pas, chez les Batraciens Urodèles, de glande interstitielle, au sens que l'on attache à ce terme dans le testicule des Mammifères par exemple. La glande mâle est exclusivement composée de lobules ou cystes, agglomérés les uns contre les autres, et qui présentent, suivant la région où on les considère, diverses étapes de la spermatogénèse. Chaque année, après la période génitale, un certain nombre de cystes, au voisinage immé- diat de la région des spermatogonies en réserve pour l'année suivante, dégénèrent par un processus atrophique : l'enveloppe folliculaire du cyste se met à manifester une grande activité phagocytaire ; elle englobe, mor- celle et digère les spermatozoïdes formant le contenu du cyste ; la cavité de celui-ci s'oblitère peu à peu, par l'avancée dn tissu phagocytaire, et le cyste se réduit progressivement de volume, en même temps qu'il se trans- forme en un îlot de tissu d'aspect tout particulier. Le processus est iden- tique à lui-même chez les diverses espèces de Tritons et chez la Salamandre ; il est vraisemblablement général dans tout le groupe des Urodèles ; c'est un processus physiologique d'involution saisonnière, qui se produit en liberté dans la nature aussi bien que chez les animaux conservés en captivité. C. PÉRKZ — LA DÉDIFFÉRENCIAWON DES CELLULES 313 Au début de son avancée dans la cavité du cyste, la paroi folliculaire apparaît comme un plasmode ténu dont la surface terminale n'est pas toujours aisée à bien délimiter. Au fur et à mesure que le processus pliago- cytaire s'accomplit, le protoplasme des éléments folliculaires devient plus dense, et en même temps d'autant plus aisément repérable qu'd se bourre de plus en plus d'inclusions diverses : les plus récemment englobées sont nettement reconnaissables pour des fragments, encore chromatiques, de spermatozoïdes, souvent tordus, pelotonnés sur eux-mêmes, ou enroulés en spirales serrées ; d'autres, à un état de digestion plus ou moins avancée, se présentent sous forme de boules prenant les colorants plasmatiques, ou môme de gouttelettes de graisse neutre. A cette phase, on distingue souvent les limites cellulaires des éléments folliculaires qui reprennent ainsi leur individualité. Dans les stades avancés, les cystes atrophiques sont remplacés par de petits massifs bourrés de graisse, où achèvent de disparaître les dernières inclusions chromatiques encore reconnaissables pour des débris de spermatozoïdes. Dans les préparations où la graisse a été dissoute par les réactifs, ces régions ne sont pas sans analogie avec un tissu glandulaire clos: mais il suflit d'avoir suivi les étapes antérieures pour en reconnaître la véritable signification. Une lente résorption de la graisse achèvera de faire disparaître ces anciens cystes, et les confondra avec un banal tissu mésenchymateux. Mais, avant que cette disparition ne sachève, le tissu phagocytaire est envahi sporadiquement, à partir seinble-t-il de la surface du testicule, par de grosses cellules, à noyau lobé d'allure bourgeonnante, à chromatine dispersée d'aspect poussiéreux : ce sont des spermatogonies primitives, que l'on peut voir parfois se multiplier {>ar mitose, début du processus de prolifération qui repeuplera d'éléments germinaux cette région du testi- cule, et deviendra l'origine de nouveaux cystes pour une période génitale ultérieure. M. Chaules PÉREZ, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris. LA DÉDIFFÉRENCIATION DES CELLULES 59.11 27 Juillet ,soii\ . Dans les phénomènes de la métamorphose des Insectes interviennent trois grands ensembles de processus histologiques : 1" Les organes les plus spéciaux et les plus différenciés de l'imago se développent entière- ment pendant la nymphose, aux dépens de disques imaginaux ou histo- blastes, qui prolifèrent et évoluent suivant les règles d'une épigénèse 314 ZOOLOGIE, "ANATOMIE EN PHYSIOLOGIE ordinaire ; 2-^ les organes les plus spéciaux et les plus différenciés de la larve disparaissent pendant la nymphose, frappés d'atrophie par histolyse phagocytaire ; 3° à ces deux premiers ensembles se surajoutent des phé- nomènes plus complexes, dont sont le siège certains organes, moins spécialisés, qui passent de la larve à l'imago, en subissant sur place de simples remaniements. Le trait commun de ces remaniements, sur lequel j'ai à diverses reprises attiré l'attention, est la dédifférenciation des cellules. Dans les cas les plus simples, le phénomène se manifeste de la façon suivante : la cellule a présenté, pendant l'organogénèse embryonnaire une première dilTérencia- tion histologique ; elle a pris un aspect déterminé, correspondant à l'organe larvaire dont elle fait partie, et sous cet aspect, elle a fcmctionné pendant toute la vie larvaire. Au moment de la nymphose, celte différenciation première s'oblitère plus ou moins; la cellule prend un aspect banal, indif- férencié, de masse protoplasmique contenant un noyau; elle subsiste à cet état pendant le début de la crise nymphale ; puis, elle s'oriente vers une nouvelle différenciation progressive, la différenciation imaginale, en même temps que se façonne, dans sa forme définitive, l'organe de l'insecte parfait dont elle continue à faire partie. Éventuellement, pendant la phase de dédifférenciation, la cellule se divise en éléments plus petits, qui resteront tels ultérieurement, sans s'accroitre dans des proportions notables ; et ainsi se tait, pour des organes qui subsistent, le passage du type à grosses cellules, ou macrocytaire , caractéristique de la larve, au type à petites cellules, ou microcytaire, caractéristique de l'imago. Souvent la dédifférenciation s'accompagne dune sorte de mérotomie spontanée, qui élimine de la cellule les parties les plus différenciées. Ainsi une cellule hypodermique servant à l'insertion d'un muscle élimine ses tonofibrilles, condensées sous forme d'une boule de dégénérescence: ainsi encore un muscle abandonne son myoplasme contractile pour ne conserver que son sarcoplasme et son noyau. Parfois les noyaux eux-mêmes éliminent, sous forme de boules pycnotiques, une partie de leur chromatine. Tous ces processus apparaissent comme une sorte d'épuration partielle, après laquelle la cellule larvaire, dédifïérenciée et rajeunie, se divise avant de repartir vers la différenciation imaginale. Les faits les plus curieux à cet égard sont fournis par le tissu musculaire, étant donné qu'il s'agit d'élé- ments histologiques plus hautement différenciés. Le plus généralement, il y a disparition progressive des fibres striées et le muscle larvaire passe à l'état de syncytium à protoplasme homogène, qui se peuple d'une façon plus ou moins intense de myoblastes imaginaux venus se fusionner à lui; il présente ensuite des phénomènes de division nucléaire directe, souvent multiple; puis la masse se clive en fibres étroites, où réapparaît un myoplasme de fibrilles striées. Ainsi les muscles larvaires à larges fibres accolées, à gros noyaux superficiels, se transforment en muscles imagi- naux, faisceaux épanouis de fibres grêles, à chapelets de petits noyaux alignés dans l'axe de chaque fibre. C. PÉREZ — LA DÉDIFFÉRENCIATION DES CELLULES 3V) On i)eut donc dire que, dans ces i)hénomènes de iiiétamorphose, la cellule a présenté une première diftéiencialion, en même temps qu'elle prenait place dans la coordination |)hysiologique de Torganisme larvaire; elle présentera ensuite une nouvelle et autre diftérenciation, en même temps qu'elle prendra place dans la coordination de rorganisine imaginai : et, dans Fintervalle, elle subsiste sous une forme dédittérenciée, vivant, semble-t-il, d'une vie plus banale, moins spécialisée, qui correspond à la crise de la coordination que constitue la métamorphose, et elle se trans- forme en s'adaptant aux conditions nouvelles réalisées autour d'elle. Des processus analogues de dédilférenciation cellulaire ont été observés dans des phénomènes qui paraissent, à première vue, d'un ordre tout différent. Ainsi, par exemple, dans les organismes qui régénèrent après amputation une partie de leur corps, la dédilïérencialion des cellules joue un grand rôle dans les processus cicatriciels, qui préparent la restauration de la partie supprimée. Et si, dans certains cas, comme la régénération d'un appendice autotomisé, chez un Phasme ou un Crabe, la perturbation paraît localisée au niveau même de la plaie d'amputation; dans d'autres cas, au contraire, elle a sur l'organisme une répercussion à distance et détermine des remaniements plus ou moins, étendus, que l'on a groupés sous le nom de morphallaxk. et qui ont beaucoup de traits communs avec les pliénomènes de métamorphose (travaux de Nusbaum et d'Oxner sur la régénération des Némertes ; de Child sur celle des Planaires à partir de fragments qui apparaissent rajeunis, etc.). Il en est de même dans les phénomènes dits de réduction, ou d'involu- tion physiologique saisonnière, que peuvent présenter divers organismes, et qui ont été en particulier bien étudiés chez les Spongilles (K. MUUen : — ou encore dans les phénomènes de réduction provoquée, lorsqu'on dila- cère les tissus d'un organisme et qu'on exprime à travers une gaze l'émul- sion cellulaire extraite des parties broyées (expériences de H.-V. Wilson et de K. Mïdler sur les Éponges, de ll.-V. Wilson sur divers Cœlen- térés) . Enfin, dans les expériences do culture in vitro de fragments d'organes d'animaux supérieurs, on a ol)servé aussi la dédifférenciation des cellules spécialisées des tissus (Cultures de tissu rénal par Champyj. Tous ces faits relèvent, semble-t-il, d'une interprétation commune. Ce qui détermine la différenciation cytologique d'un élément d'un tissu, c'est précisément qu'il fait partie de ce tissu : qu'il est, à une place donnée, l'organe élémentaire d'une fonction spéciale. La différenciation cytolo- gique est la inarque visible d'un rôle défini, d'une participation à la phy- siologie coordonnée de tout l'organisme : la différenciation n'est dôlinitive qu'autant que cette coordination est stable. Mais que la coordination vienne à être rompue pour une raison quelconque : addition brusque d'une foule d'éléments nouveaux, comme cela résulte dans la métamorphose de la poussée soudaine des histoblastes : ou, au contraire, suppression brutale d'une plus ou moins grande partie de l'organisme, comme dans les 316 ZOOLOGIE, AiXATOMIE ET PHYSIOLOGIE diverses expériences rappelées plus haut ; dans un cas comme dans l'autre, les connexions physiologiques des cellules sont tout à coup supprimées. Deux alternatives peuvent alors se présenter : ou bien les cellules étaient irréversiblement spécialisées; elles ne pouvaient vivre que dans la coordi- nation établie; elles succombent et sont éliminées ou résorbées; ou bien, au contraire, d'une spécialisation moins stricte, elles sont capables de survivre au premier désordre de la crise; elles persistent, d'une vie d'abord banale, individuelle, sous un aspect déditïérencié ; puis, peu à peu, elles s'agencent avec leurs voisines et se réassocient en une vie coor- donnée nouvelle, marquant dans leur dillérencialion morphologique réacquise, l'empreinte d'une solidarité retrouvée. M. CnvRLEs FEREZ, Professeur adjoint à la Faculté des S( iences de Paris. DIVISIONS NUCLÉAIRES DIRECTES DANS LE SPADICE DES GONOPHORES CHEZ LA PHYSALIE 59.11 «7 Juillet (soir). Au milieu d'avril 1919, à la suite d'une période de gros temps, de nom- breux organismes de la région des Alizés, Vélelles, Physalies, Janthines, furent jetés à la côte sur la plage de Guéthary (Basses-Pyrénées). Les Physalies, en particulier (Physalia caravella Esch.), étaient encore bien vivantes, et leurs tissus en parfait état. J'ai retrouvé, dans l'axe endodermique ou spadice des gonophores mâles, les cellules à noyaux multiples que 0. Steche (Zeit. /'. wiss. Zoo/. t. 86, 1907) a signalées en passant, et désignées sous le nom de cellules géantes, en les considérant comme nées de la fusion de plusieurs cellules uninucléées. Il ne s'agit nullement de cellules fusionnées, mais bien de cellules épithéliales ordinaires, dont le noyau se subdivise progressivement en plusieurs nappes, par un processus d'étranglement direct. Les auteurs qui ont étudié les processus de division nucléaire directe et qui en ont discuté la signification, ne se sont pas toujours préoccupés de faire un départ attentif entre les véritables multiplications cellulaires par voie directe, et les simples morcellements du nttyau en nappes multiples dans un territoire cytoplasmique insegmenté. 11 n'est pas rare, dans un organisme adulte, que certaines cellules soient normalement binucléées. Tel est le cas de certaines cellules du foie, des cellules à noyaux géminés dans divers épithéliums stratifiés des Mammifères; des œnocytes ou des cellules péricardiales de beaucoup d'Insectes. Pour ces cellules, on peut C. rÉREZ — DIVISIONS NUCLÉAIRES DIRECTES 317 pattes intermédiaires les plus courtes, tibia plus court que le fémur, égalant presque le tarse, celui-ci comme chez le çf; pattes posté- rieures les plus longues, tibia un peu plus court que le fémur,, égalant les 3 articles suivants réunis, ayant sous le crochet terminal, une soie grosse et longue, comme chez le çf, 3'' article aussi long que le 4« et le 5^ réunis, ceux-ci subégaux, 3 fois aussi longs que gros. Abdomen du çf plus de "2 fois aussi long que le reste du corps, graduellement aminci dans sa moitié postérieure, tergites l-o ayant en avant, de chaque côté, une petite tache ou trait transversal sombre, 6*" et 1\ le long du bord antérieur et des bords latéraux noirs, comme tout le pourtour du 8", celui-ci obconique, aussi long que large, 7*^ plus long que large, 1-6 transversaux; pince brun noir. Abdomen de la Ql brun jaunâtre en entier, à peine 2 fois le reste du corps, faiblement aminci en arrière. L. çf 4,5"""., ^ 2,5""". Grand lac de Ploen, 12. IV. 2" Allochironomus crassiforceps Kietf. La description du çf, sur lequel j"ai établi ce nouveau genre, paraîtra prochainement dans un travail que publieront les Annales Scientifiques de Bruxelles. La$, qui m'a été envoyée plus récemment, a les yeux séparés de 3 fois leur diamètre; antennes de 6 articles, dont le 2*" sans col et non rétréci au milieu, 3-5 avec un col un peu allongé, 6*^ presque double du 5^, avant aussi un verticille, mais près de sa base et n'ayant que 2 ou 3 poils, scape noir, flagellum jaune; abdomen plus de 2 fois aussi long que le reste du corps. L. $ 4,5""'". Grand lac de Ploen, éclosions le 23. IV. 30 Proriet/iia n. g. Voisin du genre australien Riethia Kieff., mais chez ce dernier, le métatarse antérieur est plus long que le tibia, la cubitale plus proche de la pointe alaire que la discoïdale et la pince n'a que 2 appendices à chaque branche. P. plœnensis n. sp. ^f $. Jaune pâle. Tète transversale vue de devant, 2 fois aussi haute que la bouche. Yeux glabres, arqués fortement, séparés de leur longueur, très amincis en haut. Palpes assez longs, de 4 articles graduellement plus longs. Antennes du f/ et panache d'un jaune brunâtre, scapes noirs, séparés du 1/4 de leur diamètre, 2*^ article plus long que le 3% 3-13 très transversaux, 14*^ pointu, 2 fois aussi long que 2-13 réunis. Antennes de la çf jaunes, 6® article brun noir, un peu plus de 2 fois le 5*, à long poil distal, 2^ plus long que le 3®, 3-5 subfusiformes, verticilles à 5 ou 6 longs poils, 6^ sans verticille. Métanotum, 4 bandes raccourcies du mésonotum et mésosternum noirs (J*) ou vitellins (Q.). Aile blanchâtre, atteignant le milieu de l'abdomen et peu développée, chez les çf $ immatures, hyalines et dépassant Tabdomen chez les ^matures, finement 330 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSILOGIE poinlillée, cubitale double de la radiale, plus distante de la pointe alaire que ladiscoïdale, transversale courte et oblique, l)ifurcation de la posticale à peine distale. Pattes blanches en entier ( sous l'influence des fibroblàstes qui l'ont envahi, il se trans- forme sur pla3e en un réseau de substance conjonctive, par un processus auquel j'ai donné le nom de métamorphisme. H. GUILLEMINOT SLR UNE LOI PHYSICO-CHIMIQUE 337 Ce processus évolue différemment suivant qu'il s'agit de petites liémor- rhagies puncti formes, ou bien d'hématomes plus volumineux. a) Dans le premier cas, il se forme, au sein de la cicatrice en voie d'évo- lution, ce que j'appelle des taches fibrwenses. Le réseau fibrineux de ces taches présente toujours à son centre un petit point de désintégration, avec phagocytose de la fibrine; mais à sa périphérie, on peut suivre toutes les phases de la transformation de ses travées en une trame collagène, qui se continue avec celle des tissus environnants. Cette transformation est gra- duelle et elle s'accuse par des modifications progressives portant tout à la fois sur la morphologie du réseau et sur ses alîmités à l'égard des matières colorantes. b) Lorsqu'il s'agit d'hématomes plus volumineux, les phénomènes de croissance pure et simple du réseau fibrineux se poursuivent beaucoup plus longtemps avant qu'intervienne le métamorphisme. Il se forme des pièces librineuses semblables, par leur configuration générale, aux pièces colla- gènes des tissus cicatriciels, mais dont la texture intime est différente, puisque les filaments de fibrine dont elles sont faites n'affectent ni la forme ni la disposition des fibrilles collagènes dans les édifices conjonctifs. Après cette phase de construction, qui est poussée très loin, il survient brusquement une transformation de la fibrine en substance collagène, sans modification de la forme générale de l'édifice, mais avec un remaniement complet de sa texture. Ce processus est facile à saisir lorsque l'on choisit des objets favorables ; il s'observe avec une grande netteté à la périphérie des hématomes expéri- mentaux, dont la membrane d'enkystement est lamelleuse : dans ses couches externes, cette membrane est fibreuse ; dans ses couches internes, elle est fibrineuse. Le métamorphisme s'effectue dans les lames fibrineuses déjà modelées et les envahit les unes après les autres, sans modifier leur disposition architecturale en quoi que ce soit. D^ H. GUILLEMINOT, Paris. SUR UNE LOI PHYSICO-CHIMIQUE IMPOSÉE A LA MATIÈRE VIVANTE PAR LA SÉLECTION NATURELLE. LA LOI D'OPTION ET LES PRÉVISIONS DU CALCUL DES PROBARILITÉS 28 Juillet. Si l'on met de côté les phénomènes idéalement abstraits de la nature par la mécanique rationnelle et qui peuvent par leur enchaînement constituer des cycles réversibles, on constate que tout changement qui se produit dans la nature est corrélatif d'une dégradation de l'énergie mise en jeu, et que la gran- 338 ZOOLOGIE, AXATOMIE ET PHYSIOLOGIE deur de celte dégradation mesure la tendance qu'ont ces phénomènes à se produire. C'est pourquoi on regarde la deuxième loi de l'énergétique comme assignant un sens, une direction aux phénomènes de la nature. Pourtant quand on essaie d'expliquer les phénomènes biologiques et l'évolution de la vie terrestre par la seule application de cette loi, on se heurte à un non- sens manifeste. Et comme le hasard seul, c'est-à-dire les prévisions du calcul des probabilités ne suffit pas à rendre compte des directives apparentes de la vie, une autre loi juxtaposée à la loi de Carnot doit être mise en lumière. Le propre des phénomènes physico-chimiques de la matière vivante est de se passer dans le voisinage des états d'équilibre, ou de procéder par rupture de faux équilibre sous l'action d'agents Ijtiques variés. Ordinairement chacun de ces phénomènes, au moment où il va se produire, n'est pas le seul possible, et il se trouve en concurrence avec d'autres phéno- mènes, également dégradateurs de l'énergie mise et jeu, et ayant aussi tendance à se produire. Quelquefois les phénomènes en concurrence sont isodégradateurs ; plus souvent, quoique inégalement dégradateurs, ils sont commandés par l'entrée en scène d'agents Tytiques indifférents devant la loi de Carnot. Dans l'un et l'autre cas, c'est le calcul des probabilités qui seul régit leurs chances de production. Mais les prévisions de ces calculs sont mises en défaut par une propriété de la matière vivante, la plus facile répétition du déjà fait, liée à l'un de ses caractères essentiels : l'instabilité. Cette propriété contredit le deuxième postulat du calcul des probabilités : l'indépendance des « coups de roulettes » successifs, et cons- titue, pour chaque être les tendances spécifiques triées par la sélection naturelle, et érigées ainsi en loi d'option. La loi d'option s'impose comme une directive supérieure aussi bien aux actes de la vie de relation qu'à ceux de la vie de nutrition. M. Edmond PERRIER, Directeur honoraire du Muséum National d'Histoire naturelle, Paris. LE CATALOGUE RAISONNÉ ET DESCRIPTIF DES COLLECTIONS D OSTÉOLOGIE COMPARÉE DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE (1) S7 Juillet. Je me permets d'attirer l'attention des membres de la Section de Zoologie sur une très importante pubhcation entreprise et poursuivie par M. R. Aiithomj, Assistant au Muséum d'Histoire naturelle et Directeur adjoint du laboratoire de zoologie comparative de l'École des Hautes Études. (1) Chez MM. Masson et C'% éditeurs, 120, boulevard Saint-Germain, Pari- p. WINTREBEKT l'iBRITABILITÊ PAR LA TEMPÉRATURE 339 De cel ouvrage qui a pour tilre : Cainlof/ue raisonné et descriptif des collections d'ostéologie comparée du Mméum d'Histoire ruitur elle, trois fascicules ont déjà paru, le premier concernant les Pangolins, -le second les Orjctéropes et le troisième les tatous du genre Dosypus. Chaque fascicule contient deux parties, Tune descriptive, abondamment illustrée de dessins tous originaux, l'autre qui constitue le catalogue propre- ment dit. La publication répond à un double but : fournir d'une part la liste exacte et précise de ce que contiennent nos riches collections d'ostéologie comparée; apporter d'autre part aux chercheurs un guide suret complet qui leur a manqué jusqu'ici. A n'envisager que sa partie descriptive, cette publication sera à la fois un , véritable traité de zoologie des vertébrés permettant par ses exposés détaillés et les clefs analytiques qu'il contient, la détermination des formes jusqu'à l'espèce inclusivement, et, un traité aussi d'ostéologie comparée conçu dans les idées scientifiques modernes, et infiniment plus complet que tous ceux qui actuelle- ment existent tant en France qu'à l'étranger. Outre qu'il met en valeur les riches collections d'anatomie comparée du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, l'ouvrage de M. R. Antlwny dont l'achè- vement demandera plusieurs années comble une importante lacune; il présente en même temps un intérêt scientifique général de tout premier ordre sur lequel je tenais à attirer tout particulièrement l'attention du Congrès de l'Association française po;ur l'Avancement des Sciences. M. P. WINTREBERT, Paris. L'IRRITABILITÉ, PAR LA TEMPÉRATURE, DES MYOTOMES DE SÉLACIENS (SCYLLIORHINUS CANICULA, L. GILL), AU TEMPS DE LA CONTRACTION RYTHMÉE ANEURALE *; Jyiliet. Les deux bandes myotomiques latérales, isolées l'une de l'autre dans leur fonctionnement et toutes deux indépendantes de l'action nerveuse, aux stades G, H, I, de Balfour, sont particulièrement irritables par la température. En milieu constant, entre 8« et 20" C, elles présentent une contraction régulièrement rythmée, dont la révolution n'a pas une durée tout à fait égale pour chacune d'elles; mais la vitesse des deux rythmes augmente ou diminue, de manière parallèle avec le degré de la chaleur. 340 ZOOLOGIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE Entre 20° et 23° C, les battements deviennent irréguliers, précipités et moins amples; ils cessent à 23°; au-dessous de 8° C, ils deviennent très lents et arythmiques. Les embryons sont sténothermes, et un changement rapide de quelques degrés sufllt à affoler les rythmes. L'élévation de la température diminue le temps de la détente plus vite qu'elle n'accélère le temps de la contraction. La réversibilité des réactions à une température donnée et constante, n'existe que pour les embryons élevés dans des conditions voisines de celles du milieu naturel, c'est-à-dire entre 9° et 17° C. Le ralentissement comparé du rythme, en milieu normal indique une fatigue, une altération, que l'histoire des antécédents thermiques peut le plus souvent expliquer. Sous-Section de PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE Présicfent M. Marcel FOUCAULT, Professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier. Vice- Président M. Ch. BLONDEL, Professeur de psychologie à l'Université de Strasbourg. Secrétaire ........ M. H. PIÉRON, Directeur du Laboratoire de Psychologie à l'École des Hautes-Études. M. Julien FONTEGNE, Professeur à l'École Nationale Technique de Strasbourg. DU ROLE DE LA PSYCHOLOGIE DANS L'ORIENTATION PROFESSfONNELLE (rapport) 115 : 331 26 Juillcl. Nul ne méconnaît plus, aujourd'hui, l'impérieuse nécessité qu'il y a de fournir au commerce comme à l'industrie, à l'agriculture aussi bien qu'aux administrations publiques et privées des hommes qualifiés, c'est-à-dire des travailleurs — ce mot étant pris dans l'acception la plus noble — qui, dans un minimum de temps raisonnable, arriveront à l'optimum de rendement avec un minimum de fatigue et un maximum de joie au travail. Le problème d'orientation professionnelle côtoie, en plus d'un point, ce triptyque de la psychologie économique qui comporte la fatigue, l'étude des mouvements et l'organisation scientifique du travail ; il constitue, à vrai dire, un panneau supplémentaire qui a droit à tous nos soins et à toute notre science. Qu'il s'agisse d'un enfant, d'un mutilé de guerre, d'un accidenté du tra- vail, d'un chômeur, d'un homme âgé ou d'une femme, il faut que nous trouvions pour eux une profession qui tienne compte de leurs goûts, de leurs dispositions, de leurs connaissances, de leurs aptitudes natives ou acquises, tout en ne négligeant pas leur situation de famille, ainsi que les besoins économiques présents ou futurs. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que se pose un problème semblable. N'est-ce pas celui qu'oiit à résoudre les médecins des adminis- 342 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE tralions publiques, ceux qui assistent aux Conseils de Révision ? Leurs investigations ont bien porté sur l'acuité visuelle, la constitution générale, la musculature, mais presque toujours les aptitudes psychologiques du sujet restèrent dans l'ombre. Pour orienter rationnellement un enfant donné vers une profession donnée ou — ce qui n'est pas tout à fait la même chose — pour conseiller à un enfant donné une profession où il ait toutes chances de réussir, la connaissance de trois facteurs est absolument nécessaire : 1° L'objet : la profession ; 2" Le sujet : en l'espèce, l'enfant; 3° Le milieu : lé marché du travail, qui se présentent à nous avec leur complexité parfois déconcertante, leurs contradictions souvent frappantes, leur dynamisme toujours présent. Comment arriver à connaître la profession? ?s'ous n'étudierons que le point de vue psychologique, les considérations d'ordre technique, énergé- tique, économique ou social ayant été présentées ailleurs. L'interrogatoire des patrons et ouvriers sur ce qui conduit à la supério- rité ftrofesSionnelle ne suffît pas; le questionnaire, même très complet, comme ceux de Lipmann et de Martha Ulrich pour les professions moyennes et supérieures, ne peut que servir à dresser une liste provisoire d'aptitudes; seule, t' expérimentation permet d'obtenir une liste définitive des aptitudes essentielles. Deux méthodes s'offreiit à nous pour déterminer quelles aptitudes font la supériorité professionnelle d'un travailleur donné : 1° Une méthode analytique ifui consiste, après que le processus de travail d'une profession a été décomposé en une série de fonctions parti- culières, à examiner chacune d'elles pour reconnaître à quel degré d'inten- sité elle se trouve chez des sujets reconnus professionnellement bons, moyens ou mauvais ; 2'' Une méthode synthétique ou globale qui tend à imiter au laboratoire les faits et gestes professionnels de la pratique, à présenter au sujet examiné une sorte de miniature de sa future profession, pour déterminer, ensuite, dans quelle mesure, des sujets reconnus -professionnellement bons, moyens ou mauvais, répondent aux exigences de cette profession. La première a l'avantage d'être relativement simple, de permettre l'uti- lisation de tests facilement exécutables et éprouvés dans des recherches d'un autre ordre, et surtout, de faire trouver aisément la cause d'une non- réussite xïliez le sujet. Peut-être lui objectera-t-on qu'elle fait appel à des gestes, des mouvements totalement étrangers à la réalité et qu'ainsi une influence affective, fâcheuse, s'exerce sur le candidat qui ne voit pas nettement le but des expériences auxquelles on le soumet. J. FONTÈGNE — DU ROLE DE LA PSYCHOLOGIE 343 Il semblerait que, durant la yuerre, les psychologues allemands, en particulier, se fussent efforcés d'utiliser la méthode globale, die komplexe Prufung. Étant donné la complexité réelle de l'expérimentation — ce qui, du reste, ne peut que troubler le candidat — il nous apparaît qu'actuellement, tout au moins, la meilleure voie à suivre sera celle qui permettra la fusion des deux méthodes en empruntant à la vie professionnelle les « gestes » divers qui doivent entrer dans les' différentes expériences partielles. C'est de celte manière que nous avons procédé, en 1918, pour nos recherches de sélection et d'orientation professionnelle des téléphonistes. Comment arriver à connailre le sujet ? Un examen minutieux de l'enfant comportera des données d'ordre médical (physiologiques et anthropomé- triques), d'ordre scolaire (quantité et qualité des connaissances acquises), d'ordre moral, d'ordre psychologique. Procéder à l'examen psychologique d'un enfant en quête d'une profes- sion, c'est : a) Arriver à connaître ses goûts, ses intérêts prédominants; b) Déterminer ses aptitudes intellectuelles, physiques, morales et sociales ; c) Pronostiquer si ces goûts, intérêts et aptitudes divers conviennent ou non pour telle profession donnée dont on connaît les caractéristiques essentielles, et, dans la négative, pour quelle profession elles désignent le sujet. Nous connaîtrons les goûts et intérêts de l'enfant par les renseignements de toutes sortes que nous fournira le maître, grâce au fichier individuel et par ceux que nous donnera l'enfant dans vm entretien particulier que nous aurons avec lui. Quant à ses aptitudes, nous les découvrirons par le fichier précité; par l'observation attentive de ses « faits et gestes » dans des enseignements spéciaux (gymnastique, travaux manuels, classes de préapprentissage) où surgissent plus facilement des aptitudes qu'une éducation souvent mal comprise empêche de se montrer; par l'expérimentation. Nombreux sont les problèmes qu'auront à résoudre les théoriciens et les praticiens de la psychologie appliquée à l'orientation professionnelle. Citons-en quelques-unes : Quelle créance accorder aux réponses d'un enfant de 13-14 ans? Comment amener l'instituteur à « tenir » un fichier indi- viduel ? Quelle valeur attribuer au psychogramme collectif d'une classe ? Quel rôle peut et doit jouer la psychanalyse dans l'examen psychologique de l'enfant? Que valent nos méthodes d'étude de la mémoire, de l'atten- 344 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE lion, des temps de réaction ? Quelle est la puissance de l'habitude, de l'entraînement ? Comment établir la démarcation entre les aptitudes natives et les aptitudes acquises ? Etc.. etc.... C'est sufïïsamment dire combien est complexe la question d'U. P. En tous cas, qu^il s'agisse d'orienter de jeunes apprentis, de sélectionner, dès l'école primaire, les bien doués en vue d'en faire les cadres d'une sérieuse élite intellectuelle ou manuelle, d'organiser l'école — qui sera avant tout professionnelle, ce mot étant pris dans l'acception la plus large — sur ime base de psychologie différentielle, d'analyser les aptitudes spéciales (mathématique, linguistique, graphique, musicale ou autre), de jeter les grandes lignes d'une psychologie de l'adolescence, du travailleur, du tra- vail et des métiers, de donner les assises de méthodes rationnelles d'apprentissage consécutives à une 0. P. rationnelle d'apprentis, etc., etc., c'est à la psychologie qu'il faudra, avant toiil. faire appel. Et si nous ne voulons pas rester en arrière des nombreux pays qui ont mis au premier plan de leurs préoccupations économiques et sociales, la question d'un meilleur rendement humain, il nous faudra créer, au plus tôt, des laboratoires de psychologie appliquée à l'orientation profes- sionnelle (1). Discussion. M. Blondel. N'y aurait-il pas lieu de distinguer tout d'abord dans le sujet qui nous occupe et dont l'intérêt ne fait de doute pour personne, entre l'orientation et la sélection professionnelles? Pour sélectionner des spécia- listes, c'est-à-dire exclure d'un emploi qualifié certains des candidats qui le pos- tulent, il me semble qu'il faut être armé de connaissances et de techniques beaucoup plus précises et beaucoup plus éprouvées que pour orienter vers une carrière, c'esl-à-dire donner à un enfant, sur les métiers qui répondent à ses aptitudes, un conseil qu'il est libre de ne pas suivre. Une première démarche me paraît donc nécessaire pour fixer notre pratique : savoir déterminer les pro- fessions pour lesquelles l'état de nos connaissances nous permet dès maintenant d'assurer une sélection, celles pour lesquelles il nous faul nous en tenir provisoi- rement à la simple orientation, celles enfin, peut-être pour le moment les plus nombreuses, pour lesquelles nous sommes encore incapables aussi bien d'orien- tation que de sélection. Tout l'effort devra être ensuite d'accroître le nombre des professions pour le choix ou le recrutement desquelles le psychologue -pourra être en mesure d'intervenir efficacement. Pareil résultat ne peut être atteint que par des recherches minutieuses, précises, éprouvées par le contrôle répété de (1) On trouvera dans le Bulletin de juin-juillet de V Associai ivn française pour la lutte contre le Chômage une bibliographie assez complète de la question d'O. P. Voir également notre ouvrage : L'Orienlation professionnelle et la détermination des aptiludes. (Collection d'actualités pédagogiques;), Neuchâtel (Suisse), 1921. Delachaux et Niestlé. J. FONTÉGNE — DU ROLE DE LA PSYCHOLOGIE 34.) lexpérience. C'est assez dire le danger que je vois aux vastes conceptions, telles que celles de Piorkowski, que nous a rappelées M. Fontègne, dont la précision et l'ampleur apparaissent toutes verbales. 11 n'y a jamais rien à gagner à des géné- ralisations et à des systématisations prématurées. M. PiÉRON*— On ne saurait trop insister sur l'importance actuelle des appli- cations psychologiques à la sélection professionnelle et à l'organisation du travail. Un mouvement se dessine en France : A l'Institut de Psychologie dont le Conseil de l'Université de Paris vient de décider la création, il y aura trois sections d'applications, une de technique générale, une de pédagogie (ancien Institut de pédagogie), et une d'orientation et sélection; la Commission de Physiologie du travail de l'Institut Lannelongue d'Hygiène sociale a mis à l'ordre du jour la question des lests psychophysiologiques de fatigue; enfin, le Comité d'Hygiène mentale a chargé une commission spéciale d'étudier la question de la sélection et de la surveillance, médicale et psychophysiologique, des agents chargés d'un service de sécurité publique. Il faut se défier tout autant des applications hàlives que. des retards d'apphca- tion. Mais actuellement des recherches sont nécessaires; l'étude des professions par monographies complètes, comme celles de M. Fontègne suv les téléphonistes, d'une part, la détermination de la marge de développement que l'apprentissage peut assurer aux aptitudes naturelles de l'autre, sont de nature à diriger les préoccupations actuelles des chercheurs. Quant au choix de la méthode, analytique ou synthétique, de sélection, nous ne sommes peut-être pas encore à même d'en décider en toute connaissance de cause. M. Devolvé. — Deux points de vue à distinguer : 1« sélection à la porte de la profession spéciale. Elle est d'intérêt expressément social; déjcà elle s'effectue, il ne s'agit que de la perfectionner et des moyens psychologiques de perfection- nement existent, pratiquement utiles: 2° orientation de l'écolier vers la caté- gorie professionnelle au long des séries diverses d'exercices scolaires et préprofes- sionnels. Ceci est une tâche infiniment plus complexe pour laquelle est requise une base psychologique beaucoup plus difficile à constituer. Des progrès théoriques importants sont cà accomplir, avant que nous soyons en mesure de substituer aux modes empiriques d'orientation des procédés psychologiques oITrant des garanties scientifiques.' M. Foucault, à titre de renseignement complémentaire, signale le fait que, plusieurs années déjà avant la guerre, M. Truc, professeur d'ophtalmologie à la Faculté de Médecine de Montpellier, remettait aux familles des enfants, à leur sortie de l'école, une fiche indiquant leur acuité visuelle, avec une liste des professions pour lesquelles cette acuité était suffisante ou insuffisante. 346 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE M. A. IMBERT, Professeur à la Faculté de Médecine de Montpellier. SUR LA DÉTERMINATION DES APTITUDES PROFESSIONNELLES 331.7 : 331.86 26 Jailk'l. Il est une catégorie d'épreuves, non utilisées encore à ma connaissance^ qui semble a priori pouvoir fournir quelques indications utiles ; les pre- miers essais auxquels j'ai procédé sur des écoliers ont du moins montré qu'il existait à ce point de vue, surtout pour quelques-unes des épreuves, de notables différences individuelles chez mes jeunes sujets. Si donc je ne puis préciser le degré d'importance pratique réelle de telles épreuves, celles-ci apparaissent du moins comme pouvant aboutir à un classement dont la signification reste à chercher. Les épreuves en question consistent à faire apprécier des directions, des grandeurs, des situations relatives, des arrangements, des formes, etc ; voici quelques-unes de celles que j'ai utilisées et auxquelles il sera facile d'en ajouter d'autres plus ou moins analogues, si ce genre d'épreuves est reconnu comme susceptible de fournir des indications pratiquement utiles. a) Appréciation de niorizonlulilé et de la verticalité. — A cet effet, une cordelette est tendue de haut en bas, où elle se réfléchit sur deux poulies successives, l'extrémité libre de la cordelette étant tenue à la main par le sujet. Celui-ci en tirant sur la cordelette, qu'un faible ressort antagoniste tend à ramener à sa position oblique initiale, doit immobiliser cette cordelette lors- qu'elle lui paraît être devenue horizontale ou verticale. Une partie seulement de la cordelette apparaît aux yeux du sujet, à travers une ouverture ciixulaire d'un diamètre de 0'n,50, percée dans un écran carré de deux mètres de côté, et une graduation masquée permet à l'observateur d'évaluer les erreurs com- mises (1). b) Disque métallique, muni d'un manche à main, percé d'ouvertures circu- laires de diamètres variables disséminées sans ordre, et série de tubes égale- ment métalliques de diamètres exactement égaux à ceux des ouvertures. Le sujet tenant le disque d'une main choisit de l'autre les tubes pour les enfiler dans l'ouverture correspondante, et l'observateur note, pour chaque tube, le nombre d'essais, c'est-à-dire d'erreurs commises. c) Marquer le centre de circonférences, de divers diamètres, tracées sur une feuille de papier que l'on donne- au sujet; marquer de même le milieu de ^lJ Je signale seulement ici ce fait, sur lequel je me réserve de revenir, à savoir, l'erreur commise dans l'appréciation de la verticalité, erreur qui peut dépasser 30 degrés lorsque le sujet soumis à l'épreuve est couché horizontalement. A. VAUTRIN — DE LA FATIGUE ET DE SON ACTION 347 droites diversement orientées, et de longueurs variables, tracées encore sur une feuille de papier. d) Des droites diverses, des angles, des carrés, des rectangles, etc., étant tracés sur une feuille de papier disposée en face du sujet, inviter celui-ci à reproduire, en grandeur et en direction, les droites, angles, etc., avec le seul emploi d'une régie, sans prendre aucune mesure sur le modèle. é) Après avoir découpé une feuille de papier de grandeur déterminée en un certain nombre de morceaux de grandeur et de forme différentes, abords recti- lignes ou courbes, inviter le sujet à disposer tous ces découpages sur une feuille de papier, double de celle qui a été découpée, de manière à recouvrir la plus petite sui'face possible, c'est-à-dire à perdre le moins de papier possible si la seconde feuille devait être découpée comme la première. /■) Pour explorer la mémoire des formes, faire apparaître à travers l'ouverture d'un objectif photographique, et pendant un temps très court pouvant être augmenté ou diminué, des figures simples, lignes parallèles, croix, rectangle, vase, etc., et inviter le sujet à les reproduire à main levée sur une feuille de papier. Après avoir constaté les différences individuelles fournies par de telles épreuves, qui se rapportent à des actes de divers travaux professionnels et qui peuvent êtfe facilement variées, il y aura lieu de rechercher, sur les sujets ayant fourni les résultats les plus défectueux, l'influence de la répétition des épreuves, le degré d'exactitude auquel chacun d'eux peut atteindre, ainsi que le temps nécessaire pour achever cette sorte d'appren- tissage. Il serait utile encore de soumettre aux mêmes épreuves de bons ouvriers choisis dans les métiers auxquels ces épreuves se rapportent. M. A. VAUTRIN, Directeur de l'É'?ole pratique de Commerce, Colmar, DE LA FATIGUE ET DE SON ACTION DANS LE TRAVAIL PROFESSIONNEL 331,87 26 Juillet. Le principe directeur de toute activité économique est le suivant : arriver à l'optimum de rendement avec une dépense minimum de temps et d''énergie. La réalisation n'est possible que par une origiuisation scientifique du travail. Le principal facteur, dans tout travail, c'est l'homme avec ses caracté- 348 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE risliques psycho-physiques, qui varient, d'ailleurs, d'individu à individu. C'est pourquoi l'intérêt primordial, dans toute organisation du travail, se portera sur l'homme. Du coup se posent les quelques problèmes suivants : 1° Incorporation du facteur « homme » dans rorganisme du travail, d'après ses dispositions (aptitudes) physiques et intellectuelles de façon à mettre « the right man in the rigïït place » : Problème de r appropriation professionnelle. ■20 Développement et perfectionnement de son activité dans le domaine qui lui est assigné par la vie professionnelle : Problème de la formation profes- sionnelle. 3° Adaptation des conditions extérieures (salle de travail, durée du travail, repos, instruments de travail, etc.) aux aptitudes psycho-physiques du travail- leur : Problème de l'adaptation professionnelle. Pour résoudre ces problèmes la science nouvelle d'organisation du travail a besoin du concours d'autres disciplines : psychologie, physio- logie, technique. La communication présente a pour but de signaler les moyens qui peuvent être employés pour remédier aux effets permcieux du facteur fatigue dans le rendement du travail. (L'étendue du préjudice causé par ce facteur a été déterminée par des recherches scientifiques.) Il est nécessaire : 1" De pouvoir examiner le travailleur en particulier au point de vue de sa courbe de fatigue et sa fatigabilité. La psychologie et la physiologie possèdent, pour le faire, un certain nombre de méthodes de mensuration. Les travailleurs seront groupés en types de fatiyue : ceux qui ne se fatiguent que difhcilement, ceux qui accusent une résistance moyenne à la fatigue, ceux qui succombent facilement à la fatigue; 2° De pouvoir analyser les différentes espèces de travaux relativement à leur influence au point de vue fatigue, de façon à former des catégories de travaux. Les méthodes à cet usage sont très peu nombreuses ; les ins- truments de mesure employés jusqu'ici extrêmement compliqués. Mais les observations faites au cours de la vie professionnelle permet- tent un tel groupement, comme le prouve d'ailleurs celui qui, durant la guerre, était à la base, en Allemagne, de la « politique d'alimentation ouvrière » (travail pénible, travail dur, travail léger) ; 3° De mettre en accord le travail et les travailleurs en se basant juste- ment sur ce principe de fatigue; autrement dit de diriger vers les travaux pénibles ceux chez qui la résistance à la fatigue est le plus accusée, et inversement; * ¥ D'exclure de la vie professionnelle tout ce qui serait de nature à augmenter le degré de fatigue et d'y introduire tout moyen susceptible de CHAVIGNY — ORGANISATION DU TRAVAIL INTELLECTUEL 349 reculer aussi loin que possible la limite à laquelle commence véritable- ment la fatigue (adaptation professionnelle générale psycho-physique, organisation appropriée des processus de travail, de la durée du travail, des repos et de toutes autres conditions pouvant exercer une influence quelconque comme température, état de l'air, lumière, vêtements, outils, etc. La présente communication est le résultat d'une étude entreprise en 1918 à l'Institut d'Organisation du Travail de l'École Supérieure de Commerce de Mannheim, où, comme sous-directeur de l'Institut d'Orga- nisation du Travail, je dirigeais les travaux de la Section Organisation du Travail. On en trouvera le développement dans la revue anglaise Iron Age et dans le périodique allemand Technik und Wirtschaft. M. CHAVIGNY, Professeur à la Faculté de Médecine de Strasbourg. ORGANISATION DU TRAVAIL INTELLECTUEL. — SON ENSEIGNEMENT 371 i.6 Juillet. (résumé) A propos de l'enseignement professionnel général, M. C/iai'/^ny rappelle qu'aux divers degrés de l'enseignement primaire, secondaire ou supérieur, on devrait s'attacher à enseigner aux élèves quelles sont les méthodes du travail intellectuel personnel. Ces méthodes existent, elles sont assez pré- cises déjà pour fournir matière à un enseignement qui rendrait aux élèves un signalé service. Elles orienteraient et amélioreraient toute leur vie intellectuelle ultérieure. Cet enseignement est pour ainsi dire inexistant. Il mériterait qu'on lui fasse une place dans les programmes d'ensei- gnement. 3oO PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE M. G.-L. DUPRAT, Laboratoire de Psychologie expérimentale, Agen. CONTRIBUTION A LA PSYCHOLOGIE APPLIQUÉE AU TRAVAIL PROFESSIONNEL 331 (01) 26 .lu m et. Fondements de la lisycho- motricité. — I. L'aclivilé neuro-musculaire mise au service d'un dessein animal ou humain est subordonnée à des synthèses d'images motrices. Partout où nous constatons combinaison répétée de mouvements, nous pouvons admettre une synthèse psychique résultant de la motricité antérieure, aux coordinations fondamentales non intentionnelles, fortuites. Le rôle du psychisme dans l'être biologique est en effet celui d'une synthèse pregressive des images, sortes de résidus des modifications corporelles et de tendances persistantes à reproduire ces modifications. La détinition dé l'image, ou modification psychique en général, a une importance capitale. Si on la considère comme le produit d'une empreinte (selon la vieille conception scolastique venue d'Épicure), on est bien embarrassé pour dire de quelle matière est fait le sujet qui reçoit l'em- preinte et comment elle devient manière d'être consciente. Si l'on admet, selon la loi universelle d'habitude, une tendance de tout être à reproduire ses modifications antérieures^ cette aspiration déterminée à être ceci plutôt que cela, à cause d'un précédent précis, constitue au contraire une base solide de la psychologie. L'image étant telle que jamais elle ne peut se constituer que par suite de modifications sensorielles et musculaires ou articulaires ou cutanées (tendant à se reproduire), les synthèses d'images peuvent comprendre des tendances divergentes ou peu harmonieuses. Ici intervient une nouvelle loi fondamentale de la psycho-motricité : loi de systématisation spontanée et d'inhibition systématique. Tout processus psycho-moteur tcîid à éliminer les ébauches de mouvements ou actes qui ne tendent pas au même résultat final ou contrarient son évolution dans la direction précédemment imposée. L'adaptation spontanée et progressive, sans intelligence, qui est à l'origine des impulsions héréditaires ou instincts, rend manifeste cette loi. L'unité synthétique et synergique de l'individu ne peut admettre normalement des actes complexes incohérents ou des processus dont les effets successifs s'entre-détruisent : la sélection naturelle des réflexes et de leurs combi- naisons s'effectue donc au détriment des mouvements et tendances qui ne sont pas dans la direction du courant vital personnel ou individuel. G.-L. DUPRAT — CONTRIBUTION A LA PSYCHOLOGIE 8ol D'elle-même, et sans aucune préadaptation intellectuelle, sans inten- tion préalable, la psycho-motricité élémentaire est donc déjà nettement systématique, disons le mot « linaliste », mais sans finalité métaphysique. D'elle-même, elle se difîérencie en s'adaptant aux besoins et circonstances de plus en plus variés, et l'intégration en un système d'actes portant tous la marque de l'orientation individuelle suit autant que possible la dilfé- renciation, parce que Tunité synergique du début, de la période des réac- tions relativement simples, tend à se maintenir comme conséquence dé la structure individuelle et comme condition de l'adaptation efficace. La psycho-motricité sensorielle est la condition des images d'objets constituant le monde extérieur, celui des phénomènes étendus visibles ou tangibles ou situés hors de nous. La représentation d'un objet n'est que la synthèse des modifications psychiques résultant de l'adaptation sensori- motrice en un cas donné, avec tendance à reproduire cette adaptation, même en l'absence d'excitants sensoriels. Qui n'admet pas cette notion fondamentale se heurte aux plus grosses difficultés dans la conception de la psycho-motricité. Au contraire, en l'admettant, on conçoit aisément comment toute image, issue dé la motricité organique, puisse être motrice, en tant que virtualité, non scolastique mais réelle, aptitude permanente et ordinairement inconsciente à renouveler un processus déterminé. Mais de même que nous imaginons les objets extérieurs selon nos modes d'adaptation sensori-motrice, nous imaginons cet objet immédiat qu'est notre moi selon nos modes d'activité biologique les plus constants, si nombreux que nous ne pouvons en avoir qu'une représentation confuse, « coenesthésique » dans la plupart des cas. L'image coenesthésique est ordinairement négligée au profit de l'image nette, spatiale du corps visible, des organes aisément représentés. Cependant n'y aurait-il pas un intérêt considérable à étudier nos perceptions confuses de nous-mêmes, surtout quand il nous faut agir intentionnellement, utiliser les images motrices spontanément formées et organisées. Les difficultés de l'appren- tissage d'un métier manuel ne seraient-elles pas réduites par une notion plus claire des données kinesthésiques que nous possédons en grand nombre, mais si confuses, si obscures, subconscientes ou inconscientes, que nous ne pouvons guère les utiliser sciemment? IL — Le pianiste qui donne à ses doigts sans les regarder l'écartement voulu pour atteindre une touche du clavier a une mémoire kinétique des distances : les modifications inusculaires, articulaires, tendineuses, cuta- nées et sous-cutanées, qui se sont produites dans les divers cas auxquels correspond la même note, se répèlent en imagination inconsciente, au moment où cette note est de nouveau donnée, et l'ensemble, imaginé ainsi, tend à l'acte, y passe en effet automatiquement. Or des expériences nombreuses montrent que l'on peut parvenir par une attention bien dirigée à une « discrimination » de plus en plus sûre des images motrices correspondant aux divers modes du doigter. Il en est de même pour la machine à écrire : des sujets exercés n'ont pas besoin de regarder le clavier 3o2 ~ PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE dactylographique et utilisent avec la plus grande précision les images kinétiques correspondant à la lettre à taper : il y a un grand nombre de données articulaires, musculaires, cutanées, qui déterminent la manœuvre requise, et que l'on parvient fort bien à distinguer des plus semblables. Ce n'est pas sans image motrice complexe que l'écolier saisit son porte- plume et trace telle ou telle lettre : on peut l'exercer à distinguer les per- ceptions musculaires et articulaires requises pour le tracé d'un^ de celles qui résultent du tracé d'un V, et ainsi de suite : la perception visuelle ne permet de constater que le mouvement accompli; l'image kinétique per- met de préadapter la motricité à l'acte à accomplir. La mémoire kinétique joue d'ailleurs un rSYCHt>1.0(;iK l'insUM.OOlQUE Dixnnysion : M. lMi:»(>N. — Jt* crois qiio lo ooiioc^pl traltciition ivsiilto do la Iraiisfoinialion «m» mu^ daniiciruso tMitilô »l"nn jumMiuMil do valoiir (ino l'on osl oundiiil A porlor sur l'tMlioionoo luoiilalo d'un individu à un inouioiil donné. Mais p(Mil-oli'(" it^s \arialions d'tMlioiouoo sonl-i-lios ooudilionnoos. non sonleincnl pur dos laolonrs di\ors, qui d(>pondont du ijonro d'aotivilo inonlalo, mais par un faclonr ph\sioloi4i(]uo conunuu ropondant au nivoan montai do rirrrc Jmtot, et oonsislani (M1 uui> canalisai iou d'iMioriiio nor\ouso qui impliquo dos phônomènes dinhiltilion doni li- vô\c (>st (-ssonli(d. .lo rogroUo d'aillours (]uo Tabsence de M. l'icrrr Jiiitrl lu" p(M-mollo pas (I(> discultM- utilomoni los notions do ^ quantité » ol do » lonsion » monlalos. doi\t la dualilo. tros sodiiisanl(\ \\c mo parait pas ahs(dnm(Mit indispiMisahK^ ;"» l'iiittM'piotatiou dos laits, môuu' do pathologie de l'atlcMilion. ou mi(Mi\ dr palholouio do rolVioionoo inonlalo. I.a oritiqno du oonoept d"atlenlion appoiMoo pai' M. l'ouoanll nio parai! on loul oas tirs impor- lanlo iM li"i'>s féconde. M. .1. l)i:\()LVK. rrofossour A la l'.h uili' do- l.rlUrs do Monlpollior. LA NOTION PÉDAGOGIQUE DATTENTION ir.;M *: Jnillcl. I.a plupart (lt>s travaux oontemporains do {isychologie portant sur l'alUMilion la (ioliiiissiMit daltord oomino un »Ma( s[)ooial do la pensée lionne dans re\pori(>noo oounnuno nnonoïdoisuvo, sélection, eoncen- tration. iMe..."». et sappii(]u»>ut t>usuite à juveiser analyliquement cet tMat ot .ses otMiditious de produetion. Or. il semble qu a rhnaly.se la notion de l'état délini connue oriuinal se dissolve, et au terme des recherches on se trouv»^ eu lace iTune théorie iiénéraie du processus intellectuel, faisant simplement ressiM'tir telle ou telU> |>liase de ce processus comme ayant uiu> imporlat\C(> capital»^ pour son hou »1évelo|>penuM\l : adaptation [Ih'nct), schéuiatisation ylivraiilt (/!.l//()Nm'.<), discrinnnalion ylhtra Hicks), etc.. Par où l\m seud>le assez loiïi(|uen\(Mil induit à conclun» t^ue la notion initiale. \u' résistant |>as à l'analyse, n'a que l'appareuce d'un eusemlde consistant de rapports psychiciues iM doit être exclue connue encoud)ranle du domaiut' des études psychologiques {Foucault). Cependant celte cxelusitM» ivuconlre des résistances qui ne proviennent fms seulement «le la rouliin*. mais aussi o\ surtout de l'inlérèt prati(iue «lui s'attache à la uotuni d'allenlion. Or une notion pratiquement utile a des chances de tlelerminer ulilemeni un champ d'études scient iliiiues. — La pédaiiojiie tait de la ut^iou d'alttMUioi\ un usaue particuliéremenl assitlu : pom" l'éducalinir l'altiMUiim (\s| uu»^ notion réelle. di>ut l'usaue technique .1. i>i:\(»i,VK. — i.A NOTION, i'i;i>A(;o<,ioii|.: I)\\ti'i;.nii()N 36Î) <'Sl, iii(lis|(('iis;ihl(' cl |trL'cii,'ii\. ('.elle- coiiviclioii (l((s (MliicaU'iii's n'a [);i,.s été s;uissliiiiinsre('h(^ix"hese.\|)<'!iiiiiciil;il('.ssiirral(t!ii(i()ii,ct'IIc!siioUuriinqnt (|i,ii lendciil, à en cllbctiicr l.i nicsiin'. INuil-ùlic lo loil, de ces l'eclierches pst-il (le n'avoir p.is coiisidéi»' d'nsse/ piôs les doiiuôes fodniies purlja. lerlmi(,|ii(' (|ii"('llcs pirtcndciit servii. C'esl. à cellp considéralioii qup. je veux inappliqué!' ici. Au cours d'un(^ Icroii de holaiiiqiic. le iiiMÎlre invite les écoliers à considérer une llcur avec (ilh'ntioii. (Ju'entend-il par-là? — l",Ù"^' les enlanls tournent leurs regards sur la llcur cl non ailleiirs; 2" (pTils y considèrent spécialement le nombre cl les aspects des élémcMits (iirii désigne ou ipii sont d(''jà crtnnus en vertu. d'ini enseignement antérieur;., 'A" (pi'en conclusion de cet examen, leurs es|)ritsçon<;oi vent la classification de la plante en question ou (elle autre notion hotanicpie à la([uellc ^1 a [>rétendu les conduire: bref que le mouvement contimi d(î huir pensée soit tel (pTil aboutisse à la connaissance noii\elle dont rac([uisition est la /in de la leçon. Il ajtpelle (illcitli/n les entants dont la j)ensé(; se dirige couslannnenl vers cette fin; inaltentil's ceux dont la pensée dévie de Ui (leur sm- t(»id autre objet, ou s'atlardc à jouir de l'éclat, du parfum de Ici llcin-, à suivre les évocations liées à ces émotions et étrangères à la fin bolani(pic. I.e problème pédagogi(pie de l'atteidion est beureusement résolu, ipiaiid r(''ducaleur obtient la connexion consiante des mécanismes associatifs de lenl'ant avec la fin proposée; il ne l'est pas, quand l'auto- niatisine des associations reste rebelle à la doiïnnalion de cette (in ou quand |)lusieurs fins incoordonnées dirigent alternativement l(!S associa-, lions. Sans doute la fin qui détermine pédagogiquement rattention est d'abord conçue par le niailre; mais celui-ci s'edorce d'introduire comme noiion active dans l'esprit des écoliers soit cette fin même, soit une série de fins interuK'diaires coordonnées à la princi|)ale : de sorte (pu' la considération pédagogi(iu(! conduit à une notion |jsyclu)logi(pie de; l'attention, (pii ne coïncide pas avec celle de travail mental. Le travail mental accompli dans l'unité de tenq)s réstdte d'une l'oide de conditions psycbi(|ues variables et ne saurait re|)résenter avec exactitude la coordination des mécanismes élémentaires avec des fins intelhu-tuclles conçues : il est 1res possible que la coordination maxima, chez un écolier dit attentif, de la notion finale du |>i()blème de cal(;ul à résoudre et des éléments possédés utiles à la solution du problème produise un travail menlal inférieur à œ\m (lue, fournit im écolier dit peu attentif, clie/. (|ui la coordination eiwisagée est intennittente, iidiibéc par des distractions frécpientes, mais qui est mieux servi par les notions acquises et par les mécanismes d'association dont il dis|»ose. La noiion d'attention tirée de l'usage pédagogi(iue ne concorde pas avec le nionoïdéisme, car (;Ile inq)li(iuo (^ssenliejleinent un mouvement menlal relatif à une Un conçue, (|ui en nwuxpie \o leiine. l'eu inq)orte d'ailleurs qu'il s'agisse d'une succession d'idées ralionnellcs ou d'états estliéti([ues. ; 364 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE aussi bien que la rêverie, les obsessions et ruminations, malgré la fixité du principe attractif, sont des processus d'inattention, tandis que la médi- tation de l'artiste qui organise des images et des émotions autour d'une préoccupation idéale ou sentimentale conçue comme fin est un processus d'attention. Peu importe encore que les liaisons s'opèrent entièrement à la surface consciente de l'esprit ou en partie dans l'inconscient, pourvu que la fin conçue commande les mécanismes. La notion tirée de l'usage pédagogique, qui est celle de la mise en œuvre des éléments psychiques sous l'action d'une idée finale, ne coïncide pas non plus avec celles de schématisation (simple condition favorable à cette mise en œuvre), ni de discrimination (ce terme ne désignant qu'un effet de cette mise en œuvre, savoir la sélection qui s'opère dans les représentations). Ces dernières notions théoriques cherchent à caractériser un état de la pensée, tandis que la considération pédagogique nous invite à étudier le mouvement de la pensée, en tant que lié à des fins intellectuelles déterminées. — Plus proche, et pour cause, de la notion tirée de la péda- gogie est la notion d'adaptation de Binet. Mais cette adaptation mentale à- un état nouveau, Binet ne l'a guère envisagée que comme un phénomène global, dont il a cherché la mesure et les concomitances, tandis que la notion tirée de l'usage pédagogique est celle d'un rapport dynamique défini, dont il y a à étudier les conditions et modalités. Remanjuons que ce rapport est parfaitement exprimé par le mot fi ou avec Janet « la fonction du réel )i. Ils s'intéressent à eux-mêmes beaucoup plus qu'à la réalité et la dépersonnalisation paraît être comme un paroxysme très significatif de cet inintérêt au présent avec rupture d'équilibre en faveur de l'intérêt à leur personne et à leurs états intérieurs. Mais prenons garde de confondre ces sujets avec d'autres sujets très différents, qui sont, eux^ bien plus franchement malades dans leur affec- tivité ou leur émotivilé. Une quantité de gens en effet sont incapables de prendre goût à la vie, d'imprimer une teinte affective normale à ce qui les entoure. — Les uns sont des inalfectifs vrais ou à un degré moindre des inémotifs vrais — ce qui. est toujours un phénomène morbide autre- ment grave dé signification et de conséquences. D'autres affirment ne plus sentir, ne plus avoir d'intérêt à vivre et cependant souffrent manifeste- ment et de façon paradoxale de cette pseudo-apathie, en montrant qu'ils sont bien au contraire des hyperaffectifs, des sensibles, dont l'émotivité est seulement morbide par la direction anormale dans laquelle elle reste engagée. Ce sont des concentrés qui se replient en eux-mêmes et reportent sur leur personne tout l'intérêt affectif dont ils sont capables. Ce change- ment de direction s'accompagne d'ailleurs d'un changement de sens, le plaisir normal de vivre se muant au cours de cette intériorisation affective en douleur ou en angoisse. Or, aucun de ces malades — inémotifs ou émotifs intériorisés — ne tient le langage caractéristique des dépersonna- lisés; ils clament leur douleur morale ou ne se plaignent de rien, suivant qu'ils sont des déprimés douloureux ou des diminués affectifs; il n'y a pas d'inémotifs purs. D'un autre côté, il faut insister sur ce fait essentiel, qui domine toute la psychologie des dépersonnalisés et la caractérise; c'est que ceux-ci ne sont pas des dépersonnalisés permanents — bien qu'ils s'en aperçoivent peu par eux-mêmes. — Si l'on arrive à attirer leur attention sur un objet extérieur (ou même intérieur, comme une recherche de souvenirs très intéressants), tout disparaît. La dépersonnalisation disparaît par la fixation de l'attention. Le relâchement de l'.attention est donc une condition primordiale de la dépersonnalisation. Avant d'être des inémotifs — et nous ne croyons pas qu'ils le soient — les dépersonnalisés sont des distraits. 370 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE Mais alors, dira-t-on, nous revenons à la théorie que nous avons critiquée : la dépersonnalisalion est causée par un relâchement de l'attention. Or l'attention est guidée, attirée par l'intérêt. La dépersonna- lisalion est donc causée par un relâchement de l'intérêt? Sans doute, mais cet « intérêt -^ n'est pas la teinte affective que nous imprimons aux choses — sauf chez les mélancoliques dont nous parlions plus haut, chez lesquels le phénomène est d'une autre nature. — De plus, c'est un ininlérêt assez spécial : qui peut cesser d'un moment à l'autre, au hasard des circonstances extérieures ou intérieures. C'est une apparence d'ininlérêt plutôt qu'un véritable inintérêt. C'est un intérêt qui, sans jamais cesser de faire apparemment défaut, ne fait que se fixer ailleurs. En effet, le dépersonnalisé continue bien à s'intéresser, mais il ne s'intéresse plus aux choses qui l'entourent, ni même à ses propres états — sinon il n'aurait ni le loisir ni la possibilité même de sa dépersonnalisation; — il s'intéresse à un autre but. Quel est donc le but de la recherche passionnée, anxieuse même du dépersonnalisé? C'est une recherche sans fin, une recherche de lui-même. Je me cherche, jamais ne me trouve pourrait être sa devise. Je suis à la recherche de mon Moi nous affirmait dans sa langue universitaire un de nos dépersonnalisés jjhilosophe. Pourquoi se cherche-t-il ? Parceque le trouble diffus, primordial de son fonctionnement psychique, fait d'asthénie ou d'émotion inadéquate, endogène — peu importe (1) — pousse invinciblement cet homme — de tempérament par ailleurs sensible, affectif, vibrant, mais peu capable Personnalité (PiMnt virtuel) ^^^^■^- /Cercle de la connaissance intérieure ^-^ • ' 'Cercle de la connaissance exférieuru, • - ^^' Q, . ^Objet extérieur (Point réel) Schûma du mécanisme de la dépersonnalisalion (2j. d'action soutenue — à tenter d'affirmer sa personnalité, à en faire sans cesse état, à l'insinuer dans toutes ses opérations psychiques, surtout dans celles ou elle n'a que faire. Pourquoi ne se trouve-t-il jamais? Parcequ'on ne peut trouver ce qui n'existe pas. On ne peut appréhender avec sa sensibilité une notion méta- (1) Le trouble parait asthénique à l'origine. Chez les anciens dépersonnalisés, il paraît surtout du à un déséquilibre émotif spécial. Comme toutes les névroses, la dépersonna- lisation a une évolution ; elle appartient au début à un trouble général du fonction- nement psychique et physique; puis elle évolue pour son propre compte en revêtant généralement une forme plus intellectualisée. (2) Dans ce schéma, la recherche du dépersonnalisé part de l'attention intérieure pour se perdre dans le virtuel, en quête d'un point non matériel, la personnalité vm^ par le dedans. , HESiNARl" — l'NE MALADIE DE LATTENTION INTÉRIEURE 371 physique. Le Moi, la personnalité ne sauraient exister et se manifester qu'objectivement, par le fait que tout converge et agit dans l'être psychique. Le dépersonnalisé cherche au dedans ce qu'on ne peut apercevoir que du dehors. Il cherche sa personne non dans le point central, virtuel qui la représente abstraitement et théoriquement et qui n'est pas accessible réellement, mais dans un espace incertain qui le conlient et dans lequel il n'est |K)int de but ni de limite : le cercle de sa connaissance intérieure, ou plutôt l'intérieur de ce cercle. Il ne pourrait se retrouver qu'en renonçant à cette recherche stérile; en fixant de nouveau son attention, c'est-à-dire en reprenant la vie, l'action, où il l'avait laissée. M: * En conclusion, il n'y a pas vraiment dépersonnalisation. Le sujet ne perd rien de ses états, ne se dissocie pas, ne se dédouble pas même vrai- ment : il est distrait de la réalité — extérieure ou intérieure — distrail d'une façon toute superficielle, qui ne l'empêche pas de sentir et de répondre, d'agir même complètement; mais qui l'empêche seulement de sentir, de répondre, d'agir avec toute" son activité psychique disponible, et qui l'oblige cà détourner pour un instant une faible partie de cette activité dans une recherche intérieure sans issue, allant parfois jusqu'à fangoisse la plus franchement morbide. Nous ne savons vraiment pas comment appeler cette théorie — si théorie il y a — que nous esquissons ici. Elle n'est ni qualitative ni intellectualiste ni asthénique ni émotionnelle et ne répond à aucun des points de vue partiels de la psychologie traditionnelle. La recherche de soi, ébauche de ce que les Neuropsychiatres d'Outre- Rhin appellent ïautisme, forme paroxystique, chez nos sujets dépersonna- lisés, de cette intériorisation si fréquente en psychologie pathologique, nous parait un phénomène primordial de fatigue mentale, de désordre émotionnel, de névrose. Quant à la question de savoir si c'est bien parcequ'ils perdent leur fonction du réel que nos sujets se replient ainsi en eux-mêmes, nous croirions plus volontiers au contraire que c'est parcequ'ils se replient en eux-mêmes qu'ils perdent leur sens du réel. Supposer une fonction (raison ou sens du réel) pour expliquer un symptôme morbide (folie ou névrose) qui consisterait dans la suppression de cette fonction, c'est un peu revenir à la scolaslique. Mieux vaut décrire et analyser un fait morbide que de créer une hypothèse de psychologie normale pour l'interpréter. Quoiqu'il en soit, il nous semble conforme à l'analyse scientifique de penser que les dépersonnalisés « perdent leur personnalité » non parce- qu'ils ne savent la conserver devant les vicissitudes de la vie pratique, mais parcequ'ils la cherchent trop souvent et trop intensément, en vertu d'une tendance morbide primordiale, encore mal connue, à rompre l'équi- libre des intérêts en faveur de leur égotisme irréductible. 372 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE M. R MOURGUE, Médecin des Asiles publics d'aliénés, Villejuif (Seine). NOTE SUR LA LOCALISATION INTRA-SEGMENTAIRE AU NIVEAU DE LA SURFACE CUTANÉE PALMAIRE DANS UN CAS DE CHORÉE DE HUNTINGTON 152.7 27 Juillet. M. Foucault a étudié, avec une grande pénétration, au Congrès pour l'Avancement des Sciences, qui s'est tenu au Havre, en 1914, les percep- tions locales delà peau. Nous désirerions, dans cette note, attirer l'attention sur deux points seulement de celte communication. M. Foucault énonce ainsi la quatrième loi qu'il a établie : « Les articulations et les bords des segments constituent des points de repère, dans le voisinage desquels l'erreur est très faible, tandis qu'elle grandit à mesure quon s'en éloigne, pour recommencer à diminuer quand on s'approche d'une autre extrémité du segment. » Il a observé en outre que : • « L'erreur locale est d'autant plus faible que le sujet est doué d'une pbis grande activité intellectuelle. « (Cinquième loi.) Vierordt avait déjà remarqué, à propos d'expériences d'esthésiométrie, que : « La finesse du sens de lieu des divers lieux de la peau d'une région du corps, toujours mue dans sa totalité, est toujours proportionnelle aux distances moyennes de ces lieux à leurs axes communs de rotation y (1). En 1897, Féré, dans une intéressante étude, avait montré que l'exercice de la motilité volontaire des doigts s'accompagnait, au bout d'un certain temps, d'un abaissement du seuil de la sensation de pression ainsi que d'un perfectionnement de la dilTérengiation du double contact C^). Van Biervliet (3), Kassoivitz- et Schilder (1908), Basler (1913) sont arrivés à des résultats analogues. Nous ne connaissons pas d'étude systématique analogue pour les perceptions locales de la peau. (1) Cf. Vierordt. — Sur la cause du développemeiU di/férent du sens de lieu de.la peau. — Journal de VAnatomie et de la Physiologie, t. VI (1869); et : Dépendance du dévelop- pement du sens de lieu de la peau et de sa mobiiil.é sur les parties du corps qu'elle recouvre. Ibid, t. VII (1n7U-1871). (2) Cf. Revue philmoijhique, décembre 1897. (3) Cf. Van Biervliet : Le toucher et le sens musculaire. — Atmée psychologique, 1907. 11. MOUKGUE — NOTE SUR LA LOCALISATION INTUA-SEGMENTAIRE 373 Nous avons eu récemment l'occasion d'étudier d'assez près un cas de chorée de Huntington (1), qui nous a paru réaliser une dissociation, que seule la pathologie est à même de nous ofîrir, et que nous ne croyons pas sans intérêt pour le double problème du facteur mouvement et activité intellectuelle supérieure dans le processus des perceptions locales de la peau. Le malade que nous avons étudié présentait, en efl'et, des mouvements clioréo-athélosiques continus des doigts de la main, durant depuis trois ans au moins lorsque nous l'avons observé, et ne cessant même pas durant le sommeil. Nous ajouterons que toute sa musculature était agitée de mouvements choréiques, ainsi que cela est classique dans cette affection. Au point de vue mental, la caractéristique essentielle de notre sujet était l'impossibilité de fixer son- attention (c'est en quoi consiste, pour une part du moins, ce que les auteurs ont désigné du terme de dementia choreica.) En outre, fait important pour ce qui va suivre, nous avons pu mettre en évidence chez lui de gros troubles de l'orientation spatiale subjective. Dans ces conditions qui réalisent une dissociation du facteur moteur et du facteur mental, nous avons pensé qu'il était intéressant de faire quelques expériences sur la localisation intrasegmentaire au niveau de la face palmaire des deux mains. Le malade dont le caractère est extrême- ment irritable, s'est prêté d'assez mauvaise grâce à ces expériences; cela explique le nombre relativement restreint des déterminations que nous avons pu effectuer correctement. Dans ces conditions nous nous sommes borné à une notation qualitative des faits. Voici comment nous avons procédé : Le sujet ayant les yeux bandés, nous exercions une pression assez forte avec la pointe mousse d'un crayon au niveau d'un point donné de la surface cutanée palmaire, agitée de mouvements continus, après lui avoir dit ; « Atlention » /, nous notions le point touché sur un calque de la main en le désignant avec le chiffre 1 ; puis nous invitions le sujet à toucher le même point avec l'extrémité mousse d'un crayon qu'il tenait de l'autre main. A chaque instant nous renouvellions cette consigne. Nous reportions le second point (n° 2) sur le calque en le réunissant par un trait au point précédent. Nous avions préalablement mesuré sur la peau, avec une échelle millimétrique, la distance séparant les deux points. Nous avions donc sur notre calque la valeur de l'erreur en direction et en grandeur millimétrique. Lorsque l'erreur était nulle, c'est-à-dire que le malade touchait exactement le point sur lequel nous avions exercé une pression, autant que possible toujours égale à elle-même, nous inscrivions le résultat par la notation 1 + 2. (1) Cf. La fonction psijchomotrice d'inJdbition étudiée dans un cas de chorée de Huntington. (travail du laboratoire de l'Asile de Yillejuif), in Archives suisses de neuro- logie et de psychiatrie, t. V, t'asc. 1 et 2 (1919). L'observation clinique est rapportée in: Bulletin de la Société clinique de médecine mentale, novembre 1919. ;!74 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE : Élaiil donné les gros troubles de l'attention, qui auraient |)u faire prendre notre sujet pour un paralytique général avancé, en l'absence de mouvements choréiques, nous nous attendions à relever des erreurs grossières. L'expérience, comme on peut s'en apercevoir en jetant les yeux sur les figures 1 et 2, s'est montrée en contradiction avec cette prévision. Localisation intra-segmentaire Mâ/n^auc/ie. fface pa/ma/re> Localisation intra-segmentaire Main drohe (face pa/maire) Fio. 1. Main gauche, face palmaire. FiG. 2. Main droite, face palmaire. Si, en effet, sans tenir compte provisoirement de l'endroit* où s'est effectuée l'erreur, nous considérons globalement l'ensemble de la surface cutanée palmaire, nous pouvons représenter graphiquement nos données numériques en inscrivant en ordonnées les fréquences des principales valeurs, portées en abcisses, suivant leur ordre de grandeur croissante. En omettant, bien entendu, trois réponses justes à gauche et deux à droite (notées 1 + 2), il est facile de se rendre compte que les valeurs le plus souvent obtenues ne sont pas d'un ordre très élevé; elles sont comprises entre 4 millimètres et 6 millimètres à gauche et entre 5 millimètres et 7 millimètres à droite. Les erreurs particulièrement élevées (au-dessus de 10 millimètres) ne se rencontrent qu'à l'état isolé ou peu fréquemment; et nous ne sommes pas sûr qu'elles ne soient pas dues à la mauvaise volonté du sujet, qui était incapable d'attention. Si maintenant nous jetons un coup d'ceil sur les figures 1 et 2, nous R. MOURGUE NOTE SI U I.A I.OCALISATION INTRA-SEGMENTAIRE 375 voyons que l'erreur n'a jamais excédé 6 millimètres au niveau de la face palmaire de la première phalange. D'autre part il est aisé de se rendre 9 A 8 /\ 7 j f ;\ 6 \ S- / i \ 4 3 / \ i ; Nv z " /i i' ; X. "7N 1 ' 1 ! I tO 21 12 1 :.' .) 4- .', 6 J 8 9 FiG. 3. — Erreurs de localisation au niveau de la surface cutanée palmaire de la main gauche. i3 /.i compte qu'au niveau des plis de flexion et, d'une façon générale, là oii la peau est la plus mobile (éminenœ thénar), les erreurs sont faibles. S 70 12 lÔ iG IQ 2] 7 "^ O FiG. 4. — Erreurs de localisation au niveau de la surface cutanée palmaire de la main droite. Ainsi, pour la surface cutanée palmaire, du côté gauche, on peut se rendre compte, en se reportant à la photographie de cette surface {fig. 6) - que c'est au niveau des plis de flexion et au niveau de l'éminence thénar qu'ont été relevées les réponses exactes, La même remarque peut être faite pour la main droite (ici deux réponses justes au niveau des plis de flexion) {fig. 5). Comment niterpréter les faits précédents? Nous croyons pouvoir les rapporter aux mouvements choréo-athétosiques dont les doigts du sujet 376 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE sont conslaiiimeiil agités ; il est aisé de s'apercevoir, en examinant les photographies ci-jointes, que ces mouvements incessants ont développé d'une façon remarquable les plis de flexion au niveau des articulations et au niveau de la paume de la main. Les crêtes papillaires, ainsi qu'il est facile de- s'en rendre compte soit par la simple inspection, soit par le FiG. 5. Photographie de hi surface cutaiiée palmaire droite. FiG. 6. Photographie de la surface cutanée palmaire gauche. procédé des empreintes digitales, sont particulièrement bien développées. Déjà, en 1869, F/erorr// -avait remarqué que si nous imprimons un mou- vement à notre doigt étendu, la troisième phalange décrit un espace plus de deux fois plus grand que celui décrit par la première : est-ce l'extré- mité supérieure étendue qiii se meut? alors la troisième phalange du médius décrit un espace plus de sept fois plus grand que celui décrit. par les points situés à la limite du premier et du second tiers du bras. Vierordt ajoutait que ces énormes différences de vitesse et d'espace par- couru doivent avoir quelque influence sur les sensations de chaque partie, surtout sur le jugement que nous formons sur leur position relative (1). Nous ne pouvons nous empêcher de rapprocher cette opinion du fait que, dans notre cas, les erreurs décelées au niveau de la troisième phalange (face palmaire) ont toujours été très faibles. Nos expériences nous montrent, en outre, que si tout se passe comme si le facteur mouve- (1) Loc. cit. p. 589. TOULOUSE ET MOURGUE — DES RÉACTIONS RESPIRATOIRES 377 ment entraînait un affinement de la perception locale de la peau, il n'est nullement nécessaire, comme cela paraît s'être produit dans les expé- riences de Féré (loc. cit.), que ce soit la motilité volontaire qui entre en jeu. Dans tous les cas, il est certain que dans notre cas le facteur intellectuel était à peu près annihilé, par suite de l'incapacité du sujet à fixer son attention, sur laquelle nous avons insisté dans une autre publication. A ce point de vue il est non moins intéressant de signaler que l'orientation subjective spatiale du sujet paraît très atteinte, nous ne disons pas sa mémoire visuelle (1). Sans nier, par conséquent, l'importance du facteur intellectuel, que nous avons eu l'occasion de mettre en évidence chez un autre malade, i! est certain que, dans ce cas de cliorée de Huntington, il intervient au minimum dans le processus de la perception locale. Dans tous les cas il ne paraît pas avoir l'importance primordiale que Bonaventuva lui a, par exemple, attribuée (2). 11 semble s'agir ici d'une sorte de réflexe de localisation. D'ailleurs, comme Head l'a fait remarquer, celle-ci se déve- loppe dans une seule dimension de l'espace; elle représente donc, au point de vue de la localisation chronof/éne de la fonction (V. Monakoiv) une acquisition phylogénétiquement et ontogéniquement bien plus ancienne que la perception stéréognostique par exemple. Il n'est donc pas étonnant que la localisation intra-segmentaire puisse subsister, même lorsque les fonctions intellectuelles ont déjà subi une grave atteinte, à condition qu'un des autres facteurs dont elle dépend subisse une hypertrophie compen- satrice. M. M. TOULOUSE, Directeur du Laboratoire de psychologie expérimentale de l'École des Hautes-Etudes, ET R. MOURCUE, Médecin des Asiles publics d'aliénés. DES RÉACTIONS RESPIRATOIRES AU COURS DE PROJECTIONS CINÉMATOGRAPHIQUES. 157 27 .luUlcl. En ces derniers temps, la psychologie a reçu de nombreuses applications notamment aux États-Unis et en Allemagne, où elle tend à être de plus en plus utilisée dans la sélection des travailleurs et le contrôle du travail. (,1) Cl'. Loc. cit. (2) Cf. E. BoNAVENTUBA — L'fillivUà del peDsiem nella percezione sensoriale. — Rivista di pdcologia, marzo-giugno 1917. 378 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE Munsterberg a iiionlré aussi qu'elle pouvait servir à délerrainer la sélection des produits d'après la réaction qu'ils provoquent dans le public auquel ils sont destinés, notamment dans Télude de la publicilé commer- ciale. Les recherches résumées dans la présente note se rapportent à celte seconde tendance. Nous pensons qu'elles sont les premières dans ce sens. Elles apportent un commencement de répouse à la question suivante (]ui nous fut posée : Est-il possible d'apprécier d'une manière objective la valeur d'un film, c'est-à-dire l'intérêt (pril est capable de susciter dans le public? Nous avons limité nos recherches à ce seul point : Peul-on apprécier la réaction provoquée par un film sur des spectateurs, quelle que soit sa valeur esthétique, que nous n'envisageons nullement? En partant de ce fait que le but d'un film est d'exciter soit l'attention, dans les films docu- mentaires, soit l'émotion, dans les films dramatiques, soit le sentiment du comique, dans les films comiques, nous avons recherché systémati- quement l'influence de ce spectacle sur la respiration, (pii, après essais, nous a paru le phénomène à la fois le plus sensible et le plus commode à utiliser. Notre attention avait été attirée sur l'enregistrement de la respiration dans ses rapports avec l'activité psychique ])ar les travaux importants de MM. Zoîieff et Meumann, qui étaient arrivés à une grande précision dans l'analyse de ces i)liénomènes physiologiques. A y regarder cependant de près, ces travaux, ainsi d'ailleurs que de nombreux autres ont été viciés, semble-t-il, à la base par l'hypothèse d'un parallélisme psycho-physiolo- gique par trop étroit. Lehmann, Weber, Berger, Zoneff et Meumann sont [jartis de cette idée a priori qu'à tout état psychique, artificiellement isolé et non moins artificiellement provoqué, correspondait un état particulier, spécifique, de la respiiation, du pouls ou du volume d'un membre. Nous devons à M. Cellérier (l) une critique approfondie des résultats de ces auteurs, dont il a mis en lumière les contradictions manifestes. Pour lui le stimulant j)rovoque une excitation tendant à ractivité et ayant pour but l'adaptation nécessaire à une situation nouvelle, qu'il .s agisse d'attention, d'action musculaire de défense contre un état de douleur ou de déplaisir . C'est cette activité, et non la nature de l'état affectif, dont ou trouve la manifestation dans la réaction corporelle (loc. cit., p. 296). Nous acceptons cette interprétation générale, en ce qu'elle explique la réaction globale du psychisme, notamment — comme nous le verrons plus loin — dans l'impression de réalité. Mais nous avons remarqué que ces réactions avaient aussi des formes plus ou moins spécifiques en rapport avec la nature des films. Quant à savoir si les films provoquent des émotions réelles, nous devons déclarer que nous nous sommes placés ici au point de vue de la psycho- (1) M. Cellérieu ; I)ck rendions ov(i(iniqiif!< ((rrompufjnanl les étais psi/chnlogiques. Archives de psyrholoçjie, t. XVll, décembre 1919. TOULOUSE ET MOUUGUE — DES RÉACTIONS RESPIRATOIRES 379 logie objective du comportement. Nous n'avons pas fait d'analyse psycho- logique, ou tout au moins nous avons réduit celle-ci à de simples étiquettes. Un seul fait nous importait : savoir ou non s il y avait réaction. Comme celle-ci n'est vraisemblablement pas le fait d'un travail musculaire volontaire, force nous est d'admettre qu'elle est en rapport avec réiat psychique f/lobal. du sujet. Et de ce point de vue objectif nous devons dire que les réactions sont de même ordre que celles qu'on observe dans des états intellectuels et alfectifs. Après avoir expérimenté sur divere sujets et sur nous-mêmes, dans les conditions habituelles des expériences de psychologie, notre choix s'est arrêté à deux personnes du sexe féminin, l'une très émotive, l'autre très peu sensible, représentant un milieu populaire, dont nous avons pris la respiration costale supérieure dans cent expériences environ. A l'intensité près les résultats' ont été les mêmes et nous ont servi de contrôle réciproque. On commençait i>ar inscrire la respiration avant toute projection, pour avoir un terme de comparaison, M. Cellérier (loc. cit.; critique cette méthode, parce qu'on n'est jamais sur que cette période préliminaire soit un état normal. En ce qui concerne la respiration cette objection n'a pas de sens, puisque Pon::o a montré qu'il n'y a pas de type normal de respi- ration (types familiaux par exemple;, ni au point de vue du rythme ni à celui de la fréquence [Marey, 1865; Ponzo, 1916;. Voici les résultats que nous avons obtenus chaque fois que le lilm provoquait la réaction recherchée par l'auteur. 1° Films documentaires. — Le phénomène caractéristique à mettre en iP^a«fï|^ ;lH'.:p-,;ili!.T«wlli.i!:WinlM»i. Mnawill»|i|l|i>llll!.il.ia.'l:iiliS'lwi,i!.r i,inl,li'il:"iiitiiillll«Ji,li^i'J'!iiMi«. nli.., Avjiil rexiirrifiice. Au eoui-s de l'expérience. Film documentaire : Technique commune à tous les tracés : Respiration costale supérieure' iPneuniographe de Verdin;. Vitesse du cvliiidre : 1, 15'= de tour par minute. Temps inscrit au Jacquet : 1/5' de seconde. Avant l'expérience. Au cours de l'expérience. Fihii dorinnoifaire : Déplacement d'ensemble par rapport à l'axe (attention plus intenseï 380 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE lumière est la réaction d'intérêt. Celle-ci s'est constamment manifestée par un aplatissement de la hauteur (ordonnée) du tracé et de l'augmentation du nombre des éléments, qui traduisait une amplitude moindre et une accélération plus grande du mouvement respiratoire. Lorsque la réaction d'intérêt est fortement excitée, on noie en outre un déplacement d'ensemble du tracé par rapport à l'axe déjà noté par Zoneff et Meumann dans les réactions à un travail mental intense. 2" Films comiques. — Le phénomène caractéristique est ici l'état émotif qui se traduit extérieurement par le rire. Cet état s'est toujours manifesté mmm Film comique : Le premier tracé donne la respiration du sujet avant l'expérience. par un tracé très irrégulier de hauteur et de rythme, dont la caracté- ristique était une longue inspiration coupée de nombreux crochets. Ces graphiques traduisent le rire perceptible pour l'observateur et aussi les mouvements moins perceptibles en rapport avec le même état psychique. 3" Film,s dramatiques. — Le phénomène caractéristique est ici cet état affectif dont nous ne nous sommes pas proposés de faire l'analyse et dont l'élément essentiel était, dans les films les plus dramatiques, une forme d'angoisse. Cet état se manifestait par un tracé très irrégulier dans sa hauteur et dans son rythm, et dont le caractère essentiel était des plateaux, qui traduisent un état d'apnée transitoire se produisant au moment de l'inspiration. L'intensité du trouble respiratoire observé ici permet de supposer l'action que le cinéma peut exercer sur le métabolisme du sujet. * Les résultats de nos expériences sont d'accord avec ceux obtenus par ZonejJ et Meumann (1903) et divers autres auteurs qui provoquaient des TOULOUSE ET MOURGUE — DES KÉxVCTlOlNS KESl'IRATOIUES 381 réactions d'intérêt par des excitations élémentaires (sons, couleurs, etc.). Mais nos épreuves nous permettent en outre de faire les remarques suivantes : l» Les résultats obtenus traduisent la mentalité d'un public déterminé, représenté par nos sujets; ces épreuves ont le même intérêt que] les iiif. ■ ■mVmm -#Pif| i i'Auminill- iri'lf' .■■;r ".: -Vl':!;:.- ■lillMIII !'l.ll!ll ■;ibfii:;».liiii. ifgnmrliiirilriiKH i Ai^ L ' ■ ëk. ' V'.i "'. > 'tn'V- lJ!»'BIW!lllT.IWINVI''llMli11.|i.:f' :i l^ir.i" ni':!l Afl, mârwWM ' ■ " ' - --lliltlllll.!. l\ -'.ICiUl 'Y'"" nul y :|lli'Hi'»IL)i;)V.iitnia;i;1« iWI(il)lll(|»lllll) Film dramatique : Passages particulièrement émouvants. Acteur principal : M. Gémier.) Le premier tracé donne la respiration du sujet avant rexpérience. expériences portant sur la publicité commerciale qui vise elle aussi un public déterminé {Milnsterberg). 2° Cette méthode permet d'apprécier objectivement la nature des reactions d"un certain public à un film déterminé. A la simple inspection il est en efîet facile de voir si le fdm agit et s'il agit selon l'intention de l'auteur, aux endroits prévus. Cette méthode a donc une valeur d'appli- cation pratique. 30 Le fdm agit très puissamment sur la vie affective, car le sentiment de réalité, dû au mouvement dans les trois dimensions de l'espace, évoluant dans un décor souvent réel, y est très intense. Quelle est la source essentielle de ce sentiment de réalité ? Il nous parait devoir être rattaché à la suggestibUité motrice de nos sujets. La perception 382 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE du mouvement iait naître, comme on le sait, Tébauche du mouvement correspondant. Il est permis de se demander si tout au moins certains films ne font pas naître on nous certains complexes moteurs, dont la respiration sérail d'ailleurs un élément très important (1), complexes moteurs constituant la charpente essentielle du sentiment de réalité. Il se produirait ici un phénomène du même genre que la suggestion hypnotique pratiquée après avoir mis le sujet dans une attitude donnée. C'est de ce côté, croyons-nous, qu'il faut chercher une des raisons psychologiques du gi"and succès des représentations cinématographiques parmi les masses populaires. Cette caractéristique psychologique du cinéma, sur laquelle d'ailleurs Miinsterhevg avait attiré l'attention, pourrait également permettre d'inter- préter les phénomènes d'illusions survenant au cours des représentations. Ainsi il est arrivé dernièrement à l'un de nous « d'entendre » le bruit des rames frappant en cadence la surface calme de la mer, alors que l'écran représentait au même moment le mouvement cadencé d'un grand nombre de rameurs manœuvrant un bateau de sauvetage. Ponzo a rapporté des auto-observalions analogues, mais il ne les inter})rèle pas dans le même sens que nous. 4° On doit encore noter la part prépondérante qui revient dans le comique à l'élément objectif extérieur : ce sont le geste, l'attitude, la position qui éveillent surtout en nous le sens du comiquQ. Cet élément objectif nous paraît expliquer le succès de certains films comiques américains. Le sentiment du comique est, semble-t-il, une atliiude plutôt qu'une .série d'images; nous avons essayé plusieurs fois de faire raconter le scénario d'un film comique à nos sujets; ils faisaient généralement de grossières erreurs ou des oublis importants, ce qui ne s'observait pas avec la même intensité pour les autres lilms. 5° Ceci doit être retenu pour l'hygiène mentale. Lesiîlms comiques ont un grand pouvoir récréatif; et les films dramatiques peuvent provoquer des émotions fortes chez des sujets dont la suggestibilité est grande. Nous avons observé que le rythme respiratoire provoqué par un film dramatique persiste quelques minutes lorsqii'on fait apparaître à sa suite un tilm documentaire. 6" Du point de vue pédagogique, l'étude physiologique des films, dont on demande l'emploi dans les écoles, serait très utile, puisque nous avons montré qu'il était très facile de se rendre compte de la réaction d'intérêt que provoquait un film documentaire. (1) E. KiJppERS. — Ueher die Deutung der lUethysmogrophischeii Kuivc. — Zeitschr. f. Psyc7«o?,Bd 81, H. 4 bis, 6 (1919). H. PIÉRON TEMPS d'aCTION LIMINAIRE 383 M. Hfnri PIÉRON, Directeur du Laboratoire de Psycho-physiologie de la Sorbonnt'. TEMPS D ACTION LIMINAIRE ET TEMPS DE RÉACTION SENSORIELLE 152 27 Juillet. Ayant vérifié la loi de Wundt sur la diminution des temps de réaction sensorielle en fonction de l'augmenlation des intensités excitatrices et ayant donné à cette loi des expressions numériques pour un certain nombre de sensations (Cf. Congrès du Havre, 1914), j'ai été conduit à penser, ces expressions numériques différant notablement suivant les sensations, bien que la décroissance se fasse toujours suivant une allure hyperbolique, que la diminution des temps de réaction était due, pour une très grande part, à la diminution du temps nécessaire à la transformation périphérique de l'excitant extérieur en influx nerveux. De fait, étudiant la décroissance des temps de réaction à une excitation électrique cutanée, je trouve une loi de forme identique à celle qui vaut pour la décroissance des temps d'action dans l'excitation électrique des nerfs, en première approximation du moins, d'après la loi de Hooriveg- Weiss : it = a ^ bt, d'où on tire t = -, branche d'hyperbole asymp- tote à une ordonnée parallèle à l'axe des ij et distante de cet axe d'une valeur 6.(1). Mais, pour que la loi de décroissance des temps d'action puisse expli- quer celle des temps de réaction, il faut deux conditions : la première, c'est que, théoriquement, le rôle prédominant des temps d'action soit possible; la seconde, c'est qu'en fait l'ordre de grandeur des temps d'action soit bien celui qui est requis par la marge de décroissance des temps de réaction. Or, théoriquement il est très vraisemblable que les temps -d'action jouent un rôle important : pour que l'on réagisse à une excitation senso- rielle que l'on attend, il faut et il sulïit que le seuil delà sensation soit atteint; or, plus on s'approche du seuil absolu, du seuil de base, qui correspond à une durée d'excitation indéfinie, plus, par suite* d'un phénomène de sommation, il faut de temps pour que le seuil soit atteint. Le retard nécessaire à la sommation, aux environs du seuil de base, peut être rendu très manifeste quand un signal vous avertit du début de l'exci- tation, la sensation — auditive ou visuelle par exemple — n'apparaissant que notablement après. Et le fait que ce retard est très appréciable permet ^ (1) Cf. C. B. A,: de.^ Srienrcs, 1919, t. CLVIII, p. 1123; C. li. Soc. de Biologie, 1919, t. LXXXII, pp. 1116 et 1162. — Ct. aussi : H. Piéron. — Essai d'analyse expérimentale des temps de latence sensorielle. Journal de Psychologie, 15 avril 1920," pp. 289-.308. 384 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE de penser que la valeur des temps d'action est de nature à rendre compte de l'allongement des temps de réaction pour des excitations très faibles, voisines du seuil de base. Pour préciser ce point, j"ai étudié, en diverses conditions, les temps d'action de l'excitation lumineuse de la rétine, et établi la loi de variation des énergies liminaires (produit de l'intensité par la durée de l'excitation) en fonction des temps d'action (1). J'ai constaté que, suivant la région rétinienne excitée, les conditions d'adaptation, les radiations excitatrices, et la surface d'excitation, la limite de sommati(m élait comprise entre 0"600 et 3"600. Cela veut dire que le seuil de base n'est atteint qu'au bout d'un temps égal à 0"6 au moins. Dès lors, dans les meilleures conditions possible, le temps de réaction, pour une excitation juxtaliminaire. doit être allongé de 60 centièmes de seconde. Cela indique l'importance du temps d'action : dans certaines conditions, au seuil, il représentera à lui seul 300 centièmes de seconde, alors que, pour une excitation assez forte, le temps de réaction total ne dure que 15 centièmes. Il y a donc là une vérification complète de l'hypothèse d'après laquelle la décroissance des temps de réaction, quand croissent les intensités d'excitation, est fonction de la décroissance des temps d'action liminaire. Toutefois cela ne veut pas dire que cette dernière rend compte en totalité de la décroissance des temps de réaction. En effet, en utilisant des excitations très brèves, de cfuelques millièmes de seconde, de manière à éliminer pratiquement l'influence des temps d'action liminaire, j'ai constaté qu'il y avait encore — mais dans une marge plus étroite — décroissance des temps de réaction à l'excitation lumineuse. Seulement, pour ce qui est de la lumière, si nous disposons des temps d'action « photochimique », nous ignorons le temps d'action nerveuse, conditionné non seulement par la réaction photochimique, mais par l'excitation nerveuse due aux produits delà réaction. Des expériences, d'une part, sur l'excitation électrique cutanée, plus directe, et, d'autre part, sur certains phénomènes relatifs aux sensations lumineuses, doivent nous permettre de faire la part du second processus du temps d'action, et de rechercher ce qui, dans la décroissance des temps de réaction à des excitations sensorielles d'intensité croissante, peut être dû à un franchisse- ment plus rapide des synapses dans le parcours des voies sensorielles et centrales. ili CeUe loi est assez complexe : A partir d'une certaine limite de sommation, et quand les temps d'action diminuent, l'énergie liminaire s'abaisse presque linéairement — ce qui serait conforme à la loi de Blotulel et Rey, identique à celle d'Hooriveg-Wem — en réalité suivant un arc dont la loi linéaire représenterait la corde ; mais l'énergie passe par un minimum pour une durée optima des temps d'action, autour de laquelle l'énergie paraît sensiblement constante (ce qui était impliqué par la a loi de Bloch », la première eu date) ; puis, pour les temps très courts, l'énergie remonte, comme l'avaient vu déjà Grijns et Noyom (Cf. C. R. Ac. des Sciencea, 1920, t. CLXX, pp. 525 et 1203 ; C. R. Soc. de Bio- logie, 1920, t. LXXXIII, pp. 753 et 1072. i ROGUES DE FURSAC — UN CAS d'oBSESSION AMOUREUSE 385 M. LE D' ROGUES DE FURSAC, Médecin-Chef à l'Asile de Ville-Evrard. UN CAS D'OBSESSION AMOUREUSE D'ORIGINE ONIRIQUE CHEZ UN PERVERTI SEXUEL CONSTITUTIONNEL 157 "il JtiiUel. Appelé à donner mon avis sur un malade présentant des troubles d'ordre démentiel, je priai son fils, un homme de 34 ans exerçant la pro- fession de libraire, de me fournir des renseignements sur la famille. Il nia d'abord toute maladie mentale ou nerveuse, mais ajouta qu'il avait éprouvé lui-même, quelques mois auparavant, un phénomène bizarre et qui l'inquiétait encore passablement. Il se décida, non sans quelque embarras, à m'exposer le fait. Je reproduis ici ce qu'il y a d'essen- tiel dans son récit. « J'ai, me déclara-t-il, un frère que je n"ai pas vu depuis plus de deux ans, en raison d'une brouille survenue à l'occasion de discussions d'intérêt. Sa femme, que je n'ai pas vue depuis le même temps, est intelligente, cultivée, mais, à mon avis, sans aucun attrait physique. Je dois même dire que certaines particularités de son visage, notamment des yeux un peu o,bliques, comme chez les Chinois, me déplaisent carrément. De plus, elle use avec libéralité du blanc, du rouge et du noir et j'ai horreur des femmes qui se fardent. C'est vous dire que je ne nourrissais pour elle aucun sentiment coupable. Or, «ne nuit de janvier de cette année — exactement la nuit du 4 au 5 — il m'arriva de rêver à elle. Je n'ai de ce rêve qu'un souvenir incomplet. J'étais seul avec elle, où? je n'en sais rien; nous étions complètement vêtus l'un et l'autre, sans que je puisse dire comment elle était habillée ; nous marchions et nous causions, mais je n'ai aucune idée de ce que nous nous sommes dit ; ce dont je suis à peu près certain, c'est qu'il ne s'est rien passé entre nous d'amoureux, je ne crois pas l'avoir embrassée, ce qui était cependant dans mes habitudes quand je ne l'avais pas vue depuis longtemps. Je ne sais combien dura ce rêve, il me semble qu'il fut court. Il se termina par le réveil, vers 6 h. 1/2 du matin, l'heure habituelle de mon lever. Aussitôt réveillé, je m'aperçus, avec stupeur, que j'étais amoureux de ma belle-sœur. Je me rendis compte que c'était la suite de mon rêve et cela commença par m'amuser, car j'étais convaincu que cette passion saugrenue allait disparaître. Mais il n'en fut rien. Vingt. fois dans la journée, ce sentiment amoureux me revint à l'esprit, me troublant et me gênant dans mon travail, sentiment amoureux d'une violence que je n'avais pas connue jusque-là, s'accompagnant d'une représentation visuelle de la personne, mais d'une repré- sentation vague, floue et où ne se voyaient notamment ni les yeux chinois, ni les 13 386 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQIE fards qui me déplaisent chez elle, comme je l'ai, dit, souverainement. Cela m'agaça, puis me devint tout à fait pénible. Je fis tout ce qui me fut possible pour me débarrasser de ce que je considérai dès lors comme une obsession. Non seulement je ne donnai pas suite à l'ardent désir que j'avais de revoir ma belle- sœur, ce qui eût été facile, sous couleur d'une réconciliation familiale, mais je m'accablai de reproches et même d'ironie. Je me dis que ce sentiment d'amour pour la femme de mon frère était une chose coupable, l'épugnante, presque un inceste. Je me rappelai le peu de goût que j"avais pour le physique de ma belle- sœur. J'évoquai les yeux chinois et les. fards, et quand je réussissais à voir mentalement l'image vraie et suffisamment nette de la personne, je la trouvais parfaitement déplaisante. Mais l'image vraie disparaissait presque aussitôt, pour faire place à la forme vague et trompeuse et je me retrouvais plus amoureux que jamais. Pendant deux semaines environ tous mes efforts furent vains et la situation resta la même. Puis, peu à peu, l'obsession se fit plus rare, moins violente, Teffet sensible (affectif) fut de plus en plus atténué et je finis par en être délivré, sans avoir d'ailleurs suivi aucun traitement médical ni même avoir consulté aucun médecin. Je crois, ajoutait en terminant le sujet, que ce qui m'a le plus aidé à me débarrasser de ce sentiment amoureux stupide, c'est la certitude que j'avais qu'il venait d'un rêve. » Ce récit est du 28 mai. C'est loul ce que j'appris ce jour là. Mais tout récemment, le 6 juillet, je revis le sujet. Nous causâmes longuement. Il fut plus confiant que la première fois et me dévoila ses tares psychopathi- ques — une partie tout au moins, car avec de tels individus on n'est jamais' sur qu'ils ont tout dit. L'obsession amoureuse n'avait pas reparu, mais il m'avoua qu'il était depuis son enfance atteint de « bizarreries » sexuelles. Il s'agissait de sadisme (plaisir à voir couler le sang, au point qu'il va, chaque fois que cela lui est possible, se promener dans des abat- toirs), et de fétichisme, relié d'ailleurs évidemment au sadisme (satisfaction à voir et à toucher des objets tranchants et piquants), l'un et l'autre s'accom- pagnant d'e\citation générique et parfois de masturl)ation. — Nous sommes donc ici en présence d'un grand anormal et l'obsession amoureuse, dont on vient de lire la description, n'est qu'un épisode au cours d'une existence psycliopathique. Ce simple jjetit fait — Tobsession amoureuse — me parait cependant mériter d'être rapporté, comme contribution à l'étude de l'influence du rêve sur la vie consciente, plus exactement sur la vie affective. Il est frap- pant, en effet, que l'état de conscience pathologique né du rêve ait été exclusivement d'ordre affectif. C'est le sentiment que le sujet avait pour sa belle-sœur qui a été transformé, non le jugement qu'il portail sur elle. Si paradoxal que cela paraisse, il en est devenu amoureux, to"t en continuant à la juger, quand il arrivait à la voir mentalement avec une netteté suffisante, comme peu agréable et même franchement déplaisante par certains côtés. Cette dissociation de l'élément affectif et de l'élément intellectuel d'un même complexe est un phénomène très remarquable et qui rappelle un peu l'action de certains poisons (opium, hachich) qui ont pour effet de ROGUES DE FURSAC — Ui\ CAS d'oBSESSION AMOUREUSE 387 modifier la coloration affective des perceptions et des souvenirs. Elle a également son analogie dans certains états suggérés, en particulier dans certains états hypnotiques et, tout comme dans les états de suggestion artificielle, elle laisse subsister les notions intellectuelles et morales essen- tielles, qui empêchent l'individu de se livrer à l'acte condamnable que semblerait devoir entraîner la suggestion. Tout est fort clair dans cette histoire, mais seulement grâce au fait que le rêve a laissé un souvenir. Supposons qu'il en ait été autrement, que le rêve n'ait laissé aucune trace consciente. On aurait été en présence d'une obsession d'origine impossible à déterminer, d'unetfet sans cause connue. Et cette ignorance où se serait trouvé le malade — et par conséquent le médecin — n'aurait pas eu pour seul inconvénient l'impossibilité de satis- faire la curiosité de l'un ou de l'autre, elle aurait créé une situation infi- niment plus difficile au point de vue thérapeutique. On sait en effet que, quand on réussit à mettre sous les yeux d'un obsédé la cause et le méca- nisme du processus obsédant, un grand pas est fait dans la voie de la désagrégation du système morbide, c'est-à-dire de la guérison. Le malade nous l'a dit spontanément : « Je crois que ce qui m'a le plus aidé à me débarrasser de ce sentiment amoureux stupide, c'est la certitude que j'avais qu'il était né d'un rêve ». C'est là d'ailleurs toute la raison d'être delà psychoanalyse, qui, si l'on se refuse légitimement à en faire la panacée universelle que voudraient en faire certains de ses adeptes, n'en a pas moins sa place — et une place de premier ordre — en thérapeutique psy- chiatrique (Ij. Malheureusement, dans une foule de cas, le point de départ psycholo- gique d'une obsession est impossible à découvrir et bien souvent, sans aucun doute, l'origine du phénomène est à jamais cachée dans la vie onirique, dont une petite partie seulement, chez la plupart des individus, peut être ramenée à la conscience sous forme de souvenir. Qui peut dire notamment, à ne considérer que le cas présent, si le sadisme et le féti- chisme qui, depuis l'enfance, dominent toute la vie sexuelle du sujet, n'ont pas leur source dans quelque rêve précoce, où se sont à jamais soudés la sensation de volupté sexuelle, la vision sadique et l'image du fétiche ? (1) Je fais allusion ici à l'extension excessive qui a élé donnée par des disciples trop zélés aux conceptions si séduisantes — et par certains côtés géniales — de Freud. — On trouvera un exposé de la doctrine de Freud dans le livre de E. Régis et A. Hesnard La psychoaiialyse des névroses et des psychoses, Paris, Félix Alcan, 1914. 388 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE M. Henri PIERON LAUTOTOMIE ET LA DYNAMOGÉNIE ÉMOTIONNELLE (1) 157 27 Juillet. . ' ■ Suivant la conception très satisFaisante de Lapicque (2), Fémotion con- siste essentiellement en un débordement d'énergie nerveuse hors des voies frayées par les réactions adaptées. Les relâchements sphinctériens, la dilatation pupillaire, l'horripilation, les perturbations vaso-motrices, l'accélération ou le ralentissement du cœur, les tremblements, etc, se rencontrent, non seulement chez l'homme, mais chez les vertébrés supérieurs : mammifères, oiseaux, etc. Chez les invertébrés, on ne rencontre pas de ces manifestations à. grand fracas. Dès lors, est-on en droit de parler chez eux d'émotion? 11 me semble que le premier stade de l'émotion comporte une libération d'énergie nerveuse insuffisante pour se répandre dans les voies anormales de la vie' végétative, mais suffisante pour réaliser une dynamogénie excep- tionnelle dans le sens des réactions réflexes ou instinctives. Un exemple de cette dynamogénie m'a paru fourni par certaines réac- tions autotomiques. Il y a quatorze ans, j'ai été conduit par l'observation de certains crabes, les Grapses, à soutenir que l'aulotomie n'était pas tou- jours régie par le mécanisme réflexe étroit décrit dans les beaux travaux de Léon Frédéricq : dans certains cas, l'autotomie était conditionnée par des impressions sensarielles variées, par des circonstances particulières de lieu et de temps (3). Et je parlai d'autotomie psychique, autotomie dont je signalai le caractère probablement émotionnel. Le caractère émotionnel apparaissait surtout chez le crabe commun, le Carcinus maenas; en effet, alors que l'autotomie semble bien toujours régie uniquement chez lui par une excitation violente du nerf de la patte, celui-ci pourtant, d'après une observation ancienne de Parize dont je vérifiai, à mon grand étonnement, l'exactitude, était capable d'abandonner un membre par lequel il était retenu lorsqu'il était menacé d'être saisi par un poulpe. Des expériences systématiques d'un élève de L. Fr'édéricq. Jacques Ros- kam (4), ont nettement élucidé ce point : des crabes dont l'autotomie (1) Communiqué dans la séance tenue avec la Section de Zoologie. (2) Journal de Psychologie, t. VIII, 1911, p. 1. (3) Cl. H. PiÉROX, Archives internationales de Physiologie, juin 1907, pp. 110-121, et Bulletin scientifique, 1908, pp. 185-246. (4) Archives internationales de Physiologie, 1912, XII, pp. 474-482. H. PIÉRON — l'aUTOTOMIE ET LA DYNAMOGÉNIE ÉMOTIONNELLE 389 paraît exclusivement réflexe qui, attachés, se défendent contre les Labres sans autotomiser, en présence de Poulpes autotoinisent les pattes par les- quelles ils sont retenus pour s'enfuir. •Reprenant des expériences sur des Grapses, sur des Pagures, .et sur divers Acridiens et Locustides, je me suis convaincu du caractère émo- tionnel de l'autotomie proprement évasive, qui n'est pas déterminée par la simple réponse réflexe à l'excitation violente du nerf de la patte. C'est quand on les saisit ou quand, venant de les saisir, on les retient ei on les menace brusquement, que cette autotomie, d'ailleurs assez irrégulière, se produit. Un animal excité au préalable paraît avoir perdu sa capacité autotomique. Des OEdipodes attachés par la patte et menacés par des Mantes sont aussi capables d'autotomiser pour s'enfuir que les Crabes menacés par des Poulpes. Il semble donc qu'il faut un choc émotionnel dynamogénique pour déclancher la réaction. Mais l'épuisement est rapide. Et cela tient proba- blement à ce que la quantité d'énergie nerveuse qui est susceptible d'être libérée est assez limitée et s'épuise vile : le volume des centres nerveux œsophagiens n'est pas considérable en efïet, de ces centres d'oi^i part l'impulsion autotomique, comme l'ont montré des expériences d'excitation directe ou de section. Et c'est probablement celte faible quantité d'énergie nerveuse qui limite les effets du choc émotionnel à une dynamogénie restant canalisée dans les voies de réactions réflexes ou instinctives. Chez les vertébrés supérieurs et chez l'homme en particulier, la quantité d'énergie libérée peut être assez grande pour inonder le système autonome et entraîner des perturba- tions souvent graves dont la pathologie de guerre nous a montré tant d'exemples (1), L'épuisement est aussi moins rapide, mais il peut être éga- lement obtenu k la suite d'émotions violentes et répétées qui laissent l'in- dividu inerte pendant une longue période, après laquelle se manifeste, au contraire, une sensibilisation plus grande vis-à-vis des chocs émotionnels quand les réserves d'énergie nerveuse se sont reconstituées. L'émotion paraît donc bien consister en une libération excessive des réserves d'énergie nerveuse et non en une réaction spéciale, en une sorte d'instinct de la vie végétative, selon la conception de Cannon, qui n'a pas été vérifiée par les faits (2). (1) Cf. Maiket et PiÉRON, Le syndrome émotionnel. Annales médico-psychologiques, avril 1917, pp. 183-206. (2) Cf. H. PiÉuoN. Les formes élémentaires de l'émotion dans le comportement animal. La djnamogénie émotionnelle. — Journal de Psychologie, 1920. 390 PSYCHOLOGIE PHYSIOLOGIQUE M"^ xVkRiE GOLDSMITH, Docteur es sciences. LA « CONVOLUTA ROSCOFFENSIS » ET SES RÉACTIONS 28 Juillet. La Courqlnta roscoffensis a depuis longtemps attiré l'attention des biolo- gistes aussi bien par sa structure — la plus simple peut-être de tous les Métazoaires — que par sa physiologie — profondément modifiée par la présence d'une algue verte symbiotique, — et surtout par son compor- tement particulier, qui soulève à la fois toutes les questions qui se rat- tachent aux premiers degrés de l'évolution psychique : tropismes, sensi- bilité différencielle, rythmes organiques, mémoire, etc. C'est de ces réactions à allure psychique qu'il sera question ici. Les observations dont nous exposons les résultais ont été faites tant dans l'habitat naturel de l'animal, sur les plages de sable que la mer découvre à marée basse, qu'au laboratoire : à la station biologique de Roscoff, localité qui partage avec Trégastel le privilège de posséder ce curieux animal. Le mode d'existence des Convoluta est connu depuis longtemps; rappe- lons seulement qu'il est étroitement subordonné à sa symbiose avec l'algue : les Convoluta adultes n'absorijent aucune nourriture et ne se nourrissent que par l'algue, soit qu'elles assimilent l'amidon fabriqué parcelle-ci, soit qu'elles digèrent l'algue elle-même, qui, après avoir atteint un certain degré de développement, s'hypertrophie et dégénère. On comprend, dans ces conditions, que la lumière, nécessaire à la photosynthèse de l'algue, soit pour l'existence des Convoluta un facteurs des plus importants. Action de la lumière. — On sait que la lumière est nécessaire aux Con- volula. On peut cependant les garder assez longtemps à l'obscurité, mais la dégénérescence finit toujours par arriver. Vers le dixième jour, on voit s'affaiblir toutes les réactions normales de l'animal (enfoncement par suite d'une secousse, mouvement de descente du soir, etc.) ; seule, la sensibilité à la lumière augmente, comme c'est généralement le cas pour tous les animaux après un séjour à l'obscurité. Après 10 à 15 jours, on observe une réduction de taille; en même temps, les algues symbiotiques jau- nissent et meurent, à partir de l'extrémité postérieure de l'animal qui, elle-même, commence à sa désagréger (contrairement à ce qui aurait dû se produire si la gradation physiologique de Cliild était un fait général). La lumière attire les Convoluta d'une façon très énergique à partir d'un certain minimum supérieur à celui strictement nécessaire pour suivre les M "•^ M. GOLDSMITH LA « CONVOLUTA ROSCOFFENSIS » 391 mouvements des animaux; l'optimum paraît se confondre avec le maxi- mum. Ce phototropisme ne devient jamais négatif, même lorsque les animaux s'enfoncent dans le sol. Lorsque, au laboratoire, on tient des Convolida dans un vase de verre avec un fond de sable, on les voit, dans les moments où elles sont enfoncées, se réunir dans Pépaisseur du sable, du côté de la paroi tournée vers la lumière, ou môme au foni' année, n" 2, 1910. G. couRTY — l'Écriture préhistorique 399 pétroglyphes d'après leur facture, nous avons voulu encore connaître la signi- fication des signes schématiques abstraits qui forment des sériés de lignes cunéiformes enchevêtrées les unes dans les autres et dont le sens avait apparu comme devant être cabalistique aux premiers observateurs. Nous avons été amenés, à la suite d'observations personnelles faites sur des rochers écrits de la vallée de lEssonnes, à considérer une partie des graffltes de Seine-et- Oise comme étant bien d'âge néolithique par suite de la présence de figurations très nettes de haches polies avec et sans emmanchement. D'autre part, comme des grottes magdaléniennes possèdent des grafiites du même groupe, il s'ensuit que le langage écrit préhistorique s'est, depuis l'époque du Uenne, enrichi de nouveaux signes, en conséquence d'un développement ininterrompu dans la marche de la civilisation. En partant de ce principe que l'abstrait avait précédé le concret, ce qui est tout à fait conforme à la thèse bergsonienne, il nous a été facile de nous aider des tableaux écrits sur rochers de Scanie et du Lac des Merveilles qui appar- tiennent à l'âge du bronze, pour identifier nos graflites schématiques. Nous avons pu, de cette façon, classer les principaux prototypes des signes de l'âge de la pierre avec leurs variantes : haches polies emmanchées et non ; pointes de flèches emmanchées et non; boucliers ronds, ovales ou quadrangulaires; frondes ; guer- riers; représentations féminines, personnages accroupis et debout; arbres et végétaux rappelant dés conifères et des fougères; jeux de marelles et dérivés; araires et herses; chariots à deux roues attelés et non: attelages (timons et jougs); tentes et huttes de campement: bœufs et chevaux; barques montées et non; pieds humains et d'animaux (chevaux et bœufs, empreintes en creux). Certains préhistoriens ont, bien à tort, rapporté l'empreinte de pieds de chevaux et de bœufs sur des rochers, à la figuration de fers à cheval; la forme même du modelé dément absolument cette assertion. Dans le groupement des graflites de Seine-et-Oise, nous voyons que l'enchevê- trement apparemment inextricable des signes n'est pas l'effet d'un pur hasard, et que la conjugaison des lignes répond à l'expression de plusieurs idées. 11 en est de même ainsi lorsque le schème des réprésentations reconnaissables se trouve placé à l'envers. Nous avons été frappé lorsque Don Juan Cabré Aguilô a publié, en 1916, un excellent travail sur l'art préhistorique de la Galice et du Portugal, de constater l'identité des pétroglyphes d'Eira dos Mouros avec ceux de la région parisienne. Il est vrai que le professeur Arturo Issel a publié des gralfites de la Ligurie occidentale qui rappellent également nos graffites de Seine- et-Oise. C'est ainsi que nous suivons de la Grande-Bretagne, de l'Ecosse, de l'Irlande, en passant par la France, l'Espagne, le Portugal, la Suisse, l'Alle- magne, l'Italie, et même la Crète, la trace d'un langage écrit préhistorique d'où pourrait bien être issu notre alphabet (1). (.1) A. Kkin.vch. a propos ik' l'orinin; ik l'alphabel. Revue épigr., t. II, n" 1, 1914. 400 ANTHROPOLOGIE o o c es 'O 3 s: O o 1) o £ L. ClUTlL L ALLKE COUVERTE DE VAU1)A^'C0URT 401 M. L. COUTIL ^ ALLÉE COUVERTE DE VAUDANCOURT OISEï i6 Juillrl. 571.8 Les trancliées militaires exéculées en février 1915 pour la défense de Paris amenérenl la découverte de Feutrée d'une allée couverte avec cloison per(;ée. M. Pommerel, i)ro{ésseur à Nevers, se trouvant en villégiature à Boury, près Vaudancourt (Oise), écrivit une note à ce sujet dans le jour- nal r Avenir (lit Vexin; son collègue, M. Des forges, prévint à son tour le D'" Baudouin qui, à son tour, nous pria d'aller étudier cette découverte. Malgré la neige, nous avons pu alors, grâce à l'amabilité de la proprié- taire, M"'*= Meaudre, de Vaudancourt, qui voulut bien nous faire conduire et nous accompagner au monument, où nous avons dressé un premier plan, recueilli quelques ossements humains, et obtenu la promesse d'y faire des fouilles après la guerre. A plusieurs reprises, il nous fallut agir auprès des officiers qui étaient chargés de surveiller et réparer les tranchées et qui essayaient aussi de fouiller; on peut affirmer que, sans les dalles qui s'étaient jadis effondrées sur la couche osseuse, tout aurait été saccagé. Enfin* en octobre 1918, on fit exécuter de nouvelles tranchées à 50 ou 60 mètres de distance par des soldats insoumis qui essayèrent de vider l'allée couverte. Aussi, le S novembre, nous décidâmes de commencer les fouilles, l'armistice étant à la veiUe d'être signé. Description du monument. — Nous avons d'abord dégagé la partie située entre le boyau qui traversait l'allée jusqu'à la cloison et l'autre partie opposée à la cloison allant vers l'ouest, qui offre 14™',70 de longueur; le vestibule, situ('' vers l'est et au delà de la cloison, mesure 3™, 50 de lon- CloisoN 'PZJKCizJCétè reoîrdinf- ^ 'Est) FiG. 2. gueur, ce qui donne 18'", 20 de longueur totale de la galerie et l'",75 à l'",85 de largeur, L'axe est orienté à 120° du S.-E. vers le N.-O. Les sup- 402 ANTHROPOLOGIE Q'':oS5 poris, très plats comme si on les avait dressés et aplanis, mesurent en moyenne l'",7o à 2'", 08 de hauteur sur 0"',90 à l'",40 de largeur. INous avons bouché, avec des pierres plates, une partie du sup- port 8 brisé par les soldats du génie et, en face, également avec une petite dalle et un mur en pierres sèclies, la partie du sup- port 18 échancrée pour le passage de la tranchée. Le pavage de la galerie était composé de petites dalles bien appareillées et se touchant; nous l'avons souvent soulevé pour nous assurer que des ossements ou objets ne se trouvaient pas en dessous ; nous n'avons pas osé enlever le tout pour conserver l'aspect primitif. Il y avait deux couches d'ossements séparées par des pierres plus petites de 0™,20 à O'",2o ne se touchant pas et situées à G'", 10 ou 0™, 15 au-dessus. Le niveau osseux depuis la cloison jusqu'au support 5 était formé d'os enchevêtrés les uns dans les autres, formant un magma avec la terre plastique qui les réu- nissait. De plus, la gelée compliquait encore Tenlèvement de cette cou- che osseuse. Nous avons trouvé uri squelette d'adolescent en partie com[)let; en outre, 86 mâchoires, dont 79 maxillaires inférieurs et 7 supérieurs, plus ou moins com- plets; l'un d'eux portait une très curieuse fracture réparée sur le vivant, que le I)'" Baudouin a com- muniquée à y Académie de Méde- cine; un autre otfrait des canines très anormales; des calottes cra- L. COLTIL — I, ALLÉE COUVERTE DE VAL'DA>'COURT 403 niennes portaient des grattages, une sorte de T syncépital et dos trépana- tions. Nous n'avons trouvé qu'une seule fois des os en connexion, Je long du support 16, ce qui permet de supposer que les squelettes étaient déposés et décharnés au de4iors, puis apportés et jetés pêle-mêle. Nous n'avons trouvé que trois crânes complets entre les supports 7 et 19, distants seulement de 0'", 12 l'un de l'autre; le quatrième était à peu de distance, en face le sup{»ort 7. Le mobilier funéraire était sommaire et se composait d'une hache |iolie en silex; une autre polie et retaillée aux deux extrémités; un long ciseau. FiG. 4. — Allée couverte de Vaudancourt (Oise). A'iie prise à l'Est, en avant du \estilnile, après les fouilles et restauration du monument en 1919. un long grattoir double et étroit; une moitié de poignard; un grand nucleus; quatre pièces perforées provenant d'un collier dont deux en silex, une eu diorite gj-ise et la dernière formée d'une petite plaquette d'os; un andouiller de cerf scié à une extrémité et retouché, avec un évi- dement pour servir de manche; des débris de poterie grise ou rose peu cuite et les morceaux d'un bol de 0"',11 de hauteur. Ce modeste mobilier funéraire rappelle celui des allées couvertes peu éloignées des Mureaux et de la Justice (Seine -et-Oise), qui se trouvent au 404 ANTHROPOLOGIE musée de Sainl-Germain-eu-Laye : nous l'avons offert au laboratoire de la Société préhistorique française, ainsi que tous les ossements humains. Nous tenons à remercier le Conseil de l'Association française d'avoir mis entre les mains de la Société préhisloriciue«française la subvention qui a servi en partie à effectuer ces fouilles. TIJMULUS BE JLA HOGUE , a FONTENAY le MAIMIOM. ( Galva dûs) Exploration cl Restauration de L Coutil ?ji 13oit 006- -i908-ig)7- ^9^8 + ■■+.-._.-%■..- '■ ■ ■■ . • ■" .■.-.■. ■•/•■.te/. ;"■;:•■■ ■.■■■■ ■0 1 ■ IJ ■• >^ > •.•; •• •■■.■■■..■■■.■.■•■^ /i-^.:.- ■.■:.:■•. .:-.5J!, :■:■-;■•::•:•. ^■■■(v'M^:'^-; :-■■ i:^ -•■■.■•:■■■;'■-' ^ .ï,î. i;;L2>£2î'^*. ,37. me ires La. route c{e May a FoMTENAy LE MARMION L. COUTIL LE TUMULUS DE LA HOGUE 403 2" LE TUMULUS DE LA HOGUE A FONTENAY-LE-MARMION (CALVADOS) Ayant déjà publié le récit de nos fouilles de 1904, 1906 et 1908, dans le tumulus de la Hogue, nous nous bornons à mentionner la fouille et la t-Al.'ERlE (^""Oû . 3 O a, o -a a 03 d o S es I O) a (U •4-3 c o u, OJ s H 6 restauration de la galerie et de la chambre M, dite du dolmen. Nous avions négligé précédemment ce travail, craignant l'éboulement d'une chambre 406 ANTHROPOLOGIE complète voisine N; mais, à cause des attaques dirigées contre nos travaux par le D'" Gi(/o?î, nous avons tenu à apporter de nouvelles preuves pour convaincre les lecteurs. c S "o o > ce U e ce o 03 •rs G _o ce ce CD 0 .O ce ■S tu o in > "S H O >> ce C i) C o ai a a L. FRANCHET — COMPTE RENDU d'uNE' MISSION' EN ORIENT • 407 Malgré les prélèvements considérables de matériaux dans cette galerie M, nous avons retrouvé, dans un petit coin oublié, des ossements d'enfants, d'adolescents et d'adultes. La table du dolmen étant brisée en trois morceaux et ses supports incli- nés; nous ne pouvions supposer, lors de nos premières fouilles, que c'étaient bien les éléments du dolmen figuré peu exactement sur le plan de 1830. Maintenant, les visiteurs ont une opinion complète de ce qu'était ce monument unique en France, grâce à nos fouilles €t restauration succes- sives de la face Est. avec ses quatre galeries, dont une seule chambre a pu être sauvée et dont les autres n'ont conservé que le pourtour. Les figures que nous donnons dispensent d'une plus longue description que nous avons, donnée dans le bulletin de la Société préhistorique française en 1918 (138 pages, 24 figures). Ce dernier travail a été aussi encouragé par une subvention de l'Asso- ciation française pour l'Avancement des Sciences, ce dont nous remercions le Conseil pour son précieux encouragement. M. Louis FRANCHET, Asnières (Seine). COMPTE RENDU DUNE MISSION EN ORIENT 571.55 (499.8) 26 juillet. J'ai été chargé, en 1912, par le Ministère de l'Instruction publique, d'une mission en Crète et en Egypte dont le but était de poursuivre des recherches sur l'évolution de la technique céramique dans ses rapports avec le développement des premières civilisations. Il était indispensable aussi pour moi d'étudier non seulement la céramique primitive, mais aussi les autres industries préhistoriques. La subvention de 4.500 francs qui m'était allouée par te -Ministère était notoirement insuftisante pour mener à bonne fin les travaux que j'avais en vue et cela pendant une période que j'avais prévue et qui fut en effet de près d'une année. Si la main-d'œuvre, en Orient, est relativement peu élevée, en revanche son faible rendement nécessite un nombreux person- nel de travailleurs, lorsque les fouilles sont de quelque importance, comme celles que j'etïectuai. Fort heureusement l'Association Française pour l'Avancement des Sciences vint à mon aide en m "accordant sur le legs 408 ANTHROPOLOGIE Girard, une subvention de 3.000 francs sans laciuelle il m'eiit été impos- sible d'entreprendre aucun travail de fouilles (j'employais une moyenne de 80 travailleurs). En quittant la France au mois de septembre 1912, je me rendis en Crète où je lis un premier séjour de trois mois et demi, pendant lequel j'étudiai spécialement les innombrables céramiques découvertes dans l'île depuis l'origine des fouilles et qui sont déposées intégralement au Musée de Candie dirigé avec tant de compétence par mon savant ami, le D'' Hazzidakis, directeur des antiquités Cretoises. La saison des pluies qui approchait ne me permit pas alors d'entre- prendre des fouilles importantes, cependant j'allais étudier sur place les sites archéologiques si célèbres qui embrassent la longue période comprise entre le début de l'Énéolithique et la fin de l'âge du Bronze. Le Néolithique ancien était encore inconnu, dans l'île, car l'industrie trouvée dans les couches profondes de Cnossos par Sir J. Evans, appartient en réalité à la fin du Néolithique récent, et même à l'aurore de l'Énéo- lithique. J'etTectuai particulièrement des recherches dans cette vaste région si désolée comprise entre le plateau de Tripiti et le mont Kakon-Oros, sur la côte nord de l'île. J'y retrouvai tout d'abord, en place, la plupart des variétés de calcaires polychromes qui étaient utilisés à l'Enéolithique pour la fabri- cation de ces superbes vases dont M. Seager a retrouvé à Mochlos les beaux spécimens qui sont au musée de Candie. Ces calcaires passaient, jusqu'alors, pour avoir été importés dans l'île. Mais je fis dans cette région, (jui porte le nom de Rousses (terre rouge), une découverte beaucoup plus importante : celle d'outils en calcaire (seule roche que l'on rencontre en ces lieux) du type campignien, outils accompagnés d'une abondante industrie d'obsidienne, répandue autour de fonds de cabanes taillés dans la roche. H n'est donc pas douteux qu'une période néolithique beaucoup plus ancienne que celle de Cnossos existe en Crète. Au cours de mon exploration je relevai de nombreux vestiges préhisto- riques, entre autres des tumuli que je me proposai de fouiller après la saison des pluies, lorsque je reviendrais d'Egy|)te. Je m'embarquai pour l'Egypte le 9 janvier 1913 et après quelques jours de travail au musée j'arrivai le 19 à Louqsor oii je retrouvai M. Maspero, à bord de sa dahabieh ancrée sur le Nil, en face du leinple édifié par Aménophis IIL Il eut la bienveillance d'aplanir les difiicultés suscitées par toute demande faite pour pratiquer des fouilles et je fus autorisé à en effectuer dans l'enceinte même de Thèbes et plus spécialement dans une partie encore intacte, située au sud-ouest du grand temple d'Amon et au delà du lac Sacré. Mes fouilles furent très fructueuses; je pus en faire la stratigraphie, toujours difficile dans ces anciens limons du Nil, et établir ainsi que Thèbes L. FRANCHET — COMPTE UEiNDU d'uNE MISSION EN ORIENT 409 qui connut tant de splendeur aux temps du Nouvel Empire, était déjà occupée dès l'Enéolithique. En ce qui concerne la céramique, celle-ci était d'une abondance inouïe et j'en extrayai plusieurs mètres cubes, parfaitement datés. Au point de vue de mes dates, j'avais comme moyens de détermination des couches, soit des types déjà counus, soit d'autres éléments tels que l'industrie lilhique, la statuaire représentée en ce lieu par de superbes spécimens et enfin par des objets religieux. Grâce à la richesse de cette fouille, il m'a été possible de reconstituer complètement la technique céramique à partir de l'Enéolithique jusqu'à l'époque copte, au iv^ siècle de notre ère. Ces travaux sont déjà publiés dans mon Rapport, paru en 1916. Lorsqu'ils furent terminés, je me consacrai spécialement aux recher- ches sur l'industrie lithique préhistorique dans les importants gisements qui se trouvent situés sur les crêtes du plateau qui sépare la vallée du Nil du désert lybique. J'ai réuni de belles séries paléolithiques et néolithiques, sur- tout dans la région de Biban-el-Molouk et de Biban-el-Harîm, d'autant plus que jusqu'ici les voyageurs qui se sont occupés de cette question, se sont principalement attachés à la récolte des beaux types classiques chelléens et acheuléens, négligeant une multitude d'autres pièces du plus grand intérêt. Je publierai ultérieurement les résultats de ces recherches. Entre temps, j'étudiai également la céramique au point de vue ethno- graphique, question très intéressante en Egypte où les vieilles traditions se sont transmises de siècle en siècle depuis les temps préhistoriques. Je pus ainsi faire des observations très importantes pour la technique antique, notamment à Nag-el-Fakhoura situé dans la région thébaine, sur les confins du désert arabique, d'oîi les indigènes tirent quelques matières premières. En quittant Thèbes, je me rendis à Assouan, c'est-à-dire à la première cataracte du Nil où je fis dans l'île Eléphantine, d'intéressantes trouvailles céramiques. Par contre, mes recherches dans cette partie du désert ara- bique demeurèrent infructueuses au point de vue de l'industrie de la pierre taillée, mais cela n'implique pas qu'il n'y existe pas de gisements. La saison était trop avancée pour me permettre un séjour plus pro- longé; je repris donc la route du nord et le 20 mars j'étais de retour au Caire. En dehors de mes travaux au musée du Caire, j'entrepris une explora- tion aussi complète que possible, au point de vue préhistorique : 1" dans la région du désert lybique comprise entre Abou-Roach et Dahchour; 2° dans le désert arabique. Dans le désert lybique je relevai un grand nombre de stations des âges de la pierre et trouvai des types néoliihiques que je n'avais jamais observés dans le sud et qui me paraissent spéciaux au nord de l'Egypte. 410 ANTHJ\OPOLOGIE Dans le désert arabique, je dus borner mes reclierches aux régions voisines du Caire : Gebel-Ahmar, Gebel-Khachab et Bir-el-Fahmé, la saison m'empèchant de pousser plus loin mes investigations. L'industrie lithique que j'ai rencontrée dans cette région est complètement dilférente de celle du désert lybique : c'est un autre type d'outillage qu'il y aurait lieu d'étudier sur place, moins sommairement. J'y ai trouvé notamment des outils en grès rouge lustré d'une grande dureté et se travaillant très dilucilement. Le 7 avril je partis pour le Fayoum pensant faire à Arsinoë des obser- vations intéressantes sur la céramique ancienne, mais je n'ai rien découvert de nouveau au point de vue technique, dans les formidables accumulations de poteries au milieu desquelles je poursuivais mes recherches. En revanche je pus faire une étude complète, dans les environs de Medinet, de la fabrication indigène de certaines poteries préhistoriques, dont j'avais observé antérieurement les types exacts. Le matériel sommaire servant aux indigènes est en pierre et nous reporte aux temps néolithiques. J'ai acquis le modeste, mais si curieux outillage, d'un de ces potiers. Le 29 avril, je m'embarquai pour la Crète où j'arrivai seulement le 5 mai après une pénible traversée sur un déplorable petit bateau grec. Aussitôt réinstallé à Candie, je partis pour Tylissos oîi le D"" Hazzidakis continuait les fouilles qu'il poursuivait depuis trois années; là grâce aux beaux travaux de mon ami, je fus à même d"étudier, bien mieux qu'à Cnossos, la stratigraphie des périodes de l'âge de Bronze et de me convaincre que la nouvelle chronologie Cretoise que j'avais établie au moyen de la technique céramique, lors de mon premier séjour en Crète, était exacte, celle de Sir J. Evans ne pouvant plus concorder avec les nouvelles décou- vertes. Sir J. Evans avait surtout cherché, comme il le dit lui-même, à faire cadrer sa chronologie avec les légendes d'Homère, tandis que je ne m'étais basé que sur les faits archéologiques les })lus probants et les mieux établis. Pendant mon séjour à Tylissos, j'explorai les environs qui possèdent plusieurs stations de l'âge du Bronze, notamment à Marathotephala et à Kavrochiri, stations aujourd'hui complètement détruites. J'eus la bonne fortune de pouvoir étudier dans tous ses détails un atelier de potier, ins- tallé en plein air, à Castelli. On y fabrique encore les grands pithoi de l'âge du Bronze, par les mêmes procédés, comme j'ai pu m'en rendre compte en comparant ces pièces modernes avec les pièces antiques de Tylissos, Cnossos, etc.... (Documents publiés dans mon Bapport de 1916.) Je quittai Tylissos le 2o mai et dès mon retour à Candie je mo mis en mesure de reprendre l'exploration de la région déserLi(iue de Rousses et de procéder aux fouilles des turnuli dont j'avais précédemment relevé la présence. (Ces fouilles ont été publiées dans mon Rapport.) Grâce à la poterie, je pus dater à l'Age du Bronze I, ces tombes si curieuses et d'un type nouveau pour la Crète. L. FRANCHET — COMPTE RENDU d'uNE MISSION EN ORIENT 411 Je procédai également à la fouille d'un très grand four, situé dans le voisinage des tumuli et qui me donna en abondance des débris de cette matière vitreuse si spéciale qui fut employée à Cnossos exclusivement à la fin du Bronze III. Il est donc à présumer que le four date de cette époque. Je dus malheureusement interrompre ma fouille le 25 juin, alors que je n'étais qu'à la moitié du travail, mes ouvriers refusant de travailler plus longtemps dans le désert brûlant qu'est Rousses à cette époque de l'année. Je leur donnais cependant l'exemple en maniant moi-même le pic et la pelle. Jusqu'à la fin de juillet, je continuai mes études au Musée de Candie, à Cnossos et dans divers sites préhistoriques, réunissant de nouveaux maté- riaux qui sont actuellement encore déposés dans une chambre du musée, en attendant que je puisse retourner dans l'île, non seulement pour les étudier, mais aussi pour y continuer m€s fouilles. Au commencem.ent d'août je reprenais le chemin de la France après une fructueuse campagne de onze mois. La publication des résultats de ma mission n'a pu être faite en raison de la guerre, car les collections que j'ai rapportées sont nombreuses et néces- sitent un long travail de laboratoire qui n'est pas encore terminé. Cepen- dant j'ai déjà publié : 1" Le Néolithique dans l'île de Crète. {Revue anthropologique, 1914.) 2" Essai de chronologie créloise. {Revue archéologique, 1916.) 3° Rapport sur une Mission en Crète et en Egypte. Céramique antique. 131 pages, 31 figures et 6 planches hors texte, {houvelles Archives des missions scientifiques, fasc. XV, 1916.) Mais j'ai laissé, là-bas, une œuvre inachevée et si les difficultés actuelles ne m'ont pas permis de partir de nouveau cette année, j'espère que la situation s'améliorant, je pourrai compléter mes recherches de façon à pouvoir i»ublier alors un travail d'ensemble. J'espère aussi obtenir les crédits suffisants, car cette première campagne s'est soldée pour moi par un déficit important. En tous cas, je suis heureux de l'occasion qui m'est offerte par le Congrès de Strasbourg, d'exprimer publiquement ma gratitude à l'Association Française pour l'Avancement des Sciences sans laquelle il m'eût été impossible de donner à mes travaux en Orient, une aussi large envergure. 412 ANTHROPOLOGIE M. LE D-^ BOISMOREAU, Saint-Mesmin-le- Vieux (Vendée) LE MENHIR DE LA PIERRE FOLLE (Commune de Monsireigne, Vendée) 27 juillet. 571.94 (44.61) L'historique de la découverte de ce menhir est assez intéressant : En 1857, Léo7i Aude, dans son étude sur les monuments celtiques de la Vendée (1) signale « le menhir de la Pierre-Folle, près de la Chauvinière, au nord de ce village, renversé il y a une quinzaine d'années. 11 est de la nature des pierres sur lesquelles il repose. Sa hauteur est de '^'",^0, sa largeur de 1"',50. Suivant une tradition, qu'on ne croit plus, il se promène en dansant, la nuit de mardi-grâs (2) ». La carte du canton de Pouzauges dressée par F, Billet en 1861 le localise par- faitement (3). En 1864, l'abbé Baudry signale ce mégalithe au Congrès archéologique de le Bois FiG. 1. — Menhir de la Pierre-Folle, près la Chauvinière, commune de Monsireigne. Fontenay-le-Comte : « le menhir de la Chauvinière, avant sa chute dansait, dit-on, en plein minuit. » (4). fl) L. AvDÈ, Monmnenix celtiques de la Vendée et Ami. Soc. Emulation de la Vendée, 1857, t. III, p. 294. (2) Pour d'autres auteurs c'est pendant la nuit, la nuit de Noël surtout. (3) Carte gravée par Erhard, rue Bonaparte, 42, P?.i"i5 (4) Abbé Baudry, Congrès archéologique de France, XXXP Session. Fontenay-le- Comte, 1864. Pour cet auteur le menhir est en grès. BOISMOREAU LE MENHIU DE LA PIERRE FOLLE 413 En 1873, dans un de ses ouvrages, le même auteur le mentionne encore : « Au temps où la baguette des fées avait le pouvoir de mettre tout en mouvement, le menhir de Monsireigne entrait en danse à minuit et le sabbat se tenait sur le plateau de Puy-!Vlorin » (1). Vlnvetitaire des monumenls mégalithiques de France signale également ce menhir (2), ainsi que la Géographie delà Vendée de Paul Joanne (3). En 1890, l'Annuaire adminktratïf Ae la Vendée indique : « près de la Chauvi- nière, le menhir de la Pierre-Folle », (p. 254). Courseulle-Seneuil l'avait mentionné antérieurement, vers 1883 en même temps que celui de la Bonnelière (4). Enfin un auteur vendéen, M. Brochet, en parle également dans un de ses ouvrages (5). En résumé ce mégalithe avait été identifié d'une façon suffisante dès le milieu du xix*" siècle. Sa situation était telle (|u'il ne pouvait passer inaperçu. Localisation. — Il se trouve sur la rive gauche du Grand-Lay, à SOO mètres au plus de la rivière. La vallée est une voie de communication préhistorique importante. Le mégalithe a donné son nom à la métairie. Il se trouve dans la petite cour qui s'étend devant la porte de la maison; il est à quelques mètres de l'angle Est de cette dernière. Il est impossible de ne pas l'apercevoir avant même de pénétrer dans la cour. Pour s'y rendre il faut passer devant le château de la Chanvinière, ne pas pénétrer dans le parc, suivre tout droit pendant 400 à 500 mètres. Le chemin conduit directement à la métairie de la Pierre-Folle. 1° Folklore : « Au temps où la baguette des fées, dit Brochet, avait le pouvoir de mettre tout en mouvement, le menhir de Monsireigne entrait en danse à minuit et le sabbat se tenait sur le plateau de Puy-Morin. » (6j. Puy-Morin, dans la commune de la Meilleraie, voisine de Monsireigne, était, en 1462. le siège d'un château, complètement détruit aujourd'hui, avec vaste étang, chapelle, souterrains-ré fuges . Une voie romaine, celle de Rom à Nantes traversait Puy-Morin. Ces vestiges antiques ne sont pas suffisants pour expliquer l'importance du plateau du Puy-Morin dans la légende. En réalité, non loin de Puy-Morin, à quelques centaines de mètres, au nord, sur la hauteur, près de Pylose. se (1) Abbé Baudhy. Afoiunncnts celtiques. — A. S. E. V., 1873, p. 15. (2) Bulletin de In Société (l'an ttiropologi", Paris, 1880. (3) Paul Joanne. — Gé.o(/rapkie de lu Vendée. HacheUe, Paris, 1906. [h) Bulletin Sor. Géorj. lUn-hefort, 1883, p. 165. Le menhir de la Bonnelière près Saint-Michel-Mont-Mercure est détruit. (5) LouisBrochet. — Zifizaçis d'un Vemléen iluns lu région de Fontenuii,eU:... Gouraud, Fontenay-le-Comte, 1909, p. 131. Tous ces auteurs ne consacrent que cinq à six lignes à ce menhir. (6) Brochet. — Loc. cit. 4l4 ANTHROPOLOGIE trouve le Chillou qui est constitué par d'énoriues blocs de granité dont l'un est creusé de bassim néolithiques, de grande dimension. C'est un lieu cultuel préhistorique! 2° Une autre version de la légende m'a été confiée par M'"'' Chamberlain : « A minuit, la nuit de Noël, la Pierre-Folle se soulève et s'en va, sans bruit, portée par les mains des fées, se baigner dans la rivière, qui coule en bas dans la vallée, le Lay, aux eaux tour à tour moirées ou écumantes. A l'aube elle l'eprend sa place, bien calée sur ses assises et reste tranquille toute l'année. » (1). Dans la première version le menhir participe au sabbat infernal qui se tient, certains jours, près du Chillou, rochers mal famés, pierres à sorciers, à l'enlour desquelles on a trouvé des squelettes (2). Dans la seconde la Pierre Folle exécute la petite randonnée obligatoire aux menhirs, dolmens, mégalithes du pays, qui virent sur eux-mêmes la nuit de Noël ou vont se baigner dans les rivières (3), vague survivance du culte des fontaines (4). Nous voici au pied du menhir Rien assis sur ses blocs de calage, bien droit, à fleur du sol, il se dresse vers le ciel. Dimensions. — Il fait 2n',45 à 2'",2i) de hauteur. En tenant compte de la portion enfouie dans le sol, il faut compter 2'". 20 au moins, il est irrégulière- ment cylindrique, mais cependant ne présente point de bosses ou de crevasses trop accentuées. Il est même très régulier pour un menhir. La circonférence moyenne est de 4"', 50. Cette circonférence est assez régulière, elle nest pas suffisamment ovalaire pour permettre de déterminer le grand axe et le petit axe du mégalithe. Il s'agit d'un menhir rond, presque phallique. Volume. — Le rayon de la circonférence de base étant donné par : R = -^ = 0'",60 environ. Le volume du menhir est : V = wm soit : V r= u X 0,360 X 2,20 = 2,487. La densité du granit étant de 3, Le poids du menhir est de 7.463 kilos: soit 7.500 kilos environ. Description du menhir. — Affectant une forme cylindrique, on peut lui considérer une base, une face zénithale, une circonférence latérale. (1; Dans la commune de l'Orbrie, en Vendée,,, une pierre gigantesque, la Pierre Sorcelière, descend chaque jour du coteau, pour se baigner dans la Vendée. Cf. Gaston OuiLLKMET. : Au pays. vendéen, Clouzot, Niort, t906, p. 5. (2) A'insi que me l'assurait une fermière tiabitanttout près du Cliilloii, M"' G.... i3 Comme le fait le dolmen de la pierre qui vire de Cheffois qui tourne sur elle- même, la nuit de Noël. (4) Cf. Mahcel Baudouin. — Les déplacements et virements des pierres mégalitliiqnes. — Homme préhistorique, Paris, 1914, n" 11, pp. 11-16, Tiré à. part, in-S", 6 pages. BOISMOREAU — LE MENHIR DE LA PIERRE FOLLE 415 La base rejDose sur le sol, presque au niveau du sol, elle est à peiné entrée en terre. Le bloc de granit affectant une forme légèrement conique dans cet endroit, la base est moins large que la circonférence moyenne. On remarque des blocs de calage, en pierre du pays, en porphyrite augitique. Au nombre d'une dizaine ces grosses pierres mainliennent tant bien que mal le mégalithe et ne lui sont guère d'utilité. En fait, il repose sur le sol semble-t-il, par suite de son propre poids. Mais ces blocs de calage sont modernes, ainsi que nous l'expliquerons plus loin. Les faces latérales, ou plutôt les parties du cylindre exposées au nord, au sud, à l'est et à Touest ne présentent pas de caractères particuliers. On remarque des lichens en abondance qui donnent un aspect foncé et sombre au menhir. Pas de gravures, quelques anfractuosités naturelles dans le rocher, pas de travail humain. La partie zénithale est irrégulièrement ronde, avec quelques crevasses naturelles. Rien de particulier à signaler. , L'orientation du menhir est très dillicile à déterminer, puisque la pierre est ronde et ne présente ni grand ni petit axe. De même l'axe de direction et l'axe d'érection sont impossibles à retrouver. Il est donc très difhcile de savoir dans ([uelle direction pouvait se trou- ver la sépulture dont ce monument était en somme le poteau indicateur. Dans le voisinage immédiat il ne subsiste aucun amas de rochers, aucune élévation de terrain qui puisse orienter les recherches. Il est probable que le dolmen a tenté les ouvriers qui ont construit les premières maisons dans la contrée et qu'il a été détruit depuis bien longtemps. Histoire du menhir. — Sa chute. — Érection moderne. — Les détails qui suivent m'ont été donnés par M. Babiit, avec une bonne grâce dont je le remercie. 11 y a quelques cinquante ans, ce rnenhir gisait, tombé, à l'emplacement exact où il se trouve actuellement (1). Cette chute peut s'expliquer par des fouilles maladroites faites à la base de la Pierre-Folle dans le but de chercher un trésor. M. Germain, beau-père de M. Babut, propriétaire de la métairie, résolut de le relever. Initiative rare, en Vendée, oîi le vandalisme moderne a détruit tant de souvenirs préhistoriques 1 Avec des crics et des outils appropriés on parvint à redresser le mégalithe; mais ce travail fut assez laborieux. Une fois relevé le menhir se tinl debout, sans aide. Par mesure de précaution, on mit cependant quelques blocs de calage, qui précisément se trouvaient sous la main. Depuis la Pierre Polie n'a pas bougé. Il semble bien qu'elle ait été remise à sa place ou peu s'en faut. Cependant celte érection moderne sufirait pour fausser le résultat de l'orientation, si elle était possible. (1) La fille de M. Chamberlain se souvient très bien de s'être amusée, étant enfant, à sauter sur la pierre, quand elle était roiversée. 416 ANTHROPOLOGIE Dès ma première visite, j'avais élé frappé du mode de calage du mégalithe. Ce travail rudimentaire n'était pas du tout l'œuvre méticuleuse et soignée des néolitliiques (1). Depuis cette érection moderne, la Pierre-Folle a toujours été respectée et tout fait croire que son distingué propriétaire la conservera dans son intégrité. Orif/ine du mégalithe. — Aulant qu'un examen permette de l'identifier sur place, ce menhir est en fp-anite, mais |>résente dans son ensemble des noyaux de porphyrite aïKjithjne, amaigamés à la roclie. Celte union de Fu;. 2. — Menhir de la Pierre folle, près La Chauviiiière, comiuuiie deMonsireigne. deux formations géologiques est connue. Dans la figure 2, à la base de la Pierre-Folle, à droite du enté opposé au mètre qui donne l'échelle, on remarque assez nettement la différence de tonalité de la pierre noire (por- phyrite augitique) d'avec le granité. D'où provient, en somme, le mégalithe? Le granité se trouve au delà de (1) Ma dernière fouille de inenhii' à file d'Yeu m'a révèle ce travail. Cf. E. Bois- moreaii. : Décutiverte d'un menhir à l/i V riinonière en l'ile d'Yeu, Vendée [études, fouilles, description, trouvailles] avec quali-e figures. —Bull. S. F: F., t. XVI, n"' 8, 9, 10 et 11, 1919. E. BOISMOr.EAU — • bÉCOUVERÏK KT FOL II. LE l»*LIN DOLMEN 417 l'ouxauges, à six kilomètres au moins. Une vallée profonde, celle du Lay, aux rives abruptes et d'un accès dillicile sépare la Pierre-Folle de cette région. Si ce bloc de plus de sept tonnes provient des environs de Pouzauges il a été transporté, il y a quelque dix mille ans par des liommes disposant d'un matériel et de machines rudimentaires. Mais il se peut également que quel(|ues noyaux granitiques soient englobés dans la porpliyrite augitique des abords immédiats de la Chauvinière, qui ne sont pas signalés dans la carte géologique de la région. En tous les cas dans la Vaste carrière àe Poi't-Sec, à la Meillf'raie, on n'a pas trouvé de granité parmi la porphyrite augilique. En admettant que le menhir piovienne de la grande lentille granitique du lîocage vendéen, ni le poids, ni la distance ne sont mi motif sullisant pour écarter à priori cette hypothèse puisqu'il est démontré que certains meidiirs... « ont élé apportés de plusieurs Ivilomètres, et qu'ils se trouvent plantés à une allitude supérieure à celle de leur carrière d'origine, v (1). M. LE D' E. JiOISi\10Ri:AU, Saint->Iesmin-le-Vieux (Vendée). DECOUVERTE ET FOUILLE DU DOLMEN AUJOURD HUI DÉTRUIT DU PUY-BERTONNEAU (Commune de Saint-Mesmin-le-Vieux, Vendée) 571.94 (ii.Gli 27ji(!lld. J'ai découvert ces vestiges d'un dolmen sur les indications d'un proprié- taire, cultivateur au Puy-Bertonneau. De[)uis plusieurs années il me faisait parvenir, à diverses reprises, des silex néolithiques intéressants. Vne station préliistoriqu(^ importante se révélait dans cette région. Comme je lui demandai, au cours de nos conversations, s'il n'y avait pas autrefois une chapelle aux druides dans les environs, il comprit immédiatement le ^ sens de ma (juestion et se souvint d'avoir connu, près du village, une sorte de « galerie, en grosses pierres », sous laquelle il se glissait étant enfant. 1,1) Manuel îles reclifrches préhialorique^ de la tS. P. F., lUOG, p. 246. La table du dolmea de Pérotte, Charente, qni pèse 40 tonnes a élé transportée et a parcouru 30 kilomètres. 14 418 ANTHROPOLOGIE Sur ses indications je fis des recherches dans l'endroit qu'il me désigna. Je reconnus bientôt des piliers de dolmen épars, mais caractéristiques. Je pus identifier ensuite assez facilement les trois parties de la table du monumenl. Deux de ces grosses pierres servaient de seuil de portes ! La destruction du dolmen s'était faite il y a quinze ans, environ. Sa situation était telle qu'il gênait la circulation des charrettes. Des maçons Mesmin FiG. 1. — Voies d'acL'ès au Puy-BerlDiineaii. D', t)-, dolmens, le dolmen fouillé est D'. Près de Veillerit en a, station paléolithi(|ue et néolithique.' P, polissoir de la Valerière. B, pierre à bassins jumelés. Les chiffres donnent l'altilude. Les petits dra- peaux indiquent les habitations seigneuriales avant 1789. Le dolmen D- surmonté d'un calvaire est christianisé. — Les justices : rocher à bassin et à rigoles. — B», au-dessus de la Pinaudiére, pierre à bassin. utilisèrent la plupart des pierres; quelques piliers restèrent en place, le reste fut dispersé. Les piliers servant, en somme, de repère, je localisai mes recherches dans le rectangle délimité et décidai de faire une fouille. J'étais jjersuadé qu'il s'agissait bien d'un dolmen; la description que m'en avait faite, très intelligemment, le cultivateur de l'endroit, était un indice précieux et les vestiges seiublaient assez caractéristiques. Au reste cette partie de la vallée de la Sèvre Nantaise est très intéressante au point de vue préhisto- rique. Une station existe, tout près, à Veillerit (a de la carte). On y trouve du paléolithique et surtout du néolithique ; lames longues ou larges, E. BOISMOREAU — DÉCOUVERTE ET FOUILLE d'uN DOLMEN 419 tranchets à décarniser, burins, grattoirs, racloirs, perroirs, couteaux, fragments de haches réutilisées, etc.... Les outils sont assez volumineux, le silex est gris ou noirâtre. Non loin de Yeillerit, j'ai découvert un polis- soir à cupule et un rocher sur la face zénithale duquel sont creusés deux bassins Jumelés. Cette pièce fait actuellement partie de ma collection. A quelques centaines de mètres du Puy-Bertonneau, à l'ouest, on remar- que le dolmen christianisé de Martinet. Dans la région immédiate j'ai recueilli des haches et un polissoir à large cuvette. En somme, région habitée depuis fort longtemps. L'altitude est de 14o à 160 mètres et domino un gué de la rivière, dont l'importance préhisto- rique est connue. Le sol est constitué par du granité type avec des alluvions anciennes ou modernes dans la vallée. Le village du Puy-Bertonneau possède quatre feux. Le dolmen se trouvait à la partie ouest du village, derrière la maison de M. Badin, à l'entrée de VAire. Luitile d'insister sur la localisation, le dolmen étant détruit. Au point de vue bibliographique il n'existe aucun document à ce sujet. Le folklore ne révèle rien de particulier. A la première ' isite je ne découvris tout d'abord qu'un tas de ronces et de détritus de toute sorte. Dans le fond cependant trois gros blocs de granité, atïeclant la forme d'un parallélipi|)ède irrégulier, étaient tombées à plat sur le sol. Ces pierres étaient des piliers du dolmen. A'oici leurs caractéristiques : vuméros Hauteur Largeur Epaisseui I i'",40 0"S70 0"i,35 11 1"',40 0'",70 0'",40 111 1"\1d ()'",65 , 0'",30 Du dolmen proprement dit il ne suljsistait plus rien. Toutefois une grosse pierre émergeant du sol me fit supposer un bloc de calage, .le -la repérai soigneusement et délimitai un quadrilatère dans lequel je supposai trouver les soubassements du monument. La touille eut lieu le 19 avril 1919. Elle fut aisée et ne demanda que quelques heures de travail. M. Rousseau et moi, aidés d'un ouvrier, mirent à jour les blocs de calage du dolmen, disposés sur deux lignes parallèles avec une sorte de petite murelte^ au fond. Ces blocs étaient au nombre d'une dizaine. Ils étaient constitués par des pierres de granité, irrégulières, dont les plus volumineuses faisaient 0'",40 X 0"\60, avec une épaisseur dé 0"',25. Le schéma de la figure donne la disposition de ces blocs [fig. 2). Du côté gauche : deux blocs calage; à droite : cinq; au fond : quatre, disposés sur une ligue assez régulièrement droite, sauf le bloc VU qni rentre dans la chambre. Au fond, les blocs sont plus près à près. 420 ANTHUOPOI.OGIE La chambre ainsi délimilée fait 8'", 50 de profondeur sur 1"',80 de largeur. Nous avons creusé le sol jusqu'à une profondeur de 0'",30 en moyenne. Pkis bas, nous rencontrions l'arène granulilique ancienne. Fji;. II. — Fouille du dolmen du Puy-Bertonneau. — Aspect du soubasseinciil du dul- meu après dégagement des blocs de calage des piliers. — i, ii, ni, iv, v, vi, vu, viii, ix, x, xi, blocs de calage; E, entrée du dolmen; F, fond; C, (_'."-, côtés; C/», cbambre du do'men; l'orientation est donnée par la fléelie ; les + indiquent les emplacements des outils de sile.x trouvés au cours de la fouille; S, sol entourant le dolmen. 1/axe de la chambre lait avec la ligne nord-sud magnéti^iue un angle de 20" à peine ouvert à l'ouest. Le monument, autant que l'on (luisse en juger d'après la direction des soubassements, était orienté au sud-est, même très au sud pour un dolmen. Cela correspond à 160'^' S.-K. delà boussole. Vesligrs dispersés du dolmen. — J'ai pu reconstituer une grande partie du monument. Les pièces dispersées n'ont pas été emportées très loin, elles sont encore dans le village. Un fragment de la table forme le seuil de la porte d'haljilation de M. Badin, tout près git un pilier qui mesure 1 mètre sur 0"',i5. Un autre fragment de table est près du toit aux porcs du mémo cultivateur. Le plus gros fragment, peut-être une deuxième table entière, constitue le seuil de la porte de .M. Ripaud. (Jelui-ci est plat, assez régulier. II est regret- table que son épaisseur ne puisse être mesurée. E. lîOISMOUlvXl — DKCOl VERTE ET FOUILLE d'uN DOLMEN 421 Le lùle primitif de ces pierres parail assez peu discutable. Voici leur; dimensions. ïabk Larffeui Longueur Kiiaissoiir 2 1"',90 . 3 2'" 1'". 1"',40 ObservuUoiis IdilU'c en partie, très légèrement. Idill/'c en partie, légèrement. De ces données, on peut conclure que la larycin- lolale de la table du dolmen avait une moyenne de 2 mètres. Le soubassement étant de l"',80 ces mesures semblent bonnes. La longueur, c'est-à-dire la mesure comprise entre l'entrée et le fond, atteignait 1"',10 -\- 1 mètre + 1"',40 --= 3'", 70 (le soubassement fait H'",^^0). La hauteur était petite, un jieu plus d'un mètre. La hauteur des piliers étant de l'",30, il faut bien compter 0"',25 pour la partie enfouie en terre. Trouvailles. — Dans un monument aussi dévasté on ne pouvait pas récolter grand'chusc. Il était de toute évidence que la sépulture était violée depuis foi't longtemps et le résultat des fouilles semblait bien illusoii'e. Cependant je pus FiG. III. — Fuuille du dolmen du l'uy-Bertonaean. — Silex trouvés dans le sous- sol. — 1, lidiic plate; II, silex courbe, en poicoir; III, rojar leur pcliL volume, jjar leur fini, en un mol, par une adaptation (jue Ton dirail inlenlionnelle, ils s'éloignent A. ET L. CATELAN LA GROTTE DU LEVANT DE LEALMEIl 42o de riiidiistrie éolilhiqiie; ils seraient dignes, à Ions égards, d'nne indus- trie beaucoup plus évoluée. On les classerait dans une série moustérienne (n°^ 1 et 4) ou néoliliiique (n"' "2 et 3), que leur forme ne clioqucrail pas et que la i)lupart, pour ne pas dire la totalité, des archéologues non pré- venus, songeraient lùen peu à la possibilité d'un anachronisme. Comment expliquer cette 7>////e.ssf! de type dans In plus vieille époque de l'imluslrie humaine ? Ne laudrait-il pas supposer (pi"en dehors des éolithes, éclats de fortune partout et toujours utilisés, le véritable outillage tertiaire est caractérisé par ces formes exceptionnelles, aussi rares (pie les silex (aillés des allu- vions quartenaires par rapport au grand nombre <1 éclats quelconques qui les entourent? îN'y aurait-il pas vraiment, avant le i»aléolithique, une de ces industries microlilhiques représentée [tar le Tdrdeiwisien à l'aurore de l'âge de la Pierre polie ? Ces questions s'adressent évidemment aux parlisans de la (aille inten- tionnelle des éolithes. Nous dirons aux négateur 'S Pensez-vous que nos quatre silex soient simplement « des morceaux de cailloux choisis et triés parmi d'autres morceaux de cailloux, sans que rinterveniion du travail intentionnel et humain soit absolument nécessaiie pour expliquer leur aspect? » (I) Pensez-vous que des chocs naturels aveugles, et parlant înharmoniques, ])uisseiU produire une (elle harmonie? Nous n'avons pas la témérité de préjuger des réponses. Mais nous sommes de plus en plus convaincu, ainsi que nous le disions au début, que notre communication apportera }>lus de confusion que de lumière. C'est à un Indus luilurœ pour les u;is, à ÏAnIhropopitheci'.s Ramesi pour les autres, que nous devrons des objets dans lesquels Vl/omo Sapiens |)0urra lui aussi reconnaître sa facture! Quel curieux problème que celui des lv)li(hes du Cantal ! MM. AiGtsTE et Louis CVTELAN, Le Bui^-le's-liai'oniiies (Drômc). LA GROTTE DU LEVANT DE LEAUNIER, ]f. GjI. 426 ANTHROPOLOGIE prospectons nous-mt'iiies depuis 1908 et nous les avons fait visiter à H. Millier et au baron Blanc. Nous ne les décrirons donc pas aujourd'liui, nous réservant pour plus tard une étude plus approfondie au point de vue géologie, travaildu carrier, maillets, technique de débifage des rognons de silex et taille grossière des pièces retouchées qui s'y rencontrent. Aucun des auteurs ou visiteurs précités n'a trouvé l'habitat du carrier préhistorique. Nous avions bien avec //. Millier vu des cendres et du charbon au fond d'un entonnoir de mine, mais nous cherchions des traces plus certaines. La montagne de Rissas, ce dernier contrefort du mont Venloux au nord- ouest, s'étale au nord en une sorte de jilateau coupé de profonds ravine- ments. Les auteurs ont parlé des ct)mbes du Vallon, de Combe-Belle, de Bouche-Grasse, de Leaunier (et non Oulagnier) et de Puy-.Martin, en allant de l'est à l'ouest. Ces combes, creusées dans les laissantes strates rocheuses de l'Urgo- nien, offrent des falaises assez abruptes, percées d'anciens lits de sources, qui forment des cavernes en couloir inhabitables. Toutefois, dans le ravin de leaunier, au j)ieddes falaises, béent comme deux bouches entr'ouvertes, deux baumes qui se font face, l'une à ToueSt, l'autre à l'est, et dont nous allons nous occuper. Avant le reboisement et les défenses de pacage, elles ont servi de bergeries. A présent, elles sont abandonnées, et il a fallu brider buissons et broussailles pour pouvoir les apercevoir et y péné- trer. Leur accès. est d'autant plus diilicile que l'effritement permanent de la roche a laissé comme une pente d'éboulis caillouteux tout le long du pied de la falaise est. Peut-être d'autres grottes existent-elles cachées par ces déjections. En tout cas la grotte, objet de nos fouilles, a reçu sa (piote-part de cailloutis qui ont glissé à 1 "intérieur comme ils se sont amoncelés à l'extérieur. Ce cône de déjection nous occasionnera beaucoup de perte de teu)ps. La large baie d'entrée de la grotte du Levant, dans laquelle on pénètre en se courbant, était, à droite et à gauche, fermée par une murette en pierres sèches appuyée au cône de déjection extérieur. On descend une marche et on se trouve dans la baume-bergerie. C'est une assez belle salle d'environ 17 mètres de largeur sur 15 mètres de profondeur. Le sol en contrebas de l'entrée, mais surélevé par les débris d'habitats successifs et surtoul par l'énorme amas de cailloutis venu de l'extérieur, permet de loucher le plafond avec la main et les stalactites avec la tête* Les parois et la voûte sont constellées de rognons de silex. On distingue des cuvettes. arrondies qui ne sont que des alvéoles de rognons siliceux enlevés. Nous nous sommes assuré le droit de fouiller les deux grottes et avons fait dans celle du Levant deux sondages très importants : l'un à droite.de l'ouverture, l'autre presque en ftice de l'entrée. La difficulté de sortir nos déblais rendra très ]»énible toute fouille ultérieure. La tranchée, ouverte en face de l'entrée, a 5 mètres de longueur bur o mètres de largeur environ. N'eus avons poussé le sondage jusqu'à A. ET L. CATKLAN LA «JUOTTK blj LEVANT DE LEAUNIER 42" 0 3'", 80 de profondeur sans trouver le rocher. Sous un énorme amas de gravier, [)lein du fumier en poussière des troupeaux, s'est présentée une couche de cendre noire de 10 à 1S centimètres d'épaisseur. Cette couche n'était pas horizontale, mais suivait la pente de 2o 0/0 donnée par un ancien cône d'éhoulis rocheux venant de l'extérieur. Cependant, vers la base, à 1"%80 de profondeur, nous avons rencontré un sol battu de 4 à 6 centimètres en argile que le feu a durcie et rougie comme de la poterie. Ce foyer est daté par trois clous et un anneau de fer et par trois morceaux de tuile plate gallo-romaine, ainsi que par des tessons de poterie tournée, les uns en terre grossière, les autres, plus fins, recouverts d'une belle engobe rousse, et quel(|ues-uns d'un beau lustré noir campanien. Celte couché gallo-romaine donne du bœuf et du cerf. Sous le cOne de déjection, à un mètre en contre-bas, était un foyer néoli- tique horizontal avec lames en silex local et débris lamelliformes de taille. A droite du foyer, nous avons trouve un maillet à rainure, en pierre verte, brisé, qui a dû servir ensuite de percuteur, car il est arrondi et martelé presque jusqu'au niveau de la rainure. La couche néolithique donne de la brebis, de la chèvre, du sanglier et de gros os d'oiseaux. Nous avons poussé le sondage encore un mètre plus bas dans de grosses pierres, mais sans succès. En somme, sauf découverte ultérieure, le néolithique s'est établi sur un sol de grosses pierres, mais horizontal. Après lui s'est formée, venant de l'entrée, une forte pente caillouteuse sur laquelle le (iallo-Komain a fait son feu sans rien niveler. Peut-être sétait-il fixé, sauf pour le foyer en terre cuite du bas. sur un palier situé entre notre fouille et l'entrée de la grotte. iNous le retrouverons cet automne, s'il y a lieu. En tout cas les infiltrations d'eau, fortement chargée de sels calcaires, out bâti terre, cendre, pierres entre elles sans souci des strates archéolo- giques. Les stalactites, situées en général sous la partie antérieure de la voûte, mal défendue par la falaise supérieure, sont cependant peu impor- tantes. Ce ne sont que de grosses tubérosités verdàtres sans aucun pen- dentif. La fouille faite à droite de l'entrée a donné dès résultats plus intéressants. Malheureusement la stalagmite a envahi la partie la plus riche, et il nous a été très difficile de piocher dans un tuf, parfois si dur, que la pierre se brisait plu'ôt que son ciment. Les trouvailles les plus importantes ont été, disons-le tout de suite, une belle marmite néolithique et deux valves, à deux faces chacune, d'un moule du brouze IH. Chose curieuse, tandis qu"en face de l'entrée le Néolithique est à 2'", 80 de pro- fondeur, à droite de la haie il est presque en surface. Il est vrai qu'à cet endroit la voûte retombait au ras de terre et que les Gaulois ni les Romains n'ont pu venir s'y établir. Les foyers sont nombreux. Ils se présentent. cl)evaucl)anl irrégulièrement les uns sur les auli-es, sous la forme de lentilles fort aplaties. Ils nous donnent des /[.28 AM'linOPOLOGlE nuclei de sUex et des centaines de fines lames de 3 à 13 centimt'trcs, sans compter des quantités d'éclats lamelliformes. Une seule lame est retouchée. Du reste, les ateliers du Ventoux fournissent très peu de pièces retouchées. Néan- moins, c'est peut-être le cas de dire ici un mot d'une technique ohservéc dans notre dernier sondage et confirmée mille fois dans les ateliers de débilage des abords des puits à silex. Nous trouvons des disques allongés, formés de plaques de silex de 4 à G milli- mètres d'épaisseur, des hachoirs, des couperets, tous oulils dont le dos est .ahaltu perpendiculairement a l'épaisseur. Mais l'oulillage grossier le plus répandu est ime pointe de silex à coupe triangulaire, dont la l'orme ne saurait mieux être comparée qu'à une Iranchc d'orange un peu allongée. Le dos en est abattu par percussion. Cette technique d'adaptation du silex à la main se retrouve non seulement dans noti-e foyer, ce qui nous a donné l'éveil, mais dans 'tout le Rissas et a servi aussi bien pour de petits poinronsct racloirs de quelques centi- mètres de longueur que pour des pics de carriers de 17 centimètres, Nous citerons pour mémoire un boulet calcaire de 58""" et trois billes, fort communes dans certaines grottes du sud-est, de 25, 26 et 28""". La plus petite, dé"agée du tuf, est aussi lisse qu'une bille à jouer actuelle; les deux autres sont grenues, et la plus grosse est même assez irrégulière. La stalagmite nous donne un nouveau débris de maillet à rainure, un éclat de lame de grande hache et finalement une hache refendue dans son épaisseur. Ces trois pièces sont en pierre vei'le. Dans la pierraille étaient cinq fragments de petites meules en molasse. La qualité de réfractaire a valu à ces pierres d'aller sur la braise ardente et de servir de table chauffante ou de gril à notre ancêtre. La poterie a beaucoup souffert de son séjour dans ces lieux humides. Elle s'est décomposée dans le tuf. Néanmoins, on peut suivre toute la gamme des bords et des mamelons non percés ou percés d'un, de deux ou même de trois trous de peu de hauteur. Un ornement à grands che\rons sur poterie grossière et trois motifs formés par des cou|is rapprochés d'ébauchoir sur trois autres débris sont à noter. 11 faut noter aussi des mamelons à peine visibles sur le bord d'une poterie quasi sj^héi-ique, ce qui ne pouvait être d'aucun usage. Par contre, un mamelon pendant, que nous avons trouvé, eût été très pratique si sa forme l'al^atlue avait été volontaire; mais nous avons rencontré le même mamelon relevé, ce qui prouve que c'est le poids de l'argile et non la volonté de l'homme qui a été cause de l'inclinaison. Encore un progrès que l'on aura manqué, quoique l'ayant touché de la main, mais sans le voir. . Une pièce importante est une giande marmite à bords droits, à fond arrondi, munie de quatre gros mamelons. Elle était cachée sous une retombée très basse de la voûte, scellée par la stalagmite à de grosses pierres qui l'entouraient, la remplissaient et la recouvraient. La calotte du fond est décollée en plusieurs morceaux très facilement ajustables. Elle mesure environ 33 centimètres de diamètre à la pçmsè et 35 centimèti-es de hauteur. Sa forme, ses mamelons, sa matière et sa cuisson la datent parfaitement. Les ossements et dents recueillis appartiennent à la brebis, au sanglier, au cerf et à une sorte de chevreuil.- Comme outillage osseux, nous avons récolté une extrémité de poinçon et une de burin, ainsi qu'un lissoir fait d'un gros os refendu, puis équarri et dressé par frottement encoi'c visible. A. ET L. CATKLAA LA CliOTTE Ut LKVANT 1»K LEAUMER 429 Une grande surprise nous est réservée. Tandis que nous jelBns la grosse pier- raille de surface pour continuer la découverle, dans lobscurité le poids relati- vement léger d'une pierre, de la dimension d'une forte brique, attire notre attention. Au grand jour, nous voyons que cette pierre, dégagée de son tuf, est une vaive à deux faces pour moule de hache. Plus large à une extrémité qu'à l'autre, elle mesure au centre 123""" de largeur pour 243™'" de longueur et 38"'"' d'épaisseur. Une de ses faces, concave d'environ 3""" au centre, offre le demi-moule d'une liachc à lalon de lli3"'"' de longueur, 38'""' de largeur de lame et 33'""' de lar- geur au talon, ce qui représente une hache droite ou hache en coin. La lame va s'épaississant sur une longueur de 90""", tandis que le talon s'amincit sur le restant de la longueur, soit 73"'"'. Cette dernière partie est creusée de cornières de 23""", ce qui donnerait 30"'"' pour la hache entière, sans tenir compte de la concavité générale de la valve. A côté se dessine un couteau à double incurvation, dos fort, lame évidée d'environ 13S""" de long, soie ou trou de coulée non compris. A signaler quatre trous de fixation accouplés deux pai- deux. Le revers de la valve est un moule de hache de même modèle. Seulement, au lieu d'un couteau, c'est un trait de 1!)0 à 200'""' de longueur tout compris, et de 3 à 4'""» qui se dessine, incurvé de l à 2""". C'est le moule d'une aiguille ou d'un jet de bronze pour un mince bracelet, la longueur de lîlO à 200"'"' étant sulïisante. A signaler seulement deux trous d'ajustage : les autres sont oblitérés. Cette découverte nous a mis en grand éveil et nous inspectons minutieuse- ment chaque pierre. Nous finissons par trouver la valve correspondante de notre moule, mais hélas! en bien piteux état. Elle est brisée probablement en trois morceaux. Nous en retrouvons deux très altérés. La couleur blanche de la sta- lagmite sur la cassure, nous ludique seule le creux des cornières de la liache. La nervure dorsale du couteau se dislingue également sur une des faces. L'autre face est presque indéchiffrable, et ce n'est que par déduction que nous pouvons reconstituer une hache et un trait. Ces moules sont en molasse tendre, pierre réfractaire très friable, utilisée encore de nos jours pour la construction des tours de boulanger. On peut remar- quer que des carrières de cette pierre se trouvent de l'autre côté du torrent du Thoulourenc, à quelques centaines de mètres de notre grotte, dans une couche sableuse et très Une de mollasse burdigalienne ou iiout-ètre helvétienne, mar- quée M--' sur la carte géologique du Buis, n" 211. C'est donc un objet d'une grande rareté que nous avons trouvé, puisque DécheleUc, en ne tenant pas compte d'un fragment de coquille en bronze, n'indique dans son appendice 11 que trois moules de couteau, provenant du lac An Bourget, fouilles de 1S(58-18G0, et déposés au musée de Chambéry, n^^ 2704, 2807 et 2815. Notre moule, sauf addenda, est donc le seul trouvé en Fiance, en terre ferme. Nous avons dû, après quatre mois de fouilles, arrêter nos travaux pour en rendre compte au Congrès. Nous allons les reprendre pendant les vacances et Aider la grotte de l'est avant de passer à celle de l'ouest, que nous avons sondée , plus sommairement. Nous ne terminerons pas ce premier compte rendu sans mentionner une trou- vaill(\ peut-être aussi attachante sinon plus que celle des deux moules : a) Nous avons dit qu'il fallait se courber pour entrer dans la grotte. Mieux 430 ANTMROI'OLOGIE acclimatés, nous* nous pi'ésenterons le front droit, et la première chose qui frappera notre vue sera, sur un petit méplat noirci du plafond de l'entrée, une croix dessinée à double Irait blanc et encadrée de trois arcs do cercle, le pre- mier au-dessous, les deux autres par coté, se rejoignant par leurs extrémités. On dirait un écussonde croisé, celui de la maison de Savoie, par exemple. Un grand trait insignitiant à gauche et quelques petits traits horizontaux. Qui a fait ces dessins? Entrons et nous en verrons d'autres. A gauche de l'entrée, inspectons les méplats du plafond et les alvéoles d'où se sont détachés les rognons Travaux liisturi([iies et sri('iitilli|iii's, l'niliei's. LA PRÉHISTOIRE A POITIERS r;71 (Vi.B'ti 27 Juilli'l. Au début des recherches sur les premiers temps de l'humauité, le Poitou, très riche en slalions et en jnonuments préhistoriques, avait occupé une bonne place dans ce genre d'études. André Broaillet père, découvrait (1834-18 io) la première gravure quaternaire sures de renne connue en.Europe; le D'' Lcveillé signalait au Grand-Pressigny les grands ateliers de l'industj'ie iiéolitique : de nombreuses notices publiées par Amédée Broiiillet, de Longneinar, Trémeau de Uocliebrune, etc., etc., mon- Iraient l'aclivilé des recherches faites en Poitou. Après* un leiiqjs d'arrêt de plusieurs années, A. -F. Lièvre, dans son cours à la Faculté des Lettres, 1889, donna à la Préhistoire une impulsion nouvelle, qui ne fut pas activement continuée. La Société des Antiquaires de l'Ouest fait actuellemeul un sérieux effort pour faciliter ces études, en leur donnant une base solide de faits précis et de matériaux soigneusement recueillis. Dans son Musée des Grandes-Écoles, une vaste salle est en bonne voie G. CilALVET LA PRKIllSTOIKE A POITIEUS 43H d'ainénttgenieiit pour donner — avec des malériaux de la réi;ion — unr leçon de choses, monliant an giand public el aux éludianls de l'Université, le développement de l'industrie humaine et les modificalions de la faune depuis l'apparition de l'homme dans l'ouest de la Gaule, jusqu'aux hMiips merovmgiens. Celle courte noie ne peiil indiquin- les nombreuses pK-ces tléjà réunies et classées i)ar ordre chionoloi;ique : Silex craquelés de Thcnav ; haches chelléenaes el éclats utilisés des alluvion.s de la Vienne et de la Charente; hachellcs acheuléennes des plateaux poitevins; pièces diverses provenant des fouilles Y»'. Chmurt, à la Ouina. Haute-Iloehe, abri de la -rolli' à Melon, grotte du Placard (Charen((>), la Micoquc (Dordoffne' : Pièces du départenu^nt dr la Vienne recueiUi(\s par Ainnlee Bwuillet, Honsergent, de Lmrjuemar, Lavcrgne, Richard, coniU' Raoul de Ruchebrune, elc. Quelques séiies attireront sui-lout l'attention des spécialistes, notamment les mobiliers de deux importantes grottes poitevines, dont les industries différentes n'ont pas été, jusqu'à ce jour, sulFisamment exposées dans un musée (1). a) La groUe des Collés, commun(> d(> Saint-Pierre-de-Maillé (Vienne), montre l'industrie la plus ancienne du quaternaire supérieur. épo(iue aurignacienne [don du comle Raiml de Rochebrune ; ses fouilles de 1881] : lissoirs en bois do renne, pointes plates à base fendue, os creux de renne, utilisé comme flacon à ocre; grattoirs épais, grattoirs à bec, grandes lames retouchées en silex, lames à doubli'S coches, etc.. qui disparaissent à la fin du cpiaternaire dans la grotte magdalénienne du Chaflaud; faune habituelle du quaternaire supérieur avec abomlance du renne et du Rhinoccros tichorinm. h) La grotte magdalénienne du Chaffaud, près di- Civray (Vienne). — dont on a souvent parlé à l'occasion du précieux os gravé, trouvé par André Rruiiillet i/hj. /), conservé au Musée de Saint-Germain-en-Laye. — est connue FiG. 1. — La gravure sur os de renne trouvée par Anln'' lîrouillel, pèiv. surtout par les dessins hâtifs et insullisants iïAmédée Rrouillet. Deux grandes vitrines et de nombreux tiroirs, montrent pour la première fois l'ensemble de son industrie par de très nombreuses pièces soigneusemi^nt groupées. Ces objets (1) (i. Chai VET. — Lea Premiers htbilanl» du l'oilou. ; Uull. de lu Suc. des Aiiliquuires de l'Ouest, i!)2(). Tiré à pari. 434 ANTHROPOLOGIE proviennent tics fouilles Gaillard de la Dionnerie, inédites et restées en caisses depuis 1864 (I). On pourra ainsi éUnlicr l'industrie et la faune de. l'époque magdalénienne en Poitou; avec survivance projjabli' du Rhinoct'ros tkkorinus. A signaler plus particulièrement : Un poisson à contours découpés, en bois de i-enne. orné sur une face de très FiG. 2. — Grandeur réelle. Poisson à contours découpés; vu sur deux faces. fines rayures {fig. 2), elles petits burins en silex qui ont servi aie graver {fig.3)." Un Idoc de stalagmites, empâtant des silex tailles, des os cassés et de nom- 12 3 ^ ^ . Fig. 3. — Grandeur réelle. Burins de graveur, en silex. breuses dents de rennes percé"S à la base, ayant servi à faire un collier ou à orner une coiffure. . ' . Plusieurs fins poinçons en silex ont servi à porcer ces dents. L'industrie néolithique des dolmens poitevins est largement représentée : polisseirs, haches polies, grandes lames retouchées en silex, flèches à ailerons, poteries. A noter particulièrement : _ Le riche mobilier recueilli par .4 .-/<'. Lièvre, dans le dolmen sous tumulus. (1) Gustave Chauvet, Grottex du Chajfaud. I/Arf prlinilif. — Mem. Soc. des Antiquaires de l'Ouest, 1918, 176 pages, 39 figures, 4 planches Tiré à part. G. CHALVET — LA PRÉHISTOJKK A POITIERS 435 (lit La Motte-de-la-Garde, arrondissement de Ruffec (Charente), comprenant grandes lames finement retouchées sur les bords, haches polies, dont l'une est emmanchée dans un bois de cerf, grains de collier, pendeloques, vase et support de vase en argile. Des pii'Ccs rares provenant des ateliers du Grand-Pressigny et environs, nolamm(Mit un grand nuclcus quadrangulaire long de 0'",28, large de 0'",17. La vitrine consacrée à l'âge du bronze n'est pas complètement organisée; mais elle contient déjà les importantes cachettes de Notre-Dame-d'Or, du Verger- Gazeau, de Biard, etc. Elle doit recevoir bientôt un lot intéressant de poteries, avec ornementation géométrique en creux, caractérisant la fin de l'âge du bronze dans l'Ouest. La vitrine consacrée à l'âge du fer sera installée le plus tôt possible. A l'Université le doyen Welsch, au cours de ses conférences et de ses excursions géologiques, consacre un sérieux examen à la Préhistoire, en étr.diant les époques. glaciaires, les mouvements de l'écorce terrestre, la classification paléontologique et industrielle des temps quaternaires. Dans les riches collections géologiques de la Faculté des Sciences, il a fait une place convenable aux matériaux destinés à éclairer les temps pri- mitifs de l'humanité, faune et industrie. Des musées régionaux sont indispensables pour le progrès de la Pré- histoire. De nombreux ouvrages ont été publiés sur le genre de vie des prenuers habitants de l'Europe ; des classifications générales ont été présentées, dans les grands musées oij nous pouvons voir, côte à côte, de magnifiques pièces venues de régions — souvent 1res éloignées les unes des autres. Il y a certainement là des groupements très utiles, facilitant les vues d'ensemble. Mais le musée régional a aussi sa réelle utilité. Il permet de mettre en lumière et en relief l'industrie et la faune d'une contrée, quelquefois ori- ginale, et d'examiner, sur place, avec des matériaux du pays, dans quelle mesure les classifications générales des livres peuvent s'appliquer à une région déterminée. C'est sous l'impression de cette idée que les Antiquaires de l'Ouest réor- ganisent leur Musée des Grandes Écoles, à Poitiers. Je remercie l'Association Française pour l'Av^anceuient des Sciences, d'avoir donné son aide à cette réorganisation (subvention de 1917), confor- mément au but du legs Girard. j.36 ANTIII'.OI'OIJIGIE M. J. COTTE, Professeui' à IKrule de MédeciiK^ de Marseille. ÉTUDE DE RÉSIDUS ALIMENTAIRES NÉOLITHIQUES (1) ô"i.93 (4').0'i9) {21 Juillel), M. le Chanoine de Villeneuve a eu robligeance de me communiquer des lessous de poteries, provenant de la grotte néolithique des Bas-.Mou- lins (^2). Certains possédaient un enduit noir, qui a servi aux recherches dont le détail va suivre. Je n'ai rien à dire au sujet des techniques em[)loyées. Je suis déjà entre à ce sujet, soit en collaboration avec mon frère, soit seul, dans des détails assez complets pour que je puisse me conl(mter de renvoyer à ces travaux (3) le lecteur ([ui voudrait des préci- sions sur ce point, hune manière générale, cependant, j'indiquerai que la plupart des examens ont porté sur des produits qui avaient macéré dans la solution de carbonate de soude à saturation. Tesson 4. — f.es dél)ris noirs de cet écliantillon sont surtout composés de minuscules fragments de viande, qui se trouvent ici en grande aliondance. Cne cellule épidermiqueest à signaler, avec noyau l)ien visible: longueur 52;j.. lar- geur iOjA;'le noyau ovoïde avait 12.'■>) \\. Vehneal- et L. de Villeneuve, La Grollc îles Ilis-Moi,lins ijrinciiiniihj ilo Moniicn . — LAnlhiopoloui!', t. Xll, p. 1 - Tl, 1901. ù\] J. et C. Cotte, Amili/sys de rrsi'lns <)i(iniiiqu?s il ■ rèiHiqu:' jiiiihklorique caverni' di- rA(liioiisle). — Bull. Sn: Anlhiop., \>. 1 - 51, 1917. — J. Cotte, Mi-lholc irumih/si's de fàjiidiis onjaniqir.'s préhistoriques. — liholiinki, C. H. Conijrès Perhiis il919, iiaru en 1920), p. 75. J. COTTE — ÉTIDEDK RÉSIDUS ALIMENTAIRES 437 encore son aspect général. C'est là, selon toute vraisemblance, la petite céréale qui nous a préoccupés, mon frère et moi, dans les débris de l'Adaouste. et que nous avons rapportée ù l'avoine. Au total, le vase culinaire qui a fourni ces débris doit a\oir servi à faire des préparations ditïérenles, entre lesquelles il était nettoyé de manière assez som- maire. Il doit avoir contenu des pâtées végétales et des préparations animales; les premières semblent avoir été à base de céréales, et parmi celles-ci on peut inscrire avec assez d'assurance le nom de l'avoine, d'une manière plus dubita- tive celui du blé. Tesson 2. — La solution carbonatéc se colore rapidement et avec une grande intensité. Kn aspirant à la pipette un peu du dépôt qui se trouve au fond du tube où agit le réactif, il est prélevé presque uniquement des débris à apparence anhyste, donnant l'impression d'allniminoïdes coagulés par la chaleur. En cer- tains points, cependant, se rencontrent des fragments sur lesquels la striation des libres musculaires finit par être reconnue avec une netteté sulFisanle. Il existe aussi quelques cellules épidermiques, parfois groupées en petits amas. Mais on peut voir beaucoup de corps à peu près sphéroïdaux, généralement groupés en amas, qui possèdent en moyenne la taille, sensiblement, des hématies de l'homme: ils peu^ent avoir un diamètre double ou jusquïi moitié moindre; ils sont restés assez fortement colorés en brun et leur nature est énigmatique. Les cellules végétales sont rares, déchirées, méconnaissables; à peu près pas d'amidon, méconnaissable lui aussi. Nous paraissons avoir affaire là à des restes d'un plat non végétarien, composé de chair musculaire et d'albumines (sang?, œuf?, etc.) coagulées parla chaleur. La- vaisselle dans laquelle il avait été préparé devait être tenue dans un état de propreté relativement assez grand, ce que semble indifiuer la faible proportion de débris végétaux. Tesson S. — Des moisissures avaient envahi le dépôt de ce vase, avant qu'il ne fût profondément enfoui. Nous avons encore ici des débris de chair animale et des cellules épidermiques. J'en ai mesuré mie dont la longueur était de ii'J-, la largeur de 2aa, et dont le noyau ovoïde avait .5;j. dans son plus grand dia- mètre. D'assez nombreuses formations analogues, dont la longueur oscillait entre 30 et 40p-, devaient être aussi des cellules épidermiques, mais il est impossible d'émettre une affirmation à ce sujet, car leur noyau n'était pas visible. Parmi les restes végétaux, il faut citer en premier lieu de menus débris de f,ois de conifère. à fibres aréolées. qui n'étaient pas carbonisés. Ces fragments n'avaient cei'tainemcnt pas subi l'action du feu et, dès lors, je ne sais pas s'il est bien possible de leur assigner un âge précis. Il est seulement probable que ces restes de bois de conifère sont contemporains des autres éléments végétaux qu'il me reste à signaler. Ce sont des cellules scléreuses de bonne taille (jusqu'à i)Oi>- sur 3.o), isolées, à lumière assez faible, et un parenchyme amylifère assez grossièrement broyé. L'immense majorité des grains d'amidon isolés n'appartient pas au blé ni aux céréales voisines: orge et seigle. Les grains ont de 5 à 15[/. dans leur plus grand diamètre et sont habituellement pourvus d'un bile puncliforme. Ils sont parfois en petits groupes. Je ne pense pas qu'il s'agisse là de grains composés; il a dû y 438 . ANTHROPOLOGIE avoir agglutination de plusieurs grains ensemble, au cours de la cuisson. Mais aucune airirmation ne peut être émise à ce sujet. Nous avons donc encore ici un mélange de restes animaux et de restes végé- taux. Ceux-ci sont incaractérisa blés pour moi, et n'appartiennent certainement pas aux grandes céréales, au moins pour l'immense majorité d'entre eux. Tesson 4. — Les fragments de muscles animaux sont ici peu nombreux; il semble exister aussi quelques rarissimes débris de tissu conjonctif. Kn général, on peut dire que le produit de raclage est composé principalement de restes végétaux , profondément carbonisés , à grains d'amidon très déformés en général par la cuisson et impossibles à caractériser. La taille de quelques-uns d'entre eux, rares, qui ont un contour encore régulier, est à peu près celle des grains d'orge ou de blé. Il persiste aussi quelques amas que l'on pourrait rapporter à une céréale à grains d'amidon composés, comme l'avoine. Tesson 5. — Les restes animaux, assez bien conservés, relativement, forment la plus grande partie des particules noirâtres. Certains fragments de muscles sont très fortement décolorés après un séjour de vingt -quatre heures dans la solution saturée de carbonate de soude et montrent, d'une manière vraiment remarquable, la striation de leur surface. Chez d'autres, d'ailleurs, cette striation se voyait déjà avant l'action de tout réactif. Des fragments de tissu conjonctif se remarquent aussi, mais partiellement transformés en coUagène, tout recou- verts de granulations; ses fibi'es ressemblent à des chapelets de granules. Un groupe de trois éléments, que j'ai cru pouvoir caractériser comme fibres tendi- neuses, était également très granuleux à sa surface. Un morceau d'aponévrose, en partie enroulé sur lui-même, montrait fort bien ses fibres, orientées suivant deux directions perpendiculaires l'une à l'autre {ftg. 4). Ces restes animaux constituaient le fond de la partie intéressante des prépa- rations. A côté d'eux existaient aussi des débris végétaux peu nombreux, des 5û ^00 p. Fragment d'apoiiûvrosb. parois cellulaires, assez profondément carbonisées et à cassure déjà vitreuse. Et, naturellement, les grains d'amidon étaient rares et généralement incaractéri- sables, très déformés par ki chaleur, avec bile puncliforme grossi et stries bien plus marquées qu'à l'état normal. S'il fallait émettre une h\pothèse sur leur nature, il y aurait lieu de penser plutôt aux grandes céréales. Dans les préparations se montraient aussi de lines gouttelettes qui ressem- blaient à de la graisse. J'ai traité par l'éther la solution de carbonate de soude dans laquelle avait macéré ce produit de raclage. L'éther, évaporé dans un\erre de montre, n'a pas laissé de dépôt gi-as visible; le résidu, chauffé sur une flamme, a dégagé une odeur nette, qui était bien voisine de celle des graisses rances. Nous avons affaire là à un des restes culinaires les plus intéressants que m'ait fournis la grotte des Bas-Moulins. Il nous permet de comprendre, une fois de plus, comment étaient utilisées les poteries néolithiques, dans lesquelles passaient, j. COTÏK ÉTUIiE l)K RÉSIDIS ALlMBNTAinES 439 successivement des préparations culinaires de compositions différentes. L'état ûe fragmentation des débris ol)servés de tissu conjonclif nous permet de nous demander si les viandes n'avaient pas été soumises à un broyage assez soigné, avant d'éfre mises à cuire dans le vase. Tesson 6. — Des fragments de viande encore, profondément altérés; il est presque impossible d'y voir aucune strialion. Une cellule épidermiquc colorée €n brun très clair, avec noyau bien visii)le. Il existe aussi ilu parenchyme végétal amylifère, mais à amidon extrêmement déformé. Le tesson a été trop fortement chauffé, peut-être après la rupture du vase auquel il a appartenu. La caractérisation des parcelles qui constituent son revêtement interne est devenue presque impossible, en ce qui concerne la viande; elle est complètement impossible pour les végétaux. Tesson 7. — Les parcelles sont examinées après un séjour plus ou moins prolongé dans la glycérine, qui tinit par y faire apparaître, par places, la striation caractéristique. Parmi elles se trouve aussi un fragment de fibre tendineuse, ainsi que des groupes de libres de tissu conjonctif; des cellules épidermiques sont peut-être à ajouter à cette liste; mais le noyau n'est visible sur aucune d'elles. A ces restes de viande, qui constituent la majeure partie de la substance exa- minée, sont mélangés un certain nombre de débi'is végétaux: fragments très divisés de parenchyme et grains d'amidon. Certains d'entre eux sont empâtés par des matières brunes dont l'origine animale est certaine. Leur petit nombre relatif empêche de croire que la préparation culinaire dont j'ai examiné les restes ait été un mélange, finement divisé, de plantes et de chair animale. 11 parait plus logique de voir dans ces grains d'amidon les témoins d'une pâtée qui avait été primitivement mise à cuire dans le même vase, et dont les résidus, restés adhérents aux parois, avaient été repris et remaniés lors de la confection du nouveau plat animal. Les grains d'amidon sont de deux tailles. Les gros, en disque plutôt circulaire, mais à contour un peu irrégulier, ont de 2o à aOfx dans leur plus grand dia- mètre; il en est. parmi eux, qui sont bien elliptiques. Le hile n'est visible que sur quelques uns; il est alors punctiforme, uû peu excentrique, ou linéaire, parfois étoile; mais il est difficile d'attacher une très grande importance à la forme de ces hiles, sur lesquels l'action de la chaleur s'est évideuuiient fait sentir. Les stries d'accroissement sont parfois bien plus visibles ([u'à l'état normal. Les petits grains, disposés parfois en groupes (jusqu'à i-ept), ont une taille moyenne de 6 à Sy.. Ils montrent souvent un hile punctiforme. Il n'existe guère de termes de passage entre les deux sortes de grains; ce détail, joint à la forme de ceux-ci et à leur taille, permet de se demander si nous n'avons pas là affaire à une céréale comme le blé ou l'orge, plutôt l'orge, semble-t-il. Et un fait qui plaide en faveur de cette attribution à une céréale est l'exis- tence de fibres textiles dans ce produit de raclage. Je n'en ai pas observé dans les autres, malgré que mon attention fût très en éveil de ce côté. Je signaleiai un long bouquet de plusieurs fibres, que je pense être du lin, car eljes en ont la taille et l'aspect extérieur. Puis deux fragments de fibres écrasées au cours des triturations: la largeur de ces fragments est de 20 à 2-2;ji. environ, dans leur partie moyenne. J'ai été heureux de retrouver là ces fibres textiles. Voilà une nouvelle obsër- 440 A.NTHKÙI'OLOGIE vation, qu'éclairent celles que nous avions pu faire, mon fière el niui, sur les objets provenant de la grotte de l'Adaouste. Ces fibres broyées sont les témoins que le parenchvme végétal auquel appartenaient les grains d'amidon, et que j'attribue à des céréales, a subi un broyage soigné, comme les céréales de TAdaousle. Ce petit détail projette donc une vive lumière sur le soin avec lequel étaient préparés les aliments par les liabitants de la grolle des Bas- Moulins. Conclusions. — Nous relrouvons donc encore la viande morcelée en infimes débris dans les enduits noirs des tessons qui proviennent de la grotte des Bas-Moulins. Le travail de rac'age que j'ai etleclu»' contre les tessons a pu aui;nienter beaucoup ce morcellement, il est vrai ; mais il n'a pas suffi à le produire, à lui seul. La présence du débris d'aponévrose enroulé, dont j'ai parlé plus liaut, l'indique d'une manière sulfisannnenl précise. Aux Bas-.Moulins, comme à l'Âduonsle et à la Font-des-Pigeons, des viandes finement broyées élaicid cuites dans les vases: jieul-êhe, en remuant avec soin dans le vase chauffé la viande qui « s'attrapuil » contre sa paroi, la cuisinière déterminait-elle involontairement le morcellement, poussé très loin, des parties qui avaient adhéré à celle-ci. Et ici encore, comme à l'Adaouste et à la Fonl-des-Pigeons. ce sont des débris d'une alimentation animale qui foui-nissent la principale coloration du revéte- lement interne des tessons. Il sera intéressant de voir si les archéologues arriveront à des résultats identiiiues dans les autres régions, et si la couleur du revêtement interne des poteries leur permettra de reconnaître, à l'œil nu, la nature des aliments qui ont cuit pour la dernière lois dans leur intérieur. On pourrait se demander.' dans ce cas, si la facilité avec laquelle les viandes se carbonisaient et adhéraient aux vases, lors de la cuisson, n'était pas pour quelque chose dans la rupture de ceux-ci. D'autre part, j'ai déjà énn's l'hypo- thèse que dans nos groltes les fragments végétaux ne se conserveraient guère. en tronçons un peu imporlants, qu'après avoir été carbonisés par le feu et transformés en \rais charbons; les autres se dissocieraient habituellement en débris microscopiques. Les graines alimentaires des Bas-Moulins comprennent de petites céréales, ou plutôt une petite céréale, l'avoine, et, parmi les grandes céiéales. l'orge ou le blé. Il est impossiiile vrainient d'arriver à la certitude, quaml on travaille sur des grains d'amidon déformés par la cuisson, quand on n'a pas ])u trouver les éléments vraiment caractéristiques (poils de la surface, débris de l'assise pro- téique, etc.) el que l'on n'a aucune notion sur la llore fossile de la grotte. Quoi qu'il en soit, l'étude précédente nous montre que les néolithiques des Bas- Moulins se nourrissaient de pâtées de farines, connue ceux de l'Adaouste. La présence de débris de fdjres textiles broyées dans la poudre 7 est plein d'intérêt. Cette observation nous reporte immédiatement aux résidus de l'Adaouste, qui contenaient les mêmes impuretés; celles-ci y étaient associées, d'une manière assez étroite, aux préparations à base de blé ou d'orge, et man(|uaient dans celles où l'avoine figurait seule. Et voici que nous les retrouvons dans des résidus oij se montrent des grains d'amidon qui rappellent singulièrement ceux de l'orge. Je prends la liberté de poser à nouveau aux archéologues le problème de la cause qui associe ainsi ces fibres broyées et les farines de blé ou d'orge. L, CuUTll. — l.i:S TUMUIX'S l)K LA RÉGION DK IIAGUENAU 541 M. Léon COUTK., Correspondant iln .Ministère de riiiï^truction l'nbliqne, Siiint-PiLMTe du Viuivriiy (EufCL LES TUMULUS DE LA RÉGION DE HAGUENAU ET BISCHWILLER 571.91 t43.V'..J) 27 .lu il Ici. Les premières fouilles des nombreux lumulus de la forêt de Hauuenau remontent vers l8o7, elles furent faites et lapporlées par l'abbé Guerber, curé de llaguenau, elles comprenaient les groupes de Scliirmein. neuf tumulus d"llartbausen ; trois d'Houloumon; environ cinquante à Kirlack; d'autres à Fischerhubel, le long des ruisseaux Brun et Ebers: enfhi à Auberfel et à Mecktul. Clément de Graiulprey a dressé deux autres cartes de cette région et mentionne d'autres groupes de tunmlus dans la l'orèt de Ko'nisbrug. aussi riche que celle de Cinrkeim. De 18f)0 à 1861, de Ring avait ouvert des tumulus à Cinrkeim, Kirbach. Fickerhubel, fouilles aux(pielles assistait yie.'isel. Une partie du produit de ces fouilles se trouve au musée de Saint-Germain-en-Laye avec d'autres objets de la forêt de llaguenau. En 1867, -Y. Kessel, avocat et maire de llaguenau, commença l'explora- tion des luuuilus de la colline et des bois de Bechdorf, il en a publié le résultai. Depuis 1867 et surtout depuis 1870, il a fouillé chaque année et pendant près de quarante ans, jusqu'en 190o, sur 30 kilomètres de longueur et 10 kilomètres de largeur, environ 700 tumulus, c'csl-à-dire à peu près tous les tumulus visibles de la forêt; le résultat est exposé dans le beau musée de llaguenau qu'il a fondé. Ce sont les tumulus les plus élevés qui lui ont donné le plus d'objets de mêlai; toutefois, les ]>etits ont fourni aussi quelques objets; ils sont ronds et ordinairement disposés par groupes. M. Nessel y a reconnu une population de Vàge du bronze qu'il divise en trois périodes. La [)rcmière s'était surtout installée au bord de la forêt, elle est carac- térisée par des poignards triangulaires et des épingles terminées en fer de lance; elle fait à peu près défaut à llaguenau et les rares sépultures sont superposées les unes aux autres. La seconde période présente de nonibreuses incinérations qui deviennent plus rares par la suite; elles sont d'ailleurs difTiciles à reconnaîti-e: cette période est caractérisée par des poignards etTilés à manche de bois, des W2 ANTHUOF^OLOGIE haches à lalon et des épingles, prototypes des fibules, un ou deux bracelets massifs, presque toujours un ou deux vases ornés de dessins géomé- triques. P3 c o 03 D O 55 a,' Les troisième et qualrième périodes présentent encore le même inven- taire, mais les armes apparaissent plus rarement; aux bras, on trouve des spirales en fil de bronze plat;- et aux pieds, les bracelets à tige plate terminée par deux spirales concontriques ; les épingles à tètes rondes L. COUTIL — LES TUMULUS DE LA RÉGION DK HAGUENAU 143 ajourées et rayonnantes s'y rencontrent, car les fibules ne reviennent ((ue plus tard; les vases ne sont pas rares et souvent incisés, quelques-uns sont a p 3 '■a en a o pa s -a il revêtus de graphite qui indique la transition avec la période liallstatlienne. Les tumidus du bronze sont moins riches en ol)jels que ceux de la période suivante dite du Hallstatt; les sépultures étaient superposées; l'incinération dominait à l'âge du bronze et l'inhumation au IlallsfaK. 2" A la période haUstallienne le mobilier est plus varié, plus abondant 444 AMHr.OI'OLO<;lE et le fer assez rare accompagne parfois le bronze; chaque lumulus donne un ou plusieurs objets. Les épingles disparaissent et sont reniplacc*es par des fibules; l('Si;ranilos plaques de ceinturon en bronze mince estampé et les bracelets en forme de tonnelets rappellent ceux des lumulus de la Franche-Comté (forêt des Moidons, Jura), de la Suisse, du duché de Bade et de la Bavière: nous citerons ceux de Hesselbach, llarlbausen, Kurzeland : on y trouve des I.. COUTIL — LKS ÏU.MUMIS DE LA RLGION DE HACUENAU y; l)()ucles d'oreilles semi lunaires, des colliers creux, elc. Les vases sont très rares el parfois ornés de bandes colorées d'ocre, de .urenal ou de i^rapliile ; il n"y avait pas de cercles de pierre autour des toniljes parce que la pierre manque dans la région. Une seconde période de Hallslall amena la Iransilion avec la Tèiie; les beaux torques de Ubiweiler et de la forêt de Schirkeim, fondus à cire perdue, datent de cette époque, on en mettait aux enfants comme aux i4Q ANTHROPOLOGIE adultes. L'ambre joue un i^rand ro\e dans la série des bijoux. L'incinéra- tion devient très rare; le fer coiniuence à prendre un grand développement et alors on arrive à la Téne, avec son industrie typique, mais généralement peu représentée dans la forêt de Haguenau. Dans cette forêt, à l'époque du Hallstatt, la première sépulture élail sans fosse. L'incinéi'ation était à peu près générale à l'âge du bronze, tandis que l'inhumation domine au Hallstatt; un gros tunmlus a donné sept si|uelettes de femmes placés paiallèlement. Nous avons décrit plus complètement la céramique et les objets métal- liques de ces lumuius en 1914 dans la revue VHomme préhistorique (1914, nMl). M. Louis FlUNCHET, Asnières l'Seine). SUR LA CÉRAMIQUE ÉNÉOLITHIQUE A MALTE 571.55 (45.82) 'il Juillet.} Lors de mon séjour en Crète, le docteur Hazzidakis, directeur du Musée de Candie, m'a communiqué plusieurs spécimens de poteries qui lui avaient élé envoyées par le directeur du Musée de Malte. Elles avaient été trouvées dans l'île, mais le lieu exact de la trouvaille n'était pas spécifié. Les onze échantillons que j'ai examinés représentent une céramique déjà passablement évoluée. Je n'y ai pas reconnu en effet cette poterie grossière et friable des premiers Ages de la céramique: en outre le décor incisé témoigne d'une technique tout autre que celle que l'on observe l)endant le néolithique. Caractères généraux. — Ces poteries, fumigées dans la masse, sont engobées. La pâte ne contient pas de gros éléments dégraissants, c'est donc une pâte demi-fine; elle est peu compacte et présente en général de nombreuses petites cavités visibles à la loupe; elle appartient à la catégorie des pâtes maigres, riches 'en éléments non plastiques. Ceux-ci n'ont sans doute pas été ajoutés intentionnellement, mais se trouvaient naturellement dans l'argile, car il est probable qu'ils auraient été ajoutés en quantité moindre de façon à obtenir une pâle plus facile à travailler. , L'engobe est d'une grand;' finesse, ce qui n'implique nullement, du reste, que le potier ait fait usage d'une terre préalablement lavée. Les belles engobes employées en Lgypte sous l'Ancien et le Moyen Empire, L. FRANCHET. SUR LA CKRAMIQlli; ENEOLITHJQUE 4/- it comme celles qui sont en usage aujourd'hui chez les potiers indigènes, sont constituées par des argiles non lavées, mais existant dans la nature dans un élal de très grande finesse. Les poteries de Malte ont été cuites vers 700" en feu réducteur, mais qui fui légèrement oxydant à la fin de la cuisson. Les échantillons ne comportaient qu'un seul type d'anse: l'anse [jlate appliquée verticalement et s'épanouissant largement aux points sui)érieur et inférieur de jonction avec la panse. C'est l'anse que l'on retrouve par- tout à la fin du néolithique et siirlout aux premiers âges du métal. Décor. — Au point de vue du décor, ces poteries se divisent n(.'t(ement en deux catégories : . a) Potei'ie lissée à décor géométrique incisée proftindément. b) Poterie ])eu ou pas lissée, incisée peu profondément. Les poteries du type a nous montrent un décor exécuté avec une netteté et une vigueur de trait (|ui indi(pionl qu'il est l'oaivre d'un artiste expérimenté. L'incision est large et profonde (2 millimètres sur 2 millimètres), faite dans la pâle molle au moyen d'un burin à pointe arrondie (et non pas acérée) . L'un des fragments porte un dessin formé par un système de lignes FiG. 1. lirisées parallèles associées par paires, alternant avec une ligne ondu- lée (ftg. '/;. Un fragment d'une anse massive, nramelonnée, présente à la partie supérieure une surface ])lane, décorée d'une série de losanges inscrits les FiG. 2. FiG. 3. uns dans les autres (fig, i), disposition que l'on voit également sur un fragment de panse, mais obtenue alors avec des rectangles (fig. 3). Ces incisions n'ont reru aucune incrustation de matières blanches ou colorées. 148 ANTTIROPOLOGIF, La [lolerie du type b esl livs dilïérenle car elle n'a pas été lissée, sauf un échanlillon qui présente des traces de lissage. Le décor de celte poterie, dont nous n'avions malheureusement que de petits fragments, consiste en grands traits largement tracés, mais très légèrement, avec une pointe Img. 4. acérée. Ces incisions ont été faites sur la pâle cuite, ce que démontre l'éclatement de leurs bords. Elles représentent des lignes droites, courbes ou spiraliformes qui correspondaient peut-être à une com])osition d'en- semble (fif/. i, 5). Fa;. 5. Lu des fragments doit retenir particulièrement l'attention (fig. 0) car il porte un dessin spiraliforme surmonté d'un éperon et le champ où se L. FRiVNCHET — SUR LA CÉRAMIQUE ÉNÉOLITHIQUE 449 trouve gravé le dessin présente un pointillé également gravé. Ce mode de décoration est caractéristique non seulement dans la céramique mal- taise, mais il s'observe aussi sur les monuments en pierre découverts dans l'île. Dans les poteries du type b le décor incisé a été rempli avec une matière rouge qui paraît être de l'argile cuite pulvérisée. M. Dussaud en signalant la céramique maltaise gravée dit, au sujet de leur âge : « Le décor des vases, reliefs ou incisions, rempli de matière blanche atteste « que le site remonte à la fin du néolithique, o (1) La poterie que je viens de décrire est tout à fait analogue à celle qu'a décrite et figurée M. Dussaud et je les considère comme étant de même époque, mais je l'attribue non pas à la fin du néolithique, mais à une phase déjà avancée de rénéolithique. Cette question possède une certaine importance d'autant plus que M. Dussaud ajoute: « Par sa position même, Malte est un trait d'union entre la Méditerranée occidentale, l'Afrique et la Méditerranée orientale, sans qu'on puisse définir le sens du mouvement, il apparaît notamment d'après le caractère stéatopyge des figurines que des tribus apparentées ont peuplé pendant l'époque néolithique les bords de la Méditerranée. Elles se sont développées parallèlement dans ces régions assez éloignées et se sont de plus en plus différenciées les unes des autres. C'est ainsi que la population maltaise primitive a utilisé des principes communs à l'Espagne, à l'Afrique du Nord et à la Crète, mais a constitué une civilisation autonome; sa céramique notamment ne se confond avec aucune autre: elle est à relief ou incisée. Un détail singulièrement frappant est la fréquence du décor en points incisés et remplis de matière blanche qui répond au pointillé dont sont criblées certaines pierres de Hagiar Kim. Il n'est pas jusqu'à la spirale qui ne se mêle à ce décor aussi bien en céramique que sur les monuments en pierre. » Je ne partage pas l'avie M. Dussaud quant à l'attribution de cette poterie- au néolithique; en outre je ne vois à Malte aucune influence Cretoise, pas plus que je n'ai pu découvrir en Crète la moindre influence égyptienne, soit dans la technique, soit dans le décor de la poterie. Pour attribuer cette céramique maltaise à l'énéolithique je me base principalement sur la technique du décor géométrique déjà très évo- lué (fig. 1, 2, 3) qui indique une compréhension très nette de la ligne droite et des éléments que l'on peut en tirer ; puis sur la cuisson à peine réductrice de la pâte qui présente un faciès que j'ai observé sur un grand nombre de poteries égéennes de la pleine époque du cuivre. Cette céra- (li Dussaud, Les civllimlions préhelleniques ddna le bassin de la mer Egée. — 2" édit., Paris, 1914. 15 450 ANTHROPOLOGIE mique maltaise ne rappelle en rien la céramique néolithique de la Médi- terranée. Un rapprochement qui; à la rigueur, pourrait être fait avec la poterie égéenne, se trouve dans l'emploi de la spirale, fréquente sur les monu- ments maltais, mais ce rapprochement ne repose pas sur une base solide, car, jusqu'ici, la spirale n'apparaît qu'à partir du Bronze I, en Crète qui fut le principal foyer de l'art céramique dès la fin du néolithique. A Malte la puissante industrie céramique de la Crète ne paraît avoir eu la moindre influence. De même en Sicile, ce point reste fort douteux: M. Eric Peet (1) qui a beaucoup étudié la préhistoire sicule a cru retrouver dans la poterie néolithique de la Sicile quelques points de ressemblance avec celle de la Crète, mais il ne reconnaît pas une influence certaine de l'une sur l'autre. Je crois qu'à Malte, comme en Sicile, l'art céramique fut spontané, (comme il l'a été en Crète), au moins pendant le néolithique et l'énéoli- thique et qu'on s'exagère encore trop, malgré le revirement qui se produit depuis quelques années, les influences qu'à ces âges reculés, l'art d'un peuple a exercées sur celui d'un autre peuple: il n'est pas douteux que la spirale, à laquelle on a accordé une si grande importance, a pris naissance dans de nombreuses contrées, de même que les types paléo- lithiques de Chelles, de Saint-Acheul, du Moustiers se retrouvent presque toujours identiques comme technique de taille et comme forme, dans le monde entier. Par conséquent, il me paraît impossible d'admettre aujourd'hui que la spirale puisse être considérée, ainsi que l'ont pensé MM. Montelius et Sophus Millier,, comme une preuve de la diffusion de l'influence égéenne. Comme je l'ai dit tout à l'heure la plus ancienne spirale que j'ai pu observer en Crète est peinte sur les vases du Bronze I trouvés à Mochlos et à Vasiliki. Elle devient très commune au Bronze III, sur la poterie qui atteint alors son apogée (2). Le Bronze III correspond à cette époque si malencontreusement appelée époque de Kamarés, cette localité n'ayant fourni que des céramiques à décor polychrome d'une facture très médiocre comparativement à celles, de même époque, des autres sites de la Crète. (Il est indispensable pour éviter de regrettables confusions, de supprimer de la chronologie Cretoise le nom de Kamarès.) M. Coutil, dans un travail récapitulatif sur V ornementation spirali- forme, a figuré (3) des objets attribués, d'après les mémoires originaux qu'il a consultés, aux Ages du cuivre et du bronze. Le plus ancien que je relève, sur la planche 12, est un vase anthropomorphe de Mochlos, classé jadis dans l'énéolithique mais qui appartient au Bronze I avec les vases à décor spiraliforme de Vasiliki. (1) Eric Peet, The stone and bronze âges in Jlaly and Sicily. i2) L. Franchet, Céramique antique. Recherches techniques appliquées à la chronologie, — Nouv. Archives des Missions scientifiques, fasc. XV, 1916. (3) Bullelin de la Société préhistorique française, t. XIII, p. 385, 1916. L. FRANCHET — ÉTUDE DE LA PÉRIODE ÉNÉOLITHIQUE 431 En Egypte, la spirale apparaît sur les vases de la période énéolithique contemporaine de la première dynastie Thinite qui n'en a sans doute vu qu'une phase déjà très évoluée, car son prolongement dans la deuxième dynastie est douteux. En Susiane, la spirale s'observe sur des vases trouvés dans la nécropole énéolithique, bien caractérisée par la présence du cuivre pur associé au silex, du tell de l'acropole de Suse. Cette spirale est formée par un développement exagéré des cornes d'un bouquetin très stylisé (musée du Louvre). Sur d'autres vases, le corps de l'animal a été supprimé par l'artiste qui n'a conservé que l'élégant enroulement des cornes. Cette céra- mique est déjà très évoluée et la spirale peut avoir été utilisée en Susiane dès le néolithique, mais rien, jusqu'ici ne le prouve. Quoi qu'il en soit nous avons à Suse, un bel exemple de la formation spontanée de la spi- rale dérivée d'un modèle naturel. M. Louis FRANCHET CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA PÉRIODE ÉNÉOLITHIQUE 571 (12.32) (12.33) 27 Millet. La période énéolithique, période de transition entre le Néolithique et l'âge du Bronze a toujours fait l'objet de nombreuses controverses. Admise par les uns qui en font une période distincte, elle est rejetée par les autres qui la rattachent soit au Néolithique, suit au premier âge du Bronze. Déchelette qui fait autorité en la matière reconnaît {Manuel, t. II, p. 98) que : « Pendant une longue période le cuivre fut le seul métal employé » concurremment avec l'outillage néolithique. Plus loin (p. 99; il ajoute : « L'existence d'une époque du Cuivre fut tout d'abord reconnue en Irlande et en Hongrie, où l'on a recueilli de nombreux outils de cuivre pur. Beaucoup de préhistoriens, croyant à une introduction soudaine des métaux due à des enva- hisseurs étrangers, se refusaient à admettre cette phase industrielle dans les autres régions européennes. En réalité, la France, comme presque tous les autres pays d'Europe, a passé par cette période initiale de la métallurgie qu'il serait cependant excessif de désigner comme un âge distinct et que les Italiens ont nommé énéolithique pour indiquer son caractère de transition. « « Cette phase du cuivre, dit-il encore (p. 100), est abondamment représentée 452 ANTHROPOLOGIE dans toute l'Europe du Sud, en Hongrie, en Suisse (palafittes), en Bohême (sépultures d'Aunêtilz), en Saxe, dans la France méridionale et en Irlande. Ses types les plus caractéristiques, la hache plate et le petit poignard, se rencontrent plus ou moins sporadiquement dans les autres régions. Les pays riches en minerai de cui^■re, ou voisins _(Jes grandes voies commei'ciales, furent abondam- ment et rapidement approvisionnés en objets confectionnés avec ce métal, tandis que les populations pauvres ou isolées conservèrent plus longtemps Tancien outillage de pierre. » « La période du Cuivre est bien représentée dans les Cévennes. Elle y fut étudiée par Jeanjean qui lui donne le nom d'époque Dur fortienne, du nom de la grotte sépulcrale de Durtbrt (Gard), Les assertions de Déchelette sont déjà suffisantes pour nous permettre de ne pas rejeter l'existence dune véritable période du cuivre. C'est pourquoi, on ne voit pas sans étonnement. qu'après en avoir donné les preuves, il la supprime (p. 105) et l'incorpore dans la première période du Bronze, en raison, dit-il plus haut « de la difficulté de tracer actuelle- ment une délimitation très nette entre le Néolithique et la période du Cuivre dans plusieurs régions, par exemple dans la France méridionale où le cuivre est apparu de bonne heure. » On peut objecfer que cette délimitation n'est pas toujours très nette entre les diverses périodes préhistoriques. En outre, je signalerai à titre documentaire, que dans la planche I où il représente les types caractéristiques de cette première période du Bronze, il donne comme exemple de céramique, les vases du dolmen de Bogarte qui, tant par leur technique que par leur décor se classent à la fin du Néolithique où, du reste, Déchelette lui-même semble bien les avoir placés {Manuel, t. I, p. 550). Lorsque j'ai entrepris l'étude de la céramique préhistorique orientale dans deux de ses principaux foyers d'expansion, c'est-à-dire en Crète et en Egypte, je ne possédais sur la réalité d'une période du Cuivre que les renseignements si bien résumés par Déchelette et j'avais adopté sa théorie du rattachement de l'Enéolithique au Bronze L L'examen de la céramique créloise la plus ancienne modifie complète- ment cette manière de voir, car, en même temps que se rencontraient les outils en cuivre caractéristiques de l'époque de l'apparition du métal, je me trouvais en présence d'une technique céramique ne pouvant être con- fondue avec celle du Néolithique, pas plus qu'avec celle du Bronze L A l'Enéolithique nous voyons apparaître des modifications radicales dans la forme et dans le décor : la panse du vase devient sphérique; l'anse à section circulaire et le pied apparaissent, la peinture monochrome limitée strictement au décor géométrique, apparaît également. Enfin, le bec accuse déjà une proéminence qui laisse prévoir le développement exagéré qu'il acquerera au Bronze L Les tombes de Kakon-Oros récemment explorées par M. Xanthoudidis. mais non publiées encore, ont donné avec des haches plates en cuivre L. FRANCHET ÉTUDE DE LA PÉRIODE ÉNÉOLITHIQUE 4o3 pur une série de belles coupes à pied tubulaire dont la technique appar- tient à l'extrême fin de l'Enéolithique et nous ne les retrouvons plus dans les nombreuses stations du Bronze explorées jusqu'à ce jour. Au Bronze I, la céramique subit en Crète une nouvelle évolution. La tournette est inventée, permettant de réaliser une multiplicité de formes inconnues auparavant et une généralisation du piédouche à peine entrevu à l'Enéolithique. Le bec prend un tel développement, qu'il restera carac- téristique de cette époque, car il disparaît avec elle. Enfin, l'engobe est supprimée et remplacée par la peinture : la polychromie prend, en effet, naissance et la spirale apparaît pour la première fois. La cuisson évolue également, car Tatmosphère du four qui était jusqu'alors tantôt oxydante, tantôt réductrice, devient neutre, seule condition rigoureusement indis- pensable pour obtenir cette couleur noire (à base de fer) remplaçant l'en- gobe qui disparaît jusqu'au Bronze III. 11 n'est pas possible, en Crète, de confondre l'énéolithique avec le néo- lithique ou le Bronze L En Egypte, l'Enéolithique, étudié par M. Henry de Morgan lors de ses célèbres fouilles en Haule-Égypte, puis plus tard par moi-même, nous révèle une évolution céramique qui se manifeste très- nettement à l'époque des sépultures à corps repliés, du type El Amrah, qui ont donné, en même temps que le cuivre, des types nouveaux de vases. Au point de vue des formes, nous voyons avec le vase piriforme à base très acuminée, des vases globulaires sur lesquels apparaît la peinture monochrome rouge, mais toujours blanche sur les vases cylindroïdes. C'est encore à cette époque qu'appartiennent les remarquables vases à engobe rouge brillante dont la partie supérieure est recouverte de ce bel enduit noir lustré qui constitue l'une des manifestations les plus curieuses de l'art égyptien. Mais ici nous ne sommes plus en présence d'une peinture, ni même d'un enduit de graphite, comme on l'a si souvent avancé à tort : j'ai démontré que cet enduit était constitué par un dépôt de carbone obtenu par un procédé spécial de cuisson ou plutôt par un procédé d'enfournement que j'ai décrit (1). En Egypte, -rEnéolithique est contemporain de la première dynastie, mais son début est peut-être plus ancien; cette dynastie remonte à 3300 av. J.-C. environ. Le bronze a été constaté à la troisième dynastie sans qu'on puisse affirmer qu'il n'était pas déjà connu à la deuxième. Si dans les premiers temps de l'âge du Bronze, nous rencontrons la céramique dont je viens de parler, ce n'est que comme survivance de l'art énéolilhique. En Sicile, la céramique énéolilhique occupe une place très i:n portante, malheureusement je ne puis en faire état ici, ne l'ayant pas vue. D'autant plus que d'après Modestow, qui lui a consacré un chapitre intéressant, ^l) L. Fka.nchet : Rapport sur une Mi.snion ta Crète et en E, t. I, ,p. 510., p. HÉLÈNE l'industrie « TARDEMOISIENNE )) 4o7' Des silex pygmées se sont montrés en divers points de la région narbùn- naise : d'abord dans quelques stations en plein air dont celle d'Aussières est la plus importante et la plus typique, ensuite et surtout dans la Grotte de la Crouz-ade qui s'ouvre dans le massif de la Clape, commune de Gruissan, sur la côte de la Méditerranée, à une quinzaine de kilomètres de Narbonne. Les fouilles que, depuis 1913, j'ai pratiquées avec mon père dans ce dernier gisement, oui été des plus instructives. Elles nous ont révélé dans le dépôt de remplissage, les niveaux suivants se succédant de haut en bas : 1° Couche jaune ou noire, argileuse par places, avec tessons de poterie et objets divers s'échelonnant depuis le début de l'âge du fer jusqu'à l'époque pré- romaine ; 2» Couche très noire néolithique, avec poteries grossières façonnées à la main, silex taillés, poinçons en os de ruminants, haches en pierre polie, etc. ; 3° Couche de cendres blanchâtres, très différente comme aspect de la précédente. Industrie microlithique : nombreux et minuscules silex à formes géométriques très délicatement ouvrés. La plupart des instruments de la couche sous-jacente, mais de dimensions plus réduites et en moins grande abondance; 4° Couche de cendres brunes rougeàtres, avec nombreux débris de charbon. Industrie azilienne : grattoirs sur bout de lame, burins latéraux, grattoirs arrondis, pointes à dos rabattu et en lame de canif, etc. Poinçons en os poli. Amas de peroxyde de fer. Galets coloriés semblables à ceux du Mas-d'Azil ; 5° Couche noire magdalénienne, à minces foyers superposés, avec silex carac- téristiques, harpons en bois de renne à un rang (base de la couche) et à deux rangs (partie supérieure) de barbelures, sagaies en même matière et en ivoire, aiguilles en os, quelques gravures, etc. : (jo Couche jaune, onctueuse, recouverte d'un lit de petits cailloux roulés. La partie supérieure de cette couche qui s'enfonce très pi'ofondément, renferme des foyers aurignaciens à industrie typique (pointes de la Gravette, grattoirs, rabots, etc.). Un peu plus bas quelques formes moustériennes ont été observées. La base du dépôt reste encore à explorer. L'assise n° 3 qui nous a livré les petits silex qui font le principal ol»jet de cette note, est la seule qui doive me retenir. Nous y avons rencontré des os appointés à l'affûtoir, des coquilles percées et une industrie lithique bien spéciale qui se compose, comme je viens de le dire, de quelques type» aziliens de dimensions réduites et de nombreux petits instruments à contours géométrujues dont la figure 1 suffira, j'espère, à donner une idée. On ne manquera pas d'observer les curieuses petites lames droites, étroites et effilées, aux bords abattus par de fines retouches et à la base façonnée en burin ; les originales « tranches de melon » et les segments de cercle proprement dits dont elles dérivent ; les minuscules pointes en forme de feuilles; les percoirs variés ; enfin, les triangles et les rhomboèdres. . . Ce 4o8 ANTHKOPOLOCIE sont, suivant l'expression de M. Cartailhac à la vue de ces trouvailles, les plus nfricainx des silex f/éométrir/ves français. Fui. 1. — Petits silex à contours géométriques de la Grotte de la Crouzade (Gr. nat.). A cela il faut ajouter quelques beaux instruments dont le mode de taille fait déjà songer au néolithique, des coquilles percées employées comme parure, des fragments de sanguine, etc. Pas de pierre polie, aucune trace de poterie. Im faune est exactement la même que celle du niveau azilien sous-jacent avec, cependant, le lapin en moins grande abondance. Le cerf y domine. On y relève encore, avec de nombreuses coquilles de la médilerrannée, le cheval, le bouquetin, le sanglier, le loup, des oiseaux, des poissons. , . Cette assise paraît être la véritable transition du paléolithique au nouvel âge de la pierre. Bien moins ancienne est la station qui, à dix kilomètres de Narbonne, dans le beau domaine d'Aussières, s'étend en plein air sur le bord du ruisseau de Veyret. Il y avait là, à l'abri d'un petit escarpement, des fonds de cabane circulaires qu'un cultivateur mit au jour et détruisit en défri- chant, pour, en faire une vigne, le coin de garrigue qui les renfermait. Aujourd'hui la vigne est prospère et l'on peut encore, après chaque labour, recueillir les débris que remonteia charrue. Ces restes de l'industrie humaine sont d'abord de grandes meules à broyer le grain, des polissoirs en grès, des tessons d'une poterie noire, grossière, façonnée à la main, des lissoirs en pierre, des haches polies ; ensuite une énorme quantité de silex parmi lesquels des grattoirs ronds des flèches barbelées, triangulaires ou en forme de feuille, et enfin une petite série d'instruments géométriques (fig. 2) qui rappellent, mais combien vaguement! les instruments tardenoisiens de Gruissan. 1'. HKLÉNA l'industrie « TARDENOISIENNE » 4o9 La place dont je dispose est trop restreinte pour qu'il me soit possible de comparer les industries microlithiques des deux gisements. Mais j'espère ■■^ h Fie. 2. — Petits silex à contours géoméniques de la station en plein air d'Aussières. iGr. nat.)- que le rapprochement des figures ci-contre sutfira à combler en grande partie celte lacune. On remarquera, en particulier, l'absence à Aussières des rhomboïdes et des mignonnes petites pointes de la Crouzade où, d'un autre côté, n'échappera pas la pénurie complète des trapèzes taillés dans des fragments de lames, qui sont de petits tranchets caractéristiques de l'époque néolithique. Et il est bien regrettable que le terrain siliceux d'Aussières ne nous ait pas conservé les ossements !. La faune aurait certainement confirmé mes conclusions quant au peu de rapport qui existe entre la station en plein air et celle de la caverne. Quelles sont maintenant les déductions à tirer de ces différences? Tout d'abord, à mon avis, que ces deux industries appartiennent à deux civilisations bien distinctes que l'on a parfois eu le tort de confondre. De l'examen des faits enregistrés à la Crouzade (superposition des couches aziiiennes et tardenoisiennes sans caractère de discontinuité, identité des faunes et présence au niveau supérieur de types industriels du niveau inférieur) il se dégage l'impression très nette que l'assise à silex pygmées ne correspond pas à une période du néolithique, mais qu'elle est paléoli- thique au même titre que l'azilien {\). Les silex d'Aussières, au contraire, sont franchement néolithiques comme en font foi les objets caractéristi- ques auxquels ils se trouvent associés. A cette manière de voir, on objectera peut-être que certaines formes sont communes aux deux gisements et que cela n'est pas un elfet du hasard puisqu'elles se sont montrées ailleurs (et parfois en abondance) en contact avec des haches polies et des fragments de céramique. il; Je dois rappeler que les préhistoriens belges ont attribué, voilà déjà longtemps, l'industrie des petits silex géométriques à la fin du paléolithique. 460 ANTHROPOLOGIE La réponse serait aisée. Ne voit-on pas plusieurs types d'instruments en silex, le grattoir rond par exemple, apparaître au début du quaternaire supérieur et se reproduire à tous les niveaux jusqu'à l'extrême déclin de l'âge de la pierre ? Que l'on songe un instant à l'analogie des silex solutréens avec quelques unes des plus belles armes lithiques de l'aurore de l'âge du bronze. Doit-on, pour cela, en conclure leur contemporanéité? Il convient enfin de faire remarquer que les silex triangulaires et rhom- boïdaux étaient rares à laCrouzade où abondaient au contraire les tranches de melon et les petites lames à la base retaillée en burin. Et je n'ai pas connaissance qu'à part quelques rares et très vagues segments de cercle, on ait jamais retrouvé aucune de ces formes africaines dans un dépôt français de l'âge de-la pierre polie. .le crois donc qu'il est naturel de penser que la civilisation tardenoi- sienne est arrivée d'Afrique (sans doute par les côtes d'Espagne) à la fin de l'époque paléolithique à la dernière phase de laquelle elle correspond, et, qu'après son déclin, durant le nouvel âge de la pierre, quelques uns des types qu'elle avait apportés se sont perpétués en Europe jusqu'à l'apparition des métaux. M. J. LEROY, Membre de la Société Préhistorique française, Saint-Paul-sur-Risle (Eure). ÉTUDE SUR LES LIMONS QUATERNAIRES DE L'ARRONDISSEMENT DE PONT-AUDEMER, ET SUR LES SILEX TAILLÉS QU ILS RENFERMENT 571.14 (12.31) (44.24) 27 Juillet. (résumé) De l'ensemble ds faits, que l'auteur a étudiés, qu'il a consignés dans son étude, et qu'il est obligé de résumer, se dégagent plusieurs points qu'il lui paraît inléressant de souligner : 10 Similitude de gisement des silex taillés, chelléens, acheuleens et mouste- riens dans chaque formation limoneuse quaternaire le petit lit de silex angu- leux à limon collant et rougefitre étant identiquement le même dans chaque formation ; 2" Analogie des gisements locaux des plateaux et des versants, avec ceux étudiés par M. (ÏAcy dans le nord de la France, d'où il s'ensuit que le phéno- mène a été général et s'est poursuivi sur une même échelle et sans mterruption ; 30 Faits infirmant la théorie d'icy, partisan de la simultanéité des indus- tries alors que dans les formations limoneuses de la vallée de la Risle, l'mdus- L. MARSILLE — DÉPOTS DE l'aGE DU BRONZE 461 trie est nettement chelléenne, et que si quelquefois, plusieurs industries : acheulcenne et moustérienne y ont été reconnues, il ne s'ensuit pas de là que ces industries soient de la même époque; le phénomène moustérien, les ayant englobées dans ses limons, ensevelissant d'un même coup : et l'industrie des hommes de Chelles et de Saint-Acheul, et l'industrie des hommes du Moustier, ces farouches habitants des cavernes. M. Louis MARSILLE, Président de la Société Polymathique du Morbihan, Vannes. LISTE DES DÉPOTS DE L'AGE DU BRONZE DANS LE MORBIHAN 571.35 (44.13) 27 Juillet. L'appendice II du Manuel de Déchelette accorde au Morbihan la neuvième place dans la liste par départements avec 16 dépôts de l'âge du bronze portés sous les numéros 561 à 576. En réalité le département du Morbihan occupe la cinquième place avec 47 dépôts, après le Finistère (104), la Manche (61), les Côtes-du-Nord (58), la Gironde (50). J'en ai publié 31 dans le Bulletin de la Sociélé Polymathique de 1913. Ce travail m'a valu d'autres renseignements et je puis ajouter à la liste 16 autres dépôts inédits dont trois entrés en totalité ou en partie au Musée de la Société Polymathique du Morbihan. Ces 47 dépôts doivent être classés de la manière suivante : Age du bronze I. — Un seul dépôt de haches plates. Age du bronze II. — Aucun dépôt de haches à rebords. Age du bronze III. — Haches à talons avec ou sans anneau latéral, pointes de lances à douille, épées à soie ou à languette, bracelets massifs et ouverts... 17 dépôts. Age du bronze IV. — 27 dépôts se répartissanl ainsi : 6 dépôts dans lesquels les haches à ailerons sont accompagnées de haches à douille normale (1) et d'une grande abondance d'objets divers ; 1 dépôt oîi l'on retrouve la hache à talons avec la hache à ailerons et la hache à douille normale au milieu d'une quantité de fragments de bronze et de moules en terre (2) ; (1) Je distingue la hache à douille normale plus courte, à tranchant élargi et la hache à douille quadrangulaire plus allongée, plus étroite du type armoricain. (2) Un dépôt, celui de Kerboulard-en-Elven, ne comprenait que des fragments de lames d'épées : je l'attribue à l'âge IV. 462 ANTHKUPOLOGIE 19 dépôts dans lesquels la hache à douille quadrangulaire du type armoricain est seule comme type de hache et rarement associée à quelques autres objets. Sur ces 19 dépôts, 5 contiennent des haches en bronze plombeux ou en plomb pur. Non seulement ces dépôts sont les plus nombreux mais ils sont encore les plus riches : le dépôt d'Augan, contenait plus de 200 haches à douille quadran- gulaire en bronze, celui de Roudouallec se composait de 170 haches semblables aux précédentes, quelques-unes ornées ; celui de Nivillac de ISO haches du même type en plomb ou en bronze plombeux, etc. 2 dépôts qui ne contenaient que des culots ou lingots ne sont pas classés. Déjà quelques remarques s'imposent : Sur 47 dépôts, 44 se classent aux âges III et IV. Tous montrent une extraor- dinaire homogénéité : aucun mélange, aucune association de types disparates ; ces dépôts sont classiques, si je puis ainsi m'exprimer. Enfin, les analyses déjà faites et celles que j'ai provoquées, et qui sont encore inédites, conduisent aux conclusions suivantes : a) La hache plate du Morbihan contient plus souvent que partout ailleurs une assez forte proportion d'étain ; b) La hache à bords droits renferme un peu de plomb mais pas d'une façon appréciable; c) La hache à ailerons montre l'addition intentionnelle du plomb dans le bronze en fusion : d) La hache à douille quadrangulaire du type armoricain est faite d'un alliage incohérent allant du bronze d'étain pauvre ou riche à l'excès au bronze plombeux et au plomb pur : e) Le Morbihan occupe le centre de l'aire de dispersion géographique du plomi) en Armorique à la fin de l'âge du bronze. Age du bronze I. 1. — Pluherlin (Lanvaux), vers 1901, 2 haches plates semblables de 0'",13 de longueur (l'une appartient à M. Aulissier, ancien ingénieur-directeur des Ardoisières de Rochefort, l'autre à M. Aveneau de la Grancière). A veneau de la Grancière, les hach(^s ,plates en bronze de Pluherlin. Bull. Soc. Polym. du Morbihan, 1907, p. 115. Age du bronze IL Aucun dépôt dans le Morbihan. Age du bronze III. 2. — Bangor, 1800. Deux moules de haches en bronze, l'un pour haches à talons sans anneau, l'autre pour haches à talons et à anneau latéial. Je manque de renseignements sur cette découverte signalée par John Evans dans son ouvrage VAge du bronze, p. 480, d'après Arch. Journ., vol. VI, p. 386, vol. XVIII, p. 166 et enregistrée par Déchelelte sur cette indication. 3. — Bignan (Kerhan), avril 1914. Sous un bloc de quartz 18 bracelets massifs, ouverts (sauf un), la plupart ornés de dessins g^métriques; deux hou- L. MARSILLE — DÉPOTS DE l'aGE DU BRONZE 463 tons de coulée ; deux rivets à têtes hémisphériques ; deux tranchants de haches à talons ; un lingot {Musée de la Société Polymathique). 4. — Carnac (Kervihan). Deux pointes de lance à douille enfouies en bordure d'un petit tumulus néolithique {Musée de la Société Polymathique). 5. — Caudan (La Montagne du Salut), vers 1885. Haches à talons et à anneau latéral, pointes de lances à douille, fragments de lames d'épée. etc., remplissant un vase en terre. (Deux haches et un fragment de lame d epée dans la famille de M. Le Strat, ancien notaire à Rosporden, de qui je tiens les détails de la découverte.) Louis Marsille. Dépôt de La-Montagne-du-Salut-en-Caudan, Bull. Soc. Polym., 1913. 6. — Erdeven (près et au sud du bourg), vers 1907. Deux haches. Je n'ai de renseignements que sur l'une d'elles à bords droits avec languette réunissant ses rebords et formant talons. Les côtés sont ornés de nervures en relief. {Coll., Lotiis Marsille.) Louis Marsille. Note sur quelques trouvailles de haches en bronze. Bull. Soc. Pohjm. du Morbihan, 1909. 7. — Guern (Fourdan), 1898. A 0"i,40de profondeur, dix haches à talons et anneau latéral, plus un fragment d'une onzième; deux marteaux à douille; trois bracelets ; un rasoir ; deux lames de poignards à crans et fragment d'un troisième; trois pointes de lances à douille et fragment de la douille d'une quatrième ; débris divers. A deux mètres de distance à droite et à gauche de ce dépôt, deux grands vases à bords droits et sans anses, en argile grossière, contenant de la terre noircàtre et l'un d'eux quelques fragments de minerai de fer. {Coll. Aveneau de La Grancière.) Aveneau de La Grancière. Cachette de fondeur découverte à Fourdan-en-Guern. Bull. Soc. Polym. du Morbihan, 1898, p. 158. 8. — /;izi/(-ac (Brangolo), avant 1859. Sept haches à talons sans anneau latéral. (Deux au Musée de la Société Polymathique.) Rosenzweig. Répertoire archéologique du Morbihan, 1863, p. 29. 9. — Nivillac (Sect. G., n" 1208 du plan cadastral), 1900. Dix-sept haches à talons sans anneau, dans un vase. (Neuf dans la Coll. de MM. Paul de Berthou et Paul de la Jousselandière.) 10. — Noyal-Pontivy (bord de l'étang de Kergoff), 1903. Deux lames d'épée à languette et à crans; deux pointes de lance à douille; une hache à talons et et à anneau latéral; un ciseau à douille quadiangulaire. {M. Coudrin, ingénieur à Vannes.) Aveneau de la Grancière, Trouvaille de l'époque du bronze faite à Kergoff, en Noyal-Pontivy, Bull. Soc. Polym. du Morbihan, 1905, p. 144. 11. — Pleucadenc. Plusieurs pointes de lance à douille. (L'ne au Musée de la Société Polymathique, une seconde au Grand Séminair • de Vanner.) Ces deux pointes de lances avaient été données par M. Faglin à M. le chanoine Le Mené. 12. — Plescop (Marais de Brenolo). Au moins six haches de l'époque mor- gienne et très probablement à talons et anneau latéral. (Une au Musée de la Société Polymathique.) 40i ANTmioiMiiM(;ii: Loiiia Marsillr. !.(> drpAl de HiriKilit, en l'ii^scop. liiill. Sur. I\)liiiii. dit )1oi- tiilidii, l'.M.'J, Ihill. Suc. l'oljini. l'itHVs-vtM'Iiiil (If lu soaiu-i> du :i7 juin ISIK». i;{. riiilicrini iCoal-Dalv), tlMi. Huit h;»olifs ;\ talons sans anneau : doux liracrlots. (UtMiscii^iltMUi-nls de M. Iit>(/i'r (Inmd.^ \^. - Saint Hdithclfiinj ^fundations du luur de IVcolf iiiti'tO, I^nSO. Ti'ois luulics A talons, l'unt^ de ()'".()!• à (l'".l(> de loui^. clic/, le cure M. l'iihln^ Cuirl. ir». — Siti>it-l)olini. iMoulc en liion/f pour haches i\ talons, Mitrtillct. l'onderie. Miist'c 7('> et donne eoinuie indications hihlioiti-uphiques : (!. i/c Marlillft. /oc. cit.. p. [IVl. /•.'. Clianlre, Aj^c du hron/.(- U p. :\± .le ue n"liou\(' aucun olijcl pcoNcnanl di' ce dépôt au Miii^ec di' la Soriclr Poli/- iiiiitliiijiir. IMusitMirs haches i\ tuions et anneau latéral et des pointes de lances à (U)uille dont nous iL;iiorous la provenance eu taisaient elles partie'.' !.(> cataloj;iu> de ISSI en t>urt\!;istre lui certain nonihre sous la si'ule iuhii(iue pidrcnanasi diverses, n"" 'X\. (17 (\itrii\e KK II, lii. li? (vitrine M). Aujourd'hui (^vilriut^ A"). U'i. " Siiinl Tiu/diuil ((iornospitah, ISSvS. (tnatre haclu>s à talons rirtauj^u- laires et A aiuieau latéral; deux pointes de lances à douille: un iui|H)rtant . traguieut d'inic lame (Tepi'c. lie dépôt était dans un \aso en terre. (Musée de luatre haches à talons v[ anneau latéral, une point(> di' lance A douille, inie matrice à uautViM' îles teuilles de |tr(Uizt\ \eudues par l'inventeur. .W. l'edron, i\ .1/. liialan à Vannes, dont le lils a donne au .Mn^ee de lu S(H'iét(' Poliimathitiite, la matrice et une hache tie l)'"'.t(iO pesant TilH) jjram- nics. IS. rrelJlèun. IMusieuis haches ii talojis sans anneau. (^Peux lurent donuctvs par \e Maire à W. le elintioine le Mené ([ui lt>s a otVcrtes au llrand S('iui- iniire () ViNim'vS.) Ac.K ni !!»ON/K IV. ll>. — Hnniiitr. l>elle-lle-en-Mer ^Calastrèue'i, vi>rs I8:i0. Un grand vase en terre rt-con\ei'l d'un culot reufiMMU.iit les ohjels suivants : deux haclu>s .'i aile- rons; inoilié do moule pour haches A aileixtns ; une ludlo hache il douille ivnde e\ i\ anneau latéial e\ tranchant élarj^i, entière, sans ornenuMitatiou : une hache à douille riuule et A anneau lateial et tranchant elarj^i. le col manque : dos lii;nes courhos en relief sinuilent des ailerons i\ la paitio supérieuro dos faot>s ; IVaj;uienl de la douille d'uut- |>oiule de lance e[ dc<. aiU's tl'uut^ st>condt> ; un anneau ^hairne) uni; un hracolot A côtes; frai,Mnents de deux opées ; fragments i\e dtnix poignards, dont un A douille: polit tuhe A tige côtoUH> (pièce do harna- chonu'ulV); moitié d'un elui on forme «lo cnùssant niuui d'un trou do suspen- sion A SOS doux exlromilès (.\nuilotte?1. Un objet somhlablo figurait dans la cachette de »,>noslen»bort \\ . Infra) d'après lt> />' (/<• Closniudmc, ces i^KHils étuis avaient uuo t)u\erture circulairtMui inilii^u de la }tailie concave; deux objets rtMilrant dans la calegoi'ii> (les boutons ou dos appliques : mince fouille de L. MAUSIIIK — IHI'OIS \>['. I.Ai.i: Ht' lllloNZi: iHf) bronze (I(''C(>ii|h''<' en dciils de loup avec pcliU-, bélièr-c cl |iln(|ii(' (ivaloî (lei)llior de i2 forains de liron/.e avec spirah'. (Minore dr Krruuz, prrs l'iml-iAbbé, Kinislèi'e.) 21. — Klven (K(u-lioular(i). Kraginenls d'épécs en hronze. lUdl. Soc. l'oljini., IS'?!, prorès-verhal, p. 180. 22. — (iroix (Ile dr) (Men-Slan^'-|{oli). VMY.l WuWu' de; moule cti hron/.e pour liaclie ;"! aileions; (1 haches A aileions: ti'ois haches à douille ronde ou ocl(»f;(tne el à tranchanl elurj^i ; Iraf^nienls de poi;;uce et de lame d'une cpée; l'iai^rnent d'une autre épéc; l'rugrnenl de poif>iuird ; iinelioucle; six culols. [Muncr dr lu Société l'dlipnatlrujue da Morhilian.) Ijiiris Marsillr. I.c d(''[)('il de .Mi'n-Slunj;-IU)h, ile de (iroix. Hull. Sor. Polijin. du Morhilian, l'.ll.'J. 2.'{. — (iaiilrl (Ker^al), 17 nii'i 1(S7(>. A (l"',;{0 e)ur l'autiH-, à chaepie; extrémité; nond)reux fragments ele-, hiacede-ts elivers, libule;s, anneaux, bagnes, petitf;s tiges cylineliieiues, etc.; (juatre pie'îces d'applieiue itetrtani chaeune> à la [lartie intecne; eleiix |)etiles be'dières, deux sont e;n fe)cme' ele leiunelet coupés longiluelinalemeni pai' le milieu ; la troisième est une feuille; plate cou|»ée sur un bord en de'mi-cercle avec deux ondulations paralle;lcs; la (pialiième est en forme d'anne^au cre;ux, cou[)eie; irausversaleinent par le milieu : (m ee)ulant ou focl be)ule»n cw forme' ele' ealotte hémisphe-i'ieiuc 466 ANTHROPOLOGIE avec traverse à l'intérieur ; fragments de deux vases en bronze, l'un à parois très minces et rebords épais, l'autre à parois plus épaisses; petites plaques ornées de lignes parallèles ondulées ou concentriques ; fort morceau d'un culot en forme de disque et du poids de 1.600 grammes. {Musée de la Société Polyma- thique du Morbihan.) Abbé Euzenot. Les instruments de bronze de Kergal en Guidel. Bull. Soc. Polym. du Morbihan, 1876, p. 110. Pitre de Lisle de Dréneuc. Epées et poignards trouvés en Bretagne, Mém. Soc. Emul. Côtes-du-Nord, 1883, pp. 141-145, no=* 4-8; p. 148-150, n°s 2-3. Les deux trouvailles de Kergal et de Kerhar-en-Guidel ont été très insuffisamment enregistrées jusqu'à ce jour : c'est ainsi que j'ai retrouvé des hacbes à douille fragmentées parmi les objets divers. Ces objets divers eux-mêmes, quelques-uns intacts, sont d'un grand intérêt. 24. — Guidel (Kerhar), 8 juin 1876. Dans une cavité circulaire, une masse considérable d'objets en bronze enfouis pêle-mêle : une bâche à ailerons et à anneau latéral et les fragments d'une deuxième ; fragments d'une hache à douille ronde et à tranchant élargi, avec ailerons simulés sur les faces par des lignes en relief; trois pointes de lances à douille de de 0'",15, 0™.13, 0™,12 et fragment d'une quatrième ; cinq épingles, dont quatre à tête de pavot et une à tête plate; trois boulons, deux coniques et un hémisphérique et fragments d'un quatrième semblable à ce dernier : un pommeau de manche de poignard ou d'épée?; une pièce d'applique en forme de petit tonnelet coupé par le milieu avec deux bélières à l'intérieur; deux échancrures permettaient de l'appliquer sur une tige ronde ou à section demi-cylindrique. Cet ornement est complet. Dans la cachette de Kergal, il existe seulement un fragment d'un objet en tous points identique ; trois fragments d'une mince feuille de bronze ornée sur les bords de six lignes parallèles tracées au burin ; petite tige d'où partent trois étages superposés de rayons. Un objet semblable mais avec deux étages de rayons seulement, existait dans la cachette de Ploudalmézeau {Finistère). MM. Chauvet et de Mortillet y voient des jets de fonte provenant de moule à plu- sieurs étages ayant servi à la fabrication d'anneaux ou autres menus objets. M. du Chatellier en fait des têtes d'épingles qui n'ont pas été séparées à la sortie du moule. Je préfère la première explication : fragments de bracelet divers : massifs ou creux, à côtes ou lisses, ou à tige torse: deux petits bracelets; un petit Iranchet de 0'",03, mais sans soie; pièce d'ornementation : rangée de disques tangents portant des cercles concentriques en fort relief et point au centre; trois bagues : l'une faite d'un fil cylindrique décroissant, une autre d'une lame mince et étroite de bronze. Une bague semblable à cette dernière existe dans les débris venant de Kergal : trois anneaux dont deux fermés à facettes, l'autre ouvert; fragment de moule (?) ; vingt petits grains de collier en bronlze, dans l'un desquels était engagée une tige en bronze à courbure sensi- ble ; une grande plaque, très mince, repliée sur elle-même. Autant qu'on peut en juger, elle affectait, dépliée, la forme d'un disque de 188 millimètres de rayon. Au milieu un cercle au repoussé et quelques trous pouvant, au moins celui du centre, être un trou de rivet. Les bords de la feuille sont repliés sur eux-mêmes et forment tout autour un petit oui'let martelé. Mais je n'ai relevé aucun trou de rivet le long de ces bords; garniture de l'extrémité d'une pièce de bois ronde, par exemple d'un timon de char?, faite d'une plaque de bronze de 0"%06 de diamètre ornée d'un bouton conique central, en relief, entouré de cercles concentriques : cette plaque a des rebords ornés de nervures parallèles L. MARSILLK — f)ÉI'OTS DE l'aGE DU BRONZE 467 en relief et percés de trous permettant de la fixer sur l'objet en bois qu'on y introduisait. La cachette de Ploudalmézeau (Finistère) renfermait un objet semblable ; fragments de plusieurs vases en bronze ornementés ; tronçon de poignée d'épée avec deux trous de rivets, crans carrés très prononcés; fragments de lames d'épées à nervure centrale et deux filets sur les bords ; fragments de lames de poignards ; petite pointe à douille de dimension et de forme particu- lières, avec tiges saillantes à la naissance des ailettes; fragment d'un grand ciseau ou hache (?). avec appendices latéraux triangulaires tranchants. Nombreux débris. Fragment d'un culot en forme de disque. (La totalité de ce dépôt appartient au Musée de ta Société Polymmhique da Morbihan.) Abbé Eic-enot : Les instruments de bronze de Kerhar, en Guidel, Bull. Soc. Polym. du Morbihan, 197G, p. 109. Pltrr de Lisle du Dréneuc, lac. cit., Bull. Soc. Emut., Côtes-du-Nord, 1883, pp. d41-14o, n»^ 9-10. 25. — Noyai- Pont'wy (Le Couédic), mai 1908. Cinq haches à ailerons et à anneau latéral dont une à ailerons médians, et fragments de deux autres ; quatre fragments de haches à douille ; deux gouges à douille ronde ; trois pointes de lances à douille; quatre fi-agments d'épées différentes; une pointe d'épée ; deux pommeaux ; un fi-agment de couteau ou de rasoir ; deux bracelets massifs à section triangulaire i-enfiés aux extrémités et fragment d'un troisième constitué par une tige plate ; deux fragments d'un ou deux colliers ou torque de disque ou phalère à bossette muni d'une bélière ; un fil de bronze ; trois lingots ; débris divers ; fragment du vase. {Coll. Aveneau de ta Grancière, château de Travedav, par Guérande.) 2G. — Questembert (Le Parc-aux-Bœufs), 24 janvier 1863. A un kilomètre au nord de la ville, dans la lande de Parc-aux-Bœufs. Un grand vase en terre entouré d'une sorte d'enceinte en pierres sèches et recouvert d'un grand lingot formant couveicle, renfermait 38 kilos d'objets divers en bronze : nombreux fragments appartenant à au moins sept épées; un poignard; plusieurs pointes de lances à douille, l'une ornée de cercles sur la douille et sur les ailettes ; une • petite hache à talons et à anneau latéral et fragment d'une autre ; une hache à douille ronde et à tranchant élargi et fragments d'autres haches du même type; une herminette à ailerons et à anneau ; vingt haches ou fragments de haches à ailerons et à anneau ; quatre rasoirs à un seul ti'anchant avec trous 'médians rapprochés du bord dorsal. Un seul de ces rasoirs est intact ; trois gouges à douille, une petite enclume; un marteau à douille; treize boutons ou cônes de coulée, quelques-uns gardant encore adhérente la terre rouge du moule ; huit culots de bronze ou de cuivre pesant à eux seuls plus de 15 kilos; un objet en forme d'étui semi-circulaire en bronze eh forme de croissant ayant un orifice au milieu de sa courbure et muni d'un trou de suspension à chaque extrémité. 11 était rempli d'une matière pulvérulente. Un objet semblable, mais brisé figure dans le dépôt de Bangor (Calastrène). Celui de Questembert a disparu au lendemain de la découverte ; nombreux débris de moules en terre. {Musée 'de la Société Polymathique du Morbilian.) Z)'" de Ctosinadeuc : Notes "et considérations archéologiques sur les bronzes gaulois découverts aux environs de Questembert, Bull. Soc. Polym. du Morbihan, i8ij3, p. 1(1. Ce travail suffisamment détaillé et accompagné de dessins me dispense d'y revenir. M. Pitre de Lisle a donné la description 468 ANTHROPOLOGIE détaillée des épées et poignard de Questembert dans les Mem. Soc. Emul des Côtes-du-Nord, 1883, pp. 141 à 145 et 148. Pour le surplus de la bibliographie, voir Déchelette, appendice I au manuel, l, II, p. 85. Je rectifie, comme on l'aura remarqué, quelques indications erronées, entre autres celle concernant les moules qui sont à l'état de nombreux débris en tern- (l'inventaire portail deux moules en bronze) ; le D^ de Closmadeuc avait à tort assimilé l'étui pendeloque et un bracelet creux, ouvert, renflé aux extrémités. Haches a douille quadrangulaire et a anneau latéral. 27. _ Augan (mamelon de Quénédan dépendant du manoir du Bois-du-Loup), .1820. Plus de 200 haches à douille quadrangulaire. à anneau latéral et à lame longue et étroite. {Cayot-Ddandre, Le Morbihan, p. 305.) 28. — Belz (Kercadoret), 1888. 70 haches à douille quadrangulaire et à anneau latéral de 125 millimètres de longueur. Quelques-unes étaient ornées, d'autres étaient en bronze plombeux. (16 au Musée de la Société Polymathique. dont une ornée de trois lignes en relief terminées par des points et 5 en bronze plombeux.) Abbé Le Mené, Histoire des Paroisses du diocèse de Vannes, t. I. p. 57. Louis Marsille, Bull. Soc. Polym. du Morbihan, 1913. 29. _ Belz (Rerclément), 1886, 66 haches à douille quadrangulaire et à anneau latéral dont 3 ornées de lignes verticales et de globules. Dispersées, (Renseignement de M. Z. Le Bouzic. du Musée Miln.) 30. — Belz (Kerhuen). 1874. Haches à douille du même type que les précé- dentes réunies par un fil métallique passant dans l'anneau. (Renseignement du même.) 31. _ Bieuzy. Haches à douille quadrangulaire en nombre inconnu. (Quel- ques-unes coll. Aveneau de la Grancière.) Aveneau de la Grancière : Le Préhistorique et les époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne, Bull. Soc. Polym., 1902. p. 159. 32. — Brandivy (Castelguen), 1910. Dans un vase en terre, 30 grandes haches à douille quadrangulaire ornées sur les faces de lignes et de points en relief diversement combinés. (22 entières, et 4 ou 5 fragmentées au Musée de la Société Polymathique.) 33. Caden. Haches en plomb en nombre inconnu. Bull. Soc. Polym. du Morbihan, procès-verbal, 1888, p. 30. 34. — Le Faoui't (Kerauval), 1909. 14 haches à douille quadrangulaire dans un talus, (M. Bobic, avocat à Lorient.J iouis Marsille : Note sur quelques trouvailles de haches en bronze, Bull. Soc. Polym. du Morbihan, 1909, p, 145. 35. — Kerfoura (Governe). 31 haches à douille quadrangulaire et à anneau latéral sans ornementation, [Musée de la Société « Les Amis de Vatmes »,) (Ren- seignement de M. J. Le Brigand.) L. MARSILLE — DÉPOTS DE l'aGE DU BUONZE 469 36. — Malguénac (sur le bord de la route de Malguénac à Cléguérec), avant 1900. Une douzaine de haches à douille quadrangulaire. (Vendues par l'inven- teur à un orfèvre de Pontivy.) Aveneau de la Grancière : Le préhistorique et les époques gauloise, gallo-romaine et mérovingienne dans le centre de la Brelagne-Armorique, Bull. Soc. Polgm. du Morbihan. 1901, p. 332. 37. — Moréac (Boédic), vers 1894. 52 haches à douille quadrangulaire placées dans un vase en terre, en couches superposées et soigneusement rangées, la douille de l'une reposant sur le tranchant de l'autre. (Dispersées dans la région de Moréac, Bignan. Locminé. Plusieurs au château de Kerguéhennec, une chez M. Aveneau de la &rancière, deux au Musée de la Société Polymathique.) A veneau de la Grancière : La cachette Larnaudienne de Boédic, en Moréac, Bull. Soc. Pohjm. du Morbihan, 1909, p. 51. 38. — Nivillac (Branrue), 1869. 150 haches à douille quadrangulaire de deux dimensions : O^-IS et 0"'.07 ; les unes en plomb pur ; les autres en plomb addi- tionné d'un peu de cuivre : dix parties de plomb et une partie de cuivre. {Musée de la Société Polymathique, collections P. du Bois-Chevalier, P. de Lisle, Bév. Greemvell, à Durham, Grande-Bretagne, etc.) Pitre de Lisle du Dréneuc : Découvertes de haches en Bretagne, Revue archéoL, 1881, t. Il, p. 337. Louis Marsille : Le dépôt de haches en plomb de Branrue, en Nivillac, Bull. Soc. Polijm.. 1913. Evans : L'âge du bronze, p. 485, n'en cite qu'une dans la collection Greenwell, mais d'après M. Vabbé Breuil, il y en aurait plusieurs. 39. — Pleucadeuc (Kermarie-Gournava). 1913. 40 haches à douille quadran- gulaire entières ou fragmentées, dont 23 en plomb pur, -/> en alliage fait de dix parties de plomb pour îine partie de cuivre. Une seule hache de ces dernières mesure 0'",07, toutes les autres 0'n,12: 13 culots ou lingots de plomb pur; une plaque (?) et deux culots en plomb allié à un peu de cuivre (collection Louis Marsille) ; une vingtaine d'autres haches ou fragments trouvés postérieurement ont été distribués par M. E. Talvande qui en a gardé une ; une à M. P. de Lisle, à Nantes. Louis Marsille : Le dépôt de haches en plomb de Kermarie-Gournava, en Pleu- cadeuc. Bull. Soc. Polym., \9\3. 40. — Plœmeur (Lanénec). Haches à douille quadrangulaire, du type le plus commun, en nombre inconnu. (7 ou 8 brisées, furent portées à M. le Commandant Le Pontois, de Lorient, qui me communiqua ce renseignement.) Louis Marsille : Dépôt de Lanénec, en Plœmeur, Bull. Soc. Polym., 1913. 41. — Ploënnel. 10 haches à douille quadrangulaire et à anneau latéral. (Une de ces haches avec baguette sous le col a été donnée par M. de la Monneraye à M. Aveneau de la Grancière.) G. de Mortillet : Cachettes de l'âge du bronze en France, Bull. Soc. Anlhr., Paris, 1894, p. 322. 42. — Quéven (Kèrhor), 1822. Haches à douille quadrangulaire renfermant 470 ANTHROPOLOGIE chacune un petit lingot de plomb près de deux vases remplis de cendre brune, le tout caché sous une grosse pierre couchée près de deux autres petits blocs. Luuis Marsille : La cachette de Kérhor, en Quéven, Bull. Soc. Polym., 1915. ' 43. — L'appendice porte 573 : Quéven, 1856. 11 haches « fin du larnaudien >■. G. de MortiUet : loc. cit., p. 332. (Est-ce un autre dépôt, ou se confond-il avec celui de Kerhor, sur lequel j'ai apporté plus haut quelques détails nouveaux? Je ne peux rien afïirmer.) 44. — Riantec (Toulan). Haches à douille quadrangulaire et à anneau latéral en nombre indéterminé (30 ou 40) vendues par linventeur, M. Macé. 45. — Roudouellec (Kerhon), mars 1896. Dans un vase en teri'e jaunâtre dentelé symétriquement sur lé bord, un lingot pesant 5 kilos; 170 haches à douille quadrangulaire de 0"^,l^ à 0'",13 de longueur, quelques-unes ornées de lignes avec points, ou de cercles avec point au centre. (Beaucoup dispersées, qnelques-unes coll. A. de la Granclère et coU Le Norcy. ù Pontivy: 5 ou 6 chez !/'"« Dimol, au Faouët.) Aveneau de la Granclère : Cax^hette de fondeur découverte à Kerhon, en Roudoual- lec, Bull. Soc. Pohjtn., 1806, p. 147. DÉPÔTS NON CLASSÉS. — 46. — Henncbont (Saint-Caradec), (Kerorch), 1902. Quatre culots de 2 à 3 kilogrammes chacun et de même forme ; plats d'un côté, bombés de l'autre trouvés sous vm rocher plat. (Deux chezi M. Lmis Denoël, à Hennebont ; deux autres déposés par M. Cor- mier, propriétaire du terrain, au Musée d' Hennebont.) Louis Marsille : Dépôt de Kerorch. en Saint-Caradec- Hennebont, Bull. Soc. Polym., 1913. 47. — Plougoumelen (près le bourg). Plusieurs lingots de bronze furent exhu- més du fond d'une petite excavation survenue après l'incendie des herbes dune prairie située au nord du bourg. L'instituteur en exercice en 1909, en possédait trois. Il me remit le moyen, du poids de 350 grammes. Le maire et le curé devaient en posséder chacun un . autre. DÉPÔTS d'oBjETS d'or. — 1. — Ploukamel (Rondossec). Deux, colliers, larges rubans dont la partie centrale est divisée par des incisions horizontales, ont été trouvés dans un vase de terre déposé dans l'une des trois allées mégalithiques recouvertes par le tumulus de Roch-Guyon, à Rondossec, près Plouharnel. L'un de ces colliers est dans la coll. Costa de Beaùregard, Paris ; l'autre au Musée de Kernuz, près Pont-l'Abbé (Finistère). 2. — Roudouallec. Deux bracelets ouverts, massifs, tige à section cylindrique légèrement reniïée à ses extrémités et unie. 3. _ Erdeven. Deux bracelets faits d'un ruban épais terminé aux extrémités par un crochet, sans ornementation. 4. — Kervif/nac (bois de Coëtmado, en Lothuern). Lingot d'or du poids de l'<,400. (Vendu à un horloger de Lorient.) Moules. .— L'inventaire des moules de làge du bronze découverts dans le Morbihan doit être rectifié et complété comme suit : 1. — Saint-Dolay. Moule en bronze pour haches à talons. {Chantre : Age du bronze, t. I, p. 32.) C. MATTHIS SIGNES RUPESTRKS 471 2. — Belle-Ile-en-Mer (Bangor). Moule en bronze pour haches à talons sans anneau. 3. — Bdle-Ile-en-Mer (Bangor). Moule en bronze pour hache à talons et à anneau latéral. [Evans : Age du bronze, p. 480. Déchelette : Manuel I, appendice II, p. 154. 4. — Belle-Ile-en-Mer (Bangor). Moule en bronze pour hache à ailerons. (Ren- seignement trouvé récemment clans les Archives de la Société Polymathique.) 5. — Groix [Ile de). Moule en bronze pour haches à ailerons. [Musée de la Société Polymathique du Morbihan.) [Louis Marsille : Les dépôts de l'âge du bronze du J^orbihan, Bvl. Soc. Polym. du Morbihan, 1913. 6. — Questembert (lande du Parc-aux-Bœufs). Nombreux moules en terre. {Musée de la Société Polymathique du Morbihan.) De Closmadeuc, Bull. Soc. Polym. du Morbihan. 1863, p. 10. M. Charles MATTHIS, Niederbronn-les-Bains SIGNES RUPESTRES DE LA RÉGION DE NIEDERBRONN (DÉPARTEMENT DU BAS-RHINi 571.71 (/.3.445) 27 Juillet. /. Steinkopf. — Le Sleinkopf est une montagne de o25 mètres de hau- teur située au sud-est du château de Windstein, dans les Vosges septen- trionales. Voir les cartes pour cette partie de l'Alsace n° 3572 (de la triangulation feuille Lembach) et celle du Club-Vosgien Niederbronn-Wœrth et Bitche- Stijrzelbronn. Sur la pointe extrême nord- ouest du Steinkopf se trouve une grotte ouverte de l'ouest à l'est de 12 mètres de largeur, 4 à 6 mètres de pro- fondeur et 1 à 3 mètres de hauteur. Dans la partie la plus abritée, on voit sur trois rayons de rochers superposés plus de 60 stries formant entre eux des dessins très variés (voir feuille I). Leur fond à la forme longitudinale d'un V et d'U. A l'entrée de cet abri qui se trouve à l'est, le sol est à une grande pro- fondeur, mêlé de cendres de charbons de bois et de débris d'os calcinés, la roche elïritée est roussie. i72 AATHIIOPOLOGIE Près de cet abri furent trouvés en 1875, lofs d'une coupe, plusieurs haches en pierre polie, un couteau ou double poignard en silex taillé (objets que j'avais présentés au Congrès de Strasbourg cet été). Au nord-est du Steinkopf se trouvent d'autres abris sous roche et l'on voit des polissoirs et stries sur la crètè du Griineberg, du Wittsberg et du ^ < -if ^ |fC^ FiG. 1. — Pétrogiyphes de Steinkopf, vallée de Windstein l'canton de Niederbronn) Bas-Rhin). Liiidenkopf. Près des slries de ce dernier abri j'ai trouvé, dans le. sol, un oulil en grès très dur avec des stries et dont la forme arquée s'adaptait dans le modèle. //. Muckenthal. — Rocher à polissoirs de la Hohle-llœhle (Muckenthal) à Dambach. Le versant méridional du Hohenfelser Schlossberg et le som- met de cette montagne de 300 mètres d'altitude à l'ouest du village de Dambach, près de .Niederbronn (voir les caries précédemment indiquées) est couverte d'énormes rochers en grès rouge qui, la plupart, sont remar- quables par leurs grottes (peu profondes), mais donnant un abri suffisant à l'homme qui y séjournait. Il a laissé d'ailleurs des traces de son passage dans le rocher même. La grotte percée que l'on voit de fort loin du village possède un magni- fique polissoir (fig. 2) posé en plan incliné sur une autre roche et laissant ''Y^. r^ Fig. 2. Rocher Polissoir, rocher creux du Mukenthal à Dambach (canton deNiederbronn, Bas-Rhin). une place pour l'ouvrier. Ses 40 stries, toutes longitudinales, très carac- téristiques, sont merveilleusement conservées (grâce à l'isolement de l'en- droit et à la grande difficulté d'y parvenir). CH. MATTHIS — SIGNES RUPESTRES 473 ///. Bîirgberg. — Toute aussi intéressant est le polissoir du Burgberg (montagne du château) situé sur le versant est dé la grotte précédemment citée. FiG. 3. /rtk . A banc à polissoir, B graffiti de l'abri sous roche du Burgberg à Dambach icanton de Niederbronn, Bas-Rhin). Ici également on voit de nombi'eux graffiti longs, larges, profonds, prenant toutes les formes et un espace libre de 0"S50 entre le bloc et Tabri à cet endroit se remarque l'image gravée A (fig. 3). IV. Lindenberg. — Au sud-est de Neunhofïen, entre ce village et le hameau de Neudoerfel, se trouve le Lindenberg de 376 mètres de hau- teur. D'énormes rochers, que l'on voit di' tbrl loin, couvrent la cwte où l'on FiG. 4. — Lindenberg près de Neunhoffen-Neudœrfel i^canton de Niederbronn) (Bas-Rhini. arrive par un chemin forestier prenant à droite à 200 mètres d'une croix posée de ce côté de la route (direction de l'Est). Le premier abri sous roche que l'on rencontre garantit les graffiti de la figure 4. Le système pour employer les eaux reçues par le côté ouest battu par la pluie n'y est pas moins curieux que ses nombreuses stries. V. Armersberg. — Les abfîà âe i'Armërsberg se trouvent au-dessus du village d'Obersteinbach dans un lieu entièrement écarté, ignoré, où nul chemin conduit. 474 ANTHROPOLOGIE L'Amiersberg est à une altitude de 460 mètres et les rochers, cachant les plus belles stries, sont voisins de la frontière du Palaiinat. I '.< i \ r FiG. 5. — Armersberg près d'Obersteinbach farrondissement de Wissemboui-gi (Bas-Rhin). • Toutefois la série de mégalithiques qu'on longe présentent généralement des preuves de séjour prolongé, pierres effritées^par le feu, terre mêlée de charbon et de cendres. Les graffiti de la figure o se trouvent au pied dé Fabri et sont orientés vers le Sud. • VI. Le Vatersthal. — La grotle du Vatersthal se trouve à l'extrémité sep- tentrionale de cette vallée profonde et enserrée de montagnes dépassant 400 mètres et formant la frontière de notre pays avec le Palatinat. o 'Il Fi(i. 6. — GroUe du Vatersthal, 3 kilomètres à Test de Stiirzelbronn (Mosellei région de Niederbronn. Le site où se trouve cet abri est d'une beauté sauvage ; pèche, chasse, pâture en abondance où l'homme était absolument isolé du monde. Le rocher supérieur formant abri s'ouvre en éventail de 20 mètres d'en- vergure orientée vers le Sud où coule, à 20 mètres de profondeur, un ruisseau; les graffiti couvrent le sol de la grotte. A. DE MORTILLET — LE DOLMEN d'aNTEQUERA 47?i M. A. DE MORTILLET, Professeur à rÉcole d'Anthropologie. LE DOLMEN D ANTEQUERA (ANDALOUSIE) 571.04 (46.81 1 :;8 .l 'II} Ici. La péninsule hibérique possède, comme la France, de nombreux monu- ments mégalithiques. Ceux du Portugal .sont de])uis longtemps connus des préhistoriens, grâce aux travaux des savants de ce pays. Il en existe dans toutes les provinces, depuis l'Algarve, au sud. jusqu'au Minho et au ïras- os-Montes, au nord. Suivant toute apparence, l'Espagne n'est pas moins riche en monuments de ce genre, mais leur étude a été jusqu'à ces dernières années quelque peu négligée. Il semble y en avoir à peu près partout, sau£ peut-être dans les massifs montagneux et sur les plateaux élevés du centre, particulièrement dans les Castilles. On en a signalé en Galice, dans les Asturies. dans la province de Santander, dans les Pays Basques, dans la Navarre, en Ara- gon, en Catalogne, dans le royaume de Valence, en Estremadure et en Andalousie. C'est dans cette dernière région, où ils sont assez abondants, que se trouve le plus beau et le plus grand dolmen connu, celui d'Antequera. Située dans la vallée du Guadalhorce, à -JOO mètres d'altitude, Ante- quera, l'antique Aniicaria, est une très ancienne ville, qui possède encore des restes de constructions romaines. Ses maisons s'étagent au pied d'une colline escarpée que courone un Casti/lo construit par les Arabes, impo* santé forteresse aux multiples tours, dans laquelle sont conservées des armes et des armures mauresques. En sortant de la ville, vers l'est, on rencontre à environ un kilomètre, sur le bord du chemin qui conduit à Archidona, une légère éminence naturelle de terrain sur laquelle repose un vaste tumulus ne mesurant pas moins de 30 mètres de diamètre. Ce tertre artificiel recouvre une belle allée couverte, nommée dans le pays : Cueva de Menga ou de MengaJ. On ignore l'origine et la signification de ces derniers mots, qu'on sup- pose empruntés à la langue des Gitanos. Don Manuel de Assas rapporte dans le Semanario Pmtoresco, année 1857, que les deux mots « Menga Mengal », se retrouvent, accolés, dans une chanson bohémienne touchant un autre mégalithe andalou, un menhir haut de S"". 40, situé aux environs de Baena. Il se pourrait fort bien que ce soit là le nom de quelque vieux géant légendaire maniant avec autant de facilité que Gargantua les blocs les plus volumineux. 476 ANTHROPOLOGIE Le dolmen d"Anteqiiera a été visité dès 1842 par Don Rafaël Mitjana y Ardison, architecte à Malaga, qui fut le premier à le signaler à l'attention des archéologues dans un mérhoire paru cinq ans après (1). Depuis cette époque, il a été souvent cité et décrit. Les publications en différentes langues dans lesquelles il en est question sont malheureuse- ment, pour la plupart, IVeuvre d'auteurs ne Payant pas vu ou ne l'ayant examiné que d'une manière assez superficielle. Aussi les renseignements qu'elles fournissent sont-ils en général dune exactitude peu rigoureuse, et même parfois contradictoires. Il en existe, en revanche, une excellente représentation, due au talent de l'architecte français Henri Nodet, Elle" consiste en un grand tableau à FiG. 1. — Vue de l'entrée du dolmen d'Antequera, province de Malaga. l'aquarelle et au lavis, contenant un plan, des coupes, ainsi que des vues de l'intérieur et de l'extérieur du monument. C'est d'après cet intéressant document, qui appartient aujourd'hui au Musée archéologique national de Madrid, qu'ont été faites les figures que j'ai dessinées pour l'ouvrage d'Emile CavtaUhac sur : Jj's âr/es préhistoriques de l'Espagne et du Por- tugal {\%m). . ' . Ayant eu, en 1913, l'occasion de voir ce remarquable monument, j'ai pu lé mesurer dans tous les sens et en dresser un plan plus complet que ceux qui ont été jusqu'à présent publiés.' ; \ ■ • • f • '. '. — : '. '. : ''■ — . ■ — (1) Memoria sobre el templo druida fiallado en his rcrainius de Aidetjtœm. Malaga, 1847. A. 1>E MORTILLET — LE DOLMEN d'aNTEQUERA 477 La Ciieva de Menyal se compose d'une belle et spacieuse chambre pré- cédée d'un couloir d'accès. Sa longueur totale actuelle, depuis l'entrée du vestibule jusqu'à la paroi du fond de la chambre, est de !2o'",37. La cham- bre mesure intérieurement 16™, 24 de longueur sur o'",50 de plus grande largeur et 3™, 20 de plus grande hauteur. Elle n'a pas une forme tout à fait rectangulaire; ses parois latérales sont légèrement cintrées, celle de gauche un peu plus fortement que celle de droite. Au point de contact avec le vestibule, la chambre se rétrécit et n'a plus que 2'",':20 de largeur. Le vestibule, qui a peut-être été primitivement plus long, n'a maintenant qu'une longueur ne dépassant guère 9 mètres, et sa largeur varie de 1°',92 à 3'",0rj. Pans son ensemble, le monument comprend : vingt-cinq supports, cinq tables et trois piliers, soit en tout trente-trois pierres de fortes dimensions. Parmi les supports, quinze forment les parois de la chambre (sept de cha- cun des grands cotés et un au fond). Les dix autres supports, disposés aussi en nombre égal de chaque côté, font partie du vestibule. Quatre de ces pierres dressées, les deux premières de droite et de gauche (iN°'* 19 à 22), moins élevées que leurs voisines, ne semblent pas être dans la position qu'elles occupaient anciennement. Elles ont probablement été déplacées récemment pour dégager et régulariser l'entrée. Les grandes tables qui constituent le plafond recouvrent l'allée sur une longueur d'environ vingt et un mètres. Quant aux piliers dressés dans l'axe de la chambre atîn de donner plus de solidité à la construction, ils sont tous les trois très ingénieusement placés au-dessous des jointures des tables, de sorte que chacun sert à la fois d'appui à deux d'entre elles. Tous les matériaux qui entrent dans la construction du monument sont en calcaire dur et compact, d'origine jurassique selon quelques auteurs; mais, d'après Mitjana, ce serait un calcaire tertiaire, provenant du lieu dit le Cafvario, distant d'un kilomètre à peine. Ces pierres portent presque toutes des traces plus ou moins reconnaissables de travail. Les grandes dalles verticales, notamment, ont leur face anté- rieure, la seule visible, assez soigneusement aplanie. Le reste semble avoir été laissé à l'état ])rut. Les piliers médians sont grossièrement équarris, bien que leur forme, carrée ou rectangulaire, ne soit pas d'une très grande régularité. Le monument est orienté, dans son grand axe, de V Ouest-Sud-Ouest à V Est-Nord-Est, l'entrée regardant V Est-Nord-Est. Quelques chiffres donneront une idée de son importance. La chambre couvre à elle seule une surface de 67 mètres carrés, et son volume inté- rieur est d'environ 200 mètres cubes. Les blocs de pierre qui la composent sortent aussi des proportions ordinaires, comme l'indiquent les mesures que nous avons pu prendre (voir les tableaux qui se trouvent à la fin de Tarticley. Ces mesures ne rendent même qu'imparfaitement conipte de la grandeur des pierres, mais on est obligé de s'en contenter, car il n'est pas 478 ANTHROPOLOGIE o --: . £ s c ^ h - 3 a. -> „ < possible de relever exactement toutes leurs dimensions, le dolmen étant encore presque totalement engagé dans les terres du tumulus qui le couvre. Suivant 31il/ana, les supports ont leur base enterrée de 1 mètre à l'",2o. Ceux du fond de la cham- bre auraient donc plus de 4 mètres de hauteur L'épaisseur des dalles des parois et de la couverture serait d'au moins i mètre. Dans la partie la plus épaisse de la table qui est à l'entrée du vestible (E), elle atteindrait l'",80. La plus grande table, celle du fond de la chambre (iV) mesurerait 7™, 50 sur '" 15) au pilier I 4.80 — enti-e les piliers I et II 3,12 — entre les piliers II et III 2.08 — du pilier III à l'entrée de la chambre 3,45 — totale (de a à b) .... • 16,24 Largeur, au fond (en a) 4,20 -— au pilier 1 5,50 — au pilier II 4.82 au pilier III 4,15 — à l'entrée de la chambre (en.ft) . 2,20 Hauteur, au fond de la chambre, entre les supports 1 et 14 3,20 VI. — Dimensions du Vestibule. (Mesures prises à l'intérieur.) Mètres Longueur de l'entrée de la chambre à la grille (de 6 à G) 4,13 — de la grille à l'extrémité du vestibule (de G à c) . ' 5 » — totale (de & à c) 9,13 Largeur, à l'entrée du vestibule (en c) 3 » — entre les supports 19 et 22 1,92 — à la grille, entre les supports 18 et 23 2,73 — entre la grille et l'entrée de la chambre, du support 17 [au support 24 (en d) 3,05 Hauteur, à la grille (en G) • . . . . 2.35 L. MAYET — COnRÉLATIONS GÉOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES 481 M. Le D' Lucien MAYET, Docteur ès-sciences, Chargé de cours d'anthropologie et paléontologie humaine à l'Université de Lvon. CORRÉLATIONS GÉOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES DES TEMPS QUATERNAIRES 571 (12.3) 27 Juillet. En présentant à la Section d'Anthropologie le volume qui résume les recherches poursuivies avec mon ami et collaborateur Jean Pissot, à La €olombière, près Poncin (Ain), en 1913-1914, j'avais l'intention de dire quelques mots de l'intérêt présenté par ce gisement au point de vue de la chronologie géologique et archéologique du Quaternaire, Plusieurs de nos collègues m'ont demandé d'élargir le cadre de cette communication et d'exposer l'état actuel de cette dernière question. Elle tient, en effet, en tête du programme des travaux de notre section, et il m'est tout à fait agréable de déférer au désir exprimé. Jusqu'à maintenant, la grande place occupée par les phénomènes gla- ciaires dans la succession des temps quaternaires a fait prendre comme base de la chronologie du Pléistocène d'Europe à peu près exclusivement les différentes phases d'avancement ou de retrait des glaciers issus du massif alpin ou du massif Scandinave. En regard des glaciations — phases d'extension glaciaire — et des interglaciations — phases de régression glaciaire — on a placé les faunes quaternaires d'une part, et, d'autre part, les acquisitions faites dans le domaine de la paléontologie humaine, de l'archéologie préhistorique. Ainsi s'est trouvée constituée une série de divisions dont chaque élément reste encore plus ou moins discuté et dont les corrélations sont loin d'être établies de façon à obtenir une approbation unanime. Au cours des deux dernières années, dans une suite de « notes » publiées dans les comptes rendus de l'Académie des Sciences, un savant d'une renommée mondiale, Ch. Depéret, d exposé une vaste synthèse dont les (1) Lucien Maïet et J. Pissot. Abri sous roche préhistorique de La Colombiere, prés Poncin (Ai7i). Un volume in-8° de 206 pages, avec 102 figures dans le texte et 23 planches hoi-s texte comprenant 684 figures. Annales tte l'Université de Lyon, 1915. Rey et C'-, éditeurs, Lyon. 16 482 ANTHROPOLOGIE éléments lui ont été fournis par une connaissance approfondie des dépôts marins et des terrasses jalonnant les vallées iluviales. Les travaux analy- tiques ayant permis celte synthèse portent les noms de Depérel, Gignovx, de Lamothe, Kilian, de Sléfaiii, Coiinnont, Chaput, etc. Les faits mis en lumière modifient ou précisent les données anciennes et entraînent, sur bien des points, une conception nouvelle de la géologie du (Quaternaire comme de ses rapports avec les industries paléolilhiaues. : * Il ne saurait être question d'entrer ici dans la discussion des travaux publiés par les glaciairistes depuis un demi-siècle. Certains, déjà anciens — par exemple, les publications de Faisan et Chantre — délimitent une seule extension des glaciers alpins alors que les premières recherches de Geikie aboutissaient à six périodes glaciaires et à cinq phases interglaciaires. Entre ces chiffres extrêmes, tous les intermédiaires Aujourd'hui, on s'appuie plus spécialement sur les recherches de Du Pasquier, de Penck, puis de Penck et Bruckner, de Depérel, de Kilian, se rapportant à l'époque glaciaire dans les Alpes. C'est, en effet, dans la région périalpine que peuvent être étudiés, avec les vues les plus nettes, les « complexes fluvio-glaciaires », leurs formations morainiques (vallum. amphithéâtres, etc.), leurs nappes d"alluvions subordonnées (cônes de transition et terrasses constituant celles-ci). Dans les vallées de cette même zone périalpine, on peut voir s'élager une série de terrasses : les plus élevées au-dessus du thalweg actuel se rattachent aux morainea externes (les plus éloignées du centre du massif alpin) qui marquent le maximum de l'extension glaciaire et qui sont plus anciennes; les plus basses, c'est-à-dire les plus rapprochées du niveau actuel de la rivière, se relient aux moraines internes (== moraines en dedans des précédentes, plus rapprochées du centre du massif alpin) qui témoigneni d'une exten- sion moindre des glaciers et qui sont plus récentes. Les mêmes constatations peuvent être faites, avec peut-être encore plus de netteté, dans certaines vallées des Pyrénées. On peut relever, en outre, quatre nappes de cailloutis étagées à quatre niveaux différents et se reliant à quatre formations morainiques distinctes (celles-ci séparées quelquefois par d'assez grandes distances ou de notables différences d'altitude). Ces quatre couches de graviers correspondent à quatre glaciations différentes : alluvionnemenl glaciaire. Pendant la pre- mière phase de chaque interglacialion, s'est produit un creusement plus ou moins intense, mais toujours rapide, par les eaux abondantes nées de la fonte des glaces et établissant leur lit dans le cailloutis glaciaire. L. MAYET — CORRÉLATIONS GÉOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES 483 De chaque côté du cours d'eau actuel, contre les pentes de sa vallée, peut persister une partie de la nappe de graviers non entamée et non entraînée par les eaux : ainsi se trouve constituée la terrasse, témoin de la surface topographique constituée au cours de la précédente glaciation et se trouvant reliée aux moraines de celle-ci. Se rattachent, en amont, aux moraines externes, les terrasses de 50-60 mètres ; aux moraines intermédiaires, les terrasses de 35 mètres: aux moraines internes, les terrassses de 18-32 mètres ; Ces altitudes étant prises au-dessus du thalweg actuel et dans les grandes vallées, en avant des pentes souvent très fortes, des cônes de transition glaciaires. A chaque glaciation correspond donc une valeur différente du creusement de la .val lée des cours d'eaux issus des glaciers de cette 'période (l)epëret). Ainsi se trouve mis en évidence un ensemble de repères précieux pour diviser l'époque glaciaire quaternaire, c'est-cà-dire la plus grande partie du Pleistocène d'Europe. Par Pe7ick, ont été donnés, aux quatre grandes phases d'extension des glaciers, aux quatre glaciations, les noms suivants : I. — Première et plus ancienne période glaciaire, celle dont les moraines sont à l'origine des « cailloutis des plateaux ou graviers anciens des hau- teurs », en général à 100 mètres au-dessus du fond actuel des vallées -~ glacialion de Gûnz ou Gunzien, du nom d'un affluent du Danube, entre Ulin et Augsbourg. II. — Deuxième période glaciaire, celle dont les moraines sont reliées aux « graviers récents des hauteurs », en général à 60 mètres au-dessus du fond actuel des vallées — glaciation de Mindel ou Mindelien, du nom d'un autre affluent du Danube. m. — Troisième période glaciaire, celle dont les moraines ont, comme dépendance, les « graviers de la haute terrasse », en général à 30-35 mètres au-dessus du fond actuel des grandes vallées — glaciation de Riss ou Rissien. du nom d'un affluent de l'Isar. IV. — Quatrième période glaciaire, celle dont les moraines sont en rajî- port avec les « graviers de la basse terrasse », eu général à 18-22 mètres au-dessus du fond actuel des grandes vallées — glaciation de Wilrni ou Wurmien, du nom d'une rivière coulant dans la plaine de Munich, en Bavière. 484 AMTHROPOLOGIE Entre ces quatre périodes d'extension des glaciers quaternaires, quatre périodes de régression de ceux-ci, dites périodes interglaciaires ou inter- glaciations : 1° Interglaciation Giinz-Mindel; 2" Interglaciation l//«rfe/-iît.s.s ; 3° Interglaciation i?m-Wwr7n; 4° Post-glaciaire (1). La glaciation de Gûnz- n'a laissé que des traces peu importantes, aujour- d'hui représentées par peu de chose et ne se retrouvant guère au-delà des vallées alpines. Vraisemblablement, ce fut la glaciation la moins étendue. La glaciation de Mindel a été, de beaucoup, la plus considérable. Ses moraines sont les plus externes, les plus éloignées du cenj^re du massif alpin. Elles marquent le maximum de l'extension glaciaire. La glaciation de Rm a des moraines en retrait des précédentes et celles- ci sont loin d'avoir atteint les altitudes élevées des moraines mindéliennes. Le glacier rissien est resté au bas des pentes franchies par les glaces dans la période précédente. La glaciation de Wiirm a laissé des moraines « fraîches », bien con- servées, à éléments à peine altérés. C'est la période la plus récente, avec les moraines les plus internes et une nappe de cailloutis qui n'est jamais recouverte de kess. En arrière des moraines wiirmiennes se trouvent tout un ensemble de formations morainiques limitées, moraines stadiaires qui marquent les oscillations de retrait des glaciers jusqu'à leur limite actuelle (moraines néo-mur miennes, de l'oscillation à'Aclien, du stade de Bilhl, du stade de Gschnitz, du stade de Daun, etc.). La question étant ainsi précisée au point de vue géologique — encore que beaucoup continueront à regarder comme d'âge rissien (doctrine erronée de Venck et Bruckner) les moraines mindéliennes qui sont les plus externes sur le pourtour des Alpes occidentales — il faut mettre en place les divisions archéologiques correspondant aux phases géologiques. Ce n'est pas chose aisée en raison de l'absence de documents probants et l'on pourrait presque dire : autant d'auteurs, autant d'opinions différentes. Les discuter n'entre pas dans le cadre de la présente communication et, pour I^s exposer, les tableaux suivants seront sufTisants. (1) Le Post-glaciaire peut être envisagé tomme une dernière phase interglaciaire, surtout si on admet, avec M. Kilian, une courte glaciation néo-Wûrmierme, très réduite d'ailleurs, ayant précédé les stades de régression définitive. L. MAYET — CORRÉLATIONS GÉOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES 485 Tableau de A. Penck, 1903. I. Glaciation ou Gûnzien : i° Interglaciation : Gùnz-Mindel. II. (jlaciation ou Mindelien : 2" Interglaciation ; Mindel-Iiiss Chelléen. III. Glaciation ou Rissien Moustérien troid. 3** Intel-glaciation : Riss-Wiirm : a) à faune chaude Moustérien chaud 6) à faune de steppes Solutréen.- IV. Glaciation ou Wûrmien. Post-glaciaire : a) Oscillation d'Achen. 6; Stade de Buhl . .- Magdalénien. c) Stade de Gschnilz. d) Stade de Daun. Tableau de M. Buule, 4908. GiJNZiEN : 1" Interglaciaire. MiNDÉLIEN : S*" Interglaciaire. RissiEN : 3° Interglaciaire Chelléen. WuRMiEN Moustérien. Post-glaciaire Solutréen. Magdalénien. Tableau de H. Obermaier, 1909. I. Epoque glaciaire : 1" Période interglaciaire. II. Époque glaciaire : • ' 2" Période interglaciaire. III. Époque glaciaire : 3" Période inlerglaciaire. a) A faune chaude Chelléen. b) A faune ûê steppe Acheuléen. Moustérien ancien IV. Époque glaciairr . Moustérien. Post-glaciaire Aurignacien. Solutréen. Magdalénien. 486 ANTHROPOLOGIE Tableau de L. Mayet. 1919 (1). Néolithique (Glaciation néo-Wurmienne). Post-glaciaire (U^ période de. régression des glaciers) Glaciation de Wùrm U' période d'extension des glae ers). Interglaciation Riss-Wùrm (3« période de régression des glaciers). Azilien Magdalénien récent Magdalénien Magdalénien ancien Aurignacien récent Solutréen Aurignacien Aurignacien ancien Moustérien récent Moustérien Moustérien ancien Fin de l'Aclieuléen Glaciation de Riss (3= période d'extension des glaciers). Acheuléen Fin du Chelléen Interglacialion Mindel-Riss (8« période de régression des gliciers). Chelléen Préchelléen ? Ce dernier tableau résume notre enseignement sur ce point des corré- lations géologiques -archéologiques quaternaires. Il nécessite les deux remarques suiAantes : Le Moustérien se place en partie dans l'interglaciation Riss-Wiirm. On objectera qu'alors le Moustérien à faune froide se trouve commencer dans une période interglaciaire. Mais, dans divers gisements, à Villefranche notamment — le Moustérien ancien se rencontre associé à une faune chaude à Rhinocéros Mercki et si une période interglaciaire suppose un réchauffement climatérique dans sa première partie (fonte et retrait des (l) Enseignement de l'année 1919-1920 à la Faculté des Sciences de Lyon. L. MAYET — CORRÉLATIONS GÉOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES 487 glaces, phase de creusement rapide des vallées...) une nouvelle extension glaciaire est, nécessairement, la conséquence d'une phase froide et surtout humide pendant la moitié ou les deux tiers terminaux de la période inter- glaciaire — et cela répond bien à ce que l'on peut constater pendant la longue évolution des industries et de la faune mouslériennes. Le Solutréen est une industrie en quelque sorte collatérale, ayant évolué en même temps que se succédaient les dernières phases de l'Aurignacien et les premiers termes du Magdalénien. Lorsqu'on rencontre l'industrie solutréenne, elle se place entre l'Aurignacien et le Magdalénien. Lors- qu'elle fait défaut — et c'est le cas de nombreuses stations non occupées par les tribus à culture solutréenne — le Magdalénien ancien succède directement à l'Aurignacien récent par évolution graduelle des formes industrielles. Pour en terminer avec cet exposé de ce qu'on pourrait appeler les notions jusqu'ici classiques, il me semble utile de présenter le calque rapidement fait d'un graphique publié l'année dernière par W. Soergel, de Tubingen, à la fin d'un ouvrage que vient de me communiquer mon excellent ami le professeur Gignoux, Directeur de l'Institut de Géologie de Strasbourg. Il concorde en grande partie avec les données que nous avons personnellement établies à l'aide d'éléments différents et sans envisager les différents niveaux du lœss qui tiennent une si grande |)lace dans la géologie du Pléistocène de l'Allemagne. Tableau graphique représentant la dernière glaciation alpine en parallèle avec la succession des industries paléolithiques du Moustérien au Magdalénien, d'après Soergel (1). Comment se trouve modifiée ou complétée cette chronologie du Quater- naire par les travaux récents de Ch. Depéret et de ses élèves? Cette question représente la seconde partie de la présente communication. -.1: :|: » La période quaternaire ou pléistocène, bien que la plus récente des temps géologiques, est celle dont la classification est encore, à l'heure actuelle, la plus obscure et la moins définitive..., difM. Depéret (2). » C'est d'ailleurs un problème complexe dans lequel il est nécessaire de faire intervenir à la fois : 1" La chronologie des dépôts marins ; 2" Les phénomènes de creusement des vallées et la formation des terrasses fluviales; 3» Les phénomènes glaciaires ; (1) Ce graphique ne pouvant être reproduit ici, le consulter dans l'ouvrage de Soergel. Lôsse, Eiseiten und paliiolithische Kulturen. In-8°, 180 pages, léna, Fischer. (2) Cf. Essai de coordination chronologique générale des temps quaternaires. In Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, 25 mars 1918, 22 avril 1918, 3juin 191S, 16 septembre 1918, 16 décembre 1918, 5 mai 1919, 19 janvier 1920, 26 juil- let 1920. 488 ANTHROPOLOGIE 40 La succession des faunes d'animaux terrestres; 5° Enfin, les faits de paléontologie humaine et d'archéologie préhistorique. » Pour tenter une coordination chronologique entre ces divers éléments, il convient d'abord de faire un choix de principe entre les divers critériums et je suis logiquement amené à appliquer au Quaternaire la méthode de classification qui a prévalu pour toutes les autres époques géologiques, en donnant la pré- pondérance aux caractères fournis par les dépôts marins ». Jusqu'ici, on avait cherché la raison d'être des terrasses uniquement en amont, dans l'avancée ou le recul des appareils glaciaires. M. Depéret montre qu'il convient de faire une large place aux oscillations — pendant le Quaternaire — du niveau de base de la Méditerranée, de l'océan Atlan- tique, de la nier du Nord. Ce niveau de base s'est abaissé ou relevé et a provoqué le creusement ou le remblaiement des vallées par les fleuves cherchant leur profil d'équilibre. Aux influences d'amont doivent être asso- ciées les influences d'aval dans la formation des terrasses alluviales. Aucune mer n'a été mieux étudiée au point de vue des dépôts quater- naires et ne se présente dans de meilleures conditions d'observations que la Méditerranée occidentale. Une série de lignes de rivage s'emboîtent en gradins, à des altitudes différentes, et permettent une division par étages : 4° Étage Monastirien. — Nom tiré de la ville de Monastir (Tunisie) bâtie sur un plateau étendu appartenant à cet horizon — qui correspond à la ligne de rivage de 18-20 mètres au-dessus du niveau actuel. Cette ligne de rivage se relie à la terrasse de 20-22 mètres elle-même en rapport avec les moraines du glacier ivûrmien. 3° Étage TItyrrhénien — nom proposé par Issel pour désigner les couches à Slrornbus mediterraneus — horizon remarquablement caractérisé par la migra- tion dans la Méditerranée d'une faune chaude. Ces couches à Slrombes corres- pondent à la ligne de rivage de 28-30 mètres = terrasse de 30-33 mètres = Rissien. 2" Étage Milazzien — nom tiré de la péninsule de Milazzo, sur la côte nord de la Sicile — dont la faune indique une mer à température sensiblement plus chaude que la Méditerranée actuelle, intermédiaire entre la mer sicilienne et la mer encore plus chaude des couches à Slrombes. Correspond à la ligne de rivage de 55-60 mètres = terrasse de 60 mètres ^= Mindelien. 1" Étage Sicilien — dont le type est dans l'ancien golfe de Palerme (Conque d'Or) — correspond à la ligne de rivage de 90-100 mètres = terrasse de 100-110 mètres = Giïnzien, Les lignes de rivage aux altitudes de 20 mètres, 30 mètres, 60 mètres et iOO mètres se retrouvent sur les côtes de l'Atlantique, de la mer du Nord et les terrasses correspondantes, dans les vallées des fleuves aboutissant à ces rivages. Mais, en abordant la mer du Nord, le problème se complique en raison des modifications profondes apportées dans l'histoire des mers quaternaires du nord par l'invasion répétée des grandes nappes de glaces L. MAYET — CORRKLATIOiNS (GÉOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES 489 Scandinaves, atteignant plusieurs milliers de mètres d'épaisseur — et aussi du parallélisme à établir entre les quatre périodes principales de progres- sion des glaciers du nord et les glaciations alpines. Voici comment M. Depérel établit cette comparaison : « II paraîtra tout naturel d'admettre que le maximum d'extension des glaciers alpins (Mindélien) coïncide avec le maximum d'avancée des glaciers Scandinaves (Drift ancien ou Boulder-Clay inférieur des comtés du centre de l'Angleterre) ^- eaxonien, de Geikie (1). Dès lors, le Rissien des Alpes correspond au Drift récent ou Boulder clay supérieur des plaines du nord de l'Angleterre = Polonicn, et il nous faudra trouver l'équivalent du Wurmien dans les glaciers locaux de l'Ecosse et dans les moraines baltiques =:^ Meckleinbourgien. Enfin, il semblera logique de voir dans la glaciation scaalenne, le pendant du Giinzien des Alpes » (2). Telle se présente la clu'onologie géologique du Quaternaire considérée au double point de vue des glaciations alpines et glaciations Scandinaves avec les terrasses et les lignes de rivage marin correspondantes. Lee mouvements d'avancée ou de recul des glaciers alpins et Scandi- naves ne resipiit plus le principal critérium chronologique. En efTet, si les glaciations représenient quelque chose de positif, de tangible, les inter- glaciations n'ont qu'une signification assez incertaine. Elles apparaissent constituées à leur début par une phase de creusement rapide des vallées, suivies d'une phase beaucoup plus lente de remblaiement. Celle-ci se continue pendant la glaciation suivante, atteignant son maximum avec le dépôt des moraines frontales du glacier et avec le remplissage des vallées jusqu'à un niveau dont les terrasses actuellement encore conservées sont les témoins. D'ailleurs, si l'on envisage le Pléistocène dans son ensemble et non pas seulement aux abords du massif alpin, les glaciations et les intergla- ciations passent, en quelque sorte, au second plan. Les méthodes générales de la géologie reprennent tous leurs droits et aboutissent à la division de l'ère quaternaire en quatre étages marins. A chacun d'eux correspond une terrasse fluviale d'édificalion lente, précédée d'une phase de creusement rapide, celle-ci se trouvant répondre à la première partie d'une phase de régression (ou phase interglaciaire). Sans plus insister, le tableau suivant (3) résume les corrélations établies entre cette nouvelle division du Quaternaire et celle, désormais désuète, exposée dans la première partie de notre communication : (1) Geikie. The antiquity of man in Europe, 1914. (2) ComfAcs rendus des séances de l'Académie des Sciences, 5 mai 1919, p. 868. (3) Il manque à ce tableau les divisions paléontologiques. La plai'c à donner ici aux faunes quaternaires sera l'objet d'une étude ult»^rieure. 490 ANTHROPOLOGIE CORRÉLATIONS GÉOLOGIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES DES TEMPS QUATERNAIRES (Dépôts marins el lignes de rivage, terrasses fluviales, glaciations, périodes régressives ou illier glaciations, industries humaines). 4" Post-glaciaire. IV. — Étage Monastirien. = Ligne de riyage de 18-20 mètres. == Terrasse de 20-22 mètres. = IVe Glaciation. Wurmien-Mecklembourgien. 3^^ Période régressive 'interglaciaire) Riss-Wùrm. III. — Étage Thyrrhénien (couches a Strombes du pour- tour de la Méditurranée). r= Ligne de rivage de 28-30 mètres . = Terrasse de 30-35 mètres. = \W Glaciation. Rissien-Polonien. 2^^ Période régressive (inierglaciaire) Mindel-Riss. II. — Étage Milazzien. = Ligne de rivage de 55-60 mètres. — Terrasse de 60 mètres. = II<= Glaciation. Mindélien-Saxonien. (Maximum d'extension glaciaire.) Magdalénien ~ jSolutréen Aurignacien Moustérien Acheuléen Cheliéen (Préchelléen?) Jre Période régressive (interglaciaire) Giinz- Mindel. Étage Sicilien. = Ligne de rivage de 90-100 mètres. — Terrasse de 100-110 mètres. = l^e Glaciation. Gûnzien-Scanien. MAYET, MAZENOT ET MEiNAMD STATIONS PRÉHISTORIQUES 491 MM. Lucien MAYET, Lyon. Joseph MAZENOT et Emile MENAND, Royer. Autun. LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DE LA VALLÉE DE L'OBIZE A l'ouest de Chalon-sur-Saône, et au sud de la route nationale n° 78, reliant cette ville à Autun, se trouve la région des Vaux, traversée par la petite rivière UOrbize (ou Orbise) et jalonnée par les villages de Barisey, Saint-Denis-de-Vaux, Saint-Jean-de-Vaux, Saint-Martin-sous-Montaigu, Mellecey, Germolles... Depuis déjà longtemps, nous y poursuivons des recherches que l'Association française a bien voulu encourager. Elles ne sont pas achevées. Voici du moins quelques résultats acquis. Germolles. — Depuis les premières fouilles de Meray, il y a une cinquantaine d'années, divers amateurs ont partiellement vidé et surtout bouleversé les niveaux archéologiques de celle grotte à outillage aurignacien ancien. Méthodiquement explorée, la caverne de Germolles aurait été un de nos gisements français les plus précieux. Exploitée par les collectionneurs qui en ont dispersé à Chalon, à Mâcon, à Montceau-Ies-Mines, à Autun, etc., faune, industrie lilhique, os travaillés, elle ne présente plus qu'un intérêt très réduit. Les recherches que nous y iavons poursuivies nous ont surtout montré l'étendue des dégâts et les très grandes difficultés, sinon même l'impossibilité, d'exploi"er les parties non encore fouillées. Snint-Martin-sous-Montaifju. — Entre Saint Martin-sous-Monlaigu et Saint-Jean- de-Vaux existe une importante station de plein air qui par sa situation au pied d'une falaise escarpée, l'abondance des dents de cheval — seuls fossiles conservés — et des silex, rappelle absolument Solulré, mais un solutré étalé par la culture séculaire des vignes sur un espace d'un ou deux hectares. L'outillage lilhique — ramené à la surface par le travail du sol — est très abondant et les silex ont été recueillis par centaines. Certains sont taillés avec une rare perfection : racloirs, grattoirs carénés, grattoirs sur bouts de lames, pointes, armatures à cran, burin, etc. En l'absence de toute no.tion straligra- phique, nous divisons cet outillage en deux groupes. L'un, de beaucoup le plus nombreux, comprend les pièces d'âge aurignacien ancien, à affînilés mousté- rienhes, très différentes de celles du second groupe, plus récent, pouvant élre considéré comme solutréen ou aurignacien récent. Sainl-Denis-de-Vaux. — La grotte de la Beurne-aux-Loups ou de la Baume-aux- Loups, s'ouvre dans le massif calcaire qui s'étend de GIvry à la vallée de Vaux et surplombe presque à pic Saint-Denis et Saïnt-Jean-de-Vaux. Nous l'avons fouillée méthodiquement, couche par couche. 492 ANTHROPOLOGIE Les eaux ayant amené le limon de remplissage sur plus de trois mètres de hauteur, ont remanié en partie les niveaux. Les documents archéologiques et paléontologiques extraits restent néanmoins assez homogènes : 1° A la partie superacicUe : poteries, débris d'un squelette humain d'adoles- cent, os d'oiseaux, de blaireau, de lapin, etc. 2" Magdalénien assez pauvrement i^eprésenté par quelques sagaies de type ancien et quelques silex. Faune : renne, rhinocéros, cheval, loup, renard, marmotte. 30 Aurignacien plus riche que le Magdalénien. Grande ressemblance avec celui du Four-de-la-Baume, à Brancion ; silex assez abondants, armature en os, outillage en os intéressant surtout par le grand nombre d'os perforés. Technique du débitage de l'os par perforations rapprochées, telles les dentelures des timbres-poste. Faune : renne, bœuf, cheval, cerf megaceros, chevreuil, hyène. 40 A l'extrême base, à 3'",7o au-dessous du niveau primitif et à la partie antérieure de la grotte, très remarquable hache acheuléenne ayant comme dimensions : 145 millimètres de longueur, 88 millimètres de largeur et 33 millimètres d'épaisseur. Faune : hyène très abondante exclusivement. MM. LuciiîN MAYET, Lyon, P. NUGUE, Chalon-sur-Saône, ET DAUESTE DE Lv CHAVANNE, Lyon. DÉCOUVERTE D'UN SQUELETTE D'ELEPHAS PLANÎFRONS FALCONER, DANS LES SABLES DE CHAGNY, A BELLECROIX, PRÈS CHAGNY (SAONE-ET-LOIRE) Dans les derniers jours de mai 1920, les travaux d'avancement des chantiers de la Société des Tuileries Bourguignonnes, à Chagny, ont permis de découvrir une grande partie du squelette d'un éléphant pliocène, considéré jusqu'ici, lorsqu'on en rencontrait des débris, comme étant VElephas meridionalis Nesti et qui, en fait, est VElephas planifrons Falconer. Nous avons actuellement : crâne malheureusement très brisé, molaii'es supé- rieures vM3), mandibule et molaires inférieures (M:,), défenses, atlas, omoplate, fémurs, etc. MAYET, JEANTON ET MAZENOT 493 Ces ossements fossiles représentent un document paléontologique de premier ordre en raison de leur état de conservation et de l'animal auquel ils ont appartenu. Formule dentaire de x — 10 — x, morphologie des molaires et de la mandi- bule, développement de l'apophyse mentonnière, aspect du crâne dans ce qui en est présentement déjà reconstitué, etc., indiquent un éléphant bien différent de VElophas méridionale du val d'Arno, du Saint-Preslien du nord de la France et de l'Angleleri'e, de Durfort, des gisements du début du Pleistocène. Il est en tous points semblable à VEIephas planifrons du Pliocène moyen et supérieur des Siwaliks (Inde) regardé jusqu'ici comme l'ancêtre direct de VElephas meridionaUs. Comme la faune des Sables à Mastodontes du Puy, comme celle de Perrier. avec lesquelles elle se parallélise, la faune de Mammifères des Sables de Chagny est à la base du Yillefranchien. Le gisement de Senèze est un peu plus récent quoique toujours à la base du Pliocène supérieur, et a fourni une mandibule d'éléphant tout à fait comparable à celle qui vient d'être découverte à Bellecroix. 11 semble que la migration des éléphants pliocènes venus d'Asie sur notre sol se soit faite par les représentants de deux rameaux phyléliques : l'un en voie d'extinction — celui de VElephas jjlanifrons — l'autre ayant encore une longue carrière à parcourir et dérivant vraisemblablement du précédent — celui de VElophas meridionalis. Il est tout particulièrement intéressant de renconti'er dans la faune des sables de Cliagny VElephas planifrons, déjà signalé en Bessarabie par JW'"« Puwloiv et en Autriche par Schlesinger. Il faudra reviser le groupe de VElephas meridionalis (tel qu'il est actuellement compris), car un certain nombre de pièces des gise- ments classiques du val d'Arno, de Senèze, du Puy-en-Velay, etc. (Villefranchien), regardées jusqu'ici comme appartenant à ce groupe, mais présentant des carac- tères archaïques, sont à attribuer à VElephas planifrons. mm: Lucien m AYEP, Gvbrirl JEANTON, Er Joseph MAZENOT, Lyon, Màcon, Royer. LA FAUNE DE LA GROTTE DE MACHERON, PRÉS LUGNY (SAONE-ET-LOÏRE) A dix kilomètres au sud de la grotte du Four-de-la-Baume — qui, en 1913, nous a présenté un niveau paléolithique sans grand intérêt et un niveau archéo- logique récent dans lequel a été trouvé un crâné jumeau de celui de la Truchère — l'un et l'autre se trouvant datés fia du Néolithique- Age du Bronze, — la grotte de Macheron s'ouvre non loin de Lugny, au lieu dit Macheron. Comme le Four-de-la-Baupie, c'est un couloir souterrain dans lequel venaient s'engouffrer des eaux à certains moments, très abondantes. Ces eaux ont entraîné de nombreux ossements d'animaux, dont nous avons, par une fouille particulièrement jiénible, recueilli une centaine de kilogrammes. 494 ANTHROPOLOGIE Ce qui frappe, c'est l'extrême fragmentation d'ossements d'une extrême dureté. Aucun silex, aucune trace de travail humain et pourtant, dans une station de la fin du Moustérien ou du début de TAurignacien, nombre de ces débris seraient classés comme os utilisés ou même comme os façonnés. La faune mise au jour est banale : Bos primigeniiis, Bison priscus, Equus aiballus fossUis, Hijaena spelaea, etc., et mériterait à peine d'être signalée, n'étaient divers débris de Cervus megaceros, dont une demi-mandibule remar- quablement conservée. Sans être exceptionnel, le Megaceros est peu représenté dans les gisements du bassin de la Saône; épaisseur et faible hauteur de la branche horizontale de la mandibule qui se présente arrondie au lieu d'être haute, relativement aplatie transversalement et amincie vers son bord inférieur comme chez les Cerfs éla- phoïdes de taille analogue {Stefdin), permettent d'affirmer sa présence parmi les animaux du Pleistocène moyen représentés dans les limons qui remplissaient la grotte de Mâche ron. M. D- PEYllONY, Instituteur public, Eyzies-de-Tayac (Dordogne) UNE PIERRE COLORIÉE D'ÉPOQUE MOUSTÉRIENNE 571.72 (12.31) (44.72) 27 Juillet. Au cours de nos très importants Iravau.x dans le gisement préhistorique de La Ferrassie, le i)"" Capitan et moi avons recueilli, dans tous les niveaux mousiériens, de nombreux morceaux de matières colorantes (ocres rouges, mais surtout oxyde de manganèse noir-bleuàtre-) ; beaucoup présentent des traces de raclage à l'aide d'un silex ou d'utilisation par frottement sur un corps dur (I). • Les autres gisements mousiériens fouillés : Le Pech-de-l'Azé, près de Sarlat, la Gare de Couze, Combe-Capelle, Le Moustier, Combe-Grenal, le deuxième abri Blanchard à Sergeac, en ont fourni de nombreux échan- tillons. Dans ses recherches à ïabalerie, commune de Boulouneix, Bourrinel en a rencontré plusieurs spécimens. Les Mousiériens faisaient donc un usage courant de minéraux colorants. Était-ce pour se farder? pour se peindre le corps? pour dessiner sur les (1) 'D-^ Capitan et Peyrony, Station préhistoriqne de la Ferrassie. — Revue anthropolo- gique, 1912. D. PEYRONY UNE PIERRE C0T.OBIÉJ2 49S parois rocheuses'^ i^''"^ orner leurs objets mobiliers? Autant de questions qiiG je nie suis posées et qui ont orienté mes travaux vers la recherche de peintures rupestres de l'homme de Néanderthal. Mes investigations, dans les abris moustériens, n'ont abouti jusqu'ici à aucun résultat, les agents atmosphériques ayant-détruit les dessins, si toute- fois il en a existé. A La Ferrassie, j'ai extrait du Moustérien plusieurs pierres calcaires présentant sur une des faces des traces brunes ; mais ces matériaux étaient de nature si grossière et si tendre, qu'ils se désagrégeaient facilement et la partie coloriée disparaissait avant d'avoir pu en déterminer exactement la nature. J'ai eu plus de chance au Moustier. D'un niveau à nombreux coups de poing représentant une phase ancienne du Moustérien, j^ai extrait une pierre calcaire dure, presque rectangulaire, de 23 centimètres de long sur 18 centimètres de large (dimensions prises au milieu), à bords mousses, portant sur ses deux faces et, par endroits, sur le champ, des taches brunes; elles sont formées sur certains points, d'un enduit noir bleuâtre, qu'on reconnaît dé suite être de l'oxyde de manganèse. La couleur est assez bien conservée, la pièce se trouvant dans un milieu un peu argileux qui la protégeait. Le noir ne couvre pas toute la surface ; certaines parties mal définies n'en ont pas. Il semble que ce soit un dessin composé de taches et de bandes irrégu- lières sinueuses. Il est très difficile à déchiffrer, l'humidité ayant aidé la couleur à empiéter vaguement sur les parties qui n'en avaient pas; mais il est indéniable que cette pierre a été coloriée intentionnellement, le milieu qui la recelait étant composé dans les interstices laissés par les divers matériaux, d'un limon rougeàtre ne contenant pas d'oxyde de man- ganèse. On pourra peut-être objecter que cette pièce est un simple broyeur de couleurs. L'observation pourrait paraître vraisemblable si la surface était plane et à peu près unie, ou si elle portait une cupule pouvant servir de mortier; mais elle ne présente aucun de ces caractères et l'oxyde de man- ganèse n'est pas réparti uniformément comme sur les meules et les palettes du Paléolithique supérieur. Mais, même en admettant cette objection, l'action de pulvériser des matières colorantes dès le début du Moustérien, n'éclaire-t-elie pas d'un jour nouveau ces temps reculés? Ne nous fait-elle pas supposer que ces populations prhnitives |)ouvaient avoir des rudiments d'art, art encore ignoré, mais qui peut nous être révélé d'un moment à l'autre? Rappelons que la découverte de l'art aurignacien est de date relativement récente. Maintenant que l'attention y est attirée, on retrouve des dessins de cette époque dans tous les déblais des anciennes fouilles. 496 ANTHROPOLOGIE M. D. PEYRONY, LE MOUSTÉRIEN. — SES FACIÈS 571 1,12.31) 97 Juillet. Mes très nombreuses fouilles m'ont permis d'étudier à loisir le Mousté- rien. J'y ai remarqué deux faciès bien distincts : 1° le Mouslérien classique à technique mouslérienne ; 2° le Mouslérien de tradition achculéenne . Le premier est le mieux connu. Il est caractérisé par des pointes et des racloirs à retouches longues, dites moustériennes, et de nombreux éclats d'os utilisés. C'est le beau Moustérien classique de La Quina, de La Ferrassie. du niveau supérieur du Moustier, de l'abri Ksclafer-aux-Eyzies, de Combe- Grenal, de la grotte des Grèzes, comnunie de Lussas-Noutronneau (Dor- dogne), d'une partie de Combe-Capelle, etc., pour ne citer que les gisements les plus connus de la région du sud-ouest. Le Moustérien de tradition acheuléenne a été confondu assez souvent avec l'Acheuléen, dont il se rapproche beaucoup par la technique. Il est caractérisé par de nombreux coups de [loing, des couteaux à dos abattu (pointes et éclats longs rectangulaires) et de nombreux outils d'usage, comme il en a été signalé par le regretté Coinmont, dans l'Acheuléen de Saint-Acheul. C'est l'industrie du Pech-de-l'Azé, près de Sarlal, de la gare de Couze, du Moustier sous la couche d'inondation, d'une partie de Combe-Capelle, de l'abri Audi, de Tabaterie, commune de Boulou- neix, etc. C'est dans les importants dépôts de La Ferrassie et du Moustier, où il n'existe pas de solution de continuité de l'Acheuléen à l'Aurignacien, qu'il m'a été permis d'établir la c(^ntemp()ranéilé de ces faciès. Le niveau de base de La Ferrassie est caractérisé par quelques coups de poing et de nombreux outils d'usage. L'absence de restes de renne l'a fait classer au D' Capitan et à moi, dans l'Acheuléen. La couche inférieure de la basse terrasse du Moustier, a fourni beaucoup d'outils d'usage et une quantité de petits éclats très minces, déchets de taille de coups de poing. La faune très ancienne n'a pas donné jusqu'ici de renne. l'ar leur industrie et par l('ur faune, ces deux strates paraissent contem- poraines. Mais tandis qu'à La Ferrassie cette couche est directement sous-jacente à celle du beau Moustérien classique, au Moustier, c'est celle à nombreux coups de poing qui la surmonte. Dans les deux, le renne apparaît et le bœuf y domine. La stratigraphie et la faïuio les font de même âge. C. SCHLEICIIER — PETITS SILEX NÉOLITHIQUES 497 L'industrie du niveau,' immédiatement au-dessus, procède de la mèine technique que celle du précédent dans chaque gisement : A La Ferrassie, c'est le Moustérien classique iiu peu évolué; au Moustier, c'est le Mousté- Dans cette dernière locaure, cèiie î.. !:'."!■..._ sableuse d'inondation, formée par une très forte crue de la Véz\}î^-^9H^''^ Au-dessus se trouve une strate représentant la dernière phase du Mous- térien ; mais au lieu d'y rencontrer l'horizon de l'abri Audi, comme le faisait prévoir l'outillage des niveaux sous-jacents, c'est celui de la belle industrie trouvée par le regretté Bourlon (2), et d'autres chercheurs sur la terrasse supérieure, placé sur le conglomérat. L'industrie est identique à celle qui précède immédiatement l'Aurignacien inférieur à La Ferrassie. Et alors ?... Alors, les iVIoustériens à industrie à technique acheuléenne, chassés par la grande inondation, n'ont pas réoccupé leur ancien habitat; ils ont été remplacés sur les deux terrasses par des tribus à industrie à technique moustérienne. C'est ainsi que s'explique la présence des types de l'abri Audi dans des niveaux très anciens et leur absence dans certains du Moustérien Ihial. Il résulte donc de mes observations que la tradition industrielle acheu- léenne s'est continuée chez certaines tribus pendant l'époque moustérienne, alors que d'autres modifiaient complètement leur manière de reloucher le silex. M. r.iiviiu]s sriiLi:icFi!:R, Paris. FORMES BIZARRES DE QUELQUES PETITS SILEX NÉOLITHIQUES DES ENVIRONS DE COMPIÉGNE (OISE) 571.2 (12.32) 'l'i.a- (deuxième note) 27 Juillet. Les environs immédiats de Compiègne sont excessivement riches en silex taillés et j'ai déjà eu l'occasion de signaler les intéressantes fouiUes et découvertes faites par mon collègue et ami M. Clément Quénel, qui depuis plus de cinquante ans, parcourt les environs de cette ville et a signalé à maintes reprises, l'intérêt que cette région offre aux préhistoriens. (1) Feyrony : Après une grande crue préhislonque de la Vézère. — Revue de Géogra- phie commerdale de Bordeaux, 1914. (2) M. Bourlon : Une Fouille au MuasUer. — L'Homme préhistorique, 1903. - 498 AINTllROPOLOGIE Si les environs de Compiègne ont été occupés pendant les périodes du paléolithique, notamment aux époques chelléenne et moustérienne (1), il résulte des trouvailles effectuées, que c'est surtout pendant les périodes du néolithique et les âges dji^ brp^^^çf^^t^^rln^f.r^^...^^^^^^^ de l'Aisne et de ;^^.'ï.° , iuife; Venette, SS' Germa in rC01«PlÉGNE ^^ ethortfles ^^' o Royallieu Dt f^ dOM P I EONE _, •-.•ô^r.o. ;OT'~osly Breuil-4v- Carte des environs de Compiègne. C'est notamment la station de Royallieu qui a fourni la plus grande quantité d'instruments variés, et notre collègue M. Clément Quénd y a découvert en 1895, au lieu dit Le Gord, un dolmen contenant un squelette et un mobilier funéraire assez important; plus loin, au Hazoy, une autre sépulture dolménique contenant une douzaine de squelettes (2). Tous les types d'instruments des Époques tardeno'menne et robeiihau- sienne, sont représentés parmi les silex recueillis pvv M. Clémenl Quéiiel., au cours de ses nombreuses recherches : siJex de très petites dimensions, dont les contours alïectent des formes géométriques, percuteurs et broyeurs, nuclei, lames, couteaux, scies, grattoirs, perçoirs et poinçons finement retouchés, tranchets (ces derniers en très grande abondance), retouchoirs, polissoirs, haches taillées et polies en grès, serpentine, diorite; ciseaux en pierre et en os, fragments de poteries, de bracelets, d'amulettes, pointes de lances et de javelots, pointes de flèches avec ou sans pédoncule et bar- bel ures, etc., etc.. (1) Voir Homme préliistorique, 2" année 1904, p. 116. (2) Voir Homme préhistorique, 2« année, 1904, p. 224. C. SCHLEICHER PETITS SILEX NÉOLITHIQUES 499 Les foyers contenaient également une grande quantité d'os et de cornes de cerf travaillés, des os et dents de chevreuil, de cheval, de bœuf, de porc, etc. . En outre, les âges du bronze et du fer sont également représentés par de nombreuses pièces. Les périodes gauloise et romaine ont aussi laissé de nombreux vestigts et pièces de toutes sortes, ce qui nous prouve que la région de Compiègne a été occupée pendant de longs siècles par des peuplades et populations diverses qui trouvaient, à proximité d'une vaste forêt et aux bords de deux rivières, tous les éléments nécessaires à leur existence. Cette région est donc particulièrement intéressante }K)ur les préhistoriens et pour tous ceux qui étudient les origines de notre humanité. Parmi les très nombreux silex recueillis en place par mon ami M. Clé- ment Quénel et par moi-même, j'ai été frappé par la configuration de certains petits silex et j'ai déjà attiré l'attention de mes collègues sur les formes bizarres de quelques-uns d'entre eux (1). Ce sont pour la plupart de petits éclats de lames ou petits fragments de silex, présentant une, deux et même trois pointes, et tous ont au moins une coche très bien retouchée, parfois deux, parfois trois coches : ces coches sont pïus ou moins larges, plus ou moins ouvertes ; quelques pièces rappellent les becs de perro(juet du magdalénien. A première vue, ces petits instruments à formes bizarres, devaient être des perçoirs : les coches qui avoisinent en général les bases des diverses pointes du même instrument,-- peuvent avoir été faites pour donner plus de finesse, plus de longueur à ces pointes ; pourtant, sur certains d'entre ces silex, les coches ne sont pas auprès des pointes et leurs dimensions nous font penser que nous nous Irouvons en présence de petits racloirs concaves, pour le travail du bois, de l'os, de la corne, de Ja peau, des nerfs et tendons, pour creuser, arrondir, entailler, écorcer ou couper. D'autres petits silex présentent des pointes assez larges avec coches peu arrondies ; d'autres, des coches très ouvertes, bien arrondies et bien retou- chées. Il y a là une très grande variété de formes, voulues ou non, car souvent une cassure pouvait former un nouvel outil. Mais certainement, tous ces petits silex ont eu des usages multiples que nous ne pouvons tous définir et qu'il serait intéressant de connailre. C'est pourquoi il serait de la plus haute importance que tous les chercheurs s'attachent à recueillir, au cours de leurs fouilles, tous les silex taillés, sans s'occuper de la beauté des formes ou du fini des pièces, de comparer les outils provenant de divers gisements, de les étudier, de les rappro- cher et de tâcher de trouver pour chacun d'eux une utilisation exacte. J'attire tout particulièrement l'attention sur les pièces de la planche J, figu- rant ï^ous les numéros H à 32 et sur celles de la planche II, figurant sous les (1) Voir CoïKjiés préhistorique de France. Septième session, Nîmes, 1911, p. 226. :m AMHROPOI.OfilE Planche I. 07"^^ OC Silex des E^vinoNS de Compiègne (f/^ gratulew}. C. SI.HLEICHEU — PETITS SILEX NÉOLITHIQUES Planche II. 501 ^M.; I Su.EX DES EivvincNS DE CoMPiÈGNE [■i/2 grandeur). 502 ANTHROPOLOGIE numéros 10 à 31. Toutes ces pièces ont des fornies bizarres et toutes ont des coches plus ou moins grandes : la plupart ont, en outre, des pointes plus ou moins acérées. On néglige trop souvent de recueillir et d'étudier les pièces de cette espèce et il serait utile de savoir si tous les gisements, si toutes les stations du néolithique en donnent -plus ou moins abondamment et si les formes varient par régions. Des rapprochements pourraient être faits, des compa- raisons établies entre les gisements de même époque, mais de contrées et même de pays différents. Cela nous permettrait de mieux comprendre, de mieux voir la vie des peuplades qui ont occupé notre territoire aux époques les plus reculées, de nous immiscer plus intimement dans leur existence, de comprendre leur vie, l'état d'avancement de leur intelligence, de constater les progrès et le développement de leur ingéniosité, de les voir à l'œuvre alors que ces êtres humains, n'ayant que la pierre à leur disposition, devaient vivre, se nourrir, se vêtir, se défendre, lutter enfin à tous moments, pour assurer leur existence. M. J. SOULÏNGEAS, Paris. NOTICE SUR LES CASSE-TÊTES EN BOIS DE L'ARCHIPEL NEO-CALÉEONIEN G23.44 (932) tl Juillet A l'aurore de l'humanité, c'est-à-dire aux temps préhistoriques, l'honnne, pour se défendre contre' son semblable et aussi contre les grands animaux qui peuplaient alors la surface de la terre, dut se confectionner des armes de bois et de pierre; elles furent d'abord très riidimentaires, mais avec le temps, avec les siècles, elles durent être mieux faites, l'homme dut leur donner des formes, les enjoliver, ce furent les premiers casse-têtes et certes l'époque néolithique dut voir des armes en bois, connue en avaient encore, il y a quelques années, les naturels de l'Amé- rique et des îles de FOcéanie. Mon long séjour comme sous-offîcier dans divers postes de l'archipel néo-calédonien, il y a de cela trente-six ans, époque où les mœurs de ses indigènes étaient encore aussi primitives qu'en 1853 (1), m'a permis de prendre des notes, non seulement sur leurs coutumes, mais encore sur (1) Prise de possession. J. SOULINGEAS NOTICE SUR LES CASSES-TÊTES 303 leurs armes et surtout sur leurs casse-têtes en bois. C'est donc de ces der- niers que je vais entretenir succinctement, pensant que cette notice serait utile,^ non seulement au point de vue ethnographique, mais encore à titre documentaire et comparatif. A l'opposé de plusieurs archipels océaniens, et en particulier de celui des Nouvelles-Hébrides, où chaque île possède plusieurs genres de casse- têtes, de formes toutes différentes les unes des autres, ceux des Néq- Calédoniens sont, pour ainsi Sire, de formes typiques, qui n^ - ' très peu du nord au sud de cet archipL^ ^ homme, sont de formes phal- Toutes ces armes portent 1 P'7^; , ,, . «i i r^^..: ,. . . . ,» t^Le et le bec d un oiseau maie du pays, a Celui Jiques ou representp'^^ . , , ^ i- ^ i iv' r- i-j . , p I •'« en se battant donne la mort », disent les Neo-Laledo- Ces armes sont faites en bois divers, bois de fer (Casiiarina nodosa), en houp (bois incorruptible), en gaïac noir, en chêne rouge, en ébène, etc., et en santal et ébène blanc pour les armes de parade, qui sont nom- breuses. Ces bois sont travaillés verts par les vieux Canaques, sous les yeux des jeunes gens {Piquinini), et lorsque les casse-têtes sont terminés, après un temps assez long et avec des outils des plus rudimentaires (éclats de verres ou de cristal de roche et couteaux en coquillages aiguisés, fort heureuse- FlG. 1. ment chez ces gens-là, le temps n'étant pas de l'argent, ils font durer le plaisir en soignant leur travail), ils sont plongés dans une rivière où on les laisse quelques semaines, afin non seulement d'en éliminer la sève, mais encore d'en raffermir le bois et les fibres. Sortis de l'eau après ce 504 ANTHROPOLOGIE laps de temps et séctiés, on les frotte avec du sable très fin, afin non- seulement d'enlever les rugosités du bois, mais encore de le polir, après quoi, ils les vernissent avec un composé de suc de feuilles de l'arbre le Niaouli (Melaleuca Verldiflora) et de cire, et par la suite la manipulation lui donne la patine. Jusqu'à l'âge d'environ treize ans, le petit Canaque n'a qu'un semblant de casse-tête (fig. AB), puis à partir de cet âge, avec la cérémonie de la échan^ëiiHWW^' on lui donne un casse-fele ordinaire (fig. C à G); il j • ^. -i -f"- râtre et selon sa bravoure au combat; dans ce dernier cas, il sera arme ati î^^vf =^"^" ''"• " „ , ,,, , , , , ■ "'1 fJw. Q a V , arme que porte le guerrier éprouve. Le Canaque ne se sépare de son casse-tête que pour s ai... „ ^ e sagaies, FiG. 2. dans ce cas, il porte â l'index de la main droite une cordelette ou courroie appelée par eux << ten », dont il se sert pour envoyer sa sagaie plus loin et avec plus de pénétration dans le but, sa fronde est toujours enroulée sur sa chevelure, mais cette dernière arme ne le quitte jamais. Il a pour son casse-tête un soin tout particulier; il recouvre la poignée avec de la peau de banian (frappée), maintenue avec des ligatures en libres de cocotier tressées, entoure le milieu du casse-tête de feuilles de fougère, qu'il maintient avec du cordon de poil de roussette (grande' chauve-souris frugivore) et termine son ornement en y ajoutant de petits coquillages blancs (Ovula carnea). Si l'homme est armé d'un beau casse-tête de l'orme phallique et s'il orne sa case d'un beau tabou bien sculpté et peint, la femme n'a sur la J. SOULINGEAS — . NOTICE SUR LES CASSE-TETES 505 sienne qu'une simple branche d'arbre à rameaux, et comme arme une massue, prise dans la base de l'arbre, sans aucun ornement. C'est, je crois bien, emblématique. (Elle représente la souche de la génération.) Lorsque le Canaque quitte volontairement sa tribu ou l'île qui l'a vu naître pour s'exiler, il laisse ou détruit ses armes, car il ne veut pas que, portées chez un autre peuple, elles servent plus tard contre son pays. S'il revient plus tard, il se fait armer de nouveau. A celte notice, j'ai joint quelques dessins de divers types de casse-têles, avec leur destination (voir fig. A à Z) : . A B, casse-têtes d'enfants ) ■■. t. ^ ^\^ ,., ... dits Topare. C a H, casse-tetes orduiau-es \ Les têtes sont phalliques — pour adultes. XY, massues de femmes — Goué. Z, massue de sacrifice — N'Goué. W, casse-têlede projection, de l'île Mare. Les indigènes de la Nouvelle-Calédonie avaient aussi de petits casse- têtes de projection faits avec des fémurs et des tibias de leurs ennemis, dont ils avaient brisé la partie inférieure. Ces armés sont très rares, je n'en ai vu que deux fois entre les mains de missionnaires. De Q à V sont les casse-têtes dits becs d'oiseaux ; celui qui a la lettre Q a appartenu è Ataï, grand chef de l'insurrection de 1878, il est donc du centre côte ouest; celui T est des îles Belep, il diffère comme forme et par le placement de l'œil; celui W est du nord côte est, jusqu'à Canala ; celui S est du sud à partir de Nouméa: celui V est des LoyaUis (ce sont les mieux faits) et les plus 506 ANTHROPOLOGIE beaux avec ceux de Kounié ou de l'île des Pins, où ils sont nommés Ennoun — ces casse-têtes ont la forme d'une tète d'oiseau mâle, avec le bec, la crête (tête de notou, de cagoue de Dago et d'Apterix), que l'on trouve encore à l'île des Pins. De la lettre 1 à N, sont les casse-têtes dits mémié, un à tète de champignon, dont le dessous est piqué (comme l'indique le dessin d'anneaux) dont le premier rang est dans le sens et le second dans un sens opposé, ceci sur une longueur de 3 à 4 centimètres. Ces casse-têtes sont pour le nord et nord-est les lettres I et M, pour le centre J K L, pour le nord et l'ouest M N, ainsi que pour le centre et le sud KN, pour les îles Loyaltis F et l'ile des Pins 0. {Cane Cane). En un mot, plus du nord l'on va vers le sud de l'archipel, plus pour les becs d'oiseaux le bec s'allonge, les oiseaux pris pour modèles ayant le bec plus long. Il y a aussi des casse-têtes de parade en bois jaune (santal), et en bois blanc (chêne blanc) ; ces armes sont toujours tenues très propres et bien enjolivées, je veux dire par là que leur ])ois n'est nullement patiné, étant souvent frotté au sable. M. Louis FRANCHIE, RECHERCHES SUR LE NÉOLITHIQUE EN BEAUCE 512.32 (44.51) ^8 Juillet. L'Association Française pour l'Avancement des Sciences m'a accordé deux subventions pour les recherches que j"ai entreprises sur le Néo- lithique en Beauce. J'ai publié une première note dans le Bulletin de la Société préhistorique (t. XVI, p. 273, année 1919), note dans laquelle j'ai signalé les stations que j'ai étudiées et les principales observations que j'ai faites. Je pensais pouvoir présenter cette année au Congrès, dans un travail plus étendu, les formes les plus caractéristiques que j'ai rencontrées dans l'outillage, dont un- assez grand nombre me parait olîrir des caractères intéressants au point de vue chronologique. Malheureusement, les nombreux dessins que nécessite ce travail, m'obligent à ajourner cette publication puisqu'ils ne pourraient entrer dans le cadre étroit qui nous est actuellement assigné en raison des prix exagérés que réclament aujourd'hui les imprimeurs. Je dois donc me borner, pour justifier l'emploi de ces subventions, à rappeler les conclusions que j'ai précédemment données à la Société préhis- torique. REYGASSE MOHPHOLOGIE DEg INDUSTRItS 507 « La population néolithique paraît, dès maintenant, avoir été assez dense, vu l'importance et le nombre des gisements, dans la' région Chartres, Châteaudun, Blois. » Ces gisements se relient, par ceux de la région de Montargis, avec ceux du Sénonais que j'explore depuis une dizaine d'années, dans le vaste site préhisto- rique formé par le triangle Courtenay — Sens —Villeneuve-sur-Yonne. Ils vont rejoindre ceux de la vallée de la Seine par les classiques gisements de la région n. l'outillage mousterien est nettement caractérisé: la présence d'outils pédoncules étonnait mes prédécesseurs; je dois dire iiu'elle me troublait aussi. Mes nombreust^J découvertes faites tlepnis cette éptH]ue m'ont permis de constater qu'il y avait là un fait constant; je trouve toujours l'outil pédoncule retouché sur une seule face avec le mousterien évolué. Tel est le cas pour une station que je découvrais il y a cinq ans dans la C.hebka du Chabett-El-AInnar (oasis de Négrine». C'est également et tou- jours cet ensemble d'outillage paléolithique et purement mousterien avec outils pédoncules que j'ai trouve dans lé Sud-Tunisien à Oum-et-Tine. Cette station m'a été signaltv par mon ami. M. Lauge. Ces découvertes mont j>ermis un maxinunn de récoltes et d'observations ^r lieviif de lÉc. dAitlhn->fH>li^iU', t. \X. a\ril l'.tlO. ^2^ IntnMiticUon à la PulettiiwlcHiie. par le Dootour Gobekt. p. loi à 16i. — In Cahiers d'Archtx^UHiie tunisienne, 2* oaliier; lîamber. éditeur. Paris. ^3l Pallary : Le Préhistorique dans la ret/ionde Telfssa. — Anlhroi^k^hx)ie. Masson. édi- teur. Paris. ^^^ Debrio.k : Le Préhistorique dans la région de Tèbe-isa. — Rmieil des notii^es et mémoires de la Si^iete (irliaaclias, l'autre à proximité du hordj de lîir-lii-Alci- dans l'oued l)jeljhana. Dans la (neuiiére, l'outillage se trouve dans une coucli'- de ^lavie'rs entre deux couches d'argile. Aucune trace de foyer, mais simplement des dents de c;iractère très archaïque. Dans l'oued Djei^hana au contraire, je suis en présence d'un véritable foyer situé à '4"',V)() sous des coucties d'argiles et de graviers. L'outillage moustérien dans ces deux stations en place comprend d(;s disques, racloirs, poinlesà main, lamesà coche-s et de nombr(,'Ux outils [>édonculés. (.erlains de ces outils sont des rycloirs ou bien parfois ont déjà la forme de grattoirs . à bout arrondi. Dans ce cas, il ne s'agit nullement de j)Oint:t. é^Kw. J:.yo .4,,. . FiG. 'i. —Outils pédoncules e (Isère). DÉCOUVERTE D'UNE STATION PRÉHISTORIQUE Commune d'Agay (Van, lieu dit Le Grenouillet 571.14(44.94) 28 Millet Au cours des années 191o-1016 des recherches opérées dans l'Esterel nous ont amenés sur une petite terrasse qui domine la rivière d'Agay d'environ quinze mètres, à une demi-heure de marche des bords de la mer. Plusieurs explorations pratiquées dans une vigne, nous ont procuré une série intéressante de silex taillés, un beau galet ovoïde aplati, poli et dur, qui porte à chaque extrémité et des deux côtés des éraillures produites en retouchant des silex; ce galet de 103'"™ de longueur, en roche brune jaspée, doit être classé à la fin du paléolithique. Les niicléus rares et petits, quelques grattoirs, paraissent devoir être classés au magdalénien. Quelques petites lames à dos retouché des éclats dits des burins, des pointes à retouches abruptes, sont également à dater de la même époque. Une série de petits silex vraiment microlithiqnes font penser au Tarde- noisien. tout en signalant que le silex rare dans la région et de petites dimensions, a pu être une des causes de la ténuité des instruments employés. PISTAT ET VASSY — DÉCOUVEBTE d'uNE STATION PRÉHISTORIQUE 333 Une abondante série de petits éclats de taille, employés de toute façon, complète cet ensemble dans lequel la lui du paléolithique paraît bien représentée. Quelques débris de lames régulières, des fragments de pointes de flèches du type lancéolé sont, avec une petite lame à' obsidienne à mettre au néoli- thique. Un broyeur de grès très dur, trouvé au même point, est à classer à la même époque. Dans le même milieu, avec cet outillage siliceax, nous avons recueillis un certain nombre d'instruments grossiers clivés à gros éclats dans des nucléus de roche, d'aspect porphyroïde, propre au massif de l'Esterel. Une belle scie de couleur fauve est le seul instrument digne de ce nom ren- contré parmi ces éclats. Il nous est impossible pour le moment de placer cet outillage grossier dans une division classique. MM. PISTAT ET VASSY, Conservateur du Musée de Vienne (Isère). DÉCOUVERTE D'UNE STATION PRÉHISTORIQUE DANS L'ESTEREL 571.14 (44.93) 2S Juiliel Cette station située à une heure de marche de la Napoule (Alpes- Maritimes), se trouve dans un terrain cultivé formant terrasse et repose sur des alkivions post-pliocène, près de la ferme de Barbossi à environ cinquante mètres d'altitude. Explorée en 1917, elle nous a fourni un outillage siliceux beaucoup plus volumineux que celui de la statien du Grenouillet et un peu plus caracté- ristique. Une douzaine de grattoirs très nets discoïdes ou sur bouts de lames sont à classer à la fin du paléolithique. Certains sont épais et en forme de rabots, d'autres plus petits ont le faciès azilien, certains sont recli lignes. Des tronçons île lames retouchées sur les deux bords, d'autres sur un seul, d'autres en pointes aiguës se rapprochent de l'azilien des stations du Vercors. Quatre ou cinq burins, dont deux avec grattoir, sont à classer au magda- lénien ou à l'azilien. 534 ANTHROPOLOGIE Une série d'éclats avec un bord retouché, généralement rectiligne, pré- sentent un aspect qui n'est pas néolithique. Un très bel éclat de 70""" de longueur, ferait avec ses fines retouches une scie efficace, certains éclats ont leurs deux bords retouchés. Les nucléus sont plus volumineux qu'au Grenouillet. De gros éclats de débitage, grossiers, larges, atteignent 70""'" de longueur. Lé néolithique est représenté par deux poitites de flèches lancéolées et des fragments de laines régulières. La nature du silex est un peu grenue en général ; quelques pièces pour- tant en silex brun ne sont pas altérées. Quelques fragments représentent ce silex jaspé si fréquent aux Baoussé-Roussé. Il y a également sur ce terrain de gros instruments bruns rougis, d'aspect porphyrique ponctué, ceux verdàtres sombres sont rares. Certains ont la forme moustérienne, mais sans retouches. Quelques retouches grossières d'utilisation, se distinguent pourtant plus nettement que sur les éclats similaires du Grenouillet. Deux disques nets viennent s'ajouter à cette série. Il faut signaler quelques gros éclats de quartzite taillés et deux frag- ments d'une poterie très ancienne indéterminable. M. Cii. COTTE, Pertuis (Yaucluse). MÉTHODE POUR LA RESTITUTION DES FORMES DES VASES 571.55 (01) '38 Juillet Pour une restitution scientifique des formes de vases dont on retrouve les débris, il faut avoir des méthodes éliminant le plus possible le facteur « individu ». La méthode que j'ai l'honneur de vous soumettre tâche de satisfaire à ces desiderata, en tant qu'il s'agit de vases circulaires (qui sont l'immense majorité) et en tant que ces vases sont réguliers. Principe. — Étant donné un tesson, que j'appellerai le témoin, il s'agit de le remettre dans la position exacte qu'il avait, lorsque le vase était entier, par rapport à l'axe vertical du vase, puis de faire tourner ce témoin autour de l'axe, de manière à lui faire occuper successivement les positions qu'avaient les autres parties de la même zone horizontale et, en même temps, de noter, par des pro- cédés pour ainsi dire mécaniques, les courbures que dessine ce tesson dans ces CH. COTTE — RESTITUTION DES FORMES DES VASES positions multiples. Ainsi, en supposant toujours le vase circulaire et régulier, si l'on opère méticuleusement, on restituera exactement toute la zone circulaire du vase dont ce témoin occupait la hauteur. En pratique, on opérera généralement sur des cols réunis à une portion de la panse. Les appareils comporteront donc essentiellement : A. — Un axe vertical, auprès duquel on placera, à la distance et dans la posi- tion voulues, le témoin, et autour duquel ce témoin tournera dans un plan horizontal, en conservant sa position relativement à l'axe. B. — Une chambre claire ou une chambre noire, pour noter le passage de ce tesson aux divers points de sa révolution. Entrons dans quelques détails : Premier appareil. Tour à reconstitution. — Pour les fragments- de vases conser- vant la portion centrale du fond, le témoin doit être placé sur un plateau tour- nant, ou suspendu à une griffe tournante, de telle sorte que l'axe de révolution coïncide avec l'axe idéal du vase. Ceci n'est qu'une modification du cas le plus fréquent oii l'on se base sur une portion notable du bord, de la carène ou de la panse. Je décrirai simplement l'appareil utilisé pour les cas usuels : FiG. 1. — J'ai le pied vertical bien calé AA', autour duquel tourne un col- lier B, qui est traversé par un conduit où peut passer une tige ronde DD', que la vis C bloque à volonté. Il importe peu que la tige DD' soit horizontale. . La tige DD' étant cylindrique, tourne à volonté dans le conduit, et s'y déplace latéralement tant qu'elle n'est pas bloquée par la vis C. A l'extrémité de D, une articulation serrable par un écrou à ailettes E, y 536 ANTHROPOLOGIE réunit un petit axe F, qui porte une pince en acier, en forme de lyre H. La pince tourne à frottement dur à l'extrémité de F, étant maintenue dans ses positions diverses par la pression du ressort à boudin G, qui entoure F. Enfin cette pince H. qui tend à s'ouvrir, est serrable grâce à une petite tige articulée I, rivée d'un côté à une des branches, et traversant l'autre branche, où passe son extrémité filetée, avec écrou à ailettes J. qui assure la fixation plus ou moins énergique de l'objet à reproduire. Deuxième appareil. Chambre claire ou noire. — On peut se servir de tous les modèles usuels, à la condition que l'image soit fixée (sans déplacements laté- raux), s'il s'agit d'une chambre claire, et que l'appareil, avec objectif ne défor- mant pas, soit à glace dépolie, s'il s'agit d'une chambre noire. Calibrage. — La première opération à faire est de calibrer le « témoin ». Je conseille de fabriquer une série de calibres de carton, en demi-cercle, gradués de demi-centimètre en demi-centimètre de rayon. Avec les calibres, il est très aisé d'évaluer rapidement avec une exactitude absolue les arcs de cercle de 180°, assez parfaite ceux de 90'\ très suffisante ceux de 45°. Donc un tesson représentant un huitième de la circonférence donne déjà un témoin très convenable (Le vase toujours supposé régulier). Pour les poteries néolithiques, qui ne sont pas faites au tour proprement dit. l'habileté des ouvrières et probablement des procédés primitifs de tournage permettent le plus souvent à des témoins d'un huitième de circonférence de restituer assez exactement le diamètre, en négligeant les faibles inégalités de la surface. Bien entendu, certains tessons irréguliers sont inutilisables. Position du témoin. — La partie réellement délicate est de bien placer le témoin. Situer d'abord le tour devant la chambre. Héduction. — Commençons par placer l'axe du tour à reconstitution à une distance exactement calculée pour obtenir, après mise au point, la réduction voulue. Niveau. — Quel que soit le niveau du vase par rapport à la ligne d'horizon, la perspective réelle est donnée par la chambre claire ou noire ; mais, saut motifs spéciaux, on préféi-era généralement situer le bord du vase légèrement en dessous de la ligne d'horizon, de manière à laisser voir son orifice. Il en résulte une légère difficulté de théorie. Pour la clarté de l'exposition, je suppo- serai donc d'abord que le bord du vase est exactement dans le plan d'horizon. Horizonlalité. — Le bord du vase (comme la carène, le pied, etc.) doit être horizontal, c'est-à-dire dans un plan perpendiculaire à l'axe A A'. Les défauts d'horizontalité sont de deux sortes : tantôt {fig. I) un côté du témoin (b) est plus haut que l'autre (c); tantôt (fig. 2) les deux côtés {b' et c', b" et c") sont au même niveau, mais l'ensemble du bord dessine'une courbe par rapport au plan horizontal et n'est pas dans ce plan {b' a' c' ; b" a" c") au lieu d'être tout dans ce plan (6 a c). Examinons ces deux défauts séparément : 1° L'œil lui-même aperçoit {fig. /) que le point b est plus haut que le pointe. On peut vérifier le fait de façon très précise par deux méthodes : a) Amener le point b devant l'axe A A' et noter exactement son niveau; par une rotation, amener le point c sur la verticale où était précédemment b et noter son niveau (ces notations sont toujours faites à la chambre) ; CH. COTTE RESTITUTION DES FORMES DES VASES 337 b) Amener le témoin devant l'axe A A', noter exactement la ligne b c. Faire ensuite décrire une révolution de 180° autour de A A' et noter la nouvelle ligne bc. L'erreur étant inverse, pour peu que l'horizontalité ne soit pas parfaite, les deux lignes notées formeront un angle aigu très sensible. Ce premier défaut d'horizontalité est très aisé à corriger, soit en déplaçant légèrement le témoin dans la pince, soit en faisant tourner la tige DD'. Il n'expose d'ailleurs pas à de très graves inconvénients pour la restitution de la forme. Il _ pos normale pos i/icieuse .pnme rfar^in .po^ vicieuse, parti': rélrecif F,j Z 2° Au contraire, l'erreur signalée par la courbure b' a' c' ou //' a! grave; elle moditle toute la silhouette du vase. Qu'on se reporte à la figure 2. On y verra, dessiné en traits pleins, le tesson bacmn, vu de face dans la posi- tion exacte quil doit avoir par rapport à l'axe A A'. En faisant tourner ce tesson de 90", je l'ai amené à droite et, à la chambre claire, j'ai dessiné en traits pleins son profil à droite ; puis, je l'ai dessiné à gauche, après une révolution de 180". J'ai ainsi le galbe et les proportions exactes du sommet de mon vase. Le frag- ment de panse est insutTisant pour en rétablir, môme hypothétiquement, la partie inférieure. Je marque, d'un trait horizontal, le point n sur le profil (1). Le tesson a été ensuite replacé d'une manière vicieuse dans la pince; je l'ai dessiné en pointillés (6'a'c' /i '). La courbure b' a' c' dénonce la position vicieuse dont l'effet, sur le profil, est de rejeter n en n, c'est-à-dire de simuler un vase à énorme épaulement au lieu d'un pot ordinaire. En le replaçant d'une autre manière vicieuse, mais en sens inverse, de manière que b" a" c" forment une courbe opposée à la précédente, j'ai obtenu le tracé en traits interrompus b" a" c" m" n" (dessinés un peu de côté pour éviter la trop grande confusion des lignes). On voit que le profil donnerait un vase à fond conique, à bords évasés {n"). Cette erreur d'horizontalité qui a une telle importance pour l'exacte forme du vase, se discerne en grande partie à l'œil ; mais il est nécessaire de repérer successivement, devant l'axe A A', où on les amène successivement, les points b, a et c. En même temps on vérifie, avec une petite règle, s'ils donnent une ligne bien droite. La chambre claire ou noire est donc un des éléments essen- tiels de vérification dans le travail de restitution. Il va sans dire que la seconde erreur d'horizontalité se corrige principalement à l'aide de l'articulation serrée par Fécrou E. Vase au-dessous du plan d'horizon. — Si le bord du vase est au-dessous du plan d'horizon, son ouverture décrit, sur le dessin, un fuseau ou mieux une (1^ Observons que, sur le profil, par l'effet de la perspective, le point n est plus haut que sur le tesson dessiné en avant. 538 ANTHROPOLOGIE ellipse. Comment, en ce cas, vérifier si le bord est dans un plan horizontal ? II est certain que l'œil et la règle, même si le tesson est bien placé, accuseront une légère courbure de bac; mais cette courbure doit être en rapport avec la cour- bure générale de l'ellipse dessinée et, en faisant tourner le témoin, b, a et c devront successivement couvrir un même point. Donc là encore, la chambre permet de vérifier s'il y a déformation des lignes due à la perspective, ou posi- tion défectueuse du témoin (Ij. Bords ondulés. — Les bords des vases non faifs au tour sont à peu près tou- jours ondulés. En fait, dès l'instant que l'on opère sur une portion notable du bord (un hui- tième de circonférence, par exemple) les petites ondulations dues aux dilBcultés de la fabrication, s'équilibrent assez pour que l'on puisse établir graphiquement ou à vue d'œil une direction moyenne du bord, et les erreurs possibles de forme s'atténuent assez pour que l'on puisse publier le document. ù F, g 3 1 pos normale WWVlpos mauvaise . Dislance de l'axe {fig. 3). — En supposant Taxe idéal vu d'en haut (A), il faut que chaque portion d'un cercle horizontal (bord par exemple) du témoin, soit à égale distance de l'axe (position 1). Il faut corriger la position de tout témoin dont : (Position II) un côté (c) est plus près de l'axe que Tautre (6) (erreur qu'il est généralement facile de rectifier en faisant tourner la pince H autour de l'axe F) ; (Position III) le milieu du bord du tesson (a) est plus près de l'axe A que les côtés {b et c), soit parce que le tesson appartient à un vase de rayon plus grand que la distance du témoin à l'axe (erreur de calibrage), soit parce que le tesson n'a pas l'horizontalité voulue (2«' erreur d'horizontalité); (1) Cette vérification est plus aisée qu'il ne semble à la lecture ; mais M. L. Carias ma sugy;éi'é une méthode que l'on peut utiliser : Faire coïncider absolument le bord du vase avec le plan d'horizon; établir la position exacte du témoin, puis élever la chambre claire ou noire de la quantité voulue; rétablir, par déplacement horizontal de la chambré seule [sans toucher au tour ni au témoin), la réduction exacte recherchée. CH. COTTE — RESTITUTION DES FOUMES DES VASES 539 (Position IV) le milieu du bord (a) est plus loin de l'axe A que les côtés {b et c). Les erreurs signalées ci-dessus peuvent sobsei^ver en mesurant avec précision. Elles se constatent aussi en notant soigneusement les profils du vase à la chambre (claire ou noire). Il est évident que ces profils ne se superposeront exactement qu'en cas de position correcte du tesson (position I) .et se brouille- ront dans les autres cas. Reproduction. Dessin. — On peut dessiner à la chambre claire (sur bristol, fixé à la table par des punaises) ou à la chambre noire (à la pointe sèche, par exemple sur un verre ciré mis à la place du verre dépoli). On dessine en premier lieu le témoin placé à la partie antérieure du vase ; puis, en faisant tourner légèrement, on amène le point b (d'un côté) au point c (de l'autre côté) ou inversement, et on dessine une nouvelle portion du bord ; ainsi, successivement, on dessine l'ouverture complète. Lorsque le témoin passe de profil on note, au crayon, le profil ou les profils (1) ; on marquera d'un trait plein, à l'encre, la moyenne de ces profils. On a ainsi, dessinée régulièrement, toute la zone dont le témoin occupe la hauteur. Certains ornements (mamelons, par exemple) se succédant à intervalles réguliers, peuvent être dessinés, par restitution, à leurs places probables. Enfin, le surplus du vase peut être restitué liypotliéliquement, en pointillé. Ainsi, la reproduction sera entièrement loyale, montrant les témoins qui ont servi à la restitution, les lignes données par la méthode exposée, et les hypo- thèses pour le surplus du vase. Photographie. — Il sera bon de prendre un cliché du témoin, dans la position qu'il aura pour le cliché suivant (on le superposera ensuite par le système des caches). — Le cliché pour la restitution de la forme peut être obtenu en endui- sant de blanc (lait d'amidon non cuit) ou mieux de gris, l'extérieur du tesson et une tcès légère bande au sommet de l'intérieur. Le tour à reconstitution et le fond doivent être peints en noir mat. Dans ces conditions, la plaque découverte, on fait tourner le tesson autour de l'axe ; les photographes comprennent aisément que le cliché reproduira un cercle ininterrompu vu latéralement. (1) Par la perspective le tesson vu en avant masque parfois les profils du fond sur les plans postérieurs. Les vases néolithiques ont aussi des irrégularités dont il faut prendre les moyennes. 540 ANTHROPOLOGIE MM. LE IK CAPITAN ET PEYRONY, Professeur au Collège de France. NOUVELLES FOUILLES A LA FERRASSIE (Dordogne) 571 — 71 — 91 (44.72) 28 Juillet L'Association Française pour l'Avancement des Sciences nous ayant accordé une subvention sur le legs Girard, nous l'avons employée à de nouvelles fouilles dans le gisement préhistorique de La Ferrassie. Nous avons recueilli de nombreux documents des époques acheuléenne, moustérienne et aurignacienne (industrie, faune, œuvres d'art, etc.), et observé beaucoup de faits nouveaux. Tout cela fera l'objet d'un important mémoire en fin de travaux. Aujourdluii. nous désirons attirer l'attention de nos collègues seulement sur la principale partie de nos découvertes : 1° une sépulture moustérienne; 2*^ une peinture aurignacienne; 3° un niveau aurignacien supérieur nouveau, celui des pièces tronquées. 1" Sépulture moustérienne. — La question de la sépulture à l'époque moustérienne est encore l'objet de nombreuses controverses. Si, dans certains cas, il parait ditïlcile de ne pas admettre l'inhumation, dans d'autres, au contraire, les circonstances ne permettent pas toujours d'arriver aux mêmes conclusions : c'est lorsque le squelette se trouve dans une couche puissante très homogène; une fosse creusée dans ce milieu, remblayée avec le même, terrain, lassé par le temps, ne saurait se distin- guer des autres }iarties : c'est ce qui a dû -se produire pour les deux pre- squelettes de La Ferrassie. A La Chapelle-aux-Saints et à La Ferrassie, pour les squelettes d'enfants découverts en 1912, il a été nettement constaté qu'une fosse avait été creusée, parce qu'elle avait entamé le niveau sous-jacent de nature et de coloration ditTérenles. Au mois de mai dernier, il nous a été permis de vérilîer le fait une fois de plus à La Ferrassie. Fouillant en tranchée le dépôt jnoustérien très puissant, nous consta- tâmes qu'à un endroit il s'enfonçait brusquement d'environ O'",0o dans la couche jaunâtre d'au-dessous. Nous avançâmes avec précaution ; le creux s'élargissait, lorsque nous rencontrâmes un beau racloir posé à plat sur de petits ossements humains. CAPITAN ET PEVROISY — FOUILLES A LA FERKASSIE 541 La couche moustérienne présentait sur ce point la même homogénéité que sur tous les autres ; il était impossible de découvrir la moindre trace d'un trou creusé dans ce milieu ; cependant, la cuvette dont nous allons parler prouve indubitablement que cette opération avait eu lieu. Après avoir enlevé le dépôt moustérien jusqu'au niveau de la couche sous-jacente. nous avons remarqué dans celle-ci une dépression ovale de O'^jiO sur 0"',32 et 0'",05 en moyenne de profondeur, garnie de terre moustérienne. Une belle pointe et un second racloir étaient placés sur deux points différents dans le même plan que le premier. Les quelques ossements humains recueillis, avaient pénétré dans la partie argilo- sablonneuse de base qui les avaient conservés: quant à ceux qui pouvaient se trouver dans le milieu moustérien brun, ils étaient réduits complète- ment en poussière. D'ailleurs ces ossements provenaient d'un fœtus à terme ou d'un nouveau-né. Or, naturellement il n'en restait que de très petits fragments et sans leurs épiphyses. Il est indéniable qu'une fosse avait été creusée, apparente seulement dans le niveau de base de nature et de coloration difTérentes de celui qu'il supporte, qu'un corps y avait été déposé et que trois beaux outils avaient été placés, soigneusement au-dessus. C'est d'ailleurs ce que nous avions déjà observé au-dessus de nos silex d'adultes, où nous avons recueilli une demi-douzaine de superbes pièces moustériennes. Ces faits ne plaident-ils pas en faveur de la sépulture? C'est à ce point de vue que notre décou- verte nous a paru intéressante. 2° Peinture aurignacienne. — Les niveaux aurignaciens moyen et supé- rieur nous ont donné de nombreux spécimens d'art; leur étude détaillée nous permettra le classement sur de certaines images de nos cavernes. Nous présentons ici la reproduction d'une peinture en noir découverte ?ur un bloc calcaire assez volumineux dans l'aurignacien moyen final. Ce dessin, comme tous ceux que nous avons trouvés, était renversé la face en bas, il mesure 0'",58 de longueur. La partie du bloc décorée est peu régulière ; elle avait reçu préalable- ment une couche de couleur rouge ; on pourrait voir dans cette fresque l'avant-lrain de deux bêtes : un bison et vraisemblablement un ovidé sans corne. La ligne du dos de ce dernier est reliée au museau de l'autre par une bande de même, couleur. Cette particularité montre que, dans l'idée du dessinateur, .l'ensemble devait former un tout ayant une signification ({ui restera probablement hypothétique pour nous. Nous avons fait la même remarque sur deux bas-reliefs et une gravure trouvés à difTérentes hauteurs dans l'aurignacien moyen. Nous ne pensons pas que ce fait ait été jusqu'ici observé ailleurs. Bien entendu nous ne donnons cette expli- cation que sous toutes réserves. On connaît l'enchevêtrement des images très rudimentaires des Aurignaciens. 3® Pièces tronquées. — Les pièces troiiquées se rencontrent dans tous les niveaux, depuis le paléolithique ancien jusqu'au néolithique récent, mais ordinairement en petite quantité. 542 ANTHROPOLOGIE Les précédentes fouilles à La Ferrassie, dans la grotte et dans le grand abri, nous en avaient donné de nombreux spécimens, rs'ous les avions attribuées à l'borizon des pointes à soie. Au cours des travaux de cette année, dans le grand abri, nous les avons trouvées dans une strate spéciale superposée à celle des pointes pédonculées. Elles comprennent des pointes et des lames ; le dos et les troncatures sont généralement abattus, du moins en partie. Les pointes sont droites (fig. n"^ I et 2), mais souvent à dos arqué (fig. n° 7a) ; les lames ont ^ quelquefois le talon brut et l'autre bout tronqué (fig. «°^ 3, 4, 3 et 7 c). _ L'industrie lithique est complétée par des grattoirs et quelques rares burins; nous n'avons pas trouvé jusqu'ici d'objets en os. Quelle pouvait bien être la destination de ces pièces tronquées? Trois, trouvées à peu de distance les unes des autres (flg. if 7 a, i c), exa- minées attentivement et placées bout à bout, nous ont donné le w° 7, à dos et tranchant à peu près réguliers qui a la forme d'un grand couteau ou poignard. La rigidité nécessaire pour en faire une arme ou un outil utilisable, ne pouvait être donnée (jue par une monture en bois encastrant le dos fixé solidement par des gommes et des résines ou une substance bitumineuse. C'est ainsi que sont disposées les pièces identiques formant les faucilles néolithiques. Nous proposons cette hypothèse pour l'emploi de ces pièces tronquées aurignaciennes et précisément par analogie avec leurs similaires d'Orient (Fayoum et Suse). Si elle est conforme à la réalité, ce serait un nouvel exemple de l'existence, à une époque fort ancienne, du prototype de la faucille néolithique. s. CLASTBIER — ÉTUDE DANS LA CHAINE DE LA NERTHE 543 M. Stanislas CLASTRIER, Membre de la Société d'Archéologie de Provence. Marseille, 1^ ÉTUDE MÉTHODIQUE ET PARCELLAIRE DANS LA CHAINE DE LA NERTHE Découverte et fouille en 1913 et 1915 d'une grotte-placard, près « tante Rose », commune des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône). 571.81 (44.94) 28 Juillet. Cette grolte a été découverte par mon fils René Clastrier, puis j'en ai commencé la fouille en 1914, mais mon fils étant parti aux armées, c'est surtout en 1915 que je lai fouillée à fond, aidé par deux fouilleurs. Elle a donné un très beau fragment de vase, à bandes incisées très profondé- ment, indiquant un artisan résolu et sur de son décor; un burin, dil bec de perroquet, s'adapte exactement à l'incision du décor, d'autres fragments de vases ordinaires du Rabenhausien accompagnaient ce beau spécimen. Ont été trouvés aussi : des nucléus, des racloirs, dont un petit à encoche, ces racloirs sont peu retouchés, mais par endroits avec vigueur ; l'ouvrier a surtout épargné son labeur, les pièces les plus belles sont obtenues sur trois et quatre faces d'un seul coup et sans retouche ; nous ne sommes pas ici devant une industrie aux menues retouches qui, par leur précision, étonnent même les connaisseurs. Mais il semble que ce que l'artisan perdait en patience, il le regagnait en hardiesse, telle aussi la facture du vase. Pujs le crible nous donna quelques minuscules pointes de flèches en triangle avec encoches d'altachemei^t sur les côtés, un javelot et un petit poinçon en os, quelques grains de verre, tel est le mobilier de cette petite et modeste grotte, ignorée et fouillée par personne à ce jour. Aussi, lui ai-je donné le nom de grotte : René-Clastrier. 2" DÉCOUVERTE DE FONDS DE CABANES, SANS INDUSTRIE, PRÉS LA GROTTE-PLACARD 571.8 (44.94) S8 Juillet. Ces fonds de cabanes faisant suite à la grotte-placard, indiquent que dans ce vallon, un groupe de chasseurs néolithiques a dû stationner dans ce lieu sauvage et éloigné. Les emplacements sont très visibles, car des murs existent encore et j'ai pu relever emplacement par emplacement le stationnement de l'homme, tout près j'ai découvert un assez bel atelier de taille du silex en plein air que je décrirai plus tard. Mais ce qui reste déconcertant pour moi et sans solution, c'est le manque complet de toute industrie dans ces fonds de cabanes. L'attention et le tamis n'ont rien décelé. Pas de poterie, pas de cendre, encore moins de silex! Rien. S44 AMHROt'OLOGIE M. Clément DRIOTOA, Membre de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, Troye> LA STATION DE L'AGE DU FER DE MIREBEAU ET LE GUÉ DE MAUTOCHE 571 — 3 — 4 "i4.42i. 2-S Juillet. La quantité relativement considérable d'armes et d'objets de l'âge du fer (époque de la Tènej recueillis à difterentes époques sur le territoire de Mirebeau, semblerait indiquer que cette station eut dès .avant l'époque romaine une réelle importance commerciale et militaire. Le gué de Mautoche, à douze kilomètres de cette localité, permettait le passage de la Saône au trafic et sans doute aussi aux invasions venant de l'Est. Là encore, soit dans la rivière, même aux endroits guéables, soit dans les tumulus qui s'élèvent sur ses bords, l'âge du fer est aussi bien représenté. Nous avons cherché à établir une liste aussi complète que possible des objets antérieurs à l'époque romaine découverts sur ces deux points et dont la plupart sont inédits. 1" Gué de la Saône (Mautoche). — M« Virot, ancien notaire à Mautoche, avait réuni une collection d'objets trouvés dans celte localité. Nous avons acquis cette collection en 1909. Les objets provenant du gué de Mautoche sont les suivants : Age de la pierre : Ciseau en roche verdàtre polie, hache polie en jadéite ; lame en silex du Grand-Pressigny. Age du bronze : Épée en bronze à soie (type dérivé du poignard chypriote): trois pointes de lance, une épingle en bionze. Age du fer ila Tène) : Tronçon d'épée en fer; pointé de lance de forme etïllée de 48 centimètres de longueur ; deux haches à douille carrée. Station de Mirebeau. — En 1892, M. Étiécant, conducteur des Ponts et Chaus- sées à Dijon, offrait au Musée archéologique de cette ville une épée gauloise en fer avec l'appendice caractéristique et une pointe de javelot trouvés en défonçant une houblonnière. M. Gascou, conducteur-voyer à Fontaine-Française, possédait dans sa collec- tion la partie supérieure d'une épée gauloise en fer, trouvée sur le territoire de Bézanotte, qui touche à celui de Mirebeau. Cette épée est actuellement en notre possession. En 1900, M. F. Rey, membre de la Commission des Antiquités de la Côte- d'Or, recueillait à la suite d'un défoncement de ten^ain à la sortie de Mirebeau, sur la gauche de la route de Bèze : une épée type de la Tène II avec fourreau C. DRIOTON — CLASSIFICATION DES BRONZKS COULÉS 545 de bronze, ornementé de motifs décoratifs en bronze estampé et dans des sépul- tures bouleversées par les ouvriers : quinze débris d'épées dont trois grands tronçons portant l'appendice caractéristique (1); un bracelet en bronze uni, des poteries. L'année suivante, des travaux de culture dans une propriété voisine de la précédente, amenaient la découverte de nouvelles sépultures gauloises et de nombreux objets en fer : tronçons d'épées, couteaux; pointes de lance, etc., qui furent également recueillis par M. F. Rey, mais n'ont pas été publiés. M. F. Reij avait compris tout l'intérêt de ces découvertes, qu'il pensait conti- nuer par des fouilles régulières, mais la mort vint l'enlever avant qu'il n'ait pu mettre ses projets à exécution. La multiplicité de ces découvertes, entièrement dues au hasard, semble- rait indiquer que la station gauloise de Mirebeau eut une réelle impor- tance qu'elle conserva à l'époque romaine, comme en témoignent des substructions qui s'étendent sur près de deux kilomètres carrés et les nombreuses tuiles légionnaires que l'on y rencontre. Mirebeau était un nœud de routes. De là partait, en éventail, un groupe de vieux chemins se dirigeant vers les principales régions de la Gaule. Au nord, vers l'oppidum des Lingons ; à l'ouest, par le Châtillonnais vers la haute Seine et la Champagne; par la trouée de l'Ouche vers Alixe, par le mont Afrique vers Bilracte ; au sud, par la plaine vers Clialon-sur-Saône. Cette station gauloise fut peut-être l'Admagetabriga des commentaires. M. CLÉMEiYr DiUOTON, Troyes . ESSAI DE CLASSIFICATION DES BRONZES COULES AU TYPE DU QUADRUPÈDE DÉFORMÉ Les bronzes coulés au quadrupède déformé forment la majeure partie du numéraire en usage dans le bassin de la Saône (Éduens et Séquanes). Nous avons divisé ces bronzes en plusieurs séries issues non seulement de prototypes massaliotes, mais aussi des bronzes à la légende Nérenc c attribués à Narbonne. Ce monnayaque qui est fort ancien nous paraît avoir pénétré dans la vallée de la Saône non par la vallée du Rhône, mais par la haute Loire, Bihatte, le mont Afrique près Dijon. On a recueilli de ces bronzes en Suisse, en Italie et jusqu'en Bohême. (1) Bulletin de la Société des Antiquaires de France, 1900, p. 197. 18 oiQ ANTHROPOLOGIE ±> LES TEMPS PRÉHISTORIQUES DANS LE DÉPARTEMENT DE L'AUBE L'industrie de lage du bronze est assez bien représentée dans toutes ses phases et dans les diverses parties du département de lAube. Par coiitre la grande épée en fer de llallslatt si commune dans leChàtilIonnais y lait complè- tement défaut et les découvertes pouvant se rapporter au Hailslatt rares et disséminées. L'époque de la Tène est représentée par d'assez nombreuses sépul- tures en terre libre dans le nord du département sans tumulus dans la partie méridionale qui se rattache à la (^ôte-d"Or. M. (i. rouju, • P/iris. INVENTAIRE SOMMAIRE DES POLISSOIRS DU DÉPARTEMENT D'EURE-ET-LOIR 571.23(44.51) 28 .Inilh'l. En 1864, lorsque M. de Boisiillelte jinblia la Slatisûque archéologique iV Eure-et-Loir, il signala, sous le nom de « pierres striées », les premiers polissoirs du déparlement. Il y. en avait six. Depuis, grâce aux recherches laites par quelques pré- liistoriens, leur nombre a sensiblement augmenté. Certainement, avec le lemps, il le sera encore. Il suffit d'enquêter dans les communes auprès des habitants : cultivateurs, bergers, bûcherons, ceux dont le travail se t'ait principalement dans la plaine ou dans la forêt. Personnellement, je puis dire que ce sont ces personnes qui, jtour mes recherches préhistoriques en Eure-et-Loir, m'ont fourni le plus de rensei- gnements utiles. Les arrondissements de Chartres et de Châteaudun sont, jusqu'à présent, les plus riches en polissoirs. Ce sont les arrondissements qu'il m'a été plus facile de visiter. Je n'en connais aucun dans Varrondissement dr Nogenl-le-Hotrou. Il est vrai que dans cette ]iartie du Perche les monuments mégalithiques sont plus rares que dans la Beauce. Mais on y trouve des silex taillés. Il y a certainement des polissoirs cpie nous ne connaissons pas encore. Qu'un fervent de la jH'éhistoire s'applique à les chercher, je suis convaincu qu'il en trouvera. fi. FOUJU — INVENTAIRE SOMMAIRE DES POUSSOIRS 547 ARRONDISSEMENT DE CHARTRES Canton d'Auneal. La Chapelle-d' Aunainville . — Champtier de la Pierre aiguisante. Ce nom me fait croire à l'existence d'un polissoir sur ce cliamptier. Voke. — Polissoir signalé par M. Vidal, d'Auneau, entre la rivière la Voise et un chemin de culture. Cantons oe Chartres-Nori» et de Chartres-Sud Chartres. — Polissoir venant do Rouvres, collection Doré-Delente, au musée de la Société archéologique d'Eure-et-Loir. Polissoir venant d'Ermenonville-la-Grande, collection Cintrât. Corancez. — Le Puits de Saint-Martin, au champtier du Puits de Sainl- Martin. La Pierre Bure, au champtier de Pierre-Rure. Luisarjt. — Polissoir portatif, trouvé au Bas-de-Luisant, collection de rinsH- tiiteur. Morancez. — Les Pierres du Moulin-Brûlé. Ver-les-Chartres. — La Pierre d'Houdouenne. Canton d'Ili.iers Boisvillette. — Polissoir aux Bordes. Charoninlle. — Polissoir sous une table du dolmen de Quincampoix. Ermcnonville-la-Grande. — Le Griffa, au champtier du Gritfa. Polissoir, fragment, servant de borne dans une rue du village, collection Cintrât; transporté à Chartres. Illiers. — Polissoir sur une table de dolmen détruit, venant de Saumeray, à la maison dite : le « Rocher de Mirougrain d. Canton de Mainte.von Écrosnes. — Polissoir près et au nord de Jonvilliers. Deux roches signalées par feu M. Mallct à la Société archéologique d'Eure-et-Loix, sont des roches à graffiti. Maintenon. — Polissoir à Maingournois. Polissoir portatif de la Folie, au Château de Maintenon. o48 ANTHROPOLOGIE ARRONDISSEMENT DE CHATEAUDUN Canton de Bonneval Alluyes. — Polissoir à la Vieu ville. Polissoir du Vieux-Moulier. Bonneval. — Polissoir du Bois de la Louvetterie. Gault-Saint- Denis. — Polissoir du champUer des Harrelles. Meslay-le-Vidame. — Polissoir dans les dépendances du château. Montboissier. — Polissoir sur le cliemin allant de Montboissiei" à la route de Bordeaux. Deux polissoirs près la route de Bordeaux. Polissoir du Bois-de-l'Isle. Neuvy-en-Dunois. — Polissoir sur la table du dolmen la Couvre-clair. Saumerny. — Polissoir sur une table de dolmen détruit « les Rolands )\ trans- porté à Illiers-Mirougrain. Villiers-Saini-Martin. — La Pierre Saint-Martin, au champtier de la Pierre- Saint-Martin. Polissoir enfoui au même lieu. Polissoir près le bois de l'Abbaye. Canton de Brou Gohory. — Polissoir transporté à Chàlcaudun. au musée de la Société Dunoise. Canton de Chatealdun Châteaudun. — Polissoir de Gohory, au musée de la Société Dunoise. FiG. 1. — Polissoir de Gohory. Polissage s\u' les deux faces de la roche. Polissoir venant de Saint-Denis-les-Ponls, au musée de la Société Dunoise. Polissoir venant de Viévy-le-Rayé (Loir-et-Cher). Collection Leccsne. G. FOUJU INVENTAIRE SOMMAIRE DES POUSSOIRS 549 Civry. — Le Puits de Saint-Marlin. Le Perron de Saint-Martin (enfoui), en face Vallières. j9 / o Ern~- /W/.-' FiG. 2. — Le Puits de Saint-Martin, à Civry. A. Trou naturel assez profond où l'eau se conserve. B Partie ue la roche recouverte de terre et de pierrailles retirés du champ environnant. La ligne pointillée indique la limite probable de la roche. Marboué. — Polissoir près la ferme de Thuy. Saint-Denis-tes-Ponts. — Polissoir du Bois-de-Ia-Roche, transporté en 1890, à Chàleaudun. Thiville. — Fragment de polissoir venant de la Ferté-Villeneuil, collection Hardiller. aujourd'hui dispersée. Canton de Cloyes Arrou. — La Pierre du Diable, entre la Glomardière et Plafus. Courtalain. — La Griffe du Diable, dans les dépendances du Cliàteau. La Fcrté-Viileneuil. — Fragment de polissoir transporté à Thiville, collection Hardiller, aujourd'hui dispersée. ; ANTHROPOLOGIE Canton d'Orgères Nottonville. — Polissoir de la Sennerie, transporté à Varize, collection Drivel. La Pierre de Saint-Martin, près la Chenardière. FiG. 3. — La Pierre de Saint-Martin-de-Xottonville. A. B. C, dépressions naturelles sur la surface de la roche. Groupe de sept polissoirs, près la Grenouillère, forme un véritable atelier de polissage. L'un des plus beaux est nommé le Bénitier du Diable. Trois autres polissoirs dans les couches de la Conie au lieu dit : Chambon. Varize. — Polissoir de la Sennerie, chez M^ Drivet, notaire. FiG. 4. — Polissoir de la Sennerie. Offre comme particularité des rainures qui se croisent. E. BOISMOUEAU — LES SILEX NÉOLITHIQUES S51 ARRONDISSEMENT DE DREUX Canton d'Aneï A net. — Deux fragments de polissoirs signalés dans la construction du mur du cimetière ont disparu par suite de la démolition du mur. Rouvres. — Polissoir transporté à Dreux, puis à Chartres, au musée de la Société archéologique. Sorel. — Polissoir au dolmen de la Ferme-Brûlée. Canton de Dreux Dreux. — Deux polissoirs dans la forêt au lieu dit : les Vieilles-Ventes. Polissoir provenant de la forêi, collection Lanctin. Beaucoup de polissoirs cpii figurent dans cet inventaire sont inédits. Outre les six signalés en 1864 par M. de Boisvitlette, quelques-uns, seu- lement, ont été décrits dans les Bulletins de la Soeiété archéologique d'Eure-et-Loir, dans les Bulletins de la Société Dunoise, dans les Bulletins de la Société d'Excursions scientifiques et dans la Bévue des Traditions populaires. M. LE D' EMILE BOISMOREAU, Saint-Mesmin-le- Vieux (Vendée). LES SILEX NÉOLITHIQUES DE L'ILE D'YEU (Vendée) Cette élude est le résumé d'un voyage d'exploration effectué en 1919. Elle comporte dix-neuf figures, dessins, cartes ou photographies. En voici le sommaire : aperçu préhistorique de l'île d'Yen; son importance. Principaux monuments et mégalithes. La recherche des silex : premières trouvailles. Essai de localisation des stations. Étude d'ensemble des pièces recueillies. Description des pièces typiques de la collection Boismoreau et celle de M. Lucien Rousseau. Collections de MM. le D'' M. Baudouin et Bocquier. Le couteau en silex de M. Barbeau. D'où provient le silex? Les galets de mer; dilïicultés techniques de leur utiUsation. Tentatives d'étonnement. Nécessité de faire des recherches géolo- giques. I^a subsidence des terrains à Noirmoutier. La côte des Raciatenses avant la conquête romaine. Les dolmens submergés. Les courbes de niveau des cartes marines. A l'époque néolithique Noirmoutier et Yen sont réunis et font partie du continent. Aspect de ces régions à cette époque. ProcesHis de subsidence. D'autres preuves. Le banc calcaire submergé d'où provient le silex. Les causes d'erreurs. Les pièces datent bien de l'époque néolithique. Les silex des dolmens. Conclusions. 5o2 ANTHROPOLOGIE M. 11. MULLKU, (Ireiioble. DÉCOUVERTES PRÉHISTORIQUES ET PROTOHISTORIQUES RÉGENTES AUX ENVIRONS DE GRENOBLE Ces découvertes pointent surtout sur l'âge du bronze; une épée, diverses haches, une faucille, un poignard ilaliole, etc.. en\ constituent les principaux éléments. Le deuxième âge du fer y est représenté par de beaux bracelets ornés, en bronze. Ces quelques trouvailles comblent en partie certains hiatus dans la région dauphinoise et relient entre elles certaines stations éloignées. ESSAI DE TECHNIQUE MANUELLE PREHISTORIQUE, PRÉSENTATION DE PIÈCES Ces essais ont porté sur le sciage d'une roche dure (variolite), taille du silex, martelage, etc. Le moulage d'oulils en bronze, avec leur martelage et leur montage sur manches a été également tenté ri obtenu. Certaines pièces seront présentées. UNE STATION EN PLEIN AIR, A MSNGLON (Drôme), DU NÉOLITHIQUE ANCIEN AU IX' SIÈCLE DE NOTRE ÈRE Cette station, située au bord du Bez. près Menglon (Drôme), que j'explore depuis dix ans, m'a donné un outillage siliceux comprenant un peu de néolithique ancien, beaucoup d'énéolithique parmi lequel l'obsidienne est repiésentée. ' Le bronze y est très rare, le premier âge du fer également, et ce n'est qu'à la fin du deuxième âge du fer, puis pendant l'époque gallo-romaine, et jusqu'au ix« siècle que les vestiges deviennent plus nombreux. Les conclusions à en tirer montrent un habitat important pendant tout le néolithique, avec traces d'importations. Ensuite, la plupart des documents postérieurs indiquent une culture du terrain et leur apport avec les fumures. Des constatations intéressantes ont pu être faites d'après l'examen des matériaux ouvrés trouvés sur place. en. BOYARD — STATION CAMPIONIENNE M. Ch. boyard, Nan-sous-Thil (Côte-d'Or). UNE STATION CAMPIGNIENNE A NAN-SOUS-THIL Dans les recherches que je poursuis depuis longtemps dans la région de Nan-sous Thil, parliculiè ement riche en restes préhistoriques, j'ai toujours été guidé par la pensée d "établir la succession des habitats aux dilïérentes périodes de ÏAge de la pierre. J'ai été particulièrement favorisé par la fortune dans l'abri sous loche du Poron-dei-Cuèches, où j'ai trouvé, superposés en couches strati- graphiques très nettes, le Magdalénien, le Tardenoisien, le Robenhausien, l'Hallstalien, la Tène et le Gallo-Romain. Peu de gisements, en France, sont aussi intéressants. Mais, dans mes recherches, le Campignien manquait. J'ai eu la satisfaction de le trouver en 1916 alors que, pour échapper à l'obsession de ces jours pesants, j'errais à l'aventure à travers champs. C'est un gisement de surface, en terrain plat, au pied d'une montugne. H m'a donné des pics, des racloirs, des perçoirs, beaucoup d'encoches, des becs de perroquets, des haches de forme particulière, des burins, des coins, des tranchets, quelques grands éclats type Levallois, des' nucléus. • La plupart de ces pièces sont massives et mal travaillées. La matière première est le calcaire siliceux que donne le pays. On est donc en présence d'un Campignien local, dont il serait intéressant d'établir la liliation ou l'origine, car cette industrie diffère totalement du Tardenoisien du Poron-des-Cuèches, dont il ne peut être la suite. Les Campigniens de Nan-sous-Thil ne sont pas les descendants des Tardenoi- siens. C'est une race nouvelle ayant une industrie grossière et primitive. D'oii vient-elle? Cette question pose un des problèmes les plus intéressants du néolithique. M. E. PASSEMAPvD, Biai'i'itz. L'ABRI OLHA (BASSES-PYRÉNÉES) (1) i^S Juillet. 571.81 (44.19) Près de Cainbo (Basses-Pyrénées), en bordure de la Nive, au voisinage du passage à niveau n" 17, s'ouvre une petite vallée verdoyante d'où débouche le ruisseau Olha; sur sa rive gauche au bord de la route, se trouve labri qui nous occupe. (1) Recherches laites avec l'aide des suijvoiuions de l'Association obtenues en 1917, 1918 et 1919. 554 ANTHROPOLOGIE Les fouilles poursuivies mélhodiquemenl pt^.ndaut trois périodes de quatre mois (1917-18-19) m'ont permis d'étudier d"une façon complète un dépôt de 13 mètres de long sur 9 mètres de puissance et environ 5 mètres de profondeur horizontale. L'abri formé par les strates obliques d'un calcaire marneux était complè- tement effondré et comblé jusqu'au faîle. l'ius de la moitié avait été détruite par l'extraction de calcaire, mais la partie fouillée, qui se pré- sentait sous forme d'une coupe verticale de 9 mètres de haut, posée sur une corniche rocheuse, était complètement vierge. Elle était bordée à droite par la roche calcaire inclinée, en place, seul vestige du surplomb efîondré; à gauche, par le ruisseau. Il faut reconnaître trois phases principales dans la formation du dépôt, séparées par deux couches épaisses de blocs énormes, ré^-ullat de l'effon- drement subit de la voûte. — J'ai donc distingué des niveaux inférieurs, moyens et supérieurs F?, F/», Fs, eux-mêmes subdivisés. îNlVKAl.X INFKRIEUHS. Industrie et faune de Fi,,. — C'est sur la roche nue que les premiers foyers furent allumés; il's soni lenticulaires, espacés et assez rares. La couche elle-même est sableuse, mêlée de cailloux roulés de volume médiocre. Malheureusement la faune et l'industrie sont si rares que Fr^ ABKi OLli Vm. 1. séparé des niveaux qui suivent serait à peu près impossible à caractériser. Il faut cependant retenir : des fragments osseux d'un grand Bovidé; une demi-douzaine de dents d'un Cervidé qui est t es voisin du Cervuselaphus, quelques restes d'un petit ruminant sur lesquels il est dillicile de se pro- E. PASSEMARD L ABRI OLIIA 5o5 noncer en raison de leur état, enlîn, un fragment assez important d'un crâne de petit carnassier, région occipitale, qui semble se rapporter à un blaireau, et des dents de renard. L'industrie, également très pauvre, comprend quelques rares fragments d'ophiteetdequartzitesur la technique desquels nous nous étendrons plus longuement à propos de F/3. Le reste de l'industrie est de forme niouslé- rienne et donne quelques racloirs bien typiques accompagnés d'une série de petits éclats utilisés à divers usages. Industrie et faune de Fig. — Il est impossible de confondre cette couche avec la précédente; elle est en effet uniquement argileuse. La faune est nette : un Rhinocéros est représenté par de nombreuses dents et caracté- FiG. 2. risé par une série de quatre molaires Pwg, M,, M.,, M3, d'un' maxillaire supérieur droit qui le désigne comme R. Mercki; plus d'une centaine de dents et des fragments osseux du même Cervidé voisin de l'Elaphus déjà cité. Un gros Bovidé et un Equidé de taille moyenne sont bien représentés; ditlércnts autres fragments appartiennent à une Hyène qui est la spelsea: L'industrie est également très spéciale; elle est caractérisée par l'abon- dance de très grands éclats de roches dures, ophite, quartzite, empruntées aux gros galets de la Nive. Par un coup violent, on a détaché à une extré- mité de ce caillou roulé un éclat lourd et épais, qui garde par conséquent un talon arrondi et bien lisse, puis les bords ont été retaillés ou mieux redressés sur la face convexe, mais le taillant naturel de l'extrémité, opposé au talon paraît avoir été utilisé tel que. J'ai recueilli plus de 150 de ces outils dont quelques-uns affectent la forme " de gros coups de poing très frustes, d'un aspect tout à fait 356 ANTHKOPOLOGIE archaïque; toutes ces pièces ont un taillant large ou semi-rectiligne. A côté de ces grossiers objets, de disques et de boules également en roches dures, se place une jtjlie série de coups de poing en silex de dimensions moyennes et de belle technique. Je citerai simplement un grand coup de poing en silex de type acheuléen, de 13<='",9 de long. Presque tous ces instruments sont faits de plaquette de silex à cortex gréseux et possèdent un talon formant un angle à cotés bien rectilignes. Il existe un certain nombre d'exemplaires en calcaire marneux pris sur place; ils ont tous une surface très désagrégée; quelques plus rares spéci- mens sont en quartz et même en grès. Je signale particulièrement une forme, peu coimue je crois : il s'agit de petits coups de poing de silex à lalon, mais dont la pointe est en quelque sorte latérale; je leur donne le nom de coups de poings latéraux en raison de leur direction générale par rapport au talon. Une belle série de racloirs dont quelques-uns assez grands, pour la région, et de petites pointes montrent bien qu'il s'agit d'une industrie FiG. 3. moustérienne où le coup de poing s'est perpétué. Cette impression est accentuée par le fait que nombre «le diaphyses osseuses portent des traces et des cupules d'impres-^ion signalées pour la première fois dans le RJous- térien par mon excellent collègue, H. Martin; mais je n'ai pas trouvé d'épiphyses utilisées. Industrie et Faune de F'i^. — Cette couche se différencie de la précédente par la présence de nombreux foyers qui ont laissé une li^ne noire conti- nue d'une certaine épaisseur. La faune ne. présente pas de changements notables. Le Cervidé type élaphus domine toujours; Bœuf et Cheval sont également abondants; le Rhinocéros Mercki est représenté par des dents isolées et de lait. L"Hyène des cavernes est abondante et je note une E. PASSEMARD — L ABRI OLHA 557 molaire d'un Ursidé qui ne paraît pas être le spelaeus; nombre d'épiphyses de petits ruminants dont l'étude est délicate, et enfin, un beau fragment de Castor : maxUlaire inférieur avec deux dents, plus d'autres molaires séparées et une incisive. L'industrie, comme la précédente, est abondante et donne des exem- plaires de choix : les grands éclats redressés, de quarlzite et d'ophite sont disparus, ainsi que les grands coups de poing, mais de très petits coups de poing de silex, dont le plus petit s'abaisse jusqu'à 4*''",2, s'associent à de nombreuses pointes pugiloïdes à une seule face taillée. De beaux racloirs.dont queUiues-uns de grande taille et des pointes généralement petites, sont accompagnés de nombreux outils de fortune et d'éclats à coches non retouchées, multiples et successives. Lesdiaphyses osseuses impressionnées sont plus rares qu'en Fig. Tous les silex, ainsi du reste que la plupart de ceux des couches précé- dentes et suivantes, ont une belle patine blanche parfois tachée d'orangé, ou sont d'un beau gris clair. Ils sont toujours profondément désagrégés. Industrie et faune de F\^. — En dessus de l'éboulement partiel relative- ment peu important qui recouvre Yi^, les habitants de Yi^ ont à leur tour allumé leurs foyers qui ont laissé des traces bien visibles. De la faune de celte couche, il y a peu à dire; elle est la même que la Fkî. 4 précédente, Gervus elaphus. Bovidé, Cheval sont toujours abondants. Je n'ai p.is trouvé de Rhinocéros à ce niveau, ni de Castor, mais j'ai recueilli un bon. fragment de maxillaire supérieur d'une loutre et quelques os du bras; ces fragments sont identiques à ceux de la loutre actuelle et de taille moyenne. Oo8 A^JTHROPOLOGIE L'industrie lithique est également de même type qu'en Fi.^, mais les gros outils de quartzite et d'ophite sont complètement disparus et il n'y a plus un seul coup de foing. Seuls des racloirs de médiocre facture et et des pointes également mauvaises qu'accompagnent des oulils de fortune très atypiques viennent éveiller en nous l'idée du Moiistérien. Les diaphyses impressionnées sanl rares. hiler h\ et Fm. — Avec F/j, nous terminons les niveaux inférieurs. Ceux-ci ont été écrasés par le premier grand éboulement. J'avais gardé l'espoir qu'au milieu de ces blocs se trouveraient peut-être quelques restes humains. Aucun débris ne s'est révélé et je n'ai pu savoir s'il en avait été trouvé par les carriers qui détruisirent une partie de l'abri il y a plus de vingt ans. Dans cette couche intermédiaire, l'industrie est inexistante. L'Hyène seule s'est risquée de temps à autre à une visite; elle a laissé des copro- lithes et quelques os. Mais tout un monde de micromammifères s'est révélé extrêmement abondant. Nous le retrouverons également au second grand effondrement sans grands changements dans sa composition. Il s'agit de débris de repas et de déjections de rapaces nocturnes et diurnes qui habitaient la {taroi. Cette faune est très variée, elle sera l'objet d'une étude spéciale. Je citerai cependant quelques types principaux : Microtus type arvalis, Microtus type agrestis, Arvicola type anqthibius, -MusLela voisine de la vulgaris, Talpa, Erinaceus, Sorex de plusieurs tailles, une grande quantité de petits oiseaux, des batraciens nombreux, et des poissons. Industrie et Faune de Fm. — Au-dessus de ces énormes blocs, l'habita- tion reprend et les traces noires sont abondantes, mais moins continues que dans les niveaux sous-jacents. Un changement de grande importance s'est effectué dans la faune. Une prémolaire caractéristique de Renne ne laisse pas de doute sur la présence de ce ruminant. A cette première preuve d'une faune plus froide, vient s'ajouter une molaire inférieure de Rhinocéros qui paraît par la forme carrée de ses croissants, appartenir au Hhinoceros Tichorhinus, quoique la reconnaissance des molaires infé- rieures, surtout isolées, soit des plus délicates. Le reste de la faune diffère très peu des précédentes; le même Cervidé voisin de l'Elaphus reste abondant, ainsi que le grand Bovidé et le Cheval ; celui-ci peut être un peu plus rare. L'industrie n'est composée que de petits racloirs et de petites pointes dont quelques-unes très aiguës. Cette médiocre manifestation industrielle est certainement imputable au peu de sécurité qu'offrait alors la voûte. Elle ne larde du reste pas à s'affaisser. Inte7' Fm et Fs. — Il n'y a rien de spécial à dire de cet énorme amas de blocs parfois impossible à dissocier en raison des infiltrations de calcite. E. PASSEMARi» — I.'aBHI OLHA 559 Nous y retrouvons sans caractères spéciaux la faune de micromanuiiifères. Il faut noter cependant que cet éboulement a dû correspondre à la totalité du surplomb, car les habitants qui s'installèrent à sa surface étaient au- dessus de l'ancien abri, à plus de huit mètres de Vi^. Industrie et Faune de Fs. — Ces derniers habitants ont laissé un impor- tant dépôt bien garni de matières noires, riche en faune et en industrie. La faune s'affirme nettement plus froide par la présence d'Elephas Primigenius, représenté par deux petites molaires et d'autres lamelles isolées d'animaux jeunes. Rhinocéros Tichorliinus révèle également sa présence par des molaires supérieures en bon état, et enfin, le Renne s'affirme par des fragments plus nombreux sans être prépondérants. Cepen- dant, notre Cervidé voisin de l'Elaphus reste toujours très abondant, mais le même nombre d'éléments caractérise aussi le grand Bovidé. Le Cheval garde sa place. De nombreux fragments incomplets seront l'objet d'une élude plus approfondie parmi lesquels je puis cependant déjà signaler une phalange d'un grand Félidé peu différent de la Panthère. L'industrie est particulièrement abondante et demandera une étude com- plète et détaillée; elle présente de beaux échantillons de racloirs et des pointes allégées qui rappellent certaines pièces des niveaux inférieurs de Grimaldi. Il y a des percuteurs arrondis, des éclats lamellaires et des formes à extrémités retouchées qui laissent prévoir celles qui vont suivre sans cependant qu'on puisse établir une parenté véritable. Enfin, il y a abondance de diaphyses impressionnées, mais les épiphyses restent toujours absentes. Conclusions. — Les conclusions que l'on peut tirer de l'étude d'un aussi important gisement ne peuvent se résumer en quelques lignes. Il est cependant possible de fixer immédiatement certains points. Au point de vue géologique, l'abri Olha, placé en bordure de la Nive, appartient par sa couche la plus inférieure Fi,,, sobleuse et caillouteuse, à un niveau alluvial de celte rivièie; ce sera l'objet d'une élude spéciale. Au point de vue (aunique et industriel, il nous montre l'évolution d'une industrie de type mouslérien à travers deux tendances bien différentes et parfaitement caractérisées à sa base par une faune pour le moins tempérée avec C. Elaphus et R. Mercki ; dans sa partie moyenne et supéiieure, par une autre faune plus franchement fruide avec R. ïichorhiuus, Elephas Primigenius et Renne. Nous assistons égal ment à la disparitioji définitive des coups de poing, (jui se présentaient parfois sous des dehors si primitifs que l'on aurait été tenté de les considérer comme beaucou|) plus anciens .^i cet aspect fruste ri'élait sinqjlement dû à la grossièreté de la matière. Straligraphiquement, par ses diaphyses impressionnées, rencontrées à tous les niveaux, il appartient entièrement au IMoustérien supérieur, malgré sa faune à affinités chaudes et ses coups de poing. De ce fait, il OÔO ANTHROPOLOGIE complète par en bas la série des niveaux de la caverne d'Isluritz sa voisine, car la proximité des deux gisements ne laisse aucun doute qu'ils ont parti- cipé aux mêmes modilications de climat et de faune. Le dernier des six niveaux d'Ohla F*- vient se placer immédiatement en dessous des deux niveaux mouslériens, à faune de Renne, dlsturilz, qui sont surmonlés par une imporlanie couche aurignacienne typique à nombreuses pointes fendues, au-dessus de laquelle s'étagent successive- ment deux couches aurignaciennes, un beau solutréen à feuilles de laurier, et enfin, les épaisses couches magdaléniennes si riches et si diverses qui atteignent jusqu'aux limites du Quaternaire. Enfin, il faut remarquer que le niveau Ftg d'Olha présente les mêmes éclats de quarizile et d'ophite que ceux rencontrés au Caslillo (Espagne), dans le Moustérien a. Comme ce gisement a montré la persistance en Espagne de la faune dite chaude qui se prolonge jusque dans l'Aurignacien, il nous faut conclure qu'Olha avec sa faune froide qui apparaît seulement vers la fin du Moustérien est le trait d'union enlrti la région canlabrique représen- tant la tendance faunique espagnole et nos gisements français plus septen- trionaux à faune plus franchement froide, ce qui est absolument conforme à sa position géographique. M. Emile SCHMIT, Conservateur honoraire du Musée de la \ille de Châlons-sur-Marne. LA TRÉPANATION AUX TEMPS PRÉHISTORIQUES 27 Juillet. (Mémoire pubUé hors volume) OUVRAGE IMPRIMÉ PRÉSENTÉ A LA SECTION J. Hamal-Nandbin et Jean Servais, avec la collaboration de Charles Fraipoimt, professeur à rijniversité de Liège. — Rapport sommaire sur les fouilles c/feciuées de 19 là a IDIO. Sous-Section. TÎISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Président ... M. GREMEH, Professeur (rAiitiquilés rhénanes à l'Université de Strasbourg. Vice-Présùlent . M. R. FOUUKR, Conservateur du Musée archéologique de Strasbourg. Secrétaire. . . M. Ad. RIFK, Directeur du Musée historique de Strasbourg. M. (i. ARNAUD, l'rofesseur au Lycée Fustel-de-Coulanges, Strasbourg. STRASBOURG, PORT DU RHIN AU MOYEN AGE ET AUX TEMPS MODERNES •^6 Juillet. 9 (43. /«45 — Strasbourg) Strasbourg a tiré de sa position géographique des avaMtagesincontestables. Située dans la vallée rhénane au point où la navigation vers l'amont devient pratiquement impossible et à la rencontre de plusieurs voies terrestres particulièrement fréquentées : la route du Danube par la vallée de la Kinzig, celles de la Marne et de la Seine p;ir la trouée de Saverne, celle de la Suisse et celles de la Saône et du Rhône par la plaine alsa- cienne, la ville était destinée à devenir une grande place de commerce. Le commerce de Strasbourg est alimenté par le transit des marchandises de la voie d'eau à la route et réciproquement; c'est pourquoi il s'est noué autour du port, qui joue aujourd'hui un grand lôle dans le développement économique de la cité, mais qui, du xm*= au xvn" siècle, a joui d'une prospérité et d'une renommée que seule Cologne était en mesure d'égaler dans la basse vallée du Uhin. * * Le port de Strasbourg, depuis les origines jusqu'au xi-x** siècle, n'a pas eu d'autre emplacement que la berge nord de l'Iil dans les quartiers méridionaux de la ville. C'était la partie la plus ancienne de Strasbourg et le carrefour où convergeaient toutes les voies d'eau: au sud-ouest, l'Ill supérieur; au n )rd-est, l'Ill inférieur qui conduisit au Khin aval, au sud- est, le Kheingiessen qui faisait la liaison avec le Rhin amont. C'est [>ar le Rheingiessen dont le cours est recouvert aujourd'hui par les pavés de la rue de Zurich que les Zurichois apportèrent leur bouillie chaude en 1576. 562 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE A l'époque romaine, il semble qu'un débarcadère ait existé à la place du quai actuel entre l'école Saint-Thomas et la chapelle Saint-Martin; au moyen âge il était reporté une centaine de mètres plus à l'est à côté du Kaufhaus. Le Kaufhaus ou douane construit en 13o8 près du pont du Corbeau existe encore. C'est un grand bâliment qui sert aujourd'hui de marché, mais qui était alors l'entrepôt où toutes les marchandises en transit devaient débarquer en venu du « Slapelrecht » accordé par l'empereur Sigismond à la ville en 1414 et qui lui fournissait la meilleure partie de ses ressources. Une gravure de Wenzel Hollar nous donne son aspect et celui de ses abords au xvi*^ siècle. A côté du Kaufhaus s'étend une place encombrée de tonneaux, de charrettes vides vi de charrettes chargées que traînent quatre ou six chevaux. Sur le quai, un petit bâtiment rectangulaire surmonté de deux toits pointus d'oii sortent les bras de deux énormes grues qui déchargent une longue fde de barques. Ces grues, comme l'indique une autre gravure du même auteur, étaient manœuvrées par un tambour dans lequel piétinaient deux hommes. Le Kaufhaus abritait un très grand nombre d'employés, garde-magasins, peseurs, contrôleurs, facteurs des routiers, facteurs des bateliers, brouet- teurs, portefaix, emballeurs et les chargeurs-bàcheurs qui s'étaient acquis une redoutable renommée par leurs prétentions et leurs rixes. Toutautour, sur les deux rives de 1111, étaient les maisons de commerce, les auberges pour les routiers : c'était le cœur marchand de la cité. Le trafic de la ville était aux mains de la corporation ou tribu des bateliers constituée en lo50, qui tint longtemps la" première place dans la cité et comptait encore près de deux cents membres en 1789. Les bateliers habitaient le quartier de la Krutenau au sud-est de la ville et tenaient leurs assises à la taverne « Zum Anker » sur le quai des Bateliers. Jls avaient pour charge d'assurer la navigation sur le Rhin à l'origine de Bàle jusqu'à la mer, mais par le fait des concurrences, lechampdeleur activité fut progressivement réduit. Au commencement de la guerre de Trente ans il s'étendait encore au sud jusqu'à Bàle pour la seule montée, au nord jusqu'à Mayence et Francfort. C'était à cette époque une lourde mission. Le Rhin que ne contenaient pas les digues s'étalait en une multitude de faux-bras et de marécages. Le thalweg indécis se déplaçait sans cessesous la poussée des sables mouvants, ou bien était barré par des troncs d'arbre; les brouillards étaient fréquents, les accidents nombreux : « Que personne ne se donne pour un batelier si son gouvernail n'a pas été mis en pièces plusieurs fois » disait le proverbe. G. ARNAtD — STRASBOUnC, POUT DU RHIN 563 Cet étal ne sera pas modifié sur le Rliin supérieur avant 1840; les cons- tructions de digues entreprises au xvhi« siècle sans plan préconçu, sans liaison préalable, n'auront pour effet que de rendre le fleuve plus redoutable. Les bateliers entretenaient le lit du Rhin; deux fois par an ils le net- toyaient avec des chaînes et de grandes toiles qui faisaient fonction dedragues; ils devaient faire, en outre, chaque année, deux voyages d'essai en qualité de pilotes; aucun bateau ne se lançait sur le Rhin sans que le pilote n'eût repéré en canot le cours du fleuve jusqu'à Neubourg, planté des pieux aux endroits dangereux et ne fût retourné en voiture faire son rapport. Alors seulement, à la pointe du jour suivant, le bateau qui attendait dans l'avanl- port de Wanzenau, où il avait complété son chargement, levait Tancre et quittait rill au Kalberkôpfe; l'équipage se découvrait et disait un paler tandis que le pilote s'écriait : « Au nom de Dieu ». Les bateliers utilisaient un matériel qui n'a guère varié au cours des siècles; les barques dessinées sur les gravures du xvii^, xviii'' et même du commencement du xix'^ siècle ressemblent étrangement à celle qui fut gravée sur une tuile romaine découverte ici même; elles avaient l'avant pointu, l'arrière fortement relevé pour porter une grande rame en guise de gouvernail, elles étaient munies d'un ou deux mâts, non pontées; les marcliandises étaient protégées par une voile tendue sur une perche longi- tudinale. Quelques-unes étaient de dimensions notables : 120 pieds de long, 11 de large, 5 l/:2 de haut; elles pouvaient porter de 800 à 1.500 quintaux. A lordinaire on employait aussi de grossiers radeaux recouverts d'un plancher, pourvus d'un mât autour duquel étaient entassés les ballots et les barriques, mais ils ne remontaient jamais le fleuve. Au port de destination ils étaient dépecés et servaient de bois de construction. Cette coutume est encore pratiquée sur certains fleuves de l'Europe orientale. Les uns et les autres descendaient le fleuve à la rame et avec l'aide d'une per he à double pointe dont le modèle a été trouvé dans les fouilles de Tépoque romaine. A la montée, les bateaux utilisaient la voile; le plus souvent ils étaient ha'és, au moyen de chevaux, de Mayence à Spire, à bras d'hommes, de Spire à Strasbourg. Le trajet offrait de grandes dithcultés; le bateau suivait les bras latéraux oîi la vitesse du fleuve était moindre et le chemin de halage assez nettement tracé; toutefois ce chemin était souvent interrompu par les marécages et les confluents ; il fallait embarquer les hommes et les chevaux et traverser à la gaffe le pas difficile. C'est ainsi que la remontée de Mayence à Strasbourg e:iigeait dix-huit jours, tandis que la descente pouvait se faire en trois. Le trafic de la ville était très important. Sur les quais du Kaufhaus les barques de l'ill, qui paraissent avoir déjà parcouru la rivière dès l'époque du bronze, apportaient les vins de Colmar, de Ribeauvillé et de Sélestat; 564 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE les bateaux du Rhin débarquaient les marchandises exotiques, les épices, les toiles, les poissons et chargeaient, avec le vin, les autres produits alsa- ciens : alcool, vinaigre, blé, tabac, chanvre, oignons, anis, safran, légumes, papier et bois de construction. En lo81 Strasbourg expédia 4. 531 foudres de vin (o.b63 litres), 7.848 ohms de vinaigre (3.923 litres), 6.740 ohms d'alcool (3.370 litres), 10.534 viertel de blé (11.587 hectolitres). En 1657, en 57 voyages de Mayence et de Francfort, les bateaux remontèrent 26.252 quin- taux métriques de marchandises, sans compter les harengs et les morues sèches destinés à l'Alsace catholique. Les bateliers transportaient aussi des voyageurs. La voie d'eau, plus sûre que la route, était très fréquentée; les commerçants gagnant les foires, les diplomates et les princes en mission ou en quête de distractions et surtout les pèlerins d'EinsiedeIn, de Lorette, de Marienthal, de Cologne ou de la Sainte-Tunique de Trêves, ne cessaient de se confier au fleuve. Environ 15i>.(l00 pèlerins, dont plus de la moitié étaient venus du nord, descendaient chaque année le fleuve. Le transport se faisait sur de petits bateaux. Quand des voyageurs étaient arrivés, le facteur des voyageurs se rendait auprès d'eux pour traiter, puis il avertissait la corporation. A la Taverne de l'Ancre les baleliers jouaient aux dés la désignation de celui qui devait partir, le départ devait avoir lieu dans un délai de trois heures. S'il ne pouvait l'assurer, le suivant, désigné par les dés, prenait sa place. La prospérité du port de Strasbourg eut maintes fois à soutîrir des évé- nements politiques et militaires dont la vallée du Rhin fut le théâire; cependant elle ne se démentit guère jusqu'au milieu du xvii« siècle. La guerre de Hollande lui port^ un coup sensible en 16'i2; dès lors s'ouvrit pour la navigation'et le commerce strasbourgeois une période de décadence qui s'est poursuivie à travers tout le x\m^ siècle. Les raisons en sont nom- breuses, la principale fut la concurrence étrangère. En 16'<1 le prince-électeur de Mayence, mettant à profit le trouble apporté à Strasbourg par l'entrée des Fran{;ais, fit signer à la ville une convention qui dépouillait les baleliers de leur monopole séculaire; désormais les bateliers de Mayence pouvaient faire voile à Strasbourg toute l'année tandis que ceux de Strasbourg ne pouvaient prendre une cargaison, au retour de Mayence que trois semaines avant, pendant et après It^s deux foires da Francfort. ^ Au milieu du xviii® siècle naquit le danser de Kehl qui avait été séparé de Strasbourg par le traité de Ryswick et était passé aux mains du mar- grave de Bade. Les bateliers de Strasbourg ayant été occupés au service du roi pendant la guerre de succession d'Autriche, le magistrat permit aux paysans hadois d'équiper des bateaux et de conduire le< produits alsaciens ju-qu'à Mayence, à charge de payer, outre la taxe du Kaufhaus, un léger droit à la corporation de l'ancre. L'autorisation était révocable; elle fut J. GASS — NOTES HISTORIQUES SUR LES CHATEAUX 565 supprimée à la paix, mais les bateaux de Kehl continuèrent à naviguer. Ils furent soutenus par leurs princes -et par les facteurs du Kaufhaus de Mayence qui leur fournissaient un fret de retour pour le- Brisgau et la Suisse. Enfin les empiétements incessants du fisc, bien que Strasbourg fût compris dans les provinces, «à l'instarde l'étranger effectif », ses exigences touchant la déclaration et la visite des marchandises en transit, détour- naient de plus en plus le commerce elles entreprises industrielles vers la rive droite du Rhin. Strasbourg, écrit le Conseil souverain dans sa remontrance au roi en 178(J, qui était une des premières places de commerce de l'Europe, n'est plus aujourd'hui qu'un théâtre de banqueroutes et une ville de guerre réduite à un faible commerce de détail. La ruine de ce commerce fut consommée par la Révolution. La loi du 5 novembre 1790 et le décret du 24 juillet 1793, en prohibant la culture, la fabrication et la vente du tabac et en reculant la barrière douanière jusqu'au Rhin, portèrent un coup mortel au port de Strasbourg. La plupart des bateliers s'engagèrent dans l'armée et formèrent des compagnies de poutonniers qui eurent l'occasion de s'illustrer dans les campagnes de la Révolution et de l'Empire. Ainsi prit fin la première grande période du développement de Strasbourg port rhénan. La seconde vient à peine de s'ouvrir. M. LE Chanoine J. GASS, Strasbourg. NOTES HISTORIQUES SUR LES CHATEAUX DES ROHAN A SAVERNE ET A STRASBOURG. 728.81 (Rohan) (43.4'45) S6 Juillet. Dans l'histoire des résidences préférées des Rohan en Alsace, il y a encore bien des points obscurs. Après la gueri-e de Trente ans, le chàleau de Saverne a été reconstruit pur François Eijon de Fûrslenberg, de 166S à 1683. Le sculp- teur Cmjzevox a travaillé à la décoration du parc (1667-1671). La construclioa du bâtiiueiit élaiL leî'niinéc dès 1677. Le cardinal Rohan I a fait reconstruire l'aile détruite par l'incendie de 1709 et a fait faire des changements. Les lettres de l'architecte Neumann, de Wurzbourg, nous fournissent une description du ch'ileau en 1723 et la preuve des relations entre le cardinal et l'archilccte de Cotte, dont les plans du chiteau de Saverne sont conservés à Paris. Un des architectes exécuteurs était Cabanct. A côté de Bobnt Le Lorrain, dont nous possédons une liste des œuvres, on trouve le sculpteur Le Prince. Les plafonds ont été exécutés par C. Bruneili, les cheminées par maître Gisquain. 566 HISTOIRK KT ARCHÉOLOGIE Le même architecle, Robert de Colle, a fait les plans du château de Strasbourg. Le protocole de la Chambre des Comptes contient quelques indications sur les dépenses annuelles. Les archives départementales du Bas-Rhin contiennent une liste des œuvi^es exécutées par Robert Le Lorrain à Strasbourg. Les tableaux étaient des copies de chefs-d'œuvre, par exemple la Bible de liaphaël. Les Gobelins représentaient la vie de Constantin, d'après les cartons de Rnbens. Les bibliothèques à Saverne comme à Strasbourg étaient des collections modernes. M. J.-E. GEROCK, Bibliothécaire de la Bibliothèque de l'Université de Strasbourg. LES «MAISONS ROUGES» ET LES VOIES DE COMMUNICATION ANTIQUES 26 Juillet. Pour les besoins d'une étude sur les invasions germaniques du v® siècle dans l'est de la France et dans certaines régions avoisinantes (celles qui ont donné entre autres les colonisations à noins de lieux en -ans à l'ouest, en -eîis à l'est du Jura, de prononciation idenlique malgré la diirérence grajjhique actuellement usitée), j'ai été amené, il y a déjà une série d'an- nées, à m'occuper des voies de couununication supposables à celte époque. Il n'existe pas de tracé à grande échelle pour la région considérée, de sorte que je dus voir à le constituer. Ce travail, fort long et pour lequel les données sont très dispersées, nécessita une recherche minutieuse dans de nombreux documents imprimés et l'emploi de cartes aussi détaillées »pie possible pour arriver à re[)orter sur un fond de carte donné par l'édi- tion muette de la carte au 500.000« (dite du Lieutenant-Colonel Prudent) les indications obtenues. Ces investigations me montrèrent alors la persistance sur un vaste terri- toire, tant en France qu'en Suisse et dans le sud de rAllemagne (et aussi en Italie) d'un phénomène que je connaissais déjà pour l'vVlsace et ses environs immédiats. Il s'agit de la fréquence de l'appellation de Makon- Rouge (variantes comprises) connue de Roilies Haas dans les régions ger- manophones, pour des établissements ayant très généralement le caractère d'hôtelleries, d'auberges, situées tant comlne bâtiments isolés sur des routes, souvent à des carrefours ou à des bifurcations, que dans des hjca- lités. Il apparut bientôt que non moins généralement les routes en ques- tion appartiennent évidemment à une viabilité très ancienne, tout au moins romaine, et que les localités où se trouvent ces lieuxdits sont des villes anciennes dont l'existence remonte aussi sûrement à cette époque. J.-E. GÉROCK — LES « MAISONS UOUGES » S6 i Ne pouvant pas disposer ici à Slrasbouri; de loiis les malériaux ijuc iiéces- silerait une élude poussée quelque peu à fond sur l'enseudtledes lerriloires indiqués j)Ius haut, j'ai néanmoins réussi à rassembler plus de 2o0 exem- ples pour une |jarl,ie seulement, ce qui ne laisse pas de constituer une base assez solide. Il ne peut pas être question d'en dresser maintenani le catalogue, qui ne dirait pas grand'chose par lui-même, tandis que la sinqîle vue du canevas de carte où ils sont reportés, montre immédiate- ment le caractère saillant du phénomène, et il va sans dire qu'une-^repro- diiction de cette carie est actuellement tout à fait impossible. Nous nous trouvons là en présence d'un cas nouveau et frappani de la persistance d'appellations, très anciennes assurément, dont l'importance pour l'étude de la topographie antique est certainement de tout premier ordre. Le travail qui a mené à l'établissement de la liste des Maisons- Bouges et congénères (Rothes Haiis, RoUi ms, etc., en allemand et Casa rossa ou Cà rossa en italien) en a fait apparaître d'autres encore dont je me l)Oi'nerai à mentionner deux spécimens assez frappants : Sur la voie romaine qui va de Bavay par Vervins à Reims se trouve au nord d'Etréau- pont la locali'lé de Froidestrées qui appartient par sa deuxième moitié cà la grande famille des noms dérivés, de Straia, tous situés sur les voies antiques, et, que je rapprocherai, pour la première moitié, de la station Adtabernam frigidam que porte la carte antique dite de Ptuiinger sur la via Aurélia au nord de Pise, et de plusieurs Kalte Herberge sur des voies antiques en Suisse et en Allemagne, sans essayer d'expliquer ce qualificatif assurément singulier. L'autre observalion s'applique au fait que les localités dont le nom est combiné avec l'idée de pont (aussi en allemand) sont, on peut dire sans exception, situées sur le réseau reconnu des routes romaines. Si nous prenons de nouveau comme exemple la route Bavay-Reims en la continuant jusqu'à Toul par la Croix-en-Champagne et Bar-le-Duc, nous y trouvons : Pont-sur-Sambre, Warpont, Eiréaupont, Le Pont-de- Pierre à Vervins, Pont-Givard, îlerpont (avec une Maison-Rouge, commune de Noirlieu au nord-ouest de Bar-le-Duc) et Guerpont, en relevant l'allitération qu'on ne peut tenir pour fortuite, entre Warpont—Herp mt— Guerpont. Un pourrait facilement multiplier ces exemples. Pour ce qui est des Maisons- Houges, le problème se pose de savoir ce que signifie cet adjectif. H n'est pas dans mes intentions de discuter ici toutes les hypothèses que Ion peut émettre à ce sujet, mais il me semble tout à fait exclu de le rapporter à la couleur des briques ou des tuiles romaines. La très grande dispersion et surtout la persistance de cette appellation ne peuvent pas se concilier avec une qualité qui ne serait due qu'à des matériaux de construction sans signification propre, qui n'étaient pas spéciaux à telle ou telle bâtisse, à n'importe quelle époque, romaine ou autre, et disparus en tout cas depuis fort longtemps. Il faut plutôt y voir un signe particulier, indépendant des matériaux eux-mêmes, imliquant le caractère de l'établ-ssement et obtenu par une peinture ou un badigeon; et il m'a é'é signalé à cet é^ard que dans une certaine région de la France, en particulier les environs de S68 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Paris, et dans des temps assez proches du nôtre, la coutume existait de peindre en rouge-pourpre (nuance lie-de-vin) la partie inférieure des maisons où se trouvait une auberge ou un débit de boissons. Y aurait-il là une survivance de la tradition antique? Simple tradition de coutume, ou reste d'une prescription d'ordre public, et de quelle époque ou origine? Autant de systèmes à discuter. Pour le moment, je ne possède aucun élé- ment sorlable pour m'y engager. Les itinéraires antiques ne fournissent rien, sauf une seule exception qui doit être relevée. La Carte de Peutinger porte, sur une voie allant d'Agedincion-'Sens à Calagum qu'on place connnunément à Couloinmiers, une station dont le nom se lit Biobe. Or, sur cette voie encore parfaitement connue, à son croisement avec la voie qui vient de Me) un et va vers Provins, se trouve la localité (maintenant chef-lieu de commune, autrefois écart de celle de Coutevroux) appelée Mnison-Rouge. Riobe serait-il une variante de copiste, une tt^anscription fautive pour Ad rubeam, Donms rubea ou rubrea? Celte dernière forme est précisément celle sous laquelle est dési- gnée en 1270 (Didioiinaire to/iographique du déparlemenf de^i Yonne), la Maison-Bouge qui se trouve vis-à-vis de Tonnerre (Ternodorum) sur la voie de Lan grès. Quoi qu'il en soit ou puisse résulter par la suite, il me semble que cette investigation mérite d'être poursuivie, comme en général celles qui visent à l'application des noms de lieux (et il faut aller jusqu'aux lieuxdits de tout ordre) à la géographie historique. Cette entreprise dépasse de beaucoup les possibilités et les forces d'un individu isolé. Je serais très reconnais- sant à quiconque voudrait bien me communiquer n'importe quelle donnée de nature à entrer dans ce cadre. M. WALTEII, Bibliotliécaire-Arcîiiviste, Schlestadt (Bas-Rtiin) LES CATHÉDRALES CAROLINGIENNE ET ROMANE DE STRASBOURG 726.6 : 723.4 1/(3.4/15) 56 J'iùlkl. L'Alsace ne possède plus aucun document archéologique de l'époque carolingienne. A en juger par les rares textes et autres indices parvenus à nous, la dite « Renaissatice caro'ingienne » de la liturgie, arts et lettres, fut inaugurée déjà sous l*épin. Ces vestiges font su[jposer une certaine culture artistique religieuse et intellectuelle qui ne nous surprend pas si nous jetons un regard sur les grands centres de culture au nord et au sud de notre pays. Reichenau, Saint-Gall, JVlurbach, Strasbourg et Metz étaient WALTEU — GAI HÉDltALES CAROLINGIENNE ET ROMANE 569 les foyers dont nous n'avons malheiireusement presque plus aucune con- naissance depuis l'incendie à jamais regreliable de la IJibliolhèque de Slrasboury le 24 aoùl 1870. Les documents de ceiLe époque ont péri dans les flammes, entre autres un codex argentcus qui au point de vue art et liturgie nous donnerait de très précieux renseignements car riiisloiro de la liturgie est le premier fondement des études archéologiques du Moyen Age. . L'architecture et la sculiUure ne nous ont laissé aucune ou pres({ue aucune trace, à moins que nous ne trouvions une explicalion fondée et précise de la célèi)re description de la cathédrale de Strasbourg par isr/^îo/- dus Nigellus et de quelques sculptures en forme d'entrelacs remployés çà et là dans les églises romanes et gothiques de notre pays. Pourtant nous croyons pouvoir nous faire une idée sommaire de cet art qui loin de révéler un caractère provincial se contenta de suivre des tra- ditions romaines' et orientales dans l'architecture, la peinture monumen- tale et la sculpture décorative; la statuaire étant pour ainsi dire inexistante. La seule branche qui permet un classement d'école c'est celles des manus- crits à miniatures, évangéliaires, sacramentaires et autres livres liturgiques à partir de l'époque mérovingienne, eux-mêmes inspirés immédiatement de l'art syrien et, selon les dernières recherches, égyptien. Le siège épiscopal de Strasbourg était illustré en ces temps-là par des hommes remarquables. Un soulïle de l'ancienne grandeur romaine les animait suivant l'illustre exemple de Charlemagne. Les évèques Bemr, Adeloch, Bachio et Bernalde se distinguèrent particulièrement. Rémi cons- truisit vers 778 une crypte {cripta (pium novo opère feci) oii il voulait être enterré après sa mort. Adeloch est nommé dans l'inscription de son sarco- phage le restaurateur d'églises. Rachio collectionna en vrai canonisie les décrets des conciles dont témoignait un codex également détruit en 1870. Bernalde est l'objet d'une ovation enthousiaste cVErmoldus qui dit dans son Carmen in landem glorioàssimi Pijjini Begis, que cet évêque d'origine saxonne excellait dans toutes les vertus pour convertir un peuple qui à cause de ses richesses n'aimait pas i)ieu et n'aurait pas su de langue culti- vée si elle ne lui était pas enseignée par l'évèque. Son épitaphe à lieiche- nau perpétua sa gloire. Le poète Ermoldus Nigellus que nous venons de nommer était moine d'un couvent d'Aquitaine et fut envoyé en exil à Strasbourg par Louis le Débonnaire probablement à cause d"un délit politique. Il fut bien reçu par Véwèque Ber-nalde. C'est ici qu'il composa son grand poème sur la geste de Loiùis en 8:26 pour retrouver grâce auprès de son maître. A deux reprises il y chante aussi les gloires de la cathédrale de Strasbourg. Celte descrip- tion est du plus haut intérêt pour nous au point de vue liturgique er archéo- logique, car nous [)arvenons à ranger la cathédrale de Strasbourg parmi une série d'autres églises carolingiennes pour constater alors entre elles une parenté très frappante. Pour, le démontrer nous donnerons d'abord Ot 0 HlSTOllŒ ET ARCHÉOLOGIE la tradiiction textuelle de ce passage qui se trouve dans le livre IV vers 649 à 746, donc environ cinquante distiques : « Au moment où je chante ces louanges, dit le poète, je suis exilé, en con- naissance de ma propre faute, à Strasbourg, où resplendit, ô Vierge, votre sanctuaire. On vient vous y rendre de dignes hommages ici-bas. On raconte même que souvent les habitants célestes viennent visiter cette cathédrale dont je vais vous conter quelques traits. » Le poète cite alors une première vision nocturne du cuslode Theutram qui vit un aigle planant au-dessus du maître-autel. Cette vision ne con- tient rien qui puisse nous renseigner sur la topographie de l'église, par contre la seconde est de la plus haute importance. Il continue : « Une autre fois le n)éme serviteur de Dieu vit une chose toute merveilleuse que le collège des frères me communiqua. Com,me d'habitude il avait psalmodié devant l'autel de ladite église. Son âme cherchait Dieu, les ténèbres de la nuit remplissaient le sanctuaire. Theutram était accompagné d'élèves chargés des vigiles et de la sonnerie des heures nocturnes. Soudain, on entendit un bruit, un tonnerre, un vent violent fait frémir la haute demeure. Les compa- gnons tombent cà et là et s'évanouissent. Le saint, intrépide, tend les bras au ciel et demande la cause de ce ])ruit. Alors il vit s'ouvrir les combles du sanc- tuaire et entrer des hommes vénérables, tout lumineux, revêtus d'habits blancs. Leurs corps plus blancs que la neige, leurs têtes comme du lait. Le troisième est soutenu par deux serviteurs. Dès que leurs pieds touchèrent le sol, ils s'ap- prochèrent humblement de l'autel de la Vierge et chantèreni pieusement leurs litanies. Puis parcourant l'église, tels des mortels, ils visitèrent les autres autels en chantant des cantiques et en récitant des prières liturgiques. » La partie droite de l'édifice se réjouit des reliques de saint Paul, la partie gauche est soutenue par l'autorité (le nom) de saint Pierre, à un pôle l'excel- lent maître des gentils, à l'autre le porte-clefs. Lntre les deux reluit Marie, l'auguste Mère de Dieu. Le milieu de l'église est occupé par saint Michel ou la Croix. En dernier brille joyeusement l'autel de saint Jean dans Thuile (de la lumière). Or les habitants célestes, en priant, visitent aussi ceux dont ils voient les âmes en face de Dieu. Quel idiot prétendrait que les corps des saints pères ne seraient pas avec raison vénérables sur terre, puisque Dieu est vénéré dans ses serviteurs dont l'intercession nous ouvre le ciel? Pierre n'est pas Dieu, pourtant je crois que par son entremise mes péchés me seront pardonnes. Pen- dant la procession de ces trois saints, le toit du temple de Marie resta ouvert. Après les prières, ils rentrèrent au ciel. >■ Voilà le passage essentiel qui mérite toute notre attention. Plus loin le poète nous dira que ce fut mmt Boniface qui visita cette église après sa n^ort en 755. Le récit du custode Theutram, quoique visionnaire, renferme une foule de détails pris de la liturgie contemporaine. Voilà trois houmies vêtus d'habits blancs se rendant d'abord au maître-autel de la Vierge en ehanlanl leurs mélodies; ensuite ils vont d'autel en autel en faisant entendre des chants entremêlés de prières, ('e sont les litanies dans leui |)lus ancien usage. Nous constatons ici l'influence de la restauration litur- WALTER — CATHKDRALES CAROLINGIENNE ET ROMANE 571 giqiie selon le ril roiuain vis à vis de la messe dite gallicane. La nouveauté de ces cérémonies doni Boniface fut le premier promoteur et la nouvelle cathédrale qu'il faut supposer, ont inspiré au poète cette vision de la liturgie céleste. Nous apprenons également que l'office religieux, la visite céleste n'est autre chose, se déroula non seulement dans le chœur mais dans l'église tout entière. Sur ce point, la chronique d' Hariulfe de l'ab- baye de Saint-Riquier dans laquelle est décrite la liturgie introduite par Aimuilbert, gendre de Charlemagne, vers 800 nous renseigne fort heureu- sement. Un chapitre De circuitu orationum se rapporte aux processions liturgiques à travers toute l'église où des autels en grand nombre étaient autrement disposés que de nos jours. Dans cette même chronique est citée également une vision du moine Hugo qui ressemble beaucoup à celle de Tlu'utram. Encore au xii'' siècle, Saint-Kiquier fut témoin d'une vision analogue sous l'abbé Gervimis. Aux deux endroits sont racontées des visions avec les mêmes symptômes, Nous y trouvons des processions qui visitent les autels disposés dans le sanctuaire selon un système établi. Après cette constatation il importe de localiser les autels énumérés à la cathédrale de Strasbourg. La grande difficulté est consignée d'abord dans ces deux vers : Dextera pars aedis Pauli navi munere gaudet. Fulcitur laevn nomine qinppe Pétri, « La partie droite diî l'édifice so réjouit du don de Paul, B La gauciic est soutenue du nom (de l'autorité) de Pierre. » Or, qu'est-ce qu'il faut entendre sous partie droite et partie gauche de l'édifice dans le sens de ces temps-là? Etant donné qu'une confusion par- faite règne dans les aviteurs quand ils parlent de ces deux directions — car l'idée moderne ne concorde nullement avec celle des anciens sur ce point — il est impossible de donnei- immédiatement une réponse nette. C'est pour cela que Grandidier a placé les autels des saints Pierre et Paul à côté de celui de la Vierge (situé au milieu du cho'ur) dans un transept qu^il fut obligé de supposer. Or, il y a deux difficultés à vaincre avant de consulter d'autres documents contemporains. D'abord il est dit que ces deux autels sont placés dans l'église comme deux pôles opposés l'un à l'autre aux deux extrémités. Ensuite le terme partie droite et partie gauche peut tout aussi bien signifier l'est et l'ouest que le sud et le nord, ce qui est facile à prouver par les écrits des anciens liturgistes précisément sur la position des deux princes-apôtres. Si encore la partie droite signifie la partie la plus digne il est certain que c'est celle où se trouve l'autel de la Vierge et la gauche est celle qu'occupe un saint de rang inférieur. De l'une et de l'autre façon il nous est. permis de placer l'autel de la N'ierge au milieu du chœur, dans l'abside même, celui de saint Paul auquel serait oppos<'> dans une abside occidentale l'autel de saint Pierre. 572 HISTOIRK ET ARCHEOLOGIE Plan de St GALL 3-620. Marche c/e la pr-ocession dans la Csthédra/e de dtrssbouna se/on fpmolal'js fU/^ef/us . a ° 826 \a même disposition d'autels se retrouve sur une échelle plus étendue sur le fameux plan de Saint-Gall de l'année 820, con- temporain à la poésie à'Ermol' dus. Nous pouvons retracer dans ce plan pour ainsi dire chaque pas de la procession de saint Boniface. ( )n y trouve le maître-autel dédié à la vierge et à saint Gall, dans Fabside orientale l'autel de saint Paul, à l'ouest celui de saint Pierre. Revenant sur ces pas, la pro- cession visite l'autel de la Croix au milieu de la nef principale et un peu plus vers l'ouest celui de saint Jean-Baptiste. Ainsi est prouvée d'une façon évidente la presque identité du plan de Saint-Gall et de Stras- bourg, toutefois avec cette différence que Saint-Gall signale encore d'autres autels de hié- rarchie inférieure. La disposition liturgique de la cathédrale carolingienne de Strasbourg étant ainsi fixée nous pouvons dire qu'elle n'était qifun exemple de toute une famille d'églises de cette époque-là. D'autres recherches l'ont prouvé pour l'église Saint- Biquier. pour Fulda '(cons- truction de Baugulfe et Batger 790 à 817), A. Ilalberstadt l'autel de la croix était égale- ment au milieu de la grande nef. Nous nous dispensons de poursuivre les rapprochements V dans le domaine de l'histoire de ''la liturgie, pour laquelle le plan de Saint-Gall est un exemple classique. Une autre WALTER CATHÉDRALES CAROLINGIENNE ET ROMANE 373 question capitale surgit quant à la signification des absides occidentales que nous rencontrons jusqu'cà la basse époque du style roman, surtout en Germanie. Il nous est impossible de donner ici tous les détails des recherches minutieuses à ce sujet. Nous en communiquons le résultat valable tout aussi bien pour Saint-Riquier que pour Saint-Gai 1 et Strasbourg. Quelle que soit la raison qui ait inspiré le plan à deux absides opposées, orientale et occidentale, il faut mentionner qu'un pareil plan se compose en somme de deux églises soudées par l'extrémité et réunies en une seule, l'église conventuelle à l'est {dextera pars aedis), et l'église des laïcs vers l'ouest (laeva). Celte supposition est confirmée par une inscription sur le plan de Saint-Gai 1 où Vaditua populi est mentionné de ce c(Mé-Ià. Or, l'église de Strasbourg participe vraiment à la renaissance liturgique et par ce fait même à la renaissance artistique de l'époque de Pépin à Charlemagne. L'identité de son plan avec Saint-Gall et d'autres églises nous renseigne d'une façon définitive sur les dispositions générales, sur- tout sur l'abside occidentale occupée par saint Pierre. Est-ce une rémi- niscence qui revit au xiii^ siècle qui fait que nous trouvons encore aujour- d'hui cà l'intérieur du trumeau du portail occidental la statue du claviger saint Pierre. Passons trièvemeut à la seconde partie : la cathédrale romane de Stras- b(Hirg. Nous ne sommes pas assez renseignés sur le sort de la cathédrale carolingienne. En 1873 toutes les archives brûlèrent par inadvertance. En 1002 les Alamans saccagèrent et brûlèrent l'église de Strasbourg pendant la guerre civile entre Henri II et le duc Hermann de .Souube. Henri donnsi ensuite à l'évèque Werner /les revenues de l'abbaye Saint- Etienne pour la reconstruction de la cathédrale. Elle brûla de nouveau en 1007, ressus- cita des cendres en lOirj. Elle devint de nouveau la proie des flammes en 1136, 1140, 1150 et 1174. il serait fort intéressant de savoir quel fut l'aspect extérieur de la cathé- drale de Werner. Le tracé du plan nous préoccupe moins puisque les architectes gothiques se sont servis. des anciens fondements. Pour satisfaire à la curiosité sur la façade romane, on avait jusqu'à présent recours au sceau roman de la municipalité de Strasbourg connu de tout le inonde. Nous y voyons en etfet une véritable façade romane comme par exemple celle de l'église de Mannoutier avec tour carrée cen- trale flanquée de deux autres tours rondes destinées à r.'cevoir des escaliers tournants à gros noyau. Le tout repose sur un arc trilobé sur deux colonnes comme un portail dans lequel est assise la Vierge tenant l'enfant Jésus sur ses genoux. Deux considérations nous obligent pourtant d'abandonner ridée ([ue le sceau reproduisait la véritable façade de Strasbourg. Dans un travail que nous avons publié en 1918 dans les Cahiers d'Archéologie et ((Histoire d'Alsace sur ce sceau nous avons pu démontrer que })our les o74 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE parties architecUirales il s'agit d'un mélange arbitraire de formes prises de Tarchitecture militaire et religieuse pour symboliser par une sorte de paléographie l'élément religieux et séculier. En plus il se trouve aux archives départementales du Bas-Rhin un sigillé identique de provenance inconnue avec saint Pierre à la place de la Vierge. Quand enfin nous constatons que les lignes en pente derrière les tours n'indiquent ni des arcs-b(mtants ni la toiture mais l'enceinte qui fait d'une façon discrète le tour de la ville, nous n'insisterons plus sur la valeur archéologique de ce sceau pour la façade romane de notre cathédrale. Voici le résultat de nos recherches : il est positif quant à la cathédrale carolingienne, négatif quant à la façade romane. La première se range parmi une série d'églises à plan bien déterminé, pour la seconde ni les recherches littéraires ni les fouilles ne nous fournissent assez de détails pour reconstruire la façade romane. L.-(i. \\i:h\ek, Multiousp. LA VOIE ROMAINE DES VOSGES DANS LA HAUTE-ALSACE ■Kj Juillet. Le département du liaul-Khin possédait à l'époque romaine trois lignes principales et parallèles de communication; l'une longeait les bords du Rhin, l'autre l'Ill et la troisième les sous-collines vosgiennes. La première, partant d'Augusta Rauracorum (Bàle-Augst), traversait Cambes (Kembs), Stabula (près de Ranzenheim) et le Mous Brisiacus (Vieux-Brisach), cités par l'Itinéraire d'Autonin, ainsi que quelques halles intermédiaires, telles que Rumersheim-Burghof, Edenbourg et Grussenheim, riches en antiquittVs romaines. La seconde, venant d'Arialbinnum (Binningen?) longeait le castel de Robur (Blotzheim-Notre-Dame?) (1) et passait parUruncis (Illzach?) (2) et Argentovaria (Horbourgi: la troisième touchait les castella de Larga et d'Eguisheim. (1) Pèlerinage très iiv(|uenté et le s-citl qui s'appelle en Alsace en latin Shiikui Marin. ad Rohiir. (2) L. G. Werner. — Mulhouse et ses environs à l'époque romaine. Bull. Musée hist. Mulhouse. 1912. L. G. Werner. — L'arrondissement de Mullîouse à Tépoque romaine. Bull. Musée hist. Mulhouse. 1913. L. G. Werner. — lllzach à l'époque romaine. Bull. Musée hi.'it. Mulhouse. 1919. L.-G. WEUNER — L.V ^ OIE ROMAINE HES VOSGES 573 Une quatrième ligne importante communication coupait le Sundgau en largeur et reliait la Séquanie au pays des Uauiaques. Elle partait de Vesontio (Besançon) et se dirigeait par E[jomanduo (Mandeure) et Larga (près de Largitzen) vers Arialbinnum et Canibes. En(\n une cinquième ligne de tralic se délachait de la roul(^ des Vosges près de Schweighausen (tour allerparlevicusde Wittels heim au Mons Hrisiacus (1). La voie romaine dite des Vosges est cerlainementnnedes plus anciennes de la haute Alsace. Partant des bords de la Méditerranée (Massilia, Mar- seille) elle traverse la vallée du RluMie et rentre par celle du Doubs à Vesontio, d'où elle prend la direction d'Ejjoinanduo. Dans le voisinage d'Audincourt elle se divise en deux branches, l'une allant vers Larga sous le nom de chemin de Jules César et Vilenti (via Lentuli), l'autre vers Bro- gnard par Etupes. Elle suit, après Tréludans, la rive droite de la Savoureuse, contourne Belfort et se dirige vers Valdoie, où elle se confond avec la voie (?) venant de Chnmpagney. D'ici elle change de direction en appuyant fortement vers !e nord-est ; quoique aucune trace n'en soit restée, il y a lieu de croire qu'elle traversai! la foret d'Arsot près d'Oliemont, riches en ruines et en objets romains (2). Visible entre Rojipe et Saint-Germain, elle se perd dans la l>anlieue de Félon, mais il est certain qu'elle empruntait au delà de cet endroit la grande route actuelle, et entrait en Alsace par le llerrenw^ald. De Valdoie jusqu'à la frontière on a trouvé dans le voisi- nage du parcours de la voie des médailles et des antiquités romaines. A pai'tir de son entrée en Alsace la l'oute romaine prend le nom de Herrermey, qu'elle conserve jusqu'à Soppe-le-Haul. Dans les environs de ce village on a découvert, vers 18(3(1, une colonne milliaire qui malheureu- sement n'a pas été conservée (3) . Soppe-le-Haut, situé sur une grande route de communication, était à l'époque romaine un point de croisement d'une certaine importance. Près de cet endroit al)outissait la voie qui partait de Gramatum (4), passait par Dirlinsdorf, longeait le castelkun de Larga à l'est et traversait Danne- tnarie. Elle se confond sur une grande partie de son parcours avec la route vicinale moderne et porte encore auj(^)urd'hui le nom de Herrenweg, sauf entre Dirlinsdoi'f et Moos, où elle s'appelle Totenweg (chemin des morts) (5). . • ' Les traces de la grande voie l'omaine redeviennent visibles après Soppe- le-Haut; les villageois connaissent la route sous les noms de R. 99. (9) G. Stoffel. — D'utionnaire topoqr. du Haul-lihin, 1876, p. 10; Kr.4US, Op. cit. p. 494. 19 578 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Lo Bollenberg, situé à l'est de la vieille route de la poste a fourni des découvertes de toutes les époques. Mentionnons spécialement de l'ère romaine un grand nombre de médailles de Gallien, de Tétricus, de Claude II, de Viclorin, de Constantin P'' et II, quelques fdjules en bronze et divers autres objets (1). A partir de RoufFach (Rufîana de Ptolémée?) d'où nous connaissons quelques trouvailles romaines isolées, la voie redevient visible ; sous le nom de chemin des Romains elle traverse en ligne droite les prés et les bois et débouche près de la tuilerie de Hattstatt. Elle disparaît ensuite à nou- veau sur une courte distance, sans doute couverte par la voie moderne, et reparaît, sous le nom de « Herrenweg », puis de Altstrasse (vieille route) à quelques cents mètres avant Eguisheim. Gueberschwilir, à gauche de la voie, a fourni quelques médailles ro- maine dont deux pièces en argent de Vespasien et d'Antonin (2). A Hatt- statt, situé sur la voie même, on a découvert, vers 1850, lors de la répa- ration de la conduite d'eau, les restes d'une conduite romaine en tuyaux de (erre cuite, dont quelques-uns portaient l'estampille du potier Carpi- nius (8). Sous le nom de Altlandstrasse la voie romaine traverse la commune d'Eguisheim, passe à la droite du castrum (4i, croise le Malzbach, tourne autour de l'angle nord-est de l'enceinte et reprend sa direction vers le nord. Prévenu par le directeur de la tuilerie d'Eguisheim de la découverte d'un ancien chemin dans une glaisière, nous avons vérifié sur place ce tronçon qui forme la continuation directe de la AUIanistrasse à partir de l'angle nord-est .du castrum. Celte nouvelle voie se trouve à environ 200 mètres à l'est du chemin départemental, qu'elle suit presque parallè- lement. Couverte de 70 à 90 centimètres de terre végétale, sur une largeur d'environ 0 mètres, elle se compose de trois couches nettement visibles dans une coupe de près de 20 mètres de longueur. Le lit inférieur, placé sur l'argile, montre un cailloutis compact; le second est formé de tuiles et de briques cassées, entourées de mortier, tandis que le supérieur, l'aire ou le maca- dam de la voie, est construit de pierres taillées de grès, de gros cailloux plats, bien posés et de pierres calcaires, provenant sans doute du Buhl, au sud-est d'Eguisheim ou de la colline dite Sundel. Au pied du Buhl et à quelques mètres seulement de la vieille route départementale. K. Gutmann a trouvé les traces d'un chemin plus ancien, peut-être celtique; il en concluait que la route romaine fut placée vers la (1) F. Kessler. — Le Bollenljer;j-. Bull. Soc. Ind. de Mulliousc, ISS'i, \k ~>2\. (2) Bull. Soc. Monumenls li ht. d'Alsace, t. XIII, 2 P.V., p. '.H). (3) Schoepflin-Raveinez. — L'Alsace illustrée, t. III, p. 159. (4) Le castnim d'Eçiuishciin a la forme d'un carré aux angles arrondis, mesurant en longueur et en largeur env. 18it mètres. Les traces d'une tour carrée ont été tiouvées au nord-ouest. Tous les détails concernant cette importante station sont consignés dans le travail de K. Gutmann, Egimheini. Bull. Soi-. Monuments Itist. il'Alsace. XX, 1. ■ Suppl. L.-G. WERNER L.\ VOIE ROMAINE DES VOSGES 579 gauche pour passer directement sous les murs du castrum (1). Au delà elle rejoignait à nouveau l'ancienne voie. Il est certain que la roule des Vosges était déjà avant l'arrivée des Romains en Alsace une artère importante, utilisée par les Gaulois. Elle fut partiellement reconstruite par les Romains selon leurs besoins, surtout pressanlsà Eguislieim, oùaboutissaientdeux autres voies transversales, l'une militaire, l'autre commerciale, venant du Mons Rrisiacus. D'après le tronçon de cette nouvelle route au nord d'Éguisheim, il est hors doute que les Romains ont recherché une communication directe avec Colinar-Hoiijourg, tout en laissant subsister l'ancienne voie celtique ou gauloise. Déviant légèrement vers l'est, elle s'est retrouvée à quelques cents mètres de notre emplacement lors de travaux agricoles, ce qui prouve qu'elle maintenait bien la direction mentionnée auparavant, pour aboutir à l'ouest de Colmar, rejoignant ici la voie de Mons Brisiacus-Argento varia (Horbourg)-ïiirckheim. Ce dernier endroit a fourni une série de décou- vertes romaines, assez conséquentes, poury supposer l'existence d'un ou de plusieurs établissements de cette époque (2). Tout en laissant A\'ettolsheim et Winzenheim à l'ouest, la grande voie celtique- romaine croise le sentier dit c chemin des Francs » qui se dirige vers Turckheim : elle traverse ensuite la Fecht à l'est d'Ingersheim et coupe, à la droite de Sigolsheim, le chemin gallo-romain de la vallée de la VVeiss (3). . Entre Wettolsheim et Ingersheim la voie romaine se confond avec la route moderne, mais après ce dernier village on peut à nouveau la suivre à travers les vignes et les champs. Entre Sigolsheim et Bennwihr elle se perd une seconde fois, sur une courte distance, sous la route moderne et continue ensuite, en sentier bien dessiné et légèrement surélevé, jusqu'à l'ouest de Bergheim, où elle est couverte, sur une centaine de mètres, par le chemin vicinal. Après la ferme dite Langen-Schloessle, la voie suit en sentier et sous le nom de Romeî'stross (chemin des Romains), le chemin de communication des villages de Rohrschwihr et de Saint-Hi[»polyte et passe, toujours bien visible, dans la basse Alsace. Presque tous les villages situés, depuis Wettolsheim, sur le parcours ou dans le voisinage de la voie, ont fourni des découvertes romaines. Nous connaissons ainsi de Wettolsheim, de Rennwihr et de Beblenheim des trouvailles isolées et de Mittelwihr une inscription romaine, trouvée dans (1 ) K. GuTMANN. — Eguisheim. Op. cit. p. 68-69. (2) Bull. Soc. Monumenls hist. d'Alsace, t. III, 2, p. 110-115. (3) L. G. Werner. — Les traversées des Vosges à l'époque romaine dans la Haute- Alsace. Revue d'Ahaœ, 1911, p. 39. — Un tronçon de voie, découvert près de Hachi- melte, était pavé de grosses dalles, dans lesquelles se distinguaient nettement les ornières des voitures. o80 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE la tour de l'église, démolie en 1867; elle est datée de l'an 1204 après Jésus- Christ et dédiée à la déité d'une source (l). A Ribeauvillé et dans ses envi- rons on a rencontré fréquemment des médailles romaines, tandis qu'au nord-ouest de Bergheim on a découvert, en 1848, au canton dit Frohne, la belle mosaïque, transférée depuis lors au Musée de Colmar (2). Elle pro- venait sans doute d'une somptueuse villa avec dépendances, dont on trouva des restes de construction, des fragments de marbres, des poteries, des tuiles à rebords, des tuyaux et des conduits de chaleui-, des enduits peints, des fragments de verre, des clous, des outils, des objets en bronze^ des monnaies de Vespasien à Constantin et une intéressante statuette en bronze, d'une hauteur d'environ 10 centimètres, représentant Mars casqué. Mentionnons encore, pour terminer, les deux colonnes-indicatrices dites Steinerne Slûlz (appui en pierre) et Zollstœckel (arrêt ou marque de douane), que la tradition fait remonter aux païens. La première, en grès^ rouge, de forme carrée et mesurant en hauteur r",40, se trouve à la droite de la voie romaine, au croisement de celle-ci avec le chemin vicinal de Rohrschwihr (3), la seconde, en granit porphyroïde, de forme cylindrique sur base carrée et d'une hauteur de l'",70. à gauche de la voie, n l'inter- section de trois routes (4). Il est regrettable que nous ignorons tout de la colonne milliaire qui existait à Soppe-le-Iïaut et qui est restée la seule signalée dans le sud de l'Alsace: mais il y a lieu de croire qu'elle ressemblait à celles de Saint- Hippolyte. On se trouverait donc en présence de pierres-guides ou de pierres indicatrices d'un caractère spécial, jilacées à dislance le long des voies- romaines et qui mériteraient, pour cette raison, une attention particulière. Des trouvailles analogues fomniiront peut-être peu à peu les éléments nécessaires pour une étude approfondie de ces monuments, que M. Forrer a déjà essayé i\ expliquer et à grouper (o). (1) Corp. imcr. lui., t. XllI, 5330. — fi/we. Dus rhein. Germanien, t. II. 2088. (2) Bévue tl'Almce, 1850, p. 143-431. — Schoepfli.n-Uavenez. Op. cit.. t. III, p. IGl, pi. XVI. (3) A 325 mètres au sud du point 192, carte Sélestat, 3645. (4) Point 189, carte Séle^tai, 3645. (5) R. FoRiiEK. — Els. Meilen v. Leugenf. Jnlnh. f. Sprachc, Gcs-hirlilc ii. Lille ratiir in Elu. Lothr, 1917, p. 29-33. E. WICKERSHEIMER NOTES DE JEAN HERMAiNN 581 M. LE D' Ernest WICKEKSHIi:iMER, Administrateur de la Bibliothèque de Strasbourg. LES NOTES DE JEAN HERMANN SUR LES CABINETS DE CURIOSITÉS QU'IL VISITA A PARIS (1763-1764) 92 (HermannJean) 26 Jiiillel. Jean Hermann médecin et naturaliste, né à Barr en 1738, mort à Stras- bourg en 1800^ peut être considéré comme le fondateur du Musée d'his- toire nalurelle de Strasbourg, car ses collections particulières constituèrent le noyau primitif de ce musée. Ayant, le 22 octobre 1762, soutenu devant la Faculté de médecine de Strasbourg sa thèse inaugurale, le docteur frais émoulu hésitait quelque peu entre la carrière d'un praticien et celle d'un professeur. Avant de fixer son choix sur Tune ou sur l'autre il résolut de passer quelques mois à Paris (1), afin de perfectionner ses connaissances en fréquentant les éta- blissements scientifiques de la capitale du royaume. A peine débarqué, notre jeune provincial fut atteint d'une fièvre ner- veuse. Il se rétablit mais perdit toute envie d'aller respirer l'air vicié des salles d'hôpitaux ; peut-être ce fâcheux début de son séjour aux bords de la Seine a-t-il contribué ainsi à le détourner de l'exercice de la profession médicale et l'a-t-il décidé à suivre son penchant pqin- l'histoire naturelle. Bien que sa bourse fut peu garnie — Jean Hermann resta pauvre sa vie durant — il assistait volontiers aux ventes à l'encan lorsqu'un cabinet d'histoire naturelle venait à être dispersé et il trouva ainsi l'occas-on d'accroître ses collections de quelques bonnes pièces. Il rapporta aussi à Strasbourg des notes restées inédites jusqu'à ce jour sur les cabinets de curiosités qu'il visita à Paris. Ces notes, où on regrette de ne pas trouver la description du Jardin du Roi, couvrent les feuil- lets 6-16 du manuscrit xVls. 293 de la Bibliothèque universitaire et régionale, montrent que leur auteur, tout passionné qu'il fût pour les choses de la nature, n'était pas insensible aux séductions de l'art. Outre une brève notice sur l'église du Val-de-Gràce, on y trouve l'énumération des principales curiosités qu'ont offertes à ses yeux six cabinets pai'isiens. (il Lauth (Thomas). VUa Joltdiinis Ueniunin. Argentorati, typis fratrum Levrault,anX (1801), in-S", p. 12-14. 582 HISTOinE ET ARCHÉOLOGIE 1" Le cabinet de Jean de Julienne (1680-1766), écuyer, chevalier de Sainl-Michel, amaleur honoraire de l'Acadéniie de peinture, ami et pro- tecteur de Watteau : Propriétaire des manufactures de draps fins et écartâtes des Gobelins. et non pas, comme on l'a dit à tort, directeur de la manufacture royale de tapisseries étal)lie dans le même quartier. Les collections, auxquelles Clément de Ris a consacré un chapitre de son ouvrage Les Amateurs d'autrefois (Paris, Pion, 1879, in-8", p. 287 et suiv.), n'occupaient dans riiôtel de la rue des Gobelins pas moins de six pièces dont une grande galerie. Elles offraient moins 'de curiosités naturelles que d'objets d'art; parmi les peintures, Hermann, que les Watteau ont laissé indifférent, cite les œuvres de M"'' Rosalba, de Carrache, de Rubens, de Vanloo et de Raphaël, une Chasse, probablement celle de Woumans (jue le Louvre finit par acquérir, un portrait de Largillière par le peintre lui-même cpie M. de Julienne légua à l'Académie de peinture. 2" Le cabinet de la Bibliothèque de Sainte-Geneviève, qui, à la fin du xvn® siècle fut l'objet d'une l)elle publication illustrée duc à Claude Du Mo- linel (Paris, A. Dezallière, 1692, in-folio). 3° Le caliinet, riche en ]>lantes et animaux marins, du naturaliste Henri-Louis Du Haniel du Monceau (1700-1782), qui habitait au quai d'Anjou. On y voyait aussi : en petit des modèles de charrues, macliines. maisons, travaillés en bois qui avaient été collectionnés par Du Hamel en vue de ses puiilications sur les arts et les métiers. 4" Le cabinet d' Antoine- Joseph Dezallier d'Argenville (1680-1765), qui habitait rue du Temple, La première porte cofhère après la rue Pastourelle. M. d^Argenville, dit Hermann, est un homme âgé, roux, il a l'ouïe grave, est fort affable et montre volontiers ses curiosités, mais il en fait grand cas et dit à chaque pièce combien il lui a coîité d'argent et de peine pour l'avoir. » Antoine-Josej)h Dezallier d'Argenville a laissé des ouvrages sin- la géo- logie et la conchyliologie, ainsi qu'un Abrégé de la vie des plus fameux peintres; aussi dans ses collections l'histoire naturelle faisait-elle bon ménage avec les beaux arts. 5° Le cabinet du séminaire de Saint-Sulpice était confié au bibliothé- caire, M. Moiru, Homme fort poli. Jean Hermann y admira surtout Huit groupes d'une belle incrustation de l'Hydrocératopliyllon que M. l'abbé trouva dans une grotte à Issy, à une lieue de Paris et que l'on ne trouve, point ailleurs. FLORANCE — LE MORTIER GAULOIS EN PIERRE 583 6° Le cabinet de M'"*' de Boisjo'irdain était dans la rue Saint-Marc. Sa pièce la plus remarquable était une étoile marine que fit graver M. Guet- tard {Histoire de l'Académie royale des sciences, année 1755... mémoires, p. 224-263, pi. 8-10), et à laquelle Linné donna le nom de Isis asteria. Le manuscrit Gall. 70 de la Bibliothèque universitaire et régionale de Stras- bourg (II, mollusques, pi. 36-38) nous apprend que cette étoile marine, du cabinet de M""' de Boisjourdain passa successivement dans ceux du naturaliste péruvien Davila, du financier Moniribloud et de Philippe- Lan - rer^t de Joubert, baron de Sommières et de Montredon . M. FLORANCE, Président de la Société d'Histoire naturelle de Loir-et-Cher, Blois. LE MORTIER GAULOIS EN PIERRE POUR BROYER OU MOUDRE LES GRAINS 571.27(364) S!7 Juillet. En Gaule, le moulin circulaire à bras n'a pas succédé immédiatement à la meule néolithique, si primitive, pour broyer les grains. Pendant VAge du Fer, tout au moins à l'époque gauloise et peut-être déjà à l'Age dit. Bronze, sinon au Néolithique, il y eut une autre manière d'écraser le grain, en se servant d'un mortier de pierre, que j'appellerai mortier gaulois, parce que, à mou avis, c'est surtout à l'Age du Fer qu'il a été employé d'une manière générale. On pouvait alors, avec un outillage en métal plus perfectionné, creuser facilement la pierre; la plupart du temps, du reste, on a utilisé de préférence le grès ou la pierre tendre. Comment se fait-il qu'aucun préhistorien n'ait signalé l'emploi du mor- tier de pierre? .le ne connais aucune publication traitant ce sujet. Il est vrai qu'il reste peu de ces ustensiles dont on a dû briser, par usure, le plus grand nombre et qu'on les a souvent confondus aussi avec des vases d'époques postérieures. Au surplus, on ne trouve pas davantage de meules néolithiques qui paraissent cependant, avoir été employées pen- dant un plus long temps. Déchelette, dans son Manuel d'Archéologie, ne cite point de mortiers en pierre. Il n'en est pas question. Je suis cependant fixé depuis longtemps sur ce point, car en 1909, dans la 3" partie de mon travail sur le Classement des Camps, Buttes et Enceintes du Loir-et-Cher, présenté au Congrès préhistori(]ue tenu à Tours, en 1910, note n" 183, sur l'enceinte du Chàtellier, j'ai signalé la trouvaille 584 HISTOIKE ET AKCHÉOLUGIE que j'ai faite d'une pierre creusée ayant dû servir à écraser le grain, à l'époque j) réromaine, en Gaule. La guerre m'a eiupèché de signaler une trouvaille analogue ()ue j'ai faite à Villefranche-sur-Cher. Depuis, mon opinion s'est appuyée sur bien d'autres cas, ayant pu dresser un relevé des mortiers et des molettes ou broyeurs recueillis en. Loir-et-Cher. Les broyeurs pour mortiers sont généralements petits, tantôt plats et arrondis sur les côtés, tantôt presque ou complètement sphériques, parfois en forme de pilon; ils diffèrent sensiblement des broyeurs néolithiques, dont la longueur. 20 centimètres en moyenne, est sensiblement égale à* la largeur de la meule; la largeur des broyeurs est de 10 à 15 centimètres. Les petits broyeurs pour mortiers, qui ont de 6 à 8 centimètres de dia- mètre auraient fait de l>ien piètre besogne sur les meules néolithiques, pour lesquelles ils n'avaient jjas besoin d'être arrondis, ni surtout d'être sphériques. Un long examen n'est pas nécessaire pour être convaincu que les petits broyeurs n^étaient pas destinés aux meules néolithicfues. Au contraire, dans des mortiers ou vases en pierre, leur forme était en rapport avec l'usage auquel ils étaient destinés : les broyeurs plats et arrondis sur le pourtour étaient destinés aux mortiers à fond i)lat: ceux qui étaient sphériques ne pouvaient être employés que dans les mortiers ou vases à fond concave ou hémisphérique. Rien n'est plus évident. Cependant, dans toutes les collections que j'ai visitées, les écrasoirs gau- lois sont classés parmi les broyeurs néolithiques (1). Un des broyeurs, et je n'en ai vu que deux de ce genre, a la forme d'un pilon et c'est un des rares broyeurs trouvés avec le mortier, dans une sépulture à Artins (Loir-et-Cher). Un autre broyeur est formé d'une moitié de hache polie en silex, dont le tranchant, en arc. a été transformé en écrasoir; il n'a pu être utilisé que dans un mortier concave. Ce broyeur a été trouvé à Chandry, commune d'Ouzouer-le-Marché. De plus il existe au musée de Blois deux haches polies en diorite, intactes, dont toutes les parties sont bien polies et finies saufce qui devrait être le tranchant, qui est rectiligne mais arrondi et épais intentionnellement comme pour un pilon. .J'en connais une autre, dans une collection particulière, hache polie en silex, très bien finie sauf le tranchant en arc, qui a 2 centimètres d'épais- seur et n'a pas plus servi que les précédentes, ^e serait-ce pas dans le but d'en faire des broyeurs, de véritables pilons? Je le crois (1). (1) Après la rédactiop de ma coiiinuinication, j'ai eu l'occasion de voir la Ijelle et importante collection de mon ami, M. Fntvchet et j'y ai observé deux mortiers en cal- caire provenant de la staMon néolithique qu'il a découverte sur le plateau de Tripiti (sur la côte nord de la Crète), station qu'il a publiée dans la Heviie Anthropologique, 24" année, 1914 et dans les Nouvelles Anhires des Missions scientifiques, fascicule 15, année 1916. Tout en faisant remarquer qu'il ne s'agit pas là de mortiers utilisés en Gaule, il est bon de noter que l'usage des mortiers paraît foi't ancien dans le bassin égéen. FLOHANCE ' — LE MOIITIEU GAULOIS EN PIERRE J'ai pu coustalier que deux mortiers gaulois provenaient de deux enceintes gauloises : l'un recueilli par mon excellent ami, M. Renault d^ns l'enceinte de Neufinanoir qui lui appartient, commune de Danzé, iV 158 de ma série; l'autre dans l'enceinte du Cliâlellier, commune d'Autainville, note n" 183 de ma série, déjà citée. Ce mortier, en calcaire, servait d'abreuvoir aux poules depuis un temps immémorial, je n'ai pu l'obtenir pour ce motif. Plusieurs mortiers sont en pierre étrangère au pays, ainsi que certains broyeurs, introduits en Loir-et-Cher par le commerce. J'ai noté qu'il avait été trouvé en Loir-et-Cher seize mortiers entiers de formes et de dimensions très diverses, et quatre gros fragments : deux sont en. poudingue, deux en calcaire, deux en pierre poreuï-e et les autres en grès. Trois sont ou étaient à fond plat et à bords intérieurs droits, les autres à fontl concave. J'ai noté aussi soixante-deux broyeurs ou mcflettes, arrondis ou sphériques à peu près. Pour permettre une ctunparaison, je dois dire que je n'ai constaté en Loir-et-Cher que huit meules néolithiques entières, trente-huit fragments, dont plusieurs appartenaient aux mêmes meules usées et vingt-huit molettes. Discussion. — M. L. Franchet : La première idée de creuser une cupule dans une pierre, pour faire de celle-ci un mortier, est fort ancienne et l'on se sou- vient des nombreux mortiers trouvés à la Madeleine, aux Eyzies, à Laugerie, etc. M. de Morlillet en a du reste parlé dans sa Préhistoire. Ces mortiers, ordinaire- ment en roches dures, quartzite, grès ou granité, paraissent avoir été utilisés pour le broyage des couleurs. Au Néolithique, Thomme a certainement fabriqué des mortiers que nous retrouverons sans doute lorsque nous les rechercherons spécialement et surtout lorsque nous pourrcms les dater. En tous les cas, les mortiers semblent bien avoir été connus en Crète, à cette époque, car j'en ai trouvé deux dans la station néolithique de Tripiti qui n'ont pas du tout la même facture que ceux, assez abondants, de l'âge du Bronze. Ils sont creusés dans un bloc de pierre calcaire qui est resté brut extérieurement, tandis que ceux de Tàge du Bronze qui affectent souvent la forme d'une coupe surbaissée reposant sur trois pieds robustes ménagés dans la masse du bloc. Le plateau de Tripiti qui a été occupé au Bronze IV, m'a donné également les mortiers à pieds, si caractéristiques de cette époque, en Crète. Les pilons sont parfois diiliciles à distinguer, car en Crète comme en Egypte, ils se confondent avec un grand nombi'e d'instruments en pierre dont l'usage est encore mal défini. Cependant, les pilons ronds, cyhndriques ou piriformes, bien déterminés, sont communs; il en est de même des écrasoirs rappelant, par leur forme, une hache polie dont le li-anchant aurait été brisé. Quant à la meule néolithicpic, pierre oblongue, légèrement concave, elle e&l excessivement comnmne en (]rète et en Egypte où on la trouve Jusqu'à l'époque romaine, en même temps que tous les autres types de broyeurs y compris les mortiers. 586 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Je pense qu'on pourrait retrouver en France, si on les y recherchait, un ,i,q-and nombre de mortiers antérieurs à l'âge du ter : la grande difficulté est de leur assigner une date. Je souhaite que les trouvailles faites par M. Florance suscitent, pour le Congrès de 11)21, de nouveaux travaux sur la question du broyage au moyen du véritable mortier. M. BES.NIRR, Professeur à l'Université de Caen. LE NOM D'ALSACE, ALESIA ET LE DEUS ALISANUS 41.2(43.445) 28 Juillet. (résumé) Des travaux récents ont remis en question Tétymologie du nom de l'Alsace. L'explication par les racines germaniques ali et sass signifiant « établissement à l'étranger » est définilivcment abandonnée par les Allemands eux-mêmes. La forme latine Alisatia semble la plus ancienne et dérive sans doute, elle-même, d'un nom antérieur, celtique ou peut-être préceltique. On ne saurait préciser s'il faut en chercher l'origine dans un nom ancien de l'ill, AUsaca, ou dans un nom de pays, Alisacum, Quoi qu'il en soit, la racine commune paraît être aies ou alisà laquelle se rattachent d'une part le nom du deus Alisanus récemment étudié par M.Tou- tain et d'autre part des noms de localités comme Alesia. Le nom de l'Alsace appartient donc à la même famille que celui de la dernière citadelle de l'indé- pendance celtique. M J. GAUÏIICHON, Argelès-Gazost (Hautes-Pyrénées) SÉPULTURE MÉROVINGIENNE DE LA NÉCROPOLE DU MONT SAINT-JEAN 28 Juillst. 571.91 (44.382) Parmi les cimetières d'autrefois que les générations nouvelles, pressées d'oublier et de vivre, ont recouvert hâtivement de maisons, de jardins ou de cultures, la plupart n'ont pas môme laissé dans le cadastre le souvenir de l'emplacement où ils s'élevaient, et, si cet emplacement pour quelques- mis a pu être retrouvé, on le doit presque toujours au hasard plutôt qu'aux recherches des érudits. J. GjVURICHON — SÉPULTUnE MÉROVINGIENNE 587 C'est ainsi qu'au cours de l'élé 191o, pendant l'exécution des travaux de défense, exécutés par les armées |)0ur creuser des tranchées sur le mont Saint-Jean, à l.oOO mèlres N.-E. de Sivry (Meu]the-et-Moselle), région l)ien connue sous le nom désormais célèbre de Grand-Couronné de Nancy, la pioche a mis à découvert toute une nécropole mérovingienne. Rien jusque là n'avait laissé supposer pareille trouvaille si importante et que recouvrait au loin un champ dénudé; dans le voisinage, il faut le rappeler cependant, au mont Toulon, des archéologues avaient, disait-on, autrefois mis à découvert des remaniements de terrains, mélangés de. menus débris de poterie, de fragments; tout cela avait complètement dis- paru depuis. I! ne faut point s'étonner de cet oubli : les monuments funéraires de l'époque mérovingienne ne consistaient-ils pas le plus souvent, même pour les rois de la dynastie, qu'en une grande pierre taillée en forme de voûte? Les tombeaux ne portaient prescjue jamais au dehoi's ni inscrip- tions, ni ornements sculptés : c'était dans l'intérieur du sépulcre qu'étaient gravées des ép'taphcs, dont plusiem's ont été découvertes et parfaitement déchiffrées. On croit même que cet usage doit être attribué à la nécessité, évidente à cette époque, de soustraire les tombes à la rapacité des bar- bares qui violaient les sépultures, pour dépouiller les morts illustres des armes, des bijoux et des vêtements précieux que l'on avait coutume d'ensevelir avec eux. On avait peut-être aussi l'intention de dérober aux effets des révolutions de palais et des agitations des leudes, si fréquentes pendant cette période, ce dernier asile des grands qui n'était pas toujours respecté. Le fait est que, dès les premières découvertes opérées sur le mont Saint- Jean, cette nouvelle, colportée par les journaux, iittiia sur les lieux de nomi)reux archéologues et curieux, malgré les préoccui)ations de l'heure critique en présence de l'invasion allemande. Malheureusement chacun ayant voulu s'approprier des objets trouvés, ceux-ci furent bientôt disper- sés un peu partout et échappèrent à une étude d'ensemble de la nécro- pole. Quelques communications ont bien déjà paru dans des revues scien- tifiques sur ce sujet, il a paru néanmoins utile de les compléter en livrant à un sérieux examen les objets trouvés en particulier lors de la construc- tion d'un emplaceuient de batterie par M. le capitaine d'artillerie Plaisant, à l'amabilité duquel je dois de posséder dans mes collections la plupart du mobilier décrit. En passant, il me sera permis de dire pourquoi des travaux militaires importants furent entrepris à cet emplacement. On sait que la Lorraine repose sur une ancienne pénéplaine qui allait de l'Ardenne aux Vosges inclusivement. Toute cette région était presque horizontale à l'époque du permien supérieur, au début de l'époque secon- daire, puis elle a été légèrement plissée pendant les épo({ues secondaire et tertiaire. 588 HISTOIKK ET ARCHÉOLOGIE La plaine primitive s'est ainsi transformée en terrasses inclinées vers Paris, mais dont les bords Est formèrent corniches au-dessus des vallées concentriques au bassin de Paris. 11 serait superflu de détailler ici les divers étages sédimentaires qui affleurent dans la région; il suffira de dire que c'est sur une de ces terrasses du sinemurien que s'élève le mont Saint-Jean, dont le sommet atteint l'altitude de 423 mètres et dont le massif d'ensemble a reçu le nom de Grand-Couronné. On conçoit facilement l'importance stratégique de cette position, qui, de tout temps, a dû la faire recherciier pour opposer résistance à tout envahisseur venant de l'est. Les travailleurs militaires avaient déjà depuis quelques jours entamé la pente de la colline; le sol était très dur; bien en place, il ne laissait rien soupçonner encore, lorsque, parvenus à une profondeur de l^.rjO, les ouvriers furent arrêtés dans leur creusement par de larges dalles de pierres de calcaire tendre (tuffeau?), étrangères à la région; les travaux se pour- virent avec précaution et le déblaiement des terres fit apparaître plusieurs tombeaux en pierre, plus ou moins réguliers ; leur nombre exact n'a pu être relevé. Quelques ossements demeuraient encore dans leur position anatornique ; tous les corps paraissaient avoir eu la même orientation : les pieds à l'est et la tête regardant ainsi le soleil levant avec une légère déclinaison, variation due sans doute à l'époque du solstice au moment de l'inhu- mation. Toutes les tombes étaient à une profondeur variant de 1"',50 à i"',7o et plus; plus celles-ci étaient riches en mobilier, plus la terre était fine et noire. Le fond d'une des fosses se trouvait rainé d'une rigole ou gouttière creusée dans le calcaire, le long des parois et correspondant à un petit fossé plus profond aux pieds du squelette; c'était probablement pour l'assainissement de la fosse contre l'eau des pluies. Un sarcoj)hage plus grand, de facture plus soignée et en meilleur état, se distinguait des autres. Construit en pierres sèches, ornementées de dessins à stries, il avait l'aspect d'une caisse grossière; une longue pierre, de même nature, légèrement bombée et piquetée comme une pierre de taille, lui servait de couvercle. Bien que plusieurs des pierres, formant les bas côtés, fussent brisées en morceaux, la sépulture ne paraissait pas avoir été violée; le squelette reposait, étendu sur le dos, les jàmbés allongées, le bras gauche étendu le long du corps, le bras droit ramené sur la poi- trine, fracture très marquée au-dessus do l'arcade souicilière gauche. C'était le corps d'un homme de très grande taille, bien au-dessus de la moyeime et pouvant atteindre 2 mètres environ. Autour du cou étaient répandus des grains colorés en bleu et vert, tiranslucides, de la grosseur d'un pois et percés d'un trou par le milieu; vraisemblablement ces grains avaient dû appartenir à un collier en ver- J. GAURICHON — SÉPULTURE MÉROVINGIENNE 589 roterie ; parmi eux oii ramassa aussi une grosse perle "d'ambre jaune rou- geâlre, également perforée et ressemblant à un grenat. On sait que l'ambre jaune a joué un grand rôle dans les temps anciens et même dans la préhistoire. On l'a trouvé souvent, en eflét, sous forme de perles déjà, principalement dans les sépultures néolithiques et de l'âge du bronze en Danemark, en Angleterre, en Suisse, en Allemagne et en Italie. Or, on ne connaît pourtant en Europe que deux dépôts naturels de cette matière : en Sicile et sur les bords de la mer Battique. Il n'est jamais question du premier dans les auteurs anciens; au contraire, ceux-ci, entre autres Tacite, indiquent nettement que l'ambre vient du nord de l'Alle- magne. De ce fait faut-il conclure que l'antiquité tirait de ce côté l'ambre qu'elle employait et que le système d'échange continua entre ces pays et les populations de la Ballique. A mon avis, il n'y a pas de doute. Les traces de parure indiquaient sûrement qu'on se trouvait en présence d'une sépulture appartenant à la classe riche ; malgré cela, aucun débris de poterie, ni fibule n'y a été trouvé. Près du poignet droit, sur la poitrine, se trouvaient encore quelques grains verts et bleus, mélangés à des grains noirs ; tout donne à penser que ces grains entraient dans une parure, du genre de celles dites pecto- torales dont la perfection serait étonnante si on ne songeait aux procédés pourtant si simples de confection et de coloration des perles. Pour obtenir ces dernières, on soufflait de petits tubes de verre; on colo- rait ces tubes en rouge, en vert ou en bleu, avec les oxydes métalliques appropriés; puis les tubes, coupés en morceaux juste aussi grands que leur diamètre intérieur, étaient jetés dans un récipient contenant un mé- lange de poussière de charbon et d'argile; retournés sans cesse sur le feu, ils perdaient leurs aspérités et leurs extrémités se ramollissaient. Retirés du feu, on les séparait de la poussière d'argile et de charbon, en les polissant dans un autre récipient contenant du sable. Les perles ainsi obtenues for- maient des grains colorés percés d'un trou, mais elles ne pouvaient que bien diiTicilemcnt avoir toutes la môme grosseur. Une agrafe de ceinture avec fraguients de plaques, toutes deux en métal fort attaqué par la rouille, se trouvaient à moitié et sur le côté gauche du squelette. Ce crochet de métal devait s'engager dans un anneau appelé « porte » pour joindre les bords opposés d'un vêtement. Ces objets devaient être ornés •d'émaux ou de toute autre décoration émaillée, dont des fouilles faites en d'autres lieux ont démontré la belle ordonnance et la parfaite exécution; ce qui daterait la sépulture de la fin du iv^ siècle, cependant certaines lamelles de verre minuscules sembleraient devoir la reculer au siècle suivant tout au moins. En etfet on ne trouve pas là le mode d'émaillage au moyen du })rocédé de cloisonnage par fusion; la pré- sence des lamelles indique un procédé tout autre de décoration qui con- sistait à sertir à froid ces petites tables de verre diversement colorées ou des grenats taillés entre les lames minces du métal. Je pense donc que ce 590 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE dernier cas est typique dans cette fouille qui a donné un superbe grenat et quelques lamelles de verre. Ce procédé, arrivé avec les Barbares qui envahirent la Gaule semble avoir été particulier aux v*^ et vi'^ siècles; mais on a constaté cependant que les Egyptiens l'avaient beaucoup employé précédemment dans la décoration de leur orfèvrerie. On a trouvé de ces bijoux incrustés de verroteries dans des cimetières datant indubitablement de l'époque mérovingienne et beaucoup ont une importance qu'étaient loin d'avoir les émaux des époques antérieures. C'est ainsi que devait être décorée cette plaque de ceinturon. Ce procédé, tenant plus de l'orfèvrerie que de l'émaillerie, on peut l'indiquer comme un art de transition entre celui du champlevage qui con- sistait à creuser dans l'épaisseur du métal des alvéoles séparées entre elles par des cloisons fixes, réservées ou épargnées par le burin, et VémaUlerie cloisonnée qui apparaîtra à Byzance à dater du ix*^ siècle. Un cabochon en cuivre, trouvé à côté de la boucle confirmerait l'asser- tion ci-dessus. Au côté gauche du squelette et de travers sous le tibia gisait, à plat, une épée en fer portant des traces d'ornementation en cuivre, (^ette arme était brisée en deux parties; le tronçon supérieur, dépourvu de la poignée, mesure une longueur de 0'",63 avec une largeur moyenne de O^jOo. Cette lame est munie à une extrémité d'une douille eu fer de 0™,05, qui suppor- tait la poignée. Passée au crible, la terre de remplissage de la sépulture n'a pas fourni d'autreb objets. Dans des tombeaux voisins de plus modeste apparence les travailleurs mirent à découvert deux vases presque entiers. Ces vases sont d'une pâte rougeàtre assez grossière et dure; leur surface est terne, comme celle des grès. Les seuls ornements consistaient en trois cercles parallèles de points et perpendiculaires à l'axe du vase. Ces pote- ries mérovingiennes, si simples, étaient d'une fabrication plus primitive encore que cslle des poteries Scandinaves et germaines de la même époque; elles sont le témoignage le plus complet et le plus frappant dMnférioritéet de décadence dans lequel étaient tombés les arts industriels à la suite du grand effondrement où devait sombrer avec 1 empire romain ce qui restait de la civilisation antique. Il semble, en les étudiant, qu'on retourne de plusieurs siècles en arrière. Comme aux temps primitifs, ce sont les formes turbinées qui dominent. Bien que faites au tour, ces poteries sont lourdes, épaisses ; la pâte, mal préparée, est rugueuse et manque de sonorité quoi- que assez bien cuite. Des tenons épars de tous côtés portaient trace aussi d'ornementation compostée de cordons circulaires ou de frises d'orneinenls géométriques imprimés en creux sur la terre humide au moyen d'un crochet en bois; quelques-uns présentaient une pâte jaunâtre ornés de lignes en spirale grossièrement tracées en rouge au pinceau, d'une texture fine et serrée. J. GAURICHON — SÉPULTURE MÉROVINGIENNE 591 percée enfin de trous circulaires. Le musée de Sèvres possède une série intéressante de poteries semblables et dont l'usage était réservé pour les cérémonies funèbres. Les trous, faits après la cuisson à la base et sur l'épaulement, étaient destinés, en donnant passage à l'air, à activer lacon- bustion des charl)ons sur lesquels on versait de l'encens au moment de l'inhumation. Vin's le iv*^ siècle de nombreux potiers s'étaient établis dans les Gaules, à côté de fabricants nationaux qui néanmoins conservèrent dans leurs oeuvres le caractère vraiment gaulois. Les vases ainsi trouvés dans les sépultures n'étaient point des urnes cinéraires mais des objets qu'avaient affectionnés ceux qui dorment dans ces tombeaux, ils ne renfermaient du reste aucun vestige de cendre. Ces- vases n'étaient point non plus des porte-provisions mais plutôt des sortes de cassolettes d'où les parfums qui devaient s'en dégager lappelaient les premiers temps du christianisme. Ce qui peut jeter une horrible clarté sur la cruauté des Francs de cette époque, c'est qu'à côté et dans le voisinage de la sépulture de l'homme adulte et même âgé, dont je viens de parler, on trouva d'autres tombes plus modestes dans lesquelles les corps semblent avoir été mis à même la terre, sans sarcophage ni mobilier. Ce furent peut-être des écuyers, immo- lés sur le tombeau de leur maître, suivant la coutume des Barbares, qui égorgeaient le plus souvent sur la sépulture de leurs princes ou des per- sonnages éminentsde leur nation, les domestiques attachés à leurs services et enfin un certain nombre d'esclaves ou de captifs, destinés à former, dans l'autre vie, selon la croyance naïve des. peuples Scandinaves, un cor- tège funèbre à celui qu'ils voulaient honorer. Aucune monnaie n'a été trouvée dans ces tombeaux; généralement on ne la trouve pas dans les nécropoles; en eùt-on trouvé, cette monnaie aurait peu servi à dater la sépulture, car on se souvient que les mon- naies romaines ont servi de monnaie courante pendant tout le Moyen Age; elles étaient donc très antérieures à la période d'inhumation. Contrairement aux prétentions de quelques fouilleurs, de tout ce qui précède, on peut avancer qu'il n'y a eu là, au mont Saint-Jean, rien de gaulois ni de romain. Toute l'industrie et la parure appartiennent sans exception à l'art dit, en France, mérovingien, appelé ailleurs barbare, frank, gothique, etc., et que l'on retrouve toujours à peu près identique à lui-même en Russie, en Hongrie, en Allemagne, en Italie, en Belgique, en Espagne et même en Algérie. C'est l'art caractéristique des envahisseurs qui mirent fin à la civilisation romaine et s'établirent en France du v*^ au vii^ siècle de notre ère. Bien ne donne à supposer que la n 'cropole du mont Sa'nt-Jean s'étendait beaucoup; il est même peu probable que d'autres sépultures restent à découvrir dans ce lieu si bouleversé maintenant et qui ne devait pas être un centre d'habitation important. S92 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE M. l'Abbé Lucirn PFLKi.ER. Professeur au Collège Épiscopal de Strasbourg. LES ORIGINES DE LA SYPHILIS À STRASBOURG ET LE PRÉDICATEUR JEAN GEILER DE KAYSERSBERG 616.951 (09) 143.445; i>8 Juillet. On peut trouver étonnant que le nom du plus célèbre prédicateur alsa- cien au moyen âge, ne figure nulle part dans la littérature vénéréologique,^ quoiqu'il soit un des plus importants témoins contemporains de l'intro- duction du mal de Naples au pays rhénan. Nous ne le trouvons ni dans l'ouvrage, si souvent cité, de Fuchs (1), qui pourtant allègue force témoi- gnages alsaciens, ni dans le volume très documenté de Lwan Blocli (2), ni dans le travail si connu de K. Sudliojf (3), ni même dans la littérature purement alsacienne relative à notre sujet (4). Or seule, la connaissance de l'attitude de Geiler, vis-à-vis de la maladie vénérienne, met en pleine lumière ce chapitre tragique de l'histoire de notre ville. Le prédicateur (5) en parle pour la première fois le lundi avant la Saint- Mathieu, 1496 (6), dans un sermon qui n'est pas conservé. iMais, nous avons de lui une série de sermons très curieux, intitulée : Des péchés de la bouche (Von den Siinden des Munds). Selon son habitude, il parla très ouvertement de la vérole. Ce fléau, dit- il, a déjà duré huit ou neuf ans, et nous n'en voyions pas encore la fin. Les hommes ont la bouche couverte de pustules, de même les parties secrètes, bras et jambes et le corps tout entier. Jamais on n"a parlé dans les chroniques d'un si grand nombre de malades. Ces pustules apparaissent d'abord dans la gorge, puis dans la bouche et dans les parties, et elles sont dangereuses et font de grands ravages (7). (1) C.-H. Fuchs, Die àltesten Schriflsleller ûber die Lustseurhe in Dsittschlmul vuii ^4.9o-y.^0 (Gottingen, 184:3). (2) I. Bloch, Der IJrsprung der Syphilis, I vol. (léna, 1901). (3) K. Slidhofi-', Aus dar Friihfiesrhichle der Syphilis. (Leipzig, 1902). (4) KocH, Observalions sur l'origine de la maladie vénérienne et sur son introduction e.n Alsace et à Strasbourg, dans les Mémoires de l'Institut n .tional des Sciences et des Arts, Sciences morales et politiques, t. IV. (Paris, vendémiaire, an XL, p. 324 et suiv. — Ce travail est la source de l'arlicle du docteur Goldschmidt, De llntrodui-tion et de la Pro- pagation d3S maladies vénériennes en Alsaae et en particulier à Strasbourg, Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, t. XII. (Paris, 1913), p. 395 sq. Lui aussi ne mentionne pas Geiler, pas plus que A. Woif, dans Khieger, Topographie der Stadt Stras.'i- burg nach arztlich hygienischen Gesichtsputikten bearbeitet. (2° édit., Strasbourg, 1889), p. 454 sq. (5) Voir à son sujet l'excellente monographie du chanoine Dacheux, Jean Geiler de Kayssrsberg (Paris, 1876). (6) Annales de S. Drant, dans Dacheux, Fragments des anciennes chroniques d'Alsace, III (Strasbourg, 1892), p. 144. (7) has Buch der SUnden des Mmuls (Strasbourg, chez Grùninger, 1518), fol. 2 b. L. PFLÉGKR LES ORIGINES DE LA SYPHILIS A STRASBOURG 593 Geiler pronourail ces sermons, qui traitent en particulier de l'impureté, dans le carême de l'année 1505. L'année suivante, il parla encore avec moins de gène de la maladie. C'est dans une suite de sermons qui porte le titre peu ambigu : « De la vérole aux parties secrètes ». La violence de l'épidémie l'invite à traiter avec une franchise, qui choquerait sûrement un pudibond aurlitoire moderne, des péchés qui conduisent fatalement à la vérole. Il a soin de rappeler aux parents le devoir de surveiller leurs enfants adultes : Vous devez, leur dit-il, avoir soin de veiller sur les jeunes et jolis gaivons, sur vos belles jeunes filles: on les corrompt sans qu'ils s'en doutent, et quand ils avanceront en âge, ils pratiqueront ce qu'ils ont vu dans leur enfance. Quelle misère! Gest pourquoi vous ne devez pas faille coucher vos enfants avec les domestiques, ni les enfants ensemble. C'est une bien lamentable cliose que le vice, qui est venu d'Italie (Welschland) envahir notre pays. On me dit qu'il vaudrait mieux ne pas en parler, qu'en parler c'est l'enseigner. Point du tout — à celui qui ne l'a point connu, jusque-là mes paroles ne l'apprendront pas. Veillez-donc sur vos enfants. Ne couchez pas vos jeunes filles dans un même lit, ni avec les servantes; il arrive que la servante galeuse et contaminée, ruine la fille également (1). Ces conseils prophylactiques de Geiler, connaisseur profond et juge éminent de son temps, nous indiquent assez que la syphilis, loin d'être un danger purement fantaisiste — au dire de quelques historiens modernes — fut un péril très réel pour la population strasbourgeoise. Jusqu'ici, nous n'avons entendu que Geiler, le prédicateur. Mais l'intré- pide orateur ne s'en tint pas au ministère de sa chaire. Homme d'action autant que homme de cœur, il a fait davantage. En tout temps, avocat des pauvres et ami des misérables, il intervint de toute son autorité per- sonnelle, — qui était d'un grand poids — en faVeur des nombreuses victimes de l'épidémie. Sudhoff a fait trop grand cas de l'action du magis- trat de Strasbourg ([ui aurait été le premier à isoler les malades et à leur assurer un traitement pratique, conforme aux règles d'une hygiène élémen- taire (2). Mais ce savant s'est laissé induire en erreur par le récit d'Un chroniqueur mal renseigné. En vérité, c'est Gei/er qui mérite les éloges prodigués à l'administration strasbourgeoise. Car c'est lui qui, de toute son énergie, a réclamé qu'on s'occupât sérieusement des nombreux malades délaisses. Et ce fut précisément l'autorité communale qui fit interdire aux syphilitiques l'accès du territoire de la ville (3). On dira peut-être qu'il y a là un acte de prudence; mais que dira-t-on de la conduite du magis- trat qui fermait aux malades de la ville même les portes de l'hôpital civil? (1) Die brominlin dorlor Ki-isurapen/s: uff'iiclcuL'n vuii Fnitcr Johiitin PnulL (Strasbourg, ctiez Gruninger, 1 il7), 1' [jartie, fol. 7 a. (2) SuDEOF*', Aus der Fruligescldchle der Syphilis, p. 40. (3) J. BnucKER, Strasxbavfiar Zunft und Polizeiverordimngen de^ U. il. iS. Jahrhundjrtf^ . (Strasbourg, 1889), p. 9. Voir aussi Koch, Observations, 1. c, 338. 594 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Le "11 janvier 1501,- Jean Geiler présenta au Sénat un mémoire, devenu célèbre dans l'histoire de la ville, oij il résumait en vingt et un articles tous les abus que lui, le grand réformateur, voulait voir disparaître, abus qui s'étaient glissés un peu partout dans la vie religieuse et économique de la cité. Lé douzième article s'occupe de l'hôpital : (hUer insiste sur le caractère essentiellement charitable de cet établissement, qui doit son origine aux aumônes des fidèles. C'est pourquoi les syphilitiques n'en devraient pas être exclus, ces misérables qui errent dans les rues, délaissés de tout le monde, chassés de partout, voire même de l'asile des étrangers ( E/en- denherberge) , mourant de faim et de froid, succombant aux douleurs de leur triste état : chose inouïe, dans d'autres villes. Il est injuste de les mettre à la charge des citoyens; c'est à l'hôpital de les abriter et soigner. Quand on refuse le gîte à un pauvre pèlerin atteint de la vérole, oii trouverait-on le bourgeois qui soit disposé à lui faire la charité? Ces doléances de Geiler ne manquèrent pas de faire impression. On y donna suite, en recevant les malades à l'hôpital civil. Toujours est-il, qu'une partie de la bourgeoisie regarda de mauvais œil l'intrusion d'un grand nombre d'étrangers, et l'on vit se répéter le spectacle navrant des malades expulsés et sans gîte. On finit, grâce à la charité privée, par aifecter un local au service de ces malheureux : la maison du sieur Guil- laume Bœcklin. Ce fut encore l'infatigable Geiler qui prit l'affaire en mains (1). En 150^2, il proposa à l'ammeister (maire) Jar-ques Wys.sebach, de rece- voir dans cette maison, changée en hospice, tous les malades étrangers, ceux que l'hôpital avait déjà recueillis, et ceux qui traînaient encore sur les ponts de la ville. Le Sénat nommerait un administrateur; jusque-là, le prédicateur s'offrait lui-même à pourvoir un mois durant et, s'il le fallait, plus longtemps encore, aux besoins d'une cinquantaine de malades. Si, après ce temps les frais de leur entretien devenaient trop onéreux, il y aurait toujours moyen de les renvoyer. De cette façon, on ^auverait l'hon- neur de la ville devant les hommes et l'on ne risquerait pas tant de s'attirer la colère divine, que si on les laissait périr de froid par cette saison rigoureuse (2). Cette fois encore, le Sénat céda aux instances du prédicateur. On chargea une commission spéciale d'organiser le nouvel hospice, le Blalterhaus (maison de vérole), dont un sénateur, Gaspard Jlofmeister, prit à litre gratuit les fonctions de directeur. Pour l'entretien de l'institution, il' fallut faire appel à la charité publique. Afin d'enflammer la générosité des habi- tants de la ville, Geiler prononça, au jour de l'an 1503, un sermon magis- (1) Dacheus, Jean Geiler, pièces justificatives, p. XXVIII. (2) Ibidem, p. 52-2; J.-A. Strobel, Sab-Branls NarrensrMff (1839), p. 14 sq. L. PFLÉGEU — LES ORIGINES DE LA SYPHILIS A STRASBOUKG 59êJ tral à la cathédrale (1). Après une description saisissaiile du mallieur des infortunés, le prcMicaleur parle de l'établissement qu'on venait d'organiser, peuplé de 94 malades, dont 50 sont des étrangers ; le reste se compose de valets et de servantes des maisons bourgeoises; mais combien y en a-t-il encore qui cachent leur misère dans leurs domiciles? Geiler conseille de confier les malades aux soins des médecins et de se procurer les remèdes nécessaires, fort chers alors. Nous regrettons qu'il n'en précise pas la nalure. Avec une éloquence admirable, le prédicateur invite les nombreux auditeurs à se montier généreux. On a conservé encore d'autres sermons de Geiler, où il imphjre le secours des fidèles pour l'o'uvre de l'hospice des syphilitiques <2). Ce n'est que très tard, en 1538, que le magistrat strasbourgeois établit les finances de la maison sur des bases plus solides, en lui attribuant les revenus de l'ancien couvent des Carmes. Avant ce terme, l'hospice passa par plusieurs crises. Après la mort de Geiler (+ lolO) c'est, à la veille de la Réforme, encore l'Église qui se charge de procurer les moyens d'exis- tence. A la prière de Gaspard Ho/f'meister, le magistrat adressa à la Curie romaine une supplique pour demander la publication d'une indidgence. Rome s'y prêta volontiers, et dès le commencement de l'année 1518, on prêcha cette indulgence dans tout le diocèse de Strasbourg (3). Afin de la gagner, les fidèles, après s'être dûment confessés, devaient visiter cer- taines églises indiquées, en y faisant l'aumône. Le tiers des sommes ainsi collectionnées, serait remis à la fabrique de l'église de Saint-Pierre de Rome, le restant à l'œuvre de l'hospice des syphilitiques. Les livres de compte de la banque Fugger nous font connaître le montant de la somme payée à Saint Pierre, qui est de 'iS'2 ducats en or (4). L'hospice aurait, en conséquence, bénéficié du double de cette somme. (1) Le premier sermon de la série Degemmis spiritualibus dans les Sennones et varii iractalus Keisersfiergii (Strasbinirg, chez Grïminger, 1518), fol. 35 b. L'éditeur de ce volume, Pierre Wickram, neveu de Geiler, lui assigne l'année 1497, mais il y a erreur; il ne peut s'agir que de Tannée 1503. * (2) p. c. Brôxcnnlin, 1. c. foi. M a; Evangelia mit uszlegung. (Strasbourg, chez Gri\- ninger, 1517), fol. 33 a. i3) Voir Nicolas P.^ulus, Ablasspredigten in Slrassburg uivl Ekm>> beim Ausgang des Mittelaltcrs (Bulletin ecch'siastique de Strasbourg, 1899, p. 14ô f. (4) A. ScHui.TE, Die Fugger in Hom, 1495-1523, 1 ^Leipzig, 1904), p. G9 f.; II, p. 192. 596 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE M. L. -Germain de MAIDY, Nancy. DE LA PLAGE DE LA <• LÉGION D'HONNEUR « DANS LES ARMOIRIES DES VILLES (résumé) 28 Juillet. 929.61 Le Gouvernement de la République n'a pas adopté les armoiries, mais les villes ont conservé les leurs et l'attribution de la Légion d'honneur ou d'autres décorations à un certain nombre d'entre elles pose une importante question de blason. Le décret de 1808, réglant la place de la Légion dlionneur dans leurs armoiries, est peu conforme aux règles traditionnelles du blason : il crée des diffîcultés d'ordre historique et artistique. La solution la plus favorable est celle qui a été adoptée par la plupart des villes, qui suspendent l'insigne de la Légion dlionneur au-dessous de leurs armoiries. M. Emile SCHMIT, Conservateur honoraire du Musée arcliéologique de la ville de Châlons-sur-Marne. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA NUMISMATIQUE CAROLINGIENNE. DÉCOUVERTE A BREUVERY, CANTON D'ÉCURY- SUR- COOLE i MARNE), au lieu dit « la Tombelle », d'une sépulture dans laquelle furent recueillis douze deniers de Charlemagne et trois deniers de Louis I", roi d'Aquitaine. 737.1 (44.32) Fin octobre 1912, le courrier m'apporta l'iieureuse correspondance sui- vante : Saint-Quenlin-sur-Cooh' , le 27 octobre lOiS. Monsieur, J'ai l'honneur de vous faire savoir que dernièrement mon fils, en labourant au lieu-dit « la Tombelle », territoire de Breuvery, a mis au jour un grand squelette mesurant environ deux mètres, et quinze pièces très anciennes qui paraissent être en argent et sur lesquelles il y a des chiffres et des lettres. Si vous jugez à propos de faire des fouilles, je suis entièrement à votre dispo- sition. Recevez, Monsieur, etc. Phelizon, Maire à Saint-Quentin-sur-Coolf. E. SCHMIT — ÉTUDE DE LA NUMISMATIQUE CAROLINGIENNE 597 Le temps de prévenir un ami, de monter en auto et, par un beau soleil automnal, nous filons sur Saint- Quentin. L'accueil fut on ne peut plus cordial. J'examinai le petit pécule et recomius de suite qu'il s'agissait de deniers carolingiens. La lecture en était d'autant plus facile que nos aimables hôles, selon la funeste habitude de tous ceux qui trouvent des monnaies, les avaient mises dans un bain ; dure épreuve, qui avait été suivie d'un astiquage tellement consciencieux, qu'un des deniers était irrémissiblement perdu. Mais enfin, tout en déplorant ce déchet, encore ne fallait-il pas trop se plaindre. L'emplette de ces monnaies ne souffrit aucune difficulté, j'emportai mes quatorze deniers, avant mon départ et, pris rendez-vous pour me faire transporter sur le lieu de la trouvaille. A quelques jours de là, muni d'un tamis en plus de mon attirail de fouilleur, je débarquai au lieu dit : « La Tombelle ». Cette indication était consignée dans mes notes avec un point d'interrogation. En efï'et, il y avait à la fois la notation «, Tombelle et tomelle ». Mais quand j'arrivai sur les lieux, aucun doute ne pouvait subsister. L'emplacement de l'exhu- mation faite par M. Phelizon fils était en contre-bas des terrains avoisi- nants. Il ne s'agissait donc point de tomelle, mais d'une tombelle, appellation apparemment justifiée anciennement par un exhaussement de terre en forme de catafalque sur une sépulture. Les besoins de la culture avaient fait disparaître la forme antérieure qui recouvrait la sépulture, mais l'appellation s'en était conservée sans cause apparente. Ces relevés de terre, qui anciennement semblaient devoir pro- téger les sépultures, furent plutôt la cause de leur violation, tout au moins de la part des Barbares envahisseurs, qui trouvaient en ces signes extérieurs de précieuses indications d'investigations. Disons de suite que le tamisage des terres n'offrit aucune trouvaille nou- velle et que toutes les recherches aux alentours ne permirent le constat d'aucune autre sépulture. Mais avant d'aborder la question numismatique, qu'il me soit permis de parler d'autres objets qui furent déposés avec notre Carolingien, dans la tombe. Aux côtés de l'inhumé, en outre des monnaies, furent recueillis un petit couteau et une pierre à aiguiser. Si le petit couteau en fer, très oxydé, n'incite à aucune mention partiiulière, la pierre à aiguiser mérite une petite dissertation. Tout préhistorien non prévenu, auquel on présenterait ce petit aiguisoir, le considérerait comme une amulette des temps i)réhis- toriques. Il est en diorite, a la forme d'un petit rectangle, il mesure 0"',0o3 de longueur sur 0"',018 de largeur. Il a 0"',0(I6 dans le haut de la pièce et 0'",01() dans le bas. Cette irrégularité contribue à donner à cet objet un aspect bien primitif. Ce qui fortifie encore cette impression, c'est que le haut de cet ustensile est percé d'un trou de suspension. Or, ce trou, comme 598 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE dans les pièces préhistoriques, a été obtenu par une foration pratiquée par les deux côtés, évidemeot présentant la forme de deux cônes opposés, c'est-à-dire l'ouverture plus évasée à la périphérie. A mon avis, on peut admettre que cette pièce est bien de facture caro- lingienne, car je possède un couteau kabyle, accompagné d'une mignonne pierre à aiguiser avec le même aspect d'amulette à cônes opposés. Au bout d'une courroie se balancent à la fois le petit couteau en sa gaine en bois et cuir, et la pierre à aiguiser suspendue par un cordonnet de cuir. En admettant même que l'on veuille voir en cette pierre à aiguiser un objet néolithique, ce serait une unité de plus à ajouter aux nombreux instruments préhistoriques rencontrés dans les sépultures mérovin- giennes. PRÉSENTATION DES DENIERS CAROLINGIENS RECUEILLIS A BlŒUVERY-SLiR-COOLE Denier de Charlemagne, AR. ATELIER DU NORD-EST (1) 4 exemplaire : Poids, 1 gr. il. Carolvs en deux lignes. R. R-F (Rex Fraxcorvm). Au-dessus de ces deux majuscules, un I couché, signe d'abréviation. Un point entre les deux capitales. La jambe de la lettre très allongée se termine en trèfle, c'est-à-dire en un motif à trois feuilles. La barrette médiane de la lettre F se termine également en un motif globuleux. Denier de Charlemagne AR Atelier de Mouzon i exemplaire, polis : 0 gr. 92. Carolvs en deux lignes. R. M.MOSVo en trois lignes. Les montants des lettres m sont constitués par trois jambages réunis dans le haut par une liaison arrondie. La lettre s est rétrograde et le mot mos est séijaré de la finale vo par une barrette soudée et surmontant l'o. Vraisernblablement, on doit lire m. moson pour mosom. m. Il se peut aussi que le premier m. soit l'abré- viation de monela. Dans une étude des plus remarquables, reproduite dans la Revue de Cham- pagne et Brie, 1894, p. 119, qui a pour titre : Précis d'une Histoire de la ville et du pay* de Mouzon, M. Goffart s'exprime ainsi : « De Charlemagne, on ne cite que dubitativement un denier pour Mouzon MO-SMO écrit en deux lignes, séparées par une barre horizontale. Sans vouloir être plus afflrmatif que M. Serrure, nous ferons cependant observer que Mouzon (1) MM. Blanchet et Dieudonnk ''ans leur Manuel de numismalique française, tome I, à propos de celte fioriture en trpfle, citent Gariel, tome 11, p. 14, lequel dit : « On voit quelquefois sur les monnaies carolingiennes un ornement à trois ou quatre feuiLes qui paraît appartenir à un atelier du nord-est ». E. SCHMIT — ÉTUDE DE LA NUMISMATIQUE CAROLINGIENNE 599 est parfaitement acceptable, puisque dans les actes nous avons rencontré l'adjectif Mosmagcasis ou Mosmmsis conlvàcid comme dans la légende du denier. L'existence de l'atelier est, du reste, à peu près indénialile sous Charlemagne, qui habita si souvent Douzy. Enfin, suivant notre dessin emprunté à M. Gariel, il faut lire : mosom.m. » Deux deniers de Charlemagne A R Atelier de Strasbourg i^^ exemplaire, poids : 1 gr. 13. Cauolvs en deux lignes. R. STRATBVKC en inscription circulaire, au centre une croisette aux bras ter- minés en globules. L'a, tout à fait minuscule, est perché dans le haut de l'ins- cription ; on pourrait croire qu'il a été ajouté après coup. Denier de Charlemagne AR Atelier de Strasbourg 2*^ exemplaire, poids : 1 gr. 17. Carolvs en deux lignes. Stratbvrc en inscription circulaire. Au centre, une croisette à bras égaux. Dans cette piécette I'a fait défaut par omission ou disparition. Le premier t, très petit, est placé en vedette dans le haut de l'inscription ; de même en est-il de la lettre terminale c. i cr ;3 j)/ FiG. 1. Le Manuel de MM. Blanchetel Dieudonné ne signale de l'atelier de Strasbourg, à la légende de Carolvs en deux lignes, qu'un seul denier à la légende de stratbvrcs. Deux deniers de Charlemagne de l'atelier de Duurstede Tout d'aljord ces pièces, sur lesquelles figure une hallebarde que tous les numismatistes attribuent à une ville de Hollande, sous quel nom doit-on dési- gner leur atelier? Lst-ce dorestadt à la façon û'Ho/]'manii, duersiekt selon Rousseau, ou encore duurstede comme l'orthographient MM. Prou, Blnnchet et Dieti- donnp.l Est-ce enfin la ville qui s'élevait anciennement sur l'emplacement d'Utrecht, selon Serrure? Voici sur ce sujet quelques mots que présentent MM. Blancliff. et Dieudonné. Manuel, tome I, p. 341. « Une des questions les plus intéressantes de la numis- matique carolingienne est celle qui concerne le classement des pièces au mono- gramme KAR(»Lvs et à la légende de uarlvs rex fr. On a donné ces pièces à Charlemagne, se basant sur des découvertes faites à GOO illSTOlKE ET ARCHÉOLOGIE Diiursfede en Hollande, ville qui aurait été détruite en 837 (1). M. Prou a serré la question de près et a démontré que les pièces avaient été recueillies isolément MOP^D- E.5T . MOU2.0NI 5TP.ASB0UHG' STRASaOUaG DUUR,STF.DÊ. . Î^UURSTEDE. . M £ L L L h EUE. GENÈVE* CWARTatS 0 t CLERMOiNiT EMILE se H MIT O^L. FiG. 2. et quexien ne prouvait la destruction totale de Duurstède en 837. Au contraire, les Annales de saint Berlin mentionnent celte ville comme ayant subi d'autres attaques par des pirates normands ou danois en 847, 857, 863 (2). (1) L. ije ..(istkh, dans Ja Hevii^ nuinisiiialique belfie, 1852, p. 369. Engel et R. Serrure, Traité de numismalique du moyen-dcje, tome 1, p. 2:22. (2) Voyez les sources citées par Prou, Catal. B.N. M. vs. E. SCHMIT ÉTUDE DE LA NUMISMATIQUE CAROLINGIENNE 601 Deux deniers de Charlemagne Atelier i»e Duurstede 1''^' exemplaire, poids : I gr. 02. Carolvs en deux lignes. R. DORTAS en deux lignes : en dessous une hallebarde. La lettre o est placée entre deux lettres ati'ophiées, qui ont l'aspect de 1res épais omégas ou de certains bracelets de l'époque du bronze à bourrelets épais, largement ouverts et à terminaisons paltées. La seconde partie se lit assez volontiers tas, bien que I'a ressemble plutôt à une barre fixe qu'à la premirre majuscule de l'alphabet.. On peut donc établir la légende : dortas. La hallebarde, qui se termine en pointe, est munie d'un côté d'une arme tran- chante en demi-lune, et de l'autre d'un tranchet. Denier de Charlemagne Arg. Atelier de Duurstede 2^ exemplaire, poids : ■/ gr. 20. C.vROLVs en deux lignes. R. DORSTAT en deux lignes. Cette légende, comme dans l'exemplaire précé- dent, est soulignée d'une hallebarde. La lettre o, sur la première ligne, est également placée entre deux lettres atrophiées, dont chacune est assez semblable à une sangsue, le corps en arc et s'avançanl de droite à gauche. La lecture stat ne laisse aucun doute; on peut donc constituer la légende : dorstat, d'autant plus que sous celle-ci figure une hallebarde, représentation caractéristique des. monnaies de Duurstede. Sur cette pièce, l'arme appointée est munie d'une hache en demi-lune et d'un croc qui lui fait face. Deux deniers de Charlemagne A R Atelier de Melle Z^"" exemplaire, poids : i gr. 37. Carolvs en deux lignes. R. medolvs en légende circulaire avec fleurette centrale. Cet exemplaire nous parait semblable à celui que MM. Blanchet et Dieudonné ont signalé et qui a motivé de la part de ces numismatistes la réflexion sui- vante : « La lettre l ressemble à un c ou un g renversé » ; à notre avis, si on voulait évoquer la silhouette expressive de cette lettre, il faudrait dire qu'elle a l'apparence d'un petit couteau-serpe ou d'une minuscule faucille à main. Atelier de Melle 2^^ exemplaire, poids : 1 gr. 1i. Carolvs en deux lignes. R. medolvs en légende circulaire avec fleurette médiane. Ce denier de Melle diffère du précédent, le métal à la vue semble de plus 602 HISTOIHE ET ARCHÉOLOGIE bas argent. 11 semblerait a priori assez singulier, si l'analyse confirmait le fait que ce soit à Melle, centre de mines d'argent à l'époque carolingienne, qu'un denier de cette localité fût en bas argent. Mais tout est possible et l'excuse en serait de ce qu'à Melle, à côté des mines d'argent, il y avait des minés de plomb ! La lettre, moins déformée dans cet exemplaire, se rapproche du type repro- duit couramment. Denier de Charlemagne A R. Atelier de Lyon / exemplaire, poids : i gr. 35. Caroi.vs en deux lignes. R. LVGDVN en deux lignes. Le G de la légende est de forme défectueuse, il ressemble plutôt à un s de l'alphabet gothique. Sous la finale dun, une ligne de trois points. Denier de Charlemagne A R Atelier de Genève 1 exemplaire , poids : / çjr. 22. Carolvs en deux lignes. R. GENEVA en deux lignes, inscription séparée par une barre horizontale. Dans GENE les lettres n et e sont soudées par un jambage commun et la deuxième partie de la lettre n va, par son prolongement, constituer la barrette médiane de I'e. Celle inscriÎDtion, très correcte, est admirablement encadrée des deux côtés par un collier de perles. Pièce remarquable comme exécution — inédite. Denier de Charlemagne à l'inscription CARLVS A R. Atelier de Chartres Denier a r^ mids : 1 gr. 27 . Carlvs en deux lignes. R. RARETES en deux lignes, inscription abréviative de karnetes comme l'indique la barrette transversale couchée au-dessus des lettres r et e. MM. Blandiet et Dieudonné avec Tinscription de carlvs signalent deux deniers aux légendes CARNOTAS et CARNOTIS. Les trois deniers de Louis I", roi d'Aquitaine 1^'' exemplaire a r. poids : I gr. 14. DiuuDUiD en deux lignes. R. sc"S . . RHA.i, légende en deux lignes, séparée par une bande transversale. Les lettres assemblées ses et soulignées d'un motif couché ont la signification de sanctus, elles sont suivies de quatre points disposés en croix. Mais le nom du saint rhai, dans sa contraction est aussi bien énigmatique pour moi que pour M. Mazerolle, Conservateur des monnaies à Paris, et le ZELIQZOLI DICTIONNAIRES DES PATOIS LORRAINS 603 Conservateur des monnaies à Bruxelles, qui ont inutilement cherché des docu- ments dans leurs admirables collections. Ils déclarent cette pièce inédite et d'attribution peu facile. Denier de Louis F' A R, roi d'Aquitaine 2^ exemplaire, poids : i gr. 22. D(/UDuiD en deux lignes. Un point dans le haut entre l et v, et un autre point entre les d de la première et de la seconde ligne. R. s. Cl. est séparée par une barre transversale de la finale ipvs. Les s. CF., séparées chacune par un point, signifient-elles sanctus, malgré l'i, qui aurait peut-être dû être couché ; c'est possible, mais l'énigme reste entière quand on veut mettre un nom à l'inscription ipvs; quel est ce saint? est-ce l'abréviation de Philippus? quel est en ce cas la localité à désigner comme atelier ? Denier de Louis I" AR, roi d'Aquitaine Atelier de Clermont 3'" exemplaire, poids : i gr. 17. jiL'UDUiH en deux lignes, un point entre les lettres l et u, un point sous le premier jambage de l'ii, un point en dessous des lettres u et i de la seconde ligne; cercle perlé à gauche. R. .lîKVRNis, inscription en deux tronçons formant une installation serai- circulaire: au centre, une petite croix. L'a et I'r sont réunis par un jambage commun. Au-dessus de la lettre v est le signe d'une lettre défaillante et la légende peut se lire alors : arveuxis. La finale nis se lit distinctement. MM. Blnnchet et Dieudoané signalent dans leur Manud ce denier et l'attribuent à Clermont (Auvergne). M. Mazerolle, très obligeamment, m'a fait voir un semblable denier dans l'ouvrage de M. Gariel, pi. XIV, n" 1. M. LE I)' Zi:iJQZOU, Professeur au Lvcée de Metz. OBSERVATIONS AU SUJET D'UN « DICTIONNAIRE DES PATOIS LORRAINS {Patois de In Lnrriiine désannexée). 4.08.7 (44.382) (038) i8 J II il Ici. La Société d' histoire et d archéologi'i loi^r aines s'est occupée dès les \ne- miers moments de son existence de l'étude de nos dialectes. En 1909, parut sous ses auspices un dictionnaire des dialectes allemands de la Lonaine. Pour faire pendant à cet ouvrage, elle nous chargea de la publication d'un dictionnaire des dilïérents patois parlés dans notre pays, ({ue no,us avions déjà en préparation depuis de longues années. 604 HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE Voici coinnieiil nous avons procédé }X)ur iiarfairc ce travail : JJepuis la publication de notre premier travail sur les j)atois l(jrrains, paru en 1889 comme supplément à l'annuaire de notre Société, nous n'avons cessé d'enrichir notre vocabulaire, d'abord en nous servant des Iravaux de nos devanciers, parus sous forme de glossaires. Les écrits patois et les ouvrages de dialectologie publiés depuis la fin du xviii® siècle constituent une autre source à la([uelle nous avons largement ]Hiisé. Les almanachs de Movy ainsi que dautres almanachs publiés dans la suite, jusqu'en 1888, nous ont fourni une amitle moisson. Les travaux de Hornesig, Tliis. Calkiis, Dasdat et Brod nous ont été éga- lement d'une grande utilité, eu égard à l'exactitude avec laquelle ils ont reproduit les matériaux qu'ils avaient recueillis. Enfin les petits écrits en patois trouvés dans les journaux ont aussi été mis à contribution. .Mais tous ces matériaux étaient loin de sulfne. Lu ap|u'l fut lancé à la bonne volonté de tous ceux qui s'intéressaient aux patois de notre pays et un ([uestionnaire fut envoyé à tous ceux qui voulaient prendre part aux travaux préparatoires du dictionnaire. Dans la suite, certains de nos correspondants, abandonnant le question- naire, prirent un dictionnaire et traduisirent les mots dont ils trouvaient lui équivalent en patois. Bien souvent, certaines réponses étaient sujettes à cauti(m, mais, grâce .aux réponses venant des endroits voisins, il était possible, par com- paraison, de corriger ce que l'une ou l'autre de ces réj)onses avaient de fautif. Très souvent, les matériaux ont pu être contr(Més sur place. Le choix des mots à admettre dans le dictionnaire présentait une grande (lilTiculté. Nous n'avons conservé que ceux qui étaient franchement patois. Pour ce qui est des proverbes et des locutions proverbiales, nous nous sommes attaché à avoir la collection la plus com|)lète j>ossil)le. Les recettes qui figurent à ditlérents endroits dans notre travail seront aussi, croyons-nous, les bienvenues. Pour répondre à un désir exprimé par la Société d'histoire et d'archéolo- gie lorraijiC'i, nous avons adopté la graphie employée par la Société lié- geoise de littérature wallonne pour ses publications et pour son dictionnaire. Cette graphie s'efforce de combiner les principes o|»posés du phonétisme et de l'étymologie ou de l'analogie française. Lorsqu'on fait l'inventaire d'une langue possédant plusieurs dialectes, il faut nécessairement choisir un de ces dialectes, comme base de son travail. Nous avons choisi naturellement le patois messin, pour des raisons qu'il serait inutile de développer ici. C'est le dialecte parlé dans la région située au nord-est de Metz, tandis que le langage ]>ai'lé autrefois à Metz et dans la banlieue était un dialecte mixte, où l'on rencontre les particularités du patois d'Entre-deux-eaux et celles du patois messin. Nous employons la graphie de la Société liégeoise pour le mot (|ui se ZELIQZOU — DICTIONNAIRE DES PATOIS LORRAINS 60: liouve en lèie de chaque article, et ce mot est le mol appartenant au patois messin. Entre parenthèse se trouve le même vocable Iraduit dans lesditïe- rents dialectes, y compris le patois messin, mais cette fois orthographiée suivant le système Bohiner. Quand la divergence d(^s formes n'est jjas grande nous nous contentons de noter entre la parenthèse la forme mes- sine, en l'envoyant aux paragraphes de la phonétique qui précède le tra- vail toutes les autres divergences. Pour assigner un mot à un groupe patois, il ne suffisait pas de l'avoir Irouvé dans une seule localité, il fallait qu'il fût en usage dans- plusieurs localités de ce groupe, situées dans plusieurs directions. La majeure partie des mots se rencontre dans tous les groupes de patois, naturel liMiient dans la forme qui leur est propre. Si un mot représenté dans un ou plusieurs groupes ne se trouve pas noté pour les autres, c'est (ju'il ne nous a pas été communiqué par nos correspondants ou que nous ne l'avons pas rencontré nous-même dans les recherches faites dans la contrée. Il s'est trouvé dans chaque groupe de dialectes des collaborateurs qui n'ont épargné aucune peine |)0ui' nous procurer des matériaux pour notre •tiavail et (jui n'ont pas reculé devant la lourde tâche de revoir tout notre travail. , Nous avons consacré vingt-trois années de notre vie à ce travail (pii çomprendixi deux volumes d'environ 300 pages chacun. 12' Section. SCIENCES MÉDICALES Président : M. le docteur J. BŒCKEL, Professeur honoraire à la Faculté de Médecine de Strasbourg. M. LE D' Jules liŒCkEL, Strasbourg. PLAIE DU CŒUR PAR PROJECTILE DE GUERRE. EXTRACTION APRÈS DEUX ANS ET DEMI. GUÉRISON RAPIDE 616.12.0014 SS Juillet. M. Bœckel communique l'observation d"un militaire, ])i'6senté il y a quelque mois à la Société de médecine de Strasbourg, chez lequel il a extrait une balle de fusil, logée depuis deux ans près de la pointe du coeur. Une thoracotomie très limitée, portant sur la 6^ côte, qu'il réséqua sur une étendue de cinq centimètres, mit la pointe du cœur à nu, après inci- sion du péricarde. Le projectile qui avait été repéré préalablement, avait éraillé le ventricule gauche à deux centimètres de la pointe. Son extraction fut des plus aisées. L'opération fut terminée par la suture du péricarde et des téguments et le blessé qui avait réclamé notre intervention pour des accidents survenus après deux ans (sutfocation, hémoptysies répétés), quitta le service au bout de quinze jours, parfaitement guéri. M. Bœckel estime par conséquent que les plaies du cœur et du poumon, dont il a rapporté de nombreux exemples à la Société médico-chirurgicale de Lyon, sont justiciables de la tiioracolomie limitée, lorsque les lésions siègent au voisinage de la pointe du cœur ou loin des pédicules vascu- laires. Les procédés à volets avec charnière externe ou interne, de même que la thoraco-laparotomie de Pierre Diival devront être réservés aux sacs diflîciles, à ceux où le projectile se trouve situé à la face postérieure du cœur, ou au niveau des pédicules cardiaques ou jjulmonaires. Le premier procédé (thoracotomie restreinte) déjà employé par Hallo- peau, Didier, a le grand avantage de ne pas effondrer la paroi thoracique par une grande brèche, qui peut avoir les conséquences les plus fâcheuses chez certains sujets, en entraînant une cachexie rapide. p. BLUM MÉDICAMENTS AiNTITHEHMIQUES (i07 M. LE D' Paul BLUM, Chargé de Cours à la Faculté de Médecine de Strasbourg. DU DANGER OU DE L'INEFFICACITÉ DES MÉDICAMENTS ANTITHERMIQUES DANS LE TRAITEMENT DE LA FIÈVRE 616.92 as Juillet. Les médicaments antipyrétiques, à moins d'être employés à dose élevée, et répartis d'une façon continue au cours des 24 heures, ne paraissent pas avoir, sur la courbe thermique des pyrexies, l'influence qu'on leur attribue communément. Prescrits à des doses moyennes, administrées en.deux fois, le matin et le soir, ils n'influencent pas la températiu'e. Ou du moins, si sui- vant le moment où cette température est prise, ils peuvent donner l'illu- sion d'une diminution de la fièvre, on ne tarde pas à constater, si l'on prend la température à intervalles réguliers, que celle-ci, un instant abais- sée, remonte plus haut quelle n'avait atteint avant l'administration du fébrifuge; de telle sorte que la moyenne thermique de la journée ne se trouve pas modifiée. C'est ce que j'avais cru remarquer dès le début de ma carrière médicale : l'aspirine, l'antipyrine, le pyramidon, la qui- nine, etc.. employés à des doses variant entre 1 et 2 grammes, m'avaient souvent paru incapabli^s de baisser la température. Les circonstances m'ont permis d'étudier en série, Faction des antither- miques sur la fièvre, alors que je me trouvais chargé d'un service de typhiqu(;s, dont les 100 lits étaient occupés par des malades qui se renou- velaient journellement. Parmi eux, j'ai choisi trois groupes de cinq malades qui, arrivés à la même période de lem- maladie, présentaient une allure clinique aussi rapprochée que possible. J'ai observé ces malades pendant 10 jours en prenant la température quatre fois dans la journée : à 8 heures, 12 heures, 10 heures et 20 heures. C/inq malades ont reçu pendant 10 jours à 8 heures et à 18 heures un cachet composé de 0^', (yi^aiitipyrine^O^'^ ^10 de pyramidon, 0^'",2o de sulfate de quinine. Cinq autres ont été traités sans anlither- miques. Les cinq derniers ont absorbé journellement quatre de ces cachets, à 8 heures, 13 heures, 18 heures et 23 heures; mais dès le deuxième ou troisième jour j'ai dû interrompre cette cure antithermique à cause des réactions pénibles présentées par ces malades. Poiu" chacun des deux premiers groupes, j'ai fait le total des tempéra- tures obtenues pendant dix jours chez chaque malade, à raison de quatre prises quotidiennes de température. J'ai additionné les résultats obtenus 608 SCIENCES MEDICALES pour chacun de ces cinq malades. Et en faisant ce total j'obtenais ainsi la somme des températures faites en 10 jours par les cinq malades en obser- vation; c'est-à-dire le résultat de 200 prises de température. En divisant par 200 ce total, j'ai eu la température moyenne de révolution thermique ainsi que l'établissent les tableaux ci-dessous.: TABLEAU I (sans antipyrétique) 8 lii'urcs 12 heures l(j lifurcs 20 l:puies S boiircs 12 licurcs IG heures 20 heures 382 38" 39» 38" 153» 30" 39« 400 406 1592 37« 37" 38-^ 39» 153" 40» 399 39» 40» 158^ 39» 386 40-' 39« 157» 389 38» 406 396 158" 38» 38» 39-' 389 154' 38» 390 40» 392 157" 39» 39» 39» 3!-)0 157' 38'' 380 39» 39» 156" 36» 38*» 38^ 38» 151» 38» 38'' 38^ 38» 1532 37« 37^ 38' 38» 151' 37? 38'' 38» 39» 154" 37'' 370 376 37=' 149' 39' 38' 38-^ 376 151» 369 370 37" 372 1487 39« 39'' 399 40» 159' 370 37-^ 37« 37' 390 371 38» 148' 39» 39» 39» 38» 39'' 400 39» 396 156* 1526" 1563» 37« 1532 157» 389 38^' 38'^ 40» 156" 38" 39" 406- 408 159» 38« 389 39» 38» 155- 39'' 38» 39" 38» 1562 38» 39» 386 392 156" 37^ 38» 40^ .40» 156» 38^ 38» 39» 386 153» 379 386 . 38» 390 154' 39» 39-* 392 40» 157' 39» 386 38" 38'' 154> 379 37« 39» 392 153- 38" 38^' 38» 39'' 1547 38" 383 382 386 153» 36" 37» 39» 39' 152* 381 38^ 379 38» 152' 376 386 386 38" 153' 379 38" 38» 37« 38» 38» 38» 151' 38» 38'' 38' 386 153' 1542' 1553" 38-^ 152' 38' 38^ 382 37? 152"' 37» 38-^ 386 389 153- Récapitulation 36'' 372 39» 38»* 152' - 38'' 38» 40" 402 158" - 390 38^ 392 39" 155' 15262 38'^ 384 389 382 1542 15636 38* 38» 38^ 37« 152' 1542' 390 396 39* 393 157' 1553" \ 38-' 38" 37« 38» 152' - 1540= ■ : 200 = 38,6 1540^^ 7725* i;li M MKUK.AMKNT.S A.NII I II KIIMIO; KS cm TAIJLKAl II (avec anlip\ivtii|ije) s lii'iircs 12 hi'uicv 1() liiMiicv iO liiMiros 8 hoiiri's li lifiiios ](i hrurcs 20 licuros 38^' 37« -iO" 39^' 155^ 39' 38^ 405 403 158" :-;s' 38" 390 382 154" 38- 38" 39" 40* 155" 'M'' 37'^ 38« 39" 152" 39" 37" 379 40» 155« 89" 38' 40^ 39" 157^' 38" 38" 39" 38" 155" 37^ 38^' 39-^ 40-' 155" 37" 37" .'Î9" 39» 155' iJS-* 37« 38» 38=^ 153' 38" 38» iO^ 40^ 158" ;{7-' 3S^' 39' ;{8^' 153' 39» 38» 39» 402 158" 38" :\T' 38" 393 153' 38» 37^ 37-' 40* 152" 38" 37' 39" 38-' 153" 38* 37-' 39* 39» 154» 37« 36" 37- 38' 38" 38' 38'* 151' 38" 382 :J8" 33* 38" 38» 38'* 155' 1540- 1557- 37" 151" 153" 38^ 38' 39« 38^ 154" 3S" 37" 39- 391 154" 37e 37' 38" 39'* 152" ;',8' 3--' 40-' 37" 153' 38» ;{8« 393 38-' 155' 37" 37» 38' 37* 151'' ;{7' 37^' 38^i 38' 151" 38» 37" 40' 382 155" 38" 37" 39» 40- 155» 37" 37» 38» 392 155" 37" 371 39" 38* 153' 36" 36" 39" 38'* 150» 37" 369 i<>' 38" 152' 37" 37» :{8" 390 154'^ 30» 379 ;{9" 3>!'' 152' 38- 38" 37* 38" 151' 37" 37» 38'' 3S'* 40' 38^' 39» 152* 1531- 36" 372 37'i 36" 148' 1526^ 39- 157' 39" 39' 38" 40'' . 157" 3S" 3;i' 37" 39^' 155' R écapitulation 36" 37-' 37' 38' US- _ 37" 37'^ 37' 36" • US' 36» 37' 36" 36» 147' 1540^ 36" 36* 37' 36" 1471 Î557' 39^ 38* 4' Fi 39» 157" 1531- 38" 38^ iO" 39" 157' 1526-' 398 39-^ 4-j^' iO' 159-' 1537^ : 200 38,4 1537" 7692' • à 8 heures cl 13 hcuivs : ( uiUipvrinc l 0.65 1 cach;'t pvi'ainidon 0,10 / quinine / 0,20 20 610 SCIENCES MÉDICALES Or il est arrive ce que je prévoyais depuis longtemps, à savoir que les malades qui avaient pris des antilhermiques ont fait une température moyenne de 'AS",^ alors que les autres n'ont ]»as dé])assé .'•)érature de 40° en plateau, i'expubion au deuxième et au Iroisièuie jour de 3o lombrics, tes observations de cet ordre ne sont pas rares daus l;i lilh-iatme médicale. Xe iirouveni-elles pas 1(^ rôle iuqxu'tant de la fièvre dans l'expulsion des organismes saprophytes ou pathogènes? C'est pour cette rais(jn que l'organisme met tant de résistance à la main- tenir, malgré les anlithermi(pies et c'est pour cette raison aussi, que si au lieu d'imiter les proctklés de défense de la nature, on essaie de les C(»ntra- lier, on risque de nuire au malade : on fait une mauvaise l)esogne théra- peutique. — Nous eu avous la jjreuve dans ces accidents graves, dans ces réactions pénibles (]ui |)euven( aller jiisipi'au collapsus et (pii sout la conséquence de renq)loi inconsidéré des antipyrétiques quels qu'ils soient. A hante dose ils sont dangereux, à dose moyenne ils ne remplissent pas leur but. S'il en est ainsi quelle sera noire couduile vis-à-vis d'une pyrexie? Si nous dis|)osons contre elle d'un sérum spécifique nous y auions recours naturelliMuenl. llaus le cas contraire, notre rôle se bornera à observer la natui'e et à l'aider dans si^s moyens : Qiw iwtiira vergit, eo ducendum. La fièvre est une réaction expultrice : nous donnerons des tisanes sndorifiques, des laxatifs salins, nous fei'ons transpirer le inalade; nous exciterons la sécrétion urinaire par la lactose, l'urotropine et la théo- bromine, la sécrétion du foie par le caloniel à dose réfractée, et la teinture de chélidonii ■! de combrétum, l'excrétion pulmonaire par l'acétale d'ammoniaque ou la liqueur annnoniacale anisée. iN'ous exciterons la réac- tion de son système nerveux par des enveloppi'ments tiédes, et si la fièvre (312 SCIENCKS MÉDICAI.KS s'iiecoiiijKitiiie (le céplijilt'v (ui de nialnise? lu'iiihlcs nous lui iilaccroiis tirs c()iii|)iesses fraîches sur la l(Me el nous lui conseillerons de se haii;ner sou- vent les avants-bras dans des <' poissonnières » leinplies d'eau fraîche. Ce dernier |iroc<''d(' au(iuel nous avons souveni recours, soulai^e considérai >le- nienl les IV'liricitants : il rafiaîchil loruanisnie sans Iroulder sa défense. M. LE \y cAïuj;, Lmjii. ARSENO-BENZOL ET MERCURE G16.95I (rksu.mé) 2S Jilill:'!. A côté (les. accidents explicables (excès de doses ou produit altéré), on peut voir survenir, au cours des traitements par les sels d'arséno-benzol, toute une série de symptômes d'intoxication, fébriles, gastriques, congeslifs et cutanés, dans des conditions telles qu'aucune explication n'est encore possible. (Voir discussion de la Société de Médecine, avi'il-juin 1020.) Chez la plupart de ces intolérants, et même chez ceux qui ont le mieux supporté la médication auparavant, les mêmes incidents se renouvellent dès qu'on la l'eprend. Dans ces conditions, disent les partisans systématiques de l'arséno-benzol, il faut s'en tenir aux petites doses multipliés, adopter la forme hypodermique ou changer de sel arsenical. — Je crois cette ]>ralique dangereuse : 1° l'arce qu'on a vu survenii- l'ait à coup des accidents graves même avec des doses minimes de médicament: 2" Parce que la continuité du traitement est aussi nécessaire au succès défi- nitif que sa précocité ou son intensité: ',i° Parce qu'on réalise ainsi des pseudo-traitements parfaitement insullisanls. Nous commencions à voir abonder dans nos cabinets des malades a\ant subi un nombre élevé d'injections intra-veiueuses et qui présentent les plus authen- tiques syphilides. Le tâtonnement et les petites doses, expliquées par l'iidolérance du malade ou la timidité du médecin, ne peuvent que discréditer la méthode des injections in Ira- veineuses, dont l'excellence n'est plus à démontrer quand elle est appli- quée comme il convient. Comme conclusion : Chez ces intolérants, le médecin, et surtout le praticien non spécialisé, ont le devoir absolu de revenir de suite au triutement mercuriel intra-musculaire, — benzoate, biiodure ou c\anure — aussi intensif que possible, car un syphi- litique est d'abord un malade qu'il tant traiter et non un laboratoire d'essai ;i arséno-benzol. KORTINEAU — THAITKMK.M \)V CHAKIUtN lîAC.TÉRIKN Cl 3 M. LF. \r 1 OiniiMIAl), Nantes. ESSAIS DE TRAITEMENT DU CHARBON BACTÉRIDIEN PAR LA PYOCYANÉINE 2« Jiiilli'l. Vt'ien que nos recherclies ait'iil ('■!('' interrompues par la guerre el par fe (l(''('rs de noire reiirellr frère el eollal)oraleur C//ar/es /'o?7/îieaw, morl pour la France en ISIKi, le nombre de nos cas de charbon luiniain Irailés par la Pyocyanéïne alteini acUiellement 70. Ces cas se décomposent en .')" pustules malii;nes el I.') (l'drmes malins. Nous avons note o cléccs sur les 1)1 pustiMes malignes, (ous survemis chez des malades trailt's à ime épo(iue avanci'-e de la maladie, el 2 di'crs seulement sur les 13 (edcmes malins, soil l.'),3 0/0, alors (pic la .morla- lil('' dans cette forme si'vère du charbon atteint 08 0/0. L'examen bactérioloiiicpie a r[r pusilif chez 20 malades, mais tous les cas riaient caractéristiques et fuient traités par des nu'dccius ayant luic lirande expérience du charbon j)rofessionnel. I a Pyocyan(''ïne est une culture en milieu miiK'ral de bacille pyocya- xiitpie, ài;ée de trois semaines et stérilisée par la chaleur : chacpie pr(''pa- ralion doit être expérimentée chez le lapin charbonneux, car son pouvoir anlitoxi(|ue est inconstant. La substance active, tpie nous avons isolée en 'HM3 avec M. Mar;/iierj/. professeur de chimie à l'Ecole de médecine de Nantes, possède les pro- priétés des lipoïdes. T'ne injection sous-cutanée de o centiuièlres cubes sidiii liVMK'ralement à amener une régression rapide de l'iedèuie cl rauK'lioration des situes îién(''raux : elle peut être renouvelée au bout de 18 heures, si l'état du sujet ne s'est pas modilié. l'-elte injection provo(|ue une sensation de brùlinc j)endant (pielipies minutes, puis de contusion pendant plusieurs jours, la j)eau. l(\i;èrement o'd<''matisée pendanl 2'i lieui-es, rouiiil et devient doidoureuse à la pression et aux mouvements. Vax dehors des expériences de laboratoire sur la soiu'is. le cobaye, le lapin et le mouton que nous avons relatées dans les pidilications anté- rieures, nous avons'essayé rai)i)lication de ce traitement dans une ferme de r>reta|j,ne : à la suite d'un [)remier cas survenu en septembre 1910. 4 bovidés furent atteints les jours suivants avant (pie la vaccination anli- charboimeuse instituée aussitôt ait pu enrayer r(''pizootie: plusieui's autres animaux. achet(''s par la suite, et (pie l'on avait n('iili!j,('' d(Macciner. contract("'renl ét;aleinent la lic'vre charbonneuse : sur JT) bovid('s malades. 014 SCIENCES MÉDICALES 7 animaux Iraités ont fourni 0 ^ucrisons et 1 insuccès, les 8 autres, non traités ont tous succombé. Un l)œuf traité dans une autre ferme en juillet 191 '<, a également résisté, ainsi (|u'un mulet traité en l!ll" au kilomètre 4 de la route de Florina au col de Pisoderi, où de nombreux animaux de bàl sont morts à cettô époque de fièvre charbonneuse. Nous poursuivons l'élude de l'action curative de la Pyocyanéïne dans la maladie du charbon, encouragé par tous les confrères qui ont collaboré avec nous et par les industriels, importateurs de peaux, taimeurs, mégissiers et fabricants de crins, qui suivent avec intérêt toutes les recherches concernant le charlx)n professionnel. LE WL LE Gorr, l'aris. GLYCOSURIE ET SACCHAROSURIE CONSECUTIVES A LINGESTION DU SUCRE CRISTALLISÉ 616.633 *S Juillet. La consommation du sucre cristallisé a pris une extension considérahle depuis le commencement du xix*" siècle et ne cesse de s'accroître, d'une année à l'autre. D'après Willet et Gray (h, la production mondiale du sucre cristallisé fal)riqué avec la l)etterave et la canne à sucre s'est élevée en 1011 jusqu'à 17 millions de tonnes. " En France, suivant le Bulletin statistique du ^linistère des Finances, la consommation du sucre a plus (jue d(''cuplé depuis 100 ans comme le montre le tableau suivant : Années. Consommation en tonnes. 1820 48.000 1850 114.225 1860 201.473 1870 230.304 1880 317.720 1890 468.083 1895 428.519 1900 ..... 454.554 1905 526.111 1910 624.331 1911 - 694.036 1912 cm.dùi 1913 708.528 (1) Journal des Fabricants de sucre, l'i .luin 11111. ,1. LE GOFF — GLYCOSURIE ET SACCHAROSURIE 61-') En 18i0, cha(|ue l"'raii(;ais consommait à peine par jouiMpialre^ranmies de sucre, soit un demi morceau, on 1(S,")0, il en consommait huit i!,ranmies, soit un morceau de sucre, en 18!»(l, irenle-lrois grammes et en l!lll cin- ([uaule, soit plus de 7 morceaux de sucre. La ('onsommalion exagérée du sucre présenle-t-elle des inconvénients? Assurément si on la considère comme uiie des principales causes de l'augmentation des cas de diabète signalés dans tous les pays. Pour la Ville de Paris, l'Annuaire statisti()ue a enregistré en 1880, 128 d<''cès causés par le diabète sucré, soit une moyenne de 0,tJ44 pour 10.000 habitants. Cin([ ans après enl88.'>, on a 2ijl décès et une moyenne de 1,165 pour 10.000 habitants. En 1890, on trouve 304 décès et une moyenne de 1,345 pour 10.000 habitants; en 1805 on a 370 cas; en 1900, 427: en 1905, 443 et en 1909, on atteint le chiflre important de 525 décès soit approximativement 2 décès pour 10.000 habitants. Ainsi en trente ans le nitiiibre des décès causés par le diabète a quadruplé (1). D'après Williamson (2), on a cnri-gistré en Angleterre en 1866, 32 cas de mort par million d'habitants causée par 1(> diabète, en 1886, 59 cas, en 4906, 97 cas, et en 1907, 96 cas; à Berlin, la mortalité diai)étique s'est accrue d'une façon très marquée, de 1871 à 1880, la inorlalité était de 0,24 par 10.000 habi- tants; de 1881 à 1890, 0,43 et de 1891 à 1900, 0,82: en 1905, elle atteint 1,6 pour i>asser en 1906 à 2. \ Francfort, elle était en 1906 de 2,. 382. Dans le Dane- mark, à Copenhague de 1880 à 188i, elle était de 0,7; de 1885 à 1889, 0,8; de 1890àl894. 0,8: en 1906, 1,53; en 1907, 1,58. A Budapest, la mortalité a doublé en 10 ans. Aux États-Unis, la mortalité diabétique qui était de 1,11 en 1903 est passée à 1,39 en 1907. Cette année-là, quatre grandes villes américaines ont atteint et même dépassé 2 pour 10.000 haletants : Worcester M. 2, 73; Syra- cuse'X. -Y. 2, 57; the Bronx New- York, 2,5: Rochesler N.-Y., 2,16. En Aus- tralie, à Victoria, la mortalité diabétique s'est élevée de 0,38 en 1900, à 1,1 en 1907. Dans un travail récent (3), le Docteur Teizo Iwai, de Tokio, signale l'ac- croissement de la moitalité diabétique dans l'Empire du soleil levant. .lai commencé mes recherches en mai 1911. mes premiers résultats ont fait roitjet d'une communication à l'Académie des sciences (4). .l'ai donné 100 grammes de sucre à plusieiu's sujets sains et dans la plupart des cas, j'ai obtenu de la glycosurie et de la saccharosurie. Pour diverses raisons, il m'a été impossible de reiaire celte expérience sur l'homme, non plus une seule fois, mais journellement et pendant uni certain temps. J'ai dû la faire sur un chien de trois à quatre ans, du poids do U'Mm. (1) t)'' J. leGokf. — • De 1(1 inortdlllé cIk: les (/idljéti/ines, Gnzélle des hôpUmi.i- 'M) mars 1911. (5!) II. T. WiLLiAMSo.N, The Geofirdjihiriil Dislrih^liaii oj Lnaheiis Mellilas, Me'li'iil Cluo- niele, Jiih 1909. (3) D'' T. fwAi, Le illiihéle sucré dwz les Japoii'iis, ti'ailiiit par le I)"' LeGokf. — Archives de méileriic e.rperiiir'nliile el (runnUtniie piilholoi/ique, 1916, t. XXVFI. (4) J. Le Gofk. — Gli/rosiirie et saci-harnsuri" chez l'haiinne suni^conséculives à l'idjsarjt- tion de iOO oruiiimes de. snccharose. Cmiiples rendus de l' Acinléinie des sciences, t. CLII, p. 1785, séance du 19 juin 191). 610 SC.IKNCKS MKDlf.ALES Ce chien (Mail ciileniK'' dans une cage iiiélalliijue de ()"',!I0 de longiieiii'. 0"',G2'de lai'p'in' el 0"'.(m de hauteur, dont le fond formant ])1an inclini", permettait de r( ( iirillir les urines. Celles-ci, examinées pendant un mois avant le débul de mon expérience, n'avaient jamais présenté de ti'aces de lilucose. Le cliicMi recevait lous l(^s jours une pàlée composée de 1.(100 grammes d'eau, i'iO grammes de pain. 2^0 grannnes de viande. Par làlonnements, j'ai trouvé (|ue la ration alimentaire ('lait de l.oOO grannnes [«r jour', et, dans mes recherches, celte ration n'a pas beaucoup varie'". (Juanfl la pàtt'e n'était pas mangée entièrement un jour, elle ('-lail complétée et donnée le lendemain. Tanlôl, j'ai donné le sucre en dehors du lepas, le malin. (|iiand l'animal (Mail à jeun, tanlôl, el c'était le plus souvent, je l'ai méh' à la pàlée. Lors(jne la prise se faisait à jeun, comme le 2 décembre, l'appai'ition du glucose et du saccharose dans les ui'ines (Mail plus rapideet plus mai'([U(''e. Mes j)remi('res recherch(^s counnenc(''es dans le laboratoire (lu professeur Armand Gauliei', ont él('' conlinuées dans celui du professeur l'ierie Marie, .l'adresse à ces deux maîtres tous mes remerciements pour leur bienveillant accueil. C'est le S juin 1912 ([iie j'ai conmiencé à donner au chien le sucre, el j'ai continiK'' jusepi'au jour de la d(''claralion de la guerre; donc, pendant |)lus de deux ann(Vs, à l'exception du mois de janvier l!)i:>, ou le sucre fut supi^rimé. I)ans les ui'ines de 2'i heures, recueillies avec s(jin, j'ai cherché la pr(''- sence du glucose apn'-s (hMecation par le nitrate acide de mercure. J'ai dosé ce corps avant el après hydrolyse par (juchpies gouttes d'acide chlorhydricpie ou acide sulfurirpie. l*our la déf(''cation, j'ai suivi le procédé de Patein, toutefois la s(''para- tion du mercure par le zinc (Mail obtenue par agitation pendant (piebjues miiudes de zinc en poudre dans la solulion lilln'e. Pour le dosage, j'ai em|doyé tant(M la uKMhode de (îabriel PiCrtrand (1), tanl(')t la nuMliode habituelle de nxluction de sels de cuivre en me servant exclusivement de deux solutions séparées. i.;i TKpieur cupri(pie renfermait par litre 40 grannnes de sulfate de cuivre, et la li(pienr alcaline 200 grammes de sel de seignelle et l.'iO grannnes de soude causli(]ue. Pour démoidrer (pi(^ le glucose est bien éliminé par le rein el non pro- duit |)ar la fermentation du saccharose des urines (Mnises, j'ai proc(''dé de la- tiK.on suivante : Le 20 d(''(îembre 1912, j'ai sondé lechien à 10 heures du matin et recueilli une mine contenant I gr...'^0 de glucose et 2 grannnes de saccharose, he 10 heures du matin à 11 heures et demie, j'ai fait avaler par petites (1) Gabuiel lÎEiiTitAND. — />'' ilosdijc (lis ^iirri's rcdiiclciirs^ Diillcliii lie la Sorirlc rt)|)(»tassi(|ue et (|ni. ajjn'S d(''tecation, montrait 9"'J() de t;lucose |»oin' 1.000. Api'ès hydrolyse, en (HMianl à l^'hullilion pendant .'i minutes celle urine addilioniK'e de iO poulies d'acide chlorliydri(|ue. je trouve ^'i-Mili de saccharose e\|irinié en glucose. A V lieiu(^s. je sonde (le nouveau et rui'iiie présente ct'tle l'ois N-'",3i de i;luciise et z\ !.;raunnes de saccharose. l'endanl toute celle jourin'M' d'e\p(''rience. le chien a refuse'^ loule nour- riliu'e. Le leudeuiain. ilémellail VOO cenliiuèlres cuhes el le surlendemain 1 .000 cen(im<"'tres cuhes d'urine, ipii i(''(!uisail rorlemeni la li(pieiir cupro- |)olassi(pie. Tableau donimnl reiiKcmb/e des ilos((a petite quantité de saccharose signalée |>ar .M. Ilernier ( 1 1 dans lurihe normale provient sans doute du sucre absorbé. \'ii la facilité avec la({uelle le sucre passe dans les urines, il con\ ifudrait d'indi(iuer pour les recheiches sur les urines non j)athologiques si elles )>roviennent d'individus ayant pris ou non cet hydrate de carbone. Mes expériences sur le chien me permettent de dire que chez cet animal la givcosurieet la sacchaiosurie n'apparaissent (pi'après l'absorption d'un il) |{. Hkiimer. — Itcrlii'i-chi's sur les luidrulcs de cniluiii' rie l'iniiic niiniinlp, .Iminuii <{(• iiluniii'i it' kilos. Il va lieu de se demander si le passage dans l'organisme du saccharose (jui n'est pas directement assimilable ne sérail pas susceptible d'y produire des troubles et des lésions et de délerminer à la longue la glycosurie permanente. 13' Section. ÉLECTUICITÉ MÉDICALE Prémk'Hi. . . M. le D' ARCELIN, chef du Service radiographique à rHôpital Saint- Jos&pli de Lyon. M. LE D' ARCELIN ALLOCUTION DU PRÉSIDENT 615.84 28 Juillet. Il y a treize ans, j'avais invité le Congrès ]iréhistorique de France à visiter les fouilles que je pratiquais alors à Solutré. Vers la fin du banquet, le comte Zeppelin Aschhausen se levait et dans une harangue à sa fa(;on, il nous proposait une excursion en Alsace-Lorraine. 11 mettait en avant le « noble et commun intérêt de la science qui ne connaît pas les limites des frontières et qui permet de reléguer à l'arrière plan les choses qui séparent les honmies (1) ». La proposition rerut un accueil plus que réservé. Il est . non des choses, comme le disail le boche, mais des sentnnents(|ue l'homme de science garde au fond de son co.'ur et n'oublie pas. Le temps a passé. Les frontières ne se sont pas abaissées devant un congrès scientifique. Elles se sont reculées aux limites qu'elles n'auraient jamais du quitter. La grande épopée des temps modernes a rendu au sol français ses frontières naturelles. C'est avec une très grande joie que je viens présider à Strasbourg la XIIF section de l'Association Française pour l'Avancement des Sciences. C'est la réalisation inespérée d'un rêve douloureusement entrevu jadis! IVotre Section sera largement ouverte à tous nos amis d'Alsace et de Lor- raine. Qu'ils viennent nombreux à nos séances, qu'ils nous apportent leurs travaux. Ils seront reçus à bras ouverts. Ils nous feront le i)lus vif plaisir, nous les écouterons avec intérêt. Je souhaite la bienvenue à nos amis, les radiologistes belges, notre amitié pour eux est maintenant d'une solidité à toute épreuve. Après six années d'interruption, le congrès de l'Association Française (1) Coiujrés préliistoriqtte de France. — Compte rendu de la III' session, p. 978. ARCELIN — ALLOCUTION DU PKÉSIDENT 628 pour l'Avancement des Sciences ;ï mis quelques hésitations à reprendre ses traditionnelles assises d'avant-guerre. Je n'ai été avisé (juc lin mai de la date exacte de notre session. La grande famille des éleclro-radiologistes français s'est trouvée quelque peu surprise. Un petit nombre seulement a répondu à mon tardif appel. Je lui en garde une profonde reconnaissance. Les autres retrouveront sans doute l'an prochain le chemin de nos réunions si amicales, si vivantes, si instructives. Qui de nous n'a gardé un souvenir charmant des sessions de IHjon, de Toulouse, de ^îmes? Aucun de nous non plus n'a ouldié le congrès du Ihivre, brulalemeni interrompu par l'agression allemande. Certes, en nous dispersant pour répondre à l'ordre de mobilisation, personne ne songeait à une aussi longue séparation. Les années ont passé. Quelques habitués de nos congrès annuels ne reprendront jamais plus leur place parmi nous. C'est pour moi un devoir bien cher de rappeler ici leurs mémoires et leurs noms : Guilloz. profes- seur à la faculté de Nancy, Michaud, professeur à l'Ecole de médecine de Dijon, Wu/lyamoz de Ijausanne, Marqués de Montpellier, Si^^'we/ de Nîmes et plus récemment Jaugeas. Nous conserverons un souvenir ému de ces natures d'élite, de ces radio- logues enthousiastes de la première heure qui ont tout sacrifié, leur fortune, leur santé et leur vie pour faire progresser les sciences que nous aimons tant! La guerre a été une grande épreuve pour notre spécialité sous toutes ses formes : électrologie, radiologie, haute fréquence, lumière, radium; jadis reléguée presque au dernier plan, elle occupe maintenant une place paral- lèle aux autres spécialisations de la médecine et de la chirurgie. Je n'ai pas l'intention de faire une revue générale des progrès réalisés pendant la période de travail intense que nous venons de traverser. Ce serait infiniment trop long. Je me contenterai d'appeler votre attention sur les conditions idéales d'exercice de notre spécialité telles que le service de santé militaire les a réalisées dans quelques-uns de ses hôpitaux modèles. Si il y aeu un certain nombre de médecins militaires réfractaires (1) aux progrès nécessaires, d'autres ont su évoluer et s'assimiler les perfectionnements progressifs de nos méthodes particulières. Appelé à organiser l'une de ces formations privilégiées, je puis dire que la collaboration des compétences y avait été pleinement réalisée. A'oilà le grand souvenir que je conserve de mon séjour dans la foret de la Giron- cèle 11). Les locaux de l'hôpital avaient été aménagés dans le but d'assurer cette collaboration. Le laboratoire de radiologie, parfaitement organisé avec (1) Leurs noms sont voués à l'oubli et au mépris. Je me garderai bien de les rappeler. (2) A 20 kilomètres au sud de Verdun, il avait été construit en 1918 un hô)ntal modèle du service de santé, dont la direction avait été confiée au médecin principal Dufjuet. 624 KLECTRiriTli MÉIiICAI.E loules ses dépendances, ioiichail à la salJe d'opéralions, se prolongeait même à son intérieur pour donner au chirurgien le contrôle radioscopique à n'importe qnel moment. Une autre ramification du secteur électrique se d(''velo|)pait dans les salles d'hospitalisation. Chaque Idessé dans son lit, sans subir le moindre déplacement, pouvait être soumis, dans les meilleure» conditions, à un examen radiologique ou électrique. Chaque poste ainsi compris était desservi par une équipe de trois radio- logues, se relayant de 8 heures en 8 heures. Chacun d'eux était aidé par un manipulateur de tout premier ordre, l'un docteur en droit, Taulre licencié es -sciences pliysiques, un troisième élève d'une grande école d'électricité de Paris ou de tirenoble. Je le demtmde à MM. les Administrateurs de nos hôpitaux civils, combien d'entre eux ont eu à C(e'ur de visiter, de conniaire et d'imiter ce qu'avait fait de parfaitement bien le service de santé militaire? H ne faudrait pas que cette le -on terrible de la guerre, avec ses millions de morls^ de mutilés et de blessés soit [icrdue entièrement pour ceux qui souffrent. Le retour à l'intérieur pour plus d'un d'entre nous a été, au point de vue de l'exercice de notre spécialité, un véritable désenchantement. Il a fallu letrouver des locaux installés aux hasards des circonstances, à la cave ou au grenier dans des espaces trop restreints, utiliser des appareils .d'un modèle archaïque, des aides non éduqués, incapables d'assurer le service le plus élémentaire d'un laboratoire. D'autres encore moins favo- risés se sont retrouvés seuls pour faire face à toutes les exigences d'un service compliqué et délicat. Certains ont été obligés, au risque d'accidents graves, de dévelojtper eux-mêmes leurs plaques comme aux temps héroïques de la radiologie. Il y a certes quelque amertume à faire ces constatations. Tandis que partout l'industrie s'organise poui' un meilleur rendement, il semble que dans certains milieux liospiuiliers. la routine soit restée la grande maî- tresse. .Je dois rendre justice à quelrganisalions en matériel el en personnel (|ui peuvent assurer les meilleures conditions de traitement de nos malades, de nos blessés du temps de paix. Kn dépit de lous les obstacles matériels, malgré les réfractaires et les routiniers, par la conscience que nous mettrons dans toutes nos recherches, nos métliodes s'imposeront [ni ou tard, j'en suis sûr. il) Le service d'étectro-niiliologie du Val-de- Tu. NOGIER, Lvon. RAPPORT SUR LA RADIUMTHÉRAPIE DES FIBRO-MYOMES UTÉRINS a été publié dans le Jduniiil de JindhihKjie et (t'ElecIralniiie, tome IV, n° 12 année 1919. iS Jinllel. MM. LES i)^^ COLlNEai Er TEPilUCOL, Metz. UTILITÉ DE LA PNEUMO-SÉREUSE DANS LE DIAGNOSTIC RADIOGRAPHIQUE DES AFFECTIONS TRAUMATIQUES ARTICULAIRES 615.849 ^S .Iidllet. La Ihérapeu tique chirurgicale des lésions articulaires plus interventionniste qu'avant la guerre, doit être secondée d"une façon systématique par dc^s examens radiogi^aphiques après insufflation des articulations. La radiographie sans pré- paration spéciale de l'article reste muette, même pour un œil exercé, sur les lésions méniscales et ligamentaires: l'articulation insufflée, on voit plus en relief les rebords osseux, les ligaments sont dessinés, la synoviale apparaît dans toute son étendue, ses limites peuvent être définies, ses diverticules précisées et même .ses altérations capacitaires mesurées. Nous avons insufflé des articulations du genou, de l'épaule et du coude; les autres articulations sont plus difficilement injectables. La technique est la même, l'insufflation doit toujours être faite sous le contrôle d'un chirurgien ou d'un médecin exercé (asepsie, élimination de toute idée de bacillose, connais- sances anatomiques), l'article doit être vidé, on se servira d'une aiguille à injection hypodermique, de la seringue de Lûer à grande capacité, de la pompe de l'appareil Potain; le trocart à genou crée des bi'èches qui provoquent la diffusion de l'air dans les parties extra-articulaires. Air injecté, ni azote, ni ox\gèn(', mais de l'air atmosphérique pratiquement stérile. La résorption se fait en moyenne en quatre ou cinq jours. Nous avons utilisé pour la résorption rapide le système préconisé por ChuUon pour le pneumo-péritoine avec bon FOVEAU DE C0URMELI.P:S — LES HÉMOURAGIES UTÉRINES 627 résultat, mais diCQcUe pour la radiographie précise de profil. L'injection est pratiquée par les voies d'accès opératoires : à l'épaule : région antérieure, au coude : face postérieure, au genou, où l'on pratique liabituellenjent la ponc- tion : angle supéro-externe de la rotule; préférablement en perforant le tendon du quadriceps. C'est au genou surtout que la pneuraarthrose est indispensable: chaque hémarthrose ou hydarthrose traumatique est régulièrement insutïlée,. radiographiée ensuite. On reclierche 8ur le radiogramme l'intégrité des ailerons rotuliens, des ménisques, de leurs points d'insertion, les dimensions et les (Hverticules de la synoviale (point capital chez les hydarthroâés à répétition). On mesure l'écartement des extrémités articulaires qui facilite la laxitè articu- laire. Entin, on découvre des corps étrangers et des anomalies osseuses rendus plus manifestes. Nous croyons qu'il est préférable de limiter l'insutTlation aux affections trau- matiques, surtout en considération du résultat pratique. M. LK 1)^ FOVEAU DE COURMKLLES, Paris. LES HÉMORRAGIES UTÉRINES ET LEURS TRAITEMENTS PHYSIOTHÉRAPIQUES 611.66:616 005 2S Jiiillel. On néglige les anciens traitements, faradisation, galvanisation, curettage électrique, lumière (héliothérapie naturelle ou artificielle), encore si actifs et si à la portée des praticiens, parce que plus rapides sont les rayons X et le radium. Toutes les formes physiothérapiques peuvent agir efficacement sur l'hémorragie utérine, le plus souvent due à l'endométrite et au fibrome, et parfois au cancer. La radiothérapie des fibromes qui date d'une première communication de l'auteur (Institut, 11 janvier 1904) est aujourd'hui classique; elle réussit dans la plus grande majorité de cas (A. Béclère. J.-L. Faure, Berfjonié, Guilleminot, Zimmern, Laquenière, Dellierm...). L'hémorragie s'arrête dès les premières irradiations, alors faites (le préférence sur les régions ovariennes. Pour le cancer de l'utérus, qu'on accuse parfois les rayons X de produire, alors qu'il n'y a là que coïncidence, comme dans les cas de kystes de l'ovaire surajoutés au fibrome, le radium donne de meilleurs résultats par son applica- tion de doses plus ou moins fortes dans le vagin, encore convient-il de ne pas s'exp(jser à des gangrènes locales. D'ailleurs, le dosage des rayons X et dii radium n'est encore que relatif et les applications plus ou moins élevées sont encore très discutées. 1)28 Ki.KC.rnicrrÉ mkhicalk \IM. u:s 1)'^ (UJILIiEKT et IJAUDON, Cfu'ls de Lalioratoircs des Hônilaux de l'aris. NOTES SUR LA RADIOTHERAPIE PROFONDE EN ALLEMAGNE 615.8'i9 (43) 2S .liiillcl. Fiiute d'appareillage approprié la radiothérapie profonde n"a pas fait en France ies progrès queiittus avons pu constater en Allemagne. Il nous a paru intéressant de résumer les conclusions de nos voyages d'études en quelques notes sur : 1° L'appareillage et les tubes entolérés; ±' Les uiovens de mesure des ravons pénétrants: 3" Les dilTérentes mélhodes d'application; 4" Les résultats qui nous ont été donnés. M. ui IV If. (;LILLEM1^0T, fni'is. RAPPORT SUR LES PROCÉDÉS QUANTITO-MÉTRIQUES EMPLOYÉS EN RADIOLOGIE (iUt.HM i>S Jiiilh'l. ^ . H faut avant tout se rendre compte que tout réactif quel qu'il soil n'indique ]»as farohneiit Tinlensité absolue du rayonnement X étudié, car les rayons \ Les réaclifs chimiques ont donne l'ilhision lie ce pai'iiUélisnie. Les plus coniuis sont le réactif de llolzknecht, le réactif de Villa ni riii]»iu\é par S(ih:iiiraiid et Xoiré et par Bordicr, le réactif photographique de Kioihni-I.. En réalité ce parallélisme n'est qu'apparent et l'on sait aujourd'hui que la mesure eu unités II. si l'on ne tient pas compte de la qualité du raumncment. est ahsolumenl ilhisoii-e. Le réactif ionométrique et le réactif séléniométriquc ne paraissent pas encore suscei»lil)les d'enti-er dans la pratique, l'ourlant le [)'' Furstemm parait avoir réalisé un radiomètre au sélénium présentant un ccrtiiin intérêt. Le l'éactif lluoroniétriquc permet des mesures rapitles et sùr.'s. Il n'\ a hien enteuiiu aucun pai'allélisme entre ses indications et rcflicacilé hiochimique du rayonnement, jnais on peut l'utiliser a\ec une précision rigoureuse grâce au l'ail suivant : si l'on rapporte Tes elfets hiochimiques produits aux doses d'énergie radiante non pas incidentes, mais ahsorhées. on constate qu'à doses ahsorhécs égales, les effets produits sont les mêmes quelle que soit la qualité du faisceau. Ce qu'il y a de particulier pour ce calcul, c'est que la détermination des doses absorbées .peut se faire par la mesure dos effets lUioroscopiques commi- si ces effets li-aduisaion( l'intensité absolue du rayonnement. MM. LLs D- JALiLlN i^t LlMOUZl, Oi'léans. UTILITÉ DE LA RECHERCHE RADIOGRAPHIQUE DES LÉSIONS OSSEUSES DANS LA SGIATIQUE GI.J.8W 2S .liiilh'i. Les scialiques \ nos par les physiolhérapeutes sont en général des cas rel>ellcs ayant résisté au traitement médical ordinaire. Le phvsiothérapeute doit établir un diagnostic causal, (le diagnoslic indiquera le traitemeni cl permettra détablir le pronostic. Pour cela il faut un examen complet : hiterrogatnirc. Insjircliin : amyolrophie. hypotonicilé. altitude, démarche. l'dlpalioii portant sur le domaine du scialique et celui du mirai. l'rirnssioii forle de la hanche, du genou, «le la région loml)o-sacréc. Measuration. Examen des réflexes. mobUilé de la hanche et de la colonne vertébral(\ Électro-diagnostic. Cet examen peut faire soupçonner une lésion de la hanche ou île la région 1 oui bo-sa crée. La radiographie conlirme souvent cette hypothèse. Les auteurs montrent neuf radiographies choisies entre plusieurs auti'cs. Les cas «le lésions osseuses diverses des dernières lombaires sont fréquentes. 6H0 ÉLECTRICITIC MÉUICALK M. LE ly JAULIN, Orléans. TRAITEMENT DU SYGOSIS STAPHYLOCOCGIQUE PAR LA RADIOTHÉRAPIE ET L'ION ZINC 616. 949. 2 [615.8^9 28 Juillel. L'auteur a traité el guéri cinq cas de sycosis staphylocoecique rebelles par la technique suivante : Radiothérapie : 5 // sans filtre pour faire tomber les poils. Dans les jours suivant la radiothérapie : Ionisation à l'ion zinc avec un ban- deau épais de ouate hydrophile imbibé d'une solution de sulfate de zinc à 2 0/0 et relié au pôle positif. Durée de la .séance : une heure. Intensité : 10 milli- a m pères. Le traitement doit être continué ju.squ'à guérison complète. 11 a été respecti- vement dans les cinq cas de : 85, 51, 38, 22 et 20 séances. L'ionisation sans radiothérapie essayée dans deux cas n"a donné que des améliorations passagères. II en est de même en général quand on ne fait que de la radiothérapie. M. LE ir MORLLT, Anvtîrs (Belgique). I. — EXAMEN RADIOLOGIQUE DU TUBE DIGESTIF, EN PARTICULIER DE LAPPENDIGE Méthode américaine. II. — RADIOTHÉRAPIE DANS LA TUBERGULOSE OSSEUSE ET ARTICULAIRE III. — TRAITEMENT PAR LE RADIUM 616.849 + 546.432 iS Jiiilh't. 1. — ^Examen radiologique du tiihe digestif, en particulier de l'appendice (Méthode américaine). — La technique des Américains dilTèn^ de la nôtre par trois points : 1° ils choisissent comme véhicule du baryum le « Butter Milk ». Ariat Georges prétend par cette méthode rendre l'appendice visible chaque fois qu'il n'est pas pathologique, et aussi dans certains cas pathologiques: MORLET KXAMEN RADIOLOGIOUfi DU TUUE DIGESTIF 631 2'^ Ils attachent en /général plus (riuiportance aux données de la radiographie qu'à celles do la radioscopie. L'auteur que je cite n'emploierait qu'exceptionel- lement cette dernière. Mon avis est que toutes deux sont indispensables et se complètent. 3° Ils emploient les tils <à double éniulsion placés entre deux écrans renfor- çateurs, abrégeant ainsi le temps de pose tout en obtenant des clichés riches en détails. Caractères de l'appendice sain et de rapjiendice pathologique. Présentation de quekiues clichés obtrnus par cette méthode. II. — Radiothérapie dans la tuberculose osseuse et articulaire. — Relation d'une série de cas traités avec succès. Quelques cas suivis de radiodermites tardives malgré un filtre de 4 mill. Al. et 5 H. Ampoule Siederohre (Mïtller) : dureté 9 à 9 1/2 B au-dessus du filtre. Filtre de -i mill. Al. Technique. (^ 2 1/2 millis. 3 à 5 II. par porte d'entrée (mesurés sous le filtre, à la peau) suivant les régions. Une séaiTce par mois. III. — Traitement par le radium : a) Des verrues de la verge. Jeune homme présentant dix-sept verrues du gland, et le canal tapissé de verrues sur une longueur de 8 centimètres. L'affection a été soumise à tous les traitements, y compris la cautérisation et. le raclage. Guérison radicale et facile par le radium. b) Prurit rebelle scrotal, vulvaire et périanal. Quelques cas de guérison rapide. Certes, de nombreux confrères français connaissent la méthode américaine. Mon but est seulement de provoquer chacun à donner ses résultats afin ([ue nous, puissions par nous-mêmes voir ce que l'on peut en attendre en réalité. De même, en exposant mes résultats en radiothérapie des articulations tuber- culeuses, j'ai surtout en vue de voir discuter la technique. Ceux qui en ont fait plus que moi pourront certes nous donner d'utiles renseignements sur le dosage exact et la technique idéale. Pendant l'oc^'upalion j"ai vu dans la littérature allemande (la s"!ule que nous ayons alors) quantité d'opinions différentes. (i.'!2 Hi-Ecraicrn': mkdic.vi.I': A[. LE i)^ Stéi>ii\\i. L!':i)li(:, ProfessfUi' à l'Kooli' de Médecine de Ninite ALBUMINOLYSE ÉLECTROLYriQUE ()12.7'il.ri ; 6I."..S',1.T SS .InllL'I. Avi'C lies coiiranls intenses et iirolongés et des électrodes éIectrol\ tiques, sons la caliiode, on guéi'il régulièrement les ankyloses, les adhérences et on l'ait disparaître les exsudais. Cela est attrihnahle à la sokibilisalion. la dissolnlion, la résorption et renlraînenient des albnmin'oïdes coagulées. SuhiUilalion t'aciir à ni.'tire en éxidenic par re.\|)érience. M. LE D- MIRAMONl) de LAUOOl^KTTK, Médecin principal de fArinée, Algei'. HÉLIOTHÉRAPIE MÉrHOBIQUE di oiô.m:;} ■>8 .hiillrl. ï\ ne sullit pas de mellrc-les malades au soleil pour l'aire œuvre utile. L'héliothérapie est une radiothéra|)ie, donc de notre domaine. Elle doit être étudiée et appliquée avec méthode, sous peine d'inellicacité on d'accidents. Toutes les radiations du spectre solaire ont leur pail d'action; elles se dillérencient surtout par leur pénétration et leur niveau d'absorption. Les rayons dits chimiques lumineux et surtout les ultra-violets sont absorliés par les premiers millimètres des tissus. On attribue à l'ultra- violet un nMe exaj^éré. Les rayons dits calorifiques inri'a-roui,^es et surtout les lumineux sont plus pénétrants: on en décèle après j)lusieurs centi- mètres de profondeur. L'action des rayons chimiques s'exerce localement sur la peau. Les elFets locaux profonds ne sont produits que par les rayons jaunes, orangés, rouii,es. Les raygns chimiques et les rayons calorifiques ont, d'autre part, des efïets généraux importants grâce au sang circidanl et au système nerveux. Toutes les radiations ont d'ailleurs des effets énergétiques de même (1) \"uii' sur ce sujet : l'rim-ipi's ri iiiniiriis de i-cijiiUil'iiiii il- lu i-iirc sulairi- \\[(iiii/i' M('ill:iil. HM'il IO2O1. — Aiuilnijl's cl ili/l'fn/iircs ir/ii-liiiii il s )/ii\'rs s riiiliiilioiis siiluircs {('. li.. Ac. S::, 12 juillet 1920 '. MIHAMOM» m; l.A lioni KÏTK — TlilMKS nADlOl'HOTOGlUl'muUKS G-J^) ordre : excilalion, inllainnialion ou deslruclioii suivant rintensilr du rayonueineiil absorbe |>ar le lissu intéressé. Le dosage en héliiilliérapie est dilïicile, mais non impossible. Comme moyen de mesure, deux thermomètres suiTisent un noir au soleil (température du rayar les ampoilles sont encore li'ès limités et I emploi des pastilles ne donne pas dans tous les cas h'S jtiécisions qui seraient nécessaires pour l'analyse des divers [thénomènes radiogra|)hiqucs et radiolhéi'apiques. Bien des points, d'autre |)art, sont à préciser ou vérifier parmi les donnci s théoriques sur la valeur du rayonnement des ampoules suivant les divers facteurs, intensité du courant, longueur d'étincelle, etc.. qui régissent le débit ou l'utilisation de ce rayonnement. Les formules qui les concernent ne sont pas. en pratique, trouvées rigoureusement exactes. Ainsi, l'intensité d'action chimique des rayons émis ne va pas toujours 634 ÉLECTRICITÉ MÉDICALE régulièrement croissant avec l'intensité en millis. Cliaque ampoule parait avoir son coefficient et qui varie avec l'appareillai^e. Il importe, dans la plupart des cas, de le mesurer expérimentalement. Le facteur longueur d'étincelle intervient de manière plus variable encore et ne peut être que très approximativement représenté dans une formule mathématique. Même la loi des intensités inverses aux carrés des distances ne se trouve pas en pratique pour les diverses hauteurs d'ampoules, absolument véri- fiée dans tous les cas. Pour apprécier le plus exactement possible le rendement d'une ampoule sur un appareillage donné et suivant les diverses conditions de fonctionne- ment, j'ai utilisé des échelles de teintes radiographiques analogues aux échelles de teintes photographiques dont je me sers pour la mesure du rayonnement solaire. Ces échelles de teintes sont obtenues en impression- nant des secteurs parallèles d'une même plaque ou d'an même papier sensible pendant des temps régulièrement progressifs de 1 à 30". La comparaison des teintes des divers secteurs dans les différentes conditions d'expérience permet des déductions relativement précises, sou- vent fort intéressantes et qui peuvent servir n<)lamment pour le calcul des temps de pose. Les expériences doivent naturellement être répétées en séries pour aboutir à des conclusions fermes. Voici seulement, à titre d'exemple, le résultat de quelques observations. l'' Intensité d'action chimique du /■ayonnemeid suivant l'intensité en millis du courant. — Des échelles de teintes ont été établies successivement sur une même plaque avec 1 milli, 2 millis, 3 millis, 4 millis, toutes autres conditions restant égales. Pour une ampoule donnée, la teinte obtenue en 20" avec un milli a été réalisée en 12" avec 2 millis, en 8" avec 3 millis. en 7" avec 4 millis. Pour quatre autres ampoules différentes, sur le même appareillage, les chiffres obtenus ont été les suivants : 1 milli. 2 millis. 3 millis. 4 millis. o o 3" lu" En passant de 1 à 2 millis, le rendement est à peu près doublé, mais il augmente beaucoup moins de 2 à 3 et de 3 à 4 millis. La progression n'est pas régulière. Dans un cas (exp. 4), l'effet chimique a même été moins accusé avec 4 millis qu'avec 3. Exp. 1 ; : Chabalu . . . 20" 9"5 6" Exp. 2 : CUABAUD . . . 20" . 8" 7"2 Exp. 3 : : PiLpx 0>P . . 20" 10" 8" Exp. 4 : Pilon O.M^ . . 20" 11" 8" MIRAMONL» DE LA l!()QU£TTK — l tl.NïES RADIOPHOTOGRAPHIQUES (j'À-i 2" Intensité d'action chimique suivant la liautenr de Vampoule. H = 20 cm. :{0(Mn. 'lO cm. 5(t cm. CO cm. Exp. 1 . . . . 1 o 1 u ' Exp. 2 . . . . 1" 2" 't" ■ G" 10." La progression n'est pas toujours inversement proportionnelle au carré des distances, mais s'en rapitroche sensiblement. 3" Action des rayons secondaires. — Des échelles de teintes ont été faites pour mesurer le renforcement de l'action chimique p|f' les rayons secon- daires émis par des pla«iues de plomb ou de zinc sous-jacentes au cliché. Si la gélatine est contre la placiue de métal, le renforcement est notable, surtout pour le zinc; il est dans l'ordre de 1/2 à 1/10" de seconde de temi)s de pose. Si la gélatine est en haut et le verre du cliché au contact des lames de métal, le renforcement est nul; les rayons secondaires sont arrêtés par le verre. La comparaison du cliché pris dans ces conditions avec le précédent montre, d'autre part, que le verre de la plaque mis en haut réduit l'action chimique du rayonnement direct dans la proportion de 12 à 3. Il faut 12" pour obtenir verre en haut la teinte que l'on obtient en .S" gélatine en haut. Il faut donc, comme on sait^ mettre toujours le cliché gélatine en haut, et ne conqjter en aucune manière sur un renforcement par des plaques métal- liques sous-jacenles. Je me suis également servi des échelles de teintes pour ?«e5urer /a ra/ew/- des écrans renforçateurs (valeur qui dillere dans de grandes proportions d'un écran à l'autrê et, {>our un même écran d-'une période à l'autre). ,Ie m'en suis servi encore pour apprécier la dilférence de sensibilité des plaques et des papiers .sensibles. Il est économique et il sullit souvent (comme je l'ai signalé en 1913 au Congrès de Tunis) de faire des radios directes négatives sur papjier au gélatino bromure d'argent. Les(''chellesde teintes montrent que la sensibilité des plaques et des papiers est dans la proportion de .3 à 1 : il faut donc pwser trois fois plus pour les radios faites directement sur papier, et il est particulièrement utile dans ce cas de se servir d'écrans renforçateurs. Les exemples ci-dessus montrent le parti que l'on peut tirer des échelles de teintes radiographiques qui constituent un procédé de mesure simple et suffisamment précis si les conditions d'exj^ériences sont minutieusement réglées. i)3t> ÉU:CTR!CITK MKLdf.AM-: M. LE U' ki:hgiu)jie\. RÉSUMÉ DE LA MÉTHODE DU PNEUMO-PÉRITOINE ARTIFICIEL APPLIQUÉE A LA RADIOSCOPIE 015.849 28 Jiiill.l. V- Principe. — Il s'agit de l'iiisulllalioa de la ca\ilé péritonéale par un ga/ qui, se répandant entre les différents viscères, provoque des contrastes qui donnent à l'écran radioscopique une \aleur et une sûreté inconnues auparavant. E.rpi'rif'uccs. — I" Pratiquées avec deux vases coUimunicants en provoqtiant par simple dénivellemeut de liquide antiseptique une chasse d'air sous pi'ession constante dans la cavité péritonéale du patient. L'air ou l'oxvgène sont filtrés sur du coton ou, au besoin, chauffés à 37 degrés. La ponction a été pratiquée soit liara-ombiligale, soit mieux encoi-e, en deiJans de l'épine iliaque antérieure et supéi'ieure. au point classique, sur la ligne (juihilico-spinale. — Lue injection de cocaïne la rend au préalable indolore. 2" (>n suit à l'oscillomèlre les variations possibles de l'indice : toute diminu- tion, indiquant un fléchissement cardiaque, oblige l'opérateur à pratiquer un dégontlemont immédiat. A cet effel. une soupape de sùrelé est créée par la canule du trocart laissée en place au lieu de ponction, pendant toute la durée de l'examen. Aussitôt celui-ci terminé, on dégonfle le malade, sans que ce dernier ait i-cssenli la moindre gène à aucun moment, la disparition de la malib' hépatique indique que le degié voulu d'insutflation a été obtenu; d'ailleurs, on suit à l'écran l'évolution dans la marche des phénomènes. — .Jamais on n'a eu d'accidents, malgré les sujets débilités sur lesquels nous avons dû, en clinique, intervenir. 3" Les expériences entrei)rises à Hordeaux, dans le service de \L le Professeur Benjonie. ont porté sur deux ordres de faits : (I) Sur des altérations morphologiques possibles des viscères pleins chez des malades hospitalisés; b) Sur des examens du tractus digestif après ingestion de bouillie bismuthée, pour étudier les modillcalions que des poussées de péritonite chronique succes- sives avaient pu apporter au fonctionnement de cet appareil et au clieminement de la bouillie opaque. Dans les deux cas, les expériences se sont montrées tout à fait inoffensives, opérant sur des malades à tensions -basses, à indice faible. L'une de ces malades, de consultation externe a regagné aussitôt apiès avoir été gonllée, examinée, puis dégonflée, son domicile dans la banlieue de Bordeaux. A aucun moment, ils no se sont trouvés incommodés. PAUTRIER ET PAYEN.NKVILLE — TUAITEME-NT DES TÉEANCIEr.TASIES Ci'M 4» Les résultats ont été appréciés par M. le Professeur Bergonié lui-inêuie. qui a pu se rendre compte de l'innocuité parfaite de nos expériences et du procède mis en œuvre avec de l'air, sous le contrôle osciliométrique. Il a bien voulu nous conseiller de généraliser l'emploi de l'iasufïlation autant qu'il sera possible de le faire clans tous les cas cliniques à observei-, en adoptant plus parliculièro- nient l'oxygène dans le cas de replis péiilonéaux développés, lorsque l'on pour- rait craindre un déxonllement imparfait et une certaine quantité d'azote résiduel. La netteté des images s'est montrée incontestablement beaucoup |)lus grande, et- la délimitation d'un foie en particulier a pu être faite dans le cas d'une tumeur inprécisée de l'abdomen localisée à l'bypocbondre droit. Pour les reins nettement perçus, la question de l'orlbodiagramme n'a encore pu être étudiée avec précision.. Pourcequi.estdes brides périlonéalcs et des foyers de péritonite plastique, ces, adbérences peuvent être plus facilement révélées et étudiées par ce procédé que par tout autre. 5'> L'auteur termine sa tbèse en concluant (|ue ce procédé inoffensif doit être d'un emploi généralisé, étant à la portée de tous les médecins radiologistes, donnant des aperçus aussi nets sur la cavité abdominale et n'immobilisant pas le malade. M. LE D' PALTR1K[\, Strasbourg, ET M. LE D^ PAYE^Nl^MLLi:, Médecin des Hôpitaux de Rouen. ESSAI DE TRAITEMENT PAR LA DOUCHE FILIFORME DES TÉLANGIECTASIES CONSÉCUTIVES A LA RADIOTHÉRAPIE (Ji:j.849 ia Juillet. A C(Mé des réaclions graves, |)récoces ou tardives, pouvant succédera des applications de radium ou de radiothérapie, il en existe d'autres qui, sans présenter un pronostic aussi sérieux, peuvent néanmoins compro- mettre le bon fonctionnement de la peau ou constituer au simple point de vue de l'esthétique une véritable diirormité; c'est dans celle dernière caté- gorie que rentrent ce que Ton appelle les télangieclasies. Ces télangieclasies qui ne sont autre chose que des dilatations des capil- laires cutanés, existants ou néoformés, peuvent se présenter sous des 638 ÉLECTRICITÉ MÉDICALE aspects assez différents : la première variété, la i>lus simple, consiste dans de fines arborisations vasculaires à tleiir de peau plus ou moins ramilîées, mais cela sans dispositions régulières; la seconde se rapproche beaucoup de ce qu'on a|)pelle les nœvi stellaires, c'est-à-dire qu'autour d'une petite saillie vasculaire centrale existe une série de petits vaisseaux très sinueux semblant rayonner. Ces variétés ne s'accompagnent pas ou peu d'atrophie cutanée; il en existe une troisième sorte, véritable radiodermite chronique, dans laquelle les arborisations vasculaires semblent plus profondes et comme noyées dans une peau atrophique et comme infdtrée, recouverte par places de squames et même de petites productions cornées. Disons de suite que cette courte description des télangiectasies a pour but d'en préciser le traitement; en effet, la méthode que nous voulons préconiser ne doit être employée que dans les deux premières variétés, car chaque fois qu'il y aura véritablement radiodermite chronique, elle sera tout à fait contre-indiquée. En mai et juin 1914, l'un de nous, dans une communication faite à la Société de Dermatologie, étudiait en collaboration avec MM. Veyriéres et Desaux, une nouvelle méthode à employer en tliérapeutique dermatolo- gique; cette méthode appelée par eux douche filiforme, semblait devoir donner de très bons résultats dans un certain nombre de cas de dermatoses et peut-être même dans le traitement des télangiectasies port radiothéra- pique. Ayant repris ces recherches à l'occasion d'un perfectionnement apporté par nous à l'appareillage, permettant do l'employer plus facilement en clientèle, nous avons eu l'occasion de traiter quatre cas de télangiectasies consécutives à des applications de rayons X. Dans ces quatre cas, nous nous sommes trouvés très bien d'avoir , employé cette nouvelle méthode. 1° Dans les deux cas, il s'agissait d'un large placax'd de télangiectasies siégeant à la partie médiane du cou chez deux femmes traitées pour des goitres \mv des applications de rayons X filtrés. It n'y avait pas d'atrophie de la peau: ces deux malades n'avaient à aucun moment présenté de radiodermite même légère, elles avaient eu seulement un peu de pigmentation. Au bout de quelques séances de douche filiforme, les télangiectasies avaient presque complètement disparu et cela sans amener la moindre réaction de la peau. 2° Dans le troisième cas, il s'agissait d'un homme traité pour une siryngo- myélie par des applications de rayons X filtrés le long de la colonne vertébrale, et présentant une large bande de télangiectasies confluantes s'étendant des premières cer\icales aux premières lombaires, ayant l'aspect d'un véritable nœvus. Deux séries d'applications de douches filiformes parvinrent à diminuer dans des proportions énormes l'étendue et la coloration du placard. PAUTIilER ET l'AYENNEVILLE TRAITEMENT DES TÉLANGIECTASIES 639 Dans ce cas exceptionnel, étant donné l'importance des lésions bien que nous n'ayons ].as ol)tenu leur dispai-ition totale, nous nous sommes rendus compte quand même des modilications importantes obtenues par la douche filifornie, et nous sommes convaincus que, comme dans les deux cas précédents, s'il s'était agi d'un placard beaucoup moins important, nous aurions obtenu des résultats esthétiques tout à fait satisfaisants. 3« Le quatrième cas est celui d'une malade traitée par la radiothérapie pour un lupus assez étendu de la face. Contrairement aux cas précédents, les télan- giectasies se trouvaient dans une peau cicatricielle, mais cependenl ne présen- tait aucune trace de radiodermite chronique. Lu encore, la douche filiforme fit merveille et nous pûmes arriver en ciselant littéralement la face de la malade, à faire disparaître les télangiectasies, sans toutefois altérer le travail de cicatrisation du lupus effectué par les rayons X. Nous aurions voulu vous présenter ces malades, mais l'éloignement d'une part, le fait qu'il s'agissait de malades de clientèle privée d'autre part, nous en ont empêclié. Nous avions essayé de faire des photographies des lésions avant et après le traitement, mais la guerre étant survenue, nous n'avons pu retrouver les épreuves; d'ailleurs elles rendaient très imparfaitement compte de l'état de nos malades et n'auraient présenté qu'un intérêt tout à fait relatif. Vous pouvez cependant nous en croire et essayer cette nouvelle métliode; nous sommes convaincus qu'elle donnera entre vos mains des résultats aussi satisfaisants que les nôtres. Ces essais nous ont paru intéressants cà rapporter à un Congrès où une place spéciale a été réservée à la physiothérapie. Sans aucun doute la douche filiforme est appelée à rendre de très grands services en thérapeutique dermatologique et dans le traitement esthétique des télangiectasies port radiothérapiques; elle se montre nettement supé- rieure à toutes les autres méthodes conseillées, telles que ignipuncture, électrolyse, neige carhonique. Nous ferons une seule réserve i>our le cas correspondant à la troisième variété, c'est-à-dire ceux où il y a radiodermite chronique même légère, car nous savons tous que dans ces cas la peau est peu résistante, s'ulcère très facilement au moindre traumatisme, et n'a que peu de tendance à la cica- trisation. Sans vouloir insister à nouveau sur la technique employée et sur l'appa- reillage, qui ont été décrits très en détail par l'un de nous, cependant qu'H nous soit permis en quelques mots de vous signaler certains perfectionne- ments apportés par nous qui peuvent permettre une application plus facile de cette méthode en clientèle. Le principal perfectionnement consiste dans le remplacement du premier ai)pareil décrit par le docteur Veyrières, par une bouteille à air comprimé (le modèle employé pour gonfler les pneus d'automobiles), munie d'un détendeur. Celle bouteille à air permet d'obtenir rapidement une pression 640 l-LKCTldCITÉ MKIUCALE «le 6 à 7 kilos (|iii se luainlient constamment et no nécessite l'emploi d'aucun aide ni d'un moteur qui actionne la pompe, à condition de ne pas employer un réservoir à eau trop grand, une bouteille à air peut facile- ment permettre cinq à six a[)plications. Le remplacement de la bouteille à air en est facile, étant donné qu'il en existe dans tons les garages d'auto- mobiles. Ceux d'entre vous que la question intéresse, pourront voir ce modèle à ia Maison Guesnier de l'aris, construit suivant nos indications. Nous espérions pouvoir vous le présentera l'exposition des appareils, mais ]Kir suite des dillicultés actuelles de constructions et de tiansport, la maison n'a pas pu établir en temps cet appareil. HlBLIOGIUrHlE : MM. Paltrieu. Veyriéiucs et l>KS.\i'\ : La douche filifonu" en thérajK'iiliqui' dmiKi- liihifjique. Société dr Dcnnalnlogie du 7 niai l'.li i. — Bul. 1914, p. 28^>. M. Jea.nselmi-: : Société de dcrniatalof/i)', 4 juin 191 i, Lésions cul(iné"s consécutives à une radiuindermite, liuL p.- 312. 1>>P. \ri.M : Heprod'ici\ii>i de l'appareil du D' Veijrières. Hul. de la Société de licrma- tolo;,ie, 1914, p. 330. 20*^ Section. SCIENCES PHAHMACOLOGIQUES Président. . . M. G. MASSOL, Doyen de la Faculté de Pharmacie de Montpellier. Secrétaire. . . M. F. MORVILLEZ, Agrégé à la Faculté de Médecine de Lille, M. GORIS, Pharmacien des Hôpitaux de Paris. COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 616.996.022 26 Juillet. Les recherches sur la composition chimique du bacille tuberculeux nous ont permis d'isoler un certain nombre de composés dont quelques-uns ont déjà été signalés, alors que d'autres sont nouveaux : l"' Par le traitement des bacilles secs avec le chloroforme à chaud on isole 40 0/0 environ de substances grasses ou lipoïdes; 2° Ces bacilles ainsi dégraissés, traités par macération dans l'eau froide, se laissent alors facilement pénétrer par ce solvant. La solution aqueuse additionnée d'alcool donne un précipité d'une substance albuminoïde, tandis que les acides aminés restent en solution. Extraction des matières grasses et cireuses. — Pour les préparer nous nous sommes servi des bacilles tuberculeux utilisés pour l'obtention de la tuberculine à l'Institut Pasteur. On les lave à Teau froide pour enlever toute trace de bouillon, on les sèche dans un courant d'air chaud à 37" et les épuise alors par du chloroforme bouillant qui enlève toutes les matières grasses et lipoïdes. Il faut employer 6 à 7 fois leur poids de chloroforme pour obtenir la totalité de ces substances. La solution chloroformique est alors séchée sur du sulfate de soude anhydre, filtrée, puis distillée. Lorsque la majeure partie du chloroforme est distillée on verse le liquide dans une capsule et on continue l'évaporation au bain-marie. Vers la fin de l'opéra- tion, alors que la partie superficielle est encore bien liquide, on constate au n G42 SCIEJNCES PHARMACOLOGIQUES fond de la capsule la présence d'une couche plus dense d'aspect gélati- neux, mais homogène qui tend, au fur et à mesure de l'évaporation, à se séparer au sein même de la solution. De fait, lorsque le chloroforme est évaporé on trouve au fond de la capsule une masse dure, résistante, de couleur chamois. Si av^nt la fin de l'opération cette matière a été divisée par agitation, elle se présente en fragments plus ou moins volumineux de même aspect et de même consistance que précédemment. On sépare ces morceaux directement à la main ou après fusion du corps gras ; on les lave à l'éther pour enlever la substance grasse adhérente, puis on les redissout dans le chloroforme qui, par évaporation, abandonne une masse de couleur blanc rosé, de consistance élastique, rappelant celle du caout- chouc ou mieux de la gutta-percha. Cette substance renferme encore de la matière grasse interposée. Pour la purifier, on la dissout dans le chloro- forme et on traite par l'éther. Le produit se précipite alors sous forme d'une masse gélatineuse blanchâtre et la graisse reste en solution dans l'éther. Ce traitement est répété deux fois, et finalement la substance est redissoute dans le chloroforme qui abandonne par évaporation un produit complètement blanc, d'aspect corné, et moins élastique qu'avant la puri- fication. Quinze cents grammes de bacilles secs soumis au traitement ont fourni environ 7 grammes de ce produit. Ce corps est insoluble dans l'eau, l'alcool, l'éther, l'éther de pétrole, les huiles. A l'état pur il se dissout à la longue dans le chloroforme à froid. Il n'est pas soluble dans la benzine ou le xylol froids ; ces solvants doivent être maintenus à l'ébullition très longtemps pour en amener la disso- lution. Il est surtout très soluble dans le chloroforme à chaud en donnant une solution visqueuse. Si on abandonne à l'air une solution chloroformique diluée dans un petit cristallisoir. on obtient par évaporation spontanée une mince pellicule translucide d'aspect vitreux analogue à une pellicule de côllodion ou d'acétate de cellulose. Pour rappeler cette propriété physique, nous avons donné à ce corps le nom de « hyalinol » de « ùaXivoç » qui a la transparence du verre. - . • Il se ramollit, plutôt qu'il ne fond, à 175°. La composition centésimale de ce corps est donnée par la combustion qui nous a fourni les chiffres suivants : C 55,50 0/0 H 7,15 0/0 0 37,35 0/0 Traité à l'ébullition par une solution aqueuse de soude au quart il dégage une odeur agréable de jasmin. La saponification est d'ailleurs lente à se faire avec une masse aussi compacte. La solution sodique épuisée à l'éther abandonne au solvant une petite quantité de corps à odeur de jasmin et de mimosa. La. solution sodique GORIS — COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 643 décomposée par l'acide chlorhydrique est reprise par l'éther, i'étlier est séché sur du sulfate de soude anhydre, après évaporation spontanée il reste un acide cristallisé en tables transparentes, à odeur butyrique désa- gréable, fondant à 71", après purification. Cet acide est de l'acide crotonique mêlé à de l'acide isocrotonique qui lui communique l'odeur butyrique intense. Les substances grasses privées de ce corps sont traitées par l'acétone à chaud qui laisse insoluble un mélange cireux de couleur brunâtre. La solution acétonique laisse déposer par le refroidissement un mélange de matières grasses et de cire que l'on sépare par un nouveau traitement à l'acélone chaud. Ces cires sont constituées par deux alcools particuliers, l'un fondant à 66" et identique au Mykol isolé par Sakae Tamura, l'autre fondant vers 100° et obtenu en trop petite quantité pour être étudié. La matière grasse proprement dite du bacille tuberculeux est composée de glycérides, des acides oléique, palmilique, stéarique, arachidique. On y constate aussi la présence en faible quantité des acides caproïque et butyrique et, en outre, d'un phosphatide dont la nature n'a pu être déter- minée. Quant à la cholestérine, sa présence est douteuse. Extraction (tes matières solubles dans l'eau. — La macération aqueuse des bacilles épuisés par le chloroforme donne un liquide de couleur jaune d'or à reliefs verts, dichroïque. Traité par un excès d'alcool, on obtient un précipité que nous appelons tubercutlne brute. C'est une nucléo-albumine renfermant 2,165 0/0 de P*0* -ou 1,207 de Ph. . La solution précipite par l'acide phosphotungstique, par les acides miné- raux, précipite par les acides organiques, citrique, lactique, acétique, mais le précipité disparaît ]jar un excès de réactif. La réaction du biuret est négative, par contre celle de Millon est posi- tive . Ce composé injecté à des cobayes tuberculeux amène leur mort dans un temps variable de 3 à 8 heures, avec élévation de température. La solution alcoolique d'où l'on a précipité la soi-disant tuberculine est distillée puis évaporée au bain-marie. Il reste un résidu à odeur de peptone. Cet extrait est surtout constitué par un mélange d'acides aminés. Conclîision. — En résumé, les substances lipoïdes du bacille tuberculeux comprennent : une substance nouvelle, ayant la constitution d'un éther de nature particulière. Elle est soluble dans le chloroforme, insoluble dans l'éther ordinaire et se dédouble en donnant de l'acide crotonique mêlé d'un peu d'acide isocrotonique et une essence à odeur agréable de mimosa. Nous lui avons donné le nom de « hyalinol » pour rappeler une de ses propriétés physiques ; 644 SCIENCES PHARMACOLOGIQLES Un mélange cireux d'aspect résinoïde contenant différents composés et en particulier un pliosphatide. La saponification des produits cireux nous donne : deux alcools à poids moléculaire élevé dont le mykol fondant à 63** et un autre alcool fondant vers 100", un mélange d'acide palmitique et stéarique, et laurique; Une matière grasse constituée par les glycérides des acides : oléique, palmitique, stéarique, arachidique. On y. trouve aussi en petite quantité des acides caproïque et butyrique. Parmi les substances non lipoïdes, on a isolé une nucléo-albumine qui donne des réactions analogues à la tuberculine, mais toutefois moins accentuées. Les substances solubles dans l'eau et l'alcool sont nombreuses : ce sont des acides aminés parmi lesquels on y a signalé presque tous ceux qui sont connus à l'heure actuelle. L'étude chimique du bacille tuberculeux mériterait d'être poursuivie. Il y aurait même un très grand intérêt à étudier comparativement la compo- sition des différents bacilles acido-résistants, virulents ou non virulents (bacille de la Flouve) qui se seraient développés sur des milieux très diffé- rents. Ce sont là des études très coûteuses mais dont les résultats auraient pour but de mieux préciser la nature des principes nocifs du bacille de Koch. MM. A.-Ch. hollande, Professeur à la Faculté de Pharmacie de Nancy, ET L. THÉVENON, Pharmacien-Major de 1" classe. TACHYCARDIE ET CAFÉINE; RECHERCHE DE LA CAFÉINE DANS LES URINES 615.711.62 : 612.461 27 Juillet. Dans le but de déterminer une accélération des battements du cœur, certains simulateurs absorbent, quelques heures avant leur examen médical, des doses relativement élevées de caféine (0«^50, 1 gramme, et même plus). Nous avons recherché s'il n'était pas possible de mettre en évidence ce genre de simula- tion (t), par la recherche, l'extraction et la caractérisation de la caféine dans les urines. (1) Nous remercions ici M. le D-^ H. Lêvp.at, qui a bien voulu aUirer notre attention sur ce genre de simulation. Suivant ses observations, le nombre des pulsations cardia- ques, chez les sujets ayant ingéré de la caféine, peut s'élever à 100, 130, 160 par minute. Par sa constance, cette tachycardie se différencie bien de la tachycardie émotive qui n'est que passagère, mais peut être confondue avec l'accélération pathologique du cœur. HOLLANDE ET THÉVENON — TACHYCARDIE ET CAFÉINE 643 Nous indiquerons ici le mode opératoire que nous avons suivi. Les urines de vingt-quatre heures du simulateur présumé sont rassemblées (1) et traitées par du sous-acétate de plomb dans la proportion de 1""^ pour lO'"'" d'uriAe, de façon à déféquer et précipiter l'acide urique, la créatinine, etc. On filtre ; le filtrat incolore est traité par une solution saturée de sulfate de soude jusqu'à cessation de la formation du. précipité blanc de sulfate de plomb. On filtre à nouveau ; la liqueur obtenue est mise dans une boule à décanta- tion et traitée à trois reprises différentes par du chloroforme (soit en tout 100'^™^ de chloroforme pour oOO""^ de la liqueur primitive). On réunit le. chloroforme ayant servi à l'extraction de la caféine, on le distille en partie (pour récupérer le chloroforme) et on l'évaporé finalement au bain-marie dans un petit cristal- lisoir de verre. Dans le cas où le sujet a absorbé de la caféine, le produit de l'évaporation est constitué par de nombreuses aiguilles soyeuses ou des touffes de cristaux radiés (2). ' Dans le cas -de non-absorption de caféine le résidu de l'évaporation est amorphe. Nous avons caractérisé la caféine par ses réactions organoleptiques, son point de fusion, sa très faible solubilité dans l'éther et par les réactions de Weidel et de la murexide. Après Textraction de l'urine, les cristaux de caféine sont fréquemment colorés par des pigments entraînés par le chloroforme ; l'addition d'éther sulfurique au produit cristallisé permet d'enlever ces pigments sans dissoudre notablement les cristaux de caféine. . Ainsi purifiés, les cristaux de caféine ont une saveur amère très prononcée ; ils fondent à -|- 178 degrés centigrades ; ils ne donnent pas de coloration rouge en présence de Tacide sulfurique dilué au cinquième (3). En résumé, on peut aisément reconnaître si un sujet a absorbé de la caféine avant de se présenter devant la commission médicale chargée de l'examiner. La caféine se retrouve dans l'urine, en partie non modifiée (4) et peut être extraite au moyen du chloroforme après précipitation par le sous-acétate de plomb. I Il va sans dire que la recherche de la caféine ne pourra fournir de résultats que si, en présence d'une tachycardie prononcée (100 — 150 pulsations), le sujet nie avoir absorbé de la caféine ou des tasses de café (5). (1) Le volume des urines de vingt-quatre heures est en général augmenté (deux litres et plus) chez un sujet qui a absorbé de la caféine. i2) Lorsque le malade a absorbé en grande quantité du chocolat ou du cacao, on peut retrouver aussi de la théobromine (jui se différencie alors nettement de la caféine par le l'ésidu amorphe que laisse l'évaporation du chloroforme au bain-marie. (.3) Si les cristaux se coloraient en rouge, ils seraient formés par de la cholestérine que Ton rencontre quelquefois dans les urines purulentes. (4) Nous avons pu extraire par le procédé que nous indiquons 06',26 de caféine de deux litres d'urine émise en vingt-quatre heures par un sujet témoin, ayant absorbé 1 gramme de caféine. (5) ScHMiEDEBERG indique qu'une tasse de café provenant d'une nfùsion de 166^50 de café torréfié renferme Oe',10 à Oe-, 20 de caféine. 646 SCIENCES PHARMACOLOGIQUES M. LEMATTE, Docteur en Pharmacie, Paris. LE RÉGIME NORMAL. — LES LOIS DU MÉTABOLISME MINÉRAL. GENÈSE DE L ACIDITÉ PHOSPHATIQUE 612.015.31 i6-.)iiill<'L I 1° L"auteur démontre que les acides et les bases apportés par la ration se saturent dans l'organisme selon les lois de la thermochimie. 2'^ Les quantités d'acides et d'o.xydes apportés par les aliments sont telles que lorsque les saturations réciproques sont satisfaites, il reste une certaine quantité d'acide phosphorique qui est éliminée par l'urine à l'état de mono-phosphate acide d'ammoniaque. M. LE Professeur PERROT, Paris. SUR LE SÉNÉ D'ALEXANDRIE 668.411.1 26' Juillet. Au cours d'une récente mission au Soudan égyptien, où il a étudié la produc- tion de la gomme arabique et des Sénés, donne au sujet du Séné d'Alexandrie tous détails concernant les caractères, la récolte, la culture et le commerce de cette drogue qui pourrait être aisément introduite dans nos colonies du Sénégal et du Niger. M. E. TASSILLY, Agrégé à la Faculté de Pharmacie de Paris. SUR LA PRÉPARATION DU NICKEL CARBONYLE 546.747 2tf Juillet. Au cours des travaux exécutés sous ma direction pour les Services chi- mi(iues de guerre, nous avons été amené à préparer du nickel carbonyle, dans le but d'étudier certaines propriétés de ce corps. Ayant fait à ce sujet quelques observations j'ai cru devoir les faire connaître au Congrès en ayant soin de remercier tout d'abord mes collaborateurs MM. Pénau et Roux. E. TASSILLY PRÉPARATION DU NICKEL CARBONYLE 647 Le nickel carbonyle s'obtient, comme on sait, par l'action de l'oxyde de carbone sur du nickel provenant de la réduction de l'oxyde par l'hydro- gène. \Mond, Langer et Quincke, Journal of thé Chemical Society, 57, 749, 1890] On a employé pour la préparation, du sulfate de nickel cristallisé pur que l'on a transformé en oxalate. Celui-ci, convenablement lavé et A 0"^ //V X o'' ,S 0 t-S 30 1 05 y 1 20 1 20 15 1 3i 30 1 25 y' 1 20 1 05 15 1 05 30 1 05 f5 1 00 J 0 90 /S 0 80 30 0 90 y 0 65 0 75 IS 0 VO 30 0 70 >'" U 50 0 itS /5 0 iS 30 0 'tO y' 0 'lO 0 iO 16 0 30 'dO 0 25 ,^^ 0 IS 7" 0 15 0 10 ^'2 A ;o je ) . . Temps en minutes '/ (o YJ i/o/i/mes Je ML ( co/* en cm "^ (compta qoult/iô transPornrce^j en cm^ es en li/ote le:- cchilks ric ionlpas/e^mêmespour/es zcourôes. séché, a fourni par calcination de l'oxyde qui a été réduit par l'hydrogène, à une température voisine de 400°. Pour rendre plus facile l'opération, l'oxyde avait été préalablement réparti sur de la pouzzolane. Le nickel ainsi réduit, a été soumis à un courant d'oxyde de carbone, résultant de l'action de l'acide sulfurique sur l'acide formique ou le formiate de soude. La température optima de réaction paraît être 45" et on a opéré sous une pression de 3 centimètres de mercure environ. Pour diminuer les pertes par entraînement il est indispensable de réaliser une très bonne réfrigé- ration.'La vitesse du courant gazeux est un facteur important. On a essayé de déterminer le rendement en fonction du débit. Le résultat de ces essais 648 SCIENCES PHAKMACOLOGIQUES est exprimé par des courbes parmi lesquelles on a choisi les deux courbes ci-jointes (n" 1 et n° 2). En partant chaque fois de 50 grammes d'oxyde de nickel le rendement dans le premier cas a été de 26^S25 et dans le second cas de 27s'-,20. Il ne semble donc pas que les variations de régime du débit dans les limites où l'on s'est placé présentent une grande importance, puisque les rendements, pour des débits d'un litre de CO en 5 miimtes et un lilre de CO en 10 minutes, sont sensiblement équivalents (courbes n" 1 et n*^ 2). Mais si l'on donne au courant gazeux une trop grande vitesse, les résultats ne sont plus comparables, par suite de l'entraînement du nickel carbonyle par l'oxyde de carbone, entraînement contre lequel la réfrigération est impuissante. D'une manière générale la courbe atteint assez rapidement son maximum puis décroît lentement jusqu'à devenir asymptotique. 11 convient de signaler que presque toutes nos courbes ont présenté un point d'inflexion au voisinage de la première heure. Il est nettement visi- ble sur la courbe nM. Ce fait n'a pu être expliqué. Dans cet essai, au bout de quatre heures, on peut considérer que pratiquement il ne se pro- duit plus de nickel carbonyle. Si on soumet le contenu du tube à un courant d'hydrogène à 375" on lui communique une nouvelle activité, mais le rendement en nickel carbonyle ne dépasse pas un tiers de la quantité obtenue dans l'opération précédente. Une transformation en oxyde par chauff'age au mouffle, suivie de réduc- tion, permet d'obtenir un rendement meilleur, mais inférieur cependant au rendement initial. En partant de 50 grammes d'oxyde de nickel répartis dans un tube sur 80 grammes de pouzzolane de manière à avoir une colonne de matière active de 60 centimètres de longueur, les quantités de nickel et d'oxyde de carbone qui entrent en jeu dans la réaction se répartissent ainsi : Oxyde de carbone employé 48?'',30 Perte de poids du tube de nickel réduit. 11 grammes CO à l'état de Ni (CO)'* condensé. . . . ng%89 } s,n.r m Kun^Y* Ni - - _ . . . . 9«'-,30 \ -^^ ^ly iMi^'J) CO à l'état de Ni (CO)* non condensé. . } ^^^^ ^^ CO n'étant pas entré en réaction. . . . ) Ni à l'état de Ni (CO)* non condensé . . 1?S70 BROCADET ET WEITZ — LES ANGELINS DU BRÉSIL 649 P. BRQÇADET et R. WEITZ, Taris. LES ANGELINS DU BRESIL (Ij 615.733 27 Juillet. Sous le nom à'Angelins, transcription française du mot portugais ange- Hm, on introduisit en Europe, à la fin du xvn« siècle, l'emploi, comme anthelmintiques, des écorces, des fruits, des graines, et même des racines fournis par plusieurs espèces américaines d'arbres du genre Andira (Légu- mineuses-Papilionacées) . Les premières descriptions botaniques, ainsi que la plus ancienne mention de cet usage, remontent à Guillaume Pison et à Nicolas Lémery. Plus tard, vers 1780, les écorces provenant de la Jamaïque et de Suri^ nam furent distinguées sous le nom de Geoffrées (en l'honneur du savant français Geoffroy (2), et non pas, comme l'ont imprimé certains, de Geoffroy- Saint- Hilaire, encore enfant à cette époque). Après une vogue qui dura un demi-siècle et qui leur valut de figurer dans diverses pharmacopées étrangères, ces drogues tombèrent en discré- dit. Ceci tient à la multiplicité des produits expédiés en Europe comme angelins; cette confusion persiste encore de nos jours car, par extension, le mot Angelim s'applique aussi au Brésil à diverses espèces botaniques, dont la plupart sont dépourvues de propriétés vermifuges analogues à celles des Andira. C'est ainsi que dans l'État de Sao-Polo (Serra do Mar), où V Andira anthelmintica Benih. (angelim amargoso), V Andira fraxinifolia Benth. (angelim doce), et VAiulira Pisonis Mart. et Benth. (angelim pe- nima) sont très répandus, on appelle également angelim un arbre de la famille dés Ochnacées, YOuratea vaccinioides Engl. En outre, les habitants de l'Amazonie considèrent les angelims des États du Sud comme de faux angeiims et réservent ce terme à diverses espèces d' Hymenolobium (Légu- mineuses). Dans ces conditions, on n'est plus étonné des mécomptes obtenus par les thérapeutes. Nous estimons donc qu'il est indispensable, en vue de leur emploi médical, de bien préciser l'origine botanique des Angelins, et de dresser la liste des diverses espèces dont les écorces, fruits ou graines, jouissent de propriétés réelles. Ce sont les suivantes : Angelim amargoso — Andira anlhelminiica Benlh. ; Angelim do campo = And. vermifuga Mart.; (1) Travail du Labomloiie de Matière médimle de ta Faculté de Pliarmacie de Paris. Professeur : M. Em. Ferkot. (2) Il s'agit d'ÉTiENNE-KRANçois Geoffroy, apothicaire et médecin, auteur du Tiaclattis de materia médira, publié en 1741 et qui eut plusieurs éditions. 650 SCIENCES PHAUMACOLOGIQUES Angelim coco = And. sttpulacea Benth. ; Angelim doce = And. fraxinifolia Benth.; Angelim morcegueira = And. inermis H. B. et K; Angelim uchirana z= And. retnsa H. B. et K.; Angelim de la Guyane = Aiid. excelsa H. B. et K.; Angelim pedra =^ Ferreirea spectabilis AU. Ces médicaments agissent comme anthelmintiques et comme purgatifs. Autrefois administrés généralement en poudre dans du lait, maintenant ils sont utilisés aussi sous forme de teinture, d'extrait fluide et d'extrait •hydro-alcoolique. Ils doivent être employés avec circonspection car, à doses trop élevées, ils pourraient déterminer des évacuations violentes, des vomissements, de la fièvre et du délire. On a retiré de ces divers angelins un principe chimique bien défini, appelé tour à tour geolïroyine, surinamine, angeline, andirine, et qui a été identifié comme étant une mélhyl-tyrosinej la tyrosine méthylée à l'azote. Ce produit étant dépourvu d'action pharmacodynamique, nous nous elTorçons, au Laboratoire de recherches de M. le professeur Perrot, d'isoler une autre substance qui puisse expliquer le pouvoir anthelmin- tique de ces drogues. Cela nous semble particulièrement intéressant en ce moment, où le semencontra de bonne qualité est presque introuvable, et la santonine rare et hors de prix. MM. P. LAVIALLE et J. THON^ARD SUR L'EMPLOI DU SULFURE D'AMMONIUM EN TOXICOLOGIE 615.094 :27 Juillet. La plupart des ouvrages classiques de toxicologie ne fournissent pas de préci- sions suffisantes sur les conditions dans lesquelles doivent être employés les réducteurs. Les conditions de concentration du réactif le plus couramment uti- lisé (le sulfure d'ammonium), la température à adopter, n'y sont presque jamais exactement fixées : fait véritablement surprenant pour un sujet que tant de travailleurs ont touché, et qui a motivé de si nombreux mémoires. Nous avons entrepris de fixer, aussi rigoureusement que nous l'avons pu, les conditions à réaliser pour donner à l'emploi du sulfure d'ammonium la sécu- rité que réclament les expertises toxicologiques. Nous nous sommes attachés à déterminer l'influence : 1» De la concentration du réducteur; 'iP De la température ; 3° De l'agitation au contact de l'air ; 4" De l'origine de l'hémoglobine. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant : LAVIALLE ET THONNAKll — EMPLOI DU SULFURE D AMMONIUM 651 10 o ■z. u •J. O a. o — o O; -H O -H O O O O o o o o o o o o o t— o o —H 'tH ^rH ^H -rH Vi S<1 fM 5^ ryi (M -M S^ e1 S<1 ■>rH I3<1 00 OC t- t^ 00 00 00 00 QO •rM «* -* C 3 S O g s c: (D — (m -S 6ca n3 1 ^ 3 CO rr^ «î X = co 00 l^ -îî co ^ O ^1 03 —H 3^1 O -ÎT K fj « S<1 (5Q f» î-1 S-1 (?1 c^( 4 a c *5T 'O Sfl irt o co o o --t s-] ft ©a s^ s^ 15 et négative pour f <[ 15. Il serait intéressant aussi bien que moins important au point de vue pratique d'indiquer, ainsi que je l'ai établi, que la déterminalion de la déviation polarimétrique à -f- 20° C. exprimée en degrés d'angle et • . i A ' ' 1 ^ 1 9n , r^ . (^ — 20) minutes minutes est donnée par la formule a^^ = ^^d ^ "^ " formule dans laquelle aj^ est l'angle lu à la température à laquelle est effectuée la détermination. 6^2 SCIENCES PHARMACOLOGIQUES Il est tout aussi facile d'exposer brièvement les méthodes de dosage qui peuvent permettre d'évaluer la teneur en principaux éléments constitutifs des essences, ces méthodes se ramenant en somme à deux : 1° Une méthode acidi métrique qui permettra de doser les acides, les éthers et les alcools, et : 2° Une méthode volumélrique de dosage des aldéhydes et des phénols. Le Codex ne fait pas mention du dosage de l'acidité des essences et se borne à indiquer, ce qui n'est d'ailleurs pas toujours vrai, que les essences d'anis, de fleur d'oranger, d'orange et de térébenthine présentent en solution alcoolique une réaction neutre au tournesol et celle de santal une réaction faiblement acide. Il est cependant indispensable dans les essences dont la valeur est due à la teneur en éthers de déterminer la proportion d'acides libres avant de procéder au dosage par saponification ainsi que le prescrit le Codex. La même prise d'essai pourra servir à doser les éthers après avoir évalué l'acidilé libre par addition à froid de potasse en se servant de phénol-phtaléine comme réactif indicateur. Les essences renfermant toujours peu d'acides, on employera de préférence pour les saturer une solution de potasse décinormale. Au mode opératoire pour le dosage des élhers jtrescrit d'une manière très précise à l'article essence de bergamote, et qui aurait mieux sa place dans un exposé général de méthodes de dosage, devrait faire suite celui des alcools tel qu'il est indiqué à l'article essence de santal. Pour guider le pharmacien qui voudrait doser d'autres alcools tels que le linalol, le géraniol, le menthol, on pourrait, au lieu de donner bruta- lement la formule applicable au cas du sanlalol, indiquer lé phénomène chimique très simple qui se passe lors de l'acétylation. L'alcool se combinant à l'anhydride acétique forme un éther-sel dont le poids moléculaire est toujours supérieur de 42 à son propre poids moléculaire. Ceci résulte de l'équation C« H"' 0 - H 4- 0 (^ ~ [;: ÎJ3 = C« H'" 0 — C =(^^'^3 + C H^ — C-0.0 H. Pour tenir compte de l'augmentation du poids moléculaire de l'alcool passé à l'état d'éther-sel, le poids cherché P d'alcool sera donné par la formule P = M X n p - {li X 0,042) formule dans laquelle M représente le poids moléculaire' de l'alcool cherché: n — le nombre de centimètres cubes de solution de potasse alcoolique normale employés. p — le poids de l'essence acétylée mise en jeu. J. DAUBIAN-DELISLE HUILES ESSENTIELLES 66'^) Le dosage des al inenler la ûosr, de fioias dans le voisinage des endioits défectueux de la mâchoire inférieure de matériel d'os ou de périoste propre à être employé comme grelfon; c'est précisément ce manque de matériel à faculté ostéogénétique qui est cause de la perte de substance et de. la pseudarthrose confirmée. Les boufs fragmentaires con- sistent la plupart du temps en un cal ébiiniisé osseux, qui n'est pas un greffon approprié et peut même être un obstacle au succès d'un autie greffon ayant les qualités requises. Il est alors nécessaire de débarrasser les bouts fragmentaires de ce cal et de préparer par un avivement l'insi- nuation du greffon. Cet inconvénient peut suffire à réduire l'emploi de l'autogrelfe in sitx à quelques cas plus spécialement appropriés. Dans des cas de plastie in situ le greffon n'a changé ni de forme ni de volume et il a été relié aux bouts fragmentaires par une soudure osseuse solide, sem- blable à une giiérison de fracture. Par contre, (m peut constater sur les greffons prélevés à distance des changements permettant une opinion sur les processus de l'ostéogénèse réparatrice. Le processus de réorganisation consistant dans une phase de résorption du matériel osseux du greffon et dans une phase .d'ostéogénèse dans les zones de résorption ne peut se voirque très rarement dans les radiographies. Souvent il survient une résorption plus forte, si bien que l'ostéogénèse qui suit ne semble pas s'enchaîner avec la résorption, ou bien les processus ne E. LICKTEIG — RECO.NSTI'nTION DE LA MACHUIUE LNFÉRIELKE 703 sont plus observables dans les zones macroscopiques. C'est le cas quand le greffon est un os sjtongieux, la crête iliaque par exemple, tout indiquée pour la grefïe osseuse des parties recourbées du maxillaire inférieur. J'ai effectué dés le début et sans préjudice l'immobilisation de la mâchoire inférieure contre la mâchoire supérieure, pendant les trois premiers mois suivant la greffe osseuse. Avec un greffon rigide on ne peut empêcher les mouvements isolés de pseudarthrose aux endroits où se touchent greffons et fragments. Ces irritations ne peuvent être qu'un obstacle à toute soudure osseuse. Même en cas d'immobilisation intermaxillaire en occlusion les masséters sont encore susceptibles de contraction, de sorte que les mouve- ments de pseudarthrose subsistent. Un greffon flexible peut absorber les oscillations sans que les parties du greffon en contact avec les bouts frag- mentaires soient ébranlées. L'emploi d'un tablier ostéopériostique est devenu ma méthode de choix quand il y a un fragment postérieur édenté se composant généralt-ment de la branche montante. La .méthode de la greffe ostéopériostique part du point de vue que la membrane périostique et surtout ses couches profondes jouent le rôle important dans le processus d'ostéogénèse réparatrice. On observe le mieux la régénération osseuse par une série de radiogra- phies. Si l'on emploie un greffon périostique auquel adhèrent une multitude de particules osseuses on peut constater que l'ostéogénèse s'étale régulière- ment tout le long du greffon. Au bout de quelques mois il peut même se former, à distance des fragments, un noyau osseux en forme d'ilot ou de massue. Par contre, les radiographies des greffes osseuses rigides montrent la première trace d'ostéogénèse aux bouts fragmentaires. Dans la greffe osseuse on n'observe jamais d'accroissement d'expansion, phénomène qui se produit régulièrement quand on applique la greffe ostéopériostique. Dans quelques cas où les blessés ont refusé de consentir à l'autogreffe J'ai pratiqué des hétérogreffes. Comme celles-ci ne peuvent jouer (ju'un rôle passif, les préoccu|)ations, lors de la préparation des greffons, étaient d'ordre purement chimico-sérologique. Le choix tomba sur l'angle de la mâchoire du porc. Après un prélèvement aseptique, toutes les |)arties molles furent enlevées, le greffon, préparé à peu près de la grandeur voulue, fut mis dans le récipient (appareil à vide). Le liquide sanguin du porc fut aspiré par une forte pression négative. Par une affluence de sérum physiologique, le liquide sanguin transsudé fut rincé et l'os fut imprégné par le sérum. L'os fut exposé à une température moyenne de 40° pendant plusieurs heures dans le sérum physiologique pour obtenir une diminution de l'activité de l'albumine. On relira, peu avant l'opération, par le vide, le sérum physiologi(iue et l'on imbiba l'os de sang détîbrinisé du patient même. Pour augmenter celte imbil)ition le sang fut pressé sous trois à cinq atmosphères dans les pores et canalicules osseux. Ces manipulations se font avec des précautions aseptiques. Je décris la méthode préparatoire, bien que je sois loin d'y voir un facteur essentiel d'une hétéroitlastie. En réalité tous les greffons préparés 704 ODONTOLOGIE . ainsi ont é(é enclavés par première intenlion, comme les auLo-gretl'ons, sans complication. Dans un cas de perte de substance partant de la canine gauche et atteignant la première molaire droite jai introduit un greffon hétéroplastique pris sur un porc et préparé d'après les méthodes ci-dessus. Six mois après on pouvait constater que, vers les bouts fragmentaires, une partie du greffon avait disparu par résorption. Cette résorjition augmenta nipidement et il se produisit en même temps aux bouts fragmentaires une ostéogénèse si inlense qu'après un an les fragments s'étaient réunis. Le greffon hétéroplastique avait disparu: il existait une jonction osseuse qui avait exactement la forme d'un menton. Le greffon hétéroplastique donc a été la base d'une formation d'os nouveau très étendue. On ne peut parler du succès absolu d'une greffe osseuse que si à la fonction nouvellement rétablie s'ajoute une consolidation anatomique qui |)ersiste. Même alors le succès peut êlre douteux, car pendant et après l'ostéogénèse on peut rencontrer des processus régressifs. On peut concevoir l'ostéogénèse réparatrice comme une série de pliéno- mènesdans lesquels les résorptions et les appositions du matériel osseux se succèdent. Le résultat du processus qui suit chaque blessure d'os dépend du fait que l'un de ces instants l'emporte sur l'autre. L'avivement chirurgical des fragments où l'ostéogénèse est arrivée à un arrêt est la cause d'une nouvelle excitation à ce processus. Si l'on considère au point de vue de la lliéorie de Leriche et Poiicard les différents phénomènes qu'on vient d'observer sur les greffons auto- hétéroplastiques, on peut en conclure que, malgré la diversité de ces phénomènes, un greffon approprié fournit en réalité, dans un milieu ossifiable, les conditions les plus favorables à une régénération osseuse; La différence entre la théorie de Leriche et Poiicard au sujet de la création d'un milieu ossifiable et la théorie classique iVOlLier de Faction de pré- sence de l'os est que Ollier conçoit l'action de l'os comme étant biologique, et Poiicard comme chimico-physique dans un milieu Ijiologique. Vous voyez que l'ostéoplastie, dont nous avons appris à connaître l'importance pratique, nous amène à des considérations qui peuvent servir à de nouvelles recherches sur l'ostéogénèse. Discussion. — M. GoDox demande au président l'autorisation de donner lecture d'une lettre d'un préfet à un cliirurgien-dentiste faisant connaître que M. le Ministre de l'Hygiène est disposé à appuyer une proposition de loi déposée au Sénat et tendant à assurer gratuitement les soins dentaires aux personnes privées de ressources et appartenant à l'assistance médicale gratuite et deman- dant l'avis de ce praticien sur l'organisation de ce service dentaire, avec l'indication d'un tarif applicable à ce Service, 11 ajoute que ce document vient fort à propos à la suite de ce qu'il a dit la veille louchant l'inspection et le traitement dentaires. M. ViciioT, Président, dit que ceci montre l'intérêt que M. Oodon porte à cette question. i:. l.lCKTKiG — liECONSTITlTIO.N LU: LA >FACIIer les opérations, comme cela est arrivé, auquel cas il lallait les réformer. Ce greffon donne de nouvelles indications opéraloires cl celle méthode a fourni arce que celle suture est néfaste. Il est étonné de voir qu'on (ixe le greffon avec une sulure métallique. Le rôle du prothésiste commence quand la perle de substance ne peut être corrigée par le chirui-gien. Il est lieureux des brillants travaux de I\I. Licldeifj et l'en félicite. M. RoY s'associe aux félicitations do M. Pont. Le travail de M. Udde'ig est intéressant parce qu'il présente une série de méthodes. Ce qu'il montre est extrêmement probant et son mémoire est un documenl important pour ceux qui voudront étucl arc a élé employé \yAV Fauisau dans la premicie moitié du MX'' siècle. Pouf quelle jalson Toi- peut-il ^e Irempri' dans la cavité buccale? A.NtiLi: ne fait plus de i-edrcsscmenls des couronnes: il utilise un métal dont la compo- . silion est seoélc, cpii .se trempe dans la bouche. Quand on lui a niontic ce métal, il a «l'abord été sceptique, mais après plusieurs essais il a constate qu'il se trempe réellement. M. Dii A'KvnKZK emploie de l'or platiné qu'il fait faire, très (in et tics souple. Au recuit ce mêlai perd son claslicilé. Lu alliage de 70 Ô 0 d'or et de 30 par- ties 00 garde son élasticité: mais s'il est coulé, il devient cassant. Il faut le faire faire, l/or de Williams a les mêmes qualités, mais il est très coûteux. L'arc lingual ])résenlc de grands avantages, mais M. Qi i.NTKito a-t-il tenté le mouvement veriical'.' Il est nécessaire de faire dans nombre de cas un mouve- ment recliligne de la dent. H y a peut-être adaptation possible de l'aie lingual à la rotation des dents; cela sera peut-être préférable à l'arc vestibulaire, (jui a I. FuEY pose la même quc.-lion à M. Qii.\ti:k'>. M. Qn.NTEKO répond qu'il faut aller très lentement et qu'alors on n'a pas d'aithrite. Il n'a fait ni inlrusion ni exlrusion ou du moins il n'a pas de résultat qu'il puisse montrer. Le mouvement étant très lent, on obtient un résultat A. I.KVV AI'l'AltKlLLAGK MAXII.I.U lAC.IAL /|.» pour rinli'iision. \a' mouvement eu masst- est simple. L'expansion s'obtient an niveau qu'on désire; il en obtient où il veut. Quand il y a des dents en protusion. eu fai>aul l'expansion, ou augm.'nle la largeur et l'on relire lare chaque lois. 1/arc vestibulaire n'empèeliè pas l'expansion, car on ouvre l'axe vertical et cela n'empêche pas celle-ci. M. Vienoï remercie MM. de NKVitK/i': et Qiimriîo de leurs communications qu'il sera iwélV'rable do puldier avec des ligures, aliu d'iVlairer l'orthodoiilie d'un jour nouveau. M. LE IV Alblrt LI:V\, Slrastjoiiru. APPAREILLAGE MAXILLO-FACIAL GI7.'.»-iS (UTS; 27 Jiiilk'l (RKsrMK) Si je me permets de vousentrelenir des gouttières maxillaires, je sais d'avance que je ne vous apporterai pas des idées bien neuves ou bien originales: mais peut-être y a-l-il un certain intérêt à constater que nous qni avons travaillé, à Strasbourg, séparés et sans pouvoir échanger des idées avec les praticiens des pa\s alliés, nous sommes arrivés à peu |uès aux mêmes méthodes el aux mêmes résultats que vous. ,1e vous présent(M'ai m premier lieu des gouttières simples pour la i-éduction et la contention des IVactures de la branche horizontale sans brèche osseuse. (L'auteur montre deux séries de modèles.) Après cette série vous remarquerez dé nouveau la gouttière à coulisse. il('\enue dans les derniers temps noire moyeu réducteur jirérén'' dans tons les cas ne permettant la réduclitm immédiate par une goultièi-e simple. Llle est très forte, de sorte qu'elle permet l'application de tous les degrés de force imaginable dans le traitement des fractures maxillaires. Kl le consiste en une épine et en une couverture métalliques qui maintient l'épine el tout ce fpii est altaché après rigoureusement dans la |)Osilion que nous voulons ini donner. .Nous faisons cette gouttière aussi a\ec une modilication pei'mellant d'enlevei' la [)arlie exté- rieure de la couverture, ce qui lacHile l'application et le contrôle. Nous nous servons de cet appareil, au lieu des plans obliques, qui n'assurent la position normale que la bouche close. Dès qu'elle s'ouvre, le phm oblique sort de sa fonction .et le tVagment retombe en fausse position. Le mouvement du maxillaire produit donc un mouvement continuel des fragments, qui est douloureux et peu favorable à la consolidation. Par contre, celle coulisse offre une sécurité absolue quant aux mouvements de latéralité : elle rend pour ainsi dire la (h-uxiènie arlieulaliou au fragment qui n'en a plus qu'une, lui onti'e. "14 ODONTOLOGIE elle préserve du surmenage les dénis du maxillaire inférieur en (ransporlanl le point d'appui des forces réductrices sur les dents du maxillaire suijéiieur. Chacun sait combien de tracas nous occasionne l'état souvent précaire des dents des fragments! La gouttière à coulisse nous tire d'embarras en transmettant la charge au maxillaii-e intact. Malgré sa forme légèrement masloque, elle n'est pas encombrante pour le porteur, mais il faut naturellement en approprier les dimensions au cas spécial. Si un des fragments principaux est édenté, la coulisse permet de reconstruire l'entité fonctionnelle de la mùchoire par une pelote en gutta-perclia. La réduc- tion du fi'agment jusqu'au point \oulu s'obtient facilement en ajoutant delà gutta. iNous nous servons de même de cet appareil pour les fractures des bi'anches montantes et des apophyses. Le moyen de contention le plus appliqué en général pour les fractures du maxillaire supériein- est le casque ou la coiffe de différents systèmes. Tous pré- sentent l'inconvénient d'être d'une construction dilïicile, qui prend beaucoup de temps, et manquent de stabilité. Ils gênent beaucoup le malade, surtout s'il est couché, et sont sujets â des déplacements dès que la tète heurte un obstacle, même un oreiller ou un dossier de fauteuil. D'autre part, vu la tendance res- tauratrice énorme du maxillaire supérieur, une contention légère sulïit pour aider au l'affermissement des fractures. Nous avons délaissé tous ces bandages encombrants et les avons remplacés par une gouttière à bielles qui nous a rendu les plus grands services. Ce sont deux gouttières simples réunies par des bielles à ressort. En choisissant les points d'insertion et la force des ressorts aiipro- priés on obtient un équilibre qui maintient le maxillaire dans sa position naturelle. Dans les blessures de l'orbite et la peile du glolje oculaire il y a très souvent des dispositions cicatricielles qui rendent impossible l'application 'd'un œil arti- ficiel. Xous avons réussi à rendre des sei'vices aux oculistes par l'appareil dila- tateur que je vous présente et qui est maintenu pjir une attelle dentaire. (L'auteur présente également une pièce prothétique pour un cas de blessure du maxillaire supérieur et de l'intérieur de la bouche.) . •l'arrivé à une autre catégorie de gouttières d'une importance capitale dans les opérations de grande chirurgie intéressant notre spécialité, d'abord les gouttières pour greffes osseuses. Le problème à résoudre consiste "à construire une gouttière m;iintenant les fragments dans leur posiUon naturelle, mais permettant à l'opérateur tous les mouvements imaginables pour intercaler la greffe. Celle-ci en place, l'appareil doit la maintenir jusqu'au ré(ai)lissement naturel de la continuité osseuse: il doit, de plus, permettre le blocage et rendre possilile le tout sans que lopéra- teur ait besoin d'introduire une seule fois ses doigts dans la l)ouche durant l'opération. L'appareil que nous employons se compose de gouttières pour le haut et {wsir les fragments du bas. Les deux gouttières du bas sont reliées entre elles par un ressort du côté lingual et par deux tig-es métalliques dont .l'une porte une fenêtre par laquelle passe une vis munie d'un écrou tixé à l'autre tige. Pendant l'opération l'écrou est dévissé. Le ressort suit tous les mouvements de l'opéra- teur quand il intercale la greffe osseuse. Dès que le morceau d'os est placé entre les moignons, le ressort le serre et le maintient en position. La plaie A. Llhv AI'l'AiiKIi.LVOE M AXiLlJ >-FA(:iAi, Tl.'J fermée, l'opéi-ateur n'a qu'à serrer les vis et, pour plus de sécui-ilé, à placer une ligature métallique autour des houts des deux tiges, et l'entité fonction- nelle, ainsi que le maintien de la greffe, sont assurés. Pour effectuer le blocage toujours indique, nous nous servons Ce sont les cas où le condyle est fixé d'une façon à peu près immuable dans la cavité glénoïde, et le malade présente en général l'aspect typique de la micrognalhie, le visage d'oiseau. (L'auteur montre un cas de ce genre, indique le traitement qu'il a appliqué et présente l'appareil dont il s'est servi.) Discnssion. — M. lk Priî«dh.\t remercie M. Liovy du travail énorme qu'il a fourni et ajoute que, en raison d'un défaut d'ouïe, l'auteur préfère qu'il n'y ait pas de discussion momentanément, mais qu'il se tient à la disposition des confrères désireux d'avoir des explications. TiG (iliO.NïOLOGlK M. TOI \ET-I ANTON, rrofcssour à TÉcole dciitainj de Pai'i> LA CONCEPTION DE LA PROTHÈSE MODERNE (i:\TRAIT DU liKSlMÉ) (I) Protlicse urdinairc (appareils à plaques), — En résumé, il apparail lalioiinol de viser à donner la l'orme de pont mobile à " selle ■ à tonl appareil à plaques, aulanl que faii'e se peut. Piollù'sc à ponts mobiles. — Constitution toujours métallique. Conception toujours vers la simplicité. Cependant ils peuvent être d'étendue plus considéra])Ie que les bridges fixes, avoir plus de complexité, i^ourvu qu'ils .soient faciles à mobiliser. Ils peuvent être plus facilement à selles étendues, ce qui est mauvais pitiir l(^s llxes. .Mais fixe ou mobile lunl pont doit av.nr pour première condition un poiuf d'dpjini. à cJuiqne cxtrcniUé. Si l(> bridge est « à cxlension o, la selle servant de point d'appui extrême sera relativement grande. Mais un point d'appui sur soutien est toujours iiréférablc et si c'est un sim|)le prolongement de l'appareil, ilTsera toujours mieux de l'appuyer sur une enclave artilicielle du pilier naturel, soit sur un ciment porcelaine au [)is aller, soit sur nn inlay de préférence. Iv'importanI ce sont les pièces de rétention : Cherclier toujours la simplicité. " Jx moins possible de pivots accouplés. De pièces à parallélisme non susceptibles de l'ccevojr uu(^ certaine correction on un jeu relatif. Bagne fendnc à tenon on à (/lissière. — Souvent i)our l'emplacer les « cou- ronnes-télescopes 1) plus diniciles d'exécution, j'emploie une bague fendue à tenon en queue d'aronde situé à sa partie mésio-triturante et télescopant soit une couronne d'or à mortaise épaisse cle préférence: ou, selon la disposition, à mortaise mcsio-latérale. Cela sur les molaires surtout. Quelquefois aussi le tenon en queue d'aronde ou en forme de cœur, sans racccssoire de sa bague fendue, est inséré dans la mortaise d'une couronne-pilier (de canine par cxcm- l)lc) : ou encore soit dans un inlay, soit moitié dans chacun de deux inUns vontigus (une prémolaire et une grosse molaire). Toutes pièces aujourd'hui faciles à exécuter par la coulée. il) L'article iii extenso avec les ligures nécessaires sera publié dans le journal VOdon- tolocjie. TOUVKT-FA.NTO.N — l'HoTI! ISK M(Uii:i',M'; 71" Rechercher des pièces d'aiipui (Fun genre solide cl s'allaclier à les eiu[iloyei' eumiiiuncinenl. En prendre le moins possible : deux piliers seulement, s'il se pciil. Cela dépend de la longueur du brigde : avec trois on peut solidement situer un hridge icpic puissants. Le parallélis:ne réel linii\a d"élre établi facilement sur le modi-le. Exécuter et lixer la première, la pièce de rétention la plus longue et la plus intangible (si ■je puis dire!) : le pi\ol par exemple, car il est bon de i-êchercher des formes de points d"appui différents, dont on puisse sur le modèle établir le parallélisme sans nuire à l'ensemble ni aux parties fondamentales .'venues» avec l'em- preinte, qui doivent les recevoir et être tîxées, elles, aux piliers naturels. Par exemple : ce qui serait 1res dilficile avec trois pivots ou « couronnes-télescopes », 4lc\iendra facile avec un pivot, une bague fendue à tenon télescopant une couronne à mortaise (à linir sur modèle), et un. bloc en forme de cœur mséré dans un ou deux inlavs contigus, dont la cavité est reloucbable sur modèle également. Un pivot devra toujours être en plaline ii'idié, rond cl lisse, télescopant dans une gaine de platine ou d'or reliée à une coiffe; même s'il s'agit d'une dent à face d'émail restante (coiffe demi-coui'onne interne). Car il faut se pi-éoccuper a\ant tout d'établir des piliers durables sur des hases durables siulout, donc solidement protégées. S'il s'agit d'un hridge du maxillaire inférieur, attention à la direction oblique interne des dents du bas, donc des i)iliers. Attention à l'obliquité des plans d'articulation. A la surface d'articulation qui doit porter sur la généralité des points. Enfin au ]ioinl de vue esthétique : le moins de visibilité ])0ssible, le plus d'imitation de la nature : dents pleines de [(oreclaine, rémplaçables. à tube, de Davis, de Goslée. etc., etc. Le bridfjr mobile joignant aux qualités de dimen>ions restreintes et de puis- sance du bridge lixe, celle de la mobilisation, a sur celui-ci l'avantage de satis- faire en mènio temps à l'hygiène et à la facilité de réparation, sans détériorer les piliers. S'il donne un peu plus de soucis à l'exécution, c'est certainement rappareil de chAx en géncrdl. Prothèse à pmls fixes. — Les ponts tixes. doivent avoir un développement restreint. Tout pont de trop longue dimension doit être mobile, sinon il vaut mieux le sectionnei- et faire plusieurs ponts fixes : tout pont, tout arc \\\(i de grande portée cl d'une seule pièce est voué relativement 1res tôt à la désorgani- sation des piliers et de leurs soutiens (obliquité des points d'appui, contrariété des efforts : arthrite, elc). Pour éviter cela, une tendance qui va malhcm-eusement s'accenluant est de faire les ponts fixes à selles. Dans bien des cas une selle réduite rend des services, mais il v a selle cl selle, et il faut réprouver les conceplionsdc bridges fixes où • fixe, à part les piliers, tout doit être suspendu, même au collet externe, aucune surface ne doit rester en contact avec la muqueuse, ni surtout avec les dents naturelles restantes, qui doivent être largement isolées. Dans les cas difficiles, où les piliers s'équilibrent nuil, une selle peut être considérée comme pilier de soutien, mais moins il yen aura mieux cela vaudra, et sa surface doit être restreinte. Aussi, je pense qu'il faut bannir toute espèce de l)ridge fixe à extension, qui causera toujours dos déboires plus ou moins précoces, et voir réserver ce pro- cédé au bridge mobile où il est de toute légitimité. Je crois qu'il faut ériger en principe la nécessité d'un point d'appui à chaque extrémité de tout bridfjc. Et si, dans un cas de force majeure (absence de pilier) on persévèi'e à « l'extension », il faut alors exagérer l'appui de la surface pro- longée en selle, jusqu'à presque contusionner (momentanément) la muqueuse sous-jacente, dont l'élasticité détruit l'aplomb de l'appareil, lequel devra être « rentré >) en position avant d'être scellé. En f/énéral éviter la selle fixe. Dans les bridges iîxes les piliers peuvent éti-e nombreux sans inconvénient si l'on est sûr de leur avenir, cependant moins on en utilisera, moins on aura de risques au point de vue pathologique. D'autre part, il faut étajer solidement les bases de son pont. Un exemple : dnns un petit pont de quelques dents contigues, il sera bon d'étayer l'un des points d'appui extrêmes sur les deux dents naturelles voisines et non sur une seule. Mais réduire, simplifier dans la construction, comme dans la forme doit toujours être notre but, pourvu qu'il ne cesse pas d'être compatible avec l'effort mécanique escompté. Il faut aussi construire eu prévision de la possibilité d'enlèvement de l'appa- reil, et s'il y a un sens spécial pour cela, le noter sur la fiche pour s'en souvenir à l'occasion. Employer des moyens puissants mais simples de fixation. Eviter les pièces compliquées ou délicates, eml)oîlées, démontables, etc. Et. quelque qualité qu'aient les moyens de fixation, éviter de les placer dans des soutiens mal protégés. Car si l'on doit s'assurer de la stabilité mécanique, en bon ingénieur qui prévoit l'effort et l'usure, il faut aussi prévoir l'usure chimique favorisée ]iar le milieu et l'impossibilité d'un nettoyage suffisant des poiids les plus liti- gieux. C'est pourf|uoi il faut réprouver les moyens de fixation enfouis dans des racines non suifisamment coiffées. En somme, couronnes d'or, coiffes à pivot sur dents dévitalisées ; inlays; tenons libres logés dans inlays scellés leur servant de sorte de mortaise aisée : tels sont les points d'appui communément employés les plus simples et les meilleurs. Coiinjune-aiulisseaii. — Toutefois, je tiens à signaler un mo^en de fixation extrêmement puissant et en même temps très esthétique que j'emploie couram- ment depuis 1908, grâce à l'usage pratique de l'or coulé. Ce pilier peut être tol;vet-i ANTON — i'hothèsk modeknI': 719 appliqué sur loMles les dents, mèaie les incisives laléi'ciles et respecte leur complète vitalité. Il lient de l'inlay et de la couronne. Il forme coufonne sui- la partie interne seulement de la déni naturelle dont il laisse libre la face ouillc v, puis scellé au ciment, la gulta restant inlerpost'e en couche peu épaisse. Puis sertissage des collets île piliers. Discussion. — M. 1,1- pRKSiuF.NT dit que les congressistes connaisseniroriginalilé des travaux de M. Tulvet-Fanton. Ses recherches sont ingénieuses, surtout en prothèse, dans ses bridges et dans sa construction do couronnes piliers. M. i.r ]r Mvinicn UOV, Denliste des IIù|pil;iii\ di' t'iiris, l'rofosseiii- à l"l'-onle deiilaii--' île Paris. LE TRAITEMENT DES DENTS INFECTEES 2S .loti 1,-1. (RKSlMli: OIT. HT D'après une doctrine auicricaine aciuelle les l'o\ers locaux d'où l'inteciion >e propagerait à tout l'organisme seraient par ordre de fréquence : la bouche avec les abcès ah éolaires cfu'oniques et la pyorrhée alvéolaire; l'amygdale, le nez. les divers sinus, le naso-pharynx, etc. Mendraient ensuite les bronches, le tube (ligestii". enlin les organes génito-iu-inaires. Tout en faisant la part de l'exagération et en foi-mulanl diverses réserves. l'auteur. dit qu'on ne saurait attacher une trop grande importance à la proiihy- laxic des foyers d'infection locale et. eu particulier, de ceux qu'on rencontre dans la bouche. Tout abcès alvéolaire chronique est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tète de celui qui en est porteur: il // a donc mkrssilr de Iraiter cliaquc cas d'infection bncccde clironique conune une menace directe à la vnité de l'individu. Comme corollaire de ce premier point l'auteur aborde la suppression des foyers locaux d'infection buccale, en se limitant au traitement des dents à pulpe infectée et des abcès alvéolaires chroniques, cause la plus fréquente et la plus grave dans la généralisation des foyers locaux d'infection. Il s'élève vivement contre l'opinion émise récemment par certains auteurs américains qui affir- ment qu'on ne peut jamais guérir d'une façon certaine une dent infectée et que toute dent à pulpe morte doit être enlevée. Sans doute il faut supprimer tous les foyers d'infection mais il n'est pas nécessaire de dévaster inconsidérément les bouches et il est, dans la majorité des cas. d'autres moyens de guérir sûre- ment les dents à pulpe infectée et les abcès alvéolaires chroniques, borgnes oit lislulisés. En dehors mémo du contrôle radiographique. il est un ensemble de signes qui permet d'affirmer la guérison absolue d'une dent infectée. Une pratique de plus de 30 ans permet à l'auteur d'affirmer que, dans la majorité descasoili des M. ItdV Tf!ArrEMi:NT l)i:s KtMS I.NKKCrKKS 721 dents infectées ne sont pas guéries et présenteni des récidives, cela est dû ù une thérapeutique défectueuse ou à une application défectueuse (Kune Ihérapeutique- bonne en elle-niéme. Les récidives d"infeclion des dents traitées sont toujours dues à une désinfec- tion insiiljisante, lors du traitement, ou à une réinfection du canal radiculaire insn/lisammmlobSuré. Fax dehors de ces deux ordres de fait il n"y a ancnne autre cause dans l'origine des abcès alvéolaires observés sur les dents traitées et aueuis des agents thérapeutiques courainnienl employés n'en peut être rendu respon- sable, contrairement à ce qui a été soutenu. Le traitement rationnel de ces dents doit avoir pour but ultime de désinfecter les canaux radiculaires complètement, puis dcmpécher leur réinfeclion ulté- rieiu^e. Il comporte un certain nombre d'indications thérapeutiques qui ont été résumées par Paul. Dubois. Pour réaliser ces indications il faut considérer lr< constitution analomique de la région à désinfecter, c'est-à-dire le canal ou les canaux radiculaires et la région périapicalc, ainsi que la nature de l'infection. Les canaux radiculaires sont généralement en nombre pi-opoi'lionnel au nombre des racines: il faut donc rechercher avec soin tous les canaux existants. Leur calibre est variable suivant les dents et suivant les âges. Il convient de n'agrandir ce calibre, pour désinfecter, qu'avec les plus grandes réserves, cette manœiivie pouvant avoir pour effet de pratiquer un faux canal ou de fermer complètement par des copeaux de denline un canal étroit. In point très important, c'est la constitution même des canaux, dont les parois sont perméables, puisqu'elles sont creusées d'une infinité de canalicules: qui, formant obturation de ceux-ci. 1" La ca\ité cariée doit être soigneusement nettoyée avant d'aborder la prépa- ration de la chambre pulpaire et des canaux. Elle doit être ouverte de telle manière que tous les points en soient accessibles à la vue, qu'elle permette l'accès des canaux aussi facilement que possible. La préparation de la cavité cariée et de la chambre pulpaire achevée, l'orifice pulpaire des canaux étant desobturé l'auteur ne pénùlre jatnaii< dans les canaux à la première séai.cedn trai- irnienl : il se contente de boucher la dent avec une boulette d'ouate qu'il fait renouveler au patient pendant un jour ou deux, et ce n'est qu'après ce délai qu'il entreprend la désinfection de la dent. Ainsi il évite les complications qui . se produisent parfois lorsqu'on pousse l'intervention plus loin dans la première séance, et qui sont exceptionnelles lorsqu'on ne pénètre dans les canaux qu'un ou deux jours après ouverture de la chand)re pulpaire. Ce fait s'explique par l'atténuation de virulence des micro-organismes, anaérobies contenus dans-^le canal sous l'inlluence de l'oxygène de l'air qui pénètre dans les canaux lor.-que la chambre pulpaire est ouverte. 122 ODOiNTOLOGlE 2° Un peut ranger en deux catégories les procédés de désinfection employés : fl) les procédés mécaniques; b) les agents médicamenteux. Certains praticiens préconisent les premiers : d'autres sont partisans des seconds. L'auteur estime qu'un résultat convenable ne peut èli-e obtenu que par la combinaison judicieuse des deux procédés. !1 serait illusoire, en effet, de s'imaginer qu'on aurait assuré la désinfection «Tune dent parce qu'on aurait ramoné son canal radiculaire aussi minutieuse- ment que cela est possiljle. On ne saurait, d'autre part, demander aux agents médicamenteux, si puissants soient-ils, de stériliser complètement des débris organiques macroscopiquement visibles. 3'J L'obturation des canaux, opération ultime du traitement se propose, une fois la désinfection obtenue, d'en empêcher la réinfection. Il y a un gros avan- tage à ce que cette obturation constitue nn pansement permanent ; c'est pourquoi, de préférence à des substances inertes comme la gutta ou le ciment, on doit employer des pâtes antiseptiques pour obturer l'extrémité des canaux en recou- vrant s'il y a lieu de gutta ou de ciment. Bien entendu il ne devra jamais être employé de substances susceptibles de s infecter, comme des filaments de coton même imprégnés de n'importe quel antiseptique. L'auteur aborde ensuite l'application pratique des données théoriques qu'il vient d'exposer : Le traitement rationnel des dents infectées, dit-il, doit consister dans une association judicieuse des procédés mécaniques et de l'action médicamenteuse. Les premiers ont pour but le nettoyage, le ramonage des canaux; ils se réali- sent surtout au moyen de lavagep soit à l'eau oxygénée soit à l'acide sulfuri- que, soit au moyen du sodium-potassium. Le second a pour but la désinfection du canal et de toutes les parties inaccessibles mécaniquement. Il consiste dans l'emploi d'agents volatils (formol, essences) ayant une grande puissance de pénétration et exerçant leur action à distance par les vapeurs qu'ils émettent. L'air chaud par la dessiccation des tissus dentaires qu'il produit iavoi-ise la pénétration de ces agents dans les diverses parties de l'ivoire. 11 est nécessaii'e que ces agents restent en contact durant un teoips suflisamment prolongé, huit jours au moins, avec les tissus infectés. L'auteur pour afTirmer la guérison d'une dent infectée avant de procéder à l'obturation des canaux, se base sur un ensemble de signes cliniques dont la constatation simultanée est essentielle; l'absence de l'un quelconque de ceux-ci indique une persistance d'infection. Il faut pour cela : 1*^ quun piinsement scellé hermétiquement dans la dent pendant au moins huit jours consécutifs n'ait occa- sionné aucune douleur ni spontanée, ni provoquée par les inodes habituels d'explo- ration; ît rpie la mèche ayant séjourné ce temps dans le canal n'ait aucune odeur pathologique ; 3" que cette mèche enlevée, il n'y ait dans le canal aucune trace de sécrétion pathologique. Si l'on trouve tous ces signes réunis simultanément on peut affirmer la guérison de la dent et procéder immédiatement à l'obturation définitive des canaux pour laquelle l'auteur donne la préférence à un pâte formée d'oxyde de zinc, aristol. essence de girolle qui remplit le canal et obturation delà chambre pulpaire avec la gutta ou le ciment. De cet exposé du traitement des dents infectées l'auteur conclut que contrai- rement aux opinions qu'il citait au début il est possible de guérir d'une façon certaine et définitive un grand nombre de dents infectées. Il n'a dans cette M. ROV THAITI.MK.NT DKS DENTS INFIXTEliS 72;^ première comiminication ctudiè que le traileaiont des inlecUons simples sans complications ahcolaires. Mais, même dans le cas d'abcès alvéolaire, il est possi- ble, piu- les méthodes modernes de traitement qu'il se propose d'exposer par 1 1 suite, d'obtenir un nombre considérable de guérisons qui permet de restreindre encore le nombre des extradions de dents et de conserver ainsi, pour le plus grand bien des patients, des uiganes qui, non seulement, ne sont pas suscep- tibles de déterminer aucun trouble de la santé générale : mais encore contri- buent, au contraire, à maintenir l'organisme en bon état d'équilibre par une nutrition plus parfaite. Discussion. — M. Godo.x félicite M. Roy d'avoir exposé les théories de conser- vation qui sont à la base de l'enseignement de l'École dentaire de Paris. Les progrès en thérapeutique dentaire ont pour but la conservation des dents. Chez les enfants des écoles 95 0/0 ont des bouches cariées, à pks forte raison chez les adultes, il n'est donc pas probant d'attribuer les maladies à l'é'at des dents, comme le font souvent les médecins. Il est possible cependant que dans certains cas les maladies des dents aient une répercussion sur l'organisme. La doctrine soutenue par M. Roy est d'ailleurs dans la thérapeutique améri- caine, car il a entendu dire par le Président d'un Congrès : « Nous nous félici- tons de traiter les dents au lieu de les extraire. » Pour M. Po.xï, dans les patients que traitent les dentistes il y a des malades et non des maladies; il y a la clinique et le terrain : il ne faut donc pas poser des principes généraux. 11 faut cependant tenir compte de certaines exagérations de la théorie conservatrice. Quand un indisidu a de la pyorrhée ;'x un certain degré, malgré des soins lents et coûteux, le traitement conservateur n'aura pas d'effet. Il faut donc avoir égard au terrain. M. Roy a insisté sur le traitement en plusieurs séances: il faut l'en féliciter. La conservation du quatrième degré est très dillicile. car on ne peut guère désinfecter les canaux. 11 faut chauffer la dent pour la déshydrater, mais il ne faut pas de l'air trop chaud. L'acide arsénieux n'est pas mauvais, à condition de ne pas en abuser. Quand on fait du traitement en plusieurs séances pour un quatrième degré, s'il ne guérit pas, il ne faut pas s'entêter. Il cite deux cas dans lesquels la radiographie lui révéla l'origine exacte d'une fistule qui entravait la guérison. M. Spira dit que, de leur côté, les praticiens alsaciens, isolés pendant cinq ans des méthodes employées en France et aux Etats-Unis, sont cependant arinvés aux mêmes résultats que le docteur Roy et que ceux-ci sont calqués sur les siens. M. Sai vt:z considère que c'est du traitement des dents infectées que dépend tout le bien que peuvent faire les dentistes à l'humanité. Aux Étals-Unis, à Rochester, il y a une clinique où deux frères ont fait ablation de tout ce qu'ils pouvaient enlever; puis ils se sont attaqués aux dents. Alors les dentistes se sont émus, il s'est formé une école : les exodontistes qui enlèvent toutes les dents mortes. Ce système a passe l'Océan. A Paris, certains dentistes placent le patient dans une pièce tendue de draps blancs et, avec des instruments appro- priés, pratiquent l'alvéolectomie qui est payée de l.OUO à 2.U0O francs, suivant l'aspect du patient. iZ't ODONTOLOGIE Le raisonnement d"api-ès lequel il faut enlever loules les dents mortes est faux. Eu médecine, les dents sont chargées de tous les péchés d'Israël, on a mis *;ur le compte «les accidenîs de dentition un grand nomhi-e de maladies infan- tiles. Beaucoup de médecins ne s'occupent pas *\e^ dents de lait: beaucoup ^rentre eux voient la syphilis partout, surtout dan.s les dents. Ils mettent tout .sur le compte des dents parce qu'on les voit. Il faut donc traiter celte question sérieusement, attirer l'attention là-dessus c[ réagir comme le disait M. Godon au Congres de 1900. il n'y a pas de supé- [■iorilés nationales, mais des supériorités individuelles. Les Américains ne sont que des spécialistes manquant d'instruction générale. .\utrefois on voyait beaucoup de sinusites, puis on en a vu beaucoup moins, maintenant on n'en voit plus pane (jue les canaux sont soignés. M. Roy a insisté sur le danger ûoi Beulelrock et il a eu raison. L"ul)turatiùn immédiate a aussi une grande importance et pourtant personne n'en a parlé. La gutta qu'on introduit en chaulïant est un véhicule d'infection. La radiographie en Amérique a pris des pro|iortions mer\eilleuses : aucun malade n'entre dans un sanatorium de tuberculeux sans qu'on radiographie ses ilents, et cette opération coûte 2 dollars I Si un spécialiste dentaire se mettait à faire chez nous de la l'adiograpliic pour un prix modique, cela rendrait de grands services. La dent, en effet, n'est pas .isolée, elle communiqfie a\ec l'oi-ganisme : il ne faut donc la traiter qu'en se rappelant qu'elle a des rapports avec la pathologie générale. Les dentistes français sont dans la bonne voie, qu'ils ne se laissent piis influencer par ce qui se passe à l'étranger. La connnunicalion de M. Hov, si claire, si précise, si nette, ne peut avoir pour effet que de leur donner plus de considération. Il esl donc heureux de l'en féliciter. ■ M. Lsni^xL'E cite un cas dans lequel il a pu conserver les racines. M. Ro\ est heureux d'avoir traduit le sentiment général dans sa communi- cation et d'avoir montré la gra\ité qiic peuvent avoir L0i;iK divergence des racines no rend pas impossible le parallélisme des pivots, cet assemblage d'inlays consliluera une aUellc de fixation solide. Au lieu de creuser les dents et de former des inlays, on dispose simplement des pivots parallèles dans les racines: sur une empreinte prise par dessus on estampe et Ton coule une bande mrtalli(jue qu'on soude aux pivots et l'on forme l'attelle : c'est plus facile, mais moins exact qu'avec les inlays; La difficulté et le résultat quelquefois douteux de l'extirpation des pulpes dans des incisives du bas, la plupart du temps bien ébranlées, ont poussé certains praticiens à construire des appai'eils ne prenant pas leur point de lixation dans les racines des dents et laissant les pulpes intactes. Un appareil de ce genre, qui manque d'esthétique, consiste en couronnes d'or recouvrant chacune des dents en question, même les incisives, soudées ensemble pour l'immobilisation. Pour éviter cette masse d'or on a utilisé de simples bagues étroites de 3 ou 5 millimètres, soudées ensemble. On modiliecet appareil en renforçant les joints de soudure entre les bagues pour découper la partie visible sur la face vestibulaire des dents. Ces appareils à bague sont peu résis- tants et n'empêchent pas longtemps la dislocation des dents. Dans un autre système il y a deux parties coulées en mêlai : l'une le long de la face vestibulaire, l'autre le long de la face linguale des dents à fixer, parties resserrées ensemble par deux ou trois petites vis passant dans les espaces inter- denlaires. Comme cet appareil repose sur la gencive, il rend impossible le traitement des poches gingivales, qui seront un garde-manger et un foyer d'infection. Les gouttières de contention coulées d'une pièce, employées pour la consoli- dation des fractures maxillaii-es, pourraient être utilisées comme appareils de fixation, mais ne répondraient pas à nos exigences hygiénique et esthétique. Les défauts de ces divers systèmes m'ont poussé à utiliser dans la plui)art des cas un appareil qui en évite les gi-ands inconvénients. La partie essentielle de mon attelle, la base solide, est une barrette large de 4 à G millimètres, coulée en or sur la face linguale des dents en empiétant légèrement sur la face tritu- rante. Cette barrette est fixée aux dents solides et les dents ébranlées sont fixées à la barrette par des pivots de 0,4 à 0,6 millinièlres passant dans un lin canal percé dans le sens hucco-lingual à ti'avers la barette et le corps de chacune des dents en question; la tête du pivot (une tête d'épingle) est retenue dans une encoche de la face linguale de la barrette, tandis que rex~lrémilé libre ressort sur la face vestibulaire. L'attelle et les pivots transversaux sont scellés en place avec du riment à l'oxyphosphalc, après quoi les bouts libres i-accoui'cis sont condensés par un martelage en rivets sur la dent. La surface de la barrette recouvrant les bords tranchants d'une faiçon continue garantit les dents ébranlées contre l'effet vertical de l'articulation, car la pression s'exerce de façon égale sur toutes les dents prises dans l'appareil : le mouvement latéral est arrêté par la i-igidité des pivots transversaux et de tout le système. Point n'est besoin de s'occuper du parallélisme des dents. Comme les pivots passent au travers des dents bien au-dessus de la pulpe, on évite l'extraction de celle-ci avec des suites quelquefois fâcheuses, surtout pour des incisives du bas fortement ébranlées et qui présentent presque toujours des oblitérations du canal radiculaire. déjà bien étroit de nature. p. SPIRA — Al'PAREILS DE FIXATION POL'R DE.\ TS 727 Cet appareil permet le nettoyage et l'entretien des dents comme d'habitude, laisse libre raecès des gencives et permet ainsi la continuation du traitement thérapeutique, les poches gingivales peuvent être débarrassées du tartre et cautérisées régulièrement. L'esthétique n'est pas choquée par un étalage de larges masses d'or, car la partie visible est très mince et les pointes fixes des pivots ne s'aperçoivent guère. L'exécution des appareils et leur mise en ijouche ne sont pas compliquées; je prends le cas-type des dents de devant du maxillaire inférieur. Les dents ébranlées sont fixées par des ligatures de fils de soie aux canines solides en évitant de les pousser hors de leur ])osition normale. Le haut des dents est limé avec des meules et disques, afin que leur niveau soit à peu près égal et que tous les boi'ds tranchants du côté lingual soient ai'rondis et taillés en biseau. Sur une empreinte au plâtre ))iijiinii(ii . is .lidlli-l. ■ Disiussiun. — M. Goi>o\ croit nécessaire d'insister sur cette communication. Une mère lui disait que sa fille était moins bien après le redressement qu'avant. Elle ne s'occupait que de la beauté esthétique, qu'on ne peut rétaldir qu'en tenant compte de ces diverses considérations. .M. l'u.NT estimait, ne connaissant pas le titre de la communication de M. C. Villain. qu'il y avait lieu de leviser la classification d'Angle, parce que cet auteur a des idées trop exclusives, il n'a pas tout vu : il faut donc compléter ce qu'il a dit. . Les malpositions dentaires doivent être classées au point de vue étiologique. Quand une malade boite, on en recherche la cause. De même. si. au lieu dt^ dire iJ m. rit- me classe d'Aitfjle, on indique exactement ce qu'a le sujet, on saura H. VII. I. AIN c.orr.ONNKS-r.iiCciiiiTS 7-20 notlemenl ce qu'il fauiira liiifc. Les trois choses sont : réliologie, le dia^noslic cl le Iraileincnt. Oùand Angle dit qu'il ne faut pas faire d'extraction, il est trop absolu. Anglt? dit aussi que la nalui'e ne peut pas faire d'en-eur; c'est inexact : il a \u. pour sa part, des anoniaties inexplicahlcs. La nalure peut rncllre des |Kireil, (juc nous Fi(i. 1. Fir.. 2. employons depuis une quinzaine d'années el qui nous a rendu les plus uliles services : no:s voulons i)ar]cr de la ('ouroiutc-croc/ict (fig. 1 el 2). T'-> 30 ODO.NTOI.OfJJK M. Georges Villaiii l'a employée vers '1906 et nous avons à noire connaissance des patients porteurs depuis au moins dix ans de bridge (-u d'appareil amovibles dont les piliers postérieurs ont été exécutés selon cette méthode et cela pour le plus grand bien de ces patients. Avant tout, rappelons que nous sommes de plus en plus partisans du FiG. 3. Bridge amovible et que chaque fois ifue rjous le ]ionvons, nous délaissons le bridge fixe, non pas que ce dernier n'ait (|ue des inconvénients, mais surtout à cause de l'impossibilité absolue de le tenir en parfait étal de propreté, même par les gens les plus soigneux de leur bouche. FiG. 4. Reconnaissant l'utilité de le remplacer par le bridge amovible, nous sommes arrivés à réduire les principaux inconvénients de ce dernier : la dilliculté dans la confection des piliers, du parallélisme absolu; l'utilité d'adjoindre un jiivot avec gaine aux couronnes lélescopes trop courtes II. VILLM.N COir.ti.N.NES-CKnclIKTS '•>! (luelquefnis pour assurer longlemps un serrage sulîisanl , el enlia lliabileté parliculiènî qu'il faut au mécanicien pour confecliouner une couronne télescope tandis que la couronne-cruclict peut être exécutée facilement, FiG. 5. plus facilement même qu'un crochet ordinaire sur une dent de forme aualoinique et par conséquent à contours non cylindriques. Pour rechercher le parallélisme nous avoiis à notre disposition plusieurs FiG. G. appareils, entre autres le pied à coul'mc on Bridgemeler qui peut nous donner la direction de nos pivots, mais qui est loin d'èlre précis. L'appareil imaginé par L. ./. Weiu.Klein (fg. S, ^i, o, 6) très utile pour '.iéterminer en houche le parallélisme (]e^\ di'Scve.nlef, couronnes JUrltmond 7;>2 - ODONTOLOGIE OU iiilaijs à pivôl amovibles, et sur k^ modMt' pour vous donnei- le paial- lélisuie (le ces Riclnnoiid ou inlays avec les couronnes niélalliques des molaires qui doivenl servir de ]»iliers dans un même l>ridj4C amovible. Le stabilisateur do notre confrère Hosenlhiil <[m fut présenté il y a peu de temps à la Société d' odontologie de Paris. Cet appareil peut certainement permeitre d'élargir les canaux en vue de r.-ijuslage des tubes qui peuvent être placés parfaitement ])arallèles, mais le gland danger me paiail être dans la facilité de creuser au-delà même de la direction do ces canaux et [lar suite de risquer de faire de faux canaux. C'est d'ail leiH's à cause de celle dilliculté dans la recherche du i)arallé- lisme des pivots, que, pour fiiciliter le travail du bridge amovible, la nécessité s'est fait sentii- d'employer des procédés tectmiques |ilus pra- tiques. .Notre collègue Toiivet-Fdon avait présenté à cet effet des pivots à rotule rpii ne furent jtas très enqdoyés, je crois, à cause de leur i»eu de solidité. Les Américains emploient biaucoup les attaches exlerres, les glissières, les tenons hoii/ontaux ou verticaux, les inortais(^s en queue d'aronde, les ancrages de lioach et autres systèmes similaires. Ces difféi'entes attaches externes, jdacées en général vers le bord libre des dents, forment le plus souvent un bras de levier beaucoup trojt grand qui fuli.mie ra|iiilemenl l'org.ine cpii les soutient. D"où la nécessite' de reliei' |)lusieurs dents eidre elles pour diminuer rellbrl qu'elles auraient seules à siq>porler. F:g. 7. Une autre difticnlti'' réside dans le i)lacemenl des faces de porcelaine aux dents qui su|)|)ortent ces ancrages. I)ans la confection des bridges amovibles, ces différents points d'appui : la couronne Hicinnond, l'inlay pivot amovibles et la couronne télescope de notie excellent maître Peeso soid les plus employés. Je vous apporte H. MI.l.AlN rot) nO.NNKS-CROCll ETS 733 aiijouitriuii une coiitribulion modeslo à l'amélioration de la lechniqno, modifiant la couronne télescope, que nous transformons en couronne- croche l. Permt'llez-nous de vous décrire suecincleuieul la technique de cette couronne-ci-ochet. En bouche la deni est décorli(iuée de la même laçon que pour une couronne ordinaire; après avoir pris la mesure au denlimèlre. découpoi F».. 8. nue bande d'or à 22 carats selon le périmètre de la (fent, à bords parallèles. Taites un biseau siu' le côlé droit, rabattez le côté gauche siu" le bord biseauté et brasez votre bande. — Ajustez celle bague en bouche en ayaiU Fii;. !t. soin de laisser les bords bien parallèles et prenez les euq)reintes. Une fois les empreinles coulées et sléarinées, mettez la bague en forme en ayant bien soin de vérifier le parallélisme avec les autres points d'appui, coupez- la à la hauteur nécessaire pour avoir la place du cuspide. — liepîiez en dedans] le bord'du sommet pour faciliter l'enlrée du bridge, meltez à plat et brasez le plancher; limez les bords, perdez la biasuro et polissez. •734 ODO.NTOLOCIK Voire preniièie coiiïe, celle qui doit être scellée en bouche, est terminée ; collez-ia sur le modèle à la cire collante et commencez la deuxième opéra- lion de la couronne-crochet. Comme pour un crochet ordinaire découpez un plomb ipii vous donnera tout de suite le bord gingival ou plus simplement prenez le périmètre au denlimètre et découpez une bande d^or platiné à crochet à 18 carats au 12 de la filièro. FiG. 10. Ajustez cette bande autour de la première coilté, ce qui s'é.xécute beau- coup plus facilement que vous ne feriez un crochet ordinaire qui a souvent besoin d'être bouterollé tandis que les faces de la coiffe sont planes et parallèles. — Laissez un espace de un à deux millimètres entre les deux Fk;. II. bords du crochet qui viendra s'ouvrir à la face jugale, si c'est un cas normal, ou à toute autre face si cela doit faciliter l'entrée du crochet. Avec la couronne-crochet, le [uu-allélisme est moins rigoureux; toute- fois, dans le cas do dents ayant émigré mésiahnnent ou distalement le crochet peut n'envelopper que deux ou trois des côtés de la coiffe et réduire ainsi la dilliculté d'entrée. Sculptez en cire lo cuspide selon l'occlusion, coulez en or à 18 ou 20 carats et soudez au crochet sur le coté opposé à l'ouverlure de ce II. \ILI..\i.N — couronnes-crochkts 733 dernier, afin de laisser le plus d'élasticité possible aux autres côtés et tacililer ainsi l'entrée et le serrage de la couronne. Si cette couronne est destinée à une dent voisine d'un autre en bouche et que l'épaisseur du crochet ne suffise pas à rattraper le point de contact, rien n'est plus simple ([ue de 'couler un peu de soudure sur le crochet à cel enih-oil ou d'y souder un inlay si l'espace est trop grand. !^.r?^C^^''^""-"^ FiG. 1-2. Nous employons ces couronnes-crochets non seulement dans les bridges amovi!)les, mais très souvent pour des appareils, ce qui donne une iixité presque ortées à la bouche par les doigts ou les ongles, les poussières métalliques par leurs formes irrégulières aux aspérités multiples irriteront la muqueuse buccale à la façon d'un corps étranger d'abord et d'un corps seplique ensuite. 742 ODONTOLOGIE Parfois elles traumatiseront la gencive, en s-'iiis-inuant entre le bourrelet gingival et le collet de la dent et en décollant la muqueuse- Un liséré bleuâtre (poussières de cuivre) ou bni7i (poussières d'aluminium), se for-- mera au niveau des incisives, des canines et des prémolaires, plus rare- ment au niveau des grosses molaires, et pi u& fréquemment à la mâchoire supérieure qu'à la mâchoire inférieure. Dans, les cas sérieux, on constate de l'inflammation du ligamentalvéolo-dentaire(périodontite) une mobilité relative des dents et de la douleur à la pression, à la percussion, * la mastication; les muqueuses jugales, palatine et labiales peuvent être sensibles au loucher. Chez les malades négligents, les symptômes s'cwecen- tuent, les gencives deviennent très rouges, douloureuses, boursoufïîlêes, le ligament alvéolo-dentaire suppure, unab€ès survient parfois et le signe de -cette gingivo-stomatite spéciale apparaît dans le liséré métallique gingivaL Le cuivre est le métal le plus irritant et il n'occasionne pas, seulement de la stomatite mais encore d'autres accidents tels que laryngite ou tra- chéite. Il provoquera même des symptômes d'anthracosis, presque iden-^ tiques à ceux que décèle dans cette affection l'inhalation de poussièxes. •charbonneuses. Enfin, chez certains sujets, on constatera des troubles gastro-intestinaux : ce seront les coliques et les diarrhées cupriques. L'aluminium vient ensuite par ordre de fréquence, puis le zinc, le fer, î'étain, l'acier, puisque nous motions en dehors de cette étude le plomb €t les autres métaux ou métalloïdes dont l'action a élé déceléo par nombre de travaux fort anciens déjà. La gingivo-stomatite métallique a un caractère plus sérieux chez les spécifiques et les négligents de l'hygiène dentaire, mais on risque de méconnaître son caractère particulier pour diagnostiquer simplement une autre forme de stomatite tant les troubles fonctionnels se ressemblent dans cette partie de la pathologie buccale. Hygiène et traitement de la gingivo-stomatite métallique. — Comme dans toutes les gingivo-stomatites : 1° Nettoyage minutieux des dents par le dentiste. Ablation soigneuse du tartre tant sur les surfaces internes qu'externes des dents. 2" Brossages bi-quotidiens des dents et des gencives avec une brosse demi- dure à l'aide de pâte ou de poudre dentifrice (formules courantes ou spécialités) ou encore et tout simplement avec du savon médicinal pulvérisé ou du savon de Marseille faute de mieux. 3° Lavage de la bouche matin et soir, après le brossage des dents (et, s'il y a lieu, quatre à six fois par jour), avec l'une des solutions suivantes : a) Eau oxygénée à 12 volumes : 2oO grammes. Une cuillerée à soupe dans un verre d'eau bouillie chaude. h) Permanganate de potasse : \ gramme. Eau bouillie : 1 litre. Mous donnons la préférence à la première formule, mais par suite de la cherté et delà rareté de l'eau oxygénée, nous avons conseillé encore plus VICHOT — DÉMONSTRATIONS PRATIQUES 743 souvent la seconde à nos ouvrières et ouvriers. Le permanganate de pelasse est d'ailleurs le seul médicament que nous avons employé dans notre service de place pour tous les lavages buccaux dans les cas de stomatites, d'abcès et d'opérations bucco-dentaires, parce que le seul facilement fourni par le service de Santé militaire. L'essentiel dans tous les lavages buccaux, c'est de les faire consciencieu- sement, régnlièrement et longuement. Chaque lavage, on devrait dire chaque bain de bouche, devrait durer de huit à dix minutes chaque fois. Dans les cas de gingivo-stomatites rebelles ou récidivantes, nous faisons plusieurs séances de pointes de feu à l'aide du thermo-cautère et ordon- nons les badigeonnages de teinture d'iode du Codex, tous les deux jours pendant une semaine ou deux, Quant à l'hygiène des ouvriers et des ouvrières des usimes de guerre exposés aux poussières métalliques, elle résidera dans la régularité des lavages et brossages bucco-dentaires, le traitement ou l'extraction des dents et des racines malades selon les cas, les nettoyages semestriels au fauteuil du dentiste et la pratique des notions élémentaires de propreté et d'hygiène individuelle que beaucoup ignorent malheureusement. La prophylaxie des stomatites comme la prophylaxie de toutes autres affections, ne peut être eiTicace qu'avec le concours absolu des intéressés. Et lorsque ceux-ci comprendront, grâce aux efforts des médecins et des hygiénistes, que la cavité buccale est la porte d'entrée de multiples mala- dies, le siège de nombreuseslésions tuberculeuses et surtout syphylitiques, ils pratiqueront alors cette prophylaxie que nous voudrions voir triompher dans tous les domaines, dans l'intérêt non seulement de l'individu mais surtout dans celui plus noble et plus généreux de la race. DÉMONSTR.vrioxs PRATIQUES ("27 juillet matin). 1« L'emploi des couronnes-crochets en prothèse et en travaux à pont, par -¥. //. Villain (voir la communication, p. 75) ; 2" Ucclusioa et articulation, par M. G. Villain: ?jO Technique de la prise d'occlusion et d'articulation, par M. G. Villain; 40 Technique de l'anesthésie régionale, par le docteur Cliarron, (voir la commu- nication, p. 33) ; 50 Divers systèmes d'appareils de fixation pour dents branlantes, par M. Spira (voir la communication, p. 69); 6° Technique de la méthode Gysi avec prise d'empreinte, par M. Cliapey. DÉMONSTRATIONS DE M. LE D'' VlCHOT, DK LyON. M. Pedersen, Lyon, titulaire de Ijrevets concernant le moteur Moustic et ses applications, a réalisé, à l'usage spécial des chirurgiens-dentistes, les appareils décrits ci-après. Diverses circonstances indépendantes de sa volonté ne lui ont malheureusement pas permis de remettre à M. le D"" Vichot les modèles déhni- '44 ODONTOLOGIE tifs qui sont actuellement en cours de construction et qui n'ont pu être prêts en temps utile. Ces modèles possèdent quelques avantages de détail qui les rendent encore plus pratiques que ceux présentés. 1'^ Moteur Monstic. — C'est un petit moteur électrique d'un modèle absolu- ment nouveau sur l'arbre duquel se fixent directement les fraises de différentes grosseurs. Sa forme, ses dimensions et son poids très i^éduits permettent de le tenir facilement dans la main. Relié par un fil souple à une prise de courant où à une douille de lampe, il fonctionne indistinctement sur le courant continu ou alternatif de 110 à 420 volts. Sa vitesse (environ 4.000 tours) et sa puissance sout plus que suffisantes pour l'usage auquel il est destiné. Une petite résistance annexe, branchée sur le fil conducteur, permet, en tournant la molette faisant saillie, de le modérer au besoin. Tenu dans la main de façon usuelle comme un porte-plume, il est mis en marche au moyen d'un bouton placé naturellement sous l'index. Les différents outils se fixent à la manière ordinaire sur l'appareil où ils sont maintenus par une bague de serrage. Le modèle définitif esi légèrement plus réduit et son embout plus dégagé (voir l'exemplaire joint). Il est enveloppé d'un tube émaillé qui réalise une propreté méticuleuse. Il sera complété par une transmission à angle droit de modèle spécial à engrenages très robustes sous un très petit volume. Cette transmission d'un fonc- tionnement très sûr en raison de sa simplicité, se place et s'enlève instantané- ment et permet une stérilisation et un nettoyage parfaits. Le Moustic-Dentist supprime donc l'emploi du flexible et ses multiples incon- vénients. Renfermé avec ses accessoires dans un écrin, très portatif, il peut être utilisé partout. i° Soufflerie Simoun. — Cette soufflerie actionnée par un petit moteur logé dans son pied, permet d'obtenir par un mélange d'air et de gaz d'éclairage, une flamme excessivement chaude remplaçant avantageusement les chalumeaux actuellement employés. Elle est très portative, de petit volume et de poids minime, le modèle définitif étant en aluminium. Le disque mobile placé à la partie supérieure permet de régler exactement l'arrivée d'air et d'obtenir la flamme désirée suivant la pression et le volume du gaz employé. L'appareil se relie également à une prise de courant quelconque, en interca- lant une résistance remplacée ici par une lampe. Dans le modèle en construc- tion, cette résistance est logée dans le pied de l'appareil. La soufflerie Simoun a été établie spécialement pour la fonte au creuset des divers métaux. Son brûleur peut s'adapter à un four de modèle quelconque ainsi qu'aux diverses presses à couler en usage. Elle supprime donc la souf- flerie au pied, incommode et encombrante. 3" Appareil à air chaud. — Il s'agit d'un très petit appareil auquel l'inventeur met la dernière main et qui est destiné à donner un petit jet d'air chaud. Composé d'une minuscule soufflerie d'un modèle analogue à la précédente, son volume ne dépasse pas celui d'un verre à bordeaux. Isolé ou fixé à un tableau général décommande électrique, cet utile accessoire aura naturellement sa place dans tous les cabinets de chirurgiens-dentistes. FABKET — LANESTHÉSIE PAR LE GAZOTHERME 745 M. lAlUlCT, Nice. DÉMONSTRATIONS DE LANESTHÉSIE PAR LE GAZOTHERME Un confrère s'est d'abord présenté au fauteuil pour servir de sujet. 11 s'était fait obturer récemment une carie du second degré à la face médiale de la canine supérieure droite. Comme il n'avait pu supporter le curettage de la cavité, le ciment avait été simplement appliqué après un nettoyage plus que sommaire. Séduit par la théorie, il consentait volontiers à subir une pulpectomie complète de sa dent, ayant l'intention de s'en servir comme pilier de bridge. 11 fut convenu que le confrère signalerait avec la main gauche, l'apparition de la moindre sensibilité. L'anesthésie obtenue, la dent fut très bien pansée par la face triturante, la cavité vidée de sa pulpe et le filet radiculaire restant retiré avec un tire-nerf. Le confrère interrogé, déclara que malgré une forte appréhension, au sujet de la pénétration de la fraise dans la cavité pulpaire, il n'avait même pas perçu cette phase de lopération. Il n'a rien senti à aucun moment, il n'a eu aucune sensation désagréable. Ont été ensuite opérées dans les mêmes conditions par le démonstrateur : Une pulpectomie d'une dent de sagesse inférieure droite; Une pulpectomie de canine supérieure gauche ; Une prémolaire supérieure droite, atteinte de périostite aiguë; Une hyperesthésie de la canine supérieure droite ; Une hyperesthésie de la canine supérieure gauche; Une cavité extrêmement sensible du second degré intéressant toute la face mésiale de la prémolaire supérieure droite. M. Emile HUET, Bruxelles. LA TECHNIQUE OPÉRATOIRE DES MOTEURS A GRANDE VITESSE Grâce à une instrumentation spéciale, basée sur l'emploi de moteurs puissants à démarrage rapide, vitesse considérable et arrêt instantané, obtenus à l'aide d'un électro-aimant commandé par une pédale basculante, M. Huel pratique l'excision indolore des divers tissus de la dent. II observe à cette fin la technique suivante : Excision de l'émail. — Vitesse de rotation : 9.000 tours à la minute ; pression 746 ODONTOLOGIE 200 grammes; action : presque continue; outil : mince meulelte de 20 milli- mètres de diamètre. Excision de la zone d'union amélo-dentinoire. — Vitesse de rotation : 4.000 tours; pression : 600 grammes; action : 2/.5 de seconde d'application et 3/5 de seconde d'interruption ; outil : foret épais à tête résistante. Excision de la dentine.— Vitesse de rotation: 5.000 tours; 400 grammes; action : 2/5 de seconde; outil : foret à pointe affûtée pour permettre une vitesse de pénétration de 2 millimètres par seconde. Une série de pi^éparations sur des cas cliniques vient confirmer la précision et la sûreté de méthode mettant en lumière la nécessité de tenir coinpte des données établies pour régler la manipulation toujours délicate des organes sur lesquels nous exerçons notre activité. DÉM0.\STRATI0i\S DE M. V. HoUSSEÏ. Les quatre démonstrations suivantes ont été faites par MM. Frey et Wallis- Darvy au nom de M. Houssel. 1° Appareil d'nrf/nice pour fradures des maxillaires. — Cet appareil s'applique aux maxillaires inférieur et supérieur, quand la fracture (complète ou non) correspond à l'arcade dentaire. 11 assure la coaptation correcte des fragments et l'occlusion normale. Il est destiné à précéder la pose d'une gouttière; cependant dans de nombreux cas, il peut permettre d'obtenir la consolidation. Les pièces sont préparées à l'avance, en séries et montées au moment de l'emploi. Elles sont composées d'un arc externe, de fixe-goupilles coulissant sur les arcs et de goupilles interdenlaires antérieures et latérales. On place d'abord l'arc interne et les goupilles interdentaires antérieures, puis sur ces goupilles l'arc externe et enfin toutes les goupilles latérales en allant du côté lingual vers le côté vestibulaire. 2° Appareil à volet articulé pour perforation vélo-palatiîie par projectile. — Ce volet concerne les perforations susceptibles de se fermer d'elles-mêmes ou par intervention. 11 empêche la pénétration des liquides et des solides sans obstruer la perforation et en laissant les lambeaux muqueux reposer sur une surface métallique lisse. Le bord du volet s'encastre dans le boi'd postérieur de la plaque. La char- nière est constituée par un fil disposé en ressort à boudin, dont les extrémités s'engagent (à angle droit avec le ressort) dans deux tubes soudés parallèlemont, l'un sur la plaque (du côté de l'arcade), l'autre sur le volet (du côté du raphé). Deux crochets maintenant le ressort font opposition aux tubes. L'articulation obtenue est très simple, suivant les mouvements du voile sans blesser la muqueuse. Le maximum d'amplitude de mouvement du volet correspond à celui du voile. 3° Appareil à selle amovible pour fracture préangulaire du maxillaire inférieur. — Dans le cas oîi, soit par manque d'ancrage, soit par manque de résistance des dents portées par le fragment postérieur, il est indiqué de placer une selle, celle-ci doit être profonde, surtout du côté lingual, elle doit être amovible et, la gouttière restant en place, permettre de surveiller et de traiter la muqueuse sous-jacente. Le point d'action de cette selle doit être placé très bas et le plus E.'HUET — MOTF.URS A GRANDE VITESSE 747 possible 'en arcfère. La-eelle à bras articulé réalise ces conditions. Une goupille vestïbiftaire laSibèreou la maintient sans que soit modifiée rimmobilisation dus trait de fractuFe. Le bras articulé lingual, par son système de pièces à coulisse, doraroet^ne fixité très :^'ande à la selle et ne peut se déplacer de lui-même. Il se ooïnpose d?urâ tube rond, sectionné en avant et formant gouttière, et d'un piv»î!)it à.épaulement. Gepivot, fendu sur une partie de sa longueur, s'engage, dans îUBe gainei$ivak-s©udée à la partie lixe de la gouttière. 4* Âfppareil lourd poitrt fracture de maxillaire inférieur avec larcje perte de su1)s- tanœ. Tiuteur des parties umlles. ^- Cet appareil est formé de deux, gouttières, adroite et .gauche, •solidarisées ensemble en bouche au moyen de dëuxs pièces : : une lanae verticale. cintrécï^t un évidement correspondant. Une- tige à taquet; pivotant ktïrizontaknnent, maintient les «pièces en connexion-^ Le poids de l'appa- reil empêelie le mafâvement d'élévation «des fragments p0stéitieurs>^(rétention par couronnes-crochets). .Une ;pi'è:e antérieure à glissière vient former tuteur des parties molles. Da'BS ;Ge but èie est progr>egsivement chargée dé gutta: noire, la pression dcajce de c«ile-£i corrtbat la rêtrâctksn cicatricielle.. Malgré une suture labiale prefonde et J'éQemte, iittalgré l'atrésk de l'orifice buccal, l'àjjpareil se' que les plus grandes superîicies sont aU'eclées à cette culture inciuslrielle. La Wanlzenau, un village au borJ de 1111 près de Slrashourg, jdantait pen- dant un teinps, plus de 2()î) hectares. Le dépaîlcuKnt (]u l>as-U!iin |)ro- duit !>i 0J> d<'S houblons révoltés en Alsace-Lonaine. Les neuf dixirines de la récolte s'exporlaienl avant la guerre. Jus'pren 1882, les planteurs étaie:il livrés à c;ix-niètnos, fcuite d'organi- sation ()rofes3ionnellc. Aussi, la technique de la culture n'avait fait que peu de pro:;rL's. A celte époque, quelques inem!)res du Coinice agricole de Maguenau décidèrent de foruin* la Sociélé des planteurs de houblons, dont l'activilé s'est accrue d'année en année, sous la direction éprouvée de notre vieux président M. Mic/wl linsiUm, de .Mundolslieini. Poursuivant énergiqucnieni l'ainélioralioa de la culture du ho'jblon, formant déjà une part des richesses de noire petite patrie, la jeune société chargea, en 18S3, son secrétaire Staiiibfh-h de faire un voyage d'éludés en Bavière et dans le Wurtemberg. Les conseils pratiques qu'il K'pandait à la suite de ce voyage, furent suivis de toutes paris el,en peu de temps, un changement profond se produisil dans le mode de culture. Des progrès notables s'enregistraient. Le(jOuvernement s'inl(''ressa vivemeni auxelFoi-ls déployc'^s, en allouant généreusement des subveidions à la société pour stimuler son zèle à prêcher aux producteurs l'amélioration de la qualité. Grâce à la propagande soutenue par les intéressés, la coutume d'intercaler des plantes sarclées dans les houblonnières, coutume si nu'iaihlc à lu bottne nutrition du houblon fut peu à peu abandonnée. Les replants destinés à de nouvelles plantations, réservées m:\inlenant dans les meilleurs terrains, furent choisis parnn les plantes d'élite l)ien acclimatées. La taille, au printeii:;ps. s'exécutait conformément à la bonne règle. Par la sélection des replants on [larviiU à espacer graduellement les ('poques de la matiu'ité. Les planlalioiis jur lil do IVr se répandaient de plus en plus, en adoptant, suivant les indications de Slsolument inconnue au jury. Aussi, au concours de 1910, entre tous les houldons d'AUemague et de Bohème, TAlsace a vaiucu sur toute la ligne et a obtenu les trois uniques et plus hautes récompenses olïertes aux vainqueurs du concours entre les délen- teurs des premiers prix de chaque pays de production respectif. Un plus beau succès ne pouvait être souhaité pour notre société. Ainsi que tous les organismes, le houblon est en évolution constante, par conséquent le perfectionnement de notre culture nationale ne sera jamais épuisé. Aucun pays, aucune contrée que ce soit Saaz ou Spalt, ne possède le monopole pour produire une qualité extra-supérieuFe. Partout rai le climat et la nature du terrain le ])ermetlent, il est possible d'arriver à cultiver des houblons Ans, pouvant convenir à la fabrication des bières de luxe. Pour atteindre ce but, nous avons déjà cherché à prendre contact avec les planteurs de la Bourgogne et de la Lorraine, mais ils sont restés sourds à notre appel confraternel. Pour juger de la valeur brassicole d'un houl)lon, il n'y a, en réalité, que les signes extérieurs qui comptent. L'analyse chimique ne sert qu'à déterminer la proportion des substances amères contenues dans le houblon. La condition primordiale pour produire un houblon fin, dans n'i)nporle quelle contrée appropriée, esl la culture du semis, une fois qu'une variété y est acclimatée. Avec des graines bien sélectionnées, on peut cultiver des 'semis qui donnent, après trois an§ non seulement une récolte appréciable, mais aussi un produit de qualité fine. Suivant les indications de Stambach, les graines se sèment dans de la bonne terre végétale au mois de février, dans un endroit bien exposé. On met les graines dans des rigoles deo cen- timètres de profondeur el espacées de 2o centimètres avec un intervalle de i centimètre d'un grain à l'autre; l'ensemencement terminé, on nivelle la terre. Les plantes sortent après quatre semaines environ et ressemblent à s'y méprendre au semis de chanvre. Avec 30 à oO grammes de graines, on obtient quelques centaines de pieds dont la moitié d'ordinaire seront des plantes màles qu'il faut arracher plus tard. Aussitôt que les petites plantes ont atteint 5 à 10 centimètres de hauteur, on leur donne un soutien de I mètre à i'",oO, généralement des ramilles, autour desquelles elles s'enroulent. Point n'est besoin d'autres soins spéciaux iiour la première année, mais il va de soi que le terrain doit être bien sarclé. Au mois de mars de l'année suivante, on déterre soigneusement les [•lants pour les transplanter dans un champ de houblon, de manière à ce qu'entre chaque intervalle de deux pieds d'une rangée en longueur, vienne se placer un jeune i)lanl. Itans le cours dg l'année, la |»lante atteint une longueur de quatre à six mètres, et nécessite un tuteur ou une corde conductrice qui se lixe au haut des perches ou de la plantation sur 772 AGi!0>o.Mii-: lil de fer. Les jeunes j)!aiils i'ciiii?seiU vers la fin de juin, el c'est à ce momenl seulenicnl qu'on peut fiislingucr les pieds femelles des pieds jnàlcs, par la notable dilTérence de Uoraison. Avant que l'enveloppe florale crève, il faut arracher les plantes niàlc.% car non seulement elles ne donnent aucune réc.»lle mais la fécondation des plantes femelles iniirail à la finesse de la qualité requise pour l'emploi en brasserie. Ouelijue temps avant la complète maturité, on cnlrei>rend la classifica- tion des plants qui sont de vari(''lés ditîërenles. 11 y en a de précoces, de demi-précoces et de tardifs. De même, la (jualité n'est pas uniforme. Le dévclo|)pement de chaque pied doit être observé; le conditionnement des (loches et le degré de fines-e d'arôme consignés sur un registre, après un examen minutieux et comparatif. Au printemps suivant, les plantes sont enlevées de terre avec précau- tion, par ordre de classement et de variété, conformément aux annotations prises. Chaque pied donne deux à six replants qui sont plantés dans une l'iimtalion nouvelle. Les avantages résultant de cette manière de procéder pour obtenir une plante de bonne race en remp'acemcnt d'une variété épuisée par l'âge, n'échapperont à aucun j»lan!eui- intelligent soucieux d'améliorer saculture. Malgré cela, peisonne ne songe à élever des plantes suivant la loi natu- relle. La marche à suivre est ] ourlant simple et facile; elle donne, en outre, des jésultats certains, même au delà de toute attente, mais elle a le toit d'être ignorée ou d'être con^idérce-coaime une nouveauté par un dilettante. Des renseignements historiques, statistiques et agronomi(|ues que je viens de vous donner sommairement, la situation dominante de l'Alsace dans la culture des houblons doit se dégager suilisamment pour vous montrer de quelle importante source de richesse la nouvelle Fi'ance peut tirer profit, si le Gouvernement sait la protéger. Nous nous estimerions heureux si. sous ce rapport, nous éti<>ns toujours servis par des ministres aussi actifs et ayant une conqiréhension aussi profonde de nos besoins (pie notre si sympathique direcleiu- de l'agriculture, M. li. Hommcll. Je ne suispa^ qualifié jjour faire son éloge, mais il voudra bien soutlVir que je lui exprime publiquement toute notre gratitude pour le haut intérêt (ju'ii nous porte, en nous aidant, dans la limite de ses moyens, à reconstituer nos p'antations et par suite If patrimoine de la l'rance immortelle. MH.IIKL — DRLK MALADIES DU CHKVAI. SriiciKI^lKS A LA LOlUtAlNR l'A M. miciii:l, Véléi'ii\;nre d'arrondissement, Dieuze. DEUX MALADIES DU CHEVAL SPECIFIQUES A LA LORRAINE : LA FLUXION PÉRIODIQUE ET L'ANÉMIE PERNICIEUSE GiO.lI iVi.382) 27 Juillet. Do tous temps, les éleveurs de clievaux du déparlenient de la Moselle, comme d"adleui-s leurs conlrères du nord-esl de la Im-uicc, oui eu à luUer conlre deux maladies spécifiques au sol rude el iuipennéable de celle région : la fluxion périodique et l'anémie pernicieuse. y. — Iji lliixion périodique. — Trop connue pour ijue je veuille donner la description de ses symptômes et de son évolution, la lUixion périodiijue est une des rares maladies dont on ne soit pas encore fixé sur les causes : Est-ce une ailection microbienne? Est-ce une atîection parasitaire comme beaucouf) le prétendent? La question n'est pas résolue. Personnellement, je |)enche sur la pre- mière hypothèse et, ce qui forme ma conviction, c'est l'apparition si fré- quente de la lluxion périodique consécutivement à la fièvre typhoïde. De longue date, l'inlUience du sol, de l'altitude des terrains, dans la genèse de cette atTection a été reconnue. ZinuJcl en a fait l'objet de nom- breuses études. Selonlui, il y aurait eu dans la vallée de la* Nied o9 0/0 de chevaux Muxionnaires: dans les régions avoisinantes, mais plus élevées 32 0/0. Ailleurs, il aurait observé dans les régions argileuse,! 40 0, 0, dans les régions sableuses ou calcaires, (î 0/0 seulement. Dans les environs de Strasbourg et de Séleslat, où la proportion de chevaux atteints de lluxion était extraordinairement élevée, elle aurait, à la suite de lassainissemenl des marais qui y abondaient, à peu près disparu. Ces chiIVres cités par Ziindel, n'ont heureusement pluscoursaujourd'hui. Tout en restant fréquente, surtout après les années humides, la lluxion périodique ne cause plus de ravages aussi inqiorlants (pi'autrefois. Dans nos grandes fermes de Lorraine où, il y a quarante ans, il n'était pas rare de trouver une dizaine de chevaux aveugles, on en trouve rare- ment aujourd'hui, .l'estime que leur proportion ne dépasse guère 4 0 0. Jl faut en chercher la raison dansl'amélioralion de nos modes decullure, dans remjiloi d'engrais chimiques qui. non contents d'aj)porleraux plantes des éléments vitaux qui leur sont nécessaires, Ibnt aussi fonction bactéri- cide el parasiticide, el aussi dans l'atrouragement |tlus rationnel de nos chevaux el dans l'amélioration de leur race. "ili AGROKOMIE Kxisle-i-il une médicalion capable d'enrayer on de gnérir la fluxion périodique? Malheureusement non. On peut, par la dérivation associée à l'emploi de certains alcaloïdes et de l'iodure de potassium, relarder et affaiblir les accès; on peut peut-être par ces moyens, arriver à préserver un o.'ij, mais c'est tout. ïl est généralement admis que la lluxion périodique est héréditaire. Je ne partage point celle opinion.. Pas [dus que la tuberculose ou tout autre iualadie microbienne,^ la lluxion périodique ne saurait être héréditaire. Ce qui pourrait être héréditaire, c'est la prédisposition de l'organe, le manque de résistance de l'œil. Soustrayez un poulain aux inlUiences qui causèrent la cécité de la rnère, mettez-le dans un pays i)lus sain, dans de bonnes conditions d'hygiène, vous aurez toutes chances de le voir échajiper à la maladie maternelle. Je ne vais pas jusqu'à dire qu'on [misse sans inconvénienis livrer à la reproduction des étalons et les juments tluxionnaires. Loin de là! Comme il y aura toujours plus de fous que de sages, comme trop souvent le jeune animal restera attaché aux milieux qui l'ont vu nailre, il sera toujours de la plus élémentaire prudence d'exclure de la reproduction les animaux ayant été atteints de lluxion périodique. C'est là une condition {uimordiale de la lutte contre celle maladie. Les autres moyens dérivent de ce qui fut dit plus haut : assainissons nos prairies humides; drainons nos terres; ne ménageons ni aux unes ni aux autres les engrais chimiques; rendons nos écuries plus spacieuses, plus claires et plus saines; écartons de ralimentatio-n de nos animaux les fourrages malsains ou avariés^; et enfin appli(|uons-Qous à avoir une race de clievaux robuste et résistante et les chevaux aveugles deviendront en Lorraine comme ailleurs une rareté. //. — lùmémle peniicicKse. — C'est là aussi, et do longue date, une maladie spécifique à la Lorraine, et surtout aux vallées de la Seilleetdela -Med. Maladie due à un microbe infiniment petit, invisible avec les moyens dont dispose la science d'aujourd'hui, microbe qui passe à travers les tiltres Ses plus fins. Maladie dangereuse, non seulement par sa contagiosité, mais surtout parce que les chevaux peuvent porter en eux et propager les germes du mal bien longtemps avant qu'on s'aperçoive de leur élat morbide. Elle a cela de commun avec la morve qui fut si longtemps le fléau de l'espèce chevaline, mais que la science a fini par vaincre et dont nos petits-enfants ne connaîtront plus que le nom. L'anémie pernicieuse, la typho-anémie ainsi qu'on l'appel le aussi, frap|>e les chevaux de lout âge. Je lai vue dans des écuries oii elle possédait une très grande virulence, atteindre les jeunes animaux non encore assujettis au travail et jusqu'aux poulains de lait. Cependant, elle frappe de préférence les chevaux de trois à six ans. Un beau jour, on s'aperçoit qu'un aninml, jusque là plein de vigueur et souvent même en très bon élal d'entretien, se faligne vite au trail et qu'il MICHEL DKUX MALADIES DU CHEVAL SPiXlFI^UES A LA LOIillALNi; / /O a le liane un peu relire. Cependant il uiange encore bien et si on examine la conjonctive, on la trouve d'un rouge plut(H vif qu'à l'ordinaire. Mais si l'on prend la température, on aura la suri>rise de trouver une élévation sensible allant jusqu'à 40",5. Un vétérinaire averti trouvera aussi à l'aus- cultation du cœur des indices qui assureront son diagnostic. Après quelques jours de repos, le cheval se remplissant mieux, le liane . ayant repris son ampleur, l'animal est remis au travail. Bientôt, après quelques attelées, les symptômes reparaissent, plus accentués cette fois, surtout du côté du cœur. Si l'on prend régulièrement la température, on trouvera d'un jour à l'autre des dilîérences notables, des hausses et des baisses que rien ne semble justifier. Petit à petit le poil devient terne, les crins s'arrachent facilement, la démarche devient vacillante, r;ip()étit irrégulier, les battements de cœur tumultueux, désordonnés, les muqueuses pâlissent; puis surgissent des Œ'dèmes aux extrémités, au fourreau, sous la poitrine et le ventre, bref tous les symptômes de l'anémie. La mort survient à bref délai. Scion que l'animal aura été plus ou moins ménagé et bien soigné, la durée de la maladie variera de trois à six mois et même plus. A côté de cette anémie chronique, nous trouvons aussi, sur les chevaux entiers des cas aigus, presque foudroyants qui, (jnelquefois en trois jours emportent le malade par une rapide décomposition du sang, avant que les muqueuses se soient décolorées et que les (Dedèmes n'aient surgi. Dans la forme aiguë comme dans la forme chroidque, les lésions nécrop- siques sont formidables. A l'autopsie, on trouve, même s'il s'agit d'un cheval abattu dans le premier stade de la maladie, les reins, la rate, le foie et le coau", les organes essentiels de la circulation et de l'épuration du sang dans un état de délabrement tel qu'on est obligé de se convaincre que toute médication doit être forcément illusoire. Kl la longue expérience que je i)0ssède de cette maladie m'autorise à dire que tout cheval atteint est un cheval perdu et que dans les guérisons durables qui ont été constatées par-ci, par-là, il-y a eu erreur de diagnostic et que l'on a guéri un cheval qui ne souifrail i)as d'anémie pernicieuse, mais d"anémie essentielle ou de tout autre maladie. J'ai souligné le mot durable, 'car il est possible de « blanchir » un cheval atteint d'anémie pernicieuse dans la première période du mal, c'est-à-dire de lui donner pour quelques temps les apparences de la santé, mais cet animal venant à être vendu et à être exposé à de nouvelles fatigues, suc- combera bientôt à une rechute de la maladie, non sans avoir auparavant contaminé ses voisins d'écurie. L''anémie pernicieuse est de nature essentiellement infectieuse, mais l'infection n'est jtas rapide comme dans la typhoïde. rinlUienza, la gourme. C'est un mal d'écurie qui se propage par la cohabitation. T7G AGRONOMIE Nous avons Vil que les reins, les organes si délicats de l'épuralion uri- naires élaient 1res alfectés par la maladie. Il s'en suit (|ue l'urine qu'ils sécrètent contient l'agent pathogène de l'anémie pernicieuse. Kn ellèt, si l'on injecte sous In peau ou dans le sang d'un cheval sain une très petite quantité d'uiincdun cheval malade, on lui communique infailliblement la maladie. L'infection chez le cheval se |troduit généralement par l'ahsorplion de fourrages on de litières souillées d'urine. Un vétérinaire allemand habitant Strasbourg, a récemment mis en cause, comme agents d'infection, les (l'stres, ces larves que l'on trouve en grand nombre dans l'estomac des chevaux et qu'on voit en été accrochés à la muqueuse de l'anus. Ce serait un poison sécrété par ces parasites qui |)ro- voquerait la ty[)ho-anémie. La théorie de ScyderJielm pèche par la base, car il y a impossibilité do concilier des idiénomènes d'intoxication et de contagion. On ne saurait trop insister sur le rôle de la contagion. L'anémie ne consiste pas, comme nos paysans sont trop tentés de le croire, en une diminution de la quantité du sang, mais en une altération de la qua'ité, en une diminution de globules rouges, en un mot, en une déconqoosition du sang due à l'action du microbe. Aussi l'alimenlalion ne jone-t-elle pas un r(')le aussi grand qu'on pour- rail le croire dans la préservation de la maladie. Souvent on entend dire : " l'ii tel a l'anémie dans son écurie, ce n'est pas étonnant, ses chevaux travaillent tro|» et ne mangent pas assez d'avoine. » Certes, des chevaux débilités par la fatigue et le manque de nourriture consistante, olbiront à l'infection un terrain bien préparé el contracteront l'anémie plus vile que des animaux mieux soignés sous tous les rapports. Mais dans combien d'exploitations où on ne pouvait accuser ni le surme- nage, ni le manque de bons soins et de bonne nourriture, n'ai-je pas vu sévir la typho-anémie! Il vaut mieux prévenir que guérir! ('/est un vieil adage qui ne fut jamais mieux à sa place que dans le cas présent. Si donc, dans une écurie jusqu'alors saine, un cas d'anémie j)ernicieuse vient à se présenter, on isolera immédiatement le malade, ou mieuxencore on 1(^ fera abattre. On procédera à une désinfection minutieuse de l'écurie; cette opération conq)ortera si le sol n'est pas bétonné, l'arrachement du pavé et l'enlèvement du sous-sol infecté. On isoleraet on surveillera alten- livement les animaux voisins du malade. On soumettra les .chevaux à un travail modéré tout en leur doimant une nourriture abondante et choisie. Si les circonstances se prêtent à uneac'ion aussi radicale, on fera écurie nette, c'est-à-dire on vendra tous les chevaux ayant coliabité avec l'animal infecté et on ne les remplacera qu'après la désinfection du local tel ([u'il fut dit plus haut. J'ai dit qu'd était possible de redonner à un animal atteint danémie HAl'I'IN I:T GP.ttSSKP.nN — UKCtlEnCIlKS lîACTKItluLOGIOl KS SLR \.F. lŒI RliK 777 pernicieuse au premier degré les apparences de la sanlé. Les médicaments dont on se sert dans ce but, à base d'arsenic et de mercure, matières qui imprègnent longuement et profondément l'organisme, sont employésavec succès pour prévenir l'infection chez les chevaux qm pourraient y avoir été soumis. Mais le grand remède au mal nous viendrait de rinscri|»lion de l'anémie jternicieuse parmi les maladies contagieuses visées par la loi du 11 juil- let 1881, et comme pour la morve, l'indemnisalion dans une certaine mesm-e des pertes causées par l'abalage des animaux atteints. Cette mesure est nécessaire. Les agriculteurs des départements de l'Est doivent la réclamer et ne [)as cesser de la réclamer. VAle empêcherait les ventes d'animaux suspects ou blanchis qui jouent un si grand ndedans la propagation de la ontagion. La loi exigerait que les écuries d'auberge et d'hôtel qui sont de redoutables foyers d'infections, fussent désinfectées hebdomadairement, sous le contrôle du service sanilaireoude laconuimne et fussent construites de telle sorte que cette opération en soit aussi facile qu'efficace. Cette mesure enfin |)ermettrait d'envisager la possibilité d'arriver au résullat qui a été oblemi pour la morve: la dis[)arilion à peu près complète de l'anémie pernicieuse et la sauvegarde d'une parcelle importante de la richesse du pays. M. leD'RAPPJN, liirtMieur de l'Institut Pasteur de Nantes ET Th. r.ROSSERON, IMiarmaeien, Nantes RECHERCHES BACTÉRIOLOGIQUES SUR LE BEURRE 576.8 :G3.7-> S7.fuill,'l. Teneur en bactéries sur quarante-trois cclianlillons de beurre, provenant de dift'érenles régions de la France et dAtuérique. Des mesures d'iiygiène à prendre pour assurer la pureté de ce produit, qui joue un si grand rùle dans l'alimenlatiou. 778 AGRONOMIE M. ZUiSDIlL, Chef des Services vét(''rinaires d'Alsace et Lorraine. DU TRAITEMENT DE LA BOURINE G19.ll •2~ Jatllst. Fin juiii 1919, M. Brickert, vélérinaire à Marckolsheim, arrondissement de Sélestat (Bas-Rhin), constata, sur ditïV'ren'es junie'nls do sa clienlôle, des lésions, qu'il atliiLua d'abord à rexanllièine coïlal, M. Brichrii rectifia son diagnostic quelques jours après. D'autre part, M. Wcichel, chef de la Section vélérinaire de Vliistitiit d'hygiène et de bactériologie de VÙni- cersité de Strasbourg, qui avait, sur ses confrères alsaciens, le grand avan- tage d'avoir vu la donrine en Russie eten Orient, eut l'occasion d'examiner les chevaux en question et établit, par l'examen clinique et par lexamen du sang, qu'il s'agissait bien de la donrine. Les recherches faites "aussitôt établirent qu'une jument d'origine lithua- nienne, prise aux Russes par les Allemands, el; reprise sur ceux-ci par un corps de troupes françaises avait été vendue comme réforme à un culti- vateur de Sundhouse, qui, croyant la jument en chaleur, la conduisit successivement aux trois stations d'étalons de Sélestat, de Renfeld el do Sundhouse, où elle infecta les dix étalons de ces stations. Ces étalons à leur tour propagèrent la maladie dans toute la partie méridionale du département du Bas-Pihin et, {»ar une voie qui n'a pu être éclaiivie, dans la région d'Ensisheim du ilépartement du Haut -Rhin. Sur le millier de chevaux suspects de contamination, l'examen clinique permit de constater l'existence de la maladie sur onze étalons et environ cent cinquante juments. Un tiers environ des malades moururent de don- rine aigui' ou sous-aiguë dès les premières semaines de rapj)arition de la maladie. M. le Commissaire général voulut bien, en {trésence des énormes pertes subies par les éleveurs, leur accorder des indenmités sur les fonds de l'I'^tat ri provenant du Service des viandes. Mais, vu le grand nombre des chevaux atteints et leur grande valeur individuelle il sembla utile de ne pas procéder à leur abatagc immédiat^ com.me je le jugeais préférable dans mon senti- ment de vieux gendarme sanitaire, mais d'essayer (Yen sauver au moins une partie par un traitement approjtrié. A cet eftet les chevaux malades furent réunis à Strasbourg, dans une infirmerie organisée ad hoc et placée sous la direction de M. Wcichel. Les ZU.NrJKL — TFiAlTEMKNT DK LA DliLlilNK 779 chevaux malades de moindre valeur OU pour lesquels, vu leur amai,^ris- semeiil prononcé, le Iraitemenl semhlail de prime abord ne pas pTésenter de chances de réussite, furent abattus, les autres furent mis au repos com[tlet et bien alimentés. En première ligne, nous voulûmes (M. le protVssenr Bord, chef de 17n>;- titut d'hyçilêm et de bactériologie; M. Weichef et moi) expérimenter le pro- cédé recommandé par Moitod, c'est-à-dire l'emploi simultané de l'atoxijl, de Yorpiment et de Vémétiqite. La première série de malades a été traitée rigoureusement d'après les indications de Monod. Mais M. Weichel vit bien vite, que l'administration de Vorpinient par la'voie stomacale était peu appropriée au traitement d'environ cinquante chevaux. L'état général des malades était trop différent; d'autre part, il n'était guère possible.de contrôler, vu le grand nombre des patients, le degré de plénitude de l'estomac au moment de radministration du bol médicamenteux. Or, Vorpimcnt pro- duit sur la muqueuse stomacale à jeun de gi'andes corrosions hémorrha- giques. M. Wcichid peixlit de la sorte cinq chermeltant de le recommander. l'our les animaux pn-scnlant des lésions oiganiquc^s graves, provenant plutôt d'infections secondaires que de l'infection par les Irypanosomes, le traitement par les médicaments nommés tantôt, nc^ |)ouvait avoir de chances de succès. M. Wriclicl a donc cherché à leur faciliter la luttecontre la (lotiriiie par l'adminisiralion (juotidienne d'acide arséideiix, [)ar des injections allernantco d'fifoxtjl et d'ëmét'qHe et par la suralimenlalioa. Là où il a pu établir sûrement l'exislence d'infections secondaiies, M. Weichel a [jrocédé à des injections de vaccins antistreplococciqiie el sfajihylccoc- cique. et il a, dans plusieurs cas de néphrite et d'anasarque, réussi à rétablir SCS malades en y joignant des traitements locaux de la vessie, du vagin ou {\[)ression trop rapide de la médicamentation, lors de la re[>rise (lu travail. Tour quehiues malades, l<3S progrès faits par les lésions orga- ni(pies chroniques, ont enq^'clié toute amélioration de leur état quel que soit le traitement employé. Les expériences faites par .>L Wcichcl conlirmenl les indications faites par d'autres auteurs; on doit en conclure que bien souvejil il ne sera pas possible de lutter contre les infections par les Irypanosomes et leurs suites : .M. Weichel conihnie ses recherches pour voir si des injections sous- cutan(^cs ou intra- veineuses de sang ou de sérum de chevaux qui ont résisté à la doiirine, sont ellicaces. Pour dire qu'un cheval a résisté à la douriiie, (ju'il est guéri et peut quitter rinfirmeri(% .M. Weichel exigeait qu'il soit resté sans fièvre pendant plusieurs semaines, et qu'il ait notablement augmenté de poids, s'il avait maigri. L. BLAniNOIlKM — SI'M.KCTIuN DU IIOUBLOX 781 Les essais de .M. Weicht'l de Irouvcr iiii moyen l)iologique d'élahiir la ii,uérisuii de la domine, nOiil, pas doaiié de lésuUat probant; ils seront continués, l'our le moment, les recherches de M. W'richel ne permcllent que de recouDiiandcr comme Iraitenient de la doid-inc : 1° Le repos absolu avec alimentalion de choix: 2" Un traitement aussi précoce que possible par {"administration quotidienne dVtcirfe anénipii.r, les injections d'atoxul et i\'i' implique, les lavages locaux des organes frénito-urinaireset éventuellement par la sérothcrapîiie au moyen du sanget du sérum des malades et dos guéris. M. L. BLAllhNr.llliM, Professeur irAgi-iciiltiiro nu Conservaîoii-.î des Arlset .MiMier; et Cher de service à rinstitat t*aslenr de !'ari<. A PROPOS DE LA SELECTION DU HOUBLON «3. Si.'.. Il LS Juillet. Le SiJiiiJi-at (les Brasseurs de Fnuirr a encouragé la création d'une Socié.'é (VEnconrageiiiciit à la nilturc des orges di- brasserie qui, depuis 1902, fait un choix des meilleures sortes industrielles, les propage, les achète à des prix rémunérateurs i)onr l'agriculture et le brasseur. ,)'ai décrit au Congrès du Havre de l'Association (19li) deux sortes pedigrees nouvelles (/'o////' Comtesse et l'orge Sttrah) qui ont été is(dées par mes soins et ont eu un grand succès. Leur multiplicalion continue. Le Comité directeur de c^tte Société s'était préoccupé, avant la guerre, de poursuivre des éludes analogues sur les houblons do Fiance et un de mes élèves, M. Julien Toiinujis, mort pour la France, s'était spécialisé dans les recherches techniques qui lui ont fourni un sujet de thèse de doctorat remarquée (1). Le matériel étudié par >f. Tournois est en purtie conservé; avant de le confier à un étudiant capable d'en tirer parli, il me paraît nécessaire de réunir une collection aussi complète que i)ossible des types renommés et je prie les membres de l'Association qui s'intéressent à la sélection des houblons de m'aider dans celle tâche. Les observations résumées dans cette note sont destinées à les guider dans le clioix des jtlants. L'espèce Humulus lupulus, L. Saucage est très homogène; les plants cultivés d'aulre part sont assez variés [lour qu'on ait pu en distinguer (1) J. Tounxois. — Elirle la >;(>xu'ililé du lianhloii, Paris, 191'», 190 [âges et 5 volumes, 80. 782 AGRONOMIE 150 formes et Biviinfjart i\UO~) estime à 300 le nombre total des sortes cuKivées dans le monde entier. Il y a dans ce matériel possibilité de faire une sélection. Les sortes de houblon cultivées ne sont ni des variétés, ni des sous- espèces au sens génitique des mois; ce soni de. simples linl'widns, multipliés souvent par centaines de milliers de fragments ou boutures; ces individus comme les pojnmes de terre ou les arbres fruitiers à pépins vivent durant des siècles parfois et lesrésultatsd-un choixapijropriéà un usage industriel, à un sol et à un climat déterminés, à une production intensive ou limitée dépendant évidemment des qualités propres à ces individus. Pour éviter des erreurs, des doubles emplois ou des tâtonnements, il importe donc de signaler exactement le lien où le plant à été prélevé, s'il est commun dans, les cultures, s'il est d'introduction ancienne ou récente. Dans le même champ il faut s'attendre à trouver les fragments de plusieurs individus, peu nombreux d'ailleurs de o à 20 pour une plantation ordi- naire d'un hectare. L'agriculteur les reconnaît à la couleur des tiges, à la vigueur, à la précocité qui peut être précocité de pousse au printemps, précocité de formation des grappes ou précocité de maturation, ces trois cas n'étant pas nécessairement liés l'un à l'autre. La plus grande attention doit être apportée à la force et cm nombre des jels; comme pour les arbres fruitiers ou la vigne, la charpente, c'est-à-dire la ramification des souches souteri-aines, rectifiées par des émondageseldes tailles, traduit des qualités très importantes au point de vue de l'abondance et de la qualité de la récolte; les tiges fortes à entrenœuds moyennement espacés à ramifications secondaires peu nombreuses jusqu'à une hauteur de deux mètres sont les plus apj)réciés; mais il est certain que la fumure, les travaux d'entretien et la nature du sol modifient tous ces cai\actères végétatifs et tel plant, j)eu recherché en Alsace, pourra donner d'excellents résultats en Bourgogne et dans le nord We la France. La Jongueiir des grappes, Vabo)idenfeld (Haut-Rbin), par des moditications dues en partie à des fécondations nulles dans le premier cas et fréquentes dans le second. Elles se traduisent par la présence de graines plus ou moins bien développées dans les cônes fertiles qui sont plus grossiers, plus lourds et moins riches en lupuline. Les bractées des cônes elles-mêmes offrent des aspects différents seloji que quelques graines ou de nombreuses graines sont formées. La plus grande attention doit être apportée à l'examen des cônes, à la forme drs bradées, à leur nervation, à leur couleur vers l'époque de la matu- rité et surtout à leur rapprochement sur l'axe du cône. L'érartemeut des DIKDOLDT A^^SOC.I.VTKINS AGI'.ICOLI-S KM ALSACE KT LOi'.llAINiC 783 brarfé('s peut L'Ire évaiiK' avec iitie assez grande exactitude par la formule D -- — — - où (I représente le nombre des bractées, / la longueur de l'axe du Ci'»ne évalui-e en millimètres, il importe d'éliminer du dénombrementet de la mesure les écailles de la pointe qui n'ont pas de nervures secondaires marquées. Les évaluations sont plus correctes lorsqu'on compare les cônes terminaux des grappes et alors il csl jjossible de s('-parer les individus ayant'une tendance à donner des cônes lâches de ceux qui donnent les les cé)ncs serrés. Néanmoins la valeur de ce caractère distinctif des sortes n'est jusliliée qu'uprès des cultures comparées dans le mémo lerrainetcela durant trois années consécutives, i'our rutiliser,il faut donc avoir secours aux collections types. En conséquence, j'invite les membres du Congrès et leurs correspondants qui ont des houblonnières de prendre la peine de prélever à l'automne, tiu moment de la récolte, sur les individus qui leur paraissent les plus méritants comme sur les n^Vliocres, une grappe portant' au moins cinq cônes dont le cône terminal et quelques éclats de souche enracinés. .Je leur adresserai des sacs spéciaux pour les prélèvements qu'ils voudront bien faire parvenir au Ijihomtolre de biologie agricole de l'Institut Pasteur, 2o, rue ISutol, Paris. Ils recevront chaque année, une note conceinant les caractères étudiés par comparaison avec d'autres plants d'essais; s'ils le ilésirent, les meilleurs de ces plants d'essais seront mis à leur disposition. M. DIEnOLDT, SoniUeui- du Bas-Rtiin, Directeur de la B'ii>qu9_ Riivah.' LES ASSOCIATIONS AGRICOLES EN ALSACE ET LORRAINE G3{0G2) i43.44) 2H .hiillel. M. llonpnell, Directeur de l'Agricullure d'Alsace et Lorraine, a bien Youlu me demander de vous parler des organisations agricoles en Alsace-. Lorraine, .le vous prie de croire que je suis très sensible à l'honneur qui m'est fait et c'est très volontiers que je défère à ce désir. La question est vasie et pourrait entraîner à de longs dévelo]>})ements. Mais je ne veux pas abuser de votre attention et je me bornerai à vous indiquer dans les grandes lignes, la nature et le fonctionnement de ces organisations. 78 i AGRONOMIE Même, je me conlenlerai de citer les Iravaux eUecUiés, tels que !e romeinbiemenl des isarcelles avec ('lablissemenl do chemins ruraux, Ira- vaux que la guerre a interrompus. Je noterai simplement la loi qui oblige les communes à Tentrelien des taureaux jKDur la monte, les assurances contre la grêle et contre la mortalité du bétail et des chevaux, les stations agronomiques d'essai et de contrôle de Colmar et de Metz. Je rappellerai les ditréronls établissements d'enseignement agricole, les écoles d'agricul- ture de Iloutlach et de l.i Judenmatl. L'établissement vilicole de Laque- nexy, l'institut vilicole Ubeilin, les écoles de maréchalcric, les écoles ménagères, les écoles ambulantes de cuisine. J'insisterai davantage sur les œuvres de solidarité. El si les limites dans lesquelles j'entends me maintenir ne me permettent pas de vous parler en détail de tous les syndicats, associations, sociétés-syndicats d'élevage de toutes sortes, associations des viticulteurs de planteurs de houblon, des planteurs de tabac, société liij>jtique, société de producteurs de semences, d'apiculteurs, de pisciculteurs, d'Iiorliculleurs, fédération des sociétés d'aviculteurs et aussi du bureau d'architecture pour les constructions rurales, — je veux du moins vous dire quelques mots de nos comices agrirolcs. il y a en Alsace-Lorraine, dans chaque arrondissement un comice agricole, dit comice d'arrondissement. Les comices sont au noml>ie de 2H et groupent |)!us de 40.000 membres. Ils constituent pour ainsi diie chez nous la base de la vie agricole. Ils possèdent un journal hebdomadaire, qui est envoyé gratuitement à tous les membics. Chaque comice a à sa tête un président, assisté d'un comité. Le président et le comité sont élus j)ar l'assemblée générale des membres. Les comités s'occupent des intérêts de leurs membres, favorisent la con>titution et le fonctionnement des syndiNS AGltlC.OLKS EN ALSACK KT LtMUl.MNi: 'î8'> ÎVoiis avions pour l'Alsacc-Lorraijic un minislÎMC (ragricuUnre qui pre- nait l'inilialive des amélioralions à apporter, encourageait et subvention- nait les comices, Irs associations et les syndicats. Il était secondé par un Conseil dagricullure, composé d'une trentaine de membres, nonnnés en grande partie par les comices et les as-^ociations. Ce Conseil d'agriculture n'avait que voix consultative. 11 donnait notamment son avis sur la répar- tition des fonds, et émettait des vœux qui étaient presque toujours écoulés. A côté des organisations dont je viens de parler, je dois attirer votre attention d'une façon toulc spéciale sur une institution particulièrf-ment développée chez nous, celle du crédit agricole. Le crédit agricole était assuré en Alsace-Lorraine par deux grandes fédérations : la Fédération des Caisaos lîaiffcisen et la Fcdénilioii des S;/»- dicnts et associations (ifjricôlcs. ^■ous vous demandez peut-être pourquoi deux fédi'ralions. En voici la raison. La Fédération des Caisses Uaiffeisen est la plus ancienne et aussi la |)lus importante. Klle avait des attaches intimes avec les mêmes caisses fonctionnant en Allemagne et dépendad, comme celles-ci, de la maison mère située à Neuvied, plus tard à Berlin, heclares furent réunis la })remière année sans trop s'éloigner des environs de l'usine, un commencement qui pouvait pro- meltre une extension forl intéressante. Malheureusement il n'en fut ainsi. La direction alh-mande réussit dès ses débuts à s'aliéner ])ar son esprit autoritaire, inconciliant, hautain et pangermain, les sympathies du simple fermier alsacien qui retourna alentour d'Erstein bien vite à d'autres cul- tures ([ui iiaraissaient lui domier plus de satisfaction. Pour parfaire au manque ainsi occasionné, la Sucrerie se vit obligée d'étendre peu à peu son rayon d'action et en était arrivée lors de la déclaration de la grande guerre à la nécessité de retirer un tiers de ses approvisionnements en betteraves du Grand-Duché de Bade et du Palatinat avec des frais de transport peu en rapport avec un rendement économique. Cet éloignement impliqua nécessairement une organisation vaste et surtout coûteuse du service extérieur, tant en vue des ensemencements, qui, d'après la coutume allemande, étaient à efFectiier par l'usine; qu'en vue des réceptions pour lesquelles il fallut aménager et mettre en fonction quanlilé de postes et stations réceptrices, — organisation d'autant plus compliquée que le morcellement des terres est poussé en Alsace aux extrêmes limites du possible. Le morcellement ne permet en outre jamais à l'usine ^l'envisager un paiement à la densité et les variations très fréquentes dans la richesse ainsi que dans les frais supplémentaires que nous venons d'esquisser, 788 AGRdNOMlE produisirent dans les années de basse tension du marché à sucre, des [jertes fort conséquentes à l'usine, auxquelles celle-ci dut parer en faisant descendre le prix des betteraves à des taux qui étaient loin de stimuler le paysan déjà dégoûté à une culture dont il n'avait pas encore eu le temps d'apprendre à ai)]>récier les nombreux autres avantages. La guerre mondiale aggrava cette situation dans des proportions des l'Ius inquiétantes. Tandis qu'en 1914 l'Alsace avait fourni l.OOt* hectares sur J.iiO, les euïblavements étaient descendus en lOlô à 128 hectares, en 1ÎH6 à 176 hectares, en i!ll7 à 308 hectares. Les raisons de ces réductions sont faciles à déterminer : ce sont les mêmes qui ont fait d'un pays exportateur de sucre (ju'était l'Allemagne un. pays importateur : L'Allemagne craignant au début de la guerre que Texcédent de sucre ipii allait avant les hostilités à l'exportation ne puisse être résorbé dans le |)ays même, entreprit d'en réglementer la production, fixa un prix déterminé pour le sucre ainsi que pour la betterave et fixa ce dernier si bas que le producteur se détourna presque entièrement d'une culture qui était aussi peu rémunérative. Le cultivateur alsacien, soumis aux mêmes lois et conditions, aban- donna par conséipicnt la betterave à sucre et n'y retourna qu'après a\oir vu entrer en Alsace les Tiaurais libérateurs. La direction allemande une fois partie et l'esprit pangermain à jamais chassé, une propagande active et haliile |>ermit à la nouvelle direction — alsacienne maintenant — de réunir du premier coup en I9IÎ*, l..":)o() hectares, chiffre qui depuis l'existence de l'usine n'avait jamais été iUteint. Comme nous l'avons démontré au commencement de celle petite com- munication, la culture de la betterave à sucre dilfère en Alsace de beau- cou[) de n'importe quel aulie centre betteravien. Des U)l villages siluc'S dans le département du Das-Hhin et susceptibles de faire de la betterave, il n'y a que 2o0 villages qui s'occupent de cette culture. Ln moyenne d'ensemble par village s'élève cette année-ci à ï hectares. La moyenne par cultivateur n'est que de 0.22i. 121 villages ont moins de 1 hectare d'emblavements 39 — entre 1 à 2 hectares — o2 — — 2 à .") hectares — 29 — — 3 à 10 hectares — 15 — — JO à lo hectares — .9 — — lo à 20 hectares — o — — 20 à 30 hectîu'es — 3 — — 30 à 40 hectares — et seulement 2 villages ont phis de 4il hectares. Au total de nos emblave- ments sont engagés par. contrat : .').072 planteurs pour 1.130 hectares! J. DL'FIU .NOV — liAl.AJS DK SdliCIKIîKS HKS I'I.NS MAlilTlMKS 781) M. J. DUrUENOY, Assistant à la station de biologie crArcaclidn. LES BALAIS DE SORCIÈRES DES PINS MARITIMES (ilî.V.ti.G c'« .iiill/el. Les pins inariliinos niondeiil assez souvent des Ha la is df sorcières forwu'S (le nombreuses pousses fouillées di'essées, naissanl d'uuc liy[>e!liophio locale d'une branche latérale issue du tronc. Des coupes de la tige mère ou des rameaux du balai, examinées dans le chlordlphi'nol. montreni que les tissus cambiaux sont infectés par des zooglées brunes de bactéries, passant d'une cellule à l'autre par les ponc- tuations ai'éolées. Dans les I issus fixés au Boiiiii, les bactéries sont colorées en noir par y kémoloxijUne ferrique, en bleu par la Méthode (lu hh n puJijchromc-ltiuhi oningp. La dilférenciation ]var Y Alcool (imijli(/ii(\ de la coloration par le lilcii polychrome ou le Cristal violet aniline est un peu élective. Ces bactéries donnent en trois jours, »uv gelas;' peptonée glucoséc neutre, des colonies brun rouge, peu étendues en surface, mais j)énétrant le long de la piqûre, et formées de bactéries très mobiles, culbutant rapidement sur place et incluses dans une zoogléc brime analogue à celle desendo[)liytes. Dans les cellules infectées, le noyau et le cytoplasme peuvent dispaiaifre pour laisser la place aux zooglées. Les membranes peuvent se décoller le long de fentes lysigènes, localiséesoùs'insinuent les zooglées. Nous n'avons pas observé de cellules géantes, mais le cambium peut former de [letites hyperplasies. Il semble que l'excitation piiMsitaire provoquo la diiférenciation de nombreuses plages candjiales en initiales de bourgeons, et leur dévelop- pement en tiges surnuméraires. La cladomanie résulte de ce que • l'' les bourgeons latéraux formés en nombre excessif ee développent au lieu de rester dormants; 2° le bourgeon terminant le rameau rudimenlaire porteur des aiguilles (et cpii normale- ment avorte chez le pin), se développe entre les deuxaiguilles. Une culture de bactéries âgées de dix jours a été inoculée dans des boin'geons déjeunes pins maritimes : les bourgeons inoculés sont morts, les uns au bout de quelques semaines, les autres en (juatre mois. Les tissus mortifiés conte- 71)0 AGKONOMIE naienl de nombreuses bacléries (donl l'identilé avec le parasite n'a pas élé vérifiée), puis ont élé inléclés de cliauipignons saprophytes. Quoique les inoculations ne soient pas démonstratives, on peut en conclure que les balais de sorcière des pins français sont d'orinine bacté- rienne, comme le sont d'après E. Smith, ceux des pins américains (lors- qu'ils ne sont pas déterminés par des rouilles) (1). M. FROIS, Professeur à l'Institut national agronomique; Eï M. RIGOTARI) CONTRIBUTION A LÉTUDE DE LA FLORE FOURRAGÈRE SPONTANÉE AU MAROC ET PARTICULIÈREMENT DU LOTUS ARENARIUS (BROTERO 63.3:î (6'4) 28 Juillet. Les cultures fourragères ont une très grande iniportance au Maroc j»our assurer la nutrition du bétail pendant la période de végétation et surtout pour traverser la longue période de sécheresse (cinq ou six mois de l'année) jiar une réserve de foin qui fait totalement défaut et a mis les sei'vices du corps d'occupation dans la nécessité d'aclieler, ces dernières années, à des prix très élevés des fourrages en Algérie et môme dans la métropole déjà si appauvrie (2). En oulre la culture fom-ragère a sa place marquée dans tout assolement bien conduit et est particulièrement favorable pour les céréales qui viennent ensuite. Le plus intéressant des fourrages est, sans contredit, produit par la luzerne quand elle est irriguée. Mais les terres qui lui conviennent, qui possèdent une ferti]il('' foncière de vieille date et sont susceptibles d'être irriguées avec des eaux de bonne qualité (non salées) et sans frais exagérés, sont malheureusement en proportion infime par rapport à l'étendue du pays. 11 n'est pas possible de renoncer à toute culture f(nirragère, faute de pouvoir cultiver sur de vastes étendue?, la meilleure des Léfjuininensfs, la (1) jMeiiifi-l:e, par exemple décrit des balais de sorcière caus^'S chez l'imis ladialc par Perideniiiniitim rcrcljruin et chez P. Jc/frt'iji par P. Uarknemi (Phytopdiholoyy, v. X, n. 295, 1920). {2) ConCr-rence sur « l'élevage au Maroc -, par M. Monod, chef du SL'rvi'-e Zootechnique du Maroc, 1915. FltON I:T IlIC.OTAr.D KTL'DK DK LA FLdlU-: FOCRIîACKUlC 701 luzerne, et il y a intérêt à rechercher dans les plantes spontanées du pays celles qui peuvent être utilisées, à les sélectionner et à les améliorer. Des travaux de ce genre sont activement conduils à l'élranger : auxEtats-l'nis, dans les colonies anglaises (aux Indes principalement), et ont déjà donné des résultats appréciables. Nous sommes persuadés qu'il y a t)eaucoup à faire à ce point de vue pour mettre en valeur nos riches territoires du nord de l'Afrique. Notre attention s'est portée sur une plante du genre Lotus, l'espèce désignée sous le nom de L. arenanas (Brotcro). Ce sont les premiers résultats de l'étude de cette esjièce ([ue nous résumons dans la présente note. Celte légumineuse a une aire de dispei'sion très réduite et elle est appréciée du bétail partout où elle se trouve : elle est localisée dans le sud du Portugal, dans l'Espagne (régions de Cadix, de Xérès, Gibraltar, Malagay, dans les lies Canaries et au Maroc, depuis Tanger jusqu'à Agadir. Elle n'est pas signalée en Algérie, ni en aucun point du bassin de la Médi- terranée^ tout au moins à notre connaissance. Elle ne se rencontre ni dans l'Afrique australe, ni sur l'autre rive de l'océan Atlantique, du Canada et des Etals-Unis. C'est donc une plante nettement localisée. En outre, elle présente de grandes modification? dans ses caractères végétatifs suivant les localilés; c'est une plante essentiellement polymorphe et, par suite, -capable d'être améliorée par des procédés culturaux et par sélection. L&liis arenarius est une légumineuse qui produit des touflès pouvant atteindre de grandes dimensions, formées de tiges ayant jusqu^i 50 centi- mètres de longueur, portant vers leur extrémité des Iteurs d'un jaune oiangé. Le fruit est une gousse droite, le plus souvent comprimée siu' la ligne de suture des valves. Les graines sont presque sphériques, de colo- ration générale jaune olivâtre, marbrées de noir. Par ses caractères végé- tatifs, par la coloration de ses graines, elle se dilférencie nettement de L. cor)}icii/(itHs, que l'on rencontre aussi au Maroc. Notre attention a été particulièrement frnpj>ôe par les dilférences que l'on observe dans la forme et la dimension des représentants d'une même localité : ces différences ont été constatées par les botanistes successifs qui ont décrit l'espèce. Willkomm et J . Lange qui, après Brotcro, le premier descripteur de l'espèce en 1804, et i?om/er en 1887, ont étudié cette plante, distinguent dans leur llore d'Espagne ri) deux variétés, major et minor, suivant les dimensions de la }»lanle entière et dos folioles des feuilles. Les nombreux échanlillons que nous avons examinés dans les riches collections du docteur Coswn au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris et les spécimens que nous avons récoltés au Mann;, nous conduisent à penser f[ue les formes mdjor et )niinjr représentent les limites extrêmes de la varialion de l'espèce. ili Proilomas Floni' liisjjaiti'-(i'-Stnl/t/arti(e, 1S80. 792 . AGRONOMIE huulre pari, la planle nous a semblé annuelle dans les échantillons que nous avons recollés et elle est rei;ardée comme telle par la majorité des auteurs. Néanmoins, Wi/l/,oi)un (1), dans sa description de la variété major, Qcr'd h ce sujet « Yidehir pcrennis )), et ^\. Michel (ira ndofjfv, (pii connaît j»arliculièrement bien la llorc dKspa^ne, spécifie cpie Lotus (ireiui- riiis peut devenir pérenne dans cerlaines conditions de milieu. Ce sont là des caractères de la biologie de l'espèce qu'il est important d'élucider; par une sélection méthodique et suivie dans les régions où la planle est spontanée, il sera possible d'être rapiilemenl fixé sur ces dillé- renls poinis el d'arriver à propager la forme major, la plus avantageuse au point de vue qui nous occupe. Lohis tireiuiriii.s se mainlieni à l'état spontané par la dilfusion de ses graines émises au nombre de quinze à vingt-cinq par gousse. Mais ces graines sont munies, comme beaucoup de graines de légumineuses, d'un tégument très épais qui s'oppose à la i)énétration de l'eau: la proj)orlioa de (jraitit's dures chez ces plantes est considéral)le. 11 résulte de ce fait que la levée des graines tpii lombenl spontanément sur le sol est très irrégu- lière, la propagation de l'espèce est très faible. Etant donné l'intérêt qui parail devoir être attaché à celte planle spon- tanée, il est indispensable d'en favoriser la propagation; il suffit, pour cela, d'elTectuei- en temps opportun la récolte des graines el de leur faire subir Tune des préparations mécaniques qui ont été conseillées à maintes reprises par M. Schriban.r pour régulariser la levée. Un essai de germination, etleclué à la Slalio» d'Essais de Srnieiia's, sur des graines récoltées au Maroc en mai 1918, a accusé 4 0/0 seulement de germination au bout de neuf jours, alors que des graines du même lot, rayées au préalable sur du papier de verre, ont germé dans la proporlion de 97 0 0 en deux jours. Des résultats analogues auraient certainement été obtenus par l'action de l'eau bouillante pendant quelques minutes. CGUchisions. — Ces diverses observations nous conduisent aux conclu- sions suivantes : LoIks areiiariiis esl une plante limilée à une aire géogra- phique très réduite el localisée, dans la llore spontanée du Maroc, à un petit nombre de stations . Planle polymorphe présentant quelques formes ou variétés très appréciées du bétail et, par suite, de bonne valeur fourragère. La propagation de celle espèce esl à conseiller, soit en vue d'en faire une culture s|)éciale introduite dans l'assolement avant une céréale, soit en mélange avec d'autres plantes, pour la constitution de prairies four- ragères. Abandonnée à elle-même, la propagation de l'espèce est très aléaloiie; mais par la récolle et la i)ré|)aralion mécanique des graines, la germination peut êlre régularisée et, par suite, la propagation augmentée dans une proportion considérable. (1) SiipiilciiKnliiiii l'i(Kli)irii floi-œ iiispniarfr, SldUfjnrlia', 189;-!. GRAND — SITLATION DK l'ai.KKI LTi l!K 1-N LOHRAIM-: 703 M. (.UAM), Diivctoiii' des SerxifCs iigi'iooles dv, la .Mus.lif, Mc(z, LA SITUATION DE L AGRICULTURE EN LORRAINE PENDANT ET DEPUIS LA GUERRE (m 19 (V'..:{8i>> iS .hlillrl. \a\ gueri'e a eu une grosse répercussi(^n sur l'étendue des cultures en Lorraine <|ui se sont trouvées réduites non seulement par l'abandon des territoires des communes dévastées, mais aussi dans l'ensemble du pays. Il parait intéressant de comparer à ce point de vue les clîiirres fournis par la statisti(|ue agricole et ([ui sont consignés dans le tableau suivant : Vui face on liof a es l!»|) l'MV -ISUd UMG 1317 1018 1010 Tinr^hiliMiiraMos. ;]Oi.riOG 30G.018 293. 0G9 104.114 183.004 191. .'loi i.j0.8S0 l';itiir,i;|ps l'I Miini'S iii'ituri's et piitii- a;|ossuijub;.iYs. J4.-2-2G l-i.olO 17. 473 lG.i20 23.844 29.783 41.228 T. nos (Il 1 1 iihcs . 29 . 209 29 . 3o9 32 . 1 G8 42 . 29 1 41. 32G o i . 07 1 i 8 . 43 1 La comparaison des cliillVes monirc : Oue la surface des terres labourables a diminué constamment pendant la guerre, passant de 30i.oOG hectares en 1913 à 191.351 en 1918: elle s'est relevée à 250. 8S9 en lt»l9. Les chilTres de 1920 mai([iieronl-ils un retour rapide vers la situation d'avant-guerre"? C'est peu jtrobable. Que la surface des pâturages, vaines pâtures et pâtures sur jachères a environ triplé pendant la guerre passant de 14.22(3 hectares en 1913 à .54.071 en 1918; elle est redescendue à iS.VM en I9l!>,cc léger progrés correspond certainement à la mise en culture des terres dans les com- ■ munes dévastées. Çq qui frappe le plus c'est l'augmentation brus(|ue de 1918 à 1919 des surfaces livrées au pàturago s'élevant de 29.783 à 41.228 hectares. Cette augmentation marque la tendance de la culture à se faire extensive et à se consacrer à l'élevage. Faut-il en chercher les causes dans le nombre des cultivateurs disparus pendant la guerre, dans un abandon accentué des campagnes, la |)énurie des engrais, la larelé et la cherté de la main- d'œuvre? Probablement dans toutes ces causes réunies. 11 y a lieu de rechercher si le bétail a augmenté en proportion de l'i'lcn- due mise à sa disposition, si le département a retrouvé de ce C("»lé ru (jU il a |)erdu dans les autres cultures. Les relevés statistiques du lîd>leau sui- vant vont nous édifier : 794 AGRr»NOMlE Espèces animales 1912 KM S 1019 Chevaline Gl.24-2 39.318 43.729 Bovine. 183.335 130.183 119.494 Ovine 27.620 . 23.120 17.424 Porcine ' 211.009 123.334 142.127 Seules les espèces chevaline et porcine marquent une augnienlalion de 11M8 à 191!) et l'on voit que le troupeau du déparlement n'a pas retrouvé son importance d'avant-guerre. La culture extensive avec accroissement des surfaces consacrées aux pâturages a pu simplifier l'élevage, elle ne l'a pas augmenlé. C'est le retour à la culture intensive, avec extension des prairies arlificielles, des fourrages annuels, des betteraves etc., qui permettra de ramener le cheptel aux chilîVes d'avant-guerre sans res- treindre la surface des autres cultures essentielles connue celle des céréales et des pommes de terre. Ces cultures n'ont pas regagné les étendues (pi'elles avaient perdues ainsi que le montre le tableau suivant : ^'•nFACI-S EX HErT\Rr^ Natnre des cultures 1913 lyis 1919 Froment -73.930 40.782 S5.384 Seigle 26.217 13.893 20.301 Orge 4.072 3.981 4.761 Avoine 83.023 33.666 . 73.643 Pommes de terre ... 32,198 14.363 ' 26.263 Il y a lieu d'espérer que la statistique de l'année 1920 fera ressortir une nouvelle amélioration. Mais combien faudra-t-il de temps pour retrouver les productions d'avant-guerre et même les dépasser comme le pays en aurait besoin pour rétai)lir sa situation économique? Il faudrait pour cela faire disparaître les causes de la diminution, et il y en a une à laquelle il paraît difficile de remédier, c'est la pénurie de main-d'eimettre : de donner l'enseignement agricole aux jeunes gens et aux jeunes lilles jusque dans les plus petits coins des campagnes, d'organiser partout des coopératives de production, do les doter d'un outillage perfectionné, de semences sélec- tionnées, des engrais nécessaires, d'assurer la conservation et l'utilisation des produits — des associations mutuelles procurant aux cuKiva'eurs la sécurité et le bien-être matériel qui peuvent Les fixer à la terre. Ce n'est (ju'à cette condition que l'exode des campagnes s'atténuera et, comme c'est là que l'on repeuple, que nous verrons remonter le cliilfre de la population et la situation économique retrouver son é(j[uifibre lors(ju'elle sera étayée par une agricuUure prospère donnant au pays des hommes et les produits dont il ;i besoin. M. HERiZOG, Prof€SSv"ur d'Agriculluio, Metz. LES CULTURES SPÉCIALES DU PAYS MESSIN 63.191.19 i't3.W) (MÉMOinE PUBLIÉ A PART.) M. JESSE, Directeur de la Station agronomique de Metz. LA STATION AGRONOMIQUE DE METZ DEPUIS SA FONDATION JUSQU'EN 1919 G3 i072i ,'"3. 4')) 2&' JitlU-l. La Station (u/iwiomique de Metz fondée en lîîO", sous le nom de succur- sale de la Station agronomique de Colinar, à Metz, avait tout d'abord pour but d'éclairer les cultivateurs lorrains sur l'emploi des engrais chimiques. Ce but était atteint par des conférences faites dans les deux langues, en ?JG AGRONOMIE général lors d'une assemblée d'un des différents Comices cl par des essais pratiques de fumure exécutés chez les cultivateurs eux-mêmes. En 1908, pour décharger la Slation atironomique th' Calmar, la succursale de Metz a été chargée du contrôle du marché des engrais, provendes, semences, aiilicryptogamicpies, cic. . . j»our tonte la Lorraine. .lus juen lillO il n'était exécuté à la Slalion de Melz (pie les analyses cliimiques des produits: à partir du mois d'octobre l'JlO. le personnel étant au complet les analyses des provendes, semences, etc..., au point de vue botanique ont pu être exécutées. La Courbe ci-dessous montre comment s'est développée l'activité de la Sldlion (le Metz. 1500 l/fOO 1300 Ifeleve des analyses agirico/es de i9ooa 1913 1 -JU*-^ 155't 1200 '~~~^~~-^l530 ' NOO ■ y^ 1000 lIZo y^ 900 89'f BOO y/^ y\ 700 y^ U' sooi i\ 600 y^ \ / \ 5*/ 500 400 \ / \ "\«^i? 300 \ / 1 200 zseS /OO 0 ' ! Années ■ /90s i9'Q '91/ 1912 1913 19/t 1915 1916 1917 I9IS 1919 A côté de ces analyses purement agricoles, on exécutait à la Station des analyses d'eau, de terre, produits alimenlaires^beurres, laits, graisses, etc.). La SldtioH (trjronomique de Melz poursuit sur une plus grande échelle les essais de fumure commencés. Afin de pouvoir donner aux cultivateurs des indications exactes, elle faisait sur son champ d'essais d'Urville des reclierches rigoureusement exactes sur les doses et les sortes d'engrais convenant le mieux aux variétés cultivées au pays. De cette façon l'emploi rationnel des engrais a tendu à se généraliser et l'agriculture du pays a pris un certain essor. l'o'jr augmenter encore les rendements, l;i Slalioii wjronomhiue de Metz a entrejiris des essais de variétés à Urville. Ces essais avaient. j)our but de reconnaître la ou les variétés à grand rendement aptes à donner de bons résultats en Lorraine. C'est seulement lorsque les résultats obtenus à Urville étaient satisfaisants qu'elle les recommandait aux cultivateurs. C'est ainsi qu'ont été introduites en Lorraine les variétés à grand rende- ment notamment les blés Squareliead et les avoines Leutewitzer, Beseler IL ."^Iridje. etc. . . Le champ d'I'rvdle, d'une contenance de 4 lieclares, a un sol lehmeux assez lourd tel qu'on le trouve généralement en Lorraine. La couche aralile est d'une épaissein* de 2o à 30 centimètres. Le sous-sol est une Ji:SS STATKIN AGUONOMIUIK DK MKTZ 797 ai'gilt' lourde d'un caiaclèro glaiseux ne laissant passer l'eau que dlMicile- menl. Le champ a élé, jiour celte raison, drainé; Le terrain est exploité selon les usa.ues du pays. La méthode d'emhlavure, l'époque des semailles et la quantité des semences employées s'ada])tent dans la mesure du possible à ce qui est consacré par l'expérience en Lorraine. Toutes les céréales et les betteraves sont semées à l'aide du semoir en ligne. Au sujet de la fumure il est à remarquer que la Station ne veut pas produire ces récoltes abondantes par l'euqîloi d'une masse d'engrais, mais étudier par quelles quantités d'engrais la culture d'une plante déterminée ijourra donner le rendement le plus avantageux. La Station s'est efTorcéc de ditVuser en Lorraine la culture des blés sélectionnés, tout d"abord ceux sélectionnés par M. le D" Kiilisv/i, Directeur de la Station agronomique de Colmar. Nous citerons spécuikment la souche o et la souche 22, puis les Squarehead. Parmi les études laites au champ d'L rville. nous en signalerons une sur la culture de l'avoine,, élude qui a été poursuivie pendant cinq ans. Le but en était de voir là ou les variétés à grand rendement convenant le mieux au sol lorrain. L'avoine, dite du l'ays, n'était plus à même do répondre aux exigences d'une exploitation intensive, telle (|u'elle se })ratiquede plus en plus en Lorraine là où les circonstances le permettent; de plus, la qualité de cette avoine ne sutïïsait plus aux exigences du com- merce et des magasins militaires qui étaient les plus forts acheteurs. liesii/ldls inoycn.s pour les cinq années. ItL.NUOlKNT IIENDKMEM POIDS TOIDS Cil grains en paille ,,, ' ,., ,1,.'^ PnUUCEXTACr, i.F , . .., , du I. uart de? a 1 liectaie a 1 lieclaie , .. . .1,. lûnpn,- ,.•.„, p,.|--c en quintaux en rniinlaax ''«^ '"''^ 1ût»ù -"''anis "t eneiii \ARlKn-S iné.riques. iiiéu-,que>. en gr. en gr. en glumej. Beselcr II. 28.65 5i.37 120.70 3S.il 28.32 Avoine du Fichtelg- ebirg 26.92 54.43 Pluie ci'Or 26.32 53.18 Heine du plus haut rendement .... 25,19 55.69 Avoine de Kirschc. . 27.19 49.82 Leutewitzec " 29.80 57.31 New Market 27,28 50.26 Petkuser 28.12 47.72 StruJjc 31.59 59,76 Muyen:!. tl(v.i(;itatio.is. . . 27.89 53.61 120.23 33,73 28.37 A côté de cette étude, la SUilion (Kjroiiomiqiie de Metz s'est occu|>ée d'une étude sur les betteraves fourragères qui a donné comme résultats l'introduction en Lorraine de cinq ou six variétés convenant i)arfaitement 121.87 32.67 33.03 124.82 30.98 27.14 114.90 34.18 28.81 119.30 35.31 29.82 119.90 28.11» 23.29 123.50 38.19 27.09 116.80 29.12 27.30 120.30 36.74 28.59 798 AGRONOMIE tant.au point de vue masse qu'au point de vue valeur nutritive; nous ne citerons que les suivantes : Tannenkrijger, Eckendorfer, Jaune orange de Cimbal, demi-sucrière, Vauriac. En l'Jli, une étude comparative entre différents produits azotés livrés })ar la Badisclie Anilin und Sodafabrick avait été mise en roule, mais n'a pas pLi être terminée. Il serait très intéressant de la recommencer. Actuellement la Slalion cujronomlque de Metz- estimant que les méthodes employées jusqu'ici avaient donné d'excellents résultats, continue dans la même voie. C'est ainsi qu'elle a mis en coui's une série de recherches à fin de voir la ou les variétés de blé d'automne, avoine de printemps, orge de printemps, de provenance française, qui donneraient de bons résultais ici. Nous avons aussi essayé quelques variétés de blé de printemps (cinq) afin que les cultivateurs lorrains accordent à cette céréale une plus grande attention. M. EuGKNE KUULMANN, Rcgisseui' de l'iastitul \iticoIe iminicipal Oheiiin de Colniar. LE VIGNOBLE ALSACIEN-LORRAIN 63.46 i43 44 1 Sfi .liiUh'l . • I- — Les anciens cépages; les vignes greffées et les hybrides producteurs directs. — D'ajjrès les recensements agricoles antérieurs, le département du Haut-Rhin comptait en, chiffres ronds 12.000, celui du Bas-Khin 14.000 et le département de la Moselle une superficie de G.OOO heclares de vignes, soit en tout pour les trois départements un total de ;:>2.000 hectares. 11 y a lieu d'observer que cette surface, emplantée en vignes, a diminué sensi- Ijlement (on parle d'environ 4.000 hectares) d'abord par suite de la crise persistante qu'a eue h essuyer l'f xploitation viticole de 1110 1 à 1914 et ensuite par suite de la guérie, durant laquelle beaucoup de vignobles n'ont plus pu être soignés, faule d'ouvriers. Comme la surface totale de notre pays comporte 1.450.810 hectares, il ressort des communications ci-dessus, que le vignoble profite en chiffres ronds de 2,20 0/0 de cet aréage. Dans le cercle de Ribeauvillé le vignoble occupe relativement la plus grande étendue et atleint 9,20 0/0 de la surface totale. Pour cette raison, celte localité a loujours été considérée autrefois comme le centre de la viticulture alsacienne. K. îaiil-MANX LK Vir,.\01!!.K ALSA(.11;N-I.( iliUAIN 791) Dans les derniers décennals, la ville de Colmar a su s'acquérir ce rencan, d'abord par la création de rinsliUil vilicole municipal « Oherlin » et tina- lemenl parce qu'elle est devenue le siège de l'Association des viticuUeius d'Alsace, avec la Bourse aux vins. La viticulture forme une des branches les plus importantes de l'Agri- culture d'Alsace et de Lorraine. Presque toutes les collines, situées sur le versant Est, au pied- des Vosges, ainsi que les e^spositions Sud, abritées des vallées, sont v(Miées^'i la viticulture. La vigne est cultivée en outn^ depuis des siècles dans la plaine des environs de Colmar, de Sélestal, de Wissembourg, et depuis quelques décennats aussi dans celle de Strasbourg. Les vignobles les plus importants du département de la Moselle se trouvent sur les coteaux alentours des deux rives de la Moselle au-dessus de Metz jusqu'à Novéaot et aii-dessoiis de Metz jusque vers ïhionville et Sierck et jusque vers les limites du Grand-Duché de Luxembourg. En dehors de la vallée de la Moselle, la viticulture lorraine est encore assez considérable dans la vallée de la Seille, à Vie par exemple. L'altitude moyenne des vignobles d'Alsace et de Lorraine est de 200 mè- tres et la température moyenne varie entre 9°,3 et ilS'2 centigrades de chaleur. Le sol est en général très fertile; sa nature dilfère et change selon les expositions. Nous y trouvons entre autres les terrains calcaires ainsi que les terrains avec granit, gypse, sable, alliivion, argile, etc., etc.. L'Alsace et la Lorraine produisaient autrefois (jusque vers l'année 1900), en moyenne presque l.-'iOO.OOO hectolitres de vin et cette quantité n'a pas suiïit aux besoins de sa population, puisque l'importation a dépassé, dans ces vieux bons temps, l'exportation d'environ 200.000 hectolitres. Aujour- d'hui la production comporte encore en moyenne environ oOO.OOO à 000.000 hectolitres et l'importation doit dépasser l'exportation de 800.000 hectolitres à peu près. La production du vin blanc prédomine dans toute l'Alsace, tandis que celle du vin rouge est, à peu d'exceptions près (Sierck -et environs), exclusive en Lorraine. En Alsace la vigne est cultivée à grande arborescence. Un cep est formé en général de deux à trois troncs (appelés ici jambes), de 80 centimètres à l'»,o0 de hauteur, sur lesquels on taille eu' moyenne tnjis branches à fruits, de 60 à 90 centimètres de longueur. Ces sarments sont recourbés et liés après l'échalas ou les troncs, en. forme de cercles ou d'arceaux, de sorte qu'en été, quand les pousses sont relevées et accolées, le cep prend la forme d'une qtienoiiille. En Lorraine, on pratique dans la vallée de la Seille et sur les coteaux de la rive gauche de la Moselle le soi-disant sys- tème en foule, qui consiste dans des vignes très basses, et sur la rive droite on rencontre le système fort hUèressant en ciivemi. Le déparlement du Haut-Rhin compte 3«j communes, dont les banlieues, renlermanl chacune plus de lut) hectares de vignes, ont une surface totale de 8.014 hectares, et une altitude moyenne de Mr.) mètres; le Bas-Uhin 31 communes, avec (5. 090 hectares et une altitude m.oyenne de 291 mètres ^(»0 AGRONOMIE <^t la Moselle 12 communes, avec 1.(»!I3 lieclares el une allilufle moyenne de i.'i'i mèlres. . Les cépages de vinifera dWlsace sont à classer en trois catégoiies : 1"' Les ci'pagcs pour vins blancs fins: 2" Les cépages pour cins blancs ordinaires: 3° Les cépages pour cins roujcs. En Lorraine on distingue : l" Le vin rouije de première cjnalilé. provenant tics cépages appelés a Une racC"; 2" Le rin ronge ordin'iire, des cépages appelés " grosse race » ; o" Le vin gris, pi'ovenant (rordinairo des cépages « fine lace « et ([iii, par snite de certaines manipulations, contient encore de Tacidc carbonique (moitié mousseux) : 4° Le via blanc de Sierck et environs (qualité assez médiocre). Comme cépages ])onr vins lins blancs sont à considérer : L Le Hiesling blanc, qui donne ses meilleurs produits dans les expositions hàlives, dans les terrains d'ardoise, de gypse, etc. Quand le i-aisin est bien mûr, il fournil un vin tirs lin, avec un excellent bouquet, et de meilleure conserve pour la bouteille. 11 est (oiUefois très i-egreltablc de devoir constater que la taille, selon notre sj/stèine d'Alsace en quenouille laisse du bois beaucoup trop long, de sorte que le développement des raisins est très inégal cl qu'ensuite les raisins se trouvent à quelques cenlimèlres jusqu'à l"'.50 et même davan- tage au-dessus du sol. l'ar ce fait, on récolte souvent en Alsace des vins de riesling trop acides, c'est-à-dire non niùrs. H. Le Traminer blanc on Sacaguin l)lanc, produit les vins les plus fins, mais son rendement est beaucoup trop minime cl non rémunérateur. \U. Le Traminer rose {Savjguin rose) était aulrefois assez répandu en Alsace, mais a été écarte dans les derniers déccnnals en partie de nos vignobles par le cépage suivant : IV. Geu'i'irztraminer ou Saragjiin el Genlilaromaiapic rose. Ampélographique- ment identique avec le Savaguin rose, son l'aisin et son vin se»trou^ent être beaucoiq) plus parfumés ([ue celui de la \ariélé primitive. Son rendement est en même temps supérieur. Sem!)lc originaire du Palatinat. Nous pouvons encore citer comme cépages pour vins fins : les Pinots blancs appelés ici ]Yeissclevner), le Pinot gris [Aiixois cl Anxerrois gris), Beurot et en Alsace Tokaijer et Grauclevner, ainsi que les Muscats blancs et roses et plus rare- ment le Muscat violet. D'après mon a\is il serait très recommandable de ne cultiver en Alsace que le Hiesling. dans les expositions assez bàtives cl dans les terrains pierieux, et le Ceu-iirzlrainincr dans les expositions |)0u\anl encore être considérées comme bonnes el dans les terrains fertiles et assez profonds. A la l'igueur le Pinot gris pounait encore li'ou ver sa place dans certains terrains argileux et frais, tandis que le Pinot Idanc pourrait être considéré comme bon vin ordinaire cl aider à la cQnrcclion de nos bons ZidcUer (Z«'ù7ier, dialecte alsacien, qui doit expi-imer le mot ZiritLn- ou bybride, c'est-à-dire un vin provenant de cépages ordinaires et qui est mélangé ou coupé avec tlu vin de cépages blancs fins). Comme les Mus- cats n'atteignent, dans nos meilleures expositions, que rarement leur maturité E. KUHLMANN LE VIGNOBLE ALSACIEN-LORIUIN 801 complète, puisque nous ne possédons pas le climat de Frontignan et de Lunel, il serait profitable de les écarter peu à peu de notre culture. Les cépages pour la confection de vins blancs ordinaires soHt, d'après leur ancienneté : le Burger ou Elblmg blanc, le Knipperle (Petil mielleux), les Chas- selas blancs et roses, le Sijlvaner blanc (le rose est assez rare). Dans les derniers cinquante ans, les variétés à vin blanc suivantes ont été importées et multipliées plus ou moins : la Manharttraube blanc (raisin Manhart), de la Basse-Au triche; le Wippacher, de la Carniole; le Balafant blanc, de la Hongrie; le Hotgipfler blanc, de la Stjrie, ainsi que les Sauvignons gris et blancs. Le Morillon blanc (par erreur Pinot blanc Chardonnaye) , se trouve épars en nombre de ceps très res- treint dans nos vignobles d'Alsace. Les meilleures variétés pour la confection des vins rouges sont les suivantes : le Pinot noir de Bourgogne, ou Pinot franc {Schwa.rtzclevner, Bourgounder et Boter en Alsace) ; le Pinot noir grosse race (sélection du précédent) ; le Saint- Laurent, le Meunier, le Beclan ou Petit Pinot des moines, Venfariné et le Grosbec ou Simoro. Dans les variétés, pour vins rouges ordinaires, nous observons les Gamays, Portugais, Gênais, Limberger, Laska, Durbec, Ericey, le Plant de \arennes, le Gouais, le Frankenthal ou Troltinger, le Frankenthal pruiné el \e Noir de Lorraine. Comme il résulte de cette nomenclature de variétés diverses, il serait très recommandable de réduire de beaucoup le nombre de nos cépages cultivés dans le pays et de produire des vins d'un caractère prononcé, recherché par le commerce ou pour résumer, les cépages dont le rende- ment peut être, d'après les expériences qui ont été laites, considérés comme rémunérateurs. Et maintenant nous arrivons à traiter finalement la question scabreuse de la culture des hybrides producteurs directs. Dans le compte rendu de V Institut viticole municipal « Oberlin » à Colmar, pour l'année 1919, je me suis permis de faire les observations suivantes : « Les opinions sur la question des hybrides producteurs directs sont encore toujours très parta- gées. Tandis que d'un côté on ose admettre que l'avenir de la viticulture réside dans la création des producteurs directs, on observe d'autre part que le produit de ces derniers n'a aucune valeur, voire même qu'on peut s'en servir comme vin de piquette. Cette divergence d'opinion résulte pour la majeure partie du fait que le parti « contre producteurs directs » ne se donne pas la peine de s'assurer de la valeur culturale, ou de la qualité du produit de ces derniers. C'est une pure prévention. 11 se trouve même des candidats qui osent prétendre qu'avec l'hybridation, ou plutôt qu'avec la création d'hybrides producteurs directs, on n'arrivera jamais à obtenir des cépages pouvant donner des vins de bonne qualité? Mais il faut bien convenir, qu'une pareille assertion n'a pas de fondement. Pour- quoi donc ne pourra-t-on pas obtenir un hybride produisant du vin fin, par le croisement dune vigne résistante avec une variété indigène à vin fin? Le hasard est grand, il joue même un rôle assez grand dans l'hybri- dation et l'hybride en question peut être créé sans aucun doute. La preuve est, qu'il existe déjà aujourd'hui des hybrides producteurs directs, qui possèdent des qualités supérieures et dans certains cas même des raisins 26 802 AGRONOMIE avec des bouquets complètement analogues à ceux de nos meilleures variétés. Et maintenant donnons-nous la peine de récapituler : l'Alsace et la Lorraine ne produisent pas assez de vin pour couvrir le besoin de sa population laborieuse et altérée. Comme il a déjà été observé précédem- ment, l'importation dépasse l'exportation d'environ 800.000 hectolitres. Et quels vins ont été importés de j)référence depuis l'armistice ? Pour la majeure partie des rouges ordinaires du Midi et de l'Algérie et seulement une partie assez restreinte de vins rouges de bonne qualité (crus connus) et de vins blancs. Si notre population préfère en général le vin blanc auquel elle est du reste accoutumée, les qualités de vin du Midi, plus que médiocres, qui ont été jetées sur notre marché après l'armistice, n'ont certes pas contribué à leur procurer une clientèle fidèle. Tout au contraire, notre vin de 1019 étant d'un goût fruité très agréable et en général très potable, la consommation des vins rouges importés est devenue des plus minimes. Jusqu'aujourd'hui environ un sixième (au plus) de notre vignoble d'Al- sace a été emplanté avec des cépages à vins fins. Cette place ne devra pas non seulement être réservée à cette culture, au contraire, cette dernière pourrait avec succès être augmentée jusqu'à conciu-rence d'un tiers, par la culture de riesling et de Cewûtztraminei', greflés de préférence sur des sujets avançant quelque peu l'époque de la maturité des raisins. Ces vins blancs fins trouveraient, à mon avis, mûrs pour les mettre en bouteilles, des débouchés faciles tant dans notre province que dans le reste de la France et plus ou moins aussi à l'étranger, et sans aucun doute à des prix rémunérateurs. Presque tout le reste de notre vignoble d'Alsace (ainsi environ deux tiers) devra fournir nos bons Zwkker (vins en mélange, sans caractère prononcé) et nos vins blancs ordinaires et des fois bien médiocres. Or, dans les hybrides producteurs directs blancs, nous possé- dons déjà maintenant une série de cépages, qui fournissent, vendangés ensemble, des vins non seulement analogues à nos produits indigènes ordi- naires, mais qui, au contraire, sont recherchés de préférence par nos mar- chands ou gourmets et achetés à des prix plus élevés. Si nous prenons en outre en considération que, notamment en Alsace, la majeure partie de nos communes viticoles pratique en même temps l'agriculture et ne peut, par ce fait, exploiter d'une manière intensive la viticulture, il est facile de concevoir que dans celte double exploitation, agricole et viticole, les hybrides producteurs directs joueront bientôt avec avantage un grand rôle et sont à même de refouler peu à peu nos cépages blancs ordinaires. Et ne possédons-nous pas déjà' aujourd'hui des producteurs directs qui four- nissent une qualité de vin blanc des plus appréciés, tels que les Seibel. 5.279, 4.986, 4.709, 4.6 fo, 4.964, 5.709, etc., le Petit Blanc, de V Institut viticole municipal, à Colmar, etc.? Et l'hybridation n'a-t-elle pas créé le Seibel 5.178 blanc, dont le raisin possède le bouquet prononcé et pur de notre riesling^ et le Muscat du Moulin avec le bouquet musqué et fin le E. KUIILMANN LE VIGNOBLE ALSACIEX-LORRAIN 803 plus délicieux? Et d'autres créations nouvelles de ce i;enre ne tarderont certes pas à enrichir les collections, déjà peut-être beaucoup trop nom- breuses, des hybrides producteurs directs. Ainsi, je le répète encore une fois, les hybrides producteurs directs en général et les hybrides directs blancs en particulier trouveront sous peu une large place dans notre viticulture alsacienne. La majeure partie de notre population préfère de beaucoup un vin blanc relativement léger, mais agréable et potable, au vin rouge. Et finalement les maladies crypto- gamiques et les vers de la Cochylis et de l'Eudémis contribuent dans une très large part à l'extension de la culture des producteurs directs. Je me permets de demander i)ardon à nos frères de la Lorraine, si j'ai négligé plus ou rnoins jusqu'à présent les intérêts de leur viticulture. Dans le département de la Moselle, où la culture des cépages à vins rouges domine de beaucoup où elle est même presque exclusive, les variétés pro- duisant le vin fin, appelées la fine race, devront, en attendant, être con- servées au pays moyennant le greffage. Les produits qui servent à la fabrication du Champagne, ou pour mieux dire du vin mousseux, étaient toujours et resteront probablement aussi à l'avenir bien recherchés et bien rémunérés. La Lorraine a donc tout avantage à développer et à favoriser la culture des cépages, qui produisent cette matière première. Quant à la culture des cépages ordinaires et médiocres, tels que les Gamays, Noir de Lorraine, etc. (appelé grosse race), elle devra être limitée le plus possible. IN'oublions pas que la concurrence des produits du Midi et de l'Algérie, ne tardera pas à jeter des quantités considérables, notamment de vins rouges, sur le marché et bientuin, sauf ce Êju'a enlevé l'érosion. Le Rhône a primitivement descendu celte pente, selon la loi de formation des vallées monoclinales, déblayant les couches tendres, Flyscli, etc., au-dessus du calcaire. Alors le torrent n'exis- tait pas. Puis celui-ci est entré en action, à une époque relativement récente, et il a rejeté le fleuve sur la gauche, là où il coule aujourd'hui. Il a triomphé des conditions génétiques. Pourquoi le fleuve s'est-il tîxé là et pas ailleurs? Sans doute à la faveur d'un léger ensellement de la roche (altitude 49o et o3i mètres). En tout cas il n'y a pas là de gorge comblée par la moraine, comme celles dites trockene Schlucht, qu'a signalées M. Lugeon à travers la barre du Kircliet, près de Meiringen. C'est là la grosse différence entre deux barres qui se ressemblent tant, et d'abord en ce qu'elles séparent la haute et la basse vallée, celle-ci encore occupée par les eaux d'un lac à une épo(jue toute proche de la nôtre. C'est la lutte entre un fleuve et un torrent, entre un fleuve et un cône torrentiel à laquelle nous assistons, et dans celte lutte le cône a eu le dessus. Pourtant si le cône apportait sans cesse, le fleuve aussi rongeait et déblayait, mais c'est un travail de Sisyphe que celui-ci est condamné à accomplir : à mesure qu'il ronge dans le bas, il aflouille et provoque des éboulements dans le haut, dans l'entonnoir, et il n'y a pas de raison pour que la montagne n'y passe pas tout entière. Non seulement le torrent a forcé le fleuve à émigrer, mais il l'a tixé et l'a contraint de se creuser un lit sur place, de s'enfoncer dans la roche, causant ce que nous appelons une épigénie. Quel paradoxe que celui d'un fleuve puissant, qui mord dans la roche dure du soubassement, plutôt que de déblayer les apports meubles du cône! Or il n'y a là rien que d'habituel : c'est une situation qui se reproduit sans cesse dans les vallées alpestres, que celle d'un cône qui rejette le fleuve de l'autre côté de la vallée, et le force même à mordre sur le ver- sant d'en face; si celui-ci ne s'incurve pas toujours en méandre, c'est qu'il est protégé par un revêtement d'éboulis capable de se renouveler; là où manquent les éboulis, le méandre se dessine, comme en face de Saint- Pierre-d'Albigny, dans la combe de Savoie. L'attaque du versant, sous forme d'arrachement, est sensible en face du bois Noir, en amont, et de rillgraben, de Hnges. Pas plus en face du bois Noir que de la Losence et de l'illgraben, il n'y a d'épigénie à vrai dire. Or, nous en connaissons, en Tarenlaise, en amont de Moùtiers, un cas typique, dû aussi à un cône de déjections. Le cou- pable est le nant d'Agot, à Villetle, un torrent du Lias et du Gypse, qui a dépossédé l'Isère de son ancien lit, et l'a rejeté de l'autre côté de la vallée, où le fleuve est en train de se creuser un lit épigénique, qui est loin d'être régularisé : un peu en amont se trouve le saut de la Pucelle. Entre le lit oblitéré et le cours actuel, en voie de creusement dans la roche en place, se trouvent une série de buttes alignées, faites d'un marbre très 820 GÉOGRAPHIE dur (brèche de Villette), et-caractéristiques de tels détournements du lit; l'une d'elles porte la chapelle de Sainte-Anne. Dans tous ces exemples, le torrent est plus fort que le tleuve. Prenons un cas limite, et supposons que le cône, par le nombre et les dimensions des blocs qu'il charrie, par la fréquence de ses laves, passe à l'éboulement : tel cône de la Maurienne, à Saint-Martin-de -la-Porte, est tout voisin de ce type, qui dans une chaîne jeune et vigoureuse comme celle de l'Himalaya, se rencontre fréquemment, au dire de M. C. Calciati. Nous pourrons voir le cône boucher la rivière et la transformer temporairement ou à demeure en un lac de barrage, comme le ferait une moraine, un glacier, une cou- lée volcanique. Resterait à dater le phénomène, dont l'effet s'est propagé de proche en proche sur le cours du fleuve en amont de Saint-Maurice. On peut dire eu particulier que celte obstruction permanente du lit, en relevant le plan d'eau en amont, en diminuant la pente, a ralenti la force d'érosion et de dél)laie- ment du Rhône, et a fait obstacle à la dispersion des matériaux des deux cônes en amont, le Mauvoisin et le bois Noir, celui-ci par l'intermédiaire de celui-là. C'est donc indirectement au Cours Sec que le bois Noir doit en partie son relief, qui le rapproche de l'Illgraben, et qui, de l'amont, le fait ressembler à une colline barrant le fleuve. A quel moment le fleuve, dépossédé de son cours par Châtel, s'est-il ouvert son nouveau lit? La coupure est récente; pour en juger, il n'y a qu'à contempler, du pont du château, le Rhône qui bouillonne dans son lit de roches, et l'étroitesse de son cours, telle qu'un pont d'une arche suffit pour l'enjamber; si une route a pu se glisser à droite et à gauche du défdé, le chemin de fer a dû se creuser un tunnel. La formation du torrent de Javernaz a dû suivre le retrait du glacier, elle a pour cause le surcreu- sement de la vallée par la glace, et la déviation du fleuve est post-glaciaire aussi, bien que le sillon qu'il a approfondi ait pu se creuser, s'amorcer sous la glace. Si l'on revient aux derniers épisodes de la dernière glaciation, on cons- tate que le glacier en retrait a du stationner longtemps sur Saint-Maurice, assez pour creuser une dépression en amont de la barre rocheuse, et y déterminer une contre-pente en alfouillant les couches tendres qui sup- portent leNéocomien. Y a-t-il des raisons pour que le glacier ait stationné là si longtemps, de telle façon qu'une barre rocheuse, correspondant, comme celle de Gruyères, à la traversée d'une chaîne oblique à la vallée, se soit peu à peu dégagée et mise en saillie entre l'amont et l'aval creusés en ombilic dans la roche meuble? Ces raisons sont doubles. D'une part, le changement d'orientation de la vallée à Marligny (entre les Follaterres et la Croix-d'Autan) qui, se coudant vers le nord (vers le nord-nord-est), a permis au glacier à bout de course de fournir quelques kilomètres de plus, d'autre part le rétrécissement de cette même vallée dans la traversée des Aiguilles-Rouges, dans le gneiss, et des hautes Alpes calcaires. La vallée large de S^"\o à 6 kilomètres en aval, se resserre là à moins de p. GIRARDIN — LE TORRENT DE LA CROIX-DE-JAVERNAZ 821 2 kilomètres, et l'ombre y règne en hiver. C'est au sortir du défilé, là où la vallée s'élargit, entre Monthey et Bex, que la moraine terminale a dû prendre cette plongée soudaine vers le fond de la vallée qui caraclérise les glaciers anciens comme les glaciers actuels (1). Alors que la barre calcaire fonctionnait comme gradin de front gla- ciaire, il a dû se former des sillons verticaux, sous l'action des eaux de fonte, comme ceux dont la trace est restée si nette dans les roches mou- tonnées de Salvan, au bout du glacier du Trient, où deux gorges entre autres entourent la Poya-de-Salvan. Ces encoches devaient être multiples; que l'érosion régressive en ait approfondi une de préférence, pour réa- liser le type classique du verrou entre deux gorges, voilà qui préparait l'état actuel. Il a dû exister, comme partout, de part et d'autre du verrou, deux gorges dissymétriques, celle de droite, plus profonde et plus large, où coulait le fleuve, celle de gauche, suspendue en l'air et inachevée. Lorsque le fleuve y fut jeté de force par la poussée du cône, il dut l'appro- fondir à nouveau et travailler à régulariser le profd, travail. qui n'est pas encore achevé. Nous passons sur les derniers épisodes pour montrer, comme justifica- tion de la méthode suivie, comment les faits de la géographie humaine sortent sans un hiatus des données de la géographie physique. Celles-ci nous livrent trois éléments : le rapprochement des dents du Midi et de Mordes, qui détermine la « Porte du Valais », puis la barre rocheuse qui sépare, comme le Kirchet, le lit de l'ancien Léman, resté marécageux, conquis peu à peu par les cônes, de la vallée proprement dite, elle aussi en voie de comblement par les alluvionset les cônes. Cette barre se couvre d'une part de chapelles, dont l'ermitage du Sex, d'autre part de châteaux, le « Châtel », la tour de Duin, qui est le château de Bex, etc., destinés à intercepter le passage. Dans ces deux faits, le torrent de Javernaz n'a rien à voir. Il est plus récent. Mais le troisième fait, l'étranglement du Rhône sous le château de Saint-Maurice, est bien son œuvre, et par conséquent l'emplacement du pont d'une seule arche, dernier passage du fleuve vers l'aval, qui va déci- der des destinées de la petite ville. Saint-Maurice va devenir, comme Brigue, Briançon, le Pont-de-Claix, le Pont-de-Beauvoisin et cent autres, la ville du pont. C'est là que la grande voie de la vallée, romaine et pré- romaine, qui descendait du Grand Saint-Bernard, et qui suivait depuis Martigny la rive gauche, parce qu'elle n'avait trouvé aucun point de pas- sage, franchissait le fleuve, dont elle suivait la rive droite jusqu'à Ville- neuve, et de là gagnait le cai'refour de Vevey. Peu à peu, toute la ohré- (1) Qu'il y ait eu barrage, c'est-à-dire occlusion du cours d'eau et reflux d'eaux stagnantes en arrière, soit par la barre rocheuse non encore sciée, soit plutôt par un culot de glace conservé, c'est ce que prouvent les alluvions, avec structure en delta, qui subsistent sur la rive droite, en amont des bains de Lavey, dominant « la Source », à 80 mètres au-dessus du fleuve, dans lesquelles la « Grosse Revine » est en partie creusée. 822 GÉOGRAPHIE lienté va passer par là, moines et pèlerins, guerriers et marchands, papes et empereurs, colportant en tous lieux la renommée de l'anticfue abbaye et le récit du martyre de la Légion Thébaine, qui sera un peu, entre les mains des moines d'Agaune, ce que telle chanson de geste sera pour d'autres abbayes plus ou moins célèbres. Que ce point de passage unique se soit trouvé être en même temps la forteresse qui défendait l'entrée du Valais, et voilà tracé le double rôle de Saint-Maurice à travers l'histoire : tète de pont, place forte et point de passage obligé. Nul site géographique ne convenait mieux à l'emplacement d'une grande abbaye. * * 2» LA SOUSTE ET LE STAD. — NOTES DE GÉOGRAPHIE HUMAINE 91.01 27 Juillet. Les passages alpestres ont donné naissance à des agglomérations com- merciales, dès le Moyen Age, en même temps qu'à des places fortes, comme Briançon, Mont-Dauphin, Embrun, et à des châteaux-forts comme ceux qui jalonnaient en série les grandes routes, Briançon-de-Tarentaise, Charbonnières, Miolans, etc. Les cols étaient traversés, avant les grandes routes du xix"^ siècle, par des chemins de mulets, et, au pied du passage, dans la vallée, étaient des entrepôts, qui devinrent vite des lieux de mar- chés et de foires. Aussi ces localités, dans les Alpes françaises, portent- elles assez souvent le nom de bourgs : Bourg-Saint-Maurice, Bourg- d'Oisans, Lans-le-Bourg, chacune au pied d'un passage important, comme il y a dans les Pyrénées Bourg-Madame. Modane, au pied du col de la Roue, était aussi un bourg, d'où le nom du Bourget- de-Modane. La route du Grand-Saint-Bernard, à cause de son imporlance, avait donné naissance à plusieurs bourgs échelonnés entre le Bourg-de-Marligny et la cité d'Aoste, qui était un évèché, comme l'indique son nom de Cité : Orsières et Bourg-Saint-Pierre étaient des bourgs et leurs clochers à cré- neaux témoignent de leur importance passée. Au pied des .\lpes, dans la Suisse Bomande, un type de localité répon- dait à cette fonction d'entrepôt des marchandises et de relai des voyageurs tout ensemble, au pied des passages, et il avait reçu un nom qu'on ne trouve que là et qui a passé dans les noms de lieux, la Sousfe. Au sens précis, c'est un entrepiH de marchandises, et la chose a dû exister partout, puisqu'on trouve au pied des passages du Queyras la halle d'Abriès, dépôt des marchandises qui allaient passer ou qui avaient passé le col. p. GIRARDIN — LA SOUSTE ET LE STAD . 823 Il est à présumer ([ue chaque col avait sa souste, et plusieurs étaient assez iniportanles pour que le souvenir en soit arrivé jusqu'à nous. Au pied de Loèclie-Ville, en Valais, à 753 mètres, qui est la ville forte, avec son château gardant le chemin de la Gemmi et la vallée du Rhône, se trouve, en plaine, à (322 mètres, la localité de la Souste. C'était un relai entre Sierre et Rarogne, sur la route du Simplon, au point d'attache du chemin de la Gemmi qui franchissait là le Rhône sur un pont d'une arche, à la faveur de l'étranglement provoqué par le cône de déjections de riUgraben. Le site convenait pour un entrepôt. Rrigue était la souste au pied du Simplon. Quelle était déjà l'importance de ce chemin, c'est ce dont témoignent les ruines de châteaux échelonnés tout le long de la vallée : de Martigny (la Ratie), à Sion, à Sierre (tour de Goubin), à Rarogne, et à Rrigue même. Les Stockalper, qui étaient les gardiens et les convoyeurs de la route, avaient bâti là un château et un hospice au col. Rrigue, grâce à son pont, était aussi le point de passage obligé du fleuve; enrichie par le trafic, elle en a gardé le nom de Briga dives, Rrigue la riche. Le nom de souste persiste dans le Susten Pass, qui fait partie du système des cols extérieurs du Gothard. Il conduit de la vallée de l'Aar, ou Hasli (il part d'Innertkirchen ou Hasli im Grund) à celle de laReuss, à Wassen. La souste devait être à Meiringen, au croisement de tous les passages, qui est resté un centre de foires important. Le Susten 1\hss a joué un grand rôle pendant l'occupation du haut \alais par les Franijais, lorsque ceux-ci eurent créé le déparlement du Simplon. Les Rernois durent renoncer pour un temps à leur itinéraire habituel vers la Lombardie, par leGrimsel et le Griess, et pour se rattacher au Gothard aménagèrent le chemin du Susten. C'est ce qui explique l'emploi de cette route, malgré la menace que fait peser sur elle le glacier de Stein (Steinen Gl.). La route du Grand-Saint-Rernard, qui resta longtemps la plus impor- tante, était aménagée en entrepiMs, en soustes. Martigny, avec ses nom- breux villages, la Combe, le Rourg, la Mlle, n'était qu'une longue souste qui s'étendait de la con)l)e des Rappes à la plaine du Rhône, à la Batiaz. De là la route, par Saint-Maurice, conduisait au carrefour de Vevey, d'où les chemins rayonnaient sur tout le plateau. De Lausanne une route con- duisait à Genève, oîi elle franchissait le Rhône, et à Lyon; une autre mon- tait vers le Jura qu'elle traversait au col des Hôpitaux ou de .longue. C'était au pied de la montée, là où la roule s'engage dans le défilé de l'Orbe, que s'élevait le château des Clées, gardien du passage, i.a politique des seigneurs qui prélevaient les péages de la route, et qui avaient amé- nagé ce tracé pour détourner le trafic de l'ancien chemin par Yverdon et Sainte-Croix, avait établi là une souste, c'est-à-dire un entrepôt et un péage. Les chemins de m'~>ntagne, au Moyen Age, n'étaient en réalité que des portages entre les routes fluviales qui descendaient les cours d'eau et sillonnaient les lacs. C'est grâce à ses lacs que la Suisse avait un réseau de 824 GEOGRAPHIE communications si dense, ceux-ci faisant pénétrer leur nappe d'eau tran- quille jusqu'au cœur des montagnes. Le point où la route aboutissait au lac et où l'on opérait le débarquement des marchandises était aussi un nœud de relations important. La route du Saint-Bernard, par exemple, touchait aux lacs et au réseau des voies navigables en deux points, à Villeneuve, sur le Léman, à Yverdon, sur le lac de Neuchàtel, qui s'appe- lait alors lac d'Yverdon. Villeneuve, au complet la Villeneuve-de-Chillon, fut une création des comtes de Savoie, maîtres du bas Valais et de la route, pour qu'on pût là décharger les marchandises, et confier aux bate- liers du lac celles à destination de Genève, de Lyon et de l'Allobrogie, Villeneuve dut succéder à Penne lacus. c'est-à-dire la tête du lac (était-ce l'antique Chab/ais?) qui s'élevait à l'époque romaine dans une situation analogue. Yverdon, sur l'autre nappe d'eau, avait une situation correspondante, à la tête du lac, et une importance plus grande encore, puisque c'est de là que partait le chemin escaladant le Jura par la gorge des CoA^atannes et gagnant Sainte-Croix. Plus haut vers le nord, sur le même lac, au terminus d'une des routes du plateau, s'élevait Estavayer, dont nous dirons la signification. Ces entrepôts iluviaux et lacustres, soustes en un sens, mais qualifiés de l'autre par leur situation au bord de l'eau et non au pied des monts, nous amènent à parler d'un autre type d'établissement commercial, de dépôt sur les rives d'un lac ou d'un fleuve, le Stad ou Staad. Qu'on observe, sur la Méditerranée, le dédoublement entre l'Acropole ou la ville proprement dite et le quartier du port, le Pirée, la 3Iarine. Cette double localité existait même sur les lacs suisses, où, dès qu'une ville était à proximité d'un lac sans être établie dessus, elle se dédoublait et avait sur l'eau son port. Sur le Léman, le port s'appelait Rivaz : Ouchy a perdu son ancien nom de Rivaz, que gardent encore les Rives du lac à Thonon, Vevey, Montreux. Sur le lac des Quatre Cantons, dont on ne saurait exagérer limportance comme voie de circulation, Altdorf avait Fluelen comme port, Schwytz avait Brunnen, et nous allons en voir d'autres. Ces entrepôts sur l'eau avaient un nom générique dont le sens est en train de se perdre, mais qu'on peut dégager des formes qui prêtent à con- fusion. Ainsi Stans Stad était et est encore l'entrepôt de Stans sur le lac des Quatre-Cantons et la route du Brunig, Alpnach-Slad, celui d'Alpnach, W^alen Stad, et non Walenstadt, est le port d'embarquement sur le Walen See, dont le nom persiste du temps où les Romands, les Welsches (Walen), habitaient encore ses bords escarpés et sans soleil. Il est illogique d'écrire Stadt, la ville, et c'est le voisinage de ce mot beaucoup plus cou- rant qui a amené la confusion, et l'oblitération progressive du mot Stad, ou mieux Staad, lequel se retrouve aussi dans Altstad. Bienne avait Nidau, dans les marais au bord du lac, où se mêlaient les eaux de l'ancienne Thiele et de la Suze, avant la correction de TAar. Sur le lac de Zurich, Staefa, dans une position analogue, semble avoir p. GIRARDIN LA SOUSTE ET LE STAD 825 été un stad dont le nom s'est altéré, d'autant plus que le même nom ori- ginel semble s'être altéré de la même manière dans celui d'Estavayer, sur le lac de Neuchàtel, situé là oîi aboutissait la route de Fribourg-Payerne, et dont la graphie allemande, Staefis, semble avoir mieux conservé la forme première et la ressemblance avec Staefa, sur le lac de Zurich. Le stad désignait aussi le port sur rivière, l'étape des bateliers, C'est ainsi que Fribourg avait son port sur la Sarine, là où se dresse la porte de Berne, ou Sladt-Thor (il faut lire Stad-Tlior). A quelques kilomètres en aval, au débouché de la Sonnaz, près de Pensier était un autre St^l. Sur le lac de Constance, ou Bodan, le Staad, près de Rohrschach. En France même, il y avait ainsi beaucoup de ports sur rivières, et Port-sur-Saône, Saint-I\icolas-du-Port,.sur la Meurthe, gardent le souvenir de l'époque où ces porls intérieurs faisaient la richesse d'une cité. Port avait fini par signifier un marché, même à l'intérieur des terres, c'est-à- dire l'endroit où se fait « l'apport », où l'on apparie les marchandises pour les vendre. Ainsi Notre-Dame-du-Port, à Clermont. Une autre catégorie de villes nées de la circulation, et dont on peut rappeler en terminant l'existence, se sont les localités oii Ton acquittait les droits perçus sur les grands chemins, droits de péage et autres, droits de Totilien (de teloneum), Leydes, etc. On sait que le droit de passage de l'Isère, par la route de la rive gauche du Rhône, avait donné naissance à la grosse agglomération de Bourg-du-Péage, en face de Romans. La Leyde a également laissé des traces en Savoie : la Leyde de Conflans, en face de l'Hôpital, localité ([ui, unie à sa voisine, a donné naissance à Albertville, a été perçue pendant des siècles. Or ces droits, perçus aussi sur la route du Crand- Saint-Bernard, ont fait naître une localité, qui en garde assez fidè- lement le nom : celle de Liddes, jadis l^eddes, etc. Sur la route du (lothard, sur le versant lessinois. une localité a pris aussi son nom dos droits qu'on y acquittait : c'est Dazio Grande, le mot Dazio signifiant une sorte de douane traduit en Savoie par Dace. Comme conclusion, il y aurait à faire le rapprochement de ces entre- pôts sur les routes avec ceux des mers du Nord, qu'on appelait parfois des Etaples (de Stapel), et ceux des mers du Levant, qu'on appelait des Echelles ou des Escales ou encore des Fondachi. Routes de terre et routes de mer, chemins de montagne et voies océaniques, ont eu ainsi leurs points d'attache, toujours les mêmes, soit avec la plaine, soit avec la rivière et le lac, soit avec la côte, points d'attache qui sont devenus pour l'homme des points d'attraction. Addcndum. — Note sur le droit, de Souste. — C'était, à proprement parler, l'abandon aux seuls habitants du pays du droit de portage par les cols. Com- ment ce droit alla en se réduisant peu à peu. au profit des seigneurs de la basse vallée et des États centralisés, c'est ce qu'explique Marcel Blanchard dans son étude parue depuis peu : Bibliographie critique de l'histoire des routes des Alj)es Occidentales sous l'État de Piémont-Savoie (XVII'^-XVIIF- siècles) et à l'époque napoléonienne (1796-1815). Grenoble, 1920. 826 GÉOGRAPHIE M. PàuL MALHERBE, Chimiste, hydrographe. NOTE SUR LES RECHERCHES EFFECTUÉES SUR L'HYDROLOGIE • DE LA VALLÉE DU LOING ' 551.49 27 Juillet. L'Association des Naturalistes de la Vallée du Loing a pour but de déve- lopper le goût des Sciences naturelles et de contribuer, par les recherches et les travaux de ses membres, au développement de la connaissance scientifique de la région. Suivant cette double définition, la Société se promet donc de travailler pour l'avancement des sciences en général et pour l'instruction scienti- fique mutuelle de ses membres, par des recherches, des promenades, des causeries, des écrits. Il m'a été demandé personnellement de contribuer à mieux faire con- naître l'hydrologie de la vallée du Loing. La description d'un grand bassin comme celui de la vallée du Loing, demande à être menée méthodiquement et de progresser dans un certain sens, par exemple, de l'aval à l'amont. La première étude parue dans le Bullelm de 1913, s'occupait du confluent Loing-Seine, cest-à-dire de Moret. Il y aurait lieu ensuite de connaître les deux piliers de base de la vallée du Loing, c'est à-dire les coteaux qui bordent la rive gauche de la Seine, de Montereau à Moret et de Moret à Fontainebleau. C'est pour suivre ce programme que nous avons donné en 1920 une étude sur la source de Froidefontaine et le rù de Montarlot. Tout en suivant cet itinéraire, nous ne manquerons jamais de synthé- tiser, de remonter du particulier au cas général, de rattacher notre phéno- mène local aux lois générales de l'hydrologie, et cela pour notre instruction mutuelle. Autrement dit, chaque phénomène local doit être exposé comme une illustration de vérités déjà connues, comme un exemple. Les premières études de 1913 sur la région de Moret, offraient des exemples locaux sur ce que l'on sait des nappes captives et des puits arté- siens et de l'utilité de connaître les synclinaux et les anticlinaux. L'étude de 1920 sur la source de Froidefontaine et le rù de Montarlot fournit un exemple des phénomènes de capture. Enfin, au point de vue pratique, ces éludes peuvent aider nos conci- toyens régionaux à rechercher Téau avec succès. p. MALHERBE HYDROLOGIE DE LA VALLEE DU LOING 827 Bassin de l'Orvanne La source de Froide fontaine et le rù de Montarlot. Il existe sur la rive gauche de la Seine, à flanc de coteau, une source pérenne à l'entrée de l'ancien château de Froidefontaine. Elle alimente un lavoir et fournit de l'eau potable à la ferme. C'est une source d'atïleu- reinent de l'argile plastique située à 19 mètres au-dessus de la plaine. Elle présente celte particularité curieuse qu'elle appartient, au point de vue orographique, à la vallée de là Seine, alors que son périmètre d'ali- mentation est en réalité constitué à contre-pentesur le versant du bassin de rOrvanne. C'est le vallon de Montarlot, qui est dans sa partie supérieure, le pluviomètre commun d'alimentation à Froidefontaine et à Montarlot. (Le rû de Montarlot commence au village). Etanqa/eMorei ..■:>" ;>^'"~ i-' :i Moqtarlot ^^^ fro/a/e fontaine Craie La meilleure démonstration de ce problème d'hydrologie souterraine a été donnée par un nivellement de ces deux sources, par M. Miginolet, conducteur des Ponts et Chaussées, à Moret. Source de Froidefontaine : 65"^,46. Rû de Montarlot, amont : 6o'^,67. Il s'agit donc bien de la même nappe. L'intérêt de cette étude ne réside pas dans l'observation de ces deux sources minuscules pour elles-mêmes, mais réside dans le phénomène de capture qui s'y attache, si modeste soit-il. 828 GÉOGKAI'HIE Remarquer en effet que Froidefontaine est pérenne, alors que le rû de Montarlot est temporaire. L'activité de la circulation souterraine de ce vallon a donc été amoindrie de plus de moitié par Froidefontaine. Elle le serait tout à fait si le plateau était constitué par un terrain homogène ; la craie, par exemple. Dans ce cas, la source de Froidefontaine au lieu d'être arrêtée à 19 mètres au-dessus de la plaine, serait actuellement à la base du coteau avec un débit plus fort. L'influence de l'important niveau de base de la Seine (46'") aurait déterminé un véritable phénomène de capture d'eau du bassin de l'Orvanne (59 mètres), en asséchant complètement la vallée de Mon- tarlot. Mais le terrain est hétérogène, le phénomène ne s'est manifesté que partiellement, par une fuile de la nappe de l'argile plastique vers la Seine. Au point de vue de la recherche des eaux, il est donc bon de se rappeler que si généralement les sources sont alimentées par le bassin orogra- phique où elles se trouvent, il peut y avoir des exceptions. La circulation souterraine ne suit pas toujours la circulation superficielle. Une partie des eaux souterraines peut couler suivant la direction orographique, mais une autre partie peut être déviée, capturée au profit des sources d'un autre bassin voisin dont le niveau de base est plus important. 17 Section. ÉCONOMIE POLITIQUE, STATISTIQUE ET LÉGISLATION Président ... M. BROUILHET, professeur à la Faculté de Droit de Strasbourg. Secrétaire. . . M. V- GRANET, receveur municipal de Saint-Junien (Haute-Marne) M. Emile CACHEUX, Ingénieur des arts et manufactures, Paris. MARCHE A SUIVRE POUR DÉCONGESTIONNER PARIS 312.8 (44.361) 26 Juillet. Bien avant la guerre de 1914-1918, la pénurie des petits logements se faisait sentir dans Paris, car le l''"' janvier 1914, il n'y avait plus que 2.000 logements, d'une valeur inférieure à oOO francs, qui étaient vacants. Dix ans auparavant, leur nombre était de 32.000; par suite, la diminu- tion des vacances était de 3.000 par an, pendant que la population pari- sienne augmentait de 25.000 habitants par an. En 1917, la natalité était de 83,3 0/00, la mortalité de 29,7 0/00; depuis cette date, ces deux cliififres diminuent et en 1913 la natalité n'était plus que de 16,8 0/00, tandis que la mortalité était descendue à 15,4 0/00. Pendant l'année 1914, la natalité baissa à 16,2 0/00. mais la mortalité remonta à 16,9 0/00. Sans l'immi- gration la population parisienne diminuerait. Pour loger les familles qui se fixent à Paris, on ne construit plus de logements en quantité suffisante. Avant 1914 on achevait, à Paris, en moyenne 1.200 immeubles par an ; depuis la guerre, la moyenne est tombée de 1914 à 1918 à 280 et en 1919 on a édifié en tout 175 constructions neuves, dont 36 0/0 à usage indus- triel et commercial. Le nombre de logements mis à la disposition du public, qui était de 11.939 en 1914. est tombé à moins de 1.000 en 1919. Le dernier recensement avait démontré que, dans Paris et les communes du département de la Seine, 175.000 personnes habitaient des logements surpeuplés ou insutTisants, c'est-à-dire contenant plus de deux habitants par pièce, ou moins de deux habitants par pièce, mais plus d'un. Les 830 ÉCONOMIE POLITIQUE, STATISTIQUE ET LÉGISLATION réfugiés ont augmenté les inconvénients de l'encombrement dans les loge- ments. On évalue à 4.800.000 la population actuelle du département de la Seine, qui dépassait à peine 4.000.000 en 1914.. Pour remédier à l'arrêt des constructions, la Ville de Paris a décidé dé reprendre la construction d'habitations à bon marché qu'elle avait interrompue. Le Préfet de la Seine a soumis à l'approbation de la municipalité un projet de construc- tion de 43.000 logements motivant une dépense de 1.750.000 francs. Le logement reviendrait à 46.500 francs en moyenne. L'Ofïice public d'Habitations à bon marché de la Ville de Paris compte dépenser 78.900.000 francs pour bâtir des maisons contenant 2.2o8 loge- ments. Le prix du logement variera entre 16.000 et 40.000 francs, attendu que roifice a fait l'acquisition de maisons non terminées, qu'il achèvjera. Le Comité de Patronage des Habitations à bon marché de la Seine a pensé qu'on pourrait résoudre la crise du logement en construisant des habitations individuelles et il a organisé un concours de maisons de ce genre au Jardin des Tuileries. 24 constructeurs lui envoyèrent des plans, qu'il approuva, mais par suite de la hausse constante des matériaux et de la ditTIculté des transports, 12 maisons seulement furent bâties. Leur prix varia de 12.000 k 30.000 francs. L'Office départemental des Habitations à bon marché a obtenu du Conseil Général .une somme de 17 millions, avec mission d'affecter 12 mil- lions à la construction de 600 maisons dans la banlieue parisienne, et d'employer le reste à l'achèvement de maisons dont la construction a été arrêtée par la guerre. Une centaine de maisons sont en construction, elles couleront 2 mil- lions 600.000 francs. Un particulier obtiendrait des maisons dans de meil- leures conditions, car en 1878, j'ai construit des maisons de trois pièces et cuisine qui revenaient à 3.400 francs. Il est vrai que j'ai employé des briques, faites avec du ciment, et du sable trouvé dans les fondations, qui revenaient à 22 francs le mille. Actuellement, on peut employer des. portes, fenêtres, marches d'escalier, etc., que l'on fait venir de Hongrie, Un des concurrents de rexi)osition du Jardin des Tuileries, construit dans le département de la Somme, des maisons de trois pièces et cuisine ])our 7.400 francs. Le Gouvernement ayant mis, par la loi du 19 octobre 1919, une somme de 500 millions au taux de 2 0/0 à la disposition des constructeurs de maisons individuelles, on voit qu'il sera possible de construire dans le département de la Seine des habitations individuelles, à des prix qui per- mettront de les louer ou de les vendre à des ouvriers. Malgré le concours de l'État, on n'arrivera pas à construire assez de logements p ur décongestionner Paris, c'est pourquoi il y a lieu d'exa- miner s'il ne serait pas possible de transférer hors de notre capitale les usines insalubres qui s'y trouvent. La statistique nous apprend que, dans les quartiers industriels, la mor- talité générale dépasse 20 0/00 et celle par tuberculose 4 0/00. E. CACHEUX — MARCHE A SUIVRE POUR DÉCONGESTIONNER PARIS 831 Nous avons plusieurs fois cité dans nos communications, l'exemple de la Cilé-Jardins de Letchworth où, malgré le fonctionnement de 38 usines, qui occupent 3.000 ouvriers, la mortalité des habitants, qui sont au nombre de 12.000, ne dépasse pas 10 0/00, Aux États-Unis, on admet que lorsqu'un ouvrier travaille à l'aise, dans un atelier bien éclairé, ventilé avec de l'air stérilisé, chaufïé en hiver, refroidi en été, la durée de sa vie n'est pas influencée par son séjour à l'usine. L'industriel a donc intérêt, au point de vue de l'hygiène, à faire travailler ses ouvriers dans une usine salubre. Mais il en a un bien plus grand à mettre à leur disposition, un local bien aménagé et muni d'un outillage perfectionné, oi:i il est possibte d'appliquer les principes de l'in- dustrie moderne. En France, les usiniers sont soumis à une législation qui les oblige à prendre des mesures pour éviter les accidents du travail . et à indemniser les ouvriers qui en sont victimes, mais ils ne sont pas tenus de réparer les dommages causés par le travail dans un milieu encombré. Le patron peut s'assurer contre les effets visibles des accidents, mais non contre les pertes causées par les malaises des ouvriers. Nous estimons qu'un local industriel devrait avoir un casier sanitaire et que l'État devrait favoriser la construction d'usines irréprochables au point de vue de l'hygiène, comme il'le fait fiour les habitations à bon marché. Dans le cas où il prêterait des capitaux, il pourrait le faire à un taux assez élevé pour que les contribuables ne soient pas lésés, comme ils le êont par la législation relative aux habitations à bon marché. M. Paul DELAPORTE, Paris. SUR LE ' CHRONOS », CALENDRIER AUXILIAIRE ECONOMIQUE 93 26 Juillet. L'élude de la question de la réforme du calendrier, à laquelle je me livre depuis de longues années et les essais que j'ai faits, en vue de substituer une mesure scientifique aux règles arbitraires du calendrier julio-grégorien, m'ont amené aux conclusions suivantes : 1° Les applications scientifiques et économiques modernes, nécessitant l'inter- vention des calculs, exigent que le facteur temps (iiiniicl obéisse, comme le Icmps quotidien, à une formule mathématique dans laquelle l'unité adoptée soit en relation simple avec ses multiples. 832 ÉCONOMIE POLITIQUE, STATISTIQUE ET LÉGISLATION 2" En dehors de ces applications où entrent des calculs, c'est-à-dire dans le cours de la vie civile, familiale ou religieuse, le besoin d'une formule mathéma- tique pour la division du temps ne se fait pas sentir aussi vivement et de nombreuses raisons s'opposent même à la modification brusque des règles actuelles. 3'^ En conséquence, il y a lieu de conserver les règles actuelles jusqu'à ce qu'une nouvelle formule se substitue d'elle-même, s'imposant par des avantages tangibles. 11 est même à désirer que le calendrier julio-grégorien, pour raison d'uniformisation, se répande universellement. i° Mais il faut créer, à côté, un système de mesure du temps annuel, répon- dant aux exigences scientifiques et économiques, dont l'emploi soit facultatif et ne vienne en aucune manière troubler les habitudes séculaires. 5° Ce système doit, par suite, être une échelle de divisions auxiliaire des calendriers et se superposer à eux au lieu de se substituer de piano, au moins provisoirement. Ces conclusions arrêtées, j'ai imaginé et mis en pratique, avec succès, le système que je vais décrire et auquel j'ai donné le nom de «■ Chronos » ou calendrier économique auxiliaire. Je n'entrerai pas dans les considérations qui m'ont fait adopter la for- mule qui est la base du système. Je me iîornerai à- dire que, dans ma recherche d'une solution rationnelle, au sens mathématique du mot, ma préoccupation constante fut de troubler le moins possible les liabitudes acquises. Il en résulta que la période septénaire, de même durée que la semaine traditionnelle universellement adoptée, me parut devoir être conservée comme premier multiple du <> jour moyen » pris comme unité de durée. Le Chronos est, par suite, une échelle de divisions isochrones, qui sert à mesurer les années et les périodes de durée d'ordre de grandeur annuel. Cette échelle a pour base la septaine, durée équivalente à celle de la semaine, mais dont les sept jours sont pris uni(iuemeiit pour leur valeur économique, à l'exclusion de toute considération d'ordre rituel, oum-able ou de repos^ et dont l'ordre numérique est indifférent. L'unité de durée et les, multiples, dans le Chronos, sont les suivants : Le jour moyen, qui a une durée de 24 heui'es: La septaine. — — 7 jours; La quatorzaine, — — 14 — La vingthuilaine, — — 28 — Les différentes périodes divisées par le Chronos sont dites économiques. Ainsi : La septaine est la semaine économique: La quatorzaine est la quinzaine économique; La vingthuitaine est le mois économique; Les saisons septénaires sont des saisons économiques; L'année septénaire est une année économique. p. DELAPORTE « CHRONOS » CALENDRIER AUXILIAIRE ÉCONOMIQUE 833 ■ L'année économique comprend 304 jours, 52 septaines, 26 quatorzaines, 13 vingthuitaines. Elle se subdivise : En demi-années de 182 jours, 26 septaines, 13 (juatorzaines, 6 vingthui- taines et demie ; Et en quarts d'année (ou en saisons économiques) de 91 jours, 13 septaines, € quatorzaines et demie, 3 vingthuitaines et quart. Rapportées aux années civiles, selon que celles-ci sont ordinaires ou bissextiles, les années économiques de 364 jours sont complétées par un ou deux jours, hors cadre ou hors série, qui forment période complémen- taire et sont comptés à part. Les périodes quaLriennales grégoriennes ordinaires comprennent : quatre années économiques de 364 jours, soit 1.456 jours plus 5 jours complémentaires hors série, en tout 1.461 jours. Celles qui, d'après cette règle, ont un jour bissextile en moins, ne com- portent que 4 jours complémentaires et n'ont, par suite, que 1 .460 jours en tout. Les divisions de la période quatriennale dans le Chronos, peuvent se résumer en une même expression algébrique, d'un seul terme, dont le coefficienl seul varie : Quart d'année économique =(7x13)1 = 91 jours; Demi-année économique z= (7 X 13) 2 = 186 jours ; Année économique = (7 x 13) 2^ =i 364 jours: Période quatriennale économique. . := (7 X 13) 2* — 1456 jours. Tel est le système de mesure du temps annuel dont je propose l'emploi comme auxiliaire du calendrier julio-grégorieu, emploi que les applications que j'ai faites m'ont prouvé n'être pas incompatible avec celui-ci ni avec tout autre calendrier observant la semaine traditionnelle, attendu que toute période de sept jours, prise comme semaine ou comme septaine, renferme toujours six jours ouvrables et un jour de repos : les totaux des opérations pendant ces sept jours sont, par suite, de même ordre de grandeur. Seul, le numéro d'ordre du jour de repos varie dans les septaines qui n'ont pas même origine. Mais il varie déjà dans les semaines selon les religions (juive, chrétienne, musulmane) et la loi sur le repos hebdoma- daire l'a aussi déplacé pour les commerces ou industries à opérations continues (alimentation, transports, fours continus, etc.). Enfin, les obser- vations scientifiques (météorologie, astronomie...) ne connaissent pas de jour de repos absolu ou relatif. De telle sorte que la division des périodes annuelles en septaines, pour l'intégration des opérations scientifiques et économi(iues ou autres, dans lesquels entrent des calculs, ne peut être que 27 834 ÉCONOMIE POLITIQUE, STATISTIQUE ET LÉGISLATION grandement appréciée par quiconque éprouve le besoin d'introduire de la méthode dans ses travaux. Et, d'autre part, cette division septénaire ne peut troubler l'ensemble des rites confessioniiels ni les diverses lois civiles qui régissent, dans tous les pays le repos hebdomadaire, attendu qu'après tout celui-ci tombe chaque jour pour quelqu'un ou pour quelque collectivité et que si, à cette observance hebdomadaire, on ajoute celle des fêtes de tout ordre, qui entraînent chômage, on s'aperçoit que le nombre des calendriers est non pas celui des collectivités, mais bien celui des individus. Donc, il est temps qu'au milieu de tout cet arbitraire, d'ailleurs néces- saire à la libre évolution de l'humanité, un système mathématique s'im- pose et ce système sera d'autant mieux accueilli qu'il ne viendra troubler en rien les règles, que chacunsuit par coutume ou croit devoir s'imposer, pour des raisons diverses, dans la partie de son existence non nécessaire- ment soumise aux calculs. C'est à ce quoi le Chronos répond en tous points : Il peut diviser aussi bien et sur les mêmes bases l'année civile (l*^'' janvier) que l'année fiscale (15 mars), l'année financière (1«' avril i, l'année agricole (15 août), l'année scolaire (1'='' octobre), etc.... Il peut diviser et mesurer : les durées des opérations des commerces saison- niers (modes, primeurs, etc.), celles des campagnes annuelles (belteravière, viticole, houblonnière...) ; les durées pathologiques (maladies, fièvres, gestations, cures thermales...); l'élevage (puériculture, aviculture, ...omniculture) ; les voyages au long cours; les recherches et études de laboratoire; les faits astro- nomiques et météorologiques; en un mot, toutes les durées de tous les phéno- mènes naturels ou artificiels. J'ai imaginé divers appareils et tableaux permettant de suivre et de mesurer, par la division septénaire, toute période commençant un jour quelconque de l'année. A ces dispositifs peuvent s'adapter, en se super- posant, tous les calendriers ainsi que tous les tableaux de marche du temps qui, en dehors des règles générales, sont imaginés journellement pour des cas particuliers : calendriers des courses, des sports, de lâchasse, de la pèche, etc., etc. Il n'est pas un seul cas auquel on ne puisse, avec profit ou utilité, appliquer la division septénaire, et le cadre régulier du Chronos peut les contenir et les régulariser tous. Je me contente de signaler, sans les décrire, ces dispositifs, leur descrip- tion n'ayant pas sa place dans cette communication. A. CADENAT — COMPTES COURANTS NATIONAUX 835 M A. CADENAT, Professeur de Mathématiques au Collège de Dôle. ESSAI DE SIMPLIFICATION ADMINISTRATIVE COMPTES COURANTS NATIONAUX. 332.1 ^6 Juillet. Rappel du mémoire de 1906. — En 1906, j'ai envoyé au Congrès de Lyon un mémoire intitulé : Comptes courants d'État. Ce travail fut lu à la Section d'Économie politique dans sa séance du 6 août et imprimé dans le deuxième volume (pages 1277 à 1282) des Comptes Rendus. J'ai cru, après ces quatorze ans passés, qu'il serait intéressant de reprendre cette question. Définition du compte courant. — On suppose que l'État ouvre à toute personne et même à toute institution ayant rang de personnalité civile un compte courant. Nous rappelons qu'un compte courant est un double tableau représen- tant d'une manière permanente la situation financière de deux personnes en relations d'affaires. Ce compte serait tenu en partie double : un- exemplaire sur registre pour l'État et un exemplaire sur carnet pour l'intéressé. La comptabilité serait confiée à un agent spécial qui remplacerait le percepteur et dont la circons- cription serait de dix mille habitants environ. Débits et Crédits. — Il y en aurait d'obligatoires et de facultatifs. Le paiement des impôts (débits), le paiement des traitements et pensions (crédits) seraient obligatoires. Le paiement des loyers, polices d'assurances, iactures et traites, seraient facultatifs. Les sommes portées au débit seraient de deux sortes : lo Les débits accidentels ou sommes dues à l'État et payées une fois pour toutes : amendes, droits d'examen, expédition de mandats postaux, etc. ; 2" Les débits permanents ou annuels, c'est-à-dire ceux dont la partie exigible est proportionnelle au temps : contributions, loyers, etc. Les sommes portées au crédit seraient aussi de deux sortes : 1" Les crédits accidentels ou sommes payées par l'État um fois pour toutes : remise des amendes, gratifications, paiement de mandats postaux; 2° Les crédits permanents ou annuels, c'est-à-dire ceux dont la partie exigible est proportionnelle au temps : traitements des fonctionnaires, pensions, etc. Le paiement des impôts se ferait par leur simple inscription au débit et le traitement des fonctionnaires par leur simple inscription au crédit. Pour 836 ÉCONOMIE POLITIQUE, STATISTIQlIE ET LÉGISLATION les personnes qui auraient à la fois un débit et un crédit permanents (fonctionnaires, retraités, rentiers), on ne tiendrait compte que de leur différence, débitrice ou créditrice. Ouvertures de Débit et de Crédit. — Nous entendons par Ouverture de Crédit, la faculté que TÉlat laisserait à chaque contribuable de laisser dépasser son débit (mais au détriment du contribuable, car il en paierait intérêt), d'une somme fixe et égale à une petite fraction, par exemple le centième, de la valeur de ses immeubles : ceci est le débit maximum. Nous entendons par Ouverture de Débit Xk faculté qu'accorderait l'Etat à chaque citoyen, de laisser surpasser le crédit de ce dernier (mais au détri- ment de l'État, car il en payerait intérêt), d"une somme fixe : ceci est le crédit maximum. Actuellement toute personne peut déposer 2.000 francs à la Caisse d'Épargne : acceptons donc ce chiffre pour toute personne indistinctement. Principes essentiels. — L'État et le citoyen seraient complètement libres d'obligations l'un envers l'autre, lorsque la balance du compte serait infé- rieure au débit maximum si elle était débitrice, ou inférieure au crédit maximum si elle était créditrice. Toutes les opérations fiscales positives ou négatives sont réglées par un simple et unique passage d'écritures. Toute somme portée ou laissée au débit porte intérêt à l'État; toute somme portée ou laissée au crédit porte intérêt au particulier. Suppression des paiements mensuels par l'État et comme conséquence supjjression des mandats de paiement individuels ou collectifs. — Pour se libérer de ses obligations financières, le contribuable a les deux moyens suivants que lui donne l'institution des comptes courants nationaux : 1" Virements par chèques; 2" Prélèvements ou versements d'espèces. Exemple : Vous devez 100 francs à M. Z...; vous lui remettez un chèque d'égale somme; ce montant sera donc inscrit à votre débit et au crédit de M. Z.... Dans la pratique, on achèterait un carnet de chèques dont on porterait le mon- tant total au débit au moment de lâchai; de même, le hénéficiaire de chèques, quand il en aurait un certain nombre, en ferait porter le montant total à son crédit. Puisqu'il n'y a plus de paiements à échéance fixe, le dernier jour du mois, comme cela se pratique actuellement, il n'y a plus besoin évidem- ment de mandats de paiement. Quel est le nombre de ces mandats délivrés mensuellement par chaque préfecture ? Nous l'évaluons à environ deux mille; donc économie de temps et de personnel. Il est intéressant de remarquer ce qui se passe actuellement quelques jours avant et quelques jours après la fin du mois. Tout receveur ou payeur doit se procurer du numéraire, billets ou métal, qu'il distribue aux porteurs de mandats de paiement. Ceux-ci rapportent l'argent, paient leurs fournisseurs et la monnaie revient au point d'où elle est partie. Il y a donc A. CADENAT — COMPTES COURANTS PfATIOiHAUX. S'àl à chaque iîn de mois, une marée montante métallique ou fiduciaire' suivie d'une marée descendante. Ce flux et ce reflux sont jnvisibjes, majs ils existent et produisent une énergie intérieure passive qui n'est pas sans être, en tin de compte, onéreuse à la société. Ce déplacement périodique d'argent est presque complètement annulé par l'application des Comptes courants nationaux. Tenue du compte courant. — A chaque opération fiscale, l'agent spécial inscrit la somme : 1" sur le compte courant registre dont il a la garde; 2" sur le compte courant carnet détenu pai'le contribuable. Facultativement, les comptes courants peuvent porter les paiements commerciaux dont l'inscription serait demandée par les deux parties. Exemple : M. X. de A..., expédie à M. Y. de B..., pour dix millefrancs de marcliandises. On porterait cette somme au crédit de X..., et au débit de Y.... Toute demande de renseignements au sujet de la solvabilité' devient ainsi inutile. Le compte courant avec intérêts exige l'adjonction de deux colonnes spéciales, l'une pour les jours et l'autre pour le produit du nombre de jours par le capital ou nombre; dans la pratique c'est le centième du nombre qui est porté. Exempte de compte courant. — Je suppose un fonctionnaire dont le traitement est de 10.800 francs, ce nombre étant en fait ramené à 10.260 par la retenue du vingtième. Une estimation approximative fixe la valeur de ses immeubles (maison, vignes) à 40.000 francs; on lui assure donc un crédit de 400 francs. Ce fonctionnaire paie un impôt glolial de 372 francs. On écrira donc : Crédit permanent ...... Fr. 10.260 Débit permanent 372 Différence créditrice Fr. 9.888 dont le douzième est 824 francs. Voir plus bas un exemple de compte courant tenu par l'État ou par une banque quelconque qui, avec l'autorisation de l'État, serait l'intermédiaire entre celui-ci et le contribuable (qui est ici en même temps fonctionnaire). Pour simplifier, on a compté les mois de trente jours et on a omis les centimes. Un droit fixe de 10 centimes par article, pour frais d'écritures, figure au débit. Conclusion. — L'auteur appelle de tous ses vœux le contrôle de l'expé- rience et il demande, de son système, une application très limitée pour commencer. Il émet le vœu qu'un membre du Parlement fasse sien ce projet et qu'il dépose un projet de loi demandant l'application de ce système de comptabilité administrative à un très petit nombre de personnes, par exemple : un fonctionnaire, un négociant, un ouvrier, un paysan. Un pourrait aussi y ajouter un lycée ou collège. Si ce système était jugé bon, on pourrait, après améliorations probables, en étendre peu à peu l'application à l'ensemble des contribuables. 838 ECONOMIE POLITIQUE, STATISTIQUE ET LÉGISIATION Exemple de compte courant et (Vintérêts entre M. A'..., habitant à ..., et l'État, par l'intermédiaire de la Banque A..., de .... DOIT : Débit MAxiMiiii : 400 francs. Crédit maximum : 2.000 francs. N°« Dates. Désignations. Somme*. Jours. Nombres. 1 Janvier 1 Solde à nouveau .... 280 Époque 0 2 Février 25 Retiré espèces 600 55 330 3 Mars 1 Retiré espèces 800 61 488 4 Mars 26 Commandé à la librai- rie Y..., livres 740 86 636 5 Juin 1 Acheté cai-net chèques . 1.000 151 1.510 6 Juin 30 Retiré espèces 855 180 1..^39 Balance provisoire des capitaux : 1.042 francs. . 180 2.935 Balance des nombres. 2.386 Intérêts sur 2.386 francs à 3 0/0 19 Droit de 10 centimes par article . . ' 1 Solde créditeur .... 1.622 5.917 9.844 AVOIR : Différence créditrice entre déhits et crédits permanents : 9.888 francs. Dont le douzième est 824 francs. Nos Dates. Désignalions. Sommes. Jours. Nombres. 1 Février 2 Versé espèces ..... 100 32 32 2 Mars 20 Vendu à V..., 10 hecto- litres vin à 60 francs . . . 600 80 480 3 4 Mai M juin 10 Reçu mandat-poste. . . Traite en ma faveur 60 144 86 échue 180 160 288 5 Juin 30 Valeur actuelle du crédit permanent et intérêts . . 4.977 5.917 180 8.958 0.844 Juillet 1 Solde à nouveau 1 .622 Époque .18' Section. PÉDAGOGIE ET ENSEIGNEMENT Préskient. . . M. Julien RAY, Professeur à la Faculté des Sciences de Lyon. MA. ALLEMAND -MARTIN, Docteur es Sciences, Professeur au Lycée de* Lyon (Parc) L'ÉDUCATION DANS L'ENSEIGNEMENT : LE ROLE DE L'ASSOCIATION 314 26 Juillet. Parmi les méthodes d'éducation préconisées, nous devons placer au premier plan, celles qui ont pour base l'association des jeunes gens et même des enfants; toutefois, il ne semble pas que les groupements formés jusqu'à ce jour aient tiré tout le parti désirable des qualités et des aptitudes de leurs membres; on s'est appliqué à développer presque uniquement les qualités sportives. Or, il y a autre chose à envisager que la culture de la force physique ; il y a surtout chez le jeune homnie, des ressources très grandes dans les qualités de l'esprit, sans négliger les grandes lignes de l'éducation physique, c'est, à notre avis, de ce côté qu'il faudra à l'avenir diriger nos efforts. En ce qui concerne nos lycées en particulier, dont les programmes ont en vue une culture générale étendue, il est possible de comprendre la méthode d'association des jeunes gens, sous une forme très large. Nous avons tenu d'ailleurs, avant de traiter ce sujet, à appuyer notre o|)inion sur un certain nombre d'expériences, et il nous est possible, aujourd'hui, de citer notamment les résultats de deux années d'efforts soutenus : le premier essai vraiment complet, a été entrepris au Lycée de Moulins, en 1918-1919, avec le bienveillant concours de M. le proviseur Lavault et de M. AUardin, professeur de physique; cette association d'élèves remplaça la Société des Jeunes Naturalistes fondée par notre regretté collègue M. Chauvet; j'en ai exposé le résultat dans la Revue •pédagogique de juillet 1919 et il est utile d'en rappeler très brièvement les grandes lignes. Nos jeunes gens ont été groupés sous le nom de « Société scientifique des Élèves » ; ils ont constitué un petit budget à l'aide de cotisations mensuelles peu élevées. Ce petit budget a permis 840 PÉDAGOGIE ET ENSEIGNEMENT d'envisager un certain nombre d'éléments de perfectionnement : 1° la fondation d'une bibliothèque en \iie surtout de lire les périodiques de vulgarisation; 2° l'achat d'un petit matériel scientifique destiné à être prêté suivant le môme règlement que celui de la bibliothèque; 3° l'afïi- liation collective à tous les grands groupements régionaux ou nationaux qui ont pour but le relèvement économique et moral de notre pays, et dont ils peuvent lire les revues; 4° la division en sections spécialisées : section agricole et des amis des arbres, section industrielle, section de photographie, d'hygiène, etc., de façon à favoriser les goûts et les apti- tudes de chacun en développant leurs qualités naturelles; 5" l'organisation d'excursions scientifiques méthodiques complétant leurs études théoriques de chaque classe (visites d'usines et d'exploitations industrielles ou agri- coles sous la direction de professeurs) : 6" la participation aux concours des diverses sociétés (Ligue maritime, Ligue antialcoolique, etc.); 7° l'ini- tiation aux jeux susceptibles de développer chez eux l'adresse et la méthode; en un mot, ils se sont attachés k unir l'utile à l'agréable. Enfin, la direction du groupement étant laissée tout entière à l'ensemble des élèves, ils apprennent le fonctionnement d'une société, ils peuvent se diriger eux-mêmes, s'imposer des règlements et une discipline; gérer une petite comptabilité et tenir des réunions sérieuses. Ils comprennent qu'ils ont là un des meilleurs moyens d'utiliser leur argent de poche. Une expérience semblable est actuellement poursuivie au Lycée Saint- Rambert avec le bienveillant concours du Proviseur et du Directeur; les résultats donnent la même satisfaction. 11 semble donc bien démontré, à la suite de cet essai de Moulins et de celui de Saint-Rambert de Lyon, que de telles organisations sont parfaite- ment viables, mais à la condition d'être soumises au contrôle des professeurs ; elles peuvent servir de base à un système d'éducation morale de tout pre- mier ordre, et auront l'avantage de compléter le rôle du maître qui doit être à la fois professeur et éducateur, et cela en améliorant la mentalité des élèves. L'expérience nous a appris l'importance qu'il y a, dans nos cours, d'avoir à faire à des élèves disciplinés et conscients de leur avenir : ce résultat ne sera atteint que si les jeunes gens ne restent pas livrés à eux-mêmes dans une oisiveté pernicieuse en deliors des heures de classes : ils ont besoin d'être guidés, même dans leurs distractions, et il faut qu'ils sachent que, à côté des heures de travail, il en est qui peuvent être employées d'une façon utile et agréable à tous: nous devons améliorer la mentalité et préparer de bonne heure, des hommes. Il faut aussi que le public, que les grands groupements (Touring-Club, Ligue maritime, Ligue antialcoolique, etc.), collaborent à l'éducation de nos élèves : il ne faut pas que l'enfant confié à l'école paraisse lui être complètement abandonné. Dans nos organisations de Moulins et de Saint- Rambert, je dois reconnaître que nous n'avons rencontré, à ce point de vue que sympathie de la part des industriels et des chefs de services, ainsi que l'entière approbation de beaucoup de parents : c'est cette sympathie, H. CLÉMENT — ENSEIGNEMENT DE l'aSTRONOMIE 841 ce vif désir de chacun de participer à l'éducation des jeunes qui nous ont permis d'introduire dans nos projets, un peu de Timmense variété de distractions que nous offrent les sciences appliquées à l'industrie et à l'agriculture. Les Chambres de commerce d'ailleurs n'hésiteraient pas à prêter leur concours. La conclusion à en tirer est la suivante : il y a une œuvre éducatrice extrêmement intéressante à généraliser dans les élablissemeuts d'instruc- tion, en perfectionnant les associations d'élèves en leur aidant, avec la col- laboration des professeurs, de l'Administration et des familles, et cela, sans nuire au temps consacré aux études normales; cette œuvre aura quelques ressemblances avec certaines organisations anglaises ou américaines qui sont toutefois trop spécialisées. L'étude si profonde de M. l'inspecteur général J5e/oi, parue récemment dans luRevuedemétaphjsique et de morale, nous permettra de trouver d'excellentes indications pour le perfection- nement de ces groupements d'élèves et facilitera grandement la tâche. « Ce que je voudrais faire sentir, 'dit M. Belot (1), c'est qu'il nous faut étendre l'idée que nous nous faisons en général de l'éducation morale, de son domaine et de ses moyens, et qu'elle ne se borne pas, si grande et si difficile que soit déjà celte tâche, à inculquer aux enfants de bonnes habitudes et à leur faire acquérir ce qu'on appelle des vertus, mais qu'elle doit faire comprendre à cha- cun son rôle et sa fonction dans la vie collective, et susciter dans les consciences, au delà de cette bonne volonté générale et vague dont on usera comme on pourra, une bonne volonté informée, capabhe de discerner et d'éprouver avec force les exigences réelles qui s'imposent à l'action concrète, ou tout au moins curieuse de les connaître. » M. Hugues CLEiVŒiMT, Chargé d'un Cours complémentaire à la Faculté des Sciences de Lyon. PETITS MOYENS POUR AIDER A L'ENSEIGNEMENT DE L'ASTRONOMIE DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES 2T2 : 52 26 Juillet. Le souci de tout instituteur — vraiment digne de ce titre — est d'inté- resser son jeune auditoire pour fixer son attention. Beaucoup d'enfants ont de très bonne heure une intelligence ouverte, mais ne peuvent s'aslreindre à écouler. Aussi les méthodes pédagogiques nouvelles tendent à frapper simultanément les yeux et les oreill^s^ de l'écolier pour l'obliger à retenir pres(pie malgré lui. ,.■. (1) G. Belot, Revue de Mdaphyaique et de Morale, 18 janvier 1920. 842 PÉDAGOGIE ET ENSEIGNEMENT Les hommes de ma génération sont surpris, en visitant les écoles pri- maires, de voir les progrès réalisés depuis trente ans. Partout contre les murs ce ne sont que bouliers, cartes, formes géométriques de bois ou de plâtre, reproductions coloriées de plantes et d'animaux, boîtes d'insectes,, collections de matières premières. Mais, à notre avis du moins, il existe un vide dans cette série de belles choses. On a pour ainsi dire oublié l'astronomie. Certes, l'enfant voit dans ses livres planètes et étoiles. Cela cependant ne parle pas plus à son esprit que les séries de cliiffres ou de lettres variées ne parlaient à nos jeunes cerveaux. Pour combler cette lacune, nous avons pensé à employer les sels phos- phorescents. Avec tant soit peu de goût et d'habitude, on enduit très bien des surfaces foncées (1) de sulfure de zinc ou de calcium suivant les cas (2) de manière à reproduire tous les effets voulus. Nous avons obtenu, sans peine aucune, la lune et ses cratères, les planètes principales, la voie lactée et une comète. Ces représentations- sont fidèles, elles donnent plus qu'une idée, mais véritablement l'illusion de ce que montre un télescope. Comme il suffit de sels d'une qualité très inférieure, on peut à fort bon compte exécuter des planches. Si le maître a des loisirs et veut occuper les grands de la classe, il leur fera construire un tube d'environ 15 centimètres de diamètre, monté sur un pied dé fortuné, (^e dispositif schématisera une lunette. La planche, une fois insGiée, sera mise contre une extrémité du tube, tandis que les' élèves regarderont par l'autre bout obturé en partie grâce â ùii disque de carton percé en son milieu (3). Quelle que soit la méthode choisie, les leçons données ne seront pas perdues. De plus — nos essais en font foi — les élèves contempleront pendant les soirs d'été, ces petits points lumineux jusqu'alors sans intérêt. Chacun suivant sa tournure d'esprit — lectures ou explications reçues revenant à sa mémoire — songera, raisonnera. N'est-ce pas là l)eaucoup? (1) Les surfaces claires ne donnent pas assez de relief. (2) Il faut parfois mélanger les deu\ produits en proportion variable bien entendu suivant It but cherché. (3) Ce trou figurant l'oculaire, f)ermet d';issunibrir l'intérieur du tube et d'obtenir ainsi plus de briilunl. - . A. LOIR — LE^ MUSÉUMS DE PROVINCE EN FRANCE 843 M. LE D' A. LOIR, Conservateur du Muséum du Havre. LES MUSÉUMS DE PROVINCE EN FRANCE 371.65(44) 26 Juillet. Après avoir été très eu honneur en France, les musées d'art et les muséums d'histoire naturelle sont plus ou moins délaissés dans nos pro- vinces, Ces institutions y sont cependant noml)reuses, puisque dans une liste dressée en 1900 par le Ministère de l'Instruction publique leur nombre s'élève à 423. Ils ont été fondés par des particuliers, par des sociétés scien- tifiques, par des Chambres de Commerce, puis remis entre les mains des départements ou des municipaliiés. L'État achète tous les ans des toiles aux divers peintres qui se distin- guent dans les salons annuels de la capitale. Quelques-unes de ces œuvres d'art sont envoyées dans les musées de province. Un inspecteur général de la direction des Beaux-Arts passe de temps en temps voir comment ces toiles sont présentées au public. Là se bornent les relations entre le pouvoir central et les musées de province qui sont souvent mixtes, comprenant les arts et l'histoire naturelle, mais pour l'inspection de cette partie, il n'y a aucune relation avec la capitale. Il est rare que ces institutions servent pour l'instruction publique; il semble qu'on les dédaigne. Ces collections sont cependant fort riches dans quelques villes et pourraient être utilisées pour l'enseignement des enfants des écoles et l'éducation populaire. Depuis quelques années, nous cherchons à créer une émulation parmi les conservateurs des musées d'art et des muséums d'histoire naturelle. Nous avons maintenant une association des conservateurs de ces collec- tions et le mouvement.de réveil semble se comnmniquer. Nos collègues comprennent les services que l'eiisemble des musées groupés en une association peut leur rendre vis-à-vis des Pouvoirs publics et par voie de cojiséquence vis-à-vis du public. Un journal : Mméa constitue un lien qui les unit entre eux. En Angleterre, la Muséum' s Association existe de[)uis trente et un ans. Elle publie le i)lM5eu;/i's./b(IE PROVOQUER PAR UN ACARIE.N 859 MM. A. LOIR, Directeur dii Bureau d'Hygiène ; ET H. LE(rANaNi:iJX, Chef de laboratoire du Blireau d'Hygiène, Le Havre. MALADIE CUTANÉE PROVOQUÉE CHEZ LES OUVRIERS DU PORT DU HAVRE PAR UN ACARIEN (PEDICULOIDES) 616. 9f) (44.2.}) Ë6 Juillet. Depuis le début de la guerre, dès la fin du mois d'août 1914, les cas de gale ont été nombreux dans la population civile du Havre. Les enfants des écoles ont été atteints en grand nombre ; aussi le Bureau d'Hygiène du Havre a organisé un service d'infirmières qui vont, à domicile, traiter les cas de gale qui nous sont signalés par les médecins. Véritables visiteuses sociales, elles font une enquête auprès des autres membres de la famille et dépistent bien souvent des cas de gale inconnus ou méconnus. Elles ren- dent certainement de grands services pour le traitement et la prophylaxie de cette maladie. Nous nous réservons d'étudier les différentes espèces de gale qui ont été rencontrées depuis ces dernières années dans notre population, elles ne sont pas toutes dues au même acarus. Aujourd'hui, nous parlerons d'une épi- démie de gale, dont nous avons pu indiquer rapidement la cause [)ar nos recherches de laboratoire et fixer la prophylaxie, permettant ainsi aux ouvriers atteints de repiendre rapidement le travail. Ce qui fait que dans la gale habituelle le traitement est long, c'est que le sarcopte porte ses o'ufs dans une galerie creusée dans l'épaisseur de l'épiderme et qu'il chemine tonjours en avant, la disposition de ses écailles et de ses épines l'empêchant de rétrograder. Pour agir sur le sar- copte, il faut détruire par des frictions successives toutes ces galeries eUse servir ensuite de la pommade d'Ilelmerich. Dans le cas qui nous occupe, l'épidémie était produite par un acarien, un Pediculoïdes, qui ne creuse pas de galerie, il est donc facile à détruire. Nous avons déjà indiqué nos observations à ce sujet à l'Académie de Médecine, séance du 18 novem- bre 1919, dans Paris Médical, le G mars 1920, enfin, dans Le Caducée, du 1'' avril 1920. Voici les faits que nous avons observés : 860 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE Le 24 mai 1919, le Ministère du Ravitaillement demandait au Bureau d'Hygiène du Havre, de faire une enquête sur des ouvriers travaillant à bord d'un bateau, en déchargement d'orge, en provenance de Bizerte, et qui étaient atteints d'une affection. cutanée. Soixante-trois hommes avaient cessé le travail. Tout le tronc des ouyriers. ayant manipulé l'orge était envahi par des éruptions souvent confluentes qui semblaient produites par une matière vésicante. Les lésions n'offraient pas de caraçtéria tique bien déterminée : il y avait cependant quelques vésicules avec un peu de sérosité dans quelques rares cas. L'irritation était extrême et le prurit intense. Pas d'état général chez ces malades; de l'insomnie amenée par le prurit. Dans l'examen des malades, ce qui frappe d'abord, c'est que les ouvriers portant une ceinture n'ont pas d'éruption ,, sur les cuisses, alors qu'on en trouve, chez ceux qui pnt des, bretelles. La ceinture a donc limité la cause de contagion. Les avant-bras et la tête sont épargnés ; seules les parties recouvertes se trouvent atteintes, comme si la chemise avait maintenu en place les causes de la maladie. L'enquête faite à bord du navire yàponsiis Shhifuka-iyaru, nous fait connaître que la partie supérieure des, cales était garnie de sacs de blé .dont la manipulation n'a amené aucun incident. Ce n'est que deux ou trois heures après le début du déchargement de l'orge que les hommes ont été pris d'une démangeaison intense. 11 y avait 1.700 t-onnes d'orge en sacs. La 'manipulation de ces sacs fournit une poussière assez considérable. Quelques sacs tachés nous font supposer qu'ils ont pu être employés comme sacs à sable sur le front et renferment dans leurs tissus des gaz irritants. Mais ces sacs sont beaucoup plus grands que ceux employés dans les tranchées et, du reste, l'examen fait au laboratoire ne laisse aucun doute. Les sacs ne renferment pas dans leurs tissus de produits chimiques vésicants. Les hommes de l'équipage qui n'ont pas pénétré dans les cales ne sont pas malades et les phénomènes d'irritation sont localisés chez les travail- leurs ayant manipulé l'orge ou qui ont été simplement en contact avec les poussières. C'est dont bien l'orge qui doit être incriminée. Examinée au laboratoire, l'orge est de belle qualité; peu de grains sont attaqués par les charanc^ons. On trouve des petits coquillages, des larves noires mortes couvertes de petites efllorescences plus claires, des débris de paille, des barbes d'orge. L'examen de la poussière au microscope nous fait voir des petits acariens ayant environ 60 à 80 microns de longueur. Le corps allongé est brunâtre. Ces acariens appartiennent à la famille des Tarsonémides et au groupe des Pedicnloïdes. . - A. LOIR ET LEGANGNEUX -^ MALADIE PROVOQUÉE PAR UN AC.ARIEN 861 ■ Ayant déterminé la cause de contagion, nous avons conseillé aux malades de suivre le traitement habituel de la gale : frictions légères au savon noir et à la pommade d'Helmerich. D'autres se sont lavés au crésyl avec bains sulfureux. Les vêtements ont été désinfectés à l'étuve. Chez tous, l'amélioration a été très rapide; en effet, lapartie abdominale de la femelle est très fragile, la friction fait éclater la fine paroi chitineuse de l'abdomen et on tue par suite rapidement Tacarien. Il n'y a pas de sillons chez les malades comme dans la gale. Du pus pris dans une vésicule n'a montré que quelques streptocoques. Sur notre conseil , la sulfuration des cales a été faite, mais déjà 500 tonnes d''orge avaient été débarquées sur chalands. Malheureusement, trois péiiiches, ï Avenir, la Réclame, V Arabie, conte- nant l'orge non sulfurée, étaient parties pour Rouen. Ce port ayant été avisé par nos soins de la contamination de la cargaison, refuse de recevoir les chalands qui sont renvoyés aif Havre. Nous trouvons à bord de ces chalands un second foyer d'épidémie. Les familles logeant sur les chalands commencent à être atteintes de lésions. En effet, les femelles de pédiculoïdes, à la recherche de nourriture, ont pénétré dans les logements du bord par les interstices des cloisons de la cale et sont arrivées à toucher le personnel du bord. La désinfection et le traitement ont eu lieu comme précédemment pour le grand navire, et les résultats ont été les mêmes. Les cas d'affections analogues sont-ils nombreux au Havre? En mai 1911, le Tribunal du Havre avait commis les docteurs Simon, Daniel et Loir pour examiner cinq ouvriers qui travaillant dans les cales d'un navire apportant des fé véroles de Smyrne, avaient eu pendant quelques jours une éruption cutanée. N'ayant pas eu d'échantillons de la marchandise ■ à la disposition de la commission, celle-ci conclut à une maladie profes- sionnelle amenée par les féveroles. ■ Depuis 1011, on trouve dans notre port six épidémies analogues amenées par le blé, les féverolos ou l'orge provenant du Levant et -toujours à la même époque de Tannée. Ces épidémies sont donc assez fréquentes. Depuis l'arrivée de ce premier bateau, le '2.1 mars 1 919, deux autres navires, la ViUe-d'Oran et VAnglotl, chargés d'orge delà môme provenance, étaient également contaminés par les pédiculoïdcs. Les mêmes mesures de désin- fection ont été prises et nous ont donné de bons résultats. Après sulfu- ration des cales, les ouvriers peuvent sans danger manipuler les sacs con- taminés. Cette année, au mois de juillet 1920, un nouveau chargement de riz arrivé d'Extrême-Orient par le navire Buenos- Ayres provoque chez vingt- trois ouvriers des accidents analogues, dans ce dernier cas les femmes de plusieurs des ouvriers atteints ont été contaminées. L'incapacité de travail a été de quinze jours chez certains de ces hommes. 862 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE Conclusions. — Depuis 1848 après un travail de Newport, à Gravesend en Angleterre on trouve dans la science les'bbservations de plusieurs épi- ; démies de ce genre. Comme elles sont fugaces, elles passent inaperçues. Il serait utile d'attirer l'attention sur ces faits car par la sulfuration la prophylaxie de ces cas est facile à établir. Lorsqu'on connaît la cause du prurit, il est facile de traiter les malades. Les pertes économiques amenées par ces pédiculoïdes peuvent donc être réduites au minimum. M. LE D^ IIAPPLN, Directeur de l'Institut Pasteur, Nantes. VACCINATION CONTRE LA TUBERCULOSE 26 Juillet. Depuis le dernier Congrès de l'Association réuni au Havre en juillet- août 1914, j'ai poursuivi autant qu'il m'a été possible pendant cette période mes recherches sur la vaccination antituberculeuse, et j'ai l'honneur aujourd'hui de venir en présenter les résultats. Sans vouloir revenir sur les diverses étapes que j'ai suivies dans mes recherches, je rappelle seulement qu'après avoir en 1894 et 1895 tenté "d'obtenir un sérum spécifique contre cette infection et noté quelques résul- tats intéressants dans l'application de ce sérum, contre la tuberculose expérimentale du cobaye, j'abandonnai un peu plus tard cette voie pour me tourner davantage vers l'obtention d'un procédé de vaccination d'abord, applicable à l'animal et ensuite à l'homme. Dans une suite de recherches, de 1902 à. 1906, faisant porter mes expé- riences sur le chien, je réussis à observer chez les animaux vaccinés, au moyen de bacilles simplement desséchés et injectés à doses infinitésimales et à intervalles espacés une résistance telle à l'inoculation virulente qu'il m'était en quelque sorte impossible de ne pas m 'engager dans la voie que j'avais ainsi commencée à suivre et qui, d'après les résultats observps, devait se montrer certainement féconde. Mais le procédé ainsi étudié ne pouvait naturellement en aucune fa(;on entrer dans la pratique, je tentai de constituer un vaccin en utilisant des bacilles dégraissés et modifiés ensuite par l'action du fluorure de sodium. J'obtins ainsi chez plusieurs bovidés par injection intra-veineuse, de ces vaccins, et chez le cobaye par injection sous-cutinée, des résultats remar- (juables. Trois génisses ainsi vaccinées résistèrent absolument à l'injection RAPPIN VACCINATION CONTRE LA TUBERCULOSE 8(33 intra-veineuse de tuberculose virulente et j'observai d'autre part chez plusieurs cobayes une survie allant parfois jusqu'à trois années, mais chez ces derniers animaux, je n'obtenais encore qu'un retard dans l'évolution tuberculeuse dont je retrouvais les marques à l'autopsie. M'inspirant à ce moment des indications que nous fournit le mode sui- vant lequel s'établit la résistance naturelle de l'organisme, j'étudiai d'abord le sérum des animaux que j'avais immunisés et m'efforçai de pré- parer un sérum vraiment spécifique. Par Tinjeclion au cheval de ces mêmes Rest Bacillus fluorures, j'obtins au bout de deux ans un sérum doué de propriétés antitoxiques et bactériolytiques très importantes. C'est grâce à l'emploi de ce sérum et de son action sur le bacille que je suis parvenu de 1910 à 1915 à réaliser chez le cobaye des résultats nette- ment démonstratifs. Des cobayes inoculés même une seule fois avec une émulsion de bacilles tuberculeux ayant subi un contact plus ou moins prolongé avec ce sérum, et inoculés ensuite même quatre mois ou davan- tage après cette injection avec une culture de tuberculose en pleine activité, résistèrent pour la plupart à cette inoculation, sans présenter la moindre lésion, alors que les témoins" succombèrent dans les délais ordinaires pré- sentant les lésions classiques de linfection tuberculeuse. Je ne puis résister au désir de présenter au Congrès les graphiques de ces différents animaux. . Ce sont ces constatations si importantes qut ont constitué depuis ce temps, c'est-à-dire depuis la fin de 1913, la base de mes expériences. Les bacilles vaccins simplement desséchés pouvant malgré l'action du sérum, conserver parfois des propriétés virulentes, il me fallait les modifier de telle sorte qu'ils perdissent ces propriétés tout en conservant leur pou- voir vaccinal. Après avoir tenté diverses métliodes par l'emploi de certaines essences et aussi de Véther dont l'action heureuse semblerait devoir être retenue, je revins à l'utilisation du même composé déjà étudié par moi, le fluorure de sodium et après de longs tâtonnements pour déterminer exactement le temps d'action de ce composé sur les bacilles pour leur faire perdre toute virulence et aussi le temps pendant lequel il convient de faire agir le sérum, je suis parvenu enfin à établir la formule d'un vaccin, qui, dans plusieurs expériences m'a permis d'immuniser complètement le cobaye contre l'in- jection de tuberculose virulente. Voici cette formule, telle que je l'ai pré- sentée en mars 1917 à l'Académie des sciences : « Les bacilles tuberculeux provenant de cultures en bouillon d'âges diffé- " rents, sont soumis à la dessiccation pendant 24 heures, puis traités par des solutions à deux ou trois pour cent de fluorure de sodium pendant plusieurs jours. Ils perdent ainsi leur pouvoir infectieux, tout en gardant leurs propriétés toxiques.. Ils sont alors, après lavage à l'eau pliysiologique, soumis pendant un temps plus ou moins prolongé à l'action du sérum antituberculeux dont j'ai donné le mode de préparation au mois de novembre 1911 et qui achève leur désagrégation. C'est cette émulsion dans le sérum qui constitue le vaccin, w 864 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE L'injection en est faite à la dose de deux ou trois, ou même quatre dizièmes de centimètre cube suivant le poids des cobayes, dans le tissu cellulaire de la région du flanc, et peut être répétée une. ou deux fois à trois semaines ou un mois d'intervalle. Elle détermine la formation d'un ganglion plus ou moins volumineux qui ne marque aucune tendance à la suppuration et demeure le plus souvent induré sans régresser, se rappro- chant ainsi de certains ganglions, sortes d'adénites vaccinantes, que l'on observe dans les tuberculoses ganglionnaires qui, suivant il/ar/a?î, semblent conférer un certain degré de résistance contre une infection tuberculeuse généralisée. Il semble que cette réaction ganglionnaire que provoque cette injection vaccinale constitue un vivo, comme une sor^e de laboratoire oi^i se préparent' et s'élaborent dans la lutte de ces divers éléments, cellules leucocytaires, bacilles et sérum, les principes immunisants et la forma- tion de santicorps. Me basant sur l'innocuité de ce vaccin et son activité contre la tuber- culose expérimentale, j'estime que son application à l'homme pourrait être maintenant tentée en particulier cliez l'enfant dans les premiers mois de la vie et qu'il constituerait un élément très important au point de vue de la prophylaxie de la tuberculose. MM. LE D'^ RAPPIN ET Th. GROSSERON DES CONDITIONS DE PURETÉ A EXIGER DU SEL ADDITIONNÉ AUX SUBSTANCES ALIIMENT AIRES LA FLORE MICROBIENNE DU SEL 614.314 26 Juillet. Le travail sur la flore microbienne du sel, dont j'ai l'honneur de présenter l'analyse au Congrès, a été poursuivi en collaboration avec M. Grosseron, pharmacien à Nantes, et M. Louis Soubranne, notre aide au. Laboratoire ; il nous a semblé qu'au moment où l'on s'etïbrçait de bien spécifier les qualités et les propriétés qui constituent la pureté des diffé- rentes substances alimentaires et plus spécialement des produits de la laiterie, beurres et fromages, par exemple, il n'est pas sans intérêt d'attirer RAPPIN ET GROSSEROM — LA FLORE MICROBIENNE DU SEL 865 raltenlion sur un produit fréquemment additionné à ces substances et qui peut devenir pour elles une source d'impureté au point de vue micro- biologique. En cherchant à étudier la flore microbienne du sel, nous avons voulu montrer qu'elle peut devenir le point de départ d'altérations et de fermen- tations dangereuses, non seulement pour les industries alimentaires en général dans la conduite de leurs diverses opérations, mais encore pour l'alimentation elle-même. C'est d'abord un fait consigné çà et là dans quelques travaux épars dans la littérature microbiologique, que le sel, même en solutions concentrées, ne possède pas, comme on se plaît à le croire, un pouvoir bactéricide très étendu, et nous avons pu nous-mêmes vérifier l'exactitude de cette donnée. Mais, en outre, nous avons reconnu que non seulement le sel ne fait pas disparaître la vitalité des germes que l'on se propose de détruire par son action, mais encore que par suite du défaut complet de soins et de précautions qui préside à sa récolte, soit dans les mines, soit dans les marais salants, il porte avec lui-même des germes extrêmement nombreux et de nature à porter atteinte à la conser- vation des denrées auxquelles il est ajouté pour les conserver. Nous ne nous étendrons pas dans cette analyse, sur le détail de nos observations; nous citerons ici simplement quelques chiffres destinés à les résumer. Ainsi que le fait d'abord remarquer Miquel, les solutions saturées de sel ont une action très limitée sur certains microbes pathogènes. Le bacille du charbon symptomatique, d'après Arloing, résiste à leur action pendant deux jours. Forster a montré que le bacille d'Eberlh, celui du- rouget, et le streptocoque y restent encore vivants après vingt jours d'im- mersion. D'après De Freytag, le bacille typhique résiste pendant cinq mois, de même que le staphylocoque pyogène; le bacille de la diphtérie pendant trois semaines, le bacille de la tuberculose pendant trois mois. Nous- mêmes, nous avons pu observer des propriétés analogues pour le staphy- locoque et le bacillus subtibs; seuls, le coli et le vibrion cholérique paraissent plus vulnérables. Mais, le bacille deGarlner et le bacille ée la dysenterie cultivent encore dans des tubes de bouillon additionnés de 8 0/0 de sel. Enfin, nous avons observé dans nos expériences que la spore de la bactéridie charbonneuse peut résister pendant huit mois dans des tubes de bouillon additionnés de sel dans la proportion de 30 0/0. On voit donc que la résistance à l'action du sel de certaines espèces sporulées qui, comme l'on sait, comprennent des variétés si dangereuses, peut être très considérable. Par ailleurs, nous avons étudié les contaminations que présente le sel lui-même, soit après avoir été raffiné, soit au contraire à l'état brut. Même après la purification que lui communique le raffinage, le sel présente encore un nombre de germes assez notable. Nous notons, par exemple, dans certains cas, 1.300 bactéries et 200 moisissures; 1.900 bactéries et 100 moisissures; 2.900 bactéries par gramme ; et dans une autre observa- 28 866 HYGIENE ET MÉDECINE PUBLIQUE lion portant sur un échantillon de sel gemme de la région de l'Est, 8.300 bactéries et 400 moisissures par gramme. Mais ces chiffres sont bien plus considérables lorsque l'on fait porter les examens sur le se! gris ou brut, et nous les voyons varier dans nos analyses depuis 6.000 jusqu'à 51.000, 76.000 et même 300.000 bactéries par gramme, avec une teneur en moisissures variant de 100 à 700. Assurément, nous devons recon- naître que les espèces observées par nous, sont plutôt de nature sapro- phytique, mais nous n'en avons pas moins observé les effets toxiques des cultures tentées pour les isoler, et l'inoculation de ces cultures aux cobayes entraîne la mort de ces animaux en vingt-quatre ou quarante-huit heures. Nos recherches ont également porté sur la microbiologie des saumures, et là encore, nous nous sommes assurés du degré élevé de contamination que présentent ces solutions dites de conservation. Dans un premier échan- tillon, une saumure de lard datant de deux mois, la numération des colonies, au huitième jour, accusait le chiffre de 960.612 germes par cen- timètre cube. Dans une autre saumure prélevée à bord d'un navire ancré à Nantes, nous avons trouvé 174.455 bactéries et 614 moisissures par centimètre cube. Une autre fois, dans un troisième échantillon, 704.000 bac- téries au huitième jour également. Mais on peut noter des proportions encore bien plus considérables : ainsi, deux échantillons examinés récem- ment par nous, l'un d'une saumure préparée seulement depuis huit jours, et l'autre datant de huit mois, nous ont donné des colonies tellement nombreuses que, malgré une dilution au 1000% il nous a été impossible de pousser la numération au delà du troisième jour, et, rapporté au hui- tième jour d'après les tables de Miquel, le chitfre observé s'est élevé au taux de 6.055.250 germes pour la saumure la plus âgée, et de 24.025.000 par centimètre, cube pour la plus récemment préparée. L'observation de ces faits nous semble de nature à attirer l'attention sur les dangers qui résultent, tant pour l'hygiène générale elle-même que pour certaines industries, de l'emploi du sel aussi contaminé, qu'il provienne de mines ou de marais salants. 11 n'est pas douteux, d'abord, que par suite de fer- mentations secondaires qui peuvent résulter de la présence de germes même saprophytes aussi nombreux, les viandes, les poissons et d'une façon générale, toutes les substances alimentaires auxquelles le sel est ajouté pour leur conservation, ne puissent devenir le siège de modifica- tions dangereuses pour le consommateur, et l'on peut légitimement attri- buer à cette origine certains accidents consignés en assez grand nombre dans la littérature médicale. Enfin, il n'est pas douteux non • plus que lorsque les industriels ajoutent, par exemple, aux beurres et aux fromages qu'ils préparent, des sels ainsi souillés, ils s'exposent ainsi à de graves mécomptes et à voir se produire des altérations malheureuses dans ces produits. On sait au point de vue microbiologique, que les beurres et fromages renferment souvent des espèces nombreuses et variées, en dehors des ferments normaux et utiles. Dans un travail produit également en collaboration, il y a quelques G. DAUMKZON — INFLUENCE CHIMIQUE DU BACILLE PARATYPHIQUE B 867 années, sur la bactériologie du beurre, nous nous en sommes assurés, M. Grosseron et moi, en constatant dans certains écbantillons de beurre provenant de diverses régions, des chiffres de bactéries dépassant plusieurs initiions. 11 n'est pas douteux <à nos yeux et d'après nos observations per- sonnelles, que dans bien des circonstances, ces germes si nombreux proviennent pour la plupart du sel lui-même que l'on additionne, par exemple au beurre, précisément en vue d'en assurer la conservation, II y a donc des faits de nature à montrer que pour la préparation des substances alimentaires qui doivent demeurer pures dans toute l'accepta- tion du mot, non seulement au point de vue chimique, mais encore sous le rapport de leurs propriétés nutritives et physiologiques, il convient de n'employer que des produits d'une pureté absolue. 11 nous semble dès lors, qu'il serait utile d'indiquer d'une façon générale que dans les industries ahmentaires on doit d'abord, comme on s'efforce d'ailleurs le plus souvent de le faire, s'entourer de toutes les précautions d'asepsie les plus com- plètes, mais encore qu'il convient pour assurer la conservation, par exemple, des beurres et fromages de n'employer qu'un sel pur et dépouillé de toute contamination microbienne. Nous avons, par ailleurs, publié un travail complet où se trouvent ex{)Osées nos ditrérentes observations sur ce point et dont cette note ne constitue qu'un bref résumé. M . feu G . DAUMÉZON, Directeur du Bureau d'hygiène de Narbonne. INFLUENCE CHIMIQUE DU MILIEU SUR LE DÉVELOPPEMENT DU BACILLE PARATYPHIQUE B. 616.002 ^; .Jiiuipi. Les infections typhiques et paratyphiques ont, depuis le début de la guerre, attiré plus vivement encore qu^autrefois l'attention des hygiénistes et des pouvoirs publics. Le décret du 14 août 1914, article G, fournissait aux délégués des diverses circonscriptions sanitaires du territoire, un premier plan de pro- phylaxie, ultérieurement complété par les circulaires ministérielles (Inté- rieur! du 20 décembre 1914, du 9 janvier 1915 et par des circulaires préfectorales. Partout le taux obituaire de la fièvre typhoïde s'est élevé pendant les premières années de guerre. Dans la circonscription sanitaire de Narboniie, 868 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE il y a eu dans ces quatre dernières années, environ deux fois plus de cas mortels que pendant les quatre années précédentes de paix, mais la courbe redescend depuis plus d'un an. Il est avéré que ce sont les départements méditerranéens qui ont tou- jours été, dès avant la guerre, les plus éprouvés par la fièvre typhoïde. Le Ministère de l'Intérieur nous ayant fourni la collection des statistiques sanitaires des villes de France (de plus de 5.000 habitants)^ de 189 1 à 1913, nous avons établi pour cette période de vingt- deux ans, dans chaque ville des déparlements méditerranéens, la moyenne des décès catalogués sous la rubrique fièvre typhoïde au sens large du mot. En échelonnant ces villes par ordre de moyenne croissante, nous constatons que Narbonne occupe le quarante-huilième rang avec une moyenne de 0,8 décès pour 1.000 habitants. La ville méditerranéenne qui fournit la moyenne la plus élevée arrive à 1,41 pour 1.000 habitants. Le détail de nos résultats statistiques concernant les infections typhiques et paratyphiques ne saurait trouver place dans le cadre du présent travail; il a été consigné dans une collection de courbes et de graphiques qui nous a valu une médaille d'argent à l'Exposition universelle belge de 1913. Ces graphiques nous ont été demandés par la ville de Buenos-Ayres et figurent en ce moment dans son Musée social ( I ). Les analyses bactériologiques que nous etléctuàmes en grand nombre, surtout en 1914 et 191o pour les hôpitaux de notre circonscription, nous permirent de relever une prédominance assez nette des affections dues au bacille paralyphique B et nous incitèrent à continuer nos recherches sur le coli-bacille qui depuis longtemps avait spécialement appelé notre atten- tion. Parmi les hémocultures que nous avons pratiquées : 25 nous ont donné le bacille typhique, 8 nous ont donné le bacille paratyphique A, 142 nous ont donné le bacille paratyphique B ou des intermédiaires (2) se rattachant à ce groupe. D'autre part, nos analyses d'eaux potables de la région narbonnaise, nous ont permis d'isoler deux fois des bacilles paratyphiques B et jamais des bacilles paratyphiques A ou des bacilles typhiques, ce qui, bien entendu, ne nous permet aucunement de conclure à l'absolue rareté de ces deux derniers germes, dont la séparation est rendue bien aléatoire par la concur- rence des autres bactéries. Quoi qu'il en soit, dans le champ limité, il est vrai, de nos investiga- tions, il nous a semblé que le bacille paratyphique B joue, ou tout au moins a joué pendant quelques années un rôle intéressant dans notre (1) Nous saisissons avec empressement roccasion de la publication du présent ti-avail pour remercier le Musée social arç/entin, qui a bien voulu nous aider à répandre en République Aigentine et au Brésil des brochures de propagande anti-allemande, écrites en langues sud-américaines et relatant les pillages de bibliothèques, mutilations de laboratoires, etc., et autres crimes commis parles envahisseurs. (2) Daumézon. — Bacille paratyphique B aberrant isolé de l'homme. (Bulletin de l'Aca- démie de médecine, mars 1915.) G. DAL'MÉZO.N — INFLl'ENCE DU MILIEU SU» LE BACILLE PARATYI'HIQUE B 869 région. Nous avons été ainsi amené, naturellement, à étudier la biologie de ce germe dans les diflereiits milieux d'où nous Pavons isolé : eau douce, liquide céphalo-rachidien ; ou qui nous ont paru pouvoir servir à le propager : eau de mer, contenu des coquillages alimenlaircs, etc. (1). Caractères des races des bacilles employas. — Les bacilles paratyphiques B ne sont pas très rares dans les milieux extérieurs. Depuis six- ans, nous, essayons méthodiquement la réaction dite du caméléonnage sur les bacilles du groupe coli que nos analyses des eaux potables publiques nous per- mettent d'isoler fréquemment. Nous avons trouvé une fois un bacille paratyphique à caractères francs dans une eau régulièrement bue sans accident par une agglomération rurale. Mais la souche qui nous a servi pour le présent travail est d'origine nettement pathogène; elle provient du sang d'un malade dont l'atlection, officiellement déclarée au Bureau d'hy- giène, présentait l'évolution d'une gastro-entérite grave. L'hémoculture nous a donné un germe à caractères culturaux classiques. Virulence nulle pour le moineau, souris blanche tuée par 1/300'^ d'anse introduite sous la queue. Ce germe a pu nous servir dans la pratique courante pour la séro- réaction de Widal, qui a été maintes fois positive. La souche de coli-bacille employée comme étalon de comparaison, a été isolée des eaux de l'Aude. De toutes celles que j'ai isolées dans les mêmes conditions, au cours des analyses mensuelles des eaux brutes ou filtrées de cette rivière faites par le Bureau d'Hygiène, c'est cette souche qui m'a paru la plus voisine du type classi({ue, la plupart des autres étant des para-colibacilles ("2). En possession de ces deux souches bien typiques, l'une paratyphique B, l'autre colibacillaire, nous avons introduit dans certaines de nos recherches comparatives, une troisième souche à caractères intermédiaires entre le bacille paratyphique B et le colibacille que nous avons isolé en 191d (3). Enfin, dans quelques cas, nous avons eu à apprécier la résistance du bacille paratyphique B à la concurrence des sa{)rophytes en eau de mer. La forme Proteus est une de celles qui jouent le rôle le plus intéressant dans l'antagonisme bactérien ; or, en 1914, nous avons isolé des coquil- lages alimentaires, un Proteus dont nous avons étudié les caractères (4) et c'est justement cette souche, désignée ci-dessous sous le nom de Proteus ascidicole, que nous avons employée. Nos recherches ont été poursuivies dans des conditions aussi compa- rables que possible : cultures parallèles placées dans la même étuve, emploi de portions différentes d'une même provision de milieux, etc.. Les conditions d'éclairemenl, impossibles à régler d'une manière uniforme, (1) Daumézon. — Flore paratyphique du liquide céphalo-rachidien. {Bulleliii de l'Aca- démie de médecine, août 1915.) (2) Daumézon. — Sur la transsudation des agglutinines typhiques dans le liquide céphalo-rachidien de l'homme. {Bulletin de l'Académie de médecine, août 1916.) (3) DAUiMÉzoN. — Bacille paratyphique B aberrant isolé de l'homme. {Bulletin de V Académie de médecine, mars 1915.) ; (4) Daumézon. — Sur un germe microbien isolé d'une ascidie alimentaire. {Comptes. rendus. Société de Biologie, 1913.) 870 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE nous onl obligé à opérer cà l'obscurité. Toutefois, pour apprécier rinfluence de Icclaireinent, nous avons tenté de mesurer la quantité de lumière émise pendant la durée des essais, relatés dans le tableau I en utilisant la réduction d'une solution d'azotate d'argent. (Procédé de Molir). Nota. — Nos recherches ont nécessité un grand nombre de numérations de germes. Pour ces opérations, nous avons employé de préférence des flacons plats de Soyka ou de Roux, mais nous avons utilisé aussi dans bien des cas des flacons mexicains. Ce modèle, bien familier aux pharmaciens, est resté assez abondant sur le marché et son prix ne s'est pas beaucoup élevé. Déjà, avant la guerre, en 4913, alors que la pénurie et la cherté de la verrerie de laboratoire ne se faisaient pas encore sentir, nous avions attiré l'attention du A7« Congrès interna- tional de Pharmacie (La Haye), sur l'emploi très pratique de ces flacons chaque fois que la numération des germes ne doit pas s'accompagner de déterminations sur place de très petites colonies. Le flacon mexicain est actuellement vingt à trente fois moins coûteux que les fioles de Soyka ou de KoUe, et résistent aussi bien à l'autoclave. Dans la plupart des recherches de biologie microbienne, on opère à l'obscurité pour éliminer l'action de la lumière difficile à apprécier d'une façon pratique. Le tableau I nous montre, toutefois, que l'éclairement joue un rôle important dans la prolifération du bacille paratyphique B, C'est, en réalité, à la lumière que s'.eftèctue dans la nature une grande partie de son évolution, aussi nous avons cherché à faire entrer le facteur éclaire- ment dans nos recherches en l'appréciant par une méthode chimique. Nous nous sommes adressé pour cela à une solution déci-normale d'azotate d'argent Le poids d'argent réduit donnera une idée de la durée et de l'intensité de l'éclairement. Nous nous sommes efforcé d'éliminer les influences rédactrices, en employant un nitrate d'argent chimiquement pur, dissous à l'abri des poussières dans de l'eau distillée très pure (1). Les germes ont été répartis dans des matras contenant 100 centimètres cubes d'eau de la composition suivante : eau stérilisée, filtration sur bougie et vérifiée stérile. Tablkal' I Nombre de germes trouvés dans 1 centimètre cube ensemencé sur gélose. Lumière Obscurité de l'expérience bacille paratyphique B Coliljacille Bacille paratyphique B Colibacille 1 heure. . '•• ■'■ * 24 — . * . - - - 48 — . * * '^ 8 jours . . * ■•■ * ■■'■ Les recherches relatées dans le tableau fl nous donnent une idée des exigences alimentaires du bacille paratyphique. (1) Nous avons effectué toutes les numérations relatées dans le présent travail, sur gélose ensemencée avec 1 centimètre cube. Les ballons, d'une capacité de 100 centi- mètres cubes étaient placés à l'obscurité ou à la lumière. Matière organique. G. DAUMliZON — IMFLUENCE DU MILIEU SUR LE BACILLE PARATYPIIIQUE B 871 Tableau II Nombre de germes trouvés dans 1 centimètre cube. Durée de l'expérience Eau dislilléj Eau de l'Aude 1 heure. . . . 100 10 2 jours .... 90 100.000 S — ... . "2o > 100.000 8 — ... . 15 1.900 15 — ... . 0 40.000 L'eau distillée employée était très pure : l'eau de l'Aude avait la compo- sition suivante : Milieu acide 2,200 Milieu alcalin 9,350 Ammoniaque / traces Nilrites traces Nitrates 4,5 ' Acide phosphorique 0 Acide sulfurique en SO^ 13,7 Chlore en NaCl 8 Alcalinité en CO^Ça 88,1 Chacun de ces éléments de l'eau doit exercer une influence sur la proli- fération du bacille paratyphique. Nous nous sommes borné à étudier ici l'influence du NaCl et de la matière organique. Le NaCl a tout d'abord attiré notre attention à cause de sa fréquence dans certaines eaux de la circonscription de Narbonne, qui comprend toute la partie côtière du département de l'Aude; on le retrouve dans diverses eaux plus ou moins saumàtres, consommées ça et là sur le littoral et parfois aussi en proportion un peu plus élevée que la normale dans les eaux de l'Aude qui contient, dans son haut bassin, des dépôts de sel gemme. Enfin, les études de biologie marine en eau de mer naturelle ou artificielle, que nous poursuivons depuis 1906, nous ont particulièrement engagé à étudier l'influence de cet élément. Déjà, au IX"^ Congrès interna- tional de Pharmacie, nous avions proposé une méthode de préparation de l'eau de mer artificielle obtenue en partant d'une eau pouvant être conta- minée. Dans notre méthode, le NaCl est obtenu en traitant d'abord l'eau par HGl, qui exerce une action bactéricide et en neutralisant par la soude, on trou- vera le détail du procé lé et la description d'un appareil permettant d'opérer en grand dans le compte rendu du Congrès de Tunis. Nous avons vu que HCl exerce sur le colibacille une action bactéricide onze fois plus intense que la soude, nous avons obtenu des résultats sensiblement égaux avec le bacille paratyphique B, Nous avons successivement étudié l'influence de l'addition du NaCl à l'eau distillée, considérée comme milieu de culture ^t2 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE dans les proportions suivantes : 0,01 0/0, 0,1 0/0, 1 0/0, 1,50 0/0, puis l'addition du NaCl à l'eau naturelle, et enfin à l'eau enrichie, et nous sommes arrivés aux conclusions suivantes : La proportion optima de NaCl à ajouter à l'eau distillée -:^ 1 0/0 — — — — naturelle. --- 1,5 — La proportion optima de NaCl à ajouter à l'eau enrichie de bouillon de façon à emprunter 6 d'oxygône au permanganate de potasse - 2 — Le tableau III montre l'influence des divers éléments de l'eau de mer sur le bacille paratyphique comparé à un germe que nous avons isolé d^un milieu marin et antérieurement décrit (1). Nous désignerons ce der- nier germe sous le nom de Proteus ascidicole. Tahi.eau ÎII Ensemencement Après 48 heures Après 8 je jurs B. paialy- Milieu phiqueB. Pioleus A. B. paraty- phique B. Proteus A. B. paraty- phique B. Proteus A. Eau de mer naturelle. 29 Eau de mer artificielle 29 Solution salée (:. . . 29 Solution salée D. . . 29 130 130 130 130 700 150 800 90.000 30.000 15.000 160 150.000 100.000 60.001» inn. inn. 100.000 35(^ Eau douce (Aude) . . 29 130 3.000 500 inn. 9.000 Ce tableau met en lumière une opposition franche entre les deux germes. Le proteus ascidicole germe marin, atteint son maximum de développe- ment en eau de mer, au huitième jour les plaques de gélose montrent qu'il est devenu innombrable dans 1 centimètre cube, et il semble bien qu'à ce moment, la prolifération est arrêtée, tout au moins momentané- ment, car le tiers supérieur du contenu du ballon est devenu limpide, tandis que les germes occupent les deux tiers inférieurs qu'ils obscur- cissent. On n'aperçoit pas de grumeaux dans le liquide et l'examen micros- copique ne montre que des germes libres se prêtant bien à la numération. Des grumeaux ne se sont formés que dans les deux cas représentés ci-dessus par un point d'interrogation ; dans ces deux cas, le liquide était resté très limpide et le bacille paratyphique agglutiné en grumeaux petits et rares, paraissait avoir fort peu proliféré. Cette agglutination spontanée en solution saline, est à rapprocher des phénomènes semblables étudiés par Verzar (Centralblatt fiir baklerien Origin, novembre 1917) et peut s'expliquer par un mécanisme analogue. Le proteus ascidicole prolifère (1) Daumézon. — Sur un germe microbien isolé d'une ascidie alimentaire. {Compte rendu de la Société de biologie, novembre 1913. G. DAUMÉZON INFLllENCE DU MILIEU SUR LE BACILLE l'ARATYPHIQUE B 873' plus lentement en eau de mer artificielle; cette eau de mer a été préparée; comme dans toults nos recherches antérieures, suivant la formule d'Usiglio. {Annales de chimie et de physique, t. XXVIl). Le liquide C est de l'eau dis- tillée portée à la densité de l'eau de mer par addition de NaCl chimique-; ment pur, dans ce milieu incomplet la prolifération est plus lente, il y a presque inhibition dans la solution D qui a été préparée avec l'eau de mer artificielle, sans NaCl ; en eau douce, le germe marin prolifère lente^, ment. C^est, au contraire, dans ce dernier milieu que le bacille paratyphique B^ prolifère le plus vite. En solution D il s'agglutine, en solution C il proli- fère moins vile, ainsi que dans les autres solutions salées. Il est logique que ces deux germes, l'un isolé d'un milieu marin, l'autre isolé d'un milieu terrestre se comporlent ainsi, et il nous semble naturel d'en conclure que des différences de même ordre doivent se retrouver dans la prolifération de tous les autres germes terrestres et marins. Il devient alors intéressant d'étudier l'antagonisme de ces germes en eau' douce ou en eau de mer diluées en différentes proportions (1). Le résultat de nos premières recherches sur l'antagonisme du Proteus et du Bacille paratyphique B en eau de mer diluée, a été publié en 1917 (2). Les conclu- sions qui en découlent s'appliquent tout particulièrement aux trempages des coquillages alimentaires et aux eaux saumâtres en général. Nous avons montré l'antagonisme du bacille paratypiiique B et du coli-bacille en eau douce. Nous avons étudié aussi l'influence de la matière organique sur le développement bactérien (3) : , Azote organique animal et végétal. Azote organique minéral : ammo- niac, alcalinité, acidité. Influew'e de la matière organique. — L'azote minéral (nitrates d'ammo-; niaque) parait jouer simplt^ment un rôle nutritif et, jusqu'aux environs; de 0,5 0/0, il parait provoquer une prolifération du bacille paratyphique à peu près proportionnelle à sa quantité. L'ammoniac libre intervient dans la réaction du milieu et, à cç point de vue, peut jouer un rôle important en neutralisant l'acidité d'origine baclérienne. La formation d'acide aux dé[)ens des hydrates de carbone (mannite et lévulose), nous a paru peu intense avec le type'de bacille paratyphique étudié dans le présent travail (type A ), mais elle peut être plus forte avec d'autres types d'origine fécale ; il est vrai que ce sont ceux-là surtout qui sont dangereux pour la conta- mination des eaux. Nous avons antérieurement signalé et évalué l'acidité (1) Daumézon. — Sur la résistance comparée du bacille paratyphique B et du coli- bacille dans les eaux potables. (/Icrtc/é/zùe de médecine^ "21 aoiit 1917.) (2i Daumézon. — Sur la vitalité du Bacille paratyphique B dans les coquillages alimen- taires. (Académie de médecine, 29 décembre 1917.) (3) Daumézon. — Influence de la composition chimiiiue des eaux potables sur la pip- lilération du bacille paratyphique B. {Académie de médecine, 5 lévrier 1918.) :, '. 874 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE naturelle que présentent certains coquillages comestibles (I), nous avons constaté que 100 grammes d'ascidie vivante contiennent 0 gr. 32 d'acide évalué en acide sulfurique. Dans des coquillages de ce genre mal conser- vés, le bacille paratyphique qui aurait pu s'introduire végéterait-il bien en milieu acide ? Des recherches de Paus {Centralblatt fur Bakt. Origin, 1907) et de Mitra (Patliologica, 1911), il résulterait que les bactéries de ce groupe se déve- loppent bien en milieu riche en acide organique. Au contraire, des recherches plus récentes de lio'^sl et CoJendoIe (Bulletin de r Institut Pas- teur, 1916J, il semble que l'addition d'une très faible quantité d'acide organique (une goutte d'acide acétique par litre) diminue notablement la vitalité de ces germes. Nous avons pu retrouver notre germe bien vivant, au bout de deux mois, dans une macération filtrée d'ascidie contenant 0 gr, 3 0/0. La proportion d'acide indiquée plus haut, montre que l'addi- tion d'une goutte pour 0/00 d'acide acétique n'a pas entravé le déve- loppement du bacille paratyphique B. En résumé, la sensibilité à la lumière du bacille paratyphique B est plus grande que celle du coli-bacille. Leurs besoins alimentaires sont peu diffé- rents ; leur durée de conservation est aussi longue. Le chlorure de sodium accélère la prolifération du bacille paratyphi- que B jusqu'à 1 0/0, il la ralentit à la dose où il se trouve dans l'eau de mer. Le développement du coli-bacille est analogue, tandis qu'il est très différent pour le Froteus marin. De l'antagonisme de ces deux germes, il résulte que plus on ajoutera d'eau douce aux coquillages alimentaires, et moins une eau saumâtre utilisée pour la boisson le sera, plus le bacille paratyphique B aura de chance de se développer. La parenté des deux germes bacille paratyphique B et coli-bacille est indiscutable, leur résistance est à peu près égale ; le bacille paratyphique est un germe pathogène bien armé pour lutter contre les saprophytes. (1) Daumézon. — Sur l'acidité d'un tunicier alimentaire des côtes du Narbonnais. {Compte rendu de la Société de biologie, l'cvrier 1914.) GRANJUX — PUliSERVATION DE l' ENFANCE CONTRE LA TUBERCULOSE 875 M. LE D' GllANJUX, Secrétaire général de la Fédération des Œiiivres Grancher. PRÉSERVATION DE L'ENFANCE CONTRE LA TUBERCULOSE 616.995 : 362.7 27 Juillet. La lutte contre la tuberculose est à l'ordre du jour non seulement en France, mais dans le monde entier. C'est ainsi que l'Association interna- tionale des Sociétés nationales de la Croix-Hou^e vient d'organiser une croisade contre ce fléau. Le premier obstacle auquel elle se heurte est la croyance populaire à l'hérédité de la tuberculose, basée sur la quantité d'enfants atteints et dès les premières années. Bien que ce soit un médecin français, le docteur Villemin, professeur au Val de-Gràce qui ait démontré qu'il s'agissait là de contagion familiale, l'idée d'hérédité est encore si établie dans le pays que le docteur Fnllet, directeur de l'Ecole de médecine de Rennes disait der- nièrement à l'Académie de médecine que pour organiser la lutte contre la tuberculose dans le département d'IJle-et- Vilaine, il avait dû commencer par vulgariser la notion de la contagion et pour cela faire appel à la mm/o^i RockjcUer. Il semble tout naturel que pareille campagne soit faite par notre Asso- ciation. Pour cela, elle n'a qu'à faire connaître les résultats obtenus avec une arme forgée par l'illustre Pasteur. A propos de la maladie des yers à soie, il a montré que pour défendre une race menacée, il fallait sauver la graine. Ce principe, mon maître Grancher l'a ai)pliqué à l'espèce humaine : il a fondé une œuvre dite •^q- Préservation de feitfance cojitre la tuberculose qui prend dans la famille tuberculeuse les enfants encore sains et les place à la campagne dans des familles de paysans saines et choisies par le médecin du pays. Voici les résultats donnés par l'œuvre Grancher. Tandis que les enfants du milieu ouvrier parisien laissés au contact de leurs parents tuberculeux le deviennent dans la proportion de GO 0/0 d'après la statistique communiquée au Congrès de la Tuberculose à Rome par le docteur Armand-Delille, les petits pris dans ce même milieu et confiés à l'anivre Grancher n'ont que 0,0 0/0 de morbidité tuberculeuse. D'autre part, dans l'épidémie de grippe qui a sévi si cruellement sur la France, nombre de pupilles de l'œuvre ont été atteints et ont présenté des complications pulmonaires. Aucun n'a succombé! La préservation des enfants est si bien réalisée par cette œuvre que le 876 HYGIÈNE ET MÉUEOENE PUBLIQUE Congrès international de la tuberculose à Paris a émis le vœu que les enfants de parents tuberculeux pauvres soient confiés à des œuvres consti- tuées d'après les principes posés par Grancher. Le Comité central d'assistance aux militaires tuberculeux a recommandé à ses comités départementaux dé confier à l'œuvre Grancher les enfants de leurs assistés. Même recommandation de la part de M. Brime, directeur de l'Assistance publique, à son personnel. De son côté, le représentant de la mission Rockfeller a déclaré qu'ils avaient en France appris à connaître l'œuvre Grancher qui certainement se répandra en Amérique! Le Congrès de la natalité à Nancy : Considérant que le placement à la campagne des enfants des familles tuber- culeuses suivant les principes posés par Grancher constitue te moyen le plus pratique et le plus efficace pour préserver les enfants de la contamination, a émis le vœu que dans les départements qui n'en possèdent pas encore, soit organisée une filiale de cette œuvre, reconnue d'utilité publique et qui, étant donné son rendement au point de vue de la puériculture, mérite de devenir une œuvre nationale. Ce soubait s'est réalisé ; les 18 filiales départementales ont formé, avec l'œuvre parisienne, une fédération nationale, et depuis le mouvement d'extension de l'œuvre ne cesse de s'accroître. Le rendement si remarquable de l'œuvre Grancher n'est pas dû au simple placement à la campagne, car celui-ci, s'il est mal appliqué, peut au contraire être nuisible. C'est ainsi. qu'à la^ociété de médecine vaudoise, le docteur Jeanneret, dans une communication très remarquable sur la tuberculose, a déclaré qu'il n'était pas partisan du placemrnt des enfants chez des paysans où manquenttrop souvent l'hygiène, lecontrôle del'enfant et l'éducation physique, etoù apparaissent trop ^ouvent aussi le travail excé- dant les forces de l'enfant, la chambre peu saine, et d'autres facteurs déplorables. Ce qui fait le succès du placement à l'œuvre Grancher, c'est qu'il est fait par le médecin du pays. Lui seul est qualifié pour connaître la valeur physique et morale des personnes qui. demandent à prendre des pupilles, ainsi que les condition hygiéniques de la famille. De plus, par- courant tous les jours l'étendue de sa clientèle, il exerce ainsi une. surveillance quotidienne sur les enfants qui lui sont confiés. Le choix des familles est tel que, grâce à leur action morale, on ne compte pas d'annrmaux scolaires parmi les pupilles de l'œuvre. Enfin ces enfants, élevés par les agriculteurs comme leurs propres enfants, font insensiblement leur apprentissage d'aide de culture, et à treize ans, à la fin de la péiàode scolaire, ils sont tous en état de gagner leur vie. C'est la solution jiratique d'un grave problème social. C'est pour toutes ces raisons que le Conjrès des sociétés savantes tenu à Strasbourg a émis le vœu suivant : « Considérant d'une part que fœuvre de préservation de l'enfance contre la tuberculose constitue, le moyen le plus pratique et le plus efficace pour préserver MOSSER — INSPECTION DES ÉCOLES DE LA CAMPAGNE 877 les enfants contre cette maladie, et (l'autre part que le Ministre de l'Hygiène publiqive a prescrit l'organisation de commissions départementales de puéri- culture, le Congrès estime que lesdites commissions ont pour premier devoir d'empêcher les ravages de la tuberculose dans la population enfantine, et émet le vœu que les Commissions départementales de puériculture soient invitées à créer des œuvres Gmnclier dcins les départements qui en sont encore dépourvus. » Notre Association voudra sans doute donner, comme les autres congrès français, son appui à ce mode si efïicace de défense antituberculeuse et j'ai l'honneur de vous présenter le vœu suivant : « La Section d'hygiène de l'Association pour l'avancement des sciences, cons- tatant que l'œuvre de préservation de l'enfance contre la tuberculose, telle que l'a conçue Granchar, c'est-à-dire le placement à la campagne par le médecin du pays des enfants encore sains de parents tuberculeux, réalise, d'après le prin- cipe posé par Fasteur, le sauvetage de la race, émet le vœu que, dans les départements qui n'ont pas encore de filiale de cette œuvre, les graupements scientifiques s'efforcent de combler cette lacune dans l'armementantituberculeux.» M. LE D' MOSSER, Médecin d'arrondissement, Mulliouse. SUR L'INSPECTION MÉDICALE DES ÉCOLES DE LA CAMPAGNE 613.54 27 Juillet. Après les pertes cruelles de cette dernière guerre, nous avons le devoir de nous isléresser tout particulièrement auK problèmes de la puériculture. Parmi les œuvres qui s'occupent de la protection de la santé de l'enfance, l'inspection médicale des écoles est d'une très grande importance. Autre- fois, cette inspection ne portait que sur les locaux et le mobilier sco'aire. La surveillance de l'état de santé des élèves et l'examen individuel de chacun d'eux sont de date encore assez récente et pourtant ils représentent le point essentiel de ce service. Il est incontestable que l'âge scolaire est parliculièrement sujet à cer- taines maladies et que la fréquentation de l'école, elle-même contient déjà quelques dangers pour la santé; d'un autre côté, tout praticien vous dira que. beaucoup de parents ne comprennent rien à la santé de leurs enfants ou bien que le temps leur manque de s'en occuper sérieusement. Par ce fait, l'instance médicale qui a pour mission de protéger la santé de l'élève est déjà suflisannnent autorisée. 878 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE Parlons d'abord des enfants anormaux et arriérés. Beaucoup d'entre eux sont une calamité pour le maître et pour la classe, d'autres sont méconnus et souvent maltraités, alors que par l'examen médical ils auraient dû être éliminés ou adressés à des établissements spéciaux. L'examen médical au moment de l'admission de l'enfant peut révéler des faits qu'il est très utile de signaler tout de suite au maître pour qu'il puisse prendre les mesures nécessaires. Je vous rappelle l'imperfection visuelle, la surdité, les atfections du cœur et autres. Le médecin portera avant tout son attention sur les maladies contagieuses ; une intervention à temps peut empêcher l'invasion d'une épidémie. Je n'ai pas besoin de vous parler de la rougeole, de la coc|ueluche, de la scar- latine et de la diphtérie qui contaminent très souvent les enfants de l'âge scolaire. Les porteurs de bacilles diphtériques sont un grand danger pour les écoles. Il y a d'autres maladies contagieuses moins connues, qui se répandent surtout dans les internats et les orphelinats : ce sont la conjonc- tivite trachomateuse et la pelade sous forme de microspories qui, une fois enracinées sont très difficiles à exterminer et demandent des soins très longs et très coûteux. Il est de même des maladies parasitaires de la gale et de la phtiriase. Si la gale et les poux sont encore si fréquents dans les écoles, c'est qu'il manque avant tout l'exploration méthodique du médecin et les instructions spéciales pour détruire ces parasites. Le médecin des écoles est en état de constater un nombre de maladies qui ont échappé aux parents. Je vous citerai les maladies constitutionnelles la sérophulose et les maladies du sang. II est très important que des affections comme les otites moyennes, les végétations nasopharingiennes soient reconnues le plus tôt et que les parents en soient informés. L'examen du cœur et des poumons lient naturellement la première place ; inutile d'appuyer sur la nécessité de reconnaître à temps une affection de ces organes, notamment la tuberculose pulmonaire. Le médecin des écoles n'oubliera pas de porter son attention sur les infirmes, les enfants estropiés. Un grand nombre de nos paralytiques qui sont obligés de sustenter leur vie par la mendicité, auraient pu être rendus capable de gagner leur pain si quelqu'un s'était occupé d'eux dans leur jeunesse. Les deux tiers de ces malheureux jouissent d'une intelligence normale, beaucoup de ces vices se prêtent à une intervention chirurgicale, vous savez que la chirurgie a fait de grands progrès dans celle matière. Le médecin observera aussi- le maintien des élèves. Les déviations de la colonne vertébrale sont d'une grande importance pour l'avenir, la sco- liose est souvent la suite d'un mauvais maintien pendant l'écriture. L'œil du médecin reconnaît facilement les premiers symptômes d'une coxalgie ou d'une spondylite. J'ai déjà effleuré les affections des yeux et des oreilles, parlons aussi de l'examen des dents. Vous connaissez les ravages de la carie dentaire qui MOSSEK — INSPECTION DES ÉCOLES DE LA CAMPAGNE 879 commence à l'âge scolaire, et nous apprécions tous le grand avantage qui résulte des soins dentaires. Finalement je voudrais porter votre attention sur une autre utilité plutôt indirecte du service médical des écoles. Je vous citerai d'abord l'inlluence médicale dans le choix de la profession. Aux enfants atteints d'une afïection du cœur, on recommandera plutôt une occupation peu agitée et sédentaire; aux enfants souffrants des voies respiratoires, on déconseillera des métiers exposés à la poussière charbon- nière et pierreuse, à la limaille de fer, à la poussière de laine, de coton, de tabac et aux gaz des industries chimiques. Les enfants atteints d'otite ■chronique et sujets à des refroidissements et des vertiges doivent éviter des professions comme le service des chemins de fer, du roulage et les métiers du bâtiment. Ceux qui sont sujets aux affections de la peau doivent éga- lement se soustraire à la poussière et aux gaz; ils ne se prêtent donc pas au métier de plâtrier, de maçon ou d'ouvrier de fabrique de produits chi- miques. Une autre suite indirecte de l'inspection médicale est l'amélioration de l'hygiène du corps. Les enfants régulièrement examinés se tiennent géné- ralement plus propres, les parents s'occuperont davantage des vêtements et notamment des dessous de leurs enfants. Par suite du contact avec le médecin, les membres du corps enseignant apprendront mieux à observer l'état de santé des élèves et en présentant au médecin tous ceux qui leur paraîtront suspect, ils contribueront au perfectionnement de ce service. L'inspection médicale doit également assurer l'observation des règle- ments concernant l'aération, l'éclairage, le chauffage et les soins de propreté. Jusqu'à présent le service médical des écoles n'a guère encore été intro- duit à la campagne. Assez souvent on entend encore dire: « Oui, pour les grandes villes l'inspection médicale est un grand bienfait, mais les cam- pagnards qui jouissent de l'air pur, du soleil et d'um^ nourriture saine n'ont pas besoin d'une pareille protection. « Pourtant la statistique nous apprend que l'amélioration sanitaire n'a pas fait les mêmes progrès à la campagne comme en ville, que la mortalité générale, que la mortalité enfantine et surtout celle de la tuberculose sont plus élevées dans certains arrondissements ruraux que dans les grandes villes. En effet, la campagne est encore bien arriérée au point de vue de l'hygiène. Le bon air et le soleil se trouvent bien dehors, mais pas dans les habitations, il y a un grand nombre de logements malsains dans les villages et la propreté laisse beau- coup à désirer. C'est en hiver, ou quand il y a un malade alité qu'il faut voir combien les gens de la campagne sont souvent étroitement logés. N'oublions pas que dans beaucoup de régions, l'industrie s'est emparée d'une grande partie de la campagne et que beaucoup de villages contiennent unegrande population ouvrière. Ces gens soutirent des mêmes maux que leurs collègues de la grande ville, de la pénurie du logement, de la cherté de la vie, du manque de soins et de nourriture pour leurs enfants. Ils ne bénéficient pas 880 HYGIÈNE ET MEDECINE PUBLIQUE des œuvres de prévoyance et de protection des villes, il n'y a chez eux ni poupoanières, ni gouttes de lait, ni colonies dé vacances, ni dispensaires, ni inspection sanitaire des logements. Je vous citerai quelques facteurs particulièrement défavorables à la jeu- nesse de la campagne. Ce sont : le lever trop matinal, l'application précoce aux travaux lourds, la nourriture trop monotone qui consiste quelquefois exclusivement en pommes de terre, dans certaines régions, la grande distance de Pécole, surtout en montagne, le manque de propreté, l'insuf- lisance des vêtements et par conséquent le grand nombre de refroi- dissements. Voilà les considérations qui nous ont guidées quand, en 1912, nous avons introduit le service médical des écoles dans toutes les 73 communes de l'arrondissement de Mulhouse. C'était le moment du nouveau règlement de l'assistance publique et nous en avons profité pour ajouter aux attribu- tions du médecin communal le service médical des écoles. Il a été dressé un contrat uniforme entre communes et médecins, à chaque médecin de campagne a été attribué un certain nombre de communes et le payement se fait par une somme forfaitaire calculée d'après le nombre d'habitants de la commune. L'assistance publique ne jouant pas dans notre contrée, où l'assurance de l'ouvrier contre la maladie est obligatoire, un rôle important, l'inspection des écoles devint bientôt le service principal du médecin communal. Permeitez-moi de vous donner quelques détails sur le règlement deser- vice de nos médecins d'école. Le médecin fait trois visites régulières par an dans les écoles : la première en octobre, après la rentrée des classes; la seconde vers Pâques et la troisième avant les grandes vacances. La première fois, il examine individuellement chaque enfant nouvellement entré à l'école; il consigne le résultat de son examen sur une liche sanitaire, il instruit l'instituteur ou l'institutrice, bien entendu en l'absence des élèves, sur les anomalies constatées et donne les indications nécessaires pour les parents. La deuxième visite a pour but de contrôler les enfants reconnus antérieurement. comme suspects ou malades et d'examiner ceux qui sont signalés par les maîtres. En même temps, il fait l'inspection des locaux et du mobilier de l'école. Avant la fin de l'année scolaire, le médecin s'occu- ptra principalement des élèves de la dernière classe qui vont quitter et il les examinera en vue de leur future profession. En outre, le médecin s'en- gage à visiter l'école en cas d'épidémie chaque fois qu'il en sera informé par le maître. ' Pour les inspections régulières, le médecin fait prévenir trois jours d'avance l'instituteur en chef. Celui-ci avertit les parents du premier examen en leur envoyant une circulaire qui les invite à assister à cet examen et à donner les renseignements qu'ils jugent nécessaires. L'examen médical ne doit pas être fait dans la classe pendant l'instruction, les maîtres, n'ont pas besoin d'y assister, pour ne pas déranger l'instruction des autres élèves; il suffît qu ils désignent quelques élèves de la dernière classe pour aider MOSSER — INSPECTION DES ÉCOLES DE LA CAMPAGNE 881 au déshabillement. Les fillelles qui ont dépassé la dixième année ne doivent pas être désiiabillées sans le consentement des parents. Après l'examen, le médecin retourne les fiches à rinstiluleur. 11 est expressément interdit au personnel enseignant de faire un usage non autorisé des remarques du médecin. Les fiches sanitaires sont conser- vées pendant trente ans à la mairie; en cas de départ d'un élève dans une autre localité, la fiche est envoyée à la nouvelle école. Pour le i^'' octobre de chaque année, le médecin d'école doit dresser un rapport au maire sur l'état de santé des élèves et sur l'état des locaux et du mobilier. Ce rapport est communiqué plus tard au médecin d'arrondissement par l'intermédiaire du sous-préfet. Voilà comment fonctionne le service médical dans les communes de l'arrondissement de Mulhouse. Vous voyez qu'il est assez simple et qu'il contieiit le plus nécessaire qu'on puisse demander à la campagne. Ce service fonctionne depuis huit ans, il n'a même pas été interrompu pendant la guerre. Je vous dirai qu'il .a même quelques avantages sur celui des grandes villes. A la campagne, le médecin d'école est en même temps presque toujours le médecin de la famille. Il connaît les antécédents fami- liers, il a souvent l'occasion de faire verbalement ses observations aux parents et d'entreprendre le traitement nécessaire des enfants. Dans la grande ville, le médecin des écoles n'a-presque pas de relations avec les parents, ses observations écrites ne font pas le même effet et il n'a pas l'occasion de soigner les maladies qu'il a constatées. De même l'appui moral de l'instituteur et de l'institutrice qui dans notre pays jouissent en général d'une grande autorite dans les familles, est bien plus efficace à la campagne que dans les villes. Je ne voudrais pas manquer l'occasion de faire l'éloge du bon accord qui règne entre le corps enseignant et les médecins de campagne; pendant ces huit ans, il n'y a eu aucun conflit. A nos médecins revient le mérite d'avoir assumé des fonctions aussi importantes malgré la petite rémuné- ration qui leur a été payée. En vue du coût actuel de la vie, ils seront bien obligés de demander une augmentation et j'espère que les communes accepteront volontiers leurs demandes en signe de reconnaissance pour les services rendus. Ce qu'on a pu faire chez nous, on pourrait aussi l'entre- prendre ailleurs. Émettons le vœu que le service médical soit introduit dans toutes les écoles de France, à la campagne comme en ville. Je ne pourrai pas mieux terminer celte communication qu'en vous citant Calmette. un des fondateurs les plus méritants de votre société. Il y a dix ans déjà qu'il a écrit dans un article intitulé VHygiène dans Véducatlon les lignes suivantes : « Si l'enfant du peuple était médicalement guidé depuis sa naissance jusqu'à sa sortie de l'école et si les œuvres post-scolaires faisaient ensuite à l'enseigne- ment de l'hygiène la place à laquelle elle a droit, l'adolescent, garçon et fille, entrerait dans la vie solidement armé pour la lutte contre les causes de mort prématurée. » 882 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE M. LE D^ MUTTERER, Mulhouse. FONCTIONNEMENT DU DISPENSAIRE ANTITUBERCULEUX DE MULHOUSE 362.12 + 616.995 (43.445) i7 J II il Ici. Le Dispensaire anliluberculeiix de Mulhouse a été fondé en 1908, sous les auspices de la Société Industrielle, par la coopération des différents Patronages de la ville. Ces derniers sont des sociétés d'assistance privée qui, au nombre de huit, exercent depuis plus d'un demi-siècle leur activité philanthropique chacune dans un quartier difîérent. Chaque Patronage a son Comité, composé en partie de daines, et sa sœur visiteuse, qui demeure au milieu de son quartier, dans la maison où ont lieu les consultations médicales, faites par un médecin de l'Assistance publique municipale ou du Patronage. Le Comité du Dispensaire antituberculeux est une émana- nation de ce ces Comités des Patronages, dont chacun désigne un délégué pris, dans son sein pour en faire partie. On a donné ainsi à Pœuvre nouvelle une base solide dès ses débuts, et garanti l'unité d'action si néces- saire pour une tâche aussi imporlanto que la lutte contre la tuberculose. Le personnel du Dispensaire se compose de deux médecins, d'une secré- taire, d'un enquêteur; en outre, des infirmières de l'Union des Femmes de France se sont mises ces derniers temps gracieusement à sa disposition pour faire des visites dans les familles assistées. Le fonctionnement de l'établissement a lieu de la manière suivante : les malades qui s'adressent au Dispensaire se présentent à la consultation médicale qui a lieu trois fois par semaine; ils doivent s'assurer préalablement, quand ils sont en traitement chez un médecin, du consentement par écrit de ce dernier. Cette formalité ne rencontre en général aucune difficulté, et, le plus souvent, c'est le médecin traitant lui-même qui nous envoie spontanément son patient. Lorsque ce dernier a été inscrit, qu'on l'a pesé, mesuré et qu'on a pris sa température, le médecin du Dispensaire }»rocède à l'examen, puis^ s'il constate lexiflence d'une lésion tuberculeuse, il éclaire le malade sur son état; il lui donne les conseils qu'il juge utiles dans son intérêt et dans celui de la préservation de son entourage; il lui remet enfin une brochure avec des conseils d'hygiène faciles à comprendre et à suivre, un crachoir de poche, éventuellement des désinfectants. Les examens d'expectorations jugés nécessaires ont lieu au Laboratoire municipal de Mulhouse ou à l'Institut bactériologique de Strasbourg. Dans les jours qui suivent son MLTTERER DISPENSAIRE ANTITUBERCULEUX DE MULHOUSE 883 inscription au Dispensaire, le tuberculeux est visité à son domicile par l'enquêteur, qui fait un relevé exact de l'état du logement et des conditions . d'existence de la famille. Un extrait de ce relevé, fait sur une fiche spéciale par la secrétaire, et muni des observations du médecin du Dispensaire, relatives aux mesures prises ou à prendre, est envoyé au Patronage dans le quartier duquel demeure le malade. Mises ainsi au courant des constata- tions faites par le Dispensaire, "les dames du Comité de Patronage et la sœur du quartier vont à leur tour visiter le malade; souvent d'ailleurs elles connaissent déjà la famille, qui a eu recours à elles pour une raison ou pour une autre. Elles continuent alors à la voir, tandis que le Dispen- saire, de son côté, le suit régulièrement dans ses consultations médicales, ainsi qu'à l'aide de visites, faites par l'enquêteur ou par l'infirmière de l'Union des Femmes de France, dont nous avons parlé plus haut. Le Comité du Dispensaire, dans lequel, comme nous l'avons vu, tous les Patronages sont représentés, se réunit tous les mois pour discuter les mesures à prendre dans l'intérêt des familles assistées. Lorsque, dans l'intervalle, des cas urgents exigent des décisions immédiates, le médecin du Dispensaire prend les premières dispositions réclamées par les circons- tances, et se met en rapports avec le président pour pouvoir agir sans avoir besoin d'attendre la séance mensuelle du Comité. Ces dispositions d'urgence sont, comme les autres, prises d'accord avec le Patronage inté- ressé,'car il est établi en principe que c'est par l'intermédiaire de ce dernier que tout secours doit être octroyé. Les mesures prises par le Dispensaire dans la lutte contre la tuberculose peuvent, d'une manière générale, être rangées dans trois catégories princi- pales, selon qu'elles concernent : 1° le tuberculeux lui-même; H" les membres encore sains de la famille du malade, en particulier les enfants i'è*" l'hygiène du logement. 1" Pour ce qui concerne le malade lui-même, le Dispensaire ne s'occupe pas du traitement médical proprement dit. Il cherche toutefois à procurer des cures de sanatoriums aux tuberculeux encore curables, soit, ce qui est le cas le plus fréquent, en s'adressant à l'Institut d'Assurances sociales d'Alsace et de Lorraine, soit, lorsqu'il s'agit de malades non assurés, en assumant lui- même une partie des frais, qu'il partage généralement avec les Patronages, le Bureau de binrifaisance municipal ou les Caisses de malades. C'est ainsi que, pour les années 1911 à 1913 par exemple, le nombre des cures de sanatoriums faites par des tuberculeux adultes inscrits au Dispensaire varia de 100 à 140 par an, 7o à 80 0/0 de ces cures ayant eu lieu aux frais de V Institut d' Assurances sociales ; de plus, le Sanatorium balance à Lulterbach, ouvert au printemps 1912, fut constamment occupé jusqu'en août 1914 par cinquante enfants dont la majorité appartenait à des familles suivies par le Dispensaire. Pendant la guerre le nombre des cures fut naturelle- ment moins élevé, et, maintenant encore, le niveau normal n'a pas encore pu être atteint, par suite des dégâts subis par nos sanatoriums populaires 884 . HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE alsaciens, et des diflicultés qui s'opposent à l'envoi des malades en Suisse. Pour les femmes tuberculeuses qui, pour une raison ou pour une autre, ne peuvent ou ne veulent pas quitter entièrement leur intérieur, une galerie de cure, fondée par une famille de la ville, fournit l'occasion de venir passer la journée au bon air. Cette galerie de cure a été annexée au service de femmes tuberculeuses de^ l'hôpital civil du Hasenrain, très bien situé dans un grand parc à la périphérie de la ville. Elle est réservée aux malades en traitement dans ce service, et en outre, à un certain nombre de femmes envoyées par le Dispensaire pour y faire la cure d'air pendant les mois d'élé, du malin à 8 heures au soir à 6 heures. Une autre gale- rie de cure, fondation d'un membre de la même famille, est annexée au service des hommes tuberculeux situé dans le même hôpital : elle ne sert que pour les malades en traitement dans ce service. Une fois la cure de sanatorium terminée, le rôle du Dispensaire est loin d'être achevé; c'est, au contraire, à ce moment-là que conunence la partie laplusdilBcile de sa tâche. Nous parlerons plus lard de l'hygiène du loge- ment, qui est d'une telle importance pour le maintien des résultats obtenus au sanatorium, et nous nous bornerons à relever un point sur lequel il reste encore beaucoup à faire : c'est le travail des tuberculeux guéris ou du moins encore valides. TTiéoriquement, il importé d'éliminer avant tout certaines occupations reconnues malsaines, telles que par exemple celles qui exposent l'ouvrier à aspirer des poussières dures, puis d'éviter ie surm^e- nage, le travail dans des locaux peu hygiéniques, etc. Mais en pratique, la question se pose souvent autrement, et il s'agit de trouver pour le tubercu- leux guéri ou amélioré un travail qui, tout en lui étant le moins préjudi- ciable possible, est assez bien payé pour lui permettre de vivre sans priva- tions. C'est un fait connu par exemple que la plupart des entreprises industrielles répugnent à engager des ouvriers ayant déjà été dans des sanatoriums, de crainte de les voir redevenir malades et tombera la charge de leurs caisses de secours. La seule ressource pour le tuberculeux revenant de sa cure d'air est souvent de reprendre le travail qu'il faisait auparavant, si ce n'est souvent que parce qu'il ne sait pas en faire d'autre suffisamment rémunérateur. C'est pour cette raison que VJnstihit d'Assu- rances sociales avait conçu, il y a quelques années, le projet de créer des établissements de travail hygiénique, où le tuberculeux rentré du sana- torium trouverait non seulement l'occasion de raffermir davantage sa santé avant de retourner à sa vie ordinaire, mais où on lui fournirait avant tout l'occasion d'apprendre des métiers convenant à son état de santé. Des établissements de ce genre devaient se trouver à la campagne, mais aussi à proximité des grands centres industriels, et l'on avait songé entre autres pour cela aux environs de Mulhouse. L'exécution de ce projet a été malheureusement enq)èchée par la guerre. Nous avons, il est vrai, tout près de la ville, une petite colonie agricole, due à l'initiative privée, et destinée à occuper des demi-invalides, en particulier des tuberculeux, œuvre qui nous a rendu de réels services dans certains cas^ mais qui aurait besoin MUTTEUER DISPENSAIRE ANTITUBERCULEUX DE MULHOUSE 885 d'être beaucoup développée, et aussi établie sur des bases financières suffi- samment solides pour pouvoir offrir aux malades à peu près l'équivalent de ce qu'ils perdraient comme revenus en renonçant à leurs occupations. Il y a enfin la question des tuberculeux invalides, c'est-à-dire des cas avancés et généralement contagieux. Leur isolement relatif au milieu de leurs familles est un des points essentiels de l'hygiène du logement; nous en reparlerons plus tard. L'idéal est évidemment de pouvoir les enlever à leur milif^u, en les mettant par exemple à l'hôpital. Mais, outre que la plupart d'entre eux se résigneraient avec peine à rester indéfiniment dans des établissements de ce genre, on risquerait de ne pas trouver assez de place dans les hôpitaux existants si cette mesure se généralisait. C'est pour cela que Vlastilut d' Assurances sociales a essayé d'ouvrir, pour les invalides tuberculeux assurés chez lui, des asiles à la campagne où ces malades sont traités plutôt en pensionnaires qu'en patients, et peuvent rester leur vie durant s'ils le désirent. Des établissements de ce genre nécessitent moins de frais que des services hospitaliers installés selon les exigences modernes ; rien n'empêche d'ailleurs, pour réduire encore la dépense occasionnée, de les faire administrer par des hôpitaux de campagne ou des sanatoriums, dans le voisinage desquels on peut les placer. 2'' Pour ce qui concerne les personnes de l'entourage du tuberculeux, il faut d'abord se rendre compte si le malade examiné au Dispensaire est bien le seul atteint de sa famille. Si quelqu'un de ses proches est signalé comme souffrant ou môme simplement comme délicat, on le fait Avenir pour l'ausculter, et, dans les familles où il y a des tuberculeux contagieux, on examine généralement au moins tous les enfants. Un point important, c'est de ne jamais perdre de vue ces familles, même après la mort du malade; il arrive en effet que des cas de tuberculose n'éclatent que de longues années après la contamination. Le but essentiel du Dispensaire est la prophylaxie; ce qu'il cherche avant tout, c'est à prévenir la tuberculose. Pour cela, il faut, d'une part, tâcher d'empêcher autant que possible l'infection (et c'est là l'objet princi- pal de l'hygiène du logement), de lautre, il faut tâcher de fortifier l'orga- nisme encore sain contre les effets éventuels d'une contagion qu'on ne peut pas toujours éviter à coup sûr. La réceptivité particulière de l'enfance pour la luljerculose est connue; c'est donc à cet âge qu'il faut s'adresser en toule première ligne. Le système Grnncher, qui, en enlevant l'enfant au foyer familial contaminé pour le placer dans des familles de paysans bien portants, est certainement le moyen de protection le plus radical, n'a pas encore été appliqué en Alsace; pour l'y introduire, il vaudrait évidemment mieux en faire l'essai d'abord dans le Bas-Rhin avec sa population agricole, plutôt que dans nos vallées industrielles du Haut-Rhin, où la tuberculose est d'ailleurs aussi répandue qu'en ville. Par contre, l'omvre des colonies: de vacances est depuis de longues années très active à Mulhouse, où un- Comité privé a coutume d'envoyer en moyenne chaque année plus dei 886 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE cinq cents enfants chétifs passer les vacances à la campagne. En outre, la Municipalité fait faire des cures de bains salins aux enfants des écoles présentant des symptômes de scrofulose ou de rachitisme ; depuis l'année dernière, ces cures se font à La Mouillère, près de Besançon, et à Lons-le- Saulnier. Pour les enfants délicats ayant besoin d'une certaine surveillance médicale, la Ville possède dans les environs une maison de convalescence attenante à un grand parc; été comme hiver, des garçons et des fillettes, alternant par séries de vingt, y font des séjours de six semaines. Une école de plein air, municipale aussi, a fonctionné jusqu'au début de la guerre, mais elle n'a pas encore pu être rouverte; elle était fréquentée par deux cents enfants. Le Dispensaire se maintient en rapports constants avec ces différentes institutions pour y faire admettre des enfants délicats, mais non encore tuberculeux, issus de familles assistées par lui. Il s'est arrangé aussi avec le Comité des colonies de vacances pour s'occuper des jeunes filles de quatorze à dix-sept ans, trop âgées pour les diverses œuvres destinées aux enfants des écoles et trop jeunes pour avoir droit aux cures de \' Institut d'Assu- rances sociales. Cet âge étant particulièrement exposé, il y avait là une lacune maintenant comblée par la création de notre colonie de jeunes filles menacées de tuberculose, qui passait avant la guerre le mois d'août en Suisse aux frais du Dispensaire. Supprimée depuis 1914, cette colonie a été reprise cet été, avec cinquante jeunes filles qui onl passé six semaines dans les environs de Montbéliard. Parmi les mesures destinées à augmenter la force de résistance de l'orga- nisme exposé à la contamination par le germe de la tuberculose, ou plutôt à empêcher la diminution de cette force de résistance, il y a lieu de citer comme une des plus importantes la lutte contre l'alcoolisme. Avant la guerre, on avait organisé à Mulhouse un dispensaire antialcoolique qui, à l'aide de consultations médicales et de visites domiciliaires, cherchait à combattre ce fléau. II est certain qu'une éducation antialcoolique, s'adres- sant surtout à l'entourage du buveur, doit offrir des chances de succès aussi bien que l'éducation antituberculeuse, dont elle fait d'ailleurs partie. Quant au traitement de l'alcoolique lui-même, on sait combien il est diffi- cile d'arriver à des résultats sérieux si l'on ne dispose pas d'établissements où un long séjour à l'abri de toutes tentations est souvent seul capable d'amener une guérison. Nous avons eu plus d'une fois l'occasion d'a-iresser des tuberculeux suivis par nous au Dispensaire antialcoolique; malheureu- sement, cette (euvre n'a fonctionné que peu de temps, et le manque d'asiles pour alcooliques en Alsace n'a pas été pour lui faciliter sa tâche. 3° Après avoir étudié l'activité du Dispensaire antituberculeux par rap- port au malade lui-même et aux personnes de son entourage, il nous reste à parler de ce qui a trait à l'hygiène du logement. Nous comprendrons sous celte rubrique non seulement ce qui concerne I habitation en elle-même, mais aussi la manière dont le malade et sa famille doivent y vivre. Il y a MUTÏKREJ! DISPENSAIRE ANTITUBEUCULEUX DE MULHOUSE 887 d'abord la question des appartements insalubres, qui ne sont heureuse- ment pas très nombreux à Mulhouse, surtout depuis que, dans le cours des dernières années avant la guerre, on a démoli une série de vieilles masures au centre de la ville. Dans des cas de ce genre, il n'y a évidemment rien d'autre à faire que d'amener la famille à se loger ailleurs, et d'aviser la Commission municipale des logements qui peut, s'il y a lieu, obliger le propriétaire à faire les réparations voulues. Il s'agit alors de guider la famille du tuberculeux dans le choix de son nouvel appartement et, si ce dernier coûte plus cher que celui qu'il vient de quitter, l'aider à en payer le loyer lorsqu'elle-même n'est pas en mesure de pouvoir supporter ce surcroît de dépenses. Il en est de même dans le cas, beaucoup plus fréquent, où le déménagement a été provoqué par le manque de place dans l'ancien logement; là aussi, le Dispensaire. est souvent obligé d'ac- corder des subsides de loyers. Le surpeuplement des. locaux habités joue, en effet, un rôle très important dans la propagation de la tuberculose, car il est évident que, lorsque le tuberculeux est obligé de partager sa chambre à coucher, souvent trop petite, avec d'autres membres de sa famille, il est difficile d'éviter la contagion. Le danger est particulièrement grand lors- qu'il n'y a pas assez de lits pour que le malade puisse coucher seul. Dans ces conditions, la première mesure à prendre consiste à procurer un lit supplémentaire à la famille, ce qui, dans la plupart des dispensaires, se fait à titre de prêt pour un temps généralement indéterminé. A Mulhouse par exemple, nolis possédons plus de deux cents lits qui se trouvent presque tous en ce moment occupés par nos tuberculeux. Obtenir que le malade ait son lit et, autant que possible, sa chambre à lui seul, est donc une condition essentielle pouu arriver à réduire au minimum les chances de contamination pour son entourage. Mais il y a outre cela une foule de menues précautions à prendre, et c'est dans l'ensei- gnement de ces précautions de tous les instants que consiste l'éducation antituberculeuse, qui n'est au fond que celle de l'hygiène et de la pro- preté. Préparée par les conseils donnés à la consultation médicale, cette éducation a surtout lieu au moyen des indications pratiques fournies par les infirmières visiteuses lors de leurs visites aux malades. La manière d'éviter la contagion par les expectorations des tuberculeux, la lessive de leur linge, la désinfection de la vaisselle et des couverts dont ils se servent, celle de leurs crachoirs, le nettoyage et l'aération de l'apparte- ment, le choix d'une bonne chambre de malade, tout cela a besoin d'être non seulement expliqué, mais aussi démontré par l'exemple. Certaines de ces mesures, comme par exemple la désinfection du linge, sont il est vrai parfois difficiles à faire bien exécuter par les familles; c'est pour cela que bien des dispensaires se chargent eux-mêmes de ce soin en faisant laver et désinfecter le linge de leurs tuberculeux dans des établissements spé- ciaux. A Mulhouse, un projet de ce genre était à l'étude avant la guerre, €t il avait été question d'aménager le nouveau service de désinfection de l'hôpital civil de manière à pouvoir désinfecter chaque semaine le linge 888 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE des clients du Dispensaire; mais la guerre est venue empêcher la réalisa- lion de ce projet, qui d'ailleurs n'est que remise. Quant à la désinfection des logements des tuberculeux, le Service municipal de désinfection s'en charge chaque fois qu'il en est requis, c'est-à-dire après les décès, les changements de domicile et les admissions à l'hôpital des malades conta- gieux. Dans les deux premiers cas (décès et changement de domicile), la déclaïaiion par le médecin traitant à la sous- préfecture est obligatoire, et c'est celle-ci qui avise le Service municipal de désinfection. Tels sont les principes généraux d'après lesquels fonctionne le Dispen- saire deMullinuse. Ces principes sont d'ailleurs à peu près les mêmes pour tous les autres établissements de ce genre dans notre pays; les différences existantes sont dues, non pas à des manières diverses de concevoir les points essentiels de la lutte antituberculeuse, mais à l'influence des circons- tances locales, puis à la nature des organes qui ont créé le Dispensaire. Mais que ce dernier soit une œuvre privée ou une œuvre d'assistance publique, qu'il fonctionne à la ville ou à la campagne, il importe avant tout qu'il puisse compter sur la collahoration de toutes les institutions, soit publiques, soit' privées, qui sont à même de s'associer aux elïbrts dirigés contre la propagation de la tuberculose. C'est un point que nous avons inscrit en tête de notre programme, et nous sommes heureux de recon- naître que, partout où nous nous sommes adressés, nous avons rencontré des bonnes volontés prêtes à nous aider dans notre tâche. M. LE D-^SCHMUTZ, Strasbourg. L'ORGANISATION DE LA LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE EN ALSACE ET LORRAINE til6.995 (43.445) 37 Juillet. Les statistiques de mortalité et les renseignements recueillis auprès des médecins montrent qu'en Alsace et en Lorraine, coinine dans presque tous les pays d'Europe, s'est produit une recrudescence inquiétante de la tuber- culose pendant la guerre. Les raisons en sont faciles à comprendre quand on tient compte du surmenage physique et moral qui n'a pas été épargné à la population civile, plus ou moins exposée en outre à des privations dues à la vie chère et à la rarélaction des produits alimentaires. La mortalité par tuberculose pulmonaire s'était abaissée en 19L1 pour SCHMLTZ — ■ LUTTE r.QNTUK LA TUBERCULOSE 889 l'Âlsace-Lorraine, jusqu'aux taux de 16 })our 10.000 habitants. Elle avait été de 32 pour lO.ÔOO en 1885, de 25 en 1895, de 22 en 1905. En France elle atteignait en 1911 le taux de 32 pour 10.000, dans l'ensemble de l'empire allemand elle était seulement de 14 pour 10.000 ha- bitants en 1911. Ce taux de mortalité est remonté en Alsace-Lorraine l>rogressivement à la suite des privations dues à la guerre, à 17 en 1915, à 18 en 1911 et à 19 pour 10.000 habitants en 1918. Le nombre de décès dus à la tuberculose pulmonaire était passé de 2.G17 en 1915, à 3.138 en 1918, et 3.562 en 1918. Or la tuberculose est une maladie contagieuse, donc évilable; son agent, le mode de propagation et de contagion sont ])ien connus et en l'état actuel de la science c'est encore une maladie plus évitable que curable. Un graphique simple et impressionnant qui figurait sur la couverture de la brochure de propagande de VAssocialion alsacienne et lorraine ponr la lutte contre la tuberculose, montre que, plus du tiers de la mortalité générale entre quinze et soixante ans est due à la tubercu- lose. Tous ces chifTres démontrent les ravages et la grandeur du fléau social tuberculeux. La lutte contre la tuberculose a été reprise vigoureusement dès le début de 1919 avec le concours de V Association alsacienne et lorraine contre la tuberculose. Cette Association fondée quelques mois avant la guerre a été reprise par un Comité nouveau dès le début de 1919. C'est une œuvre de caractère privée, mais en relations constantes et étroites avec les autorités sanitaires du pays. Elle se propose de grouper et de coordonner tous les efforts dirigés contre la tuberculose. Elle estime que la lutte contre la tuberculose doit être menée suivant le plan ci-après : d'abord création dans les centres importants de dispensaires antituberculeux; entretient et fonctionnement de sanatoriums populaires destinés aux malades atteints de tuberculose encore curable ; création d'hôpitaux spéciaux pour tuberculeux contagieux ; enfin la préservation de l'enfance. L'Association dispose actuellement d'un ensemble de moyens en somme bien supérieur à ce que l'on trouve dans la plupart des régions en France. Nous allons essayer de donner un aperçu du plan de cette organisation, des moyens dont elle dispose et de la façon dont elle les met en œuvre. De cet exposé peut-être pourra-t-on retirer quelques idées dont on aurait intérêt à s'inspirer dans les efforts qui sont entrepris de tous côtés en France pour la défense contre le fléau social de la tuberculose. Actuellement existe en Alsace- Lorraine tout un réseau de dispensaires antituberculeux. Vingt et un dispensaires sont en action, dix fonction- nent dans le Bas-Rhin, huit dans le Haut-Rhin et trois en Lorraine. Cinq autres sont en période de formation ; deux en Lorraine, deux dans le Haut- Rhin et un dans le Bas-Rhin. Ces organes ont été créés grâce à la coopé- ration de multiples éléments. Les municipalités dans les deux grands centres ont donné leur concours pour sept d'entre eux : les sociétés de la Croix- rouge ont participé à la création de dix autres, et prennent une part active à leur fonctionnement, des comités privés pour sept autres ont fait le 890 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE nécessaire. Mais pour tous ces dispensaires les directives de fonctionnement sont identiques. Les dispensaires fonctionnent comme organes de diagnostic; de dépistage et de préservation sociale. Le fonctionnement est schématiqueme'nt le suivant : Une consultation spéciale est organisée dans un local spacieux et clair. Des malades y viennent d'eux-mêmes attirés par la publicité faite autour de cet établis- sement, ou bien ils y sont adiessés par leur médecin traitant se rendant compte du bénéfice que peut retirer non seulement le malade, mais son entourage, de l'intervention du dispensaire. Le malade qui s'y présente est interrogé, puis examiné minutieusement au point de vue clinique; les résultats de l'observation sont consignés sur une fiche conservée au dispen- saire. Les examens spéciaux radioscopiques, bactériologiques sont pratiqués sur place, soit dans les services d'un hôpital voisin, soit à l'Institut d'hygiène et de bactériologie. A l'aide de celte ensemble de moyens cliniques et scientifiques le dépistage des cas légers est assuré et les moyens curatifs sont mis en œuvre avec le maximum de chances de succès. A côté de ce rôle de dépistage et de diagnostic, le dispensaire doit remplir un rôle de préservation et d'assistance sociale; c'est dans ce but qu'entre en action l'infirmière visiteuse, Celle-ci se rend au domicile du tuberculeux et est chargée de proposer et d'aider à l'exécution de mesures de prophylaxie nécessaires pour empêcher la dissémination du mal et de la contamination du reste de la famille. Pour cela elle enseigne au malade à surveiller et à détruire rationnellement les agents de la propagation que sont les crachats virulents, elle apprend à entretenir et à désinfecter les crachoirs et tous les ustensiles de toilette et de table servant au malade; elle s'assure que le malade a un lit pour lui seul ; le dispensaire peut lui fournir des moyens si elle rencontre des difTicultés ; enfin elle s'occupe du logement tout entier en ce qui concerne la ventilation, l'accès de l'air, du soleil, nettoyage hygiénique, autant que possible humide et fait procéder à la désinfection du local chaque fois qu'elle est possible. L"infirmière visiteuse compte encore parmi ses fonctions délicates celle d'éducatrice d'hygiène prophy- lactique pour le tuberculeux et la famille au milieu de laquelle il vit. Elle conseille la visite au médecin du dispensaire des membres de l'entourage qui lui semblerait suspects ou en état de réceptivité. La visiteuse remplit un questionnaire d'ordre social, sur la profession, les ressources du malade et propose au Comité d'assistance les secours matériels qui sont désirables pour améliorer l'hygiène du malade et de son entourage. La visiteuse est ainsi l'agent d'une assistance sociale rai- sonnée et remplit un rôle important de préservation sociale. Le recrutement des infirmières visiteuses qui sont en somme la cheville ouvrière de tout dispensaire va être assuré d'une façon régulière, grâce à la création d'une école spéciale dont le siège sera à l'hôpital civil de Stras- bourg. L'enseignement y sera donné sous les auspices de la faculté de médecine. La documentation d'ordre médical et social recueillie et classée dans les SCHMUTZ — LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE 891 dispensaires constiUie un élément d'iiiformalion des plus précieux sur la situation du pays au point de vue de la tuberculose et permet aux agents directeurs de la lutte de porter leur efforts sur les points plus particulière- ment atteints et menacés. Le corps méiiical dans la grande majorité des cas à^donné son plein appui au fonction nenient de cet organe de prophy- laxie générale. Dans les grands centre le rôle de dépistage de dis|)ensaires est fortement secondée par Tinspection médicale des écoles qui fait l'objet d'un service très sérieusement organisé. Des médecins désignés pour cette fonction et assistés d'infirmiers-visiteurs scolaires examinent obligatoirement et pério- diquement les enfants des écoles. Ils préviennent par l'intermédiaire de l'infirmier scolaire les familles, s'ils estiment qu'un traitement médical doit être institué par le médecin choisi par la famille. Ils désignent égale- ment les enfants envoyés aux colonies de vacances et tâchent dans la mesure du possible de soustraire à leur milieu contagieux, les enfants obligés de vivre dans une famille contaminée. Une autre organisation intéressante existant à Strasbourg est la station de cure d'air située dans la petite forêt de Neuliof à quelques kilomètres au sud de Strasbourg. Ce genre d'établissement qui n'est pas encore très connu en France existe en grand en Amérique et en Angleterre où il porte le nom de « Day camp ». Il permet la cure d^air pendant la journée à un nombre assez grand nombre de malades et de convalescents de la ville, qui peuvent rentrer chez eux le soir, après avoir passé leur journée à se reposer en plein air. Les malades prennent les repas de la journée à la station, et la suppression du logement permet avec une dépense assez minime de faire bénéficier de l'éducation, de la discipline du sanatorium un nombre de malades assez élevé. La station de cure d'air de Neuhof com- prend un pavillon avec deux ailes, l'une réservée aux hommes, l'autre pour les femmes, réunies par une portion centrale où se trouvent les cui- sines et le cabinet médical. Deux grandes galeries couvertes permettent d'installer des chaises longues en cas d'intempéries. Autour du pavillon s'étend une forêt de pins où les malades installent leurs chaises longues ou font de lentes promenades. Ce genre d'établissement donne avec des moyens très réduits d'excellents résultats. Dans cette station de cure d'air sont également admis les enfants de familles tuberculeuses qu'on arrive ainsi à isoler de leur milieu infecté, l'école y est faite en plein air sous les pins environnants les jours do beaux temps. Le dispensaire qui est le pivot de la prophylaxie antituberculeuse et un excellent agent de dépistage doit être doublé d'organes d'isolement, de cure et d'éducation, ('nhnette a dit que le dispensaire était le poste de secours du sanatorium. L'Alsace- Lorraine est dotée d'un nombre assez consi- dérable de ces établissements, ce sont : les deux sanatoriums d'Aubure, le sanatorium de Saales, les deux sanatoriums de Schirmeck, les deux sana- toriums d'yVIberschwilIcr. I>e plus deux nouveaux établissements sont en voie d'aménagement l'uri à xVubure le sanatorium Salem et l'autre à Masse- 892 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE vaux dont l'ouverture est attendue pour octobre courant. Ces établissements sont conçus le type déjà bien connu en France et sont situés en général sur les contreforts des Vosges à proximité des forêts de pins. Dans ces établissements les malades s'habituent à une discipline rigoureuse, k des règles d'hygiène qui leur peru'iettent de ne pas contaminer leur entourage. Même à défaut d'un résultat curatif, souvent atteint d'ailleurs, le malade tire de son séjour au sanatorium des notions d'éducation antituberculeuse pratique. Une mention spéciale est due au Sanatorium Lalance pour enfants qui a été créé à quelques kilomètres de Mulhouse à Lutlerbach. C'est un joli établissement qu'on aperçoit du chemin de fer et qui a été fondé par M. Lalance, l'industriel mulhousien qui vient d'être récemment décoré. Il est destiné à hospitaliser les enfants originaires du Haut-Rhin et atteints ou menacés de tuberculose. La création ,d"un établissement analogue dans un avenir prochain est à l'état de projet pour le Bas-Rhin. Les hôpitaux civils de Strasbourg ont de plus ouvert en mai dernier un nouvel établissement à la Robertsau, comprenant loO lits réservés aux tuberculeux contagieux. Ces derniers peuvent ainsi être retirés des salles communes des services de médecine interne où ils étaient soignés jusqu'à présent. Cet hôpital spécial permet également de mettre en observation les cas douteux avant leur envoi dans les sanatoriums. Le très bel hôpital orthopédique Stéphanie à NeuholT est consacré aux enfants infirmes atteints pour la plupart de tuberculose osseuse. Installé en bordure de la forêt avec des galeries d'insolation il comporte une orga- nisation des plus complète qui comprend entre beaucoup d'autres, un atelier pour la fabrication des appareils de prothèse, une école pour l'ins- truction des enfants pensionnaires de l'établissement, la classe est faite en plein air pendant les beaux jours, et divers petits ateliers où les enfants plus âgés peuvent suivre un début d'apprentissage de métier manuel. L'installation môdicochirurgicale est aussi des mieux étudiée, elle comprend des salles d'opération, des salles de plâtrage, une installation complète de radiographie une salle de gymnastique orthopédique, une salle de méca- nothérapie pourvue de nombreux appareils. On se rend compte par ce tableavi forcément un peu rapide que l'arme- ment antituberculeux ne fait pas défaut en Alsace et Lorraine. Nous avons passé en revue des organes curatifs et d'éducation antituberculeuse, les sanatoriums, les stations de cure d'air, les hôpitaux de tuberculose osseuse et enfantile; des organes d'isolement dans les hôpitaux pour les tubercu- loses ouvertes. Tous ces organes existent en nombre pas toujours tout à fait sullisant, mais dans leur ensemble forment un tout complet. Reste à indiquer com- ment ces divers moyens sont mis en œuvre et comment sont conduits et groupés tous les efforts et les bonnes volontés qui se sont révélés pour la lutte qui enfin mènent la croisade contre la tuberculose. SCHMUTZ LUTTE CONTRE LA TUBERCULOSE 893 La direction de la lutte se trouve très l'orlement centralisée entre les mains de Y Association Alsacienne et Lorraine contre la tuberculose. Cet état-major a des raniilicalions dans tous les pays sous forme de comités ■ locaux qui groupent toutes les bonnes volontés capables de s'intéresser utilement à la question. Ils comprennent des représentants des communes les plus menacées, les sociétés de la Croix-Rouge, des industriels, des notabilités et constituent l'àme locale des etlorls qui se groupent autour des dispensaires. Tous ces organes sontatTiliés à V Association Alsacienne et Lor- l'aine de la. lutte contre la tuberculose dont ils reçoivent leurs directives. Celle-ci est placée sous la présidence d'honneur de Monsieur le Commis- saire général de la République. Je ne ferai que mentionner les autres services assurés par l'Association. Les renseignements et la statistique qui permettent d'avoir une idée nette des cas signalés, de dépister les foyers d'infection, dans les régions plus contaminées et d'y porter un eifort plus vigoureux, la propagande par tracts, afïiches, conférences, la publication d'un bulletin périodique; tout ceci a pour rôle de contribuer à l'éducation des masses et surtout des enfants et de leur inculquer des préceptes simples d'hygiène et de pro- phylaxie élémentaire. • Il y a beaucoup à attendre comme résultai pratique de cette éducation du public et des enfants sur un danger que beaucoup ne soupçonnent même pas et qu'il suffît souvent de connaître pour pouvoir s'en garantir avec efficacité, surtout quand les organes de préservation sont abondants. Le Comité régional a de plus apporté ses efforts sur les points du pays plus menacés ou moins bien protégés que les autres; son rôle est ^'orienter la lutte, de coordonner l'action des éléments épars et de fournir aux comités locaux qui en manquent, les moyens de poursuivre une action qui dépasserait leurs forces. Le Comité régional dispose d'un fonds assez important qui lui permet d'accorder des secours financiers dans le cas ou le résultat de l'enquête de l'infirmière visiteuse en montre la nécessité. Un logement surpeuplé peut souvent être grcàce à un secours pécuniaire, abandonné par une famille pour un autre qu'elle peut se procurer moyennant une aide. On fait appel à lui également pour l'achat de lits ou de meubles destinés à améliorer le logement des familles des malades. De même l'admission dans un sanatorium nécessite le plus souvent l'avis favorable et la participation financière de la Commission de secours du Comité régional. Un fonds spécial est également à sa disposition pour faire hospitaliser dans des hôpitaux de leur ressort les malades pour lesquels le dispensaire le demande. Ce sont en général ceux pour lesquels la contagion de l'entourage est le plus à redouter et chez qui les mesures d'isolement et de préservation ne peuvent pas être prises d'une manière efficace. Cet exposé rapide montre que l'organisation régionale qui existe en 894 HYGIÈNE ET MÉDECINE PUBLIQUE Alsace et en Lorraine ne manque pas de moyens. Son fonctionnement est encore trop récent pour qu'on puisse juger d'après les statistiques des résultats obtenus. 11 y a tout lieu d'espérer que cette manière de mener la lutte atténuera à la mesure du possible les méfaits de la tuberculose, et parviendra à enrayer les progrès du fléau qui menace notre race. OUVRAGE IMPRIMÉ PRÉSENTÉ A LA SECTION Maurice Arthas, Adolphe ÏIubera, le Docteur Rlaizot et Grosseron. — Du fluorurure de sodium comme antiseptique. CONFÉRENCK M. LE Colonel REMARD. L'AVIATION FRANÇAISE PENDANT ET APRÈS LA GUERRE 21 Juillet. (L'auteur n'a pas remis son texte.) TABÎ.E DES MATIERES Pages Assemblée générale tenue a Strasbourg (extrait du procès-verbal) . . . 5 SÉANCE d'ouverture. — Calmette (Albert). — Discours : Les ultra- microbes 13 Peirotes. — .\llocutioa 20 Alapetite. — Allocution 23 Perrot (Emile). — L'Association française en 1919-192U 24 Nécrologie 31 Nominations'. 32 RÉ'jOMPENSEs honorifiques 33 Prix et subventions 33 Perquel (Lucien). — Les finances de l'Association en 1919-192U .... 3G SÉANCES DE SECTIONS 1<^' GROUPE. — Sciences mathématiques. |ip yj ^c Sections. — Mathémaliques, Astronomie, Géodésie, Mécanique. AuuRY (L.). — Une erreur de Dirichlet : son théorème sur la progression arithmétique n'est pas démontré 41 Frîxiiet (M.). — Sur une nouvelle extension du •« théorème de Borel- Lebesgue « 42 GpoRMAGHïiGH (U.). — Sur uue nouvclle direction fixe associée aux hélices cylindriques 43 — Sur la courbure des courbes exponentielles triangulaires 45 Naveli.e (E.). — Considérations sur les sciences dites « subjectives > . . 40 ' — Réflexions sur l'esprit de sysième 49 Véronnet (A.). — Constitution, évolution et formation des astres .... o3 Clapier (C). — Note sur les surfaces- de révolution à courbure moyenne constante 56 David (J.). — Sur les sphères inscrites et circonscrites au dodécaèdre et à l'icosaèdre 58 Muller (H.). — Le cadran solaire du lycée de filles de Grenoble .... 59 Gérardin (A.). — !•' Résultats acquis depuis 191'2 avec les machines à congruence A. Gérardin. — Modèle de démonstration 60 — 2" Méthode inédite de découverte des facteurs d'un nombre composé de grandeur quelconque. Exemples simples 61 — 3'^ Méthode inédite donnant la solution minima de a;- — A e), — La grande œuvre de l'éducation de la main 354 — Les boussoles tonales du musicien découvertes par la structure symé- trique de la main , 356 Foucault. — Sur la nature de l'attention, (rapport) 360 PiÉRON (H.). — Discussion sur la nature de l'attention . 362 Devolvé. — La notion pédagogique d'attention 362 Chavigny. — Observations d'aprosexie 367 Hesnard. — Une maladie de l'attention intérieure. La dépersonnalisation à67 Mourgue (R.). — Note sur la localisation inlra-segmentaire au niveau de la surface cutanée palmaire dans un cas de chorée de Huntington. . . 372 Toulouse (M.) et Mourcue (R.). — Des réactions respiratoires au cours de projections cinématographiques 377 PiÉRON (H.). — Temps d'action liminaire et temps de réaction sensorielle 383 Rogues de Fursac. — Un cas d'obsession amoureuse d'origine onirique chez un perverti sexuel constitutionnel 383 PiÉRON (H.).- — L'autotomie et la dynamogénie émotionnelle 388 Goldsmith (M1'« M.). — La convoluta « roscoffendis » et ses réactions . . 390 ■ 11*" Section. — Anthropologie. CouRTY (G.). — L'écriture préhistorique 396 Coutil (L.). — 1° Allée couverte de Vaudancourt (Oise) 401 — 2° Le tumulus de la Hogue à Fontenay-le-Marmion (Calvados) .... 40o Franchet (L.). — Compte rendu d'une mission en Orient 407 Boismoreau. — Xe menhir de la Pierre folle (commune de Monsireigne. Vendée) , 412 — Découverte et fouille du dolmen aujourd'hui détruit du puy Beitonneau (commune de Saint-Mesmin-le-Vieux, Vendée) 417 TABLE DES MATIÈRES 901 Pages Aymar (A.). — Contribution à l'étude des silex des gisements tertiaires des environs d'Aurillac (Le puy Courny, le puy de Boudieu et Belbès). 422 Catelan (A. et L.). — La grotte du Levant l'Eaunier, Malaucène (Vaucluse) 425 Chantre (E.). — Les palafittes des tourbières du. Dauphiné 431 Chalvet (G.). — La préhistoire à Poitiers 432 Cotte (.1.). — Étude de i^ésidus alimentaires néolithiques ....... 436 Coutil (L.), — Les tumulus de la région de Haguenau et Bischwiller . . 441 Fraxchet (L.). — Sur la céramique éiiéolilhique à Malte. ; . . . .■. . 446 — Contribution à l'étude de la période énéolilhique 451 Hllé.na (P.). — L'industrie tardenoisienne dans la région de Narbonne (Aude) 456 Leroy (J.). — Etude sur les limons quaternaires de l'arrondissement de Pont-Audemer (Eure) et sur les silex taillés qu'ils renferment .... 460 Marsille (L.). — Liste des dépôts de l'âge du bronze dans le Morbihan . 461 Matthis (C). — Signes rupestres de la région de Niederbronn (Bas-Rhin). 471 MoRTiLLET (A. de). — Le dolmen d'Autequera (Andalousle) 475 Mayet (L.). — Corrélations géologiques et archéologiques des temps quaternaires 481 — Maze.not (J.) et Mexand (E.). -- Les stations préhistoriques de la vallée de l'Obize 491 — Ndgl'E (P.) et Dareste de la Chavax.xe. — Découverte d'un squelette d'Eléphas planifrons falconer dans les sables de Chagny à Bellecroix près Chagny (Saùne-et-Loire) 492 — Jeantox (G.) et Mazexot (J.). — La faune de la grotte de Macheron près Lugny (Saône-et-Loire) 493 Pevro.xy (D.). — Une pierre coloriée d'époque moustérienne 494 — Le moustérien, ses faciès 496 Schleicher (C). — Formes bizarres de quelques petits silex néolithiques des environs de Compiègne (Oise) 497 Soulingeas (J.). — Notice sur les casse- tètes en bois de l'archipel néo- calédonien 502 Fraxchet (L.). — Recherches sur le néolithique en Beauce 506 Reygasse. — Nouvelles observations sur la morphologie des industries préhistoriques du Nord-Africain 507 Welter (T.). — Le briquetage de la Seille 517 — Les mares. — Habitations souterraines de nos ancêtres en Lorraine . 521 Schaudel (L.). — Un souvenir intéressant le folklore de l'Alsace .... 524 RoiGÉ (.J.-M.). — L'homme 526 Pistât et Vassy. — Découverte d'une station préhistorique, commune d'Agay (Var), lieu dit Le Grenouillet 532 — Découverte d'une station préhistorique dans l'Esterel 533 Cotte (C). — Méthode pour la restitution des formes des vases 534 Capitan et Peyroxy. — Nouvelles fouilles à La Ferrassie (Dordogne). . . 540 Clastrier (S.). — 1° Étude méthodique et parcellaire dans la chaîné de la Nerthe. — Découverte et fouille en 1913 et 1915 d'une gTOlte-placard près « Tante Rose », commune des Pennes-Mirabeau (Bouches-du- Rhône) 54a 902 TABLE DES MATIÈRES Pages Ci,ATRiER (S.)- — 20 Découverle de fonds de cabanes sans industrie près la grotte-placard 543 Drioton (C). — La station de l'âge du fer de Mirebeau et le gué de Mautoche 544 — Essai de classification des bronzes coulés au type du quadrupède déformé 545 — Les temps préhistoriques dans le département de l'Aube 546 FouJU (G.). — Inventaire sommaire des pôlissoirs du département d'Eure- et-Loir 546 BoisMOREAU (E.). — Les silex néolithiques de l'île d'Yeu (Vendée). . . . 551 MùLLER (H.). — Découvertes préhistoriques et protohistoriques récentes aux environs de Grenoble 552 — Essai de technique manuelle préhistorique. — Présentation de pièces. 552 — Une station en plein air à Menglon (Drôme) du néolithique ancien au ix« siècle de notre ère. 552 Boyard (G.). — Une station campignienne à Nan-sous-Thil 553 Passemard (E.). — L'abri Olha (Basses-Pyrénées) 553 ScHMiT (E.). — La trépanation aux temps préhistoriques {Mémoire publié hors volume). Sous-Section. — Histoire et Archéologie. Arnaud (G.). — Strasbourg. Port du Rhin au Moyen Age et aux Temps modernes 561 Gass (J.). — Notes historiques sur les châteaux des Rohan à Saverne et à Strasbourg 565 Gérock (J.-E.). — Les « maisons rouges » et les voies de communication antiques. . 566 Walteu. — Les cathédrales carolingienne et romane de Strasbourg . . . 568 Werner (L.-G.). — La voie romaine des Vosges dans la Haute-Alsace . . 574 Wickersheimer (E.). — Les notes de Jean Hermann sur les cabinets de curiosités qu'il visita â Paris (1763-1764) 581 Florance. — Le mortier gaulois en pierre pour broyer ou moudre les grains ^°^ Discussion : M. L. Franchet 585 Besnier. — Le nom d'Alsace, Alésia, le Deus alisanus 586 Gaurichon (J.). — Sépulture mérovingienne de la nécropole du Mont-Saint- Jean . ^86 Pfléger (L.). — Les origines de la syphilis à Strasbourg et le prédicateur Jean Geiler de Kaysersberg ^92 Maidy (L.-G.). — De la place de la « Légion d'honneur » dans les armoi- ries des villes ^^6 ScHMiT (E.). — Contribution à l'étude de la numismatique carolingienne, découverte à Breuvery, canton d'Écury-sur-Coole (Marne) 596 Zeliqzou. — Observations au sujet d'un « Dictionnaire des patois lor- i-ains » ""'* lABLE DKS MATIÈRES 903 12^ Section. — Sciences médicales. Pages BwxKEL (J.). — Plaie du cœur par projectile de guerre, extraction après deux ans et demi. — Guérison rapida 600 Blum (P.). — Du danger ou de rinefficacité des médicaments antither- miques dans le traitement de la fièvre 607 Carle. — Arséno-benzol et mercure 612 FoRTiNEAu. — Essais de traitement du charbon bactéridien par la pyo- cyanéine 613 Le Goff (J.). — Glycosurie et saccharosurie consécutives à l'ingestion du sucre cristallisé 614 13^ Section. — Électricité médicale. Arcelin. — Allocution du Président 622 • NoGiER (Th.). — Rapport sur la radiumthérapie des fibro-myomes utérins. 626 CoLANÉRi et Terracol. — Utilité de la pneumo-séreuse dans le diagnostic radiographique des affections traumaliques articulaires 626 FovEAu DE CouRMELLES. — Los hémorragies utérines et leurs traitements physiolhérapiques 627 GuiLBERT et Baudon. — Note sur la radiothérapie profonde en Allemagne. 628 Guilleminot (H.). — Rapport sur les procédés quantitométriques employés en radiologie 628 Jaulin et LiMorsi. — Utilité de la recherche radiographique des lésions osseuses dans la scialique 629 Jaulin. — Traitement du sycosis staphylococcique par la radiothérapie et l'ion zinc 630 MoRLET. — 1" Examen radiologique du tube digestif, en particulier de l'appendice « méthode américaine » . .' 630 — 2° Radiothérapie dans la tuberculose osseuse et articulaire 630 — 3° Traitement par le radium 630 Leduc (S.). — Albuminolyse électrolytique .... 632 Miramond de Laroquette. — Héliothérapie méthodique 632 — Utilisation d'échelles de teintes radiophotographiques pour l'étude du rayonnement des ampoules 633 Kergrohen. — Résumé de la méthode du pneumo- péritoine artificiel, appliquée à la radioscopie 636 Pautrier et Payenneville. — Essai de traitement par la douche fili- forme des télangiectasies consécutives à la radiothérapie 637 20^ Section. — Sciences pharmacologiques. GoRis. — Composition chimique du bacille tuberculeux 641 Hollande (A.-C.) et Thévenon (L.). — Tachycardie et caféine; recherche de la caféine dans les urines 644 Lematte, — Le régime normal — Les lois du métabolisme minéral, genèse de l'acidité phosphatique . 646 904 TABLE DES MATIÈRES Pages Perrot. — Sur le séné d'Alexandiie 64G Tassilly. — Sur la préparation du nickel carbonyle 646 Bkocadet (P.) et Weitz. — Les angelims du Brésil r 649 Lavialle (P.) et Tho-nnaud (J.) . — Sur l'emploi du sulfure d'ammonium en toxicologie 650 Massol. — Le rôle du pharmacien au conseil d'hygiène dans l'alimenta- tiiin en eau potable des agglomérations urbaines et rurales 6o2 RocHAix (A.) et Thévenon (L.). — Nouvelle méthode pour différencier le lait cuit du lait cru 6o4 TiiÉYENON (L.). — Sur un nouveau procédé de recherche de la formal- déhyde 655 — el Rolland. — Procédé de recherche du sang dans l'urine, les matières fécales et les liquides pathologiques 656 Tjffeneau. — 1" Action vaso-constrictive de la pelletiérine 657 — 2° Différenciation des ouabaïnes par leur toxicité 657 CoLLARD (E. fils). — Essai des sels minéraux à acide organique .... 658. Dané. — 1*^ Recherches de l'indice métal dans les eaux minérales. . . . 658 — -2° Le procédé d'Esbach albuminimétrique modifié en vue de la pré- cision 659 Daubfan de l'Isle (J.j. — Sur les moditications parues dans le supplé- ment du Codex 1920, à propos des huiles essentielles 659 — Sur les huiles essentielles inscrites au Codex français de 1908 .... 661 FoNZÈs-DiACON. — La constante moléculaire simplifiée dans Tanalyse des laits caillés 665 Rousseau. — Des causes de l'intolérance de la théobromine du Codex. . 666 Chassepoul. — Les petites erreurs de la méthode Bordet-Wassermann. . 668 Prothière. — Note sur la situation de l'hygiène publique en France et sur son enseignement. 670 '» 14^ Section. — Odontologie. VicHOT. — Allocution du Président 672 Pont (A.j. — Méthode nouvelle pour l'étude des restaurations plastiques de la face . 677 Discussion : MM. G, Villain, Vichot, Godon-, 679 pREVEL. — Anneau-glissière sur couronne pour maintenir dans leur axe les appareils de prothèse à petite et grande surface . . . ^ 679 Discussion : MM. RoY, Prevel, Touvet-Fanton, G. Villaln, Vichot. . . . 681 Pont (A.). — Porte-radium universel pour le traitement des tumeurs du larynx et du pharynx 682 GoDON (Ch.). — De l'hygiène dentaire publique et en particulier de l'hygiène dentaire scolaire (inspection et traitement) 684 Discussion : MM. Ferrand, Godon, Ravet, Roy, Field-Robinson, G. Yillaix, ViciioT 687 Fabret. — L'anesthésie sans médicament par le gazotherme 689 Discussion : MM. Guébel, Pailliotin, Fabret, Pont, Spira ....... 694 r.LÉBEL (C). — Traitement des dents par la méthode électroly tique . . . 695 ÏAIU.E DES MATIÈRES 903 Pages Discussion : M. G. Villai.n . 697 Charron. — Considération sur l'anesthésie régionale 697 Discussion : MVl. Frey, Guébel, Jeay, Charron, Godox, Salvez, G. Villain, Brili,e, Duui:au . : 700, 701 LiCKTEiG (E.). — La reconstitution de la mâchoire inférieure par les diffé- rentes auto-greffes et hétéro-greffes osseuses 701 Discussion : MM. Godon, Vichot 704 — MM. Pont, Roy, Sauvez. Frey 705 Frey (L.) et Dumont (H.). — Tableau didacliijue de la calcification et de révolution des dents humaines 706 Discussion : MM. Sauvez, Roy, G. Vili.ain, Vichot 708 Frey (L.). — Des maipositions dentaires, consécutives à l'amputa'tion de la langue 708 Discussion : MM. Pont, Roy. G. Villain 708 NÉvRÉzÉ (B. de). — Traitement de quelques cas d'atrésie du maxillaire par la méthode de l'arc lingual 710 Quintero (J.-T.). — La rotation des dents au moyen de l'arc lingual amovible de Mershon 711 Discussion : .MM. G. Villain, de Névrez, Frey, Wagner, Pont, de Croès . 712 — MM. QuiNTÉRO, Vichot 713 LÉVY (A.). — Appareillage maxillo- facial 713 Discussion : M. Vichot - . . . . 715 Touvet-Fanton. — La conception de la prothèse moderne 716 Discussion : M. Vichot 720 RoY (M.). — Le traitement des dents infectées 720 Discussion : MM. Godon, Poist, Spira, Sauvez, Le Bègue 724 Spira (P.). — Divers systèmes d'appareils de fixation pour dents bran- lantes 725 Discussion : MM. Vichot, Roy 7-27 — Mm. de Croïîs, Godon 728 Villain (G.). — L'angle facial comme moyen de diagnostic en orthopédie denlo-maxillo-faciale 728 Discussion : MM. Godon, Pont 728 — M. Vichot 729 Villain (H.). — Couronnes-crochets, leurs utilisations en prothèse (appareil et bridges amovibles) 729 Discussion : MM. Vichot et Godon 739 MoRCHE (R.). — Les gingivo-stomatites métalliques chez les ouvriers et ouvi'ières des usines de guerre 739 Démonslration pratique : MM. IL Villain, G. Villain, Charron, Spira, Chapey 743 Falret. — Démonstration de l'anesthésie par le gazotherme 745 HuKT (E.). — La technique opératoire des moteurs à grande vitesse. . . 745 Démonstration : M. P. Housset 746 906 TABLE DES MATIÈRES 4« GROUPE. — Sciences économiques. 45'^ Section. — Agronomie. Pages Boeuf (F.) et Guillochon (L.). — Amélioration des plantes cultivées. . . 748 Heinrich. — Sur la sélection des variétés de blé en Alsace et Lorraine . 756 Beyer (R.). — Le vignoble alsacien-lorrain. — Les anciens cépages et les hybrides, producteurs directs 739 Blaizot et Grosseron (Th.). — Conservation du beurre par le fluorure de sodium "764 Marxer. — Sur le traitement de la fièvre aphteuse 765 Meyerferber. — Les progrès réalisés en Alsace dans la culture des hou- blons fins '^GS MiCHEE. — Deux maladies du cheval spécifiques à la Lorraine : la fluxion périodique et l'anémie pernicieuse 773 Rappin et Grosseron (Th.). — Recherches bactériologiques sur le beurre. 777 ZiiNDEL. — Du traitement de la dourine 778 Blaringhem. — A propos de la sélection du houblon 781 DiEBOLDT. — Les associations agricoles en Alsace et Lorraine 783 Direction des Sucreries et Raffineiues d'Erstein (Bas-Rhin). — Sur la culture de la betterave à sucre en Alsace 787 DuFRÉNOY (J.). — Les balais de sorcièies des pins maritimes 789 Fron et RiGOTARi). — Contribution à l'étude de la flore fourragère spon- tanée au Maroc et particulièrement du lotu> arenarius (Brolero) . . . 790 Grand. — La situation de ragricullure en Lorraine pendant et depuis la guerre . . 793 Hertzog. — Les cultures spéciales du pays messin {Mémoire jmb lié Iwrs volume) . Jesse. — La station agronomique de Metz depuis sa fondation jusqu'en 1919. 795 Kl hlmann (E.). — Le vignoble alsacien-lorrain 798 Thumann (A.). — Les associations économiques rurales, les principes direc- teu.s des systèmes suivis en Alsace et Lorrain(\ spécialement du sys- tème Raiffeisen sur les ussocialiôns de prêts et d'épargne 804 16'^ Section. — Géographie. BossiÈRE (E.-R.). — Comment propager l'élevage du mouton au profit de la France 813 Girardin (P.). — 1" Le torrent de la Croix-de-Javernaz et le site de Saint-Maurice-en-Valais 816 — 2" La sousle et le stad. — Notes de géographie humaine. .' 822 Malherbe (P.). — Note sur les recherches effectuées sur l'hydrologie de la vallée du Loing • • • 826 17« Section. — Économie politique, Statislique et Législation. Cacheux (E.).'— Marïîhe à suivre pour décongestionner Paris 829 Delaporie (P.). — Sur le « rhronos >>, calendrier auxiliaire économique. 831 Cadenat (A.). — Essai de simpliticalion administrative : comptes courants r nationaux . 833 TABLE DES MATIÈRES 90' 18^ Section. — Pédagogie et Enseignement. Pages Allemand-Martin. — L'éducation dans l'enseignement : le rôle de l'asso- ciation 839 Clément (H.). — Petits moyens pour aider à l'enseignement de l'astro- nomie dans les écoles primaires 841 Loir (A.). — Les muséums de province en France 843 SoiRiAU (M.). — L'école unique {Rapport) 844 Bérillon. — 1° Les dangers de la précocité scolaire 8S0 — 2" La pédagogie des métis 850 lO*' Section. — Hygiène et Médecine publique. Angibaud et Grosseron (T.). — Des conditions de pureté exigées du sel additionné à la morue en vue de sa bonne conservation, particulière- ment pour la préserver du « rouge » 852 FoRTiNEAU et Grosseron (T.). — Contribution à l'étude de la désinfection des peaux charbonneuses 856 Loir (A.) et Legangneux (H.). — Maladie cutanée provoquée chez les ouvriers du port du Havre par un acarien (pédiculoïdes) 859 Rappin. — Vaccination contre la tuberculose 862 Rappin et Grosskron (Th.). — Des conditions de pureté à exiger du sel ad(Mtionné aux substances alimentaires : la ilore microbienne du sel . 864 Dalmkzon (feu G.). — Influence chimique du milieu sur le développe- ment du bacille paratyphique B 867 Gbanjux. — Préservation de l'enfance contre la tuberculose 875 MossER. — Sur l'inspecrKjn médicale des écoles de la campagne 877 MuTTERER. — Fonctionnement du dispensaire antituberculeux de Mul- house 882 ScHMUTz. — L'organisation de la lutle contre la tuberculose en Alsace et Lorraine 888 Conférence. Remard (Le Colonel). — L'aviation française pendant et après la guerre . 894 TABLE ANALYTIQUE Abri mouslérien, p. 194. Acqriea, p. 859. Acide organique (sels minéraux à), p. 658. Acides célones et aromatiques, p. 130. Acidité phospliatique, p. 646. Action liminaire, p. 383. Administration (simplification admi- nistrative, p. 835. Aéronautique, p. 76. Afrique, p. 507. — du Nord française, p. 269. Agay (Var), p. 532. Age du bronze, p. 461. — du fer, p. 544. Agriculture et climatologie, p. 152. — en Lorraine, p. 793. Air pluvieux, p. 134. — {Poids du mètre cube), p. 132. Aire (Vallée de V), p. 184. Aires (Loi des), p. 66. Alapetite. — Allocution, p. 23. Albuminimélrie, p. 659. Albuminolyse électrolyiique, p. 632. Alésia, p. 586. Alexandrie, p. 646. Algérie (Côtes d'), p. 279. Algues (Flore algologique), p. 209. Alimentation en eau potable, p. 652. Aliments, p. 286, 86i. — néolithiques, p. 436. A Hache (Biologie de I'), p. 279. Allée couverte de Vaudancourt, p. 401. Allemagne (radiothérapie en), p. 628. Allemand-Martin (A.). — Mise en valeur de nos richesses maritimes, p. 276. Allemand-Martin (A.). — L'éduca- tion dans l'enseignement, p. 839. Alluvions de la Nive, p. 194. Alpe (es{Tèce alpine), p. 218. Alsace, p. 199, 200, 220, 524,' 586, 756, 759, 768, 783, 787, 798, 804, 882, 888. — (Climats), p. 180. — (Haute-), p. 574. — (Gaz naturels d'), p. 158. — (Météorologie d'Alsace), p. 175. Alsacien ( Pharmacien - botaniste ) , p. 199. Altitude (variation de la vitesse du vent avec 1'), p. 1^9. Amans (A.)- — L'avenir de l'avia- tion, p. 76. — Discussion sur l'aviation, p. 80. — Discussion sur la résistance aé- rienne, p. 81. — Hélice à pales multiples, p. 89. — Utilisation des gaz rares de l'at- mosphère dans l'aéronautique, p. 94. Amélioration des plantes cultivées, p 748. Américaine (Méthode de radiologie), p. 630. Ammonium p. 650. Amoureuse (Obsession), p. 385. Ampoules (Rayonnement des), p. 633. Ampurdan (Catalogne), p. 192. Amputation de la langue, p. 708. Analyse des laits caillés, p. 665. Anatomie, p. 2G2. Andalousie, p. 475. Anémones (Genre), p. 215. Anémie pernicieiise du cheval, p. 773 910 TABLE A^'ALYTIQliE Anesthésie par le gazotherme, p. 689. — régionale, p. 697. Angibaud. — Conservation de la morue, p. 852. Angle facial, p. 728. Anneau-glissière, p. 679. Anomalie chez les tubulaires^ p. 318. Antequera, p. 475. Anthony (R.). — Cerveau de fœtus de macaque, p. 321. Anthropologie, p. 396. Antithermiques (Médicaments), p. 607. Aphteuse (Fièvre), p. 765. Appareillage maxillo- facial, p. 713. Ajfpareils de fixation pour dents, p. 725. Appendice, p. 630. Approximations successives, p. 71. Aprosexie, p. 367. Aptitudes professionnelles, p. 346. Arc lingual (Méthode de 1'), p. 710. — amovible, p. 711. Arcelin. — Allocution, p. 622. Armoiries des villes, p. 596. Armoricain (Grès), p. 181. Arnaud (G.). — Strasbourg port du Rhin, p. 561. Aromatiques (Acides), p. 130. Arséno-benzol, p. 612. Art militaire, p. 190. Articulaire (Tuberculose), p. 630. Articulation, p. 62(i. Assemblée générale, p. 5. Association agricole en Alsace-Lorraine, p. 783. Astre (G.). — ^Mollusques des dunes marilimes IVançaises, p. 197. Astronomie, p. 41, 841. Atmosphère (Gaz rares de 1') et aéro- nautique, p. 94. Atrésie du maxillaire, p. 710. Atronhie saisonmère, p. 312. Attention, p. 302. — (Nature de l'j, p. 360. — intérieure, p. 367. Aube, p. 546. Aubry (L.). — Une erreur de Dirichlet; p. 41. Aude, p. 456. Aurillac, p. 422. Autochrome, p. 336. A uto-greffe osseuse, p. 701 . Autotomie émotionnelle, p. 388, Aviation, p. 76. — française, p. 894. Axe floral du genre anémone, p. 215. Aymar. — Gisements tertiaires des environs dAurillac, p. 422. Bacille tuberculeux, p. 6 il. Bactéridien (Charbon), p. 613. Bactériologiques (recherches), p. 777. Balais de sorcières, p. 789. Balance d'Eotvôs, p. 172. Baromètre, p. 140. Batraciens urodèles, p. 312. Beauce. p. 506. Beauchamps (F. de). — Rhabdo- clœes des environs de Dijon, p. 3(10. Belbès, p. 422. Bellecroix. p. 492. Benzol (Arséno), p. 612. Bérillon. — Dangers de la précocité scolaire, p. 8o0. — Pédagogie des métis, p. 850. Besnier. — Le nom d'Alsace, p. 586. Betterave à sucre (Culture de la), p. 787. Beurre (Conservation du), p. 764, 777. Bayer (R.). — Vignoble Alsacien- Lorrain, p. 759. Biologie des mollusques, p. 197. — (réserves biologiciues), p. 208. — du saumon, p. 273. — de VAl ache, p. 279. — appliq >ee, p. 276. Bischwiller, p. 441. Blaizot. — Conservation du beurre,, p. 7(i4. Blaringhem. — Séleclion du hou- blon, p. 781. Blés (Variétés de), p. 756. TABLE ANALYTIQUE 911 Blondel. — Discussion sur l'orienla- tion professionnelle, p. 344. Blum (P.). — Inefficacité des médi- caments antithermiques, p. 607. Boeckel (J.). — Plaie du cœur par projectile de guerre, p. 606. Bœuf (F.). — Plantes cultivées en Tunisie, p. 74S. Boismoreau. — Le menhir de la Pierre Folle, p. 412. — Silex néolithiques à l'île d'Yeu, p. 551. Bordet-Wassermaim (Mélhode) , \). 668. Borel, p. 42. Bossière (E.-R.). — Élevage du mouton, p. 813. Bo.slrychides, p. 285. Botanique, p. 197. Botaniste alsacien, p. 199, 200. Bouches du Bhônc, p. 543. Bounhiol (J.-P.). — Biologie de l'Allache des côtes d'Algérie, p. 279. Bouin (M.). — Composition du lait de vache, p. 262. Boussoles tonales, p. 356. Bouxwiller, p. 189, Boyard (G.). — Station campignienne de iNan-sou-Thyl, p. 553. Brsemer (L.). — Pharmaciens-bota- nistes alsaciens, p. 199. — Flore des ruines d'Alsace, p. 200. — et Kueny (R.). — Plantes médi- cinales de l'Alsace p. 201. Brésil, p. 649. Breuvery (Marne), p. 596. Bridges amovibles, p. 729. Brille. — Discussion sur l'anesthésie régionale, p. 701. Briqiietage de la Seylle, p. 517. Brocadet (P.). — Angelims du Brésil, p. 649. Bromure de cyanogène, p. 122. Bronze (Age du), p. 461. — coulé, p. 545. Brotero, p. 790. Bureau central météorologique, p. 151. Cabanes (Fonds de), p. 543. Cache-cache (Jeux de), p. 63. Cacheux (E.). — Décongestionne- ment de Paris, p. 829. Cadenat (A.). — Comptes courants nationaux, p. 835. Cadran solaire, p. 59. Caféine, p. 644. Calcaires du sol, p. 239. — et Eocène de Bouxwiller p. 189. Calcium (Carbonate de) p. 239. Caillés (Laits), p. 665. Calmette (A.). — Discours d'ouver- ture : Les ultra-microbes, p. 13. Calcification des dents humaines, p. 706. Calvados, p. 405. Campignien, p. 553. Capitan. — Fouilles à la Ferrassy, p. 540. Carbonyle (Nickel), p. 646. Carbures forméniques, p. 115. Carie. — Arséno-benzol et mercure, p. 612. Carolingien (Temps), p. 568. Carolingienne {?44. Féret (A). — Sahara forestier p. 2! 5. Ferrand. — Discussion sur Fhygiène dentaire publique, p. 687. Ferrassie (Fouilles à la), p. 540. Feu (Sédimentation ignée), p. 188. Fibrine, p. 336. Fibro-myoïnes utérins, p. 626. Fièvre, p. 607. — aphteuse, p. 765. Flambage des poteaux en treillis, p. 9a. Fleury-sur-Aire, \). 18L TABLE ANALYTIQUE 915 Flore des ruines d'Alsace, p. 200. — diatomique, p. 239. — fourraçjère du Maroc, p. 790. — microbienne du sel, p. 864. — mycologique, p. 249. Florence. — Morlier gaulois pour inoudi-e les grains, p. 583. Fluxion périodique du cheval, p. 773. Fluorure de sodium, p. 7G4. Fœtus de macaque, p. 321. ' Folklore de V Alsace, p. 524. Fontainebleau, p. 208. Fontègne (G.). Psychologie et orien- tation professionnelle, p. 341. Foutenay-le-Marmion, p. 405. Fonzès-Diacon. — Analyse des laits caillés, p. 665. De Forcrand et Henry. — Point de fusion des carbures forméniques, p. lis. Forêt de Fontainebleau, p. 208. — du Mayombe congolais, p. 234. Formaldéhyde, p. 655. Formation des astres, p. 53. Formène, p. 115. Forlineau. — Traitement du charbon bactéridien,p. 613. — Peau charbonneuse, p. 856. Fosses nni-ales, p. 332. Foucault. — Discus-ion sur l'orien- laliun professionnelle, p. 3i5. — Sur la nature de l'allenlion, p. 360. Fouilles à la Ferrassie, p. 540. Fouju (G.). — Polissoirs d'Eure-et- Loir, p. 546. Fourrage du Maroc, p. 790. Foveau de Courmelles. — Hémorra- gie uU'rine, p. 6i7. France (Hygiène publique), p. 670. Franchet (L.). — Mission en Orient, p. 4U7. — Céî'ami(|ueénéolilhique, p. 446. — I.e néolithique en Beauce, p. 506. — Discussion sur un mortier gaulois, p. 585. Fréchet (M.). — Extension du « théorème de Borel-Lebesgue », p. 42. Frey. — Discussion sur Tanesthésie régionale, p. 700. — Discussion sur la restauration de la mâchoire inférieure, p. 705. — Calcification des dents humaines, p. 706. — Malpositions dentaires, p. 708. — Discussion sur la rotation des dents, p. 712. Friedel (J.). — Axe floral dans le genre anémone, p. 213. Froger. — Discussion sur l'aviation, p. 80. — Mouillage par les moyens du bord, p. 82. — Discussion sur les gaz rares et l'aéronautique, p. 94. Fron. — Flore fourragère spontanée du Maroc, p. 790. Fusion (Points de), p. 115. Futaies des réserves de • la forêt de Fontainebleau, p. 208. Garnier (J.). — Dispositif de photo- graphie microscopique, p. 219. Gasse (J.). — Châteaux des Rohan, p. 565. Gauli', p. 583. Gault (H.) et Weick (R.). — Isomé- rie dans la série des acides célones et aromatiques, p. 130. Gaurichon (J.). — Nécropole de Monl-Sainl-Jean, p. 586. Gaz rares de Vatmosphère et Vaérono- tique, p. 94. — des gaz naturels d'Alsace et de Lorraine, p. 158. Gazoth-rme, p. 6S9. Geiler (Jean) de Kayserberg, p. 592. Genèse te l'iicidité phosphaticiue, p. 646. Géme civil et militaire, p. 76. Géodésie, p. 41. Géoiiraphie botanique, p. 197. — humaine, p. 8i2. Géologie, p. 131. — et art militaire, p. 190. 916 TABLE ANALYTIQUE Gérardin. — 1" Machines à con- gruence, p. 60. — 2° Facteur d'un nombre composé, p. 61. — 3" Solution minima de x'^ — Ay- ±1,±D. p. 62. — 4" Jeux scientifiques inédits, p. 63. Gérock (J.-E.). — Kirschleger, bota- niste alsacien, p. 220. — Les maisons rouges, p. 566. Gignoux et Depéret (Ch.). — Menis- codon europœum rutymeyer, p. 189. Gillet (P.). — Résistance aérienne, p. 81. Gingivo-stoniatite métallique, p. 739. Girardin (P.). — 1° Torrent de la Croix-de-Javernaz, p. 810. — 2° La Souste et le Stad, p. 822. Gisements de 7ninerais de fer, p. l9o. Globe (Physique du), p. 133. Glycosurie, p. 614. Godon. — Discussion sur les restau- rations de la face, p. 679. — Hygiène dentaire publique, p. 684. — Discussion sur Tanesthésie régio- nale, p. 700. — Discussion sur la reconstitution de la mâchoire inférieure, p. 701. — Discussion sur les dents infectées, p. 724. — Discussion sur les dents branlan- tes, p. 728. — Discussion sur l'angle facial, p.. 728. — Discussion sur les bridges amo- vibles, p. 730. Goldsmith (M"<^). — La convoluta « roscolïensis », p. 390. Gonophores (Spadice des), p. 316. Goormaghtigh. — Hélice cylindri- que, p. 43. — Courbes exponentielles triangu- laires, p. 45. Goris. — Bacille tuberculeux, p. 641. Goutte, p. 629. Grains (Broyage des), p. 583. Graisses (Rôle des), p. 286. Grand. — Agriculture en Lorraine pendant et après la guérite, p. 793. Granjux. — Préservation de l'enfance contre la tuberculose, p. 875. Gravis (A.). — Structure de l'hypo- cotyle, p. 223. — Discussion sur la digitale pourprée, p. 232. Greffe osseuse, p. 701. Grêle, p. 139. Grenoble, p. 59, 552. Grès armoricain, p. 181. Grignard (V.). — Action de l'oxyde de méthyle sur le chlorure de pyrosulfuryle, p. 121. — et Crouzier (P.). — Prépara- tion du bromure de cyanogène, p. 122. — Détection de l'ypérite, p. 125. Grosseron (Th.). — Conservation du beurre, p. 764. — Recherches bactériologiques sur le beurre, p. 777. — Conservation de la morue, p. 852. — Peau charbonneuse, p. 856. — Flore microbienne du sel, p. 864. Grotte de Macheron, p. 493. — Placard, p. 543. Guébhard (A.). — 1° Vraie cause du volcanisme, p. 187. — 2° Vraie cause du diastrophisme cortical, p. 187. — 3° Sédimentation ignée, p. 188. Guébel (C). — Discussion sur l'anes- thésie par le gazolherme, p. 694. — Traitement électrolytique des dents, p. 695. — Discussion sur l'anesthésie régio- nale, p. 700. Guerre, p. 190, 606. — (Usines de), p. 739. — (Agriculture pendant la), p. 793. — (Aviation pendant la), p. 894. Guibert. — Radiothérapie profonde en Allemagne, p. 628, TABLE ANALYTIQUE 91- Guilleminot(H.)— Sélection vivante nalLirclle, p. 337. — Procédé quantilo-mélrique en radio- logie, p. 628. Guillochon. — Plantes cultivées en Tunisie, p. 748. Guinée française, p. 266. Habilattom souterraines, p. 521. Ilaguenau, p, 441. Havre, p. 859. Heinrich. — Variétés de blés en Alsace et Lorraine, p. 756. Héléna (P.)- — Industrie tardenoi- sienne, p. 456. Hélice cylindrique, p. 43. — à pales mullijdes, p. 89. Héliothérapie méthodique, p. 632. Hémorragie utérine, p. 627, Henry (P.). — Point de fusion des carbures forméniques, p. 115. Hermann (J.). — Les curiosités de Paris, p. 581. Herpétologie de la Guinée française, p. 266. Hertzog. — Cultures spéciales du pays messin (Mémoire publié à part) . Hesnard. — Une maladie de l'atten- tion intérieure, p. 367. Hétéro-greffe, p. 701. Hogue (Tumulus de la), p. 405. Hollande (A.-C). — Tachycardie et catV'ïne. p. 644. Houard (C). — Collection cécidolo- gique, p. 304. ■ Houblon, p. 781. Houblons, fins (Culture des), p. 768. Housset (P.). — Démonstration, p. 740. Huet (E.). — Technique opératoire, p. 745. Huiles essentielles, p. 659, 661. Huntington (Chorée de), p. 372. Hybrides (Rosiers), p. 218. — de cépages, p. 759. Hydrobenzaine, p. 113. Hydrocarbures naturels, p. 146. Hydrologie de la vallée du Loing, ■p. 826. Hydrolyse, p. 131. Hygiène, p, 852. — dentaire'publique, p. 684. — publique en France, p. 670. Hypocotyle (Structure de V), p. 223. Icosaèdre, p. 58. Ile d'Yeu, p. 551. Imbert (A.). — Détermination des aptitudes professionnelles, p. 346. Indice métal (Recherche de 1'), p. 658. Industrie lardenoisienne, p. 456. Inflorescences monstrueuses, p. 233. Inscrites (Sphères), p. 58. Inspection de lliygiène dentaire, p. 684. Intellectuel (Travail), p. 349. I nier sexualité, p. 281. Intoxication du sot, p. 202. lodure de cyanogène, p. 122. lonzinc, p. 630. Iridium, p. 118. Irritabilité par la température, p. 339. Isère, p. 552. Isomérie, p. 130. — dans les complexes de Viridium, p. 118. Issler. — Association du Chêne lanugineux, p. 227. Jaëll (M"'e). — La grande œuvre de l'éducation de la main, p. 334. — Boussoles tonales du musicien, p. 356. Jaffeux (P.) et Délépine (M.). — Le sulfure de propylène, p. 120. Japon (Jeux du drapeau du), p. 63. Jaulin. — Recherche radiographique des lésions osseuses, p. 62 J. — Traitement du sycosis staphylo- coccique, p. 630. Jeanton (G.). — Grotte de Macheron, p. 493. Jeay — Discussion sur l'anesthésie régionale, p. 700. Jesse. — Station agronomique de Metz, p. 795. 918 TABLE ANALYTIQUE Jeux scientifiques, p. 63. — du drapeau du Japon, p. 63. — de paille-maille, p. 63. — de cache-cache, p. 63. Jodot (P.). — Géologie appliquée à l'art militaire, p. 190. Jura (Pélécipode jurassique) (Mémoire hors volume). Kent (Pluie dans le comté de), p. 154. Kergrohen. — Méthode du pneumo- périLoine artificiel, p. 636. Kieffer. — Chironomides du Sleswig- Holstein, p. 327. Kirschleger, p. 220. Koenig (G.). — La digitale pourprée, p. -231. KoUmann (M.). — Les fosses nasales des tarsiers, p. 332. Kuény (R.) et Braemer (L.). — Plantes médicinales de l'Alsace, p. 201. Kuhlmann (E.). — Vignoble Alsacien- Lorrain, p. 798. Laboratoire d'entomologie du Muséum, p. 304. Labrouste. — Tremblements de terre eni'egislrés à Strasbourg, p. 151. Lacs du Sle.swig-IIolstein, p. 327. Lactation, p. 262. Laits caillés, p. 665. — cuit et cru, p. 654. Lait de vache, p. 262. Lalin (M.). — Taches solaires et dépressions barométriques, p. 140. Langue, p. 70S. Larminat (De). — Inflorescences monstrueuse-, p. 233. Larue (P.). — Ti-ansports sans che- mins de fer, p. 95. — Points de vue humain et agricole de Jacl matologie, p. 152. Larynx, p. (182. Lavialle (P.). — Tégument ovulaire des composées, p. 20l. — Sulfure d'ammonium en toxico- logie, p. 6')0. Le Bègue. — Discussion sur les dents infectées, p. 724. Lebesgue, p. 42. Leduc (S.). — Décharges électriques en boule, p. 404. — Albuminolyse électroly tique, p. 632. ^ ' Legangneux (H.). — Maladie provo- quée par un acarien, p. 859. Légion d'honneur, p. 596. Le Goff (J.). — Glycosurie et saccha- rosurie, p. 614. Lematte. — Régime normal, p. 646. Lepape (A.). — Gaz rares des gaz naturels d'Alsace et de Lorraine, p. 158. Lequeux (Appareil construit par M.) pour le Bureau central météorolo- gique, p. 151. Leroy (J.). — Limons quaternaires, p. 460. Lésions osseuses, p. 629. Lesne (P.). — Coléoptères xylophages de la famille des bostrychides, p. 285. Levant -de-V Aunier^ p. 425. Lévy (A.). — Appareillage maxillo- facial, p. 713. Lickteig (E.). — Reconstilution delà mâchoire inférieure, p. 701. Limons quaternair/s, p. 460. Limousi. — Recherche radiographi- que des lésions osseuses, p. 629. Littoral (Cordons), p. 192. Litre (E.). — Loi des aires, p. 66. Loi df'S a ires, p. 66. Lning (Vallée du), p. 826. Loir (A.). — Les muséums de pro- vince, p. 843. — Maladie provoquée par un.acarien, p. 859. Lorraine, p. 756, 759, 783, 793, 798, 8 :i4, 88S. — (Gaz naturels de), p. 158. — (Météorologie de la), p. 166. — (Climat de la), p. 180.. Lotus areuarius brotero, p. 790. Liigny, p. 493. Macaque, p. 321. Macherun, p. 493. TABLE ANALYTIQUE 919 Machines â congruenœ, p. 60. Mâchoire inférieure (Reconstitution de la), p. 701. Maidy (L.-G.)- — Légion d'honneur dans les armoiries, p. 59(5. Maignon (F.). — Utilisation des protéines alimentaires, p. 286. Main (Structure symétrique de la), p. 356. — (Éducation de la), p. 354. Maire (L.) et Sartory (A.). — Flore mycologique française, p. 249. — Le tricholomatigrmum, p. 256. Maisons rouges, p. 566. Md'adie cutanée provoquée par un acarien, p. 859. Malaucène, p. 425. Malherbe (P.). — Hydrologie de la vallée du Loing, p. 826. Malp'isitions dentaires, p. 708. Malle, p. 446. Mammifères du Sahara, p. 307. Mares (Habitations souterraines), p. 521. Marne, p. 596. Maroc, p. 193. Maroc, p. 790. Marsille (L.). — Age du bronze dans le Morbihan, p. 461. Marxer. — Traitement de la fièvre aphteuse, p. 765. Massol. — Rôle du pharmacien au Conseil d"Hygiène, p. 632. Malhémaliques, p. 41. Mathias. — I\pgime de la pluie '• comté de Kent et Pas-de-Calais français, p. 154. Matière vivante, p. 337, Matthis (C). — Signes rupestres, p. 471. Mautoche, p. 544. Maxillaire (Atrésie du), p. 710. Muxdio-facial (Appareillage), p. 713. Mayet (L.). — Temps quaternaires, p. 4.>1. — Stations préhistoriques, p. 491. — Squelette d'Elephas planilVons, p. 492. Mayet (L.). — Grotte de Macheron, p. 493. Mayombe congolais, p. 234. Mazenot (J.). — Grotte de Macheron, p. 493. — Station préhistorique, p. 491. Mécanique, p. 41. Médecine (Plantes méicinales), p. 201. Médicaments antUhermiques, p. 607. Mémery (H.). — Variation périodique de la température, p. 141. Menaud (J.). — Station préhisto- rique, p. 491. Mengel (0.). — Cordons littoraux de Catalogne, p. 192. Menglon (Drôme), p. 552. Menhir de la Pierre-Folle, p. 412. McniscodoiL europeum rutimeyer , . p. 189. Mer (richesses maritimes), p. 276. Mercure, p. 612. Mérovingien (temps), p. 586. Merslion (Arc lingual amovible de), p. 711. Métabolisme minéral, p. 646. Météorologie, p. 132. Météorologie d'Alsace et Lorraine, p. 166. Méthode des approximations successives, p. 71. Melhyle (Oxyde de), p. 121. Métis (Pédagogie des), p. 850. Metz, p. 795. Metz (A.). — La réaction universelle, p. 107. Meunier (J.). — Diffusion universelle des hydrocarbures naturels, p. 146. Meurthe-et-Moselle, p. 586. Meuse, p. 184. Meyer-Ferber. — Culture des hou- blons lins, p. 768. Michel. — Fluxion périodique et anémie pernicieuse, p. 773. Microbes d