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MAT ÈUR, gro ent + au Li 4 +81 (de nf ses S CR 1 + : Fes Ci «Hsgitt Lt RUE ns ET a REX 27 Hyss ; #e sé Au ; FIST RE LE à iaier as COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE 14 SociéTÉ RoYALE D AGRICULTURE , HISTOIRE NATURELLE ET ARTS UTILES de Lyon , pendant le cours de l'année 1817. Msssizurs, La Notice de vos travaux, pour l'année 1817, CH eût dû vous être présentée dans un autre temps; RÉ es ms mais vous savez par quel enchaînement de d'Agriculture , circonstances impérieuses , l’ordre de vos utiles je Fe Rs occupations a été interrompu; vous n'avez pas oublié , qu'au moment où se rouvrirent les portes de cette enceinte qui étaient resté fer- mées pendant plus d’une année, vous voulûtes faire connaître au public les recherches et les observations déposées depuis long-temps dans vos porte-feuilles ; vous vous rappelez que c’est d’après vos ordres , que ces mémoires servirent de matière à une notice qui fut publiée à la 6 Société Royale d'Agriculture place de celle que j'ai l'honneur de vous sou- mettre aujourd'hui. ( 1 ) Tout vous fait présager , Messieurs, que rien désormais ne troublera vos travaux ; ils sont honorés de l'auguste protection d'un gouver- nement sage et paternel ; encouragés par les dignes dépositaires de sa haute confiance , jus- tement appréciés par un public éclairé. L'influence que vos réunions ont exercé, dans tous les temps, sur les progrès de l’agro- nomie, deviendra plus puissante et plus générale dans les jours de calme ét de paix que la providence nous réservait après tant d'orages, tant de secousses, tant de malheurs. Ai-je besoin de iconstater cette influence? et suis-je réduit à la nécessité de répondre à quelques personnes qui , pendant l'interruption de vos séances, ont peut-être avancé que leur cessation absolue eût faiblement interessé la pratique de l'Agriculture ? Les motifs de cette étrange opinion ne pour- raient-ils pas s'appliquer à l’existence de toutes les Sociétés agronomiques établies en France , en Allemagne , en Anglettere, à celle de toutes les Sociétés savantes et littéraires, et par une (*) g janvier 1818. de Lyon. 7 suite consécutive , à l'existence de tous les corps enseignans , de toutes les bibliothèques, de tous les moyens de perfectionner les connaissances et de les répandre parmi'les hommes ? IL est néanmoins des vérités qu'il ne faut pas se lasser de répéter, et qu'il faut, autant que possible, présenter sans cesse, sous des faces nouvelles : permettez en conséquence, Messieurs, que je commence cette notice de vos travaux par quelques réflexions sur l'utilité des Sociétés agronomiques. Ce fut précisément, à l'époque où elles furent instituées dans les principales villes du royaume, que commencèrent à pénétrer dans les campa- gnes voisines ces riches améliorations , qui, s'étendant tous les jours davantage, ont tant multiplié les produits de la nature. À la même époque, les contrées qui n'adop- tèrent point ces institutions , restèrent sous le joug de cette routine aveugle et grossière qui étouffe la fécondité de la terre. Eh ! comment n'en eût-1l pas été ainsi ! L'art nourricier des hommes , cet art profond et difficile n'était point, dans ces contrées, jugé digne des recherches et des méditations de ceux qui sont obligés par leur état, ou in- vités par leur aisance et leurs loisirs à exercer 8 Sociélé Royale d'Agriculture les facultés de leur entendement. Par suite de ce déplorable préjugé, la théorie comme la pra” tique de l’art agricole était entièrement aban- donnée aux mains grossières de ces hommes qui peuvent à peine dérober quelques momens de leur existence à des labeurs purement mécaniques. Certes , ils n'appartenaient point à cette der- ‘ mière classe, les Duhamel, les Malesherbes , les Réaumur , les Rozier, les Gilbert, les Fenille, les Parmentier et tant d’autres personnages éminens, dont les travaux et les efforts réunis ont enrichi de leurs découvertes le sol de notre belle patrie. Ces hommes supérieurs étaient profondément versés dans les sciences physiques et naturelles, dont le flambeau éclaire les théories et les pro- cédés agricoles ; ils partageaient leur temps entre de sages observations , recueillies dans les campagnes , et de longues méditations sui- vies dans le silence du cabinet. Ils aimaient à communiquer leurs pensées à des Sociétés d’agri- culture dont ils étaient les fondateurs et les soutiens ; ils y soumettaient leurs recherches el leurs découvertes à une discussion éclairée autant qu'amicale. Les lumières qu'ils avaient apportées dans le sein de ces réunions , en jail- lissaient plus brillantes et plus pures ; elles 2 allaient ensuite se réfléchir sur les autres réu- de Lyon. g nions du* même genre , et delà se répandaient au loin , pour féconder les campagnes. Si cesillustres Agronomes eussent été isolés et livrés à eux-mêmes, auraient-ils pu propager si rapidement et avec tant de facilité les vérités utiles, découvertes par leur génie? S'ils n'eussent été soutenus , appuyés, secondés par d’autres Savans , ainsi qu'eux pleins de zèle pour le per- fectionnement du premier des arts, eussent- ils osé entreprendre de longues recherches, se livrer à d'immenses travaux, braver des obsta- cles toujours renaissans , s'élever au-dessus de difficultés presque insurmontables ? Plusieurs d'entr'eux ont avoué, dans leurs ouvrages im- mortels, que c’est à la coopération des Sociétés d'Agriculture qu’ils durent, en grande partie , et leurs découvertes et les moyens de les propager. Ils ne se dissimulaient point que jamais des écrivains isolés , quelqu’eût été le poids de leur nom, ne fussent parvenus à persuader à des Agriculteurs d'abandonner les méthodes de leurs pères pour adopter, et les prairies arti- ficielles, et la rotation des récoltes , et le chau- lage des grains , et l'éducation d'animaux étran- gers , et la culture de la Solanée Parmentière, ainsi que celle d'un grand nombre d’autres plantes originaires des pays lointains ; toutes #4. 10 Société Royale d'Agriculture ces améliorations , et beaucoup d'autres encore, ont été reçues , accueillies par les Sociétés d'Agriculture établies sur divers points de la rance. Elles se sont introduites dans les do- maines de quelques-uns des membres qui les composent , et se sont ensuite étendues dans les campagnes voisines. Les améliorations Agricoles ont suivi la même marche dans les autres contrées de l'Eu- rope : un profond Agronome anglais , Ar/hur Young , nous dit formellenient que , dans ies trois royaumes , on ne citerait pas une seule amélioration en Agriculture , qui soit l'ouvrage des fermiers , des petits propriétaires , des cul- tivateurs purement praticiens; il ajoute , qu'on doit toutes les heureuses innovations agronomi- ques à des personnes riches , étrangères au ma- nuel des champs ; mais, les parcourant en ob- servateurs attentifs ; habitant , au reste, les grandes ville set fréquentant les académies. » Il n'y a point d'exemples , dit quelque part » le vénérable Parmentier, où s'il en existe, » ils sont fort rares , que des méthodes ou des » procédés ayent été simplifiés ou perfectionnés » par des cultivateurs ordinaires. On doit. ces » heureux changemens , ces innovations utiles , » à des gens étrangers à la profession de cul- de Lyon. 1 » tivateur , mais qui chérissent l'Agriculture, » l'examinent avec attention , et qui joignent » à des connaissances multiplées , l'habitude de » la méditation. » Je pourrais ajouter que ces amis zélés de l'Agriculture, ces ardens propagateurs des véri- tés salutaires , éprouvent le besoin de se réunir pour se communiquer leurs vues, leurs pen- sées , pour concerter leurs mesures afin, d'arriver au but philantropique auquel tendent tous leurs efforts. Lorsque des réunions, formées sous de pa- reils auspices, dans les principales villes d’un grand État se lient entr'elles par des rapports intimes ; lorsqu'elles aboutissent à un centre commun , situé dans la première capitale de l'Europe, quel avantage ne doit-on pas attendre de leur correspondance ! Que de canaux toujours ouverts à la libre et rapide circulation des bons procédés , des sages méthodes agronomiques | Les relations étroites qui, unissant entr'elles les Sociétés Agricoles départementales les at- tachent toutes à celle de Paris , ont été, vous le savez , Messieurs , déterminées par une Or- donnance royale ; et vous avez vu, dans le préambule de cette loi, le glorieux témoignage de la satisfaction de S. M. pour les uliles tra- 12 Sociélé Royale d'Agriculture vaux auxquels wa cessé de se livrer la Société d'Agriculture de Paris. (1) Certes, Messieurs , lorsque le plus sage , le plus éclairé des Rois daignait s’exprimer ainsr, il n'avait pas seulement présente à l'esprit la Société d'Agriculture de sa capitale, il s'occu- pait encore de celles qui, répandues sur divers points de la France , sont, d'après son auguste volonté , tellement coordonnées avec celle de Paris, qu’elles ne forment avec elle qu’un seul corps , une seule et même institution. À Dieu ne plaise, Messieurs , que je veuille ajouter quelque chose aux paroles royales, qui, en consacrant l'utilité de la Société de Paris, ont consacré celle de toutes les Sociétés du royaume. Qu'il me soit permis , toute fois , de vous rappeler que la vôtre est l'une des plus anciennes de France, après celle qui siége à Paris; qu'aucune Société départementale n'a plus puissamment influé sur les progrès de FAgriculture Française , et compté parmi ses membres tant d'illustres Agronomes (2 }. Elles est encore l’une de celles qui se rétablirent les (x) Propres expressions de Sa Majesté. (2) J'ai donné dans la Notice précédente des preuves de de cette vérité. de Lyon. 13 premières après la tempête révolutionnaire, et qui , depuis leur restauration ,| mirent dans leurs travaux l'activité la plus soutenue. Si, ne pouvant résister à l'empire des cir- constances , elle a, dans ces derniers temps, interrompu ses occupations , ainsi qu’un grand nombre d’autres réunions dévouées aux sciences, aux lettres , au bien public, du moins elle les à repris avec une ardeur nouvelle : et dès- lors ses Séances ont été suivies avec plus d’as- siduité; sa correspondance a redoublé d'activité, et son prote-feuille a recueilli, en une année, plus de richesses qu’il n’en amassait d'ordinaire dans le même espace de temps. Un évènement du plus heureux présage avait signalé l'ouverture de votre session : vous avez appelé à la présidence M. le Chevalier Delhorme , Procureur-Général près la Cour royale , et M. le Comte de Chambost | Colonel de la garde nationale de Lyon. Qui mieux que ces deux personnes recommandables pouvaient réparer des pertes qui vous avaient laissé de profonds regrets : celle de M. le Baron de a Chassaigne, que la mort vous a ravi, et celle de M. le Docteur Eynard, qui , après un demi-siècle de services honorables rendu à sa ville natale, semble ; pour le malheur des arts utiles , Discours de M. le Président , à Fouverture des séances de 1817 14 Société Royale d'Agriculture s’ètre retiré tout entier dans le sein de sa famille et dans le cercle de ses amis. ouvertes les séances de l'année 1817. C'est par le discours suivant , que. se sont « Messieurs , » vous a dit M. Del'horme que vous veniez d'élire Président. » » » « J'ai accepté avec reconnaissance l'honneur que vous avez bien voulu me faire, en m'ap- pelant à la présidence de cette Société royale. » Tant que j'aurai à diriger vos utiles travaux, j'apporterai parmi vous et je m'appliquerai à faire régner cet esprit de paix et d'union, d'intimité et de confiance, sans lequel il n'est plus de charmes ni de liens dans les assem- blées. Si de longs bouleversemens ont déplacé beaucoup de choses, froissé de grands intérêts, changé la direction des idées, et semé des germes de discorde entre les fils du même père, et les enfans de la même famille ; laissons s'il est possible , sur le seuil de cet asile, les souvenirs déchirants et la mémoire du passé. La nature et les champs : Ce sont là les objets de notre étude; plus nous méditons sur l'ordre immuable qui les régit , plus nous nous élevons au-dessus des passions humaines ; et à mesure que nous nous ass0- de Lyon. 15 cions par la pensée au sublime phénomène de la création et de la reproduction | nous apprenons à réduire à leur valeur les pré- tentions de l’orgueil , les mouvemens de l'ambition et les erreurs dans lesquelles ils nous entraînent. » ‘ Le goût de l'Agriculture et des Arts utiles est fondé sur un sentiment de bienveillance générale qui sert à le justifier, même dans ses erreurs et ses illusions, et qui fait trouver un prix infini dans la moindre des découvertes utiles qui en est le résultat. L'art de labourer la terre touche, pour ainsi dire, à l’origine du monde; mais n'est-ce pas successivement de proche en proche et de degrés en degrés, qu'il est arrivé au point de perfectionnement où nous le voyons aujourd'hui ? Laïssons dire le vulgaire et ne nous lassons point, Mes- sieurs , de penser et de croire qu'on peut encore beaucoup apprendre et beaucoup enseigner. Les progrès de l'Agriculture en France, depuis le milieu du dernier siècle sont incontestables ; les longues guerres de Louis XIV , le système de Colbert, l'activité des manufactures, et notre opulence sous le règne de Louis XV nous avaient fait négliger les . Champs; mais vers 1760, une certaine fer- 16 Sucièté Royale d'Agriculture menlation s'empara de nouveau des esprits, on approfondit davantage la véritable source de la richesse des Nations, on revint au système d'Henri IV , de Sully et d'Olivier de Serrée. Quelques hommes clairvoyants dirigèrent ce mouvement général , et les Sociétés d'Agriculture furent fondées. La science était comme une terre abandonnée; mais cette terre était féconde et les premiè-" res récoltes attestèrent sa fertilité. Il ne nous est plus donné aujourd'hui de marcher rapi- dement dans la même carrière , comme ceux qui nous ont dévancés ; ne laissons pas de la parcourir avec courage , notre course ne sera ni sans gloire ni sans utilité. » L'Agriculture, dans ce royaume , a été portée, de nos jours , à un point de prospérité qui est à la fois le fruit des leçons du passé et des circonstances du temps. Je n’examinerai point, avec vous , quelle peut-être la consé- quence, en politique et en morale, de la trop grande subdivision des héritages : c'est une haute question qui tient aux fondemens de l'ordre social et que je laisse seulement apercevoir. Mais il. est certain que sous le rapport de l'abondance du produit , la culture à bras est la plus avantageuse , et qu'aux » abords de Lyon. 17 abords des grandes cités, elle ne peut être considérée que comme un bien réel. Appelés par notre position et par la nature de nos propriétés à être les témoins de ses résul- tats , ce n’est qu'avec peine que nous pou- vons nous résoudre à avouer le principe que l'Agriculture n’est une véritable richesse, que par la masse des produits qu'elle fait entrer dans la consommation générale et dans l'exportation , après avoir fourni à la sub- sistance du cultivateur et de sa famille. » Rapportons sans cesse, Messieurs , au sein de la Société , dans ce foyer commun de nos lumières , les observations et les expériences que nous aurons faites. Eclairés mutuelle- ment par la communication et la discussion de nos idées , c’est alors que nous pourrons avec confiance, nous livrer à la pratique et enseigner par l'exemple ; unique leçon que reçoive l'habitant des campagnes; car il résiste à toutes les théories et il n’y a que l'évidence de fait qui puisse le convaincre. Ne bornons pas nos rapports avec lui, à ce quitient à l'Agriculture ; sachons les étendre et les lier à Fintérêt général. Ce n’est pas assez pour nous d'enrichir les campagnes, cherchons encore à les rendre heureuses. Profitons de notre as- 2 18 Société Royale d'Agriculture n » » ) cendant pour ranimer dans l'ame des cultiva- teurs , les idées de morale et de religion, ce sentiment d'une juste soumission , cet amour de l'ordre , ce respect des lois qui ne l'ont que trop abandonné. Les rois de France ont aflranchi les serfs et aboli la servitude , ils ont peuplé les champs comme les villes de propriétaires et de citoyens. L'une et l’autre population leur sont égale- ment chères ; toutes deux , elles ont la jouissance des droits civils ; la loi les appelle à la participation de tous les droits politiques : nulle exclusion pour personne , nulle distinc- tion , nulle récompense qui ne puisse être obtenue. Lorsque tous les droits sont égaux, puissent tous les sentimens se confondre et s'unir dens notre amour pour nos Rois. Cet amour est la fortune de la France. » Les paroles du digne magistrat que vos suf- frages unanimes avaient appelé au fauteuil, ont pénétré dans vos cœurs. C'est sous les auspices de l'union , de la concorde, de l'estime mutuelle , que vous avez repris le cours de vos utiles travaux. Comme dans les années précédentes , ils ont eu pour objet la statistique du département, l'agriculture , l'art vétérinaire , l’histoire natu- de Lyon, 19 relle , les arts utiles. Un grand nombre de mémoires sur ces divers objets vous ont été lus par des Membres titulaires , et vous avez entendu plusieurs rapports sur des ouvrages manuscrits où imprimés , que vous ont adres- sés , soit des Correspondans , soit des agro- nomes étrangers à la Société. Je vais, Messieurs, vous présenter une ana- lyse succinte de ces différentes productions , en commençant par un travail étendu sur la statistique de ce département, que M. le che- valier Perret vous a communiqué. (1) STATISTIQUE. M. le chevalier Perret fait observer, en pre- mier lieu , que le département du Rhône se distingue par la variété de ses aspects et de ses produits ; il suffit, dit-il, pour s'en convain- cre, de le parcourir en suivant les trois voies de communication qui, partant de notre ville, (1) Le Mémoire de M. le chevalier Perret a été lu dans la séance du 9 janvier 1818, qui fut présidée par M. le comte Lezai-de-Marnesia, Préfet du département du Rhône ; c’est jusqu’à cette séance inclusivement que, d’après les intentions de la Société, a dû s'étendre le présent Compte-rendu, Coup - d'œil sur l’état de la culture dansle département du Rhône; par M. le chevalier errelks Surlaculture de la vigne; par le même. 20 Société Royale d'Agriculture se dirigent au nord , à l'occident et au sud (1). La première de, ces routes aboutit à Paris; elle traverse les campagnes du Beaujolais, et contourne des côteaux couverts de riches vignobles. La seconde , se dirigeant par le Forez, s'enfonce dans les sinuosités de montagnes, remarquables par leurs terres à blé et leurs gras pâturages ; enfin celle du sud, offre un mélange de diverses cultures , parmi lesquelles dominent les vergers , les jardins, les vignobles. Les pays intermédiaires entre ces voies de com- munication , présentent des aspects et des cul- tures également variés ; quelques - unes des montagnes qu'elles percent sont couvertes de forêts , ou renferment , dans leur sein, des minerais , que l'industrie met en valeur. Ainsi l'on voit réunis, dans notre départe- ment , des vignobles , des terres à blé, des pâturages , des vergers , des jardins , des bois et des mines. La vigne, qui est l'objet principal de notre agriculture, est plantée dans un terrain où l'on trouve le schiste , le granit léger, l'argile, la ( 1 ) Ces voies de communication sont les mêmes que les Conquérans du monde avaient ouvertes dans cette partie des Gaules, de ‘yon. 21 craie , la pierre calcaire. Tous ces élémens sont quelquefois réunis dans un vignoble de peu d'étendue. On en a conclu la nécessité de cul- tiver plusieurs espèces de plants; ce qui sans doute , préjudicie à la qualité des vins. Avant de planter la vigne , on ne se contente pas, en Beaujolais , de miner le sol, on creuse encore des fossés , on y plante, quelquefois, par crossettes ou chapons ; c’est ainsi qu'on appelle des sarmens vigoureux , choisis parmi ceux qu'on a obtenus de la taille d'une vigne âgée de 6 à 20 ans. Il est reconnu que les plants doivent venir du nord au midi, plutôt que du midi au nord. Si l'on néglige de défoncer le terrain avan de planter la vigne, elle exige plus d'engrais , végète avec moins de vigueur et l’on est obligé de l’arracher au bout de trente ans. La distance entre les ceps varie depuis 18 pouces jusquà 3 pieds. On observe que leur écartement les préserve des maladies causées par l'humidité de l'air. On est forcé de les rap- procher dans les pentes rapides. Le vigneron du Beaujolais , qui cultive des côtaux escarpés, a soin de les couper par des fossés transversaux , dans lesquels il va recueil- lir, pendant l'hiver, la terre que ses travaux 22 Société Royale d’Agricullure et surtout les pluies y ont fait tomber ; il les transporte de bas en haut et il ne connaît pas de meilleur engrais. Celui qui résulte du fumier de litière est moins avantageux : il développe une multi- tude d'insectes , et il communique au vin un goût de terroir. La grosse cornaille, le crottin de brebis et de chèvres sont préférés dans les pays où l'on peut se les procurer. Dans les autres contrées , on abuse du fumier de litière ; très-rarement on fait des compost de ce fumier en le combinant avec des terres , de la chaux, des cendres et des feuilles. Cette pratique offre cependant de pré- cieux avantages. C'est vers la fin de février qu’on taille pour l'ordinaire la vigne , en Beaujolais. Ceux qui font cette opération à la fin de l'automne évi- tent les gelées tardives du printemps ; mais ils exposent la moelle des ceps à l'humidité de l'automne et aux frimats de l'hiver. D’habiles propriétaires préfèrent , par ces raisons , de faire tailler à la fin du mois mars. La vigne reçoit trois labours ; l'un après la taille et l'ébourgeonnement , l’autre après la floraison ; le troisième à la veille du change- ment du raisin. Dans plusieurs vignobles, on de Lyon. 23 soutient la vigne avec des échalas, on amène vers le sommet des ceps les branches latérales, on les y assujélit pour les présenter à l'in- fluence du soleil. La méthode du Maconnais est préférable ; elle consiste à réunir , avec un lien , les extrémités des sarmens de quatre ceps voisins. Les gelées du printemps , la coulure, des vers de plusieurs espèces , le rougeot, les brouil- lards , la brûlure, sont les principaux accidens qui menacent les récoltes (1 ). On conseille de ne pas cueillir le raisin quand il est bumecté par la rosée ; cependant quel- ques ænologistes ont observé que cette eau est favorable à la formation des vins blancs, en leur communiquant de l'acide carbonique. Lorsqu'avant de jeter le raisin dans la cuve, on le foule complettement, il éprouve une fer- mentation générale et simultanée ; c'est pour atteindre ce but qu'on a inventé plusieurs ma- chines , parmi lesquelles on peut citer celle que notre, collègue M. Rasf, a fait établir dans (1) On ne connaît pas de moyen sûr pour préserver la vigne de lattaque des vers. La Société accordera dans le mois d’août prochain , une prime d’encouragement à celui qui aura fait connaître ce moyen. 24 Société Royale d'Agricullure son domaine d'Écully , il y a 25 ans , et dont il retire de grands avantages. Les propriétaires qui veulent avoir un vin délicat , font égrapper le raisin avant de le jeter dans le pressoir ; toutefois quelques ænologistes pensent que la présence de la grappe , en petite quantité, est nécessaire pour donner plus de durée à la liqueur. Les bons vignerons connaissent par la dégus- tation ( sans avoir besoin du geuclomètre de M. Cadet-de- Vaux ) le moment précis où il con- vient de décuver. La plupart des grands pro- priétaires du Beaujolais mettent leur vin dans des foudres d'une vaste capacité ; ils ont re- connu que le liquide s'y fesait mieux et s’y con- servait plus long-temps que dans des tonneaux, et que même cette pratique offrait de l’éco- nomie ; la dépense du ouillage étant beaucoup moins considérable. La précaution qu'on observe dans ces can- tons et dans quelques autres du département, de soutirer soigneusement les vins, leur donne une belle couleur , avance leur point de per- fection et les préserve de plusieurs maladies qui proviennent d'une certaine fermentation excitée par la lie. Si ces pratiques sont judicieuses , il n'en est de Lyon. 25 pas de même de l'usage de mêler des vins nouveaux avec des vieux, d'où résulte une fermentation intempestive qui altère la liqueur. Un autre genre d’aliération qui, peut nuire à la santé du consommateur , consiste dans l'emploi de l'alun pour prévenir la décompositiou du vin. L'un des meilleurs ænologistes praticiens du Beaujolais , et peut-être du royaume, M. Ber- gasse , savait conserver et avancer la vieillesse des vins , sans employer de pareils moyens. Il fouettait et agitait par une espèce de roulis le vin nouveau , afin d'en combiner rapidement les principes. Cet Agronomme recommandable a beaucoup contribué à répandre dans le Beau- jolais , les préceptes de culture de la vigne, enseignés par Olivier-de-Serres et Roger-Schabol, ainsi que les procédés de fabrication du vin que M. le Comte Chaptal a fait connaître. La culture de la vigne est généralement bonne en Beaujolais ; elle l'est aussi dans le canton de Condrieu , sur le côteau de Ste- Foy et sur quelques autres points du dépar- tement ; dans d'autres cantons de la pro- vince elle est mal conduite. On n'y ébour- geonne pas , on n'y donne à la terre que deux façons et presque toujours en temps défavorable, etc. Là, comme l'observe très-bien M. le Che- Sur la culture des terres à blé; par le même. 26 Societé Royale d'Agriculture valier Perret, la vigne n’est qu'un accessoire des exploitations rurales ; on s'y attache à d'autres cultures , notamment à celle des grains. Notre collègue va nous faire connaître de quelle manière on y cultive les terres à blé. Ces terres , réunies en corps de domaine sont exploitées par des’ métayers ou par des fermiers et souvent par le propriétaire lui- même. Le métayer que l'on nomme communément granger , partage le produit de son travail avec le propriétaire. Le fermier jouit de tout le revenu du domaine en payant le montant de la ferme. Ces deux systèmes d'administration rurale paraissent les mêmes au premier coup- d'œil ; cependant, les propriétaires instruits et zélés pour les progrès de l’agriculture préfèrent l'exploitation par grangers, parce qu'ils peuvent dans ce cas, diriger le laboureur et entrepren- dre d'utiles améliorations. C'est à ce système que nous devons entr'au- tres méthodes précieuses , l'introduction des prairies artificielles. Le trefle constitue dans nos contrées , le plus grand nombre de ces prairies ; l'existence bisannuelle de cette légumineuse et la facilité de la semer, sur une récolte de céréales, donnent le moyen de l'admettre dans un assolement régulier. de Lyon. 27 On observe que la récolte qui succède au trèfle ou à la luzerne , est plus belle que celle qui a été précédée par le sainfoin. Cependant cette dernière plante engraisse fort bien le sol, soit par le détritus de ses feuilles , soit par celui des nombreux insectes qu'elle nourrissait. Le grain qui se forme après ce mode d'asso- lement , est , il faut l'avouer, d'une qualité inférieure ; il pèse un huitième ou même un douzième de moins que celui qu'on séme sur les terres en. jachère. On peut expliquer cette différence , soit en remarquant que la dureté du terrain et des pailles qui ont porté le trèfle, force à renvoyer à l'automne les façons pré- paratoires des semailles et de les précipiter , soit en attribuant la légéreté du grain à la végéta- tion , trop active , des chaumes qui, sujets à verser , fournissent un épi mal nourri; mais outre qu'on peut obvier à cet inconvenient , en semant clair ; le désavantage qui en est la suite est amplement compensé par l’augmenta- tion des autres produits , et l'économie dans les frais de culture À Pour ce qui concerne les engrais : on a dans quelques lieux , adopté l'usage d'enterrer des Sur la culture des pairies ; par le même, 238 Société Royale d'Agriculture végétaux , tels que le lupin ( lupinus albus >, la vesce ( vicia sativa ). On passe la charrue sur ces plantes quand elles sont dans leur plus forte végétation; c’est précisément le moment des semailles. Leur feuillage enterré soutient la terre, y maintient la fraîcheur et favorise le développement des semences. Après ces détails et quelques autres que je suis forcé de supprimer, M. le Chevalier Perret parle des prairies naturelles; il se plaint de la trop grande variété de plantes qui constituent les nôtres. Comme ces plantes ne fleurissent pas en même temps, et que c’est seulement à l'instant de la floraison qu'il conviendrait de les faucher , un grand nombre sont nécessaire- ment fauchées trop tôt ou trop tard. Notre collègue pense qu'il y aurait vingt pour cent à gagner sur la qualité des foins , et autant sur la quantité, si l'on ne composait les prés que de quelques graminées et de quelques lé- gumineuses choisies L'avantage de faucher l'herbe quand elle est en fleur est prouvé par une expérience faite en Beaujolais. Cette herbe a perdu, en se dessé- chant , un cinquième de moins que celle qui a été coupée avant , ou après la floraison. On a éprouvé , dans ce canton , que l'arro- de Lyon. 29 sement , qui favorise la végétation des prés au mois d'avril , lui nuit en décembre , en jan- vier , en février; qu'il faut le supprimer quand le bouton des fleurs commence à se montrer; que pratiqué hors des saisons il fait périr de bonnes plantes et favorise le développement des végétaux parasites. On s'assure que l'eau a été nuisible aux prés lorsqu'on voit de l'écume au bas des tiges ; c'est un signe de la décom- position des racines. L'art des irrigations est peu avancé dans le Lyonnais, on y connaît à peine l'usage des écluses. Les vergers sont mieux cultivés dans cette urla culture province que les prairies. De nombreuses plan- qes vergers $ tations d'arbres fruitiers y ont été faites depuis par le même. 15 à 20 ans; elles s'étendent sur les côteaux que baignent le Rhône et la Saône. Les pépinières sont en grand nombre dans les environs de Lyon : on peut citer entr'au- tres celle que M. de Ruolz , notre collègue , a établi à Francheville ; et celles que divers cul- livateurs ont formées à la Guillotière | à Vaize et à la porte de Trion. On peut reprocher aux pépiniéristes de mettre trop peu d'intervalle entre les arbres ; ce qui fait que lorsqu'on les arrache , pour les transplanter, ils endom- Sur l’extrac- tion des mines; par lemème, 30 Socicté Royale d'Agricullure magent les racines de leurs voisins et laissent une partie des leurs. On taille, pour l'ordinaire; en quenouille ; cette pratique est facile, elle accélère la fécon- dité de l'arbre sans abréger sa durée. L'émon- dage aveugle , commence à faire place à la méthode de Xontreuil, où à celle de Forsith, qui paraît préférable. Le vocabulaire des fruits est très-confus dans le Lyonnais ; delà beaucoup de plaintes, bien ou mal fondées , de la part des acheteurs. Il serait à désirer que l'admi- nistration de la pépinière , recevant directe- ment des arbres fruitiers de Paris , sous les noms avoués par les maîtres , püt présider à la redaction d'une Synonimie qui serait adop- tée dans la province. C'est par ce vœu que M. Perret termine son article des vergers ; il considère ensuite les bois ; il fait voir combien ils offrent peu de ressources dans le Lyonnais , et il s'occupe des mines de houille , ces précieux supplémens de nos antiques forêts. S'appuyant sur les recher- ches et sur les observaiions de notre collègue , M. Muthuon , ingénieur en chef des mines, il décrit les chaînes de montagnes qui récèlent nos richesses minérales ; soit métalliques , soit bitumineuses. La chaîne qui est à l'ouest de de Lyon. 31 Lyon, du côté de lorient, est principalement composée de kneiss qui s'étend dans la plaine et se montre à la surface de Pont-d'Aluï. Du côté du couchant , cette chaîne est en partie formée de schiste ferrugineux. La chaîne qui fait le contre-fort à celle de l'ouest et qui s'étend vers le nord au-dessus de Tarare, offre de grandes masses de même nature. Elle renferme les mines de Chessy, de St- Bel et sans doute beaucoup d'autres qu'on n’exploite pas encore. On a fait des fouilles à Chasselai et l'on a trouvé quelques gîtes de. belles galènes de plomb sulfuré argentifère. Les dépôts , qui contiennent cette formation accidentelle , ont été construits physiquement par deux modes: l’un de pré- cipitation , l’autre de stratification ; ils ont agi en même temps ou l'un après l’autre ; il en est résulté un arrangement peu constant qui jette dans l'incertitude. Le département offre plusieurs autres indi- ces , notamment celui d’un filon à Vaugneray , que M. Mzthuon a découvert en 1814 ,et qui lui paraît digne d'une importante exploitation. Au-delà de Courzieu , où les montagnes se resserrent et où la Brevenne s’est creusé un lit, la vallée s'élargit et présente un assez beau 32 Société Royale d'Agriculture bassin au fond duquel ; il s'est formé du ter- rain houiller. Ce terrain occupe une partie du territoire de S/-Genis , Sle- Foy -lArgentière , Aveize et Souzy ; il a une lieue et demie de longueur , en suivant la rivière, et sa largeur est de demi-lieue. Attirés par les crètes de houilles qui pa- raissaient au jour , des particuliers les ont fouillées à différentes époques ; il en est résulté desexcavations interrompues , qui sont devenues des mares et des bourbiers. M. de Fenoyl , ayant obtenu la concession de ces mines en 1770 , y établit des travaux importans, qui consistent, au moment actuel, en trois puits , dont le plus profond est de 100 mètres. On y exploite une couche de char- bon de 7 pieds d'épaisseur. Cette houille est collante et brûle bien , mais elle laisse beaucoup de cendres terreuses. Ces cendres sont ; au reste , un bon engrais sur les prairies. L’extraction annuelle est de 40 à 50 mille hectolitres de charbon, tant gros que menu. La plus importante de nos mines cuivreu- ses est celle de Chessy ; on y trouve , en ce moment , trois produits différens : le double sulfure de cuivre et de fer , le cuivre sur- oxidé , le cuivre carbonaté , vert et bleu. Le de Lyon. 33 prémiér de ces produits occupe près de Ja moitié de la longueur de la mine. Elle a été seule exploitée jusqu'en 18rr. Les travaux étant, à cette époque, arrivés à 500 pieds, et deve- nant pénibles, ôn chercha de nouvelles parties de filon près de la surface ; et l'on découvrit, par hasard , les deux autres produits. La découverte de la mine carbonatée, verte et bleue, a donné de la célébrité aux travaux de Chessy , et les polièdres qu'on y rencontre ont beaucoup intéressé les minéralogistes. Ce minerai est beaucoup plus riche en métal que les deux autres ; il donne, à la première fusion, du cuivre noir, qui est ensuite directement rafiné. Le produit en cuivre noir est annuellement, à Chessy, de 6 à 7 cents quintaux métriques. Ilest à peu près le même à St-Bel. D'autres richesses minérales s'offrent dans ce département : on a découvert à Jour , des gîtes intéressans de plomb sulfuré ; on y a vu plu- sieurs filons assez bien caractérisés ; on y a re- connu d'anciennes galeries creusées, à la pointe et au pic, jusqu'à la profondeur de 12 à 15 mêtres ; ce qui prouve qu'on avait exploité cette mine avant l'invention de la poudre à canon. Les travaux suspendus pendant un grand nom- 3 34 Société Royale d'Agriculture bre de siècles ont été repris depuis peu; puis- sent-ils être dirigés avec cet esprit de suite et d'ensemble , trop rare dans ce genre d'ex- ploitation |! Sur la mine Une exploilation minéralogique bien singu- de manganèze ., : : de Romanèche” Jière est celle de manganèze , dont M. Grognier département de vous a entretenus. Elle existe à Romanèche, ai” nr village situé sur la limite qui sépare le dépar- tement de Saône et Loïre de celui du Rhône. - Quoiqu'elle s'élève au niveau du sol , la mine n'est exploitée que depuis 40 ans ; avant cette époque , on ne fesait pas le moindre cas des minerais de manganèze épars dans les champs, et dans les rues du village. Connus sous le nom de pierres noires , on les fesait entrer dans les constructions. Presque tout le village , sans ex- cepter l’église, en est bâti. Un grand nombre de maisons sont fondées sur la mine , elle sert de base au cimetière. Aussi est-ce dans le man- ganèze que, de temps immémorial , sont en- sevelies les générations de ce village. Depuis que l'on connaît le prix des pierres noires , cha- que sépulture est une exploitation. On en connut le prix, il y a quarante ans, de la manière suivante : Un marchand de verreries allait de village en village, avec un âne chargé de verres et de de Lyon. 35 bouteilles ; 11 aperçoit ces pierres noires , il en charge son âne , au grand étonnement des spectateurs qui sont tentés de le prendre pour un fou. Il revint plusieurs fois, et il s'en allait toujours en emportant les plus maubaises pierres de l'endroit ; il finit par en remplir des ton- neaux qu'il embarquait sur la Saône ; on com- mença dès-lors à songer que cette singulière marchandise se vendait bien quelque part ; mais où ? C'est ce que découvrit un paysan plus rusé que les autres. IL s'aide à remplir un . tonneau de manganèze , et y glisse un billet portant son adresse et des offres de service à très-bon marché. Une commission lui arrive de Marseille , 1l se met à creuser dans sa cour, ses voisins l’fmitent , on chasse le marchand de verres , et l'exploitation se trouve en activité. Chacun ne pouvant travailler que chez soi, il s’est fait de grandes excavations dans les caves, dans les cours , non sans dangers d’é- crouiement ; il est des maisons que supportent en l'air quelques faibles étais. Un particulier , voisin de l'église , s'avisa de pratiquer une galerie sous le cimetière , un éboulement se fit, la galerie fut comblée par les débris de plusieurs générations de Romanèche ; l'autorité 36 Société Royale d'Agriculture ferma les yeux, et l'imprudent mineur en fut: quitte pour réparer le dommage. Est-il besoin de dire qu’on exploite sans au- cune règle ? On fait des trous comme si l'on voulait tirer de la pierre à bâtir ; on s'arrête au moindre obstacle. Quand on est gêné par les déblais l'on va creuser ailleurs. On aban- donne les parties les plus riches pour s'atta- cher aux plus pauvres ; on trie comme on exploite. Au lieu de pulvériser le manganèze on se contente de le briser en gros fragmens dont on remplit des tonneaux ; et dans cet état, on ne le vend guères que 8 à 10 fr. le quintal. Cette grossière exploitation ne rapporte an- nuellement au village de Romanèche que 30000 fr. et n'y occupe que 15 ou 20 ouvriers. Elle serait néanmoins susceptible de dévelop- pemens et pourrait fournir à nos ateliers et à nos manufactures des produits abondans ; mais il faudrait, pour cela, qu'elle ne fût pas abandonnée à une aveugle industrie. Combien il serait à désirer que cette mine, ainsi que toutes celles du royaume, fussent dirigées par l'autorité administrative | C'est le vœu qu'a exprimé M. Cochard dans un mémoire sur les mines , faisant suite à de Lyon. 37 deux autres qui vous ont été lus en 1815 (1). Notre collègue pense que les mines , étant destinées à satisfaire les besoins successifs de l'espèce humaine dans sa durée , ne doivent pas être le patrimoine de quelques individus, ‘et que leurs produits ne sauraient être assi- milés à ceux de l’agriculture ou de l'industrie manufacturière. Il s'est appuyé de l'autorité de M. Héron de Villefosse , de celle des plus graves publicistes, de l'exemple de l'Allemagne, etc. Pour prouver que les mines sont de droit ‘régalien ; il signale les conséquences funestes qui résulteraient pour la société entière de l'ap- plication à toutes les mines, du droit vf ef abuti qui fait l'essence de la propriété imdivi- duelle. Pour démontrer l'imperfection de la législation française , relativement aux mines, il la compare à celle de l'Allemagne, particu- lièrement de la Prusse, sur. le même objet. Ces contrées ne possèdent pas plus de mines que la France , cependant quelle différence entre les richesses minérales des deux pays ! C'est qu'en Allemagne , on n'abandonne point l'exploitation de mines au hasard , à (x) Voyez le Compte-rendu pour cette année , page 8o. De l’exploita- tion des mines; par M.Cochard 58 Société Royale d'Agriculture l'ignorance , à une aveugle cupidité. On n'y déchire pas la terre sans discernement au grand détriment de l'agriculture , et en compromet- tant la vie des ouvriers. On n’y abandonne pas les plus riches filons pour s'attacher aux plus pauvres. Nul dans ce pays n'est autorisé à exploiter les mines s'il n'a fait de longues études dans des écoles spéciales. M. Cochard sollicite des établissemens du même genre , il en donne le plan , il propose une administra- tion générale des mines, dont il trace l’organi- sation. Il prouve enfin que son projet concilie l'intérêt de l'État , celui des propriétaires des sols recélant des mines, et celui des spécula- teurs qui en extrayent ou en mettent en va leur les riches produits. de Lyon. 39 AGRICULTURE. Le sol de la Bresse est argileux , compact, Perfectionne- tenace, difhicilé à ouvrir dans les temps de pre pluie , plus difhcile encore après les grandes hr M. de St. sécheresses. Cette difficulté s'accroît par l'en- Didier. trelacement des longues et fortes racines d'ar- rètes-bœuf , de patiences, de bardannes , de chicorées sauvages, et d'autres plantes qui in: festent lés champs de Bresse. ; Ces obstacles arrêtént fréquemment la char- rue communément usitée dans le département de l'Ain; elle porte un soc aplati, assez long, terminé én pointe et fixé sur un cep arrondi; son céntre est presque droit et son versoir , ordinairement mobile , offre un plan incliné à lhorison de 60 à 65 deorés ; il est fort écarté du manche et il continue l'action dû soc. Ïl en résulte que la tranche de terre, déchirée inégalemént , est repoussée et écartée avec peine de la charrue par le vérsoir que le pied du laboureur a besoin d'aider. Dans la charrue perfectionnée , le soc se termine par une pointe aplatie en fer de 49 Société Royale d'Agriculture lance; son épaisseur augmente peu a peu pour recevoir un pivot auquel est adapté une aile mo- bile triangulaire ; cette aile, étant engagée dans l'anneau d'un pitton à écrou, traverse le cep, lui permet de tourner à droite et à gauche du côté du versoir , facilite ainsi le glissement de la terre du soc sur le même versoir ; celui-ci étant plus incliné qu'il ne l’est dans la charrue ordinaire , continue à soulever la tranche sé- parée par le soc: opération qui est secondée par le coutre , lequel , étant. plus incliné, peut couper les: racines dans le sens vertical. Le versoir amovible est soutenu par un petit bras courbé qui se porte soit à droite soit à gauche du manche où il est fixé au moyen d'un trou. La charrue perfectionnée , étant attelée par deux bœufs, produit des effets que l'on ne pou- vait pas obtenir avec la charrue ordinaire traînée par quatre ou six de ces animaux ; elle a été introduite par un fermier des en- virons de Trevoux. Témoin de ces avantages , M. de S/ Didier l'a adoptée avec succès dans ses domaines, et d'autres cultivateurs se félicitent d’avoir suivi le même exemple. M. de S/-Didier a mis sous vos yeux le de Lyon. #x : dessin qu'il a tracé de cette charrue pertec- tionnée. (1) Vous avez entendu la lecture de trois mé- moires sur les engrais : deux de ces ouvrages ont pour objet le plâtre, et vous ont été com- muniqués par MM. Reyt Monléar et Leroy- Champfleury , l'autre qui est relatif au germon d'orge , vous a été lu par M. Deschamps jils. On fait communément usage, dans le dé- partement du Rhône , d’un plâtre gris qui est altéré par du sable et du charbon de terre. M. Reyt Montéan pense que le plâtre blanc , celui dont on se sert pour les enduits des plafonds , lui est de beaucoup préférable ; il contient plus de chaux ; il est plus écono- ‘mique, pouvant être employé en moindre quantité ; en eflet, on jette, sur une bicherée de pré, un sac et demi de plâtre gris à fumer, qui coûte 3 fr. 75 c. , tandis qu'on peut ob- tenir le même résultat avec un demi-sac de plâtre blanc , qui ne vaut que 1 fr. 75 c. 3 il y a, en outre , économie dans le transport, dans le temps , et dans la main-d'œuvre ; rien n'est perdu; on sv plâtrer dans un temps pluvieux. (1) Le dessin de M. de S/-Didier est gravé à la fin du vol. Da plitre, employé com- me engrais sur les prairies ar. tificielles ; par M. Reyt Mon- léan, 4 Société Royale d'Agriculture Cette opération ce fait très-bien ax moyen d'un charriot que notre Collègue 4 vu dans le département de la Drôme , et dont il a donné la description qui suit : « C'est une espèce de charriot comtois , qui » peut se mouvoir à trois roues , ou à quatre, » si l'on veut : les deux roues de devant sont » proportionnellement plus basses pour pou- » voir tourner avec aisance ; elles sont réu- » nies par des brancards d'environ quatre » pieds de largeur , et surmontées de traverses » en long. En dessous de ces traverses, est » établi un cilindre de la forme de ceux des » fariniers , dont le diamètre est de quinze à » dix-huit pouces, et la longueur de huit à » neuf pieds. Il est revêtu d’une toile de crin ou » de treillis fort et. proportionné pour la clarté » à la ténuité du plâtre qu'il doit tamiser. Ce » cilindre offre une ouverture pour recevoir le » plâtre qui remplace celui qui est répandu ; » il tourne aisément par le moyen d'une corde » engrenée à une des roues de derrière, dont » elle lui communique le: mouvement. Le » plâtre qui s'échappe de cette espèce de tam- » bour se répand avec égalité ; ses ‘parties, les » plus volatiles ne se répandent pas dans l'air , » parce que le cilindre qui. les: contient, étant de Lyor. 43 placé sous la traverse du charriot ; est fort » près de terre. Dans le temps de pluie, ce » cilindre est recouvert d'une toile cirée, ar- ÿ » rangée de manière à ne pas nuire à son jeu » et à permettre l'introduction et. la sortie du » plâtre ». » Une pareille machine ne peut guère » s'adopter qu'à de grandes prairies ». Revenant aux effets du plâtre, M. Reyt Monléan vous a dit qu'il convenait de répandre Ja moitié de celui qu'on destine à une prairie, lorsque le temps est à la pluie , et aussitôt qu'on a levé la récolte des graminées qui ser- vaient d'abri aux trèfles ou aux luzernes ; cette pratique fortifie la jeune pousse qui ré- siste mieux à l'hiver. L'autre partie du plâtre est répandue à l'époque du printemps. ji Notre Collèoue a cité un fait qui prouve l'action du plâtre sur les feuilles : Un .cul- tivateur s'avisa de faire lier en faisceaux des trèfles de sa prairie ; il déposa du plâtre à terre , aux pieds de ces faisceaux qui furent déliés après l'opération. Le même engrais fut jeté sur des trèfles en la, manière ordinaire ; qu'arriva-t-il ? au moment de la coupe , les pieds qui avaient été liés pendant le. plâtrage 44 Socielé Royale d'Agriculture avaient 6 ou 7 pouces et les autres 15 ou 16. Théoriedel'en M, Zeroy-Champfleury , Pun de vos! Corres- grais des prai- ries artificielles, au moyen du de vos séances, vous a lu un mémoire sur ia “a hs théorie de l'engrais des prairies artificielles fleury. par le plâtre , fondée sur l'examen des orga- nes de la plante , sur les principes de sa vita- lité et sur l'analyse de la poussière des plâtres ; il vous a communiqué , en même temps , des observations sur un nouvel engrais approprié aux céréales , également tiré du plâtre. Le plâtre, réduit en poudre , est un en- grais extrêmement actif , et il coûte peu. Com- ment agit-il, et pourquoi son usage est-il borné , presque partout , aux trèfles et aux luzernes ? On a établi , à ce sujet, difié- rentes théories dont M. Leroy Champfleury démontre l'insuffisance. Il fait observer que le plâtre n’agit sur les légumineuses , que lors- qu'il est très-calciné , décomposé en partie et presque réduit en sulfure calcaire. Dans cet état , il est très-avide d'oxigène , et favorise la sécrétion de ce principe excrémentitiel des pondans les plus distingués , assistant à une plantes. Une partie de l'oxigène excrété se com- biné avec le carbone toujours uni au plâtre; il en résulte de l'acide carbonique ; c'est-à-dire, de Lyon. 45 le premier des alimens pour les espèces. de végétaux qui se nourrissent par leurs feuilles. L'autre partie de l'oxigène excrété s’unit à l'azote provenu de la décomposition des feuilles fanées. Delà , de l'acide nitrique qui , s'emparant de la chaux, forme un nitrate calcaire; c’est-à- dire un sel éminement propre à amander un terrain , et à fournir aux racines un excellent engrais. Cette théorie chimique est appuyée par les faits suivans , que l'auteur dit avoir cons- tatés : 1.0 Le plâtre n'agit efficacement que lors- qu'il est presque à l'état de sulfure , et par conséquent très-avide d'oxigène. 2.0 Son action est beaucoup plus énergi- que , quand il est mélangé d'une certaine quantité de charbon. 3.2 Les céréales succèdent très-avantageuse- ment aux légumineuses plâtrées , parce que le nitrate calcaire , qui s'est formé pendant l'opé- ration du plétrage , a singulièrement enrichi le sol, etc. C'est sans-doute parce qu’elles renferment des sulfures , que les cendres des charbons fossiles ont, sur les légumineuses, une action analo- gue à celle du plâtre, comme le prouve une 46 Sociélé Royale d'Agriculture expérience de douze années , faite par M. Leroy-Champfieury. | Il a éprouvé que de toutes les poussières fertilisantes, la plus active est celle qui ré- sulte d'un mélange de plâtre et de charbon fossile. Mais le plâtre n'est-il un engrais que pour les légumineuses ? Telle n'est pas l'opinion de M. Leroy-Champfleury. « L'on vient , dit-il, d'approprier le plâtre à la végétation des céréales , en portant son action directement sur les racines. A cet effet, on délaye dans l'u- rine des écuries, jointe à une certaine quantité d'eau, ou dans des lessives usées par le blan- chissage, du plâtre pulvérisé, le même qu'on employe pour les trèfles. Dans cet état li- quide et épais, comme une bouillie ; on l'asperge sur les blés au moment de leur première poussée. On peut le repandre éga- lement sur les terrains , au labour des se- mailles , de la même manière qu’on employe le produit des fosses d'aisance. » Cette préparation du plâtre forme un sul- fure calcaire amoniacal liquide , très-substan- tiel , etenrichit la culture d’un nouvel engrais bien utile aux sols où la terre calcaire n'est pas dans la proportion désirée ; c'est-à-dire, LA de Lyon. 47 des trois huitièmes , sur la même quantité d'argile, et deux huitièmes de sable. ». Ainsi le plâtre offre, comme engrais, deux emplois différens. A l'état de poussière, il favorise la végétation des papillonacées , or- ganisées pour se nourrir par leurs feuilles ; à l'état liquide , il fournit aux racines des céréales les sucs nourriciers nécessaires à leur développement complet. On peut donc, sous ce double rapport ; considérer le plâtre comme la substance la plus précieuse pour » la culture. Un autre engrais , fort peu connu , et très- Du germon- d'orge ou tour. digne de l'être, c’est le germon d'orge. On ap- ,oiton, comme pelle ainsi cette production que les brasseurs engrais; par M. séparent de l'orge dont ils ont arrêté la fer- mentation. Il n’y a pas long-temps qu'on la re- jettait comme une substance inutile; on com- mence à lui reconnaître des propriétés fertili- santes ; mais on est loin de l'apprécier à sa juste valeur. Elle a été l'objet des recherches de M. Deschamps fils. Il a soumis cet engrais à l'analyse chimique , tandis que son père en éprouvaiït les propriétés , principalement pour la culture des pommes - de - terre. La connaissance chimique des engrais con- duit à celle de leur action et dirige, dans leur Deschampsfils. 48 Société Royale d'Agriculture emploi. Sous ce rapport le travail de notre collègue se lie aux progrès de l'agronomie. Ce chimiste - agriculteur a trouvé dans le germon d'orge traité à la cornue : 1.° Une matière végéto-animale , analogue à la gélatine. 2.2 Une matière résineuse. 3.2 Une matière jaune orangée, plus soluble dans l’eau que dans l'alcool. 4° Une substance ligneuse. Le résidu de l’incinération de cette substance Jui a fourni, 1.° un alcali libre; 2.° de la chaux; 3.° de l’alumine ; 4.° de la silice ; 5.° de l’oxide de fer. Le principe immédiat qui prédomine dans le germon d'orge, tient de la nature animale; c'est une espèce de gélantine , dont la base étant l'azote, doit dégager de l'amoniaque par la fermentation. Cette considération chimique explique un phénomène rapporté par l'au- teur. Il a observé que le germon d'orge, ce puis- sant engrais arrête la germination et le déve- loppement de certaines semences ; c’est , dit- il, parce que l'amoniaque , qui se forme par la décomposition de cette substance , agit comme un caustique sur une plante faible et de Lyon. 49: délicate , tandis qu'il stimule un végétal plus vigoureux. De toutes les plantes destinées à satisfaire aux besoins des hommes , aucune n'est plus robuste que la pomme-de-terre ; aussi est-ce particulièrement à sa végétation qu'est appro- prié le germon d'orge. Cette plante si émi- nemment précieuse a été l'objet des expériences auxquelles se sont livrés plusieurs membres de la Société. Les résultats de leurs essais ne vous ont pas encore été communiqués ; il ne vous a été présenté , sur cet objet, que deux noles de peu d'étendue ; l’une par M. Chancey , l'autre par M. Reyt Monléan. | Au commencement de septembre 1816, M. Chancey reçut de Vienne en Autriche quel- ques tubercules d'une variété de pomme - de- terre nommée pefrle-vel. W les planta dans des pots, elles levèrent ; mais leurs tiges ayant gelé on les oublia Au commencement du printemps on eut besoin des pots , et en dé- potant on fut surpris de voir que les tuber- cules avaient produit vingt pour un. Les nouveaux tubercules ont été plantés et se sont trouves’ féconds. Sur une va- riété de pom- me-de-terre , dite petrle-vels par M. Chan. Sur la pomme- de-terre, dite truffe d'août ; par M. Reyt Monléan. Sur l’incision annulaire de Ja vigne ; par le même. (4 5o Société Royale d'Agriculture Selon M. Aeyt Monléan , la solanée , con- nue sous le nom de /ruffe d'août, se recom- mande par sa qualité, son abandance et sur- tout sa précocité ; elle est déja bonne à manger au commencement de juin et se récolte au commencement d'août ; elle dévance par con- séquent de deux mois les autres variétés. Non content de vous avoir fait connaître, par un rapport étendu , la méthode de M. Landry, M. Reyt Monléan a voulu en cons- tater les eflets. Il vous a communiqué le résultat de son expérience. Il à opéré sur des ceps mornains , disposés en espaliers , et mürissant difficilement ; ül a abandonné à eux-mêmes d’autres ceps de même nature, qui se trouvaient à la même exposition : les uns et les autres ont donné de belles formes et à peu près en égale quantité ; mais la maturité des raisins a été plus prompte sur les ceps incisés. La même expérience , ayant été répétée sur des ceps d'un diamètre plus considérable , n'a pas eu un résultat diflérent. On n'a pas pu s'assurer si l'incisien annulaire était capable de prévenir la coulure , attendu que telle a été la température de cette année , qu'on n’a point eu cet accident à craindre. de Lyon. 51 L'instrument de M. Landry ne paraît à M. Reyt Monléan convenir qu'à des opéra- tions en petit, à cause de la lenteur de sa manœuvre ; mais il est susceptible de perfec- tionnement , et dans le moment actuel, on s'occupe à le lui donner. Ce même Agronome vous à communiqué Ra une note sur une variété de seigle, dite 4e le même. Pologne ; dont il reçut, en décembre 1816, une petite quantité qu’on lui dit venir de l'Ukraine. Il trouva ce blé diaphane et très - beau ; 1l le sema dans son jardin, en se servant du plantoir, et mettant deux grains à chaque trou; il a recueilli vingt-deux pour un; mais le blé récolté s'est trouvé moins beau que celui qu'on avait semé. M. Reyt Monléan attribue cette différence au retard de la plantation , et au défaut de chaulage. Il a semé , cette année , en temps opportun , tout le produit de ses récoltes , et après l'avoir chaulé. Il s’est engagé à vous communiquer le résultat de cette seconde expé- rience. | Les céréales , au reste , tiennent peu de place dans nos assolemens , et il est difficile de leur en donner davantage, à cause des sites et dela na- ture de terrain qui distinguent notre province. D'autres genres de culture y sont susceptibles 52 Sociélé Royale d'Agricullure d'une grande extension ; notamment celle des arbres utiles , tant exotiques qu'indisènes. L'éducation de ces arbres est, comme vous le savez ; Messieurs , l'objet des soins et des recherches de l'un de nos collègues, M. Hadiof, directeur de la pépinière départementale. Cet agriculteur a été exact à vous ofirir , chaque année , les résultats de ses observations ; il vous à parlé, dans le courant de celle qui vient de finir , du cerisier à feuilles de tabac, de l’érable à feuilles de fréne et crispées en spi- rale , du ricocoulier austral , de l'épine-vinetle , de l'agavé d'Amérique à feuilles panachées de jaune. |] vous a présenté une notice sur le panaché nuancé des branches , des feuilles , des fruits. el fleurs des arbres et arbustes. W,vous a lu un mémoire sur les précautions à prendre guand on emballe les arbres. WU vous a fait connaître enfin , un racloir de son invention, propre à enlever l'écorce externe de ces. mêmes arbres. Voici l'analyse succinte de ces divers travaux. Bu cerisier à feuilles de ta- 1 ARE dE, bac ; par M. Cotanus ), originaire d'Allemagne , est.arrivé Madiot. à la pépinière départementale , en 1804,; il.ne s'élève qu'à 10 ou 12 pieds; sa, tige:est tor+ tueuse , grisaillée du côté du midi, purpurine Le cerisier, à feuilles de tabac , ( cerasus ni- de Iyon 53 du côté du nord; ses branches | disposées d'une manière äinéoale , s'étendent horisontale- ment. fl fleurit en avril; ses fleurs sont en houpes très- blanches et pendantes ; son fruit, porté sur de longs pédoncules , est petit, ma- melonné , d'un rouge vif du côté du soleil, jaunâtre et ponctué du côté opposé ; d'une chair ferme, savoureuse, dans laquelle les vers s'insinuent très-difficilement ; le noyau de ce fruit est petit , ovale, blanc , silloné, adhérant à la chair , et renfermant une amande douce, lorsque l'arbre a été greflé sur le cerisier à fruit doux ; et amère, lorsqu'il l'a été sur le malaheb. Les cerises de cette espèce sont müres en août , c’est-à-dire , dans une saison où toutes les autres ont passé ; on n'y trouve presque jamais de vers. Ce cerisier, étant d'une petite stature , et ses branches , étendues horisontale- ment, étant garnies de feuilles de 14 pouces de longueur , sur 7 de largeur , ne peut que produire un effet très-intéressant dans les jardins à paysages. | On peut admettre dans les mêmes jardins , l'érable à feuilles de frêne , que l'on cultive, De l’érable à feuilles de frêne et crispées en depuis 10 ans , à la pépinière départementale. spirale ; par le Cet arbre fut d'abord considéré comme une "°me- Du micocou- lier austral; par le même, 54 Sociclé Royale d’Agricullure variété ; mais ayant conservé son caractère après avoir été soumis à la greffe et au mar- cotage , on ne peut pas lui refuser le titre d'espèce. Le nom qui lui convient est celui de acer fraxinifolia spiralis crispa. Il se distingue par les caractères suivans : tronc droit , vieille écorce grise , très-unie, jeunes branches d'un vert clair, opposées les unes aux autres ; feuilles pinnées avec impaire, crispées , roulées en spirale, d'un vert gai ürant sur le jaune, crénelées , quelquefois ponc- tuées ; fleurs en grappes , pendantes , axillai- res , d'un jaune pâle , dont les pédoncules sont munis à la base d'une bractée. Sur quatre pieds de cet arbre | que possède la pépinière, un seul a fleuri jusqu'ici , et c'était en 1816. M. Madiot a remarqué que quelques-unes des fleurs développées étaient dioïques , d’autres hermaphrodites. Notre collègue cultive, à la pépinière dont la direction lui est confiée , un grand nom- bre de micocouliers , (celtis australis ) ; ils proviennent de graines qu'il a ramassées sur des rochers dans les environs de Lyon, où cet arbre est très-commun et où il végéte spontanément. Les terrains les plus arides paraissent lui convenir ; et sous ce rapport , de Lyon. 55 sa culture serait précieuse dans des lieux où loute autre espèce d'arbre ne pourrait que languir. Mais, selon M. Madiot, ce n'est pas le seul avantage qu'il présente ; son bois est dur , compact , toujours exempt de vermou- lures , encore plus propre au charronage que l'orme et le frêne. M. Madiot ayant remis de ce bois à des charrons , à des tourneurs qui ne le connais- saient pas ; ils l'employèrent pour faire des ou- vrages de leur profession , et ils le trouvèrent comparable aux meilleurs bois d'orme , de frène , de poirier, de buis, de cormier. Les jeunes branches de cet arbre , qui sont très- flexibles , servent à faire des cercles de tonneaux. On en fabrique aussi des manches de fouet pour les cochers. En dirigeant ces branches de ma- nière à les bifurquer, on peut se procurer des fourches de deux à trois dents qui se cassent plus difficilement que celles de tout autre bois. Considéré comme bois de chauffage , le mi- cocoulier est , selon M. Madiot , préférable au frêne , au hêtre et au charme. La pulpe de son fruit , qui est bon à manger à la fin de l'automne , fournit une boisson rafraîchissante, d'un goût fort agréable , et le noyau donne une huile comparable à celle d'olive. Le bétail, enfin, De l'épine- vinette ; par le même, 56 Société Royale d'Agriculture trouve dans les feuilles de cet arbre précieux une excellente nourriture. Ce n'est pas tout: son feuillage sombre et permanent, son bran- chage incliné le rendent très-propre à figurer dans les jardins à paysages ; on le taille , tout aussi-bien que le charme , en palissade , en berceaux , et rarement il est attaqué par les insectes. Que de motifs pour le cultiver ! L'épine-vinette ( Berberis-vulgaris) a été re- gardée par M. Frart , et par d'autres agrono- mes, comme élant la cause de la nielle des blés. M. Madiot est d'une opinion contraire ; il a eu , dit-il , sous les yeux , pendant quinze ans consécutifs, des champs de blé exempts de nielle, quoique entourés d'épine-vinette ; et il a vu d’autres champs infectés de cette mala- die , quoique éloignés de l’arbuste auquel on l'attribue. Lorsqu'on a prétendu que l'épine-vinette ré- pandait avec sa poussière fécondante les germes du charbon , de l'ergot , de la carie, a-t-on bien considéré que cet arbuste fleurit dans les premiers jours du printemps, et que son fruit est déjà mûr lorsque les céréales commencent à pousser leur épi ? Il est bien difficile d'ailleurs de concevoir que Je pollen de l'épine-vinette puisse se transfor- de Lyon. 57 mer dans les organes du froment et du seigle en cette espèce de champignon vénéneux que les botanistes ont reconnue dans les grains er- gotés et cariés. (1) . Après avoir justifié l'épine-vinette des repro- ches qu'on lui a faits, M. Madiot expose l'u- tilité de cet arbrisseau : il forme, dans les bayes , une grande défense ; son aspect est élégant , ses fleurs exhalent une odeur agréable, et ses fruits offrent de précieux avantages : on peut en obtenir une boisson rafraîchissante, que plusieurs médecins ont prescrite avec succès con- tre des maladies inflammatoires ou bilieuses. Ces mêmes fruits deviennent , entre les mains des pharmaciens , tantôt des robs et des sirops, tantôt des gelées et des pastilles préférables à celles que fournissent la groseille et le limon ; ces fruits contiennent dans leur pulpe les acides citrique et malique, adoucis par un corps sucré. On en fait des confitures exquises ; dans cer- tains pays , notamment à Dijon. C'est au point, qu'autour de cette ville, l'épine-vinette est un objet si intéressant de culture , que chaque pied de cet arbre rapporte 80 fr. (rt) Uredo segetum ( persoon } reticularia segetam. {Bulliard }, De l’agavé d'Amérique à feuilles pana- chées de jaune; par le même, 58 Société Royale d'Agriculture Notre collègue, se trouvant en Bresse, con- seilla à quelques cultivateurs de ramasser les fruits de lépine - vinette , pour en composer une boisson capable de neutraliser l'influence d'un climat insalubre. Ceux qui suivirent cet avis eurent à s’en féliciter. L'agavé d'Amérique ( Agave Americana ) à fleuri , dans le mois de septembre 1816, à Colonges , chez madame veuve Gubian. M. Madiot , qui alla observer ce phénomène , crut qu'il se présentait, dans notre départe- ment, pour la première fois (1). Il remar- qua , avec étonnement , que cette belle liliacée avait eu , dans l’espace de 20 jours , un accrois- sement de 16 pieds de hauteur. Un pareil développement épuisa la force vitale de la plante ; elle mourut, et ne put se renou- veller que par semence et rejetons. M. Hadiot en emporta chez lui quelques fleurs, pour en étudier la structure. Il les mit dans un vase, etil fut très-étonné de voir , au bout de deux mois, que ces fleurs étaient encore fraîches, vivantes, et qu’elles se fécondaient tout aussi-bien que si (1) On a vu fleurir, dans le jardin de l'École vétérinaire de Lyon , un agavé d'Amérique, mais seulement une fois. de Lyon. 59 elles fussent restées sur la tige. Les graines, en très-grand nombre, arrivèrent à leur matu- rité. M. Madiot a eu l'occasion d'observer ce même fait sur l'Jris-pseudo acorus. Quoiqu'un pareil phénomène ne soit pas entièrement in- connu des botanistes , il est assez rare , assez remarquable pour mériter une place dans les annales de la science. L'agavé d'Amérique n'est pas seulement une plante curieuse , elle est encore très-utile dans les pays chauds , où elle végète spontané- ment ; ses feuilles sont armées d'aiguillons très- forts, ce qui la rend éminamment propre à former des hayes ; on en tire des fils plus tenaces que ceux du chanvre, et qui servent à faire des cordages. On pourrait sans doute accli- mater ce végétal dans les contrées méridio- nales de la France. M. Madiot regarde les couleurs panachées qu'offrent différens organes des arbres et des arbustes ; comme l'effet de maladies causées par un dérangement dans la circulation de la sève. Il a vu ces accidens s’effacer par la culture, la grefle, et même par la seule influence d’une température favorable. Cependant , ajoute-t-il, cette espèce de maladie peut devenir héréditaire: c'est ainsi qu'un pied d'érable-plane à feuilles Des couleurs - panachées des branches , des feuilles |, des fruits, etc. ; par le même, Des précau- tions à prendre pour emballer les arbres ; par le même, 60 Société Royale & Agriculture panachées a conservé son caractère, quoique greflé sur un sycomore ; et un pied de saule- marceau , à feuilles également panachées , ayant été transplanté à la pépinière , il y garde , depuis nombre d'années , les couleurs dont ses feuilles sont nuancées. Lorsque notre (Coilègue veut conserver à un arbre un caractère panaché dans ses feuilles , il a soin dé supprimer , sur les rameaux, tous les boutons qui ont des feuilles entièrement vertes. En répétant plusieurs fois cette opéra- tion , il observe que tout le feuillage devient panaché. Il arrive souvent que les arbres et arbus- tes que l'on arrache pour les envoyer au loin, périssent en route, ou ne survivent point à leur transplantation , parce qu'on les à emballés sans précautions et sans soins. Voici le pro- cédé qu'emploie M. Madiot pour mettre les plantes les plus délicates en état de supporter les plus longs voyages: Il prépare une espèce de bouillie claire , com- posée de terre argileuse , de bouse de vache fraiche , de vieux plâtre , de cendres de bois ayant servi à la lessive , de sable fin de rivière ; le tout délayé dans de l'urine ou de l'eau de savon. Il plonge dans cette espèce de bouillie, de Lyon. Lg à deux ou trois reprises , les racines des arbres qu'il a unies par faisceaux ; il laisse sécher cet enduit. Il emballe ensuite dans des caisses à claires voyes un peu plus longues et plus lar- ges que les paquets qu'elles doivent contenir. Il a soin de croiser les racines, sans les trop presser , et de garnir les intervalles avee de la mousse fraîche , sans être humide. IE en met par-dessus les faisceaux , et il les enveloppe de paille assujettie par des liens. Cet emballage ‘est disposé de manière que l'air puisse circaler entre les tiges, nullement entre les racines qui sont dans la caisse , comme si elles étaient enfoncées dans la terre. Au moyen de ce procédé, notre collègue a expédié des arbres très- délicats , à Rome, à Venise, à Naples, et ils sont arrivés à leur destination , dans un état de vigueur, et de santé qui à étonné ceux qui les ont reçus. M. Madiot conseille de dépoter , autant que possible et avec la plus grande précaution, les petits arbustes et. les végétaux herbacés , avant de les eémballer ; d’envelopper ensuite leurs ,mottes.avec, de la mousse assujettie au moyen, d'une ficelle ; et: de recouvrir Je tout d'une, toile fortement attachée. Les paquets o y Sur un ra- cloir propre à enlever la vieil. le écorce des arbres ; par le même. 62 Sociélé Royale d'Agriculture doivent être arrangés dans la caisse , de façon à prévenir les accidens du ballotage , etc. I est des plantes petites et délicates qu'on ne peut pas dépoter ; telles étaient celles que M. Madiot expédia de Paris, en l'an 9 , pour le jardin botanique de la Déserte. IL les em- balla de la manière suivante : Il plaça les pots dans des caisses , sur une forte couche de paille , en les entourant de mousse, et les maintenant par des traverses dirigées en tous sens ; les tiges des plantes étaient liées ensemble , et tous les intervalles étaient rem- plis de mousse et de paille ; les caisses étaient percées pour donner accès à l’air. Toutes ces plantes arrivèrent à Lyon dans le meilleur état. Elles eussent supporté, sans soufirir , un voyage beaucoup plus long. Notre collègue a inventé un instrument pour nelloyer de leur écorce vieille et cre- vassée les branches et les troncs des arbres fruitiers ; pour les débarasser des mousses , des lichens et autres plantes parasites. Il nomme cet instrument ‘racloir des arbres. Ce racloir qui est en fer, se compose de deux parties ; ayant chacune environ! trois pouces. de largeur ; la partie ‘supérieure est droite , l'autre arrondie en quart de cercle de Lyon. 63 et saillante de plus d’un pouce dans le milieu de la hauteur de l'instrument. Le tranchant de l’une et de l'autre de ces parties est émoussé et sert à racler ; la par- tie arrondie produit son eflet quand on tire à soi l'outil, et la partie supérieure agit quand on le pousse. Le racloir porte à son extrémité inférieure une douille propre à recevoir un manche en bois, assez long pour qu'on puisse atteindre les branches les plus élevées. M. Madiot a fait les premiers essais du ra- cloir à Rochetaillée., chez feu M. Daudé notre collègue ; il l'appliqua à plus de 8o pieds d'arbres fruitiers de différentes espèces , qui dépérissaient et ne portaient, pour ainsi dire, aucun fruit M. Madiot les débarrassa du bois mort, des lichens, du gui, d'une vieille écorce crevassée servant de retraite à une multitude d'insectes destructeurs ; ces arbres furent en quelque sorte renouvelés et rajeunis; trois ans après ils étaient en plein, rapport. Notre collègue nous a appris que son racloir, exécuté en plus petites dimensions , a élé utile pour nettoyer les ceps de vigne, et que plusieurs propriétaires du Beaujolais en faisaient usage. Îl a mis sous les yeux de la Société un modèle et un dessin de l'instrument qu'il a inventé. 64 Société Royale d'Agricullure SUITE DE L'AGRICULTURE. Culture du Mürier et Éducation des Vers-à-Soie. L'un de vos dévanciers ïes plus respectables, M. Thomé , Chevalier de St-Louis et proprié- taire à Brignais, propagea dans notre pro- vince, vers le milieu du dernier siècle, la culture du mäûrier et l'éducation des vers-à- soie. Cette industrie agricole et manufactu- rière y fut en grande activité jusqu'à une époque voisine de la révolution ; elle déclina dès-lors, et elle a fini par disparaître pres- qu'entièrement. On a arraché partout, dans le Lyonnais , les arbres précieux qui nour- rissaient les vers-à-soie, et nulle part on n'en a replantés. Cet état des choses a excité la sollicitude de M. le Comte de Lezai- Marnésia, nouveau Préfet du département. M. de Marnésia | qui avait laissé dans les départemens , dont l'administration supérieure lui avait été confiée, des témoignages éclatans de son zèle éclairé pour l'avancement de l'agro- nomie , n'eût pas plutôt pris les rênes de l'ad- de Lyon. 65 miuistration du Rhône , qu'il voulut bien ‘adresser à la Société la lettre qui suit.(1) Lyon, 15 décembre 1817. « Messieurs , des diverses branches d’in- Lettre de M. le Préfet, sur » dustrie qui honorent et enrichissent la ville la culture du » de Lyon , celle qui a le plus d'importance » comme par le nombre et l'habilité des ou- vriers qu'elle occupe ; c’est la fabrication des » étoiles de soie. « Malheureusement on s'aperçoit que son (1) Le zèle pour l'Agriculture est héréditaire dans la maison de M. le Comte de Marnésia, Son père a publié un ouvrage sur les champs, dans lequel les détails agrono- miques sont ornés des charmes de l’éloquence et de la poésie, Son frère, qui fut tour-à-tour , Préfet à Coblentz et à Stras- bourg , donna à ses administrés une grande impulsion vers les améliorations agricoles. A sa voix, un vaste pays inculte se couvrit de sainfoin, des routes s’ouvrirent , des pépinières se formèrent , des fabriques importantes de sucre indigène furent élevées. Coblentz , séparé de la France , pour retourner à une autre domination, conserva le monument qui fut érigé dans ses murs à la gloire d’un français qui l’administra. La mort tragique de cet éminent citoyen est encore pleurée par les habitans du Haut-Rhin. On l’âvait surnommé dans ce Pays , le Préfet des cultivateurs. ( Voyez la notice biographi- que sur M. le Marquis de Lezay-Marnésia, par M. le Baron de Ladoucette , ançien Préfet, ) 3 Mürier et l'é- ducation des » par la beauté et la grandeur de ses produits, y er s-d-s0ie« 66 Société Royale d'Agriculture D E2 ) activité se ralentit : différentes causes y con- courent. ? » Cette précieuse industrie , qui était pour ainsi dire exclusive à la France , s'était répandue dans diverses parties de l'Europe, quand toute l'Europe , en quelque sorte, était France. Mais lorsque la France est rentrée dans ses anciennes limites, ces colo- nies de notre industrie nationale sont res- tées étrangères , et les pays qui en ont eu l'héritage , en ont tellement senti l'impor- tance, qu'ils n'ont rien négligé pour donner une grande impulsion aux fabriques qu'ils possèdent. » Cet accroissement d'industrie étrangère a nécessairement pour résultat d'aténuer la nôtre. » Le but de nos voisins se manifeste claïi- rement dans toutes leurs mesures : il est impossible de nous le dissimuler. » Des droits énormes , équivalens à des pro- hibitions , éloignent nos produits industriels des pays actuellement possédés par l'Au- triche. » Des conditions nouvelles et imprévues ont pesé sur les marchandises expédiées de France, sous la foi d'un système antérieur. Ù La D L 2 LA de Lyon. 67 » L'Angleterre ne regarde à aucun sacrifice pour attirer exclusivement à elle les matières premières , nécessaires à nos fabrications. » Les soies d'Italie qui, par la stérilité des récoltes de cette année, s'étaient élevées à des prix hors de la portée de nos fabricans , ont toutes été dirigées sur l'Angleterre, où elles ont pris une progression nouvelle et exhor- bitante , dont sa situation financière lui per- met de supporter le poids. » Ce mal, qui résulte d’une saison contraire, pourrait se réparer par les chances d'une saison plus favorable ; mais l'on sait que lorsqu'une branche de commerce a été une fois détournée , lorsque les commettans ont été déshabitués , il est à craindre qu’elle ne revienne plus aux anciennes habitudes ; et il ne l'est pas moins , que le commerce étranger ne continue à imposer des sacri- fices dont il se flatte de trouver la compensa- tion dans les pertes du nôtre. » Les peuples de l'Europe sont réconciliés ; ils ont abandonné le génie destructeur de la guerre , pour se livrer au génie pacifique et créateur des arts et de l’industrie. » Dans cette nouvelle lice de rivalité, la France, et en particulier le commerce Lyon« 68 Société Royale d'Agriculture » ) » » nais , peuvent se présenter et triomphef encore , si à cette ligue et à ces efforts de l'industrie étrangère nous savons opposer une ligue et des eflorts non moins eflicaces et non moins soutenus. » La supériorité de nos étoffes de soie , de notre goût et de nos ouvriers est incon- testable : les étrangers ne peuvent saisir l'avantage qu’en détournant de chez nous , pour se les approprier exclusivement , les matières premières qu’ils sont encore en possession de nous fournir, du moins en grande partie. » Des négocians versés dans ces matières n'estiment pas à moins de dix-huit à vingt millions par an , la valeur de cette impor- tation pour les soies nécessaires à notre fabrication. » Il ne dépend que de nous de nous affran- chir de ce tribut , et de tirer de notre propre fonds toutes les soies nécessaires à la consommation de nos fabriques. Le sol et le climat de la France s'y prêtent par- faitement. » Déjà la culture en grand du müûrier , et l'éducation des vers-à-soie sont pratiquées avec le plus grand succès dans plusieurs de Lyon. 69 départemens voisins , et même dans le nôtre. 1 ne s'agit plus que de l'étendre aux parties qui en sont susceptibles , sans nuire aux autres cultures , ec de répondre ainsi à l'ap- pel que nous font à l'envi , la naiure, lin- térét particulier et l'intérêt de l'État. » On sait quels avantages on a retiré, dans un département voisin ; de l'usage nouvel- lement adopté des haïes de müûrier , soit par l'abondance et la précocité des produits, soit par la facilité des récoltes , soit enfin comme moyen doublement utile de clore les propriétés. La plantation en müriers des routes royales ; départementales et vicinales ; celles dés terrains communaux sans destina- tion , ou dont l'occupation par des müriers né ferait qu'ajouter à l’atilité de leur emploi actuel ; et d'autres moyens encore pourraient multiplier , à l'infini, chez nous, cetté pré- cieuse source de richesses. » Le département du Rhône est particulière- ment appelé à donner le bon exemple en tout ce qui intéresse l'industrie : je compte sur son zèle patriotique , je le. seconderai de tout mon pouvoir ; et, convaincu comme je le suis que rien ne peut être plus utile à l'industrie lyonnaise , en particulier, 70 Société Royale d'Agriculture » » ÿ et à la France, en général , que de donner une grande extension à la culture du mù- rier et des vers-à-soie , je me propose de l'encourager de la manière la plus spéciale. » Dans cette vue, j'ai mis en réserve une somme de 3000 fr. que je distribuerai en primes , soit aux particuliers , soit aux communes qui auront planté, dans cette saison même qui en laisse encore le temps, le plus grand nombre de mûriers , ou qui auront montré le plus d'empressement à se livrer à ce genre de culture. » J'ai besoin d'en faire sentir à tous les avantages , d'exciter le zèle par l'intérêt, et l'intérêt même par le patriotisme ; de donner les instructions convenables , et de déterminer les précautions et conditions nécessaires pour que les plantations soient faites avec les soins et les procédés qui en assurent le succès. » C'est à vous, Messieurs ,; que j'ai du m'adresser pour obtenir les renseignemens que j'aurai à transmettre à MM. les Maires et propriétaires de ce département , afin de donner un vif essor à l'extension de cette intéressante culture , d'abord comme mem- bres de la Société d'agriculture , où à la de Lyon. 71 » science et aux lumières générales , fort » étendues , se trouvent unies de précieuses » connaissances spéciales et locales , et aussi » comme citoyens connus et distingués par la » chaleur de leur zèle en tout ce qui con- » cerne le bien de leur pays. » Agréez Messieurs , etc. etc. » Après la lecture de cette lettre ; la Société nomma une commission (1) qu'elle chargea de recueillir et transmettre à M. le Préfet tous les renseignemens dont il pourrait avoir besoin pour accomplir le beau projet qu'il avait conçu. Elle engagea de plus chacun de ses membres , en particulier ; à s'occuper d’une question agronomique : dont les applications à notre département annonçaient les plus précieux avantages. Cet appel donna lieu à cinq mémoires : Deux ont été lus par M. le Chevalier de Martinel , et les autres par MM. Mufhuon , Terne et Faïissoles. Je: vais tâcher de faire connaître, par une analyse succinte , ces divers travaux. D gif à UT M AE nt RER RCE SL SR SR (1) Cette commission fut composée des membres du bu- reau , et de MM. Reyt Monléan , le Chevalier de Martinet , Buoymond , Pellelier , Faissoles et Madict. 72 Société Royale d’Agricullure Coup-d'œil Originaire de la Chine , le mürier blanc ; D PTS dit M. de Martinel , fat inconnu à Théophraste, sation du mü- à Pline, à Dioscoride ; il passa dans l'Iide , » » » ») » » » » riants côteaux seront émaillés de fleurs , cher- chez un instant, et vous trouverez, végétant avec vigueur , le certaurea conifera, le cis- tus gutlatus , V'aphillantes monspeliensis , le tri. bulus terrestris , le lavendula spica, et tant d’autres plantes qu'on avoit cru reservées aux climats heureux du Languedoc et de la Provence. » Comment pourriez-vous douter qu'on puisse cultiver dans notre département, un arbre que nous voyons prospérer depuis deux siè- cles aux pieds des neiges éternelles du Mont- Blanc. » (1) ( 1) On y fait, chaque année, pour 100,000 fr. de soie: ( Statistique de M. le Préfet Verneil, page 522. } de Lyon. Br Au-delà de cette montagne glacée, et sous Notice surla un climat très-analogue à celui de Lyon, on culture du mü- 68 d t dl IE r' \ tier et l’éduca. tire de grands avantages de la culture du mü- , je vers. rier et de l'éducation des vers-à-soie. C'est sur à-soie en Pié. ce genre d'industrie que M. Muthuon vous a 977 et sur RS à br > . . , l’extension de donné quelques détails intéressans ; il y a joint ce genre d'in- des vues sur les moyens de l’étendre dans notre dustrie dans le département du département. Rhône. Notre collègue , qui est ingénieur des mines, a été employé pendant 8 ans en Piémont. Il a étudié profondément ce pays, sous le rap- port de la géologie et de l’agriculture. Les mû- riers ont particulièrement attiré son attention. Quoique le climat du Piémont soit moins favorable que le nôtre à ces arbres ; leur taille s'y élève à la hauteur de nos plus grands cerisiers ; ils doivent ce développement au soin qu'on a de les planter dans des terrains meubles où leurs racines s'étendent avec fa- cilité. On éloigne les mûriers des rivières, des autres arbres et des aspects du nord, On les place souvent dans des champs où l'on cultive les céréales , etc. etc. Ces arbres ne muisent point aux graminées , parce que les plants ayant été enfoncés à deux pieds de pro- fondeur , leurs racines ne peuvent pas, en s'étendant, endommager celles des ‘végétaux 6 82 Société Royale d'Agriculture herbacés. Si quelques-unes de ces racines se dirigeaient vers la surface , la charrue pié- montaise , qui laboure à un pied de profondeur , en ferait justice. | C’est en partie au moyen de ces soins que le Piémont , qui, par sa position topographi- que , beaucoup plus que par sa latitude, éprouve de longs et rigoureux hivers , ainsi que de grandes vicissitudes atmosphériques , cultive une prodigieuse quantité de müriers , et fait les plus riches récoltes de soie. Les succès qu'il obtient , sont dus encore à la manière d'élever les vers. Le: local qui sert à leur éducation est au rez-de-chaussée ; un peu élevé, sec, et re- posant , pour ordinaire , sur une voüle. Il est disposé au milieu des pièces qui se trouvent dans la longueur de ja maison , et m'a point d'entrée extérieure. Il est percé par une porte donnant sur un corridor et par une fenêtre pratiquée sous un abri; l'un de ses murs est mitoyen avec celui de la cuisine dont le foyer n'est séparé de la magnanerie que par une plaque de tole forte. On fait dans cette cheminée plus ou moins de feu, selon que les vers ont besoin de plus ou de moins de chaleur. de Lyon. 83 Les vers , appelés en Piémont bégats , éclo- sent vers le 20 du mois de mai. Le soin de les élever est réservé aux femmes. Non-seulement les hommes ne s'en mélent pas , mais encore l'entrée de la magnanerie leur est interdite. Les observations qu'à faites, en Piémont, notre collègue , sembleraient prouver que les vers- a-soie ,.h’ont pas un si grand besoin d'air sec et fréquemment renouvelé qu'on le pense com- munément ; et que ce qui leur est le plus néces- saire , c'est une température douce et constante, de la propreté et des soins bien entendus. Un autre de nos collègues, M. le docteur Terne, a vu ces insectes , ainsi que l'arbre qui les nourrit, réussir dans le bas Bugey; il s'ex- prime ainsi qu'il suit, dans un mémoire qu'il a redigé sur la statistique de ce pays: « On a dit que les vers-à-soie, soumis à l'in- » fluence d'une atmosphère humide, ne pou- » vaient que diflicilement réussir; je suis loin » de contester la vérité de cette assertion ; mais » ainsi qu'il n'arrive que trop souvent, ici la » pratique vient donner un démenti à la théorie » la mieux fondée : malgré les marais, les vers- » à-soie réussissent merveilleusement bien dans > le bas Bugey; partout on y a planté des mû- Notice surles müriers et les vers-à-soie dans le bas Bugey : par M. le Doc- teur Terne. 84 Societé Royele d'Agriculture » » riers , les routes en sont bordées; on en ren- contre dans les haies , au milieu des champs , sur les montagnes , dans la plaine, et partout ils ont réussi. » Le même succès accompagne, en général, les soins que l'on donne aux vers. Ces pré- cieux insectes ont trouvé un asile sous le chaume du pauvre , comme sous l'ardoise du riche , et toujours ils récompensent avec usure la libéralité intéressée de leurs hôtes. Si vous entrez, au temps de la récolte, dans une misérable cabanne , vous êtes tout surpris de trouver dans l’unique chambre qui sert de logement à la famille , et qui n'est séparée de l'étable que par quelques planches mal jointes , vous êtes tout surpris d'y rencontrer une foule de vers grimpans le long de quel- ques brins de genets qu'on a mis à leur portée , ou s'éparpillant au loin pour aller filer leur riche enveloppe au pied d'un vieux mur , ou dans quelques ustensiles cassés. » Si l'on peut cultiver, avec avantage, le mürier à peu de distance des étangs et des marais de la Bressse , combien ce genre de culture serait-il plus facile et plus profitable dans nos contrées! Les soins qu'elle exige de de Tyon. 85 nous , les succès qu'elle nous promet ont été l'objet d'un mémoire de M. Faissoles. Notre collègue nous a entretenu des objets qui suivent : 1.0 De la préparation de la graine de V'arbre, en préférant toujours celle de la variété de müûrier blanc , dite vulgairement d'J/alie, à feuilles roses. Cette graine doit être , dit-il, étendue sur des tables pour qu’elle puisse sé- cher. On a soin , avant qu’elle entre en fermen- tation ,de l'écraser entre les mains , au-dessus d'un baquet , en versant sur elle de l'eau qui l'en- traîne ainsi que les autres parties du fruit ; on enlève ce qui surnage à chaque lavage ; on le réitère, jusqu'à ce que la bonne graine se soit déposée au fond du vaisseau, on la fait sécher à l'ombre, et on la mêle avec un peu de sable avant de la semer. 29 Des semis : M. Faissoles propose de semer par planches de 50 centimètres de lar- geur. 3.0 Des pépinières: il recommande les la- bours, les sarclages, les arrosemens , et la plantation des pourrettes à la distance de 80 centimètres les unes des autres. 4° Des plantations : M. Faissoles pense que c'est au bout de quatre ans, terme moyen, Sur la culture du mürier et ses avantages dans le àspartement du Rhône ; par M. Faissoles. 86 Socicté Royale d'Agriculture que les jeunes müriers peuvent sortir des pé- pinières ; il assure néanmoins d'après l'expé” rience de son père, et, contre l'avis de M- Thomé , que des müriers dont le tronc a ac- quis 30 centimètres de circonférence , peuvent être transplantés avec succès. Les müûriers greflés lui paraissent préférables aux Sauvageons ; il se fonde en cela sur l'autorité de M. Thome, et la pratique suivie dans le département de l'Ardèche. Il parle ensuite de la manière de planter ; il conseille d'achever de couper, après les avoir fait tremper dans l'eau , les parties des racines qui ont souflert de l'arra- chement ou du transport. 5.0 Des haies: L'auteur cherche à prouver que les haies de müriers qui, entr'autres avantages , n'attirent point les insectes, sont préférables à toutes les autres. Après avoir parlé des mûriers notre collègue traite des vers-à-soie. On doit, dit-il, les faire éclore à une chaleur de 20 à 24 degrés, re- jetler ceux qui naissent rouges , et renouveler souvent la litière. M. Füissolles présentant ensuite un aperçu des profits que l'éducation bien conduite des vers-à- soie peut donner dans notre département, de Lyon. | 87 évalue à 600 fr. le bénéfice annuel que peut faire un cultivateur qui, ayant planté trente müriers, en plein vent, et clos son champ de mûriers nains, employerait pendant deux mois tout au plus, sa femme et ses enfans à l'éducation de deux onces de vers-à-soie. (1) La soie du Lyonnais lui paraît au moins égale à celle du Languedoc et à celle du Comtat ; il :appuye son opinion sur des expériences rapportées dans les mémoires de M. Thomé. Cet Agronome obtint d'abord une livre de soie de dix livres de cocons formés dans le Lyon- nais , tandis que, pour avoir la même quantité de cette précieuse matière il eut besoin de treize livres de cocons choisis , venus du Com- tat ou du Languedoc. Il fit ensuite monter en organsins les soies lyonnaises et langue- dociennes ; les premières furent de vingt-huit deniers , les seconds de trente-quatre à trente six. | Notre collègue n'a pas cru devoir terminer son mémoire sans rendre un juste hommage à la sagesse de l'administrateur qui a ‘conçu hu dus (1) On récolte, dit-il, de 42 à 45 quintaux d’excellente soie dans le département d’Indre et Loire, qui est sous la même latitude que celui du Rhône. Arrêté de M. le Préfet, rela- tif à la culture des müriers. 88 Société Royale d'Agriculture l'importante amélioration que réclamait , tout à la fois , l'agriculture et l'industrie manu- facturière de ce département. Cet administrateur, ayant pris connaissance de ces différens mémoires ; ayant reçu des do- cumens de la commission que la société avait formée sur sa demande ; a pris l'arrêté qui suit: « Nous, PréreT pu pépartTEmENT du Rhône, » Vivement pénétré des gränds motifs d'in- » térêt public, développés dans notre lettre à » la Société d'Agriculture, et déterminé par » l'adhésion empressée de cette Société , qui » nous à oflert le tribut de ses lumières et » les utiles notions qu'elle a puisées dans le » savoir et dans des expériences non con- » testées. » Considérant que lorsqu'il est question » de faire un appel à l'intérét national , qui » n'est autre chose que la généralité des » intérêts locaux et particuliers, l'adminis- » tration peut essentiellement compter sur » lé concours des administrés; mais qu’elle » doit en même temps s'associer à eux, » en tout ce qui lui est possible, pour » remplir l'œuvre d'utilité générale vers la- » de Lyon. £9 quelle elle dirige les efforts des particuliers. » ARRÊTONS ce qui suit : ARTICLE I. » Îl est fait un appel au dévouement et à l'intérêt particulier des habitans du dé- partement du Rhône, à l'effet de donner toute l'extension possible à la culture du mürier, et à l'éducation des vers-à-soie. ARrT.. Il » Un extrait des instructions qui nous ‘ont été transmises par la Société Royale d'agriculture, histoire naturelle, et arts utiles de Lyon, et par d'autres personnes versées dans cette matière, sera publiée à la suite du présent arrêté. Arr. lil. » Indépendamment de ces instructions, il sera fait, aux frais du département, une édition économique de l'ouvrage de M. Boissier-de-sauvages pour en distribuer un nombre suffisant d'exemplaires. dans chaque commune. Ant. IV. » Îl sera fait, dès cette année , dans les pé- pinières départementales, des semis suffisans no Socielé Royale Agriculture. pour pouvoir incessamment fournir aux » communes et aux cultivateurs, les plan- » » » ) D» çons de müriers dont ils pourraient avoir besoin. ART. V. » Les terrains communaux ; propres à ce genre de. culture , seront plantés en. müriers. » Ceux qui ne sont pas propres à ce genre de plantation , ou qui ont une autre des- tination, seront clos de haies de müriers. » MI. les Maires sont invités à faire immé- diatement les dispositions nécessaires en con- formité de celles ci-dessus- » Ils sont autorisés à convoquer, au besoin , les conseils municipaux , afin de pourvoir aux moyens d'exécution. ART. VE » Pour que l'article précédent puisse rece- voir , dès cette année, son exécution, et pour encourager la culture communale, nous offrons à MM. les Maires du département, de leur délivrer immédiatement et gratuite- ment jusqu’à concurence de 1500 pieds de mü- riers que nous avons, à cet eflet, procurés à la pépinière départementale. » » » » » » » » » » » » » de Lyon. gr » Les envois seront faits sur la demande des Maires les plus diligens. » Les communes pourvoiront aux moyens de transport. Art. VIL » Nous nous réservons de donner plus d'ex- tension à la délivrance gratuite des pieds de mûriers, et même d'en faire jouir les cultiva- teurs , lorsque nous aurons eu le temps de peupler les pépinières départementales d'une quantité suffisante de plançons. Art. VIIL » Nous proposerons au Conseil -général , en sa prochaine session , de voter des primes ) à d'encouragement pour la propagation de la culture du müûrier et l'éducation des vers- à-soie. ART. IX. » En attendant , et, pour ne point ajourner les effets immédiats que nous nous promet- tons de ces encouragemens , il est fait sur le résidu disponible des fonds de non valeur de 1816 , une réserve de la somme de 3000 fr, laquelle sera employée en distri- bution de primes d'encouragement, en faveur des communes et des cultivateurs qui se g2 Société Royale d'Agriculture » seront livrés , cette année, avec plus de » succès et d'empressement à la culture du » mürier. Ant. 0% » Ces primes seront au nombre de huit, » dont deux de six cents francs, et six de trois » cents francs. » Elles seront délivrées par nous , sur le » rapport et la proposition de la Société » d'Agriculture. ‘ » On prendra en considération , non-seule- » ment la quantité des pieds cultivés et l’éten- » due de terrain planté, mais encore les » difficultés qui étaient à surmonter , et le » mérite particulier que pourrait avoir la » plantation , soit par les soins qu’elle a » reçues , soit par la position locale du culti- » vateur , soit par l'influence de son exemple, » soit enfin par l'étendue comparative de ses »_DoSsesSions-d' ; 4) SU We LE en Vi TOR. ) . . . e - . e 0 e L L L e. e. Ant. XI » À cet effet, il sera dressé dans chaque » commune par les soiñs de Messieurs les Mai- » res un état de la culture des müriers. (1) (1) M. le Préfet a envoyé à MM. les Maires un modèle, pour servir à la confection de cet état, de Lyon. 93 :» Cet état nous sera transmis le 1.27 sep- » ) » » » » D » » » p] » tembre prochain. » Il sera communiqué à la Société d'Agri- culture, comme une des bases principales de son rapport sur les primes à accorder. » Cette Société pourra , si elle le juge con- venable , déléguer un ou plusieurs de ses membres , pour examiner sur les lieux les plantations. ART. XIL » La délivrance des primes aura lieu le 1.% octobre prochain. » Les noms des vainqueurs seront publiés. Art. XIIL » Nous nous réservons, en outre, de signaler à la munificence du gouvernement , et à la reconnaissance publique les administra- teurs et les cultivateurs qui, par leur zèle, leurs travaux et leur exemple , auront le plus efficacement concouru à donner une grande impulsion à la culture du mûrier et à l'éducation des vers-à-soie. Ant. XIV. » Le présent arrêté sera publié par la voie du mémorial, il en sera adressé plusieurs exemplaires à MM. les Maires qui seront 94 Sociélé Royale d'Agriculture » chargés d'en remettre aux principaux pro- » priétaires et cultivateurs de leur résidence. » Fait à Lyon en l'hôtel de la Préfecture , » le 23 janvier 1818. » LEézay - Marnésra. » A la suite de l'arrêté de M. le comte de Marnésia ont été publiés, par ses ordres : 1.0 Des observations sur les avantages de la culture du mäûrier , et l'importance d'encou- rager cette culture. 2.9 Une instruction sur la culture de cet arbre. 3.° Des obesrvations sur les clôtures en haies de mûriers. 4° Une instruction pour l'éducation des vers- à-soie. 5.0 Uue réponse aux objections contre la propagation des müûriers et l'éducation des vers-à-soie, dans le département du Rhône. (1) M. le Préfet ne s'est pas contenté de faire un appel au zèle de ses administrés ; il a voulu encore leur fournir les moyens d'y répondre; et pour cet effet, il s'est occupé, avec la plus vive sollicitude , à former une pépinière de müriers. (1) La publicité de ces pièces rend inutile leur insertion dans ce compte-rendu. de Lyon. 9) 1 a choisi pour l'établir le clos de /'Obser- Établissement de la pépinière 2 AT départementale conomie-rurale - vétérinaire. dans le clos de vance , contigu avec celui de l'Ecole royale d'é. Cet enclos, dont l'aspect est pittoresque , l'Observance. qui offre divers sites et plusieurs espèces de terrains, est très-propre à servir de pépinière pour des arbres d’essences diflérentes. Son étendue est assez considérable pour recevoir non-seulement les jeunes müûriers nécessaires aux besoins du département , mais encore un grand nombre d’autres arbres dont il importe de propager la culture. Aussi M. le Préfet a t-il ordonné de transporter à l’Observance les arbres existant aux Charpennes. C’est aux Charpennes que fut établi, en 1804, la pépinière départementale du Rhône. Cette localité, la seule disponible alors, convenait fort peu à cette destination. Les inconvéniens qu'elle offre ont été signalés par MM. Carrelle, Reyt-Monléan et Faissoles : Elle est située dans le département de l'Isère , et s'étend dans une plaine basse , humide , ouverte aux vents du nord et à ceux du midi; elle est sur-tout exposée aux inondations du fleuve impétueux qui baigne nos murs. Depuis long-temps. l'administration de la pépinière , qui est une émanation de la Société 96 Sociélé Royale d'Agriculture d'agriculture, sollicitait un autre emplacement. M. le Préfet l'a choisi dans le voisinage de l'École d'économie rurale et vétérinaire ; comp- tant sans doute pour beaucoup , de rapprocher deux établissemens qui se lient par leur objet: le perfectionnement du premier des arts. Observations M. Willermoz , ce respectable nonagénaire, météorologi- qui, depuistant d'années, est exact à enrichir sex hives des résultats précieux de ses obser lermoz; depuis VOS archives des résultats précieux de ses obser- le commence- vations météorologiques, a bien ‘voulu tracer “ete lui-même le résumé de celles qu'il a recueillies la fin de décem. dans l'intervalle d'octobre 1816 à janvier 1818. bre 1817. ( Voyez ci-contre ) (pag. 96.) > mois de 1817. andes chaleurs Des plus grands froids M O is, après midi, dans les mois d'hiver, à 1 h. en hiver. au point dujour. ne 1816 Novembre, 8 à 4 jours de Décembre., 5 à 13 » de 1817 Janvier . . de Février . . : de Mars . .. de Avril . .. à de _: 1 © PAPA Jon... Juillet, . . Adüb. .1. 6 Septembre s Octobre. Novembre. Décembre. ; 2,3; 17, 18,19, 20 novembre, (pog, 95.) Résun£ des Observations météorologiques de fin 1816 ct des 12 mois de 1817. Jours nord | Jours sud Des plus grandes chaleurs | Des plus grands froids et et Jours de pluie. de chaque moïs, nprès midi,| dans les mois d'hiver, nord-ouest. | sud-ouest gresil. e. [a2henété; ah. eubiver. au point dujour, ——— Novembre. . . . 16 jours 14 jours. 6 jours. 2 jours. 5 jours. | 8 jours de g | 4 jours de Décembre. . . 10 15 10 de 54 7 13 » de 1817. de de de 20 de 16 de 14 6 6 de Es me eree 18 de AGE sut 17 F de Septembre ! . . 10 de Octobre 15 de Novembre, , . .. 14 2 de Décembre, . . .. 15 de 15 15 317 + EbpbE Le thermomètre est monté, au maximum, de 25 degrés, le 8 juin. IL est descendu , au minimum, de 4 degrés sous zéro, le 12 janvier, Le baromètre est monté à 28 pouces, les 25, 26, 27 janvier; 8, 9, 10 février, 2, 3, 17, 18,19, 20 novembre, Il est descendu à 26 pouces g lig. , les g et 19 décembre 1817 de Lyon. 97 ART VÉTÉRINAIRE. Vers la fin de juillet de l’année dernière il survint une mortalité parmi les bestiaux du canton de Vaugneray. M. Grognier reçut ordre de se rendre dans ce canton pour prendre connaissance de cette maladie. Un certain nombre d'animaux étaient morts avant l'arrivée de ce professeur; il n'en vit point de malades ,et tous les renseignemens qu'il pût recueillir étaient vagues et incertains ; on Jui montra quelques animaux convalescens qui offraient sur différentes parties du corps des croûtes furfuracées parfaitement sembla- bles à celles qu'il avait fréquemment obser- vées à la suite de la crise curative du Typhus. Il se .crut en conséquence fondé à croire que l'épizootie désastreuse de 1814 et 1815 s'était montrée de nouveau dans le canton de Vau- gneray; mais avec des caractères infiniment moins graves. Environ trois mois après il se déclara une autre mortalité sur les bestiaux d'Arnas, près Villefranche ; un plus grand nombre 7 Sur le typhus des bêtes à cor- nes ; par M, Grognier. Surune fausse peripneumonie des bêtes à cor- nes ; par le même. 98 Société Royale d'Agriculfure d'animaux moururent ; l'inquiétude fut plus vive. M. Grognier ayant été envoyé sur les lieux observa les symptômes suivans : Maigreur , tête et oreilles basses, marche chancelante et mal assurée , membranne pi- tuitaire pâle, yeux mornes, conjonciive bour- souflée , flux de salive et de mucus buccal, agitation du flanc, naseaux dilatés, grincement des dents, toux élouffée, plaintes sourdes, air expiré presque froid , pouls petit, vite, intermittent. L'ouverture de plusieurs cadavres montra les lésions suivantes : Epanchement dans le côté gauche de la poitrine de cinq ou six litres d'une sérosité rousseâtre, concrétions albumineuses attachées aux plèvres et au péricarde, lobe gauche du poumon infiltré, lardacé de couleur marbrée, dans un état complet de désorganisation ; le lobe droit à peu près dans l'état naturel , le cœur flasque, le foie également flasque et rempli de douves. D'après les symptômes et l'autopsie, M. Grognier se crut en droit de nommer cette ma- ladie une péripneumonie catharale | ou fausse péripreumonie ( peripneumonia nolha. ) Il l'attrbua aux intempéries atmosphéri- de Lyon. 99 ques, surtout à l’extrêème insalubrité des éta- bles. Il vit à Jougues , qui est une des fermés les plus considérables du département, une étable où l’on entassait jusqu'à trente bêtes à cornes. Il la mesura : elle avait soixante pieds de longueur, quinze de largeur, six et demi d'élévation ; le sol en était d'un pied plus bas que le sol extérieur , toutes les fenêtres étaient étroites et ouvertes au midi. La maladie déve- loppée sous cette influence était essentiellement incurable lorsque les lésions organiques étaient formées ; mais elle pouvait guérir lorsqu'on lui opposait, en temps opportun , un traitement convenable ; aussi la-t-on traité avec succès par les bechiques d’abord adoucissans, ensuite in- cisifs , par les vésicatoires , etc. La crise heureuse s'annonçait par une toux franche et sonore , ac- compagnée de l’expectoration nasale d’une ma- tière muqueuse | N'ayant rien de contagieux , étant bien difié- rente du, Typhus des bestiaux, cette maladie a cessé d'inspirer des allarmes au moment que son véritable caractère a été connu. La connaissance des causes des maladies in- flue sans. doute beaucoup sur le succès du traitement ; cependant il se présente tous _les jours des affections incurables, quoique 100 Socièlé Royale d'Agriculture leurs causes soyent bien connues, tandis qu'on peut en guérir d'autres dont l'œtiologie est en- veloppée d'une obscurité profonde. Parmi ces dernières ont peut ranger des tumeurs remplies de poils observées sur les ani- maux , par M. Gokier. Sur des tu Ce praticien, ouvrant des boutons de farcin meursremplies .. , j de poils;parm. Situés sur l'épaule gauche d'un cheval, remar- Gohier. qua entre ces boutons une petite tumeur in- dolente et assez dure; il l'enleva et il fût élonné d’y trouver un paquet de poils de seize lignes de longueur, sur un pouce de diamètre. Les poils qui formaient cette espèce de pelotte étaient pour la plûpart longs de deux à trois pouces , et de la couleur de la robe de l'animal. La tumeur , au reste, qui outre ces poils conte- nait du pus, n'offrait à sa surface non-seule- ment aucune solution de continuité ; mais encore aucune cicatrice, aucune dépilation. Ce phénomène s'est offert d'autrefois à l'ob- servation de M. Goier; il a vu des pelottes de poils, toujours sans cicatrice, dans un abscès situé à l’encolure d'une jument ; dans une loupe volumineuse que portait un cheval au milieu du poitrail; dans une tumeur placée à l'épaule d'un autre cheval ; dans une loupe qu'un qua- trième offrait vers le sternum. Toutes ces tu- de Lyon. 01 meurs enkistées renfermaient du pus mêlé avce des poils entortillés. Ces poils n'étaient pas tou- jours de la couleur de la robe. Ils étaient blancs dans les deux derniers sujets, dont l’un était noir mal teint , et l'autre bai châtain. Les kistes qui recelaient ces pelottes ayant été enlevés , on a pansé les plaies par les moyens les plus simples ; on a obtenu en peu de temps des cicatrices sous lesquelles il ne s’est jamais formé de nouvelles tumeurs. D'où étaient venus ces poils ? élaient-ils pri- mitivement sur la surface de la peau et ont- ils été poussés en dedans par une cause mé- canique ? mais il y aurait eu dans ce cas solution de continuité et il resterait une ci- catrice et une dépilation. --- Ces poils se sont-ils formés par erreur de lieu ? -— avaient ils été avalés et se sont-ils rendus dans les tumeurs qui les renfermaient après avoir par- couru les voyes cellulaires ? Questions obscures , peut - être insolubles qui heureusement intéressent plus la physiologie que la thérapeutique. Ce n'est pas seulement les animaux domes- tiques qui offrent les phénomènes patholosi- ques observés par M. Gohier; on en trouve de nombreux exemples dans les ouvrages de médecine humaine. Notre collèsue nous en a Effets de la ciguë sur des chiens et sur des moutons ; par M. Ray- nard, to> : Société Royale d'Agriculture cité plusieurs tellement singuliers qu'on les regarderait comme fabuleux, s'ils n'étaient attestés par des hommes très-dignes de foi, tels que Daubenton , Camper , notre honorable correspondant , VE. le docteur Valentin, etc. Ces savans ont trouvé des poils dans la vessie, des dents et des poils dans des abscès, des excré- mens dans des tumeurs cutanées, etc. Tous ces phénomènes , ouvrages de la na- ture, sont bien difficiles à expliquer ; il en est d'autres que nous déterminons nous-mêmes sur les animaux , et que nous n’expliquons pas mieux ; tels sont les phénomènes d'ermpoisonne ment par les narcotiques. Voulant jeter quelques jours sur ces dernières questions , M. Æaynard a donné de grandes quantités de ciguë (conium maculatum) à des chiens et à des moutons. Avant de se livrer à ces expériences , il avait fait de nombreuses recherches dans les auteurs qui ont traité de la ciguë et de ses effets, et n'avait trouvé par-tout que discordance et con- tradiction. Il présenta de la ciguë fraîche à un mouton qui n'avait rien mangé depuis deux jours entiers, l'animal se jeta avec avidité sur cette plante ; mais à peine en eut-il pris deux ou trois bou- chées qu'il se mit à la flairer et à la tourner de Lyon. 103 avec son museau ; et il ne voulut plus en manger. La faim le tourmentant de plus en plus, il prit une petite quantité de ciguë , montrant moins de répugnance pour les tiges que pour les feuilles. On le laissa encore cinq jours sans autre substance devant lui que de la ciguë fraîche fréquemment renouvelée ; il en mangcait un peu de temps en temps. On évalue à environ deux kilogrammes la quantité qu'il en prit dans l'espace de six jours. Durant ce temps, l'animal ne manifesta d'autres signes d'empoi- sonnement que beaucoup d'inquiétude , des borborigmes fréquens , des bélemens plaintifs, et la suspension de la rumination ; signes, au reste, qui pourraient bien n'être que le résultat de la faim et de l’inanition. Notre collègue a essayé la ciguë sur plu- sieurs chiens. L’un de ces animaux, qui avait pris deux onces et demie du suc de ce végétal, montra quelques minutes après, de la roideur dans les extrémités, des piétinemens , la rétrac- tion du globe de l'œil, la dilatation de la pupile, l'air hagard , des étourdissemens , des mouve- mens convulsifs dans la mâchoire postérieure, la respiration stertoreuse. À tous ces symptô- mes , succéda de l'abattement et de la faiblesse, et peu de temps après l'animal put manger de très-bon appétit. 104 Société Royale d'Agricullure L'expérience, répétée sur le même chien e sur un autre, a donné des résultats analogues. Toujours le poison , qui agissait d’une manière si marquée sur le genre nerveux , n'altérait nullement les fonctions digestives ; il semblait même les exciter ; ce qui confirme jusqu'à un certain point l'opinion de quelques médecins qui ont cru reconnaître dans la ciguë une action sédative sur les systèmes de la vie ani- male, et une action excitante sur ceux de la vie organique. Après avoir été soumis pendant plusieurs jours à l'action de la ciguë , tant en extrait qu'en décoction , ce chien , qui n'avait pas perdu l'appétit, et qui ,après des signes de narcotis- me , reprennait sa gaieté, fut sacrifié et ouvert: on fut étonné de voir une inflammation intense, occupant l’estomac et une partie des intestins, le foie sans consistance et d'une couleur noiï- râtre , le cœur parsemé dans son intérieur de taches noires, et les vasvules totalement re- couvertes de ces mêmes taches. Cette autopsie a démontré à M. Raynard; que la ciguë agit sur les chiens d'une manière analogue à celle de l'alcool, et que la vive in- flammation qu'elle cause, peut ne pas se ma- nifester par des signes extérieurs. de Lyon. 105 ARTS UTILES. Vous vous rappelez, messieurs , que dans le courant de l'année 1814, M. le docteur Sarssy vous communiqua une observalion sur 47€ surdilé avec mutisme. Long-lemps avant celte époque , notre collègue s'occupait des maladies de l'oreille, et il préparait un ouveage €x-pro- Jfesso sur cette partie difficile de la médecine ; avant de publier ce livre il vous en a lu l'in- troduction. L'auteur cite en premier lieu les travaux sur cette matière auxquels se sont livrés les Valsava, les Morgagni , les Riolan , les Cooper , les Cotunni, les Méckel, les Scarpa, les Saba- thier , etil se demande pourquoi la question est restée si obscure , malgré les recherches de tant d'hommes supérieurs ; il en trouve les raisons : 1.° dans l'extrême complication de la structure anatomique de l'oreille interne ; 2.° dans la difficulté d’en apprécier les dérangemens ; 3.0 dans les obstacles qui s'opposent à l'ap- plication immédiate des remèdes sur les parties lésées de l'organe ; 4.2 dans le préjugé qui fait regarder comme incurables les surdités de nais- sance. Introduction a un traité des maladies de l’o- reille; par M. le docteur Saissy. 106 Société Royale d'Agriculture C'est en guérissant des surdités de ce genre, que M. le docteur Saissy a attaqué ce préjugé, et il a prouvé que la structure de l'oreille in- terne n'était pas un obstacle invincible à l'in- iroduction des remèdes. Il a su les faire par- venir dans l'intérieur de l'organe, au moyen d'un instrument de son invention. Comme le traitement des maladies est pres- que toujours subordonné à leurs causes , l’au- teur a dû chercher toutes celles des maladies de l'oreille; elles peuvent-être : 1.° un vice de conformation dans quelques pièces de l'appareil auditif; 2.° une prédisposition héréditaire ; 3.2 la compression du nerf acoustique dans son origine ou son trajet; 4-° une perte excessive de semence ; 5.° la grossesse ; 6.° des maladies vermineuses ; 7.2 un grand embarras gastrique ; 8.2 certaines fièvres ; 9.° l'abus des sternuta- toires ; 10.° la violence d'une toux long-temps prolongée ; 11.2 l'impression du froid sur le crâne ; 12.° des coups violens sur cette partie; 15.° la suppression d'un larmoyement chroni- que ; 14.2 un bruit violent et inattendu; 15.2 L'engorgement ou l'ulcération des parties voi- sines des trompes d'Eustache. | L'auteur cite un grand nombre de faits qui se rapportent à ces diverses causes. Il expose \ de Lyon 107 ensuite les méthodes pratiquées par les an- ciens , pour remédier à la surdité ; c'était pres- que toujours des purgatifs drastiques, et des topiques stimulans, moyens qui réussissaient bien rarement. La médecine moderne n’a pas été plus heureuse en employant le campbhre, le musc, l'huile de fourmi, etc. Aucun de ces remèdes ne pénétrait jusqu'au siége du mal. Riolan fut le premier qui proposa la perfora- tion de l'apophyse mastoïde pour ouvrir un passage aux médicamens de l'oreille ; plusieurs instrumens furent inventés afin de transmettre ces remèdes. M. Suissy les décrits avec soin; il expose leurs avantages et leurs inconvéniens, et il se réserve de démontrer par la suite celui qu'il a imaginé, et dont il se sert avec succes. Après avoir dit un mot du magnétisme, du galvanisme, de l'électricité, moyens jadis &i vantés contre les maladies de l'oreille, et aujourd'hui si justement tombés en désuétude, M. Saissy termine le préambule de son livre en en faisant connaître le plan. Il se divisera en six sections. La première aura pour objet les maladies de la membranne du tympan. La 2.me Celle de la caisse du tambour , des muscles et des osselets qui s'y trouvent, ainsi que celles des cellules mastoïdiennes. Sur une pro- prieté nouvelle reconnue dans le chlore, par M. Raymond. 108 Société Royale d’'Agricullure Dans la 3.%e section , on traitera des aflec- tions qui ont leur siége dans l'intérieur de la trompe d'Eustache. Dans la 4", de celles qui attaquent les parties environnantes de cette même trompe. Dans la 5.M€, on fera connaître celle du la- byrinthe. | Dans la 6." et dernière partie, on exposera les affections auxquelles les nerfs acoustiques sont exposés. L'ouvrage que notre collègue est sur le point de mettre au jour et dont le préambule donne: une juste idée, ne peut manquer d'être ac- cueilli comme un livre de thérapeutique qui manquait à la médecine. On ne peut pas considérer comme étranger à l'art salutaire le mémoire que vous a commu niqué M. Raymond , sur une propriété éminem- ment anti-sceplique reconnue dans le clore. Cette substance dont on doit la découverte à Scheelle , portait naguères le nom d'acide muriatique oxigène ; on l’applique avec succès à plusieurs procédés manufacturiers, notam- ment au blanchiment des toiles. M. Raymond a reconnu dans elle une autre propriété non moins intéressante, et qui était à peine indiquée par les chimistes: celle de s'op- de Lyon. 109 poser à l'altération puatridé , et de la détruire quand elle s’est produite. Il a mis ‘sous les yeux de la Société un co- chon-d'inde, qui avait été asphixié depuis quatre mois dans une atmosphère de chlore gazeux. Son cadavre, qu'on ne vuida pas, fuë plongé dahs du chlore liquide, mis ensuite là l'air et abandonné à lui-même sil n'a manifesté jusqu'ici aucun signe de putréfaction. Nul doute qu'il ne puisse rester dans cet état pen- dant des années et des siècles. M. Raymond a montré encore à ses collègues de la chair de bœuf qui, pour avoir été mise en contact pendant quelques minutes avec du chlore gazeux, se conserve depuis plus de six mois sans éprouver d'autres changemens qu'une _dessication produite par l'air et le temps. Ce n'est pas tout : M. Raymond a montré un autre morceau de chair, dont l'odeur an- nonçait une pütréfaction commencée , il l'a plongé dans du chlore liquide ; ét il l'en a tiré Sans odeur ; et offrant l'aspect de la chair fraîche. 13) Une propriété si éminemment anti-putride, mérite au chlore la première place parmi les anti-sceptiques chirurgicaux ; ‘élle lé rend pré- cieux pour l'embeaumement des corps et la Sur l'emploi du nitrate de fer, pour rem- placerle sulfate du même métal dans la fabrica- tion du bleu de Prusse, et dans telle de l’encre à écrire; par le même. 110 Société Royale d'Agricullure conservation des objets de zoologie dans les cabinets d'histoire naturelle. | Mais comme cette substance ne se borne pas à écarter la putréfaction , mais qu'elle fait encore disparaître celle qui s’est emparée d'une substance animale, on pourra peut-être l'em- ployer un jour pour rendre à une viande corrompue ses propriétés alimentaires et salu- bres : vertu précieuse, dont l'application sera très-importante en mer dans Les voyages de long cours, etc. Qui peut prévoir tous les résultats que l'on peut obtenir par la suile de la propriété re- connue dans le chlore par M. Raymond ? Ce même chimiste vous avait lu précédem- ment une notice sur l'emploi du nitrate de fer, pour. remplacer le sulfate du même métal dans la fabrication du bleu de Prusse, et dans celle de l'encre à écrire. Il vous fit, en premier lieu, l'historique de la découverte du bleu de Prusse , découverte qui, comme tant d'autres, est le fruit d'un hasard également heureux et singulier. Deux alchimistes Prussiens trouvèrent cette, riche couleur , tout en cherchant la pierre philoso- phale dans des excrémens humains. Ils se gardèrent bien de dévoiler leur procédé; un de Lyon: 111 chimiste anglais pénétra leur secret, et il par- vint à faire du bleu de Prusse au moyen de deux opérations qu'on a perfectionnées dans la suite. La première de ces opérations consiste à extraire et à enchaîner , au moyen de la potasse, l'acide prussique existant dans une matière animale, tel que le sang de bœuf. Par la seconde opération, on décompose le prussiate de potasse, à la faveur d'un sel fer- rugineux , et l'on emploie généralement pour cela le sulfate de fer. Il est des fabriques dans lesquelles on ajoute de la limaille de fer, dans d'autres on emploie l'alun, toujours pour faci- liter la décomposition du prussiate de potasse ; on agite la liqueur pour multiplier le contact de l'air, et favoriser l’absorbtion de l'oxigène atmosphérique. Après avoir expliqué les phénomènes qui ont lieu dans ces opérations , M. Raymond prouve que le fer doit s'y trouver fortement exidé. Or, ce métal est bien plus chargé d'oxigène dans sa combinaison avec l'acide nitrique, qu'il ne l'est étant uni à l'acide sulfurique ; donc c'est le nitrate et non le sulfate de fer qu'il faut employer pour la fabrication du bleu de Prusse. Extraction du sucre de l’éra- ble à feuilles de frène ; par M. Barre fils, 112 Société Royale d'Agricullure Voilà ce que la théorie avait appris à M Raymond, et ce que l'expérience n'a pas tardé à lui confirmer. I lui a suffi de substituer le nitrate de fer au sulfate de ce métal, pour obtenir sur-le-champ, et sans avoir besoin d'agiter la liqueur , du bleu de Prusse de la plus grande beauté. Notre collègue a voulu rendre la Société d'agriculture témoin de son procédé, il a fait, en pleine séance, du. bleu de Prusse, par Le sulfate et par le nitrate de fer, et l'on a pu juger combien sa méthode est préférable à celle qu'on suit dans les ateliers et les laboratoires de chimie. Elle sera sans doute adoptée par ceux qui fabriquent une matière très-impor- tante dans la teinture ; et il en résultera, non-seulement une grande économie de temps et de main-d'œuvre, mais encore des produils plus riches et plus abondans. : Tandis que M. Aaymond enrichissait l'art du teinturier par une découverte précieuse , un autre chimiste , M. Barre fils, cherchait dans la sève d’un che exolique , mais depuis long-temps acclimaté, un produit économique d'un très-crand usage; il tirait du sucre de l'érable à feuilles de frêne (acer negundo }. M. Barre fils avait, en prémier lieu, exa- de Lyon. 115 miné les caractères physiques de cette liqueur végétale , il avait vu que fraîchement extraite, elle était limpide, qu'elle se troublait légère- ment au bout de quelques jours et déposait un mucilage ; que son odeur était herbacée, sa saveur très-sucrée et légèrement muqueuse. L'ayant éprouvée par les réactifs il s'était assuré de ce qui suit: 1.2 Point de changemens par le sulfate de fer. 2.9 Coagulation par l'albumine. | 3.0 Aucun précipité par l'acide oxallique. 4.° Nulle odeur acéteuse par l'acide sulfurique. Il avait conclu que cette sève ne conte- nait ni acétates , ni acide acétique libre, ni acide gallique ; mais seulement du tannin et une grande quantité de matière sucrée. Exposée à l'air, à une température de 24 à 30 degrés , cette liqueur s'est conservée pen- dant plus de quinze jours sans altération, ce qui est dû sans doute à la présence du tannin et à l'absence des acides libres. M. Barre en a tiré du sucre par trois pro- - cédés différens, dont voici l'exposé succint : Premier Procédé. La liqueur a été filtrée, clarifiée et purifiée ensuite de l’albumine, par les moyens connus ; elle a pris sur un bain de sable la consistance d'un sirop Hansen 114 Société Royale d'Agriculture qui a été cuit jusqu'à celle de la grande plume ; il a été retiré du feu , et il s'est pris, par le refroïdissement , en une masse grenue, jaunâtre ; on l’a desséché à une -douce chaleur , et l'on a obtenu, sur environ quatre litres de sève, deux onces et demie d'une cassonade blanche , très-fondante , très-sucrée , exempte de ce goût de fourmis qu'on trouve dans les cassonades du commerce. Deuxième Procédé. Du sang de bœuf a été substitué au blanc-d'œuf, d'après les doses et les dispositions convenables ; il a été impossi- ble de clarifier entièrement la liqueur, et l'on a eu pour résultat une masse noirâtre, géla- tineuse, sucrée; mais d’un très - mauvais goût qu’il a été impossible d’adoucir. Dans le froisième Procédé, on n'a mis en usage ni blanc-d'œuf, ni sang de bœuf ; on s’est contenté de filtrer la sève et de la faire évaporer à un feu modéré; on a obtenu une cassonade beaucoup plus blanche que les pré- cédentes , ayant tous les caractères de celle de cannes , et cristallisant de la même manière. La sève de l'Erable à feuilles de frêne { acer regundo ) peut donc fournir, par un procédé simple , une grandé quantité de sucre , iden- tique avec celui de la canne et de la betterave ; de Lyon. 115 imais le peut-elle avec économie ? Pour s'assurer de ce dernier fait, le seul essentiel; car on ne doute pas que le sucre n'existe dans un très- grand nombre de végétaux, de nouvelles ex- périences sont nécessaires; elles doivent être exécutées en grand, et leurs résultats doivent être accompagnés de calculs. M. Barre s'est engagé à s'y livrer, et M. Madiot, de son côté, a pris l'engagement de fournir dans l'été prochain, de la sève d'érable à son collègue. C'est M. Madiot qui avait mis à la disposition de M. Barre fils la sève d'érable sur laquelle ce dernier a fait les expériences précitées. M. Madiot vous a fait connaître les procédés qu'il a mis en usage pour se procurer cette liqueur: Le quatre juillet 1817, il a pratiqué une Extraction de petite incision sur l'écorce d'un certain nom- la sève de l'éra- respondant au midi; s'armant ensuite d’une tarrière il a foré la tige obliquement de bas en haut à la profondeur de 5 centimètres. Des tuyaux, en fer-blanc, adaptés aux ouvertures, étaient conduits dans des bouteilles reposant sur le sol; l'appareil a été exactement luté. Par ce procédé , 16 jeunes érables âgés de 22 ans, et d’un demi-mètre de circonférence , ont , \ . à ble à feuilles bre d'érables à feuilles de frène , vers la bte; partie inférieure du tronc, du côté cor- Madiot. par M. 116 Société Royale d'Agriculture produit en peu de temps près de 4 litres de sève , sans que cette saignée ait paru leur causer le moindre dommage. L'émission de la sève a constamment été plus abondante sur le côté tourné au midi. Ce n'est donc pas seulement la betterave qui nous offre un produit indigène capable de suppléer le sucre colonial. Nous pouvons donc demander encore une denrée devenue de pre- mière nécessité à des arbres dignes, sous d’au- tres rapports, d'être admis dans nos bois et dans nos forêts. Combien ils ont des droits à la reconnais- sance publique les hommes qui, animés d'un véritable esprit national , consacrent leurs veil- les à la recherche des moyens propres à aug- menter et à mettre en valeur toutes les res- sources de notre belle patrie ! Parmi ces ressources , il en est de bien plus précieuses que celles qui résultent de l'extrac- tion du sucre indigène : ce sont celles que nous retirons d’un végétal qui, seul peut-être dans nos climats, peut prévenir d’affreuses famines, lorsque l’inclémence de la nature fait périr le blé qui nous nourrit. Il est facile de voir que je parle de cette plante que propagea parmi nous le plus véné- de Lyon. 117 rable des agronomes ; plante qui ne devrait étre connue désormais que sous le nom de solanée parmentière. Les produits de cette plante , éminemment précieuse , ont été l'objet de plusieurs mémoires qui vous ont été lus , tant par M. Zeroy- Jolimont que par M. Chancey. Voici l'analyse succinte de ces différens travaux. Dans son premier mémoire, M. Zeroy-Joly- mont expose un procédé nouveau propre à ex- traire la fécule de pommes-de-terre. Après avoir exposé combien il est avantageux d'extraire des pommes-de-terre les principes nutritifs qu’elles recèlent , pour les conserver et les employer dans la fabrication du pain ; après avoir démontré combien est lente et peu économique l'opération du räâpage usitée ordi- nairement pour obtenir la fécule contenue dans es tubercules , notre collègue s'attache à prou- ver que le meilleur procédé à substituer au râpage consiste à soumettre les pommes-de- terre à l’action d'un moulin , dit à cidre ou à huile : elles s’y réduisent facilement en bouillie fine, et abandonnent,«ensuite toute leur féeule, par des lavages répétés. Il n'en est pas de même quand on emploie la râpe ; ect instrument donne lieu à un déchet qui Notice sur un procédé nou- veau pour ex- traire la féculs et les autres produits ali- mentaires COn- tenus dans la Pomme - de- terre, 118 Société Royale d Agricullure. a été évalué, par M. Pictef , à 9 pour cent. Voulant apprécier la manière d'agir d'une meule sur les pommes-de-terre , M. Leroy a tenté deux expériences. Il a pris seize pommes-de-terre , pesant en- semble 24 onces ; il les a coupées , mises dans un mortier, et réduites par la trituration en une bouillie qui à été lavée et placée sur un tamis , afin que la fécule se séparât du pa- renchyme ; ces deux parties ont été séchées. Le perenchyme l'a été incomplettement, et on n'a pu le réduire en farine sans lui faire éprouver ce déchet qui, selon M. Pictet, peut être de 11 pour cent. M. Leroy a eu pour résultat 4 onces de belle fécule et 2 onces et demie de farine de paren-. chyme , espèce de gruau plus nutritif que la fécule ; d'après MM. Pictet et Cadet-de-Vaux. Dans sa seconde expérience, notre collègue a pris cinq pommes-de-terre , pesant ensemble 20 onces ; il les a coupées par quartiers sans les peler , et il les a plongées dans un vase rempli d'eau. Il les y a laissées dix - huit jours , en renouvelant l'eau de temps en temps. Ayant énsuile opéré comme dans l'autre expérience , il a obtenu 2 onces de belle fécule blanche , once et demie de fécule un peu rousse, x once de Lyon. 139 trois quarts de gruau , 1 quart d'once de son res- semblant à celui de froment ; ainsi dans celte seconde expérience on a obtenu en principes ali- mentaires les 7/40 des pommes-de-terre em- ployées ; tandis que dans la première on n'avait pu en obtenir qu'un 9%, et l'on avait eu la peine de peler les tubercules. Après vous avoir fait connaître combien il serait plus avantageux de moudre que de râper les pommes - de - terre pour extraire de ces tubercules ce qu'ils recèlent de nutriüf, M. Leroy-Jolymont vous a parlé de leur panifcation. | Sur l'écono- On pense communément que l’usage le plus mie de la pa- nification des pommes de-ter- terre, consiste à la manger bouillie où cuite sous ;e et sur les la cendre , et qué c'est seulemènt pendant la di- avantages que l’agriculture peut retirer de dans le pain. M. Zeroÿ combat cette opinion en cet usage sil devenait plus économique qu'on puisse faire de la pomme-de- sette des céréales qu'il convient de l'introduive lui opposant les expériences de M. Pi£te!. énéral ; par le L'agronome genevois a fait 13 expériences mème. sur d panification de la pomme-de-terre; ellés lui ont prouvé qu'un quintal de râpure de ce tubercule , mêlé avec pareil poids de farine de céréales, donnait 192 livres de pain ; tandis que sans lès pommes-de-terre, cette quantité de farine en donnait 130 livres; les tubercules ayant produit dans le premier cas 59 livres. 120 Société Royale d'Agriculture Lorsque les pommes-de-terre sont à très-bon marché, les blés le sont aussi. Quand le quintal de farine de froment.vaut 14 fr. celui de pom- mes-de-terre ne vaut guères que 1 f. 50e. Or, avec cette somme de 30 sols, on peut produire 59 livres de pain ; que l'on mette en ligne de compte le combustible, et la main-d'œuvre, toujours sera-t-il constant, d'après les caleuls de M. Pictet, que le pain fait avec la farine de froment dont le son n'aura pas été retiré cou- tera, dans les temps d’abondance, 10 c. et demie la livre, tandis que celui dans lequel on aura fait entrer la râpure de pommes-de-terre ne vaudra que 8 c. la livre. Lorsque les blés sont .très-chers, les pom- mes-de-terre ne le sont pas dans la même proportion ; aussi au moment actuel ( mars 1817 ) la diflérence dont il s’agit est-elle de 7 cent. c* demi par livre de pain. Dans le premier cas, la panification de la pomme-de-terre offre un bénéfice de 3 f. 50 c. par quintal de tubercule. Dans le second cas, ce bénéfice s'élève à 11 fr. Ce n’est pas toui: la panification augmente la propriété nutritive de la farine de pommes-de-terre, comme elle aug- mente celle des autres farines; elle la rend d'une plus facile digestion. Le pain dans. la fa- de Lyon. 121 brication duquel est entré des pommes de-terre, est tout aussi nourrissant que celui qui est fait avec les céréales. 11 est plus savoureux ;, il se conserve plus long - temps frais , et il trempe mieux à la soupe ; c’est, du moins, ce qui paraît résulter d'un grand nombre d’ex- périences faites par M. Pit, et citées par M. Zeroy. Si ce pain devenait d'un usage plus général, la pomme-de-terre entrerait en plus grandes masses dans les assolemens, et l'agriculture y gagnerait beaucoup. On sait en eflet que la pomme-de-terre nétoye la terre, et la prépare à recevoir les céréales ainsi que les plantes cultivées en prairies artificielles. Les tuber- cules qui ne seraient pas employés pour la subsistance des hommes , serviraient à nourrir les bestiaux , dont le nombre s’accroîtrait suc- cessivement ; il en résulterait une grande aug- mentation de lait , de viande, de laine, d’en- grais, etc. et nous aurions de plus grandes garanties contre la disette. Le sentiment de M. Zeroy sur les avantages Sur la pani- de la panification de la pomme-de-terre est "°°° LE ; pomme - de-ter- partagé par M. Chancey. re ; par M. Ce respectable vétéran de la Société vou- Cancer: drait qu'on fit plus généralement dessécher et De la con- version de la fécule de pom- mes-de-terre en sirop ; par le même, 122 Société Boyale d'Agriculture moudre la partie fibreuse de la pomme-de- terre qui reste sur le tamis de crin après le räpage ; l'abondante farive qui en résulterait pourrait entrer dans la fabrication d'un pain qui serait bien préférable au pain bis dont se nourrissent les paysans et les ouvriers ; il vou- drait encore qu'on préparât en grand dans des usines considérables la farine de pomme-de-terre, qu'on la conservät dans des greniers , et qu'on la livrât au commerce comme les autres farines. Quant à l'emploi de la farine de pomme- de-terre dans le pain , notre collègue assure que, mêlée à parties égales avec de la farine de froment , elle forme un aliment plus beau, plus nutritif, plus savoureux, sur-tout à meil- leur marché que le pain bis que mangent les pauvres gens. L'économie sera bien plus grande encore si, ne se bornant pas à l'emploi de la fécule , on fait encore entrer dans le pain la partie fibreuse de la pomme-de-terre | subs- tance dont les propriétés alimentaires et pani- fiantes ne peuvent plus être révoquées en doute. On peut retirer de la pemme-de-terre , non- seulement un pain nourrisant , mais encore du sirop très-sucré. C'est ce qu'assure M. Chancey, et ce qu'il a vu pratiquer chez une dame , par un procédé particulier qu’il ne lui est pas per- mis de divulguer. de Lyon. 123 Ce sirop , dit notre collègue , est excellent pour faire des confitures , des glaces et pour sucrer le café au lait ; il suffit de 12 livres de fécules pour en obtenir 12 livres et demie ; il produit , à quantités égales , presque autant d'effets que le sucre de canne ; et il ne peut guères coûter plus de 8 s. la livre. De pareils résultats seront sans doute très- importans ; et c'est afin de les constater que la Société a engagé l'un de ses membres, M. Des- champs fils , à s'occuper d'une suite d'expériences sur la conversion en sirop de la fécule de pom- mes-de-terre. Ce n'est pas tout encore : on peut , selon M. Chancey , faire très - avantageusement de l'eau-de-vie avec les pommes-de-terre. Et'pour prouver cette assertion , il vous a appris qu'une dame de sa connaissance, Mme de B., avait ob- tenu , l'année dernière, un bénéfice net de 3200 fr. en faisant distiller les pommes-de-terre de de sa récolte. C'est dans ses domaines , situés à 8 ou 10 lieues de Vienne en Autriche, que cette dame a établi une distillerie dont la construction lui a coûté un peu plus de 3000 fr. Elle a em- ployé dans cette distillerie une quantité de pom- mes-de-terre , dont la valeur commerciale, jointe Sur la fabri- cation de l’eau de-vie de pom- mes - de -terre ; par le même. 154 Société Royale d'Agriculture aux frais du combustible et de la main-d'œuvre, pouvait s'élever à 4000 fr. Elle a retiré de la vente de ses eaux-de-vie et de ses alcools au-delà de 7000 fr. Les caux-de-vie marquaient 20 degrés Réau- muriens , et les alcools jusqu'à 35 degrés. M. Chancey vous a montré de l'eau-de-vie obtenue par cette distillation , qui vous a paru égale aux qualités inférieures d'eau-de-vie de vin. Îl vous a ensuite exposé, ainsi qu'il suit, le procédé au moyen duquel on peut faire cette espèce d'eau-de-vie. « À dix livres de pommes- » de-terre, ajoutez quatre livres d'orge germée, » séchée à l'air et écrasée au moulin. On com- » mence par délayer cette dernière dans un » peu d’eau tiéde ; on jette cette orge ainsi » humectée dans la cuve destinée à la fermen- » tation ; on y verse dessus environ 25 livres » d'eau bouillante, on la remue bien ; ensuite » on y met les pommes-de-terre, qu'on a eu soin > auparavant de faire cuire , soit dans de l'eau, » soit à la vapeur, et qu'on a bien écrasées avec » une machine quelconque. On les mêle avec » l'orge, à l'aide d'une spatule de bois ; puis on » les couvre et on les laisse ainsi reposer envi- » ron deux heures , après quoi on y ajoute à » peu près 225 livres d’eau plus ou moins froide, de Lyon. 125 de manière que toute la masse prenne la tem- pérature de 10, 12 et jusqu'à 16 degrés du thermomètre de Réaumur. Alors on y ajoute un verre ou même plus de même eau-de-vie, on remue le tout et on le laisse reposer. Quel- ques heures après, la masse commence à fer- menter plus ou moins fort, suivant la quan- tité de levure qu'on y a mise, et là tempé- rature du local , qui ne devra pas être de moins de 10 et de plusde 16 degrés de Réaumur. » Il faut que la cuve soit assez grande pour que là masse puisse s'élever au moins de 6 pouces sans déborder. Si maloré cela elle débordait , il faudrait en ôter un peu , que l'on remettrait lorsque la masse commencerait à s'aflaisser de nouveau. On recouvre cette cuve et on laisse la fermentation s'achever tran- quillement ; elle dure ordinairement 3 à5 jours. On connaît qu'elle est terminée , lorsqu'on ne voit au-dessus que de l'eau , et que les pom- mes-de-terre sont tombées au fond de la cuve. Alors il est temps de distiller. On repasse à l’alambic le produit de la première distilla- tion. Lorsque la fermentation a été bonne on peut s'attendre à avoir de la quantité sus- dite ( 100 livres de tubercules } 5 à 6 pintes d'eau-de-vie marquant 20 degrés à l'aréo- mètre. 126 Sociélé Royale d’Agricullure » » Ïl faut toujours distiller à la vapeur pour éviter le goût d'empyreume. En distiliant une troisième fois, on obtient de l'alcool au titre de 35 degrés. Il faut faire moudre toutes les semaines l'orge séchée. » Madame de B. fait cuire à la vapeur et distiller par jour 1000 livres de pommes-de- terre en deux cuites de 500 livres chacune. » Les résidus sont employés à la nourri- ture de son bétail, consistant en trente- quatre bêtes à cornes, soixante cochons et soixante moutons. Le bétail boit avec plaisir ces résidus qui donnent beaucoup de lait aux vaches. L'on donne à chaque mou- ton environ la quantité de cinq pintes par jour, moitié le matin et autant le soir. de Lyon. 127 HISTOIRE NATURELLE. Vous n'avez pas oublié que dans le courant Sur la com. de 1815, M. Cochard vous entretint de lation spon- : tanéed’unemas- combustion spontanée d'une masse d'étofles » se d’étoffes ; par et que vous le priâtes de recueillir quelques M: Cochard, nouveaux détails sur ce phénomène (1). Il vous a communiqué ceux qui suivent : Cette masse d'étoffes se composait de 25 pièces de draps , chacune d'environ 30 aunes, qui avaient été fabriquées avec de la laine teinte en diverses couleurs , telles que boue de Paris, grise et noire. Sorties depuis peu de dessus le métier , elles étaient encore toutes grasses. IL est à remarquer qu'on em- ploie dans la confection des draps 25 livres d'huile pour un quintal de laine. Chacune de ces pièces pesait, y compris l'huile, de 80 à 90 livres, poids usuel. Pour les dérober à la rapacité des étrangers qui envahirent pour la première fois la France en 1814 , on les avait cachées dans une cave, et on les y avait mises en un seul monceau sur des planches de sapin supportées par des ( 1) Voyez le Compte-rendu pour 1515. pag. 65. 128 Société Royale & Agricullure bois de chène servant d'ordinaire aux futailles. Cette cave était betonnée et percée au nord par deux soupiraux qu’on avait eu soin de fermer exactement avec du fumier ; la porte n'en füt pas murée, on la cacha par une cinquantaine de paquets d'échalas de vigne qui ne pouvaient pas empécher l'air de péné- trer à travers cette porte. Ce fut le 8 juillet 1815 , qu'on avait déposé les étofles dans la cave ; et le 4 août , au matin, on est saisi par une odeur insupportable ; on dégage la porte, on entre, on se trouve en- veloppé d'une fumée grasse , infecte ; on fuit pour n'être pas asphixié. Peu de temps après, on rentra avec précaution , tenant à la main une lanterne d'écurie ; on aperçoit une masse informe , gluante , et paraissant en putréfac- ion. Dans le même temps , on enlevait le fumier qui bouchait les soupiraux; une cir- culation d'air s'établissait , les étoffes s'enflam- maient. On parvint avec peine à dérober quel- ques lambeaux à l'incendie. Dans une autre coin de la cave , était un monceau d'étofles qu’on avait dégraissées et sou- mises à la préparation du foulon, on les re- tira entières et sans qu'elle eussent éprouvé la moindre altération. de Lyon. 129 M. Cochard a mis sous les yeux de la Société un morceau d'étoffe brûlée spontanément qui conserve la forme de son tissu ; mais n'a pas la moindre consistance. M. Rast - Maupas vous présenta, dans une autre séance , des fragmens de lave et de pierres-ponce qu'il avait ramassés sur le Vésuve pendant l'éruption de 1766. Il vous donna en Extrait d’un même temps quelques détails sur ce terrible phé- voyage en Ita- nomène, et il vous parla des dangers qu'il avait courus afin de l’observer de plus près. Sa relation , qui confirme ce qu’on a publié sur les éruptions du Vésuve, eût inspiré le plus vif intérêt aux amateurs d'histoire naturelle , si elle eût vu le jour avant tous les écrits qui nous ont fait connaître le volcan de Naples, ses différens modes d'éruption , et la nature des substances qu'il vomit. La belle et magnifique végétation qui , dans la campagne de Naples , recouvre d’ancien- nes laves , a été sinon observée , du moins décrite avant M. Rast-Maupas. Qui ne sait que : tout à l'entour d'un cratère menaçant, un sol, dont la fécondité est inépuisable , produit suc- cessivement , dans la même année, et de riches moissons , et des légumes exquis , et des raisins qüi fournissent le Lacryma Christi ? 9 lie, faiten 1766, r M. Rast - aie Sur des frag- mens d’os fos- sile-d’élephant, présentés . par M, Gohier. 130 Société Royale d'Agriculture Une observation d'un genre tout diflérent fut recueillie par notre collègue ; elle prouve jusqu'à quel point les liqueurs des animaux peuvent être modifiées par les alimens dont ils se nour- rissent. 11 a éprouvé que le lait d'un troupeau de vaches pâturant sur le rivage de la mer, était tellement salé qu'on ne pouvait pas le boire. | M. Golier vous a présenté deux fragmens d'os fossile d'éléphant qu'on avait trouvés , en décembre 18:15, à ‘Tassin , près de Lyon, dans la vigne de M. Chardini. Vs gissaient à peu de distance de la superficie du sol, dans un ierrain pierreux très-incliné. Ils furent décou- verts par des ouvriers. qui, incapables de soup- conner Je mérite de ces monumens, en firent l'objet d’un jeu grossier ; ils les mutilèrent et les brisèrent, en les appelant les os de leurs grands pères ; on les jeta ensuite dans un coin de la cour comme des matières inutiles et de rebut. M. Goñier, ayant out parler de .ces fragmens, les demanda, et n'eut pas de la peine à les obtenir, il en a mis deux échantillons sous les yeux de la Société ; l'un a dix-neuf pouces et demi de longueur ; il est large de 4 pouces à l'une de ses extrémités , qui est applatie ; de trois et demi. vers l'autre qui, de Lrvon. 131 ‘est d'une certaine épaisseur. Tout informe qu'il est, ce fragment paraît être une portion de l'humérus. Le second fragment, plus court, plus gros ‘que le premier est fendu dans le milieu de sa longueur , et il est presqu'entièrement pé- trifié; on peut le croire une portion de l'os du fémur. Notre collègue, présumant que ces débris avaient appartenu au squelette d’un élé- phant, il voulut s’en assurer ; et il les sou- mit à l'examen de l'académie des sciences. Cette illustre compagnie nomma des commis- saires dont le rapport se trouva conforme aux conjectures de M. Gokier. Notre collègue se demande d'où a pu venir l'éléphant dont il vous a présenté des débris. Fut-il amené par Annibal qui, selon quelques traditions, campa sur la plage où depuis fut bâtie notre cité ? Mais selon d'autres versions le “général Carthaginois suivit un autre chemin pour se transporter en Italie. Ces sortes de dé- bris seraient-ils d'antiques monumens du déluge universel ? Quoiqu'il en soit , d’autres os fossile d’élé- phant ont été trouvés dans les environs de Lyon. M. le docteur Sarssy nous a appris qu'on en avait découvert plusieurs en Bresse, Sur l’édreden; par M. Madiot. 132 Sociclé Royale d'Agriculture et M. le docteur Martin l'aîné notre corres- pondant a déposé, dans le cabinet de l'École Royale Vétérinaire de Lyon, un fémur trouvé en Forez et que l'on avait attribué à un géant. Cet os a trois pieds deux pouces. de longueur, sur cinq pouces de diamètre ; il est fendu vers le milieu de sa longueur , sa tête n'existe plus ; il est moins blanc, moins dur , et spé- cifiquement moins pesant que les autres os d'éléphant trouvés à Tassin. M. Madiot a fait voir un échantillon d'un duvet très-fin qu'il a obtenu de plusieurs ca- nards blancs du Nord, dit Edredons, qu'il éleve chez lui ; il cherche à naturaliser ces pré- cieux volatiles ; il en a observé le caractère, les mœurs, et principalement le mode d'incubation; il est très-porté à croire que l'éducation de cette espèce serait plus avantageuse que celle de l’oye et du canard ordinaire. Sa chair est meilleure et 1l fournit deux fois par an un du- vet aussi riche , aussi fin que celui qu'on tire du Levant. Ce n’est pas tout : les plumes à écrire qu'on arrache de ces oiseaux sont plus fermes et durent beaucoup plus long-temps que les autres. Ce fait a été attesté par M. Leroy- Jolimont qui a fait usage de ces plumes. Le naturaliste agronome ne se borne pas à de Lyon. 135 étudier les êtres vivans qui peuvent servir aux besoins de l'homme , il étudie encore ceux qui semblent destinés à lui nuire. Du nombre de ces derniers est un oiseau nommé Gros - bec (poria cocolhyrantes ». M. Madiof en a ob- servé les mœurs , et il a été témoin de ses ravages à la pépinière départementale. Ils se sont exercés principalement sur des poiriers , des abricotiers , des amandiers à fruits doux. On a vu, vers le milieu d'avril, la terre, autour de ces arbres, toute couverte d'’écailles de jeunes boutons à fruit: on put prévoir dès- lors que la récolte serait nulle. C’est ce qui arriva. L'oiseau dévastateur ne se contente pas de faire avorter les boutons à fruit, il arrache encore les plumules des arbres fruitiers pour s'emparer de leurs cotyledons. Plusieurs milliers de pourrettes ont péri à la pépinière départe- mentale, par l'effet des déprédations du gros-bec. Voulant prendre en flagrant délit ces mau- dits oiseaux, M. Madiot se mit en embuscade, et il fut forcé d'admirer leur instinct. Il en vit des bandes qui paraissaient s'être choisi un chef pour donner le signal de l'attaque et celui de la retraite. Il observa plusieurs fois qu'au moment où les gros-becs exploitaient la pépinière, une sentinelle, ordinairement du Sur le Gros- bec par le Notesur le ci- rier de la Loui- siane ; par M. Mouton-Fonte- nille, 134 Sociclé Royale d'Agricullure genre masculin, était en faction sur un grand arbre pour observer l'ennemi et donner l'alarme à son approche. Il a vu la troupe se disperser au moindre signal, pour ne reparaître qu'après avoir fait éclairer le pays par des voltigeurs. Le gros-bec n'est pas seulement frugivore, il est encore carnassier. M. Madiot l'a surpris mangeant une fauvette. Il n’est pas silencieux, comme l'ont dit les naturalistes qui l'ont mal connu. C'est en février qu'il se montre dans nos pays, nous en sommes délivrés vers la mi-juin. M. Madiot en ayant tué un grand nombre, il a remarqué parmi les morts beaucoup plus de femelles que de mâles. Il en a fait rôtir, et il a cru en trouver Ja chair détestable. Les qualités malfaisantes du gros-bec ont été confirmées par M. Chancey ; il a dit que ce malin animal se jouait des pièges et des épou- vantails, et que pour préserver de ses ravages les semis de peu d'étendue, on les couvrait d'un filet. M. Mouton-Fontenille a déposé dans, vos col- lections plusieurs objets d'histoire naturelle, et il vous a donné sur chacun d'eux une notice intéressante, 1 vous a présenté deux pains de cire verte de Lyon. 135 fournis par le cirier de la Louisiane ( Mirica Ccrifera); il vous a exposé en mème temps, d'après les voyageurs, quelques détails sur la manière dont on récolte et prépare cette subs- tance dans les forêts voisines de la Nouvelle- Orléans, toutes pleines de ciriers. Cet arbre a été introduit dans la riche pé- pinière de notre respectable collègue, M. Rasf. Cest-là que M. Mouton-Fontenille Ya étudié. Il en a préparé un échantillon qu'il a mis sous vos yeux. La seconde production de la Louisiane , qui vous a été présentée par notre collègue, est le fruit d'une cucurbitacée | non décrite , qu’on appelle dans le pays /orchon , à cause des usages auxquels on la fait servir. On fabrique encore avec ses fibres de jolis chapeaux pour les dames. Les semences de cette plante pourraient être utiles en médecine ; elles ont une saveur ana- logue à celle du gingembre. M. Mouton-Fontenille a distribué aux mem- bres présens des échantillons de ces graines, en les invitant à les semer. Le troisième objet déposé sur le bureau par ce naturaliste est la noix du pacanier ou noyer de la Louisiane (juglans olivæ-formis). Cette noix d'une forme olivaire, est beaucoup meil- Sur une cu- curbitacée dela Louisiane ; par le même, Sur le paca- nier, ou noyer de la Louisia- ne; par le mê. me, Projet d’un voyage en Loui- siare ; par le même. 136 Société Royale d'Agriculture leure à manger que celle de nos pays. Il serait intéressant de naturaliser dans nos climats l'ar- bre qui la produit. Déjà M. Rast a fait, pour y parvenir , d’heureux essais ; il a semé dans sa campagne d'Eculy des noix de pacanier qui ont produit de jolis arbres , assez robustes pour ré- sister aux plus grands froids de nos hivers. La Louisiane, cette vaste partie du Nouveau- monde ; que peu de naturaliste ont visitée, renferme de grandes richesses botaniques et agricoles |, inconnues à l'Europe. C'est pour remplir cette lacune de la science , que M. Mou- ton-Fontenille a projeté un voyage dans la Loui- siane. Îl se propose de parcourir ce pays , de gravir les monts Apalaches, de traverser le pays des Illinois, de cotoyer les bords du Missouri, de pénétrer dans les plaines du Mexique , et de pousser sa course jusqu'a la Guyanne, l’un des pays du monde les plus riches en productions naturelles. Mais comme des moyens de plus d'un genre sont nécessaires pour l'exécution de cette grande entreprise , notre collègue s'est déterminé à ouvrir une souscription dont le prospectus vous a été présenté ; et vous avez donné à ce natu- ‘ raliste un témoignage de l'intérêt que vous ins- _ de Lyon. 137 pire son zèle pour la science , en vous plaçant à la tête des souscripteurs. Telle est, Messieurs , l'analyse des mémoires d'agronomie , de vétérinaire , d'arts utiles, d'his- toire naturelle qui vous ont été présentés pen- dant le cours de l'année 1817. Malgré mes eforts pour resserrer cette notice , elle se trouve plus étendue qu'aucune de celles qui ont été annuellement publiées en votre nom. J'ai cru devoir donner quelques développemens à l'ana- lyse d'un grand nombre d'observations qui m'ont paru précieuses. Heureux si la manière dont je les ai exposées n’en a pas tropaffaibli le mérite ! Il me reste à parler des rapports que vous avez entendus sur différens sujets, plus ou moins importans ; mais avant de remplir cette tâche’, je dois consigner ici un ouvrage dont vous avez entendu la lecture avec indulgence, et dont vous avez ordonné l'insertion dans le Compte-rendu ', par respect pour la mémoire vénérée du Lyonnais célèbre auquel cet ouvrage est consacré. | 158 Société Royale d'Agricullure E1ocE de BEerNarD DE Jussiev; par le Secrétaire. Mssreuns, Parmi les devoirs que vos statuts imposent à celui qui a l'honneur de tenir là plume dans vos séances , il en est un qu'il est toujours bien douloureux de remplir ; c'est celui de vous parler des pertes récentes que vous avez faites ; de dé- poser , en votre nom , un tribut de regrets, d’es- time et de reconnaissance sur une tombe à peine fermée. Grâces au ciel , je suis exempt, aujour- d'hui , de cette pénible tâche ; deux années en- lieres se sont écoulées sans que, nous ayons eu à déplorer la mort d'un seul de nos collègues. Le savant, dont je viens ‘vous rappeler le souvenir , termina. sa carrière quelques années avant la restauration de la Société; il en ho- nora la liste , ainsi que, celle de la plupart.des Sociétés savantes de la France et de l'Europe. Né dans une ville féconde en grands bota- nistes , il les surpassa tous , et peut-être n'a-t- il été surpassé par aucun de ceux qui avant et après lui se sont fait un nom dans la science de Lyon. 139 des végétaux. Tout en reculant les bornes de cette aimable science , il s'atlacha principale- ment à la rapprocher de la médecine, de lagro- nomie , de presque tous les arts utiles... À ces traits vous avez déjà reconnu , Messieurs , l'un de vos plus illustres correspondans , l'im- mortel auteur de la Méthode naturelle des plantes. Bennarp pe Jussreu naquit à Lyon le 17 août 1699, de Laurent de Jussieu , docteur en médecine , et de Marie Cousin ; sa famille était ancienne dans l'honorable bourgeoisie de notre ville. Ses premières études classiques furent sans éclat ; l'amour de la botanique l'ayant absorbé dès sa plus tendre jeunesse. Il n'avait pas encore atteint sa dix-septième apnée, que déjà il parcourait, avec son frère Anloine de Jussieu, les montagnes des Pyré- nées , et il visitait toutes les Espagnes. De retour en France il étudia la riche Flore de Lyon, gravit les Alpes, suivit les rives de la Méditerranée, forma un vaste herbier , et alla suivre les cours de médecine de l'Université de Montpellier. À vingt ans il reçut le bonnet de docteur et revint dans sa ville natale avec le projet de se livrer à la pratique de l'art de gué- rir ; mais il avait pris pour une vocation le 140 Société Royale d'Agriculture désir de soulager les souffrances de l'hu- manité. L'ardeur de la botanique l’entraîne de nou- veau ; il vole à Paris où déja son frère Antoine de Jussieu enseignait cette science dans le Jar- din du Roi. Doyen des professeurs du jardin, Vaillant était alors courbé sous le poids des années ; il vit le jeune Bernard, reconnut en lui son digne succes- seur et fit lui-même les démarches nécessaires pour l'établir dans sa chaire. Dès lors l'institution s'aggrandit , le jardin changea d'aspect , des élèves accoururent de toutes parts ; la France comptait un grand professeur de plus. Ce professeur , déjà célèbre alla s'asseoir sur les bancs de la faculté de médecine de Paris ; il subit avec modestie les examens d'usage et reçut le titre de docteur-régent. Ce fut durant sa licence qu'il publia , avec des notes, une nouvelle édition de Tournefort; il y exprima des vues neuves et profondes. Les portes de l’académie des sciences s’ouvrirent de- vant lui : il avait alors vingt-six ans. Il paya son tribut académique par quelques mémoires sur la pélulaire , la lentille. d’eau, la H- torelle, ete. Ces mémoires de peu d’étendue sont des modèles en leur genre ; mais c'est à peu près de Lyon. F41 là toutes les productions originales qui soient sorties de la plume de Bernard de Jussieu. Moins jaloux d'occuper le public de ses ou- vrages que de signaler son nom par une grande conception , cet homme de génie se refusait à écrire ; il laissait mûrir en silence la belle méthode botanique qui ne devait être publiée qu'après sa mort. Il désirait néanmoins , depuis longues années , une occasion favorable pour essayer cette méthode ; elle ne s’offrit qu'en 1797 , époque à laquelle le Roi , voulant s'oc- cuper de plantes , manda le professeur que lui désignait la renommée. Celui-ci eut , pendant plusieurs années consécutives , l'honneur de démontrer des fleurs à Sa Majesté et à une partie de la Cour. Tout autre eût vu dans cet emploi autre chose que l'avancement de la botanique. Pour lui , satisfait d'avoir arrangé le jardin de Trianon , et d'y avoir prouvé la méthode naturelle , il ne demanda rien de plus; sa fortune néanmoins se bornait alors aux émo- lumens de sa chaire et à sa pension d'acadé- micien. | Peu de temps après elle s'accrut , mais par un évènement qui déchira son cœur : il hérita de son frère Antoine de Jussieu , et il répéta en pleurant ces mots d'un ancien philosophe : J'ai 142 Société Royale d’Agricullure une fois plus de biens que je ne voudrais ; j'ai eu le malheur de les doubler par la mort de mon frère. Le temps et l'exercice de la bienfaisance pu- rent seuls adoucir l’amertume de ses regrets ; et ce fut alors que libre d'ambition , de soucis et d’inquiétudes , il coulait des jours tranquilles dans le sein de la nature. Une nombreuse jeu- “nesse l'écoutait avec un respect mêlé d'amour, recevant avec recueillement les oracles de la science qui sortaient de sa bouche. Il était au milieu de ses élèves comme un père vénéré dans sa famille. Eût-il put avoir quelque chose de caché pour ceux qu'il appelait ses enfans ? On abusa de ce noble abandon; certains auteurs ‘se glissèrent dans son école pour s'emparer fur- tivement de quelques idées neuves et s'en faire honneur dans leurs livres. Bernard de Jussieu ne voulut jamais s'apercevoir de ces spécula- tions scientifiques. 1/ faut, disait-il , que la vé- rilé se répande parmi les hommes , il importe peu par quelle voie. D'éminens personnages se confondirent aussi dans la foule de ses élèves ; il y vit ce philo- sophe célèbre autant que malheureux, qui trouva dans l'étude des plantes quelques adou- de Lyon. 143 cissemens à la noire mélancolie qui empoi- sonna son existence (1). Un jour, un savant étranger suivait une herborisation dirigée par Bernard de Jussieu, on lui propose une question de botanique très- ardue , l'étranger recule et s'écrie : aut Deus aut Magister noster Dominus de Jussieu. Quel était cet homme qui renvoyait à celui qu'il nommait son maître, ou à la divinité même, la solution d'un problème de botanique ? Etait- ce un homme sans nom dans la république des lettres? N'avait-il publié aucun ouvrage iraportant ? N’appartenait-il à aucune des aca- démies célèbres de l’Europe? Quel était enfin cet étranger ? C'était... le grand Linné…. et déjà ses livres immortels étaient connus de l'Europe savante. Les témoignages les plus éclatans de l’admi- ration. dont il était Fobjet ne purent jamais altérer la simplicité de Bernard de Jussieu , il avait coutume de proférer un mot que la mé- diocrité n'articula jamais, et que le demi-savoir rougirait de prononcer, un mot qui convient si bien à la faiblesse humaine, à laquelle le plus grand génie participe toujours. Ce mot We pos Df + mise hrs Mo SR Lip ® (1) J.J7. Rousseau. 144 Sociclé Royale d'Agriculture si éminemment philosophique est celui-ci: Je ne sais. Maïs lorsqu'après avoir confessé son ignorance, un homme de ce caractère énon- çait une opinion, elle était reçue comme un jugement irréfragable, comme un oracle sacré; et l'on regardait comme insolubles les problèmes qu'il n'avait pas résolus. FE Quand il conduisait dans les campagnes ses innombrables disciples, il lui suffisait d'un mot pour modérer la bouillante ardeur de cette jeunesse. L'ascendant paternel qu'il exerçait sur elle fut utile dans une circonstance qui eût pu avoir des suites terribles : un élève, écarté de ses camarades , fut insulté par un laquais , et il corrigea l’insolent. Le maître de ce laquais fait sonner le tocsin, les paysans s’attroupent , ils s’'arment d'outils d'agriculture; la jeunesse se réunit, elle attend de pied ferme les flots d'agresseurs qui s’avancent de toutes parts; des épées brillent.….. Quelle sera l'issue , et sur-tout les conséquences d'un combat entre une tourbe de paysans ameutés, et une élite de jeunes gens appartenans presque tous à d'honorables familles de la Capitale et des Provinces? Mais on n'en viendra point aux mains , le sang ne coulera pas ; le maître a paru, il a parlé; les de Lyon. 145 élèves continuent leur paisible herborisation , et les paysans retournent à leurs travaux... Peu d'évènemens remarquables agitèrent la vie de cet homme de bien. Il avait fait en 1734 un voyage en Angleterre, pour étudier les objets d'histoire naturelle que le commerce fait aMuer, de toutes les parties du globe, dans ce pays; il en avait rapporté, avec des soins infinis , deux jeunes cèdres du Liban; son but était, en con- fiant au jardin royal la frêle enfance de ces deux arbres, de retarder l'époque où disparaîtra pour toujours de dessus la surface de la terre une espèce colossale de végétaux, si fameuse dans la haute antiquité , et qui , au moment actuel , se trouve réduite à un très - petit nombre d'individus. L’un des deux Cèdres de Bernard de Jussieu , le plus ancien qui soit en France, s'étant élevé majestueusement , cou- vre de son feuillage la tombe de d’Aubenton. Ce ne fut pas seulement ces deux arbres précieux que notre grand botaniste rapporta de Londres, il y recueillit encore des objets de minéralogie et de zoologie dont il enrichit le cabinet du Roi. C'est lui qui rassembla les premiers matériaux de cette collection immense que le zèle, les soins, le nom des Réaumur, Buffon , d'Aubenton ont rendu si célèbre, et qui 10 146 Société Royale d'Agricullure est devenue comme le sanctuaire de la nature’ et le plus vaste dépôt de ses productions. On croit communément que Bernard de Jus- sieu avait borné à la botanique ses profondes recherches ; on ignore la plupart de ses tra- vaux sur les madrepores, les coraux , d’autres zoophites , sur des insectes microscopiques qu'il observa dans des liqueurs animales , etc. Ces découvertes et beauçoup d'autres servirent de base à des réputations dont il ne voulut jamais dévoiler le secret. Que sont , au reste , pour la gloire de ce grand homme, quelques faits isolés, quelques découvertes de détail ? Que la médio- crité se targue de ces titres , soit qu'ils lui appar- tiennent légitimement , soit qu’elle les ait usur- pés ! Bernard de Jussieu en a d'autres à la gloire : il a enfanté un de ces systèmes qui donnent la mesure de l'entendement humain, et qui font époque dans l'histoire des sciences ; il a créé la méthode naturelle des végétaux. Celui qui a dit: germinet terra herbam viren- lem et facientem semen ,n’a pas orné la surface de la terre d’une multitude innombrable de végétaux uniquement pour offrir aux regards humains le spectacle le plus magnifique ; il a voulu encore, dans son ineffable sagesse , que les espèces vé- gétales fussent douées de vertus utiles aux hom- de Lyon. 147 mes, et que ces vertus , cachées dans la pro- fondeur de l'organisation , ne pussent être dé- voilées que par une longue étude et une rare sagacité. Savoir toutes les plantes, depuis le cédre jusqu'à l'hysope est un des caractères du Sage inspiré. Il n’est donné aux autres hommes de connaître qu'une partie des secrets de la vé- gétation; mais ces secrets tiennent le premier rang parmi les bienfaits que la science peut répandre sur la masse du genre humain. Les anciens étudièrent les plantes et leurs propriétés , ils ne les décrivirent pas ; nous ignorons dans quelles espèces ils reconnurent des qualités précieuses. Leurs travaux et leurs découvertes sont par conséquent perdus pour nous. Pendant le moyen âge , on explora les livres et non la nature , on fit des commentaires et non des observations. C’est dans Pline , dans Dioscoride, dans Aristote, et non dans les cam- pagnes qu'on chercha les végétaux salutaires. Plusieurs de ces végétaux portèrent une multi- tude de noms différers , et le même nom fut attribué à une foule de plantes dissemblables par leurs formes et leurs vertus. Nos deux illustres concitoyens , les frères Banhin eurent la gloire de débrouiller ce chaos. Mais de leur temps on ne classait point encore les plantes ; les des- 148 Société Royale d'Agriculture criptions en étaient jetées au hasard dans les livres; ces descriptions se multiplèrent à l'infini, et la botanique fut menacée de tomber dans un nouveau chaos. Gesner et Cesalpin parurent ; ils ébauchèrent des classifications qui, toutes im- parfaites qu’elles sont, supposent une grande force de tête et une érudition immense. Ces botanistes furent suivis de Rai, Morison , Her- mann , Rivin qui se livrèrent à de longues re- cherches pour trouver des règles de classifica- tiou. Survint Tournefort qui inventa une mé- thode admirable par son élégance et sa clarté, dans laquelle les végétaux connus furent distri- bués sans efforts. À peine a-t-elle parue que sont oubliées celles qui l'avait précédée , et que répandue par-tout elle inspire l'amour des plan- tes dont elle a facilité l'étude. Cependant des expéditions savantes sont di- rigées dans toutes les parties du globe ; de gran- des découvertes botaniques sont recueillies, les cadres tracés par Tournefort sont devenus trop étroits ; de vastes lacunes , d'abord inaperçues , frappent les regards de la science ; on sent la nécessité d’un système plus général ; le grand Linné le propose, et le monde savant l’adopte avec une espèce d'enthousiasme. Linné réforme la nomenclature , il crée la langue botanique , de Lyon. 149 pose d'une main ferme les principes de la science et les expose avec une grande lucidité ; maïs par malheur, son système de classification , quoique très-ingénieux, repose sur de minces caractères, presque tous de convention ; il réunit des êtres surpris de se trouver ensemble ; il sépare par de longues distances des espèces qui ne diffe- rent que par de faibles différences ; il peut servir au nomenclateur qui ne voit dans la science que l’art de nommer les plantes , il ne satisfait point celui qui veut considérer dans le règne végétal des êtres animés par un senti- ment de vie , et doués de qualités utiles aux besoins des hommes. Adanson s'élève avec énergie contre le sys- tême de Linné, il le représente comme factice et ennemi des lois éternelles de la nature; selon lui , l'ordre naturel est seul légitime , et pour le trouver il invente soixante-douze systèmes, espérant d'en déduire des familles végétales ; il tombe dans une grave erreur, il suppose que tous les organes végétaux sont connus, et que tous ils jouent un rôle également im- portant dans la végétation. Mais il n’en est point ainsi : les organes des plantes comme ceux des animaux sont subor- donnés les uns aux autres, et toujours les 150 Sociélé Royale d’Agricullure. plus essentiels sont les plus constans dans les familles et dans les espèces. Cette correlation est une des bases fondamentales de la méthode de Jussieu. Ce grand Botaniste voit, dans les végétaux des organes reproducteurs de l'espèce, et des organes servant à la conservation individuelle; les premiers sont les plus importans, puisque la nature peu attentive à la durée des indi- vidüus , est toute entière au maintien des espèces. Ces organes néanmoins ne sont pas égale- ment essentiels ; celui qui l’est au degré le plus éminent , c'est l'organe qui renferme le gage d'une plante future ; c'est le fruit, dont la structure , les rapports avec toutes les parties destinées à le féconder , à le protéger , à le dé- velopper , constituent des caractères de pre- mier ordre. Le fruit s'ouvre, une jeune plante s'échappe de son sein ; elle offre, dès les premiers instans de sa végétation, des phénomènes sensibles qui annoncent la série des révolutions qu'elle doit parcourir. Est-elle privée de ces organes pro- visoires dans lesquelles la plupart des plantes puisent le lait de la première enfance ? Elle restera cellulaire, sans aucun vaisseau, et son mode de reproduction sera mystérieux. Cet de Lyon. 151 ergane nourricier est-il unique ? La plante n'aura jamais d'épiderme, ni de moëlle centrale, ni de double enveloppe florale. Cet organe enfin est-il multiple ? La plante offrira toute la per- féction de l'organisme végétal. Simples dans leur structure, les plantes de la première série ne composent qu'une classe; celles de la seconde sont distribuées en trois, d'après le siége des organes fécondateurs. Un plus grand nombre de classes sont établies dans la troisième série; elles sont fondées sur les considérations précédentes , et de plus, sur l'absence, la présence, le nombre , les modi- fications des organes conservateurs du germe, leur réunion ou leur séparation dans des fleurs distinctes. Cent familles végétales viennent naturelle- ment se placer dans des cadres tracés d’après des règles invariables. Les espèces qui les cons- tituent sont liées entre elles par des traits peu nombreux mais très-importans , ou en plus grand nombre et offrant moins d'importance ; de manière que partout la multiplicité et la valeur des caractères se compensent mutuel- lement. Chose admirable! les caractères les plus im- portans dans la vie végétale sont aussi les 152 Société Royale d'Agriculture plus invariables, les plus universels ; ils sont en même temps les indices les plus sûrs des vertus des plantes. Ce n'est pas tout encore: comme rien n'est isolé dans l'œuvre de la création, un caractère suppose un caractère , un organe suppose un organe, et, par une suite nécessaire, tout le système vivant peut se dé- duire d'un signe bien observé et apprécié à sa juste valeur. Tel fut le sublime talent de Bernard de Jussieu, il sut observer et peser avec une profonde sagacité les caractères des plantes , et les réunir en familles déjà cons- tituées par la nature. Bien différentes des classes artificielles, ces familles se composent en géné- ral d'espèces uniformes par leur physionomie, semblables par leur mode de vitalité, analogues par leurs veitus. C'est ainsi que ce grand philo- sophe a su unir par des liens intimes la bota- nique à ia physiologie végétale , à la médecine, à l'agronomie, à tous les arts fondés sur la connaissance et l’emploi des végétaux. Telle est l'esquisse vague et légère d’un des plus beaux monumens qui soit sorti de la main des hommes. D'autres avant Jussieu avaient entrevu la méthode naturelle : c'est ainsi que Cesalpin , laissant son siècle derrière lui, avait essayé de classer les plantes d'après les phéno- de Lyon. 153 mènes de leur germination ; Magnol , long- temps après , s’eflorça de former des grouppes naturels ; Tournefort s’éloignait à regret de l'ordre de la nature ; Linné le regardait comme la pierre philosophale de la botanique. Haller soutenait que les plantes étant des êtres vivans , devaient , ainsi que les animaux, être classées d'après leur ‘organisation. ‘Tous ces hommes supérieurs ont entrevu la méthode naturelle des plantes, sans que la gloire du grand homme qui l'a prouvée soit moins pure et moins iné- branlable. L’admiration et la reconnaissance des siècles n'entoureront-ils pas à jamais le souvenir des Newton et Harvey , quoique long- temps avant leur naissance, des savans eussent présenté l'attraction planétaire et la circulation du sang ? Le digne neveu d'un des plus grands bota- nistes de tous les siècles a la gloire d’avoir aggrandi , perfectionné et fait connaître au monde savant les sublimes ouvrages de Bernard de Jussieu ; il publia la méthode naturelle, et aussitôt un profond botaniste anglais en rendit compte en ces termes: Anlonius Laurentius de Jussieu librum nuper edidit sub titulo, genera plantarum secundèm ordines naturales disposita , quù doctiorem vix unquam videbit orbis botanicus. 154 Societé Royale d'Agriculture Que de témoignages glorieux à la méthode naturelle je pourrais recueillir ! je n’en citerai qu'un seul; et ce n’est pas dans un ouvrage de botanique, mais dans un traité de philo- sophie transcendante que j'irai le puiser. Heu- reux d’avoir trouvé dans cette circonstance l'occasion de faire retentir cette enceinte du nom d'un autre illustre lyonnais ! M. De Gerando, l’un de vos correspondans , a dû parler des méthodes et de leurs principes dans cette belle production qui fut couronnée par une des grandes académies de l'Europe. C'est d'après les règles de la plus sévère analyse qu'il dut comparer les classifications botaniques , mesurer l'étendue et la profondeur de con- naissances qui furent nécessaires pour établir la méthode de Jussieu ; il la place bien au- dessus de celles de Tournefort et de Linné; il la regarde comme la seule conforme aux lois éternelles de la nature. Le vieil Adanson entra le premier dans la nouvelle carrière ouverte aux botanistes , il fut suivi de MM. Ventenat, de Lamarck, Desfontaines , de Candole , etc. Ces savans du premier ordre regardent Bernard de Jussieu comme leur maître , comme le créateur d’une méthode sublime dans sa simplicité, féconde de Lyon. 155 dans ses développemens , admirable par les conséquences qui en découlent pour le bien des honfmes. Bernard de Jussieu mourut en philosophe chrétien le 6 novembre 1777; les larmes amères des malheureux qu'il nourrissait arrosèrent son cercueil ; ses élèves et ses amis conservè- rent religieusement sa mémoire ; mais le monde savant ne sentit pas toute l'étendue de la perte qu'il venait d'éprouver. On ne dit pas en ap- prenant sa mort, ce qu'on dit au bruit de celle de Buffon , de Jean-Jacques, de Voltaire, d'Haller , de Linné ; on ne dit pas que le siècle s'appauvrissait. La renommée des grands hommes que je viens de citer était fondée sur de nombreux écrits. Bernard de Jussieu ne publia presque rien pendant sa vie ; mais Ÿ pensa d’après lui-même, el il fut du nombre des hommes, faciles à compter , qui font penser d’après eux le genre lumain. Instruction sur l’emploi des blés avariés. M. de St - Didier, rapporteur, 156 Société Royale d'Agriculture RAPPORTS. Les nombreux rapports qui vous ont été pré- sentés, dans le courant de 1817, ont eu pour objet des questions agronomiques intéressantes, ou des ouvrages , tant manuscrits qu'imprimés, soumis à votre examen. Plusieurs de ces rap- ports ont été, par ordre de Mr le Préfet, insérés , soit textuellement , soit par extrait, dans un journal officiel qui , ne se bornant pas à transmettre les actes de l'autorité , répand encore autour de nous les lumières et les leçons, (*) Parmi ces rapports , dont Mr le Préfet a or- donné la publicité, un des plus importans est celui de M. de St-Didier , sur une instruction concernant l'emploi des blés avariés , que la Société royale et centrale d'agriculture a rédigée, d’après les ordres de S. Ex. le Ministre de l'inté- rieur. Les principaux conseils donnés aux cultiva- teurs dans cet ouvrage utile sont relatifs, 1.0 A la disposition des meules , qui doit être telle que l'air circule dans leur intérieur. LA SNS RER ER Ta (*) Le Mémorial administratif du département du Rhône. de Lyon. 157 2.9 À la dessication des blés humides , en les soumettant à une température de 50 à 353 dég. Réaumuriens. 3.0 A l'emploi , pour la panification, d'un le- vain frais , et l'addition de farine non altérée. Celle de pommes-de-terre convenant très- bien pour cet effet. 4.° À une construction des fours mieux en- tendue que celle qu'on pratique dans les campagnes, D'autres instructions d’un grand intérêt ont été rédigées par la même Société ; elles ont été pareillement publiées par les ordres de Son Excellence le Ministre de l’intérieur , et vous avez entendu , sur ces ouvrages , les rapports de MM. Reyt-Monléan, Deschamps père , et Leroy- Jolimont. Le premier vous a rendu compte d’une ins-. truction sur les plantes propres à étre mises dans les terres qui n'ont pu étre ensemencées avant l'hiver , en raison de l’intempérie de l'automne. Ces plantes sont les blés tremois bien choisis, et semés avec précaution ; l'orge nue, et à son défaut l'orge ordinaire qu'on séme dans notre département jusqu’à la fin d'avril ; l’avoine qui Instruction sur les plantes propres à être mises dans les terres qui n’ont pu être ense- mencées avant l'hiver, en rai- son de l’intem- périe de l’auto. mne. M. Reyt- réussit parfaitement sur les terres fraîches ; le Monléan, rap. maïs quarantain dont la farine, mélée à celle porteur, , 158 Société Royole d'Agriculture de froment, donne un pain de bonne qualité. Il serait facile d'ajouter à ces plantes d'autres végétaux qui offrent l'avantage de pouvoir être consommés avant leur maturité parfaite; tels sont la fève des marais, les pois , les haricots. La culture de ces végétaux , ainsi que les avantages qu'on peut en retirer dans notre dé- partement , pour fournir de bonne heure des substances nutritives, ontété l'objet des judicieu- ses observations de M. Reyt-Monléan ; nous les passons sous silence, attendu qu'elles ont été ré- pandues par la voye du Mémorial administratif. Instruction Il en a été de même de celles que vous a sur quelques communiquées M. Jeschamps père, en vous procédés éco- l de IL 3 ae L nomiquesäem. Parlant de l'fnsiruclion de la Société centrale ployer pour la sur quelques procédés économiques à employer duction et . ° PRO Dour la reproduction et la plantation des pommes- la plantation des pommes-de de-terre. terre. M. Des- Les plus essentiels de ces procédés sont l’abon- champs père, L F “ rapporteur, dance de l'engrais , la précaution de couper en biseau les tubercules qu'on destine à être plan- tés ; de laisser ces fragmens deux jours à l'air avant de les mettre en terre. On peut se con- tenter de planter les yeux de ces tubercules, et livrer tout le parenchyme à la consommation. On pourrait encore propager les pommes-de- terre par semis. de Lyon. 159 Mais il ne suffit pas de récolter une grande quantité de tubercules , il faut encore savoir les conserver : les moyens d'y parvenir ont été exposés dans une instruction de la même Société, dont M. Leroy-Jolymont vous a rendu compte. Ces moyens consistent à débarrasser les tu- bercules d'une partie de leur eau de végétation, à rejetter avec soin ceux qui sont altérés, à les placer dans des lieux secs, à l'abri de la lumière et des grandes variations de température. On peut choisir entre divers procédés, tous propres à préserver les pommes-de-terre de l'influence du froid, de la chaleur , de l'hu- midité, d'une trop vive lumière. Tantôt on les met à la cave pendant l'hiver, et dans des greniers obscurs et bien fermés lorsque la gelée n'est plus à craindre ; tantôt on les disperse dans des tas de paille, de fagots, de fougères, et on les recouvre de feuilles. Ici on en rem- plit des fosses creusées dans un terrein sec, et fermées par un cône bien battu faisant fonc- tion de toît; on met de la paille dans le fond et sur les parois de ces fosses. Ailleurs, on les amoncèle en forme de pyramides qui, revêtues de paille, ressemblent à des gerbiers ; on re- couvre de terre ces pyramides, on y pralique Instruction sur la manière de conserver les pommes - de - terre. M. Le- roy-Joly-mont rapporteur. 160 Société Royale d'Agriculture des ouvertures au midi pendant l'hiver , au nord pendant l'été. Dans d’autres pays, on remplit de tubercules des tonneaux défoncés qu'on ferme ensuite hermétiquement. On conserve encore les pommes-de-terre, au moyen d'une dessication complette que difié- rentes méthodes peuvent opérer. On coupe-ces tubercules par tranches qu'on fait macérer pendant quelque temps dans l’eau, et qu'on desséche ensuite dans une étuve ou à un soleil ardent. On peut les réduire en bouillie et en exprimer l’eau au moyen d'une presse, en ayant soin de recueillir toute la fécule. On peut enfin les faire cuire à la vapeur , en former une pâte qu'on figure en tablettes, qu'on pour- rait facilement figurer en vermicels ou en macaronis. Ces différens ouvrages étant suffisamment connus du public, il est inutile d'en donner un extrait plus étendu ; c'est par le même motif que je dois me contenter de mentionner Fe l'analyse de) mémoire sur la pourriture des des moutons ; MOutons , rédigé par MM. Huzard et Tessier, par MM. Hu- et publié par ordre du Ministre de l'intérieur, zard et T'es- sier. M. Gro- ; gnier vappor- qui, d'après vos vues , a été insérée dans le teur, analyse que vous a présentée M. Grognier, et de Lyon. 161 journal de ce département. C’est ainsi que vous avez concourus à propager dans les campagnes de sages conseils, qui n'ont pas été suivis sans succès par plusieurs propriétaires. Vous avez été consultés par la Société Royale et centrale sur les eflets des graines de plu- sieurs légumineuses , notamment de la Gesse chiche, ( Lalyrus cicera ) et de l'Ers , ( Ervum ervilia). I] résulte du rapport qui vous a été présenté sur cet objet par M. le docteur Saissy, que ces graines ne constituent pas un aliment aussi dangereux qu’on pourrait le croire, d'après quelques données. On en récolte beaucoup et on en mange sans le moindre inconvénient dans le département de la Drôme ; du pain fait avec la fécule de Gesse chiche a été donné en grande quantité. à des chiens, qui n’en ont pas été incommodés. Si ces semences ont fatigué des estomacs faibles , c'est tout au plus un motif pour les ranger parmi les alimens de mauvaise qualité et non dans la classe des poisons. En examinant les symptômes attribués à l'usage du Latyrus cicera , M. le docteur Saissy leur a trouvé une analogie parfaite avec ceux que cause le blé ergoté; et il croit devoir con- €lure de ce rapprochement qu'on a pu prendre IL Sur la Gesse chiche et au- tres légumineu- ses. M. Saissy, rapporteur. Sur les effets nuisibles de la Vesse à bou- quet,. M. Ma- diol , rappor. teur, De la Gesse chiche en Al- sace. M.Gohier rapporteur, 162 Société Royale d'Agriculture le change dans un temps où l’ergostime a exercé de grands ravages. Quant à d'autres légumineuses, telles que Latyrus saliva, Vicia cracca, saliva, etc. Elles sont alimentaires dans beaucoup de pays, four- rageuses dans d'autres ; elles donnent quelquefois lieu à des accidens , sur-tout dans les animaux, et principalement quand elles sont mal récol- tées. Si c'était une raison pour les rejeter , il faudrait envelopper dans la même proscription presque tous les végétaux nutritifs. M. Madiot n'est pas entièrement de l'avis de la commission qui a parlé par l'organe de M. le docteur Saissy. Notre collègue a vu de jeunes paons qui avaient mangé de la graine de vesse à bouquet ( Wicia cracca ), tomber comme morts, rester plusieurs heures dans cet état, se relever ensuite avec peine, et marcheren chancelant comme s'ils eussent été dans l'ivresse. Il trouva des poules polonaises mortes au milieu de touffes de la Vesse multi-flore, dont les graines étaient mûres; il ouvrit ces poules et il découvrit dans leur gésier des graines de cette papillonacée. Il résulte de la correspondance de M. Goficr , que la Gesse chiche, nommée Besyon dans le département du Haut-Rhin, était jadis moulue de Lyon. 163 peu de temps après avoirété récoltée, et employée ensuite à la fabrication du pain ; elle produisait la paralysie des extrémités inférieures, sur-tout chez les vieillards. On ne la proscrivit pas pour cela ; mais on la fit szer avant de s’en servir; on la méla avec d'autres farines dans la pani- fication. Ces moyens ont suffi pour faire cesser tous les accidens. La Gesse chice est donnée aux cochons, dans le département du Haut-Rhin, elle les en- graisse beaucoup , mais quelquefois les paralyse du train postérieur. Ce symptôme a une si grande analogie avec celui de l’ergotisme , qu'on serait tenté de croire que la Gesse chiche et le Seigle ergoté peuvent déterminer des accidens à-peu-près semblables ; mais avant de prononcer sur une question de cette importance, vous avez senti que de nouvelles recherches étaient néces- saires. Les recherches de ce genre intéressent non- seulement le médecin , mais encore l’agronome. C’est ce que vous a prouvé M. le docteur Saissy, dans le compte qu'il vous a rendu d'un mémoire manuscrit sur les effets du seigle ergoté, dont M. le docteur Jansson, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, a bien voulu vous faire hommage, Sur un mé- inoire de M. le docteur Jans- son , relatit au seigle ergoté. M.Saissy , rap- porteur, 164 Société Royale d'Agriculture M. Jansson eut à traiter, sur la fin de 1856, trente malheureux, aflectés de gangrène séche; ils venaient tous des départemens de l'Ain ou de l'Isère, et ils s'étaient nourris d'un pain composé en grande partie de seigle ergoté. Quel- ques individus ont pu manger impunément de ce pain délétère ; quelques autres ayant été at- teints par l’ergotisme en ont guéri spontané- ment , à la faveur de plusieurs abcès critiques. Lorsque la gangrène a terminé la maladie, elle avait été précédée de douleurs atroces , fixées aux extrémités inférieures , qui presque toujours ont été le siége de l'aflection. L'auteur pense que c’est directement sur le systême nerveux que le seigle ergoté exerce sa funeste influence. Voilà pourquoi il agit tanlôE en causant un grand trouble dans les fonctions intellectuelles , la somnolence , le délire, l’idio- tisme ; tantôt en exaltant la contraction mus- culaire , la sensibilité , tantôt en amortissant les propriétés de la vie. Si la gangrène des extrémités est , le plus souvent , la terminaison fatale de l'ergotisme, c’est parce qu’elles sont les plus éloignées du centre de Ja circulation ; elles se mortifient alors par une cause analogue à celle qui dé- termine la gangrène sénile. de Lyon. 165 Cette maladie redoutable a offert à M. Jansson trois indications principales à remplir ; elles ont consisté , 1.0 à prévenir son développement ; 2.9 à arrêler sa marche ; 3.0 à faciliter la chûte des parties mortifiées. C'est avec de l'opium que l'au&ur, suivant la méthode de son savant dévancier, M. Bouchet, a salisfait aux deux premières indications ; il l'a donné avec succès à l'intérieur pour calmer les douleurs et relever le poulx ; il lappliquait sous forme de lotion sur les membres ergoti- sés , mais non encore frappés de gangrène. On couvrait de poudre astringente les parties morlifiées , et on les lotionnait avec un mé- lange d'eau-de-vie camphrée et de vinaigre des quatre-voleurs. Quant à la troisième indication : l'auteur l'a remplie avec cette sagacité , cette dextérité que l'on pouvait attendre du digne chirurgien en chef d'un des principaux hospices de l'Europe. Il n'a jamais pratiqué d'incisions sur les parties mortes, dans la vue d’en faciliter la chute, et il a toujours attendu, pour amputer un mem- bre , que la gangrène fût bornée. À la faveur de ce traitement , le plus grand nombre des malades ergotisés qui avaient été confiés aux soins de M. Jarsson sont retournés Sur un ou- vrage de M. Hurtrel-d’ Ar. boval , relatif au typhus. M. 166 Wocicté Royale d'Agriculture dans leurs foyers , les uns parfaitement guéris, et les autres après avoir subi des amputations qu'aucune rechute n’a suivie. Tel est l'extrait du rapport de M. Sarssy. Il y a ajouté des considérations sur le seigle er- goté, sur son caractère ,ses causes , etc. Il a ter- miné en demandant l'inscription de M. Jansson sur la liste des candidats aux places de Titu- laires : proposition qui a été adoptée unanime- ment. Deux ouvrages imprimés , relatifs à l'art vé- térinaire vous ont été adressés, l'un par M. Hurtrel - d’Arboval ; Y'autre par M. Huzard fils. Le premier de ces ouvrages a pour titre: Aperçu sur lépizoofie des béles à cornes , qui a régné dans le département du Pas-de-Calais ; Raynard,rap- par M. Hurtrel-d’Arboval , vétérinaire-amateur. porteur. M. Raynard vous a rendu compte de ce livre, qui a eu deux éditions en peu de temps. L'épizootie observée par M. 7° Arboval n'est autre que le typhus qui a exercé tant de ravages en 1815. L'auteur le croit originaire de la Tar- tarie ; il regarde sa désastreuse propagation comme le résultat unique du contact médiat ou immédiat ; il ne pense pas que les intem- péries atmosphériques, les mauvais alimens, ete, de Lyon. 167 ayent eu de l'influence sur son développement et ses progrès. Cette maladie ne lui paraît pas incurable , et il assure en avoir souvent trion- phé. Les moyens qu’il a mis en usage sont les sé- tons , les fumigations désinfectantes , les nouets composés de camphre, d'ail , d’assa-fétida , les boissons acidulées , les amers , sur-tout l'acé- tate d'ammoniaque. Quoique ce traitement curatif ait été, au dire de M. Z’Arboval , suivi d'un grand succès, il n'aurait pas pu suppléer les moyens pré- servatifs. Et ces derniers moyens ont été pra- tiqués dans le Pas-de-Calais avec une rare sé- vérité. On avait posté des gendarmes autour des étables infectées, des patrouilles de gardes na- tionales étaient toujhurs en mouvement sur les sentiers , les chemins vicinaux , le long des haies , de la lisière des bois, dans les environs des villages et des hameaux. On avait consigné chez eux les propriétaires des animaux malades. Ces mesures de police avaient été provoquées par M. d'Arboval ; il fut lui-même chargé de les exécuter , et il s’acquitta avec zèle de cette im- portante mission ; il eut, dit-il, a regreter que des troupes de ligne n’eussent pas été employées 168 Société Royale d'Agriculture au lieu des gardes nationales ; ét il rappelle à cet ésard ce qui se passa en 1775 dans le midi de la France , lorsque ce pays , désolé par le typhus, ne put en être délivré que par une armée commandée par M. le marquis de Faudoas. Ainsi l'ouvrage de M. Hurtrel-d’Arboval ne renferme pas seulement des observations vété- rinaires , il contient encore des vues et des ré- flexions judicieuses sur les moyens adminis- tratifs à mettre en usage pour réprimer les épizoolies contagieuses. Après avoir rendu compte de cet ouvrage, M. Raynard a demandé que son auteur fut placé sur la liste des Correspondans. Cette pro- position a été adoptée. La même demande a été faite et avec le même succès, par M. Grognier , en faveur de M. Huzard fils qui vous a adressé une notice imprimée sur es chevaux anglais et sur les courses en Angleterre. Notice sur 7 ‘ - ous avez vu ar 1 anal se ra ide ue les chevaux an- P y P q gleis et sur les M. Grognier vous a présentée de cet ouvrage courses en An- utile, que l’auteur avait traité plusieurs ques- gleterre , par ,. LE ! . . M Huzardfils, U0US importantes ; qu il avait examiné, M. Grognier , 1.9 Ce que devaient être les chevaux anglais FePPOrtUr avant leur amélioration; 2.0 ce qu'ils sont au moment actuel ; 3.° quelle avait été la prodi- de Lyon: 169 gieuse influence des courses fameuses de Don- caster et de Newmarket, sur l'amélioration des chevaux anglais; 4.° quelles étaient les causes qui se sont opposées à l'amélioration des chevaux français, qu'on a croisés avec les chevaux d'Angleterre. M. Huzard fils a trouvé le type des chevaux aborigènes de l'Angleterre dans deux races qu'il a très-bien caractérisées ; il a prouvé que ces deux races n'ont pu être perfectionnées que par l'influence du sang barbe ou arabe. L’araélioration , par le croisement , n’a pas été abandonnée à la seule industrie des parti- culiers, elle a reçu fréquemment l'impulsion du gouvernement ; c'est lui qui a établie ces courses, dont Bourgelat parlait en ces termes, il y a cinquante ans : « Par les courses, la race » des chevaux anglais a été totalement changée, » et la race vile et méprisable qui avait précé- » dée celle-ci, s’est entièrement évanouie. » Ces courses ne sont pas, comme on le croit communément en France, des spectacles futiles destinés à amuser la multitude , et quand bien même elles n'auraient d’autres résultats que de mettre en mouvement 25 à 30 millions, elles seraient des institutions avantageuses. Les coursiers qui se distinguent dans ces 170 Societé Royale: d'Agriculture jeux ne sont pas seulement des coureurs, ils ént encore tous les caractères du beau, du bon, de l'excellent cheval. Ces animaux distingués ne viennent point en France , on ne nous envoye que le rebut de la race anglaise, telle est la raison du peu de succès qu'on a obtenu de l'introduction des chevaux anglais. Au reste, dit M. Huzard fils, en terminant son mémoire , il vaut beaucoup mieux avoir recours aux chevaux arabes et barbes ; cette mesure est la plus sûre, la plus économique et la plus durable dans ses eflets ; les anglais lui dûrent, dans le principe, l'amélioration de leurs chevaux. Observations : En outre de ces mémoires vétérinaires, vous de médecine et de chirurgie vé- ; É 4 térinaires, par Sentés par M. Gokier , notre collègue. Vous M. Gohier. M. avez chargé M. Raynard de vous en donner Raynard, rap- porteur. en avez reçus d’autres qui vous ont été pré- l'analyse. Ces mémoires ont paru par cahiers, dont la réunion a constitué le tome 2 d'un livre ayant pour titre: Mémoires et Observations sur la médecine et la chirurgie vélérinaires. L'auteur de ces nouveaux mémoires continue à exposer les faits nombreux qu'il est à portée de recueillir dans les hôpitaux vétérinaires con- de Lyor: 171 fiés à ses soins ; il caractérise les maladies les plus remarquables , traitées par les élèves, hors de l'école; il décrit les phénomènes pathologi- ques offerts par l’autopsie des animaux sacrifiés pour le cours d'opération; il fait connaître enfin les résultats les plus importans de la corres- pondance qu'il entretient avec un grand nombre de vétérinaires disséminés sur diflérens points du royaume. On voit dans ce recueil que 271 chevaux étant entrés aux infirmeries de l’école pendant le cours de 1816, il n’en est mort que 20; et que parmi les malades , le nombre des mâles s'est trouvé quadruple de celui des femelles. L'auteur expose les résultats de ses observa- tions et de ses expériences sur la gale et sur l'insecte qui la produit dans le cheval , le bœuf, le chien, le chat et le lapin. Ce praticien a traité les affections psoriques avec économie , le farcin avec succès; il a quelquefois triomphé de la morve récente ; il a cru s’assurer que le crapeau des moutons était contagieux , et que l'horreur de l’eau n'était nullement le symptôme pathognomonique de l’Aydrophobie. Plusieurs maladies sporadiques très-graves ont cédé à ses efforts, tels sont le tétanos, l'amaurosis , etc. Je pourrais , en suivant M. Description historique de la ville de Lyon, par M. Co- chard, M. le chevalier Per- ref,rapporteur. 172 Société Royale d'Agriculture le rapporteur , citer les autres tentatives, les autres succès exposés dans le livre de M. Go/ier ; mais ce livre étant imprimé , le public a pu le juger. Il en est de même d'un autre ouvrage publié par M. Cochard, notre collègue, sous le titre de Description historique de la ville de Lyon, ouvrage important dont un extrait vous a été présenté par M. le Chevalier Perret. Avant de tracer la statistique de la seconde ville du royaume, M. Cochard donne l'histoire de sa fondation et des principaux évènemens dont elle a été le théâtre; il s'attache à dé- crire les viscissitudes qu'a éprouvé le commerce de cette ville, depuis le commencement de la monarchie jusqu'à nos jours, il explique les causes des extensions progressives, pour ne pas dire des déplacemens successifs d'une cité qui est descendue d’une montagne , et a traversé deux fleuves. En parlant des rues, des monumens, des établissemens publics, l'auteur prodigue les anecdotes les plus curieuses et les plus piquantes qui dévoilent des origines et des étymologies jusqu'ici enveloppées de ténèbres. Après avoir raconté ce qui est, l'auteur parle ée ce qui devrait être, il indique les change- de Lyon 173 mens à faire pour embellir, et sur-tout pour assainir notre ville; il signale les établissemens qu'il faudrait créer, et ceux qui, existant déjà, sont susceptibles des plus utiles perfectionne- mens. Parmi ces derniers, le Mont-de-piété fixe son attention d'une manière particulière, et il exprime sur cet objet des réflexions pleines de franchise et de philantropie. Il cite, avec vé- nération , les Lyonnais illustres qui furent les bienfaiteurs de leur patrie, et parmi eux il met au premier rang ce bon échevin (r) auquel la reconnaissance publique éleva une statue sur un roc voisin de celui de Pierre-en-scize. Cette statue que le peuple appella l'Homme de la Roche , subsiste encore, mais dans un état de dégradation qui excite les regrets de notre coliè- gue ; il propose une souscription pour la relever. M. Cochard rappelle le souvenir des hommes célèbres qui naquirent dans nos murs, il con- sacre un long article à Symphorien-Champier , qui tout-à-la-fois savant profond, et valeureux guerrier, publia le premier ouvrage qui soit sorti des presses lyonnaises, et fut armé che- valier sur un champ de bataille. Du temps de ce grand homme florissait à nn | (1) Jean de Cleberg. 174 Sociélé Royale d'Agriculture. Lyon une maison , féconde en magistrats et en savans ; elle produisit Claude de Bellièvre , qui fut successivement échevin de notre ville, et président au Parlement du Dauphiné. Ce savant composa, au commencement du 16.M€ siècle, un ouvrage sous le titre de Lug- dunum priscum , qui n’a pas été imprimé , et dans lequel la plupart des historiens de Lyon ont puisé abondamment. Ce manuscrit fut ensuite perdu, et il vient d'être retrouvé dans la bibliothèque de Montpellier, par M. Arthaud, notre collègue (1). t M. Cochard ne parle pas de ce précieux ma- nuscrit ; c'est une lacune indiquée par M. Perret; (x) L'ouvrage de Claude de Bellièvre est divisé en chapi- tres dont voici les titres: 1° De origine urbis Lugduni. 2.° De ralione dictionis Lugduni et comodd scribi debeat. 3.° De Magistratibus civilibus , et aliis publicis muneribus, 4° De vetere et universali in ea urbe empozio, - 5° De theatro et celebritatis ibi ludis. 6° De præclaris ædificus et operibus. 7. De ara Lugdunensi, 8° De incendio ejus Urbis. 9.” De vefere scola Lugduni, 10,° De Rhodano et Arara flluminibus, 11.” De aquæ ductu. 12. De foro veneris, seu veteri in ea Urbe. 13. De insulæ de Lyon. 179 et qui sera sans-doute réparée dans une nou- velle édition d’un livre destiné à être réimprimé plusieurs fois. Le même rapporteur vous a présenté l’ana- lyse raisonnée d'un autre ouvrage d’une nature bien diflérente ; il vous a fait connaître un livre ayant pour titre: Traité de l'aménagement des bois et forëts, par M. Dralet, Conservateur des eaux et forêts de l'arrondissement de Tou- louse, en 1807. Cet ouvrage se divise en trois sections: on trouve dans la première l’énumération des mé- thodes adoptées pour la coupe des bois; la seconde se compose d'une série de principes physiques fondés sur l'observation dés phéno- mènes de la végétation; la troisième partie est l'application des théories exposées dans les deux premières. 2 14° De aliquot claris viris quibus patria fuit Lugdunum, 15° De flaminibus et velere religione. 16° De commoditale ejus loci. 17. De priscis eollegiis et corporibus. 18° De situ ejus urbis, 19.° De urbis Lugduni dignitafe et ditione. 20.° De vicis et oppidis Lugduno - vicinis quorum vetus memoria. 21. Nostræ æœdes, 22° Epitaphia quæ ex veteribus Monumentis excerpsi. etc, Traité de l'aménagement des bois et fo- rêts ; par M. Dralel. M. le chevalier Per. ref, rapporteur. 176 Société Royale d'Agriculture | Nous ne suivrons pas M. Perret dans soti analyse d'un ouvrage imprimé; nous dirons seulement que l'auteur s'élève contre les exploi- tations trop rapprochées des taillis , situés sur ün bon fonds; il se livré à des calculs pour prou- ver combien est grande la différence entre l'accroissement annuel d'un taillis avancé en âge , et celui d'un jeune taillis; il démontre, mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici combien il importe à l’état et aux propriétaires, de ne pas couper les taillis avant qu'ils aient atteints leur point de maturité; il en indique les signes avec sagacité ; il montre pareïllement ceux qui an- noncent l'instant où il convient d'aménager les futaies. L'exploitation des forêts antiques est subor- donnée, dit-il, à des considérations qui n’exis- tent pas pour la coupe des taillis. Ces forêts ne doivent pas, comme les taillis , être coupées aussi souvent que l'exigerait l'intérêt , même bien entendu , des propriétaires. Etant destinées principalement à fournir du bois pour les hauts services, tels que les constructions de la ma- rine, et celles des ponts et chaussées, l’admi- nistration publique est en droit d'en régler l'aménagement; mais ne devrait-elle pas dédom- mager par un dégrèvement d'impositions les de Lyon. 177 propriétaires auxquels elle impose des sacrifices ? Il est des arbres qui, presque jamais élevés en massifs, sont plantés le long des chemins et autour des héritages, qu'on ne cultive ni pour leur bois, ni pour leur fruit, mais pour leurs feuilles ; je veux parler des mûriers. Ces arbres précieux sont l'objet d'un mémoire imprimé, que vous a adressé M. Duvaure , l'un de vos correspondans à Crest. M. le chevalier de Martinel vous a rendu un compte très- détaillé de cet ouvrage, qui fut couronné par l'académie de Valence, et dont une seconde édition a été publiée par ordre de M. le Préfet de la Drôme. L'auteur traite profondément la question de savoir , s’il convient ou non de grefler les mü- riers. Les agronomes sont discordans sur ce point: Rigaud Delile , Pommier , Thomé, l’im- mortel Olivier-de-Serres ; conseillent la grefte; l'abbé de Sauvages, Constant-du-Castelet, n’ap- prouvent pas cette pratique ; l'abbé Rozier se refuse à prononcer son jugement. M. Duvaure veut qu'on greffe les mûriers ; il se fonde sur une série d'expériences suivies pendant huit années consécutives; elles lui ont donné les résultats suivans : 12 De la taille du Mürier blanc ; par M. Duvau« re. M. le che- valier de Mars linel , rappor- teur, 178 Société Royale d'Agriculture 1.0 Les mûriers greflés fournissent beaucoup plus de feuilles que les sauvageons , et leur ré- colte est plus expéditive, plus économique. ° Ils vivent plus long-temps , et résistent Le aux intempéries atmosphériques. 3.° Les vers nourris de leurs feuilles donnent à-peu-près la même quantité de soie que ceux qu'on élève avec la feuille de sauvageon. 4° La soie des uns et des autres est abso- lument semblable. | Ainsi la grefle qui ne nuit point à la qualité de la feuille , en augmente le volume et la quantité; elle fait que les cueilleurs peuvent en peu de temps approvisionner la magnanérie (r). (1) En quatre heures et demie, dit M. Duvaure , des ou- vriers ont dépouillé six mûriers greffés ; chacun d’eux portait 99 livres de feuilles qui ont suffi pour nourrir 5o tables ; les mêmes ouvriers ont mis huit heures trois quarts pour dépouil- ler le même nombre de müriers sauvageons plantés la même année ; et ceux-ci ne donnèrent chacun que 5o livres de feuilles ne pouvant nourrir que 30 tables, M. le Rapporteur relève les avantages d’une ceuillette ra- pide. Il n’est pas, dit-il, de propriétaires , faisant une cer- taine quantité de vers-à-soie, qui ne soit forcé de faire an- nuellement abattre la tête de quelques mûriers pour assouvir a faim de ses vers-à-soie quand ils sont à la fraise. On est rarement soumis à cette fâcheuse nécessité quand on se sert de müriers greffés. de Lyon. 179 … D'après tous ces motifs, M. Duvaure greffe tous ses müriers, même les nains qui bordent ses héritages; et la soie qu'il obtient de ses vers est recherchée par les marchands. Il fait observer que les soies renommées d'Aubenas, d'Argentières, de Joyeuse, des Cévennes, etc, qu’une partie de celles du Dauphiné, sont fournies par des vers nourris de feuilles de müriers greflés. M. le rapporteur ajoute, qu'en Italie, en Savoye, les müriers sont presque tous greffés, et que dans ces pays, qui donnent de si belles soies, on ne trouverait pas à louer des mû- riers sauvageons. Malgré toutes ces considérations, M. le rap- porteur ne se croit pas fondé à prononcer dé- finitivement en faveur des mûriers greflés ; il penche pour le sentiment de M. Cels , qui pré- tend que la greffe est utile partout pour maîtri- ser la trop grande vigueur des mûriers, leur faire produire des feuilles plus grandes , plus nom- breuses , moins herbacées ; mais qu'elle ne con- vient à la santé des vers et à la perfection de la soie que sur certains sols et dans quelques climats. ” Aprèsavoir rapporté l'opinion d'un judicieux et savant agronome, M. de artinel ajoute que l'on 180 Sociélé Royale d'Agriculture devrait toujours nourrir avec de la feuille de sauvageon , les vers dont on veut tirer de la graine , attendu que cette nourriture naturelle doit influer d'une manière avantageuse sur les races de linsecte, beaucoup plus que sur les individus. La nécessité d'abréger me force à supprimer beaucoup de détails intéressans dont M. de Martinel a enrichi son rapport; je regrette principalement de ne pas pouvoir eiter les ob- servations qu'il a recueïllies dans ses voyages, sur le nombre de eocons nécessaires en divers lieux d'Italie pour faire une livre de soie. Ces détails, se liant à d’autres travaux sur les vers-à-soie , que nous attendons de notre collègue , trouveront leur place dans une autre notice. | Le département du Rhône peut sans-doute admettre un grand nombre de mûriers, et sr ce genre de culture ne peut pas y avoir une aussi grande extension que dans les départe- mens de l'Ardèche, de l'Isère, de la Drôme, c'est moins à cause de la différence des cli- mats , qu'à cause de la nature de notre sol et de notre industrie agricole; c’est la vigne qui cons- titue la principale richesse de nos campagnes. Aussi aimez-vous à vous occuper de tout ce qui de Lyon. 181 peut tendre à perfectionner nos vignobles, ét à en augmenter les produits , et avez - vous entendu avec intérêt le rapport que vous a présenté M. Reyt-Monléan | sur l'ouvrage de M. Lambry , relatif aux moyens d'empêcher la coulure de la vigne, et de hâter la maturité du raisin. 4 Le procédé de M. Zambry consiste à enlever un anneau d'écorce ; large d'une ligne aux : PE de jeunes bois; il ne fait cette opération qu'aux SET branches de l'année , ou à celles de l'année pré- Mandes , indi- cédente. Dans le premier cas, il l'applique au- pa pl dessous des grappes ; dans le second cas, entre empêcher la vi- la naissance des branches et les grappes. L'opé- an ration n’a lieu que pendant la floraison, afin ;it4 qu raisin. que Île bourrelet ait le temps de se former ee D re Il en résulte qu'on n'a point ..” à craindre la coulure et qu’on hâte de 8 à 10 jours la maturité du raisin. Les avantages dé cette méthode sont cons- tatés par les attestations les plus respectables. E/auteur l’a appliquée sur des vignobles étendus qui se sont trouvés plus productifs que ceux des environs. M. le rapporteur , tout en rendant justice a l'ingénieuse invention de M. Zambry , la croit susceptible de perfectionnemens. Il s° 182 Société Royale d'Agriculture demande pourquoi ne pratiquerait-on pas l'in- cision annulaire sur des branches de 3, de 4, et même de 5 ans. On abregerait le travail, et on ne serait pas exposé à casser des bran- ches jeunes et fragiles. L'instrument employé jusqu'ici pour cette opération paraît, avec raison, à M. le rappor- teur, fort peu commode. Il fait sur ce procédé nouveau d'autres judicieuses observations, et 1l s'engage à l'essayer dans son vignoble (r). Il ne me reste plus, Messieurs, pour mettre fin à cette notice de vos travaux, qu'à vous rappeler trois rapports présentés par M. Barre fils, sur des mémoires dont vous a fait hom- mage M. Mufhuon, ingénieur en chef des mines, et qui lui ont servi de titres pour être admis dans votre sein. Traité des L'un de ces ouvrages est un traité des forges forges catala- catalanes ; on y expose les moyens d'extraire nes ; par M. j: NT : Lee directement; et par une seule epératon , le Barre fils, rap. fer de ces mines; on y multiplie les détails sur |: rod les constructions et les procédés métallurgiques al appropriés à cette, opération ; on y enseigne de M. Reyt-Monléan a rempli sa promesse, (Voy. p. 50.} de Lyon. 183 quelle manière on peut réduire la gueuse en fer, à la faveur de la fusion liquide dans les affineries ; on y. rapporte de. nouvelles -expé- riences sur les pompes. lg. sb : Vous sentez, Messieurs, qu'un ouvrage se composant de descriptions, se refuse à l'analyse. L'auteur ayant épuisé son sujet, termine son important travail par.un aperçu des frais d’éta- blissement d'une forge catalane, et des bénéfices qu'on peut en retirer. La dépense, dit-il, soit en constructions, soit :en achat d'ustensiles , peut s'élever de 35 à 40 mille francs; les produits peuvent être de 16 pour cent, si l'établisse- ment fait lui-même ses transports. Le second mémoire de M. Mufhuon a pour Mémoire sur . L z : une nouvelle obiet une nouvelle méthode géologique,çôu UN éthode géolo- traité élémentaire des formations minérales , gique ; par M. c'est le préambule d'un grand ouvrage que M#Auor. M. 2 Barrefils ,rap- M. Muthuon se propose de publier. ven, Ce naturaliste divise les formations minérales en deux classes, les unes sont contenantes , les - autres contenues. Les premiéres, sont aqueuses, volcaniques ou mixtes. L'auteur s'occupe prin- cipalement de celles-là; il en distingue avec soin les caractères et les. modes divers. Tout ce qu'il dit est fondé sur les observations qu'il a recueillies dans différentes parties de l'Europe. 184 Société Royale d'Agricullure I à vu dans les formations minérales , tantôt le résultat d'urie force extérieure , tantôt celui d'une ‘force intrinsèque ; l'une est du ressort de la physique , l'autre dépend de la chimie. L'action de ces forces produit le minéral que l'auteur définit : une collection de corps unis ou mélés inlimément j qui ont un genre ou principe dominant , auquel on rapporte ces corps. Les espèces se divisent en séries, d'après la nature générale des substances avec lesquelles un principe dominant ou caractéristique se réunit. Mémoire sur fans le troisième mémoire dont M. Barre la manière dont 4 se forment les VOUS a rendu compte, M. Muthuon cherche à cristaux, pier- établir , contre l'opinion généralement admise, tmétaili . . ; 4 ruremée que les cristaux non salins n'ont pas besoin quesnonsalins, JS 'E | à ainsiquelesmo- de liquides pour se former , qu'ils sont péné- yens de donner trés d’une force intériéure en vertu de laquelle lieu à leur for- " j | i I mation,dansun LS réparent les pertes causées par Îles agens appareil artif- extérieurs , qu'ils sont enfin doués d'un prin- Gels Par M cipe de vie qu'on pourrait appeler minérale Muthuon, M. P : Ë PP La. Barre fils,rap- Le système de notre collègue repose sur les FoREuR propositions suivantes : 1.0 [1 se forme continuellement des cristaux, en vertu d’une espèce de sécrétion ét d’excré- tion dans les masses où matrices qui contien- nent les élémens de ces cristaux. de Lyon. 185 2.° La présence d'un liquide abondant et ka dissolution des molécules ne sont point néces- saires pour la formation des cristaux. 3.° Les molécules possèdent en elles-mêmes une affinité, ou pour mieux dire, une vie particulière qui les force à se joindre à des molécules semblables, en se débarassant , excré- tant, pour ainsi dire, les parties étrangères qui les écartent les unes des autres; il en résulte qu'une gangue ou matrice, après avoir tra- vaillée , de plane qu'elle était ,se trouve hérissée de cristaux , et creuse en divers endroits de sa surface ; tel est le produit de cette sécrétion , et du rejet ou excrétion des matières inutiles. 4. Cette formation de cristaux a lieu cons- tamment dans la nature , comme l’auteur l'a observé pendant une longue suite d'années. _ 5° On peut imiter la nature et former des cristaux pierreux, en réunissant dans un ap- pareil artificiel les conditions nécessaires pour cette formation, c’est-à-dire une certaine hu- midité et une certaine température. La découverte de M. Muthuon , a dit M. Barre , en finissant son rapport , est de la plus grande importance pour la minéralogie ; elle servira à expliquer une foule de faits géologi- ques , incompréhensibles jusqu'ici ; tels que la 186 Societe Royale d Agriculture formation des géodes, l'apparition des veines métalliques dans les travaux abandonnés, etc. D'autres rapports ont occupé d’une manière utile et agréable plusieurs de vos séances; ils ont eu pour objet des ouvrages périodiques ré- pandus , tels que les Annales de l'Agriculture française , la Bibliothèque universelle , ou les travaux de plusieurs Sociétés savantes et agricoles ; telles que la Société royale et cen- trale d'agriculture , la Société des sciences, arts et agriculture de Nancy, etc. Ces rapports raisonnés vous ont été présentés par MM. Reyt- Monléan, Faissoles, et le docteur Saissy. | La liste suivante prouve que vous avez reçu en 1817 un plus grand nombre d'ouvrages im- primés , que dans aucune des années précé- dentes. de Lyon. 187 OuvRAGEs imprimés adressés à la Société dans le courant de 1817, 1.° Mémoires de la Société Royale et centrale d'agriculture , 1815 , formant le 18.€ vol. de la collection. 2.9 Avis aux cultivateurs, rédigé sur la demande de S. Exc. le Ministre Secrétaire d'État au département de l'Intérieur ; par une commis- sion de la Société Royale et centrale d'Agri- culture. 3.0 Objet d'intérêt public, recommandé à Fat- tention du Gouvernement et de tous les amis de l'Agriculture ; par J. 4. Victor Yvart, pro- fesseur d'économie rurale à l'École Royale d'Alfort (sur les inconvéniens du Éerberis vul- garis ). 4° Mémoire sur le plan que l'on pourrait sui- vre pour parvenir à tracer le tableau des be- soins et des ressources de l'Agriculture fran- çaïse ; par M. le comte François de Neuf- château. 5.0 Rapport fait à! la Société Royale et cen- trale d'Agriculture , dans sa séance publique du 28 avril 1816 , sur le concours pour des 188 Société Royale d Agriculture observations de médecine vétérinaire pra- tique. 6. Notice sur M. Nicolas César , vétérinaire à Paris, ancien professeur ; par M. Huzard. 7. Instruction sommaire sur l'épizootie conta- gieuse qui vient de se déclarer (1815 }),par- mi les bêtes à cornes dans le département du Pas-de-Calais; par M. Hurtrel-d’ Arboval, médecin vétérinaire amateur , etc. 8.2 De l'opium contre les maladies sphilitiques ; par le docteur Pasta ; traduit de l'Italien par M. le docteur Brion. ‘ 9.° Observations de médecine et de chirurgie vétérinaires ; par M, Goier. Sd 3,me trimestre 1816.) 10.° Procédés employés par M. Mergoux , curé _ de Bezons, près Paris, afin d'introduire les pommes-de-terre dans la fabrication du pain. (novembre 1816.) 11.0 Instruction sur le meilleur emploi de la pomme-de-terre dans sa copaniñcation avec la farine des céréales , par Cadet-de-Vaux , ancien professeur de l'école de boulangerie, etc. 32.0 Le nouveau Louis IX sur le trône ;, par M. Pulhod-de-Maison-Rouge. 13.° Notice sur les mots hyppiatre , vétéri- naire et maréchal; par M. Huzara. de Lyon. 184 14. Note sur les moyens de conserver les pom- mes-de-terre entières d’une récolte à l’autre. (octobre 1816.) 12.° Instruction sur la manière de conserver les pommes-de-terre en les desséchant où en les réduisant en farine ; par une Commission de la Société Royale et eentrale d'Agrieulture. (octobre 1816.) 16.9 Avis de la Société Royale et centrale d'Agri- culture aux cultivateurs , sur la manière de multiplier là pomme-de-terre , par le sémis de ses graines, avec invitation d'en recueillir les bayes ou fruits. 17.9 Avis de la Société Royale et centrale d'Agri- culture , annonçant une distribution gratuite de diverses espèces ou variétés de pommes-de- terre pour plantations ou semences. 18.° Instruction concernant la panification des blés avariés , rédigée par une commission spéciale nommée par S. Exc. le Ministre Se- crétaire-d'État au département de l'intérieur, et composée de M. Gau, Conseiller - d'État honoraire, Directeur de lapprovisionnement de réserve, Président ; Morel-de-Vindé , Pair de France, de Saint-Martin, Munitionnaire- général des hospices, Bosc, Yoart, Thénard : Gay-Lussac et Silvestre , Secrétaire , membre de l'Académie Royale des sciences. 0 190 Société Royale d'Agriculture 19.° Avis aux cultivateurs sur quelqües pro: cédés économiques à employer pour la re- production et la plantation des pommes-de- terre , rédigé par une commission de la Société Royale et centrale d'Agriculture, sur la demande de S. Exc. le Ministre de l'in- térieur. 20. Instruction sur les plantes qui peuvent être mises dans les terres que les pluies d'automne ont empêché d'ensemencer , et sur quelques cultures capables, en raison de leur précocité, . de fournir de bonne heure des substances ali- mentaires. 21.2 Programmes des prix proposés par la So- ciété d'encouragement pour l'industrie natio- nale, dans sa séance générale du 6 novembre 18:16, pour être décernés en 1817 et 1818. 22. Instruction rédigée par MM. Huzard et Tessier , sur les moyens préservatifs et cura- tifs de la maladie des bêtes à laine , appelée pourriture. 23. Procès-verbal de la séance publique tenue à l'Ecole Royale d'économie rurale et vété- rinaire d'Alfort , le 12 novembre 1815, pour la distribution des prix aux élèves. 24.° Procès-verbal de la séance publique tenue à l'Ecole Royale d'économie rurale et vété- . d de Lyon. 197 rinaire de Lyon, le 5 octobre 5815 , pour la distribution des prix aux élèves. 25. Procès - verbal de la séance publique an- - nuelle tenue à l'Ecole Royale d'économie rurale et vétérinaire de Lyon , le 5 octobre 1816, pour ladistribution des prix aux élèves. 26.2 État de la bibliothèque publique de Lyon, pendant le cours des années 1815 et 1816; par M. Delandine, bibliothécaire. 27 Notes historiques et statistiques sur les travaux et la situation de la Société d'ému- lation et d'agriculture de l'Ain , depuis le mois de septembre 1813 , jusqu'au 1. no- vembre 1816; par M. Thomas Riboud. 28.° Annuaire de la Société Royale et cen- trale d'Agriculture, pour l’année 18r7. 29.2 Collection de tous les Mémoriaux admi- nistratifs du département du Rhône , adressés par M. le Préfet. 30.2 Programme du concours pour la chaire de maréchallerie et de jurisprudence. vété- rinaire à l'Ecole Royale d'économie rurale et vétérinaire d’'Alfort. 31.0 Tableau synoptique des fers le plus sou- vent employés pour la ferrure des animaux monodactyles ou solipèdes , et didactyles ou bisulces ; par M. Gohier , professeur vétéri- naire. ( 3. édit.) : LL t92 Sociélé Royale d'Agriculture 32.0 Des ferrures le plus souvent pratiquées aux pieds des animaux monodactiyles ou solypèdes, et didactyles ou bisulces ; par M. Goier. Shine édit. ) 33. Observations sur la chirurgie et la mé- decine vétérinaires ; par M. Gohier. ( Cahier du 4.7 trimestre 1816. ) 34.° Avis d'une vente qui doit avoir lieu le 3 mai 1817, à la bergerie de Mérinos d'Arles. ( Adressé par M. Jallifier , régisseur de cet établissement. 35.0 Procédé propre à empêcher la vigne de couler , et hâter la maturité du raisin; par M. Lambry. 36. Procès-verbal de la séance publique des sciences , arts el belles-lettres de Dijon, tenue le 30 avril 1817. 37. he de M. Vaärenne-de-Fenille ; par M. Grognier ; ouvrage couronné par la Société d'émulation et d'agriculture du département de l'Ain. 38.0 Instruction sur les moyens de tirer le meil- leur parti possible des graines céréales qui auraient été coupées avant leur. complète ma- turité , rédigée par ordre de S. Exc. le Minis- tre-Secrétaire d'État au département de l'in- térieur , par une Commission de la Société Royale et centrale d'Agriculture. de Lyon. 193 39.2 Programmes des prix proposés pour les an- nées 1818 et 1819 , par la Société des scien- ces , agriculture et belles-lettres , du départe- mentde Tarn et Garonne, séant à Montauban. 40. Statuts de la Société des amis des arts. 41.2 Prospectus d'un essai sur la désinfection, la conservation , la préparation des substan- ces alimentaires , et sur la construction des fournaux économiques ; par M. Fournier. 42.2 Notice des livres composant la librairie de madame Huzard. 43.2 Description historique de Lyon, ou Notice sur les monumens remarquables, et sur tous les objets de curiosité que renferme cette ville ; par M. Cochard. 44° Projet du Code rural , ( 4 vol. in-4.° ). 45° Circulaire de la Société Centrale d'Agricul- ture, relative aux médailles d’encouragement à décerner à ceux qui auront cultivé la plus grande étendue de terrain en pommes-de-terre. 46° Prospectus d'un répertoire de médecine, ou Recueil d'extraits et d'indications de différens ouvrages allemands, angl., franç.et latins. 47° Dissertation philologique sur les plantes religieuses, divisées en trois ordres; celles que les paÿens consacrèrent aux dieux et aux héros ; celles qui sont mentionnées dans la 13 194 Société Royale d'Agriculture ._ bible ; celles que depuis l'ère chrétienne on a mis sous l'invocation des Saints et des Saintes. 48.° Mémoires de la Société Royale et Centrale d'Agriculture pour l'année 1816. 49.2 Nouvelle instruction sur la manière de conserver les pommes-de-terre , redigée par une commission de la Société Royale et Cen- trale d'Agriculture et publiée par ordre de S. Exc. le Ministre de l'intérieur. 50.2 Vues nouvelles sur le vice de la répartition de l'impôt foncier ; par M. Montaigne de Poncin. 51.2 Précis des travaux de la Société Royale des sciences , lettres , arts et agriculture de Nancy , pendant les années 1813, 14 et 15. 92.0 Découverte de la manière dont se forment les crystaux pierreux et métalliques non-sa- lins , et procédés pour donner hieu à leur for- mation au moyen d'un appareil artificiel ; par M. Muthuon, ingénieur en chef des mines. 53.0 Méthode géologique, ou Traité élémentaire des formations minérales ; par le même. 54° Traité des forges dites catalanes , ou l'Art d'extraire directement et par une seule opéra- tion le fer de ses mines ; par le même. 55.° Notice sur les chevaux anglais et sur les courses en angleterre ; par M. Huzard fils. 56. La collection du mémorial administratif du département du Rhône. de Lyon. 105 NOMINATIONS, M, le comte de Chabrol qui occupait le fauteuil de la Société, en qualité de Président d'honneur , ayant été appelé à la capitale par la haute confiance de S. M. ; vous avez inscrit son nom sur la liste des Correspondans. Et vous avez déféré la Présidence d'honneur à M. le comte de Marnezia , nouveau Préfet de ce départe- ment. La mort ne vous à ravi aucun Membre titu- laire ; mais plusieurs ont été perdus pour vos séances ; ayant transféré leur domicile loin de Lyon, ils ont dû aux termes du règlement pas- ser à la classe des Correspondans. Ce sont MM. le comte de Laurencin , Hypolite de Rozières , de la Chance, Ponat, et Laudun. Les places qu'ils ont laissé vacantes et celles qui l'étaient antérieurement, ont été remplies par MM. Mu- thuon , ingénieur en chef des mines et usines; Deschamps fils, pharmacien ; Bouchard-Jambor , mécanicien ; Cazo{ , propriétaire, maire de Chaponost ; le chevalier de Martinel, colonel en retraite; Le docteur Terme ; Robin de Beau- regard , maire d'Oulins ; Jacquard , mécanicien ; Brunet , propriétaire 196 Société Royale d’Agricullure. SUJET D'UN PRIX à decerner en 1818, sur les Maladies contagieuses parmi les Bétes à laine. Les Sociétés savantes ont appelé plusieurs fois les recherches et les méditations des médecins sur la uature des maladies contagieuses et sur leur mode de propagation. Cette question , également importante et difficile, a exercé la plume d'un grand nombre d'écrivains, qui l'ont considérée presque exclusive- ment sous le rapport de la médecine de l’homme ; leurs ouvrages offrent sans doute des principes appli- cables à la médecine des animaux; mais ils en con- tiennent d’autres qui lui sont étrangers. Les concur- rens devront puiser dans ces ouvrages avec défiance et discernement ; et , s'ils ne trouvent pas dans les livres vétérinaires des données suffisantes pour résou- dre Ja question , ils y suppléeront par les résultats de leurs observations et de leurs expériences. On ne leur demande pas des théories et des sys- tèmes, mais des faits exposés avec simplicité, en- chaînés avec méthode et donnant lieu à des consé- quences positives. Si ces faits, étant bien constatés, sont neufs, peu connus; s'ils résultent de la pratique des concurrens , ils auront un grand mérite aux yeux de la Société, Les concurrens auront a déterminer avec précision les maladies qui règnent dans les troupeaux de bêtes à laine, par l'effet d’une contagion , et à les distinguer de celles qui tiennent à l'influence d’une autre cause de Lyon. èù 167 générale. Ils indiqueront les moyens de s'assurer de l'existence d’un principe contagieux ; ils apprécieront le degré d'activité que peuvent donner à ce principe les circonstances du climat, de la saison, du régime , etc. Ils s'attacheront à la recherche de toutes les voies à la faveur desquelles les différentes contagions pénètrent et se propagent parmi les bêtes à laine. Leurs ouvrages doivent enfin renfermer l'exposition des moyeus prophylactiques et thérapeutiques les plus effi- caces contre les maladies contagieuses de ces animaux. Ils rempliront complètement l'objet du Programme, s'ils répondent d'une manière satisfaisante aux ques- tions suivantes : 1.0 Déterminer la nature des différentes maladies contagieuses qui peuvent affecter les bêtes à laine; donner les moyens de distinguer ces affections de celles qui , sans être contagieuses , attaquent simulta- nément un grand nombre d'animaux. LS 2.° Faire connaître le mode de développement des maladies contagieuses et les voyes par lesquelles la contagion pénètre et se propage dans les troupeaux de bêtes à laine. 3.0 Exposer les moyens propkylactiques ou théra- peutiques à mettre en usage lorsqu'un troupeau est menacé de la contagion, et lorsqu'il en est atteint. 98 Société Royale d'Agriculture Condition du Concours. Les mémoires doivent être écrits en français ; ils seront adressés, franc de port , avant le 15 juillet 1818 ( ce terme est de rigueur ), à M. GROGNIER , Secrétaire de la Société, à l'Ecole royale Vétérinaire de Lyon. Les ouvrages porteront en tête une devise. Le nom et l'adresse de l'auteur seront, avec la même devise, renfermés dans un billet cacheté. Si aucun des concurrens ne remplissait l'objet du Programme , le Prix serait prorogé , et il serait ac- cordé aux auteurs qui auraient approché du but, des récompenses proportionnées au mérite de leurs travaux. Le Pnix consiste en une somme de six cents francs. de Lyon. 199 TABLEAU DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE. Au x.% janvier 1818. ALLER MLATS n'ose hs Le BUREAU. Messieurs. Le Comte de Lezai-Marnesia, #, Préfet, Président d'honneur. Le Comte de Farcues, YK % , Maire de Lyon, Président d'honneur. Le Chevalier DeL’'nonme , & , Procureur - général près la Cour Royale, Président. Le Comte Riverieux De Cuamsosr, 4 %, Colonel de la Garde nationale, Vice-président. GROGNIER , Sécrétaire. Leroy-Jorymonr , Secr.-adjoint , chargé des archives, Descaamps père, Trésorier. MEMBRES TITULAIRES. Messieurs 3708. Rast-Maupas, propriét., port St-Paul, N.° 03. Rieussec, % , Conseiller honoraire de la Cour Royale , à la Manécanterie. Mouton-Fontenille de la Clotte, ex-professeur d'histoire naturelle à l'Académie de Lyon. 200 Société Royale d'Agriculture 1998. Grognier, Professeur à l'école royale vétérinaire. Tabard, Professeur émérite à l'Académie de Lyon, au Collège. : _ Willermoz oncle, propr., rue des Fantasques. 1800. Dujat-d'Ambérieux, %, propriétaire , place Louis-le-Grand, n.° 24. 1801. Le Chevalier Nugues, % , président de la Cour Royale , à la Manécanterie. Deschamps père, pharmacien, rue St-Domini- que, n.° 73. Mognat de l'Ecluse, propr. , rue de la Sphère. 1802. Gonin, teinturier en soie, quai St-Benoit. Carrelle, propriétaire, quai de la Baleine. Bellet de St-Trivier , propr. rue de la Charité. Charrier de Sainneville ( O. % ) maître des re- quettes , rue Sala. Faissoles , propriétaire , à Vaize. De Moïdière (Othon) , administrateur de la pé- pinière départementale , pl. Louis-le-Grand. Raymond, professeur à l'Ecole spéciale de chimie appliquée aux arts, palais St-Pierre. ‘1805. Arthaud de la Ferrière, #, PÉPPPÉERES rue des Deux-maisons. 1804. Reyt-Monléan , administrateur de la pépinière départementale , quai St-Clair. Passerat de la Chapelle, # , propriétaire, rue du Pérat. Le Comte Riverieux de Chambost, #, &,Co- lonel de la Garde nationale , rue du Plat. 4805. Gohier , Professeur à l'Ecole Vétérinaire. de Lyon. 7, 07 com 1806 Leroy-Jolymont, propr.;, place de la Baleine. Lombard , propriétaire , rue Sala. 1807. Greppo fils propr. rue neuve. Mognat dè Liergues , propr., rue de la Barre. Eynard , médecin , place St-Clair. Madiot, directeur de la pépinière départemen- tale, clos de la Déserte. Barre, Pharmacien, place de la Comédie des Terreaux. 9 .Arthaud, % , directeur du Musée, palais St-Pierre, 1809. De Poncin, #, propriétaire, rue St-Joseph. 1810. Pelletier, pharmacien , place du Plätre. De Ruols, propr., rue du Pérat. De St-Didier, propriétaire , rue St-Michel. 1811. Socquet, ancien professeur de faculté à l'Aca- démie de Lyon, au Collège. Guerre avocat, aux Célestins., 1812. Cochard, propriétaire , place St-Jean. Le Chevalier Perret, % , propriét., rue St- -Héléne. Le Chev. Delhorme, #, pl. Louis-le-Grand. Martin jeune, médecin, place Louis-le-Grand, 1813. Robin de Beauregard , propr. rue du Plal. Lasenne , propr. place Léviste. . Dujat-des-Alimes, propr. , place Louis-le-Grand. 1815. Saissy, médecin, rue du Bdt-d’argent Guettat, mécanicien , rue Bellecordière. Raynard , professeur, à l'Ecole royale vétérin. 1814. Le Comte d'Albon, (2% % ) ex-Maire de Lyon, Margaron, maire de Dardilly. 1202 Société Royale d'Agriculture 1814 Guillemet, ancien professeur de faculté à l'Aca- démie de Lyon, au Collège. Honoré Thoromber , avocat. Barre fils pharmacien. 18:16 Riche, propr. à St-Alban, pr. la Guillotiére. 1817 Muthuon, ingénieur en chef des mines et usines. Deschamps fils, pharmacien, rue $i-Dominique Bouchard, mécanicien, rue de Veaubecour. Cazot , propriétaire , rue de . . ... 1818 Le Chevalier de Martinel, Ÿ4, colonel en re- traite, rue st-Hélène. Le docteur Terme , rue du Perrat. Robin de Beauregard, maire d'Oulins. Jacquard, mécanicien , à Ainay. Brunet , propriétaire , rue St-Jean. ASSOCIÉS VÉTÉRANS. : Messieurs, Barges, propriétaire, à la Guillotière. Chancey , à Belleville. Frossard , naturaliste, à Paris. Lanoix , pharmacien , à la Guillotière.' Le Camus, naturaliste, à Paris. Roux, professeur de mathématiques , à Lyon: ASSOCIÉS CORRESPONDANS. Messieurs, Albanis de Beaumont , 4 Vernas. Amoreux , médecin , à Montpellier. de Lyon. | 203 Arthaud , propriétaire , à Arles. Aulanier , propriétaire. Baunier, ingénieur des mines , à Paris. Begon , propriétaire , à Ste-Hyppolite. Belleval , propriétaire, à Montpellier. Boesse, % , propriétaire , à la Thenaudière. Le Comte de Bondy, ( CG. # ), à Paris Bonaire , #& , préfet des Hautes-Alpes, à Gap: Bravet, médecin , à Annonay. Brebisson , propriétaire, à Falaise. Brugnatelli , physicien , à Pavie. Buniva , naturaliste, à Turin, Busson , ingénieur , à Paris. Cadet-de-Vaux, de la Soc. d'Agr. dela Seine, à Paris. Cadet-Gassicourt, #&, pharmacien de S. M. ;, à Paris: Carret , %, médecin, à Paris. Cartier-Trolli , propriétaire , à Trolli, Le Comte Chaptal, ( G. % ), à Paris. Le Comte Chasset, ( C. % ), à Paris. Le Comte Chabrol, %# , sous-secrét. d'état , à Paris, Chenaud-Desportes , propriétaire , au Mans. Chirat aîné, #, propriétaire , à Souzy. Clément , ancien juge à la Cour de justice criminelle, à Montpellier. Cuvier ; & , secrétaire perpét. de l'Institut, à Parts. David , propriétaire , au Ripeau , près de Tours. De la Chance, d la Chance. Delon , propriétaire, au Pompidou. Le Baron de Gérande (O :% }, conseill.-d'état, à Paris. Delambre, #, sécret. perpét. de l'Institut, à Parisé 204 Société Royale d'Agriculture Depoix-Marescreux , propriétaire , à Marescreux. De Rosny , à Valencienne. Deschamps, propriétaire, à Lausanne. De Truchi , % , officier de la garde royale , à Paris. De Vellay , professeur de mathématiques, à Lausanne. Le Marq. d'Herbouville, pair de France C. $ , à Paris. Douette-Richardot , propriétaire , à Langres. . Dubouchage de Brangues, propriétaire , à Brangues. Dubouchage , propriétaire , à Grenoble. Ducros, bibliothécaire , à Grenoble. Dumarché , propriétaire, à Pont-de-V’aux. Dupalais , propriétaire , à Valence. Duvaure , propriétaire , à Crest. Faujas de St-Fonds , naturaliste , à Paris. Faure Biguet , propriétaire, à Crest. Fleury , propriétaire , 4 St-Vallier. Finguerlin, négociant, en Suisse. Le Marquis de Fontanes, (G. &), pair de France. Le Comte François de Neufchâteau ,( G. #&) , à Paris. Gallois, ingénieur des mines, à Paris. Gasparin , propriétaire, à Orange. Groffñer, médecin , à Chélons-sur-M. Guérin , médecin , à Avignon. Hauteville, propriétaire , à Vevay. Héricard de Thury , ingénieur des mines , à Paris. Hutrel-d'Arboval, à Boulogne-sur-mer. Huzard, &, membre de l'Institut, à Paris. Jussieu , &, membre de l'Institut, à Paris. Le Comte Lacépède , ( G. O. %# ), à Paris. Eamarck, %, membre de l'Institut, à Paris. de Lyon. 203 Lamartine, propriétaire, à Mécon. Lapierre , professeur d'histoire naturelle, & Roanne. Le Comte de Laurencin, 5%, # , à La Chassaigne, Le Duc de Larochefoncault, +, propr. , à Liancourt. Lavalette , propriétaire, à Grenoble. Laverrière , ingénieur en chef des mines et usines de France , à Paris. | Latournelle , propriétaire, à Coligny. Leroy-Champfleury , propriétaire , 4 Genai, Martin aîné , 4%, & St-Rambert. Marcel de Serres, naturaliste , à Montpellier. Maurice , propriétaire ; à Genève. Menjot-d'Elbenne, propriétaire à Couléon. Molard , membre de l'Institut, à Paris. Moschati, physicien, à Pavie. Le Comte Najac, ( C.. # ) conseiller-d'état, à Paris, Noel , % , professeur d’éloquence, à Paris. Palmieri , botaniste, à Milan. Pictet de Rochemont , propriétaire, à Genève. Pini , professeur de botanique , à Milan. Ponat, propriétaire à. ...... Posuel de Verneaux, à Paris. Potot , médecin , à Paris. Prost | médecin , à Paris. Puthod de Maison-Rouge , propriétaire, à Mécon. Rast-Dezarmans, Sécr.-gén. de la Préfect. au Mans. Hypolite de Rozières , à Messimi. Le Chevalier Riboud, &,à Bourg. Le Comte de Saint - Vallier, ( G. 0. &)}, pair de France, à Paris. 206 Société Royale d'Agricullure Saloz , vétérinaire; à St-Pétersbourg. Scrheiber , directeur des mines, à A/mont. Servin-Cornon, propriétaire , 4 Cornon. Sionest , naturaliste , rue de l'enfant-qui-pisse. Souligné , propriétaire, à Foule- Tourte. Silvestre, membre de l’Institut, à Paris. De Terrebasse, propriétaire , à Terrebasse. Thichault-de-Berneaud , homme-de-lettres, à Paris. Thouin , membre de l'Institut, à Paris. Thouin, jardinier en chef du jardin des plantes, à Paris. Trouflaut , ancien professeur de botanique, à Autun. Vaivolet, propriétaire , à St-Lager. Valentin, %, médecin, à Nancy. De Varenne-Fenille, &, à Bourg. Valoud , propriétaire , à Fleurieux-sur-l'Arbresle, Verninac, ex-ambassadeur en Suisse , à Paris. Vidaillan , propriétaire , à Auch. Vitalis, propriétaire , à St-Vallier. Volta , physicien, à Pavie. Waton, médecin , à Carpentras. TABLE. DES MATIÉRES. ConsinéraTioNSs sur l'utilité des Sociétés d'Agri- culture ; par le Secrétaire. Discours de M. le Président , à l'ouverture des séances de 1817. STATISTIQUE. Coup-d'œil sur l'état de la culture dans le dépar- tement du Rhône ; par M. le chevalier Perret. Sur la culture de la vigne; par le même. Sur la culture des terres à blé ; par le même. Sur la culture des prairies; par le même. Sur la culture des vergers ; par le même. Sur l'extraction des mines; par le même. Sur la mine de manganèze, de Romanéche dépar- tement de Saône et Loire ; par M. Grognier. De l'exploitation des mines ; par M. Cochard. AGRICULTURE. Perfectionnement de la charrue de Bresse ; par M. de St-Didier. Du plâtre , employé comme engrais sur les prairies artificielles ; par M. Reyt-Monléan. Théorie de l’engrais des prairies artificielles au moyen du platre ; par M. Leroy-Champfleury. Du germon-d’orge, ou tourraillon, comme en- grais ; par M. Deschamps fils. Sur une variété de pommes-de-terre, dite petrle vel ; par M. Chancer. 14 4Q 208 Table Sur la pomme-de-terre, dite tuffe d'août ; par M. feyt-Monléan. Sur l'incision annulaire de la vigne ; par le même. ibid, Du seigle de Pologne; par le même. Du cerisier à feuilles de tabac; par M. Madiot. De l'érable à feuilles de frène et crispées en spi- rale; par le même. Du micocoulier austral ; par le même. De l'épine-vinette ; par le même. De l'agavé d'Amérique à feuilles panachées de jaune; par le même. Des couleurs panachées des branches , des feuil- les, des fruits , etc. ; par le même. Des précautions à prendre pour emballer les ar- bres ; par le même. Sur un racloir propre à enlever la vieille écorce des arbres ; par le même. Lettre de M. le Préfet, sur la culture du Mü- rier et l'éducation des Vers-d-soie. Goup-d'œil sur les progrès de la naturalisation du mürier blanc en Europe, depuis qu'il y a été transporté , par M. le chevalier de Martinel. Notice sur les espèces de müriers cultivés en France ; par le même. Notice sur la culture du mèrier et l'éducation des vers-à-soie en Piémont , et sur l'extension de ce genre d'industrie dans le département du Rhône ; par M. Muthuon. : . Notice sur les müriers et les vers-à-soie dans le bas Bugey ; par M. le Docteur Terme. 5a 51 52 81 83 des Matières. 209 Sur la culture du mürier et ses avantages dans le département du Rhône; par M. Faissoles. 85 Arrêté de M. le Préfet, relatif à la culture des mûriers. 88 Établissement de la pépinière départementale dans le clos de l'Observance. 95 ART VÉTÉRINAIRE. Sur le typhus des bêtes à cornes ; par M. Grognier. 9w Sur une fausse péripneumonie des bêtes à cor- nes ; par le même, ibid. Sur des tumeurs remplies de poils ; par M. Gohier. 100 Effets de la ciguë sur des chiens et sur des mou- tons ; par M. Raynard. 102 ARTS UTILES. Introduction à un traité des maladies de l'oreille ; par M. le docteur Saissy. 105 Sur une propriété nouvelle reconnue dans le chlo- re; par M. Raymond. 108 Sur l'emploi du nitrate de fer , pour remplacer le sulfate du même métal dans la fabrication du bleu de Prusse, ét dans celle de l'encre à écrire ; par le même. 112 Extraction du sucre de l'érable à feuilles de fré- ne; par M. Barre fils. 112 Extraction de la sève de l’érable à feuilles de frêne ; par M. Madiot. 112 Notice sur un procédé nouveau pour extraire la fécule et les autres produits alimentaires con- tenus dans la Pomme-de-terre ; par M. Leroy. 117 14 210 Table Sur l'économie de la panification des pommes- deiterre, et sur les avantages que l'agriculture. peut retirer de cet usage s’il devenait plus gé- néral ; par le même. Sur la panification de la pomme-de-terre ; par M. Chancey. De la conversion de la fécule de pommes -de - terre en sirop ; par le même. Sur la fabrication de l’eau-de-vie de pomme-de- terre ; par le même. HISTOIRE NATURELLE. Sur la combustion spontanée d’une masse d’étof- fes ; par M. Cochard. Extrait d'un voyage en Italie , fait en 1766; par M. Rast-Maupas. Sur des fragmens d'os fossile d'éléphant, présen- tés par M. Gohier. Sur l'édredon ; par M. Madiot. Sur le Gros-bec ; par le mème. Note sur le cirier de la Louisiane ; par M. Mou- ton-Fontenille. Sur une cucurbitacée de la Louisiane ; par le même. Sur le pacanier, ou noyer de la Louisiane ; par le même Projet d'un voyage en Louisiane; par le même. Eloge de Bernard de Jussieu ; par le Secrétaire. RAPPORTS. Instruction sur l'emploi des blés avariés. M. de St-Didier , rapporteur. 119 x12 122 123 127 129 130 132 133 134 155 ibid. 136 138 156 des Matières. Instruction sur les plantes propres à être mises dans les terres qui n’ont pu être ensemencées avant l'hiver , en raison de l’intempérie de l’au- tomne. M. Reyt-Monléan , rapporteur. 217 157 Instruction sur quelques procédés économiques à employer pour la reproduction et la planta- tion des pommes-de-terre. M. Deschamps père, rapporteur. Instruction sur la manière de conserver les pom- mes-de-terre. M. Leroy-Jolymont , rapporteur. Instruction sur la pourriture des moutons ; par MM. Huzard et, Tessier.. M. Grognier , rap- porteur. Sur la Gesse chiche et autres POP ES M. Saissy , rapporteur. Sur les effets nuisibles de la Vesse à bouquet. M. Madiot , rapporteur. De la Gesse chiche en Alsace. M. Gohier rap- porteur. Sur un mémoire de M. le -docteur Jansson , re- latif au seigle ergoté. M. Saissy , rapporteur. Sur un ouvrage de M. Hutrel-d’Arboval , rela- tif au typhus. M. Raynard , rapporteur. Notice sur les chevaux anglais et sur les courses en Angleterre , par M. Huzard fils. M. Gro- gnier , rapporteur. Observations de médecine et de chirurgie vété- rinaires; par M. Goluier. M. Raynard , rap- porteur. Description historique de la ville de Lyon; par 158 159 160 161 162 ibid. 164 166 168 170 212 Table des Matières. M. Cochard. M. le chevalier Perret, rap- porteur. Traité de l'aménagement des bois et forêts ; par M. Dralet. M. le chevalier Perret, rap- porteur. De la taille du mürier blanc ; par M. Duvaure. M. le chevalier de Martinel, rapporteur. Mémoire de M. Lambry , pépiniériste à Mende, indicatif d'un procédé propre à empêcher la vi- gne de couler et hâter la maturité du raisin. M. Beyt-Monléan , rapporteur. Traité des forges catalanes ; par M. Muthuon. M. Barre fils, rapporteur. Mémoire sur une nouveile méthode géologique ; par M. Muthuon. M. Barre fs, rapporteur. Mémoire sur la manière dont se forment Les cris- taux pierreux et métalliques non-salins , ainsi que les moyens de donner lieu à leur forma- tion dans un appareil artificiel ; par M. Mu- thuon. M. Barre fils, rapporteur. Ouvrages imprimés adressés à la Société dans le courant de 1817. NOMINATIONS ;, Sujet d'un prix à décerner en 1818, sur les ma- ladies contagieuses parmi les Dêtes à laine. Tableau des Membres de la Société. 172 177 184 182 183 \ 5 Pieds 4 Le soc vu de face et par dessus B Aile tournee à droite D une po rhon du verser. met — ; 1 2 5 À 5 Pieds 1 La Carrue avec da verrou tune à droite de profit. (ee Douille da soc. |4 Lexoc vu cle farce et par dissous B Aie turnee à droite, B Lie turnee à droite É La Charrue vue Jar derriere. 3 Le Talon du soë de arf le Le Piton a ecrou guifite Cite au sep lo une portion cu versa SAINT FULGENCE, ÉVÊQUE. 15 laconsubstantialité du Verbe, les fit arrêter et les con- damma à être frappés rudement, Les bourreaux s'étant aisis de Fulgence, Félix leur cria : « Épargnez mon » frère, que la foiblesse de sa complexion met hors » d'état de souffrir ce supplice. Tournez votre colère » contre moi qui suis fort etrobuste. » Le prêtre leur ordonne de commencer par Félix qui reçoit les coups dont on le charge, avec autant de joie que de patience, On tombe ensuite sur Fulgence avec une cruauté inouie. Epuisé de forces , et près de succomber sous Ja violence du mal , il s’écrie qu'il a quelque chose à dire au prêtre. Son dessein étoit de se ménager par là quelques momens de relâche. Le prêtre ne doutant point qu'il ne voulût abjurer sa foi, ordonne aux bour- reaux de cesser ; mais 1l ne tarde pas à être détrompé, Honteux d’avoir paru oublier sà cruauté, il entre dans de nouveaux transports de rage, et commande de redoubler les tourmens. Non content de cette bar- barie , 1l fait raser les cheveux et la barbe aux deux confesseurs meurtris de coups , puis les dépouille igno- minieusement et les renvoie dans un état affreux. Les ariens eux-mêmes en furent indignés , et leur évêque ffrit à Fulgence de punir le prêtre, s’il l’exigeoit. Le saint sd que la vengeance étoit interdite aux chré- tiens , et que pour eux , ils ne perdroient ni le fruit de leur patience , ni la gloire d’avoir souffert des oppro- bres pour Jésus-Christ. Les deux abbés, pour se sous+ traire désormais à la fureur des hérétiques , se reti- “rèrent à Ididi, sur les frontières de la Mauritanie, C4 Fulgence , animé du désir d’une plus haute per- fection , s'embarqua à Alexandrie, pour aller visiter Les déserts de l'Egypte, renommés par la sainteté des anciens solitaires qui les avoient habités. Le vaisseau ayant abordé en Sicile, Eulalius, évêque de Syra- “cuse, qui passoit avec les moines tout le temps qu'il pouvoit dérober aux fonctions de l’épiscopat, le dé- ourna de ce voyage, en lui disant que /e pays où nalloit, éloit séparé de la communion de Pierre r. Wt AMENER à Le 3 Ed à hs RSS EST OR OT IAE CAR PER Le UE Due SO 7 A UN NE, 2 Le TO DE ? 2 RAR eIR à ; = | CASE À Es Ps “ SL | SD CAR Es | SOCIÈTE (D AGRICULTURE DE LYON. A <" 7, St y. P ER DO: COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE, HISTOIRE NATURELLE ET ARTS UTILES DE LYON, Depuis le 1.et Février 1819, jusqu'au 1.er Mars 1820. "ais ar 4h aHIOTeIR vs 5 Ho%x. aû sur es ÿ. COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE ; HISTOIRE NATURELLE ET ARTS UTILES DE LYON A Depuis le 1x Février 1819, jusqu'au 1.4 Mars 1820. Par L.F, Grocxier, Professeur Vétérinaire, Secrétaire de la Société. LYON, IMPRIMERIE DE J. M. BARRET. 1820. PAZ Le &7 * Fe COMPTE RENDU DES TRAVAUX DE 14 SocIÉTÉ ROYALE D AGRICULTURE ; HISTOIRE NATURELLE ET ARTS UTILES de Lyon, depuis le 1.® février 1819, jusqu'au 1.7 mars 1820. Masssrruns, L'agronomie , comme toutes les sciences phy- siques , ne peut avoir d’autre fondement que les faits , et ceux-ci ne sont point les conquêtes de l'imagination , mais le prix de la sagesse qui ob. serve la nature, et de la sagacité qui la soumet à des expériences. Les faits d'histoire naturelleque nous ont trans- mis les anciens furent presque tous recueillis par une longue et profonde observation : le vieil- lard de Cos, le philosophe de Stagyre , ainsi que les disciples de ces deux grands hommes , étu- dièrent beaucoup la nature, et f'interrogèrent Réflexions sur les expé- riences d’agri- culture ; par {e Secrétaire, 6 Société Royale d'Agriculture rarement. C'est à une époque voisine de notre âge, que l’art expérimental a ouvert de nouvelles routes à l'esprit humain. Alors , les investigateurs de la nature , non contents d'attendre les phénomèmes spontanés pour les noter avec fidélité , les firent naître par des procédés ingénieux et hardis ; ne s’arrêtant plus à la surface des êtres physiques , ils péné- trèrent dans leur intérieur pour en explorer les entrailles ; ils les mirent en présence les uns des autres pour connaître les lois et les effets de leur action réciproque. Du moment que ces amis de la vérité eurent donné à leurs recherches un but si lointain , si dificile, ils sentirent le besoin de se réunir pour concerter leurs plans, combiner leurs efforts, se partager les fruits de leurs.travaux. Et de ce noble besoin naquirent les associations savantes. Parmi ces sociétésutiles , celles qui se dévouent au perfectionnement de l’agriculture ont recueilli moins que les autres de ces faits positifs , incon- testables, féconds, que les seules expériences peu- vent fournir. Comment r'en serait-il pas ainsi ? Les Sociétés d'agriculture comptent beaucoup moins d'années d'existence que les autres Socié- tés savantes. Les questions dont élles s'occupent exigent, pour être résolues, un espace de tems de Lyon. 7 beaucoup plus long. En effet , tandis que peu de jours, souvent peu d'heures, suffisent pour arri- ver à une découverte capitale, en physique, en chimie, en médecine, il faut plusieurs saisons pour completer la moindre épreuveagronomique. Et combien de fois le soleil ne renouvelle-t-il pas son cours , avant qu'il soit possible de par- venir à un résultat dans l’exploration de l'éco- nomie des forêts, du croisement des races, de l'exacte fabricationdes engrais? L’illustre Réaumur demandait trente ans d'expériences pour résoudre un seul problème relatif à l'aménagement des fu- taies. Certains essais sur l'éducation des animaux domestiques sont suivis en Angleterre depuis soi- xante ans; et les Suisses ont employé tout un siècle pour perfectionner l'engrais liquide qu'ils appellent Lizée. Ces longues expériences ne se font pas dans un cabinet, un laboratoire, un amphithéâtre, elles ont lieu dans les campagnes , où presque toujours elles sont contrariées par les intempé- ries, les météores , un sol ingrat, par des ani- maux destructeurs. Les objets de ces mêmes expé- riences ne sont pas des corps inertes soumis à des lois d’un application rigoureuse : ils vivent, et dès-lors, leur mode d’existence est soumis à l'action d'un principe qu'on ne peut définir , et 8 Société Royale d'Agrieulture dont l'influence échappe trop souvent à tous nos moyens d'investigation. Ainsi, les expérimentateurs agronomiques sont condamnés à lutter contre toutes les résistances de la nature. Pour triompher de tant d’obstacles, souvent ce n’est pas trop de la plus impertur- bable patience , du zèle le plus ardent , de la plus vive perspicacité , des connaissances théo- riques les plus profondes et les plus étendues. D'autres fois , je le sais, d'importantes décou- vertes agricoles ont été faites par des hommes grossiers ; mais elles fussent restées stériles si la science ne les eût saisies pour les féconder. C’est ainsi que le hasard peut bien offrir un diamant à l'individu le moins propre à en apprécier la va- leur ; mais il n’appartient qu'au lapidaire de le tailler , de le polir , de lui donner les formes et l'éclat qui en font l'objet le plus précieux de la nature inanimé. Aux yeux de l'homme incapable de réfléchir , les faits sont toujours seuls et isolés : la médita- tion les compare entre eux, elles les enchaîne, elle remonte à leurs causes , elle cherche à les réunir sous des lois générales , accessibles au rai- sonnement ; elle parvient quelquefois à conclure de leur existence, la probabilité, la certitudemême de Lyon. 9 d'en produire de semblables ; et de tous ces élé- mens elle compose des théories. Quelques théories lumineuses ont, dans ces derniers tems, enrichi l'agronomie ; tel est l'art des assolemeus. Nous en attendons de plus impor- tantes encore d'un avenir qui n’est peut-être pas éloigné de nous: tel est l'art des engrais artifi- ciels. Quand on connaîtra bien la manière de composer ces substances fécondantes, celle de les accommoder aux qualités des terreins qui doivent les recevoir, quand ces méthodes seront adoptées par-tout , et avec toute l'extension dont elles sont susceptibles , alors les richesses agricoles de notre belle patrie doubleront nécessairement. En attendant une révolution si heureuse, ten- tons avec ardeur et provoquons, de toutes nos forces, les essais qui doivent l’amener, consignons- en avec empressement les résultats dans nos ar- chives. Songeons que , sans être décisives, des expériences agricoles peuvent être avantageuses. Combien en effet, n’a-t-on pas vu d’agricul- teurs, qui, n’ayant pas atteint le but qu'ils s'é- taient proposé , ont néanmoins trouvé des trésors sur le chemin qui y conduit | Ceux qui s'égarent dans de fausses routes, sont loin eux-mêmes de démériter du premier des arts. Les revers qu’ils éprouvent ne tardent pas à les 10 Sociclé Royale d'Agriculture éclairer ; et ces mêmes révers servent de leçons à ceux qui les observent ; et souvent ils les con- duisent à des succès, L'intérêt personnel est toujours en garde pour prévenir la propagation des erreurs agronomiques; aussi sont-elles bien rarement contagieuses. Tan: dis qu'on a vu, de tous les tems, de faux systêmes de physique ou de médecine se répandre comme des torrens, et envahir les domaines de ces deux sciences , on a toujours remarqué que des illu- sions agricoles se dissipaient avec la fortune de celui qu’elles avaient ébloui. On peut inventer des observations , supposer des expériences pour étayer de mensongères théories, physiques ou médicales ; mais comment en imposer sur des faits agricoles, que tout le monde peut voir, constater , et suivre pendant plusieurs années , sur des faits que personne n’a intérêt à adopter de confiance , et que l'intérêt personnel, si difficile, si clairvoyant , se charge d'examiner , d'éprouver et d'apprécier à leur juste valeur ? Ah ! ce n’est pas la méfiance contre ce qui est nouveau qu'il faut prêcher aux cultivateurs , ils ne sont que trop disposés à rejetter , sans examen, toute espèce d'innovation. Toujours attachés à leurs vieilles pratiques , toujours prévenus con- de Lyon. 11 tre tout ce qui s’en éloigne, ce n'est qu'après avoir vu et revu , après avoir calculé vingt fois, qu'ils peuvent se déterminer à admettre quelques changemens. Rappelez-vous combien il a fallu d'eflorts , de constance , de ténacité pour faire adopter aux cultivateurs français, la parmentière, les mérinos , les prairies artificielles, le gypse , et tant d'autres importantes améliorations ; avec quelle lenteur elles se sont propagées dans les campagnes qu'elles enrichissent ; et combien il existe de contrées où elles n'ont pas encore pénétré. N'en doutez pas, Messieurs , celles qué vous mé- dités éprouveront le même sort , et ce ne sera qu'au prix d'un zèle à toute épreuve et d’une iné- branlable persévérance, que vous répandrez au- tour de vous la culture du mûrier, celle des plan- tes oléifères, celle du maïs précoce , la fabrication et l'usage des engrais artificiels. Puisse la notice de vos travaux pour l'année dernière , que je vous soumets aujourd'hui , faire connaître et apprécier dignement vos vues et vos découvertes, et concourrir ainsi au but de vos louables efforts ! Notice sta- tistique sur la commune de Loire ; par M. Cochard, 12 Société Royale d'Agriculture STATISTIQUE. Avant de chercher les moyens de répandre d’heureuses améliorations dans les campagnes , il importe de connaître l'état de leur agricul- ture et de leur industrie , et de remonter aux causes qui l'ont amené. Bien con- vaincu de cette vérité, M. Cochard votre Pré- sident , s'occupe depuis long-tems, de recher- ches statistiques sur les communes rurales du canton où sont situés ses domaines. Il vous a présenté , dans les années précédentes, des dé- tails précis sur l’agriculture et l'industrie de Ste-Colombe, de Condrieu , d'Ampuis, de St- Cyr, de St-Romain-en- Galles. Il vient de vous décrire, avec la même fidélité, la com- mune de Loire. Elle est située sur la rive droite du Rhône, à 8 kilomètres de Ste-Colombe, chef-lieu du canton , et à 25 de Lyon. Son territoire se compose d’une plaine assez fertile , d'un coteau couvert de vignes, et de sommités devenues pour ainsi dire improductives , depuis que d'im- prudens défrichemens ont fait disparaître les arbres qui les couronnaient. Ce territoire iné- gal, offre çà et là des scènes pittoresques et de Lyon. 13 gracieuses; il est sillonné par trois ruisseaux qui traversent le village et lui ont donné son nom. En effet, il se nommait autrefois Luiri, abréva- tion de Lui rieux , vieux mot signifiant les ruisseaux. Luiri, actuellement Loire, a été habité par les Romains qui y fabriquaient de la poterie ; il fut dans la suite , sujet du chapitre de Vienne. Quoique réuni à la France par Philippe de Va- lois, sa juridiction n’en fut pas moins un su- jet de guerres sanglantes entre les églises de Vienne et de Lyon. Ces guerres se terminèrent en 1354 par une transaction dont les clauses bizarres caractérisent l'esprit de ce siècle gros- sier. On y stipule, entre autres articles, que les hommes et les femmes zon nobles surpris en adultère seraient condamnés à payer soixante sols de forts neufs, non aux parties lésées, mais aux obédienciers des églises de Lyon et de Vienne. Les coupables hors d'état de payer de- vaient être fustigés et courrir tout nuds dans les rues du village , etc, Cette commune fut dévastée plusieurs fois pendant les guerres de religion. Tout porte à croire qu'avant cette époque funeste , elle était plus considérable et plus populeuse que de nos 14 Sociélé Royale d'Agriculture | jours, où cependant on compte quinze cens individus. Quelques-uns des usages qui s’y pratiquent de tems immémorial sont curieux : un notaire qui vient de dresser un contrat de mariage re- çoit des mains de la fiancée une poule vivante; si elle se marie hors de la paroisse, les jeunes- gens se réunissent et s'opposent à son départ. à moins que le futur ne leur paye une somme convenue , c’est ce qu'on appelle le droit de rabondage. Toujours une messe de mort est chantée après une cérémonie nuptiale ; toujours un repas suit un enterrement, et dans ce repas souvent très-copieux en ne sert, en signe de deuil , que des viandes bouillies. Le luxe des filles consiste dans un parapluie de soie ; quelque soit le tems et la température cet instrument fait partie de leur toilette. Elles le portent aux fêtes baladoires des environs, et ne le quittent pas pour danser. Ces usages et beaucoup d’autresque M. Cochard nous a fait connaître, ont résisté à la révolu- tion. Cette secousse terrible s'est fait sentir à peine dans une commune dont les habitans se sont toujours montrés fidèles à leur patrie, et sincèrement attachés aux principes d’une reli- gion toute de charité. Notre confrère nous peint de Lyon. 15 sous les plus belles couleurs les mœurs de ces estimables cultivateurs : ils ont de la franchise de la loyauté ; ils sont ennemis des procès et constamment disposés à s’aider les uns les autres. Les femmes sont réservées , pieuses , et remplis- sent avec fidélité tous les devoirs domestiques. Aussi, ajoute M. Cochard , s'il existe dans le département une heureuse contrée, nulle autre plus que Loire ne mérite ce titre; on y trouve tout ce qui peut satisfaire les besoins réels , toutes les jouissances qu’un cœur pur peut dési- rer , toutes les ressources qu'offre une société de frères et d'amis , tout le bonheur que procure la pratique des vertus: Ce n’est pas sans regrets , que, forcés de nous renfermer dans les bornes d'une notice succinte, nous passons sous silence d’autres détails égale- ment pleins d'intérêts sur la statistique de Loire, nous rapporterons du moins textuellement ce que dit M. Cochard relativement à l'agriculture de cette commune. » Les habitans de Loire, dit-il, sont essen- tiellement agriculteurs, et ils tirent, par un tra- vail sagement combiné, un grand parti de leurs terres. La plaine n'est pas très-étendue , mais elle est féconde et constamment en rapport. » Le coteau est, jusqu'à une certaine hau- 16 Société Royale d'Agriculture teur, tapissé de vignes, dont les deux tiers sont à grands plants, parmi lesquels la serine, et la salanaise, autrement dite persagne, domi- nent ; l’autre tiers est en gamais. » » On y cultive la vigne comme dans le reste du canton, mais les produits en sont bien différens. Un sol riche en principes alcalins, y procure à cet arbuste une prodigieuse végétation. Il n'est point rare de voir , dans quelques parties de la commune , l'hommée de vigne, qui se com- pose de 7 à 800 ceps , rendre cinq et même six hectolitres de vin. Les vignes plantées en gamais , sont infiniment moins fécondes ; mais aussi, leur entretien est moins dispendieux. » » Le vin de Loire est très-coloré et peut se garder facilement deux à trois ans ; il est d'autant plus recherché pour l'usage journalier du ménage, qu'il contracte moins le goût de vert, lorsqu'on le tire au tonneau. Il n'est ce- pendant pas trèsgénéreux , puisque le souti- rage l'affaiblit beaucoup. Un des territoires de Loire, celui de Marme, qui donne la meil- leure qualité de vin, était, il y a deux siè- cles , couvert de bois, les défrichemens qu’on y a opérés, les plantations de vignes dont ils ont été suivis ont multiplié considérablement son revenu. » de Lyon. 17. » La majeure partie des vins de Loire se con- somme à Rive-de-Gier et à St-Etienne; néan- moins Givors, Lyon et Vienne en tirent aussi. Leur prix varie depuis 15 jusqu'à 24 fr. l’hec- tolitre , année commune. » :» Aprèsle vin, les principales récoltes de Loire sont le froment, le seigle, le gros blé, l'orge, le sarrasin ; mais ces récoltes ne suffisent guère que pour. nourrir les habitans pendant neuf mois, dans les meilleures années. » » La plaine fournit encore du chanvre de très- belle qualité, du colzat, des légumes , etc. La hauteur et les îles donnent de l'avoine. Quoi- que ces objets de culture ne semblent pas d'une grande importance, ils ne laissent pas d'ajou- ter au bien-être des habitans. » » La pomme de terre offre de plus grandes ressources , et parmi les variétés de cette plante, celles qu'on cultive à Loire avec le plus de suc- cès sont la patate, la jaune, la violette, la rouge, etc. La récolte de ce tubercule, ordinai- rement abondante, est employée d'abord pour la nourriture des hommes, ensuite pour celle des bestiaux. Ils ne la consument pas toute entière, ils en apportent une partie au marché de Givors et à ceux des communes voisines. » » [Il n'y a pas un demi-siècle que la pomme 2 18 Société Royale d'Agriculture, de terre et le trèfle étaient inconnus à Loire. » » On suit dans cette commune, relativement à la culture de la pomme de terre, une pra- tique remarquable. Elle consiste à renouveler la bonne qualité des pommes de terre par la semence, jètée en terre à l'entrée du printems; il en résulte que le propriétaire peut espérer de recueillir , vers la fin de juin, une récolte qui le dédommage de ses travaux ; mais s'il plante presque aussitôt, dans un terrein pré- paré convenablement les plus petites de ces pommes de terre, il obtiendra dans l'automne une seconde récolte extrêmement abondante, et la pomme de terre aura acquis par ce mode de renouvellement une qualité supérieure qu’elle n'aurait pas eue par le procédé ordinaire. » » Ï1 n’y a presque pas de prairies à Loire, néanmoins on y nourrit 40 bœufs, 250 vaches, 6 chevaux, 100 anes, 350 chèvres et autant de brebis ou moutons. On y élève, année com- mune, environ 50 vaches et 100 chèvres. C'est avec l'herbe qu'on ramasse dans les blés et dans les vignes, avec la pomme de terre , la rave, avec le produit de quelques prairies arti- ficielles qu'on parvient à nourrir ces animaux. On ne cultive en prairie artificielle que le trèfle et la luzerne. Quant à l'esparcette qui de Lyon. 19 réussit si bien dans les communes voisines, elle est stérile dans celle-ci. » » Le nombre des bœufs diminue de jour en jour à Loire, et celui des vaches y augmente. Cela tient à la division des propriétés qui, depuis la révolution, va toujours en croissant. » » Le bétail de Loire n'est pas suffisant pour fournir l'engrais nécessaire à une grande éten- due de cultures permanentes. On y supplée en achetant, chaque année, dans le départe- ment de l'Isère quelques bateaux de paille qu’on fait pourrir; c'est dans ce même département qu'on se pourvoit du blé qui manque. » » Les chèvres font beaucoup de mal aux haies et aux bois. Il serait bien à désirer qu'on adoptät dans Loire l'usage pratiqué dans le Mont-d'or, de nourrir ces animaux à l'étable , au moyen d'amples provisions de feuilles de vigne eueillies après la vendange. » » On trouve dans la plaine de Loire une grande quantité de noyers, de cerisiers, de poiriers; on voit sur le penchant des collines et sur celles des gorges formées par les ravins, des pommiers, des châtaigniers et des marronniers. Ces arbres donnent des fruits excellens et d'une belle espèce qui se débitent à Lyon, à Vienne, à Givérs; les marrons surtout y jouissent d’une très-grande ré- putation, par leur saveur sucrée et leurs qualités 26 Société Royale d'Agriculture nutritives. Il s’en faisaitautrefois des envois con- sidérables à Paris ; ils y étaient connus , ainsi que ceux de St-Romain en Galles, sous le nom de marrons de Lyon. L'hiver de 1789 fit périr les neuf dixièmes de ces arbres , et aujourd'hui on recueille à peine, année commune, cent bichets de marrons. Leur prix varie depuis 10 jusqu’à : 24 fr. le bichet. » » Des müriers se rencontrent aussi dans la plaine, mais en petit nombre. On grefle ces di- vers arbres , même la vigne, à la fente ou à l'écusson. Si elle manque on grefle l’année sui- vante l’abricotier , le marronnier et le mürier sur le rejet , en sifflet ou nane. » » Les îles du Rhône sont en grande partie couvertes de saules , de peupliers, d'aulnes et d’autres plans analogues. On y fait chaque année beaucoup de fagots destinés aux poteries, et des échalats pour la vigne connus sous le nom de mayere. Ce genre de propriété donne un assez bon revenu. » » Sur la hauteur il reste quelques bois en pin, chêne, châtaignier, fayard ; mais en géné- ral ils ne fournissent au bout de 7 à 8 ans que des fagotes ou des feuillages pour la nour- riture des bestiaux. Les pins qui multiplient infiniment, surtout depuis une quarantaine d'an- de Lÿon. 21 nées, nuisent aux autres bois ; on les arrache le plus souvent avant qu'ils soient parvenus à une certaine grosseur ; on les vend en meule pour les verreries de Givors; les potiers achètent leurs branchages. » » On exploite mal les bois taillis, et non- seulement on ne tire aucun parti de l'écorse du chêne qui , ailleurs, donne des produits cer- tains ; mais encore on laisse subsister des sou- ches volumineuses de cet arbre, qui ôtent aux jets la vigueur nécessaire pour prospérer, et qui finissent par périr ; ce qui occasionne des clai- rières extrêmement préjudiciables. » Après avoir décrit la culture de Loire, M. Cochard a parlé de la richesse minérale de ce territoire. Tout annonce qu'il recèle des mines de houille, et l’on y découvrit en 1803 et 1804 une mine de plomb qui paraissait riche et peu profonde. Une concession fut sollicitée par les propriétaires du fond; on l’a refusa sur la récla- mation de MM. de Blumestein , concessionnaires d'une mine de plomb séparée de Loire par le Rhône et une distance de dix kilomètres. Ces Messieurs prétendirent que leur privilège s'éten- dait jusques-là, et ils n’en usèrent que pour faire fermer deux puits qu’on venait de creuser. Loire possède encore du quarts, connu dans 22 Société Royale d'Agriculture le pays sous le nom de chien-blanc ; on l’exploite depuis 12 à 15 ans pour l'envoyer à Givors où il sert à faire de la gobeletterie. Cette commune avait, avant la révolution , 32 ateliers de tuilerie et 5 de poterie ; elle n'en a plus aujourd'hui que 8 pour les tuiles et trois pour les vases d'argile. Ce genre d'industrie qui , à Loire, remonte au tems des Romains, quitte ce village parce que le bois y est devenu rare. Elle s’est rapprochée des lieux où l’on extrait la houille, que l’on est parvenu à faire servir à la cuisson de l'argile. Des tuiliers et plusieurs des potiers de Loire l'y ont suivie, et ont renoncé au lieu natal; d’autres vont offrir leurs bras et leur expérience à des fabriques étrangères, et appor- tent annuellement à Loire le fruit de leur travail. Des femmes de cette industrieuse commune achètent des cocons aussitôt après la montée des vers ; elles en filent la soie avec un soin et une adresse qui la font rechercher par les négo- cians de Lyon. Deux améliorations importantes augmente- raient la prospérité de Loire : l'ouverture pro- jetée de la route de Lyon à Beaucaire, par la rive droite du Rhône , et l'encaissement d’un fleuve dont les caprices et les envahissemens por- tent un grand dommage à l'agriculture de l'in- de Lyon. RE: téressante commune que M. Cochard vous a fait connaître. M. Grognier, qui a formé le projet de vous Notice statis- LE tique sur Îles soumettre un aperçu statistique sur les douze ARRET communes des Monts-d'or lyonnais, vous a com- Monts-d’Or;par muniqué les résultats de ses recherches sur les Eu chèvres qu'on y nourrit. Vous le savez, Messieurs, le bétail capricieux et vagabond , qu’on accuse de faire quelquefois des dégats dans les vignes, dans les haïes , dans les taillis, a été l'objet de plusieurs ordonnances non seulement sévères , mais encore cruelles. On a poussé la rigueur dans quelques pays jusqu'à en proscrire impitoyablement la race; on n'a pas voulu considérer que les chèvres tiennent lieu de vaches sous la chaumière de l'indigent; que contentes d'une nourriture grossière , elles pro- diguent un lait abondant à la pauvre famille qui les a élevées , que ce lait est plus nutritif que celui de la brebis, qu'il se convertit mieux que celui de la vache en petits fromages d'un goût exquis , que, pour l'ordinaire, ce lait convient mieux que celui de la vache pour rétablir un estomac délabré ; on n'a pas voulu songer que la chèvre tend sa mamelle à l'enfant qui ne peut plus rien puiser dans un sein maternel qu'a flétri le besoin , le chagrin ou Ja maladie. 24 Société Royale d'Agriculture Au lieu de proscrire des animaux si précieux, ne peut-on pas, au moyen de réglemens admi- nistratifs, faire cesser les inconvéniens de leur parcours ? Ce parcours est-il bien nécessaire ? n'est-il pas possible de tenir constamment à l'éta- ble des quadrupèdes vifs , alertes, qui paraissent avoir un si grand besoin d'exercice ? le régime sédentaire est-il capable d'altérer la santé de ces animaux et de diminuer les produits que nous en retirons ? C'est là un probléme qu'a résolu une expérience suivie depuis longues années aux portes de notre ville. Les chèvres des Monts-d'or, qui passent à l'étable leur vie toute entière, jouissent d'une santé robuste presque inaltérable; elles don- nent en très-grande abondance un lait qui sert à fabriquer des fromages renommés dans toute la France. Leur fumier , qui est recueilli en en- tier, surpasse en vertu celui des grands animaux domestiques ; il égale presque celui des bêtes à laine. Leur poil , dont on n'a rien fait jusqu’à ce jour , sera sans doute bientôt une matière pre- mière recherchée. Ce poil grossier acquerra de la finesse, ou pour mieux dire, il se changera en duvet par des ap- pareillemens et des croisemens dirigés avec intel- ligence. Le succès de l'importation des moutons de Lyon. 29 espagnols nous garantissent ceux que nous atten- dons de l'introduction toute récente des chèvres thibétiennes. Chargé par le gouvernement d'aller recevoir à Marseille cette colonie précieuse , le respectable Tessier , de l'académie des sciences, voulut avoir des renseignemens précis sur les chèvres du Mont- d’or. Il invita M. Grognier de recueillir ces ren- seignemens pour les lui transmettre. Telle fut l'oc- casion de la notice sur ces animaux qui vous a été communiquée et dont voici l'extrait : De tems immémorial, on entretient environ douze mille chèvres dans douze communes situées sur un territoire montueux, couvert de vignes ou de taillis, et qui dans son plus grand diamè- tre n’a pas deux lieues d’étendue. Ces chèvres ne constituent pas une race particulière ; on en voit à poil ras, à poil long, de cornues, de muses ou sans cornes ; celles-ci sont les plus estimées. Pres- que toutes ces chèvres portent chaque année ; quelques-unes donnent deux chevreaux chaque portée ; on en a vu qui en donnaient trois , d'au- tres quatre. Elles produisent plus de femelles que de mâles. La fécondité des boucs dans les Monts-d'or est remarquable : il existe à Colonge deux boucs qui ont fécondé l'an dernier, plus de six cents chè- 26 Société Royale d'Agricullure vres , et rien n’annonce qu'ils soient épuisés. Un bouc bannal de St-Romain a couvert, dans une saison , quatre cents femelles, et l’année suivante il recommença son service. Un bouc de St-Didier couvrait fréquemment quarante chèvres dans un jour. Ces vigoureux étalons sont mis en fonc- tion dès l'age de sept mois; on les réforme à deux ou trois ans, non qu’à cet age ils soient épuisés, mais à cause de l'insupportable odeur qu'ils exhalent alors. C'est souvent avant la deuxième année qu’on fait servir les chèvres à la reproduction ; on les réforme à 10 à 15 ans. Pleines ou laitières , elles valent de 20 à 36 fr. Les stériles, qu'on nomme vaques , se vendent à peine le tiers de cette somme. Elles ne sortent de l'étable qu'au moment de la monte , et tout au plus pendant quelques jours après la moisson ou les vendanges; encore les musèle t-on quelquefois alors pour les con- duire au paturage et pour les ramener à l'etable; quoique presque toujours renfermées , elles ont une santé robuste : l’école vétérinaire n’a pas con- naissance qu'aucune épisootie les ait atteintes ; leurs maladies les plus communes sont nerveuses et rarement mortelles. Il est rare queleurgestation et leur mise bas soient accompagnées d'accident. La plus grande propreté règne dans leur habi- de Lyon. 27 lation ; elles sont traitées avec douceur par les femmes qui en ont soin. On nourrit ces chèvres, pendant la belle saï- son, avec des herbes de toutes espèces; c’est au point que de pauvres femmes leur donnent des chardons et des bruyères. Elles consomment du regain , des feuilles d'arbres, du marc de noix, nommé trouille, du marc de rafle, après qu’on a tiré le petit-vin appelé piquetle; ces deux es- pèces de marcs sont délayées dans l’eau chaude. On leur fait boire le petit-lait, résidu du fro- mage qu’elles fournissent. On cultive pour elles cette variété de chou vert ( érassica oleracea viridis ) nommé chou chèvre , chou cavalier : crucifère gigantesque s'élevant quelquefois à 8 ou 10 pieds et dont la tige peut devenir presque aussi ligneuse que celle de l’aubepin. Quand on a douze chèvres à nourrir, on couvre de ce chou , une demi-bicherée lyonnaise , qui équi- vaut à environ la 16.° partie d'un hectare. Leur nourriture d'hiver se compose, en très-grande partie, de feuilles de vigne ramassées sur les ceps après la vendange et qu'on a fait macérer dans des fosses bétonnées , creusées dans un lieu frais , couvert, à l'abri du soleil. Les plus grandes ont environ dix pieds en tous sens. Ceux qui nourrissent un grand nombre de chèvres ont 28 Société Royale d'Agriculture plusieurs fosses ; ceux qui en entretiennent peu conservent leurs feuilles dans des tonneaux dé- foncés ; dans tous les cas, les feuilles sont for- tement pressées, et mêlées avec une petite quan- tité d'eau. On les recouvre ensuite de planches sur lesquelles on place des pierres énormes. La fermentation qui s'établit est analogue à celle dont le produit est la chou-croute. On retire les feuilles au bout de deux mois; elles ont alors contracté un goût acide comme de petit-lait ai- gri, sans aucune apparence de putridité; leur couleur est d’un vert plus foncé qu'à l'état frais; elles sont fortement aglutinées, l'eau qui les surnage est roussâtre , d'une odeur désagréable , d'une saveur acide qui plait aux chèvres. Cette nourriture singulière qui commence en novem- bre n'est pas toujours épuisée en avril. Depuis quelque tems on vient prendre dans les bras- series de Lyon les résidus de la fabrication de la bierre , substance que les chèvres aiment beaucoup. Ces animaux sont grands consommateurs ; ils peuvent absorber par jour chacun de 24 à 25 livres de fourrage verd. Hors de la monte, les boucs consomment moins que les chèvres nourrices ou laitières. Dans ce moment on leur donne du vin avec de l'avoine. Les chevreaux , de Lyon. 29 jusqu’à l'age d'un an, consomment quatre fois. moins que les mères. On les sèvre à un mois, Du moment que la fermentation est établie, ce que l'on reconnaît à l'odeur, on recouvre les monceaux de nouvelle terre, pour absorber 5 Notice sur la lizée helvéti- que, communi- M. quée par Barre fils, 66 Société Royale d'Agriculture les gaz , et quand on a besoin d'engrais on ex tire des monceaux les plus anciens. Cette espèce de compost solide est usité dans le pays de Vaud.» La Suisse allemande préfère à cet engrais un fumier liquide, nommé Lizée, moyen fertilisant très-précieux, sur lequel M. Barre fils nous a donné des détails étendus, qui lui ont été certifiés par M. Jonhk Samuel Grounner , ancien capitaine général des mines et usines helvétiques. Avant de décrire la Lizée, notre confrère a cru devoir , d'après M. Grounner , exposer les considérations suivantes : 1.0 La propriété fertilisante des engrais est due à la présence de la matière organique, soit animale , soit végétale, qu'ils tiennent en dissolution, tantôt à l'état d'extractif, tantôt à celui de muqueux, développé par la fer- mentation. 2.° Le meilleur engrais est celui qui contient le plus des matières organiques. 3.° La fermentation de ces matières est subordonnée à certaines conditions qui en chan- gent la nature et les produits. 4° Il y a divers modes de fermentation depuis l'acide jusqu'au putride, et enfin jusqu'à celui dont le résultat est la carbonisation. de Lyon. 67 5.9 La fermentation qui a lieu dans l'eau est bien différente de celle qui s’excite dans des substances solides. 6.° Les substances animales, particulièrement les excrémens exposés à l'air, éprouvent d'abord une espèce de carbonisation qui en détruit le mucus ; ensuite ils se déssèchent entièrement, perdent leur odeur, et se changent en une espèce de tourbe. L’urine elle-même n'est plus qu'une dissolution carbonnée , après avoir subi la fermentation putride. 7. Il est donc nécessaire de ne pas pousser, trop loin, dans les engrais, une fermentation qui finirait par détruire complettement le mucus qu'on veut conserver. 8.° De même qu’une cuillerée à café d’eau froide peut arrêter momentanément l’ébullition de toute une chaudière, il sufht d’une petite quantité d’une matière qui a déjà fermenté, pour arrêter la fermentation putride, dans une fosse entière. 9 Enfin, plus les urines et les excrémens solides seront frais dans un engrais, plus celui-ci sera parfait. D'après ces considérations , que M. Grounner croit pouvoir ériger en principes, il regarde comme très-susceptible de perfectionnement , 68 Sociélé Royale d’'Agricullure notre nouvel engrais Lyonnais, il pense tou- tefois que c’est un titre d'honneur pour le département du Rhône, d'avoir été l’un des premiers du royaume qui ont préparé des engrais liquides. Aucun de ces engrais ne paraît, à M. Grounner , préférable au fumier , nommé lizée, qu'on fabrique depuis environ un siècle, dans les cantons de Berne et de Zurich, et dont l'inven- teur est inconnu. La Zizée se prépare dans une étable dont le sol, compact et bien pavé, ne permet aucune infiltration. Ce sol est sur un plan incliné d'en- viron 3 pouces du ratelier au fond de l'étable; c'est là que règne dans toute la longueur de celle-ci un canal de bois fermé aux deux bouts, dont la largeur et la profondeur sont de dix-huit pouces. On a pratiqué au dessous de ce canal plusieurs fosses communiquant avec lui par des ouvertures qu'on ferme à volonté, et séparées entr'elles sans communication , soit par des planches de 3 pouces d'épaisseur , soit par des ban- des de pierre. Le canal serait ouvert supérieure- ment dans toute sa longueur, sans quelques ron- dins de bois qu'on dispose en forme de ponts pour traverser l'étable, Les choses ainsi disposées, on introduit dans le canal assez d'eau pour le remplir à moitié, on y fait entrer ensuite les excrémens de Lyon. 6 du bétail qui n’y ont pas coulé. Le canal est pour l'ordinaire entièrement plein au bout de 24 heures ; alors, après avoir brassé les matières , on ouvre le bondon qui correspond à la pre- mière fosse ; elles y entrent ; on introduit encore de l’eau dans le canal pour le laver exactement , et on la fait couler dans la fosse. Cette eau s'y trouve dans la proportion d'environ 3 parties contre une d’excrément qu'on a fait entrer à l'é- tat le plus frais possible. Le lendemain, même opération , jusqu'à ce que la première fosse soit pleine aux trois quarts; on la ferme alors et la fermentation s'y établit. On ouvre la seconde qui se remplit de la même manière ; ensuite la troisième, etc. Le nombre de ces fosses est ordinairement cinq, leur capacité varie selon celle de l’étable ; on la calcule de manière que tout soit plein au bout de cinq à six semaines, parce qu'il faut ce tems pour la perfection de la lizée, et par conséquent pour exploiter la r.€ fosse. À peine vuidée , on la remplit de nouveau; il en est de même des autres : ainsi toutes les semaines , on a une fosse à exploiter ; mais comme on n'a pas si souvent l'emploi du fumier on le dépose dans un réservoir qui est ordinairement situé derrière l'étable , à l'abri du froid et des courans d'air. 70 Societé Royale d'Agricullure On observe que dans les fosses , la matière qui a subi la fermentation s’est séparée en trois parties, savoir: 1.0 un sédiment qui se précipite au fond; 2° une matière liquide recouvrant ce dépôt ; c'est la lizée proprement dite ; 3° une croûte spongieuse en forme de chapeau, dont l'épaisseur est quelquefois de dix-huit pouces et qui se présente à la surface. La lizée est un liquide muqueux , d'une con- sistance huiïleuse , d'une couleur brune ver- dâtre, sans odeur désagréable, qui ne mousse que lorsqu'il a trop fermenté. Pour extraire ce liquide, les cultivateurs suisses se servent d'une petite pompe en bois, porta- tive, qu'ils fabriquent eux-mêmes. S'ils en ont l'emploi , ils le transportent sur les terreins à fumer dans des tonneaux, disposés de manière qu'il s’en échappe , comme l'eau dont on arrose les quais et les places publiques. Après l'extraction de la lizée, le chapeau qui était à la surface des fosses, tombe au fond, et se méle avec le sédiment. On tire cette espèce de dépôt tous les cinq à six jours, on le verse dans le canal qu'on a vuidé; on ly mêle avec de la paille, à demi-pourrie, qui a servi de litière; le tout est ensuite mis en tas, hors de l'écurie, et il en résulte un de Lyon. 71 fumier solide , excellent , et presqu'aussi abon- dant que si l'on n'en avait pas extrait de la dizée. Celle-ci est tellement énergique, qu'on fait cinq coupes dans la prairie où on l'a répandue. Au lieu de la répandre immédiatement après la fauchaison , on attend 5 à 6 jours pour la cicatrisation des plantes coupées. Elle sert à fumer les vignes qui , presque partout, en Suisse, sont sur des pentes ra- pides ; pour cet effet, on creuse autour de chaque cep, et un homme portant sur son dos une hote doublée en cuir, garnie d'un robinet, et remplie de Zzée, verse de cet engrais dans chaque creux ; un homme est là pour les combler. On trouve dans le savant ouvrage de chimie agricole , publié par St-Humfry-Davi , une formule d'engrais liquide qui a les plus grands rapports avec la lizée helvétique. Il appartient à la chimie agricole de jeter de vives lumières sur la théorie des engrais, et cette belle science, peut seule expliquer la manière d'agir du plâtrage sur feuilles : question Sur la cause des effets du plâtre calciné qu'on répand danslesprairies artificielles; par importante et difficile, qui a long-temps oC- M, je docteur cupé M. le docteur Soquet, professeur émérite Sogquet. 72 Societé Royale d'Agriculture de chimie, à la faculté des sciences de Lyon; ce savant s'est livré à une suite d'expériences, dont les nombreux résultats vous ont été pré- sentés dans plusieurs de vos séances. Non content de recueillir des faits précieux à l'agronomie , notre confrère les a liés entre eux , il les a coordonnés pour en former une théorie chimique et agricole , dont le dévelop- pement vous a paru d'un grand intérêt. Le travail de notre confrère , gagnerait sans doute beaucoup à être exposé textuellement , aussi l'avez vous engagé à le publier à part, en regrettant de ne pas pouvoir, à cause de son étendue , en ordonner l'insertion entiere dans la notice de vos travaux. Nos lecteurs seront, en partie, dédommagés de ce sacrifice , en entendant l’auteur raconter ses expériences, et expliquer sa théorie, car c'est lui-même qui a bien voulu se charger de réduire son travail. » Les premiers essais de l’auteur furent tentés à Chambéry , pendant les années 1808 et 1809; il professait alors la chimie, aux écoles centrales du ci-devant département du Mont-blanc. Il lut à la Société d'agriculture de Lyon , en 1812, un mémoire détaillé de ces premières expé- riences sur ce sujet. Il les reprit et les con- tinua avec suite à Lyon, où il occupait la de Lyon, 73 chaire de chimie, à la faculté des sciences de l'académie de cette ville , il les reprit et con- tinua avec suite, pendant les années 1816, 1817 et 1818. C’est du résultat de ces dernières dont il va être question. » » À l’époque du printemps de 1816, l’auteur fit choix, aux Brotteaux , dans un local appelé île-Rousseau , de deux bandes de terrein , lungues chacune de cinq mêtres , et larges d'un mêtre et quart environ ; elles étaient séparées, dans le sens de leur longueur, par un sentier très- étroit. Ces carrés longs furent divisés transver- salement en huit compartimens égaux ; les divisions étaient formées par des planches en- foncées de plus d’un demi-pied dans le sol, et dépassant de plus de trois pouces son niveau. La différence des résultats obtenus dans chaque compartiment, na pu être attribuée , ni à la difiérence de nature du sol, ni à celle de lexposition , ni à celle de la température ; elle a tenu uniquement à la différence des agens , à l’action desquels ont été soumises les plantes végétant dans chaque petit espace. » » Aux premiers jours de juillet 1816, Pune de ces bandes fut semée en trèfle et l'autre en luzerne ; à la fin de l’Automne de 1816, ces deux carrés-longs offraient, dans tous leurs compartimens, une végétation vigoureuse et 74 Société Royale d'Agriculture uniforme, cette remarque fut faite à l'époque de la dernière coupe d'automne. » » Chaque petit compartiment portait un nu- méro , à partir du chiffre 1, au chifire 8, inclusivement. » » Le 24 mars 1817. Le sol des numéros 1, fut légèrement graté , avec la précaution de ne pas endommager les trèfles et luzernes qui com- mençaient à peine à manifester les indices d’une nouvelle végétation. Le terrein ainsi doucement graté et nivellé , fut blanchi avec 7 décagrammes de plâtre de bonne qualité, pour engrais , bien sec, bien pulvérisé et bien conservé. » » L'auteur fait observer ici une fois pour toutes, que la dose de substance simple ou mélangée quelconque, sèche , dont il sera fait mention dans les expériences variées qu’il a cru devoir tenter, employée sous forme de plâtrage , a tou- jours été de sept décagrammes pour chaque compartiment. Chaque compartiment présentait environ deux pieds et demi carrés en surface. » _» Dans l'opération ordinaire du plâtrage, usité dans le département du Rhône, on répand environ 100 kilogrammes de plâtre , convena- blement préparé pour engrais, par dix ares et demi, ce qui revient à peu près à cinq décagrammes par chaque surface de deux pieds et demi carrés ; le décarre contenant près de de Lyon. 75 quatre mille pieds carrés. L'auteur devant opérer en petit, a préféré excéder dans la quantité , afin d'écarter tout sujet d'équivoque ou de contes- tation. » » 1° EXPÉRIENCE. Le 20 avril 18197. — Les N.” 1, plâtrés sur sol-nu , le 24 mars, ne présen- taient dans leur force de végétation aucun indice de supériorité sur les autres N.°% ; tous les compartimens de chaque bande ou carrés-long, paraissaient avoir conservé, comme sur la fin de l’automne précédente, une parfaite égalité de puissance végétative. » » Conséquence. Donc le plâtrage sur sol-nu , à l'exclusion du feuillage , est de nul effet dans les prairies artificielles. » » 20€ ExPpérIENCE. Mème jour, 20 avril. Les N°5 2 sont plâtrés par une aspersion sur feuillage , exclusivement ; le plâtre employé dans cette expérience, à la dose de 7 déca- grammes, était de bonne qualité, finement pulvérisé ; le tems était calme, nébuleux , un peu humide, chaud, et menaçant pluie. » » À cette époque, les trèfles et les luzernes surtout, recouvraient parfaitement le sol, par une végétation herbacée , assez vigoureuse , élevée de plus de quatre pouces, au-dessus de la surface du terrein. » 76 Société Royale d'Agricullure. » 3.M€ ÆxPÉRIENCE. 20 avril, = Les N°5 3 furent plâtrés avec du sulfure artificiel de chaux préparé dans un creuset de fonte avec deux tiers de carbonate calcaire ( craie blanche du commerce ), et un tiers de fleur de soufre, le tout poussé à fusion. Avant d'employer comme plâtre ce composé , il fut réduit en poussière fine et sèche. Il exhalait une forte odeur d'hydrogène sulfuré. L'auteur avait em- ployé de la craie au lieu de chaux vive , afin que la causticité de cette dernière n'influât pas sur les résultats de l'expérience ; il s'agissait ici de comparer les effets du sulfure calcaire, produit par la calcination du gypse, avec ceux du sulfure calcaire préparé par la combinaison directe du soufre et de la chaux carbonatée. » » 4.M€ ÆXPÉRIENCE, 20 avril. -— L'auteur dessina la lettre S sur toute la longueur de l'une des deux diagonales des N.% 4. ( Le dessin de cette lettre avait quatre pouces d'étendue en largeur ; il fut tracé sur le feuillage avec de la poussière très-fine de bon plâtre à fumer. } Il choisit en outre sur les deux angles des mêmes N.°° 4, opposés à cette diagonale, 16 tiges par chaque angle. Chaque tige reçut , à la main, un plâtrage soigné sur moitié de son feuillage seulement ; l'autre moitié de Lyon. 77 fut conservée exempte de poussière de plâtre, Le but de cette modification , dans la manière de plâtrer les N° 4, était de reconnaître quelle influence le plâtre exercerait sur les portions du feuillage d'une même tige, dont une moitié seulement aurait été plâtrée. On sait que dans le mode ordinaire du plätrage la partie supé- rieure du feuillage reçoit principalement la poussière gypseuse , tandis que les rangs infé- rieurs du feuillage des tiges en reçoivent à peine quelques légères portions , étant recouverts par les rangs supérieurs. » » 5.Me ExPÉRIENCE, 20 avril. -— Les N° 5 furent plâtrés avec sept décagrammes de plâtre cru , réduit en poudre fine , desséché préala- blement au rouge obscur pendant près de huit heures , dans un creuset de fonte, et soigneu- sement remué pendant toute la durée de la des- sication , afin de faciliter la complette gazifi- cation de son eau de cristalisation. L'opération ter- minée, ce plâtre ne donnait aucun indice de gaz hydrogène sulfuré par l’effusion des acides muriatique et sulfurique; mais il avait perdu un cinquième environ de son poids, » » Cette expérience avait été faite dans le but de s'assurer si le plâtre , pour agir comme en- grais , doit avoir subi d’autre modification dans 78 Sociélé Royale d'Agriculture sa composition que celle d'avoir perdu son eau de cristalisation ; et s’il doit en conséquence être passé , au moins en partie, à l’état de sul- fure calcaire sec ». » 6.M€ EXPÉRIENCE , 20 avril. — Les N% 6 sont plâtrés avec un mélange fait par parties égales avec carbonate calcaire bien sec, et plâtre préparé pour engrais , également bien desséché. » » On voulait reconnaître par cette expérience si les substances terreuses étrangères au plâtre, ou sulfate calcaire proprement dit, spécialement si la chaux carbonatée qui entre quelquefois pour un sixième dans la constitution des plà- tres crus cristalisés |, diminuaient proportion- nellement à leur quantité, les propriétés ferti- lisantes du gypse ou plâtre à fumer. » » 7.M€ EXPÉRIENCE, 20 avril. — Je plâtrai le sol exclusivement des N.°5 7, avec sept déca- grammes de bon plâtre à fumer , ayant eu soin d’écarter soigneusement les tiges avec la main, afin qu'aucune portion de poussière de plâtre n’adhérât aux tiges ni aux feuilles. » » Je désirais connaître , par une seconde expérience, si le plâtre agit sur le feuillage exclusivement comme engrais, ou si la por- tion qui peut en être reportée sur le sol , de Lyon. 79 par l’agitalion ou par la pluie et les rosées , contribuait nécessairement en quelque chose aux bons eflets du plâtrage sur les prairies artificielles , lorsque cette opération est exécutée en tems opportun. » » 8.Me ÆÉxPÉRIENCE, 20 avril. -— Les N.0 8 furent laissés intacts pour servir de termes de comparaison authentiques et irrécusables des efets quelconques produits par les différens agens employés sous forme de plâtrage sur feuilles , dans tous les autres compartimens. » » Le 17 mai 1817. — J'examinai attentivement l'état de végétation de chaque compartiment avant de les faucher. » » Les N.°%5 1, les N.°% 7, qui n'avaient été plâtrés que sur le sol exclusivement , et les N.05 5,8, montraient absolument le même état de végétation ; ou si les deux premiers N.°5 sem- blaient annoncer quelque nuance peu appré- ciable de supériorité, il paraît inutile d'en faire mention. » » Ces résultats prouvent donc sans réplique, que le plâtrage n’est avantageux que lorsqu'il est exécuté sur le feuillage exclusivement. » » Les N.5 2 et les N.°5 3 qui avaient été plé- trés l'un avec du bon plâtre à fumer ordinaire, >» Résultats fous. nis par la ze série d’expé- riences faites au printemps de 1817 , sur les deux carrés- longs , semés l’un en trèfle et l’autre en lu- zerne; par le méme. 80 Société Royale d'Agriculture et l'autreavec du plâtre à fumer artificiel ou sul- fure calcaire , ofiraient une végétation de plus de moitié, supérieure à celle des N.°5 précédens. Leur végétation entr'eux était à peu-près égale: les tiges plâtrées des N.95 4, tant celles dont le plâtrage formait le dessin de la lettre S, que les tiges plâtrées sur les angles opposés, et seule- ment sur moitié de leur feuillage , présentaient une végétation extrêmement saillante au dessus des autres tiges environnantes, et à peu-près égales à la végétation des N.95 2 et 3. » » Cette expérience démontre , jusqu'à l'é- vidence , que tout sulfure calcaire quelconque, bien préparé et privé d'eau , est éminemment propre à fertiliser les prairies artificielles par simple aspersion sur le feuillage ; exécutée en tems opportun ; elle démontre aussi qu'il suffit qu'une moitié du feuillage des plantes re- çoive du plâtre pour que l’action vivifante de ce dernier , active la végétation de toutes les autres parties de la plante qui n'ont pas été plâtrées. » » Les N°5 plâtrés avecdu plâtre cru quoique parfaitement désséché et pulvérisé , offraient le même état de végétation que les N.°% 8 et les N° 7 plâtrés sur sol exclusivement, Il faut done absolument que le plâtre passe en partie à l’état de sulfure calcaire par la calcination, pour qu'il de Lyon 81 soit avantageux à la végétation. Il ne suffit pas qu'il ait subi une complette dessication par la calcination poussée presqu'au rouge. » » Les N,°% 6 se fesaient remarquer par un état de végétation bien manifestement intermé. diaire entre les N.° plâtrés avec du plâtre bien préparé, et ceux plâtrés sur sol seulement, ou laissés intacts. » » Ce résultat prouve clairement que plus les plâtres crus ou sulfates calcaires naturels, con- tiennent de sels ou d'autres élémens terreux étrangers, moins le plâtre qu’ils fourniront après leur calcination même la mieux soignée , sera avantageux pour fumer. » (1) © » (1) Les plâtres des. environs de Paris contiennent de 12 à 15 pour cent de carbonate calcaire, outre un peu de magnésie et de fer. Ceux de la Bourgogne contiennent à peine de 5 à 3 pour cent de substances étrangères ; il est donc tout naturel que l’usage ait fait donner la préférence au plâtre à fumer de la Bourgogne sur celui des environs de Paris, Par contre , le plâtre cuit de Paris est préférable pour le moulage et pour le briquetage , attendu qu’il donne plus de dureté , d’adhérence et d’indissolubilité aux masses solides qu’il doit produire en prenant de l’eau de! cristalisation , lors_ qu’on le gache convenablement. Les substances étrangères servent ici de points d’appui intermédiaires aux molécules de gypse qui se concrètent ; tout comme le sable ajoute beaucoup à la solidité des cimens calcaires , par l’adhérence plus forte que contractent les molécules hydrocarbonatées de la chaux vive avec les surfaces des molécules sabloneuses , qu’entre elles-mêmes. » 6 Deuxième FE serie riences. d'expé- 82 Société Royale d'Agriculture Le 2 juin 18:17.-- "Tous les compartimens de mes deux carrés longs étaient parfaitement recou- verts -par le feuillage d’une seconde végétation. Les N.° 2 et 3 plâtrés précédemment avec du bon plâtre avaient conservé dans cette seconde végétation la même supériorité sur les autres N.os qu'à l'époque de la 1.° coupe de mai. Ce résultat fait voir que Paction fertilisante du plà- trage étend son action d’une manière très-eflicace sur plusieurs récoltes successives , sans qu'il soit besoin de répéter cette opération dans une même année, » » 12e EXPÉRIENCE. Le 2 juin 1817.--Les N.°* 1 qui n'avaient été plâtrés que sur sol nu, dans la première série d'expériences , furent plâtrés avec du gypse , bien cuit pour engrais. Le but de l’auteur était de s'assurer si le plà- trâge omis dans une première coupe, peut être exécuté avec le même avantage sur une seconde ou mème sur une troisième récolte. » » 2.0€ ExPÉRIENCE. La moitié seulement des N.% 3. qui, précédemment , avaient été plâtrés, en totalité, avec du bon plâtre, fut blanchie sur feuillage, avec 4 décagrammes de la même substance; le but de cette opé- ration était de connaître s'il est très-avantageux de plâtrer toutes les récoltes qui se succèdent. » de Lyon. 83 » 3.Mme EXPÉRIENCE , 2 juin. -- Je plâtrai avec du gypse fortement desséché pendant 6 heures dans un creuset de fonte , comme la première fois , je plâtrai, dis-je, avec du gypse fortement desséché , bien sec et bien pulvérisé les N°9 4, sur lesquels j'avais tracé précédemment la lettre S ; il s'agissait de confirmer, par cette expérience, la non efficacité absolue du plâtre qui n'a pas été décomposé , au moins en partie, à l'état de sul- fure , et qu’on a seulement privé de son eau de cristallisation, par une température très- élevée. » » 4% EXPÉRIENCE , 2 juin. -- Je gachai avec de l'eau 16 décagrammes de bon plâtre à fumer; le mélange s'échaufla , donna une forte odeur d'hydrogène sulfuré , et enfin il se prit en masse; je réduisis celle-ci en poudre fine ; le lendemain elle était encore fort hu- mide , et je plâtrai, le 3 juin , les N.°% 7 et 4 avec cette poussière ; le but de cet essai était d'apprécier les effets de l'humidité sur le plâtre préparé pour engrais , avant son aspersion sur les prairies. » » 9.06 EXPÉRIENCE , 3 juin. — J'avais laissé exposé pendant vingt jours, en plein air , sur un rayon de ma bibliothèque, seize décagrammes de bon plâtre pour engrais, réduits en-poudre, Résultats four. nis par la deu- xième série d'expériences , même année, 1517, 84 Société Royale d'Agriculture ayant eu soin de remuer doucement et fréquemi- ment cette poussière, qui offrait à peine une couche de deux lignes d'épaisseur , dansla plus grande partie de son étendue. Je plâtrai , le 3 juin, les N.° 5 avec cette poussière ainsi éventée. Mon dessein élait de reconnaître jusqu'à quel point il est important que le sulfure calcaire, pro- duit par la calcination du plâtre cru , ne se régénère pas en sulfate par le contact de l'o- xigène atmosphérique et par l'absorption des vapeurs aqueuses. » » 24 juin 1817. Les N.* 1 plâtrés pour la pre- mière fois sur feuillage , à l'époque d’une seconde végélation , dépassaient de plusieurs pouces en hauteur les N.* 8 laissés intacts pour servir de terme de comparaison; ils étaient égale- ment supérieurs à tous les N° qui jusqu'alors n'avaient point encore reçu de plâtrage com- plet par aspersion de bon plâtre à fumer ,employé sans mélanges. Tels que les N°5 4, 7, 5. » » Il faut nécessairement conclure de ce ré- sultat que tout plâtrage bien fait et exécuté en tems opportun sur la végétation des prairies artificielles produit tout son bon effet aussi bien à l'époque d'une seconde ou d’une troisième pousse de la même année, qu'à l'époque de la première végétation du printemps , si le plé- de Lyon. 85 trage n’a point encore été exécuté cette même année. » » 24 juin même année. -- Les N.S% 3 offraient dans celle de leur moitié qui avait subi un second plâtrage , une supériorité sensible dans leur végétation , sur la moitié non plâtrée une deuxième fois; mais cette supériorité se réduisait en apparence à un faible résultat , et semblait an- noncer que les frais d'un second plâtrage en grand dans la même saison , nedonnerait aucun avantage réel, déduction faite des frais qu'il exigerait. » » 24 juin 1817. Les N.* 4 fumés avec plâtre humide et pulvérisé, offrirent de nouveau le dessin de la lettre S. Et les touffes vigoureuses placées sur les angles opposés dont il a été ques- tion dans la première série d'expérience , se fai saient encore remarquer par une végétation saillante de plus de deux pouces au dessus des tiges non plâtrées la première fois: ces dernières, quoique fumées avec la poussière de plâtre hu- mide , conservèrent leur infériorité précédente, et leur état d'égalité , en fait de puissance végé- tative, aux NN.” 8 laissés intacts. Les N.9 7, ofrirent le même résultat. Le plâtre doit donc nécessairement être conservé très-sec et abrité du contact de toute humidité pour conserver sa qualité fertilisante. » » 24 juin 1817. -- Les N.° 5 plâtrés avec du Troisième £érie riences, d’expé- 86 .… Société Royale d'Agricullure gypse bien calciné, mais éventé, étaient restés dans leur premier état d’infériorité comparative- ment aux N.°* fumés avec plâtre conservé bien sec, et convenablement calciné. Ils paraissaient cepen- dant visiblement supérieurs aux N.° 8. La pra- tique usuelle de conserver le plâtre à fumer en tas bien épais , bien recouverts, et abrités contre toute influence d'humidité atmosphérique , jusqu'à l’époque de son emploi , est donc in- dispensable , et fondée sur l'observation d'accord avec la théorie. » » 21 avril 1818. La bande ou carré long semé en luzerne , présentait à cette époque une végétation qui recouvrait parfaitement le sol, Les divers compartimens conservaient encore entr'eux les mêmes rapports de puissance végé- tative , que ceux qu'on avait observés, à l'époque de la première coupe d'automne, c'est-à-dire, que les compartimens fumés avec bon plâtre, l'année précédente, étaient encore ceux qui dépas- saient les autres. Il faut conclure de là, que l'opé- ration du plâtrage exécutée une première année, propage son influence sur les récoltes des années suivantes. Il faut donc que la vigueur des plantes reçoive de l’action du plétrage un accroissement d'activité, et que tout le systéme organique des de Lyon. 87 tiges, et spécialement celui des racines en soit puissamment fortifié. » » Au reste ce qui va suivre confirme pleine- ment cette importante vérité, » » Ce même jour 21 avril, le N.° 7 et les N.°5 5 qui précédemment avaient été famés, l'un sur sol et avec plâtre humide, et l'autre sur feuillage avec plâtre desséché , ces N.* qui n'avaient rien gagné par ces modes de plâtrage, furent arrosés l'un avec une forte solution froide de sulfure de soude , ét l'autre de sulfure hydrogéné calcaire fait à chaud; enfin , la moitié du N.° 8 fut arrosée, le matin et le soir , avec une forte solution d'hydrogène sulfaré simple. Le but de ces expériences étaient de reconnaître si le gaz hydrogène sulfuré , ou le soufre tenu en dissolution par ces mélanges , étaient les principaux agens qui donnaient au sulfure calcaire, bien préparé , des qualités fertilisantes ; car le sulfure calcaire répandu sur les prairies artificielles doit bien certaine- ment fournir, lorsqu'il se régénère en sulfate calcaire , beaucoup d'hydrogène sulfuré par l’action de la rosée et par celle des vapeurs aqueuses de l'atmosphère, » » Le résultat de ces trois essais ne confirma pas cette hypothèse, car au 20 mai suivant, la 88 Société Royale d'Agricullure végétation de tous ces compartimens, était restée bien en arrière de celle des compartimens qui l'an précédent avaient reçu un bon plâtrage , et ne pré- sentaient que peu ou point de diflérence, com- parée à celle des N.°% 8 qui avaient toujours été conservés intacts et exempts de tout plà- trage. » » Le 3 novembre 1817. -- L'auteur, après avoir rasé le plus près possible du sol, les restes de végétation des N.°5 2 et 8 de la bande de trèfle, arracha avec soin toutes les racines de chacun de ces deux compartimens , sans. les mêler. Les racines avec leur collet furent lavées séparément à grande eau sur un tamis, et sé- chées de même, pendant trois heures, par simple exposition à l'air sur des toiles ; pour être de suite pesées séparément. » » Les racines du compartiment N° 2, lequel avait été convenablement fumé avec bon plâtre, donnèrent en poids près de 29 décagrammes. La totalité du poids des racines du N.° 8 qui n'avait jamais été plâtré, s'éleva à peine à 22 dé- cagrammes. » » Cette différence énorme dans le poids des racines de deux compartimens si petits en étendue , prouve, d’une manière incontesta- ble , la puissante influence du plâtrage sur de Lyon. 89 le développement de toutes les parties organi- ques du trèfle, influence aussi fortement pro- noncée sur les racines que sur le fanage des liges mêmes. Je pense que cette observation peut seule rendre raison de l'amendement très-avan- tageux que procure, selon la remarque d'un grand nombre d'agriculteurs exercés, à cer- taines terres qui doivent être semées en froment, la culture bis-annuelle d'un trèfle bien plâtré, qui précède immédiatement le labour pour cette céréale. » 2 mars 1819. -- Le N.° 2 de la bande ou carré-long de luzerne , a été fumé, sur toute la surface de son étendue , avec huit kilog. de crotin de cheval, répandus uniformément, Le but de cet essai était de reconnaître si un fumage , abondant et bien fait, procurait aux plantes une plus abondante nutrition par la succion radiculaire, indépendamment de la plus active absorption , qui avait lieu par les feuilles, au moyen du plâtrage bien fait. » » 2 mars 1819. -- Le N.° 8 qui, jusqu’à lors, n'avait jamais reçu ni plâtrage ni fumage, fut également fumé avec huit kilog. de même crotin ; mais il ne fut point plâtré par la suite. » » 24 avril 1819. -- Les N.05 2 et les N.° 4, de la même bande de luzerne, furent plâtrés Quatrième série d’expé- riences,. RÉSULTATS. co Société Royale d'Agriculture nouvellement avec sept décagrammes de bon plâtre à fumer , par chaque compartiment, » » 17 mai 1819. -- Le N° 8, qui n'avait été que fumé, sans être plâtré, était de beaucoup supérieur aux N.% 5 et 7, qui n'avaient reçu ni fumage, ni plâtrage cette année; et qui n'avaient reçu , les années précédentes , que des plâtrages de mauvaise qualité ; mais ce même N° 8, était de plus de moitié inférieur au N° 2, qui avait été plâtré et fumé ce même printemps ; le N.° 4 qui n'avait été que plâtré, sans être fumé , offrait une récolte plus élevée que le N° 8, et plus chargé de plantes étran- gères ; mais en totalité, son feuillage paraissait moins touflu , quoiqu’aussi vert. » » Ces expériences prouvent r.° que l'o- pinion de ceux-là est mal fondée, qui pensent que jusqu'à l'époque de la floraison , les plantes tirent , à peu près exclusivement, toute leur nourriture de l'atmosphère ; puisqu'on voit par l'expérience du N.° 8 et du N°2, que la végétation a été à peu près doublée par le fumage : mais d’autre part, le résultat du N° 4, fait voir que le plâtrage active autant la végétation qu’une bonne couche de fumier de bonne qualité; car le N.° 4 a égalé, à peu près, en produit de végétation le N.° 8. On de Lyon. 91 peut conclure aussi du résultat du N° 2, comparé aux deux autres, que l'activité de vé- gélation que le plâtrage procure aux trèfles et luzernes , influe puissamment sur le système des racines qui pompent alors avec plus d'énergie les sucs nourriciers qui les entourent ; ce qui ne peut avoir lieu sans que le terrein ne soufre une déperdition plus ou moins considérable de son engrais : en conséquence, il serait encore vrai de dire avec quelques agriculteurs exercés, qu'à force de plâtrer une prairie artificielle, pour la presser à donner d'abondantes récoltes, on finit par épuiser totalement le terrein de ses sucs nourriciers, par l’activité d'absorption rapide que communique à la fois aux raci- nes et aux feuilles le plâtre calciné; car de pareils sols ainsi plâtrés périodiquement , sans être nouvellement fumés , ne conserveraient bientôt plus d'autre matière ou substance propre à servir d'engrais, que les racines des plantes qu'ils auraient nourries ; et celles-ci même seraient très-amaigries par suite de vieil- lesse et d'épuisement , lorsque par un nouveau labour on devrait les faire servir d'engrais. Le plâtrage doit donc être considéré comme moyen d'amendement pour les terres, en tant seu- lement qu'il détermine par les feuilles prin- 92 Société Royale d'Agricullure cipalement , une activité d'absorption de prin- cipes nutritifs tirés de l'atmosphère qui supplée l'absorption par les racines qui n'ont pas besoin alors de demander autant au sol; et en tant que les racines peuvent recevoir par la circulation en retour des feuilles vers les racines, plus qu’elles ne fournissent elles-mêmes aux tiges et aux feuilles, par la circulation inverse de bas en haut.» D'après tout ce qui précède, je vais établir en peu de mots, la théorie des bons effets du plâtrage, sur les prairies artificielles , en la déduisant immédiatement des résultats fournis par l'expérience, de la nature , ou constitution chimique même du plétre, et des lois qui ré- gissent les fonctions et la vie des végétaux. » » La présence et le renouvellement de l'air atmosphérique est aussi indispensable à la vie des végétaux qu'à celle des animaux. Les uns et les autres meurent dans le vuide, ou dans une atmosphère qui n’est pas renouvelée. » » Les animaux ont essentiellement besoin de puiser dans l'atmosphère , au moyen de leurs or- ganes respiratoires , de l’oxigène qui se combine avec le carbone excédant du sang , et ne tarde pas à être nouvellement expulsé au dehors, com- biné avec ce carbone excédant sous forme d'acide carbonique. Les végétaux ont à leur tour de Lyon. 93 besoin de puiser dans l'atmosphère, au moyen de leurs organes respiratoires, qui sont les feuilles , de l'acide carbonique. Celui-ci est bientôt décomposé dans le parenchime vert des feuilles , qui rejettent au dehors l'oxigène combiné avec le carbone sous forme d'acide car- bonique, et retiennent et s'approprient comme aliment une partie de la base carbonnée de l'acide décomposé. » » La respiration a donc un but et des résul- tats directement opposés dans ces deux classes d'êtres organiques vivans : mais d'autre part une atmosphère surchargée d’acide carbonique nuit à la végétation des plantes , de même qu'une atmosphère surchargée d'oxigène nuit à la vie des animaux. La nature a posé des limites en deçà et au delà desquelles les fonctions vitales des deux systèmes ne sauraient se maintenir dans un équilibre convenable d'énergie et d’activité. Décarboniser le sang dans les animaux , désoxi- géner les sucs séveux dans les végétaux, tel est en deux mots le résultat et le but de l'acte de la respiration dans ces deux règnes. » » Dans les animaux bien constitués, l'acte respiratoire n’a besoin ; pour se soutenir perpé- tuellement, d'aucun stimulant particulier , hors la présence de l'air atmosphérique dans les or- ganes respiratoires. Dans les végétaux , au con- 94 Société Royale d'Agricullure traire, la respiration ne saurait avoir lieu et se soutenir sans l’action immédiate de la lumière solaire exclusivement , soit difuse, comme lors- que les nuages tamisent les rayons solaires, soit rayonnante , comme lorsque les rayons solaires frappent la terre au travers d’une atmosphère sans nuages. » » Aussi, la nuit, les plantes n'inspirent point d'acide carbonique , et n'expirent point d'oxigène. Ce n'est qu'au grand jour qu'elles absorbent abondamment le premier et qu'elles exhalent en même proportion le second. » » La lumière semblait donc devoir être con- sidérée jusqu'icicomme l'unique agent chimique, capable de produire la désoxigénation des sucs des plantes , ou pour mieux dire, de provoquer l'exhalation de leur oxigène surabondant, en dé- terminant par là-même une plus grande ab- sorption d'acide carbonique. » » Mais les sulfures alkalins, terreux et mé- talliques , convenablement préparés , sont em- ployés tous les jours comme moyen désoxi- génans très-actifs et très-puissans. Ils agissent comme corps désoxigénans sur presque tous les corps oxidés , soit que ceux-ci soient à l'état solide ou liquide , soit que l'oxigène lui- même soit à l'état de gaz ; et cela indépendam- de Lyon. 95 ment de toute condition de température et d'hu- midité et même sans aucun concours de la lu- mière. Un nombre infini de procédés d'analyse chimique , de procédés de teinture , et d'arts industrieux manufacturiers sont exclusivement fondés sur la propriété éminemment désoxi- génante des sulfures. » » C’est donc en secondant puissamment , en suppléant même en partie le pouvoir désoxi- génant de la lumière sur le parenchime vert des feuilles des plantes herbacées , que le plâtre cal- ciné, employé comme engrais, devient si avanta- geux pour fertiliser les prairies artificielles. Aussi tous les phénomènes qui se rapportent au plà- trage de ces prairies s’expliquent-ils bien natu- rellement et sans exception (au moins jus- qu'ici apparente ) d'après cette simple théorie. » » En eflet, 1.° tout plâtre qui n'a été que desséché , sans être passé, au moins en grande partie, à l'état de sulfure par la calcination , est nul dans ses effets comme plâtre pour engrais. Les expériences des N.°% 7, 5 l'ont prouvé. » » 2. Tout sulfure calcaire artificiel bien pré- paré remplace parfaitement le plâtre calciné pour engrais dans les prairies artificielles : ( voyez les expériences citées plus hant.) » » 3.9 Plus un gypse contiendra de sulfate cal- 96 Société Royale d'agricuuure caire, et plus ce dernier sera convenablement calciné en contact immédiat avec le charbon, meilleure en sera la qualité comme plâtre pour engrais. L'expérience a confirmé encore la théo- rie sur ce point. Car les plätres qui contiennent beaucoup de substances étrangères ou de carbo- nate calcaire, les vieux plâtres eux-mêmes sou- mis de nouveau à la calcination pour être ra- menés à l'état de sulfure ; les plâtres calcinés pour engrais , qui se sont régénérés en sulfate, soit par un contact trop étendu , et trop long-tems maintenu avec l’air atmosphérique , soit par im- bibition d'humidité, tous ces plâtres, dis-je, sont de nul effet ou à peu près, sur les prairies artifi- cielles , attendu qu'ils ne contiennent déjà plus ou presque plus de sulfure calcaire pur, seul agent désoxigénant. » » 4.2 Il faut plâtrer par un tems disposé à l'humidité, très-légèrement venteux , et à l'épo_ que où les plantes offrent le plus de surface pour recevoir la poussière désoxigénante , et où les organes expiratoires de l'oxigène et ceux inspi- ratoires de l'acide carbonique, sont plus sou- ples, plus vigoureux, plus multipliés, et plus long-tems exposés à l'action solaire vivifiante. La théorie est ici encore parfaitement d'acord avec la pratique. Par un tems humide le sulfure de Lyon. 97 calcaire tend plus rapidement à le convertir en sulfte, en hyposulfate, et enfin en sulfate; trois degrés d'oxigénation qu'il doit parcourir prin- cipalement aux dépens de l’oxigène exhalant du feuillage des plantes. L'humidité le rend encore plus adhérent à ce même feuillage. Un petit vent léger disperse et répartit sur tous les étages des feuilles la poussière du plâtre. L'époque la plus avantageuse pour le plâtrage est celle , où tous les rangs des feuilles de chaque tige sont encore parfaitement souples et verts, où leur surface présente de nombreuses du- plicatures qui retiennent mieux la poussière du plâtre, tout en multipliant les surfaces dont le duvet favorise encore l’adhérence des molé- cules gypseuses les plus fines, en les appli- quant directement sur les organes ou points respiratoires. » | » Après l’époque où les plantes auront acquis un grand degré d'énergie et un état de développe- ment complet tant des organes respiratoires, que de ceux qui appartiennent aux fonctions d’absor- ption , de nutrition et d’assimilation ; alors l'ac- tion solaire suffira seule pour maintenir et for- tifier le ton , la vigueur et le développement de leur vie, actuellement imprimés fortement à tous les systêmes de l'organisation végé- Z 98 Société Royale d'Agriculture tale : le secours subsidiaire du sulfure calcaire, comme agent désoxigénant devient inutile, peut- être deviendrait-il nuisible en surexcitant la sen- sibilité vitale. » » Mais l’expérience, à son tour, prouve qu'un second plâtrage sur une même coupe nuit plutôt qu'il n’est avantageux, et que même tout nouveau plâtrage est à peu près inutile dans le cours d'une même année, lorsque celui du printems a été bien fait sous tous les rapports. ‘Tel est l'usage, et telle est la conviction des agri- culteurs les plus éclairés et les mieux exercés. Les expériences qui précèdent au reste, établis- saient les mêmes résultats et la même théorie. » » Nous avons dit , que l'inspiration de l'acide carbonique était toujours dans un rapport cons- tant et proportionnel à l’exhalation de l'oxi- gène ; cette assertion est déduite d'expériences directes faites en vases clos par des expérimen- tateurs exacts , aussi habiles physiciens que pro- fonds physiologistes , les Inghenhouf , les Senne- bier , les de Saussure, les Knight, etc. » » De cette observation découle la consé- quence que , plus lon, favorisera l'expiration | de l'oxigène dans les plantes , plus l'on secondera et l’on activera l'absorption dans ces mêmes plantes, de l'acide carbonique tiré de l'at- . de Lyon. 99 mosphère. Or les mêmes observateurs ont encore prouvé par des expériences décisives que l'acide carbonique fourni successivement en dose conve- nable , toujours sous l'influence de la lumière solaire; à une certaine classe de plantes her- bacées, sufbrait seul au plein et entier déve- loppement, à la nutrition et à lassimilation par- faite de toutes les parties, et à toutes les secré- tions de ces plantes, jusqu'à l'époque de leur floraison, sans que jusqu'alors, ces plantes eussent besoin de tirer aucun aliment , l’eau exceptée, du sol sur lequel elles étaient implantées. Ce sol artificiel en effet était formé tantôt de litarge bien lavée, tantôt de verre pilé , tantôt de quart pilé, tantôt d'éponge bien lavée ; donc le plâtre qui seconde merveilleusement par sa qualité éminemment désoxigénante l'action de la lumière solaire, sollicitera une plus rapide, une plus abondante absorption d'acide carbonique dans les feuilles, organes inspiratoires nutritifs des plantes ; les. racines alors n'auront pas besoin de pomper du sol, en aussi grande quantité, des sucs alimentaires fournis par les engrais ; lPexcès même de nourriture accumulée dans les feuilles et les tiges par suite d'une abon- dante absorption d'acide carbonique , pourra être reporté de haut en bas par une circula - 100 Société Royale d'Agriculture tion de retour vers les racines , et donner à ces dernières un accessoire important de subs- tance nutritive propre à les rendre plus vigou- reuses, plus étendues , et plus actives dans leurs fonctions. Ce surcroît de vie, les rendra capables de pousser de robustes tiges et de porter d'abon- dans et nouveaux feuillages pendant trois à quatre récoltes consécutives, dans une même sai- son, sans avoir besoin d'un nouveau plâtrage dans la même année; même par suite de cet état de vigueur imprimé dans les racines devenues très-robustes par un surcroît de nour- riture venu d'en haut à l'époque du premier plâtrage , on sent d'avance que les organes ins- piratoires et expiratoires des tiges et des feuilles, qui naïîtront de ces vigoureuses racines, n'au- ront pas même besoin d'être activés pendant ces deuxièmes et troisièmes végétations herba- cées d'une même année; puisque ces racines pour- ront même encore recevoir successivement un surcroît de sucs nourriciers d'en haut; qu’ainsi le sol se trouvera réellement jusqu'à un certain point amendé au lieu d'être épuisé. » » Les expériences, rapportées plus haut, ont prouvé directement que , par suite du plà- trage , les racines fournissaient un poids plus considérable de leur propre substance sous une même étendue de terrein ; que cet de Lyon. TOI effet se propageait sur les coupes suivantes d'une manière assez avantageuse, pour qu'on dût s'exempter de nouveaux plâtrages dans une même saison , et que cet effet enfin, s’éten- dait même aux années suivantes , quoiqu’on dût malgré celà plâtrer nouvellement à chaque prin- tems. » » Ces dernières considérations prouvent qu'au- cune des deux hypothèses spécieuses émises jusqu'à ce jour sur les bons effets du plâtrage, comme engrais, ne sont suffisamment fondées, quoique proposées par deux des plus habiles physiciens de notre tems. La première est celle de M. Pictet de Genêve, qui pense que le plà- tre agit comme simple stimulant de l’excitabilité vitale des plantes ; la seconde est celle publiée dernièrement par le célèbre Davy, qui présume que le plâtre entre comme élément très-actif de nutrition dans les sucs des plantes. » » Dans l’une et l’autre des deux hypothèses, le sol étant plâtré une seule fois par an, le stimulant d’une part, et la partie alimentaire de l'autre manqueraient aux 2.%°, 3.m€ et 4.7€ coupes. » » Dans l'une et l'autre hypothèse, le plä- trage sur sol, pouvant affecter les racines, devrait offrir quelqu'avantage , ce qui est con- traire à l'expérience ; dans la dernière surtout, 102 Société Royale d’Agricullure lanalyse devrait montrer autant de sulfate de chaux, dans les 2.m€, 3.me et 4.me coupes, qui n'ont pas été plâtrées, que dans la 17°, qui l'a été, ce qui est contraire à la raison et à l'expérience. » » Enfin, dans l’uneet l’autre, l'effet du plâtrage ne devrait pas pouvoir étendre et prolonger son action d’une manière sensible sur les coupes des années suivantes , ce qui est cependant démontré par l'expérience. D'ailleurs tous les sols entièrement gypseux, tels qu'il en existe aux environs de Paris, dans les vallées des Alpes et ailleurs, veulent également être plâtrés avec du plâtre calciné et bien préparé, lorsqu'on y établit des prairies artificielles , sous peine de voir la récolte nulle, ou très- médiocre : j'avais déjà combattu ces théories dans le mémoire que j'ai lu, sur le même sujet, à la Société d'agriculture de Lyon, en 1812. Les plantes plâtrées en tems opportun, c'est- à-dire dans l’état de leur plus vigoureuse ado- lescence, courent rapidement vers l’époque de la floraison et de la fructification ; alors elles demanderont plus au sol qu'à l'atmosphère ; en eflet, pendant l’époque de leur adolescence, les plantes ont besoin d’une nourriture plus abondante , les organes absorbans et assimila- de Lyon. 103 teurs doivent être maintenus dans un état de force et d'activité extraordinaire. Le plâtre seconde l'action de la lumière, pour remplir ces deux indications. » » C’est ainsi que chez les animaux même , dans le tems de leur plus grande croissance, dans l'âge qui accompagne et précède celui de la puberté et du plein développement de la virilité, tous les organes de digestion , d'assimilation , ceux de la respiration et de la circulation exigent des alimens plus copieux, plus répétés et plus nourrissans ; souvent même ces fonctions doivent être fortifiées par des toniques et des stimulans. » » Dans les végétaux herbacés , arrivés à cette époque d'une seconde vie, celui de la floraison et de la fructification, les organes respiratoires , jusqu'alors principaux agens de nutrition , sont devenus déjà moins souples, moins énergiques, moins excitables. Les tiges et les feuilles tendent à l'état ligneux, ou papi- racé; ces dernières surtout, organes les plus importans , se préparent déjà, pour ainsi dire, à leur prochaine caducité, par l'oblitération commençante et progressive des vaisseaux séveux des pétioles qui les unissent aux tiges. » » Ces organes, passé l’époque de la floraison , et de la fructification, ne pourraient plus, et aussi ne devront plus exécuter leur 104 Société Royale d'Agriculture fonctions absorbantes et désoxigénantes sous l'influence solaire, ni avec la même acti- vité, ni avec la même importance; car à dater de cette époque d'une nouvelle vie, celui de la fructification , les organes assimi- lateurs sont destinés à fournir des sucs et des produits plus ou moins concrets, dans lesquels devront essentiellement prédominer l'hydrogène et l'oxigène, tels que les aromes, les parties sucrées, résineuses, huileuses , les fécules colorantes, ou amilacées, les extraits de tout genre, etc., etc.; toutes substances dans lesquelles la somme en poids d'hydrogène et d'oxigène est plus grande que celle du carbone , d'après les analyses exactes , faites par MM. Gay-Lussac et Thenard, ( v. mé- moire d'Arceuil }), puis confirmées par Berzelius, Théodore de Saussure, etc. ), il convenait donc alors que les plantes tirassent principalement leur nourriture du sol , par la succion des racines, et non de l'atmosphère, par l'absorption des feuilles. Car celles-ci tendent constamment à fournir un excès de carbone, soit en désoxigénant les sucs qu’elles élaborent en expulsant l'oxigène, soit en retenant le car- bone pur de l'acide carbonique , décomposé, qu’elles inspirent sans cesse sous l'influence directe de la lumière, » de Lyon. 105 » On peut dire, en un mot, que l'époque de vie végétale qui renferme toute la période de germination et de végétation purement her- bacée , et qui précède immédiatement l'époque de la floraison et de la fructification est une époque de vie toute distincte de celle qui ac- compagne et suit la fructification ; on peut re- garder la première simplement comme prépa- ratoire et absolument extérieure ; tout comme dans l'ordre plus élevé de lexistence animale, la première vie qui a lieu est la vie prépara- toire assimilatrice du développement des sys- têmes digestifs, circulatoires, musculaires et respiratoires , jusqu’à ce que la seconde vie intérieure , celle de réproduction , viennent se joindre à la vie extérieure de simple nutrition et d'assimilation ; on peut dire ainsi , jusqu’à un certain point, que deux espèces de vies bien distinctes partagent la durée de l'exis- tence de ces deux règnes organiques ; dans l’un et l'autre, au moins pour certaines classes analogues ; sous ce dernier point de vue, l'ac- tivité de la vie de réproduction aflaiblit, altère la vie extérieure de nutrition et d’assimilation. Presque toutes nos plantes céréales meurent à l'époque où se termine la maturité de fruc- tification. La plupart des animaux à vie éphémère, le ver à soie même meurt aussilôt 106 Socielé Royale d'Agricullure l'acte de réproduction achevé. Trop de fleurs et de fruits épuisent en général nos arbres et nos plantes vivaces ; trop de précocité ou trop d'abus dans la lréproduction animale énerve, atrophie le sujet, et hâte sa vieillesse. » » Sans pousser l’analogie entre ces deux classes d'êtres organisés vivans, au delà des limites que prescrit une juste appréciation des deux modes d'organisation , je me bornerai à faire remar- quer que la vie de végétation herbacée se déve- loppe, se complette, se maintient principale- ment par l’activité des organes extérieurs, tels que les feuilles et écorces vertes , secondée très-acces- soirement par le système radiculaire; mais à l’épo- que de la floraison une nouvelle vie apparaît dans les plantes. Des organes restés jusqu'alors invi- sibles et totalement passifs, sont manifestés. La vitalité de la plante semble se concentrer désor- mais vers ces organes nouveaux de la répro- duction : les pétales, les organes sexuels , le pol- len, les aromes, les substances colorantes, su- crées , absorbent la plus grande partie de la subs- tance alimentaire ; et dans un état sur-oxigéné et sur-hydrogéné comparativement au carbone qui entre dans leur constitution chimique : la plupart même de ces substances transsudent en pure perte au dehors, ou s'exhalent en éfluves odorans toujours sur-hydrogénés et sur- de Lyon. 107 oxigénés ; déperditions que la substance verte purement herbacée n'avait jamais éprouvées, ou très-peu jusqu’alors. » » Ce n'est donc, à proprement parler , qu'à l'époque de la seconde vie, celle de la floraison et de la fructification , que le sol doit être épuisé par les plantes annuelles herbacées, parce qu'à cette époque, l’appareil herbacé se durcit, se contracte , s’oblitère en partie dans ses vais- seaux inhalans et exhalans, et ne se soutient qu'autant qu'il est nécessaire pour concourrir très-secondairement à la nutrition , et protéger . ainsi le développement général et complet de tous les organes sexuels, de tous les fruits ou produits de la fructification jusqu'à parfaite ma- turité , produits en général toujours très-hydro- génés et sur-oxigénés dans leur composition in- time. » » C'est donc enfin réellement à cette époque de seconde vie, que le sol sera épuisé par la succion des racines : celles-ci alors joueront le premier et le principal rôle d'organes nourri- ciers et réparateurs, soit en fournissant les sucs déjà accumulés dans leurs propres tissus, soit en les extrayant du sol même par leurs pores absorbans. » » On a dit, et l'expérience a confirmé que souvent les prairies artificielles bien plätrées 108 Société Royale d'Agriculture qu'on ne laisse pas trop vieillir, de même que les récoltes herbacées enfouies et enterrées dans le sol sur lequel elles venaient de végé- ter, ameublissaient les terreins stériles en pro- duisant sur place beaucoup de matière nutritive propre à suppléer abondamment tout fumage étranger et artificiel. » » Ce théorème d'agriculture paraît recevoir une solution matériellement démonstrative , des données nouvelles et importantes que fournit la théorie du plâtrage que nous avons tâché d'établir plus haut. » » En effet , qu’un baquet d'un pied carré de sur= face, contenant un lait de chaux caustique très- épais, soit exposé au libre contact de l'atmosphère dans un lieu quelconque, sur un toit par exemple, sur le mur d'un jardin ou dans un champ, il se couvrira à chaque instant d'une pellicule solide, formée par l'acide carbonique fourni par la portion d'atmosphère qui est en contact immédiat avec la surface de ce lait de chaux. Cet acide se combine à l'état solide avec les molécules de chaux , d'où résulte une croûte plus ou moins épaisse de carbonate cal- caire. Rompez à chaque six ou huit minutes cette pellicule carbonatée, il s'en formera inces- samment une nouvelle avec la même rapidité, sans que la portion d'atmosphère en contact de Lyon. 109 avec la surface du lait de chaux soit le moins du monde épuisée d'acide carbonique : et cela par suite de la belle loi découverte par Dalton, touchant la difusion uniforme, constante et ré- gulière des fluides gazeux permanens , lorsqu'ils sont mélangés entre eux; difusion qui a lieu in- dépendamment de toute diflérence dans les pesan- teurs spécifiques. Au bout d’une heure, le pied carré de la surface du lait de chaux aura absorbé plus de deux gros d'acide carbonique ; ce qui sera facile à constater en retirant à chaque six à huit minutes la pellicule de carbonate de chaux qui se renouvelle perpétuellement , et chassant par un acide plus fort, l'acide carbonique qui y est en combinaison. Or le feuillage vert des trèfles et luzernesexerceexactement la même action sur l'at- mosphère, que le lait de chaux, c'est-à-dire celle d'absorber l'acide carbonique. Mais un pied carré de trèfle ou luzerne en pleine végétation, peut être estimé en surface verte, attendu le nombre multiplié de feuilles qui sont group- pées par étage sur la longueur de chaque tige ; et attendu les duplicatures multipliées des feuilles elles-mêmes , peut être estimé, dis-je, à huit pieds carrés de superficie absorbante. » » Si les tiges absorbaient seulement pen- dant douze heures par jour, sous l'influence de lalumière solaire tantôtrayonnante, tantôt difuses 110 Sociélé Royale d Agriculture de lacide corbonique en quantité égale au quar- de ce qu’en absorberait leur surface, si elle était représentée par du lait de chaux, on voit qu’un p'ed carré de trèfle ou luzerne auraït absorbé de l'atmosphère, en douze heures, 48 gros ou 6 onces d'acide carbonique. Supposons que les trè files ou luzernes après le plâtrage, dont l'effet unique est de seconder et de fortifier la vitalité des organes inspiratoires et expiratoires des feuilles , végétent vingt jours seulement jusqu’à l'époque de la floraison , et par conséquent jusqu’à l'époque de la récolte herbacée, ils auront ab- sorbé par pieds carrés, en vingt jours, vingt fois 6 onces ou 120 onces d'acide carbonique ; lesquelles cent vingt onces ne contiennent à peu près que 48 onces de carbone pur, ou environ un kilog. et un tiers en poids. Le pied carré en trèfle ou luzerne se sera donc approprié par la seule absorption des feuilles un kilog. et tiers de substance solide, carbone pur , indépendam- ment de tout ce que les tiges auront pompé d’eau et de sucs nourriciers du sol. » » Mais un pied carré en trèfle ou luzerne fournit, par une récolte moyenne , après l'effet d'un bon plâtrage, environ trois kilogrammes et demi de fourrage herbacé vert, qui par la simple dessication ordinaire à l'atmosphère perd de suite plus d’un tiers de son poids par éva- de Lyon. LIT poration aqueuse ; reste donc deux kilogrammes et quart environ. Mais ceux-ci, par une nou- velle dessication , faite soigneusement en vase clos , et par une température incapable de déna- turer ou de désorganiser les plantes, perdent encore un nouveau tiers, ce qui réduit le tout à un kilog. environ. » » Or, dans ce dernier kilogramme l'analyse chimique démontre encore près des deux tiers d'eau , tant chimiquement qu'adhérente , emprisonnée , mais existante toute formée comme eau de cristallisation ; reste donc pour un tiers de kilogramme de carbone, Tout le surplus est eau ou matériaux élémen- taires , que l’eau toute seule de végétation a pu fournir sans le secours d'aucun suc étranger provenant du sol. Je fais ici abstraction de la très-petite quantité de sels, et de principes terreux que l'incinération y démontrerait. » » Mais plus haut nous avons vu que les feuilles avaient pu , à elles-seules , absorber un kilog. et quart de carbone solide. Donc la cir- culation de retour des feuilles vers les racines, aura pu déposer sous une forme et combi- naison quelconque , dans ces dernières, une quantité de carbone , égale à près de deux tiers de kilog. : quantité bien supérieure à celle dont 112 Societe Royale d'Agriculture elles auraient besoin pour accumuler une quantité de sucs et de matière nutritive, propre à les gorger, et à faire trouver en elles seules , par la suite une matière d'engrais très-abondante , formée et créée sur place, par le simple acte de la végétation. » » L'on réduirait de moitié le caleul que j'ai formé plus haut, qu'on trouverait encore une somme de carbone plus que suffisante pour fournir à tout le système des racines , une extension et une succulence au-delà de ce qui serait nécessaire pour qu’elles donnassent par leur putréfaction déterminée sur place, après un labour, une quantité d'engrais au delà du besoin, pour ameublir le sol. Que serait-ce si l’on enterrait en outre la derniere récolte herbacée, avec toutes les racines ? Maïs si l’on laisse grainer les plantes , je le répète, tout aliment, après l’époque de la floraison, sera demandé alors à la racine, et au sol; l'un et l’autre seront amaigris, tout ex- cédent sera exhalé en grande partie, dans l’atmos- phère sous mille modifications d’éfluves gazeux , et en partie concrété dans les produits ligneux , et ceux de la fructification ; le sol en un mot devra être épuisé , nonobstant les bons procédés du plâtrage employé. » de Lyon, 113 li est des moyens fertilisans dont l'influence est beaucoup plus étendue que celle des engrais; ce sont les irrigations. Aussi, dit M. Muthuon, on tenterait une entreprise insensée , si l’on voulait labourer et fumer les sables de l'Egypte; mais on rendrait ces vastes déserts à l'agricul- ture si, après avoir dérivé une branche du Nil, audessus des cataractes, on la fesait cir- culer sur le plateau de l'Isthme qui sépare la mer rouge de la méditerranée. Ce projet, qui a paru praticable à trois savans de l'expédition d'Egypte, MM. Dolomieu, Descotils et Rosière, fut peut-être exécuté dans les temps anciens, tant pour arroser l'antique cité dont on vient de découvrir les ruines dans ces arides déserts K que pour alimenter le canal qui s'étendait de Suez à Memphis. Quoiqu'il en soit: les avantages immenses des irrigations bien dirigées ont été l'objet des observations de notre confrère-qui, dans un séjour de huit ans en Piémont, a examiné dans tous ses détails , l'établissement d'hydrosta- tique expérimentale, formé sur les bords de la Doire-Ripaire, à une demi-lieue de Turin; qui a suivi les canaux d'irrigation , si nombreux dans ce pays, et qui a:pu en apprécier les usages , sous le double rapport de l’agriculture et de l'industrie. 8 Notice sur le système des ir- rigations, suivi enPiémont; par M. Muthuon. 114 Société Royale d’Agricullure Deux de ces canaux creusés dans la rive gauche de la Sézia , dont ils dérivent les ondes, s'étendent à une distance de 22 à 24 lieues; ils four- nissent de l’eau aux rivières du Novarais, du Vi- geranet de la Lumilline. Prenant leurs sources sur des lieux élevés, ces canaux, ainsi que d’autres d’une moindre étendue , tantôt passent audessus des torrens et des ruisseaux qui viennent des collines basses, et qui sont à sec pendant l'été; tantôt ils se jetent dans leurs lits. Ainsi les ca- naux et les rivières se prêtent réciproquement leurs londes , selon l'élévation de leurs bords et celle du sol environnant. On voit dans la contrée de Verseil de nom- breuses dérivations; l'une d'elles part de la Sézia près de Gatinara , et se divise bientôt en trois branches qui serpentent entre les rivières de la Cerva et de l'Elva, dont elles unissent les eaux, tout en arrosant les terrains qui les séparent. Le grand canal qui s’étend d'Y vrée à Verseil , a 30 lieues de longueur ; il assainit et fertilise le Crescentin et le Trino. Un autre canal s'étant échappé de l'Aqua- Doro , se divise en deux branches , chacune de dix à douze lieues ; l'une d'elles passe devant Chivasso , l’autre se rend à la Mandria. De la Stura, part un autre canal qui va à de Lyon. 115 Ja Maison Royale de la Vénerie, pour arroser les prairies du Haras. Une dérivation de la rivière du Mont-Cenis distribue des eaux à plusieurs villages, et après un trajet de quatorze lieues , arrive à Stupinis. Une seconde se divise en deux branches, parcourt six lieues près de Pianeza ; une troisième serpente entre la Vé- nerie et Turin ; une quatrième se prolongeant jusqu’à cette ville , fournit de l’eau à son arsenal, à sa fabrique de poudre , et à plusieurs autres usines publiques ou particulières. La rivière du Chisson , qui a sa source au col de Sistrière, est mise à sec pendant toute la belle saison , par des dérivations qui en con- duisent les eaux dans les plaines voisines, pour mettre en mouvement des moulins, des pape- teries , des martinets , des taillanderies et d'autres usines. Les eaux de la Vraita sont conduites à Saluces, dont elles arrosent les campagnes dans une étendue de 8 à 10 lieues, après en avoir fait rouler les usines nombreuses. Les eaux du Pesso, détournées à quatre lieues de Coni, circulent abondamment sur le pro- montoire de cette ville dont la situation, entre le Pesso et la Stura , est comparable à celle de la Croix-Rousse , entre le Rhône et la Saône. C'est par des courans artificiels que sont arrosés 116 Société Royale d'Agriculture Carignan , Fossano , etc.; et les eaux du Tanaro et de la Bormida sont entrées dans le vaste système des fortifications d'Alexandrie. Voulant régulariser tant de dérivations , le gouvernement Piémontais déclara royaux , les fleuves , les rivières , les torrens , et dès-lors on ne put en détourner les eaux qu’à certaines conditions ; elles furent trop peu sévères, aussi les hauts fourneaux à gueuse s’étaient-ils telle- ment multipliés dans la vallée d'Aôst, que notre confrère, ingénieur en chef des mines dans ce pays, provoqua de l'administration la défense d’allumer le feu , avant d'avoir jus- tifé un approvisionnement de charbon et de minerai pour un roulement de six mois. Il est des sociétés de spéculateurs qui, ayant obtenu l'autorisation de creuser de grands canaux, traitent ensuite avec les communes et les particuliers pour les dérivations partielles ; et tels sont les bénéfices de ces entreprises, que la famille d’Albourg St-Damalzzo, en re- tirait trois cents mille francs de revenu. Ces canaux sont construits en forme d'a- queducs , et l'inspection en est confiée à des ingénieurs , ayant sous leurs ordres des conduc- teurs et d’autres employés. Les riverains ont le droit d'y abreuver leur bétail , et d'y puiser l’eau nécessaire aux besoins domestiques. Veut- de Lyon. 119 ôn la faire servir à l'arrosement? on traite avec les propriétaires des canaux, qui, pour une somme ou une rente convenue, accordent un filet d'eau, dont on stipule la dimension, ainsi que l’époque et la durée de l'écoulement. Les ingénieurs sont chargés d'éclairer les cultivateurs sur la manière de diriger les ir- rigations , d'après l'étendue et la surface des terrains à arroser ; aussi cette opération est-elle conduite par-tout d’après les lois de l'hydrau- lique. Comme on ne la pratique qu’en tems opportun les prés sont exempts de joncs et de mousses. On les fauche au moins trois fois, c'est-à-dire , en mai, au milieu d'août et vers la fin d'octobre; et toujours la récolte est abon- dante, parce qu'elle ne dépend pas des.caprices des saisons. Combien il serait à désirer qu'à l'instar du gouvernement Piémontais, celui de notre belle France, fit tourner au profit de l'agriculture les versans occidentaux des Alpes , ceux du nord des Pyrénées , ceux des montagnes intérieures ! Que de canaux pourraient partir de nos fleuves , de nos rivières intarissables , et porter dans toutes les directions les principes d'une inépui sable fécondité ! Note sur un mode particu- lier de culture de la pomme de terre ; par M. Othon-de- Moidière, 118 Société Royale d'Agriculiure AGRICULTURE. VÉcÉraux HERBACÉS. Après avoir donné quelques détails sur l’ori- gine et la propagation en France de la pomme de terre, M. Ofhon-de-Moidière vous a com- muniqué les résultats de deux expériences sur la culture de ce tubercule précieux. Au printemps dernier , il fit extraire tous les germes des pommes de terre conservées en tas dans ses jardins d'hiver. Quelques-uns de ces germes avaient été enlevés avec soin, avec précaution, et mis dans l’eau; les autres furent arrachés précipitamment, et exposés à l'ardeur du soleil, qui ne tarda pas à les faner ; les uns et les autres furent couchés alternativement dans des rayes pratiquées sur un terrain graveleux , légèrement fumé ; ils étaient éloignés les uns des autres de 8 pouces. Le lendemain, tous ces germes étant exposés au soleil levant, présentaient le même aspect, au point qu’il était impossible de distinguer ceux qui avaient été fanés , de ceux qu’on avait soigneusement consérvés. En septembre, on arracha quatre pieds dans deux raies parallèles ; le produit de chacun de Lyon. 119 d'eux fut à peu près égal ; il se composa de trois à cinq tubercules, de la grosseur et de la forme d'une petite bouteille, et du poids moyen de cinq kilogrammes. Notre confrère évalue à un quintal métrique, le poids de deux cent vingt- six de ces tubercules. Ses fermiers plantent annuellement près de quinze quintaux métriques de pommes de terre, et ils les économiseraient en plantant seulement les germes ; ils coupent les tubercules , et les produits des fragments de chacun d'eux , sont inférieurs en poids à celui d’un germe planté, quoiqu'on puisse tirer plusieurs germes de chaque fragment ; ainsi ce nouveau procédé est encore avantageux sous le rapport des produits. L'autre expérience de M. de Moidière à consisté à coucher, dans des raies, des tiges de pommes de terre prêtes à fleurir, c’est-à- dire, ayant acquis 12 à 14 pouces de hauteur ; elles ont parfaitement réussi ; mais comme une nouvelle végétation a commencé son cours , et que la maturité est encore éloignée , ce ne sera que l'année prochaine qu'il sera possible de mettre sous les yeux de la Société les ré- sultats de cette seconde expérience. Le digne collaborateur de Parmentier con- M + “t tinue ses recherches et ses observations sur le les pommes de, terre; par M. Chancey. 20 Société Royale d'Agriculture tubercule par excellence , et il est exact à vous communiquer les fruits de ses travaux. La culture de la parmentière prend tous les jours, vous a-t-il dit, plus d'extension dans les montagnes du Beaujolais; on s’en nourrit, et on la donne cuite au bétail qu'elle engraisse beaucoup ; elle pourrait néanmoins entrer dans . des assolemens beeucoup plus étendus , et il serait facile d'en extraire de l’eau- de-vie, comme on le pratique en Allemagne, et dans plusieurs provinces du nord de la France. Notre confrère s'est livré à des calculs qui lui ont démontré les avantages de la dis- tillation des pommes de terre, et ceux de leur parification. Il a cité l'exemple de madame la comtesse de Bussi. Cette dame possède, dans les environs de Vienne en Autriche, une propriété dont la contenance est de 197 1/3, arpens de Paris, et à la faveur de la distillerie de pommes de terre qu’elle y a établie, elle peut y nourrir 24 vaches laitières, 10 élèves ou taureaux, 5 chevaux, 60 moutons , 60 cochons qui sont achetés maigres, et vendus médiocrement gras; parce qu'il y a plus à perdre qu'à gagner, à porter ces animaux à l'état de fine graisse. Madame de Bussi retire 120 quintaux de - de Lyon. 121 tubercules de chaque arpent; et depuis qu'elle a perfectionné son appareil distillatoire , elle extrait 8 à g pintes d'eau-de-vie à 20 degrés, du quintal de tubercules. En portant seulement à 50 c. le prix de la pinte, il en résulterait, au moins, un produit de 420 fr., pour 840 pintes, tirées de 120 quintaux de pommes de terre, récolte d’un arpent. D'un autre côté, ajoute M. Chancey , si cet espace de terrain était ensemencé en froment, il donnerait 1200 1. de grains , qui produiraient _ la même quantité de pain; au lieu qu'étant cultivé en pommes de terre , il donnerait 120 quintaux de tubercules, dont chacun peut, d’après des expériences de la Société, fournir 40 livres de pain ; il en résulterait une quantité de 4800 livres de comestible, pour la récolte de cet arpent. Afin de ne pas accuser d’exagération ce résultat, il faut considérer que le parenchyme de pommes de terre, rejelé jusqu'ici comme une espèce de son , est, de tous les élémens du tubercule, le plus propre à la panification. Cette substance est extraite, avec soin, à Romanèche, commune du Mâconnais ; il s’y est établi trois moulins à râper , dont l'un appartient à M. Robert, Vautre à M. Desvignes, 122 Société Royale d'Agriculture le troisième à M. Bertrand de Acetis 3 ils peuvent moudre 12 quintaux de tubercules par heure, et la farine qui en sort peut être vendue à un prix tellement bas, que, convertie en pain , elle reviendrait à un sol la livre. Quand cette farine n’entrerait dans ce comestible que dans la proportion d'un 1/12, ellesuffirait pour nourrir très-économiquement, pendant un mois par an, les pauvres familles ; quand elle ne sustenterait dans toute la France qu’un million d'hommes , pendant six mois, elle rendrait disponible, pour lexportation , une masse de céréales évaluées à plus de cinquante millions de France. Non content de rechercher les avantages d'une culture , à la propagation de laquelle il a puis- samment concouru , M. Chancey se livre, depuis quatre ans, à une suite d'expériences sur les produits de 60 variétés de tubercules, et les faits obtenus vous ont été exposés dans plusieurs tableaux qui ont été mis sous vos yeux ; vous les avez fait déposer honorablement dans vos archives, et vous les porterez à la connaissance du public lorsque les nouvelles recherches que poursuit l’auteur, avec la plus honorable per- sévérance, auront étendu et confirmé les ré- sultats acquis jusqu’à ce moment. D lat Cv Ce N MT RR EAN IU DSRE sg. ; 446 8 if et W° mar aus) Sie db | pme nude Loti “id RO eo ma ss: 2 Dsl r. 0. x hs leu OLTE VHY SH Lee 4h pusllus sl sing But say E | Er QUE scsi av 4 (a, Farine +3ah ss). 1boc'h ufiper, si ae dir dote. M L als Lion Aupogé" praus d pa tas opisss) sn ommehis A {-- rer Sécu ot se, Jér 5 “Ep srl 7 À ce datée 1” toemoar 8 se naid-nuq njatbilfi duré Fra béteder hs se) abdiern stode PROPRES A ae hmon be | ‘alle : PU ET pere 7 . AU pape dée purge des su É 1 RE LEE 6 | ue D'ELLES 7: erD 44 + ue 0e Æ ab àt svt Lt”, tefit! ve sois À 4 do Le 7 7 ‘ sa300i0 Meta LT etai); dus. À 07 LenSb. qauçus aber eg, 2094 6 jalle À)..492 _+Auanos M sta Bbber ed. te: QU onu PA à À ds: Eublligj às E EU, + y : er 0 : ré T'ABLEAU destiné à rendre compte de la culture de quelques variétés de Pommes de terre plantées, le 18 mars 1819, sur un carré, long de mt. 5 déc, large de 6 mt 8 dx, ; Se PAR dans un sol de silice calcaire alumineux, à 1 déc. de profondeur ; 5 déc. de distance sur la longueur, et de G déc. 5 cn. dans la largeur. On a mesuré et compté leurs … n. 19 mai; Lt) Û j EU 5 Île es RD EE ? ; Re A Lenddavantas le 1 juin elles ont été butées d'x déc. avec de la terre amoncelée au centre de la planche ; comme les pluies ont été assez fréquentes , on n'a point arrosé pour rapprocher : antage j ; : GE à fac ES Cnd Jà élevées Dur 'y mèt. 5 cent. : »s les . leur culture de celle pratiquée en grand ; il y a eu des pluies abondantes le 21 juillet ; les tiges de quelques-unes étaient déjà élevées, le 25 juin, d'x mt 5 ; toutes les tiges ont été soutenues avec des échalas , afin de faciliter plus long-temps les observations. PLANTE NOMS Peu ou beaucoup | COULEUR des FORME des COUL des en ou fragment INTÉRIEURE TUBERCULES TUBERCULES. VARIÉTÉS. pesant. Vécérarion. nb. em œoum. mil ; ; la hollande , rouge (alle de Paris). | 1 — de ‘80 8 jaune verdütre 1 | Longues applaties et lisses. la duogienne (Douay). rfrag.de 65 1 blanc verd, intér. 1 — de 926 | végétationinsensible | bla, verd. intér.' 1 — de 53 | végétation sensible. | bla. int.'trac. derou 3 1 — de 24 | n'avait pas poussé. | bla. intér.t 1 — de 65 |poussé 1 bla.int.flageléeder, | n'a puslevé 1 — de 75 | poussé 5 jaune intér.! 1 — de 103 | poussé 8 bla. intér.! 10 | 61 | la decroisilles ( Dieppe) 1 — de 25 | presque pas poussé. | jau. verdâtreintér.! s.n.° | venant de Chambéry, sous n.° 8. 1 — de 37 | aucunsignede végét. | bla. verd. iutér.t 28 | la calcinger (Foréts)et la g.rouge (Indre) | 1 — de 126 » bla.intére 51 | dite à vaclie (Douay ) la même que 55, | ; — de 30 | poussé 3 jaune verdât, intér 33 | la bavière ( Jemmape). 1— de go |végét 1 bla. jaunûtre intér.! 54 | r.#,de Lile-Loue, ou patrawr.t(h.deP.) | à — de 154 | poussé 1 ja. ver. int.tav. rône. 1e Div.on 56 | la prime rouge (Foréts) à — de su7 | poussé 1, rouge. | ja. aveccerclesroug R É 5 | Rondes et obrondes . . . .4 25 | la tardive d'Irlande. 1 — de 3o | pas de végétation bla. intér.' ouges. 175 | vuriante du n.0 56. 1 — de 41 |point de végétation. | bla. int. zônerouge s.n.0 | pom. de terre des mont. de Lyon, s.n.09. | ; — de 258 | poussé 5 jaune verd. intér.* D lu chancey , sous n.° 10. 1 — de 35 | poussé 1, jaune cl. | bl. verd. intér.t : hätive de Lyon , sous n.° 11. 1 — de 65 | poussé 10, violet cl. | jaune verd.intért |: 1 rouge print.fe de la Guillotière,s.n.° 12. | 1 beautuber, | poussé 1 bla. intér.! 1 — de 39 | poussé 10, rouge vif. | cl. jau.vainée de rou truffe d'août (Halle de Paris). 1 — de 65 | poussé 3,rouge vif. | bla. jaunâtre intér,! la belle ardennt» (Ard. s. le n. d'écail.*°) le belle ochreuse (Jemmape) 1 — de 127 | poussé 1 jaune assez vif. int! € la tardive d'ardennes (Foréts) 1 — de 42 | sucunsigedevégét. | bla, intér.t la virolle (Ardennes) 1 — de g4| poussé s rte viole. | bla. intért 5 1 — de 85 | poussé 5 bla, intér.! s.n.e | la cuivrée, sous n.° 14. 1 — de 52| poussé 8 bla, intér.! 150 | variante de la truffe d'août. 1 — de 4o| pas de végétation, | bla. intér.t 126 | hâtive de Meudon. 1 — de 64 | poussé 30, rose clair | jaunâtre intér.t 178 | la bernarde. 1 — de 150 | poussé “ jaunûtre intér. 182 | la Mayeuç.® M. Ordinaire de la Colonge | 1 — de 125 | poussé 5 bla. jaunâtre intér.' la supérieure (Jemmape). 1 — de 238 | poussé 5 bla. intér.tsans zône poussé 1, rameuse, | jaune intér. la divergente ( la rose-jaune (Escaut) . le n. der. hât. scaut). 2.me Div.on RER Pat 2.me Div. 1 — de 58|p-20tig.roses, ram. | vert jaunâtre intér. LÉ : | Longues effilées ou souris. 6 | la vitelotte (halle de Paris). Longues entaillées ousouris, Ÿ 15 | la dégénérée, ou la corne de bique. dégénérées, yeux très-nombreux. | s.n.° | non déter., s. n.° (recue de Chambéry) ( 0 |la berbourg (a été perdue). 50 | lu St-Jacques (Sarre) 4 | Demi-longues. . ..... 58 | la Jacob (Sarre) 4 5 5: Rosées, rondes et obrondes. 4 2 3 Päles , rondes et - 59 la semi-rouge ( Foréts ) Blanches. 63 | patraque blanche (alle de Paris). poussé 5 bla. | bla. verdâtre. intér. 65 | la brugeoise ( Escaut ). poussé 5 bla. | bla, ver, sans tr. ro 79 | patraque jaune (halle dé Paris). 1 poussé 1 beau jaune intér.t 70 | tige couchée (Douay) n poussé 2 bla, verdâtre intér,! 75 | la feuille de hâricot ( Céte-d'Or). 1 poussé 2 5 bla. | bla, verditre intér.! 75 | grosse-baie ( Cléves). ï poussé 5 bla. intér.! ñ7 | jaune d'Août (Jemmape). n poussé 5 roug | jaune intér.' 8x | jaune de New-Yorck , ou jaune traçante. | 1 — de 63 | poussé 5 bla. verdâtre intér.! 83 | bloc jaune (Frise) 1— de 87 | poussé 5 juune intér.' g1 | variété du département de Jemmape. 1 — de 2g| poussé 1 bla. verdâtre intér ‘ 127 | la champion ( Angleterre). 1 — de 4o | poussé 8, tige blan, | bla, verdâtre intér.! 8/|Grosses. 130 | naine à chusis ( Angleterre) 5 — de 18 | poussé 8, rameuse. | blanchâtre intér. 72 | la neuf semaines ( Escaut). 1 — de 55 | poussé 10 blu. tir. s. le ver,int.t 157 | la terlusienne jaune (Foréts). 1 — de 35 | poussé 10 rose. | blanchôtre intér.! 148 | jaune de Philadelphie. M. de Roi, 1 — de 6r|poussé 1 Sviole. | jaune verd. intér.! 198 | la Dunkerque. 1 — de 351 | poussé à 5 jaune verdûtre iutért 201 | jaune hâtive reçue d'Angleterre. 1 beau tuber. | poussé 1 5 bla. et fine intér' 3me Div.on 202 | jaune hâtive d'Angleterre, 1 — de gl! tige 1 ram.doub,. | jaune verdâter intér! végét. à peinesensib, | jaune verdâtre intért 208 | la bonne vilheliine. 5.0.0 | jaune précoce de la Guillotière, 5, n.°16, 1— de 72 1 — de 29/| poussé 2 rouge. | jaune verdâtre intért Jaunes. l'albiflore ( Bouches-de-la-Meuse). 1 — de 13 | poussé 5 bla. intér. l'épais buisson ( Clèves ). 1 — de 18 | peu de végétation. | jaune verditre intér! les orphelines (Frise). 1— de 25 | tige d'i déc. bla. intér' 1 — de 12|tige de 4 blanc. | bla. intér. av. zône. 1 — de 14 | tig-bl.de15sansrac. | bla. verdûtre intér.! 1 — de 14 | poussé 2 jau. clair inter!zône la chinoise ou sucrée de Hanovre. la batave ( Morbihan ). jaune de Schowen ( Zélande) 1 — de 6o| poussé 2 bla. verdâtre intér.t » poussé 7 bla. intér.r la curbienne, sockewel de Vienneen Autriche, s.n.°2r. 1 — de 54 | p:très-peu à uneext. | jaune verdâtre intér' 1 — de 32 à, bla. intér.* 1 — de 25| poussé 5 gro.tig. | bla. verditre intér 1 — de 65| poussé gviol, el. | bla. verdûtre intér.1 la parment.fe (4.i de Paris) hol.ét jaune jauve hâricot (Cüte-d'Or ), la kidney lisse, hätive (Angleterre). anglaise hâtive. la violette (halle de Paris). bleue de Zélande ( Frise). violette à clair marbrée, bleue de Valais. noire de Lyon, sous n.° 2:8. 1 — de 25 | poussé 10 ram. bla. | bla. verdtre iutér! 1 — de 39 | poussé 50 ram, éloi. | bla. intéritavec zône 1 — de 52| poussé 5 tig: viole, | jaune intér.t 1frag.de 79 | poussé 1 tig.viole. | jaune intér,t 1 — de 42| poussé 20 bla. tach, de viole, int4! violet bl. extr.! 1 — de 57 | poussé1,tige violet. — blene noirâtre de M. Descroisilles. : jme Div,on | Violettes. ——— 7ituberculeset 13 Sous-divisions, à frag. de 4753, a tuben'ont pas ôté pesés, 4 Divisions, © D 2 m a = 8 l OTIONS Avait, ou non, NOMBRE un tubercule de tiges, et fleurie le 14 Juin, le poule sbricot leur hauteur PLANTE. ont porté baie, le 18 Mai, [r tiges grèles, feuilles vert jaunâtre. n'a pas fleurie tiges vigoureuses, feuilles vert jaunâtre. | bellesfleursblanches tiges peu fortes, feuill. petit., vert jau. | fleurs blanches, fleurs blanches fleurs blan. et verd plante vigoureuse et verte tiges vertes, feuilles d'un vert jaunâtre tiges vigoureuses d'un beau verd. d'un beau verd co boutons très-petits tiges ver., l'impai, pl grid que d, n.°%0 plantes vigour., feuil. courtes et arrond pas de boutons. fleurs très-blanches, tiges fortes, feuilles larges et allongées, | fleursblanch.et baie. tiges faibles , vert jaunâtre, fleurs violet foncé. tiges fortes, feuilles ouvertes et pointues. | fleurs violettes, baie. plantes vig., vert, feui. ouv. et pointues | fleurs lilas et blanc plantes vigoureuses, vert intense. boutons , pas de Île. tiges vigoureuses , vert intense. tiges trés-hautes , feuilles fleurs lilas clair. g tiges très-h., feuilles beau v. etarrondies | pas de boutons, pas de boutous. plante peu élevée, beau vert. plunte d'un vert foncé. fleurs très-blanches fleurs presq. blanch, fleurs lilas et blanc, plante peu élevée, beau vert plante élevée, beau vert, feuilles gran tiges faibles, beau vert, fouilles larges pas de boutons. pas de boutons. fleurs lilas clair. plante trés-vig., gr. feuilles, beau vert. tiges vert intense , élevées. plante peu élevée , beau vert. feuilles à demi serrées. Loutons assez gros. fleurs lilas et blanc, pas de boutons. EI tiges très-hautes, vertes, feuilles grandes. tiges hautes , ‘feuilles grandes, vert jaun, tiges vig., b. vert, feuillesun peu fermées. plante souffrante , feuilles frisées. a plante vigoureuse , vert junâtre et lisse, | fl blanches et petites plante touf. peu élev. feuil long. vert jau D+ © © Gi co fleurs lilas et blanc, fl, lilas clair et blanc, tiges vigoureuses et nombreuses. tiges vig., feuilles bien our. , teinte jaun. plante extrêmement vigour, tiges peu élevées , vert jaunâtre. 2 1’ 8 9 6 7 4 3 8 8 fleurs lilas clair. fleurs blan, et lilas, fleurs blanches. C} plante peu élevée, vert jaun., feui. larg. plante peu élevée tiges hautes , vert intense. fl. bl. baies nombr. tiges peu vigoureuses, vert intense, tiges hautes , feuilles pelites , vert bril. | fleurs lilas obscur, fleurs blanches, plante petite, feuilles vert intense. feuilles longues et plissées , vert jaun. feuilles grandes, vert jaonâtre. tiges petites , feuilles vertes. feuilles pointues, d'un vert brun. plante haute, feuilles petites et jauu. tiges vig., beau vert, feuilles petites. tiges peu hautes, feuilles étroites. pl. peu élv. vig. feuilles petites et plissées. belle plante, feuil. pointues et bien étend. tiges grèles, peu hautes, jaunâtres. fleurs lilas et blanc. n'a pas fleurie. obus op SES = bb co wi Île. non obser. baies. a été au mom. de fleu. boutons sensibles. fleurs blanches. aoomunmumum fleurs lilus très-clair. fle, Lilas vif et blanc. fleurs lilas foncé. pas de boutons. fleurs lilas obscur. tiges grèles et hautes, feuilles petites. plante vigour., grandes feuilles unies. plante haute, tiges grèles, feuilles petit. plante grèle, feuilles plistées. : feuilles petites , à demi repliées ; vert j. feuilles vert. , plante médiocrem,, grand. n'a pas fleurie. fl. lilas obs. ou bleues fleurs lilas obscur. plante vig. beau vert, feui.un peu ferm. tiges gr. ram. v. jaun. feui.pet. bien ouv. pas de boutons. hautes, feui. d'un vert brill. plantes peu hautes, feui. Sn Tr plante peu vig., feui. petiles , vert jaun. beau vert bril., tig. faibl., feuil. ferm. plante vigoureuse, du plus beau vert fleurs lilas obscar. n'a pas fleurie, fleurs lilas et blanc, fleurs lilas et blanc, bout, n'ont pas fleu, plante grèle, feuilles petites et plissées. plante grèle, feuilles petites, frisées. plante vigoureuse , crépée au sommet: plante vigoureuse ; feuilles grandes. belle plante du plus beau vert, plante vigoureuse, vert intense, — AU OBSERVATIONS de la Récours, | que m'a fournie la culture de 1819 ——————— | Ron 28 juin (a a) Elles étaient d’un rose plus pâle que | 94 la trufle d'août, les tiges étaient fandes 805 | 14 juill, | b) Les N°1 5 et G paraissent avoir mûr 258 | 9 idem avant l'époque qui leur est naturelle 043 | 27 idem €) Replantéo une seule entière le 31 | © S mai, a eu lo même 10 » précé. 595 | 3 août. En © même sort que les précé 0 mn ( d) Une seule plante avait levée, 16 idem. 1075 €) N'était pas bi 26 idem. | où on l'a arrac 5id, (d 17 idem. 1463 515 J) C'étair en 1818 la plus grosse de celles envoyées de Paris, elle pesait 23 640 865 580 424 onces. 5 sept. (e €) Une seule a pesé cette année grammes, 27 juillet 2abitene 3) Elle a resté fleurie très-long-tem 500 | 13 août elle l'état encoro lo 1er août ot l'était 957 À 15 juill. (Z] seule au milieu des autres, 40 | 8 septem. | à) Les tiges étaient encoro vertes. nf u185 | 6 août (gl j) A présenté un phénomène, celui nf 4ao | 5 sept. (4 Àd'être mûre avant cello de même ospèce n 805 | 9 idem. (à | plantée un mois plutôt, n] 1090 | 5 août. X) Grosses baies au moment de l'arra- nf 541 À 14 idem. | chement. ss 1) Replantée lo 31 mai, les premières 51 755 124 Juill. (j l'ayant manquées, 3 aoû e n1 1628 | 3 août (4 m) Cette espèce m'était inconnue, »]! 82 | 8 sept. (2 olle a très-peu rendu. 31 août (mn n |lF125 n) Cette variété n'est pas connue, [859 | 3 septem. | à) Le 3 août 105 tiges avolent 1 mètre | 819 [28 voût. 9 cent, ot de grosses baies, »luogo! 6id. (nl p) Très-beaux tubercules, »} 505 | 16 idem. 9) M. Chancey m'a assuré qu'elle n1 1555 À 3 édem(o | réussit toujours mal chez lut. nf 165 | 2 septem.| r) Plusieurs agglomerées, nf 1825 | 31 août, (p | +) Mo paraît douteuse , est trop rouge. n] 62 | 18 idem (q | 9 Plantée le 19 fév. fleurie le 11 ma, m1 1360 À 26 idem (r | a86e le 27 juin, u) C' une pomme de terre précieuse nl 875 29 juillet. 875 | 29) à cultiver à Lyon comme hätive, n] 1566 | 28 août. ) J'ai des d. à {1998 20 idem. | ,,5);9i#t des doutes très forts sur certe 7 10008 20 24m. x) L'an prochain , je veux la multi- nf 850 [ay juitlee. | Pier, quoique rendant peu, à raison du So)na7 Cus qu'on en fait, n] 1522 | 31 août. n [F6oo | 16 tam. | ») Presque chaque tubercule présente ne les mamelons, n] 1670 | 14 idem. Ête 14, Fe £) Les tubercules sont sllongés , pré- nli45 | 8 Dre sentent des yeux profonds et nombreux, mn} 628 | 17 idem. #) Une autre plante a produit 504 gram- n] 815 } 23 juillet. | mes;olle paraitrait conséquemment d'un n1 788 | 27 idem, produit médiocre. n] 2661 2 idem. +) Je l'ai recueillie tard ; quelques-unes ml 480 À 14 idem. | poussaient déjà, n1 560 | 26 août (s] S) En plantant, j'avais couché les tiges, qui étaient fort longues , elles 28 idem. 5 septem. 15 juil. (4 6 août (u 14 idem. 15 idem. | tiges, gros comme des nofx, plusfeurs tu- bercules sont agglomérés. J'ai arraché les 17 id. (4 | tubercules , lorsque la plante a été tout à à septem. | fait sèche. 1179 1725 10 1686 1362 892 505 Bar 540 | 27 juillet. | L'évaluation des grosseurs n'est qu'ap- 155 | 6 août (x | proximative, mais le nombre et le poids 543 | 29 juillet. [sont des données exactes, J'ai observé é sur deux pommes de terre , et ai toujours 55 raoût À 4 one moyenne ;tandls qu'en 1818, 665 | 10 idem(y | mes observations n'avaient porté que 4] 645 | 29 juill. ( | une seule plante. 1 août (* | Lxox, le 11 février 1820. 19 juillet. Le Chev. de MARTINEL, 7 rer Gi Colonel, 10 août. 6 idem. 10 idem(S 24 idem. 16 idem. 14 juillet. = "n n sècho au moment avaient des tubercules dans toute leur longueur ; au moment de la récolte 4) N'érait pas bien mûre, montrait des tubercules au-dessus du sol et le long des de Lyon. 123 En attendant cette époque, qui n’est pas éloignée, vous avez jugé utile la publication du tableau ci-joint, que M. de Martinel vous a présenté, sur le même objet. ( Voy. ci-contre.) Non content d'avoir recommandé la culture en grand de la parmentière , et d’avoir indiqué parmi les variétés de ce riche végétal, celles qui sont les plus abondantes , les plus précoces, les plus savoureuses, M. de Martinel a prouvé la nécessité de multiplier les plantes oléifères. Cet agronome citoyen , gémit en songeant que notre belle France est , pour limportation de l'huile, tributaire de l'Étranger d'une somme annuelle , que le comte Chaptal évalue à 16 millions, l'abbé de Prad! à 24; et qui doit être beaucoup plus forte, s'il est vrai, comme l'a affirmé M. Soulié, député de Vau- cluse , qu'il est entré à Marseille, en 1814, 422,000 quintaux d'huile, qu'on ne peut pas évaluer à moins de 30 à 40 millions. Comment concevoir que la plus grande partie de cette masse soit sortie de nos oliviers, quand on songe que le nombre de ces arbres diminue tous les jours? Ils ont péri 4 fois dans le siècle qui vient de s’écouler; les hivers de 1789 et de 1794, furent particulièrement funestes à Sur la culture des plantes oléagineuses, dans le dépar- tement du Rh6- ne; par M. le chevalier de Martinel. 124 Societé Royale d'Agricullure ceux d'Aix, qui donnent la meilleure huile de France. On remarque d'ailleurs que les montagnes et les collines qui les abritent , se dépouillant de leurs forêts, et peut-être s’abaissant, les garantissent moins du souffle du nord ; quoiqu'il en soit, ils nous fuient pour se rapprocher des bords de la Méditerranée, IL est donc bien important de cultiver des plantes auxiliaires de olivier ; plantes en grand nombre, dont les produits sont très- inégaux en qualités ; c'est ce que démontre notre confrère, en comparant entre elles plu- sieurs espèces d'huiles sous les rapports de l'usage alimentaire, de l'éclairage et des arts; il fait observer, avec raison, que certaines huiles bonnes comme alimens, éclairent fort mal , telle est celle du pavot. Olivier de Serres mentionne un petit nombre de végétaux oléifères; ARozier n'en a pas beau- coup grossi la liste ; M. de Martinel en signale une multitude. Tels sont parmi les moins connus sous ce rapport : le raifort oléifère ( raphanus sinensis oleifer ), que l'on préfère au colzat dans le Milanais ; le ben oléifère ( m0- ringa oleifera ) , facile à acclimater; le cor- nouiller sanguin ( cornus sanguinca }), qui , de Lyon. 129 sur 80 livres de fruits , fournit 16 livres d'huile propre à tous les usages ; le micocoulier de Provence ( cellis australis ), dont la semence a fourni à Scopoli , une huile analogue à celle d'olive ; le souchet domestique ( cyperus escu- lentus) , qu'on peut naturaliser presque partout ; la passarage ( lepidium sativum ) , qui donne une grande quantité d'huile. On peut ajouter à cette nomenclature, le safran bâtard ( car- thamus tinclorius ), le soleil, ( helianthus annuus ) , etc. Ces plantes ne sont pas cultivées dans notre département comme oléifères ; jusqu'à ces der- niers tems, on s’y est, pour ainsi dire, borné au noyer, dont la récolte devient tous les jours plus incertaine, et au colzat que nous con- naissions à peine avant Aozier; mais déjà le pavot commence à se montrer dans nos cam- pagnes ; différens essais ont été faits récemment sur la culture de l’arachyde ; déjà les semences de courge, celles de hêtre , donnent de l'huile dans quelques parties de nos montagnes. Il est une autre plante oléagineuse qu'on a jusqu'ici dédaignée autour de nous, c’est la moutarde blanche ( sérapis alba ) vul- gairement nommée chou-beurre | à cause de l'excellent fourrage qu’elle fournit aux vaches Sur la pista- che de terre, arachys hypo- 8gæa ; par M. Bouchard- Jambon. 126 Societé Royale dAgricullure laitières ; M. de Martinel en recommande vive- ment la culture, non-seulement comme oléifère, mais encore comme fourrageuse pour les bêtes à cornes, et comme fertilisante par son en- iouissement en vert. Telle est la promptitude de sa végétation, que semée le 7 mars dernier dans les jardins de notre confrère, elle a donné des graines mûres le 3 juillet ; quant à son huile, elle est préférable pour les fri- tures à celle de colzat, à celle de noix. M. 4 Martinel se propose de continuer ses expériences sur une plante qui, sous plusieurs rapports, mérile l'attention des agronomes de notre dé- partement. La pistache de terre, arachys hypogæe, a été l'objet des recherches de M. Bouchard- Jambon ; l'expérience de plusieurs années lui a appris que la culture de ce végétal étranger serait avantageuse dans le Lyonnais ; il assure qu'étant semée sur un terrain meuble , et bien préparé, l'arachyde peut fournir 30 à 40 gousses par pieds ; il a remarqué que le poids des graines avec leurs gousses, est à celui des graines nues, comme 4 est à 3, et que le poids de l’huile est moitié moindre que celui des graines dont on l'extrait; cette huile lui de Lyon. 127 a semblé aussi bonne pour la salade, que la meilleure huile de noix; elle lui a paru aussi très-siccative. Notre confrère conseille de renouveler , toutes les années , les semences d'arachyde, de les confier à la terre à la fin du mois d'avril, tout au plus à deux pouces de profondeur ; elles lèvent 12 ou 15 jours après, et la maturité est complette au bout d’environ 4 mois et demi. Bien convaincu qu'après le colzat, c’est le pavot des jardins qui est de toutes les plantes herbacées oléifères , celle qui convient le mieux dans notre département, M. Chancey en con- seille instamment la culture ; il veut qu’on le sème en automne , après la récolte du froment, qu'on le plâtre au printemps , pour le récolter au commencement de juillet, qu'on le remplace de suite par du lupin, des vesces , des fèves ou du Sarrasin , qui seront enfouis en septembre. On aura ainsi le tems de bien préparer la terre pour les semailles de froment,. M. Chancey donne un autre conseil : c’est de semer le trèfle incarnat , dit farouche ({rifolium incarnatum } , avec le blé noir , comme on sème la navette aux environs d'Anse. Sur la cultu- re de diverses plantes herba- cées ; par M. Chancey. 128 Société Royale d'Agriculture Cette légumineuse est , pour l'ordinaire, semée au mois d'août, plâtrée au premier printemps, fauchée en avril, si on veut la faire manger en vert; et à la mi-juin, si on veut attendre la maturité de ses graines. Après ce dernier travail de la végétation , les tiges de trèfle in- carnat sont encore tendres et succulentes ; et dans aucun tems cette plante ne déter- mine des météorisations dans le bétail, comme les autres trèfles cultivés , comme la luzerne, etc. En la semant avec le blé noir on obtien- drait une récolte de plus. Parmi les céréales qui peuvent succéder au trèfle farouche, est l'orge nue, à deux rangs, vrai blé d'Egypte ( Aordeum nudum ) ; notre confrère en a semée le 15 juillet de l’année dernière , et il l'a récoltée le 15 octobre. Si on la sème en automne on obtiendra, pour l'année suivante, un fourrage très-hâtif; on peut remplacer par cette orge, les blés détruits par les innondations de la Saône , trop fré- quentes dans notre département en mai et en juin; son produit ordinaire est de 10 à 19 pour 1; il pèse un vingtième de plus que le froment cultivé aux environs de Lyon, et coûte à peu-près autant : on en fait du gruau, des potages, même du pain. de Lyon 129 L'orge nue, à 6 rangs, dite orge-riz (Æordeum nudum ) , est très-productive , mais moins précoce que l'espèce précédente ; son grain est petit, et il rend, par mesure, plus de farine que le froment. Moins propre à la panification que cette dernière , elle l'est plus que le seigle. Son plus grand avantage est de parcourir, comme le blé sarrasin , toutes les périodes de sa végétation en go jours, et de pouvoir suc- céder dans la même année à d'autres récoltes. Une autre variété que M. Chancey appelle orge à 2 rangs, paillée , offre pareïllement une végétation très-rapide , comme le prouve le fait suivant : Il y a environ trente ans, qu'en moissonnant un champ de cette variété d'orge, on la vit égrener; on sema du sarrasin, l'orge leva avec le blé noir; les deux végétaux mürirent et furent récoltés ensemble , en octobre. Au reste, Messieurs, quelle que soit l'im- portance de ces graminées, vous prenez moins d'intérêt à leur propagation qu’à celle du maïs quarantain ; et c’est avec un vif sentiment de satisfaction que vous avez appris de M. Chancey , les succès de cette culture, à (Carelle, à Azolette, et dans d'autres contrées montueuses que la vigne ne peut atteindre, 9 Observations sur des variétés de melon, cul- tivées en plein champ, auxen- virons de Lyon; par M. Ma. diof, 130 Société Royale d'Agriculture Si le maïs peut vivre dans ces localités, combien il y serait plus vigoureux si, comme on fait en Amérique, on le fumait avec du plâtre? ne pourrait-on pas aussi semer entre les rangées de maïs, soit du lupin, soit du sarrasin , qu'on arracheroïit au moment de la floraison, pour les enfouir au pied de la riche graminée qui fleurit plus tard ? C'est une expérience que propose M. Chancey , et le succès n’en seroit pas douteux s'il était vrai , comme le pensent d'habiles botanistes , qu’après avoir végétées aux dépens de l’air , les plantes n’ont besoin des sucs du terrain qui les soutient qu'au moment où elles développent leurs fleurs , surtout à celui où elles mûrissent leurs semences. La parmentière et les céréales, les plantes fourrageuses et les oléifères , tiennent sans doute le premier rang dans l'ordre de Putilité ; d'autres font les délices de nos tables, tel est le melon dont M. Madiot a étudié, autour de Lyon, les variétés nombreuses ; il en a signalé 24, qu’il à divisées en Melons proprement dits, en Cantaloups et en Pasteques. Voici la nomenclature des premiers, selon de Lyon. 131 l'ordre de leur maturité observée, près de Lyon, en 1818. 1.0 MEzoN à écorce mince et brodée, petit, pommiforme , très-parfumé : mûr le 20 juin. 2.9 M. également & écorce mince et brodée, plus gros que le précédent , pyriforme , chair jaunâtre, peu filamenteux , très-parfumé : le 24 juin. 3.° M. à écorce épaisse peu brodée, chair rouge , forme variée, parfum agréable: le 27 juin. 4° M. Romain , presque lisse , forme variée, chair jaune , très-fondant : le 28 juin. 5.0 M. de l'Archipel , écorce roussâtre, forme allongée , chair rouge fondante , très-sucrée : le 1.27 juillet. 6.° M. de Tours , gros et rond , fortement brodé, avec une profonde goutière, chair blanchâtre , filamenteux , parfumé: le 6 juillet. 7. M. de St-Nicolas , alongé, finement brodé, chair ferme et jaunâtre, peu de parfum et de saveur : le 20 juillet. 8.0 M. de Naples , écorce roussâtre, forme allongée , chair rouge, parfum relevé, même avant la maturité : au commencement d'août. 9° M. d'Espagne , fortement arrondi , bro- derie anguleuse très-saillante, chair jaune pâle, 132 Société Royale d'Agriculture de peu d'apparence; cependant bon quand il est bien mûr , peu cultivé dans nos environs : à la fin d'août. 10.0 M. de Minorque , gros , pommiforme , bien arrondi , broderie anguleuse, saillante , écorce jaunâtre, goût sucré, parfum agréable: les premiers jours de septemhre. ( C'est aussi dans l'ordre de leur maturité, près de Lyon, que sont rangés les melons cantaloups et les pasteques. ) a1.0 CanTaroUP de Castelnaudari , forme variée, chair d’un rouge pâle, parfum agréable, goût très-sucré : mûr à la fin de juin. 12.0 C. pommiforme , petit, pellicule jaune légèrement brodée , chair rouge, épaisse , très- fondant : à la fin de juin. 13.0 C. à forme d'orange, pellicule lisse, écorce mince, chair épaisse, rouge , sucrée, fondante, parfum agréable : les premiers jours de juillet. 14° C. pyriforme, petit, noir, glomération de distance en distance, chair d’un rouge pâle, filamenteuse , fondante , d’une saveur peu agréable : le 5 août. 15.2 C. d'orange , gros , forme variée, écorce épaisse, sillons en dos d'âne, gouttières enfon- cées , chair rouge, parfum suave, goût excel- de Lyon. 193 lent ; c’est le plus commun dans tout le mois d'août , aux marchés de Lyon. 16.0 C. d’'Astracan , gros et allongé , écorce profondément brodée, chair rouge et épaisse, goût et parfum excellents: le 16 août. 17.° C. d'Anjou, moyenne grosseur , écorce noirâtre , épaisse , chair compacte, d’un rouge pâle , fillamenteux, très-fécond , mais d’uu goût peu agréable , très-commun aux marchés de Lyon , à la fin de juillet et dans tout le mois d'août. 18.0 C. Ananas , côtes longues , sillons très- serrés , couronné à l’ombilic , écorce mince, brodée légèrement , chair épaisse, d'un rouge pâle, goût et parfum agréables , cultivé à la Guillotière de même qu'à Ampuis; commun en août aux marchés de Lyon. 19.2 C. à écorce dorée , légèrement brodée, grosseur moyenne , côtes très-saillantes, chair légère , rouge , fondante , parfum agréable, a müûri à Lyon, chez quelques amateurs , dans les premiers jours de septembre. 20. C. à écorce argentée, grosseur médiocre, pellicule glabre , côtes peu saïllantes, chair ver- dâtre , ferme , compacte, parfum agréable : mûr à la fin de septembre. . Surle Potiron, bonnet teur ; méme, d'éec- par le 134 Société Royale d'Agriculture 21.9 PASTEQUE rond et gros, pellicule unie, jaspée de jaune, de vert, écorce mince, chair blanchâtre , épaisse, sucrée, parfum agréable: mûr à la fin de septembre. 22.9 P., melon d'eau à chair blanche, forme arrondie , écorce verte, marbrée , lisse ; fondant, très-sucré, pouvant se conserver tout l'hiver. 23. P., melon d’eau à chair rouge, gros» rond , écorce purpurine, unie , glomérée de distance en distance, mürissant l'hiver , excel- lent à confire. 249 P., melon tardif, grosseur moyenne, chair blanche , fondante, saveur sucrée, parfum agréable , n'étant bon à cueillir qu'après avoir éprouvé de la gelée. Une autre cucurbitacée ; a été l'objet des ob- servations de M. Madiot , c'est le Potiron bonnet d'électeur. ( Cucurbita clypeata ). Peu sujette à varier, cetteespèce réussit surles mauvais terrains, pourvu qu'ils soient exposés au midi; quoique son fruit soit petit, elle est très-productive; la chair de ce fruit est ferme , les filamens sont peu nombreux; on le conserve l'hiver , à l'abri de la gelée ; on peut le manger en potage, en purée, en faire des tartes sous toutes les formes ; son goût est meilleur que celui des . de Lyon. 135 autres courges, il est plus nourrissant et d’une digestion plus facile ; il fournit une bonne nour- riture au bétail , qui en est friant, il donne beau- coup de lait aux vaches, et il engraisse la volaille. ARBRES. Directeur de la pépinière départementale, M. Madiot a eu occasion de recueillir, dans cet établissement agronomique , un grand nombre de faits intéressans. Dans le temps où cette pépinière était à la déserte, lieu en- touré de maisons, sur lesquelles se rabattait la fumé d’un grand nombre de cheminées ; il a vu l'écorce des jeunes arbres, et particulie. rement à l'endroit des greffes, couverte d’une matière noire, obstruant les pores, gênant la circulation , et s'opposant à la croissance de ces végétaux. Il s’est assuré que le fumier de vache nuisait aux jeunes arbres , parce qu’il favorise la pullu- lation des insectes qui rongent les radicules ; au reste, ajoute-t-il, c'est d’une main avare qu’il faut répandre les fumiers dans les pépi- nières ; les arbres, en eflet, trop bien nourris dans leur enfance, souffrent et dépérissent Notes sur l'établissement des pépinières; par M.Madiof. Sur ure va- riété de Siringa et une variété d'Alizier ; par le même. 136 Sociélé Royale d'Agriculture quand on les transplante sur un sol moins succulent ; voila pourquoi on voit si rarement prospérer les élèves des pépinières trop fumées, comme lé sont la plupart de celles qui avoi- sinent les grandes villes. Une autre pratique capable de nuire au succès des pépinières, est selon M. Madiot, un défonce- ment trop profond, qui soulève à la surface une terre compacte , argileuse ; il a vu des proprié- taires de vignobles, obligés d'enterrer de nou- veau cette glaise infertile ; il est persuadé qu'il sufht presque toujours de défoncer à deux pieds ou deux pieds et demi, au lieu de trois ou quatre pieds, comme on le fait ordinairement. On a défoncé à deux pieds le terrain de l'Observance où , depuis peu de tems, est établie la pépinière départementale. C’est dans ce bel établissement que M. Madiot a observé deux variétés d’arbrisseaux d'agrément, Fun est un Siringa ( Philadelphus coronarius ), obtenu de semence , en 1808; l'autre un Alizier à bois glutineux , que l'aateur nomme Cratægus glutinosa. Le premier est à fleurs doubles , en corymbes, accompagnées de bractées, et offrant de deux à quatre petites bifurcations ; cette floraison sin- de Lyon. 137 gulière, qui persiste pendant plusieurs mois, s'est montrée pour la première fois en juin 1817; elle exhale une odeur plus agréable que celle du siringa ordinaire ; on multiplie ce joli arbuste par greffe, marcotte, et bouture; on pourrait l'introduire dans les jardins d'hiver. L’alizier à bois glutineux , s'est rencontré dans un mélange de semis d'aliziers connus; il ressemble par son feuillage à celui de Fontainebleau; ses fleurs sont en corymbes axillaires très - élégants ; il transude de ses jeunes tiges une humeur visqueuse qui attire les insectes ; il a fleuri pour la première fois au commencement d'avril 1819. Le moyen de multiplier cette variété d'arbre est, selon M. Madiot, de le grefer sur l’aubepin, ( Mesbilus oxyacantha ). Le même agronome a observé trois variétés de poiriers, qu'il nomme Don chrétien turc, charbonnière , et jolimont-précoce. Le premier, qui est cultivé depuis 25 ans, à Oùullins, par notre confrère, M. Deschamps père, a été, depuis peu , introduit à la pépinière dé- partementale. Les feuilles d’un vert olivâtre , sont cordiformes, roncinées, à nervures très- saillantes ; les rameaux tortueux, roussâtres ; les Sur trois va- riétes de poi- riers ; par Le méme. 138 Sociélé Royale d'Agriculture boutons pourpres, opposés ; les fleurs en om- belle, sur des pédoncules courts, concaves; les étamines d'un rouge pâle; le fruit est en forme de calebasse, bossué, divisé par un filet en deux parties inégales; la peau d'abord verte, jaunit à l'époque de la mâturité; la chair est blanche, sucrée, parfumée, avec un arrière goût, un peu âcre. Cet arbre est vigoureux, et doit être greffé sur franc plutôt que sur Coignassier. Celui qui a reçu le nom de Poirier-char- bonnière , porte un fruit de la couleur du charbon; ce fruit, de grosseur médiocre est turbiné avec une dépression profonde à l’ombilic; il est rude au toucher; la chair en est blanche, fondante très-suerée , exempte de carrières ; il mürit en août, se trouve abondamment aux marchés de Lyon , et se conserve jusques au mois d'octobre. Le. Poïrier-charbonnière offre un bel aspect, aucun autre de son espèce ne le surpasse en grosseur et en élévation ; ses rameaux tendent à la direction perpendiculaire , ses racines pi- votent à une grande profondeur , ses feuilles sont lancéolées , finement dentelées, luisantes, à nervures peu saillantes, supportées par de courts pétioles ; ses fleurs en ombelle varient beaucoup par le nombre des pétales et par celui de Lyon. 139 des étamines; elles sont bordées de rouge et de rose pâle. Cet arbre est très-commun dans les monta- gnes du Lyonnais. Le Jolimont-précoce , dont le fruit est mür dès le mois de mai, a été donné à la pépinière par notre confrère, M. Leroy-Jolimont, auquel la reconnaissance l'a consacré. Ce fruit est en forme de pyramide à large base , la peau est mince, lisse, d’un vert jau- nâtre, panachée de diverses couleurs, la chair est sucrée , parfumée; les pepins, d’un gris brunâtre , sont entourés de fort peu de carrières. Les fleurs sont en pannicules, les pétales d’un beau blanc, sont bordées de rouge pâle, les étamines saillantes ont une couleur de feu, les feuilles sont lancéolées , dentelées et amon- celées en forme de bouquet, Cet arbre qui s'élève peu, même après avoir été greflé sur franc, mérite, par l'élégance de son port, une place dans les jardins d'agrément. Pourquoi n’introduirait-on pas dans ces sortes de jardins l'arbuste printannier et touflu, le plus usité de tous pour former les haies ? Linné l'avait rangé dans le genre Cralægus ; on vient de l'en tirer pour en faire un Mespius ; Sar une espè- ce d’Aubcpin et une variété de Tuya ; par le même, 40 Societé Royale d'Agriculture et bientôt on a reconnu, dans sa fructification et son feuillage , des différences assez marquées et assez constantes, pour le diviser en deux espèces , dont la nouvelle à pris le nom d'oryacanthoïdes ; celle-ci, qui a été signa- lée aux environs de Paris par le savant Thuillier , est très-commune aux environs de Lyon; elle est selon M. Madiot de beaucoup préférable à l'autre, parce que son accroissement est plus rapide , son développement plus considérable , son bois plus propre à faire des échalas, et même des meubles, étant dur, marbré, sus- ceptible d'un beau poli. Plantée en haie, elle offre le grand avantage de ne pas pousser , à de longues distances , des racines horizontales, capables d'affamer les cul- tures voisines. Il est une variété de cette espèce, que M: Madiot a trouvée dans le Haut-Beaujolais ; elle est peu connue, et caractérisée par l’absence des épines aux branches ; aussi notre confrère propose-t-il de la nommer Cratægus oxyacan- thoïdes inermis. Le Tuya dont parle M. Madiot , est sorti de la pépinière de M. Poizat , à la Guillotière ; il ressemble au ciprès par le port; sa taille est pelite, sa tige cendrée, ses boutons turbinés, de Lyon. 41 engaïnant , offrant des monstruosités en digi- tation, ou crêtes de coq. En attendant l'occasion d’en observer la fructification, notre confrère le multiplie par boutures , par marcottes , par greffes en approche; il le croit très-digne de figurer dans les massifs des jardins paysagers. Ce n'est pas seulement à la pépinière, dont la direction lui est confiée, que M. WMadiof, observe les arbres utiles ou agréables , il étudie encore ces grands végétaux dans les campagnes du département : il croit y avoir distingué, nettement 6 variétés de Châtaignes, qu’il nomme Marron de Lyon ; — Châtaigne clafarde; — pe- lousette ; — bouchasse à pellicule rousse ; — bou- chasse à pellicule noire, sauvage des bois; il les caractérise ainsi : Marron de Lyon, gros, presque rond, pel- licule extérieure d'un roux brun, rude au toucher, pellicule intérieure adhérente à la chair, dont elle se détache par la cuisson, chair légère, roussâtre, sans division, d'un goût délicat. La clafarde a, par sa grosseur et même sa forme, beaucoup de ressemblance avec le marron, elle en diffère par la pellicule extérieure qui est lisse, d'un roux moins foncé, duvetée en Sur six va- riétés de Chä- taignes qu’on cultive dans le département du Rhône ; par le même. 142 Société Royale d'Agriculture dedans, par la division de la chair, en plu- sieurs lobes que séparent des cloisons paillacées , par l'adhérence de la pellicule intérieure , après la cuisson. La pelousette est petite, applatie d'un côté, la pellicule extérieure est rousse , lisse, luisante en dehors, soyeuse en dedans; la pellicule in- térieure adhère peu à la chair qui se divise en plusieurs lobes, et qui a beaucoup de saveur étant cuite à l'eau. La bouchasse à pellicule extérieure rousse, est d'une grosseur médiocre , sa pellicule in- terne est roussâtre lisse, épaisse , pailleuse, d’un goût amer, la chair compacte, et quoique moins farineuse que la précédente, fort bonne étant cuite à l’eau. La bouchasse à pellicule extérieure noire, de grosseur et de forme variées; sa pellicule interne est plus adhérente que dans la précé- dente, plus pailleuse, et de couleur rousse plus foncée, la chair est moins farineuse , et d'un goût inférieur. La Chélaigne sauvage se distingue par la petitesse du fruit, le luisant de l'enveloppe extérieure ordinairement d'un roux peu foncé, par la forte adhérence , après la cuisson ,.de l'enveloppe intérieure, par la saveur âpre de la chair. de Lyon. 1/3 On perpétue la variété précieuse du Marron, en greflant l'arbre avec celui qui porte la clafarde ; l'opération se fait en flûte, et au mois d'avril; tout en améliorant le fruit, il semble qu’elle détériore le bois. Le Châtaignier pelousette s'élève plus haut que le Châtaignier marronier ; les fruits de l'un et de l’autre, souvent confondus dans le com- merce , se distinguent principalement par l'in- tégrité, ou la division en lobes de la chair. Le Pelousette est greflé sur son espèce ; son bois , après l'opération, est sujet à se tourmenter , à se fendre , il pétille au- feu, brûle mal , et mérite son nom de mauvais bois ; d'un autre côté , l'arbre charge beaucoup, et son fruit se conserve long-tems , c’est le plus commun dans les marchés de Lyon, et celui qui offre le plus de ressources aux pau- vres cultivateurs des contrées montueuses. Les bois des Châtaigniers Douchasse, soit à fruits roux , soit à fruits noirs, sont fort es- timés pour le chauffage et le haut service ; celui des Châtaigniers sauvages leur ressemble beaucoup , lorsque les arbres ont été nourris sur un bon fonds. Les cultivateurs du Lyonnais, qui sont jaloux de conserver de bonnes espèces de Châtaigniers, Sur la greffe du noyer et sur celle du mürier ; par le méme. 144 Société Royale d'Agriculture choisissent pour semences les fruits dont les enveloppes épineuses sont les plus grosses, les mieux armées ; il les en dépouillent en no- vembre pour les enterrer dans du sable sec ; au commencement du printemps ils arrosent ce sable légèrement, la germination commence; alors ils sement en planche dans un terrain meuble, qui n’a reçu d'autre engrais que des feuilles d'arbres ; au bout d'une année, les plançons sont mis en pépinière, où ils restent 4 à 5 ans; alors on coupe le pivot , et on les arrache pour les planter à demeure, à l'ex- position qu’ils avaient en pépinière; on les greffe ordinairement en flûte, et quelquefois, d'après les conseils de M. Madiot , à recouvre- ment ou /uxla position. C'est avec un plein succès, que M. Madiot a mis en pratique cette espèce de grefle sur le noyer , arbre si difficile à grefler , que beau- coup d'agriculteurs croient ne pouvoir l'élever que franc de pied. Voici le procédé de notre confrère , et qui paraît lui appartenir: Le sauvageon étant coupé horizontalement au milieu de la pousse de l'année précédente , le bout en est taillé en biseau, celui de la grefle est échancré de manière à pouvoir em- de Lyon. 145 boiter exactement ce coin. Les deux bouts sont mis en contact ; les libers s’adaptant parfaite- ment , le cambium ne peut s'échapper, ni l'air ni l'eau ne peuvent pénétrer dans l'articulation qui est maintenue par un bandage formé d'é- corce de tilleul et de laine enduite de terre grasse, et recouvert de cette espèce de mastic dont on enduit les orangers. (1) Cette opération , qui exige de la dextérité, doit être pratiquée aux premiers jours d'avril, époque de l'ascension de la première sève. Lorsqu'on s'aperçoit que la greffe pousse, on ôte l'appareil pour prévenir les engorgemens séveux. 200 noyers ont été greffés par cette méthode les 14 et 16 juin 1819 ; presque tous ont par- faitement réussi. On a eu le soin d'enlever les petits bour- geons dont l'inutile développement sur les sauvageons, eût absorbé beaucoup de sève, Combien ïl serait avantageux d'appliquer cette nouvelle greffe à la multiplication de tant de beaux chênes américains que MM. Michaux viennent d'introduire en France | Presque aussi délicate que la greffe du noyer, celle du mûrier exige sur-tout une grande célé- (1) Voyez, à la fin du volume, la figure de cette greffe. 10 146 Socieleé Royale d'Agriculture rité dans l'exécution. Et c'est pour l'obtenir que notre confrère a adopté, pour ces derniers ar- bres , la greffe à œil. poussant, dont voici le procédé : On coupe, sur les müûriers à belles feuilles, des rameaux chargés de boutons, On enlève ceux- ci avec un peu d'écorce, et sans aucun fragment ligneux. On les introduits sous l'écorce des sau- vageons , où l'on a fait une incision cruciale. Les deux libers ayant été mis en contact immé- diat , on rapproche les lèvres de la plaie , et on les maintient unies à l'aide de filamens faits avec l'écorce de tilleul , qu'on a placés de ma- nière à ne pas serrer les boutons , et à faire au- dessus de ces organes une espèce de toiture ; 20 à 25 jours après cette opération, la cicatrice est consolidée , et on lève l'appareil qui génerait la circulation séveuse. Ce qui est resté sauvageon est coupé à 6 ou 7 pouces de l'insertion. On s'occupe dans la suite de l'ébourgeonnement, d’après les lois de la physiologie végétale. C'est en suivant cette méthode que notre confrère a pu, dans le court espace de deux jours , et avec l'aide de deux seuls jardiniers, grefler trois mille pieds de mûriers. Les arbres opérés ont poussé vigoureusement , et ils pré- sentent au moment actuel le plus bel aspect. de Lyon. 147 Parmi les mûriers nourris à la pépinière du Rhône, on remarque celui de la Caroline, Morus Caroliniara , dont les feuilles d'un demi- mètre de circonférence , sont roncinées , à bords âpres, à nervures saillantes , etc. Les rameaux s'étendent en parasols, les chatons sont dioïques. On le multiplie en le greffant sur le Morus alba. Telle est sa croissance , que des branches greflées se sont élevées à deux mètres et demi, dans l'espace de trois mois. Cette espèce est entrée à la pépinière en 1807. On a dit à M. Madiot que son fruit, qui est gros comme une prune, servait en Amé- rique à faire une boisson acide, ainsi qu'une espèce de liqueur spiritueuse , et qu'on lui fesait subir la fermentation vineuse , en lui donnant pour levain de la farine d'une espèce de Pas- palum. Quoiqu'il en soit : cet arbre exotique, facile à acclimater chez nous , peut remplacer les espèces de son genre, dont on nourrit les vers à soie ; il a sur eux l'avantage d'être plus tardif, et d'offrir au moment de la briffe une grande quantité de feuilles très-volumineuses. C'est à l'expérience à nous apprendre si les vers à soie peuvent s’en nourrir et produire ensuite de beayx cocons. Note sur un môûrier de la Caroline ; pa le méme. 148 Société Royale d'Agriculture Expérience. Une tentative de M. Faissoles ne paraît pas sur le môrier favorable à cette espèce de müûrier ; en ayant de la Caroline, Tres : . : : A celui de Cons. Présenté les feuilles à des vers qui avaient passé tantinople ; par la troisième mue, il vit ces insectes les manger M: Faissoles. avec peine , et un grand nombre périr; il ter- mina l'éducation avec des feuilles de mürier rose. Tout aussi bonnes, celles-ci ne lui ont pas paru préférables aux feuilles de mürier -de Constantinople , arbre d’un port élégant. Notre confrère se trouva, dans une autre cir- constance, obligé de donner de la laitue à ses vers à soie ; ils s'en nourrirent très-bien jusqu’à la seconde mue. Il s'est assuré que des feuilles de müûrier rose, venues à l'ombre , sont toujours aqueuses , quel- ques soins qu'on prenne pour les faire sécher; aussi les vers qu'on en nourrit tournent-ils au F gras, Le même agronome avait extrait , en 1816, des graines d’une quantité de mûres de mürier blanc, ces graines ayant été semées en 1818, ont parfaitement réussi. Projetdeplan- Les müriers nains fournissent une excellente tation des mû- riers nains sur éUille aux vers à soie, aussi M. Chancey re- les sols inferti. commande-t-il , avec instance, la culture de les ; par M. é Chancey, de Lyon. 149 cette variété. Il voudrait qu'on l'établit sous forme de haies, sur le scl de quelques loca- lités montueuses du Beaujolais, jusqu'ici sans valeur. Il pense que ces terrains, ainsi cultivés, pourraient devenir plus productifs que la même étendue de terres arables ou de vignobles ; il fonde son opinion sur ce calcul approxi- matif: Défoncement d'une bicherée lyonnaise de 10,000 pieds carrés sur un sol montueux, à 1 fr. par toise de 56 pieds. . .... 180 fr. Deux mille plants de pourrettes , à adinobocecleceentihqaeés da Sn - 25 Frais de plantation et de culture, pendanto2 sang: à 5 24 mat: de PURES Intérêts des avances avant de jouir, pendant le même espace de tems. . . 23 Faux frais imprévus. . . . .. dis 17 MOTAT. +... Fe UV STONES PSE On récolterait 1,100 livres de feuilles : quan- tité capable de produire 100 livres de cocons, valant 2 fr. la livre, total 200 fr., qu'on ré- duit à 100, à cause des frais d'éducation ; autre réduction d’un cinquième, pour attendre les mûriers, reste 80 fr.; si on en soustrait l'intérêt du capital, à 10 pour cent, il restera toujours, bénéfice net, par chaque bicherée, 53 fr. Plantation des müriers le long des tapis de la Croix. Rousse , etc. par M.Madiot. 150 Société Royale d Agriculture Tandis que M. Chancey conseillait de couvrir de müriers les pentes arides du Beaujolais, M. Madiot proposait de planter ces arbres précieux, sur les bords des fossés des anciennes fortifica- tions de la ville, du côté de la Croix-Rousse et de St-Just. M. le Préfet du département ayant adopté ce projet, M. le Voyer de la villea, d'après les ordres de la Mairie , mesuré le terrain propre à être complanté de müûriers, qui s'étend entre les portes de St-Clair , celles de Serin, les anciens remparts de la ville, le jeu de mail et les demi-lunes aliénées par le gouvernement ; il a trouvé dans cet emplacement 52,500 mètres 96 décimètres carrés , espace suffisant pour 2100 arbres qui, plantés à 5 mètres de distance les uns des autres ,occuperaient chacun 25 mètres. Le sol qui leur est destiné est composé , en grande partie, des platras provenant de la dé- molition des remparts, il est exposé au midi et au levant; sous ces deux rapports il convient aux müriers. Ces arbres pourraient, d'après les calculs de M. Madiot , rapporter dès la huitième année, de quoi couvrir les frais de leur plantation, et leur produit , augmentant annuellement , arri- verait jusqu’à un revenu net de 20 à 25 mille francs. de Lyon. 151 À ces avantages , il faut ajouter l'embellisse- ment de l’une des promenades de la ville, et l'influence d'un exemple utile. M. Madiot a proposé d'établir des planta- tions du même genre à St-Just, sur l'empla- cement qui s'étend depuis les portes de ce faug- bourg jusqu'au grand cimetière, en longeant les anciens murs de la ville; dans ce terrain inculte se placerait aisément 1,800 müriers. L'administration municipale de St-Just, imi- tera sans doute celle de la Croix-Rousse, qui a fait couvrir de mûriers , une grande partie de l'espace désigné par M. Madiot ; cette mesure précieuse a été signalée à la reconnaissance pu- blique, dans un rapport que vous a présenté M. le colonel de Martinel, au nom de la com- mission permanente des mûriers. ® Vous vous rappelez, Messieurs , que l'occasion de ce rapport , fut l'honorable mission que vous donna M. le Préfet, de juger un concours re- latif à la culture des müriers. Comment se fait-il, observe M. le rapporteur, que cette culture soit considérée comme difhcile, dans un département situé entre le 45." et le 46.m° degrés de latitude nord, entre le 2."* et le 3.me degrés de longitude orientale » tprise Rapport sur la plantation des müûriers dans le département du Rhôre, par M. le colonel de à, artinel 152 Société Royale d'Agricullure du méridien de Paris ? Ne la voit-on pas pros- pérer dans l'Ain, dans l'Isère, situés à l’est du Rhône ; dans la Loire qui est à l’ouest, dans l'Indre et Loire qui est au nord-ouest ? Dira- t-on que si notre climat ne s'oppose pas à cette culture , elle est du moins peu conforme aux qualités de notre sol ? Que l'on considère que le sol de notre département est très-varié , et qu'il présente souvent ces terrains légers et profonds, où se plaisent les müûriers ? Qu'on parcoure les environs de notre ville, et l'on verra aux Brotteaux , à Perrache , des müriers venus sans soins, tout aussi beaux que ceux de l'Italie septentrionale. Si le Rhône n’a pas été compris jusqu'ici parmi les départemens producteurs de la soie, c’est parce que ses habitans s'étaient contentés de la mettre en œuvre; mais il n'ont pas été sourds à la voix philantropique de M. le comte de Lézay-Marnésia, leur premier magistrat, et déjà les müûriers se répandent autour de nous. En effet il résulte des rapports adressés par MM. les Maires de Givors , de Tupin, de la Guil- lotière, de Dénicé , de Grigny , de Condrieu, de la Croix-Rousse, d’Ampuis , de Tassin et de Savigpy ; que, par une suite du noble appel qu'à fait M. le préfet du Rhône, il a été planté dans de Lyon. 153 ces 10 communes 8,995 müriers en plein vent, 1,150 buissoniers , 68,200 pourrettes , et quel- ques haies. Les honorables cultivateurs qui ont le plus contribué à cette amélioration ont été signalés par la Commission à M. le Préfet qui leur a décerné des primes d'encouragement ; et la Société a cru devoir ajouter aux récompen- ses de l'administration , le don de plusieurs de ses médailles à l'effigie du patriarche de l’agri- culture lyonnaise. C’est dans l'une des salles de l'hôtel de la pré- fecture qu'a eu lieu , le 24 août , la séance: pré- sidée par M. le Préfet , où les propagateurs d’un arbre utile ont reçu les prix qu'ils avaient mérités. Les deux premiers ont été décernés à MM. Félix -de- Prunelle | Maire de Condrieux , et Poidebard, négociant et cultivateur à la Guil- lotière. Les seconds ont été accordés à MM. Emmanuel Billon de Grigny , les Administra- teurs municipaux de la Croix-rousse, Viennot notaire et propriétaire à Dénicé , madame veuve Jacquart de Savigny, M. de Harem de la Con- amine d'Ampuis. Ont été mentionnés honora- blement MM. de Raverdy de Condrieux , et Brottel de Givors. Rapport sur des magnane- ries à soie blan- che ; par M. Mulhuon. 354 Société Royale d'Agriculture L'un de ceux qui ont été couronnés dans cette séance , M. Poidebard, a fondé à St-Alban, hameau de la Guillotière, un bel établissement pour la production et la filature de la soie blanche. Des échantillons de cette matière pré- cieuse ont été envoyés au bureau des Arts et Manufactures , qui a invité M." le Préfet du Rhône a recueillir , sur ces objets, des ren- seignemens précis ; c’est à vous qu'il s'est adressé pour les obtenir ; et vous vous êtes empressés de lui proposer une Commission dont quelques membres ont été pris hors de votre sein. Cette Commission a présenté à M. le Préfet, par l'organe de M. Muthuon , un tra- vail qui a obtenu vos suffrages. M. Poidebard , vous a-t-il dit , a établi à St-Alban une magnanerie très-considérable où il a fait éclore , cette année, 24 onces de vers à soie blanche, et il a obtenu 18 quintaux de cocons. Tout est disposé pour faire éclore , l'année prochaine, 60 onces de graines, et la recolte en cocons sera d'environ 45 quintaux. Pour nourrir cette grande quantité de vers à soie , M. Poidebard possède 500 pieds de mûriers en plein vent , 6000 en haie, et il vient de plan- ter 80,000 pourrettes. Il veille attentivement pour empêcher sa race de vers à soie blanche de se mêler avec d’autres. de Lyon. 156 Cette variété précieuse de vers à soie est élevée par un autre agronome - manufacturier, M. Bonnard , qui habite à Ste-Foy-lès-Lyon ; il récolte annuellement 30 à 36 onces de graines; mais il ne fait guère éclore chez lui que la quan- tité nécessaire à la reproduction , et il distribue le reste par petites portions. Il ne s’occupe pas de la filature en grand de la soie blanche. D'un autre côté, la soie de M. Poidebard est supé- rieure à celle de M. Bonnard, en blancheur , netteté , finesse, égalité; elle a peut-être plus d’éclat que celle du midi, que celle de la Chine, que toutes celles qu’on a produites ou importées en Europe. C'est l'avis de M. le colonel de Martinel; étant allé visiter l'établissement dont il s’agit, il en a rapporté un échantillon de soie blanche, qu’il a mis sous vos yeux , et dont vous avez admiré la qualité; vous avez joint votre suffrage à celui du jury, qui , à la suite du dernier concours, pour l’encouragement de l’industrie nationale, a décerné à M. Poidebard, une glorieuse ré- compense. Cet agronome-manufacturier déclare , d'après sa propre expérience, que dans aucune contrée de la France on ne produit de plus belle soie qu'aux portes de Lyon ; que nulle Note sur l'é- tablissement de M. Poidebard; par M. le colo- nel de Marti- nel, 156 Société Royale d'Agriculture part on n'obtient d'une once de graines, une plus grande quantité d'excellens cocons; il pos- sède deux magnaneries, situées à une petite lieue de notre ville, l’une au nord, l’autre au sud- est; la 1.2 a donné en 1819, pour 6 onces de graines , 600 livres de très-beaux cocons blancs sur lesquels 230 ont pesé une livre, poids de marc, et dont 11 livres en ont produit une de soie; dans l’autre magnanerie, 10 onces de graines ont donné 8oo livres de très-beaux cocons , à 220 à la livre , et une livre de soie a été également le produit de 11 de cocons. Si dans nos contrées, de pareils résultats sont rares, est-ce la faute du climat ou des magnaniens ? Notre confrère accuse ces derniers de manquer de soins et d'intelligence , et il fait observer que même en Italie, et malgré les tra- vaux de l'illustre Dandolo, on est loin d'avoir porté à sa perfection ce genre d'industrie. Quoiqu’il en soit : les brillans succès obtenus par M. Poidebard ont été, sous la plume de notre confrère , une réponse péremptoire à l'as- sertion de M. Vincent St-Laurent, qui regarde la latitude de notre ville , comme peu favorable aux vers à soie. (1) (r) Annales d'agriculture , août et septembre 1819. de Lyon. 157 ART VÉTÉRINAIRE. Parmi les observations de clinique vétérinaire, que M. Rainard a consignées dans vos registres, vous avez remarqué celles qui suivent : « Un cheval de trait, de très-forte stature, âgé de huit ans, fût conduit dans les infir- meries de l’École vétérinaire, pour y être traité d'un trombus compliqué de fistules pro- fondes ; une d'elles se dirigeait en arrière de la trachée artère; il fallut la prolonger de l'autre côté de lPencolure au moyen d'une contre-vu- verture ; une autre s’étendait en haut jusqu'au- près de la parotide; une troisième descendait jusqu’à l'endroit de l'insertion de la jugulaire dans la poitrine. On pratiqua de larges incisions , eton mit en usage un pansement convenable ; il survint un engorgement inflammatoire, qui mit l'animal en danger d'ètre sufloqué ; on le saigna , on lui donna des tempérans , et’ au bout de 19 jours , il fut presque complettement guéri , et on le remit à ses travaux ordinaires. » » Un mulet d'environ trois ans, eut le pied postérieur droit très-froissé par la roue d'une charrette ; le sabot se détacha, et le bourrelet de la peau qui s'y insére fut fendu en deux Note sur la rage canine ; par M. de Moi- dière, 158 Sociélé Royale d'Agriculture endroits ; le tissu vasculo - nerveux , ( sole charnue ) qui le recouvre inférieurement , étoit presque entièrement arraché , et l'os du pied fracturé de haut en bas. Tous ces désordres fesant craindre l'incurabilité de la maladie , le propriétaire abandonna l'animal à l’école ; son âge nous encouragea à en entreprendre la cure, et notre persévérance a été couronnée de succès, la corne est au moment actuel régénérée pres- que complettement , et le jeune mulet marche à l'aide d'une bottine. » » Nous signalerons comme digne de remarque, la guérison d'un tétanos essentiel général, dont élait atteint un âne de moyenne taille, âgé de huit à neuf ans; cette cure a encore cela de particulier , qu’elle fut opérée par des médica- mens indigènes: la belladone et les têtes de pavot. La belladone , les autres narcotiques, pres- que toutes les substances de la nature, ont été essayées pour guérir la rage canine, maladie redoutable qui a été l'objet d'une note com- muniquée par M. Othon de Moïdière. Cet agro- nome, qui est loin d'être étranger à l’art vété- rinaire, regarde , avec tous les vrais mé- decins , la cautérisation comme le plus sûr pré- servatif de cette redoutable maladie ; il ne pense de Lyon. 159 pas qu'elle soit nécessairement au-dessus de tous les remèdes curatifs, et il rappelle deux cures de rage déclarée , que nous devons à l'ha- bile professeur vétérinaire (r) qu’une mort pré- maturée vient de nous ravir. Il rapporte en même tems une pratique usitée dans quelques cantons de l'Isère; on y cautérise au front les chiens mordus , on leur fait avaler ensuite une pièce de monnaie de cuivre; notre con- frère a fait une expérience sur cette méthode. Trois chiens ayant été mordus par un animal enragé, dans la commune de Moidière , il n’en cauterisa qu'un, et il fit avaler à chacun des deux autres deux centimes ; aucun des trois ne devint enragé , tandis qu’un âne mordu par le même animal, prit la rage vers le 39.° jour. M. Othon de Moïdière n'est pas le seul de nos collégues, qui, sans exercer la profession de vétérinaire, s'occupe avec sollicitude des mala- dies qui affectent les animaux utiles. M. Adrien de Gasparin, notre correspondant, en a fait depuis long-tems l'objet de ses recherches; vous lui devez l’observation qui suit : (1) M. Gohier , voyez à la fin du volume une notice sur ce professeur. Observation d’une néphrite, à la suite d’un coup sur les lombes; par M. de Gasparin, correspondant. 160 Socielé Royale d'Agriculture Une charrette chargée était dans une cour, les bras en l'air, soutenue par un pieu; un beau poulain de 4 mois vient se frotter contre ce pieu , la charrette tombe , et l’un de ces bras frappe sur les lombes du jeune animal. Les do- mestiques qui avaient ordre de le tenir attaché, gardent le silence sur cet accident ; il survient une tumeuret de la gêne dans les mouvemens des reins ; la tumeur était, le 4.me jour, dure, chaude, sensible , sans apparence de fluctuation : cataplasme émolliens. Le lendemain diminution du volume de la tumeur, continuation des mêmes moyens; le 6.me jour, paralysie du train postérieur , impossibilité de se tenir debout : li- niment d’huile essentielle de térébenthine, ad- ministré par un vétérinaire inexpérimenté. M. de Gasparin arrive à onze heures du matin, il remarque le pouls concentré, dur, l'œil animé, le flanc très-agité, les reins douloureux, l'impossibilité d'uriner; le train postérieur, quoi- que paralysé, n’a rien perdu de sa chaleur na- turelle, et l'animal a conservé de l'appetit ; on pratique une saignée qui donne issue à un sang séreux , noirâtre , presque dépourvu de fibrine ; on applique les émolliens sur les lombes: la pariétaire, la graine de lin, sont données à l'intérieur ; le soir, nouvelle saignée; le sang de Lyon. 161 n'a point changé de nature; continuation des adoucissans. Le lendemain , artère plus souple | envie d'uriner ; le poulain est relevé sur ses sangles, et il rend une urine trouble, sédimenteuse ; on lui fait teter sa mère; le soir , grande agitation; on relève l'animal , qui rend avec effort et dou- leur une petite quantité de fluide urinaire ; il ne s’aide plus pour se tenir debout, et refuse de boire; nouvelle saignée, le sang est le même; il survient aux extrémités, des mouvemens eonvulsifs ; le lendemain même état; le jour suivant, l’animal est tranquille, il boit et-urine quoique couché ; il sue beaucoup, on se flatte d'une crise heureuse ; calme trompeur ! bientôt la faiblesse est extrême, la soif ardente, la sueur copieuse, et la mort survient. On trouve à l'ouverture un vaste dépôt plein de putrilage jaune , de consistance crémeuse, si- tué sur les muscles lombaires, et communiquant avec lépine ; les parois de cette tumeur, dures et lardacées, avaient dérobé au tact la fluctuation ; le rein droit est enflammé, gangrené, son bas- sinet est rempli de pus , ainsi que les uretères ; la vessie est sphacelée , sans consistance, pleine d'un pus jaunâtre , épais ; elle est perforée dans sa partie inférieure, IX 162 Socièté Royale d’'Agricullure M. de Gasparin conclut de cette observation, que les saignées générales et locales , pratiquées dès le principe, eussent peut-être prévenu l'issue funeste; et il cite, à l'appui de cette opinion, un fait qui lui est particulier : un mulet affecté de pleuropneumonie, est condamné par plusieurs vétérinaires , il le fait saigner six fois en 24 heures , le laisse boire à volonté, et le guérit. de Lyon 163 ARTS UTILES. M. Braconot a trouvé le moyen d'appliquer, . Noücesurle sur tous les tissus , une couleur inaltérable LA fes par tous les agens, le savon et les alcalis ex- piment, par M. ceptés ; il emploie pour cela un sulfure jaune nd d’arsenic qui n’est pas l'orpiment du commerce, mais un mixte qu'il prépare lui-même; M. Téssier ayant vérifié le procédé du chimiste de Nancy, ena reconnu l'exactitude, et ilcroit avoir réussi à le rendre plus facile et plus économique , en fesant dissoudre le sulfure d'arsenic dans un sous-car- bonate alcalin, il opère ainsi : après avoir pris demi-once de sulfure , préparé d'avance , et une once de sous-carbonate de potasse ; il les triture ensemble dans un mortier de porcelaine , et par l'addition successive de huit onces d’eau dis- tillée, il obtient un bain un peu louche, mais parfaitement inodore ; il y mouille des échan- tillons de soie, et il les plonge ensuite dans sa lessive alcaline ; il les plonge de nouveau dans un bain acidulé par l'acide sulfurique qui, s'emparant de lalcali , reproduit , en la fixant, la couleur du sulfure; les nuances de cette couleur dépendent du nombre d'immersion dans Description d'un poële éco- nomique ; par M. Leroy-Joli- mont, 164 Société Royale d'Agriculture le bain, et de la force de ce liquide. Quand la couleur est assurée on fait sécher le tissu au grand air , et avant qu’elle soit parfaite, on le lave d'abord dans de l'eau tiède, ensuite dans de l’eau froide, et on avive, au moyen d'un peu de jus de citron qui donne à la soie ce craque- ment appelé carte ou maniement. M. Tissier a exécuté, sous les yeux de la So- ciété, la plus grande partie des manipulations indiquées , et il a fixé plusieurs nuances de jaune sur des échantillons de soie. Ce n’est pas seulement aux théories trans- cendantes des savans; mais encore aux inspi- rations de quelques personnes étrangères à toutes les théories , que les arts utiles doivent les plus importantes innovations ; c'est ainsi que le nommé Bertrand , un simple maçon , qui n’en- tendit jamais parler de Thirolier , de Desarnod, aux oreilles duquel n’est pas parvenu l'illustre nom du comte de Rumfort , a inventé néan- moins les bascules à reverbération , que l’on a adoptées avec succès. On doit encore à cet artiste illitéré un poële, moins connu que ses bascules ; mais auquel M. Leroy-Jolimont s’est chargé de donner une juste célébrité; il en avait déjà fait l’objet d’un de Lyon. 165 rapport à la Société du commerce et des arts de cette ville, au nom de la section des arts économiques , dont il était le président. Ce poële fut construit , en 1808, chez M. Tolozan ; placé dans l'épaisseur d’un mur , entre l'antichambre et la salle à manger, il fesait saillie de deux pieds et demi dans ces deux pièces, l'une et l’autre de grandes dimensions ; son tuyeau de cuivre de six pieds de haut, figurait à l'antichambre ; il se terminait en globe creux , d’un volume extraordinaire , dans l'intérieur duquel étaient deux diaphragmes en tôle se prolongeant dans le tuyau, et donnant lieu à trois conduits perpendiculaires , dont deux étaient fermés inférieurement au-dessus du foyer, et communiquaient ensemble à cet endroit ; le troisième conduit communiquait avec le foyer par l'intermédiaire d’un canal intérieur , circulant autour d'une partie de ce même foyer ; la fumée qui ne brâûlait pas dans ce canal, passait dans le conduit droit, montait jusqu’au globe terminant le tuyau, descendait par le conduit mitoyen jusqu'auprès du foyer ; elle enfilait l'ouverture qui le fesait communiquer avec le gauche ; et celui-ci, qui ne communi- quait pas avec l'intérieur du globe, aboutissait à la cheminée par où la fumée se perdait dans les airs. 166 Société Royale d'Agriculture Vers la naissance du tuyau droit était une soupape, qu’on fermait lorsque la fumée était peu sensible; on avait ménagé dans l'intérieur du poële , différens réservoirs où l'air extérieur était reçu , où il s’échauffait pour se répandre ensuite dans l'appartement, par des bouches de chaleur , dont les bords étaient frangés. Au moyen de cet appareil, le sieur Bertrand est parvenu à forcer la fumée à circuler d'abord autour du foyer, ensuite à monter perpendi- culairement , pour descendre et remonter avant de s’évanouir dans les airs; c’est dans cette longue marche qu’elle abandonnait son calorique aux appartemens. Il suffit des premiers principes de la méca- nique et de la chimie, pour voir que, d'après sa construction, ce poële devait être en partie fumivore , et que la fumée ne pouvait pas s’engorger dans les tuyaux où elle circulait. Tel était, sous le rapport économique , l'a- vantage de cet instrument , qu’il ne consommait par jour que 30 livres de bois , quoique sa base fût de 20 pieds carrés , et sa hauteur de 4. M. Eynard a été témoin de ce fait, ila vu aussi le thermomètre de Réaumur, placé dans l’an- tichambre, à 14 pieds du poële, s'élever en une demi-heure de 4 degrés à 12; et il füt monté de Lyon. 167 plus haut, si on ly eût laissé plus long- temps. Avant l'établissement , chez M. Tolozan, du poële dont il s'agit, il y en avait un autre . d’égales dimensions, et qui , pour produire le _ même effet, exigeait trois quintaux de bois, au lieu de 30 livres. M. Leroy qui , conjointement avec M, Eynard, a examiné avec soin le poële inventé par le sieur Bertrand , estime que sous le rapport du calorique répandu et du combustible employé, il est supérieur à ceux qui ont été l'objet des expé- riences faites en 1807, au Conservatoire des arts , par les ordres du Ministre de l'intérieur. M. Leroy-Jolimont vous avait, dans le cou- rant de l'année dernière, communiqué des ob- servations sur les qualités de la fécule et de la farine de pommes de terre; sur la pesan- teur spécifique de ces produits, d'après la va- riété de tubercules qui les fournit; enfin sur les différences qui les distinguent des mêmes produits, extraits des céréales et des légumi- neuses. En poursuivant ses recherches , il s'est assuré que la farine et le parenchyme de par- mentière, se composaient de molécules bril- lantes, semblables à des cristaux, ou à des Procédé pro- pre à dévoiler le mélange des farines de pom- mes de terre et de froment, par le même, 168 Société Royale d Agriculture parcelles de la gomme arabique de première qualité, tandis que les molécules de farine de froment sont ternes et opaques. Ainsi, lorsqu'on voudra voir si on n’a pas mêlé de la farine de pommes de terre, avec celle de froment , on prendra une petite quan- tité de la substance à éprouver, on l'étendra dans le creux de la main, ou sur l'extrémité de l'index , et on la soumettra à l'objectif d'une loupe ; si on aperçoit des points bril- lans, transparens , on peut dire hardiment qu’il y a de la farine ou du parenchyme de pommes de terre, dont la quantité est toujours proportionnée à celle de ces petits cristaux : ils seront plus sensibles si on les observe au soleil ou à la lueur d'un flambeau. À ce moyen d'épreuve, on peut ajouter la sensation du tact ; en effet, le maniement de la farine de froment a quelque chose de gras, d'onctueux , tandis que celle de la parmentière est sèche, et en quelque sorte sablonneuse; l'une se tasse et demeure unie lorsqu'on la presse dans les mains , l’autre s'échappe et fuit entre les doigts, quand on veut la comprimer. Le mélange des deux farines est plus difficile à reconnaître , lorsqu'elles ont subi la fermenta- tion panaire; cependant on peut le découvrir de Lyon. 169 par le moyen suivant: on prend la mie fraîche du pain soupçonné fabriqué avec ce mé- lange , on en frotte des traits de crayon noir tracés sur le papier; s’il est sali et em- pâté d'une manière remarquable, la pomme de terre est entrée dans ce pain; s'il Pest lé- gèrement on peu croire qu’on y a mis du seigle. Les faits ci-dessus sont les résultats des re- cherches auxquelles s’est livré M. Leroy, con- jointement avec M. Eynard, qui , sur l’invita- tion de M. le Maire de Lyon, avaient examiné plusieurs échantillons de farines prises chez divers boulangers. Le mélange frauduleux des deux farines , fut sans doute fréquent , lorsqu'une désastreuse in- tempérie éleva outre mesure le prix des céréales. À cette époque, M. le Maire de Lyon pria deux autres de nos collègues, MM. Socguet et Pelletier, d'analyser cinq échantillons de fa- rines soupçonnées sophistiquées ; ces deux chi- Examen de diverses farines soupçonnées frauduleuses ; parM."Socquet et Pelletier, mistes les examinèrent sous les rapports de leur aspect, de leur pesanteur spécifique , de leur lassement, de la proportion du gluten, du mode de précipitation de leur fécule dans l’eau de lavage , de la couleur, de la transparence et de la qualité de cette eau, de la qualité et des Panification du froment de Pologne, com- parée à celle du froment ordi- naire; par M. Rey-Monléan. 70 Société Royale d'Agricullure autres propriétés du pain fait avec ces farines, dont quatre étaient de première qualité, et la cinquième était ce qu'on appelle seconde ou ronde ; ils remarquèrent , 1.° que ces farines dif- féraient par la pesanteur et le tassement ; 2.° que celle qui se tassait le moins, offrait le plus grand nombre de points diaphanes et brillans; 3.° que celle qui était la plus terne offrait la plus grande quantité de gluten , et donnait le meilleur pain. Celui-ci a été le seul qui ait enlevé complettement des traces de crayon noir; c'est aussi celui qui s’est maintenu frais moins long- temps. Nos deux collègues sont portés à croire, que seul il avait été fabriqué avec de la farine de froment , sans mélange de celle de pommes de terre. D'autres espèces de farines, ont été l'objet des expériences de M. Rey-Monléan: il a voulu comparer , sous le rapport de la panification, celle du froment de Pologne, Triticum Pole- nicum , avec celle du froment ordinaire , tendre. Déjà, l'année dernière , notre collègue avait entretenu la Société de la fécondité du froment étranger ; mais il n’en avait pas encore cultivé une quantité suffisante pour pouvoir en essayer la panification ; c'est une épreuve à laquelle il de Lyon. 171 vient de se livrer , et il a panifié comparative- ment de la farine d'un froment indigène de bonne qualité. Deux décalitres de cette dernière ont fait , à la mouture , 8 livres de déchet de plus que l'autre, et les deux farines se sont trouvées égales sous le rapport de la pesanteur spécifique ; celle du froment ordinaire était plus molle, plus douce, plus blanche; elle a pris en se panifiant un tiers de plus d’eau , elle a donné un pain plus blanc, mais moins savoureux ; passée au tamis , elle a fourni une plus grande quantité de fleurs de farine ; mais aussi le reprin obtenu , s’est trouvé nul pour la panification , tandis que celui de blé dur de Pologne , soumis à la mouture, a donné une farine excellente pour la pâtis- serie; et mélangée avec celle de Bourgogne, elle a fourni un pain très-savoureux. Il y a donc compensation entre les qualités et les défauts des deux farines ; mais il reste toujours, en faveur du grain dur de Pologne, l'avantage d'une beaucoup plus grande fécon- dité , puisque chez M. Rey-Monléan , il a donné 18 pour un ; et que sans diminuer beaucoup en produits, il est facile à cultiver comme trémois; on peut enfin employer sa farine à la fabri- cation des pâtes semblables à celles de Gênes. 572 Société Royale d'Agriculture RÉCOMPENSES. DÉCERNÉES PAR LA SOCIÉTÉ. Grande mé- daille d’or dé- LEE PE Fire. cernée à M. Cherches et les méditations des vétérinaires , Sur de Gasparin, l'une des questions les plus importantes et les correspondant, 2 ; : 4 AL Jr Prote auteur dun PIUS difficiles de Pagronomie ; il s'agissait de Mémoire sur déterminer la nature et le traitement des ma- ue, mondes ME contagieuses qui trop souvent ravagent Contagieuses des bêtes à les troupeaux de bêtes à laine. Un seul mé- laine; rap- moire vous est parvenu avec cette épigraphe, porteur, M. le ; ; ë doc, Janson, Urée des Géorgiques : Dès l'année 1817, vous aviez appelé les re- Non tam creber , agens hiemen , ruit æquore turbo, Quam multæ pecudum pestes. Cet ouvrage, dont l’auteur est M. de Gasparin, votre correspondant à Orange, département de Vaucluse, vous a paru d'un mérite tellement distingué , que vous lui avez accordé votre grande médaille d'or. (1) Pourrais-je mieux en exposer le mérite, que ne l’a fait, au nom de la commission des prix, M. le docteur Janson, chirurgien-major de l'Hôtel-Dieu ? (2) « Ce mémoire, vous a-t-il dit, est divisé en (1) Elle est de la valeur de 600 francs. (2) Les autres commissaires étaient MM, les docteurs Saissy Terme, MM, les professeurs vétérinaires Raynard et Grogniere de Lyon. 173 deux parties: la première a pour objet des con- sidérations générales sur les épizooties et les contagions ; la seconde contient la description particulière de ces maladies. » » L’auteur divise les épizooties en quatre espèces , la première est, par erreur de régime, la 2. par infection, la 3.€ dépend d’un miasme, la 4. de la contagion. » » L'épizootie par erreur de régime est fré- quente chez les ruminans , parce qu'ils man- quent de cet instinct, par lequel les autres her- bivores distinguent les plantes malfaisantes ; c'est ainsi que les brebis ne répugnent point à la paille rouillée , aux renoncules, aux adonis, aux euphorbes , à d'autres végétaux caustiques, capables de causer des inflammations intestinales, qui caractérisent ce premier genre d’épizootie. » » L'épizootie par infection se communique par l'air qui introduit des principes déletères dans les voies respiratoires, ou les dépose sur les plantes ; cette infection a pour véhicule néces- saire un air saturé de vapeurs; on sait en effet, d'après les expériences de Moscati, rep- petées depuis peu par Rigaud-de-l'Isle aux ma- rais Pontins et en Languedoc , que-dans les tems où l'air est sec, il peut être respiré impunément sur les bords des foyers d'infection , qui sont les plus actifs dans les tems humides, » 174 Société Royale d'Agriculture » Dans les contrées où la température est humide et chaude, les etfluves infectes causent chez l'homme la fièvre jaune ; et selon que les climats sont plus ou moins tempérés , elles déterminent des fièvres ; ici, remitentes ou in- termitentes ; là , ataxiques ou typhoïdes , et par- tout les individus acclimatés résistent jusqu'à un certain point à l'influence de ces causes morbides; l’une d'elles donne lieu à une diathèse cachectique , d’où résulte la pourriture des bêtes à laine. » » Le corps animal, malade , devient aussi quelquefois un foyer d'infection , d'où s'échap- pent des miasmes , qui se combinent avec la vapeur humide des voies aëriennes et cutanées; mais dans ce cas l'infection ne s'étend qu'à quelques pas du foyer ; tandis qu'elle parcourt plusieurs lieues quand elle s’exhale d’un marais. » » On voit par ce qui précède que des maladies, causées par des effluves , s'étendent et se pro- pagent par les miasmes , et qu'il peut résulter de là une grande confusion dans l’éthiologie de ces maladies. » » Le quatrième genre d’épizootie, que l'auteur appelle par contagion est caractérisé par la fixité des matériaux de l'infection ; ils ne peuvent pro- duire leurs effets qu'autant qu’ils sont mis en de Lyon. 175 contact immédiat avec la peau et les membranes muqueuses. On les connaît sous le nom de virus contagieux, et toutes les maladies qu’ils forment ont pour caractère général la faculté de se com- muniquer par le contact. Elles présentent trois types bien tranchés , qui en font trois ordres dis- tincts. Les unes sont de courte durée et se termi- nent spontanément, telle est la variole; les autres ne présentent aucune gravité à leur début , et ce n’est qu'après un certain laps de temps qu'eiles prennent un caractère fâcheux ; abandonnées à elles-mêmes , la mort les termine. Telles sont la siphilis , la morve et l'hydrophobie. Les troisièmes restent long-temps stationnaires et ne mettent la vie en danger, que parce qu'elles donnent lieu à de longues souffrances et à des lésions locales ; tels sont le ptiriasis , la gale, le piétain. » » Quoique tous les virus ayent la faculté de se reproduire , ils n’ont pas toujours des virus pour origine ; c’est ainsi que la morve, la rage , le charbon peuvent se développer spon- tanément dans un animal , et être transmis ensuite , par voie de contagion , à d’autres individus , souvent même d'espèces différentes. » » Selon les rapports sous lesquels on consi- dère les virus, on peut établir plusieurs es- pèces de contagion, » 176 Socièté Royale d’'Agricuilure » Sous celui de la susceptibilité des organes , on voit que les uns ne se communiquent point par la peau recouverte de l’épiderme , tels sont le virus morveux , et le siphillitique ; que d'autres n'ont aucun effet sur les membranes muqueuses, et ne paraissent agir que sur la peau, tels sont les virus charbonneux , psorique, variolique. » » Sous le rapport du mode de communication, on a remarqué ce qui suit : le charbon est con- tagieux pour tous les animaux ; la variole se communique seulement entre quelques espèces ; celle de Phomme ne peut être transmise à aucun animal ; celle de la vache peut l'être à tous; celle du mouton , à l'homme et à la vache; la siphillis peut se communiquer par voie de con- tagion , à presque tous les animaux ; la morve, aux seuls solipèdes ; la rage , aux carnassiers, et jamais par les herbivores ; enfin, la gale ne passe que difficilement d'une espèce à une autre. » » Toutes ces différences dans les virus en font des êtres tellement distincts qu'il est difficile de les renfermer dans un seul câdre , et qu'on est réduit à les étudier isolément. Cependant, comme ils ont entr'eux des analogies et des différences marquées , on peut en former plusieurs groupes.» » Dans le premier, seraient comprises les af- de Lyon. 177 fections varioliques et les aphteuses ; les unes et les autres se communiquent par l’inoculation, présentent des simptômes analogues , et ont à peu près la même durée et la même termi- naison. » » Le second groupe comprendrait la siphillis et la morve, maladies dont la contagion a lieu par les surfaces muqueuses, et qui produisent des phelgmasies , des ulcérations , des engorgemens glandulaires , des tumeurs osseuses , la roideur des articulations, etc. » » Le troisième groupe serait encore plus na- turel, il comprendrait le piétain, le phtiriasis et la gâle, maladies qui paraissent causées par un animalcule placé sous la peau. » » Les bêles à laine communiquent ensemble à l'abreuvoir , aux pâturages, aux marchés ; on préviendrait, dans les circonstances d'épi- zooties contagieuses , les suites de cette com- munication , si on exécutait les dispositions lé- gislatives et les règlemens de police relatifs à la séquestration et à l'isolement des bêtes in- fectées. » » Les maladies contagieuses ne se commu- niquant pas , comme les miasmatiques, par l'air ambiant , les fumigations oxigénées ne pro- duiraient sur elles aucun effet; c'est sur les 12 178 Société Royale d'Agriculture corps qui environnent les malades, qu’il faut attaquer les principes contagieux ; et pour le faire avec succès, on lavera tous les bois de l'écurie, d'abord à l'eau bouillante, ensuite à l'eau de lessive; on employera des acides ou des alcalis étendus , on blanchira les murs, à l'eau de chaux, on renouvellera les pavés, etc. » » Après avoir établi des considérations rela- tives à tous les animaux domestiques, M. 4 Gasparin s'occupe de la physiologie des moutons ; et à cet égard, il fait observer que les organes des sens et les sensations présentent, sous le rapport du développement et de l'activité, des différences remarquables dans les diverses es- pèces d'animaux ; c'est ainsi que chez les pachidermes et les carnassiers, le sens de l'o- dorat l'emporte sur les autres ; que chez les quadrumanes , c’est celui du goût; chez les oiseaux, celui de la vue; et dans l'espèce hu- maine , c’est le tact qu'on pourrait appeler le sens philosophique par excellence. Pour ce qui concerne le mouton , on observe que la vue est mauvaise , l'odorat obtus, le goût si imparfait, qu'il ne prévient pas des empoisonnemens , mais l'ouie, organedelacrainte et des affections douces, jouit d’une exquise sensibilité. » » Chez cette espèce faible et timide, tout de Lyon. 179 est disposé pour empècher la déperdition de la chaleur naturelle; c’est au point que le corps d'un mouton, dont le volume est à peu près le tiers de celui d'un homme, dégage, d'après les expériences de l’auteur , sept fois moins de calorique. » » La faiblesse vitale de cet animal s'explique par la ténuité des colonnes charnues du cœur, la petite quantité de sang renfermé dans l'appareil circulatoire, la légèreté de l'ossature , la débilité des muscles, la froideur, l'imperceptibilité du rut , le développement du foie, des autres organes digestifs, de la peau et du système symphatique. ». » Il résulte de cette idiosyncrasie , la fréquence de la pourriture, du claveau , du tournis, des autres maladies qui envahissent les organes, dans lesquels la vie est, en quelque sorte, concentrée, Il en résulte encore que la thérapeutique de ces animaux doit moins consister en médicamens internes, qu'en révulsifs appliqués sur les tissus qui jouissent des propriétés vitales, au plus haut degré. » » Si l’on étudiait avec le même soin l'ana- tomie et la physiologie des autres espèces do- mestiques , on pourrait démontrer que le siége du plus grand nombre de maladies réside, chez les solipèdes, dans les systêmes bronchique et 180 Socièlé Royale d'Agriculture cellulaire; chez le bœuf, dans les poumons; chez les carnassiers, dans le système sanguin , chez l'espèce humaine, dans le système nerveux.» » Enfin, la physiologie pathologique nous ayant appris que chez tous les ruminans malades, la rumination étant suspendue , les alimens or- dinaires ne sont plus suffisamment imprégnés de salive, et doivent par conséquent être rem- placés par une nourriture plus substantielle. » » La seconde partie de l'excellent travail que nous analysons, contient la description parti- culière des maladies contagieuses des bêtes à laine, et chacun des articles qui composent ces monographies , est souvent enrichi de faits de pratique recueillis par l’auteur; la manière dont il décrit le charbon est neuve; elle décèle de grandes connaissances , et le génie de l'observation. » » Il est peut-être le premier qui, ayant ap- pliqué à l'art vétérinaire les nouvelles doctrines médicales , établisse que les affections charbon- neuses, sont moins des maladies particulières, que les phénomènes d'une phlegmasie abdomi- “nale, d'une véritable gasfro-entérite , qu'il divise en quatre espèces. » » La première, qu'il nomme gas/ro-entérite sans éruption , n'est pas contagieuse; elle n'attaque que les bêtes jeunes et débiles ; elle ne s'an- de Lyon. 181 nonce par aucun symptôme précurseur, et se manifeste par de violentes douleurs néphrétiques, par la fièvre, la couleur noire de la langue. L'animal meurt en quelques heures, et avant qu'on ait pu lui porter des secours. » » La 2.€ espèce de charbon est /a gas/ro-entérite gangreneuse avec erysipèle ; moins grave que la précédente , elle est rare dans nos contrées, et contagieuse dans les pays chauds; elle est dé- signée, par les auteurs vétérinaires , sous le nom d'érésypèle gangreneux , proprement dit. » » La 3. espère est la gaslro-entérile gan- greneuse, avec infillration sous cutanée ; c'est ce qu'on appelle communément charbon blanc : maladie qui ne peut être contagieuse , que par l'humeur corrosive qui découle des phlictènes qui en constituent le principal caractère; elle attaque la tête du mouton, produit des vertiges, des convulsions, et souvent la mort dès le 2° ou le 3.° jour, » » La variété de cette espèce, à laquelle on a donné le nom de pustule maligne , nous a paru traitée trop superficiellement ; l'auteur n'a pas profité du mémoire de Thomassin, surtout du beau travail de MM. Henaux et Chaussier , et il a passé sous silence cette espèce de pustule maligne, non contagieuse, observée et décrite pour la première fois par M. Baile. » 182 Société Royale d Agriculture » La quatrième espèce de charbon, est la gastro-entérite, glossanthrax, qui siége dans la bouche ou sur la langue, s'annonce par des phlictènes, une fièvre ardente, des douleurs intenses , par tous les signes d’une violente in- flammation intestinale. » » Ïl est une maladie contagieuse beaucoup plus fréquente que le charbon, parmi les bêtes à laine, c'est le claveau , ou variole L'auteur décrit cette affection avec étendue , il en déter- mine le mode d’invasion , les symptômes, tant généraux que locaux , la marche et les termi- naisons diverses ; il prouve l'identité de ces phénomènes , avec ceux de la petite vérole de l'espèce humaine; il distingue 4 espèces de claveau : le régulier benin , l’inflammatoire , l'irrégulier et le cachectique ; il pense que la maladie ne peut se communiquer qu'au moment de la desquammation , lorsque les croûtes tom- bent: sur les plantes que les moutons pâturent; il combat l'opinion de ceux qui pensent que le claveau peut se développer spontanément ; il regarde la clavélisation comme le meilleur pré- servatif, et il indique les cas où il convient de s'en abstenir; il fait connaître les meilleurs procédés chirurgicaux, et il rejette les vesica- toires comme très-incertains. Ce qu'il dit sur de Lyon. 183 le traitement prophilactique et curatif du claveau, paraît très-judicieux et se dérobe à l’analyse. » » La fièvre muqueuse des moutons, que M. de Gasparin appelle aphto-ungulaire , est beaucoup moins grâve que la précédente, et elle n’attire l'attention qu'à cause de l'étendue de pays qu'elle envahit quelquefois ; elle s’an- nonce par le développement d'ampoules inflam- matoires , d'où s'échappe une humeur âcre, qui corrode les lèvres , l'intérieur de la bouche, des naseaux, et l'interstice des ongles dont elles causent la chute. L'auteur balance les opinions contradictoires émises sur la propriété conta- gieuse de cette aflection , et il se prononce pour l’affirmative; il pense que son traitement doit être hygiénique plutôt que médical. » » Il trace l'histoire de la gale avec le dis- cernement et l'érudition bien choisie, dont il avait donné des preuves dans les autres parties de son ouvrage. En parlant des moyens curatifs, il dit que les uns sont incertains, comme la graisse, le sel marin ; d'autres dangereux, telles que les préparations mercurielles, arsenicales, saturnines : préparations qui ont produit quel- ques fois de grands ravages, chez un animal dont le système lymphatique est si déveluppé et joue un si grand rôle, L'auteur ayant traité 184 Société Royale d'Agriculture un troupeau de mérinos, par ces méthodes, guérit toutes les mères et vit périr la plupart des agneaux. » » Enfin, les moyens antipsoriques, les plus sûrs et les plus économiques , lui ont paru être les lotions et les fumigations des plantes stu- péfiantes et vireuses ; telles que le tabac, l'ellé- bore, le stramonium , la jusquiame. » » M. de Gasparin décrit ensuite le piétain, maladie peu connue des anciens, dont la con- tagion n'a été constatée que depuis l'introduction des mérinos en France, et le mémoire de M. Pictet. Le symptôme apparent de cette maladie est la claudication, et le caractère essentiel, un petit abcès apercevable , à travers la corne, sur la face interne de l’onglon; elle diffère du panaris ordinaire par la propriété contagieuse , et la cause prochaine qu'on croit être un petit animalcule analogue à la chique américaine, qui, s'attachant aux pieds des nègres, cause à peu près les mêmes ravages ; le traitement le plus efficace de cette maladie, est celui qu'’in- dique M. Morel de Vindé; il consiste à instiler dans le dépôt quelques gouttes d’acide nitrique. M. de Gasparin a obtenu aussi de bons succès d'une pâte composée d’acétate de cuivre et de vinaigre. » de Lyon. 185 » Les dartres, la teigne n'ont fourni à l’auteur aucune réflexion importante , il considère ces maladies comme peu graves et d’une facile guérison ; il en est de même de la maladie pédiculaire ou phtiriasis, que la tonte guérit quelquefois. » » Quant à la rage, comme c’est une ma- ladie qui affecte d’une manière spéciale les car- nivores, l'auteur a sans doute pensé qu'elle n'entrait pas dans son sujet , et il n'a consacré que quelques lignes à cette terrible maladie ; il ne s'est pas non plus beaucoup étendu sur la des- cription du muguet des agneaux; et de la morve des brebis. On pourrait signaler dans son travail d'autres lacunes ; on y eût désiré un plus grand nombre de faits de pratique , plus de dévelop- pement dans l’exposé des méthodes de traite- ment; mais ces défauts sont rachetés par tant de genres de mérite ; on trouve dans l'ouvrage tant de descriptions exactes et sévères , de rap- prochemens ingénieux, tant d'érudition bien choisie, on y suit avec tant de fidélité la véri- table méthode philosophique, qui seule peut conduire à la perfection des sciences naturelles ; cet ouvrage, enfin, offre un mérite de style si remarquable , que la Commission a cru devoir proposer de décerner à l'auteur la palme du concours. » Prime de 100 fr., décernée à madame Lor- fet, pour la cul- ture du pavot, comme plante oléifère ; rap- porteur M. le colonel de Martinel, 186 Société Royale d'Agriculture Cette conclusion ayant été adoptée, le billet joint au mémoire a été ouvert, et il a offert le nom de M. de Gasparin, ancien officier de cavalerie , élève de l'École Vétérinaire de Lyon, membre de l'Académie du Gard, de l'Athénée de Vaucluse, de la Société de Bruxelles, correspondant de la Société d’agricul- ture de Lyon. Sur un assez grand nombre de primes d’en- couragement proposées, vous avez crû ne devoir en décerner que deux ; l’une à madame Lorte!, pour la culture du pavot ( papaver somniferum ), comme plante oléifère ; l'autre à M. Pidancet, pour des observations relatives aux insectes ennemis des vignes. C'est d'après un rapport favorable de M. le colonel de Martinel, que vous avez distingué madame Lortet, propriétaire à Bonand, com- mune d’Oulins. Cette dame cultivait, depuis plusieurs années, le pavot en petite quantité; ayant eu connaissance du programme de la Société, elle s'empressa d'en remplir les con- ditions, et pour cet effet, elle couvrit de la plante oléagineuse recommandée , un espace de plus d'une bicherée lyonnaise, (le 8-%° d'un hectare ). La mensuration de ce champ fut de Lyon. 187 faite, les plantes sur pied, par MM. le colonel de Martinel et Grognier, commissaires ad hoc Madame Zortet remit à nos deux confrères une note sur ses opérations et leurs résultats ; elle y dit avoir récolté en 1818, sur environ une demi-bicherée , (le 16.€ d'un hectare }, 60 livres de graines de pavot, qui lui rendirent 20 livres d'huile ; ces graines avaient été chauflées après leur écrasement au moulin; elle ajoute qu'en 1819, elle sema une livre et demi de graines sur une bicherée lyonnaise ; aussi la Commission a remarqué que les pieds de pavot étaient suff- samment rapprochés, et que tout annonçait une belle récolte ; elle le fut réellement , puisque son produit a été plus que double de celui qu’on avait précédemment obtenu, dans un espace moins considérable de moitié. Madame ZLortet continue cette culture, en la fesant succéder à celle des céréales. Organe de la Commission des prix, M. Rey- D Monléan vous a fait connaitre l'unique ouvrage, à M. Pidancet, présenté au concours, sur les insectes nuisibles auteur d’un mé- à la vigne; l’auteur en distingue de cinq espèces; 0 pts: la fausse teigne ou ver du printemps , la fausse bles à la vigne; teigne ou ver d’automne, le ver coquin, le rapporteur, M. ; 5 Rey-Monléan, limaçon et la pyrale. Il les décrit exactement, 188 Société Royale d'Agriculture il signale leurs ravages , et il indique comme préservatifs des moyens trop connus, surtout trop peu efhcaces pour mériter d’être rapportés; mais il cite un fait qui jusqu'ici était ignoré, et dont on peut tirer d'utiles conséquences ; c’est que la partie des ceps que la neige recouvre, est toujours exempte d'insectes , et que ces ani- malcules destructeurs se réfugient principale- ment sous les mousses, les lichens, les vieilles écorces qui, trop souvent, tapissent les ceps ; ces dernières observations ont parues à la Com- mission assez importantes pour mériter à leur auteur une mention honorable, et le don d’une médaille d'argent à l'effigie de BRozier. Ces conclusions ayant été accueillies unanimement, le nom de l’auteur du mémoire a été proclamé c'est M. Pidancet, régisseur de la terre de l'Écluse. de Lyon 189 DÉSIGNATION DES AGRICULTEURS LES PLUS RECOMMENDABLES DE L'ARRONDISSEMENT DE Lyon. Chargé de désigner à S. E. le Ministre de l'intérieur , les agriculteurs qui ont des droits aux récompenses annuelles qui doivent être distribuées pour l’encouragemeut de l’économie rurale, M. le Préfet du Rhône vous a con- sultés sur les agriculteurs qui, dans l’arrondis- sement de Lyon, paraissent avoir le plus con- tribué aux progrès du premier des arts; vous avez cru , Messieurs, devoir borner à trois noms la liste qui vous était demandée, et vous y avez inscrits MM. Ras/-Maupas , Cochard et Billon. M. Rast-Maupas est le doyen des agronomes du département ; contemporain des Fiozier, des Latourrette, des Poivre, des Gilibert, il appartenait à l’ancienne Société d'agriculture, et il accourut le premier pour en relever les ruines. On le vit, presqu’en même tems, membre du conseil-général, du conseil de commerce, du jury de l'École vétérinaire, et de l'administration de la pépinière départementale ; partout il a Travaux de M. Rast-Mau- pas. 190 Société Royale d'Agriculture déployé de grandes connaissances , une expé- rience consommée , la plus active philantropie. Bien convaincu que l'introduction des végé- taux utiles ou agréables est un bienfait public, il établit, dans son domaine d'Eculy , un riche jardin de naturalisation ; c’est là que, dans notre province , ont fleuri pour la première fois le müûrier à papier de la Chine ( #roussonnetia papirifera ), le vernis du japon ( aylanthus glandulosa ), le bonduc ( gymnocladus cana- densis ), le cirier de la Louisianne ( #yrica cerifera ), le lin de la nouvelle Zélande { phormium tenax ), Varbre au quarante écus ( gincgko biloba), le noyer pacanier ( juglans olivæformis ), le müûrier rouge femelle , ( m0rus rubra fœminea, ) et une foule d'autres arbres qui, par les soins de notre respectable confrère, ont cessé d'être étrangers parmi nous. Déjà ils se répandent non-seulement dans le Lyonnais, mais encore dans les provinces voisines. Non content d'introduire des arbres précieux, M. Ras! a cherché les moyens de fixer les bonnes variétés de ceux que nous cultivons depuis long- temps; le résultat de ses recherches a été la découverte d'une greffe ingénieuse, connue de tous les agronomes , sous le nom de greffe Maupas , et celle d'un grefloir de platine adapté de Lyon. Ig1 aux arbres, dont la sève est saturée d'acide gallique. Les agronomes ont, pareïillement accueilli son projet de former des avenues perpétuelles, en les composant d'arbres d’essences diverses qu'il a désignés avec sagacité. Ceux qui s'occupent d'œnologie ont apprécié le moulin qu'il a inventé pour écraser le raisin avant de le jeter dans la cuve, moulin décrit et gravé dans le dernier Compte rendu des travaux de la Société. On lui doit encore l'invention d'un bateau insubmersible et inchavirable, qui a été l'objet d'une expérience authentique. Je ne rappellerai point les observations agro- nomiques , dont les résultats consignés dans vos registres , ont été annoncés dans les précé- dentes notices de vos travaux. Mais en exposant les titres de M. Rast à l'estime et à la munificence du Gouvernement, dois-je passer sous silence les services que dans sa longue et honorable carrière, il a rendus au commerce et à l’industrie lyonnaise ? C'est lui qui a établi dans nos murs la condition publique de la dessication de la soie ; condition sans laquelle le commerce était sans garantie contre le mélange, l’altération de cette Travaux de M. Cochard. 192 Société Royale d'Agricullure malière première, contre la cupidité des mar- chands , et l'infidélité des agens subalternes. Qui ne sait combien a concouru au dévelop- pement de l’industrie lyonnaise , l'établissement fondé par M. Rast-Maupas ? Cet industrieux philantrope a inventé encore un procédé pour peindre et dorer l’étofle à la manière des chinois , procédé qui fut déposé Le 4 prairial an 7, au Conservatoire des arts, qui le déclara honorable pour l'industrie française. Considéré comme agronome, introducteur de végétaux étrangers, et comme manufacturier, fondateur de la condition des soies ; peu d'hommes, dans nos contrées, ont plus de titres à la munificence du Gouvernement, que notre respectable doyen. M. Cochard, qui remplit au moment actuel le fauteuil de la Société, a été initié dans les secrets de l'agriculture par notre illustre Rozier, dont il fut l'ami avant d'en devenir le neveu; héritier d'un vignoble qui avait été le théâtre des améliorations du plus habile des œnologues, M. Cochard a suivi les erremens de son pré- décesseur , et il a propagé par ses conseils et ses exemples, de bonnes méthodes sur la cul- ture de la vigne et l'art de faire le vin. On de Lyon, 193 lui doit l’asage de greffer les ceps, de retarder les vendanges , surtout pour les vins fins, dits de Condrieu , et il a appris à gouverner les cuves et les tonneaux de manière à éviter que ces vins ne poussent. Il a planté dans ses domaines un grand nombre d'arbres à fruits, principalement le châtaigner marronnier qui était devenu extrêmement rare à la suite de l'hiver de 1789. Son exemple n'a pas été perdu pour ses voisins, et il a vu replanter autour de lui cet arbre dont le fruit, connu sous le nom de marron de Lyon, est renommé dans la France entière. Le premier magistrat du Rhône n'avait pas encore fait un appel aux agriculteurs du dépar- tement, en faveur des mûriers, que déjà M Cochard avait recommandé vivement à ses voisins la plantation de ces arbres précieux. Il est l’auteur d'une amélioration plus im- portante : le premier de son canton, il a cul- tivé l’esparcette ( kedysarum onobrychis ), sur des côteaux arides, jusqu'alors pour ainsi dire improductifs. Depuis l'introduction de cette riche légumineuse , on voit dans le canton de Ste- Colombe des troupeaux plus nombreux et des terres plus fertiles. Non content d'avoir accéléré par ses conseils 13 Sur les tra- vaux de M. Billon. 194 Societé Royale d Agriculture et ses exemples les progrès de l'agriculture ; M. Cochurd a déposé de belles idées sur ce premier des arts, dans plusieurs statistiques qu'il a publiées à diverses époques ; nous lui de- vons celles de Condrieu, d'Ampuis, de Ste- Colombe, de St-Cyr, de St-Romain-en-Galles, de Loire, etc. Il vient de faire paraître une savante notice sur Lyon, où l'on trouve de précieuses notions sur des agronomes qui prirent naissance dans nos murs, et nous attendons avec impatience l'histoire complette qu'il nous a promise du commerce lyonnais, depuis les tems anciens jusqu’à nos jours. Le commerce et l'agriculture se lient par des rapports si étroits et si nombreux, que l’histoire de l'un est pour ainsi dire celle de l’autre; aussi lou- vrage annoncé sera-t-il, pour les agriculteurs, un présent d'autant plus beau, qu’il sortira .de la plume d'un homme plus versé dans les sciences agronomiques. M. Billon ne vous appartenait pas encore, lorsque vous lavez signalé au Gouvernement comme l'un des meilleurs agronomes de l'ar- rondissement de Lyon. Destiné au commerce, il fut entraîné vers l'agronomie par un attrait irrésistible. Doué de Lyon. 195 d’une activité extraordinaire , il put mener de front les soins de son négoce et l'administration de ses domaines; dès sa première jeunesse, il lisait dans son comptoir des livres agronomiques, et bientôt il eut occasion d’en appliquer quelques principes, sur un terrain de peu d'étendue, Après ces premiers essais il acheta, en Dau- phiné , un domaine de 100 hectares, qui n’était aflermé que 1,200 francs, et dont le fermier s'était ruiné; il y introduisit un assolement de douze ans, en couvrit la moitié de prairies artificielles, et au bout de quelques années il en tira un produit net de plus de 7,000 fr. ; il y planta plus de dix mille pieds d'arbres, tels que noyers, müriers, etc. , tous élevés dans ses pépinières : c'était au commencement de la révolution. Le directoire départemental de l'Isère le signala comme le plus habile agri- culteur de ce département, La révolution ayant pris un caractère déma- gogique , les arbres de M. Billon furent coupés, ses animaux requis, ses terres dévastées; il vendit son domaine , et il alla chercher un asile contre les fureurs de l'orage. Au retour du calme :il sentit renaître son goût pour l’agriculture, et il acheta un do- maine à Grigny, commune du Rhône, à trois 196 Société Royale d'Agriculture lieues de Lyon ; la contenue en est de 50 hec- tares , le sol sablonneux; le trètle n’y réussit pas, mais la luzerne y vient passablement ; cette légumineuse y a été établie comme pivot d’une rotation de douze ans. Après six ans de végétation, on a défriché le sol , qu’elle a enrichi, et au moyen de plantes enfouies, on a obtenu six belles récoltes d'avoine, de froment, de seigle , de colzat , de pommes de terre, d'orge; indépendamment des récoltes intércallaires de sarrazin et de raves. Ces produits obtenus, la luzerne a été rétablie pour six autres années. Ce domaine était sujet, dans une grande partie de son étendue, aux inondations de deux torréns impétueux , qui déposaient sur leurs bords du sable et du gravier; M. Billon a opposé à ces torrens une digue de pierre en dos d'âne, de 140 mètres de longueur ; il en a ainsi élevé les eaux à une hauteur sufhsante , pour arroser deux hectares d’un sol jusqu'alors stérile, qui s’est changé en prairies , s’'améliorant de jour en jour. Pour féconder ce terrain , l’habile agriculteur l'a divisé en plusieurs compartimens, entourés de chaussées de terre plus ou moins élevées , suivant le niveau du sol ; ces chaussées retiennent les eaux des inondations, qui, en filtrant, déposent cette espèce de vase fertilisante de Lyon. 197 appellée manne , que les rivières charrient quand elles ont grossi. Il a jeté, sur l'un de ces torrens, un pont de bois très-solide; il a par ce moyen établi une facile communication entre deux parties de son domaine, qu’il peut parcourir en tous temps, sans être obligé, comme autrefois, de faire de longs détours. Il y a environ deux ans que ces travaux ont été exécutés, et déjà leurs frais sont couverts. Dans ce domaine, vient d'être montée une machine à battre le blé , d’après un modèle que M. Frèrejean a apporté d'Angleterre ; et Pon s'est assuré qu'à l’aide de cet instrument , on peut, avec quatre chevaux, battre en un jour cent doubles décalitres de blé. La plantation de plus de mille pieds de mûriers a mérité à M. Billon, l'un des prix que M. le Préfet du Rhône a décernés dernierement. Poursuivant avec zèle ce genre d'amélioration , il a monté une magnanerie d’après les principes de l'illustre Dandolo , et déjà il a obtenu à Grigny, de quatre onces de graines, quatre quintaux d'excellens cocons. Des müûriers et des vignes couvrent au moment actuel , dans ce même do- maine , des sols qui ne produisaient auparavant que des bruyères et des genets. Désignation des candidats, pour la corres- pondance du conseil général d'agriculture, 198 . Sociélé Royale d'Agriculture M. Billon a acquis, il y a cinq ans, un autre domaine, de 8v hectares , dans la partie de Bresse qu'on nomme pouilleuse ; les terres y sont ar- gilleuses , tenaces , épuisées ; la luzerne n'y vient pas, et le trèfle ne s’y montre que sur les ver- chères , terrains voisins des habitations où l’on porte tous les engrais de la ferme. C'est dans cette ingrate contrée, que M. Billon a fondé un assolement de huit ans, dont le trèfle est le pivot ; il y a introduit l'usage de charrier, à mesure qu'ils sont produits, les fumiers dans les champs , en donnant aux plus stériles la plus grande dose d’engrais ; il y a établi sa machine à battre le blé; il vient d'y cons- truire une fosse à fumier liquide , de 16 mètres de longueur, et d’une largeur presque égale. Déja il a recueilli le fruit de ces belles amé- liorations , et l’avenir lui promet des résultats plus avantageux encore. La Société n'avait pas encore signalé à l’es- time et à la munificence du Gouvernement, MM. Ras!-Maupas, Cochard et Billon, lors- qu'elle fut invitée, par M. le Préfet, a dé- signer des candidats, sur lesquels le Ministre devait choisir des correspondans du conseil général d'agriculture. Cette liste se trouva dif- de Lyon. 199 ficile à former, non que la Société ne pos- sédât un grand nombre de propriétaires ca- pables de correspondre avec le conseil d'agri- culture ; mais ils ne se croyaient pas en général, placés dans des circonstances favorables à l'exer- cice de ces fonctions ; aussi deux seuls d’entr'eux ont accepté cette candidature, MM. Mognat- de-l Ecluse | maire de St-Jean-d'Ardière, près Belleville , et Rieussec, conseiller honoraire de la Cour royale, propriétaire à Tassin , près Lyon; sur ces deux candidats, M. de lEcluse a été nommé. Notice sur M. de Chavan- nes. 200 Société Royale d'Agriculture NÉCROLOGIE. Depuis que vous êtes dans l’usage de pré- senter au public la notice annuelle de vos tra- vaux, vous êtes fidèles à y consigner l'expres- sion des regrets que vous laissent ceux de vos confrères que la mort vous ravit; mais les membres de la société qui, avant l'établissement de cet usage, ont terminé leur carrière , atten- dent encore le tribut que vous devez à leur mémoire. C'est ce tribut sacré que M. Cochard a payé à M. le docteur de Chavannes. Il vous a lu, sur cet homme recommandable , une notice étendue ; puissai-je, en l’abrégeant , ne pas trop en afloiblir le mérite ! M. Claude-Marie-P hilibert de Chavannes naquit à Villefranche en 1754. Il étoit encore en bas âge quand il perdit son père: son éducation fut dirigée par sa mère et par son oncle, le curé de Thisy. Après avoir terminé ses études classiques, il se rendit à l'Ecole de Montpellier; il y fut distingué par lillustre Barthés, et il se lia d'une tendre amitié avec le sage et savant Lamure. Jusqu'à la fin de sa vie, il porta dans de Lyon. 201 son porte-feuille la silhouette de son respectable ami. Il reçut le bonnet en 1775, et aulieu de se livrer à la pratique, il continua ses études de théorie, fréquenta les hôpitaux , suivit dans leurs visites les médecins renommés. Devenu praticien, la plupart de ses malades furent des pauvres, parce que disait-il : les. riches ne manquent jamais de médecins. En 1786 , il fut adjoint au médecin de l'Hotel-Dieu de sa ville natale , qui était mal partagé des biens de la fortune. Le jeune docteur fit gratuitement tout le service, et quelque temps après, son chef s'étant retiré, il lui succéda en lui abandonnant la totalité du traitement. Pendant l'hiver désastreux de 1789, une société philantropique se forme à Villefranche, le docteur de Chavannes en est un des mem- bres les plus charitables; et il est chargé de traiter tous les malades de la ville hors d'état de payer des visites de médecin. Nommé, à la même époque, officier muni- cipal de cette ville , il achète de ses deniers différens édifices qu'il consacre généreusement à des services de bien public. Appelé à l'administration du district, il ne 202 Société Royale d'Agriculture quitte point ce poste à l'effroyable époque de 93, parce que, disoit-il , ce n'est point au milieu des tempêtes que les gens de bien doivent déserter le vaisseau de l'état. Il se sert de son influence pour arracher des vic- times à la rage révolutionnaire : M. le baron de la Chassaigne lui doit la vie. L’horrible démagogie augmentant tous les jours de puissance, M. de Chavannes est ac- cusé de modération, il est destitué , et il va se cacher dans la capitale ; ne s'y trouvant pas en sûreté, il se réfugie aux armées, et il devient médecin de celle de la Moselle. Les hopitaux de cette armée sont dénués de tout, il y introduit l'usage des végétaux indigènes ; il donne ses chemises pour panser les blessés ; il ouvre sa bourse pour fournir une bonne nourriture aux convalescens, il contracte, dans l'exercice de ses fonctions, une maladie cutanée opiniâtre et dégoûtante. Bien convaincu du désintéressement de M. le docteur de Chavannes , le directoire dépar- temental de la Moselle lui confia la mission de visiter les réquisitionnaires réclamant l'exemp- tion pour infirmités; et le témoignage de l'estime publique fut l'unique salaire d’un long et pénible travail de Lyon. 203 En l'an 5, il quitta l'armée, emportant les regrets de ses supérieurs et de ses cama- rades. Il fut peu de tems après appelé au directoire du département du Rhône. Les cir- constances étoient à cette époque difficiles et délicates, M. de Chavannes , eut besoin de toute sa prudence et de toute sa fermeté, il en eut besoin encore sous le gouvernement consulaire, qui le nomma conseiller de préfecture. MM. de VWerninac et de Puzy, préfets du Rhône, rendirent témoignage du caractère et de la conduite administrative de M. de Chavannes. Il fut inscrit sur la liste de l’Académie, et sur celle de la Société d'agriculture , au mo- ment même où ces deux Sociétés savantes reprirent le cours de leurs travaux ; il an- nonça les deux tributs qu'il leur destinait. L’un, étoit un mémoire sur l’activité des poisons ; l'autre, un recueil d'expériences sur la conser- vation du vin. Une maladie funeste ne lui permit pas de mettre la dernière main à ces deux ouvrages. Il se retira à la campagne ; mais rien ne put arrêter l'affection cruelle qui le mena lentement au tombeau. Sentant sa fin approcher, il écrivit à M. Cochard, son ami , une lettre touchante, où sont exprimés les sentimens les plus purs de la morale reli- Notice sur M. Gohier, 204 Société Royale d'Agriculiure gieuse. Il légua ses biens aux hôpitaux de Lyon et de Villefranche, et il mourut le 13 mars 1804. M. Jean-Baptiste Gohier , professeur à l’école royale d'économie rurale et vétérinaire de Lyon, membre des Sociétés d'agriculture et de médecine de la même ville, correspondant de la Société royale et centrale d'agriculture séante à Paris, et de celle de médecine-pra- tique de Montpellier, était né en 1776, à Branges , village de l'ancienne Picardie, au- jourd'hui dans le département de l'Aisne. Son père avait servi long-tems en qualité de ma- réchal-ferrant dans un corps de cavalerie, et il étoit rentré honorablement dans son vil- lage avec un double chevron et une petite pension de retraite. Le jeune Gohier fut destiné à la profession de son père, le curé de Branges lui ayant reconnu des dispositions pour l'étude, lui donna quelques leçons, et obtint pour lui en 1795 une place gratuite d'élève à l'école d'Alfort. L'ardeur de la science peut suppléer chez un jeune homme éminemment laborieux, une éducation première. Aussi vit-on à Alfort M. de Lyon. 205 Gohier remporter des prix, obtenir la place de répétiteur , et la remplir avec distinction. En 1799, ses études furent terminées, et aulieu d'aller exercer son art, il fut jeté par la conscription dans un corps d'infanterie. Heureusement, qu’il ne tarda pas à être ré- clamé par le colonel du 20.° de chasseurs à cheval , qui l’attacha à son régiment comme vétérinaire , et conçut pour lui une estime toute particulière. M. Gohier s'en était rendu digne par beau- coup de zèle, une assiduité rare, et une grande sagesse de conduite. Pendant trois ans qu'il resta dans ce corps, il recueillit des obser- vations de clinique dont il publia dans la suite les résultats. IL vint en 1802 à l'école vétérinaire de Lyon, pour y disputer la chaire nouvellement créée de maréchallerie et de jurisprudence-vétéri- naire. Le concours, ouvert à Lyon, se ter- mina à Paris, et M. Gokier en revint avec le titre de professeur. Depuis longues années, les cours théoriques de maréchallerie étaient tombés en désuétude à l'école de Lyon, M. Gohier eut le mérite de les restaurer ; on n’y avait jamais enseigné, par principes, la jurisprudence vétérinaire ; 206 Sociélé Royale d'Agriculture notre colléoue institua cette partie d'enseigne- ment. Après l'avoir professée pendant sept ans, il demanda et obtint la chaire de M. Hénor , qu'une mort funeste venait de nous ravir, et il se montra digne d'un tel prédécesseur. En sollicitant cette place, pouvait-il prévoir qu’il succomberaït un jour à une affection sem- blable à celle dont M. Hénon a été la victime ? Ce dernier fut conduit au tombeau par une lésion organique de l'estomac, suite d’un acci- dent qu'il éprouva dans l'exercice de ses fonc- tions. M. Gohier contracta la même maladie par l'effet d’un opiniâtre travail de cabinet; ne peut-on pas les considérer l’un et l’autre comme des martyrs de leur profession ? Peu d'hommes furent plus laborieux que M. Gohier : tout entier à l'art difficile auquel il avoit voué son existence, il ne connut ni les plaisirs ni les délassemens de la société, ni le moindre repos; le tems que lui laissaient les fonctions de sa chaire, il l'employait à recueillir des observations cliniques , à suivre des expé- riences physiologiques ou de pathologie, à faire des extraits de tous les ouvrages vétérinaires qu'il pouvait découvrir, à rédiger un assez grand nombre de mémoires qu'il a publiés , à en- tretenir de longues correspondances avec une de Lyon. 207 foule de vétérinaires qui lui adressaient des observations et lui demandaient des conseils. Communiqués aux compagnies savantes , plu- sieurs de ses ouvrages ont été justement appré- ciés; c’est ainsi, qu’il reçut de la Société royale et centrale d'agriculture , deux médailles d'or, et le titre de correspondant ; et que d’autres Sociétés recommandables lui adressèrent des diplômes d'association. Il n'a fait connaître que la moindre partie de ses travaux ; il a laissé quarante volumes in-4.° de mémoires, de notes, de documens , tous écrits de sa main. C'est un vaste dépôt de matériaux pour un traité com- plet de médecine-vétérinaire- pratique dont il avait conçu le plan. Sentant sa fin approcher, il conjura M. l'Inspecteur-général de nos écoles, de se char- ger du dépôt de ses manuscrits, du soin de sa mémoire et de la destinée de ses enfans. La certitude qui lui fut donnée de l'accom- plissement de cette attente suprême, adoucit l'amertume de ses derniers momens. IL cessa de vivre le 1. octobre 1819, em- portant au tombeau les regrets éternels de ses chefs, de ses confrères et de ses disciples. Un premier hommage fut rendu à sa mé- 208 Société Royale d'Agriculture. moire par M. Raïnard, dans la solemnité de la dernière distribution des prix à l'école de Lyon. M. l'Inspecteur-général des écoles vété- rinaires fit son éloge dans la séance tenue à Alfort pour le même objet. Le Ministre de l'intérieur a voulu que le nom de M. Gohier fût placé à la suite des noms de Bourgelat, Chabert, Flandrin , Bredin , Gilbert, Hénon , qui furent l’honneur et l'appui de nos écoles. Les ouvrages imprimés, que nous devons à notre laborieux confrère , sont : 1.° Des effets des pailles rouillées, ou Exposé des rapports , recherches et expériences sur les pailles affectées de rouille, délivrées pendant le dernier trimestre de l'an 9 aux chevaux du 20.€ régiment de chasseurs , stationné à Arras. Lyon, Imp. de Brunet, an XII — 1804. in-8.° , 66 pages. 2 Mémoire sur une épizootie qui se ma- nifesta dans le mois de germinal an 8, sur les chevaux du dépôt du 20. régiment de chasseurs, en garnison à Metz ; suivi d'un aperçu sur celle qui a régné, en thermidor an XI , Sur les bêtes à cornes de la commune de Tramois , département de l'Ain. Lyon, Imprim. de Brunet, an XIL — 1804. ir-8.9, 36 pages. de Lyon. 20g 3.2 Mémoire sur les causes qui, dans la cavalerie , donnent lieu à la perte d’une grande quantité de chevaux. Lyon, Imp. de Brunet, an XIL. — 1804. in 8.9, 62 pages. 4° Tableau synoptique des fers le plus sou- vent employés pour la ferrure des animaux monodactyles ou solipèdes , et didactyles ou bisulques. Lyon, Imp. de Brunet 1805, feuille in-fol. grand raisin. 5.° Tableau synoptique des ferrures le plus souvent pratiquées aux pieds des animaux mo- nodactyles -ou solipèdes, et didactyles ou bi- sulques. | Lyon, Imp. de Brunet, 1805, feuille in-fol. grand raisin. (Ces deux tableaux ont eu trois éditions, dont la dernière est de 1816.) 6.° Observations et expériences faites à l'école vétérinaire de Lyon, sur le pain moisi, eb sur quelques poisons minéraux et végetaux ; suivies du précis de plusieurs essais sur la vaccination des bêtes à laine. Lyon , Imp. de Barret 18x17. in 8.2, 107 pag. 7.° Tableau synoptique des coutumes suivies dans la plupart des ci-devant provinces de France, à l'égard des cas rédhibitoires des animaux. 14 Notice sur M. Syonnest. 210 Société Royale d'Agriculture Lyon, Imp. de Brunet, feuille in-fol. grand raisin. (sans date.) 8.° Mémoire sur la maladie épizootique qui règne en ce moment (1814) sur les bêtes à cornes dans le département du Rhône, et ailleurs. Lyon, Imp. de Brunet, 1814, in-8.°, 63 pag. 9.° Tableau synoptique des différentes voies par lesquelles les maladies épizootiques conta- gieuses peuvent se communiquer , soit des animaux aux animaux, soit des animaux à l'homme; avec les moyens propres à prévenir cette communication. Lyon, Imp. de Brunet, 1814, feuille in-fol. grand raisin. 10.° Mémoires et observations sur la chi- rurgie et la médecine vétérinaires, ouvrage couronné en grande partie, par la société d’agri- culture du département de la Seine | avec planches, Lyon, Imp. de Brunet, —1813— 1816. ir 8.0, deux volumes. M. Claude Syonnest , était né en 1749, à Lyon, où sa famille exerce depuis deux siècles le com- merce de l'épicerie pharmaceutique. Il fut des- tiné dès enfance à la profession de ses pères ; de Lyon. o1f mais à peine âgé de seize ans, il s’enrôla dans un régiment d'infanterie, dans lequel il servit quatre années, Etant rentré sous le toit paternel , il se livra à l'étude de l’histoire naturelle, avec une ardeur qui ne s’est point ralentie pendant tout le cours de sa vie. Indifférent à la réputation littéraire , il étu- dia la nature, uniquement pour en contempler les merveilles. Vivant dans le célibat, et libre de soins domestiques , par suite d'arrangemens de famille, il coulait des jours tranquilles et heureux au milieu de ses occupations chéries, lorsque la révolution éclata. Dès la formation de la garde nationale Lyon- naise , il fut nommé par ses concitoyens com- mandant de bataillon. Il fut, pendant la terreur , fugitif et caché; et après le 9 thermidor, ïl fut appelé à l'administration municipale, et chargé de la police de la ville. Ce poste lui fournit l’occasion, sans-cesse renaissante, de ré- parer des injustices, de faire cesser des infor- tunes , de réprimer des excès en tous genres. Il ne tarda pas à déposer les fonctions pu- bliques pour rentrer dans le cercle de ses doux et paisibles travaux. 212 Societé Royale d'Agriculture En l'an 6, une réunion savante s'étant formée à Lyon, sous le titre de Société de santé. M. Syonnest fut appelé dans son sein avec la qua- lité de physicien enthomologiste, Deux ans après, la Société d’agriculture du Rhône, ayant repris le cours de ses travaux, s'empressa de s’adjoindre M. Syonnes! ; elle ne tarda pas à lui confier les fonctions de trésorier qu'il remplit pendant dix ans. Sur la fin de sa vie, il se retira à la cam- pagne, et il dut passer à la classe des corres- pondans de la Société. IL en a enrichi le porte- feuille de plusieurs mémoires sur les insectes nuisibles aux récoltes, et pendant plusieurs années, il lui a communiqué la statistique des ravages causés par ces animalcules pernicieux. La plus grande partie des travaux de M. Syonnest est ignorée du public. On ne sait pas qu'il a formé un herbier de So volumes in-fol., distribué d'après le sys- tème sexuel, qu’il s'est attaché à la crypto- ganie comme à la classe la plus difficile , et qu'il la enrichie de remarques savantes sur les doctrines de Dillen , Michel, Hedwig , Bridel, Swartz, Bulliard , Palissot, Beauvoir, etc. Peu de personnes ont apprécié ses connais- sances profondes en conchyliologie. I a laissé en de Lyon. 213 manuscrits : 1.° une concordance systématique des diverses coquilles vivantes , marines, flu- viatiles et terrestres, décrites et figurées dans Jonsthon, Rumphius , Imperati, Geoffroy, Poiret, Lamarck, Draparnaud, Bosc , etc. etc. 22 Une pareille concordance des diverses coquilles fossiles, figurées et décrites par plu- sieurs des naturalistes cités plus haut , et de plus par Zanguis, Walerius , Blumenbach, Guettard, Faujas de S. Fonds, Aleon-Dulac, etc. 3.0 Une troisième concordance de diverses productionsmarines vivantes , ou fossiles ; telles- que madrepores , millepores , tubipores , aclinies , alcyons, coraux , polypiers , gorgones , corallines , décrites et figurées dans Bauhin, Barrelier Rondelet, Rumphius, Bourguet, Muller | La- marck , Lamouroux , Cuvier , etc. etc. S'il ne fut pas à portée de rassembler un grand nombre de coquilles marines vivantes, il eut du moins le bonheur de réunir un grand nombre d'analogues fossiles, Quant à sa collection de coquilles microsco- piques marines vivantes et fossiles, elle contient plus de mille espèces , sans compter les variétés. Sa collection de coquilles terrestres et fluvia- tiles est plus belle encore; elle offre 62 espèces, qui ne sont pas décrites dans l'hisloire naturelle 214 Société Royale d’Agricullure des Mollusques terrestres et fluviatiles de la France, par Draparnaud , sans y comprendre les variétés. Parmi ces dernières, il en est une d'une plus grande rareté; c'est la variété scalaris, de l’Aelix pomatia, décrite dans le livre de Draparnaud, pag. 88, et représentée /ab. 6, figanos iel 02. Fier de posséder un échantillon qui manque aux plus riches collections de l'Europe, M. Syon- nes! a résisté aux sollicitations et aux offres pécu- niaires , qui lui ont été faites, pour qu'il cédât cette coquille précieuse. Après avoir réuni un très-grand nombre de coquilles terrestres et fluviatiles, M. Syonnest les a classées d'après une méthode qui lui est particulière. (1) Ayant comparé sa méthode à celle de M. Draparnaud, M. Syonnest expose avec sagacité les motifs qui lui ont fait préférer la sienne; les détails dans lesquels il entre sur les carac- tères distinctifs des genres et des espèces de coquilles , décèlent de grandes connnaissances en conchyliologie. Il était également très-versé dans la miné- ES A SRE (1) Voyez le tableau ci-contre, p. 214. "LIOLOGIE IONNEST.. RER ë HE. tetels te Pole DestacELles ; APE RAR LE Patelle qu'inférieure . . . . ..-... . Planorbe. re que uiépalen ie , . Hélx. lple et sans dents. +... Bulime. uverture pointue dans le haut , Auricule. uverture tronquée demi-ovale , Maillot. Su rt GER ,-.. . . Cyclostome. r la convexité du tour supérieur, Trochile. d , à double bord. ........ Nérite. RASED er ie ere se ee Va Re . Cyclade. LIVE CREER ER ..... Mulette. Nestes RO danie p. 214. TABLEAU DE CONCHYLIOLOGIE selon la méthode de M. SIONNEST. UXIYALVES. < DivALVES. complete. ne de une columelle que hautes. } ouverture plus inférieure que latérale. . . . . .. ... Hélix. sans ; opercule. ouverture toujours simple et sans dents. . ....... Bulime. plus hautes ects que larges. À ouverture le plus j ouverture pointue dans le haut , Auricule. spire souvent dentée. ) ouverture tronquée demi-ovale , Maillot. complette : P ( ouverture presque ronde , à bord continu, , .......... .... Cyclostome. avec opercule. ouverture à ouverture échancrée par la convexité du tour supérieur, Trochile, borddisjoint.Ÿ ouverture en demi-roud , à double bord. . ,....,. INvrite. charnière avec des dents latérales écartées . . . - . . . . . do dé pou Hd clade, deutée. } avec deux dents cardinales, celle du corcelet très-prolongée . . ...... ...... Mulette. COTON GODIN Anodonte, charnière sans dents. . sans columelle. . ouverture plus latérale qu'inférieure . . . . ..-.... Planorbe. plus larges | de Lyon. 215 ralogie ; il possédait un très-grand nombre de minéraux, qu’il avait classés d'après le système d’Hauy. Ï1 a laissé sur cette méthode beaucoup denotes, ainsi qu’une concordance entre les dénomina- tions anciennes et les modernes ; il avait en outre exquissé, d’une main savante , une des- cription minéralogique du département du Rhône. Perdant long-tems , il s'était occupé des in- sectes et des papillons; il avait recueilli une nombreuse collection de ces animaux. Ce savant à terminé son honorable carrière le 31 janvier 1820. 216 Societé Royale d'Agriculture ÉVÈNEMENS. En conformité de ses statuts, la Société a dû , dans les premiers jours de cette année, re- nouveler son bureau; elle a réélus tous les membres qui le composent, à l'exception de M. le chevalier Delhorme , son président , auquel de longs séjours à la campagne ne permettaient plus de suivre les séances avec assiduité ; M. Cochard a été porté au fauteuil, et c’est par le discours suivant que son prédécesseur l'a installé : » Messieurs, » Le successeur auquel vont passer mes fonc- tions vous a donné tant de gages de son zèle; ses études et ses écrits lui ont acquis à votre choix des titres si bien mérités ; et il unit à ses vastes connaissances , sur l’histoire du moyen âge de notre pays, des notions si étendues sur l’agriculture que, secondé comme il va l'être, de cet excellent bureau que vous lui avez con- servé, et aux membres duquel je rends un si juste hommage, le titre de votre chef qu'il reçoit aujourd’hui, devient un présage de plus de votre brillant avenir. La société, je n’en doute de Lyon. 217 pas, se maintiendra à la hauteur à laquelle elle s’est élevée pendant ma présidence. Dénué, comme je le suis, de la plupart des avantages que vous avez recherchés et que vous rencontrez en M. Cochard, quels legs, Messieurs, pour- rai-je lui faire, si ce n’est de mon amour pour la concorde et des sentimens de cette union si douce que j'ai eu le bonheur de voir régner parmi vous ? » M. Cochard a répondu en ces termes : « Messieurs, » J'étais loin de prévoir, vendredi dernier ,en venant assister à votre séance , que j'y rece- vrais l’insigne honneur d'être choisi pour vous présider. Le résultat du scrutin d’élection me pénétra d'une telle surprise, qu'il me devint impossible de vous témoigner ma reconnaissance ; tant il est vrai qu'une forte émotion suspend presque toujours la faculté d'exprimer les sen- timens qu'on éprouve. Il ne fallait pas moins que cet événement pour adoucir la douleur qui m'oppresse, Il semble que le ciel, dans sa justice, place à côté des chagrins quelques conso- lations : il n'en était aucune autre qui pût m'être plus propice, plus agréable, que cette nouvelle marque que j'obtenais de votre estime et de votre 218 Société Royale d'Agriculture bienveillance : elle a répandu sur mon cœur un baume salutaire, et je me croirai désormais moins malheureux. Mais s’il est flatteur d'avoir réuni vos suffrages, je sens bien vivement , combien la tâche qui m'est imposée est diff- cile à remplir. Comment puis-je espérer en effet de vous offrir les ressources que vous ren- contriez dans le magistrat que je suis appelé à remplacer? La marche de vos travaux sous un directeur aussi expérimenté était active, régulière , intéressante , parce qu'il savait la débarrasser de tous les obstacles qui pouvaient la ralentir ; parce qu'il montrait dans l’ordre de la discussion , dans la manière de réduire les questions à leur véritable terme , cette clarté, ce tact judicieux qui en rendaient la solution plus facile. C’est à sa prudence, à la sagesse de ses principes, que la Société d'agri- culture est redevable d'avoir échappé naguère à une désorganisation totale , que des esprits tur- bulens voulaient opérer. C'est à sa constante sollicitude, à ses instances réitérées qu'elle lui est encore redevable d'un accroissement de dota- tion qui la met en état de faire plus de bien. Des services aussi éminens donnent à M. Delhorme des droits à notre gratitude , et il de Lyon. 219 m'est bien doux d’être, dans cette circonstance, votre interprête auprès de lui. » » Je serais effrayé, Messieurs , d’entrer dans la carrière que vous me chargez de parcourir, si vous ne m'aviez appris depuis long-temps, que je peux compter sur votre indulgence. Je la réclame toute entière , car sans elle je ne rencontrerai que des écueils. Je vous promets un zèle soutenu , et une exactitude constante à remplir les devoirs qui me sont prescrits. Si mes efforts ne peuvent suppléer aux talens, du moins je conserve l'espérance que vous me saurez gré de mon dévouement, de ma bonne volonté , et du désir sincère que j'ai de ré- pondre à votre confiance. » » Je vais, Messieurs , entrer dans vos vues, en vous proposant de voter des remercîmens à M. Delhorme, ainsi qu'à M. le Vice-Président, MM. les Secrétaires et Trésorier. » M. Gohier avait laissé, par sa mort, une place vacante dans le sein de la Société; MM. de Poncin, de Sainneville, et Guettat, avaient cessé de résider à Lyon, et ils étaient devenus correspondans ; c’est pour remplacer ces hono- rables titulaires, que la Société à inscrit sur sa liste, MM. Balbis, Billon, Michel et Monnier. Après ces nominations plusieurs places étaient 220 Société Royale d’Agricullure encore vacantes , et c'est pendant l'impression de cette notice qu’elles ont été données à MM. Fantet, Trolliet et Frèrejean fils. Deux de nos confrères les plus distingués » MM. Raymond et Jacquard ont reçu nos félici- tations à l’occasion d’un succès éclatant ; l'un et l'autre ont été faits chevaliers de la légion d'honneur , à la suite du dernier grand concours pour l'industrie nationale. Vous avez voté des remercimens à MM. Leroy- Jolimont , et le colonel de Martinel, qui ont mis en ordre votre bibliothèque, et en ont rédigé le catalogue. M. Leroy s'est acquis un nouveau droit à votre reconnaissance, en enrichissant cette bibliothèque d’une série nombreuse de bulletins de la Société d'encouragement pour l'industrie française. Celui qui, dans ce moment, a l'honneur de vous présenter l'analyse de vos travaux, vous réitère l'expression de sa sensibilité profonde, pour le témoignage d'estime et de satisfaction que vous lui avez donné; il était loin d'es- pérer que vous accorderiez une si belle récom- pense à un genre d'ouvrage, qui de même que celui-ci est très-facile à produire , puisque c'est toujours vous, Messieurs , qui en four- nissez les matériaux. de Lyon. 221 OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ. 1.° Instruction pour la destruction des loups, publiée par son excellence le Ministre de lin- térieur. Paris , 9 juillet 1818. (in-4.°, 16 pag.) 2.° Compte rendu des travaux de la Société des sciences, belles-lettres et arts de Mâcon, pendant le cours de 1818 , par M. le docteur Cortambert, secrétaire perpétuel , (in-8.°, 68 pag.) 3.2 Programme d'un concours à l'Ecole royale d'économie rurale et vétérinaire d'Alfort , pour la chaire de maréchallerie et de juris- prudence vétérinaires, 1818. (in-8.°, 4 pag.) 4° Compte rendu des travaux de l’Académie royale des sciences , belles-lettres et arts de la ville de Lyon, pendant le 2.° sémestre de l’année 1818, lu à la séance publique du 7 septembre même année, Lyon. (in-8, 84 pag.) 5.2 Epître de M. de S/- Florent, ancien con- seiller à la cour des comptes , à M. Zaureau, sur son système d'agriculture, traduit en vers latins par Messieurs les écoliers de la classe de rhétoriqueau collège d'Avallon, 1819. (in-8.°, 4 pag. ) 222 Société Royale d'Agricullure 6.° Prospectus d'un code de desséchement, par M. Potelleret le jeune, 1819. ( 4 pag.) 7° Procès-verbal de la séance publique an- nuelle, tenue à l’école d'économie rurale et vétérinaire d'Alfort, le 25 novembre 1818, pour la distribution des diplômes et des prix aux élèves, Paris. (in-8.0 , 86 pag. ) 8.2 Rapport à la Société royale et centrale d'agriculture, sur l’histoire des canaux d’aro- sage et des cours d'eau des pyrénées orien- tales, de M. Jaubert de Passa, par M. Héricart-Ferrand de Thury. ( Paris x819. in-8.0 , 50 pag.) 9.° Prospectus des annales européennes de phy- sique végétale et d'économie publique, par une société d'auteurs connus par des ouvrages de physique, d'histoire naturelle et d'éco- nomie publique. (in-8 , 4 pag.) 10.2 Annuaire de la Société royale et centrale d'agriculture, pour l’année 1819. ( in-12, 138 pag.) 11.2 Statuts de la compagnie d'assurance avec réciprocité contre l'incendie de l'immeuble et du mobilier. Paris 1819. (in-4.°, 15 pag. ) 12.0 Assurance avec réciprocité contre les rava- ges de la grêle. Paris, 1819. (in-4.°, 10 pag.) 13.0 Assurances mutuelles contre les ravages des épizooties, Paris 1819. (in-4.° , 15 pag.) de Lyon. 223 14.9 Programme de la séance publique de la Société royale et centrale d'agriculture , tenue le dimanche 18 avril 16r9, et annonce des prix distribués ou proposés dans cette même séance. ( in-4.°, 8 pag.) 35.0 Circulaire de la même Société adressée aux correspondans , soit régricales, soit étrangers, ainsi qu'aux Sociétés agricoles départemen- tales , pour demander des renseignemens sur les travaux d'irrigation. (in-4.°, 4 pag.) 16° Programme d’un prix pour la destruction de la teigne ou cuscute, proposé par la même Société. ( in-8.0, 4 pag. ) 17.2 Programme d'un concours pour la pra- tique de irrigation , séance du 18 avril 1819. (in-8.°, 8 pag.) 18.0 Rapport fait à la même Société dans la séance du 17 mars 1819, sur des expériences relatives à la charrue de M. Guillaume, par M. Yvart de l'académie des sciences, etc. Paris 1819. (in-8.°, 14 pag.) 19.° Rapport fait à la même Société, par le mème, dans la séance du 315 mars 1819, sur l'établissement rural de M. le Baron de Derwal de Baronvilles, et sur les résultats avantageux obtenus par son nouveau mode d'assollement. Paris 1819, (in-8.°, 11 pag.) 124 Société Royale d'Agriculture 20.0 Rapport sur les travaux de la Société royale et centrale d'agriculture, pendant l'an- née 1818 , par M. Sybestre, secrétaire per- pétuel. Paris, 1819. (in-8.°, 24 pag.) 21.9 Excursions agronomiques en Auvergne , principalement aux environs des Monts-d'or et du Puy-de-Dôme, suivies de recherches sur l'état et l'importance des irrigations en France, par M. Yvart. Paris 1819. ( in-8., 218 pag. }) 22. Statuts de la compagnie des grands pro- priétaires des vignobles de France, par M. le colonel Flandre-d Epinay. (in-8. , 24 pag. ) 23. Manuel du cultivateur auquel est uni le projet d'établissement de quatre universités résidantes dans quatre fermes expérimentales situées près de Paris, Lyon, Bordeaux et Strasbourg ; dont l’une vient d’être créée par Sa Majesté ; par le colonel d'Epiney. (in-4., fig. , 156 pag. ) 249 Annales d'agriculture , arts et commerce du département de la Charente inférieure, in-12, 4 pag. (prospectus 1819.) 25.2 Considérations sur les bélemnites, suivies d’un essai de bélemnitologie, par MM. Faure et Piguet, 54 pag. . 26.° Séance publique de l'Académie des sciences, de Lyon. 225 arts et belles-lettres de Dijon, tenue le jeudi 22 avril 1819. (in-8.°, 222 pag.) 27. Lettre de son Excel. le Ministre de l’intérieur sur la statistique bovine. ( in-4.°, 4 pag. ) 28.° Procès-verbal de la séance publique tenue le 24 mai 1819 par la société d'agriculture, de commerce et des arts de Bologne sur mer , le 24 mai 181g. (in-8.°, 44 pag.) 29.° Notice biographique sur feu M. Michel- Martin Rigaud de l'Isle, agriculteur , par M. Duvaure , membre de plusieurs sociétés, avec cette épigraphe : Un octogénaire plantait, Passe encore pour bdtir, mais planter à cet âge; Valence, 181g. (in-8, 25 pag.) 30. Notice sur les maladies qui peuvent se développer parmi les bestiaux, soit durant les chaleurs et la sécheresse, soit dans le cours des automnes pluvieux et froids; par M. Hurtrel & Arboval. Paris, 1819. sr 20 pag. ) 31. Notice sur les travaux et la situation de la Société d'émulation et d'agriculture du département de l'Ain, pendant les années 1817 et 1818. Bourg, 1819. (in-8.0 , 80 pag.) 32° De la pourriture sèche qui détruit les 15 226 Société Royale d'Agriculture bois employés pour la construction des vaisseaux , etc. par M. Puymaurin. Paris 1819. (in-8.° , 36 pag.) 33.0 Code de desséchement, par M. Poieleret le jeune. ( in-8.° , 2 pag.) 34.2 Semoir universel, avec gravures et notes explicatives , par M. Motlin, secrétaire de la Société d'agriculture de Mâcon. (in-8® , 12 pag.) 35.0 Solution du problème économico-politique, concernant la conservation ou la suppression de la culture du riz en Lombardie et basse- Italie, par M. & Gregory. 36. De l’art d'élever les vers à soie, pour obtenir constamment d'une quantité donnée de feuilles de müriers , la plus grande quantité possible de cocons de première qualité, et de l'influence de cet art sur l’augmentation annuelle des richesses des particuliers et des nations. — Ouvrage de M. le comte Dandolo ,commandeur de l’ordre de la couronne de fer, chevalier de la légion d’honneur, membre de l'Institut royal, un des quarante de la Société Italienne des sciences, et associé de plusieurs académies pationales et étrangères, traduit de l'Italien par Fontaneilles , docteur en médecine, ancien médecin de l'hôpital militaire de Milan, de Lyon. 227 correspondant de plusieurs Sociétés savantes. Paris , Montpellier, Imp. de Martel, 1810. (in-80, 301 pages , tableaux et gravures. ) 37.° Mémoire sur la cause immédiate de la carie, ou charbon des blés, et de plusieurs autres maladies des plantes, et sur les pré- servatifs de la carie, par M. Bénédict Prévost, membre de la Société de physique et d'his- toire naturelle de Genève, de celle des natu- ralistes de la même ville, de la Société des sciences et des arts du département du Lot, séant à Montauban , correspondant de la Société galvanique et d'électricité de Paris, des Sociétés médicales et de médecire-pratique de Montpellier , de celle des amateurs des sciences de Lille et d'émulation de Lausanne. Paris, 1807. (in-4, fig., 80 pag.), ( avec cette épigraphe ), C'est une botanique à faire Que celle des plantes microscopiques. (in-4.0, fig., 80 pag.) 38.0 Précis des travaux de la Société royale des sciences, lettres, arts et agriculture de Nancy, pendant les années 1816, 1817 et 1818. Nancy, 1819. (in-8.0, 8o pag.) 39.2 Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux , séance publique du 26 août 1819. Bordeaux, 1819. (in-8.°, 94 pag.) 228 Société Royale d'Agriculture #40.° Mémoires de la Société d'agriculture et des arts du département de Seine et Oise, publiés depuis sa séance publique du 28 juin 1808 , jusqu’à celle du 4 juillet 1819, 19.° année. Versailles, 1819. (in-8.° , 150 pag. ) 41.° Séance publique de la Société libre d’agri- culture , sciences et arts de Provins, dé- partement de Seine et Marne, tenue le 21 septembre 1813, 1814. (in-8.° , 79 pag. ) 42. Annales de la Société d'agriculture, arts et commerce du département de la Charente, tome 1.7, N.% 1, 2et 3, 1819. (in-8, 108 pag. ) 43. Essai sur la culture de la vigne et de l'o- livier , dédié à l'académie d'agriculture du dé- partement de l'Arriège, par M. de Labouisse , membre de cette académie, de la Société des belles-lettres de Paris et de celles de Vaucluse, Toulouse, Montpellier, Nismes , Bruxelles, Rouen, Grenoble, Poitiers, Nancy, Mon- tauban , Caen , Colmar , Gap , Abbeville , Auch , Amiens, Nantes, Sorrèze, Rennes , Tours, Niort et Narbonne, 1819. (in-8., 46 pag.) 44.9 Examen de la notice sur l'épizootie qui régna sur le gros bétail, par Girard, directeur et professeur à l’Ecole royale vétérinaire d'Alfort, de Lyon. 229 et Dupuy , médecin et professeur à la même Ecole, par C. 7. N. Paris 1819. ( in-8.0 60 pag. ) 45.° Extrait de l'abrégé de médecine-vétérinaire- pratique, publié en Italien, en 1813, par J. B. Volpi, professeur de clinique à l'Ecole royale vétérinaire de Milan , précédé du compte qui a été rendu de cet ouvrage à la Société royale et centrale d'agriculture, en novembre 1818, par E. Barthelemy, professeur de clinique à lPEcole royale vétérinaire d'Alfort, correspondant de ladite Société. Paris 1819. (in-8.0, 89 pag.) 46.°Mémoire sur l’arrosement dans les Cévennes, par M. d'Hombres-Firmas , chevalier de la légion d'honneur, membre de plusieurs So- ciétés savantes, nationales et étrangères , lu à la Société royale et centrale d’agriculture, le 2 juin 1819, et imprimé par ses ordres Paris 1819. (in-8.° , 18 pag. ) 47.2 Extrait du deuxième cours gratuit sur l'éducation des abeilles , fait en 1819, d’après l'autorisation de S. Exc. le Ministre-secré- taire d'état au département de l'intérieur, par M. Lombard, de la Société royale et cen- trale d'agriculture , correspondant des So- ciétés savantes de Seine et Oise (Versailles) ; 230 Socièté Royale d'Agricullure d'Ille et Vilaine ( Rennes }, du Nord (Douway }, de la Côte-d'or (Dijon) , de la Seine-inférieure (Rouen), etc. etc. Paris, 1819. (in-8°, 19 pag.) 48.2 Instruction sur l'emploi du sulfate de cuivre , ou vitriol bleu, pour préserver le blé de la carie, vulgairement appelée char- bon, Extrait du mémoire de M. Bénédict Prévost, sur la carie. Montauban. ( in-8.°, 8 pag. ) 49.2 Comptes rendus des travaux de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, pendant les deux sémestres de l’année 1819, par M. Clerc, professeur de Mathé- mathiques et de physique au collége royal, président du premier sémestre , et par M. Guerre, avocat en la Cour royale, pré- sident du deuxième sémestre , Lyon 1819. (in-8.°, 87 pag.) 5o. Arrêté du Ministre de l'intérieur, por- tant qu’un cours pratique, pour la culture des arbres fruitiers, précédemment institué à la pépinière royale du Luxembourg, et interrompu pendant plusieurs années, sera rétabli à compter de l'année 1820. (in-8.°, 4 pag. ) 51 De la constitution intime des gaz et de de Lyon. 231 leur capacité pour le calorique, lu à l'Aca- démie de Lyon, le 17 juin 1817, par M. Mollet, membre secrétaire de ladite Académie. Lyon. (in-8.°, 32 pag.) 52.9 Mémoires de la Société royale d'agriculture des sciences et des arts du département de la Haute-Vienne. Limoges, 1819. (in-8., 58 pag.) 53.2 Petit Traité sur les parties les plus im- portantes de lagriculture en France, par M. de Barbançois, Paris. (in-8° , 200 pag. ) 54° Essai sur cette question : Quels sont les meilleurs moyens de prévenir, avec les seules ressources de la France, la disette des blés et la trop grande variation dans leur prix ? par Jean-Joseph Paris; ouvrage qui a ob- tenu une médaille d'or de la Société d’agri- culture , commerce, sciences et arts du dé- partement de la Marne, (in-8.°, 100 pag. ) 55. Mémoire sur la culture de la Garance dans le département de Vaucluse, par M. de Gasparin ; (in-8.°, 30 pag. ) 56.° Double Almanach pour l'année 1820, con- tenant les véritables prophéties de M. Laensberg, (in-16, 300 pag. fig. ) 57° Plan, coupe, élévation et détails d'une bergerie exécutée à Celle-St-Cloud, près 232 Société Royale d'Agricullure Versailles | département de Seine et Oise, par M. le vicomte de Morel de Vindé, pair de France, correspondant de la première classe de l'Institut , membre des Sociétés d'agriculture de Paris et de Versailles, cor- respondant des Sociétés d'agriculture de Tou- louze , Lille , Caen, Liège, etc. Paris , Imp. de Doublet, 1819. (grand in-fol.° , 4 planches de texte, x page pour le titre.) 58.° Rapports et comptes rendus sur les travaux de la Société du Dispensaire de Lyon. ( in-8.0 , 64 pag.) 59.° Recueil des mémoires et autres pièces de prose et de vers, qui ont été lus dans les séances de la Société des amis des sciences, des lettres, de l'agriculture et des arts ; à Aix , Bouches-du-Rhône. (in-8.°, 454 pag. ) 60.° Almanach du laboureur, 1820. (petitin-4.°, 52 pag. et 22 planches. } 61° Projet du boisement des Pyrénées, des Basses- Alpes, etc., présenté à S. Exc. le Ministre de l’intérieur, par M. Dugier, (in-4., 114 pag.) 62.2 Malangurato caso pratico di chirurgia ve- terinaria. Torino 1819. (in-12, 21 pag.) 63.° Extrait du deuxième cours gratuit sur l'éducation et la conservation des abeilles, de Lyon. 233 fait en 1819, d'après l'autorisation de S, Exc. le Ministre de l'intérieur, par M. Lombard, de la Société royale et centrale d'agriculture, correspondant des Sociétés savantes des dé- partemens de Seine et Oise, Ille et Vilaine, Nord, Côte-d'or, Seine-inférieure, etc. Paris 1819. (in-12, 15 pag.) 64.2 Réglement pour la formation d'une So- ciété d'encouragement de l'agriculture et de l'industrie dans le département de la Moselle. in-8.° , 12 pages. 65.2 Essai sur la grefle de l'herbe, des plantes et des arbres; par M. le baron Tschudy, bourgeois de Glaris. Metz, 1819. (in-8.°, 60 pag., fig. ) 66. Observations et recherches d'anatomie pathologique sur la rage ; par M. Trolliet, docteur-médecin. Lyon, 1819.(in-8.°, 160 pag.) 67.2 Calendario georgico della realle Societa agraria di Torino (1820), compilato da un membro della medesina. ( in-8.° , 106 pag.) 68.° Des fosses propres à la conservation des grains, et de la manière de les construire, avec différens moyens qui peuvent être em- ployés pour le même objet , par M. le comte de Lasteyrie, membre des Sociétés philoma- tique, royale d'agriculture de Paris, royale 234 Société Royale d'Agriculture des sciences de Suède, royale des sciences de Gottingue, économique de Leïpsick, des amis du pays de Valence, d'agriculture de Méklembourg , d'agriculture de Turin , phi- Josophique d'Amérique, royale de Naples, vétérinaire de Copenhague, des Georgeophiles de Florence, des sciences de Francfort , etc. publié par décision de S. Exc. le Ministre de l’intérieur , prise en conseil d'agriculture. Paris 1819. (in-4.°, 62 pag., avec planches. ) 69.2 Réflexions sur tous les ouvrages publiés et inédits du docteur Æ/ioni, avec des no- tices historiques concernant sa vie et plu- sieurs établissemens littéraires en Piémont, par M. le docteur Buniva. Turin , 1819. (in-8.°, 150 pag. ) 70.9 Rapport du jury d'admission des produits de l'industrie du département de la Seine, à l'exposition du Louvre, comprenant une notice statistique sur ces produits ; par M. Héricart de Thury, 1819. (in-8.°, 344 pag.) 71° Procès-verbal de la séance publique an- nuelle , tenue à l'école royale d'économie rurale et vétérinaire de Lyon, le 4 octobre 1819, pour la distribution des diplômes et des prix aux élèves, (in-8.° , 64 pag.) 72.9 Des assemblées agricoles en Angleterre, de Lyon. 235 . par J. B. Huzard fils, médecin-vétérinaire etc., imprimé par ordre de S. Exc. le Mi- nistre de l'intérieur. Paris 1819. ( in-8.0, 16 pag.) Vous avez fait déposer honorablement ces différens ouvrages à votre bibliothèque , et quelques-uns d'entre eux, ont été l'objet de rapports verbaux qui ont donné lieu à d'in- téressantes discussions. C’est ainsi que M. de St-Didier a fait connaître le mérite de l’excel- lent mémoire de M. Aiboud, sur le desséche- ment des marais de Poliat; que M. ARaïinard vous a présenté de judicieuses analyses des productions vétérinaires de MM. Vo/pi et Hurtrel d'Arboval ; que M. Dujat-Desalines- vous a rendu compte de trois prospectus d'un projet d'association contre les ravages de la grêle, de l’incendie et de l'épizootie. M. Rey-Monléan , dont rien ne peut ralentir le zèle, a été, comme dans les années précédentes, exact à remplir le petit nombre de lacunes qui ont interrompu la série de vos travaux, en vous entretenant, dans ces courts intervalles, des faits les plus remarquables que lui ont offert , soit les An- nales de l’agriculture française , soit l'Agronome français. SUYETDU PRIX, Déterminer le mode de nutrition des plantes avant leur floraison, 236 Société Royale d'Agriculture PROGRAMME. D'un Prix et de plusieurs Primes, proposes par la Société Royale d'Agriculiure | Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon, pour étre décernés en 1821 et 1822. En 1821. Pis et Columelle pensaient qu'avant la floraison , les plantes tiraient peu de la terre ; cette opinion a été adoptée par plusieurs agronomes modernes d'un grand poids; il en est d'autres également recomman- dables, qui croient que pendant tout le cours de leur existence, les végétaux puisent dans la terre les élé- mens de leur nutrition. Il serait important de résoudre ce problème, dans un tems surtout où l'on s'occupe beaucoup des engrais et des moyens d'en obtenir. En effet, si, avant la flo- raison, certaines plantes, et particulièrement des gra- minées, n'ont besoin de la terre que pour leur servir d'appui , on peut en couvrir des terreins sablonneux, arides , et fumer eusuite par leur moyen ces sols ingrats. D'après ces motifs, la Société demande que l'on détermine par des expériences décisives. 1.° S'il est vrai que les plantes ne pompent rien ou presque rien de la terre, depuis l'époque du développement de leurs feuilles séminales ( Cotyledons ) jusqu'à celle de leur floraison, de Lyon. 237 2.0 Si l’état vigoureux des plantes que l’on remar- que dans un endroit bien fumé est dû à l'absorption par les racines des principes nutritifs renfermés dans l'engrais , ou si cet état tient à quelqu'autre cause ; et dans ce cas, on la déterminera. 3.2 Si les faits acquis, ou ceux qu'on peut acquérir sur ces questions de physiologie végétale ne s’appli- quent pas au procédé d’après lequel on cultive cer- taines plantes pour les enfouir avant leur floraison. Le prix sera une médaille d'or de 30ofr., ou la mème valeur en numéraire. Le concours sera clos le 1.€7 janvier 1821. Les mémoires devront être adressés avant cet épo- que au Sécretaire de la Société ; ils ne porteront point le nom de l’auteur, mais seulement une devise. On y joindra un billet cacheté qui contiendra la devise, indiquera le nom et l'adresse de l’auteur. Les membres titulaires de la Société sont seuls ex- ceptés du concours. Il y a beaucoup de très-bonnes charrues à oreilles fixes ; elles sont très-propres à labourer en planches bombées et en sillons les terres humides qui re- tiennent l’eau ; mais existe-t-il de bonnes charrues à oreilles mobiles , autrement dites à tourne- oreille avec lesquelles on puisse labourer à plat les terres qui ne retiennent pas l’eau , telles que celles de la ma- jeure partie de notre département, de celui del'Isère, etc. ? Comme «ne charrue de ce genre serait fort utile , I,re PRIME. Indiquer la meilleure Char- rue à tourne- oreille, pourla- bourer à plat à la profondeur degà 12pouces. ame PRIME. Comparer les effets de l’engrais de li- tière avec ceux d’un compost solide ou liqui- de. 238 Société Royale d'Agriculture la Société accordera une prime à celui qui la fera connaître ; elle devra être assez solide pour labourer à plat, à la profondeur de 9 à ï2 pouces, en em- ployant quatre chevaux ou quatre bœufs de force moyenne ; elle sera légère , afin qu'étant attelée de deux bœufs ou de deux chevaux également de force moyenne, elle puisse labourer à la profondeur de 6 à 8 pouces : profondeur ordinaire du labourage des meilleures charrues à tourne-oreille, lesquelles ont le défaut de ne pas tenir la raie nette et de ne pas bien retourner la terre. On désire en même tems, que cette nouvelle char- rue soit d’un entretien facile et peu couteux, qu'elle puisse même remplacer la charrue à oreilles fixes et ouvrir sans effort les raies d'écoulement que l'on fait ordinairement dans les terres labourées à plat. La Sociétié avait proposé , l'an dernier , une prime pour des expériences comparatives sur le nouvel en- grais végéto-minéral, dit Gadoue artificielle, et le produit des fosses d'aisance; elle a cru devoir , cette année, donner un champ plus vaste aux agronomes qui dirigent leurs recherches vers la préparation des composts tant solides que liquides; elle les invite à comparer les effets du fumier de litière pure avec un engrais factice quelconque , n'importe le règne natu- rel qui en aura fourni les matériaux ; elle désire que le compost et le fumier d'écurie soyent employés simultanément pour une récolte de mème nature et sur un champ qui ait, au moins l'étendue de deux bicherées (environ 28 ares). de Lyon. 239 Les concurrens feront connaître exactement les procédés de fabrication du compost qu'ils auront pratiqués , les dépenses qu'ils auront faites, et les résultats qu'ils auront obtenus. La Société ayant appris que des mécaniciens s'oc- cupent à Lyon de la suppression des cartons , a cru devoir Les encourager dans une recherche qui a pour objet de simplifier une machine dont on admire déjà la simplicité. S'ils atteignaient le but qu'ils se sont proposé, ilsassocieraient leurs noms à celui d'un artiste distingué , ils éviteraient aux fabricans des dépenses en cartons, qui , pour de belles étoffes d'ameublement peuvent s'élever jusqu’à dix mille francs. On désire que le nouveau moyen puisse fournir des résultats aussi heureux dans l'exécution que ceux que procu- rent les cartons : sans quoi l'innovation ne serait pas un perfectionnement. La Société s'empresse d’assurer ceux qui s'occupent de cette importante recherche que l'artiste célèbre qui a donné son nom à la machine dont il s'agit, verrait avec plaisir cette addition à son travail, et sera toujours disposé à faciliter par ses conseils les moyens de la produire. IL faudrait qu'à l'instant où le battant est arrivé à la plus grande distance de l’ouvrier, il lançât la navette à peu près comme cela à lieu dans les métiers où l'on emploie la navette volante; mais pour faire cheminer cette dernière, l'ouvrier est encore obligé de tirer une corde qui passe sur des poulies, et 3.me PRIME. Parvenir à supprimer les cartons de la machine dite de Jacquard, 4.me PRIME, Faire passer la navette par un moyen mé- canique , de manière à ce que l’ouvrier ait simultané- ment les denx mains au bat- tant, afin d’ob- tenir plus de régularité dans la trame, G.me PRIME. Comparer les résultats de la culture du fro- ment après les pommes de terre , et après d’autres plan- tes , telles que le trefle |, le chanvre, etc. 240 Societé Royale d Agriculture qui imprime le mouvement à la navette ; l’ouvrier est obligé d'abandonner le battant pour donner cette impulsion. On désirerait que celui-ci, sans détacher les mains du battant , pût faire agir la navette ; il serait dès-lors plus maître de son mouvement, il frapperait constamment avec régularité , il serrerait plus également les fils de la trame, et exécuterait l'ouvrage d'une manière plus parfaite. Les concurrens ne doivent pas craindre que leurs inventions soient divulguées ; elles seront constatées par trois commissaires de la Société, qui s'enga- geront à les tenir secrètes, et se borneront à dire dans leur rapport si elles ont ou non atteint le but proposé. Le concours, pour ces quatre primes d'encoura- gement , sera fermé le 1.°* janvier 1821. En 5:18 2 2. C'est une pratique assez répandue de faire suc- céder le froment aux pommes de terre, cependant plusieurs agronomes éclairés pensent que le froment seméimmédiatement après la récolte de ces tubercules, qu'on ne plante jamais sans engrais, produit en général moins que celui qui succède au trèfle, au chanvre , etc ; ou à la jachère , après un bon fumage. C'est pour mettre hors de doute les effets de ces modes d’alternats , que la Société propose une prime pour un essai comparatif de culture, du froment après la pomme de terre, et après d’autres plantes qui laissent dans la terre de l'engrais, telles que le de Lyon. 241 chanvre, le trèfle, etc. La Société désire que cette ex- périence soit faite sur une étendue de terrain au moins de 2 bicherées lyonnaises (27 ares 64 centiares.) Après un hiver rigoureux qui a fait périr beaucoup d'oliviers, et qui en a mis un plus grand nombre hors d'état de donner, de plusieurs années , une bonne récolte , on sent plus que jamais combien il serait avantageux d'étendre la culture des végétaux herbacés oléifères. Parmi ces plantes, il en est trois déjà cul- tivées autour de Lyon, dont la Société désirerait de connaître les produits par une expérience comparative. La première est le Colza (brassica oleracea campestris) dont la propagation dans le Lyonnais est due à notre illustre Rozier. La seconde est le pavot des jardins (papaver somniferum), que M.M£ Lortet cultive avec succès depuis deux ans. La troisième est la moutarde blanche (sinapis alba ), qui a été l'objet d’un heureux essai tenté à la Guillotière par M. Poidebard. La Société propose aux cultivateurs du département de semer chacune de ces trois plantes au moins sur une bicherée lyonnaise, de tenir note des frais de cul- ture, de la quantité de graines employées, des pro- duits obtenus. Une prime sera la récompense de celui qui aura le mieux rempli ces conditions, L'un des correspondans les plus distingués de la So- ciété, M. Duvaure , qui a écrit sur l'éducation des vers à soie un ouvrage estimé , regarde comme très-avan- tageuse la pratique de greffer les müriers. D’un autre côté des éducateurs penchent pour le mürier sauvageon; 16 6.me PrimE. Culture com- parative de trois plantes oléifères , le colza ( bras- sica oleraceæ campestris ) 3 le pavot des jar- dins, (papaver. somniferum ) ; et la moutarde blanche , ( si- napis alba ), 7me PRIME, Comparer, pour l’éduca- tion des vers à soie, la feuille de mürier greffe avec celle du mûrier non greffé, vulgai. rementdit Sau- vageon, 242 Société Royale d'Agriculture et malgré sa longue expérience, le respectable Dan= dolo n'a pas osé décider cette question. C'est afin d'arriver à la solution de ce problème intéressant, que la Société propose d'élever au moins une once de vers à soie avec de la feuille de mürier grefté , et la même quantité avec de la feuille de sau- vageon. Elle désire que ces éducations ayent lieu simul- tanément, dans le même local , en employant les mê- mes soins ; et autant que possible en donnant des feuilles fournies par desarbres, nourris sur le même sol, etc. On tiendra note des quantités respectives de feuilles consommées , de la durée de l'éducation, et de tous ses produits. Conditions générales à remplir par les concurrens. Chacune de ces primes consistera en une médaille de cent francs ou en la même valeur en numeraire, au choix des concurrens couronnés. Pour les primes à décerner en 1821, les mémoires et certificats devront être arrivés avant le premier janvier 1821, et pour celles qui sont proposées pour 1822 avant le premier janvier de cette même année. (Ces termes sont de rigueur). Ils seront adressés à M. Grognier , Professeur vétérinaire, et Secretaire de la Société , ou à tout autre Membre du bureau. Les concurrens , pour les primes , doivent être do- miciliés dans le département du Rhône. Ils sont libres de faire connaître leurs noms ; les membres or- dinaires de la Société sont exclus du concours. PA de Lyon. 243 TABLEAU DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE. Au 1.€* janvier 1820. BUREAU. Messieurs Le Comte de Lezay-MarNésrA » &, Préfet, Président d'honneur. Le Baron Ramsaun , % , Maire de Lyon, Président d'honneur. Cocaarn , avocat en la Cour royale de Lyon, Président. Le Comte Riverreux DE CuAmposr, 3% %, Colonel de la Garde nationale , Vice-président. GroGnier , Professeur Vétérinaire, Secrétaire. Lerov-Jorrmonr, Secr.-adjoint , chargé des archives, Descaamrs père, Trésorier. MEMBRES TITULAIRES. MESssiEURS 2798. Rast-Maupas, propriét. , port St-Paul, N° 05. Rieussec, %, Conseiller honoraire de la Cour Royale, place Louis-le-Grand. Grognier ; Professeur à l'école royale vétérinaire. 244 1798. 1800. 1801. 1802. 1804. 1806. 1807. Société Royale d'Agriculture Tabard , Professeur émérite à l'Académie de Lyon, rue Tramassac. Dujat-d'Ambérieux » %, propriétaire, place Louis le-Grand , n.° 24. Le Chevalier Nugues, #, président de la Cour Royale, rue du Peyrat. Deschamps père, pharmacien , rue St-Domini- que, n° 73. Mognat de l'Ecluse, propr., rue de la Sphére. Gonin , teinturier en soie, quai St-Benoit. Carrel, propriétaire , quai de la Baleine. Bellet de St-Trivier, propr., rue de la Charité Chärrier de Sainneville, (O0. # ), maître des requêtes, rue Sala. Faissoles , propriétaire, à Vaize. De Moidière (Othon}), administrateur de la pé- pinière départementale, pl. Louis-le-Grand. Rey-Monléan , administrateur de la pépinière départementale , quai St-Clair. Passerat de la Chapelle, % , propriétaire , rue du Peyrat. Le Comte Riverieux de Chambost, XX %#, Colonel de la Garde nationale, rue du Peyrat. Leroy-Jolimont, propr. , rue Longue. Lombard, % , propriétaire, rue Sala. Mognat de Liergues , propr , rue de la Barre. Eynard, médecin , place St-Clair. Madiot, directeur de la pépinière départemen- tale, clos de l'Observance. Barre père, Pharmacien, place de la Comédie 1810. 1814. 1812. 18913. 1814. 1317. 1818. de Lyon. 245 Pelletier, pharmacien , place du plätre. De $t-Didier , propriétaire, rue Sala. Socquet , ancien professeur de faculté à l'Aca- démie de Lyon, place des Carmes. Guerre, avocat, aux Célestins. Cochard , avocat, place St-Jean. Le Chevalier Perret de la Menue, % , adjoint de la Mairie, rue Ste Hélène. Le Chevalier Delhorme, x, ancien procureur- genéral , près la Cour royale de Lyon, rue du Peyrat. Robin de Beauregard, % , propr., rue du Plat. Lascenne , propr., place Léviste. Dujat-des-Alimes , propr., pl. Louis-le-Grand. Saissy , médecin, rue St-Côme. Rainard, professeur, à l'Ecole royale vétérin. Margaron, maire de Dardilly, rue de la Vieille- Monnaie. Guillemet , ancien professeur de la faculté de l'Académie de Lyon , à Serin. Honoré Thorombert, avocat, aux Célestins. Barre fils, pharmacien, place de la Comédie. Dugas-Ponchon , propriétaire, rue Royale. Muthuon, ingénieur en chef des mines et usines, rue Rozier. Deschamps fils, pharmacien, rue St-Dominique. Bouchard, mécauicien , rue de Vaubecour. Cazot , propriétaire , rue du Peyrat. Le Chevalier de Martinel, %, Colonel en retraite, rue Sala. 246 Société Royale d'Agriculture 1818. Le docteur Terme, rue du Peyrat. Bouthier de Borgard , rue du Plat. Jacquard, %, mécanicien | rue Faubecour. Brunet , propriétaire , rue St-Jean. Rémond, propriétaire, rue des Augustins. Janson , chirurgien-major de l'Hôtel-Dieu. Acher , conseiller à la Cour royale, quai de la Baleine. Basset de la Pape, & , rue St-Dominique. Chareton , propriétaire. 1819. Balbis, professeur de botanique, à la Déserte. Billon , propriétaire , petite rue des Feuillans. Michel, propriétaire, rue Puits-Gaillot. Monnier , Avocat-général , rue St-Dominique. 1820. Fantet , propriétaire, rue Neuve. Trolliet, médecin, rue Puits-Gaillot. Frèrejean fils, manufacturier, place Léviste. ASSOCIÉS VÉTÉRANS. Messieurs Barges, propriétaire, à la Guillotière, Chancey, à Belleville. Frossard , naturaliste, à Paris. Lanoix, pharmacien, à la Guillotiére. Le Camus , à Paris. Roux , professeur émérite de la faculté des sciences, à Lyon. Willermoz , rue des Fantasques. Mouton-Fontenille, professeur d'histoire naturelle. de Lyon. 247 ASSOCIÉS CORRESPONDANS. MEessicurs Albanis de Beaumont , à V’ernas. Le Comte d'Albon , à Avranges. Amoreux , médecin, à Montpellier, Arthaud de la Ferrière, à Pierreu. Arthaud , propriétaire, à Arles. Aulauier , propriétaire. Baunier , ingénieur des mines , à Paris. Begon , propriétaire , à Ste-Hyppolite. Belleval , propriétaire, à Montpellier. Boesse, %&, propriétaire, à la Thenauditre. Le Comte de Bondy, ( C. %& ), à Paris. Bonaire, $# , ancien Préfet des Hautes-Alpes. Bravet, médecin, à Annonay. Brébisson , propriétaire, à Falaise. Brachet , à Trévoux. Buniva , professeur de médecine , à Turin. Busson , ingénieur , à Paris. Cadet-de-Vaux, de la Soc. d'Agr. de la Seine, à Parts. Cadet-Gassicourt , # , pharmacien de S. M., à Paris. Cartier-Trolli, propriétaire, à Trolli. Le Comte Chaptal, de l'Institut , (G.% }), à Paris. Le Comte Chasset, ( G. :% ), à Paris. Le Comte Chabrol de Crousol, #%, conseiller d'état, à Paris. Chenaud-Desportes , propriétaire, au Mans. Chirat aîné, %, juge de paix, à Souzy. * 248 Société Royale d'Agriculture. Chrétien , propriétaire, à Condrieu. Clément, ancien juge à la Cour de justice criminelle, à Montpellier. Cuvier , & , secrétaire perpét. de l’Institut S à Paris. David, propriétaire, au Ripeau , près de Tours. De là Chance , à lu Chance. Le Baron de Gérando ( O % }, de l’Institut, à Paris. Delambre , # , secrét. perpét. de l’Institut , à Paris. Depoix-Marescreux , propriétaire , à Marescreux. De Rosni, à l’alencienne. Deschamps , propriétaire , à Lausanne. De Truchi, # officier de la garde royale , à Paris. De Vellay, professeur de mathématiques ,& Lausanne. Le Marq. d'Herbouville , pair de France C. #: à Paris. Dubouchage de Brangues, propriétaire , à Brangues. Dubouchage , propriétaire , à Grenoble. Dumarché , propriétaire , 4 Pont-de-Vaux. Dupalais, propriétaire, à Valence. Duvaure, propriétaire, à Crest. Faure Biguet, propriétaire, à Crest. Fleury, propriétaire, à St-Vallier. Finguerlin, négociant, en Suisse. Le marquis de Fontanes , (G. %& }) , pair de France. Le Comte François de Neufchâteau, de l'Institut, (G. & ), à Paris. Gallois , ingénieur des mines , à Paris. Gasparin , propriétaire, à Oranges. Groffier, médecin, à Chélons-sur-Marne. Guettat, mécanicien, à Rive-de-Gier. Guérin, médecin, à Avignon, de Lyon. 249 Hauteville, propriétaire, à Vevay. Le Vicomte Héricart-Ferrand de Thury , #, ingénieur en chef des mines, à Paris. Hurtrel-d'Arboval , à Boulogne-sur-mer. Huzard, % , membre de l’Institut, à Paris. Jussieu, #, membré de l'Institut, à Paris. Labbe, propriétaire , à Menufamille. Le Comte Lacépède, ( G. O. # ), membre de l'Institut à Paris. Lamarck, # , membre de l'institut, à Paris. Lamartine , propriétaire, à Macon. Lapierre, professeur d'histoire naturelle, à Rouanne. Le Comte de Laurencin, X, %, à la Chassaigne. Le Duc de Larochefoucauld , #, pair de France, à Liancourt. Lavalette , propriétaire, à Grenoble. Latournelle, propriétaire, à Coligny. Leroy-Champfleury , propriétaire , à Genay. Martin aîné, > , médecin, à St-Rambert. Marcel de Serres , naturaliste, à Montpellier. Maurice , propriétaire , à Genève. Menjot-d'Elbenne, propriétaire, à Couléon. Molard , membre de l'institut, à Paris. Moscati, président de l'institut Italien, à Milan. Le Comte Najac , ( C. :& ) conseiller d'état, à Paris, Noel, :%, professeur d'éloquence, à Paris. Palmieri, botaniste, à Milan. Pictet de Rochemont , propriétaire, à Genève. Pini, professeur de botanique, à Milan. de Poncins, maire de Feurs. 250 Societé Royale d'Agriculture Posuel de Verneaux , à Paris. Potot, médecin , à Paris. Prost, médecin, à Paris. Puthod de Maison-Rouge , propriétaire, à Mécon. Rast-Dezarmans , #% , ancien Secr.-gén. de la Préfect. au Mans. Raymond , $#, professeur de chimie, à St-Vallier. Hippolyte de Rozières, à Messimi. Riche, propriétaire, à St- Alban. Le Chevalier Riboud, % , à Bourg. Le Comte de Saint-Vallier , ( G. O. # ), pair de France, à Paris. Saloz, vétérinaire, à Odessa. Scrheiber , directeur des mines, à Alemont. Servin-Cornon , propriétaire, à Cornon. Souligné, propriétaire, à Foule-Tourte. Silvestre, membre de l'institut, à Paris. Thiebault-de-Berneaud , l’un des bibliothécaires de la Bibliothèque Mazarine, à Paris. Thouin, membre de l'institut, à Paris. Thouin, jardinier en chef du jardin des plantes, à Paris. Trouflaut, ancien professeur de botanique, à Autun. Vaivolet, propriétaire, à St-Lagcr. Valentin, %, médecin , à Nancy. De Varenne-Fenille, %, à Bourg. Valoud , propriétaire , à Fleurieux sur l’Arbresle. Verninac , ex-ambassadeur en Suisse, à Paris, Vidaillan , propriétaire, à Auch. Vitalis, propriétaire, à St-Vallier. Volta , professeur de physique, à Pavie. W aton , médecin, à Carpentas, TABLE DES MATIÈRES Réflexions sur les expériences d'agriculture, par le Secrétaire. STATISTIQUE. Notice statistique sur la commune de Loire ; par M. Cochard. Notice statistique sur les chèvres des Monts- d'Or; par M. Grognier. Notice statistique sur Les bêtes à cornes du Rhône; par le méme. Aperçu statistique sur les vendanges de 1819; par M. Rey-Monléan. Renseignemens sur la statistique des récoltes de 1819; par une commission composée de MM. Rémond, Margaron , Mognat-de-Liergue, le chevalier Perret, et Rey-Monléan. ENGRAIS. Recherches sur les composts végéto-minéraux ; par M. Rey-Monléan. Note sur le même sujet ; par M. Deschamps père. Observations sur l’engrais végéto-minéral , liqui- de, communiquées par M. Billon. Notice sur la lizée helvétique, communiquée par M. Barre fils. 56 58 60 6r 66 202 Société Royale d'Agriculture Sur la cause des effets du plâtre calciné qu'on répand dans les prairies artificielles ; par M. le docteur Socquet. 71 Résultats fournis par la 1.'° série d'expériences faites au printemps de 1817 , sur deux carrés- longs , semés l’un entrèfle, et l'autreeuluzerne. 79 Deuxième série d'expériences. 82 Résultats fournis par la deuxième série d'expé- riences, même année, 1817. 84 Troisième série d'expériences. 86 Quatrième série d’expériences. 89 RésuLTATs; par le méme. 90 . Notice sur le système des irrigations, suivi en Piémont; par M. Muthuon. 113 AGRICULTURE. (VécéÉTaux HERBACÉS.) | Note sur un mode particulier de culture de la pomme de terre; par M. Othon de Moidiére. 118 Diverses observations sur les pommes de terre; par M. Chancey. 119 Sur la culture des plantes oléagineuses, dans le - départ. du Rhône; par le chev. de Martinel. 123 Sur la pistache deterre, (arachys hypogæa ) ; par M. Bouchard-Jamben. 128 Sur la culture de diverses plantes herbacées ; par M. Chancey. 127 Observations sur des variétés de melons, cultivées en plein champ aux environs de Lyon; par M. Madiot. 130 Sur le Potiron, bonnet d'électeur ; par le méme. 134 de Lyon. 253 (ARBRES.) Notes sur l'établissement des pépinières; par M. Madiot. 155 Sur une variété de siringa et une variété d'ali- zier ; par le même. 156 Sur trois variétés de poiriers ; par le méme. 137 Sur une espèce d'Aubepin et une variété de Tuya; par le méme. 159 Sur six variétés de Châtaignes qu'on cultive dans le département du Rhône ; par Le méme. 141 Sur la greffe du noyer et sur celle du mürier ; par le méme. 144 Note sur un mürier de la Caroline ; par le méme. 147 Expérience sur le mürier de la Caroline ,et celui de Constantinople ; par M. Faissoles. 148 Projet de plantation des müriers nains sur les sols infertiles ; par M. Chancey. _ ibid Plantation des mûriers le long des tapis de la Croix-Rousse , etc. ; par M. Madiot. 150 Rapport sur la plantation des müriers dans le départ. du Rhône, par le chev. de Martinel. 151 Rapport sur des magnaneries à soie blanche ; par M. Muthuon. 154 Note sur l'établissement de M. Poidebard ; par M. le colonel de Martinel. 155 ART VÉTÉRINAIRE. Observation vétérinaire , par M. Raïnard. 157 Note sur la rage canine ; par M. de Moïidiére. 158 254 Societé Royale d'Agriculture Observation d'une néphrite, à la suite d'un coup sur les lombes; par M. de Gasparin , cor- respondant. ARTS UTILES. Notice sur le jaune Braconot , ou d'orpiment ; par M. Tissier. Description d’un poële économique ; par M. Leroy - Jolimont. Procédé propre à dévoiler le mélange des farines de pommes de terre et de froment ; par le méme. Examen de diverses farines soupçonnées frau- duleuses ; par MM. Socquet et Pelletier. Panification du froment de Pologne, comparée à celle du froment ordinaire ; par M. Rey- Monléan. RÉCOMPENSES DÉCERNÉES PAR LA SOCIÉTÉ. Grande médaille d'or décernée à M. de Gasparin, correspondant, auteur d'un Mémoire sur les maladies contagieuses des bêtes à laine ; rap- porteur ;, M. le docteur Janson. Prime de 100 fr. , décernée à madame Lortet, pour la culture du pavot, comme plante oléi- fère ; rapporteur , M. Le colonel de Martinel. Médaille d'argent accordée à M. Pidancet, auteur d'un mémoire sur les insectes nuisibles à la vigne; rapporteur , M. Rey-Monléan. 186 187 de Lyon. 255 DÉSIGNATION DES AGRICULTEURS LES PLUS RECOMMANDABLES DE L'ARRONDISSEMENT LE Lyon. Travaux de M. Rast-Maupas. 189 Travaux de M. Cochard. 192 Travaux de M. Billon. 194 Désignations des Candidats pour la correspon- dance du Conseil géuéral d'agriculture. 198 NÉCROLOGIE. Notice sur M. de Chavannes. 200 Notice sur M. Gohier. 204 Notice sur M. Sionnest. 210 ÉVÊNEMENS 216 OUVRAGES oFrERTs À LA SOCIÉTÉ. 221 PROGRAMME D'un Prix ET DE PLUSIEURS PRIMES qui seront décernés en 1821 et 1822. 235 En 1821. SusET pu PRIX: Déterminer le mode de nutrition des plantes avant leur floraison. cbid 17€ Prime. Indiquer la meilleure charrue à tourne-oreille , pour labourer à plat, à la profondeur de 9 à 12 pouces. 256 2.0€ Prime. Comparer les effets de l'engrais de litière avec ceux d’un compost solide ou liquide. 237 3.M€ Prime. Parvenir à supprimer les cartons de la machine dite de Jacquard, 238 256 Socielé Royale d'Agriculture. 40€ Prime. Faire passer la navette par un moyen mécanique, de manière à ce que l'ou- vrier ait simultanément les deux mains au battant , afin d'obtenir plus de régularité dans la trame. ibid. En 1822. 5.Me Prime. Comparer les résultats de la culture du froment après les pommes de terre, et après d'autres plantes , telles que le trèfle, le chanvre, etc. 259 G.me Prime. Culture comparative de trois plantes oléifères , le colza (brassica oleracea campes- tris ) ; le pavot des jardins , (papaver somnife- rum ) ; et la moutarde blanche, (sinapis alba’). 240 7.0e Prime. Comparer , pour l'éducation des vers à soie , la feuille de mürier greflé avec celle du mürier non greffé, vulgairement dit Sauvageon. 241 Conditions générales à remplir par les concurrens. 242 Tableau des Membres de la Société. 245 FAUTES ESSENTIELLES À CORRIGER. Pag. 971, lig. 18, au lieu de St. Humfry, uisez : Or Humphry. Pag. 92, lig. 15, au lieu de quart , zisez : quartz. Pag. 111 , lig. 10, au lieu de tant chimique- ment qu'adhérente emprisonnée, 11sEz: tant adhérente que chimiquement empri. sonnée. Pag. 124 , lig. 26, au lieu de facile à accli- mater , LISEZ : quoique dificile à accli- maler. Pag. 125 , lig. 7, au lieu de passarage , LISEZ: passerage. Pag. 137, lig. 17, au lieu de Mesbilus, zisez : Mespilus. Pag. 139 , lig. 6, au lieu de mai, z15Ez : juin. Pag. 153, lig. 1°, au lieu de 8,995 , zisez : 9940. iQ. lig. 23, après Savigny , LISEZ : Poidebard , commune de Tassin. Pag. 210 et suivantes , au lieu de Syonnest ; LISEZ : Sionnesf. Pag. 232, lig. 24, au lieu de malangurato, LISEZ : Malauguralo. à la Liste des Membres Titulaires. Pag. 246, Après Chareton , propriétaire , LISEZ : Tissier, professeur de chimie. Janson , juge au Tribunal de 1."° ins- tance de Lyon. (Tape Votants , à 2 che on. se mil us. ok ‘aile ana, he of here; TN | « - + V eut sb +. fan va 4e Mont rs 4 RTE | LS SASSE PAT £ C Ds Le OS ASC ARE ANR IS SAS L'ARSUSS PL ES > Es 2. Î A ET SS LR AGE h DÉS De 26) >| | Le SE «