Dans la séance du 11 Juillet 1903, la Société de Biologie, à l' unanimité des Membres présents, a décidé de rééditer (') le tome I de ses Comptes rendus et a chargé M. Auguste Pettit, Archiviste, de la publication de ce volume. (') Le présent volume est la reproduction anasta- tique de l'édition originale, à l'exception, toutefois, des planches qui sont des photogravures. COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1849. - Paris. — Imprimé pak E. Thdnot et c, 20, rue Haoine, près de l'Odéon. COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET MÉMOIRES r r SOCIETE DE BIOLOGIE. PREMIERE ANNÉE. — 4840. AU BUREAU DE LA GAZETTE MÉDICALE, 16, me Racine, près de l'OJt-on. ET CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, 17, rue de l'ÉcoIe-de-Médccina. 1850 SP"J> SUR LA DIRECTION QUE SE SONT PROPOSÉE EN SE RÉUNISSANT les membres fondateurs DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE POOR RÉPONDRE AD TITRE QU'ILS ONT CHOISI; PAR M. LE DOCTEUR CH. ROBIN, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, vice-président de la Société de Biologie. La lo 7 Juin 184». Les sciences envisagées d'une manière générale au point de vue de la philosophie positive, et en faisant abstraction des considérations auxquelles ge livrent à leur égard les partisans des phiiosophies théologique et méta- physique, se divisent naturellement en six branches fondamentales: 1° les mathématiques, 2° l'astronomie, 3° la physique, k° la chimie, 5° la biolo- gie, 6° la science sociale. Cette division est fondée en premier lieu sur l'ordre de leur développe- ment successif dans la série des temps. Elle est basée en second lieu sur le degré de complication des phéno- ir menés ou des objets qu'elles considèrent. En effet, abstraction faite des mathématiques, qui depuis Descaries et Newton sont la base de la philoso- phie naturelle plutôt qu'une de ses parties constituantes, nous voyons que l'astronomie envisage les phénomènes les plus simples, les plus généraux, le? plus abstraits, les plus éloignés de nous. Ils influent sur tous les autres sans être influencés par eirx. Les phénomènes considérés paT la dernière de ces sciences sont au contraire les plus particuliers, les plus compliqués, les plus concrets et les plus directement intéressants pour l'homme. Ils dépendent de tous les précédents; ils sont influencés par eux, sans exercer aucune action à leur égard. En troisième lieu, cette classification nous montre encore l'ordre d'en- chaînement des sciences sous le point de vue de l'utilité de chacune rela- tivement à celle qui la suit : utilité qui croit à mesure que l'on avance vers une science plus compliquée et par conséquent plus rapprochée de la fin de cette formule encyclopédique : utilité dont l'importance n'est pas encore sentie comme elle devrait l'être. En dernier lieu, cette classification marque exactement la perfection re- lative de chacune de ces sciences, perfection qui consiste essentiellement dans le degré de précision auquel elles sont arrivées et dans la coordina- tion des objets dont elles s'occupent. Plus les phénomènes sont généraux, simples et abstraits, moins ils dépendent les uns des autres et plus les con- naissances qui s'y rapportent peuvent être précises en même temps que leur coordination peut être plus complète. Il suffit pour s'en assurer de comparer un instant ce que nous savons des corps bruts à ce que nous connaissons des êtres orgauisés. Il ne faut pourtant pas croire que pour être moins précises, les dernières puissent arriver à un degré de certitude moindre que les premières; car la précision et la certitude sont deux qualités en elles-mêmes fort distinctes. Rien n'est plus certain que les phénomènes que présentent les êtres orga- nisés, mais aucuns ne sont moins précis, ne peuvent varier dans des limites y>lus étendues et d'après ut; nombre plus considérable de causes éven- tuelles. nr Chacune des sciences dont nous venons de parler peut être envisagée sous deux points de vue. En premier lieu, elles peuvent être étudiées comme sciences abstraites, c'est à-dire générales, envisageant les lois des diveises classes de phénomènes dont s'occupe cette science. Elles peuvent on outre être considérées au point de vue concret, c est-à-dire au point de vue descriptif et particulier, appliquant les lois générales précédentes à l'histoire de chaque objet en particulier. Elles constituent alors les sciences dîtes d'application, qui peuvent donner lieu à un grand nombre de subdivi- sions de la science principale. La partie abstraite de chaque science en est la partie fondamentale. Les autres, quelle que soit leur importance parsuitede leur utilité plus immédiate relativement à l'homme, ne sont réellement que secondaires, eu ce qu'elles reposent sur les premières, lui sont subordonnées, lui empruntent leur base et la source de leurs progrès, etc. De là cette importance donnée in- stinctivement par tous à la science pure. Parmi les sciences que nous Arenons d'énumérer, il en est une qui nous intéresse plus directement que les autres, c'est la biologie. Les phénomènes dont s'occupe la biologie ont quelque chose de plus compliqué, de plus particulier que les autres, qui font qu'on les distingue facilement; ces phénomènes sont influencés par tous les autres sans réci- procilé.Quelle que soit la manière dont on explique les différences qui sépa- rent les êtres dont s'occupe la biologie de ceux qu'étudient les sciences inorganiques, il est certain qu'on observe dans les corps vivants tous les phénomènes, soit mécaniques, soit physiques ou chimiques, qui ont lieu dans les corps bruts. Mais on remarque qu'ils deviennent de plus en plus compliqués jusqu'au moment où ils sont tellement complexes que leur ana- lyse physique ou chimique directe devient impossible, tels sont surtout les phénomènes nerveux, de sensibilité, intellectuels et moraux. Jls constituent dès lors un ordre tout spécial de phénomènes appelés phénomènes vilaiix, les seuls méritant ce nom, coïncidant avec un état statique tout spécial aussi. La biologie au point de vue abstrait permet de considérer les êtres orga- nisés sous deux faces distinctes, sous le rapport statique, c'est à-dire IV comme aptes à agir, et sous le rapport dynamique, c'est-à-dire comme agissants. Sous le rapport statique se rangent deux des quatre branches fondamentales de la biologie ; ce sont : 1° Uanatomie, qui étudie l'organisation des êtres, et dont le principal moyen d'investigation intellectuel est la comparaison, 2° La biotaxie, qui étudie les lois de l'arrangement des êtres en groupes naturels, d'après la conformité de leur organisation, qui se traduit au dehors par des modifications correspondantes des organes extérieurs. Au point de vue dynamique se rangent les deux autres divisions fonda- mentales : 3* La science qui étudie Pinfluence du milieu, ou si l'on veut des agents extérieurs sur l'être vivant. Toute idée d'être organisé vivant est impossible, si l'on ne prend en considération l'idée d'un milieu. Ainsi l'idée d'être vivant et celle de milieu (air, eau, lumière, chaleur, etc.) sont inséparables. On ne peut concevoir non plus une modification de l'un sans que survienne une modification de l'autre par une réaction inévitable. Aussi l'étude de l'influence du milieu sur l'être organisé vivant et de celle de l'èlre sur le milieu sont-elles liées l'une à l'autre. Cette branche de la biologie dont on peut prévoir l'importance, en se rappelant les travaux de Williams Edwards, n'a pourtant élé étudiée comme partie distincte que par M. de Blainville, qui n'a pu que l'ébaucher. C'est sur elle qu'est en grande partie fondé l'art de conserver la santé, Vhygiène, et cependant elle n'a depuis lors jamais été envisagée méthodiquement; aussi les matières qu'elle doit compreudre sont-elles éparses dans les livres où elles ne de- vraient figurer qu'à titre, d'emprunt à la science mère; le plus souvent même il n'en est pas question. Il est vrai que par la suite, lorsque l'action des agents extérieurs sur les êlres vivants sera plus approfondie, celte science pourra être réunie à la physiologie, dont elle formerait la première partie. Mais jusqu'à cette époque peu prochaine, on ne saurait trop faire ressortir la nécessité d'étudier cette science méthodiquement, sous les di- vers points de vue qu'elle comporte chez les végétaux elles animaux isolé* ou réunis en masses considérables, etc. V W La physiologie forme la dernière branche fonda mentale de la bio- logie; c'est elle qui éludie directement les fonctions de chaque organe. Chacune de ces divisions s'appuie sur celle qui la précède, comme la science de l'organisation tout entière s'appuie sur la chimie, et les faits dont elles s'occupeut sont de plus en plus généraux et compliqués. Mais réci- proquement l'élude de la science qui suit sert à reviser, à contrôler les notions acquises dans celle qui précède. Elles s'enchaînent donc l'une a l'autre, et sont rangées suivant le degré de complication des phénomènes dont elles traitent et de leur dépendance réciproque. De ce que les sciences se prêtent un mutuel appui en servant l'une à cou - trôler l'autre , et réciproquement, de ce que surtout on ne peut aborder rationnellement l'étude de l'une sans s'appuyer sur les notions fournies par celle qui précède, ce n'est pas à dire pour cela qu'elles ne soient pas dis- tinctes, ou que celle qui suit soit un corollaire de la précédente ; car, à ce titre, il faudrait admettre que la biologie dérive de la chimie, et einsi de suite. Aucune d'elles ne peut rentrer dans l'autre; chacune a son champ nettement limité, malgré des points de contact fréquents, et ces limites ne peuvent être franchies sans beaucoup d'obscurité répandue sur le sujet qu'on veut éclairer. Peut-être s'étonnera-t-on de ne pas nous voir énumérer plusieurs sortes d'anatomie, à l'exemple de presque tous les auteurs. C'est qu'il n'y a en effet qu'une seule sorte d'anatomie. Depuis que le génie de Bichat et les travaux des modernes sont venus achever l'analyse anatomique des êtres, qu'on commença spontanément par la division du corps en appareils et en organes, elle étudie les êtres organisés sous cinq points de vue. En premier lieu se présente l'examen des éléments anatomique* ou organiques, libres, tubes, cellules, etc.; 2° celui des tissus proprement dits, résultant de l'arrangement réciproque d'une ou plusieurs espèces d'éléments anato iniques : c'est Vhislologie, telle qu'elle a été comprise par Mayer, le créa- teur du mol en 1819; 3° celle des systèmes de tissus, envisageant surtout les lois de la distribution de ceux-ci dans l'économie ; W vient ensuite l'é- tude des organes, Panatomie descriptive; 5° enûn celle tes appareils, 1. VI anatome animata, la plus compliquée, la moins générale de toutes, celle qui a le plus directement en vue l'étude des fonctions. A l'étude des systèmes et des tissus, qui formaient Yanatomie générale de Bichat, on doit joindre celle des éléments anatomiques, conquête due au microscope; on aura de la sorte Yanatomie générale telle qu'elle doit être envisagée, et composée des trois parties de l'anatomie les plus intime- ment liées Tune à l'autre. Ce n'est pas par oubli que Yanatomie comparée n'est pas mentionnée : on ne doit y voir, au lieu d'une espèce à part d'anatomie, que la transforma- tion irrationnelle en science distincte d'une des méthodes d'exploration bio- logique. A l'appui de ce fait, il suffit de rappeler que chacune des sciences fondamentales est la source naturelle de chacun des principaux moyens d'exploration que nous possédons, ainsi que des différentes parties de l'art logique. La physique et la chimie, par exemple, portent au plus haut degré l'art d'observer et celui d'expérimenter, en même temps que cette der- nière développe plus que toutes les autres Yart des nomenclatures. Quant à la biologie entière, c'est la comparaison qu'elle développe par-dessus tout, et qui est son principal procédé intellectuel d'exploration. La méthode com- parative n'est donc pas une science à part : c'est un moyen mis au service de toutes les branches de la biologie, quelles qu'elles soient, afin d'arriver, par la connaissance des organes et des fonctions les plus simples, à celles dont la complication est devenue un trop grand obstacle pour une étude di- recte. Par conséquent, en quelque occasion que ce soit, on ne peut se passer de ce puissant appui, dont la nécessité se fait sentir dans l'étude de l'homme bien plus que dans celle de tout autre animal, puisque de tous il est le plus compliqué , le plus difficile à étudier. Ce sujet est celui qui nous intéresse le plus directement; c'est, à quelques exceptions près, le seul qui nous soit immédiatement utile. Nous devons par conséquent reconnaître que c'est sa structure qu'il faut toujours avoir pour but d'éclairer en étudiant un ani- mal quelconque; et de même, en faisaut l'anatomie, c'est la connaissance des fonctions que nous devons toujours avoir en vue. Nous le répéterons : l'anatomie et la physiologie de l'homme, ne sauraient être bien connues VII qu'à, l'aide d'une étude approfondie de celle des animaux, qui nous mon- trent séparément ce qui est réuni chez lui. La théorie des analogues, si singulièrement repoussée, n'est autre chose que la méthode comparative envisagée philosophiquement. Ajoutons , en terminant , que la biologie a la propriété de développer l'art des classifications au plus haut degré, tandis qu'il était presque nul dans les autres sciences, et que la science sociale, celle qui étudie les êtres réunis et organisés en société, a pour principal moyen d'étude la méthode historique, ou élude de la filiation des faits. Nous venons d'envisager la biologie au point de vue abstrait, c'est-à- dire considérant les êtres en général. Au point de vue concret, c'est-à-dire individuel, descriptif ou d'appli- cation, elle se divise en deux branches. En premier lieu, Vhistoire naturelle proprement dite, science qui envi- sage isolément chaque espèce d'êtres successivement sous les quatre points de vue, anatomique, biolaxique, de la science des milieux et physiologique, déjà étudiés d'une manière générale pour l'ensemble des êtres. Puis vient la pathologie, histoire non naturelle, science complémen- taire, extension des précédentes à des états accidentels, et basée sur leur étude ; elle est destinée à nous faire connaître, à l'aide d'une connaissance exacte et indispensable de l'état normal, les altérations que peuvent subir les organes, afin d'arriver par cette connaissance à rétablir cet état naturel. Elle n'est encore étudiée, selon son importance, que chez l'homme ; ses progrès ne sont si lents que parce qu'à l'exception de quelques esprits émi- nenls, la plupart des pathologistes négligent les matériaux fournis par l'étude des maladies des animaux. Ce n'est pas tout encore : à côté de chaque science nous pouvons voir un art principal se développer d'une manière correspondante. A côté de la géométrie l'architecture ; à l'astronomie répond l'art nautique ; à la physi- que et la chimie répondent les arts industriels; enfin, en biologie, à l'his- toire naturelle correspondent l'art de la culture des végétaux et de la do- mestication des animaux; à côté de la pathologie se range Vart médical. vin C'est pour nous le plus important, celui vers lequel tendent naturellement tous nos travaux. Nous aurions pu y joindre Part de Vhygiène, placé spé- cialement à côté de l'étude scientifique des milieux ; Yart obstétrical, à côté d'une des parties de la physiologie. Enfin, les différentes branches de l'esthétique puisent toutes leurs inspirations dans l'étude des phénomènes sociaux Toutes cherchent à ies reproduire, à les exprimer de la manière la plus régulière, la plus théorique, en éliminant tout ce qui peut nuire à l'idée du résultat effectif. L'anatomie, la physiologie et même la pathologie, considérées comme sciences, sont actuellement assez avancées pour que nous n'ayons désor- mais plus besoin d'être stimulés par l'élude des altérations pathologiques et les exigences de la pratique de l'art médical pour remonter à l'élude de l'état normal. Du reste, déjà trop d'exemples sont venus nous monlrer qu'en agissant de la sorte, on avait souvent décrit comme pathologiques des dispositions normales dont l'étude n'avait pas élé faite, pour que nous hésitions à nous proposer pour but l'étude directe de l'état normal, et des- cendre ensuite à l'observation des altérations morbides, laissant au génie de chacun tout ce qui concerne les applications à Part médical. On ne sau- rait douter que cette marche n'ait plus tard, sur la pratique de la médecine, la même influence que l'étude de la physique et de la chimie pure ont eue dans la moitié de ce siècle sur les arts industriels. Aussi ne rechercherons- nous pas ces observations chargées de chiffres dans lesquelles, sans tenir compte de nos connaissances actuelles en physiologie, on semble refaire en quelque sorte l'histoire naturelle du naïade jusque dans ses plus minutieux détails, comme si c'était une nouvelle espèce d'être encore inconnu. Ne doit-on pas, au contraire, considérer comme connus l'état nor.nal et les limites dans lesquels il est susceptible de varier ? N'est-ce pas d'une ma- nière incessamment comparative que doivent être faites ces descriptions? Il y a certainement autre chose que de l'indifférence dans cette répulsion instinctive qu'inspirent ces travaux, qui, s'ils pouvaient être suivis pour modèles dans l'étude de chaque affection, rendraient matériellement impos- sible l'étude de la biologie même spécialisée à l'homme seul. Ce n'est pas IX l'exactitude dans les observations que nous repoussons ici, mais ce vice de méthode qui cherche à introduire dans l'étude des corps organisés une pré- cision mathématique que la nature trop complexe de leurs phénomènes ne comporte plus. Ainsi le démontre l'expérience, et d'ailleurs tous les faits chimiques et une grande partie des phénomènes physiques ne peuvent déjà plus en recevoir l'application. Si en choisissant un titre aussi général que celui de Société de biologie, nous embrassons un vaste sujet d'étude, ce n'est pas sans connaissance des choses. D'abord nous envisageons les végétaux aussi bien que les animaux, et nous n'avons pas séparé encore leur élude, parce qu'il n'est pas une des divisions indiquées plus haut qui ne se rapporte aux uns aussi bien qu'aux autres, tant sous le point de vue statique que sous celui des actions, etc. Ce titre, et les divisions qu'il comporte, ont été choisis pour faire sentir que si l'art médical a été primitivement la source de nos connaissances en physiologie, en pathologie, puis a montré la nécessité de l'anatomie, etc., le temps est venu, par suite du développement de ces sciences, de les con- sidérer d'abord indépendamment de toute idée d'application. Ce n'est que de la sorte qu'elles pourront faire de rapides progrès. C'est la marche qui a spontanément été suivie dans toutes les autres sciences, comme le montre leur histoire; mais la complication de la biologie et l'irrationalité des mé- thodes suivies dans son étude exigent que sa marche soit nettement tracée d'avance, si l'on veut voir, par une réaclion inévitable, l'art médical faire bientôt des progrès rapides, analogues â ceux que l'étude isolée de la phy- sique et de la chimie ont déterminés de nos jours dans les arts industriels. Ainsi notre Société n'est pas une Société d'analomie pathologique ni de. pathologie. Nous avons pour but, en étudiant l'anatomie et les classifica- tions des êtres, d'élucider le mécanisme des fonctions ; en étudiant la phy- siologie d'arriver à connaître comment les organes peuvent s'altérer, et dans quelles limites les fonctions peuvent dévier de l'état normal. Mais pour cela, c'est d'abord la disposition naturelle des choses qu'il faut connaître, et si nous appelons à nous autant que possible les cas anormaux, ce n'est X qu'autant qu'ils sont susceptibles, directement ou indirectement, d'éclairer l'état normal ) c'est comme autant d'expériences toutes faites que nous les désirons. Hors de ce point de vue, c'est-à-dire considérés isolément, en eux-mêmes, sans relations établies entre la structure normale et la fonction, ils nous sont inutiles . Ce but une fois atteint, les applications directes à l'art médical se pré- senteront spontanément en grand nombre, sans qu'il soit nécessaire pour cela d'une réunion d'efforts ; car les applications ne peuvent qu être aben- données au génie de chacun. Toute autre marche, du reste, n'atteindrait pas ce but, le seul en définitive qui soit utile et auquel on puisse espérer d'arriver. Si encore nous avons choisi ce titre, c'est pour faire sentir que l'art mé- dical n'emprunte pas seulement à l'anatomie, la physiologie et la patholo- gie, mais de plus à l'histoire naturelle d'un grand nombre d'êtres. Ainsi, pour l'étude des médicaments, il est à chaque instant obligé de puiser ses renseignements dans la taxonomie végétale et les autres parties de l'histoire des plantes. Dans l'étude des parasites, c'est eucore à l'histoire naturelle des animaux et des végétaux que le médecin doit recourir, puisque les maladies qu'ils causent, ne sont que le résultat des mœurs de ces êtres ou de plu- sieurs de leurs phénomènes vitaux* C'est pour montrer enfin que l'art de conserver la santé, que l'hygiène, partie si importante de l'art médical, est fondée tout entière, non-seule- ment sur l'anatomie et la physiologie, mais spécialement sur l'étude de tous les êtres avec les milieux où ils vivent. Remarquons que l'étude de l'in- fluence des agents modificateurs externes qui font partie des milieux com- plexes (gaz, vapeurs, lumière, électricité, chaleur, etc.) habités par l'homme et le reste des êtres prend chaque jour plus d'importance. C'est certainement pour avoir voulu considérer l'art médical exclusive- ment, comme point de départ et non comme but, sans s'appuyer sur les éléments d'études que lui fournissent les autres branches de la biologie, que trop souvent des tentatives analogues à celles que nous faisons ici se sont vues, au bout d'un certain temps, frappées de stérilité. Du reste, déjà XI d'autres sociétés, dont nous faisons partie pour la plupart, ont pour direc- tion spéciale l'étude directe de la pathologie, dont on ne saurait mettre en doute l'importance, vu les applications immédiates à l'homme. C'est donc à chercher à compléter autant que possible, sous un autre point de vue» l'ensemble des connaissances qui nous sont nécessaires à tous que doivent tendre nos efforts collectifs. COMPTE RENDU DES SÉANCES DF. LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 18A9 ; PAK LE DOCTEUR LEBERT. Au mois de mat dernier, plusieurs médecins et naturalistes se sont réunis pour former une société dans le but d'étudier, avec des vues d'ensemble et par les voies de l'observation et de l'expérimentation, les phénomènes qui se ratta- chent à la science de la vie, à la biologie, tant normale que pathologique. Pénétrés de l'importance qu'aurait pour l'avenir de cette Société !e choix de son président, tous les membres fondateurs furent bientôt d'accord de faire l'offre de ce titre à M. Rayer, qui a bien voulu nous faire l'honneur de l'accepter. M. Rayer a pris dès lors une part si active aux travaux et à la direction de la Société, et a témoigné une bienveillance si parfaite à tous ses membres, que c'est pour nous un devoir bien doux de lui en exprimer ici nos sentiments de vive et profonde gratitude. Le bureau a été constitué de la manière suivante : MM. Claude Berr ard et Ro- bin ort été nommés vice-présidents ; MM. Follin et Lebert, auxquels on associa plus tard MM. Brown-Sequars et Segond, ont été chargés des fonctions de secré- taires ; M. Muette a été désigné comme trésorier et archiviste de la Société de nie- 2 logir. Les séance» se tiennent tous les samedis, à trois heures, à l'École pratique, dans le grand amphithéâtre de M. Robin. Les travaux des premiers six mois paraîtront plus tard. Nous allons rendre compte des travaux du mois qui vient de 6'écouler. Nous diviserons ce travail en deux parties : dans la première, nous analyserons les communications faites sur divers sujets de pathologie et danatomie morbide; dans la seconde, nous passerons en revue celles qui sont du domaine de l'anato- mic, de la physiologie et des sciences naturelles en général. PREMIÈRE PARTIE. — PATHOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE. POILS DANS LES URINES. |o M. Rayer présente, dans la séance du 27 janvier, les urines d'un enfant qui lui a été amené par M. le docteur Paulin. Cet enfant rend, depuis quelque temps déjà, des poils par les urines. Après s'être convaincu qu'il ne s'agissait pas, dans ce ca3, d'une maladie simulée, il a soumis ces productions à l'examen microsco- pique, qui a été répété pendant la séance, par plusieurs membres de la Société. Le microscope démontre que ces poils sont couverts, dans bien des endroits, de groupes de cristaux d'acide urique. M. Rayer promet de communiquer à la So- ciété, dans une des prochaines séances, le résumé des principales observations qui sont éparses dans la science sur la pili-mixtion vraie ou simulée. rORUATION DE LA CADUQUE. 2* M. Cazeaux a présente, dans In séance du 13 janvier, un œuf humain âgé de 10 femaines environ, rendu par avortement ; les membranes étaient intactes, mais l'embryon, mort probablement déjà depuis plusieurs semaines, était pres- que méconnaissable. La cavité de la membrane caduque esta peu près Inrjtcte. M. Cadeaux, tout en déclarant qu'il est disposé à admettre la nouvelle théorie, d'après laquelle la caduque ne serait qu'une transformation de la membrane muqueuse utérine, reconnaît cependant que. cette théorie laisse encore plusieurs faits à expliquer. De ce nombre est, par exemple, celui de la cavité, souvent par- faitement close, de la caduque. Dans ia discussion qui s'engage i cette occasion, et à laquelle MM. Giraldès, Blot, Depaul, Robin et Follin prennent part, on in- niste surtout sur la différence qui existe entre les œufs normaux et les œufs patho- logiques, expulsés par avortement et souvent déjà malades depuis quelque temps. C'est ainsi que les ouvertures au niveau des trompes, que M. Blot est toujours parvenu a démontrer dans les œufs normaux par sa méthode ingénieuse de l'in- suiUatiou par les trompes, peuvent s'oblitérer par des produ'ts d'exsudation et par des adhérences anormales. L'existence des glandes utriculaircs dans la caduque parait à MM. Robin et Follin une preuve irrécusable de la justesse de la théorie de Coste, do Bischoif, do Wcbor et de Shaipey. M. Depaul déclare que celte opinion 3 ne lui paraît pas encore fondée sur des preuves irrécusables, et qu'il ne pou! p;u conséquent pss l'adopter. Dans la séance du 6 janvier, M. Cazcaux a iu une analyse critique des travaux d'obstétrique récemment publiés, et ce résumé important sera reproduit eD entier dans les publications de la Société. TUMEURS FIBREUSES. 3° M.Foi.lin montre, dans la séance du 27 janvier, deux tumeurs Obreiises. dont l'une offYe surtout un grand intérêt, à cause de la rareté du fait. La première avait son siège dans le calcaneum ; elle existait chez une femme de 70 ans, d<- puis trois années environ. La partie postérieure du pied a grossi peu à peu. Avant l'opération, on sentait à sa surface des plaques dures, de consistance osseuse, alternant avec des masses plus molles. La malade éprouvait peu de douleurs pendant le repos; la marche et la station étaient douloureuses; la peau, au ni- veau de la tumeur, est normale. M. Velpeau pratique l'amputation sus-mallco- laire. L'examen de la pièce montre tout le calcaneum transformé en une masse Manche, nacrée, dure, craquant sous le scalpel, d'aspect fibreux, avec quelques épanchements sanguins dans l'épaisseur du tissu. Cette masse est parfaitement limitée à toute l'étendue du calcaneum. Au niveau des articulations du calca- neum avec les os voisins, on trouve les cartilages articulaires du calcaneum unis à ceux qui leur correspondent par de fausses membranes vasculaircs. L'examen microscopique n'a démontré, dans cette tumeur, que les éléments ordinaires des tumeurs fibreuses. La seconde tumeur était située à la région interne du genou, et avait le volume d'une tète d'enfant d'un an; elle était très-peu mobile, peu douloureuse, et exis- tait depuis deux ans environ chez un homme de 40 ans, d'une bonne constitu- tion. Cette tumeur a été enlevée par !a dissection d'un lambeau demi-circulaire; un prolongement de cette grosseur reposait sur l'artère poplitée. L'examen de la pièce montre qu'elle renferme au centre une cavité irrégulière, remplie d'une sérosité citrine, lliante, à parois couvertes de franges libro-albumine.uses. Le tissu de la grosseur est celui des tumeurs fibreuses. û° M. Lebert communique, à la suite de la présentation de cette pièce, le fait, rare dans la science, de tumeurs fibreuses multiples disséminées sur toute la surface du corps, siégeant dans le tissu cellulaire sous-cutané. Une de ces tu- meurs a été enlevée par M. Lenoii ; l'examen analomique et microscopique y démontre, à n'en pas douter, tous les caractères des tumeurs fibreuses. Le malade, actuellement encore à l'hôpital Necker, est âgé de 66 ans. L'état général de sa santé ne laisse rien à désirer. La tumeur enlevée avait eu son siège sous la peau à la partie antérieure et supérieure de la cuisse gauche. Sa première apparition remonte à plus de trente ans; c'est depuis douze ans sur- tout que plusieurs centaines de ces tumeurs ont successivement paru dans le k (issu cellulaire sous-cutané de l'a tête, du cou, du tronc, des membres ; les plus petites ont le volume d'une lentille; la plus volumineuse, située près du coude gauche, dépasse celui du poing. La peau, au niveau des tumeurs, n'est point enflammée ; elle est plutôt trop lâche au-dessus de quelques-unes. Le malade n'a jamais ressenti ni douleurs ni aucun malaise quelconque par suite de ce» productions accidentelles multiples. Les dessins qui se rapportent à celte ob- servation, recueillie avec détails, seront plus tard mis sous les yeux de la So- ciété; l'analyse chimique, faite en commun avec M. le docteur F. Verdcii, lui sera également communiquée. ALBUMINURIE PASSAGÈRE. 5° M. Boucuut a lu, dans la séance du 20 janvier, l'observation d'un cas d'albuminurie passagère, et produite sous l'influence d'une congestion sanguine passive. Ce malade était atteint d'une affection organique du cœur, dans ie emirs de laquelle était survenue une infiltration séreuse de toute la surface du cori>s, qui était d'une couleur généralement rougeâtre et vivement congestionnée. C'est dans ces circonstances que la présence de l'albumine a été constatée dans ies urines. Une saignée de 300 grammes dissipa les signes de celte hypérémie géné- rale, et depuis sa disparition, les urines cessent d'être albumineuses. A celte occasion, M. Blot appelle l'attention de la Société sur le fait de la pro- duction d'une albuminurie passagère qui survient quelquefois pendant le tra- vail de l'accouchement, sous l'influence de la gène de la circulation, et qui dis- paraît bientôt d'elle-même. M. Gubler a observé plusieurs fois le fait, déjà si- gnalé par M. Rayer, que l'oblitération des veines rénales pouvait produire l'al- buminurie. M. Lebert insiste sur l'utilité d'associer, dans l'élude de celle affec- tion, l'examen microscopique à l'examen par les réactions chimiques. Il sera de cette façon facile d'apprécier si l'albumine existe dans les urines à l'état amor- phe, ou si elle est fournie en partie par les globules du sang ou par ceux du pus. PRÉSENCE DO SUCRE DANS LES MATIÈRES VOMIES PAR UN DIABÉTIQUE. 6° M. Bernard, dans la séance du 13 janvier, fait voir les matières vomies par un diabétique qui, n'ayant mangé que de la viande, a néanmoins rendu du sucre dans les matières vomies. La présence du glucose est démontrée devant la So- ciété par le procédé si simple et à la fois si sûr de M. Bernard, qui consiste à chauffer dans un tube ce liquide mêlé avec une solution de tartrate de potasse et de cuivre; dès que ce mélange entre en ébullilion, le sel de cuivre est immé- diatement réduit. C'est par ce même procédé que l'auteur est parvenu à démon- trer la présence constante et normale du sucre dans le foie. M. Bernard expli- que la présence du sucre, dans ces matières vomies, par le fait que lui a déjà démontré antérieurement l'expérimentation, que le suc gastrique |»eut renfer- 5 oierea général toutes les substances contenues dans le sang. M. Lebert a pré- paré avec ce liquide, après y avoir ajouté du chlorure de sodium, le giucosa" La glande piuéale est allongée et volumineuse. 4° Les tubercules optiques sont volumineux, arrondis et creux. Derrière eux s'insère la ft* paire. 7 5* Le quatrième ventricule est très grand, et le cervelet étant très-petit, ré- duit à une petite lame, laisse le quatrième ventricule complètement découvert en baut ; mais il est formé néanmoius par uit organe particulier, décrit sous le nom de tegmen vasculotum par Bojanus, cbez la tortue d'Europe et autres reptiles; il existe aussi chez la lamproie; il est très-développé, très-vasculaire, régulièrement plissé à sa face interne. 6» La 5e paire naît à l'extrémité antérieure de la moelle épiuière ; 'a portion motrice naît du faisceau antérieur. La racine postérieure est logée dans un sillon sur les côtés du quatrième ventricule, et son origine réelle n'a lieik qu'à 1 ou 2 centimètres plus eu arrière. V Le nerf auditif natt un peu plus bas, sur les côtés de la moede épinière ; un renflement existe, à son niveau, dans le quatrième ventricule. M. Robin a de plus montré, dans la séance du 27 janvier, l'organe électrique d'un gymnote, et il promet de donner prochainement des détails sur sa struc- ture intime. Le grand volume de cet organe le rend facile à étudier. MÉCANISME DE LA VOIX. DE TÊTE. 2° M. Second a exposé, dans la séance du 6 janvier, le résumé de ses recher- ches sur la voix de tête. Il a été frappé par la proportion relative des replis in- férieurs et supérieurs de la glotte cbez les animaux qui ont deux rubans vocaux. Cuvier et Carus, en examinant le larynx de certains singes et de la plupart des carnassiers, n'ont pu s'empêcber d'attribuer à la glotte supérieure une part ca- pitale dans les phénomènes vocaux. M Segond, eu pénétrant dans l'intervalle crico-thyruïdien, sur un chat domestique, a fait la section des replis inférieurs de la glotte et a vu la voix se reproduire lorsque l'ouverture dv± l'opération a été guérie. M. Segond espère pouvoir démontrer que chez les animaux qui ont deux re- gistres de sons, il y a deux instruments , seule manière d'expliquer les phénomènes appartenant à ces deux registres, que chez l'homme, par consé- quent, la glotte inférieure estl'orgaue de la voix de poitrine, et ia glotte supé- rieure l'organe de !a voix de tête. ACTION TOXIQUE DE L' ATROPINE. — SUR LE TOURNOIEMENT. 3* M. Cl. Bernard a rendu compte, dans la séance du 20 janvier, de ses expé- riences sur l'atropine. On a prétendu que cette substance vénéneuse agissait sur les chiens et non sur les lapins. Mais celle différence n'a lieu que lorsqu'on administre aux uns et aux autres le poison par la bouche, car il est très-facile de mettre les chiens à jeun, tandis qu'il est beaucoup plus difficile de rencon- trer Pestomac vide chez les lapins. Il vaut donc bien mieux recourir à l'injection dans les veines pour obtenir toute l'action de l'atropine; il est nécessaire en outre qu'elle soit bien dissoute. En employant celle précaution, 5 centigr. d'atro- 8 pine ont simplement uarcotisé un cbien? tandis qu'un lapin a été tué par cette même dose, ce qui n'a rien de surprenant vu qu'il a uue quantité de sang moins considérable que le chien. Dans la séance du 27 janvier, M. Cl. Bernard a communiqué le résultat de ses expériences sur le tournoiement. Il commence par exposer la divergence des ré- sultats obtenus par les divers auteurs ; les uns prétendent que la piqûre du pé- doncule fait tourner du même côlé, land-s que d'après d'autres expérimenta- teurs le niénie mouvement aurait lieu du côté opposé. M. Bernard a trouvé que lorsqu'on piquait chez un anima! (chien, ebat, lapin) le pont de Varo!e au devaut de l'origine de !a 5" paire, on produisait le tournoiement du côté opposé, tandis qu'il avait lieu du même côté si 5a piqûre était faite en arrière. D'après ce fait, il est probable qu'il existe au devant de l'origine du trifacial quelques entre-croi- sements des libres. M. Bernard protite de cette occasion pour rapporter un autre fait propre au système nerveux, c'est la constance des mouvements de resserrement dans l'ac- tion réflexe chez les grenouilles lorsqu'on a^itsur les racines postérieures, tan- dis qu'un mouvement d'extension a lieu ai1 contraire lorsqu'on agit sur les ra- cines motrices. Un cas qui a quelque rapport avec ce phénomène s'est pré- senté dans les salles de M. Rayer. Ce malade, qui, lorsqu'on le pinçait, contrac- tait les membres supérieurs et inférieurs paralysés, a offert à l'autopsie une alté- ration des faisceaux postérieurs de la moelle par suite d'un dépôt crétacé ; on aurait piulôlcru trouver t'aitération dans les faisceaux antérieurs. Des faits pa- reils semblent venir à l'appui de la thèse défendue déjà en 1809 et de nouveau en 1848 par M. Walker, d'après lequel le siège des mouvements serait dans les racines postérieures et celui du sentiment dans les antérieures. Sans adopter cette opinion paradoxale, il est de fait cependant que le mouvement peut être détruit dans les cas pathologiques, par l'altération des parties sensitives, et qu'il y a une telle liaison entre les deux ordres de phénomènes qu'il faut que l'unp Poit intacte pour que l'autre le soit aussi. M. Brown-Seqiiait attaque celte liaison si intime d'après ses expériences et d'après des cas pathologiques. Quant au tournoiement, il a vu que la section du pédoncule en dedans des trijumeaux produisait des mouvements du même côté, tandis que la section en dehors les provoquait du côté opposé. Une piqûre super- ficielle des tubercules quadrijumeaux le produit aussi du même côté; mais si on enfonce l'instrument plus profondément, il se produit du côlé opposé. Quant aux mouvements excités par l'action réflexe, ils sont plutôt sous l'influence de cette loi si curieuse rie l'appropriation au but, d'après laquelle une grenouille porte les pattes vers le point pincé. Il a observé des phénomènes anaiogues sur un ma- lade au Val-de-Oràce. M, BmifARD dit qu'on peut facilement prendre l'alwlition incomplète de la sensibilité pour sa cessation complète, et dans ces cas, cette liaison entre le mouvement et le sentiment n'existerait pas. Il a observé une malade dont la 9 peau était insensible; mais lorsqu'on enfonçait des épingles plus profondément, la malade manifestait des douleurs. Elle eut une angine qui non-seulement fut douloureuse par elle-même, mais qui la fit souffrir par les sangsues appliquées au cou, et dont les piqûres lui occasionnèrent de vives douleurs. Quant au mou- vement d'appropriation, il est sous l'influence d'autres phénomènes. M. Brown- Sequart promettant de faire sur ces questions une communication ultérieure, la discussion sur ce sujet ne continue pas. ACTION DE LA LUMIÈRE LUNAIRE SUR LA PUPILLE. ortiondelle à la lésion des organes de la sensibilité. 7* DES RAPPORTS QOI EXISTENT ENTRE LA LÉSION DES RACINES MOTRICES ET DES RACLNES SENSITIVES. H. Brown-Sequard a communiqué, dans la séance du 3 février, le résultat d'une partie de ses recherches sur l'indépendance mutuelle de b sensibilité et de la motilité. Voici le résumé de cette intéressante communication et des ex- périences sur lesquelles elle s'appuie : 1» Quand on coupe les racines postérieures de tous les nerfs d'un des mem- bres postérieurs sur une greiiouille, ce membre obéit beaucoup moins bien que l'autre à l'action de la volonté pendant un certain temps-, mais cette diflërence ne dure pas, et après un quart d'heure de repo9, on a de la peine à' reconnaître quel fit le membre a nesthésié. 16 2° Quand on a coupé les racines postérieures de tous les nerfs des deux mem- bres postérieurs, les mouvements de ces membres en sont manifestement trou- blés, et bien que, après un certain temps de repos, l'animal puisse sauter ou nager , on s'aperçoit cependant facilement que les mouvements des membres insensibles manquent de précision. 3° Après» la section de toutes les racines postérieures des nerfs rachidiens, les grenouilles peuvent encore se mouvoir volontairement et même sauter et nager ; les mouvements des membres antérieurs semblent alors bien plus affaiblis que ceux des membres postérieurs. 6° Quand on pince ou pique la peau de la face ou l'œil d'une grenouille, ayant toutes les racines postérieures des nerfs rachidiens coupées, on voit quelquefois l'animal réussir à porter le membre postérieur vers la partie excisée pour re- pousser la cause excitatrice. Chez les grenouilles auxquelles on n'a coupé que les racines postérieures de l'un des membres postérieurs, tin semblable mou- vement a lieu quand on pince la peau de la tête ou celle des membres anté- rieurs. 5* Un ou deux jours après qu'on a coupé les racines sensitives d'un ou de plusieurs membres, on voit survenir, lorsqu'on excite vivement l'animal, une roideur tétanique du ou des membres anesthésiés. Ce tétanos partiel, quelque- fois trés-énergique, dure de quelques secondes a cinq ou six minutes. 6° Plusieurs observations, et entre auties celles réunies dans une thèse de M. O'Brien, démontrent d'une manière incontestable que, dans certains cas, la volonté a presque la même puissance sur les membres anesihésiés que sur les membres sains. Ces observations démontrent que nous ne connaissons l'accom- plissement des mouvements que nous avons voulu, que par les sensations qui accompagnent oasuivent ces mouvements. A défaut de la sensation du toucher ou de colle que donnent les muscles qui se contractent, les anesthésiques se servent de la vue pour savoir s'ils ont exécuté un mouvement voulu. 7° La sensibilité sert au mouvement pour lui donner de la précision, |>our le diriger : ainsi elle sert infiniment dans tous les cas où il est nécessaire pour le but à atteindre, que les mouvement soient mesurés, comme par exemple dans le chant, dans le doigté du pianiste, etc. 8° Le trouble produit dans les mouvements volontaires par l'anestbésie varie beaucoup suivant que l'insensibilité a sa eause. dans le cerveau, dans la moelle epinière ou sur les racines postérieures des nerfs spinaui;. M. Marshall Hall a prouvé qu'il existait des différences notables entre les pa- ralysies du mouvement, dues » une lésion du cerveau et celles dues à une lésion des nerfs. Des différences non moins grandes existent entre l'anesihésie due à une lésion encéphalique et celle due à une lésion des racines spinales posté- lieures. Dans ce dproier cas, il y a, en outre de Tanesthésie, une paralysie de l'action réJlexe ; or il est généralement admis aujourd'hui, et avec grande appa- rence de raison, que faction réflexe iniervienl dans tous les mouvements de lo- 17 comotion et surtout dans la marche et dans la station debout, par l'excitation des nerfs de la plante du pied. Il faut donc distinguer, sous ie rapport du trouble porté dans les mouvements volontaires, l'anestbésie due à une lésion des centres nerveux percepteurs, ou mieux, à une lésion de l'encéphale ou d'une partie peu étendue de la moelle épiniére, qui permet l'action réflexe. Il suflil de lire deux observations patholo- giques, l'une d'anesthésie par lésion des centres percepteurs, et l'autre par lé- sion des racines postérieures, pour remarquer combien, dans le premier cas, les mouvements volontaires sont plus énergiques et surtout plus soutenus que daus le second. Du reste, M. Brown-Sequard se propose de réunir, dans un mé- moire, des faits très-nombreux qui viennent à l'appui des propositions qui pré- cèdent* 8° EXPÉRIENCES SUR LES PLAIES DE LA MOELLE EPINIERE. Des observations pathologiques démontrent que les plaies de la moelle épi- niére ne sont pas toujours moi telles, et que la paraplégie, qui en est la consé- quence, peut disparaître plus ou moins complètement ; mais il n'existe pas d'ob- servation de guérisou ou de retour de la sensibilité et des mouvements volon- taires, après la section complète de la moelle rachidienne. Les expériences faites par Aiuemann et M. Flourens n'ont pas donné d'autres résultats que ceux- là ; de plus, leur petit nombre et le lieu où la moelle a été lésée, dans ces re- cherches, s'opposaient à ce qu'on en déduisît des conséquences rigoureuses. M. Brown-Sequard a fait, sur des cochons d'inde, des lapins et des pigeons, de nombreuses expériences qui lui ont donné les résultats suivants : l°Sur les pigeous, les plaies n'intéressant qu'uue partie plus ou moins consi- dérable de la moelle épiniére, entre les deux renflements qui correspondent aux membres, ne portent atteinte à la sensibilité que pendant un temps très-court, variant entre une heure et un jour. La motricité volontaire reste en général lé- sée pendant plus longtemps. 29Chez les mammifères, de semblables plaies sont moins vite suivies du re- tour de la motricité volontaire. La sensibilité revient à peu près aussi prompte- ment. Il arrive fréquemment que les mammifères et les pigeons soient dans un état d'hypereslbésie le lendemain et pendant plusieurs jours après l'opé- ration. 3» Après la section transversale complète de la moelle épiniére, la durée de la vie est en général notablement plus grande chez les pigeons que chez les mam- mifères. Le maximum de durée a été de six mois. 4° Les résultais de la section complète de la moelle épimere, derrière le ren- iement qui correspond aux ailes, sur trois pigeons, sont très-propres à montrer que celle lésion n'est p3s nécessairement mortelle et qu'elle peut être suivie du retour de la sensibilité et de !a motricité volontaire. Deux de ces animaux ont été malheureusement tués par accident, alors que de jour en jour leur paraplégie tendait à disparaître; la défécation, qui n'avait eu lieu chez eux, pendant deux 2. 18 mois, que par regorgeaient, s'opérait alors sous l'influence de la volonté. Le troisième pigeon, qui a été montré à la Société, commence à avoir quelques mouvements voloutaires: il ne rend jusqu'ici les matières fécales et l'urine que par regorgement. 5" Bien que beaucoup de mammifères et de pigeons aient survécu plusieurs mois à la section complète de la moelle, aueun autre animal que les trois pré- cédents n'a récupéré la sensibilité et la motricité volontaire perdues, mais les membres paralysés n'ont pas cessé de se mouvoir, par action réflexe, avec presque autant d'éuergie le dernier jour de la vie que le lendemain de 1 opéra- tion. Chez les pigeons, ces mouvements sont inliniments plus énergiques, plus rapides et plus multipliés que chez les mammifères. On sait que chez l'homme, dans de pareilles circonstances, les mouvement réflexes varient beaucoup en intensité, et qu'on ne les produit guère que par des excitations sur la plaute des pieds, l'anus, le gland ou dans le canal de l'urètre. 6n A l'autopsie, on trouve un caillot sanguin, plus ou moins décoloré, occu- pant l'espace devenu libre entre les deux bouts de la moelle et adhérant à ces bouts. Dans les deux cas de retour des fonctions perdues, les deux bouts de la moelle étaient réunis par une substance gris H,ugeàtre, ayant plus de consis- tante que ia moelle, et traversée par des blets blancs. 7° Les ulcères qui se montrent dans les parties comprimées du train posté- rieur, chez les animaux qui ont la moelle épinière, coupée transversalement, ne proviennent que de cette compression et nullement d'un prétendu trouble dans la nutrition, que produirait la paralysie. Quelle que soit la durée de la vie des animaux paraplégiques, il ne survient pas d'ulcères si l'on évite les compres- sions. 8" Les brûlures et les plaies se guérissent tout aussi vite dans les parties pa- ralysées des animaux, dont la moelle est coupée transversalement, que dans les mêmes parties chez des animaux intacts. H. Brown-Sequard annonce avoir con- staté un grand nombre de fois ce fait important. ô" DE I.A FORCE NERVEUSE DANS LA MOELLE ÉPINIÈRE. M. Brown-Sequart rapporte, dans la séance du 23 février, des expériences faites sur des batraciens et des oiseaux, qui lui paraissent démontrer : 1» Que la moelle épinière est un loyer de production de force nerveuse ; 2° Que la force nerveuse possédée par la moelle épinière, après qu'on l'a sépa- rée de l'encéphale, n'est pas, ainsi que le soutiennent encore quelques auteurs, un reste de ce que l'encéphale lui aurait donné avant la séparation; 3° Que par des excitations provoquant des mouvements réflexes, on peut faire dépenser presque en totalité la quantité de force nerveuse possédée par la moelle épinière, séparée de l'encéphale; 4° Que la reproduction de la force nerveuse après la dépense par action ré- n>xe,se fait si promplement, qu'en quelques minutes la moelle épinière, séparée 19 de l'encéphale, a recouvré presque la même quantité de force qu'avanl la dépense; 5° Qne la reproduction s'opérant beaucoup plus rite chez les oiseaux que chez les batraciens, il s'ensuit qu'il faut multiplier plus promptement les excitations, chez les oiseaux, pour faire dépenser la quantité de force nerveuse possédée par leur moelle éplniére, et encore ne peut-on jamais réussir qu'à diminuer de beaucoup cette quantité; 6° Que la moelle épiniére des grenouilles, séparée de l'encéphale, peut pro- duire assez de force nerveuse en vingt-quatre heures, pour soulever, par un des membres postérieurs, de 100 à 250 kilogrammes, par fractions, à la hauteur de 2 à 5 millimétrés; 7» Que la moelle épiniére des oiseaux (pigeons adultes), séparée de l'encé- phale, peut produire assez de force nerveuse, en un jour, pour soulever de 500 à 800 kilogrammes, a une hauteur d'environ 3 centimètres; 8° Que la force manifestée sous l'influence d'une excitation mécanique est, en général, pour les batraciens, le trentième, et pour les oiseaux, le vingtième de la quantité de force nerveuse possédée par la moelle épiniére séparée de l'encé- phale; 0° Que l'excitation galvanique occasionne une dépense presque double de celle produite par l'excitation mécanique. M. Brown-Sequard ajoute qu'il a prouvé ailleurs que, dans les mouvements volontaires, le cerveau ne fait rien que mettre en jen, la force nerveuse produite et accumulée dans la moelle épiniére, absolument comme le font les racines sen- sitives pour les mouvements réflexes ; il s'appuie sur ce fait et sur les résultats qui précédent pour expliquer comment des adolescents et des jeunes filles ou de faibles femmes peuvent, dans certains étals pathologiques ou sous l'influence d'émotions ou de passions vives paraître plus forts qu'un homme robuste. Sui- vant M. Brown-Sequard, la moelle épiniére de l'homme contient en réalité plus de force nerveuse que celle des adolescents et des femmes, mais l'excitation de la volonté sur la moelle épiniére ne fait dépenser qu'une petite partie de la quantité de force que celle-ci possède, tandis que l'excitation consécutive à un état pathologique peut en faire dépenser une partie plus considérable. L'homme, par exemple, avec une force comme 100, produit, par l'excitation de la volonté, un effet comme 5, tandis que, par une excitation pathologique, un être bien plus faible, ne possédant qu'une force comme 50, peut produire un effet comme 8, 10, ou même davantage. 10° DK L'UTBICULE PRIMITIVE AZOTÉE DES VÉGÉTAUX. M. Robin communique, dans la séance du 17 février, des recherches sur l'utricule primitive azotée des végétaux, qui tapisse là face interne delà cellule de cellulose, par lesquelles il confirme sur un grand nombre de monocotylé- dones et de cryptogames, les recherches de Hugo Mohl sur ce sujet. Il attribue 20 avec ce garant, une grande importance au fait de l'adhérence du noyau, qtJ es! aussi de nature azotée, à l'ulricule primitive, saus aucun moyen d'uniou avec la paroi de cellulose. Il montre de plus que dans le phénomène de fractionne- ment du contenu de l'ovule végétal, duquel résultent les cellules embryonnaires, celles-ci sont primitivement des cellules granuleuses entièrement imprégnées de. matière azotée, et ce n'est qu'un peu après que se forme autour d'elles la paroi de cellulose. Dès ce moment ce sont de véritables cellules végétales, dans les- quelles la sphère de fractionnement représente l'ulricule primitive étudiée dans les cellules adultes et en présente tous les caractères. il» DE L'OVIDCCTE DES SQOALES. M. Robin présente, dans la séance du 17 février, les oviductes d'un aiguillât (acanthias vulgaris, Mull. et Troscb), dont les artères et les veines sont injec- tées. Ce squale est vivipare, le vitellus forme le placenta, et s'enchevêtre avec les plis de la face interne de l'oviducte; aussi les artères très-nombreuses font saillie de ce côté, les veines sont placées en dehors. Un très riche réseau capil- laire de la plus grande finesse (ûmm,03 à 3D'm,04), circonscrivant des mailles de la même largeur que celle des vaisseaux, recouvre ces artères qui ont de 0»œ,lO à on"D,80 environ de largeur. 12° DES LYMPHATIQUES DES TORPILLES. M. Robin montre une série de dessins sur les lymphatiques des torpilles, la veine porte rénale et le cœur des raies et des anges (squalraa angélus). Il ré- sulte de recherches qu'il a faites à l'occasion des communications de M. Bernard, sur plusieurs poissons, que chez ces animaux qui ont une veine porte rénale, les cbylifères se jettent dans la veine cave, tandis que chez les mammifères ils se jettent dans les sous-clavières et les jugulaires par le canal thoracique. De plus, chez ces animaux, une valvule placée à l'abouchement des sinus de Cuvier dans l'oreillette empêche le sang de refluer dans la veine cave à chaque contraction de l'oreillette. 13° RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA VOIX. M. Second- fait, dans la séance du 17 février, la communication suivante : Le mécanisme de la production des sons appartenant au registre appelé voix de tête est une des parties les moins éclairées de l'étude de la phonation. Les théories proposées jusqu'à ce jour sont, d'une part, trop dominée» par le point de vue physique, et, d'autre part, trop peu fondées sur les doonées compara- tives, pour qu'on puisse sérieusement les accepter. Déjà dans une première communication, M. Segond a soulevé à cet égard un élément caractéristique pour l'explication des phénomènes vocaux. Plusieurs auteurs d'anatomie comparée frappés de la proportion relative des replis infé- rieurs et des replis supérieurs de la glotte n'ont pas hésité à considérer ces derniers comme les organes essentiels de la voix chez certains animaux. M. Se- 21 gond vient de démontrer par une nouvelle expérience que le ehat domestique peut miauler après la section des replis inférieurs de la glotte. Or quand on » acquis quelque habitude daus l'observation des phénomènes de la vo:x, on ne tarde pas à reconnaître que chez les animaux supérieurs qui ont deux paires de replis vocaux, il y a production de deux registres de sons, caractérisés cher l'homme par la dénomination de voix de poitrine et de voix de tête. Chez le chat, dont les replis supérieurs sont très-prononcés, le registre de tête est trés- développé par rapport aux sons de poitrine, que cet animal ne fait entendre que dans le coït ou lorsqu'il se bat avec d'autres animaux. Aussi, bien que M. Se- gond doive poursuivre ses recherche» sur cette importante question, i! croit pouvoir dès à présent conclure de ses expériences que la voix de fausset chez l'homme a pour organe les replis supérieurs de la glotte. M. Segond a présenté en outre à la Société un larynx de chien, sur lequel on observe la section des deux paires de rubans vocaux. Le chien, conservé pen- dant vingt jours après l'opération, est resté aphone. M. Segond a voulu par cette expérience éliminer la considération des replis aryténo-épiglottiques qui, chez le chien comme chez l'homme, sont, d'après lui, impropres à constituer un in- strument vocal. 14* HYDROLOGIE. M. Désir présente, dans la séance du 3 février, au nom de M. Quevenne, pharmacien eu chef de l'hôpital de la Charité, le résumé de ses recherches faites en commun avec M. le docteur Bisson sur la salubrité de plusieurs eaux pui- sées dans la Sologne, sur le tracé du chemin de fer et dans l'intérêt de la santé des ouvriers. Voici les conclusions de ce travail : 1° L'eau de puits qui sert de boisson à la Ferté-Samt-Aubin, bonne pour le savonnage, est aussi assez bonne à boire. 2° L'eau de puits qui sert de boisson à Lamotle-Beuvron, contenant une forte proportion de sulfates, est peu propre au savonnage et mauvaise à boire. 3* L'eau de puits de Nouan-le-Fuzelier, ne contenant pas de sulfates et ren- fermant des traces de carbonates, est très-bonne à boire et propre aux usages domestiques. 4° L'eau de puits de Salbris, contenant une assez forte proportion de sulfates, est assez bonne à boire. 5° L'eau de puits de Tbeiîley, contenant une assez forte proportion de bicar- bonate de chaux et des traces de carbonates alcalins, et point de sulfate de chaux, est très-bonne à boire et très-propre aux usages domestiques. Quant aux eaux des rivières ou des ruisseaux, celle de Cosson est très-mau- vaise, celles de la Canne et de la Sauldre sont bonnes à boire ; celle de Lazenière, celle du Beuvron, celle de Laguide, du Méan, du Naor, du Coussin, sont mau - /aises à boire, quoique propres au savonnage. 22 15° RECHERCHES SUR LE SYSTÈME NERVEUX VISCÉRAL DES POISSONS. M. Béracd présente, dans la séance du 3 février, un travail sur le système nerveux viscéral des poissons dont voici les principales conclusions : 1° Le grand nerf sympathique chez les raies est composé d'une série de gan- glions au nombre de six de chaque côté, dont lé plus volumineux, placé le plus haut, près du cardia, fait saillie dans Fa veine cave correspondante, de manière à être à peu prés complètement baigné par le sang de cette veine. 2° De ces ganglions partent des filets qui réunissent les ganglions entre eux, s'anastomosent ensemble, et qui accompagnent les artères gastriques et mésen- tèriques. D'antres se rendent aux artères des organes génitaux. SI. Robin, dans son rapport sur ce travail, fait ressortir l'exactitude des des- criptions et insiste sur le peu de détails que l'on trouve touchant ce sujet même dans les meilleurs traités d'anatomie comparée. 16° FÉCONDATION ARTIFICIELLE DES POISSONS. M. Martins lit, dans la séance du 17 février, une lettre de M. le docteur Haxo, secrétaire de la Société d'émulation des Vosges, sur des fécondations ar- tificielles faites en grand par deux habitants des Vosges, MM. Gebin et Remy, qui sont parvenus à multiplier les truites dans les diverses eaux des Vosges. Le succès de leur procédé est tel que non-seulement ils peuvent repeupler des torrents, mais ils ont établi un étang qui ne contient pas moins de t>uo,000 truites qui, à l'âge de 3 ans, ont eu moyenne un poids de 250 grammes. M. de Quatrefages, qui, à celte occasion, rappelle sa communication faite sur ce sujet à l'Institut, émet comme probable l'opinion que l'on pourrait créer. au moyen des fécondations artificielles, des bancs d'huîtres. 17° NOUVELLE ESPÈCE D'INSECTE: -EPUS ROBINII. M. Laboulbène communique à la Société, dans la séance du 10 février, la description d'une nouvelle espèce d'insecte coléoptère pentamère, de la famille des carabiques, appartenant au genre «pus de Leach, et qu'il nomme .l'pus Robirni, du nom de M. Robin qui l'a découvert l'été dernier, et qui, à cette oc- casion, expose les caractères dislinclifs de cette nouvelle espèce et les particu- larités de sa manière de vivre. 18e HEMATOZOAIRES OV RAT. M. Chaussât lit, dans la séance du 10 février, une notice sur les hémato- zoaires du rat ? ces helminthes, du genre filaria, se sout trouvés dans le sang de tous les rats noirs adultes examinés par M. Chaussât. 11 ne les a point rencon- tré chez des rals Jeunes ; il montre de plus des œufs d'helminthes trouvés dan» le foie d'un rat ; ces mêmes œufs ont été observés bien souvent dans le foie des lapins par M. Lebert. 23 10* ANOMALIE DES ORGANES SEXUELS FEMELLES HE L'ASTACDS KM VI ATI LIS. M. Démarets a présenté, dans la séance du 10 février, une pièce montrant une anomalie curieuse des organes sexuels de l'astacus iluvialilis ; c'est une double ouverture vulvaire qui correspond, comme te démontre la dissection de la pièce, à un double oviductè. 111. — Pathologie. 1» nouvelle espèce d' algue trouvée dans les urines. M. Rayer a trouvé dernièrement, dans le cas déjà mentionné de pilimixlion, une nouvelle espèce d'algue dans les urines, algue dont M. Montagne a pré- senté, dans la séance du 10 lévrier, une description détaillée aveedessin. D'après lui, cette espèce nouvelle appartient au genre leptomitus et formerait l'espèce de leptomitus urophilus Montagne. Ce cryptogame se présente sous forme d'une petite bouppe hémisphérique, en apparence gélatineuse, de 2 à 3 millim. de dia- mètre ; sa composition microscopique consiste en filaments transparents, ra- meux, à rameaux divergents ; ces filaments sont articulés ou divisés par des cloi- sons. 2o CALCULS D'OXALAÏE DK CHAUX 6F RENCONTRANT DANS LA VESSIE DES •jURMULOTS. Dans la séance du 17 février, M. Désir rend compte à la Société de recher- ches faites en commun avec M. Rayer, sur des calculs trouves dans la vessie des surmulots. La forme régulièrement oclaédrique de ces cristaux offre tous les caractères de ceux d'oxalate de chaux. La nourriture de ces rongeurs rend en partie compte delà présence dans les urines de ces calculs dont la formation est en outre favorisée par la présence fréquente dans leur vpscip d'un helminthe que M. Rayer a décrit le premier sous le nom de trichosoma mûris decumam. 3° PROOnr.TiON CORNÉE OBSERVÉE SUR LA TÊTE D'UNE VIEILLE FEMME. M. Rayer a mis sous les yeux des membres de la Société, dans ia séance du 23 février, une corne longue de 9 centim. environ et large de 2 centim. à sa base. Cette corne, qui s'était développée sur la peau du front d'une vieille femme, appartenait par sa composition et sa structure aux productions épidernnqueb. De petites lamelles très-minces , prises sur cette corne, examinées au micro- scope, offraient une apparence tout à fait analogue à celle de lamelles prises sur une corné de bœuf. Ces deux espèces de cornes diffèrent des cornes de cerf en ce qu'elles n'ofirent pas, comme les dernières, des corpuscules osseux e t une proportion considérable de phosphate de chaux. û« DISTENSION CONSIDÉRABLE DE LA VESSIE CHEZ UN FOETUS PAR SUITE DB L'OBLITÉRATION DE L'URÈTRE. M. Depall montre, dans la séance du 3 février, la vessie très-distendue d'un 2k enfant nouveau-né, sans que cependant cette distension ait opposé d'obstacle à l'accouchement. Ce même fœtus présente de plus le vice de conformation, pas très-rare, de la réunion des deux reins en un seul, placé en travers sur l'épine dorsale et s'aboucbant dans un seul uretère non dilaté. L'urètre de cet enfant, de sexe mâle, est oblitéré dans sa partie postérieure, l'orilice antérieur existe. L'extrémité inférieure du rectum s'ouvre largement dans la vessie. 5* VEINES ALBUMINEUSES SANS NÉPHRITE ALBUMINEUSE CHEZ UNE FEMME EN CODCHES. M. Blot présente, dans la séance du 3 février, les reins d'une femme morte de fièvre puerpérale à la Maternité, et chez laquel.e, après l'accouchement, Il est survenu une hémorrbagie que le tamponnement seul a pu arrêter. Ces reins examinés par M. Rayer, alors qu'ils n'étaient point altérés par le temps, n'ont offert aucune des lésions qui caractérisent l'un des degrés de la néphrite albu- mineuse. M. Blot insiste sur le but de sa présentation ; il désire, en la faisant, apporter une nouvelle preuve à l'appui de celles qu'il a déjà données à la So- ciété en faveur de la proposition suivante : Le passage de l'albumine dans les urines, chez les femmes enceintes, les prédispose aux hémorrhagies après l'ac- couchement. Il fait remarquer que ce fait prouve une fois de plus la possibilité du passage de l'albumine dans les urines sans qu'il existe dans les reins des al- térations appréciable après la mort. 6" DÉVELOPPEMENT ANORMAL DES FOLLICULES MUCIPARES DANS LA VÉSICULE BILIAIRE. M. Gubler présente, dans la séance du 3 février, un foie granuleux dont la vésicule biliaire est le siège d'un développement anormal des follicules muci- pares. Dans le fond de la vésicule et sur sa face interne, on remarque de petites tumeurs verdâtres dont la plus petite a le volume d'une grosse tête d'épingle, et la plus grosse atteint le diamètre d'un centimètre environ. Au sommet de ces tumeurs aplaties, ou découvre un point noir comme sur les tannes ; par l'expres- sion, on fait sourdre une humeur transparente, visqueuse, à peine colorée par la bile et mèiée à des grumeaux verdâtres, constitués sans doute par l'épilhélium teint de bile. Ce fait, joint à un autre du même genre qui a été soumis à la Société par M. Gubler, confirme pleinement l'opinion de ce médecin, qui veut que la mem- brane muqueuse de la vésicule du fiel soit comme les autres pourvue de follicules mnqueux. A celle occasion, M. Robin rappelle que M. le docteur Reclam a communiqué à la Société philomalique une lettre de M. Weber (de Leipsick), qui contient la description de glandules en forme de iiole, placées dans l'épaisseur du canal hépatique et la vésicule du fiel. (BULLETINS de la Société puilomatioue, Paris, 1847, p. 22.) 25 '/• OSTÉITE FÉMORALE, AVEC ALLONGEAIENT DU CORPS DE L'OS ET REDUBSSJD1KHT DU COL. M. Verneuil fait voir aux membres de ta Société, dans la séance du 23 fé- vrier, les deux fémurs du même individu, l'un malade, l'autre dans son état na- turel. Ces os ont été pris sur un cadavre destiné à la dissection. Le fémur malade est de près de 5 centim. plus long, beaucoup plus pesant et plus épais que l'autre; le col du fémur est à peu près entièrement redressé. L'inté- rieur de cet os montre une condensation à peu près éburnée, surtout prononcée dans la moitié supérieure, où elle est seulement interrompue par deux cavités allongées, débris du canal médullaire oblitéré, et qui, à l'état frais, renferment un liquide purulent. La moitié inférieure de l'os, également très-condensée , montre le canal médullaire notablement rétréci ; la moelle est par places infiltrée de pus , et renferme de nombreuses lamelles osseuses. La surface de l'os est recouverte de végétations osseuses consécutives à une périostlle chronique. Le tibia du même individu offre vers son milieu une oblitération de son canal sur 1 centimètre de trajet environ. A l'occasion de cette présentation, une discussion s'engage sur la cause du redressement du col. M. Gubler l'attribue à un ramollissement antérieur de l'os, suivi d'un travail de réparation et de consolidation qui est allé jusqu'à l'hyper- trophie en de certains points, et est arrivé même au degré de l'inflammation dans d'aulres. C'est à l'époque du ramollissement que le poids du corps, portant dans le décubitus horizontal sur le côté malade, a dû produire le redressement du coi. M. Lebert ne voit de bien évident, dans celle pièce, que le produit de l'inflam- mation de l'os, périostite avec production osseuse nouvelle à la surface, ostéite dans l'intérieur, hypertrophie dans bien des endroits , suppuration dans d'au- tres. Rien, dans l'exameu de la pièce, ne prouve l'existence d'un ramollisse- ment antérieur; il vaut par conséquent mieux no noter que la coïncidence, qu'é- tabiir une causalité dont il serait dlfFcile de fournir les preuves. M. Verneuil insiste sur la diiférsBce entre tout i'aspect de cette pièce et les diverses déformations rachitiques. MM. Depaut et Cazeaux se déclarent égale- ment contre cette manière de voir, tandis que il. Blotcite, à l'appui de l'opinion de M. Gubler, le rachitisme, que l'on regarde comme très-rare dans l'âge adulte, se produisant également chez les femmes en couches en déformant leur bassin. M. Gubler s'exprime également dans ce sens. M. Cazeaux insiste alors sur la différence qui existe entre l'ostéomalacie et le rachitisme, ce qui engage M. Gubler à émettre i'opinion que ces deux aû'ections sont des altérations patho- logiques identiques au fond, survenant dans des circonstances différentes, et il promets la Société une communication ultérieure qui aurait pour but de fournir les preuves de cette manière de voir. 26 8° CANCER DE L'OTÉRUS ET HTDBOPISIE RÉNALE. M. Follin montre, dans la séance du 10 février, des pièces provenant d'une femme qui a succombé à une hydropisie rénale et à un cancer utérin. Les dilatations considérables du rein, sous l'influence d'obstacles au cours de l'orlne, ne sont pas assez communes dans la science pour ne point en mention- ner un exemple remarquable. Une femme, âgée de 40 ans environ, entra, le 3 février 1849, dans le service de M. Velpeao. Cinq ou six mois auparavant , elle était accouchée, non sans peine, à la suite d'une opération obstétricale. Notre collègue, M. Cazeaux, appelé à son accouchement, constata un cancer du col utérin, et fut obligé d'inciser cet organe pour favoriser la sortie de l'enfant. Depuis cette époque, les accidents du côté du ventre se sont de plus en plus prononcés. Une tumeur bosselée, dure, rénitente, d'un volume assez considé- rable, s'est montrée dans le flanc gauche, et s'est peu à peu étendue Jusque dans l'hypocondre du même côté. Cette tumeur, légèrement mobile, n'est point per- çue par le vagin ; elle s'accompagne depuis quelque temps d'une notable dimi- nution dans la quantité des urines rendues, et depuis huit jours environ, la mic- tion a été presque nulle. Toutefois le cathétérisme ne donna lieu qu'à l'écoule- ment d'une petite quantité de liquide mêlée avec un peu de sang. Jusqu'au 6 fé- vrier les symptômes ne changèrent pas ; mais vers cette époque, cette malade tomba dans un état grave : elle n'avait plus connaissance de ce qui se passait autour d'elle. Sa respiration, sans cause connue, était gênée et bruyante, ses membres thoraciques animés de légers mouvements spasmodiques, ses traits affaissés, ses lèvres entrouvertes et pâles. Du reste, le ventre est resté souple et sans trace de péritonite. Les extrémités ne sont pas froides; le pouls est accé- léré et petit. Malgré un traitement énergique, cette malade succomba. L'autopsie nous a montré : Une énorme tumeur abdominale , due 3 la dilatation du rein gauche. Cette masse s'étendait jusque dans l'hypocondre gauche, sur la grande courbure et le grand cul-de-sac de l'estomac, et cachait Fa rate un peu hypertrophiée. En bas, ce rein dilaté descend jusque dans le bassin, soulevant ainsi le colon descen- dant, qui est appliqué comme un ruban sur sa face antérieure; l'S iliaque y ad- hère aussi dans sa partie supérieure. Cette tumeur a la forme du rein ; elle est l>osseIée en dehors et présente à sa face interne une saillie due au bassin et distendue par du liquide. L'incision de cette masse en fait couler une grande quantité d'un liquide légèrement trouble et jaunâtre. L'intérieur de cette tumeur est divisé en loges qui communiquent toutes avec le bassin, et ces cellules correspondent aux pyramides du rein. Le rein du côté droit est ramolli. L'uretère gauche est dilaté, et ne laisse plus couler de liquide dans la vessie. Son oblitération a lieu par le développement du cancer utérin et de quelques ganglions silués sur les bords de l'utérus. 27 Le développement de cette tumeur, la difficulté de son diagnostic, sa rareté, la rendent l'un des faits les plus curieux de l'histoire des maladies des reins. 9° CALCUL TBOOVÉ DANS LA VESSIE D*ONE CHIENNE. M. Robin montre, dans la séance du 3 février, un calcul qu'il a trouvé dans la vessie d'une chienne ; il en remplissait toute la capacité et avait donné lieu pendant la vie de l'animal, à une incontinence d'urine continuelle. 10° ENDOCARDITE CHEZ UNE JEUNE FILLE DE 14 ANS; M. Faillet met sous Ie9 yeux des membres de la Société, dans la séance du 10 février, le cœur d'une jeune fille de 14 ans qui a succombé à une endocardite, et qui était eu même temps atteinte d'une hypertrophie du ventricule droit. Ce fait offre quelque Intérêt à cause de l'absence de toute airection rhumatismale antérieure. En outre, les cas d'endocardite, à l'âge de celte jeune fille, sont bien plus rares que chez l'adalle. U» KYSTE HYDATIQOE DD FOIE. Cette pièce, présentée par M. BÉRAUn.dans la séance du 17 février, a surtout cela de curieux que les parois du kyste, qui put être complètement isolé, avaient un demi-ceutimétre d'épaisseur et offraient une densité fibreuse notable, ainsi qu'une incrustation pierreuse dans quelques points, assez étendue cependant pour qu'il fallût se servir de la seie pour diviser ses parois. L'intérieur de ce kyste est rempli de vésicules à échinocoques, flétries, affaissées et en voie de décomposition. 12* CAME VERTÉBRALE — TOMEUR BLANCHE OCCIPITO-ATLOIDIENNE. M. Lebert montre, dans la séance du 3 février, une pièce de carie vertébrale provenant d'un enfant de 5 ans. Une caverne osseuse, du volume d'une grosse amande, existe entre la quatrième et sixième vertèbre dorsale. Il y a plusieurs petits séquestres à la superficie des vertèbres malades, le périoste est épaissi, infiltré de pus et en partie décollé. L'examen le plus attentif démontre l'absence totale de matière tuberculeuse ; c'est un de ces cas nombreux de carie non tubercu- leuse des vertèbres que, de nos jours, on a voulu faire passer pour des cas ex- ceptionnels, tandis que, pour l'épine dorsale aussi bien que pour les autres par- ties du squelette, l'affection tuberculeuse est proportionnellement plus rare que ta carie non tuberculeuse dans ses diverses formes et avec ses divers modes de terminaison. M. Lebert donne en outre des détails sur un fait qu'il a observé dernièrement, et qui est loin d'être rare dans le jeune âge : c'est une tumeur blanche occipito- atloïdiennc qui avait simulé toute la symptomatologie de la carie vertébrale cer- vicale. Ces deux pièces intéressantes lui avaient été communiquées par M. Rocas, in- terne à l'hôpital des Enfants. 28 13* FU4TUS DE k MOIS ATTEINT DE VARIOLE. M. Lebebt présente, dans la séance du 17 février, un fœius de k mois environ, qui est atteint de variole. La mère avait une variole peu grave, dans la convales- cence de laquelle elle fit la fausse couche par laquelle elie mit au monde ce fœtus malade. Bien que les cas de variole chez des enfants nouveau-nés ou chez les fœtus à tornie ne soient pas rares, on n'observe cependant pas souvent la transmission de cette maladie de la mère à l'enfant à une époque aussi peu avancée de la vie intra-utérine. La description détaillée de l'examen de ce fœtus, ainsi que celte des observations auxquelles elle a donné lieu par l'étal des glandules de la peau, le développement des poils, la composition chimique de cet épiderme, seront exposés ailleurs. A l'occasion de cette présentation, M. Depaul raconte le fait observé par lui de la transmission de la petite vérole d'une mère à son enfant, qui, en venant au monde, avait de nombreuses pustules de variole, quoique la mère, qui avait vi- sité quelque temps auparavant une personne atteinte de cette ailèction, ne l'eût pas prise elle-même. 14° TUMEURS multiples de la PEAU (MOLIAJSCUM?). Ce cas curieux qui, depuis quelque temps, a fait grand bruit à Paris et a été examiné par beaucoup de médecins, nous a été communiqué par M. Lucien Cor- visart, interne à l'hôpital Beaujon. L'observation étant publiée au complet dans les Archives (mars 1S49), nous n'en donnons ici qu'un résumé très-succinct, en y ajoutant le résumé de l'autopsie cadavérique, dont tous les détails, recueillis par M. le docteur Lebert, sont également publiés dans les Archives. Voici ce fait: Lue femme, âgée de 48 ans, d'une bonne constitution, ayant toujours joui d'une bonne santé, prétend u'avoir jamais eu de maladie vénérienne. A Paris depuis deux ans seulement, elle y exerça soi état de brocanteuse, qui. l'obligeant à crier dans les rues, la fatiguait beaucoup. Au mois d'avril dernier, elle s'aperçut pour la première fois de l'apparition d'nn bouton au cou d'un ronge bleuâtre, d'une consistance ferme, tjui fut traité par le caustique de Vienne et disparut après la chute de l'escarre. Dans les huit mois suivants, huit autres tumeurs pareilles se montrèrent sur diverses parties du corps. Au mois de septembre, elle eut une paralysie faciale intercurrente et tout à fait passagère. C'est depuis le mois de novembre dernier que les tumeurs se multiplièrent rapidement sur toute la surface du corps et dépassèrent te nombre de cent ; leur volume variait entre celui d'une noisette et d'une noix; elles étaient saillante*, mobiles avec la peau, de couleur jaune rougeâtre ou d'un rouge cuivré; quelques 2S unes étaient superficiellement ulcérées; la croûte épidermique, sur d'autres, formait comme une escarre noirâtre ; la malade, du reste, souffrait fort peu. Quelques-unes des tumeurs avaient disparu après une durée de deux i trois semaines, d'autres étaient parvenues à l'ulcération dans ce même laps de temps. La figure, le pourtour des yeux et de la bouche, ainsi que le front, offrirent plu- sieurs de ces tumeurs à divers degrés de développement; celle du front parut adhérer au périoste. La malade présente en outre une conjonctivite et un coryza habitue), sa voix est voilée, la déglutition est gênée; une ulcération existe au voiic du palais et a détruit en partie la luette. Cette femme a déjà depuis quelque temps des palpi- tations, et on constate un bruit de souille au premier temps. Absence de symp- tômes du côtéjdea voies digestives. La malade, après avoir séjourné dans plusieurs hôpitaux, arrive dans le service de M. Cazcnave, à l'hôpital Saint-Louis, où, sous l'influence d'un traitement spécifique de iodure de mercure et de iodure de potassium, une amélioration sensible se manifeste, mais bientôt toutes les tumeurs tendent vers un travail d'élimination, la suppuration s'établit sur un grand nombre de points, la gangrène sur plusieurs autres, la malade s'affaiblit, la fièvre de suppuration devient con- tinue et fait succomber la malade. A l'autopsie, on trouve les tumeurs cutanées composées d'un engorgement cir- conscrit des lames profondes et superficielles du derme, avec forte vascularilé et infiltration d'un liquide qui, vu au microscope, offre quelques-uns des raractères des éléments flbro-plastiques, en présentant toutefois des particularités qui font naître la supposition qu'il y a là quelque élément spécial. Au-dessous de la tumeur du front, le périoste est enflammé et l'os frontal su- perficiellement carié. On reconnaît l'ulcération du fond de la gorge avec les mêmes caractères constatés pendant les derniers temps de la vie. Le cœur offre, dans les parois du ventricule droit, trois tumeurs blanchâtres du volume d'une noisette, offrant à l'examen microscopique des éléments sem- blables i ceux signalés dans les tumeurs cutanées. A leur niveau, l'endocarde est épaissi et offre même dans un endroit de nombreuses éminences papilliformes de 1 à 2 millimètres de longueur. Des tumeurs semblables se trouvent dans les deux ovaires et dans le col utérin, à la surface duquel elles avaient donné lieu à une ulcération. Un phlegmon existe entre la partie postérieure du colon trans- verse et le rein droit, qui est atrophié et décoloré. Le foie est gras et montre des traînées fibreuses le long de quelques vaisseaux. Les organes de la respiration et de la digestion sont dans un état tout s fait normal. L'ensemble des symptômes, de la marche de la maladie et des lésions, rerident probable qu'il s'est agi, dans ce cas, d'une affection syphilitique constitu- tionnelle. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1849; M. FOLLUV, secrétaire. Présidence de M. RATER, I. — ANATOMIE HUMAINE ET COMPARÉE. 1° GRAND SYMPATHIQUE DES RAIES. M. Béraud, aide d'anatomie à la Faculté de médecine, met sous les yeux de la Société une série de pièces relatives au grand sympathique des raies. Chez ces poissons, on trouve sur les côtés de la colonne vertébrale et de l'œsophage, dans un sinus veineux, un certain nombre de ganglions, variable suivant les diffé- rentes espèces. Sur la pièce qui fait l'objet de cette communication, il existe une série de ganglions situés dans le sinus veineux qui longe le corps des vertèbres. Ils sont au nombre de trois. Le ganglion supérieur est le plus volumineux; il a 7 ou 8 millimètres de lon- gueur sur 3 ou 4 millimètres de largeur. Sa forme est celle d'une amande. Par son extrémité supérieure, il n'est en communication avec aucun nerf; par son extrémité inférieure, il fournit : 1° des rameaux qui se portent vers son côté in- 32 terne; 2* un autre rameau Inférieur qui est la continuation de sa propre sub- stance, et qui le fait communiquer avec le ganglion moyen. Celui-ci est beau- coup plus petit, de couleur grisâtre comme le premier, n'ayant plus que 3 ou 4 millimètres de longueur et ! ou 2 de largeur; il est séparé des deux autres par une distance de 5 ou 6 millim. environ. Par son côlé interne, il fournit des filets sur lesquels M. Béraud fe propose de revenir. Par son extrémité inférieure ii se continue avec le ganglion inférieur. Celui-ci a la même forme, le même volume que le précédent. Du côté externe du ganglion inférieur, part un petit filet ner- veux qui perce bientôt la paroi du sinus et vient se jeter sur le corps de l'épidi- dyme où il laisse quelques filets très-ténus pour aller se terminer dans la sub- stance testiculaire. Ce rameau, en raison de sa destination, pourrait être appelé rameau testiculaire. Par son extrémité inférieure, le ganglion fournit un seul filet, qui suit la paroi postérieure du sinus et vient le percer à son côté interne, un peu plus basque le point d'émergence de l'artère mésentérique. Au moment où il sort du sinus, ce filet nerveux décrit une anse à concavité supérieure, en se portant vers l'aorte pour suivre l'artère mésentérique, qui va se distribuer au commencement de l'Intestin. Ce filet ne tarde pas à rencontrer un autre filet ner- veux qui suit la même artère et dont nous devons faire connaître l'origine. Le ganglion supérieur et le ganglion moyen du grand sympathique fournissent aussi des rameaux par leur côté interne. En effet, de l'extrémité inférieure du premier el du côté interne du second naissent plusieurs filets très-ténus qui s'en- tremêlent bientôt pour former un nouveau ganglion très-volumineux, situé au côte interne du ganglion moyen, et semblent se confondre avec lui. Du côté in- terne de ce ganglion latéral, toujours situé dans le sinus veineux, partent quatre filets qui percent les parois de ce conduit pour se distribuer de la manière sui- vante. Le premier rameau, ou le plu? supérieur el le plus petit, se porte toujours vers la ligne médiane, et se distribue à l'œsophage sans communiquer avec les rameaux très-nombreux du pneumogastrique qui existent sur cet organe. Les trois au- tres rameaux, d'un volume égal, ayant une direction un peu oblique de haut en bas et de dehors en dedans, après être sortis du sinus, s'anastomosent de nouveau pour se distribuer définitivement, soit à l'estomac, soit à l'intestin. Les deux rameaux supérieurs passent sur le côté de l'aorte, et gagnent l'artère qui représente le tronc cœllaque. Sur cette artère, dont ils suivent le trajet, ils forment deux nerfs qui s'anastomosent entre eux pour n'en former bientôt plus qu'un seul, lequel s'anastomose avec le nerf du côté opposé. En disséquant ces parties sous l'eau, on a pu suivre ce nerf jusque dans les parois de l'estomac. Le rameau inférieur descend plus obliquement le long de l'artère aorte pour se porter vers l'artère mésentérique, qu'il i-uit dans tout son trajet en «'anasto- mosant de temps en temps avec le filet nerveux, que nous avons vu être la ter* mmaison du gf nglion moyen du grand sympathique. Ces deux filets réunis t î terminent dans ks parois de l'intestin. 33 Après avoir décrit arec un soin minutieux la disposition du grand sympathique cher la raie, M. Béraud, comparant les rapports de ce système nerveux avec \e système nerveux central, établit que sur dix à quinze poissons il n'a pu trou- ver de communication entre les deux systèmes. Ainsi l'on pourrait dire avec Bi- chat que les ganglions nerveux .sont de véritables cerveaux isolés et indépen- dants. (Séance du 3 mars.) 2° RECHERCHES SUR LE GtBLRNACULUM TESTIS. M. Robin communique à la Société des recherches sur la nature musculaire du gubernaculum teslis et sur la situation du testicule dans l'abdomen. Nous pu- blierons in extenso, dans le recueil de nos mémoires, cet important travail de M. Robin. 3° DISPOSITION DES FIBRES MUSCULAIRES DANS LA JVEIME CAVE INFÉRIEURE DU CHEVAL. M. Claude Bernard communiqua, dans la séance du 10 février, de curieuses expériences sur un mode particulier d'élimination de certaines substances qui traversaient seulement une partie du cercle circulatoire. Du prussiate de potasse, introduit dans l'estomac, absorbé par les radicules de la veine porte et amené jus- que dans le foie, au lieu de sortir de cet organe pour se diriger vers le cœur, descendrait vers les reins par une sorte de reflux sanguin dans la veine cave in- férieure. Celte observation physiologique est aujourd'hui corroborée par une ob- servation anatomique faite sur la veine cave inférieure du cheval. Ce vaisseau présente, à partir des veines sus-hépatiques jusqu'aux veines rénales, un anneau de fibres musculaires très-apparentes à l'œil nu, constitué par des faisceaux longi- tudinaux qui cessent brusquement au-de-sus des veines sus-hépatiques et au-des- sous des vciues rénales. Ces fibres musculaires ne sont pas striées en travers; elles appartiennent au système des fibres de la vie organique. Ainsi les fibres con- tractiles n'existent ici que dans le point où se développent les contractions né- cessaires au reflux du sang delà veine cave inférieure. (Séance du 31 mars.) 4» SUR LA STRUCTURE DES ARTÈRES ET LEUR ALTÉRATION SÉNILE. M. Robin expose à la Société de nouvelles recherches sur la structures des ar* tères. Les artères ne sont pas formées, selon lui, de six membranes, ainsi que le veut Renie; toutes celles qui ne sont pas capillaires montrent de dedans en dehors > !• L'épithélium, qui ne forme pas une véritable tunique, car on ne trouve que rarement des lambeaux formés de cellules pavimenteuses imbriquées ou accolées, mais bien des cellules libres isolées , plus ou moins abondantes. Très- souvent même on en trouve dans un point et pas dans d'autres, soit dans l'aorte, sait dans les branches plus petites; quelquefois on en trouve dans l'aorte, les carotides, les sous-clavières, les iliaques, et nulle part ailleurs, surtout chez le» adultes. 3/t 2» Au-dessous de l'épithélium se trouve la tunique commune du système à sang rouge de Bichat; elle est très-mince, se déchire facilement en long, rtilû- cilement en travers ; elle est formée d'une substance homogène ou finement gra- nuleuse, transparente, striée ou libroïde dans le sens de la longueur des artères, et se d; ''durant en lanières plus ou moins larges, aplaties, rubanées, tordues et flexueuses ou rigides. L'acide acétique est sans action sur elle. Vers le cœur, eHe se continue avec la membrane interne de ce viscère, désignée par Henle sous le nom de couche à fibres confuses; elle devient si mince dans les artères du vo- lume des intercostales et même dans l'humerale et les artères du même volume, qu'on ne peut plus l'y trouver si réellement elle y existe. Cette membrane est très-transparente et ne peut s'enlever qu'en petits lambeaux j mais chez les vieil- lards elle devient très-épaisse et rigide ; elle se détache alors, comme tuyau in- terne emboîté par les membranes plus extérieures. Son épaisseur peut atteindre un demi-millimètre même dans l'humerale, la poplitée, etc., sans être chargée de dépôts athéromateux ou calcaires. Alors elle a perdu beaucoup de sa trans- parence; elle est devenue jaunâtre. Sa structure Ûbroïde est encore manifeste, mais elle est masquée en partie par des amas de gouttelettes ou de granulations sphériques de Omm,002 à 0mn\005 de diamètre, jaunes et brillantes au centre, foncées à la circonférence, disposées en chapelet d'une manière très-régulière et remarquable, ou bien en plaques et amas de forme triangulaire, carrée, souvent très-bizarte. Il y eri a alûsl plusieurs couches superposées, avec des portions plus ou moins étendues qui en manquent. Les dépôts athéromateux, qui sont bien placés à la face interne de cette tonique, comme le dit Bichat, sont formes dès mômes granulations agglomérées et d'ane substance amorphe granuleuse, inter- posée à ces amas plus ou moins irréguliers. Une tunique analogue à celle-ci se trouve comme elle à la face interne de l'artère pulmonaire et des veines ; elle en diffère par plus de minceur encore, plus dé transparence, et en ce qn'elle est plus finement, plus rarement striée et non fibroïde. 3° La seconde membrane (car l'épithélium ne peut pas être considéré comme formant une tunique), c'est la tunique jaune élastique ou fragile, ne se déchi- rant facilement que dans le sens transversal. On peut en faire autant de couches qu'on veut ; on peut même faire décrire des spirales aux lambeaux qu'on enlève ; mais ces ûbres n'ont pas une direction spirale : elles sont circulaires. Cette tu- nique est formée dé plusieurs éléments ; ce sont : à. des fibres de tissu jaune élastique, d'autant plus larges et régulières qu'on les prend plus à la face externe de la tunique, d'autant plus étroites, plus fréquemment anastomosées et réti- culées qu'on avance vers le canal vasculaire. b. Des fibres musculaires lisses et rubanées de là vie organique, sOlublcs dans l'acide acétique, disposées circulai- vement à la face interne de, cette tunique, mélangées de fibres jaunes élastique*. Contrairement à ce que dit Henle, elles ne peuvent pas former une tunique dis- tincte, car elles ne sont pas séparables des fibres de tissu jaune élastique; de plus, elles ne forment pas, comme il le dit, la plus grande partie de l'épaisseur de 35 l'aorte ; mais, au contraire, on en trouve à peine dans ce tronc vasculaire et se? plus grosses branches; elles deviennent brusquement très-abondantes dans les ntercostales et les, artères plus grosses ou plus petites, c. On trouve, dans toute l'épaisseur de cette tunique, une substance dcchirablc en minces lamelles, homo» gène, striée, très-fragile, présentant sous le microscope des bords rompus ne.ts semblables à la cassure du verre, et cà et là des oriûces caractéristiques qui lui ont fait donner le nom de substance fenêlrée. Elle empâte en quelque sorte les autres éléments de la tunique élastique et fait quelquefois saillie, surtout dans les artères de moyen volume et les petites. à la face interne de la couche qu'ils repré- sentent; elle les dépasse quelquefois de ce côté. Mais on ne peut pas dire qu'elle forme une tunique spéciale, comme le veut Ile nie, car elle se trouve dans toute l'épaisseur de la tunique avec les caractères qu'il lui a très-exactement attribués; et snrtout cette substance ne vient pas de suite au-dessous de l'épltuélium ; il faut d'abord enlever la membrane précédente avant d'arriver à elle. Chez les vieillards, l'altération de cette tunique est la même dans toute son épaisseur et ne vient pas justifier par des lésions multiples la multiplicité des couches en laquelle on a voulu la diviser. Elle perd de son élasticité; elle devient d'un jaune blanc mat, moins transparent que chez l'adulte, ce qui est dû â un dépôt à peu près uniforme dans toute son épaisseur, surtout dans la substance qui empâte les libres élastiques et musculaires de granulations jaunâtres; mais plus petites, moins régulières et non disposées en chapelet ou plaques et amas réguliers comme celles delà tunique précédente-, elles sont, au contraire, distri- buées cà et là. Ces deux membranes sont tout à fait dépourvues de vaisseaux. La tunique élastique ou moyenne des artères et de la veine ombilicale est à peu prés exclusivement formée de fibres musculaires delà vie organique. 4° La troisième et dernière tunique est la tunique adventice ou celluleuse des auteurs, forméede fibres de tissu cellulaire et de fibres de noyau ou dartoiques, très-bien décrite par Henle. (Séance du 10 mars.) 5° SUR LA STRUCTURE DES OS DU COEUR DU RQEUF ET DU VEAU. M. Rosuî communique la note suivante, que nGus reproduisons s il y a, comma on sait, dans le cœur du bœuf deux os qui reçoivent les inser- tions de l'aorte et celle des faisceaux musculaires du cœur, par attache directe d'une partie des fibres, qui sont toujours mêlées de petits faisceaux tendineux ap- partenant à d'autres fibres qui ne s'insèrent pas directement, mais qn'on rve peut séparer des précédentes. L'un est plus petit; il est placé à droite, entre l'aorte et l'artère pulmonaire ; l'autre est à gauche et en arrière, entre l'oreillette gauche et l'aorte. Il est du double plus long que le précédent. On sait que ces os se retrou- vent dans beaucoup de ruminants de grande taille et dans plusieurs pachyder- mes, éléphant, cochon, cheval. Il peut manquer dans des espèces très-voisines de celles qui l'ont; mais les auteurs qui dlsom qu'il peut manquer dans dus indivi- 36 dus do même espèce ont pris pour absence ce qui n'est qu'une ossification rai dive. Ainsi elle n'a lieu qu'entre la troisième et la quatrième année chez le bœuf. Lesos ou l'os, chez le» espèces qui n'en ont qu'un, est plus petit chez la femelle que chez le mâle. On peut constater que chez le bœuf on trouve les deux os formés de tissu osseux proprement dit, caractérisé par des corpuscules calcaires spé- ciaux, pourvus de canalicules calcaires ramifiés. La substance fondamentale granuleuse présente cette particularité d'être striée dans le sens de la longueur de l'os, ce qui lui donne moins d'homogénéité qu'à celle des autres os du corps; ils sont parcourus par des canalicules vasculaires autour desquels les corpuscules son», rangés comm:; a l'ordinaire. Chez le veau, les os sont à l'état de fibrocarti- lage et sont très-peiits; en sorte que chez les jeunes animaux, ou même chez les vieux, s'il en est où ils ne s'ossifient pas, il est probable qu'ils n'ont pas été vus. Mais le microscope fait toujours découvrir du flbro-eartilage très-nettement ca- ractérisé par des corpuscules nombreux, renfermant de une à trois cellules et la substance fondamentale parcourue par des fibres très-serrées, fines, régulières et ondnleuses. Ainsi on voit que les fibro-cartilages ne peuvent pas être séparés de» cartilages, car ils s'ossifient comme eux. Du reste, on sait déjà que l'épiglotte est purement cartilagineuse dans sa moitié ou ses trois quarts supérieurs et fibro- cartilagineuse dan?» le quart inférieur et quelquefois dans toute son étendue. (Séance du 24 mars.) G° GROSSISSEMENT RÉEL DES MICROSCOPES. Dans les nombreuses recherches anatomiques qu'il a entreprise?, M.Robin a eu occasion de constater une cause d'erreur dans la mesure de9 grossisse- ments. Ii indique cette cause dans la note suivante, qu'il a communiquée à la Société : « Je vais montrer quelle est la cause qui fait que le grossissement des micro- » scopes, tel qu'il est pris actuellement, donne, avec chaque objectif, un chiffre » qui dépasse An beaucoup ce que l'image de l'objet, telle qu'on la voit, semble » indiquer, (l'est cette même cause qui fait que les images dessinées à la chambre » claire sont également bien plus grandes qu'on ne les voit dans le microscope. » Comme, quelle que soit la grandeur de la figure, elle ne renferme jamais que » les détails qu'on voit avec tel objectif employé, ce n'est pas combien de fois le » dessin dépasse le volume de l'objet qu'il faut indiquer, mais à quel grossisse- •» ment réel il a été dessiné. Pour cela, j'ai imaginé un oculaire micromètre dont » le verre supérieur, calculé pour grossir exactement dix fois, rend égale à l mil- » limètre chaque division égalant un dixième de millimètre placée à son foyer; » l'image ùu micromètre objectif grossi venant se former au même lieu, on peut » voir combien il faut de millimètres pour couvrir chaque centième de milli- » mètre grossi, et calculer combien de fois cent ils sont amplifiés. Un calcul » très-simple permet de tenir compte des fractions. Ces procédés, un peu longs • à décrire, devant être publics dans un ouvrage spécial pendant le mois d'avril, il 37 » est inutile de les exposer plus en détail ici. Par celte méthode on peut constater » qu'avec un oculaire de 3 centimètres, le plus court qui puisse, avec les gros- » sissements moyens, être encore employé utilement, et les objectifs ti" S de Na- » chet, les plus puissants qui aient encore été faits, on obtient un grossissement " de 800 diamètres réels, c'est-à-dire qui rendent chaque centième de millimètre • égal à 8 millimètres. On voit qu'il y a loin de là aux prétendus grossissements » de 1,500 à 2,000 fois dont parlent quelques observateurs. C'est qu'en effet les » grossissements indiquée d'après les produits actuels sont de 60 à 000 fois trop » forts, suivant les objectifs et les oculaires. * (Séance du 24 mars.) 7° NOTE SUR LE PNEUMOGASTRIQUE DE LA PASTINAGUE (îRYGON PASTINACA.) Voulant connaître quels sont les rapports du grand sympathique arec le pneu- mogastrique chez les poissons, M. Béravjd a disséqué ce dernier nerf chez la pas- tinague. Immédiatement au sortir de la cavité encéphalique, le nerf pneumogastrique suit le trajet de la colonne vertébrale, sur les côtés de laquelle il se porte en se distribuant de la manière suivante. Il fournit quatre nerfs branchiaux, un nerf gastrique ou plutôt œsophagien, et en troisième lieu un nerf latéral. Les quatre nerfs branchiaux naissent sur le côté externe du nerf, puis se di- rigent en dehors, suivant une ligne d'autant plus oblique qu'ils sont plus infé- rieurs et vont se distribuer aux branchies. Après deux centimètres de son trajet !e long de la colonne vertébrale, au moment où il rencontre le premier nerf in- tercostal, le pneumogastrique fournit un rameau assez volumineux qui s'accole pu bord supérieur du premier nerf intercostal , puis se porte en avant pour se jeter sur le commencement de l'œsophage, où 11 se divise immédiatement en un nombre plus ou moins considérable de rameaux, qui, en s'anastomosa nt, for- ment des réseaux très-fins situés entre la membrane musculaire et la membrane séreuse. Quelques filaments très-ténus ont paru aller se distribuer jusque sur la portion de l'estomac qui fait suite, à l'œsophage. M. Béraud a cherché avec beaucoup d'attention si le pneumogastrique contractait avec le grand sympathi- que des rapports quelconques, soit dans son trajet, soit dans sa terminaison 5 il lui a été impossible d'en trouver nulle part. Après avoir fourni ce rameau œsophagien, le pneumogastrique se continue pour tonner le|nerf latéral qui suit la colonne vertébrale dans un interstice musculeux, immédiatement en prrière des nerfs rachidiens intercostaux et lombaires, avec lesquels il est accolé, sans contracter d'autres rapports plus intimes. 11 arrive ainsi jusqu'au niveau de la queue, dans l'intérieur de laquelle il va se distribuer. (Séance du 1T mars.) II. — PHYSIOLOGIE. I" HYBERNATION DES TENRECS. Parmi les mammifères qui s'engourdissent plus ou moins profondément pen- 3. 38 dant une partie de l'anne'c, il en est un, le tenrec, que l'on supposé différent de tous les autres, o,n ce que son ét«t de torpeur n'aurait pas lieu sous l'influence du froid, mais sous celle de la chaleur et de ra sécheresse. Cuvier dit des tenrecs : n Ce sont des animaux nocturnes qui passent trois mois de l'année en léthargie, quoique habitants de la zone torride. Bruguiere assure même que c'est pendant les plus grandes chaleurs qu'ils dorment. » La plupart des biologistes ont accepté eomme vraie l'assertion de Bruguière, et il est résulté de là que les meilleures théories de l'hybernation, celles qui considèrent l'existence d'une basse tempéra- ture comme essentielle a la production de cet état, ont été sapées par la base, et l'hybernation est devenue plus mystérieuse que jamais. Suivant M. Brown-SéquarL, la torpeur des tenrecs a lieu de la même manière que celle des hérissons, des loirs et autres mammifères hybernants. Son opinion est fondée sur les faits suivants : 1° Les tenrecs terrent et dorment, ainsi que l'ont constaté MM. J. Desjardins et Telfair, du mois de juin au mois de novembre, c'est-à-dire pendant la saison froide des îles Maurice et Madagascar, où vivent ces animaux. 2° Des animaux hybemants de plusieurs espèces, observés par Pallas, Mangili, Marshall Hall, Berthold et Barkow, se sont engourdis à une température de -f 1G à -f 19" C. M. Brown-Séquart a trouve que les loirs» même à la température de + 20 à 4- 22° C», peuvent tomber dans la torpeur hybernale, et il eh a vu dormir pendant une semaine entière à une température variant de + lé à 4- 20° C. 3° Les tenrecs sont soumis, pendant le temps de leur hybernation à une tem- pérature qui vaTie entre + 15 et + 22 ou 23° G., rarement plus pour Maurice, et souvent moins pour Madagascar. Ces animaux sont donc exposés à une tempéra- ture suffisamment basse, pour pouvoir les engourdir, puisqu'elle peut engourdir les animaux hybemants d'Europe. Il y a donc lieu d'admettre que l'hybernation a les mêmes causes pour les tenrecs que pour les autres mammifères hyber- nants. (Séance du 10 mare.) 2° RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LA VOIX. M. Second, par un fait décisif dont il a rendu témoins les membres de la So- ciété, a définitivement établi le rôle essentiel des replis supérieurs de la glotte ehea le chat domestique j la conformation particulière du larynx chez cet animal, lui a permis de tenter une expérience que l'on pourra désormais répéter avec une grande facilité, et qui fournit une démonstration positive et directe. En effet, loisquaprès une ethérisation préalable, on s'est rendu maître de l'animal, on fait violemment ouvrir sa gueule au moyen de fortes ficelles fixées autour des dents canines ; quand le chat, vaincu par la continuité de la distension, a cessé de faire des efforts pour resserrer ses mâchoires, on lait des tractions sur la langue avec une pince érigne. Il suffit alors de saisir l'épiglotte avec un crochet pour amener le larynx à l'isthme du gosier, et comme, chez le chat, les replis supé- 39 rieurs de la glotte formant l'ouverture supérieure du larynx, on peut, avec 1a plus grande facilité, voir, à chaque cri produit par ranimai, les cartilages ary- tbénoïdes se rapprocher à la partie postérieure et les replis supérieurs entrer en vibration. M. Segond a pratiqué, devant la Société, la section de ces replis, et à l'instant même la voix a disparu. A l'occasion de cette expérience, M. Segond fait remar- quer que la prédominance des replis supérieurs de la glotte chez le chat est en rapport avec l'extrême développement du registre de sons qui représente chez cet animal la voix de fausset; au coutraire, ses replis inférieurs, plus courts, moins déliée, moins distincts, sont en rapport avec un registre de poitrine qui a un très- médiocre développement. (Séance du 17 mars.) 3° RECHERCHES SUR LA RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE ET LA PUTRÉFACTION. M. Brown-Séqcart communique aussi des recherches sur une des causes qui font varier l'époque d'apparition Ac la rigidité cadavérique et de la putré- faction. M. Dumas a émis l'opinion que la rapidité de la putréfaction dans la chair des bœufs surmenés pourrait bien dépendre de l'activité considérable et prolongée de la respiration, pendant une longue marche. Un autre fait tendrait encore, sui- vant l'illustre chimiste, à prouver que l'époque à laquelle survient la putréfac- tion des muscles varie en raison de da quantité de carbone brûlé pendant les derniers temps de la vie. Ce fait qui, du reste, a besoin d'être étudie quant aux circonstances qui l'accompagnent, consiste en ce que la chair des animaux tués la nuit se conaerve mieux que la chair des animaux'tués le jour ; or la respiration est moins active la nuit que le jour. M. Brown-Séquart, 6ans nier que l'activité de la respiration puisse jouer en partie le rôle que lui attribue M. Dumas, croit qu'il existe une autre cause bien plus puissante de la rapidité de la putréfaction après la mort, dans les cas qui précèdent et dans beaucoup d'autres. Cette cause est l'action énergique et fré- quente des muscles ; en effet, un grand nombre de faits tendent à prouver que les muscles qui ont été mis vivement en action quelque temps avant ou aussitôt après la mort sont atteints plus promptement par la rigidité cadavérique, et se putréfient plutôt que les muscles. laissés en repos. M. Brown-Séquart cite d'abord des expériences d'Autenrieth et de J. Hunter; il rapporte ensuite avoir fréquemment répété l'expérience suivante, qui lui a toujours donné les mêmes résultats : il faisait passer un courant galvanique à travers un des membres postérieurs d'un lapin, d'un cochon d'Inde ou d'une gre- nouille. Après une ou deux heures d'excitations galvaniques répétées, il tuait l'animal et il voyait que le membre postérieur galvanisé devançait de beaucoup l'autre membre postérieur, quant aux particularités suivantes : cessation de l'ir- ritabilité musculaire, apparition et terminaison de la rigidité cadavérique, débul no de la putréfaction. En substituant à l'excitation galvanique de» excitations rcé- caniques, on produit des 'effets semblables, mais moins saillants. Si, au lieu de comparer deux membres, on compare deux animaux entiers, on obtient les mêmes résultats. Pour cette comparaison, M. Brov«n Séquart excise le cœur de deux- jeunes lapins, et tout aussitôt il soumet l'un d'eux à l'action d'un appareil électro-magnétique énergique. Si des changements ont lieu dans la composition chimique des muscles pen- dant leur contraction, ainsi qu'HelmhoItz dit l'avoir constaté par des analyses comparatives, on est admis a penser que ces changements chimique* sont de même nature que ceux qui se font spontanément dans les muscles, après la mort, et par suite desquels surviennent successivement la rigidité et la putré<- faction. En finissant, M. Brown-Séquart rappelle on fait bien connu, c'est que les animaux forcés à la chasse, et particulièrement le cerf, acquièrent très-prompte- ment, après leur mort, une rigidité qui dure peu. En résumé, dit M. Brown-Séquart, if y a sans doute quelques farts qui parais- sent prouver qu'un lien de causalité existe entre l'augmentation de la respiration et la prompte apparition (te la rigidité cadavérique et de la putréfaction; mais comme, dans ces cas, il y a aussi augmentation dans l'énergie et la fréquence des contractions musculaires, et comme, en outre, il existe d'autres cas où, sans que la respiration ait pu intervenir, i! y a eu, en même temps qu'accroissement de l'acticn musculaire, prompte apparition de la rigidité cadavérique et de la pu- tréfaction, en est fondé à croire use .''action musculaire a une influence notable sur l'époque où surviennent ces phénomènes, tandis que l'influence de l'ac- tivité de la respiration, qui est possible, est encore à démontrer. (Séance du 10 mars.) 4° MOUVEMENTS DES VALVULES SlfiMOiDES. M. Claude Bernard communique quelques remarques sur le jeu des valvules »ygmoïde8 dans la circulation cardiaque. On crGit généralement que, dans ifc passage du sang à travers les orifices artériels du cœur, les valvules sygmoïdes sont fortement écartées et viennent s'appliquer aux parois du vaisseau. M. Ber- nard s'e&t assuré que ces valvules n'étaient que légèrement écartées. Dans le cas contraire l'embouchure des artères cardiaques serait fermée par les valvules et le pouls de ces artères serait différent de celui des autres parties du système arté- riel. Chassé par les contractions ventriculaires, le sang ne pénètre pas dans un tube vide, mais il rencontre une colonne sanguine qui rempiit. déjà le vaisseau et fait obstacle à un écartement exagéré des valvules. (Séance *lu 31 mars.) b" ACTION DE LA CHALEUR ET DU FROID SUR L'ifUS. M. Buown-Slquart communiqua les recherches suivantes sur l'action de ht rhirleur et du froid sur l'iris. Huiler rapporte avoir été bien surpris un jour où, ayant chauffé l'œil d'un chaf kl mort depuis longtemps, il vit la pupille se resserrer considérablement. L'illustre physiologiste ae contenta de signaler ce fait, et il ne parait pas avoir songé a l'étudier. Toutefois celte simple observation pouvait conduire à des recherches très-intéressantes et à la solution de plusieurs questions importantes. M. Brown-Séquart a repris l'étude de ce phénomène, et il communique à la Société les résultats de ses recherches qu'il résume dans les conclusions sui- vantes : ■> 1° Tous tes animaux que nous avons examinés, dit-il, savoir : le lapin, le chien, le chat, le cochon d'Inde, la pintade et ie pigeon, ont l'iris capable de se contracter sous l'influei;ce d'un changeaient de température considérable et prompt, soit que les yeux appartiennent à des animaux morts depuis peu de temps, soit qu'iis aient été extraits de l'orbite pendant la vie. » 2» C'est chez !e lapin que les changements de température agissent avec le plus d'énergie sur l'iris* c'est chei le cochon dinde que l'action est à son mi- nimum de puissance. » 3° L'iris du lapin peut rester contractile, en hiver, pendant plus de deux jour» après la mort de l'animal ; il arrive souvent même que la rigidité cadavé- rique des membres cesse avant que l'iris ait perdu sa contractilité. » 4° La durée de la contractilité de l'iris, après la mort, varie beaucoup, suivant la température du milieu où se trouve l'œil. Elle est d'autant plus courte que la température est plus élevée. » 5° Pour qu'un changement de température agisse notablement sur l'iris, il faut qu'il soit au moins de 20 à 25 degrés cenligr., soit en plus, soit eu moins. » 6° Le froid ou, plus exactement, un abaissement de température, et la chaleur, oa mieux une élévation de température, peuvent produire, suivant les circonstances, un resserrement ou une dilatation de la pupille. » 7° Si l'on enlève les deux yeux d'un lapin, mort depuis environ une demi- heure, et dont la température s'est abaissée jusqu'à 20 à 25 degrés cenligr., et qu'on expose ces yeux, l'un à l'action d'une chaleur de 45 à 48 -degrés, et l'autre à ia température de la glace fondante, on voit les deux pupilles se resserrer. Un même effet est donc produit alors par deux causes différentes physiquement : élévation de la température dans le premier cas, abaissement dans le second; mais à un autre point de vue on peut et on doit considérer ces deux causes comme une seule, c'est-à-dire un changement de température considérable et rapide. » 8° Si le froid et la chaleur peuvent produire le même effet, il n'en est pas moins vrai qu'ils j»euvent aussi produire des effets contraires; ainsi prenons un œil de lapin qui a reçu l'action du froid et dont la pupille s'est resserrée consi- dérablement, et exjK)sons-le à l'action d'une température de 40 à 45 degrés centig. ; la pupille alors se dilatera sous l'influence de celte chaleur. • 9° Ce qui précède peut se résumer ainsi : dans tous les cas où la pupille est *à&" *2 excessivement resserrée, elle se dilate quand on change rapidement et de beau- coup la température de l'iris, soit en plus soit en moins ; ao contraire, dans tous les cas où la pupille est dilatée ou peu resserrée, elle se resserre sons l'in- fluence des changements de température en plus od en moins. » io° Le resserrement ou la dilatation de la pupille, sous I influence du froid ou de la chaleur, diffèrent complètement des mouvements de l'Iris qui ont lieu dans les yeux des animaux vivants, en ce qu'ils sont très-lents à se produire] la durée du resserrement varie entre deux et dix minutes, celle de la dilatation entre trois et quinze minutes, rarement moins. » 11° L'action d'un changement de température est d'autant ptus grande et plus prompte; toutes choses égales d'ailleurs^ que lechangcment est plus consi- dérable; ainsi un œil étant à 40 degrés cenllgr. éprouvera d'autant plus d'effet qu'on l'exposera à une température plus voisine de zéro* » 12° Quand on expose un oeil alternativement au froid et à la chaleur, la pupille après s'êlre resserrée ne se dilate que très-rarement autant qu'eile s'était resserrée, et, en outre, chaque resserrement qui suit une dilatation est plus considérable que le resserrement précédent. Si l'on continue à faire ainsi resser- rer et dilater une pupille, on arrive, après 60, 81), 100 resserrements et dilata- tions alternatifs, à un état de resserrement considérable, et l'iris cesse d'être contractile. » 13° M. Bouchut a décrit récemment avec1 une grande précision des phéno- mènes déjà constatés par HaHer et R. Whylt; il a vu que la pupille se resserrait dans l'agonie et se dilatait notablement au moment de la mort. Nous ajouterons à ces faits que la pupille dilatée, après la mort, commence dés alors à se modi- fier de nouveau spontanément ; elle se resserre peu & peu, et, dans l'espace de deux à cinq jours, elle arrive au degré de resserrement le plus considérable. Ce resserrement lent et spontané de la pupille nous parait être, dans l'iris, un phénomène comparable à la rigidité cadavérique dans les autres muscles de l'économie; » Dans une prochaine communication, nous donnerons l'explication des divers phénomènes exposés ci-dessus, et leurs conséquences pour la physiologie et la médecine légale. (Séance du 31 mars.) III. — ANATOMIB PATHOLOGIQUE. 1° ALTÉRATIONS DU FOIE CHEZ DES INDIVIDUS ATTEINTS DE SVPH1LIS. M. Gubleii met sous les yeux des membre? de la Société deux foies ayant ap- paitcnu à des sujets affectés de syphilis constitutionnelle. lie premier est celui d'un homme de 34 ans, mort à l'hôpital du Midi, dans le service de M. Rlcord, après avoir présenté une série d'accidents syphilitiques se- condaires et tertiaires. L'arcidcnt primitif fut contracté à la fin de l'année 1847 ; des symptômes secondaires se développèrent pendant l'année 1848, Pi c'est à la 43 fin de cette année qu'apparurent les accidents tertiaires. En même temps les fonc- tions digestives se dérangèrent; un ictère intense ne tarda pas à survenir, et per- sista jusqu'à la mort. Il s'accompagna de vomissements reitérés, puis d'ascite et d'œdème des membres inférieurs; il s'y ajouta aussi des accidents thoraciques. Le malade tomba dans le marasme et succomba le 27 février dernier, deux mois environ après l'apparition des premiers symptômes d'une maladie du foie. A l'autopsie, on trouva, outre les Lésions des poumons, l'ascite et une altéra- tion particulière du foie, que M. Gubler rapporte à la cirrhose. Le foie est un peu ratatiné et considérablement diminué de volume ; il ne pèse que 768 grammes. Sa couleur résulte d'un mélange de jaune et de verdâtre ; le jaune appartient spé- cialement à des granulations grosses comme une tête d'épingle, comme un grain de chènevis ou même un gros pois, lesquelles sont identiques, pour les caractères de forme et de structure intime, aux granulations de la cirrhose proprement dite. Elles s'énuclécnt facilement de !a cavité que leur forme la trame cellulo-flbreuse hypertrophiée; elles sont sphéroïdales ou irrégulièrement polyédriques, et con«- stituées par une capsule d'enveloppe plus résistante et par une trame celluleuse intérieure, molle, infiltrée d'une énorme proportion de cellules propres du foie plus ou moins entières, et chargées de graisse et de matière colorante. M. Gubler pense que cette cirrhose est un effet du virus syphilitique. Il pos- sède une autre observation du même genre, et rappelle que M. Rayer signale, dans son Thahk des maladies des h lins, des altérations du foie coïncidant avec la syphilis et la néphrite albumineuse. Les anciens croyaient à l'existence de ces affections syphilitiques du foie* M. Rayer est disposé à les admettre; M. Ricord a vu des cas analogues qu'il interprète dans ce sens. Enfin aujourd'hui M. Trous- seau ne doute pas de la relation de cause à effet qui existe entre la syphilis et une altération particulière du foie que M. Gubler a découverte chez les enfants à la mamelle en 1846. Le second foie est un exemple de ce genre d'altération ; il a une teinte généra- lement jaunâtre ou pâle, tandis que les foies d'enfant sont d'ordinaire très-foncés en couleur. Sa substance jouit d'une demi-transparence plus marquée en certains endroits, particulièrement au voisinage du bord tranchant» elle est parsemée d'une multitude de petits points blancs opaques semblables à des grains de se- moule très-fins. Sa coupe est uniformément jaunâtre ou marbrée de rougeâtre. Cette substance est beaucoup plus dure que celle d'un foie sain, et examinée au microscope, elle se montre infiltrée d'éléments ûbro-plastiques, noyaux et corps fusiformes fort abondants. Ce foie a été pris sur un enfant âgé de quelques mois seulement, et qui est mort à l'hôpital de Lourcinc, dans le service de M. Culle- rier, avec des ulcérations dans les fosses nasales, des plaques muqueuses et de l'ecthyma profond. 11 faut signaler aussi l'existence d'une certaine quantité de pus bien lié dans la cavité péritonéale. M. Gubler a le plus souvent trouvé des signes non équivoques de péritonite chez les enfants qui succombaient dans ces conditions. (Séance du 3 mars.) M 2* choléra; recherches anatowo>patholociqi;es. M. Bouchut fait connaître le» résultats de .«es recherches cadavériques sur an assez grand nombre de sujets morts du choléra. Il fait remarquer que la multiplicité des lésions matérielles, dans le cerveau el ses membranes, dans les poumons, dans le foie, dans les reins, dans l'intestin et à la surface de la muqueuse, ne permet pas de localiser cette maladie. La lésion des follicules intestinaux, qu'on a considérée comme caractéristique du choléra, n'est même pas spéciale à cette affection ; car il y a des sujets qui sont morts au début ou dans le cours de la maladie, et qui n'ont point offert de folli- cules intestinaux hypertrophiés. De plus, cette hypertrophie des follicules s'observe ailleurs que dans le choléra : dans quelques cas d'entérite, chez l'adulte et dans les entérites chroniques des jeunes enfants. Le fait important dans ces autopsies, après l'entière absence de lésions maté- rielles spéciales du choléra, c'est la modification que présente, dans cette maladie, de la composition chimiqae de quelques-uns des organes sécréteurs, et en parti- culier du foie et des reins. Sur un grand nombre de sujets, le sucre normal du foie avait disparu, ce qu'il était facile d'apprécier, eu traitant la décoction d'un fragment de cet organe par le tartrate de potasse cuivrique sans obtenir la réduction de l'oxyde de cuivre. Ce faita coïncide avec l'existence de vomissements bilieux remplis de matière sucrée, qui opéraient la réductioa de l'oxyde de cuivre lorsqu'on traitait ce mé- lange par la chaleur. M. Bouchut rapporte ensuite qu'ayant examiné les urines de vingt-trois cholé- riques, au début et dans la durée de l'affection, il a trouvé ces urines fortement albumineuses, fait déjà indiqué par Simon dans sa Chimie pathologique, et l'on a vu ces urines cesser de renfermer de l'albumine, au moment de la convalescence, chez sept malades qui ont guéri. Une légère altération de texture des reins parait coïncider avec ce phénomène. M. Bouchut présente à la Société plusieurs de ces organes ; l'on y trouve une dé- coloration très-marquée de la substance corticale, avec ramollissement faible, et adhérence à la membrane fibreuse d'enveloppe. 3° AKATOHIE PATHOLOGIQUE D'UN CHANCRE ISDDRÉ. Bennett et notre colIègueM. Robin ont examiné et décrit les différents éléments qui constituent l'induration du chancre. Ils y ont constaté la présence d'un grand nombre de corps fusiformes. M. Gubler montre à la Société un chancre récem- ment cicatrisé dont la base offrait l'induration spécifique. Il y a retrouvé des élé- ments ilbro-plastiques à tous les degrés de développement. Ce chancre, situé sur le prépuce, avait dû être enlevé avec une portion de ce repli dans l'opération du phymosis. (Séance du 3 mars.) «5 4* PIÈCES PROVENANT D'UNE OPÉRATION DE TAILLE. M. Lebret présente à la Société les organes génito-urinaircs d'un enfant de 3 ans et demi qui a succombe vingt-quatre heures après une opération de taille pratiquée par M. Guersant fils. La litbotomie a été faite suivant ia méthode bi- Iatéiale. Le bulbe urétral, la prostate et les conduits éjaculateurs sont intacts. On a retiré deux calculs volumineux, un autre plus petit et quelques débris (3 mars.) 5° TUMEURS ÉPITI'ÉLIALES I>E l/AJRUOS. M. IIlot rend compte à !a Société de l'examen microscopique qu'il a fait de pe- tites tumeurs blanchâtres et ombiliquces situées à la face interne de l'ammos d'une vache. Elles lui ont paru entièrement formées par des lamelles épilbéliales plut ou moins régulières. A propos de cette communication, M. Rayer rappelle que, selon M. Lecoq, ces productions seraient particulières aux ruminants. M. Giraldès n'a rien constaté d'analogue sur l'arnnios humain, (3 mars.) 6° TUBERCULES OBSERVÉS DANS UN JABIRU (MVCTERIA A'JHERICANA). On a recueilli un très-grand nombre de remarques sur des tubercules obser- vés dans plusieurs mammifères, mais beaucoup plus fréquemment chez des singes que chez d'autres animaux. Les oiseaux ont fourni aussi quelques exemples sem- blables qui, toutefois, sont beaucoup plus rares. M. Elg Desmarest communique un cas remarquable de tuberculisatlon clans un jabiru mâle [tnycteria amerieana). Il fait passer la trachée, les pou- mons et le cojur sous les yeux de la Société, et l'on peut y voir des tubercules assez nombreux. Des indurations se remarquent sur la trachée, quelques tuber- cules se trouvent sur la grosse bronche au point où elle abandonne une partie de son cartilage pour pénétrer dans les poumons; ces (Jemiers organes surtout of- frent de très-abondants tubercules; enfin, sur le tissu cellulaire qui entoure les vaisseaux pulmonaires et aortiques, ainsi que sur la membrane qui avoisine le rein gauche, on voit quelques indurations tuberculeuses. Ces altérations sont assez semblables à celles que l'on étudie souvent chez d'autres animaux : ce sont des tubercules crus avec des points d'imturations jaunes. C'est principalement le poumon qui est le siège de l'affection patho- logique. Ce jabiru provenait de la Guyane; il en avait été rapporté par M. de Castelnau, en juin 1817, et il avait vécu à la ménagerie du Muséum d'histoire naturelle jus- qu'au mois d'avril 1348. (3 mars.) "!° ALTÉRATION DES GLANDES DE COOPER. M. Gubler montre à la Sociélé une altération des glandes de Coopcr, qu'il appelle glandes de Méry. Le conduit excréteur de la glande gauche est oblitéré *6 et présente une dilatation ampullaire derrière l'obstacle dans la partie de son trajet où il est sons-muqueux. La moitié de la longueur de ce conduit la plus voisine de la glande offre une dilatation cylindrique. L'ampoule distendue par le produit de la sécrétion glandulaire a le volume d'un gros grain d'orge et rétrécit considérablement le calibre de l'urètre- M. Gubier tait remarquer qu'une lésion semblable a été observée pair Terraneus sur un adulte. En conséquence, ajoute- t-il, il faut admettre une nouvelle espèce de rétrécissement urélral causé par l'oblitération du conduit excréteur des glandes de Cooper ou de Méry. (Séance du 10 mars.) 8° HELMINTHES TROUVES CHEZ DES LAPINS. M. Brown-Sêquart communique les résaltats de quelques recherches sur des helminthes trouvés chez les lapins. 1° Chez tous les lapins qu'il a examinés depuis quelques mois, Il a trouvé des cyslicerques dans la cavité abdominale et dans le foie. II n'y a pas eu une seule exception sur plus de 60 laphis. L'existence de ces vers vésiculaires parait donc être constante, au Heu d'être seulement extrêmement fréquente, comme on le croit. 2* Il y a en outre, dans le foie des lapins, de petites agglomérations blanches, jaunâtres, que MM. Lebert et Robin croient être des œufs d'helminthe. 8° Chez des lapins nouveau-nés, M. Brown-Séquart a trouvé dans le foie de pe- tits amas jaunâtres, paraissant semblables à ceux qu'on trouve chez les indivi- dus plus âgés. Le foie des lapins paraît donc contenir des œufs d'helminthe avant la naissance. 4° Dans une note publiée dans les Archives d'anatomie et de physiologie, en 1846, M. Rayer a signalé, dans les voies biliaires, l'existence d'œufs qui, à cer- tains égards, lui ont paru ressembler à des œufs de dîstome; mais il n'a pos trouvé de distome. M. Brown-Séqoart a examiné, avec M. Lebert. des œufs rencontrés dans les voies ftrlnaires d'un lapin, et ils les ont trouvés tout â fait semblables à ceux dont M. Rayer a donné la figure. Il n'y avait pas de distome. (J7 mars.) 9* TUBERCULES VKRM1NECX DES POUMONS ET DF. LA TRACHÉE CHEZ LE RENARD (CANIS VULPES). Redi est le premier auteur qui ait fait mention de ces tubercules. « J'ai vu, dit-il, un poumoq de renard dont la face externe était parsemée de petits tubercules blancs dont les uus ressemblaient par la forme et le volume à un pois, les autres à des grains de millet ; les plus gros renfermaient un petit ver blanc plus lin qu'un cheveu; les plus petits, seulement un peu d'eau, mais dans celte eau on voyait une espèce d'atome blanc, semblable à un très-petit œuf et presque invisible. » (Redi, Opuscula, Leyd., 1729, t. Xl,Obser.circa ani- malia viventia qum in animalibus vivcntiùus reperiuntur, p. 33.) kl Daus ces derniers temps, M. Crépiin a fait de nouvelles observation sur le même sujet. Le savant naturaliste italien avait indiqué le petit helminthe con- tenu dans les élevures ou tubercules, mais il ne l'avait point caractérisé. M. Cré- piin eu donna exactement la caractéristique sous le nom de trichosoma aero- philum, dans I'Encyclopédie de Ersch et Gruber. M. Crépiin avait rencontré ce ver à la surface interne de la trachée d'un re- nard, dans le mois de février et d'octobre, à Greifswald. Tout récemment, H. Dujardin l'a trouvé trois fois daus les renards de la forêt de Rennes, eu mars et en avril, et il en a donné une description plus détaillée, d'après ses propres observations. Frappé de la singulière structure de l'appa- reil génital mâle, et de l'absence du spicute, qu'il n'a pu apercevoir d'aucune manière, et prenant en oonsidération la disposition du pénis qui est représenté par un long tube épineux, rétractile et protractile4 comme la trompe des éclii- norinques , il en a fait le type d'un genre particulier, qu'il désigue sous le nom A'J-Atroh>iis,et cette espèee est indiquée sous le nom iïEuooleUs aerophilum, M. Dujardin ne dit pas s'il a trouvé ces helminthes, toujours à la surface de la trachée, ou dans des tubercules, comme cela était arrivé à Redi. Après avoir rappelé oe que la science possédait sur cet intéressant sujet, H. Chaussât raconte le résultat de la dissection d'un renard faîte par lui dans le laboratoire de M. Rayer. Nous trouvâmes, dit-il, des trichosomes dans la vessie ; mais, en outre, il > avait dans la trachée et dans les bronches plusieurs Fueoleils aerophiluiu, éten- dus sous la membrane muqueuse. On remarquait, en outre, à l'entrée des grosses bronches, cinq petits tubercules ou cinq petites élevures, à peu près du volume d'une lentille, et qui contenaient chacune un helminthe beaucoup plus petit que ceux qui étaient à la surface de la membrane muqueuse, mais qu'il était facile de reconnaître, à l'inspection microscopique, pour de véritables Eucoleus aero- philum, Il n'y avait pas de tubercules vermineux dans le tissu propre des pou- mons, qui étaient sains, comme tous les autres organes. Deux autres renards, dont un mâle et l'autre femelle disséqués en avril de la même année, ne nous offrirent pas de ces tubercules, ni d'helminthes dans la trachée et les poumons. Les caractères que M. Dujardin a donnés àeVEucoleitiaerophilum 6ont si exacts et si précis qu'il n'y a rien à ajouter à H description. Nais j'ai pensé qu'en ne verrait pas sans intérêt une représentation exacte des petits tubercules des bronches et des figures représentant ces vers singuliers, qui n'ont pas encore été figurés, savoir : Le pénis du mâle, dont la disposition a conduit M. Dujardin à séparer ce ver des trichosomes ; ies œufs qui, par leur forme et leurs boutons terminaux, sont si semblables à ceux des trichosomes ; les fœtus, ou embryons sortis des œufs ou de leur enveloppe. Enfin ces tubercules qu'on trouve chez le renard, qu'on trouve aussi dans la trachée et les poumons d'autres animaux, tels que la fouine' et le putois, sont «ne preuve de plus à ajouter à beaucoup d'autres de l'indispensable nécessite pour l'observateur de recourir à l'inspection microscopique dans la détermination de la nature de certaines tumeurs et surtout de la structure des helminthes» (Séance du 31 mars.) 10° EXASIE* MICROSCOPIQUE DU SANG ET DES MATIÈRES VOMIES OU RENDUES PAR LES SELLES CHEZ LES CHOLÉRIQUES. L'étude chimique du choléra a été faite avec un ceitain soin à l'époque où l'épidémie de 1832 vint envahir la France; mais en parcouraut ces reche relies, on est étonné de ne rencontrer aucune observation positive qui ait traita l'ana- lyse microscopique de ces produits. Plus tard seulement, MM. Andral et G luge entreprirent l'examen des matières vomies ou rendues par les selles. Tous deux trouvèrent dans la liquide sécrété par la membrane muqueuse « un grand nom- bre de globules contenant, comme ceux du pus, des nucléoles et des noyaux dont le nombre variait d'un & quatre noy&ux, rendus plus évidents par l'addition de l'acide acétique. Quelques cristaux, des lamelles épithéliaics, venaient «'ajouter accidentellement à ces globules, » mais ils ne s'accordèrent pas sur la nature des globules. Glage y voyait des noyaux de cellules épilhéliaîes, M. Andral, quelque chose qu'il rapprochait des globules de pus. M. Follin a examiné avec soin et un très-grand nombre d« fois les matières blanches rendues par les garde-robes ; il a constaté que, dans la majorité des cas, ces amas blancs et le liquide au milieu duquel ils nageaient étaient formés : 1° par des globules très-nombreux, granuleux à leur surface, irrégulièrement ar- rondis, du volume de 0mm,0060 environ, et réunis entre eux par une masse amorphe. Ces globules étaient insolubles dans l'acide acétique, qui a paru, au contraire, dissoudre la matière amorphe interposée entre eux. fis ne contenaient pointa leur intérieurde noyaux distincts; on y constatait seulement un ou deux points plus brillants que le reste. Ces globules au'on rencontre en si grand nom- bre, et réunis en amas immenses, ont paru à M. Follin être des globules de pus récemment formés et n'étant pas développés d'une manière complète. On rencon- tre des globules analogues, pour l'aspect général et le volume, dans toutes les membranes muqueuses qui commencent à subir le plus léger degré d'irritation. Je les ai observés, dit M. Follin, dans le mucus utérin le plus transparent, dans les larmes après une très-faible irritation de l'œil, etc. Le développement du choléra se fait d'une manière si brusque, les produits morbideâ sont exhalés si promptement, que leurs éléments ne peuvent acquérir leur plein et entier déve- loppement jusqu'à leur expulsion au dehors de l'économie. Toutefois les choses ne se passent pas toujours de la même manière. Chez une cholérique qui a suc- combé a la Charité dans le service de M. Briquet, les matières rendues par les selles ne l'étaient pas aussi promptement que d'habitude, et elles avaient revêtu l'aspect d'un pus jaunâtre, épais et assez bien lié pour qu'où ne pût pas d'abord songer à la matière des cholériques. L'examen de cette substance me montra, au 49 milieu de globules en tout comparables à ceux que j'ai déjà décrite, un gTand nombre de globules de pus à plusieurs noyaux bien distincts, etde globules pyoides reconnaissables à leur volume et à leur aspect, bien différent des précédents. Ainsi J'ai pu suivre sur différentes matières rendues par des cholériques la tran- sition des globules purulents imparfaits aux globules de pus à noyaux bien ca- ractérisés. 2° Un autre élément également très-abondant dans les selles des cholériques, mais qu'on remarque surtout au début des évacuations ou dans la période qui précède la mort, c'est l'épithélium cylindrique du canal intestinal. Souvent des cellules épithéliales ou des plaques de cellules épjtbéliales sont intimement mê- lées aux globules que j'ai précédemment indiqués. Ces cellules épithéliales ont conservé leur forme cylindrique; souvent elles sont accolées les unes aux autres sur la même ligne. 3° J'ai aussi constaté dans un cas, au milieu de ces matières blanches, une assez crande quantité de cristaux de cholestérine. On rencontre aussi ces deux premiers éléments dans ces petites saillies blanches sous-muqueuses, qui m'ont paru n'élu: que des follicules remplis de la matière cholérique. Dans l'intestin grêle, les globules recouvrent les villosités, unis qu'ils sont entre eux par uns matière amorphe visqueuse et soluble dans l'acide acétique. J'ai traité dans plusieurs cas par l'éther les matières rendues par les selles ; ce puissant dissolvant des principes gras ne m'a révélé le plus souvent aucune ma- tière nettement définie. De cette première partie de mes recherches, je crois pouvoir conclure : l9 que la matière cholérique, quoique d'un aspect particulier, ne contient aucun élément spécifique ; 2° que les éléments trouvés dans les produits exhalés sont ceux qu'on voit dans les membranes muqueuses irritées: 1* globules de pus incomplètement développés; 2° globules du pus complets à noyaux; 3° globules pyoides; 4° la- melles épithéliales. J'ai aussi examiné le sang des cholériques, et dans deux cas immédiatement api es la sortie de la veine. Les altérations si promptes des globules sanguins exi- gent que l'examen se fasse seulement dans ces conditions. J'ai pris du sang chez une cholérique qui était dans la période algide. La lancette, enfoncée vers la partie moyenne du bras, à 1 centimètre et demi de profondeur, n'a laissé couler aucune goutte de sang. En la faisant pénétrer plus profondément, il a été possible d'obtenir une goutte de ce liquide. Mise aussitôt sous le microscope, celte goutte- lette sanguine m'a offert un grand nombre de globules dépourvus de leur forme et de leur aspect général ; ils étaient allongés, irréguliers, quelques-uns crénelés à leurs bords. Un petit nombre seulement avait conservé sa forme normale. La plupart de ces globules, en s'aplatissant, laissaient transsuder au delà de leurs parois la matière colorante qu'on voyait dans la masse liquide environnante. Pans ou «utro cas. j'ai pu faire les mêmes observations. Des deux malades, l'une 50 était couchée dans le service de If. Briquet, l'autre dans celui de M. Andral ; mais de ces observations je mo garderai bien de conelure que le choléra produit une altération des globules sanguins. J'ai depuis longtemps appris que ces altérations des globules ont surtout été vues chez des individus débilités par des maladies, ou dont le sang est appauvri par due nourriture insuffisante et malsaine. Par- tant de là, il est curieux de voir l'épidémie sévir d'abord chez ceux dont le sang se trouve dans de b! mauvaises conditions. (Séance du 17 mars.) 11° CARIE DES VERTÈBRES LOMBAIRES, DO SACRUH, DE L*OS DES ILES, DU FÉMUR; TUMEUR W.ANCHK DU GENOU. M. Lebert met sous les yeux de la Société des pièces de lésions du système osseux. Ce sont de nouveaux exemples qui prouvent combien est fréquente la nature non tuberculeuse des altérations de* os pendant le jeune âge. 1° CARIE DE LA DERNIÈRE VERTÈBRE LOMBAIRE, DE TOUTE AA SURFACE DU SA- CRUM JUSQU'A L'EXTRÉMITÉ COCCYG1ENNE , AIHS1 QUE D'DtiE PARTIE DE L*OS DES ILES DE CÔTÉ DROIT ; CARIE SUPERFICIELLE DU FÉMUR DROIT. Les vertèbres lombaires, examinées extérieurement et sciées par le milieu, montrent une parfaite intégrité dans les trois premières. La quatrième, sans être malade dans sa partie supérieure, offre dans toute sa moitié Inférieure la teinte gris noirâtre que l'on rencontre si souvent dans la carie vertébrale. Le disque In- tervertébral entre la quatrième et la cinquième vertèbre a totalement disparu, ainsi que la cinquième vertèbre elle-même, dont il n'existe plus que quelques fragments adhérents à la surface supérieure du sacrum, ainsi que deux séques- tres baignés de pus et situés dans une grande cavité qui occupe tout cet espace, et qui a presque 2 centimètres de hauteur. On ne reconnaît sur ses parois que des rugosités osseuses baignées de pus et des grumeaux pseudomembraneux. Cette vaste cavité est fermée latéralement par le périoste notablement épaissi, trans- formé en un tissu lardacé d'un gris noirâtre dont l'épaisseur varie entre 5 et 8 millimètres. Les séquestres n'offrent rien de particulier quant à leur structure -, leur tis6u surtout n'est que peu raréfié. L'un a près de 2 centimètres de lon- gueur, sur un de largeur et 8 millimètres d'épaisseur. L'autre séquestre a des dimensions un peu moins considérables et une forme irrégulière. 11 n'existe point dans cette vaste cavité de membrane pyogénique organisée, excepté dans quelques endroits où il y en a des vestiges entourés de petits sé- questres. Toute la partie antérieure du sacrum est superficiellement carrie. Le périoste y manque dans la plus grande étendue et ce n'est qu'au niveau des deux dernières vertèbres coccyglennes qu'il persiste et tonne une couche lardacée épaisse qui recouvre une portion d'os plus profondément cariée et renfermant quelques petits séquestres décolorés. En haut et à droite, la carie du sacrum se continue sur la partie voisine de l'os des lies, et occupe un espace de 3 centimètres de long sur 2 de large. Toute 51 la lamelle compacte y est détruite; en sorte que, du côté de la partie saine de l'os, la séparation est marquée par un rebord de 3 millimètres d'épaisseur. L'examen microscopique ne démontre pas dans le liquide qui infiltre les alvéo- les osseuses des éléments du tubercule ; on n'y reconnaît que des globules de pus altéré, et si du tubercule y a existé antérieurement, il n'en est pas resté de traces évidentes. On y voit de plus de nombreux cristaux prismatiques, probablement d'un sel calcaire. La moelle épinière est notablement ramollie et rouge au niveau de la dernière vertèbre, lombaire, et la queue de cheval offre également une mollesse anormale ; cependant elle reprend sa consistance au niveau des trous sacrés antérieurs et postérieurs. Le fémur droit offrait au-dessous du petit tro- chanter une carie superficielle de 3 centimètres de long sur 1 centimètre de large. L'os scié dans son milieu montre que cette carie superficielle n'atteint la sur- face de l'os que vers un tiers de son épaisseur. Du reste, l'os est dans un état normal. (Séance du 24 mars.) 12e TUMEUR BLANCHE PU GBffOU. Le genou avait considérablement augmenté de volume, et on sentait déjà à travers les tésuments que ce gonflement était dû à la fois aux os et aux parties molles. Plusieurs fistules existaient autour du genou et correspondaient surtout à la région articulaire inférieure, à la tête du tibia. Le bord des fistules était entouré rè$ avoir été pour lui l'occasion de montrer tout ce qu'il y avait en lai de courage dans le danger et de dévoue- ment après la lutte. Désir réunit tous les blessés qui furent atteint* près de lui en une ambu- lance, et leur prodigna les soins et les leçons que son âme généreuse sut multi- plier dars ces tristes journées. Ainsi, messieurs, que oe soit la du moins la consolation de ses jiareuts, de ses amis ; rien u'a masqué a. oette noble et modeste existence trop tût tranchée, ni 1 utilité qui la rend honorable, ni le dévouement, ni le patriotisme, qui en per- pétuent le souvenir. COMPTE RENDU DES SÉANCES x>E LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'AVRIL 18Û9 ; PAR M. FOLLIN, secrétaire. Présidence de M. RATER. I. — ANATOMIE. M. Robtx présente un traçait duquel il résulte que la mamelle suit dans le développement de ses éléments anatomiques pendant et hors l'état de grossesse des phases analogues à celles que suivent les fibres musculaires de l'utérus. Celles-ci sont étroites, minces, atrophiées, à peine reconnaissables pendant l'état de vacuité de l'utérus, larges, rubanées et faciles à reconnaître pendant la gros- sesse. De même il est impossible de voir les cuis-de-sacs glandulaires de la ma- melle pendant l'intervalle des grossesses. Ils sont atrophiés et on ne peut en constater l'existence par aucun moyen. A cette époque, le tissu mammaire est dense, homogène, résistant, élastique, blanchâtre. Dès que survient vers le hui- tième mois le gonflement delà mamelle, son tissu devient moins dense, et, quand la sécrétion lactée a commencé, on voit ça et là de petits points jaunes a peine du volume d'une télé d'épingle, qui se dessinent sur le reste du tissu qui est 60 plus blanc. Enlevés el placés sous le microscope, on reconnaît que ce sont des acini, et ils présentent les culs-de-sacs caractéristiques des glandes en grappes. Seulement, pendant que la sécrétion est active, on ne voit pas d'cpilhélium ta- pissant ces culs-de-sacs, qui sont remplis de globules de lait. Si la mamelle est hypertrophiée pathologiquemeut de manière à former une tumeur hypertro- phique, ou seulement si un kyste ou toute autre cause a déterminé une conges- tion locale, les parties dans lesquelles la circulation est activée présentent les culs-de-sacs tapissés d'épitbélium. Les acini ne se dessinent pas dans le tissu comme à l'état normal, el au delà des parties où a lieu le travail organique mor- bide, on ne voit plus de culs-de-sacs. On n'a, sous le microscope, que des faisceaux de tissu cellulaire très-serrés ; mais ni l'emploi de l'acide acétique, ni celui des autres réactifs, ne font voir les culs-de-sacs, qu'on aperçoit ailleurs et pendant la période de sécrétion, très-facilement, sans réactifs et qu'on étudie plus facilement encore avec leur aide. II. — PHYSIOLOGIE. 1° CHIENS RENDUS DIABÉTIQUES. M. Claude Bernard a déjà montré à la Société qu'en piquant un certain point du quatrième ventricule chez les lapins, on les rendait diabétiques. Cette expé- rience remarquable n'avait pas encore été tentée par lui sur d'autres animaux. Il annonce aujourd'hui à la Société qu'il l'a répétée sur un chien et qu'elle a complètement réussi. Les urines examinées avant l'expérience étaient sans su- cre ; vingt minutes après la piqûre, elles en contenaient d'une manière notable. Du reste, il n'y a pas de changement dans les autres éléments de l'urine, ni dans l'urée, ni dans les phosphates. 2° l'action de téter indépendante du cerveau. M. Brown-Séquart a cherché à démoutrer devant la Société que les jeunes animaux peuvent téter même quand ils n'ont plus de cerveau ou de cervelet. Déjà M. Grainger avait démontré ce fait pour le cerveau seulement, et d'ailleurs' on avait vu des anencéphales qui pouvaient très-bien téter. M. Brown-Séquart enleva, sur des lapins qui venaient de naître, la calotte crânienne, les lobes cé- rébraux et le cervelet. En approchant du sein de leur mère la bouche de ces jeunes animaux mutilés, on put constater qu'ils exerçaieut encore un mouve- ment de succion ; mais cet acte faiblit vite et cessa presque aussitôt. 5» CRANE DES NÈGRES. M. Lebrkt lit la note suivante sur le crâne d'un nègre : « Notre honorable président a fait mettre sous les yenx rie la Société, dans la dernière séance, le crâne d'un nègre adulte, né à Cayenne, âgé de 36 ans, mort 61 du choléra à l'hôpital de la Charité. Apre» avoir entièrement dépouille ce crâne de ses enveloppes et des parties molles, j'ai été frappe des détails qu'il présente, les uns lépondant à la description consignée au crâne des nègres de Guinée, les autres méritant peut-être une mention particulière. ■ En effet, c'est bien le front fuyant, quoique ici peu incliné en arrière ; la dé- pression latérale et uniforme au niveau des fosses temporales et en quelque sorte sous la pression des muscles crotaphytes ; la proéminence du vertex, des bosses pariétales qui dominent les parties antérieures et le léger aplatissement de l'occi- pital postérieurement; enfin le rétrécissement de la cavité intérieure, surtout dans les fosses frontales; autant de caractères qu'on ne saurait refuser au nègre d'une manière générale. De plus, nous devons remarquer de suite une singulière appa- rence, à savoir la soudure intime de toutes les sutures telle qu'on n'en recon- naît aucune trace, sinon la juxtaposition de l'écaillé du temporal sur l'os pariétal correspondant. Je ne sache point qu'une semblable particularité ait été signalée encore dans l'examen des distinctions de race; à coup sûr, il suffit du parallèle de quelques crânes européens pour démontrer qu'une telle coaptation se ren- contre à peine dans un âge avancé chez l'homme de notre race. Jusqu'à plus ample information, nous attribuerons ce fait à la notable épaisseur que les deux tables osseuses, l'externe et l'interne, comportent chez ce nègre et sur laquelle nous nous proposons d'insister. • La section de cette calotte crânienne a été pratiquée aussi inférieurement que possible, de la bosse nasale à la protubérance occipitale externe, et suivant une ligne circulaire qui passerait, de chaque côté, par le tiers supérieur de la portion écailleusedes temporaux. Le ruban métrique appliqué d'avant en arrière, sur le vertex, mesure une courbe de 28 cent. ; 0m,27, transversalement environ au niveau de chaque trou auditif et en avant des bosses pariétales; 0m,50etdemi pour la circonférence totale, la fosse temporale étant prise comme point médian, et cette circonférence se décomposant en courbe postérieure (Om,28) et en courbe antérieure (0ra,22). J'ai comparé ces mensurations avec d'autres prises de même sur des coupes de crânes européens dans un âge approximatif; à quelques milli- mètres près, la courbe antéro-postérieure, la courbe latérale, étaient semblables ; la circonférence seule m'a paru infiniment plus grande sur les échantillons de notre race; il y a toujours de 4 à G centim. de différence à leur avantage sur le crâne du nègre en question ; mais comme les coupes ont pu être diversement pratiquées sur les crânes que j'ai mis en parallèle, je n'opposerais pointées éva- luations isolées à celles de Sœmmering. Cet anatomiste, au moyen de mesures très-exactes prises sur des crânes de nègre et d'Européen, a nettement établi pour les crânes appartenant à la race éthiopienne une infériorité de volume exprimée par des dimensions plus petites à 1?. fois dans la longueur, dans la largeur et sur- tout dans les circonférences horizontale et verticale. • Le poids (de 468 grammes) est déjà appréciable par la simple pesée à la main. 62 » L'épaisseur constatée en arrière, »ur la coupe, n'est pas moins d'un centi- mètre a un centimètre et demi ou niveau de la protubérance occipitale; moi»6 prononcée latéralement, elle réparait dans toute l'étendue du frontal ; mais c'est à la texture extrêmement compacte des deux tables, particulièrement, de la table externe dans les deux tiers postérieurs du crâne qu'on doit la rapporter 5 à peine sj le tissu spongieux s'étend dans l'intervalle de la substance solide, comme le confirme encore l'interposition de cette calotte crânienne entre l'œil et la lu- mière. » Enfin, il reste, à noter, d'une part, à l'intérieur, la profonde empreinte des circonvolutions cérébrales sur la table interne, au niveau des fosses -frontales et des excavations occipitales, dotations que rien ne traduit au dehors, et de l'autre un défaut de symétrie évident entre les diverses parties de ce crâne dont la por- tion droite l'emporte en développement sur celle qui est à gauche de la ligne médiane. C'est ici, en dernier lieu, un de ces caractères si diversifiés au milieu des peuples qui passent pour conserver les signes du type de race le plus exact, et dont on ne discute point la valeur. Existe-t-il, au contraire, dans la notable- épaisseur des os que nous avons déterminée, une signification importante au point de vue de l'analyse ethnologique? L'attention des observateurs fut très- anciennement appelée sur ce caractère. Que de foi8 n'a-t-on pas cité ce passage célèbre d'Hérodote où il compare entre eux les crânes des Egyptiens et des Per- ses, en donnant l'avantage de l'épaisseur et de la dureté à ceux-là qui, dit-il, s'abstiennent de coiffure dès l'enfance, tandis que les seconds, élevés dans des habitudes efféminées, auraient eu les os de la tète très-faciles à entamer. Scemme- ring résume les examens de momies égyptiennes pratiquées avant lui, et no con- state aucune différence, quant à l'épaisseur, avec les crânes des Européens; il possédait plusieurs fragments de crânes rapportées des sépultures d'Egypte ; au- cun n'offrait cette singularité ; il raille même l'opinion de Paaw, qui assurait qu'un coup de glaive fendait le crâne d'un Ethiopien. Toutefois il se rencontre dans plusieurs musées des têtes de momies, remarquables par leur densité et leur pesanteur. Le docteur Pritcliard ne volt rien là de spécial à la race africaine. Déjà Albinus, décrivant deux crânes dans la collection anatomique deLeyde, l'un de nègre, l'autre de négresse, qualifiait ce dernier de tête merveilleusement épaisse, compacte, pesante, différente en tous points des apparences ordinaires. Sœmmering s'attacha également à comparer les crânes des nègres avec ceux des Européens sous ce rapport; il insiste sur la consistance compacte des premières: « Caldarias nigritiarum duriores esse , certum et exploratum , » et il 6e demande, comme plusieurs modernes l'ont fait, si l'habitude d'exposer la tète aux intempéries n'explique pas cette circonstance. Lawrence, dans ses com- mentaires des décaries de Blumembach, semble tenir peu de compte de l'épais- seur des crânes considérée comme signe distinctif de race; et toutefois Blumem- bach lui-même notait sur sa collection plusieurs différences à cet égard, tels que le poids et la consistance des os de la tète chei un cosaque du Don, chex quel- 63 que» nègres, et en parallèle la légèreté remarquable de crânes provenant de l'Amérique septentrionale. Suivant M. Lesson, quelques-uns des crânes de la Nouvelle-Zélande offriraient une épaisseur, une densité, un volume extraordi- naires. Au musée de la Faculté de Montpellier, M. le professeur Dubreuil a noté, comme Blumembach l'avait aussi observé, la grande pesanteur des os sur la tête des Botocudes, peuplade anthropophage qui habite le nord du Brésil. Pritchard, enfin, revient à plusieurs reprises, dans son histoire étendue de l'espèce hu- maine, sur la texture compacte de la boîle crânienne chez beaucoup d'Africains ; et cependant après avoir détaillé cette particularité en assimulant ces crânes à l'ivoire, en faisant remarquer que cette disposition s'accompagne d'une condi- tion correspondante du squelette qui, chez plusieurs nègres, est beaucoup plus pesant que celui des hommes d'autre race, Pritchard, dis-je, nie que ce soit un caractère constant ; il dresse un tableau du poids de plusieurs crânes appartenant à la même race pour la plupart et comparés avec d'autres types, et il démontre qu'il n'existe point entre eux de différence exacte. En dernière analyse, de ce que la plus grande variété de pesanteur existe entre les crânes des Européens sous les influences les plus diverses et les moins appréciables, ce savant ethno- logue conclut à regarder ce fait comme tout individuel dans les diverses races et à le négliger pour la détermination des caractères. • Si la question est indécise de la sorte dans les autorités scientifiques que nous avons pu consulter, elle n'est point résolue davantage par le rapport des voya- geurs; nous avons entendu nous-méme au sein de la Société ethnologique, 11. Delegorgue, arrivant de l'Afrique australe, témoigner de l'épaisseur des os du crâne plus considérable chez les Cafres que chez les blancs; M. le docteur Jac- quinot, chirurgien de V Astrolabe, confirmait cette assertion pour les crânes des nègres; â l'appui» on observait que dans les colonies, non moins que dans L'in- térieur de l'Afrique, les nègres ont toujours la tête nue, comme les Egyptiens d'Hérodote. Sans chercher des exemples analogues en France même, par exemple dans les services d'aliénés ou, comme on l'a dit, on trouverait en une année plus de crânes épais que dans toute une peuplade de nègres ; sans contester qu'il puisse y avoir du vrai dans ces observations générales, néanmoins elles ne pré- sentent jusqu'ici ni la certitude, ni les éléments d'un caractère vraiment anthro- pologique. Rien déplus difficile en ethnologie que de discerner les signes du type d'avec les formes imprimées chez chaque sujet, à quelque race ou à quelque va- riété qu'il appartienne, par les influences fortuites on par les agents extérieurs. » On a démontré avec succès que les ethnologues qui avaient basé leurs classi- fications sur la couleur de la peau s'étaient gravement trompés, puisque, sous une même latitude, les conditions de ce tégument sont si variables. Il parait constant de même, dans l'état présent des connaissances, qne, comme l'a dit le docteur Jacqoinot dans un très-estimable travail, pour une même rare, pour une même espèce, indépendamment d'une certaine forme typique, les formes du crâne va- rieut à l'infini, comme les traits du visage; la densité, la texture des os de la téta, participent tans doute, à plus fuite raison, à cette inégalité individuelle. » 4° DU SUCRE DANS L'OEUF. M. Cl. Bernard communique à la Société la note suivante : Dernièrement on a signalé dans l'œuf la présence du sucre de la deuxième es- pèce (glucose). (Union médicale.) Sans vouloir ici agiter une question de priorité, je dois à la vérité de dire que depuis plus de dix-huit mois ce fait a été constaté dans le laboratoire de M. Pe- louse. De plus, avec M. Barreswil, nous avons fait et nous continuons encore des expériences qui, quoique non achevées, nous ont déjà fourni des résultats impor- tants dont je vais retracer les principaux. !• Le sucre de la deuxième espèce (glucose) qui existe dans l'œuf ne se ren- contre que dans le blanc. 11 n'y en a pas de trace dans le jaune à l'état normal ; toutefois un chimiste allemand (Compte rendu de Berzélius, 1847) a trouvé dans un jaune d'œuf qui paraissait altéré du sucre et du lait. 2° Ce sucie qui existe dans les œufs très-frais disparaît au bout de très-peu de jours. La rapidité de la destruction de ce sucre qui est favorisée par une tempéra- ture chaude ne paraît pa3 liée nécessairement à l'état physiologique de l'œuf. Elle a lieu, en effet, dans l'œuf fécondé ou non fécondé, dans l'œuf soumis ou non à l'incubation. 3* Nous n'avon» pas pu encore nous assurer si le sucre de l'œuf ne provien- drait pas de l'alimentation. 11 aurait fallu pour cela examiner le blanc d'œuf cher. des oiseaux carnivores, et cela ne nous a pas encore été possible. 4° Quelle que soit l'origine decesucre, il reste toujours à expliquer pourquoi le blanc en contient, tandis que le jaune n'en renferme pas. C'est une question que nous cherchons à élucider par l'étude des phases de formation des diverses par- ties de l'œuf. IU. AHATOMIE PATHOLOGIQUE. 1° AMPUTATION CONGÉNIALE. L'histoire des amputations congéniales est encore trop obscure pour qu'on passe sous silence un faitcurieux qui y est relatif. Un homme privéde son membre infé- rieur gauche jusqu'à la région moyenne de la jambe succomba dans les salles de M. Rayer à une attaque de choléra. Il assurait être né de la sorte et portait aux autres membres quelques difformités qui consistaient en un pied-bot varus, en palmatures digitales, en soudures eten raccourcissement de phalanges. Ces diffor- mités créaient chez cet individu un ensemble de lésions complexes et intéres- santes à étudier. Un examen attentif de ce fait, dont les détails feront le sujet d'un travail plus développé, a permis à M. Follin de constater que la disposition des nerfs et des artères dans le moignon était celle que l'anatomie démontre nor- malement en ce point du membre. 2» INDURATION DU PANCRÉAS; COMPRESSION DU CANAL CHOLÉDOQUE PAR LA TÊTF. DE CET ORGANE. M. Duménil, interne provisoire des hôpitaux, met sous les yeux des membres de la Société un pancréas atteint d'induration, et dont la tète comprimait le canal cholédoque de manière à l'oblitérer presque complètement. L'individu chez lequel on observe cette altération était un vieillard âgé de 70 ans, ancien militaire, entré à la Charité, salle Saint-Michel, le 8 avril. Cet homme, d'une maigreur extrême, avait un ictère des plus prononcés; son intelli- gence, très-affaiblie. ne permettait pas d'obtenir de lui quelques réponses; les renseignements manquèrent complètement sur les antécédents de sa maladie; on apprit seulement que son ictère datait de deux mois. Cet homme mourut du cho- léra, dix ou douze jours après son entrée, et l'autopsie révéla les particularités suivantes : Tous les tissus étaient fortement colores en jaune ; la membrane interne des artères présentait à un haut degré celte coloration qu'on retrouvait jusque dans le mucus bronchique. Le foie, de volume moyen, était d'un vert olive foncé, et sur ses Ijords, principalement à l'extrémité du lobe gauche, on remarquait quelques divisions des canaux biliaires dilatées de manière à atteindre les dimensions d'une plume de corbeau Le canal hépatique égalait au moins le. volume du petit doigt, et la vésicule, énormément distendue, était aussi grosse que le poing d'un adulte. Le canal cholédoque, resserré à son entrée dans les parois du duodénum, ne laissait passer qu'un stylet très-fin, et permettait encore l'écoulement d'une lé- gère quantité de bile, surtout quand on comprimait la vésicule ou les conduits bi- liaires. Le doigt porté sur ce point rétréci sentait en arrière une tumeur très-dure qui n'était autre chose que la tête du pancréas. Cet organe, quoique petit, restait cependant, quant aux dimensions, dans les limites de l'état normal. Sa forme prismatique était bien conservée : sa couleur, comme celle de tous les organes, était d'un jaune intense; mais ce qu'il présen- tait déplus remarquable était d'une dureté considérable et égale partout. Une in- cision du canal pancréatique laissa écouler une assez grande quantité de liquide. Ce canal avait ses dimensions normales, ainsi que toutes ses branches, et il s'ou- vrait librement dans le duodénum. En examinant attentivement une coupe du pancréas, on voyait que ses lobules étaient bien distincts ; mais le tissu cellulaire qui les sépare n'étant plus apparent, or. ne pouvait les isoler les uns des antres dans la profondeur de l'organe. Il existait évidemment, chez cet homme, une induration simple du pancréas, altération dont on trouve des exemples dans les auteurs, et dont M. Momiière rapporte aussi une observation dans son mémoire sur les maladies du pancréas. On l'a considérée comme le commencement de la dégénérescence squirrheuse; mais M. Mondièrefait remarquer que rarement l'état squinheux existe en même temps, et que plus rarement encore il occupe à la fois tout l'organe, tandis que 66 l'induration s'observe dans toutes les granulations dont la réunion constitue le pancréas. 3' SPERMATOZOAIRES DANS LA LIQUEUR SÉMINALE D'UN VIEILLARD. M. Rayer met sous les yeux de la Société, de la part de M. Duplay, médecin de l'hospice des Incurables, une préparation microscopique qui permet de constater de nombreux spermatozoaires dans la liqueur séminale d'un homme âgé de 82 ans. 4° TUMEUR HYPERTROPHIQUE DE LA MAMELLE. M. Morel-Lavallée, chirurgien du bureau central, présente à la Société une tumeur mammaire enlevée par lui sur une femme de 19 ans. Cette tumeur, dé- veloppée depuis trois mois environ, était surtout remarquable par une dureté et un volume plus considérables au moment des règles. A la suite de cette présentation, une discussion s'élève entre plusieurs membres de la Société sur la texture intime de ces tumeurs déjà décrites par Astley Coo- per et M. Velpeau. MM. Lebert, Robin et Follin établissent, par l'examen aidé du microscope, que cette tumeur appartient véritablement à la classe des tumeurs hypertrophiques de la mamelle, et non à celle des cancers. Quelques préparations microscopiques montrent des lobules glandulaires très-distincts. M. Giraldès a pu, à l'aide do, la macération, isoler les lobules glandulaires d'une tumeur hypertrophique de la mamelle, et depuis longtemps déjà il a con- staté que ces sortes de tumeurs sont le plus souvent multiples. M. Verneuil a observé deux cas de tumeur hypertrophique de la mamelle. Il assure que, dans ces deux cas, la pression en faisait sortir un suc particulier que M. Lebert trouve bien différent du suc cancéreux, en ce sens qu'il est gluant et incolore. 5" ASKYLOSE COMPLÈTE DE L'ARTICULATION COXO-FÉMORALE. M. Hlot présente un exemple remarquable à'ankylose complète de l'aitkula- tion coxo-fémorale droite. La soudure existe dans toute l'étendue des surfaces articulaires. Le bourrelet fibreux qui entoure la cavité cotyloïde est entièrement transformé en tissu os- seux dons lequel on reconnaît encore la direction des fibres du tissu fibreux qui a préexisté. Une coupe pratiquée sur le milieu du fémur, dans le sens de sa longueur, et prolongée sur l'os coxal, permet de constater de la manière la plus nette une con- tinuité parfaite entre le tissu compact du fémur et celui de l'os coxal ; on observe la même continuité dans le tissu spongieux de ces deux os. On ne retrouve plus la moindre trace des surfaces articulaires; le tissu compacte qui les limitait a complètement disparu. Si, par deux incisions pratiquées, l'une au-de6sus, l'autre 67 au-dessous du point où le fémur et l'os iliaque sont soudés, on limitait une cer- taine portion de tissu osseux, il serait impossible, sur la coupe, de dire si ce mor- ceau d'os est formé de deux os réunis ; on croirait n'avoir sous les yeux qu'un seul et même os. M. Blot regrette de ne pouvoir donner des détails sur l'état du sujet qui poitait cette pièce anatomique curieuse ; nriis il l'a recueillie sur un cadavre servant aux exercices de médecine opératoire, à l'amphithéâtre des hôpitaux. Tout ce qu'il peut dire, c'est que ce cadavre était celui d'une femme, qui semblait âgée de 35 à 40 ans. 6» MÔLE HYDATIQUE. M. Follin montre à la Société une. masse constituée par des vésicules réunies les unes aux autres et qui était sortie de l'utérus d'une femme enceinte de trois mois et demi. L'expulsion de cette môle a été précédée de quelques coliques tout à fait comparables à celles que la femme éprouve avant l'accouchement ; elle a eu lieu à plusieurs reprises et a toujours été accompagnée d'écoulement sanguin. La diminution du globe utérin n'a pas suivi immédiatement celle sortie delà masse vésiculeusc et l'utérus s'élève à peu près au niveau de l'ombilic. Cette élévation exagérée de l'utérus si l'on réfléchit à l'époque de la grossesse peut s'expliquer par l'accumulation de ces productions véahulaires. Un examen attentif de toutes ces petites poches a montré à M. Follin qu'elles étaient liées entre elles par de très- minces filaments faciles à rompre. Le volume de ces vésicules variait entre le vo- lume d'un grain de sable et celui d'une petite noix. Elles contenaient à leur in- térieur un liquide transparent dont la chaleur laissait précipiter une petite quan- tité de matière albumineuse. Leurs parois étaient formées par un tissu cellulo- fibreux très-dense. La femme qui rendit ces masses vésiculeuses a continué à en rendre pendant deux jours encore; puis cette expulsion a cessé; l'état fébrile qui existait a disparu, et l'utérus revenu à des dimensions moindres s'élevait à peine au-dessus du détroit supérieur. 7° CROUP CHEZ UN ADULTE. M. Gustave Dltocr, aide préparateur au Val-de-Grâce, met 'sous les yeux de la Société la trachée et le larynx d'un individu qui a succombé à un croup in- tense. Ce malade entra à l'hôpital le 17 avril I8i9. Il se plaignait d'un mal de gorge. L'inspection de l'isthme du gosier montra en effet des amygdales ulcérées, le voile du palais et la luette couverts d'un enduit grisâtre, d'aspect pseudomem- braneux ; pendant quatre jours il n'offrit aucun symptôme alarmant; des cau- térisations au nitrate d'argent ne modifièrent pas l'aspect des parties; la luette et les amygdales étaient profondément altérées. Le malade fut évacué dans le service des blessés ; il succomba dans un accès de suffocation avant que le chirur- gien pût l'examiner le 26 avril à six heures du matin. €8 L'autopsie fut faite le 28 avril, vingt-quatre heures après la mort. L'isthme du gosier est obstrué d'un enduit noirâtre qui recouvre surtout les piliers et la luette; celle-ci est réduite à un très-petit tubercule d'un brun rou- geâtre ; le pilier droit antérieur étant enlevé, l'amygdale paraît profondément altérée; à son côté interne, elle offre une cavité ulcéreuse, remplie d'un détritus grisâtre ; tout le reste du tissu de l'amygdale forme des noyau* indurés qui offrent à la coupe des plaques marbrées. La matière putrilagineuse infiltre la portion voisine de la paroi latérale droite du pharynx dans une longueur d'un pouce. L'amygdale gauche offre à peu près les mêmes lésions; la paroi pharyn- gienne correspondante est saine. L'épiglotte est déformée, très-épaissie, d'une couleur rouge vineuse. La mu- queuse de la face antérieure de l'épiglotte est ramollie et soulevée aisément par le râclement. La face postérieure est creusée en rigole. Les replis aryténo-éplglotliques sont notablement épaissis; celui du côté droit est converti en une masse grisâtre, dure, présentant à la coupe l'aspect d'une véritable production plastique. Au-dessous de la base de l'épiglotte, le scalpel promené doucemeot, en- lève de véritables pseudomembranes molles, tomenteuses. Au-dessous de cette couche pseudomembraueuse, la muqueuse laryngienne paraît rouge par injec- tion pointillée ; la muqueuse n'est pas épaissie, et l'injection siège surtout dans le tissu cellulaire sous-muqueux. Les ventricules du larynx sont obstrués de petites fausses membranes. La pseudomembrane se continue sur la surface interne de la trachée et des bronches ; elle y forme de véritables étuis que l'on isole facilement de la mu- queuse; l'orifice de l'une des grosses bronches droites est obturé par un amas de fausses membranes. On a pu suivre celles-ci jusque dans les bronches capil- laires. Les poumons sont légèrement engoués et aucun autre organe n'est malade. 8" AUTuPStE D'Utï ENFANT QUI A RENDU UNE POCHE HYDATIOUE MÈRE PAR UNE FrSTULE SITUÉE AU NIVEAU DU FOIE. M. Le Bret a présenté à la Société les pièces anatomiques d'un enfant qui a déjà fait le sujet d'une note dans le précédent compte rendu, comme offrant l'exemple d'une poche hydatique du foie entièrement attirée au dehors, contenu et contenant, à travers une ristulf artificielle. La santé générale ne soutenait par- faitement depuis lors ; du pus fétide sortait par l'orifice extérieur de la petite plaie, mais sans que le malade manifestât la moindre souffrance, et tout pouvait porter à croire qu'un travail réparateur 9'cffectuait à l'intérieur de la poche. Une injection destinée à en nettoyer les parois et à "exciter l'inflammation a amené la rupture du kyste sur un point peut-être aminci préalabfement ; Ptune péritonite 69 aiguë, survenant immédiatement, s'est terminée en quarante-huit heures par la mort de l'enfant. A l'autopsie, les anses intestinales étaient reliées ensemble par de fausses membranes baignées de pus; d'ail eurs ou ne pouvait plus retrouver de trace du liquide épanché; le foie avait subi une augmentation remarquable de volume, surtout dans sa portion gauche. A la coupe, le tissu n'était que décoloré, sans autre altération, et surtout sans apparence d'autre kyste hydatique ; à droite, on rencontrait une cavité parfaitement en rapport avec la fistule pratiquée , et limitée en haut et en avant parla portion droite du diaphragme dans laquelle elle faisait saillie en dehors par la paroi abdominale, y compris les cartilages et les huitième, neuvième et dixième côtes, en bas et en dedans par le parenchyme même du foie, au milieu duquel le kyste semblait s'être en partie ereusé. La capacité de cette poche était environ égale au volume des deux, poings du sujet, enfant de 9 ans ! un liquide purulent et surtout coloré de matière bilieuse s'en est écoulé abon- damment; une membrane facile à détacher le tapissait, et au-dessous d'elle ou voyait nettement un réseau vasculaire sur toute la surface interne. Intérieure- ment et en avant, presque au-dessous de la fistule, a eu lieu la rupture, là où l'on aperçoit une solution de continuité, à bords mousses, de 2 à 3 centimètres de diamètre, là aussi où Ja paroi est fort mince et facile à déchirer. La vésicule bi- lieuse était remplie d'un liquide tout à fait jaune, grumeleux, où l'on semblait voir suspendus de petits graviers ; l'état des autres organes était sain. 9* EXAMEN ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE L'AFFECTION CONNUE SOCS LE NOM D'EAUX AUX JAMBES CHEZ LES ANIMAUX» M. Leblanc présente à la Société une portion de peau provenant d'un cheval de trait atteint de la maladie connue sous le nom d'eaux aux jambes. Sur ce .-ujet elle était arrivé au troisième degré, c'est-à-dire qu'il y avait complète transforma- tion de la peau, et sécrétion d'une matière blanche caséeuse. Des grappes se sont formées et accolées les unes aux autres; il y en a qui sont séparées par des ul- cérations, soit circulaires, soit longitudinales ; celles-ci se remarquent surtout au pli du paturon. Cette affection, qui attaque principalement les animaux de gros trait, ne se déclare qu'aux extrémités des membres : elle a trois degrés; c'est le troisième qui se présente sous cet aspect. On est encore partagé sur la nature de cette affection ; elle a été tour à tour considérée, soit comme une hypertrophie, soit comme une affection pustuleuse ou érysipélateuse, soit comme un herpès. L'auteur pense que la première opinion est la bonne. MM, Leblanc et Follin ont fait de celte production morbide un examen microscopique approfondi. Une coupe -à un faible grossissement montre une hypertrophie des bulbes pi- leux; les glandes sébacées qui s'ouvrent de chaque côté des poils sont dilatées et engorgées d'une matière brunâtre très-épaisse. La matière blanche qui est sécrétée dans les intervalles contient : 1° un grand 70 nombre de cellule* éplthiliales à noyaux; 2* de» corps- fusiforroes et des fibre* acrolées <]u\ donnent à cette matière un aspect fihroide. IV. — PATHOLOtHE. 1* BRUITS DU COEUR DANS LE CHOLÉRA. M. !e docteur Bouchut lit un travail sur Ira bruits du cœur dan» Je eholéVa. Nous te publierons prochainement. V. — BOTANIQUE. !• ^T.iCUÏS ANATOLICA. SI. Gubler présente à la Société la plante anticholérique préconisée depuis quelques jours à Paris, sous le nom rie stachys anatoiic.a ou aromatica, et dont il doit quelques fragments à l'obligeance de M. Quevenne, pharmacien de la Charité. Suivant M. Gubler, celte plante n'appartient pas au genre stachys, mais bien au genre tettcritun, dont die a tout a tait le port. Sa taille ne dépasse pas 20 à 25 centimètres ; ses tiges cylindriques, sous-fruie>centes, rameuses, un peu couchées à la base, sont blanches et laineuses aussi bien que les rameaux et tes feuilles qui sont d'ailleurs opposes. Les feuilles, d'un blanc de neige sur leur face inférieure, sont sessiles, lancéolées ou linéaires, obtuses au sommet et crénelées dans la moitié ou les trois quarts antérieurs de leurs bords qui sont roules en dessous. Or ces caractères conviennent parfaitement au teucrium polium, et particu- lièrement à une de ses variétés dont on fait une espèce à part sous le nom de teucrium capitatum. Cependant les caractères génériques qui se tirent des organes reproducteurs font ici défaut, puisque la plante n'est pas en fleurs. M. Gubler croit qu'on peut s'en passer ; il met eu regard des échantillons de cette plante des individus complets du teucrium polium provenant de la province de Conslanline, et les membres de la Société peuvent ainsi s'assurer de leur parfaitei dentité. Dans les unes comme dans les autres , la saveur est amère-aromatique. Si l'expérience démontre nllérieuremeut l'eflîcacilé de cette labiée pour ame- ner la réaction dans la période algide du choléra, nous pourrons en faire d'am- ples provisions, non pas seulement en Algérie, mais encore dans le midi de la France, où le teucrium polium n'est pas rare. (Séance du 7 avril 1849.) 2" CHAMPIGNONS pahamtes. M. Montagne rend compte à la Société des causes de la maladie de plusieurs bulbes de tulipe qui lui avaient été remis par M. Hayer. Il a constaté que leur 71 dépérissement était dû à la présence de deux champignons parasites Chez les uns, eu effet, on pouvait remarquer entre les écailles du bulbe un g nd nom- bre de corps globuleux, d'un noir luisant à l'état frais eide la grosseur d'un grain de chenevis. Ce parasite avait déjà été observé en Angleterre sur les oignons (aliium ca>pa<, dont il détruit des plants entiers. Il a reçu de M. Ber- keley le nom de sclerotium cœpiiorum. D'autres bulbes présentaient, comme cause du mil, un parasite tout différent. Les racines et la base des écailles étaient déformées par des paquets de fila- ments blanchâtres. Examinés au microscope, ces filaments ont été reconnus ap- partenir au tporotrichtim polysporum Link. M. Montagne annonce en outre que son genre artotrogus, qui fut d'abord trouvé dans les méats interceliulaires d'une pomme de terre mère, vient d'être observé sur le navet, en Angleterre et dans les mêmes circonstances. VI. — CHIMIE. PHYSIOLOGIQUE. DE LA COMPOSITION DES SELS DU SANG ET DE LEURS RAPPORT» AVEC LA POMATKJW DES CALC8LS VÉS1CACX. M. Verdeil litsur ce sujet intéressant de physiologie la note suivante: « Un point de la physiologie qui n'avait pas encore été abordé, était de savoir quelle influence pouvait avoir la nourriture sur la ccmpoàition des sels du sang, quelle était la différence entre le sang des herbivores et des carnivores et la composition du gang de l'homme suivant les régimes auxquels il était soumis. (1 était évidentque cette question, une foiséclaircie, aidE M. LUDOVIC HIRCHFELD INTITULÉ : NOUVEL APERÇU SU» LES CONDITIONS ANAT0M1QUES DES COURBURES DE LA COLONNE VERTÉBRALE CHEZ l'houihf. ; par MM. Blot, Robin et Cl. Bernard, rapporteur. «< Dan» l'âge adulte, on observe dans la colonne vertébrale de l'homme sain trois courbures antéro-postérieurcs et une courbure latérale. Les anatoniistes depuis longtemps ont essayé d'expliquer ces déviations naturelles par différentes con- sidérations puisées dons la conformation anatomique des diverses parties osseuses ou ligamenteuses du rachis. Mais, il faut le dire, aucune expérience directe et décisive n'était venue doaner à ces opinions la valeur d'un fait démontré. Le tra- vail de M. Ludovic Hirchfeld se distingue de» précédents en ce que son explica- tion nouvelle repose sur une expérience directe et facile à vérifier. » Et d'abord nous devons dire que les recherches de M. Ludovic Uirchfetd ne sont relatives qu'aux trois courbures antéro-postérieures de la colonne verté- brale et qu'il n'y fait rentrer qu'indirectement la déviation latérale que l'épine présente dans la région dorsale. » Jusqu'à présent la plupart dcsanatomistes, au nombre desquels il faut citer Weber et M. Cruveilhier, pensaient que l'inégalité dans l'épaisseur du corps des 76 vertèbres et des disques intervertébraux donnaient une explication suffisante des courbures rachidiennes. Il est, en effet, admis que dans les régions cervicales et lombaires les corps des vertèbres et les disques intervertébraux sont plus épais en avant qu'en arrière, tandis qu'à la région dorsale courbe en gens inverse, le contraire aurait lieu, c'est-à-dire que les corps vertébraux et les disques seraient plus épais en arrière, » M. Ludovic Hirchfeld a démontré, par des mesures prises sur un gTand nombre de sujets, que la différence dans l'épaisseur du corps des vertèbres est insignifiante et incapable de donner raison des courhures du rachis. Quant à la différence d'épaisseur dans les disques intervertébraux qui est un fait beaucoup plus généralement reconnu, l'auteur du mémoire a prouvé qu'elle n'est que la conséquence d'un antagonisme remarquable qui existe entre la compressibililé des disques intervertébraux et l'élasticité des ligaments jaunes qui unissent les lames vertébrales. L'expérience suivante, qui- caractérise le travail de M.Lu- dovic Hirchfeld, met ce fait dans toute son évidence. » Après avoir dépouillé le rachis de toutes ses parties musculaires, si on sépare la colonne formée par les corps vertébraux des masses apophysaires, au moyen d'une coupe faite sur le pédicule au niveau des trous de conjugaison, on re- marque deux choses : 1° le redressement des régions cervicale et lombaire par un changement dans les disques intervertébraux qui deviennent aussi épais en arrière qu'en avant ; 2° un raccourcissement de la masse apophysaire qui équi- vaut environ à un septième de sa longueur. » Il résulte de cette expérience que dans la production des courbures rachi- diennes, l'élasticité des ligaments jaunes jouerait le rôle principal en tendant comme une corde puissante l'arc formé par les corps vertébraux, de manière à faire basculer les vertèbres et à comprimer énergiquement les disques vertébraux dans leur région postérieure. Ceci découle clairement des phénomènes qui se passent quand on expérimente sur les régions cervicale et lombaire. Toutefois nous devons ajouter que, pourla région dorsale qui est peu mobile, le raccour- cissement des ligaments jaunes est très-faible et que le redressementdes corps de» vertèbres n'a pas lieu. L'auteur regarde cette particularité comme due à l'im- mobilité de la région et au peu d'élasticité des cartilages intervertébraux en ce point. » 2° SUR QUELQUES POINTS DE L'ANATOMIE COMPARÉE DES MUSCLES ET DE LA FORMATION DES OS. M. Lebert communique (séance du 12 mai) le résultat de quelques-unes de ses recherches sur l'anatomie de la fibre musculaire, dont voici les conclu- sions : 1« La distribution des nerfs et de leurs anses terminales dans les muscles a lieu en dehors de toute connexion directe avec la direction des faisceaux muscu- laires; les divisions nerveuses ne correspondent pas aux faisceaux ou aux cylin- 77 dres musculaires primitifs; toute une portion de muscle est innervée d'une ma- nière irrégulière, ce qui ferait supposer que l'action excitatrice des nerfs sur les muscles est constituée par une espèce d'émanation diffuse. 2° Quelques-uns des muscles des acéphales et des gastéropodes montrent à l'état permanent une structure musculaire composée de corps arrondis et allon- gés très-semblables aux corps myogéniques que l'on observe à l'état transitoire dans les embryons des vertébrés. 3° Au moyen d'un mélange d'une solution faible de potasse et de chlorure de sodium, M. Lebert est parvenu à dissoudre séparément dans les muscles des insectes les raies transversales de la surface, tandis que tout l'intérieur des cy- lindres musculaires, les fibres longitudinales avec leurs points alternants, opa- ques et transparents, ainsi que la substance intermédiaire qui les unit, sont restées intaefes, nouvelle preuve que les raies transverses ne sont pas le simple résultat de la juxtaposition des points opaques des fibres longitudinales. Quant aux recherches sur la formation des os, comme elles doivent être l'ob- jet d'une publication, nous nous contenterons de signaler les quatre périodes assignées par M. Lebert à l'osléogénie ; 1° Délimitation des os de toutes les par- ties embryonales ambiantes ; 2° formation du cartilage compact et globulaire; 3° formation des canaux dans le cartilage; 4° calcification de l'os qui a lieu dans ces canaux et dans les corpuscules du cartilage. On observe tous ces états successivement pendant les progrès du développement; on les observe également sur le même squelette d'embryon, selon qu'on examine des os différents. 3° GLANDES OU CREUX DE L'AISSELLE. M. Robin présente de nouveaux faits sur l'espèce particulière de glandes qu'il a décrite dans le creux de l'aisselle. (Ann. des se. nat., 1845, t. IV, p. 330.) Les principaux sont les suivants : outre les différences déjà signalées entre ces glandes et les glandes sudoripaies, M. Robin note la présence d'un épithélium pavïmen- teux régulier qui tapisse toute la face interne du tube enroulé qui les constitue. Cet épithélium ne se voit pas dans les glandes sudoripares (sauf dans les cas où elles sont hypertrophiées. Lebert). Les glandes axillaires sont toujours pleines d'une matière demi-liquide finement granuleuse et odorante. Elles forment une couche rougeàtre, épaisse d'un millimètre, qui tapisse la peau de l'aisselle dans toute la partie garnie de poils; elles cessent au delà de ce point, li existe donc dans la peau : Ie les glandes dites sudoripares (MM. Lebert et Robin démontreront, dans un prochain travail, que ces glandes ne sont pas chargées de la sécrétion de la sueur); 2" les glandes de l'aisselle ; 3° les glandes sébacées, glandes rami- fiées formées par un ou àeuxacini en grappes; 4° les glandes des follicules pi- leux. M. Robin annonce en outre que les glandes du pli de l'aine, du scrotum chez l'homme et des grandes lèvres chez la femme diffèrent de celles de l'aisselle ; il en entretiendra prochainement la Société. 78 4° DU PRÉTENDU SYSTEME DES CAPILUOLLfc^. M. Robin, par des détails pratiques sur les injections faites avec l'eau, la géla- tine, les dissolutions salines, etc., a établi que le* vaisseaux décrits sous le nom de eapillieulei ne sont en réalité que des épanchements formés par la matière des injections dans les interstices des éléments anatoniiques. L'irrégularité de ces épanchements suivant le tissu injecté et suivant le degré d'altération du tissu, établissent incontestablement que ces apparences de vaisseaux tiennent aux con- ditions variables de la pratique des injections. 5° CONNEXIONS VASCCLAIRES. M. Cl. Bernard met sous les yeux de ia Société une injection de la veine rave et de la veine porte du cheval, uestinée à établir que tous les vaisseaux de la veine porte ne vont pa* se ramifier dans le foie pour servir a l'élaboration pro- pre à cet organe, mais qu'il y a des branches qui vont s'aboucher directement dans la veine cave. M. Cl. Bernard, en comparant ce lie disposition avec d'au- tres points du système circulatoire, cherche à rendre compte de la rapidité de la marche de certaines substances dans le torrent circulatoire. Ces observations se trouvent en rapport avec les recherches de M. Robin qui avait déjà constaté sur la grenouille la difficulté qu'il y a d'injecter certains organes, a cause de l'existence de ces branches qui ne se ramifiant pas dans les oiganes vont porter ailleurs la matière des injections; il avait observé également qu'en cherchant à injecter sur des poissons la veine rénale par la veine porte, le liquide arrivait directement dans la veine cave. 6° NOTE SUR LE PNEI'MOGASTRIQUE DE LA RAIE (RAV'A BATIS). M. Béraud, qui avaitdéjà montré la distribution générale du pneumogastrique, appelle l'attention de la Société sur quelques points importants et inconnus re- latifs à ce nerf. l* La branche supérieure de ce nerf passe dans la cellule auditive et se met en rapport avec le nerf auditif sans pourtant contrai -ter d'anastomose. 2° Cette branche et la suivante présentent, au moment où elles sortent du crâne, un renflement ganglionnaire, grisâtre, occupant seulement un côté du rameau nerveux. 3» Toutes les ramifications du pneum^ustrique destinées aux branchies offrent la disposition suivante. Après qu'elles sont détachées du tronc principal, elles se dirigent obliquement en dehors et de haut en bas, sans changer de vo- lume, si ce n'est les deux premières sur lesquelles il existe deux gansions; avant de s'engager dans les branchies, elles fournissent chacune un rameau qui |.énètre profondément et va se distribuei derrière les branchies à la muqueuse qui revêt ra paroi postérieure de la cavité, buccale. Après avoir fourni ce nerf qui se dé- tache au niveau du ganglion pour les deux premières branches, les rameaux branchiaux se divisant en (\n\\ ramifications d'un volume inégal , la plus noté- 79 rieure et la plus grosse oecupe la face antérieure de la branchie; l'autre, plus pe- tite, occupe la face postérieure tic cet organe et va se distribuer à la muqueusa qui tapisse cetie face. Mais, outre qu'elle fournit a la muqueuse et à la couche musciiUuse qui existe sur «elle face, la branche antérieure sort delà branchie par l'extrémité antérieure de l'arc branchial, et va se distribuer à la muqueuse qui revêt la paroi antérieure de la cavité buccaio. Do chaque branchie sort un rameau semblable seulement de la face antérieure, tandis que le rameau de la face postérieure de la branchie so perd dans la muqueuse de cette même bran- chie. Quelques rameaux vont se distribuer aux muscles de la paroi antérieure de ia cavité buccale. II. — PHYSIOLOGIE. lm INFLUENCE DO RÉGIME DÉBILITANT SUR LE DÉVELOPPEMENT DO FOETUS. Le travail de M. Depaul, à ral6on de son importance, devant être l'objet d'une publication particulière, nous nous contenterons de le signaler ici. Il éta- blit, par plusieurs cas bien observés, que le régime débilitant et la saignée peu- vent avoir une influence remarquable sur le développement du fœtus pendant la vie intra-utérine, et que par conséquent on peut en faire des applications heu- reuses à certains cas de vices de conformation du bassin. 2° ABSORPTION DES SOLIDES. M. Follin a attiré l'attention de la Société sur un fait intéressant d'absorp- tion qu'il a eu plusieurs fois l'occasion de noter. II a montré, sur les téguments d'un homme tatoué, la pénétration du vermillon dans les ganglions lymphati- ques Quand le tatouage est récent, ce phénomène ne se présente pas. Ce fait, rapproché d'une communication de M. Bernaid sur l'action des venins, dont il sera fait mention dans le prochain compte rendu, prouve qu'il faut renoncer à trouver dans l'état des corps les règles de l'absorption établie pendant longtemps; car, d'une part, de nouvelles expériences de M. Cl. Bernard prouvent qu'il y a des substances solubles qui ne sont pas absorbées, tandis que l'absorption s'opère sur des substances parfaitement insolubles. La raison de ces phénomènes se trou- vera sans doute dans l'étude mieux approfondie des propriétés de tissus, a* contractilité des veines. M. Gtjbler ne pouvant admettre que les veines soient simplement des tubes élastiques agissant à la manière du caoutchouc, les croit douées de contractilité. Les expériences qu'il a faites lui-même et dont il a rendu témoins plusieurs ob- servateurs, lui semblent démontrer cette propriété M. Gubler a expérimenté sur les veines dorsales des mains; c'est là que les phénomènes sont le plus tran- chés; partout ailleurs il ne les a retrouvés que d'une manière fort obscure, en se plaçant dans les mêmes conditions. Voici le résumé de ses remarques. Quand on percute un peu vivement un des rameaux veineux qui se détachent de l'arcade veineuse dorsale de la main, tandis que le système veineux est bien rempli, on voit, non pas immédiatement, mais au bout d'un très-court inter- 80 valle de temps, la veine se rétrécir au niveau du point touché, puis la constriction s'étendre par degrés au-dessus et au-dessous de ce point jusqu'aux plus pro- chaines anastomoses, dans une longueur de 4 à 5 centimètres, par exemple. Cette constriction est accompagnée d'une sensation particulière que le sujet perçoit ; avant que la constriction ne soit achevée, le point qui a été frappé commence ordinairement à subir une dilatation restreinte à quelques millimètres de la longueur du vaisseau, en même temps la peau s'injecte, de façon qu'il existe alors une sorte de bosselure variqueuse sur le trajet d'une veine devenue presque linéaire. Peu à peu la veine se remplit de sang, et au bout de quelque temps elle a repris son calibre primitif. Les veines voisines os participent en rien au phéno- mène, à moins qu'elles n'aient été directement ébranlées; il est donc impossible d'attribuer la constriction au resserrement tonique d'une couche dartoïde sous- cutanée? car dans cette supposition, on ne voit pas pourquoi l'action se propage- rait plutôt suivant une ligne que dans toutes les directions, en «'atténuant à par- tir du point central. Il faut donc admettre que la faculté contractile réside dans les parois veineuses elles-mêmes. M. Gubler a répété ces observations sur plu- sieurs personnes ; l'expérience réussit mieux chez les jeunps gens et chez les su- jets dont le système veineux présente des alternatives de turgescence et de va- cuité ; elle manque complètement chez les vieillards. En tout cas, le phénomène n'est manifeste que dans le cas où les veines sont bien remplies. Or cela exige un concours de circonstances qu'il n'est pas toujours facile de réaliser; ainsi il est nécessaire que la peau soit chaude, que ses fonctions soient activées comme «près la marche, et qu'on ne soit en proie à aucune émotion capable de troubler la circulation périphérique. M. Gubler est sur la voie de certains faits morbides en rapport avec ces faits physiologiques, et il se propose d'en faire une large application à la pathologie générale. III. — EXPLORATION PATHOLOGIQUE. 1° AUTOPSIE D'UN DIABÉTIQUE. M. Cl. Bernard ayant eu l'occasion de faire l'autopsie d'un diabétique mort dans le service de M. Rayer, a pu mettre à profit les études qu'il a faites sur ce sujet, et donner à cette recherche une direction physiologique très propre à en caractériser les résultats. Une circonstance particulière est venue s'ajouter aux avantages que la science pouvait retirer de l'examen de ce cas : c'est que ce diabétique est mort subitement vers le troisième jour de son entrée à l'hôpital, et a pu par conséquent présenter à l'observation des faits qu'on ne rencontre pas dans les autopsies ordinaires des diabétiques qui s'éteignent lentement sous l'in- fluence de leur maladie. L'urine retirée au moyen de la sonde pendant que le sujet était encore chaud, contenait une grande quantité de sucre. Le foie déformé et beaucoup plus volu- 81 mineur que dans l'état ordinaire en contenait en grande proportion. Les reins avaient également augmenté de volume ; dans l'état normal, le gauche pèse lit grammes et le droit 125 ; sur ce diabétique, le rein gauche pesait 245 grammes et le droit 235. Le tissu du rein, préalablement lavé, a fourni du sucre, mais en beaucoup moins grande proportion que le foie. Le pancréas et la rate, diminues de volume, n'en contenaient point. Les centre* nerveux en étaient également privés. Les liquides ont été soumis à l'analyse. Le sang contenait de grandes quantités de sucre dans tous les points où on l'a examiné. M. Cl. Bernard rappelle une autopsie dans laquelle le sérum du sang abandonné à lui-même était devenu acide par suite de la destruction du sucre. Cette observation s'appuie sur une circonstance de celte dernière autopsie : c'est qu'on a trouvé du sucre dans de la sérosité qui remplissait le péricarde. Or cette même sérosité, alcaline au mo- ment où on l'a retirée du péricarde, est devenue acide par suite de la destruction du sucre. Le suc intestinal et le suc gastrique, qui sont très propres ù favoriser cette destruction, n'en contenaient pas. (M. Cl. Bernard observe qu'il a rencontré du sucre dans le sperme d'un chien qu'il avait artificiellement rendu diabétique.) Cette dernière autopsie montre donc que, dans les cas où l'on peut étudier les tissus et les liquides d'un diabétique qne la mort enlève subitement, on peut rencontrer du sucre dans le sang, dans le foie et dans les reins. Quant aux différences de réactions offertes par les liquides et rapportées jus- qu'Ici à la cause qui produit le diabète, on voit qu'elles dépendent simplement du mode de destruction du sucre. 2° TREMBLEMENT DES CHOLÉRIQUES APRÈS LA MORT. M. Brown-Séquart a observé, sur des hommes morts du choléra, un tremble- ment semblable à celui qu'on remarque chez les animaux tués subitement. Il a noté en outre des mouvements de totalité de l'avant-bras, très- intenses une heure après la mort, et qui se manifestent encore trois hem es après la cessation des battements du cœur. La durée de ces mouvements serait en rapport, d'après M. Brown-Séquart, avec la rapidité de la maladie et le degré d'abaissement de la température avant la mort. 3° COEXISTENCE DES TUMEURS FIBREUSES ET DES TUMEURS CANCÉREUSES. M. Beraud, au nom de M. Triquet, a mis sous les yeux de la Société une tu- meur cancéreuse du sinus maxillaire qui coïncidait, chez le même individu, avec une tumeur fibreuse. L'examen microscopique de ces tumeurs, fait par M. Bo- bin, a pleinement confirmé le diagnostic de M. Triquet. 4° PRODUCTIONS MORBIDES OBSERVÉES SUR LA MUQUEUSE VÉSICALE D'UNE FEMME SYPHILITIQUE. M. Follin a présenté la vessie d'une femme qui présentait sur la muqueuse une douzaine de petites tumeurs larges comme une lentille, s'clevant d'un milli- 82 mètre à la surface interne de la vessie et présentant une véritable ressemblance avec les tubercules muqueuxqui se. manifestent sur les grandes lèvres de la vuhe. La nature syphilitique de ces productions parait d'autant plus présumable à M. Follin, que la femme sur laquelle il les a observées avait le voile du palais et la voûte palatine détruits par une affection syphilitique, et le foie présentait en outre k dégénérescence particulière, décrite par M. Gubler comme propre à cette maladie. f>" BLESSURE PAR ARME A FEU) DÉCHIRURE DU COEUR. M. Tardieu communique l'observation d'un homme qui a été frappé en pleine poitrine d'un coup de fusil chargé à balle et tiré à la distance de quatre pas, un peu obliquement de haut en bas et de gauche à droite. A la partie antérieure de la poitrine, un peu au-dessus et en dehors du mamelon gauche, on trouve une plaie large de 4 centimètres sur 3, béante, régulièrement arrondie, à bords amin- cis et desséchés, obliquement dirigés de dehors en dedans. Les muscles pecto- raux, très-volumineux, sont réduits en un détritus mêlé de sang, et dans lequel on découvre trois ou quatre fragments de plomb sous forme de lames minces provenant des éclats d'une balle. Dans le point correspondant à la plaie exté- rieure, la quatrième côte est brisée, et un fragment long de 5 centimètres, complètement détaché, s'est enfermé dans la cavité de la poitrine; la cinquième côte est également fracturée, mais en un seul point et sans que les deux frag- ments aient cessé de se correspondre. Les muscles intercostaux des troisième et quatrième espaces sont complète- ment détruits. Il résulte de ces diverses lésions une large ouverture qui n'a pa& moins de 8 centimètres sur 5, et qui laisse la poitrine béante. La cavité pleurale du côte gauche contient une grande quantité de sang li- quide et de fragmente du poumon et du cœur. En effet, le lobe supérieur du poumon a été déchiré dans toute la longueur du bord antérieur. Le cœur, dans sa portion gauche, est littéralement broyé et détruit. On ne trouve plus que des débris déchirés du ventricule et de l'oreillette de ce côté. Le tissu musculaire, à la fois contus et trituré, présente un aspect analogue à celui de la substance du foie à la suite d'un écrasement. Les cavités droites et les gros vaisseaux n'ont pas été intéressés. Le projectile, sans pénétrer dans le côté droit de la poitrine, a briBé deux des vertèbres dorsales et est sorti en faisant en arrière, tin peu à droite de l'épine, une plaie large seulement de 2 centimètres. Il est impossible de ne pas être frappé, dans ce fait, de la nature et de l'éten- due des désordres que. présente le cœur. On ne peut guère les attribuer mu simple passage de la balle à travers cet organe; il y a là, on effet, une tritura- tion analogue aux effets de ces contusions avec commotions, produites, soit par une chute violente, soit par la présence d'un corps très-lourd, soit encore par le vent du boulet. Il est cependant difficile de déterminer d'une manière tout o tait 83 certaine les conditions dant lesquelles s'est opérée cotte énorme déchirure du cœur. 6° SUR DES PETITS CALCULS OBSERVÉS DANS LA VESSIE URINAIRE DE LA GHEKOUILLK verte (rana kscllbnta); par M. Chaussât. « On sait que M. Duvernoy, dans ses Fragments Btm les organes cénito-uri- NiUHEb dks REniLEs et llurs PRODiiTS, a publié des observations très Intéres- santes sur les urolithes de certains reptiles dont l'urino est une sorte, de pâte duc- Ulo, bien différente du liquide limpide qui constitue l'urine des batraciens anoures, et eu particulier de la grenouille. » Vauquelin a fait mention, dans les Aktales du Muséum d'histoire naturelle, d'une concrétion trouvée dans la vessie d'une tortue, et qui paraissait contenir db l'acide urique. • Sur J>2 grenouilles que j'ai disséquées», pour rechercher des helminthes dans leurs organes, j'ai rencontré deux fois un calcul dans la vessie urinaire. Un de cec calculs offrait, à l'examen microscopique, de jolis cristaux dont je n'ai pu déterminer la nature. Je mets sous les yeux des membres de la Société une ves- sie de grenouille contenant un autre calcul dont l'apparenee n'est point cris- talline. » SI je rencontre d'autres concrétions dans la vessie de la rana eseulcnfa, je les rcuniial et Ton en fera l'analyse. » IV. — TÉRATOLOGIE. 1° COCHONS RHINOCÉPHALES. MM. Giraldès et Robin ont mis chacun sous les yeux de la Société un jeune cochon rhinocéphale dont une description détaillée sera insérée dans le proebsln compte rendu. 2° MONSTRES POLYMÉL1ENS. M. Laboulbène donne la description de deux insectes appartenant à la classe àei monstres polyméiiens. Le premier est un vesperus strepens Fab., qui présente une antenne droite double à partir du deuxième article, lesecond est un carabus nodulosus Dujard. Dej., dont la partie antérieure gauebe est divisée en trois parties à l'extrémité d'une hanche hypertrophiée. V. — HELMINTHOLOGIE. 1° NOTE SDR UN HELMINTHE DU GENRE DISTOME, VIVANT DANS LA CAVITÉ CRANIENNE de l'ammocoete (a, branchiams. dum.) ; par M. A. de Quatrefages. « La cavité crânienne de l'ammocoete est très-grande et remplie par un liquide céphalorachidien abondant. C'est dans ce liquide que se développe l'helminthe dont je vais dire quelques mots. La présence de ce parasite semble être constante, du moins je l'ai rencontré chez toutes les ammocœtes sans exception, lorsque j'ai examiné l'intérieur du crâne. Le nombre des individus, chez les grandes am- miicaete s. s'élève quelquefois à près de 200. 84 • Ce ver, à l'état de repos, présente un contour presque régulièrement ellip- tique; sa longueur n'atteint pas un demi-millimètre, sa largeur environ un tiers de millimètre. • La ventouse orale est très-petite, presque rudimentaire ; la ventouse abdo- minale est assez large et profonde. » La bouche, percée au fond de la ventouse orale, est suivie presque immédiate- ment d'un gésier musculeux, cylindrique, qui aboutit à l'intestin. Celui-ci se bi- furque presque immédiatement, et les deux ccecums qu'il forme n'ont point de ramifications. » La poche respiratrice des auteurs (?) est grande, et ses parois, très-contrac- tiles, sont habituellement plissées. » Les deux ouvertures ovariennes placées en avant des deux côtés de la bouche sont le point de départ d'une forte couche musculaire dont les fibres longitudi- nales se dirigent d'avant en arrière. A ces deux ouvertures viennent aboutir les oviductes, qui forment, à droite et à gauche, deux gros troncs sinueux ramifiés, communiquant entre eux et avec un tronc médian dont les derniers rameaux antérieurs se portent autour de la ventouse orale. » Les testicules (?), placés en aniète, consistent en deux grosses masses entre lesquelles existe une canule renfermant un pénis de forme cylindrique et assez grêle. L'orifice correspondant s'ouvre en dessus dans une sorte de gros appendice qui s'élève au-dessus du niveau du dos, et dépasse en arrière ce qu'on pourrait appeler le pied. » 2° NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DE VER APPARTENANT AU GENRE TRICHINA, OBSERVÉ DANS LA GRENOUILLE COMMUNE (RANA ESCCLENTA) ; par M. CHAUSSAT. t Le nombre des espèces d'helminthes que les naturalistes ont trouvés dans diverses parties du corps de la rana esculenta est déjà considérable. » Une observation attentive et de nombreuses dissections m'ont mis à même de constater deux nouvelles espèces : l'une est une espèce de \ot tœnioide dont j'ai parlé dans une des précédentes séances de la Société; l'autre est un ver microscopique dont l'étude est d'autant plus intéressante qu'il appar- tient au genre trichina fondé par M. Oweu, genre qui ne comprenait encore que deux espèces. » On se rappelle que M. Owen décrivit, il y a quelques années, dans les Trans- actions de la Société zoologique de Londres (L I,p. 315), un petit ver micro- scopique nématoïde, sans organes extérieurs ou sexuels, et qui se développe quel- quefois en quantité assez considérable dans les muscles volontaires de l'hommp. » Chaque petit ver long de huit dixièmes de millimètre est contenu dans un petit kyste. Je me borne à rappeler cette circonstance; une quinzaine d'exemples environ de l'existence de ce trichina spiralis ayant été publiés en Angleterre ou en Allemagne. J'arrive à l'objet principal de cette note. J'ai rencontré dans les parois de l'estomac de la rana esculenta et dans sa couche musculaire, un petit 85 ver microscopique qui par sa conformation et sa structure appartient évidemment au genre trichina. Ce petit ter est renfermé, comme le trichina de M. Owen, dans un petit kyste, mais dont les parois sont plus épaisses et moins transpa- rentes, de sorte qu'elles ne permettent pas d'apercevoir, à travers leur épaisseur, le petit helminthe que ce kyste contient. La petite dimension de ce ver explique comment il n'a pas encore été observé. » M. Siebold a décrit un ver assez semblable qu'il atrouvédansde petits kystes chez le lézard gris et dans de petits kystes du péritoine de divers mammifères et oiseaux. » M. Dujardin mentionne aussi, sous le nom de trichina inflexa* un ver né- matoide qu'il a trouvé dans l'abdomen d'un jeune mullus de la M-diterrann ie (surmulet), mais le petit helminthe microscopique que j'ai observé, par son siège dans le tissu musculaire des parois de l'estomac et par ses autres caractères, se rapproche plus nettement du trichina observé chez l'homme par M. Owen. Au reste, on pourra facilement se convaincre de ce que j'avance en jetant un coup d'œil sur les dessins que je mets sous les yeux des membres de la Société ; les uns sont la reproduction des figures que M. Owen a données du trichina spiralis, et les autres, ceux que j'ai exécutés moi-même d'après nature de la nouvelle espèce de ver que je viens d'observer et que je désigne provisoirement sous le nom de trichina rana csculentœ, avec la caractéristique suivante : « Ver long d'un » demi-millimètre, à tète obtuse et légèrement taillée en flûte, à queue pointue; » sans organes sexuels apparents et contenu dans un petit kyste brun marron foncé, » à paroi solide et épaisse, situé dans la couche musculaire de l'estomac de la » rana esculenta. » 3* sur le strongle des bronches du porc (sus scrofa); par le même. « Les naturalistes ont constaté depuis longtemps qu'on rencontrait quelque- fois dans les voies aériennes d'un assez grand nombre d'animaux appartenant aux trois premières classes des vertébrés, uns ou plusieurs espèces d'helminthes. Plus tard, des médecins ou des vétérinaires ont reconnu que la présence des vers dans la trachée ou dans.les ramifications des bronches provoquait une dyspnée plus ou moins considérable, et quelquefois même la mort de plusieurs espèces d'animaux domestiques. » En 1842, M. Rayer avait rencontré plusieurs fois cette espèce de strongle dans les bronches du cochon, et M. Dujardin en a donné une caractérislique assez exacte d'après quelques exemplaires que M. Rayer avait remis à la collec- tion du muséum d'histoire naturelle de Paris. En Irlande, M. Rillingham a trouvé également dans la trachée et les bronches du cochon un grand nombre de strongles qui sont probablement les mêmes que ceux que je mets sous les yeux des membres de la Société. D'après mes recherches, il paraîtrait que cette espèce de ver est très-commune dans les bronches chez les porcs que l'on con- duit à Paris, au moins dans certaines saisons de l'année. Mais à en juger par le 86 Bttsnce ilefc ?6téTtaiBtoBt rttleis agriculteurs, les accidents nue ces vers déterminent on', été, méconnu* or ils ne iontpas nussi grades .:ue ceur. que dftfc vtrs da même gOITCG déterminent cher les veaux et les moutons. On sait en eflet que Chei Ctt derniers ils provoquent delà dyspnée, iîe la toux et même de la suffocation. Il n'est point fait mention des vers des bronches du porc dans les traité» sp&taux sur les maladies de cet animal domestique, (jiie j'ai pu consulter, et en particu- lier dans le traité de Viborç , qui est le plus complet des ouvrages publiés sur les maladies du cochon domestique. Au reste, comme pourront s'en assurer les membres de la Société, en examinant les poumons que je présente, il faut encore une certaine Attention pour découvrir ces vers dans l'écume qui remplit les bron- ches. Enoutic les poumons du porc, lorsqu'ils contiennent ces vers, ne présert- SSfll pas de ces noyaux, de ces petites tumeurs que dé ennine le développement des helminthes dans les dernières ramifications des broiches, chez plusieurs ani- maux sauvages, chez le putois, la belette, le renard, etc. » Je m*ts tous les yeux de la Société des dessins présentant la forme et la di- mension naturelle de ces vers (individu mâle et femelle), et d'autres figures re- présentent les organe? digestifs et de la génération. « Je thé propose de rechercher! si, chez de très-jeunes cochons, ces vers existent comm) chez le porc adulte, et s'ils déterminent alors des accidents plus ou moins tiiialofmes à ceux qu'on a observés chez les veaux et les agneaux. Aujourd'hui je me borne a signaler nn fait qui n'avait pas encore été constaté et signalé, savoir : ia fréquente d'une espèce de strongle dans les bronches da porc conduit dans noE abli Hoirs à Paris. >» VI. — CHIMIE. DOSAGE DES PHOSPHATES. M. Lecomte a rencontré dans l'azotate et dans le chlorure d'urane une pro- priété remarquable pour déceler les plus petites traces de phosphates. Appliquant ces réactifs à l'étude des liquides organiques, il a pu précipiter des phosphates dans les urines alcalines et dans les urines de diabétiques ; il se propose d'étendre cette exploration et de donner ultérieurement à la Société le résultat de ses re- cherches. VII. — BIBLIOGRAPHIE. M. Charles Bernard présente l'analyse de la thèse de M. Bez?.nçon sur l'hys- térie, dont l'auteur a fait hommage à la Société. Ce travail place sous leur véri- table jour la plupart des faits, considérés jusqu'à présent comme apocryphes ou merveilleux et qui ne sont, selon M. Bezançon, que des cas d'hystérie plus ou moins compliquée. Cette manière vraie et philosophique ar Bremser, et dans les descriptions qui ont été faites par ces auteurs, il n'est pas fait mention d'un des caractères les plus remarquables de ce ver : de l'existence des épines autour de la tête. » 6° NOTE SCR LES LARVES ET LES INSECTES QCl PEUVENT SE DÉVELOPPER DANS LES organes et les Tissi.s oE l'homme; par M. Ch. Coquerel . chirurgien de la marine. « On avait signalé depuis longtemps la présence de larves d'nisectes dans les tissus de L'homme; on les avait rencontrés dans les cavités splanchnîques et au milieu des matières vomies ou des déjections de différente nature ; nnais toutes les données qu'on possédait à cet égard étaient très-vaguvs. C'est à M. Hope (Transact. op. ent. soc. of. Londo\, vol. II, p. 256) qu'on est redevable du premier travail complet sur ce sujet. Ce savant naturaliste a rassemblé tû8 cas différents de larves observées chez l'homme. Il a réuni, sous le nom de cnntka- rfaJ», les faits qui se rapportent aux coléoptères et nux dermoplères, de scole- chiasi3 ceux fournis par les lépidoptères, et de rnyasis ceux qui concernent les diptères. Ces trois ordres sont les seuls qu'on ait observés jusqu'à présent. » Quelques coléoptères ont été expulsés vivants et à l'état parfait : ils appar- tiennent aux genres tvncbrio, blaps, staphytivus et melse. Il est bien difficile d'admettre que ces insectes aient pu accomplir leur:, métamorphoses dans l'es- tomac, et il est probable qu'ils n'y avaient séjourné que peu > ÎV. — TÉRATOLOGIE. 1° MONSTRUOSITÉS- DES ANTENNES. M LAiiouuifcNE communique ïi la Société le résultat de ses recherches sur les monstruosités des antennes observées dans les insectes de tous les ordres. Voici les conclusions de son travail : 95 « Les monstres polyméliens sont les moins rares de tous, et cependant j'a eu de la peine à réunir douze exemples bien constatés d'antennes monstrueuses ; l'un d'eux est encore inédit ; les autres sont, comme je l'ai indiqué, mentionnés dans différents recueils, surtout dans les Annales de la Société entomoloc.ique de France. » Les dessins que j'ai fait passer sous les yeux de la Société sont la reproduc- tion de ceux qui ont déjà été donnés pour représenter les vices de conforma- tion et les monstruosités des antennes. J'ai eu le soin de placer à côté des or- ganes anormaux la disposition normale et constante, omise presque toujours par les auteurs. » En résumé, on a signalé neuf cas de polymélie, un cas de monstruosité simple et deux cas de gynandromorpbisine dans les antennes des insectes. Toutes les fois qu'il y a eu polymélie, elle existait d'un seul côté, cinq fois à droite, quatre fois à gauche. L'antenne anormale était le plus souvent bifide, six fois sur neuf; trois fois elle a présenté une trifurcation. n Dans les autennes bifides, on n'a poiiil encore trouvé de division exacte, c'est-à-dire deux rameaux composés d'un même nombre d'articles; par consé- quent ce sont bien des cas de polymélie et non point des monstruosités par scission. » Dans les deux cas de gynandromorphisme, l'antenne mâle s'est montrée alternativement à droite et à gauche. L'antenne épaissie et raccourcie d'un bombus était située à droite. » Deux ordres seulement ont fourni ces antennes monstrueuses, celui des co- léoptères et des hyménoptères, et à l'exception d'un seul cas, les monstruosités ou vices de conformation s'observent sur des antennes filiformes ; mais, contrai- rement à ce qu'a vu M. Lacordaire, on a vu une antenne pectinée de buprestide, bifide à un haut degré, et partant fort remarquable. » COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LF. MOIS DE JUILLET 18Ù9 ; PAR M. le Docteur BROWN-SÉQDARD , secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — ANATOMIE NORMALE. 1° EXAMEN HISTORIQUE DE LA MÉTHODE SUIVIE JUSQU'A CE JOUR DANS L'ÉTUDE DE L'ORGANISATION DES ANIMAUX, ET EXPOSITION D'UN PLAN DÉFINITIF D'ANATOMIE humaine ; par M. Segond. Ce travail important est imprimé en entier, et fait partie des mémoires de la Société. 2° DESCRIPTION des premiers états de deux coléoptères, lès anobium abietis et pertinax; par M. Laboulbène. « J'ai reconnu, dit l'auteur, qu'il existe chez ces insectes une collerette élé- gante, située à l'extrémité du jabot, au commencement du ventricule chylitique. Elle est constante, aussi bien chez la larve que chez l'insecte parfait. M. L. Du- four, qui a découvert cet organe (An m. des. se. nat., première série, t. XIV, 98 p. 219, pi. 12), le regarde comme Irés-remarquable et tout à fait particulier. Il a tiguré cette collerette avec six appendices en forme de cœur de carte à jouer. J'ai vu sur uu grand nombre d'individus une disposition un peu différente : les appendices ne pouvaient être comptés exactement; le bord de leur extrémité était sinueux, comme celui d'une manchette, ou comme le bord libre du mésentère, et découpé en lobes arrondis. n Je crus d'abord à une glandule simple, à une utricule bosselée et à un seul canal excréteur; mais j'ai été assez beureux pour reconnaître sur une larve, sa- crifiée en pleine digestion, comme le témoignait son tube intestinal, gorgé d'une pulpe brunâtre, que les appendices glandulaires, au nombre de six, étaient en- tiers, arrondis au sommet, et comparables, à leur grand développement près, à ceux qui se trouvent chez les larves d'oryetes et de cetonia. Les rides, les échancrures variables de ces poches, me paraissent évidemment tenir à leur état de flaccidité, et dans la turgescence digestive, elles offrent leur véritable forme, qui est celle d'un ovoïde, renflé à son extrémité libre. » J'ai essayé de dérouler et de compter les vaisseaux biliaires, et comme un débutant entomolomisle doit toujours se délier des résultats qu'il obtient, sur- tout quand ils ne sont point conformes à ceux qu'indique ud maître habile et consciencieux, je dis, timidement et en appelant de nouvelles recherches, que je n'en ai pu compter que six sur plusieurs larves et insectes parfaits. Mais l'in- sertion de ces vaisseaux à l'extrémité inférieure du ventricule cbyliiique était incontestable. Je n'ai pu voir, malgré le secours d'un bon microscope et de pa- tientes recherches, les huit insertions signalées par M. Dufour. » Une autre particularité, dont j'ai longtemps cherché l'explication, c'est l'exis- tence d'un corps allongé sur les côtés de l'intestin ou du rectum ; or j'ai bien constaté que les vaisseaux biliaires vont se rendre , non dans le rectum , mais dans cet organe elliptique, puis remontent et vont s'ouvrir dans le tube digestif. Y a-t-il seulement trois vaisseaux repliés et en anse comprimée, ou bien six vais- seaux émanant d'un organe particulier? Quoi qu'il en soit, on voit une sorte de poire allongée d'où naissent six filets pédoncutaires. Les filets sont ud peu vari- queux en sortant de ce corps ; mais plus haut et à leur insertion ventriculaire, ils sont tout à fait cylindriques. » (7 juillet.) a* RECHERCHES SUR LA GÉNÉRATION DE L'HUÎTRE (OSTREA EDUUS); par MM. CHAUSSAT et Da vain e. Depuis le 27 mai de celte année jusqu'aujourd'hui, MM. Chaussât et Davaine se sont livrés, dans le laboratoire de M. Rayer, à des recherches suivies sur une question difficile et souvent controversée, relativement à la génération des huî- tres. — Nous présentons ici, sous forme de propositions, les premiers résultats de leurs observations, qui ont porté sur 300 huîtres environ, qu'ils ont exami- nées en s'aidant constamment du microscope. 99 Dans l'espace compris entre les palpes labiales et le muscle adducteur des valves, et au-dessous de la membrane du manleau, existe un organe qui entoure le foie, l'estomac et une portion de l'intestin : eet organe est la glande qui pro- duit le sperme et les ovules. L'élude de celte glande a présenté, à partir du mois de juillet, trois caractères différents au microscope, suivant des conditions qui ne peuvent être encore pré- cisées. Ainsi elle peut présenter les caractères d'un testicule, par la présence des zoospermes d'un ovaire, par la présence des ovules et d'une glande ovo-sper- magéne, par la présence simultanée d'ovules bien caractérisés et d'animalcules spermaliques. — Sur les 300 huîtres environ qui ont été examinées : 1° deux fois cette glande n'a paru contenir que des œufs, et en si grand nombre, qu'ils paraissaient former toute la substance de l'organe. 2" Dans des cas muins rares, environ dix fois sur trois cents, cette giande contenait des œufs bien caractéri- sés et des animalcules spermaliques. 3* Le plus ordinairement elle ne paraissait contenir que des animalcules spermaliques. 4° enfin celte glande contenait des animalcules spermatiques dans toutes les huîtres connues sous le nom d'huiires laiteuses , et dont le liquide blanchâtre renfermait une innombrable quantité d'œufs ou de larves d'huttre. Avant le mois de juillet, la glande peut offrir un aspect différent de ceux qui viennent d'être signalés, et qui probablement est celui qu'elle offre aux époques étrangères à la reproduction de ce mollusque. En effet, il n'a été trouvé ni zoo- spermes ni ovules sur 24 huîtres dont la glande ovo-spermagène a été examinée au microscope à la lin du mois de mai. Les huîtres laiteuses forment à peu près le septième du nombre total des huî- tres étudiées par MM. Chaussât et Davaine; elles étaient, beaucoup plus rares au commencement de juillet qu'à la lin du même mois. Ils ont toujours trouvé la matière laiteuse répandue entre les lobes du manleau et les lames branchiales. Cette matière était formée tantôt, mais rarement, par des œufs fractionnés, ne présentant point de cils vibraliles, tantôt par des œufs plus avancés, offrant des cils vibraliles, tantôt par des larves plus ou moins développées. Les œufs ou les larves, dans une même huître, paraissaient tous au même degré de développe- ment. Au commencement de juillet, les œufs fractionnés étaient plus communs, tandis qu'à la lin du même mois, c'étaient les larves qu'on trouvait p'us fré- quemment. Les œufs fractionnés et pourvus de cils vibratiles se meuvent à l'aide de ces organes ; ils en présentent d'abord sur touie leur circonférence. A mesure que le développement de l'œuf s'opère, les cils deviennent plus apparents sur un tiers environ de cetie circonférence, et surtout aux deux extrémités de celte partie ciliée; plus tard, quand déjà la coquille delà larve est reconnaissable, on les voit naître d'un appendice qui fait saillie entre les valves. Ces cils, par leur plus grandes dimensions, sont bien distincts de ceux qui existent sur le bord du manteau de l'huitre adulte. 100 L'appendice pourvu de cils vibratiles, continuant à se développer, l'orme, en dehors de la coquille, un appareil de locomotion très-remarquable, à l'aide du- quel la larve nage très-rapidement dans le liquide ambiant. Eniio l'appendice cilié se sépare de la petite huître qui reste immobile, tandis que cet appareil locomoteur continue a se mouvoir et à circuler comme un être indépendant. Les huîtres qui oui servi aux recherches de MM. Chaussât et Davaine ont été pour la plupart pèchées en mer, au chalut (instrument dont on se sert pour pé- cher, le poisson), sur le banc de la rade du Havre. Après cette communication, MM. Chaussât et Davaine mettent sous les yeux de la Société 32 belles ligures représentant toutes les particularités principales de leurs recherches, (14 juillet et 3 août.) h" COMMUNICATIONS ENTRE LA VEINE PORTE ET LA VEINE CAVE; par M. Cl. Bernard. En outre des communications qu'il a déjà trouvées entre les deux systèmes veineux de l'abdomen, M. Cl. Bernard annonce qu'il en existe aussi entre les veines diaphragmatiques et les veines sus-hépatiques, d'une part, et la veine porte de l'autre. Ces anastomoses ont lieu par un assez grand nombre de vei- nules. (14 juillet.) 5e TERMINAISON DES FIBRES NERVEUSES DANS LES MUSCLES ; par M. LEBERT. M. R. Wagner vient de publier des recherches dont il résulte que dans les- muscles, et particulièrement ceux des grenouilles, les fibres nerveuses se ter- minent comme dans l'appareil électrique des torpilles et dans celui découvert par M. Robin chez la raie. Les libres nerveuses primitives se diviseraient en un nombre plus ou moins considérable de fibrilles très-ténues, allant se perdre dans les fibres musculaires. M Leberl a cherché avec le plus grand soin à vérifier le fait important an- noncé parWagner.il a vu de nouveau, et de la manière la plus certaine, des ter- minaisons en anse, et il n'a pas rencontré une seule division de fibre nerveuse en plusieurs fibrilles. Il sait combien un résultat négatif est ordinairement peu propre à infirmer un résultai positif, mais, dans le cas actuel, la négation a de la valeur. En effet, comment croire qu'une disposition organique qui est si- gnalée comme constante, pourrait échapper à un examen fait attentivement et de bonne foi avec d'excellents instruments? A l'occasion de celte communication, M. Brown-Séquard rappelle que déjà Remak avait annoncé comme existant quelquefois, la division de fibres ner- veuses en ramuseules, allant se perdre dans le myolème. Il ajoute que J. Mul- ler et Briicke avaient aussi rencontré une terminaison analogue dans les mus- cles de l'œil du brochet. A ce sujet, M. Robin dit avoir, lui aussi, cherché en vain le mode de termi- naison des libres nerveuses indiqué par Wagner. Il fait remarquer que c'est pré- 101 clsément chez les grenouilles, où l'on reconnaît avec le plus de facilité les anses nerveuses, que M. Wagner déclare n'eu plus trouver. 6° SUR UN NOUVEAU MODE D'ÉCLAIRAGE DU MICROSCOPE INTENTÉ PAR M. NACHKT; par M. Lebert. M. Nacbel, à qui l'on doit déjà d'importants perfectionnements pour les forts grossissements, la chambre claire, les microscopes de dissection, etc., vient de confectionner des diaphragmes verticaux munis d'UR système de len- tilles et permettant de varier excessivement la lumière et l'ombre sur les objets soumis à l'inspection microscopique. On comprendra toute la valeur d'un tel appareil en se rappelant que c'est surtout en ombrant qu'on arrive, avec de forts grossissements, à voir très-nettement des détails diffus et mal indiqués par les moyens ordinaires. Cet appareil a assurément de l'avenir; il donne l'espoir qu'on pourra arriver à trouver, pour les objets d'une étude difficile, le point où tous les détails accessibles à la vue offriront un degré de lumière qui ne soit ni exagéré ni insuffisant. (28 juillet.; II. — PHYSIOLOGIE. 1* SEGMENTATION DU JAUNE SANS FÉCONDATION ; par M. DE QUATREFAGES. Des œufs d'unio non fécondés sont mis sous les yeux de la Société ; au bout de quelques instants de séjour dans l'eau, ces œufs présentent un commence- ment de segmentation. M. de Quatrefages a voulu continuer, par cette expé- rience, les faits déjà observés par lui sur les hermelles, et qui l'avaient conduit à admettre que les œufs, même non fécondés, peuvent manifester la vie qui leur est propre par des phénomènes spéciaux et entièrement indépendants de toute action nrovenaut du mâle. (7 juillet.) 2° PROPRIÉTÉS DU SUC CONTENU DANS L'INTESTIN; par M. Cl,. BERNARD. Le suc qu'on trouve dans l'intestin grêle, et qui est un mélange de salive, de suc gastrique, de bile et de suc pancréatique, possède à la fois les propriétés de chacun de ces liquides. Il transforme l'amidon en sucre, digère les aliments azotés et quelques autres à la manière du suc gastrique, et dissout les corps gras comme le suc pancréatique. Ce liquide intestinal paraît même posséder, avec plus d'énergie que les éléments physiologiques dont il est composé, les propriétés de ces éléments. On peut faire de toutes pièces un liquide semblable ; il suffit de mêler dans certaines proportions les quatre éléments qu'on y trouve. Si, au lieu de réunir ces quatre matériaux formateurs, on se coutenle d'en mêler deux, la bile et le suc gastrique, ce dernier liquide perd ses propriétés, ainsi que Scbwann l'a constaté. II. Bernard signale, eu outre, un fait très-curieux : c'est que ie pancréas, plongé dans de la bile, s'y fond comme du suif sous l'action de la chaleur. 102 A propos de eette communication, M. Rayer rapporte qu'en faisant des ex- périences sur des chevaux, il avait été frappé de l'énorme quantité de liquide que contient l'intestin. Chez ces animaux l'estomac est si petit et l'intestin si vaste qu'il était difficile de croire que ies principaux phénomènes digestifs eus- sent pour théâtre unique la cavité stomacale. (7 juillet.) 3» EMBRYONS DE POISSONS SB DÉVELOPPANT SDH DBS MOLLUSQUES VIVANTS ; par M. DE QUATREFAGES. Des œufs de poissons, contenant des embryons en train de se développer,, viennent d'être trouvé» par M. de Quatrefages sur des mollusques vivants. (14 juillet.) 4° RECHERCHES SUR UNE CALSB DE MORT OUI EXISTE' DANS UN GRAND NOMBRE D'EMPOISONNEMENTS; par M. BROWN-SÉQUARD. MM. Chaussât et Prévost ont constaté, par des expériences dont M. Brown- Séquard a reconnu la parfaite exactitude, que la mort survient, chez les mam- mifères, quand on abaisse leur température d'un certain nombre de degrés. Dans un cas, le simple abaissement de la température à 26° c. a suffi pour causer la mort; dans un autre, la mort n'est arrivée qu'après l'abaissement de la température à 17° «. M. Brown-Séquatd, expérimentant sur de» cochons d'Inde adultes et des la- pins âgés d'environ 2 mois, a trouvé : l* que l'abaissement de la température avait lieu plus lentement pour les cochons d'Inde que pour les lapins ; 2° que chez les lapins la température peut s'abaisser davantage que chez les cochons d'Inde, avant de causer la mort ; 3" que la mort est causée par un abaissement de température moindre chez les cochons d'Inde que chezles lapins ; aiusi, chez, les premiers, la mort est survenue une fois à 2/i°,5 et plusieurs fois à 22° ou 23% tandis que chez les lapins elle n'a eu lieu qu'une fois à 22°; 4° que dans cha- cune de ces espèces, prise à part, I» mort a lieu à une température d'autant moins abaissée que l'abaissement a été plus rapide, ainsi que Chaussât l'a déjà trouvé chez les chiens. Ces faits établis, il devient très-probable, sinon certain, que dans tous les cas où, par suite d'une maladie, d'une blessure ou d'un empoisonnement, la tem- pérature de l'homme s'abaissera d'un certain, nombre de degrés, il y aura dan- ger de mort par le seul l'ail de cet abaissement ; et c'est ce qui arrive dans le eholéra, dans le sclérème, dans certaines paralysies, dans les cas où les phé- nomènes respiratoires sont profondément altérés, dans les fractures ou luxations du rachis avec écrasement ou déchirure de la moelle épiniére, dans les hémor- rhagies considérables, et enfin dans la plupart des empoisonnements, pourvu qu'ils laissent survivre le malade pendant plusieurs heures. On sait depuis très-longtemps que la température s'abaisse chez les empoi- sonnés; il n'est guère d'observation d'empoisonnement où. l'on ne lise que le 103 malade était froid. M. Chaussât a vu la température d'un chien, dans les reines duquel il avait injecté de l'opium, s'abaisser de 40«,3 à 17», vingt-deux heures après rinjeclion MM. Demarquay et Duméril lils ont trouvé un abaissement de température de plusieurs degrés sur des cbiens empoisonnés par divers agents toxiques. M. Brown-Séquard a reconnu que tous les poisons qu'il a jusqu'ici mis a l'épreuve, soit en les injectant dans les veines, soit en les faisant absorber dans l'estomac ou dans le rectum, sont capables d'abaisser la température des cochons d'Inde et des lapins, suffisamment pour causer la mort toutes les fois que leur dose permet à l'animal de survivre plus de quatre ou cinq heures à l'introduction du poison. Ainsi agissaient l'opium, l'acide cyanbydrique, la jus- quiame, la digitale, la belladone, le tabac, l'euphorbe, le camphre, l'alcool, les acides acétique, oxalique, sulfurique, azotique, chlorhydrique très-dilués et quelques oxalates. Une dose de poison qui est suffisante pour tuer lorsque la température de l'animal s'abaisse sans obstacle, peut ne pas tuer lorsqu'on maintient la tempé- rature à son degré normal ou à peu près. C'est ce que M. Brown-Séquard a constaté par des expériences ainsi conduites : une même dose de poison était donnée à deux animaux de même espèce et de semblables dimensions: l'un était tenu dans une atmosphère à 8° ou 10» c, et l'autre dans de l'air à 28e ou 30». Dans ces circonstances, le premier mourait au bout d'un certain temps qui a varié entre quatre et quaranle-buit heures, et l'autre, dont la température ne s'abaissait qu'a peine ou pas du tout, survivait. C'est donc par l'abaissement de la température que los poisons indiqués tout à l'heure, occasionnent la mort quand on en donne une certaine dose. Il suit de là cette conséquence des plus importantes que, dans les cas d'empoisonnement chez l'homme, on devra s'oc- cuper tout autant de maintenir la température à son degré normal que d'expul- ser le poison ou de le combattre par des antidotes ou autrement. Peut-être sera- t-il possible de cette manière de diminuer notablement la lélhalilé des empoi- sonnements. Aux laits qui précèdent, M. Brown-Séquard ajoute Se suivant: on sait qu'il suffit en général d'étaler une ou deux couebes d'huile ou de vernis sur toute la surface cutanée d'un animal pour le faire périr, empoisonné probablement par une substance toxique éliminée du sang avec la sueur et qui, ne pouvant plus «échapper por la peau, s'accumule dans l'économie, et y cause les accidents si bien étudiés par M. Foureault, MM. Lecquerel et Breschet et M. Magendie. M. Brown-Séquard a trouvé que les animaux dans cet état peuvent survivre à l'expérience, si l'atmosphère où ils sont placés est à une température supérieure à 26" ou 28* e. Dans ces conditions, leur température ne s'abaisse pas, tandis qu'à une température plus basse elle s'abaisse notablement; c'est donc surtout j>ar l'abaissement de la température que meurent les animaux dont le corps a été enduit de vernis Ou d'huile. M. Brown-Séquard se propose de compléter les données insuffisantes qu 104 nous venons de rapporter, par une série de communications à la Société sur chacun des poisons expérimentés par lui. (14 juillet.) 5° PROCÉDÉ NOUVEAU POOR COUPER LA CINQUIÈME PAIRE DE NEBPS DANS LE CRANE; par M. Cl. Bernard. On fait glisser l'instrument en dedans de la mâchoire, on l'introduit dans le crâne par le trou déchiré antérieur, on l'enfonce sous latente du cervelet et au- dessous du nerf trijumeau, que l'on peut alors couper soit en avant soit en ar- riére du ganglion. L'expérience, faite sous les yeux de la Société sur un jeune lapin, parait avoir réussi. (21 juillet.) 6° PRODUCTION DE SUEUR SOUS L'INFLUENCE D'UNE EXCITATION VIVE DES NERFS du gout-, par M. Brown-Séquard. On a beaucoup moins étudié les sécrétions sympathiques ou réflexes que les mouvements réflexes. Cependant on sait que, dans certains cas, plusieurs sé- crétions sont produites par l'action dite réflexe ; telles sont : la sécrétion de la salive et du suc gastrique par suite de l'excitation des nerfs du goût; la sécré- tion de la l)ile, du suc gastrique et du suc pancréatique, quand les nerfs de la muqueuse stomacale reçoivent une excitation ; la sécrétion de larmes provenant d'une seule des glandes lacrymales quand on pince un des côtés du visage; la sécrétion du sperme, sous l'influence de l'excitation du pénis; la sécrétion du lait par l'excitation des nerfs de l'utérus, etc. Dans tous ces cas, un nerf sensitif est excité; ce nerf agit sur une partie spéciale des centres nerveux, qui réagit sur tel ou tel organe sécréloire, et détermine ainsi la sécrétion par action ré- flexe. Une sécrétion très-abondante de sueur au visage (lèvres, nez, front), a lieu, chez M. Brown-Séquard, toutes les fois qu'il excite ses nerfs du goût par un ali- ment très- salé, très-épicé ou très-sucré, en un mot d'une saveur très-vive. La sécrétion a lieu également en hiver et en été. Le mouvement des mâchoires n'y est pour rien ; car avec des aliments très-peu savoureux, mâchés très-longtemps, l'eflèt n'a pas lieu, tandis qu'il se produit alors même qu'il n'y a pas de mastica- tion et qu'un aliment très-sapide est tenu pendant quatre ou cinq minutes dans la bouche. M. Brown-Séquard a constaté l'existence du même phénomène, mais avec moins d'intensité que chez lui, sur six personnes. Il fait l'expérience de- vant la Société. La substance savoureuse employée est du chocolat. En moins de cinq minutes, son visage a été baigné de sueur. (21 juillet.) 7° INFLUENCE DU RÉGIME DÉBILITANT SUR LE DÉVELOPPEMENT DU FOETUS; par M. Df.paul. M. Depaul ajoute de nouveaux cas à ceux mentionnés dans le compte rendu du mois de mai , ayant pour but de faire connaître l'importance du régime 105 débilitant comme moyen de rendre faciles ou moins difficiles certains accouche- ments. 8° DU SANG VEINEUX COMME EXCITATEUR DE CERTAINS MOUVEMENTS; par M. BROWN-SÉQUARD. Dans des communications antérieures, M. Brown-Séquard a essayé de démon- trer : t° que le song veineux est capable d'exciter et de mettre en action les centres nerveux et les muscles delà vie animale et de la vie organique; 2° que, dans certains cas d'asphyxie, et particulièrement chez les nouveau-nés, les mou- vements respiratoires convulsifs qu'on observe sont dus à l'excitation de la moelle allongée par le sang veineux , ainsi que M. Marshall Hall l'a soutenu ; 3° que, même dans l'état normal, le sang veineux paraît être l'excitant principal, sinon le seul, qui mette en jeu la moelle allongée et la moelle épinière pour pro- duire les mouvements respiratoires. M. Brown-Séquard rappelle à ce sujet une de ses expériences qui donne des résultats très-nets : on sait que quand on asphyxie un animal, des mouvements convulsifs violents éclatent dans tout son corps. Ces mouvements sont dus à l'excitation du sang veineux sur la moelle épinière. En effet, its ne sont pas pro- duits par l'encéphale ; car si l'on coupe la moelle épinière transversalement au cou et au dos, toutes les parties séparées de l'encéphale ont pendant l'asphyxie des mouvements convulsifs, comme si la séparation n'avait pas eu lieu. Mais si l'on détruit une des parties de la moelle épinière qui donnent naissance aux nerfs d'une des paires de membres, ces membres pendant l'asphyxie n'ont pas de mouvements convulsifs, et l'on n'y voit que de légers tremblements. L'intensité des mouvements convulsifs, qui ont lieu pendant l'asphyxie, est d'autant plus grande que l'asphyxie est plus complète, ou, en d'autres termes, que le sang est plus veineux. M. Brown-Séquard attribue au sang veineux l'excitation qui met en jeu les intestins et la vessie chez les mourants, et cause ainsi l'action de se vider, qua- lification donnée à l'expulsion des urines et des matières fécales au moment de la mort. On dit généralement que les intestins se mettent en mouvement par l'excitation du froid ou celle de l'air, quand on ouvre la cavité abdominale. Cela n'est pas exact : on a pris des mouvements excités par le sang veineux pour des effets du froid ou de l'air. Si l'on ouvre avec précaution l'abdomen d'un animal dont la respiration n'est pas gênée, on ne voit pas de mouvements dans les in- testins, ou si l'on en voit, ce sont des mouvements péristalliques, réguliers, ser- vant à la digestion, et non des mouvements brusques, saccadés, existant pres- que dans toutes les parties de l'intestin à la fois ou se suivant de près. Gêne-t-on la respiration , ces derniers mouvements ne tardent guère à se montrer ; laisse- t-on l'animal respirer de nouveau librement, ces mouvements diminuent peu à peu et unissent par disparaître. Si on asphyxie un animal dont l'abdomen n'a /* 9 106 pas été ouvert, on sent parfaitement les mouvements violents de l'intestin, qui certainement alors ne sont pas produits par l'impression d'un air froid. On a dit que c'était le défaut de circulation dans les vaisseaux des intestins qui occasionnait ces mouvements. On donne en preuve de cette étrange manière de voir qu'après avoir coupé une des artères nourricières de l'intestin, on voit apparaître des mouvements dans la portion qui n'est plus nourrie. Le fait est vrai ; niais il ne prouve rien. Les choses ont lieu alors pour une partie de l'in- testin comme elles ont lieu pour l'intestin entier chez tous les cadavres ré- cents, quelle qu'ait été la cause de la mort : la circulation cesse; mais il reste néanmoins du sang, et du sang veineux, dans l'intestin, comme dans les autres parties du corps, après la mort. Tout mouvement implique l'existence d'une cause; quelle est donc la cause qui excite les intestins à se mouvoir quand la circulation a cessé dans leurs vaisseaux ? Voici des faits qui paraissent prouver que celte cause excitatrice est le sang veineux, soit qu'il agisse directement sur les fibres musculaires, soit qu'il agisse sur elles par l'intermédiaire du aerf gan- glionnaire, ou qu'il ait simultanément ces deux modes d'action. 1* Si l'on injecte du sang veineux dans une des artères de l'intestin, quand il est devenu très-peu excitable, après la mort, des mouvements assez énergiques ne tardent pas à survenir. 2° Si on injecte de l'air dans les vaisseaux d'un intestin qui se meut encore vivement, peu après la mort, on le vide en partie du sang veineux qu'il contient, et l'on trouve que ses mouvements cessent plus tôt que si on n'avait pas chassé le sang veineux. 3° Quand on tue un animal par hémorrhagie, l'intestin, de même que tous les autres organes, contient bien moins de sang veineux qu'habituellement. Les mouvements sont moins forts, et durent moins qu'à l'ordinaire. lx° Quand , sur un animal venant d'être asphyxié , on coupe les vaisseaux d'une partie de l'intestin, les mouvements de cette partie deviennent moins énergiques, et durent moins que ceux des autre» parties de l'iutestin. (28 juillet.) 9* RECHERCHES SUR LES PROPRIÉTÉS VITALES, ET PARTICULIÈREMENT Stm LES PRO- PRIÉTÉS DES TISSUS CONTRACTILES; par M. Br.OWN-SÉQCARD. Dans les séances des 7, 14 et 28 juillet, M. Brown-Séquard a communiqué les résultats de nombreuses recherches, ayant pour objets principaux l'irritabilité musculaire et la tacuité que possèdent les muscles de produire, pendant leur contraction, un agent excitateur des nerfs. Le truvail de M. Brown-Séquard sera publié en entier, et fera partie des mé- moires de la Société. 107 Itl. — ANATODJIK PATHOLOGIQUE. 1" REIN TRANSFORME EN UNE VASTE POCHE CLOISONNÉE PLEINE DE PUS; par H. Baccuet. M. Cl. Bernard, au nom de M. Bauchet, montre à la Société an rein très-vo- lumineux, recueilli chez une femme morte dans le service de M. Monneret. Ce rein forme une poche, divisée en sept ou huit loges, remplies d'un pu» verdâtre, bien lié L'une des loges, passant à travers te diaphragme, adhérait au pou- mon. On a trouvé deux calculs, l'un volumineux, dans l'uretère, près du bassi- net, l'autre petit, dans une des loges du rein. L'enveloppe de ces loges, exami- née au microscope par M. Monneret, n'est rien que du tissu cellalaire con- densé. (H juillet.) A propos de cette pièce, M. Chaussât fait remarquer que, dans un cas ana- logue, M. Rayer a pu, en reconnaissant de l'acide urique dans les crachats, diag- nostiquer la communication du rein avec le poumon. 2" CANCER DU TIBIA; CARIE TUBERCULEUSE DES VERTÈBRES DORSALES; par M. Lebert. M. Lebert présente, dans la séance du 21 juillet, deux pièces de maladies du système osseux, qu'il a observées en commun avec M. Roccas, interne des hô- pitaux. 1° Cancer du tibia. Cette pièce provient du servicede M. Guersant, qui avait été obligé de pratiquer l'amputation. La jeune malade, âgée de 13 ans, ne fait remonter le début de ce mal local qu'à cinq mois environ. L'accroissement de la tumeur du genou avait été rapide et accompagné de douleurs vives et pres- que continues, et avait déjà fait éprouver une atteinte profonde à la santé gé- nérale. Le tibia, siège principal de la tumeur encépbaloïde, présente déjà à la simple coupe les caractères non douteux de l'ostéosarcome cancéreux. Celui-ci occupe une étendue de 15 centimètres de long sur l décimètre de large. Tout autour se trouve une substance molle, d'un jaune pâle, élastique, d'un jaune rosé dans quelques endroits, tirant sur le gris dans d'autres, d'un blanc mat enfin et à aspect presque fibreux sur plusieurs points. La pression fait sortir partout le suc trouble et lactescent propre au cancer, et le microscope y fait reconnaître des cellules cancéreuses à forme irrégulière de 0rom,02 à omn',03 de diamètre, ren- fermant un noyau de 0mm,0l à 0mni,0l5, muni d'un à deux nucléoles de 0""n,0tre5 de largeur. Un grand nombre de ces cellules sont infiltrées d'une graisse gra- nuleuse. Près de la surface de l'os, les éléments du cancer sont mêlés avec beau- coup d'éléments nbro-piastiques provenant du périoste hypertrophié. Le libia, tout en étant généralement infiltré de matière cancéreuse, a cepeo- 108 dam plutôt subi un travail d'hypertrophie condensante. On voit de plus, dans la moitié supérieure de la pièce, de nombreuses jetées osseuses qui se répandent dans le périoste altéré et dans le tissu cérébriforme. Ces jetées partent des limi- tes de l'os, tantôt dans une direction oblique, tantôt presque horizontale, et en saisissant l'ensemble de l'aspect de la coupe, on dirait que par places le tissu osseux s'est épanoui pour ainsi dire en forme d'éventail entouré et renfermant du tissu osseux nouveau et de la substance, cancéreuse. 2° Carie tuberculeuse des vertèbres thnraciques. Cette pièce provient d'un enfunt de a ans et demi qui a été paraplégique dès l'âge de 9 mois. La partie ma- lade de la colonne vertébrale offre au niveau du tiers supérieur de la portion thoracique une gibbosilé formant un angle d'à peu près 135°. Au devant des vertèbres, dans la partie concave de la gibbosité, $e trouve une poche à parois épaisses, close de toutes parts, capable de loger une pomme d'apis En tirant la portion malade par le milieu dans le sens de l'axe, à travers les apophyses épineuses, ou constate les altérations suivantes : les apophyses sont saines ; la maladie a porté principalement sur les troisième, quatrième et cin- quième vertèbres, qui ont en majeure partie disparu ; il n'existe des troisième et sixième corps vertébraux que quelques vestiges de tissu osseux, attachés aux disques intervertébraux. Le sixième corps vertébral est légèrement décoloré et condensé dans sa structure. Le vide produit par la perte de substance des vertèbres malades est limité à sa circonférence par la poche prévertébrale mentionnée ; elle a de 3 à h milli- mètres d'épaisseur. Tout autour des portions malades des vertèbres et à la surface interne de la poche se trouve de la matière tuberculeuse en majeure partie ramollie, crue, et par tubercules isolés dans quelques endroits, crétacés dans d'autres. Le mi- croscope montre les éléments caractéristiques du tubercule, et ses diflérences avec le pus qui baigne par places ces parties. Le siège principal et probablement primitif du dépôt tuberculeux est sous le périoste. La moelle épinicre était peu malade ; ses méninges étaient trés-rouges'et in- jectées au niveau de l'incurvation, et à la surface externe de la dure-mère se trouvaient plusieurs tubercules crus. La moelle était rouge et légèrement ramollie dans sa partie centrale au niveau de la gibbosité; elle ne renfermait point de tubercules. TV. — TÉRATOLOGIE. l° ANvroiiiE d'un monstre do genre bhinocéphale; par MM. Cii. Robïn' et Davawe Les particularités suivante? sont signalées : 1° Existence de deux yeux réunis dans le même orbite, avec un nerf optique unique; 109 2° Absence complète de la mâchoire inférieure; 3° Bouche t'ormaut un cul-de-sac et ne contenant pas de langue ; 4° Absence des hémisphères cérébraux, qui sont remplacés par un lobe unique , ne recouvrant ni les couches optiques ni les tubercules quadriju- meaux. Un mémoire développé sur l'anatomie de ce monstre sera prochainement pu- blié. (7 juillet.) 29 NOTE SUR UN POULET MONSTRUEUX; par M. VaLKNCIENNES. M le secrétaire donne lecture d'une noie ainsi conçue de M. Valenciennes, membre de l'Institut, l'un des membres associés de la Société : « En disséquant ce matin des œufs à divers degrés d'incubation devant des élèves de l'Éeole normale, j'ai trouvé un cas assez rare, que je mets sous les yeux de la Société. » C'est un fœtus de huit jours d'incubation. » L'allamoïde et. la figure veineuse ne présentaient rien de remarquable à l'ou- verture de l'œuf; les mouvements du fœtus étaient sensibles. » L'amnios ne me parut pas normal ; il faisait en avant une poche oblongue , beaucoup plus allongée que de coutume ; le liquide était brunâtre. » En ouvrant celte membrane , je tirai le petit fœtus qui n'avait que le seul œil droit développé et beaucoup plus gros que de coutume. » Il est facile de reconnaître que le bec et la face sont déviés de leurs condi- tions normales. L'œil gauche ne se voyait p«s : un simple tubercule blanchâtre paraît en tenir lieu « Les pattes, les ailes elles autres parties du corps ne montrent rien de parti- culier à l'extérieur. » Il est difficile de faire de plus longues recherches sur un fœtus aussi peu avancé. » J'ai cru devoir communiquer cette anomalie à la Société, parce que je crois qu'on en a peu observé de cet ordre sur les fœtus d'oiseaux; les cas anormaux qui sont observés le plus fréquemment sont ceux de tératologie double. » (14 juillet. ) M. De Quatrefages met sous les yeux de la Société le fœtus monstrueux dont îl est question dans cette note. V. — PATHOLOGIE HUMAINE ET COMPARÉE. 1° COÏNCIDENCE DU CHOLÉRA ASIATIQUE AVEC LA SYPHILIS CONSTITUTIONNELLE; par M. Tailhé. Il s'est présenté à l'hôpital de la Charité , service de M. Rayer , pendant l'épi- démie de choléra qui règne à Paris , deux cas de syphilis constitutionnelle coïn- cidant avec cette affection. Dans l'un , la syphilis se manifestait par une érup- 110 lion pustuleuse générale dont les caractères spécifiques étaient très-évidents: auréole de chaque pustule d'un rouge cuivré, base indurée, quelques-unes recouvertes de croûtes très-dures, eufin, douleurs nocturnes à la tête et dans les os des bras. Dans le second cas , c'était une syphilide tuberculeuse, datant de six mois , avec des douleurs ostéocopes dans les os des jambes et dans les os de la tète. Les phénomènes cholériques étaient des plus intenses. Ces deux malades ont succombé, le premier après un jour de maladie, le second après trente-six heures de l'invasion du eboléra. Aucnn d'eux n'avait encore subi de traitement mercuriel. (7 juillet.) 2° DE LA NÉPHRITE DANS LES CAS DE F0SION DES DEUX REINS ; par M. TAILH h. La fusion des reins est assez fréquente pour qu'il en soit fait mention dans tous les ouvrages d'anatowie normale. Le plus ordinairement ils sont réunis par leurs extrémités inférieures et forment, au devant de la colonne vertébrale , un crois- sant à concavité supérieure. Ces reins , ainsi adhérents , s'enilammenl quelque- fois, et jettent le pathologiste dans une incertitude de diagnostic très-grande. Cependant M. Rayer en a déjà signalé trois exemples dans son ouvrage sur les maladies des reins. Il s'est présenté récemment, à l'hôpital de la Charité , service de M. Rayer , un quatrième cas de néphrite avec jonction des deux reins. Ces organes étaient criblés de petits abcès formés d'un pus phlegmoneux. Le vice de conformation dont nous parlons doit être connu des médecins pra- ticiens, car il est arrivé que des reins, ainsi situés anormalement , ont été pris pour des tumeurs morbides et traitées comme telles. On conçoit qu'il sera tou- jours difficile de reconnaître de semblables lésions. Néanmoins, lorsque des reins ainsi réunis s'enflamment, le siège de la douleur vers la région ombilicale, l'existence d'une tumeur au milieu de l'abdomen , ayant ta forme du rein et se continuant par un pédicule à une tumeur semblable, la dépression des régions rénales peuvent mettre sur la voie ; les urines purulentes , les frissons répétés et d'autres phénomènes propres aux néphrites concourraient aussi beaucoup à faire reconnaître celte affection qui peut s'offrir quelquefois. Le médecin clini- cien devra placer toutes ces considérations dans son esprit; elles aideront peut- être a jeter quelque lumière sur le diagnostic si souvent obscur des tumeurs ab- dominales. (28 juillet.) 3» TUMEUR FIBRO-CARTII.AGINEUSE SUR UNE COULEDVRK; par M. FOLLIN. M. Follin montre à la Société un tumeur trouvée sur une couleuvre. Au microscope, on reconnaît que celte tumeur est composée de tissu fibreux et de cellules de cartilage. M\ de Qcatrefaoes dema'ndf si, sur la surface ulcérée de cette tumeur, M Follin a constaté la présence du pus. On sait que l'existence de l'inflamma- tion et de la suppuration a été niée chez les animaux à sang froid. Cependant Ml M. Lereboullel (de Strasbourg) a trouvé du pus dans l'abdomen d'un crocodile mort de péritonite. M. Follin rappelle à ce sujet des recherches faites par M. Brown-Séquard sur la suppuration chez les animaux à sang froid, recherches qui ne peuvent laisser aucun doute sur l'existence de celle production pathologique. Ainsi, chez des grenouitles ayant eu la cuisse fracturée, des abcès véritables se sont mon- trés. M. Follin a trouvé de vrais globules de pus dans un abcès du foie, rencon- tré sur une grenouille par M. Brown-Séquard. M. Brown-Séquard dit que l'erreur à cet égard provient de ce qu'on a'a pas tenu compte de l'inlluence des saisons. En eflèt, pendant les trois saisons froides de l'année, la circulation étant très-lente chez les animaux à sang froid, l'inflammation et la suppuration ne peuvent pas avoir lieu et manquent réelle- ment chez eux. Mais il en est tout autrement en été, saison pendant laquelle d'ailleurs les animaux à sang froid se comportent comme les animaux à sang chaud, pour les phénomènes pathologiques comme pour les phénomènes phy- siologiques. Toutefois, l'inflammation et la production du pus sont possibles, même en hiver, chez les animaux à sang froid, puisque M. Lebert a cons; té leur existence dans cette saison sur des reptiles. (21 juillet.) VI. — CHIMIE. t° PROCEDE D'ANALYSE QUANTITATIVE DE L'àCIOË PHOSPHORIQUE ; par M. Leconte. A l'aide d'une liqueur titrée d'azotate d'urane, M. Leconte opère, sous les yeux de la Société, une analyse quantitative de l'acide phosphorique. Il démontre expérimentalement la promptitude et l'exactitude de sou procédé. 2* EMPLOI DU SUC GASTRIQUE POUR EXTRAIRE DES SUBSTANCES MINÉRALES CONTENUES DANS LES TISSUS ANIMAUX; par M. L.ECONTE. M. Follin ayant remis à M. Leconte un ganglion lymphatique coloré en bleu et provenant de l'aisselle d'un homme dont le bras était tatoué, M. Leconte pensa que le tatouage avait eu lieu avec du bleu de Prusse. Ne voulant pas dé- truire les matières par la chaleur, dans la crainte d'obtenir, dans les cendres, de l'oxyde de fer qui eût pu provenir du sang aussi bien que du bleu de Prusse, M. Leconte eut l'idée d'employer du suc gastrique aiin de faire digérer les ma- tières animales et d'en séparer les substances minérales. Il a réussi parfaite- ment, et il présente à la Société les matières colorantes isolées à l'aide de ce procédé. Il espère que de cette manière on pourra à l'avenir déterminer l'état dans lequel les poisons se trouvent dans l'économie animale , ce que l'on ne peut faire i l'aide des procédés d'analyse employés jusqu'ici. (21 juillet.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'AOUT 1849; M. le IMttttur bllOWN-SKOCAM», etciétdiio Présidence de M. RATER. I. — NOMINATIONS. Dans la séance du 18 août, la Société procède à l'élection de quatre membres correspondants. MM. Duplay, Coquerel, G. Dufour et de Méricourt sont élus. II. — PHYSIOLOGIE. 1* MOUVEMENTS DES ANNEAUX DU TÉNIA ; par M. MlGNOT. On sait que les anneaux détachés du ténia se meuvent avec vivacité ; Siebotd dit même qu'en raison de ces mouvements et des formes des anneaux des tœnia soh'um et cucurbitina, on pourrait les prendre pour certains trématodes. M. Mignot rappelle à la Société l'existence de ces mouvements qui lui ont para être spontanés. (& août.) nu 2* RECHERCHES SUR LES PROPRIÉTÉS VITALES, ET PARTICULIEREMENT SUR LES PROPRIÉTÉS DES TISSDS CONTRACTILES; par M. BrOW.N-SÉQUARD. M. Brown-Séquard rapporte des expériences sur les changements de force qui ont lieu dans un muscle pendant une contraction prolongée. De n»s faits et de quelques autres, il conclut que la circulation et la nutrition continuent d'avoir lieu dans les muscles contractés, lors même que la contraction est extrêmement énergique. Les détails de ces faits se trouveront dans un mémoire qui fera par- tie de ceux de la Société, (4 août.) 3e DE L'ASSIMILATION DU SUCRE DE CANNE; par M. CL. BERNAGD. « Le sucre, dit l'auteur, ne peut être détruit dans l'économie, c'est-à-dire assimilé à l'état de sucre de canne. Il faut qu'il soit préalablement transformé en glucose. C'est ce que j'ai prouvé dés 1843. Depuis j'ai encore vu que tous les glucoses ne sont pas destructibles dans le sang au même degré et que le glucose dont j'ai démontré la production par le foie (1) est sept ou buit fois plus facile à brûler dans le sang que le sucre d'amidon ordinaire pris dans le com- merce. Or, dans les phénomènes de la digestion, l'amidon se change en glucose, ainsi que cela a d'abord été établi par Tiedemann et Gmelin etensuite par une foule d'observateurs. Mais où le sucre de canne se trahsforme-t-il en glucose ? Personne, je crois, n'avait examiné cette question avant moi. En 1843, j'avais fait voir que le suc gastrique peut, à raison de son acidité, produire cet effet. Cependant, dans d'autres expériences, je me suis convaincu depuis que cette action du suc gastrique est insuffisante et qu'une grande partie du sucre de canne (quand on en donne à un animal est absorbé sans avoir été préalablement changé en glucose. » L'objet de ma communication est d'établir que le sucre de canne qui a échappé à l'action du suc gastrique est converti en glucose en traversant le foie. » Je base cette assertion sur les preuves suivantes : » l» Quand un animal a pris une certaine quantité (30 gramm., par exemple) de sucre de canne, le sang de la veine porte au-dessous du foie contient de la manière la plus évidente du sucre de canne non transformé. » 2° Le sang des veines sus-hépathiques, après le foie, ne renferme cependant que du sucre de la deuxième espèce. » 3° Le tissu du foie mis en contact avec du sucre de canne à une température de 30 à 40" le transforme rapidement en glucose. » De sorte que le foie aurait pour usage non-seulement de fabriquer du glu- cose quand il n'en vient pas du dehors, ainsi que je l'ai établi, mais de plus il (1) De l'origine du sucre dans l'économie animale. (Archives gén. de méd., 1848.) 115 agirait sur les matières sucrées provenant des aliments de façon à les ramener a l'état d'un sucre de la deuxième espèce, c'est-à-dire d'un sucre qui soit faci- lement assimilable. » (18 août) 48 LB RESSERREMENT ET LA DILATATION DE LA PUPILLE PRODUITS PAR LA CUA- LEUR ET LE FROID SONT-ILS DES EFFETS PUREMENT PHYSIQUES, OU RÉSULTENT- ILS d'une véritable contraction musculaire? par M. Brown-Séquard. Quelques membres de la Société ayant émis l'opinion que les changements signalés par M. Brown-Séquard (1) dans les dimensions de la pupille, sous l'in- fluence de la chaleur et du froid, n'étaient peut-être que des phénomènes de dilatation et de condensation, comme ceux que produisent ces agents naturels sur tous les corps, M. Brown-Séquard croit devoir appeler l'attention sur les raisons suivantes qui lèveront probablement tous les doutes. Si les changements pupillaires qui ont lieu sous l'influence d'une élévation ou d'un abaissement notable de la température étaient des pbénomèues purement physiques, le resserrement de la pupille, c'est-à-dire la dilatation du tissu de l'iris, ne surviendrait qu'après une élévation de la température, et jamais après un abaissement. Or le froid et ia chaleur peuvent tous deux produire la dilata- lion de l'iris. De plus, le froid devrait seul rapprocher les molécules de l'iris et causer la dilatation de la pupille ; or cet effet peut aussi être produit par la cha- leur comme par le froid. Si les variations du diamètre de la pupille sous l'influence de la chaleur et du froid étaient des phénomènes physiques, ces variations devraient avoir lieu dans tous les cas où Ton change d'un assez grand nombre de degrés la température de l'iris ; or il n'en est pas ainsi dans les cas suivants : 1° L'iris d'un œil extrait de l'orbite depuis deux ou trois jours ne subit plus aucun changement sous l'influence de la chaleur et du froid. 2* Tout corps se dilatant sous l'influence de la chaleur et se condensant sous celle du froid, éprouve un même effet pour un changement d'un même nombre de degrés. Il n'en est pas ainsi pour l'iris, où l'on voit les effets varier considé- rablement, suivant que l'œil a été tiré de l'orbite depuis plus ou moins long- temps. 3° Qu'un changement de température soit lent ou rapide, son action physique est toujours la même, pourvu que le changement soit d'un égal nombre de de- grés. Dans l'iris les choses ont lieu tout autrement : il faut pour qu'un change- ment de température même très-considérable produise de l'effet, qu'il soit ra- pide. On sait que les métaux qui se dilatent le plus sous l'influence de la chaleur, tels que le zinc, le plomb et l'étain, ne s'allongent guère que d'environ 1/700 de (1) Voy. le Compte rfadu des séances de la Soc. debiol., n° 3, p. i0 à 42. leur longueur pour une élévation de teirifiérature de 0 à 40 ou 45# cenL Or si l'on admet, ce qui n'est certainement pas, que l'iris possède une aussi grande dilatabilité que ces métaux, le changement produit dans cette membrane, quand on élève sa température de 0 à 40° c, serait si peu marqué qu'il serait presque impossible de s'assurer qu'il a eu lieu. Or on voit assez souvent l'Iris ayant pour diamètre de sa grande, circonférence 10 millim. et pour diamètre de la pe- tite, c'est-à-dire de la pupille, 8 millim., se modifier tellement par l'action de la chaleur que le diamètre de la pupille arrive à n'être plus que de 2 millim, et même moins. Le tissu de l'iris se dilatant alors de 6 millim. dans le sens de ses diamètres, chaque ligne diaméti aie s'allonge donc de trois fois sa longueur ini- tiale; d'où iî suit que si ce changement de l'iris était le résultat de sa dilatabilité physique, il faudrait admettre que cette membrane possède une dilatabilité deux mille fois plus grande au moins que celle des métaux qui sont le plus dila- tables ! Nombre de membres de la Société ont vu la pupille se resserrer sous l'in- fluence de la chaleur, d'un cinquième de son diamètre dans un cas, et du quart dans un autre. Quelques membres ont vu la pupille se resserrer sous l'influence du froid et se dilater sous celle de la chaleur, ce qui est le contraire de ce qui aurait eu lieu, si le phénomène avait été purement physique, 5° DE LA PRKTVJNDVB NÉCESSITÉ D'UNE TURGESCENCE VASCULAIRE DE L'iRIS POUR PRODUIRE LE RESSERREMENT DE LA PUPILLE; par le même. Bien qu'il soit démontré aujourd'hui que l'iris contient des libres musculaires, quelques physiologistes persistent à soutenir qu'au moins dans certains cas il est essentiel qu'une turgescence vascuUire de cette membrane vienue ajouter son action à celle des fibres musculaires. Telle est l'opinion de M. Gaddi et de M.Guarini. Le premier de ces observateurs dit (l) avoir vu l'iris se dilater et consé- quemment ia pupille se rétrécir quand il poussait une injection dans les vais- seaux oculaires d'un cadavre. Il est évident que l'iris alors, de même que tout autre organe, doit gagner en volume; mais en quoi cela prouve-t-il que pen- dant la vie il y a, dans certains cas, un afflux de sang dans l'iris? D'ailleurs il faudrait pour que le résultat signalé par M. Gaddi put, trvir à l'opinion qu'il soutient, que le resserrement pupiliaire produit par l'injection des vaisseaux de l'iris fût considérable. Or M. Brown-Séquard n'a vu qu'un resserrement à peine appréciable, après l'injection de l'artère ophthalmique, sur des lapins et des cochons d'Inde. M. Guarini(2) appuie sa manière de voir sur ce que l'on ne produit jamais un (1) Ga?.. mêd. de Paris, I84f>, p. 511. (2) GA7.. KÊD. DE Paris, 1845, p. 267, 268. 117 resserrement pupillaire aussi considérable en galvanisant le nerf moiem ocu- laire commun que le resserrement qui a lieu pendant la vie sous l'influence d'une vive lumière. Il croit que la différence entre ces deux cas ne peut tenir qu'à ce que pendant la vie un afllax de sang dans les vaisseaux iriens vient en aide à l'action des libres constrictives de la pupille. M. Browu-Séquard fait d'abord remarquer qu'en excitant le nerf moteur ocu- laire commun à l'aide d'un appareil électro-magnétique puissant, on voit ce que Guarini rapporte' n'avoir pas vu, c'est-à-dire un resserrement pupillaire très- considérable. Il signale ensuite plusieurs faits qu'il croit propres à démontrer sans réplique que les libres musculaires de l'iris n'ont aucun besoin du con- cours d'une turgescence vasculaire pour produire le resserrement pupillaire le plus excessif. Ces faits consistent dans l'application de divers excitauts sur l'iris, dans des yeux extraits de l'orbite d'animaux vivants ou dans des yeux d'animaux venant de mourir. Dans toutes ces expériences on a eu soin, avant d'appliquer les ex- citants, d'attendre que la pupille, qui se resserre au moment où l'on tire l'œil de l'orbite, de même qu'un peu avant la mort, se fût dilatée. Il est évident que dans ces condilions, où le sang ne peut jouer aucun rôle dans le resserremert de la pupille, si on le voit avoir lieu d'une, manière aussi considérable que chez l'animal vivant quand il y est à son degré le plus prononcé, il faudra bien ad- mettre que l'intervention d'un afflux sanguiu n'est pas nécessaire. Eh bien ! c'est ce que M. Brown-Séquard a constaté un très-grand nombre de fois de la manière la plus incontestable, dans les circonstances qui suivent : 1° L'excitation électrique ou galvanique a été employée tantôt à l'aide du pe- tit appareil de Bretou, consistant, comme on sait, en un fer doux qui s'aimante parle passage du courant d'un couple de Daniell, iantôt à l'aide du grand appa- reil à induction de Breton, -que M. Rayer a généreusement mis à la disposition de M. Brown-Séquard. Quelquefois, mais rarement on s'est servi d'une pile de quatre couples de Daniell. Plusieurs raisons peuvent faire que l'on ne voie pas la pupille se resserrer sous l'action du galvanisme; ainsi, en premipr lieu, il ne taut pas qu'on s'attende à voir l'iris des mammifères se mouvoir de la même manière dans l'œil extrait de l'orbite que dans l'œil d'un animal vivant excité par la lumière. Dans ce der- nier cas te mouvemeut est très-rapide, et il cesse aussitôt que cesse l'excita- tion; dans le cas où l'œil est extrait de l'orbite, le resserrement est très-lent à se, produire, et il persiste après que l'excitation a cessé. La chaleur et le froid agissent comme le galvanisme à cet égard. En second lieu, si l'on emploie un tourant galvanique continu comme celui d'une pile vollaïque, il faut fermer et ouvrir le courant très-fréquemment; car si l'on se contente d'appliquer les réophores sur l'iris, et qu'on laisse ainsi pas- ser le courant sans l'interrompre, il peut arriver que l'action sur la pupille r.oit nulle ou très- peu marquée. 118 Enfin oo pourrait encore se tromper si Ton appliquait ie galvanisme à un œil dont la pupille n'est pas dilatée d'une manière notable ; dans ce cas, au lieu d'un resserrement pupillaire, on pourrait voir une dilatation. Dans quelques cas, M. Brown-Séquard a vu la pupille se resserrer tellement sous l'influence de l'électro-magnétisme, qu'elle ne paraissait plus être qu'un petit point noir au milieu de l'iris. 2" Le froid et la chaleur agissent aussi sur l'iris de façon î ne laisser aucun doute sur la question examinée dans ce travail. 3' M. Brown-Séquard a déjà fait connaître un fait qui lui paraît devoir être considéré comme la rigidité cadavérique de l'iris. Il a vu sur pus de vingt es- pèces d'animaux la pupille commencer à se resserrer quelques heures ou un jour et quelquefois davantage après la mort. Les fibres circulaires étant plus puissantes que les rayonnées, se contractent lentement et resserrent quelquefois la pupille tout autant qu'elle peut l'être pendant la vie. 4° Chez certains animaux vertébrés et surtout chez la grenouille rousse et chez l'anguille, on voit aussi dans des yeux extraits de l'orbite un resserrement tout aussi considérable que dans les yeux de l'animal vivant. C'est sous l'in- fluence de la lumière qu'a lieu ce grand resserrement ; on sait en effet que l'iris de ces animaux est directement excitable par la lumière, ainsi que M. Brown- Séquard l'a démontré. De ce qui précède, il ressort donc que les fibres musculaires de l'iris suffisent pleinement pour opérer le resserrement le plus considérable de la pupille, ou, en d'autres termes, qu'une turgescence vasculaire n'est aucunement néces- saire pour la production de ce phénomène. 6* CAS DE MÉLANISME ACCIDENTEL, OBSERVÉ CHEZ UN BOUVREUIL ; par M, Mokel-Lavallée. Ce cas f un peu différent des six dout parle Buffon. Ce bouvreuil n'est pas partout d'un noir de charbon, comme ceux d'André Schœnberg, Anderson, Salerne et Réaumui ; il n'a pas les cinq premières pennes de l'aile bordées de blanc elles pieds couleur de chair comme celui d'Ablin. Il a lu gorge et toute la poitrine variées de noir et de roux vineux, ainsi que celui de Goula, mais il a de plus une tache blanche à l'extrémité des longues pennes de l'aile et une certaine symétrie, une alternation assez régulière dans les couleurs noire et rousse. En effet, bien que la couleur rouge fru de la poitrine soit à pou près généra- lement passée au noir, on remarque encore ù côté de l'oreille un bouquet de plumes d'un roux pâle, et cette coloration, comme étiolée, se reproduit sur la poitrine par bandes horizontales alternant avec des baudes d'un noir foncé. A première vue, ce bouvreuil parait noir comme une hirondelle, et il faut l'exa- miner d'assez près pour noter les nuances que nous venons d'indiquer. Sauf la distribution par bandes des couleurs rouge et noire, sa poitrine rappelle assez bien celle de la femelle du merle. 119 Ce bouvreuil, que j'ai depuis cinq ans, dit M. Morel, a commencé à noircir à la mue de 1846 (septembre) ; il a repris ses couleurs naturelles à la mue sui- vante (septembre 1847). Enfin, à la dernière mue (septembre 1849), il s'est re- vêtu de nouveau d'une robe noire et beaucoup plus foncée. La peau offre par- tout son aspect normal. Ce bouvreuil, qui vit dans l'appartement dans un état de liberté absolue jusqu'à se poser sur le bulcon, a constamment recherché l'ombre. Il se nourrit essentiellement de ebénevis. Sa sauté n'a jamais soutien. Quoique son hygiène fût la même aux deux mues où il a pris des couleurs différentes, je lui supprimerai le chènevis pour le mettre au régime du millet ad- ditionné, pour reproduire autant que possible la variété de son alimentation des champs, et nous verrons ce qui arrivera à la prochaine mue. 7» RECHEECHES SUR LE MODE D'ACTION DE LA STRYCHNINE; par M. Brown-Séqoard. Dans celte communication, M. Brown-Séquard s'est proposé de démontrer que la strychnine agit sur la moelle épinière et non sur les nerfs servant à la sensibilité, comme l'ont prétendu Staonius et quelques autres physiologistes. Si l'on «père la ligature de l'aorte un peu avant sa bifurcation terminale, chez une grenomlle, de façon à ce que les membres postérieurs ne reçoivent plus de sang, et qu'on empoisonne ensuite l'animal avec de la strychnine intro- duite dans sa bouche, on ne tarde pas à voir les phénomènes ordinaires de cet empoisonnement dans les quatre membres. Si, au contraire, on empoisonne de la même manière une grenouille chez la- quelle, après avoir coupé la moelle à l'origine des nerfs des bras, on a coupé aussi toutes les artères qui vont de l'aorie au rachis, on ne voit pas survenir les phénomènes de l'empoisonnement dans le train postérieur, bien que l'action ré- flexe y dure une demi-heure ou un peu plus en été et environ deux heures en biver. Dans la première expérience, les nerfs sensibles des membres postérieurs ne reçoivent pas de strychnine, tandis que la moelle en reçoit; nous voyons pour- tant les phénomènes tétaniques avoir lieu dans les membres postérieurs. Dans la seconde expérience, la portion de moelle séparée du cerveau ne re- çoit pas de strychnine, tandis que les nerfs de sensibilité des membres posté- rieurs en reçoivent, et pourtant les phénomènes tétaniques ne s'y mon- trent pas. Il y a donc lieu de conclure que c'est bien sur la moelle épinière qu'agit la strychnine et non sur les nerfs de sensibilité. '25 août.) III. — PATHOLOGIE ET ANATOMIE PATHOLOGIQUE. 1» cas d'hydronéphkose observé chez un chien; par M. DA VAINE. Le rein de cet animal est mis sous les yeux de la Société. L'uretère ayant été 1. 120 oblitéré auprès de sou origine, l'urine s'esl accumulée peu ;i peu dans le bas- sinet et a fait disparaître la presque totalité des substances rénales. M. Rayer a figuré plusieurs exemples remarquables de celte altération des reins chez l'homme ; il n'en mentionne qu'un seul exemple chez le chien, animal qui sem- ble être atteint de cette affection moins fréquemment que l'homme. (4 août.) 2' COÏNCIDENCE DE PLUSIEURS MALADIES GRAVES DE NATURE DIFFÉRENTE; par M. Tailhé. La plupart des maladies, lorsqu'elles se prolongent, amènent presque toujours le développement d'autres affections, qui viennent compliquer et aggraver la maladie primitive. Ainsi, M. Tailhé a pu constater, dans le service de M. Rayer, chez un homme de 46 ans : I" une paraplégie sans autre lésion qu'une injection veineuse de la portion lombaire de la moelle; 2° un rétrécissement de l'orifice pylorique, sans ulcération des parois de l'estomac ; 3° deux poches acéphalo- cystiques contenant des échinorjues développés dans le lobe gauche du l'oie, poches qui, pendant la vie, faisaient croire à l'existence de tumeurs cancé- reuses ; 4° une cystite ; 5° une urétrite avec de petits dépôts pseudo-membra- neux diins l'urètre ; 6° enlin, un favus, existant sur le cuir chevelu et les mem- bres supérieurs. Cet homme était paraplégique depuis six années. Il avait abusé des plaisirs vénériens. Ollivier (d'Angers) attribue la paraplégie, dans ces circonstances, à la congestion qui a lieu, pendant le coït, dans les organes respiratoires, et par suite, dans le rachis et dans la moelle épinière. L'accumulation et la stagnation fréquente du sang dans ce centre nerveux et à l'entour amèuent peu à peu la paralysie. L'étude des cas complexes comme celui qui précède mériterait d'être faite avec soin, car si elle est difficile, elle est en même temps pleine d'intérêt. (4 août.) I* CAS D'ATROPHIE PARTIELLE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE, AU NIVEAU DE SON REN- FLEMENT LOMRA1RE, COÏNCIDANT AVEC UNE ATROPHIE DES RACINES ANTÉRIEURES CORRESPONDANTES ET AVEC UNE PARALYSIE DU MOUVEMENT VOLONTAIRE DANS LES MEMBRES POSTÉRIEURS, OBSERVÉ CHEZ UN JEUNE AGNEAU; par M. DaVAINE. ■ M. Rayer a du ù l'obligeance de M. Lallemand de pouvoir faire avec MM. Bernard, Chaussai et moi, la dissection d'un agneau de trois mois environ, présentant depuis sa naissance une incontinence d'urine avec les symptômes paralytiques suivants que nous avons parfaitement constatés. » La paralysie du mouvement paraissait complète dans les membres posté- rieurs qui, roides et étendus, ne pouvaient plus agir sous l'inOuence de ia vo- lonté. Quand l'animal se mouvait, il traînait son train postérieur et se servait uniquement de ses membres antérieurs dont le droit, comme luxé par la mau- vaise position, se tenait étendu en dehors pendant le repos. : i ' 121 » On s'est assuré avec soin que l'animal a conservé partout la sensibilité. En outre, on a constaté qu'un léger pincement ties membres postérieurs y déter- minait des mouvements réflexes trés-évideuts. Il ne manquait donc que les mouvements volontaires du train postérieur. >• L'agneau a été tué par l'injection dans la jugulaire, d'environ cinq centi- grammes d'une solution saturée de chlorhydrate de strychnine. Avant la lin du l'injection (qui n'a pas duré plus d'une demi-minute , des convulsions se sont manifestées dans le museau d'abord, puis ont gagné successivement le col, les membres antérieurs, le tronc, et ne sont parvenues qu'en dernier lieu dans les membres postérieurs, où elles ont paru moins intenses que dans les membres antérieurs. Deux minutes après l'injection, l'animal était mort. » Autopsie. — Le canal vertébral et les enveloppes de la moelle ne présen- taient pas d'altération notable. Seulement, au niveau d'un grand nombre de 1a- cines raciiiiliennes et en dehors de la dure-mère, on remarque une matière gé- latineuse, incolore, transparente, comme l'tibmeui iiyaloïde qui semble inhllrer le tissu cellulaire qui entoure ces racines. Dans la région lombaire, cette matière sélatinifortne est beaucoup ptus abondante. Le cerveau a son volume normal et n'offre rien de particulier. La moelle épintère, qui remplit toute l'étendue du canal vertébral est saine dans les régions cervicale et dorsale. Mais dans la por- tion lombaire, vers la troisième vertèbre lombaire, la moelle commence à subir une diminution de volume ; puis, au niveau de la quatrième vertèbre lombaire, cette atrophie devient brusque et considérable au point de réduire la moelle au tiers tout au plus de son volume. Enfin, vers la cinquième vertèbre lombaire, la moelle épinière reprend sa grosseur et sou apparence normales. » Les deux paires rachidieunes qui proviennent de la partie de moelle atro- phiée ne présentent d'altération sensible que tJans leurs racines antérieures. Pour l'une, la plus intérieure, la racine antérieure se trouve réduite à quelques tractus tilamenlaux et d'apparence nacrée. Pour l'autre, l'atrophie ne porte que sur les filaments inférieurs de la racine antérieure. De sorte qu'il y a par ce fait une interruption dans la continuité de la série des racines antérieures par l'absence de deux de ces racines, tandis que la série des racines postérieures reste partout sensiblement intacte. » Les faisceaux antérieur et postérieur de la moelle paraissent atrophiés au même degré, ce qui contraste avec l'atrophie isolée et limitée aux racines an- térieures, ainsi qu'on l'a vu. » Les sillons antérieur et postérieur peuvent être suivis au niveau de la partie atrophiée de la moelle. Toutefois, en ce point, la pie-mère s'enlève très-diffi- cilement. » Dans la partie atrophiée de la moelle, la substance gvise parait avoir com- plètement disparu. » (11 août.) 122 k° CAS DE MÔLE VÉSICGLAIRK ET REMARQUES ) par M. DEPADU Cette observation sera publiée avec quelques autres de divers auteurs, à la tin de cette année. 5° TUBERCULE COMPRIMANT LA MOELLE CERVICALE CHEZ L I LAPIN ; observation recueillie par M. Brown-Séquard. Les cas de tubercule comprimant la moelle cervicale n'étant pas nombreux, nous croyons devoir puLIier les particularités suivantes, bien qu'elles n'aient pas été observées sur l'homme. Parmi plusieurs petits lapins achetés le 29 juillet dernier, on en remarqua un qui chancelait en marchant; il avait à peu près cinq semaines. Aucun rensei- gnement ne put être obtenu à son sujet. Le 30 juillet, marche très-difficile; chutes fréqueutes, tantôt sur un côté, tantôt sur l'autre. Mis sur le dos, il essaye, mais en vain, de se remettre sur ses pattes. Les quatre membres paraissent égale- ment faibles. En pressant sur les apophyses épineuses des vertèbres à la région cervicale, ou cause de très-vives douleurs. La sensibilité parait conservée par- tout. Le 31 juillet, l'animal ne peut plus se soutenir sur ses quatre membres ; les ouvemenls volontaires sont rares et sans énergie ; les mouvements excités par le pincement de la peau sont très-forts. Les mouvements respiratoires sont très-gênés. Les muscles animés par le nerf facial {nerf respiratoire de la face de Ch. Bell) se contractent vivement à chaque respiration. Défécation et mix- tion naturelles. Le 2 août, tremblements dans les deux membres antérieurs, bien plus forts dans le membre droit. La veille, il avait eu des mouvements con- vulsifs dans ces deux membres. Depuis ce jour jusqu'à la nuit du & au 5 août où il mourut, on a constaté la continuation des mêmes symptômes, avec celte différence que les mouvements volontaires devinrent encore plus faibles, et que la sensibilité parut s'éteindre complètement. L'animal retirait vivement ses pattes quand on les lui pinçait , mais il ne criait pas. Ces mouvements pou- vaient donc n'être que de simples mouvements réflexes. En outre, les tremble- ments des membres antérieurs devinrent presque constants, et il y eut aussi très-fréquemment des contractions tétaniques des muscles de la face postérieure du cou. La tête était alors tirée en arriére, et y était maintenue avec une énergie que l'on avait de la peine à vaincre. Un autre symptôme mérite d'être signalé : c'est l'abaissement de la tenipéra- rature. Six jours avant la mort de cet animal, sa température, prise dans le rectum, n'était que de 35"; celle de deux autres lapins de la même portée était de 38°; l'atmosphère ambiante était à 24°. Le k août, sa température était des- cendue à 32°. Cet abaissement notable de température a dû contribuer à amener la mort. Autopsie. Tous les organes étaient dans l'état sain. On trouva un tubercule de la grosseur d'une petite fève comprimant la moelle épiniére, à partir de la 123 troisième jusqu'à la cinquième vertèbre cervicale. Ce tubercule était sur le côté droit, et au contact seulement de la moitié latérale droite de la moelle, qui pa- raissait saine, bien qu'aplatie transversalement. Le tubercule était entre les méninges et le' rachis. M. Lebert a bien voulu l'examiner ; le microscope y a démontré la structure du tubercule. On a trouvé sur un autre lapin, de la même portée que celui-là, un tubercule dans le poumon gauche. IV. — TÉRATOLOGIE. l* absence: de la plupart des vertèbres caudales chez le chien ; par M. Davaine. Depuis longtemps on a remarque des variétés assez considérables dans le nom- bre des vertèbres caudales chez plusieurs espèces d'animaux, domestiques, et on sait qu'il est difficile d'établir les caractères ostéologiques de la queue du chien. F. Cuvier dit que le nombre des vertèbres caudales que l'on rencontre le plus ordinairement est de dix-huit, et il ajoute (art. Chien, Dictionn. des sciences naturelles) qu'on assure qu'il existe une race de chiens dont la queue est ex- trêmement courle et de deux à trois pouces seulement de longueur. M. Davuine montre un petit chien nouveau-né chez lequel le nombre des vertèbres caudales est réduit à deux (4 août). 2° sur l'expulsion d'un fœtus Par les organes génitaux d'une chienne l>iï CINQ SEMAINKS ; par M. PlPET. M. Pipet, médecin à Yssengeaux (Haute-Loire), écrit à la Société pour lui faire part du fait bizarre, mais dont il existe déjà quelques cas dans la science, de l'expulsion d'un fœtus d'un mois à six semaines de vie intra-utérine, par les voies génitales d'une jeune chienne venue au monde depuis cinq semaines seulement. Si ce fait était bien avéré, — et il parait l'être, — ce serait un cas à ajouter à ceux que l'on connaît, d'inclusion d'un fœtus dans les organes sexuels femelles d'un autre fœtus (4 août). 3° OEUF COMPLET INCLUS DANS UN AUTRE OEUF COMPLET ; par M, KaYF.H M. Rayer montre un œuf d'oie complet, c'est-à-dire pourvu d'une coque cal- caire, d'albumen et de vitellus, inclus dan6 un autre œuf complet, dont le vitellus et l'albumen sont également enveloppés d'une coque calcaire. De tous les cas d'inclusion des œufs chez les oiseaux , cette disposition est la plus rare. (18 août). 4° SOn UN CERVEAU FORMANT UNE TUMEUR A L'EXTÉRIEUR DU CRANE, AVEC ATRO- PHIE D'UN CÔTÉ DE LA FACE, CUEZ UN EMBRYON DE POULET ; par M. Da VAINE. M. Valenciennes a présentée la Société, dans une de ses dernières séances, un embryon monstrueux de poulet, arrivé au huitième jour de l'incubation. m Voici les résultats de l'examen que M. Davaine en a fait : Le corps est normal ; le rachis ne présente aucune anomalie. La tèle, au pre- mier aspect, parait formée entièrement par un œil et par une tumeur blanchâtre et fraDgée. Par un examen plus minutieux, l'on constate que cet œil est le droit, qu'il occupe sa place normale, et qu'il est bien conformé, sauf relativement à son volume, qui paraît exagéré. En arriére se voit Porilice très-étroit du conduit auditif et en bas, le bec, bien conformé à droite, atrophié à gauche. La tumeur blanchâtre et frangée occupe le côté gauche; son volume égale à peu prés celui de l'œil droit; elle est entièrement formée par le cerveau bien reconnaissable, quoique très-modiué dans sa forme ; elle n'est revêtue d'aucune membrane. Immédiatement en arrière du cervelet apparaissent les téguments, et un peu plus bas les premiers rudiments des vertèbres qui sont à l'état normal. f>tu» tumeur présente, en avant, deux lobes un peu aplatis, lisses, sépares par une lente longitudinale; on les reconnaît facilement pour les hémisphères cé- rébraux. En arriére, deux petites surfaces lisses, séparées par une scissure longitudi- nale, continuation delà précédente, paraissent être les couches optiques; im- médiatement après et de chaque côté, une lame franyée, large, assez mince, recouvre plus du tiers de la tête; elle paraît formée par les lobes optiques et le cervelet déplissés. Cette lame se rétrécit en arrière et se termine en se conti- nuant saus interruption avec la moelle épiniére. Sous celte lame frangée existe une cavité large, aplatie, où se trouve une membrane analogue à la pie-mère. Si l'on soulève cette tumeur, l'on aperçoit, près du bec, un très- petit mamelon qui est l'œil gauche atrophié. Par suite de l'atrophie du côté gauche de la face, la tête paraît formée, pour la moitié droite, par un œil, et pour la moitié gauche, par la tumeur cérébrale, dont la grande scissure est déjetée tout à fait sur le côté. (18 août.) 5° SUR ON CAS DE SCISSURE DE LA VOUTE PALATINE ET DE LA LÈVRE SUPÉRIEURE (GUEULE DE LOUP) AVEC DÉFORMATION DU CERVEAU CUEZ UN FOETUS HUMAIN ; par M. Davaine. Dans son mémoire sur les vices de conformation du cerveau, publié en 1824 (Journ. complêm. des sciences MÉD.), Tiedemann a appelé l'attention des ob- servateurs sur la coïncidence singulière de l'absence des nerfs olfactifs avec le bec-de-lièvre. Les trois observations qu'il rapporte sont relatives à des becs-de- lièvre doubles, avec double scissure de la voûte palatine. Dans ces trois cas , Jes anomalies les plus remarquables du cerveau consistaient dans la fusion des hémisphères cérébraux, dans l'absence plus ou moins complète de la voûte à trois piliers et celle îles nerfs olfactifs. Le professeur Dubreuil (de Montpellier) a rapporté une observation analogue dans la Gazette Médicale, 1835. Elle est relative à un enfant mâle, né à terme, 125 qui vécut trois heures. Il présentait un bec-de-lière double, avec scissure de la voûte et du voile du palais Les hémisphères cérébraux étaient adhérents dans l'étendue du quart anté- rieur de leur face interne. Le corps calleux, le seplum lucidum, la voùie à trois piliers, les nerfs olfactifs, n'existaient pas. M. Davaine met sous les yeux de la Société un monstre de ce genre : c'est un fœtus abortif de cinq mois environ, du sexe féminin, dont le corps est bien conformé. Il porte à chaque doigt auri- culaire une petite boule de chair, attachée par un pédicule irès-mince ; la partie moyenne de la lèvre supérieure et les os intermaxillaires n'existent pas; il n'y a ni voûte, ni voile du palais, ni vomer; a la partie supérieure de la cavité com- mune de la bouche et des fosses nasales se voient les cornets et la lame perpen- diculaire de l'ethmoïde. Le crâne paraît plus grand qu'à l'état normal et les globes oculaires plus petits. Le cerveau était dans un état de mollesse extrême ; néanmoins M. Davaine a pu constater que les hémisphères cérébraux étaient réunis en un seul lobe, que les ventricules formaient une cavité unique et très-vaste relativement au vo- lume du cerveau , enfin que les nerfs olfactifs n'existaient pas. De plus, la lame cviblée de l'ethmoïde ne présentait pas de trous, et les trous optiques étaient extrêmement petits. Quoique cette observation soit incomplète, M. Davaine a pensé, et avec rai- son, qu'elle offrirait quelque iutérêt par son analogie avec celles de Tiedemanu et de M. Dubreuil, et qu'elle pourrait engager les observateurs à faire de nou- velles recherches sur l'état du cerveau dans le bec-de-liévre, sujet encore très-peu connu. (18 août.) 6° SUR UNE MONSTRUOSITÉ DE LA TÊTE OBSERVÉE CHEZ UN MEUNIER, ou chevaine; par M. Rayer. La tête de ce poisson oflre une anomalie des plus curieuses, et qui a été ob- servée plus fréquemment chez la carpe, poisson appartenant également à la fa- mille des cyprinoïdes. Ces têtes de poisson, qui ont été comparées à la tête du chien mopse, ont pour caractère essentiel la brièveté extrême de toute la région maxillaire supérieure, tandis que la mâchoire inférieure, un peu plus courte qu'à l'ordinaire, dépasse de beaucoup en avant la mâchoire supérieure ; de telle sorte que la mâchoire inférieure représente une sorte de bec dont la bouche, de forme ovalaire, occupe la face supérieure. Par suite de ces dispositions, la face se termine, au devant des yeux, d'une manière brusque, par une surface quadrilatère, à peu près verticale,ce qui donne à la partie antérieure de la tête du poisson l'apparence d'un fond très -déve- loppé. M. Valeuciennes rapporte, dans son Histoire naturelle pes poissons, avoir péché dans la Seine, près de Paris, un autre meunier qui offrait une semblable déformation, dont il a donné la description dans tous ses détails. 126 Celte monstruosité n'est pas rare chez les carpes en Silésie et même en France, dahà les grands étangs, où l'on élève une quantité considérable de ces poissons. (25 août ) 7° sur on vbac bicéphale; par MM. Rater et Cl. Bernard. Le monstre dont il s'agit est né à terme et vivant ; son corps n'offrait rien de remarquable, à part la bicépbalie. Les deux têtes, unies latéralement et postérieurement aux oreilles, sont libres en avant et divergent à angle aigu ; elles présentent un développement bien dif- férent. La tète droite, du volume à peu prés d'une tête de veau ordinaire, est bien conformée et complète, tandis que la tête gauche, beaucoup plus petite que sa voisine, sur laquelle elle semble greûee. manque totalement de mâchoire inférieure. Il n'y a pas de pharynx ni de cavité buccale proprement dite ; il existe seulement un petit appendice charnu, fixé au palais, et qui est un vestige de langue. A part cette différence, qui est considérable, chaque tête a donc deux yeux, deux naseaux, deux oreilles, dont les deux correspondantes se trouvent soudées dans l'angle rentrant qui existe au niveau de l'union des têtes. En ar- riére des oreilles, les têtes se confondent ainsi qu'il a été dit. Le col est unique, et présente un volume un peu plus qu'ordinaire. Il y a deux cavités crâniennes distinctes, et qui ne se confondent qu'au-des- sous de la tente du cervelet et près du tronc occipital, qui est unique. D'après l'aspect extérieur du monstre et la différence de grosseur des deux têtes , on aurait pu penser que les deux cerveaux offraient une grande disproportion. Il n'en est rien cependant. La disproportion des têtes est surtout l'effet de l'ab- sence de la mâchoire inférieure, et par conséquent de toute la partie inférieure de la face. Mais les crânes et les cerveaux sont sensiblement égaux. Il y a donc deux cerveaux bien distincts et bien conformés. Il y a également deux tentes du cervelet, puis au-dessous deux cervelets bien conformés et sé- parés. Enfin la moelle allongée reste encore distincte dans sa partie supérieure. On voit deux becs de calamus scriptorius, et ce n'est qu'à leur partie inférieure que ces deux moelles allongées se confondent en une seule, très-peu au-dessus du trou occipital; de sorte que la moelle épinière, qui est au-dessous, est simple dans toute son étendue. A la face supérieure des cerveaux, les méninges n'offrent rien de remarquable. Les scissures et les circonvolutions sont aussi bien marquées dans un encéphale que dans l'antre. Après l'ablatiou des cerveaux faite avec précaution, on examine attentivement sur leur face inférieure l'origine des nerfs Voici ce qu'on constate : les pre- mière, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième paires de nerfs existent doubles pour chacune des têtes , et laissent des centras ner- veux dans leur lieu habituel. Ces différentes paires de nerfs présentent un dé- veloppement qui paraît sensiblement égal dans les deux têtes , excepté pour les 127 cinquièmes paires, qui sont plus petites dans la tête gauche, incomplètement développée. C'est au niveau de l'origine de la huitième paire que les anomalies commen- cent dans les origines nerveuses, à cause de la fusion des moelles allongées qui leur donnent naissance. En effet, les deux huitièmes paires qui correspondent au point de jonction des deux moelles allongées sont représentées par quelques filets épars et en partie atrophiés, et s'enfonçant dans une sorte de trou borgne qui représente le rudiment de deux trous déchirés postérieurs atrophiés. Les deux huitièmes paires qui naissent, au contraire, du côté libre des deux moelles allongées, c'est-à-dire du côté opposé à leur soudure, sont parfaitement dévelop- pées , et on y distingue très-nettement le spinal , le pneumogastrique et le glosso-pharyngien. Les nerfs deviennent donc simples en réalité après la huitième paire, bien que les moelles allongées ne soient soudées qu'un peu au-dessous. Et il y a cette bi- zarrerie que le pharynx et le larynx, qui sont uniques, reçoivent cependant des nerfs de deux moelles allongées distinctes. Le nerf hypoglosse est simple ; car il naît après la soudure des deux moelles allongées. Après avoir étudié, pour les deux têtes, le mode d'origine des nerfs aux cen- tres nerveux, on a suivi les uerfs dans leur distribution dans les différents or- ganes. 1° La première paire (nerf olfactif) se ramitie dans la membrane muqueuse des fosses nasales, d'une manière normale, dans les deux têtes. 2» Les nerfs optiques, dans les deux têtes, se distribuent aux yeux qui sont bien couformés. 3* Les nerfs moteurs des muscles de l'œil, savoir : les 3", W et 6* paires, dans les deux têtes, se distribuent dans les muscles qui leur correspondent. Le ganglion ophlhalmique existe dans les quatre yeux avec ses nerfs ciliaires, comme à l'ordinaire. 4° La cinquième paire est complètement développée dans la tête droite qui est complète, c'est-à-dire qu'elle est composée de ses trois branches, Vophthal- mique, la maxillaire supérieure, la maxillaire inférieure , qui se distribuent chacune d'une manière normale, tandis que dans la tête gauche ia cinquième paire n'est composée que de deux branches, Vophthalmique et la maxillaire supérieure. Toutefois pour la cinquième paire du côté gauche de la (ête gauche, H y a un rudiment de nerf maxillaire inférieur qui se rend en partie à l'oreille de ce côté et en partie au rudiment de langue dout il a été parlé plus haut. Pour la cinquième paire du côté droit de la même tête gauche, il y a absence complète de la branche maxillaire inférieure. Il y a plus : il n'y a pas de trou ovale ou maxillaire inférieur. Cette absence complète de la branche maxillaire inférieure de la cinquième paire du côté droit et l'absence de la portion motrice du côté gauche se rapporte parfaitement à l'absence de la mâchoire inférieure dans celte tête. Ce fait vient donc manifestement à l'appui de l'opinion déjà soutenue 128 par Tiedsmani , que le système nerveux règle le développement des organes. Là il s'agit, en effet, d'une portion de nerf dont l'absence coïncide avec le non- développement des organes où il se distribue. A partir delà huitième paire, ainsi qu'il a été dit, les paires de nerfs cessent d'être doubles et se distribuent seulement à la tête droite qui est complètement développée. (25 août.) V. — HELMINTHOLOGIE. !• TUMEUR DANS LES PAROIS HE L'ESTOMAC D'UN CROCODILE PU NIL, KORWÉE PAR ONE AGGLOMÉRATION I)'HK'.flINTI!ES ( ASCARIS LENCICOLLW RUDOLPHI ) ; par MM. Rayer et Chaussât. En 1818, M. Ticderoann trouva des helminthes dans des tubercules assez dur* de l'estomac d'un jeune crocodile mort à Heideiberg. Il en envoya plusieurs à Rudolphi qui les désigna sous le nom d'ascaris tenuicollis avec la caractéristique suivante: « Corps blanc ou en partie brunâtre vers latête, long de 20 à l&"œ,75, aminci de part et d'autre, surtout en avant; tête nue distincte, à trois vulves obtuses assez grandes ; queue munie d'une membrane mince de chaque côté ; queue du mâle courbée en dessous, obliquement tronquée et terminée par une pointe courte très-aiguë en avant de laquelle sortent deux spicules inégaux dont un seul est ordinairement visible; queue de la femelle droite, déprimée, tabulée. » M. Lallemand ayant eu l'occasion de disséquer un crocodile au Caire, remar- qua entre l'œsophage et le cardia, une tumeur du volume d'une petite noix. Cette tumeur s'ouvrait dans la cavité de l'estomac par une large ouverture, et contenait une espèce de bourbillon dans lequel étaient nichés un grand nombre d'helminthes. Examines par M. Rayer et par M. Chaussât, ils ont été reconnus pour être les mêmes que ceux déjà observés par Tiedemann et Rudolphi. M. Cliau:-sat met sous les yeux de la Société plusieurs de ces vers, ainsi que des figures qui les représentent. (4 août) 2° SUR DES OXYURES DE L'iNTKSTIX DE LA TORTUE GRECQDe; par M. J.-B. Chaussai:. M. Robin ayant eu l'obligeance de faire remettre h M. Rayer une petite tor- tue grecque, dont l'intestin contenait une grande quantité de vers, M. Chaussât en a fait l'examen et il a constaté que ces helminthes appartenaient à la famille des oxyures. Plusieurs individus mâles et femelles sont mis sous les yeux des membres de la Société. M. Chaussât montre aussi des ligures de ces vers, faites à divers grossissements, e t qui permettent de voir la disposition du canal intes- tinal, et en particulier l'appareil corné dont est pourvu le renflement stomacal. Le mâle n'a qu'un spicule, circonstance qui, jointe à l'absence des trois papilles 129 ou tubercules, suffit pour faire distinguer de la famille des ascarides ces oxjures de la tortue grecque. Ces oxyures ne sont point indiqués par les helminthologistes ; mais il se pourrait que les vers observés par Rudolphi dans l'intestin des tortues fussent ces mêmes vers dont le véritable caractère lui aurait échappé, parce qu'il ne les aurait pas examinés à un grossissement suffisant, ce qui était nécessaire, car ils n'ont que 3 à 4 lignes de longueur. M. Dujardin ne fait point mention d'oxyures chez les tortues ; mais il dit avoir observé quelques nématoïdes que Rudolphi a placés parmi les ascarides, et qui pourraient bien former d'autres genres distincts. Le temps lui a manqué pour examiner à fond ces helminthes qui étaient peut-être les mêmes que ceux étudiés par M. Chaussât. (18 août.) 3* SDR JJNE ESPECE D'HELHINTHE NÉMATOÏDE TROUVÉS SUR DES FEUILLES DE HOU- RLON ET APPARTENANT AU GROUPE APPELÉ MEBMIS PAR M. DUJARDIN ; par M. J.- B. CHAUSSAT. On sait que M. Dujardin a trouvé, à Rennes , pendant les mois de mars, avril et mai, sur la terre humide des jardins, et dans l'estomac de plusieurs taupes, un ver qu'il nomme mermis et qu'il croit provenir des larves du han- neton. Plusieurs espèces de ces vers ont été trouvées dans des insectes par M. Siebold. Ces helminthes filiformes, qui, présentent le même aspect que les Maires, en différent par un appareil digestif moins complet, et par le dévelop- pement de leurs œufs. M. Chaussât montre à la Société un mermis, et des figures le représentant à divers grossissements. Il fait remarquer une circonstance intéressante, relative à l'habitat de ces helminthes : c'est qu'ils vivent tantôt dans le corps d'un ani- mal, tantôt sur le sol. (25 août.) VI. — BOTANIQUE. sur l'uredo (polycystis) vesicaria de kaulfuss ; par M. C. Montagne. Cette espèce parait assez rare ; elle infeste le limbe et les p.'tioles des feuilles de plusieurs violettes. Les échantillons qui m'ont été communiijués par M. Rayer envahissaient celles du viola hirta et provenaient de l'école du Jardin des Plan es; il y peu de différence entre cette urédinée et l'uredo pomphoiy godes dont M. l^veillé a fait le type de son genre polycystis. Les spores naissent dRns des cellules nichées dans les méats intercellulaires du parenchyme, s'y multi- plient probablement par segmentation et forment des sporoïdes qui à la maturité n'ont pas moins de deux cinquièmes de millimètre de diamètre. Leur morphose est donc différente de celle de beaucoup d'autres uvedos qui ont u;i système végé- tatif filamenteux. COMPTE RENDU DES SOUKS DX LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L£ MOIS 0£ 8EPTEMBRE 18^9 , MM. Je» Docteurs LEBERT et BROWN-SÉQUARD, (secrétaires. Présidence de M. RAYER. I. — ANATOMIE NORMALE. SUR DNE SINGULIERE DISPOSITION DES POCHES ANALES OU VESSIKS ANALES ACCES- SOIRES DE I.'ÉMïDE CASPIENNE, ET SDR L2S CSAtiES ATTRIBUÉS A CES POCHES: par M. Rayer. Lorsqu'on insutik- Se cloaque d'une tortue d'Europe, l'air pénètre daos lares- sie qu'il distend, dans le reciura qu'ii dilate, et dans deux \wches volumineuses, situées sur les côtés do !a vessie qu'il remplit. Ces poches, ou vessies anaie» accessoires, indiquées par Perrault, figurées par Bojauus, et très-bien étudiées par M. Lesueur en 1839, qui les a décrites sur plusieurs espèces d'éroyde de l'Amérique du Nord, offrent chez l'émyde d'Europe une disposition singulière 132 qui n'a pas été signalée. Ces poches, ainsi qu'on peut le voir sur la pièce que je mets sous les yeux des membres de la Société , se prolongent le long do pénis , auquel elles donnent un volume très-considérable lorsqu'elles sont dis- tendues. Les opinions des physiologistes sont très-partagées sur les usages de ces poches : 1° Se fondant sur ce qu'on ne les rencontre pas chez les tortues terrestres, et sur ce qu'on les trouve dans les tortues d'eau douce, quelques-uns ont pensé que l'animal parait s'en servir pour diminuer la pesanteur spécifique de son corps, en les remplissant d'air ou d'eau. 2° D'autres, s'appuyant sur une expérience de Townson, qui a vu des tortues faire entrer par une sorte d'aspiration dausle cloaque le liquide dans lequel elles étaient plongées, et le faire sortir à volonté, ont supposé que les parois de ces cavités servaient à la transpiration de l'animal. 3° Dans une troisième manière de voir, on suppose que l'eau introduite par l'animal dans le cloaque et les poches, étant projetée au dehors avec force, peut servir aux mouvements de locomotion ou plus exactement de progression, comme cela a lieu chez les larves des libellules, qui nagent en repoussant brus- quement l'eau introduite dans le dernier intestin garni de branchies. 4° On a aussi comparé ces poches aux vessies anales de plusieurs mammi- fères carnassiers, et qui sécrètent des humeurs particulières; mais ces der- nières ont des parois glanduleuses, et les vessies anales de l'émyde d'Europe n'otTrent point de glandes et sont composées d'une membrane très-mince, recou- verte par le péritoine. 5° Entin on a considéré ces poches comme des organes supplémentaires des poumons en ce qu'elles absorberaient une certaine quantité de l'air ou de l'oxy- gène conteuu dans l'eau introduite du dehors dans leur cavité. Somme toute, aucune de ces hypothèses ne peut satisfaire un esprit rigou- reux, et de nouvelles recherches sont nécessaires; c'est ce qui nous a engagé à appeler sur ce point l'attention des membres de la Société. (30 septembre.) A l'occasion de cette communication, M. Brown-Séqcard fait remarquer que s'il est en effet peu probable que ces poches n'aient pour fonction que l'un ou même quelques-uns à la fois des usages qu'on leur a attribués, il n'en est pas moins vrai que de véritables phénomènes respiratoires ont lieu dans ces cavités. Ainsi, quand on pousse de l'eau chargée d'oxygène dans ces poches, on trouve en moins d'une demi-heure l'oxygène presque entièrement remplacé par de l'a- cide carbonique. On obtient le même résultat quand on y insuffle de l'oxygène ou de l'air atmosphérique. En conséquence, s'il n'y a pas lieu d'admettre que la fonction unique ou principale de ces poches sait de servir à la respiration, il est certain cependant qu'elles servent à cet usage. 133 II. — PHYSIOLOGIE. 1° DO TOURNOIEMENT ET DU ROULEMENT CONSÉCUTIFS A L'ARRACHEMENT DU NERF facial ; par MM. Martin-Magron et Brown-Sêquard. Si après avoir mis à nu le nerf facial à sa sortie du trou stylo-mastoïdien, chez un lapin ou un cobaye vivant, on tire vivement sur ce nerf de façon à le déta- cher à son insertion encéphalique ou tout à côté, on voit, après un temps qui Tarie de deux à cinq minutes, l'animal tourner sur lui-même par un mouvement de manège. Cette rotation a lieu de gauche à droite si l'arrachement a été fait à gauche, et de droite à gauche si c'est le nerf facial droit qu'on a arraché. Le tournoiement est précédé en général par des mouvements convulsifs des yeux, des mâchoires et de la tète sur le tro.ic; on voit ensuite l'animal se replier sur lui-même en arc , et si fortement parfois que sa tète s'approche considérable- ment du train postérieur. L? concavité de cet arc existe du côté de l'arrache- ment. Il semble que tous les muscles longitudinaux de ce côté du corps soieut mis dans un violent état de contraction, contre lequel l'animal lutte vainement. On éprouve de grandes difficultés quand on veut redresser le tronc et le cou de l'animal. Quelquefois le mouvement de manège commence aussitôt après cette incurvation latérale; d'autres fois ce n'est qu'après s'être ainsi tenu plié pen- dant un instant que l'animal commence a tourner. Le mouvement circulaire est d'abord opéré sur place ; puis, au bout de quelques minutes, le cercle s'agrandit, et entin, après huit, dix, vingt ou trente minutes au plus, l'animal marche droit. Pendant tout le temps du tournoiement, il n'y a pas de trace de para- lysie dans aucune partie du corps, à l'exception, bien entendu, d'une moitié de la face. Lorsqu'en arrachant le nerf facial, il se déchire dans une portion de sou trajet dans le rocher, le tournoiement n'a pas lieu ; mais il a lieu lors même que le nerf n'a pas été détaché à son insertion, pourvu qu'il n'en reste qu'une trés-pe- tile portion adhérente au centre nerveux. Le plus sûr moyen de réussir eu faisant celte expérience est d'agrandir le trou stylo-mastoïdien, et d'arracher le nerf après l'avoir saisi dans cette ouverture même. Chez les cochons d'Iude, dans de pareilles conditions, l'expérience réussit toujours. L'expérience ne réussit pas chez les chiens ; quoi qu'on fasse, le nerf se déchire toujours dans son trajet auriculaire. En général, on réussit parfaitement chez les lapins. Quand, après avoir arraché le nerf facial d'un côté, on l'arrache de l'autre, quel que soit le temps écoulé entre les deux arrachements, une hpure, un jour et même huit mois, au lieu de voir l'aDimal exécuter un mouvement de manège, on lui voit faire un mouvement de rotation, de roulement, sur l'axe longitudinal de son corps. Pour faire comprendre ce que c'est que ce roulement, nous le considérerons comme composé de quatre mouvements ; l'animal tombe d'abord sur le côté du dernier arrachement; puis il se met sur le dos, tenant les jambe» 134 en l'air ; ensuite il tombe sur le côté du premier arrachement, et enfin il se re- place sur ses jambes. Tout aussitôt il recommence ces mouvements dans l'ordre indiqué. Ces mouvements sont très-rapides, et il n'existe pas d'intervalle entre eux. Pendant que l'animal roule, il s'éloigne du lieu cù il était d'abord, et dans la direction du côté du second arrachement. Kn général, après dix, quinze ou vingt minutes de roulement, l'animal finit par pouvoir se mettre sur ses jambes, et alors ordinairement il tourne sur lui-même comme après le premier arrache- ment, mais sur le côté du second. Si on l'excite vivement, ii se remet à rouler ; bientôt cependant, malgré les excitations les plus vives, il ne roule plus, et dé- crit, quand il veut 6e mouvoir, des cercles de plus en plus grands , jusqu'à ce qu'il arrive à marcher droit. Le roulement et le tournoiement qui le suit sont terminés le plus souvent en moins d'une demi-heure. Les auteurs de cette communication ne veulent pas se prononcer encore sur la cause des singuliers phénomènes cousécutifs à l'arrachement du nert facial ; il leur suffira ici de faire remarquer l'analogie de ces mouvements, d'une part, avec le résultat des piqûres du pédoncule cérébelleux moyen, signalé par M. Magendie, et d'une autre part avec les mouvements bizarres, mais réguliers dans leur désordre, qui suivent la section des canaux semi-circulaires, d'après ia découverte de M Flourens. En regard des analogies, il faut placer la différence notable que voici : le tournoiement et le roulement se montrent de suite, et per- sistent dans les expériences instaurées par M. Magendie et M. Fioorens, tan- dis qu'ils n'ont lieu qu'au bout de trois, quatre ou cinq minutes, et ue durent pas une demi-heure après l'arrachement du facial. Comme objets de comparaison, M. Brown-Séquard, montre à la Société, au nom de M. Martin-Magron et au sien, trois lapins, sur lesquels il a été fait une piqûre de ia moelle allongée, quelques lignes en avant du bec du calamus : ces animaux tournent sur eux-mêmes par un mouvement de manège, sur le côté opposé à celui de la piqûre. Ce tournoiement diffère essentiellement, pa\ sa direction, de celui qui suit l'exiitalion de la moelle allonge, produite par l'arrachement du nerf facial. Une autre différence capitale existe entre ces dern tournoiements; elle est relative à l'époque où commence le phénomène et à si durée : la piqûre flu plancher du quatrième ventricule, quelques lignes en avant, du bec du calamus, occasionne un tournoiement immédiat et qui dure autan. que la vie de l'animal (de deux à treize jours), excepté les moments où l'animal inarche 'entement et sans que rien ne le trouble. Plusieurs membres de la Société ont vu le tournoiement qui suit l'arrache ment du nerf facial, (i" septembre.) 2* CONTRACTION DE LA PEAU ET MOUVEMENTS VERMICUI.AtRES PU SCROTUM, SOCS l'influence de l'électro-magnétisme ; par M. Brown-Séquard. Tous les phvsiologistes s'accordent à dire que la contractilité du tissu, dont ie derme esi composé, ne peut être mise en jeu que par le froid ou par l'action 135 nerveuse* Celte opinion est surtout fondée sur ce que l'application du galv*. aisme au dartos n'a fourni à Jordan que des résultats négatifs. Il était intéres- sant de chercher si les appareils électro-magnétiques énergiques, qu'on possède aujourd'hui, seraient impuissants à exciter la conlractiliié du derme, soit au scrotum, soit ailleurs. Cela méritait d'autant plus d'être cherché que quelques auteurs, J. Mùller et Henle entre autres, s'appuient sur ce. que le galvanisme passe pour inhabile à produire des contractions daus les fibres du derme, pour en tirer la conclusion qu'une différence essentielle existe entre la conlractiliié de ce tissu et celle des muscles de la vie organique. D'après ces motifs, M. Brown-Séquard a cherché, à l'aide d'une machine électro-magnétique puissante, si des effets pouvaient être produits sur la peau. Ses expériences ont été laites sur l'homme et répétées fréquemment. Au scro- tum, la contraction du dartos a élé extrêmement vive; des plis profonds et nom- breux se sont montrés, ainsi que des mouvements vermiculaires ou ondula- toires très-rapides. A la peau des membres et particulièrement à la face dorsale de l'avanl-bras, qui a élé le plus souvent l'objet de ces expériences, on voit se produire le phénomène connu sous le nom de chair de poule : les poils se hé- rissent et leurs bulbes font saillie au dehors. Il est des individus chez lesquels l'action du galvanisme sur la peau des membres est très-peu prononcée ; chez d'autres, au contraire, et principalement, chose singulière ! chez quelques pa- ralytiques, elle a existé avec une telle intensité que toute la portion de peau étendue entre les points d'application de l'appareil magnéto-électrique, était couverte de petits mamelons constitués par les bulbes des poils. Dans les cas ordinaires, la chair de poule n'eiiste que dans un cercle peu considérable au- tour de chacun des points d'application des conducteurs. On voit quelquefois les poils se hérisser sans que leurs bulbes fassent une saillie manifeste. La contraction de la peau et celle du dartos possèdent, comme celle du tissu musculaire de la vie organique, le double caractère de ne survenir qu'un peu après le commencement de l'excitation, et de persévérer quelque temps après que l'excitation a cessé. Deux phénomènes curieux ont lieu en même temps que les contractions du dartos, quand on applique l'électro-magnétisme au scrotum; ce sont une sen- sation voluptueuse très-vive et l'érection du pénis. M. Brown-Séquard a fait, devant la Société, l'application de l'électro-magné- tisme à la peau de l'avatit-bras, sur un paralytique : la chair de poule s'est montrée d'une manière très-notable. (8 septembre.) 3» DES CARACTÈRES MICROSCOPIQUES DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES CANAUX ANNEXÉS A L'INTESTIN DES LARVES DE PLUSIEURS INSECTES; par M. J.-B. CHAUSSAT. En examinant au microscope la matière contenue dans ces conduits ch<-z la 136 larve du bombyc ru6t, à un grossissement considérable, j'ai distingué ur> juset grand nombre de cristaux octaédriques incolores, parfaitement transparents et do dimensions très-variées. Ces cristaux ne se dissolvent pas dans Peau comme le feraient des cristaux octaédriques de sel marin; et sous ce rapport, ils se comportent comme les cristaux d'oxalale de cbaux qu'on rencontre quelquefois dans l'urine de l'homme. Indépendamment de ces cristaux, ces mêmes conduits contiennent une ma- tière amorphe qui, traitée par l'acide acétique ou l'acide azotique étendu d'eau, est bientôt remplacée par de petits cristaux prismatiques et rhomboïdaux, trans- formation qui rappelle celle que présentent les urates des sédiments pulvérulents de l'urine de l'homme, traités par les mêmes acides. J'ai fait la même observation chez plusieurs autres espèces de larves. 4° SUR LES ALTÉRATIONS PATHOLOGIQUES QUI SUIVENT LA SECTION DU NERF sciatique ; par M. Brown-Séquard. On s'est fondé sur l'existence d'ulcérations et d'autres altérations patholo- giques qui surviennent après la section du nerf sciatique pour soutenir que l'absence de l'action nerveuse trouble considérablement la nutrition. Nous n'a- vons pas l'intention de mettre ici en question l'influence du système nerveux sur la nutrition ; nous voulons seulement montrer que les faits spéciaux relatifs au nerf sciatique n'ont aucune valeur. Voyons en effet ce qui se passe quand on a coupé le nerf sciatique, soit chez des grenouilles, soit chez des lapins et des cobayes. Quant aux grenouilles, lorsqu'on a soin d'éviter l'entrée de l'eau par la plaie sous la peau, en humectant l'animal, on ne voit survenir, après la section du nerf sciatique, aucune altération pathologique, à l'exception toutefois d'une lé- gère atrophie du membre paralysé. Chez les mammifères nous avons cherché si les altérations qu'on a signalées, D'élaient pas l'effet de la compression et du frottement des parties paralysées contre les corps durs. Henle a émis la supposition que ces altérations peuvent \ -ovenir en partie de ce que l'animal ne sentant plus les portions paralysées du i lemtire reste appuyé sur elles de façon à y gêner le cours du sang (A\at. gén., t. II, p. 248, note). Pour trouver ce qui en est à cet égard, nous avons coupé le nerf sciatique aussi haut que possible sur des cobayes et des lapins. Quelques- uns furent laissés libres dans un cabinet carrelé ; les autres furent enfermés dans une grande caisse dont le fond était recouvert d'une couche épaisse de son et de foin. En moins de quinze jours, il y avait déjà des altérations pathologi- ques notables chez les cobayes et les lapins libres; ils avaient tons perdu les ongles des doigts paralysés; l'extrémité du membre était tuméliée. les tissus mis à nu étaient rouges, engorgés et couverts de bourgeons charnus. Au bout d'un mois les allératious précédentes s'étaient augmentées et la nécrose était 137 survenue dans les os dénudés. Chez les animaux enfermés dans la caisse, au- cune de ces lésions n'eut lieu. Ce n'est donc pas le défaut d'action nerveuse qui est la cause de ces altérations, mais bien le frottement des parties paralysées contre un sol rugueux et dur. Quant à la supposition d'Henle relativement au rôle de la compression seule, elle est démentie par ces expériences, puisque la compression des parties paralysées a eu lieu sans produire d'effet nuisible chez les animaux tenus sur du son et du foin. Il faut, qu'il y ait compression et frot- tement contre des corps durs et rugueux pour que les altérations signalées se produisent. 5° CAS DE RÉGÉNÉRATION COMPLÈTE DU NEP.F SCIATIQCE ; parle même. La possibilité de la régénération des nerfs n'est plus à démontrer aujour- d'hui : les recherches de Fontana, de Haighto», de Tiedemann, de M. Flourens et de plusieurs autres physiologistes ne peuvent laisser de doute à cet égard. Mais dans la plupart, sinon dans tous les cas cités comme des preuves de la régénération, le retour de la sensibilité et de la motricité n'a pas été absolu- ment complet. Le fait suivant offre donc de l'intérêt, car il prouve la possibilité d'un retour intégral des facultés perdues après la section des nerfs. Le 15 août 1848 le nerf sciatique fut coupé sur un cochon d'Inde adulte, à la partie supérieure de la cuisse. Pour éviter les altérations pathologiques qui surviennent au membre paralysé en pareil cas, par suite des frottements contre des corps durs, cet animal fut mis dans une cage où il avait pour litière du son, du vieux linge, du coton et du foin. Un mois après l'opération il y avait déjà un commencement de retour de la sensibilité Deux mois après la sensibilité était augmentée, mais elle était bien moindre que dans l'autre membre postérieur; les muscles paralysés commen- çaient à obéir à la volonté. Six mois après la section, l'animal opérait assez bien les divers mouvements de la jambe et des doigts ; la sensibilité était reve- nue presque entièrement. A partir de ce moment jusqu'au mois de juillet de cette année, il regagna peu à peu ce qui lui manquait encore. Le retour de la sensibilité et de la motricité ne s'est donc accompli qu'au bout de onze mois. Cet animal a été montré a la Société dans la séance du 22 septembre ; on a con- staté que la sensibilité était également vive dans les deux membres postérieurs. Quant aux mouvements, on les a trouvés aussi complets, aussi énergiques dans le membre qui a été paralysé que dans l'autre. Ce cochon d'Inde fut tué quelques jours après. En coupant le tronc du nerf au-dessus de la réunion aussitôt après la mort de l'animal, on vil tous les mus- cles auxquels il se distribue se mouvoir vivement. M. Lebert a bien voulu faire avec M. Brown-Séquard l'examen du nerf. On trouva d'abord pour seule trace extérieure de l'opération des adhérences de libres musculaires avec le uévrilème. Si l'on n'avait pas eu soin de noter que !a 138 section était faite, an niveau de l'émission par le nerf seiatique, d'une grosse brancbe allant aux muscles de la cuisse, ii aurait été difficile de reconnaître le lieu delà réunion. En effet il n'y existait plus de renflement. On sait que tous les auteurs s'accordent à signaler comme constante l'existence d'un rendement là où les deux bouts d'un nerf coupé se réunissent; quelques-uns ont noté la disparition de ce renflement dans les cas de régénération nerveuse très-an- cienne.C'est ce qui aeulieiisuri'antinal 0|>éréparM. Brown-Séquard, l'existence du renflement ayant été constatée par lui il y a six mois. Des portious du nerf à l'endroit de la rejonction ont élé examinées avec soin et dans une étendue sutn- same; M.M.Leberl et Brown-Séquard vont reconnu des libres nerveuses parfai- tement normales. G" INFLUENCE DE I.'ÉLECTRO-MAGNÉTISME EX DE LA FOUDRE SUR LA DURÉE DE LA RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE ; par M. BliOW.Y-SÉQUARD. On sait que, suivant Hunier et Himly, la rigidité cadavérique n'a pas lieu chez les hommes et les animaux foudroyés. Plusieurs auteurs ont révoqué en doute l'exactitude de celte observation. Sommer dit avoir vu la rigidité survenir tout aussi promptement qu'à l'ordinaire chez un cbien tué par l'électricité. La plupart des médecins modernes qui ont écrit sur les signes de la mort déclarent que la rigidité ne manque jamais après la mort, et ils se servent de l'expérience de Sommer pour combattre Hunter. Nous allons montrer que celte expérience esi tout à fait insignifiante, et que les observations (ailes par Hunter et Himly doivent être très-exactes. On sait qu'en général plus la rigidité cadavérique tarde à se montrer, plus elle est énergique et plus elle dure de temps. Or si nous trouvons que l'électro- magnétisme appliqué à un animal qui va mourir agit sur lui de manière à ce qu'après sa mort la rigidité lui arrive d'autaril plus vite que le courant employé Sera plus énergique, on admettra aisément que la foudre, c'est-à-dire l'électricité atmosphérique en quantité énorme, fera arriver la rigidité encore beaucoup plus tôt que nous ne pouvons ic faire avec les appareils que nous possédons Si la rigidité arrive bien plus tôt sa durée devra être excessivement diminuée,- en conséquence, il pourra être impossible d'observer son existence chez les indi- vidus foudroyés. C'est ce qui sera rendu manifeste par les chiffres suivants ré- sultant d'expériences comparatives très-nombreuses. Nous enlevons le cœur sur cinq mammifères (lapina ou cobayes) de mêtriê espèce, de même âge et autant qu'on en peut juger de même force ; nous en laissons un de côté sans y toucher et nons soumettons les quatre autres au pas- sage d'un courant électromagnétique de force différente pour chacun des quatre animaux. Voici les curieux résultats qu'on obtient alors relativement à la rigidité cadavérique. Le premier animal ne devient rigide qu'au bout de dix heures: sa rigidité est excessivement énergique el dure huii jours. Les quatre animaux soumis à 139 Pélectro-magnélisme présentera les différences suivantes r !• celui qui a oïè soumis au courant le plus faible devient rigide au bout de sept heures, et sa rigidité dure six jours; 2" celui qui a reçu un courant uu peu plus fort, mais moins énergique que les courants employés sur les deux qui suivent, devient rigide au bout de deux heures, et sa rigidité dure (rot* jours; 3* celui qui a été soumis à un courant plus puissant que le second, mais moins fort que te courant appliqué au suivant, devient rigide au bout d'une keurt^et sa rigidité dure vingt heures ; 4° celui qui a été soumis au courant le nlus fort devient ri- gide en sept minutes, et sa rigidité ne dure que quinze minutes. Nous avons donc pour durée de la rigidité cadavérique dans ces cinq cas s i° Chez l'animal non dectrisé ... 8 jours ou 192 heures 2' Chez le premier animal élecirisé 6 — «>u 144 3° Chez te second — i — ou 72 — !i° Chez le troisième — 'M — 5° Chez le quatrième — 0,25 — Maintenant, si nous tenons compte de ceci que la durée de la rigidité cadavé- rique >e trouve, chez le troisième animal eleclrisé, quatre-vingt lois ce qu'elle est chez le quatrième, tandis que le courant n'a guère été que deux fois aussi fort dans le dernier cas que dans le précédent, n'est-il pas infiniment probable que l'action de la foudre, qui est considérablement supérieure à notre plus forte action électro-magnétique, devra réduire la rigidité cadavérique a une durée de quelques secondes au plus uu même d'une minime fraction de seconde? En outre, comme l'électro-magnélîsme en augmentant de force hâte d'autant plus l'apparition de la rigidité, a ce point qu'entre les deux derniers cas cités il y a la différence de sept à soixante minutes, ne doit-on pas admettre que la rigidité chez les individus foudroyés survient aussilôt après la mort? Les convulsions ou mieux la roideur tétaniforme, si prodigieusement fortes et si promptement ter- minées, que la foudre entendre, ne doivent-elles pas être suivies immédiate- ment par une rigidité très-faible et terminée incontinent? S'il en est ainsi, Hunier et Himly ont eu tort sans doute de dire que la rigidité n'a pas lieu chez les individus foudroyés ; mais leur observation n'en esi pas moins exacte : ils n'ont pas vu la rigidité et ils ne pouvaient pas la voir, puisqu'elle ne doit pas être observable. D'un autre côté, les auteurs qui ont nié la justesse de leurs observations se sont trompés aussi en affirmant que la rigidité devait exister, dans le cas en question, de manière à pouvoir être constatée comme après les autres cas de mort subite ou lente. Quant à l'expérience de Sommer, elle ne prouve rien, si ee n'est que les décharges électriques qu'il a employées étaient beaucoup moins puissantes que la foudre. De plus, si Sommer avait comparé la rigidité cadavérique du chien qu'il a tué par l'électricité avec la rigidité d'un chien tué par bémori hagie ou par asphyxie, il aurait vu qu'elle survient J;«n plus tôt chez le premier que chez le second, et il n'aurait pas dit que la rigi- 140 dite survient tout aussi promptement qu'à l'ordinaire chez un chien tué par l'électricité. Quel est le mode d'action de l'électro-magnélisme dans les expériences que nous avons rapportées? Dans une communication antérieure (Compte rendu de la Soc. de Biol., n° 3, mars I8û9), nous avons essayé de montrer que le galva- nisme agit sur la rigidité cadavérique, parce qu'il met les muscles en action et détermine conséquemment chez eux les changements chimiques qui accompa- gnent toute contraction musculaire. En effet, toute cause de contraction muscu- laire produit aussi secondairement le même effet qu»le galvanisme ou Péleclro- maguélisme sur la rigidité cadavérique. Ainsi la strychnine, la brucine, les acides minéraux et organiques, les poisons narcotiques, substances qui toutes donnent des convulsions, altèrent, par là même, les muscles de telle manière qu'après la mort la rigidité survient très-vite et dure peu. En outre, la rigidité survient d'autant plus vite, son énergie et sa durée sont d'autant plus dimi- nuées que les convulsions ont été plus fortes et plus multipliées. Malgré ces analogies on pourrait croire que l'électro magnétisme n'agit pas seu- lement comme excitateur de la contractilité musculaire. A ce sujet nous avons cherché si l'électro-magnétisme peut modilier la rigidité alors qu'elle existe et que, comme on lésait, la contractilité a disparu. Pendant plusieurs heures, nous avons fait passer un courant extrêmement énergique dans un membre rigide: la durée de la rigidité dans ce membre a été absolument la même que celle de l'autre membre correspondant du côté opposé chez le même animal. Ii y a donc tout lieu de croire que c'est en mettant en jeu l'irritabilité muscu- laire, comme le fait l'agent nerveux chez les animaux forcés à la chasse et chez les bestiaux surmenés, que l'électro-magnétisme active la venue de la rigidité cadavérique et la diminue en durée et en intensité. Plusieurs expériences ont été faites sous les yeux de la Société pour démon- trer les résultats signalés ci-dessus et d'autres encore. Ces expériences ont réussi complètement ; elles seront consignées dans le prochain compte rendu. III. — ANATOMIK. PATHOLOGIQUE. 1» TUMEUR DE LA MACHOIRE SUPÉRIEURE; par M. FOLLW. M. Foli.in montre deux os maxillaires supérieurs envahis, ainsi que la voûte palatine, par une tumeur dont la nature n'a pas été nettement déterminée. Le tissu morbide faisait saillie dans la cavité buccale, au niveau de la voûte pala- tine. De là il s'étendait dans les deux sinus maxillaires, qu'il remplissait entiè- rement. Les parois osseuses qui limitaient ce sinus n'étaient point altérées. La matière qui composait la tumeur était d'une consistance molle et d'une cou- leur jaunâtre. Elle n'a offert à l'observation microscopique que des globules mal délinis. L'homme qui présentait celle maladie a succombé au choiera. La itli disposition de la tumeur eût nécessité l'ablation des deux mâchoires. (8 sep- tembre.) 2' NOTE SUR UN SARCOCÈLE SYPHILITIQUE; par M. BLOT. M. Blot met sous les yeux de la Société des testicules syphilitiques pris sur un homme mort du choléra, et qui était atteint des accidents tertiaires delà sy- philis. On voit dans les deux testicules les vaisseaux séminifères remplacés, dans les deux tiers de ces organes , par une matière grisâtre, élastique , paraissant homogène, et qui, examinée au microscope, se montre entièrement formée par des éléments fusiformes de tissu fibro-plastique. M. Blot montre une planche représentant ces testicules. (15 septembre.) 3° CAS D'ALTÉRATION DE PLUSIEURS VERTÈBRES; par M. FOLLIN. M. Follin montre plusieurs vertèbres de la région lombaire dont le centre était marqué par une texture plus dense , par une coloration jaune, en un mot par tous les caractères qu'on a assignés à l'infiltration tuberculeuse. Néanmoins il n'a pas trouvé de globules tuberculeux dans la matière jaune qu'il a extraite des cellules osseuses. (29 septembre.) &* CANCER DES POUMONS, ABCÈS ET VAISSEAUX LYMPHATIQUES CANCÉREUX; par M. Lebert. Les pièces que nous allons décrire proviennent du corps d'un individu de 50 ans environ, qui a succombé à l'Hôtel-Dieu avec les symptômes de l'asthme et d'une gène extrême de la respiration, accompagnés d'un dépérissement ra- pide. Nous n'avons pas pu avoir de renseignements précis sur l'état de ce ma- lade pendant la vie , et ce n'est qu'accidentellement que notre attention a été portée sur ces altérations. A l'autopsie, nous avons trouvé une affection cancéreuse des poumons et des glandes bronchiques, avec existence de nombreux abcès dans ces poumons ma- lades. Les tumeurs cancéreuses étaient disséminées sous forme de masses molles, jaunâtres , pulpeuses , infiltrées de beaucoup de suc cancéreux, et entourées de tissu pulmonaire sain ou infiltré de pus. Leur volume variait entre celui d'un petit pois et celui d'une noix. La suppurarion établie autour et dans l'intérieur de ces masses encéplialoïdes donne à l'ensemble de la lésion une ressemblance prononcée avec les abcès métastatiques. Dans plusieurs eudroits de la surface des poumons, il existait des places arrondies du volume d'une pièce de 5 francs environ, dans lesquelles les réseaux de vaisseaux lymphatiques, remplis de matière cancéreuse , entourés et recouverts d'un trés-riche réseau de vais- seaux capillaires et de petites veines, font relief au-dessus de la surface du poumon. Les lymphatiques tranchaient sur les vaisseaux sanguins non-seulement par 162 leur toi nie blanchâtre, mais aussi par l'inégalité de leur calibre et par leur ir- radiation éloilée à leur circonférence. Le cancer des glandes bronchiques formait une infiltration d'un blanc jau- nâtre. Tous ces endroits affectés de cancer montraient à l'examen microscopique de for | belles cellules cancéreuses ; même à la surface interne des abcès cancé- reux, dans les vaisseaux lymphatiques des poumons seuls, la matière cancé- reuse était plus desséchée et plus granuleuse. Ce? cellules éuient généralement volumineuses , rondes ou irréguliéres; leur dimension moyenne variait entre 0mm,03 eiODm,0/j. Les cellules mères avaient 0mD>,06,et audrlà les noyauxavaienl en moyenne 0,"m,02, les plus petits 0""",0i; d'autres en avaient jusqu'à O'om^a. Par contre, ils étaient rond» ou ovoïdes. Dans quelques cellules, deux noyaux étaient soudés par leur milieu, et renfermaient généralement de grands nucléoles de 0D,U\003 à 0mn\004, atteignant même au maximum 0""",0t. Il est à remarquer qu'un certain nombre de c«s nucléoles étaient libres ou entourés de cellules sans noyaux, ou se trouvaient libres dans des cellules à noyaux à côté de celles-ci. Le tissu pulmonaire, infiltre de cancer, montrait très-bien au microscope les cel- lules entourées de la trame pulmonaire. Quant aux globules du pus de ces di- vers foyers, ifs étaient généralement petits, variant entre 0mœ,008 et 0rom,01. Beaucoup d'entre eux étaient dépourvus de noyau, et avaient tout à fait les ca- ractères des globules pyoïdes. Un certain nombre d'entre eux, et c'étaient les plus volumineux, ayant O'"'"^^ à 0n'm,02, avaient pris tout à fait les caractères des globules granuleux , transformation si bien décrite par M. Reinhard ( de Berlin). Ces abcès dans les poumons étaient de vrais abcès cancéreux, des tumeur* cancéreuses, supputées dans leur intérieur. Dans la même séance, M. Lebert montre, en outre des dessins des pièces dé- crites ci-dessus, ceux de véritables abcès métastatiques des poumons, et deux planches comparatives sur le cancer et les transformations cystoïdes muîtipfos des ovaires. (au septembre.) IV. PATHOLOGIE HOMAIJSF,. 1° SUR DES CAS D'HYDARTIIROSE DU GENOU PAR MÉTASTASE; par M. Y'ERNEUL. M. Vernecil communique quatre observations d'hydarthrose du genou déve- loppées par métastase à la suite de maladies du canal intestinal, caractérisées surtout par uu flux séreux considérable. Ces maladies ont été un cas de cholé- ririe iotense et trois cas de dyssenterie. Il insiste sur l'influence réciproque des deiu sécrétions, séreuse et intestinale. L'hydarthrosea paru dans la période de convalescence. M. Verneuil ne donne pas ces faits comme nouveaux au point de vue théori- que ; mais il n'a trouvé nulle part d'observations semblables. On a signalé les bydropisies des cavités splanchniques, le rliumatisme aigu, 143 comme suite ou complication dans les cas indiqués ; mais on n'a pas parlé de ces hydarthroses si bien isolées, sans anasarque et sans sutbision séreuse, dans d'autres cavités. Cette maladie s'annonce plutôt par «ne grande faiblesse dans ta marche que par de la douleur locale. L'a douleur est même généralement assez faible pour que Phydarlhrose puisse passer inaperçue. Le traitement doit être en général simple, malgré l'iufluence incontestable de la sécrétion des intestins sur l'atleclion articulaire. L'existence de la maladie viscérale empêche de recourir aux purgalifs Si les émo lients ou les résolutifs locaux ne réussissent pas, la ponction combinée avec la compression, récemment remises en honneur par les chirurgiens de la Clinique (MM. Richet et Sappey), semblaient très-applicable. (1er septembre.) 2° DE L'INFLUENCE DU CHOLÉRA SUR LA GROSSESSE; par M. BOUCHUT. Ce travail a été lu dans la séance du 1" septembre ; il fait partie des mémoires de la Société. 3° du bouton d'aléa ; par M. Jilt. Dans la séance du 1" septembre, M. Bayer donne lecture de l'extrait suivant d'une lettre de M. Jilt au docteur Thompson, extrait communiqué par ce dernier à M. Rayer : « On croit que les naturels (d'Alep) et les étrangers doivent celte maladie à la grande quantité de matières végétales que contient l'eau de la ville et celle du vobinage; mai3, pour moi, je pense que c'est le solgypseux qui donne à l'eau son action malfaisante. Cette eau est fort déplaisante, si l'on n'a pas eu soin de la bien tîltrer. La matière de l'abcès a une odeur très-désagréable. Le boulon d'Alep se montre en général sur les extrémités, la face eu le nez ; il dure envi- ron un an, puis disparaît de lui-même, laissant une cicatrice difforme. Les re- mèdes ne font pas cesser et n'amendent même pas le boulon d'Alep ; bien plus, ils l'aggravent, suivant les naturels. On le laisse paisiblement parcourir sa car- rière, en se contentant d'un pansement simple. D'après mes observations, ce sorties individus atteints déjà d'une dialhèse strumeuse ou scrofuleuse qui en sont frappés. Le sexe féminin est favorable à la maladie. Contrairement à ce qu'on croit ici, je me suis assuré qu'on peut traiter avec succès le boulon d'Alep, et cela à l'aide des acides minéraux et de ia salsepareille. Dans quelque» mois, j'émettrai une opinion plus positive. » 4« NÉPHRITE INTERMITTENTE; par M. DEFER. M. Rayer communique une observation de M. Del'er, médecin de l'hôpital de Metz. L'auteur considère ce cas comme un exemple de néphrite intermittente. Le malade habite un pays ou règne quelquefois la lièvre intermittente. Depuis six jours les accidents se montraient régulièrement sous la forme d'accès quoti- m diens, caractérisés par un frisson violent, suivi d'une douleur assez vive dans la région des reins, douleur qui se propageait aux aines et à la vessie. Après cinq quarts d'heure de durée,, l'accès se terminait par l'émission d'une petite quan- tité d'urine épaisse et sanguinolente. Ces accès ont cessé sous l'influence du sulfate de quinine. M. Rayer rappelle que M. Elliotson a vu, chez une jeune personne qui avait eu antérieurement une lièvre d'accès, une hématurie intermittente guérie par le sulfate de quinine. Le docteur Gergeres a cité un cas analogue. A celte occasion, M. Lallemand dit qu'il a vu plusieurs fois une ophlhalmie intermittente associée à des accès de bèvre. (8 septembre.) 5° LUXATION SPONTANÉE DES DEUX FÉMURS CHEZ UNE FEMME ; par MM. FOLUN et Tailhé. M. Follin communique, au nom de M. Tailhé et au sien, un cas remarquable de luxation spontanée du fémur existant des deux côtés. La femme qui offre cette singulière affection est âgée de bl ans et malade depuis quinze mois. Vers celle époque, elle éprouva de la douleur dans le genou gauche avec gonflement. Cette douleur et ce gonflement se propagèrent bientôt au pied, à la hanche, puis à toutes les articulations du membre inférieur droit. Elle resta chez elle dans cet étal pendant un mois ou six semaines sans pouvoir marcher; quelques jours après elle put reprendre ses occupations, qu'elle ne quitta qu'au 1" octobre dernier, époque où elle entra à l'Hôtel-Dieu. Dans ce moment la hanche gauche surtout et la cuisse étaient très-volumineuses et le siège de douleurs vives. Le membre droit n'était pas malade. Lorsque le gonfle- ment fut dissipé à gauche, on reconnut que ce membre offrait un raccourcisse- ment de 6 cenlim. Une bottine dont le talon avait cette longueur fut donnée à celte malade. Dès le mois de janvier, c'est-à-dire trois mois après son entrée, elle put marcher sans trop de difficulté. Sortie de f Hôtel-Dieu dans le mois de juin, elle vaquait à ses occupations lorsqu'un mois après, sans cause connue, elle s'affaissa sur elle-même; elle voulut continuer son chemin, mais elle tom- bait à chaque pas. Transportée à sa demeure, elle fut aussitôt conduite à l'hô- pital de la Charité. Le raccourcissement de la jambe gauche n'est plus quede 2 c, de l'épine ilia- que antérieure et supérieure aux malléoles ; on remarque un peu d'empâtement dans les parties molles de la hanche droite seulement, avec des douleurs peu intenses. Les parties molles de la hanche gauche n'offrent rien de particulier ; les grands trochanters sont dans une position bien plus élevée que dans l'état normal , le gauche surtout qui est sur un plan supérieur à l'épine iliaque anté- rieure et supérieure, les deux membres sont légèrement déviés en dehors, et la pointe des pieds affecte cette direction. Lorsqu'on maintient le bassin immobile et qu'on exerce des tractions sur les membres inférieurs, ceux-ci augmentent 145 en longueur de k ou 5 centim. Lorsque la malade fait exécuter des mouve- ments de flexion et d'extension au membre gauche, on entend un bruit de frot- tement rude vers la fosse iliaque externe. La malade ne peut se tenir debout sans appui ; elle ne peut marcher sans béquilles ; elle s'aperçoit à peine en mar- chant de la ditlërence de longueur des deux membres. La rareté des faits analogues, l'obscurité qui courre leur étiologie, rendent l'observation précédente digne d'attention. Y a-t-il eu là luxation primitive ? ou bien la sortie de la tête n'a-t-elle été que consécutive à une usure du bord co- tyloidien ? Ce sont là des opinions que l'autopsie seule pourrait rendre certaines. (29 septembre.) V. —TÉRATOLOGIE. Ie ANATOMIE D'DN VEAU BICEPHALE. (Suite.) — OSTÉOLOCIE ; par MM. RAYER et Cl. Bernard. 1<> Dans la tête la plus complète (droite). Les os maxillaires supérieurs sont bien développés, mais ils présentent une sorte de distorsion qui coïncide avec une incurvation de la face vers la tête voi- sine, de telle façon que l'os maxillaire droit présente sa face externe convexe, tandis que le même os du côté gauche présente sa face externe concave. Les os propres du nez bien développés présentent une distorsion analogue à celle des maxillaires supérieurs. Les os intermaxillaires normalement conformés et développés. Les os palatins sont bien développés, excepté dans la portion horizontale qui est absente. Cet arrêt de développement existe aussi dans la portion horizontale des deux maxillaires supérieurs; d'où il suit que la voûte palatine manque et qu'il y a communication libre entre les cavités buccale et nasale. Le vomer existe en vestige vers son insertion sphénoïdale. Il manque entière- ment dans le reste de son étendue. Il n'y a par conséquent pas de cloison des fosses nasales, excepté un vestige à la partie supérieure qui suit la courbure que lui imprime la conformation des os maxillaires supérieurs. Vethmoide n'ofl're rien de remarquable ; il parait normalement développé. Les os unguis et malaires existent avec leur forme et leur développement or- dinaires. L'os maxillaire inférieur est bien formé et supporte les dents qu'on remar- que chez les veaux de cet âge ; toutefois cet os oil're une distorsion dans son corps qui est en harmonie avec l'inclinaison à gauche que présente la face du veau. Le sphénoïde, par sa portion antérieure, s'articule avec le frontal. On yremar- queles deux trous optiques comme à l'ordinaire. Dans sa partie postérieure bien développée, on voit également les deux trous ovales pour le passage des nerfs 149 maxillaires inférieurs. Les apophyses ptérygoïdes sont également développées et bien conformées. Les os tamporaux- L'os temporal droit présente une disposition normale, et il correspond au côté libre de la tête. L'os temporal gauche correspond au point de soudure des deux tètes et offre par suite des particularités à noter. Cet os est resté libre dans sa portion écailleuse, taudis que sa portion pierreuse est com- plètement soudée avec la portion pierreuse du temporal de la tête voisine. La fusion des deux rochers est de telle façon qu'il y a deux oreilles internes, deux conduits auditifs internes, mais une seule oreille moyenne, ou caisse du tympan avec une seule chaîne d'osselets de l'ouïe, une seule membraue tympa- nique et un seul conduit auditif pxterne. Les arcades zygomaliques sont normalement développées. L'oj occipital étant situé en arrière du point de jonction des deux têtes existe unique et est commun aux deux têtes. Sa portion basilaire se bifurque en avant pour s'articuler du côté droit avec le sphénoïde de la grosse tète, et du côte gauche avec le sphénoïde de la tête plus petite. Au point où cette bifurcation s'effectue, on remarque une espèce d'éperon formé par un prolongement de la gouttière basilaire elle-même, qui vient se souder à la masse des deux rochers unis. Les condyles articulaires de l'occipital sont simples et circouscrivent un seul trou occipital commun aux deux cavités encéphaliques. L'os frontal^ régulièrement développé, est formé de deux pièces pouvant se désarticuler sur la ligne médiane. La fontanelle fronto-pariétale supérieure n'est pas encore ossitiée. Les pariétaux, soudés sur la ligne médiane, se prolongent sur les côtés entre te frontal et le temporal. Ils n'offrent rien de remarquable. 2" Tête incomplète (gauche). Toute la partie crânienne de cette tête étant soudée svec sa voisine a dû être décrite en même temps. Les particularités à signaler ne sont point relatives aux os du crâne, qui sont bien développés, mais à ceux de la face qui ont subi un arrêt de développement beaucoup plus marqué que ceux de la tête droite. Les os maxillaires supérieurs sont peu et inégalement développés. Celui du côté gauche, plus volumineux, est convexe en dehors, tandis que le maxillaire droit est convexe en dedans. Celte déformation coïncide avec une distorsion de la tète vers sa voisine. Les arcades dentaires des os maxillaires supérieurs sont infléchies et recour- bées l'une vers l'autre, de façon que les dents se regardent par leurs faces in- férieures. La voûte palatine manque absolument. Les o.'. palatins sont absents. Les oj un yu ù, les o* propre» du net existent, mais peu développés. 1Û7 Le sphénoïde est déreloppé dans la portion antérieure, où on voit les deux trous optiques. Mais la partie postérieure est incomplètement développée. 11 n'existe pas d'apophyses ptérigoïdes et le trou ovale manque des deux côtés. L'o* maxillaire inférieur manque complètement, et par conséquent aussi les muscles, d'où absence consécutive d'apophyse pterigoïde. Les arcades zygomatiques étaient rudimentaires. 2* DE L'EXISTENCE DU SPHINCTER INFÉRIKUR DANS ON CAS D'ANUS IMPERFORÉ: par M. Blot. M. Blot montre à îa Société un anus anormal, pris sur an enfaul nouveau-né, mort d'érysipèle. Cet anus siégeait au niveau de la partie moyenne du raphé du scrotum. On voit très-distinctement sur cette pièce, à la partie inférieure du rectum, là où aurait dû exister l'anus, un anneau musculaire qui n'est autre que le sphincter inférieur, il était important de démontrer formellement l'exis- tence de cette disposition, car si elle se retrouvait dans tous ou dans plusieurs des cas analogues, on pourrait avec plus de confiance pratiquer un anus arts- fieiel là où devrait exister l'anus naturel, puisque l'opéré aurait la chance de n'être pas soumis à l'aifreuse infirmité qui consiste dans l'incontinence des matières fécales. (!•' septembre.) 3° CAS DE POLYDACTYLIB CHEZ DP» TRITON ; par M. RAYER. M. Rayer montre un triton présentant un exemple de polydactylie aux mem- bres antérieurs. A cette occasion, M. Brown-Séquard rappelle qu'il a montré à la Société, l'an dernier, une grenouille verte ayant six doigt aux membres postérieurs au lieu de cinq. Il a rencontré plusieurs fois la même monstruosité. VI. — PATHOLOGIE COMPARÉE. 1» granulations sdr la moule comestirle (mytilu$ edwlis. Lamark) î par M. J.-B. Chaussât. Il reste encore beaucoup d'incertitudes sur la cause des accidents qu'on ob- serve quelquefois après l'ingestion des moules. Il importe donc d'étudier avec soin toutes les altérations, toutes les anomalies qu'elles peuvent présenter. M. Chaussât, en examinant ut? assez grand nombre de ces mollusques, a ren- contré environ une fois sur trente de petites granulations à leur surface. 5* SDR DN TUBERCULE PERLIFORHE SAILLANT A LA FACE INTERNE DE LA VALVE supérieure d'une huître [ostrea edulis) ; par M. Rayer. Les couches calcaires superposées qui forment ce tubercule ont, à la coupe, un aspect vitreux, et sont beaucoup plus denses que celles des autres parties 148 de la coquille. Ce tubercule a le volume d'un grain de raisin. M. Rayer rappelle qu'Audouin, dans ses Observations pour servir a l'uistoire des perles, a figuré un exemple remarquable de cette altération assez rare de la coquille de l'huître. 3" DÉVIATION DES VERTÈBRES CAUDALES, CHEZ UNE LOCHE DE RIVIKRE (cobittS tCBTlia. Linné; ; par le même. M. Rayer met sous les yeux des membres de la Société une loche de rivière (cobiti* tenta, Linné), dont les huit dernières vertèbres caudales, au lieu d'être disposées en ligne droite, forment avec celles qui les précèdent une courbure, presque à angle droit. Le corps de plusieurs de ces vertèbres parait gonflé. "Les chairs soulevées par elles formaient une petite tumeur en avant de !a na- geoire caudale. Cette déviation des vertèbres a été probablement le résultat de quelque violence extérieure, bien qu'il n'en reste aucune trace à la peau. M. Rayer rappelle que, dans ses Observations sur les maladies des pois- sons, il a rapporté plusieurs exemples de déviation de la colonne vertébrale, observés sur des perches ou sur des brèmes. Linné a décrit des perches et de9 brèmes bossues ; le prince Charles Bonaparte a fait mention d'une carpe bossve, et Ûloch dit qu'on trouve des sandres dont l'épine du dos va en serpentant. VII. — BOTANIQUE. TRANSFORMATION DE FLEURS fEmf.LLES EN FLEURS MALES ; par H. LF3ERT. M. Lebert montre des épis de Heurs mâles du maïs, au milieu desquels se trouvent plusieurs fleurs qui portent une graine parfaitement développée et mûre. Cette transformation pistillaire, ou transformation des fleurs mâles en fleurs femelles, a déjà été vue parTurpin, mais avec quelques particularités dans la distribution des fleurs sur l'axe de l'épi, qui ne se retrouvent pas dans le cas de M Lebert. M. Montagne dit qu'il a plusieurs fois rencontré ce fait intéressant. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'OCTOBRE 18/j9 ; PAR M. le Docteur BROWN-SÉQUARD , secrétaire. Présidence de M. RAYER. !.— ANATOMIE NORMALE. 1" SCR L'EXISTENCE DE DEUX ESPÈCES NOUVELLES D'ÉLÉMENTS ANATOM1QUES QDI SE TROUVENT DANS LE CANAL MÉDULLAIRE DES OS; par M. CH. ROBIN. 1° Il existe dans tous les os courts, plats ou longs, outre les cellules adi- peuses, les vaisseaux et de la matière amorphe finement, granuleuse, uDe es- pèce particulière de cellules, qu'on peut appeler cellules médullaires parce qu'elles sont propres au tissu médullaire des os. Ces cellules sont sphériques ou un peu polyédriques; elles ont un diamètre de 0mm, 015 à 0mm,0l&; elles 150 sont transparentes, à bords nets ; elles renferment toutes un noyau sphérique, régulier, transparent, à bords très-nets, en général assez foncés. Il a un dia- mètre de 0""n,006 à 0m™,007. Entre le noyau et la cellule existent des granula- tions moléculaires dont la quantité varie, mais qui sont constantes et sont plus abondantes autour du noyau que dans le reste de l'étendue de la cellule. Ces cellules sont plus abondantes chez les jeunes sujets que chez les adultes; chez les premiers, elles forment presque a elles seules avec les vaisseaux la moelle des os, qui jusqu'à la tin de la grossesse ne renferme que fort peu de cellules adipeuses. 2° On trouve dans les os longs et aussi dans les os courts, mais en quantité moindre, une autre espèce d'éléments anatomiques qui sont plus importants à counaîlre que les précédents, parce qu'ils constituent quelquefois à eux seuls certaines tumeurs des os. Quelques tumeurs des os, considérées par les patno- logistes comme du cancer, renferment non des cellules cancéreuses., mais un élément spécial, caractérisé par de grandes plaques ou lamelles aplaties, tantôt polygonales, tantôt irrégulièrement sphériques, ayant au moins 0rom,050 à 0"",,080 de diamètre. Ces plaques sont finement granuleuses et sont remar- quables par les noyaux, au nombre de six à dix, qui sont contenus dans l'épais- seur des plaques et leur donnent uu cachet tout spécial. Ces noyaux ont on"",009 de longueur sur 0mm, 005 de large; ils sont ovoïdes et contiennent un ou deux nucléoles, accompagnés de petites granulations moléculaires. J'ai eu l'occasion de voir plusieurs tumeurs de ce genre qui, dans un cas, avait déterminé un apina-ventosa du tibia et en avait distendu et aminci considérablement la sub- stance osseuse et avait fini par faire issue au dehors. M. I.ebert possède égale- ment des dessins de tumeurs formées des mêmes éléments que je viens de dé- crire. M. le docteur Vosse de Christiania a observé une tumeur des métatar- siens qui était formée de ces éléments dont il m'a montré un dessin. Les faits que je veux ajouter aux précédents, c'est que ces éléments sont des éléments normaux du tissu médullaire des os, qu'on y trouve sans qu'il y ait alTection de ces organes. On les trouve surtout à la surface de la moelle, entre elle et la face interne du canal. Ils sont beaucoup moins nombreux que les cel- lules précédemment décrites et que les cellules adipeuses. Ils sont aussi plu» abondants dans les os des jeunes sujets que chez ceux des adultes et des vieil- lards. On les trouve de même que les premières dans les os de tous les mammi- fères domestiques. C'est donc par formation locale en grande abondance de ces plaques ou lamelles que sont formées les tumeurs de la nature de celles où cet élément a été observé d'abord avant d'être étudié à l'état normal. (20 octobre.) 2° sur l'os thyro-hïoïoiev des batraciens anoures; par M Davaine. On sait qu'uu des buts principaux de Panalomie comparée est de rechercher ei d'étudier toutes les modifications qu'un appareil ou qu'un organe déterminé loi peul éprouver dans lu série des animaux qui en soui pourvus. Cette étude offre des difficultés sérieuses qui naissent de vaiielés considérables qu'un même organe peut présenter, non-seulement Uans sa l'orme et dans ses rapports, mais encore daus le nombre variable des éléments qui peuvent le composer. Il est un autre genre de difficultés non moins réelles, mais dont on ne s'est pas, je crois, aussi généralement préoccupé: je veux parler des difficultés qui nnis^eni nécessairement toutes les fois que, par suite d'une sorte de fusion, un os et un cartilage, par exemple, se trouvent remplacés, chez un animal, par une pièce unique, osseuse ou cartilagineuse. Je m'explique: il existe chez les grenouilles et chez les autres batraciens anoures un os-cartilage, que l'on désigne dans les traités (i'diiaiomie comparée sous le nom d'os hyoïde. Or je me propose d'éta- blir, dans cette note, que cet os-cartilage, dont je présente plusieurs prépara- tions à la Société, correspond par ses usages, par sa conformation, par les muscles qui s'y insèrent, won pas à l'os hyoïde seulement, mais bien à la fois à l'os hyoïde et au cartilage thyroïde des mammifères. Sans m'arrèter aux inductions que l'on pourrait peut-être trouver dans la structure de celte plaque ostéo-cartilagineuse, je commencerai par rappeler succinctement les analogies de cet organe avec l'os hyoïde des mammifères; analogies tellement nombreuses et incontestables qu'il a toujours été considéré et décrit exclusivement comme os hyoïde chez les batraciens. Placé au devant du col, en arrière de la langue, cet organe présente anté- rieurement deux apophyses longues et grêles (apophyses styloïdiennes) quî vont se tixer à la base du crâne; il donne insertion à des muscles nombreux, qui, soit inédialemeRl, soit immédiatement, concourent aux mouvements divers de la langue; ce sont : pour chaque côté, un géni-hyoïdien, deux ou trois stylo- byoîdiens (suivant les espèces), un mylo-byoïdien, dont une portion, dans le cra- paud commun, s'insère à la corne styloïdienne. Ces muscles portent cette plaque ostéo-cartilagineuse en haut et en avant. Ce sont, en outre, un omo-hyoïdien, un sterno-pubio-hyoïdien qui, dans quelques espèces, comme le crapaud et la rainette, forme deux muscles distincts ; ils portent cette. plaque en arrière ou sur les côtés. Enfin un muscle hyo-glosse puissant s'y insère et achève de dé- montrer que, comme l'os hyoïde chez les mammifères, cet organe forme eu quelque sorte le squelette de l'appareil lingual, et qu'il doit être considéré comme l'os hyoïde des batraciens anoures. Mais, d'un autre côté, si l'on examine l'appareil respiratoire de la grenouille, on trouve à l'entrée de cet appareil un organe vocal, un larynx qui offre de grandes analogies avec ceiui des mammifères. D'abord, en avant des poumons, un anueau plus ou moins compliqué est l'analogue du cartilage cricoïde. Cet anneau supporte deux cartilages mobiles qui, par leurs mouvements, ouvrent ou ferment la glotte. Ils sont surmontés d'un petit cartilage coruiculé et donnent attache à un ruban ou corde vocale dont les vibrations produisent la voix des grenouilles. Ces cartilages, do:;i 152 l'analogie avec les cartilages arylénoïdes de l'homme ne peut êlre méconnue ; ils ont été considérés connue des arylénoïdes par tous les analomisles et en ont reçu le nom. Pour achever la série des analogues entre le larynx des batraciens anoures et celui des mammifères, il manque le cartilage thyroïde. Mais faisons abstrac- tion pour un instant des fonctions de l'hyoïde par rapport à la langue, et consi- dérons seulement ses rapports avec le larynx ; alors nous voyons tout d'abord qu'il forme au devant de cet organe une plaque terminée par deux cornes pos- térieures (cornes thyroïdiennes), dans l'écartement desquelles est logé le la- rynx. L'extrémité libre de ces cornes s'articule avec le cricoïde de la même manière que les petites cornes du cartilage thyroïde dans les mammifères; de plus une membrane analogue à la thyro-cricoïdienne achève dans toute l'éten- due du bord postérieur de la plaque hyoïdienne les moyens d'union de ces deux organes. Là ne se bornent pas les fonctions de celle plaque par rapport au la- rynx : trois muscles ou paires de muscles servent aux mouvements de cet or- gane. Le premier, situé à la face postérieure ou supérieure du larynx, prend son insertion au sommet de la corne thyroïdienne de l'hyoïde, et, se portant en dedans, va s'insérer au bord libre de l'aryténoïde ; en se contractant, il ouvre la glotte. Le second, placé en avant de celui-ci, s'insère également à la corne de l'hyoïde, auprès du précédent ; il contourne le larynx en avant, s'insère en par- tie au cartilage arylénoïdien et confond le reste de ses fibres avec ses analogues du côté opposé. Ce muscle ferme l'orifice de la glotte- Le troisième de ces muscles, placé entre les précédents et le cartilage arylénoïde, s'insère en avant à la base de la corne thyroïdienne de l'hyoïde, et en arrière à l'arc dorsal du cartilage cricoïde en confondant ses fibres avec ses analogues de l'autre côté. 11 peut fermer la glotte et présenter la base des arylénoïdiens en face de i'infun- dibulum où s'abouchent les poumons. Ainsi, dans les batraciens anoures, la plaque que l'on a désignée sous le nom d'os hyoïde ne se borne pas à supporter le larynx, mais elle forme une pièce principale, essentielle dans la constitution de cet organe. Non-seulement elle s'articule avec le cricoïde, mais elle donne attache aux muscles qui font mou- voir ce cartilage et à ceux qui ouvrent et ferment la glotte. Il est inutile de rap- peler ici que dans l'homme et les mammifères, c'est là la fonction principale du cartilage thyroïde. De cet exposé, il résulte que la plaque hyoïdienne des batraciens, indépen- damment de ces rapports avec la langue, forme une partie essentielle du larynx de ces animaux, qu'elle remplit chez eux la fonction dévolue au cartilage thy- roïde chez les mammifères. Il faut donc admettre que la plaque hyoïdienne des batraciens anoures qui présente les caractères d'un cartilage, thyroïde d'une part, d'un os hyoïde d'une autre part, est une sorle de fusion de ces deux or- ganes, que c'est en un mot un os (hyro-hyoidien. (20 octobre.) 163 3° SUR LA CONFOllMATION PARTICULIÈRE DU CRANE ET DU CERVEAU CHEZ LES POULES huppées; par MM. Rayer et Lebret. M. Lebret lit, an nom de M. Rayer et au sien, une note détaillée sur ce sujet. Après aveir consigné les observations des anatomistes et des physiologistes qae cette singulière disposition avait frappés, il met sous les yeux de la Société plusieurs pièces fraîches et des crânes de poules ou de coqs huppés, sur les- quels on constate : 1° Une projection prononcée en avant, avec soulèvement des os frontaux ; 2° Un arrêt de développement dans l'ossification de ces mêmes os ; 3* Un intervalle existlant entre les hémisphères et les tubercules quadriju- meaux, intervalle qui n'existe pas dans l'encéphale des poules non huppées. Les auteurs de cette note insistent enfin sur la remarque qu'ils ont faite du passage des vaisseaux provenant des parties molles situées au-dessous de la huppe, et traversant la partie restée membraneuse ou non entièrement ossifiée des os frontaux pour se rendre dans les sinus veineux encéphaliques; une large communication existe aussi, sur un crâne de coq présenté, entre les veines cé- rébrales, dites de Oalien, et les veines extérieures du péricrâne et de la huppe. II. — PHYSIOLOGIE. 1e SDR LA MUTABILITÉ DE LA COLORATION DES RAINETTES; par M. DaVAINE. « Je viens mettre sous les yeux de la Société une rainette verte {hyla arborea)) qui m'a oflert, depuis huit ou dix jours, plusieurs variations succes- sives de couleur. Lorsqu'elle me fut apportée, le 27 septembre, elle présentait la coloration verle ordinaire aux batraciens de cette espèce. Je la mis dans un Docal avec une autre rainette verte. »Le lendemain, la première de ces deux rainettes était complètement noire sur toutes les parties qui la veille présentaient une teinte verte. La coloration noire persista jusqu'au 1« octobre, jour où je l'apportai dans le laboratoire de M. Rayer. Le 2, elle présenta de nouveau une teinte uniformément verte, mais un peu foncée. Le 3, elle était redevenue noire. Le û, elle conservait la même teinte, mais les pattes et le ventre étaient d'un jaune safraué très-prononcé. Aujourd'hui 6, les pattes et le ventre sont d'une couleur à peu près normale, mais le dos et la tète présentent, sur un fond noir, un pointillé vert et blanc. Cette rainette est restée constamment avec l'autre dont j'ai fait mention et qui n'a jamais présenté de changement dans la coloration d'aucune de ses parties. » On sait que MM. Dumérilet Bibron, Dugès et Gervais, ont mentionné ce singulier phénomène de la mutabilité de la coloration des rainettes. Tout ré- 154 cernaient (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1848), M. Pouchet * donné de ce phénomène une explication, qui rappelle celle de M. Hilne-Edwards relativement aux variations de couleur si connues du caméléon. Suivant M. Pou- chet, la peau des rainettes offre quatre couches distinctes : l'épiderme, une coucbe colorante superlicielle d'où dérive la coloration verte de l'animal, une cou- che colorante profonde, plus épaisse, noirâtre, composée de houppes pénicillifor- mes, et enfin le derme. Les changements de couleur dépendraient de l'expansion vers la surface de la peau des houppes colorées de pigment noir, tandis que la teinte verte resterait normale ou deviendrait plus prononcée par suite du retrait des houppes de ce pigment noir et profond. » Quelque ingénieuse que soit cette explication , il ne serait pas impossi- ble que ces changements dépendissent de simples modifications de la lumière à la surface de la peau. Au moins l'existence des deux pigments admis par M. Pouchet (le pigment superficiel vert et le pigment profond noir) ne peut rendre compte de certaines colorations observées chez les rainettes, et en particulier de la coloration jaune mentionnée par Dugès; car le jaune est une couleur primitive, qui ne peut naître du mélange plu* ou moins complet du pigment noir et du pigment vert. » Je me propose d'examiner, à divers grossissements au microscope, des cou- ches minces de la peau de ces grenouilles, dans le but d'y rechercher les dis- positions pigmentaires signalées par M. Pouchet, et dout aucun anatomiste, à ma connaissance, n'a fait mention depuis. n (6 octobre.) 2» SUa LA MORT PAR LA FOODRE ET PAR L'ÉLECTRO-MAGNÉTISME ; par M. Brown-Séqcard. On s'étonne de ne pas rencontrer, eu général, chez les individus foudroyés, des lésions qui expliquent la mort, et l'on se demande comment tue la foudre. 11 est facile de résoudre cette question. Toute cause d'excitation des forces ner- veuse, musculaire, etc., agit de façon à diminuer d'autant plus la quantité de ces forces qui se trouve à un moment donné chez un individu, que l'excitation est plus énergique. Tous les faits connus démontrent l'exactitude de cette loi. Il en ressort que la foudre, en tant que cause d'excitation extrêmement puis- sante, déterminera la dépense de toute la quantité des forces nerveuse, muscu- laire, etc., chez les individus qu'elle frappera. Ces forces anéanties, on com- prend parfaitement que la vie doive cesser aussitôt, puisque aucun des actes vitaux de quHque importance ne saurait s'accomplir en l'absence de ces forces. Ainsi donc, la foudre lue en épuisant toute la quantité des forces dynamiques que possède l'économie animale. On s'explique ainsi très-facilement l'absence de lésion visible dans les organes : il n'en est pas besoin pour tuer, il suflitd* l'anéantissement des forces. 155 Peul-il se faire cependant que, dans certains cas, la foudre lue d'une autre manière? Assurément le fait est possible : je ne veux pas parler ici des acci- dents qui peuvent avoir lieu chez un individu renversé par la foudre et qui n'au- rait pas été tué si, dans sa chute, il ne s'était fait une blessure mortelle. J'en- tends parler des cas où de faibles décharges de fluide électrique atmosphérique viendraient atteindre successivement un individu. Dans ce cas, la mort aurait lieu par asphyxie, comme elle a lieu, en général, chez les animaux qu'on tue par le galvanisme ou l'électricité. Tous les muscles du corps, respirateurs et au- tres , entrent en contraction , il devient impossible à l'individu (homme ou animal) de faire des mouvements respiratoires, et l'asphyxie s'opère complè- tement. Dans ce cas, on constatera à l'autopsie toutes les traces de l'asphyxie. Bien que cette manière d'agir de la foudre doive être très-rare, on conçoit qu'elle est possible. Les hommes tués ainsi devront présenter une rigidité cadavérique très-reconnaissable, survenue quelques minutes après la mort, mais qui sera peu énergique et durera bien moins d'une heure. De plus, la putréfaction, qui survient si vite d'ordinaire chez les individus foudroyés, tardera un peu plus à ; se montrer dans le cas particulier qui nous occupe A l'appui de ce qui précède et des assertions contenues dans le précédent compte rendu, sous le titre : Influence de l'électro-magnétjsme et delà fou- dre sur la durée de la rigidité cadavériqce, nous rapporterons les expériences suivantes qui ont été faites sous les yeux de la Société, dans les séances du 15 et du 22 septembre. 1° TJn des membres postérieurs d'un lapin avait été soumis pendant une demi- heure à l'action d'un courant électro-maguélique énergique, et aussitôt après l'animal avait été tué, environ deux heures et demie avant la séance, à l'ouverture de laquelle on put constater, sur le train postérieur de ce lapin, que la rigidité cadavérique existait déjà dans le membre galvanisé, tandis que l'autre membre était encore tout à fait souple. A la lin de la séance, c'est-à-dire un peu moins de deux heures après, on reconnut que la rigidité durait encore, mais qu'elle avait de beaucoup diminué dans le membre galvanisé, tandis qu'elle commen- çait à peine dans l'autre. Huit jours après, ces deux membres furent de nou- veau montrés à la Société : le premier était en pleine putréfacliou ; le second possédait encore la rigidité cadavérique. Dans le membre galvanisé, la rigidité est survenue deux heures après la mort de l'animal; elle a duré un peu moins de trois heures, et la putréfaction a déjà été très-manifeste au bout de deux jours. Dans le membre non galvanisé, la rigidité est survenue environ quatre heures et demie après la mort de l'animal; elle a duré neuf jours, et la putréfaction n'a été très-manifeste que le douzième jour après la mort. 2° Sur un autre lapin, ou enlève les membres antérieurs, sous les yeux de la Société, et l'on fait passer par l'un d'eux un courant électro-magnétique puis- la 156 sant. On constate que l'irritabilité musculaire diminue peu à peu, et l'on n'en trouve pins de traces au bout de dix minutes; la rigidité commence dès lors à se montrer, mais très-faible. L'autre membre conserve encore l'irritabilité musculaire à un degré considé- rable. Vers la fin de la séance, c'est-à-dire au bout d'une derai-benre, on con- state que la rigidité a disparu dans le membre galvanisé, tandis qu'elle n'existe pas encore dans l'autre. Elle n'y est survenue que quatre heures et demie après qu'elle eut cessé dans le membre galvanisé. Huit jours après, ces deux membres furent de nouveau montrés à la Société ; celui dont la rigidité n'avait duré qu'une demi-heure était dans un état de pu- tréfaction très-avancée; l'autre était encore rigide. 3° Un cochon d'Inde fut tué par l'électro-magnclisme; on continua pendant dix minutes après sa mort, à faire passer le courant de sa tète à l'anus; lors- qu'on l'interrompit, la roideur existait déjà dans les muscles du cou et dans ceux de la face, des mâchoires et du tronc. Deux minutes plus tard, la rigidité survint dans les membres. Au bout d'une demi-heure , les membres étaient redevenus souples. Le lendemain matin (en moins de treize heures), la putréfaction avait déià commencé chez cet animal; il fut montré à M. Rayer et à M. Lallemand, qui constatèrent l'existence de la putréfaction. 3° EXPÉRIENCES SUR LA CONTRACTILÎTÉ DE LA SATK, exécutées par plusieurs membres de la Société, sur l'invitation de M. Raïer. M. Kolliker a publié récemment un remarquable mémoire duquel il résulte : i° que les muscles qu'on avait regardés jusqu'ici comme formés défibres lisses sont composés de cellules très-allongées, pcrtant un noyau allongé, dont la di- rection est parallèle à celle de la cellule ; 2° que ces cellules allongées, nommées par Kolliker fibres cellules musculaires, se trouvent dans uu très-grand nom- bre d'organes ou de parties d'organes. M. Kolliker a constaté l'existence de ces fibres cellules dans le mamelon et son auréole, dans le derme, dans l'intérieur du globe oculaire (muscle de Crampton, etc.), dans le tube digestif, dans la vessie, dans une partie de la prostate et aussi du vagin, dans les artères, les veines et les lymphatiques, dans les uretères, l'urètre, les trompes, l'utérus, le Partes et les conduits déférents, dans la trachée et les bronches, et enfin dans la rate et plusieurs autres or- ganes. Si ces fibres cellules méritent la qualification de musculaires, «lies doivent être contractiles, et les tissus où elles se trouvent en quantité suffisante doivent posséder la contractilité. Conduit par cette idée, M. R. Wagner a cherché si la rate pouvait se contracter sous l'excitation galvanique. Les trabécules de cet or- gane et même chez certains animaux sa membrane d'enveloppe dite fibreuse, sont composées de fibres cellules. On savait depuis longtemps que la rate était 157 contractile : M. Defermon avait signalé les singulières contorsions de cet organe sous l'inftaence <> la strychnine; M. Wagner a obtenu des contractions non douteuses par l'excitation galvanique. Sur l'invitation de M. Rayer, M. CI. Bernard s'est procuré deux chiens, et il a fait, avec l'aide de plusieurs membres de la Société, les expériences sui- vantes : Un de ces chiens a été empoisonné par de la strychnine, après qu'on eut mis la rate à nu, sans léser son pédicule vjseulaire. On mesura les diverses dimen- sions deJ'organe, et lorsque l'animal, pris de convulsions tétaniques, lut près de mourir, on mesura de nouveau sa rate; on ne trouva qu'une très-légère di- minution de volume, qui pouvait d'ailleurs tenir à une diminution dans la quan- tité de sang circulant dans l'organe ; mais il parut évident à plusieurs des assis- tants que la surface de la rate avait changé d'aspect et de lisse était devenue chagrinée et que ses bords avaient changé de forme. Cette expérience, comme on voit, n'a pas donné des résultats très-tranebés ; cependant il ne faudrait pas en conclure que la rate est peu ou n'est pas con- tractile sous l'influence de la strychnine; en effet, la rate employée dans cette épreuve a présenté des altérations pathologiques. On mit ensuite à nn la rate de l'autre chien, en évitant de léser son pédicule vasculaire. Les dimensions de l'organe ayant été prises, on appliqua les conduc- teurs d'un appareil électro-magnétique énergique (1) sur les deux extrémités delà rate. Après plusieurs minutes d'excitation, on reconnut que la longueur de la rate avait diminué de 2 à 3 centimètres. Cette expérience fut répétée plu- sieurs fois avec un résultat analogue. En faisant passer le courant dans le sens transversal de l'organe, on trouva aussi une diminution incontestable de la lar- geur. Cela fait, on coupa le pédicule de la rate et on la suspendit par sa grosse extrémité à l'un des conducteurs de l'appareil électro-magnétique ; on vit alors à plus de vingt reprises et à chaque application de l'autre conducteur sur la petite extrémité de la rate, un mouvement très-manifeste d'ascension et de tor- sion de l'organe, surtout au voisinage de cette dernière extrémité. Dans le précédent compte rendu, on trouve rapportées des expériences de M. Brown-Séquard sur la contraction de la peau produite par le galvanisme. M. Brown-Séquard ne connaissait pas alors les recherches de Kolliker sur les libres cellules musculaires. Ces libres existant dans le derme, mêlées aux libres de tissu cellulaire, il y a lieu de se demander si la contraction de la peau qui se manifeste par ce qu'on appelle chair de poule est produite par les fibres cel- (l)Cet instrument est le même que M. Rayer a misa la disposition de M. Brown-Séquard, et à l'aide duquel celui-ci a pu faire beaucoup d'expériences déjà mentionnées dans ce compte rendu et dans les précédents, et d'autres plus nombreuses encore qui seront rapportées dans les prochains comptes rendus. 158 Iules musculaires seules, ou si le tissu cellulaire intervient pour une part plu* ou moins grande dans celle contraction. M. Brown-Séquard, se fondant sur ce que le nombre de ces libres cellules dans le derme cutané est peu considérable, et sur ce que la contraction envahit quelquefois toute la peau qui se ride et se fronce, en même temps que les bulbes des poils font saillie, croit devoir admettre que le tissu cellulaire est contractile et participe, même largement, aux con- tractions de la peau. 4e RECHERCHES SUR LA PHYSIOLOGIE DE LA MOELLE ALLONGÉE; par M. BttOWN- SÉQCARD. L'an dernier, M. Brown-Séquard a communiqué à la Société les résultats de recherches extrêmement multipliées, relatives aux fonctions et aux propriétés de la moelle allongée. Ces recherches ont été faites sur cinquante-quatre es- pèces d'animaux, appartenant aux cinq classes de Vertébrés. En attendant la publication complète de ces recherches, nous allous, pour garantir à l'auteur son droit de priorité, insérer ici les résultats suivants de ses expériences : 1° La vie des batraciens ne paraît être nullement abrégée, après l'ablation de la moelle allonrée seule ou avec le reste de l'encéphale, tant que ces ani- mauc sont tenus dans de l'air à la température de -{- 1 à -f 6 ou 8 degrés centi- grades. — Un grand nombre de batraciens ont vécu, dans ces conditions, trois mois et quelques jours. 2° Les circulations sanguine et lymphatique, la respiration cutanée, la diges- tion, les sécrétions de mucus, d'épidémie, d'urine, etc., la réparation nutritive, la faculté réflexe, les propriétés des nerfs et des muscles, se montrent chez les batraciens privés de la moelle allongée, avec autant de rapidité ou d'énergie que *ur ceux qui possèdent cet organe et qui sont exposés à la même tempé- rature. 3° Tous les animaux, même les mammifères adultes, peuvent survivre au moins de dix à vingt minutes à la perte de la moelle allongée, quand leur tem- pérature a été abaissée jusqu'au-dessous de 30 à 34 degrés centigrades. Pour obtenir ce résultat, l'insufflation pulmonaire n'est pas nécessaire. 4° Des différences énormes existent dans la durée de la vie pour une même espèce animale, suivant les températures, après l'ablation de la moelle allongée. Ainsi la survie des batraciens, par exemple, se compte par des mois à la tempé- rature de + 1 à + 8° c, par des semaines à celle de + 5 à -f 12°, par des jours à celle de -f- 10 à + 16°, par des heures à celle de 4- 20 à -f 24°, et par des minutes à celle de -f 30 à + 40*. 5° MOUVEMENTS RflïTllMIQtES DES MUSCLES RESPIRATEURS ET LOCOMOTEURS AeuÈs la mort; par le même. On sait qu'au moment de la mort -la plupart des muscles de la vie animale et de la vie organique se contractent plus ou moins énergiquemenl. Dans une 159 communication précédente (?oyez le n° 7 de nos comptes rendus, juillet), noub avons essayé de montrer que pour l'intestin et la vessie ces contractions sont excitées par le sang veineux. Nous allons faire voir ici que les muscles respi- rateurs et locomoteurs peuvent avoir, après la mort, des mouvements quelque- fois très-réguliers et qui ne sont pas dus a une action des centres nerveux ; nous chercherons plus tard si c'est aussi le sang veineux qui cause ces mouve- ments. Parmi les faits rapportés à la Société, nous signalerons ceux qui sui- vent: 1° Après !a section intra-abdominale des nerfs des plexus sciatique et lom- baire, d'un côté, sur des mammifères, si l'on asphyxie subitement l'animal, on voit d'abord les trois membres non paralysés pris de mouvements convul- sifs. Au bout d'une à trois minutes, ces mouvements cessent, et l'on ne remar- que plus que quelques tremblements dans les muscles de ces membres. Le membre paralysé n'éprouve ni convulsions ni tremblements pendant une ou deux minutes, puis tout à coup on voit éclater dans les divers faisceaux des muscles de ce membre des contractions plus ou moins vives. Dans un même faisceau, ces contractions paraissent assez souvent se suivre d'une manière ré- gulière, rhythmique. Dans quelques cas, j'ai vu, en outre de ces tremblements, des mouvemeuts de la totalité du membre, consistant en plusieurs flexions et extensions successives du membre; après ces mouvements survenaient les con- tractions isolées des faisceaux. Ces cas sont ceux dans lesquels l'action des muscles a le plus tardé après la mort; une fois elle n'a eu lieu que six minutes après le commencement de l'asphyxie qui dura deux minutes et demie. 2° A la face, on voit après la mort sur des lapins et des cochons d'Inde, auxquels on a coupé ou arraché le nerf facial, des mouvements isolés des fais- ceaux musculaires, ne différant presque pas de ceux qui ont lieu lorsque le nerf facial est intact. Ces contractions durent cinq, six ou huit minutes après la dernière respiration ; elles commencent et finissent un peu plus lard, lorsque le facial est coupé que lorsqu'il ne l'est pas. J'ai vu une fois des mouvements semblables pendant la vie chez un vigoureux cochon d'Iude, sur lequel j'avais arraché le nerf facial. Cet animal, pendant dix ou quinze jours, après l'opé- ration, eut constamment des tremblements dans les muscles faciaux paralysés; au bout de ce temps les tremblements n'eurent plus lieu que lorsqu'on activait la circulation et la respiration, ou lorsque l'on mettait obstacle à cette dernière fonction. Dans ce dernier cas surtout ils étaient très-forts. Ce singulier phéno- mène se montra pendant plusieurs mois. 3° J'ai vu sur des lapins, affaiblis par des pertes de sang et près de mourir ou venant de respirer pour la dernière fois, des mouvements rbythmiques du sterne-mastoïdien et du peaucier au niveau de l'angle dE MESURER l'aNESTHÉSIE ET l'hYPERESTHÉSIE 5 par M. Brown-Séquard. On connaît les curieux résultats que que E.-H. Weber a obtenus, en cherchant les différences d'intensité de la sensibilité cutanée, par l'application simultané*' 163 de* deux pointes d'un compas sur la peau. On sait qu'il a vu que lorsque ces deux pointes sont très-rapproehées l'une de l'autre, elles ne donnent la sensation que d'une seule pointe, tandis qu'au delà d'une certaine limite, elles donnent la sensatlou de deux pointes. Les diverses parties de la suiface du corps sont, ainsi que l'a vu Weber, si différentes les unes des autres, relativement à la distance limite, en deçà de laquelle les deux pointes ne donnent que la sensation d'une seule, et au delà de laquelle elles sont toutes deux senties, qu'au bout des doigts, quand les pointes ne sont pas en deçà de 2 millimètres, on en sent deux, tandis qu'au dos ou à la cuisse, on n'en sent qu'une, tant qu'elles sont en deçà de 8 il 10 centimètres. H. Brown-Séquard a fait, chez 9 malades, dans le service de M. Rayer, et chez 2 malades de sa clientèle, ayant une diminution plus ou moins grande de la sen- sibilité tactile, l'application des pointes d'un compas sur les avant-bras et sur les jambes atteints d'anesthésie, dans le but de juger du degré de cette paralysie. Voici ce qu'il a trouvé : 1° Anesthésie presque complète. Quel que fût l'écartement des deux pointes — 10, 15, 20 centimètres — la malade ne percevait que la sensation d'une pointe. L'application était faite sur une des' deux jambes. Sur l'autre jambe, où l'anes- thésie était moins prononcée, la malade commençait à percevoir les deux pointes quand leur écart était arrive à 12 centimètres. 2° Anesthésie à un degré moyen. Dans plusieurs cas, l'écartement limite a été, sur les avant-bras et les jambes, de 9 à lfi centimètres. La limite, à l'état normal, d'après les recherches de Weber, de plusieurs auteurs allemands ou an- glais, et de M. Brown-Séquard, est en général de 3 à 5 centimètres pour l 'avant- bras et la jambe. 3" Anesthésie très-faible. Dans deux cas de paralysie du mouvement, où il était impossible de reconnaître, à l'aide des moyens ordinaires, si la sensibilité était diminuée, M. Brown-Séquard a constaté que l'écartement limite était, de 6 à 7 centimètres. De ces trois séries de faits, il suit donc que l'on peut, en faisant usage de l'ap- plication des deux pointes d'un compas sur la peau : )° reconnaître l'existence d'une anesthésie méconnaissable autrement ; 2° mesurer le degré de l'anes- thésie. Il en est de même pour l'hyperesthésie. Dans un cas de paralysie du mouve- ment des membres inférieurs, le malade percevait la sensation des deux pointes sur le pied, même à la dislance de 5 millimètres, tandis qu'à l'état normal, dans les mêmes lieux, on ne perçoit la double sensation qu'autant que l'écartement des deux pointes dépasse 25 ou 30 millimètres. L'acuité des sensations, dans ce cas. a été excessive; la sensibilité à la douleur était aussi exagérée que la sen- sibilité tactile. Nous ajouterons à ce qui précède deux remarques essentielles : c'est que pour réussir dans ces expériences, il faut appliquer simultanément les deux pointes, 164 et il faut aussi que les pointes soient un peu mousses et incapables de piquer. (27 octobre.) 4* SUR DES PRODUCTIONS FONGIFORMES, RENDUES PAR DES CHOLÉRIQUES ET TROUVEES DANS L'AIR ET DANS LES EAUX DES LIEUX OU RÈGNE LE CHOLÉRA. (Extrait d'une lettre du révérend M.-J. Berkeley au docteur Montagne.) « Vous avez probablement entendu parler de ces productions fongiques qui ont été observées à Bristol, daus l'air condensé et dans les eaux des districts en proie à l'épidémie régnante, et que Ton a retrouvées jusque dans les évacuations des cholériques. Ces corps fongoïdes ne se rencontrent point dans les cantons où ne règne pas le choléra, ni riiez les malades affectés d'autres maladies. Un échan- tillon de ces évacuations, assez semblables à une décoction de gruau (vice gruel), vient de m'étre adressé, et j'y observe des corpuscules d'une certaine grosseur ressemblant exactement aux spores d'un mucor ou d'un oidium. C'est là tout ce que j'ai pu voir-, mais le docteur Brittan et d'autres affirment qu'à mesure que la maladie croît en intensité, ces corps acquièrent de plus grandes dimensions et Unissent par contenir dans leur cavité un assez grand nombre de nouvelles cellules qui deviennent autant d'individus distincts dès que la cellule-mère s'est déchirée. Si les choses sont ainsi, la production en question n'est point un champignon, du moins je n'ai pas l'idée d'un semblable mode de propagation dans la famille. C'est plutôt la structure d'un microcystis, mais je ne puis concevoir qu'une algue soit capable de vivre dans un estomac humain. Je soupçonne qu'il y a là quelque inexactitude, et si mon soupçon est fondé, les petits corps sont réellement de na- ture fongique, et les grands quelques cellules animales modifiées par la maladie. Le sujet est manifestement très-curieux. Je vais tenter d'obtenir de nouvelles in- formations de M. Stcphens. » IV. — ANATOMIE PATHOLOGIQDE. 1° nécrose du fémur ; par M. Lebret. M. Lebret met sous les yeux de la Société le fémur droit d'une jeune lillt, âgée de 12 ans. Le tiers inférieur de l'os offre plusieurs particularités se rappor- tant à la présence d'un séquestre et au travail de réparation que subissait le périoste. Des stalactites osseuses forment par leur jonction une véritable enve- loppe fénêtrée à la portion du fémur nécrosé ; une lame épaisse de ce dernier est très-mobile et peut aisément se détacher. Enfin une coupe étant pratiquée sui- vant la longueur de l'os, on suit l'exsudation périostique depuis sa moindre épaisseur jusqu'à une consistance osseuse épaisse de 2 à 3 centimètres. Au ni- veau du séquestre, les cellules du tissu spongieux paraissent condensées et remplies de graisse. La malade a succombé aux progrès d'une fièvre hectique ; ses poumons étaient remplis de tubercules. 2° SDR LES OSTLOPHYTES DES POISSONS ; par M. VaLEXCIE.NNES. M. Valenciennos ayant trouvé une exostose remarquable sur le corps d'une 165 des vertèbres coccygiennes d'une morue, la met sous les yeux de la Société. 11 fait remarquer la nature éburnée de ce tubercule osseux. Afin de présenter cette observation à un point de vue plus général, il a eu soin de réunir plusieurs pièces ostéologiques de différents poissons qui offrent des ostéophytes, et il fait voir que l'on peut les classer en deux séries: les unes sont accidentelles et de même nature que celle de la morue qu'il présente; telle est une exostose, remarquable par sa grosseur, développée sur le corps d'une vertèbre du lépidope argenté, poisson de nos mers, plus commun dans la Médi- terranée que dans l'Océan d'Europe. Les autres sont normales, c'est-à-dire qu'on les rencontre comme caractère spécifique de certains poissons. Il montre les crêtes osseuses et renflées du crâne des chrysophrys gibbiceps, ylobiceps-i du pagallus liiuoquathus; les os du bras de certains pagres. Il montre à cette occasion lus intér-épine ux d'un singulier poisson de l'At- lantique américain, le chœtodon arihrilicus. Ces ostéophytes sont formées du renflement des premiers interépineux de l'anale, qui se développent successi- vement, de manière que le renflement du troisième tinil par envelopper celui du second qui avait lui-même envahi ie premier. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que le corps de l'interépineux reste avec la forme styloïde primitive dans l'ostéophyte ; il semblerait que la table externe de l'os s* diviserait en deux lamelles, l'une restant adhérente au corps de l'autre, et l'autre rejetée au dehors par le développement hypertrophié du diploé qui foi nie le renflement osseux. 3° SUR UNE TUMEUR CONSIDÉRABLE TROUVÉE CHEZ UN CHIEN; par M. LEBLANC. « La tumeur que je présente à la Société a été rencontrée à la face posté- rieure de la jambe chrz un chien de basse-cour; depuis quatre années qu'elle avait apparu, elle n'avait cessé de se développer tout en occasionnant une boi- terie continue. L'exploratiou était difficile vu la méchanceté de l'animal; on ne put reconnaître la nature de la tumeur; ce ne fut qu'après la mort qu'il fut pos- sible de l'examiner. Elle occupait toute la face postérieure de la jambe et l'espace compris entre le fémur et le tibia ; de telle sorte que la flexion était devenue impossible, et les deux articulations fémoro-tibiale et fémoro-rotulienne, quoi- que saines, ne pouvaient plus fonctionner; la cuisse était complètement atro- phiée. » A l'autopsie, je trouvai immédiatement sous la peau une couche fibreuse blanche, dure et criant sous le bistouri ; le centre de la tumeur plus mou et d'un blanc plus mat présentait entièrement l'aspect d'un cancer encéphaloïde ra- molli ; l'os était malade et ramolli à sa face postérieure. Cette tumeur avait dans quelques points des caractères semblables à ceux des tumeurs fibro-plas- tiquesde M. Lebert et des ostéosarcômes de Boyer. » Ces espèces de tumeurs se développent chez le cheval, le bœuf et le chien. Très-communes chez le bœuf autour désarticulations, elles sont dans ce cas tibro-plastiques, tandis que chez le cheval ce sont de véritables ostéosarcômes 166 du maxillaire. Au microscope, cette tumeur a présenté les caractères d'une tu- meur mixte, à savoir : 1» des corps fu3iformes, 2° des noyaux tibro-plasliques, 3» des cellules cancéreuses. » V. — PATHOLOGIE COMPARÉE. IIÏDKOPUTHALMIE CONGÉNITALE CHEZ DNE JEUNE COULEUVRE d'ESCCLAPE; par M. Raïer. M. Cbaussal montre à la Société de la part de M. Rayer une jeune couleuvre d'Esculape, âgée de trois mois environ. Cet animal a été donné à M. Rayer par M. Duméril. L'œil gauche de cette petite couleuvre est atteinte d'une hydroph- thalmie d'autant plus remarquable que cette maladie paraît avoir été congé- nitale; en effet, la personne chargée de soigner cette couleuvre assure avoir remarqué la déformation de l'œil au moment où elle venait d'éclore. L'hydropb- tbalmie est évidemment constituée en très-grande partie, sinon en totalité, par une augmentation morbide de l'humeur aqueuse. La cornée transparente s'est sensiblement élargie, et le globe de l'œil, fortement saillant en dehors de l'or- bite, est beaucoup plus volumineux que celui du côté opposé. Pour déterminer d'une manière plus positive les changements qui sont survenus dans l'organi- sation de cet œil, M. Rayer en fera la dissection. VI. — TÉRATOLOGIE. 1° CAS DE SYNDACTTL1E CHEZ L' HOMME ; par M. MOREL-LAVALLÉE. M. Morel-Lavallée présente un cas de syndaciylie chez un bommede 30 ans. Cette réunion congénitale n'existe qu'entre le médius et l'annulaire decbaqiie main. Il n'y en a aucune trace ni entre les autres doigts ni aux orteils ; car, ainsi que le fait remarquer M. Morel, celle anomalie porte quelquefois sur tous les doigts et sur tous les orteils, en sorte que les quatre extrémités sont palmées. L'histoire de l'Académie des sciences (1727; en a conservé un exemple. Dans le cas soumis à ta Société, la réunion régnait dans toute la longueur des deux doigts, à chaque main. Du côté droit, les deux doigts, d'ailleurs régu- lièrement conformés, avaient toutes leurs articulations libres et indépendantes. Ils n'étaient réunis que par nue membrane formée de la double épaisseur de la peau ; les ongles eux-mêmes étaient isolés. Celte main a été opérée avec un. succès complet. A la main gauche qui n'a pas été opérée, la difformité offre un degré de plus. Les deux ongles, qui ont du reste leur forme naturelle, sont réunis dans toute leur longueur. Il y a également fusion entre les deux phalanges qui les portent. M. Morel se demande si les deux articulations sont aussi en commu- uication ; il insiste sur la possibilité de celte extensiou de l'auomalie, qui compliquerai l'opération d'une double- plaie articulaire. Mais rien ne permet d'éclaircir ce point. Cette fusion des deux phalanges terminales est comme le premier degré d'une fusion plus complète qu'on a vue régner entre toutes les 167 phalanges de tous les doigts munis alors d'un seul ongîe. Dessaix (Jour, dit héd., t. XV, p. 275) a même rencontré un cas où, à chaque main, les phalanges soudées ensemble à leurs extrémités comme sur les côtés ne formaient qu'une lame osseuse, mobile seulement sur le métacarpe. Il n'y avait pas suffisamment d'étoffe pour cinq doigts ; il n'en tailla que quatre. L'opération réussit au point que la malade pouvait coudre. M. Mord-La vallée, en opérant la main droite, a divisé la double épaisseur de la peau par deux incisions successives, l'une a la face dorsale, l'autre à la face palmaire. On est plus sûr d'obtenir ainsi une séparation régulière des deux doigts, que si on coupait d'un seul trait la membrane, de haut en bas ou de bas en haut ; car alors l'œil ne peut suivre ou guider en même temps l'instru- ment à la face palmaire et à la face dorsale. Un autre point sur lequel insiste également M. Morel, c'est l'espérance illu- soire qu'on pourrait concevoir, d'après l'étendue de la membrane interne digi- tale, d'en réunir immédiatement les bords divisés. En eifet, bien qu'en écartant légèrement l'annulaire et le médius on pût engager entre eux la pulpe du doigt, la réunion immédiate a été impossible. La suture a été faite avec deux doigts, à surjet à l'un, entortillée à l'autre. Pansement avec des bandelettes de collodium, puis de diachylon. Une étroite bandelette de caoutchouc, qui pre- nait son point d'appui au poignet, passait entre les deux doigts pour retenir la cicatrice dans des limites convenables. M. Morel-Lavallée exécutera à l'autre main le procède de Ghélius, procédé qui consiste à tailler à la racine des doigts, aux faces dorsale et palmaire, deux lambeaux en V, dont les extrémités tronquées sont réunies par un point de su- ture dans l'intervalle digital. Il a pour but, en substituant ainsi la peau à la ci- catrice, de prévenir l'extension excessive de cette dernière sur les phalanges. Les deux phalanges onguéales seront séparées avec une scie cutellaire. 2° SUa UN CAS DJB RHINOCÉPHALIE CHEZ UN LAPIN ; par M. Da VAINE. Je dois à l'obligeance de M. Desmarets d'avoir pu examiner le monstre rhino- céphalien qu'il a présenté à la Société dans une de ses dernières séances. Je vais faire le résumé de ce qui m'a paru le plus intéressant dans ce nou- veau cas pour le comparer ensuite à ceux dont nous avons déjà eu l'honneur, M. Robin et moi, de lire les observations à la Société. L'animal qui fait le sujet de cette note est un lapin nouveau-né, dont la tête seule présente des anomalies qui consistent dans une trompe, qui naît du front, Au-dessous de laquelle existe une orbite unique, médiane, occupée par un seul globe oculaire ; au-dessous de cette orbite se trouvent la bouche et les mâchoires qui différent peu de l'état normal. Le cerveau remplissait toute la capacité du crâne; il offrait, au lieu de deux hémisphères cérébraux, un seul lobe antérieur, médian, sans traces de circon- rolutions ni de scissure. II n'y avait pas non plus de glande pituitaire. La pre- 168 mière et la seconde paire de nerfs cérébraux n'existaient pas. Les tubercules quadrijumeaux, le cervelet et tous les nerfs cérébraux, sauf les deux premières paires, nous ont paru à l'état normal. L'orbite a^ait des dimensions bien moindres que dans les autres cas de cyclo- céphalie observés par nous ; les paupières n'étaient pas distinctes. Sous la trompe et sur la ligne médiane existait une membrane semi-lunaire, libre par un de ses bords et. placée au-dessus de l'œif, comme une paupière rudimen- taire. Le globe oculaire ne paraissait pas plus volumineux qu'un œil normal; quatre muscles droits s'y inséraient; quelques faisceaux de libres musculaires correspondaient aux obliques internes. La cornée était opaque, rugueuse et recouverte d'une substance d'apparence plâtreuse; la seérotique était régu- lière, sans division. L:iris était adhérente à la cornée; un cristallin unique avait contracté des adhérences évidemment morbides avec le cercle ciliaire ; celui-ci offrait sur une portion flottante quelques granulations qui pouvaient peut-être provenir d'un second cristallin eu grande partie résorbé. Un détfilus d'un gris noirâtre était probablement formé par la rétine et la choroïde. Le nerf optique, recherché avec le plus grand soin, n'a été trouvé ni dans l'orbite ni à ia sclérotique. La trompe était constituée par une apophyse de l'os frontal et par une pièce osseuse, creusée en dessous en gouttière, analogue aux os propres du nez ; une substance cartilagineuse et la peau achevaient de former cette trompe, qui n'offrait pas de cavité dans son intérieur. Dans celte observation, comme dans celles dont nous avons déjà entretenu la Société, les anomalies du cerveau, à part l'augmentation de volume des par- ties postérieures dans quelques cas, portent uniquement sur les hémisphères cérébraux, qui ne formert qu'un lobe unique, antérieur et médian, par l'ab- sence du corps calleux et de la voûte à trois piliers. L'absence du nerf optique, que nous avons déjà constatée dans l'une de nos observations, est, suivant les auteurs, un fait très-rare lorsque le globe oculaire existe ; c'est pourquoi nous l'avons recherché avec le plus grand soin, et nous avons acquis la certitude qu'il n'existait pas. Enfin cette observation nous ofl're le degré le plus avancé de la cyclocéphalie. L'une de nos précédentes observations nous a présenté deux yeux distincts dans une orbite unique; l'autre nous a montré un seul œil dans l'orbite unique, mais cet œil avait deux cristallins, deux iris et d'autres traces d'une fusion in- complète des deux globes oculaires; dans celle-ci nous ne trouvons plus qu'une seule cornée, un seul cristallin dans une sclérotique d'un volume ordinaire. Il n'est pas hors de propos de faire observer ici que cet œil portait les traces d'un état pathologique déjà ancien. La cornée était profondément altérée, l'iris adhérente, le cercle ciliaire irrégulier et offrant quelques granulations sembla- bles à des débris de cristallin. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 1849 ; PAR M. E. FOLUN , secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — AN.iTOHIË MORMAL-E. 1° iBOramBS aiutomiovls sen l'esturgeon; par M. Valencumines. M. Valencieunes met sous les yeux de la Société quelques pièces relatives à l'anatomie de l'esturgeon ; il montre d'abord l'aorte de ce poisson , contenue •luns un canal cartilagineux, ou plutôt formée par ce canal même, situé à ia par- tie antérieure de la coionne vertébrale. 11 est impossible d'isoler une gaine ar- térielle indépendante <îti canal cartilagineux. A l'intérieur de ce conduit existe un cordon fibreux longitudinal que Meckel avait pris à tort pour le grand sympa- thique. M. ValeDciennes fait sortir du corps des vertèbres de ce poisson une 170 masse gélatineuse bleuâtre que quelques membres de la Société comparait » lit corde dorsale, à cause de son analogie de structure. M. Valenciennes prétend, au contraire, que dans des embryons de lamproie cette masse existe conjointe- ment avec la corde dorsale, et dans le petrompyzon fluviatilis, ce corps est rouge et la corde dorsale blanche. M. de Quatrefages affirme aussi que, chez Pamphioxus, il existe des différen- ces entre ce corps et la corde dorsale. i" oeuf humain présenté par M. Martin-Magron. Cet œuf, du volume d'un œuf de poule, présente des membranes intactes; mais a l'ouverture de la cavité amniotique , ou n'a point trouvé de fœtus. Un liquide transparent la remplissait. M. Cazeaux fait remarquer qu'il a trouvé cinq à six fois de pareils œufs. Tan- tôt le liquide amniotique est huileux et coloré; tantôt il est plus fluide et trans- parent. Dans certains cas, ou trouve des restes de la vésicule ombilicale et du cordon ; tantôt ces vestiges ont complètement disparu. M. Follin, qui a vu de semblables œufs, ajoute que la couleur et la consistance du liquide varient avec l'époque à laquelle l'embryon humain est entré en disso- lution. ii. — physiologie. 1° injection d'eau dans le sïstème vasculairr du chien ; par m. cuudi Bernard. M. Claude Bernard, dans le but de répéter quelques expériences de Haies, injecte dans les veines d'un chien de petite taille un litre et quart d'eau fraîche. Pour n'amener aucune rupture, ce liquide est poussé lentement. Après quel- ques instants, l'animai s'agite ; les yeux deviennent saillants au dehors de l'or- bite comme dans l'hydrophlbalmie ; enfin le chien succombe. A l'autopsie on aa découvrit aucune infiltration séreuse dans le tissu cellulaire du chien ni aucune épanchemcut dans les grandes cavités séreuses de la poitrine et de l'abdomen. Mais le foie, les deux poumons, la rate, sont plus volumineux, infiltrés de liquide, et gardent, lorsqu'on les comprime, l'impression du doigt. La mort est sans doute due à cette dernière lésion. M. Bouchut fait remarquer que toutes les expériences de Haies n'ont point été faites par l'injection simple du liquide dans le système vasculaire ; mais aussi, par l'ingestion dans les voies digestives. II croit qu'il serait utile de répé- ter ces dernières expériences en injectant directement le liquide dans l'estomac. Ainsi pourrait être mieux jugée la question relative à la production des bydro- pisics par l'ingestion d'une trop grande quantité d'eau. 171 9» dk l'écoulement nu suc pancréatique et de la bile; par le même. Chez les mammifères, têts que lu chien, le cheval, l'écoulement du suc pan- créatique et de la bile se fait d'une manière en quelque sorte passive, par la compression des organes sécréteurs abdominaux au moment de l'inspiration. En elfet,dans les expériences de MM. Tiedemann et G nu-lin, Leuret et Lassaigne, failes sur des chiens et des chevaux, on voyait le suc pancréatique couler avec plus d'intensité à chaque inspiration. Mes expériences sur des chiens m'ont dé- montré la même influence de la respiration sur le suc pancréatique, et j'ai con- staté qu'en tirant le pancréas hors de l'abdomen , l'écoulement de son liquide cessait. Mon intention est de montrer dans cette note que, chez les oiseaux, l'écoule- ment du suc pancréatique et de la bile se fait par un mécanisme différent de celui qu'on observe thez les mammifères. Sur des pigeons et des poules , le canal pancréatique et le canal cholédoque se contractent de la manière la plus évidente avec une forme rhythmique, et chassent les liquides pancréatique et biliaire dans l'intestin. Donc, chez les mammifères, les sucs pancréatique et biliaire s'écoulent pas- sivement ; on ne voit pas les conduits se contracter visiblement. Chez les oiseaux, le suc biliaire et le suc pancréatique s'écoulent, au contraire, d'une façon active, indépendante de la respiration. On voit les canaux cholédo- que et pancréatique se contracter visiblement. Il serait utile de savoir si la structure microscopique de ces conduits diffère chez les oiseaux et les mammifères. 3» des différences d'énebgie de la faculté réflexe, suivant les espèces jst suivant les ages, dans les cinq classf.s d'animaux vertébrés ; par m. brown- SÉQUARD. Tous les auteurs s'accordent à dire que la faculté réflexe est beaucoup moins forte chez les animaux à sang chaud que chez les animaux à sang froid. On trouve cette opinion vraie si l'on se contente de comparer les mammifères aux batraciens, comme on le fait généralement; mais elle est essentiellement fausse, si l'on compare les mammifères et les oiseaux aux amphibiens, aux reptiles et aux poissons. Chez les oiseaux, le pigeon, par exemple, la faculté ré- û<\xe est plus énergique que chez les vertébrés à sang froid. Chez les mammi- fères, la faculté réflexe est plus puissante que chez beaucoup de poissons, et même que chez certains reptiles, le lézard, par exemple. S'dy avait, comme on l'a supposé, un rapport inverse eutre l'élévation de la chaleur propre des animaux et le degré d'énergie de leur faculté réflexe, nous devrions trouver tout le contraire de ce que l'expérience nous montre En effet, m sent les oiseaux qui, parmi les vertébrés, ont la chaleur propre la plus éle- 172 vée, et ce sont eux aussi qui possèdent La faculté réflexe à son maximum de puissance. Eu outre, les mammifères nouveau-nés d'un jour, qui ont, comme ou le sait, une chaleur propre inférieure à celle qu'i's possèdent fc l'âge de 10 ou 12 jours, ont en général la faculté réflexe a un degré ou peu moindre que ces derniers. Nous ajouterons que de tous les vertèbres à s,»ng froid , ce sont les batraciens et 'es tortues qui ont à un plus haut degré la faculté réilexe, et ces animaux ont une chaleur propre bien plus manifeste que celle des pois- sons. Ainsi donc la chaleur propre des animaux n'est pas la cause des différences d'énergie de la faculté réflexe parmi les divers groupes des vertébrés. On dit que la faculté réflexe, chez les vertébrés, est en raison iuverse du de- gré qu'occupe l'animal dans la série. Or la série, si l'on ne considère qu« les classes, ru distribue ainsi : 1° Mammifères ; a» oiseaux ; y» amphibiens et reptilos ; h° poissons. Nous devrions donc avoir, pour l'énergie de la faculté réflexe d;»ns ces classes, la série précédente retournée. Eh bien ! au lieu de cela, en trouve qu'il faut ran- ger les classes dans l'ordre suivant : Ie Oiseaux ; 2° amphibiens et reptiies; 3" mammifères; h" poissons. Il va sans dire que iîous n'avons pas tenu compte de6 exceptions que présen- tent certaines espèces. Ainsi les -anguilles, les tanches, les carpes, ont au iTwius autant de puissance réflexe que les mammifères. L'énergie de la faculté réflexe est-eiîe en raison inverse de l'âge, comme le répètent tous les physiologistes? S'il y a étiez les batraciens une différence à cet égard, elle est très-faible, et plutôt en faveur des adultes que des jeunes batra- ciens, lien e--l.de même chez les poissons, où l'on trouve, en outre, ce fait inté- ressant que les grosses espèces l'emportent sur les petites quant à l'énergie de leur faculté réflexe. Chez les oiseaux, !a faculté réflexe est plus puissante à l'âge adulte que chez les jeunes individus. Chez les passereaux surtout, la différence est très-marquée. Chez les mammifères, on trouve des différences notables, quant à l'influence de l'âge, suivant les espèces. Ainsi il est incontestable que les chiens, les chats et les lapins très-jeunes ont pins d'action réflexe que les mêmes animaux adultes, tandis que, chez les cochons d'Inde, la diflérence existe à peine. De plus, chez les chiens et les lapins, lu faculté réflexe est sensiblement moins énergique le jour de la naissance que huit, douze ou quinze jours après. Enfin, chez les co- chons d'Inde pris dans l'utérus, environ dix ou quinze jours avant l'époque où la naissance aurait en lieu (on sait que les cobayes portent soixante cinq jours) , on trouve la faculté réflexe beaucoup moins forte que chez les cochons d'Inde nouveau-nés, à terme, ou chez les adultes. On s'était donc trompé en émettant comme proposition générale que plus un animal est jeune, plus sa faculté réflexe est puissante. Les rapports qu'on a voulu établir, comme des lois générales, relativement à l'énergie de la faculté réflexe, 173 suivant le degro de la chalem propre de$ animaux, leui place dans l'échelle et leur âge, ne sont doue pas exacts. L'espace manquant ici, M. Brown-Séquard se contentera, après avoir rapporté ces résultats négatifs, de signaler un l'ait positif sur lequel il donnera plus tard les détails nécepsaires : il s'agit de l'existence d'un rapport constant entre la quantité de la substance grise de la moelle épinière et l'énergie de la faculté ré- flexe. Il a trouvé ce rapport, de même que les faits signalés ci-dessus, en étu- diant, d'une part, la structure du renflement lombaire de la moelle dans la sé- rie des espéceè et celle des âges, et d'une autre part, l'action réflexe du traiu postérieur, chez des animaux ayant la moelle coupée transversalement, en avant du rendement lombaire. 4° DES RAPPORTS QUI EXISTENT ENTRE L'IRRITABILITÉ MUSCULAIRE , LA RIGIDITÉ CADAVÉRIQUE ET LA PUTRÉFACTION ; par M. BftOWN-SÉQCARI». Uunt le courant du mois de septembre, M. Brown-Séquard a fait à la Société, sur le sujet indiqué par ce titre, plusieurs communications, dont quelques par- ties ont été publiéee dans les numéros 9 et 10 de no6 Comptes rendus. Nous allons résumer ici ce qui n'a pu trouver place dans ces deux numéros. Après la mort, quand la circulaiion a complètement cessé dans les muscles. Us deviennent le théâtre d'une série de changements physiologiques et chimiques, en vertu desquels ils passent par degrés de. l'état de vie à l'état de putréfaction le plus complet. Entre ces deux périodes extrêmes, il s'en trouve plusieurs autres parfairement caractérisées, ainsi qu'on va le voir. Ie La contraclilité, d'abord très-énergique, diminue peu à p- blable à celle de cet organe chez le lapin (Lepus cunieuhu, L.). II. — PHYSIOLGIE. !• EXPULSION DE LA MUQUEUSE UTÉRINE A L'ÉPOQUE DES REGLES; par M. Folli.n. M. Follin lit une note sur une muqueuse utérine expulsée par une jeune bfle à l'époque de ses règes. M. Follin réserve pour un mémoire particulier sur cette intéressante question les documents dont il a accompagné son observation. 19'2 2° théorie de l'hbmatose; par M. Vernhuil. M. Verneail dépose une note pour prendre date. Il se propose de faire des recherches pour savoir si l'on ne pourrait point appliquer à la théorie de l'hé- matose dans le poumon la découverte de M. Bernard sur la production du sucre dans le foie. On sait que le sucre est un des rares réactifs qui jouissent de la propriété de rendre la couleur vermeille aux globules noirs du saog veineux ; il partage entre autres cette propriété avec l'oxygène, les dissolutions salines concentrées à base alcaline , fait sur lequel Stevens a fondé sa théorie, attaquable sur plusieurs points. Quelques expériences prouvent sans couleste l'influence du sucre sur les glo- bules; aussi peut-on se demander si la présence de ce corps, versé si près du lieu où le sang change de couleur, n'est pas là pour jouer dans le phénomène un rôle important. Il rapproche encore l'un de l'autre ces deux faits, dont l'un appartient à M.Ber nard, tandis que l'autre appartient dépuis longtemps à la science, à savoir que la section des deux nerfs pneumogastriques, qui, comme on le sait, fait toujours périr les animaux au bout d'un temps assez court, par suite de lésions très- graves des poumons, que cette même section abolit dans le foie la facuhé de sécréter le glucose. 3° DE LA TRANSMISSION DES IMPRESSIONS SENSITIVES PAR LA MOELLE ÉPINIÈRE; par M. Brown-Sequard. ■ Il y a quatre ans, j'ai annoncé dans ma thèse inaugurale (1) avoir trouvé comme Scbœps.Van Deen et Slilling, et contrairement aux assertions de Kùrscbner, de M. Longet et d'autres physiologistes, que la section d'une moi- tié latérale de la moelle épiniére ne détruit pas la sensibilité des parties qui re- çoivent leurs nerfs du bout de moelle, ainsi séparé du cerveau. Depuis cette époque, soit dans mes cours, soit en particulier dans le but d'éludier toutes les circonstances du phénomène, soit enfin pour satisfaire la curiosité de beaucoup de personnes, j'ai eu l'occasion de faire celle expérience plus de soixante fois. Voici ce que j'ai vu : » 1" Aussitôt après avoir coupé une moitié latérale de la moelle sur un mammifère , a la région dorsale, la sensibilité parait irès-diminuée, dans le membre postérieur du côté de la section. La sensibilité manque complètement dans l'autre membre postérieur. Quelquefois j'ai trouvé la sensibilité intacte ou à peu près dans le membre postérieur correspondant au côté de la section , (1) R.ECH. ET EXPÉR. SOR LA PHYSIOL. DE LA MOELLE ÉPIN. , p. 22 et 26. — Paris, 3 janvier 1846. 193 taudis que l'autre membre postérieur était ou insensible ou très -peu sen- sible. » 2e Au bout de cinq à dix minutes de repos après l'opération, on trouve tou- jours le membre postérieur correspondant au côté de la section très-sensible, et dans beaucoup de cas, nous pourrions dire dans la plupart, ce membre pa- rait notablement plus sensible qu'à l'état normal. Ce fait est assurément très- curieux ; mais il en existe un autre bien plus imprévu : le membre postérieur du côté opposé à la sectiou est insensible ou très-peu sensible. h II suit donc de ces faits que la section d'une moitié latérale de la moelle épinière, loin défaire perdre la sensibilité aux parties situées en arriére de la section et du même côté, les rend byperestbéliques, tandis qu'elle produit une anesthésie plus ou moins complète dans l'autre côté du corps, en arrière de la section. » Il y a dix-huit mois, nous avons* montré à la Société de Biologie un cochon d'Inde vigoureux sur lequel nous avions coupé une moitié latérale de la moelle, au niveau de la onzième vertèbre dorsale. Toutes les personnes présentes purent constater que la sensibilité du membre postérieur, du côté de la section, était très-grande L'animal fut remis à M. Rayer, qui en lit faire l'autopsie par notre regrettable collègue feu M. Désir. A la séance suivante, M. Désir montra à la Société la portion de moelle sur laquelle la section avait été faite, et l'on put reconnaître qu'elle était à l'endroit indiqué, et comprenait véritablement la moi- tié de moelle désignée. » Dans la séance du 1« décembre 1849, nous avons montré un cochon d'Inde sur lequel la moitié latérale droite de la moelle avait été coupée, sous les yeu$ de quelques membres de la Société. La section existait à la hauteur de la dixième vertèbre dorsale ; l'animal avait perdu beaucoup de sang. L'opération, faite dans une demi-obscurité, avait été longue et trés-douloureuse. Dans de telles cir- constances, il arrive ordinairement que l'on trouve les deux membres poster rieurs paralysés du mouvement volontaire et de la sensibilité pendant quelque temps après l'opération : c'est ce qui eut lieu dans ce cas. Mais au bout de cinq ou six minutes , le mouvement volontaire revint dans le membre postérieur gauche, et ta sensibilité dans le membre postérieur droit. Environ douze mi- nutes après l'opération, la sensibilité était extrême dans le membre postérieur droit et nulle dans le membre postérieur gauche. L'autopsie fut alors faite, séance tenante, par M. Cl. Bernard, et la Société reconnut que la moitié latérale droite de a moelle était coupée transversalement à la hauteur indiquée. » Schœps, Van Deen et Stilling avaient parfaitement vu que le membre pos- térieur du même côté où. l'on fait la section d'une moitié latérale de la moelle, ne perd pas sa sensibilité A ce fait nous ajoutons ceux qui suivent : » 1° En général cette section amène une diminution momentanée de la sensii- bilité du membre postérieur correspondant. » 2° Au bout d'un certain temps ( de trois à quinze minutes ) après cette sec- 1. 194 tion , la sensibilité du membre postérieur correspondant paraît notablement augmentée. » 3» Le membre postérieur du côté opposé a celui où la section est faite perd complètement ou en grande ^jrlie sa sensibilité. » La moelle épinière paraît donc avoir, au moins en partie, une action croisée» quant à la transmission des impressions sensilives. Ceci est si vrai que si, après- avoir coupé une moitié latérale de la moelle sur un mammifère, on vieut à cou- per l'autre moitié, à quelques centimètres de distance de la première section, ou trouve les deux membres postérieurs insensibles ou très-peu sensibles. Nous no pouvons pas examiner ici les questions que soulèvent ces expériences ; nous en ferons l'objet d'un mémoire étendu. Néanmoins nous croyons nécessaire de dire que si la transmission des impressions sensitives se fait en partie par les cor- dons postérieurs de la moelle, elle se fait surtout par d'autres parties de ce cen- tre nerveux. En effet, non seulement la sensibilité ne se perd nulle part après la section des cordons postérieurs, mais encore elle est notablement augmentée dans les parties du corps qui devraient être insensibles, d'après la théorie er- ronée que des physiologistes systématiques persistent à soutenir, malgré les preuves qu'on leur a opposées et malgré la rétractation de Ch. Bell. 4° SLR LA COAGCLABlUTt; DU SANG DES BATRACIENS EN ntVlOt ;. par M. BROWN- SÉQOARD. « Ce n'est pas sans étonnemenl que j'ai vu survivre pendant plusieurs mois des grenouilles auxquelles j'avais enlevé la moitié du ventricule cardiaque. Après l'ablation d'une partie plus ou moins considérable du ventricule, ou voit d'a- bord les lèvres de la plaie se rapprocher un peu, par suite de la contraction mus- culaire. Le sang coule eu abondance , mais bientôt sa coagulation commence : une couche sanguine solidifiée se montre sur toute la surface de la section ven- triculaire et la plaie se trouve ainsi proraptement oblitérée. Souvent, au bout de quelques minutes, l'hémorrhagie a cessé. C'est dans les saisons froides seule- ment que cette expérience m'a réussi; ce qui tient, je pense, à ce que les ba- traciens résistent beaucoup mieux aux bémorrhagies à une basse qu'à une haute température. Les battements du cœur, ainsi mutilé, continuent d'avoir lieu, et l'on reconnaît très-aisément que la circulation s'opère régulièrement pendant des mois entiers. On sait, d'après les recherches de Spallanzani et de M. Edwards, que les grenouilles ne peuvent survivre plus d'un jour quand on leur a enlevé le principal instrument de la circulation ; notre expérience diffère essentiellement de celles de ces biologistes. Dans le fait que nous rapportons, ce qni reste des parois ventriculaires donne passage au sang et lui communique une impulsion suffisante pour que la circulation ait lieu. Nous ferons remar- quer que la coagulation du sang des batraciens, en hiver, dans l'expérience en question, ainsi que dans toute autre espèce d'hémorraghie, se fait assez vile el 195 en assez grande quantité pour qu'on ne puisse admettre, comme expiession d'une vérité physiologique générale, l'opinion récemment émise par un éloquent professeur du Val-de-Grâce , savoir que le froid diminue notablement la quan- tité de tibrine du sang, et conséquemmeni sa eoagulabilité. » A la suite de cette communication, M. Brown-Séquard montre à la Société deux grenouilles sur lesquelles on voit le ventricule diminué de moitié et battant cependant avec énergie; la plaie est cicatrisée. L'auteur dit que ces animaux ont subi, il y a quinze jours, l'ablation d'une partie du cœur. Ces grenouilles sont parfaitement vivantes, et paraissent même être très-vigoureuses. A l'occasiou de celle communication, M. de Quatrefages rapporte avoir vu sur det. grenouilles, après l'ablation d'une partie du cœur, l'hémorragie s'ar- rêter par suite de la formation d'un caillot. 3° DE L'iNFI.CKNCE DU SYSTÈME NERVEUX, DU GALVANISME, DU REPOS ET DE L' ACTION sun la nutrition des muscles ; par le même. L'atrophie qui survient dans les membres paralysés, conséculivemenl à la section des nerfs, est-elle due au défaut de l'action nerveuse ou bien à une autre cause? J. Reid rapporte à ce sujet l'expérience suivante : Il coupa les racines des nerfs des deux membres postérieurs sur des grenouilles , et il lit passer chaque jour, le long de ces deux membres, un faible courant galva nique. Au bout de deux mois il trouva que les membres galvanisés avaient con- servé leur volume, et que la contraction musculaire y avait lieu avec énergie, tandis que les autres membres étaient atrophiés de moitié et que leurs muscles se contractaient faiblement. J. Reid pense que ce n'est pas parce que la nutri- tion des muscles a directement besoin pour s'opérer de l'action nerveuse que les muscles s'atrophient après la section de leurs nerfs, niais que c'est l'état de repos, d'inaction des muscles qui produit le trouble de leur nutrition. On serait fondé à croire qu'il a raison si .son expérience avait été, faite sur des mammifères. Pratiquée sur des batraciens, elle prête le flanc à la critique. En effet, comme cher ces derniers animaux, les nerfs des membres postérieurs, après la section de leurs racines, n'en conservent pas moins, en général, leur faculté d'agir sur les muscles; on pourrait dire que le galvanisme n'a maintenu les muscles dans leur état normal de nutrition qu'en exciiant l'action de leurs nerfs. Il fallait donc, pour se mettre à l'abri de cotte objection, opérer sur des animaux dont les nerfs coupés ont perdu lonle faculté d'agir sur les muscles. Dans ce but, nous avons expérimenté surdos mammifères, animaux sur les quels le nerf sciatiquc coupé perd, au bout de quelques jours , ainsi que l'ont découvert Haighlon et Aslley Cooper, sa faculté d'agir sur les muscles. Nous avons réséqué 'es deux nerfs sciatiques sur plusieurs lapins; chaque jour, après l'opération, nous avons fait passer par une des deux jambes de chaque animal un courant galvanique. Au bout de six semaines, nous avons reconnu 196 que les membres dont les muscles avaient été mis en action chaque jour étaient à l'état normal, tandis que les autres étaient notablement atrophiés et leurs muscles fort peu contractiles. Nous avons voulu aller plus loin, et nous avons fait l'expérience trés-signi- iïcative que voici : Deux mois après avoir réséqué un des nerfs sciatiques sur des lapins, nous avons constaté une notable- atrophie des membres paralysés et une diminution considérable de leur contractilité. Nous commençâmes alors à galvaniser ces membres, et nous continuâmes à le faire journellement pendant six semaines. Déjà, au bout d'un mois, ces membres paraissaient redevenus aussi gros que les membres postérieurs sur lesquels le nerf scialiqne n'avait pas été coupé. Au bout de six semaines, nous trouvâmes, après avoir tué ces animaux et avoir mis à nu les muscles des jambes, la contractilité égalemeut forte dans le côté paralysé et le côté intact chez chaque animal ; elle y dura le même temps, et la rigidité cadavérique y survint simultanément. En pesant les deux jambes comparativement pour chacun des individus, nous trouvâmes qu'elles avaient sensiblement le même poids. Les membres paralysés déjà atrophiés peuvent donc regagner leur volume normal et leur degré ordinaire de conlraciilité, malgré l'absence de l'action nerveuse. Mais s'ensuit-il que le galvanisme maintienne ou régénère l'organi- sation normale uniquement parce qu'il met les muscles en action? Nous n'o- serions pas l'affirmer. Au contraire, nous croyons très-possible qu'en outre de cette manière d'agir, le galvanisme doit aussi activer directement les change- ments chimiques qui constituent la nutrition. Peut-être serait-on très-fondé à soutenir que dans ces expériences l'agent galvanique, si semblable à tant d'é- gards à l'agent nerveux, s'y substitue d'une manière complète et remplit exac- tement toutes les fonctions des nerfs musculaires. Quoi qu'il en soit, les con- tractions musculaires, excitées parle galvanisme, sont si propres à faire grossir les muscles, que dans un cas d'atrophie des muscles du membre inférieur chei un jeune homme, vigoureux d'ailleurs, il y a eu dans l'espace de six jours, sous l'influence d'une galvanisation extrêmement énergique, une augmentation de 2 centimètres et demi au mollet et de 5 centimètres à la partie supérieure de la cuisse. La circonférence du mollet, qui était de 28 centimètres et demi, attei- gnit 31 centimètres; celle de la cuisse, qui était de 37 centimètres, arriva à 42 centimètres. Le galvanisme, appliqué chaque jour après ce changement si rapide, continua de déterminer l'augmentation de volume du membre, mais avec beaucoup moins de rapidité, et d'autant moins que ie volume du membre approchait de celui de l'autre membre inférieur qui était sain. Au bout de six semaines de traitement par le galvanisme appliqué pendant une heure chaque jour, il ne paraissait plus y avoir de traces de paralysie, et tous les mouvements eussent sans doute été possibles, s'il n'avait existé une tumeur de l'articulation du genou qui avait causé la paralysie et qui persistait. Le mollet avait presque 197 le même volume que celui de l'autre membre; il avait gagné près de 4 centi- mètres en circonférence , la cuisse, à sa partie supérieure, avait gagné, aussi en circonférence, environ 10 centimètres. Si les muscles peuvent être maintenus ou ramenés à l'état normal par une gal- vanisation répétée chaque jour, nous croyons qu'il serait très-utile d'employer cet agent d'excitation dans des cas de paralysie où, jusqu'ici, l'on n'en avait pas fait usage dans le but particulier que je vais indiquer. Dans des cas d'hémiplégie ou de paraplégie dues à une lésion dts centres nerveux, susceptible de guérison, comme l'hémonhagie cérébrale, par exemple; d;ms des cas aussi de lésion des troncs nerveux pouvant se terminer par une régénération nerveuse, il pourrait arriver que le système, nerveux ne retrouvât son pouvoir d'agirsur lesmusclesquc lorsque ceux-ci seraient déjà tellement atrophiés que l'innervation motrice fût im* puissante à y déterminer des contractions. On conçoit que si dans de pareils cas on avait employé le galvanisme, non pas pour combattre la cause de la paralysie, mais pour empêcher les muscles de s'atrophier, ils se. seraient trouvés prêts à obéira l'innervation motrice, iejour où celle-ci serait redevenue possible. (Nous devons dire en terminant qu'il faut multipiier les expériences sur les la- pins, pour pouvoir obtenir les résultats signalés ci-dessus: la résection du nerf sciatique amène chez beaucoup de ces animaux une inflammation et surtout une suppuration si considérables qu'il devient impossible de faire sur eux les expé- riences que nous avons indiquées. De tout ce qui précède, il suit : 1° Que les muscles paralysés peuvent conserver leur contractilité et ne pas s'a- trophier, si on les soumet journellement à l'action du galvanime; 2° Que les muscles atrophiés, ayant déjà notablement perdu de leur contracti- lité, peuvent, sous l'influence de la galvanisation, revenir à leur état normal , quant au voturne et à la contractilité, malgré l'absence persistante et complète de l'action nerveuse ; 3° Que le galvanisme peut remplacer complètement l'action nerveuse, soit pour maintenir, suit pour rétablir la nutrition des muscles; h "Qu'il serait important, dans beaucoup d'hémiplégiées et d'autres paralysies.de maintenir les muscles à l'état normal, par des galvanisations fréquentes, non pas pour combattre la cause de la paralysie, mais pour que les muscles demeurassent prêts à obéir à l'innervation motrice le jour où celle-ci viendrait à se rétablir. III. — EXPLORATION PATHOLOGIQUE. 1e ANOMALIES ARTÉRIELLES; par M. VeRNEUIL. M. Verneuil présente une anomalie de distribution artérielle dans les reins. Le rein droit présente trois artères : 1° Une médiane principale qui représente l'artère rénale ordinaire; 198 2» Une ioférieure moins considérable qui se rend à la partie inférieure du rein j 3° Une supérieure plus petite que les précédentes qui se rend au sommet du rein. Ces trois artères sont parallèles, rectilignes, ne s'anastomosent point, et nais- sent de l'aorte à angle droit, Une veine accompagne chaque artère ; les trois veines se jettent isolément dans la veine cave. Du côlé gauche le système vasculaire présente la disposition normale ; une branche assez volumineuse se détache directement de l'aorte pour se rendre à l'atmosphère adipeuse du rein et s'anastomoser avec les capsulaires. Les autres artères abdominales sont à l'état normal. 2° CONFORMATION ANORMALE DU COEUR ; par M. CH. BERNARD. M. Ch. Bernard présente un cœur qui offre la disposition suivante : Poritice auriculo-ventriculaire droit se dirige fortement en dedans et regarde l'orifice de l'artère pulmonaire dont il est séparé par une partie de la valvule tricuspide. Le cœur présente en outre une hypertrophie très-prononcée dans les deux cavités droites et qui ne paraît pas être étranger» à la disposition des orifices. Pendant la vie l'individu auquel appartenait ce cœur n'avait manifesté aucun symptôme particulier qui ait attiré l'attention sur la circulation ou sur l'organe central de cette fonction. 3° OBSERVATION SOR UN CAS DE CYCLOCÉPHAL1E CHEZ UN FOETUS DE COCHON; par MM. Chaussât et Davaine. Nous venons exposer à la Société le résultat de l'examen que nous avons fait, d'un monstre du genre cyclocéphale que M. Bayera mis à notie disposition. L'animal qui présentait cette monstruosité est un cochon femelle, qui nous a paru être à terme. Tous les organes, excepté ceux de la tête, étaient à l'état normal. Les oreilles paraissaient bien conformées et placées normalement. — La tête, ne représentait pas un groin prolongé, mais sa forme approchait d'un sphéroïde. Le front, saillant, n'offrait point le vestige d'une trompe. La face présentait sur les côtés quelques rides profondes, et sur la ligne médiane une orbite unique ou l'on remarquait une arcade surcilière simple, de9 paupières îudimentaires, séparées par quatre angles, dont les externes étaient «ignés, tandis que le supérieur et l'iii* férieur étaient élargis. — Au centre un œil unique, à deux cornées confluentes ; eous ceto;il un repli semi-lunaire et transversal de la conjonctive ressemblait par- faitement à une paupière inférieure. L'orbite était séparée de la bouche par la saillie perpendiculaire de la lèvre et de la mai'hoirc supérieure; il n'existait aucune apparence de fosses nasales. La mâchoire supérieure, bien moins développée qu'à l'élal normal, ne présentait pa» 199 en avant une dent médiane comme un l'observe ordinairement dans les cyclo- c< phales à cette époque de la vie fœtale; les apophyses palatines n'étaient pas réunies. — La mâchoire inférieure était également peu développée, la symphyse se recourbait en arc vers la mâchoire supérieure qu'elle dépassait un peu. La langue, normale sortait delà bouche, dont la cavité était trop petite pour la con- tenir par suile de l'atrophie des mâchoires. La voûte palatine présentait une dou- ble fissure dont l'apparence n'était pas ordinaire, à cause de l'absence des fosses nasales; dans la rainure que laissait l'écartement des apophyses palatines existait une saillie longitudinale formée par un rudiment de vomer recouvert par la mem- brane muqueuse. Il n'y avait pas de voile du palais. Encéphale. — Les os de la voûte du crâne ayant été enlevés, nous avons trouvé sous la dure-mère une membrane vasculaire, dont les vaisseaux étaient gorges de s ang. Cette membrane, partout en contact avec la dure-mère, avait tous les caractères c!e la pie-mère; elle formait une poche remplie d'un liquide transparent, qui ne se coagulait pas parla chaleur; ce liquide s'étant écoulé , nous peimit de constater l'absence des hémisphères cérébraux. Il n'y avait pas non plus de faux du cerveau ni de lente du cervelet. — L'encéphale , examine en piace, présentait d'arrière en avant le bulbe rachidien, le cervelet, moins dé- veloppé peut être qu'a l'état normal, les tubercules quadrijumeaux. — Au-devant de ces éminences la substance cérébrale paraissait comme coupée à pic; delà partie inférieure de cette section partait une lame mince moins large que la pro- tubérance qui recouvrait la selle turcique jusqu'au trou optique, ou elle se ter- minait. De chaque cô'é de c< tle lamelle on voyait flotter quelques replis minces et transparents de la pie-mère et les nerfs de la troisième paire trop longs pour leur trajet dans le crâne. On apercevait encore !a portion intrac'ânienne des quatrième, cinquième, sixième et septième paires de nerfs ; le cerveau enlevé et vu en dessous présentait le bull>e rachidien et, la protubérance cl en avant la lamelle dont nous avons parle qui, naissant de la portion du cerveau sous-ja- cente aux tubercules quadrijumeaux, se dirigeait en bas, formant avec la protu- bérance un sillon profond puis en avant, jusqu'au trou optique. Cette lamelle pa- raissait constituée, près de la protubérance, par la partie inférieure et Interne des pédoncules cérébraux, donnant naissance aux nerfs de la troisième paire, plus en avant par le corpus cinereum d'où partait une tige très-courte qui se continuait avec la glande pitilaire, dont nous avons parfa tement constaté l'existence, enûn par un nerf optique dans lequel on ne pouvait reconnaître ni chiasma, ni même deux nerfs accolés. — Il n'y avait point d'autres vestiges des hémisphères céré- braux ; il n'y avait point non plus de nerfs olfactifs ; tous les autres nerfs exis- taient; ceux qui se rendaient à l'orbite étaient plus ou moins atrophiés. L'œil, entouré pardes muscles pàleset atrophiés, était lui-même très-aiiéré.Son diamètre transversal était le plus grand; on y reconnaissait deux cornées d'ap- parence vasculaire jointes par leur bord en huit de chiffre. La sclérotique altérée dans sa texture, amincie, adhérait en arrière à la dure-mère, qui présentait en 200 ce poiut un trou optique ; par cette disposition le nert optique ne faisait aucun trajet hors de la cavité du crâne. La face interne de la sclérotique était forte- ment teinte en rouge; sa cavité contenait un liquide louche et quelques con- crétions rouges de la grosseur d'une tête d'épingle ; deux cristallins adhérents à l'iris, dont l'un plus petit que l'autre. Les adhérences de l'iris à la cornée ne permettaient pas de distinguer ses formes. Le crâne, à part la forme saillante du front, ne nous a pas paru plus grand ou plu» petit que ne le comportaient lagrosseuretledéveloppement du fœtus. Les os, qui le composaient, étaient minces, bien . ossiliés et ne laissaient pas d'inter- valles membraneux entre leurs bords. Le frontal était unique; l'cthmoïde n'exis- tait pas, ainsi que la petite ailedu sphénoïde; le reste du crâne s'éloignait peu de l'état normal. L'orbite était remarquable par son peu de profondeur; elle était formée en haut et en arrière par le frontal, en bas par le maxillaire supérieur et les bulbes de deux grosses molaires en dehors par les jugaux. Par l'absence de la petite aile du sphénoïde, l'orbite n'était séparée du crâne que par la dure-mère, qui, d'une part, se dédoublait pour se continuer avec le périoste de l'orbite, et de l'autre adhérait très-fortement avec la sclérotique, au- tour du trtiu optique. Nous avons constaté dans, le cerveau et dans l'oeil des lésions sur lesquelles nous croyons devoir nous arrêter un instant. La moelle allongée présentait dans toute son épaisseur et dans l'étendue d'un centimètre environ, une teinte rouge très-prononcée, dont les limiies étaient bien tranchées; le cervelet offrait aussi, à sa face supérieure, cette même coloration pénétrant profondément dans sa substance qui était très lai ble. en ce point. Dans la pie-mère adjacente, on re- marquait de petites concrétions nnigeàtres ; «afin, entre la dure-mère et le tem- poral droit , existait une couche de matière rouge qui colorait fortement ce» parties. L'intérieur de l'œil contenait aussi des concrétions de même couleur et de la grosseur <î'tine té* e d'épingle; examinées au microscope, la matière rouge et les concrétions paraissaient composées de corpuscules en petit nombre, ayant l'appareuce de corpuscules sanguins plus ou moins altérés et de cristaux légère- ment rouges, dont la forme se rapprochait de celle dur» grain de riz ou d'avoine. Ces cristaux étaient insolubles dans l'alcool bouillant, la potasse caustique en solution concentrée et l'acide nitrique qniles décolorait. L'œil, outre ces concrétions , présentait des altérations de texture, telles que l'opacité et 1 aparence vasculuire de la cornée, les adhérences de l'iris et des cristallins, et qui sont le résultat ordinaire de l'inflammation de cet organe. Deux théories sur la cause de plusieurs monstruosités et de la cyclo céphalie en particulier divisent aujourd'hui les savants qui se sont occupés de tératolo- gie. Les uns expliquent ces anomalies par un arrêt de formation ou de dévelop- pement correspondant à un état normal de la vie embryonnaire ; les autres y voient une lésion produite par une hydrocéphalie antérieure. 201 Pour que ta cyclocèptiaiie trouve son explication dans un arrêt de déreJoppe- ment, il faut que l'état du cerveau,, par exemple, réponde a Tune des phases de l'évolution de cet organe. Or, dans l'observation dont nous venons da. iire les détails à ta Société, nous ne trouvons point d'hémisphères rudimenlaires, qui nous représenteraient un arrêt de leur développement , ni une absence complète de ces organes, qui nous représenteraient un arrêt de formation. Mais nous trouvons une portion du plancher du troisième ventricule et le nerf optique qui sont produits par la vésicule antérieure, comme les hémisphères. Si donc il y avait eu arrêt de développement de la vésicule antérieure avant la formation des hémisphères, le tuber cinereum et le oerf optique n'auraient pu se développer. Si> an contraire, l'arrêt avait eu lieu après la formation de ces hémisphères, on devrait en trouver quelques rudiments reconnaissantes. Or nous ne pouvons regarder comme des hémisphères rudimenlaires les lamelles que nous avons décrites; c'est une portion, un lambeau bien développé de ces hémisphères facile à déterminer, et qui a dû nécessairement suivre les phases de leur évolution. J'ajourerai que, dans l'hypothèse d'un arrêt de développement, la pie-mère aurait dû nécessairement subir le même arrêt que la. pulpe cérébrale. Il est im- possible, en effet, de concevoir que cette membrane se sépara du cerveau sans une cause pathologique, lorsque cet organe cesse simplement de se déve- lopper. En résumé, la théorie de l'arrêt de développement, correspondant à un état normal, n'est pas applicable à ce cas de cyclocéphalie. La seconde théorie, qui cherche la cause de la cyclocéphalie dans une hydro- céphalie des premiers temps de l'évolution, rend beaucoup mieux compte de la monstruosité que nous avons sous les yeux. Nous trouvons, en effet, un amas de sérosité remplaçant un organe qu'il a pu distendre et atrophier. Cependant, sans chercher des objections dans les anomalies des organes situés hors de la cavité crânienne, qu'une hydropisie n'explique pas d'une manière très-satisfai- sante, il faut le dire, nous trouvons dans le cerveau même quelques raisons de douter que l'hydrocéphalie ait été, dans ce cas, la cause de la monstruosité. Si Ton considère les dimensions de lacavité du crâne qui ne sont pas exagé- rées, la nature du liquide, qui n'est autre que le liquide encépbalo-rachidien,les rapports des os, qui forment une voûte continue sans intervalles membraneux; si Von considère enfin que, dans des hydrocéphalies très-volumineuses, la , -ulpe cérébrale se retrouve encore, quoique très-amincie et en quelque sorte mem- braneuse, on devra admettre que, s'il y a eu hydrocéphalie, elle avait depuis longtemps cessé ses progrès, et qu'elle a dû exister aux premiers temps de l'embryon. Dans ce cas, pourquoi le corpus cinereum, dont la consistance est très-molle, et les nerfs optiques n'auraient-ils pas été annexés, atrophiés, comme le reste des hémisphères ? Le cervelet lui-même, dont t'évo ution est plus tardive, n'aurait-il pas subi la même atrophie? 209 Peut-être trouverait-ou une solution plus satisfaisante en cherchant la cause de ces anomalies dans une altération pathologique d'une autre nature, dans un épanchement de sang, par exemple, ou dans une inflammation, qui, survenant dans un organe pulpeux, demi-liquide, le désorganise et le détruit, tandis que la pie-mère, plus avancée dans .-on organisation, d'un tissu plus consistant, ré- siste plus ou moins à ladeslruction,et se développe ensuite indépendamment de l'organe qui a disparu. Sans vouloir discuter ici cette opinion, nous rappellerons seulement les traces nombreuses d'un épanchement de sang ancien dans l'encé- phaleetdans l'œil, et daus cet organe même, l'opacité des deux cornées, les ad- hérences de l'iris et du cristallin, etc., désordres consécutifs a une inflammation déjà ancienne, qui viennent jusqu'à un certain point appuyer cette théorie, que je nie propose de discuter une autre fois avec quelque développement. 4° ANÉVRISME DISSÉQUANT DE L' AORTE ; par M. FOLLIN. M. Follin montre un anévrisme disséquant de l'aorte trouvé sur une vieille femme disséquée dans les pavillons de l'École pratique. La cavité du péricarde était distendue par du sang noir en caillots. Après avoir enlevé ces caillots et cherché le point d'où provenait ce sang, il trouva qu'à l'origine de la crosse aorlique, dans la partie renfermée dans le péricarde, il existait une bosse de la grosseur d'un petit œuf de poule, d'un brun noirâtre, molle, qui lui parut formée par du sang épanché sous la membrane celluleuse de l'artère. Au point ie plus saillant de ce renflement anormal, on trouvait une petite déchirure à bords irréguliers, par laquelle sans doute le sang avsiit pénétré dans le pé- ricarde. L'aorte, ouverte au point opposé à cette sai'lie, montra dans sa convexité une déchirure transversale d'un centimètre de largeur environ, qui faisait commu- niquer l'intérieur de l'artère avec l'anévrisme disséquant. L'anévrisme disséquant n'embrassait pas complètement la circonférence de l'artère ; il ne s'étendait point au delà de la portion péricardique de l'aorte. Celle artère, du reste, saine au niveau de ses valvules, offrait seulement quelques pla- ques laiteuses dans son épaisseur. Cet anévrisme disséquant est remarquable à deux points de vue : 1° parce qu'il existe en un point de l'artère qui n'est point altéré dans sa structure d'une manière notable; 2° parce qu'il a été accompagné d'une rupture qui , amenant dans le péricarde une énorme quantité de sang, a dû produire une mort subite. TUMEURS TUBERCULEUSES CHEZ l'N LAPIN; par M. FOLi.lN. M Follin montre en outre un lapin sur lequel, pendant la vie, il a constate la présence de quatre lumeursdn volume d'un œuf situées en dehors et en dedansde l'omoplate droite et au niveau de la région lombaire. — C.e< tumeurs, assez dure» pendant la vie, consistaient en îles kystes distendus par une masse semi-liquide, 203 jaunâtre, très-filante, toul à fait semblauie à certaine inalière tuberculeuse ra- mollie ; une enveloppe assez ctiaisse formait la paroi du kyste. Ces dépôts n'existaient qu'à l'extérieur, et l'un d'eus, place sous l'omoplate droite, l'avait considérablement soulevée. L'examen des viscères fait avec soin n'a fait voir aucune altération dans le foie ni dans les poumons ; quelques cysticerques existaient seulement dans la cavité abdominale, ce qui est très-fréquent chez ces animaux. L'examen microscopique de la matière jaune contenue dans ces kystes, a mon- tré qu'elle était constituée uniquement par de petits globules, à bords irrégulière- ment arrondis, contenant à leur intérieur quelques granules que l'acide acétique rendait transparents sans nullement faire disparaître les globules. Ces giobules sont très-petits; ilsoi't environ 0,00l> m. Ixur forme comme leur volume leur donnent une grande analogie avec les globules tuberculeux. M. Follin pense donc que ces kystes étaient des kystes con- enant de la matière tuberculeuse ramollie. A ce sujet, M. Brown-Séquard fait remarquer que ces tumeurs se sont déve- loppées extrêmement vite. En moins d'un mois elles ont acquis le volume d'un œuf de poule, et l'une d'elles même le volume d'un «enf de dinde. 6» tcmecr observée sur la salmo-ferra ; par M. Mayor (de Genève-. La Ferra que je soumets à votre examen présente une tumeur remarquable par son volume, relativement à la taille de l'auimal ; cette tumeur est située sur le côté droit du dos, tout auprès de la nageoire dorsale; elle est très-circon- scrileel mobile. Il est évident qu'elle s'est développée lentement. Est-elle sur- venue spontanément ou à la suite de quelque blessure? Cette dernière hypo- thèse me paraît probable, car les ennemis de ce poisson, la truite et le brochet, le saisissent souvent par le travers du corps, et toujours le blessent dans la ré- gion où est située la tumeur. Mon (ils et M. le professeur Robin ont examiné au microscope des lamelles de cette tumeur et y ont reconnu un tissu libreux. La dissection m'a démontré qu'elle était située entre la couche musculaire et la peau qui se dilatait et s'amincissait à mesure qu'elle se rapprochait du som- met de la tumeur. Je pense qu'il ne faut pas confondre cette tumeur avec, celles dont parle M. Juriue dans son ouvrage sur les poissons du lac de Genève, ni avec de petits tubercules que souvent on rencontre en grand nombre chacun sous une écaille qu ils soulèvent, ce qui donne à la peau du ooisson une apparence cha- grinée. Ces premières sont des kystes, et les dernières sont évidemment une af fection de Pépidernie. J'ai aussi ibonneur de vous présenter le dessin d'un cancer que j'ai rencon- tré sur la mâchoire d'un ombre chevalier ; il était ulcéré, l'os maxillaire était, altéré et présentait un grand nombre de lamelles pénétrant dans la tumeur. 204 7° DESTRUCTION DU PANCRÉAS PENDANT LA VIE; par M. Cl.. BERNARD. M. Cl. Bernard rend compte à la Société de l'autopsie d'un chien cliez lequel il avait établi une Gstule pancréatique, et qui est mort dans un étal de profonde émacialion. Le fait important sur lequel M. Cl. Bernard attire l'atteolioa de la Société est la disparition complète du pancréas. Ayant établi une trop large communication entre le duodénum et le canal pancréatique, M. Cl. Bernard pense que la bile, pénétrant le pancréas et se mêlant au suc pancréatique, a pu opérer la digestion de cet organe. MAXADfES DES ANIMAUX A L'ÉTAT SAUVAGE ; par M. RAYER. Pour le physiologiste, l'étude des maladies des animaux à l'état sauvage et de liberté offre un intérêt réel qui, serait plus généralement compris, si les observa- tions sur ce sujet étaient plus nombrenses. M. Rayer montre les organes de la respiration d'un lapin de garenne tue à la chasse, et qui était dans un grand état de maigreur. La plèvre, du côté auche, contenait une quantité considérable d'un liquide purulent, et elle était couverte de fausses membranes dan8 les por- tions médiastine et diaphragmatique. Il y avait dans le poumon correspondant plusieurs petites cavernes dont les parois étaient continues -, d'autres parties du poumon étaient dures , grisâtres, et avalent l'aspect du tissu pulmonaire infiltré de tubercules; le poumon droit et les autres organes étaient sains; il n'exis- tait aucune trace de blessure à l'extérieur du corps. L'ancienneté de l'affection semblait d'ailleurs démontrée par l'excessive maigreur de l'animal. A cette occasion, M. RayeT rappelle quelques observations sur les maladies des mammifères qui vivent al'elat sauvage , les cas de rage observés sur des loups et des renards , les observations de Rame! sur une singulière épiznotie qui frappa en H7G et en 1780 les loups et les renards dans la contrée de Rone, en Afrique, et l'épizootiequi enleva un grand nombre decer/sdanslaforêt de Saint -Germain, et dont il est, fait mention dans les mémoires de la Société royale de médecine de Pari». NOTE SUR L'HYDROPISIE PRODUITE ARTIFICIELLEMENT CHEZ LES AN1MAUV ; par M. Lebret. La nature intime de l'iivrlropisie est encore un sujet d'incertitude pour les nosologistes, soit que l'on considère cette altération au point de vue général, soit que nous voulions discerner aes originos particulières. Toutefois, en dehors dos idées systématiques, il semble utile de chercher si les opinions reçues s'appuient également sur une rigoureuse appréciation des faits. C'est ainsi que l'on met par- tout au rang ries causes de l'hydropisie la présence d'une excessive quantité d'eau dans le sang, ot à, ce propos tous les auteurs citent les expériences de statique animale de Haies. Ce physiologiste (ait assez autorité dans la science puur qu'on 205 doive vérifier ses observations et !enr«- résultats. Cette note a pour but de con- signer l'examen que nous en avons fait, laissant à d'autres le soin d'en tirer des inductions pratiques. A l'iusur de Haies, nous avons ouvert la carotide gauche sur un cbien de petite taille, et à l'aide d'une seringue nous injectâmes successivement par ce vaisseau six centilitres d'eau à 40° cenlig. ; l'animal était mort en moins d'an quart d'heure ; le sang revenait par la jugulaire ouverte du même côté, extrê- mement délayé d'eau. Nous n'avons pas remarqué les envies de vomir dont parle Haies; de l'écume sortait par le museau; les muscles présentaient un frémissement notable. A l'ouverture faite immédiatement, nous trouvâmes le foie distendu, réellement gorgé de sang aqueux qui s'écoulait en nappe abon- dante sous le scalpel; toute plasticité était enlevée à ce sang mêlé d'eau. Dans la rate, du liquide de même nature, en moindre quantité. Les poumons, peu colorés en rouge, laissèrent exprimer aussi, dans les coupes qu'on pratiquait, du sang fort délayé. Le cœur, devenu volumineux, était rempli de sang, avec ses distinctions habituelles, à droite et à gauche; aucune trace d'infiltration dans les glandes salivaires, ni dans le tissu cellulaire, soit sous-cutané, soit intersti- tiel, ni dans les cavités séreuses de la poitrine et du ventre. M. Bernard a bien voulu confirmer cette expérience par sa propre observation ; comme nous, il a vu l'animal succomber peu de minutes après qu'on avait commencé à lui injec- ter de l'eau par la carotide, et si l'on produisait ensuite un épanchement con- sidérable d'eau dans les cavités séreuses ou dans les tissus, ce n'était qu'en poussant une grande masse de liquide dans le cadavre, et en déterminant des pbénoménes réellement mécaniques. De même que nous l'avons tenté plus tard, notre collègue a injecté un litre d'eau par la veine jugulaire d'un cbien, de médiocre volume ; dans ce cas, la mort est assez lente et ne survient qu'avec quelques signes de compression cérébrale; les globes oculaires s'amplifient notablement; de l'écume sort par la gueule et les narines; la tête du chien tombe sur la poitrine ; il survient quelques mouvements convulsifs et l'animai succombe. Alors aussi, en examinant le cerveau, on voit les ventricules de cet organe démesurément distendus par l'eau, en même temps que l'on constate l'engorgement des poumons, du foie, comme ci-dessus. D'ailleurs, les séreuses, le tissu cellulaire n'offrent point trace d'infiltration, si l'on ne dépasse pas la quantité d'eau énoncée. Ajoutons que du sang pris sur un cbien expérimenté de la sorte a présenté, sous le microscope, cet aspect crénelé, altération bien connue que l'eau fait toujours subir aux globules sanguins par son contact. Le fait expérimental étant bien établi, à savoir : 1° que l'injection d'une grande quantité d'eau par la carotide d'un chien le tue presque immédiatement, et que si on la prolonge on n'agit plus que sur un cadavre ; 2° que tant que l'a- nimal est vivant ou mort depuis peu de temps, on ne produit, dans notre expé- rience, qu'un engorgement de certains viscères et non une infiltration générale ou même partielle des tissus ; nous rapprochons immédiatement ces observa- 206 lions de celles de M. Lacauchie. Sous le titre d' Hydrotomie , cet auteur d'un iutéressant mémoire a démontré l'utilité des injections d'eau appliquées a l'é- tude des organes. Il laisse tomber l'eau d'une hauteur de 3 à h métrés, le plus souvent en injectant par les artères, sur le cadavre ; nous remarquerons que Haies employait souvent des tubes de 9 pieds de haut. Dans ce mode de préparation, une partie du liquide injecté revient par les vaisseaux béants ; une autre portion traverse facilement toutes les membranes tégumentaires, pour suinter à leur surface, et s'Infiltre dans le tissu cellulaire. M. Lacauchie obtient ainsi, on le sait, la décoloration des parenchymes et la dissociation de leurg éléments, toutes circonsiances analogues à celles que Haies signalait dans son expérience; enfin il a pu étudier par cette méthode, pour la mettre à profit, la perméabilité des tissus qui s'accroît sensiblement sous l'influence même du passade prolongé de l'eau. Il suffit d'avoir exposé cet examen comparatif de l'expérience de Haies pour uémontrer qu'on a eu tort d'y chercher une explication du phénomène de l'hy- dropisie, de celle du moins qui est attribuée à l'altération du sang. La discussion leste encore en suspens sur beaucoup de points de l'étiologie des épanche- ments séreux ; des faits contradictoires, partiels ou généralisés, ont empêché les opinions d'arriver à un accord désirable. Est-il nécessaire de citer ces cas fré- quents d'ydrohémie, ne s'accompagna rit jamais de suffisions séreuses, à moin» qu'il n'existe quelque complication? Et les lésions de sécrétion, dont le rapport avec l'état soit général , soit organique est si difficile à établir? Nous ne pensons pas que dans le phénomène d'exosmose, dont cette note est le sujet, on trouve aucun autre fait qu'une imbibition des tissus dans l'état cadavérique ; rien, en un mot, qui rattache expérimentalement l'épanchement à la nature des lésions morbides, et par conséquent aucune base importante de la théorie générale de l'hydropisie. MEMOIRES LUS A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1849. RECHERCHES SUR LA NATURE MUSCULAIRE DU GUBERNÂCULUM TESTIS ET SUR LA SITUATION DU TESTICULE DANS L'ABDOMEN; Entrait d'tin mémoire lu à la Société de Biologie; M. LE DOCTEUR CH< R08iN, Professeur agrégé à la Faculté de médecine, vice-président de la Société de Biologie. Situation dus testicules dans l'abdomj-n. — Je ferai remarquer en premier lieu, avec Hunier, que tous les viscères sont placés beaucoup plus haut dans l'abdomen du fœtus que chez l'adulte. Mais ce n'est pas immé- diatement au-dessous des reins que se trouvent les testicules ; c'est à 7 Ou 8 millim. chez les fœtus longs de 10 centimètres et 15 millimètres chez ceux de 5 mois. Ils sont bien placés au devant du psoas, de chaque côté du rec- tum, mais à 6 millimètres chez les plus jeunes et à 7 à 9 chez les plus âgés, dont il est question ici. Le bord qui reçoit les vaisseaux est tourné tout à 2 fait en arrière chez les plus petits, comme le dit Hunter ; mais à dater du quatrième mois, il regarde un peu en dedans. L'épididyme est situé en haut du bord postérieur du testicule, dont il dépasse un peu l'extrémité supé- rieure 6ur l'un des fœlus, et se trouve au même niveau qu'elle chez les au- tres. Sa partie supérieure est volumineuse, arrondie ; il se termine en pointe iuférieurement, et se continue par le canal déférent qui longe le côté ex- terne du bord postérieur du testicule. Ce conduit, arrivé à l'extrémité in- férieure de la glande, la contourne d'arrière en avant et de dehors en de- dans, en passant par-dessus l'insertion du gubernaculum testis ; il conti- nue son trajet vers la ligne médiane et passe sur l'artère ombilicale, puis sur l'uretère correspondant , qu'il croise à angle droit, et plonge ensuite dans le bassin pour gagner la ligne médiane au-dessous de la vessie. L'ar- tère précédente soulève le péritoine sur les côtés du bassin et en même temps le canal déférent. Ce dernier ne présente pas de flexuosités onduleu- ses jusqu'au troisième mois ; mais à partir de cette époque, il devient très- flexueux, toutefois d'autant moins qu'il approche davantage de la vessie, ce qu'a remarqué Hunter, sans signaler l'époque où commencent à apparaître les ondulations. Les vaisseaux se comportent, chez ces fœtus, de la manière indiquée en général par l'anatomiste anglais. L'artère et les veines testiculaires propre- ment dites, arrivées vers le testicule, contournent en dedans l'extrémité supérieure de l'épididyme pour se porter ensuite assez brusquement en dehors et pénétrer dans le testicule. Leur ensemble forme un faisceau plus ou moins élargi ; tous sont faciles à voir, à cause des veines pleines de sang. Le testicule et l'épididyme sont contenus dans un repli du péritoine assez large, véritable mesotestis ou mesorchide, ainsi que l'appelle Seiler. Ce mésoleslis est un feuillet aplati plus ou moins large, mais non un pédicule étroit, comme le veut Hunter. La position de l'épididyme fait qu'il se trouve plus rapproché du psoas que le testicule. A mesure que le fœtus avance en âge et que le testicule approche du canal inguinal, le mésorchide devient plus court et les adhérences plus larges et plus serrées, ce que Hunter a déjà signalé. Les testicules ont U millimètres de long sur 2 de large chez les plus petits fœtus étudiés ici ; 6 1/2 de long sur 3 de large chez celui de U mois environ, et seulement 7 chez celui de 3 mois. Les reins ne sont pas situés à la même hauteur ; mais, contrairement à ce qu'ont dit quelques auteurs et à ce qui existera plus tard, l'extrémité infé- 3 ricnre du rein gauche est à 2 ou U millimètres plus bas que celle du rein droit chez le foetus au-dessous de 5 mois. Chez celui qui a cet âge, ils sont au même niveau ; le rein droit est même placé un peu au-dessous de l'au- tre, mais la différence est encore peu sensible. Le bord inférieur du foie dépasse à peine ou ne dépasse pas l'extrémité inférieure du testicule. Nous avons déjà vu que les deux testicules sont placés exactement au même ni- veau, et sont loin d'être en contact avec les reins. C'est donc faire une hypo- thèse en contradiction avec les faits anatomiques, que de dire « que le tes- ticule droit étant placé plus bas que le gauche, à cause des différences de hauteur des reins (dues à la pression du lobe droit du foie sur la glande urinaire correspondante), le canal déférent droit doit être plus .court que le gauche, et par suite le testicule correspondant, placé plus haut que l'autre dans le scrotum. » Ainsi on ne peut rien déduire de la situation des reins dans l'abdomen pour la hauteur des testicules dans les bourses. Chez un embryon femelle, long de 11 centimètres, les ovaires étaient placés comme chez les embryons mâles de même longueur; seulement ces organes ayant une longueur plus que double de celle des testicules de fœtus de même âge, leur extrémité supérieure est à peu près en contact avec le rein corres- pondant. Le rectum remonte assez haut au devant de la colonne lombaire. Ce n'est qu'à partir du troisième mois qu'il commence à devenir plus large que le colon, ce qui fait croire que iiunler n'a pas eu en vue, dans sa descrip- tion, de fœtus au-dessous de cet âge, puisqu'il l'indique comme toujours plus large que le reste de l'intestin. Il se recourbe ensuite directement en dehors, à gauche et un peu en bas, pour passer dans l'intervalle qui sépare le testicule et le rein gauches. Cette partie forme une ou deux flexuosités au niveau du rein, suivant les sujets et représente l'S iliaque du colon; mais elle est placée bien au-dessus de la fosse iliaque correspondante. A droite, le cœcum se trouve encore bien plus haut, il esta 3 ou U mill. au-dessus de l'extrémité inférieure du rein correspondant et pourvu d'un mésocœcum assez lâche. Il n'est pas plus large que le reste du colon qui lui-même est à peine plus large que l'intestin grêle. Le cœcum a 2 à 3 mill. de long ; de son extrémité libre part l'appendice cœcal qui s'en distingue par une largeur un peu moindre, quoique peu marquée; il est très-long (12 à 14 millim.) et recourbé en dedans, de manière à s'appliquer contre l'iléum ; son extrémité terminale est recourbée en crochet sur le reste du tube. A. partir du quatrième mois, le cœcum se trouve un peu descendu ; iî est alors au niveau de l'extrémité inférieure du rein, et vers le cinquième 4 mois il est m&ne un peu plus bas ; en même temps son mésocœcum dis- paraît. Gubernaculum testis. — Contrairement à l'opinion de Bischoff, le gu- bernaculum testis ou crémaster, ou musculus testis de limiter, est bien un muscle, c'est-à-dire un cordon formé de fibres musculaires, et je me suis assuré sur un fœtus de A mois que ce sont des fibres musculaires striées en travers, semblables dans ce muscle à celles que l'on trouve à cet âge dans tous les muscles, le crural antérieur, par exemple. Chez tous les animaux qui ont le testicule dans l'abdomen et peuvent le faire sortir à volonté en tout temps ou seulement à l'époque du rut, le crémaster est un muscle qui conserve toute la vie la disposition que nous allons décrire chez le fœtus de l'homme et les autres animaux qui ont les testicules extérieurs. C'est chez eux un véritable musculus testis, étendu du pli de l'aine à l'extrémité inférieure du testicule placé dans l'abdomen et passant au tra- vers du canal inguinal; il est celluleux au centre et se retourne sur lui- même, se déverse dès que le testicule est arrivé à l'entrée du canal ingui- nal pour tomber dans le scrotum. (Beaucoup de rongeurs, la plupart des insectivores.) Après le rut, en se contractant, il remonte jusque dans le canal inguinal le testicule qui a diminué de volume. Ce muscle manque chez les animaux dont les testicules restent toute la vie dans l'abdomen, comme, l'éléphant, le daman, les cétacés, le phoque, etc. Chez l'homme et lesautres animaux dont le testicule est extérieur pendant toute la vie extra- utérine, le crémaster est disposé comme il l'est temporairement chez les rongeurs insectivores, c'est-à-dire de haut en bas, du pli de l'aine au tes- ticule, au lieu de se diriger de bas en haut entre les deux mêmes points, mais en passant à travers le canal inguinal pour pénétrer dans la cavité ab- dominale. Il un ter a déjà signalé que c'est au crémaster qu'est due la possi- bilité, surtout chez les jeunes gens, d'élever plus ou moins le testicule quand on tousse ou quand, pour une cause quelconque, on fait entrer les muscles abdominaux en action. D'après M. Marshall, cette contraction est volontaire et bornée au crémaster chez quelques individus; M. Malgaigne a aussi observé ce soulèvement dans les circonstances signalées par llunter. Le gubernaculum ou musculus testis présente à étudier deux portions distinctes par leur situation, quoique continues : l'une est placée dans l'ab- domen, étendue du testicule à l'orifice supérieur du canal inguinal ; l'autre la continue à partir de ce point, traverse le canal inguinal qu'elle remplit» pour se terminer en trois faisceaux; l'un, externe, va en dehors à l'arcade 5 crut aie; le deuxième, ou interne, va au-devant du pubis; le troisième» ou médian, plus gros, plus large que les autres, continue la direction du mus- cle, et se perd en bas dans le tissu cellulaire du scrotum, eu s'amiueissant peu 9 peu ; c'est le seul décrit par Hanter. La portion intra-abdoruinalc du gubemaculum représente un petit cor- don arrondi, inséré à l'extrémité inférieure du testicule, et quelques fibres se prolongent en arrière jusqu'à l'extrémité inférieure de l'épididyrae. De là il se dirige en bas et en dedans, au-devant du psoas auquel il adhère lâche- ment en arrière, tandis que dans tout le reste de sa circonférence, il est en- veloppé par le péritoine et recouvert par l'intestin grêle ; nous avons déjà vu qu'en haut il est croisé par le canal déférent. En bas, au niveau de l'ori- fice supérieur du canal inguinal, il semble un peu renflé, comme trop large pour le conduit qu'il doit traverser. Il a S millimètres de long sur 1 1/2 de large chez les fœtus de 2 mois; 6 millimètres de long sur 3 de large chei celui de 4 mois. A cinq mois, cette portion intra-abdominale a diminué de longueur environ de moitié, ce qui lient à ce que le muscle s'est contracté et eu se retirant il a entraîné avec lui le péritoine dans le canal. Aussi le pé- ritoine, au lieu de se réfléchir directement du gubemaculum sur les pa- rois abdominales, forme une dépression circulaire de 2 millimètres de pro- fondeur dans le canal inguinal, ce qui dessine nettement son orifice supé- rieur péritonéal. )La portion qui traverse le canal le remplit exactement et semble trop grosse pour lui, car elle soulève un peu le péritoine en haut et sur les foetus frais ; elle s'élargit un peu dès qu'on a ouvert le trajet dans tonte sa lon- gueur. On peut alors voir un faisceau qui se porte immédiatement en de- hors et s'insère sur l'arcade crurale; un autre plus large qui, au sortir du canal, se porte en dedans et se perd au devant de la partie externe du pu- bis ; enfin la partie moyenne s'épanouit en s'amincissant dans le tissu cel- lulaire du scrotum; elle est très-vasculaire ; ses vaisseaux semblent marcher de bas en haut, et on peut en suivre jusque dans la portion intra-abdomi- nale. Cette seconde portion du gubemaculum a la même disposition chez tous les fœtus étudiés ici, sauf les différences de volume. Ce muscle est or- ganisé de la manière suivante ; au centre, il est formé de fibres de tissu cel- lulaire lâche et très-vasculaire ; ce faisceau est entouré d'une épaisse couche de fibres musculaires de la vie animale ou striées, très-caraclérisées, que j'ai étudiées et figurées d'après un fœtus de k mois ; je les ai montrées à plusieurs anatomistes entre autres à M. Fol! in. Elles disparaissent en grand» partie au-dessous des deux faisceaux d'insertion externe et interne. C'est à 6 tort que Bischoff en nie l'existence, et que Rathke dit le gubernaculum pu- rement cellulaire. Ainsi le cremasler ou gubernaculum ieslis est un véritable muscle du testicule, chargé d'attirer chez le fœtus humain et chez le fœtus d'autres mammifères, cette glande de l'abdomen dans le canal inguinal. Arrivé là, l'organe achève de descendre dans le scrotum, soit par pression des viscères, soit par son propre poids, et le muscle se déverse comme une poche mus- culaire, qu'il représente réellement, surtout chez les rongeurs et insec- tivores, mais dont le centre est rempli de tissu cellulaire lâche. Cette action qui n'a lieu qu'une fois chez l'homme et autres mammifères, se renouvelle à chaque période du rut chez les animaux précités sur lesquels on peut étu- dier l'organisation précédente en grand et suivre très-facilement toutes les phases du phénomène. La description précédente complète sous plusieurs rapports celle de Hunter, qui est encore de beaucoup ce qu'il y a eu de mieux fait sur ce sujet. Ainsi cet anatomiste éminent, par le soin qu'il avait d'élucider tou- jours chaque question d'anatomie humaine par des observations faites sur les animaux, avait complètement raison quand il soupçonnait qu'il avait en petit sous les yeux, chez le fœtus humain, ce qu'il voyait en grand sur le hérisson, etc. Au lieu de l'appeler ligament du testicule, il aurait dû conti- nuer à l'appeler muscle du testicule, musculus testis, comme il le fait en commençant. Par là se trouve démontrée l'opinion de R. Owen, à savoir, que le gubernaculum testis est un muscle propre du testicule. Ainsi, on ne doit plus tenir compte de l'hypothèse de Carus, qui veut que le creraaster soit formé par les fibres inférieures du transverse de l'abdomen entraînées par le testicule au moment de sa descente; comme si par la pression seule des viscères abdominaux, le testicule pouvait traverser obliquement les pa- rois abdominales, sans une action qui le sollicite précisément dans cette di- rection. Chez les embryons femelles du deuxième mois, et déjà bien avant, on re- connaît que le ligament rond est l'analogue du gubernaculum testis, il est seulement plus mince et plus long, mais ses insertions inférieures sont les mêmes, et comme lui, il traverse le canal inguinal, bien plus étroit chez la femme que chez l'homme. RECHERCHES Sl'R LA MALADIE DIT£ VARIOLE DES OISEAUX , M. RAYER, Membre de l'Institut et président de la Société de Biologie. Oh sait que l'homme est sujet à plusieurs maladies tébriles, qui, api-ès un ou plusieurs jours de durée, se caractérisent à l'extérieur du corps par des éruptions plus ou moihs considérables ; la variole, la rougeole, la scarla- tine sont les plus fréquentes de ces maladies, auxquelles il faut ajouter la varicelle, la suelle miliaire et le typhus. Aucun mammifère, à Pélat sauvage, à l'état de captivité ou de domesti- cité, n'est sujet à un aussi grand nombre de fièvres éruptives. Chez les Singes, on a onsetvé la variole et la rougeoie. La vache offre naturellement, au moins dans certaines contrées et dans certaines constitutions épizooti- ques, le cow-pox et la fièvre aphlheuse; plusieurs expérimentateurs lui ont transmis la variole par inoculation. Le mouton est sujet à la clavelée et peut recevoir par inoculation le cow-pox ou la vaccine. Le porc est sujet à la fièvre aphlheuse et à deux autres maladies éruptives qui n'ont pas ebcofè Z&\ 2 été suffisamment caractérisées, il peut recevoir le cow-pox et la vaccine par inoculation. Chez les oiseaux, le nombre des fièvres éruptives paraît réduit à une seule. Cette maladie, dont la nature n'est peut-être pas la même dans toutes les espèces, a été généralement désignée sous le nom de variole, parce que les élevures qui la caractérisent ont une certaine analogie avec les pus- tules varioliques , et parce que l'éruption des oiseaux a paru quelquefois être le résultat d'une véritable transmission de la variole de l'homme à cer- tains oiseaux. Les pigeons, à l'état de liberté, sont sujets à une éruption que Petro Crescenzi a mentionné, le premier, dans le treizième siècle, sous le nom de varioli columbaruuu Suivant Guorsant père, cette maladie est si commune en Italie, que, dans une volière de mille pigeons, ou en trouve à peine un seul qui n'en soit pas affecté ; mais il en meurt tout au plus le vingtième. Un agronome allemand, M. Rohlwes, assure au contraire que cette maladie est l'affection la plus grave dont les jeunes pigeons puissent être atteints; elle se développe pendant les chaleurs de l'été, s'annonce par de petits ab- cès sur tout le corps, qui se dessèchent sous la forme de croûtes, lorsque les oiseaux guérissent. J'ai pu me procurer, à Paris, de petits pigeonneaux atteints de cette ma- ladie, que les oiseliers désignent aussi sous le nom de petite vérole; mais cela n'a pas été sans peine, soit parce qu'elle est réellement plus rare dans nos environs qu'en Italie et en Allemagne, soit que les éleveurs de pigeons cachent à dessein l'existence de cette maladie. J'ai examiné, avec M. Désir, plusieurs de ces oiseaux atteints de variole, dans l'année 1845, et je mets sous les yeux de la Société deux dessins représentant l'éruption. Sur un de ces jeunes pigeons, on voyait, entre les branches du maxillaire inférieur, un bouton hémisphérique non ombiliqué et non traversé par une plume, ayant à peu près la même couleur que la peau environnante. Sur le bord de la mâchoire inférieure, du côté droit, existait un autre boulon moins gros, et qui avait environ le volume d'un grain de millet. Sur la peau de la partie antérieure du col, on voyait une série de boutons dont l'apparence rappe- lait assez exactement celle des boutons de la variole de l'homme. La plupart de ces boutons étaient isolés ; d'autres étaient réunis par leur» bords cor- respondants. Tous ces boutons avaient une teinte jaunâtre, produite par un petit dépôt de pus solide, à la surface du derme. Presque tous ces bou- tons étaient traversés par une plume, et lorsque le pus avait pénétré dans le goulot du follicule , le bouton avait une apparence ombiliquée. Quelques 3 jours avant la mort, cet oiseau eut de la diarrhée, il est à regretter que l'exa- men des viscères n'ait pas été fait. Chez un autre pigeonneau» l'éruption occupait toute la tète, le cou et une partie des ailes, et plus spécialement le pourtour des yeux. A la même époque, on m'apporta un jeune pigeon de fuie qui offrait une éruption variolique autour du bec, sur la tête, aux aisselles et sur le cou, dernière région où elle était presque conflucnte. Cette éruption, comme dans les cas précédents, consistait en élevurcs à différents degrés de déve- loppement , les unes isolées , les autres cohérentes. Les moins avancées étaient rouges, et avaient le volume de la tête d'uue très-petite épingle; les autres étaient jaunes, et avaient le volume d'un grain de mil. Ces dernières, par leur réunion, formaient de petites masses saillantes autour des yeux et des oreilles, et cachaient en grande partie ces ouvertures. Ces élevures jau- nâtres, divisées suivant leur épaisseur et examinées à la loupe, offraient, en procédant de dehors en dedans, d'abord une ligne épidermique et au-des- sous d'elle une couche de matière jaune, sorte de fausse membrane dépo- sée à la surface externe du derme. Les papilles, plus développées que dans l'état sain, étaient rouges et très-apparentes. Au-dessous de la peau et dans les viscères, tout parut sain. Cet oiseau, malade depuis quelques jours seulement, n'avait vécu que deux jours dans le laboratoire. Je regrette de ne pouvoir esquisser d'une manière complète le dévelop- pement et la marche de cette éruption varioliforme des pigeons. Cette des- cription ne pourra être faite que par une personne placée dans des con- ditions plus favorables que celles où je me suis trouvé. Les épizooties de variole des pigeons ne peuvent être bien étudiées, en effet, qu'à la cam- pagne. Cette maladie passe pour contagieuse ; toutefois elle ne se transmet pas toujours par cohabitation. J'ai laissé pendant plusieurs jours le corps d'un pigeonneau atteint de cette éruption varioliforme dans uue cage avec six pigeons. Or aucun de ces pigeons n'a contracté la maladie. Il en eût peut- être été autrement pour des pigeonneaux dont la peau est moins garnie de plumes. Toutefois j'ai vainement cherché à transmettre, par inoculation, cette éruption à deux autres pigeons , quelque soin que j'aie mis à insérer sous la peau et dans les narines la matière ou le pus jaune solide contenu dans les élevures. La rareté de celte maladie à Paris ne permet pas de sup- poser que ces pigeous en avaient déjà été affectés. J'ajoute, en finissant ces remarques sur cette éruption des pigeonneaux, que je n'ai pu obtenir de l'oiselier qui me les avait vendus de renseignements précis sur leur prove- u nance. Il m'assura seulement qu'il n'existait point à sa connaissance, dans la localité, soit de petite vérole chez l'homme, soit de clavelée chez les mou- tons. Je n'ai pas observé le développement spontané d'une éruption varioli- forme sur les tourterelles. Plusieurs ailleurs ont affirmé que la variole de l'homme avaitété transmise à ces oiseaux par des femmes ou par des hommes atteints de cette maladie. Je regrette de n'avoir pas fait d'expériences à cet égard; je les ferai prochainement. C'est une opinion fort unanime que les poules peuvent être atteintes de la petite vérole. Stegmann décrit ainsi une épizootie qui frappe les oiseaux de basse-cour dans toute l'Allemagne : « Eodem hujus anni mense [S. fe- bruario) gallinœ indicœ et domesticœ, columbœ et idem anstres, di- versis in locis lue quadam epidemica periernnt, sub quorum nonnul- larum axillis pustulas ecculceratas... » Plus loin il ajoute : « Nov. decemb. hisce mensibns variolae suis ma- culis primœ, mediœ et ultimœ œtatis hominis signarunt ; sic et bruta a variolis non immunia fuere ex quibus pevnata, ulpote anseres et gallinae, tam dômes ticœ, tam indicœ > hisce infecta perierunt fer e om- nia. » Un vétérinaire allemand, M. Dielriohs, décrit ainsi la variole chez les poules. L'éruption se montre sur les ailes, sur le ventre, et surtout là où les cuisses s'unissent au corps. La variole se communique entre les poules, par contagion, et on en circonscrit les ravages par la séquestration des in- dividus affectés. Cette maladie doit être rare à Paris et dans les environs de cette ville, car je n'ai pu me procurer de poules qui en fussent atteintes. Dans l'Inde, on a aussi observé sur les poules une maladie qu'on a rap- prochée de la petite vérole. Cette maladie, que les indigènes désignent sous le nom de maota, dans les environs de Calcutta, se déclare principalement, suivant M. Tyller, à la suile des pluies. Elle est épidémique et fortement contagieuse. Lorsqu'une poule est affectée de cette maladie, plusieurs autres ne tardent pas à en être atteintes. Le refus des aliments et la fièvre sont les premiers symptômes. Bientôt après des pustules apparaissent au- tour des yeux et des oreilles et sur les faces inférieures et supérieures de la langue. Plus tard elles se montrent sur différentes parties du corps, princi- palement sous les ailes. L'oiseau languit quatre à cinq jours et meurt. Plusieurs médecins assurent avoir observé des éruptions varioliques sur des dindons dans des épidémies de petite vérole. Ce fait a été spécialement 5 signalé dans l'épidémie de 1788. M. Dielrichs dit, sans faire mention de cette coïncidence, que ia variole attaque les jeunes et les vieux dindons ; que les pustules se montrent autour du bec et dans son intérieur ; qu'elles s'étendent jusqu'au jabot et sur les parties qui sont dépourvues de plumes, et que celte maladie est contagieuse. Parmentier avait fait la même obser- vation. Il assure que la petite vérole se manifeste, chez les dindons, par des pustules qui surviennent aux environs et dans Tintérieur du bec, et aux parties dénuées de plumes,, telles que les faces internes des ailes et des cuisses. Elle est communément meurtrière, et les fermiers sont dans l'usage de tuer tous les dindons lorsqu'ils en sont atteints. Hamout assure aussi que la petite vérole règne quelquefois sur les din- dons, en Egypte. Paulet décrit une maladie éruptive chez les dindons; mais il ne la com- pare pas, comme les auteurs précédents, à la variole, mais bien à la clave- lée. Elle diffère d'ailleurs des éruptions varioliques par plusieurs caractères, notamment par le volume considérable des élevures ou des tumeurs. Celte éruption, dit il, se montre principalement à la tête et au cou; elle s'an- nonce par des tumeurs inflammatoires de forme variée, et quelquefois de la grosseur d,'un œuf de pigeon ; ces tumeurs s'abcèdent et sont, suivies d'une suppuration abondante et d'allération qui entraînent presque toujours la perte de l'animal. M. Leblanc père a aussi observé sur les dindons une maladie éruptive qui paraît distincte des précédentes. Elle se manifeste par des bulles ou de petites vessies jaunâtres, à la face interne des cuisses, des ailes et sur le» caroncules de la tête et du cou. Quelques jours avant l'éruption, l'animal est triste et marche derrière le troupeau quand il va aux champs, s'enca- puchonne et mange peu et souvent pas du tout. Après le développement de l'éruption, les symptômes généraux se calment. Les bulles mettent or- dinairement quinze jours à se développer et à se dessécher. Les croûtes sont jaunâtres et coniques. Cette maladie attaque spécialement les dindons de 8 à 9 mois et vers le commencement de novembre. Elle est très-conta- gieuse. Dans la Sologne, où elle est très-répandue, on pense qu'elle n'at- taque qu'une seule fois le même animal. Plusieurs personnes ont pensé que. le claveau des moutons provenait de la variole des dindons, nom sous lequel on a compris la plupart des érup- tions que je viens de rappeler. On a affirmé que des moutons avaient été in- fectés par des dindons et des poules atteints de la variole. Un célèbre vété- rinaire italien, Toggia en particulier, a admis la consanguinité de la clavelée des moutons et de la variole des dindons ; mais rien n'est moins démontré. D'abord le claveau des montons était connu en Europe avant l'époque où les dindons y ont été importés. J'ajoute que j'ai essayé inutilement de pro- duire, sur les dindons, sur les poules, les oies et les canards, une maladie éruptive, en leur inoculant, sur des parties dépourvues de plumes, la ma- tière du claveau. M. Désir et moi avons fait ces inoculations dans une ferme où un troupeau de moutons était atteint de la clavelée. Antérieurement, Hutrel-d'Arboval avait fait la même expérience qui avait donné le même résultat. Il inocula l'humeur du claveau à six poules d'Inde et à trois din- dons ; l'insertion du virus fut faite par plusieurs piqûres à la face interne des ailes et des cuisses, et sans déterminer aucune éruption. On a encore désigné sous le nom de petite vérole une maladie éruptive qu'on a observée sur de jeunes oies sauvages et sur Voie domestique. Je n'ai pu me procurer d'individus atteints de cejte éruption. Enfin, on a signalé la petite vérole comme une maladie fréquente sur la fauvette d'hiver {motaciUa modularis). « J'ai souvent trou vé, dit Eechstein, des pustules de petite vérolesur les par- ties nues de ces oiseaux, aux pattes et autour du bec, non-seulement quand ils sont encore petits et dans leurs nids, mais plus tard lorsqu'ils ont pris leur vol. Pendant que la petite vérole régnait dans nos environs, dit-il, une jeune fauvette en fut atteinte. » Je ne sache pas qu"â Paris, aucune observation analogue à celle de Bechs- tein ait élé faite. Je n'ai pas pu même me procurer une seule fauvette d'hi- ver atteinte d'éruption varioliforme. Ces remarques, et quelques autres que je m'abstiens de rappeler, peu- vent être ainsi résumées : 1° On a observé chez les pigeons, les poules, les dindons, les oies, les fauvettes d'hiver, des éruptions qu'on a désignées sous le nom de. petite vérole. 2° Une analogie assez grande dans l'apparence des éruptions varioli formes des oiseaux et le développement simultané de ces éruptions sur des espèces différentes, dans plusieurs épizooties, ont conduit à admettre entre elles une sorte de consanguinité. 3# Toutefois, les descriptions des éruptions observées sur plusieurs es- pèces d'oiseaux, et notamment chez les dindons, offrent entie elles des dif- férences assez notables pour qu'il soit indispensable de recourir à l'inocu- lation et 4 de nouvelles observations, afin de reconnaître si ces éruptions sont spéciales à ces espèces ou communes aux autres. 7 n* La consanguinité des éruptions varioliformes des oiseaux, «oit avec ta variole de l'homme, soit avec la clavelée du mouton, a été trop facilement admise ; la coïncidence d'éruptions varioliformes chez les oiseaux avec fa* épidémies de variole ou avec des épizooties de clavelée, a été notée trop ra- rement et d'une manière trop superGcielle pour donner A ces faits toute la valeur qu'on leur a accordée. 5* Enfin, on est d'autant plus fondé à suspendre ut jugement à cet égard, qu'un bien petit nombre d'expériences ont été tentées sur la transmis sion des éruptions des oiseaux entre les diverses espèces, et que l'inocula- tion de la variole de l'homme et de la clavelée des moutons .aix oiseaux n'a donné jusqu'à ce jour que des résultats négatifs. NOTE bVK LES BRUITS DU COEUR DANS LE CHOLERA: Lue à la Société de Biologie , PAR M. LE DOCTEUR BOUCHUT. J'ai déjà eu l'occasion d'entretenir la Société de quelques faits relatifs à la composition particulière des liquides excréraentitiels dans le choléra, et l'observation ultérieure a confirmé ces premiers résultats, qui sonl désor- mais acquis à la science. Aujourd'hui je viens vous parier des mouvements et des bruits du cœur dans le cours de cette maladie. Il m'importait beaucoup de savoir si, dans le choléra, au moment où la vie, prête à s'éteindre, est refoulée à l'intérieur, dominée par une force incon- nue mais terrible, le cœur conservait la régularité de ses mouvements, ou si, au contraire, ainsi que plusieurs personnes l'avaient avancé en 1832, les fonctions de cet organe pouvaient être perverties au point de ne pas trahir leur accomplissement. J'ai suivi quelques cholériques dans leur agonie jusqu'au dernier mo- ment de leur existence, et c'est par la disparition des bruits du cœur que j'ai pu constater l'instant de la mort. Ces bruits peuvent être modifiés dans leur nombre, dans leur rhythme ou par des bruits anormaux, mais ils exis- tent, et c'est là le fait constant que je tenais à établir. La seule chose qui "2 10 mérite d'être mentionnée, c'est que pendant les deux dernières heures de l'existence, un simple bruit remplace le double tac qui existe dans l'état naturel. Dans ces recherches, messieurs, j'ai pu constater d'autres faits aussi in- téressants que nouveaux, et qui sont relatifs à l'état du cœur dans les di- verses périodes de la maladie. Au début, dans le cours de la cyanose et même encore au commencement de la période de réaction, quelques-uns de nos malades ont paru éprouver de la gêne à la région précordiale et des bruits anormaux trahirent chez eux le trouble de l'organe central de la circulation. Ces phénomènes n'eurent rien de grave, et ils se dissipèrent en quelques jours, bien avant l'entière guéri- son des malades. Une fois ce fut un bruit de souffle au second temps, au-dessous et en dehors du mamelon gauche. Il disparut au bout de deux jours et avait été bien constaté par un grand nombre de personnes, et en particulier pa- MM. Rostan et Louis. Quatre autres sujets nous offrirent à étudier dans la région précordiale, tantôt à la base, tantôt à la pointe, des bruits de frottements plus ou moins marqués qui rentraient évidemment dans la catégorie des bruits de cuir neuf. Ce fut, dans ces divers cas, un craquement particulier plus ou moins fort, une fois très-désagréable et analogue à un véritable bruit de gar- gouillement très-fin. On eût dit le résultat de l'introduction de l'air dans le cœur, mais c'est là une hypothèse inadmissible, car il n'y avait pas d'aug- mentation de résonnance à la région précordiale, et le malade a guéri. Chez aucun de ces malades, il n'y eut de matité ni de voussure thora- cique; ils éprouvaient seulement un léger sentiment de compression dans la poitrine au niveau du cœur, mais cela ne fut pas très-marqué, et d'ail- leurs cela dura peu, car tous ces malades ne présentèrent ces phénomènes que d'une manière très-fugitive du deuxième au cinquième jour de leur maladie environ. Tous ont été visités par la plupart des médecins et des in- ternes de l'Hôtel-Dieu, et l'on s'est généralement accordé pour considérer ces faits comme des cas de péricardite légère. Ainsi, dans la première période du choléra, il peut y avoir une modifica- tion passagère de la texture du cœur, soit une congeutio» de l'endocarde avec épaississement des valvules, comme je l'ai vu sur quelques cadavres, soit un état phlegmasiquc du péricarde analogue à ce qui a été observé dans d'autres membranes séreuses, la plèvre ou le péritoine, selon qu'il ré- sulte des observations de M. Contour. il D'autres bruits que ceux dont nous venons de parler se manifestent à une période plus avancée du choléra , dans la période de convalescence ; mais, hâtons-nous de le dire, ces bruits tiennent certainement moins à l'é- tat matériel du cœur qu'à la composition du sang qui s'y trouve versé. Ce sont des bruits de souffle placés au premier temps du cœur, à sa base, et se propageant dans l'aorte et les carotides. J'ai examiné quinze convalescents du choléra, et treize d'entre eux m'ont présenté ce bruit de souffle à divers degrés d'intensilé,Je dirai même d'in- termittence. C'était chez des hommes ; car je n'ai pas voulu tenir compte de la môme observation chez des femmes, afin d'éviter toute erreur avec les bruits de la chlorose. Chez quelques sujets le bruit était constant : c'était un souffle doux, moelleux, facile à constater à la base du cœur, dans l'aorte et dans les ca- rotides. Chez d'autres, il était constant; mais il n'existait pas au cœur, et n'était appréciable que dans l'aorte et les vaisseaux du cou. Sur quatre malades enfin, ce bruit était intermittent, tantôt facile à sai- sir, tantôt impossible à retrouver, à moins d'une extrême complaisance; mais il suffisait d'attendre quelques minutes pour l'apprécier de nouveau. Quelle est la cause de ce bruit de souffle? Déjà, messieurs, vous l'avez deviné. Sa nature moelleuse, son siège dans les vaisseaux, l'époque de son apparition dans la convalescence du choléra, et après d'abondantes évacua- tions séreuses, sa présence chez des sujets masculins, tout indique qu'il est le résultat de l'anémie. En effet, je crois que c'est à une modification de composition du sang, à l'appauvrissement de ce liquide, qu'il faut le rap- porter. Je n'insisterai pas davantage. Je désirais signaler ce phénomène à votre attention ; mais tout rationnel qu'il peut vous paraître, je crois qu'il ne faut l'admettre encore qu'avec une sorte de réserve, en attendant qu'il soit con- firmé par de nouvelles observations. Je ne doute pas qu'il le soit, et alors, l'état des malades dans la convalescence du choléra étant bien déterminé, on pourra mieux qu'autrefois indiquer la nature des remèdes à employer contre les divers accidents nerveux ou névralgiques qui accompagnent en- core cette période de la maladie. C'est, je crois, une indication formelle de l'usage des substances amères et des toniques ferrugineux à l'intérieur. EXAMEN HISTORIQUE DE LA MÉTHODE SUIVIE JUSQU'A CE JOUR DANS L'ÉTUDE DE L'ORGANISATION DES ANIMAUX ET EXPOSITION D UN PLAN DÉFINITIF D'ANATOME HUMAINE; MÉMOIRE PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ DR BIOLOGIE M. LE DOCTEUR L-A. SEGOND, Secrétaire de la Société, bibliothécaire à l'École-de-Médecine. Les sciences abstraites, successivement dominées dans le passé par la théologie et la métaphysique qu'elles ont elles-mêmes servi à dissoudre, sont arrivées à leur systématisation Cnale sous l'influence de l'état positif qui caractérise les sociétés modernes, et qui a commencé à se propager dans le monde par l'action combinée des préceptes de Bacon, des concep- tions de Descartes et des découvertes de Galilée. Les esprits avancés, aban- donnant désormais aux médiocres restaurateurs de la métaphysique an- cienne la vaine prétention aux connaissances absolues, s'attachent de plus en plus, par une sage association du raisonnement et de l'observation, à découvrir les lois effectives des phénomènes, au lieu de disperser leurs efforts intellectuels dans PorgueiUeuse recherche de l'origine et de la des- tination de l'univers. C'est au milieu de cette direction progressive, résul- tant naturellement de la série des tentatives philosophiques accomplies jus- qu'à ce jour, que l'ensemble des sciences abstraites a pu recevoir cette 14 systématisation définitive. La grande loi du développement de l'humanité, découverte par M. Auguste Comte, est venue montrer que chaque bran- die de nos connaissances passe successivement par trois états théoriques différents: l'état théologique ou fictif, l'état métaphysique ou abstrait, l'état scientifique ou positif. Le complément indispensable de celte loi était la connaissance de l'ordre de progression suivi par ces divers genres de con- ceptions, et l'auteur du Système de philosophie positive a reconnu que cet ordre est conforme à la nature diverse des phénomènes et qu'il est dé- terminé par le degré de généralité, da simplicité et d'indépendance réci- proque. Dès lors on a pu faire avec gratitude et impartialité l'appréciation du passé humain, et 1 histoire des sciences, parallèle à celle des sociétés, a pu constituer la seule philosophie désormais acceptable. La classification des sciences, basée sur la grande loi fondamentale que nous venons d'énoncer, représente à la fois leur filiation naturelle et l'ordre suivant lequel elles ont surgi dans le passé. La mathématique, la plus géné- rale et la plus simple dans son objet, apparaît d'abord comme résultée des premières manifestations de l'esprit positif, et successivement les nombres, les figures, les surfaces dohnent lieu â un ensemble de notions les plus sim- ples et les plus générales. La science immédiatement dépendante de ces pre- mières notions ne tarde pas à se développer, et la mécanique rationnelle et l'astronomie succèdent à ia mathématique. Dans l'ordre de simplicité et d'indépendance réciproque, la physique succède à l'astronomie ; mais son développement devait être très-postérieur à rétablissement du couple ma- thématico-astronomique ; tandis que la mathématique et l'observaiion di- recte suffisaient pour l'élaboration des problèmes d'astronomie, il fallait en- core apprendre à interroger la nature par les expériences; or ce n'est que daus les temps modernes que ce procédé a reçu son développement. La chimie, préparée au moyen âge et à la renaissance par l'alchimie, dépen- dait trop immédiatement de la physique pour ne pas s'organiser après elle; quaut a la biologie, dépendante à la fois de toutes ces sciences, elle ne pou- vait se constituer sur des bases solides qu'après la chimie ; enfin la socio- logie, par suite de l'élaboration finale de M. Auguste Comte, n'a pu entrer que de nos jours dans le cadre des sciences positives. Donc la mathéma- tique, l'astronomie, la physique, la chimie, la biologie et la sociologie for- ment un tableau hiérarchique des connaissances humaines dont l'ensemble constitue, à vrai dire, une science unique embrassant tout le savoir hu- main. Celte classification fondamentale doit ôlre le point de départ de toutes 15 les spéculations particulières sur une branche quelconque de la philosophie scientifique. Me proposant d'aborder l'étude de la méthode en anatomie, j'ai cru indispensable de marquer les véritables relations de la science dont l'anatomie dépend. lime reste actuellement pour compléter ce préliminaire à déterminer la place de l'anatomie dans la science des corps vivants. D'après une conception philosophique de M. deBlainville (1), tout être vivant peut êlre étudié dans tous ses phénomènes sous deux rapports fon- damentaux, sous le rapport statique et sous le rapport dynamique, c'est-à- dire comme apte à agir et comme agissant effectivement. D'après ce prin- cipe, applicable à l'étude de tout être actif, on voit que la biologie se divise nettement en biologie statique et biologie dynamique. Mais l'être vivant ne saurait être entièrement conçu si on ne l'envisage pas dans ses rapports avec le monde extérieur. L'importance de ce dernier point de vue, si bien sentie par M. de Iïlainville, mais seulement envisagée, par cetéminent bio- logiste, relativement à la physiologie, doit donner lieu à une division plus complète, l! est tout d'abord évident que l'étude des milieux dans lesquels vivent hs êtres organisés doit précéder celle de ces êtres eux-mêmes, c'est- à-dire qu'il faut procéder de l'extérieur à l'être vivant. Mais pour arriver à l'appréciation des rapports, il faut préalablement avoir examiné les deux termes, l'être vivant et le modificateur. Je peuse donc que l'étude des in- fluences réciproques doit arriver après l'étude subjective de l'homme et non entre l'anatomie de la physiologie comme dans l'ouvrage de M. de Blain- ville. Je dois, en outre, remarquer que cette étude des influences récipro- ques qu'on pourrait appeler biologie objective comprend, comme la bio- logie subjective, le point de vue statique et le point de vue dynamique. Cette nouvelle manière de coordonner la science biologique me parait la plus propre à embrasser l'ensemble des phénomènes. Je puis actuellement, en poursuivant cette analyse scientifique, aborder l'examen de la méthode dans la première division de la biologie subjective, en rattachant principa- lement l'ensemble des considérations à l'élude statique du type le plu* éle- vé, c'est-à-dire à l'anatomie de l'homme. Le principal des arts correspondant à la science de l'organisation, la mé- decine, a de beaucoup précédé dans le passé le développement de l'anato- mie. La pensée que la connaissance de la structure de l'être vivant pouvait servir à remédier aux maladies qui en troublent les fonctions ne pouvait (1) Principes généraux d'anatomie comparée. Introduction. 16 résulter que d'un progrès très-notable de l'esprit humain. C'est en étudiant les monuments historiques de cette nation grecque, qui, par une singulière anomalie de développement, commença par être spéculative avant d'être guerrière, qu'on trouve les premières traces de l'anatomie. Le progrès de cette partie de la biologie consista longtemps dans la simple acquisition d'un petit nombre de faits particuliers ; et il fallut le puissant génie d'Aris- tote pour ébaucher une systématisation anatomique plus de trois cents ans avant l'ère catholique. Pendant celte période de préparation, il est impor- tant de déterminer d'une manière générale l'ordre suivant lequel se rirent fes découvertes. Ce point est d'autant plus essentiel à examiner que déjà l'étude de la classification des sciences nous a démontré que l'ordre hiérar- chique des conceptions est aussi l'ordre historique. Cela se vérifie dans chaque science en particulier comme pour l'ensemble. Dans la mathéma- tique, le parallèle est rigoureusement observable dans les plus petits détails, et on peut de même s'assurer qu'en astronomie et en physique l'esprit hu- main a procédé des notions les plus générales aux plus pafticulières ; et bien que dans une science aussi complexe que la biologie nous n'espérions pas trouver une aussi grande rigueur, néanmoins les lois de développement doivent nous porter à étudier comment l'esprit humain a procédé dans l'étude abstraite de cette science, en nous bornant à l'anatomie qui a naturellement précédé la physiologie. L'anatomie de l'homme a-t-elle débuté par l'étude des os, des muscles et des nerfs? en aucune façon ; pas plus que la mathématique n'a commencé par l'étude des surfaces ou la physique par celle de l'électricité. Les dissec- teurs modernes me diront que, pour connaître des muscles, il faut savoir disséquer; cependant je doute qu'il soit permis de suspecter l'habileté des anciens à cet égard, puisque nous voyons Alcméon, d'après Chalcidus (1), disséquer l'œil et l'oreille et découvrir la trompe qu'Eustache a retrouvée au seizième siècle, et Empédocle, au rapport de Plutarque (2), reconnaître dans l'oreille une construction en forme de limaçou. Mais, du reste, cette objection ne saurait s'appliquer à l'étude des os, qui, disséqués en quelque sorte parla putréfaction des corps, devaient fréquemment s'offrir à l'obser- vation. Je ne pense donc pas qu'on doive juger la marche de l'esprit hu- main par des considérations aussi spéciales. Les organes de l'économie ani- (1) Comment. i\ tihoedm, Plaignis diai.oc.um, p. 340. (2) DE PLACITIS PIltl.OSOPHORUM, I. IV, c. 1fi. 17 maie qu'on a connus en premier lieu sont les viscères, c'est-à-dire les or- ganes de la nutrition, puis les organes de la génération ; et il est très-re- marquable de voir qu'Aristote lui-môme a pu concevoir l'organisme, ainsi que je le démontrerai plus loin, tout en ayant sur les os et les muscles des idées très-in exactes. Il croyait, en effet, que tous les os proviennent de l'épine, qu'il y a trois sutures à la tête masculine et une seule au crâne de la femme, etc., etc. Quant aux muscles, ils n'ont été étudiés ni par Hip- pocrate, ni par Aristote, ni par les auteurs hippocratiques, et dans Galien même la myologie est extrêmement incomplète. Cette remarque sur l'ordre de développement de l'anatomie pendant la période de préparation sera ap- pliquée au plan anatomique qui terminera cet examen. Avant de passer à l'examen du premier système d'anatomie constitué par le chef de la philosophie ancienne, je dois établir dans mon travail deux divisions principales, sans lesquelles le vaste sujet que je veux étudier ne saurait se présenter à l'esprit avec une suffisante clarté. Je distinguerai dans la méthode anatomique deux choses, Vordre et le procédé. Étudier tel or- gane après tel autre organe, tel appareil après tel autre appareil, c'est se conformer à un ordre; décrire un organe dans sa forme, ses rapports, sui- vant l'âge, le sexe, l'état normal ou anormal, etc., c'est employer à l'égard de cet organe des procédés de démonstration. En séparant l'examen de la série des perfectionnements relatifs à ces deux parties de la méthode, il sera plus facile d'en déterminer sans confusion les progrès successifs aux diffé- rentes époques de la culture de l'anatomie. En subordonnant l'appréciation des travaux à ces deux divisions, on doit , en outre , arriver à un juge- ment plus équitable de l'importance des services rendus à la science par tel ou tel travailleur. Les sources principales auxquelles on peut puiser la connaissance précise de la première méthode anatomique, fondée par le grand Aristote, sont les quatre livres de ce philosophe sur les Parties des animaux, et surtout les neuf livres de I'Histoire des animaux. Quant aux huit livres de Descrip- tions anatomiques indiqués par Diogène Laêrce, ils devaient consister en études particulières d'anatomie, et leur perte ne saurait rendre impratica- ble une telle appréciation. Les remarques suivantes comprendront, d'une part, les principes généraux d'Aristote sur l'organisation des animaux; d'au- tre part, le plan de description. Comme l'ouvrage De partibos animalium contient essentiellement des généralités relatives aux causes, tandis que les organes y sont indiqués très-sommairement, on peut borner l'examen à l'histoire des animaux. Ce dernier traité, au point de vue de la constitu- 13 lion tinale de la. biologie, peut être considéré comme la conception scienti- fique la plus hardie des temps anciens. Ce jugement n'est pas une simple répétition des justes éloges fournis par les admirateurs d'Aristote : il résulte d'une appréciation particulière dirigée par les principes exposés au com- mencement de mon travail. On trouve, en effet, dans la série des neuf livres de I'Uistoire des animaux, un sentiment profond de l'ensemble de la biolo- gie. Dans les trois premiers livres et une partie du quatrième, les animaux sont considérés au point de^vue statique ; dansées trois suivants, les animaux sont comparés au point de vue dynamique. Enfin, dans les deux derniers, on trouve véritablement l'élude des milieux dans une série d'observations comparatives relatives à la nourriture, a l'habitation et aux mœurs des ani- maux. Évidemment les faits manquaient à Aristole pour accomplir cette vaste élaboration ; mais il en a parfaitement senti le plan général, et l'on ne peut bien juger l'immense mérite de celte œuvre qu'en prenant pour base, comme j5 viens de le faire, les perfectionnements modernes de la classification par- ticulière de la biologie. J'arrive actuellement à ne considérer que les pre- miers livres, dans lesquels Aristole fait préalablement l'examen des parties du corps avant d'étudier les fondions. Le premier paragraphe du premier livre contient en quelque sorte le résumé de l'ouvrage ; Arislote y expose des généralités sur les caractères distinclifs des animaux, tirés de la compo- sition de l'organisme, des fonctions, de la manière de vivre et du caractère. Dès le second paragraphe , on trouve une appréciation générale de l'être vivant dans laquelle les organes sont indiqués spontanément dans l'ordre de généralité et d'indépendance réciproque. Celle remarque est si importante, qu'il devient indispensable de recourir à des citations. « L'organe par le- » quel se prend la nourriture, et le lieu où elle se rassemble ensuite, sont » des parties communes à tous les animaux, mais susceptibles des ressera- » blances, des différences qui viennent ou de la forme, ou de la grandeur, » ou de l'analogie , ou de la position. Après ces parties, celles qui sont » communes au plus grand nombre des animaux, quoiqu'elles ne se trou- » vent pas dans tous, sont les orgaues par lesquels ils se déchargent du » superflu des nourritures. L'organe par lequel se prennent les aliments h s'appelle bouche ; celui où ils se rassemblent, ventricule et intestins. » Les autres parties ont plusieurs dénominations. Le superflu des aliments » étant de deux espèces, les animaux qui ont des parties destinées à rece- » voir le superflu des nourritures liquides en ont d'autres pour le superflu » des nourritures sèches ; mais cela n'est pas réciproque. Ainsi tous ceux » qui ont une vessie ont des intestins; maison ne peut pas dire que tous 19 » ceux qui ont des intestins aient une vessie (1). » Aristole saisit donc avec précision le. fait primordial dans l'organisation des animaux, les organes de la composition et de la décomposition. Au paragraphe 111, suivant sa mar- che logique, il indique, dans l'ordre de généralité, les organes de la généra- tion. « Les parties destinées à l'émission de la liqueur séminale sont encore » des parties communes à la plupart des animaux. Ceux qui ont la faculté » de se reproduire font cette émission ou en eux-mêmes ou dans un autre » individu : les premiers sont les femelles, les seconds les mâles. Dans » quelques genres d'animaux, il n'y a point de mâle et de femelle. La forme » des parties qui servent à la reproduction n'est pas la même dans tous. » Certaines femelles ont une matrice, d'autres une partie qui en tient lieu. » Telles sont les parties les plus nécessaires à l'animal, cl dont les unes se » trouvent également dans tous, les autres dans le plus grand nombre. » Aristole termine ce paragraphe par une observation sur le sens du tou- cher, qui conslitne une véritable digression, car, au paragraphe IV, il re- prend sa marche principale et indique la circulation, autant qu'il pouvait le faire. « Il faut encore remarquer que tous les animaux, sans exception, » ont un fluide dont la privation, soil naturelle, soit accidentelle, les fait » périr, et des vaisseaux dans lesquels ce fluide se forme. » Quel que soit le caractère incomplet de ces considérations générales, il ne faut pas moins y reconnaître les principes qui doivent présider à une exposition rationnelle de l'anatomie. Aristole, après avoir parcouru le premier ordre de phéno- mènes, passe à l'indication des organes de la vie de relation, en commen- çant par les organes des sens, et termine par l'examen général et com- paratif des appareils de locomotion. Pour achever de caractériser les conceptions générales d'Aristote, nous terminerons ces citations par deux passages du Traité de l'ame : « Parmi les corps naturels, les uns ont la vie, les autres ne l'ont pas ; et » nous entendons par la vie ces trois fails : se nourrir par soi-même, se » développer et périr. » (Liv. II, ch. I, § III.) Au chapitre II! du même livre, il examine la loi de la série régulière des fonctions dans l'ordre de généralité et d'indépendance réciproque : « Sans nutrition, point de sensibilité. Mais la nutrition dans les plantes » est séparée de la sensibilité. D'autre part, sans le toucher, aucun des » autres sens n'existe. Mais le toucher peut exister sans les autres : ainsi (1) Livre i, paragr. II, irad. de Camus, 1. 1, p. 13. 20 h beaucoup d'animaux n'ont ni la vue ni l'ouïe, et sont tout à fait privés »» du sens de l'odorat. Parmi les êtres doués de sensibilité, les uns possc- » dent la locomotion, d'autres ne l'ont pas. EnOn, très-peu d'animaux ont » le raisonnement et la pensée. Ceux qui, parmi les êtres périssables, ont »» le raisonnement, ont aussi toutes les autres facultés; mais ceux qui n n'en ont qu'une n'ont pas tous le raisonnement. En outre, les uns sont » dénués de l'imagination, tandis que d'autres ne vivent que par elle. » Quant à l'intelligence spéculative, c'est une tout autre question. » Dans le chapitre II, il dit explicitement que la nutrition subsiste indé- pendamment des autres fonctions, tandis qu'il est impossible que sans elle les autres subsistent. Il n'est donc pas permis de douter que la conception générale de l'organisation animale ne soit pas formulée dans Aristote; mais quand il entre dans l'exécution du plan, on le voit se diriger vers le seul but qu'il puisse atteindre, c'est-à-dire une coordination très-générale des animaux, basée sur l'étude des analogies et des différences dans les parties qui s'offraient spontanément à son observation. Aussi, en préparant cette coordination, dans les premiers livres, par l'examen des parties, et en pre- nant l'homme comme le type le mieux connu, il décrit extérieurement la tête, le cou, le thorax, le ventre et les membres; puis, dans le même ordre, il passe aux organes contenus dans chacune de ces parties. Cette méthode, la seule qu'il pouvait suivre, suffit au but essentiel pour.cette époque. Il résulte de cette appréciation sommaire deux choses : la conception gé- nérale de la méthode anatomique, d'après la considération de l'ensemble des êtres, et l'exécution d'un plan qui répondait fidèlement aux besoins du temps et le seul système alors réalisable. Après Aristote. Galien est le premier esprit généralisateur qui s'offre à nous; mais, au point de vue de l'ordre général, nous n'avons aucun pro- grès à lui attribuer; ce qui tient essentiellement à ce que Galien, considé- rant surtout le type humain et accessoirement des organismes très-voisins, s'est trouvé à cet égard dans des conditions moins favorables qu'Aristote. Galien aborde l'étude de l'homme par les parties qui le distinguent des autres animaux, et prend véritablement la méthode au rebours; il examine les appendices avant les parties essentielles de l'animal. A côté de cette grave imperfection, on trouve, dans les œuvres anatomiques de Galien, des perfectionnements remarquables qui seront soigneusement appréciés dans la seconde partie de mon travail. Il faut arriver aux temps modernes pour trouver la suite de la systématisation d' Aristote. Sans entrer ici dans de longs détails pour expliquer le retard du mouve- 21 roenl intellectuel correspondant au moyen âge (1), nous devons remarquer qu'à défaut d'une saine théorie historique, des critiques superficiels onl exagéré, à l'égard de ce ralentissement, l'influence des invasions germani- ques ; car ces bouleversements politiques ne se sont produits que plusieurs siècles après l'établissement du régime propre au moyen âge. C'est égale- ment par suite d'une fausse appréciation qu'on a cru trouver dans les insti- tutions et les événements de cette époque une tendance à comprimer l'es- prit humain. L'intelligence n'était certes pas engourdie ; mais en vertu de l'inévitable obligation d'appliquer toujours les plus hautes capacités aux opérations exigées, à chaque époque, par les plus grands besoins de l'hu- manité, on voit, dans la première phase du moyen âge, tous les penseurs occupés du développement progressif des institutions catholiques. Mais dès que ce régime est arrivé à sa pleine maturité, on voit dès la seconde phase la culture des sciences s'organiser, et c'est précisément en Italie, au centre même de l'autorité spirituelle, que s'effectue un mouvement très-notable au point de vue philosophique, scientifique et esthétique. Je dois observer qu'on a exagéré l'action des Arabes au milieu de cette recrudescence men- tale. Comme l'organisation du monothéisme mahométan n'exigeait pas une élaboration aussi pénible que celle du catholicisme, les principaux esprits n'ont pas été distraits de l'étude des sciences ; aussi voit-on, en effet, les Arabes figurer avantageusement pendant l'interrègne occidental, et ce sont eux qui, pendant les premières phases du moyen âge, représentent la tran- sition générale de l'évolution grecque à l'évolution moderne. Néanmoins, dans le sujet que nous examiuons, nous n'avons à signaler aucun progrès essentiel effectué par les penseurs orientaux, qui, à cet égard, n'ont fait que transmettre la science d'Aristote et surtout Je Galien. Dans les ouvrages de beaucoup d'entre eux, on ne rencontre même qu'une petite partie des con- naissances anatomiques sorties de l'école d'Alexandrie. Dans la troisième phase du moyen âge, le monothéisme occidental re- prend la direction intellectuelle, et l'organisation scolastique, en établissant l'ascendant de l'esprit métaphysique sur l'esprit théologique, prépare l'a- vénement de l'esprit positif. Toutes les conceptions humaines , liées par l'entité générale de la nature, formèrent alors un premier système scienti- fique fort imparfait, mais satisfaisant pour l'époque. A partir du quatorzième eiècle, l'accroissement fondamental de la philosophie naturelle s'opéra pré- (1) Voir pour de plus grands développements les deux derniers volumes du Système de philosophie positive de M. A. Comte. 22 cisémenl dans l'analomie, par suite d'une série de dissections humaines que les préjugés religieux avaient entravées jusqu'alors, et la médecine, se joi- gnant à l'astrologie et à l'alchimie, rendit plus énergique l'antipathie de la science envers la théologie, soit en concevant l'invariabilité des lois physiques dans la science des êtres organisés, soit en suscitaut d'audacieuses espé- rances sur l'action rationnelle de l'homme pour modifier utilement son propre organisme. Pendant l'évolution moderne, l'analomie ne pouvait que rassembler des matériaux ; et malgré l'impulsion physiologique de Harvey, l'élude des êtres organisés était soumise aux explications mécani- ques et ontologiques. Au seizième siècle, l'analomie subit, sous l'influence de Vésale, une ré- volution remarquable que nous apprécierons dans la deuxième partie de ce travail, et qui porta essentiellement sur la description particulière des or- ganes sans réagir d'une manière notable sur l'ordre. Pendant la dernière phase de l'évolution moderne, l'élément scientifique reçoit un accroisse- ment fondamental, et les préliminaires de la biologie prennent une admi- rable extension. L'analyse mathématique vient coordonner les conceptions géométriques et mécaniques ; la physique se complète par la Ihermologie et l'électrologie ; la chimie vieut caractériser cette phase, et se constitue dans l'ordre hiérarchique à la suite de la physique. Enfin la biologie, qui ne de- vait s'organiser que de nos jours, reçoit une préparation très-marquée en taxonomie, par les travaux de Linné et de Bernard de Jussieu ; en anatomie, par les analyses comparatives de Daubenton et les vues générales de Vicq- d'Azyr ; en physiologie, par les recherches de Halier et de Spallanzani. De- vant me borner ici à l'examen de l'analomie, je dois étudier particulièrement le tableau systématique tracé par Vicq-d'Azyr pour l'étude anatomique, physiologique et naturelle des corps vivants. Avant de jeter les yeux sur ce tableau, je ferai, comme pour Aristote, un examen des vues générales qui ont dirigé cet observateur, afin de voir dans quel rapport se trouve l'exécu- tion de son plan relativement à ses principes. Voici comment il s'exprime dans les considérations qui précèdent le plan d'un cours d'anatomie et de physiologie : « U n'existe certainement aucun corps vivant qui ne se meuve, » au moins en lui-même, qui ne se nourrisse et qui ne se reproduise. L'ir- » ritabilité, la nutrition, dont la digestion fait partie, et la génération, sont » donc les trois premières fonctions qu'on doit admettre dans la compaiai- » son des corps organisés. »> A part l'irritabilité, qui est une propriété gé- nérale de tissu, on voit que Vicq-d'Azyr a le sentiment des caractères pri- mordiaux de l'organisme. Dans son troisième discours sur l'anatomie, il 23 élcnd davantage cette conception : « Nous reconnaissons neuf caractères ou » propriétés générales de la vie, savoir : 1° la digestion ; 2° la nutrition ; » 3f la circulation ; 4* la respiration ; 5° les sécrétions ; 6° l'ossification ; » 7° la génération ; 8° l'irritabilité ; 9Q la sensibilité. » Si Vicq-d'Azyr avait rigoureusement suivi ce classement, il aurait ef- fectué une systématisation bien plus complète que tout ce qui existait avant lui ; mais en s'engageanldans l'exécution du plan, il cousidère l'irri- tabilité comme une propriété spéciale, et en étudie le développement dans l'activité musculaire, qu'il fait précéder de l'étude des os. Il débute donc par Vossi/icatioH, tandis que la seconde fonction comprend les organes de l'irritabilité. La troisième division comprend la circulation; la quatrième, la sensibilité; la cinquième, la respiration. Enfin la digestion n'arrive qu'au sixième rang, entre le? sécrétions et les organes de la voix, et la nutrition n'arrive qu'en dernier lieu, après les orgaues de la génération. H est inutile de s'arrêter sur un plan que les idées mêmes de Vicq-d'Azyr condamnent. Ce n'est donc qu'en exposant le procédé comparatif que nous aurons l'occasion de rendre pleine justice aux travaux de ce savant. Ce n'est pins maintenant que dans les œuvres de notre siècle que nous pou- vons poursuivre tes derniers perfectionnements de l'ordre anatomique. Le principal et te plus remarquable est résulté de la conception analytique de tiichoU qui a énergiquement senti qu'en anatomie il y avait quelque chose de plus général que les organeset tes appareils, et il a fondé l'élude des tis- sus et des systèmes, tout en provoquant les derniers degrés de l'analyse anatomique, que l'imperfection des instruments d'optique de son temps ne lui permettait pas d'atteindre. Outre l'introduction de cet élément fonda- mental, ttichat, sous l'influence de la direction physiologique, a définitive- ment accompli, dans la méthode d'examen des organes et des appareils, la division principale entre les organes de la vie animale et ceux de la vie or- ganique ou végétative. Mais il a fait défaut au principe de généralité, en méconnaissant la subordination de la vie animale à la vie organique, et il a commencé son anatomie descriptive par les organes de la locomotion et de la sensibilité, et il termine par les organes de la composition, de la décom- position et de la génération. On peut assurer que 9i Bichat avait appliqué le procédé comparatif à l'ensemble des animaux, au lieu de le borner aux âges et aux sexes, il eût certainement interverti l'ordre qu'il adopta, et son ana- tomie descriptive aurait commencé par les appareils de la vie organique. Après Bichat, nous n'avons à signaler qu'un dernier effort caractéristique tenté par M. de Blainvilte, et que nous alJDns chercher à apprécier. Cet émi- 2lx nent biologiste a formulé d'une manière remarquable l'idée générale d'un plan d'anatomie. Voici ses propres réflexions à ce sujet : « Dans l'étude des » organes, des appareils et des fonctions des animaux, quel ordre suivrons- » nous ? Cette question n'est rien moins qu'indifférente, puisque l'ordre, » dans quelque science que ce soit, en est réellement une analyse exacte, » et sert considérablement à aider la mémoire et par conséquent la compa- » raison. Or, dans l'objet que nous nous proposons de remplir par ces prin- » cipes d'anatomie, il est évident que l'ordre qui offre la série des fonctions » en action doit être préféré à tout autre. Cherchons donc quelle est la suc- » cession naturelle de ses fonctions. » On admet généralement , et il est évident que le but ou le terme de » toutes les fonctions qu'exécutent les organes plus ou moins nombreux » des animaux est la génération ou l'entretien, la succession et quelquefois » le perfectionnement de l'espèce ; mais pour y parvenir dans le très-grand » nombre des cas, pour ne pas dire dans tous, il faut que l'animal soit ar- » rivé à un certain état de développement , ou soit ce que l'on nomme <> adulte ; et comme il ne naît pas tel, mais à des degrés très-différents de » développement , et qu'en outre il peut souvent se reproduire un grand » nombre de fois dans le cours de la vie, il a fallu une autre série de fonc- » tions pour ainsi dire préparatoires , pour le faire parvenir à cet état ou » pour l'y maintenir. C'est cette série d'où résultent l'entretien et l'accrois- » sèment de l'individu, c'est-à-dire la nutrition. Ainsi nous devons traiter » d'abord de l'appareil et des nombreux organes dont résulte la nutrition , » puis de ceux qui servent à la génération.... » Malheureusement M. de Blainville ne s'en tient pas là, et absorbé par l'intensité des fonctions sensoriales ou locomotrices chez les animaux su- périeurs, il arrive à concevoir que ces deux dernières fonctions servent à animaliser les grandes fonctions, qu'il a soin d'appeler primaires. Il recon- naît bien que celte partie est accessoire dans la considération de l'ensemble des corps organisés ; mais quand il arrive à exécuter son plan, il commence par l'étude de l'enveloppe extérieure, et nous fait connaître les organes qui perçoivent la lumière et le son avant de nous faire concevoir ceux de l'as- similation et de la désassimilation. Il est évident que les raisons données par M. de Blainville pour justifier ce plan d'anatomie sont recherchées en vue de satisfaire au but principal que s'est proposé ce biologiste dans la plu- part de ses travaux : je veux parler de la démonstration de la série animale, basée sur les caractères fournis par l'enveloppe extérieure. Après l'examen de ces tentatives particulières, il nous reste à indiquer 25 les influences générales qui ont exercé une influence notable sur l'ordre anatomique. Nous les rattacherons à trois directions principales résultées de la zoologie, de la chirurgie et de la physiologie. Il faut sans aucun doute reconnaître les admirables progrès subis par l'anatomie sous l'influence de la zoologie et de la chirurgie, mais on doit déplorer que leur action prolon- gée ait éloigné jusqu'à ce jour le véritable point de vue physiologique qui doit essentiellement dominer, soit dans l'ensemble, soit dans le détail, l'é- tude statique de l'organisme. La zoologie, trop exclusivement préoccupée dç> constituer la taxonomie, a dirigé les recherches sur les organes dont elle tire des caractères artificiels pour ses classifications ; il faut observer, du reste, que c'est à ses propres dépens qu'elle a opéré de si grands pro- grès en anatomie comparée, car cette direction exclusive, en absorbant la majorité des esprits, les a éloignés des véritables recherches d'histoire na- turelle qui doivent surtout constituer la zoologie, pour que sa culture soit en rapport avec la destination sociale qui est le point de vue final de toutes les sciences. C'est à la direction zoologique qu'on doit en grande partie l'habitude routinière de commencer l'étude des vertébrés par l'examen du squelette, élude fort intéressante au point de vue de la forme et de la taxo- nomie, mais complètement irrationnelle quant à la notion de l'organisme. Dans cette direction, on va même jusqu'à commencer l'étude de certains mollusques par les parties solides qu'on rencontre dans leur tégument ex- térieur. Certes, en considérant les admirables découvertes faites en palé- ontologie, nous ne pouvons que louer l'étude approfondie du squelette des animaux; mais que, dans l'étude systématique d'un être organisé supé- rieur, on commence par décrire des os, c'est ce que tout esprit progres- sif doit énergiquement repousser. La chirurgie, de son côté, a considéra- blement contribué à imprimer à l'analomie une direction spéciale, et si l'éminent Bichat, dans son Anatomie descriptive, a manqué au principe de généralité, peut-être faut-il accuser Pinfluence chirurgicale d'avoir ba- lancé chez lui cet essor physiologique qu'il a si bien manifesté dans les Re- cherches SDR LA VIE ET LA MORT. En terminant cette première partie de notre examen par l'étude de la réaction physiologique, nous aurons parcouru d'une manière générale ce qui se rattache à l'ordre, et nous pourrons ensuite aborder l'étude du procédé. Tous les arts dépendant de la science des êtres organisés ne sauraient progresser sans l'organisation préalable de la biologie. Par conséquent, la physiologie doit exercer la domination générale en anatomie, afin que 3 26 celle-ci soit étudiée en vue de sa destination principale, et non ponr faire spécialement face à telle ou telle application. Or si on envisage l'état actuel de l'anatomie, on s'aperçoit manifestement que l'influence de la physiolo- gie y est bornée au procédé anatomique, tandis qu'elle est nulle pour l'ordre général. On constate, dans les successeurs de Vésale, et surtout depuis les travaux deVicq-d'Azyr et de Bichat, des perfectionnements véritables et ac- quis dans l'étude des appareils. On a très-bien senti l'utilité de la description du cœur à propos des artères et des veines, celle du cerveau à propos des nerfs. Mais cette action physiologique ne se montre que dans des groupes d'organes, et nullement dans l'ensemble. Or, de même qu'il est plus utile pour l'esprit de commencer tel appareil par tel organe, de même, dans l'étude des appareils, il y a un ordre plus rationnel que les autres, basé sur le degré de généralité. Dire que la vie est un cercle, ce n'est pas se dispenser d'adopter une méthode, et cette manière de raisonner n'est admissible que pour une époque où l'ignorance oomplète de la filiation des phénomènes ne permettait pas d'en saisir la subordination. Or, en appliquant à l'étude de l'anatomie le principe de généralité et d'indépendance réciproque, on arrive à concevoir sans hésitation qu'il faut commencer par les organes de la vie végétative, nutrition et génération, si l'on veut se baser sur la physiologie. Cet ordre a été envisagé d'une ma- nière abstraite par tous les hommes dont je viens de faire une élude par- ticulière. FI n'y a donc qu'à exécuter le plan conçu par Aristote et repro- duit avec des perfectionnements importants dans les vues générales de Vicq- d'Azyr, de Bichat et de M. de Blainville; c'est-à-dire qu'après l'étude de l'anatomie générale comprenant les éléments anatomiques, les tissus et les systèmes, on doit, dans l'étude des organes et des appareils, consacrer la division fondamentale de Bichat en commençant , bien entendu, par la vie organique, puisqu'elle domine la vie animale. La nature de ce travail m'interdit d'entrer dans le plan détaillé de cha- cune de ces deux grandes divisions. Cette analyse essentielle, susceptible de nouvelles réformes, sera faite plus à propos en tête de l'ouvrage que je me propose de soumettre à ce plan général. Il me reste actuellement à en- visager de la même manière l'histoire des procédés anatomiques et leur sys- tématisation tinale sous la direction de la philosophie positive. Chaque science a des procédé d'exploration qui lui sont propres, et les dilîérents moyens de l'art d'observer comprenant l'observation proprement dite, l'expérimentation et la comparaison, ne sont pas simultanément ap- plicables à toutes les sciences. Les questions astronomiques dépendent de 27 l'observation directe, et se résolvent en grande partie par le raisonnement. Cette observation, bornée pour les astres à la contemplation visuelle, s'é- tend, en physique, à l'emploi de l'oreille et du toucher, et dans cette der- nière science, la plus grande complication des phénomènes conduit à l'in- stitution possible du procédé expérimental, qui, en permettant la modifica- tion artificielle des conditions naturelles d4un phénomène, en fait mieux saisir toute la signification. La chimie fait concourir tous nos sens à l'analyse des phénomènes,étendrexpérimenlation,etparun premier essai du procédé comparatif, range les corps qu'elle étudie en classes et familles. Mais c'est en biologie que la méthode comparative acquiert sa véritable importance, tandis que l'emploi simultané de la plus large observation directe et de l'expérimentation est également applicable à celte science. Enfin, pour compléter ce tableau, dans lequel le nombre des procédés d'exploration croit en raison directe de la complexité des phénomènes, nous avons à signaler le procédé historique qui est propre à l'étude des problèmes so- ciologiques. Par la seule considération de Part d'observer, on s'explique la position de la biologie dans la hiérarchie scientifique. En effet, outre le procédé qui devait résulter de sa culture particulière, elle était encore assujettie à l'application préalable de l'observation directe et de l'expérimen- tation, aux phénomènes les plus généraux et les plus simples. Néanmoins nous voyons la préparation de ses différentes parties suivre les phases du développement de l'art d'observer ; l'aualomie d'abord s'enrichit de tous les faits accessibles à l'observation directe; l'expérimentation fait surgir les notions fondamentales de physiologie ; enfin le procédé comparatif prenant son extension philosophique, l'ensemble de la biologie s'organise ; l'his- toire vient pleinement confirmer le parallèle entre l'évolution partielle de la biologie et la marche de l'esprit humain dans l'art d'observer : on fait de l'anatomie à l'école d'Alexandrie, de la physiologie au dix-huitième siècle, et ce n'est qu'aujourd'hui qu'on fait de la biologie. Ces observations, re- latives au développemeet des différentes branches de la science des êtres organisés, sont indispensables pour ne pas envisager d'une manière absolue la grande loi d'évolution formulée par M. A. Comte, qui, dans sa grande élaboration, a dû rester à un point de vue très-général. Il est en effet incontestable que l'organisation complète d'une science est assujettie à la constitution préalable de celle dont elle dépend ; mais il faut remarquer qu'il peut s'opérer des développements partiels de plusieurs sciences, et cela tient à ce qu'un même procédé d'observation peut con- duire à la connaissance de phénomènes de différentes natures. Seulement 28 celte connaissance esl d'autant plus imparfaite que le phénomène lui-même appartient à un ordre de faits plus complexes. Aussi, bien que la biologie n'ait pu se constituer qu'après la chimie, c'est-à-dire dans notre siècle, ou rencontre néanmoins dans la plus haute antiquité des notions relatives aux êtres organisés, dont l'acquisition dépendait simplement de l'emploi de la contemplation directe. Ainsi s'explique, à propos d'une science qui date d'hier, la nécessité de remonter très-haut dans le passé humain pour en saisir les premiers développements. Si je n'avais entrepris cet examen qu'en vue de l'anatomie descriptive, mon travail se bornerait à l'étude de la série des perfectionnements effectués sous la seule influence de l'observation directe ; mais puisque c'est pour jeter les bases d'un plan général d'anatomie humaine, et que cette anatomie nesaurait remplir sa véritable destination qu'en s'appuyant sur l'expérimen- tation et la méthode comparative, je dois comprendre, dans cette rapide indication, tous les mouvements accomplis en anatomie sous l'influence des trois procédés généraux de l'art d'observer. L'observation directe étendue à l'usage de tous nos sens a pu, dès les premières manifestations de l'esprit positif, commencer l'analyse de l'orga- nisme des animaux. Celle aualyse se traduit, dans le grand Arislole, par la division en parties similaires, et parties dissimilaires, établie au commencement du pre- mier livre de l'histoire des animaux. « Les parties de l'animal sont ou simples ou composées. Les premières » sont celles qui peuvent être divisées en parties similaires : telle est la » chair; elle n'offre dans ses divisions que delà chair. Le caractère des » secondes est de ne pouvoir être subdivisées en parties similaires : ainsi » la main ne se divise pas en plusieurs mains ni le visage en plusieurs » visages. Entre celles-ci, quelques-unes ne s'appellent pas simplement » parties : on leur donne le nom de membres lorsqu'elles forment un tout » qui a ses parties propres. La tête, la cuisse, la main, le bras entier, la « poitrine, sont des membres, parce que ces parties forment un tout et » ont d'autres parties qui leur appartiennent. Les parties composées sont » formées de la réunion des parties simples : la main, par exemple, est » formée de chairs, de nerfs et d'os. » La séparation des organes, très-imparfaite dans Aristole, se perfectionne dans (ïalicn ; mais c'est dans l'évolution moderne, par suite de la liberté ouverte aux dissections humaines, que s'organise l'anatomie descriptive. Le mouvement préparé par Benedelti, Bérenger, Massa, Sylvius, Guinther 29 prend un caractère définitivement progressif, par les tentatives hardies de Vésale et de son école ; et depuis, le perfectionnement des descriptions d'or- ganes a assez outre-passé le besoin du détail pour que de bons esprits n'aient pas craint de l'arrêter. L'analyse anatomique en était néanmoins ré- duite à la séparation minutieuse des organes, lorsqu'enfin réminent Bicbat vint la poursuivre dans les systèmes et les tissus, tandis qu'il prévoyait même les éléments anatomiques dont la distinction exacte ne pouvait s'opé- rer que de nos jours, sous l'influence des derniers perfectionnements des instruments d'observation. A l'égard de ces moyens artificiels, par lesquels l'action de nos sens reçoit une si grande extension, je signalerai comme devant m'épargner ici toute appréciation particulière, l'intéressant Traité sdr lk microscope et les injections que vient de publier M. Ch Robin, et dans lequel tout ce qui est relatif aux moyens artificiels d'observation se trouve judicieusement exposé, de manière à faire nettement sentir tout ce que les observateurs doivent attendre de ces procédés techniques. L'observatio;i directe ne devait pas seulement conduire à l'analyse com- plète de l'organisme, elle devait dès l'origine introduire dans la détermina- tion d'un organe la considération de son usage. Bien que les grandes no- lions positives de physiologie soient résultées de l'application du procédé expérimental , cependant bien des relations d'organe à fonction ont dû être spontanément, saisies par la seule observation directe. Aussi dans Aristote et surtout dans Galien trouve-t on les parties du corps caractérisées par l'indication de leur usage. Le mémorable traité De usu partidm repré- sente à cet égard une tendance remarquable, aussi manifeste qu'elle pou- vait l'être du temps de Galien . Mais pour admirer cet ouvrage, il faut bien se garder de le considérer comme un traité de physiologie ; car ce se- rait exiger de Galien une conception qui n'a pu se réaliser que dans la der- nière phase de l'évolution moderne, sous l'influence du procédé expéri- mental ; il faut voir dans le traité De uso partidm un ouvrage d'anatomie, dans lequel l'observation directe surtout et quelques expériences, faites par hasard et sans direction, ont permis d'introduire, très-imparfailement il est vrai, la considération de l'usage à propos de'chaque organe. Cet heureux perfectionnement, ultérieurement rectifié par les découvertes de physiologie, constitue un des principaux mérites de nos ouvrages actuels d'anatomie, bien qu'il y soit malheureusement subordonné à des points de vue plus spéciaux. Pour compléter ce qui est relatif à ce premier procédé, il faut ajouter que l'anatomie des rapports, dans laquelle la chirurgie a finalement provo- 30 que tant de perfection, a primitivement résulté de la simple observation directe. C'est également à ce procédé que, répondent les premières obser- vations d'anatomie anormale, dont nous trouvons déjà une assez riche col- lection à la fin du Traité d'anatomie de Colombo, mais qui s'étendit prin- cipalement sous l'impulsion caractéristique des travaux de Morgagni. L'anatomie réduite au procédé de la conlemplatiou directe eût, sans ré- sultat effectif pour la constitution définitive de la biologie, accru indéfini- ment son domaine, si l'expérimentatiou et la méthode comparative n'étaient venues en systématiser les éléments. L'expérimentation, en servant particulièrement à l'exploration des pro- blèmes de physiologie, a réagi sur le perfectionnement de l'anatomie «l'une manière très-elficace quoique indirecte. H est évident que malgré la consi- dération de l'usage, systématiquement introduite depuis Galien dans l'ana- tomie, la description des organes et des appareils devait manquer d'une direction propre à conduire cette description et à la faire peser sur les choses capitales. Du moment où les principales notions de physiologie furent ba- sées sur l'expérience, il n'y eut pas seulement rectification des points parti- culiers relatifs à l'usage des parties, il se manifesta en outre une réaction caractéristique portant sur le mode de description et sur la subordination des différents organes composant un appareil. Le mémorable exemple de la découverte de Uarvey fera mieux saisir ma pensée en rappelant les perfec- tionnements rapides accomplis en peu de temps dans l'exploration du sys- tème circulatoire sous l'influence de la direction physiologique, et si de nos joursencore M. Cl. Bernard, dont je me plais à reconnaître ici les tendances positives, a faitde nouvelles découvertes anatomiques dans ce mêmesystème, c'est encore une conception physiologique qui a été le point de départ. Mais pour achever de caractériser une telle «action, qu'il me suffise de parler du système nerveux dont l'élude et l'exploration n'ont été faites d'une manière rationnelle que sous l'influence préalable de la physiologie expérimentale qui seule a pu en faire comprendre l'ensemble. Donc il est bien évident que l'expérimentation, en servant à h solution des problèmes de physiologie, ne contribue pas seulement à une meilleure coordination, elle provoque en outre des progrès dans la connaissance intime des organes. Cette relation est d'autant plus importante à signaler qu'elle me parait devoir contribuer de plus en plus aux progrès ultérieurs de l'anatomie. En poursuivant cet examen général, essentiellement entrepris en vue d'une construction finale, nous arrivons à envisager le développement du troisième procédé d'observation, c 'est-a-dire de la méthode comparative. 31 Ce dernier mode, tout intellectuel, dont l'étude des êtres organisés a surtout provoqué la féconde application, ne doit pas être considéré comme le produit original d'aucun esprit isolé, majs bien comme le résultat de la marche intellectuelle de l'humanité. Déjà nous le voyons se manifester dans le grand Aristote, que nous avons apprécié à divers points de vue et qu'il nous reste à considérer relativement à la comparaison. Ce qui frappe dans l'histoire des animaux, c'est que l'auteur y développe surtout ce qui établit des différences et beaucoup moins ce qui constitue des analogies ; néarf- inoins on ne peut se refuser à reconnaître que même l'idée des analogies ressort implicitement de cette grande élaboration. Ce sentiment ne se dé- veloppe que plus tard : nous le trouvons pleinement caractérisé dans les vues générales de Vicq-d'Azyr dont l'évolution mentale fut principalement secondée par les travaux particuliers de Cl. Perrault, de Daubenton et de J. Hunier. Mais le principe des analogies reçoit sa plus large extension pat les conceptions de Geoffroy-Saint-Hilaire, dont la doctrine né constitue pas, comme on l'a pensé, un système particulier; mais bien un développement remarquable du procédé comparatif embrassant à la fois: l'état normal et anormal. C'est ici le lieu de signaler plus explicitement que nous ne l'avons fait dans la première partie, les perfectionnements et les progrès considérables effectués en analomie comparée sous l'influence de la direction zoologique qui, tout en conduisant à des abus en biotaxie, a produit de grandes bien- faits pour l'anatomie. Après ces indications sommaires, il me reste à parler de la comparaison suivant le sexe, ou simplement appliquée aux différentes parties d'un même organisme, puis de la comparaison des différentes phases de chaque déve- loppement. Il est naturel de concevoir que c'est par les deux premiers modes qu'a dû s'introduire l'usage du procédé que nous examinons. Quant au troisième, bien que depuis Galien il y ait des ouvrages sur la formation du fœtus, et que dans les anatomisles de l'école de Vésale on trouve des indications sur les différences organiques que présente le vieillard par rapport à l'adulte, néanmoins c'est dans Bichat que la comparaison suivant les différentes parties de l'organisme, suivant le sexe et suivant l'âge, se systématise défi- nitivement. Mais comme l'histoire complète des premières phases du déve- loppement dépendait non-seulement des progrès de la physiologie, mais en- core du perfectionnement des moyens artificiels d'observation directe, ce n'est que de nos jours qu'on a pu recueillir tous les élémentsde cette histoire. 62 Enfin, sous l'influence d'une saine théorie historique et de la fondation de la science sociale, la comparaison suivant les races, qui doit principale- ment servir à l'élaboration des problèmes de la physiologie individuelle ou collective, est venue porter ses fruits en anatomie. Cet examen rapide, entrepris dans le but de justifier et d'expliquer les ré- formes que je propose d'introduire en anatomie, devait se borner à des aperçus très-généraux. L'ensemble de ces considérations doit suffire pour prouver qu'il faut renoncer désormais à assujettir l'étude de l'organisme à un point de vue spécial. L'anatomie descriptive, pas plus que l'anatomie comparée, que l'embryogénie, etc., ne sont propres à fonder des notions positives sur l'organisation quand on les prend isolément ; ce n'est donc qu'en systématisant l'ensemble de nos procédés d'exploration et en suivant l'ordre déterminé par le principe de généralité et d'indépendance récipro- que qu'on peut espérer de constituer la statique des êtres organisés. Cette seconde partie de mon travail complète donc le cadre général que je m'étais proposé en faisant sentir, outre l'ordre indiqué, la nécessité de faire con- courir à l'élaboration des problèmes d'anatoraie l'ensemble des procédés fournis par l'observation directe, l'expérimentation et la comparaison. Cette entreprise paraîtra peut-être inutile aux esprits spéciaux ou routi- niers, mais je suis sûr d'y voir concourir tous les hommes animés d'un vé- ritable sentiment du progrès. FIN. DE LINFLUENCE M wàaJi a®nmàuâ u>x mzQit.zxDiix M. E. BOUCHUT, Médecin du bureau central des hôpitaux. Messieurs, Vous connaissez tous le lien mystérieux et admirable qui attache le fœtus au sein de sa mère ; vous savez par quelles transformations passe le nouvel être avant de voir le jour. Vous savez qu'il apporte au monde une partie de la force qui lui a donné le mouvement et la vie, force heureuse ou fatale qui lui imprime le caractère de sa race, la physionomie de sa famille, ses beautés ou sa laideur, ses difformités même, et avec les dispositions physi- ques cet état moral de l'intelligence et de l'instinct, cette élévation de pen- sée ou de caractère qui passe avec le sang, qui ennoblit ou qui abaisse et qui crée ces privilèges de l'aptitude dont on est toujours heureux de se pré- valoir. Vous n'ignorez pas non plus que c'est là une loi générale des êtres orga- nisés, et qu'elle est vraie non-seulement chez l'homme, mais encore dans toutes les espèces animales et à un degré inférieur, jusque dans les végé- taux, où elle se traduit par des résultats invariables. Mais messieurs, en outre de cette loi générale, ou si vous le préférez, en dehors de cette influence physiologique de la mère sur le produit de la con- ception, il y a une autre influence toute morbide, aussi réelle que la pre- mière, quelquefois moins évidente dans ses résultats, mais plus grave dans ses conséquences, et qui se révèle par l'exiguïté de l'enfant, par ses mala- is 34 dies congénitales semblables à celles de la mère, par sa mort intra-utérine et son expulsion violente dans Pavortement, ou seulement par l'expulsion prématurée sans participation rie l'œuf à la maladie de la mère. Cette in- fluence des maladies de la femme sur le cours de la grossesse et sur la santé du fœtus mérite plus particulièrement l'attention des médecins, et c'est à ce titre que je viens vous en occuper un instant. Déjà plusieurs travaux ont été entrepris à cet égaid, et on trouve signalé dan6 les anciennes relations d'épidémies de fièvres graves bilieuses le fait des hémorrhagits utérines et des avortements chez les femmes grosses. Bartbolin rapporte qu'en l'année 1672, la constitution médicale fut bumide et froide, et que la plupart des femmes de Copenhague avortèrent. Stoll a signalé des faits semblables dans diverses constitutions épidémiques. En 1758, Bouclier observait une épidé- mie de fièvre bilieuse gastrique à Lille, et il eut beaucoup d'avorte- raents. Il en est souvent de même dans les fièvres exanthématiques, en particu- lier dans la variole, où la mort du fœtus et son expulsion prématurée sont a peu près constantes. C'était aussi le sort de la plupart des femmes grosses atteintes de l'épidémie d'ergotisme, en 1813 et en 1814. Elles avortaient presque subitement et au milieu des plus vives souffrances. Il n'est pas jusqu'à la phlegmasie des viscères importants qui ne puisse porter atteinte au produit de la génération et qui ne puisse interrompre le cours de la grossesse. Le maître qui préside à nos séances l'a démontré pour la néphrite albumineuse, et peut-être aussi pour quelques cas parti- culiers de pbthisie à la dernière période. Les recherches de M. Grisolle l'ont établi d'une manière très-certaine pour la pneumonie, car vous le savez, sur 12 exemples de cette maladie, rassemblés par cet auteur, on compte jusqu'à 9 avortements. Enfin, et c'est là, j'ose le dire, un des plus beaux côtés de la question, M. Depaul vous apprenait, ici même, il y a quelques jours, le moyen de réduire le volume des fœtus, en diminuant les forces de la mère par un régime exceptionnel motivé par des circonstances obstétricales. On ne pou- vait mieux faire pour démontrer sans contestation toute l'influence heu- reuse ou néfaste exercée par l'état de la mère sur le produit de la con- ception. Aujourd'hui, messieurs, désirant continuer des recherches si impor- tantes, je veux les poursuivre en étudiant l'influence du choléra sur la grossesse. L'épidémie de 1832 aurait pu fournir les matériaux nécessaires à la so- 35 lotion de celle question ; mais on ne s'en est pas occupé, el les ouvrages ou recueils périodiques de celte époque ne renferment presque rien à cet égard. Ce n'est que plus tard que la question a élé posée dans quelques traités spéciaux, et nous remarquons avec plaisir que notre collègue M. Tar- dieu ne Ta pas oublié, et qu'il lui a donné, dans son dernier ouvrage, la place qu'elle devait avoir. Cesl assurément faute d'un nombre suffisant de faits qu'il n'a pu la résoudre d'une manière définitive. Dernièrement, un médecin de Paris a communiqué à l'Académie de mé- decine le fait d'une femme grosse atteinte de choléra qui guérit après l'a- vortemenl. Un peu pressé peut-être dans sa conclusion, ce confrère rap- porta la guérison à l'avortement, et proposa pour l'avenir l'emploi de moyens abortifs dans le choléra des femmes grosses comme une thérapeu- tique convenable. Elle convint en effet à un médecin de province, qui en- voya huit jours après une observation semblable suivie d'une semblable induction; mais jusqu'à ce jour, heureusement, ces vues théoriques n'ont pas reçu d'application. Les faits que j'ai recueillis sont au nombre de 52. Les uns viennent du service de M. le professeur Rostan, et je dois les autres à l'obligeance de mes collègues MM, Moutard-Martin, Iilot et Tailhé, qui ont bien voulu ra'aider dans cetle circonstance. Ces faits ont été observés à l'Hôtel-Dieu, cirez MM. Louis et Chomel; à la Charité, chez MM. Rayer, Andral et Bri- quet; à Sainl-Louis, chez M, Bazin; à Saint-Antoine, chez M. Beau; à la Maternité, etc. Us doivent être classés de la manière suivante. 16 femmes ont avorté et ont guéri. Elles étaient enceintes de trois, qua- tre, cinq, six, huit et huH mois et demi ; 12 eurent un choléra d'intensité moyenne et d'assez longue durée ; h eurent un choiera grave et rapide. 9 femmes ont avorté et sont mortes. Elles étaient enceintes de quatre mois et demi, de cinq mois et demi, de six, de sept et de huit mois. Le choléra eut assez d'intensité chez la plupart de ces malades. Il y a eu des cas très-rapidement mortels. 6 femmes n'ont pas eu d'avortement et ont guéri du choléra. Elles étaient enceintes de trois, quatre, quatre et demi, cinq et six mois. Leur choléra fui de moyenne intensité et se prolongea plusieurs jours, 21 femmes, enfin, n'ont pas eu d'avortement et sont mortes avec le pro- duit de la gestation dan9 l'utérus. Elles étaient aux différentes époques de la grossesse, à partir du troisième mois, et le choléra fut chez elles grave et rapide. C'est par exception que nous trouvons dans nos relevés quelques cas dont l.i durée fut de plusieurs jours. 36 J'ai étudié tous ces faits à différents points de vue, pour mieux connaître leurs rapports mutuels et réciproques, pour déterminer plus sûrement l'im- portance de quelques particularités secondaires et intéressantes, telles que l'époque de la gestation, les causes de l'avorlement, la marche ultérieure de la maladie, l'état du fœtus, etc. ; et pour présenter ce travail d'une ma- nière claire et méthodique, je l'ai divisé en deux parties : l'une sera con- sacrée à l'influence de la grossesse sur le choléra et du choléra sur la gros- sesse; l'autre à l'influence du choléra sur le produit de la gestation. Dans la première partie, nous parlerons successivement de l'influence exercée par l'état physiologique de la grossesse sur le choléra, de l'action exercée sur le cours de la grossesse par cette maladie, et nous décrirons l'avortement, ses causes, son mécanisme et son influence sur la marche ultérieure de la maladie. PREMIÈRE PARTIE. INFLUENCE DE LA GROSSESSE SUR LE CHOLÉRA ET DU CHOLÉRA SUR LA GROSSESSE. L'état physiologique particulier dans lequel se trouve la femme enceinte, et qui a tant d'influence sur la marche et le développement de quelques maladies, n'en a aucune sur l'apparition du choléra. 11 n'en garantit pas plus qu'il n'y prédispose. Toutes les femmes enceintes peuvent être frappées in- distinctement comme tout le monde, en vertu des circonstances indivi- duelles particulières où elles se trouvent ; et quand la maladie se déve- loppe, elle se présente sans aucune modification avec les hasards ordinaires de sa forme et de son intensité. Le choléra exerce au contraire une influence incontestable sur le cours de la grossesse. lien abrège souvent la durée et détermiue l'avortement ou l'accouchement prématuré, suivant la circonstance : 25 femmes cholériques, avons-nous dit, sur 52, ont avorté sous l'influence de la maladie, et parmi les autres, cet accident se fût produit, nous ne pouvons en douter, si la mort trop prompte n'avait pas enlevé les malades. Toutefois, si le choléra a le plus souvent cette action sur le cours de la grossesse, il n'en est pas toujours ainsi, et nous avons rapporté dans notre tableau six exemples de femmes chez lesquelles la gestation n'a pas été in- terrompue par le choléra, et qui toutes sont sorties de l'hôpital guéries et sans avortement. Lorsque le choléra interrompt le cours de la grossesse et provoque l'ex- 37 pulsion du fœtus, son influence s'exerce au milieu de circonstances parti- culières que nous allons indiquer d'après le relevé de nos observations, et que le raisonnement aurait pu faire prévoir et découvrir. Ces circonstances sont relatives à la forme, à la violence et à la durée de la maladie. Sauf de rares exceptions, les avortements qui ont lieu dans le choléra ne s'accom- plissent que dans les cas où la maladie se prolonge au delà de vingt-quatre heures et continue durant plusieurs jours. La plupart de ceux que j'ai vus n'ont eu lieu qu'aune époque avancée delà maladie. Deux fois seulement sur vingt-cinq, j'ai vu Pavortement s'accomplir dans les vingt-quatre pre- mières heures. Mais, je le répète, ce sont là des exceptions, et comme il faut un temps assez considérable pour préparer l'expulsion du fœtus, s'il ar- rive un choléra foudroyant qui emporte les femmes en quelques heures, l'avortement devient en quelque sorte impossible. C'est ce qui est arrivé au plus grand nombre des femmes que j'ai vues mourir avec le produit de la gestation renfermé dans l'utérus ; trop violemment frappées par le fléau, elles ont succombé sans qu'aucun effort d'expulsion utérine ait eu lieu. Ce ne sont donc pas les cas les plus graves de choléra qui déterminent l'avortement ou l'accouchement prématuré des femmes enceintes. Ceux-là les font périr trop rapidement. Ce sont, au contraire, les cas moyens qui, ayant une certaine gravité, se prolongent un, deux et même plusieurs jours. Ceux-là manquent rarement leur effet. Toutefois il y a des femmes qui ont échappé, et nous en avons six qui oni traversé cet orage, assez heureuses pour guérir sans avortement.Qrelques-unes,il est vrai, n'ont eu qu'une lé- gère atteinte, fort bien caractérisée d'ailleurs, mais évidemment trop faible pour exercer une influence fâcheuse sur le cours de leur grossesse. Si l'on joint à la rapidité de la maladie et à l'intensité des accidents l'in- fluence de la douleur causée par des crampes générales, étendues aux mus- cles du ventre, on connaîtra presque complètement les circonstances qui, avec le choléra, peuvent abréger le cours de la grossesse. En effet, comme nous le dirons plu3 loin, ce sont les femmes qui ont le plus de crampes qui avortent le plus rapidement. J'ai voulu connaître également l'influence de l'époque de la grossesse sur la facilité de l'avortement dans le choléra, et j'ai vu que cet accident, très-commun à partir du cinquième mois de la gestation, était au contraire très-rare à son début. Sur 16 femmes qui ont avorté et qui ont guéri, une seule était enceinte de trois mois, une de quatre, six de cinq, une de six, etc.; et de neuf qui ont avorté et qui sont mortes, la plus rapprochée du début de sa grossesse était enceinte de quatre mois et demi. Les autres 38 l'étaieiit : une de cinq mois et demi , trois de six , une de sept et trois de huit. Comme on le voit, oui exemple d'avortement causé par le choléra ue s'est préseulé à dous au-dessous du troisième mois de la grossesse. C'est là un fait curieux ; mais comme il se pourrait bien que le hasard y fût pour quelque chose , nous nous garderons bien d'en tirer aucune conclusion. Noua te signalons seulement afin que plus tard, si d'autres observateurs viennent à le vérifier, ils puissent joindre leurs observations aux nûlres, et e, j tirer toutes les inductions convenables. L'avortemenl ou l'accouchement prématuré qui résulte de l'atteinte si terrible du choléra est accompagné de phénomènes qui ne sont pas tout à fait ceux de l'avortemenl ordinaire, et qui méritent d'être étudiés avec soin. En effet, on peut se demander si l'avortemenl a lieu avant ou après la mort de l'enfant, si c'est un avorlement mécanique causé par la seule puissance des contractions musculaires du choléra, agissant sur un produit animé, ou si c'est un avortement réflexe, qu'on me passe le mol, provoqué par la pré- sence d'un enfant mort excitant les contractions de l'ulérus par l'intermé- diaire des centres nerveux. L'auscultation pourrait servir à résoudre la première de ces questions relative à la vie de l'enfant; mais au milieu des cris arrachés par la douleur et de la situation des malades, c'est quelquefois une exploration difficile. Je l'ai faite une fois, et l'ai prolongée autant que les convenances permettaient de le faire, mais je ne suis arrivé à aucun résultat. Notre collègue M. Blot m'a dit avoir fait cette recherche, et dans un cas de grossesse de huit mois et demi, il s'est assuré de la vie du fœtus pendant vingt-quatre heures des accidents cholériques les plus formidables ; puis il a pu en constater la cessation avant l'expulsion prématurée. Ce sont là des résultats insuffisants pour nous permettre de déterminer l'instant précis de la mort du fœtus, et pour savoir s'il précède ou si au contraire il suit de près l'avortemenl. L'autre question, relative au mécanisme de l'accident qui nous occupe, peut être vidée par les faits. Il y a des cas de choléra, et j'en ai vu, où, chez des femmes enceintes, les crampes, généralisées jusque dans les parois du ventre et le diaphragme, sont tellement violentes que la contraction mus- culaire, pressant l'utérus de toutes parts, favorise et détermine l'expulsion de son produit. C'est à ces faits particuliers que j'ai donné le nom d'avor- tement mécanique, en raison même de leur mode de production. Daus la majorité des cas, au contraire, la douleur de ventre est peu mar- quée, et la maladie n'exerce (Jus son influence que d'une muhère générale 39 sûr le produit dehgestaticn. L'avortement a lien comme à l'ordinaire, par suite de phénomènes intérieurs qui réagissent sur les centres nerveux et provoquent les contractions utérines. Un fait curieux dars l'avortement provoqué par le choléra, et qu'on peut d'ailleurs facilement expliquer, c'est l'absence presque totale d'hémorrha- gîe de l'utérus. La perte de sang est généralement peu considérable, et on rencontre même quelques femmes chez lesquelles cet écoulement est à peu près nul. Il y a quelques jours, je voyais à l'Hôtel-Dieu une femme en- ceinte de cinq mois qui, à sept heures du soir, ne perdait rien, qui était accouchée à huit heures d'un œuf entier, et qui ne perdit pas deux cuil- lerées de sang dans les vingt-quatre heures suivantes. On a dit que l'avortement avait une heureuse influence sur la marche ultérieure et sur la terminaison du choléra. Le fait est possible, mais il n'est pas encore démontré, et il nie parait même difficile, dans l'état actuel de la science, de l'établir d'une manière positive. Nos faits, quoique nombreux, ne nous fournissent aucune donnée satis- faisante à cet égard. 16 femmes ont avorté et ont guéri ; mais il y en a 9 qui ont éprouvé le même accident et qui sont mortes. D'une autre part, 21 ont succombé san9 avortement, et l'on peut affirmer que parmi elles plus d'une eût expulsé le produit de la gestation si la vie, moins violemment at- teinte, se fût prolongée un jour ou deux de plus. Cependant, si la statistique ne nous permet pas de formuler une opinion sur l'influence de l'avortement dans la terminaison du choléra, l'observation laisse du moins une impression dont on ne peut se débarrasser entièrement, et que je vais exprimer ici. Il m'a semblé que l'avortement n'avait aucune es- pèce d'influence ni sur la situation des malades atteintes de choléra, ni sur la forme de leur maladie, ni sur l'intensité des symptômes et leur marche ultérieure. Ordinairement l'expulsion du fœtus a lieu sans que les malades en aient parfaitement la conscience. C'est le choléra qui domine la situa- tion générale, et il accomplit toutes ses périodes sans être modifié le moins du monde par cette complication. Sa gravité reste la même, et dans aucun cas l'avortement ne m'a paru ajouter à l'espoir de la guérison des malades; peut-être m'a-t-il paru, au contraire, aggraver leur situation, et ajouter plu- tôt à la crainte de leur mort. En résumé : L'état physiologique de la grossesse n'a aucune influence sur le choléra. Le choléra exerce, au contraire, une action réelle et fâcheuse sur la gros- sesse, dont il interrompt souvent le cours. 40 L'avortement et l'accouchement prématuré résultent du degré d'intensité des accidents cholériques. L'avortement qui n'a pas lieu dans les trois premiers mois de la grossesse se présente, au contraire, très-souvent après cette époque. ïl est quelque- fois le résultat mécanique des crampes; mais ordinairement, il a lieu, comme à l'ordinaire, par suite de l'action réflexe du système nerveux de l'utérus. Il est rarement accompagné de fortes hémorrhagies. Il ne paraît pas exer- cer une notable influence sur la terminaison du choléra. SECONDE PARTIE. INFLUENCE DU CHOLÉRA SDR LE FOETUS. il est difficile de déterminer d'une manière précise l'influence du cho- léra sur le produit de la gestation; cela se conçoit : pendant la vie de la mère, l'état de santé du fœtus n'est que très-imparfaitement appréciable à l'aide de l'auscultation, et après la mort, c'est à l'exploration anatomo-patholo- gique qu'il faut demander de nouveaux renseignements. Or il s'agit de cho- léra ; comment le scalpel pourrait-il ici nous aider à découvrir ce qu'il re- fuse si obstinément de nous faire connaître chez les sujets adultes? Toutefois nous ne désespérons pas d'arriver à un résultat, et nous allons rechercher quels sont ces phénomènes qui, pendant la maladie ou après la mort de la mère, semblent annoncer un trouble quelconque dans les fonc- tions du fœtus. Disons d'abord que la mort du germe n'est pas la conséquence nécessaire du choléra de la mère, quoique ce résultat soit de beaucoup le plus fréquent. En effet, dans notre tableau nous voyons que 6 femmes sur 52 n'ont pas avorté et ont parfaitement guéri des accidents cholériques, bien nettement caractérisés, qui les avaient amenées à l'hôpital. L'une était enceinte de trois mois, 3 l'étaient de quatre, et les 2 autres de cinq et de six. En outre, nous avons vu à l'Hotel-Dieu une femme, dont l'observation nous a été com- muniquée par M. Moutard-Martin, quiélait enceinte de huit moisetdemi, qui est accouchée au milieu d'un choléra très-grave d'un enfant vivant, lequel est resté au monde avec sa mère. Par conséquent, si l'on arrive un jour à démontrer l'existence du choléra congénital, on pourra le regarder comme exceptionnel, les faits que nous venons de rapporter démontrant que la trans- mission n'est pas constante. Dans les cas ordinaires, chez les femmes qui avortent au milieu de leur 41 attaque de choléra ou qui succombée l sans avoir le temps de subir ce nou- vel accident, l'étude des mouvements du foetus et l'auscultation de l'abdo- men permettront d'apprécier non pas l'influence spécifique du choléra, mais seulement la vie ou la mort du germe. Chez les femmes qui déjà ont senti remuer, les mouvements cessent d'abord, ce n'est que plus tard que disparaissent les battements du cœur. J'aurais désiré pouvoir préciser l'épo- que de cette disposition pour savoir si elle avait quelque rapport avec l'heure de l'avortemeDt, mais je n'ai pu réussir. J'ai tenté cette recherche sans aucun résultat, et je l'ai abandonnée à de plus habiles. Notre collègue M. Blot a réussi dans un cas assez avancé de grossesse. C'était chez une femme enceinte de huit mois et demi. Elle eut une très-violente attaque de choléra, et pendant vingt-quatre heures on put entendre sur elle les batte- ments du cœur du fœtus. Ils disparurent enfin, et quelque temps après des douleurs survinrent, l'accouchement eut lieu, mais l'enfant était mort; la mère seule put guérir. — Les choses se passent toujours à peu près de même : on constate d'abord l'embarras des mouvements du germe, la ces- sation des battements de son cœur, sa mort et plus tard l'avortement. Il était important de voir si dans tous ces fœtus victimes du choléra de leur mère la maladie avait laissé des traces, et si par hasard on pouvait découvrir dans les viscères une preuve de la transmission cholérique. J'ai fait avec beaucoup de soin l'autopsie d'un certain nombre de ces enfants, entre autres d'un de huit mois; j'ai prié M. Rayer de vouloir bien y regar- der lui-même en lui donnant mes derniers venus, et je puis dire après cet examen en partie double, qu'il ne paraît y avoir dans le corps de ces fœtus rien de particulier qui doive être rapporté au choléra. J'ai constaté Uétat poisseux de la séreuse abdominale, quelques congestions dans l'intestin et dans les poumons, mais j'ai minutieusement recherché la psnrenlérie et ne l'ai point trouvée. — Chez des fœtus assez avancés en âge, j'ai voulu voir si le méconium était répandu dans les eaux de l'amnios, et s'il élail remplacé par de la matière cholérique; mais j'ai trouvé le méconium à sa place ordi- naire, et nulle part de liquide semblable à la matière dite cholérique. Deux fois seulement, chez des fœtus de trois à quatre mois, M. Rayer a trouvé dans l'intestin une matière noirâtre formée par du saug altéré; mais comme nous ignorons ce qui existe à l'état normal dans l'intestin des petits êtres de cet âge, il nous est impossible d'en tirer ici aucune conclusion. Rien ne prouve donc, quant à présent, que l'influence du choléra sur le produit de la gestation soit de nature spécifique, c'est-à-dire susceptible de lui communiquer une maladie semblable à 'celle de sa mère. Rien ne mon- 5 Û2 tre que le choléra soit tran9missible par génération, à la manière de la va- riole, dans quelque3 circonstances, et c'est tout autrement qu'il faut comprendre l'action si ordinairement fâcheuse du choléra sur le germe humain. La mort du fœtus doit être, je crois, rapportée à d'autres causes. La spé- cificité ne paraît y être pour rien, nous venons de le dire; mais d'autres circonstances rendent parfaitement compte de ce phénomène : ou bien l'accident est le résultat d'une pression mécanique de l'utérus causée par les crampes et par les convulsions des muscles de l'abdomen, ou bien il est dû à la diète si sévère dans laquelle se trouvent placés les malades, ou bien enfin il est causé par les nombreuses évacuations de l'intestin qui enlèvent tout le sérum du sang, et tarissent ainsi les sources de la nutrition. Il est prohable que toutes ces causes agissent ensemble; mais elle peuvent avoir une influence isolée incontestable. Nous avons démontré la réalité de la première, en faisant connaître la possibilité de l'avortement mécanique causé par les violents efforts musculaires du choléra. Nous connaissons l'influence du régime et de la diète sur la nutrition du fœtus; mai9 ce qui est le mieux démontré, c'est l'influence des saignées répétées sur la mort du germe et sur son expulsion de la matrice. Or, je le demande, que la saignée soit directe ou indirecte, que le sang sorte des veines ou que le sé- rum transsude à travers les parois intestinales, n'est-ce pas absolument la même chose ? On n'en saurait douter, et c'est ainsi, je crois, qu'il faut ex- pliquer, dans la plupart des circonstances, le mode de production de l'a- vortement dans le choléra. Ainsi donc, le choléra exerce une influence fâcheuse sur le produit de la gestation . Cette influence ne paraît avoir rien de spécifique, et aucun phénomène ne démontre la transmission héréditaire de la maladie. Cette influence est bornée à la nutrition du fœtus. Elle paraît occasionner la mort et ensuite l'avortement. Dans certains cas moyennement graves, la mort du fœtus n'a pas lieu, et la maladie guérit sans interrompre le cours de la grossesse. OBSERVATIONS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE QUELQUES IfflSTMISITtS DE LA FUI: PAR MM. DEVAINE et ROBIN. Nous avons l'honneur d'exposer d'abord à la Société le résultat de Pexa- roen que nous avons fait de la tête d'un monstre cyclocéphalien, apparte- nant au genre Bhinocéphate. Obs. ]. — L'animal qui nous a présenté ce genre de monstruosité, est un cochon domestique {sus scrofa) , paraissant être né à terme. Nous le devons à M. le docteur Donné. Le poids du corps est de 900 grammes. Tous les organes sont à l'état normal , sauf ceux de la tête. A l'extérieur, elle offre l'aspect suivant : elle est grosse, courte, arro die et ne présente point l'apparence du. groin caractéristique «Su cochon. De la partie infé- rieure du front naît une trompe, longue de 4 centim. sur l de diamètre; elle est garnie de quelques pois longs et roides-, son extrémité libre forme un pa- villon évasé. A l'intérieur, elle offre une cavité unique qui en occupe toute la longueur et qui est divisée par une cloison longitudinale, adhérente inférieure- ment, libre supérieurement. Cette cloison présente très-exactement la forme d'un vomer; elle est en partie cartilagineuse. On observe en outre près de l'extrémité libre de la trompe et dans sa cavité, deux replis de la membrane muqueuse en fxk forme de valvule, et vers la partie adhérente de cet appendice, quelques anfrac- tuosités ii régulières, cornets ou cellules rudimentaires. La cavité de la trompe, ouverte inférieurement et en avant, se termine supérieurement, et en arrière en col-de-sac. Immédiatement au-dessous de la trompe existe une orbite unique, médiane, de forme à peu prc> quadrilatère, occupée p&r un œil unique, que nous décrirons plus loin. Les deux sourcils très-peu fournis sont dictincts. Les paupières sont au nombre de quatre ; les deux supérieures s'unissent sur la ligne médiane sous un angle léger; les deux inférieures offrent une disposition analogue. Leurs di- mensions sont trop petites pour qu'elles puissent recouvrir l'oeil. Une petite surface plane sépare l'orbite de la lèvre supérieure. CeHe-cf dé- passe do beaucoup la mâchnrre supérieure ; elle est aplatie et se termine psrune partie renflée. La lèvre inférieure est plus courte et relevée comme s'il y avait nne sorte de menton. La langue sort entre les lèvres; la cavité de la bouche est trop petite pour la contenir. Le pharynx se termine en haut par un cul-de-sac auquel viennent aboutir les trompes d'Eustachi. Le ci âne a subi une déformation très-remarquable; son diamètre antéro-pos- térieur est beaucoup plus petit qu'a l'état normal ; le diamètre vertical est au contraire plus grand. Les rochers, les pariétaux, l'occipital sont normaux. Le sphénoïde offre un trou large, quadrilatère et constitué par les deux fentes sphénoïdales réunies, le corps de cet os n'existant pas. Ce trou, occupant la partie inférieure et moyenne du crâne, est circonscrit par les petites et les grandes ailes du sphénoïde et la base des apophyses ptérygoïdes. Le sphénoïde antérieur est constitué par une simple lame ovalaire (apophyses d'Ingrassias)qui ne présente, dansl'intérieur du crâne, ni corps ni trous optiques ; du côté de l'orbite seulement, on remarque un trou borgne qui parait tenir la place d'un trou optique. L'ethmoïde n'existe pas. Les frontaux réunis par une suture médiane sont ex- trêmement raccourcis. Vus par la face cérébrale, ils forment une cavité moitié moins profonde qu'à l'état normal. La portion orbitaire de chaque frontal, réunie sur la ligne médiane par suite de l'absence dé l'ethmoïde, offre une suture sail- lante, ayant quelque rapport de forme et de position avec l'apophyse crisia yalli ; en arrière de cette saillie existent deux petits trous qui communiquent avec l'or- bite et donnent passage à une branche du nerf ophthalmique; en avant exis- tent également deux trous presque confondus en un seul et simulant parfaite- ment le trou borgne ; ces trous communiquent avec la trompe sus-orbltaire et donnent passage au nerf dont nous venons de parler. Vus par la face externe, les frontaux réunis présentent la forme d'un conc aplati du côté de l'orbite et se terminent en avant par une apophyse grosse, courte, cylindrique qui sert de base à la trompe. Cette apophyse se continue avec un seul os nasal, presque aussi long que les frontaux, médian, un peu recourbé AG en bas, comprimé latéralement, contourné et ayant la tonne d'un cylindre un peu aplati, fendu en dessous dans toute sa longueur at ouvert lnférieiiremenU Cet o» est évidemment analogue aux deux os propres du net. La cavité orbita re occupe la plus grande partie de ia face. A peu près quadri- latère, elle offre très- pou de profondeur relativement a. ses autres» dimenâion»; elle est bornée en haut par la trompe et les arcades orbitaires ; en arrière par la portion orbitaire des frontaux par les petites et le* grandes ailes du sphénoïde» entre lesquelles se voieut les grandes fentes sphénOniales réunies ; de chaque côté par les juçaux ; inférieurement par l'apophyse, nasal dn maxillaire supérieur à l'état rudimentaire, et par les bulbes de deux grosses molaires qui en forment le plancher. Le maxillaire supérieur, très-court, parait presque rérluit à sa por- tion palatine ; il offre un bord orbitaire formé par une lamelle mince, développée par un point d'ossification distinct, articulé avec les jugaux ; au-dessous une petite surface verticale percée p;ir les trous sous-orbitaires ; puis immédiatement à untde droit, la saillie de l'apophyse palatine et du bord alvéolaire. Ce l>oid porte eu avant trois dents comparables pour leur forme à des incisives, et dent I'uitei- médiaire, plus forte, médiane, n'est pas implantée dans une alvéole, mais dans lu gencive. Les os in terœarJ Maires n'existent pas. Le maxillaire inférieur, plus court qu'à l'état normal, se recourbe fortement en baut, au niveau des dents canines. L'encéphale occupait toute la cavité du crâne. Vu par la face supérieure, il présente en avant les hémisphères cérébraux confondus en un seul, allongés transversalement et laissante découvert les tubercules quadrijumeaux. Cet hé- misphère unique et transversal est tellement petit qu'il a à peine le volume d'un des deux hémisphères à l'état normal. Les. circonvolutions cérébrales sont peu marquées. Les tubercules quadrijn- meaux sout plus volumineux qu'à l'état normal. Le cervelet n'offre rien de particulier, si ce n'est un plus grand développement que dans l'état normal, développement qui contraste fortement avec le petit vo- lume de l'hémisphère cérébral unique. Vu par la base, le cerveau ne présente point également de trace de division en deux hémisphères ni de circonvolution». Les lobes et les nerfs olfactifs n'existent pas; on n'observe pas non plus le cbiasma des nerfs optiques ni aucun rudiment de ces nerfs. La troisième paire existe, ainsi que toutes les autres paires. Lô bulbe rachidien est beaucoup plu* volumineux qu'à l'état normal. Une seule éminence médiane remplace les émi- nences mamillaires. Les deux ventricules latéraux sont remplacés par un seul ventricule médian* Quant aux modifications des nerf6 après leun origine, nous n'avons- pas trouve de vestige de la première ni de la seconde paire; la troisième, la quatrième et la sixième sortent du crâne par la grande fente sphéuoïdale.. La cinquième paire sort également parcelle fente, et se divise immédiatement 66 en ses trois branches, ophthalmique, maxillaire supérieure, maxillaire inférieure. La première seule mérite une description particulière. Cette branche , après aroir fourni plusieurs rameaux aux organes contenus dans l'orbite, se porte en avant en rapport avec !a face inférieure de l'apophyse d'Ingrassias, et s'engage immédiatement dans le trou postérieur de la portiou orbitaire du coronal. Par- venue dans le crâne, elle s'engage dans un sillon osseux, où elle est recouverte par la dure-mère, longeant ['apophyse crista-galli jusqu'au trou antérieur, où elle s'engage. Parvenue dans la trompe, elle s'y distribue aux diverses parties que nous avons décrites. Ce rameau est évidemment l'analogue du rameau na- sal interne de l'ophthalmique, avec cette différence qu'il paraît constituer ici la branche principale de ce nerf. L'œil unique, placé au centre de l'orbite, plus volumineux qu'un œil ordi- naire , est plus étendu transversalement que verticalement ; il présente deux cornées réunies en une seule, large, ovale, un peu déprimée sur la ligne moyenne en huit de chiffre. A travers celte cornée on aperçoit un double iris, circonscri- vant deux pupilles distinctes. La sclé/otique est unique, simple, elle se continue en arrière en un petit cordon fibreux, central, qui se perd bientôt dans l'orbite. Ce cordon, très-court, examiné au microscope, ne contient pas de matière ner- veuse. L'intérieur de l'œil présente deux cristallins distincts se touchant par le bord interne. Les procès ciliaires forment autour de leur bord libre un ruban disposé en huit de chiffre. II n'existait qu'une choroïde, Le corps vitré et la ré- tine étaient réduits en une bouillie qui ne permit aucun examen. Obs. II. — ■ Le sujet de notre seconde observation est un monstre de la famille des cyclocéphaliens , dont la tête a été présentée à la Société de biologie par M. Giraldés, qui a bien voulu la mettre à noire disposition. Cette tête, séparée du tronc par une section faite au niveau de l'os hyoïde, appartenait à un cochon nouveau-né (sus snofa), qui n'offrait, du reste, rien d'anormal. La partie supérieure et postérieure du crâne, ainsi que les oreilles, n'offrent rien non plus d'inégulier. , A la partie inférieure du front existe une trompe de 4 centimètres de longueur suri de diamètre, évasée à son extrémité libre et couverte de quelques poils. Elle présente à l'intérieur une petite cavité revêtue d'une membrane muqueuse, qui forme quelques replis irréguliers. Cette cavité s'ouvre à l'extrémité de la trompe par un orifice qui admet difficilement une grosse épingle. Immédiate- ment au-dessous se trouve une orbite unique, quadrilatère, surmontée de deux sourcils peu fournis. Elle est occupée par deux yeux placés horizontalement, et séparés l'un de 1 autre par une petite languette de la conjonctive. Celte orbite présente en outre quatre paupières trop petites pour la recouvrir complètement. Enfin la face se termine en bas par une surface conique et verticale. Celte par- tie est constituée par la mâchoire supérieure et par la lèvre supérieure, qui la dépasse beaucoup et se termine insensiblement en pointe. kl En arrière de la lèvre, on trouve une arcade deutaire irréguliére, une voûte palatine très-bombée et un repli semi-lunaire qui forme la paroi inférieure de la bouche, dont la cavité est un cul-de-sac peu profond, sans communication avec le pharynx. La lèvre et la mâchoire inférieures n'existent pas. On ne trouve non plus, dans la cavité buccale, aucun vestige de la langue. L'occipital et le pariétal sont normaux. Les temporaux, vus par la face supérieure, n'offrent pas d'irrégularités nota- bles ; à la face inférieure, ils présentent les particularités suivantes : le conduit auditif externe est fendu dans toute sa longueur; la caisse du tympan, réunie à celle du côté opposé, forme uue crête transversale très-forte, très-saillante, qui divise la base du crâne en deux cavités profondes. Il n'y a pas d'apparence des cavités glenoïdes. Le sphénoïde irrégulier, très-épais dans ses grandes ailes, offre deux fentes sphénoïdales presque normales, et un seul trou optique à la base des petites ailes. Le frontal unique offre, dans sa partie orbitaiie et sur la ligne moyenne, deux trous, dont le postérieur, communiquant avec l'orbite, donne passage à la bron- che nasale du nerf ophthalmique, et l'antérieur est l'orifice d'un canal qui con- duit ce même nerf dans la trompe. La face externe de cet os présente en avant une apophyse arrondie, très»forte, très-saillante, qui forme la base de la trompe. Un os cylindrique, comprimé latéralement, fendu inférieurement dans toute son étendue, articulé avec l'apophyse précédente, constitue avec elle la totalité du squelette de la trompe. Cet os est l'analogue des os propres du nez. Le maxillaire supérieur représente un cône tronqué, un peu aplati ; l'apophyse montante est réduite à une petite lamelle, ayant un point d'ossification propre. A l'extrémité inférieure existent trois dents aiguës, dont la moyenne est exacte- ment médiane et en partie seulement développée dans l'os. Tous les os dont nous n'avons pas fait mention, excepté les jugaux, manquent complètement. Le maxillaire inférieur, recueilli avec soin, n'existait pas, même à l'état rudi- mentaire. L'orbite est constituée, en haut par le frontal, en arrière par le frontal et la petite aile du sphénoïde, en bas par la base des apophyses ptérygoïdes et les bulbes de deux dents molaires, en dehors par les jugaux. Les muscles temporal, masséter et ptérygoidien d'un côté s'unissaient avec leurs congénères du côté opposé Leur masse confuse formait, le sous-sphénoïde, une arcade qui, avec la voûte palatine, constituait le cul-de-sac de la bouche. Au devant de la colonne vertébrale se trouvait une cavité fermée supérieure- ment, et se continuant inférieurement avec l'œsophage ; elle pouvait admettre .e bout du doigt indicateur, au niveau de la bouche, un repli ou voile trans- 48 versai, la divisait en deux parties. La postérieure, véritable pharynx, aboutissait à la base du crâne, en se rétrécissant beaucoup, on n'y voyait pas d'oritlce pour les trompes d'Eustachi, qui n'existaient pan. L'antérieure, moins prolongée en haut, offrait en avant une portion de la membrane muqueuse très-différente du reste; cette partie de la membrane muqueuse, formant la paroi antérieure de la cavité, ressemblait parfaitement à celle de la base de la langue ; elle était recou- verte de papilles semblables et présentait à son centre un trou borgne. Par la dissection, on a pu constater que cette partie était limitée en bas et sur les côtés par l'os hyoïde et les os styloidiens (non encore ossifiés); elle recevait deux muscles des apophyses styloïdes et des faisceaux de fibres musculaires de l'os hyoïde; en haut, elle se confondait avec la paroi de la cavité, sans offrir aucune apparence de pointe ou de bord libre. L'os hyoïde, en partie enlevé dans la section de la tête, n'a pu être examiné. L'encéphale n'occupait pas toute la cavité du crâne. Vu par la partie supé- rieure, on apercevait, d'arrière en avant, le cervelet, plus gros qu'à l'état nor- mal ; les tubercules quadrijumeaux ; l'orifice de l'aqueduc de Sylvius ; enfin, tout à fait en avant, une masse unique remplaçant les hémisphères cérébraux ; dans ce lobe médian existait une cavité unique, on n'y voyait ni corps calleux, ni vestige de la voûte à trois piliers. Vu par la base, on pouvait constater l'existence de la tige et de la glande pi- tuitalre, en arrière de laquelle une éminence avec un léger sillon longitudinal était formée par les éminences maxillaires réunies; on constatait de plus l'exis- tence de tous les nerfs du cerveau, excepté celle du nerf olfactif, qui manquait complètement, ainsi que les lobes du même nom. Les nerfs optiques naissaient de la base du cerveau, accolés l'un à l'autre sans former de chiasma; ils se ré- unissaient presque immédiatement en un seul tronc, qui sortait par lé trou de la petite aile du sphénoïde. A tes un trajet d'un demi-centimètre à peu près, il se divisait en deux cordons qui aboutissaient à la partie inférieure et posté- rieure des globes oculaires. Le nerf de la cinquième paire se divisait en trois branches. La branche maxil- laire inférieure était très-petite et sortait par le trou ovale du sphénoïde. La branehe opbthalmique, parvenue dans l'orbite, fournissait un rameau assex vo- lumineux, qui entrait dans le crâne par un trou du temporal, se portait en avant sous la dure-mère et pénétrait par un canal que nous avons décrit dans la trompe, où il se terminait. La première de ces observations doit être rangée dans le genre rhinocé- phale , troisième division de la famille des cyclocéphaliens , établie par M. Geoffroy Saint-Hilaire (Histoire des anomalies de l'organisation, parL III, liv. 1), genre caractérisé par une orbite unique, contenant un seul œil ou deux yeux contigus et surmontés d'une trompe. La seconde obser- vation nous montre également une orbite unique, surmontée d'une trompe; 49 mais la partie inférieure de la face présente des différences très-notable» dans la petitesse relative de la mâchoire supérieure, l'absence totale de la mâchoire inférieure et des parties constituantes de la bouche. Ces anomalies doivent faire ranger le monstre dont nous nous occupons dans le genre stomocèphale , cinquième division de la famille des cyclocéphaliens de M. lsid. -Geoffroy Saint-Hilaire. Ce genre de monstruosité, beaucoup plus rare que le précédent , n'est encore connu que par dix ou douze obser- vations. N'ayant pas d'autre but que d'apporter quelques matériaux à l'histoire des anomalies de la face, nous nous bornerons à signaler les particularités qui nous ont paru les plus dignes de remarque dans ces deux observations. Dans tous les cas de cyclocéphalie, sans exception, dont nous avons lu la description, et même quelquefois dans certaines difformités très-graves de la face , telles que l'absence de la voûte palatine, le cerveau est gravement déformé; au lieu de deux hémisphères, il offre un lobe unique, antérieur et médian, sans scissure ni corps calleux, et ces lobes sont si peu développés en arrière, qu'ils n'atteignent pas les tubercules quadrijumeaux. C'est aussi ce que nous avons vu dans nos deux observations; mais nous avons con- staté de plus une hypertrophie notable du bulbe rachidien et du cervelet, hypertrophie remarquable surtout dans le premier sujet. Nous nous sommes assurés de ce fait en les comparant avec le cerveau normal d'un cochon du même âge, que nous nous sommes procuré à cet effet. Dans nos deux observations, le chiasma des nerfs optiques n'existait pas ; c'est aussi ce qui a été constaté dans toutes celles dont nous avons pu pren- dre connaissance. Ce fait, ainsi que l'absence de la voûte et du corps cal- leux, la fusion des éminences mamillaires (Tiedeman, Obs. sdr les vices 0E CONFORMATION DU CERVEAU, etc., — JOURN. COMPLÉM., t. XX, p. 207 et suiv.), tendrait à prouver qu'il n'y a pas ici arrêt de développement, mais fusion des parties latérales par l'absence des parties moyennes, comme il arrive pour les globes oculaires, qui, dans les mêmes conditions, s'unis- sent plus ou moins complètement, et pour les muscles masséters et tempo- raux, qui, dans l'absence de la mâchoire inférieure, se réunissent en formant une arcade sous la base du crâne. (Obs. II.) Dans la première de nos observations, non-seulement le chiasma, mais les nerfs optiques manquaient complètement. Nous les avons inutilement cherchés à leur origine, ainsi qu'à leur terminaison à la sclérotique ; de plus, le trou qui leur donne passage dans la petite aile du sphénoïde n'existait pas. Ce trou était seulement indiqué par une petite dépression. Nous croyons 6 50 donc à l'absence de ce nerf, quoique Tiedeman (mém. cité) révoque en doule, comme faits mal observés, les cas dans lesquels on n'a pas trouvé de nerf optique, le globe oculaire existant, el que M. Isidore-Geoffroy Saint- Hilaire paraisse partager la même opinion. A la vérité, les exemples d'ab- sence du nerf optique coïncidant avec l'existence du globe oculaire sont très-rares : nous n'en connaissons que deux, outre le nôtre. Le premier a été observé par M. Magendie (Anatomif. d'cs chien cyclope et astôme, — Joorn. de physiologie, 1. 1, p. 374) sur un chien cydope; les cinq premières paires de nerf manquaient. L'œil unique, bien conformé, conte- nait deux cristallins et une rétine disposée à l'ordinaire, ainsi que les autres membranes de l'œil. Le second exemple est rapporté par le docteur Ed. Lacroix (Obs. de cyclopie, — Trans. méd., août 1833) : il s'agit d'un rhinocéphale humain chez lequel le globe oculaire était réduit à une sclé- rotique et à une choroïde ; le nerf optique manquait. La trompe a été considérée comme un nez rudimentaire par Tiedeman (mém. cité), et par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire (onv. cité), qui rap- portent, à l'appui de leur opinion, l'existence d'une cavité dans cette trompe, celle d'une membrane muqueuse qui la tapisse et les rudiments de cloison ou de cornets qu'on y rencontre. Nous ajouterons, comme nouvelle preuve, que la trompe reçoit un rameau du nerf ophthalmique qui. par son trajet dans l'orbite et dans la cavité du crâne, est évidemment le rameau nasal interne. Nous l'avons trouvé, et parfaitement identique, dans nos deux sujets. Enfin, nous signalerons, dans notre deuxième observation, Vabsence de la mâchoire inférieure et de la presque totalité de la langue. Nous ne con- naissons aucune observation d'absence de la mâchoire inférieure sans au- tre anomalie; il y a toujours en même temps dans tous les faits dont nous avons lu la relation, absence de plusieurs autres parties de la face ou de la face tout entière. Même dans ces cas, on retrouve presque toujours une mâchoire inférieure rudimentaire, fort petite, cachée dans les parties molles, à la base du crâne, au devant de la colonne vertébrale, et ne donnant at- tache à aucun muscle. (Schubart, De maxill* infer. honstrosj: par- vitate et depectu, Berlin, 1818. — Magendie, obs. citée.) Alors, comme dans le sujet de notre observation, les muscles masséter, temporal et pté- rygoïdien d'un côté, s'ils existent, s'unissent avec ceux du côté opposé en formant une arcade sous la base du crâne. (V. obs. 2. — Schubart, obs. 5, et une autre observation communiquée par Beckleben. — Hal- 1er, Opuscula pathologica, obs. 58. — Magendie, obs. çilée.) 51 L'absence de la langue if a été également observée, chez les mammifères, qu'avec d'autres anomalies non moins graves de la face. Il est probable même que, dans plusieurs de ces observations, où l'existence de l'os hyoïde a été constatée, il y avait quelque rudiment de la langue, comme dans le sujet que nous avons examiné. Le seul exemple d'absence de cet organe, sans autre anomalie de la face, dont on ait donné la relation est celui qu'Antoine de Jussieu a rapporté dans les mémoires de l'Académie des sciences. (Mém. ac. des se, 1718, p. 6.) Mais, dans ce cas, observé chez une jeune fille, il existait, dans l'espace qu'occupe la langue, une sorte de mamelon sous lequel le doigt pouvait constater l'existence des muscles de la base de cet organe, de sorte que ce n'était pas en réalité un exemple d'absence de la langue. Le seul cas, bien constaté par la dissection, d'ab- sence de la langue, sans autres déformations, a été observé par M. Rayer sur une poule. RÉSUMÉ D UN MÉMOIRE SUR LA STRUCTURE DE LA FIBRE MUSCULAIRE DU MOUVEMENT VOLONTAIRE ET DU CŒDR DANS LES DIVERSES CLASSES D'ANIMAUX (i) ; M. LE DOCTEUR LEBERT. Avant d'aborder les détails de ce résumé, je dois attirer toute Pattention des physiologistes sur un travail récemment publié, sur la fibre musculaire, par M. Prévost (de Genève), travail dont j'ai eu l'honneur de communi- quer un extrait à la Société de biologie. Nos recherches, faites d'une ma- nière indépendante, à l'exception de celles anciennement publiées par nous dans les Annales des sciences naturelles, sur la formation du cœur, nous ont conduit à des résultats assez analogues pour pouvoir se contrôler mutuellement, ce qui est pour moi d'autant plus satisfaisant, que tout le monde sait de combien de beaux travaux la physiologie moderne est rede- vable à l'illustre médecin de Genève. (t, Le travail entier, ainsi que les sept planches qui l'accompagnaient, ont été communiqués à la Société de biologie, dans sa séance du k août 1840. 54 Si nous cherchons à embrasser dans quelques considérations générales tous les divers éléments qui Concourent à la' forthatiou des muscles du mouvement volontaire, nous voyons avant tout quatre degrés différents, que la muscularité parcourt, d'une manière ascensionnelle, pour arriver à la texture complète, du tissu qui, par ses contractions, exécute les fonctions de la locomotion. Le premier degré est celui de ta motilité sans fibres mus- ciiUQrefc Toute l'énvuloppedu corps d'un animal peut alots-sfe odolracter et s'élargir, et exécuter même des mouvements vifs de progression et de na- tation, sans que même les plus forts grossissements microscopiques dé- montrent des libres, des granules, des strias, des cylindres, éléments que nous allons bientôt rencontrer dans la libre musculaire. Nous avons ici des mouvements fort analogues à ceux que nous observons dans d'autre» cir- constances daus le corps animal et végétai, éléments auxquels on ne sau- rait, à coup sûr, pas attribuer un caractère d'animalité; tels sont les cils vibratiles des épilliéliums de la surface du corps de plusieurs embryons et le mouvement des iils spermatiquesque l'on a regardés pendaut si longtemps à tort comme des animalcules. Il existe entin quelque chose d'analogue dans le mouvement autonomique des sporules des algues. Nous retrouvons ainsi, au bas de l'échelle animale, des qualités générales de la matière qui cependant y sont déjà notablement modifiées par la vie, tout en manquant encore d'une base moléculaire spéciale. Nous appelons ce premier degré du tissu musculaire tissu anhyste du mouvement spon- tané. On le rencontre dans toute la classe des i illusoires proprement dits, dans plusieurs polypes et dans plusieurs helminthes de la classe des cys- toides et de quelques nématoides inférieurs. Le deuxième degré de muscularité est celui dans lequel on ne rencontre pas encore l'élément essentiel du muscle, le cylindre musculaire, mais bien déjà une de ses parties essentielles, la fibre, qui se trouve encore englobée dans la substance intermédiaire transparente, sans que des groupes de ces fibres s'individualisent pour former des faisceaux. Il est vrai que ces fibre*, très-contractiles, forment déjà de véritables plans musculaires, tantôt pa- rallèlement superposées, tantôt ^'entrecroisant à angle droit et constituant enfin autour des diverses ouvertures du corps des couches circulaires et rayonnées qui peuvent opérer alternativement le rétrécissement ou la dilatation de l'ouverture d'une cavité close, premier vestige des sphincters. Ces couches fibreuses musculaires, qui se rencontrent dans les polypes, les acalephes, le sac musculeux qui enveloppe le corps de beaucoup de mol- lusques, helminthes et abhélides, peut être désigné comme tissu fibreux ou 55 fibritlaire des muscles du mouvement spontané. Semblable au précédent , degré d'évolution pour plusieurs de ses qualités, il en diffère en ce que la direction des mouvements que l'auimal doit exécuter est déjà marquée par celle des fibres qui avec leur substance unissante forment les plans muscu- laires. Le troisième degré d'évolution de la fibre musculaire est celui où les fibres se groupent pour former des cylindres ou des faisceaux, et où les pians musculeux font place aux véritables muscles, de plus en plus différen- ciés de tout ce qui les entoure. Ce mode d'être de la fibre musculaire se rencoutre souvent chez les mêmes animaux chez lesquels on observe dans d'autres parties le second et parfois le premier degré de développement de ce tissu. La structure générale de celte première ébauche du cylindre musculaire offre plusieurs variétés d'aspect. On rencontre des fibres dont le groupement lasciculaire n'est encore que faiblement esquissé, tan- dis que l'on en observe d'autres où les cylindres sont déjà nettement marqués , mais monimit à peine ou point des fibres dans leur in.- térieurf Ces cylindres sont encore généralement englobés dans une substance unissante intermédiaire qui remplace les gaines celiuleuses que nous observons chez les animaux supérieurs. Il est important de noter ici que celte forme de fibre musculaire offre, aussi plusieurs variétés dans le mode de distribution des granules moléculaires dans l'intérieur des cylindres ; on les voit quelquefois en très-petite quantité, d'autres fois assez nombreux pour masquer à peu près la structure fibreuse ; ils sont tantôt régulièrement distribués, tantôt se rencontrent-ils le long de la surface et des interstices des libres, tantôt enfin les voit-on dans l'intérieur des fibres primitives, disposés de distance en distance, de façon que ces points d'appa- rence opaque alternent avec leurs interstices plus transparents dans le tra- jet de la fibre. Ce troisième degré d'évolution de la fibre musculaire, que Ton peut désigner comme tissu musculaire à cylindres unis ou fibreux, se rencontre dans un grand nombre d'animaux inférieurs, et devient sur- tout général chez les mollusques et les annélides. Kous arrivons au quatrième degré d'évolution de la fibre musculaire ; c'est son état plus parfait et tel que nous le rencontrons pour les muscles du mouvement volontaire, à partir des mollusques jusque dans les verté- brés les plus hautement organisés. Nous ayons, du reste, observé que cette limite n'était pas si nettement tracée, et que déjà, dans plusieurs polypes, acalepbes, mollusques, helminthes et annélides, on rencontrait celte qua- trième catégorie de fibres musculaires, celle qui est pourvue de raies !i ans- 56 versales. Malgré les nombreux travaux des anatomistes sur la structure in- time des muscles, nous avons cependant pu nous convaincre, en parcou- rant tons ces travaux, qu'il existait encore de nombreuses erreurs dans la science sur la texture intime de la fibre du mouvement volontaire, erreurs que l'on ne saurait éviter qu'en variant et en multipliant considérablement ces recherches, en faisant précéder l'examen microscopique chaque fois d'une dissection soigneuse, en soumettant les préparations ainsi faites, successivement à des grossissements faibles et de plus en plus forts (7 à 800 diamètres réels et non ceux mesurés par les opticiens), en se servant enfin de bons diaphragmes verticaux parmi lesquels celui muni de lentilles d'é- clairage inventé dernièrement par M. Nachei, a une grande et incontesta- ble supériorité. Comme pour la fibre nerveuse, le tube nerveux primitif est le dernier élément essentiel de l'appareil de l'innervation : le. cylindre musculaire est son analogue par rapport aux fonctions du mouvement volontaire. Ce n'est ni la fibre primitive, ni le pli transversal, mais bien le cylindre mus- culaire en lui-même, qui est l'unité, pour ainsi dire, de la force motrice, dont les manifestations ont lieu dans l'intégralité de ce cylindre et non d'une manière isolée dans ses divers éléments constituants. La constance, ou, pour nous exprimer plus correctement, la grande fréquence des plis transversaux dans ces sortes de muscles est une des qualités essentielles de cette forme de fibre musculaire. Nous appelons cylindres primitifs toute portion de tissu musculaire net- tement délimitée dans toute sa circonférence, ou qui au microscope se tra- duit par deux contours longitudinaux beaucoup plus nettement tranchés et isolés que les fibres longitudinales de l'intérieur, cylindres munis la plupart du temps de plis transversaux à la surface. Ces cylindres, longs, parallèles, aplatis d'avant en arrière, se groupent et se réunissent pour former des fais ceaux musculaires, et s'entourent alors, dans les animaux supérieurs, de gaines celluleuses communes. Il y a un mode de groupement de ces cylindres primitifs auxquels on ne saurait accorder une assez grande atlen- tention : c'est leur réunion au nombre de quatre, de cinq et au delà en un seul cylindre secondaire, beaucoup mieux délimité au dehors que ne le sont les cylindres primitifs de son intérieur. Ces cylindres secondaires sont alors souvent munis de plis transversaux communs, surajoutés aux plis transversaux propres à chaque cylindre de son intérieur. Il y a dans ces circonstances une double erreur à éviter : l'une est de ne pas confondre ce cylindre secondaire avec un cylindre primitif, quoiqu'au fait il lui ressemble 57 beaucoup; l'autre, bien plus importante à signaler, c'est de ne pas prendre pour des fibres primitives ces cylindres primitifs, lorsqu'ils sont étroits. Quant à la première erreur, elle ne serait pas grave, et exposerait tout au plus aune confusion de langage et de mesures; car, dans la contraction, ces sortes de cylindres secondaires se comportent à peu près comme les cylindres primitifs isolés, et il existe comme une espèce de solidarité dans les mouve- mentsde tous les cylindres primitifs contenus dans un tel cylindre secondaire. Le cylindre musculaire se compose de lasurfaceavec ses plis transversaux et de l'intérieur, renfermant les fibres primitives avec leur substance intermé- diaire unissante et leurs granules moléculaires fibrillaires et interfibrillaires. La surface est, comme nous l'avons dit, ordinairement munie de ces plis transversaux, auxquels on a attribué avec raison, comme nous le verrons plus tard, une bien grande imperlance. Cependant nous voyons ces plis transversaux manquer dans la substance musculaire du cœur de beaucoup d'animaux supérieurs, et même dans quelques muscles du mouvement vo- lontaire des très-jeunes vertébrés. Quant à la substance du cœur, nous avouons qu'elle nous parait former un degré intermédiaire entre la struc- ture des muscles du mouvement volontaire de la vie animale et ceux de la vie organique. Nous n'avons peut-être pas encore tous les éléments pour prouver cette thèse histologiquement ; mais nous avons beaucoup de rai- sons qui nous font croire qu'on y parviendra un jour, et que même toute la division des muscles en ceux de la vie animale et ceux de la vie organique, est encore beaucoup trop générale, comme nous pensons, au surplus, que c'est le cas pour toute l'histologie, dont nous possédons à peine, dans l'état actuel de la science, des contours justes. Pour revenir à la surface des cylindres, elle est donc rarement lisge, et ordinairement munie de raies transversales. Ces raies sont constituées par des plis arrondis, légèrement saillants, qui font le tour annulaire du cylin- dre aplati, sans communiquer les uns avec les autres comme les tours d'une spirale. Ces plis, de plus, ne sont pas des accidents de relâchement ou de contraction, mais ils sont tout à fait permanents; seulement on les voit plus ou moins rapprochés, éloignés ou distendus, selon que le cylindre est con- tracté, relâché ou distendu. A ces variétés de distance correspond leur aspect comme simple ligne ou comme raie à double contour. Ces plis annu- laires, qui quelquefois font reconnaître des rangées transversales des gra- nulés dans leur intérieur, à travers leur surface légèrement convexe, ce traversent nullement le cylindre dans toute son épaisseur, et ne le trans- forment pas par conséquent , comme on l'a dit , en une pile de disques* 7 58 Lasuiiace interne du cylindre est entièrement unie à la substance inter- médiaire demi-transparente qni réunit entre elles les fibres primitives, el qui forme de cette façon la gangue, la masse unissante qui fait du cylindre- une véritable unité organique; car ce n'est qu'exceptionnellement que le» fibres primilives sont assez nettement isolées pour avoir une véritable indi- vidualité. Ces fibres primitives, très-fines, sont ou lisses ou alternativement opaques, ou transparentes, tout le long de leur trajet, et les granules, ainsi distribués à distance le long de leur intérieur, montrent parfois encore de la transparence dans leur centre, lorsqu'on les examine avec de forts grossis- sements. Leur juxtaposition, transversale et parallèle dans des fibres voi- sines, peut simuler l'apparence des plis transversaux. L'existence de ces- points opaques dans l'intérieur des fibres n'est, du reste, nullement constante. Nous n'avons point laissé échapper d'occasion pour mesurer, au moyen du micromètre, toutes les parties constituantes de la fibre musculaire, me- sures auxquelles nous attachons une grande importance pour toutes les ob- servations microscopiques de physiologie et de pathologie. Voici en quelques- mots le résultat général de toutes ces mesures. La largeur des fibres pri- mitives oscille en moyenne entre 0mm,001 et 0ro,n,0015 ; nous ne les avons point vues dépasser 0m,n,002. A cette largeur des fibres correspond le dia- mètre à peu près équivalent des points opaques, des granules moléculaires. La larger.r du cylindre non strié peut varier entre 0mm,004 et 0n"",02. Quant aux muscles à cylindres striés, le cylindre primitif varie entre 0mm,005 et Omm,i ; observons toutefois que c'est parmi les cylindres de 0mM,05 à 0n'm,l que l'on rencontre ces cylindres secondaires qui, par l'étroite réunion des cylindres primitifs, affectent les principaux caractères de ceux-ci. La largeur des raies transversales varie entre 0n,m,001 (simplement li- néaire) et 0n"*,0025. A l'état de grande distension, nous avons vu leur dis- tance aller jusqu'à 0""n,01. La nutrition de la fibre musculaire se fait généralement par les vaisseaux sanguins et par leur transsudation nutritive. Bien plus facile à constater chez les animaux supérieurs, la distribution vasculaire dans les muscles af- fecte en général la direction des cylindres, et les capillaires sont souvent logés dans leurs interstices ; toutefois la nature ne s'astreint pas a celte grande régularité, et nous avons figuré des réseaux capillaires des muscles qui, tout en suivant la direction générale des fibres, ne se distribuent ce- pendant pas d'une manière régulière à chaque cylindre. Nous n'avons ja- mais vu entrer de vaisseaux capillaires dans l'intérieur des cylindres chez tes animaux supérieurs. Quant au canal central du cylindre, que l'on ob- 59 serve chez quelques animaux inférieurs , nous n'avons pas encore d'idée arrêtée sur sa nature. L'innervation des muscles a lieu par la distribution des terminaisons nerveuses dans la substance musculaire. Tout en accordant une grande confiance aux observations récentes de M. Wagner sur la division des fibres primitives ou fibrilles qui se perdraient dans la substance même des cy- lindres musculaires, nous n'avons pas encore pu les confirmer jusqu'à pré- sent, et en tout cas nous ne pensons pas que ce soit là le mode unique d'innervation des muscles. Nous avons bien évidemment vu des tubes ner- veux primitifs nombreux cheminer entre les plans de cylindres musculaires et revenir à des filets nerveux pour constituer ainsi dans leur trajet des anses partout isolées, composées d'un ou de plusieurs tubes primitifs, sans donner lieu au moindre partage dans tout ce trajet. C'est donc par contact en masse et non par pénétration directe et correspondant à chaque cylindre musculaire en particulier, que l'excitation des muscles au moyen du sys- tème nerveux nous parait avoir lieu. La coloration des muscles dépend évi- demment d'un pigment particulier, vu qu'on peut les rencontrer rouges chez les animaux à sang blanc, et blancs chez les animaux à sang rouge. Celte matière colorante est du reste si intimement liée à toute la substance de la fibre musculaire qu'on n'y reconnaît point de granules pigmentaires particuliers, quelques cas pathologiques exceptés. La contraction de la fibre musculaire a préoccupé depuis longtemps les physiologistes. Mais si de notre temps on a fait de fort belles recherches sur celte contraction excitée par le galvanisme et par d'autres agents phy- siques, on a peut être trop négligé de l'observer partout où elle peut se manifester, sans l'intervention de ces agents artificiels. On a pu voir dans le courant de ce travail (dont nous ne donnons ici que l'analyse) que vivement frappé par les ingénieuses expériences de M. Prévost sur la contraction des muscles du carabus auratus, nous avons étudié sur un grand nombre d'animaux inférieurs le mode de contraction musculaire spontanée. Nous avions bien commencé, il y a plusieurs années une série de recherches sur le mode de contraction des muscles sous l'in- fluence du galvanisme, lorsque nous avons eu connaissance du beau travail de M. E.-H. Weber sur le mouvement musculaire, publié dans le Dictionnaire de physiologie de Wagner (15e livraison. Ce travail si remarquable est d'une telle exactitude dans toutes ces expériences, qu'après l'avoir lu et qu'après avoir constaté surtout ce que l'auteur dit de la conlraction musculaire au moyen des appareils de rotation, j'ai renoncé 60 à pousser plus loin ces recherches pour prendre celles de M. Weber phi* fôt comme terme de comparaison avec mes propres expériences sur la con- traction spontanée. Al. Weber a posé la loi générale qu'à la différence entre les fibres de la vie animale et celle de la vie organique, différence constituée en bonne par- lie par l'existence des stries transversales dans les premières, correspondait aussi un mode différent de contraction par l'excitation galvanique. Les muscles de la vie animale se contractent au moment même où on le» excite, soit directement, soit par l'intermédiaire de leurs nerfs et la con- traction persiste tant que dure l'excitation galvanique, el dès qu'elle cesse le relâchement des muscles a lieu. Lorsqu'on excite, au contraire, la fibre musculaire de la vie organique, il se passe un certain temps avant que la contraction ait lieu; en revanche elle se prolonge après que l'excitation a cessé et se propage môme de proche en proche. M. Weber a retrouvé ce mouvement animal, dans la contraction partout où, même d'une manière exceptionnelle, la fibre musculaire, transversalementstriée, pouvaitêtre con- statée; c'est ainsi que la fibre striée du tube digestif de la tanche, ainsi que celle de i'œsophage des rongeurs, offre la contraction instantanée, tandis que ces mêmes parties, là où elles sont pourvues défibres non striées, mon- trent la contraction tardive. L'iris des mammifères, composé des fibres or- ganiques, montre cette dernière contraction, tandis que celle des oiseaux, qui renferme des fibres musculaires striées, offre le premier mode de con- traction. Dans l'œsophage du chien et du chat, on observe l'une et l'autre espèce de fibres et d'une manière correspondante l'un el l'autre mode de contraction. Ces recherches si curieuses du célèbre physiologiste de Leip- zig rendent très-probable que dans les animaux inférieurs, chez lesquels la fibre striée n'existe pas, le mode de contraction serait plutôt celui de la fibre organique. Nous avons en effet souvent été frappé combien chez quel- ques espèces la simple excitation par des- instruments mécaniques pouvait exciter des mouvements de contraction et de torsion vermiculaire prolon- gés, et nulle part nous n'avons vu ce phénomène aussi net et aussi per- sistant que dans les muscles des organes masticateurs du buccin. H fau • drait toutefois de nombreuses recherches directes sur l'application du gal- vanisme à la contraction musculaire des animaux inférieurs, avant d'étendre sur eux cette loi formulée par M. Weber. Nous avons donné, dans tout ce mémoire, des détails circonstanciés sur la mode de contraction spontanée des libres striées ; aussi nous bornerons-nous ici à quelques remarques très-succinctes. 61 Il faut avant tout éviter la grave erreur de prendre pour un mouvement •de contraction l'action de divers agents chimiques; c'est ainsi, par exemple, qu'un faisceau musculaire d'une patte d'insecte trempé dans une goutte d'eau montre promptement un mouvement d'épanouissement de faisceaux musculaires qui n'a rien à faire cependant avec les contractions rbylhmi- ques régulières qui durent quelquefois pendant dix à quinze minutes, et que l'on ne commence à observer, au contraire, que lorsque à ce premier mouvement d'épanouissement a succédé une position calme et fixe. 11 ne faut pas non plus confondre avec un véritable mouvement l'action des agents chimiques soit acides soit alcalins, même fortement dilués; le mou- vement que l'on observe alors est un simple effet d'imbibition et nullement une excitation de la contraclililé. Quant à la véritable contraction, nous en avons signalé le mécanisme, tel qu'on l'observe au microscope pour plusieurs annélides et crustacés et surtout pour un grand nombre d'espèces d'insectes. Il faut distinguer ici ta contraction normale brusque et instantanée avec raccourcissement et élargissement du cylindre, le mouvement s'opérant dans la direction recti- ligne, suivi d'un relâchement qui fait revenir le muscle du cylindre à son état premier, et le second mode de contraction qui, tout en étant anormal, est cependant utile à connaître, en ce sens qu'il décompose pour ainsi dire le mouvement brusque et instantané de la contraction normale. C'est un mouvement vermiculaire, ondulatoire, se propageant de proche en proche le long du cylindre, mouvement dont on ne saurait nier l'existence tout en ne le regardant pas comme type du mouvement régulier et normal. Quant au mouvement tournoyant du cylindre, nous avons vu que ce n'était qu'un accident dû au manque d'un point d'attache fixe. Si, en terminant, nous comparons enfin le mode de développement ero- bryonnal de la fibre musculaire dans les animaux vertébrés avec son évo- lution successive dans les diverses classes d'animaux, nous sommes obligé d'avouer qu'il y a beaucoup plus de différences que d'analogies; et quant à la diversité de la structure des muscles dans les diverses classes, nous pou- vons ajouter aux quatre degrés d'évolution signalés au commencement de ces généralités, qu'une des grandes différences entre les animaux classés au bas et au haut de la série animale est que la différence entre la fibre musculaire de la vie animale et de la vie organique, si tranchée dans les vertébrés, disparaît de plus en plus complètement à mesure qu'on se rap- proche davantage des classes inférieures. ETUDE MICKOGMPIIIQUE MALADIE DU SAFRAN, CONNUE SOUS LE NOM DE TACOIM, Par CAMILLE MONTAGNE, D. IL Le safran cultivé [Crocus sativus,L\n.) est une plante très-ancienne- ment connue, que la beauté de sa fleur a fait admettre dans nos par- terres pour en être l'ornement, mais que ses usages économiques et ses propriétés médicales rendent bien plus précieuse encore et recomman- dent particulièrement à notre attention. De là l'intérêt qui s'attache à la prospérité de sa culture et nous impose le devoir d'étudier avec soin ses maladies, soit pour les prévenir lorsqu'il en est temps encore, soit pour limiter autant qu'il est en notre pouvoir les graves dommages qui en sont le résultat. Parmi les maladies qui attaquent les bulbes du safran, il en est deux surtout qui ont depuis longtemps attiré l'attention des cultivateurs. La première, qui n'est pas, à proprement parler, une affection pathologique, quoique la mort du végétal en soit la conséquence, est due à la présence •d'un champignon parasite, et se nomme vulgairement Mort du Safran. 6/i Ce champignon fut d'abord classé parmi les Truffes par Duhamel, qui en a donné le premier une bonne description (1). Figuré ensuite parBul- liard sous le nom de Tuber parasiticum, que Persoon (Svn. Fung., p. 119) changea plus tard en celui de Sclerotium Crocorum, il fut enfin élevé à la dignité de genre par De Candolle (2). Quel que soit le nom qu'on veuille lui conserver, qu'avec De Candolle et Frier, on adopte le genre Jîhizoctonia, ou que, partageant l'opinion de MM. Léveillé et Desvuux, on en reporte les espèces parmi les Sclerotium, ce singulier parasite consiste en tubercules de forme amygdalaire, reliés entre eux par des filaments byssoïdes formant une sorte de réseau souterrain. C'est ;iu moyen de ces filaments qui s'attachent aux radicelles de la plante ou qui rampent à la surface du bulbe, après avoir pénétré à tra- vers ses tuniques, qu'ils l'étouffent pour ainsi dire dans leurs enlace- ments et s'en approprient le» sucs nourriciers à la manière des Cuscutes. La seconde a reçu des agronomes le nom vulgaire de Tacon. (Test à Fougeroux de Bondaroy qu'on doit , à ma connaissance, les premières notions de cette affection pathologique. 11 la décrit en ces termes dans un Mémoire sur le safran, inséré parmi ceux de l'Académie royale des Sciences pour l'année 4782 : « On commence par apercevoir sur la pulpe de l'oignon des taches • brunes qui dénaturent sa substance, et, quoique l'enveloppe de l'oi- » gnon paraisse saine, les taches au-dessous s'élargissent à mesure que » le mal augmente, la substance de l'oignon se détruit; l'ulcère, car on » peut nommer ainsi cette maladie , gagne, consomme la chair : l'oignon » se dénature et se change en une poussière noirâtre ; l'enveloppe même » finit par changer de couleur, elle en prend une rougeâlre , l'oignon se m pourrit ou plutôt se réduit en une poussière semblable à du terreau. » Les progrès de la maladie sont rapides; leTaconsecommuniqueaussi » aux oignons voisins, mais il faut que les oignons se touchent ou que la » poussière, en y séjournant, leur communique la maladie, et cette com- » municalion n'a lieu que par des degrés lents (3). » On peut inférer de ce qui précède que la maladie qui attaque les bulbes (1) Voyez Mémoires de l'Académie des sciences pour 1728, p. 100, avec Usures. (2) Mém. sur les rhizoctones, dans le tome II, p. 209 des Mémoires du mu- séum d'histoire naturelle. (3) Fouger. Mém. cité, p. 89. L'auleur dit avoir observé que le liliizoctonia et lu Tacon envahissaient le même champ de safran. 65 du safran, dont je dois la communication à M. le docteur Rayer , doit être rapportée, non au Bhizoctonia , mais au Tacon. L'état actuel de la science exigeant que les investigations ne s'arrêtent plus à la surface des choses, mais soient poursuivies aussi loin que nos observations nous permettent de pénétrer, je pense qu'il ne sera pas su- perflu d'ajouter les détails qui vont suivre à la description qu'en a tracée Fougeroux. Us mettront à même d'apprécier le mode d'altération des tissus examinés au microscope et compléteront les notionsjusqu'ici assez imparfaites de la nature intime de cette affection. Au début de la maladie, on aperçoit à la surface du bulbe, pour peu qu'on écarte les fibres de sa tunique , de petites taches brunes orbicu- laires de la grandeur d'une lentille. J'ai cru voir quo lo point de départ de l'affection est le plus ordinairement l'origine des radicelles. Le tissu du bulbe est un peu gonflé à la circonférence des taches, où il forme une espèce de bourrelet moins fortement coloré. Ces taches en s'élargissant insensiblement prennent une teinte plus foncée qui passe enfin au noir mat. Plusieurs se réunissant par confluence, elles perdent la forme régu- lièrement orbiculaire qu'elles avaient à leur début. Mais le mal ne s'é- tend pas en largeur seulement; l'altération du tissu gagne en profondeur en détruisant à la fois et le tissu cellulaire du parenchyme et la fécule contenue dans ses cellules. C'est alors que commencent ces excavations profondes dont les progrès ne s'arrêtent qu'après avoir envahi tout le bulbe. La cavité creusée dans la propre substance de l'oignon ne s'aper- çoit pas tout d'abord ; cela tient à la persistance de l'épiderme du bulbe, qui forme sur cette cavité une espèce de tambour et ne se rompt que bien tard par suite de l'extension toujours croissante de ia carie qui constitue cette grave affection. Dans le dernier degré du mal, toute la base, tout le centre même du bulbe sont consommés et n'offrent plus à l'oeil qu'une poussière noirâtre, formée des débris des cellules parenchymaleuses, des loges ou pôrithèces d'un champignon dont je parlerai bientôt , des tuniques , ou , selon M. Payen, des strates tégumentaires des grains de fécule, et enfin, chose remarquable, d'un insecte qui vit au milieu de ces débris. Or, cet insecte est absolument le même que celui signalé par M. Rayer à M. Guèrin- Méneville comme habitant les pommes de terre malades, et que ce der- nier savant a publié sous le nom de Tyroglyphus feculœ(i). (1) Voyez Bollet. de la Soc. eoï. ex centr. d'agricglture, 1845, 3* cab., p. 46, pi. v, fig. 9. 66 ANALYSE MICROSCOPIQUE DES TISSUS MALADES. Si l'on pratique une section verticale passant par l'axe du bulbe el qu'on examine l'état des parties, on reconnaît que sous cette couche pul- vérulente noire, composée comme je viens de le dire, le parenchyme est coloré en roux fauve et ramolli et comme pultacé dans l'épaisseur d'un ture et la couleur des parties intérieures de l'animalcule et de la vési- » cule mère, les innombrables formes que présentèrent les aspects divers ■» des états transitoires entre les vésicules mobiles tout à fait arrondies, » d'abord médiocrement, puis de plus en plus ovales ou allongées, lisses » ou verruqneuses , permettaient à peine d'établir des limites absolues » entre les individus phytonomiques et zoomorphes. On ne trouvera ja- » mais Y Astasia pluvialis dans nn liquide où ne se rencontre pas Vflœ- » tnatococcus. Entre ces deux états d'un même être, on observe encore » d'autres rapports : ainsi V Astasia se multiplie par division et sa li- » gnée redevient en partie de Y Hœmatococcus. » Dans les vases où il était conservé, i'auteur a vu celui-ci se multiplier en se rapprochant des parois du vase, tandis que dans le milieu nageaient des individus zoomorphes, mais H n'a jamais remarqué que VHœmatococcus se mul lipliàt lorsqu'il est abandonné au repos. A la suite de considérations sur les mouvements phytonomiques, dont M. Nées d'Esenbeck, président per- pétuel de l'Académie des Curieux de la Nature, a accompagné ce mé- moire, ce savant illustre exprime la convenance d'admettre un règne infusoire divisé en deux ordres, c'est-à-dire enmicrophyteset en micro- zoaires, afin par là de faire cesser tous ces doutes qui naissent forcément des transformations, tantôt soutenues avec chaleur, tantôt vivement con testées, de plantes en animaux et d'animaux en plantes. Dans la séance du 13 novembre 1848, M. P.W. Schimper a présenté à la Société d'Histoire naturelle de Strasbourg de nouvelles et intéres- santes observations sur la neige rouge. C'est à la Grimsel qu'il les avait tout récemment faites. Selon ce savant, leProtocuccus nivalis rentre dans le genre Chlamydococcus Al. Braun. Son mode de multiplication a lieu de deux manières : 1° par bourgeonnement cellulaire, comme M. Laurent l'a constaté dans l'hydre ; 2° par spomles. Dans le premier cas, il se développe a l'extérieur de la cellule-mère un grand nombre d'autres cellules plus petites qui finissent par se remplir de granules verts avant de s'en séparer. Ces granulations ont un mouvement moléculaire rapide, et les jeunes plantes, devenues libres, constituent la neige verte. Bien que privées de cils vibraliles, elles offrent un Iéj,u mouvement de 94 rotation. A mesure que leur diamètre grandit, les globules qu'elles ren- ferment deviennent plus nombreux et prennent la couleur rouge. Les sporules se forment dans l'intérieur de la cellule-mère, et toujours par quatre , ce qui veut dire que le nucléus est 6oumis à la temnogénése, comme c'est la règle à peu près générale dans cet ordre de plantes. A la maturité, les sporules deviennent libres par suite de la résorption de la cellule-mère. Ces sporules ont d'abord une forme pyramidale, puis elles s'arment vers le sommet de deux cils vibratiles dont l'action produit un mouvement assez prononcé, et qui dure près d'une heure après réclu- sion. Peu à peu, la plante ayant perdu ses cils et son mouvement elle s'arrondit et prend, la forme qu'elle revêt dans l'état de repos. De ces faits bien observés, M. Schimper se croit en droit de conclure que la neige verte est formée par les jeunes plantes nées du bourgeonne- ment cellulaire, et non par les vieilles plantes dont la couleur rouge au- rait disparu sous l'influence de la lumière, ainsi que l'ont pensé MM. Bra- vais et Martins. La neige rouge est l'état parfait. Ces phénomènes, tout extraordinaires qu'ils paraissent, perdept néan- moins beaucoup de leur merveilleux par la considération de ce qui se passe dans presque toutes les algues de la famille à laquelle appartient le Protococcus. Là, en effet, on a observé que les zoospores contenus dans une cellule simple ou renfermés dans des filaments, primitivement globu- leux ou ovoïdes, s'amincissent en un rostre qui s'arme de cils vibratiles. Ce sont ces cils qui les font jouir de la même locomotilité que les ani- malcules infusoires jusqu'au moment où, fixés sur le lieu qu'ils ont choisi pour germer, ils reproduisent et continuent la plante-mère. De là le nom de zoosporées ou de zoospermées qui a été donné à la famille en ques- tion. Les mouvements des zoospores des algues sont au reste peu diffé- rents et quelquefois parfaitement identiques à ceux qu'exécutent les Protococcus pluvialis et nivalis dont on a fait des Astasia ou des Chlamydococcus après leur métamorphose. Dans cette même famille, un autre organe qu'on nomme spore , et qui peut propager la plante à l'égal des zoospores, jouit comme ceux-ci de la locomotilité. Cette faculté s'exécute au moyen d'organes semblables, c'est-à-dire de cils vibratiles, soit étendus à toute ia périphérie de la spore, soit limités au rétrécissement en rostre qu'elle subit également. Mois des observations plus récentes encore ont montré que dans les Phycoïdées, autre famille d'algues marines plus élevée dans la série, les zoospores et les spores pouvaient se rencontrer non-seulement dans 95 la même espèce , non-seulement sur Je même individu, mais encore dans le même conceplacle. Toutefois ici les rôles attribués à ces organes, mal- gré leur analogie avec les précédents, ne sont plus absolument les mêmes. Les spores ne se revêtent plus de cils vibratiles, et les zoospores, qui en sont muais, s'agitent seuls dans le liquide. Comme on ne les a jamais vus germer, on les a comparés aux spermatozoaires des cryptogames plus parfaites, telles que les Mousses et les Hépatiques, ainsi qu à ceux qui ont été observés dans le pollen des plantes supérieures, avec lequel les spores des agames ont d'ailleurs la plus grande analogie. Ainsi , à mesure que J'on descend dans les séries animale et végétale, les organes se simplifient, et il arrive un moment où, confondus dans un milieu commun, on ne saurait préciser le point où commence ni celoi où finit l'un ou l'autre des règoes organiques. Pour revenir au phénomène de la coloration des eaux , considéré d'une manière générale, son observation remonte aux temps les plus éloignés; car il serait difficile d'expliquer autrement Tune de ces plaies de l'Egypte dont parlent les livres saints et dans laquelle les eaux furent changées en sang. C'est à la présence de VEuglena sanguinea que M. Ehrenberg l'Attribue Le nom de mer Rouge ou de mer Erythrée qu'a reçu le golfe Arabique et qu'on trouve mentionné pour la première fois dans Hérodote, est dû sans doute à un phénomène semblable ou analogue. Quoique les historiens n'aient point mentionné l'origine de cette dénomination, qui s'étendait encore à la mer d'Oman, le fait de la coloration en reuge de sang observé d'abord dans la baie de Tor par M. Ehrenberg, puis dans l'immense étendue de plus de quatre-vingts lieues, c'est-à-dire depuis le travers de Cosseir jusqu'à cette même ville de Tor par un avocat distin- gué de l'île de France, M. Evenor Dupont, laisse aujourd'hui peu de doute sur cette étymologie. Dans les deux cas que je viens de citer, le phénomène a été produit par une algue de la tribu des OïCillariées , que le savant académicien de Berlin a nommée Trichodesmium erythrœum, et sur laquelle j'ai publié un long mémoire qui a été inséré dans le tome h de la 3' série des Annales des sciences naturelles. La même coloration a été observée plus tard soit dans l'océan Atlantique , sur leâ rôles du Brésil, soit dans la mer Pacifique sur celles de la Nouvelle-Es- pagne ou de Guatimala, par M. le docteur Hinds, chirurgien du Sulphur, et, chose remarquable, elle y était produite par une espèce du même genre, T. Hindsii , Montg. Un autre fait de coloration analogue au précédent , mais dû à. la pré- 06 sence d'une algue différente, a été observé sur les côtes de Portugal par MM. de Freycinet et Turrel , le premier enseigne de vaisseau , le second chirurgien-major de la corvette française la Créole. J'ai pu constater que cette algue était une e?pèce du môme genre, auquel appartiennent et la neige rouge qui donne YAstasia nivalis de M. Shutileworth, et le Protococcus, d'où M. de Flotow a vu pour ainsi dire éclore YAstasia pluvialis, et lui ai en conséquence imposé le nom de Protococcus atlan- ticus. Celte algue colorait en rouge brique l'océan dans l'étendue d'en- viron 8 kilomètres carrés , et pourtant le diamètre de chaque individu ne dépassait pas un ou deux centièmes de millimètre. On peut juger par là de l'immense quantité d'individus produits et agglomérés pour donner lieu à un semblable phénomène. On trouve encore dans les voyages de circumnavigation des exem- ples de coloration des mers, et Péron , qui dans celui du capi- taine Baudin en rapporte quelques-uns, se proposait de faire sur ce sujet un traité dont sa mort prématurée nous a privés. Toutefois il ne faut pas se dissimuler qu'à cette époque, l'imperfection des moyens d'investiga- tion et du microscope en particulier, n'aient laissé beaucoup de choses essentielles à désirer dans ces recherches. Il faut en outre bien se con- vaincre qu'à des algues seules n'est pas due toute coloration des mers, et qu'il a été constaté que certaines d'entre ces colorations devaient être souvent attribuées soit à des animalcules int'usoires, soit à de petits crustacés. Si, après avoir jeté un coup d'oeil rapide sur ces phénomènes de colo- ration, imposants par leur immensité môme, nous portons nos regards sur des faits analogues ou semblables mais enserrés dans de plus étroites limites, nous trouvons en première ligne celui sur lequel l'illustre Decan- dolle nous a laissé un très-bon mémoire, et dont le lac Moral, en Suisse, a été et doit être encore le théâtre. Il s'agit d'une coloration en rouge des eaux de ce lac, laquelle se manifeste à chaque printemps et dont les pê- cheurs qui la connaissaient sans doute depuis longtemps, expriment l'ap-* parition, en disant que le lac fleurit. Or, cette coloration est due ici à la présence d'une oscillaire que l'auteur a nommé 0. rubcscens. Un autre fait plus rapproché de celui qu'a rapporté M. Naudin est celui d'un fVoJococcussaJmutfobservéparM. le professeur Dunal dans les eaux des marais salants. Ce /Protococcus colorait aussi les eaux d'unebelle cou- leur roug.ï orangée tirant un peu sur la rouille. Il est vrai que M. Dunal classe son algue dans les Hœmatococcus, mais on n'est point d'aecerd 97 aujourd'hui aur les limites qui séparent ce genre des Protococcus , et la plupart des phycologistes les réunissent peut-être avec raison. Et ce qu'il est bon de noter, c'est que l'auteur lui-même arrive à la même con- clusion en faisant observer que cette production est un Protococcus dans le jeune âge et un Hœmatococcus dans l'état adulte. MM. Auguste et Charles Morren, dans un beau travail sur le sujet qui nous occupe, travail qui porte pour titre : Recherches sur la rubéfac- tion DES EAUX ET LECH OXYGENATtON PAR LES ANIMALCULES ET LES ALGUES (Bruxelles, 4841 ), ont établi que le nombre des espèces microscopiques soit végétales, soit animales, qui contribuent à la coloration des eaux douces et salées, peut s'élever à quarante-deux. Pour leur nom, je ren- verrai à l'ouvrage cité. Quant au passage de la coloration verte à la coloration rouge dont parle M. Naudin dans sa note, je ferai observer que dans la neige rouge rapportée en 1839 du Spitzberg par notre collègue M. Martins, j'ai con- staté la présence de globules verts et de globules rouges qui ne diffé- raient réellement entre eux que par la couleur. MM. Bravais et Martins avaient d'abord observé le fait sur les lieux et la distinction s'est main- tenue dans les vases où ils avaient déposé ces globules pour les con- server. Nous renverrons pour l'explication de ce fait au mémoire de M. Schimper, analysé au commencement de cet écrite Toutefois, dans leurs Recherches, MM. Morren revendiquent la priorité pour l'observa- tion du changement de couleur et assurent que dès 1834 ils avaient reconnu que le Protococcus rouge habite la superûcie des eaux et le vert le fond. Mais il est évident que les deux observations ne sont pas compa- rables, puisque la neige verte et la neige rouge sont l'une et l'autre ex- posées aux mêmes influences atmosphériques. Ces savants rapportent encore l'observation suivante faite en Angleterre par le révérend Vernon Harcourt, laquelle semble confirmer celle de M. Naudin touchant les al- ternatives de coloration verte et rouge de l'animalcule infusoire dont il a mis le dessin sous les yeux de la société. Ainsi l'observateur anglais avait remarqué dans un étang que la rougeur apparaissait le matin pour se dissiper le soir. «A six heures du matin, dit-il, l'animalcule, qu'il » rapporte au Cercaria mut obi lis , Shaw, passe du vert au rouge; il » reste rouge jusqu'à quatre heures de l'après-midi, puis passe au brun » pourpre et reprend sa couleur verte pour passer ainsi la nuit. » L'au- teur ajoute que « ni la lumière, ni la chaleur n'a d'action sur la colora- it tion » qu'il attribue, lui, à la dilatation ou à la contraction du point »RARY]2J rouge médian dont le corps do ces animalcules est pourvu. MM. Morren, sans se prononcer à l'égard de l'opinion de l'auteur anglais, comparent ces mutations diurnes et nocturnes à ce qui a lieu chez quelques fleurs, comme Vffibiscus mutabilis, le Gladiolus mulabilis, etc. Pour ne pas abuser des moments de la société, je n'étendrai pas davan- tage cette notice dans laquelle j'ai eu pour but de faire connaître l'étal actuel de dos connaissances sur une question si difficile et si digne tout à la fois de la contemplation des curieux et des recherches des philoso- phes. Ce règne psychodiaire , comme l'appelait Bory de Saint-Vincent, est en effet le point d'où partent les deux séries végétale et animale , le point où elles sont pour ainsi dire confondues dans un même milieu , car dans cet embranchement des deux règnes organiques, les individus, d'une part, étant souvent réduits à l'unité cellulaire , et , de Vautre, cette cellule jouissant du mouvement de translation , il est souvent fort diffi- cile de reconnaître auquel des deux règnes ces individus appartiennent. DU SUC PANCRÉATIQUE ET DE SON ROLE DANS LES PHÉNOMÈNES DE LA DIGESTION. Mémoire iu a la Société de Biologie Par M. CLAUDE BERNARD. Depuis longtemps les anatomlstes considèrent le pancréas comme une glande sativaire abdominale. Guidés sans doute par la même induction et aussi par des expériences insuffisantes, quelques physiologistes ont donné au suc pancréatique les attributs de la salive. Celte comparaison entre le pancréas et les glandes salivaires est fausse, et elle est bien loin d'exprimer les usages du suc pancréatique dans la digestion tels que je vais les établir. Je me propose pour but, dans ce travail, de démontrer expérimentale- ment que le fluide pancréatique est destiné, à l'exclusion de tous les autres liquides intestinaux, à modifier d'une manière spéciale, ou autrement dit, à digérer les matières grasses neutres contenues dans les aliments, et à per- mettre de cette manière leur absorption ultérieure par les vaisseaux chyli- leres (l). (1) Les premiers résultats de mes recherches sur le pancréas sont consignés dans le journal l'Institut, au commencement de l'année 1848. 100 Je ne raconterai pas ici comment et par quelle série de faits j"ai été amené à découvrir ce rôle remarquable et imprévu de la glande pancréa- tique. Je dirai seulement que ce n'est qu'après une élude longue et atten- tive faite sur la nature vivante que je suis parvenu à déterminer nettement les conditions expérimentales des phénomènes physiologiques que je vais décrire, J'indiquerai donc d'abord avec soin, quoique brièvement, les cir- constances variables de l'expérimeutalion qui peuvent modifier les proprié- tés du suc pancréatique, afin que les résultats que j'annoncerai soient fa- ciles à reproduire pour quiconque voudra répéter mes expériences. § I. — DE L'EXTRACTION DU SUC PANCRÉATIQUE ET DES CONDITIONS DE SA SÉCRÉTION. Exp. I. — Au début de la diyeMon. Une très-grosse chienne de chasse, épagneule, à jeun depuis douze heures et bien portante, fit, à sept heures du matin , un repas de viande assez copieux ; après quoT elle but de l'eau. Presque aussitôt après que l'ingestion des aliments fut terminée , l'animal fut placé sur une table afin de lui extraire son suc pancréatique. Je suivis à cet effet le procédé expérimental ordinaire , c'est-à-dire que je pratiquai dans l'bypocondre droit , au-dessus du rebord des côles, une incision qui me peimit d'amener au dehors le duodénum et une partie du pancréas. Le tissu du pancréas était d'une colora- tion rosée légère, et ses vaisseaux étaient modérément gonflés parle sang. Le duodénum était vide d'aliments, et aucun chylifère blanc n'y était visible. J'iso- lai aussi rapidement que possible le plus volumineux des deux conduits pancréa- tiques qui , chez le chien , s'ouvre isolément et obliquement dans le duodénum, à 2 centimètres environ plus bas que le canal cholédoque. Ce conduit, d'un blanc nacré et de la grosseur d'une forte plume de corbeau, élait gonflé par du liquide. A chaque effort que faisait l'animal en criant, la quantité de liquide affluait plus considérable ■ et le canal devenait plus distendu. J'ouvris alors le conduit pancréatique avec la pointe de ciseaux fins , et immédiatement il s'en écoula par grosses gouttes perlées du suc pancréatique incolore, limpide, offrant une consistance visqueuse et filante. En ouvrant le conduit du pancréas vers son insertion sur le duodénum , il s'écoula aussi un peu de sang par suite de Ta lésion de petits vaisseaux, voisins. Mais ce qu'il y eut alors de remarquable , c'est que le suc pancréatique ne se mélangea pas avec le sang , et qu'il en resta isolé à la manière d'un liquide huileux ou d'une dissolution fortement gommée. J'introduisis alors dans le conduit pancréatique ouvert un petit tube d'argent de 3 millimètres do diamètre et de 15 centimètres de longueur, que je fixai à l'aide d'un fil préalablement passé sous le conduit. Puis ayant fait rentrer dans l'abdomen le duodénum et le pancréas , je fermai la plaie par une suture en avant soin de laisser sortir au dehors l'extrémité libre du tube d'argent , à 101 l'aide duquel je devais recueillir le fluide pancréatique. En effet, presque im- médiatement du liquide pancréatique s'écoula par le tube sous forme de grosse» gouttes filantes, limpides, se succédant avec plus de rapidité quand l'animal faisait un effort, et offrant une réaction très-alcaline au papier de tournesol. Après avoir constaté la réaction alcaline des premières gouttes du suc pan- créatique, je fixai pour le recueillir une petite vessie de caoutchouc sur le tube; cette petite vessie avait été préalablement comprimée de manière à en chasser l'air et à faire aspiration sur le liquide par la tendance des parois de caoutchouc à reprendre leur forme arrondie. L'animal étant ensuite délié et remis en liberté, alla se coucher dans un coin du laboratoire, où il resta tranquille sans présenter aucun phénomène fâcheux. La petite vessie fut appliquée au tube à sept heures et demie du matin ; je re- vins au laboratoire à une heure de l'après midi (par conséquent cinq heures et demie après). Je trouvai le chien calme et toujours couché. Je détachai alors la petite vessie gonflée par du liquide , et, je constatai qu'elle contenait 8 grammes 7 décigrammes de suc pancréatique limpide, incolore, onctueux, filant et rame- nant fortement au bleu le papier de tournesol rougi. Du liquide offrant les même» caractères s'écoulait toujours goutte à goutte par le tube sur lequel je replaçai la petite vessie de caoutchouc. A cinq heures du soir, je retirai de nouveau de la petite vessie, 8 grammes ju6te de suc pancréatique bien alcalin et offrant les ca- ractères précédemment indiqués. Le lendemain dans la matinée, deuxième jour de l'opération, le suc pancréa- tique coulait en abondance , et les gouttes se succédaient rapidement. J'obtins de la même manière , et dans l'espace d'une heure et quart , 1 6 grammes de suc pan- créatique qui était évidemment modifié. Ce liquide toujours fortement alcalin était fluide comme de l'eau , et avait perdu toute la viscosité qu'il avait la veille ; de plus, il était légèrement opalescent, et laissait déposer un petit nuage tomen- teux au fond du verre. Dans la soirée , le tube d'argent tomba avec la ligature. L'animal ne mangea rien , il ne fit que boire abondamment ; il avait de la fièvre» et la paie était très-enflammée. Le troisième jour de l'opération, le chien but du lait. La plaie du ventre entra en suppuration, et au bout de huit à neuf jours, elle fut entièrement cicatrisée et le chien parfaitement guéri. L'expérience que je viens de rapporter fournit un exemple de la plus grande réussite possible. En effet, l'opération a été rapide; le pancréas n'a été attiré au dehors que dans une petite portion de son étendue, et il n'est pas resté exposé à l'air plus de cinq à six minutes, temps qui a été néces- saire pour trouver le conduit pancréatique, l'isoler, l'ouvrir, et y fixer le tube d'argent. Le tissu du pancréas n'était que légèrement turgide ; l'ani- mal était au début de la digestion, et c'est dans cette condition que j'ai 102 toujours pu obtenir les quantités les plus considérables de suc pancréati- que. Nous avons recueilli, depuis sept heures et demi du matin jusqu'à cinq heures du soir, 16 grammes 7 décigrammes de suc pancréatique, ce qui fait en moyenne presque 2 grammes par heure. Le lendemain, après le développement des symptômes inflammatoires de la plaie, nous avons ob- tenu 16 grammes du même fluide en une heure et un quart. La quantité de la sécrétion était donc considérablement accrue, mais le suc pancréa- tique offrait alors une très-grande fluidité el était profondément modifié dans ses propriétés physiologiques, ainsi que nous le verrons plus loin. Exp. II. — En pleine digestion. Sur un gros chien très-vivace , ayant fart un repas de viande quatre heures avant, et se trouvant en pleine digestiun , j'ai attiré le pancréas au dehors de la même manière que dans l'expérience précé- dente ; après quoi j'ai isolé son conduit sur lequel a été fixé un tuhe d'argent de 3 millimètres de diamètre. Le pancréas était gorgé de 6ang, ses vaisseaux étaient turgescents , et son tissu présentait une coloration rouge Intense. Le duodénum contenait des aliments, el à sa surface rampaient des vaisseaux ehylifères nom- breux pleins de chyle blanc et homogène. Les parties étant rentrées dans l'ab- domen et environ deux minutes après l'apposition du tube sur le conduit pan- créatique, il s'en écoula une goutte de suc pancréatique limpide d'un aspect visqueux et gluant, et offrant au papier de tournesol une réaction alcaline très- marquée. 11 coulait ainsi 2 ou 3 gouttes de fluide pancréatique par minute. J'appliquai, à onze heures du matin , la petite vessie de caoutchouc sur le tube d'argent, et je revins au laboratoire six heures après. Je retirai alors de la vessie 5 grammes de suc pancréatique, limpide, visqueux, d'aspect gluant, et ramenant fortement au bleu le papier de tournesol rougi. Le lendemain (2* jour de l'opé- ration), je pus recueillir dans la matinée environ 25 grammes de suc pancréa- tique. Mais ce suc du lendemain , plus abondant que celui de la veille , était devenu très-fluide, dépourvu de viscosité, légèrement opalin, et offrait toujours une réaction alcaline très-marquée au papier de tournesol. La plaie de l'abdomen était sensible et enflammée. Les jours suivants, ces symptômes disparurent, la plaie se cicatrisa , et le chien fut promptement guéri. Cette deuxième expérience a été faite rapidement et dans de bonnes con- ditions. Elle ne diffère de la première qu'en ce que l'animal était en pleine digestion, au lieu d'être au début. Si nous résumons les résultats obtenus, nous voyons : 1° que dans cette expérience pendant la digestion, le pan- créas était turgide, gonflé de sang et comme érectile ; 2» que la quantité", de suc pancréatique fournie a été moins abondante; 3' que le lendemain, après le développement de l'inflammation dans la plaie , la sécrétion pancréati- 103 que a été augmentée, et que le suc, devenu plus aqueux, était évidemment modifié, E\p. III. — Pendant l'abstinence. Sur un chien de taille moyenne et bien portant, à jeun depuis vingt-quatre heures, j'attirai au dehors une partie du pancréas par une petite plaie faite dans l'hypocondre droit. La première chose qui me frappa fut l'extrême pâleur du pancréas; cet organe était comme exsan- gue , ses vaisseaux peu développés , et la couleur de son tissu se rapprochait do la blancheur du lait. Le canal pancréatique était vide et aplati :je l'incisai, rien ne s'en écoula ; j'y plaçai comme à l'ordinaire un petit tube d'argent ; après quoi je rentrai dans le ventre la portion du pancréas herniée, puis je fermai la plaie par une suture. J'oliservai pendant dix minutes, et rien ne s'écoula par l'extré- mité du tube d'argent. Après ce temps, j'y fixai la petite vessie de caoutehouc. Trois heures après, je. l'enlevai; elle était vide, et à peine ses parois étaient humectées par dos traces du suc pancréatique. Cependant une goutte de liquide s'étant formée au bout du tube, je pus nettement constater l'aspect gluant et filant et la réaction alcaline du fluide pancréatique. Pendant le reste de la jour- née, il ne s'écoula que quelques gouttes très-rares de suc pancréatique avec les caractères que je viens de signaler. Le lendemain soir (trente heures environ après l'opération), la sécrétion pancréatique était devenue excessivement abon- dante, et il s'écoulait, avec rapidité par le tube d'argent des gouttes d'un liquide incolore, dépourvu de viscosité, fluide comme de l'eau, et offrant Une réaction très-franchement alcaline au papier de tournesol . Je recueillis environ 1 8 grammes de ce suc pancréatique en une heure. Les bords de la plaie étaient tuméfiés et enflammés. Le lendemain, le tube d'argent tomba avec sa ligature, et quelques Jours après le chien était parfaitement guéri. Cette expérience, qui a également été laite rapidement et dans de bonnes conditions, nous démontre que pendant l'abstinence le tissu du pancréas est blanc, exsangue, en même temps que son conduit est vide et aplati. La quantité de suc pancréatique qu'on peut recueillir à ce moment est exces- sivement faible et insuffisante pour les expérimentations. Le lendemain, lorsque l'inflammation de la plaie se fut manifestée, là sécrétion paucréa- liqne devint très-active, mais ce suc n'avait pas ses caractères normaux et était altéré. Ainsi donc, dans des expériences faites dans des conditions expérimen- tales aussi bonnes que possible, il peut se faire qu'on obtienne les quanti- tés variables de suc pancréatique suivant que l'animal sera dans l'abstineDce ou dans une période différente de la fonction digestive. Mais l'expérimen- tation mai faite peut également de son côté modifier la sécrétion, pancréa- tique, comme on va le voir. lO/i Exv. IV et V. — Irrégulièrement faites. l° Sur un chien de taille moyenne, vigoureux et trè9-indocile , étant en digestion, j'appliquai comme à l'ordinaire le tube d'argent au canal pancréatique , mais il y eut, au moment de l'issue du pancréas par la plaie , une hernie considérable des autre* viscères abdominaux. La réduction en fut très-longue et très-difficile , à cause des efforts constants que l'animal faisait en se débattant. 1! s'ensuivit que le pancréas et une partie des intestins restèrent pendant longtemps exposés à l'air, et que ces organes se trou- vèrent ensuite plus ou moins malaxés avant d'arriver à les faire rentrer dans la ventre. Après cette opération laborieuse, le chien paraissait mal à son aise, et il fut pris de vomissements. Rien ne coula par le tube d'argent , et la sécrétion pan- créatique fut complètement suspendue pendant quatre ou cinq heures. Après ce temps , deux ou trois grammes d'un fluide alcalin , mais sans viscosité et légère- ment trouble, purent être obtenus : c'était du suc pancréatique altéré. Les jours suivants, le chien futaifecté d'une violente péritonite dont cependant il ne mou- rut pas. 2° Sur un autre chien, également en digestion , l'incision dans l'hypocondre droit avait été faite trop petite, si bien que le pancréas et la portion de duodé- num attirés au dehors furent comprimés et étranglés par le pourtour de la plaie. Par l'obstacle au retour du sang veineux , ces organes deviennent rapidement tur- gides et violacés, et la recherche du conduit pancréatique fut par cela rendue plus longue et plus difficile. Ce qu'il y eut de particulier dans cette expérience, c'est qu'en ouvrant le canal pancréatique, il en sortit deux ou trois gouttes d'un suc qui était rougeàtre, au lieu d'être incolore et limpide comme à l'ordinaire. Après avoir réduit les organes et cousu la plaie, 11 s'écoula par le tube d'argent, en quatre heures environ , 1 gramme de suc pancréatique légèrement visqueux, elcalin, mais présentant toujours une coloration rougeàtre anormale. Le fluide pancréatique qui fut recueilli ensuite était devenu incolore et présentait à peu près ses caractères normaux ; toutefois sa viscosité était moins grande. Tout le reste de l'expérience se passa comme à l'ordinaire et le chien guérit. Depuis deux ans, pour répéter mes expériences dans mes cours ou pour les montrer aux savants qui désiraient les voir, j'ai extrait du suc pancréa- tique sur ok chiens. Toutefois je me suis borné à rapporter les sept expé- riences qui précèdent, parce qu'elles résument à peu près toutes les cir- constances de l'expérimentation nécessaires à connaître. Or, de ces expé- riences, il résulte que lorsqu'on voudra obtenir la plus grande quantité de suc pancréatique possible, il faudra prendre un chien au début de sa di- gestion. De plus, il faudra faire l'expérience avec célérité et laisser le pan- créas exposé à l'air le moins longtemps possible. Dans ces conditions, la sécrétion du suc pancréatique n'est pas suspendue par l'opération, et la quantité qu'on peut en obtenir avant le développement des conditions 105 morbides ne m'a jamais paru dépasser 2 grammes par heure sur un grog chien. Cette quantité devient bien moindre si l'expérience est faite a\àc lenteur et dans de mauvaises conditions. Mais une autre circonstance bien importante à signaler, c'est que la sécrétion pancréatique augmente con- sidérablement au moment où survient l'inflammation consécutive du pan- créas. Quelquefois ce phénomène se manifeste peu de temps après l'opéra- tion, ou bien n'arrive que le lendemain ou même le surlendemain. Mais cette sécrétion altérée est, ainsi que nous le verrons, dépourvue des pro- priétés physiologiques du suc pancréatique normal. Il était donc bien important de pouvoir éviter ces difficultés et ces causes d'incertitude dans l'extraction du suc pancréatique. J'ai pensé pour cela à établir des fistules pancréatiques ; mais pour arriver à ce but, j'ai rencontré des difficultés incroyables. Le canal pancréatique divisé se rétablit en quel- ques jours, de sorte que, pour maintenir l'écoulement du liquide au de- hors, il m'a fallu faire usage d'un appareil tout à fait spécial. J'ai pu assez facilement obtenir l'évacuation permanente du fluide pancréatique au de- hors ; mais alors, quoique les animaux continuassent à mauger, ils ne ré- sistaient pas à la déperdition incessante du liquide pancréatique, et iis mou- raient, au bout de dix ou quinze jours, dans le marasme et dans l'amaigris- sement le plus étonnant. En définitive, il me fallut arriver à construire un appareil combiné de telle sorte qu'on pût, à volonté, tirer le suc pancréa- tique et le rendre à l'animal hors le temps de l'expérimentation. J'ai fina- lement réussi après deux ans de patience; mais comme cet appareil s'ap- plique également au canal cholédoque, j'en donnerai la description ulté- rieurement, en m'occupant du rôle de la bile et du suc pancréatique reunis dans les phénomènes de la digestion. § II. — CARACTÈRES 1HYSIQUES ET CHIMIQUES DU SOC PANCRÉATIQUE. D'après ce qui a été établi précédemment , nous distinguerons deux sortes de suc pancréatique : 1° le suc pancréatique normal , obtenu dans de bonnes conditions , dvant que l'inflammation se soit emparée du pan- créas , ou bien recueilli chez un chien qui possède une fistule pancréati- que ancienne ; 2° le suc pancréatique morbide, qui est sécrété habituel- lement en grande abondance au moment où les symptômes de réaction inflammatoire se manifestent dans le pancréas et dans la plaie du ventre. Le suc pancréatique normal est un liquide incolore, limpide, visqueux et gluant, coulant lentement par grosses gouttes perlées ou sirupeuses, et devenant mousseux par l'agitation. Ce fluide est sans odeur caractéris- 10 106 tique ; placé sur la langue, il donne la sensation tiictile d'un liquide vis- queux ; eon goût a quelque chose de salé qui est très-analogue a la saveur du sérum du saug. J'ai constamment rencontré la réaction du suc pan- créatique très^manifestement alcaline; je né l'ai jamais, dans aucun cas , trouvée neutre ni acide. — Le liquide pancréatique normal , exposé à la chaleur, se coagule en masse et se convertit en une matière concrète d'une grande blancheur. La coagulation est entière et complète comme s'il s'a- gissait du blanc d'œuf : tout devient solide , et il né reste pas une spule goutte de liquide libre. Celte matière blanche du suc pancréatique est également précipitée par l'acide azotique ainsi que par l'aeide sulfurîque et par l'acide chlorhydrique concentré. Les sels métalliques , l'esprit de bois, et l'alcool, précipitent encore d'une manière complète la matière organi- que du suc pancréatique. Les acides acétique, lactique et chlorhydr ique , étendus, ne coagulent pas le suc pancréatique. Les alcalis n'y produisent non plus aucun précipité, et ils redissolvent sa matière organique quand elle a été préalablement coagulée par la chaleur, les acides ou l'alcool. En résumant ces caractères du suc pancréatique , il semble bien qu'on soit en droit d'en conclure , ainsi que cela a été déjà fait par M. Magendie, MM. Tiedemann et Gmelin , etc., que le fluide pancréatique se comporte à la manière des liquides albumineux. En effet, une matière soluble qui se coagule par la chaleor et les acides énergiques possède bien lés carac- tères do l'albumine. Cependant il n'y a aucun rapport sous le point de vue physiologique , ainsi que nous le verrons, entre le suc pancréatique et un liquide albumineux. Or, Comme je prouverai que c'est ce principe coagu- lable qui est le principe actif, j'arrive forcémetit à conclure que la matière du suc pancréatique n'est pas de l'albumine physiologiquement , malgré qu'elle en offre les caractères chimiques. Je dirai cependant que cette iden- tité n'est pas complète ; car j'ai pu trouver des caractères pour distinguer chimiquement la matière pancréatique de l'albumine ; je me bornerai à citer le suivant. Lorsque la matière du suc pancréatique a été coagulée par l'alcool , puis desséchée , elle se redissent en totalité et avec facilité dans l'eau (1), tandis que l'albumine , traitée de la même manière , ne se redis- sout plus dans l'eau d'une façon appréciable. (1 ) Et elle donne à l'eau là viscosité particulière tJu suc pancréatique et ses propriétés physiologiques, de sorte que c'esi bien là la matière active du suc pancréatique. 107 Le suc pancréatique morbide est un liquide de consistance aqueuse, dépourvu de viscosité, habituellement incolore, mais souvent opalescent, ol quelquefois coloré en rougeâtre. Ce fluide, présente une saveur salée et nauséeuse en môme temps , sa réaction s'est toujours montrée alcaline , sa densité est moins grande. Traité psr la chaleur et les acides, il ne se coa- gule plus. — La transformation du suc pancréatique normal en eue pan- créatique morbide ne se fait pas brusquement , elle arrive au contraire d'une manière graduelle, de sorte qu'entre les caractères assignés au suc pancréatique normal et morbide on peut trouver beaucoup d'intermé- diaires. Toutefois ces variations ne portent que sur la présence de la ma- tière active coagulable , qui est très-abondante dans le premier suc pan- créatique retiré après l'opération bien faite , tandis que la proportion de cette même matière diminue progressivement à mesure qu'on s'éloigne de ce moment, et peut manquer complètement lorsqne l'inflammation s'est emparée franchement du tissu pancréatique. A. mesure que cette matière disparaît, le suc pancréatique devient de plus en plus aqueux et perd son activité. Tout cela peut encore se résumer en disant que le suc pancréati- que est d'autant plus normal et plus actif qu'il se coagule davantage par la chaleur, et qu'il est d'autaRt plus inerte et plus altéré qu'il se coagule moins. Le suc pancréatique est sans contredit le plus altérable de tous les li- quides de l'économie. Lorsqu'on expose du suc pancréatique normal à une température basse (5 à 10° + 0), il peut être conservé plusieurs jours , et alors on remarque que par l'abaissement de température la viscosité du liquide augntente, et qu'il devient d'une consistance analogue à celle d'une gelée légère. Si au contraire on maintient le suc pancréatique à la tempé- rature de &0 à /tf>°, il se modifie rapidement, et au bout de quelques heures il est complètement altéré, c'est-à-dire qu'il répand une odeur nauséeuse, qu'il présente un dépôt nuageux, et perd la propriété de se coaguler par la chaleur La réaction alcaline du liquide persiste toujours dans ces circon- stîfnces. Pendant les chaleurs de l'été, dans les temps orageux , celte alté- ration du suc pancréatique s'opère quelquefois en très-peu d'instants : il faut alors bien avoir soin de maintenir au frai6 le suc pancréatique et l'a- nimal qui le fournit , parce que l'altération du fluide aurait lieu, dans la pe- tite vessie de caoutchouc destinée à le recueillir, et fixée à l'extrémité du tube d'argent. Le dépôt qui se produit au moment de l'altération du fluide pancréatique m'a présenté quelquefois un aspect soyeux particulier : j'ai toujours trouvé dans ces cas, au microscope , une grande quantité de cris- 108 taux en aiguille , offrant les caractères des cristaux de margarine ou d'acide margarique. J'ai étudié le suc pancréatique sur les lapins, les chevaux et les oiseaux (poules et pigeons ) , et j'ai constaté que chez ces animaux , le suc pan- créatique, obtenu dans de bonnes conditions , était , comme chez le chien, un liquide incolore plus ou moins filant, à réaction très-nettement alcaline, et se coagulant complètement par la chaleur. Maintenant que nous connaissons toutes les variations que peut éprouver le suc pancréatique , il deviendra facile pour tout le monde de trouver la cause des dissidences des auteurs sur la quantité de l'albumine contenue dans le suc pancréatique. Du reste, cette distinction du suc pancréatique en suc normal et suc morbide ou altéré n'est pas seulement une distinc- tion utile pour étudier les propriétés physiques et chimiques de ce fluide ; mais cette distinction est surtout indispensable pour se rendre compte de ses propriétés physiologiques ou digestives, ce qui, à notre poiut de vue, est la chose la plus importante. § lit. — propriétés physiologiques du suc pancréatique? son action spéciale sur les matières crasses neutres étudiée en dehors de l'animal. J'ai dit, au commencement de ce mémoire, que le suc pancréatique était destiné, à l'exclusion de tous les autres liquides intestinaux, à modifier d'une manière spéciale, ou, autrement dit, à digérer les matières grasses neutres qui peu\ent se rencontrer dans les aliments. Kien n'est si facile à démontrer. Exp. 1. — Sur 2 grammes de suc pancréatique fraîchement extrait, alcalin et visqueux et possédant tous les caractères du fluide pancréatique normal, on ajouta dans un tube fermé par un bout 1 gramme d'huile d'olives. L'huile, à cause de sa pesanteur spécifique, se tinta la surface, mais en agitant pour opé- rer le mélange des liquides, il en résulta aussitôt une émulsion parfaite, et tout se transforma en un liquide semblable à du lait ou mieux à du cbyle. Exp. II. — Sur 2 grammes de suc pancréatique frais et normal, on ajouta dan» un tube fermé par un bout un gramme de beurre frais, on plaça le mélange au bain-marie à la température de 35 à 38° cent., peu à peu le beurre se fluidifia, et en agitant, il fut complètement émulsionné par le suc pancréatique, et il en résulta, comme dans l'expérience précédente, un liquide épais, onctueux, blanc comme du chyle. Exp. III. — Avec i gramme de graisse de mouton (suif), on mélangea dans un 109 tube ferme par un bout 2 grammes de suc pancréatique frais et normal ; le tout fut exposé au bain-marie, à la température de 35 à 38° cent. Bientôt la graisse du mouton se fluidifia, et agitée avec le suc pancréatique, elle fut transformée en un liquide blanc, semblable à du chyle. Exp. IV. — l gramme de graisse de porc (saindoux) l'ut mélangé avec 2gram. de suc pancréatique frais elnormal. En agitant à froid, Pémulsion s'opérait déjà très-visiblementj mais en chauffant au bain-marie de 35 à 38°, l'emulsion fut instantanée, et tout fut transforme en unliquide blanc, crémeux, comme dans les cas précédents. Ed laissant les produits des quatre expériences ci-dessus indiqués au bain-marie de 35 à 38° peudanl quinze à dix-huit heures, l'éraulsion dans tous les tubes se maintint parfaitement. Le liquide blanchâtre et crémeux ne changea pas du tout d'apparence, et il n'y eut, par suite du repos du mélange, aucune séparation entre la matière grasse et le liquide pancréati- que. Mais au bout de quelques heures il devint évident que, sous l'influence du suc pancréatique, la graisse n'avait pas été simplement divisée et émul- sionnée, mais qu'elle avait en outre été modifiée chimiquement. En effet, au moment du mélange , la matière grasse neutre et le suc pancréatique alcalin constituaient un liquide blanchâtre à réaction alcaline, tandis que, cinq ou six heures après, le mélange avait acquis une réaction très-nette- ment acide. En examinant ce qui s'était passé, il fut très-facile de constater, à l'aide de moyens ordinaires, que la matière grasse avait été dédoublée en glycérine et en acide gras. Dans le tube où du beurre avait été soumis à l'action du suc pancréatique, l'acide butyrique était reconnaissabie à distance par son odeur caractéristique. Des faits qui précèdent, il résulte donc que le suc pancréatique normal possède, la propriété d'éniulsionner instantanément et d'une manière com- plète les matières grasses neutres, et de les dédoubler ensuite en acide gras et en glycérine. Le suc pancréatique seul jouit de cette propriété, avons-nous dit, et au- cun autre liquide de l'intestin ou de l'économie n'exerce une semblable action sur les matières grasses neutres. Il est encore très-facile de donner la preuve de cette assertion. Exp. I. — Bile. On mélangea dans un tube fermé par un bout, avec 2 gr. de bile de chien fraîche et très-légèrement alcaline, 1 gramme d'huile d'olive. On agita fortement le mélange et on le plaça ensuite au bain-marie à la tempé- rature de 35 à 38° c. Au moment de l'agitation, l'huile se mélangea mécani- quement avec la bile, de manière à former un liquide jaune et opaque; mais. 110 une demi-heure après, par suite de repos, l'huile s'était complètement séparée et revenue à la surface, tandis que la bile formait une couche parfaitement dis- tincte dans la partie inférieure du tube. L'huile n'avait aucunement été modi- Jiée. Avec la bile de bœuf et de lapin, les choses se passèrent de la même ma- nière. Exp. II. — Salive. Avec 2 grammes de salive d'homme fraîehe et alcaline, on mélangea l gramme d'huile d'olive. On agita fortement le mélage, et, on le plaça au bain-marie à la température de 35 à 38° c. Une division mécanique de l'huile eut également lieu, mais bientôt il y eut par le repos séparation complète delà salive et de l'huile, qui surnageait en conservant toutes ses propriétés physiques et chimiques. La salive du chien et celle du êheval furent également sans action sur l'huile d'olive. Exp. III. — Suc gastrique. 2 grammes de suc gastrique de chien, frais et très-nettement acide, furent additionnés' d'un gramme d'huile d'olive. L'agita- tion produisit uu mélange momentané du suc gastrique avec l'huile, qui bientôt remonta à la surface du liquide sans avoir été modifiée. Exp. IV. — Sérum du sang. Un gramme d'huile d'olive fut ajouté à 2 gram. de sérum du sang, provenant d'un chien saigné à jeun. Le sérum était alcalin et limpide. L'huile se mélangea par l'agitation avec le sérum, mais au bout de quelque temps de repos au bain-marie de 30 à 38° c, la séparation de l'huile et du sérum s'était opérée d'une manière à peu près complète. Le sérum du sang d'homme et celui de cheval se comportèrent de la même manière avec l'huile d'oiive. Exp. V. — Liquide céphalo-rachidien. Un gramme de liquide céphalo-rachi- dien de chien, limpide et alcalin, fut mélangé avec un demi-gramme d'huile d'olive. Par l'agitation du liquide, il y eut division momentanée de l'huile. Bientôt la séparatiou des deux liquides fut effectuée, ce qni démontre que l'huile n'avait pas été modifiée par son contact avec le liquide céphalo rachidien. Il est facile maintenant, en comparant l'action dn. la bile, de la salive, du suc gastrique, du sérum du sang et du liquide céphalo-rachidien, à celle du suc pancréatique sur l'huile d'olive, de voir que. parmi tous ces liquides de l'économie, le suc pancréatique seul modifie, ainsi que nous l'avons avancé, la matière grasse neutre. Toutes les expériences qui précèdent ont été reproduites un très-grand nombre de fois (1), et elles sont si neltes et si simples à répéler que cha- (1) Parmi les savants qui jusqu'à présent ont été témoins de nos expérience» sur le sUc pancréatique, je pourrai citer MM. Magendie, Rayer, Bouillaud, Andral, Bérard, et les membres de lu Société de de biologie. Je reproduis en outre ces expériences dans tous mes cours de physiologie expérimentale. 111 cun pourra en vérifier les résultats avec facilité. Mais c'est ici le lieu de rappeler la distinction essentielle que nous avons établie entre le suc pan- créatique normal et le suc pancréatique morbide ou altéré. En effet, cette émulsion instantanée des matières grasses neutres et leur dédoublement en glycérine et en acide gras n'est effectuée que par le suc pancréatique nor- mal, c'est-a-dire Le suc pancréatique alcalin, visqueux* et coagulant en masse par la chaleur et les acides. Si, au contraire, on mélange par l'agi- tation avec de l'huile ou de la graisse du suc pancréatique morbide ou al- 4éré, c'est-à-dire du suc pancréatique toujours alcalin, mais devenu aqueux, sans viscosité, et ne coagulant pas par la chaleur, son action snr les ma- tières grasses est nulle, et bientôt il s'effectue une séparation entre le suc pancréatique inerte et la matière grasse non modifiée. On comprend très- bien que si l'altération du suc paucréatique est incomplète, et que si ce fluide coagule encore un peu par la chaleur, son action sur la graisse exis-^ tera, mais d'une manière imparfaite. Cela permettra d'expliquer toutes les qualités intermédiaires possibles du suc pancréatique, depuis son état nor- mal ou d'activité parfaite jusqu'à son état de complète altération ou d'en- tière inertie. Je ne reviendrai pas sur les causes qui amènent cette altéra- tion, je me suis expliqué à ce sujet au commencement du mémoire. § IV. — ACTION DU SUC PANCRÉATIQUE DANS LA DIGESTION ÉTUDIÉE SDR l'animal vivant; SON RÔLE INDISPENSABLE POUR L'ABSORPTION DES MA- TIÈRES GRASSES NEUTRES ET POUR LA PORMATION DU CHYLE. D'après ce qui a été établi dans le paragraphe précédent, il est permis de penser que, pendant la digestion chez les animaux vivants et bien portants, le suc pancréatique se trouvant toujours à l'étal normal, il sera facile de constater son action spéciale sur les matières grasses neutres alimentaires. Il résultera en effet des expériences qui vont suivre que le suc pancréati- que, en émulsionnanl et en modifiant les matières grasses dans l'intestin, le» rend absorbables, et devient de celte manière l'agent unique et indispen- sable de la formation de ce liquide blanc homogène qui circule dans les vaisseaux lactés et auquel on donne le nom de chyle. Ce n'est point le mo- ment de discuter la signification du mot chyle. Pour moi, le chyle et le chyme, avec les idées qu'on y attache encore aujourd'hui en physiologie, sont des dénominations complètement vides de sens. Seulement j'ai besoin de rappeler un fait qui est du reste parfaitement connu, c'est que les vais seaux chylifères ou lactés ne contiennent un liquide blanc laiteux homo- gène qu'à la condion qu'ils aient absorbé des matières grasses dans Tintes- 112 tin, de sorte qu'un chyle limpide et transparent (improprement qualifié par quelques auteurs par le mot de chyle végétal) est pour nous un chyle sans matière grasse, taudis qu'un chyle blanc, laiteux, homogène (qualifié, par opposition au précédent, sous le nom de chyle animal), est un chyle qui contient de la matière grasse émulsionnée et modifiée. Cela étant posé, il sera facile de prouver que c'est le suc pancréatique seul qui émulsionne, modifie dans l'intestin la matière grasse et la rend absorbable par les chy- lifères. Quand j'ai sacrifié des chiens en pleine digestion de matières graisseuses, j'ai constaté parfaitement que la graisse n'est que fluidifiée par la chaleur de l'estomac, qu'elle s'y reconnaît à ses caractères, et qu'elle se fige à la surface du suc gastrique par le refroidissement, comme de la graisse sur du bouillon. Dans l'intestin au contraire, au-dessous de l'ouverture des con- duits pancréatiques, la graisse ne peut plus être distinguée par ses carac- tères ; elle forme une matière pultacée, crémeuse, émulsive, colorée en jaunâtre par la bile. Les vaisseaux ehyïifères se voient alors gorgés d'un chyle blanc laiteux, homogène. En faisant sur des chiens la ligature des deux canaux pancréatiques, dont le plus petit s'ouvre très-près du canal cholédoque, tandis que le plus volumineux s'ouvre dans l'intestin à 2 cen- timètres plus bas, j'ai constaté que la graisse reste inaltérée dans l'intestin grêle, et que les vaisseaux ehyïifères ne contiennent plus qu'un chyle lim- pide, exempt de la matière grasse, qui n'a pas pu être absorbée, à cause de la soustraction du suc pancréatique. On pourrait se contenter de cette expérience comme preuve que la pré- sence du suc pancréatique est indispensable à la formation du chyle. Mais j'ai trouvé une autre manière de prouver le même fait par une expérience très-élégante et irréprochable, parce qu'elle n'exige aucune mutilation préalable et qu'elle est très-facile à répéter par tout le monde. C'est chez le lapin, où la nature semble avoir élé au-devant des désirsde l'expérimenta- teur en faisant ouvrir, par une bizarrerie singulière, le canal pancréatique, qui est unique, très-bas dans l'intestin, à 35 centim. au-dessous du canal cholédoque. Or il arrive que lorsqu'on lait manger de la viande ou des ma- tières grasses à des lapins, la graisse, pusse inaltérée dans l'estomac et des- cend driifs l'intestin sans subir aucune modification, jusqu'au moment où vient se déverser le suc pancréatique, à 35 cenlim. au-dessous de l'ouver- ture du canal cholédoque; et on voit que c'est précisément après l'abouche- ment du canal du pancréas que les vaisseaux ehyïifères commencent à con- tenir un chyle blanc laiteux, tandis que plus haut ils ne contiennent qu'un 113 chyle transparent. Il y a donc chez le lapin, dans ces conditions, les deux espèces de chyle : le chyle transparent et sans graisse émanant des 37 cen- timètres d'intestin grêle situés avant l'abouchement, du canal pancréatique, et le chyle laiteux homogène contenant de la graisse émanant des portions de l'intestin grêle placées au-dessous de i'abouchemenl du canal pancréa- tique. Je connais en physiologie peu d'exemples d'expérience aussi simple et aussi décisive que celle-là. Voici le procédé le plus rapide et le plus com- mode pour la répéter. Exp. - Oa prfDdra préférablement un gros lapin adulte, et on le fera jeûner pendant vingt-quatre ou trente-six heures; puis on ingérera daDS son estomac, à l'aide d'une seringue et d'une sonde en gomme élastique, 15 ou 20 grammes dégraisse de porc (saindoux), fluidifiée préalablement par une douce chaleur. Après cela on donnera à manger au lapin de l'herbe ou des carottes, ce qui aidera à faire descendre la graisse dans l'intestin. On assommera le lapin au bout de trois ou quatre heures; on ouvrira aussi rapidement que possible le ventre, et on constatera avec grande facilité que la graisse n'est émulsionnée et modifiée que de 35 centim. après l'ouverture du canal cholédoque, au point où le suc pancréatique s'est déversé dans le duodénum, et que ce n'est qu'après cela que les vaisseaux chylifères blancs laiteux commencent à se montrer pour continuer à exister ensuite plus ou moins bas dans l'intestin grêle. Mais, dira-t-on, puisqu'il est si simple et fi facile de démontrer que c'est le suc pancréatique et nou la bile qui émulsionne la graisse pour la rendre absorbable par les vaisseaux chylifères, comment se fait-il que la chose soit restée ignorée si longtemps, et que Brodie (1) ait soutenu par des expé- riences que ce rôle appartenait à la bile? Je crois, en effet, être le premier qui ait démontré cette action du fluide pancréatique sur les matières grasses, et je pense avoir donné à l'appui des preuves expérimentales suffisantes. Si les physiologistes qui ont expérimenté directement sur le fluide pancréati- que n'ont pas reconnu cette propriété, c'est qu'ils ne l'ont pas cherchée, peut-être parce qu'ils étaient imbus de cette idée fausse que le suc pancréa- tique est analogue à la salive. Du reste, si aujourd'hui, comme je l'espère, la chose reste claire et acquise à la science, je dois avouer qu'il m'a fallu longtemps rechercher et travailler, et sacrifier bien des animaux, avant de parvenir à établir les faits tels que je les donne dans ce mémoire. Relativement aux expériences de Brodie, il faut les rapprocher de celles (1) Qoaterly journal, of sciENCE, janvier 1823. 116 de M. Magendie (1), avec lesquelles elles furent en contradiction. Voici, en effet, ce qui arriva : M. Magendie rendit compte, dans son Jodrnal de pyb- siologie, des expériences de Brodie, desquelles il résultait que ce physio- logiste, après avoir lié le canal cholédoque sur des chais, avait observé que les. vaisseaux chylifères ne contenaient plus de graisse, et que le chyle était limpide et transparent. M. Magendie.dans l'intention de vérifier les mêmes expériences , fit la ligature du canal cholédoque sur des chiens, et il ob- serva, contrairement à Brodie, que, malgré l'absence de la bile dans l'inles- tio, la graisse avait été émulsionnée, et que les chylifères contenaient un chyle blanc laiteux homogène. Ce6 expériences peuvent s'expliquer ainsi qu'il suit : chez le chat, le canal pancréatique principal (2) s'anastomese avec le canal cholédoque avant de s'ouvrir dans l'intestin : de sorte qui! est supposable que Brodie, n'ayant en vue que l'action de la bile, et n'atta- chant pas d'importance au canal pancréatique, l'aura lié avec le canal cho- lédoque, et de cette façon on s'explique très-bien comment la graisse n'a pu être émulsionnée. et comment le chyle élait limpide et ne contenait pas de matière grasse. M. Magendie fit ses expériences sur des chiens, où le canal cholédoque est complètement isolé des deux conduits pancréatiques, Il en résulte clairement que l'écoulement du suc pancréatique étant resté libre, la graisee put continuer à être émulsionnée, et le ohyle rester blanc laiteux homogène. Ces expériences sont donc exactes de part et d'autre; la différence des résultats s'expliquerait par la disposition particulière des in- sertions dfs conduits pancréatiques sur les espèces d'animaux qui ont servi à ces expériences ; de sorte que ce6 faits ne se contredisent réellement pas , et ils viennent à l'appui de ce que j'ai établi, à savoir que c'est le sac pancréatique et non la bile qui agit sur la graisse et la rend absor- bante. Conclusion. — Actuellement je pense avoir atteint le but que je m'étais proposé au commencement de ce mémoire, c'est-à-dire que je crois être parvenu à démontrer expérimentalement que le fluide pancréatique est des- tiné, à l'exclusion de tous les autres liquides intestinaux, à modifier d'une manière spéciale, ou autrement dit à digérer les matières grasses neutres contenues dans les aliments , et à permettre de celte manière la formation du chyle ou leur absorption ultérieure par les vaisseaux chylifères. (1) Journal de physiologie expérimentae, 1823, t. lit, p. 93. (2) Il y a bien chez le chat un autre petit conduit pancréatique, mais il est rudimentaire et m'a paru imperméable. 115 Je viens d'examiner la fonction du suc pancréatique , indépendamment de celle de la bile. Dans un autre travail, je montrerai qu'en s'unissant, ces deux fluides ont encore un autre rôle à remplir dans la digestion , et à ce propos j'étudierai avec soin les propriétés de la matière active du suc pan- créatique, que je suis parvenu à isoler et à caractériser. En terminant, je dois ajouter encore que les expériences contenues dans ce mémoire n'infirment nullement les observations de MM. Bouchardatet Sandras (1), qui apprennent que l'amidon est transformé en glucose par le suc pancréatique; seulement je ferai remarquer que celle action du fluide pancréatique sur l'amidon ne lui est pas spéciale : c'est une propriété gé- nérale qui appartient à la salive mixte, au sérum du sang, à une foule d'autres liquides alcalins de l'économie (2,\ et aussi bien au suc pancréa- tique morbide ou altéré qu'à celui qui est normal. La modification des ma- tières grasses neutres constitue, au contraire, le rôle essentiel et spécial du suc pancréatique dans la digestion, puisqu'il ne partage cette propriété avec aucun autre fluide de l'économie, el qu'il la perd aussitôt que sa matière coagulable active se trouve altérée. REMARQUES D'ANATOMIE COMPARÉE SUR LE PANCREAS ; Par M. CLAUDE BERNARD. Les animaux vertébrés sont généralement pourvus de pancréas. Cet or- gane existe à l'état de glande conglomérée chez tous les mammifères, chez tous les oiseaux et chez tous les reptiles. Il n'y a qu'un certain nom- bre de poissons pour lesquels la question soit restée litigieuse jusque dans ces derniers temps. Chez les poissons cartilagineux, il exisle un pancréas volumineux et entièrement analogue à celui des mammifères. Mais comme chez les poissons osseux on n'avait pas rencontré le pancréas, et qu'en même temps on avait observé chez un grand nombre d'entre eux des appendices pyloriques particuliers, on avait admis pendant longtemps que ces derniers organes tenaient lieu d'un véritable pancréas. Les recherches récentes d'A- lessandrini,deMuller, d'E, Weber, de Uannius, Brockmann, etc., ont ap- pris que cette manière de voir est erronée. En effet, on a démontré déjà, dans un bon nombre de cas, la coexistence d'un pancréas glanduleux avec des appendices pyloriques plus ou moins nombreux, et ii est probable que des recherches ultérieures arriveront à prouver l'eacislence du pancréas dans (1) Comptes rendus do l'Institut. (2) Voir mon mémoire sur le rôle de h salive dans ta digestion, dans les Ar- chives générales de médecine, janvier 1847. 118 tous les genres de poissons. On trouvera indiqués dans le tableau suivant, que je dois à If. Rayer, tous les genres de poissons dans lesquels on a si- gnalé jusqu'alors l'existence d1un pancréas glandulaire. Je dois également à l'obligeance du même savant fl'avoir pu disséquer un certain nombre de poissons, et vérifier par moi-même, dans son laboratoire, l'existence et la disposition du pancréas chez l'esturgeon (accipenser sturio), la raie (raid), la squaline (xqudtina), le brochet (esox), l'anguille, etc. INDICATIONS DES GENRES DE TOISSONS DANS LESQUELS ON A CONSTATÉ JUSQD*A PRÉSENT UN l'ANCRÉAS GLANDULAIRE. Percoïdes Chabot de rivière (cottusscorpius). Percbe (perça fluviatihs). Brochet perche (iucio percha). Vive ordinaire (trachinus draco). Grémille (acerina vulgaris). Joues cuirassées. . Guuard ou grondin (triyla gunardus). Cyprinoïdes .... Carpe (cyprinus carpio). Brème commune (cyprinus brama). Esoces Brocbet (esox). Orphie (belone îongirostris) Siluroïdes Silure (silurus). Salulh des Suisses (siluro glani) Salmones Saumon (salmo salar). Clupèes Hareng commun (ehtpea harengus). GadcXdes Petite morue (gadus cullarias). Lotte (gadus lottà). Plcuronectes . . . . Plie franche ou carrelet (pleur onectes plaleasa). Plie large (pleuronectes maximus). Çyrtoptères .... Gras-mollet (cyclopterus iumpus). Anguilles (anguilla.) Sturioniens.. . . . Esturgeon {accipcnser sturio). Sélaciens Raies (raiu), sijuaîines (angélus squatina) et squalles (Squalui). Le pancréas présente, dans son développement, un assez grand nombre de différences, Buivant les espèces animales. Sam- eDtrer ici dans l'appré- ciation des causes qui motivent ces variations, j'observerai seulement qu'il n'est point exact de dire, ainsi que l'ont prétendu quelques anatomistes, que le pancréas suit le développement des glandes salivaireset offre un vo- lume proportionnel plus considérable chez les herbivores que chez les car- 119 nivores. En effet, chez le chien, qui est Carnivore, et où les glandes sali- vaires sont peu développées, le pancréas est volumineux. Chez le lapin et le lièvre, qui, en leur qualité d'herbivores, ont des glandes salivaires pro- portionnellement plus nombreuses et plus grosses, le pancréas est très-peu développé et réduit à une minceur extrême. Il est remarquable que ces ani- maux où la glande pancréatique subit cette sorte d'amoindrissement ODt leurs tissus habituellement peu chargés de graisse. C'est dans le duodénum ou dans le commencement de l'intestin grêle que le pancréas vient constamment déverser le produit de sa sécrétion par un ou plusieurs conduits. Tantôt ces couduils pancréatiques s'ouvrent iso- lément, tantôt ils s'abouchent simultanément avec les canaux cholédoque ou biliaires. Lorsque les canaux qui apportent la bile et le suc pancréatique sont iso- lés, ils peuvent s'ouvrir à des distances quelquefois considérables les uns des autres. Ainsi, chez le lapin et le lièvre, j'ai trouvé que le canal pan- créatique s'abouche dans l'intestin, de 35 à 50 centimètres au-dessous du canal cholédoque, suivant la taille de l'animal. Toutefois, dans toutes ces variations d'insertion des conduits pancréatiques et biliaires, il y a une rè- gle qui m'a paru constante : c'est que, dans le cas d'isolement des deux fluides, jamais le suc pancréatique ne se déverse avant la bile. D'où l'on doit déduire cette conséquence physiologique que toujours le suc pancréa- tique agit sur les matières alimentaires après la bile ou simultanément avec elle. Certains appendices en forme de ccecum, qu'on trouve annexés à l'intes- tin d'animaux invertébrés, ont été regardés comme des organes capables de remplir dans la digestion des fonctions du pancréas des vertébrés. Ainsi, chez quelques rotifères, il existe deux ou plusieurs oœcums à parois épaisses, revêtus d'un épithélium ciliaire et venant s'aboucher au commen- cement de l'estomac ou sur ses côtés. Chez un certain nombre de céphalo- podes, on rencontre aussi des tubes glandulaires ramifiés courts et d'un jaune pâle, qui, dans beaucoup d'espèces, sont annexés aux conduits hé- pathiques. Enfin, il est des insectes qui ont des appendices glanduleux an- nexés à l'iléon. Au point de vue physiologique, ce ne sont encore là que de simples in- dications, et il est nécessaire que de nouvelles recherches donnent une signification fonctionnelle précise aux organes que nous venons de citer. DE L'ORIGINE DU SUCRE DANS L'ÉCONOMIE ANIMALE; Par le Docteur CLAUDE BERNARD. Le sucre est répandu avec profusion dans le règne végétal ; mais il existe aussi dans les animaux. Les végétaux ne peuvent le trouver tout préparé dans la terre, et il est évident qu'ils le forment dans leurs organes. Chez les animaux, en est-il de même ? ou bien le sucre qu'on rencontre dans leur corps est-il fourni exclusivement par les végétaux sucrés et amidonnés qui leur servent d'aliment? Telle est une question importante qui depuis long- temps préoccupe les physiologistes et les chimistes, et que nous allons cher- cher à résoudre expérimentalement. Comme aliment, le sucre est une substance neutre qui est consommée par l'homme et les animaux sous des états différents. Les sucres qui habi- tuellement peuvent être introduits dans le tube alimentaire sont : 1° le sucre de canne, ou autrement dit sucre de la première espèce, qui se ren- contre dans la canne à sucre, la betterave, la carotte etc., 2° le sucre de rai- sin, ou sucre de la deuxième espèce, qui existe dans le raisin, les fruits su- crés, etc. La fécule, qui constitue une matière alimentaire très-abondante, 11 y-y 122 doit être rapprochée des 6ucres, parce que, par suite des phénomènes di- gestifs, elle se change dans le canal intestinal en sucre de la seconde es- pèce; 3e le sucre de lait, qui existe dans le lait des animaux, etc. Ce n'est point ici le lieu de tracer les caractères distinctifs de ces diffé- rents sucres ni de déterminer quels sont les changements et les transfor- mations qu'ils doivent subir pour devenir aptes aux phénomènes ultérieurs de la nutrition. Je constate seulement que certains alimenis étant suscep- tibles de fournir des quantités considérables de matière sucrée, on a pu les considérer comme la source unique d'où provenait le sucre qu'on rencontre dans le sang ou dans les fluides des animaux. C'est, en effet, à cette expli- cation qu'on s'est arrêté dans les idées actuellement régnantes sur la nu- trition. On admet aujourd'hui que le sucre n'existe dans le sang des ani- maux qu'à la condition que ceux-ci aient préalablement mangé des sub- stances qui en contiennent ou qui soient capables d'en produire. Or,d'une part, les faits chimiques acquis apprennent qu'il n'y a que l'amidon, parmi les aliments, qui puisse se transformer en sucre, et d'autre part, rattachant cette question à cette idée ingénieuse que les animaux ne créent aucun principe immédiat et ne font que détruire ceux qui leur sont fournis par le règne végétal, on s'est cru suffisamment autorisé à refuser de la manière la plus explicite à l'organisme animal la faculté de faire du sucre, et on ne lui a reconnu que la seule faculté de le détruire et de le faire disparaître. Les faits contenus dans ce travail , et dont le détail va suivre , nous mon- treront que la physiologie s'oppose à ce qu'on admette cette manière de voir. Première série d'expériences. — On avait observé que, pendant la digestion d'une alimentation sucrée ou amylacée, le sang de l'homme et des animaux contient du sucre, et on s'était appuyé sur ce fait pour en con- clure que le sucre est fourni par les aliments. Le résultat expérimental, pris isolément, est exact ; mais l'expérience est incomplète, et par suite la con- clusion se trouve fautive, comme on va le voir. Exp. I. — Sur un lapin vivacc, bien portant et de taille moyenne, ayant mangé du son et des carottes, j'ai encore ingéré dans l'estomac, à l'aide d'une sonde, 30 grammes d'amidon délayé dans un quart de litre d'eau bouillante, puis re- froidie. Cinq heures après, 16 lapin fot assommé par uh coirp sur la nuque. Aussitôt j'ouvria la poitrine, et Je recueillis environ 30 grammes de sang qui s'écoula en divisant les cavités du cœur. AprèB une heure, le sang était bien coagulé. J'examinai alors le sérum limpide 123 alcalin séparé du caillot, et j'y constatai la présence du sucre de la manière la plus positive (1). L'estomac et l'intestin contenaient du sucre provenant des carottes et de la transformation de l'amidon. L'estomac , à réaction acide, contenait de l'ami- don non transforme. L'urine était trouble, alcaline, et ne renfermait pas de sucre. Exp. IL— Un chien adulte et bien portant, à jeun depuis vingt-quatre heures, mangea sans difficulté 200 grammes de colle fraîche d'amidon prise chez l'épi- cier. Cinq heures après, le chien fut assomme. J'ouvris aussitôt la poitrine, et je recueillis le sang dans les cavités du cœur. Après trois quarts d'heure, la coagu- lation étant opérée, je constatai la présence du sucre dans le sérum clair alcalin, qui s'était séparé du caillot sanguin. L'estomac, à réaction acide, contenait encore de l'amidon non modifié. Dans l'intestin, qui offrait une réaction alcaline, tout l'amidon était transformé, et on y trouva du sucre en grande quantité. L'urine ne renfermait pas de sacre. Exp. III. — Une cnienne adulte et bien portante fit un repa9 copieux de tête de mouton cuite prise chez le tripier, et de plus quelques os de volaille. Sept heures après, l'animal fut assomme. La poitrine étant ouverte aussitôt, je re- cueillis le sang qui s'écoula de l'incision du cœur. Après une heure et demie, je trouvai le sang coagulé, et un sérum opalin, lactescent, alcalin, s'était séparé. Je l'examinai, et j'y constatai d'une manière non équivoque la présence du sucre. L'animal était en pleine digestion intestinale. Les matières renfermées dans l'es- tomac et l'intestin grêle avaient une réaction acide, et ne contenaient pas les moindres traces de sucre. L'urine, à réaction acide, ne renfermait pas non plus de sucre. Exp. IV. — Un chien adulte et bien portant fut laissé sacs nourriture. Après deux jours d'une abstinence complète d'aliments solides et liquides, l'animal fut assommé. La poitrine ouverte aussitôt, je recueillis le sang dans les cavités du cœur, et une heure après, il s'était séparé, du caillot un sérum limpide, non lac- tescent et alcalin ; je l'examinai aux réactifs, et j'y constatai ia présence du sucre avec la plus grande évidence. L'estomac et l'intestin grêle, absolument vides et revenus sur eux-mêmes, ne renfermaient par conséquent pas de sucre. Il y avait dans îe gros intestin un peu de matières fécales dure6 et noires. L'urine, acide, ne contenait pas de socre. Les expériences ci-dessus rapportées ont été reproduites un grand norn- (1) Le procédé mis en usage pour rechercher !e sucre sera exposé avec détail dans la troisième série d'expériences. 12/i bre de fois avec des résultats semblables. Le fait général qui en découle est facile à saisir : c'est qu'il existe constamment du sucre dans le sang des animaux avec tous les régimes alimentaires, et même avec celui de l'abs- tinence. On avait donc eu tort de s'appoyer sur la présence un sucre dans le sang pendant la digestion des féculents pour conclure qu'il venait des aliments; car si, pour les animaux qui font le sujet des première et deuxième expériences, le sucre trouvé dans leur canal alimentaire peut nous rendre compte de celui qui était dans leur sang, il est évident que cette raison ne peut plus être valable pour l'animal de la troisième expé- rience, qui n'avait mangé que de la viande, et cbez lequel on a constaté l'absence de matière sucrée dans les voies digestives. Pour l'animal de la quatrième expérience, à jeun depuis deux jours et ayant le canal alimentaire vide, la chose deviendrait encore plus difficile à expliquer. Cet exemple pourrait être choisi parmi beaucoup d'autres pour montrer combien Terreur peut devenir facile en physiologie, quand on ne se dé- barrasse pas des idées préconçues et quand on ne fait pas des expériences comparatives. En effet, si on eût eu moins de confiance dans la théorie qu'on voulait étayer, on ne se serait pas contesté d'examiner le sang des animaux en digestion d'aliments féculents ou sucrés ; on aurait songé à examiner le sang comparativement dans d'autres aliment. lions, et on au- rait sans doute, comme moi, été conduit à rechercher et à trouver la pro- venance du sucre chez les animaux qui ne mangent ni matière sucrée ni amidon. L'exposé de cette recherche va faire le sujet de la deuxième série d'expériences. 2« série d'expériences. — D'où provient le sucre qui existe dans le sang des animaux qui sont nourris avec de la viande, ou bien qui sont soumis à l'abstinence? Telle est la question intéressante pour la solution de laquelle nous allons actuellement instituer des expériences nouvelles. Il était bien présumable que la matière sucrée n'avait pas été fabriquée dans le cœur, où nous l'avons rencontrée, mais qu'elle n'y avait été que simplement trans- portée d'un point quelconque de l'organisme. Après quelques tâtonne- ments que je crois inutile de rapporter ici, je fus conduit à rechercher la source du sucre du côté des organes glandulaires de rabdomen, et voici comment j'expérimentai. Exp. 1. — Un chien adulte et bien portant, ayant l'ait un repas copieux d'os et de débris de viande cuite, fut assommé sept heures après. Aussitôt j'ouvris l'abdomen, et je constatai les phénomènes qui accompagnent la digestion quand elle est en pleine activité, c'est-à-dire un état turgescent de tous les organe* 125 du bas-ventre, dans lesquels la circulaiion se Taisait très-activement , el, de plus, la réplétion des vaisseaux chylil'ères el du canal thoracique par un chyle blanc laiteux, bien homogène. Je recueillis : 1° le sang qui s'écoula de l'incision faite au tronc de la veine porte vers le point où la veine splénique viems'y aboucher; 2° j'obtins du chyle en ouvrant le canal thoracique; 3" enGu, je pris du sang duns la cavité du cœur. Je séparai ensuite avec soin le contenu de l'estomac el de l'iuteslin grêle, et je recherchai la présence du sucre dans tous ces produits. 1° Les matières alimentaires contenues dans l'estomac et dans l'intestin grêle présentaient une réaction acide, et ne donnèrent pas aux réactifs la moindre trace de sucre. 2« Le chyle blanc rosé extrait du canal thoracique laissa séparer un sérum laiteux, alcalin, dus lequel je constatai l'absence du sucre. 3° Le sang de la veine porte s'étanl coagulé, il s'en sépara un sérum opa- lin légèrement lactescent et alcalin, dans lequel je constatai la présence d'une très-grande quantité de sucre. 4° Le sang du ventricule droit du cœur se coagula bientôt en présentant un sérum alcalin et lactescent, dans lequel les réactifs démontrèrent beaucoup de sucre, mais en moins grande abondance cependant que dans le sang de la veine porte. Exp. n. — Dn chien adulte et bien portant fut tué au troisième jour d'une abstinence absolue. J'ouvris aussitôt l'abdomen, et je constatai les phénomènes qui accompagnent l'inactivité des organes digestifs, savoir, un état de pâleur et d'auémie des organes du bas-ventre, et, de plus, la vacuité et la rétraction de l'estomac et des intestins. Les vaisseaux chylifères et le canal thoracique con- tenaient de la lymphe trausparenle avec un très-léger reflet opalin. Je recueillis séparément : 1» Du sang du tronc de la veine porte. Je constatai très-nettement dans le sérum limpide alcaliu qui s'en sépara la présence du sucre, quoiqu'il y fût en inoins grande abondance que dans l'expérience précédente. 2° Du sang du ventricule droit. Dans son sérum limpide alcalin, la présence du sucre était indubitable. 3° De la lymphe du canal thoracique, dans laquelle je ne constatai pas la moindre trace de sucre. Je répétai plusieurs fois ces expériences, dans des circonstances sembla- bles, avec des résultais identiques, et saus arriver à comprendre comment le sang de la veine porle pouvait contenir tant de sucre quand les intestins n'en renfermaient aucunement. Réfléchissant cependant qu'il fallait bien que ce sucre provint de quelque organe voisin, attendu que les parois de 126 la veine porte n'avaient probablement pa8 la propriété de les sécréter, je fis l'expérience suivante • Exp. III. — Ayant tué aussi rapidement que possible, c'est-à-dire en quel- ques secondes, par la section du bulbe rachidien, un cbien en digestion de ma- tières alimentaires exemptes de sucre ou d'amidou, j'ouvris immédiatement la cavité abdominale, puis avec la plus grande célérité possible, j'apposai des li- gatures : 1° sur des rameaux veineux qui émanent de l'intestin grêle, non loin de cet intestin ; 2° sur la veine splénique, à quelques centimètres de la rate ; 3° sur les rameaux veineux sortant du pancréas; W sur le tronc de la veine porte, avant son entrée dans le foie. Incisant ensuite ces différentes veines der- rière les ligatures que j'avais apposées, ou, autrement dit, entre la ligature et l'organe, je pus recueillir séparément le sang provenant de l'intestin grêle, de la rate, du pancréas, et celui qui refluait du foie. 1° Dans le sang des veines intestinales, de même que dans les matières con- tenues dans l'intestin, je constatai l'absence du sucre. 2° Le sang provenant de la rate ne contenait non plus aucune trace de sucre. 3° Dans le sang des veines pancréatiques, je n'en trouvai pas davantage. a" Enfin, dans le sang qui reflua en grande abondance des veines hépatiques, après l'ouverture du tronc de la veine porte au-dessus de la ligature, ce ne fut pas sans étonnement que je rencontrai des quantités énormes de sucre. En voyant le sang du foie contenir autant de sucre, il était présumable que son tissu devait en renfermer. J'analysai donc une portion du foie de ce cbien, et j'y trouvai des quantités très-considérables de sucre, tandis que le tissu delà rate, du pancréas, des ganglions mésentériques du même animal, également lavés et examinés avec soin, n'eu dénotèrent aucune trace aux réactifs. Dès lors il fui évident que c'élait du foie que le sucre provenait. Mais comment, dira-t-on, le sucre se renconlrait-il dans le sang de la veine porte et dans les veines hépatiques ? En supposant qu'il fût formé dans le tissu du loie, le courant sauguin aurait dû l'emporter dans le sens des veines sus -hépatiques du côté du cœur, et l'empêcher de refluer par les veines hépatiques dans la veine porte. Cette remarque serait juste s'il s'agissait de la circulation générale, où l'on ne voit pas en effet le sang tra- verser, par un mouvement rétrograde, un tissu capillaire qu'il a déjà fran- chi dans un mouvement progressif. Mais pour le foie, il n'en est pas ainsi, et le reflux du sang des veines sus-hépatiques dans la veine porte est chose très-facile. Quant à la cause qui, dans mes expériences, a déterminé ce reflux du sang sucré du foie dans la veine porte, elle est très-simple à com- prendre En effet, la circulation du sang dans la veine porte, à l'état phy- 127 siologique, est produite surtout par la pressiou exercée sur les viscères par les parois abdominales. Il en résulte que le tronc et les rameaux de la veine porte sont naturellement comprimés. Lorsqu'on vient à ouvrir le ventre, cette compression cesse par l'issue des viscères abdominaux. Si on ajoute que, par cette hernie des organes, les rameaux vasculaires se trouvent ti- raillés et allongés, on verra qu'a l'ouverture do l'abdomen, il doit se faire une sorte de déplétion dans toute l'élenduo de la veine porte et particuliè- rement dans les gros troncs : cette espèce de vide aspire le sang du t'oie et des autres organes avec d'autant plus de facilité qu'il n'y a pas de valvules pour empêcher la marche rétrograde du sang. Je n'insiste du reste pas da- vantage sur ce point, sur lequel j'aurai l'occasion de revenir dans d'autres circonstances. J'indique seulement que, dans mes expériences, la présence du sucre dans la veine porte doit être regardée comme accidentelle ; car j'ai pu l'éviter après en avoir connu la cause, en plaçant une ligature sur la veine porte à son entrée dans le foie, avant d'opérer le débriJement ou réventration de l'animal. D'où il suit qu'à l'état physiologique, il n'existe pas de sucre dans le sang qui entre dans le foie. En résumé, par cette deuxième série d'expériences, nous avons appris qu'il existe du sucre en grande quantité dans le foie ; que ce sucre se dis- sout ou se mélange avec le sang qui traverse le foie, et se trouve ainsi ap- porté par les veines sus-hépatiques et la veine cave inférieure dans le cœur droit, où on le rencontre constamment. 3» série d'expériences. — Les faits exposés précédemment nous ont amené à trouver une source de sucre dans les animaux. Cette découverte nous paraît trop importante pour que nous ne l'entourions pas de toutes les garanties possibles. Nous allons donc indiquer les procédés que uous avons mis en usage pour la recherche du sucre, afin que chacun puisse être à même de répéter les expériences, s'il le juge convenable. 1° Recherches du sucre dans le foie, — 11 suffit de prendre une cer- taine quantité du tissu du foie, de le broyer dans un mortier ou autrement, après quoi on le fait bouillir pendant quelques instants avec une petite quantité d'eau, puis on filtre pour obtenir le liquide de la décoction. Ce dé- coctum, qui ordinairement présente un aspect opalin, possède tous les ca- ractères d'un liquide sucré. Il brunit lorsqu'on le fait bouillir avoc la po- tasse, et il réduit, dans de semblables circonstances, le tartrate double de potasse et le cuivre. Si l'on ajoute de la levure de bière avec une tempéra- ture convenable, au bout de très-peu de temps la fermentation s'établit et marche activement. On constate que c'est de l'acide carbonique qui se dé- 128 gage, et lorsque la fermentation est achevée, si l'on distille le liquide res- tant, on obtient de l'alcool qui, suffisamment concentré par plusieurs dis- tillations, s'enflamme et se reconnaît à tous ses caractères. Les proportions considérables de sucre qui se montrent dans le foie par les réactions ci-dessus iudiquées font penser qu'on peut arriver, en prenant une quantité assez considérable de. l'organe, à en extraire le sucre en na- ture. Le procédé le plus simple consisterait à prendre des décoctions ou macérations de foie suffisamment concentrées, à les traiter par l'alcool pour réparer les matières albuminoides, puis à évaporer rapidement à une cha- leur douce jusqu'à consistance sirupeuse convenable pour obtenir la cris- tallisation. En opérant de cette manière ou par d'autres moyens analogues, i! a bien été possible d'obtenir la concentration des liqueurs sucrées, mais jamais la cristallisation n'a pu s'effectuer. Cela vient de ce que le tissu du foie, outre de grandes quantités de matières grasses et albumineuses, con- tient encore des proportions énormes de sels et particulièrement de chlo- rure de sodium. Si, par l'eau d'abord et ensuite par l'alcool suffisamment rectifié, on se débarrasse des premières substances, il devient extrêmement difficile d'opérer la séparation des sels qui, restant dans la dissolution su- crée, empêchent la cristallisation du sucre et constituent une véritable mé- lasse. Il serait peut-être d'un grand intérêt pour les chimistes de pouvoir séparer et analyser le sucre du foie ; mais, à mon point de vue, la chose ne me semble pas indispensable, parce que l'ensemble des caractères que nous avons donnés, surtout la fermentation avec formation d'acide carbo- nique et d'alcool, me parait plus que suffisant pour établir l'existence du sucre dans le foie. Lorsqu'on s'est livré à la recherche du sucre dans le foie, et lorsqu'on voit cette substance y exister en telle abondance que rien n'est si simple et si facile que d'en constater la présence par la fermentation, on resle surpris que ce fait soit resté si longtemps inconnu. I,e foie est, en effet, chose bien vulgaire, et il suffit de prendre un morceau de cet organe chez un tripier pourvoir tout ce que nous avons dit plus haut. Il est cependant une chose qui aurait dû frapper : c'est l'amertume extrême de la bile (1) et la saveur particulière sucrée du tissu du foie. Il est évident que l'amertume de la bile contenue dans les conduits hépatiques est tempérée ou masquée par le (1) La bile ne contient pas de sucre; la matière décrite sous le nom de sucre biliaire est un autre principe. 129 sucre du foie, et on peut dire avec justesse que dans cet organe le miel se trouve à côté du fiel. La recherche du sucre dans le saug se fait très-simplement. Lorsque le sang est extrait du cœur eu des vaisseaux, je le laisse coaguler, et prenant dans un tube fermé par un bout une partie du sérum qui s'est séparé, j'y ajoute environ un sixième en volume de tarlrate double de cuivre et de po- tasse ; puis, faisant bouillir le mélange, il s'opère une réduction de sel de cuivre proportionnel à la quantité de sucre contenu dans le sérum. Ce mode d'opérer, très simple et très-rapide, dénote les moindres traces du sucre. Quand oo opère en faisant des expériences comparâmes, on pourrait à la rigueur s'en tenir à ce caractère. Cependant, si l'on désirait avoir plus de sécurité, on ajouterait de la levure de bière au sérum, et on recueillerait le gaz dans un appareil approprié. Si la quantité de sucre dans le sérum n'était pas assez considérable pour donner des produits de fermentation assez nets, on coaguierait une suilisante quantité de sérum par l'alcool, puis on traiterait la dissolution alcoolique iiltrée et concentrée convena- blement. Il est un point qu'on ne doit jamais perdre de vue quand on re- cherche le sucre dans le sang, c'est que ce principe s'y détruit spontané- ment avec une grande rapidité, de sorte qu'il faut agir sur le sérum aussi vite que possible et immédiatement après sa séparation. Si l'on voulait pré- venir la destruction du sucre, on n'aurait qu'à coaguler le sang au sortir des vaisseaux par de l'aicool ou de l'acétate de plomb ; alors la matière su- crée se conserverait parfaitement intacte dans la dissolution d'alcool ou d'acétate de plomb. Nous devons actuellement nous prononcer sur l'espèce de sucre qu'on rencontre dans le foie et dans le sang. En rappelant les réactions qu'il nous a offprtes, on peut conclure que ce n'est ni du sucre de lait ni du sucre de canne. Ce n'est pas du sucre de canne, parce qu'il brunit par la potasse et réduit les sels de cuivre ; Ce n'est pas du sucre de lait, parce qu'il fermente avec une grande rapidité. Resterait donc le sucre de raisin ou glucose, dont le sucre de foie nous a présenté les caractères chimiques, quoique cependant il en diffère au point de vue physiologique. Plus tard, dans un travail qui suivra celui-ci, en m'occupaut du mécanisme par lequel le sucre se détruit dans le sang, je montrerai que le sucre de diabète, qui a été con- sidéré comme chimiquement identique au sucre de raisin (glucose), en diffère notablement par certains caractères physiologiques. Or, je puis le dire par anticip alion, le sucre qu'on rencontre dans le foie est du sucre de diabète. 130 Quatrième série d'expériences. — Nous gavons maintenant que le sucre qu'on rencontre dans les corps des animaux se trouve spécialement concentré dans leur foie. Mais d'où provient-il définitivement? A cet égard, deux suppositions peuvent être faites : ou bien il résulte directement d'une transformation particulière de certains éléments du foie, ou bien on peut encore admettre que le sucre est seulement déposé ou accumulé dans l'or- gane hépatique par suite des alimentations anciennes. En effet, les animaux nourris avec la viande ou mis à l'abstinence avaient sans doute, dira-t-on, mangé précédemment du pain ou du sucre, et comme ces substances, ab- sorbées par la veine porte, ont dû de toute nécessité traverser le tissu du foie, on pourrait supposer, dis-je, que le foie aurait retenu en partie la ma- tière sucrée. Pour corroborer cette manière de voir, on rappellerait que le foie a la propriété de retenir ainsi l'arsenic et certains autres poisons mé- talliques, etc. Sans nier que le foie puisse jouer dans quelques cas le rôle d'organe condensateur, je dois dire que les expériences qui suivent éloi- gnent cette explication. Exr. I. — Un chien adulte et bien portant a ete mis à l'abstinence d'aliments solides et liquides pendant huit jours; après ce temps, l'animal a été nourri durant onze jours abondamment et exclusivement avec de la viande cuite (tête de mouton). Le dix-neuvième jour de sa séquestration, l'animal a été tué, en pleine digestion. Son sang contenait beaucoup de sucre, et le tissu du foie en fournissait des quantités tout aussi abondantes que dans nos premières expé- riences. J'ai réitéré cette expérience trois fois de la même manière avec des ré- sultats semblables. Ces expériences ne permettent plus, ce me semble, de penser que le foie ne fait que retenir le sucre des aiiments, car après dix-neuf jouis son élimi- nation aurait certainement dû être effectuée. Les faits suivants prouvent en effet que cette élimination est très-rapide. Exp. II. — Sur un lapin adulte et vigoureux, en pleine digestion d'berbes et de carottes, j'ai coupé les deux pneumogastriques dans la région moyenne du cou. Dix-sept heures après, l'animal fut trouvé mortel encore chaud. Je lis son autopsie avec soin, et je ne trouvai pas de trace de sucre ni dans le sang ni dans le foie. La bile, qui est habituellement alcaline chez ces animaux, était très-nettement acide et verdâtre. Exr. III. — Sur un chien adulte et vigoureux, en pleine digestion, je coupai les deux nerfs pneumogastriques dans la région moyenne du cou. Le chien mourut le deuxième jour, et son foie ni son sang, examinés aussitôt après la 131 mort, ne dénotèrent aux réactifs la présence du sucre. La bile contenue dans sa vésicule était également acide. L'effet de cette section des nerfs pneumogastriques sur les fonctions du foie, si le résultat se maintient en répétant les expériences, me parait ex- cessivement remarquable. Il en résulterait, en effet, que cette formation de sacre dans le foie, qui est évidemment un fait chimique, se trouve directe- ment liée à l'influence du système nerveux. D'une autre part, ces expé- riences prouvent que l'élimination du sucre antérieurement contenu dans le foie a dû se faire très-rapidement, car alors on n'en trouve plus d'une manière sensible, lors même que les animaux en ont dans l'e6tomac (exp. 2). S'il était nécessaire de démontrer, par de nouveaux arguments, que la formation du sucre hépatique est indépendante des aliments, je dirais que j'ai constaté, sur de jeunes veaux pris aux abattoirs, que le sucre existe dans le foie en très-grande proportion pendant la vie intra-utérine. Toute- fois, ce n'est que vers le quatrième ou cinquième mois de la vie intra-uté- rine, que cette présence du sucre commence à se manifester dan6 le foie, et la proportion de ce principe augmente à mesure qu'on approche de la naissance. De tout cela, je crois donc pouvoir conclure que le sucre se forme dans le foie, et que cet organe est en môme temps le siège et V origine de la matière Bucrée chez les animaux. CONCLUSIONS ET RÉFLEXIONS. Les conclusions qui me paraissent découler des faits contenus dans ce mémoire sont : 1° Qu'à l'état physiologique, il existe constamment et normalement du sucre de diabète dans le sang du cœur (1) et dans le foie de l'homme et des animaux ; 2" Que la formation de ce sucre a lieu dans le foie, et qu'elle est indépen- dante d'une alimentation sucrée ou amylacée ; 3° Que cette formation du sucre dans le foie commence à s'opérer dans l'animal avant la naissance, par conséquent avant l'ingestion directe des aliments ; (t) Nous verrons ultérieurement, en parlant de la destruction du sucre, qu'il peut avoir disparu avant d'arriver dans les veines superficielles du corps où l'on pratique habituellement la saignée. 132 W Que cette production de matière sucrée, qui serait une des fonctions du foie, parait liée à l'intégrité des nerfs pneumogastriques. 11 est évident que devant ces faits, cette loi, que les animaux ne créent aucun principe immédiat, mais ne font que détruire ceux qui leur sont fournis par les végétaux, doit cesser d'être vraie, puisqu'en effet les ani- maux, à l'état physiologique, peuvent, comme des végétaux, créer et dé- truire le sucre. De ce que l'organisme animal produit du sucre sans faire intervenir l'a- midon, ce que les moyens chimiques connus ne nous permettent pas de faire, je n'en conclurai pas qu'il faut diminuer l'importance des connais- sances chimiques dans l'étude des phénomènes de la vie. Je suis, au con- traire, de ceux qui apprécient le plus tous les progrès que la chimie orga- nique moderne a fait faire à la physiologie ; seulement je pense, ainsi que j'ai déjà eu occasion de le dire (1), que, pour éviter l'erreur et rendre tous les services dont elle est capable, la chimie ne doit jamais s'aventurer seule dans l'examen des fonctions animales. Je pense qu'elle seule est apte, dans beaucoup de cas, à résoudre des difficultés qui arrêtent la physiologie; mais elle ne peut pas la devancer, et je pense enfin que, dans aucun cas, la chi- mie ne doit se croire autorisée à restreindre les ressources de la nature, que nous ne connaissons pas, aux limites des faits ou des procédés qui consti- tuent nos connaissances de laboratoire, La question de l'origine du sucre dans les animaux, que nous venons d'examiner dans ce travail, est encore loin de nous être connue dans tous ses éléments. En effet, si nous possédons déjà des résultats bien positifs, il y a, d'un autre côté, des faits à élucider. Nous devons indiquer ces /aits, afin de les signaler à l'étude et de montrer toute l'étendue de notre sujet, que nous n'avons fait qu'aborder dans ce premier travail. D'après ce que nous avons dit sur l'existence du sucre dans le foie, il ne faudrait pas croire qu'en allant dans un amphithéâtre et qu'en prenant le foie d'un cadavre, on y trouverait sûrement du sucre. Il existe, en effet, un grand nombre de maladies daus lesquelles le sucre disparait et ne se retrouve plus dans le foie après la mort. Chez les diabétiques, on sait que le sucre disparait des urines daus les derniers temps de la vie ; il disparaît également du foie, car le foie d'un diabétique que j'ai eu l'occasion d'exa- (1) EXPÉRIENCES SUR LES MANIFESTATIONS CHIMIQUES DIVERSES DES SUBSTAN- CES INTRODUITES DANS L'ORGANISME. (ARCHIVES GÉNÊR. DE MED., quatrième série, 1848, t. XVI.) 133 miner sous ce rapport ne contenait pas de sucre. J'ai recherché le sucre dans les cadavres de dix-huit sujets morts de maladies différentes : il en est qui m'ont offert des proportions diverses de sucre, il en est d'autres qui n'en contenaient aucune trace. Mes observations sur ce point ne sont pas assez nombreuses pour que je puisse décider s'il y a des maladies où le sucre disparaît constamment, tandis qu'il persisterait dans d'autres. Chez les animaux affaiblis par une très-longue abstinence, devenus malades ou morts de maladies, le sucre diminue souvent d'une manière considérable ou même disparaît complètement. Tous les foies des animaux de boucherie doivent donc contenir beaucoup de sucre, s'ils ont été tués dans des con- ditions convenables. Les foies pris chez les tripiers m'ont toujours présenté une grande quantité de sucre. Enfin il est une question que nous devrons examiner avec soin : c'est de savoir s'il existe du sucre en même proportion chez toutes les classes d'animaux pris dans des conditions semblables. Je puis déjà affirmer qu'il paraît y avoir des différences à cet égard : 1° chez les oiseaux (poulet, pigeon), la proportion de sucre est très -considérable ; 2° chez les mammifères (chien, lapin, porc, bœuf, veau, cheval), la pro- portion du sucre est également très-considérable ; 3° chez les reptiles (gre- nouille, lézard), la quantité de sucre trouvée dans le foie est très-faible ; 4<> dans les poissons, chez la raie et l'anguille, dont j'ai examiné le foie à l'état aussi frais que possible, je n'ai pas trouvé la moindre trace de sucre. D'où vient cette disparition de sucre chez certains animaux à sang froid ? Cela tiendrait-il à l'énergie moins grande des phénomènes respiratoires, qui, ainsi que nous le verrons ultérieurement, sont dans un rapport très-intime avec la formation du sucre dans le foie ? MÉMOIRE SUR LA TRANSMISSION DE LA SYPHILIS DES NOUVEAU-NÉS AUX NOURRICES) PAR E. BOUCHUT, Médecin des hôpitaux de Paris. Le fait de la transmission des accidents syphilitiques des nouveau-nés aux personnes qui les entourent, et particulièrement aux nourrices char- gées de les élever et de les nourrir, n'est pas généralement admis. On y croit, mais on ne saurait le, défendre contre ceux qui voudraient nier son existence. C'est peut-être une opinion, mais ce n'est pas encore une vérité. Cependant c'est là une question grave, et dont la solution intéresse vive- ment l'hygiène publique et la jurisprudence médicale. Il n'importe pas moins de prévenir l'infection syphilitique des nourrices mercenaires dans les bureaux de location, par le refus des enfants suspects, que de faire in- demniser celle qui a bien réellement contracté la syphilis d'un nourrisson infecté. Nul doute qu'un enfant infecté de syphilis primitive, résultant du con- tact d'une personne étrangère infectée, ne puisse, a son tour, transmettre 136 l'infection à sa nourrice. C'est là un fait qui n'a rien que de très-naturel, qui rentre dans les lois ordinaires de la contagion syphilitique, et qui ne saurait être contesté. Mais la syphilis congéniale, mais la syphilis héréditaire, qui n'a pour ma- nifestation que des accidents secondaires souvent mal déterminés, peut- elle se transmettre à la nourrice? Voilà la vraie question, question difficile que nous avons pris à tâche de résoudre en utilisant le petit nombre de faits que la science a mis à notre disposition. On a déjà, depuis longtemps, signalé la possibilité de la transmission des accidents syphilitiques du nouveau-né à la nourrice. Cette assertion se retrouve dans les écrits de quelques-uns de nos plus anciens syphiliogra- phes; mais soit que chez eux cette idée résultât d'une conviction théorique plutôt que d'une étude attentive des faits, ils semblent ne pas -y avoir ajouté beaucoup d'importance. En 1523, Jacques Catanée, disait : /'idimus plures infantulos lacten- tes, tali morbo infectos, plures nutricesinfecisse . (Tractatus de morbo gallico.) Plus tard, Nicolas Massa exprimait la même opinion, sans plus de preuves, et accidentellement, tout en parlant d'autre chose, absolument comme Faguer, Doublet et Bertin à notre époque, dans leurs mémoires sur la maladie vénérienne des nouveaux-nés. Quoique légèrement données, ces indications n'en sont pas moins dignes d'intérêt; elles prouvent au moins que des remarques judicieuses, vérifiées par le temps, ont été faites sur le sujet. Bertin surtout, dont l'ouvrage est fort important, signale le fait de con- tagion syphilitique des nourrissons à la nourrice de la manière la plus ex- plicite. C'est une des propositions du début de son livre, et l'on est tout étonné de ne plus en trouver le développement daus le cours de la disserta- tion qui ne renferme qu'un fait à cet égard, encore est-il moins certain que probable. Cullerier a essayé de réparer l'omission de Berlin, et dans ce but, il a publié dans le Journal de médecine un mémoire spécial, suivi de cinq observations à l'appui. Malheureument uue seule d'entre elles justifie son titre, et il serait difficile de juger dans les autres si c'est l'enfant qui a in- fecté la nourrice, ou si, au contraire, c'est la nourrice qui a infecté son nourrisson. Néanmoins ce travail accuse nettement l'opinion de son auteur, et l'observation qui reste pour lui servir de base ne saurait être attaquée. C'est une fille de deux mois, issue de parents syphilitiques et confiée à une nourrice mercenaire. Des pustules commençaient à se développer sur les grandes lèvres et à l'anus. La nourrice, bien portante, n'avait alors rien aux 137 mamelons, ni aux parties génitales, ni sur le corps. Au bout de huit jours les symptômes s'étaient développés chez l'enfant, et les seins de la nourrice présentaient des ulcérations. L'enfant fut aussitôt retirée, et Ton donna une indemnité à la nourrice pour se faire guérir. Il y a quelques années, M. Bouchacourt a publié une observation ana- logue rapportée par le Revue médicale, et il en a tiré la juste conclusion que la syphilis d'un nouveau-né pouvait se transmettre à sa nourrice. Voici le fait : Obs. I. — Un enfant de deux mois, nourri jusqu'alors par une jeune femme, qui, au bout de quelque» jours, était tombée malade et avait présenté des ulcères aux deux seins, des glandes engorgées au col et à la tête, fut repris par ses parents pour être offert à une seconde nourrice. Il avait alors la face gonflée couverte de boutons, les narines obstruées par la suppuration, et il ne pouvait crier. La nourrice qui le recevait était bien portante, mère de quatre enfants, et son dernier, âgé d'un an, était en très-bonne santé. Après six semaines de lactation , cette femme, à son tour , vit apparaître de petites pustules, des crevasses et des ulcères autour du mamelon gauche; les glandes de l'aisselle s'engorgèrent, l'une d'elles devint dure et douloureuse ; son propre enfant eut bientôt le visage couvert de pustules , les lèvres excoriées ; il eut une ophthalmie purulente et plus tard des pustules sur le dos, sur la nuque, sur la poitrine et autour de l'anus. Sa fille aînée, âgée de douze ans, qui soignait et embrassait maintes fois par jour le nourrisson étranger, fut aussi affectée ; elle fut prise d'une inflammation vive de la bouche avec ulcération de la muqueuse buccale. La nourrice 8e fait traiter, on examine ses parties génitales, celles de son mari, qui ne présentent aucune altération ni aucune cicatrice. Cependant les méde- cins sont d'accord ; il n'y a point de doute sur l'existence d'une affection syphi- litique ; on la traite comme telle et elle guérit. Voilà donc un enfant qui infecte successivement ses deux nourrices, et qui est en même temps l'occasion d'une infection semblable chez deux personnes étrangères en rapport avec lui. Nous rapprocherons de ce premier fait trois observations publiées par le docteur John Egan, dans le Journal de Dublin ; quoique incomplètes sous beaucoup de rapports, elles n'en sont pas moins propres à éclairer la ques- tions que nous agitons dans ce mémoire. ULCÈRE AU SEIN ; ÉRUPTION PUSTULEUSE (SLOUGHWG) ; ÉROSION A LA PAROI POSTERIEURE DU PHARYNX ; INOCULATION ; RÉSULTAT NÉGATIF. Obs IL — Rose Mac-Avenney, 3A ans, d'une vie régulière, mariée et mère 12 138 de fois enfants. Scn mari est d'une conduite irréprochable. Entrée le I" juin 184*. Celte femme déclare qu'au mois de décembre dernier elle fut chargée comme nourrice d'un enfant de sept semaines qui paraissait jouir d'une santé parfaire. Au bout d'une semaine une éruption se déclara d'abord aux nates. Puis à la partie interne des cuisses cette éruption disparut et reparut plusieurs fois. Ce fut le seul symptôme de maladie qu'elle éprouva jusqu'à H y a deux mois; depuis lors elle eut mal à la bouche et la muqueuse avait une tendance à se détacher des lèvres. Jusqu'à cette époque elle avait continué à allaiter son en- fant sans y voir le moindre danger pour elle, et bien qu'on eût insisté pour qu'elle y renonçât. On aperçoit à la partie interne des cuisses et des bras de l'enfant une érup- tion écailleuse peu prononcée; quelques taches sont disséminées sur son corps ; il n'existe aucune excroissance, condylomatous, ni aucune autre affection au voisinage de l'anus ou du vagin, et la bouche est parfaitement guérie. Un ulcère delà grandeur d'un noyau de prune, de forme irrégulière, à bords inégaux et légèrement renversés, se voit sur la droite du mamelon gauche de la nourrice. Il se forma peu de jours après que la bouche de L'enfant devint ma- lade, en commençant par une simple crevasse qui a toujours été en s'agrandis- sanL II est indolent. Les ganglions du voisinage n'ont point augmenté de vo- lume. Depuis huit jours, elle se plaint de mal de gorge, une congénère cryp- thémateuse se voit à travers « tke back of the favees; » mais ou n'aperçoit au- cune ulcération. Augmentation de vascularilé de la conjonctive palpébrale; sécrétion anormale de la glande ; du reste l'œil est sain. (Inoculation au bras avec du pus de l'ulcère; cinq grains iodile de potassium dans une décoc- tion de salsepareille, trois fois par jour. Le soir, frictions sur les paupières avec pommade au nitrate de mercure ; compresses sur les parties affectées avec le sous-borate de soude et le carbonate de chaux dans parties égales d'esprit rectilié et d'eau. A l'enfant deux grains d'hydrargyrum concreta, deux fois dans les vingt-quatre heures.) U juin. Nourrice. État d? la gorge amélioré ; l'ulcère a meilleure apparence ; douleurs de tête et dans le dos. (Même traitement.) 17 juin. Plus de douleurs; la gorgeest bien ; la conjonctive n'est plus enflammée; les paupières ne sont plus collées ensemble; l'ulcère diminue de grandeur. Effet de l'inoculation nul. L'enfant. L'éruption disparaît ; il e>t généralement mieux. 30 juin. L'ulcère du sein est complètement guéri. L'enfant ne présente plus de vestiges d'éruption ; il paraît parfaitement bien portant. 5 juillet. La malade sort de l'hôpital où elle rentre de nouveau le 10 octobre. Elle n'a pas été bien portante depuis qu'elle a quitté l'hôpital, Peu après sa sortie, des taches cuivrées parurent sur les bras et les cuisses. Elle a pris der- nièrement des pilules qui ont produit le ptyalisme. Sa lace est recouverte d'une 139 éruption pustuleuse de nombreuses pustules occu|»ent également les fesses et la partie supérieure des cuisses. L'orilice du vagin est rempli de pustules blan- châtres aplaties « tvbcrcuiaie A la paroi postérieure du pharynx, on aperçoit des granulations recouvertes d'une couche légère de mucus purulent. La déglutition est dillicile et doulou- reuse; l'appétit t.st nul ; la voix est couverte; mais il n'y a pas aphonie; dou- leurs dans les articulations des genoux ; oppression; sensation d'un poids pe* sant sur le cœur: palpitation; transpiration abondante pendant la nuit qui produit un soulagement considérable. Amaigrissement considérable depuis que la malade a quitté l'hôpital ; le pouls est à 120, petit et faible; gencives molles. L'enfant est mort il y a six semaines, à la suite d'une diarrhée prolongée. Le pharynx est touché avec le nitrate acide de mercure. La malade est de nouveau soumise à l'hydrodate de potasse avec la décoction concentrée de sal- separeille. A l'aide de ce traitement et d'un régime constant, la convalescence fut lente, mais régulière. Il y eut desquammation de la peau; l'embonpoint revint rapide- ment, et la gorge fut complètement guérie le 24 février lorsqu'elle fut ren- voyée. La malade eut encore une récidive du mal de gorge pour laquelle elle vint se faire traiter à l'hôpital. ULCÈRE AU SEIN; ÉRUPTION ÉCAlIXEUSE ; ULCÈRE RONGEANT DES AMYGDALES. Obs. III. — La femme Henry Finn, 36 ans, de mœurs irréprochables, mariée et mère de quatre enfants, entrée le 14 mars 1845, fut chargée comme nour- rice, il y a un a»-, d'un enfant de.six semaines paraissant parfaitement bien por- tant. Au bout d'un mois une éruption ayant paru sur le corps de l'enfant, elle réclama de suite les soins d'un médecin. Mon ami le docteur Isdall fut consulté, et soupçonnant une aflection syphilitique il prescrivit les antisypbilitiques et recommanda à cette femme de renoncer à son nourrisson. Cependant elle ne tint aucun compte de cet avis, et croyant s'apercevoir que l'état de l'enfant s'améliorait sous l'influence du traitement qu'elle suivait, elle continua à l'allai- ter (l'éruption avait presque disparu alors) jusqu'à il y a six semaines sans en éprouver le moindre inconvénient, bien que. l'éruption ait reparu à plusieurs re- prises. A celte époque, elle remarqua quelques pustules sur la langue et le pa- lais de son enfant et une salivation abondante; peu après ses lèvres se ger- cèrent. Ne l'ayant pas amené avec elle, l'enfant n'a pas été examiné. A chaque sein, elle porte un petit ulcère. Celui du côté droit est immédiate- ment au-dessus du mamelon, et offre le diamètre d'un pois. Celui du côté gau- che est un peu moins étendu ; il se trouve sur le mamelon même, à sa partie supérieure. Ces ulcères fournissaient un peu de pus, mais ne jettent plus dans IZiO ce moment. Elle a pris pour seul traitement et dans la dernière quinzaine 4 pr- iâtes (supposées raercurielles). C'est à peu près à cette époque qu'il s'est déclaré une éruption d'ahord à la partie postérieure des avant-bras, aux poignets, puis successivement au cou et au firent ; elle est de nature éeailleuse et bien caractérisée. Mal de gorge; dé- glutition difiieile. La voûte palatine (uvula) et les amygdales sont très-enflam- mées. La paroi postérieure du pharynx présente une apparence morbide. (1 grain proto-iodite de mereure avec un demi-grain d'extrart de ciguë en pilules, trois fois par jour.) 10 mars. L'inflammation de la gorge a presque cédé; la déglutition est deve- nue facile ; la pnroi postérieure du pharynx plus pâle que dans l'état normal. Le» ulcères ont pris un bon aspect; la bouche est guérie. 21. Les ulcères du sein ont beaucoup diminué d'étendue; commencement de desquammation delà peau. 24. Ulcères presque guéris. L'éruption disparaît. La bouche malade par l'ef- fet du mercure. (Supprimé les pilules; gargarisme alumine; un bain tiède.) 7 avril. Exeat. 16. Rentrée à l'hôpital pour mal à la gorge. A la partie postérieure de l'a- mygdale du côté droit, il existe un ulcère (uvula et vélum) très-relâché, mais pas enflammé. La voix est très-altérée. Elle parle très-bas. L'éruption a reparu sur quelques points du bras. (5 grains d'iodite de potassium dans la décoction concentrée de salsepareille, trois fois par jour ; pédiluve.) Sous l'influence de ce traitement, la convalescence se Ut régulièrement, et la malade est renvoyée guérie le 30 juin. Le troisième et dernier cas que je vais citer diffère des deux précédent» en ce que la malade fut employée seulement comme domestique. Son âge, d'ailleurs, ne lui permettait plus d'être nourrice. ÉCORC.HUBE PAR LAQUELLE LE VIRUS PARAÎT AVOFR PÉNÉTRÉ DANS L'ORGANtSHE ; ÉRUPTION DE NATURE DOUTEUSE ET SUSPECTE. Obs. IV. — Élisa Walsh,60 ans, de mœurs sobres, veuve depuis sept ans, mère de neuf enfants, entrée le 25 avril 1845. 11 y a trois mois qu'elle prit en sevrage un enfant de mauvaise santé qui avait mal autour des « nates » et de la bouche. La bouche était d'une couleur bru- nâtre et laissait échapper une abondante salive. Un jour, elle fut égratignée au cou, sans pouvoir dire si ce fat par une épingle ou les ongles de l'enfant. Ëtank d:ins l'habitude de faire reposer la face de l'enfant sur cette partie afin de l'en- dormir, elle suppose que c'est par le contact de sa bouche avec l'égratignure que l'infection lui a été communiquée. On voit régner le long du bord inférieur de la clavicule droite une écorchure d'environ un demi-pouce d'étendue, entourée 141 d'une rougeur érysipélateuse qui se perd insensiblement daus les tissus voisins. Le cou et les bras sont recouverts d'une éruption dont on ne peut définir le ca- ractère, attendu qu'elle est en voie de desquainmation. Elle soutire maintenant des eflets d'une abondante salivation produite par des pilules qui lui ont été pres- crites au dispensaire. (Gargarisme alumine.) Les dents étant ébranlées et la mastication impossible, on lui donne pour nour- riture de la bouillie. 30 avril. Salivation moins abondante. L'éruption continue de s'effacer. (5 grains d'iodure de potassium daus une décoction de salsepareille, trois fois 1« jour.) 2 mai. « Faslor >» mercurielte presque insupportable. (Gargarisme avec le cbloride de chaux.) 5 mai. a Fœlor » beaucoup diminuée ; salivation moins abondante. L'éruption disparaît 12 mai. Bouche parfaitement bien, La salivation ayant cessé. La desquainma- tion continue. La malade se sent sous tous les rapports beaucoup mieux. (Ou cesse le gargarisme et on continue l'iodide de potassium.) 19 mai. Éruption presque entièrement disparue, à l'exception de quelques points seulement, qui ont paru sur le bras gauche la semaine dernière. Rien de remarquable jusqu'au k août, où la malade fut renvoyée guérie. J'arrive à des faits plus importants. En voici un qui m'a été communiqué par M. Rayer. Obs. V — Au commencement de cette année, uu médecin de Paris adressa à M. Rayer une jeune femme atteinte d'accidents secondaires de la syphilis, à savoir: d'une éruption de taches cuivreuses, situées spécialement sur le tronc, sur le front et dans les cheveux, de tubercules plats au pourtour des mamelons des seins, au nombre de deux sur chacun, de ganglions hmphatiques engorgés sous les aisselles et à la nuque, et enfin d'une ulcération au voile du palais. D'après les renseignements donnés à M. Rayer, cette jeune femme, d'une bonne conduite et mariée à un honnête artisan, était accouchée plusieurs mois auparavant d'un enfant bien portant, étant elle-même en très-bonne santé. Quelques semaines après ses couches, elle avait perdu son enfant en quelques jours, et d'une maladie aiguë ; elle se serait alors chargée d'un nourrisson qui avait des boutons aux fesses et aux bourses, des éeorchurps aux commissures des lèvres, et un écoulement puriforme entre les paupières. Une huitaine de jour» après avoir commencé ce nouvel allaitement, il survint aux deux mamelons de cette femme des boutons suivis d'ulcération qui rendirent l'allaitement difficile; les glandes de l'aisselle s'engorgèrent, mais le nourrisson (dont l'éruption et l'ophlnalmie avaient persisté) ne tarda pas à succomber. Les ulcérations deu seius finirent par guf rir au bout- -d'un mois environ par le seul emploi de lotions ili'2 adoucissantes. Mai* un mois eldemi plus tard, une éruption survint à la peau, de petites plaques en forme de tubercules se montrèrent aux mamelons, et, ainsi que nous l'avons dit, une ulcération se déclara dans la gorg« : traitée par la tisane de FelU et les pilules de Sédillot, à la dose de 2, pufsde i par jour, l'érup- tion syphilitique et l'ulcération de la gorge avaient entièrement disparu au bout d'un mois de ce traitement. Il fut encore continué pendant quelque temps pour consolider la guérison. Dans ce cas, la probabilité de la transmission de la syphilis du nourrisson a la noorrice est grande , le médecin a affirmé que cette femme et son mari étaient bien portants à l'époque où cette femme est accouchée; que Ten- ant qu'elle avait mis au monde était sain et exempt d'éruption ; que le nourrisson qu'elle a pris avait une éruption de pustules aux fesses et une ophthalmie purulente ; que des ulcérations se sont d'abord déclarées aux mamelons ; que les ganglions lymphatiques des aisselles se sont ensuite engorgés ; que ceux des aines étaient parfaitement sains ; que l'éruplion syphilitique et l'ulcération de la gorge se sont déclarés un mois et demi en- viron après les excoriations du mamelon. Ce sont là, je le répète, de grandes probabilités : mais dans le cas où cette femme aurait intenté une action en dommages et intérêts au père du nourrisson, le médecin légiste consulté aurait dû certainement se demander si celte femme n'avait pas pu con- tracter la syphilis par les parties génitales avant ou après l'accouchement ; une déclaration attestant la moralité du mari n'eût pas suffi ; il eût fallu l'examiner et rechercher s'il n'existait pas de cicatrices suspectes aux or- ganes de la génération ou aux aines ; il eût été indispensable surtout de faire un examen tout particulier des parties génitales de cette pauvre femme. Toutefois, nous le répétons, la maladie du nourrisson et la marche de la maladie chez la femme (en supposant exacts les renseignements trans- mis à cet égard) rendent très-probable, dans ce cas, la transmission de la syphilis du nourrisson à la nourrice. Voici un autre fait que j'ai observé dans le service de M. Bayer. C'est un cas de syphilis recueilli chez une femme qui a allaité un enfant suspect; mais les preuves de la transmission de la maladie par le nourrisson ne sont pas très-évidentes. Oui. VI. — Une femme âgée de 28 ans, mariée, entra dans le service de M. Rayer à l'hôpital de la Charité, le 29 janvier 1848. Habituellement bien por- tante et mariée depuis plusieurs années, elle affirma qu'elle et son mari n'avaient jamais eu aux parties génitales ni boutons ni écoulement. Il v a tiuze mois, elle accoucha de deux jumeaux, dont une tille qui a vécu I&3 qua'.i e jouis, et an garçori qu'elle a nom il pendant sept mois. A cette dernière époque elle prit un nourrisson (nouveau-né) qu'elle allaita concurremment avee son enfant. Le nourrisson paraissait sain lorsqu'elle s'en chargea; mais quinze jours après, elle s'aperçut qu'il avait à sa lèvre supérieure, et aux deux commis- sures labiales, des gerçures, des boutons qui suintaient, puis il en survint sur toute la ligure de cet enfant ; les yeux pleuraient, les paupières étaient collées et il s'écoulait du nez une humeur roussâtrc ; il y avait des croûtes aux orifices des fosses nasales ; puis il s'en forma aux fesses et aux jambes. 11 sortait de ces bou- tons et de ces croûtes, disait cette femme, du sang gâté. Elle nourrit cet enfant pendant 6ept semaines; il mourut en octobre 1847. Pendant les sept semaines elle avait continué de se bien porter. Quinze jours après la mort de son nourrisson , cette femme s'aperçut qu'il lui était venu de petites élevures rouges autour du mamelon; ces élevures s'ex- corièrent et fournirent uue matière sanguinolente; en deux ou trois jours les mamelons se gercèrent et elle fut obligée de cesser de nourrir son propre en- fant , qui lui parut souffrir de la gorge , avalant difficilement, mais n'offrant ni boutons ni taches sur le corps. Huit jours environ après l'apparition des élevures au pourtour du mamelon , les ganglions des aisselles s'engorgèrent, devinrent très-douloureux et rendi- rent impossibles les mouvements des bras : en même temps il parut sur tout le corps comme une éruption de rougeole, qui disparut en trois ou quatre jours, pour être remplacée par celle qui existait encore au moment de l'entrée à l'hôpital, et qui offrait les caractères de la syphilide squammeuse (psoriasis syphiliquej. Cette éruption, d'abord limitée au cou, aux épaules et la poitrine, a, plus lard, gagné le cuir chevelu ; les cheveux ont commencé à tomber et les ganglions cervicaux se sont tuméfiés, Il n'y a jamais eu d'engorgement des ganglions lymphatiques des aines. Lors de l'entrée à l'hôpital , les plaques syphilitiques étaient très-nom- breuses sur le dos, et il existait plusieurs ulcérations syphilitiques au fond de la bouche. Cette femme fut mise à l'usage des pilules de Sédillot et de !a tisane de Feltz. Le 12 mars, les ulcérations de la bouche étaient guéries, les ganglions de la bouche détuméfiés ; l'éruption ne consistait plus qu'en taches légères, semblables à celles qui survivent assez longtemps à la guérison du psoriasis syphilitique. Cette i'cmme passait, auprès du médecin qui lui avait doDné les premiers soins, pour avoir des mœurs irréprochables, et il n'élevait aucun doute sur la transmission de la syphilis par le nourrisson. Toutefois M. Rayer pensa qu'il était indispensable d'examiner avec soin les parties génitales de celle femme, mais elle se refusa, malgré les instances, à cet examen, auquel elle attachait une sorte de honte. On n'a pu examiner ni l'enfant, ni le nourri»- m son qui avaient succombé., ni le mari, qui n'habitait point Paris ; de sorte qu'en résumé ce cas est un des nombreux exemples de syphilis secondaire après allaitement d'un enfant suspect, mais sans preuve bien positive de syphilis chez l'enfant, et par conséquent de transmission évidente à l'ex- clusion de tout autre mode d'infection de la nourrice. Voici un autre fait qui m'appartient et qui est des plus intéressants. Obs. VU. — Il y a quelques jours j'ai vu un enfant de deux mois et demi, nourri par sa mère ; il avait de nombreuses ulcérations, peu profondes, à fond rouge, de grandeur variable, autour de la verge et de l'anus; ces ulcérations étaient semblables à celles qui résultent des excoriations du derme par suite de la malpropreté. — L'enfant n'avait rien sur le corps et dans la bouche ; il était d'ailleurs très-chétif, et sa mère résolut de le conlier à une nourrice de la cam- pagne. Celle-ci, âgée de 25 ans, mère de quatre enfants , le dernier venu ayant un an, n'avait jamais eu d'affections cutanées; — elle vivait sagement à la campagne avec son mari , homme Ue bonne conduite , fort simple, et en qui elle a toute confiance. Quinze jours après avoir reçu ce nourrisson, à l'occasion d'une morsure au sein gauche par son propre enfant, le bout du sein devint malade et s'ulcéra. Plus tard vinrent des boutons sur le corps et à l'extérieur des partir» génitales. Son enfant, qui a continué de téter, a également des boutons aux cuisses et au- tour de l'anus. Épouvantée de ce» accidents survenus après la venue du nourrisson malade qui lui avait été laissé, craignant qu'il n'en fût la cause, et fatiguée de ne pas le voir profiter comme ses enfants propres, elle le rendit à se» parents au bout de deux mois. Elle s'occupa ensuite de se faire guérir, car elle avait des plaques muqueuses au fond de la gorge, des syphilides papuleuses sur tout le corps, de» plaques mu- queuses aux parties génitales externes, — et avec tout cela une ulcération énorme qui a dépouillé de son épidémie tout le mamelon gauche. — J'ai examine le mari qui n'avait rien au corps et aux parties génitales, qui n'avait aucune cicatrice ancienne, et qui assurait n'avoir jamais contracté le mal vénérien, tout en ayant conservé ses relations avec sa femme. Quoi qu'il en soit je prescrivis un traitement anti syphilitique à suivre pen- dant deux mois. Les pilules de Sédillot,deux par jour, en formaient la base, et la malade guérit. Ici la nourrice est infectée, cela ne fait aucun doute ; mais ce qu'il faut déterminer, c'est l'origine du mal. Le mari ue saurait en être responsable, trop heureux pour lui d'avoir traversé le danger sans en éprouver de mal. La femme, il est vrai, pouvait bien avoir été punie par la syphilis d'une 1Ù5 faute qu'elle aurait commise; mais cela ne m'a pas paru probable d'après ses réponses. — Elle a nié le fait, ce qui ne prouve rien, je le sais, mais comme elle ne demandait pas d'argent pour le dommage à elle survenu, comme elle ne semblait pas avoir peur de son mari qu'elle paraissait domi- ner, circonstances qui auraient pu l'engager à dissimuler la cause de son mal, il y a donc lieu d'ajouter foi à ses réponses; de plus, je l'ai interrogée seule, et elle m'a répondu en termes tels qu'il n'y avait pas plus de honte à avouer une faute si elle avait pu la commettre. Elle ne m'a paru rien dé- guiser. Au contraire, un enfant malade et justement suspect arrive; bien- tôt après, elle et son enfant tombent malades, présentent des signes incon- testables de syphilis secondaire, et elle rapporte son mal au contact de l'enfant étranger. Il est infiniment probable que cette femme a raison, du moins je pense comme elle à cet égard ; mais entre cette probabilité, si grande qu'elle soit, et une certitude absolue, il y a encore une immense différence que d'autres faits pourront seuls rapprocher. Tels sont les faits que l'on peut invoquer en faveur de la transmission de la syphilis des enfants nouveau-nés à leur nourrice. Ils n'ont certainement pas tous la même valeur ni le même degré d'importance; ils ne peuvent tous servir également bien à la solution de la question. Il faut pour cela les diviser et les classer selon leur valeur. Quelques-uns, comme ceux de Cullerier et de Bouchacourt, offrent un caractère de certitude qui ne permet pas le doute sur l'origine de la conta- gion : ce sont les plus importants ; d'autres, au contraire, analogues au der- nier exemple que j'ai rapporté, et parmi lesquels nous trouvons ceux de Berlin et de M. Rayer, ne donnent que les plus grandes probabilités en fa- veur de la contagion par l'enfant, mais ne la démontrent pas d'une ma- nière aussi rigoureuse. Un grand nombre, enfin, manquent des plus pré- cieux détails, ne représentent plus qu'une opinion dénuée de preuves, et ne sauraient être admis. C'est en laissant de côté cette dernière catégorie de faits pour ne plus consulter que les deux autres, où se trouvent placés les faits les plus cer- tains et les plus probables, que nous croyons devoir conclure en disant : La syphilis peut se transmettre du nourrisson à la nourrice. REMARQUES SUR UN CAS D'HÉMIPLÉGIE NON CROISÉE AVEC PERSISTANCE DE LA SENSIBILITÉ, e\ déterminé par un tubercule volumineux siégeant clans un des lobes du cervelet ; Par M. TAILHË, Interne des hôpitaux. Plusieurs cas de tubercules du cervelet sont consignés dans les ouvrages de clinique ou dans les recueils périodiques; on a aussi rencontré dans cet organe d'autres tumeurs de diverses espèces, des kystes qui contiennent des matières solides ou liquides de nature très-variable, des masses fibreu- ses ou cancéreuses. L'analomie pathologique pourra peut-être, par la multiplication des faits qu'elle est appelée à fournir, répandre quelque lumière sur les symptômes encore imparfaitement établis des maladies du cervelet et sur sa physiologie, qui a donné lieu à tant d'opinions contradictoires. Je vais rapporter une observation qui a présenté des phénomènes très- remarquables du côté de la sensibilité, et surtout du mouvement. J'ob- 148 serverai auparavant qu'il s'agit de lésions existant uniquement dans le cer- velet, sans altération aucune des hémisphères cérébraux ou de leurs enve- loppes. Obs. — Le nommé Ferrer, militaire, âgé de 37 ans, né à Perpignan, est entré le 7 août 1849, salle Saint-Michel, n° 26, à l'hôpital de la Charité, service de M. Rayer; il est malade depuis deux ans, et surtout depuis trois mois. Mort le 22 novembre, même année. Cet homme, d'une constitution faible, d'un tempérament lymphatique, n'a jamais fait de maladie sérieuse ; il est resté quinze ans en Afrique, jouissant d'une bonne santé, sujet à la toux seulement. A l'âge de 18 ans, il a eu une blennorrhagie assez bénigne, dont il a été guéri en très-peu de temps. Il y a onze ans, il a eu un chancre à la verge, et un bubon dans l'aine qu'il a gardé quatre ou cinq mois. Traité par les préparations mercurielles, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, ce dernier n'a pas suppuré. Il a fait quelques excès vénériens ; sou genre de vie était assez régulier. Il y a deux ans environ, il reçut un coup très-fort sur le derrière de la tête, à la suite duquel se sont déclarées des douleurs siégeaot dans cette partie. Ces douleurs, d'abord faibles et très-supportables, ont accru graduellement d'inten- sité; elles ont gagné le devant de la tête, et surtout les régions temporales. Le cuir chevelu tout entier est devenu excessivement sensible; mais la violence de la douleur a toujours résidé dans la région qui avait été fortement contuse. Le malade n'a pas tardé à s'apercevoir que ses forces l'abandonnaient : il marchait difficilement, en traînant la jambe droite; le membre supérieur droit devint aussi très-faible. Enfin des douleurs se manifestèrent dans le membre in- férieur droit, principalement à la jambe, et ces douleurs étaient quelquefois ac- compagnées de contractions involontaires des muscles du mollet et du pied. Ces derniers phénomènes n'ont point eu lieu dans le membre supérieur du même côté. Depuis trois mois il lui est impossible de se tenir debout sans s'appuyer ; la marche ne peut pas non plus s'effectuer depuis cette époque. Cette dernière ag- gravation, ainsi que lesdoulcuisde tête, qui deviennent de plus en plus intenses, l'engagent à entrer à l'hôpital. 6 août. Les douleurs du derrière de la tête sont très-violentes, et empêchent le malade de dormir. La sensibilité de tout le côlé droit du corps est notablement augmentée, les mouvements des membres du côté droit sont très-bornés; il n'y a point de paralysie faciale. Le cou est roide; la tête est portée en arrière; les yeux sont fixes et presque immobiles dans leurs orbites. Expression de douleur très-grande de la physionomie. L'intelligence est très-nelte. Le malade tousse beaucoup et a craché un ped de sang. L'examen de sa poitrine fait reconnaître l'existence de tubercules et de petites cavernes dans toute l'étendue des deux pou- mons. Le pouls et la chaleur n'offrent rien de spécial. 149 Lb malade a été d'abord soumis à l'action de l'électricité galvanique par M . Brown-Séquard, au moyen de l'appareil de Breton, d'abord dans toute sa force. Voici ce qui a clé remarqué : Les mouvements ont élé constamment beaucoup plus étendus du côté para- lysé que du côté sain. Les conducteurs ont été appliqués successivement sur divers points des membres, et les secousses ont été continuellement plus fortes à droite qu'à gauche. La douleur n'était pas très-vive pendant l'expérimentation, et paraissait égale des deux côtés. En diminuant le courant, j'ai vu sur le membre sain que le doigt médius re- muait à peine. Sur l'autre membre, l'action était des plus manifestes : c'était des mouvements alternatifs de flexion et d'extension des doigts, les premiers beaucoup plus marqués que les seconds. Ces manœuvres ont été répétées cinq ou sis fois, mais le H août, le malade a été pris de mouvements convulsifs de tous les membres, tant du côté paralysé que du côté sain. L'électricité a été dès lors abandonnée. M. Rayer a prescrit ensuite au malade des pilules de protoiodure de mercure. Cette médication a été continuée pendant trois semaines sans soulagement no- table. La violence des douleurs et l'insomnie persistaient au même degré. Bien plus, le 7 et le 8 septembre, vers le soir, le malade a élé pris de mouvements convulsifs qui ont duré au moins une demi-heure. L'extrait gommeux d'opium à la dose de lu centigrammes, aidé de quelques applications de ventouses et de sangsues à la nuque ou derrière les oreilles, a calmé sensiblement les douleurs, et procuré du sommeil au malade pendant quelque temps. Mais, après un amendement de quelques jours, la céphalalgie occipitale a re- pris une intensité nouvelle. Les contractures de la jambe paralysée ont été assez rares. 19 novembre. Le malade a élé très-agité pendant la nuit ; il pousse des cris et ne répond pas aux questions qu'on lui adresse. La vessie est distendue par une grande quantité d'urine. Il se plaint de douleur au bas-ventre. Le passage de la sonde est excessivement sensible. Le pouls est fréquent, la peau chaude. (Saiguée de deux palettes.) 20 novembre. Le malade est dans lernême état qu'hier. Les urines sont ex- traites par îe calhétérisme. Les pupilles sont inégalement dilatées. L'ouverture pupillaire droite est moins grande que la gauche, et l'iris est plus contractile à droite. L'œil droit est par moment dirigé en haut et en dehors. 2t novembre. Les symptômes vont toujours en s'aggravant. Les pupilles n'oil'reni cependant plus les différences qu'elles présentaient hier. Les urines sont toujours retenues dans la vessie. Le malade accuse beaucoup de douleur dans le bas-ventre, et l'introduction de la sonde lui arrache des cris. Mort le lendemain matin. 160 Aotopsk — Les méniuges sont notable ment injectées, Je même que la sub- stance cérébrale, dans les lobes antérieurs principalement. Elit ne présente pas d'altération apparente. Les ventricules latéraux contiennent 3 onces à peu près de sérosité légère- ment teinte par du sang. En examinant le cervelet, on voit à la face supérieure du lobe droit, en avant et vers la ligne médiane, une surface de couleur blanc-verdàtre qui tranche avec la couleur gris-rosé du cervelet. Elle ne fait pas de saillie appréciable ; les sillons des circonvolutions se trouvent effacés par elle. Elle offre bien plus de résistance au doigt que la substance cérébelleuse qui l'entoure. Incisée par le milieu, on reconnaît qu'elle appartient à une tumeur de forme arrondie, de la grosseur d'un marron ou d'une petite noix, occupant presque toute l'épaisseur du cervelet. Elle avoisine en dedans la ligne médiane «ans l'atteindre. Le vermi9 superior est intact. La matière dont elle est formée est une substance homo- gène comme du fromage, de couleur blanc-verdàtre, beaucoup pws dure à la circonférence qu'au centre, où elle est ramollie. Examinée au microscope par M. Lebert, elle offrait tous les caractères fournis par la matière tuber- culeuse. Il n'y a point d'ulcérations dans les intestins. Les poumons présentent une infiltration tuberculeuse générale, et çà et là de petites cavernes. Les reins sont bypérémiés ; la nmqueuse de la vessie est parsemée d'arbori- sations vascuUires. J'ai recueilli dans les auteurs treize observations de tubercules du cerve- let, sans autre lésion de cet organe ou des hémisphères cérébraux. Divers désordres du mouvemeut et de la sensibilité ont existé. Ces désordres sont loin d'avoir été les mêmes ; je vais les passer en revue : 1° Chez trois malades, on a observé l'ahsence de paralysie, soit des mem- bres supérieurs, soit des membres inférieurs, et on n'a remarqué aucun trouble dans les mouvements. Dans tous les cas, ce cervelet tout entier était parsemé de tubercules, ou presque complètement envahi par eux. Chez l'un de ces malades, il existait une sensibilité très-vive, singulière, de la peau du tronc et des membres : 1° Sensibilité très-vive ; point de paralysie du mouvement. Tubercules dans les deux lobes du cervelet. (Lapeyronnie, Mémoires oe l'Académie des sciekce3, année 1741)- 2° Mouvement et sensibilité intègres, quoiqu'il y ait eu parfois des con- tractures dans les membres. Dans chaque lobe du cervelet, on trouva une petite tumeur tuberculeuse, autour de laquelle la substance cérébelleuse était ramollie, mais plus à droite qu'à gauche: une tumeur semblable 151 dans la fosse occipitale droite, avec dépression du cervelet et remollisse- menl de son tissu. (Eliotson, Lancette, 28 novembre 1835.) 3* Aucune perversion dans les mouvements volontaires. L'état de la sen- sibilité n'est pas noté. Plusieurs tubercules dans les deux lobes du cervelet. (Devenues, Gazette Médicale, année 1835.) 2" Deux fois les tubercules ont été trouvés dans la partie moyenne du cervelet, les deux lobes latéraux restant intacts. L'un de ces malades, qui était une 011e âgée de 8 ans, éprouvait divers troubles dans la progression ; car elle ne pouvait faire un pas sans le secours d'un aide, ses jambes se croisant et n'exécutant que les mouvements les plus irréguliers. Le cervelet contenait daos sa partie moyenne un tubercule du volume d'un marron. La pulpe nerveuse qui l'entourait était très-injectée, mais non ramollie. (Toul- mouche, Gazette Médicale, 1845.) Le second, chez qui on avait trouvé deux tubercules au sommet de la substance blanche du cervelet, avait un affaiblissement des membres inférieurs. Il est dit dans l'observation que le malade avait de la peine à se tenir sur ses jambes. (Lachaize fils, 1736, et reproduite par Toulmouche, Gazette Médicale, 1845.) L'état de la sensibilité n'a pas été nolé dans la relation des deux der- niers faits. 3° Trois sujets présentaient un ou plusieurs tubercules siégeant dans le lobe droit du cervelet. Dans l'un de ces cas, il n'y avait aucune altération du mouvement. (Andral, Clin, méd.) Dans le second, il y avait hémiplégie du côté gauche, influence croisée du cervelet incontestable. (Hérard, Bdll. de la Soc. anat., 1846.) Dans le troisième cas, les désordres de la rooti- lité se bornaient à un tremblement musculaire des membres. La sensibilité était exagérée aux extrémités seulement (Chorael, Ga*. Méd., 1845.) 4° Dans une quatrième catégorie d'observations, les tubercules avaient pour siège le lobe gauche du cervelet. L'hémiplégie du côté opposé, le côté droit, a été constatée cinq fois, c'est-à-dire toutes les fois que la production accidentelle a été trouvée dans le lobe gauche. On n'a mentionné aucune modification dans la sensibilité des membres paralysés : 1° Andral, Clin, méd.); 2° Duplay (AncH. de méd., 1836) ; 3°, 4° et 5°, (Gaz. Méd., 1845 et 1846). Je pourrais établir une cinquième division pour remplir le cadre des troubles si divers que subissent la sensibilité et le mouvement lorsque le cervelet est le siège de tubercules. Elle me serait fournie par l'observation que j'ai recueillie : chez le malade qui en fait l'objet, il n'y avait point, en effet, de paralysie du côté opposé à la lésion, soit dans le membre supé- 152 rieur, soit dans le membre inférieur ; l'influence croisée du cervelet sur la motilité élait ici évidemment en défaut. Il y avait hémiplégie incomplète, il est vrai, mais le malade avait cessé de pouvoir marcher depuis longtemps. Le tubercule siégeait dans le côté droit du cervelet, la paralysie occupait aussi les deux membres droits. On observait aussi de ce coté une exagération manifeste de la sensibilité. J'ai voulu m'assurer si, dans les autres tumeurs du cervelet, kystes, can- cers, masses fibreuses, on avait rencontré des paralysies musculaires, sié- geant du même côté que ces tumeurs, comme dans le cas précédent : je n'ai rien vu d'analogue. Dans ces cas, qui sont très-nombreux, l'influence croisée du cervelet sur les mouvements a été bien déterminée. L'hémorrhagie du cervelet et le ramollissement de cet organe, lorsqu'ils avaient pour siège un seul lobe, ont toujours aussi produit une hémiplégie du côté opposé à l'épanchement sanguin, à la diffluence de la substance cérébelleuse. Dans les cas complexes de tumeurs du cervelet, d'épanche- ment de sang, de ramollissement d'un des lobes de cet organe, coïncidant avec des lésions analogues dans l'hémisphère cérébral du côté opposé, on a observé que la paralysie existait du même côté que la lésion ; mais on a pensé très-judicieusement que l'altération du cerveau seul tenait l'hémiplé- gie sous sa dépendance et annulait l'influence croisée du cervelet. Il ar- rive quelquefois d'ailleurs que l'existence unique de tubercules dans un des lobes du cervelet, ne produit point de paralysie. J'en ai déjà rapporté deux exemples. RECHERCHES SUR L'ORGANISATION DES ÉPONGES; Par MAYOR père. (de Genève). Les éponges sont des corps organisés que l'on ne pourra définitivement placer dans le règne végétal ou dans le règne animal que lorsqu'on les aura mieux étudiées, et surtout à l'état de vie. M. le professeur Valenciennes termine en ce moment un travail sur ce sujet. Indubitablement il n'aura pas seulement pour résultat de mieux clas- ser et mieux faire connaître ces corps organisés ; il aura aussi celui de fixer sur eux l'attention des naturalistes bien placés près des mers pour les étu- dier et les anatomiser dans l'état de vie. .le suis porté à croire que ces travaux fulurs démontreront que les spon- giaires doivent former le premier chaînon du règne animal. Si cela arrive, ii faudra renoncer à considérer comme caractère essentiel de l'animal la présence d'un tube ou d'une cavité digostive ; mais cela ne voudra pas dire que les naturalistes ne trouveront pas un autie caractère essentiel s'appliquant à tous les animaux, les spongiaires compris. Ne pour- rait-on pas, par exemple, dire que l'animal est un corps organisé qui, après avoir absorbé ou reçu dans son sein des substances alimentaires, expulse 13 154 ensuite, non comme une. sécrétion, mais comme ud résidu, celles qui n'ont pas été employées â sa nutrition. Si les spongiaires sont des animaux, je laisse à plus savant que moi à trou- ver le caractère essentiel qui doit remplacer celui en usage, qui évidem- ment ne répond plus au but. Ne me trouvant point convenablement placé pour étudier des éponges vi- vantes, j'en ai l'ail venir de Naples et de Marseille, conservées dans de l'es- prit-de-vin. Dans le commerce, j'en ai aussi trouvé de brutes, dort les membraroes, con9nrvées par 1a dessiccation, reprennent toute leur souplesse lorsqu'on ies humecte de nouveau. Ces moyens sont imparfaits sans doute pour étudier à fond les éponges : mais cependant ils m'ont paru suffisants pour me donner confiance dans le résultat de mes recherches amtlomiques et uperieure de la dernière pha- lange du gros orteil iiè Hydronephrose et cancer de luieras •** Mole hydaliquc 67 Productions morbides observées sur la muqueuse vésieale d'une femme syphilitique 81 Tumeur de la mâchoire supérieure 1 40 Tumeurs fibreuses 3 Tumeur fibro-cartilagineuse sur une couleuvre. . . UO Tumeur tuberculeuse chez un lapin 302 Gubleb Anatomie pathologique d'un chancre induré. ... 44 Altération des glandes de Cowper 45 Altération du foie chez les individus atteints de sy- philis 42 Développement anormal des follicules mucipares dans la vésicule biliaire 24 Gcillemi». . . . Fausses membranes du croup, dans les bronches. . 5 Lebert Caucer des poumons, abcès et vaisseaux lympatiques cancéreux 141 Cancer du tibia 10T Carie vertébrale, tumeur blanche atloïdo-axoïdienne. 27 Carie des vertèbres , du sacrum, etc 50 Carie tuberculeuse des vertèbres 104 Tumeur blanche du genou 51 Tubercules du cervelet 178 Tumeurs fibreuses 3 Lebert et Follin. Recherches anatomopathologiques sur une tumeur blanche du genou 176 Leblanc Examen anatomo-païuologiqr.e de l'affection connue sous le nom d'eaux aux jambe» chez les animaux. 6» Fracture de l'omoplate chez le cheval I7S Sur une tumetir considérable lroii\ èe chez un chien. 165 Lebret Expulsion d'hydatides et de la poche par une ouver- ture faite au niveau de la région hépatique. . . 54 Autopsie d'un enfant qui a rendu une poche hydatique mère par une fistule située an niveau du foie. . 68 Nécrose du fémur 164 Piéos provenant d'une opération de taii'e. ... 45 Martiîi-Magp.o.i. . OEuf humain sans lœtu» 170 Mator (de Genève). Tumeur observée sur le talmo-ferra 203 Morel-La vallée. . Tubercules du temporal 175 Tumeur hyperlropbique de ta mamelle 66 Robin (Ch. ;. . . . Tumeur cancéreuse mélanique de ta peau. ... 91 inflammation traumatique du corps graisseux chez une vipère 17« 164 Cl. K Scgond IL. A.). . Examen particulier du plan et de la direction qu'il convient de donner aujourd'hui à l'analomie pa- thologique » 69 Tailhl Oblitération du tronc basilaire -, - Tardieu Blessure par arme à feu , déchirure du cœur. . . 82 » TmguET Coexistence d'une tumeur fibreuse avec une tumeur cancéreuse du sinus maxillaire Il » Valenciennes. . . Ostéophytes des poissons 164 « Verneuil. . . . Osté'te fémorale avec allongement du corps do l'os et redressement du col 25 » Bibliographie. Bernard (Charles). Analyse de la thèse de M. Be/ançon sur l'hystérie. 86 « Biographie. Lebekt Notice sur Désir 56 » Botanique. Gobler Stochys anatolira 70 » Lebret Transformation de fleurs femelles en fleurs mâles. 14s » Montagne (Camille) Champignons parasites 70 » Résumé succinct des observations faites jusqu'ici sur la rubéfaction des eaux » 9t Etude micrographique ii- la maladie du safran con- nue sous le nom de tacon » 6) Sur Vuredo vesicaria de Kaulfuss 139 » Montagne et Rayer. Nouvelle espèce d algue trouvée dans les urines. . 23 h Kobin (Cb,.). . . . De l'utricule primitive azotée des végétaux ... 19 » Chimie et physique appliquées à la biologie. ( Voyei Pbvs'qw*.) Follir. . . . Examen microscopique du ?ang et des matières vo- mies ou rendues par les selles chez les cholériques. 48 » Lecontb Emploi du suc gastrique pour extraire des sub- stances minérales contenues dans les tissus ani- mai! x 111 » Examen chimique d'une substance cristalline ex- traite d'une plaie de la conjonctive 56 >• Examen chimique d'un calcul trouvé dans le rein d'un cheval 5S » Dosage des phosphates. 86 » Procédé d'analyse, quantitative de l'acide phospho- rique il! » Liebig. Lettre sur plusieurs points de chimie organique. . n » Quëvenne. . ■ ■ Composition de quelques eaux de la Sologne. . • 21 » Vbhdbil De la composition des sels du sang et de leurs rap- ports avec la formation des calculs vésicaux ti » VtftOtlLCtDOLLFI 1, Brqwn-Séquard. Cb»cssat (J.-B). Ocatrefaces (de). . RATERetCOAlSSAT. Valekcienhes. . . Berkeley. • . . Bernard (Ciaude).. Blot BûlCHtT Brown-Slvuar». et Tailbé Cazea vx. . . Cnni'EREL GiA Deff.r . . . . DtPAVL. . . . 165 0. «. De la présence de l'acide hippurique dans le sang. . 187 Helxninthologie- Uelminthes trouvés chez les lapins. 4$ Hématozoaires du rat 22 Sur une espèce d'helminthe nématoïde trouvée sur des feuilles de houblon {menait) jqb Oxyure de l'intestin de la tortue grecque 128 Sur le strongle des bronches du porc 85 Nouvelle espèce de ver appartenant au genre Iri- ehina observé dans la grenouille commune. . . 84 Helminthe nernatoïde armé de crochets observé dans des tubercules de l'œsophage du canard commun. 92 Tubercules vei milieux dés poumons et de la tra- chée chez le renard \s Note sur un helminthe du genre distome vivant dans la cavité crânienne de l'ammocœte. ... g» Tumeur dans les parois de l'œsophage d'un croco- dile du Nil formée par une agglomération d'hel- minthes 128 Sur un helminthe rendu par un Varan du Nil. . . i84 Pathologie de l'homme. Sur des productions fongiformes rendues par des cholériques, (et trouvées dans l'air et dans les lieux où règne le choléra . « 164 Présence du sucre dans les matières vomies par un diabétique 4 Urines albumineuses sans néphrite albumineuse, chez une femme en couches 24 Albuminurie passagère 4 Sur les bruits du cœur dans le choléra 70 De l'influence du choléra sur la grossesse. ... 143 Transmission de la syphilis des nouveau-nés aux nourrices h Diagnostic de l'hémiopie. 91 Recherches sur un moyen de mesurer l'anesthésie et l'hypérestuésie 162 Méningite rachldienne chronique, méningite céré- brale aiguë, etc. avec paralysie des mouvements volontaires des membres ci conservation de la sensibilité 160 Cas de production de gaz dans la cavité périto- néale pendant l'accouchement isi Note sur les larves et les insectes qui peuvent se dé- velopper dans les organes de l'homme 93 Néphrite intermittente 1 43 Cas de mdle vésïculaire 122 Distension considérahle de la vessie chez un fœtus par suite de l'oblitération de l'urètre. .... 23 135 1G6 t. n. m. Désir Gravier* prostatiques. g . Dot-la t Observation d'anc induration du cerveau . . . . ut » Follin cITailhê. . Luxation spontanée des deux fémurs chez une femme 444 » Gublcr Maladie simulée 6 » Jilt Du bouton d'Alep 143 « Lf.if.rt Fœtus de quatre mois atteint de variole 28 » LebertcICorvisart Tumeurs multiples de la peau. MoUusi-.um. ... 28 » Hicnot Cancer de l'épiploon 53 » Rater Poils dans l'urine. . . . » 2 » Production cornée observée sur la léte d'une vieille femme 23 » Tailhé Endocardite chez une jeune fille de \i ans. ... 27 » Coïncidence du choléra asiatique avec la syphilis constitutionnelle. 109 » Coïncidence de plusieurs maladies graves dénature diflérente 120 » De la néphrite dans le cas de fusion des deux reine, uo » Remarques sur un cas d'hémiplégie non croisée, avec persistance de la sensibilité » I4T Verneuil. . . . Sur des cas d'bvdarthrose du genou par métastase, i4a - Pathologie des animaux. Bernard (Claude), destruction du pancréas pendant la vie, chez le chien 204 » Bftowif-SÉQCARD. . Tubercule comprimant la moelle cervicale chez un lapin 123 » Chacssat (J.-B.). . Granulations sur la moule comestible i4t » Calculs observés dans la vessie uiinaire de la gre- nouille verte 8:) » DavaHie et Bernard (CL). Cas d'atrophie partielle de la moefïe épiniére coïnerdarrt avec une atrophie des racines anté- rieures correspondantes et avec mre paralysie du mouvement volontaire dans les membres posté- rieurs, observé cher un jeune apneau 120 » Dïsiu Calculs d'oxalate de chaUx se rencontrant dans la vessie des surmulots 23 » Leblanc. . , • Sur Vacarus foltltttlorunt -chez le chien 91 •• Morel-Lavam.ee. Mélanisme accidentel chw. tin bouvreuil ne » Rayer Déviation des vertèbres caudafles cher une loche de rivière i«8 » Hydrophthalmie congénitale chez une jeune cou- leurre d'Escnlape 168 » Maladies des animaux à l'état sauvage 204 » Recherchés sur la maladie dite variole des oiseaux. 55 1 Sur un tubercule perliforme de la valve supérieure d'une huître 147 » imi.m mémotr«i éunt piRinfe * punir du chiffre i. rolr f« il«i»»>nre ml mu Ire 167 O. K. Robin {CM). ■ . . Calcul trouve «Uns la vessie d'une chienne. ... 27 Physiologie. BcKtufto (Claude). Action de l'atropine 7 Action physiologique des venins. ...*... 90 Influent- de Ta section des pédoncules cérébelleux moveivs sur la composition de l'urine i4 Chien» rendus diabétiques 60 De l'origine du sucre dans l'économie animale. . . » Sur le tournoiement 8, 13 Prooédé nouveau pour couper la cinquième paire de nerfs dans le crâne 104 Influence de la section des nerfs pneumogastriques sur les contractions du cttur . . 13 Paralysie de I œsophage par la section des deux nerfs pneumogastriques M Sur l'indépendance de l'élément moteur et de l'élé- ment sensitif dans les phénomènes du système nerveux 8, 15 Du suc panorôalique et de son rôle dans les phéno- mènes de la digestion. » Propriétés du suc contenu dans l'intestin toi De l'assimilation du sucre de cannes. • 1 14 De l'écoulement du suc pancréatique et de la bile. 1 7 1 Passage incomplet des substances intraduites dans le sang par les voies circulatoires 13 Mouvements des valvules siginoïdes 40 Injection d'eau dans te système vasculaire du chien. 170 — et BARHtswti-. . Du sucre dans l'oeuf 64 Brown-Séqlard. . Recherches sur la physiologie «le la moelle allongée. 158 Influence de la lésion des racines sensitives sur les mouvements. 15 De la transmission croisée des impressions sensi- tives par la moelle epinière 192 Expériences sur la curabilité des plaies de la moelle épinière. • . 1 17 Delà production de la force nerveuse par la moelle épinièrT; 18 L'action de téter indépendante du cerveau et du oervelel. oo Production de sueur par une excitation vive des nerfs du goût :04 Recherches sur le mode d'action de la strychnine. . 119 Des différences d'énergie de la faculté réflexe suivant les espèces et suivant les âges dans les cinq c'asses ■d'animaux Tertébrés • 17t gur Ie6 altérations pathologiques qui suivent la sec- tion du nerf sciatique 136 Cas de régénération complète du nerf scia tique. . . tST Explication d'un phénomène de visibilité signalé par par M. Véron »o 168 u n. b, Mrown-ÇiJquard. . Action de la lumière lunaire sur la pupille • » Action de la chalear et du froid sur l'irii 40 » Le resserrement et la dilatation de la pupille pro- duits par la chaleur et par le froid sont-ils des effets purement physiques ? us De la prétendue nécessité d'une turgescence vascu- laire de l'iris pour produire le resserrement de la 'pupille lis » Sur les propriétés vitales et particulièrement sur les propriétés des tissus contractiles 108, 1 14 » Contraction de la peau et mouvements vermictilaires du scrotum sous l'influence de I'électro-inagné- tisme 134 » De l'influence du système nerveux, du galvanisme, de * l'action et du repos sur la nutrition des muscles. 195 » Hibernation des tenrecs 37 » Coagulabilité du sang des batraciens en hiver. ■ . 194 » Recherches sur une cause de mort qui existe dans un grand nombre d'empoisonnements 102 » Tremblement des cholériques après la mort. ... 8i ■ Du sang veineux comme excitateur de certains mou- vemenis 10J » Mouvements rhylhmiques des muscles respirateurs • et locomoteurs après la mort 153 >< Recherches sur la rigidité cadavérique et la putréfac- tion 39 •> Influence do l'éleclro-magnétisme et de la foudresur durée de la rigidité cadavérique f 38 » Sur la mort par la foudre et l'éleclro-magnétisme. . «54 m Des rapports qui existent entre l'irritabilité muscu- laire, la rigidité cadavérique et la putréfaction. . 173 » ChaCssat (J.-B.). . Des caractères microscopiques des matières conte- nues dans les canaux annexés à l'intestin des larves de plusieurs insectes 135 » . . Sur la mutabilité de la coloration des rainettes. 153 ■ . . Influence du régime débilitant sur le développement du fœtus 79, 104 » . . Spermatozoaires dans la liqueur séminaio d'un vieil- lard 66 . . Absorption des solides 79 » Expulsion «le la muqueuse utérine à l'époque des règles 19 1 • Contractilité des veines 79 » . . Note sur l'hydropisie produite arrilkiellemcnl chez les animaux "04 » MAhTn-Mic«ON Du lournoiement et du roulement consécutifs ù l'ar- elBnowN-SiQUARD. rachement du nerf facial ir.3 >< Uaiiti.ns Fécondation artificielle des poissons 22 » Migrot Mouvements des anneaux du lUBnia. ni » QiîATRErAGEs (de). Segmentation du jaune sans fécondation 101 >■ Vite/lus multiples 89 » Davainf.. Depaul. DlIPLAT FOLLIN. . GUBLER. Lebret. 169 Rat*k Sur "ne singulière disposition des poche» anales do l'émyde Caspienne, et sur les usages attribués a ces pocbes (3. RAVRRetCl.BFRfCARn. Expériences sur la rontractiliie de la rate. ... 153 Robim (Charles).. . Fécondation d'une lymnée des étangs sans féconda- tion récipioque »„ Segohd Mécanisme de la voix de léte a flccherches expérimentales sur la voix. . . 20 38 Verneitil. . . . ThOorie de l'hématose \ 'm Physique. Lebe" Nouveau mode d'éclairage du microscope . par M. Nachet. 10, MinT,NS Sur divers effets de la trombe de MontWile. . . '. 10 n°BIK Grossissement réel des microscopes 25 Sociétés savantes. Ro8,v Sur ia direction que se sont proposée en se réunis- sant les membres fondateurs de la Société de Bio- logie j Tératologie. BlOT De l'"*'stence du sphincter inférieur dans un cas d'anus imperforé ... Chaussât et Dava.hb. Observations sur un cas de cycIocéphaWchez'un foetus de cocbon Dava,nb OEufs doubles de paîudine vivipare. ". '. '. '. ' * Scissure de la voûte palatine avec déformation du cerveau cirez >e fœtus immam m Absence de la plupart des vertèbres caudales (chez le chien) Sur un cas de rhinocéphalie (chez un lapin;. '. ] ] Sur un cerveau formant une tumeur à l'extérieur du crâne avec atrophie d'un côté de la face (chez un embryon de poulet) „, DAVA,NCetRoD,N (Cb.). Observations pour servir à Ih.stoire de quelques monstruosités de la face. ... Desmarest. . . . Anomalie des organes sexuels de \'a,lâcu$ fluvia- tilit Fou",N Amputation congeniale. ......' !? G,RALDÉ8 Sur un cochon rhinocéphale. . . „, Labodluène. . . . Insectes polyméliens ,'.'.'.' " Monstruosités des antennes. . 0, Mor el-La vallée. . Cas de syndael jlie chez l'homme. '. .'.'.'*' i66 " " Sur l'expulsion d'un fœtus par les organes génitaux d une chienne de cinq semaines H*vcn Diverses anomalies d'œufg de poule. . OEuf complet inclus dans un autre œuf complet! Déviation congeniale trés-remarquable du bec chez un poulet (PI. XI, fig. 5) 14 198 80 123 J6T 123 9 123 170 c. a. . a Rayer Cas do polydactylie chez un triton 147 » Cas de monstruosité observée sur une espèce de reptile opbidien i«s » Monstruosité de la tête observée chez un meunier ou chevaine m » Rayer et Bernard. Ànatomie d'un veau bicéphale 126, 145 » Yalencennes. . . Note sur un poulet monstrueux 109 » Zoologie. Chaussât bIDavaine. Recherches sur la génération de l'huître 9g » Desmari v r. . . . Nouveau ge.nre de crustacés décapodes macroures. 73 » Làboclbéhe. . . . Nouvclle'espèce d'insecte OEpu» Robinii 22 » Chrytis ignila 74 » Mator père (de Genève). Recherches sur l'organisation des éponges. . . » i§| Quatrefages (de). . Note sur les annélides appartenant à la famille des cblorœmiens 1 83 » Embryons de poissons se développant sur des mol- lusques vivants. . m » FIN DE LA TA3LE.