MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 18S2. Paris. - Imprimé par E. Thunot et C% rue Racine , 2C. COMPTES RENDES DES SÉANCES ET MÉMOIRES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. TOME IV. — PREMIÈRE SÉRIE. — APÉE 1852. -^^CSS:^^^- ipûmi •^ AU BUREAU DE LA GAZETTE MEDICALE, li, rue Racine, près de l'Odéon. ET Chez J.-B. BAILLIÈRE, Rue Hautefciiille , 19. 1853 •> 7; ♦ LISTE DES MEMERES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. (1851-52.) COMPOSITION DU BUREAU POUR L'ANNÉE 1851 Président iterpétuel . Vice-présidents i»ecrétaireâ Trésorier-archiviste M. Rayer. M, Claude-Bernard. M. Charles Robin. M. Brown-Séquard. M. Follin, M. Lebert. M. Segond. M. Davaine. BUREAU POUR L'ANNEE 1852. Président perpétuel Vîce-ppési«lents . . • Secrétaires Trésorier-archiviste M. Rayer. M. Lebert. M. Follin. M. Brown-Séquard. M. Segond. M. Le Bret. M. Verueuil. M. Davaine. VI MEMBRES HONORAIRES. MM. Andral. Lallemand. Bouillaud. Littré. Dumas. Magendie. Duméril. Richard. Milne-Edwards. Serres. Flourens. Valenciennes, Gaudichaud. Velpeau. Geoffroy-Saint-Hilaire (Isidore). MEMBRES TITULAIRES. MM. Béraud. Bernard (Claude). Bernard (Charles). Blot. Bouchul. Bouley (H.). Bourguignon. Broca. Brown-Séquard. Cazeaux. Charcot. Davaine. Depaul. FoUin. Germain de Sainl-Pierre. Giraldès. Goubaux. Gubler. HiOelsheim. Hirschfeld (Ludovic.) MM Houel. Laboulbène. Laurent. Leberl. Leblanc (C.) Le Bret. Leconte. Leudet. Livois. Montagne, Morel-La vallée. Quatrefages (de) Racle. Rayer. Robin (Charles). Rouget. Segond. Tholozan. Verdeil. Verneuil. vu CORRESPONDANTS NATIONAUX x^'i p ÉLUS EN 18S1. V ^ 0^^ ^•'0\ MM. Duplay à Paris. *- ^ Jules Guérin à Paris. '^'- '^ ^ Jobert (de Lamballe) à Paris. Gosselin à Paris. Xv". /'- . .-t-. • Deslongchamps à Caen. ^v'^)/ *&' VC^ Dufour en Algérie. ^ -^ Coquerel à Toulon. de Méricourt à Toulon. Huelle à Montargis. ÉLUS EN 18S2. Souleyet à Toulon. Martines à Montpellier. Hermann à Strasbourg. Lecadre au Havre. CORRESPONDANTS ÉTRANGERS Ér.us EN 18S1. Allemagne. MM. Brucice (E.). MM. Reinhardt. Duboys-Raymond. Rokitansky. Henle. Siebold. Uering. Stannius. Hyrel. Virchow. Koellilier. Weber (Ed.). Meckel. Weber (E.-H.) Angleterre. MM. Bowman. MM. Paget. Carpenler. Quekelt. Grant. Simon (J.) Bence (Jones). Sharpey. VVharton (Jones). Todd (R.-R.). Maclise. Toynbee. Onen (R.) Williamson, VIII Cirande-Etretagne. MM. Berkeley à Kings-CliOe. Bedleni à Aberdeea. Nunneley à Leeds. Goodsir à Edimbourg, Simpson à Edimbourg. Allen Thompson à Glasgow. A. Jacob à Dublin. Montgomery à Dublin. Belgique. MM. Gluge à Bruxelles. Tiiiernesse à Bruxelles. Schwann à Liège. Piciuont. M. Vella à Turin. fSiiiIsso. MM. Miescler à Bàle. Ludwig à Zurich. Duby à Genève. Danemark. M. Hauuover à Copenhague Siiède. M. Santesson à Stockholm. Hollande. MM. Harting à Utrecht. Schrœder van der Kolk. ... à Ulrecht. Douders à Ulrecht. Vrolik à Amsterdam . VanderHœden ,. . à Leyde. États-Unis. MM. Leidy à Philadelphie. Bigelow à Boston. Draper à New-York. MM. ['• i.vs KN issa Mnycr . . . (lo lionii. Marliiii, . . . . . (le Naples. Spring , . (le Liège, Carus (V.j. . . . . do Leip.sick. Dugés . . de Guatemala Beyiard. . . . . . à Philadelpiiie Marcel. . . . . . de Londres. Goldiiig-Bearcl. . . de Londres. -«5»- COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1852. COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 1852; Par M. le Docteur E. LE BRET, secrétaire. /0Ut Présidence de M. RAYER. L , ^ t «? r .*. ^^ I. — Anatomie. 1° EXEMPLE DE MEMBRANE HYMEN CHEZ LA JDMENT ; par M. A.GODBADX. Ordinairement la membrane hymen n'existe pas chez la jument ; une sorte de valvule, de forme semi-lunaire, formée par la muqueuse du vagin et placée en avant du méat urinaire, semble eu tenir lieu. Dans l'espace de quelques années M. Goubaux a trouvé deux fois cette mem- brane chez des juments qui furent sacriflées pour les études anatomiques à l'École d'Aifort, et il met sous les yeux de la Société des pièces qui proviennent : 1 La première, d'une jument âgée de 5 ans, chez laquelle il existait, dans l'in- térieur du vagin et en avant du méat urinaire, une cloison placée verticalement. Cette cloison était percée de trois ouvertures : l'une médiane, inférieure, et les deux autres latérales, supérieures ; La seconde, d'une jument âgée de 18 ans environ. En avant du méat urinaire, le vagin présente une cloison verticale qui laisse, de chaque côté, une ouver- ture de forme à peu prés circulaire. 2° EXEMPLE DE GESTATION OVARIENNE CHEZ LA JDMENT ; par le même. M. Goubaux présente à la Société un ovaire qu'il a recueilli sur une jument qui fut sacrifiée pour les travaux anatomiques de l'École d'Alfort. Cet ovaire (celui du côté gauche) présente le volume des deux poings d'un homme, tandis que celui du côté opposé avait son volume normal. On sent dans son épaisseur des fragments osseux qui font croire à l'existence d'une gestation ovarienne. Une incision pratiquée dans le sens de son grand axe montre que cet organe contient une grande cavité remplie par de longs poils et par une petite quantité de liquide grisâtre. Ces poils sont longs et libres ; d'autres, moins nombreux, sont encore implantés dans l'intérieur des parois de cette cavité qui présentent plusieurs prolongements qui divisent son inté- rieur. Après avoir présenté cette pièce, M. Goubaux l'a soumise à l'ébullition, et il a retiré de l'épaisseur de cet ovaire des fragments osseux, parmi lesquels on reconnaît assez distinctement plusieurs os de la tête ; d'autres n'ont aucune forme bien déterminée. Quelques morceaux de cartilage informes séparaient aussi quelques-uns des fragments osseux. M. Goubaux a complété sa première communication en présentant à la So- ciété ces différentes pièces osseuses dans la séance suivante. 3" SUR LES VARIÉTÉS ANATOMIQUES DES ARTÈRES DU CHEVAL ; par le même. Dans une communication, M. Goubaux a énuméré les anomalies qu'il a ren- contrées dans le système artériel du cheval. Ce travail, résultat de dix années d'observations, complète l'exposition de l'angéiologie par Rigot. (Voir aux Mém. DE LA Soc.) Zl" SUR LES SINUS DES CAVITÉS NASALES CHEZ LE CHEVAL; par 16 même. M. Goubaux extrait d'un travail, qui concernera l'anatomiedes cavités nasales du cheval, l'étude des sinus ou petites fosses nasales (Bourgelat), ou encore arrière-fond des cavités nasales. Cette description anatomique comprend : 1° les sinus sphénoïdaux, dont l'auteur a vu les différentes parties communi- quer entre elles dans la généralité des cas ; 2» le sinus froiUal, principalement 3 ■formé par le frontal et constitué par un plus grand nombre d'os, tels que l'eth- moïde, le cornet supérieur et le sus-nasal, à mesure qu'il augmente de capa- cité; Soles sinus maxillaires dont le cloisonnement et le mode de développement sont établis et mis en rapport avec l'hippiatrique. Après avoir constaté que les sinus contiennent de l'air et paraissent princi- palement destinées à augmenter le volume de la tête, sans en accroître le poids, M. Goubaux insiste sur l'utilité de cette élude au point de vue de la pathologie et de la chirurgie. Bien des chevaux, suivant lui, ont été abattus pour soupçon de morve, qui n'avaient qu'une carie dentaire, traduite par un écoulement na- sal et simultanément par un engorgement des ganglions lymphatiques inter- maxillaires. Lorsque la trépanation des cavités nasales est indiquée, M. Gou- baux pense, avec Lafosse, qu'on devrait toujours faire deux ouvertures, l'une sur le sinus frontal, en traversant la table externe de cet os vers la partie moyenne, et l'autre sur la partie inférieure du sinus maxillaire, en traversant la table externe du grand sus-maxillaire, au-dessus de l'épine zygomatique. Il faudrait ensuite établir la communication entre les deux parties du sinus maxil- laire en perforant la lame osseuse qui les sépare, si elle n'avait pas été détruite en un point quelconque de son étendue. L'écoulement des liquides injectés dans le sinus frontal se ferait ainsi par la partie la plus déclive. 5» DÉTAILS RELATIFS AU CANAL LACRYllO-NASAL ; par M. BÉRACD. Sur deux pièces, M. Béraud montre de nouveau la valvule qu'il a décrite à la partie inférieure du sac lacrymal ; mais aujourd'hui il veut attirer l'attention delà Société sur une pièce qui offre une disposition pathologique de cette val- vule. Il montre, en effet, un conduit lacrymo-nasal où l'on voit la disposition suivante : la valvule au lieu d'être dirigée en haut, du côté du sac lacrymal, €st tombée du côté du canal nasal où elle est devenue adhérente par ses bords latéraux, et elle n'offre plus que son extrémité de libre. Par suite de cette nou- velle disposition, le canal nasal se trouve divisé en deux parties : une très- étroite, l'autre ayant presque le calibre normal du canal. Lorsque l'on cherche à pénétrer dans le sac lacrymal par l'ouverture inférieure ou nasale, on par- court d'abord facilement le canal nasal, mais vers la partie supérieure on ren- contre un obstacle, et l'on croirait au premier abord qu'il y a une oblitération complète. On est arrêté là par le cul-de-sac de la valvule repliée en bas ; mais si l'on cherche à pénétrer dans le canal nasal par la partie supérieure, en se servant d'un stylet assez lin, on arrive dans une espèce d'infundibulum, lequel se termine par un canal latéral, et on arrive ainsi jusque dans les fosses na- sales. Cette disposition explique peut-être pourquoi, dans certains cas, on peut rencontrer un double canal nasal. L'auteur de la communication a eu l'occasion -d'observer deux fois ce phénomène. Mais une autre disposition a fixé les recherches de M. Béraud. Il a trou';é h que le tendon du muscle petit oblique, après s'être inséré sur le rebord orbi- taire au voisinage du sac, envoie sur la paroi externe de cet organe un tendon véritable qui va précisément s'insérer sur le point où existe la valvule inférieure. Il envoie en même temps une expansion aponévrotique qui vient renforcer la paroi du sac sur le côté externe. Dans d'autres cas, et cette disposition se voit sur une pièce présentée par M. Béraud, le tendon tout entier s'insère sur la paroi inférieure du sac à sa réunion avec le canal nasal ; de sorte que cette disposion aurait pour effet d'opé- rer une dilatation de cette partie des voies lacrymales au moment où le muscle petit oblique se contracte. II. — Physiologik. 1" INFLUENCE DD SYSTÈME NERVEUX SUR LA MODIFICATION DU SANG ; par M. Brown-Séquard. M. Brown-Séquard a observé qu'après la section des nerfs d'un membre la transformation du sang rouge en sang noir est difficile, et que cette même transformation se fait très-bien si on galvanise le membre paralysé. (3 janvier.) 2" VARIATIONS DANS LES PHÉNOMÈNES DE LA DIGESTION CHEZ LES ANIMAUX; par M. Cl. Bernard. 1» Chez le chien, la digestion intestinale se fait attendre longtemps, et la viande cuite produit le chyle plus rapidement que la viande crue. 2" Chez les lapins, même à l'état d'abstinence, l'estomac ne se vide jamais complètement ; les aliments nouveaux qu'on leur donne expulsent ceux qui se trouvaient déjà dans le cul-de-sac, et si l'on ouvre l'animal on ne trouve à ob- server que la digestion des aliments ingérés la veille. Ces faits peuvent tromper dans les expériences tentées sur la digestibilité de certaines substances, de la graisse, par exemple, et mettent en garde contre des généralisations trop absolues. III. — Pathologie et anatomie pathologique. 1« EXEMPLE de MUGUET DANS UNE AFFECTION AIGUË; par M. CHARCOT. Une malade, d'un âge adulte, est entrée à la Charité, dans le service de M. Rayer, atteinte d'une angine, et dans le cours de cette afifection aiguë à la- quelle elle a succombé rapidement, des abcès multiples et du muguet, étendu sur la muqueuse buccale, ont précédé la mort. MM. Depaul et Verneuil rapportent à ce sujet qu'ils ont vu la manifestation du muguet dans plusieurs cas aigus, le plus souvent à la suite de la phlébite utérine; c'était toujours un symptôme fâcheux. f OBSERVATION D'aTROPHIE DU DIAPHRAGME, AVEC ATROPHIE CORRESPONDANTE? DD NERF PHRÉNIQUE, ET PERSISTANCE DES VOMISSEMENTS PENDANT LA VIE; par M. BÉRAUD. La nommée Chaufournier, âgée de 53 ans, éventailliste, est née à Paris où elle a toujours habile. Elle a été sujette à beaucoup de maladies dues à son tempérament lymphatique. A l'âge de ûS ans, elle est devenue amauroiique. A 51 ans il est survenu des douleurs violentes dans l'œil gauche, et elle eut bientôt des vomissements qui se manifestèrent avec d'autres troubles du côté des fonctions. Le 16 juillet 1851, on lui a prescrit un vomitif qui a produit des vomissements. Comme la tumeur orbitaire prenait tous les jours de l'accrois- sement, M. Manec, chirurgien de la Salpètrière, consentit à lui faire une opé- ration. L'œil fut extirpé le 15 octobre 1851. Le 25 décembre de la même année la plaie était presque cicatrisée; mais au bout de quelques jours de nouvelles douleurs se sont déclarées, et après une diarrhée colliquative la malade a fini par succomber le 2 janvier 1852. Ces renseignements sont fournis par M. Cou- rot, interne. L'autopsie a montré dans divers points de l'organisme le développement de tumeurs cancéreuses; mais voici le fait qui a surtout lixé notre attention. En ouvrant la cavité abdominale, M. Courot a été frappé de l'aspect particulier que présentait le diaphragme; au lieu d'une couleur rouge, c'était une coloration comme en offrent les aponévroses. C'est alors que nous l'avons examiné. Nous avons constaté que le côté gauche tout entier était altéré, tandis que le côté droit avait son aspect normal. Voici en quoi consistait cette altération. Dans le côté gauche, à partir de la ligne médiane, on pouvait voir que les libres mus- culaires avaient complètement disparu ; il n'y en avait plus de traces ni vers le centre phrénique, ni vers les insertions costales, ni en avant ni en arriére. La séparation entre l'abdomen et la poitrine existait bien encore ; mais elle était formée uniquement par les deux séreuses adossées , le péritoine par en bas et la plèvre par en haut. Entre ces deux feuillets des séreuses, se trouvait un tissu cellulaire assez lâche, ce qui permettait de séparer facilement ces deux mem- branes l'une de l'autre. Il semblait que dans ces points les séreuses fussent épaissies ; cela se voyait surtout du côté du péritoine. Mais autre chose : en examinant les piliers du diaphragme, nous avons vu, M. Courot et moi, que l'atrophie portait sur le pilier droit et non sur le pilier gauche. Celui-ci était réduit à des proportions tellement minimes qu'il fallait bien le chercher avec soin pour le découvrir. En l'incisant longitudinalement, nous avons pu voir encore quelques rares faisceaux de Ubres musculaires; de sorte que cette disposition prouverait qu'il y a entre-croisement presque com- plet entre les fibres diaphragmatiques du côté droit et celles du côté gauche. Le nerf phrénique du côté gauche était considérablement atrophié; comparé mÀ N' o^'^ ^ 5 avec celui du côlé sain , on voyait que son volume était réduit de la moitié'j aucune tumeur située sur son trajet ne pouvait expliquer cette atrophie. Voilà une observation curieuse à beaucoup d'égards. Nous avons vu que cette femme avait présenté des vomissements quelque temps avant sa mort, et cependant le diaphragme était altéré au niveau du point où il |)0uvait compri- mer l'estomac. Cependant nous n'en concluons point que le diaphragme ne sert pas à remplir cet acte. Dans ce cas-ci, s'il n'a pas agi d'une manière active, il a servi d'une manière passive, parce que la cloison qui le replaçait était sufli- sanle pour empêcher que l'estomac n'échappât à la compression des parois ab- dominales. Bien plus, nous croyons que la paralysie d'un des piliers du dia- phragme rendait le vomissement plus facile. Ainsi nous voyons, dans l'observa- tion, que cette femme a vomi deux fois d'une manière spontanée. D'un autre côté nous voyons une atrophie croisée que le scalpel de l'anato- miste avait déjà prévue sans doute, mais non d'une manière aussi complète qu'ici ; car encore une fois tout le pilier droit qui est le plus volumineux était réduit à une minceur extrême. Entia nous devons remarquer l'atrophie du phrénique; mais à quelle mala- die rattacher ces accidents qui sont passés inaperçus du vivant de la personne? Il n'y a pas de tumeur sur le trajet du nerf; il faut donc que la maladie ait eu son point de départ ou dans le diaphragme ou dans le nerf phrénique. L'autop- sie ne nous a pas éclairé pour décider cette question. 3° KYSTE HYDATIQUE DANS UN MUSCLE; par M. FOLLIN. M. Follin a rencontré un kyste à la face interne du muscle droit de l'abdo- men chez un sujet adulte. En l'incisant, on voit quatre poches secondaires ren- fermant des cysticerques. 4° KYSTE HYDATIQUE DU FOIE AYANT SUBI UNE TRANSFORMATION ATHÉROMATEUSE CHEZ l'homme ; par M. Davaine. «Une des terminaisons les plus heureuses des kystes hydatiques est celle qui se fait par le dépôt dans ces kystes d'une sorte de matière athéromateuse ou crétacée, coïncidant avec la destruction ou la disparition des vers vésiculaires qui y sont contenus. Celte transformation a été observée dans les kystes hyda- tiques des animaux domestiques par M. Reynaud , qui en donne la description suivante (Dict. de Méd., art. Hydatides) : « Les acéphalocystes sont sujets à périr comme les êtres organisés , ou au moins subissent-ils , dans quelques cir- constances, des changements qui semblent se rapporter à la cessation de la vie. Le liquide contenu dans le kyste est résorbé ainsi que celui que renferment les acéphalocystes; les parois de ceux-ci reviennent sur elles-mêmes, se plissent, et il arrive que, dans une poche dont les dimensions avaient dû être beaucoup plus considérables, se trouve renfermé un plus ou moins grand nombre à'' 7 fliembranes de la nature de celles des acéphalocysles , arrangées ensemble comme le sont les pétales du pavot encore renfermées dans le calice avant que la fleur soit éclose. En même temps un changement s'est opéré dans la sécré- tion du kyste et dans celle des acéphalocysles elles-mêmes , car une matière sébacée ou d'apparence tuberculeuse tient réunies toutes ces parties et en forme une espèce de tumeur athéromateuse , qu'il est quelquefois nécessaire d'exami- ner attentivement pour lui assigner sa véritable nature. Celte transformation est commune dans l'espèce bovine, j'ai eu assez souvent Toccasion de le con- stater. » ÎNolre collègue M. Livois a également observé celte transformation des kystes acéphalocystiques chez les animaux domestiques: « Dans cet état, je n'ai plus retrouvé, dit-il (Thèse sur les échinocoques, 18^3) , la moindre trace d'échinocoques au milieu de ces feuillets membraneux , qui finissent eux- mêmes par disparaître complètement ; il ne reste plus alors dans le kyste revenu sur lui-même que la matière jaune qui, avec le temps, se transforme en ma- tière crétacée. » D'après ces descriptions, on voit que ces kystes athéromateux ou crétacés sont regardés comme ayant été primitivement des kystes acéphalo- cystiques. Les caracières invoqués peuvent laisser des doutes sur leur véritable nature. Le fait suivant est plus explicite. Je dois a l'obligeance de M. Charcot d'avoir pu examiner un kyste acéphalo- cystique recueilli chez l'homme, et qui avait subi cette sorte de transformation athéromateuse. A l'autopsie d'une vieille femme, morte à l'hospice de la Sal- pêtrière d'une maladie des organes de la respiration , M. Charcot trouva dans ie foie un kyste de la grosseur d'un œuf de poule ; ce kyste , à parois épaisses , ayant été incisé, contenait une matière d'un gris jaunâtre disposée par couches, et offrant çà et là quelques débris membraniformes assez analogues, pour l'appa- rence, à des restes d'hydatides. La matière jaunâtre avait l'aspect et la con- sistance du mastic des vitriers à l'état frais; mise dans l'eau, elle s'y mêlait comme une substance plâtreuse; au microscope , elle offrait en grande quantité des cristaux de cholestérine et une poussière amorphe, dont une partie était formée par du carbonate de chaux. Dans cette matière , en quelque point qu'on l'examinât, on ne pouvait constater ni des crochets, ni ces globules oviformes que l'on rencontre constamment dans les échinocoques ou dans leurs débris; mais en examinant attentivement la surface des fragments gélatiniformes , sera- Èlables à des restes d'hydatides, je trouvai un assez grand nombre de ces cro- chets parfaitement conservés. Quant aux globules oviformes, qui ne sont que des corpuscules de carbonate calcaire, je n'en ai point retrouvé de traces. La présence de crochets dans cette tumeur en détermine la nature ; ils ne peuvent provenir, en effet, que des échinocoques qui y ont existé, et qui ont disparu par le fait de l'envahissement de la tumeur par cette matière athéro- mateuse. Ce fait vient donc confirmer l'opinion des observateurs qui ont regardé comme une transformation athéromateuse de kystes hydatiqucs certaines tu- 8 meurs assez fréquentes chez les animaux domestiques, et qui contiennent une matière d'apparence crétacée, avec des débris plus ou moins nombreux de mem- branes semblables à des restes d'hydatides. Il permet de conclure, en outre ^ que chez l'homme aussi bien que chez les animaux, les kystes hydatiques peu- vent être envahis par une matière athéromateuse , et que , cessant alors de s'accroître , ils offrent ainsi une terminaison heureuse de cette maladie. Enfln ;, ce fait est une nouvelle preuve de l'utilité de l'examen microscopique pour dé terminer la nature des tumeurs. 5° ACÉPHALOCYSTES DU REIN ET FISTULE RÉNO-PULMONAIRE ; par M. FlAUX. M. Fiaux 'expose les pièces anatomiques et donne les détails d'un cas d'acé- phalocystes du rein ;da côté droit, avec cetle particularité qu'il y a eu expulsion de ces acéphaiocystes par les voies urinaires pendant la vie , et formation d'une fistule réno-pulmonaire située en dehors du foie, et accusée, quinze jours avant la mort du sujet , par une expectoration purulente. 6° CANCER DE LA MAMELLE CHEZ LA CHIENNE ; par M. BOULEY. M. H. Bouley montre une tumeur cancéreuse de la mamelle provenant d'une chienne, et sur laquelle existe une transformation osseuse fort remarquable. Quelquefois il y a des noyaux osseux épars au milieu du cancer chez les ani- maux, mais la dégénérescence n'est jamais si complète. IV. — TÉRATOLOGIE, r MONSTRUOSITÉ PAR DÉFAUT, OU PRIVATION DES EXTRÉMITÉS ABDOMINALES ET DE l'avant-bras!||gauche ; observation de M. le docteur Lecadre (du Havre). — Rapport,de M. Follin , au nom d'une commission. Nous extrayons les points principaux de ce travail : « Le mémoire .de M, le docteur Lecadre a pour but de faire connaître l'his- toire détaillée d'un_^monstre{qui vit encore aujourd'hui, et qui offre des altéia- tions^curieuses des membres. Il s'agit d'une nommée Césarine Gaillard, âgée de 30 ans, et qui fut, il y a trois ans déjà, l'objet d'une communication à l'Acadé- mie.de médecine, par ^M. le docteur Jamet. Étudiée de nouveau par M. Lecadre, cette Jemme"a servi de base à son travail. » Nous ferons connaître à la Société le caractère fondamental de cette monstruo- silé.:Je, bras droit est normal, mais le bras gauche n'a que l'humérus et res- semble à un moignon d'amputé. On n'y voit aucun rudiment d'avant-bras ni de mains, seulement une empreinte circulaire dans un point et vis-à-vis un corps mou pédicule immobile , long tout au plus de 3 centimètres ; à travers les té- juments on sent les deux tubérosités de l'humérus, mais rapprochées l'une de 9 l'autre , de sorte que l'os , au lieu d'être aplati d'avant en arriére , est presque arrondi. I) A la place des extrémités Inférieures existent deux moignons longs tout au plus de 18 centimètres, de la grosseur d'une cuisse ordinaire, et en rapport avec l'obésité du sujet, permettant par leur mobilité au sujet de s'asseoir sur un ta- bouret. Le moignon gauche offre à sa base un gros orteil muni de son ongle ; ce gros orteil présente deux phalanges qui se meuvent librement, et une articulation de la première phalange avec un segment du fémur ; on sent cette articulation à travers les chairs, mais cette exploration est douloureuse. » Mais c'est le moignon gauche qui offre à l'observation les particularités les plus intéressantes : au lieu d'un orteil , on y voit une espèce de mamelon mou , sans os à l'intérieur, resserré à sa base par une sorte de sphincter et immobile. M. le docteur Lecadre rapporte à ce fragment de cuisse droite un très-singulier phénomène : c'est, dit-il, une sorte de battement semblable à celui du cœur quand les mouvements de cet organe sont secs et précipités. Ce battement n'est point isochrone à celui du pouls; il est beaucoup plus vif; la femme Gaillard peut l'activer, le provoquer et l'arrêter. » M. Lecadre examine longuement les diverses théories qui peuvent de près ou de loin expliquer cette monstruosité. Nous n'avons guère de prédilection pour ces recherches qui n'éclairent rien quand elles ne s'appuient sur aucune obser- vation positive. Et d'ailleurs, ce fait ne s'explique ni par une maladie de l'em- bryon, ni par une de ces causes mécaniques, brides fibreuses ou cordon ombili- cal, qui séparent plus ou moins complètement un membre. Nous ne croirions pas jeter un grand jour sur la question en disant qu'il s'agit ici d'une altération primitive du germe. » M. Lecadre termine son travail par l'examen de ce bruit singulier qu'on observe dans la cuisse gauche. Après avoir montré qu'il ne s'agit ici ni d'un bat- tement artériel ni d'un frémissement musculaire, l'auteur conclut à un mouve- ment brusque qui se passerait dans l'articulation , et il rappelle à l'appui de son opinion certains bruits que plusieurs individus produisent dans l'articulation temporo-raaxillaire , et ceux que font entendre dans la plupart des articulations les jongleurs indiens. » L'observation directe de Césarine Gaillard nous permettrait seule d'émettre notre avis à cet égard ; mais en admettant cette dernière explication, nous avons peine à comprendre ici l'emploi du mot battement. » 2° MAMELLES SURNUMÉRAIRES CHEZ LA FEMME ; par MM. EuDES DeSLOMGCHAMPS et Rayer. M. Rayer communique une observation et un dessin de M. Eudes Desloug- champs, correspondant de la Société, relatifs à une femme d'une trentaine d'an- nées, originaire de Neufchàtel (Seine-Inférieure), et qui porte trois mamelles. 10 Cette femme a habité assez longtemps Paris, où son mari fait un petit commerce. Elle a eu plusieurs enfants qu'elle a allaités, et jouit d'une bonne santé. Avant qu'elle fût devenue mère et nourrice, elle avait remarqué une espèce de mamelon sous le sein gauche, mais elle supposait que c'était une simple verrue- Lorsqu'elle allaita pour la première fois, la base de cette prétendue verrue se gonfla beau- coup, devint dure, et les liens de ses vêtements qui venaient s'appuyer dessus lui causaient de la gène. Bientôt elle remarqua que sa chemise était mouillée et comme empesée vis-à-vis de la verrue ou plutôt du mamelon ; enfin, à son grand étonnement, elle en vit sortir une humeur blanche qu'à son odeur et à sa saveur elle reconnut pour être du lait. A chaque enfant qu'elle a de nouveau allaité, la mamelle surnuméraire s'est gonflée et a sécrété du lait. Cette mamelle surnumé- raire est assez peu saillante et comme noyée dans le tissu cellulaire graisseux, cette femme avant un embonpoint assez prononcé. Mais, par le toucher, on re- connaît facilement cette glande à sa dureté et à sa forme arrondie. Son volume est environ de moitié moindre que celui des deux autres mamelles normales. Le mamelon est arrondi, saillant, et pourvu d'une aréole proportionnée. M. Rayer ajoute qu'il a observé en 1847, chez une femme demeurant à Paris, rue de la Tour-d'Auvergne, une anomalie du même genre ; seulement au lieu de trois mamelles, cette femme en avait quatre. Au-dessous de deux seins bien conformés et volumineux, on remarquait un mamelon surnuméraire. Du côté" droit, la mamelle surnuméraire, plus petite des deux tiers que la mamelle nor- male, était cependant très-facile à reconnaître par le toucher. Du côté gauche, on ne sentait qu'un rudiment glanduleux au-dessous du mamelon surnuméraire. Cette femme, accouchée plusieurs mois auparavant, avait fourni du lait par les deux mamelles du côté droit et par une seule du côté gauche ; le mamelon sur- numéraire de ce côté n'en avait pas donné. On sait que les exemples analogues ne sont pas très-rares et que Percy en a rassemblé un assez grand nombre dans son mémoire sur les femmes muîti- mammes. V. — Botanique. lo SUR LA MCLTIPLICATION DES CHARAGNES PAR DIVISION ; par M. MoNTAGNE. Tout le monde connaît les chara, et un grand nombre de savants distingués en ont fait une étude approfondie sous les différents rapports de leur organisa- tion, de leurs fonctions et de leur classification. Chacun sait encore que ces plantes, qui habitent les eaux douces, stagnantes ou courantes, sont pourvues des deux sexes réunis ou séparés, et se reproduisent le plus ordinairement par des fruits qu'on nomme sporanges. 11 est pourtant une espèce remarquable de cette famille, le chara {nitella) stelligera, qui, vu la rareté de ceux-ci, se per- pétue par un autre moyen. La nature l'a pourvue de nœuds stelliformes qui se développent çà et là au niveau des articulations ou nodophragmes du filament lî principal et sont constitués par un amas de rellules dans lesquelles il se forme de la fécule. Ce sont ces espèces de concrétions, d'apparence calcaire et de couleur d'ivoire, qui, se détachant à une certaine époque et tombant au fond de l'eau dans la ■vase, y poussent des radicelles et de nouvelles tiges. C'est surtout la structure encore mal connue de ces organes qu'il compare aux bulbilles des plantes supérieures, que M. Montagne s'est appliqué à scruter avec soin à l'aide du microscope et à décrire avec détail. Enfin, dans des individus recueillis par M"* Dufrenoy, à Chabreville, arrondis- sèment de Libourne, l'auteur de ce mémoire a été assez heureux pour en ren- contrer qui viennent prouver, ce qu'on ne faisait que soupçonner auparavant, à savoir, que ce sont, dans l'espèce en question, les nœuds astéromorphes qui la propagent en poussant de nouvelles tiges tout à fait semblables à celles de la plante mère. Pour appuyer d'autant plus son opinion, conflrmée d'ailleurs par les faits, M. Montagne passe en revue les exemples analogues de reproduction que fournissent non-seulement les plantes cotylédonées, mais encore, et plus particulièrement, les végétaux cellulaires. 2" VÉGÉTAUX PARASITES SUR UN INSECTE DU GENRE BRACHYNUS ; par M. Ch. RoBIN, M. Ch. Robin montre, sur le champ du microscope, des végétaux parasites, adhérant intimement par un pédicule au brachynus crepitans et au brachynus explodens, insectes qu'on trouve aux endroits humides, dans les Pyrénées, et toujours enduits d'une matière glutineuse. 3° PRODUCTION VÉGÉTALE PARASITIQUE CHEZ L'HOMME ; par M. GUBLER. Un homme, ieune encore et d'une forte constitution, reçoit, dans la main droite, une balle qui la traverse d'un côté à l'autre. On soumet le membre à l'irrigation continue. Comme cela se passe ordinairement, on voit d'abord l'épi- derme macéré devenir blanc et opaque, s'épaissir et se vider comme s'il était trop large pour la surface cutanée qu'il avait à recouvrir. Les choses restèrent dans cet état jusque vers le cinquième jour, époque où il se manifesta sur la face dor- sale de la main et des doigts, quelques petits boutons blancs, analogues aux vé- sicules d'eczéma déterminées par des cataplasmes. Les jours suivants, ces bou- tons augmentèrent de volume et de nombre en s'accompagnant d'une douleur prurigineuse qui, pour n'être pas très-vive, n'en était pas moins insupportable par sa continuité. Le blessé, très-impatient d'ailleurs, voulait s'en débarrasser en les ouvrant, et il détacha avec l'ongle deux ou trois des principales élevures. Chose remarquable, elles ne recelaient pas la moindre quantité d'une matière liquide, ce qui éveilla les soupçons de M. Gubler sur la nature végétale de ces productions. L'examen microscopique y fit découvrir, en effet, des filaments bys- ^oides analogues à ceux du muguet. 12 Ces ûlaments très-longs, plusieurs fois divisés, ont paru à l'auteur de la com- munication moins diaphanes que ceux du muguet lui-même et moins distincte- ment articulés. Toutefois, les cloisons existent ; elles sont même beaucoup plus rapprochées dans les branches secondaires et vers les extrémités terminales des filaments primitifs. Les rameaux naissent souvent d'un seul côté et se déta- chent à angles plus ou moins aigus, en s'incurvant du côté de l'axe qui leur donne naissance. M. Gubler a vu l'un d'eux terminé par un renflement cellulaire qui n'est probablement autre chose qu'une fructification naissante; mais il n'a pas rencontré de spores arrivés à leur entier développement, qui fussent encore fixés sur les filaments byssoïdes. Toutes les sporidies nageaient librement dans l'eau, ajoutée pour l'examen. Ces sporidies ellipsoïdes, droites ou légèrement courbes, sont coupées transversalement par une cloison qui les partage ainsi en deux cellules ou cavités. 11 y avait encore des vésicules arrondies, dont quelques- unes étaient munies d'un noyau et qui ne pouvaient être confondues avec de jeunes cellules épithéliales. Enfin, il existait, outre les éléments épidermiques, une matière amorphe finement granuleuse, qui paraissait servir d'humus au champignon en question. M. le docteur Montagne, consulté par M. Gubler, sur cette observation inté- ressante, n'a pu préciser l'espèce probablement nouvelle, à laquelle appartient cette production parasitique; toutefois, elle semble à notre savant collègue se rapprocher du genre Leptomytus entre les algues et les mucédinées. COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER 1852; Par M. le Docteur E. LE BRET, secrétaire. Présidence de M. BAYER. I. — Anatomie. NOTES SUR CE QU'ON APPELLE VÉSICULE MITOYENNE CHEZ LE CHEVAL ; VARIÉTÉS ANATOMIQUES; INTERPRÉTATION DE CET ORGANE; par M. ArM. GoUBAUX. Bourgelat est le premier qui ait parlé « d'un canal membraneux qui se trouve » dans l'intervalle des deux canaux déférents, enfermé entre les deux lames du » péritoine, résultant du repli de cette membrane, entre la vessie et le rectum, » et qui forme, dans le cheval, une partie à laquelle il crut pouvoir donner le » nom de vésicule mitoyenne. » 1/i La fiescriplion de Vitet est plus simple que celle de Dourgelat, mais cet auteur a signalé, pour un état normal, une variété anatomique. Il a dit : « La vésicule u mitoyenne contient une humeur plus limpide que celle des canaux déférents; » cette humeur vient d'un conduit qui s'abouche avec l'extrémité de la vésicule » mitoyenne, qui s'approche du canal déférent à l'endroit où il commence à deve- >» nir plus considérable, et qui suit le cordon spermatique droit pour aller se ter- » miner au testicule du même côté. » J'ai rencontré aussi cette anomalie. Flandrin, Girard et M. Lavocat ont peu varié sur la description qui avait été faite d'abord. Aucun de ces auteurs n'a fait connaître les variétés anatomiques que cette vésicule peut présenter sous les différents rapports du nombre, de la forme et de l'étendue; cependant il me paraît utile, pour l'intelligence de ce travail, de rapporter ici ce qu'a dit M. Lavocat relativement à cet organe, et j'emprunte à son ouvrage, qui est le plus récent sur l'anatomie vétérinaire, le passage suivant : « Chez les solipèdes est une poche oblongue dont l'extrémité est quelquefois 1) sphéroïde; elle est médiane, comprise entre les deux canaux efférents, et se I) glisse sous la prostate pour venir s'ouvrir dans le veru montanum, près et » en avant des orifices éjaculateurs. Cette capsule renferme une humeur blan- » châtre et visqueuse, qui paraît destinée à remplir le même office que le liquide » prostatique. » En raison de l'usage que M. Lavocat a attribué au liquide que cette poche renferme, il l'a décrite à la suite de la prostate, tandis que tous les autres au- teurs l'ont décrite comme une vésicule séminale mitoyenne impaire Quelle que soit la considération sur laquelle on s'est basé pour la décrire comme tel organe ou comme tel autre, il est évident que ce ne peut être qu'après un examen incomplet. II y a des choses qu'on a pu transmettre sur la foi des auteurs anciens, mais aujourd'hui il faut soumettre tout ce qui a été écrit au contrôle de l'analyse et de l'observation. Disséquer, observer et réfléchir sont trois conditions indispensables et insépa- rables pour étudier l'anatomie. Vouloir les séparer, vouloir marcher avec l'une sans les deux autres, c'est s'exposer à quelque chose de très-grave, à perpétuer l'erreur qui avait été commise d'abord. Voici les variétés anatomiques que j'ai observées : 1° Le 10 janvier 1845, sur un cheval qui fut sacrifié pour les travaux anato- miques, la vésicule mitoyenne avait sa forme normale, mais son fond se prolon- geait en avant par un canal qui offrait de distance en distance des renfle- ments. Ces renflements étaient remplis de liquide muqueux de couleur citrine. Ce prolongement de la vésicule mitoyenne accompagnait le canal déférent du côté gauche jusque dans le trajet inguinal. Il n'avait aucune communication m avec le testicule ni avec le canal déférent; il se terminait en cul-de-sac. 15 Celte observation n'est-elle pas analogue à celle de Vitel? 2° Le 23 décembre 1830, voici ce que j'ai remarqué sur une pièce provenant d'un cheval entier qui fut sacrifié pour servir à la préparation d'une leçon sur les organes génitaux : entre les deux canaux déférents, il existait un cordon lon- gitudinal formé par du tissu musculaire de couleur grisâtre, beaucoup plus épais qu'on ne le rencontre ordinairement. Comme j'avais besoin de montrer sur cette pièce la vésicule mitoyenne, j'ai coupé en travers ce cordon musculaire, afin d'arriver tout à fait à la partie postérieure de ia vessie. A cet endroit, j'ai mis à découvert la vésicule mitoyenne; elle était assez développée; elle avait la forme d'une poire dont la grosse extrémité était antérieure, et se terminait en arrière par un petit canal qui s'introduisait au travers des fibres musculaires rouges qui forment le col de la vessie, au-dessous de la partie moyenne de la prostate, rampait entre ces fibres charnues et la muqueuse, et aboutissait enfin à la paroi supérieure du canal de l'urètre. La longueur totale de cette vésicule était de 9 centimètres. En outre, il existait une autre vésicule mitoyenne ; elle avait une apparence bilobée et recouvrait la terminaison de la première. Le plus gros lobe de celle-ci était à gauche, et le plus petit à droite. Sa forme générale était aussi celle d'une poire, mais elle était moins volumineuse à sa base que la première, et sa lon- gueur totale était de 7 centimètres. Le fond de ces deux vésicules mitoyennes était distendu par une matière pa- raissant, au travers de leurs parois, être d'une couleur jaune doré, et assez ana- logue au jaune de l'œuf. Cette matière avait une certaine consistance et était poisseuse. J'ai ouvert ensuite la première portion du canal de l'urètre, par sa paroi infé rieure, et j'ai pu m'assurer que le col de ces vésicules venait s'ouvrir dans le veru montanum. 11 y avait à cet endroit quatre ouvertures, deux pour les ca- naux éjaculateurs, et deux pour ces petites vésicules, ainsi qu'on peut le voir sur le dessin que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau de la Société. M. Clément, chef de service de chimie à l'École nationale vétérinaire d'Alfort, avait eu l'obligeance de faire l'analyse de la matière contenue dans ces vésicules mitoyennes ; je regrette beaucoup d'avoir égaré les notes qu'il m'avait remises à cet égard, et de ne pouvoir les faire connaître aujourd'hui. 3° Dans le courant du mois de janvier 1851, j'ai revu deux fois ce que je-viens de décrire précédemment. 4" Le 7 janvier 1851, sur un cheval, j'ai remarqué une disposition que je n'a- vais pas encore rencontrée. Outre la vésicule impaire, il y en avait une autre qui avait une longueur beaucoup plus considérable et un trajet irrégulier ; elle offrait des renflements presque sphériques de distance en distance, et enfin se terminait en cul-de-sac au-dessus de la face supérieure de la vessie. Les liquides que contenaient ces renflements avaient les propriétés physiques que j'ai déjà indiquées. 16 5» Le 11 janvier 1852, chez un cheval qui a servi pour les travaux analo- miques, il y avait, outre les deux vésicules séminales, trois vésicules mi- toyennes. Parmi ces dernières, la médiane était non-seulement plus développée que les deux autres, mais elle l'était encore plus que dans l'état ordinaire. Les deux au- tres étaient situées à la face supérieure du col de la vessie, l'une à droite et l'au- tre à gauche. Chacune d'elles répondait en dehors au canal déférent, et en de- dans, à la troisième vésicule mitoyenne. Ces trois vésicules s'ouvraient isolément dans le canal de l'urètre, qui présen- tait à la paroi supérieure de sa première portion cinq ouvertures, deux pour les canaux éjaculateurs, et trois autres pour les embouchures particulières des trois vésicules mitoyennes. 6° Enfin, le 17 avril 1851 , chez un cheval entier, la vésicule mitoyenne se pro- longeait en avant jusqu'au niveau de l'espèce de mésentère transversal qui unit, l'un à l'autre, les deux vésicules séminales par leur fond ou partie antérieure. A cet endroit, la vésicule mitoyenne se terminait par une dilatation globuleuse aplatie, de 3 centimètres de diamètre. Elle s'ouvrait à la face supérieure de la première portion du canal de l'urè- tre, dans le plan médian et entre les deux canaux éjaculateurs. Cette vésicule n'existe chez aucun autre des animaux domestiques. C'est un premier fait à noter, et c'est là un de ces faits que l'étude de l'anatomie compa- rée permet d'observer pour un certain nombre d'organes. V Quel est donc cet organe que les anatomistes vétérinaires ont appelé vésicule mitoyenne? Si je n'avais, comme la plupart des auteurs que j'ai cités, considéré cet or- gane que dans l'état où on le rencontre ordinairement, je serais arrivé à la même conclusion ; mais comme je tiens note do toutes les variétés anatomiques que je rencontre, je crois qu'il peut être considéré autrement qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. Cette vésicule, simple ou multiple, ne correspondrait-elle pas aux canaux de Gaërthner, que l'on observe parfois chez les femelles? J'ai vu plusieurs fois ces canaux dans les juments, dans les vaches et dans les truies, où leur existence n'est cependant pas constante, et j'ai vu dans leur inté- rieur, chez les juments particulièrement, un liquide dont les propriétés phy- siques me rappellent celles du liquide que l'on trouve dans l'intérieur de la vési- cule mitoyenne du cheval. Ne serait-elle pas un canal qui aurait appartenu à un organe du fœtus, et qui aurait disparu plus ou moins complètement? Cette idée m'est venue lorsque j'ai réuni les variétés anatomiques que j'ai ob- servées sur cet organe en particulier. J'ai voulu savoir ensuite si je m'éloignais de la vérité, et j'ai consulté tout d'abord l'excellente thèse de mon collègue et ami M. le docteur Follin (Recherches sur les corps de Wolf). 17 J'espère que j'arriverai à démontrer que cette idée est fondée. Je me borne donc à indiquer les variétés anatomiques que cet organe présente ; je me propose de faire de nouvelles recherches, et, dans un autre travail, je ferai connaître à la Société les résultats quB j'en aurai obtenus. II. — Physiologie. !• 8UR LA PHYSIOLOGIE DE L'AIGCILLON DES INSECTES HYBÉK0PTÈRK8 ; par M. Alex. Laboulbène. La forme des parties qui constituent l'appareil du venin chez beaucoup d'in- secte* hyménoptères est curieuse à étudier. Swammerdam a fait connaître l'aiguillon dentelé de l'abeille; M. L. Dufour a consacré dans ses recherches anatomiques (Mém. des sav. étrang. publiés par l'Institut, t. VII, p. 410) nn chapitre spécial à l'appareil vénénifique. Il a divisé les aiguillons en ceux qui sont dentelés en fer de flèche ou armés de dents dirigées en arrière, et en ceux qui sont lisses sur leurs bords ou vers la pointe ; mais il n'indique point la forme spéciale à chaque famille. Aucun naturaliste, à ma connaissance, n'a cherché la raison physiologique de la présence ou de l'absence de ces dentelures; je crois être arrivé à une solution raisonnable, au moins pour l'aiguillon des sphégides. En étudiant à Agen pendant l'été un ammophile, très-probablement de l'es- pèce sabulosa, je remarquai un aiguillon parfaitement lisse dans toute l'étendue des bords. Un grossissement de 4 et de 500 diamètres ne montrait pas la moindre dentelure. Or comme j'avais disséqué Vammophile devant un de mes amis et que j'avais, d'après l'analogie avec l'aiguillon des abeilles et des scolies, an- noncé un dard à dentelures, je fus fortement déçu. Ma préoccupation ne cessa que lorsque réfléchissant au genre de vie des sphégides et de Vammophile en particulier, je me rappelai que ces hyménoptères fouisseurs après avoir creusé un petit terrier vont à la recherche d'insectes vivants pour nourrir les larves qui sortiront de leurs œufs. Ils percent de leur aiguillon la proie qu'ils capturent et celle-ci est tuée par le venin qui en même temps la préserve de toute putré- faction et l'empêche de se dessécher. Ce fait si singulier est mis hors de doute par les recherches de M. L. Dufour sur le cerceris bupresticida et d'Audouin sur les odynerus (Ann. des se. nat., 2* série). Or il faut, si Vammophile prend dix, vingt insectes, qu'il les pique tous et par conséquent qu'il retire son aiguillon à chaque fois; cet organe est pour lui non-seulement une arme contre les ennemis qu'il peut avoir à combattre mais surtout un instrument nécessaire, indispensable pour assurer l'existence des larves destinées à propager son espèce Que serait-il arrive si l'aiguillon eût été dentelé? Il serait resté dans les parties molles comme celui de l'abeille qui a piqué; cette mutilation aurait entraîné la mort de l'insecte, ou dans le cas de survivance l'aurait privé d'un organe indispensable. Il me parait donc évident 2 18 que les insectes hyménoptères dont l'aiguillon est une arme exclusivement dé- fensive ont ce même aiguillon dentelé, disposé de manière à pénétrer profondé- ment dans les chairs, mais aussi très-difficile à retirer sans mutilation pour l'in- secte qui vient de faire usage de cette arme. Au contraire les hyménoptères dont l'aiguillon est un dard, un instrument, qu'on me passe le mot, inoculateur, avant d'être une arme défensive, doivent avoir cet aiguillon lisse. J'appelle l'attention des entomologistes sur le fait que je viens de signaler et dont je poursuivrai l'étude. 2" SUR LA PHYSIOLOGIE DES ORGANES ANNEXÉS AD CONDUIT DES OEUFS CHEZ LES INSECTES FEMELLES ; par le même. Les organes générateurs des insectes femelles ont pour annexes dans leur por- tion inférieure des tubes creux diversement repliés ou des utricules à parois épaisses dont les fonctions ont longtemps été et sont encore un problème pour beaucoup de physiologistes. Depuis longtemps j'observe ces organes sur plusieurs insectes de divers ordres, et je crois qu'on peut, d'après Von Siebold, assigner la véritable fonction de la plupart d'entre eux. Insectes diptères. — En étudiant au microscope la structure des corps ar- rondis, noirs (orbicelles), situés au-dessus du conduit vaginal des diptères des genres musca et calliphora, on voit sortir de ces corps écrasés dont la sub- stance est dure de véritables spermatozoïdes vifs et remuants. Toutes les femelles sans exception que j'ai ouvertes après l'accouplement m'ont offert dans leurs orbicelles une prodigieuse quantité de spermatozoïdes. Les femelles vierges n'en ont point. Insectes coléoptères. — La forme des annexes de l'appareil génital de ces insectes est fort variée. J'ai sur la chrysomela Banksii vu parfaitement, dans une utricule à parois épaisses située sur le conduit vaginal, beaucoup de sper- matozoïdes. Ou les apercevait même très-distinctement remuer dans toute l'éten- due du canal excréteur de l'utricule dont les parois étaient transparentes. Insectes orthoptères. — On a signalé une poche considérable dans les saute- relles, près de la naissance de l'oviducte. Je l'ai trouvée pleine de spermato- zoïdes portés sur un axe, dans le decticus verrucivorus et le gryllus domes- ticus. 11 me paraît résulter de ces faits et de plusieurs autres soigneusement ob- servés : 1» Que l'organe à parois épaisses annexé au conduit des œufs des insectes femelles de tous les ordres et ayant la forme d'une utricule est un véritable receptaculum, seminis. 2» La situation de cet organe au-dessus d'un autre qu'on trouve presque tou- jours rempli d'une substance graisseuse, à fins globules réfractant fortement la 19 lumière, indique très-bien que l'ablution séminale B'opère avant l'application d'un enduit préservateur ou propre à coller les œufs. 3<> Cet organe situé au-dessous du premier remplit les usages d'une glanda sébacée. ni. — Pathologie et anatomie pathologique. to CAS DE CYSTICERQUE DU TISSU CELLULAIRE INTERMUSCULAIBE OBSERVÉ CHEZ l'homme; par MM. Davaine et Follin. Quoique !e cysticercus cellitlosœ iill été déjà rencontré un assez grand nom- bre de fois dans le lissu cellulaire intermusculaire chez l'homme, toutes les des- criptions qui en ont été données, toutes les ligures dans lesquelles les médecins ou les naturalistes ont cherché à en reproduire les caractères, ne sont pas telle- ment exactes qu'il n'y ait plus d'intérêt à faire une nouvelle étude de cet hel- minthe. Observés depuis longtemps dans le tissu cellulaire sous-cutané et intermns- culaire et dans les principaux viscères , chez le cochon domestique atteint de la maladie connue .vous le nom de ladrerie, les cysticerques du tissu cellu- laire ont été rencontrés pour la preiiiière fois dans le tissu cellulaire inter- musculaire chez l'homme par Werner, qui lésa décrits et figurés dans son se- cond fascicule, intitulé : Vermium intestlxalium brevis expositionis contimua- tio secunda (Lipsîœ, 1796). En disséquant les muscles d'un soldat fortement constitué et mort par sub- mersion, Werner observa sous le muscle grand pectoral deux vésicules, dont chacune contenait un ver vésiculaire qu'il désigna sous le nom de finna hu- tnana, de finnen, nom allemand de la maladie du porc ladre. Les ligures qui représentent le kyste paraissent assez exactes ; mais celles du cysticerque sont mauvaises, celles surtout qui représentent la lèie et le col du cysticerque, sor- tis de la vésicule, et plus encore la fig. 8, destinée à montrer, à l'aide d'un assez fort grossissement, la disposition du rostre, des ovules et les articles du corps, est tout à fait inexacte. Werner avait cru trouver quelques diiférences entre le cysticerque du tissu cellulaire de l'homme et celui du cochon domestique. Le docteur Steinbucb, dans un petit traité sur ce c\sticerque, qu'il appelle tœnia hydatigena ano- malà (CoiDi. de t-en. hydat. anomal.. Eriangen, l802j, s'est attaché à démon- trer qu'il n'offre aucune différence essentielle chez l'homme et chez le porc ladre, fait déjà énoncé par Fischer dans le troisième fascicule de Werner. Les figures de Steinbuch, reproduites par Schmalz(Ed.) (Tabula anatomiam entozoorum illustrantes, Leipsiœ, 1831], ne sont pas non plus satisfaisantes. Enl803, à l'ouverture du corps d'un homme âgé de 60 ans, Laennec trouva, outre flusieurs lésions, d»nt la plus grave était, dit il, une inflammation de la iriem- 20 braue qui tapisse les Teotiicules du cerveau, le même helmiiitbe dans plusieurs régions du corps. Il y avait des cyslicerques ladriques dans les muscles grands et petits pectoraux, dans les obliques de l'abdomen, dans les muscles des jam- bes, dans le biceps du bras droit et le deltoïde du bras gauche. Tous ces mus- cles étaient fermes, bien colorés, et ne paraissaient avoir subi aucune altération. Il y avait un kyste contenant un de ces vers dans le tissu cellulaire du médias- tin et un dans l'épaisseur de la couche optique gauche ; un autre à la partie postérieure inférieure de l'hémisphère droit du cerveau. Le foie contenait de petits kystes que l'auteur regarde comme des débris de cysticerque. Laennec a fait de ces vers une description assez complète, mais il n'en a pas donné de figures. L'année suivante, 180û, Dupuytren ay;iut trouvé un ver vésiculaire dans le muscle grand péronier d'un homme âgé d'environ 30 ans, le remit à Laennec, qui reconnut que c'était également un cysticerque du tissu cellulaire (Laennec, MÉM. SUR LES VERS VÈSICULâIRES, in MÉM. DE LA FaC. DE MÉD. DE PARIS, 1812). Laennec n'a pas figuré ces helminthes observés chez l'homme; mais il a donné plusieurs ligures assez exactes des kystes et des dillërentes parties du cysti- cerque ladrique du porc. En 1809, Himly (Beobachtung und beschreibung des FiNNENWURMs, 1809, décembre) publia dans le Journal de Hufeland, un nou- veau cas très-curieux. Le sujet était afl'ecté d'un cancer de la commissure des paupières. Pendant qu'on préparait l'ouverture du crâne, Himly remarqua sur la surface de la poitrine et du ventre de petites tumeurs, du volume d'une len- tille, reconnaissables au loucher. Leur siège était dans le tissu cellulaire sous- cutané. En ayant incisé quelques-unes, il reconnut que chacune d'elles conte- nait un petit corps blanc, semblable pour l'aspect au cysticerque du porc. Uue dissection plus attentive en lit rencontrer plusieurs centaines dans les mus- cles, dans le cerveau et dans les poumons. Il n'en existait pas dans le foie. Himly indique et hgure la double couronne de crochets d'inégale longueur au- tour du rostre. Rudolphi a rappelé les observations des auteurs qui avaient rencontré le cysticerque du tissu cellulaire chez l'homme, chez le porc et plusieurs autres animaux, sans citer de faits qui lui soient propres. Lobstein (Traité d'anatojiie pathologiqde, in-8°, 1829j dit qu'il a plusieurs fois rencontré le cysticerque du tissu cellulaire entre les fibres musculaires; mais il ne cite pas de cas particuliers. M. Cruveilhiera rencontré une fois un cysticerque renfermé dans un kyste oblong, situé dans l'épaisseur du muscle copturier, et deux autres fois, il a trouvé un cysticerque dans la cojarte portion du muscle biceps humerai. (DiCT. MÉD. et cuir, pratiques,, art. Entozoaire, 1831); mais il ne donne pas les ca- ractères de ces helminthes. M. Gervais a étudié avec soin, en 1845, des cyslicerques que M. Demarquay avait rencontrés dans presque tous les muscles d'une femme de GO ans. Il y en avait un dans un des poumons (Bull, de la Soc. philomatique, 1845). M. Ger- vais a représenté les kystes contenant les vers; mais il a ligure ces derniers d'une manière très-incoinp!ète. Il en donne, d'ailleurs, une bonne des- cription. Enlin, en I8/16, MM. Folliu et Robin ont fait des recherches nouvelles et plus complètes sur la structure du kyste et des organes du cysticerque de l'homme et de celui de l'ours brun, qui leur a oll'ertles mêmes caractères que celui de l'homme (Bull, de la Soc. philoh., 18/16, et Richard, Histoiue naturelle mé- dicale, 4« édition). En résumé, chez l'homme, le cystic;erque du tissu cellulaire a été quelque- fois rencontré soit unique et formant une petite tumeur située plus ou moins profondément entre les libres d'un muscle, soit en assez grand nombre dans le système musculaire et même dans les viscères. L'observation de Himiy est 1« seul cas, à ma connaissance, dans lequel les kystes contenant les cysticerques ont été reconnus au toucher. Le cas rencontré par M, Follin, et qui a été l'oc- casion de ces recherches, appartient à la catégorie des kystes ladriques soli- taires ; mais il ofl're une particularité qui n'a jamais été signalée et tout à fait extraordinaire, celle de trois cysticerques contenus dans une même poche. Le kyste était situé à la face interne du muscle droit de l'abdomen, dans le tissu cellulaire sous-périlonéal. Nous croyons inutile d'expofer avec détail les caractères de ces helmin- thes , qui ont été bien indiqués par les belminthologistes modernes , et entre autres par MM. Dujardin et Diesing. Nous nous bornerons à quelques re- marques. L'un des trois cysticerques, dont nous mettons les études sous les yeux de la Société, avait 6 millimètres de longueur jusqu'à la vésicule caudale. Nous ne pouvons indiquer la forme et la dimension de cette vésicule, qui avait été dé- chirée avant qu'elle eijt été soumise à notre examen. Il en était de même pour les deux autres cysticerques : la tête, supportée par un col rétréci, pn^sente quatre oscules et un rostre très-court, surmonté d'une double couronne de crochets, au nombre de trente-deux. Ceux de la première rangée, plus longs, alternent avec ceux de la deuxième rangée et présentent leur pointe sur la même ligne. Le col et le corps sont composés d'articles très-serrés, dont le nombre ne peut être déterminé, et qui, par leurs contractions inégales, oll'rent un ensemble irrégulier. Le tissu du col et du corps, vu à un grossissement de 350, paraît formé de fibres qui contiennent dans leurs intervalles une grande quantité de corpuscules ronds ou ovoïdes, de 1 à 2 centièmes de millimètre de diamètre. Ces corpuscules, regardés naguère«encore par quelques helmintho- logisles comme des corps repioducteurs,'ne sont en réalité que des concrétions de carbonate de chaux, comme nous nous en sommes assurés. Les parois de la vésicule ne contiennent point de ces corpuscules. Il résulte de l'examen coniparalif que nous avons fait de ce cysticerque avec /c celui du cochon ladre, que ces deux vers ofl'renl quelques différences qui de- vront les faire rapporter à deux variétés ou même à deux espèces distinctes, si ces diflërences se conQrment. Ainsi, sur une dizaine de cyslicerques du cochon que nous avons examinés, nous avons toujours trouvé de vingt-six à vingt-huit crochets, tandis que le cysticerque que nous venons de décrire en a trente- deux. M. Gervais, MM. Follin et Robin en ont également trouvé trente-deux sur les cyslicerques soumis à leur examen. Enfin, sur la ligure donnée par Himly, nous avons compté trente-deux crochets. En outre, la forme de la tête et le col nous ont paru offrir quelques différences, et le nombre des corpuscules de carbonate calcaire nous a paru beaucoup plus considérable dans le cysticer- que du cochon. 2» LUXATION SPONTANÉE DE L'aUTICDLATION CÉPHALO-RACHIDIENNE; MORT SUBITE; CARIE VERTÉBRALE; par M. HlFFELSHEIM. Obs. — Le sujet de cette observation n'a atiiré l'attention du chirurgien que dans les quinze derniers jours. Il avait une exosiose au tibia gauche et une ostéite suppurée au tibia droit. Il se plaignait de douleurs vagues dans la région cervicale postérieure. Depuis trois mois il ne marchait plus. Les mouvements du cou devinrent plus difficiles, et après deux mois d'hôpital, vers le 1" lévrier, il accusa de la gène dans la déglutition. C'est à cette occasion seulement que l'on examina attentivement le malade. On découvrit au fond de la gorge, derrière le pilier postérieur gauche, une tumeur oblongue, molle, fluctuante. La douleur fixe, profonde, la gêne des mou- vements, la difficulté de la déglutition, firent diagnostiquer cet abcès comme symptomatique d'une carie de l'articulation. Le pronostic fut déclaré mortel. Le malade se tenait dans sou lit, roide, immobile, la tête droite, le menton rapproché du sternum, etc., etc. Le 16 février, pendant un mouvement, le malade expira subitement. Autopsie. — La cage thoracique et le dos n'offrent aucune déformation. Le maxillaire inférieur enlevé, ainsi que les muscles de la région cervicale antérieure, on découvre derrière le ligament antérieur un vaste foyer purulent communiquant avec l'articulation. L'arc antérieur de l'atlas est détruit; les apophyses transverses sont érodées. L'apophyse odontoïde est fortement inclinée en arrière; son sommet est érodé. Les surfaces articulaires occipito-atloidiennes gauches sont désorganisées, les ligaments détruits; de même les ligaments axoïdo-atloïdiens. La moelle n'offre aucune lésion appréciable; ses enveloppes ont paru in taeles. 23 Tout le long de la colonne vertébrale, il existe soit antérieurement, soit laté- ralement, de petits loyers purulents. Au niveau de la deuxième, troisième et quatrième vertèbre lombaire, il existe à gauche deux immenses poches purulentes. A la région sacrée antérieure, se trouvent également deux vastes poches. Le rein gauche, comprimé parles premières tumeurs, ofiFre une déformation telle qu'il représente un parfait triangle isocèle, à angles arrondis. La vessie a des parois très-épaisses; elle était en rapport médiat avec cette poche de la région sacrée antérieure. Le rein droit et la rate sont volumineux. Dans la région cervicale et la région sacrée seules, la poche communiquait avec des vertèbres cariées. Dans la dernière de ces régions, la carie était profonde, l'altération très- étendue. Autour des foyers cariés existaient de nombreux ostéophytes. Plusieurs de ces stalactites, qui proéminaient dans le petit bassin, avaient plus d'un pouce de longueur. Dans cette partie, la queue de cheval macérait dans le pus. Dans les régions dorsale et lombaire, les nombreux abcès étaient tous cir- convoisins. Quelques-uns se prolongeaient fort avant dans les trous de conju- gaison. Partout nous avons rencontré de l'ostéite à tous les degrés, mais tou- jours à côté d'un point nécrosé, de l'ostéite plastique. Toutefois les foyers n'é- taient pas en communication avec l'os : c'est pourquoi nous leur avons donné le nom de circonvoisins. 3« CALCUL VÉSICAL CHEZ UNE ENFANT DE 7 ANS; EXTRACTION PAR LA TAILLE SOUS-PUBIENNE. (Servicc de M. Jobert (de Lamballe). — Obs. de M. L.Blin.) M. Louis Blin communique les détails de cette observation de calcul vésical survenu chez une petite fille, âgée de 7 ans, sans antécédents occasionnels. La taille a été pratiquée par M. Jobeit, à l'aide d'une double incision de Turè- Ire, l'une en haut, vers le clitoris, l'autre transversalement à gauche et en bas, et est suivie d'un plein succès. M. Blin présente le calcul du volume et de la forme d'une amande, et qui offre, étant scié dans le sens de sa longueur, des couches concentiiques autour d'un noyau plus foncé. — M. Leconte a bien voulu analyser ce calcul et l'a trouvé composé dans toutes ses parties d'acide urique en grande quantité et de phosphate ammoniaco- magnésien, sur la présence duquel il réserve quelques conclusions. 4° DISTENSION CONSIDÉRABLE DU BASSINET DU REIN DROIT CHEZ UN SUJET ATTEINT DE PARALYSIE GÉNÉRALE; par M. D. ZaMBACO. Sur une aliénée gâteuse de laSalpétrière, atteinte, pendant la vie, de paralysie 2Zi ■ générale, M. Zambaco a rencontré une distension considérable du rein droit : à l'intérieur de la poche formée par le bassinet amplifié se trouvaient un caillot et un calcul. Le caillot, de consistance médiocre, adhérait à l'intérieur de la tu- meur et obstruait complètement l'orifice de l'uretère; le calcul, de la grosseur d'un œil de pigeon, aplati vers ses bords, ett recouvert de petits cristaux de phosphate ammoniaco-magnésien et d'une poussière blanche (phosphate de chaux) Le rein gauche avait doublé de volume et suppléait son congénère. On n'a observé du côté des centres nerveux, a proprement parler, qu'une injection des méninges, un peu d'induration de la substance blanche encéphalique, et un ramollissement de la moelle épinière au niveau des renflements. b" SUR LES ALTÉRATIONS DE LA FOURBURE CHRONIQUE DU CHEVAL ; par M. H. Bouley. M. Bouley met sous les yeux de la Société l'extrémité digitale d'un membre antérieur de cheval , qui était afïecté de la maladie désignée sous le nom de fourbure chronique. Cette pièce est très- remarquable, d'une part, par le dé- veloppement hyperlhrophique des lames du tissu feuilleté, qui ont acquissurtoute la face antérieure du doigt des dimensions en largeur quatre fois supérieures, au moins, à leurs dimensions normales; et, d'autre paît, par la présence , sur le bord libre de ces lames qui, dans l'étal normal, paraît parfaitement glabre à l'œil nu, de processus viileux extiaordinaiiement développés. On dirait des papilles de nouvelle formation. Leurs dimensions sont telles, qu'examinées dans un vase rempli d'eau limpide, elles donnent à la face antérieure du doigt l'aspect d'une étoffe pluchcuse. La face interne du sabot, qui était en rapport avec ce tissu hypertrophié, pré- sente des cannelures très-profondes, proportionnées aux dimensions excessives des lames qu'elles sont destinées à recevoir ; et, dans le fond de ces cannelures, une multitude de pertuis canaliculés dans lesquels étaient logées les houppes si extraordinairement développées, dont le boid libre des lames feuilletées est hérissé. Ces modifications si remarquables de la forme du tissu feuilleté, semblent co- ïncider avec des modifications correspondantes de leurs fonctions. La propriété sécrétoire kératogène qui , dans l'état normal, n'existe qu'en puissance, dans l'ap- pareil feuilleté, paraît être, en effet, devenue active et continue dans cet appa- reil morbidement liypertropliié; carie sabot qui le révélait n'est pas le produit seulement, comme dans les conditions physiologiques, de la sécrétion du bourre- let, mais bien de cette sécrétion combinée avec celle du tissu ftuillete, qui sem- ble s'être opérée, sans discontinuité, comme celle du bourrelet même. Aussi remarque-ton que ce sabot n'a pas augmenté seulement en longueur, comme cela se produit quand la sérrélion du bourrelet est seule active à l'en- 25 (,'endrer, mais aussi en épaisseur, par addition, à sa face interne, des couches nouvelles que le tissu feuilleté a formées incessamment. IV. — TÉRATOLOGIE (ANOMALIES ET MONSTRUOSITÉS). lo SOR LES CHEVAUX CORNUS (1) ; par M. A. GOUBAUX. Si j'en juge par mes propres observations, dit l'auteur, ce n'est pas une chose très-rare que de rencontrer des chevaux cornus. J'en ai vu un certain nombre. Les chevaux cornus présentent deux productions osseuses sur la partie moyenne du frontal; elles sont recouvertes par la peau, et forment une saillie plus ou moins prononcée sur les parties environnantes. Les plus développées que j'aie observées sur des animaux vivants faisaient une saillie de 2 centim. environ. La peau qui les recouvrait avait ses caractères ordinaires, et ne présentait absolu- ment rien de remarquable. Plusieurs fois, sur des sujets qui avaient été sacrifiés pour les travaux anato- miques de l'école d'Alfort, j'ai vu que ces productions osseuses étaient conti- nues au frontal, ainsi qu'on le remarque sur une pièce que j'ai l'honneur de présenter à la Société. Une seule fois, j'ai rencontré ces productions osseuses enchâssées dans des cavités particulières de chacune des moitiés de la face antérieure du frontal, à la manière des dents dans les alvéoles; elles avaient alors une forme irrégulière et étaient contournées sur elles-mêmes. Leur surface était lisse, comme émail- lée, et j'avais pensé que c'étaient des dents analogues à celles qui ont été ren- contrées dans l'apophyse zygomatique du temporal; mais M. le professeur Las- saigne a eu la bonté de me faire l'analyse comparative, sur ce même cheval, du frontal et de l'une de ces productions osseuses, et il a trouvé que la composition chimique de ces deux parties était identique. D'autres observations sur les chevaux cornus sont consignées dans un ou- vrage intitulé : Thom^ Bartholinini historiarum anatomicarum rariorum cen- turia I et II, imprimé en 1654; mais je n'ai jamais rien rencontré d'analogue. Voici ce qu'on trouve dans ce livre, sous le titre de Equus cornutus (cent. II, hist. X); je traduis : « Dans l'écurie de la citadelle royale de Copenhague, on voit un cheval de » race qui, à la base de chacune des oreilles, porte une corne qu'on pourrait » comparer à l'éperon d'un coq; elle est incurvée sur elle-même, et sa face ex- (1) En extérieur, on appelle aussi cheval cornu celui dont les hanches sont trè.s-saillantes. Je ne me sers ici de celte expression que parce qu'elle a été em- ployée par Thomas Bartholin {equus cornuttts). 26 » terne est très-brillante. Cette production adhère très-Intimement à la peau dont » elle suit les mouvements. Tous les mois, surtout si le cheval est mal portant, » cette corne tombe et est insensiblement remplacée par une autre. Ce renou- • vellement n'a parfois lieu que tous les trois mois. » Ces cornes sont creuses intérieurement et peuvent être comptées parmi les » productions les plus élégantes de ce genre. n Je dois à la générosité du roi Frédéric III deux cornes de cette espèce dont » je donne ici la figure. » (Celte figure représente deux cônes légèrement recour- bés sur eux-mêmes, d'une longeur de 3 centim. sur 1 centim. de diamètre environ.) « Ces productions cornues sont très-rares chez le cheval. Les animaux chez » lesquels on les rencontre sont, en général, tristes et timides, ce qui s'accorde » avec les observations de Galien et d'Ingrassias qui attribuaient à un excès de » mélancolie l'origine des exostoses et des cornes. Nierembergius fait fliv. 7, » chap. 2 de son Hist. natur.) la description d'un cheval cornu qu'il avait » vu à la cour de Philippe, roi d'Espagne. Allatius en vit un semblable dans les n écuries du prince Stilianus, et Elisarus en rencontra un à Naples, ainsi qu'il » me l'a dit lui-même. De plus, dans la collection vraiment royale de notre » auguste monarque, on voit une de ces cornes de cheval qui est très-épaisse et » qui ressemble beaucoup, sous le rapport de la texture, à un fragment de corne » des animaux pourvus d'une seule corne. » Si plusieurs auteurs n'avaient décrit de visu des productions cornées déve- loppées sur la tête des chevaux, je serais porté à regarder comme fabuleuses les descriptions qu'ils nous ont transmises. Rigot a dit que quelquefois, chez le cheval, le frontal présente des vestiges des éminences osseuses qui supportent les cornes chez le bœuf, et, je le répète, ce n'est pas une chose très-rare. M. Reynal, chef de service de clinique à l'École d'Alfort, en a vu aussi plusieurs fois sur des chevaux, et une fois, entre autres, sur un cheval importé de Danemarck en France, lorsque les régiments furent mis sur le pied de guerre en 1840. Ce che- val, loin d'être triste et timide, ainsi que l'a dit, d'une manière générale, Tho- mas Bartholin, a fait un excellent service. J'ai connu moi-même pendant plu- sieurs années un cheval cornu, et mes observations concordent parfaitement à cet égard avec celles de M. Reynal. D'après ce qui précède, on peut donc dire qu'il y a deux sortes de chevaux cornus : les uns chezlesquels le frontal porte deux productions osseuses, ce sont les plus rares, et les autres chez lesquels on observe des productions cornées à la base de l'oreille externe. Î7 2* SUR ONE YABIÉTÉ PIE DE LA SAiNGSUE OFPICINALK; par M. J.-LÉON SODBEIRAN. On sait que l'espèce du genre hirudo, que Savigny a désignée sous le nom 6'officinalis dans le système des annélides, renferme un grand nombre de va- riétés. Une des plus communes de ces variétés est la sangsue officinale (Am/do serialis Moquin Tandon) dont on fait un si grand usage pour les besoins de la médecine; elle a le dos vert, le ventre sans taches et les bandes dorsales ré- duites à des mouchetures noires. On en élève des quantités considérables dans le département des Landes et surtout aux environs de Bordeaux. Une autre de ces variétés, très-remarquable par une couleur tout à fait différente, est Vhi- rudo carnea, qui se distingue de loules les autres par sa teinte rose ou carnée, son ventre pâle et l'absence de taches. Cette variété, que l'on ne trouve pas dans la même localité que la précédente, n'est pas rare au contraire dans les marais de la Hongrie. C'est un métis de ces deux variétés que j'ai reçu l'an dernier des environs de Bordeaux que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société. Elle provient ^'un marais où l'on avait mis ensemble des sangsues provenant de tous les points du département des Landes et de la Hongrie. Ce métis présente le ca- ractère des deux variétés dont il résulte ; tantôt la coloration verte domine et présente une ou plusieurs taches carnées, tantôt, au contraire, la nuance rose est prédominante, et c'est alors le vert qui forme des taches ou des anneaux plus ou moins étendus. Cette variété, que les observateurs qui m'ont précédé n'ont pas encore reconnue, et que je désignerai sous le nom d'hîrudo offîci- nalis var. discolor, n'est pas très-commune ; cependant on peut croire que cette élégante variété pourrait se multiplier si les éleveurs de sangsues opéraient plus fréquemment de semblables mélanges. Notons pour terminer que ces sangsues pourraient servir parfaitement à l'u- sage médicinal comme la sangsue officinale ordinaire. Z" OBSERVATION D'DN ENFANT PIE NÉ AVEC DN JUMEAU NORMAL ; par M. Armand Moreau. M. A. Moreau montre un dessin représentant un enfant mâle de couleur pie, né à la Maternité, avec un jumeau normal du sexe féminin. Les parents n'ont aucune coloration de la peau en rapport avec cette anomalie du fœtus. (l/j février.) 4° DESCRIPTION d'un FœTU» C.YCLOPE ; par M. GOSSELIN. On a apporté à l'École pratique, le 20 février 1852, un fœtus monstrueux né 28 à 6 mois et demi ou 7 mois, dans le service de M. Richet, à l'hôpital de Bon- Secours. La monstruosité principale est une cyclopie du deuxième degré (troisième variété de M. Cruveilhier) ; sur la ligue médiane du visage, on voit au-dessous du front une saillie molle et charnue, sorte de trompe dont l'extrémité libre présente deux petites ouvertures séparées par une cloison. Ces ouvertures con- duisent dans deux canaux adossés terminés en culs-de-sac, qui sont les rudi- ments des fosses nasales. Au-dessous est un œil médian dont la cornée, la sclérotique et la conjonctive paraissent appartenir à un seul globe oculaire. Il est entouré de quatre bords palpébraux disposés en lozange. La dissection a montré que le crâne renfermait une grande quantité de li- quide. L'encéphale était réduit à une masse grise, molle, ditlluente, sans cir- convolutions ni antractuosités, et dans laquelle on ne pouvait distinguer aucune partie de l'encéphale telle que les corps striés, les couches optiques, les corps genouillés, les tubercules quadrijumeaux, etc. Après avoir enlevé ce rudiment du cerveau, on a pu constater, sur la ligne médiane, un trou optique placé entre les deux apophyses clinoïdes antérieures, avec un seul nerf optique. Il n'y a pas de nerfs olfactifs. La cavité orbitaire unique est formée par les surfaces orbitaires du frontal réunies sur la ligne médiane, et par les grandes ailes du sphénoïde déjetées un peu en avant et en dehors. L'ethmoide manque entièrement; le corps du sphénoïde est comme plié de chaque côté, pour faciliter le transport des grandes ailes en avant. La bouche existe, mais son ouverture est petite ; les oreilles sont situées plus bas que dans l'état naturel. Le pied droit présente un pied-bot varus très-prononcé. On ne voit pas d'au- tre difibrmité; l'anus et l'urélre sont convenablement ouverts. La lèvre supé- rieure n'est pas bifide. Il n'y a pas de spina bifida ni d'exomphale. En résumé, la cyclopie, dans ce cas comme dans ceux du même genre qui ont été observés, coïncide avec l'absence de l'ethmoide et des organes olfactifs. Les autres difformités dont elle est accompagnée sont l'hydroréphalie, l'arrêt de développement de l'encéphale et le pied-bot. V. — TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. ANOMALIES OBSERVÉES SUR DES ARBRES VERTS DE ^A FAMILLE DES ABIÉTINÉES ; par M. le docteur Germain (de Saint-Pierre). Parmi les faits nombreux de tératologie végëiale que je dois aux recherches et aux bienveillantes communications de M. Rayer, notre président, je dirai quelques mots aujourd'hui de deux anomalies observées sur des arbres verts de 29 la famille des abiétinées. Ces deux anomalies, qui présentent une certaine simi- litude d'aspect, sont le résultat de phénomènes complètement différents, et se sont manifestées sous l'influence de causes également différentes. La première anomalie appartient à l'abies vulgaris (vulgairement Épicéa); j'ai eu fréquemment occasion de l'observer, tant dans les forêts spontanées des montagnes que dans les plantations et les cultures. Cette anomalie consiste dans une déformation bizarre des jeunes feuilles d'un bourgeon, qui éprouvent une sorte d'hypertrophie en diamètre, et d'avortement dans le sens de la longueur ; toutes ou la plupart des feuilles d'un bourgeon étant affectées de cette déforma- tion , leur ensemble revêt l'aspect d'un cône ou fruit composé des arbres de la classe des conifères; il arrive fréquemment que les feuilles de la base du jeune rameau sont seules alFectces de cette déformation , de telle sorte que le rameau continue de se développer à l'état normal au delà du faux cône qu'il semble tra- verser. Si l'on coupe longiludinalement l'agglomération de ces feuilles hyper- trophiées , on trouve dans la concavité déterminée par la courbure de leur base , de nombreux insectes hémiptères de la famille des aphidiens ou pucerons, qui, soit à l'état de larve , soit à l'état d'insecte parfait , opèrent une succion lente et continue à la surface de ces feuilles; cette succion détermine une sorte d'irrita- tion locale qui est la cause évidente de l'hypertrophie; l'insecte, dans ce cas, agit à peu près comme la graine lorsqu'elle se développe normalement ; sa ma- turation est accompagnée d'un appel de sucs dont elle proflte en même temps que le péricarpe. Dans beaucoup de cas néanmoins, le péricarpe se développe, abstraction faite de la graine qui peut complètement avorter. La deuxième anomalie appartient au Inrix europœa (le mélèze) ; cette ano- malie a été décrite et figurée par de CandoUe dans son organographie végétale ; elle consiste dans la prolongation de l'axe de l'inflorescence qui constitue le cône ou fruit composé; cet axe est un rameau feuille qui, à partir du sommet du cône, ne diffère pas d'un rameau normal. Il existe dans la nature certaines inflorescences normales analogues à cette inflorescence anomale, telle est l'in- florescence chez les bromelia^ et en particulier chez l'Ananas comestible; telle est encore l'inflorescence chez le fritillaria imperialis cultivé dans nos par- terres. — J'entretiendrai plus tard la Société de diverses anomalies du même genre que présentent , non pas des inflorescences ou rameaux chargés de fleurs , mais des fleurs isolées dont l'axe particulier se prolonge en rameau. VL — Toxicologie. NOTE SUR l'action THÉRAPEUTIQUE ET TOXICOLOGIQUE DE LA NARCEÏNE ; par M. Ch. Leconte. La découverte des alcalis organiques a été pour la médecine un progrès de la plus haute importance, puisqu'on peut aujourd'hui employer un prend nom- 30 bre de médicaments actifs tirés du règne végétal avec autant de certitude que les composés Inorganiques les mieux déflnis. J'ose donc espérer que des recherches, entreprises dans le but de constater les propriétés des substances organiques extraites de l'opium et non étudiées jusqu'à ce jour au point de vue physiologiques ne seront pas sans quelque intérêt. J'ai donc l'honneur de présenter aujourd'hui à la Société mes observations sur la narceine, et pour donner une idée exacte de sa manière d'agir, je transcris les notes de la première expérience. On injecta dans la veine jugulaire droite d'une chienne de forte taille 0 gr. lO de narceine dissous dans 10 gr. d'eau distillée. Immédiatement après l'injection l'animal fut pris d'un tremblement général; la respiration devient haletante ; il rend des excréments solides sans urine. Dix minutes après l'injection l'animal poutsede faibles gémissements, devient inquiet. Quinze minutes après l'injection, l'animal rend une nouvelle quantité d'excré- ments solides sans urine; la respiration est alternativement lente et rapide, le» battements du cœur sont un peu moiis fréquents qu'à l'état normal. Vingt minutes, l'animal s'affaisse ; Vingt-cinq minutes, semble tourmenté de sommeil; Trente-cinq minutes, l'animal est calme, ronfle fortement, sans cependant fer- mer les yeux ; il pousse de faibles plaintes, le décubitus présente quelque chose d'anormal, car les membres sont étendus et cependant la tête est très-rapprochée de l'extrémité postérieure. L'animal, bien que visiblement indisposé, n'est pas cependant anéanti; il con- serve toute son intelligence et chasse les mouches qui le tourmentent (10 aolit). La marche est titubante, les membres postérieurs semblent frappés d'un com- mencement de paralysie, tumlis que les membres antérieurs conservent leur force; il en résulte que l'animal, pendant la marche, affecte une position forte- ment inclinée, due à la flexion des membres postérieurs. Deux jours après cette expérience, l'animal avait repris sa gaieté ordinaire. La même expérience, répétée plusieurs fois, donna toujours les mêmes ré- sultats. Pour constater l'action de la narceine introduite dans l'estomac, on laissa une chienne de moyenne taille à jeun pendant 24 heures ; on lui donna alors 0 gr. 10 de narceine dans un peu de lait ; les phénomènes furent les mêmes que dans les expériences précédentes, à l'intensité près, qui fut moindre; cependant il n'y eut pas de défécation ni de vomissement. De tous ces faits il résulte que : 1» La narceine n'est pas un poison aussi énergique que la morphine à laquelle elle est associée dans l'opium, puisqu'un décigramme ne fait pas périr un chien de moyenne taille. 2» La narceine est loin d'agir dirertement sur le cerveau comme les aulrps al- 31 caloïdes de l'opium actuellement employés, puisque l'animal conserve assez d'in- telligence pour chasser les insectes qui le tourmentent. 3* La narceine agit surtout sur la moelle vers la région lombaire, puisque les membres antérieurs conservent leur sensibilité et leur mouvement, tandis que 1« mouvement et la sensibilité sont notablement diminués dans les membres pos- térieurs. 4o La narceïne pourra, dans certains cas pathologiques, être employée avec avantage, puisqu'elle semble agir sur le système musculaire tout en laissant In- tactes les facultés intellectuelles, tandis que tous les autres narcotiques les abo- lissent presque toujours. J'espère, du reste, constater sur moi-même les effets de la narceine et présenter bientôt à mes collègues des observations qui, j'en suis certain, assureront à cette substance une place parmi nas médicaments les plus précieux. COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1852; Par M. le Docteur E. LE BRET, secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Anatomie. SÛR LA PRÉSENCE DE CRISTAUX DANS LE SANG CHEZ LES ANIMAUX ; par M. le doctCUr KUNDE. M. Tunike (de Leipsig) avait observé qu'en traitant le sang de la veine lié- nale du cheval d'une certaine manière, on obtient des cristaux formant des ai- guilles et des prismes à angles très-différents. En poursuivant cette question, M. Kunde a trouvé que le sang de la veine liénale n'était pas le seul qui offrait cette propriété, et d'après les expériences qu'il a faites jusqu'à ce jour, il croit pouvoir prétendre que probablement tout 3 . 3Zi sang d'animaux à corpuscules colorés doit offrir ce phénomène. Jusqu'à ce jour les cristaux ont été rencontrés par lui dans le sang, pris en tout vaisseau, chez le lioeuf, le cheval, le chien, le lapin, le. cochon d'Inde, le rat, la souris, la sangsue et enfln chez l'homme. M. Kunde n'a pas encore réussi chez les oiseaux et les amphibies. Dans une série de poissons, 11 a également observé le même phénomène, fait signalé déjà par M. Tunike. « Pour obtenir des cristaux, dit M. Kunde, il faut employer différentes ma- nœuvres, selon les animaux dont le sang provient, et je ne m'arrêterai qu'aux cochons d'Inde, aux rats et aux écureuils. Chez les deux premiers, on obtient des tétraèdres réguliers en laissant une goutte de leur sang à l'évaporation sponta- née, ou en ajoutant de l'eau distillée, de l'eau sucrée, de l'eau de gomme, de l'eau iodée, de l'alcool, de l'éther, du chloroforme, des huiles volatiles. Chez les rats, les mêmes tétraèdres s'observent. Chez les écureuils, au contraire, on obtient des hexaèdres d'une régularité parfaite, surtout en traitant le sang par l'éther. Pour obtenir ces cristaux, il faut du sérum avec des corpuscules rouges. On ne les obtient pas avec du sérum qui ne contient pas un nombre déterminé de corpuscules rouges. » Quant à la composition des cristaux, je n'ose pas émettre une opinion sur ce point important. Toutefois je prétends que la matière organique doit jouer le plus grand rôle dans leur formation, si nous considérons que dans 400 parties de sang (je prends un chiffre moyen) privées d'eau, il n'y a qu'à peu près 17 par- ties de matières minérales, et que très-souvent tout le champ qu'on observe sons le microscope est couvert de cristaux. » Le point important sur lequel je voudrais insister, c'est d'avoir découvert unepi'opriélé particulière du sang, qui est aussi caractéristique pour ce liquide que la formation de l'acide urique l'est pour l'urine, traitée par certains ré- actifs. Je n'ai trouvé jusqu'à présent que trois animaux qui m'aient donné des cristaux d'une régularité parfaite, mais j'espère que je réussirai également avec d'autres. » N'ayant réussi que dans quatre cas chez l'homme, et c'est avec du sang pro- venant d'individus qui se trouvaient dans de très-différentes conditions patho- logiques, je n'insiste pas sur ce point important. Mais considérant que deux animaux si rapprochés dans la série, comme le cochon d'Inde et l'écureuil, pré- sentent des formes de cristaux aussi différentes, je crois que, par de certaines manières de traiter le sang, on pourrait peut-être parvenir à trouver une cris- tallisation différente dans divers états physiologiques ou pathologiques chez l'homme. Je suis dans ce moment occupé de la question de savoir si la formation de cristaux chez le cochon d'Inde reste toujours la même, les actes physiolo- giques de son économie étant troublés. » — Nous ne devons pas laisser passer cette note sans faire remarquer que, con- trairement à ce qu'avance M. le docteur Kunde, MM. Piobin et Verdeil ont ob- 35 tenu ces mêmes cristaux tétraédriques incolores, en prenant le sérum du sang seulement. Ces messieurs n'ont pas voulu du reste remettre de note sur ce su- jet, en raison de ce qu'une opération exécutée sur deux ou trois gouttes de sang seulement, en laissant les nombreux principes de ce liquide mélangés, ne peut conduire à une détermination précise et scientifique de l'espèce de corps qui cristallise , attendu que plusieurs des sels du sang peuvent donner naissance en cristallisant à des tétraèdres et à des lames hexagonales; quelques-uns aussi entraînent en cristallisant les substances azotées protéiques qui les accom- pagnent. Quant à la cristallisation de celles-ci, c'est-à-dire des principes coa- gulables du sang, il ne saurait évidemment en être question. II. — Anatomie pathologique et Pathologie. 1" SUR LES KYSTES DO SINUS MAXILLAIRE; par M. GiRALDÉS. Suivant M. Giraldés, il existe un appareil glandulaire dans la muqueuse du sinus maxillaire chez l'homme, chez le cheval, le mouton et le chien. Dans les cas morbides, tantôt la dilatation est bornée an conduit excréteur d'une glande, tantôt elle a lieu dans toute l'étendue, et il en résulte deux ordres de kystes du sinus maxillaire à considérer. (6 mars.) — Dans la séance suivante, M. Goubaux a mis sous les yeux de la Société un exemple de kystes du sinus maxillaire, pris chez les ruminants domestiques où ils se rencontrent fréquemment, très-transparents et très-mobiles, s'écrasant sous le doigt, et de volume variable. 2" CAS d'anévrisme de la crosse de l'aorte, avec usure des 4', 5% 6' et 1* VERTÈBRES DORSALES ET OBLITÉRATION DE LA SOUS-CLAVIÈRE GAUCHE; ObseiVatlon communiquée par M. Hiffelsheim. Ce sujet se plaignait uniquement d'une grande gêne dans la respiration. On crut à une affection des voies respiratoires. A l'autopsie, on découvre une vaste poche anévrismale. L'aorte était dilatée à son origine et offrait une poche d'un demi-litre de capa- cité dans la partie horizontale de la crosse. La carotide sous-clavière gauche, le tronc brachio-céphalique, y étaient compris. Une membrane peu épaisse con- tinue, (en apparence) avec les parois artérielles, fermait la sous-clavière gauche. Nous ignorons encore quelle est sa constitution anatomique. La paroi posté- rieure de l'aorte n'existait plus; elle était remplacée par la face antérieure des vertèbres très-profondément usée. Les disques intervertébraux faisaient une saillie très-forte. La poche constituée parles parois restantes très-dilatées s'insé- rait autour des bords usés des vertèbres ; elle était remplie par des masses de caillots fibrineux. La tunique interne était érodée en beaucoup de points par des ossifications. 36 Les valvules sigmoïdes de l'aorle étaient ossifiées en plusieurs points ; le cœur s,'auche considérablement hypertrophé; le volume était normal. Nous nous sommes demandé quelle avait été la genèse de ces différentes alté- rations, et nous penchons vers Topinion que l'oblitération artérielle pourrait bien avoir été le point de départ. Il a été impossible de chercher sur ce sujet quel mode de circulation y avait suppléé. Il n'a, du reste, jamais rien éprouvé à ce bras. D'une autre part, ces oblitérations arrivent dans les sacs anévrismaux. Mais ce sont des caillots et non des membranes qui ferment l'orifice artériel. Je dois ces différentes pièces à la bienveillante obligeance de M. le professeur Mounier. 3° DESCRIPTION d'un KYSTE PILEUX DE l'OVAIRE DROIT; par MM. SCHNEPFF et Davaixe. Une femme âgée de 38 ans, ayant eu neuf enfants à terme, a succombé dans le deuxième ou troisième mois d'une dernière grossesse, en proie à des vomis- sements incoercibles, dans le seivice de M. Nonat, à la Pitié. M, Schnepflf donne le détail de cette observation ; nous en extrayons ceux qui concernent l'exa- men de l'utérus et de ses annexes à l'autopsie. « L'utérus est distendu par un œuf d'environ trois mois et demi et contient un fœtus bien conformé avec présentation du bassin au col de l'utérus. Les annexes sont sains, si ce n'est que l'ovaire droit est remplacé par une tumeur du volume d'un fort poing, située en dehors du bassin, immédiatement au-dessous du cœ- cum dont elle semble être un prolongement. Cette tumeur renferme un corps solide nageant dans une sérosité purulente, d'un jaune pà!e, contenant des gru- meaux de graisse. Le corps solide est une masse adipocireuse, du volume d'une demi-orange ordinaire, en forme de ménisque convexe, ayant l'aspect de la cire blanche, mollasse, qui fond entre les doigts; le microscope n'y découvre que des fragments de cellules épithéliales et des cellules arrondies un peu plus grosses que les globuhs du sang. (M. Davaine a également de sou côté examiné cette masse adipeuse, et je crois qu'il n'y a rien découvert de particulier.) La face convexe de ce corps solide est lisse, luisante, tandis que la face plane est recou- verte de poils mêlés et agglutinés en forme de mèches. » Sur l'invitation de M, Rayer, président de la Société de biologie, devant lequel j'exposais le fait, je recherche avec le plus grand soin la nature, la structure, l'origine et le siège anatomique de ces poils. » La plupart sont d'un jaune pâle, quelques-uns roux; il y en a même de bruns en tout semblables aux cheveux lisses et fins ; leur longueur est variable depuis 3, 4 cent, jusqu'à 20 et 25 ; il n'y en a pas de tiès-courts dans la masse adipocireuse. Ils me paraissent être plus élastiques que les poils ordinaires; leur structure est semblable à celle des autres cheveux. Leurs deux extrémités sont libres : l'une est effilée, leur tige présente une gaine ou portion corticale et un 37 fanal médullaire on central, transparent dans ceux qui sont d'un jaune piile. Nous avons trouvé, M. Davaine et moi, un poil brun dont le canal central conte- nait un amas de cellules brunâtres analogues à celles qu'on trouve dans le canal médullaire des cheveux bruns; seulement elles étaient interrompues, de distance en distance, par d'autres cellules incolores à peu près. » La masse adipocireuse fond dans l'eau à environ 00°, et par le refroidisse- ment elle se fige en un gâteau dont la couche inférieure la plus épaisse n'est que de la graisse, tandis que la supérieure, formant le tiers de l'épaisseur totale, f'st formée par une espèce de mousse blanche qui contient des fragments épi- deimiques; une parcelle d'os se trouve soit dans le gâteau, soit dans le liquide. » Les parois du kyste ont à peu près l'épaisseur de la peau, excepté dans un point qui correspond à l'ovaire, aplati, réduit à la forme d'un ruban large d'un iravers de doigt. Son extrémité interne se continue avec le ligament qui fixe la tumeur au sommet de l'utérus, tandis que son extrémité externe correspond à un petit mamelon de la face interne du kyste qui semble être une espèce de hile. A côté et un peu en dedans de ce point est un espace de la grandeur d'une pièce tic 2 francs, irrégulièrement arrondi, sur lequel sont implantés une cinquantaine df poils dont quelques-uns ont à peine 1 centim. de longueur, mais il y en a aussi qui sont longs de 20 centim. Cet espace est seul revêtu par une lamelle d'épithélium à larges cellules plates qui se présentent avec peu de netteté sous le microscope ; on la détache facilement à l'aide du dos du scalpel ; les poils restent implantés dans la paroi du kyste; leur racine répond à une saillie folliculaire, et en les arrachant nous trouvons, M. Davaine et moi, l'extrimilé radiculaire coiffée de son follicule et partant du renflement bulbaire comme dans un cheveu ordinaire. MM. Rayer et Bernard le constatent avec nous. » Toutes ces particlarités sont reproduites dans des dessins que M. Davaine veut bien joindre aux présentes notes. lio KYSTE DES DEUX OVAIRES COMPRIMANT LES DEUX URETÈRES ET AYANT DÉTERMINÉ UNE DOUBLE PYELO-NÉPHRITE CHRONIQUE; ALTÉRATION ÉPITHÉLIALE, SUR PLU- SIEURS POINTS DE LA PAROI INTERNE DE CES KYSTES ; par M. RaYER. M. Rayer expose brièvement le cas d'une femme atteinte d'une double hydro- pisie des ovaires, et qui a succombé beaucoup plus promptement qu'on n'au- rait pu le prévoir, d'après le volume des tumeurs enkystées. Chacun des ovaires avait tout au plus la dimension de la tête d'un enfant nouveau-né. La mort pa- raît avoir été déterminée, ou au moins singulièrement hâtée par le développe- ment d'une inflammation des deux reins, produite elle-même par la compres- sion que les tumeurs ovariennes exerçaient sur les deux uretères. Dans les cas d'hydropisie à'iin des ovaires, le kyste peut acquérir des dimensions trés-con- sidérables sans qu'il en résulte de dérangements notables dans la santé. Lorsque les malades viennent à succomber, à une époque plus ou moins éloignée, ou trouve souvent l'uretère du côté correspondant, dilaté, et le rein lui-même plus 38 ou moins alléro. Le plus ordinairement aussi le rein du côté opposé reste sain- ou n'est pas sensiblement troublé dans ses fonctions. On l'a même vu acquérir un développement supplémentaire, et, par suite, un surcroît d'activité fonction- nelle, ce qui explique la conservation de la santé pendant un long espace de temps. Les auteurs qui ont traité des maladies des ovaires n'ayant pas signalé d'une manière particulière la fâcheuse influence que les tumeurs des deux ovaires, avant d'acquérir un volume considérable, peuvent exercer sur les reins, et par suite sur la santé générale, M. Rayera cru devoir appeler l'attention sur ce fait. Les kystes de ces ovaires oB'raient en outre une altération très-curieuse. A la surface interne des kystes, on remarquait des élevures solides, d'un blanc légè- rement jaunâtre, du volume d'un pois, et des plaques de plusieurs centimètres de diamètre. La matière de ces plaques et de ces élevures, examinée à un gros- sissement de 350 diamètres, était constituée par des cellules épilhéliales, à contour très-net, ovalaires, et d'un centième de millimètre de diamètre au plus. Au centre de chacune de ces cellules existait un noyau fort petit, mais très- distinct. UI. — TÉRATOLOGIE. NOTE SUR C.\ CAS DE DOIGT SCRNtlilÉRAlRE CHEZ L\ XOUVEAC-.\E ; par M. p. LoRAiN'. M. p. Lorain, interne à 1 hospice des Enfants-Trouvés, communique une note sur une anomalie de la main observée chez un enfant né à terme, et caractérisée par la présence d'un doigt surnuméraire. Nous extrayons les détails anatomi- ques donnés par l'auteur de la présentation : « Les muscles de la région thénar ne sont pas atrophiés; leur volume est normal ; leurs articulations carpiennes sont régulières. j) Les muscles court abducteur, opposant, court fléchisseur, ont leurs inser- tions supérieures normales, et tous s'insèrent de la façon accoutumée au pouce complémentaire exclusivement. Aucun prolongement tibreux de ces muscles ne se rend au pouce normal. M Le muscle long fléchisseur propre du pouce se rend directement au pouce normal, seulement le tendon du long fléchisseur ne va pas tout entier au pouce normal; il se sépare vers son extrémité en deux parties dont la plus grêle va s'insérer à la deuxième phalange du pouce complémentaire, qu'elle tend à abaisser. » Quant à l'adducteur, normal dans ses insertions, il se rend à l'un et à l'au- tre pouce. «Les nerfs palmaires sont fournis par le nerf médian qui, se divisant en deu\ parties, donne des lilets collatéraux palmaires réguliers à l'un et à l'autre vouce. 39 . n Les muscles dorsaux se distribuent de la manière suivante : » Le long abducteur et le court extenseur vont au pouce surnuméraire seul, et le long extenseur se rend au pouce normal. Seulement, il envoie au pouce surnuméraire un prolongement fibreux qui part de son tendon au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne, et qui rencontre un prolongement très- grêle de même nature détaché du tendon du muscle court extenseur ; il en ré- sulte une bride fibreuse assez forte qui tend à abaisser, à courber les phalanges du pouce surnuméraire, et à empêcher son redressement en le reliant au pouce normal. » Le tendon du long extenseur que nous avons vu se rendre au pouce nor- mal, dégénère en une expansion fibreuse mince qui peut être suivie jusqu'à la seconde phalange. » Nous avons vu aussi, à la région palmaire, un prolongement fibreux parti du tendon du muscle long fléchisseur, et qui semble jouer à la région palmaire le même rôle que le prolongement fibreux du long fléchisseur à la région dorsale. Ainsi peut s'expliquer la position gênée et vicieuse dans laquelle se trouvent les phalanges de ce pouce surnuméraire, lesquelles étaient destinées à rester presque immobiles. » Le nerf radial fournit les collatéraux dorsaux des deux pouces. L'artère ra- diale se distribue également aux deux pouces. )) Toutes les autres parties de cette main nous ont paru parfaitement bien conformées. » Quant au squelette, il nous a paru que le pouce seul que j'ai appelé normal s'articule avec le trapèze, l'autre pouce (surnuméraire) semble appliqué seule- ment sur le métacarpien du pouce normal. » La question d'hérédité n'a pu être éclaircie. » IV. — TÉRATOLOGIE VÉGÉTALE. NOTE SUR UNE GALLE VÉGÉTALE DÉVELOPPÉE SUR LE DRABA VERNA ; par M. Laboulbène. M. Laboulbène lit la note suivante : « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société une galle végétale fort curieuse qui n'a point encore été signalée à ma connaissance. Elle s'est déve- loppée sur le draba verna L., jolie petite plante crucifère qui a fourni à des botanistes modernes la création de plusieurs espèces douteuses, Je l'ai trouvée en herborisant, dans la plaine sablonneuse de Saint-Maur, vers le milieu du mois de mars dernier. » Cette singulière monstruosité végétale consiste en un épaississement, un boursouflement considérable de la lige da draba, immédiatement au-dessus de k touflè des racines. On sait que la plante a de deux à quatre centimètres d6 50 i&aaleur,et que du milieu de ses feuilles radicales en rosette s'élèvent un ou phj- sîeurs pédoncules portant à l'extrémité des fleurs blanches à étamines jaunes. Dans les plantes monstrueuses, les feuilles en rosette n'ont pas changé, mais le pédoncule est raccourci, à peine haut de un centimètre, extrêmement renflé à sa base, et les fleurs sont disposées, soit à l'extrémité, soit même sur les côtés. )) Qu'on se représente un cactus des genres echinocactus ou mamillaria, de forme ellipsoïde ou en massue, sur lequel se développent des fleurs sessiles, et on aura une idée exacte de !a transformation qu'a subie la tige et de la position anormale des Heurs du draba verna. » J'ai trouvé six tiges renflées de draba sur près de cinq cents échantillons que j'ai observés à ce sujet, et j'ai trouvé une seule plante chez laquelle le ren- flement n'avait pas empêché le pédoncule de s'efliler et de porter des fleurs à peu près comme à l'ordinaire. Mais dans tous les autres cas, le renflement of- frait des fleurs sessiles, et la forme était celle d'une boule allongée ou d'une petite poire conique ; enfin, j'en ai trouvé un recourbé qui ressemblait à la pe- tite cornue des appareils de chimie. » Je me suis convaincu, en divisant le renflement de la tige, qu'il ne s'agis- sait point d'une fasciation végétale qui aurait soudé, élargi et déprimé la lige, mais bien d'une véritable maladie, d'une galle en un mot produite par la pi- qûre d'un insecte. )) Le renflement est creux, et dans sa cavité se trouve une petite larve blanche que j'ai dessinée et dont j'étudie les métamorphoses. » L'analogie me porterait à croire que l'insecte qui produit la galle du draba verna est un coléoplére de la nombreuse famille des curculionites ou cha- rançons. V V. — Ethnologie. SUR LA DÉFORMATION ARTIFICIELLE DU CRANE EN AMÉRIQUE; par M. E. LE BrET. Une coutume singulière a été rencontrée chez les nations sauvages ou à demi policées, sans qu'on ait pu en déterminer ni l'origine ni la signification. Les ré- cils des voyageurs et les recherches ethnographiques s'accordent pour signaler des peuples de situation bien diverse, ramenant la tête des nouveau-nés à une l'orme particulière, au moyen de bandages, d'instruments diflérents, ou unique- ment par la pression des mains. Nous conservons des modèles de ces dilTormités dans nos muséums ; et l'on cite souvent l'aplatissement extraordinaire qa'ofl're le crâne des Caraïbes. Aujourd'hui à peu près réduits à la petite île de Saint-Vin- •■ent, ces célèbres Caraïbes occupaient au seizième siècle toutes les îles, depuis i*orto-Rico jusqu'à la Trinité, et toute la portion de la côte de l'Atlantique com- prise entre l'embouchure de l'Orénoque et celle de l'Amazone, c'eit-à-dire jus- (yi'àla fiontière du Drésil; leur ré;-islance opiniâtre tint longtemps les Européens en échec. M. de Humbold a retiouvé sur le continent même les débris de celle nation, représentée par une peuplade de la province de Venezuela, aux bouches de rOrénoque. L'usage de comprimer graduellement la tête des enfants dès leur naissance jusqu'à un temps plus ou moins éloigné, s'est perpétué encore parmi eux; comme l'écrivait le D'Amie à Delamélherie, en 1791 (1), la manœuvre consiste à fixer une planche garnie de coton sur le front et à la serrer par des liens pour empêcher cette partie d'acquérir sa convexité naturelle. Le compa- gnon de Colomb, Pierre Martyr, déclare qu'on n'imaginerait pas un aspect plus fier et plus menaçant que celui des Caraïbes, et les Espagnols ne pouvaient, quand ils en venaient aux mains, les considérer sans un violent sentiment d'horreur. On a attribué généralement à ces sauvages un caractère de férocité indomp- table. Mais d'autres tribus de l'Amérique, aussi bien dans le Nord, à l'exception des contrées polaires, que dans la partie méridionale, suivent cette espèce de mode. Serait-ce un signe de fierté guerrière où l'exagération d'un type national que ces aborigènes chercheraient à s'imprimer par une pareille pratique? On l'ignore; dans l'antiquité, les Macrocéphales du Pont-Euxin, au récit d'Hippocrate (2), estimaient la longueur de la tête comme un indice décourage, et, d'après cette opinion, pétrissant le crâne des enfants, à la naissance, ils s'efîorçaient, par di- verses manœuvres, de l'allonger aux dépens de sa largeur. M. d'Orbigny (3j a retrouvé au Pérou, près du lac de Titicaca, des monuments dus à une civilisa- tion bien plus avancée peut-être que celle de Palenque, elle-même, et par con- séquent antérieure aux Incas ; et des tombeaux des Aymaras ensevelis dans ces ruines, le voyageur a exhumé des crânes fortement aplatis d'avant en arrière. Sans entrer dans la discussion intéressante de l'antiquité de cet usage, nous re- marquerons avec lui que les têtes les plus déprimées qu'il ait rencontrées se trouvaient toujours dans les tombeaux dont la construction, de plus d'apparence, annonçait qu'ils appartenaient à des chefs. Le Dr Morton (4) a reconnu aussi, sur une donnée de vingt-quatre exemples, que la forme singulièrement allongée des crânes des Aymaras du Pérou résulte d'un mode particulier de compression arli- ficielle, appliquée dès la plus tendre enfance. Mais d'autres observations n'ont pas tardé à lui prouver, d'une manière concluante, que cette conformation était aussi commune parmi les peuples du litoral que dans les régions montagneuses de la Bolivie, qu'elle n'appartient à aucune tribu ou nation en particulier, et qu'elle fut toujours due, dans tous les cas, à une manœuvre mécanique. Enfin ce (1) Journal de physique, année 1791. (2) Hippocrate, Traité des eaux, des airs et des lieux. (3} D'Orbigny, L'iiomme américain considéré sous les rapports physiques et moraux. Paris, 1840. (4) Moiton, Same obseuv. on the ethnog. and arch.ïol. of the american ABORIGENES. AMER- jeURN. OF SC1E.NC. V. II, 1846. /i2 savant ellmologue a pu classer les crânes des anciens Péruviens sous quatre i'ormes bien distinctes de modification artificielle, savoir : l" La forme allongée horizontalement ou cylindrique, obtenue sans doute au moyen de deux compresses d'étofifes repliées, qu'on plaçait chacune d'un côté de la suture du frontal, et qu'on maintenait à l'aide de bandages obliques ; 2» La forme conique ou en pain de sucre ; 3' Le simple aplatissement ou dépression du front, entraînant une expansion du reste de la tête, postérieurement et latéralement; 4» Un simpleapiatissement vertical de l'occiput, dont l'irrégularité pourrait en- core être expliquée par la manière peu soigneuse dont l'enfant est attaché à ta planche qui, chez beaucoup de tribus du nord et du sud de l'Amérique, rem- place habituellement le berceau. Blumembach avait déjà attiré l'attention sur un curieux décret de la cour ecclésiastique de Lima, en date de 1585, lequel mentionne au moins quatre modes de déformations artiflcielles de la tête, communes même alors parmi les Péru- viens, et eu défend la pratique sous des peines spécifiées (l). On pourrait naturellement supposer, dit M. Morton (2), qu'un peuple pourvu de têtes petites et mal conformées occupait une place très-inférieure dans l'échelle de l'intelligence humaine. Il n'en est rien, et les relations de Pedro de Cieca, offi- cier dans l'armée de Pizarre, et de Garcilajo de la Vega, démontrent déjà que les Espagnols, à leur arrivée, trouvèrent au Pérou des monuments immenses, té- moignant d'une civilisation fort avancée et antérieure aux Incas. Des liens d'une parenté intime semblent unir les populations primitives du l'érou et du Mexique : aplatissement de la région frontale, grande expansion des régions latérales du crâne et proéminence du vertex au sommet de la tête, tels sont les caractères qui se rencontrent encore, nettement accusés, sur les bas- reliefs découverts et dessinés par Del Rio au milieu des ruines de Palenqué, dans la Nouvelle-Espagne. Ces traits sont si prononcés et ils se répètent avec une telle exactitude sur ces dessins qu'on ne peut se défendre de les regarder comme l'effet d'une compression mécanique et également comme la reproduction fidèle d'une physionomie nationale (3). Aussi le D"" Morton, étudiant en quelque sorte à la trace la pratique du moulage artificiel de la tête en Amérique, est-il autorisé à trancher par la considération des crânes eux-mêmes la question d'origine commune attribuée aux Toltèques du Pérou et aux Aztèques de Mexico. Sans le suivre sur ce terrain, et pour en terminer avec ces nations disparues, dont les vestiges attestent un certain degré de civilisation, nous leur rattacherons avec lui ces Natchez que les Français ont presque entièrement exterminées en (1) Blumembach, De generis humani varietatenativa. (2) Morton, Crania americana, etc. Philadelphie, 1839- (3) Morton, loc. cit. Ii3 1730 ; à peine si quelques débris tle cette intéressante population se retrouve-» raient épars sur les rives du Mississipi. M. Morloii (1) donne le dessin de deux crânes de Natchez, provenant de tombeaux, dans l'État du Mississipi, et qui représentent tout à fait la forme en pain de sucre. Les Espagnols, en débarquant dans la Floride, s'étonnèrent de voir les tètes de plusieurs Indiens démesuré- ment hautes et s'élevant en pointe. Du Pratz (2) raconte que les femmes des Natchez placent leur nouveau-né dans un berceau garni avec un coussin de gazon. L'enfant est couché sur le dos et fixé par les membres ; sur son front pas- sent deux bandes en cuir, qui maintiennent la tête sur le coussin et l'aplatissent. On ne dressait jamais les enfants sur les jambes avant qu'ils eussent atteint l'âge d'un an. D'autres tribus du sud de l'Amérique septentrionale avaient le même usage de déformer le crâne artificiellement; parmi elles on cite lesChoctaws (3), les War- saws, qui, d'après Lawson (4), employaient un rouleau serré plus ou moins étroite- ment, suivant la volonté de la nourrice, sur le front de l'enfant. Enfin nous nom- merons les Kalawbas à l'est et les Atakapas à l'ouest du Mississipi, comme pratiquant cette manœuvre. Au temps de l'expédition de Lewis et Clark (5), les Sokulks» répandus au couchant et au pied des montagnes Rochenses, aplatis- saient aussi les têtes de leurs enfants; de telle sorte que le fronfse continuait en ligne droite, de la racine du nez jusqu'au vertex. Ils sont représentés par ces voyageurs comme un peuple doux et pacifique, vivant dans un certain bien-être* De nos jours, M. Towsend (6) a visité les sources de la rivière Colombia, ou Orégon, dans la cordillère Missouri-Colombienne, et le docteur Morlon lui em- prunte les détails les plus circonstanciés sur le sujet qui nons occupe. Les tri- bus de cette contrée ont reçu le nom général de têtes-plates (Flat-head). Elles pratiquent presque toutes, par des moyens divers, la même déformation du front ; de sorte que la voûte crânienne se dispose, dans certains cas, suivant un plan horizontal. Il est à remarquer que le dialecte chinouque est parlé uniformément par toutes ces peuplades. « Le mode d'opérer cet aplatissement, dit M. Towsend, varie beaucoup suivant les diverses tribus. Les Indiens Wallamet placent i'enfant, aussitôt après la naissance, sur une planche. » Des bandes croisées en divers sens et passant dans des boutonnières, sur les côtés, maintiennent le nouveau-né, et au bord supé- rieur de la planchette existe une petite dépression pour recevoir la partie posté- rieure de la tête. Une autre planche plus petite, attachée au moyen de char- (1) Morton, loc. cit., p. 187, pi. xx et xxi. (2) Histoire de la Louisiane, p, 313. (3) Adair, Hisi. des Indiens américains, p. 284 (4) Lewis et Clark, Expéd. II, p. 12. (5) Lawson, Hist. de la Caroline, p. 24. (6) Towsend, voy. à la Riv. colombienne. kk nières de cuir, vient s'appliquer obliquement sur le front, et e^t fixée plus ou moins fortement à l'aide de cordons. « Le mode des Chinouks et des autres riverains de la mer difTère sensiblement du précédent, et paraît en quelque sorte moins barbare (l). » Il consiste, en ef- fet, dans un berceau où l'enfant est placé sur un lit d'herbes sèches, et dans un petit tampon, également d'herbes, qu'on fixe sur le front. « L'enfant est réduit à celte posture pendant quatre ou ou huit mois, jusqu'à ce que les sutures du crâne soient à peu près fermées et les os devenus solides. On ne les retire pres- que jamais du berceau, à moins de maladie grave, avant que l'aplatissement du front ne soit complet. Le docteur Morton donne la figure et la description d'un de ces berceaux, telles qu'elles lui ont été transmises par M. Towsend lui-même. C'est, à peu de différence près, le même système dont la collection de M. Callin montrait des exemples, lorsque les loways et les 0-jib-be-Ways se laissaient visiter à Paris, il y a peu d'années. L'ulcération du cuir chevelu et sans doute la mort assez fréquemment succèdent à ces procédés, qui doivent être très-dou- loureux; m:iis les tribus de la rivière Colombia attachent encore une si grande valeur à l'aplatissement du crâne que leurs esclaves, provenant la plupart de tribus voisines, n'ont pas la permission de le pratiquer. On ne s'étonnera pas si «ette manœuvre diminue réellement l'angle facial, en élargissant la face et en la projetant en avant; l'espace interpariétal est notablement augmenté; les deux côtés du crâne perdent leur symétrie. Toutefois la capacité intérieure de la tête, considérée d'une manière absolue, n'est point diminuée, et, ce qui frappe encore davantage, les facultés intellectuelles n'en souffrent pas. Le témoignage unanime de tous les voyageurs établit ce dernier fait, quelque étrange qu'il pa- raisse. Nous pourrions emprunter à l'expédition de Lewis et Clark, ainsi qu'aux notes de voyage de M. Towsend, des preuves eu faveur des qualités des têtes-plates, qui ne sont inférieures en aucun point aux autres tribus américaines. Mais le docteur Morton a pu étudier en 1839, à Philadelphie même, un Chinouk, d'ori- gine pure (2). Une si grave autorité nous impose le devoir de transcrire les dé- tails de cette entrevue dans leur étendue : « Cet Indien, dit M. Morton, était un » jeune homme de 20 ans. Il avait été pendant trois années au service de quel- » ques missionnaires chrétiens, et il avait acquis alors une grande habitude de » la langue anglaii^e, comprenant son interlocuteur et répondant avec un bon » accent et une certaine exactitude grammaticale. Il me parut doué de plus de » sagacité que je n'en avais observé chez aucun Indien. Il était communicatif, » enjoué et de bonnes manières... Il avait les traits indiens bien accusés, une » face large, les pommettes saillantes, la bouche grande, les lèvres épaisses, un » nez long et resserré, beaucoup de distance entre les yeux, qui cependant n'é- (1) Towsend, loc.cit.; Morton, Joe. cit. (2) Morton, Crania americana, p. 206. /l5 » talent pas obliques, une petite taille et des membres robustes. Sa teinte n'c- » tait ni de couleur cuivrée ni brune, mais assez claire, comme on la trouve » chez les blancs qui ont été exposés aux ardeurs du soleil. Ce qui me frappa le » plus chez ce jeune homme, c'est que sa tête était aussi déformée artificielle- » ment qu'aucun crâne de la même tribu faisant partie de ma collection. » M. Morton indique les mesures des divers diamètres prises sur la tête de ce Chi- nouk; l'angle facial est d'environ 73°. Deux frères chinouques, au rapport de MM. Dumoutieret Catlin, ont été en- voyés tous deux aux collèges de New-York, puis sont venus en Europe : l'un a étudié le droit et plaiderait avec un certain mérite (I). Chez ces hommes, comme chez leur compalriote observé par Morton, une notable déformation du crâne n'a point empêché le développement ni l'exercice des facultés intellectuelles. Ajoutons, avec M. Catlin lui-même, qui a vécu au milieu de ces tribus, que les têtes très-déformées, chez les Chinouks, appartiennent aux chefs; les tombeaux les plus décorés renferment les crânes les plus aplatis. M. Catlin affirme que celte compression est inotïensive. Toutefois, le père Lafliteau, et le docteur Scouler depuis, relatent que la coutume d'aplatir la tête est universelle parmi les Nootka- Colombiens, sans que l'intelligence des individus [perde rien de son intégrité, lis nous apprennent aussi que ces hommes sont particulièrement sujets à l'apo- plexie et à d'autres accidents graves du côté du cerveau (2). Peut-être, dans le même fait, Irouve-t-on la raison du grand nombre de squelettes d'enfants qu'of- frent les tombes des Aimaras. Les observations relatives à la configuration de la tête n'ont pas été négligées par le savant voyageur, M. d'Orbigny, dans ses appréciations sur l'Amérique méridionale ; mais il est à remarquer qu'elles ne l'ont conduit à aucune loi gé- nérale, la forme du crâne variant dans chaque tribu. Nous avons déjà signalé la déformation du crâne, si évidente chez les anciens Péruviens et continuée par les Aïmaras. L'un des compagnons de Dumont-d'Urville, M. le docteur Dumou- tier (3), possède plusieurs crânes de Patagons, ayant subi une constriction dans le sens de la circonférence. Chez les Patagons, les enfants sont attachés sur une planchette, et on rencontre des adultes et même des vieillards qui portent encore leur lien circulaire. Du reste, il est à observer que beaucoup de têtes de Patagons n'ont pas la moindre déformation. Les crânes déformés, dit M. Dumontier, sont même en assez petit nombre, tant la nature a de puissance pour ramener les or- ganes à leur développement normal. La même remarque s'applique à toutes les peuplades qui exercent une ma- nœuvre quelconque sur le crâne des nouveau-nés; il est parfaitement établi (î) Mém. de la Soc. ethnolog. de Paris, octobre 1847. (2) Piichard, HiST. nat. de l'homme, t. II, p. 155. (3) Mém. de la Soc. ethn., loc. cit. ^6 d'une manière générale que la conliguration obtenue artificiellement ne se trans- met pas parla génération ; ni Hippocrate, ni Buffon, ne seraient admis à pre" tendre, de nos jours, que les chauves engendrent des chauves, ceux qui ont des yeux bleus des enfants aux yeux bleus, et les Macrocéphales des Macrocépliales. D'ailleurs, Blumembach (1) a déjà recueilli ne nombreux exemples de cette cou- tume de déformation du crâne, plus ou moins prononcée, et commune à des na- tions de l'Europe, de l'Asie, des Antilles, aussi bien qu'aux Américains; ce qui est moins connu, c'est que les Polynésiens eux-mêmes exercent une pression modérée sur l'occiput de leurs enfants, en imitation du type Malais, s'il faut en croire Pickering (2). Enfin, sous nos yeux, en France, existe la pratique de donner à la tête une forme de convention. On comprend que les sages-femmes de Constantinople demandent à la mère quelle configuration il faut donner à la tête du nouveau -né ; les Orientaux, dit le baron d'Asch (3), préfèrent la forme que fait prendre une bandelette dont on entoure fortement la lête, parce qu'alors, disent-ils, le turban se place mieux. Mais chez nous, comment expliquer l'habi- tude que M. le docteur Foville a le premier signalée comme très-répandue, en Normandie particulièrement (4j, et qui consiste à entourer la tête des nouveau- nés d'un bandeau de toile terminé par des cordons qu'on ramène en avant et qu'on serre fortement. Ce lien laissé en place produit bientôt une dépression cir- culaire et ineffaçable qui commence au haut du front, où elle offre sa plus grande largeur; de là se dirige obliquement en bas et en arrière, passe au-dessus de la conque de l'oreille, et va gagner cette portion de la nuque où les masses char- nues du cou se fixent à l'occiput ; la déformation générale de la boîte osseuse et en particulier de tous les os qui forment la voûte du crâne en est la conséquence nécessaire. M. Foville en a décrit les divers degrés; il devait encore aux rensei- gnements d'un médecin de ses amis la certitude qu'on voit à Toulouse beaucoup de dépressions transversales du crâne attribuées à la compression qu'exercerait la coiffure pendant les premiers temps de la vie. Au moment où nous achevions notre travail ethnologique, nous apprenons que M. le docteur Lunier, médecin en chef de l'asile des aliénés de Niort, vient d'observer, dans le département des Deux-Sèvres, diverses sortes de déformation crânienne, analogues à celles de la Normandie (5). La Charente, la Charente-Inférieure et la Vendée, offriraient les mêmes exemples sur une grande échelle. Tantôt le front déprimé se déjette en arrière ; tantôt le crâne est aplati au niveau de la fontanelle antérieure et un peu latéralement; à un degré plus avancé, la surface plane est remplacée par une (1) Blumembach, loc. cit. (2) Pickering, The races of man, 1851, p. 45. (3) D'Asch, Lettre a Blumembach, 1788. (4) Foville, Déformation du crâne, etc. Broch., 1834. (5) Annales médico-psvchologiques, janvier 1852. Zl7 dépression latérale qui se prolonge parfois sur les côtés ; dans les cas les plus fa- vorables, c'est une dépression circulaire qui divise le crâne en deux segments de sphère inégaux. M. Lunier donne des détails sur les procédés mis en œuvre pour produire ces difformités; le bandeau joue le principal rôle, remplacé qu'il est plus tard par une calotte en carton, qu'on a soin de maintenir au moyen d'un fil de fer dont les extrémités prennent leur point d'appui sur l'oreille, en avant du tragus: ce nouveau genre de supplice paraît destiné principalement aux femmes, qui continuent, dit-on, à le subir toute leur vie, à l'aide d'une gourmette en fer ou d'une bride fort serrée qui passe sous le menton et main- tient le bonnet. M. le docteur Foville avait déjà noté que les trois quarts des aliénées les plus abruties de l'Asile de Rouen et la moitié des autres pensionnaires du même sexe présentaient la déformation du crâne à un haut degré. Suivant M. Lunier, à Niort, sur 38 malades du quartier des femmes présentant l'une des déformations signalées, il y a 13 idiotes, 5 imbéciles, 7 épileptiques, 1 hystérique tort peu intelligente, 2 paralytiques, 8 démentes, 1 lypémaniaque et 3 éroto- manes. Sur 10 hommes, il y a l idiot, 2 imbéciles, 2 épileptiques et 5 déments. Il ne nous appartient pas d'analyser ces faits comme ils le méritent sous le rapport psychologique et hygiénique; notre but se bornait à exposer en traits gé- néraux : 1® Que la déformation artificielle du crâne n'est point particulière, en Amé- rique, à quelques peuplades, ni aux Caraïbes de l'île Saint-Vincent, mais que, de toute antiquité, l'usage en a régné depuis le VViscousin, cet affluent du Mis- sissipi, qui traverse l'état des Hurons, jusques et y compris les Pampas de la Pa- tagonie. 2° Que les manœuvres exécutées à cet effet sont très-spéciales à ces tribus, quoiques variées. Nous insisterons uniquement sur ce qu'elles permettent une compression méthodique en quelque sorte, et tout au moins graduelle. Nous ne parlons point de l'aplatissement de l'occiput, îl a peu d'importance; mais les moyennes de mensurations prises par Morton sur huit crânes colombiens de sa collection et comparées avec celles de crânes américains normalement confor- més (1) tendent à démontrer que l'opération d'aplatir ou autrement de déformer le crâne dès l'enfance par des moyens artificiels ne diminue ni la capacité inté- rieure du crâne ni le volume entier du cerveau. A en juger par l'évaluation des deux portions antérieure et postérieure de la boîte crânienne, il n'y a pas non plus de modilications matérielles dans les proportions relatives de l'encéphale, d'autant moins que l'expansion latérale de la région du front compense la di- minution du diamètre vertical; toutefois l'angle facial est réduit d'au moins 5 degrés. 3° (et cette conclusion nous semble importante à opposer aux observateurs de Rouen et de Niort) le procédé des Américains ne lèse point l'intelligence; il y a (1) Morton, loc. cit., p. 216. Zi8 accommodement des parties, comme on disait déjà du temps de Hallcr(l). Quoi qu'on ait vu la folie chez les sauvages et chez les nègres avec les mêmes caractères que chez nous, en faisant la part des accidents qu'une pareille com- pression peut produire, nous attesterons les exemples qui ne nous ont pas man- qué. La famille ïoltécane, qui a peuplé le Mexique et le Pérou, a laissé des ves- tiges d'un état social qui, sans égaler les civilisations de l'Ancien-Monde, se ré- vèle de jour en jour comme ayant atteint une notable supériorité; M. deHum- bold l'a comparé à celui des anciens Égyptiens, des Etrusques et des Tibé- tains (2) ; les constructions gigantesques élevées dans les environs de Cuzco et du lac de Titicaca témoignent pour cette race. Et quant aux tribus errantes au pied des montagnes Rocheuses, il ne semble pas que l'aplatissement du crâne ait rien modiûé du caractère de l'homme sauvage américain ; « L'insensibilité en » fait la base, dit la Condamine (3) ; je laisse à décider si on la doit honorer du » nom d'apathie ou l'avilir par celui de stupidité ; elle naît sans doute du petit 1) nombre de leurs idées qui ne s'étend pas au delà de leurs besoins. Gloutons » jusqu'à la voracité, quand ils ont de quoi se satisfaire, sobres quand la néces- » site les y oblige jusqu'à se passer de tout, sans paraître rien désirer; pusilla- » nimes et poltrons à l'excès, si l'ivresse ne les transporte pas ; ennemis du tra- » vail, indifférents à tout motif de gloire, d'honneur et de reconnaissance, uni- » quement occupés de l'objet présent et toujours déterminés par lui ; sans inquié- » tude pour l'avenir, incapables de prévoyance et de réflexion, se livrant quand » rien ne les gêne à une joie puérile qu'ils manifestent par des sauts et des éclats » de rire immodérés ; sans objet et sans dessein, ils passent leur vie sans pen- » ser, et ils vieillissent sans sortir de l'enfance, dont ils conservent les défauts. » Ce portrait, si sûrement tracé par notre illustre voyageur, reproduit le type avéré de la race américaine; c'est là une variété, mais non une anomalie humaine, et nous rappellerons d'ailleurs que les têtes les plus aplaties appartiennent aux chefs ou aux personnages distingués de la tribu. On s'est demandé s'il y a ana- logie entre les résultats de la compression sur nos races civilisées et sur les crânes des sauvages ; après ce qui a été énoncé précédemment sur la déformation gra- duelle d'une part et la constriction à l'aide d'un bandeau fixé de l'autre, le pa- rallèle des désordres produits n'est pas même possible. (1) Haller, Élém. phts., lib. xxix, sect. 4, §xx. (2) Balbi, Abrégé de géographie. (3) Mém. del'Acad. des se, 1745, p. 419. Relation de la Condamine. COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'AVRIL 1852 ; Par M. le Docteur E. LE BRET, secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Anatomie. t» SUR l'existence d'un muscle transversal interuaxillaire chez les animaux DOMESTIQUES ; par M. Goubaux. M. Goubaux communique l'observation qu'il a faite d'un muscle transversal intermaxillaire , indépendant par ses fibres du mylohyoïdien et du sous-cutané de la face, et qui existe chez une grande partie des animaux domestiques; il parait destiné, par sa disposition, à relever la langue et peut-être à aider à la déglutition. (3 avril.) 4 50 2* SCR LES OS EN V CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES ; par Ic même. M. Goubaux a constaté, chez le chien et chez le chat , l'existence en nombre très-variable des os dits en V , accompagnant les os coccygiens chez les animaux à queue très-mobile> d'après Cuvier. (24 avril.) 3» NOTE SUR l'OSTÉOLOGIE DD MÉTACARPE ET DU MÉTATARSE »B PORC; ANOMALIE DU MÉTACARPE CHEZ LE MÊME ANIMAL ; par le même. 1° Les auteurs d'anatomie vétérinaire qui se sont occupés de décrire les os du porc ont fixé au nombre de quatre les métacarpiens et les métatarsiens. L'observation m'a fait reconnaître qu'il y a là une erreur, mais je dois à la vé- rité de dire qu'elle a été déjà relevée. On trouve, en effet, dans les Leçons d'a- natomie COMPARÉE de Georges Cuvier (seconde édition, tome I, p. 437), ce qui suit : « Dans les animaux à sabots qui ont quatre doigts, comme le cochon, le ta- y> pir et V hippopotame , on voit aussi un petit os qui est le rudiment du » pouce, )) Ce passage, extrait de I'Anatomie comparée de Cuvier, n'est pas assez expli- cite , et il est nécessaire de le compléter pour ne laisser aucun doute relative- ment à l'interprétation de ce fait anatomique. A. Dans le membre antérieur, il y a cinq métacarpiens, que l'on peut diviser en : deux grands , deux petits et un rudimentaire. Le métacarpien rudimentaire est situé à la face postérieure du troisième os de la rangée inférieure du carpe. Il représente assez bien , pour la forme , le métacarpien rudimentaire du bœuf, mais il a un développement moins considé- rable dans le sens longitudinal ; en d'autres termes , sa forme est à peu près celle d'un cône dont la base serait supérieure , et il porte à la partie an- térieure de sa base une petite facette diarthrodiale au moyen de laquelle il s'ar- ticule par contiguïté avec la face postérieure du troisième os de la rangée infé- rieure du carpe. Dans l'animal vivant, cet os est environné de toutes parts par du tissu fibreux blanc. B. Dans le membre postérieur, on trouve aussi cinq métatarsiens qui peuvent être divisés comme les os du métacarpe. Le métatarsien rudimentaire est situé à la partie postérieure du grand mé- tatarsien interne qui présente à cet endroit une facette articulaire diarthro- diale. Il est aplati de dehors en dedans, et de forme à peu près triangulaire. Sa partie antérieure ou sa base porte une facette articulaire diarthrodiale, légère- ment concave , qui répond à colle du grand métatarsien interne. Sa face interne est presque plane. 51 Sa face externe est Irès-irrcgulière, mais un peu concave d'avant en arrière. Des deux bords, le supérieur, qui est le plus long, est brisé d'avant en arrière et de haut en bas, tandis que l'inférieur est rectiligne. Son sommet est posté- rieur et est représenté par une pointe nmusse. Le métatarsien rudimentaire est entouic par du tissu ûbreux blanc, et il con- court, par sa face externe, à la formation de l'arcade tarsienne. 2° Depuis plusieurs années, je possède un pied antérieur gauche de porc qui porte cinq régions digitées complètes. C'est du côté interne que se présente l'anomalie que j'ai l'honneur de montrer à la Société, et que je vais essayer de décrire. Le métacarpien du petit doigt interne est aplati de dehors en dedans , et a la forme d'un triangle à base inférieure a. Par son angle supérieur, il s'articule à la fois avec la face inférieure du troisième os de la rangée inférieure du carpe, qui a un développement plus considérable que dans l'état ordinaire, et avec la partie interne de l'extrémité supérieure du grand métacarpien interne. 6. Par son angle inférieur et antérieur, il répond à une région digitée complète, c. Enfin, par son angle inférieur et postérieur, il se confond avec l'extrémité inférieure et antérieure d'un cinquième métacarpien, et s'articule avec l'extré- mité supérieure de la première phalange d'un cinquième doigt. A la face postérieure du troisième os de la rangée inférieure du carpe s'arti- cule un petit métacarpien qui se confond, par son extrémité inférieure, avec l'angle postérieur et inférieur du petit métacarpien interne, dont la forme est anormale, ainsi que je l'ai dit précédemment, et porte aussi une région digitée complète. Cette particularité est due évidemment à un excès de développement du mé- tacarpien rudimentaire qui avorte normalement : elle est remarquable en ce que, par son déploiement, elle représente une main qui peut être comparée à celle de l'homme, et elle est la démonstration de ce fait avancé par Cuvier, que le métacarpien rudimentaire est un pouce avorté dans son développement. II. — ANATOMIE I'ATHOLOGIQDE. 1° NOTE SUR UNE COMBINAISON DE LA MATIÈRE COLORANTE DU SANG AVEC DE l' ACIDE MARGARiQUE, obscrvée par M. Lebret. « Il est de plus en plus certain que les cristaux colorés que l'on trouve dans les résidus hémorrhagiques ne sont point composés uniquement de matière pigmentaire. J'ai déjà communiqué à la Société de biologie l'observation de cristaux rhombiques cinabres, incomplètement colorés, ce qui indiquait qu'il y avait deux substances dans ces cristaux, l'une de nature pigmentaire, l'autre d'une nature non encore déterminée. 5U ■ Dernièrement j'ai trouvé , dans un épanchement hémorrhaglque de la rate ^ une masse jaunâtre grumeleuse, disséminée à travers tout l'épanchemenl san- guin, dont la composition microscopique oiTrait les caractères suivants: a On voit une multitude de granules, de petits globules d'un jaune doré, et surtout un grand nombre de corps de la même couleur qui au premier aspect, offrent une apparence sphérique. Leur diamètre varie entre 1/60 et 1/40 de mil- limètre. En les examinant de plus près, on leur reconnaît une disposition étoi- lée et radiaire , et on distingue une multitude de corps qui ont la forme d'ai- guilles cristallines droites ou légèrement recourbées, et qui offrent la plus grande ressemblance avec des rosaces colorées d'acide margarique et de margarine. » Outre ces agglomérations colorées , on reconnaît un certain nombre de ro- saces margariques, soit libres, soit renfermées dans des vésicules, les unes complètement incolores, les autres incomplètement colorées. » Il s'agit donc ici probablement d'une combinaison entre un pigment hé- matique et des cristaux gras de nature margarique. » 2° NOTE SOR LA STRUCTURE D'UNE MEMBRANE DE NOUVELLE FORMATION OBLITÉRANT COMPLÈTEMENT LA SOUS-CLAVIÈRE GAUCHE CHEZ UN SUJET ATTEINT D'UN ANÉ- VRISME DE LA CROSSE ET DE L' AORTE DESCENDANTE; par MM. HiFFELSHEIM et Ch. Robin. N'ayant trouvé nulle part la structure des cloisons oblitérantes des artères à leur origine d'un tronc principal, nous donnerons, avec quelque extension, la description du cas présent, qui, si nous ne nous trompons, est le premier cas où l'on a décrit cette structure. A la face interne de l'aorte, au niveau de l'oriûce obturé, se voit seulement une légère dépression qui demande, pour être aperçue, un examen assez mi- nutieux. La membrane obturante présente la même coloration, le même aspect, la même densité que le reste de la face interne de l'aorte «ivoisinante. Celle-ci présente la même çà et là quelques plaques jaunâtres athéroma- teuses ou calcaires. La sous-clavière est à peine plus étroite que celle du côté opposé. Un stylet introduit dans le calibre ne peut pénétrer dans l'aorte et ne déplace pas la membrane obturante, malgré une dépression assez forte. Une coupe comprenant à la fois et les parois de l'aorte et les parois du vais- seau oblitéré montre qu'il n'a pas de caillot derrière la membrane. Elle mon- tre aussi que les lèvres de l'oriûce obturé sont un peu rapprochées l'une de l'autre, de manière à donner à cet orifice l'aspect d'une boutonnière ovalaire allongée. Toutefois, ses lèvres restent écartées l'une de l'autre d'environ 3 mil- limètres. C'est cet orifice allongé qu'oblitère la membrane que nous allons dé- crire. Elle est épaisse d'un millimètre environ dans toute sa périphérie. Sa partie centrale seule, du côté qui regarde le canal de la sous-clavière, présente une 53 ■épaisseur deux fois plus considérable, ce qui est dû à la présence d'une pro- duction calcaire qui occupe ce centre; il fait saillie dans le canal de la sous- clavière. La périphérie de cette membrane est continue avec la face interne des parois aortiques sans distinction possible. Cette membrane elle-même est friable, aussi bien que la portion des parois de l'aorte, avec lesquelles elle est continue. Il est facile de reconnaître déjà à l'œil nu, dans cette cloison de nouvelle for- mation, la même structure que celles des plaques athéromateuses qui tapissent çà et là la face interne de l'aorte, et en particulier le pourtour du point d'attache du vaisseau oblitéré. En un mot, une plaque athéromateuse semble passer sans discontinuité d'un côté à l'autre de l'orifice de la sous-clavière. L'aspect lisse que présentent, du côté de l'aorte, ces plaques morbides, est conservé également au niveau de la cloison oblitérante. Structdre de cette cloison. — Celte structure est la même que celle des plaques athéromateuses qui incrustent les tuniques de l'aorte et comprennent quelquefois toute l'épaisseur de la tunique aortique. L'examen de cette structure a été fait à l'aide d'un grossissement de 550 à GOO. Oculaire 2 et 3. Objectif n» 6. Nous avons dit que cette cloison est friable ; mais après avoir été froissée , malgré la friabilité, il reste une trame flexible, membraneuse, résistant à la dé- chirure, non élastique; elle est continue avec la portion de tunique aortique placée au même niveau. Cette partie membraneuse est constituée d'une substance fibroide, plutôt que fibreuse proprement dite, c'est-à-dire qu'elle semble formée de fibres ou fais- ceaux de fibres fortement unis ; mais malgré cet aspect, on ne peut isoler les fibres comme dans les membranes fibreuses. Les bords seuls de cette substance, qui ont été déchirés, présentent çà et là comme des extrémités de petits éche- veaux fibrillaires dont toutes les parties constituantes sont maintenues réunies entre elles par une matière homogène parsemée de fines granulations molécu- laires. Des portions assez étendues de cette membrane sont constituées par la sub- stance homogène granuleuse dont nous venons de parler, sans l'aspect fibroide décrit tout à l'heure. Cette description de la structure, que nous venons de donner, est aussi celle de la trame des plaques athéromateuses que l'on trouve dans les artères, lorsque ces plaques n'ont pas encore l'aspect mélicérique. La partie friable de la tunique est constituée par des granulations grais- seuses, sortes de gouttelettes solides ou demi-solides, jaunâtres, reflétant la lumière à la manière des corps gras, qu'on trouve du reste dans toutes les pla- ques athéromateuses des artères. C'est à leur présence qu'est dû l'aspect blanc jaunâtre de ces productions morbides. On y trouve en oulre des graines cal- caires irrégulières de volume variable. 54 fis se dissolvent dans l'acide acétique en dégageant un peu d'acide carbo- nique. Notons que l'acide acétique ne dissout pas la trame fibroide dont nous venons de parler. C'est tout au plus s'il la rend un peu plus transparente, et s'il diminue légèrement son aspect strié qui tout en persistant même après une action assez prolongée, est devenu un peu moins marqué. Enfin, pour ne rien omettre, nous indiquerons la présence de beaucoup de granulations moléculaires libres ou agglomérées qui se trouvent répandues dans le champ du microscope, et dont la description n'offre pas d'importance. Que cette production ait été consécutive à la cessation du passage du sang dans la sous-c'avière, ou qu'elle en ait été la cause, ce que nous ne voulons pas discuter ici, le fait est que la production morbibe qui incruste les parois arté- rielles, qui se dépose dans leur épaisseur, s'est étendue de la tunique moyenne de l'aorte, qu'elle affecte ordinairement au-devant d'un canal vasculaire habi- tuellement libre et seulement parcouru par du sang; et cela dans un espace de 2 à 3 millimètres transversalement, sur 6 à 7 millimètres en longueur. 3» NOTE SUR DES KYSTES SÉREUX DU FOIE FORMÉS PAR LA DILATATION DES CONDUITS BILIAIRES 00 DES CRYPTES DE CES CONDUITS ; par M. DAVAINE. M. Charcot ayant eu l'obligeance de me remettre une portion d'un foie qui offrait çà et là des Itystes d'une nature indéterminée, voici le résultat de l'exa- men que j'en ai fait. Ce foie, dont la substance paraissait normal, présentait, à sa surface et dans son intérieur, un grand nombre de kystes variant du volume d'un grain de chè- nevis à celui d'une noisette. Un petit nombre de ces kystes était isolé, la plupart étaient réunis en séries moniliformes ou en grappes, comme on peut le voir sur les dessins qui sont sous les yeux de la Société. Les kystes de la surface, en- châssés dans la substance du foie, ne faisaient point de saillie, à l'exception de ceux qui occupaient le bord tranchant de cet organe. En isolant ces kystes par la dissection, on pouvait constater qu'ils s'étaient développés exclusivement sur le trajet des vaisseaux biliaires contenus dans la capsule de Glisson. Les ramifications de l'artère hépatique, de la veine porte et des conduits biliaires se perdaient plus ou moins dans le trajet de ces séries de kystes qui étaient croisées par les veines sushépatiques. Ces kystes arrondis ou polygonaux, suivant qu'ils étaient libres ou pressés les uns contre les autres, adhéraient le plus souvent entre eux et ne pouvaient être séparés que par le scalpel. A l'intérieur ils offraient une membrane blanche, lisse et polie comme une membrane séreuse;. leur cavité était, dans la plupart, parfaitement close. Mais quelques-uns communiquaient entre eux; de sorte que, en insulïïant l'une de ces poches, on en faisait gonfler plusieurs autres. L'un de ces kystes, du volume d'une noisette, ouvert avec précaution, com- muniquait manifestement par un petit pertuis avec un conduit capillaire , dans ieqijel j'ai pu introduire une soie de sanglier. Ce conduit aboutissait, après un 55 trajet de 8 à 10 millim, , à un conduit biliaire. L'InsufTlation par ce conduit et l'introduction d'une soie de sanglier ne laissaient aucun doute à cet égard ; la disposition du perlais et du conduit capillaire qui rampait sous la membrane interne du kyste, comme l'uretère par rapport à la vessie, rendait parfaitement compte de la rétention du liquide qui remplissait celte poche. Enfin on remarquait encore au voisinage de ces kystes un certain nombre de ramuscules des conduits biliaires épaissis et variqueux, ce que l'on consta- tait facilement par l'introduction d'une soie de sanglier dans leur intérieur. Les kystes isolés étaient fusiformes à l'extérieur, ou bien ils donnaient nais- sance à deux ou trois cordons imperméables, ayant l'apparence des branches d'un vaisseau qui olTrirait une dilatation Ivès-circonscrite. Tous ces kystes contenaient une sérosité incolore, rendue plus ou moins trouble par une matière qui, examinée au microscope, paraissait formée d'un détritus amorphe avec des noyaux et des cellules épithéliales encore recon- naissables. Il me paraît résulter de l'examen auquel je me suis livré que ces kystes se sont développés aux dépens des conduits biliaires , soit par la dilatation de ces conduits eux-mêmes, soit par celle de leurs cryptes. En effet, je me suis assuré que la communication de l'un des kystes avait lieu avec l'un des conduits de la bile et non avec un vaisseau; car les canaux biliaires , à l'intérieur, offrent deux séries linéaires et opposées de pertuis qui correspondent aux orifices d'autant de vaisseaux capillaires ou de cryptes dont j'ai constaté l'existence dans les parois de ces conduits et qui offrent un moyen facile et sûr de ne pas confondre les canaux biliaires avec les rameaux de la veine porte. D'un autre côté , la communication de quelques-uns de ces kystes entre eux , leur disposition dans la capsule de Glisson , l'épaississement et l'état variqueux de quelques ramifications capillaires des conduits biliaires, le contenu de ces poches , m'autorisent à penser que ces kystes se sont développés soit par des oblitérations avec dilatation partielle des conduits biliaires, soit par la dilatation des cryptes qui existent dans ces conduits, et dont, je le répète, j'ai constaté l'existence dans ceux même d'un très-petit calibre. 4° SUR LE SÉQUESTRE D'UNE PORTION DE POUMON HÉPATISÉE, DANS UN CAS DE PNEUMONIE ÉPIZOOTIQUE DE LA VACHE; par M. RaYER. Dans un travail fait en 1841 et resté inédit, M. Rayer avait constaté une par- ticularité très-remarquable de la péiipneumonie, dans l'espèce bovine, à sa- voir, l'oblitération des ramifications bronchiques et des ramifications des vais- seaux pulmonaires dans les parties affectées des poumons. Ces conduits étaient remplis de concrétions fibrineuses solides et généralement décolorées. Aujour- d'hui M. Rayer montre une portion de poumon hépatisée, du volume d'une i;rosse orange, trouvée libre, dans l'intérieur d'un poumon enflammé. Par la dissection et par le lavage, M. Rayer a constaté que la masse trouvée libre , et 56 tjui n'avait point sensiblement d'odeur grangréneuse , était bien réellement une portion de poumon bépatisée, complètement séparée des parties environnantes, malades elles-mêmes, et non un dépôt de fibrine. En effet, il a reconnu, dans cette masse , des portions de bronches et de vaisseaux sanguins. En outre , la surface de la cavité qui renfermait cette masse, véritable séquestre, offrait les saillies ou des mamelons d'un blanc jaunâtre que la dissection a démontré être fournis , au moins pour la plupart, par les extrémités divisées de ramifications bronchiques et de vaisseaux complètement obstrués par des concrétions fibri- neuses. En quelques points, cette cavité était tapissée par une fausse mem- brane d'un blanc grisâtre, assez épaisse. C'est là , suivant M. Rayer, un exemple très-remarquable de mortification d'une portion de poumon bépatisée par suite de l'oblitération simultanée des Teines , des artères et des bronches. L'absence d'odeur gangreneuse et la soli- dité du séquestre peuvent être expliquées par les conditions particulières dans lesquelles il s'est formé. Suivant M. Rayer, les espèces de séquestres pulmonaires qu'on observe quelquefois chez la vache atteinte de pneumonie éprouvent avec le temps (lors- que les animaux survivent) diverses transformations qui en modifient la con- stitution et l'apparence. Les plus récents sont marbrés en brun et en brun jau- nâtre-, les plus anciens finissent par prendre une teinte jaunâtre prononcée. Les parois de la poche qui renferme les séquestres offrent aussi des apparences particulières, suivant que l'altération est récente, ou plus ou moins ancienne. Dans le premier cas, on remarque sur la portion du poumon conliguë au sé- . questre, des parties de tissu pulmonaire induré, des rudiments de fausse mem- brane, plus ou moins garnis de globules sanguins et de globules purulents. Lorsque la lésion est déjà ancienne, les parois de la cavité sont formées, en très- grande partie, par un tissu fibreux, solide et d'un blanc bleuâtre. M. Rayer termine en disant qu'il n'a point observé chez l'homme des sé- questres de tissu pulmonaire analogues à ceux dont il vient de parler. 5» CORPS LIBRE TROUVÉ DANS l' ARTICULATION TIBIO-ASTRAGALIENNE d'uN CHEVAL; par M. GouBEAux. M. Goubaux présente l'articulation tibio-astragalienne d'un cheval, dans l'intérieur de laquelle on voit un corps libre. Ce corps est situé à la partie pos- térieure et interne de cette articulation , où if est enclavé dans une cavité prati- quée dans l'épaisseur des parties compléraentaiies de l'articulation à cet en- droit. Ce corps, qui est arrondi suivant son petit diamètre, est irrégulièrement conique. Sa surface est lisse. Une coupe, faite suivant le grand axe de ce corps, montre qu'il est osseux intérieurement , tandis que sa partie périphérique esî formée par du tissu fibreux blanc disposé en couches concentriques. 57 Les parties complémentaires de cette articulation ont augmenté considéra- blement d'épaisseur ; mais ce n'est pas là seulement ce qu'elles offrent de re- marquable : elles sont le siège, particulièrement à leur face interne, d'une co- loration en brun chocolat dout M. Goubaux a eu l'occasion de parler déjà dans une des séances précédentes , à la suite d'une communication faite par M. Ver- neuil. M. Goubaux a observé un certain nombre de fois cette coloration , non-seu- lement pour les articulations ou à leur voisinage, mais surtout dans les gaines tendineuses; il se propose de continuer des recherches à cet égard, et d'en faire connaître le résultat à la Société. 6» ALTÉRATION DE L'ARTICULATION TEMPORO-MAXILLAIRE DROITE CHEZ UN CHEVAL ; par le même. Un vieux cheval anglais, qui mâchait ses aliments avec beaucoup de lenteur, lenteur que l'on pouvait attribuer à l'irrégularité remarquable de ses dents mo- laires, fut sacrifié pour les travaux anatomiques. Il n'y avait aucune cicatrice sur la région des tempes. M. Goubaux présente l'articulation temporo-maxillaire droite de cet animal, dans laquelle on voit les lésions suivantes : sur la face inférieure du ménisque interarticulaire, il existe des fausses membranes anciennes disposées en petits pinceaux ; elles sont en tout semblables à celles que l'on remarque assez fré- quemment dans la cavité du péritoine ou dans les sacs pleuraux. De semblables fausses membranes existent sur le condyle du maxillaire inférieur. Sur la rive postérieure du ménisque, on trouve deux fausses membranes beaucoup plus épaisses, arrondies à leur surface, libres, tandis qu'elles sont pédiculées à leur base qui est adhérente. Ces fausses membranes, coupées en travers, présentent l'aspect qu'elles ont en général ; leur périphérie, qui est ré- sistante, est blanche; leur centre, au contraire, a une coloration gris rosé. M. Goubaux pense que ces parties péd\fulées auraient pu former plus tard des corps libres, par suite de la destruction de leur pédicule ; il explique ainsi le développement de ces corps pédicules qu'il a rencontrés bien souvent dans le sac péritonéal des chevaux, et de ceux qui y ont été trouvés libres, ainsi que M. Rayer en a rencontré un exemple récemment dans le cadavre d'une vache. III. — Physiologie. RECHERCHES SUR LES PRINCIPES IMMÉDIATS CONTENUS DANS L'URINE DE l'HOMME ; par M. W. Marcet. M. W. Marcet lit la note suivante : « On connaît déjà dans l'urine un grand nombres de substances , et pourtant 58 il nous inamiiie encore des notions satisfaisantes sur l'état qu'elles occupent comme principes immédiats de cette sécrétion. B Cela provient des méthodes qu'on emploie pour isoler ces principes; ainsi, quanta l'urée, il est impossible de constater d'une manière précise, lorsqu'on l'obtient au moyen de l'acide azotique, si elle se trouve à l'état libre dans l'urine ou combinée avec d'autres substances, comme le sel marin ou le phosphate de soude. » Pour résoudre cette difficulté, j'ai eu recours à un autre procédé qui per- met d'obtenir directement, sous la forme cristalline, l'urée libre contenue dans l'urine. » On évapore l'urine à siccité au bain-marie et on dessèche le résidu sur l'acide sulfurique. Lorsque la masse est devenue dure et cassante, on la traite à plusieurs reprises par l'alcool absolu bouillant en décantant après chaque opéra- tion. Il r.ut les répéter jusqu'à ce qu'il reste dans la capsule une masse brune, dure et cassante qui n'abandonne plus de matière colorante à l'alcool. » On obtient ainsi un extrait alcoolique de l'urine contenant toute l'urée, un peu de sel marin, et ayant une réaction acide très-prononcée. J'ajoute main- tenant à cette liqueur une petite quantité d'éther sulfurique, en le laissant des- cendre le long du vase de manière à éviter le mélange des liquides. On aperçoit d'abord un précipité nuageux au point de contact des deux couches, puis ce mouvement se communique graduellement au-dessus et au-dessous. Cinq ou six heures après, le précipité a disparu, les bords et le fond du vase se trouvent alors couverts de très-beaux cristeaux d'urée. » 11 faut ajouter de l'cther jusqu'à ce qu'il ne se précipite plus rien, et on obtient ainsi directement presque toute l'urée contenue à l'état libre dans l'u- rine. 11 se trouve souvent un peu de sel marin parmi les cristaux qu'on peut sé- parer par une nouvelle cristallisation dans l'eau. Cette opération est nécessaire, si on désire conserver l'urée ainsi séparée, car à peine a-t-on décanté le mé- lange d'éther et d'alcool que l'urée disparaît étant en cet état très-déliques- cente. » La liqueur mère contient encore un peu d'urée, et sa réaction est fortement acide; j'ai poursuivi plus loin mes recherches, espérant arriver à trouver dans la dissolution élhérée un des corps auxquels l'urine doit sa réaction acide. Il s'agissait pour cela d'éliminer l'urée dissoute par l'éther. Dans ce but, je con- centrai la liqueur mère sur le bain de sable, puis elle fut neutralisée avec de l'eau de baryte pour empêcher la décomposition des substances acides. Après avoir concentré de nouveau au bain-marie, j'ajoutai quelques gouttes d'acide sulfurique; j'ai remis les acides organiques en liberté; puis en traitant ce mélange par l'alcool ordinaire et l'éther, le tout se sépara en deux couches, la couche inférieure contenant l'urée, et la couche supérieure les substances acides. On décanta la couche supérieure, et elle fut traitée à plusieurs reprises par de l'eau distillée dans un ballon en décantant la dissolution élhr-rce après chaque 59 opération. J'obtins de cette matière une liqueur très-acide ne contenant pina tl'urée, et flottant sur de l'eau pure; elle fut décantée flnalement dans un en- tonnoir à filtrer et évaporée à une température très-basse. » Il résulta de ces évaporations : ' » 1° Un liquide aqueux, incolore, rempli de cristaux ; n 2" Une substance rose qui s'était attachée sous forme de gouttelettes aux parois du vase pendant l'opération. » Je suis occupé dans ce moment à reconnaître les caractères de ces deux substances; jusqu'ici j'ai pu constater: » Que la substance cristaliisable incolore est un acide faible, solude dans l'éther, l'alcool et l'eau bouillante, mais insoluble dans l'eau froide. Les cris- taux sont des prismes rhomboidaux obliques. ChauU'és sur une lame de platine, ils fondent en icpandant une odeur particulière, puis ils charbonnentsjms prendre feu, et enfin disparaissent complètement. Cette substance n'est donc pas de l'acide hippurique, auquel elle paraît cependant ressembler sous beaucoup de rapports. Quant à la matière rose, elle a une réaction fortement acide; elle se réunit d'abord en gouttes d'aspect résineux. Celles-ci , au bout de vinut-quatre heures, et quelquefois même plus tard, se crislallisent en groupes d'aiguilles irradiées, ayant pour centre de cristallisation le centre de la goutte. Ce mode particulier de cristallisation d'un composé qui reste d'abord quelque temps à l'état de gouttes résineuses, observé par M. Ch. Robin et moi sur le corps dont je parle, a déjà été reconnu comme propre à plusieurs des acides qu'on obtient par décomposition des principes immédiats salins de l'économie, tels que l'acide hippurique, etc. Ce nouvel acide se dissout dans l'éther et l'alcool seulement. Elle répand une odeur aromatique très-caractéristique qui aug- mente lorsqu'on la chauffe sur une lame de platine ; elle charbonne en répan- dant une odeur d'huile brûlée. » Cette dernière substance paraît exister à l'état libre dans l'urine, car on peut l'obtenir sans ajouter d'acide sulfurique à la liqueur mère qui a déposé l'urée. M II n'en est pas de même pour la première, que j'ai cherchée en vain, lors- que je n'avais pas ajouté la baryte et l'acide sulfurique. 11 est possible cepen- dant qu'elle existât à l'état libre dans l'urine , ayant été décomposée par l'éva- poration. Les dissolutions de ces acides, retirées de l'urine, ne précipitent pas l'eau de baryte, elles ne contiennent donc point de l'acide sulfurique qui a servi à les extraire. » En terminant, qu'il me soit permis de remercier MM. Robin et Verdeil des conseils qu'ils ont eu la bonté de me donner au sujet de ces recherches. » GO IV. — TÉRATOLOGIE. 1° NOTE SDR UN FŒTUS MONSTRE DE CHIEN , AVEC ENCÉPHALOCÈLE ET SPINA BIFIDA ; par M. BOULARD. Une chienne chez laquelle l'avortement avait été en partie provoqué a mis bas sept petits. Six sont nés bien conformés, cinq vivants; le sixième et le sep- tième étaient morts. Ce dernier présentait deux anomalies remarquables, dont la nature véritable échappa d'abord à l'observation, et ne put être reconnu qu'après un examen assez minutieux. 11 était environ moitié moins grand que les six autres petits chiens, ce qui pouvait s'expliquer par une incurvation notable que présentait la colonne vertébrale. Le crâne, aplati, déprimé, ne formait en arrière de la face aucune saillie. On remarquait en arrière de l'occipital, au niveau de l'articulation de cet os avec les vertèbres cervicales , une petite tumeur, molle , sessile , non recouverte par la peau. Au niveau de la région lombaire et sur la ligne médiane, l'enveloppe cutanée présentait une solution de continuité dont les deux bords, écartés et figurant une boutonnière d'environ 5 centimères de longueur et 1 centimètre de largeur au niveau du plus grand écartement, laissait à découvert une gouttière ostéo-carti- lagineuse recouverte par deux couches de tissu libro-cellulaire. La première, la plus superficielle, très-mince, se laissant déchirer avec la plus grande facilité, formait une sorte de toile irrégulièrement plissée, ou mieux, flétrie, et se con- tinuait de chaque côté avec les deux lèvres de la solution de continuité. On au- rait dit, au premier abord, une expansion du tissu cellulaire sous-cutané. Au- dessous de cette première couche, on en trouvait une seconde beaucoup plus résistante, tendue à la manière d'un pont au-dessus de la gouttière et parfaite- ment intacte. Cette deuxième couche n'adhérait en aucune façon avec le fond de la gouttière, et il fut même possible d'introduire un stylet dans le canal qu'elle concourait ainsi à former, après que l'on y eut pratiqué une légère in- cision. L'examen du centre encéphalo-rachidien lit reconnaître que la tumeur molle qui se présentait à la partie postérieure ou supérieure (si l'on suppose l'animal dans sa position naturelle, sur les quatre pattes) était formée par le cervelet et une grande partie du lobe cérébral gauche , qui faisaient hernie hors du crâne. La substance nerveuse n'était recouverte que par ses membranes propres; la peau avait été, non pas amincie et entraînée autour des organes hernies , mais perforée et traversée par ea\. Cette hernie s'était opérée par le trou occipital , en avant de la première vertèbre cervicale. Le canal vertébral étant ouvert à la région du cou , on y trouvait la moelle à l'état normal ; mais en portant l'examen plus loin , on reconnaissait qu'à partir delà dixième vertèbre dorsale jusqu'à la région caudale, les apophyses épineuse» et les lames des vertèbres manquaient complètement et que le canal vertébral , largement ouvert en arrière, n'était représenté que parla gouttière ostéo-fibreuse indiquée plus haut. Cette gouttière était formée, par la face supérieure, du corps des vertèbres dorsales et lombaires. Dans cette gouttière, point de moelle épi- nière. Cet organe se terminait par une extrémité un peu effilée au niveau de la dixième vertèbre dorsale. Quant aux deux couches de tissu cellulo-fibreux, la moins superficielle, celle qui semblait convertir la gouttière en un canal véritable , elle représentait la lame profonde de la dure-mère, et se continuait en haut, au-dessous de la moelle épi- nière, dès que celle-ci apparaissait, tandis que l'autre était la continuation de la portion de dure-mère qui passait au-dessus de la moelle épinière. La première offrait, au niveau de chacun des trous invertébraux, l'origine des nerfs rachi- diens, avec les ganglions correspondants. En résumé , ce petit animal présentait un encéphalocèle coïncidant avec un spina biflda remarquable par son étendue. L'encéphalocèle et le spina avaient tous deux traversé la peau, le premier à travers une ouverture arrondie et comme faite par un emporte-pièce ; le second à travers un orifice très-allongé, en forme de boutonnière. C'est ce qui explique comment la poche du spina bifida s'était vidée complètement, soit au moment de la naissance, soit pendant le travail, et sous l'influence de contractions utérines, rendues plus énergiques par l'action d'une forte dose de seigle ergoté : d'autant que cette poche devait être volumi- neuse , ainsi que le constatent l'aspect plissé et comme flétri, et la grande min- ceur de la couche fibreuse qui en était la seule enveloppe, et en même temps la disparition complète de la moelle épinière au niveau des régions dorsale et lombaire, points où les nerfs, d'ailleurs développés normalement, semblaient naître de la couche fibreuse la plus profonde, ou, en d'autres termes de la dure- mère. 2° SUR «NE MONSTRUOSITÉ PAR INCLUSION DANS L'œUF DE LA POULE ; par M. Verneuil. M. Verneuil présente un exemple de monstruosité par inclusion dans l'œuf d'une poule. Dans un œuf de volume ordinaire, muni d'un jaune et d'un albumen bien développés, se trouve un petitœuf très-régulièrement conformé et ofi"raut la figure d'un ovoïde parfait- Il est muni d'une coquille résistante, quoique mince. Celle-ci est formée de deux couches calcaires bien distinctes : l'une externe, colorée en jaune ; l'au- tre interne, qui lui est immédiatement accolée, est, au contraire, trans- lucide. Le grand diamètre de Tœuf est de t5 millimètres ; le petit de 10 environ. 62 L'oeuf est transparent et rempli d'un liquide albumineux. On trouve à l'inté- rieur une troisième membrane qui représente la membrane propre de l'œuf. La chambre à air existe avec un développement notable; elle est agrandie sur- tout par suite de l'évaporation dont l'œuf a été le siège. Cette membrane est très-consistante et fort épaisse. Ce contenu de l'œuf est formé par de l'albumine semblable à celle des œufs ordinaires; le germe semble donc manquer avec le vitellus. V. — Botanique. NOTE SUR LE PHVCOMICES NITENS GENRE DE LA TRIBU DES MUCOBINÉES; par M. Montagne. Tous ceux qui ont décrit cette singulière affection se sont copiés les uns les autres. Personne, que je sache, n'avait encore observé le petit calicule ou l'es- pèce de collerette rabattue qui se trouve à la base de ce qu'on nomme la vési- cule. Aussi n'a-t-on pas manqué de dire et de répéter que cette vésicule était ectosperme, sans s'être bien rendu compte du mode d'évolution des spores. La présence bien constatée du calicule, qui me semble devoir être considéré comme le résidu d'un péridiura qui enveloppait primitivement la prétendue vésicule, prouve en effet que celle-ci n'est autre chose que la columelle ou ce qu'on est convenu de nommer ainsi, sur laquelle restent accolés les spores après la déhis- cenceet la chute fragmentaire du péridium. Ce qu'il y a de certain, c'est que la vésicule ne renferme point de spores, mais seulement des conidies de la plus grande ténuité , et qu'elle communique directement avec le tube du filament. Il y a, en effet, absence de cloison au niveau du point de jonction de celui-ci avec celle-là. Les spores ne sont pas jaunes, mais incolores, ni les filaments décom- bants, mais dressés en touffes bien fournies et d'un noir olivâtre très-bril- lant. 11 résulte de ce qui précède que ce genre, que je crois inattaquable, est voisin de Vascophora., et même que l'espèce oirre, dans la structure de son péridium, quelque chose d'analogue à ce qu'on voit dans Vascophora fungicola corda. Il a aussi, par sa columelle et son péridium, de grands rapports avec l'hemi- scyphe de la même tribu ; seulement ses filaments sont continus et non cloi- sonnés. Ce genre est aussi fort remarquable par les lieux dans lesquels il se développe : c'est en général dans les moulins à huile et dans les magasins où Ion conserve ce produit. C'est dans des circonstances, sinon semblables, au moins analogues, que nos exemplaires ont été trouvés. M. Evrard a établi au Cateau (Nord) une usine pour l'exploitation des eaux savonneuses qui ont servi au dégraissage des laines en suint. Ces eaux, traitées par l'acide sulfurique, fournissent un précipité de matières grasses et terreuses traversées par une infinité de filaments de laine. Sur ce précipité, abandonné pendant plusieurs mois dans un local couvert et peu 63 éclairé, s'est développé le phycomyces, avec l'apparence d'une touffe de crins noirs, dressés et luisants. M. Evrard dit que la résistance de ses filaments est telle qu'un seul peut supporter un poids de 10 à 20 grammes, dans l'état de végétation. (10 avril,) — Dans une des séances suivantes, M. Montagne complète la communica- tion qu'il a faite sur le phycomyces nitens. Des individus en pleine végétation sur leur terreau natal lui ont été apportés par M. Evrard, et sont venus con- firmer ce que l'analogie lui avait donné l'occasion de conjecturer. Voici la mor- phose de ce champignon. La vésicule qui termine le filament est d'abord sphé- rique et d'un blanc sale et terne, comme la moitié supérieure du filament lui- même. Si on l'écrase alors, il ne s'en échappe que des conidies de la plus grande ténuité. A un degré plus avancé de son développement, elle devient noire, et les spores déjà formées sont encore retenues en place par le peridium globuleux. Cet organe est d'une si grande délicatesse , qu'on trouve la raison probable de sa chute fragmentaire prématurée. C'est à cette époque de sa végétation qu'il faut surtout observer le phycomyces, pour bien s'assurer de la présence du peridium et de la columelle, et que c'est entre ces deux membranes que se forment les spores. La plus légère pression entre deux lames de verre suffit alors pour briser l'enveloppe extérieure, donner lieu à l'évacuation des sémi- nules, et laisser voir manifestement la columelle avec la forme qu'on lui con- naît et qu'elle conserve constamment, même après la chute du peridium. Les spores paraissent imbriquées en séries, rayonnant de tous les points de la co- lumelle. C'est donc une vraie mucironée qui ne dilTère même des genres voisins que par sa consistance, par sa couleur, par la forme singulière de sa columelle per- sistante, mais surtout par les circonstances particulières dans lesquelles elle se développe, caractères réunis qui, sans parler de son port, peuvent motiver sa conservation comme genre distinct. ,bv COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'ENDANT LE MOIS DE MAI 1852; Par M. le Docteur VERNEUIL, secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Anatomik pathologique et Pathologie. 1" NOTE SUR LES CELLULES DU TISSU MÉDULLAIRE DES 05 ET SUR LEUR ÉTAT DANS l'ostéomyélite ; par M. Verneuil. Dans la seame du mois d'octobre 1849, M. Robin a entretenu la Société de biologie de la découverte de deux éléments anatomiques nouveaux qu'il avait observés dans le tissu médullaire des os. Ces éléments ont été nommés par lui cellules ou plaques à noyaux multiples et cellules médullaires. 66 Ces dernières, deux ou trois fois plus volumineuses que les globules sanguins, sont aplaties, régulières, sphériques, plus rarement polygonales, jnunies d'un large noyau finement granulé et à contour très-nettement tracé. J'ai constaté maintes fois l'exactitude de cette description donnée par M. Ro- bin, et j'ai pu m'assurer, comme lui, qu'elles se trouvent en grande abondance chez le fœtus, et surtout au voisinage des parois du canal médullaire. Chez l'adulte, elles existent également, mais en nombre moins grand; cepen- dant on peut les étudier très-facilement sur les os dont le tissu graisseux a dis- paru. 11 existe, en efTet, un état pathologique sur lequel on n'a pas suffisamment insisté, et dans lequel le tissu adipeux a plus ou moins complètement disparu du canal diaphysaire des os longs et du tissu spongieux des os courts, qui en con- tiennent normalement. (J'ajoute cette dernière phrase, parce qu'on sait qu'il est des os qui, à quelque âge qu'on les observe, ne contiennent jamais de graisse dans leur intérieur : je citerai les vertèbres, les côtes, le sternum, etc., etc. La présence du tissu adipeux dans ces os est un phénomène très-exceptionnel, que j'ai eu néanmoins l'occasion de rencontrer quelquefois.) Dans les os auxquels je faisais allusion en premier lieu, le tissu médullaire, au lieu d'être jaune et graisseux, présente des apparences très-diverses, depuis celle d'une liqueur filant comme du blanc d'oeuf, visqueuse, d'une coloration rouge plus ou moins vive jusqu'à l'aspect de la gelée de groseilles ou de coings très- dense, et se laissant couper par tranches assez minces. J'ai pu m'assurer que, dans beaucoup de cas, il s'agissait là d'une os^téomyélite spontanée, analogue jus- qu'à un certain point à celle qu'on observe à la suite des fractures ou des ampu- tations. J'ai étudié les caractères histologiques de cette maladie, dont l'histoire n'est pas encore très-avancée : j'ai toujours remarqué que la disparition de la graisse, que je regarde comme un des phénomènes les plus précoces de l'ostéite au dé- but, s'accompagnait constamment d'une hypersécrétion des cellules médullaire.^. Voici le résumé de mes nombreuses investigations à cet égard. Si on analyse avec le microscope la moelle rouge, filante ou gélatiniforme, on trouve un grand nombre de globules sanguins qui nagent librement, sans paraître contenus dans des vaisseaux, au milieu d'un liquide très-riche en albumine, puis une très-no- table quantité de cellules médullaires très-faciles à étudier et beaucoup plus abondantes que dans les os sains. Si l'on soumet la moelle gélatiniforme dépouil- lée de graisse à l'action du filet d'eau, on donne naissance à un chevelu très-délié formé par de nombreux vaisseaux sanguins, sans trace de tissu cellulaire. Cette ap- parence a pu en imposer, et contribuer à perpétuer l'opinion erronée de la présence de cloisons celluleuses dans l'intérieur du canal médullaire des os longs et du tissu spongieux des os courts. On sait que, dans un très-bon travail, MM. Gos- selin et Regnault ont définitivement détruit l'hypothèse d'une membrane mé- dullaire. En même temps que les globules sanguins se sont épanchés et que les cellules 67 médullaires ont pullulé, la matière grasse a tellement diminué qu'on n'en ren- contre quelquefois plus que 3 à 4 p. 100, au lieu de 70 à 80 p. 100, qui en con- stituent la proportion moyenne normale dans le tissu médullaire du fémur d'un adulte sain. Mais c'est dans l'ostéomyélite aiguë traumatique que j'ai eu l'occasion de trou- ver poussée au dernier degré celte hypersécrétion d'un élément normal, c'est-à- dire des cellules médullaires. J'ai examiné deux moignons provenant d'amputations dans la continuité du fémur. Le premier malade avait succombé au trentième jour à une complication thoracique, alors que son moignon était presque complètement cicatrisé. Le se- cond était mort le vingt-troisième jour, par suite de diathèse purulente. La parité des résultats que m'ont fournis les deux examens m'engage à les consigner dans une même description. Le tissu médullaire, examiné à quelques centimètres de la section osseuse, assez loin par conséquent du foyer de la plaie, était d'un rouge vif, élastique, delà consistance d'une gelée assez épaisse. La coloration s'étendait dans toute l'éten- due de l'os, en diminuant toutefois d'intensité dans la tête fémorale. La face interne du canal médullaire offrait cette disposition lamelleuse et ces ecchy- moses violacées qui caractérisent l'ostéomyélite. Le tissu médullaire, examiné au microscope, m'a présenté : 1° Une assez faible proportion de graisse; il n'y avait pas disparition complète, mais les taches huileuses n'étaient plus confluentes. 2" Une assez grande quantité de globules sanguins, beaucoup moins toutefois que dans les cas de tissu médullaire filant et visqueux. 3" En revanche, il y avait des cellulps médullaires en proportion tellement considérable qu'elles formaient certainement la moitié et plus de la masse to- tale. Ces cellules étaient plus ou moins développées; beaucoup étaient à l'état parfait. Mais on rencontrait aussi des cellules plus jeunes et bon nombre de noyaux; le champ du microscope en était couvert comme il l'est de cellules can- céreuses quand on racle la coupe d'un encéphaloïde et qu'on examine aussitôt. J'ai pris soin défaire constater ce résultat par MM. Robin et Broca, dont l'ha- bileté dans ce genre d'exploi allons ne saurait être contestée. Quelle est la signification de cette hypersécrélion d'un élément normal? Que veut dire cette espèce d'antagonisme établi entre le dépôt de matière grasse et celui des cellules médullaires? Je l'ignore. Les maladies des os, malgré le nom- bre immense des travaux qui en traitent, ne sont point terminées, et encore moins bien classées dans un ordre anatomique. J'ai pu me convaincre que des lacunes sérieuses existaient, en m'occupant avec suite de recherches sur les maladies du tissu médullaire. C'est là un chapitre que je n'ai point la prétention d'ache- ver, mais que j'espère néanmoins agrandir en publiant prochainement ce que j'ai vu. 68 2" DE LA STRUCTURE DES TUMEURS FIBROÏDES DE l'UTÉRUS ; par M. LeBERT. On a souvent cité les tumeurs flbroîdes de l'utérus comme type des tumeurs fibreuses en général ; cependant, d'après mes recherches récentes, je puis affir- mer, ce qui avait déjà été soupçonné dans ces tumeurs par d'autres observateurs, qu'il s'agit essentiellement de la production d'une nouvelle substance, qui offre ta plus parfaite analogie de structure intime avec le tissu utérin normal. Il y a donc bien plutôt production homologue du tissu de l'organe, mêlée d'éléments de tissu fibreux et flbro-pl astique, que production d'un véritable tissu nouveau, étranger aux éléments physiologiques de la matrice. Nous passons sous silence les caractères physiques ordinaires de ces tumeurs pour ne prouver notre assertion que par le résultat de l'examen microscopique, que nous avons répété aujourd'hui un assez grand nombre de fois pour pouvoir le livrer au public. L'examen microscopique montre, dans les tumeurs do l'utérus qui n'ont pas encore subi de trop profondes altérations, deux sortes d'éléments : les uns, fibreux et flbro-plastique.«, servent de lien pour ainsi dire aux colonnes charnues ; les autres composent plus particulièrement ces dernières. Ce tissu, d'apparence striée, et fibreusp, se montre surtout à la coction, composée de fibro-cellules des muscles organiques des plus manifestes; mais alors on voit peu les noyaux in- térieurs. Si on examine ce tissu sans réactifs, on voit bien une apparence fasci- culaire ressemblant à la structure musculaire des intestins ou de la vessie; mais on ne reconnaît pas ses noyaux caractéristiques. C'est surtout en traitant les préparations avec de l'acide acétique qu'il est facile de se convaincre que l'on a affaire à des fibro-cellules. Les noyaux alors sont si nettement caractérisés qu'il est impossible de les confondre avec d'autres éléments histologiques : ce sont des noyaux très-longs, droits, recourbé», quelquefois légèrement ondulés, ayant a peine un 300* de millim. de largeur et ne montrant point de nucléoles. Ce qui prouve combien il y de couches superposées de ces fibres organiques, c'est que, dans les préparations bien faites, on voit des groupes de noyaux, suivant une même direction, s'entre -croiser dans tous les sens différents ; mais dans le même groupe, les noyaux suivent toujours une même direction. 3o CATARACTE NOIRE; par M. Blot. M. Blot présente deux exemples de cataracte noire trouvés tous deux sur un même sujet servant aux répétitions de médecine opératoire; aussi ne peut-il don- ner aucun renseignement sur ce malade. Dans l'examen des deux yeux, une chose a frappé l'attention de M. Blot : c'est l'absence presque complète de pigment sur la choroïde et sur l'iris. Par l'examen microscopique, il a pu se convaincre que la matière noire ren- fermée entre les lames et dans l'épaisseur des lames du ciislallin était tout à fait 69 analogue à la matière piginentaire; il n'en tire aucune conclusion : il signale seulement le fait. 11 maisons les yeux de la Société un dessin représentant : 1" une tranche très- mince de cristallin vue au microscope; 2» les granules pigmentaires, dessin sur lequel on peut vérifier l'exactitude de son assertion. 4» NOTE SUR LE MUGUET; par M. GUBLER. Depuis quelques années, les esprits se préoccupent des maladies qui semblent résulter de la présence des végétaux d'un ordre inférieur sur les plantes de nos cultures. L'opinion généralement accréditée à cet égard , c'est que ces végétaux infé- rieurs, appartenant à la famille des mucédinées ou des algues, attaquent les au- tres plantes plus élevées dans l'échelle, et déterminent dans celles-ci des altéra tions profondes qui unissent par les faire périr. Mais cette manière de voir ne nous paraît pas suffisamment justifiée. En 1851, nous avons fait, en commun avec nos savants collègues MM. Ger- main et Montagne , un rapport à la Société de biologie, dans lequel nous avons établi que l'altération du chaume précède, dans la maladie du blé, l'ap- parition des byssus, qui passent pour en être la cause première; nous pensons qu'il en est de même dans la maladie des pommes de terre et dans d'autres cas analogues. Les détails dans lesquels nous allons entrer relativement au muguet montre- ront que les choses se passent de la même façon pour les parasites végétaux qu'on observe chez l'homme, para&ites dont nous avons découvert récemment une nouvelle espèce, dans des circonstances assez singulières, que nous avons fait connaître à la Société. Les expériences de Dutrochet ont établi que les végétaux inférieurs naissent de préférence dans les liquides acides, et tous ceux qni ont fait des recherches dans un laboratoire de chimie ont vu des faits conflrmatifs de ses observations. Frappé de ces résultats curieux , je résolus de vérifier, dans des cas pathologi- ques, la règle générale posée par l'illustre savant. Les nombreux exemples de muguet qui se présentèrent dans le service des nourrices de l'hôpital Necker, pendant l'année 1847, m'en fournirent l'occasion. Je m'assurai qu'en effet les enfants affectés de cette singulière altération ont toujours une extrême acidité de la bouche. Le mucus qui tapisse la langue, les joues ou toute autre partie de la cavité bucco-pharyngienne rougit énergiquement le papier de tournesol, même au moment où l'enfant vient de teter. Cette réac- tion se montre avant qu'on aperçoive aucune trace de muguet ; mais alors il existe déjà une rougeur framboisée très-intense des membranes muqueuses qui tapissent celte première portion des voies digestives ; en sorte que l'on peut pré- 70 voir l'invasion du cryptogame quand on trouve réunies ces deux partiru- larités. Ayant été appelé à faire l'autopsie de plusieurs petits sujets qui avaient suc- combé pendant qu'ils étaient alïectés du muguet, j'ai pu faire aussi quelques remarques sur le siège précis de ces productions. Sans entrer dans le détail des observations particulières, je crois pouvoir formuler les propositions sui- vantes : 1" L'affection connue sous le nom de muguet débute par une certaine phlogose de la partie supérieure des voies digestives. 2° Cette phlogose paraît déterminer la suppression de la sécrétion salivairc, qui est alcaline, et peut être l'exagération de l'acidité propre au mucus buccal, lequel continue à être sécrété et manifeste sa réaction énergique au papier de tournesol. 3° En présence de celte acidité constante de la bouche, secondée par une tem- pérature assez élevée, des végétations cryptogamiqucs ne tardent pas à se déve- lopper sur la face dorsale de la langue, le palais, le voile palatin et même le pharynx, sur la portion de la face interne des joues qui est comprise entre les arcades dentaires, lorsque les mâchoires sont écartées, et sur la partie des lèvres qui déborde les gencives ou les dents. 4" Il est à remarquer que les points de la bouche ordinairement préservés sont les seuls qui ne soient pas directement accessibles à l'air atmosphérique. L'in- fluence de cet agent sur la production des mucédinées du muguet est si réelle que je n'ai rencontré qu'une fois ces dernières dans l'œsophage et jamais dans l'estomac, où elles ne pourraient, d'ailleurs, subsister qu'en l'absence du suc gastrique. 50 Ces mucédinées prennent naissance dans l'intérieur des gland ules qui s'ou- vrent à la surface de la langue, des lèvres et des autres parties de la bouche, ainsi que dans l'enduit saburral qui tapisse le premier de ces organes. Les cellules épithéliales et les grumeaux de caséum coagulé qui constituent cet enduit, de même que le mucus altéré des glandes, représentent une sorte d'humus appro- prié au développement de ces faux parasites. 6° Leurs filaments, nés dans une cavité glandulaire, en augmentant de lon- gueur et de nombre, remplissent d'aiiord cette cavité, et s'échappent ensuite à travers le goulot du follicule pour se répandre au dehors sous forme d'une petite éminence arrondie d'un blanc laiteux; de façon que l'ensemble de la produc- tion rappelle assez bien la forme d'une grenade. 7° Si l'orifice est trop étroit, lesfilamenls.byssoides distendent la glande outre mesure et en amincissent les parois, à ce point qu'ils semblent former des tu- meurs sous-épithéliales. Je n'ai jamais vu nettement des grains de muguet situés entre l'épithélium soulevé et la surface du derme muqueux ; toutefois je suis loin de contester la possibilité de cette variété de forme. 8» Il ressort de tout ce qui précède que les mucédinées du muguet n'attaquent 71 pas les tissus vivanis, mais qu'elles se développent simplement au milieu de dé- tritus organiques dans des conditions déterminées, et que leur apparition n'est qu'un épiphénomène dans la maladie. 6" SUR UN LIPOME DU DOIGT MÉDIUS; par M. FOLLIN. M. Follin présente à la Société la main d'un homme d'une cinquantaine d'an- nées environ, dont le doigt médius portait sur ses faces antérieure, externe et un peu postérieure, une tumeur mollasse, lobulée, mobile, du volume d'un œuf de poule environ. Cette tumeur, sans changement de couleur delà peau, laissait entendre, lors- qu'on la comprimait fortement, une légère crépitation. Les caractères généraux de cette tumeur firent penser que c'était un lipome. L'examen anatomique a confirmé cette idée. En effet, au-dessous de la peau existait une masse lobulée de tissu ceilulo-graisseux jaunâtre. Ce tissu graisseux adhérait à la face anté- rieure de la gaine des fléchisseurs, assez fortement pour qu'il fût impossible d'en- lever ce lipome sans ouvrir celte gaine. A la partie postérieure du doigt, l'adhé- rence était bien moins considérable. Cette tumeur n'offre de curieux que son siège. En effet, les lipomes des doigts ne s'observent pas communément. Plusieurs faits de lipomes de la main ont été publiés, et récemment M. Robert en a communiqué un à la Société de chirurgie. Mais ils siégeaient à la face palmaire de la main. Aux doigts, l'existence des lipo- mes n'est pas aussi fréquente. 11 n'y a qu'une conclusion pratique à tirer de cette pièce : si l'on eût voulu ex- tirper ces lipomes, on eût nécessairement ouvert la gaîne des fléchisseurs, acci- dent qui eût compliqué gravement l'opération. 6° SUR UN CALCUL SALIVAIRE EXTRAIT DU CANAL DE WARTHON, DU CÔTÉ DROIT CHEZ l'homme ; par M. Raver. M. le docteur B... m'a raconté de la manière suivante les accidents qu'il avait éprouvés par suite du développement et de la présence de ce calcul jusqu'au moment où l'extraction en a été faite : « Il y a quinze ans environ, je ressentis à la région sublinguale droite une douleur bientôt suivie de gonflement avec gène de mouvements de la langue et diminution de la salive. Au bout de trois jours, ces symptômes disparurent, après l'écoulement dans la bouche, d'une matière semblable à du blanc d'oeuf, mais un peu plus liquide. Pendant dix ans ces accidents se sont reproduits huit a dix fois sans ofl'rir d'autres particularités. En 1847, vers le mois d'avril, le gon- flement reparut plus considérable et plus douloureux au-dessous de la langue, à droite du frein, il fut accompagné d'un peu de fièvre, avec douleurs lanci- nantes dans la région sublinguale. La durée de ces accidents fut un peu plus longue que dans les attaques précédentes, et la terminaison, au lieu de se faire 72 par l'excrétion d'un liquide visqueux se fit par l'écoulement d'un pus blanc qui sortit par l'ouverture du conduit de Warthon. Pendant deux jours je rendis chaque jour une quantité de pus qui aurait pu remplir un dé à coudre. Après cette évacuation, la tumeur sublinguale ne disparut pas entièrement, et je sen- tis avec le doigt qu'il existait là un petit corps dur de la grosseur d'une télé d'épingle. Les années suivantes les accidents se reproduisirent, et toujours ils furent suivis d'un écoulement de pus par l'orifice du canal de Warthon, sans qu'on pût distinguer s'il était mélangé ou non de salive. Dans l'intervalle des accidents occasionnés évidemment par une rétention de pus ou de salive, il s'é- coulait de temps à autre un peu de pus, mais sans douleur.... Le corps dur qu'on sentait près de l'orifice du canal de Warthon paraissait augmenter de vo- lume et devenir plus profond sans être douloureux au toucher. » Il y a dix jours, le 1G avril 1852, du pus sanguinolent sortit par l'ouverture de ce canal. Il se déclara une douleur vive et un gonflement considérable de la glande sublinguale et de la glande sous-maxillaire du côté droit, de la fièvre avec perte d'appétit, frissons, douleurs dans les articulations, etc. Bientôt des élancements violents se manifestèrent dans tout l'espace compris entre la langue et la mâchoire inférieure du côté droit. La glande sublinguale était très-dure, très-douloureuse, et les parties environnantes étaient tuméfiées. Le 25 avril, une ouverture se fait au point correspondant à l'orifice du canal de Warthon ; du pus jaunâtre sortit par cette ouverture, ce qui procura un peu de soulage- ment. Le lendemain un pus blanc continua à sortir ; le gonflement était diminué ; mais la tumeur sublinguale restait dure, douloureuse, d'un rouge vif. Je| sentis alors au-dessous de la membrane muqueuse le corps étranger que j'avais déjà constaté en 1847; mais dont le volume avait beaucoup augmenté, puisqu'il paraissait avoir maintenant le volume d'un pois. Le 27 avril au matin, la tumeur était moins douloureuse, et je remarquais, en outre, un point blanc, de la largeur d'une paillette ordinaire, dont la circonférence était bornée par une ligne brunâtre ressemblant à du pus sanguinolent épanché. Je pensai que le calcul allait se faire jour, et je priai le docteur Piet d'en faire l'extraction. Mais dans la matinée, en promenant ma langue continuellement sur le point saillant, je sentis le corps étranger à nu. A l'aide de l'ongle je le dégageai et fi- nis par extraire un calcul du volume et de la forme d'une forte dent canine et long de 3 centim. environ. » M. Rayer met sous les yeux de la Société ce corps étranger dont l'analyse sera faite par M. Lecomte. M. Rayer rappelle que les calculs salivaires provenant du canal de Warthon sont assez rares chez l'homme. Toutefois Guill. Cowper (Anat. corp. hcmani de CALCULO SUBLINGUA EXCISO-ÉPHEM. NOT. CURIOS.; du 1 I aU 10, obs. 40; du 1 aU 10, obs. 144; du 3 au 5 et 6 append., p. 91); Conrad-Ludov. Walther (Thesaurum MEDico-CHiRURG. OBS. cuRios., obs. 92) ; Chrest -Arend Scherer (De calculis ex DTJCTU SALIVARI ExcRETis ARGENT, 1737) en Ont fait connaître des exemples. Saba- 73 lier a également rapporte, dans sa Médecine opératoire, l'observation d'un malade chez lequel il retira un petit calcul, placé à l'entrée du canal de War- thon. M. Moore (Ann. de la chirur., t. VI) a observé un cas dans lequel le calcul sortit de lui-même, comme dans le cas que l'on vient de rapporter. Des calculs salivaires ont été aussi observés chez les animaux ; chez un élé- phant par Vauquelin, qui a trouvé qu'ils étaient composés de carbonate de chaux et qu'ils avaient pour noyaux des enveloppes de grain d'avoine (Ann. de chim. ET de phys., t. VI, p. 398); chez le cheval et la vache par M. Lassaigne, qui a constaté que les calculs était composés principalement de carbonate et de phos- phate de chaux. — M. Lecomte a analysé le calcul salivaire confié à son examen par M. Rayer. Du phosphate et du carbonate de chaux en grande quantité, et au centre un corps étranger de la grosseur d'une graine de groseille, telles sont les substances qu'il y a constatées. 1* CALCUL VÉSICAL D'UN VOLUUME CONSIDÉRABLE EXTRAIT PAR LA TAILLE PÉRINÉALE ; par M. Blin, interne des hôpitaux. Au mois de mai 18ft2, entra à la salle Saint-Côme, n» 22, service de M. Jobert, un jeune homme de 19 ans , d'une constitution robuste, atteint d'une affection calculeuse congéniale. Depuis sa plus jeune enfance, en effet, il présente les signes de cette maladie : les urines filantes, quelquefois sanguignolentes, lais- saient déposer des mucosités floconneuses. Il y a toujours eu de fréquentes envies d'uriner, mais les douleurs et la dysurie ont toujours été peu prononcées. Depuis quelques années l'urine est redevenue limpide ; jamais elle n'a contenu de graviers ; le jet s'arrête quelquefois brusquement , et le malade est forcé de s'accroupir pour vider sa vessie. La douleur se fait ressentir à l'hypogaslre, au périnée et au bout de la verge ; elle consiste surtout en une sensation de pesanteur que la pression périnéale soulage notablement. L'exploration fait reconnaître un calcul volumineux qui s'engage dans le col vésical et s'oppose à l'introduction de la sonde dans la vessie. Rejetant la lithotritie à cause du volume du calcul et ne jugeant pas la taille sus-pubienne indispensable, M. Jobert pratique la taille périnéale par le pro- cédé ordinaire. Une artère donna une notable quantité de sang, qui s'arrêta néan- moins par l'introduction d'une lame d'agaric dans la plaie. La tenette brisa le calcul en deux fragments, qui furent successivement extraits sans trop de difficultés et sans déchirure de la plaie. Le calcul, de couleur brune, pèse 107 grammes. Le premier fragment présente , dans ses deux diamètres extrêmes , 3 centl'- mètres sur 2 1/2. Le deuxième fragment, 6 centimètres sur 4. Le calcul paraît formé par la réunion de plusieurs calculs qui forment , à la 74 surface de la masse générale , des mamelons rugueux , saillants. La première pierre extraite parait être un de ces mamelons, gros comme une noix environ, détaché à une époque antérieure , et ayant imprimé sur le gros calcul une dé- pression concave. Chacun des calculs primitifs qui composent la masse principale est assez bien limité à la surface de cette dernière, où il fait saillie. L'un d'eux présente le volume d'une noix et ressemble à celui qui fut enlevé lors de la première intro- duction des tenettes; un second a le volume d'un gros œuf de pigeon; le troi- sième, enchevêtré entre les deux autres, est gros comme une noisette : tous trois ont une teinte brun foncé, leur surface est inégale et chagrinée; ils sont réunis par une substance d'un gris blanchâtre, d'apparence calcaire ; sur l'un des poinls de la circonférence, entre le plus gros calcul et le moyeii , on trouve un sillon qui probablement donnait passage à l'urine; sur les côtés de ce sillon, on trouve une dépression rugueuse salie par du sang et même quelques débris de muqueuse, comme si dans ce point le calcul avait été adhérent à la muqueuse vésicale. Une coupe faite dans le sens du plus grand diamètre du calcul, de manière à intéresser les trois calculs primitifs qui font saillie à la surface, montre que chacun d'eux est formé de zones concentriques assez irrégulières , présen- tant des colorations diverses , depuis le brun foncé jusqu'au gris le plus clair. — Le plus petit calcul , enchevêtré entre les deux autres, olTre une surface de sec- lion triangulaire, et les couches qui le forment semblent se rattacher à celles du plus gros. IL — Pathologie comparée. 1" NOTE SUR LES HIPPOMANES DELA JUMENT; par M. ARM. GoUBAUX. Bourgelat, en signalant la présence d'hippomanes pédicules dans les annexes du fœtus de la jument, s'est demandé si ces corps ne seraient point « un dépôt, une sorte d'excrément des sucs nourriciers et utérins. » M. Lecoq (Journal de médecine vétérinaire publié a l'école de Lyon, t. 1, avril 1846, p. 161. — V. Des annexes du fœtus dans les principales espèces d'a- nimaux domestiques) a fait aussi des observations sur les hippomanes,et eilessont à prendre en haute considération par les anatomistes. J'emprunte à M. Lecoq le passage suivant : ^n^ « Outre l'hippomane libre que l'on rencontre flottant dans les eaux de l'allan- » toïde, on remarquait, à la paroi externe du sac, un grand nombre de petits » corps en forme de larmes et de grosseur variable, adhérant par un pédicule ') d'autant plus étroit que les corps étaient plus développés. Leur couleur était la » même que celle de l'hippomane principal, et si on les pressait entre les doigts, u on voyait la matière brune, contenue dans un sac à minces parois, disparaître 75 )) par le pédicule pour aller s'échappera la surface externe du chorion. Là, les » villositésdu placenla manquaient aux abords de l'ouverture, qui se trouvait ■> entourée d'une espèce d'auréole blanchâtre. » Ne pourrait-on pas admettre, d'après cette disposition, que l'hippomane se » développe entre le placenta et l'ulérus, et se porte en dedans en poussant au- » devant de lui le choiion et le feuillet de l'allantoïde qui le tapisse, pour s'a- » vancer, et par suite se détacher dans la cavité allantoidienne, comme certains » corps fibreux ou cartilagineux pénètrent dans les cavités synoviales ou sé- » reuses? » Je viens ajouter de nouveaux faits à ceux qui ont été observés, et prouver que l'opinion de M. Lecoq est fondée. J'ai vu des hipponianes pédicules dans le plus grand nombre des enveloppes fœtales de jument que j'ai été à même d'examiner, et, tout en faisant observer que je ne me trouve pas dans un pays de production des animaux de l'espèce chevaline, je me crois autorisé à conclure, par cette observation même, que c'est là une chose commune, à moins que je n'aie été trompé par le hasard des circonstances. Ces faitsétantbien connus, il me restait à démontrer si la supposition de M. Le- coq était vraie : or, voici ce que j'ai vu : Le 24 janvier 1852, sur un fœtus provenant d'une jument qui avait été sacri- fiée la veille pour les travaux anatomiques, et sur lequel je faisais une démons- tration des enveloppes fœtales, j'ai trouvé et j'ai fait remarquer aux élèves quatre corps mollasses, élastiques, d'une couleur brun jaunâtre, elliptiques, d'un centi- mètre et demi à deux centimètres de longueur dans le sens de leur plus grand diamètre, qui étaient interposés entre la face interne de l'utérus et la partie cor- respondante du placenta, et complètement dépourvus d'adhérence avec l'un ou avec l'autre. En outre, il y avait un certain nombre d'hippomanes pédicules à la face interne du sac allantoidien, et un autre, plus volumineux, libre, flottant dans l'intérieur du liquide. Je regrette de n'avoir pas fait analyser comparativement les uns et les autres, mais je prends date aujourd'hui de cette observation, et j'espère que je ne tar- derai pas à la compléter par un nouvel examen. C'est, au reste, ce que je me propose de faire aussitôt que j'en trouverai l'occasion. Cette observation prouve que les hippomanes, chez la jument, se forment en- tre l'utérus et le placenta ; mais je me demande s'il en est ainsi chez toutes les autres femelles domestiques, car je ne connais aucun fait qui puisse le faire ad- mettre. Je ne sache pas qu'on ait jamais rencontré d'hippomanes pédicules chez \:i vache, la brebis, la chèvre, la truie, etc., et je n'en ai jamais rencontré moi- même. Or, si l'on faisait une telle observation, la forme du sac allantoidien est si dilVérente chez les ruminants, relativement aux solipèdes, qu'il pourrait très- bien arriver alors que les hippomanes ne tombassent pas dans le sac de l'allan- 76 toide, mais bien en dedans du chovion ou dans le sac de l'amnios. C'est une sim- ple remarque que je fais quant à présent, car je manque de moyens pour lui donner plus de développements. 2° OBSERVATIONS SUR LE GOITRE ET SUR QUELQUES ALTÉRATIONS DO CORPS THYROÏDE CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES; par le même. Dans le courant de l'année dernière, M. le docteur Grange a fait plusieurs communications à la Société de biologie, relativement au goitre, et il en a attri- bué la cause à la nature particulière du sol sur lequel vivent l'homme et les animaux. Suivant M. Grange, la présence de la magnésie dans le sol serait la cause du développement du goitre. Je crois que l'opinion de M. Grange est trop absolue. S'il était démontré qu'elle fût fondée relativement à l'homme, elle trouverait des exceptions parmi les ani- maux des diflcrentes espèces domestiques. Les milieux ne paraissent avoir tou- jours la même influence sur toutes les espèces; à l'appui de cette assertion, je citerai, par exemple, une maladie bien commune chez les animaux de l'espèce chevaline, que l'on connaît sous le nom de fluxion périodique des yeux, et qui entraîne tôt ou tard la perte de l'un ou de ces deux organes. Les causes de cette afTection, quelles qu'elles soient, humidité du sol ou autres, ne paraissent nul- lement agir sur l'homme ou sur les animaux domestiques des espèces différentes, ou du moins elles n'agissent pas sur le même organe- Pendant le mois de septembre dernier, j'ai visité la plus grande partie du dé- partement de l'Aisne , et j'ai remarqué à la Fère que beaucoup de femmes avaient des goitres. Cette observation m'a frappé et m'a fait rechercher le goitre chez les animaux. J'en ai examiné un grand nombre, soit dans les campagnes, soit dans un marché, à la Fère, qui en avait réuni de différentes espèces, et je n'en ai pas vu un seul exemple. Le goitre me paraît excessivement rare chez les animaux domestiques, car de- puis douze ans je n'en ai vu que quatre fois chez le cheval, une fois chez la va- che, une fois chez la chèvre et une fois chez le chien. J'ai disséqué trois des chevaux sur lesquelsj'avais constaté des goitres, et voici ce que j'ai remarqué : 1" Chez l'un, le corps thyroïde du côté gauche, qui seul avait augmenté de vo- lume, du double environ, contenait à son centre une cavité, un véritable kyste, renfermant un liquide ayant quelque analogie avec une solution concentrée de gomme arabique; 2" Chez un autre, le corps thyroïde du côté gauche était à l'état normal ; ce- lui du côté droit, au contraire, ne constituait plus qu'une petite poche. La sub- stance de ce corps thyroïde avait complètement disparu. Les vaisseaux thyroï- diens avaient considérablement diminué de volume. Le tissu cellulaire envi- ronnant était sain. 77 Un liquide contenu dans l'intérieur de la poche que formait le corps thyroïde du côte droit, avait une teinte jaune rougeàtre; il était un peu visqueux ; son odeur était fade, et sa réaction faiblement alcaline. Son poids total était de 5 gr. 530. M. Clément, chef de service de chimie à l'école nationale vétérinaire d'Alfort, a analysé ce liquide, et il a trouvé qu'il était composé, sur 100 parties, ainsi qu'il suit : Eau 90,9G5 Matière animale contenant des traces d'albumine. . . 8,311 Sels alcalins 0,724 100, 000 3o EnOn, j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à la Société une pièce que j'ai recueillie ces jours derniers sur un cheval. Cet animal portait un goitre du côté droit. J'ai tenté une expérience sur le corps thyroïde du côté gauche; mais les besoins du service d'anatomie ne me permettant pas de conserver cet animal, il a été sacriGé immédiatement après. Voici ce qu'on voit dans l'intérieur des corps thyroïdes de ce cheval. Une incision faite immédiatement après la mort dans l'épaisseur de celui du côté droit, a permis de voir que la substance en est complètement modifiée sous le rapport des propriétés physiques : elle a une teinte jaune pâle; elle est ferme, et ressemble à un dépôt fibrino-albumineux. Cette pièce avait été ensuite plongée dans de l'eau alcoolisée pour être con- servée. J'avais pensé que le corps thyroïde du côté gauche ne présentait rien de particulier, parce qu'il avait son volume normal ; mais je viens de faire une coupe dans son épaisseur, et l'on y trouve aussi des altérations qui , au lieu d'être générales comme dans celui du côté opposé, ne sont que partielles, et sont disséminées dans des points et dans une étendue variables, mais sont absolu- ment les mêmes. (10 avril.) — Dans la séance du 24 avril, M. Goubaux a présenté des dessins représentant des goitres qu'il a eu l'occasion d'observer sur des chevreaux dans le courant de la semaine. Voici le sommaire de cette nouvelle communication : Deux chevreaux sont nés à terme le 19 avril 1852 et sont morts peu de temps après. Leurs ascendants ne présentent pas de goitres. Ces deux animaux portent chacun une tumeur volumineuse, bilobée , située à la partie antérieure du cou. Cette tumeur est un peu plus volumineuse chez l'un que chez l'autre. M. Goubaux a disséqué l'un de ces chevreaux , et a déposé l'auti'e dans le cabinet des collec- tions de l'École d'Alfort. Voici ce qu'il a remaniué chez le premier de ces ani- maux : Les muscles sterno-maxillaire, sterno-hyoïdien et sterno-thyroidien étaient 78 déviés de Jeur direction normale par le volume du corps lliyronlc, et avaient une teinte très-pâle. Chacun des lobes du corps thyroïde avait 9 centimètres de longueur sur 5 cen- timètres de largeur. Les vaisseaux thyroïdiens, les afférents et les efférents, avaient un calibre très- remarquable, et leur développement était en rapport avec le volume du corps thyroïdien correspondant : l'un était un peu plus volumineux que l'autre. 3° ANALYSE DE CALCULS VÉSICAUX TROUVÉS PAR M. BOULET DANS LA VESSIE DE PLUSIEURS agneaux; par Ch, Leconte. Les calculs tapissent toute la surface interne de la vessie sèche, qui m'a été re- mise et semblent incrustés dans ses parois; ils sont blancs, de la grosseur d'un grain de chènevis ou même de masses à peine visibles; examinés au microscope, ils ne présentent aucune forme cristalline, ils semblent, au con- traire, formés de [jarcelles amorphes Irés-petites renfermées dans un espèce de tissu cellulaire très-abondant. Traités sous le microscope par l'acide chlorhydrique, ils laissent dégager des bulles rares d'acide carbonique; la recherche de l'acide urique a démontré dans ces calculs l'absence de cet acide. Les calculs traités par l'acide chlorhydrique ou par l'acide azotique laissent une grande quantité du tissu cellulaire dont nous avons déjà parlé, mais qui devient beaucoup plus visible lorsque les matières inorganiques ont été enlevées. Une petite quantité des calculs ci-dessus traitée par de l'acide chlorhydrique, étendu d'eau, a fourni une liqueur qui fut séparée des débris de matières orga- niques par décantation. Cette liqueur limpide, obtenue à dessein sans l'emploi du filtre, permit de rechercher avec toute la certitude désirable la présence des bases et des acides contenus dans les calculs. L'examen microscopique a démontré d'une manière évidente la présence d'une petite quantité d'acide carbonique. Une portion de la liqueur précédente, additionnée d'acétate de potasse et trai- tée par l'azotate d'urane, donne un précipité abondant de phosphate d'urane in- soluble, bien que la liqueur contînt une grande quantité d'acide acétique libre; cette réaction est, ainsi que nous l'avons démontré dans une note présentée à l'Académie des sciences, le procédé le plus certain et le plus facile pour déceler la présence des quantités les plus petites d'acide phosphorique, même lorsqu'elles sont combinées à la chaux et en présence de l'acide chlorhydrique, résultat au- quel il est impossible de parvenir directement à l'aide des réactifs ordinaires. Une autre portion de la liqueur acide précédente, traitée par une petite quan- tité de potasse, a donné un précipité qui, examiné au microscope, a présenté de longues aiguilles prismatiques de phosphate de magnésie, et non de phosphate ammoniaco-magnésiciu 11 n'existait donc pas d'amoniaque dans les calculs, et 79 la présence de la magnésie y était constatée ; cependant la forme des cristaux in- diquait la présence d'une certaine quantité de chaux. Pour vérifier l'analyse microscopique, quant à la chaux et à la magnésie, on versa dans la liqueur acide du sesquichiorurede fer et de l'ammoniaque pour pré- cipiter l'acide phosphorique et l'excès d'oxyde de fer, et il fut facile de constater à l'aide des réactions ordinaires la présence d'une grande quantité de magnésie et d'un peu de chaux. Un fragment des membranes de la vessie, exempt de calculs, chauffé avec de la potasse très-étendue, a donné tous les caractèresdel'ammoniaque, ce qui aurait pu faire, à tort, conclure à la présence du phosphate ammoniaco-magnésien, si on n'avait, comme contrôle, employé l'analyse microscopique. COMPTE RENDU DES SÉANCES DB LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JUIN 1852; Par M. le Docteur VERNEUIL, secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Anatomie. MÉMOIRE SDR L'aNATOMIE t)ES CAVITÉS NASALES ET DES SINDS DU CHEVAL, AVEC DES CONSIDÉRATIONS CHIRURGICALES; par M. Arm. Godbaux, professcuF d'a- naiomie à l'École d'Alfort. Nous donnons un long extrait de ce travail, à cause de certains points qu'il renferme, et qui sont susceptibles de jeter quelque lumière sur l'anatomie et la pathologie des sinus chez l'homme. 6 82 DES SinCS. (Synonymie. — Petites fottet natale* (Bourgelat); arrière-fond des catitét naealei,) Les sinus sont des cavités plus ou moins spacieuses et anfractueuses , à la formation desquelles concourent quelques-uns des os de la face et du crâne, et qui communiquent avec les cavités nasales proprement dites au moyen de l'ou- verture située à la partie supérieure du méat moyen. On n'a pas toujours admis un même nombre de sinus, ainsi qu'on peut le voir dans les anciens ouvrages d'anatomie vétérinaire (1). Aujourd'hui au con- traire, et depuis longtemps déjà, on s'accorde généralement à admettre trois sinus de chaque côté : (a) un sinus sphénoïdal, (6) un sinus frontal, el (c)un sinus maxillaire, composé de deux parties, l'une supérieure et l'autre infé- rieure. On a donné à chacune de ces cavités le nom de l'os qui la renferme, ou plu- tôt le nom du principal des os qui concourent à sa formation. La description que je vais faire de chacun de ces sinus en particulier démontrera ce que je viens de dire. (a) SiiNUS SPHÉNOÏDAUX. — Comme leur nom l'indique, ces sinus sont situés dans l'épaisseur du sphénoïde, dont ils occupent le corps ou la partie moyenne, qui offre beaucoup plus d'épaisseur que les parties latérales ou les ailes de cet os. Il n'est pas exact, dans l'immense majorité des cas au moins, de dire que les sinus sphcnoïdaux sont au nombre de deux, l'un droit et l'autre gauche, et qu'ils sont séparés l'un de l'autre par une lame osseuse médiane qu'on a appe- lée sphénoïdalc. Ces sinus sont souvent plus nombreux ; j'en ai quelquefois compté cinq, et leur séparation n'a pas toujours lieu de la manière qu'on a in- diquée, et, par exemple, il n'est pas rare de trouver les différentes cavités qui les constituent séparées par des cloisons osseuses complètes, et ayant une di- rection, sinon transversale, du moins oblique relativement à la ligne médiane. Cependant ces différentes parties peuvent non-seulement communiquer entre elles, mais encore avec celles du côté opposé. Les sinus sphénoïdaux peuvent aussi, en s'accroissant, en s'étendant en avant ou en bas dans l'épaisseur du palaiin ou de l'ethmoïde, communiquer avec le sinus frontal et la partie supérieure du sinus maxillaire ; mais je ne pense pas qu'à l'imitation de Bourgelat, on puisse admettre l'existence de sinus palatins et de sinus ethmoïdaux. Dans ce cas, c'est toujours au-dessous de la masse laté- rale de l'ethmoïde que se fait cette communication, par une sorte de canal dont les dimensions sont variables. C'est ainsi que tous les sinus d'un même côté, j'en excepte cependant la par- (1) Bourgelat a décrit des sinus maxillaires, zygomatiques, palatins, fron- taux, ethmoïdaux et sphénoïdaux. 83 lie isférieure du sinus maxillaire, peuvent communiquer les uns avec les au- tres et avec les cavités nasales proprement dites. Quand les sinus sphénoidaux, enfin, communiquent ensemble, celui du côté gauche avec celui du côté droit, par la destruction plus ou moins complète de la cloison, ou des cloisons quand il y a un plus grand nombre de sinus, ils éta- blissent une communication entre les sinus du côté gauclie de la tête avec ceux du côté droit, à l'exception toujours delà partie inférieure du sinus maxil- laire. Il est une objection que je prévois, et qu'on pourrait faire relativement à ce que j'ai signalé précédemment, que les sinus spbénoïdaux ne communiquent pas toujours entre eux. On pourra demander quelle est la nature de la membrane qui tapisse alors ces cavités. Celte objection est spécieuse, mais je vais y répondre néan- moins. Est-ce que primitivement, dans le jeune sujet, il existe des sinus sphé- noidaux? Non. Il faut donc qu'ils commencent à se former, et leur développe- ment a lieu par l'apparition de cellules qui peu à peu s'agrandissent et commu- ni:juent enfin, ou ne communiquent pas, ainsi que je l'ai déjà dit, non-seulement entre elles, mais encore avec le sinus frontal et la partie supérieure du sinus maxil- laire, par l'intermédiaire de semblables cellules qui se sont développées aux dépens de l'ethmoïde et du palatin. Or il est évident qu'à cette époque la membrane muqueuse n'avait pas l'étendue qu'elle présente à une époque plus avancée de la vie. Au reste, les faits d'observation ne se discutent pas, et celui dont je parle est de ce nombre. (6) Sinus FRONTAL. — Ce sinus est pair; il se développe dans chacune des moitiés latérales du frontal. Il est d'abord très-petit; mais il communique eu dehors, en avant et en bas avec la partie supérieure du sinus maxillaire du même côté, et présente ensuite une capacité d'autant plus grande qu'on examine des têtes ayant appartenu à des animaux plus âgés. Le sinus frontal d'un côté est toujours séparé de celui du côté opposé par une cloison médiane, rectiligne ou plus ou moins déjet, soit à droite, soit à gauche. Dans le jeune âge, cette cloison est formée par une lame osseuse qui appartient à chaque sinus en particulier, et l'on peut alors isoler chaque moitié latérale du frontal sans voir l'intérieur du sinus, soit d'un côté, soit de l'autre. C'est là un fait d'observation assez remarquable; car le canal médullaire de chacune des moitiés latérales du métacarpien principal du bœuf, qui est d'abord particu- lier à chacune de ces deux moitiés, attendu qu'il y a à leur point de contact une double cloison osseuse que l'on peut voir facilement sur un os de jeune sujet, n'en constitue plus, à une certaine époque de la vie, qu'une seule qui se per- fore dans une étendue plus ou moins considérable : d'où résulte alors une com- munication entre les deux canaux médullaires, qui d'abord étaient complète- ment distincts. 84 Les deux lames qui concourent k la séparation des sinus frontaux, au eon- iraire, s'accolent, se réunissent, n'en constituent plus qu'une seule, et jamai» il n'y a aucune communication entre ces deux sinus. La cavité du sinus frontal n'est pas seulement susceptible d'augmenter de capacité avec l'âge, ainsi que je l'ai dit; mais la disposition même de cette ca- vité présente quelques variations. Ainsi on la trouve, chez presque tous les su- jets, incomplètement divisée par des cloisons qui de la paroi inférieure se por- tent à la face interne de la paroi supérieure, et font très probablement l'oQice de colonnes ou de supports destinés à lier entre elles les diirérentes parties de ce sinus. On voit quelquefois ces cloisons incomplètes, dont la direction est variable, se diviser dans leur longueur et se rendre à la fois à la paroi supé- rieure et à la paroi postérieure. Ces divisions des cloisons sont dues à leur des- tTuciion plus ou moins complète. En haut, le sinus frontal recouvre un peu la face interne de cet os. qui forme la partie antérieure du crâne; mais il ne s'étend jamais au delà, et ne pénètre •jamais par conséquent dans l'épaisseur du pariétal. Il n'en est pas de même de sa partie inférieure, que l'on voit quelquefois s'é- tendre dans l'épaisseur de l'extrémité supérieure du sus-nasal. On voit, en pénétrant dans le sinus frontal, la masse latérale de l'elhmoïde, et un peu en avant, l'extrémité supérieure du cornet supérieur. La communication du sinus frontal avec la partie supérieure du sinus maxil- laire est une chose constante ; elle est excessivement large. En résumé, ce sinus, qui est principalement formé par le frontal, est consti- litué par un plus grand nombre dos à mesure qu'il augmente de capacité; ces os sont : l'ethmoïde, le cornet supérieur et le sus-nasal. (c) Sinus maxillaire. — C'est celui de tous les sinus qui oflre le plus de ca- pacité. Il est constitué non-seulement par le grand sus-maxillaire, mais encore par les cornets, le lacrymal, le zygomatique et le palatin. On lui reconnaît deux parties, l'une s wp^n'eure et l'autre inférieure, que Vitet considérait, avec quelque fondement, comme deux sinus distincts, auxquels il donnait le nom de sinus maxillaire supérieur el de sinus maxillaire inférieur. 10 Partie supérieure du sinus maxillaire. — Elle répond à la partie supé- rieure du cornet ethmoïdal, au lacrymal, au zygomatique, au palatin et au grand sus-maxillaire, et se continue direciemeut et très-largement avec le sinus fron- tal du même côté. Sa forme est extrêmement irrégulière ; sa cavité est très-anfractueuse à sa partie inférieure, qui répond aux racines des deux dernières dents molaires su- périeures. C'est en raison de ses rapports avec les deux dernières dents qu'elle acquiert un développement d'autant plus considérable que ces dents sont moins profondément implantées dans leurs alvéoles, ou que les animaux sont plus vieux. Les deux parties du sinus maxillaire sont séparées l'une de l'autre par une 85 lame osseuse que M. Girard a appelée sus-maxillaire, et qui, de la face in- terne du grand sus-maxillaire, où elle semble prendre naissance, se continue sans interruption avec la base du cornet inférieur, qui se replie sur elle-même de dedans en dehors. 2° Partie inférieure du sinus maxillaire. — Ce sinus particulier, dont la première description est attribuée à Flandrin par Girard fils (1), a été étudiée avec soin par Lafosse et par Vitet. Il est formé par le grand sus-maxillaire et par la partie supérieure du cornet inférieur. Sa partie moyenne répond en- tièremeni, un peu au dessus de l'épine zygomatlque, au grand sus-maxillaire. L'étendue de la partie inférieure du sinus maxillaire est parfaitement limitée en arriére; mais avec l'âge, elle peut augmenter, ainsi que sa capacité, en se prolongeant en avant et en bas. Son intérieur est divisé incomplètement de bas en haut, d'arrière en avant et de dedans en dehors, par le conduit sus-maxillaire qui le traverse. On peut, en passant au-dessus de ce conduit, pénétrer de la portion externe dans la portion interne du même sinus. MM. Girard, Rigol et Lavocat ont répété depuis Flandrin que ce sinus se dé- veloppe vers l'âge de 7 à 8 ans, et on dit qu'il ne larde pas à communiquer avec le sinus maxillaire supérieur par la destruction de la lame osseuse qui les sépare l'un de l'autre. Vitet a nié formellement cette communication , et La- fosse ne la considérait pas comme constante. De toutes ces assertions contradic- toires, quelle est celle qui est vraie, qui repose sur l'observation? Déjà en 1843, d'après l'observation que, dans le cas de collections purulentes dans les sinus, ces collections peuvent exister, soit dans la partie supérieure, soit dans la partie inférieure du sinus maxillaire, j'ai fait un examen du sinus maxillaire inférieur sur un certain nombre de têtes, et je n'ai jamais remarqué aucune communication. J'ai trouvé souvent un amincissement considérable de la lame osseuse sus- maxillaire dans une partie de son étendue, parfaitement limilée, mais dans des endroits variables. Cette cloison était devenue irés-transparente; elle avait pres- que complètement disparu, mais laissait en contact, par sa surface adhérente, la muqueuse qui tapisse chacune de» parties de ce même sinus. Rigol m'avait engagé à faire connaître ces observations, et avait modilié, dans ses leçons, la (1) Girard fils a consigné ce fait dans un Extrait d'une notice sur la vie et LES OUVRAGES DE P. FLANDRIN, DIRECTEUR ADJOINT ET PROFESSEUR D'ANATOMIE DE L'ÉCOLE ROYALE VÉTÉRINAIRE D'ALFORT- (RECUEIL DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE, t. II, p. 80, année 1825.) Flandrin n'a pas parlé de ce sinus dans son Précis de l'a- NATOMIE DU CHEVAL, A L'DSAGE DES ÉI.ÈVES DES ÉCOLES ROYALES VÉTÉRINAIRES, imprimé en 1787, et je n'ai pu nulle part ailleurs trouver cette description. Au reste, Flandrin naquit en 1751, et Lafosse avait publié en 1749 son Traité, SUR LE VÉRITABLE SIÈGE DE LA MORVE, ET LES MOYENS D'Y REMÈDIEB. 86 description qu'il a faite de ce siuus dans son analomie. Depuis cette époque, j'ai examiné un très-grand nombre de cadavres, et jamais, je le répète, je n'ai vu cette communication , même cliez les clievaux arrivés à l'extrême vieil- lesse. Si les auteurs que j'ai cités ont examiné des têtes après la macération, il n'est pas étonnant qu'ils aient trouvé une ouverture, puisque, ainsi que je l'ai dit, la lame osseuse peut disparaître dans un point quelconque de son étendue ; mais cette ouverture n'existait pas primitivement : elle était fermée par la membrane muqueuse qui tapisse chacune des parties du sinus maxillaire. Il est encore une question à examiner : c'est celle du développement de ce sinus maxillaire inférieur. La plupart des auteurs ont admis que ce développe- ment n'a lieu que vers l'âge de 7 à 8 ans. Cette opinion ne repose pas sur des observations exactes ; elle a été émise par Flandrin d'abord, suivant Girard fils, et elle a été reproduite ensuite sans contrôle par tous les auteurs qui lui ont succédé. Comment l'admettre, en effet, si l'on songe que ce sinus est formé à la fois par le grand sus-maxillaire, et par la partie supérieure du cornet infé- rieur? Évidemment ce sinus, ou la partie inférieure de ce sinus maxillaire, est dé- veloppé du moment où les os de la face sont formés; il n'a pas, il est vrai, le développement qu'il aura plus tard, car c'est sa portion externe qui répond à la partie supérieure du cornet inféi leur qui a d'abord le plus de capacité, et l'autre ne se développe qu'à une époque plus avancée de la vie, lorsque les dents mo- laires auront fait leur éruption. Il n'est pas besoin, au reste, de m'étendre plus longuement sur ce sujet; il suffit, pour avoir la preuve de ce que j'avance, d'exa- miner la tête d'un poulain de 6 mois, par exemple. La non-communication de cette partie avec la supérieure, que Lafosse, d'a- près des observations pathologiques, ne considérait pas comme constante, justi- fie la recommandation de cet hippiatre, qui conseillait de briser la lame osseuse avec une tige en fer, lors de la trépanation des sinus, afin que les liquides injec- tés dans le sinus frontal pussent s'écouler par la partie inférieure du sinus maxil- laire comme par un égout. La perforation de cette lame osseuse, ou plutôt de la membrane muqueuse qui fermait la partie où elle avait été détruite, explique le passage des collec- tions purulentes du sinus frontal et du sinus maxillaire supérieur dans le sinus maxillaire inférieur, puisque de tous c'est celui qui occupe la position la plus déclive. Lafosse a fait judicieusement observer que,quelquefois, mais rarement, la partie inférieure du sinus maxil aiie est elle-même divisée en deux parties par une cloison osseuse; mais chez les vieux chevaux, cette cloison, qui répond entre la troisième et la quatrième dent molaire, primitivement complète, permet, par suite de sa destruction, une communication directe entre les différentes parties qui concourent k la formation de ce sinus. ?7 Quant à cette autre observation du même auteur, qu'il arrive aussi quelque» fois, mais plus rarement encore, qu'il y a des chevaux dans la tête desquels ii ne se rencontre point du tout de cloison, j'avoue n'avoir jamais eu l'occasion de faire cette remarque, et cette particularité n'a sans doute été observée que dans des cas morbides, par suite de la destruction de la lame osseuse qui résulte de la fusion du cornet supérieur avec le grand sus-maxillaire, lame osseuse que M. Girard a appelée sus-maxillaire. COMMUNICATION DES SINUS AVEC LFS CAVITÉS NASALES PROPREMENT DITES. J'ai dit, en décrivant le méat moyen, que c'est à sa partie supérieure que se trouve l'ouverture qui fait communiquer les sinus d'un côté de la tête avec les cavités nasales propiement dites-, j'ai indiqué sa forme particulière, les variétés qu'elle présente quant à ses dimensions et les os qui la limitent. Du côié de la partie supérieure du sinus maxillaire, cette ouverture, qui re- présente le plus ordinairement une fente semi-circulaire, étendue d'arrière en avant et de dedans en dehors, est formée par la partie supérieure du cornet su- périeur, qui est concave, et par la partie correspondante du cornet inférieur, qui est convexe. C'est au moyen de cette ouverture que les sinus frontal, sphénoïdal et les deux parties du sinus maxillaire communiquent avec les cavités nasales proprement dites. Dans l'immense majorité des cas, la communication de la partie inférieure du sinus maxillaire est tellement étroite que souvent de l'eau, introduite dans l'in- térieur, ne s'écoule pas par les cavités nasales. Je n'ai pas besoin de dire que c'est la portion interne de ce sinus maxillaire inférieur qui correspond à cette ouverture. Une seule fois j'ai observé une ouverture de communication entre ce sinus et les cavités nasales, comme dans le bœuf et le mouton, prés de la partie supérieure du cornet inférieur, dans le méat moyen. Usages des sinus. — Les sinus contiennent de l'air; ils paraissent principale- ment destinés à augmenter le volume de la tête sans augmenter son poids, et l'air qui les remplit donne une telle force de résistance aux os dans lesquels il est contenu , qu'en raison de son élasticité , ces os ne peuvent être fracturés que difficilement. Ceci est tellement vrai que les sinus sont beaucoup plus développés chez les animaux qui se défendent avec la tête que chez les autres ; et par exemple, parmi nos animaux domestiques, ils sont beaucoup plus développés dans le bœuf, dans le mouton, dans la chèvre et dans le porc, que dans le cheval, dans l'âne et dans le chien. L'étude des sinus présente un grand intérêt au point de vue de la pathologie et de la chirurgie, et jusqu'à présenties auteurs, à l'exception de Bourgeiat, ne l'ont pas fait assez sentir. C'est un tort, car beaucoup de praticiens auraient pu 88 «e rendre compte de symptômes païUculiers et les rattacher à la véritable cause qui leur avait donné naissance. Que de chevaux, par exemple, ont été abattus pour cause de morve, qui n'avaient autre chose qu'une carie dentaire dont l'exis- tence se traduisait par un écoulement nasal et simultanément par un engorge- ment des ganglions lymphatiques intermaxillaires ! Il est donc utile d'étudier quels sont les rapports des dents molaires de la mâ- choire supérieure avec les cavités nasales proprement dites et avec les sinus. Toutes les dents molaires, sans exception, répondent en dedans à la paroi ex- terne des cavités nasales proprement dites. Les quatre dernières répondent en outre, savoir : la troisième et la quatrième à la partie inférieure du sinus maxil- laire, et la cinquième et la sixième à la partie supérieure du même sinus. Cette simple indication suffit pour faire comprendre que, dans le cas de carie de ces dents, l'inflammatiion peut se propager, soit dans les cavités nasales proprement dites seulement, soit à la fois dans celles-ci et dans les sinus. Plusieurs fois, à l'autopsie des chevaux sacrifiés pour les travaux anatomiques, j'ai constaté ce fait, et j'ai vu, dans ces circonstances, des altérations morbides de la membrane muqueuse qui les tapisse. Je n'ai pas besoin dem'étendre davantage sur ce sujet, le chirurgien en fera son proflt, et déjà mon honorable collègue et ami, M. le professeur H. Bouley, a tiré de ce fait anatomique des déductions pratiques précieuses, dans un savant mémoire sur les maladies de Vappareil dentaire dans les herbivores (1). J'ajouterai encore quelques mots relativement à la chirurgie. Dans le cas de morve et dans le cas de collections purulentes dans les sinus, on pratique la trépanation de ces cavités, et je crois, avec Lafosse, qu'on devrait toujours, dans ces cire. instances, faire deux ouvertures : l'une sur le sinus fron- tal, en traversant la table externe de cet os vers la partie moyenne, et l'autre sur la partie inférieure du grand sus-maxillaire, au-dessus de l'épine zygomatique. Il faudrait ensuite établir la communication entre les deux parties du sinus maxillaire, en perforant la lame osseuse qui les sépare, si elle n'avait pas été détruite dans un point quelconque de son étendue. De cette manière,lesliquidesinjectésdans le sinus frontal pourraient facilement s'écouler par la partie la plus déclive des sinus. Je me borne à indiquer les deux points principaux où les trépanations peu- vent être faites, j'aime mieux ne pas aller au delà, car il faut une très-grande habitude pour savoir que, chez les animaux âgés, on peut perforer le frontal dans une autre partie de sa surface, beaucoup plus inférieurement que je ne l'ai indiqué. (1) Recueil de médecine vétérinaire, t. XX, p. 673 et 880. 89 Xtl f'.-U II — Anatomie pathologique. QUELQUES REMARQUES SUR LES CORPS ÉTRANGERS DES MEMBRANES SÉREUSES ; par M. le docteur Lebert. (Communiquées à la Société de biologie dans la séance du 19 juinl862.) Nous avons eu occasion d'observer ces tumeurs dans le péritoine, dans la tu- nique vaginale chez l'homme, à la surface de la plèvre pulmonaire et du péri- toine hépatique chez le cheval. Nous trouvons de plus plusieurs faits de ce genre relatés dans les Bulletins de la Société anatomique de ces dernières années et nous attirons surtout l'attention sur deux communications, l'une faite par M.Deville (1) et l'autre par M. Barth (2). Nous trouvons une analogie de structure et de formation entre ces corps libres des membranes séreuses et ceux que l'on rencontre dans les kystes syno- viaux du poignet, et une analogie tout aussi frappante avec les phlébolithes. Nous pouvons aller plus loin et dire que, abstraction faite des différences fonda- mentales de structure, lemodede formation des corps étrangers articulaires rentre encore dans la loi générale de la* formation de tous ces produits. Vouloir ad- mettre qu'un corps étranger se forme d'emblée comme un corps libre au milieu d'une cavité est non-seulement contraire aux lois physiologiques générales et à celles de la nutrition en particulier, mais contraire aussi à l'observation. Que ce soit une membrane séreuse, une membrane synoviale articulaire, une mem- brane synoviale d'une bourse muqueuse ou la membrane interne d'une veine ovarique, ces corps étrangers se forment toujours comme une e>pèce de bour- geonnement soit de la membrane interne, soit plutôt, dans la généralité des cas, du tissu sous-séreux. La petite grosseur, à mesure qu'elle s'accroît, proémine davantage dans la cavité libre, se coiffe pour ainsi dire de cette membrane qu'elle a poussée au devant d'elle, se pédiculise, le pédicule s'amincit de plus en plus et finit par se rompre, et alors le corps étranger probablement ne s'ac- croît plus et subit la plupart du temps des changements rétrogrades. Nous lais- sons de côté à présent les corps cartilagineux qui, se formant dans la synoviale, y constituent les corps étrangers articulaires. Nous ne nous arrêterons pas da- vantage aux corps riziformes des kystes synoviaux du poignet ; nous dirons seu- lement en passant, pour y revenir avec détails par la suite, que nous avons eu entre les mains les pièces très-curieuses décrites dans la thèse de concours de M. Michon (3), et desquelles il résulte que ces corps riziformes, avant d'être (1) BULLET. DE LA SOC. ANAT., 1851, p. 120. (2) Même buUet., année 1852, p. 55. (3) Michon, Thèse de concours sur les tumeurs synoviales du poignet, etc. Paris, 1851. 90 libres, sont constitués par de véritables végétations, provenant de la surface in- terne de ces kystes. Nous allons comparer tout à l'heure entre eux les corps des membranes séreuses et les phlébolithes. Les corps libres des membranes séreuses présentent chez l'homme et chez les animaux dans les diverses cavités, la plèvre, le péritoine, la tunique vaginale, des caractères à peu près analogues ; leur volume varie entre un grain de chè- nevis et un petit pois au commencement de leur développement et ne dépasse pas généralement le volume d'une noix ; cependant nous-avons vu présenter à la Société anatomique une tumeur de ce genre, ayant le volume d'une bille de bil- lard. En moyenne ils ne dépassent même pas le volume d'une grosse noisette ou d'un œuf de merle, leur forme étant généralement ovoïde. Quant à l'enveloppe séreuse qui, après les avoir entourés, leur sert de pédicule, on l'observe de pré- férence dans les petites tumeurs de ce genre; mais je l'ai vu aussi bien conservée dans des tumeurs déjà volumineuses de la cavité péritonéale. Lorsqu'on a dé- barrassé ces tumeurs de cette couche enveloppante de tissu cellulaire, on leur reconnaît une surface lisse et luisante, et si l'on a affaire à des corps déjà parfaitement libres, leur teinte est d'un blanc mat légèrement bleuâtre. Cependant, à un examen attentif, on reconnaît encore sur un point de leur circonférence une espèce de hile qui correspond probablement à leur pédicule d'implantation. On ne constate généralement leur présence qu'à l'autopsie lors- qu'ils sont situés dans les cavités profondes du corps, et leur symptomatologie est encore inconnue. Lorsqu'ils ont leur siège dans la tunique vaginale, ce qui n'est pas très-rare, on les sent roulants sous le doigt, à côté d'un des testicules; Ils paraissent alors former un troisième testicule. Tel était, entre autres, le cas d'un malade qae M. Chassaignac a d'abord présenté à la Société de chirurgie, et auquel il a ensuite fait l'extraction de ce corps étranger qu'il a eu l'obligeance de me remettre. Nous verrons tout à l'heure à quel point sa structure a été inté- ressante. Ces corps ovoïdes, de 1 à 3 centim. de long sur 2/3 à 2 centim. de large, lisses et luisants, sont d'une consistance ferme et élastique et rebondissante si on les Jette contre un corps dur ; mais quel n'est pas l'étonnement de l'observateur qui les voit pour la première fois lorsqu'en les fendant dans le sens de l'axe longitu- dinal, il s'aperçoit qu'ils sont entièrement composés de couches concentri- ques, emboîtées les unes dans les autres, ressemblant à celles de l'oignon d'une plante liliacée. Toutefois ces couches concentriques ne sont pas aussi indépen- dantes les unes des autres que les lamelles de l'oignon; cependant avec quelque effort on parvient à les décoller. A l'œil nu le nombre de ces couches ne paraît guère dépasser quinze à vingt; mais à l'examen microscopique on peut se con- vaincre que chaque couche est encore décomposable en un certain nombre de lamelles accolées les unes aux autres. Plus on se rapproche du centre de le tu- meur, plus les cercles deviennent étroits, et dans quelques corps on voit deux centres juxtaposés, autour de chacun desquels il y a tout un système de la- 91 melles concentriques. Que le centre soit unique ou double, on le trouve bien souvent occupé par une masse dure, crétacée, offrant tantôt l'aspect lisse et uni d'une petite pierre, tantôt celui d'une concrétion grenue ou grumeleuse; sa du- reté varie entre la consistance pierreuse et celle d'un mortier peu consistant, ou à celle du mastic des vitriers. Débutant par la partie centrale, la concrétion peut occuper depuis un espace de quelques millimétrés seulement de diamètre jusqu'à la majeure partie du corps ovoïde, au point qu'alors quelques rares lamelles concentriques emboîtent un vaste noyau dans lequel la structure lamelleuse est devenue méconnaissable. Lorsqu'on soumet les diverses parties de ces corps à l'examen microscopique, on ne voit que les fibres du tissu cellulaire dans l'enveloppe; lorsquelles per- sistent, les lamelles sont formées par deux substances dont l'une, amorphe fine- ment granuleuse, sert de base à l'autre et d'union en même temps entre les lamelles juxtaposées. Celte substance basique est parsemée de fibres qui s'en- tre-croisent dans tous les sens, ordinairement englobés pour ainsi dire dans la gangue intermédiaire, mais qui quelquefois paraissent faire relief au-dessus d'elles. Ces fibres ou plissements fibroïdes sont étroits, irréguliers, non réunis en faisceaux. Lorsqu'au contraire l'élément fibroide fait relief sur la substance Intermédiaire, il se compose de fibres beaucoup plus larges, à contours régu- liers, ressemblant au tissu élastique des artères. On voit même un certain nombre d'extrémités libres de ces fibres; mais quel que soit le réactif que l'on mette en usage, on n'aperçoit point de noyaux dans leur intérieur, ce qui écarte la sup- position qu'il pourrait s'agir des fibro-cellules de la substance musculaire orga- nique. Quant à la concrélion pierreuse ou en forme de mastic ou de mortier, on n'y trouve que des granules très-petits, résistant à l'éther et à l'alcool ainsi qu'à l'acide acétique et incomplètement solubles dans la potasse et dans les acides concentrés. Une fois j'ai trouvé au centre d'un de ces corps étrangers de la tu- nique vaginale des masses cristalloides de l/.^0 à 1/20 de millim. de largeur, qui, traités avec les acides concentrés, dégageaient d'abord beaucoup de bulles de gaz et faisaient voir ensuite dans l'intérieur de chacun de ces corps un emboî- tement concentrique, en tout semblable à celui que présentait en grand la coupe de la tumeur et ressemblant tout à fait à des corps du même genre que j'avais décrits dans ma Physiologie pathologique comme provenant de la face interne d'un kyste ovarien que j'ai fait fiaurer ensuite dans l'atlas de cet ou- vrage (pi. XI, fig. 10) et qui, plus tard, ont été décrits par les micrographes alle- mands sous le nom de corps amylacés. Je reviendrai tout à l'heure avec détail sur ce fait. Ce ne serait pas ici la place de donner une description détaillée des phlébo- lithes; mais je dois dire que j'ai souvent été frappé par le fait, qu'en comparant entre eux un certain nombre, de voir qu'on trouvait les passages entre des pe- tites pierres arrondies, surtout ovoïdes, lisses ou montrant une espèce de bile, d'autres pisiformes et d'autres d'apparence presque pédlculce. Ce fait m'a frappé 92 également dans les beaux dessina des phlébolithes qui se trouvent dans les planches de Carsvell, et je recommande surtout à l'attention des anatomistes les nos 3, 4 et 7 de la fi^;. 2 de le 3« planche des tissus analogues. Cet auteur ajoute à sa description cette phrase remarquable qu'on les trouve entourés d'une es- pèce de membrane séreuse {Ihey arc contained in userons envelope]. Nous trouvons également dans I'Anatomie pathologique d'Andral (l) un passage re- marquable qui vient à l'appui de notre manière de voir. En pariant des phlébo- lithes, il dit que ce sont des corps étrangers calcaires qui poussent au devant d'eux la paroi interne de la veine, qui sont alors comme pédicules, et il les compare aux corps étrangers des articulations. Rokitansky (2) signale également le f;iit qu'on les trouve quelquefois accolés étroitement à la surface interne de la veine et qu'on les rencontre amsi dans des poches latérales des veines ; mais nous cessons d'être d'accord avec cet auteur, dont l'opinion a été à peu près gé- néralement adoptée en xMlemagne, lorsqu'il envisage ces productions comme des coagulations sanguines concentrique:?. Pour nous l'identité de structure qui existe entre ces couches concentriques des phlébolithes et des corps étrangers des membranes séreuses est d'un grand poids; nous ne trouvons qu'une différence secondaire dans le fait que les premiers n'atteignent guère les grandes dimen- sions des derniers et ont une disposition plus précoce à la calcification; mais on rencontre également les degrés intermédiaires entre ces corps intraveineux pédi- cules, adhi'rents, mous, d'autres déjà détachés, encore mous, calcifiés au centre, et d'autres enfin complètement calcifiés, mais toujours entourés de ces mêmes couches concentriques. Il arrive cependant, comme dans les couches con- centriques des corps étrangers des membranes séreuses, qu'avec le temps elles de- viennent pi us diffuses, que des cavités irrégulières s'y forment et qu'en un mat leur aspect typique s'efiace. Nous citerons enfin un l'Hit, pour nous d'une grande importance, c'est celui de la coexi.stence des phlébolithes dans les veines ova- riques et de corps étrangers dans le péritoine, les unes et les autres à struc- ture à peu près identique chez le même malade, dans l'observation intéressante de M. Barth qui a eu la bonté de mettre toutes c«s pièces à notre disposition. Il reste encore des observations ultérieures à faire sur les premières périodes de développement des phlébulithes ; mais dans une dissection de veines renfermant des phlébolithes, faite en commun avec .M. Leudet, nous avons trouvé tous les degrés intermédiaires depuis la simple saillie ou végétation intraveineuse com- me point de départ des phlébolithes. Quelques observateurs superficiels ont cru expliquer la formation des corps étrangers du péritoine en les regardant comme des corps fibreux de l'utérus qui seraient tombés dans la cavité abdominale. Rien de plus différent, pourtant, que la structure desdeux sortes de productions, sans compter qu'un des sièges de pré- (1) Andral, Précis d'anat. pathol., t. II, p. 412. (2) Rokitansky, Opus citatuh, t. II, p. 063. 93 (lilection de celle production est la tunique vaginale chez l'homme. De plus, parmi les observations de corps étrangers du péritoine, que renferment les bulletins de la Société anatomique, deux se rapportent à des homme?. L'un a été communi- qué en 1849, par M. Letixerant(l); l'autre est sans contredit l'observation la plu» complète de ce genre que nous possédions : c'est le fait remarquable communiqué par M. Deville (2), où c'était également chez un homme que plusieurs corps étrangers se trouvaient dans le péritoine. Nous ne partageons pas la manière de voir de notre honorable collègue et ami, d'après laquelle ces corps se formeraient par la saillie d'un appendice graisseux qui se coifferait pour ainsi dire d'une en- veloppe épaissie du péritoine, et qui après s'être pédiculisée finirait par se déta- cher et par devenir un corps floUaatel libre. Nous allons, en terminant ces courtes remarques, communiquer la description de trois faits de ce genre, dont l'un est celui qui a le premier attiré notre atten- tion, tandis que l'autre est surtout remarquable par la netteté des détails de structure que nous avons pu y saisir et parle contenu de corps amyloides cal- cifiés dont nous avons pu étudier à cette occasion tous les détails. Le troisième se rapporte à la foi malion des phlébolithes. Le premier fait a rapport à la pathologie comparée. Le 10 novembre 184!), j'ai assisté, à l'École vétérinaire de Berlin, à l'autopsie d'un cheval qui avait suc- combé au tétanos, consécutif à une blessure du pied droit de derrière. Ce cheval ne présenta du reste, à l'autopsie, aucune lésion particulière dans les centres nerveux; on y constata seulement une forte, congestion pulmonaire et hépatique, et dans le foie, il y avait en outre des épanchements fibiineux intersiiciels d'ori- gine probablement inflammatoire. C'est chez ce cheval que nous avons trouvé deux tumeurs, l'une située à la surface delà plèvre pulmonaire, l'autre à la sur- face du péritoine hépatique. La première avait le volume et la forme d'un petit pois, la seconde avait celui d'un petit haricot; elles étaient coiffées d'une enve- loppe de membrane séreuse, et elles tendaient à être pédiculées ; elles étaient très-dures à la surface et d'apparence ossifiée. M. le professeur Gurlt, à l'obli- geance duquel je dois d'avoir pu, à cette époque, faire de nombreuses recherches de pathologie comparée à Berlin, croyait qu'il s'agissait de tubercules en voie de transformation calcaire; cependant un examen plus attentif de ces deux pièces nous présenta une structure toute différente. Une coupe pratiquée par le milieu montre un certain nombre de couches concentriques, membraneuses, partielle- ment calcifiées, composées d'un tissu flbroide montrant des fibres non isolées, en partie réunies en faisceaux dans une sub-tance intermédiaire granuleuse. Plus on se rapproche du centre, plus le contenu e;t purement calcaire, amorphe, et plus on voit disparaiire la disposition concentrique régulière. Aujourd'Imi que j'ai eu (1) Bulletin delà Société anatomique, 1849, p. 348. (2) Ibid., 1851, p. 120 à 129. 94 occasion d'examiner un certain nombre de corps étrangers des membranee sé- reuses, il ne me reste plus de doute sur la nature de ces productions. Le second cas, que je communique surtout pour les détails de structure, est un corps étranger que M. Chassaignac a eu la bonté de me faire examiner, et qu'il a retiré de la tunique vaginale d'un homme qui croyait avoir un troisième testicule. Ce corps était complètement libre, légèrement aplati d'avant en arrière, lisse, d'un blanc luisant, très-élastique, de près de 2 centimètres de longueur sur environ 12 millimètres de largeur, de forme à peu près ovoïde, présentant sur un point de sa surface une espèce de hile. A la coupe, on trouve ce corps composé découches concentriques qui ressem- blent à l'emboîtement des lamelles d'un oignon ; cependant il n'est pas possible de les séparer par un simple décollement. Ces couches concentriques occupent, dans les deux tiers extérieurs, toute la circonférence de la tumeur; mais vers le tiers ou les deux cinquièmes internes, on voit deux noyaux jaunâtres, ternes, entourés chacun également de couches concentriques. En soumettant des tranches verticales de la portion périphérique à de faibles grossissements microscopiques, on trouve que ces couches concentriques ne sont, en effet, point séparées, mais que seulement le tissu est plus mince, plus trans- parent dans les endroits où deux de ces lamelles apparentes se touchent. Au premier aspect, toute cette substance parait fibreuse, englobée dans une substance amorphe transparente, finement granuleuse ; mais en l'examinant de plus près, on peut bientôt se convaincre que toute la substance est composée d'un tissu élastique particulier, composé de corps allongés pointus à leurs ex- trémités, de 1/200 millimètre de largeur, disposés en réseaux à mailles étroites et longues, présentant quelque ressemblance avec les fibro-cellules des muscles de la vie organique; cependant l'acide acétique, tout en faisant mieux ressortir tons les détails, ne montre nulle part de noyaux dans leur intérieur. Au total, nous y avons affaire à un tissu très-analogue au tissu élastique des artères. Les petits noyaux d'un jaune terne sont tous composes de corps durs, de na- ture minérale et cristalloide, de 1/50 à 1/20 de millimètre de largeur, anguleux à cinq ou six plans, sans forme cristalline nettement caractérisée. Lorsqu'on les traite avec de l'acide nitrique ou chlorhydrique, on en voit sortir beaucoup de bulles d'air; ces corps alors s'arrondissent ou deviennent ovalaires, et on voit très-distinctement dans leur intérieur plusieurs couches concentriques qui font ressembler ces corps aux cellules de la fécule. Il y a même de ces corps qui ren- ferment une double rangée de ces couches emboîtées concentriques. 11 existe la plus parfaite analogie entre ces corps et ceux que l'on rencontre dans les petites concrétions de la glande pinéale; ce ne sont en aucune façon des cellules épithé- liales, mais ils constituent une espèce de corps particuliers que j'ai déjà rencontrés une fois dans les parois d'un kyste de l'ovaire, et que j"ai figurés dans ma phy- siologie pathologique. Je serais disposé à croire qu'il y a là une espèce de forma- lion cellulaire emboîtée, à couches concentriques, dans laquelle des sels cal- 95 caires sont ultérieurement déposés. Un autre fait me frappe, c'est la parfaite ana- logie qui existe entre ces petits corps microscopiques et l'aspect de la tumeur tout entière, telle qu'elle se présente à l'œil nu. On dirait qu'il y a une espèce de formation endogène de corps concentriques qui, d'un petit corps microscopique, fait peu à peu une tumeur entière, et lorsqu'aiors la masse principale se déve- loppe, une espèce de tissu élastique se forme dans son intérieur et sur les cou- ches concentriques de la partie de la tumeur qui est restée élastique et molle. Toutefois, nous ne donnons cette explication que comme une hypothèse. Le troisième fait que nous allons rapporter a trait à des phlébolithes à l'état naissant. Les veines ovariques d'une femme qui avait succombé dans le service de M. Rayer renfermaient de nombreux phlébolithes, déjà visibles à travers les veines intactes. En les disséquant avec M. Leudet, nous avons constaté : lo Qu'il y en avait de toutes les dimensions, à partir de la grosseur d'une tète d'épingle jusqu'au-dessus du volume d'un gros pois. 2" Que leur consistance variait entre la mollesse élastique et la dureté pier- reuse. Cette dernière, souvent générale dans les phlébolithes anciens était peu considérable dans ceux que nous avons sous les yeux, et dans les plus durs, elle n'était point complète. 3" La coloration variait entre le blanc homogène et le rouge cerise, et dans un bon nombre, une partie de la tumeur était incolore, d'un blanc jaunâtre, tandis qu'une autre partie était d'un rouge foncé violacé. h" Leur forme était parfaitement arrondie dans quelques-uns, allongée, ovoïde, à base étroite dans quelques autres ; dans plusieurs enfin, il y avait un sommet et une base étroites, avec un renflement notable dans le milieu. 5" Le point de beaucoup le plus important était la disposition sur place de ces phlébolithes, et sous ce rapport, nous avons observé les variétés suivantes, indé- pendantes, du reste, du volume des phlébolithes. a. Des petites concrétions molles, globuleuses ou un peu plus allongées étaient entourées d'une membrane mince qui formait un pédicule à la base et se conti- nuant directement avec la membrane interne de la veine. b. De semblables végétations molles, mais allongées, étaient libres en majeure partie, mais intimement adhérentes, par leur pédicule, à la paroi interne de la veine. c. Adhérence générale dans une espèce de cul-de-sac collatéral, comme vari- queux, d'une veine principale. d. Simple accolement de ces petits corps à la paroi veineuse par une partie de la circonférence. e. Situation libre de toutes parts, dans le calibre de la veine, qui souvent était très-dilatée autour de ces corps, bien plus volumineux que la largeur de la veine. 6» En pratiquant des coupes à travers ces phlébolithes de forme et de consis- 96 tance diverses, on reconnaît partout des couches laraelleuses et concentriques, mênie dans les parties qui paraissent constituées d'une façon homogène par un caillot. La membrane la plus extérieure, celle qui délimite ces petits corps, est parfaitement lisse et luisante. Nous avons compté jusqu'à quinze et vingt de cea lames concentriques ; ce n'est que dans les corps qui ont déjà le volume d'un petit pois que la concrétion dure du centre prend une certaine consistance et de- vient non-seulement pierreuse, mais envahit de dedans en dehors les lamelles de plus en plus superficielles. 70 L'examen microscopique montre, dans toutes les lamelles, une structure fibroïde granuleuse, avec des plissements et des stries, et par places, on voit comme des fibres épaisses et indépendantes, mais pâles, ayant de l'analogie avec celles du tissu élastique; il y a absence de toute formation cellulaire. La colora- tion rouge paraît essentiellement due à la matière colorante du sang, entrée dans ces corps par imbibition de dehors en dedans, et non à l'inclusion de véritables caillots ; aussi avous-nous trouvé dans les lamelles des grains pigmentaires irré- guliers d'un jaune doré, rouge ou brun, et de très-petits cristaux hématiques, de forme rhomboïdale, dépassant à peine 1/200 de millim., mais offrant des angles et des faces très-nettement délimités, et qui étaient comme incrustés dans les lamelles. 8" La masse duie des concrétions offre les divers degrés de consistance grume- leuse, cireuse et pierreuse. Les acides concentres les dissolvent en bonne partie, et j'ai surtout été frappé par l'action de l'acide sulfurique qui, à un moment de son action, y provoquait une fort belle coloration rose, qui ensuite tirait sur le rouge de cuivre, et disparaissait plus tard. En même temps toute la masse dure se transformait en un nid de cristaux en forme d'aiguilles, qui avaient une ten- dance au groupement en croix ou en étoiles , c'était probablement quelque sel sulfaté de chaux ou de soude. On constate l'effervescence avec tous les acides concentrés ; il y a peu d'action par l'acide acétique, qui, par contre, rend les la- melles plus pâles et plus transparentes. Nulle part le microscope ne m'a montré, dans ces concrétions, non traitées avec les réactifs, de véritables cristaux, outre les petits cristaux cinabres des lamelles. Cet examen nous confirme de plus en plus dans notre opinion que les phlébo- lithes ne sont, dans le principe, que des végétations de la surface interne des veines qui, plus tard, se détachent, qui ont une tendance prononcée à une calci- fication centrale qui s'étend de proche en proche vers la périphérie, et dans lesquels le sang existe essentiellement à l'état d'imbibition. LARVES RENDUES AVEC LES SELLES PAR UN HOMME ÂGÉ DE TRENTE-NEUF ANS ; par M. Davaine. Vers la fin du mois de mai, M. Callier, étudiant en médecine, vint prier M. Rayer de déterminer la nature de petits vers qu'un malade avait rendus quel- ques jours auparavant. Ces prétendus vers furent reconnus pour des larves en- 97 core vivantes, dont je donnerai plus loin la description. Voici les (.irconstancos dans lesquelles on a observé l'émission de ces larves. , M. F..., âgé de 39 ans, professeur dans l'un des collèges de Paris, d'une santé assez délicate, a été atteint d'une bronchite dans le courant de février 1852. Depuis cette époque, il a conservé une toux habituelle, plus fréquente pendant la nuit et quelquefois assez fatigante pour l'empêcher de dormir. Le 13 mai dernier, il éprouva un malaise général sans qu'aucune partie du corps fût spécialement douloureuse. L'appétit continuait à être assez bon. Cet état, qui était accompagné de constipation, n'a pas changé sensiblement jusqu'au 20. Ce jour-là il sortit vers deux heures pour se promener; mais à peine avait-il fait quelques centaines de pas qu'il ressentit une vive douleur au côté gauche, douleur qui semblait fixée dans la région de la rate. M. F... rentra chez lui, et le soir il fut pris d'un frisson, suivi de beaucoup de chaleur. On lui prescrivit un purgatif, et un vésica- toire fut appliqué sur la région douloureuse. La nuit fut mauvaise. Le lende- main, quoique la douleur eût un peu diminué, le malade était très-abattu. Pour calmer la toux, il prit du sirop de karabé, et il se tint à la diète. La région de l'estomac était un peu douloureuse. Le purgatif ne produisit que deux selles peu abondantes. Le lendemain 22, le malade prit deux lavements à l'eau de son. Le premier fut rendu avec peu de matières qui ne furent p;is examinés; l'adminis- tration du second fut suivie de douleurs très-vives, ayant été rendu presque sur- le-champ; il ne contenait pas de matièies fécales, mais un grand nombre de petits vers, quelques centaines au moins. Le 23, deux lavements furent de nou- veau administrés. Dans le premier, on remarqua encore un assez grand nombre de petits vers, et M. Cailler, témoin du fait, en recueillit un dans le voisinage de l'anus; l'évacuation du second lavement n'en amena que six ou sept. Le 24 on n'en trouva plus dans les évacuations. Depuis ce jour jusqu'au 3 juin, on a remarqué encore dans quelques-unes des évacuations deux ou trois de ces petits vers. Depuis cette époque la toux a continué plus ou moins, mais l'appétit est revenu, et le malade a repris son genre de vie habituelle. Lorsqu'il a été constaté que ces petits vers n'étaient autre chose que des larve?, M. Rayera prié M. Callier de prendre des renseignements précis sur la nourri- ture habituelle du malade. Depuis les premiers jours de mai, elle consistait en une tasse de lait prise le matin pour déjeuner, et le dîner se composait de mou- ton, d'asperges ou de pommes de terre. Le soir M. F... prenait ordinairement une tasse de thé. M. Callier déclare s'être assuré que le clyso-pompe qui servait à l'administra- tion des lavements était parfaitement propre, et il afTnmeque le vase dans l quel les évacuations étaient ri-cueillies élait soigneusement nettoyé après chaque éva- cuation; il ajoute enfin que la personne qui a rendu ces petits vers ne peut être soupçonnée de supercherie. Quoi qu'il en soit, si les larves ont été réellement rendus par le malade, on ne peut supposer que les aliments cuits dont il se nourrissait depuis quelque temps aient fu contenir les œufs qui les ont fournies. 7 98 Quant aux phénomènes moitiidcs prôsentés par if malade, il» paraissent pres- que tous, à part la douleur du flanc et celle de l'estoniac, se rattacher à une exaspération de la bronchite habituelle du malade. Au reste, il importait toujours de chercher à déterminer à quel insecte ou à quel genre d'insectes appartenaient ces larves et de voir si, par leur organisation, elles se rapprochaient de celles dont j'ai donné la description et la figure dans le tome III des Comptes rendus de la Société de biologie. L'examen auquel je me suis livré ne m'a laissé aucun doute sur l'identité de ces dernières avec les larves rendues par M. F... C'est à un diptère de la tribu des muscides que j'ai cru devoir rapporter ces larves. 11 eût été intéressant d'en déterminer l'espèce. Dans cette vue, je plaçai successivement sur des matières véeétales et animales les quatre larves qui m'avaient été remises par M. Callier, espèrent les faire arriver à l'état d'insecte parfait. Ces larves qui étaient très-agiles s'attachèrent à de la viande de bœuf crue et y enfoncèrent leur tête avec une sorte d'avidité, mais elles n'y adhérèrent point d'une manière permanente comme le font les œstres -, elles changeaient, au contraire, assez fréquemment de place. Quoique nous eussions renouvelé chaque jour la viande dont elles paraissaient se nour- rir, au bout de cinq jours elles étaient toutes mortes. Ce n'est pas cependant au défaut de nourriture que nous croyons devoir attribuer ce résultat. Voici les caractères que ces larves ont présentés : Larves apodes, fusiformes, d'un gris châtain, longues de 7 à Omillim., extré- mité antérieure très-amincie, extrémité postérieure moins amincie, quelquefois bifurquée. Corps formé do douze segments environ, assez difficiles à déterminer; chaque segment, excepté le dernier, porte de chaque lôlé un petit stigmate mar- ginal. Les stigmates des trois premiers segments très-courts et peu apparents, les autres très-visibles et surmontant une saillie du mamelon ambulatoire. Outre les petits stigmates marginaux, deux stigmates principaux antérieurs offrant un pavillon palmé, grand, blanchâtre, composé de digilations très-longues, au nombre de seize environ ; deux autres stigmates principaux postérieurs, grands, évasés, cachés dans le dernier segment ou occupant le sommet de chaque bifur- cation de l'extrémité postérieure. Extrémité antérieure ou tête oflrant en avant deux palpes très-petits, composés chacun de deux articles très-courts. Bouche armée de deux crochets semblables à ceux de la larve de la mouche carnassière ; point d'yeux visibles; téguments généralement recouverts de poils courts et roides, simples, plus minces sur les premiers segments et disposés en séries tianaversales irrégulières. Cette description s'accorde en général avec celle que j'ai donnée des larves rendues par le malade de M. Roger et qui se trouve dans le tome III des Comptes RENDUS DELA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. Lcs dlflcrences, d'ailleurs peu importantes que l'on peut y remarquer, s'expliquent par l'état de putréfaction où étaient les larve» qui me furent remises par M. Roger. Ainsi que je l'ai fait remarquer à l'occasion de celles-ci, leurs caractères sont si différents de ceux de l'œstre du 99 cheval et dumnutoM iiu'ori ne peut les coiisiJérer i-omme des larves île VcBsti'us hominis. Kn elTct, leurs crocliels rappellent ceux de la larve do la mouche car- nassière ou domestique et non ceux des œstres. Leurs stigmates principaux an- térieurs et postérieurs diffèrent aussi totalement de ceux des œstres qui, en outre, n'ont point de stigmates marginaux. Enfin les segments bien déterminés et mart^ués par des séries régulières de (loils chez ceux-ci les distinguent nette- ment des larves que nous venons de décrire. Je me suis assuré également de nouveau qu'elles n'appartiennent ni à la mouche carnassière, ni à la mouche domestique, ni au scatopse noir {musca stercoraria) qui existe en abondance dans IfS lieux d'aisances. ÎV.— TÉRATOLOGIE COMPARÉE. RECHERCHES scR LE DÉVELOPPEMENT DES MONSTRES DOUBLES; cxirait d'im mémoire de M. Valentin, par M. Hiffelsheim. I! y a un an, M. Valcntin publia un travail sur les monstres doubles. Le phy- siologiste de Berne s'était proposé d'étudier le développement de certains poissons transparents, quand, favorisé par un heureux hasard, il rencontra des monstres doubles. C'est donc sur le développement parallèle des individus normaux et des monstres qu'a porté l'observation de M. Valentin. Baer a décrit et figuré, dans les mémoires de l'Académie de Saint-Pétersbourg, deux œufs de perche renfermant des monstres doubles. On trouve mentionnées, dans son travail, des recherches faites per Jacobi et Rathke, sur les monstres des saumons et des blennes. Baer nous fait connaître un monstre bicéphale et un biventral. La vésicule, oculaire et les cristallins étaient très-visibles, tandis que l'on ne pouvait encore distinguer le renflement cardiaque. Ces deux monstres, qui survé,:urent deux jours à Péclosion, sont les seuls monstres doubles de poissons vivants qui aient été décrits. M. Valentin avait instruit un pécheur du lac de Biel du procédé de fécondation artificielle. Celui-ci choisissait une femelle de brochet en état de rut, et après avoir exprimé les œufs mûrs en un petit tas, il y répandait, par la même opéra- tior^ la semence mûre du mâle. M. Valentin reçut ces œufs sept he:jres après la fécondation, temps nécessaire pour faire le trajet de Biel à Berne. A ce moment , la segmentation du vitellus lui païut déjà très-avancce. Il y eut une grande inégalité dans le moment d'édosion des œufs. Les plus hâ- tifs, si je puis m'exprimer ainsi, n'y mirent que sept jours, les plus lents quinze jours après la fécondation. Il parait, ce qu'il était aisé de prévoir, que la nature du milieu dans lequel ces œufs étaient conservés a exercé une grande in- fluence. La chaleur modérée, un espace suffisant, accéléraient l'éclosion.; les 100 comlilions inveis s la vet;)r.laieiit. l/i propreté des vases, en évitant l'etlet des- trncteur de la nioisissuie, exerça une influence non moins active. Malgré la piopreté, les œufs devenaient opaques en partie, par suite du dépôt calcaire que faisait l'eau à leur surface. Pour leur rendre la transparence natu- relle, nécessaire à l'observation, il fallut les nettoyer un à un. La délicatesse de ces œufs exigeant de grandes précautions, on enlevait la couche calcaire avec un pinceau. Chacun des œufs placés sous l'eau d'un verre de montre était préalablement fixé entre les barbes écartées d'un pinceau, qui représentait ainsi les deux branches d'une pince. C'est en examinant l'un des œufs ainsi préparés que M. Valentin aperçut, à l'œil nu, un monstre double, bien caractérisé, cent deux heures après la fécondation. D'une extrémité posté- rieure commune partaient, en se bifurquant, deux corps, dont l'un, plus déve- loppé, semblait la continuation de la partie commune ; l'autre était notable- ment moindre. A ce mode de conformation extérieure correspondait un canal vertébral commun et un canal bifurqué. L'auteur de ce travail désigne la branche la plus volumineuse de celle bifur- cation sous le nom de corps principal, la moins développée sous celui de corps surnuméraire. Le canal rachidien du principal avait cinq vertèbres propres; le surnuméraire, trois incomplètes. Les yeux, le cerveau, la moelle, le crâne, les vésicules auditives surtout, étaient, de même que les vertèbres, très-bien des- sinés cent vingt-six heures après la fécondation. Le lendemain, le corps principal et le tronc commun impair étaient plus avancés que chez les individus normaux. Le corps surnuméraire était opaque, au point qu'on n'y distinguait rien, à peu près. Une expansion membraneuse, finement granulée, enveloppait le corps surnuméraire, et se continuait en par lie en dedans du corps principal. Le développement de quelques œufs normaux avait appris que cette expansion devançait l'apparition du renflement cardiaque. Le quatrième jour, cent soixante-quatorze heures après la fécondation, le corps principal présenta le cœur à la place où il s'observe chez l'individu normal, à cette période de l'évolution. En même temps, les vésicules auditives s'étaient bien dessinées dans le corps surnuméraire, et à côté d'elles, on apercevait un cœur qui lialtait très-visible- ment, comme le cœur du corps principal. Ces vésicules, au lieu d'être séparées par un intervalle, comme cela a lieu chez les individus normaux ou dans le corps principal, étaient, chez le surnu- méraire, étroitement unies par une bandelette. Les cœurs battaient avant qu'il y ait de circulation visible. Le cinquième jour, elle devint manifeste dans le corps principal. A chaque lois que le cœur se dilatait, on voyait deux courants se précipiter dans la cavité cardiaque. Le mouvement centrifuge existait aussi bien que le centripète. Tandis fiue, dans le corps principal, la circulation et les mouvements du corps 101 rtaient normaux, il n'y avait ni circulation ni mouvement Qans le corps surnu- méraire. Ajoutons enfin que la corde dorsale, très-visible dans le corps principal et dani !e tronc commun, ne pouvait être poursuivie dans le surnuméraire. Le monstre double sortit de son enveloppe deux cent quarante-cinq heures après la fécondation ; les deux corps étaient unis par un pédicule. Le monstre, à ce moment, offrit une particularité qui lui était d'ail- leurs commune avec beaucoup d'œufs au moment de leur éclosion : on sait qu'entre l'embryon et la vésicule ombilicale est placé le cœur. Eh bien ! dans ce cas, entre autres, le renflement cardiaque sembla entouré d'une seconde vésicule, placée an devant de la première. Ce nouvel organe avait l'as- pect d'une expansion, d'une dépendance de la vésicule ombilicale. A mesure que la dernière s'atrophiait, l'autre se développait. Le cœur, dans son extension, pa- rut gêné par la présence de ces deux vésicules, et en reçut une forme très-allon- gée. Un fait qui frappa vivement M. Valentin, ce fut la petite quantité de globule» que charriait le sang. La description très-succincte que nous venons de donner s'applique à peu près aux autres monstres observés. Et il y en eut, en somme, G sur 917 œufs éclos. Mentionnons aussi que, à part divers états morbides observés sur cette masse, il y eut 52 œufs possédant celte apparente vésicule double. Sur les 5 monstres doubles, le corps surnuméraire était également moins déve- loppé que celui décrit sous le nom de principal. Ce dernier, qui continuait tou- jours directement le tronc commun, offrait d'ailleurs quelques variétés dans l'é- tendue et le mode de connexion avec le surnuméraire. Les globules du sang étaient aussi en très-petite quantité. M- Valentin discute ensuite l'étiologie des monstres qu'il a observés. Parmi les conséquences qui ressortentde sa savante dissertation, je signalerai les suivantes à l'attention des lératologistes. r 11 est possible (l'auteur ne va pas au delà) que l'agitation exercée sur une aussi grande masse d'œufs ait contribué à la produciion des anomalies. 2" Le nettoiement des œufs, pendant lequel les deux branches du pinceau se resserraient, a pu exercer aussi une certaine influence. Puis, passant à l'étiologie générale, M. Valentin rappelle qu'il y a en présence deux opinions, soutenues récemment par des savants tels que Barkow, Baer, Bischoff, Leukart et d'Alton : les uns admettent la fusion de deux œufs, les autres la segmentation précoce et complète d'un germe. M. Valentin, qui se range à pou près à cette dernière théorie, fait observer : 1» Que la première hypothèse n'a trouvé aucun appui dan? l'observation de ses Fix monstres doubles. Les plus développés d'entre eux n'ont jamais offert, à l'ori- gme, deux vitelius. La deuxième vésicule n'jivait aucun dcscaradèrçsdg lamas&ç ■vitcUinf. / 102 2" La disparition d'un élément individuel lui parait d'ailleurs plus énigma- tique que la segmentation. 3» D'autre part, les observations faites sur les monstres doubles du poulet ont déterminé Baer aussi bien que M. Valentin à rejeter cette théorie de la fusion des germes. Tous ces faits, tant négatifs qu'alBrnialifs, doivent appuyer la théorie de la segmentation, a. Cette segmentation morbide^ peut-être aussi artificielle ., se réalisant sur des éléments doués en soi d'une existence propre, donnerait lieu à deux êtres : au monstre double, b. La rareté de ces individus à l'état adulte est en quelque sorte justifiée ou expliquée par le peu de survie à l'éclosion qu'il a lui-même constatée. Elle ne fut jamais de plus de quinze jours. Faisons remarquer, avant de terminer cette analyse, l'atrophie générale et le développement tardif du corps surnuméraire, coïncidant avec l'absence du sys- tème cérébro-spinal, la présence de mouvements cardiaques et l'absence de toute circulation et de tout mouvement du corps. D'autre part, un développe- ment presque normal dans le corps principal et le tronc commun , coïncidant avec une très-petite quantité de globules sanguins. Nous ne savons si l'on peut rattacher la vésicule à un péricarde qui se déve- loppe toujours après le coeur. Au point de vue des notions acquises à l'embryogénie des poissons, ce tra- vail laisse peut-être quelque chose à désirer. Le vitellus, comme on le sait, ne représente pas un élément invariable. Chez les mammifères, il n'y en a point. La cicatricule le remplace en entier. Là où il existe même, il ne se segmente point. C'est la cicatricule qui se divise, et elle seule. Chez les poissons, les granula- tions répandues dans le vitellus primiti', en se groupant vers un point périphé rique, constituent la cicatricule. De cette notion de groupement naît un point de vue nouveau pour l'étiologie des monstres doubles. En effet, on conçoit la naissance d'un monstre double renfermé dans une seule membrane vitelline, par ce seul fait que les granulations, au lieu de se grouper en une cicatricule, se grouperaient en deux germes. Ce groupement s'opère d'ailleurs très-tôt dans certaines conditions. Et dans les observations de M. Valentin, par cela même que la segmentation était très-avancée au moment où il reçut les œufs, cette question n'est nullement résolue ni même envisagée. J'ai entrepris des recherches a ce sujet, et serais très-beureux si d'autres personnes, de leur côté, poursuivaient le même but. En comparant et vérifiant des résultats obtenus parallèlement, on arriverait certainement à avancer celle belle question. 103 V. — Botanique et pathologie végétalk. >U FROMENT CULTIVÉ ; par M. GERMAIN DE Saint-Pierre. Des différents types de structure cliez l'embryon des graminées ; conûrmation par l'examen de l'embryon des observations de M. Fabre sur l'origine des fromeiils cultivés. L'embryon des graminées présente les types de structure suivants : Première division : Hypoblaste embiassant. Première sous-division : Épiblaste nul, coléorhize nulle. Exemple : Oriza (le riz). Deuxième sous-division : Épiblaste nul, une coléorhize. Exemples : Mats, S^rghum, Coix, etc. Troisième sous- division : Un épiblaste, une coléorhize. Exemples: Glyceria, Crypsis. Deuxième division: Hypoblaste scutelliforme. Première sous-division : Un épiblaste, une coléorhize. Exemples: ^vena, Mgilops, etc. Deuxième sous-division: Pas d'épiblaste, une coléorhize. Exemples : Bromus, Elymus. Les froments cultivés ne se trouvent en aucun lieu du globe à l'état spontané, M. Fabre a démontré, par une culture de plusieurs années, que les froments cul- tivés sont des déformations des Mgilops ovata et yE. triaristata, plantes ré- pandues dans la région méditerranéenne. Chez ces espèces les graines d'un même épi fournissent, l'une la plante type, l'autre une variété regardée autre- fois comme une espèce distincte et désignée sous le nom ù'JE. triticoïdes. Cet iîî. triticoides cultivé pendant plusieurs années, en employant pour chaque nou- veau semis des graines du semis précédent, a produit des plantes ayant tous les caractères botaniques des Triticum. D'autre part, M. Germain de Saint-Pierre a constaté que l'embryon des fro- ments cultivés ne dilïère pas de celui des espèces du genre JEgilops; chez les uns et les autres, il existe un épiblaste très-apparent. Au contraire, chez les es- pèces spontanées lattaciioes au genre Triticum, l'épibluste est nul ou rudimen- taire. Le genre Triticum, tel qu'il est limité aujourd'hui, renferme donc des plantes appartenant à deux genres dilférents : les Triticum cultivés qui doivent être considérés comme un appendice du genre jEgilops^ et les Triticum spon- tanés (espèces vivaccs : T. repens, T. canimim, etc.), qui constituent un genre lOZi distinct désigné déjà autrefois sous le nom d' ^gfropyrum, d'après des caractères tirés des organes de la végétation. MALADIE DES OLIVIERS ET DES ORANGERS. M. Montagne a présenté à la Société, en janvier 1850, quelques observations sur les fumagines de Persoon, qui attaquent ordinairement les feuilles coriaces de certains arbres et leurs rameaux. Il a surtout mentionné une espèce du genre Antenaria elœophila qui couvre les feuilles des oliviers d'une croûte noire, dont l'effet est d'interrompre les fonctions de la respiration, et son nouveau genre Capnadium qui produit les mêmes phénomènes sur les feuilles des oran- gers. M. Rayer ayant reçu de Nice une caisse remplie de ces deux champignons parasites, M. Montagne a profilé de cette occasion pour les mettre sous les yeux des membres de la Société et leur expliquer tout à la fois les différences caracté- ristiques des deux genres et l'effet commun qu'ils déterminent sur les végétaux en question. COMPTE RENDU DES SÉANCES r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1852; Par M. le Docteur VERNEUIL, secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Embryologie. ÉTUDES SUR LE DISQUE PROLIGÈRE AVANT LA FÉCONDATION DE l'OVULE ; par le dOctCUr Verneuil, prosecteur de la Faculté, etc. La vésicule de de Graaf est composée, comme on le sait, de deux tuniques concentriques : l'une, la plus externe, est épaisse, résistante, comme fibreuse, parcourue par des vaisseaux abondants, tandis que l'autre, mince, hyaline, fragile et translucide, est immédiatement en rapport avec le contenu liquide de la vc- 106 sicule. Sa face interne est revêtue par une couche de cellules épiihéliales circulaircb ou polygonales d'un petit diamètre, très-transparentes, munies d'un noyau, fine- ment granulées, offrant en un mot une certaine ressemblance avec les revêtements d'épithéiium pavimenteux de certaines muqueuses. Celte couche porte le nom de membrane granuleuse. D'après les auteurs, les cellules qui la composent s'accumulent vers un point de la circonférence de l'œuf pour donner naissance à un épaississement désigné sous le nom de cumulus proliger. Au centre de cet agrégat se trouve l'œuf auquel ce cumulus sert tout au moins de moyen de fixité, d'atmosphère protectrice. D'après ce qu'on en dit gé- néralement , l'ovule serait suspendu au milieu des cellules précitées , sans que celles-ci affectassent par rapport à lui de disposition particulière; c'est ainsi du moins qu'on le représente dans les planches d'embryologie. 11 est, comme on le sait, difficile, sur des ovaires de l'espèce humaine, de retrouver l'ovule dans la vésicule graafeenne. J'ai donc cherché à répéter ces observations, moins pour trouver du nouveau que pour m'assurer de l'état des choses. J'ai fait porter mes premières investigations sur l'ovaire de la jument, et cet examen m'a tout d'abord révélé une particularité qui ne me semble pas dénuée d'im- portance. Au commencement de ce mois, je pris à Alfort deux ovaires de jument et me mis en devoir de rechercher l'ovule. J'essayai vainement de le trouver dans plu- sieurs vésicules de de Graaf du volume d'une petite aveline et faisant plus ou moins saillie à la surface de l'ovaire; la difficulté de reconnaître l'œuf au milieu du liquide est plus grande qu'on ne pourrait le croire tout d'abord; enfin ayant mis à découvert au centre de l'ovaire une vésicule du volume d'un pois, je parvins à diviser la tunique externe et à extraire sans déchirure la tunique in- terne avec son contenu sous forme d'une petite ampoule jaunâtre et transparente; j'en fis l'ouverture sous le champ du microscope et pus parvenir heureusement à rencontrer l'ovule. Indépendamment de ce corps, le liquide renfermait : 1" un assez petit nombre des cellules de la membrane granuleuse libres et nageant dans le liquide ; 2° de larges plaques formées par des lambeaux de cette même membrane, constituées par des accumulations de cellules et flottant dans le 11- (luide, comme les glaçons dans une rivière qui charrie (1). Je m'attendais à ren- contrer l'ovule perdu au milieu d'un assemblage plus considérable de ces cel- lules; il en était autrement. Cet ovule, en effet, était très-distinctement entouré par des cellules qui par leur forme et leur groupement airectaient une disposi- tion très-régulière et qu'on ne pouvait attribuer au hasard. Allongées, pyriformes, elles étaient placées bout à bout au nombre de quatre ou cinq et formaient des (1) Je ne veux pas dire par là que la couche granuleuse soit ainsi fractionnée flans la vésicule de de Graaf quand celle-ci est intacte, maisque, moins heureux que Bischoff, j'ai toujours déchiré cette membrane en ouvrant l'œuf. 107 séries longitudinales et rectilignes, toutes peipondicuiaiies à la suiface lic l'œul comme les rais d'une roue sont perpendiculaires au moyeu central. Ces séries de cellules offraient toutes la forme d'une massue effilée à ses deux extrémités; elles présentaient rigoureusement la même longueur, les mêmes dimensions et serrées les unes contre les autres , elles constituaient avea l'ovule une figure très-ana- logue à une fleur radiée parfaite ou à l'image du soleil entouré de ses rayons. Ces cellules, d'autant plus petites qu'on les examinait plus près de la membrane vitelline, offraient une certaine ressemblance avec le reste des cellules de la membrane granuleuse; cependant elles s'en différenciaient non-seulement par leur forme allongée et leur groupement, mais encore par leur volume plus con- sidérable et par une coloration jaunâtre très -marquée. Tout autour de l'œuf, dans le liquide ambiant, nageaient des cellules libres ou groupées provenant des débris de la membrane granuleuse ; mais ces dernières ne paraissaient pas paiticulièrement groupées autour de l'appiueil que j'ai décrit plus haut et qui était véritablement tout à fait libre et distinct. Ajoutons que l'ovule que j'ai observé se composait d'une membrane vitelline très-distincte et d'un vitellus contenu ; mais je n'ai pu y reconnaître ni la vésicule germina- trice ni la tache de Wagner. Cette observation, que je me propose d'étendre à d'autres espèces animales, me paraît importante et mériter quelques développements. L'auréole de l'ovule est connue depuis Baër, qui l'a étudiée avec le plus grand soin et l'a désignée sou& le nom de disque proligère; il l'a décrite comme un corps discoïde parfaitement isolé, régulièrement circulaire, fortement adhérent à l'ovule et accompagnant ce dernier jusque dans sa migration dans la trompe; c'est par une confusion, involontaire, sans doute, que les auteurs modernes (voir Longet, Phys. généra- tion, p. 70) ont confondu le disque proligère avec le cumulus prohger. Je suis moi-même tombé dans celle erreur (Phécis d'embryologie, 1862). Baër, qui a toujours soigneusement distingué ces deux parties, semblait regarder la pre- mière comme une véritable annexe de l'ovule, et la seconde seulement comme un cpaississement de la membrane granuleuse. Cependant de Baër, dont j'ai lu avec soin le travail traduit par Breschet, ne semble pas avoir assigné de caractère particulier aux cellules qui composent le disque pioligère; il faut arriver jusqu'au beau travail de Martin Barry pour voir figurer cet organe comme distinct et doué de caractères morphologiques particuliers. En jetant les yeux sur la deuxième planche de son travail (Ova FBOM THEOVARV AFTER FECUNDATION, PhILOS. TRANSACT., 1840, pi. 22, p. 592), On y voit l'ovule représenté avec son disque proligère, fig. 173, 179, 181, et pi. 26, fig. 195, qui offre tous les caractères que nous venons de décrire dans l'ovule que nous avons observé, c'est-à-dire im remarquable groupement de cellules qui conslilue à la périphérie de l'ovule une auréole radiée très-remarquable. Martin Barry appelle tunique granuleuse la couche de cellules qui entoure immédiate- ment l'ovule ; mais il pense que cette disposition radiée ne se rencontre qu'après i08 la fécondation, dont elle constitue un des caractères anatomiques. Cette dernière assertion du physiologiste anglais ne nous paraît pas inattaquable, comme nous chercherons à le prouver tout à l'heure; nous observerons même que, dans sa iig. 173, l'ovule qui a déjà son disque radié présente encore la vésicule germi- natrice, ce qui fait douter que cet œuf ait été fécondé, la disparition de cette vésicule s'elTectuant dés que la fécondation est accomplie. De son côté. Bischoff a rencontré également l'apparence du disque proligère telle que l'a figuré Barry; il a même représenté quelque chose de semblable, pi. Jl,fig. 15 de l'atlas annexé au Traité d'embryologie de I'Encyclopédie ANATOMiQUE ; mais cu 06 poiut commc en d'autres il est en dissidence avec l'au- teur anglais. b'abord (p. 8) il admet que dans la vésicule de de Graaf les cellules de la membrane proligère sont plus nombreuses et plus serrées autour de l'ovuleque dans tous les autres points, qu'elles y sont même unies plus intimement tant entre elles qu'avec ce dernier, ce qui fait qu'elles l'accompagnent lorsqu'il sort de la vésicule de Graaf; en un mot il admet bien un disque proligère, mais sans reconnaître de forme et de groupement particuliers aux cellules qui le composent; puis il ajoute : On voit d'après cela que la couche granuleuse [tunita granu- losa de Barry) n'a point de limites précises à l'extérieur, qu'elle paraît tout à fait irrégulière, et qu'on ne peut la décrire comme une membrane particulière de l'œuf. Lorsque plus loin (p. 530 et suivantes) il s'occupe de l'œuf arrivé à maturité, • il soutient encore que le disque proligère n'a point de limites, qu'il n'est » autre chose qu'une agrégation irrégulière des cellules delà membrane granu- » leuse et qu'on ne saurait attribuer aucune importance aux prolongements » irréguliers qu'il présente, et qui semblent résulter de la déchirure irrégulîère M de cette membrane granuleuse. » Pourtant, p. 574, en parlant des changements que subit l'œuf après l'accou- plement, il se rattache jusqu'à un certain point à l'opinion de Barry. Il ad- met, comme lui, qu'alors le disque proligère prend une apparence distincte due surtout à des changements survenus dans la forme des cellules qui le composent. «1 Elles sont devenues, dit-il, plus grosses, plus transparentes, le noyau y est 1) plus prononcé ; elles tiennent davantage les unes aux autres, de manière qu'à » Vouverture des follicules elles ne se dispersent plus dans son liquide, mais » que la membrane sort en bloc sous la forme d'une masse gélatineuse et très- B visqueuse. Ces cellules sont garnies d'une queue ou allongées en une pointe » fine, en sorte qu'elles ressemblent à de petits matras dont tous les cols posent • sur la zone (membrane vitelline).... » L'ovule acquiert par là une apparence toute radiée. Cet aspect est constant chez les chiennes et les lapines, et comm»' Barry a observé le nirme phénomène, on peut le considérer comme général ci certain. ?1 nullité de ces citations longues, mais nécessaires, que liarvy et Bischotloiii 109 (il)Servé l'aspect radié de l'œuf de la lapine quand cet œuf était arrivé à maturité et avait été soumis à la fécondation ; mais que ces deux savants difTèrent en ce point qu'avant la fécondation le premier admet avec Baër l'indépendance du dis- que proligère, tandis que le second le croit irrégulièrement constitué par une adhérence un peu plus intime des cellules granuleuses qui avoisinent l'ovule. L'observation qui m'est propre complétera peut-être leurs opinions. L'ovule entouré d'un cercle radié que j'ai observé appartenait à une vésicule si peu développée, si profondément cachée dans le centre de l'ovaire, qu'il est physiquement impossible d'admettre que cet ovule ait pu être fécondé. 1° Je dirai donc avec Barry : Le disque proligère est un organe distinct du cu- mulus proliger et de la membrane granuleuse; il est régulièrement disposé, il est libre et forme une tunique particulière à l'ovule; en ceci je suis opposé à Bischolî. 2° Mais cette apparence radiée est indépendante de la fécondation, et comme Bischoff ne l'a pas rencontrée dans les vésicules de de Graaf sans accouplement, elle n'existe pas toujours ou pour mieux dire à toutes les phases de l'exi^^tence de l'ovule. S"» C'est sous l'influence de l'accouplement que ces deux auteurs l'ont observée, ou au moins, suivant Bischoff, lorsque les ovules sont mûrs: je suis donc porté à croire que la forme particulière des cellules du disque indique non pas la fé- condation de l'ovule, mais sa maturité. 4* Pour moi l'ovule peut, sans subir l'influence du mâle, se développer com- plètement, et l'aspect radié du disque n'étant qu'un signe de maturité n'exige pas la fécondation. Cette évolution spontanée de l'ovule, les modifications que lui et son enveloppe éprouvent est un fait aujourd'hui prouvé, et M. Coste a démontré entre autres que la vésicule germinative disparaissait d'elle-même lorsque l'œuf était à maturité. 5» Le disque proligère n'est point un simple groupement de cellules, c'est une membrane distincte, comme le pense Barry. Je le considère comme le pre- mier annexe de l'ovule, temporaire comme les autres annexes du germe; mais jouant un rôle particulier qui pour être encore inconnu à ce jour ne m'en paraît pas moins très-admissible. On trouvera peut être que j'ai été bien loin avec un seul fait ; mais mon obser- vation est entourée de toutes les garanties nécessaires, et d'ailleurs mes conclu- sions reposent soit sur une logique sévère, soit sur des notions qui tendent de jour en jour à être généralement admises. II. — Physiologie animale. RECHERCHES SUR LA GÉNÉRâTION DES HUÎTRES; par M. DaVAINE. M. Davaiae rend compte de nouvelles recherches qu'il a faites sur la gêné- , •^CAt/ *^^ 110 valion des huîtres. Il risulle do ces recherches que l'huître est hermaphrodite. Le même organe produit les œufs et les zoospermes. Les éléments de l'ovaire et du testicule se trouvent, dans cet organe, tellement mêlés et confondus qu'il est impossible de les isoler par la dissection. Les cellules spermatogènes, ainsi que les œufs, sont rassemblés par petits amas qui ne peuvent être distingués qu'au moyen du microscope. Dans la glande ovo-spermagène, les zoospermes et leurs cellules de dévelop- pement apparaissent en premier Heu ; ils sont réunis d'abord en groupes, fa- ciles à reconnaîlre par l'auréole qui les entoure, et qui est produite par les tila- ments agités des zoospermes. Les œufs se développent plus tard. Tant qu'ils n'ont pas atteint 2 dixièmes de millimètre de diamètre (mesure prise lorsqu'ils sont légèrement comprimés entre deux lames de verre), on trouve constamment avec eux des groupes de zoospermes et des cellules de développement. Mais lorsque les ovules ont at- teint un diamètre de 2 dixièmes de millimètre, les zoospermes commencent à se désagréger et les cellules de développement disparaissent. Bientôt on ne trouve plus que des zoospermes isolés. Dans cet état, il est difficile de constater leur présence; cependant, avec un jour favorable et en les colorant par une so- lution d'iode, on peut quelquefois voir leur filament, On doit observer que la présence des zoospermes ne devient difficile ou impossible à constater que lors- que les ovules ont acquis tout leur développement et qu'ils sont aptes à être fécondés. Avec des œufs qui ont moins de 2 dixièmes de millimètre de diamètre, on trouve toujours des zoospermes réunis en groupe. La fécondation des œufs s'opère dans l'ovaire. Les premiers phénomènes ap- préciables alors sont raugmenialion de consistance de la membrane vitelline, qui rend l'énuclealion de l'œuf beaucoup plus facile ; la disparition de la vési- cule germinative, et, pour un certain nombre d'œufs au moins, un commence- ment de fractionnement. Après ces premiers changements, la ponte s'eflectue. Les œufs passent alors entre les lobes du manteau et les lames branchiales ; ils y séjournent un certain temps, plongés dans une substance muqueuse qui les protège contre le contact immédiat de l'eau de mer, et qui est probablement nécessaire à leur évolution. L'ovule subit, dans cet endroit, les périodes du fractionnement et passe à l'état de larve. Celle-ci se meut au moyen d'un appa- reil transitoirecouvertdecilsvibraliles. Cet appareil locomoteur tombe après un certain temps, et la larve peut être regardée comme au terme de son évolution. Alors néanmoins la petite huître diffère encore, sous plusieurs rapports, de ce qu'elle est à l'état parfait. En même temps que s'accomplit entre les lobes du manteau et les lames branchiales l'évolution de l'œuf et de la larve de l'huître , la glande ovo-sper- magène éprouve des changements qu'il est intéressant de suivre. Tant que les œufs (placés entre les lames branchiales) n'ont subi que les premières phases du fractionnement, on ne rencontre ordinairement dans la glande ovo-sperma- 111 gène ni zoosperiues ni œuls en voie de f'ormalion. Mais des groupes de cellules de développement des zoospennes ne tardent pas à paraître, de petite dimension d'abord et très-pâles. Bientôt ces cellules se multiplient, s'accroissent et se ca- ractérisent ; en même temps l'on aperçoit des groupes de zoospermes pâles, à mouvements lents, quelquefois peu appréciables. Ces cellules et ces zoosper- mes se rencontrent toujours dans la glande ovo-spermagène, lorsqu'au dehors les larves commencent à oflrir des cils vibratiles. A l'époque où ces larves of- frent un développement presque complet, et lorsqu'elles sont sur le point de perdre leur appareil locomoteur, les zoospermes, dans la glande ovo-sperma- gène, sont bien développés et ont acquis des mouvements très-vifs. Une fois M. Davaine a trouvé dans cette glande des zoospermes bien formés et des œufs en voie de développement, pendant qu'entre les branchies l'on voyait des larves très-avancées. Il est donc probable que l'huître effectue plusieurs pontes dans l'année. III. — Physiologie végétale. RECHERCHES SUPi LA COMPOSITION DES SUBSTANCES SOLUBLES EXTRAITES DES TERRES FERTILES; par MM. VeRDEIL et RiSLET. Ces recherches présentent un grand intérêt au point de vue de la physiologie végétale; elles éclairent la question de la nutrition des végétaux, en même temps qu'elles peuvent guider dans les applications à la culture. Nous ne don- nerons qu'un aperçu sommaire de ce travail, qui renferme des tableaux résul- tant d'analyse chimique exacte, et dont nous avons cherché seulement à repro- duire l'esprit. M. Verdeil communique à la Société le résultat de ses recherches sur les ma- tières solubles tirées de divers échantillons de terres fertiles qui lui ont été adressées par l'Institut agronomique de Versailles. Les points les plus impor- tants de ce travail intéressant tendent à prouver : l" que les terres fertiles ren- ferment un principe extractif soluble, provenant de la décomposition continuelle des débris végétaux ; 2° que la composition de cet extrait est analogue à celle de la cellulose , de la pectine , du sucre , etc., etc. On y trouve , en eOet , en moyenne : Carbone 39,5 Hydrogène 7,9 L'azote s'y rencontre également, mais à l'étal de sel ammoniacal : on en trouve en moyenne 1,75 ; 3" que ce! le substance jouit de la remarquable pro- priété de rendre soluble une grande proportion de silice et de carbonate de chaux, qui peuvent par celte voie pénétrer dans les végétaux ; ti° que cette sub- stance, continuellement formée, se décompose et forme de l'acide carbonique, si elle n'est point utilisée par la nutrition des végétaux. 112 Ces recherches sont d'un graud poids dans la discussion encore pendante de la nutrition des végétaux, et permettent d'allîrmer que les plantes ne se nour- rissent point exclusivement des produits empruntés à l'atmosphère, mais qu'elles trouvent des aliments tout préparés dans le sol où elles végètent ; il reste à savoir comment cet extrait pénètre dans les plantes. Deux opinions sont en présence : les uns, avec Berzélius, admettent dans le terreau un corps particu- lier dont les chimistes ont fait un acide ou un corps neutre, et qui a été désigné sous le nom d'acide ulmique, ou humique, ou d'ulmine. Ce corps serait direc- tement absorbé par les plantes. Les autres, avec Liébig, tout en reconnaissant l'existence de cette substance, pensent qu'elle n'est jamais absorbée directe- ment par les racines , et qu'elle ne nourrit les plantes qu'après s'être dé- composée et avoir donné naissance à l'acide carbonique, qui seul est as- similé. La première de ces opinions est la vraie. Les plantes absorbent un principe immédiat qu'on peut retrouver dans leur intérieur; seulement ce principe n'est point un acide : c'est un coi ps neutre isomère du ligneux, de la cellulose, etc. , etc., et qui entraîne avec lui une grande quantité de substances insolubles, comme la silice et le carbonate de chaux, qui doivent leur solubilité insolite à leur mé- lange avec un composé organique. Cette action remarquable n'est pas, du reste, un fait isolé : on sait , en effet , que l'eau sucrée dissout très-bien les sels de chaux. C'est là, suivant M. Rayer, le point le plus important de ces recherches. MM. Verdeil, Robin et Segond sont amenés par cet exposé à la question des engrais artificiels, sur lesquels on avait fondé beaucoup d'espérance, et qui n'ont donné presque aucun résultat. L'absence de principes organiques dans ces pro- duits explique bien toute leur inefficacité. • IV. — Helminthologie humaine. On sait depuis longtemps que les helminthes sont fréquents dans les pays chauds; il est même certaines espèces qui ne se rencontrent guère que dans les contrées méridionales, la tilaire, par exemple. Celte observatidn vient d'être confirmée dans un travail intéressant publié par le docteur Bilharz (du Caire). L'auteur y signale l'extrême fréquence des vers dans cette contrée; il décrit surtout une maladie curieuse causée par la présence de distomes contenus dans les excroissances fongueuses de la muqueuse vésicale. M. Bilharz établit également l'existence d'hématozoaires dans le sang hu- main, fait qui n'avait pas été aulhentiquemenl observé jusqu'à ce jour. M. Hiflelsheim a fait de ce travad une analyse consciencieuse, que nous re- produisons. Les helminthes , et particulièrement les nématodes , existent très-fréquem- menl chez los populations indigènes du Caire. 113 Il D'est pas rare de rencontrer sur un inéuie sujet une réunion de strongles duodénaux (ancyclosl.), d'ascarides lombricoïdes, de tricocéphales, d'oxyures vermiculaires, au nombre d'un millier. Le vmia est tellement fréquent en Abyssiuie que son absence constitue une anomalie. L'esclave, au moment où on le vend, reçoit toujours une forte provision de cousso. Le strongle intestinal se rencontre particulièrement dans le repli de la mu- queuse spinale. Il s'y implante fortement, et sur le point d'adbérence se produit une ecchy- mose lenticulaire, blanche au centre, et percée d'un trou qui fait communiquer la surface interne avec le tissu cellulaire sous-muqueux. Souvent on trouve en- tre ces deux couches un helminthe gorgé de sang, et qui produit une légère saillie dans le canal. La capsule buccale, cornée, range cet animal parmi les scléroslomes ; d'au- tre part, la disposition asymétrique de ses dents le distingue des autres strongles. J'arrive maintenant à la partie la plus importante de la communication : je veux parler des hématozoaires trouvés sur l'homme. Jusqu'à présent il n'existe pas de cas bien avéré de la présence d'hémato- zoaires chez l'homme. Le fait était regardé comme probable par M. Chossat, dans l'excellente thèse que lui inspira M. Rayer; mais les faits n'étaient pas assez positifs jusqu'ici. Après ma communication, il ne restera plus de doute dans votre esprit. Le docteur Bilharz, en ouvrant la veine porte, aperçut un animalcule qu'il prit d'abord pour un nématode ; mais après l'avoir relire du sang et soumis au microscope, il le reconnut pour un distome. Cet individu a un corps aplati et une queue qui mesure dix fois environ la longueur de celui-ci. La queue est canaliculée, et renferme un petit trémalode qui' est la femelle du mâle, qui l'enveloppe dans son appendice comme dans une gaîne. Les ovaires, les œufs qu'il renferme, ne permettent aucun doute à cet égard. Les organes génitaux du mâle sont moins disiincls, et on n'y a pas découvert de spermatozoïdes. Avant d'aller plus loin, permettez moi de vous donner les principaux carac- tère de ce disiome et de sa femelle: Le distomum hœmatolium a les sexes distincts. Le corps du mâle, blanchâtre, filiforme, supérieurement convexe, aplati eu bas, est lisse à sa surface. La queue a neuf fois la longueur du corps ; el!e est parcourue par un canal médian. La bouche, triangulaire, se continue avec un pharynx non musculaire. Le 8 114 pore génital est i^itué entre le canal abdominal et l'exlrémité caudale, ou le gynécophore. La femelle, de forme diflérente, est bien plus petite. Le corps est comme ru- hané, un peu transparent. La queue n'offre point de canal. Le port génital est uni au bord postérieur du canal abdominal. La longueur de ces individus est de 3 5 û lignes ; mais le mâle dépasse de beaucoup la femelle. 11 est propre à l'Egypte. On l'a trouvé dans la veine porte et ses branches. Dans les veines mésaraïques, dans les hépatiques, les intestinales et la Hé- nale, on a toujours rencontré les mâles avec la femelle dans le gynécophore. En faisant l'autopsie d un enfant mort de méningite, on découvrit à la sur- face interne de la muqueuse vésicale des excroissances molles, fongueuses, ren- fermant du sang extravasé. Ces excroissances, dit l'auteur, sont aussi rares en Europe que fréquentes en Egypte. Souvent elles se recouvrent d'une croûte saline qu'y dépose l'urine, Ces fongosités étaient creusées de plusieurs cavités communiquant entre elles; il s'y trouvait un grand nombre de mâles du distome, avec le gynéco- phore garni d'une femelle. Celles-ci avaient l'ovaire rempli d'œufs. Là où ces fongosités allaient se développer, la muqueuse était chargée d'un amas de mu- cus visqueux enveloppant une masse d'œufs du disiome. Le docteur Lautner a également observé la présence de ces œufs dans les ex- croissances de la vessie. Enfin il trouva, dans une autre circonstance, cet helminthe, et qui n'est point rare, à ce qu'il paraît. En examinant l'intestin d'un sujet mort de dyssenterie , voici ce qu'il trouva : La muqueuse était hypertrophiée depuis le milieu du colon transverse jusqu'à l'anus, très-injectée et recouverte d'un mucus rougeâtre. La muqueuse était soulevée et détachée du tissu celiulairesous-jacent, couverte d'érosions, surtout au niveau de l'S romaine et du rectum. En enlevant la muqueuse, on découvrit des amas d'œufs. La muqueuse, les intervalles des glandes de Luberkuhn, les capillaires , en étaient remplis. La vessie, fongueuse chez ce même sujet, eu renfermait également. Le docteur Bilharz a vu de ces œufs se transformer, se développer et éclore sous ses yeux. Au bout d'une heure de séjour dans l'eau, les mouvements cessaient et les helminthes s'y dissolvaient assez souvent. L'auteur a trouvé au milieu des œufs des enveloppes, qu'il est tenté de considérer comme des cocons dont l'animal s'entourerait avant d'éclore. Le professeur Griesinger y a, d'ailleurs, rencontré les œufs chez un sujet dyssentérique. Ces œufs seraient les analogues de ceux des fursellariens. La fréquence des distomes, chez les sujets dyssentériques, inspire à l'auteur iii {«"wsée d'un rapprochement avec l'acarus. 115 V. — Anatomie pathologique. TUMEUR FIBREUSE DE L'OVAIRE DROIT; ASCITE ; PONCTION AVEC INJECTION D'EAU ALCOOLISÉE DANS LE PÉRITOINE; MORT; oVjscrvation recueillie dans le service de M. JoBERT (de Lamballe), par M. Blin, interne. La nommée Baudouin, âgée de 43 ans, est accouchée pour la première fois à l'âge de 29 ans. Cinq ou six jours après l'accouchpment, apparition d'une tu- meur du volume d'un œuf de pigeon, au-dessus du ligament de Fallope. Pen- dant quatre ans la tumeur s'accroît lentement; elle acquiert le volume du poing. La malade eut alors un deuxième accouchement qui fut heureux. La tu- meur s'accrut toujours lentenienl jusqu'à l'àgc de 42 ans, époijue à laquelle les règles disparurent. Dans cette dernière année, l'accroissement fut beaucoup plus considérable, et il survint une ascite qui nécessita une ponction quinze jours avant l'entrée de la malade. Au moment de l'entrée à l'Hôtel-Dieu (IG juin), le liquide s'est déjà reproduit dans le péritoine; la santé générale s'altère, la face est amaigrie, les membres inférieurs sont œdématiés. La palpalion de l'abdomen, dénote, en exerçant une certaine pression qui refoule le liquide ascitique, la présence d'une tumeur irré- uulière, bosselée, qui remonte jusqu'à 0,1 environ au-dessous de l'ombilic. Le toucher vaginal fait reconnaître en arrière du col utérin une tumeur arrondie d'une dureté cartilagineuse. Quelques jours après l'entrée de la malade, M. Jobert de Lamballe pratique la paracentèse, et après avoir laissé écouler une portion de la sérosité épanchée dans le péritoine, il fait une injection avec le liquide suivant : Alcool 60 grammes Eau distillée .... 500 — L'écoulement du liquide arrêté pendant un quart d'heure est ensuite repris jus- qu'à complète évacuation. Après la ponction, douleurs de ventre peu intenses. Pas de réaction générale. Les jours suivants, l'ascite se reproduit rapidement. Bienlôl apparaissent des vomissements et de la diarrbée qui cessent d'abord et reprennent à partir du 1" juillet avec intensité jusqu'à la mort (7 juillet). Pas de sensibilité du ventre à la pression. Autopsie le 9 juillet. — Le péritoine vésical et pariétal très-congestionné ; flocons albumineux qui recouvrent les anses intestinales. La tumeur du ventre est tout à fait indépendante de l'utérus, en arrière et à droite duquel elle est développée. Au premier abord, elle semble isolée de l'ovaire, et en arrière de la trompe du côté droit on trouve dans le ligament large un certain épaississe- ment qui paraît être le vestige de l'ovaire atrophié par la compression. Mais, d'un autre côté, on voit manifestement que la tumeur est fixée à l'utérus par un 116 ligament qui correspond parfaitement au ligament de l'ovaire du côté opposé. Celte tumeur est pyriforme, à grosse extrémité tournée en haut, et présente quelques bosselures , elle pèse 3 k. 600 g. A la coupe on la trouve formée en ma- jeure partie par du tissu fibreux; vers la partie inférieure, ce tissu acquiert une densité et une dureté cartilagineuse; vers la partie supérieure, il présente un certain degré de ramollissement, et on trouve même plusieurs petits kystes qui •varient depuis le volume d'un pois jusqu'à celui d'une noisette. Au centre de la tumeur existent de plus des masses fibrineuses contenues dans des cavités vastes et régulières. On peut supposer qu'il s'est fait des hémorrha- gies à l'intérieur de kystes préexistant. M. Yerncuil a étudié cette tumeur au microscope ; il l'a trouvée formée d'un tissu filireux très-dense. L'existence des foyers hémorrhagiiiues a été également facile ù reconn;iilre. Des caillots fibrineux compactes, des glubuies sanguins altérés formaient ces masses, dont l'asppct tranchait sur celui du reste de la tumeur, VI. — Pathologie chirurgicale. 1° CANCER INFILTRÉ DU CORPS DE L'DTÉRUs; KYSTE MULTIPLE DE L'OVAIRE; RUP- TURE DE l'un d'eux ; PÉRITONITE suRAiGUE ; MORT ; Observation recueillie dans le service de M. Jobert (de Lamballe), par M. Dufour, interne. La nommée Marquaille, âgée de û2 ans, journalière, entre le 4 mai 1852, salle Saint-Maurice, n° 34. Réglée à 14 ans, mariée à 15, devint mère à 19 ans, puis à 20 ans; à 31 ans, troisième grossesse, fausse couche quelques mois après, rétablissement complet de la santé, qui resta bonne jusqu'à 40 ans. A cet âge apparurent des troubles divers du côté de la menstruation ; à la suite de perles abondantes, la santé générale s'altéra, la peau prit une teinte jaunâtre caractéristique, des douleurs presque continues se manifeslèrent à l'hypogas- ireel dans la région inguinale droite. Quelques jours avant son entrée, une tumeur globuleuse se montra au-dessus' de l'arcade crurale du côté gauche, et tous les accidenls augmentèrent, A son entrée à l'hôpital, M. Jobert reconnut, au-dessus des pubis, une tumeur pyri- forme rappelant la situation et la forme de l'utérus parvenu au quatrième mois d'une grossesse ordinaire, mate à la percussion, légèrement inégale à sa surface. Celte tumeur est distincte d'une seconde tuméfaction située à gauche, au-dessus du ligament de Fallope; celle seconde tumeur rénilenle au centre, empâtée à la circonférence, mate dans toute son étendue, présente une fluctua- lion obscure dans son point le plus culminant. La pression y provoque des dou- leurs irès-vives. La surface du col utérin est complètement intacte, mais son ftritke enlr'ouverl laisse écouler un mélange de sang et de pus. On diagnostique un cancer limité au corps de l'utérus, et une tumeur sié- geant à gauche dans les annexes de l'utérus ; l'f lat de la malade s'aggrave de 117 jour en jour, l'ulérus esl le siège de douleurs vives, lancinantes, ou bien de «onlraclions semblables à celles de raccoudiemenl, Ln lumeur du côté gauche augmente ra|)idenient de volume; la fluctuation y est plus franche; mais le 23 mai, elle s'all'aisse, et en même temps apparais- sent les symptômes d'une péritonite foudroyante. La mort survient dans la journée. Autopsie. — Le péritoine est le siège d'une inflammation générale; on vérilic l'exactitude du diagnostic relativement à la lumeur médiane, qui est constituée par le corps de l'utérus ; la lumeur de la fosse iliaque gauche est due à l'ovaire, qui est le siège de kystes multiples, et qui adhère fortement à la partie posté- rieure de la matrice. Le plus élevé des kystes ovariques, transfermé en poche purulente, s'est rompu à sa partie supérieure, et l'épanchemenl de son contenu a été le point de départ de la péritonite ; à droile, l'ovaire et la trompe sont sains, mais maintenus par des adhérences dans le cul-de-sac reclo-utérin. L'ulérus présente le volume d'une grosse orange, sa face externe est lisse, sa face in- terne fongueuse, recouverte d'un putrilage infect, donne naissance à sa partie antérieure à une masse molle et réduite en putriiage; la coupe des parois uté- rines donne au raclage u» suc lactescent abondant, miscible à l'eau. Le mi- croscope y découvre une énorme quantité d'éléments cancéreux et surtout de noyaux ; néanmoins l'apparence iibroïde du tissu utérin est encore appréciable, et il est facile de voir qu'il s'agit surtout d'une inliltration cancéreuse ayant dissocié les fibres de la matrice. En certains points, le produit morbide s'est aggloméré en petits foyers ramollis, dont l'un communique avec le kyste ova- rique rompu, l'autre avec la cavité d'une grosse veine utérine dans laquelle se prolonge le tissu cancéreux. Le col utérin ne participe point à cette altération ; les ganglions lombaires ne sont point engorgés. L'observation de M. Jobert est intéressante à plus d'un titre. Je signalera» l'existence d'un cancer du corps, sans altération du col, comme un fait rare. Les chiflres manquent pour préciser le rapport de fréquence entre les lésions organiques des deux segments de l'utérus; mais il est bien remarquable qu'elles respectent aussi souvent les limites de deux parties contiguës, quoique physio- logiquement assez distinctes. Tout porte à croire que le cancer a débuté par la muqueuse utérine, qui of- frait encore en un point limité les vestiges d'un champignon cancéreux trés-dè- veloppé. Quoi qu'il en soit, la lésion, en se propageant, avait pris la forme in- filtrée sans détruire l'apparence particulière du tissu utérin. D'un autre côté, des kystes se sont développés dans l'ovaire ; nous regrettons de ne pas savoir dans quel état était le parenchyme de celte glande entre les divers kystes; l'ovaire était-il cancéreux ? ou bien les deux lésions étaient-elles indépendantes ? Nous ne partageons pas les opinions de Delpech sur l'influence du cancer sur la production des kystes; toutefois, nous aurions désiré quelque éciaircissement sur la marche des deux maladies. Quant à l'issue funeste, ells 118 nous oU're un exemple remarquable de la lerminaisoa des kystes par intlam- malion, sécrétion purulente intérieure et rupture, ce qui s'accorde bien, du reste, avec les idées que nous nous faisons de l'évolution pathologique de ces productions. Notre rôle de commentateur ne peut s'étendre plus loin, nous signalerons seulement, en passant, les difficultés d'un diagnostic précis relativement à la tumeur de la fosse iliaque gauche ; on pouvait, au lieu d'un kyste ovarique, croire tout aussi aisément à la formation de ces abcès de voisinage qui ne sont pas très-rares autour des cancers avancés. La double communication du foyer cancéreux avec la collection purulente du kyste, avec une veine utérine et cette absence insolite d'engorgements gan- glionnaires voisins sont des particularités intéressantes. La dernière surtout explique peut-être comment il n'y avait pas, dans l'économie, d'autres foyers cancéreux. La malade n'a donc point succombé à l'infection spécifique, mais bien à une complication fortuite. VII. — VÉGÉTAUX PARASITES. i" MALADIE DU BLÉ CAUSÉE PAR DEUX CRYPTOGAMES, L'UREDO GLUMARUM ET LA PUCCINÉE DES GRAMINÉES ; par M. MONTAGNE. Dans sa séance du 7 juillet , la Société centrale d'agriculture a reçu de M. Barrai communication d'épis de blé atteints d'une sorte de rouille, qui ont été renvoyés à mon examen. Ce blé avait été pris dans les environs de Ver- sailles. C'est l'intérieur des glumes qui est attaqué ; on y remarque de petites taches d'un beau jaune orange et d'autres d'une couleur brune. Ces taches, orbicu- laires, ont environ un tiers de millimètre de diamètre, mais deviennent un peu plus grandes par confluence. Les premières ou les jaunes sont formées par les pustules d'un uredo glumarum, espèce heureusement rare et encore fort peu connue. Ses spores, d'un jaune d'or, recouvrent le cariopse ou le grain de blé d'une poussière abondante. Les taches brunes sont causées par la présence, in- solite en ce lieu, de la puccine des graminées. La forme de ces taches, qui sont rondes et confluenles, au lieu d'être longuement linéaires, comme quand ce parasite attaque les feuilles, en fait une variété remarquable, sinon une espèce dillérente. L'identité des spores dans le type et la variété me dissuade de la re- garder comme distincte. Les épis atteints de ce mal, qui règne malheureusement dans beaucoup d'au- tres localités, sont décolorés, et le grain ne prend pas de nourriture; son dé- veloppement est arrêté, mais il n'est pas attaqué directement. Cette maladie, comme on peut le concevoir, ne comporte aucun remède. Comment agir à l'intérieur des enveloppes closes du blé? Elle est duc à la sai- 119 son, d'abord pluvieuse, puis devenue excessivement chaude dans ces derniers temps. 2* SDR Là COLORATION ROUGE DES SDBSTANCBS ALIMENTAIUKS PAR LA PRÉSENCE DU MONAS PRODIGIOSA (EHRENBERG) , PALJIELLA PRODIGIOSA (MOMAGNEJ; par M. Montagne. M. Montagne lit une note suf un phénomène curieux et extraordinaire dont il vient d'être témoin pendant un court séjour qu'il vient défaire à la campagne. Voici dans quels termes il en rend compte. « Le 14 juillet dernier, j'étais depuis quelques jours au Parquet, près de Rouen, en compagnie de M. A. Le Prévost, membre de l'Institut. La moitié d'une volaille, rôtie et découpée la veille, avait été conservée dans un garde- manger placé dans la cuisine, el conséquemment dans un milieu d'une tempé- rature encore plus élevée que celle du dehors, laquelle était d'environ 33" cent. Au moment de la servir, les domestiques s'aperçurent qu'elle était entièrement couverte d'une couche comme gélatineuse de la plus belle couleur de carmin, et assez semblable à celle de la gelée de groseille récemment faite. Comme j'a- vais connaissance des mémoires de M. Sette (1) et de M. Ehrenberg, sur la co- loration rouge des substances alimentaires, je reconnus sur-le-champ le monas prodigiosa du savant académicien de Berlin, production rare et curieuse que depuis longtemps je désirais observer. M. Rayer m'en avait bien, à la vérité, communiqué un échantillon qui lui avait été envoyé de Berlin vers 1849, mais c'est le développement spontané de la production en question, inconnue jusqu'à ce jour en France, qui m'intéressait vivement. Je plaçai sur une lame de verre une parcelle de la substance délayée dans un peu d'eau, et je l'observai avec un microscope d'une puissance médiocre, suffisante néanmoins pour constater l'exactitude de ma supposition. I) Cette production se développe, dans certaines circonstances encore inap- préciables, sur toutes les substances alimentaires qu'elle recouvre d'une sorte d'euduil gélatineux, qui, par sa couleur rulilanle, rappelle un peu celle du sang artériel. Dans le mémoire cité, M. Ehrenberg montre qu'il faut en effet rappor- ter à ce phénomène tous ces exemples de sang trouvé dans le pain, sur des hosties consacrées, etc., que l'ignorance et la crédulité des siècles reculés at- tribuaient à de coupables maléfices ou regardaient comme des prodiges de fu- neste présage. Et combien de victimes innocentes ont été immolées aux idées superstitieuses et à la barbarie qui régnaient alors ! Le phénomène est facile à produire, surtout sur du riz crevé, bien égoulté et conservé entre deux assiettes ; (1) MeMORTA STORlCO-NATtJRALKSULl/ ARROSSIMENTO STRAORPINARIO DI ALCUN5 sostanze alimentose osservato nella rRO\'iN(;iA DI Padova l'anno 1819, 120 la coloration est alors magnifique. L'échantillon que j'ai apporté a été semé par moi, et au bout de trois jours il était déjà aussi beau que possible. « La promptitude avec laquelle se produisent les êtres inBniment petits qui constituent ces taches aurait quelque utilité si, comme l'a prétendu M. Pietro Col, chimiste de Padoue, on pouvait l'employer à colorer solidement la soie en rose de plusieurs nuances. M. Chevreul m'a promis de l'expérimenter, et je m'occupe en ce moment d'en multiplier la production pour la soumettre à ses savantes investigations. » Je ne dirai plus que quelques mots sur la nature de cette singulière pro- duction. M. Sette, qui en a parlé le premier, en a fait un nouveau genre de champignon, auquel il donne le nom barbare de loogalactina imetropha. )> M. Ehrenberg, dans le mémoire cité (Acad. des sciences de Berlin, 1848) n'admet pas que ce soit un champignon, et je partage son sentiment à cet égard ; mais il en fait une monade qu'il nomme monas prodigiosa, et à la- quelle il attribue un diamètre variable entre 1/3000 et l/SOOO de ligne. Malgré cette dimension si excessivement petite, M. Ehrenberg aCSrmeque cet animal- cule est pourvu d'un suçoir plus court que le reste du corps. J'avouerai que, malgré toute ma bonne volonté, je n'ai pu réussir à voir cette espèce de trompe ou de suçoir propre aux monades. Et pourtant j'ai fait usage d'un grossissement de près de 1200 diamètres. )) Cette production qu'accompagne toujours une gangue mucilaginiforme me paraît bien mieux placée parmi les algues, dans le genre palmella, par exem- ple, dont elle a la plupart des caractères. A part l'habitat et la dimension, il y a même entre elle et le palmella cruenta, qui se plaît au bas des murs humides, une analogie, une ressemblance même qu'on ne saurait méconnaître. Ce sera donc pour moi désormais un palmella prodigiosa. » C'est à cela que je bornerai ce que j'avais à dire sur le phénomène si in- téressant de la coloration rouge des substances alimentaires, renvoyant pour plus de détails, et surtout pour l'interprétation des faits historiques curieux qui s'y rapportent, à l'excellent mémoire de M. Ehrenberg. » COMPTE RENDU DES SÉANCES r _r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'AOUT 1852; Par M. le Docteur VERNEUIL, secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Anatomie et physiologie comparée. 1* NOTE SUR LA REPRODUCTION DES SANGSUES ET SUR QUELQUES INSECTES QUI LES DÉTRUISENT ; par M- Ic docteur Bourguignon. Les sangsues sont, cemine on le sait, hermaphrodites, et pourvues de deux appareils sexuels distincts, mâle et femelle. A l'époque de l'accouplement, qui a lieu d'avril en septembre, c'est-à-dire pendant toute la belle saison, ces anné- lides se rapprochent deux à deux et appliquent l'une contre l'autre leur face rcn- 122 Irale en sens inverse, de manière que l'organe mâle de chacune d'elles corres- pond à l'oriflce femelle de l'autre. La ponte ne commence guère que vers les premiers jours «le juin. La sangsue se fraye alors un cliemin couvert de 20 à 30 centim. de loni; sur le rivage, et à une hauteur variable au-dessus du niveau de l'eau. C'est à l'extrémilé élargie de ce conduit qu'elle dépose son coron ; celui-ci résulte de la sécrétion d'une sorte de mucus qui s'opère à la ceinture. Au niveau des organes génitaux, ce mucus se consolide et forme un anneau complet autour du corps de la sangsue. Celle-ci y dépose ses œufs, puis retire son corps; l'anneau muqueux, devenu libre, éprouve un retrait vers ses extrémités, qui se ferment complètement et enveloppent ainsi dix à vingt œufs placés à l'intérieur. La sangsue sécrète en quelques heures par la bouche autour de la coque une sorte d'écume qui devient consistante, spongieuse, et complète la formation du cocon. Les cocons sont déposés de préférence sur le rivage qui reçoit le soleil du midi, puis sont complètement abandonnés à l'humidité et à la chaleur, qui mè- nent à bien, mais au bout d'un temps variable, l'éclosion des œufs. Les jeunes annélides sortent de la coque par une des extrémités qui offre moins de consis- tance que l'autre, et suivent, pour arriver à l'eau, le même chemin tracé par la sangsue mère. Le temps de l'incubation des œufs est variable, de deux à huit mois et plus -, les conditions d'humidité et de chaleur dans lesquelles les cocons se trouvent ont une grande influence sur sa durée. Comme certains accouplements, et, à plus forte raison, certaines pontes ont lieu vers l'automne, quelques cocons pas- sent l'hiver sans s'ouvrir, et ne donnent sortie aux sangsues qu'au printemps. 11 paraît même que les annélides qui ont ainsi séjourné longtemps dans les cocons sont d'une plus belle venue. Les sangsues non nourries sont généralement propres à se reproduire de trois à quatre ans; mais le nombre de celles qui arrivent à cet âse est relativement peu considérable, quand rien ne s'oppose aux causes nombreuses de destruction qui menacent leur existence. Parmi ces causes de destruction, les unes portent exclusivement ou sur les cocons ou sur les sangsues elles-mêmes. Les cocons périssent ou par inondation, quand l'eau les submerge accidentellement pendant plusieurs jours, ou sous les atteintes des insectes fouisseurs qui s'en nourrissent. La courtillière {grillotalpa) en est surtout très-avide. Entre autres insectes qui attaquent et tuent la sangsue elle-même, j'ai recueilli l'hydrophile, le dytique, le notonecta et l'aselle, du moins pour ce dernier, d'après ce qu'en a dit M. Sou- beiran flis. Vhydrophilus piceus est un coléoptère mieux organisé pour le vol et la nata- tion que pour la marche ; aussi peut-il tromper toute surveillance et s'abattre au milieu des pièces d'eau sur les plantes aquatiques, sinon pour attaquer la sang- sue, car il est plutôt herbivore que carnassier, du moins pour y filer son cocon, comme le ferait une araignée, à l'aide d'organes spéciaux situés à l'extrémité de 123 l'abdomen chez la femelle. De ce cocon sortent des larves exclusivement carnas- sières, comme toute leur organisation le démontre, et très-friandes de sangsues. Elles les surprennent au fond de l'eau ou sous les feuilles, grâce à la disposition que peut prendre leur tête en s'arquant fortement sur le dos, qui leur sert ainsi «omme de table pour dévorer leur proie. Quand la larve de l'hydrophile doit se transformer en nymphe, elle aborde le rivage, pénètre souvent par la voie déjà frayée par les sangsues, dévore les cocons «t creuse une petite cavité parfaite- ment régulière et lisse, dans laquelle elle doit passer à l'état de nymphe, puis à celui d'insecte parfait. D'autres coléoptères encore plus à redouter sont les dytiques, famille nom- breuse, qui comprend des sujets de toute sorte de volume et de dimension, et qui, du plus grand au plus petit, quand ils sont à l'étal d'insecte parfait ou sous celui de larve, pourchassent et tuent les sangsues. Les dytiscides ne sont pas sans quelque ressemblance avec les hydrophiles, quanta leur organisation et quant à leurs mœurs. L'insecte parfait, également propre à la natation et au vol, est carnassier, moins toutefois que sa larve, qui est l'ennemi le plus dangereux des sangsues ; elle les poursuit dans l'eau comme dans la terre, et quand elle les saisit par ses longues pattes et ses fortes mandibules, elle ne leur fait jamais grâce. Un autre insecte, hémiptère hétéroptère, le notonecta glauca, ainsi nommé parce qu'il nage sur le do-, est encore très-funeste aux sangsues; il les maintient près de lui à l'aide de ses pattes armées de crochets, et leur enfonce sa trompe dans les chairs. Enfin , suivant M. Soubeiran , un petit crustacé d'eau douce, et de l'ordre des isopodes , {''asellus aquaiicus , serait capable de tuer des sangsues de tout âge. J'avais accepté le fait parfaitement établi, lorsque j'ai observé, dans un bas- sin destiné aux plus jeunes sangsues, un grand nombre de ers crustacés qui vi- vaient en très-bon accord avec elles, et comme les aselles que j'ai recueillies, paraissent être les mêmes que celles dont M. Soubeiran a donné la description, je ne sais, faute d'avoir suffisamment expérimenté, comment concilier ces deux faits contradictoires. — Les documents relatifs à la génération des sangsues, que M. Bourguignon nous a communiqués, sont tout à fait d'accord avec les recherches récentes d'un praticien de province, M. le docteur Harreaux (de Réville-le-Comte), arrondisse- ment de Chartres. Ce dernier s'est attaché à réfuter l'opinion de quelques auteurs et de certains éleveurs, qui supposent que les sangsues peuvent être à la fois ovipares et vivipares. Il combat surtout les faits tout à fait exceptionnels annon- cés par M. Fermond, pharmacien en chef à la Salpétrière, et qui a publié dans le Répertoire de pharmacie un long mémoire sur les sangsues. Il paraît, d'a- près M. Harreaux , que M. Fermond a pris des nephalis pour des sangsues, (Voy. Comptes rendus des travaux de l'Ass. héd. de Chartres, 1862, p. 3i.) 124 2» NOTE SUR LE COCON DU BOMBYX PAPBU ; par M. ALEXANDRE LaBOULBÉNE. M. Laboulbène présente à la Société le cocon produit par la chenille du bombyx paphia, et fait la communication suivante : Les chenilles qui produisent de la soie, en formant un cocon où elles se trans- forment en chrysalides, sont intéressantes au double point de vue de la science et de l'industrie; mais si tout le monde apprécie aujourd'hui la chenille du mû- rier (bombyx mori), qui fournit presque toute la soie employée dans le com- merce, il faut convenir que tous les autres insectes séricifères sont dédaignés ou mal connus. Je place sous les yeux de la Société un cocon très-singulier par sa forme et qui pourrait devenir très-précieux, à cause de la belle qualité de la soie qu'il fournit. L'insecte qui le produit habite dans l'Inde, et se trouve à Bombay et jusqu'en Chine. On est sûr qu'il n'est autre que le bombyx paphia , puisque cette belle espèce de lépidoptère nocturne est éclose des cocons rapportés en France. La forme du cocon est des plus remarquables : il est ovoide, long de 4 centi- mètres et demi, et il offre un prolongement, une espèce de pédoncule, assez sem- blable au pétiole de quelques feuilles. Ce singulier appendice se termine par un anneau qui doit embrasser la tige à laquelle le cocon est attaché. Qu'on se re- présente un anneau entourant une branche, anneau continu avec le pétiole d'une feuille d'arbre dont le limbe serait replié pour former le cocon, et on aura une idée de cette forme singulière. Le pétiole est long de 5 centimètres, flexueux. Le diamètre de l'anneau est de 7 millimètres. 11 est très-probable que la chenille du bombyx paphia, pour ûler son cocon, commence par l'anneau, puis construit le pédicule, qui est entièrement soyeux et recouvert par une espèce d'enduit qui le rend dur et noirâtre. Du pétiole partent des faisceaux de lils divergents comme des nervures ; ils indiquent la formation première d'un plancher sur lequel la chenille s'entoure en dernier lieu d'une coque ovalaire, d'une couleur brunâtre Le cocon que j'ai en ma possession est comme saupoudré en partie d'une matière blanchâtre. L'intérieur est lisse, d'une couleur jaune fauve très-claire, brillante. L'enveloppe soyeuse de la chenille du bombyx paphia serait précieuse pour l'industrie; car il est résulté des recherches de M. Chavanne (de Lausanne) que la soie qu'il contient est lâchement collée et peut se dévider en entier, y compris l'anneau. Elle est bien différente de celle des bombyx indigènes, du bombyx Pyri, par exemple, qui a une soie très-adhérente partout, presque impossible à dévider, à cause d'une matière glutineuse, extrêmement tenace, dont la chenille l'a enduite avant de se métamorphoser en chrysalide. Enfin cette soie s'est montrée la plus solide, la plus résistante de toutes celles qu'on a expérimentées, en soulevant des poids plus ou moins considérables avec des fils soyeux de même longueur provenant des cocons de différentes espèces. 125 J'ajouterai, en terminant, que la plupart des foulards de l'Inde dont on admire le tissu sont fabriqués avec la soie que produit la chenille du bombyx paphia. 3* NOTE SIR LES SPERMATOZOÏDES DES LOCUSTIENS; par M. DE SiEBOLDT ; SUIVIE DE QUELQUES RECHERCHtS; par M, HiFFELSUEIM. M. de Sieboidt ai'oinrauniqué à l'Acad. nat. cur. un travail sur les sperma^ iozoïdes des locu»tiens. L'appareil i,'énital des sauterelles était peu connu jusqu'à l'époque où le pro- fesseur de Bres'au entreprit ses recherches. Chez le mâle, on avait reconnu l'existence de lesticuJes,àevaisseaux déférents, souvent entourés comme un épididyme, se rendant ensuite dans un canal éja- culaleur. Ce dernier canal reçoit l'abouchement, des deux côtés, de paguef* glanduleux qui renferment, les uns une substance alburainoïde ; de nature oléa- gineuse dans les autres, et capable de se figer comme la cire. Un peu plus loin, ce canal olTre de chaque côté des ouvertures qui terminent les canaux de deux capsules. Les capsules avaient reçu de Burmeister le nom de vésicules séminales ; mais elles ne renferment pas de spermatozoïdes, tandis que l'on y trouve une substance analogue à celle des derniers paquets glanduleux signalés plus haut. Quand on fait des coupes sur les testicules, à l'époque de la fécondation où ils sont très-développés, on les trouve disposés ainsi qu'il suit : des loges en nombre variable, très-distinctement séparées, se présentent remplies de spermatozoïdes à tous les degrés de développement. Dans sept à huit loges ou compartiments, on peut voir souvent sept états dif- férents, d'aspect vésiculeux dans les unes, puis nettement capsulaires; elles de- viennent bientôt striées. Ces stries se montrent d'ailleurs sous l'aspect de vérita- bles spermatozoïdes. Ces animalcules sont renfermés dans des cœcums, dont la loge représentait une coupe schématique. M. de Sieboidt, qui a étudié tous les phénomène» plus longuement que nous, fait naître les corpuscules, sous forme de petites vésicules, dans une vessie mère. Et par génération endogène, celie-iise remplit et se laisse distendre par les vé- sicules qui seront les spermatozoïde^, en passant par les étals que nous avons dé- crits. Un fait d'une nouveauté inattendue se rattache à la description des spermato- zoïdes : ils offrent un corps qui se termine par une extrémité tiliforme, très-al- longée, souvent repliée. Zewr tête est surmontée d'un crochet analogue à l'ac- cent circonflexe. D'autres fois, cet appendice offre en outre, à l'extrémité des côtés de ràngle, un petit crochet, très-court, s'écartant à angle aigu de ceux-' ci, à leur face interne. Jusqu'ici nous n'avons pu voir ce second crochet ; mais pour l'appendice prin- cipal , nous l'avons parfaitement vu , comme Sieboidt. Ces spermatozoïdes se groupent par juxiaposition des parties similaires, et restent dans cet état. La par- 126 tie correspondante aux crocliets montre, à une distance variable, comme une zone, d'origine inconnue. En examinant la capsule séminale de la femelle, on y rencontre par expression plusieurs petits corps pédicules. Chez les locustiens fécondés, ces corpuscules renferment un liquide lactescent, dans lequel na£;ent des corps filiformes très-ténus. La quantité des corps pédicules dépend de l'état de réplétion de la capsule. Or celle-ci a des parois extensibles; de sorte que, tantôt peu volumineuse, tantôt remplie, c'est après plusieurs fécondations qu'elle est la plus riche en cor- puscules. Quand on porte sous le champ du microscope les corps filiformes qui y sont répandus, on leur trouve l'aspect d'une plume de héron, d'une des plus élégantes ondulations. Les fluides minéraux, même l'eau, arrêtent ces mouvements, comme sur leurs spermatozoïdes isolés, la salive seule peut élre mise en usage. En sé- parant les parties constituantes de ces plumes, on reconnaît que les barbes de la plume sont constituées par le corps du spermatozoïde. Quand on parvient, en effet, à en isoler quelques barbules, on a sous les yeux des spermatozoïdes sans crochet ou appendice, en haut, jouissant de tous ses mouvements. Puis, lorsque toutes les barbes de cette plume sont enlevées, la tige se montre sous deux aspects : tantôt la bandelette, à sommet anguleux et à base rentrante, a un rebord, ou elle est aplatie. La bandelette tout entière résulte de la juxta- position des crochets, et comme ceux-ci présentent deux formes, avec ou sans petit crochet, la tige des plumes devait reproduire ces deux variétés. La locusta viridissima, qui doit offrir ce petit crochet, ne nous l'a point mon- tré ; mais notre examen n'a pas été assez long pour que nous puissions contre- dire l'assertion de M. de Sieboldt. Plusieurs variétés des deciitM* auraient des crochets simples. Le savant pro- fesseur affirme avoir trouvé les dispositions correspondantes dans les tiges des plumes renfermées dans la capsule séminale femelle. Ces plumes semblent se détruire à mesure que les petits corps pédicules se remplissent. Les spermatozoïdes y deviennent libres, sans appendice aucun, jouissant de leurs mouvements propres. Les spermatozoïdes sont, chez le mâle, pourvus de crochet»; ils sont juxtaposés par siries. Ils pénètrent sans doute, dans cet état, dans la capsule femelle. La disposition en plume, qui n'est que le résultat d'une disposition horizontale du spermatozoïde, par rapport aux crochets qui se juxtaposent verticalement, se fait-elle pendant la copulation, avant ou après? Avec M. de Siebold, je l'ignore. Mais tes glandes dont nous avons parlé, chez le mâle, semblent destinées à fournir une substance d'agglutination qui fa- vorise toutes ces formes composées. Il est remarquable que G. Brunelli a déjà décrit ces faits relatifs à quelques locustiens, sans que personne en ait fait mention. 127 II — Anatomie pathologique. \* EXAMEN D'iNK concrétion SANGUINE EXTRAITE DE LA VEINE SAPOÈNE ET REGARDÉE couHE UN héuatozoaire; par m. Davaine. M. Davaine rend compte de l'examfn qu'il a fait d'une pseudo-helminthe provenant de la veine saphène interne d'un homme adulte. Ce corps filiforme, dont l'apparence extérieure est celle ti'un ver iiématoïde, a été trouTé chez un sujet en dissection par M. Mongrand (de Brest), chirurgien de marine. L'obser- vation est consignée dans la Gazette Médicale de Paris du 1" février 1862. D'après les caractères extérieurs de ce corps filiforme, qui a G centim. et demi de longueur sur 2 millim. de largeur, M. Mongrand a présumé que c'était un helminthe qu'il a proposé d'appeler filaria zébra. Ce corps est formé par plusieurs couches concentriques assez dures, dont la plus externe, très-mince, pourrait être prise, à la simple vue, pour la peau ou l'épiderme ; mais aucune de ces couches n'a d'organisation appréciable. L'ex- terne n'offre point de fibres entre-croisées comme la peau des nématoïdes ; les autres couches ne laissent apercevoir ni tube intestinal, ni canaux ovariens, ni ovules. L'acide acétique ne fait point non plus reconnnitre la présence de ces corpuscules de carbonate de chaux, qui existent normalement chez un grand nombre d'heimithes. Toutes ces couches sont formées par un stratum semblable composé presque uniquement de corpuscules irréuuliers, ayant moins d'un cen- tième de millimètre de diamètre. Après une macération de quelques jours, ces corpuscules, devenus libres et plus distincts, ont présenté tous les caractères des globules sanguins altérés. 11 résulte donc de cet examen que ce corps filiforme n'est point un helminthe, mais une concrétion sanguine ancienne dont la partie liquide aura été résorbée. M. Robin, de son côté, est arrivé aux mêmes résultats. Cette concrétion sanguine avait la plus grande analogie de forme avec un ver nématoide, et n'a pu en être distinguée que par un exan:en attentif des parties qui la composaient. Il n'est donc pas étonnant que des corps plus ou moins ana- logues aient été regardés comme de véritables helmiiithes, alors que l'organisa- tion de ces animaux était fort peu connue. M. Chaussât, dans sa thèse inaugu- rale (Des hématozoaires; Paris, I8à0j, a rapporté un assez grand nombre d'ob- servations de ces hématozoaires qui ne peuvent être considérées aujourd'hui que comme des produits d'une tout autre nature. 2» NOTE SUR UN KYSTE PILECX OE l'ovaire ; par le même. M. Davaine met sous les yeux de la Société un kyste pileux de l'ovaire prove- nant d'une femme âgée d'environ 30 ans. Le volume de ce kyste est celui d'un petit œuf de poule; il contenait une matière graisseuse très-raol!e, ayant l'appa- vence de l'axonge. Sur une partie limitée de la surface de cette masse graisseuse, i28 il existait une assez grande quantité de poils blanchâtres, longs de 6 à 8 millim., dont la structure est la même que celle des poils follets. Sur la partie correspon- dante du kyste, on remarque une assez grande quantité de poils semblables. lis sont implantés dans des follicules très-petits et comme globuleux. La portion du kyste qui donne naissance à ces poils ofTre, en outre, une saillie irrégulière, fran- gée, delà grosseur d'une petite noisette, et une bride membraneuse revêtue d'une couche épithéliale épaisse, qui s'enlève par lames comme un véritable épiderme. I.ps cellules qui la forment, pourvues ou non d'un noyau, ont, en moyenne, quatre centièmes de millimètre de diamètre. Le reste de la surface interne du kyste offre un épithélium bien différent du précédent ; on ne peut en constater l'existence qu'en traitant la membrane par l'acide acétique. On voit alors des noyaux de cellules, disposés assez régulièrement et séparés les uns des autres par un intervalle d'un demi-centième à un centième de millimètre. La paroi du kyste qui donne naissance aux poils offre dans son épaisseur une petite masse osseuse et cartilagineuse irrégulière qui forme la saillie dont il a été parlé. La disposition des poils en un seul point de la masse de graisse contenue dans le kyste porte à penser que celle-ci a été sécrétée par toute la surface de la mem- brane interne du kyste. III. — Pathologie interne. NOTE SUR DEUX CAS U'ATROPHIE MUSCULAIRE', CONSÉCUTIVE A DES PHÉNOMÈNES PARALYTIQUES ET coNVULSiFS; par le docteur Ch. Bernard. Depuis quelques années seulement l'attention a été attirée d'une façon parti- culière sur les atrophies partielles des membres ou du tronc. Sous le titre d' Atro- phie MUSCULAIRE PROGRESSIVE, M. Arau a présenté, dans un travail publié à la fin de 1850 (Arch. de méd., oct. et nov.), un tableau aussi complet que le permet- tait l'état de la science de la première espèce. Tout récemment (Arch. de méd., mai 1852), M. Lasègnea résumé un mémoire de M. Romberg sur l'atrophie par- tielle de la face, que cet auteur désigne sous le nom de trophoméroses. Si nous citons encore le travail sur l'inégalité des deux moitiés latérales de la face, lu il y a quelques mois à l'Académie de médecine par M. Bouvier, nous aurons rappelé tous les documents qui existent sur cette curieuse affection. On voit par là combien ils sont rares. C'est ce qui nous engage à publier les notes, tout in- complètes que nous avons pu les recueillir, sur deux faits d'atrophie muscu- laire, qui nous ont passé récemment sous les yeux. Ors. I. — Au commencement d'août 1852 entre dans le service de M. IMoutard- Martin (remplaçant M. Tessier), à l'hôpital Sainte-Margerite, salle Saint-Anatole, n" 40, le nommé X..., âgé de 24 ans. Ce jeune homme est de taille moyenne, brun et maigre. Il attire tout d'abcrd notre attention par trois ordres de phéno- mènes morbides: une atrophie considérable de la moitié droite du corps, des 120 mouvements convulsif? cunliiiiicis et une ronlr;ii Ime pcrniani'nle, dans le même côté. L'atrophie produit un défaut très-marqué de symétrie entre les deux côtes du corps. La moitié droite a éprouvé une diminution de volume très-évldcnle dans toute son étendue ; mais c'est au tronc et aux membres qu'elle est le plus ma- nifeste. A la figure elle existe, mais à un bien moindre degré. La poitrine est rétrécie à droite d'une façon très-visible. Le membres ont subi également une sorte de diminution, que nous avons pu constater et par la vue et par le toucher. Les muscles sont petits, mous et flasques, si ce n'est quand les convulsions se prononcent avec quelque intensité. Les os ne nous ont pas semblé avoir éprouvé de raccourcissement. Nous regrettons de ne pouvoir fournir sur cette intéres- sante lésion des renseignements plus précis ; mais le malade, d'un naturel assez changeant, a quitté le service au moment où nous nous ilisposions à prendre des mesures exactes. Tous les muscles de la moitié droite du tronc sont agités de mouvements con- vulsifs, qui sont plus marqués aux membres qu'au tronc, où ils existent néan- moins d'une façon incontestable. Les muscles pectoraux, dorsaux et abdominaux, sont en proie à de petites et continuelles convulsions. Toutefois à l'abdomen les mouvements sont moins prononcés et moins constants qu'à l'épaule, qui est al- ternativement rapprochée et éloignée du tronc. Au membre supérieur, les con- vulsions, plus fortes que partout ailleurs, n'oirrent pas dans toute la longueur la même intensité. C'est à l'avant-bras que ce phénomène morbide se remarque à son maximum. Au membre inférieur, les mouvements convulsifs sont bien moins apparents ; ils n'ont pas non plus la même constance que dans les autres parties; ils sont à peu près exclusivement limités à la jambe. A la face enfin nous retrouvons les mêmes désordres; ils y sont plus marqués qu'au tronc et à la jambe, mais moins prononcés qu'au membre supérieur. Ils produisent l'écar- tement continuel des lèvres et des paupières du côté malade, et donnent à la physionomie une expression ironique. La contracture ne porte guère que sur les membres; au tronc, quoiqu'elle existe, elle est moins facile à constater. Au membre supérieur, elle produit la flexion; au membre inférieur, l'extension. L'avant-bras est à demi-fléchi sur le bras; mais la main est dans une flexion et dans une pronalion complète et for- cée sur l'avant-bras. Les doigts, dont les phalanges sont étendues, se trouvent fléchis en totalité dans la paume de la main; ordinairement les ongles sont libres et ne posent pas sur la peau; le pouce est étendu et placé entre l'index et le médius. 11 est généralement assez facile de surmonter la contracture de l'avant-bras et de l'étendre tout à fait. Mais l'extension des autres pariies du membre présente ordinairement une difficulté très-grande et souvent même in- surmontable. Le moyen qu'emploiele malade pour y parvenir est de frapper avec force sur les masses musculaires du bras et de l'avant-bras. Mais à l'aide de ce procédé même, il est rare qu'il réussisse à vaincre entièremei-.i la contracture 9 130 t]e la main. Quand une personne écarte un peu les doigU Ju malade et place les siens dan- cet interstice, les doigts se referment avec force : on se sent pris comme dans un étau, et sans le concours du malade, il serait fort diffici!e de se dégager. Au membre inférieur, la contracture ne sobserre que dans le pied, qui se trouve, de même que les orteils, dans une eïlension forcée, et qui est affecté ainsi d'un pied équin. A cela près des désordres que bous Tenons de signaler, les tonctions intellec- tuelles et sensorielles nous ont paru être à peu près intactes. Toutefois, les yeux sont trés-saillants, les pupilles largement dilatées, et la vue est affaiblie. Les antres sens, au dire du malade, n'offrent aucune altération. Quant à l'in- telligence, nous n'y avons pas observé de trouble, mais nous n'oserions assurer quiln'en existe pas. Les fonctions de la vie animale s'opèrent également bien. Du côté de la respiration, en particulier, nous n'avons remarqué ni troubles tonciiormels ni lésions organiques. Voilà à quoi se borne ce que nous avons observé nous-même et ce que nous avons seulement osé reproduire ici. Il nous est impossible de nous en rapporter au témoignage du malade sur le développement et la marche des accidents. La version qu'il nous en avait faite s'est trouvée complètement démentie par des renseignements fournis également par lui et qui sont venus d'un autre côté. Il parait néanmoins à peu près certain que la maladie s'est déclarée vers l'âge de 17 ans, par un étourdissement ou une perle de connaissance, que depuis cette époque les pertes de connaissance se sont renouvelées un certain nombre de fois, et que la contracture et les mouvements convulsifs ont eu lieu à plusieurs reprises, ont duré plus ou moins longtemps cbaque fuis. Mais encore une fois, nous ne voulons pas insister sur les antécédents de ce malade; nous avons voulu seulement signaler les symptômes remarquables qu'il présente. Peut- être un jour son observation pourra-t-elle être publiée d'une façon complète et jeltera-t-elle quelque lumière sur renchaînement des phénomènes et des lésions. Voici maintenant le secoad fait, s«r lequel, non plus, nous ne possédoos pas ;ou5 les renseignements désirables. Obs. II. — Au mois daoùt 1851 est entré pour la première fois, à l'iaCrmerie de la Roquette, dont nous sommes chargé, le nommé K., âgé de 32 ans. Ayant toujours joui d'une bonne san'è. il a éié pris, au commencement de novembre dernier, àe douleurs rhumatismales aiguës dans le bras gauche, avec gonfle- ment du membre et fièvre. Le mal s'est successivement porté sur l'autre bras et les deuï jambes, et s'est prolongé plusieurs mois. Au mois de mars ou d'a- vril l?51, les phénomènes ayant disparu et une roideur très- grande persisiani. on le fit entrer dans le service de M. Bazin, à IbOpiial Saint-Louis, où on lui ad- ministra de nombreuses douches de vapeur. li sortit de rbùpita! Saint Louis 131 au boul de quelques mois, dans un état d'amélioration très-prononcé. Le bris droit, roide et incapable de tout mouvement au moment de l'admission du ma- lade, avait retrouvé en partie sa souplesse, quand il sortit. Au mois d'août 1851, lorsque bous le vîmes pour la première fois, nous con- statâmes les symptômes suivants : absence de lièvre et de tout phénomène aigu ; le bras droit était tout à fait sain. Le membre supérieur présentait de l'atropbie et de la roideur. L'avant-bras, à demi fléchi sur le bras, pouvait se fléchir tout à fait, mais ne pouvait s'étendre. Les doigts, au contraire, étaient étendus et incapables d'aucun mouvement. Les membres inférieurs offraient un état très- prononcé d'atrophie ; placés dans la demi-flexion, il était dilïïcile de leur faire exécuter le moindre mouvement. Admis une seconde fois au mois de septembre dernier à l'hôpital Saint-Louis, où on lui administra des bains et des douches aromatiques et sulfureuses, il en éprouva encore une amélioration très-marquée. Quand nous le revîmes à la lin de février dernier, le membre supérieur avait recouvré en grande partie la li- berté de ses mouvements. Les membres inférieurs, sans avoir ressenti une aussi heureuse influence, avaient néanmoins plus de force et permettaient au malade de se tenir quelques instants debout. L'atrophie était d'ailleurs à peu prés la même. Il était encore il y a quelques mois dans le service de M. Andral. Nous serons sobre de réflexions après deux observations aussi courtes et aussi incomplètes. Nous ferons seulement remarquer que, dans le premier cas, où il existe probablement une tumeur cérébrale, il se produit depuis fort long- temps des mouvements convulsifs ; que, dans le second, la roideur des articu- lations, la demi-flexion et la paralysie du membre ont suivi l'attaque de rhuma- tisme aigu. Rappelons enfin que, dans la plupart des cas d'atrophie musculaire progressive des membres, cités par M. Aran, la maladie avait été précédée et occasionnée peut-être par des fatigues musculaires excessives , et que, dans l'une des observations rapportées par M. Lasègue (ohs. II), l'atrophie de la moitié de la face a été précédée pendant un cerlain nombre d'années par des contractions convulsives des muscles de cette partie. D'aj^rès ces diflérentes données, ne serait-on pas porté à penser que l'atrophie peut devenir la consé- quence de contractions musculaires exagérées morbides, en un mot, tandis que les mouvements normaux, souvent répétés, tout en restant dans les limites physiologiques, amènent constamment l'hypertrophie du muscle. IV. — Pathologie externe. DIVERTICULUM DE l'INTESTIN ILÉl'lI CHEZ UN ENFANT DE 6 MOIS ; ANUS CONTRE-NA- TURE A L'OMBU.IC, issue d'une anse INTESTINALE PAP. L'ORIFICE OMEIUCAL ; ÉTRANGLEMENT; DÉBRiDEMEXT ; MORT; AUTOPSIE; observation recueillie dans le service de M. Joeert (de Lamballe), par M. Blin, interne. Obs. - Un enfant de G mois est apporté par la mère à l'Hôtel-Dieu, le 5 juil J,i2 let à midi et liemi. Il présente, à ronil)illc, une tumeur cylindrique, placée presque transversalement, contournée, d'un rouge brun, évidemment conslituce par une anse intestinale. Au-dessus de cette tumeur, on voit deux petits marne Ions du volume d'un poids, d'un rouge moins foncé, plus résistant à la pression, adhérents à la peau. La mère raconte que ces deux mamelous ont toujours existé depuis la chute du cordon ombilical. Au-dessous de ces mamelons se trouvait une petite ou- verture, par laquelle, dit la mère, il est sorti dans les premiers timps de la vie un peu de matière fécale tout à fait semblable à celle qui sortait par l'anus ; mais depuis longtemps il ne suintait plus par cet orifice qu'un peu de matière muqueuse. Tout à coup, le 5 juillet, à onze heures du matin, dans un elfort de toux, il s'échappa par cette ouverture une tumeur dont nous avons décrit l'aspect. M. Jobert (rie Lamballe) reconnut l'existence d'un diverliculum de l'intestin, avec anus contre nature et issue d'une anse intestinale. La réduction de la tumeur était impossible-, il débride l'anneau ombilical par trois incisions peu étendues, l'une en haut, l'autre en bas, une troisième à droite. Malgré ce débridement, une partie seulement de la fumeur rentra M. Jo- bert n'insisia pas pour faire rentrer le reste; il eût fallu faire une trop large incision ; il se contenta d'avoir détruit l'étranglement. L'enfant avait eu un vomissement et n'avait pas été à la selle depuis l'acci- dent; le vomissement ne reparut pas, il y eut dans la nuit une selle de consis- tance ordinaire et abondante. Le lendemain, à la visite, M. Jobert tente de nouveau la réduction, sans plus dn succès ; il se borne à recouvrir la tumeur d'un linge cératé et de compresses èmollientes, et maintient le tout avec une bande un peu serrée. L'enfant a une selle dans la journée; faciès décoloré, expression de douleur, respiration haletante, pas le moindre cri. Le pouls est très-petit et accéléré. Mort dans la soirée. Autopsie le 8 juillet. M. Joberi, après avoir fait enlever la portion de la paroi abdominale qui en- toure l'ombilic, et en même temps la plus grande partie de la masse intestinale constate l'état suivant : i" Il existe un diverticulum intestinal, qui, de la partie inférieure de l'intestin grêle se porte à l'ombilic; il a une longueur de 0'",03 ou 0"\0/i, et le volume d'une plume à écrire; si l'on coupe le mésentère près de l'intestin, on trouve que le diverticulum siège à environ 0^,!lô du cœcuni. C'est le point le plus ordi- nairement occupé par les diverticulums, dont l'existence paraît se rapporter à la persistance anormale d'une portion du conduit qui fuit communiquer la vé- sicule ombilicale avec l'intestin, dans le premier mois de développement de l'œuf humain. Très-probablement une portion du diverticulum ainsi produit, a été comprise dans la ligature du cordon ombilical, et il en est résulté une corn- 133 muiiicaiion de l'inieslin avec l'exlérieur, une sorle d'anus contre nature. Cet orifice est surmonté de deux végélaiions, qui ont été refoulées vers le gauche, et qui ne sont autre que les deux petits mamelons, indiqués dans la description de la tumeur faite pendant la vie. Le diverticulum esl entouré par une certaine longueur d'ioteslin, dont une portion a fait saillie au dehors de l'abdomeu, à travers une Rupture de la cicatrice ombilicale, près de l'oritice cutané du diverticulum. L'anse intestinale herniée reiiire facilement quand on exerce une traction sur chacun des bouts contenus dans l'abdomen. Nous devons ajouter, à titre de renseignement, que devant une autre Société, la pièce précédente a soulevé une vive discussion, et que les avis ont été très, partagés relativement à la nature de la maladie. (Voir Bullet. delà Soc. an., aoiit 1852.) COMPTE RENDU DES SÉANCES r F LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE SEPTEMBRE 1852; Par M. CHARCOT, interne des hôpitaux. Présidence de M. RAYER. ï. — Anatomie. 1" MME Sim LES NERFS DE L'uTÉRUS ; p;ir M. HiRCHFELI). \\ n'y a pas de question qui ail (Me plus disculéc et qui ail élé résolue plus tiilliMenimiMil, mcriie dans l'cile enceinte, EIIDF.T, M. Leudet montre une anomalie de la veine cave chez l'homme ; deux troncs distincts la représentent et se réunissent au niveau du foie. La veine ovarique va à droite à la veine cave, et se rend à gauche à la veine rénale. Ce fait se ren- contre rarement. V. — Botanique. DU MODE DE PÉNÉTRATION DES GERMES DES VÉGÉTAUX OBSERVÉS SUR LES ANIMAUX VIVANTS; par M. Charles Robin. Chez riiomme, les spores des végétaux parasites pénètrent facilement dans les 181 follicules pileux. Les chenilles, les versa sole atteints de muscardine montrent de meilleurs exemples encore de ce transport. On observe que toutes les fois qu'un corps solide, visible ou invisible à l'œi nu, plus dur que la substance organisée, se trouve placé à la surface d'une mu- queuse ou sous Tcpiderme cutané, il pénètre dans cette substance du côté où il exerce une pression par son propre poids, ou à l'aide d'une compression exercée par le jeu d'un organe. La matière vivante se résorbe, disparaît molécule à mo- lécule devant le corps solide du côté où est la plus forte pression, pendant qu'en sens opposé il se reforme ou dépose, molécule à molécule, de la matière organi- sée , laquelle prend successivement la place auparavaiit occupée par le corps étranger. C'est là le mécanisme de la pénétration des spores de divers végétaux cryptogames dans la cavité de certains organes, à la surface des tissus ou à une certaine profondeur. C'est nussi celui de la pénétration et du transport des œufs d'helminthes, qui, chez la plupart, ont une enveloppe dure et coriace. Ainsi, dans la pénétration, c'est le corps traversé qui disparaît molécule à molécule devant celui qui pénètre, tandis que celui-ci ne change que de place et non d'état. Dans le cas de l'absorption, confondu quelquefois avec la péné- tration des solides, c'est le corps entrant du dehors au dedans qui traverse, mo- lécule à molécule, une matière, laquelle ne change pas ou presque pas, et qui de plus s'unit souvent en partie, molécule à molécule, à la matière traversée ou aux liquides de la cavité des organes qu'elle forme. Ces faits élémentaires, simples en eux-mênits, appliqués à l'histoire naturelle des parasites végétaux et animaux et constatés sur diverses espèces, ont donné la solution de plusieurs problèmes restés jusqu'alors très-obscurs, et dont plu- sieurs même avaient été abandonnés après avoir été posés. COMPTE RENDU DES SÉANCES /■ r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1852; Par M. le Docteur E. LE BRET, secrétaire. Présidence de M. RAYER. I. — Anatomie normale. EXAMEN DES POILS DU DESMAN t par M. LÉON SOUBEIRAN. Le desman {migalina pyrenaica,, Isid.-Geoflroy Saint-Hilaire) est un mammi- fère intermédiaire aux talpidés et aux soricidés, qui m'a oirert quelques parti- cularités assez curieuses et non encore décrites, lorsque j'ai soumis à l'examen microscopique les poils des diverses parties du corps. Ces poils sont de deux sortes : les uns plus intérieurs, gris blanchâtres, déliés; les autres plus extérieurs, généralement longs, gris, et quelques-uns avec des reflets vert doré métallique 184 qui rappellent jusqu'à un certain point le pelage remarquable de la taupe ciiry- sochlore du Cap. Lorsque j'ai soumis à i'exiimen microscopique les poils du mi- gaJina, j'ai trouve quelques différences de lorme que je vais indiquer succes- sivement. Notons, avant tout, que chacun des des^sins qui accompagnent cette note représente les poils i:ro»sis d'enviion 3i à 35 fois. Les poils intérieurs, gris blanchàire (llg. l), m'ont présenté un diamètre sen- siblement égal sur toute leur longueur, et se terminent par une pointe trts-fine; ils sont identiques au dos et au ventre de l'animal. Les poils plus extérieurs, qui composent d'une manière générale le pelage de l'animal, m'ont présente deux formes bien distinctes, suivant qu'ils étaient pris sur le ventre ou sur le dos du migalina. Les poils du ventre (flg. 2), soyeux, généralement longs, gris, présentent vers leur extrémité libre un renflement très- mauifesle et fusiforme, qui part à peu près de la pointe et se termine par un rétré- cissement assez marqué, auquel succède un second renflement beaucoup moins marqué que le premier, et qui est suivi par un long filet d'un diamètre sensibliv ment égal à celui des poils déjà décrits. Les poils pris sur le dos ne présentent pas It- second renflement des poils du ventre, mais bien, seulement vers leur exil cmité libre, un renflement assez considérable, et unique, et qui est la par- tie qui donne les reflets vert doic mélailique di-jà indiqués par nous. Après ce renflement, le poil garde un diamètre sensiblement égal dans toute sa longueur, et que l'on peut rapporter à celui des poils plus intérieurs. Au nez sont des poils assez différents : les uns très-longs, gris blanchâtres, roidts, dont le plus grand diamètre est à la base et qui diminuent progressive- ment jusqu'à la pointe; les autres, beaucoup plus petits, offrent un renflement assez considérable, suivi d'un rétrécissement brusque et très-prononcé qui donne un pédicule court entre le bulbe et le lenflemenl. Autour des babines sont des poils assez longs, qui présentent une très-grande aniilogie parleur couleur et leur forme avec les poils longs du nez; mais ils en diffèrent par leur longueur moindre. A la base de la queue sont des poils assez nombreux, blanchâtres, à peu près aussi longs que les poils courts du nez, mais dont le rétréciseement est beaucoup moins brusque et beaucoup moins prononcé. A l'extrémité libre de la queue est un petit bouquet de poils d'un diamètre moindre que celui des poils de la base de la queue , mais qui ne présentent qu'un rétrécissement à peine marqué à leur base. Les poils de l'extrémité caudale ont un diamètre environ de moitié moindre que ceux de la base, si on considère la partie la plus élargie Les poils qui se trouvent au talon des pattes postérieures ont une forme ana- logue aux poils de la queue et des raines; mais ils sont plus longs, et le renfle- ment se fait d'une manière moins brusque. Aux pattes antérieures, sur le rebord cubital, sont des poils qui vont en dé- croissant de l'articulation du carpe vers l'articulation mélacarpo-phalangienne. 185 Ces poils ont une très-grande analogie avec les petits poils du nez, mais ils sont un peu plus longs, et le renflement est un peu moins prononcé. Les pattes postérieures offrent sur leur bord interne une rangée de petits poils disposés comme les dents d'un peigne, et qui vont en croissant depuis l'articu- lation du tarse jusqu'aux trois quarts inférieurs pour décroître ensuite. Ces poils , assez courts, gris jaunâtre, roides, ont à peu près la même forme que celle des pattes thoraciques. 20 DU CORPS JAUNE DE LA MENSTRUATION (PÉRIODE DU RUt) CHEZ LA VACHE; par M. Rayer. Tous les mois, les jeunes vaches présentent ordinairement certains phénomè- nes d'excitation des organes de la génération, un rut mensuel. Pendant deux ou trois jours, à ces époques mensuelles, la vulve de la vache est injectée; l'ani- mal beugle plus ou moins violemment et presque sans interruption, et souvent s'é- lance sur ses compagnes et cherche à sortir de l'étable. A ces époques, par suite de l'évolution, il se forme un corps jaune de menstruation dans Vovaire. J'ai été curieux de le comparer avec les corps jaunes de la menstruation de la femme. J'ai pu le faire sur une jeune génisse âgée de 18 mois, conservée, en expérience, dans une étabie depuis un an avec d'autres génisses, sans avoir été approchée par un taureau. On remarquera, et c'est là le but de cette communication, que ce corps jaune de la menstruation de la vache n'a pas l'aspect du corps jaune de la menstrua- tion de la femme, et a assez exactement l'apparence d'un corps jaune du sixième ou septième mois de la gestation chez la femme. ni. — Anatomie pathologique. 1' UTÉRUS AVEC HÉMORRHAGIE DES TROMPES DE FALLOPE, ET KYSTE PILEUX DE l'ovaire GAUCHE; par M. Laboulbène. M. Laboulbène lit la note suivante : J'ai l'honneur de présenter à la Société un utérus et ses annexes provenant d'une femme qui a succombé à une fièvre éruptive anomale à l'hôpital Sainte- Marguerite, dans le service de M. Marrotte. Voici les principaux symptômes observés pendant la vie. Une femme de 27 ans, mariée, mère d'un enfant, forte, grasse, très-bien portante, ayant deux sœurs et un frère, soigne l'une de ses sœurs atteinte de la variole. Toute la famille était vaccinée; néanmoins sa deuxième sœur est atteinte du même mal, ainsi que son frère. Elle-même est frappée à son tour le 26 novembre. Au début elle a eu de la céphalalgie et surtout des douleurs lombaires Irès- violenles, sept 'à huit vomissements. Le 28 novembre, la première sœur atteinte de la variole succombe dans la 186 matinée, et les deux autres sœurs entrent en même temps à l'hôpital; le frère y est arrivé le lendemain. Examinée à son entrée, la malade, qui avait eu ses règles depuis quinze jours, se plaignait d'une douleur atroce dans le bas de la région lombaire et vers le sacrum. Elle se roulait dans son lit en poussant des cris Le 29, il est survenu une éruption exanthcmatique mal caractérisée, qui a fait hésiter entre une variole et une rougeole. La persistance des douleurs dans la région sacrée a fait pratiquer le toucher vaginal, qui n'a rien appris. Enfln la malade, dans la soirée et la nuit du 30 novembre au 1" décembre, a été prise d'une hémorrhagie utérine abondante, et elle a succombé presque subitement dans la soirée du i" décembre. Du reste, notre collègue M. Charles Bernard a insisté sur les faits que je men- tionne dans une communication faite à la Société médicale des hôpitaux, et on les trouvera très-détaillés dans les bulletins de cette savante compagnie. Je neveux décrire présentement que les lésions anatomiques fort curieuses que l'autopsie a révélées, et qui ont été placées sous les yeux de la Société de biologie. La rigidité cadavérique était faible trente six heures après la mort; le corps était chargé de graisse ; la peau offre encore quelques traces jaunâtres de l'érup- tion, avec quelques petites élevures à peine sensibles au doigt. On compte aussi une dizaine d'ecchymoses de la largeur d'une lentille, violacées, situées sur les bras, la partie antérieure de l'abdomen et les fesses. Tous les viscères, à l'exception de l'utérus, paraissent sains, mais anémiés. Le cœur est mou, et ses cavités renferment du sang fluide et noirâtre. L'utérus et ses annexes sont le siège de lésions multiples que je vais successivement in- diquer. Utérus. — Cet organe est gros , volumineux , quoique de prime abord il pa- raisse à l'état sain. Il est long de 8 centimètres, large de 5 centimètres et demi à sa base, entre l'origine des trompes. Fendu avec précaution, il présente des pa- rois épaisses de près d'un centimètre et demi et une cavité pleine de caillots san- guins. Ceux-ci enlevés à l'aide d'un filet d'eau , on constate que la muqueuse utérine est saine, excepté au fond de l'organe, où elle est violacée, épaissie, in- filtrée de sang. Il n'est resté qu'un seul caillot passant dans l'orifice tubaire gauche par un prolongement grêle, et qui est en rapport avec la surface hémor- rhagique. Trompes. — Elles sont toutes les deux de la grosseur du petit doigt, et parais- sent violacées, pleines de sang à travers leurs enveloppes. Fendues dans leur longueur, elles sont en effet remplies par un gros caillot vermiculaire. Il n'y a pas une goutte de sang ou de sérosité dans le péritoine. Aux environs de cet ori- fice, l'hémorrhagie tubaire s'est écoulée par l'utérus, ainsi que le prouve la con- tinuité du caillot tubaire gauche, avec celui que j'ai déjà mentionné dans le fond de la cavité utérine. Ovaires. — 1° L'ovaire droit est long de 4 centimètres, violacé dans son tier.=- 187 externe. Il n'offre point de ruplures, et il renferme dans l'endroit que je viens d'indiquer un caillot sanguin gros comme une petite noix. 2"> L'ovaire gauche est au moins de la grosseur d'un œuf de poule; il est con- verti presque en entier en une poche renfermant une masse graisseuse, et en outre des poils dans sa partie externe. Enveloppe et masse graisseuse. — L'enveloppe est constituée par un tissu fibreux. Sa surface intérieure est lisse, et laisse facilement énucléer dans la por- tion interne, c'est-à-dire du côté de l'utérus, la masse graisseuse qu'elle ren- ferme ; mais dans la portion externe ou iliaque, cette môme paroi est adhérente par des prolongements qui ne sont autres que des poils, pénétrant dès leur origine dans la substance grasse. En effet, la masse graisseuse enlevée et placée dans la position qu'elle occu- pait, permet de voir que les poils viennent tous de la partie externe, où leur ra- cint^ est apparente. Cette matière grasse ne re.-semble point exactement à de l'axonge fraîche; elle est jaunâtre, finement grenue, et elle a plutôt l'aspect de la grai^se de volaille fondue et tîgée ensuite par le refroidissement. Il y a 36 grammes de celle substance dans le kyste; elle ne renferme absolu- ment que des poils, sans dents ni concrétions ossiformes. Le mode d'implanlalion des poils sur la surface intérieure du kyste est le sui- vant : Une papille grosse comme une noisette et semblable à une verrue fait saillie dans l'intérieur de la poche au point indiqué dans la portion externe ou iliaque de l'enveloppe; elle est largement pédiculée, recouverte par une espèce d'épi- derme blanchâtre, s'enlevant en jilaques. Autour de cette papille verrnqni'use, dans l'étendue d'un centimètre au moins, la face interne du kyste n'a plus son aspect lisse; mais elle est de même blanchàîre et recouverte de la production épidermique. En enlevant le feuillet épidermique signalé, on trouve une multitude d'orillces criblant la surface sous-jacente : c'est par eux que sortent ces poils. Du reste, ces orifices sont placés régulièrement à côté les uns des autres autour des poils encore adhérents. Ces oriliccs enfin sont réellement ceux des follicules pilifèrcs; car ils sont identiques à ceux qu'on produit par l'arrachement des poils. Poils. — Ils sont un peu flexueux, bruns comme les cheveux de la femme. Les plus longs ont 4 centimètres. Ils se terminent en s'effîlant; le renflement blan- châtre de leur iiase est très-appréciable à l'œil nu. Quelques-uns de ces poils paraissent avoir une double implantation. En effet, après leur naissant e sur la pupille, les poils divergent, et les plus éloignes du sommet sont accolés, principalement par leur pointe, aux parois du kyste ; mais ils y sont seulement accolés. Les points centraux vont directement dans la masse graisseuse. Une deuxième petite papille pilifère s'observe à peu de distance de la pre- mière. 188 Enfin, à la partie extérieure, supérieure et postérieure du kyste, on trouve ce qui reste de l'ovaire : une petite ampoule, de la grosseur d'un pois, fait saillie ; elle est remplie d'un liquide trouble et rougeàtre. L'examen microscopique a démontré : 1" Que les caillots utérins étaient composés de fibrine et de globules san- guins; 2° Que les caillots des trompes et de l'ovaire droit avaient exactement la même composition ; 3« Que c'était bien réellement la muqueuse utérine qui était malade dans sa partie supérieure ; car il n'y avait pas trace de villosités choriaies ; pas de débris placentaires sur elle; 4» Que la substance grasse du kyste ovarique gauche était constituée par des gouttelettes graisseuses offrant diverses formes peu régulières, solubles dans l'é- ther, etc.; 50 Qu'il y avait des cellules épithéliales très-abondantes à la surface des papilles et à leur base pilifère; qu'il y en avait en petite quantité dans la substance grasse ; 6° Enfin que les poils avaient une base renflée, suivie d'un rétrécissement lé- ger de leur diamètre. Leur base offrait des débris de membranes et des cellules épithéliales. Leur centre était, comme toujours, strié iongitudinalement et leur surface externe en travers. Ces résultats microscopiques ont été contrôlés par M. Ch. Robin. L'utérus a paru à MM. Depaul et Blot difl'érent des utérus à l'état de gesta- tion. Il faut donc attribuer la terminaison du mal, non point à un avorlement, mais à une fièvre éruptive grave (probablement la variole) produisant dans les trompes et l'utérus une hémorrhagie suivie de la mort. Si cette femme avait re- couvré la santé, les caillots obstruant les trompes ne seraient-ils point devenus un obstacle à la conception, une cause de stérilité? L'examen de cette pièce démontre qu'il s'agit d'une hétérotopie plastique, dont les diverses formes, et les variétés dans l'ovaire surtout, ont fait récem- ment le sujet d'une série de communications, de la part de M. Lebert, devant notre Société. 2° NOTE SUR UN PRODUIT DE LA CONCEPTION MORBIDE ; présentée par M. (ÎH. Bernard. La pièce dont il s'agit provient d'une femme âgée de 29 ans, d'une bonne santé, bien réglée et ayant eu déjà deux couches parfaitement régulières. En- ceinte pour la troisième fois, elle présumait qu'elle était arrivée au troisième ou au quatrième mois de la grossesse, quand, en levant un fardeau, elle ressentit une secousse dans le ventre. Presque aussitôt il s'établit un écoulement rous- sàfre, sanguinolent, qui continua pendant quatre ou cinq mois. Au bout de ce 189 temps, des douleurs utérines se manifestèrent et amenèrent le rejet de la pièce, dont nous allons offrir une description succincte. Cette tumeur ou masse présente la forme de la cavité utérine ; elle est entière, et on n'observe aucune solution de continuité à la surface, qui a l'aspect to- menteux de la membrane cadaque. La tumeur a 6 à 7 centimètres de long, 4 à 5 de large ei 2 à 3 d'épaisseur; elle est constituée par une membrane d'enve- loppe épaisse, charnue, tomenteuse, qui est évidemment la caduque. La cavité est subdivisée en deux ou trois loges, tapissées par des feuillets séreux et rem- plies de sérosité roussâtre sur la surface interne. 11 existe quatre ou cinq caillots noirâtres, résistants, du volume d'une petite noisette et faisant une saillie consi- dérable. Il a éié, du reste, impossible de retrouver les traces d'un fœtus ou d'un œuf. Par l'examen de la pièce, qu'il n'hésite pas à legarder comme un œuf malade et désorganisé, M. Depaul a présumé que ravortement avait en effet précédé de beaucoup le rejet du produit de conception, et que ce dernier avait subi un retrait très-marqué par le resserrement progressif de l'utérus. 3' OBSERVATION DE CANCER DU PÉRITOINE; commuuiquée par M. Leudet. Un malade, ne présentant aucun signe de diathèse cancéreuse, accusait depuis deux ou trois mois quelques troubles digestifs. Son ventre s'est développé, et l'on a constaté des tumeurs abdominales dépendant de l'épipldon et du més- entère. A la suite d'une mort rapide, l'dulopsiea montré le péritoine inûltré de tissu blanchâtre, qui offre au microscope des cellules à très-gros noyaux, de la graisse et des éléments fibro-plastiques. Des masses pareilles, véritables tumeurs, sont appendues à l'épiploon gastro-splénique et sur la longueur des intestins. M. Leudet complète son observation en signalant deux petites érosions hémor- rhagiques situées au cul-de-sac de l'estomac, et relatives à des vomissements de sang qui avaient eu lieu durant la vie. 4® OBSERVATION DE RUPTURE DU TRONC AORTIQUE CHEZ LE CHEVAL; par M. A. GOUBAUX. Dans les séances des 24 et 31 juillet 1852, M. Goubaux a communiquée la So- ciété de biologie deux observations de rupture du tronc aortique qu'il a eu occa- sion défaire les jours précédents. Ces faits sont excessivement rares : ce sont peut-être les seuls qui aient été pu- bliés jusqu'à présent, et dans les différentes énumérations des accidents qui peu- vent être la conséquence de i'abatage des animaux pour la pratique des opéra- tions chirurgicales, aucun auteur n'en a fait mention. Voici les deux faits qu'a observés M. Goubaux: 1° Le 21 juillet, un cheval hongre, de race anglaise, de grande taille, âgé de K-^^ 190 là ans environ, qui servait au cours pratique des opérations chirurgicales, fut abattu avec violence sur le côté gauche. Inamédiatement après, l'animal se li- vra à des mouvements d'extension de la colonne vertébrale, se roidit ; les mu- queuses se décolorèrent, et la mort survint très-rapidement. M. Goubaux eut immédiatement l'idée que la mort pouvait être la conséquence de la rupture ci'un gros vaisseau. A l'autopsie, on trouva la cavité du péricarde remplie par un énorme cail- lot sanguin , et le tronc aortique déchiré au niveau de son origine , du côté droit, et dans une étendue à 3 centimètres d'avant en arrière. Les parois arté- rielles étaient saines. 2° Le 2G juillet, un cheval hongre, de race anglo-allemande, de grande taille, âgé de 15 ans environ, fut l'un des sujets qui furent employés au cours ptatique des opérations chirurgicales. Cet animal était très-vigoureux et se défendait beau- coup. 11 avait déjà supporté toutes les cautérisations, et on en était arrivé à la dernière des opérations qui se pratiquent l'animal étant debout : la ligature de l'artère carotide primitive. Pendant cette opération , l'animal se défendit beau- coup, glissa et tomba sur le sol avec une grande violence. La chute eut lieu sur le côté gauche. Immédiatement après, le cheval se roidit, les muqueuses se dé- colorèrent, et la mort survint. Les phénomènes qui se manifestèrent étant absolument identiques à ceux qu'il avait observés quelques jours auparavant et dans une circonstance semblable, M. Goubaux annonça aux élèves qu'à l'autopsie on trouverait probablement une déchirure du tronc aortique. AtTOPSiE. — Le péricarde est distendu par un énorme caillot sanguin ; le tronc aortique est déchiré, au niveau de son origine et sur sa face droite, dans une étendue de 6 centimètres d'avant en arrière. Sur les parois de ce vaisseau et du côté gauche, on remarque trois petites tumeurs qui contiennent du liquide. Ces tumeurs sont inégales en volume : la plus volumineuse est grosse comme une petite noix, et les deux autres comme de petites noisettes. L'examen fait par M. Ch. Robin a démontré que ces petites tumeurs étaient des poches hydatiques, formées : 1° Par une enveloppe fibreuse, blanche, dure, épaisse d'un millimètre, n'of- frant rien de particulier qu'une densité un peu plus grande que celle qu'on ob- serve ordinairement dans le lissu fibreux. 2° Lu face interne de celte enveloppe est tapissée par une poche qui lui adhère faiblement par simple contact, sans continuité de tissu ; elle peut en conséquence en être facilement détachée. Elle a tout l'aspect des poches hydatiques, et elle en a aussi la structure. En effet, elle est composée : a d'une substance homogène, transparente, friable, très-finement granuleuse sous le microscope; b cette sub- stance est parsemée : l» de grains bruns, seulement visibles au microscope, et 2° d'autres grains d'un demi-millimètre a 1 millimètre de diamètre, blancs, brillants, saillants vers la cavité de la poche. Ces grains sont formés de carbo- 191 nate de chaux, comme on ea trouve souvent clans les kystes à écliinocoques ou à cœnures. Toutefois ils sont plus jaunes, mamelonnés à leur surface, sans lignes concentriques, comme les grains calcaires des parasites nommés ci-dessus. Quel- ques granulations ou gouttes graisseuses, jaunâtres, ne se dissolvant pas dans les acides, accompagnent les grains de carbonate de chaux. 3<» La cavité de la poche est remplie d'un liquide clair et homogène. Ce liquide ne renferme pas de traces d'animaux, non plus que de leurs crochets, qui sou- vent restent après la destruction de l'animal ; il n'y en a pas non plus contre la face interne de la poche hydatique. Ce sont donc des hydatides, mais sans animaux. IV. — TÉRATOLOGIE. EXEMPLE d'atrophie CÉRÉBRALE AVEC ATROPHIE ET DÉFORMATIONS DANS UNE MOITIÉ DU CORPS; par MM. Charcot et Turner. M. Charcot, au nom de M. Turner et au sien, présente les organes encépha- liques d'une lille de 20 ans, épileptique, et offrant une atrophie marquée de toute la moitié gauche du corps, auec pied-bol équin et main-bot cubito-palniaire. Le début de l'inflrmité remonte à l'âge de 7 ans, et est attribué à une maladie con- vulsive. Cette fille était aveugle, marchant péniblement, et d'une intelligence obtuse. A l'autopsie, on constata les lésions qui ont été désignées par MM. Cazauvielh et Cîtlmeil, sous le nom d'atrophie ou agénésie cérébrale. L'hémisphère cérébral du côté droit, la couche optique, le corps strié, le pé- doncule cérébral du même côté sont atrophiés, ainsi que la pyramide antérieure du côté opposé à l'arrêt de développement des membres. Au contraire, l'hémi- sphère cérébelleux gauche et la moitié gauche de la moelle épinière, c'est-à-dire du côté correspondant au pied-bot, ont un volume notablement plus faible que du côté opposé. Ces données s'accordent donc très-bien avec les notions physio- logiques. Les deux nerfs optiques étaient également atrophiés en avant et en arrière du chiasma, qui lui même se présentait plus petit que de coutume. Les tubercules quadrijumeaux avaient néanmoins conservé leur volume. Les globes oculaires paraissaient très-sains. La langue était déviée du côté de l'atrophie cérébrale. Le crâne était asymé- trique, et de plus, ses parois avaient acquis une épaisseur considérable du côté droit, comme pour remplir le vide occasionné par l'agénésie de la partie corres- pondante de l'encéphale. Les muscles du pied-bot et de la main-bot étaient un peu atrophiés et décolorés; ils n'étaient graisseux que dans quelques points li- mités et n'avaient point subi la transformation graisseuse. 192 V. — Botanique. EXEMPLES DE FASCIATIONS ; par M. LÉON SOUBEIRAN. Les fasciations, ou expansions fasciées de M . de Candolle, sont des phénomènes de tératologie végétale que les botanistes renconlrent assez fréquemment et qui se présentent dans certaines espèces presque constamment. Les axes caulinaires, en général plus ou moins cylindriques, prennent une forme aplatie et comme demi-foliacée. Les fibres peuvent être à peu près parallèles ou convergentes ou di- vergentes vers le sommet, mais elles sont toujours simples et jamais elles ne s'épanouissent comme celles des organes foliacés. Pendant le courant de l'année 1849, j'ai eu occasion de récolter une faseie de cichorium intybus dans les environ du Châtelet en Brie. Les fibres y sont droites, parallèles; cependant, vers la partie supérieure, les tiges fasciées présentent quelques ondulations et une tendance à la crispation. Au mois d'août 18S2, j'ai recueilli, sur les escarpements calcaires des falaises de Tréport-sur-Mer, un exemple de fasciation sur une autre synanthcrée, le cré- pis maritima Boucher, picridium vulgare Panquy. Ici encore, les fibres sont droites et les rameanx floraux ne paraissent pas avoir subi des altérations trop considérables dans leur disposition sur la tige. Enfin, j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société une fasciation de véronique, cultivée depuis plusieurs années à la pharmacie centrale, et qui m'a olfert un phénomène assez curieux : c'est que les graines semées ont reproduit de nouveaux pieds fascics, de telle sorte que nous aurions ici tendance à avoir l'analogue de ce qui se présente dans le passe velours (celosia crislatd)^ ou dans le sedum cristatum, où la fasciation est si constante qu'on a fini par considérer le fait tératologique comme le fait normal. J'ai l'honneur de mettre aussi, sous les yeux de la Société, un autre fait téra- tologique qui m'a paru as«ez curieux. C'est une preuve de plus de l'influence que peut avoir sur les plantes l'abondance de matière nutritive. Il s'agit ici d'un buplevrum fruticosum, cultivé au Muséum d'histoire naturelle, et qui présente une élongation de l'axe Irès-remarqualile. Du centre de l'ombelle qui constitue l'in- florescence, part un proloiiL-ement de l'axe qui porte à son extiémitéune nouvelle ombelle moins développée que la premièie. Nous avons do[ic ici l'analogue de Veuphorbia biumbellata, c'est-à-dire deux ombelles successives portées sur un même axe. Je n'ai pu m'assurer si celte monstruosité s'était reproduite cette année au Muséum. FIN DES COMPES RENDUS DES SEANCES. MÉMOIRES LUS A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 18S2. NOTE SDR L'ÉPIDÉMIE DE SUETTE OBSERVÉE EN 18&9 DANB I.E DÉPABTE9IENT DE li'oiSE, LE DOCTEUR A. VERNEUIL, Proaectenr de la Facalté , ex-interne lanréat des bôpltani. membre de la Société de Biologie, etc. Je dois, avant de commencer la relation des faits que j'ai observés, quelques raots d'avertissement. Cette note , recueillie sur les lieux mêmes où sévissait l'épidémie, n'était point destinée à être publiée; néanmoins , la suetle ayant reparu sur divers points de la France , je me décide à livrer à la publicité ce travail avec ses lacunes et ses imperfections. Je préfère lui laisser ses défauts que de chercher à le corriger aujourd'hui avec mes sou- venirs. Je me renfermerai également dans le rôle de simple narrateur et m'abs- tiendrai de discuter sur des faits que je n'ai point vus et sur des opinions théoriques énoncées par d'honorables auteurs , qui ont comme moi observé la suette, mais qui, plus que moi, ont cherché à approfondir sa nature. J'aurai au moins le mérite d'être court. La plupart des localités que j'ai visitées étaient envahies à la fois par le choléra et la suetle; c'est sur cette dernière que j'ai plus particulièrement à porté mon allenlion. J'arrivai le 19 juin 18/i9 à Mouy, petite ville mann- l'acturière située sur le Thérain , arrondissement de Clermont, déparlement de roise. J'ai de plus donné mes soins dans un grand nombre de villages et de tiameaux voisins, savoir: Mérard, Ansacq, Angy, Brivois, Boizi- rourt, Biiry, Balagny, Iloudainville, Buteaux, Tluiry, Coincourt, Mouchy la ville et le Chatel , Heilles, Janville, Cailloël. J'ai vu, dans certaines localilés, les deux épidémies dans leur période de décroissance ou d'état ; ailleurs je les ai observées au début. J'ai eu fréquemment occasion de con- féi'er avec MM. les docteurs Caulrel, Baudon père et fils, Leclerc, etc., exerçant à Mouy et aux environs; mes observations se sont trouvées par- faitement conformes à celles de ces honorables praticiens. La suette n'a pas reparu d'une manière épidémique dans le département de l'Oise depuis 1832 ; toutefois la commune de Cires-les-Mello et ses en- virons auraient, en ISlx^, présenté une épidémie partielle. J'ai peu de choses à dire de l'éliologie générale qni demanderait à être longuement discutée; toutefois elle ne m'a rien présenté de très-saillant, et j'ai vu la suette sévir dans des localilés différant beaucoup au point de viîe géographique ; dans certains villages situés sur des collines , la partie haute et la partie basse étaient également atteintes (ex. Ansacq) ; pourtant le voisinage des ruisseaux, des marais ; les lieux frais et humides ont géné- ralement offert plus de cas. r>ans ces villages, les conditions hygiéniques m'ont paru le plus sou- vent mauvaises, les habitants sont malpropres et peu soigneux, les habita- tions habituellement malsaines et mal entretenues. Dans la plupart des localités envahies, les deux épidémies (suette, cho- léra ou cholérine) se sont tellement généralisées qu'à peine un dixième des familles en a été complètement exempt. La proportion des suetleux l'a tou- jours de beaucoup emporté. La proportion des femmes affectées a toujours été beaucoup plus consi- dérable: ce fait semble ordinaire pour la suette. Quant à l'âge , peu de vieilles femmes ont échappé à l'une ou l'autre épidémie. La suette n'a guère atteint les enfants au-dessous de huit ou dix ans, le choléra a fait au contraire de nombreux ravages dans la première enfance; plusieurs nourrissons ont succombé. Les cas de suette m'ont en général paru d'autant plus légers que les sujets étaient plus jeunes et plus forts. Jusqu'à preuve contraire , je ne crois nullement k la contagion de la suette. 5 Comme dans un grand nombre d'épidémies , Téliologie partielle m'a paru assez insignifiante , je ne pourrais faire ici qu'une énuméralion banale et dire que souvent la suelle a reconnu pour causes : des fatigues occasion- nées par les travaux des champs, des écarts de régime , etc., etc. Le moral m'a paru jouer un rôle assez peu marqué; la suette, en etTet, par sa béni- gnité, n'offrait aucun sujet de crainte aux populations. Les personnes à constitution délabrée , celles que tourmentaient d'an- ciennes affections gastriques (elles sont nombreuses dans ce pays) ont à peu près toutes été prises de suette , qui chez elles a toujours été d'une durée extrême. Je crois assez utiles quelques renseignements sur l'état sanitaire actuel et antécédent de la contrée. La géographie médicale de l'Oise est complè- tement traitée dans l'ouvrage de M. le docteur Rayer (Suette de l'Oise , 1821), je n'y reviendrai pas ici. La population est généralement assez belle; les vieillards m'ont pourtant paru usés de bonne heure. On rencontre beaucoup de goitreuses , peu de crétins, quantité médiocre de tuberculeux et de scrofuleux. Les mala- dies chroniques de l'estomac sont très-fréquentes , à peine s'il existe un adulte sur dix qui ait conservé les incisives supérieures; proportion nota- ble d'asthmatiques; épidémies fréquentes et souvent meurtrières de lièvres typhoïdes, de varioles, de méningites: la vaccination a beaucoup de peine à s'y généraliser. Les cas de maladie appelés à tort ou à raison choléra sporadique n'y sont pas très-rares; les symptômes cholériques y sont bien marqués, ils guérissent en général. Je pourrais fournir des observations authentiques recueillies par des praticiens instruits de la localité. Un de ces malades fut cette année repris d'une véritable attaque de choléra. Les fièvres intermittentes sont peu communes, au milieu de circonstances géographiques qui tendraient pourtant à les développer ; elles existaient dans certaines localités d'où elles ont été expulsées par quelques travaux d'assainissement. Au dire de certaines personnes, les reboisements assez étendus dans l'arrondissement auraient contribué à les faire disparaître; j'ajoute que presque tous les cours d'eau sont courants et ombragés. La suette a débuté tantôt sans prodromes et comme subitement; les malades étaient pris de céphalalgie, de courbature, de fièvre; la peau, d'abord brillante , se couvrait bientôt de sueurs ; certains malades s'étaient couchés bien portant : le lendemain à leur réveil , ils offraient les phéno- mènes de l'invasion, mais bien plus souvent encore la maladie était annoncée d'un à trois jours d'avance par des prodromes : céphalalgie , 6 courbature , douleurs conlinues dans les membres abdominaux el les reins, anorexie , langue blanche , large, humide, conslipalion ou diarrhée, dé- pression des forces, rien ou presque rien du côlé de la circulation et de la respiration, souvent de l'anxiété épigastrique , un sentiment de conslric- tion à la base de la poitrine. J'ai vu fréquemment à la suetle un débul cholériforme généralement brusque; les malades étaient pris de diarrhée abondante, le plus souvent le matin (8, 10, 15 selles) avec nausées , rare- ment suivies de vomissements, pâleur de la face, dépression considérable des forces. Mais le pouls assez fort , l'absence de cyanose , de crampes, la couleur bilieuse des selles aidaient ordinairement le diagnostic. Au reste, un traitement anodin , mais tendant à arrêter la diarrhée et à favoriser la diaphorèse rendaient bientôt à la maladie sa vraie physionomie; la sueur en effet ne tardait pas à apparaître et la maladie marchait comme de cou- tume (1). Étudions par appareils les phénomènes morbides de la maladie confirmée. Enveloppe cutanée. — Sueur, éruption. En général je n'ai pas vu ces sueurs excessives dont parlent les auteurs; j'ai vu la peau molle, hu- mide , de la sueur au front, au cou , sur la poitrine, quelquefois les jambes constamment mouillées. Ordinairement, pendant deux ou trois jours, les malades trempaient de quatre à huit chemises dans les vingt-quatre heures, mais ils en chan- geaient très-souvent; j'ai vu chez quelques jeunes adultes à peau fine douze à vingt chemises mouillées dans les vingt-quatre heures ; ces cas sont tout à fait exceptionnels; il ne m'a pas été donné de constater cette odeur sui generis de la suelle; quand les malades ou les habitations étaient malpro- pres, les lits, le linge sentaient mauvais, mais sans que cela m'ait paru particulièrement dû à la suette. L'éruption , quelquefois confluente, occupant alors le cou , le thorax, les épaules ou le dos de préférence , m'a paru le plus souvent modérée ; dans un tiers des cas au moins elle a manqué (2) ; elle se présentait sous la forme mihaire rouge , s'accompagnait à son débul de picotements el à sa fin de démangeaisons supportables ; quand elle était discrète et à son début, elle simulait quelquefois à s'y tromper, tantôt la rougeole, tantôt (1) J'ai vu des malades qui, après avoir présenté tous les prodromes, reve- naient à la santé sans contracter la maladie. (2) Le nom de stielte miliaire ne saurait donc s'appliquer d'une manier'? s-rn(^falfi. 7 • la varicelle au début , surtout quand elle siégeait sur les bras ou sur la poitrine exposés au soleil. Du sixième au dixième jour la desquammation se faisait, quelquefois plus tard , quand il y avait successivement plusieurs éruptions ou plusieurs bouffées successives de sueur. Les sueurs étaient d'ordinaire plus abondantes la nuit et le matin. Quelquefois elles persistaient pendant la convalescence presque toutes les nuits ; de même j'ai vu des éruptions miliaires confluentes survenir pen- dant la convalescence , à plusieurs reprises même, sans que les malades en fussent notablement incommodés. Vers la fin de la maladie j'ai souvent vu chez les malades qui avaient présenté une assez forte éruption , j'ai vu , dis-je , la miliaire mélangée, en s'éleignant, d'une éruption de sudamina remplie d'une sérosité lactescente, qui se présentait sur la poitrine, au bord antérieur de l'aisselle et ne paraissait avoir aucune influence notable sur la marche de la maladie. Organes de la digestion. — Les premières voies m'ont toujours paru affectées à un degré variable dans la suette; la langue large, blanche, molle, présentait le plus souvent un enduit plus ou moins épais qui était un des premiers symptômes de la maladie , même lorsque les malades pre- naient encore des aliments; surtout marqué vers la base, cet enduit était blanc ou jaunâtre quand il y avait état saburral concomittant; tantôt géné- ralisé à tout l'organe , tantôt borné à la base et au centre, il persistait plus ou moins longtemps; souvent c'était le dernier symptôme qui survivait. Lorsque des troubles digestifs apparaissaient dans la convalescence , les bords de la langue devenaient souvent rouges, ainsi que la pointe ; rare- ment il y avait sécheresse. La bouche était pâteuse , exceptionnellement amère; une seule fois j'ai observé une éruption herpétique des lèvres vers le déchu delà maladie, ce qui n'a pas empêché une rechute. Trois ou quatre fois j'ai vu les gencives couvertes de plaques diphtéritiques. Deux fois au début j'ai rencontré une angine légère et de peu de durée. L'anorexie est la règle, il est bien rareque quelque malades conservent un appétit fac- tice; s'ils essayent de manger ils sont immédiatement rassasiés et presque toujours souffrent d'étouffements pendant la digestion. La soif est généra- lement peu intense ; elle est en rapport avec le mouvement fébrile. Quelques malades se sont plaints de douleurs dans la région dorsale}, de conslriction qui allaient de bas en haut ; c'était quelque chose d'ana- logue à la boule hystérique. Ces phénomènes coïncidant avec une anxiété et une douleur épigastriques considérables indiquaient peut-être un état pathologique de l'œsophage. La douleur épigaslrique peut manquer, mais c'est néanmoins un des symptômes les plus constants; la pression l'exagère un peu. Celte douleur s'irradie quelquefois dans les deux hypocondres ; c'est à elle que doit être attribuée cette constriclion, cette barre à la base de la poitrine, dont se plaignent un si grand nombre de sujets , à moins qu'elle ne réside, comme je l'ai soupçonné quelquefois, dans le colon transverse ; car je dois dire qu'une selle produite la soulagea souvent. Dans quelques circon- stances, la douleur épigaslrique devenait quelquefois extrêmement incom- mode chez les sujets dont les fonctions digeslives étaient habituellement languissantes. En résumé, elle offre surtout les caractères de la gastralgie. Dans rn nombre de cas assez restreint , les malades présentent de vé- ritables nausées; les vomissements sont encore plus rares. Danslasuette à début choléril'orme, on observe quelquefois deux ou trois vomissements bilieux , mais c'est tout. La douleur s'irradie quelquefois, ai-je dit, dans les hypocondres. Je ne l'ai observée que deux fois dans le droit. Dans tous les cas le foie percuté m'a donné des résultats insignifiants. J'ai beaucoup plus souvent observé la douleur splénique. Dans deux ou trois cas je l'ai vue exister en l'absence de la douleur épigastrique ; tantôt les malades s'en plaignaient et accu- saient un point de côté, tantôt la pression seule la leur révélait. J'ai, chez les deux tiers de mes malades au moins, percuté la rate, tantôt au début, tantôt à diverses époques de la maladie. Je voulais me rendre compte de certains phénomènes d'intermittence ou de rémittence sur lesquels je m'exphquerai plus tard. Trois ou quatre fois, dès le début, j'ai trouvé la rate notablement gonflée ; mais ce fait s'est rencontré plus souvent encore dans certaines convalescences longues avec accès périodiques. L'état de la rate et les apparences de périodicité dans la maladie n'ont pas toujours coïncidé. Pourtant ces deux indications réunies ou isolées m'ont servi à administrer le sulfate de quinine à diverses périodes de la maladie, et géné- ralement je me suis bien trouvé d'en avoir tenu compte. Du côté de l'abdomen , j'ai trouvé le ventre souple, le plus souvent indolent; pourtant il n'était pas rare de rencontrer quelques coliques précédant des évacuations diarrhéïques ou causées par la constipation. Dans ce dernier cas, la palpation m'a plusieurs fois fait rencontrer, dans la fosse iliaque gauche surtout, un empâtement causé par la présence des matières fécales; un lavement légèrement purgatif en avait presque tou- jours raison. J'ai déjà parlé des selles en nombre variable qui signalaient le début 9 d'un certain nombre de cas de suelte. J'ai vu souvent la diarrhée paraître après cinq à six jours de maladie, les malades rendaient en plusieurs fois des matières liquides plus ou moins fortement colorées. Quand les évacua- lions ne présentaient pas l'aspect cholérique, nous les laissions s'arrêter d'elles-mêmes ; elles semblaient comme critiques, les malades en éprou- vaient presque toujours un mieux notable. En général, j'admettrai avec les auteurs que la constipation est un fait normal dans la suette; elle m'a paru toutefois céder aisément, et n'ofl're pas de rapport constant avec l'abondance des pertes par la peau considérée comme symptôme essentiel de la maladie; elle est moins tenace dans les cas légers, et cela se conçoit. Rarement j'ai observé quelques atteintes de ténesme. Respiration, circulation. — J'ai noté peu de troubles du côté des organes respiratoires; quelques malades ont éprouvé des étouffemeuts quand la sueur avait de la difficulté à se déclarer. Le même phénomène s'est présenté, quand par suite de quelques écarts de régime, la sueur avait été supprimée ou quand un traitement intempestif avait trop excité la dia- phorèse ; quand la maladie affectait le type intermittent ou rémittent, les accès étaient fréquemment annoncés par de l'oppression et un peu de dyspnée. Ce symptôme, qui effrayait le malade, cédait toujours de lui-même, ou à une médication très-simple; l'accumulation de gaz dans l'estomac ou les intestins m'a quelquefois paru en être la cause. Du reste , je n'ai jamais remarqué dans le nombre ni le rhythme des mouvements respiratoires rien qui méritât d'être noté. L'auscultation des poumons et du cœur m'a toujours donné des résultats négatifs. Les rares modifications que j'ai observées trouvaient toujours leur raison d'existence dans des affections antécédentes. Le pouls au début était souvent fébrile ; en général, plein, large, sa fré- quence variable , suivant les sujets, n'atteignait que bien rarement des limites extrêmes ; il y avait souvent entre les accès une apyrexie complète. Dans la période de déchu de la maladie, quand elle offrait le type continu, j'ai remarqué , et n'ai pas été le seul à faire cette observation , que le pouls était notablement ralenti : à peine trouvait-on cinquante ou soixante pulsations , alors même que la peau conservait de la chaleur et de la moiteur. La température de la peau s'élevait assez haut, comme on peut le prévoir; elle était sèche et incommodait les sujets dans les heures qui précédaient l'invasion de la sueur. Quand celle-ci survenait, la chaleur était peut-être io plus forte, mais les malades la supporiaieul beaucoup mieux. Quelques uns se plaignaient surtout d'avoir les jambes et les pieds comme dans le feu , disaient-ils , puis la chaleur remontait de bas en haut , et dans ces cas l'éruption de la sueur suivait la même marche. Je dois dire qu'en général je ne pouvais obtenir que les pieds ne fussent couverts outre mesure ; quel- ques frissons se montrèrent aussi, tantôt erratiques, tantôt désignant net- tement les recrudescences ou les accès. Dans quelques cas les malades m'ont accusé encore certaines perversions locales de la sensibilité, telles des brûlements dans le dos, dans les reins, dans un membre, des refroidissements également localisés et persistants. Deux se sont plaints d'avoir éprouvé pendant vingt-quatre heures des brû- lements insupportables dans un talon. Je note ces légers phénomènes sans y attacher grande importance, comme on peut le croire, car ils se rencon- trent dans la plupart des affections fébriles. Appareil génito-urinaire. — Les urines étaient rendues en petite quantité. Les évacuations cutanées rendent suffisamment compte de ce fait : claires, hmpides pendant la période fébrile, elles laissaient dans la convalescence un dépôt briqueté rougeâtre dont le passage cau- sait souvent des ardeurs dans le canal. Je ne les ai soumises à aucun examen chimique. Les douleurs lombaires, si fréquentes dans la suette, ne me semblent pas devoir être rapportées à une lésion des reins. Les menstrues apparaissaient dans le cours de la maladie comme de cou- tume, et même elles étaient souvent avancées de quelques jours, ou repa- raissaient peu de temps après leur cessation ; fréquemment elles étaient augmentées en durée et en quantité, je n'ai jamais observé leur sup- pression. La suette ne m'a pas paru influencer la gestation. La sécrétion lactée étant peu modifiée, beaucoup de mères ont continué à allaiter leurs enfants, sans qu'il parût en résulter ni pour les unes, ni pour les autres d'incon- vénient appréciable : il en était tout autrement dans les affections cholé- riformes. J'ai observé chez deux hommes des faits isolés , mais assez curieux ; j'ai recueilli leurs observations. Louis Nolard, âgé de liU ans, cultivateur à Bury, sortit de chez lui de bon matin et très-bien portant, lorsque dans l'après-midi des dou- leurs très-intenses se manifestèrent dans les reins , l'hypogaslre et les parties génitales externes ; elles s'accompagnaient d'érection douloureuse, de ténesme vésical, de rétraction des testicules vers les anneaux. Le pénis 11 cl les bourses élaieiil rouges, tuméfiés, Irès-doulourcuxau toucher. Rentré chez lui à grand'peine, il prit un bain de siège qui le soulagea médiocre- ment; il se mit au lit où il fut bientôt baigné de sueur; les érections cessèrent, les douleurs diminuèrent ; je prescrivis un demi-lavemenl avec le camphre et le laudanum. Tout disparut, sauf les symptômes d'une suelte bénigne qui dura quatre jours environ. L'homme était robuste , sanguin et affecté d'asthme , il n'avait jamais rien éprouvé de semblable. Lamouche , fabricant de drap à Mony, 5Zi ans, grande taille, constitution sèche, fut affecté d'une suette légère ; il se montra vers le quatrième jour une tuméfaction considérable des bourses avec douleurs assez aiguës à droite ; nous reconnûmes à droite une tumeur molle, bien évidemment tluctuante, présentant tous les signes d'une vaginalite sans changement de couleur à la peau. La tension était peu considérable, la pression exagérait peu la douleur. Le malade s'était levé, nous le condamnâmes au repos, les bourses élevées et recouvertes d'applications résolutives ; le lendemain l'amélioration était manifeste, quatre jours après tout avait disparu. Cette légère lésion ne reconnaissait pour cause aucune violence appré- ciable. Innervation. — Sauf la céphalalgie, les douleurs dans les membres, dans les reins et la dépression des forces, les troubles de l'inner- vation se sont montrés presque nuls. Le mal de tête , symptôme à peu près constant, consistait seulement quelquefois en élourdissement avec pesan- teur et paresse des idées. Le plus souvent c'était une véritable céphalalgie variable quant au siège et à l'intensité, mais le plus souvent supportable. Je l'ai vu dans quatre ou cinq cas à peine s'accompagner de signes de con- gestion, encore la cause en était le plus souvent appréciable et due à une trop grande chaleur provoquée. Pendant la convalescence , la tête restait faible longtemps, mais sans souffrance. Deux fois seulement , au début, j'ai cru utile de pratiquer une émission sanguine générale. L'intelligence m'a toujours semblé dans un état d'entière conservation : je n'ai jamais rencontré ni convulsions, ni délire, ni coma, ni troubles qui méritent mention du côté des organes des sens. Dans le hameau de Filer- val , j'ai vu deux malades convalescents qui se plaignaient d'affaibhssemeni de la vue ; l'un d'eux , affecté de suette en 1832 , avait déjà présenté le même symptôme, une saignée l'en avait débarrassé. Le sommeil a toujours été assez bien conservé ; son influence était plu- tôt favorable A la maladie. Dans quelques cas seulement, lorsque l'éruptiorj miliaire était intense, les malades éprouvaient de Tinsomnie et un pea d'agitation. Je n'ai point observé de cas de suelte sans dépression plus ou moins considérable des forces ; tantôt la faiblesse, et c'est l'immense majorité des cas, se montre au début et dépasse de beaucoup l'époque de la gué- rison ; tantôt les malades reprennent tant bien que mal leurs travaux , pré- sentant encore des sueurs nocturnes, des troubles de la digestion, etc., etc. Mais cette perte des forces , ce manque d'énergie est si général que cer- tains malades se trouvent très- bien au lit et sans souffrance aucune ; que d'autres, voulant lutter contre la maladie, se lèvent, et qu'au bout d'un quart d'heure, d'une heure, ils se sentent défaillir jusqu'à menace de syncope , bien heureux quand celte légère imprudence ne les condamne pas à une semaine de repos ou à une véritable rechute. Il ne faut accuser de cela ni le régime débilitant, ni la privation d'aliments, car les mêmes sdjets toujours soumis à une diète sévère , se lèvent sans inconvénient quatre à cinq jours plus tard. C'est quelquefois au début que la prostra- tion est surtout marquée ; d'autres fois elle ne se manifeste qu'à la lin d'une suelte excessivement légère , dans laquelle presque tous les symp- tômes ont été à peine dessinés. J'ai séparé à dessein les douleurs conlusives des membres et de la ré- gion lombaire du paragraphe qui précède, parce qu'elles peuvent man- quer comme la céphalalgie; pourtant ces douleurs sont communes, elles siègent de préférence dans les membres abdominaux; elles disparaissent souvent avec les sueurs et même avant; on dirait, suivant les malades, qu'on a fait une course énorme ou qu'on a été roué de coups de bâton. Elles présentent donc le plus souvent le caractère des douleurs con- tusives. Voici le tableau des symptômes tel que je l'ai observé sur près de 300 malades affectés de la suetle. D'après les différences que la maladie a présentées, je serais tenté d'établir trois formes : 1' une première forme très-légère, indiquant la plus minime atteinte du génie épidémique; 2* une seconde forme , de beaucoup la plus commune, et à laquelle se rapporte l'ensemble des symptômes que je viens de retracer; 3° enfin une suetle avec accidents cholériformes : cette variété est peut-être peu natu- relle , mais elle a incontestablement existé alors que l'épidémie cholérique semblait imprimer son cachet aux affections même les plus bénignes quant à l'issue définitive. Je ne form.erai pas de classe distincte pour ces suetles , qui se sont prolongées par suite d'accidents survenus dans la convalcs- 13 cence. Quant à la suette compliquée et maligne , son existence ne s'est pas révélée dans l'épidémie quêtai observée et dans les localités que j'ai parcourues , ceci est un fait qui doit être bien constaté. Je ne retracerai pas minutieusement ici la marche des trois formes que j'admets , néanmoins j'en reproduirai l'esquisse rapide. Dans la suette lé- gère, un grand nombre des symptômes énoncés manquaient ou se mon- traient fugaces et peu intenses ; quelques sueurs pendant deux ou trois jours; la céphalalgie médiocre; la courbature , la prostration modérées; la langue blanche , l'anorexie , quelques troubles légers dans la digestion, c'était tout; l'éruption manquait presque toujour.';. Un ou deux jours d'in- vasion, deux ou trois jours de maladie véritable exigeant l'alitement, puis la convalescence se montrant franche et rapide ; ces cas, hors d'une épidé- mie, seraient très-diffîciles à classer, mais l'hésilalion n'est plus permise quand ils se montrent eu grand nombre, avec une physionomie semblable, à la fin de l'épidémie ou dans les localités où elle est peu intense, et enfin dans les mêmes circonstances et avec les mêmes causes que chez des sujets plus mal partagés. La marche de la maladie s'arrêtait même quel- quefois après les prodromes. Cgs*'eas se représentent dans toutes les épidé- mies. La suette ordinaire débutait le plus souvent par une véritable incuba- tion : la céphalalgie , la courbature, l'impossibilité du travail ouvraient la scène ; le pouls s'élevait, la peau était sèche et chaude, ou bien elle se cou- vrait presque d'emblée de sueurs assez abondantes ; le même jour ou le lendemain , des picotements se faisaient sentir et annonçaient l'éruption , qui surgissait dans des points variables. J'ai déjà dit que cette éruption était loin d'être constante; presque toujours elle était discrète : des étouffe- ments, un peu d'anxiété, annonçaient la manifestation morbide du côté de la peau et cessaient avec elle. Cette période durait de cinq à six jours; quelquefois , à son début, il y avait de la diarrhée , mais pendant toute sa durée, en général, la constipation était habituelle. La céphalalgie, les dou- leurs contusives avaient déjà disparu vers le quatrième jour; la langue restait blanche ou se nettoyait un peu, l'appétit revenait ; en même temps les urines laissaient déposer un dépôt rougeâlre ; il y avait là un temps d'arrêt de deux ou trois jours , quelquefois davantage , pendant lequel , quoique toute souffrance eût disparu , il fallait néanmoins garder le lit et presque toujours continuer une diète rigoureuse. C'est à cette époque que j'ai vu survenir le plus de rechutes. Enfin la guérison arrivait du dixième au quinzième jour. J'entends ici par guérison la cessation de la fièvre et des principaui symptômes, car les forces el l'appétit ne reTenaient guère complètement avant quatre ou cinq septénaires. La marche ultérieure de la suette était à peu près la même quand elle avait débuté par des accidents cholériformes ; mais ce début lui-môme présentait quelquefois un appareil plus effrayant que grave. Les prodromes manquaient le plus souvent. La veille un peu de diarrhée ; mais presque tout à coup les selles se montraient nombreuses et rapprochées avec ou sans co- liques. Les premières étaient bilieuses , mais ( quand le nombre atteignait 7 ou 8 dans la matinée) elles devenaient blanchâtres, troubles , grumeleuses, liquides comme de l'eau , s'accompagnaient de nausées , de défaillances ; mais les vomissements étaient l'exception. Les forces étaient anéanties, il y avait pâleur de la face , horripilalions , en général peu de sécrétion uri- naire. Je n'ai observé que trois ou quatre fois de véritables crampes, encore étaient-elles légères ; il n'y avait pas de cyanose. Au bout de quelques heures ces symptômes s'amendaient spontanément ou sous l'influence d'un traitement légèremenlstimulanteldiaphorélique. Les malades se metlaientau lit et gardaient le repos; on employait des moyens propres à ramener la cha- leur qui revenait peu à peu. Enfln la sueur paraissait abondante, chaude, les selles s'arrêtaient. Il eût été très-difficile de reconnaître , quelques heures après, celte affection d'une autre suette développée comme de coutume. Souvent les malades s'effrayaient un peu , il était fort important de les ras- surer et de remonter leur moral. Deux ou trois malades ont été pris de celte forme de maladie , subitement pour ainsi dire , en apprenant la mort d'un de leurs parents. Je n'ai pas pu réunir des documents complets sur la marche géo- graphique de la suette , pourtant on peut énoncer d'une manière générale qu'elle s'est propagée principalement et successivement suivant une ligne droite qui réunissait Paris à Beauvais, par conséquent vers le N.-E. Je l'ai vue suivre assez régulièrement la vallée du Thérain en remontant vers la source de cette petite rivière. Elle a bien évidemment suivi et remonté deux petits cours d'eau qui viennent se jeter sur la rive gauche du Thé- rain. L'un de ces ruisseaux arrive à Ansacq, qui a présenté un grand nom- bre de cas des deux épidémies; l'autre aboutit à Thury qui , lors de mon départ, était également ravagé par la suette, des affections intestinales plus ou moins graves, et surtout par des cas de choléra presque tons suivis d'une mort prompte. Quant au rapport de succession des deux épidémies, on peut encore af- firmer que presque partout les cas de choléra ont précédé de quelques 15 jours rinvasion de la suelte ; mais celte dernière n'attendait pas pour se déclarer que le premier fût arrivé à une période décroissante, car on voyait les deux épidémies sévir en môme temps et présenter chacune des cas bien tranchés ; toutefois les cas mixtes étaient plus fréquents dans ces conditions. En général le paroxysme de l'épidémie cholérique durait moins longtemps que celui de la suette, celle-ci survivait, mais le plus sou- vent les cas étaient légers. L'épidémie dès son début avait choisi pour les frapper presque toutes ces constitutions faibles chez lesquelles la maladie s'éternisait. Quelques petits hameaux, Filerval, Brivois, Boizioourt, n'avaient pas présenté de cas de choléra lors de mon départ; et pourtant la suette s'y était montrée. Ces exceptions me paraissent peu notables. Sans cesser de s'étendre, les deux épidémies avaient considérablement diminué pendant les derniers jours de juin, c'est-à-dire que le choléra avait presque complètement disparu et que la suette n'affectait qu'un petit nombre de nouveaux malades. En un mol nous n'avions presque à soigner que des convalescents, quand, vers le 2 ou le 3 juillet, une recrudescence inquiétante éclata. Dans la plus grande partie des villages qui avaient re- trouvé le repos, des cas de choléra reparurent, isolés il est vrai, mais par- faitement caractérisés. C'est à la même époque que la commune de Thury sous-Clermont fut envahie. Huit à dix jours avant, deux cas de choléra s'étaient montrés sur des enfants; la guérison avait été obtenue, puis tout avait paru fini. Mais à l'époque précitée les affections intestinales, les cas de suette et de choléra étaient devenus tellement nombreux vers le 10 juillet, qu'un quart de la population était malade. Le 13 du même mois, on comp- tait déjà 13 ou iti décès (population 280 environ), et rien n'annonçait que la mortalité dût s'arrêter. Nous avons attribué cette recrudescence à la chaleur qui était devenue considérable, et à laquelle se mêlait un état électrique tres-prononcé de l'atmosphère. La durée de la suette est variable, mais l'on doit distinguer la véritable période de la maladie et celle pendant laquelle les fonctions digestives et les forces reprennent complètement leur état normal. Je pense que la moyenne de dix jours convient à la première ; quant à la seconde, elle me semble presque impossible à déterminer : j'ai vu peu d'attaques de suette qui n'aient laissé des traces quinze jours après son passage, et je ne crois pas trop m'avancer en afGrmant qu'un quart des suetleux se ressentent de cette affection deux mois après qu'elle les a frappés. Je considère donc la suette comme une affection de longue durée , puisque pendant une convalescence 16 prolongée les sujels restent sous l'imminence de rechutes ou d'accidents assez graves par suite de la moindre imprudence, Au reste, j'ai remarqué dans un certain nombre de cas que la suelte du- rait moins chez les hommes que chez les femmes, d'autant moins dans les deux sexes que Tûge était moins avancé et que la constilulion était plus vigoureuse. La marche de la maladie était plus franche, quelquefois plus aiguë , mais toujours plus rapide au milieu de conditions hygiéniques et constitutionnelles favorables. C'est encore ainsi que j'ai vu la durée de la suette bien moins longue à la période de déclin de l'épidémie, et même dans certaines localités tout entières dans lesquelles ses progrès étaient circonscrits. Jamais , ai-je dit , la mort n'a terminé la maladie. La guérison est donc l'issue constante de la suelte que j'ai observée ; mais des accidents assez fréquents entravaient la convalescence : je l'ai déjà plusieurs fois fait pres- sentir. Je dois m'expliquer ici. Et d'abord, quand commence la convales- cence ? La limite est assez souvent, en pareil cas, délicate à poser ; on peut l'espérer néanmoins, 1" quand les sueurs continues ou rémittentes ont cessé , quand le mouvement fébrile est tombé ; 2° mais c'est surtout quand des aliments, liquides il est vrai, auront été pris sans inconvénient, quand le malade aura pu rester une heure ou deux levé sans voir revenir la sueur, quand la desquammation sera en pleine activité, qu'on pourra dire le ma- lade convalescent. Toutefois on conçoit très-bien que rien de tout ceci n'est absolu. J'ai vu surgir cerlains états pathologiques que je vais énoncer, chez des malades qui étaient arrivés, même depuis plusieurs jours, à celle position favorable, lorsqu'ils se risquaient à sortir, à manger des ali- ments solides, à reprendre leurs travaux. i" On voyait les sueur.-;, la courbature reparaître, tantôt la nuit, tantôt le jour, avec ou sans cause connue. Des éruptions miliaires successives se montraient sans symptômes généraux. Tout passagers, tout légers qu'étaient ces phénomènes, ils indiquaient la nécessité de ménagements extrêmes, mais ne constituaient pas de véritables rechutes, car ils cédaient très- facilement. 2" Des accidents nerveux se montraient, surtout chez les femmes : c'étaient des étouffemenls, un sentiment de gêne dans la gorge, de l'in- somnie, quelques éblouissemcnts, de la céphalalgie, du dégoût pour les aliments; le grand air, un peu d'exercice, un régime un peu excitant, quelques stimulants diffusibles, tels étaient les meilleurs moyens à em- ployer. 17 3" J'ai souvent vu des accidents intermittents; les ayant observés dès mon arrivée, je demandai immédiatement aux confrères si les fièvres palu- déennes étaient communes dans le pays. Je fus surpris d'apprendre qu'elles étaient fort rares. L'apparition fréquente de véritables accès dans ces cir- constances me paraît un fait digne de remarque; du reste, les trois stades étaient généralement bien marqués, mais bien souvent aussi c'étaient seule- ment des accidents nerveux analogues à ceux que nous avons précédem- ment décrits, mais que précédaient des frissons plus ou moins intenses. Ce n'est que dans un nombre de fois restreint que l'augmentation de la rate a répondu à ces désordres. U° Des troubles beaucoup plus constants se montraient du côté du tube digestif. On ne saurait s'imaginer combien le régime à prescrire était diffi- cile chez les convalescents de suette qui avaient précédemment les diges- tions un tant soit peu dérangées. Chez eux l'estom.ac était capricieux à l'excès, la moindre émotion morale amenait des rechutes; il en est qui ont contracté la suette au début de l'épidémie et qui, au jour où j'écris, ne peuvent encore prendre que du bouillon ou du lait coupé. Les coliques, les sécrétions gazeuses sont loin d'être rares; la constipation est fréquente. Du reste, ces accidents se montrent aussi chez des sujets dont les premières voies étaient intactes auparavant, mais ils sont beaucoup plus rares. J'ajou- terai qu'on les rencontrait quatre fois sur cinq chez les femmes. 5° Enfin, je dois noter la suite la plus terrible de la suetle, je veux dire le choléra. Pendant la dernière moitié du mois de juin, les acci- dents consécutifs étaient à peu près tous nerveux ou intermittents ; mais lorsque survint la recrudescence du mois de juillet, un nombre consi- dérable des attaques de choléra tombèrent sur d'anciens suetteux, qui avaient repris leur régime ou qui étaient encore convalescents ; ou même, il faut bien consigner ce fait, qui avaient la suette et ne pouvaient être ac- cusés d'aucun écart de régime dont les autres s'étaient rendus coupables. Loin donc de regarder la suette comme un préservatif, je la considère comme prédisposant à l'invasion de l'autre maladie. Les personnes ainsi reprises étaient presques toujours des femmes âgées ; presque tous les cas furent très-graves et quasi-mortels. Au contraire, j'ai interrogé minutieuse- ment mes souvenirs et ceux de plusieurs collègues que j'ai rencontrés, il n'est, à leur connaissance ni à la miennp, survenu aucun cas de suette chez des convalescents du choléra. J'ai eu occasion de noter, parmi les phénomènes concomitants ou cri- tiques, deux cas de varicelle coïncidant avec l'éruption miUaire, deux cas TOME IV. 2 18 4'éruptions furonculeuses, et enfin une parotide supputée suivie de guê- rison. Si la question de la récidive de la suetle pouvait être mise en doute, j'aurais des documents péremptoires à fournir. Cette récidive peut avoir lieu : 1° dans le cours d'une même épidémie; 2° d'une épidémie à l'autre. J'ai rencontré dix ou douze personnes, peut-êlre plus, qui avaient eu la suetle en 1832, et qui en étaient affectées de nouveau. Elle présentait, suivant leur dire, les mêmes symptômes et avec une intensité à peu près semblable. J'ai vu chez la fermière de Filerval une récidive de suette quinze jours après la guérison de la première. La femme Cormy, de Coin- court, m'a présenté une observation plus intéressante encore : elle avait été affectée en 1832, puis celte année dans les premiers jours de juin, puis enfin lors démon départ, elle venait encore de contracter la suelle, qui s'était annoncée par un début cholériforme. Les rechutes étaient fréquentes, elles ne m'ont pas paru dangereuses; elles atteignaient même rarement l'intensité de la maladie première. Le diagnostic de la suette ne présente pas de difficultés ; les sueurs ca- ractéristiques, l'éruption, feraient reconnaître la maladie si les prodromes et l'ensemble des autres signes ne mettaient sur la voie. J'ai pourtant fait pressentir que dans certains cas les manifestations du côté de la peau étaient presque insignifiantes; mais je n'en persiste pas moins à ranger ces faits dans le domaine de l'épidémie. Certes, observés séparément et dans les hôpitaux, ils seraient classés dans le cadre encore vague des courba- tures , des fièvres éphémères. Mais il est à remarquer que dans les cas de suette, si légers qu'ils aient été , il y avait une véritable convalescence , exposée aux mêmes accidents que si la maladie eût été plus longue. Quand même l'essence de ces faits serait distincte, le génie épidémique les entache et les défigure ; et d'ailleurs , n'en est-il pas de même dans foules les épidémies ? Au reste, je ne vois pas quels pourraient être les inconvénients de l'erreur en pareil cas; jamais, en effet, ces bleueltes mor- bides, qu'on me pardonne l'expression, n'ont exigé d'agents thérapeutiques actifs. Il était plus important de diagnostiquer les prodromes de la suette eldu choléra, susceptibles de se confondre, comme je l'ai déjà dit. J'ai donné les éléments de celle distinction précédemment, je n'y reviens pas. D'ailleurs, dans les deux cas, l'indication était la même : arrêter les éva- luations, réchauffer le malade, favoriser la diaphorèse. Le pronostic de la maladie telle que je l'ai observée est toujours favo- rable. J'ai déjà indiqué les différences qu'il pouvait offrir relativement à l'âge, au sexe, etc., etc. Si j'avais, au lieu d'une simple relation , à faire 19 î'histoire de la suelle , je me demanderais à quoi tient cette diflercnce de gravité entre les épidémies précédemment observées en France et celle que j'ai vue; je chercherais pourquoi l'épidémie de 18Zi9 n'a présenté au- cun de ces phénomènes funestes qui, dans les épidémies de 1821, de 1839, de 18Zjl (1) , étaient des indices presque certains d'une issue funeste ; pourquoi je n'ai point vu ces congestions cérébrales et pulmonaires, ce dé- lire, ce coma, ces accès pernicieux. Qu'on ait employé autrefois un traite- ment subversif et incendiaire, je le veux bien; un de nos confrères de Cires-les-Mello a eu toutes les peines du monde à lutter contre d'anciens préjugés, qui ont été funestes à quelques-uns d'entre ses malades, et qui l'eussent été à un beaucoup plus grand nombre. Mais je me refuse à croire que la suette n'ait jamais présenté de malignité qui lui soit propre. Il faut bien supposer que les praticiens qui traitaient et observaient la suelte en 1839 et 18/il , connaissaient les fâcheux errements de leurs collègues an- ciens et n'y tombaient pas; et pourtant la mortalité était de 1/8' des ma- lades dans l'arrondissement de Coulommiers, 1/13" dans la Dordogne. Ne faut-il pas voir la raison de celle différence dans la coïncidence d'une épi- démie beaucoup plus grave, dont quelques symptômes, joints à ceux de la suette, reconstitueraient certains cas de suette maligne ? Encore un mot : toute maladie grave autre que le choléra avait presque disparu ; en tenant compte, d'une part, de la proportion entre les suelteux et les cholériques, de l'autre, de la mortalité chez ces derniers, on pourra approximativement retrouver dans les deux épidémies réunies une proportion des cas bénins aux cas mortels , à peu près égale à celle que présentait autrefois la suelle qui effrayait les populations en 1821, en 1839 et 1841. C'est à la fin de l'épidémie que des chiffres viendront juger les opinions que je viens d'émettre, sans autre fondement jusqu'à ce jour, que l'intui- tion engendrée de l'observation des faits (2). Je me range complètement à l'opinion de M. Rayer sur la nature de la suette; c'est une maladie ou fièvre éruptive essentiellement épidémique, sus- ceptible par conséquent de toutes les irrégularités, de toutes les fantaisies, si je puis m'exprimer ainsi, des maladies de ce genre; elle passe pour en- démique dans certains villages de la forêt de la Neuville-en-Hez , mais je (1) J'élimine même les épidémies si terribles du xyiii" siècle , pour ne compa- rer que des faits que nos contemporains ont observés. (2) Ces lignes ont été écrites en l8/i9, les nouvelles épidémies du Midi na feraient que confirmer les observations qu'elles renferment. 20 crois que ces faits ont besoin d'être revus. En considérant la suelle de l'Oise comme une maladie éruptive sans complication , la thérapeutique s'en trouvera fort éclairée, car on s'accorde généralement aujourd'hui sur le traitement des exanthèmes , traitement tout d'expeclation dans la majo- rité des cas, et qui nous a fort bien réussi. Je ne nie pas qu'en d'autres lo- calités la suelte ne puisse avoir un autre aspect. Le traitement qui a été presque généralement employé, et qui a toujours été heureux, est de la plus grande simplicité. On pourrait le résumer en quelques propositions : 1° Observation rigoureuse de tous les principes hygiéniques ; 2° Couvrir peu les malades en tenant compte surtout de la température extérieure et du degré d'humidité ou de salubrité des habitations ; 3° Point de médication abortive ni subversive ; k" Régime diététique des plus sévères; 5° Repos au lit prolongé au delà de la cessation des accidents princi- paux; 6° S'il y a rechute, emploi des mêmes moyens ; 70 S'il y a des accidents dans la convalescence, les traiter suivant les in- dications ordinaires. Aussitôt appelé auprès d'un malade affecté de suette, on le fera mettre au lit avec du linge blanc, on le couvrira seulement d'une couverture de laine ou de coton, suivant l'âge, l'état de l'atmosphère et les susceptibilités indi- viduelles. Les pieds pourront être un peu plus couverts; aussitôt que le linge sera mouillé, les portes seront fermées, on fera chauffer de nouveau linge et on changera le malade; le linge ôté ne resservira jamais deux fois; pour éviter de refaire le lit, on passera sous le corps des draps plies en alèzes. Les portes et fenêtres seront ouvertes ; on allumera du feu clair avec avantage plusieurs fois dans la journée. La pièce sera tenue avec la plus grande propreté possible. On donnera une infusion légère de tilleul, de bourrache, de mauve, etc., en quantité modérée, tiède ou froide, suivant la période de la maladie et le caractère de son début. Les boissons laxatives, orge miellée, petit-lait, etc., suffisent quelquefois pour vaincre la constipation. J'ai deux fois seulement pratiqué la saignée du bras, sans qu'il y ait ur- gence absolue, mais seulement pour soulager la céphalalgie chez des hom- mes d'une stature athlétique. Je n'ai jamais administré l'ipéca ni le tartre stibié ; j'avoue que je le fai- sais par timidité. MM. les docteurs Beaudon l'ont employé, m'ont-ils dit. 21 avec avantage. En tout autre temps, j'en aurais peut-étie trouvé rindicalioa dans des états saburraux bien marqués; mais quelques faits m'ont rendu, pendant tout mon séjour, bien circonspect sur l'emploi des émétiques eî (les évacuants pris hors d'une nécessité flagrante. Je n'en prescrivis donc pas l'emploi. Dans le cas, du reste, où on emploierait, soit les émissions sanguines, soit les évacuants, il faudrait avoir pour but de pallier certains accidents, et ne jamais tenter de faire avorter la maladie, qui doit avoir son cours na- turel. M. le docteur Beaudon, qui a déjà assisté à l'épidémie de 1821, pendant laquelle les applications de sangsues étaient fort en vogue, surtout à l'épigastre, m'a parfaitement expliqué comment cette médication, em- ployée contre les accidents généraux qui signalent presque constamment dans les fièvres éruptives l'apparition de l'exanthème, comment, dis -je, celle médication n'amenait qu'un soulagement passager et entravait d'une manière intempestive la marche de l'éruption. J'applique le même reproche aux émétiques et aux drastiques administrés dans le moment où s'opère le raplus cutané. L'éruption met d'elle-même fin à ces légers accidents, et d'ailleurs je me suis bien trouvé de suivre en pareil cas l'exemple d'un des praticiens distingués qui ont décrit l'épidémie de 1839. Quelques gouttes de laudanum et d'éther, quelques tasses de boissons un peu chaudes ont accéléré la marche de l'éruption et mis un terme rapide aux phénomènes nerveux. Sauf ces cas, je n'ai jamais employé les opiacés ni les sudoriflques, que je regarde, les premiers comme inutiles, les autres comme souvent nuisibles. La longueur de la convalescence semble naturellement recommander l'emploi des toniques; mais, je l'ai déjà dit, les fonctions gastriques sont si languissantes, ou pour mieux dire l'estomac est d'une telle sensibilité que icette médication demande à être maniée avec une prudence extrême. Le bouillon gras constitue pendant longtemps le seul élément réparateur que l'on puisse risquer; mais j'ai générahsé l'emploi de l'eau rougie donnée froide dés que le mouvement fébrile avait cessé; les paysans boivent ordi- nairement du cidre, et le vin pris de celle manière constitue un tonique dont les effets m'ont paru extrêmement avantageux. Pendant longtemps après la cessation de la maladie, j'ai recommandé un régime tonique (viandes grillées ou rôties), peu de légumes et de fruits. Les infractions ont été souvent funestes à ceux qui les ont commises. C'est, en effet, souvent à la suite del'iDgeslion depois verts, de fruits crus, que des convalescents de suetic ont élé pris de choléra et ont succombe. 22 Daus quelques cas enlin le vin et le sirop de quiuquina nous ont rendu des services ; annexés à des infusions légèrement sliinulantes, camomille, menthe, etc., ils ont réveillé les fonctions digestives. Ce n'est pas la seule occasion dans laquelle j'ai employé le quinquina; dans plusieurs cas, ai-je dit, j'ai constaté des accidents intermittents, soit au début, soit dans le courant ou dans la convalescence de la suette ; j'ai consigné encore Pélat de la rate qui présentait de l'hypertrophie dans des cas même où au début le mouvement fébrile était encore continu; c'est alors que j'ai administré le sulfate de quinine à la dose de 60 à 120 centig., en lui associant de 5 à 10 cenligr. d'extrait thébaïque. Administré au début et surtout quand la rate était hypertrophiée, le quinquina m'a toujours paru, sinon faire avorter la suette, au moins abréger de beaucoup sa durée; au bout de huit jours le rétablissement était complet. Les sueurs surtout paraissaient enrayées. Je dois néanmoins rapporter qu'un confrère traitant un malade de Saint-Félix affecté de suette intense, lui donna deux jours de suite du quinquina ; dès le début les sueurs, la fièvre s'arrêtèrent, mais le malade n'en resta pas moins sans force et sans appétit pendant quinze jours. Au reste, ceci n'est qu'un fait isolé et sur lequel je manque de détails. Les honorables confrères qui exercent dans les localités que j'ai parcourues m'ont dit s'être bien trouvés de l'emploi du quinquina dans la convalescence ; ils l'administraient à petites doses et surtout comme tonique. Le même agent thérapeutique associé aux antispasmodiques ou donné seul, a réussi huit fois sur dix à faire disparaître les accidents intermittents de la convalescence; sous quelques formes qu'ils se montrassent (sueurs nocturnes périodiques, accidents nerveux), les résultats incomplets étaient dus le plus souvent à ce qu'en raison de son prix élevé, le sulfate de quinine ne pouvait être continué assez longtemps. Enfin, quand des accidents cholériformes signalaient l'invasion de I^ suette , j'ai toujours prescrit un traitement stimulant jusqu'à ce que la ma- ladie première fût franchement déterminée. Ainsi, les boissons chaudes aiguisées de rhum ou d'eau-de-vie, des potions avec la menthe, l'esprit de Mindérérus, l'étirer, quelquefois l'ammoniaque ou l'acétate de la même base ; l'application de linge chaud, plusieurs couvertures, deux ou trois bouteilles chaudes aux pieds. La diarrhée était combattue par des lavements amylacés, additionnés souvent de sept à huit gouttes de laudanum de Sydenham. La réaction ne se faisait pas attendre. Une personne intelfi- gcnte était chargée de modifier le traitement. Quelques heures après, quand je ne pouvais revenir moi-même, on cessait la potion, on enlevait progrès- 23 sivenienl les bouteilles chaudes et quelques couvertures. C'était le lende- main une suelte ordinaire ; la durée n'en était pas plus longue. Plusieurs l'ois les bains tièdes furent avantageux dans la convalescence, et mirent fin aux lassitudes et aux douleurs lombaires. On se trouva bien , à la même époque , de donner, autant que possible , les aliments froids, et surtout les boissons; mais la plupart des malades furent indociles à ce sujet. MÉMOIRE SUR UNE NOUVELLE AFFECTION DU FOIE LIÉE A LA SYPHILIS HÉRÉDITAIRE CHEZ I.K» E1VFA1VTS DU PREMIER AOE ; Lu à la Société, le 21 février 1852 , Par le Docteur ADOLPHE GUBLER, Chef (Je clinique de la Faculté . médecin du bureau central des hôpitaux, membre de la Société anatomique et de In Société de biologie, membre correspondant de la Société des sciences médicales du département de la Uoselle. HISTORIQUE. Les médecins accordaienl autrefois une large part à la sypliilis dans la production des rqaiadies des principaux viscères; on peut même leur re- procher d'avoir été enclins à s'exagérer l'importance de cette cause pa- thogénique. L'existence des afFections syphilitiques des organes internes fut soupçonnée dès les premiers temps de l'invasion présumée de la syphilis en Europe, et l'allenlion se porta d'abord sur le foie en raison du rôle im- portant qu'on lui atlribuail -ilors d'après les anciens. Parmi les auteurs de la collection d'Aloysius Luisiiius (Aphrodisiacds, sive de lue venerea, Lugd. Bat,, 1728), il en est un bon nombre qui ont écrit sur ce point! C'est ainsi que Nie. Massa, dans un ouvrage publié en 1563, définit la maladie vénérienne : une mauvaise disposition du foie au refroidissement avec une certaine sécheresse, etc. Suivant Pierre- André Malthiole le virus vénérien TOME IV. 3 26 peut aussi occuper te foie. Anl. I.ecoq (De ligno sancto) reconnaît qu'une qualité nuisible et pestilentielle pullule dans le foie des syphilitiques, J.-B. Monli, après s'être demandé quelle est la nature delà maladie vénérienne, ré- pond « que c'est une mauvaise intempérie chaude et sèche imprimée au foie par la contagion. » Après cela il n'est pas embarrassé pour expliquer tous les symptômes du mal; « car, dit-il, si le foie est infecté, lui qui est le principal organe de la nutrition, tout doit aller en se détériorant. » Jean Fernel signale également l'altération du foie dans la syphilis. Ant. Musa- Brassavole admel que le contagnim envahit d'abord les aines, où il produit des bubons, qu'ensuite il fait irruption dans le foie, puis dans le cœur et dans la tête : la bile jaune et l'atrabile lui servent beaucoup dans ses expli- cations. Gabriel Fallope cherche le siège du mal français en partant de celte règle que, s'il constitue une maladie unique et spéciale, il doit résider dans une seule partie, laquelle devra être toujours affectée. Il arrive à cette con- clusion formulée déjà par son maître, Brassavole, et les auteurs précédem- ment cités, à savoir : que le l'oie étant le seul organe toujours lésé, est, par conséquent, le siège de prédilection de la maladie. En effet, il ne voit dans les différents symptômes de la vérole que les résultats variés de ce qu'il nomme le déchet de la faculté naturelle. Si donc cela est constant, il est absolument nécessaire, suivant lui, que le mal affecte la source même de cette faculté, et c'est dans le foie qu'il doit prendre son origine comme dans la partie qui lui est propre. Jusqu'ici, comme on le voit, tout se borne à des vues de l'esprit plus ou moins justifiées par les doctrines régnantes; mais il faut arriver à Bernardin Tomitano pour trouver quelque chose déplus positif. Cet auteur, après avoir cité, pour la détruire, l'assertion de ceux qui veulent que l'affection véné- rienne consiste en une solution de continuité du foie, rapporte que d'autres médecins assurent avoir décou\ert à l'autopsie une sorte de gale et de pustules sur le foie des personnes infectées, et que lui-même a vu, à Pavie, le foie d'une courtisane presque entièrement galeux sur sa face convexe, sans autre altération d'organes. Cette femme, âgée de 46 ans, était d'un embonpoint prononcé et d'une blancheur de peau remarquable; comme elle avait fait pendant trente anslemétier de courtisane, tout le monde pensa qu'elle avait été affectée au moins une fois de la maladie vénérienne. Barthélémy Maggi (de Bologne) raconte, de son côté, en quelques hgnes, l'histoire d'un grand personnage qui était atteint de la vérole, et se livre, à l'occasion de ce fait particulier, à quelques considérations sur le mal dont il s'agit. Parmi les symptômes offerts par son illustre client, il note une 27 certaine âpreté de la peau, sa décoloralion, spécialement au visage et au cou, avec tendance au brun ; la sécheresse des excréments, ordinairement durs et cendrés, ce qui atteste, d'après Galien, la chaleur et l'aridité du foie ; leur dureté était telle que le malade était obligé de les rompre avec ses doigts. Eu outre il signale une induration médiocre du foie, constatée par la palpation, avec une certaine obstruction de ce viscère annoncée par la couleur jaune foncé des urines. Dans son opinion, le foie est le siège prin- cipal du mal vénérien^ En 160/1, Fr. Ranchiu (Thèses de Montpellier) soutient que le foie est loujouis affecté chez ceux qui ont la vérole. Jean Keil va plus loin (Dissert, inadg.; Bresl. siles.; m Dispdt. Joh. Hartmann ; Marpurgi 161/i), car il définit la syphihs « morbus chronicus et occultus hepatis ex contage ah impurd venere primùm nalus, na- turalem facuîtatem à totius substantiœ dissidio iiuigniter lœdens. » Il invoque à l'appui de sa doctrine les opinions de Mercatus et des diffé- rents auteurs que nous avons elles plus haut, mais il ne la confirme par au- cune preuve directe. Un peu plus tard, Jonston [Joannes] soutient à son tour que le foie est le siège de mal vénérien (Id^a univ. aiEDiciNiE pratic^; Lugd. , 1655). Sans adopter une manière de voir si exclusive et si peu fondée, beaucoup d'autres médecins après eux ont admis des affections syphilitiques du foie : tels sont Astruc, Van Swielen, Fabre, Lassus et Hufeland. Portai a décrit quelques-unes de ces altérations, et Morgagni n'était pas éloigné d'y croire, comme on peut s'en assurer dans ses lettres sur les sièges et les causes des maladies. Mais peu de temps après son apparition l'opinion soulevée par Massa sur l'importance du rôle que joue le foie dans la syphihs suscita quelques contradicteurs. Léonard Bolalli d'Asti nous parait être le premier qui se soit élevé contre elle. Vient ensuite Alex. Traj. Petronio, qui reprend tous les raisonnements avancés par les fauteurs de la doctrine qu'il combat et les dispose en trois catégories pour les réfuter tour à tour : il réussit aisé- ment à en faire voir le peu de solidité , mais il ne prouve rien contre l'existence de l'affection spécifique du foie dont les autres, en définitive, avaient seulement essayé de donner la théorie. Prosp. Borgarucci , prati- cien fort répandu de son temps, assure de son côté qu'il est faux que le foie se dessèche comme le font les membres de ceux qui ont la maladie vénérienne, et prétend n'avoir jamais trouvé dans le foie aucune excrois- sance, quoiqu'il ait ouvert les corps de beaucoup de personnes qui avaient 28 été sous le coup de la syphilis jusqu'au moment de leur tnoit. l'ortal (Mal. DU Foie, p. 373) se charge de lui répondre. « Mais, dit-il, de ce qu'il n'y a pas d'excroissance dans le foie, il ne s'ensuit pas qu'il ne soit souvent affecté chez ceux qui sont atteints du vice vénérien. Les livres contiennent des exemples nombreux d'indurations scrofuleuses , de suppurations, d'augmentation ou de diminution de volume du foie chez ceux qui sont atteints de la vérole. Combien de ces malades n'ont-ils pas éprouvé des douleurs dans la région épigaslrique, des troubles dans les digestions, des coliques , la jaunisse, un amaigrissement considérable, et tout cela ne s'est guéri que par le mercure. » Au reste , les opposants à la doctrine si bien défendue dans ce passage n'ont jamais constitué qu'une faible mino- rité dans le monde médical. L'attention des médecins ne s'était pas bornée à l'organe sécréteur de la bile ; ce même Petronio , qui refuse au foie d'être le siège de la maladie vénérienne, prétend que si l'un des organes intérieurs doit être particu- lièrement afTecté, c'est plutôt le cerveau. A.- M. Brassavole croyait que la tête et le cœur avaient aussi leur part d'altérations. Plus tard Morton , Hufeland, Sw^édiaur ont reconnu une phthisis à lue venereâ,e[ Jos. Frank dit avoir guéri une semblable affection |)ar des moyens spécifiques. Corvisart, à son tour, enseigne que certaines végétations des valvules du cœur sont de nature vénérienne. Mais de nos jours ces idées sont presque universellement abandonnées. A quoi lient ce revirement dans les opinions régnantes ? Les lois qui pré- sidaient à l'évolution de la syphilis se seraient-elles modifiées, ou bien nos devanciers auraient-ils mal observé? i\i l'un ni l'autre. L'erreur est de notre temps , et elle trouve son explication dans un concours de circon- stances que je vais essayer d'aj'précier. En première ligne je placerai les regrettables tendances imprimées à la syphilographie par le célèbre promoteur de la doctrine [ihysiologique qui, ne voyant dans les accidents vénériens qu'une série d'inflammations déve- loppées en l'absence de toute cause spécifique, devait nécessairement mé- connaître les effets intérieurs de ce virus que tout le monde proclame main- tenant. La spécialité des services de malades, indispensable dans les grands centres de population tels que Paris , est une autre cause d'empêchement pour arriver à établir la filiation des accidents syphilitiques. En effet, les hôpitaux consacrés aux mal:idies vénériennes ne sont pas ceux dans les- qtiels , grâce aux progrès de la thérapeutique , on a le plus souvent l'occa- 29 sion de faire l'aiiatomie pathologique de ces aflections; les individus qui t^ sont atteints vont mourir ailiers de maladies communes ou de consé- quences si lointaines de leur syphilis coijstitutionnelle que, dans les hô- pitaux ordinaires , on constate des lésions organiques sans savoir à quelle cause les rapporter. Enfin, pour le foie en parlic::lier, dont l'aspect et les autres quahlés peuvent subir de si grandes variations sans sortir des limites encore trop vagues de l'état physiologique, on n'apprécie que les altérations les plus avancées , tandis que les premiers degrés passent inaperçus. Malgré tous ces obstacles réunis, le moment est venu où la lumière se fera. Déjà M. liicord a publié dans son grand ouvrage (Clinique icono- GRAPH. DE l'hôp. DES VÉNÉRiENsj plusicuis cas d'alTcctious pulmonaires, hépatiques et cardiaques qu'il compare aux gommes sous-cutanées. De son côté, M. Rayer a rapporté (Traité des mal. des reins) une série d'obser- vations de néphrite aibumineuse coïncidant avec une altération du foie chez dessujets infectés de syphilis. Voici comment il s'exprime à leur égard (t. II, p. Zi86) : « J'ajoute qu'ayant observé, un assez grand nombre de fois, de sem- blables maladies du foie sans lésion rénale, j'ai été conduit à penser (et j'ai plusieurs fois déclaré ma conviction à l'hôpital) que ces altérations du foie me paraissaient liées, dans ces cas , à la cachexie vénérienne. » On aime à pouvoir citer en sa faveur de pareilles autorités. Nos propres recherches sont antérieures à la plupart des publications dont il nous reste à parler ; cependant nous allons d'abord nous occuper de celles-ci. En 38/48, M. Diétrich, professeur à l'Université de Prague, a fait pa- raître un mémoire sur Vafjecdon syphilitique du foie chez les adultes, dont plusieurs conclusions sont fort contestables, mais qui aura du moins l'avantage d'appeler sur ce point l'attention des médecins allemands. En Angleterre, il a été publié un relevé des maladies de l'aorte, dans le- quel on établit que plus de la moitié, je crois, des sujets présentaient des antécédents syphilitiques. Quelques médecins de ce pays vont même jus- qu'à faire des myringites (inflammations de la membrane du tympan) et des pneumonies vénériennes. Après avoir annoncé depuis longtemps la nature syphilitique du pem- phigus neo-nalorum, M. le professeur P. Dubois a inséré dans la Gazkttk Médicale, en 1850, sur une altération particulière du thymus chez les nou- veau-nés entachés de syphilis, un travail fort remarquable et destiné à avoir un grand retentissement. M. Lagneau flls vie\it de rassembler dans sa thèse inaugurale (1851) tons 30 les faits, éparsdans les auteurs, d'atfeclions pulmonaires supposées syphi- litiques. Enfln, plus récemment encore, M. Depaul a lu à l'Académie de médecine un mémoire très-bien fait sur des foyers d'apparence purulente qu'il a ren- contrés dans les poumons des nouveau-nés et qu'il croit de nature syphi- litique. Il y a donc en ce moment une tendance générale à réhabiliter la syphilis dans le domaine de la pathologie interne. C'est un édifice à reconstruire avec les anciens et les nouveaux matériaux ; mais pour qu'il résiste au vent de la critique, il faut que ces matériaux soient choisis avec sévérité et employés avec discernement. Par exemple, il ne suffit pas d'avoir montré la fréquente coïncidence des affections de l'aorte avec une syphilis antérieure pour être autorisé à établir entre ces deux laits un rapport de causalité; les affections vénériennes sont malheureusement si communes dans les grandes villes, qu'à ce compte on pourrait leur attribuer la plupart des maux qui affligent l'humanité, surtout si l'on continue à confondre les blennorrhagies avec les accidents véritablement syphilitiques, comme on paraît le faire souvent de l'autre côté du détroit. Que dirait-on d'un auteur qui, ayant noté l'existence antérieure de la rougeole ou de la vaccine, viendrait leur rapporter les lésions survenues plus tard du côté de l'aorte? Pour que la conclusion tirée du relevé dont il s'agit fût légitime, il fau- drait donc qu'on eût défalqué les cas dans lesquels la maladie de l'aorte pouvait s'expUquer par les causes généralement admises, et que, pour les cas restants, on eût montré l'apparition des premiers symptômes du mal re- montant à l'époque de la manifestation des accidents syphilitiques consti- tutionnels, comme cela a lieu, par exemple, pour le sarcocèle vénérien. De plus, si l'on trouvait aux affections de l'aorte prétendues syphiliques quelque chose de particulier dans kv.v marche, leurs caractères anato- miques, et surtout dans leur traitement, cela ajouterait beaucoup à la ri- gueur de la démonstration. Or, j'ai été assez heureux pour rencontrer, pendant mon internat à l'hô- pital Kecker, des faits qui remplissent presque toutes ces conditions et qui me semblent devoir laisser très-peu de place au doute. Ces faits sont rela- tifs à une maladie non décrite du foie que j'ai découverte, au commence- ment de 18Zi7, étant avec M. le professeur Trousseau, chez des enfants at- teints de syphilis constitutionnelle. Dans le courant de janvier I8Z18, la Gazette des hôpitaux a rendu compte d'une leçon du savant professeur. 31 dans laquelle, par un désinléressenienl que je ûe saurais trop reconnaître, celle maladie nouvelle se trouve mentionnée sous mon nom. J'ai aussi mon- tré plusieurs exemples de cette altération du foie à la Société analoraique et à la Société de biologie, ainsi qu'à plusieurs médecins haut placés dans la science, parmi lesquels il me suffira de citer MM, Cruveilhier, Cullerier, Rayer, Ricord, etc. Le fait commence donc à se vulgariser à Paris; pour le répandre davantage encore, j'ai cru qu'il importait de le livrer, sans plus larder, à la publicité. La maladie que je vais faire connaître n'a encore, que je sache, été dé- crite nulle part. Il faudrait s'en étonner, sans doute, si elle ne se rappor- tait à un âge dont la pathologie laisse encore lanl à désirer, et si elle n'ap- partenait à un organe dont les affeclions restent si obscures malgré la vive lumière qu'ont jetée sur leur étude quelques travaux contemporains. Disons toutefois, pour être juste, que Portai semble l'avoir entrevue, et qu'il l'a indiquée en ces termes : « On remarque fréquemment que ce vice (syphi- litique), contracté par les enfants dans le sein de leur mère ou pris de leur nourrice, porte ses premiers effets sur le foie et sur le mésentère. » (Tr. des MAL. DU FOIE, p. 375.) MaJs il n'a pas connu l'altération anatomique du foie, à laquelle se rattachaient les symptômes par lui énumérés, et d'ailleurs on pourrait lui reprocher de n'avoir pas montré un esprit suffisamment cri- tique dans la liste un peu trop longue qu'il en a dressée. C'est précisément sur la lésion caractéristique du foie dans ces conditions morbides que mes recherches ont porté, et que je possède des observations entièrement neuves. Une fois engagé dans celle route, j'ai dirigé aussi mes investigations vers les adultes affectés de syphilis constitutionnelle, et je dé- clare que sur plusieurs individus qui avaient succombé dans la période tertiaire j'ai trouvé une altération plus ou moins analogue, si ce n'est iden- tique, à celle qu'on décrit sous le nom de cirrhose; en sorte que, si ces faits ne sont pas de simples coïncidences, certains étals granuleux reconnaî- traient pour origine le virus syphilitique. Mais ce n'es' pas seulement à l'époque des accidents tertiaires que le foie peut être touché par la syphilis; j'ai vu cinq fois l'ictère se déclarer au moment même de la première apparition d'un exanthème syphilitique, et comme M. Ricord a noté quelquefois cette coïncidence, je crois qu'elle n'est pas l'effet d'un pur hasard. Tout cela semblerait donc justifier jusqu'à un certain point la prétention des anciens, reproduite parKeil, qui voulait que la syphilis eût son trône dans le foie : d Ifabere in hepaleprœcipintm fan damentum, basim et radicem, » 32 Aujourd'hui nous ne nous occuperons que de l'affection syphilitique du foie chez les enfants du premier âge, réservant pour un second travail ce qui est relatif aux autres parties de celte vaste et difficile question. Pour procéder avec méthode, je vais commencer par établir les carac- tères anatomiques de la lésion, et par conséquent sa nature intime; je m'efforcerai ensuite de montrer qu'elle appartient exclusivement aux jeunes sujets entachés de syphilis héréditaire; puis j'étudierai les symptômes qui peuvent la faire reconnaître pendant la vie. J'en indiquerai le degré de gravité, et je terminerai par l'exposition des moyens thérapeutiques à mettre en usage. ANATOMIE PATHOLOGIQUE. L'altération singulière du foie que j'ai rencontrée chez de jeunes enfants syphilitiques était tantôt générale et tantôt partielle. Dans le premier cas, et lorsque l'altération est portée au plus haut degré, la glande offre une couleur jaune fort différente de celle de l'état normal, et que je ne puis mieux comparer qu'à la nuance de certaines pierres à fusil. L'apparence de deux substances s'est complètement évanouie ; seu- lement, sur le fond jaunâtre uniforme, on découvre, avec de l'attention, un semis plus ou moins clair de petits grains blancs, opaques, ayant l'as- pect des grains de semoule, et de plus des arborisations déliées appartenant à des vaisseaux exsangues. Le foie est sensiblement hypertrophié, globuleux, turgide, dur et diffi- cile à entamer avec les doigts, qui finissent par le déchirer sans laisser au- cune impression à sa surface. Son élasticité est telle que si l'on presse fortement entre les doigts, comme pour l'écraser, un morceau cunéiforme emprunté à son bord tranchanl, ce morceau s'échappe à la manière d'un noyau de cerise et rebondit à la surface du sol. Incisé, il crie un peu sous le scalpel, comme ferait de l'encéphaloïde cru. Les coupes qu'on pratique sur ce foie altéré sont très-nettes, homogènes, et la grande consistance dont il jouit permet d'en obteiî'r des tranches très-minces, douées d'une demi-transparence qui t-e retrouve à un certain degré dans les portions naturellement amincies de l'organe, telles que le bord tranchant et surtout la languette qui termine le lobe gauche. En exprimant le tissu du foie après l'avoir incisé, il ne s'écoule point de sang ; mais on fait sourdre des surfaces de section une sérosité assez abon- dante, limpide, légèrement nuancée de jaune, qui s'échappe également à la longue sans l'intervention d'aucune action mécanique. Il en résulte. 33 dans les deux cas, une moindre turgescence et même une certaine flacci- dité de l'organe, par laquelle il ne faudrait pas s'en laisser imposer, si Pou était appelé à prononcer sur l'existence de la lésion, La sérosité dont il s'agit se coagule dans les mêmes conditions que les dissolutions albumineuses, ce dont je me suis assuré de la manière sui- vante : après avoir haché une portion de tissu du foie, j'ai laissé les frag- ments, pendant quelques minutes, macérer dans l'eau, en ayant soin d'agi- ter. Le hquide clair qui en est résulté ayant été ensuite exposé dans un tube à la flamme de la lampe à alcool, s'est Iroublé, au moment de l'ébul- lition, par des flocons blanchâtres ayant tout l'aspect de l'albumine coa- gulée. Les fragments, bouillis à leur tour, se sont durcis et sont devenus blancs et opaques. Dans un cas où, le troisième jour après la mort, j'ai essayé de constater la présence du sucre de diabètes, démontrée dans le foie normal par M. Cl. Bernard, je n'ai pas obtenu, avec le tartrale double de cuivre et de potasse, la réaction caractéristique. L'absence d'un produit normal de sécrétion, dans un organe si profondément altéré, n'a rien qui doive surprendre; cependant on pourrait objecter contre ce résultat négatif le long espace de temps écoulé depuis la mort, el par conséquent la possibilité de la dispa- rition du sucre qui aurait existé primitivement : c'est donc une expérience à refaire. Voilà les principaux caractères de l'altération syphilitique du fuie portée à l'extrême, tels qu'ils se sont présentés à nous dans trois de nos observa- lions ; mais il s'en faut que celle altération soit toujours si évidente et si générale : plus souvent peut-être elle revêt d'autres formes que nous allons étudier. Parmi celles-ci, la plus commune ne se distingue de la précédente que par le degré de la lésion, qui reste d'ailleurs généraHsée. Ses caractères, toujours beaucoup moins tranchés, sont quelquefois assez peu accusés pour qu'elle ait pu jusqu'ici échapper à des yeux non prévenus, et qu'à l'avenir elle passe encore souvent inaperçue. A ce titre, elle demande que nous insistions davantage sur les moyens de la reconnaître. Le foie, moins gros que dans la première forme, peut même ne pas s'é- loigner très-manifestement du volume normal. Il est ferme, sans ofl'rir l'excessive dureté signalée dans d'autres cas, el il retient en partie la nuance de coloration que nous avons comparée à celle du silex. Celle couleur jaune s'observe plus particulièrement à la périphérie, c'est-à-dire dans la couche superficielle du tissu hépatique, et conséquemment le long du bord 3Zi anlérieur. L'intérieur de l'organe offre plutôt une coloration indécise, nuancée de jaunâtre et de brun rouge, plus ou moins atténué. MuUe part le parenchyme ne paraît tout à fait sain. En même temps, le foie jouit aussi d'une certaine demi-transparence qu permet de distinguer, à une petite profondeur, les grains de semoule dont sa substance se trouve parsemée. Ces points opaques sont ici beau- coup plus nombreux et plus serrés, et le piqueté abondant qu'on dé- couvre, lorsqu'on examine attentivement la pièce, me semble un des meil- leurs indices de la modification pathologique dont le foie est alors le siège. A la vérité ces grains opaques plongés au milieu de la substance légère- ment translucide reproduisent jusqu'à un certain point l'aspect des deux substances qui passent pour constituer le tissu hépatique ; mais, outre que ces grains sont séparés par de très-grands intervalles, la substance ambiante ne ressemble pas beaucoup à la trame essentiellement vasculaire des espaces aréoles de l'état sain. Au reste, il ne faut pas oublier que les caractères du foie dans le premier âge de la vie sont très-différents de ce qu'ils seront plus tard. Cette glande, d'abord très-développée par rapport aux dimensions de l'enfant, conserve pendant quelque temps un volume relatif considérable qui diminue ensuite par degrés, en sorte qu'elle est absolument moins grosse à la fin du premier mois qu'au moment de la naissance. C'est ainsi que chez un enl'aul à ternie, qui avait à la vérité le l'oie d'un volume hyper- normal, le diamètre iransverse de cet organe, en suivant un peu la con- vexité de la l'ace supérieure, était de 18 cenlim.; le diamètre antéro-posté- rieur du lobe droit était de 13 centim.: le même diamètre du lobe gauche était de 11 cenlim. Tandis que chez un eni'ant d'un mois, dont le foie me paraissait gros, comparé à celui des sujets de cet âge, le diamètre transverse, mesuré par la face plane (1), n'était que de 14 centim ; le diamètre antéro- poslérieur du lobe gauche égalait à peine 9 cenlim. et celui du lobe droit surpassait très-peu ce chiffre. Au moment de la naissance, le tissu hépatique ressemble pour la colo- ration à celui de la rate elle-même, et quoique sa couleur brun rouge (1) Cette circonstance n'influe pas licaucoiip sur les résultats de la mensura- tion; lorsque le foie repose sur sa face supérieure, la pesanteur force ses deux extrémités, surtout la gauche qui est plus mince, à se rapproclier du plan qui 1p supporte, si bien que la face inférieure devient elle-même un peu convexe. 35 perde graduellement de son intensité, elle reste encore assez foncée pen- dant les premiers mois de la vie extra-utérine pour être fort différente au premier abord de la nuance Jaunâtre que nous avons dit appartenir au foie altéré, laquelle se rapprocherait au contraire davantage de la couleur nor- male chez l'adulte. Ce serait l'inverse pour la transparence ; car le foie de l'adulte est opaque même en lame très-mince, tandis que le foie de l'en- fant très-jeune est manifestement translucide dans les mêmes conditions, ce qui diminuerait un peu la valeur de ce caractère de l'altération syphi- Htique, si celle-ci ne s'accompagnait pas en général d'une transparence beaucoup plus marquée en même temps que d'une nuance plus ou moins jaunâtre. Cette opacité du foie de l'adulte comparé à celui de l'enfant me paraît dépendre de deux circonstances principales: d'une part, delà pré- dominance du tissu fibreux; d'autre part, de la plus forte proportion des matières grasses accumulées dans les cellules propres. La différence, sous ce dernier rapport, est des plus frappantes. L'aspect granitique et l'apparence des deux substances qui en résulte manquent dans le foie du nouveau-né, mais ils existent déjà d'une manière bien prononcée dans la période de la vie où nous nous arrêterons, c'est-à- dire vers la fin du deuxième ou du troisième mois de l'existence. De plus, à cet âge le foie normal incisé laisse écouler en abondance le sang dont il est rempli, ce qui n'arrive pas également pour celui qui a subi l'altération morbide que nous décrivons. En définitive, le diagnostic anatomique de celte altération nous paraît devoir être toujours possible pour quiconque aura présentes à l'esprit les particularités que nous venons de passer en revue. Il importe toutefois d'être prémuni contre une dernière cause d'erreur que je vais indiquer. Lorsqu'on saisit entre les doigts un foie sain, la pression chasse des points sur lesquels elle s'exerce le sang renfermé dans les réseaux capillaires el fait ressortir la couleur propre du parenchyme hépatique qui tire, comme on sait, plus ou moins sur le jaune. Ces places jaunâtres ou fauves pour- raient être prises pour des points malades au mileu d'un tissu normal, si l'on n'avait pas été témoin du phénomène ; mais l'empreinte en creux laissée par les doigts ou par tout autre objet compresseur et surtout l'ab- sence d'une certaine diaphanéilé, ainsi que la possibilité de faire revenir le sang par refoulement, sont autant de caractères auxquels on ne saurait se méprendre. Le cas suivant, qui est un exemple de cette seconde forme de l'altération, contribuera à en fixer dans l'esprit les diverses particularités. 36 SÏPllILIS HERtDlTAIRE MATEHNELLE ; SYMPTOMES DE PERITONITE; MORT; FOIE INFILTRÉ d'Éléments firro-plastiques. Obs. I. — Marie-Joséphine, née à l'hôpiljil de Lourcine, salle Sainte-Marie, n" 7 (service (le M. Culieiier), le 18 mars 1849, d'une mère affectée de syphi- lides tardives et de plaques muriueuses autour des parties génitales, succombe !e 1 7 avril, après avoir présenté du dévoiement et les symptômes ordinaires de la péritonite. Autopsie le 19 avril 1849, à neuf heures du matin. Aspect extérieur. — Le petit cadavre est Irès-aniaigri; le ventre est plat. La peau, légèrement bistrée sur tout le corps, l'est un peu davantage à la face. Dans cette région existent des traces non douteuses de syphilis constitutionnelle. Les lèvres sont froncées à la manière d'une bourse à coulisse. Les sillons sont d'un rouge cuivreux ; l'épiderme qui les revêt est excessivement ténu. Les naiines sont obstruées par des croûtes brui:es. 11 y a quelques croûtes moin^ foncées sur la racine des sourcils et dans les sillons naso-jiigaiix. Le reste (le la peau du visage est çà et là couvert de squammes. Les autres parties du corps, tronc et membres, ceux-ci surtout, sont le siège de boutons durs consti- tués par une croûte jaunâtre ou brune hyacinthe, arrondie, un peu bombée et enchâssée dans le derme comme un verre de montre (ecthyma lenticule). Sous ces croûtes le derme est rouge et creusé de canaux vasculaires plus larges qu« dans les intervalles de peau saine; il laisse suinter des gouttelettes de sang noir qui devient bientôt rutilant. Les pustules d'ectliynia, plus larges et plus nombreuses au voisinage de l'anus cl des parties génitales, y s^ont aussi généralement excoriées. A leur niveau, le derme est induré et éfiaissi de man;èrc à rappeler une moitié de pnis cassé ou un cotylédon de pois (ecthyma profond). Celles de ces piistules iiui sont dans les l)lis génito-cruraux et dans la rainuie interfessiére sont humides et couvertes d'un peu d'enduit griscâtre; celles qui sont exposées à l'air libre sont desséchées comme les surfacis qui ont été dépouillées de leur épideime par un vési- catoire. Outre ces pustules d'ecthyma profond, on i encontre dans les mêmes régions plusieurs surfaces en relief finenienl granuleuses (plaijues muqueuses). Tête. — Le crâne n'a [)as été ouvert. Je n'ai ex(ilùré que la partie antérieure des cavités nasales ; elles renl'erniaient un peu de pus ichoreux teinté de sang. La, membrane muqueuse tapissant la cloison médiane était ulcérée à droite et à gauche. Le cartilage, mis à nu dans une très-petite étendue, était desséché, rouge et deini-transparenl. Autour de ce point central, la membrane fibio-rnuqueuse ramollie, grise, infiltrée de matière puiulenle, se détachait par lambeaux semblaliles à de la filasse. Poitrine. — Les poumons, d'un beau rose, rcsiennent sur eux-mêmes, sont 37 parfaitement souples, ne crépitent pas et ne présentent ni induration partielle ni aucune nuire altération. Le cœur n'est pas ouvert. abdomen. — Le foie présente l'altération anatomique particulière à la sy- philis. Il est à lonU jaunâtre, nuancé par place de rouge plus ou moins vineux. Sur ce fond on aperçoit par transparence, dans la substance hépatique, une infinité de petits points opaques et blancs, semblables à des grains d'une semoule très- fine, disséminés dans une pâte translucide. Les parties jaunes, en ell'et, jouissent d'une demi-transparence très-marquée et facile à constater, soit le long du bord tranchant du foie, soit sur le bord d'une coupe pratiquée dans l'épaisseur di' l'organe. La surface des coupes est très-lisse et n'a rien de l'aspect normal; on y voit seulement de larges marbrures jaunes sur un fond rougeàlre. Il n'y a que les couches supeificielles du foie, principalement vers le bord antérieur, qui pré- sentent la nuance jaune sans mélange, et ces couches, perdant peu de leur vo- lume par retrait, font parfois un relief marqué par rapport aux couches profondes, qui reviennent davantage sur elles-mêmes. Des points blancs opaques, analogues à ceux que j'ai comparés à des grains de semoule, se remarquent à la surface des tranches. Çà et là le péritoine hépatique, au niveau des parties qui ont la teinte jaunâtre la plus caractérisée, est couvert de pellicules pseudo-membraneuses adhérentes qui lui donnent un aspect tomenteux. Ce que nous avons dit plus haut de l'aspect extérieur du foie se rapporte plus particulièrement à la face convexe, la face concave offrant sur le tond général un piqueté rouge assez abondant par places. La vésicule biliaire, verdàtre à l'extérieur, renferme une bile filante d'un rouge d'ambre. Je ne vois rien de particulier dans le hile et les organes qui s'y rendent ou en partent. Le foie pèse plus de 200 grammes. Son plus grand diamètre (lo transverse), mesuré par la face concave, est de 14 centimètres. Son diamètre antéro-postérienr, passant par la vésicule et le lo- bule de Spigel, = presque 9 centimètres. Le diamètre anléro-postérieur, mesuré par la face inférieure sur le lobe gauche et le lobe droit, égale ou surpasse très- peu 9 centimètres. La diagonale, menée entre la pointe supérieure du lobe gauche et l'angle anté- rieur du lobe droit, =: 16 centimètres et demi. Nous supposons toujours le foie étalé sur un plan, ce qui lui donne une forme artificielle; car, dans l'état naturel, la face supérieure est très-bombée et la lace, inférieure très-concave, ce qui fait que cette dernière lace est en réalité moins étendue, et que les parties qui lui appartiennent y sont plus ramassées, plus pres- sées les unes contre les autres. 38 La rate, longue de : centimètres et demi, large d'un peu plus de 4 centimè- tres, est d'un rouge brun, d'une consistance ferme, et ne renferme pas de boue gplénique. Le péritoine qui la recouvre a presque partout perdu son poli, ce qu'il doit à de minces concrétions pseudo-membraneuses difficiles à enlever. L'estomac contient un liquide glaireux, mêlé de stries blanches et de grumeaux blancs. Les intestins grêles contiennent une matière jaune, demi-liquide, homogène, en petite quantité. Ils n'ont pas été fendus dans leur longueur; mais rien ne fai- sait présumer qu'ils fussent malades. A l'extérieur, pas la moindre injection, pas la plus légère rougeur. Cependant le péritoine est enduit d'une couche purulente difficile à aperce- voir. Au premier abord, les points déclives de la cavité péritonéale renferment un pus phlegmoneux accumulé. La quantité totale peut en être évaluée à une cuillerée à soupe (15 à 20 grammes environ). Pas d'autres traces de péritonite. Les reins sont pâles, mais fermes et en apparence parfaitement sain^. La vessie est pleine d'urine foncée, floconneuse, comme si elle était chargée d'albumine coagulée. Examen microscopique à un grossissement de 520 diamètres. — Le foie, surtout dans ses portions jaunâtres, demi-transparentes, s'est montré infiltre d'une très-grande quantité d'éléments ûbro-plastiques, noyaux, cellules, plus ou moins allongées et effilées. Les cellules propres renfermaient de rares et très-petits globules gras, ainsi que quelques granules de matière colorante. La rate renfermait une énormi» quantité d'éléments fusiformes et un grand nombre de noyaux fibro-plastiques. Les autres organes n'ont pas été examinés. Ainsi que que je l'ai fait entrevoir au début de ce chapitre, le foie n'est pas toujours totalement envahi ; le travail morbide peut porter sur cer- * taines régions seulement et respecter la plus grande partie de l'organe, comme je l'ai vu une fois chez un enfant mort dans le service des nourrices de l'hôpital Necker, et plus lard sur un fœtus qui me fut présenté par M. Desruelles, alors interne à l'hôpital Saint-Louis. Je ne saurais mieux faire, pour donner une bonne idée de cette forme si remarquable, que de placer ici l'observation qui nous en a fourni le pre- mier et le plus curieux exemple. STPHILIS HÉRÉDITAIRE ; SORTE d'APOPLEXIE PLASTIQUE DI) FOIE ; PÉRITONITE ; PNEUMONIE ; MORT. Obs. il — Joséphine Vessière, née à Paris et |âgée de 3 mois, entra avec sa 39 mère dans le service de M. Horteloup (hôpital Necker). le 5 décembre 1848, pré- sentant les signes stcthoscopiques de la pneumonie lobulaire, avec un appareil de symptômes qui présageaient une mort certaine. Elle succomba en effet le jour même de son entrée. M. S. Empis, interne du service, ayant lemarqué en outre que cette enfant portait les stigmates de la syphilis constitutionnelle, eut l'obligeance de m'aver- tir, et nous procédâmes ensemble à l'autopsie cidavérique, qui n'eut lieu que le 8 décembre au matin et donna les résultats suivants : Aspect extérieur. — Sujet chétif, émacié. Peau rugueuse, ne présentant pas d'une manière appréciable la teinte jaune bistre de la syphilis constitution- nelle. Lèvres buccales tailladées par des fissures rayonnantes, dont quelques-unes sont profondes d'un à 2 millimètres et longues de 4 à 6. Langue couverte d'éro- sions serpigineuses, à fond rouge, tranchant sur la couleur blanche des parties intactes. Fissures nombreuses au poignet droit, dans les régions palmaire et dorsale, dirigées suivant les plis naturels de la peau; la principale, conespondant à la base de l'hypothénar, est longue de 2 centimètres environ et très-profonde. Dans la zone qui correspond à la jointure, la peau est en outre couverte de couches épaisses d'épiderme en voie de desquamniation. La peau est mince et rouge au niveau des sillons articulaires de la face pal- maire. Cette particularité est plus marquée à droite. Les fesses, et spécialement le pouitour de l'anus, sont le siège de pustules d'ecthyma dont la plupart sont excoriées-, quelques-nnes conseivent une croûte brune. Parmi les premières, il en est qui sont constituées par une surface ulcé- rée, parfaitement circulaire, d'un diamètre de 5 millimètres à peu près, repo- sant sur une base indurée qui s'enfonce dans l'épaisseur du derme et jusque dans le tissu cellulaire sous-cutané (ecthyma profond). Ces surfaces, incisées, nous montrent le derme épaissi, ramolli et gorgé de sang noir, ce qu'il doit à un dé- veloppement vasculaire auquel participe le tissu cellulo-adipeux ambiant. L'entrée des organes génitaux est tapissée d'un enduit blanc, puriforme. Les extrémités inférieures ne présentent aucune lésion notable. Tête. — Les fosses nasales ne sont pas examinées, non plus que les organes encéphaliques. Poitrine. — Les poumons sont roses, mous et rétractiles dans la plus grande partie de leur étendue ; leur bord postérieur est rouge brun. Mais çà et là existent des lobules indurés, variés de violet, de gris ou de jaunâtre, et donnant sous les doigts la sensation de grains durs: c'est la forme granulée de la pneumonie chro- nique, dans laquelle on retrouve parfois jusqu'à un certain point les caractères extérieurs du pancréas. Le cœur est normal; ses cavités sont remplies par de p.tits caillots fibrineux ZlO d'une nuance à peine jaunàlfi-, pâle et par du sang liquide en forte proportion , mais n'offrant pas d'une manière évidente l'aspect de rinçure de bouteilles que j'ai rencontré ailleurs. L'abdomen est un peu distendu par les fiçaz intestinaux. Le péritoine renferme à peine une cuillerée de sérosité limpide. Les intestins et l'estomac ne sont pas examinés. Les reins semblent normaux. La rate, ellipsoïde, longue de 5 centimètres, d'une consistance ferme, d'un tissu rouge brun, présente à sa surface quelques taches blanches et viUeuses, très- petites. Nous arrivons maintenant à la description du foie. Ce viscère paraît volumineux, turgide, globuleux, et ofl're un singulier assemblage de colorations brun rouge extrêmement foncé et jaune pierre à fusil. La couleur brune ou violacée occupe la plus grande partie de l'organe et appartient à la substance saine; la couleur jaune, plus res- treinte, correspond, au contraire, à des portions de la glande qui ont perdu leurs qualités normales peur revêtir les caractères que nous avons vus plusieurs fois appartenir au foie tout entier, profondément altéré, à savoir : la dureté élastique, la résistance aux doigts, l'aspect homogène et net de la coupe, la demi-transparence, et jusqu'à l'existence des stries grises vas- culaires et des grains opaques irrégulièrement disséminés. L'altération occupe une grande partie du lobe gauche, particulièrement sa périphérie. La substance saine ne se retrouve guère que contre lehga- raent lalciforme. Le lobe droit est proportionnellement beaucoup moins altéré. La couleur jaune règne le long de son bord tranchant, devenu plus mousse, en formant une bande dont la largeur varie de 10 à 15 millimè- tres. La ligne de séparation est festonnée, et les deux colorations se fon- dent ensemble à leur point de rencontre. L'altération occupe , d'ailleurs, toute l'épaisseur du bord, qui jouit ainsi d'une demi -transparence marquée. Sur la face convexe, on voit encore quelques îlots de substance jaune altérée, dont les limites sont aussi un peu sinueuses et fondues avec celles de la partie brune. Le principal d'entre eux, qui peut avoir 15 millimètres de diamètre, occupe à peu près le centre du lobe. A la face inférieure, on retrouve des dispositions analogues. Le lobule de vSpigel est tout entier jaunâtre et induré. Le tissu tout à fait sain offre les caractères qu'on lui connaît chez les en- fants du premier âge; dans quelques points cependant, la substance est plus ferme , plus pâle , moins opaque , à coupe plus nette , comme pour hi marquer te passage au tissu franchement altéré. Celle dernière modifica- tion est si légère qu'elle passe d'abord inaperçue ; ce qui frappe au pre- mier aspect, c'est ce contraste singulier entre la couleur jaune pâle du tissu induré et le brun violet très-foncé du fond de l'organe, disposition qui rappelle celle de certains marbres. Le péritoine qui recouvre les portions altérées est tapissé par places de pellicules albumino-fibrineuses très- minces et faciles à enlever, au-des- sous desquelles on voit sa surface légèrement dépolie quand on l'examine obliquement. Le hasard nous ayant fait rencontrer une altération à la fois et si res- treinte quant à son étendue et si complète quant à son degré de dévelop- pement, il devenait extrêmement important, pour compléter l'histoire ana- tomique de l'induration fibro-plastiqiie du foie, d'essayer une injection artificielle. Je procédai à cette opération avec M. le docteur Follin, pro- secteur de la Faculté, en ayant recours à un liquide très-pénétrant. Comme le lobe gauche avait été en partie sacrifié pour y pratiquer des incisions et juger de l'état intérieur de l'organe, nous choisîmes la branche primordiale droite de la veine porte hépatique, et nous y fîmes pénétrer, par une pression soutenue, de l'essence de térébenthine colorée par du bleu de Prusse. En quelques instants la matière remplit non-seulement toutes les ramifications de la veine porte, mais aussi le réseau capillaire, si riche, de la portion saine, qui devint entièrement bleue, sans extravasation. Cette matière repassa même par les veines sus-hépatiques. Mais les parties jaunes indurées ne se laissèrent pas pénétrer, ou du moins en si petite quantité qu'on n'y découvrait que de rares arborisations bleues, très-grêles, qui n'arrivaient pas même jusqu'à la périphérie de l'organe; en sorte que les capillaires n'admirent pas la moindre parcelle d'injection. Une seconde injection, composée de suif coloré par du cinabre et rendu plus fluide à l'aide d'une certaine proportion d'essence de térébenthine, fut ensuite poussée dans les veines sus-hépatiques et en remplit la plus grande partie, mais ne pénétra pas plus que la première dans les points indurés. Celle pièce injectée fut montrée à la Société de biologie dans sa séance du 16 décembre 18û8. Je l'ai encore sous les yeux, el de nouvelles coupes que je viens d'y pratiquer m'ont fait voir une ligne de démarcation très- nette entre la coloration bleue de la substance saine, atténuée pourtant par une longue macération dans l'alcool, el la décoloration de la substance al- térée. Celle-ci occupe, d'ailleurs, une plus grande étendue de l'organe que TOME IV. U à2 ae paraissait l'indiquer la grandeur des lâches pâles visibles à la surface, et je ferai remarquer, en passant, qu'elle a subi, par l'action de l'alcool, un retrait et un endurcissement, une corrugation, en un mot, beaucoup plus prononcée que la substance non infiltrée de la matière albumino-fibri- neuse. Il reste donc démontré par la méthode des injections, aussi bien que par l'inspection à l'œil nu, que, dans le tissu induré, la trame vasculaire est à peu près imperméable ; que les réseaux capillaires sont oblitérés, et que le calibre des vaisseaux d'un ordre plus élevé est lui-même considérablement rétréci. A quoi peut tenir une pareille disposition ? C'est ce que l'examen microscopique va nous dévoiler. En effet, on découvre dans le tissu altéré une quantité souvent considé- rable, quelquefois énorme, d'éléments fibro- plastiques à tous les degrés d'évolution, au milieu desquels les cellules de l'enchyme sont dispersées et pour ainsi dire noyées. La proportion de ces éléments fibro-plastiques par rapport à ceux du tissu propre de l'organe est plus ou moins forte, suivant que l'altération est plus ou moins avancée. 11 y en a très-peu dans les par- ties encore brunâtres de la seconde forme où ils se perdent au milieu des cellules propres ; ils sont au contraire prédominants dans les foies jaunes et très-durs, ainsi que dans les portions fortement indurées des foies qui ne présentent qu'une altération partielle, tandis qu'il en existe très-peu dans les points dont l'aspect est à peine modifié et pas du tout dans le tissu en apparence normal. Ce qui frappe d'abord ce sont les corps fusiformes dont les uns sont courts, en forme de navette, les autres très-longs, renflés en leur milieu et terminés par des exirémitéseffilées. Presque tous sont pourvus d'un noyau ovale ou ellipsoïde renfermant un contenu granuleux au sein duquel se font souvent remarquer un, deux ou trois granules plus gros et jouissant d'un éclat très-vif. On y rencontre aussi beaucoup de cellules arrondies ou ovalaires, assez semblables aux plus petites cellules de l'enchyme, mais renfermant des noyaux elUpsoïdes comme ceux des fibres; je pense que ce sont des cellules fibro-plastiques et que certains noyaux libres reconnaissent la même origine. Le mode de préparation usité dans ce genre de recherches fait voir ces éléments ordinairement isolés ; cependant il m'est arrivé de rencontrer par- fois plusieurs fibres accolées et présentant un véritable lambeau de tissu de nouvelle formation. La plupart de ces fibres sont simples, mais j'en ai vu quelques-unes bifurquées à une extrémité comme si un seul noyau avait donné naissance à deux fibres connées. Zl3 Les cellules propres du parenchyme hépatique ont-elles subi quelque changement notable? On leur trouve tous les caractères de Télat normal. Elles sont plus petites que chez l'adulte, plus régulièrement polyédriques, d'ailleurs comprimées dans un sens, de manière à se présenter habituellement par leur lace plane ; celle-ci est limitée par un contour polygonal, souvent à quatre ou cinq côtés inégaux, un peu convexes. Les parois cellulaires, très-minces et flnement ponctuées, laissent apercevoir dans leur cavité un noyau excentrique, circulaire, granuleux, des globulins très-réfringents de matière grasse qui sont toujours en petite quantité et manquent parfois complètement, et enfm assez souvent de petits points d'un jaune vif consti- tués par de la matière colorante de la bile. Les cellules d'enchyme m'ont paru être plus serrées dans les grains opaques que j'ai comparés à ceux de la semoule et qui ne seraient, d'après cela, que des vestiges de la substance propre du foie refoulée et condensée par l'apoplexie plastique environnante. Je pense qu'il en faudrait dire au- tant de ces îlots d'une substance assez semblable à celle des foies gras qui existaient dans un des cas dont j'ai conservé les détails ; seulement l'obser- vation ne dit pas si les cellules prises dans ces partiesétaient plus chargées de graisse que les autres; mais j'ai trouvé, dans une autre circonstance, que l'opacité plus grande des grains de semoule devait être rapportée à la pré- sence d'une proportion considérable de granules moléculaires dont j'ignore la nature intime. Je n'ai pas rencontré de ces cellules parenchymateuses allongées, fusi- formes ou à plusieurs pointes que m'ont offertes, dans quelques cas, les foies d'adultes et qui se distingueraient des éléments fibro-plasliques par leur contour plus neitement. arrêté, leurs extrémités plus mousses, leurs globules graisseux disséminés et leur noyau sphéroïdal. Tel est l'ensemble des modifications de structure offertes par le foie lui- même. Le fait capital, c'est la présence des éléments fibro-plasliques et d'un liquide albumineux analogue à la sérosité du sang qui infiltrent le parenchyme de la glande et dissocient, étouffent même ses éléments pro- pres. Tantôt cette infiltration semble se produire avec une certaine lenteur dans toute l'éteiidue tie l'organe qui ne perd que graduellement les attri- buts de l'état normal; tantôt, au contraire, elle parait survenir plus brus- quement, et alors, soit qu'elle IVappe l'organe en masse ou qu'elle se borne à quelques-unes de ses régions, elle se montre avec toute son intensité et rappelle l'idée d'une apoplexie. Les conséquences physiques sont l'aug- menlalion de volume, la forme globuleuse, la subslilulion de la nuanee jaune fauve à la coloration rouge brune et la facilité plus grande de la part du foie à se laisser traverser par la lumière. En outre, celte lymphe plastique épanchée comprime ou fait disparaître les cellules propres des acini, efface les vaisseaux de toutes natures, et larit ainsi dans sa source la sécrétion biliaire. Aussi, dans les cas les plus avan- cés, la bile renfermée dans la vésicule s'est-elle toujours montrée d'un jaune pâle et très-filante, c'est-à-dire très-riche en mucus et très-pauvre en matière colorante spéciale. La présence d'un plasma fibrineux implique jusqu'à un certain point l'existence d'une inflammation. En effet, le foie porte aussi à sa surface des traces du travail phlegmasique dont son parenchyme a dû être le siège ; ce sont des pellicules pseudo-membraneuses, minces, transparentes, diffi- ciles à apercevoir au premier coup d'œil, mais faciles à détacher avec l'ongle et laissant voir au-dessous d'elles le péritoine viscéral privé de son poli, comme papillaire et parsemé de fines arborisations artérielles. Ces concrétions fibrino-albumineuses se retrouvent également, mais plus rares et plus ténues, dans le reste de la zone épigastrique, sur l'estomac et Bur la rate, sans que ces organes présentent, à l'extérieur, d'autres signes d'inflammation. Dans un cas seulement, le foie et la rate étaient çà et là couverts de fausses membranes villeuses ayant subi un commencement d'organisation et adhérentes. Le même sujet présenta à la surface de l'intestin un enduit puriforme qu'on rendait apparent en le raclant avec le dos du scalpel, et dans le petit bassin un peu de matière semblable à de la synovie purulente, sans injection vasculaire du péritoine. Ordinairement il existe, dans le cul- de-sac péritonéal inférieur, une petite quantité d'une sérosité tantôt limpide et citrine, tantôt trouble et roussâtre, en rapport avec la péritonite hépatique. La rate n'est pas toujours altérée : dans un cas, elle était doublée de vo- lume, quoique d'une bonne consistance ; dans un autre, elle était grosse et diflluente; une fois elle se trouva simplement ramollie. L'estomac n'a été étudié que chez un seul sujet; sa membrane mu- queuse était généralement très-molle couverte de sugillalions ecchymo- tiques, et sa cavité renfermait du sang noirâtre analogue à du marc de café. Dans l'un des trois cas où les intestins grêles ont été ouverts, ils ont présenté un développement marqué et un ramollissement des plaques de Peyer, comme dans l'entérite folliculeuse simple. 45 ï^es reins ne nous ont rien offert de particulier. Quant aux poumons, ils ont montré trois fois des lobules diversement altérés, ayant les caractères de la pneumonie aigué (obs. V) et de la pneu- monie chronique, granulée ou pancréatiforme. Dans l'observation III, on trouve le passage de Tétai aigu à l'état chronique ; dans ce même cas, les cavités pleurale et péricardique contenaieul un peu de sérum rous- sâlre. J'ai le regret de n'avoir qu'une seule fois porté mon attention sur le thymus. Ses locules intérieures étaient remplies d'un suc trouble, mais non identique au pus ; son aspect était d'ailleurs celui de l'état sain. Presque toujours le sang renfermé dans les cavités du cœur était ma- nifestement altéré ; la partie solide offrait la consistance de la gelée de gro- seille molle; il y en avait une forte proportion parfaitement liquide, au sein de laquelle la matière colorante était en suspension, comme cela se voit dans le marc de café, ou mieux encore, dans la rinçure de bouteilles. Une fois (obs. Ilf), il n'y avait ainsi que du sérum chargé de matière colo- rante. Une autre fois le sang était eu grande partie liquide et en partie dif- fluent. Dans une troisième circonstance, il offrait de petits caillots demi- fibrineux avec du sérum coloré, à la manière du sang artificiellement dé- pouillé de sa fibrine, mais qui n'aurait pas eu le contact de l'air. Le sujet de l'observation ]II, qui nous montra la plus profonde altération du sang, était en même temps remarquable par l'extrême décoloration de tous ses tissus et par l'existence d'innombrables ecchymoses dans le pa- renchyme pulmonaire, à la surface du péricarde viscéral et de la mem- brane interne de l'estomac. Ces ecchymoses coïncidaient avec la teinte rousse du liquide renfermé dans les grandes cavités séreuses et avec l'as- pect noirâtre des matières stomacales. Deux fois seulement le crâne a été ouvert pour examiner les centres ner- veux, qui n'ont offert aucune particularité digne d'être rapportée; Un seul sujet était affecté d'anasarque de la moitié inférieure du corps (obs. IVj. Enfin, les lésions caractéristiques de la syphilis constitutionnelle ont con- sisté en taches psoriasiques, pustules d'eclhyma lenticule, eclhyma pro- fond ulcéré, plaques muqueuses, fissures au pourtour des ouvertures na- turelles et dans les plis des jointures, et inflammation des fosses nasales avec sécrétion purulente et sanguinolente (ozènc syphilitique). Zj6 CAUSES; NATURE. L'induration plastique du foie, dont nous venons d'établir les caractères, Jie nous est apparue dans aucune autre maladie générale que la syphilis congéniale. Depuis que nous Pavons découverte, M. le professeur Trous- seau l'a constatée à plusieurs reprises chez les enfants qui succombaient à celte diathèse, et j'ai pu me convaincre, par l'examen des pièces qu'il a eu l'obligeance de rae faire remettre, que l'altération restait toujours identique. Plus lard, M. S. Empis, aujourd'hui chef de clinique, alors interne du même service dirigé par M. le docteur Horteloup, a, d'après mes indications, recherché cette lésion du foie et l'a également retrouvée. Il en a été de même à l'hôpiial de Lourcine, pour mon collègue M. Besanzon et son maître M. CuUerier. De leur côté, M. Depaul, professeur agrégé à la Faculté, el M. le docteur Lebert, m'ont dit en avoir rencontré chacun un exemple bien évident. Pour ma part, j'en ai vu maintenant 9 cas, et je ne doute pas qu'ils ne se multiplient si les excellents observateurs placés à la tête des services d'enfants veulent bien diriger leurs recherches dans ce sens. Chez huit de ces enfants, les manifestations extérieures de la syphilis constitutionnelle étaient tellement caractérisées que le diagnostic ne lais- sait rien à désirer. Il suffira, pour s'en convaincre, de se rappeler les lé- sions que nous avons énumérées à propos de l'anatomie pathologique, ou de relire les observations particulières; il n'y a pas d'autre diathèse qui les présente toutes réunies. Sans admettre à cet égard la possibihté d'un doute suffisamment justifié, j'aurais désiré cependant que les renseignements sur le compte des parents vinssent corroborer l'opinion qu'on pouvait se faire d'après l'examen des petits malades. Ce critérium nous a généralement fait défaut, excepté pour les deux enfants qui ont succombé à Lourcine, dont les mères portaient elles-mêmes les stigmates indubitables de l'infection syphilitique. C'est du reste une lacune regrettable à un autre point de vue; car il eût été intéressant d'établir la transmission par le père, et de savoir à quelle période de la maladie se trouvait celui des parents qui l'a trans- mise au moment de la conception, ou bien à quelle époque de la gestation la mère a été infectée, toutes questions pour la solution desquelles la science manque encore d'éléments probatoires. Pour les deux femmes du service de M. CuUerier, la conception el l'infection paraissent avoir été deux faits à peu près contemporains, car toutes deux étaient couvertes d'accidents secondaires tardifs, et particulièrement de syphilides tuberculo-crustacées= /|7 Les autres mères que uous avons pu exaininer ne portaient aucun signe ac- cusateur. Un seul enfant à la mamelle, parmi tous ceux dont j'ai parlé, était exempt de manileslalions syphilitiques extérieures, et c'est précisé- ment celui qui m'a offert le premier exemple d'induration plastique du foie. Avant de discuter la valeur de ce fait, je vais en rapporter les principaux détails. Oi!s. 111.— Potier (Elisabeth;, à^ée de 25 jours, est îipportée par sa grand'mère à l'hôpital Necker (service de M. Trousseau), le 20 avril 1847, et couchée au n" 7 de la salle Sainte-Julie. (letti; enfant, rhclive et cxiiîuë, est pouit;ml venue à terme ; mais depuis sa naissance, elle n'a pris pour ainsi dire aucun dëvoloppenient. Elle est aujour- d'hui pâle et maigre, sans présenter toutefois ce cachet de décrépitude préma- turée qu'impriment à la physionomie des enfants les maladies des voies diges- tives; elle ne tousse pas; elle n'a pas de dévoiement, mais vomit quelquefois son lait; son appélit est médiocre; on la nourrit au biberon. (Lait, fécule su- crée.) Huit jours se passent avant que de nouveaux phénomènes viennent réveiller l'attention du médecin; mais dans la journée du 28 avril surgissent des acci- dents formidables. L'enfant est prise de vomissements réitérés composés de ma- tières glaireuses filanles, striées de brun. Son ventre se ballonne, ses extrémités se refroidissent, le moindre mouvement la fait geindre ou crier. Le lendemain, le ventre est encore plus tendu ; les selles sont nulles, les vo- missements ne se reproduisent pas; la température de tout le corps, appréciée par la main, paraît inférieure au degré normal ; les extrémités sont un peu cya- nosées, les lèvres d'une teinte lilas, les yeux ternes et excavés, le pouls innom- brable et très-petit. La plus légère pression sur le ventre excite de l'agitation dans les membres inférieurs et parfois des plaintes. Le 30, mêmes symptômes; torpeur profonde préludant à la mort, qui arrive le 1" mai , soixante heures environ après le début des symptômes de péri- tonite. Autopsie. — Méninges exsangues; substance grise du cerveau tout à fait dé- colorée ; consistance ordinaire des centres nerveux encéphaliques. Décoloration presque universelle du tissu pulmonaire, qui s'affaisse partout, excepté dans quelques points situés particulièrement vers les bords des lobes. Là on sent en eifet des noyaux denses cl pâles au niveau desquels la plèvre con- serve à peu près son aspect naturel, et qui, étant incisés, laissent écouler par la pression un liquide trouble dans les uns, complètement transparent et séreux dans les autres- y\\ (V; V.' Zf8 Au milieu de ces noyaux duii-, ou remarque un poinliilc eechymotique. (]œur présentant sous sa membrane séreuse un grand nombre de très-peliteg sugiiiations, et contenant dans son intérieur un peu de sérum coloré par les globules, et semblable à de la rinçure de bouteilles. Pas de trace eudo-membranes molles, faciles à décoller, surtout abondantes dans la gouttière costo-vertél)ra!e. Le parenchyme des poumons était en avant d'un gris rosé, crépitant, légèremtnt engoué en arrière et surtout à la base, non friable, donnant écoulement à une quantité médiocre de sérosité san- guinolente acre. Les bronches étaient saines, ainsi que la trachée et le larynx. [.ccœur, d'un volume ordinaire, un peu flasque, présentait un léger ëiiaissis- 98 semeiil de la base et de la partie libre de la valvule milrale, ainsi que des val- vules aortiques. Pas de rétrécissement ou d'insuffisance des valvules. Au-dessous de la membrane interne de l'aorte, principalement au niveau des artères coro- naires et de la naissance des vaisseaux des membres supérieurs, existaient plu- sieurs plaques jaunâtres, molles, sans destruction de la membrane interne. Muqueuse de l'estomac grisâtre près du pylore, légèrement mamelonnée, d'un gris verdâtre dans le grand cui-de-sac où elle s'enlève par le raclage. Quel- ijues arborisations, avec légère saillie des follicules isolés dans le cœcum. Intes- tin grêle sain. La rate était petite, assez ferme, non congestionnée. Le foie, un peu jaunâtre, ne graissant pas le scalpel, non congestionne, sain. Les reins et la vessie étaient comme à l'état normal. Le membre inférieur gauche était œdématié, la peau violacée, décollée au ni- veau du condyle interne du fémur et dans le creux poplité, un peu de sang demi-coagulé bouchait la plaie résultant de l'incision faite pendant la vie. En disséquant les couches superficielles, on trouve le creux poplité, la partie supé- rieure du fémur et le quart inférieur et interne des muscles de la cuisse noirâ- tres, comme macéréf, exhalant une odeur de putréfaction marquée; toutes ces parties sont infiltrées d'une matière sanieuse mêlée à des caillots sanguins. Les muscles les plus ramollis sont le poplité, la partie supérieure du soléaire. Les vaisseaux et nerfs placés dans le creux poplité sont isolés au milieu de la sanie sanguinolente et du sang demi-coagulé. Le nerf poplité n'est nullement ra- molli, son névrilème ne présente aucune injection anormale; la veine poplitée est saine et ne contient qu'un peu de sang. L'artère poplitée, à sa partie moyenne et à sa face antérieure, offre une perfo- ration un peu allongée dans le sens de la direction du vaisseau, pouvant permet- tre l'introduction d'une grosse tête d'épingle. Cette ulcération, à bords assez ré- guliers, minces, est entourée d'une petite auréole un peu bleuâtre; elle est plus large que l'orifice interne. Au-dessus et au-dessous, on ne remarque aucune autre solution de continuité. L'artère n'est ni tendue ni relâchée. Elle est ou- verte suivant son axe sur le bord opposé à l'ulcération. Celle-ci est cachée par deux petits caillots rougeâtres, mous, non adhérents, ayant leur grosse extrémité appliquée sur l'orifice anormal, et leur extrémité sous forme d'appendice gra- duellement décroissant tournée vers la cavité du vaisseau Cette ouverture est légèrement infundibuliforme et régulière. Latuniqueexterne s'enlève facilement; elle est parsemée d'un lacis de petits vaisseaux médiocrement abondants. De l'extérieur, on aperçoit plus bas que l'orifice anormal, mais nullement à son ni- veau, de petits points jaunâtres sous forme d'un semis régulier, ne soulevant pas à l'intérieur la membrane interne, qui s'enlève difficilement et se rompt im- médiatement ; au-dessous d'elle, la membiane moyenne est un peu fi agile, ses iTibres transversales très-apparentes et parsemées de petits points jaunes. A l'ex- 99 teplion des doux petits l'aillots déjà indiqués, l'artère poplitée était vide de sang. En remontant le trajet de l'artère, on trouve la moitié supérieure de l'artère poplitée plus saine, la membrane moyenne moins cassante, moins parsemée de petits points jaunâtres , mais à partir de l'anneau du troisième adducteur jus- qu'à son extrémité supérieure, l'artère fémorale reprend de nouveau les mêmes caractères et même plus marqués que ceux que nous avons indiqués à propos de l'artère poplitée. L'artère fémorale du côté droit sain, examinée comparativement, ainsi que l'artère d'un autre sujet de 60 ans environ, mort d'une autre maladie, offre le même aspect. L'articulation du genou était largement ouverte en arrière et en dedans, les fibres ligamenteuses qui forment la partie postérieure de la capsule d'un blanc terne, détachées du condyle interne du fémur qui était à nu, le ligament latéral interne intact. Le condyle externe avait encore sa capsule, la partie antérieure de la capsule avait persisté. Dans l'articulation, on ne trouvait aucune trace des fibro-cartilagcs semilu- naires ou du cartilage d'encioùtement de la partie inférieure du fémur et de la supérieure du tibia, quelques petites lamelles minces de cartilages faciles à en- lever et entraînant alors avec elles de petits fragments osseux se remarquaient encore à la partie postérieure et supérieure des deux condyles, de même qu'à la circonférence de la rotule. L'extrémité inférieure du fémur et la supérieure du tibia, c'est-à-dire de toute leur partie intra-articulaire était noire, comme macérée; la couche mince de tissu compacte qui les recouvre avait disparu et n'offrait qu'un tissu .spongieux inégal, raréfié, s'écrasant facilement sous la moindre pression. Les ligaments croisés ramollis n'étaient pas détachés de leurs insertions. En arrière, sur la par- lie supérieure des condyles du fémur, on observait de petites lames grisâtres, comme papyracées, s'enlevanl facilement et se brisant par la moindre pression, pour montrer au-dessous d'elles de petites pertes de substance. Sur la partie inférieure du fémur, sur la diaphyse comme à l'épiphyse, le pé- rioste adhérait médiocrement. Le tissu compacte extérieur comme raréfié, par- semé d'une foule de petits orifices gros comme la pointe d'une épingle était rouge ; ces petits points étaient, par places, isolés; ailleurs, surtout à la partie interne et inférieure de la diaphyse, réunis sous forme de petite plaque. Une saillie comparable à une exnstose se remarquait sur le bord externe de l'os près de l'épiphyse; il semblait formé par un soulèvement de la couche compacte ra- réfiée, au-dessus de lai^uelle existait comme une pelilc plaque de tissu osseux plu.« épais et plus blanc. A l'intérieur, le corps du fémur était creusé d'une cavité plus grande que le canal médullaire ordinaire contenant une moelle molle, rougeâtre, facile à écra- ser. Dans l'épiphyse, le tissu spongieux, raréfié également, présentait plusieurs 100 petites cavités purulentes; plus bas, près de l'articulation du genou, une infil- tration jaunâtre purulente égalenienl. Le tissu compacte otiVe une épaisseur ma- nifestement moindre que dans l'étal normal. La partie supérieure du tibia olTrait moins l'infiltration purulente, les mêmes caractères pathologiques que le fémur. Ces os étant fragiles se cassent sous l'influence de la moindre pression et se laissent couper facilement. Les détails que nous venons de donner sur les symptômes observés pen- dant la vie, et les lésions des os et de Tarière poplitée, nous autorisent à voir ici une ulcération artérielle causée par l'abcès développé dans l'articu- lation et le creux poplité sous l'influence de la maladie des os. Quoique les faits de ce geure soient rares, ils ne prouvent pas moins qu'on avait exagéré l'immunilé des artères plongés au sein d'un foyer pu- rulent. Un fait absolument identique fut observé l'an dernier à l'hôpilal de la Charité, dans les salles de M. Velpeau. (Voir Bull. Société anatomique, 1850.) Chez noire malade, les arières offraient les caractères qu'elles présen- tent souvent chez les vieillards, comme nous avons pu nous en convaincre en les comparant avec l'artère fémorale d'un sujet à peu près du même âge mort d'une maladie complètement différente, nouvelle raison pour ad- mettre que l'affection des artères a pu agir tout au plus comme circon- stance adjuvante, mais n'êirc pas la cause première de la perforation. MÉMOIRE SlIK LES KYSTES HÏDATIOCES Dl) PETIT BASSISI, Lu à la Société Par M. CHAROOT, Lauréat des hôpitaux. Les kystes hydatiques sont indiqués dans quelques auteurs classiques (1) parmi les tumeurs qui peuvent se développer dans le tissu cellulaire do petit bassin. Cependant il n'existe dans la science qu'un assez petit nombre d'exemples de ces kystes; et encore ces exemples ont-ils peu frappé les observateurs, malgré les accidents divers qu'ils ont occasionnés, en gênanl dans leurs fonctions les organes au voisinage desquels ils se sont déve- loppés. En effet, on les a vus gêner ou empêcher l'émission de l'urine et des matièi es fécales, et devenir chez la femme grosse un obstacle à l'accou- chement. Dans quelques cas, ces kystes ont pu arriver à la dernière période de leur évolution, et leur perforation a été suivie de l'évacuation de leur contenu; alors les hydalides qu'ils contenaient on! été rejelées avec l'urine ou les matières fécales, et ce travail morbide, accompagné de phénomènes plus ou moins graves, s'est tantôt terminé par la mort, lanlôl par une guérison complète. Presque toujours la nature de la maladie a été méconnue ; ce- pendant, lorsqu'une opération a été dirigée contre elle, le résultat a été quelquefois heureux. (1) Laugier eî r.rdveilhier, Dictionnaire en 30 voi.., art. Bassin. lO'i Sous le rapport des accidenls qu'ils occasionnent et sous celui du diag- noslic, les kystes hydatiques, situés ou développés dans rexcavation du petit bassin, offrent des particularités assez remarquables chez la femme. Je les étudierai donc successivement chez la femme et chez l'homme. § I". — KYSTES HYDATIQUES DÉVELOPPÉS DANS L'EXCAVATION DU PETIT BASSIN, CHEZ LA FEMME. Je commencerai l'exposé des cas de kystes hydatiques situés ou dévelop- pés dans l'excavation du petit bassin, chez la femme, par une description anatomique du cas que j'ai eu l'honneur de présenter à la Société de bio- logie. Obs. 1. — Sur celte pièce, on voit deux kystes hydatiques, développés dans le tissu cellulaire sous-péritonéal du petit bassin, entre la face antérieure du rec- tum et la face postérieure des organes génitaux. Cette pièce a été recueillie sur le cadavre d'une femme conduite pour la dissection à l'amphithéâtre des hôpi- taux. Ces deux kystes sont régulièrement sphériques, à peu près d'égal volume ; ils ont de 5 à 6 centimètres de diamètre chacun et adhèrent entre eux dans une très-petite partie de leur circonférence; l'un d'eux, plus volumineux, est faible- ment uni en arrière, à la face antérieure du rectum, par du tissu cellulaire très- lâche ; il est situé à 6 ou 7 centimètres au-dessus de l'anus, plutôt à droite qu'à gauche de l'axe de l'intestin ; son adhérence avec le second kyste est intime, et on ne peut la détruire sans entamer la paroi fibreuse elle-même. Le second kyste est situé un peu plus bas que son congénère et en avant de lui; il adhère par sa face antérieure au col de l'utérus dans retendue de 2 centimètres environ, et à la partie la plus reculée de la face postérieure du vagin, dans l'étendue de 3 à 4 centimètres; l'adhérence avec les organes génitaux est très-intime, et faite au moyen d'un tissu fibreux très-dense. Le kyste postérieur est ouvert dans le rectum, par une ulcération arrondie, située à 10 ou 12 centimètres au-dessus de l'orifice anal ; celte perforation, pra- tiquée par conséquent dans la partie la plus élevée de la poche hydatique, est arrondie, comme taillée à l'emporte-pièce, et présente de 1 centimètre à 1 cen- timètre et demi de diamètre. Les deux kystes ne communiquent nullement entre eux, au lieu de leur ad- hérence; l'antérieur n'offre lui-même aucune communication , soit avec le va- gin , soit avec l'utérus. Avant la dissection du tissu cellulaire lamelleux qui enveloppait de toutes parts ces deux tumeurs et les réunissait en une seule, elles formaient une masse allongée, oblique d'arrière en avant et de haut en bas, et située sous le péritoine qu'elle avait soulevé et dont elle s'était coiffée. Le péritoine, en effet, descendant delà face antérieure du rectum, enveloppait les kystes supérieinement 103 ft de chaime côte, puis remontait pour recouvrir la l'ai'c postérieuie du corps de- l'utérus. Le cul-de-sac recto-vaginal était donc complètement elTacc et rempli par nos tumeurs; ces dernières d'ailleurs ne descendaient pas jusqu'au périnée, et la plus inférieure en était distante d'au moins 4 centimètres, même dans son point le plus déclive; c'est donc par en haut et dans le sens antéro-postérieur, (jue leur développement s'est effectué surtout : en haut le péritoine est repoussé, en arrière le rectum est comprimé, aplati, et ses fibres musculaires se dévf- loppcnt pour vaincre l'obstacle apporté au cours des matières fécales; en avant l'utérus est appliqué contre le pubis, son col aplati et considérablement allongé. L'organe de la gestation subit en outre un déplacement de totalité qui le porte en haut et en avant ; le vagin, au contraire, est repoussé par en bas, et une tumeur vient faire saillie dans sa cavité, à la partie la plus reculée de sa face postérieure, immédiatement en arrière du col utérin. Tous ces faits auraient certainement pu être constatés pendant la vie, et on pouvait parfaitement les percevoir sur le cadavre par le toucher rectal et le toucher vaginal , surtout en combinant ensemble ces deux modes d'exploration. La dissection des kystes eux-mêmes, nous a démontré : que l'un d'eux, le plus voisin du rectum, recevait des vaisseaux artériels assez volumineux (ils étaient injectés à la cire), provenant de plusieurs branches des hémorrhoidales moyennes, qui se détournaient un instant de leur trajet habituel pour les fournir ; que l'autre en recevait aussi, dans sa moitié antérieure surtout, lesquelles provenaient, les unes, des artères vaginales du côté gauche et les autres du tronc même de l'ar- tère utérine du côté droit. Les petites ramifications de ces artères pénétraient, de toute évidence, dans le tissu même de la poche fibreuse. Rien dans ce qui va suivre qui ne soit commun aux kystes hydatiques en gé- néral ; la membrane propre est épaisse, ccnstituée par un tissu fibreux, résistant, coriace; sa surface interne est inégale et tapissée çà et là par une matière blan- châtre, friable, assez adhérentecependant à lapoche, dans l'intérieur de laquelle elle s'avance en quelques points, assez loin pour former des cloisons incomplètes (matière tuberculeuse de Kuhn). En comprimant la tumeur la plus voisine du rectum, laquelle n'était pas vide quand nous la rencontrâmes, il s'échappa par l'orifice anal de ce conduit un li- quide séreux, trouble, blanchâtre; puis trois ou quatie hydatides entières du volume d'une noix. Ayant incisé la poche fibreuse, nous trouvâmes dans son in- térieur, trois ou quatre hydatides entières qui n'en avaient pas été chassées par la compression, et en outre une très-grande membrane blanche, généralement opaque , couverte de végétations irrégulières sur ses deux faces, laquelle était repliée sur elle-même. Quand on faisait flotter dans l'eau cette membrane dé- chirée en plusieurs endroits, elle prenait d'elle-même une forme sphérique. Examinée avec soin, on la trouvait composée d'au moins cinq membranes se- condaires, transparentes dans certains points, opaques dans d'autres et comme tachetées; les points opaques correspondaient à des épaississements et aux vé- lO/j tiétalioiiÊ (luelquel'ois tiés-saillanlps itoi\t nous avons paiié. S'il s'agit ici d'un ilébiis d'Iiydatide, celle-ci , en la supposant pleine, devait être tellement volumi- neuse, que les autres n'auraient certainement pas pu trouver place entre sa sur- face externe et la surface interne de la poche d'enveloppe, et avaient dû à une certaine époque être renfermées dans son intérieur (hydatide mère). Nous devons dire toutefois que toutes les hydatides étaient paifaitement libres, et ne con- tractaient aucune adhérence, soit avec la membr;ine que nous venons de décrire, soit avec le kyste d'enveloppe. Le kyste le plus voisin du vagin fut trouvé plein d'une sérosité trouble où nageaient une quinzaine d'hydalidcs pleines de divers volumes; deux d'entre elles étaient plus grosses que des noix, lesauties variaient de volume, et les plus petites n'étaient pas plus grosses que de très-petits pois; d'ailleurs aucune membrane (lui i appelât, soit par ses dimensions, soit par ses autres caractères physiques, celle qu'on a rencontrée dans le premier kyste. Les hydatides elles-mêmes, avaient leurs caractères habituels. Les parois des plus volumineuses pouvaient se décomposer en trois membranes au moins, dont la moyenne était la plus épaisse et la plus opaque; celles des plus petites pa- raissaient composées de deux léuiilels. Le hquide contenu dans l'intérieur des vésicules ayant été examiné au microscope, nous y rencontrâmes des ecchino- coques, dont les suçoirs et les crochets étaient fort visibles; on rencontrait aussi çà et là dans le liiiuide des crochets isolés. Nous n'avons pu , malheureusement, nous procurer aucun renseignement sur les phénomènes qui auraient pu être observés pendant la vie de cette femme. Nous avons même à regretter de n'avoir pu examiner ses autres viscères, le foie, par exemple, afin de rechercher s'il n'y existait pas quelque autre collection d'hydatides. Tout incomplète qu'elle est, celte description montre comment des kystes hydaliques ont pu se développer dans le petit bassin, entre le rec- tum et les organes génitaux, sous le péritoine qui les unit, refouler ces or- ganes, les déformer, et enfin l'un d'eux s'ouvrir spontanément dans le rec- tum. Quant à l'autre kysle, celui qui élait plus en rapport avec le vagin, sa position en dehors du péritoine et la grande épaisseur de ses parois au- raient été, je crois, une garantie suffisante contre tout accident redoutable, si on eût pratiqué l'ouverture pendant la vie. Je passe à un second exemple tiès-curieux, dans lequel le kyste hyda- lique, après avoir rendu plusieurs accouchements difficiles, a été guéri après l'incision de ses parois, en plusieurs points par le vagin. Dans un mémoire intitulé : Observations sur les tumeurs de l'exca- CAVATION PELVIENNE QUI PEUVENT RENDRE l'ACCOUCHEMENT DIFFICILE, mémoire célèbre dans l'art obstétrical et publié dans les Transactions 105 MÉDico-CHiRURGiCALKS de Londrcs pour 1817, Park (1) a rassemblé six cas qui lui sont propres de tumeurs développées ou descendues dans la cloi- son recto-vaginale, et qui ont pu gêner lexpulsinn du fœtus, ou même in- diquer des manœuvres sérieuses. Sur ces six cas, il en est au moins un qui a trait au sujet qui nous occupe ; il est consigné dans l'obs. n° 2. En voici l'analyse. Obs. II. — Park fut appelé, avec le doeieur Lyon, auprès de madame S..., primipare, et dont laccoucbement semblait devoir bientôt se faire. Au premier examen, il trouvo le vagin presque entièrement rempli par une tumeur dure, située entre le vagin et le rectum. Ce ne fut qu'avec une certaine difficulté que le doigt put être introduit entre la tumeur et le pubis, et pénétrer jusqu'au col. Park désespérait de voir l'accouchement s'accomplir par les seuls efforts de la nature. Cependant il s'effectua naturellement; toutefois ce ne fut pas sans un travail long et pénible. Par la suite, madame S... eut deux grossesses gémellaires terminées préma- turément : la première au quatrième mois, la deuxième à la lin du septième. Les enfants de 7 mois furent expulsés sans accident. Pendant ces grossesses, la tumeur, en comprimant l'urètre, occasionnait de temps à autre la rétention de l'urine dans la vessie et nécessitait l'emploi du cathéter, et cependant le toucher ne faisait reconnaître aucune modilication dans le volume de la tumeur. Un jour Park, en la refoulant par hasard avec le doigt, détermina rémission des urines. Il instruisit le mari de cette manœu- vre, et le cathéter devint dés lors inutile. Ce fut là, d'ailleurs, le seul incident notable de ces grossesses. Une nouvelle grossesse eut lieu. Le terme arriva. Park fut appelé pour pren- dre des mesures décisives à l'égard de la tumeur. La dilatation du col était complète, et déjà les membranes s'étaient rompues. Toute la nuit se passa dans le travail le plus pénible, et cependant rien n'avançait. La tête appuyait sans cesse contre la partie supérieure de l'obstacle, mais sans pouvoir descendre le moins du monde dans le bassin. Alors il fut décidé qu'une incision serait pratiquée. L'instrument choisi fut une lancette cachée ou pharyngotome. Park le conduisit sur son doigt Jusqu'au point où les enveloppes de la tumeur lui parurent le plus minces, et y pratiqua cinq ou six incisions très légères et non pénétrantes; puis, forçant avec le doigt, il pénétra dans une large cavité, qu'il crut remplie par une matière géla- tineuse. Aussitôt il s'en écoula un liquide séro-sanguinolent entraînant avec lui un certain nombre de fragments membraneux, ayant l'apparence de morceaux de (1) Park, Obs. ox'tumours within tuf. pelvis. TOME IV. 106 tripe (sliippings ot'uipe). Quelques-uns de ces lambeaux atteignaient on dinien- sior. le quart d'une feuille de papier ordinaire. La première douleur qui suivit cette opération évacua complètement le con- tenu de la tumeur. Celles qui suivirent terminèrent bientôt l'accouchement. Ce ne fut que irès-lentement que madame S... se rétablit. Une suppuration abondante et extrêmement fétide se manifesta ; des douleurs de reins assez vives, de la lièvre, une grande prostration, furent les principaux symptômes ob- servés, et ce ne fut qu'au bout de huit ou dix semaines que la malade se réta- blit complètement. Il est probable que le travail de cicatrisation qui suivit cette opération amena un certain degré de rétrécissement ; car, dans l'accouchement qui suivit, alors que le col utérin était complètement dilaté et les membranes rompues, ce ne fut qu'après on travail très-pénible, de sept ou huit heures de durée, que la tête franchit le bassin. Un autre accouchement eut encore lieu par la suite : il s'a- gissait d'une présentation du bras à la lin du huitième mois.Park éprouva beau- coup de diCBcullé à introduire sa main pour aller à la recherche des pieds, et l'obstacle, dit-il, ne résidait certainement pas dans le col ulérin. Quoique le mot hydatides n'ait pas été prorjoncé par l'auteur de celte observation, il est impossible de les méconnaître dans sa description. Le siège des kystes qui les renfermait était, suivant toute probabilité, le même que dans l'observation précédente, à moins que ce cas ne fût analogue à celui qui a été relaté par M. Cruveilhier, cas dans lequel Tovaire, converti en une poche hydalique, était tombé dans le cul-de-sac reclo-vaginal (en refoulant, chacun de leur côté, le rectum et le vagin ), auquel !e kyste adhérait très-iutimemenl. D'ailleurs, au point de vue pratique, la distinction entre ces deux sortes de kystes hydatiques pelviens, les uns développés dans l'ovaire tombé dans l'excavation du petit bassin, les autres développés dans le tissu cellulaire sous-péritonéal du bassin, paraît difficile, sinon impossible, pendant la vie. Voici un troisième exemple, intéressant surtout au point de vue anato- raique, et qui prouve d'ailleurs, avec plusieurs autres observations que je rapporterai plus loin , que les hysles hydatiques du bassin sont souvent accompagnés de semblables kystes dans la rate, le foie et d'autres vis- cères. Les Bulletins de la Société anatomique de Paris pour 1831 renfer- ment la note suivante : Obs. III.— m. Barre lit l'observation d'un kyste hydatique d'un volume énorme développé dans le bassin. 107 L'ulérus est appliqué sur sa lace antérieure, cl lui est intimement uni. Les trompes et les ovaires sont en grande partie confondus avec les parois du kyste. Le rectum est adhérent à sa partie postérieure et gauche. Le kyste contient un nombre immense d'acéphaîocysles, dont lu volume varie de celui d'un œuf de dinde à celui d'une noisette. Le liquide a l'aspect du pus séreux. Un kyste hy- dalique semblable, mais beaucoup moins volumineux, existe dans la rate. Aucun détail sur les phénomènes observés pendant la vie. Ici le doute qui règne dans l'observalion de Park, au sujet du véritable siège du kyste, dans l'ovaire ou dans le tissu cellulaire sous-péritonéal, n'existe pas. En effet, les deu)^ ovaires étaient exempts d'altération. J'emprunte à M. Roux (Clinique des hôpitaux, t. 11, n° Zi6), un qua- trième exemple de kysle hydatique du bassin, faisant saillie dans le vagin, et traité et guéri par rincision. L'observalion a d'ailleurs été consignée tout au long dans l'article Acéphalocyste du Dictionnaire de médecine ET de chirurgie pratique, et considérée par M. Cruveilhier comme un cas de kyste hydatique d'un des ovaires. Obs. IV. — Madame B..., âgée de 38 ans, avait eu, huit ans auparavant, un accouchement long et pénible. L'accoucheur reconnut la cause de la difficulté dans une tumeur existant au côté gauche du vagin, et ne dissimula pas à la malade l'obstacle qu'elle pourrait apporter à un accouchement ultérieur. Cette tumeur s'accrut, mais sans déterminer aucune espèce d'accident pendant cinq ans. Mais pendant les trois années qui suivirent, l'émission des urines et des matières fécales devint difficile, et le mari de la malade était forcé de la sonder trois ou quatre fois par jour. A l'hôpital de ia Charité, on constata en effet l'exis- tence d'une tumeur dure, située à gauche, s'étendant de la marge du bassin à la grande lèvre. Il y avait un certain degré d'engourdissement du membre pelvien gauche. M. Roux se décida à pratiquer une opération; il incisa le vagin dans toute sa hauteur. Cet habile chirurgien croyait à l'existence d'une tumeur solide ; mais au premier coup de bistouri, il s'écoula une grande quantiléde liquide incolore et un grand nombre d'acéphalocystes de toute grosseur. On agrandit l'ouverture, et alors une membrane d'un blanc pfrlé vint se pré- senter sur les bords de la plaie. On la saisit avec des pinces, et en faisant de douces tractions, on la détacha peu à peu, et on finit par l'amener tout entière au dehors. On remplit la plaie de bourdonnets de charpie. Les jours suivants, on fit des injections, et la guérison ne se fit pas attendre. Ce kysle hydatique s'élait-il développé dans le lissu cellulaire sous-péri- 108 lonéal ou dans l'ovaire ? Je l'ignore ; M. Cruvelihier incline vers celte opi- nion, en faveur de laquelle il cite l'observalion suivante (1) : Obs. V. — Une femme âgée de 30 ans, observée par M. Dasset, interne à la Pitié, présenta une tumeur de la région hypogastrique qui faisait aussi saillie par le vagin et le rectum; la palpation abdominale, le loucher rectal et le tou- cher vaginal combinés donnèrent pendant la vie une bonne idée de la forme et des rapports de la tumeur. Les phénomènes les plus saillants furent la consti- pation et la dllTiculté à uriner. Le cathétérisme était souvent presque impossible, et il fallait changer la direction de l'instrument. La malade succomba bientôt dans l'état adynamique. Un des ovaires transformé en un kyste hydatique, était tombé dans le cul-de- sac recto-vaginal et avait adhéré intimement aux organes voisins ; le vagin et le rectum étaient aplatis, l^a vessie médiatement comprimée et pleine d'urine. Dans l'épiploon gastro-splénique existait aussi un kyste hydatique volumineux, qui s'était probablement primitivement développé dans la rate, car son enveloppe extérieure se continuait avec la capsule de cet organe. Aux détails anatomiques que nous venons de donner, nous ajouterons que la tumeur qui descendait presque jusqu'au périnée , avait le volume d'une tête d'adulte; qu'elle contenait un liquide purulent et de très-volumineux hydatides, que la trompe correspon- dante communiquait probablement avec le kyste lui-même; et que, suivant toute probabilité, le passage de son contenu dans la cavité utérine, n'était em- pêché que par l'aplatissement considérable qu'avait subi le col utérin en même temps qu'il s'était allongé. Il est évident que, si on compare cette observation aux précédentes, la plupart des syraplômes tant locaux que généraux , que nous avons rappor- tés , s'appliquent aussi bien aux kystes extra-périlonéaux hydaliques du petit bassin, qu'à ceux qui se développeraient dans l'ovaire abaissé et adhé- rent dans la cavité pelvienne. La seule époque où de telles tumeurs pour- raient être distinguées l'une de l'autre, est celle oii le kyste hydalique de l'ovaire , n'ayant pas encore contracté d'adhérences, serait mobile, réduc- tible, éloigné du doigt, susceptible de changer de position dans les diverses attitudes imprimées au malade. Hors ce cas, il est clair que leur histoire symptoraatique, et que les inductions thérapeutiques auxquelles elles pour- raient donner lieu , se confondent. Quant à la question de savoir s'il est naturel de considérer comme appar- tenant à l'ovaire (ainsi que le pense M. Cruveilhier), une tumeur /iî/da/î- (1) Cruveilhier, art. Acbphal. — Basset, Soc anat., J8I8. 109 que irréductible, saillante dans le vagin ; ou s'il faul penser plutôt qu'elle s'est développée dans le tissu cellulaire sous-péritonéal. Le doute me paraît le parti le plus sage. L'observation de M. Cruveillier tendant à démontrer que les kystes hy- datiques de l'ovaire peuvent, comme d'ailleurs les autres kystes du même organe, descendre dans le cul-de- sac recto-vaginal, proéminer dans le vagin et par suite constituer une tumeur du petit bassin , n'est pas isolée dans la science. Ou lit en effet dans la I^evue médicale de 1838, qu'au rap- port de madame Boivin , une femme malade à la maison royale de santé, en 1826, présentait une tumeur qui remplissait tout le ventre, et qui remon- tait jusqu'à la face inférieure du foie, avec lequel elle avait contracté des adhérences. Elle soulevait la paroi postérieure du vagin, ce qui fut constaté par le toucher. M. Paul Dubois en fit l'incision à travers les parois vagi- nales , et il sortit environ 20 litres d'une matière analogue à de la bouillie par sa consistance. Après la déplélion du kyste, l'utérus d'élevé qu'il était redescendit occuper sa place dans le bassin, et l'on sentit qu'il était dans son état naturel. L'amélioration qui suivit cette opération ne fut que de courte durée, car la malade mourut un mois après. L'autopsie démontra que la tumeur était due à l'ovaire gauche qui avait acquis du développement par suite de la disposition dans son intérieur d'une quantité d'hydatides et de beaucoup de matière tuberculeuse. En résumé : i" Les kystes hydatiques se rencontrent quelquefois, chez la femme, dans l'excavation du bassin. Parfois les kystes ont leur siège primitif dans un des ovaires , parfois dans le tissu cellulaire exlrApéniouéal; 2° Ces kystes hydatiques peuvent être simples ou multiples, et accom- pagnés de kystes semblables dans d'autres parties du corps; 3° Les kystes gênent l'excrétion de l'urine et des matières fécales et peuvent être un obstacle à l'accouchement ; W La guérison de ces kystes peut être quelquefois la suite de leur ouver- ture spontanée dans le rectum, ou de leur ouverture dans le vagin, par l'instrument tranchant ; 5° La sortie d'un ou plusieurs acéphalocystes est, pendant la vie, le signe caractéristique de ces tumeurs. J'ai constaté, dans un cas, que les acépha- locystes contenaient des ecchinocoques ; on n'a pas recherché ces hel- minthes dans les autres cas qui ont été pubUés. 110 §11. — KYSTES HYDATIQUES DÉVELOPPÉS, CHEZ l'HOMME, DANS LE TISSU CELLULAIRE SOUS-PÉRITONÉAL DU PETIT BASSIN. John Hunier paraît avoir attaché beaucoup d'importance à une obser- vation de kystes hydaliques développés, chez l'iiomme, entre le rectum et la vessie, en dehors du péritoine, et il Ta longuement détaillée. Elle a été insérée dans les Transactions de la Société pour l'avan- cement de la médecine ET de LA CHIRURGIE (1793). Nous en donnoDs ici un court extrait. Obs. I. — Thomas Bell, charpentier, homaie vigoureux, âgé de AG ans, mou- rut subitement le 17 mars 1786. Il s'était plaint pendant quatre ou cinq se- maines de difficulté plus ou moms grande d'uriuer, qu'il supposait le résultat d'une affection calculeuse, mais que les gens qui l'entouraient regardaient comme la suite d'une maladie vénérienne. Il alla consulter un chirurgien qui constata l'existence d'un pliyniosis naturel, mais ne rencontra rien de syphili- tique. Lors de cet examen le malade pouvait s'asseoir sur son lit, et il assurait avoir éprouvé un peu de soulagement dans l'affection des voies urinaires depuis quelques jours. Mais, chose singulière, une heure apiès, en essayant de se retourner, il expira subitement. A l'autopsie, la vessie, très-distendue par l'urine, dépassait le pubis de 8 pouces anglais; après l'avoir vidée, et elle contenait environ G pintes d'urine, on décou- vrit une volumineuse tumeur, située entre son col et le rectum. Cette tumeur remplissait complètement le bassin et repoussait la vessie en avant et en haut. On Pincisa, et il s'en écoula une grande quantité d'eau mêlée d'un grand nombre d'hydatides de divers volumes. La plus grande de ces hydatides avait environ 1 pouce et demi en diamètre, et la plus petite surpassait à peine en volume une tête d'épinyle ordinaire. La tumeur était d'ailleurs composée en totalité des hydalides et du Hquide qui les entourait: le volume de son contenu pouvait être évalué à une pinte et demie. Il y avait, en outre, au voisinage du col de la vessie, deux ou trois autres lumeurs plus petites renfermant aussi des hydalides et deux corps, du volume d'une fève, adhérant à la vessie et contenant une substance molle, caséeuse. Entre l'estomac et la rate et au-dessus du pancréas existait une volumineuse tumeur qui adhérait à ces trois organes par du tissu cellulaire, surtout à la rate. La rate et la tumeur mesurées ensemble avaient à peu prés lo pouces an- glais de diamètre. Cette dernière était irrégulière, mamelonnée et composée d'un certain nombre de tumeurs plus petites. Le contenu des kystes qui la com- posaient variait singulièrement ; l'un d'eux contenait des hydatides ; un autre renfermait une substance analogue à la colle de poisson un peu ramollie par l'eau; dans un troisième, on rencontrait un liquide transparent avec de très- 111 petites particules granuleuses atlliéi aiil l'aibleiuent aux parois ; dans un qua- Irième enfin, on trouvait quelques liydalides, les unes entières, d'autres déchi- rées. Les sacs d'enveloppe avaient des parois épaisfes très-contrai liles, et chassaient avec force leur contenu quand on les incisait; ils étaient composés de deux membranes, une externe la plus forte et la plus épaisse, une interne plus mince, molle, pulpeuse. Suivent des détails, que nous négligeons, sur l'analomie intime des hy- datides elles-mêmes. Nous fei'ons remarquer toulefois qu'en examinant au microscope les petites granulations qui nageaient dans le liquide liydalique, Huntpr n'a pu y rencontrer ni suçoirs ni crochets, et il rappelle à ce pro- pos que Tyson n'a jamais pu rencontrer les ecchinocoques dans les hyda- lides de l'iiomme. Comment concevoir que des hydatides soient venues se loger entre le rec- tum et la vessie ? Pour i ésoudre cette question qu'il se propose, Hunter fait remarquer que les hydatides sont beaucoup plus communes dans la rate et dans le foie que dans toute autre partie du corps. IN'est-il donc pas naturel de supposer, ajoute-t-il, que, dans le cas actuel, un des kystes de la rate se sera rompu; que son contenu se sera répandu dans l'abdomen et accu- mulé par son propre poids dans le petit bassin ; qu'enfin ces hydatides éffiigrées se seront multipliées après s'être enveloppées d'un kyste? Mafgré l'autorité de Hunier, il nous semble naturel, pour les raisons que nous avons dites, de supposer que les kystes en question se sont tout simple- ment développés dans le tissu cellulaire sous-péritonéal ; et très-proba- blement si le célèbre chirurgien eût eu connaissance des cas qui vont suivre, il n'eût pas jugé nécessaire de créer une semblable hypothèse. Le Journal de chirurgie de Chreslien-Loder (1797, t. 1) contient une observation analogue à la précédente, recueillie par le professeur Richter. Ici le trajet du péritoine par rapport à la tumeur est indiqué avec soin ; mais ce n'est plus entre le rectum et la vessie qu'elle s'est développée, mais bien au-dessus de cet organe. Cette observation fait voir en outre, comme celle de Ilunter et la plupart de celles que nous avons relatées, que les tu- meurs hydaliques du petit bassin se montrent généralement chez des indi- vidus qui en possèdent dans plusieurs autres pai lies du corps. Obs. II. — Il s'agit d'un tailleur, âgé de 50 ans, entré en août 1797, dans un des hôpitaux de Goettingue. Cet homme était alors porteur d'une tumeur abdo- minale volumineuse, composée de plusieurs lobes, obscurément fluctuante. Cette tumeur ne changeait pas de position dans les diverses attitudes qu'on faisait prendre au malade; cependant on supposa qu'une certaine quantité d^ 112 liquide ascilique s'était accumulée dans le péritoine. On crut en conséquence avoir affaire à une induration du loie, de l'épiploon ou de quelque autre viscère. L'émission de l'urine resta toujours naturelle, ainsi que la défécation, même dans les derniers temps de la vie. Surviennent la fièvre hectique, le délire fu- gace, la diarrhée colliqualive, la leucophlegmasie, et le malade meurt. A l'autopsie, on rencontre : 1» Un kyste contenant des bydalides, situé entre le tégument externe et le péritoine, s'étendant de la région précordiale à l'ombilic. A côté de ce kyste, toujours au-dessus de l'ombilic, mais dans la région du foie on en trouve un autre de même volume, toujours sous-péritonéal, rempli d'ailleurs d'une ma- tière épaisse, grisâtre, comme graisseuse, et d'bydatides de divers volumes. La paroi abdominale contenait encore dans son épaisseur un certain nombre d'au- tres kystes hydatiques plus petits. Les intestins, l'épiploon, quand on eut tra- versé la paroi de l'abomen singulièrement épaissie par ces tumeurs, parurent libres et exempts d'altération ; il n'y avait pas de liquide dans la grande cavité séreuse. 2° Dans la duplicature de l'enveloppe séreuse de l'estomac existait un kyste hydatifère volumineux, contenant un certain nombre d'bydatides. 3° Le foie et la rate contenaient des acépbalocystes disséminées daus leur parenchyme. W Dans le médiastin antérieur, eu avant du péricarde, siégeait encore un kyste hydatique volumineux. 5» Enfin, et ceci est plus dans notre sujet, on rencontra au voisinage de la vessie un sac à parois très-épaisses, volumineux et bien distendu par son con- tenu, et bien qu'au premier coup d'œil on criit avoir affaire à la vessie elle- même distendue par l'urine-, mais une incision ayant été pratiquée dans la tu- meur, il s'écoula une grande quantité d'un liquide clair, avec plusieurs hyda- tides volumineuses. Le kyste hydatifère était situé sous le péritoine, entre cette membrane et l'extrémité supérieure de la vessie; on put l'énucléer complète- ment, et ce n'est qu'alors qu'on aperçut la vessie elle-même (1). Nous avons rapporté la plupart des détails de cette autopsie, parce qu'il nous a paru intéressant de montrer comment ces kystes hydatiques mul- tiples ont aiïecté de se développer en dehors des membranes séreuses de la poitrine, de l'abdomen et du bassin. L'un d'eux occupe le médiastin anté- rieur, un autre l'épiploon gastro-hépatique, d'autres enfin le tissu cellu- laire sous-périlonéal de la paroi abdominale antérieure ; c'est aussi sous le (1) Dans une annotation à cette observation, Loder assure avoir rencontré un cas tout à fait analogue à celui de Richter et en conserver les pièces dans son cabinet. 113 péritoine que le kysle liydalique du bassin s'était développé. Celte remar- que nous semble justifier à son tour l'opinion que nous avons déjà plusieurs fois émise à propos des cas douteux, à savoir que le tissu cellulaire sous- péritonéal est le siège de prédilection des hydalides du petit bassin. Dans l'observation que je vais maintenant analyser, et qui a été insérée par M. Lesauvage dans les Bulletins de la Faculté de médecine (1812), on rencontre, comme dans la précédente, des kystes hydatiques multiples répandus dans diverses parties du corps. Un de ces kystes a aussi pris place dans le petit bassin, sous le péritoine ; mais c'est entre la face antérieure du rectum et la face postérieure de la vessie qu'il s'est développé, comme cela a lieu d'ailleurs le plus communément. La description des symptômes observés pendant la vie ne manque pas non plus d'intérêt. L'existence du kysle est méconnue malgré les accidents qu'il cause du côté des voies urinaires, malgré la tumeur qu'il forme dans le rectum en le repoussant ; cette tumeur du rectum, prise d'abord pour la prostate tuméfiée, est en- suite considérée comme le résultat de la distension de la vessie par l'urine qu'on cherche à évacuer par une ponction. Obs. III. — Un homme de 61 ans ressentit, il y a vingt ans, les premiers sym- ptômes d'une tumeur abdominale. En 1811 de l'ischurie se manifeste, lecalhé- térisme est diliicile, et le chirurgien se voit obligé de laisser une sonde à de- meure. L'année suivante, les mêmes phénomènes se reproduisent. Outre la tu- meur de l'abdomen, on constate par le loucher rectal une tumeur lisse, uni- forme, tendue, et qu'on pouvait déprimer un peu à l'aide d'une légère pres- sion ; elle avait été prise précédemment pour un engorgement de la prostate ; cette fois on la considère comme due à la vessie distendue par l'urine ; cepen- dant, en introduisant une sonde par l'urètre jusqu'au col de la vessie, on avait senti un corps légèrement mobile qui cédait à une faible pression exercée avec la sonde, pour revenir avec une espèce d'élasticité quand on cessait de le pres- ser. Comme la rétention d'urine persistait, on crut devoir ponctionner la vessie ; le rectum fut choisi pour lieu de la ponction, et l'opération fut pratiquée avec un trocarl courbe. Il sortit aussitôt par la canule un liquide limpide, incolore, et presque en même temps l'urine coula par la verge avec facilité et à plein canal. Les deux jets de liquide continuent pendant quelque temps; mais celui qui sortait par la canule finit bientôt par être interrompu. « Dès que l'urine, qui était fortement colorée en brun, eut commencé à sortir, je fus frappé, dit M. Lesauvage de la diO'érence de couleur des deux liquides. Je goûtai et trouvai une différence de saveur; je ne balançai pas à avancer que le trocart avait pénétré dans un kyste situé entre le rectum et la vessie. Mon opinion sembla appuyer celle que j'avais émise sur la nature des tumeurs de l'abdomen. » (Il les considérait comme des kystes hydatiques.) M h Par la suite, se nianifeslértut des phénomènes de pci ilonile, dont le siège est surtout au-dessus de l'arcade fémorale du côté gaucbe; il s'y joint une fièvre adynamique, et le malade meurt. A l'autopsie, on rencontre dans le foie un énorme kyste hydatique; des tu- meurs analogues remplissent l'épiploon. A un pouce du col de la vessie et du côté gauche existait une ouverture qui conduisait dans une cavité qui aurait pu contenir un verre de liquide. Cette ou- verture était de forme ovalaire et avait près d'un pouce de hauteur; la circonfé- rence était comme frangée dans quelques points, et les portions de frange, qui étaient une continuité de la membrane muqueuse, avaient la couleur noirâtre qu'on remarquait sur cette membrane. Celte ouverture fait d'ailleurs commu- niquer la vessie avec une sorte d'arrière-cavité qui s'étend jusqu'au rectum. Suivent des réflexions dans lesquelles l'auteur suppose qu'un kyste se sera primilivemenl développé entre la membrane muqueuse et la mem- brane musculeuse de la vessie: que ce kysle se sera étendu dans le tissu cellulaire qui unit cet organe au rectum; que, devenu volumineux, il aura appuyé sur le col de la vessie et aura occasionné la rétention d'urine. A l'époque où la ponction fut faUe, le kyste ne communiquait pas avec la ves- sie; mais la communication entre les deux cavités se fit par suite de Tallé- ration de la muqueuse, dont on voit les débris autour de l'orifice de com- munication. Nous ne croyons pas nécessaire d'ajouter que, suivant nous, c"est primi- tivement sous le péritoine, dans le tissu cellulaire recto-vésical, que le kyste a pris naissance ; et ce n'est au contraire que consécutivement qu'il a fait corps avec la vessie et qu'il s'est ouvert dans sa cavité. A l'autopsie, on ne trouva pas d'hydaiides entières ou déchirées dans la tumeur elle-même ; mais l'orifice fait avec le trocart avait donné issue pen- dant la vie, à des fragments membraneux dont la description rappelle les débris d'hydaiides. « D'ailleurs, dit en terminant M. Lesauvaae, on connaît plusieurs exem- ples d'altération de cette espèce, que j'ai déjà rencontrée une fois dans les pavillons de la Faculté. » Dans l'observation qui précède, le kyste hydatique s'est ouvert de lui- même dans la vessie ; on l'a ouvert dans le rectum ; dans celle qui va suivre, il s'ouvre spontanément et dans le reclum et dans la vessie. Le malade guérit à la suite de cette double issue ouverte aux hydatides, et rieu ne peut faire supposer par la suite qu'il existe des acéphalocystes dans quelque autre viscère. Cette observation est encore bien intéressante sous un autre 115 rapport : la percussion, en effet, pntiquéo [lendanl hi vie, détermine le frémissement liydatique. C'est la premici e fois que nous voyons le diagnos- tic posé d'une manière complète, et les kystes hydatiques du bassin recon- nus avant leur ouverture artificielle, ou avant l'autopsie cadavérique. Cette observation a été recueillie à la Charité, sous les yeux de M. Rayer, par M. Brun, alors interne du service. (Thèses de Paris, 1834, n* 238.) Obs. IV. — Le nommé Kurth, âgé de ûO ans, cordonnier, d'une bonne consti- tution et d'un tempérament sanguin et lymphatique, éprouva sans cause con- nue, en 1828, de la pesanteur dans le bas- ventre, accompagnée parfois de coli- ques. On reconnut, dans la fosse iliaque gauche, l'existence d'une tumeur grosse comme le poing, indolente à la pression. Les bains, l'onguent mercuriei em- ployés alors, ne purent la dissoudre. Les choses en restèrent là jusqu'en I83i; à cette époque, Kurth lut pris de fièvre, de soif, d'inappétence, et douleur à l'en- droit de la tumeur, qui jusqu'alors ne l'avait guère tourmenté. A son entrée à l'hôpital de la Charité, le 7 avril, on consiate en edet dans la fosse iliaque gau- che l'existence d'une tumeur plus volumineuse que le poing, s'étendant jusqu'à l'hypogastre. Elle est arrondie, immobile, fluctuante, un peu douloureuse à la pression. Elle est d'ailleurs séparée nettement du foie, qui paraît entièrement sain. Quand on percute la tumeur, il semble qu'on frappe sur un ressort élas- tique, et l'on provoque en même temps une sorte de frémissement ou de colli- sion. L'auscultation et la percussion combinées font entendre un son analogue à celui d'un tambourin. Le lendemain, à la suite de coliques vives suivies d'un pressant besoin d'aller à la selle, le malade rend alors par l'anus un liquide purulent mêlé de débris hydatiques ; les hydatides entières avaient probablement le volume d'une noix ; peu après cette évacuation, les coliques cessent, la douleur diminue, la tumeur s'aflaisse, incomplètement, il est vrai; des hydatides déchirées sont encore ren- dues pendant plusieurs jours. Le malade, complètement soulagé, demande bientôt à sortir de l'hôpital; à cette époque, chose à noter, la tumeur n'avait pas complètement disparu, malgré les pressions réitérées qu'on avait exercées sur l'abdomerf. Kurth resta un mois hors de l'hôpital, sans éprouver aucun accident notable. Mais, au bout de ce temps, la tumeur augmente, reprend son premier volume et devient de nouveau douloureuse. Saignées locales et générales, bains. A cette époque aussi de la constipation se manifeste, en même temps qu'un phé- nomène nouveau, l'ischurie. Du pus et des hydatides sont cependant rendus par le rectum, et le malade est encore une fois soulagé. La difiQculté à rendre les urines avait cessé elle même, lorsque le 8 avril, une envie soudaine et pressante d'uriner se manifeste. Une urine trouble, blanchâtre, laissant déposer un précipité purulent, est rendue avec difficulté; des gaz sor- tent en même temps par l'urètre. 116 L'isoliui'ie cède au bout de quelqui^s jours, sous rinlluonce d'émissions san- guines locales, et avec elle la douleur à la pression dans la région du kyste, la- quelle s'était de nouveau manifestée. Les urines redeviennent normales, les hy dalides cessent de reparaître dans les selles, et le malade sort vers le milieu de juin. Il porte encore dans la fosse iliaque une tumeur, indolente il est vrai, mais assez volumineuse. Il n'est donc pas impossible de reconnaître les tumeurs qui nous occu- pent, non-seulement comme kystes, mais encore comme kystes hydatifères. L'émission des iiydatides par le rectum , l'ischurie suivie de l'émission d'u- rines purulentes et de gaz, sont venus simplement confirmer un diagnostic qui avait été établi à l'avance, à l'aide de la percussion et de l'auscultation combinées; et dans cette observation, le frémissement hydatique déterminé par la percussion était un signe d'autant plus précieux que, ni dans le foie ni ailleurs, on ne pouvait constater l'existence de kystes analogues à celui qu'on rencontrait dans le bassin, coïncidence qui, par elle seule serait bien de nature à mettre sur la voie du diagnostic, puisqu'elle paraît être la règle, et la non-coïncidence l'exception. H est encore probable que, dans ce cas, il existait au moins deux kystes hydatiques dans le bassin, puisqu'après l'é- vacuation d'un certain nombre d'hydalides, et les pressions réitérées exer- cées sur l'abdomen, une tumeur persistait encore dans celte région. Enfin, nous assistons à une guérison incomplète, mais amenée par un cortège d'accidents assez graves, qu'une opération imitant l'évacuation naturelle par le rectum, des hydalides, aurait peut-être avantageusement prévenus. Les bulletins de la Société anatomique pour 18:19 contiennent une note relative au même sujet. M. Blondeau, interne, présente une pièce dans la- quelle on voit une volumineuse tumeur hydatique remplissant tout le petit bassin. Le rectum comprimé est déjeté à gauche ; il en est de même de la vessie. Les libres musculaires de ces deux organes sont hypertrophiées; une autre poche hydatique, du volume d'une pomme d'apis, était accolée au cœcum. Cet homme était sujet à la rétention d'urine ; lors de son entrée dans le service de M. Velpeau, on ne pouvait entrer par l'urètre les bougies les plus fines. On pratiqua la ponction hypogastrique, mais le malade mou- rut. Il n'est pas dit si d'autres kystes, hydatiques existaient ou non dans différents organes. La coïncidence des kystes hydatiques du bassin avec ceux des organes splanchniques est encore établie dans une note très-abrégée qu'on trouve dans le même recueil (Bull, de la Soc. anat., 18^5). Il s'agit d'une pré- sentation d'un kyste hydatique du foie. Deux kystes hydatiques existaient 117 aussi dans le pelil bassin, l'un en arrière et l'autre à droite du reclum. Il n'est fait aucune mention du sexe. Tels sont les documents que nous avons pu rassembler sur les kystes hy- datiques du petit bassin. Ils sont insuffisants peut être pour qu'on puisse baser sur eux une histoire complète de ces tumeurs; nous demanderons cependant la permission de terminer ce travail par quelques remarques gé- nérales qui en seront la conclusion. REMARQUES GÉNÉRALES. 1» Les kystes hydatiques du petit bassin ne sont pas tout à fait rares ; en effet, sur ZiS cas de kystes hydatiques développés dans diverses régions du corps, et relatés dans les bulletins de la Société anatomique (de 1828 à 1869), on trouve trois cas de kystes hydalifères extra-péritonéaux du petit bassin, et un cas de kyste hydalique ovarique tombé dans le cul-de-sac recto-vaginal et y adhérant intimement. Si l'on s'en tient aux observations publiées dans le même recueil, ces tumeurs viennent, par leur fréquence, immédiatement après celles de même nature qu'on trouve dans le parenchyme du cerveau et dans celui du poumon. Sur les 12 cas qui font le sujet de ce travail, 6 apparliennent à la femme, 5 à l'homme ; dans un cas le sexe n'a pas été noté ; sur les 6 exemples où la femme a été atteinte, nous voyons 2 fois les hydatides naître primitive- ment dans l'ovaire ; dans les U autres exemples, le tissu cellulaire sous-pé- ritonéal du petit bassin a été le siège primitif du développement des acé- phalocystes. Les malades dont nous avons raconté l'Iiistoiie avaient géné- ralement plus de 30 ans, bien que l'âge n'ait pas toujours été indiqué avec précision. La cause par laquelle ils ont été affectés de cette maladie est la même que celle qui engendre les hydatides dans d'autres parties du corps : dans le foie, dans la rate et plus spécialement dans le tissu cellulaire des épi- ploons, du médiaslin, dans celui qui unit le péritoine aux parois abdomi- nales, etc. ; c'est dire qu'elle est jusqu'à présent occulte ; sous l'influence de cette cause, toutefois, les kystes hydatiques se développent le plus sou- vent simultanément dans diverses parties du corps. Sous ce point de vue, les kystes hydatiques du petit bassin rentrent dans la loi commune, c'est- à-dire que généralement on les voit, sur le même individu, coïncider avec des kystes analogues qui ont pris naissance dans divers organes, ce qu'il est 118 important de noter pour les indications pronostiques auxquelles ils pour- raient donner lieu. Mais il faut remarquer, par contre, que la loi de coïn- cidence n'est pas absolue, puisque dans trois des cas que nous avons cités, ou bien la coïncidence n'existait pas, ou bien elle ne s'est révélée pendant la vie par aucun symptôme appréciable. 2* C'est dans le tissu cellulaire sous-péritonéal du petit bassin que, sui- vant nous, les kystes hydatiques de la région pelvienne prennent le plus souvent naissance ; chez Thomme, ils n'ont pas d'autre siège primitif : le plus généralement alors, c'est entre le rectum et le col de la vessie qu'ils se développent, en les refoulant chacun de leur côté; ils peuvent cependant encore se développer entre le péritoine et la face postéro-supérieure de la vessie (obs. de Richter). Chez la femme, c'est entre le rectum d'une part, le vagin et l'utérus de l'autre, sous le péritoine qui unit la fin de l'intestin aux organes génitaux, qu'ils naissent et s'accroissent. On conçoit cependant qu'ils siègent dans les ligaments larges (obs. de M. Roux), et alors la tu- meur qu'ils déterminent dans le vagin sera située à droite ou à gauche de l'axe de ce conduit. Mais chez la femme encore, nous voyons l'ovaire transformé en kyste hydatique tomber dans le cul-desac recto-vaginal, se développer plutôt du côté du périnée que du côté de l'abdomen, adhérer aux parties voisines et venir constituer, en définitive, une tumeur du petit bassin. Ce n'est d'ail- leurs qu'à la condition d'adhérences solides amenant l'irréductibilité de la tumeur, et de son développement vers le périnée plutôt que du côté de l'abdomen, que nous l'admettons dans le champ d'étude que nous nous sommes proposé; la proéminence de tumeurs ovariques dans le vagin éi dans le rectum est en effet chose commune ; et les kystes hydatiques de l'ovaire peuvent, à cet égard, se comporter comme les autres tumeurs de la même glande ; mais tant qu'ils sont mobiles, réductibles, qu'ils changent de place par les diverses attitudes du corps, bien que, par une de leurs ex- trémités, ils proéminent vers le bassin, ils diffèrent assez des véritables tu- meurs de celte région pour qu'on les étudie à part. 3* Dans les kystes exlra-péritonéaux, on trouve la membrane envelop- pante constituée par du tissu fibreux dense, muni de vaisseaux. Le kyste a contracté des adhérences toujours assez intimes avec les organes voisins. Le rectum a été comprimé, ses fibres musculaires se font développées pour lutter contre l'obstacle au cours des matières fécales. L'utérus a été déplacé en totalité, porté en haut et en avant contre le pubis ; son col, ne participant pas toujours à ce mouvement d'ascension, s'est aplati et allongé. Chez 119 l'homme, la vessie urinaire, direclemenl comprimée au niveau de son col, s'est liypeiirophiée, comme il est de règle en pareil cas. Quand, chez la femme, les kystes hydaliques ovariques ont pris place parmi les tumeurs du petit bassin, des adhérences se sont établies entre la tumeur et les parties voisines ; le cul-de-sac recto-vaginal a par suite cesfé de l'aire partie de la grande cavité péritonéale. Par suite, en même temps que ces tumeurs ont confondu leur histoire symptomatique avec celle des kystes du tissu cellulaire , elles ont été soumises aux mêmes indica- tions chirurgicales. Dans plusieurs cas, les kystes du petit bassin étaient multiples, et en par- ticulier dans celui qui nous est propre, un des deux kystes s'était ouvert par le rectum, tandis que l'autre était resté complètement clos. 6° Tant que ces kystes ne sont pas assez volumineux pour gêner dans leurs fonctions les organes voisins, aucun phénomène particulier ne révèle leur présence. Toutefois on conçoit qu'ils causent certains accidents plus ou moins graves, alors même que leur volume n'est pas très-considérable; les kystes hydatiques, en effet, sont soumis à une loi d'évolution dont le but est l'élimination des hydalides ; alors, quand l'époque de l'évacuation du contenu est arrivée, époque que rien ne peut faire prévoir, soudain le li- quide où nagent les acéphalocystes devient lactescent, purulent, les parois du kyste enveloppant s'ulcèrent, et les hydatides plus ou moins altérées sont expulsées dans une cavité voisine. Mais tout cela s'est accompagné de phénomènes locaux et de phénomènes généraux plus ou moins intenses, qui ont souvent appelé pour la première fois l'attention du malade sur une lésion déjà ancienne et dont il n'avait pas soupçonné l'existence. Ce travail spontané, imprévu, est pour ainsi dire l'apanage exclusif des tumeurs hydatiques. Rien de semblable, en effet, ne se rencontre dans les divers kystes hydatiques de la région qui nous occupe. Quanta la voie par où s'éUminent spontanément les hydatides, c'est, chez l'homme, souvent le rectum, quelquefois la vessie. Chose à noter, chez la femme, le rectum leur a donné issue, mais non le vagin. Il est assez pro- bable, cependant, que beaucoup d'hydalides rendues par le vagin ou même par l'utérus provenaient de kystes du bassin. Nous n'avons pas trouvé d'exemples de kystes hydatiques du petit bassin ouvert dans le péritoine. 5» Les kystes hydatiques du petit bassin constituent chez la femme une tumeur lis^e, bien arrondie, non mamelonnée, indolente, fluctuante. Celte 120 tumeur occupe la cloison reclo-vaginale et fait à peu près également saillie du côté du rectum et du côté du vagin ; son développement n'est pas encore très-avancé que déjà les saillies rectale et vaginale sont très-prononcées, tandis que la tumeur abdominale est encore très-peu de chose. Par le tou- cher vaginal et par le loucher rectal donc, et surtout par ces deux modes d'exploration combinés, on se rendra compte du volume, de la consistance, de l'immobilité ou de la mobilité obscure, ainsi que des autres qualités physiques de la tumeur ; si déjà elle s'est élevée du côté de l'abdomen au- dessus du détroit supérieur, la palpation abdominale viendra compléter le diagnostic. La percussion surtout devra être pratiquée avec soin, je dirai plus, avec art. Puisque les kystes hydatiques du bassin s'accompagnent souvent de kystes analogues dans d'autres organes, il est clair que ces derniers doi- vent y êlre recherchés. Or ici encore, à ce qu'il nous semble, la délimita- tion graphique des divers organes, du foie, de la rate, etc., pourra être fort utile et même indispensable ; car elle seule peut faire connaître d'une manière précise, leur forme et leur volume, service que la palpation ne pourrait souvent pas rendre. Il est bien entendu que nous ne parlons pas des cas où les tumeurs hydatiques viscérales sont tellement volumineuses que l'inspection seule ou une palpation grossière peuvent les découvrir. En fait de phénomènes sympathiques ou de voisinage; rien qui ne puisse être produit à l'avance, Les kystes hydatiques du bassin deviennent-ils sufBsamment volumineux, on les voit déterminer la constipation, Tischu- rie, la rétention d'urine. La menstruation ne peut pas manquer d'être gê- née au moins mécaniquement ; enfin, nous savons comment, à l'époque de l'accouchement, une tumeur hydatique a pu gêner très-sérieusement l'ex- pulsion naturelle du fœtus, Pesanteui' au périnée, douleurs des aines et des lombes, leucophlegmasie, ascite, voilà des phénomènes dont on comprend trop bien l'existence en pareil cas pour que nous y insistions. 6° Jusqu'ici, il faut l'avouer, parmi tous ces symptômes, rien ou à peu près rien qui ne fût commun aux kystes hydatiques du petit bassin et aux autres tumeurs enkystées de la même région. Nos tumeurs ont cependant quelques signes pathognomoniques ; tels sont, par exemple : 1° le frémisse- ment hydatique; 2° la multiplicité des kystes sur le même individu; 3° l'issue des hydatides en nature. Mais, ajoutons-le, chacun de ces phé- nomènes peut manquer, ou ne s'être pas présenté encore à l'époque où on observe le malade. Le frémissement hydatique n'a été perçu qu'une fois, et l'on sait combien il est rare de le rencontrer sur les tumeurs hydatiques 121 «u général. La coïncidence d'aulies tumeurs a manqué plusieurs t'ois; en- lin, l'évaciialion d'hydatides ou de fragments d'iiydalides ne se montre eu général qu'à une époque avancée de la maladie. Si cependant une tumeur affecte le siège et présente les caractères phy- siques indiqués plus haut, que d'autres tumeurs analogues existent dans d'autres parties du corps, on a tout lieu de penser qu'il s'agit d'un kyste hydatique, plutôt que de toute autre tumeur ; si soudain et d'une manière imprévue cette tumeur devient douloureuse d'indolente qu'elle était, qu'en même temps un appareil fébrile se manifeste, la conviction s'établira encore plus solidement; et enfin tout doute sera levé quand des fragments hyda- tiques seront rejetés au dehors. Hors cela, il faut bien le dire, le diagnos- tic dilTérentiel sera bien difficile à étabfir. « On peut, dit M. Bourdon (Rev. méd., 18/il, p. 20), distinguer les ab- cès des kystes par les symptômes inflammatoires qui précèdent leur for- mation, par leur sensibilité qui existe dès le début, et parce que la fluctua- lion y est ordinairement partielle, limitée , tandis que les kystes acquiè- rent un volume quelquefois considérable sans réaction, et présentent une fluctuation plus évidente , plus uniforme, et une sensibihté plus tardive, qui souvent même ne se montre jamais. Mais quant à distinguer parmi les kystes ceux qui sont hydatiques, séreux, sanguins, etc., je crois que, dans l'état actuel de la science, on ne peut y parvenir à moins d'employer la ponction exploratrice. » Nous n'avons rien à ajouter après ce que nous avons dit plus haut; ce- pendant nous ne savons pas trop si la ponction exploratrice serait apte à faire distinguer les kystes séreux des kystes hydatiques; ce n'est en effet qu'accidentellement que le liquide obtenu par la ponction de ces derniers sera chargé des éléments qui les caractérisent : je veux parler des ecchino- coques ou de leurs crochets. Quant aux tumeurs sanguines du petit bassin, leur étude est aujour- d'hui un peu plus avancée qu'à l'époque ou écrivait M. Bourdon. Dans une thèse récente, M. le docteur Vigués les a étudiées avec soin. Le siège de ces tumeurs est le même que celui de nos kystes hydatiques, et les carac- tères physiques difi'èrent peu dans les deux cas ; mais les phénomènes qui accompagnent la formation des dépôts sanguins différencient assez nette- ment ces derniers. Thèse inaugurale, p. 12 : « Dans la plupart des observations que nous rapportons, dit M. Vigués, on a observé chez les malades des symptômes précurseurs : du malaise, des troubles menstruels, mélrorrhagie ou sup- TOMK IV. *J V2'2 pression des règles, douleur dans le bas-venlrc ; les moindres mouvemeuls sont douloureux. » Chez quelques-uns on observe un aniaigrissemenl rapide ; la face est pâle, mate, anxieuse, les traits sont altérés; les chairs deviennent molles et flasques, la peau présente la teinte que l'on remarque après une hé- morrhagie abondante. Ces phénomènes, en rapprochant sous quelques points de vue les tumeurs sanguines des tumeurs phlegmoneuses, les dilTé- rencient suffisamment des kystes hydatiques. » Lors de l'accouchement le diagnostic devient plus ardu encore, et en même temps les indications plus pressantes. A cette époque les tumeurs qui proéminent de la face postérieure du vagin deviennent irréductibles, alors qu'elles pouvaient autrefois se réduire, acquièrent une apparence de fluctuation, etc., etc.; en un mot la plupart de leurs caractères se modi- fient. Il faut bien qu'il en soit ainsi, puisque nous voyons, dans cette cir- constance, les accoucheurs mettre en présence, dans leur diagnostic diffé- rentiel, les tumeurs les plus dissemblables : la hernie périnéale, l'ascite, di- verses tumeurs solides, les diverses espèces de kyste de l'ovaire, etc., etc. (Parle Merriman). Cependant tous recommandent l'opération, car dans la majorité des cas, si la maladie a été abandonnée à elle-même, elle a eu une issue funeste. 7» On a essayé de détruire les kystes hydatiques par des médicaments in- ternes. Ilunter a dans ce sens préconisé l'usage du mercure, et la térében- thine aurait eu un certain succès contre les hydatides des reins (Bayle,BuL. TIIÉRAP.). Mais à une époque plus ou moins avancée de la maladie, le traitement chirurgical deviendra nécessaire. Il sera même sage, dans bien des cas, d'aller au-devant des accidents, comme cela a été fait avec succès par M. Roux. Pendant l'accouchement, nous avons vu avec quelle circonspection Park avait agi, quoiqu'il connût la malade depuis longtemps et qu'il eût pu se faire une idée sur la nature de sa tumeur. Il crut ne devoir intéresser, dans les premières incisions faites avec le pharyngotome, que la muqueuse vaginale elle-même, et ce fut par ces incisions qu'il fit pénétrer un doigt avec lequel il paraît avoir déchiré les parois du kyste ; c'était explorer et opérer à la fois. En dehors de l'accouchement, M, Roux ouvrit largement le kyste, et après l'évacuation des hydatides, le bourra de charpie ; l'opération eut un plein succès. 123 C'est encore par lu ponction ou l'incision l'aile par le vagin qu'on devrait opérer les kysles ovariqucs devenus kysles du petit bassin, par suite d'adhé- rences intimes. Si l'ovaire tuméfié par un kyste et libre dans la cavité de l'abdomen a pu être ponctionné avec succès par le vagin dans un bon nombre de cas, à plus forte raison doit-on pouvoir tenter l'opération quand on a acquis la conviction de son adhérence avec les parties voisines. Merrinian a ponctionné par le rectum deux kystes séreux qui mettaient obstacle à l'accouchement; mais il reconnaît lui-même qu'il y eut eu avan- tage à les ouvrir par le vagin. Les avantages de la ponction des abcès de la cloison recto-vaginale par le vagin sont en effet reconnus par tout le monde. Chez l'homme le rectum, en pareil cas, est la seule voie ouverte au chirurgien. Disons toutefois que, dans l'observation de M. Lesauvage, la ponction, pratiquée d'abord avec une apparence de succès, n'empêcha pas la tumeur de s'ouvrir ultérieurement dans la vessie. Les kystes hydatiques portent en eux des êtres vivants, qui doivent mou- rir pour que l'adhérence des parois de la poche d'enveloppe puisse se faire; une large émission, en permettant l'évacuation complète du contenu de la tumeur, sera donc toujours, quand on croira pouvoir la pratiquer, supé- rieure à une ponction étroite. Cependant, en cas contraire, les injections irritantes sont probablement appelées à rendre un grand service en tuant les hydatides et en enflammant du même coup les parois du kyste; et en particulier, dans les tumeurs qui nous occupent, l'anatomie pathologique. en faisant connaître l'épaisseur de la paroi fibreuse qui constitue le kyste d'enveloppe et Téloignement du péritoine, devra rassurer le praticien, surtout si Ton considère que des kystes de l'ovaire libre dans la cavité ab- dominale ont été soumis à la même opération, laquelle a pu être couronnée de succès. jNous avons parlé des accidents assez graves déterminés par l'inflamma- tion spontanée des kystes hydatiques du petit bassin ; ne conviendrait-il pas, en pareille circonstance, de prévenir ces accidents et de déterminer, par exemple, chez l'homme, l'ouverture de la poche dans le rectum, alors qu'on a à craindre qu'elle ne se fasse plus tard à la fois par le rectum et par la vessie ? Telles sont les considérations que nous voulions présenter sur les kystes hydatiques du petit bassin. Nous craignons bien que leur valeur ne justifie pas la longueur de ce travail; cependant nous rapporterons, en manière de justification, la phrase par laquelle Hunter termine la longue observation que nous avons transcrite : a J'ai rapporté, dit-il, avec beaucoup de détails 12/1 toutes les circonstances qui se rallaclienl ù ce cas, parce qu'il est rare d'où rencontrer de semblables, môme dans le cours d'une longue pratique. Or il arrive souvent, en pareille circonstance, que les vues suggérées par un cas isolé restent sans valeur, parce qu'on manque des moyens d'en vérifier la portée. Nous avons essayé, comme Jiistorien du moins, de remplir la lacune si- gnalée par Ilunlpr. NOTE SUR L'OBLITÉRATION DES VEINES RÉNALES DANS QUELQUES MALADIES DU REIN ET DANS LA NÉPHRITE ALBUMINEUSE EN PARTICULIER; lue à la Société Par iM. E. LEUDET. L'obliléralion des veines rénales a élé peu étudiée dans presque tous les ouvrages modernes sur les maladies des reins, et même le plus souvent la description de l'état de ces vaisseaux est omise dans l'histoire des affec- lioDS de ce genre. M. Rayer (Traité des maladies des reins, vol. III, p. 390) en a le premier donné une histoire complète ; depuis la publication de cet ouvrage, quelques observateurs out publié successivement des faits semblables, mais isolés et en petit nombre. Deux cas d'oblitération des veines rénales dans la néphrite albumineuse ont attiré notre attention sur ce sujet. Voulant savoir quel était le rapport de cause à elfel entre rohlitération des veines émulgentes et l'altération de, Sexture du rein, nous avons comparé nos propres observations à celles déjà connues dans la science. H était important, pour obtenir quelques données sur la valeur de rctlf 126 lésion, de savoirs! elle clail propre à l'alléralion de texture du rein ou si elle était commune à plusieurs affections de cet organe. Pour arriver à ce résultat, nous allons essayer de classer les faits d'obli- tération des veines rénales en plusieurs catégories, suivant l'élat du paren- chyme de la glande sécrétante de l'urine. L'anémie du rein, sans autre changement de texture, s'ohserve rarement dans le cas d'obstacle au cours du sang veineux par suite d'oblitération de la veine rénale. M. Rayer {loc. cit., v. III, p. 59/i} cite un cas de ce genre. L'hypertrophie de la glande rénale se rencontre beaucoup plus fréquem- ment dans cette circonstance. M. Rayer (loc. cit., v. III, p. 591, 592) a fait connaître deux exemples de cette forme de la lésion. Dans le premier, il est dit que le rein gauche était volumineux, la substance corticale d'un rouge très-prononcé à l'exlérieur, comme dans la première période de la néphrite aiguè ; la substance tuberculeuse était elle-même d'un rouge vio- lacé. Dans la seconde observation, les reins, très-volumineux également, offraient un aspect qui se rapprochait de celui de la néphrite albumineuse. La néphrite a été rencontrée deux fois en même temps que la coagulation (In sang dans la veine rénale. L'un de ces faits appartient à Dance (Arch. GÉN, DEMÉD,, v. XXX, p. 2/i), l'autre à M. Rayer (/oc. cit., v. III, p. 593). La néphrite albumineuse coïncide plus fréquemment avec cet étal des veines. J'ai vu plusieurs fois, dit M. Rayer (v. III, p. 591), les veines ré- jiales occupées par des concrétions fibriueuses et leurs parois épaissies. En 18/i2, Slokes montrait à la Société pathologique de Dublin (Ddblin jour- nal, 18/i2, V. XXI, p. IZi/i) deux reins atteints de néphrite albumineuse avec oblitération par des caillots sanguins des veines émulgentes. Dans une des séances suivantes, le même médecin mettait sous les yeux de la Société une lésion semblable, mais le caillot était dans ce cas moins décoloré et moins ferme ; sur une troisième pièce provenant d'un malade qui avait présenté pendant la vie les signes d'une néphrite albumineuse, le coagu- lum était dense et ferme. Le docteur Th. Bevill Peacock (Lond. médico- cuir. TRANSACT. ANAL., ÎH ArCH. GÉN. DE MÉD., Sér. IV, V. X, p. Zl76), Ù propos d'une obstruction de la veine cave inférieure, signale une oblité- ration de veine rénale droite. Dans ce cas, les deux reins, surtout le droit, présentaient l'aspect lobule et granuleux qui caractérise ce qu'on nomme ]a maladie de Rright. M. Delaruelle (Bull, de la Soc. anat. Paris, 18/iG) a fait connaître un fait que nous rangeons dans cette catégorie, bien que son TOleur, à tort suivant nous, le sépare avec soin de la néphrite albumincuso.- 127 EdGo, nous ajoulerons aux faits déjà connus les deux observations que nous donnons à la suite de ce travail. L'obstruction des veines rénales reconnaît quelquefois pour cause la pro- pagation d'une phlegmasie développée à la suite de couches dans les veines du bassin. M. Uayer nous a fait connaître un fait de ce genre (loc. cit., vol. III, p. 596), et en emprunte d'autres à Dugès, M.Velpeau et R. Lee. M. Cruveilhier (Atlas d'anat. path., liv. xxvi, pi. 5) cite un fait sem- blable observé par lui chez une femme morte de fièvre puerpérale. La phlébite était exactement limitée à la veine rénale, et ne débordait en au- cune façon son embouchure dans la veine cave. Le caillot était adhérent dans tout le tronc de la veine rénale et sans adhérence dans les divisions. Au centre du caillot était du pus cohérent. L'obUtération des veines rénales n'est donc pas, à beaucoup près, une lésion propre à la maladie de Bright ; cependant il ressort de l'ensemble des faits que nous venons d'exposer que cet état des veines semble coïn- cider plus souvent avec la néphrite albumineuse qu'avec toute autre lésion du rein. Cependant cette coïncidence est un fait rare ; car depuis plusieurs années que notre attention est fixée sur ce sujet, nous n'avons pu en re- cueillir que deux exemples. La nature du caillot ; son mode d'adhérence aux parois vasculaires ; l'é- tat même de ces membranes, sont souvent décrits d'une manière incom- plète dans la plupart des observations. Dans le fait de M. Rayer (loc. cit., vol. II, p. 27'2), le caillot, formé de couches concentriques superposées, était canaliculé à son centre. Sur un autre rein où la maladie était moins avancée [ibid., vol. III, 592), les concrétions, blanchâtres et fibrineuses ;\ l'intérieur, étaient un peu rouges à l'extérieur et perforées à leur centre par un petit conduit que le sang pouvait traverser. Les veines n'étaient pas épaissies. Sur une des pièces de Stokes, le caillot n'était que partiellement décoloré, adhérait par places aux parois des veines, tandis qu'ailleurs il était parfaitement hbre. Enfm, sur un autre rein décrit par le même patho- logiste, le caillot était plus dense, plus solide, et les parois de la veine no- tablement épaissies. Dans la première de nos observations, le caillot adhé- rait à la paroi veineuse intacte ; dans la seconde, les rapports du caillot avec les parois de la veine ont été omis. Ces détails sur le caillot , son modo d'adhérence avec la paroi vasculaire et l'état de la veine elle-même, prouvent que, dans plus d'un cas, la lésion n'a pas paru être d'origine iaflamma- 'oire, c'est-à-dire due à un travail phlcgmasiquc de la veine. A CCS degrés si variables d'obstruction nu cours du sang veineux, cor- 128 responclenl des alléralions du parenchyme rénal souvent diverses. Mats wti caractère qui domine dans la plupart de ces faits, c'est l'augmenlalion de volume de l'organe ; on la rencontrait dans les faits cités par M. Rayer comme dans nos deux observations. Dans 3 cas sur Zi, les granulations jau- nâtres de Briglil étaient des plus manifestes. Faut-il voir dans cette oblitération des veines rénales une simple coïn- cidence, l'effet ou la cause de la néphrite alburaineuse? Diverses opinions ont été émises à cet égard. A propos d'une observation dont il a été question ici fréquemment, M. r.ayer (vol. III, p. 592) s'exprime ainsi : « Il est probable que l'augmen- tation du volume des reins et Thumidilé de leur tissu étaient la siiite d'une alfeclion des veines rénales. On a vu, dit le même palhologiste (vol. II, p. 268), en pariant de la néjihrite albumineuse, plusieurs fois les vaisseaux du rein offrir des lésions qui paraissent être, au moins dans le plus grand nombre des cas, Veffet de l'extension de l'inflammation de la substance corticale. » Ainsi donc, suivant M. Rayer, l'oblitération veineuse peut être, suivant les cas, ou la cause ou l'effet de la maladie du rein. Plusieurs années après la publication de l'ouvrage de M. Rayer, I\l. De- laruelle concluait que la lésion primitive siégeait dans les veines et était due à une phlébite. Nous avons rangé ce fait djns les cas de néphrite albumi- neuse, quoique IM. Delaruetle ne lui donne pas cette interprétation; pour se convaincre de la vérité de notre opinion, il suffit de se rappeler que, chez un malade mort après avoir présenté de l'albumine dans les urines, on trouva, à l'autopsie, la substance rénale pâle, décolorée, présentant jusqu'à lin certain point la coloration du foie gras. F.-T. Frerichs(DlEBRIGHT'SCHEl\IERENKRANKHEIT UND DESSEN BEIIAKL- LUNG. Rraunschweig, 1851) considère l'obslacle apporté au cours du sang par l'oblitération des veines rénales comme la cause de la présence de l'al- bumine dans l'urine et la source d'une désorganisation plus ou moins ra- pide des reins. En parlant de l'étiologic {Ibid., p. 160), Frericlis place au nombre des causes de la maladie l'oblitération des veipes rénales par des caillots sanguins, ou leur compression par des tumeurs. Pour démontrer ce point, il a entreprie des expériences sur les animaux {Ibid., p. 276) ; elles furent répétées dix fois sur des lapins, un chat et deux jeunes chiens. Il liait laveine rénale ou la comprimait avec des pinces; une fois, il serra in- romplétemenlla ligature; enfin, dans une autre expérience, la veine cave fut liée au-dessus du foie, l.'urino oxlraite de la vessie ou desurelèrcs, d'un qn-irl 129 d'heure à six heures api es l'opération, couleiiail toujours une quauliti" plus ou moins grande d'albumine mêlée, dnns trois cas, à du sang. Dans ces diverses expériences, Frerichs n'interrompait le cours du sang que dans une des veines rénales; toujours alors le rein, dont le sang vei- neux ne pouvait s'écouler au dehors, avait considérablement augmenté de poids, mais jamais l'expérience n'a été prolongée assez longtemps pour qu'on pût trouver une altération profonde du parenchyme du rein. Frerichs cite, dans son travail, liobinson (Medico-chir. Transact. , t. XXVf, p. 51) comme ayant pratiqué des expériences semblables, ainsi que H. Meyer (Zestschriftfdr Physiol. HEiEK,18iZi,s. llû). Nous regrettons vivement que l'état des reins n'ait pas été examiné à une époque éloignée de l'opération. Nous ne contestons pas que la ligature des veines rénales produise l'albuminurie, mais produit-elle la désorganisation connue sous le nom de maladie de Brighl ? C'est ce qui reste encore à démontrer. CONCLUSIONS. 1" L'oblitération des veines rénales se rencontre dans plusieurs espèces de maladies des reins et même dans l'état physiologique. 2" Elle semble plus fréquente dans la néphrite albumineuse. 3° Elle coïncide presque constamment avec une augmentation de volume de l'organe. h" Il est difïicile de dire si la lésion veineuse est la cause ou l'effet de la néphrite albumineuse. NEPHRITE ALBUMINEDSE; HÉMORRHAGIES INTESTINALES ; MORT ; AUTOPSIE; REINS VO- LUMINEUX, JAUNATRES, PARSEMÉS DE PETITS POINTS JAUNES; CAILLOTS BLANCHA- TRES REMPLISSANT LE CALIBRE DE LA VEINE RÉNALE DROITE ET SES RAMIFICATIONS DANS LE REIN, SE PROLONGEANT DANS LA VEINE CAVE, LES VEINES ILIAQUE, EXTERNE ET FÉMORALE DU MÊME CÔTÉ ; COAGULATIONS MOINS MARQUÉES A GAUCHE. Oi5s. I. — Thevenin (Jean-Marie), passementier, âgé de 2k ans, demeurant rue Saint-Denis, 368, d'une taille moyenne, yeux bruns, cheveux bruns, teint pâle, entre le il décembre 185> à l'iiôpital de la Pitié, salie Saint-Benjamin, n" 9 (service de M. Gendrin). Habituellement d'une bonne santé, il xerce depuis plus de dix ans la pro- tessioii de passementier; jamais il n'a fait de maladies graves qui l'aient re- tenu au lit pendant longtemps; son alimentation est (oujours .suflisanlect saine, sou habilalioii n'est pas humide. Jamais il u'a élé alieinl de rliumalismes ou de palpitations. Sans cause connue, depuis sept ans il a remarqué qu'après des journées la- borieuses, ses jambes enflaient un peu aux environs des malléoles ; jamais, sui- vant lui, cet œdème ue s'est étendu à la face ou aux membres supérieurs. Au- cun autre phénomène morbide du côté des appareils cérébraux, digestif ou urinaire n'a attiré l'attention de Thevenin jusqu'aux deux derniers mois qui précédèrent son entrée à la Pitié. Il y a deux mois, sans cause connue, Thevenin remarqua que l'urine qu'il rendait sans douleur était suivie de l'expulsion de quelques gouttes de sang mêlé au liquide urinaire. Ces évacuations sanguinolentes, qui furent toujours irès-peu abondantes et ne se répétaient pas à chaque expulsion d'urine durè- rent sept à huit jours et ne reparurent pl«s depuis. Jamais auparavant il n'avait remarqué rien de semblable. A la même époque, il ressentait dans les deux régions lombaires une douleur gravative presque continue qui a toujours per- sisté depuis. Environ deux semaines après ces premiers accidents, sans aucun phénomène fébrile, l'œdème apparut aux jambes, aux membres supérieurs et à la face, mais beaucoup plus considérable que les autres fois ; cet œ'ième alla graduellement en croissant et força le malade à garder presque constamment le lit depuis prés d'un mois. Quinze jours avant l'admission à l'hôpital apparurent des troubles gastro- intestinaux, d'abord de la diarrhée amenant l'expulsion de m&iières liquides mêlées de quelques stries sanguinolentes neuf à dix fois dans la même journée. L'appétit disparut, et quelques jours ensuite apparurent des vomissements ; le malade rejetait presque toutes les substances solides ou liquides ingérées. Un peu de toux, légère, sans aucune douleur dans les parois de la poitrine survint simultanément. Les sens, la vue, l'euïe demeurèrent toujours intacts. Le 11 décembre, nous trouvons Thevenin dans l'état suivant : la peau est pâle, blafarde ; un œdème considérable occupe les membres inférieurs, le scro- tujn, les parois abdominales, les lombes; il existe aussi, mais moins marqué, aux membres supérieurs, et à la face, qui est bouffie. Le cœur, dont les battements sont faibles, présente à l'auscultation, au ni- veau de la base, se prolongeant dans l'aorte, un bruit de souille doux qui existe aussi dans les deux carotides, où il est continu, avec renforcement marqué. L'urine pâle, sans aucun sédiment, donne par l'addition de l'acide nitrique un dépôt blanchâtre abondant ; par la chaleur, on obtient également un dépôt floconneux qui, laissé dans le tube pendant douze heures, remplit la moitié de la hauteur du liquide. Toux; malilè marquée dans le tiers iniériciu' du rôle droit do In poiirinOr 131 avec absence tomplèle de murmure respiraloiie et reieiilissemeiU egophonique de la voix. A gauche, en arrière, dans l'inspiration comme dans l'expiration, râle sous-crépitant à bulles assez grosses. Pas de céphalée, de diminution de la vue; jamais Thevenin n'a éprouvé d'at- taques épilepliforraes ou nerveuses d'aucune espèce. Traitement ^ infusion de turquette édulcorée avec 60 grammes de sirop de pointes d'asperges ; une pilule de 5 centigr. de poudre de digitale ; deux bouil- lons, deux potages. Pendant les trois premiers jours où Thevenin fut soumis à notre observation ; la diarrhée diminua, les selles jaunâtres, liquides, sans coliques, ne se répétant (|ue deux à trois fois dans les vingt-quatre heures. Pas de vomissements. L'œ- dème et l'urine offrent les mêmes caractères. Le 14 décembre, le malade vomit deux heures après le déjeuner le potage qu'il avait pris ; dans la soirée, il accusait un peu de céphalée gravative, de mal- aise. Le pouls, d'habitude apyrétique, était à 92-94, peu large et peu fort, la chaleur de la peau augmentée. La douleur spontanée ou provoquée par la pression, au niveau des régions lombaires, n'avait pas augmenté. Le 15, on remarqua une large plaque érysipélaleuse, survenue au niveau des lombes, et s'étendant un peu sur la fesse droite, qu'elle tend à contourner. A ce niveau, la peau est d'un rouge pâle, moins dépressible qu'ailleurs. Persis- tance de la fièvre, malaise plus marqué, accablement. 16. La rougeur contourne toute la fesse droite, occupe les lombes ; sur ses bords existent des jetées à bords irréguliers et saillants. Dans la soirée du même jour, la diarrhée augmente; une dizaine de selles jaunâtres. 17. Accablement marqué; pouls à 110, faible et étroit. L'érysipéle persiste comme la veille. (Chiendent sucré, vésicatoire à la partie interne d'une cuisse, bouillon.) Dans la journée, la diarrhée augmente; les matières rendues sontrougeâlres, claires, mêlées de quelques grumeaux sanguinolents. L'examen microscopique y fait découvrir de nombreux globules sanguins. Même état de l'œdème; épan- chemeiit ascilique dans l'abdomen. Pas de sang dans les urines, qui contien- nent toujours une grande quantité d'albumine. Le 18, les selles sanguinolentes persistent, mais les matières rendues sont d'un rouge plus foncé et ne contiennent plus de caillots rougeàtres. L'érysipéle diminue d'une manière marquée. Le 20, la rougeur érysipélateuse a disparu ; les selles sont moins fréquentes ; l'œdème persiste, l'aflaiblissement augmente les jours suivants, et le malade est incapable de se mettre seul sur son séant. Accidents épileptiforjies. — Le 25, à deux heures du malin, le malade fut î'i'is de frisson et de délire avec agitation violente ; écume à In bouche. Cet nccès, 132 qui nous a été décrit tros-inipailaitenient par i'iniirniier du service, dura une demi-heure environ, et se termina par le coma, et deux lieures après, c'est-à- dire à quatre heures du malin, par la mort. Ouverture du cadavre le 26 décembre 1851, vingt-sept heures après la mort. Roideur cadavérique marquée aux membres supérieurs comme aux inférieurs ; pas de traces de putréfaction. Cerveau. Aucune congestion des vaisseaux des méninges ; peu d'épanche- ment sous-arachnoïdien ; à peine un peu de piqueté de la substance cérébrale, dont la consistance est normale. Le larynx et les bronches, tapissés par un mucus spumeux, étaient sains. La cavité pleurale droite contenait un verre environ d'une sérosité contenant quelques flocons fibrineux ; plusieurs pseudo-membranes molles tapissaient la surface extérieure du poumon ; aucun épancbement dans la cavité pleurale gauche. Les deux poumons, parfaitement libres, d'un gris rosé en avant, sans aucun produit tuberculeux dans leur intérieur, étaient légèrement engoués à la base; leur tissu, d'un gris brunâtre, lourd, peu crépitant, dépressible, ne gagnant pas le fond de l'eau, donnait écoulement à la coupe à une grande quantité dé sérosité aérée. Les veines et artères pulmonaires sont libres et saines. Le péricarde renfermait une cuillerée environ de sérosité citrine transparente ; aucune fausse membrane ne se rencontrait dans son intérieur ou sur la séreuse externe du cœur. Le cœur, d'un volume ordinaire, sans aucune trace d'altération graisseuse, éiait sain; sur la valvule mitrale, près de l'insertion des tendons des colonnes charnues, on rencontrait seulement une petite végétation rougeâtre, du volume d'une lentille, susjacente à la membrane interne du cœur. Le ventricule droit contenait un peu de sang noirâtre liquide ; le gauche également. La cavité péritonéale contenait un litre et demi environ de liquide citrin trans- parent, sans aucun flocon hbrineux dans son intérieur. Aucune trace de phleg- masie ne se remarquait sur le feuillet pariétal ou viscéral de la séreuse abdo- minale. , L'estomac présentait, surtout au niveau du grand cul-de-sac, un pointillé rougeâtre lin, sans arborisations vasculaires ; à ce niveau, la muqueuse était ramollie ; près du pylore, au contraire, elle avait sa consistance normale. Dans l'intestin grêle, dont la muqueuse ne présentait aucun ramollissement, on ren- contrait par places quelques arborisations vasculaires lines. Dans le gros intes- tin surtout, dans le cœcum, ces arborisations étaient i>lus nombreuses, réunies sous forme de plaques, piquetées de petits points noirs ecchymoliques, avec ramollissement léger de la muqueuse à leur niveau, sans aucune ulcéraliorL Les matières contenues dans le tube digestif étaient liquides, jannâtres. 433 Le foie, lixéà la paroi abdominale antérieure par des adhérences nombreuses et étroites, était assez volumineux : largeur, 0"',32; hauteur, ù"',2Q (lobe droit), O™,!? (lobe gauche) ; épaisseur, 0"%55 (lobe droit), 0"\03 lobe gauche. Il est d'une couleur jaunâtre clair ; son tissu ne graisse pas le scalpel. La bile, jaunâtre clair, était peu visqueuse; les canaux excréteurs à l'état normal, ainsi que la veine porte et les veines méseutériques et splénique. La raie était petite; son tissu rouge, ferme, résistant, se laissait facilement couper en tranches. Les deux reins étaient volumineux. Rein droit. Rein gauche. Hauteur. . . 0"',16 O^^lC. Largeur . . . {r,06ô 0"',08.'). Épaisseur . . ()'",035 0"',0I. Nein droit. La membrane libreuse adhère à l'organe plus intimement qu dans l'état normal. La surface extérieure, lisse en avant et en arrière, offre le long de la con- vexité, quelques bosselures peu prononcées. La couleur de l'organe est d'un jaune un peu rougeâtre, parsemé par plaques de petites arborisations rougeâtres, sous forme d'étoiles et ne formant pas de figures régulières; quelques petits points jaunes, nettement caractérisés, se voient à la surface extérieure del'organe, beaucoup plus marqués à l'intérieur. On y voit une augmentation considérable d'épaisseur de la substance corticale. Celle-ci est d'un jaune marqué, avec de pe- tits points jaunâtres répandus dans son épaisseur, et peu d'arborisations vascu- laires. Les pyramides sont un peu atrophiées, jaunâtres également. Dans l'intervalle des pyramides, comme dans la substance corticale, on peut suivre des veines remplies par des caillots de fibrine blanchâtre décolorée; la membrane interne de ces vaisseaux est normale; le caillot leur adhère à peine et s'en détache facilement. La veine rénale droite était remplie par un caillot décoloré, également ferme, ne contenant aucune trace de sang noirâtre, non adhérent aux parois veineuses, qui étaient saines. Dans la veine cave inférieure, existait un caillot blanchâtre n'obstruant que le liersenviron du calibre de ce vaisseau, et se continuant jus- que dans l'iliaque externe droite, se terminant à la partie moyenne de la veine fémorale; au niveau de la terminaison des deux veines iliaques primitives, dans la veine cave inférieure, existait également un caillot, mais mou et moins ad- hérent à la membrane interne de la veine. Ces vaisseaux contenaient peu de sang noirâtre, leur membrane interne était saine. Les artères n'étaient nullement oblitérées par des caillots. Le rein gauche offrait le même aspect que le droit; des caillots, fibrineux également, se rencontraient, comme dans le droit. La veine rénale, de ce côté, était libre. 13ii Les Lassincls, lu vessie étaient sains. ISÉPHRITE ALBUMINEUSE ; MARCHE LENTE; MOHT ; AUTOPSIE; 0BL!TÉUAT10r< DES VEINES RÉNALES; REINS TRÈS-VOLUMINEUX, PARSEMÉS DE GRANULATIONS JAU- NATRES. Obs II. — Une femme âgée de 34 ans, n'ayant pas eu d'enfants depuis huit ans, (renseignement fourni par un élève du service de chirurgie) , entre à l'hôpital de la charité, dans le service de M. Gerdy , pour une plaie légère du bras, suite de brûlure. Elle assurait avoir constamment joui auparavant d'une bonne santé. Vers la fin de janvier, cette femme parut tomber dans l'adynamie; l'examen du thorax ne fit reconnaître que quelques restes de bronchite , à la base des deux poumons. Jamais les urines ne furent essayées par la chaleur ou par l'acide nitrique. Cette femme fut envoyée des salles de chirurgie dans celle de médecine, confiée à la direction de M. Rayer. Quand elle fut soumise à notre examen , elle était plongée dans le coma, dont on pouvait à peine la tirer, sans qu'il fût pos- sible d'obtenir aucune réponse. Elle avait à peine un peu d'œdème aux membres inférieurs , avait la respiration courte , embarrassée , et expectorait des crachats muqueux , transparents , aérés ; le pouls était très-accéléré et petit. L'ausculta- tion faisait entendre de chaque côté à la base , des râles sous-crépitants , abon- dants sans trace de souffle , pas de matité en arrière à la base. L'auscuUation du cœur ne faisait entendre aucun signe pathologique. La malade succomba dans le coma, deux jours après son entrée dans le ser- vice de M. Rayer. Autopsie. Temps frais et sec. Pas de roideur cadavérique , pas de putréfaction. Peu de congestion des vaisseaux , des méninges ou des téguments du crâne ; cpanchement sous-arachnoïdien plus abondant que dans l'état normal. Les membranes s'enlèvent facilement, sans entraîner aucune parcelle de parenchyme cérébral. La pulpe du cerveau offre une bonne consistance, sans piqueté au dé- veloppement anormal des vaisseaux. A peine un peu d'engouement au sommet en arrière des deux poumons; à la base il est beaucoup plus marqué ; le tissu pulmonaire d'un rouge violacé , non friable, mais un peu pesant, donne écoulement, à la coupe, à une grande quantité de liquide séro-sanguinolent médiocrement aéré. Les bronches contiennent une petite quantité de liquide rosé spumeux. Le cœur flasque, non graisseux, était sain, ses orifices comme à l'état normal. L'estomac n'ofîrait aucune lésion , la muqueuse était d'une bonne consistance, l'intestin grêle n'offrait rien d'anormal ; dans le cœcum on rencontrait un certain nombre de petites ulcérations folliculaires rondes, n'occupant que la superficie 135 de la muqueuse , et diminuant de nombre à mesure que l'un monlait dans le cœcum. Le foie. était assez colore, nullement gras, d'une bonne consistance. La rate d'un volume ordinaire, saine. Les deux reins étaient remarquables par leur volume qui était considérable; pesés après avoir été dépouillés du tissu cellulaire et de la graisse environnante, ils pesaient, l'un 484 grammes et l'autre 440 grammes. La membrane propre du rein semblant plus épaisse qu'à l'état normal , n'adhérait pas plus à la substance corticale que dans l'état sain. Vus à l'extérieur, les reins offraient une teinte d'un rouge jaunâtre, sans vaisseaux étoiles; on remarquait en outre, à leur surface, un grand nombre de petites granulations blanches, granulations de Bright. A la coupe, la substance corticale offrait une teinte jaune rendue plus apparente par la rougeur un peu vive de la substance tubuleuse, pas d'écoulement de liquide à la coupe du rein. Les granulations de Bright se voyaient en très-grand nombre à . la surface de la coupe et surtout dans les points les plus rapprochés de la surface du rein. Les cônes de la substance tubuleuse ; étaient d'un rouge brun foncé, le tissu qui les formait paraissait condensé. L'examen microscopique a été fait par M. Davaine qui a bien voulu nous communiquer les résultats. En plaçant sous le mi - croscope au grossissement de 360 diamètres une parcelle de la substance corticale devenue jaunâtre, on la trouvait constituée principalement par des cellules épi- Ihélialesplus distinctes que celles qu'on observait sur un fragment analogue de rein sain. La plupart des cellules des reins malades contenaient des globules grais- seux en quantité variable, et surtout beaucoup de globulins pressés les uns contre les autres. L'artère rénale n'offrait dans son tronc ou ses principales ramifications aucune altération. Le tronc de la veine rénale et ses branches étaient remplis de caillots fibrineux, jaunâtres, solides, compactes. Le caillot de la veine principale était canaliculé. Des fragments de ces caillots, examinés au microscope par M. Davaine, lui ont offert un stratum amorphe, des granules moléculaires ou des globules ressemblant plus ou moins aux globules blancs du sang. Une parcelle prise dans l'intérieur de ces concrétions fibrineuses offrait à l'inspection microscopique des groupes de cristaux en aiguilles disposés en étoiles, apparence que présente la margarine, de plus, un grand nombre de globules ayant la forme et le volume des globules blancs du sang. ' MÉMOIRE SUR LA PARALYSIE GÉNÉRALE ou PARTIELLE DES DEUX nun DE LA SEPTIEME PAIRE, Lu à la Société de Biologie (mars 1852) ; > Par m. le Docteur DAVAINE. Dans le courant de l'année 1851, ayant été à même d'observer un cas de paralysie des deux nerfs de la septième paire, j'en étudiai tous les phé- nomènes d'une manière aussi complète qu'il me fut possible. Pour m'é- clairer sur la nature, la marche et le traitement de cette singulière maladie, je consultai les mémoires publiés sur la paralysie faciale et les articles spé- ciaux consacrés à cette affection dans les traités de pathologie ou dans les dictionnaires de médecine et de chirurgie. Dans ces derniers, même dans les plus récemment publiés en France, la paralysie simultanée des deux nerfs de la septième paire n'est pas même indiquée. Je recherchai alors, dans les ouvrages qui traitent spécialement des maladies du système ner- veux et dans les recueils périodiques de médecine et de chirurgie, s'il ne se trouvait pas de cas plus ou moins analogues à celui que je venais d'ob- server. Après de longues et laborieuses recherches, je suis arrivé à ras- sembler un certain nombre d'observations relatives à des paralysies gé- nérales ou partielles des deux nerfs de la septième paire, soit isolément, soit accompagnée de la paralysie d'autres nerfs, avec ou sans lésions céré- brales. TOME IV. 10 138 On verra, dans le tableau que je présenterai de cette double paralysie fa- ciale, que son expression symplomatique est si différente de celle de la pa- ralysie qui n'occupe qu'un des côtés de la face, qu'il n'est pas surprenant que son existence ait pu être quelquefois méconnue, et mentionnée alors sous un autre nom que celui qui doit lui être appliqué. Dans le cas de double paralysie faciale que j'ai observé et dans un assez grand nombre de cas de paralysie bornée à l'un des côtés de la face, je me suis aidé de l'action de l'électro-magnétisme pour déterminer l'étal des nerfs ou le degré de paralysie des divers muscles de cette partie du corps ; enfin, à l'aide de quelques expériences sur les animaux, j'ai pu étudier la double paralysie que l'on produit chez eux par la section ou l'arrachement des deux nerfs de la septième paire. En publiant aujourd'hui ce travail, je ne m'en dissimule pas toutes les imperfections; toutefois j'ai cru qu'il y avait une utilité réelle à appeler l'attention sur une maladie à peine soupçonnée aujourd'hui de la plupart des médecins, et qui est probablement beaucoup moins rare qu'on ne serait porté à le penser, si l'on en juge par le petit nombre des cas publiés jus- qu'à ce jour. Je diviserai ce travail en trois parties : Dans la première, je rapporterai les observations de paralysie double de la face venues à ma connaissance ; je les ferai suivre, lorsqu'il y aura heu, de courtes remarques qui ne pourraient être convenablement placées ail- leurs. Je consacrerai la seconde partie à l'examen de quelques phénomènes qui n'ont point été observés dans la paralysie bornée à l'un des nerfs de la septième paire et qui rendent la paralysie double particulièrement inté- ressante. Enfin, dans la troisième partie, j'exposerai d'une manière générale les causes, les symptômes, le traitement de la paralysie générale ou partielle des deux nerfs de la septième paire. PREMIÈRE PARTIE. OBSERVATlOtVS PARTICULIÈRES. Je rapporterai d'abord les cas exempts de complication dans lesquels la paralysie des deux nerfs de la face n'occupait qu'une partie de leurs bran- ches ; vieniiront ensuite ceux dans lesquels la paralysie était générale ou complexe. PARALYSIE DU MUSCLE PETIT SUS-MAXILLO-NASAL DE OHAQUE CÔTÉ CHEZ LE CHEVAL ; GÈNE DE LA RESPIRATION (l). Obs. I. — « Nous signalerons «ne paralysie locale que nous avons observée sur un cheval de cabriolet. Cette paralysie, dont nous ignorons la cause primi- tive, était limitée au muscle petit sus-maxillo-nasai (portion du transversal du nez) des deux côtés (te la face. Ces muscles, qui sont destinés à soulever la fausse narine pendant l'inspiration, étaient paralysés ; il en était résulté que les fausses narines s'aplatissaient sur la cloison cartilagineuse et s'opposaient à l'entrée de l'air dans les cavités nasales. Le cheval était dans l'impossibilité de trotter. Cette paralysie ne fut que temporaire. » Les rameaux de la septième paire (facial) qui sont destinés pour ces muscles étaient donc les seuls filets nerveux qui ne transmissent pas leur influence. » La paralysie du nerf facial chez l'homme, en abolissant les mouvements de l'ouverture des narines, ne produit pas autre chose ordinairement qu'une diminution dans la faculté de percevoir les odeurs ; cependant chez un individu dont les ailes du nez offriraient peu de résistance, chez les enfants, par exemple, on observerait probablement une gêne de la res- piration (autant qu'elle se ferait par les narines) dans les circonstances où celle fonction s'accélère. Ch. Bell rapporte que, chez un matelot affecté d'une paralysie faciale du côté gauche, « l'aile gauche du nez étant para- lysée, quand le côté droit de la tête reposait sur l'oreiller, le malade était forcé de tenir sa narine gauche ouverte avec les doigts pour respirer Hbrement. » (Appendix to ïhe papers of the nerves, 1827; Journal des PROGRÈS, t. VI, p. 15). Si la paralysie faciale avait occupé les deux côtés, cet homme aurait certainement éprouvé une gêne marquée de la respiration dans les actes qui l'accélèrent. On verra que chez la malade de l'obs. 6 cette difficulté à respirer par les narines était très-notable dans les grandes inspirations. cas de paralysie des branches externes des deux nerfs de la face chez l'homme (2). Obs. II et III. — « Dans deux cas qui se sont récemment présentés à mon (1) Goubaux (Armand), Mémoire sur lf,s paralysies locales ou partielles (Rec. de méd. vfIt. prat., 3" série, t. V, p. 2'29). (2) Romberg (M. II.), Lehrbuch der nerven krankhfiten des meschen. Berlin, I8.')i, ?/ partie, p. 35. IZjO observation, le visage n'olfrail rien de particulier, les deux ynix étaient ou- verts ; toutefois le poli du front, i'absenee de tout sillon, de toute ride dans le visage d'un homme de 43 ans, étaient on ne peut plus frappant ; mais un cas bien plus extraordinaire fut celui d'une jeune et jolie dame dont le visace et l'ex- pression restaient impassibles dans les conversations les plus gaies et les plus animées. » L'un de mes malades s'en apercevait lui-même et se plaignait amèrement du sort qui le condamnait à ressentir la tristesse et la gaieté sans aucun chan- gement des traits du visage, sans que les autres hommes pussent s'en aperce- voir. » PAR.\LVSIE DES BRANCHES EXTERNES DES DEUX NERFS DE LA SEPTIÈME PAIRE CHE7 UN JEUNE HOMME, SANS CAUSE CONNUE (l). Obs. IV. — « Un jeune homme, de taille moyenne, fut reçu à l'hôpital des fiévreux pour une légère attaque de fièvre inflammatoire continue, mais sans aucune trace particulière d'inflammation locale. Le quatorzième jour de la ma- ladie, il fut rapidement mieux après une sueur critique. Dans l'espace d'une seule nuit, le pouls tomba de 120 à 72. Rien ne vint interrompre sa convales- cence jusqu'à la fin de la quatrième semaine. Alors il se plaignit d'ulcères à la bouche pour lesquels on ordonna des lotions vinaigrées. Au bout de cinq jours néanmoins, l'homme continuant à se plaindre de sa bouche, on en lit un exa- men soigneux. Alors la morne immobilité de son visage attii a l'attention : les lèvres étaient complètement paralysées et le malade ne pouvait pas les fermer; les narines restaient sans mouvements, les paupières supérieures ne se fer- maient plus et le malade ne pouvait ni rire ni siffler ; en même temps les sensa- tions des parties affectées étaient parfaitement intactes. Ce jeune homme n'avait pas la plus petite fièvre, ni mal de tète, ni douleurs locales d'aucune espèce. Il n'avait d'autre alTection que les ulcères de la bouche, la sécheresse et l'ulcéra- tion des lèvres. » Le régime fut ordonné. Des sangsues et des vésicatoires furent appliqués derrière les oreilles; des laxatifs furent fréquemment administrés, mais sans le plus léger avantage. A la même époque, un autre malade aff'ecté d'une paralysie du nerf moteur oculaire commun, ayant été guéri par l'effet du mercure, en ap- parence au moins, le même traitement fut appliqué dans ce cas et produisit une légère salivation qui se termina par une abondante éruption d'impétigo sur le vi- sage. Le malade, néanmoins, n'eu relira pas le plus petit bénéfice; toutes les parties animées par la portion do la septième paire de chaque côté de la face restèrent dans un état complet de paralysie. (1) Cases of paralysis of individual kerves cf the face, by D' Christison {The London medic&l gazette, *. XV, p. CO, année t835j. Ul » Après avoir passé trois mois à l'hôpital, le malade lui renvoyé dans le même élal, et je n'ai jamais pu, depuis lors, recevoir aucune information sur les pro- .«rcs Après quatre mois de séjour à l'Hôtel-Dieu, cette jeune tille est sortie dans l'état suivant. L'exostose de la bo^se frontale gauche a disparu, la blennorrha- gie est guérie et la santé générale est excellente. La figure ronde et fraîche exprime avec vivacité toutes les sensations physiques et morales ; le rire seul est un peu froid, c'est-à-dire que le mouvement des lèvres ne semble pas cor- respondre à la rapidité et à l'étendue des mouvements du diaphragme et des côtes. La mastication est facile et les aliments sont bien réunis en bol. Les paupières se rapprochent complètement, uiais i! faut un léger effort et souvent les larmes coulent sur la joue. » Le séton est maintenu en f lace, et tout porte à croire que, dans quelques mois, il ne restera plus à la malade que le souvenir de cette aflection sin- gulière. » Si les belles expéiiences de Charles Bell sur les usages des nerfs encé- phaliques avaient besoin d'être confirmées par des faits cliniques, celle observaliou serait pluspropre qu'aucune aulreà démontrer la justesse de son opinion sur les fonctions du nerf facial. On a vu survenir dans celte mala- die lous les accidents qui résultent, chez les animaux, de la section de ce nerf, à sa sortie du trou stylo-mastoïdien. Il est probable que, chez elle, une exostose légère a comprimé les nerfs à leur sortie du crâne. L'cfScacilé du traitement anlisyphililique n'est pas contestable dans ce cas. Les topi- ques irritants et révulsifs ont achevé la cure ; ils étaient indispensables, car souvent, après la destruction de la cause qui occasionne une paralysie, ce symptôme a encore besoin d'être combattu par des stimulants lo- caux. » FILLE ÂGÉE DE 22 ANS; PARALYSIE DU iMRF FACIAL DU CÔTli GAUCHE, SANS CAUSE CONNUE ; DISTORSION DES TRAITS ; VINGT JOURS APRÈS, PARALYSIE DD NERF FA- CIAL DU CÔTÉ DROIT ; REDRESSEMENT DES TRAITS ; TRAITEMENT PAR LE GALVA- NISME; GUÉRisoN. (Observée par M. Magendiej (l). Obs. VL— Cl Mademoiselle X., âgée de 22 ans, d'un tempérament d'apparence lymphatique, se pré.sente le 2 avril 1840, à la consultation de M. Magendie. Sa taille est moyenne, ses cheveux blonds, ses traits peu colorés. Elle dit avoir (1) Constantin James, Paralysie; pe.s deux nerfs de la septième paire. (Gaz. Med., 1841. p. 594.} toujours joui d'une santé i)arfaite, lorsque, il y a quinze jours, elle éprouva, sans cause connue ni même appréciable, les premiers synipiônies de la mala- die dont elle est maintenant alléctée. Ces symptômes, je vais les énumérer en suivant l'ordre de leur apparition, de leur succession et de leurs progrès. » Je divise donc mon observation en quatre périodes. A chacune de ces pé- riodes correspondra un groupe particulier de symptômes, ainsi qu'une pbase spéciale de la paralysie. » Première période. — Déviation des traits du côté droit ; paralysie de la septième paire gauche., — Le premier symptôme fut un léger embarras dans le jeu des paupières du côté gauche. Bientôt le front et la tempe de ce côté cessèrent de se mouvoir. Puis la moitié gauche des lèvres et du menton per- dirent leur contractililé et furent entraînés à droite. Jusque-là, la malade n'a- vait aucunement soutlert. C'est alors qu'elle ressentit de l'engourdissement dans la moitié gauche de la langue, sans aucune gène dans les mouvements de cet organe, en même temps qu'une exaltation vive de l'ouie, à tel point que les moindres bruits provoquaient à l'intérieur de l'oreille gauche un pénible reten- tissement. Au bout de vingt-quatre heures, l'oreille et la langue avaient repris leur sensibilité normale; mais les signes de la paralysie faciale persistaient. Ils avaient acquis leur maximum de développement à l'époque où la malade vint consulter M. Magendie. » Ainsi, distorsion des traits, surtout de la bouche et du menton, du côté droit. Impossibilité de les redresser, de plisser le front, ni de rapprocher com- plètement l'une de l'autre les paupières gauches. La lèvre supérieure de ce côté est pendante et paraît plus longue que du côté droit; l'inférieure est également paralysée dans toute sa moitié gauche. L'intervalle de ces deux lèvres donne issue à un écoulement involontaire de salive. La joue gauche, tiraillée à droite, est tendue, lisse, appliquée sur les dents et les gencives. On la voit se gonfler dans l'expiration, s'affaisser dans l'inspiration. Pendant le repas, les aliments se portent et s'accumulent du côté gauche. Quand la malade parle, rit, com- munique quelque expression à ses traits, la difformité augmente. Ce sont donc bien là tous les signes d'une paralysie complèie de la septième paire gauche. » M. Magendie prescrit le galvanisme et emploie le procédé qui lui a tant de fois réussi dans les affections de cette nature. Une aiguille est implantée dans la glande parotide gauche, une seconde aiguille est successivement placée aux trous sus-orbitaire, sous-orbitaire et nientonnier du même côté. Nous mettons ces aiguilles en rapport avec les conducteurs de la machine de Clarke, dont on tourne la roue lentement d'al)ord, puis ensuite un peu plus vite. Chaque commotion galvanique s'accompagne, dans tout le côté correspondant de la face, de douloureux élancements; mais nous remarquons que les muscles se contractent très-faiblement. Ces séances sont continuées chaque jour de la même manière. Quelquefois M. Magendie n'emploie qu'une aiguille, celle de la l/i5 parotide, mats alors il remplace la seconde par le boulon d'un des conducteurs qu'il applique sur la membrane muqueuse de la joue ei des lèvres. » Peu de cbangemenl dans les premières séances. Les muscles se contrac- tent un peu mieux dans le moment de l'influence du galvanisme pour retomber ensuite dans leur immobilité. Quant à la sensibilité de tout ce côté de la face, elle est parfaitement intacte. » Vers la sixième séance (9 avril), il est survenu d'importants phénomènes qui sont le prélude de complications nouvelles dans la marche et le siège de la paralysie. » Deuxième période. — Redressement passif des traits; paralysie de la septième paire droite. — La déviation des traits diminue notablement. La bouche est moins tiraillée à droite, en un mot, la paralysie, au premier coup d'œil, semble être en voie de guérison. Maie est-ce là une amélioration bien réelle? Consultons les symptômes en les isolant. Les ijiouvements sont à peu près aussi impossibles du côté gauche qu'ils l'étaient auparavant; de plus, ils sont devenus ditliciles du côté droit, où ils étaient restés intacts jusqu'alors. Ainsi, de ce côté, l'œil se ferme à peine, le front ne se plisse presque plus, le sourcil devient tombant, tous phénomènes qui ont signalé le début de la pa- ralysie de la septième paire gauche. Il n'y a donc point amélioration; c'est, au contraire^ une paralysie nouvelle qui commence à envahir la septième paire du côté droit. « M. Magendie, dans l'espoir d'en arrêter les progrés, soumet ce côté de la face à l'action galvanique. Mais les muscles se contractent moins bien qu'à l'é- tat normal. Nul doute, par conséquent, que la septième paire du côté droit ne soit bien positivement compromise à son tour. Mêmes applications galvaniques du côté gauche. Les contractions sont plus prononcées de ce côté, ce qu'il faut en partie attribuer à ce que les muscles antagonistes opposent moins de résis- tance. » La malade a ressenti, dans la journée du 12 avril, cet engourdissement du côté droit de la langue et cette surexcitation de l'ouïe que nous avions men- tionnés lors de l'invasion de la paralysie gauche. Ce sont donc littéralement les mêmes phénomènes pour la droite. » Malgré plusieurs séances successives, la paralysie de la septième paire droite continue à faire des progrès. Elle est maintenant (15 avril) aussi complète que celle de la septième paire gauche. A ce degré de la maladie, voici quel est l'état de la face : » Il n'y a plus la moindre déviation des traits. Ceux-ci sont réguliers, mais immobiles, impassibles, à tel point que les sensations intérieures ne se tradui- sent au dehors que par des changements dans la coloration du visage. Les yeux, largement ouverts, paraissent plus grands que de coutume. La malade essaye-t-elle de les fermer, elle ne le peut, et il reste entre les paupières un écarteraent assez considérable, qui laisse apercevoir la teinte blanchâtre de la lZi6 conjonciive. Les larmes coulent involoniairenient sur les joues, le front ne peut plus se plisser. Les sourcils, obéissant à leur poids, pendent au-dessus des or- bites, ce qui donne à la physionomie une ell'rayante expression. Aflaissenient des narines; souvent, dans les fortes inspirations, elles se rapprochent de la cloison nasale au point de former soupape et d'intercepter complètement le passage de l'air. Les lèvres ont perdu toute faculté contractile, aussi le parler est-il devenu trés-embarrassè, surtout pour la prononciation des mots où se trouvent des lettres labiales. A chaque mouvement respiratoire, les lèvres, comme deux voiles mobiles, sortent et rentrent, selon la direction du courant de i'air. La mastication est pareillement très-pénible, car les aliments se por- tent de chaque côté entre les gencives et les joues, et la malade est obligée de se servir du doigt pour les ramener sous les dents. Les joues sont flasques, pendantes, ce qui rend la ligure plus longue et la fait paraître vieillie. D'après ces phénomènes, il est manifeste que, de chaque côté, les muscles soumis à l'influence de la septième paire ont perdu toute action qui leur soit propre pour ne plus remplir qu'un rôle exclusivement passif. On dirait presque une lête inanimée sur un corps vivant. Cependant la santé générale de la malade n'a point cessé un instant d'être parfaite. L'appétit est conservé, le sommeil calme, la tète est libre. La paralysie de la face est donc plutôt ici une incommodité qu'une maladie véritable. » M.Wagendie galvanise à peu près tous les jours les deux septièmes paire.<. Los contractions musculaires deviennent de plus en plus marquées à gauche ; elles sont, au contraire, très-faibles du côté droit, c'est-à-dire du côté où la para- lysie s'est montrée en dernier lieu. » Troisième période. — Déviation des traits du côté gauche; guérison de la paralysie de la septième paire de ce côté. — Vers la douzième séance (18 avril), les traits commencent à se dévier à gauche. Légère d'abord, cette dévia- tion se prononce chaque jour davantage. La malade, qui en avait paru vivement alïectée, reconnaît bientôt que ce qu'elle croyait être une nouvelle complication est un symptôme heureux qui coïncide avec le retour des mouvements dans tout le côté correspondant de la face. Ainsi, du côté gauche, cllepeut déjà plisser les lèvres, rider le front, rapprocher les paupières, tandis que ces mêmes mouve- menls sont encore presque nuls du côté droit. » C'est par le degré de déviation des traits que nous sommes avertis de l'amé- lioration de la paralysie gauche; de sorte que le même signe qui, dans la pre- mière période, nous indiquait le prourès de la maladie, nous indique dans celie- cÀ le progrès de la guérison. Cette contradiction apparente des phénomènes est bien simple à expliquer. Dans le premier cas, les muscles du côté gauche deve- naient plus faibles ; dans le second cas, ils deviennent plus forts. » A chaque application galvanique, nous obtenons une augmentation de la con- traclilité musculaire; aussi la face est-elle de plus en plus déviée du côté gau- che. Si les muscles de ce côte rerouvrenl tliaquc jour quelque chose de leur ac- 1Ù7 tion, ceux du côté opposé ne restent pas stalioniiaires. Maintenant (24 avril) ils peuvent exécuter quelques mouvements par la seule volonté de la malade, et le galvanisme les fait se contracter bien plus fortement. Mais, qu'on me pardonne cette expression, ils sont en retard par rapport aux muscles du côté gauche. Ceux-ci étaient déjà en vole de guérison que ceux-là n'avaient éprouvé aucune amélioration sensible. De là prédominance des premiers sur les seconds. 1) Nous voici arrivés à la dix-huitième séance (28 avril). La déviation persiste, bien que de chaque côté les progrès continuent. Ils sont tels du côté gauche que les mouvements de ce côté paraissent être entièrement rétablis. » Quatrième période. — Redressement actif des traits; guérison de la pa- ralysie de la septième paire droite. — Les muscles du côté droit se contractent de jour en jour davantage, et par suite la déviation des traits tend à s'effacer. Le redressement de la face n'est plus ici, comme dans la seconde période, l'in- dice d'une double paralysie, mais, au contraire, d'une double guérison. Ainsi, au côté droit, les mouvements reviennent de la même manière qu'ils sont déjà revenus du côté gauche. Les larmes et la salive ne s'écoulent plus involontaire- ment, la narine ne s'affaisse plus dans l'inspiration; la malade n'a plus besoin du secours des doigts pour ramener les aliments sons les dents; en un mot, ce sont les mêmes symptômes d'amélioration que nous avons observés du côté gauche, alors que la paralysie de ce côté était près de disparaître. » A la vingt-cinquième séance (8 mai;, les traits paraissent redevenus réguliers, quand la face reste immobile; mais pour peu que la malade parle ou rie, on remarque encore une légère déviation du côté gauche. A la trentième séance (16 mai), la face a repris son expression normale. Tous ses mouvements sont libres, et dans quelque sens que la malade les exécute, on n'aperçoit plus que les traits se dévient d'aucun côté. La paralysie devait donc être regardée comme entièrement guérie, n'était encore un peu d'embarras dans la prononci ition de certains mots qui exigent spécialement l'action des lèvres; par exemple, la ma- lade ne dira pas couramment papa, mais pa-pa, en mettant un petit intervalle entre les deux syllabes. Aussi M. Magendie juee-t-il quelques applications gal- vaniques encore nécessaires. Dans les séances qui ont suivi, les aiguilles ont été implantées directement dans les muscles dont les contractions n'étaient point tout à fait assez nettes. De cette manière ces muscles ont été plus vivement sti- mulés que quand les aiguilles étaiient placées aux deux extrémités du nerf. Il n'a plus fallu qu'un petit nombre de séances pour que la prononciation fût re- devenue aussi facile qu'avant l'invasion de la paralysie. » Pendant les premiers jours qui ont suivi la guérison, les yeux sont restés un peu larmoyants par suite de l'action irritante que l'air avait exercée à leur surface alors que les paupières ne pouvaient se fermer. Le retour et la persistanre des mouvements de clignement ont proraptement fait cesser cette légère incom- modité. » Depuis cette époque, mademoiselle X... n'a plus éprouvé la moindre gène 148 dans les mouvemcnls de la lace. Ses traits ont repris toute leur vivacité, toute leur expression, et il ne reste aujourd'hui aucune trace des deux paralysies. » HOMME DE 34 ans; PARALYSIE GÉNÉRALE INCOMPLÈTE DES DEUX NERFS DE LA SEP- TIÈME PAIRE, SANS CAUSE CONNUE ; MUSCLES DE LA FACE PEU EXCITABLES ; DYSPHA- GIE LÉGÈRE, NASONNEMENT, DIFFICULTÉ A PRONONCER LES LETTRES LINGUALES; TRAITEMENT PAR l'ÉLECTRO-MAGNÉTISME ; INSUCCÈS. Obs. Vil.— Dans le courant de l'année 1861, je fus consulté parM. le baron"'. La singularité et l'obscurité du cas m'engagèrent à réclamer l'avis de mon ami iM. Claude Bernard qui a cor^stalé comme moi les phénomènes dont je donnerai la relation. M. le baron *** me remit la note suivante : « J'ai 34 ans. Mon père est très-sain ; il soulfre seulement de glaires. Ma mère jouissait aussi d'une bonne santé, mais elle était sujette à un rhume presque constant. A part l'atfec- tion dont je parlerai, je suis très-bien portant et je n'ai jamais fait de grandes maladies ; je n'en ai pas eu de syphilitique ; je n'ai eu que deux gonorrhées très- bénignes, qui ont été facilement guéries avant 1838, époque où ma maladie ac- tuelle s'est déclarée. » En avril 1838, à l'Université de Saint-Pétersbourg, où je faisais mes éludes, un jour en discourant j'éprouvai tout à coup, et c'est encore le cas aujourd'hui, une difTicultéà parler distinctement. Depuis lors j'ai toujours senti que le siège du mal était en arrière du nez, dans l'endroit ou les fosses nasales s'ouvieiit dans le pharynx. Si un doigt pouvait y pénétrer, je pourrais dire très-précisément : C'est ici ! Néanmoins je n'y ai jamais senti la moindre douleur. >• Voici les symptômes de mon mal : j'ai dit que le principal était de ne pou- voir parler distinctement. Ceci s'applique surtout à de certaines lettres et combinaisons de syllabes ; il m'est surtout diflicile de prononcer l'L; cependant je parle tout à fait distinctement en commençant. Lorsque je parle beaucoup, je sens que les parties malades s'irritent; je crache beaucoup, et quand mon langage devient indistinct après voir parlé quelque temps, je le rends de nouveau plus clair en expectorant, ne fût-ce qu'une fois. fMus ma maladie a empiré, moins j'ai eu de rhumes, lesquels étaient très-fréquents autrefois ; il m'arrive rarement de me moucher, en revanche j'étrrnue bien fréquemment et violem- ment. » Je sens aussi souvent une espèce de parai;) sic dans la langue, qui s'otend même queliiuefois aux lèvres, de façon à ne pas pouvoir contenir l'eau quand je me gargarise; eu avalant des liquides, il en sort quelquefois par le nez, si je suis un peu penché en avant. J'ai aussi de la dilTiculié à avaler, mais ceci a surtout empiré depuis l'été 1850; cela m'afait contracter l'habitude de mâcher très-soigneusement ; mais souvent les plus petits morceaux, qui ne m'empêchent nullement de respirer, s'arrêtent dans le gosier, et je bois alors de l'eau pour les faire descendre. Ce symptôme est fait pour impressionner l'imagination, et il est possible que j'avale mieux (inand je n'y pense pas. 1/|9 » Il y a des époques, mais oela ne iri'arrive qu'en me coucliant et avant de m'endormir, où je sens le sang se porter à la tête A moitié endormi, je m'éveille aussi quelquefois en sursau ayant le sentiment que l'air manque, et il n'en est rien; ceci ne date que de l'année 1849 ou 1850. Je souffre jusqu'à un certain degré de constipation, mais cela ne dure jamais plus de deux jours; c'est un symptôme très-variable. J'ai aussi quelquefois senti un rhumatisme dans un des pieds, du reste très-peu douloureux et passager. J'avais avant ma maladie une voix de ténor forte et haute qui s'est perdue; j'ni aussi souffert un peu des yeux plus ou moins depuis. )) Je dois dire que tous ces symptômes sont très-variables, et que souvent les uns empirent, tandis que d'autres disparaissent. Il y a aussi des époques où j'étais presque comme tout à fait rétabli, et elles ont duré quatre à six mois, mais alors même je n'aurais pu faire sans interruption une lecture à haute voix de trois à quatre pages; il est vrai que dans un mauvais état de santé, je puis à peine lire distinctement cinq à six lignes. Aucun climat n'a influé sur mon état, et j'ai vécu à Pétersbourg, en Egypte, en Perse et en Portugal. » J'ai remarqué qu'un gros rhume me rétablissait pour quatre à six semaines au moins. Telle a été aussi l'influence de grands voyages. J'étais parfaitement bien portant aussi longtemps qu'ils duraient, et l'effet s'en faisait sentir encore six semaines à deux mois après. J'ai été une fois violemment amoureux, et en conséquence tout à fait bien portant pendant plus d'une année. En général, quand j'ai mené une vie agitée et mondaine, je me suis mieux porté, tandis iju'une vie retirée a empiré mon m; 1. Je m'en suis surtout aperçu pendant une année de deuil. J'ai ;iussi observé que mon état empirait considérablement en été et plus particulièrement dans les pays méridionaux, par exemple à Lisbonne et à Naples; mais à part cela et malgré une observation constante, je n'ai jamais pu découvrir les causes qui me font parler distinctement aujourd'hui, indistinc- tement demain et qui produisent même des variations d'un moment à l'autre. » Je dirai maintenant ce que j'ai fait en treize ans pour me guérir. » 1838. Commencement de la maladie. Cautère au bras. Amélioration in- stantanée, mais qui n'a duré qu'autant que le cautère. » 1839. Un peu d'iode, mais comme essai seulement. Bains d'eau salée et chaude à Ischl. Aucun effet. » A tienne, on déclare mon mal syphilitique, et l'on me fait faire la cure complète de mercure par vois de frottement. Pas d'effet. )) 1840. A Berlin, quatre semaines de salsepareille ; puis en été deux mois de cure d'eau froide. Même état. » A Paris, on me touche les parties malades avec la pierre infernale, deux fois par semaine pendant quatre mois. Je me porte tout à fait bien, mais aussi longtemps feulement que dure celte opération. Gilet de flanelle pendant huit mois. 150 I) 1841. Cure d'eau froide pendant cinq mois. Je me rends ensuite à Naples, où je passe deux ans et demi. » 1842. Cure de rob Laffecteur, quarante jours, avec diète excessivement sé- vère. Bains d'Ischia. Puis voyage de cinq mois en Orient, pendant lequel je me porte parfaitement bien. » Depuis lors jusqu'en 1849, je n'ai rien fait pour ma santé : mais je me suis en général assez bien porté, et j'ai même pu me c.ioire quelquefois tout à fait rétabli, car c'est dans cette période que tombent de fréquents et longs voyages, de même que la passion amoureuse dont j'ai parlé. » 1849. Mon mal étant attribué en partie à une fausse circulation du sang, je pris en été des bains et des eaux sulfureuses en Russie., mais à une source d'une efficacité médiocre. » 1860. A Naples, bains artificiels de soufre et eaux sulfureuses de Cas- tellamare. » 1861. Liq. cup. amm. de Kœcblin. » Pendant un séjour de deux ans à JYaples, on m'a appliqué tous les quatre mois quelques sangsues à l'anus, et j'ai pris de temps en temps de la poudre de soufre avec de la crème de tartre pour agir contre la constipation. » On le voit, pour M. *** la maladie a eu longtemps son siège au voile du palais, dans le pharynx, et les accidents qu'< Ile produisait consistaient principalemcni dans le nasonncment, dans la difficulté d'avaler et quelquefois de lire pendant un certain nombre de minutes d'une manière soutenue. D'un autre côte, on re- marquera que cette aflection nerveuse, quoique disparaissant quelquefois presque complètement sous l'influence de rhumes ou d'excitations pliysiques et morales, a été regardée comme grave par des médecins successivement consultés, les uns ayant conseillé l'application d'un cautère, d'autres un traitement antisyphi- lilique, d'autres des cures d'eau minérale de diverse nature. Quant à l'expression delà face qui me frappa tout d'abord, rt dont je vais parler, ni les médecins consultés ni le malade lui-même, avant que je lui eusse fait faire certains exercices des muscles faciaux, n'en avaient eu la plus légère idée. Pour moi, frappé de l'immobilité de sa figure et de la large ouverture de ses yeux, il me vint à la pensée d'examiner le jeu des principaux muscles de la face. J'engageai le malade à froncer les sourdis et à contracter les muscles du front, il ne put le faire que d'une manière très-incomplète ; je lui dis de mouvoir les ailes du nez, cela lui fut à peu près impossible; je lui demandai de siffler, il avança 1rs lèvres et ne put produire qu'un son faible et nasonné, l'orifice de la bouche restant assez largement entr'ouvert. Enfin, ayant engagé M. le baron *** à essayer de grimacer, je fus de plus en plus frappé du peu de mobilité des traits (le la face. Ayant été conduit de la sorte à examiner avec soin les divers phénomènes de l'affection de ce malade, je puis ajouter aux renseignements donnés par lui les détails suivants : 151 M. le baron *'" parle en nasonnant, comme on l'observe pour une division ou une destruction du voile du palais. Lorsqu'il lit à haute voix, les premières phrases sont distinctes, les suivantes s'affaiblissent de plus en plus, en même temps que le nasonnement augmente et la lecture finit par une sorte d'épuisement. Lors- qu'il essaye de faire une gamme, le son s'éteint bientôt en se perdant dans les narines; il en est de même lorsqu'il siffle; mais si, dans ce cas, le malade se pince le nez, le nasonnement cesse, et le son peut être soutenu un certain temps avec un degré de force proportionné au peu d'énergie des lèvres ; une semblable épreuve aurait sans doute produit le même elTet sur la voix, si l'occlusion com- plète des narines ne la rendait naturellement nasillarde. Quanta la prononciation des lettres, le nasonnement ne permet pas, en géné- ral, de bien juger de leur netteté. L'L et l'iV sont surtout mal articulées; aussi les mots où il entre plusieurs de ces linguales, Londres par exemple, sont quel- quefois inintelligibles. A la paresse de la déglutition s'ajoute une diflicullé d'expulser les mucosités qui se forment dans l'arrière-gorge ; pour les en extraire et cracher, le malade jette fortement la tête en avant. Par l'inspection des parties, on constate que le voile du palais tombe directe- ment en bas, sans former la voûte qu'on lui connaît ; la luette n'est point dévice. Dans le bâillement ou dans les efforts pour faire agir le voile du palais, cet or- gane reste dans une immobilité absolue; mais les piliers se tendent et se con- tractent d'une manière bien évidente, sans cependant se porter en dedans aussi fortement que chez un homme sain. La langue est très-mobile et se poite avec facilité entre les arcades dentaires et les joues de chaque côté. Le malade la soit droite hors de la bouche sans pou- voir la porter très en avant. Hors de cette cavité, il peut lui faire exécuter divers mouvements, mais il ne peut la recourber en haut. Quelque effort qu'il fasse, la pointe de cet organe n'arrive jamais à recouvrir la lèvre supérieure; lorsqu'il essaye de faire ce mouvement, la lèvre inférieure vient au secours de la langue dont elle soulève la pointe, néanmoins celle-ci ne peut atteindre que le bord libre de la lèvre supérieure. Bien que les joues, les paupières, etc., puissent se mouvoir sous l'influence de la volonté, ces parties ne remplissent qu'imparfaitement leurs fonctions. La phy- sionomie est sérieuse, les lèvres font une saillie très-prononcée en avant et restent habituellement un peu enti 'ouvertes, les joues sont amincies et semblent, lorsqu'on les touche, n'être formées que par la peau. Les aliments séjournent en partie entre elles et les arcades dentaires; pour les en retirer le malade se sert habituellement de la langue ou d'un cure-dent et quelquefois du doigt. M. *** ne peut nullement élargir les ailes du nez, il leur communique seulement un léger mouvement en bns. Les paupières se ferment naturellement, mais avec peu d'énergie. On les ouvre sans éprouver la moindre résistance pendant que le ma- lade s'efforce de les contracter loi tement ; même dans ce moment, lorsqu'on sou- 152 lève la paupière supérieure et qu'on la laisse retomber, elle s'arrête pour ainsi (lire encliemiu et ne recouvre pas complètement l'œil. Uya, sous ce rapport, une dilTérence entre les deux côtés. Les paupières de l'œil droit ont encore moins d'énersie que celles de l'œil gauche, et le malade ne peut les fermer en mainte- nant celles-ci ouvertes. Du côté des organes des sens, on ne constate rien de particulier. L'ouïe n'est point altérée, la vue est bonne; l'odorat et le goût paraîtraient également intacts, quoique sous ce rapport l'appréciation soit ditTicile. En effet, l'on n'a point ici pour terme de comparaison, comme dans l'affection liornée à un seul côté de la face, l'impression normale du côté resté sain. Un simple affaiblissement, sur- venu lentement dans la perception des odeurs et des saveurs, pourrait être diffi- cilement apprécié par le malade; j'en dirai autant de la sensibilité cutanée de la face qui paraît normale. Les muscles masticateurs qui reçoivent l'influence nerveuse de la branche motrice de la cinquième paire, ont conservé toute leur énergie. Du reste, chez M. le baron ***, dont l'esprit est cultivé, les fonctions intellectuelles s'exécutent très-librement. Il n'y a aucun indice de paralysie, soit dans les membres inférieurs, soit dans les membres supérieurs, soit dans tous les autres organes qui dépendent de la moelle épinière. Les fonctions de la circula- lion, de la respiration, s'exécutent avec une grande régularité. De sorte, qu'en résumé, le médecin ne peut constater chez lui qu'une para- lysie incomplète des deux côtés de la face, du pharynx, du voile du palais et de la langue. Cette paralysie m'a été démontrée en outre par le peu d'irritabilité des muscles de la face et du voile du palais, sous l'excitation électro-magnétique. Pour ne point avoir à me répéter sur ce sujet, j'en parlerai à propos du traitement. D'après l'inutilité de tous les traitements précédents, et la pensée que j'avais affaire à une paralysie des deux nerfs de la septième paire, j'eus recours immé- diatement à l'application de l'électro-magnélisme aux parties affectées, me fon- dant sur l'efficacité fréquente de ce moyen dans la paialysie de l'un des deuK nerfs de la face. Chaque jour des excitateurs humides furent successivement portés sur les divers muscles de la face et sur le trajet des principales branches du facial. Pour le voile du palais et la langue, l'un .«les excitateurs étant appliqué sur les parties voisines du conduit auditif externe, l'antre excitateur (qui consis- tait en une tige métallique protégée par un tube de verre et terminée par une olive) était porté sur divers points du voile du palais ou de la langue. Pendant les premières applications de réleclro-maguétisme, les muscles de la face se contractaient très-faiblement sous un courant ;ius?i énergique que la sensibilité des parties pouvait le permettre; il en était de même du voile du palais qui ne se relevait pas. Lorsqu'on faisait pa.«ser le courant électro-magnétique exclusive- ment par le tronc du nerf facial, à la soitie du trou stylo-mastoïdien, l'on pro- duisait dans les muscles de la face des contractions aussi apparentes que lors- qu'on appliquait l'électricité à ces muscles eux-mêmes. L'on constatait ainsi que 153 le nerf facial n'avait pas perdu sa faoulU' conductrice, d'où l'on pouvait induire, comme je l'expliquerai ailleurs, (jue la cause de la paralysie résidait dans les centres nerveux. Après une dizaine de séances, l'irritabilité musculaire avait augmenté notable- ment ; le côté gauche surtout s'était amélioré sous ce rapport. Le voile du palais se relevait par l'excitation électro-magnétique, mais non volontairement. A par- tir de ce moment, les propres furent très-lents ou nuls, et à la trente-cinquième séance, le malade présente l'état suivant. Les joues sont plus fermes au toucher et moins amaigries. La paupière supé- rieure gauche étant fermée offre plus de résistance au doigt lorsqu'on veut la soulever ; la droite n'a rien gagné. La langue se porte avec plus d'énergie entre les joues et les arcades dentaires pour en retirer les aliments qui s'y amassent ; le voile du palais, quoique plus excitable par l'électricité, ne paraît pas avoir éprouve d'amélioration dans ses fonctiotis. Le tiaitement iiyant été suspendu à cette époque n'a pas été repris depuis lors. FEMME DE 55 ANS, PARALYSIE DES DEUX NERFS DE LA SEPTIÈME PAIRE ET DES DEUX HYPOGLOSSES, PAR SUITE D'AFFECTION CÉRÉBRALE ; ABOLITION DE LA PAROLE ET DES MOUVEMENTS VOLONTAIRES DES MUSCLES DE LA FACE ET DE LA LANGUE, AC- TIONS RÉFLEXES REMARQUABLES; MORT; AUTOPSIE (l). La malade dont il va être question a été vue par le docteur Magnus (de Berlin). L'observation se trouve dans IMûller (Archiv. fur physiologie Heft, II, 1837) ; elle a élé reproduite par le London médical gazette (vol. XX, année 1837, p. /i2). Nous l'avons empruntée à l'ouvrage de Rom- berg, où cette observation est plus détaillée et complétée par le résultat de lautopsie faite par Froriep. Obs. VllL — « Une veuve, âgée de 25 ans, avait éprouvé deux attaques apo- plectiques avec perte de la parole et paralysie du côté gauche ; la première étant en couches, à la suite d'un accouchement diflicile et d'une cessation des lochies; ia deuxième, après une suppression des règles par refroidissement. A la dernière, la paralysie des extrémités cessa, mais la parole ne fut pas recouvrée, comme cela avait eu lieu à la première attaque. u La malade a le visage lisse, sans la moindre ride et la moindre expression. L'ensemble des muscles île la face a perdu tout mouvement volontaire. La ma- lade ne peut mouvoir ni la peau du front ni les sourcils; elle ne peut relever les ailes du nez, ni agiter le menton et les joues; elle est hors d'état de ieimer vo- (I) Romberg et Marcus, Lehrbuch der nerven Krankheiten des me.schen , t. 1, p. 49. TOME IV. 11 ibU lontairement les paupières ; lui enjoint on de le faire, elle s'aide de ses doigts ou porte les regards à terre, ce qui dirige le globe de l'œil en bas, relâcbe l'éléva- teur des paupières et détermine la chute de la paupière supérieure. Cependant les paupières se ferment complètement aussitôt que l'on touche le voisinage des yeux delà malade avec les c!oigts ou qu'on les expose tout à coup à une lumière vive; ou bien dans l'éternument. Dans le sommeil, les paupières sont également fermées. » La malade ne peut ni ouvrir ni fermer les lèvres, de sorte que la bouche est généralement ouverte; il en coule une salive abondante qu'il est nécessaire d'enlever conslamment avec un mouchoir. Lamâclioire intérieure est mobile; la malade peut l'écarter ou la rapprocher de la supérieure. Cependant ces mouve- ments eux-mêmes ne sont pas tout à fait dans l'état normal, car la bouche ne peut être largement ouverte ; et même les mouvements rapides de la mâchoire inférieure contre la supérieure sont si peu possibles, que la malade ne peut faire frapper fortement une des rangées dentaires contre l'autre. » La langue n'obéit pas du tout à la volonté ; la malade ne peut ni la tenir en- tre les dents, ni la mouvoir en haut ou de côté. Elle repose sans mouvement, comme un coin, dans la cavité buccale, ce qui fait qu'une déglutition volontaire est impossible, et que la mastication est rendue difficile ; car si la malade a porté les aliments entre les dents, il lui faut Us porter encore avec les doigts çà et là, puisque la langue est immobile, et une fois mâché?, les reporter en arrière de la langue, toujours avec les doigts, jusque dans le pharynx ; il s'ensuit une dégluti- tion involontaire accompagnée de tous les mouvements de la langue, qui peuvent se faire volontairement dans l'état normal. La même chose se montre dans la préhension des boissons. La tête doit être renversée et le liquide poussé dans le gosier, ou bien porté directement dans la gorge à l'aide d'une cuiller, sans quoi le liquide s'échappe de la bouche. De temps en temps aussi, sans qu'il y ait eu préhension d'aliments, une déglutition involontaire de la salive sécrétée se fait; la quantité de cette salive étant devenue peu à peu si grande qu'elle remplit la bouche comme un bol alimentaire. * Le sens du goût, ainsi que la sensibilité de la langue, sont conservés. » La parole est détruite; néanmoins il n'y a pas aphonie complète, car la ma- lade peut produire des sons inarticulés, mais elle ne peut leur donner des tons soit aigus, soit graves; aussi ce bruit n'est-il pas clairement vocal, mais bien un ang ou ong. Car celle femme ne peut pas, la bouche étant largement ouverte, dire clairement o et encore moins toute autre voyelle. » Le rire a encore lieu, '|u'il soit excité par la lecture ou la parole. La malade rit et sourit, et possède tous les intermédiaires sans difficulté. Alors les lèvres, les joues, les ailes du nez font tous les mouvements qu'un homme sain peut faire volontairement; mais, dans ce cas, ils sont toute fait indépendants de la volonté de la malade. Aussi, quelque faible que soit une excitation extérieure, le pince- ment ou la piqûre des joues, ces mouvements sont excités. La malade proHn!» 155 dans le rire des sons autres que ceux qui ont été dits plus haut. Ces sons sont encore inarticulés; cependant ils sont, suivant la nuance de l'impression, modi- liés en acuité ou gravité. On reconnaît combien ces sons sont involontaires dans le rire fort; car alors on entend une sorte de bruit, de grognement d'animal, dont la malade rougit, et qu'elle voudrait faire cesser en cessant de rire. « La malade mourut dans l'épidémie du choléra de 1837. « A l'ouverture du corps, faite par Froriep, on trouva dans l'hémisphère droit du cerveau, au bord externe, là où le lobe antérieur et le moyen se confondent, un kyste hémorrhagique par lequel deux circonvolutions étaient détruites; sa cavité pouvait contenir une petite noix ; sa face interne était tapissée par une membrane jaune. Le septum lucidum était épaissi. Hypertrophie des parois du ventricule gauche du cœur. » Celle observalion présente un haut degré d'intérêt, non-seulement sous le rapport de la paralysie des deux nerfs de la septième paire, mais encore sous celui des mouvements réflexes qui accomplissaient certains actes sans et même malgré la volonté de la malade. La paralysie paraît avoir été bornée aux deux nerfs de la septième paire et aux deux grands hypoglosses; en effet, tous les symptômes observés chez la malade peuvent êlre ramenés à ceux que produit la paralysie de ces deux nerfs; car, d'une part, il n'y avait pas absence dans la production de la voix; d'une autre part, la difficulté des mouvements rapides de la mâ- choire inférieure ne tenait pas à une paralysie de la cinquième paire, comme je vais essayer de le faire voir : la malade pouvait produire des sons, mais ce qu'elle ne pouvait pas faire, c'était d'articuler ces sons ou de les modifier à volonté. Or ces diverses modifications de la voix s'obtiennent non dans le larynx, mais par l'élévation ou l'abaissement de cet organe, par les mouvements de l'isthme du gosier, de la langue et des lèvres; mais les muscles qui élèvent l'os hyoïde, et par suile le larynx et l'isthme du go- sier, ceux qui donnent le mouvement aux joues, aux lèvres et à la langue, étant sous la dépendance des nerfs hypoglosse et facial, il en résulte que l'on peut expliquer chez cette femme les désordres de la voix par la para- lysie de ces deux nerfs, sans supposer, ce qui n'existait certainement pas, une paralysie des muscles intrinsèques da larynx. Quant au défaut de rapidité dans les mouvements de la mâchoire infé- rieure, il s'explique parfaitement par la paralysie du facial ; en effet, pour que les mouvements d'élévation de la mâchoire inférieure se succèdent ra- rapidement, il faut que la mâchoire inférieure soit rapidement abaissée. Ce mouvement d'abaissement, comme celui d'ouvrir fortement la bouche, est produit par le muscle digaslrique dont le ventre postérieur reçoit un ra- 15«j meau du facial. La paralysie de ce nerf, et par suite d'une partie du mus- cle digastrique, explique suffisamment Timpossibilité d'ouvrir largement la bouche et la difficulté à exercer rapidement des mouvements de la mâchoire inférieure, sans paralysie de la cinquième paire. D'ailleurs, la conservation du goût, de la sensibilité cutanée de la face, l'intégrité de la vue, etc., viennent confirmer la pensée que la cinquième paire n'était pas affectée. Nous ne devons donc voir chez cette fenmie qu'une paralysie des deux nerfs de la septième paire, jointe à celle des deux hypoglosses ; celle-ci se manifestait par l'absence complète des mouvements volontaires de la langue. Il est à remanquer cependant que cet organe restait dans la cavité de la bouche, contrairement à ce que l'on observe sur des animaux auxquels on a coupé les deux hypoglosses, en laissant intacts les deux nerfs de la face, car, dans ce cas, la langue paralysée est pendante entre les lèvres. J'appellerai l'attention sur un autre fait digne de remarque, c'est que, quoique la face eût perdu tout mouvement dVxpression volontaire, elle rougissait par une impression morale, phénomène observé également chez la malade de M. Magendie (obs. ,6j. Les mouvements réflexes par lesquels s'accomplissaient encore la déglu- tition et le clignement des paupières indiquaient que la paralysie n'avait pas sa cause sur le trajet des nerfs, mais dans les centres nerveux ; l'autopsie, tout en confirmant celle déduction, ne donne cependant point la raison de la localisation delà paralysie et des phénomènes remarquables qui l'accom- pagnaient. Plusieurs de ces phénomènes n'ont pas reçu d'explication satis- faisante. Voici quelques-unes des réflexions qui se trouvent à ce sujet dans le LONDON MKDICAL GAZETTE (t. XX, p. 492) : « Que l'orbiculaire des paupières agisse involontairement par action ré- flexe après qu'un stimulus a été porté au cerveau par le nerf optique, les observations de MM. Marshall-Hall et Mûller l'ont prouvé clairement ; mais cela manquait de confirmation pathologique. M Que certaines affections de l'esprit puissent mettre en mouvement des muscles qui ne répondent pas actuellement à la volonlé des malades (quoi- qu'ils y soient soumis à l'étal normal), comme dans ce cas, ou pendant le rire, les muscles animés par la septième paire produisaient l'expression du visage propre à cet acte, mais étaient insensibles à tout autre stimulant: voilà ce qu'il faudrait expliquer. » La seule manière d'y arriver est de supposer que les idées qui produi- sent le rire amenaient une plus forte action de volonté que ne le pouvait 157 aucun autre slimiilanl ; ainsi, dans les cas de paralysie légère partielle, un grand effort peut produire quelques niouveuienls des muscles affectés. Cette opinion parait certainement la plus probable. Si elleoslexacte, ce cas serait rangé sous ce rapport auprès de ceux où, sous rinlluence de vives affections de l'esprit, des actes remarquables de force ont été produits par des malades qui ne pouvaient pas, avec un effort ordinairede volonté, faire laplus légère action. » Que la malade fût incapable d'arrêter son sourire ou les sons produits par le larynx dans le véritable rire, c'est la même chose que ce qui existe dans les paralysies incomplètes, où le malade ne peut pas arrêter le mouve- ment qu'il a commencé, celui qui emporte le bras, etc., parexemple.il faut, dans tous les cas, autant de force de volonté pour arrêter le mouve- ment que pour lui donner naissance. » Ces explications, quoique très-ingénieuses, ne nous paraissent point justes. Pour nous, le rire, les bruits involontaires qui l'accompagnent, aussi bien que le bâillement, les sanglots, etc., sont des actions réflexes, que la volonté peut être impuissante à empêcher comme elle est impuissante les produire ; seulement dans cet ordre d'actions réflexes l'excitation qui les produit naît dans le cerveau lui-même au lieu d'être transmise aux centres nerveux par un nerf. Un fait expérimental prouve qu'une excitation directe des centres nerveux peut produire des actions réflexes. C'est la production du sucre dans le foie par une excitation portée sur un point déterminé de la moelle allongée, de même que si l'excitation était portée sur le nerf pneumogastrique. Ici l'excitation, des centres nerveux qui pro- duit Vaction réflexe est mécanique, tandis que pour le rire, les bruits in- volontaires du larynx, etc., l'excitation résulte d'un sentiment, d'une idée.. HOMME DE 3i ans; COMMOTION VIOLKNTE l> ; CRANE; LÉSION DES DEUX ROCHERS ; PERTE DE L'OIJÏE; IMPERFECTION DE LA PAROLE; DIMINUTION DE L'ODORAT ET DU GOUT; PARALYSIE PARTIELLE DE LA LANGUE (l>i Ces. IX. — « Un militaire sourii et muet, nomme Silvaiii bubois, âgé de 35 «THS, fourrier à Pcx 2i« régimeiil U'inlanterie de ligne, est rentié dans le courant de 1821) en Fiance, venant ûv Russie, où il avait été conduit captif après la mé- morable bataille dt^ Leipsick en i8i3. Les niallieuis iiu'épiouva cette victime de 1105 désastres, durant les premières allIlée^ de son séjour dans ce pays, ont com- blé pour lui la coupe de l'advcisiié : le récit qu'il en fait est presiiue incroyable. ■ (I) Gama (.1. V.\ Traité des plaies de téte. 2* et. Pari?, 18,35 ; p. 161. 158 Après avoir vu périr en grand nombre, dans des souffrances inouïes, les prison- niers avec lesquels il traversait Ifs vastes déserts de l'empire moscovite, il ren- contra enfin, dans la province d'Astracan, une terre hospitalière. Ce fut de ce point éloigné qu'il entreprit seul, sans guide, muni d'une ardoise, interprète de ses besoins, et sur laquelle il dut savoir successivement écrire le russe, le polo- nais, l'allemand, qu'il entreprit, dis-je, de regagner le sol de la patrie. » En attendant des renseignements dont l'administration veut s'éclairer, il est envoyé au Val-de-Grâce ; il s'y présente portant encore son ardoise ; mais c'est dans sa langue maternelle qu'il s'exprime maintenant. » Je vais le laisser s'expliquer sur cet événement de sa vie longtemps agitée : n Le dernier jour de la bataille de Leipsick, 18 octobre 1813, au moment de « la plus terrible canonnade, deux boulets venus en sens opposé se heurtèrent » près de ma tète. Le choc de ces deux corps avait distinctement frappé mes » oreilles; mais la révolution qui se fit subitement en moi bouleversa toutes mes » sensations et me laissa sans connaissance. Je ne fus retiré de cette léthargie » que par la douleur que me causèrent des cosaques qui vinrent me dépouiller. » Revenu insensiblement à moi, me soulevant à peine, quelle fut mon affliction » de me voir nu parmi les morts et les blessés dont la plaine était jonchée! Ju- » géant d'après le cours du soleil du temps que j'avais passé dans cet état voisin » de la mort, il me parut qu'il pouvait y avoir cinq ou six heures. Un spectacle » tout nouveau pour moi m'était offert par les soldats des armées ennemies, qui » s'agitaient de tous les côtés dans un effrayant silence, et dont quelques-uns » me maltraitaient sans paraître me parler. Je voulus leur parler moi-même, » me plaindre, mais, hélas ! ma langue, comme liée dans ma bouche, ne put » articuler un seul mol. L'état de mon âme dans ce fatal moment n'est pas â » décrire : il ne m'était que trop prouvé que je venais de perdre la parole et » l'ouïe. Du sang avait jailli de ma bouche, de mon nez, de mes oreilles; j'en » avais le corps couvert. Des caillots restés dans ma bouche obstruaient le pas- » sage de l'air et me menaçaient d'une nouvelle suffocation. Un officier des co- » saques, plus humain que ceux qu'il commandait, me fit jeter un vieux man- » teau dont je m'enveloppai, et je suivis la masse des prisonniers. On nous fit » traverser l'Allemagne, la Pologne, la Russie; de temps en temps, dans ce long r> trajet, les blessés aux jambes montaient sur quelques voitures ; le plus sou- » vent nous étions tous obligés de marcher, et quoique je n'aie jamais obtenu » une place sur la plus mauvaise charrette, je pus supporter toutes ces fatigues » et résister aux accidents qui me survinrent. Je souffris beaucoup de la tête » qui a même été enflée ; j'éprouvai des tiraillements dans la poitrine, et surtout 0 des douleurs lancinantes dans l'intérieur des deux oreilles. Ces soulTrances se » calmèrent peu à peu et cessèrent avec le temps tout à fait, à l'exception d'une » douleur de tète bien faible en comparaison et dont je suis encore souvent » tourmenté. Les ouvertures des oreilles ont fourni pendant dix-huit mois à peu » près une matière fétide, d'abord assex abondante, et qui a diminué insensi- 159 » blement, puis s'est anèlée. Mais si mon aciidcnl a &i loi lemeiit agi sur le pliy- » sique, il n'a pas moins altéré les facultés mentales et principaleincnl la mé- » moire. Ce n'est qn'avec beaucoup de peine que je me rappelle les ehoses qui » m'ont autrefois in'.ércssé : le passé al pour moi une espèce de chaos. Je n'ai » fait aucun traitement, et on ne m'a donné aucun soin dans le plus fort de mes n maux. Ce ne fut que plus tard, penrlanl mon séjour dans la province d'As- » tracan,que les médecins de l'e pays épuisèrent sur moi leurs talents sans pou- » voir changer ma position. Voici une partie des moyens que ces messieurs ont » employés : Premièrement, ils m'ont appliqué beaucoup devésicatoires an cou » et aux bras, puis ils m'ont fait prendre un grand nombre de bains de vapeurs » sulfureuses. Après ces bains ils m'ont élcctrisé souvent, et m'ont introduit » différents instruments acoustiques dans les oreilles; ils en ont varié les formes • à l'infini. J'ai pris intérieurement beaucoup de remèdes, tant liquides qu'en » pilules, entre autres l'extrait alcoolique de noix vomique. On m'a envoyé aux » eaux thermales de Kalschul, peiit bourg à sept lieues sud-ouest d'Astracan; » ces eaux n'ont produit sur moi aucun elfet. Api es tous ces essais infructueux, » on m'a dit que j'avais les organes de la langue et ceux de l'ouïe paralysés. » » Maisraboiition de l'ouïe est l'accident particulier qui assigne ici une place à celle observation, quoiqu'on ne puisse en séparer la perte delà parole. Ce double état pathologique a pu résulter de l'ébranlemeni que les parties osseuses ont communiqué à l'encéphale. Cependant si on examine l'état actuel des choses, après un long intervalle durant lequel elles auront pu éprouver diverses modi- licalions, peut-être la paralysie de l'ouïe paraîtra-t-elle, non l'effet de l'impuis- sance de percevoir les sous, mais la suite du dérangement que l'accident ap- porta dan? l'appareil acoustique. Ce qui donne quelque probabilité à cette opi- nion, c'est que si le blessé place le bout d'un tuyau métallique sur un forté- piano, tenant l'autre bout entre ses dents, il distingue faiblement l'air que l'on joue. La vibration des cordes de cet instrument est communiquée dans cette circonstance par le même mécanisme que le bruit particulier au mouvement d'une montre, qu'il sent aussi lorsque la montre est placée entre ses dents ; mais la perception distincte des sens, quoique faible, est une opération diflfé- rente du cerveau, et fait penser que le nerf acoustique, soit encore dans l'oreille, soit au delà avant son insertion centrale, n'est pas assez altéré pour ne pas recevoir quelques-unes des impressions sonores que lui transmet aussi le tuyau métallique. Les grands bruits, comme les violents coups de tonnerre, les détonations, etc., ne lui sont point perceptibles; il n'entend rien non plus avec les cornets acoustiques les plus forts. » Quanta r;q)pareil de la parole, la cause du désordre qu'il présente existe évidemment dans le cerveau. La langue ne peut dépasser le rebord des dents, mais ses mouvements sont assez libres dans l'intérieur de la bouche. Les lèvres n'ont rien perdu de leur mobilité, et cependant il est impossible au malade de prononcer une seule syllabe labiale, comme ma, pa, pru, elc II produit, au 160 contraire, à volonté les sons gutturaux qu'il varie du grave à l'aigu, et parmi lesquels il fait entendre la différence qu'il sait exister entre les voyelles. Toute- fois cet exercice lui est pénible; le travail qu'il exige ne peut le dédommager en rien de la perte de la parole. » La perte simultanée de deux fonctions, exécutées autrefois avec aisance et régularité, n'est pas la seule lésion qui soit résultée du même accident cbfz ce sujet; en le questionnant, en l'examinant, on en découvre d'autres dont il ne se plaint pas ordinairement, parce qu'elles l'affligent et le gênent moins. Déjà sa narration fait mention de l'aflaiblissement de la mémoire ; une égale faiblesse paraît exister dans le goût et l'odorat. Les aliments ordinaires, tels que le pain, les légumes, le bœuf bouilli, etc., sont pour lui presque sans saveur. Les odeurs peu pénétrantes ne sont point distinguées; il ignore, par exemple, celle qu'exhalent les aliments chauds. Dans l'espoir de réveiller l'olfaction, il s'est habitué à l'usage du tabac, qui produit sur la muqueuse nasale l'impression qu'on lui connaît; cependant la sensibilité de cette membrane parait diminuée, ainsi que celle des autres parties de la face. » Je crois devoir rapporter la plupart des phénomènes observés chez ce malade à une paralysie générale des deux nerfs de la septième paire, mais incomplète dans quelques-unes de leurs branches. Je vais exposer les rai- sons qui me font adopter cette opinion. Il y avait chez cet homme perte de l'ouïe, imperfeclion de la parole, diminution de l'odorat et du goût, intégrité de la vue, paralysie partielle de la langue. On ne peut admettre, avec M. Gama, que ces désordres pro- venaient d'une encéphalite : il suffît de lire la relation claire et lucide du malade pour se convaincre que cette affection n'a jamais existé chez lui. En effet, aussitôt après son accident, il a fait à pied, sans qu'il ait jamais obtenu une place sur la plus mauvaise charrette, le trajet de Leipsick à Astracan. La perle de l'ouïe a été causée évidemment par une lésion pro- fonde des deux rochers, les oreilles ayant fourni d'abord beaucoup de sang et pendant dix-huit mois une matière félide et abondante. Peut-on suppo- ser que la commotion, la lésion des rochers aient laissé intacts la corde du tympan et le nerf facial ? Les désordres de diverses fonctions qui dépendent de ces nerfs sont d'accord avec le raisonnement pour prouver qu'il n'eu a pas été ainsi. L'imperfeclioa de la parole ne doit pas davantage être rap- portée à une lésion cérébrale, puisque les idées étaient rendues clairement par l'écriture, ni à une lésion du larynx ou de ses nerfs, puisque cet or- gane formait les sons à la volonté du malade. Ces sons même étaient mo- difiés par l'isthme du gosier, mais les articulations linguales et labiales manquaient, et, comme je l'ai fait remarquer à l'occasion de l'observalion 161 précédente, ces articulations des sons se forment par les mouvements de diverses parties animées par le nerf facial. La diminution de Todorat peut s'expliquer de même par la paralysie de ce nerf; car la faculté seule de flairer était détruite chez cet homme, puisque le tabac faisait sur la mu- queuse nasale son impression ordinaire ; d'un autre côté, la destruction probable de la corde du lympan suffît h expliquer la diminution du goût. Si le malade ignore l'odeur qu'exhalent les aliments chauds, il est sous ce rapport dans le même cas que les animaux auxquels on a coupé les deux nerfs de la septième paire qui n'éprouvent plus d'aversion pour aucun ali- ment. (Voy. Romberg, ouvr. cité, 3* partie, p. 36.) Les mouvements volontaires de la langue prouvent que les hypoglosses n'étaient point paralysés; mais comment expliquer l'impossibilité de sortir cet organe de la bouche ? Ce fait, comme je chercherai à l'établir dans la seconde partie de ce mémoire, trouve une explication satisfaisante dans la paralysie des élévateurs de la base de la langue qui reçoivent des rameaux du facial. Si l'on considère que l'intégrité de la vue, des mouvements de la mâchoire inférieure témoignent de l'intégrité de la cinquième paire (car la diminution légère de la sensibilité cutanée de la face, encore paraissait-elle douteuse chez ce soldat, peut se rencontrer dans les pa- ralysies anciennes de la septième paire), on verra, dans l'ensemble des phénomènes offerts par ce malade, l'effet d'une paralysie des deux nerfs de la face. On est donc porté à penser que dans ce cas, comme dans celui de l'obs. 7 , il y avait une paralysie générale des deux nerfs de la septième paire, mais qui, étant incomplète dans leurs branches externes, n'a point été re- connue. DEUXIÈME PARTIE. EXAMEN DE QUELQUES-UNS DES PHÉNOUÈNES DE LA PARALYSIE DES DEUX NERFS DE LA SEPTIÈME PAIRE. Les observations que nous venons de rapporter nous montrent que l'ex- pression syraptomatique de la paralysie des deux nerfs de la septième paire est bien différente de celle de la paralysie bornée à l'un de ces nerfs. Dans l'une, en effet, la distorsion de la bouche, l'irrégularité des traits, le con- traste entre le côté gauche et le côté droit de la face frappent les yeux les moins attentifs; dans l'autre, au contraire, celte expression bizarre el ca- 162 ractérislique est remplacée par la régularilé de la face, la symétrie des traits, Vimmobililé de la physionomie; d'une autre part, le nasonnement, rimperfection de la prononciation, la dyspliagie, phénomènes de la para- lysie générale des deux nerfs de la face, nexisteut pas ou passent fréquem- ment inaperçus dans la paralysie d'un seul de ces nerfs; en sorte que, soit que l'on considère les symptômes apparents du visage, soit que l'on consi- dère ceux qui proviennent du désordre de quelques fonctions relatives à la parole, ces deux affections semblent avoir une origine essentiellement diffé- rente. Il n'en est rien cependant : nos connaissances physiologiques sur les fonctions des nerfs de la septième paire donnent parfaitement la raison de la distorsion des traits dans un cas, de la régularilé de la face dans l'autre, et pour trouver les symptômes extérieurs de la paralysie double d'après les phénomènes de la paralysie simple, il suffit, pour ainsi dire, de poser la question. Il en serait de même pour \es phénomènes internes si les fonctions des branches internes des nerfs de la septième paire étaient aussi bien con- nues que celles des branches externes. Mais ici le flambeau de la physio- logie nous manque. L'action du facial sur le pharynx, sur le voile du palais, sur la langue est à peu près inconnue ; avant donc de donner, d'après les observations rapportées plus haut, une description générale de la paralysie des deux nerfs de la face, il faut déterminer quels sont les phénomènes qui, dans ces observations, appartiennent à la paralysie des nerfs de la septième paire. C'est à cela que cette seconde partie sera consacrée. Nous examinerons successivement si l'on doit quelquefois rapporter à la paralysie du nerf facial la dysphagie, le nasonnement, la difficulté à arti- culer certaines lettres. Ces dérangements fonctionnels ont été plus ou moins apparents dans trois de nos observations; l'état de complication de l'un de ces cas, l'absence de détails suffisants dans un autre, ne nous per- mettront pas de les envisager toujours d'une manière générale. § 1". — GÊNE DE LA DÉGLUTITION. Nous avons vu que le malade de l'observation 7 éprouvait une gêne plus ou moins marquée dans l'acte de la déglutition. La paralysie des rameaux du facial qui, s'anastomosant avec des branches du glosso-pharyngien, viennent avec ces derniers se rendre au pharynx, peut expUquer le trouble de la déglutition dans ce cas. On ne peut douter en effet que ces filets anastomoliques du facial (nerf moteur) ne se distribuent à quelques-uns des muscles du pharynx. Cette opinion, d'ailleurs, se trouve confirmée par une 163 pièce anatoniiqne que M. Richet a déposée dans les collections du musée de la Faculté de médecine de Paris. Sur celte pièce, un rameau du facial va directement se distribuer aux muscles glosso-staphylin et pharyngo-slaphy- lin d'un côté sans contracter, comme dans l'état ordinaire, d'anastomose avec le glosso-pharyngien. Or, comme les fonctions distinctes dévolues à chaque nerf crânien ne permettent pas de croire qu'ils puissent se sup- pléer, il faut admettre que cette anomalie, quant aux connexions, n'en est pas une quant à la distribution; les muscles glosso-staphylin et pharyngo- slaphylin reçoivent donc normalement une influence du facial. Ce fait ana- lomique est d'accord avec le peu d'énergie observée dans les contractions des piliers du voile du palais et la gêne de la déglutition chez notre malade (obs. 7). Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici qu'un muscle (comme M. Cl. Bernard l'a démontré par ses beauxlravaux sur le spinal) peut rece- voir de différents nerfs des influences appropriées à des actes distincts. Je ne prétends donc pas que les muscles glosso-staphylin et pharyngo-staphy- lin, ou les autres faisceaux musculaires du pharynx animés par des ra- meaux anastomotiquesdu facial ne reçoivent de filets nerveux et d'influence motrice que du nerf de la septième paire exclusivement; je veux seulement dire que le pharynx, dans la paralysie du facial, a perdu une partie de ses mouvements d'où résulte la dysphagie. Une autre cause encore peut contribuer à la gêne de la déglutition, c'est la paralysie du ventre postérieur du digastrique et celle du stylo-hyoidien qui reçoivent un rameau du facial. En effet, ces muscles, dans l'état sain, élèvent la base de la langue et aident ainsi aux mouvements de la déglu- tition. La dysphagie pourrait même quelquefois dépendre de la paralysie de l'un des nerfs de la septième paire ; c'est au moins ce qui semble résulter d'un fait rapporté par Descot, fait dans lequel il paraîtrait que le facial du côté paralysé était le seul nerf affecté. Voici, en extrait, cette observation : HOMME DE 46 ANS ; SUPPURATION DE L'OREILLE GAUCHE; PARALYSIE FACIALE DU MÊME CÔTÉ; DYSPHAGIE ; MORT; CARIE DU ROCHER ; DESTRUCTION DU NERF FACIAL. (Ob- servé par BoGROs) (1). Obs. X. — Jean-Marie Loger, âgé 46 ans, était tourmenté depuis un an par (1) Descot (P. J.), Dissertation sur les affections locales des nerfs, 1825, p 329. «ne toux opiniâtre. Il éprouvait de temps en temps une forte douleur de lêle. A la fin d'août 1817 le malade s'apeiçut qu'il s'écoulait du conduit auditif de l'oreille gauche une certaine quantité de pus; peu de temps après, on lui lit apercevoir que la joue du même côté était paralysée. Loger entra à l'hôpital de la Pitié le 28'novembre 1817. La céphalalgie, devenue très-intense, était presque «ontinuelle; il y avait immobilité presque complète de tous les muscles de la joue gauche, de ceux da pharynx du même côté. Le malade éprouvait de grandes difficultés soit pour articuler les sons, soit pour exécuter les mouve- ■inents de déglutition. On administra des pilules d'extrait de noix vomique de- puis un demi-grain et successivement jusqu'à la rlose de trois grains, etc. L'em- ploi de ces moyens n'ayant point arrêté les progrès du mal, la fièvre hectique et la consomption terminèrent la maladie. Autopsie. — Les cellules mastoïdiennes et la cavité du t\mpan étaient rem- plies de pus. La carie avait altéré en plusieurs points la cavité du tympan ; il y avait destruction presque totale du canal spiroide, de la portion du nerf facial qui y est contenue, des osselets de l'ouie et de la membrane du tympan. § II. — NASORNEMENT ; PARALYSIE DU VOILE DU PALAIS. Chez trois des malades dont nous avons rapporté l'observation (obs. VU, Vill, IX), on a remarqué une altération plus ou moins profonde de la voix. Cbez l'un de ces malades (obs. VU, dont l'affection paraissait plus simple, l'altération de la voix consistait dans un nasonnenient très-prononcé ; or ce symptôme dépendait d'une paralysie des élévateurs du voile du palais, qui a été constatée par l'inspection des parties. Cette paralysie des élévateurs du voile du palais se rattachait-elle à l'affaiblissement que l'on remarquait en même temps aux paupières, aux joues, aux lèvres, etc., or- ganes qui reçoivent l'influence motrice du facial ? ou, pour poser la ques- tion d'une manière plus générale : la paralysie des élévateurs du voile du palais est-elle déterminée par la paralysie des nerfs de la septième paire? C'est ce que nous allons examiner. Malgré de nombreuses recherches, les anatomistes n'ont point décidé de quel nerf proviennent les filets qui se rendent aux muscles élévateurs du voile du palais. Les muscles périslaphylin interne et palato-staphylin, élévateurs du voile du palais, reçoivent des filets nerveux du ganglion de Meckel. Ce ganglion est lui-même en rapport avec le nerf facial par le grand nerf pétreux superficiel ; mais le nerf grand pétreux superficiel est-il uu filet émané du facial qui, après avoir communiqué avec le ganglion de Meckel, se rend aux muscles élévateurs du voile du palais (Bidder, Cruveil- hier, etc.), ou n'esl-il qu'un filet rétrograde émané de la cinquième paire 165 qui, du ganglion de Meckel, vient s'unir au facial (Mecicel, Bichat, etc.), ou qui, simplement accolé à ce nerf, s'en sépare ensuite pour former la corde du tympan (H. Cloquet, Hirzel, Ribes, etc.) 'Toutes ces opinions ont été soutenues, mais aucune n'a été appuyée de preuves suffisantes. Bidder (Arch. de Mdller, 1837) et M. Longet (Anat. et phys. du syst. NERVEUX, t. II) ont rendu très-vraisemblable la première de ces opinions par cette considération que, dans certains cas de paralysie de l'un des nerfs de la septième paire observée chez l'homme, il y avait en même temps une déviation de la luette. Il est, en effet, impossible d'expliquer la déviation de la luetle avec la paralysie de l'un des nerfs de la septième paire, si le nerf grand pélreux superficiel n'émane pas du nerf facial. La question paraissait jugée, lorsque M. Debrou (Thèse inaugurale, 1841) fil remarquer que la déviation de la luette est un fait assez commun chez des personnes saines et que, dans les cas d'hémiplégie faciale où cette déviation avait été observée, il pouvait n'y avoir eu qu'une simple coïnci- dence. Il sembla même résulter, d'expériences faites sur des chiens par M. Debrou, que la septième paire est totalement étrangère aux mouvements du voile du palais, qui seraient au contraire sous l'influence directe du nerf glosso-pharyngien. Après avoir ouvert la cavité du crâne sur cinq chiens, et avoir mis à dé- couvert l'origine des nerfs que fournit la moelle allongée. M. Debrou ap- pliqua le galvanisme successivement au nerf facial et au nerf glosso-pha- ryngien dans la cavité même du crâne. Sur quatre de ces chiens, l'appUca- tion du galvanisme au facial ne produisit aucun mouvement dans le voile du palais ; au contraire, sur tous ces animaux, l'excitation galvanique du glosso-pharyngien provoqua des mouvements très-forts dans le voile du palais et dans ses piliers. Nousadmettons.commeun fait acquis, que l'fâîcîfationdtrectcdesnerfsde la septième paire ne provoque point de mouvements dans le voile du palais. Quant à ceux qui ont été produits par l'excitation des nerfs glosso-pharyn- giens, ils trouveront leur explication ci-après. Nous ferons seulement re- marquer ici que, dans la relation de ses expériences, M. Debrou ne dit pas qu'il eût séparé de la moelle allongée le facial et le glosso-pharyngien. Wons pouvons assurer que M. Debrou ne l'a pas fait, car il eût ainsi rendu l'ap- plicalion du galvanisme à l'origine de ces nerfs beaucoup plus difficile, si- non inipossible. De nouvelles connaissances, récemment acquises sur quelques propriétés des nerfs, nous ont permis d'envisager ces faits à un autre point de vue et 16(3 d'en tirer des conclusions différentes que nous avons confirmées par des expériences sur des animaux. Après les avoir exposées, nous rapporterons des cas de paralysie de l'un des nerfs de la septième paire par lesquels nous espérons établir que la déviation de la luette dans l'hémiplégie faciale n'est point une simple coïncidence, mais qu'elle est l'effet de la paralysie du nerf facial (la paralysie devant nécessairement exister alors sur le nerf facial avant la seconde partie de son trajet dans le canal de Fallope.) Pour faciliter l'intelligence des expériences que nous allons exposer, il sera utile de donner quelques explications préliminaires : des travaux ré- cents de M. Claude Bernard tendent à faire regarder comme une loi géné- rale que, dans ce genre de phénomènes auxquels on a donné le nom d'ac- tions réflexes, les actions ou les mouvements sont déterminés par une ex- citation directe des centres nerveux ou par une excitation communiquée au centre nerveux par un nerf de sensibilité ; mais jamais ces actions ou ces mouvements ne sont déterminés par l'excitation directe du nerf qui rap- porte l'excitation du centre nerveux aux parties. Ainsi, comme l'ont montré les expériences bien connues d'Herbert Mayo sur les nerf de l'œil (Anat. AND PHYsiOL. COMMENTARIES, u" 2, 1823, p. 5), si l'on coupc le nerf op- tique et si l'on excite le bout central (celui qui tient au cerveau), le nerf moteur oculaire commun étant intact, la pupille se rétrécit; mais si l'on porte l'excitation sur le bout central du nerf optique, après avoir coupé le nerf moteur oculaire commun, celte excitation ne produit plus aucun mou- vement dans la pupille. C'est donc le nerf moteur oculaire commun qui conduit l'excitation du cerveau à l'iris. Eh bien ! une irritation quelconque portée directement sur le nerf moteur oculaire commun ne produit aucun mouvement dans l'iris (1). Plusieurs faits analogues ont été mis dernière- ment en lumière par M. Claude Bernard, qui a déterminé en outre certaines conditions anatomiques des nerfs qui président à ces actions réflexes; ainsi il existe toujours sur le trajet du filet nerveux qui ramène l'excitation du centre nerveux aux parties un ganglion du grand sympathique. Eu somme, l'on voit que l'excitation direcle d'un nerf est insuffisante pour faire juger de l'aptitude de ce nerf à produire des mouvements, lorsque ces mouve- fl) D'après Herbert Mayo, l'excilation du neif moteur oculaire commun pio- duirail le lesserrement de la pupille chez le pigeon. Il est possible qu'il en soit ainsi chez les oiseaux; mais chez les maiiuiiifères, l'excitation de ce nerf ne pro- duit aucun effet sur la pupille, lorsque l'on a garanti l'œil de tout tiraillement par la section des muscles animés par le moteur oculaire commun. 167 menls rentrent dans la catégorie de ceux qu'on a désignés sous le nom de réflexes; car ici, à l'inverse de ce qui se passe pour les nerfs de mouve- ments volontaires, l'excitation portée sur le nerf de sensibilité produit des mouvements; portée sur le nerf du mouvement, elle n'en produit aucun (les deux nerfs étant en communication avec les centres nerveux). Si l'on considère à ce point de vue et la nature des mouvements du voile du palais et les nerf qu'il reçoit, l'on remarquera, d'une part, que les fonc- tions de cet organe s'accomplissent sans la participation directe de la vo- lonté, par action réflexe ; d'autre part, l'on verra un filet nerveux qui, des muscles élévateurs de cet organe, se rend au nerf facial en communiquant avec un ganglion du grand sympathique. Il sera donc permis de présumer que le mécanisme, si l'on peut dire ainsi, par lequel s'accomplissent cer- tains mouvements du voile du palais, est analogue à. celui par lequel s'ac- complissent certains mouvements de l'iris, c'est-à-dire que nous aurons un nerf de sensibilité (soit le glosso-pharyngien) agissant comme le nerf op- tique, en portant une excitation au centre nerveux et un nerf de mouve- ment (soit le nerf facial) communiquant avec un ganglion du grand sym- pathique (le ganglion de Meckel) et rapportant l'excitation centrale aux parties, semblable en ces deux points au moteur oculaire commun. Les expériences suivantes, entreprises pour vérifier ces analogies, les ont pleinement confirmées. Exp. I. — Sur un chien de forte taillr, l'os hyoïde fut incisé dans sa partie moyenne et l'incision prolon-ée jusqu'au larynx, afin de mettre en évidence toute la face antérieure du voile du palais. Ensuite, le nerf glosso-pharyngien fut mis à découvert au cou, peu après sa sortie du trou déchiré postérieur, et l'animal fut tué par la section de la moelle épinière au-dessous de l'origine des nerfs crâniens. Cela fait, les pôles d'une pile furent mis en contact avec le nerf glosso-pharygien, des contractions violentes agitèrent le voile du palais, ses pi- liers et une partie du pharynx du même côté. Cette manœuvre ayant été ré- pétée à plusieurs reprises avec le même résuliat, le nerf glosso-pharyngien fut coupé. Les pôles de la pile appliqués alors sur le bout périphérique, c'est-à-dire sur celui qui aboutissait au pharynx et au voile du palais, aucun mouvement ne se manifesta dans ces organes; au contraire, le galvanisme ayant été porté sur le bout central du nerf glosso-pharygien, c'est-à-dire sur celui qui tenait à la moelle allongée, les contractions du voile du palais, de ses piliers et du pharynx furent tout aussi vivement excitées que lorsque le nerf était intact. Exp. II. — Un chien de forte taille avant élé préfiaré, comme dans l'expérience piécédente, pour laisser à découvert le voile du palais; la partie postérieure du eràne fut enlevée par un trait de scie. Le nerf facial du côté droit fut ensuite 168 coupé à son ontiée dans le conduit auditif interne. On s'assura que la section avait bien porté sur ce nerf par la perte des raouvemenls de la face du même côté, et plus tard par l'autopsie. Le nerf facial gauche fut laissé intact. L'animal ayant été tué par la section de la moelle épinière, au-dessous de l'origine des nerfs crâniens, les nerfs pneumogastrique, glosso-pharyngien, grand hypoglosse et lingual furent mis rapidement à découvert de chaque côté, peu après leur sor- tie de la base du crâne. Alors les pôles d'une pile furent portés sur le nerf glosso- pharyngien du côté droit (côté où le nerf facial était détruit), des mouvements se produisirent dans les piliers du voile du palais de ce côté et dans les parties voi- sines ; mais le voile lui-même n'éprouvait que quelques légers mouvements pro- duits évidemment par le tiraillement des parties environnantes. Le galvanisme ayant été ensuite appliqué au glosso-pharyngien du côté gauche (côté où le facial était intact), les mouvements du côté correspondant du voile du palais furent beaucoup plus forts et plus étendus que ceux qui avaient été produits de l'autre côté. Non-seulement les piliers étaient agités, mais le voile lui-même ofTrait des mouvements évidemment indépendants du tiraillement des parties voisines et qui se manifestaient par un froncement qui remontait très-haut sur la moitié du voile du palais correspondante au nerf excité. Le galvanismeappliquéaux nerfspneumog.istrique, grand hypoglosse et lingual de chaque côté ne produisit aucun mouvement dans le voile du palais ni dans ses piliers. La première expérience prouve que le nerf glosso-pliaryngien n'est pas le nerf moteur du voile du palais, mais qu'il provoque des mouvements ré- flexes par l'excitation qu'il transmet au centre nerveux, excitation qui est ramenée aux parties par un autre nerr. La seconde expérience prouve que les mouvements réflexes du voile du palais provoqués par Texcitalion du glosso-pharyngien, sont en partie transmis par le nerf facial, les mouvements des piliers de ce voile n'étant pas communiqués par ce nerf. Ces résultats, en mettant en lumière le mode d'action du glosso-pharyn- gien et du facial sur le voile du palais, expliquent suffisamment les expé- riences de M. Debrou. Loin d'être en opposilion avec les faits pathologi- ques observés chez l'homme, ils viennent plutôt les confirmer. Mais l'ex- périmentation sur le chien suflil-elle pour mettre à l'abri de toule conle&talion chez l'homme l'influence du facial sur le voile du palais? Mal- gré la forme un peu différente de cet organe et l'absence de la luette chez le chien, peut-on ici conclure par analogie de cet animal à l'homme? Cela ne nous paraît point douteux. Néanmoins, afin de ne laisser aucune incer- titude sur ce sujet, nous rapporterons des l'ails d'hémiplégie faciale avec déviation île la luoUe , dans lesquels on ne pourrait invoquer une coïnci- dence, et qui montreront, au contraire, que le nerf facial a une aclion bien réelle sur les muscles élévateurs du voiie du palais. Avant d'aller plus loin, nous ferons remarquer que la dévia! ion de la luette que l'on observe nornialeineut, cliez un certain nombre de [personne?, n'est en général, comme nous i ous en sommes assuré, qu'une simple in- clinaison (le cet appendice, iQcl'naisoii qui peut même varier avec les di- verses punitions que l'on donne à la têle. En outre, dans celle déviation de la luette, le voile du palais reste parfaitement normal, et les arcades que for- ment ses piliers sont égales el régulières. Dans la paralysie du facial, ce n'est plus une simple déviation delà luette que l'on observe, mais une courbure en arc de cet appendice. Nous avons plusieurs fois constaté ce fait., et M a été indiqué par les observateurs qui sont entrés dans quelques détails sur ce sujet. Du côté du voile du palais, l'on observe en même temps des changements non moins notables : les arcades palatines ne sont plus bien symétriques ; elles n'ont plus une largeur el une hauteur égales pour cha- que côté , et le désaccord se fait surtout remarquer sur les piliers posté- rieurs. En voici un exemple que nous avons récemment observé à l'hôpital de la Charité. HOMME DE V9 ANS; SYPHILIS; PARALYSIE FACIALE A DROITE; IRRÉGULARITÉ DU VOILE DU PALAIS; COURBURE DE LA LUETTE; NASGNNEJIENT ; TRAITEMENT ANTISYPIIILITI- QUE; ÉLECTRO-MAGNÉTISME; AMÉLIORATION; RETOUR DE LA RÉGULARITÉ DU VOILE DU PALAIS. Obs. XI — Le nommé Ainoux (Edouard), âgé de 29 ans, commis, est entré à l'hôpital de la ChaïUé le 17 février 1 852; il est couché salle Saint-Michel, n» 27. îl y a environ huit an?, il eut un chancre et ensuite deux biennorrhagies. Quatre ans après, il éprouva des douleurs nocturnes dans les membres. Il y a sept ou huit mois, il ressentit des douleurs aiguës dans l'oreille droite, accompagnées de céphalalgie. Enfin, il y a trois moi?, il s'aperçut d'une paralysie du côté droit de la face. De ce côté, il ne pouvait ni rider le front, ni fermer les paupières, ni con- tracter ses traits. L'angle des lèvres était pendant et la bouche tirée à gauche. Le malade ne pouvait siffler ni prononcer avec précision certaines lettres qui né- cessitent le res.-^erreinent des lèvres, comme p, b, in, ou une certaine résistance des joues, comme /", o, u. Cependant celte imperfection de la prononciation, très- apparente lorsque le malade articule une de ces lettres isolément, l'est beaucoup moins dans la ronversalion. A son entrée à l'hôpital, tous ces phénomènes per- sistent, et l'on constate en outre les suivants : l'ouïe, normale à gauche, est très- TOME IV. 12 170 d e (le l'oreille droite; le mouvement d'une montre, placée à i centimètre de cette oreille, n'est point perçu. Néanmoins, les sons forts ou aigus l'impression- nent douloureusement. Le malade assure que les sensations auditives qu'ils pro- duisent sont plus longues et plus persistantes du côté paralysé que du côté sain. L'odorat paraît ne point offrir de différence entre les deux côtés ; cependant la narine droite est moins ouverte que la gauche. Le goût, au contraire, est sensi- blement affaibli sur la moitié droite de la langue; l'impression causée sur cette partie par un courant électro-magnétique est aussi moins forte que de l'autre côté. Le malade peut porter la langue hors de la bouche , la recourber sur la lèvre supérieure, la diriger facilement à droite ou à gauche; mais si, par un mou- vement forcé, il veut lui faire toucher le milieu du menton, elle se dévie con- stamment à gauche, c'est-à-dire du côté opposé à la paralysie. Le voile du palais n'est pas régulier; l'arcade formée par le pilier antérieur droit est moins élevée que la gauche. Le pilier postérieur du même côté droit tombe directement en bas, sans s'incurver comme celui de l'autre côté.Zo luette tst recourbée en arc; sa pointe est dirigée en avant et vers le côté paralysé, tan- dis que sa base est un peu portée vers le côté sain. La voix de ce malade est légèrement nasonnée. Ce nasonnement, qui n'est pas assez prononcé pour éveiller l'attention d'un étranger, a pu être apprécié par le malade lui-même et remarqué par ses parents et ses amis. Les mouve- ments de la mâchoire inférieure n'ont rien perdu de leur énergie ; la sensibilité de la l'ace est intacte. L'électro-magnétisme, appliqué aux muscles de la face du côté paralysé, pro- voque des contractions à peine appréciables; un courant dirigé sur le nerf facial du même côté, à sa sortie du trou stylo-mastoïdien, laisse tous les muscles de la face dans la plus complète immobilité. Traitement. — Pendant les six semaines qui ont précédé l'entrée du malade a l'hôpital de la Charité, il a pris chaque jour de 1 à 3 grammes d'iodure de po- tassium. Depuis son entrée, on lui a prescrit des pilules de Sédillot et la tisane de Feltï. A dater du 5 mars, les parties paralysées ont été soumises tous les jours à un courant électro-magnétique, par les soins de M. le docteur Bonnefin. Aujourd'hui 25 mars, après dix-huit séances d'éleclro-magnétisme, le côté pa- . ralysé offre l'état suivant : les muscles se contractent sous le courant électrique; la paupière supérieure s'abaisse plus complètement ; les aliments séjournent moins entre la joue et les dents ; la bouche est moins déviée. Cependant les mou- vements volontaires des joues et du front ne sont pas encore possibles. La langue se dévie toujours à gauche. La luette offre encore une courbure à droite ; mais le voile du palais a repris sa régularité ; les arcades formées par les piliers antérieurs sont égales des deux côtés; le pilier postérieur gauche est encore un peu tombant. Le nasonnement a diminué très-notablement. L'irrégularité dn voile du palais; son retour à l'état normal, coïncidant 171 avec une amélioration dans les phénomènes extérieurs de la paralysie ; h diminution de nasonnement, sont certainement d'un grand intérêt pour la question qui nous occupe. Il est à regretter que les observateurs n'aient pas accordé à l'examen du voile du palais la même attention qu'à celui de la luette, et que, même sous le rapport de cet organe, la plupart se soient bornés à indiquer simple- ment sa déviation , sans faire mentien de sa forme. Nous ne rappellerons pas ces observations incomplètes ; les cas suivants, dans lesquels on a si- gnalé la courbure en arc ou une grande torsion de la luette, nous paraissent suffisamment concluants. HOMME DE 38 ans; PARALYSIE FACIALE GAUCHE PAR IMPRESSION DU FROID; COURBURE DE LA LUETTE; GUÉRISON DE LA PARALYSIE; REDRESSEMENT DE LA LUETTE (ij. (Observé par RoMBERG, ainsi que les 3 cas suivants.) Obs. XII. — 0 Un homme de 38 ans, parfaitement sain, fut atteint, par suiie d'un refroidissement subit, d'une paralysie de tout le nerf facial gauche. Il se plaignit en même temps d'une douleur dans l'oreille gauche, jointe à une diffi- culté d'entendre et à une sensation de sécheresse dans la paitie gauche de la bouche. La luette était oblique, courbée en arc, la pointe tournée à gauche. Le siège de la maladie était évidemment dans le rocher. Contre mon attente, lagué- rison fut rapide ; elle s'opéra au bout de quinze jours, à la suite d'applications de sangsues derrière l'oreille gauche, de frictions avec l'onguent napolitain et d'une solution de sulfate de magnésie avec teinture de colchique. » La luette reprit sa position normale un peu plus tard que les muscles de la face. » PARALYSIE FACIALE GAUCHE ; COURBURE DE LA LUETTE (2). Obs. XIII. — « Le second malade présentait une paralysie complète du neif facial gauche, consécutive à une afl'ection de la base du cerveau et accompagnée d'une paralysie des nerf^ voisins, cinquième et sixième paire ; l'acoustique et le nerf pneumo-gastrique avaient cependant conservé toutes leurs fonctions. Ici encore le voile du palais n'était pas dans sa position normale. La luette était oblique, courbée vers la partie gauche. » OTORRHÉE ; PARALYSIE FACIALE DROFTE ; COURBURE DE LA LUETTE (3). Obs. XIV. — « A la suite d'une otorrhée, une fille de 13 ans, scrofuleuse, fut (1) Romberg (M. H ), Lehrbuch der nerven krankheiten der menchen. Berlin 1851; 3' partie, p. 45. (2) Romberg, ouvrage cilé. (o) Romberg, ouvrage cité. 172 alleiiite d'une paralysie du nerf lacial droit, d'une surdité de l'oreiHe droite, avec Jiémiplégii'. du voile du palais. Courbure en are de la luette et direrlion de sa pointe vers la partie droite. » OTOI\RHÉE ; PARALYSIE FACIALE GAUCHE; TORSION DE 1-A LUETTE (I). Obs. XV. — « Une fille de 8 ans est atteinte depuis son enfance d'une paraly- sie complète du nerf facial gauche. De profondes cicatrices au niveau du trou stylo- mastoïdien auraient pu aisément me conduire à admettre que là résidait la cause de la paralysie ; mais la grande torsion de la luetle vers la partie gauche me til soupçonner une cause cachée dans l'intérieur du rocher, et la décla- ration de la mère qui m'apprit qu'au septième mois l'enfant avait soulTert d'une violente olorrhée de l'oreille gauche, qui avait laissé échapper de petits fragments d'os de forme spéciale, confirma pleinement mes soupçons. Lors de la présentation de cet enfant à la clinique, nous remarquâmes la bouche tournée à gauche, contrairement aux symptômes d'une paralysie du nerf facial gauche. La cause de ce phénomène était purement mécanique. Un gonflement scrofuleuxde la joue droite avait refoulé la bouche vers la gauche. » Dans l'observation 12 on a constaté le redressement de la luette après la giiérison de la paralysie faciale. Or ce retour de la luelle à son étal normal prouve de la manière la plus évidente l'intervention du nerf facial dans les mouvements de cet appendice. Un cas semblable a été observé par M. Di- day, qui en a suivi la marche avec beaucoup d'attention, dans la pensée que si le redressement de la luette s'opérait avec laguérison de la paralysie faciale, ce fait serait d'un grand poids dans la question qui nous occupe. En voici l'extrait . HOMME DE 25 ans; SYPHILIS; PARALYSIE FACIALE DU CÔTÉ GAUCHE; DÉVIATION DE LA LUETTE; GUÉRISON DE LA PARALYSIE ; REDRESSEMENT DE LA LUETTE (2). Obs. XVL — « Le nommé Fontaine, àsié de 25 ans, aiïecté de syphilis con- stitutionnelle, fut reçu dans le service de M. Ricord le 13 août 1842. Il se plai- nait d'étourdissements et d'une surdité commençante; il avait, en outre, une hémiplégie des plus caractérisées du côté gauche de la face; diminution de l'odorat et du goût du même côté. La luette était un peu portée en avant et fortement déviée à droite, et elle se maintenait dans la même direction quels que fussent les mouvements du voile du palais que le malade exécutât pendant que la bouche demeurait ouverte. {Traitement: Sangsues, vésicatoiies, iodure de potassium.) (1) Romberg, ouvrage cité. (2) Gazette Médicale «e Paris, 1842, p. SHU. 173 11 Le 1 3 8ei>terabre, après un mois de traitemciil, les caraclères cxléiieiii» ti« 'a paralysie faciale sont presque tous effacés. La luette est droite et elle con- serve la rectitude dans tous les mouvements que le malade lui imprime. » A propos de ce dernier cas, nous ferons observer qu'il serait nécessaire, lorsqu'on parle du côlé vers lequel la luette est déviée, de spécifier s'il s'agit de sa pointe ou de sa base. C'est sans doute à cette omission que l'on doit attribuer le désaccord de quelques observations sur ce point. En résumé, ces observations de paralysie de l'un des nerfs de la septième paire, dont la cause existait sur le nerf avant sa sortie du trou stylo-mas- toïdien, nous ont offert soit une irrégularité du voile du palais, soit une courbure de la luette, soit une grande déviation de cet appendice. On doit surtout remarquer le retour de la régularité du voile du palais dans un cas, . le redressement de la luette dans deux autres, coïncidant avec la guérisou de l'hémiplégie faciale. On ne peut expliquer ces divers phénomènes ou leur succession, dans ces cas de paralysie de l'un des nerfs de la septième paire, par une simple coïncidence. Le défaut de symétrie du voile du palais ou de la luette dé- pend évidemment de la paralysie de quelques-uns des muscles de ces or- ganes d'un côté. C'est la répétition de ce qui se passe à l'extérieur pour les traits du visage. Ainsi la pathologie chez l'homme, l'expérimentation chez le chien, té- moignent de l'action du facial sur le voile du palais, et déterminent l'ori- gine des filets nerveux qui aboutissent aux muscles péristaphylin interne etpalato-staphylin. Que fût-il arrivé dans ces cas do paralysie faciale d'un côté, avec dévia- lion du voile du palais ou de la luette, s'il était survenu une paralysie sem- blable du côté opposé ? Évidemment un retour à la symétrie du voile du palais et de la luette, ainsi qu'on l'eût observé en même temps pour les traits du visage; mais alors, tout mouvement ayant été aboli dans les mus- cles péristaphylin interne et palato-staphylin des deux côtés, le voile du palais fût resté immobile et dans l'impossibilité de se relever : de là serait résulté le passage de l'air dans les narines pendant l'émission de la voix et le nasonnement symptomatique. C'est donc à la paralysie des deux nerfs de la septième paire que nous devons rapporter ces divers phénomènes, qui ont été constatés dans notre obs. VII de paralysie générale de ces deux nerfs. C'est encore à la paralysie des élévateurs du voile du palais, consé- cutive à celle de ces nerfs, qu'il faut rapporter le passage des liquides du pharynx dans les fosses nasales observé chez le même malade, et la difii- 17Û eullé qu'il éprouvait à expulser hors du pharynx les mucosités qui s'y amassaient. En effet, c'est par une expiration brusque que l'on amène dans- la bouche ces mucosités avec l'air expiré ; cet air se perdant en partie dans les narines lorsque le voile du palais ne le dirige plus vers la cavité buc- cale, l'effort doit être beaucoup plus considérable. § m. — IMPERFECTION DE LA PRONONCIATION DES LETTRES LINGUALES; PARALYSIE PARTIELLE DE LA LANGUE. Les trois cas de paralysie générale des deux nerfs de la septième paire nous ont offert une imperfection plus ou moins grave dans la prononcia- tion des mots. Le malade de l'obs. VIII ne produisait que des sons inarli culés ; celui de l'obs. IX ne produisait que des sons gutturaux. Bien que le premier cas fût complexe et que le second laissât à désirer sous le rapport des détails, on n'en doit pas moins remarquer que, chez l'un comme chez l'autre, il y avatt une imperfection dans l'articulation des sons qui portait aussi bien sur la prononciation des lettres linguales que sur celle des la- biales. Chez le malade de l'obs. VII, outre le nasonnemenl de la voix, il y avait une difficulté à articuler Vl ou l'r, consonnes qui se prononcent en portant la pointe de la langue au palais, près des incisives supérieures. C'est encore à la paralysie de quelques-uns des rameaux des nerfs de la septième paire que nous croyons devoir rapporter ce défaut dans la prononciation des lettres linguales. Les détails anatomiques et physiologiques dans lesquels nous allons en- trer justifieront, j'espère, cette manière de voir. La langue et quelques-uns des muscles qui concourent à ses mouve- ments reçoivent des rameaux des nerfs de la septième paire. Ces rameaux sont évidemment moteurs, comme le nerf qui les fournit; néanmoins il en est deux (les cordes du tympan) sur l'origine et les fonctions desquels les anatomistes et les physiologistes sont encore aujourd'hui en dissidence, et dont nous ne nous occuperons pas (1). (1) Suivant M. Guarini (Gaz. Méd. de Paris, 1842, p. 508), la corde du tympan émane du facial, et se distribue principalement aux fibres du muscle lingual. En agissant sur ce muscle, elle soulève la pointe de la langue pour l'articulation de certaines consonnes. Les expériences sur lesquelles M. Guarini appuie son opi- nion ayant été faites avec beaucoup de soin et suffisamment multipliées, seraient concluantes si le mode d'expérimentation ne présentait une cause d'erreur ma- nifeste. En appliquant l'un des pôles de la pile aux nerfs de la langue et l'autre V'Xj, muscles de cet organe, M- Guarini n'a pas pris garde que ceux-ci, recevant 175 Les rameaux du facial qui agissent soit niédialemeut , soil iiumédiale- îemenl, sur les mouvements de la langue, sout : le rameau du ventre pos- térieur du digastrique ; celui du stylo-hyoidien, et enfin un rameau remar- quable qui se rend directement aux muscles intrinsèques de la langue, et que M. L. Hirschfeld a décrit avec soin dans son excellent ouvrage sur l'anatomie du système nerveux. « J'ai vu naître du facial, dit M. Hirschfeld (NÉVROL,, ou DESCRIPT. ET ICONOG. DD SYST. NERV., PariS, 1850, p. 108), €t sortir par le trou stylo-mastoïdien, un rameau qui n'a pas encore fixé l'attention de tous les anatomistes, et qu'on pourrait appeler rameau lin- gual du facial. Il longe le côté externe et antérieur du muscle stylo-pha- ryngien, le traverse par quelques-uns de ses filets qui vont s'anastomoser avec le nerf glosso-pharyngien , se dirige vers la langue , entre le pilier antérieur et le pilier postérieur du voile du palais, sous l'amygdale, et se distribue aux fibres musculaires qui sont subjacentes à la muqueuse papil- laire de la langue (muscle longitudinal supérieur ou superficiel de la lan- gue). » Ainsi le nerf facial fournit trois rameaux aux muscles intrinsèques ou extrinsèques de la langue. Les fonctions d« ces muscles nous éclaireront sur les effets de la paraly- sie de ces trois rameaux du facial. D'après M. F.-G. Theile (Encyclop. ANAT., t. III, trad. par ;jourdan, 1843), « quand le digastrique agit tout entier, l'hyoïde avec la base de la langue se trouve soulevé... Le ventre postérieur doit ramener cet os en arrière. » (P. 5ù.) « Le stylo-hyoïdien porte l'hyoïde en haut et un peu en arrière, ce qui fait qu'il soulève la base de la langue et rétrécit l'isthme du gosier. » (P. 81.) « Le muscle longilu- l'influence directe du galvanisme, ont pu se contracter sans l'intervention du nerf. 11 est vrai que la contre-épreuve, faite sur le trijumeau, le glosso-pharyn- gien et l'hypoglosse, a donné des résultats différents de ceux qu'avait produits l'application de l'électricité au facial, et c'est là ce qui justifie jusqu'à un certain point l'opinion de M. Guarini. Les expériences qui ont porté M. Cl. Bernard (Thèse de Paris, 1842) à attri- buer à la corde du tympan la fonction de redresser les papilles de la langue dans la gustation, n'infirment point les résultats obtenus par M. Guarini. Il est pos- sible que quelques-uns des ûlets de la corde du tympan se distribuant au muscle lingual, aient pour fonction de porter en haut la pointe de la langue dans l'arti- culation de certains sons : ainsi la corde du tympan viendrait renforcer en quel- que sorte un rameau que le nerf facial envoie directement à la langue, et auquel nous attribuons la fonction de porter la pointe de rel (»rganc en haut pour servir à l'arliculalion des consonnes linguales. 17G dinal supérieur ou superficiel de la langue raccourcit la langue entière, douî il ramène aussi la pointe en haut et en arrière. » (P. 8c.) La paralysie des rameaux de la septième paire qui animent ces muscles rendra donc incomplets ou impossibles : 1° le mouvement d'élévation de la base de la langue et le rétrécissement de l'isthme du gosier; 2» le mou- vement d'élévation de la pointe de la langue. Ces mouvements sont plus ou moins nécessaires pour porter la langue hors de la bouche pour articuler les lettres gutturales et les lettres linguales. Quelques observations d'hémiplégie faciale chez l'homme et l'expérimen- tation sur les animaux, en démontrant que les nerfs de la septième paire prennent une certaine pari dans la production des mouvements de la langue, viennent confirmer ces déductions tirées de l'anatomie. . Chez l'homme ( laissant pour le moment les cas de paralysie des deux nerfs de la septième paire), la déviation de la langue, observée dans certains cas de paralysie de l'un de ces nerfs, rend évidente raclion du facial sur cet organe. Cette déviation a été observée deux fois par P. -II. Bérard (Dict. DE MÉD., t. XII, p. 607, 1836), et elle existait chez l'un de nos malades (obs. XI). On pourrait croire, d'après le petit nombre des cas dans lesquels on a constaté cet effet de la paralysie du facial, qu'il n'était qu'accidenlel et qu'il pouvait tenir à une autre cause; mais il est facile de se rendre compte de la rareté de ces observations : d'abord, les rameaux du facial destinés aux muscles intrinsèques ou extrinsèques de la langue se séparent très-haut du tronc du nerf, et ce n'est que lorsque la paralysie a sa cause dans la cavité du crâne ou dans le rocher que la déviation doit exister. En second lieu, cette déviation peut facilement passer inaperçue; car elle ne devient bien apparente que dans quelques mouvements exagérés de la langue, par exemple lorsque le malade veut porter la pointe de cet organe sur le milieu du menton (obs. XI). Dans les cas observés par P. Bérard comme dans le notre, la pointe de la langue se portail du côté opposé à la paralysie. L'expériraenlation sur des animaux nous a donné des résultats ana- logues. Sur un assez grand nombre de lapins, nous avons entrepris des expé- riences qui nous ont montré que, lorsqu'on coupe chez ces animaux le nerf facial d'un côté, à sa sortie du trou stylo-masloîdien, la langue est instan- tanément déviée. Après cette opération, si l'on introduit dans la bouche ud instrument pour entr'ouvrir les mâchoires, on remarque que la pointe de la langue vient coustanimenl frapper l'angle des lèvres du côté où le nerf & 177 élé coupé. La paralysie de quelques faisceaux musculaires de cet organe peut seule expliquer ce résultat. Vient-on ensuite à couper le nerf facial de l'autre côté, on voit, après avoir eotr'ouvert les mâchoires, que la langue exécute encore des mouvements volontaires dans la cavité buccale ; mais cet organe ne se porte plus de préférence vers Tun des côtés de la bouche : il a repris sa rectitude. Or la seconde opération a-l-elle rendu à la langue ce que la première lui avait enlevé? Non sans doute, mais elle a paralysé une quantité égale de faisceaux musculaires de chaque côté d'où est venu l'équilibre. Quels mouvements ou quelle étendue de mouvements la para- lysie de ces faisceaux musculaires a-t-elle abolis ? C'est ce qu'on ne peut préciser. Mais la paralysie ne pouvant atteindre que les muscles qui reçoi- vent des rameaux du facial, la connaissance de ces muscles et celle de leurs fonctions, dont nous avons donné l'exposé ci-dessus, peut suppléer à ce que l'expérience laisse à désirer. Toutefois on remarquera que, après la section des deux nerfs de la septième paire, la langue reste dans la touche, où elle exécute encore un certain nombre de mouvements. La paralysie des deux hypoglosses produit des effets bien différents : si, sur un chien, on coupe les deux nerfs grands hypoglosses, la langue paraît avoir perdu ses mouvements volontaires; elle ne reste plus dans la bouche, mais elle tombe entre les dents où elle est mordue par les mou- vements de mastication de l'animal. Dans cette expérience la perle des mouvements est si considérable que la langue semble complètement paralysée; mais d'où vient qu'elle n'est plus contenue dans la cavité buccale? Évidemment parce que quelques-uns des muscles élévateurs de cet organe ont conservé leur action, tandis que leurs antagonistes ont perdu la leur; en effet, les muscles digastriques et stylo-hyoïdiens, qui élèvent la base de la langue, reçoivent des rameaux des nerfs de la septième paire qui, dans celte expérience, sont intacts. Les nerfs de la septième paire contribuent donc à élever la base de la langue et à faciliter la sortie de sa pointe hors de la bouche; la paralysie de ces nerfs produira l'effet inverse, c'est-à-dire la difficulté à soulever la base de la langue et à sortir la pointe de cet organe hors de la cavité buccale. Quant à l'influence du facial sur le mouvement par lequel on porte en haut ou l'on recourbe la pointe de la langue, mouvement nécessaire à la prononciation des lettres linguales, on ne peut, il est vrai, la déduire des faits d'hémiplégie faciale, ni des expériences que nous venons de rappor- ter ; mais elle est suffisamment indiquée par la distribution anatomique du rameau lingual du facial, t.a paralysie de ce rameau de chaque côté aura 178 donc pourrésullal une imperfection dans Particulalion des lellres linguales. Sans doute, dans la paralysie des branches linguales des deux nerfs de la face, rextrémilé de la langue pourra encore venir toucher la voûte pala- tine ; mais il ne suffit pas pour prononcer L ou R de porter la langue au palais, il faut encore en recourber la pointe, l'appuyer avec une certaine force, et par un mouvement rapide. On ne saurait contester que, pour obtenir ce résultat, Fintervention de la couche longitudinale supérieure du muscle hngual, à laquelle se distribue le rameau du facial, ne soit né- cessaire, et peut-être faut-il encore que la base delà langue soit maintenue à une certaine hauteur par ses élévateurs : Voyons maintenant si nos faits de paralysie générale des deux nerfs de la septième paire s'accordent avec ces conclusions, Dans l'observation 8, le malade ne produisait que des sons inarticulés, la langue restait dans la bouche; mais la paralysie étant complexe on ne peut faire la part de la perte fonctionnelle attribuable au facial. Dans l'ob- servation 9, la langue ne pouvait être portée hors de la bouche, quoiqu'elle exécutât dans celte cavité des mouvements variés sous l'influence de la vo- lonté. Il y avait absence de toutes les articulations des sons, excepté des sons gutturaux (à la perte des consonnes linguales s'ajoutait celle des la- biales). Dans l'observation 7, la pointe de la langue ne pouvait être recour- bée sur le bord libre de la lèvre supérieure ; les lettres linguales étaient difficilement ou indistinctement prononcées. Ainsi, la paralysie générale des deux nerfs de la septième paire entraîne la paralysie partielle du pharynx, du voile du palais et de la langue, d'où résultent la gêne de la déglutition, le nasonnemént, la difficulté à articuler les linguales. Il semble que ces phénomènes devraient être toujours apparents, à un moindre degré, il est vrai, dans la paralysie de l'un des nerfs de la septième paire, dont la cause se trouverait dans l'encéphale ou le rocher. Pour le nasonnemént, l'observation 11 prouve qu'il existe quelquefois, mais qu'il pourrait échapper au médecin inattentif, parce qu'il est très-peu prononcé. Cependant on concevra que ces différents symptômes puissent ne pas exis- ter dans la paralysie bornée à l'un des nerfs de la face, si l'on considère que, pour le voile du palais comme pour la langue, il n'y a pas indépen- dance absolue dans les mouvements de chaque moitié. Le côté resté sain entraîne dans son élévation le côté paralysé, et favorise ainsi l'accomplis- sement de ses fonctions. 179 Li U ! s R A R YJ 2 TROISIÈME PARTIE. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA PARALYSIE DES DEUX NERF» DE LA SEPTIÈME PAIRE, Après avoir établi que les phénomènes de la paralysie des deux nerfs de. la septième paire ne sont pas toujours bornés à l'extérieur de la face, mais qu'ils apparaissent encore dans les désordres de plusieurs fonctions internes, nous allons essayer, par le rapprochement des divers faits contenus dans ce mémoire, de tracer une histoire générale de la maladie. Causes. — Par l'analyse des observations que nous avons rapportées, on peut assigner à cette double paralysie trois ordres de causes : 1° celles qui ont leur siège dans les centres nerveux; 2" celles qui portent leur action sur les rochers; 3° enfin celles qui agissent directement sur les rameaux périphériques des nerfs de la face. Au premier ordre de causes se rapportent les lésions des centres ner- veux, comme épanchements de sang, ramolUssement, etc., dont les phé- nomènes paralytiques seraient limités aux deux nerfs de la septième paire; mais en l'état actuel de nos connaissances sur le système nerveux, il ne nous est pas possible d'expliquer par les lésions cadavériques la localisation de la paralysie dans ces cas (obs. VIII). La seconde catégorie comprend les affections qui, par les altérations qu'elles déterminent dans le rocher, compriment ou détruisent consécuti- vement le nerf facial, et l'on conçoit comment une cause morbide ou une affection qui porte ordinairement ses effets sur plusieurs organes à la fois, et spécialement sur les os, comme la syphilis, les scrofules, est plus propre qu'aucune autre à produire une lésion simultanée des deux rochers (obs.V). Il en doit être de même d'une violente commotion du crâne qui peut frac- turer en même temps les deux temporaux (obs. IX}. A la troisième catégorie, on doit rapporter l'impression prolongée d'un vent froid sur la face, et pour les enfants nouveau-nés, la compression exer- cée par le forceps. Ces causes si fréquentes de l'hémiplégie faciale pour- ront aussi occasionner la paralysie des deux nerfs de la septième paire. Il n'est pas toujours possible de distinguer par les symptômes si la cause de la paralysie a son siège dans l'encéphale ou sur le trajet des nerfs ; une remarque de Marshall-Hallque nous avons vérifiée plusieurs foispourr? 180 fournir souvent des renseignements précis pour cette délerrainaiion el utiles pour le traitement; la voici : lorsque la cause de la paralysie se trouve dans l'encéphale, la faculté conductrice des nerfs en général se conserve indéfiniment ; de sorte que si la paralysie du facial a sa cause dans le cer- veau, en appliquant le galvanisme au tronc ou aux principales branches de ce nerf, tous les muscles qui en reçoivent des rameaux entreront en con- traction, comme si Ton appliquait le galvanisme à ces muscles eux-mêmes (obs. VII) ; au contraire, lorsque la cause paralysante se trouve sur le trajet des nerfs, ils perdent très-promplement leur faculté conductrice. Ainsi, pour le facial, la lésion existe-l-elle dans le rocher, le galvanisme appliqué à ce nerf par deux conducteurs dont l'un serait placé au niveau du trou slylo-mastoidien et l'autre en avant du col du condyle de la mâchoire in- férieure, ne produira de contractions ni dans les paupières, ni dans les joues, ni dans les lèvres (obs. XI). Enfin, on aura la certitude que la cause de la paralysie existe dans les centres nerveux, si l'on observe des mouvements réflexes dans les muscles paralysés (obs. VIII). Symptômes. — La paralysie des deux nerfs de la septième paire a une expression symptomatique variable, suivant qu'elle est générale ou par- tielle, complète ou incomplète. Dans la paralysie générale et complète^ la face n'a rien perdu rie sa régularité, mais elle est immobile, et les impressions de l'amené s'y tradui- sent plus que par des changements de coloration (obs. VI, VIII); c'est un masque inanimé derrière lequel le malade rit et pleure (obs. V); le front n'a pas de rides, les sourcils tombent, les paupières sont largement ou- vertes et ne se ferment plus; l'inférieure, à demi renversée, laisse écouler les larmes; lesnarinesrétrécies s'affaissent pendant l'inspiration (obs. I, VI}; les lèvres pendantes, entr'ouverles, agitées par le souffle de la respiration (obs. V, VI), ne retiennent plus la salive qui s'écoule incessamment de la bouche ; les joues flasques laissent dans la mastication les aliments s'accu- muler entre elles et les mâchoires. Le malade ne peut volontairement con- tracter aucun des muscles de la face, ni cranher, ni siffler, ni prononcer certaines voyelles, comme \'o et Vu, ni articuler les consonnes labiales, comme le p, Vm, etc. (obs. V, VI); il ne peut non plus prononcer les lin- guales, comme l'Z et Vr (obs. VII). La voix est nasonnée (obs. VII, XI), la déglutition difficile (obs. VII, VIII, X), la succion impossible; le voile du palais est symétrique, mais il ne se relève point (obs. VII) ; la langue ne peut plus être portée facilement hors rie la bouche, ni la pointe être recour- 181 bée en haul (obs. Vil, VIII, IX); la (acuité lie percevoir les odeurs el les saveurs a diminué ; néanmoins les mouvemenls de mastication exercés par la mâchoire inférieure, la sensibilité de la face, sont conservés (obs. IV, V elsuiv.). INousne possédons qu'une seule observation d'une paralysie aussi com- plète de toutes les branches du facial (obs. VIII), el chez la malade qui en était atteinte, certaines fonctions s'accomplissaient encore par action ré- flexe. L'obs. VII nous offre un autre exemple d'une paralysie faciale générale, mais moins complète, et l'on conçoit que les symptômes de la paralysie incomplète de deux nerfs de la septième paire doivent varier suivant que telle ou telle branche aura perdu plus ou moins de son énergie ; si les branches externes sont moins paralysées que les internes, par exem - pie, on observera !e nasonnement, la difTicullé de la déglutition, de la pro- nonciation des lettres linguales, l'absence de certains mouvements du voile du palais et de la langue; néanmoins la face conservera sa régularité et jus- qu'à un certain point ses mouvements; le malade aura les traits sans ex- pression, les yeux très-ouverts et saillants, les lèvres proéminentes el en- Ir'ouvertes; elles ne feront, comme les joues, qu'imparfaitement leurs fonctions, l'action de siffler, de contracter les traits de diverses manières, sera très-incomplète et les paupières n'opposeront aucune résistance au doigt qui les soulèvera, lorsque le malade pensera les fermer avec énergie (obs. VII). La paralysie partielle des deux nerfs de la septième paire peut n'oc- cuper qu'un petit nombre de leurs rameaux (obs. I) ; mais plus souvent elle porte sur tout un système de leurs branches (obs. II, III, IV, V, VI). Dans l'un el l'autre cas, nous l'avons toujours observée sur les parties ho- mologues, c'est-à-dire qu'elle a toujours été symétrique. Ce n'est que dans les cas où la paralysie de la face s'est présentée comme épiphénomène d'une maladie plus générale, d'une affection grave des centres nerveux, qu'elle nous a paru perdre cet accord. La paralysie bornée à l'un des ra- meaux des deux nerfs de la septième paire n'a point été observée chez l'homme, à notre connaissance (1). Nous avons rapporté un cas remar- (1) Nous n'avons pas rapporté à la paralysie partielle des deux nerfs de la face certains cas de paralysie du voile du palais, avec nasonnement et retour des liquides par les narines, observée chez les enfants par MM. Trousseau ei Lasègue (Union médicale, n" lia, 1851), et chez les adultes par M. Morisseau, 182 quable de paralysie limitée aux naseaux chea le cheval, l'ail observé par M. Goubaux. C'est la paralysie simultanée des branches temporo et cervico- l'aciales de chaque côté qui nous a fourni le plus grand nombre d'exemples de paralysie double de la face. Dans ces cas, la faculté de contracter les muscles des oreilles (1), du front, des paupières, du nez, des joues, des lèvres étant abolie, la face prend cette expression d'immobilité, celte appa- rence de masque dont nous avons parlé plus haut. Alors les yeux restent ouverts, les narines sont immobiles dans l'acte de la respiration et de l'ol- faction ; les joues gardent les aliments et les lèvres, impuissantes à retenir les liquides dans la bouche, ont aussi perdu la faculté d'imprimer aux sons certaines modifications. En même temps les fonctions du voile du palais et de la langue sont intactes, la lace a conservé sa sensibilité et les mâchoires leur énergie. Nous ferons néanmoins remarquer que, dans certains cas, les mouve- ments d'abaissement de la mâchoire inférieure étant moins faciles et moins médecin de l'hôpital de la Flèche (Union médicale, n" 126, 1851). La plupart de ces cas sont complexes. Quant à ceux dans lesquels la paralysie paraîtrait avoir porté plus spécialement sur le voile du palais, il aurait pu se faire que la perte des mouvements ne dépendît que d'une anesthésie de cette partie, ainsi que nous l'expliquerons à l'article Diagnostic. Il y aurait même à cette manière de voir une raison assez plausible; car dans la plupart des cas rapportés parles observateurs cités ci-dessus, la perte des mouvements était consécutive à une angine simple ou couenneuse ; or n'est-il pas présumable que, dans cette aflec- tion, les filets du nerf glosso-pharyngien, répartis dans la membrane muqueuse, ont dû être plus fortement atteints que les iilets moteurs sous-jacents à celle membrane? (1) Lsk paralysie spontanée des muscles de Voreille externe a été observée sur un âne (Journ. des vétéb. do Midi, t. V, 1842). Cette paralysie, comme celle que l'on produit expérimentalement chez ces animaux ou chez les lapins par la section du nerf facial, a une expression très-remarquable. Chez l'homme, la paralysie des muscles de l'oreille externe n'est pas appréciable, parce que les mouvements de cette partie sont ires-bornés ou nuls. Néanmoins il en serait autrement chez quelques personnes, chez certains sourds, par exemple, qui ont acquis la faculté de mouvoir volontairement le pavillon de l'oreille. Aslley Cooper (OEov. chir., irad., Paris 1835, p. 582) rapporte que chez un homme sourd, le pavillon de l'oreille avait acquis un mouvement irès-dislincl en haut et en arrière, mouvement que l'on observait toutes les fois que cet homme pré- tait l'attention à quelque chose qu'il n'entendait pas dislinctement. Il pouvait aussi à volonté élever son oreille ou la tirer en arriére. 183 prorapls.par la paralysie du ventre postérieur du muscle digastrique qui re- çoit un rameau du facial, le malade pourra éprouver une certaine difficulté à exercer rapidement des mouvements de mastication (obs. VIII). D'un autre côté, lorsque la paralysie sera très-ancienne, Ton pourra observer, avec ramaigrissement des parties, une diminution de la sensibilité de la face. Mais cette anesthésie sera toujours assez légère et il sera facile, d'ail- leurs, de constater l'intégrité des autres fonctions des nerfs de la cinquième paire. INFLUENCE DE LA PARALYSIE DE LA SEPTIÈME PAIRE SDR DIVERSES FONCTIONS. La paralysie de l'un des nerfs de la face s'accompagne souvent de trou- bles dans les fonctions de Vaudition, de Volf action et de la gustation ; il en doit être de même pour celle des deux nerfs, seulement il sera quelque- fois plus difficile de les constater. Physionomie. — La paralysie des deux nerfs de la septième paire, abo- lissant tout mouvement de la face, les traits n'expriment plus aucun senti- ment ; maid il est remarquable que les changements de coloration se pro- duisent encore suivant les impressions de l'âme (obs. VI, VIII). Les deux observations dans lesquelles ce fait a été noté suffisent pour prouver que la rougeur ou la pâleur de la face dans les émotions ne sont point sous la dé- pendance de la septième paire. D'un autre côté, dans les divers cas de pa- ralysie de la cinquième paire, dont nous avons pu prendre connaissance, les auteurs n'ont point fait mention de l'existence ou de l'absence de cet effet des impressions de l'âme sur les joues; cette circonstance et les expé- riences récentes de M. Cl. Bernard sur les fonctions de quelques parties du grand sympathique nous portent à penser que c'est par l'action de ce der- nier nerf que se produisent les changements de coloration de la face. (Cl. Bernard, Influence du grand sympathique sur la sensibilité et sur LA coloration. Comptes rendus de la Société de biologie, 1851, p. 163.) Parole. — La voix, produite dans le larynx, peut éprouver des modifi cations variées dans son passage à travers l'isthme du gosier et la cavité de la bouche. C'est par le moyen de ces modifications qu'elle devient la pa- role ; or, dans la paralysie générale et complète des deux nerfs de la sep- tième paire, la voix n'est plus dirigée dans la bouche et nasonne ; en outre, elle perd en grande partie les modifications diverses que lui impriment la langue, les joues et les lèvres ; la parole est donc imparfaite, inintelligible, ou plutôt elle n'existe plus. 18/i Eiiliii, la dégiuHlion est (Jillicile, \a sticcion^h sputation deviennent Saborieiises ou impossibles par la paralysie des deux nerfs d»; la septième paire. Marche, durée, terminaison. — La paralysie des deux ucrls de la face étant le résultat de lésions organiques très-diverses, il n'est pas possible de rien dire de général sur sa marche, sa durée et sa tei minaison. Elle suivra nécessairement quelques-unes des phases de raffectioa qui l'aura produite ; mais elle pourra lui survivre, si Talléralion consécuuve des nerfs a été très- profonde, ou si le traitement n'a pas été convenablement appliqué. La pa- ralysie des deux nerfs survient quelquefois simultanément, mais elle peut êtie aussi successive et paraître d'un côté de la face, lorsque l'autre est déjà paralysé depuis un certain temps (obs. V, VI). Elle varie aussi dans son intensité. Le plus ordinairement elle ne parvient que graduellement à son plus haut degré et suit une marche inverse pour arriver à la guérison. Dans un grand nombre de cas, les parties conservent une sorte de tonicité qui dépend probablement d'un reste d'influx nerveux. Complications. — Nous avons vu la paralysie des deux nerfs de la sep- tième paire compliquée de celle des hypoglosses (obs. VI H). Nous n'avons pas d'exemple de la complication de celte affection avec la paralysie des nerfs de la cinquième paire. Lorsque la paralysie des deux nerfs de la face se rencontre avec celle d'un assez grand nombre d'autres nerfs, elle ne peut plus être considérée que comme l'un des phénomènes d'une affection grave des centres nerveux, et alors, chose digne de remarque, la paralysie des deux nerfs de la septième paire a perdu en partie l'expression sympto- malique qui la caractérise ordinairement lorsqu'elle est isolée. Le plus sou- vent, en effet, dans le premier cas, l'on voit les branches cervico-faciales paralysées indépendamment des branches lemporo-faciales, ou réciproque- ment; en même temps que les lèvres restent pendantes et que les joues se gonflent par l'expiration, les paupières n'ont rien perdu de leurs mouve- ments spontanés; ou bien, la paralysie du moteur oculaire commun coïn- cidant avec celle du facial, les yeux ne sont plus ouverts, mais ils restent habituellement fermés. Diagnostic. — La paralysie générale des deux nerfs de la face se dis- tinguera par la limitation de l'affection aux muscles qui reçoivent l'in- fluence de ces nerfs. A moins de complication, la mâchoire inférieure con- servera l'énergie de ses mouvements, et la face sa sensibilité. Si cette para- lysie est incomplète, les traits pourront paraître naturels, et la physionomie n'attirera rallention ni par une déviation caractéristique, ni par une im- 185 mobilité complète; mais le nasoiinement et la pronoDcialion imparfaite mettront le médecin sur la voie. Lorsque la paralysie sera partielle, la perte locale du mouvement avec conservation du sentiment ou le trouble fouctionnei caractérisera suffisamment la maladie. Néanmoins, dans un cas de paralysie bornée au voile du palais, il pourrait être difficile de déterminer si l'ou a affaire à une paralysie des rameaux du facial qui se rendent aux muscles élévateurs de ce voile, ou si l'on doit rap- porter l'absence des mouvements à une paralysie du glosso- pharyngien. En effet, nous avons vu, par les expériences rapportées dans la deuxième partie de ce mémoire, que l'excitation du glosso-pharygien provoque des mouve- ments dans le voile du palais, m;iis que ces mouvements sont produits par action réflexe, c'est-à-dire à la suite d'une impression communiquée au centre nerveux par le nerf glosso-pbaryngien et rapportée aux élévateurs du voile du palais par le nerf facial. Il devrait donc arriver, dans une paralysii^ du nerf glosso-pharyngien, que les excitations portées sur ce nerf, ou sur la membrane muqueuse à laquelle il se distribue, n'étant plus transmises aux centres nerveux, ne seraient plus suivies des mouvements qu'on ob- serve à l'état normal.Ce ne seraii point ici uneparalysie du mouvement, mais une absence de mouvements consécutive à une paralysie du sentiment. Ce qui pourrait faire distinguer dans ce cas la paralysie du glosso-pharyngien de celle du facial, ce serait, d'une part, la perte de sensibilité des parties ; d'une autre part, la persistance de certains mouvements indépendants des excitations du nerf glosso-pharyngien, de mouvements qui se produiraient encore dans certains actes spontanés des centres nerveux, et analogues aux actions réflexes, dans le bâillement, par exemple (voy. obs. VIII). Mais les faits seuls, étudiés à ce point de vue des actions réflexes, pourront déter- miner les conditions précises du diagnostic dans la paralysie isolée du voile du palais. Nous avons déjà eu l'occasion de faire remarquer, dans le cours de ce travail, que, dans les cas de paralysie double de la face, les phénomènes paralytiques se montrent quelquefois d'une manière successive ; dans ces cas. Ton observe le redressement graduel des traits, et l'on pourrait croire à une guérison de l'hémiplégie faciale, si l'on n'observait que les deux yeux ne se ferment plus, que les fonctions des joues et des lèvres sont abolies (obs. V, VI). Lorsqu'un état spasmodiquc des muscles d'un des côtés de la face vient à succéder à un état paralytique des mêmes organes, les changements qui en résultent dans la physionomie pourraient conduire à penser que la para- TOME IV. 1" ;^/H I8H iysie a quitté le côté primitivement affecté pour se porter du côlé opposée Une observation de iVIarshali-lIall prouve que celle méprise a été commise. Voici le lait. FEMME ; liMPIlESSION DU FROID, PARALYSIE DE LA FACE DU CÔTÉ DROIT, PUIS ÉTAT SPASMODIQUE DU MÊME CÔTÉ (1). Obs. XVII. — M Lady S , après avoir été exposée à un froid violent, fui atteinte d'une paralysie du côté droit du visage ; elle ne pouvait fermer les pau- |)ières de l'œil droit, les traits étaient tirés à gauche; les aliments restaient flans le côté droit de la bouche pendant la mastication, et la salive coulait de l'angle des lèvres de ce côlé. Avec le temps, tout changea, les paupières, d'a- bord paralysées, se fermaient non-seulement par un acte de la volonté, mais d'une manière spasmodique. Le visage fut tiré à droite, surtout pendant le rire et pendant la mastication, et il se forma une fossette sur le côté droit de la ligne moyenne du menton. » On supposa que celte maladie avait allaqué successivement les deuco côtés de la face, qu'il y avait eu d'abord paralysie du nerf facial droit, et ensuite du nerf facial gauche; cependant l'état de la paupière indiquait suffisamment que le changement ne s'était pas fait d'un côté à l'autre, mais qu'à une paralysie de la face du côté droit avait succédé un spasme du même côté. C'étaient toujours les paupières de l'œil droit qui étaient affectées; celles du côté gauche étaient restées à l'état normal. Les paupières à droite ne pouvaient être fermées com- plètement, et l'effort pour y parvenir produisait une action spasmodique des muscles de ce côté de la face. Ce cas ayant été mal diagnostiqué, les remèdes urent appliqués sur le côlé non affecté du visage. » Bien que la méprise ail été commise dans ce cas, je m'empresse d'ajouter qu'avec un peu d'attention on aurait pu facilement l'éviter. Ce qui peut l'excuser jusqu'à un certain point, c'est que les cas d'état spasmodique des muscles delà face, succédant à leur état paralytique, n'ont pas été mentionnés d'une manière spéciale par les auteurs qui ont écrit sur la paralysie de la septième paire. Pronostic. — Relativement au pronostic, la paralysie des deux nerl's de la septième paire doit être envisagée en elle-même et par rapport aux conséquences qu'entraîne l'abolition de certaines fonctions. Considérée en elle-même, la paralysie des deux nerfs de la face sera sub- ordonnée, quant à sa gravité, au degré d'altération des nerfs eux-mêmes (1) On THE DISEASES AND DERANGEMENTS OF THE NERVOUS SYSTEM ; by Marshall- Uall. London, 1851, p. 347. ÎS7 OU à li«;n que l'éUicle des épidémies el des constitutions épidémiques soit Irès- négligée do nos jours, il e>t à [leu près généralement reconnu que tout ce qui tient à l'éliicidalion de ces questions a une certaine importance pour l'éliologie des maladies. l! n'y a pas longtemps qu'une doctrine qui a rendu de irès-grands services, mais qui faisait jouer à l'irritation un trop grand rôle et qui ne reconnaissait parmi les causes d'irritation que les Hgenis extérieurs connus, pondérables ou impondérables, avait si fortement ('■branlé la doctrine des constitutions médicales que l'on en était presque arrivé à nier l'épidémicilé, c'est-à-dire la spécificité de certaines afTeclions que l'on considérait comme types des maladies inflammatoires. A tel point que dans quelques ouvtages classiques de cette époque ou n'aurait point osé enspi;:ner que le riiumalisme, que la pneumonie, que la méningite, s'observaieiif qno!nue!V)!s eu noutbre variable à la façon des nuiladios ré- 19/j giiaiiles, d'autres fois en nombre Ires-considérable comme des maladies épi démiques. L'allenlion loule perlée sur certaines questions de thérapeu- tique et de physiologie patliologique, on ne songeait nullement à examiner les maladies par groupes et à s'assurer si au-dessus des influences des agents physiques il n'y a point quelque autre cause, moins définie mais plus puissante, puisque d'elle dépendrait la variabilité des maladies que l'on observe dans une même saison et dans une même localité. De nos jours celle étude est destinée à éclairer bien des questions médicales, mais pour cela faire il faudrait y apporter ^ce qui manquait aux observa- teurs du commencement de ce siècle et de la fin du siècle passé, les don- nées exactes que nous fournissent aujourd'hui la statistique et la science du diagnostic. Je développerai ces principes dans une autre communication; aujourd'hui je viens seulement établir le fait de l'épidémicité de certaines affections chirurgicales que l'on observe ordinairement à l'étal sporadique. Ayant eu de fréquentes occasions d'observer dans les régiments et dans les hôpitaux militaires auxquels j'ai été successivement attaché, qu'un grand nombre de maladies se montraient ordinairement par groupes, je me suis efforcé de déterminer le genre et l'espèce de ces affections, afin de les comparer entre elles; j'ai bientôt vu que presque toutes les maladies pouvaient se présenter ainsi groupées, apparaissant en grand nombre et pres- que à la même époque pour disparaître de la même façon ; il m'est rare- ment arrivé de voir dans deux années successives des groupes identiques se présenter dans le même ordre et dans les mêmes saisons; j'ai reconnu, au contraire, que ces manifestations étaient souvent indépendantesdes phé- nomènes terrestres et météorologiques. Je ne serai point aussi explicite en ce qui regarde l'hygiène du soldat ; il y a là quelques influences, mais elles sont difficilement appréciables et n'agissent le plus souvent que comme causes occasionnelles. Parmi les maladies donl l'étude ainsi faite a le plus vivement éveillé mon attention, il en esl une sur laquelle j'étais resté dans le doute, n'en ayant observé qu'un petit nombre de cas en Corse à Bastia, au mois de mailSil, lorsque je lus dans le Recueil des mémoires de médecine militaire (t. LVII, année 1844) que le docteur Martin, chirurgien en chef de l'hôpi- tal deColmar, avait observé en 1834, dans le pays des Basques de la Soûle (Basses-Pyrénées, arrondissement de Mauléon), une véritable épidémie de panaris sur les soldats du 57"= de ligne qui faisait partie de l'année d'observation réunie sur les frontières d'Espagne. Le ménioire de M. Martin ponlienl 11 observations détaillées de phlegmons des mains ou de l'avant 195 bras, el présente un résumé de 101 observations semblables dont 53 eu 1834 et 48 en 1835. Je cite maintenant texluellemenl les différents passages de ce travail qui se rapportent à la question : « Un très-petit nombre de rhumatismes musculaires, d'engelures et de » bronchites légères formèrent à peu près tout le cadre des maladies qui n s'observèrent en décembre 1833 et janvier et février 1834; aux approches » du printemps et jusqu'au mois de juillet se montrèrent successivement » des éruptions darlreuses, des boutons hémorrholdaux, divers érythèmes » et érysipèles, des abcès dans plusieurs régions du corps et particulière- » ment aux membres, des furoncles, des anthrax, quelques cas de charbon » el la tendance de certaines inflammations phlegmoneuses à se compli- » quer de gangrène. » Mais, de toutes ces lésions, aucune ne fut plus commune et n'attira ») plus mon attention que les tumeurs inflammatoires des mains, connues » sous le nom de panaris. La fréquence et la gravité de ces phlegmons /> pendant le printemps et l'été de 183Zi furent remarquables : peu de cas » eurent de la bénignité Us occupaient en général les doigts, se montraient » à la face palmaire des mains et parfois aux parties antérieures de l'avant- » bras et externe du bras. L'inflammation qui présidait à leur formation )» prenait en peu de jours un grand développement; le gonflement était » plus considérable que cela ne se voit d'habitude ; son acuité était telle » qu'elle rendait le plus souvent la gangrène imminente; celle-ci en fut le » terme dans deux ou trois cas; plusieurs fois il y eut aussi exfoliation des » tendons el carie des os. » Les émollienls, les narcotiques, les saignées générales et locales furent » des secours souvent impuissants. Les incisions pratiquées pour prévenir » le développement de ces tumeurs ou pour en opérer le dégorgement et n en atténuer les douleurs furent même souvent infructueuses. Les phleg- » mons se terminaient dans tous les cas par suppuration, la guérison » en était lente et difficile, il semblait qu'il y eût dans leur génie phleg- » masique un principe de malignité paralysant l'effet de toutes les médica- » lions employées. » Plus loin, l'auteur note le caractère sérieux que prirent celles de ces tumeurs survenues sans cause externe appréciable ; la disparition de l'épi- démie en hiver et sa réapparition au mois de mars de Tannée suivante ; puis les bons effets des frictions raercurielles. Relativement aux causes, i! insiste sur le régime tonique el excitant, sur l'abus des épiées, du piment. 196 (les boissons spirilueuses, el il fait jouer un très-grand rôle à la chaleur aUnospliérique. Rien n'indique d'une manière positive que celte affection soit endémique dans le pays basque ; M. Martin incline à penser seulement que les Basques de la Soûle y sont plus sujets que les Basques espagnols, el il écrit que la maladie ne se manifesta plus que rarement chez les militaires du 57% dès la fin de 1835, alors qu'ayant eu pour nouvelle destination la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, ils eurent repris dans cette position les habi- tudes el le régime de la vie militaire. Celle relation, d'une exaclilude el d'une précision remarquables, ne laisse pas le moindre doute sur la marche et la nature des maladies obser- vées ; seulement l'auteur, fortement pénétré des principes de la doctrine physiologique, fait jouer un rôle trop grand à l'excitation, el n'insiste pas assez sur la spécificité de l'affection dont il a cependant parfaitement indi- qué les caractères. Le fait que je viens d'analyser pourrait donner lieu, comme tous les faits semblables, à des commentaires sur l'origine el la nature de la maladie ; c'est précisément ce que je veux éviter de faire ici, il me suffit d'avoir constaté le nombre considérable de ces affections, leur gravité, leur terminaison par la suppuration, la tendance à la gangrène, et la co- existence des furoncles, des anthrax et de quelques cas de charbon. Ce sont là, à mon sens, autant de traits caractéristiques. On trouve bien, dans les recueils périodiques el dans les ouvrages des épidémiologisles, quelques faits analogues , mais ils ne sont point aussi complets, el je ne craindrais pas d'affirmer que généralement ils ont été mal compris ou présentés d'une manière inexacte, el au point de vue chi- rurgical. Tout montre cependant que ces affections sont dominées par des conditions générales sans lesquelles elles ne se développeraient point avec ces caractères, spontanément et en aussi grand nombre; tout semble in- diquer des affinités d'origine entre les phlegmons de différentes régions du corps, les panaris el les furoncles, nous verrons tout à l'heure que là ne s'arrête point cette ligne généalogique que je cherche à tracer ici. Un journal de Dublin (Dublin médical Press, 28 juillet 1852)conlient un article plein d'intérêt sur des éruptions furonculeuses occasionnellement épidémiques. L'auteur, llamillon Kinglake, a fait ses observations dans l'hôpital de Somerset et de Taunton, el s'est assuré que la maladie régnait dans un rayon de vingt lieues au moins à la ronde dans le comté de Somerset. 197 « Dans le cours de l'aiilomne, une scarlatine maligne s'était montrée dans toutes ces localités, elle fil beaucoup de ravages, surtout chez les en- fants, qui mouraient en quelques heures. A la fin de cette épidémie, les éruptions furonculeuses ont été très-fréquentes et ont régné d'une manière continue pendant six mois. La forme la plus ordinaire de la maladie était le panaris (whitlow), qui quelquefois envahissait plusieurs doigts en même temps; dans certains districts, elle était tellement commune que les habi- tants l'appelaient la peste des doigts. Un praticien, consulté sur la fré- quence de ces affections, dans son arrondissement, écrit que dans une matinée 10 on 12 malades appartenant principalement à la classe pauvre, le firent appeler pour des panaris. L'âge, le sexe, le tempérament n'exer- çaient aucune influence sur le développement de cette affection. » Dans l'autre forme , tout aussi importante et quelquefois même plus grave, on observait des furoncles (boils) dégénérant quelquefois en anthrax. (carbuncles) . » « Des furoncles de toutes les dimensions, écrit un praticien des districts ruraux, depuis le plus petit bouton jusqu'au volume d'une tasse à thé, se montrent dans différentes parties du corps. Les deux sexes y paraissent su- jets, les hommes plutôt que les femmes. Un grand nombre de ces furoncles se transforment en anthrax, exigent l'incision cruciale et s'accompagnent de gangrène du tissu cellulaire. Une demi-douzaine de remèdes ont été essayés sans succès. )> Hamilton Kinglake a observé ensuite, dans l'ordre de fréquence, des in- flammations phlegmoneuses profondes, des abcès, des collections puru- lentes dans différentes parties du corps. « Il existait concurremment, dit- il, une dépression manifeste des forces vitales exigeant un traitement to- nique et ne cédant qu'après l'élimination des matériaux morbides par plu- sieurs éruptions successives. » Cette description présente de grandes analogies avec celle du docteur Martin, on y retrouve les mêmes formes d'inflammation, phlegmons, furon- cles, panaris, la même tendance à la suppuration et à la gangrène, la même résistance aux agents thérapeutiques ordinaires ; seulement, dans le pre- mier cas, on a l'exemple d'une épidémie qui ne sévit que sur une fraction de la population, ce qui est un fait assez fréquent dans l'histoire des épi- démies, tandis que, dans le second cas, la naaladie est plus généralisée et semble avoir été préparée en quelque sorte par l'épidémie de scarlatine qui Ta précédée. La manileslation épidémique du comté de Somerset, qui a eu lieu vers 198 la fin de 1851 et le commenoemenl de 1852, aurait passé inaperçue si elle n'avait point rencontré un historien aussi exact ; bien des observateurs n'auraient vu dans ces affections que les effets secondaires et consécutifs de la scarlatine, et à défaut on aurait tout expliqu<^ par Tirrilalion, l'em- barras ou l'état saburral des voies digestives; car c'est avec des théories de cette sorte qu'on a enterré bien des faits précieux pour l'histoire des épidémies. Hamilton Kinglake est porté à croire que l'épidémie qu'il a observée est i^n fait tout local; je le pensais aussi en lisant celle relation, mais il paraî- trait, d'après un mémoire lu à la Société épidémiologique de Londres, dans la séance du 5 juillet 1852, et dont le Médical times and Gazette donne un résumé, que les furoncles, les anthrax, les panaris, les pustules, les abcès superficiels se sont montrés en très-grand nombre dans les différents comtés d'Angleterre et dans beaucoup de villes situées sur les côtes ou dans lintérieur des terres, dans l'île de Wight, en Ecosse, en Irlande, etc. D'a- près l'auteur, M. Hunt, ces maladies, bien qu'elles aient sévi sur la classe pauvre, ont attaqué cependant des personnes de toutes les classes; et pen- dant leur durée, toutes les maladies éruptives ont montré une tendance remarquable à la pustulation et à la suppuration d'un caractère asthé- nique. En même temps, on a observé une augmentation considérable dans le nombre des cas de variole, dont le chiffre de mortalité a presque triplé. En effet, en 18/iO, 18Zil, 18/i2, 1843, il y a eu en moyenne par an, à Londres, 771 décès par suite de celte affection, tandis que les trois mois d'avril, mai, j uin 1852 ont fourni à eux seuls 472 décès de variole, ce qui ferait le chiffre énorme de 1,888 morts pour un an. Parmi les caractères de cette constitution médicale, j'ai noté à dessein la tendance gangreneuse du travail inflammatoire. C'est une particularité qui a été presque toujours remarquée; aussi ne lira-t-on peut-être point sans intérêt les chiffres suivants sur l'augmentation du nombre des cas de charbon à Londres, depuis 1840 jusqu'en 1852. La moyenne annuelle de la mortalité, par suite d'affections charbon- neuses, a été : Pour 1840, 1841, 1842, 1843, de 3 1/2 1844, 1845, 1846, 1847, de 8 1848, 1849, 1850, 1851, de 18 Le dernier Irinieslre de 1851 à lui seul, a donné 9 morts : moyenne annuelle de 36. Le premier trimestre de 1852, 16 morts : moyenne annuelle ùe.Gli. Le deuxième trimestre de 1852, 5 morts seulement, moyenne de 20. Je me hâte de dire que ces documents, extraits de la statistique générale des décès et des naissances en Angleterre, ont la plus grande authenticité; voici, du reste, un fait particulier qui s'y ajoute et qui les corrobore. Le Journal de Dublin que nous avons cité (n° du 1" sept. 1852) relaie plu- sieurs observations d'inflammations charbonneuses de la face recueillies à rhôpital Saint-Bartholomée de Londres par MM. Stanley et Lloyd, et les rédacteurs s'expriment ainsi : « l'inflammation charbonneuse delà lèvre su- périeure a régné d'une manière épidémique, et cette afl'ection a été très- grave et souvent mortelle. On l'a observée dans difTérents hôpitaux et sur- tout à Saint-Bartholomée. Le nombre des cas d'afl"ection charbonneuse a augmenté partout d'une manière notable ; ces maladies, qui se montrent de préférence au cou ou à la lèvre supérieure, donnent lieu à des perles de substance considérables... On dut penser généralement d'abord qu'il y avait là une cause d'irritation locale ou quelque influence tenant à la pro- fession du malade ; mais celte idée ne peut être soutenue en présence des cas nombreux qui se présentent et qui attestent une action épidémique qui atteint son maximum dedifi"usion pendant la saison chaude de l'année.» L'influence des professions, des logements insalubres n'a point été déter- miné, on sait seulement qu'une fois la maladie se montra sur un chirur- gien; une fois sur un fondeur de cuivre, une fois sur un vigneron, une fois sur un garçon mercier. Il serait important de savoir jusqu'à quel point les affections dont nous parlons se sont montrées avec ces caractères dans d'autres parties de l'Eu- rope. N'y a-l-il rien eu de semblable à Paris? Pendant que je m'occupais de la solution de celte question, M. Laboulbène, interne des hôpitaux, membre de la Société de biologie, eut l'obligeance de ra'apprendre qu'à l'hôpital Sainte-Marguerite, dans le service de M. Marjolin, on avait observé dans le courant de 1852 un très-grand nombre de panaris. M. Marjolin, que je consultai plus tard, confirma cette indication ; il fit dresser un relevé de toutes les maladies chirurgicales observées à Sainte-Marguerite, et il résulte de ce document, dont je regrette de ne pouvoir citer ici les chiffres exacts, que pendant l'année 1852 on y a observé avec une telle fréquence les panaris et les phlegmons spontanés qu'on ne saurait expliquer ce fait que par une coïncidence extraordinaire ou par l'existence d'une disposi- tion épidémique. M. Marjolin, comme tous les observateurs que j'ai cités précédemment, a du reste été frappé de la gravité de ces inflammations 200 spontanées des doigts, et de leur tendance à la soppuratimi et à la gan- grène. J'allais terminer là cette note lorsqu'à la lecture d'un rapport sur le cho- léra-raorbus de Ferrare (Relazione scl choléra-morbus che domino NELLA ciTTA E PROviNciA Di Ferrara nel 1849), je trouvai le fait suivant qui vient s'ajouter à ceux que j'ai déjà cités. Les auteurs du rapport, en parlant des maladies qui ont régné avant le choléra pendant l'été de 1849, déclarent « qu'à Porto-Maggiore (petite commune du territoire de Ferrare) on observa des érysipèles phlegmo- neux et des phlegmons qui se montrèrent quelquefois spontanément, mais te plus ordinairement après les causes traumatiques les plus légères, les saignées, les coupures superficielles des doigts, les écorchures les plus insi- gnifiantes. Ces affections se développaient également chez les enfants elchez les personnes d'un âge mûr, sur des sujets robustes comme sur des consti- tutions cachectiques. Chez tous, après les premiers jours, la maladie pre- nait un cachet de gravité, chez les cachectiques elle s'accompagnait de gangrène ; presque tous les cas se terminèrent par une suppuration qui fut prolongée et qui enlevait souvent les malades. Au Bosco Eliseu (localité voisine de Porto-Maggiore), on observa des phlegmons, ou des phiyclènes (flitteni) et des furoncles. A Foghera, des anthrax et des charbons se sont développés sur beau- coup d'individus en même temps que des affections internes fort graves sévissaient sur les bestiaux. Plus loin (p. 23), les rapporteurs concluent de l'examen des maladies régnantes : que dans l'année 1849 on a observé à Ferrare la variole, les pa- rotides, la grippe, comme maladies régnantes ; que la grippe développée au printemps a duré tout l'été ; que dans quelques localités on a observé des phlegmons, des anthrax, des charbons, des furoncles, des éruptions mi- liaires ; enfin qu'avec la variole et quelquefois sur le même malade, on a observé des exanthèmes de plusieurs formes et surtout des érysipèles. On trouve dans presque tous les auteurs classiques quelques données sur les conditions qui prédisposent aux éruptions furonculeuses ; ou a noté que ces affections étaient quasi endémiques dans certaines localités et par- ticulières à certaines professions. Pour le panaris ou a été moins expHcite ; ce pendant Boyer, dans le grand Dictionnaire des sciences médicales, dit formellement que les constitutions froides et humides et certaines variations de l'atmosphère paraissent avoir quelque influence sur le développement de cette inflammation. Lieutaud a remarqué qu'elle élait plus fréquente en 201 automne que dans toutes les autres saisons. Uavalon lui seul parait avoir observé cette affection sous forme épidémiqiie ; dans la Pratique mo- derne DE LA CHIRURGIE, tomelll, article PANARIS , il s'exprime ainsi : « J'ajouterai, et mon expérience m'en a convaincu bien des fois, qu'il y a des années où les vices de l'air contribuent à la formation du panaris. En 1760 et en 1767 , il entra à l'hôpital de Landau un grand nombre de soldats attaqués de celte maladie . qui fut chez la plupart accompagnée de carie des os et de la pourriture des tendons ; il y en eut même plusieurs qui furent estropiés. Ce fait, rappelé par Boyer et par M. Bégin dans le Dictionnaire de mé- decine ET DE CHIRURGIE PRATIQUE , u'avait frappé personne; on l'avait généralement admis comme le seul exemple de développement du panaris d'une manière épidémique. Conduite bien différente de celle qui fut tenue envers un observateur pour le moins aussi sérieux que Ravaton, feu Bayle, lorsqu'il rapporta dans sa thèse des exemples de pustules malignes non contagieuses, développées d'une manière épidémique dans un village des Basses-Alpes. Boyer nia complètement ce mode de développement et attri- bua la maladie observée par Bayle sur les lieux mêmes au contage des maladies charbonneuses qui régnent quelquefois sur ces animaux dans ces départements. L'explication tout hypothétique de Boyer n'en a pas moins eu force de loi et a passé depuis lors dans tous les classiques. De l'ensemble des faits que je viens de présenter, je demande à prendre ici les conclusions suivantes : 1° Le furoncle , l'anthrax , le panaris peuvent sévir comme maladies épidémiques et leur développement dans ces circonstances se fait suivant les lois du développement des épidémies. 2° La coexistence et le développement simultané de ces affections impli- quent une certaine afTinité de nature qui se traduit suivant les lois de re- lations d'origine des maladies. XOME IV. lli DES KYSTES DERMOÏDES DE L'HÉTÉROTOPIE PLASTIOCE EN GÉNÉRAL, Mémoire communiqué à la Société de biologie en août 4852; M. LE Docteur LEBERT. Dans les pages suivantes, nous parlerons d'un ordre de kystes dont l'appréciation exacte est de la plus haute importance physiologique et pa- thologique et qui sont encore aujourd'hui si incomplètement connus et si mal appréciés dans leur mode de formation et leur nature que les doctrines les plus erronées régnent à leur égard dans la science. Aussi serons-nous obligé d'entrer dans beaucoup de détails pour leur description. Nous appelons kystes dermoïdes des kystes qui présentent à leur sur- face interne une organisation qui les rapproche beaucoup de celle de la peau, et dans lesquels on trouve de l'épidernie. du derme, des glandes sé- bacées ou sudoripares, des poils implantés, une graisse abondante, et dans quelques localités en outre des os et des dents. Nous faisons par conséquent entrer aussi dans cette classe les kystes piii-dentifères des ovaires que beaucoup de pathologistes encore aujourd'hui prennent pour les restes d'un produit de conception, opinion qui nous parait en tout point erronée. Nous dirons ù cette occasion que la formation des produits contenus 2(iU dans ces kysles rentre tout ii fait dans une loi palhogénique générale qm nous désignons sous le nom d'hélérotopie plastique. Voici la formule de celte loi: Beaucoup de tissus simplesou composés et des organes plus complexes même peuvent se former de toutes pièces dans des endroits du corps où à l'état normal on ne les rencontre point. Il est impossible d'assigner déjà aujourd'hui les limites de cette loi; toutefois nous n'hésitons pas à l'appliquer à l'épiderme, au pigment, aux tissus adipeux, fibreux, fibro-plastique, musculaire tant organique que dn mouvement volontaire, cartilagineux et osseux, et parmi les organes plus complexes, nous avons constaté la formation hétérolopique pour les poils, les glandes et les dents. Nous allons d'abord suivre ces productions dans les kystes superficiels. PREMIÈRE PARTIE. DES KYSTES DERMOÎDES NON OVARIENS. 1® DES KYSTKS DERMOIDES SOUS-CUTANÉS. Nous ferons connaître en premier lieu tout ce que nos travaux nous ont appris au sujet des tumeurs enkystées sous-culanées contenant des poils, des glandes, de la graisse, de l'épiderme, etc. Voici les deux faits que j'ai observé moi-même. Obs. 1. — En séjour à Berlin au commencement de l'année 184C, M. Dieffen- bach me proposa un jour d'extirper à sa clinique une tumeur enkystée qui avait son siège au-dessus de la paupière supérieure gauche. Un jeune homme âgé de 24 ans, d'une bonne constitution porlait celte tumeur depuis sa naissance. Il n'en avait été incommodé que depuis peu de temps; elle était située au-dessus du bord supérieur de l'orbite, et bien que peu à peu la tumeur eut atteint le vo- lume d'un œuf de pigeon, les mouvements de la paupière n'étaient proportion- nellement que peu troublés. La peau extérieure était mobile sur la tumeur, tan- dis que celle-ci ne l'était que partiellement sur l'os sous-Jacent. Je pratiquai l'opération en faisant une incision semi-lunaire sur toute sa lon- gueur. Après avoir disséqué la peau des deux côtés, je la fis écarter par des aides, et je séparai ensuite le kyste avec le bistouri et avec des ciseaux, mais je ren- contrai des adhérences si intimes avec le périoste frontal que j'ai été obligé de laisser nne très-petite partie de la base, qui, en effet, plus tard se détruisit par la supparation et ne mit point obstacle à la cicatrisation complète. Le contenu de cette tumeur était composé d'une graisse jaune, de la consis- tance du suif, luontraiil au inicioscopc de la graisse granuleuse et des vésicules, ïans véritables celluUs adipeuses et sans cristaux gras. La paroi interne du kyste, close de toutes parts avant l'opération, présentait tous les caractères d'une organisation cutanée complète. Bien qu'il ne fût point facile d'enlever l'éplderme isolé, on put cependant bien aisément constater son existence sur des coupes verticales qui, traitées par l'acide acétique, firent reconnaître les feuillets et les noyaux des cellules épidermiques. Le derme lui-même était composé d'un tissu flbro-aréoiaire, semblable à celui de la peau. Toute la surface interne du kyste était recouverte de petits poils blanchâtres, fins, courts, solidement im- plantés, et dont le bulbe et la gaine étaient très-nettement visibles. A côté de chaque poil se trouvaient deux glandes sébacées en forme de grappes, dont le conduit excréteur se rapprochait de la surface du poil ; elles étaient gorgées de l€ur produit de sécrétion identique tout à fait à la graisse contenue dans le kyste. Le second fail est le suivant : Obs. il — Un jeune homme âgé de 21 ans, que j'ai également observé dans la clinique de Diefîenbach à la même époque, avait déjà ofTert dès l'âge de G mois, d'après les indications de ses pareuts, une petite tumeur du volume d'une len- tille, au-dessus de la paupière supérieure gauche. Il est probable que cette tu- meur était congéniale. Peu à peu elle prit de l'accroissement, et à l'âge de 19 ans elle avait atteint le volume d'une prune, et incommodait assez le malade pour qu'il réclamât l'opération. Celle-ci fut pratiquée par une incision dans toute sa longueur; on fit sortir tout son contenu, et on entretînt son intérieur en suppuration pendant cinq à six semaines. La plaie se cicatrisa, mais la tumeur ne tarda pas à se reproduire et à s'accroître bien plus rapidement qu'auparavant, au point qu'à l'époque de l'entrée du malade à la clinique elle avait atteint le volume d'une petite pomme. Depuis quelques semaines, la tumeur était devenue douloureuse et s'était en- flammée à la suite d'une longue course où le malade avait beaucoup couru. Des douleurs lancinantes, brûlantes ou térébrantes s'étaient fait sentir, et sont deve- nues de plus en plus vives et permanentes. La peau avait pris une teinte rouge à la surface, et le volume de la tumeur avait si rapidement augmenté pendant les derniers temps que l'œil en était complètement recouvert, la paupière ne pouvant plus être relevée spontanément ; l'œil, du reste, n'avait pas le moindre mal ; le sourcil de ce lôté passait juste sur le milieu de la tumeur. Le 17 février 1846, l'opération fut pratiquée de la façon suivante : Une ellipse de peau fut circonscrite par deux incisions faites au-dessus du sourcil, et dan» la direction transversale; le kyste fut ensuite disséqué; on l'ouvrit pendant l'opération, ce qui donna issue à une matière grumeleuse mêlée de beaucoup de pus. Les suites de l'opération furent heureuses -, au bout d'un mois la plaie était cicalrisée, el le malade quilla l'Iiopilal complètement guéri. 206 L'examen de la tumeur offrit les caractères suivants : Les masses grumeleuses étaient composées d'une matière grasse sébacée, à petits granules; le pus avait ses caractères ordinaires. La lace interne de la membrane du kyste présentait tous les caractères de la peau extérieure; sa surface la plus rapprochée de la ca- vité était recouverte d'une couche épithéliale dont les lamelles superficielles étaient un peu raccornies; mais un peu au-dessous d'elles se trouvaient des cel- lules épithéliales plus jeunes avec un noyau distinct; ces cellules offraient tous les caractères de jeunes cellules d'épithélium pavimenteux ou de l'épiderme de la peau. Au-dessous de cette couche de cellules se trouve un derme très-vasculaire. Toute la surface de cette peau de nouvelle formation est parsemée de poils avec (les glandes ; les premiers sont de couleur blonde et ont des bulbes larges et bien nourris, entourés de leur gaîne ; deux glandes sébacées accompagnent généra- lement ces poils; cependant il y a par-ci par-là des poils sans glandules et des glandules sans poils. On reconnaît ces dernières déjà à l'œil nu par leur couleur jaune pâle et mate et par leur forme arrondie et lobulée ; leur volume varie entre celui d'une très-petite tête d'épingle et celui d'un grain demillet. Lorsqu'on fait des préparations minces de cette membrane interne et qu'on les rend trans- parentes par l'acide acétique, il est facile d'étudier la structure des glandules avec le microscope : on voit bien alors leur membrane propre, leur conduit excréteur et leurs contours lobules, en forme de feuilles de chêne; leur contenu se compose d'une graisse jaunâtre, granuleuse ou à petites vésicules. Nous n'avons point trouvé de poils libres et détachés mêlés à la graisse qui remplissait ce kyste. Les faits de ce genre ne sont pas très-rares, quoique nos traités classiques de chirurgie se taisent généralement sur ce sujet. Baillie (1) nous apprend, dans le 16'= volume des Transactions philo- sophiques, publié en 1789, que Ilunter avait déjà excisé une tumeur parfai- tement close, située au-dessus du sourcil et qui renfermait des poils, M. Cruveilhier (2), dans son Traité d'anatomie pathologique, publié en 1816, réunit quelques cas semblables. Un premier appartient à Maurice Hoffmann, qui trouva dans une tumeur de la tête et de la tempe des che- veux libres et implantés. En 1810, Zelhermau avait signalé la présence de poils dans un kyste qu'il avait extirpé à la paupière supérieure. Dupuylren enleva à un enfant âgé de 3 ans une tumeur de la paupière supérieure, renfermant une matière comme du beurre fondu et une grande quantilé de poils adhérents à la paroi interne, longs de quelques lignes. Pelit lut devant la Société anatomique une observation semblable. (1) PniLos. TRANSACT., t. XVI, p. 535-39, an 1789. (3) Cruveilhier, Essai sur l'anat. pathol, Paris, 181C; 1. II, p. 186. 207 A. Cooper (1) fait aussi meiilion de ces sortes de luineurs, el uous trou- vons dans la IraducUon française de ses œuvres le passage suivant : «Quel- quefois ces kystes renferment des cheveux. C'est ce qu'on observe lorsqu'ils existent à la tempe ou près du sourcil, ou dans d'autres parties du corps recouvertes de poils. Ces poils n'ont point de bulbe ni de canal, et diffèrent par conséquent de ceux qui existent normalement à la surface du corps. » Cette opinion ainsi formulée nous paraît exagérée; elle est réfutée, du reste, par les deux faits que nous avons rapporté plus haut; toutefois il est intéressant de constater qu'A. Cooper ait bien connu les kystes pilifères sous-cutanés. Nous trouvons dans la Gazette Médicale de 1837 une observation de Venot (2) d'un kyste pileux siégeant à la jambe chez un homme âgé de 36 ans. En 1838, M. Lawrence (3) à Londres avait publié, dans la Gazette mé- dicale DE Londres, un petit travail fort curieux sur ces maladies, et nous sommes étonné qu'on ait tenu si peu compte de ses observations. Il y rap- porte les faits suivants. Un jeune enfant portait une petite tumeur près de l'angle externe de l'œil, du volume d'une fève, faisant une saillie incolore et laissant la peau mobile au-dessus d'elle. La tumeur était congéniale. En faisant l'extirpation, le chirurgien put se convaincre que la tumeur était située sous le muscle orbiculaire, el que par sa base elle adhérait intime- ment à la surface de l'os, à l'apophyse externe du frontal. Ce kyste renfer- mait de la graisse el des poils d'une couleur foncée. L'auteur ajoute que les tumeurs de celle espèce ne sont pas rares dans celle région chez les jeunes enfants, qu'elles sont ordinairement congéniales et qu'elles restent quelquefois slalionnaires pendaDt toute la vie, et il cite le cas d'un homme qui eu a toujours porté à l'angle externe de l'œil sans avoir jamais été in- commodé. L'auteur anglais rapporte ensuite ce singulier fait que si on lais- sait persister une partie du kyile, la plaie ne se cicatrisait point. A l'appui de celte opinion, il rapporte les deux faits suivants. Une jeune i)ersonne portait une tumeur pareille à la racine du nez, enlre les deux paupières; on en fit l'ablalion, mais la cicatrisation ne devint jamais complète. Lawrence incisa alors la listule, el trouva au fond de la plaie un fragment de kyste (1) A. Cooper, OEiiv. chirurg., trad. par Chassaignac et Richelot. Paris, 1837: p. 5'JO. (2) Gazette Médicale, 1837, p. .500. (3) Lawrence, London meoicai, gazette, I83S, 1. XXI, p. •171. 308 sur lequel des poils étaient implantés. L'excision fut pratiquée et la guéri- son ne tarda point à s'accomplir. Le second fait est semblable à celui-ci. Une tumeur existait également à la racine du nez; incomplètement opérée, elle avait laissé une ouverture fisluleuse. Une incision fut pratiquée, et on mit également à nu un morceau de kyste couvert de poils, dont l'excision fut suivie d'une guérison complète. Voilà donc encore trois faits non dou- teux de kystes pilifères sous-cutanés. Nous trouvons dans les Annales de médecine de Prague (1) un fait semblable, observé par le docteur Ryba, el publié dans le principe dans le Journal de chirurgie et d'ophthalmologie de Wallher et Ammon. M. Ryba extirpa à une femme, âgée de 38 ans, une tumeur du volume d'une grosse noix qu'elle portait dans la région du sourcil gauche, vers la tempe, et qui était profondément située sous la peau ; elle était atlachée par des adhérences fibro-celluleuses au périoste. Le sac complètement ex- tirpé contenait, outre un sérum jaunâtre avec des flocons blancs, une quan- tité de poils détachés, courts, semblables à ceux du sourcil. Une partie de ce sac était plus épaisse et plus saillante vers l'intérieur, et les poils y étaient solidement implantés. Le même journal renferme, dans le huitième volume des analectes, le fait rapporté très en abrégé d'une tumeur sous- cutanée pilifère, extirpée par le docteur Cramer à un homme de la cam- pagne, âgé de 21 ans, qui portait cette tumeur près du sourcil gauche de- puis sa naissance. En général, ces faits avaient frappé davantage les ophthalmologisles que les autres chirurgiens, el nous trouvons cette maladie déjà bien décrite, dès 1817, dans l'excellent Traité d'ophthalmologie de Béer (2). Nous au- rions rapporté plus haut ce passage, si l'auteur avait cité des observations détaillées à l'appui de sa description générale. Après avoir décrit la patho- logie des tumeurs enkystées des paupières et du pourtour de l'œil, Béer dit que l'on y trouve une matière jaunâtre, pultacée, mêlée de beaucoup de poils unis, courts, mous, d'une ligne environ de longueur, et que la sur- l'ace intérieure de ces kystes est toute parsemée de ces poils, mais qu'ils se laissent facilement enlever parce qu'ils n'ont point de bulbe, Nous trouvons dans l'analomie pathologique iconographique de M. Cru- veilhier (3) l'observation d'une petite fille âgée de 9 ans, qui portait sur la (1) Prager, Vierteljahrschrift, t. Il, p. 2G1, 1844. (2) Béer, Lehre von den Augenkrankheiten. Wien, 1S17, t. H, p. 608-60P (3) Anatomie pathol. du corps humain. Paris, 1829 à 1835, ISMivr. 209 partie moyenne du nez une croule du volume d'une lêle d'épingle, qui, enlevée, laissa pénétrer la sonde jusque vers le sinus frontal. Par la pression, il en fit sortir des poils noirs de 6 lignes de longueur; déjà antérieurement il en était souvent sorti. M. Cruveilhier conseilla une injection irritante ; mais il n'est pas probable qu'elle ait amené la guérison, comme cet auteur le suppose. Dans une des séances de la Société anatomique, M. Cruveilhier a rapporté, à l'occasion d'une communication de M. Giraldès, le fait d'un kyste pilifère qu'il a observé près du pubis. Le fait rapporté par M. Giraldès (1) à la Société anatomique est le sui- vant. Ce chirurgien a extirpé à un homme de 20 et quelques années un kyste au cou, situé au milieu de la distance du cartilage thyroïde à la four- chette du sternum, et dont le malade ne se rappelle pas la première appa- rition. Cette tumeur du volume d'une grosse noix, mobile sous la peau, fluc- tuante, aurait pu être prise, en raison de son siège, pour une affection du corps thyroïde, si un examen attentif n'eût montré qu'elle ne suivait point le mouvement d'ascension du larynx dans la déglutition. Une ponction ex- ploratrice donna issue à du pus crémeux, mêlé de quelques poils blancs, et dans lesquels le microscope fit reconnaître des globules graisseux. Après une injection de teinture d'iode, non suivie de succès, M. Giral- dès a extirpé la tumeur dont la cavité contient encore une petite quantité duliquide crémeux indiqué. La surface interne, d'un blanc nacré, est lisse, sauf quelques mamelons réunis au lieu d'implantation des poils. Deux de ces derniers, blancs et beaucoup plus longs que les autres, sont implantés sur la partie la plus profonde de la tumeur. Aux faits précédents, nous ajouterons une observation de ce même genre que vient de nous communiquer avec beaucoup d'obligeance M. le docteur Panum (de Copenhague). Un jeune homme, âgé d'environ 20 ans, porte depuis longtemps à la partie externe du sourcil, au-dessus de la paupière supérieure, une tumeur du volume d'une aveline. Elle fut extirpée en au- tomne 18Zi9, par M. le professeur Larsen, chirurgien de l'hôpital de cette ville. La surface interne du kyste était recouverte d'une matière grasse et d'une multitude de poils fins, de la longueur de ceux du sourcil; bien que recouvrant la membrane interne, ces poils n'étaient plus implantés ; cepen- dant on y trouvait un bout inférieur légèrement épaissi constituant un bulbe, et à l'autre extrémité ils se terminaient tous en pointe. Le contenu (1) Bull, de la Soc. anatom., 1847, p. Du. 210 gras élail lonné par des cellules de 1/50 de niillimèlre environ, dont quel- ques-unes étaient pointues aux extrémités, sans noyau visible, et non alté- rés par l'acide acétique. La graisse offrait quelques particularités chimiques sur lesquelles M. Panum ne m'a pas donné de détails suffisants ; ces cellules étaient très-probablement de nature épidermique et avaient subi cette mo- dification cornée qui les rend insensibles à racUon de l'acide acétique et renfermant de la graisse, leur surface dure opposait probablement un ob- stacle à la dissolution dans l'alcool. Parmi les productions sous-cutanées de poils, une des plus curieuses est celle raeniionnée par Lobstein (1), qui a une fois trouvé des poils dans la matière noire d'une mélanose qui avait son siège sous le cuir chevelu. Mal- heureusement l'auteur n'entre dans aucun détail sur ce fait curieux, dont nous avons vainement cherché une mention plus complète dans la descrip- tion de la mélanose. Ruysch (2) a rencontré deux fois des kystes pileux entre les muscles de la nuque d'un bœuf et non chez l'homme, comme le passage de Meckel, qui a cité la planche VI au lieu de la planche III, le ferait supposer. L'auteur compare ce kyste à un nid de colibri, et il montre, danslafig. 5 la dispo- sition circulaire des poils et de la matière sébacée dans l'intérieur. Dans la figure 6, il représente un autre kyste trouvé dans la même région, de l'in- térieur duquel proviennent ces poils verticalement disposés. La planche VI de la même division représente une masse pileuse der- n)oïde et pédiculée, expulsée de l'utérus d'une vache. liunter, d'après BaiUie (3), a déjà observé des kystes sous-cutanés chez des vaches et des brebis, contenant des poils chez les unes, de la laine chez les autres. Il indique ces formations comme fréquentes, et il ajoute qu'une disposition cutanée à la face interne de ces kystes clos prépare la formation des poils. Paget (Zi) parle aussi de la fréquence des productions de ce genre chez la vache et le bœuf, et il est probable môme que plusieurs des préparations auxquelles il fait allusion provenaient de la collection de Ilunter. M. Leblanc (5), dont nous aimons toujours à invoquer le témoignage, a (1) Lobslein, Traité d'anat. pathologique. Paris, 1829, t. J, p. 350. (2) Ruysch, Thesaur. anat. Amstelod, 1705, VI, pi. m 5 et 6, et t. I, 87-88. (3)Phil. Transact., vol. XVI, p. 535-39. {li) Pagel, Lectures om tumours. Loridon, I85l, p. 31. (5) Leblanc, Journ. de méd. vétér., l. II, p. 23, 1831. 211 résumé, à l'occasion d'un kyste pileux intracranien, quelques-uns des faits généraux qui se rapportent à ces sortes de kystes. Il a bien reconnu la structure dermatique de leur face interne; il les distingue en kystes super- ficiels et profonds, et ces derniers contiendraient davantage de poils que les premiers. Leur siège de prédilection est le tissu cellulaire intermuscu- laire de l'encolure et de celui des rayons supérieurs des membres anté- rieurs, surtout en dessous de l'épaule, et de plus diverses régions de la tête, près des lèvres, les naseaux, sur le dos. Leur forme est ovoïde; leur volume atteint celui de la tète d'un homme adulte. Un travail plus étendu sur ce sujet, que je regrette ne pas avoir pu me procurer, a été publié par M. Gurlt (de Berlin) (1). Nous trouvons dans le rapport de la Société médicale de l'arrondisse- ment de Gannat (2), le fait curieux d'une de ces tumeurs dermoides sous- cutanées renfermant des poils sur sa paroi interne, observée et opérée par M. Pixier, vétérinaire à Saint-Pourvain. Cette tumeur, du volume du poing, située dans le tissu cellulaire du cou d'un bœuf, close de toutes parts, augmentait sensiblement chaque année à l'époque de la mue. Nous espérons avoir donné suffisamment d'exemples de la formation au- togène des glandes et des poils dans des kystes sous-culanés, et à coup sûr il ne viendrait à l'esprit d'aucun anatomiste sensé de prendre ces kystes pileux péri-orbitaires pour des produits de conception, soit d'inclusion, soit desuperfélatioD. 2° DES KYSTES DERMOIDES DES MÉNINGES. Les méninges ont été plusieurs fois le siège d'une véritable production pileuse accidentelle, et les détails que nous trouvons à ce sujet dans les au- teurs que nous allons citer sont assez précis pour ne pas laisser de doute sur la formation pileuse sur place, ainsi que sur l'absence de toute concep- tion anormale. Un premier exemple de ce genre a été rapporté par Mengbini (3), qui a trouvé dans le ventricule latéral gauche d'une femme de 50 ans une masse (1) Gurlt, Magazin fur dié gesammte Thieriieilkunde. Berlin, 1836. (2) Trapenard, Rapport des travaux de la soc. méd. de l'arrond. de Can- nât. Cannât, 1852, p. 6. (3) Menghinus Vicentius, De bonomensi scientiarum et artidm instituto atque AGAi>EMiA. BonoD, 17^5, t. II, pars, prim., p. iBlt, 212 pileuse à poils implantés, du volume d'un pois el reufermani en outre des petits corps blanchâtres. Morgagni (1) parle, dans sa XXIV* lettre pathologique d'un cas où il a trouvé des poils implantés à la surface interne de la dure-mère. Ce même cas, décrit avec plus de détails dans ses lettres analomiques (2), se rap- porte à un fœtus chez lequel la substance de la lente du cerveau renfermait un kyste qui contenait de la matière grasse et des poils. Paget (3) rapporte, dans ses savantes leçons sur les tumeurs, le cas d'uD homme mort subitement à l'hôpital de Saint-Barlholemy, à l'autopsie du- quel il trouva une masse de graisse granuleuse mêlée avec des poils courts et roidesdans le tissu de la pie-mère sous le cervelet. Il est probable qu'il s'est également agi là d'un kyste graisseux et pilifère. A celte occasion, il rapporte la description d'une pièce du musée de l'hôpital Saint-Georges, provenant de la collection de Hawkins, où une masse de matière grasse avec une boucle de cheveux foncés, d'un pouce à un pouce et demi de lon- gueur était attachée à la surface interne de la dure-mère, près du pres- soir d'Hérophile. Cette pièce provenait d'un enfant de 2 ans et demi et pa- raissait avoir été congéniale. Nous avons pu examiner, grâce à l'obligeance de M, Leblanc (û), un des vétérinaires les plus distingués de Paris, les pièces provenant d'un kyste pileux intracranien, observé et décrit par lui en 1831. En voici- le résumé : un cheval noir, soupçonné de morve, portant la tète toujours baissée el inclinée ù gauche, tirant toujours à gauche pour marcher, est abattu. A l'autopsie, on trouva un kyste sous le lobe gauche du cerveau, comprimé el creusé de ce côté ; la saillie du kyste a à peu près le volume d'un demi-œuf de poule. Les méninges qui le recouvrent sont sains. Le contenu est formé par des poils blancs, rougeâtres ou bruns, déliés et courts. Les poils sont entourés d'une substance d'un brun rougeâtre. Une partie du kyste est ossifiée. Sur plusieurs points de sa face interne, on trouve des poils implantés. La capacité du kyste entier qui a creusé et dé- placé les os du crâne est du volume d'un œuf de poule. Sur quelques points, les poils implantés, de2 à 6 pouces de longueur, ont la rigidité des crins. (1) Morgagni, De sedibcs et causis morborum epist., XXIV, li. (2) Epist. anat., XX, w 58. (3) Paget, op. cit., p. 31. (4) Leblanc, Kyste dermoïde trouvé dans le cra.ve d'un cheval. (Journal DE MÈD. vÉTÊR., 2' année, p. 23. Paris, 1831. 21 ;j 3» DES KYSTES DERMOÏDËS DBS BOURSES. Les auteurs qui ont écrit sur l'inclusion ont cité des cas où celle-ci avait lieu dans les bourses. Toutefois ces exemples sont loin d'être fré- quents. Un des plus célèbres de tous est celui observé en 1818 par le doc- leur Dietrich de Glogau (1) : c'est celui d'un enfant qui, peu de temps après la naissance, présenta d'abord des difficultés pour uriner, et ensuite une tumeur du côté droit des bourses. A l'âge de 7 mois, on fit la circon- cision à cause d'un phimosis congénial, et l'extirpation du testicule à cause de la tumeur qui avait beaucoup grandi ; celle-ci avait h pouces et 3 lignes de long sur 2 pouces et 4 lignes de large et renfermait assez d'os d'un vé- ritable squelette, bassin, vertèbres, os des membres, etc., pour ne pas per- mettre le moindre doute. La planche donnée dans les Notices de Froriep (t. XIV, p. 15) montre de la façon la plus convaincante un squelette, bien qu'incomplet. Ce cas se trouve, sous divers noms, dans plusieurs recueils. Nous allons les citer pour éviter des erreurs bibliographiques commises par plusieurs auteurs qui ont cité ce fait. Le travail original a été communiqué par Wendt (de Breslau) dans ses Tabula votive (Vratislav 1822), à l'oc- casion du 50' anniversaire du doctorat du docteur Rosemberg (de Breslau). Froriep en fait mention deux fois dans ses Notices (l. I, p. 287, ensuite t. XIV, p. 15). Friedlaender le décrit dans la Revde médicale (t. VIII, p. 361), et enfin dans le Journal de Graefe, c'est Michaelis qui en rend compte. Un autre cas d'inclusion non douteuse se trouve dans le XIII^ volume des Notices de Froriep et a été rapporté par le docteur Ekl de Landshut (2). Le sujet de cette observation est un enfant d'un an environ, né à Gilgen- berg en Autriche, auquel on a extirpé une tumeur des bourses de 5 pouces de long sur 2 et demi de large. Les os contenus dans la poche appartenaient manifestement à un squelette. On put reconnaître des côtes, une épine dor- sale, une cuisse, jusqu'au genou, un des yeux, etc. Tout en admettant ces cas non douteux d'inclusion testiculaire, nous croyons que plusieurs fois on n'a pas examiné avec assez de sévérité la question de savoir s'il s'agissait d'un kyste de nouvelle formation ou vrai- ment de débris d'un fœtus. Nous allons citer quelques exemples qui mon- (1) Graefe et Walther, Journal, t. V, p. 183-8(J. (2) Froriep, Notizzen, t. XIII, p. 282. 2ili Irerorjl à quel point ce doute est légitime. Paruii les cas récents d'inclusion, un de ceux qui ont le plus attiré l'attention des pathologistes, il faut citer celui qui a été observé en 18hO, à l'hôpital de la Charité, par M. le profes- seur Velpeau (1), et dont M. Cruveilhier (2) donne une description dans son Traité d'anatomie pathologique. En voici le résumé : Le nommé Gallochat (d'Eslernay), âgé de 27 ans, d'une forte constitution, porte de- puis sa naissance une tumeur scrotale à droite qui, dès l'âge de Ix mois, a été constatée par le docteur Senoble et qui n'a cessé de s'accroître depuis. Elle est ovoïde, dure, d'une consistance osseuse dans quelques points, du volume du poing, située en dehors et à droite du scrotum. La peau qui la recouvre est plus blanche et plus fine que celle qui l'entoure; elle est com- plètement insensible. Il y a plusieurs ouvertures fistuleuses par lesquelles sortent de la matière grasse et des poils. La tumeur extirpée ayant été dissé- quée, M. Velpeau en donne, en résumé, la description suivante : La cou- che extérieure est cutanée, comme nous venons de le voir. Dans l'intérieur on voit deux petits kystes à contenu albumineux, ressemblant à l'humeur vitrée. Un troisième kyste du volume d'un œuf de perdrix renferme une matière jaune verdâtre que M. Velpeau compare au méconium ; un qua- trième sac renferme une masse grumeleuse entourée de poils, et M. d'Arcet y a trouvé des écailles épidermiques et de la matière sébacée. L'ouverture fituleuse d'un des kystes à matière verdâtre donne passage à une mèche de poils, ce qui fait comparer cette ouverture à l'anus. On trouve de nombreux os articulés dont un premier groupe a de la ressemblance avec la clavicule, le scapulum et l'humérus; le second, plus volumineux, semble appartenir au bassin ou bien à la base du crâne. On reste dans le doute si l'on a affaire à un corps du sphénoïde ou à un sacrum. La troisième série enfin paraît comprendre des portions de vertèbres ou des fragments d'os indé- terminés. Nous ne trouvons dans cette description que la constatation de ressem- blance vagues, mais aucune détermination anatomique précise. Nous de- manderions comment il a pu se faire qu'un fœtus s'est divisé en kystes multiples, et comment le méconium a pu s'enkyster séparément, tandis que le prétendu anus par lequel sortait une mèche de poils constituait un autre kyste fistuleux. Il est donc bien permis de douter que l'on ait eu vé- (1) Gazette Médicale, 15 février 1840. (2) Cruveilhier, Traité d'anatomie pathologique générale. Paris, 1849. T. I, p. 375. 215 ritablemenl affaire à un reste de fœtus, et en outre les fragments osseux réunis ne permettent pas de conclure à l'existence d'un squelette, car on a vu à quel point la détermination faite par M. Velpeau a été vague. La ma- tière grasse et les poils enfin se développent, nous l'avons vu, dans des cir- constances où il n'est pas permis d'admettre une inclusion. Dans l'ovaire, où également toutes ces productions ne sont point pour nous des résidus d'un produit de conception, on trouve aussi tous les passages entre des plaques osseuses difformes et d'autres qui ont une ressemblance éloignée avec quelques os du squelette, entre un fragment osseux denliformeetdes centaines de dents. Nous nous abstenons d'entrer plus avant dans cette dis- cussion ici, vu que nous y reviendrons plus loin à l'occasion des kystes pilifères des ovaires. M. Corvisart a eu l'obligeance de me communiquer le fait suivant avec dessin, qui également avait été envisagé comme un cas d'inclusion, bien que les preuves me paraissent absolument manquer dans le récit de ce fait que je transcris ici littéralement. Obs. — Arthur Berrot, âgé de 20 mois, naquit avec quelque cliose de particu- lier aux bourses; mais la femme qui le soigne et qui n'est point sa mère ne peut donner aucun renseignement précis. Cette femme l'a auprès d'elle depuis deux mois ; les bourses de l'enfant étaient alors, dit-elle, dans l'état où elles sont aujourd'hui ; le petit^malade ne paraissait nullement en souffrir. Il y a un mois environ on vit qu'elles augmentaient de volume; on l'apporta à la con- sultation de M. Nélalon qui sentit dans la bourse droite une tumeur ovoïde du volume d'un œuf de pigeon ; le testicule paraissait y adhérer intimement. La tumeur est dure, bosselée çà et là, transparente, au reste indolente. On pensa avoir affaire à une hydrocèie ; mais une ponction pratiquée le 19 juin 1845 donna la sensation de plusieurs diaphragmes traversés-, il ne s'écoula presque pas de sérosité. Le 25 juin la tumeur fut enlevée; l'enfant guérit. Examen de la pièce. — La tumeur est incisée longitudinalement. Quoique le cordon spermatique fût adhérent à la tumeur, il n'y a pas trace de testicule; l'aspect de la masse n'est pas cancéreux, mais paraît formé de cellules grais- seuses plus ou moins pressées et condensées. Çà et là quelques kystes conte- naient un peu de sérosité ; examinée au microscope, elle ne présente aucun glo- bule cancéreux, on n'y voit que des cellules graisseuses. Les points les plus remarquables sont les suivants : vers la pa;lie inférieure de la tumeur est une poche contenant des poils très-nombreux, follets et im- plantés sur du tissu blanc, dur, épais, dermoïde, formant calotte, et qu'on peut comparer à du cuir chevelu. Tout à côté est une seconde poche qui contient quelques poils plus durs, plus longs, plus foncés, analogues à des poils de cils. 216 Vers le centre de la tumeur, on sent nu bistouri des points osseux, et la dis- section découvre à droite et à gauche deux os triangulaires. Sont-cc des omo- plates ? A droite, un os long articulé en haut et en bas avec un autre os long; à ce dernier accolé avec fixation mobile un autre os long. N'y a-t-il pas là un hu- mérus, un cubitus, un radius? Une sorte d'aponévrose ou de tendon part de l'extrémité inférieure du premier os long et se perd à droite dans les masses graisseuses. A gauche il est uni à un autre os long articulé, d'une autre part à un os triangulaire plat; celui-ci a été un peu divisé parla section d'une petite portion cartilagineuse. On trouve de plus au-dessous et à droite du premier os triangulaire un os plat quadrilatère rosé, et au-dessous un petit point osseux, et un autre enfin en dehors et au-dessus de celui-ci. On rencontre en haut et sur la ligne médiane une vésicule de sérosité sur laquelle est implanté un long poil. Au-dessus du premier os triangulaire est un os articulé avec un autre, le- quel présente supérieurement un appendice en forme de bec ; un kyste est dans l'intérieur de ces expansions osseuses. La lecture de ce fait décrit d'une façon un peu confuse et le dessin exac- tement fait qui l'accompagne font voir qu'il n'y a là qu'une ressemblance fort éloignée, je dirai forcée tout à fait, avec un fœtus, et qu'en dernière analyse il n'y a que plusieurs kystes dermoides dont les uns contiennent des poils implantés et les autres des os informes réunis par du tissu cellulaire. Avec un peu d'imagination, on parvient à comparer ces tronçons à des os du squelette, et leur réunion par du tissu cellulaire lâche à des articula- tions. Or jamais, dans les véritables inclusions, l'imagination ne trouve ce champ vaste d'interprétation sur des ressemblances vagues et insignifiantes; mais l'observateur le plus impartial reconnaît des fœtus dans les inclusions qui sont vraiment des produits de conception. Un cas semblable, bien plus instructif encore pour notre opinion, se trouve rapporté dans le Journal médical mensuel d'Edimbourg par Good- sir (1) dont voici le résumé : La tumeur a été enlevée avec le testicule par M. Duncan, à un garçon âgé de 8 ans. Le testicule lui-même était très- alléré et transformé en un tissu fibreux mêlé de graisse et de matière gru- meleuse. Près de !a réflexion de la tunique vaginale sur le testicule se trouvent deux appendices en forme de massue couverts d'une substance cutanée et offrant des poils bien implantés à la base surtout. Quelques poils semblent même provenir de la surface de la tunique vaginale. Dans la substance de ces projections cutanées, surtout dans la plus large, se trouvent des masses de cartilages mous avec quelques canaux vasculaires (1) Goodsir, Monthi.y jodrnalof médical science, Edimbourg, 18/|5, p. 533. 217 par places. Ces cartilages sont en partie ossifiés et on y reconnaît tous le« éléments histologiques du véritable tissu osseux. Parmi les o^, il y en a un qui ressemble à un sablier et qui a environ un demi-pouce de longueur. Voilà donc encore un cas dans lequel il serait de toute impossibilité d'ad- mettre comme origine de la tumeur la présence d'un produit de conception. La tunique vaginale donne naissance à des projections cutanées, velues, dans l'épaisseur desquelles se trouvent des productions cartilagineuses et osseuses. Nous avons du reste déjà signalé ailleurs, à l'occasion de l'en- chondrome et du cancer du testicule, la grande propension du^ testicule à renfermer, dans ces maladies , d;i cartilage et de l'os; nous en avons pour noire part rencontré dans les testicules tuberculeux et cancéreux. Tous les chirurgiens altentifs ont conOrmé ce l'ait, elles musées d'anatomie patho- logique sont riches en pièces de ce genre. J'ai rencontré aussi un kyste sé- bacé non douteux dans un testicule cancéreux. En un mot, le testicule pa- raît partager avec l'ovaire la disposition à une force plastique hétéroto- pique très-grande et très-variée. Je ne puis envisager quelques-unes de ces tumeurs scrotales, bien que cocgéniales, semblables aux kystes pilifères des environs de l'œil, que comme des produits nouveaux accidentels d'une hétéropie plastique, sans qu'on puisse admettre une inclusion. Ici nous n'avons plus à discuter, comme pour l'ovaire, la question d'une conception extra-utérine : d'un autre côté, si nous comparons ces kystes avec les produits de l'inclusion, nous trouvons des différences bien notables. Dans l'inclusion sous-cu- lanée, il y a un siège de prédilection des plus marqués, c'est la partie pos- térieure et inférieure du tronc, la région sacrée ou périnéale. Les exemples d'inclusion dans la région épigastrique et au devant des pubis ou en d'autres localités sont très-rares. Nous laissons de côté pour le moment les inclu- sions abdominales. Le volume de ces inclusions dépasse ordinairement celui d'une tète de fœtus et, d'après Geoffroy Saint-Hilaire, l'individu qui les renferme offre également des vices de conformation. Le kyste lui-même reçoit des vaisseaux de la circulation de l'autosile ; il renferme beaucoup de sérosité; on y trouve ordinairement une tête rudimentaire, quelquefois des vertèbres et des vestiges de membres, ou une tête peu distincte avec des membres bien développés et des viscères. En un mot, les restes de fœtus sont reconnaissables d'une manière non douteuse. Dans les tumeurs que nous venons de passer en revue, au contraire, nous voyons d'abord dans les kystes sourciliaires une simple organisation dermoide avec graisse et poils et dans les kystes scrotaux, en outre des fragments d'os et de car- roME IV. 15 !218 tilages et, cliose curieuse, jamais de dents. Mais de pareils fragments d'os et de cartilages, quoique moins abondants et moins squeleltiformes, se ren- contrent aussi dans des testicules tuberculeux ou cancéreux. L'apparence d'articulations n'oiïre rien de particulier non plus. Nous avons observé un cas d'enchondrome des parties molles de la cuisse chez l'adulte où les di- verses tumeurs cartilagineuses étaient réunies par des capsules articulaires. Le volume de ces tumeurs est ordinairement très-petit au moment de la naissance, il s'accroît ensuite, et dans la pièce de M. Goodsir surtout les os et les cartilages se sont formés dans l'épaisseur même de prolongements cutiforraes. La ressemblance fœtale dans les trois cas cités est tellement éloignée, comparée avec celle de l'inclusion véritable, que nulle part on ne reconnaît des viscères ni des membres avec des doigts, ni des orteils, ni une véritable tête, ni des os vraiment déterminables, et il faut être peu versé dans l'étude des monstres, même de ceux qui s'éloignent le plus du type normal pour prendre ces tronçons d'os, de cartilages, de derme et de poils pour des débris de fœtus. Les kystes multiples, enfin. sMréquents dans les productions kysteuses spontanées, ne s'observent également point dans les kystes fœtaux par inclusion, tandis que nous les constatons dans les pièces décrites de productions spontanées dans le testicule. Dans la pièce de M. Velpeau, le prétendu méconium était renfermé dans un kyste séparé, tandis que les poils s'étaient échappés par l'ouverture d'un tout autre kyste, sans communication aucune avec les autres. Sans nier que l'inclu- sion puisse avoir lieu dans les bourses, je tiens par conséquent à attirer l'attention des pathologistes sur les doutes bien légitimes que peuvent ex- citer quelques cas de ce genre par rapport à leur étiologie. Le développement anormal des poils dans des kystes doit encore moins surprendre lorsqu'on tient compte de l'existence des poils sur les mem- branes muqueuses à l'état normal chez certains animaux, et à l'état anor- mal chez l'homme. D'abord, sous le rapport de l'anatomie comparée, il est important de se rappeler que l'écrevisse d'eau douce renferme non-seu- lement des poils sur les faisceaux branchiaux ; mais que, d'après les re- cherches de Baer (1), de Valentin (2) et de Oesterlen (3), ces mêmes ani- maux offrent des poils implantés sous l'épiderrae de la muqueuse et sié- geant sur les plaques ostéocartilagineuses de l'estomac, et des poils sem- (1) Muller, Arch., 183/j, p. 510. (2) Valenlin, Repertoricm, 1. 1, p. 115. (3) Oesterlen, IVlDELLEa's arcbiv., 1840, p. 367. 219 blablcs existent dans la partie inférieure des intestins. Valentin a égale- ment trouvé des poils dans l'intestin de laBlatta orient alùelda Lucanus cervus, et de plus à la surface interne des organes génitaux femelles du Carabus auratus (c'est probablement par erreur que ce savant physio- logiste parle du scarabeus auratus). Les poils de l'estomac de l'écrevisse offrent même plusieurs particularilés fort curieuses que je ferai connaître ailleurs. Abstraction faite des poils développés à la surface interne des grandes lèvres et des paupières, dans l'espèce humaine, on trouve dans les anciens auteurs des exemples réunis par Meckel de poils rencontrés sur des mem- branes muqueuses plus profondes. C'est ainsi que Ford (1) a trouvé dans le palais d'un enfant nouveau-né une tumeur couverte de poils. Amatus Lu- sitanus (2] parle de poils trouvés sur la langue d'un homme qui, arrachés, se sont reproduits. IVîon ami M. le docteur Bécourt a donné pendant long- temps des soins à une demoiselle qui portait de nombreux poils sur la langue. J'ai pu en examiner, mais je n'y ai trouvé que des éléments épi- Ihéliaux disposés en papilles piliformes. Bicliat (3) dit avoir rencontré une fois des poils à la face interne de la vésicule du fiel et manifestement im- plantés sur sa surface, d'un pouce à peu près de longueur et au nombre d'une douzaine environ. Les cas nombreux dans lesquels des poils ont été évacués par l'anus n'ont pas une grande valeur, parce qu'il est probable qu'en thèse générale ces poils avaient été ingérés. L'observa- tion la plus curieuse de ce genre que nous connaissions est celle qui se trouve dans le second volume des Mémoires de la Société royale de MÉDECINE et qui appartient à Baudamant (/i), chirurgien de Verdun. Il s'agit d'un jeune garçon âgé de 16 ans qui, dès son enfance, avait pris la mauvaise habitude de manger ses cheveux et d'arracher ceux de ses frères et des autres personnes qui l'approchaient pour les avaler également. Il ramassait même les cheveux qui se trouvaient dans les balayures. Ce goùl bizarre s'accrut avec l'âge. Les cheveux entassés par couches for- mèrent bienlôt un corps ovale que l'on distinguait au toucher. Cette masse augmenta successivement ; l'estomac devint douloureux, la fièvre fl) MÉD. COMMUN,, t. I, n" 31. (2) CURAT. MED. CENT., VI, Obs, 65- (3) ENCYCLorÉDiE DES SCIENCES MÉDICALES, Anat. génér. de Blchat, p. 525. (4) Histoire de la Société royale de médecine. Paris, 1780. T. II, p. 262. 220 8'alluroa et le malade mourut dans un affaiblissement qui fut précédé par les douleurs les plus vives. Les deux planches qui accompagnent celte observation montrent quatre amas prodigieux de poils, dont l'un entre autres a le volume d'une tête d'adulte. Nous n'avons pas plus de certitude sur le développement de poils sur la membrane muqueuse des voies urinaires. L'observation souvent citée de Bichat, qui a trouvé des poils sur des calculs du rein, et non de la vessie comme on a dit, doit se rapporter à des poils développés sur la muqueuse du bassinet; mais les preuves de ce fait manquent. IVl. Rayer (1), dans son excellent travail sur le trichiasis des voies urinaires et la piliraixtiou, ré- sume de la façon suivante l'état actuel de nos connaissances sur le dévelop- pement de poils dans les voies urinaires. Le trichiasis des voies urinaires est une maladie très-rare qui doit être inscrite dans nos cadres nosologiques. Elle l'est certainement beaucoup plus qu'elle ne paraît l'être d'après le nombre d'observations de trichiasis déjà publiées. Le chiffre de ces observations se réduit beaucoup lorsqu'on écarte celles dans lesquelles l'urine n'a pas été examinée au moment de son émission et celles dans lesquelles l'existence de véritables poils d'homme dans l'urine ou dans les graviers n'a pas été suffisamment établie. Le trichiasis est caractérisé par l'émission de poils avec l'urine non sen- siblement altérée dans son apparence et sa composition, ou avec l'urine plus ou moins chargée de mucus, de sang ou de pus. Ces poils peuvent aussi être enchevêtrés dans du sable urique ou dans des graviers phospha- liques, ce qui constitue alors l'union du trichiasis à la gravelle. Les poils peuvent aussi être déposés à la surface, ou disséminés dans l'intérieur de calculs d'une composition plus ou moins complexe. Dans le trichiasis, l'émission de poils avec l'urine peut quelquefois s'o- pérer presque sans douleur et même à l'insu des malades : c'est le cas du trichiasis simple. Plus souvent le trichiasis est accompagné de diverses complications, de dysurie, d'urines sanguinolentes ou purulentes, et d'au- tres accidents propres à diverses maladies des voies urinaires. L'émission des poils peut n'avoir lieu qu'à des intervalles plus ou moins éloignés. Les causes de celte singulière affection sont complètement ignorées; il résulte seulement de l'analyse des faits observés qu'on l'a vue le plus sou- (1) MÉM. DE LA Soc. DE BIOLOGIE, t. Il, 1850, p. 167-218. 221 venl coexister avec une inflammation de la membrane muqueuse des voies urinaires, avec des graviers ou des calculs. Le trichiasis a été observé chez l'enfant, chez l'adulte et le vieillard, chez l'homme et chez la femme. On ne sait encore rien sur la disposition des poils et sur l'état anatomique de la membrane muqueuse, du bassinet et de la vessie dans le trichiasis des voies urinaires, Maurice Hoffmann et Bichal ayant malheureusement négligé l'examen de celte membrane dans les deux cas où ils out constaté l'existence de poils dans les voies urinaires après la mort. Il" KYSTES DERMOÏDES PROFONDS NON OVARIENS. Revenons aux kystes dermoîdes. Nous allons rapporter quelques exem- ples de kystes graisseux pilifères ou pilidenlaires, dermoîdes en un mot, de diverses autres régions du corps que le tissu cellulaire sous- cutané, et en dehors également de toute connexion avec l'ovaire. L'absence de toute ressemblance de ces kystes avpc les inclusions fœtales écarte d'emblée la supposition qu'il s'agirait là du résidu d'un fœlus, de même que leur posi- tion et le sexe des individus ne permettent pas de penser à une grossesse extra-utérine. !• Un des cas les plus authentiques de ce genre se trouve dans le musée de Wurlzbourg, et a été examiné dans lous ses détails histologiques par Kœiliker. C'est le cas observé par Mohr (1), qui a trouvé dans le poumon un grand kyste pilifère dont les parois renfermaient en même temps des glandules sudoripares. La surface interne dermolde de ce kyste montrait en outre de l'épiderme, des papilles, du derme et du tissu graisseux sous- cutané. 2° J'ai vu, dans le cours d'anatomie pathologique de M. Barth, un cas, unique dans son genre, publié dans les bulletins de la Société anatomique (2). C'était celui de masses de matière butyreuse rencontrées sous le foie d'une femme de ZiO ans, morte à l'Hôtel-Dieu. Une première masse enkystée était située à la partie antérieure du foie, en dehors de la capsule de Glisson ; il en était de même d'une seconde petite masse qui setrouvaitunpeuplus haut. Cette même femme portait un kyste renfermant des poils et de la graisse dans le bas-ventre, dans l'ovaire. Il ne viendrait à coup sûr à l'esprit de personne (1) Berlin, Med. centralzeik.tung, 1839, n* 13; el Kœiliker, MiKR. anat., t. II, p. 172. (2) BULLET. DE LA SOC. ANAT., 18/(3, p. 68. 222 de regarder ces kystes bulyreux des environs du foie, ni comme des inclu- sions, ni comme des produits de conception. J'ai observé dernièrement un cas en tout semblable dans l'ovaire d'une femme qui, tout à côté de ce kyste clos butyreux. portait un kyste dermoîde piligiaisseux. 3» A celte occasion, M. Demaux a cité le fait de deux kystes piligrais- seux, l'un situé dans l'ovaire, l'autre sur la côte (1). û" Meckel (2) cite, d'après le recueil de Franconie (vol. III, p. 66), le fait d'un homme mort hydropique, qui portait près du foie un kyste très-volu- mineux rempli d'une matière graisseuse et garni de poils. Ce kyste, qui avait quatre pieds de circonférence, renfermait en outre deux excroissances, dont l'une, du volume du poing, était cartilagineuse et remplie de petites articulations qui se terminaient en un appendice pointu du volume du pe- tit doigt. 5° Lobslein (3) cite le cas de Ruysch, qui a trouvé dans l'estomac même un alhérome renfermant quatre dents molaires. 6" Nous trouvons dans la traduction française d'une centurie d'observa- tions de Ruysch {[i), le fait d'une femme, hydropique depuis quinze ans, chez laquelle survint une gangrène des parois abdominales, qui fit sortir le contenu séreux du ventre. A l'autopsie, on trouva dans l'épiploon une tu- meur du volume du poing, renfermant de la graisse et des poils. 7° M. Andral (5) a observé, chez une négresse, un kyste dans le mésen- tère, rempli d'une matière sébacée et de poils de différentes couleurs. 8° Fabrice de Hilden (6) cite le fait d'une dame âgée de 50 ans, qui por- tail dans l'utérus une énorme tumeur remplie d'une matière oléagineuse et adipeuse, el de beaucoup de poils fins, longs et jaunâtres. Celte dame avait été quatre ans malade, son ventre était peu à peu devenu très-volumineux. Toutefois ce fait laisse quelques doutes sur le siège précis de la tumeur, les détails anatomiques étant fort incomplets. 9" Winship (7) a publié, dans les mémoires de la Société médicale de (1) Loc. cit. (2) Mém. cité, 528. (3) Op cit.. 1. 1, p. 343; et Ruysch, Hist. anat. med., dec, III, n» l, p. 2. (4) Ruysch, Observations. Paris, 1734, p. 26, obs. xvni. (5) Andral, Précis d'anat. pathol., t. II, p. 712. (6) Fabrice de Hilden, cent. V, obs. 49. (7) Winship, Mem. of the med. society of London, vol, II, p. 368-72, avec pl. London, 1789. 223 Londres, le fait fort curieux d'une dame, âgée de 3/i ans, alteinle d'ascile, qui avait plusieurs fois subi l'opération de la paracentèse, et qui avait suc- combé dans le marasme, et à l'autopsie de laquelle on trouva : 1» un sac hydatifère énorme dans le péritoine, renfermant des échinocoques; 2° un kyste situé entre l'utérus et la vessie, du volume d'une tête d'enfant, rem- pli de pus, de graisse et de poils; ces derniers avaient jusqu'à 18 pouces de longueur ; 3° un autre kyste, enfin, situé entre l'utérus et le rectum, ayant la moitié du volume à peu près du kyste précédent, et renfermant de la matière grasse, des poils et une lamelle osseuse intimement adhérente à la face interne du kyste. Les poils de ces kystes étaient blonds, tandis que ceux du pubis de la malade étaient noirs. 10° M. Charcot vient de me consmuniquer un kyste de 11 centimètres de long sur 6 de large et d'épais, lisse à toute sa surface, vasculaire extérieu- ment, calcifié dans la majeure partie de son intérieur, renfermant de la graisse, un fragment d'os et des poils. Ce kyste provenait d'une vieille femme morte à la Salpêlrière, d'une encéphalite ; il était situé entre l'utérus et le rectum ; il était presque libre dans la cavité du péritoine. L'ovaire du même côté était sain et parfaitement isolé. On a rencontré également des dents anormalement développées, en de- hors des maxillaires, dans d'autres endroits que les ovaires. Nous citons sous ce rapport plusieurs faits importants rapportés par Meckel (1), faits que nous avons pour la plupart relus aux sources res- pectives. 1° Le docteur Schill (de Schneeberg) a communiqué à M. Meckel le fait d'un homme de 50 ans, chez lequel, dans l'espace de trois mois, trois dents se sont successivement développées dans des capsules séparées au-dessous de la langue, mais en dehors de toutes connexions avec les os maxil- laires. 2° Un cas fort remarquable de ce genre est celui rapporté par Barnes (2), qui a trouvé, chez un jeune homme âgé de 17 ans, une tumeur qui re- moulait à la première enfance, et qui alors n'avait que le volume d'un pois, et qui peu à peu s'était accrue au point de déplacer tout à fait l'œil. A la partie postérieure et interne de ce sac était implantée une dent aiguë garnie démail, dirigée en haut, et dont la racine, recevant des vaisseaux. (1) Mém. cilé, p. 538-5/i3. (2)Med. chib. transact., vol. IV, noxviii, p. 318-324. London, 1819. 22Z| arait traversé la paroi du sac, mais sans être en aucune façon implantée dans le plancher de Torbile. Celte dent était tout à fait surnuméraire. 3» On trouva, près du diaphragme d'un homme, un sac contenant de la graisse, beaucoup de fragments osseux, quatre dents molaires et une touffe de poils (1). W Ruysch (2) a trouvé, dans l'estomac d'un homme, une tumeur en- kystée qui renfermait un os informe, quatre dents molaires et une touffe de poils. 5° Schutzer (3) a trouvé, chez une jeune fille de 15 ans, une tumeur du volume d'une tête d'enfant située dans le mésentère dans la région des dernières vertèbres dorsales et des premières lombaires, et renfermant deux dents incisives, deux canines et huit molaires, et en outre deux autres in- cisives dans un os ressemblant à un maxillaire. De plus, plusieurs os qui avaient quelque ressemblance avec ceux d'un squelette et beaucoup de poils libres. 6° Scortigagna (4) a trouvé, chez une femme mariée depuis neuf ans, une fistule abdominale près du nombril, qui donna issue à une espèce de corps charnu portant une incisive. Cet accident était précédé de douleurs abdo- minales très- vives pendant quelque temps. Cinq ans après Tapparition des premiers symptômes, la malade succomba. A l'autopsie, on trouva dans le péritoine un sac renfermant un corps difforme d'un demi-pied de long, portant à sa surface dermoide des dents de toutes les espèces et des poils, et contenant dans son intérieur une multitude de kystes dont quelques-uns renfermaient de la graisse ou des poils, et d'autres des os informes qui avaient quelque ressemblance avec des mâchoires, et qui portaient des dents de diverses espèces, la plupart sans racine. 1" Laflize (5) rapporte le cas d'une jeune fille de 15 ans, qui portait dans l'épiploon une tumeur renfermant des cheveux et plusieurs dents. 8° Gordon (6) décrit, dans les Transactions médico-chirdrgicales de (1) Berl. Samnil., Bd. 3, s. 264. (2J Ruysch, His. anat. med., dec. III, n» 1, p. 2. (3) Abh. der Schwed. Akad. Bd. 20, s.' 177, ff. (4) Memoriadella gp.avidanzaquinqdennedella madke d'u\ fetomonstruoso. Mem. della Societa italiana di Vérone, t. XIV, p. n, |». 305-309. (5) Laflize, Bâcher jodrnai. de medicine, t. XLI, 1792, p. 304. (6) Gordon, MEDico-cHiRtRG. transact, t. XIII; et Andral, Anat. pat., II, p. 717. 225 Londres, le cas très-curieux d'une tumeur trouvée dans la cavité thora- cique, derrière le steroum, et renfermant de la matière sébacée et un os portant sept dents, les unes solidement implantées, les autres entourées d'une capsule fibreuse à leur base. 9» Nous trouvons, dans la Gazette Médicale de 1836, une observation de M. le docteur Roux (du Var), qui a rapport à une femme qui a eu plu- sieurs enfants, et chez laquelle on trouva, à l'autopsie, une tumeur située au-dessous de la grande courbure de l'estomac, fixée par des adhérences à l'intestin grêle; ce kysle avait lU pouces de diamètre. Il s'étendait jusque dans la région de la vessie, de laquelle il était séparé par un autre kyste piriforme. Le grand kysle est bosselé, les bosselures correspondent à des loges séparées, dont l'une contient un peloton de cheveux longs et un frag- ment d'os avec quatre dents (1). Meckel cite ensuite plusieurs cas de dénis développées, d'après lui, dans la matrice. 10° Sampson, Birch et Tyson (2) observèrent le cas suivant : une femme mit au monde, après un enfant mort, une masse informe, composée d'os, de dents et de poils, la partie supérieure renfermait un os rond de 3 pouces et demi de circonférence, couvert d'une peau épaisse garnie de poils. A sa pointe se trouvait un cercle formé par huit dénis molaires bien développées. A ce premier os était joint un second renfermant cinq autres molaires, dont quatre sur la même ligne. Au-dessous des os, il y avait une touffe de poils bruns et jaunes. Toute la masse était entourée d'un kysle épais rem- pli de matière muqueuse. 11° Dans un accouchement difficile, il sortit, avant un enfant mort, une masse du volume d'une têle d'enfant, renfermant un liquide qui tenait en suspension une multitude de poils fins de la longueur du doigt (3). IS-Osiander a observé un sac membraneux succédant à l'accouchement d'un enfant, el dans ce sac une mullilude de graisse, ainsi qu'un os informe ressemblant à un maxillaire avec cinq dents, et en outre des poils très- longs. On voit, d'après ces détails, que l'iiétérolopie dentaire, bien que plus fréquente dans l'ovaire que dans d'autres organes, n'est nullement propre à cette glande. (l>GâZ. M ÉD., 1836, p. 523. (3) PmL. ÏR., n» 150. ;.3) Meckel, mém. cité, p. 543 -, et Méd. su., satïr,, spéo. VII, obs. 5. TOME IV. 16 226 La pathologie comparée nous fournit également des exemples de kystes viscéraux dermoides non ovariques. 1" Nous trouvons, dans une note de la traduction française de TAnato- MiE PATHOLOGIQUE de Baillie (1), le cas observé par Colmann, d'un cheval hongre qui présenta, au-dessous du rein droit, un kyste qui contenait une substance grasse, des cheveux et quelques dents. La tumeur avait à peu près le volume du testicule d'un cheval ; les dents étaient deux petites mo- laires de cheval et une incisive attachée à une portion d'os qui pouvait res- sembler à l'os maxillaire. La graisse et les cheveux étaient contenus dans des kystes séparés. Les dents molaires recevaient des vaisseaux directement par les parois du kyste. Il serait fort possible qu'il s'agissait ici d'un testi- cule resté dans l'abdomen, dans lequel celte singulière production se serait formée, ce qui rapprocherait ce cas de celui de Meckel, que nous allons rapporter. L'idée d'une inclusion est complètement écartée par la haute organisation des dents et leur implantation dans le sac lui-même. 2» Nous signalons ici un fait de pathologie comparée que nous avons trouvé dans le Traité d'anatomie pathologique de Meckel (2). Cet au- teur a rencontré, dans les enveloppes du testicule d'un cheval entier, des morceaux d'os considérables, et dans l'intérieur, une niasse graisseuse avec beaucoup de poils. 3° Patur (3) rapporte, dans le Journal de médecine vétérinaire, le cas d'un cheval qui portait, dans un testicule inclus, une tumeur du volume d'une tête d'enfant, qui renfermait quatre tumeurs du volume d'un œuf, dont l'une rappelait la forme du testicule. Une de ces tumeurs, à parois épaisses, renfermait un corpsgèlalineux du volumed'une noisette ; les deux autres contenaient une matière sébacée et des crins de 3 à Zi pouces de longueur, implantés sur la membrane interne du kyste qui présente, en outre, une surface épidermique et un derme en tout semblable à la struc- ture de celui de la surface du corps. A la surface de deux de ces poches, se trouvait accolé un corps pyramidal formé par une substance cartilagineuse, ossifiée à son centre. (1) Baillie, Anat. pat. Paris, 1815, p. 331. (2) Meckel , Handbuch der patuologischen anatomie, vol. II, 2« partie, p. 275. Leipzig, 1818. (3) Patu, Kyste pileux trouvé dans la cavité abdominale d'un clieval, Jocrn. DK MÉD. VÉTÉRIN., t. IV, p. 580, 1833. 227 li° Penada (1) a trouvé, chez un jeune canarJ, à droite et en avant du cœur, une masse renfermant des plumes. I,a graisse entourant l'origine des gros vaisseaux donnait origine à un premier faisceau de dix plumes paral- lèles, épaisses, dont les pointes étaient dirigées en bas et occupaient la ré- gion moyenne du cœur. Au-dessous du premier faisceau se trouvait un second renfermant des plumes plus fines, au nombre de vingt et une, di- visées en deux groupes, implantées dans de la graisse et réunies par leurs pointes. Les deux masses étaient entouiées d'un sac plus fin que le péri- carde. b'' Un fait semblable a été observé par Gisler, mais les masses pennifères se trouvaient dans le voisinage de Tanus. Nous citons ce fait sans détails, d'après le mémoire deMeckel (p. 529,\ 6° Un cas très-curieux de ce même genre est rapporté avec détails par Lobstein (2). Il a observé une masse penni-araisseuse dans le bas-ventre d'une oie : ce paquet était composé de deux parties distinctes. La première était une espèce de bulbe graisseux tapissé d'une membrane celluleuse très- fine, la seconde de couleur noire était également revêtue d'une membrane fine qui était la continuation de celle qui enveloppait la graisse. La tumeur fendue se trouvait composée de petites plumes juxta-posées, implantées dans la graisse et divisées en trois rangées. Ces plumes avaient de 6 à 19 lignes de longueur, la concrétion était absolument libre dans l'abdomen. Les trois rangées de plumes paraissaient à l'auteur être la conséquence d'une triple mue qui aurait eu successivement lieu à la surface plumée de celle graisse. Voilà donc des exemples frappants d'an;ilogipavec les kystes pilifères chez l'homme, et il ne serait pas plus permis de les rattacher à une inclusion, que cette explication n'est valable pour les kystes piligraisseux sous-cula- nés de la région palpébrale. Dans tous ces cas de kystes pennifères, du reste, il y avait absence de tout os et de '.oute partie molle qui aurait rap- pelé l'existence antérieure d'un fœlus. Ne perdons pas de vue le fait si pa- tent, si généralement reconnu, que dans les véritables grossesses extra- utérines, ainsi que dans l'inclusion fœtale, on trouve toujours un assez grand nombre de parties de fœlus bien conservées, quelle que soit sa con- formation monstrueuse, pour ne pas permettre de comparer à un fœtus ces amas difformes de graisse, de poils ou de plumes. (1) Saggio di osservazioxi F. MEMOP.iK, voI. II. Padova, 1800, n" /(, p. 59-70. (3) Op. cit., t. 1, p. 352. 228 DEUXIÈME PARTIE. DES KYSTES DERMOÏDES DE 1,'OVAIRK. S'il est certain que les kystes dermoides sont plus fréquents dans la glande ovarienne que dans d'antres parties du corps, nous espérons cepen- dant avoir démontré que cet organe est bien loin d'avoir le privilège ex- clusif de ces sortes de formations. Nous avons réuni un très-grand nombre de faits de kystes dermoides anciens, puisés dans divers auteurs, dans les catalogues des musées et dans le domaine de nos propres études. Nous nous sommes imposé la lâche d'être ainsi à même de faire à la fois l'his- toire anatomique et clinique et d'établir la palhogénie de ces productions curieuses. Nous avons pu rassembler 129 faits, pour la majeure partie desquels nous avons pu consulter les sources originales . et nous avons réuni , à la fin de ce travail , une bibliographie étendue de toutes ces af- fections. Le mémoire de i\leckel (t) sur le développement anormal des poils et des dents, publié en 1815, nous a été utile pour remonter aux sources an- ciennes sur cette matière, et nous nous sommes applaudi de ne pas nous contenter de l'érudition de cet illustre anatomisle, vu que sur plusieurs points nous avons dû rectifier sa bibliographie. Le Traité d'anatomie pa- thologique de Voigtel (2) nous a également fourni des indications pré- cieuses. Parmi les travaux récents que nous avons pu nous procurer, la thèse de Stahiberg (3) sur le développement des poils et des dents dans l'ovaire, publiée à Greifswalde, en l'oiitéranie, en 18Zi2, nous a fourni quelques bons renseignements. Il va sans dire que nous avons étendu beaucoup plus loin nos recherches bibliographiques , et les divers recueils périodiques, entre autres, nous ont fourni un riche con- tingent. Nous avons également consulté avec fruit divers catalogues de musées d'anatomie pathologique d'Europe, et celui de Boston, en Améri- que. Le travail de ^\. Uayer (h) sur la pilimiction nous a été précieux pour (1) Mcckel, Arciiiv. fur Physiologie. Halle, 1815, p. ,M0. (2) Voi:?tel, Handbuci! der pathol. .\nat. Halle, t. Hi, p. 643. 1805, (:l) Stah1ber3, De pilordm et dentium formatione in ovariis. Gryphiœ, 184?. (4) Rayer, Mémoire sur i.e trichiasis df.s voies urinaihes. Mémoire de la Soc. de biologie, !. 11. iSôO. 229 les cas de communication de ces tumeurs ovarieuncs avec la vessie. J'ai pu enfin réunir moi-même 8 observations, dont 5 se rapportent à. des piè- ces conservées au musée Dupuytren, que M. Houel a bien voulu mettre à ma disposition avec beaucoup d'obligeance. Il n'est pas toujours facile de décider si les kystes dermoïdes de la ré- gion ovarienne appartiennent en propre à l'ovaire, ou s'ils sont constitués par des produits en tous points nouveaux, J'ai trouvé parfois ces kystes at-' tachés à sa surface par un pédicule si peu étendu qu'il m'est resté des doutes sur leur origine, et je pense qu'il faut admettre dans l'ovaire et au-' tour de l'ovaire aussi bien l'origine autogène de ces kystes que celle par une simple transformation d'un follicule grafien. De bonne heure les opinions des auteurs ont éié divisées sur la prédi- lection de l'ovaire droit pour ces sortes de tumeurs. Niée par Morgagni, elle a été admise et solidement établie par Meckel, qui a trouvé sur 33 cas 17 fois le siège dans l'ovaire droit, 7 fois dans le gauche, 3 fois dans les deux, tandis que 9 fois le côté était indéterminé, ; mais dans ce relevé, Meckel n'a analysé que les kystes dentifères, ce qui ne lui donne qu'une valeur bien restreinte. Voici ce que nos analyses nous ont appris à ce sujet. Nous laissons de côté les cas dans lesquels le siège n'a point été déter- miné, et il nous reste encore 6Zi faits sur lesquels 39 fois l'ovaire droit en a été le siège, 19 fois l'ovaire gauche, et 6 fois les deux ovaires en même temps. Ce qui établit, en effet, une prédilection dans l'ovaire droit, dans lequel les kystes dermoïdes sont deux fois plus fréquents que dans le gau- che. J'attache une grande importance aux six cas dans lesquels les deux ovaires portaient à la fois de ces tumeurs, parce que c'est un des arguments des plus forts contre l'origine de ces productions par inclusion fœtale. Sous ce dernier rapport, ainsi que pour la pathogénie de ces kystes en géné- ral, il n'est pas moins important de constater les altérations concomitantes de l'un ou des deux ovaires par rapport aux diverses formes de kystes. Nous arrivons surtout à ce résultat imprévu, non signalé ju^qu'à ce jour, que, dans un bon nombre de ces cas, 15 fois eu tout, une disposition géné- rale à l'altération kysleuse existait dans l'ovaire, et la même glande conte- nait ainsi simultanément des kystes de nature bien diflerenle, séreux, gé- latineux, graisseux, pili-graisseux, pili-osseux, pili-dentaires. On peut tirer de ce fait la conclusion toute naturelle que les kystes dermoïdes, bien que formant un groupe à part, rentrent cependant dans les circonstances et les lois générales qui président aux divcrics formations kystcuscs de l'ovaire. 230 Aux 15 cas de kysles variés dans le même ovaire, nous pourrions en- core en ajouter '2 autres de kysles de nature diverse trouvés dans les deux ovaires : Pun appartient à Young (1), qui a trouvé l'ovaire gauche atteint d'une hydropisie colloïde, tandis que le droit était le siège d'un kyste pili- dentaire, et moi-même j'ai observé un fait de kystes multiples dans les deux ovaires, constituant une simple hydropisie dans l'un, tandis que dans l'autre il y avait à la fois un kyste graisseux, un kyste pili-graisseux et plu- sieurs kystes séreui. Nous pouvons donc dès à présent formuler ce résultat de nos analyses : que les kysles dermoides et les kystes colloïdes des ovaires ont entre eux une grande affinité de formation, et qu'en outre des kystes primitivement dermoides peuvent également devenir hydropiques par la suite. Nous en avons trouvé des exemples dans les anciennes observations de Schacher (2) et de Fabrice de Hilden (3), et ce fait est aujourd'hui bien démontré par un grand nombre de cas sur lesquels nous reviendrons plus loin. Nous allons citer très en abrégé quelques exemples de la variété de ces divers kystes dans le même ovaire. Dans le cas de Kohlrausch (Zi), l'ovaire avait de très-grandes dimensions et renfermait de nombreux kystes, à pa- rois minces et à contenu gélatinilorme ; plusieurs de ces kystes renfer- maient de la graisse et des poils, ou ces deux substances avec des dents. L'organisation dermoide était très-complexe dans plusieurs. Dans la célèbre observation de Autenrieth (5), qui a trouvé plus de trois cents dents dans un ovaire, cet organe pesait 20 livres, et renfermait des kysles très-nom- breux qui contenaient du sérum plus ou moins mêlé de sang, ou une ma- tière 8uifeuse,ou une substance muqueuse et gélalinit'orme, et enfin, dans bon nombre de kystes, des dents d'âge et de formes différents. Dans l'ob- servation de Cleghorn (6), l'ovaire renfermait également des poches nom- breuses à contenu divers, gélatineux, graisseux ; d'autres renfermant graisse et poils; d'autres contenant des os, et d'autres enfin des os et des dents. Dans l'observation de Meckel (7), le kyste principal d'un ovaire renfermait (1) Youtig, Edim. Essays, vol. II, p. 273. (2) Schacher, De ovarii tumore viwsoi programma Lipsiœ, 178.S. (3) Fabrice de Hilden, Obs. cent, t. XLVlll. Lugd., l64l. (■») Mùller, ARCHiv.,p. 363-366. (6) Reil u. Autenrieth, Archiv., I. VII, p. 255. 1S07. (6) Cleghorn, Tkansact. of the Irisii Academy, t. I, p. 73. (7) Mcckcl, Archiv., I. 1, p. 5l9 et tq. Halle, 18i5. 231 des poils, de la graisse, de l'os el des dénis ; il y avait en outre trois autres poches, dont l'une à contenu gélatineux, et deux autres renfermaient des fragments osseux, adhérents, Un de ces kystes avait encore deux kystes collatéraux gélatineux. Kiewisch (1) rapporte le fait d'un ovaire qui renfer- mait des kystes très-nombreux, dont un seul était pili-graisseux et den- taire. 11 nous serait facile de multiplier encore l'énumération de ces faits ; mais nous espérons avoir déjà démontré combien il est plus rationnel de rapprocher nos kystes dermoîdes des autres maladies de l'ovaire, que de vouloir y reconnaître une connexion avec l'inclusion ou avec la grossesse ovarique. Nous citerons enfin comme altération concomitante le fait de Cruveilhier (2), qui a trouvé une partie de l'ovaire occupée par un kyste dermoide, tandis qu'une autre partie présentait l'altération aréolaire et gé- latiniforme du colloïde commençant. Millmann Coley (3) enfin a trouvé une partie d'un ovaire dermoide atteinte d'une dégénération squirrheuse. La forme des tumeurs dermoîdes de l'ovaire est ordinairement arrondie, sphéroïde ou ovoïde, ou irrégulièrement bosselée, surtout si l'ovaire est multiloculaire. Lorsque la tumeur devient volumineuse, elle peut offrir des étranglements, des dépressions et des altérations de forme qui sont tan- tôt le résultat des adhérences qu'elle a contractées avec les organes voisins, tantôt celui des obstacles que des parties osseuses ont opposés à leur libre développement. Le volume et le poids paraissent au premier abord très-variables; toute- fois les diverses phases de développement y produisent des modifications. Nous possédons des notes détaillées sur le volume pour 52 des faits obser- vés, dont voici l'analyse. Lorsque la tumeur suit son développement naturel, nous l'avons vue quelquefois rester stationnaiie au volume d'une noix ou d'un œuf de pi- geon, et le plus souvent alleindre celui d'un œuf de poule, d'oie ou de dinde, d'une orange, du poing même. 2/i fois ces dimensions se sont pré- sentées dans nos analyses. Dans tous les autres cas, ainsi dans plus de la moitié, le volume était beaucoup plus considérable. 13 fois il a varié entre celui d'une tôle d'enfant nouveau-né el d'une tête d'adulte, el 15 fois il a . (1) Kiewisch, Klinische Vortraege Prag., t. H, p. ITSetsq. 18i9. (2) Cruveilhier, Anatomie pathologique du corps humain, 18' livraison, Paris, 1823-1835. (3) Miiltnariii CoIpv, Edimb. med. a.\'d chir. Journal, t. VI, p. 50-65. Edimb., 18ii. 232 dépassû môme ces dimensions ; mais dans lous oes cas il y avait des modi- fications profondes dans ces kystes, soit par suite d'une exsudation hydro- pique simple, soit par un mélange de celle-ci avec une exsudation inflam- matoire. La majeure partie de l'abdomen était alors occupée par ces tu- meurs, et leur contenu était quelquefois d'un poids assez considérable. Mourray (1) y a trouvé 3 livres de liquide, Cheslon-Browne (2) 2 litres de sérum et de pus, Schultze (3) 5 livres; Kiewisch signale un ovaire dermoide qui avait 1 pied de diamètre ; Mederer (Zj) a rencontré 10 livres et Cleghorn 10 à 12 litres de liquide. La structure des kystes dermoïdes mérite de fixer tout particulièrement notre attention. Il résultera, en effet, des détails que nous allons commu- niquer, qu'il ne s'agit, dans tous ces cas, que d'une héiérotopie; légumen- laire, et nullement de la modification d'un produit de conception. En procédant de dehors en dedans, nous rencontrons en premier lieu une enveloppe fibro-celluleuse plus ou moins vasculaire ; à la face interne de celle-ci, on rencontre ou un épaississement fibreux plus ou moins con- sidérable, parcouru, dans quelques cas, de vaisseaux volumineux, ou une couche dure, ossiforme qui entoure en partie ou en totalité la cavité comme la coque d'un œuf, et qui n'est autre chose que celle même paroi fibreuse calcifiée. On peut s'en convaincre facilement en dissolvant les sels calcaires au moyen de l'acide chlorhydrique. Dans ces circonstances, on rencontre souvent à la surface des tumeurs des petits groupes de mamelons constitués par une substance blanchâtre et crayeuse dans laquelle on constate les caractères des sels calcaires et des matières grasses. Il existe une certaine analogie entre cette calcification et celle que nous observons dans les parois des artères. C'est la membrane interne, qui offre surtout une organisation dermoide, qui cependant, lorsque les tumeurs sont très-anciennes et lorsque les pa- rois ont été modifiées par la calcification, peut ne pas être très-distincte. C'est pour cela qu'il est nécessaire de ne formuler pour ces sortes de tu- meurs des doctrines générales que lorsqu'on a eu occasion d'en examiner (1) Mourray, Progr. ad. act. inaug. Upsa1,1780. (2) Cheston-Browne , Pathol. inq., p. 47, et Voigtel , Pathol. anat., t. III, p. 544. (3) Schultze, Stahlberg., op. cit. (4) Mederer, BLUMiriBACii Comment. Soc. Coeitinc., l.VIII, p. 65 cl »uiv. 1787. 233 un certain nombre avec un soin minutieux, et de comparer avec ce résul- tat de l'observation les descriptions les plus exactes données par les au- teurs. Si donc on a affaire à un kyste dont la surface interne n'est pas trop mé- connaissable par l'altération grasse et calcaire, on peut reconnaître un épiderme des mieux caractérisés, ayant la plus grande analogie avec celui de la surface de la peau. Il est formé par des feuillets irréguliers ou poly- gonaux d'un cinquantième à un quarantième de millimètre et munis d'un petit noyau. Sous cette couche d'épiderme plus ancien, on rencontre quel- quefois de jeunes cellules épithéliales encore beaucoup mieux caractéri- sées. J'ai vu plusieurs fois, dans des kystes déjà très-altérés, l'épiderme complètement infiltré de graisse, mais encore reconnaissable par ses pla- ques disposées en pavés. Sous cette couche épidermique, j'ai pu constater l'existence d'un derme bien organisé, avec la disposition aréolaire de ses fibres; mais il faut dire que toute la surface interne n'offre pas généralement l'organisation derraatique au même degré de perfection. Dans quelques-unes de nos dissections, j'ai re- connu d'une manière distincte tout à fait l'existence de papilles, quelque- fois assez longues pour être déjà bien nettement visibles à l'œil nu. Leur développement est ordinairement partiel, et peut-être tel que les endroits où elles existent ont l'air hérissé tout à fait de petites saillies et d'aspérités en forme de crête de coq. Quant aux poils que l'on trouve si fréquemment implantés à la paroi in- terne, nous en parlerons tout à l'heure avec détail à l'occasion des kystes pili-graisseux. Les glandules sébacées y existent ordinairement lorsqu'on rencontre de la matière grasse dans l'intérieur. J'ai pu assez souvent constater leur existence, et reconnaître leurs lobules et même leurs conduits excréteurs ; toutefois leur préparation est loin d'être facile. J'ai été obligé de mettre en usage divers réactifs, des acides organiques et minéraux, et surtout la com- pression graduée dans le compresseur, qui facilite singulièrement l'étude de rimplantatiou des poils. Il est commun de trouver à la surface interne de ce derme de nouvelle formation une multitude de pores et de petits trous infundibuliformes, ressemblant aux pores de la peau, mais plus dis- tinctes, et qui correspondent ordinairement à l'ouverture des glandules qui souvent entourent le passage du poil. Kohlrausch a signalé, dans un hysle de ce genre, non-seulement l'existence des éléments que nous ve- nons de mentionner, mais même celle de glandules sudoripares. L'ovaire '23lx qu'il décrit renfermait de uotnbreux kystes, dont les uns couleuaienl uq liquide gélaliniforme, d'autres de la graisse et des poils, et d'autres encore de la graisse, des poils et des dents. Il n'est pas rare de trouver une couche de tissu adipeux sous le derme, et les bulbes des poils s'implantent sou- vent dans celle-ci. Dans un certain nombre de cas, des saillies verruqueuses, arrondies, pé- diculées, ou des véritables prolongements dermatiques, prennent naissance à la surface interne de ces kystes. Les prolongements finissent quelquefois par tomber dans la cavité, et on est tout surpris alors de rencontrer des petites sphères libres et détachées, couvertes de toutes parts de poils im- plantés et d'ouvertures de follicules sébacés. Cependant, en les examinant déplus près, on reconnaît ordinairement leur ancien point d'implantation. Dans la description de l'une des préparations du collège des chirurgiens de Londres (n" 2627) (1), il est dit qu'un kyste pili-graisseux montrait toute sa surface interne recouverte d'excroissances verruqueuses pédiculées, isolées ou en groupes. Pour compléter l'analogie de cette organisation dermalique avec celle de la surface du corps, nous mentionnerons que, dans nos recherches biblio- graphiques, nous avons rencontré deux cas dans lesquels une substance cornée s'était développée dans ces tumeurs. Un de ces cas a été rapporté par M. Cruveithier, dans la xviii* livraison de son Anatomie pathologique, et il y est dit que deux petits étuis cornés, semblables aux ongles, existaient à la surface interne d'une des tumeurs. Nous trouvons, dans le catalogue du collège des chirurgiens (n* 2630), la description de quatre portions d'une substance cornée semblable à celle qui croît quelquefois dans l'inté- rieur des follicules cutanés malades, et qui s'était développée dans un kyste de l'ovaire. Ce cas avait été observé par John Heaviside. La graisse peut constituer le contenu presque exclusif des kystes de l'o- vaire, fait que j'ai observé pour ma part une fois, et que j'ai trouvé signalé dans plusieurs observations. Mais, dans ce cas, il y avait ordinairement d'autres kystes à organisation et à contenu plus complexes. Nous parlerons plus loin avec détail des os et des dents trouvés dans ces tumeurs; mais il n'est pas rare du tout de ne trouver leur contenu formé que par des poils et de la graisse. Nous possédons, dans nos analyses, ^9 faits en tout, dans lesquels il y avait absence d'os et de dents. Ces kystes piligraisseux, sous (() PaTHOL. CATAL. OF THE MUS. OF THE COLLEGE OF SOnGEONS, t. IV, p. 293. 335 tous les rapports semblables à ceux que nous avons décrits dans les parties superficielles du corps et dans les méninges, doivent être plus fréquents encore, à en juger par notre propre expérience. Nous avons cru remarquer qu'on y attachait généralement peu d'importance lorsqu'on n'y trouvait point de dents, ni d'os, tandis qu'au contraire, on ne laissait guère passer inaperçus ces derniers exemples. Si toutefois nous réunissons aux 49 cas de kystes pili-graisseux de l'ovaire les 31 que nous avons mentionnés pour d'autres parties du corps, dont 19 sous-cutanés, 5 intraméningiens et 7 profonds, mais non ovariens, nous arrivons au chiffre de 80 cas de kystes dermoîdes pili-graisseux. Les poils sont libres ou implantés ; mais parmi les poils libres, on recon- naît bien souvent encore le bulbe et la pointe. Souvent ils paraissent im- plantés lorsqu'ils ne sont qu'incrustés à la face interne. Leur implantation est tantôt répandue sur toute la surface du kyste, tantôt restreinte à quel- ques points seulement. Dans le premier cas, la surface interne offre un as- pect velu général, tandis que c'est dans le second cas surtout, que l'on observe des poils réunis en boucles. Nous avons bien pu nous rendre compte de la raison de la chute de ces poils, ayant rencontré tous les états intermédiaires entre des poils à bulbes vigoureux, larges, entourés d'une gaine bien conformée, accompagnée souvent, dans ces cas, de glandes sé- bacées, et d'autres bulbes qui avaient successivement subi un tel degré d'atrophie, qu'ils constituaient à peine un renflement, et que le microscope seul pouvait faire reconnaître par la forme arrondie et la structure incom- plètement conservée d'un bulbe. Piien de plus variable que les dimensions de ces poils. Nous les avons vus quelquefois très-lins et très-petits, n'étant visibles qu'à la loupe et au microscope, et c'est surtout dans ces cas que nous les avons trouvés blancs et décolorés. Ordinairement on les voit varier entre quelques millimètres et plusieurs centimètres de longueur. Les poils, réunis en boucles, sont plus longs, atteignant 1 et 2 décimètres et au delà. On en a cité qui avaient un demi et même un mètre de longueur. Pour ma pari, j'en ai vu au musée Dupuylren qui, réunis, avaient un mètre de long, et qui étaient tellement enchevêtrés, que je n'ai pas pu isoler de poils sur une longueur plus grande que celle d'un derai-mèlre. La largeur des poils varie en moyenne entre 1/50 et 1/20 de millimètre pour les poils fins, et entre 1/10 et 1/8 pour les poils plus épais, et j'en ai vu qui avaient à peine 1/100 de millimètre. Ce n'est que dans les poils un peu volumineux que j'ai rencontré la substance médullaire. J'ai vu plusieurs fois ces poils , privés de leur épidémie, sans régularité dans leurs contours, leur dé- 236 limitation externe; les fibres ont alors Tair de se séparer dans le sens de l'axe longitudinal. Rien de variable comme leur couleur. Nous eu avons rencontré de blancs, de jaunes, de rouges, de bruns et de noirs. Non-seulement on trouve plusieurs de ces couleurs dans les poils de la même tumeur, mais on a rencontré même plusieurs couleurs sur le même poil. Dans un cas observé par Blandin, ils étaient très-longs, leur extrémité était blonde, leur partie moyenne plus colorée, et leur partie ad- hérente blanche. Tyson a rapporté un cas dans lequel des poils très -longs étaient de couleur argentée, les exemples ne sont pas rares dans lesquels la couleur de ces poils était différente de ceux du pubis ou des cheveux de la tête. Nous y attachons d'autant moins d'importance que nous venons de voir qu'il n'était point rare de rencontrer plusieurs colorations dans un même kyste ovarien. Avant de parler des globes pili-graisseux, si fréquents dans ces kystes, il nous faut dire deux mots de la graisse que l'on y rencontre. Déjà les an- ciens observateurs avaient constaté que c'était une graisse sébacée. Le mot se trouve même dans les anciennes observations de Ruysch et de Schacher; de plus, ils avaient fait une expérience chimique grossière, mais qui ne manquait pas cependant d'une certaine valeur, ils avaient vu que cette sub- stance, allumée, brûlait comme de l'huile ou du suif, et ils avaient conclu d'après cela qu'elle devait êlre de la graisse. Ce point est aujourd'hui si bien déterminé par l'analyse microscopique et chimique qu'il serait inutile d'y insister. Nous dirons seulement en passant que nous avons rencontré cette espèce de sébum, soit dans l'intérieur des follicules sébacés, soit dans les kystes, sous forme d'une graisse granuleuse ou vésiculeuse, et jamais sous celle de cristaux gras. La graisse a, dans plusieurs de nos observations, constitué d'une façon absolue la matière contenue dans des kystes sembla- bles, mais le plus souvent elle se rencontre en quantité considérable, con- jointement avec des poils, ce qui se comprend d'autant plus aisément que les glandules sébacées qui la fournissent, se trouvent volontiers accolées à ceux-ci et s'ouvrent dans leur gaîoe. Ajoutons que celte graisse prend souvent une odeur bien désagréable qui rappelle celle des glandules axil- laires. Nous y avons rencontré aussi cette odeur mêlée avec celle des ma- tières fécales, lorsque le kyste, bien que clos, était situé dans le voisinage du rectum. Nous avons vu que les poils, d'abord implantés, subissaient une espèce de mue et tombaient après que leur bulbe s'était aminci et atrophié. Quel- quefois ces poils forment seuls des concrétions de forme arrondie, mais 237 le plus souvent celles-ci sont mêlées avec la graisse dont nous venons de parler. Il arrive aussi qu'il peut exister, dans ces kystes, des globes pi- leux et d'autres purement graisseux. C'est ainsi que Rokitansky (1) décrit un kyste qui renfermait une matière grasse glutineuse, un globe pileux du volume d'une grosse noix, et en outre 72 corps du volume de petites noix, d'un blanc jaunâtre, composés de couches concentriques, et qui par le con- tact offraient à leur surface des facettes légèrement concaves; il y avait en outre un grand nombre de petites sphères du volume d'un pois formées d'une espèce de suif. Les kystes pili-graisseuxpeuvent s'enflammer et renfermer du pus dans leur intérieur. Nous en avons recueilli 3 faits : le premier appartient à Jean Bauhin (2), qui, en 1578, trouva à Lyon, dans une autopsie médico-légale, la cause de la mort subite d'une femme, dans une grande tumeur de l'o- vaire droit, qui renfermait des poils, de la graisse et du pus, et qui s'était ouverte dans le péritoine, ce qui avait excité une péritonite promptement mortelle. Le second fait de suppuration d'un de ces kysles appartient à Rénéaume (3). Le troisième est celui décrit par Ualler {lî), dans ses Opns- cuLA PATHOLOGiCA. Daus Un grand kyste, une loge renfermait de la graisse et des poils, tandis que dans d'autres, il y avait en outre des masses mem- braneuses brunes et friables. Parmi les kystes simplement pili-graisscux, nous possédons également deux faits de fistules abdominales. Les kystes s'étaient ouverts à travers les téguments, l'un appartient à Valleraud Deiafosse, et l'autre a été tout ré- cemment communiqué à la Société anatomique, par M. Jarjavay. Pour démontrer que les kystes pili-graisseux ne sont nullement physiolo- giquement différents des kystes graisseux d'un côté, et des kystes pilios- seux et pilidentaires de l'autre côlé, nous allons rapporter quelques exem- ples de la coïncidence de ces diverses espèces de kystes. l"Nous avons déjà vu plus haut que, dans le cas observé par M. Barth (5) et par moi, une femme portait deux kystes butyreux purement graisseux près du foie, en (1) Rokitansky, Handb. der pathol. anat, Wien. i842, t. III, p. 696 97. (2) Joh. Sehenkius, Obs. MED., lib. IV, ohs. 110. Frit). Brisg., lâ9C, t. IV, p. 212. (3) l^éncaume. Histoire de l'Acad. royale des sciences de Paris. 1701, p. 37 et 38. (4)Haller, Opuscui.a pathologica. Lauranne, 17G8, obs. 41, p. 133. (5) Bullet. de i.a Soc. anat. 1843, p. 68, 238 môme temps qu'elle avait un kyste pili-graisseux dans l'ovaire. Dans un au- tre cas que nous avons déjà également mentionné, nous avons vu, dans une pièce conservée au musée Dupuylren, un kyste purement graisseux et bien clos à côté d'un kyste pili-graisseux qui renfermait un fragment d'os dans un prolongement dermatique. Dans une des observations de M. Cru- veilhier, l'ovaire droit renfermait deux kystes, dont l'un pili-graisseux et l'autre pili-dentaire. Dans une des observations de Schultze (1), un ovaire renfermait trois kystes, dont un pili-graisseux. Dans une des observations de Otto (2), il y avait des kystes pili-graisseux dans les deux ovaires. Dans un cas de Winshipp (3), deux kystes dont laconnexion avec les ovaires n'a du reste point été démontrée, mais qui étaient situés dans leur voisinage, renfermaient l'un et l'autre de la graisse, des poils et du pus, mais l'un d'eux seulement renfermait un fragment d'os. Nous démontrerons plus loin que l'hétérotopie osseuse et dentaire n'a pour nous rien de plus surprenant que celle des glandes et des poils. Mais comme dans les discussions sur ce sujet, nous avons rencontré l'argument curieux que l'on voulait bien nous abandonner comme hétéropie plastique les kystes qui renfermaient des poils, mais qu'il devait y avoir débris fœtal lorsqu'on rencontrait des os et des dents , nous avons tenu à démontrer qu'au fait les kystes pili-dentaires n'étaient nullement différents sous le rap- port patliogénique, des kystes piligraissetix et leur multiplicité dans le même ou les deux ovaires est un des plus forts arguments contre leur ori- gine fœtale ; car, dans cette hypothèse, il faudrait alors admettre que non- seulement il y eut plusieurs inclusions chez le même individu, mais qu'en outre l'embryon, dans un des sacs, fut résorbé au point de ne laisser qu'une graisse que le véritable embryon ne renferme jamais, tandis que, dans un autre kyste, il aurait été résorbé au point de n'y laisser que des poils, et dans d'autres circonstances encore, un tronçon d'os et quelques dents auraient survécu dans l'un des ovaires, tandis que, dans l'autre, ces mêmes substances auraient éié absorbées. il est impossible de ne pas sentir à quel point un pareil raisonnement est vicieux. Nous arrivons aux kystes plus complexes, qui, outre les poils et la graisse. renferment des os ou des dents, ou le plus souvent les deux à la fois. (I) Stalilberg, Op. cit., p. 40-42. i'2) Otlo, Neues Verzeichhiss d. anat. mus. z. Bieslau, 2* aufl. Bresl., I84J. (3) Winshipp, Mem. of the London med. Society, vol. II, p. 368-72. 239 Nous avons réuni en tout 82 faits qui appartiennent à cette catégorie, dont près (l'un quart, 19 en tout, ne renfermaient que des os seuls. Nous allons voir combien peu ces fragments osseux avaient de ressemblance avec le squelette d'un fœtus. Dans aucun des 19 cas, et pour ma part j'en ai vu plusieurs, il n'est seulement pas fait mention d'une ressemblance avec un os du squelette ; de plus, à une ou deux exceptions près, il n'existait dans ces kystes qu'un seul os, qui était tantôt aplati, tantôt plus épais, mais toujours à forme tout à fait irrégulière, 12 fois même sur les 19, il est fait mention expresse du fait que ces plaques osseuses étaient incrustées dans les parois mêmes du kyste. J'ai pu non-seulement constater ce fait, mais deux fois même j'ai trouvé l'incrustation si intime, si profonde, qu'il a été de toute impossibilité d'en faire l'énucléation parfaite. Dans l'un de ces cas, il y avait une espèce de substance vitriforme à la surface, qui ressemblait un peu à l'émail des dents. Dans un seul de ces faits, il y avait deux mor- ceaux d'os. Ces plaques, api'ès s'être transformées dans l'épaisseur des pa- rois, se soulèvent, font saillie dans l'intérienr du kyste, s'en séparent en partie, ne sont plus retenues par une bride et peuvent enfin se séparer, La structure véritablement osseuse, dans les pièces de ce genre, que j'ai exa- minées, a été on ne peut plus complète, et j'ai fait des préparations et des dessins qui la mettent hors de toute contestation. Nous verrons tout à l'heure que, dans les kystes qui renferment des os et des dents, le nombredesos peut être plus considérable. Leur ressemblance éloignée avec un os du squelette se montre surtout lorsqu'ils renferment des dents. C'est pour cela qu'il était important de démontrer que les kystes simplement pili-osseux sont aussi bien un passage et un acheminement vers les kysles dentaires que les kystes graisseux et pili-graisseux en étaient un vers les kystes pili-osseux. Pour ma part, je n'y vois autre chose qu'une hétérotopie, plus complexe, et les intermédiaires sont trop bien établis pour qu'à ce sujet le doute soit permis. Il nous reste donc à parler des 63 faits de kystes qui, outre les autres produits, renfermaient des dents. C'étaient ces cas qui étaient toujours la grande pierre d'achoppement pour l'admission d'une formation spontanée. Mais nous comprenons difficilement celte hésilalion, lorsqu'on ne fait pas de difficultés d'admettre la formation spontanée de l'épiderme, des poils et des glandes. Les dents, en réalité, sont bien plutôt des appendices tégu- mentaires que des portions de squelette, et si nous jetons un coup d'œil sur le premier développement des dents dans l'embryon humain, nous pouvons en effet nous convaincre que, d'après les meilleures recherches modernes 240 eur l'évolution dentaire, les dents commencenl à se former à partir de ia eeptième semaine, dans la gencive même, et proviennent de la membrane muqueuse buccale. On voit naître d'abord des petites saillies molles, des papilles situées dans une espèce de rigole ou de demi-canal des maxillaires,- plus tard, ce demi-canal de la gencive se ferme autour des papilles et des cloisons se forment entre les diverses dents. C'est ainsi que chaque germe dentaire finit par être situé dans un sac clos, et ce n'est qu'à l'éqoque où ia fermeture des sacs est à peu près complète, vers le milieu de la vie fœtale, que l'ossification se fait autour d'eux. La papille, située dans le fond d "un creux, d'abord ouvert, plus tard clos, contient beaucoup de vaisseaux et de nerfs. Il se forme d'abord à la surface le rudiment de la couronne, constitué par l'os denlaire proprement dit, par l'ivoire ; autour de cette couronne se dépose une couche, d'abord molle, et bientôt calcifianle, de cellules prismatiques, variqueuses sur leur trajet, dirigées vers l'axe de la couronne et devant constituer l'émail qui est fourni par la partie supérieure et les parois du sac, tandis que l'os dentaire provient de la papille même. L'organe qui fournit l'émail reçoit le nom d'organe adamanlier; il est séparé par la membrane préformative de la partie qui fournit l'ivoire. L'accroissement continuel de la dent du côté de la papille fait que la dent s'allonge, que la racine s'ajoute à la couronne et que peu à peu la pression exercée sur la partie supérieure du sac produit son atrophie et l'apparition de la dent au dehors. Mais auparavant une couche de véritable tissu osseux a entouré la racine dépourvue d'émail; c'est ce lissu osseux qui est connu sous le nom de cément. Telle est la formation des dents de la première dentition ; celle de la seconde naît d'une espèce d'évagination latérale des sacs dentaires primitifs. Ce sont de véritables cavités collatérales qui, plus tard, se séparent presque de la cavité primi- tive, se placent en arrière et en bas et ne sont plus unies aux capsules pri- mordiales que par un cordon fibreux, appelé d'une manière fautive le gu- bernaculum dentis. Nous passons sous silence les détails de la formation des dernières mo- laires qui offrent quelques particularités; nous ajouterons seulement deux mots sur la formation histologique qui. d'après Kœlliker (1), est la suivante : Les prismes de l'émail se forment par une espèce d'épithélium modifié de la face interne, latérale et supérieur du sac denlaire, par des cellules qui (1) Kœlliker, Micitosc. anatom., t. Il, 2* partie, p. 8C et suiv. 241 B'alloDgent et subissent ensuite des modifications de forme et de consia- tance. La substance dentaire proprement dite, l'ivoire, se forme, au con- traire, par une couche cellulaire de la surface de la pulpe ou de la papille primitive. Cette substance se calciGe à son tour et des fragments osseux alors se déposent à sa surface et finissent par former une couche homogène. L'émail est en dernier lieu entouré d'une membrane fine, extrêmement résistante. Nous terminons cette courte esquisse par la remarque suivante de Kœlliker sur la signification de diverses substances, remarque qui ex- prime une opinion que nous partageons tout à fait: Lorsqu'on tient compte, dit cet auteur, de la signification des parties qui président à la formation des diverses substances de la dent, on peut envisager la substance dentaire proprement dite, l'ivoire, comme une véritable production d'une mem- brane muqueuse, formée par une partie très-vasculaire de la muqueuse buccale, par la papille. L'émail est une vraie substance épithéliale, consti- tuée par une modification et une calcification de la couche interne du sac dentaire. Le cément enfin constitue une espèce de substance légumentaire et délimitante, fournie également par la membrane muqueuse. Nous ajouterons que, plus nous éludions la nature et les fondions des divers tissus du corps organisé, moins nous admettons ces différences tranchées entre les divers tissus, et, tout en ne méconnaissant point leurs caractères dislinctifs, nous trouvons qu'on n'aoas tenu suffisamment compte jusqu'à ce jour de leurs analogies. C'est ainsi, par exemple, que bien des liens existent entre le tissu fibreux, le tissu cartilagineux, le tissu osseux, le tissu dentaire, de même que l'épiderme, l'épilhéliura, la substance cornée, celle de l'ongle, celle du cheveu, celle de l'émail, offrent de nombreux points d'analogie. La dent enfin comme organe se rapproche bien plus dans sa formation et dans sa signification physiologique des poils et des autres organes tégumentaires que des os proprement dits. Nous avons cru cette digression nécessaire pour combattre cette étrange surprise de voir apparaître des dents là où l'existence des autres appendices tégumentaires n'étonne personne, et dès à présent nous pou- vons dire le fond de notre pensée à ce sujet : Regardant les membranes muqueuses aussi bien comme des organes dermoides que la peau exté- rieure, l'apparition des dénis dans les kystes dermoides de l'ovaire ou d'une autre partie du corps n'a pour nous rien de plus surprenant que celle des poils et de l'épiderme, et quant à l'os, l'étude des enchondromes des par- lies molles nous a habitué depuis longtemps d'admettre la formation de l'os au milieu des parties qui, à l'état normal, n'en renferment point. TOME IV. 17 242 Avant (l'aborder les détails de la forme et du nombre de ces dents, disons deux mots d'abord de leur mode d'implantation. D'abord 13 fois sur nos G3 cas les détails sur le mode d'implantation ont été tout à fait insufQsants. Dans 30 autres cas, l'implantation des dents dans un os n'a pas été douteuse. Dans 10 cas, la position des dents était mixte, c'est-à-dire que quelques-unes d'entre elles étaient implantées dans des os, tandis que d'autres se trouvaient simplement dans des téguments de l'ovaire, dans des capsules, ou tout à fait libres et détachées. Dans 10 cas enGn les dents étaient tout à fait libres et on ne voyait pas de vestiges d'os. Je ferai observer toutefois que l'os étant incrusté et profondément caché dans les parois du kyste dans un certain nombre de cas, on a pu quelquefois se tromper et prendre pour une implantation ovarienne l'ori- gine de ces dents dans un os sous-cutané. Nous avons vu plus haut que dans les kystes pili-osseux non dentaires, il n'y avait ordinairement qu'un seul ou un très-petit nombre d'os. Cette règle persiste encore pour les os qui renferment des dents ; toutefois la force plastique étant progressive dans ceux-ci, nous rencontrons des exemples d'une formation osseuse plus variée. C'est ainsi que, par exemple, dans observation de Nysten (1), on trouve dans les paroiô plusieurs os longs et plats, et entre autres un qui renferme des dents et qui offre quelque ressemblance avec une mâchoire. Dans l'observation de Blumenbach (2), le kyste, conservé dans le cabinet des curiosités .de la ville de Gotha, renfermait 8 os dont U contenaient 16 dents, et il y avait en outre 9 dents isolées et une grande masse de che^ veux qui avaient la forme d'une pUque polonaise ; les os avaient jusqu'à 7 et même 10 pouces de long sous forme régulière et sans bords alvéolaires pour les dents. Dans l'observation déjà citée de Murray, il y avait également plusieurs os avec des alvéoles et des dents de trois espèces, offrant un mélange des dents de l'enfant et de l'adulte, les os étaient difformes et re- cevaient des vaisseaux provenant de l'ovaire. On voit bien que ces mêmes os multiples ne sauraient constituer un squelette qu'envisagés par les yeux de l'imagination. Quant aux os dans lesquels les dents étaient implantées, les auteurs qui les ont décrits les ont souvent assimilés à des maxillaires. Ayant comparé toutefois un grand nombre de dessins et de préparations, j'arrive à la con- viction que jamais un véritable maxillaire, avec tous ses caractères anato- (1) Corvisart, Journal, t. V, p. 144-49. (2) Blumenbach, Communic. soc. Goettinu,, 1787, t. VIII, p. 55. 243 miqucs, n'a élé rencontré dans ces circonstances. Aussi ai-je donné à ces os, dans mes notes, le nom de maxilloides, Avec une base difforme, tantôt allongée, et alors ressemblant un peu à un maxillaire inférieur, tantôt plus ramassée et plus compacte et offrant alors quelque apparence d^une mâchoire supérieure, j'ai toujours vu manquer les apophyses, les plans, les surfaces, les trous, et avant tout cette disposition si admirablement régulière des divers ordres de dents que nous observons dans le développement em- bryonal et chez le fœtus à terme, dont les mâchoires renferment en tout /i8 dents, 20 transitoires et 28 destinées à larseconde dentition, tandis que BOUS verrons tout à l'heure que presque dans les huit neuvièmes des cas le nombre de toutes lesdents trouvées dans un ovaire n'a pas dépassé le nombre de 6. En thèse générale, nous voyons donc, dans ces cas, de la substance os- seuse se développer entre les lamelles de la membrane interne du kyste. En outre, cette membrane interne produit alors aussi bien des papilles dentaires comme la muqueuse buccale chez le fœtus, ce qui n'est pas une chose plus étonnante que la production des follicules pileux et la formation osseuse se rencontrant avec les appendices tégumentaires dentaires. On comprend qu'une ressemblance éloignée avec une mâchoire puisse en ré- sulter ; mais qu'on ne perde pas de vue que si une telle mâchoire était un dé- bris de fœtus, elle devrait se trouver libre de toute adhérence avec la paroi du kyste, mais non incrustée dans ses parois. Ce qui ruine enOn tout à fait la supposition d'une inclusion, ce sont les faits de Cleghorn, de Kohlrausch, d'Autenrieth, etc., dans lesquels un certain nombre de kystes d'un ovaire hydropique renfermaient des dents ou des os et des dents, tandis que d'autres ne renfermaient que de la graisse et des poils ou de la gélatine et du sérum. Quant à Timplantation mixte, on comprend parfaitement que les sacs den- taires étant des appendices tégumentaires, ceux-ci n'aient pu se développer en dehors de toute connexion avec un os, et on conçoit, en outre, que ces dents atteignent un développement aussi avancé que celui des dénis les plus développées de l'adulte, et que leur chute puisse s'opérer comme la chute des poils. Nous avons même trouvé deux fois dans les auteurs une mention de dents ovariennes qui s'étaient cariées. Si nous jetons à présent un coup d'œil sur le nombre des dents ova- riennes, nous arrivons à des résultats bien surprenants. Déjà en notant le nombre des dents dans des kystes non ovariens, nous avons élé frappé de leur petit nombre. Dans 11 de ces cas, le nombre a été DOlé. Il n'a été que d'une seule deut dans un kysle orbitaire, de 3 dans l« développement sous-lingual, de U dans 3 cas de développement dans des kystes près de reslomac ou dans cet organe, de 3 dans un kyste utérin. Dans 3 cas, il n'a point été déterminé, et deux fois seulement, une fois dans la matrice, une autre fois dans le mésentère, le nombre des dents a été de 13 dans Tun des faits et de iU dans Tautre. Quant aux 2 cas de kystes ren- fermant des dents observés chez les chevaux, Tun renfermait 1, l'autre 2 dents ; mais le nambre de ces faits était trop petit pour établir des règles générales. Nous avons été plus heureux poui les kystes ovariens et, tout en ^imi- nanl 17 cas dans lesquels le nombre des dents n'a pas été déterminé, il nous en reste encore US dans lesquels la détermination a été exacte, et nous arrivons à ce résultat curieux que dans près d'un quart, 11 fois en tout, il n'y a eu qu'une dent, 13 fois, ainsi dans plus d'un quart, il y a eu 2 dents, 6 fois 3, U fois û, 2 fois 5, U fois 6 dents. Par conséquent 34 fois sur 46 dans les trois quarts à peu près, le nombre des dents n'a pas dépassé U, et 40 fois sur 46, dans les huit neuvièmes à peu près, leur nombre n'a pas dépassé 6 dents. Si nous analysons à présent les 6 cas qui nous restent, nous trouvons bien 3 cas dans lesquels le nombre a été une fois de 10, une fois de 12 et une fois de 25, mais dans les 3 autres cas il a été une fois de 44, une fois de 100 et une fois de plus de 300. Voici le tableau synoptique de cette analyse : 1 dent H 2 dents 13 3— 6 4— 4 5— 2 6 — i 10 — 1 12 — 1 25 — I 44 -- ,. . . 1 100 — 1 Plus de 300 — I 46 Voici quelques détails sur les 3 cas de dents très-nombreuses. Dans celui de Cleghorn, il existait, comme nous l'avons déjà dit plus haut, un certain nombre de poches à contenu différent, gélatine, graisse, graisse cl poils, ns 01 et dents. Le nombre de Uk dents était distribué sur plusieurs kystes, par conséquent séparées les unes des autres. Il y avait 8 incicives, 3 canines, U molaires bicuspides et 16 grosses molaires; quelques-unes de ces dents avaient la forme de celles de la première dentition, mais la plupart parais- saient appartenir à la seconde ; pour 16 dents l'implantation était bien con- statée, et il n'y avait dans le même os que la même espèce de dents. Les autres dents étaient libres. L'auteur ajoute que tous les kystes n'ayant pas été examinés, il était probable quMl y avait un bien plus grand nombre de dents encore. Le cas dans lequel on a trouvé 100 dents appartient à Schnabel, et se trouve rapporté dans le Traité des maladies de la femme de Kiewisch. Mais le fait de beaucoup le plus intéressant de ce groupe est celui déjà cité et observé par Autenrieth. Curieux sous plus d'un rapport, il mérite d'être rapporté avec détails. Ce fait, d'abord incomplètement exposé par Plouquet, a été décrit ensuite par le célèbre pofesseur de Tubingue dans le septième volume des Archives de Reil et Autenrieth. Nous le rapportons d'après le travail original, et nous y trouvons une preuve d'autant plus frappante de véridicilé que cet auteur décrit en 1807, dans un fait patho- logique, la formation des dents d'une manière tout à fait conforme aux re- cherches embryogéniques modernes sur le développement des dents. Voici ce fait : A l'autopsie d'une femme âgée de 22 ans, qui n'avait jamais eu d'enfant, on trouva l'ovaire droit occupé par une tumeur pesant plus de 20 livres et renfermant de la graisse, des poils et des dents. Il y avait sous la surface de l'ovaire, à sa partie antérieure, une grande cavité, et en outre un certain nombre de petites ; dans toutes se trouvait un sérum brunâtre mêlé de sang altéré, semblable au liquide évacué pendant la vie au moyen de la paracenihèse. La masse principale de l'ovaire avait une structure charnue et membraneuse ; les cavités de son intérieur étaient de deux espèces, les unes renfermaient une masse considérable d'une matière muqueuse, assez épaisse, blanchâtre, demi-transparente ; les kystes de la seconde espèce contenaient des masses considérables d'une espèce de suif blanchâtre. Ce n'est que dans le premier ordre de cavités que l'on trouva une quantité pro- digieuse d'os et de dents ; d'un autre côté, les kystes renfermant de la graisse étaient les seuls qui renfermaient des poils isolés ou en touffes. Les os étaient ou renfermés comme centre d'ossiûcation dans des cartilages, ou plus complètement formés, et alors entourés de membranes fermes et vas- culaires et solidement fixées aux parois des cavités, ou môme ils occupaient 246 rinlerslice entre plusieurs kystes; leur forme était tout à fait irrégulière et plusieurs se terminaient en pointe difforme et trouée ; quelques-unes res- semblaient à des morceaux de sphénoïdes. Les dents étaient mêlées avec des fragments d'os. On n'en a sorti que la moitié environ ; mais celle-ci, comp- tée, était environ de 300. Elles se trouvaient en partie, comme les dents naturelles d'enfanls nouveau-nés, dans des kystes clos vasculaires remplis d'une matière gélatineuse; un certain nombre de ces kystes étaient implan- tés dans des cavités d'os difformes. La plupart des dents ressemblaient aux dents ordinaires de l'homme et la majeure partie aux premières dents mo- laires. E)ans beaucoup d'entre elles, la dent était régulière, tandis que la racine ne l'était pas, et quelques-unes étaient en dehors de toute espèce de type. Dans plusieurs le corps de la dent n'était pas tout à fait ossifié, et l'os de la couronne était fixé sur la pulpe comme dans les dents incomplètement développées des mâchoires. Dans quelques sacs dentaires, on aperçut la substance de l'émail reconnaissable par sa couleur et sa dureté disposée par grains irréguliers, semblables à des petites perles et attachés à des mor- ceaux cartilagineux qui n'avaient aucune ressemblance avec des formes dentaires. Les poils renfermés dans les kystes graisseux avaient plusieurs pouces de longueur, ils ne montraient point de bulbe évident et étaient d'une couleur plus claire que les poils de la surface du corps. Lorsqu'on tient compte de l'extrême fréquence d'un très-petit nombre de dents dans ces kystes et de quelques cas de fréquence excessive, on est obligé d'abandonner la théorie d'un résidu fœtal. Ni l'embryogénie ni la tératologie ne sauraient expliquer pourquoi, sur quarante-huit dents que renferment les mâchoires d'un enfant nouveau-né, toutes, à l'exception d'une, de deux ou de trois, auraient disparu, et on serait plus embarrassé encore d'expliquer autrement que par une production spontanée la forma- tion de cent ou de trois cents dents dans les poches multiples et séparées d'un seul ovaire. Meckel est tombé dans une étrange exagération, répétée par tous ceux qui ont écrit sur ce sujet, en disant que le groupement des dents de ces kystes ovariens se rapprochait de celui de la dentition normale. L'analyse des faits donne un démenti à cette manière de voir : non-seulement il y a mélange des dents en germe et de celles de la première et de la seconde dentition, prédominance môme des dents complètement développées comme chez l'homme adulte, mais le groupement des diverses espèces de dents dans le même kyste est dépourvu tout ù fait d'un type régulier, comme le démontre l'analyse suivante de 39 faits, 8 fois il n'y avait absolument que w des molaires; dans 8 autres caS', il y avait des incisives et des molaires^ dans six kystes , les incisives manquaient , il n'y avait que des canines et des molaires ; dans 5 cas, il n'y avait que des incisives ; dans 5 autres, il n'y avait que des canines; dans 5 cas, il y avait des incisives, des canines et des molaires, et 2 fois des incisives et des canines. Lorsque les trois es- pèces coexistaient, leur groupement était très -variable. Dans plusieurs cas, es dents avaient une forme indéterminable. Pour ma part, j'ai observé une fois une couronne qui tenait le milieu entre une canine et une molaire, et une autre fois une dent à racines multiples et divergentes qui n'appartenait non plus à aucun type régulier. Les racines de ces dénis n'offrent d'autre variété que celles des dents humaines en général aux diverses phases d'évolution ; il en est de même des cavités dentaires, et quant à la structure, nous y avons vu les mêmes élé- ments histologiques dans l'émail, dans l'ivoire et dans le cément que dans les dents normalement développées. Tout ce que nous venons de dire sur le nombre et la disposition de ces dents vient donc tout à fait à l'appui de notre manière de voir sur leur for- mation autogène. Avant de terminer ce qui a rapport à l'anatomie pathologique de ces kystes, nous dirons seulement que, pour ne pas faire double emploi, nous parlerons tout à l'heure, à l'occasion des phénomènes cliniques, des di- verses terminaisons et surtout de l'ouverture de ces kystes dans un organe voisin ; nous ajouterons seulement que nous avons vu notées dans plusieurs faits des complications étrangères à l'altération ovarienne : c'est ainsi que k malades étaient atteints de tubercules pulmonaires, 1 d'un cancer de l'es- tomac , 1 d'une tumeur cérébrale et 2 d'aliénation mentale , complica- tions qui ne nous ont point paru avoir de lien direct avec la formation kys- leuse. CARACTÈRES CLINIQUES DES KTSTES DERMOIDES OVARIERS. l' Il n'est pas rare de voir ces tumeurs exister, sans que pendant la vie rien ne dénote leur existence, et nous avons été trop souvent nous-méme témoin de ce fait pour ne pas insister sur l'innocuité de ces tumeurs, tant que l'affection est simple et peu étendue. Le volume, dans ces cas, ne dé- passe souvent pas celui d'un œuf. La graisse, les poils, les os, les dents, sont renfermés dans une poche si parfaitement close , que les organes voisins n'éprouvent aucune atteinte de la présence de ces substances 2A8 élraDgères. En thèse générale, les kystes dermoldes de Tovaire sout latents lorsque leur volume n'est pas très-considérable, lorsque Tovaire n'est pas le siège d'une autre altération et que la paroi interne du kyste donne exclusivement naissance à la production dermoide. 2° Si la maladie ne reste pas latente dans un bon nombre de cas, tout ce que nous venons de dire s'applique au moins au début de la plupart des cas. Plus tard, lorsque la tumeur prend un accroissement plus con- sidérable, des douleurs et du malaise dans le Qanc correspondant au développement de l'ovaire, dans le droit plus souvent que dans le gauche, fixent ratlenlion des malades. Déjà à ce moment le palper abdominal, pra- tiqué d'une manière attentive, peut faire reconnaître l'existence d'une tumeur dans cette région. La marche et le développement de l'engorge- ment ainsi appréciable, présentent en général les caractères de l'hydropisie ovarienne enkystée ordinaire. Peut-être les douleurs sont-elles plus vives que dans l'hydropisie ovarienne ordinaire. Du reste, si quelques malades sont en proie à des souffrances intenses, chez d'autres on constate des douleurs sourdes ou simplement des malaises dans la région indiquée. 3° Dans plusieurs observations nous avons vu noter un écoulement va- ginal abondant, séreux ou séro-purulent. Dans le cas de Rénéaume, une religieuse, atteinte de mélancolie, se jette par la fenêtre, et à l'autopsie on trouve un kysle dermoide dans l'un des ovaires qui n'avait point été re- connu pendant la vie. La malade avait eu pour principal symptôme uo écoulement puriforme, qui par les trompes était entré dans l'utérus et sorti par le vagin. 4<* Le dérangement des fonctions menstruelles a été noté dans quelques cas , mais les observations n'offrent sous ce rapport rien de fixe. Chez plusieurs malades la suppression complète des règles, chez des femmes, jeunes encore , a coïncidé avec le moment où les premiers signes de tu- meurs abdominales se sont manifestés. 5" Parmi les signes les plus importants à connaître , nous indiquerons l'hydropisie abdominale qui en général ici est enkystée et a son siège dans le kysle dermoide lui-même, qui peut atteindre, comme nous l'avons vu, des dimensions extrêmement considérables. Il est difficile de distinguer, dans ces cas, l'hydropisie ovarienne ordinaire de celle qui est la consé- quence d'une hydropisie enkystée dermoide. Cependant il y a un symp- tôme qui, dans un certain nombre de cas, doit mettre sur la voie: c'est la sortie de poils avec le liquide hydropique , lorsqu'on pratique l'opération de la paracentèse. C'est ce qui est arrivé entre autres dans l'observation de 249 Bi'issoiiu (1). Dans le cas d'Aiilenrielh il y avait égalemenl une liydropisie ovarienne, et plusieurs fois la paracentèse a dû être pratiquée ; mais il n'est sorti par celte opération qu'un sérum plus ou moins teint de sang. Dans ces cas comme dans plusieurs analogues, il y avait en même temps une hydropisie ovarienne simple à côté des kystes dermoïdes. Dans les cas de Winship, quatre ponctions ont égalemenl été pratiquées. L'hydropisie a encore exisié dans les observations d'Anderson (2) et dans celles de Bal- lard (3). Le ventre, dans ce dernier cas, avait atteint un développement énorme ; il y avait en même temps œdème des membres inférieurs, mais aucune opération n'a dû être pratiquée. Dans le cas de Cleghorn , la para- centèse donna issue, avec le liquide hydropique, à une masse graisseuse et pileuse. L'hydropîsie, quoique non ponctionnée, a été constatée aussi dans une des observations de Mœclerer et dans le cas de Schacher. Nous avons en tout noté les phénomènes cliniques dans 43 cas, et sur ce nombre se trouvent 8 cas d'hydropisies enkystées; par conséquent, c'est une des terminaisons fréquentes. Quant à la sortie des poils et d'autres substances parles parois abdominales, nous en parlerons avec détail tout à l'heure. 6° Des accidents du côlé des voies urinaires ont été notés égalemenl dans un certain nombre de cas. De la dysurie, de la rétention d'urine, les accidents inflammatoires du côté de la vessie, de la pili miction, et la sortie même de plusieurs autres substances avec les urines ont été observés un certain nombre de fois. Dans le cas de Saxtorph (h) , la rétention d'urine s'est montrée à plusieurs reprises; elle était accompagnée chaque fois d'un déplacement subit de la matrice qui, replacée par ce chirurgien, fil alors cesser les acci- dents des voies urinaires ; ces accidents étaient dus à une tumeur dermoide dans le flanc droit, qui avait arquis un développement énorme. Des acci- dents du côlé de la vessie, avec sortie d'un produit anormal , sont bien plus importants encore à connaître, parce qu'ils dénotent une des termi- naisons des plus curieuses de celte alfectiou, savoir : la communication de ta tumeur ovarienne avec la cavité de la vessie. Voici en quelques mots l'analyse des principaux faits de ce genre, déjà réunis et fort bien com- mentés dans rexcellent travail de M. liayer sur la pili-miction : i" Une femme de 24 ans, enceinte pour la deuxième fois,, éprouve des douleurs (ij Bri.sseaii, Observations, p. 3U. 1834. (2) Andersoii, Eoim. mkd. .\nd sdrg. JncaNAr,, t. II, p. 180. Édimb., 1806. (3) Bailard, Corvisart, journal, t. X!I. p 1.31. 1806. (k) Saxtorph, AcT. Soc. mf.d. Havmkns, vol. II. n» is, p. 259. 1779. TOME IV. 18 250 vésicales; ses urines deviennent troubles et sont mêlées de poils ; son roarî lui en relire au moyen d'un crochet mousse. Delpech (1) extrait plus tard de cette vessie un corps dur. Cette opération donne un soulagement mo- mentané, mais au bout de deux mois les accidents se reproduisent. Ce chirurgien fait alors une nouvelle tentative et il retire de la vessie un os, des membranes couvertes de poils , et il trouve dans cet os une alvéole avec une dent molaire. L'extraction avait été faite par une incision urétrale. La malade a parfaitement guéri. 2" Dans l'observation de Marshall (2), une femme âgée de àO ans avait éprouvé depuis quatre ou cinq ans des dou- leurs abdominales, revenant par intervalles et suivies d'un grand développe- ment du ventre. Il existait en même temps un écoulement vaginal puriforme. Plus tard de fréquentes rétentions d'urines survinrent, et c'est alors que la malade rendit, au milieu de douleurs vives, quelques portions d'os, dont un de plus d'un pouce de longueur. La malade maigrit, dé péril et suc- combe. A l'ouverture du corps on trouve une communication entre la vessie, très-dilalée, et une tumeur de t'ovaire contenant du pus, une sub- stance graisseuse, beaucoup de cheveux et cioq dents. L'utérus était à peu près normal. 3» Le cas de beaucoup le plus curieux de ce genre est celui observé par M. Larrey (3), communiqué en 18/i2 à l'Académie de méde- cine. Voici le résumé de ce fait, tel qu'il se trouve rapporté dans les Ar- chives DE MÉDECINE. Le sujet de l'observation est une jeune femme de 33 ans, bien constituée, mariée jeune et mère de trois enfants. En 1836, peu de jours après son dernier accouchement, elle vit apparaître une tumeur douloureuse à gauche et un peu au-dessous de l'ombilic. Bientôt les urines devinrent purulentes et glaireuse?. En ISZil, la tumeur, qui s'était accrue progressivement et occupait l'espace compris entre l'ombilic et le pubis, s'ouvrit extérieurement et donna issue à du pus mêlé de détritus calcaire. Trois semaines après, il se présenta à l'ouverture une masse de cheveux inégaux que la malade enlevait souvent elle-même, et qui plus tard avait l'apparence d'une longue mèche adhérente au fond de la fistule et saillante au dehors. Au bout de quatre mois , cette voie anormale livra passage à Turine «jui continua à en sortir, tandis que le canal de l'urèlre donnait issue (1) Delpech, Observation de piu-miction. (Clin. cuir. i>e Montpellier, t. II, p. 521. Paris, 1828.) (2) Marshall-Paul, ARcn gen. de méd., t. XVIII, p. 282. 1828. (3) Larrey, Kyste pileux de l'ovaire, compliqué, etc. (Mém. dk l'Acad. de MÉD., t. XII, et Arch, gén. de méd., ô= série, t. XV, p. 510. 1842.) 251 à du pus, à des cheveux, à des graviers, et môme une fois à une concrétion ossiforme; enfin il se développa une pierre dans la vessie. Pour remédier à une situation aussi grave, M. Larrey eut recours à une opération fondée sur les principes de la taille hypogastrique : il incisa la fistule directenaent en bas, extirpa une tumeur fibreuse, sur laquelle était implantée la mèche de cheveux , pénétra ensuite dans la vessie après avoir fendu le trajet de communication , et en retira le calcul par !a même ouverture. Une sonde fut placée à demeure, et des pansements méthodiques en assurèrent la guérison,qui faillit cependant être compromise par une variole confluenle. Aujourd'hui la cicatrice de la plaie, bien consolidée depuis cinq mois, n'a plus besoin que d'un bandage pour être maintenue comme une hernie de la ligne blanche. W Hamelin (1), médecin américain , a observé le cas suivant : Une femme âgée de 24 ans accouche à terme d'un enfant mort ; vingt-deux jours après elle succombe à une fièvre puerpérale. A l'autopsie on trouve la vessie très-distendue et en partie en élat de mortification ; elle renferme une matière fétide mêlée de cheveux; il existe une large com- munication entre la vessie et une tumeur de l'ovaire droit qui contient dans sa cavité des poils, de la matière grasse et une substance osseuse. 5" Dans l'observation de Phillipps (2), une femme âgée de 30 ans, avait éprouvé dès sa jeunesse, à diverses époques, de la difficulté pour uriner. Depuis deux ans les symptômes d'une phlegmasie vésicale se ma- nifestèrent, Thypogastre devint le siège de douleurs vives et de tuméfac- tion, la dysurie augmenta, la tumeur s'étendit bientôt en haut et atteignit presque la région du foie. Les symptômes du côté de la vessie se suspen- dirent, et la malade succomba avec les symptôme d'une péritonite. A l'au- lopsie on trouva dans le péritoine un épanchemenl sanguinolent et dans l'ovaire une tumeur enkystée, contenant une matière crémeuse et une touffe de cheveux. La vessie était très-distendue et contenait également une large toufle de cheveux, et de plus une portion d'os renfermant une dent incisive. La communication entre la vessie et la tumeur ovarienne avait lieu au moyen de trois ouvertures. 6" Dans l'observation deDelarivière(3),unefemm« âaée de 58 ans, souffrait depuis sept ans de pesanteur dans le bas-ventre et de temps en temps d'envies pressantes d'uriner ; les douleurs hypogaslriques (1) Hamelin, Observations sur des cheveux trouves da.ns l'intérieur de i.a VESSIE. (Bull, delà Soc. de l'École, 11° tx, p. 58. 1808.) • (2) Phillips, Med.-chir. Transact., vol. II, p. 427. (3) Deiarivière, Journal de mf.d, et de cuir. t>e Vandermonde, t. X. p. 516. Janvier, 1759. 252 devinrent plus vives et la dysurie augmenta. Un chirurgien qui sonda hi malade donna issue à une quanlilé considérable de pus. Le soulagement ne fut que momentané, et la malade ne tarda pas à succomber après beau- coup de souffrances et après avoir présenté pendant plusieurs jours des vomissements et de la diarrhée. A l'autopsie on trouva dans la vessie plu- sieurs os et un petit peloton de poils, le tout renfermé dans la portion d'un kyste dont on vit encore les vestiges distincts. Les cas dont nous venons de donner l'analyse prouvent que la commu- nication entre la vessie et les tumeurs dermoîdes n'est pas excessivemeit rare. Ils démontrent de plus qu'il faut y penser chaque fois qu'une ma- lade rend des poils par les urines et qu'on s'est assuré qu'il n'y a pas quelque tromperie au fond. Cette supposition est également permise lors- que la pili-miction se présente chez un homme, car nous avons vu plus haut que les kystes dermoîdes, superficiels ou profonds, n'étaient pas rares en dehors de toute connexion avec l'ovaire. Dans un cas de ce genre que M. Denucé a observé, ce jeune chirurgien distingué m'a dit avoir constaté que les poils avaient leur bulbe et étaient encore en partie accompagnés de glandules sébacées, ce qui parle encore hautement en faveur de leur origine dermoide. 7° Nous avons déjà parlé plus haut , dans l'exposé anatomique de ce travail, de l'ouverture de ces tumeurs au dehors, qui alors forment des fistules à la surface des parois abdominales. Nous possédons cinq faits de ce genre. L'un d'eux vient d'être rapporté avec quelques détails : c'est celui observé par M. Larrey. Un second fait a été présenté récemment A la Société anatomique: c'est celui observé par M. Jarjavay, cas dans lequel une femme de ZiO ans environ avait présenté d'abord des douleurs ab- dominales vives, ensuite une tumeur sous-ombilicale , puis la formation d'un abcès qui s'ouvrit dans la région hypogastrique, près de l'ombilic, et donna issue à du pus et à des poils. Cette ouverture resta fisluleuse, la suppuration persista et fit succomber le malade dans le marasme. A l'autopsie on put constater l'existence d'un kyste ovarien pi!i-graisseux. Parmi les observations anciennes, nous citerons le fait rapporté par Fa- brice de Hilden (1), qui raconte qu'une femme devint hydropique quelque temps après ses couches et que trois jours avant sa mort, il y eut une rupture spontanée de l'abdomen par l'ombilic d'où il sortit vingt litres d'eau avec beaucoup de poils. A l'autopsie faite par Thomas Plater, en pré- (1) Fabrice de Hilden, Obs. cent., Voy. obs. XLVIIL 25;î sence de Tauleur el de Baiiiiin, on trouva dans l'ovaiie di'oit une lum«ur renfermant de la graisse et des poils ; ce l'ait a été rapporté par Blancard, sans qu'il ait indiqué la source à laquelle il l'avait puisé. Anderson a dé- crit au commencement de ce siècle le cas déjà cité plus haut, d'une l'emme âgée de 30 ans qui, neuf ans auparavant, était accouchée pour h première fois, deux ans plus tard pour la seconde l'ois, et qui depuis cette époque éprouva des douleurs dans le flanc droit. Cependant elle eut encore deux couches à deux ans de distance ; mais c'est surtout pendant une cinquième grossesse, que les douleurs du flanc droit augmeu- lèrent. Cependant l'accouchement eut lieu à terme, mais depuis ce mo- ment elle dépérit et devint hydropique. Une ponction pratiquée deux mois après ses couches, ne la soulagea que temporairement et bienlôt après un abcès s'ouvrit pi es de l'ombilic et continua à suppurer pendant sept mois jusqu'à l'époque de la mort. Cette malade avait rendu quelque- fois des poils avec le pus de sa fistule abdominale. A l'autopsie on trouva qu'il s'agissait d'un kyste de l'ovaire dioit, adhérent au péritoine et à l'ombilic, renfermant des poils et trois dénis. Dans le cas de Vallerand de la l''osse (1), dont nous avons rapporté les détails anatomiques, un kyste pili-graisseux s'était ouvert à la partie inférieure droite de l'abdomen, et la malade avait rendu souvent des poils longs el blonds mêlés avec du pus ; elle avait beaucoup maigri et éprouvé des douleurs vives et elle mourut dans le dépérissement. Kous citons à celle occasion un cas plein d'enseignements utiles pour le praticien, celui de Laflize (2j, qui constata chez une jeune fille de 18 ans une tumeur à la partie latérale et postérieure gauche de l'abdomen ; il fit à sa surface une application de potasse caustique et donna issue à du pus avec une masse sléalomateuse et une boucle de cheveux fort longs. Dix-neuf jours apiès l'opération, on retira un corps dur de trois à quatre pouces de long avec un noyau osseux au centre et montrant huit dents disposées circulairement, dont six molaires, une canine et une incisive ; il y avait en outre deux autres dents incomplètement développées sortant à peine de leurs alvéoles, une molaire et une incisive. La plaie se cicatrisa et la femme guéril parfaitement. Nous avons là un exemple que les chirur- (1) Vallerand de la Fosse, Cbdveilhier an. pàtuol , t. 11, p. 167. Paris, Î816. (2) Ladize, IjAchkr, Journal Li£.Mi;DE(:iMi, p. 301. 1792. 254 giens pourraieut imiter, avec chance de succès, dans des circoDSlanceë analogues. 8° Nous venons de passer en revue les cas d'ouverture des kystes der- îïioides au dehors ou dans la vessie ; mais ils peuvent s'ouvrir aussi ailleurs, quoique plus rarement. Nous avons déjà parlé plus haut de la perforation dans le péritoine, qui dans le cas de Bauhin, observé en 1578, avait donné )ieu à une mort subite. Dans l'observation de Nisten (1), une jeune filie de treize ans, encore vierge, dépérit et meurt dans le marasme, et à l'autopsie on trouve une poche derraoide suppurée, ulcérée, communiquant avec la cavité abdomi- nale. Le fait de Jasinsky (2j est encore plus remarquable : c'est le seul qui, à notre connaissance, ait donné lieu à une communication directe avec le vagin. Ce fait se rapporte à une femme âgée de 28 ans, qui après son quatrième accouchement eut des flueurs blanches très-abondantes, des douleurs vives dans le vagin et une tumeur qui s'ouvrit en donnant issue à un liquide puriforme. On découvrit de plus à la partie postérieure gauche du vagin un corps dur qui pendant le coit causait des douleurs au mari et une excoriation à la joue d'uu cinquième enfant qu'elle mit au monde. On s'enquit alors par le toucher de l'existence d'un sac entre l'utérus et le vagin et de plusieurs corps durs, et on fit successivement l'extraction de quatre dents, dont deux molaires et deux incisives. La couronne de l'une des premières était légèrement cariée, ces dents parais- saient implantées dans un os dont l'extraction ne fut pas possible. Nous avons recueilli deux exemples aussi dans lesquels des kystes der- moides se sont ouverts dans le rectum : le premier appartient à Millman- Coley. C'est le cas d'une femme âgée de 28 ans, dont les règles sont suppri- mées depuis Cinq ans ; depuis celle époque elle éprouve un poids au-dessus du pubis, des douleurs dans le flanc droii, où on constate l'existence d'une tumeur. Peu à peu la femme dépérit et tombe dans un état heclique. Plu- sieurs années après le commencement des accidents, un abcès s'ouvre par le rectum, et au bout de quelques semaines la malade semble guérie ; mais bientôt les douleurs abdominales reviennent et sont surtout vives à la pres- sion entre le pubis et l'ombilic ; la fièvre, des vomissements , des douleurs dans les seins, de la dyspnée, de la strangurie, un poids fort incommode dans l'abdomen surviennent. De nouveau une amélioration se manifeste (1) Nysien, Corvjsaiit, Joub-nal, t. V, p. 144-49. (2) JasiDsky, GraefeN.Walther, Jochnal, t. XII, p. i. 266 pendant près d'uu an, ensuite retour des mêmes accidents et mort subite. A l'autopsie on trouve dans le péritoine un liquide foncé mêlé d'un air fétide ; les épiploons sont en partie gangrenés, l'ovaire droit a le volume d'une tête de fœtus à terme et paraît squirrlieux. A sa partie antérieure se trouve un kyste gélatineux renfermant en outre une matière graisseuse du volume d'un œuf de poule. Cette tumeur a pénétré dans l'S iliaque et s'y trouve entourée de matières fécales. Nettoyée et examinée avec soin, la surface interne s'y trouve couverte de petits poils blancs implantés, et sur un point existent beaucoup de cheveux de 3 à 4 pouces de long. Dans un autre endroit de la paroi interne on aperçoit une dent bicuspide dans un os semblable à un maxillaire supérieur ; on trouve de plus trois incisives ren- fermées dans des capsules. Près de la base de la tumeur on constate un trajet qui conduit de l'intestin à l'ovaire droit, et qui constitue la cicatrice d'une ancienne tislule. La matrice renferme un fœtus de cinq mois. Le second faitestbien pins curieux encore, il appartient à M. Bouchacourt (1) (de Lyon), qui a cru avoir affaire à un produit de conception retenu dans la bassin par inclusion. Voici ce fait : Une jeune fille âgée de 5 ans et demi, pâle, sujette à la constipation, rend un jour beaucoup de pus par l'anus Cet écoulement purulent continue pendant sept mois ; déjà quinze jours après le commencement de cette suppuiation, une mèche de cheveux châ- tain-clair sort par l'anus. La suppuration était anêtée depuis quelque temps, lorsqu'un jour la malade est prise de ténesme et de la sensation d'un corps étranger dans l'anus. On y constate l'existence d'une tumeur adhérente par un pédicule à la paroi du rectum ; elle est expulsée : une double ligature est jetée autour du pédicule pour prévenir l'hémorrhagie, et l'enfant guérit. La tumeur, qui a 9 centimètres de long sur 11 de circon- férence, offre des poils à sa surface interne, el plusieurs dents implantées dans une portion osseuse que Pau leur compare à des testes d'os de la face; toutefois nous ne trouvons dans les détails rapportés aucune preuve de l'existence d'un fœtus, et nous ne pouvons y voir autre chose que l'exis- tence d'un de ces kystes dermoides renfermant de la graisse, des poils, du cartilage, des os el des dents. 9" Les kystes dermoides ovariens peuvent opposer de grands obstacles à l'accouchement lorsqu'ils sont situés entre la matrice et le rectum, et même sans avoir établi aucune adhérence anormale. La connaissance de ces faits est par conséquent indispensable pour l'accoucheur. Nous trouvons un (1) Gazette MÉDICALE, p, 635. 1850. 256 exemple curieux de ce genre rapporté par Merriman (1), où une lunieur de ce genre faisant saillie dans le vagin, rendit raccouchemenl si difficile que la craniolomie a dû être pratiquée: la mère succomba, et à l'aulopsie on tjouva entre le rectum et le vagin un kyste renfermant des poils, de la graisse et des dents. Mais le cas de beaucoup le plus remarquable de ce genre, est celui rapporté par Baudelocque (2). C'était une tumeur longue de six à sept travers de doigt, large d'environ un pouce et demi. Une de ses extrémités, semblable à la moitié d'un gros œuf de poule coupé en tra- vers , est une espèce de roche osseuse garnie intérieurement de neuf dents solides et bien conformées, parmi lesquelles se remarquent des incisives, des canines et plusieurs molaires; le reste de cette tumeur était d'une na- ture sléatomaleuse, et contenait beaucoup de cheveux assez longs et entre- lacés dans l'humeur qui la constituait. On prit la partie osseuse de la tumeur pour unexostose du sacrum. Baudelocque, après avoir rejeté l'opé- ration césarienne, proposée par deux accoucheurs consultants, fit la version et employa le forceps pour extraire la tête. L'enfant était mort et la mère mourut le troisième jour. A l'autopsie on trouva comme cause de la dystocie la tumeur décrite située dans l'ovaire. Nous avons rapporté plus haut le cas du docteur Jasinsky, où une tumeur semblable ouverte dans le vagin blessa la joue de l'enfant pendant le passage par une dent de la tu- meur qui faisait saillie. 10° Si les deux faits cités prouvent, à ne pas en douter, l'influence dysto- cique de ces tumeurs, nous avons des preuves peut-être moins directes de l'influence fâcheuse de ces tumeurs sur Ips accouchements dans les faits que nous allons rapporter : nous voulons parler de Tinfluence des ky.-tes dermoides sur la mortalité des femmes enceintes et des femmes en couches. Sur U'd l'as da!)s lesquels des détails cliniques sont rapportés, nous ne trou- vons pas moins de 7 cas dans lesquels les femmes sont mortes pendant la grossesse ou en couche.- Il y a donc là quelque chose de plus qu'une simple coïncidence. Sur ces sept cas, deux fois la mort a eu lieu pendant la grossesse. Dans le fait communiqué à la Société de biologie dans le cou- rant de celte année par MM. Schnepf et Davaine (3), une femme âgée de 38 ans , mère de neuf enfants , succorajae dans le troisième mois de sa (1) Merrinian, Meo.-cuir, Transact., t. III, p. 52 el 63. (2j Baudelocque, Vxwx des accouchements, !.. II, p. 209-7^1, 6'édi(. Paris, 1822. (3 Gazetie MÉDICAL!;, p. 317. 1832. 257 dixième grossesse. On trouve le Relus bien conformé dans Tulérus, el tout l'ovaire droit est remplacé par une tumeur du volume du poing, située au-dessous des cœcum ; elle renferme de la sérosité purulente el une niasse pili-graisseuse du volume de la moitié d'une orange, de plus quel- ques parcelles d'os. Le second cas est celui de Gooch (1) , qui a vu suc- comber une jeune dame âgée de '25 ans , dans le neuvième mois de sa grossesse , avec les symptômes d'une péritonite. Depuis plusieurs années déjà elle portail dans le côlé gaucbe une tumeur qui donnait lieu à des douleurs sourdes et à des envies fréquentes d'uriner. A l'autopsie, on trouva l'utérus gangrené du côlé gauche, renfermant un fœtus presque à terme. La tumeur de l'ovaire gauche, du volume d'un melon, montre aussi un commencement de gangrène ; on y trouve un litre environ de matière alhéromaleuse, mêlée avec beaucoup de poils, dont quelques-uns montrent un bulbe évident. Il y a de plus, sur un point de la paroi, un 03 qui renferme une incisive et une autre dent incomplète, et tout près de là on trouve dans la paroi de l'ovaire un petit sac renfermant une canine. Les 5 cas dans lesquels les femmes ont succombé en couche sont les suivants : le premier est celui deSchamberg (2). il y est dit que la femme est morte après un accouchement laborieux, et qu'il existait une tumeur ovarienne très-volumineuse renfermant de la graisse el des poils. Le second cas est celui de Hamelin, que nous avons déjà rapporté plus haut; la femme succomba le vingt-deuxième jour après les couches à une fièvre puerpé- rale. On se rappelle qu'il existait dans ce cas une communication entre la tumeur ovarienne el la vessie. Le troisième cas se trouve rapporté dans le catalogue du musée de Boston (3) : c'est celui d'une femme âgée de 21 ans qui portait une tumeur dermoide très- considérable dans le bassin, elqui est morte à la suite de ses premières couches. Le quatrième cas est décrit dans l'iconographie pathologique de M. Cruveilhier (Zj) ; il se rapporte à une femme qui meurt un mois après l'accouchement, et chez laquelle on trouve un double kysle pileux. Le cinquième cas, enfin , appartient à Carus (5) , et se rapporte à une femme morle en couche également et montrant à l'autopsie une tumeur pili-graisseuse du volume d'un œuf de ■ Il ■■ 1 (1) Gooch, Med. and chir. obs., p. 110-17. London, 1772. (2) Schamberg, dans Nabolh, De sterilitatemdlierum. lipsiœ. 1707. (3) Catalogue of the anat. muséum of Boston, p. 215. Boston, I8i7. (4) Cruveilhier, AiNAT. pathol. du corps humain, 18' livraison. (5) Carus, Salzburger-Zeitung, i. III, p. 126. 1822, Johreshericfit, etc. 258 poule située dans l'ovaire droit. Il résuite de ces faits que la présence des kystes dermoides dans l'ovaire peut devenir le point de départ d'accidents inflammatoires graves pendant la grossesse et pendant les couches ; elle prédispose en outre, au développement de la fièvre puerpérale. 11° La terminaison, dans un bon nombre de ces cas, lorsque la tumeur est considérable et qu'elle a cessé de se montrer à l'état latent, est, après avoir donné lieu à des douleurs, à la constatation d'une tumeur, à l'hydro- pisie, aux divers symptômes, en un mol, que nous venons de passer en revue, de conduire à un marasme terminal. Ou observe alors de la fièvre, de la diarrhée, souvent des vomissements, du dérangement des fonctions digeslives, de l'amaigrissement progressif, la perte des forces et la mort dans un épuisement extrême. Nous avons noté celte terminaison dans un septième des cas environ, et dans plusieurs la lièvre hectique a été occa- sionnée par l'ouverlure de.s tumeurs au dehors et la suppuration prolon- gée. Chez trois malades, la mort est survenue plus promptement par suite d'une péritonite aiguë; et on comprend Irés-bien qu'une tumeur volumi- neuse puisse déjà donner lieu par elle-même à cette terminaison fâcheuse à laquelle prédispose encore l'inflammation suppuralive dont les parois du kyste peuvent devenir le siège. 12° Si nous jetons à présent un coup d'œil sur la marche et la durée, nous arrivons à une première dilTiculté : c'est la fixation précise du début. Toutefois, si l'on tient compte du moment de la première apparition de quelques douleurs abdominales, d'une tumeur petite encore, et lorsqu'on voit ensuite ces symptômes s'accroître pour arriver à une des terminai- sons variées que nous venons d'analyser, on peut cependant fixer ap- proximativement la durée de la maladie. Nous trouvons des détails à ce sujet dans douze des faits analysés. Deux fois la marche a été assez prompte ; c'était le cas de Young, où, chez une femme de 50 ans, les accidents n'a- vaient duré qu'un an et demi ; ils n'avaient été que de deux ans dans l'ob- servation de Saxlorph ; dans 6 cas ils ont varié entre trois et sept ans. C'est ainsi que la durée a été de trois à quatre ans dans le cas de Hamelin, de quatre à cinq ans dans le cas de Marshall-Paul, de cinq ans dans celui de Coley, de cinq ans également dans celui de M. Larrey, qui s'est ter- miné par la guérison, et de sept ans dans les observations de Delarivière et d'Anderson. Nous trouvons enfin 4 cas qui ont offert une durée beaucoup plus longue. Une des pièces conservées au musée de Bos- ton appartenait à une femme de 35 ans, chez laquelle les accidents produits par la tumeur avaient commencé à se manifester depuis dix-sept 259 ans. Dans l'observation de Blumenbach, qui se rapporte à une femme morte à l'âge de 38 ans, la durée de la maladie a été également de dix-sept ans. Dans le fait de Baliard, elle a été de vingt-deux ans, chez une femme de Z15, et dans le fait de Cleghorn, elle a été de vingt-cinq ans, chez une femme de 50 ans. Si on tient compte du fait qu'on ne trouve que très-rarement des kystes dermoides ovariens à Tautopsie des petites filles non pubères, on écarte par cela même la supposition que ces affections sont congéniales, et ne donnent lieu à des accidents qu'après avoir existé longtemps à l'état latent. Nous croyons être bien plus dans le vrai en affirmant que la forma- lion première de ces productions a lieu ou à l'époque de la puberté ou chez les jeunes femmes, et c'est tantôt au bout de peu d'années que la tumeur donne lieu à des accidents graves, même mortels, tantôt à une époque plus éloignée de la vie. 13° L'analyse de l'âge des malades se range tout naturellement après celle de la durée. Nous l'avons noté dans 59 cas. Nous ne trouvons qu'un seul cas au-dessous de 10 ans. 8 cas de 10 à 15, mais presque tous entre 13 et 15 ans; 3 seulement de 15 à 20 ; ensuite la plus grande fréquence de 20 à 30 ans : 15 cas en tout, répartis d'une manière à peu près égale sur les deux lustres. Une fréquence égale à peu près de 30 à UO et de l\0 à 50, 12 pour le premier laps de temps, 13 pour le second, et il ne reste plus que 7 cas pour l'âge plus avancé passé 50 ans. Nous avons noté aussi l'âge pour 22 cas de kystes dermoides non ovariens, et nous arrivons à un tout autre résultat. C'est ainsi qu'un tiers à peu près, 7 cas en tout, se trouvent jus- qu'à l'âge de 15 ans, dont 3 déjà jusqu'à 5 ans ; nous trouvons 6 cas entre 15 et 25 et 9 cas passé 25 ans, dont 3 entre 35 et iO et 3 entre [\5 et 50, Voici le tableau comparatif de l'âge dans les deux ordres de faits. Kyales dermoïdea Kystes dermoïdet e 1 à 5 ans 5àl0 » . 10àl5 » . 15à20 » . 20 à 25 » . 25 à 30 D . 30335 > . 35à/i0 )• . o?arteD9. 0 1 8 3 8 7 4 8 noQ ovariens. 3 2 2 3 3 1 1 3 A reporter. 30 18 260 Kystes dermuïde» Kystes dermoïdes Report. Ii0àli5 Û5à50 50 à 55 55 à 60 60à65 65 à 70 Au delà de 70 OTBriens. non uvarien» 39 18 7 0 6 3 2 0 3 0 1 0 0 0 1 1 59 22 14° Nous consacrons un dernier paragraphe à un point qui est de la plus liante importance par rapport à Tétiologie de ces kystes : c'est leur exis- tence cliez des filles vierges. Il n'en existe pas moins de 7 faits dans la science, dont 1 seul laisse des doutes : ce sont les cas de kystes d'une jeune fille de 13 ans, les deux cas de Baillie (1) d'une jeune fille de 12 à 13 ans et d'une autre de 18 ans. Dans ces trois cas, on donne des détails suffi- sants sur l'état intact de l'iiymen et sur la petitesse et la conformation de l'utérus, pour que le doute ne soit pas permis. Dans l'observation de Meckel, la femme âgée de UO ans n'a plus son hymen ; mais l'auteur donne assez de détails pour démontrer que le col et le corps de l'organe offrent la conformation virginale. La virginité n'est pas bien démontrée dans le cas de Hodgkin (2), qui, à l'occasion d'une pièce conservée dans le musée de Guy, dit que la femme était proliablement vierge. Dans le cas de Sch ultze (3), rapporté par Stahiberg, il est dit d'une manière expresse que la tumeur provenait d'une fille vierge, âgée de 36 ans. Dans une des pièces conser- vées au musée des chirurgiens, portant le n" 2631, il est dit que la pièce donnée par sir Benjamin Brodie provenait d'une femme âgée de 27 ans, dont l'hymen était intact. Il résul te de ces faits que la grossesse ovarique ne pourrait pas être invoquée dans ces cas pour expliquer la formation de ces kystes dermoïdes. Après l'exposé succinct de ces faits, nous allons rapidement discuter le mode de formation de ces tumeurs. Nous ne nous arrêterons pas sur les (1) Baillie, Traité d'anat. pathol. (trad. franc..), p. 329. Paris, 1815. (2) Hodgkin, Catal. oi- tue trepar. i.\ tue anat. avs. ot Guï's Hospiial- sect. 8. 1823. (3) Slabiberg, Thèse, p. /il. 261 opinions du moyen âge, rapportées encore au comniencemenl du dix-hui- tième siècle par Schacher, et d'après lesquelles on attribuait ces produc- tions anormales à des rapports sexuels avec le diable, ou à une punition infligée aux hommes à cause de leur malice, ou enfin à une espèce de sor- tilège. Nous ne pouvons pas davantage nous arrêter à l'opinion de Meckel, qui, nous l'avons vu, a pourtant un mérite si incontestable dans l'avance- ment de nos connaissances sur cette matière. D'après lui, ces productions seraient le résultat d'une imagination dépravée, qui, trop fixée sur les fonc- tions de la génération, provoquerait une espèce d'afflux sanguin vers les ovaires, et développerait des produits incomplets de conception sans coha- bitation [lucina sine concubituy Une opinion aussi étrange a lieu d'étonner de la part d'un esprit aussi sagace et aussi positif que Meckel, et elle serait bien plutôt apte à fournir matière aux élucubrations des romanciers modernes de l'école dénigrante, que de mériter une discussion scientifique. Il ne reste donc que trois opinions vraiment sérieuses en présence et qui peuvent appeler la discussion : ce sont l'inclusion fœtale , la grossesse ovarique et la formation spontanée en vertu de l'hélérotopie plastique. Quant à l'inclusion, tous les auteurs qui s'en sont occupés sont d'accord sur la conservation plus ou moins complète des fœtus dans tous ces cas.- Celui-ci est facile à reconnaître, même lorsqu'il est monstrueux; car même alors il est au moins bien conformé dans quelques-unes de ses principales parties. GeofTroy Saint-Hilaire (1), dans son excellent Traité de térato- logie, décrit les inclusions sous le nom de monstres doubles endocymiens. Il signale, comme siège presque constant, l'inclusion sous-cutanée dans les régions sacrées ou périnéales, et, comme nous l'avons déjà dit plus haut, on y reconnaît toujours ou une tête rudimentaire avec des vestiges de membres, ou une tête peu distincte, mais avec des membres bien visibles, ou des viscères distincts ; en sorte que la nature fœtale de ces produits dans la véritable inclusion ne saurait être douteuse. Nous avons insisté plus haut sur la fréquence des kystes pileux sous- cutanés, et nous avons vu que ces kystes et les kystes dermoîdes pili-grais- seux des ovaires avaient entre eux la plus parfaite identité de structure ; il faudrait donc écarter, parmi les inclusions, les kystes simplement grai!^seux et les kystes pili-graisseux. Mais que de passages insensibles relient ceux- (1) Geoffroy Saint Hilaire, Histoire des anomalies, t. III, p. 201-330. Paris, 1836. 26^ d aux kystes qui renferment des os et des dents! Nous reviendrons, du reste, plus loin, sur ce point. Nous avons démontré hlus haut que nous ne pouvions pas admettre davantage l'inclusion pour les kystes pili-osseux des bourses. En effet, dans les cas cités, il est impossible de reconnaître une partie bien conservée d'un corps de foetus. Nous trouvons d'un côté les éléments pili-graisseux des kystes péri-orbitaires, et d'un autre côté, des os et des cartilages que nous avons rencontrés, avec beaucoup d'autres obser- vateurs, dans les maladies les plus diverses de la glande séminale. En citant des faits de véritable inclusion testiculaire, nous avons prouvé, du reste, que nous n'étions pas assez exclusif pour les nier: mais les trois cas de kystes dermoides des bourses observés chez l'homme et les deux sembla- bles de pathologie comparée, nous donnent la conviction que des kystes renfermant de la graisse, des poils et des os peuvent se former dans le te?- ticule ou les bourses, sans qu'il y ait trace de produit de conception. Dans les faits relatés, la tumeur était très-petite pendant la première enfance, et elle s'est développée ultérieurement. De plus, dans ces cas, l'état multi- loculaire des tumeurs, l'absence d'une poche séreuse d'enveloppe, comme dans les inclusions fœtales, parlent encore contre la théorie de linclusion. Quanta l'inclusion ovarique, ancun auteur de tératologie n'en fait men- tion jusqu'à ce jour, et si on se rappelle tous les détails que nous avons donnés sur ces kystes quelquefois multiples, les uns renfermant de la graisse, les autres de la graisse et des poils, d'autres encore en sus des os ou des os et des dents, on ne trouve réeilen ent pas de ressemblance avec un vérilabe produit de conception. Des objections non moins sérieuses se présentent lorsqu'il s'agit de grossesse ovarique. D'abord tous les kystes dermoïdes olîrent , comme nous l'avons démontré, un groupe naturel d'affections morbides; mais s'il s'agissait de grossesse ovarique , il faudrait séparer des kystes dermoides de l'ovaire les productions tout à fait congénères de kystes sous-culanés pili-graisseux ou pili-osseux, ainsi que le nombre assez considérable des cas de kystes renfermant des poils, de la graisse, des os ou des dents trou- vés chez l'homme ou les animaux mâles, dans l'abdomen et en dehors de toute connexion avec l'ovaire, dans les doublures du mésocolon, près de l'estomac, du foie, etc. Comment admettre, d'un autre côté, une grossesse ovarique dans les ob- servations assez nombreuses de jeunes filles vierges dont l'hymen était con- servé, et dont la malrice avait à peine son développement pubère? Gom- ment expliquer le silence de tous les auteurs sur les modifications de l'u- 263 lérus , son développement, la formation d'une caduque, etc., qui, de l'accord de tous les accoucheurs, accompagne si souvent les grossesses ex- tra-utérines? Nous objecterons en outre aux hypothèses indiquées la dissem- blance complète entre les enveloppes de ces productions anormales et celles des produits de conception même les plus monstrueux. D'abord, il n'existe aucun exemple d'un véritable œuf, dont les membranes auraient pu prendre celle organisation dermoide avec poils, glandes, derme et épidémie, struc- ture que l'on trouve pourtant si constamment sur la paroi interne de ces kystes. Si, d'un autre côté, on voulait admettre qu'il s'agissait, dans ces cas, d'un véritable cuir chevelu, il faudrait que celui-ci fût libre dans la cavité du kyste, comme l'est la tète d'un fœtus même monstrueux, qu'il fût, en un mot, le contenu et non l'enveloppe. S'il y avait, dans ces circonstan- ces, un fœtus modifié, comment expliquer que jamais aucun observateur n'ait signalé dans ces kystes ovariques ni traces de viscères ni organes de la circulation, ni d'innervation, ni de digestion, ni des muscles, etc., et pour- tant nous savons tous à quel point, dans la véritable grossesse extra-uté- rine, un grand nombre de parties du fœtus sont encore bien conservées après des années de séjour, soit dans Tautosile, si c'est une inclusion, soit dans le ventre de la mère, si c'est une grossesse anormale ? On a bien dit qu'en cas pareil le fœtus était transformé en une masse adipocireuse, comme de vieux restes de cadavres; mais celte comparaison ne fait pas honneur aux notions physiologiques et chimiques des fauteurs de celte comparaison. Rien de plus identique que la graisse de ces kystes et la matière sébacée des glandules. Aussi même les auteurs les plus anciens sur la matière la comparent-ils déjà au sébum. Dans les temps plus récents, on a pu se con- vaincre que cette matière était même versée directement, comme partout ailleurs, par des glandules affectées à cet usage. Quant aux dents, peut-on admettre une supposition plus gratuite que celle en vertu de laquelle tout un fœtus disparaîtrait à peu près sans trace, tandis que quelques tronçons d'os et une ou un petit nombre de dents con- tinueraient non-seulement à vivre, mais prendraient même les formes de leur évolution la plus complète que nous leur connaissions chez l'homme adulte? Comment expliquer celle espèce d'élection en vertu de laquelle une, deux, trois ou quatre dents auraient été conservées et n'auraient fait que croître et embellir, tandis que toutes les autres auraient disparu par ab- sorption ? Comment expliquer qu'un tronçon de maxillaire inférieur se se- rait conservé, tandis que les deux maxillaires supérieurs avec os et dents auraient été absorbés? Comment expliquer enfin les 3 cas signalés, dans 2Gh lesquels on a rencontré quaranle-qualre, cent et même plus de trois cents dents? Nous respectons trop la sagacité du lecteur pour pousser plus loin les objections contre une hypothèse aussi insoutenable. Il ne reste donc qu'une seule explication valable pour toutes ces produc- tions : c'est d'admettre qu'elles se développent sur place, d'une façon spon- tanée, sans l'intervention d'un produit de conception, et qu'il y a là, en un mot, ce que nous appelons une hélérotopie plastique. Les faits sont trop bien démontrés, trop positifs, trop variés, trop nombreux, pour qu'on puisse les nier, et en outre je n'y vois rien qui répugne à l'esprit. On m'a fait l'objection qu'une telle manière d'envisager ces produits était contraire aux lois physiologiques connues; j'en tirerai une déduction qui me parait plus logique : c'est que toutes les lois physiologiques ne sont pas encore connues, et que lorsque, par un ordre de faits nouveaux, on établit dos lois nouvelles, il faut bien que même les esprits les plus retardataires s'exé- cutent et donnent à ces lois domicile dans la science. Du reste, la ten- dance de l'intelligence de notre époque est de renverser toute loi scienti- fique établie sur les vues de l'esprit seulement, et non sur l'analyse des faits. De plus en plus on substituera en médecine les déductions de l'ex- périmentation et l'examen rigoureux des faits à celte législation vitaliste qui déjà aujourd'hui n'est plus qu'un cadavre. On arrivera tout de même à un très-haut spiritualisme dans la science, vu que partout les faits ne sont que l'expression d'un plan plus général . mais la phio^ophie transcendante, à laquelle nous aspirons dans les sciences, doit avant tout reposer sur la large base de la réalité. Il ne viendrait à l'idée de personne de nier que, dans les kystes pileux sous-cutanés, un derme se développe de toutes pièces, avec poils et glan- des, ïrouve-t-on donc plus extraordinaire que là où des poils se forment d'une façon hétérotopique, des dents puissent également se développer? Est-ce que par hasard le poil serait encore aujourd'hui ce fil renflé à un bout et pointu à l'autre, aussi simple que le fil des tissus, et ne lui con- naissons-nous pas, au contraire, une organisation des plus complexes? Me dira-t-on que les os qui se créent à côté des dénis indiquent à coup sûr qu'il y a là des résidus d'un produit de conception ? Mais j'ai trop souvent vu des os se former dans l'épaisseur même de la paroi des kystes, pour qu'il soit possible d'y voir autre chose que celte formation si fréquente de Tos au milieu de toute espèce de parties molles; en un mot, pour nous l'épiderme, le derme, les poils, les glandes sudoripares, les glandes séba- 265 cées, les deuls et les os qui se forment dans les kystes, se produisent, dans l'immense majorité des cas , d'une façon autogène et spontanée. Il y a là une aberration de la nutrition, mais non un produit de conception. Celui- ci ne doit plus être admis que lorsque tout l'ensemble du contenu d'un de ces kysles nioulre vraiment de la conformité avec les produits de concep- tion que nous fait connaître l'étude approfondie de l'embryologie avec son complément indispensable, la tératologie, et c'est ainsi que nous n'avons pai hésité de déclarer comme de véritables inclusions certains kysles des bourses, tandis que nous en avons envisagé d'autres comme de formation autogène. Vouloir admettre, envers et contre toutes nos notions exactes d'embryogénie normale et pathologique, des débris fœtaux partout où on trouve des poils, de la graisse ou des dents, n'est vraiment pas moins ab- surde que l'étiologie de Meckel, la îucina sine concubitu, et celle des an- ciens, Vincubus, qui joue un si grand rôle pendant tout le moyen âge. Voyons à présent si l'ordre de faits que nous venons d'analyser, est vrai- ment si extraordinaire et si isolé en pathologie. Il me sera facile de passer en revue plusieurs faits qui rentrent tout à fait dans l'hétérotopie plasti- que. Lorsque je trouve des tumeurs épiderraiques dans le tissu cellulaire sous-cutané, dans les glandes et les os, j'ai de l'hétérotopie. Celle-ci n'existe pas moins lorsqu'on voit survenir chez (ta ouvrier, par suite de ses occu- pations, une bourse muqueuse accidenlelle dans un endroit du corps ou à l'état normal il n'en existe point; l'épittiélium qui se forme constamment à la surface interne de ces kystes clos, est évidemment de nouvelle forma- tion et hétérotopique, puisque tout l'organe, dont l'épithélium n'est qu'une partie, est de nature hétérotopique. Lorsque je trouve, chez l'homme ou chez les animaux, de nombreuses tumeurs môianiques pûtes, et je laisse à dessein de côté le cancer mélané, comment expliquer autrement que par riiétérolopie, ce pigment trouvé dans des lieux si insolites? El la graisse que j'ai trouvée formant tumeur sous la muqueuse delà lèvre et dans l'in- térieur, dans la substance charnue même de l'utérus, et les tumeurs carti- lagineuses et osseuses qui se forment dans le testicule, dans la mamelle, dans la parotide, qu'y a-t-il là d'autre que de l'hétérotopie plastique? Deux fois, pour mon compte, j'ai rencontré les éléments des muscles de la vie organique, les fibro-cellules, dans des productions pathologiques où il y avait également l'hétérotopie la plus manifeste. L'une des fois, c'était au milieu d'un cancer de la plèvre, et l'autre fois c'était dans un cancroide papillaire du sinus maxillaire, et dans ce dernier cas, ces fibro-cellules mon- traient bien distinctement des raies transversales, en tout point semblables TOME IV. 19 266 à celles des muscles de la vie animale, telles surtout qu'on les observe dans leur développement embryonal, et que j'ai désignés sous le nom de corps myo-plasliques. Qu'on ne s'imagine pas que ces derniers faits soient tout à fait isolés dans la science : Virchow (1) en a trouvé dans un ovaire renfer- mant de nombreux kystes, et Rokitansky (2) en a vu dans une tumeur du testicule. Ces deux auteurs ont même observé un fait bien plus curieux en- core : c'est le développement pathologique de substance cérébrale grise à la surface interne des ventricules latéraux : c'étaient de nombreux petits tubercules du volume de la moitié d'un grain d'avoine jusqu'à celui wun noyau de cerise, isolés ou groupés ensemble et renfermant les éléments de la substance cérébrale grise; pourtant, dans l'endroit où ces tubercules gris s'étaient développés, il n'existait point de la substance grise à l'état normal (3). Il ne me serait point difficile de multiplier encore ces citations ; mais je crois avoir démontré catégoriquement ce que je disais au commencement de ce travail sur les kystes dermoîdes, savoir : que des (issus simples ou compo- sés, et des organes même plus complexes, pouvaient se former de toutes pièces dans desparties du corps, oùd Vétattwrmalon n'en rencontrait point. Nous espérons ainsi avoir jeté quelque jour sur un des points les plus obscurs et les plus controversés de la physiologie pathologique; de plus, l'application des principes énoncés pourra, par lasuite, être féconde en ap- plications à la formation de diverses autres produclioos morbides. EIBLIOCtRAPHIE des kystes DERMOIDES. PREMIÈRE PARTIE. Kystes dermotdes non ovariens. I. Kystes dermoîdes sous-cutanés. A. Pathologie bamaiDe. 1. Lebert. Kyste sous-cutané pal pébral gauche. (. Manuscrit et Chirurpisclie Abhandlungen, p. 106. Berlin, 184S.) (1) Virchow, WcRZBURGER Verhandlungen, l. I, p. 189. (2) Rokitansky, Zeit5Chviftd.Ges.der Aerzte z. WiE>f, p. .331. lahrg. 8. (3) Virchow, W^CRTZBCUGER Verhandluncjen, t. II, p. 167. 267 2. Lebert. Kyite sous-cutaué palpébral gauche. (Manuscrit et Chir. Âbhândl., p. «07.; 3. i. HuNTER. Tumeur palpébrale, dans Baillie (Of a particular change of struc-, tuie in Ihe huraan ovarium). (Piiilosophical Transactions, vol. XVI, p. 535-39. An 1789.) (Vol. LXXIX.) 4. Beullac. Thèses de Montpellier. Prairial an IX (1801.) 5. Maurice Hoffmann. Tumeur située à la tête et à la tempe. (Cruveilhier, Es^sai sur l'anatomie pathologique, t. H, p. 186. Paris, 1816.) 6. Zethermann. Tumeur de la paupière supérieure. (Rapport sur la Société mé- dicale de Suède, par M. Demangeon, 1810; — Cruveilhier, op. cit. , t. II, p. 186.) 7 et 8, DuPUYTREN. Tumeur de la paupière supérieure. (Cruveilhier, op. cit., t. H, p. 187), et autres observations publiées dans la Lancette du 26 juillet 1831. 9. PiTET. Tumeur de la paupière supérieure. (Manuscrits de la Société anatomi- que, et Cruveilhier, op. cit., t. Il, p. 188.) 10. A. CooPER. Généralités, sans observations détaillées. ( OEuvres chirurgi- cales, traduites par MM. Chassaignac et Richelo!, p. 590. Paris, 1837.) 11. Venot. Kyste pileux à la jambe. (Gazette Médicale, p. 618. 1837.) 12. Lawre.nce. Encysted tumeurs of the cyelids. (London médical Gazelle, t. XXI, p. 471. 1838.) Tumeur à l'angle externe de l'œil. 13. Lawrence, loc.cit. Tumeur à la racine du nez. 14. Lawrence, loc. cit. Tumeur à la racine du nez. 15. Lawrence, loc. cit. Tumeur du sourcil gauche. 16. Lawrence, loc, cit. Tumeur du sourcil gauche. 1". RvBA. Tumeur du sourcil gauche. (Walther u. Ammon Journal fur Chirur- gie und Augenheilkunde; Neue Folge, t, II, p. 93; Prager Vierteijahrschrift, t. 11; AnalectP.n, p. 261. 1844.) 18. Cramer. Tumeur pileuse au-dessus du sourcil gauche. (Prager Vierteijahr- schrift, t. VIII ; Analecten. p. 102. 1846.) 19. Béer. Généralités sans oliservalions détaillée?. (Lehre von den Augenkrank- heiten,t. II, p. 608-9. Wien, 18l7.) 20. Crcveilhier. Tumeur pileuse au ïicz. (Analomie pathologique du corps hu- main, avec planchtjs, t. I, 18' livraison Paris, 1829-35.) 21. Cruveilhier. Tumeur pileuse au-dessus du pubis. (Bulletins de la Société anatomique de Paris, p. 96. 1847.) 22. Giraldès. Kyste pileux au cou. (Bulletins de la Société anatomique, p. 9G. 1847.) 23. Panum. Tumeur du sourcil. (Observation communiquée en manusciit.) 24. l,0BSTEiN. Kyste pileux sous-cutané à la tête, renfermant de la mélanose. (Traité d'anatomie pathologique, t. 1, p. 350. Paris, 1829.) 268 B. Pathologie comparée. 1. RUYScn. Kyste pileux intermusrulaire de la nuque d'un bœuf. (Thésaurus anss- tomicus, t. I, p. 87-88, pi. 3, fig. 5. Amstelodam, 170.S.) 2. RuYSCH. Cas semblable, loc. cit., pi. 6, fig. 6. Meckel cite ces cas de Ruysch, sans indiquer qu'ils appartiennent à la pa- thologie comparée, et il indique la pi. 0 au lieu de la pi. 3. 3. RcYSCH. loc. cit., pi. 6. Masse pileuse dermoule expulsée de l'ulérus d'une vache. 4. HoNTER. Tumeurs sous-cutanées, renfermant des poils et de la laine, chez le bœuf et la brebis. (Phil.Transact., t. XVI, p. 635-3'J, dans le travail cité de Baillie.) 5. Leblanc. Généralités sur les kystes dermoïdes sous-cutanés, dans son travail sur un kyste dermoide du crâne. (Journal de médecine vétérinaire, t. II, p. 23 etsuiv. Paris, 1831.) «. GuRLT. Généralités. (Magazin fur die gesamunts Thierheilkunde, p. 2i2. Ber- lin, 1836.) 7. Paget. Fréquence de ces tumeurs dans la race bovine. (Lectures on tumours) tiré de la London médical Gazette, 1861, p. 31.) 8. TixiER. Tumeur dermoide sous-cutanée chez le bœuf. (Dans Trapenard, Rap- port des travaux de la Société médicale de l'arrondissement de Gannat, p. (i, Gannat,l852.) II. Kystes dermoides des méninges. Homme. 1. Wenghinus (ViNCENTius). De Bononiensi scientiarum et artium Instilulo atque Academia, 1. 11, pars prima, p. 184. Bonon., 1745. 2. MoRGAGNi. De sedibus et causis morborum, epist. 24, n* 4; epist. anatom.., 20, n» .58. 3. Paget. Lectures on tumours, p. 31. London, 1851. 4. Hawkins. Paget, op. cit., p. 3i. i, Leblanc. Kyste dermoide trouvé dans le ci<âned'un cheval. (Journal de mé- decine vétérinaire, deuxième année, p. 23. Paris, 183:.) III. Kystes dennoides des bourses. 1. Velpeau. Gazette Médicale, 15 février 1840. 2. CoRvisART (Lucien). Manuscrit communiqué. 3. GooDSiR. Monlhly Journal of médical Science, p, 535. Edinburgh, 1845. 269 IV. Kystes dermoïdes profonds non ovariens. 1. MoHR. Berlin med. Centralzeitung, n» 13. 1839. — Kœlliker, Microscopische Anatomie, I. II, p. 172. Leipsig, 1850. 2. Barth et moi. Bulletins de la Société anatomiqiie, p. 68, 1843, et mes notes manuscrites. 3. Demeaux. Bull. delaSoc. anat., p. G8. 1843. (Fort incomplet.) 4. Meckel. Ueber regelwidrige llar-und Zahnbildungen. (Meckel, Archiv., t. I, p. 5i9. 1815. —Observation citée p. i28, d'après le recueil de Franconie, t. m, p. G6.) 5. RuYSCH. Observations, traduction française, p. 26, obs. XVIII. Paris, 1734. 6. Andrat. Précis d'anatomie patiiologique, t. H, p. 712. Paris, 1829. 7. Fabrice de Hiluen. Cent. 5, obs. XLIX. 8. WiNSHip. Memoirs of Ihe London médical Society, vol. II, p. 3G8-72. 0. Charcot. Pièce communiquée et examinée par moi. V. Hétérotopie dentaire non ovarienne. A. Chez rhumoK. 1. ScHiLL. Meckel, mem. cit., p. 538. 2. Barnes. Medico-cbirurgical Transactions, vol. IV, p. 318-24. London, 18i9. 3. Meckel. Mém. cit., p. 540; Berljner Sammiung, t. III, p. 264. 4. Ruvscu. Hist. anat. med., dec. III, n» 1, p. 2. 5. ScHUTZER. Abhandl. der Schwedischen Académie, t. XX, p. 173. 6. ScoRTiGAGiNA. Mcnuivia délia gravidanza quinquenne délia madré d'un feto monstruoso, etc. (Mem. délia Soc. ilalianadi Verona, t. XIV, pi. 2, p. 305-29). 7. Laflize. Bâcher, Joui nal de médecine, p. 304. 1792. 8. Gordon. Medico-chirurg. Transactions, vol. XIII, et Andral, Anat. patliol., t. II, p. 717. 9. Roux (du Vai). Gazette Médicale, p.5'J3. I83(i. 10. Sampson, BiHCH ei T^soN. Meckel, mém. cit., p. 542, et Phil. Transact,, I." Ii0(?). 11. Meckel. Mém. cit., p. 543; Med. Si'. Satyr., Snect, VII, obs. V. 12. OsiANDER. lipigr. in compl. musée anat. ret., n" 20, p. 29. B. Chez les animaui. l.CoLM.vN. BaiUie , Piccis d'anatomie pathologique, trad. franc., p. 331. Paris, 1815. 2. Meckel. Handbuih der palhologischen Anatomie, l. II, p. 275, 2* partie. Leipzig, 1818. 3. Patu. Journal de médecine vétérinaire,!. ÎV, p. 580. Paris, 1833. 4. Penada. Saggio di osservazioni e memorie, vol. II, p. 59-70, n* 4. Padova, 1800. (Mcckcl, p. 529.; 270 5. Ciseler. Eph. n. c, dec. I, a. 2, obs. LXXX, p. 135. 6. LoBSTEiM. Traité d'anatonûe pathologique, t. 1, p. 362. Paris, 1829. SECONDE PARTIE. Kystes dermoldes de l'oralre. 1. Bauhin. Joh. Schenkius, Obs, tned,, Ijb. iv, obs. CXVI, t. 4, p. 212. Friburgi Brisgovise, 15K6. C'est le même fait qui est rapporté dans Bonneti, Sepulchret., lib. m, sect. 33, p. 49; dans Schacher, De ovarii tumore, etc., et dans Sen- nertopera, lib. IV, part, i, sect. 2, cap. 20, p. 523. Paris, 1641. 2. Fabrice de Hilden. Observalionum cenluriae, cent. 5. obs. XLVIII. Lugd. 1641. C'est ce même cas que Biancart a décrit, sans citer sa source. (Stephani Blancardi Anat. pract. latioii., p. 2^0. Amsteiod., 1C88; centur. aller., obs. XXVII.) .3. Sampson et Tyson. Philos. Transact., I. Il, an. U8», et l'édition abrégée, p. 501. London, 1809. 4. Ttson. Phil. Transact. — Cruveilhier, Essai sur l'anatomie pathologique en général, t. II, p. 181. Paris, 1816. 5. Théroude. Histoire de l'ancienne Académie des sciences, t. II, p. 91. 6. Mery. Histoire de l'Académie des sciences de Paris, p. 245. Paris, 1695. 7. Rénéadme. Histoire de l'Académie royale des sciences, p. 37-38. Paris, 1701. 8. SCHAMBERG, dans Naboth. De sterililatemulierum, Lipsiae, 1707, eldansHaller, Disputât, anatom., t. V, p. 244. 9. Schacher. De ovarii tumore piloso programma, Lipsiae, 1735, et dans Haller, Disputât, ad morbos curât., t. IV, p. 477. Lausannae, 17G8. 10. Brisseau. Observations, p. 34. Paris, 1734. 11. Manfred, dans Morgagni. De sedibus et causis raorborum, epist. 39, §41. 12. RuYSCH. Thesaur. anatom., t. I, n" 17, p. 46, et tab. 3, fig. 1 et 2. Amslelcd. 1701. 13. Menghinus. Vicentius, De Bononiensi scientiarum et artium Instituto atque Academia Bononiae, t. 1, p. i84, pars prima. 1745. 14. Leriche. Mémoires de Paris, p. 12. 1743. 15. YocNG. Edimb. essays, vol. II, p. 273. 16. SCHCTZER. Kongl. Vetinscaps.AcademiensNaudlingarfor Aor 1758, vol. XIX, 181, p. 21. 17. Haller. Opuscul. palhol., obs. U, p. 133. Laus., 1768. 18. LuDwiG. Adversar. med. pract., vol. III, p. 705-6. Lips., 1772. 19. Saxtorph. Act. Soc. med. Havniens., vol. II, XVIII, p. 259. Havnias, 1779. 20. Cleghorn. The transactions of the royal Irlsh Academy, 1. 1, p. 73. l787. Commanicated by Rob. Percival, read may 28, 1787. 271 21. Tarcioni. Opuscul. nied. pract., vol. VII, p. 19-22. Firenze, 1783. (Je n'ai po:nt pu retrouver, dans les œuvres deTargioni, le fait cité par Meckel ; il en a été de même du fait rapporté par lui, d'après Chirac, dans les Mémoires de. l'Académie de Montpellier.) 22. ScHUTZENKRANZ. Markwcrd Handel scr in den praktiska Forlosskings, Ve- tenskapen, Stockblm 1785, et Volgtel, Handbuch der pathologischen Anatomie, t. III, p. 645. Halle, 1806. 23. Laflize, Bâcher, Journal de médecine, p. 301. 1792. 24. GoocH. Med. and chir. obs., p. 160-117. London , 1772. ( Cleghorn-Per- cival.) 26. Stalpart van der Wyl, cent. 2, obs. XXXVII (Gooch.). 26. Blumenbach. Comment. Soc. Goelting., vol. VllI. 1787 (non le VII, comme Meckel l'indique), p. 65elsuiv.j De nisu formativo. 27 et 28. Mederer. Blumenbach, loc. cit., p. 5G. 29. Mourray, Piogram. ad act. inaugural, at Upsal, 1780, et Blumenbach, Med. Biblioth., t. I, p. 151. 1783. 30. DcMAS, Voigtel, Palhol. anat., t. III, p. 546, et Fourcroy, Médecine éclairée, t. II, trad. de Hufeland, Annalen der Franz, A. K., t. II, p. 2/i2. (J'ai vaine- ment cherché ce fait dans le vol. Il de la Médecine éclairée par les sciences de Fourcroy.) 31. Bicker. Waarneming van een vogenscbynlyk bevrugt Eierness. Rotterdam, 1794. — Voigtel, t. III, p. 546. 32. Nysten. Corvisart Journal, t. V, p. 144-49- 33. Ballard. Corvisart Journal, t. XII, p. 131. 1806. 34. Cheston-Browne. Palhological Inquiries, p. 47, et Voigtel, p. 544. 35. Autenrieth Reil n. Autenrielh, Archiv., 1. VII, p. 255. 1807. 36. Andersox. Edimb. med. and surg. Journal, t. II, p. 180. 1606. 37 et 38. Baillie. Traité d'analomie pathologique, p. 329, 1815 (traduction française, par Guerbois', et Morbid Anatomy, engravings, 2' édit., p 199 et pi. 3, London, 1812, et Cat. of ihe coll. of surgeons, t. IV, p. 292, n» 2625. 39 et 40. Merriman Med. -chir. Transact., t. III, p. 52 et 53. 41. Baudelocque. L'art, des accouchements, 6' édit., t. II, p. 269-74. Paris, 1822. C'est le § 1989 et non 1963, cité par plusieurs auteurs ; peut-être ce para- graphe est-il exact dans une des éditions antérieures. 42. Vallerand de Lafosse. Cruveilhier, An. path., t. II, p. 167. Paris, 1816. 43. Meckel. Archiv. fur Physiologie, t. I, p. 519. Halle, 1815. 44. HoRN. Archiv. fiirmedic. Erfahrung, t. I, p. 67. Berlin, 1815. 45. Millmann Coley. Edimb. med. and chir. Journal, t. VI, p. 50-53. Édiinb. 1814. ae et 47. Cruveilbter. Traité d'anat, pathol., t. II, p. 184. Paris, 1816, 'i72 ù8. Regnaud. Journal hebdomadaire de médecine. I. I, p. 175, el Andral, Précis d'anat. palh., t. II, \k 711. kQ. Delpech. Observation de pili-miclion, etc. (Clin. chir. de Montpellier, t. II, p. 521, Paris, 1828), el Pâtissier, Rapport à l'Académie de médecine (Arcb. Hén. de méd., l. XV, p. 699, 1827), el Rayer, Mémoire sur le trichiasis des voies urinaires, (Mém. de la Soc. de biologie, t. II, p. 181. 1850.) 60. Hamelin. Observation sur des cheveux trouvés dans l'intérieur de la ves- sie. (Bull, delà Soc. de i'Éc. de méd., n" i, p. 58. 1808.) — Rayer, loc. cit.-, p. 180. 51. Phillips. Of a case in which some singular and praelernatural appearances were observed in the ovarium and female bladder. (Med. chir. Transact., vol. IX, p. Û27, Rayer, loc. cit., p. 182 ; Catalogue of ibe mus. of the coll. of surgeons, t. IV, n" 2626, p. 292.) 52. De LA Rivière. Observations sur plusieurs portions d'os et un peloton de poils trouvés dans la vessie. (Journal de méd. et de chir. de Vandermonde, t. X, p. 516.) - Rayer, loc. cit.. p. 184. 53. Meyer, dans Stahlberg, De piloruni eldentium formatione in ovariis, p. 28. Gryphia;,18/i2. (Pièce de la collection de Brook, a Londres.) 54-57. Otto. Verzeichniss der Anal.Sammlung zu Breslau. Breslau, 1826. — Slahlberg, loc. cit., p. 28 et 29. 58. Jasinsky. Graefe n. Waliber Journ., t. XIII, Hft. 3, 1829, el Arch. gén. de médecine, t. XVIII, p. hlili. 1839. 59. Denis. Archives de médecine, t. XVII, p. 110. 1828. (Mémoire sur trois gen- res de cas rares. Broch. in-8".) 60. Marshall-Padl. Arcb. gén. de méd., t. XVIII, p. 282, 1828, et Rev. méd., mai 1828. 61-65. Crdveilhier. Anatomie pathologique du corps humain, t. I, 18» li- vraison. Paris, 1829-35. 66-70. HoDGKiN. Catal. of the préparai, in ihe anat. mus, of Guy's hosp.,secl. 8, n" 2232-37. 1829. . 71. SoEMMERiNG. Cal mus. anal. Francof., a. m., p. 71. 1830. — Slahlberg, loc. cit., p. 30. 72-77. Mayer. Graefe n. Wallher's Journal, n" 17, p. 363. — Slahlberg, loc. cit., p. 30-34. 78. Edimb. med. and surg. Journ. n° 51. Juillet 1817, — Slahlberg, loc. cit., p. 34. 79. Carl'S. Jahresbericht, 1821. — Salzburger Zeitung, t. II!, p. 126. 1822. 80. Retzius. Salzb. Zeil., t. I, p. 354. 1831. — Slahlberg, Zoc. cit., p. 35. SI. Cerctti. Beschreib. der anat. mus. zu Leipzig, n» 946. Leipsig, 1819. 82 et 83. HESSELBAi.n. Anal. Mus. zu Wiirzbourg, p. 343, u°430, et 347, n° 630, Giessen, 1824. 273 84-87. EnRMANN. Mus. anal, de ia Faculté de méd. de Strasbourg, p. 195. Stras- bourg, 1837. 88-9/1. Otto. Neues Verzeichniss der Anat. mus. zu Breslau, 2« AuD., p. l/Ji et 165 et p. 244. Breslau, 1841. 95-97. ScnuLTZE, dans Stahlberg, op. cit., p. û0-û2. 98-99. RoKiTANSKY. Handbuch der palhol. Anatomie, t. III, p. 396et 597.Wien, 18Û2. 100. RoKiTANSKY. Zeitschr. der Wienner Aertze, Hfl. XII, p. 54. Jahrg. III. ICI. H. Larrey. Kyste pileux de l'ovaire, compliqué, etc. ( Mém. de l'Acad. de méd., t. XII, et Arch.gén. de méd., 3* série, t. XV, p. 510, 1842, et Rayer, mém. cit., p. 186.) 102. Bartu. Bulletins de la Société aualomique de Paris, p. 68. Année 1845. 103. Demeaux. Bull, de la Soc. an., ib^d.,\^. 68, 1843, 104. KoHLRAUSCH. Mùller, Archiv. p. 363-66. 1843. 105. SCHNABEL, dans Kiewisch. Klinisohe Vortraege ùber Kraukeiten der meibl. Gescht,, t. II, p. 176, Prag., 1849, et Wurtemberg. Correspondenzblatt , t. XIV, n" 10. 1844. 106. Kiewisch. Op cit., l. II, p. 173, et Gesellhaft der Aertze zu Wien, p. 270. Jahrgang I. 107 108. Catal. of Ihe anat. mus. of S. Bartholomew hosp., vol. I, 21' série, p. 415, 16, 18. London, 1846. 109-110. Catal. ofthe anat. mus. of Boston, p. 215. Boston, 1847. 111-117. Pathological Catalogue of ibe muséum of the collège of surgeons , t. IV, p. 291-293, n»' 2624-32. London, 1849. Nous avons déduit le n» 2625, rapporté déjà par Baillie, et le n" 2626, rapporté, décrit et cité d'après Phillips. 118. FoLLiN. Gazette Médicale, p. 787, 1850, et Bull, et mém. de la Soc. de bio- logie. Août 1850. 119. BOOCHACOUKT. Gaz. Méd., p. 635. 1850. 120. ScHNEPF et Davaine. Gaz. Méd., p. 317. 1852.— Bull, de la Soc. de biologie, mars 1852. 121-129. Lebert. Observations manuscrites. MÉMOIRE SUR LES COTYLÉDONS UTÉRINS DES FEIflEIiliEl» DES ANIMAUX RUMINANTS DOMESTIQUES; Lu à la Société de Biologis Par m. Arm. GOUBAUX, Professenr i l'école vétérinaire d'Alfort. I. On définit les cotylédons des renflements tuberculeux simples ou pédicules de la membrane muqueuse ou interne de Pulérus, destinés à établir les rapports entre la mère el le fœtus, et à sécréter un fluide parti- culier pendant la gestation. Ces organes n'existent que chez les femelles des ruminants pourvus de cornes frontales (Weber) (l). Les anciens, ainsi qu'on peut le voir dans ( I ) En zoologie, les animaux ruminants sont divisés en deux séries : les uns sont dépourvus de cornes {chameaux, lamas, chevrotains),el les autres en sont pourvus (les cerfs, la girafe, ks antilopes, \es chèvres, ]ei moMton*, les baufs). — Cuvier. 276 Arislole, par exemple, rangeaient parmi les runiinanls des animaux qui ne le sont nullement, et admettaient l'existence des cotylédons chez des ani- maux dont la matrice en est complètement dépourvue. II. Les Grecs ont appelé ces organes cotylédons ( xoTuXeôdveç), de xotuXi,, à cause de leur ressemblance avec la cavité de l'ischium, avec une écuelle, ou enCn avec Therbe cotylédon, que les Latins appelaient ombilicus Fe- neris ( nombril de Vénus). Parmi les Latins, les cotylédons étaient appelés acceptabula ou acetabula, à cause de leur ressemblance à de petits vases ou à de petites écuelles. Plus tard, on les a appelés glandulœ uleri {glandes de fuiérus), caronculœ uteri {caroncules de l'utérus), par op- position aux caroncules du chorion {caronculœ chorii), que l'on dési- gnait aussi sous le nom de protubérant iœcarnosœ chorii {protubérances charnues du chorion). Enfin, sponzuoli, fungi, champignons et roses. Ce dernier nom, qui est encore employé aujourd'hui dans quelques pays, paraît avoir reçu de l'extension, car il a servi à caractériser la forme du placenta dans ces mêmes animaux. Les mêmes noms ont été appliqués à des parties ditTérentes. comme au- jourd'hui encore on divise les cotylédons en utérins et en placentaires, ou en placentas utérins et en placentas du fœtus. Ces derniers avaient aussi été appelés loculamenta, boulins, niches. III. Les cotylédons apparaissent de bonne heure ; on les trouve chez les fœtus. Les recherches que j'ai faites relativement au nombre de ces or- ganes ne me permettent pas de dire à quel chiffre il s'élève. Pendant la vie fœtale, les cotylédons se présentent sous la forme de pe- tites élevures, serrées les unes contre les autres, et dans la position remar- quable où on les trouve chez des animaux plus âgés. IV. Après la naissance, ils sont mieux dessinés et forment des élevures un peu plus fortes ; ils sont rangés, comme dans le fœlus, sur des lignes courbes, à peu près parallèles, mais ils sont un peu plus espacés, plus écartés les uns des autres. La disposition des vaisseaux au pourtour des cotylédons est telle, qu'elle permet de les connaître facilement ; car dans les espaces intercotylédonaires, on les voit se diviser, tourbillonner et encadrer en quelque sorte les coty- lédons au moment où ils entrent dans leur composition. Je viens de faire connaître quelques-uns des caractères généraux ou communs des cotylédons; mais ils présentent des différences assez nota- bles, si on les compare relativement à leur volume dans le corps et dans les cornes de l'utérus. En général, ils sont d'autant plus petits qu'on 277 examine ceux qui sont placés ù l'exlréniilé ovarienne de chacune des cornes utérines. Les cotylédons ont une figure légèrement arrondie , elliptique ou oblon- gue dans la vache (1), et orbieulaire dans la chèvre et dans la brebis, daoe l'état de gestation. V. Quelles différences nous allons trouver maintenant si nous considé- rons ces mêmes organes dans les femelles en état de gestation ! Beaucoup plus développés, Irès-vasculaires, les cotylédons ont conservé leurs caractères généraux ou communs, ils sont encore placés sur des lignes courbes à peu près parallèles, et sont d'autant plus serrés les uns contre les autres, et plus petits, qu'on les examine à l'extrémité des cornes uté- rines. Leur développement, leur accroissement en volume n'a pas toujours lieu régulièrement; ainsi, au milieu delà corne utérine, on en trouve quelque- fois plusieurs, beaucoup plus volumineux que partout ailleurs. Quelquefois aussi, il semble que deux cotylédons se soient soudés, confondus en un seul, plus ou moins complètement {cotylédons conjugués). D'autres fois, entin, la forme normale qu'ils présentent est plus ou moins profondément altérée, et il semble alors que plusieurs cotylédons aient été en partie dé- truits, ou, en d'autres termes plus exacts, qu'un seul cotylédon ait été di- visé en plusieurs parties (2). Le pédicule, par lequel ils sont alors suspendus à la face interne de la matrice (il n'existait pas primitivement, il s'est formé, ou plutôt c'est la membrane muqueuse qui l'a formé en prenant de l'extension sous l'in- fluence de la gestation } est plus ou moins développé, et permet un dépla- cement du cotylédon en différents sens. VI. Lorsque les cotylédons sont complètement isolés des enveloppes fœtales, on peut voir que leur surface est complètement différente dans les femelles des animaux ruminants domestiques. La différence est telle, sous ce rapport, que les cotylédons doivent être examinés séparément : l* dans la vache ; 2' dans la chèvre et dans la brebis. 1" Dans la vache, le cotylédon forme une saillie d'un volume variable, (1) Les plus développés onl été comparés à des doigts {glandulœ uteri di- gitales). (2) Des manipulations, exercées pendant une parturition précédente, ne se- raient-elles pas la cause de cette modification dans la forme? Rien ne m'autorise à l'affirmer; mais je suis porté à le croire. 278 d'une couleur jaimâlre, arrondie sur son contour, de forme à peu près el- liptique, ronvexe sur sa surface et criblée d'une assez grande quantité de trous qui l'ont fait comparer à un ftiampignon nommé morille. 2» Dans la brebis et dans la chèvre, au contraire, le cotylédon utérin est arrondi sur son contour, d'une couleur rosée, de forme orbiculaire et concave sur sa surface, qui, comme dans la vache, est criblée de trous. Cette disposition concave des cotylédons, rétrécis dans ces animaux, les a fait comparer à la cupule d'un gland. Le cotylédon placentaire, dans la vache, est concave, pour s'accommoder à la convexité du cotylédon utérin ; il est, au contraire, convexe dans la brebis et dans la chèvre, pour pénétrer dans le cotylédon utérin, qui est concave. La forme de la surface des cotylédons utérins étant différente, les cotylé- dons placentaires devaient présenter nécessairement et présentent en effet une forme différente. J'ai dit plus haut quelle est la couleur la plus ordinaire des cotylédons chez les vaches et chez les brebis ; mais il n'est pas très-rare d'observer une coloration en noir de la membrane muqueuse de l'utérus et des coty- lédons. Je l'ai notée six fois sur des brebis non pleines, une fois chez une brebis pleine, deux fois chez des vaches non pleines, deux fois chez des vaches pleines et deux fois chez des chèvres non pleines. Cette coloration plus ou moins foncée et plus ou moins étendue est due à la présence d'un pigment qui, isolé du tissu au milieu duquel il est plongé, est formé de molécules qui sont animées de mouvements d'attrac- tion et de répulsion extrêmement rapides 1). VII. J'ai recherché quel est le nombre des cotylédons utérins dans les différents ouvrages d'analomie, et j'ai résumé, dans le tableau ci-après, les nombres qui ont été indiqués par les auteurs. (1) A cet égard, j'ai montré des pièces anatomiques à la Société nationale et centrale de médecine vétérinaire (séance du 24 octobre 1850) et à la Société de biologie (Bolletin de décembre 1850). 279 NOMS DES ADTEDRS. Fabrice d'Acquapen DEHTE (1). . . . , Severinds (2). . HOBOKEN (3). . . Verheyen (4). . Peyer (5). . . . VlTET (6). . . . Delwart (7). . . Rainard (8). . . Boorgery (9). . ANIMAUX sur lesquels ont porté leurs observations. NOMBRE des cotylédons. OBSERVATIONS. Vaches et Brebis Vache,Chèvre,Brebis Vache. Vache. Vache. Vache. Vache, Brebis. Vêle et Agnelle. Lavocat (10^. Les femelles didac- tyies. lia à 66 80, 40 66. 100 90 SO 100.110,70.75 30 à âO 30 à 40 50 à 60 30 Ses planches sont plus exactes que les nombres qu'il indique. II admet que lescoty- ' lédonss'effacentàmesure que le fœtus croît. Après le part 100. N'a pas désigné les ani- i maux. ÎIl admet l'augmentation du nombre sous l'in- fluence de la gestation. (1) De formata fœlu. In-folio, J600. (2) Zoolomia democritœa, etc., 1645, p. 294. (3) Secundinœ vilulinœ analomia. 1672, p. 22, et interserenda , p. 233. (4) Corporis humani analomia. Liber secundus, p. 341 ; i7io. (5) Job. Jacobi. Peieri, m. st. Conradi fil. Observationes quœdam anatomieœ in homines non minus posl mortem , quam in brûlis avibusque viventibut ac tnor- tuis contemplando nolatœ secundo. Edilio secunda , 1750, p. 62. (6) Médecine vétérinaire. 1783, t. 1^'-, p. 686. (7) De la parturition des principales femelles domestiques. Bruxelles, 1839, p. 27. (8) Traité complet de la parturition des principales femelles domestiques. 1845, t. I", p. 43. (9) Thèse sur les annexes du fœtus. 1846, 5 96, p. 53. (10) Traité complet de l'analomie des animaux domestiques. 6* livraison, 2» par- lie, p. 420. Vin. Mais ces nombres sont-ils bien exacts ? Je n'ai cru pouvoir répondre à celte question qu'en la cherchant moi- même, et j'y ai apporté tout le soin et toute l'attention possibles. Les obser- vations que j'ai faites à ce sujet sont consignées dans les deux tableaux suivants : 280 1 NDMÉROS d'ordre. AGE. RE^SEIGNEMENTS. NOMBRE des cotylédons OBSERVATIONS. 1 1° VACHES NON PLEINES 1 2 mois. Aucun. 100 \ 2 U mois. id. 86 1 3 Génisse. N'a pas porté. 102 j 4 Inconnu. Aucun. 108 I Vaches laitières abattues pour 5 id. id. 101 \ la consommation, ou mortes h la suite de maladies ou d'ex- 6 id. id. 106 l périences. 7 id. id. 121 ' 8 id. id. 129 9 id. id. 91 (*) Cette bête est morte dans les hôpitaux de l'école d'Al- 10 id. Klleimisbasil;a6seai. 126 (*) fort, à la suite d'one paralysie. 2" BREBIS NON PLEINES. j 1 5 mois. N'a pas porté. 86 2 5 mois. id. 106 3 5 mois. id. 139 4 6 mois. id. 128 5 6 mois. id. 114 6 Inconnu. id. 81 7 id. id. 136 8 id. id. 130 9 id. id. 140 Ces animaux provenaient de la bergerie de l'école d'Alforl; 10 id. id. 104 , à part l'ige, ils étaient dans 11 id. id. loi les mêmes conditions physiolo- giques. 12 id. id. 121 13 id. id. 97 U id. id. 120 15 id. A porté 1 fois. 134 16 id. id. 101 17 5 ans. id. 105 18 5 ans. id. ' 125 19 5 ans. id. 125 20 Inconnu. Aucun. 99 ] 21 id. id. 102 22 id. id. 102 23 id. id. 95 , Ces animaux provenaient dos abattoirs. 24 id. id. 105 ! 25 id. id. 102 26 id. id. 94 i 281 Ainsi qu'on a pu le remarquer, le nombre des cotylédons est variable suivant les individus et quels que soient leur âge, leurs antécédents et quoique placés actuellement dans les mêmes conditions physiolo- giques. IX. Cela ne me sufBl pas encore : j'ai voulu voir si je trouverais, chez des bêtes en état de gestation , des nombres différents de ceux que je viens d'indiquer. J'ai dirigé simultanément mes recherches dans ce sens, et je n'en sépare ici les résultats que pour rendre leur comparaison plus facile. 1° VACHES PLEINES. NUMÉROS d'ordre. AGE. TEMPS approximatif de la gestation. NOMBRE des cotylédons. OBSERVATIONS. 1 Inconnu. » 118 2 idem . » 85 3 idem. » 119 U idem. 1) 126 5 idem. 6 mois. 109 6 idem. 6 mois. 139 7 idem. 3 mois 1/2. 110 8 idem. 5 mois. HG 9 idem. Zi mois. 102 10 idem. 3 mois 1/2. 89 11 idem. 2 mois. 118 12 idem. 3 mois. 123 13 idem. k mois. lO/i m idem. 3 mois. n 15 idem. 5 à 6 mois. 15G 10 idem. /i à 5 semaines. 88 17 idem. 2 mois 1/2. 101 18 idem . 2 mois 1/2. 123 19 idem. 2 mois 1/2. 138 20 idem. 3 mois. 91 TOME IV. 20 ^82 2" BREBIS PLEIPfES. NCMÉROS TEMPS NOMBRE AOE. approximatif OBSERVATIONS. d'ordre. de la gestation. des cotylédons. 1 Inconnu. 2 mois. 04 Un foetus. 2 idem. 3 mois. 65 Un Toetiis. 3 idem. 3 mois. 13S Deux fœtus. 4 idem. Il 139 Un foetus. 5 idem. k mois. 80 Un fœtus. 6 idem. .. US Un fœtus. 7 idem. 2 mois 1/2, 97 Deux fœtus. 8 idem. 3 mois 1/2. 10> Trois fœtus. 9 idem. 2 mois. 102 Un fœtus. 10 idem. â mois. 98 Un fœtus. 11 idem. 3 mois. 115 Un fœtus 12 idem. 3 mois. 132 Deux fœtus. 13 idem. 3 mois. 96 Deux fœtus. 14 idem. 2 mois. 83 Un fœtus. 15 idem. 2 mois 1/2. 84 Deux fœtus. 16 idem. 3 mois 1/2. 77 Un fœtus. 17 idem. 2 mois. 101 Un fœtus. Les chiffres qui sont exposés dans ces tableaux parlent d'eux-mêmes; ils ne sont pas différents, que les animaux aient ou n'aient pas porté, qu'ils soient ou ne soient pas en état de gestation, qu'il y ait un ou plu- sieurs fœtus dans la matrice. Le résultat de ces recherches prouve doue le peu de fondement de Po- pinion des anatoraistes et des vétérinaires qui avaient admis que le nombre des cotylédons est susceptible de varier suivant que l'animal porte ou ne porte pas, suivant l'époque de la gestation, suivant le nombre des gesta- tions, etc (1). (i; Aristote, traduction de Camus, t. I, iiv. m, chap. i", et liv. vu, chap. 8. 1783. OEUVRES ANATOMIQUES DE JeAN RiOLAK, CONTENANT l'ANATOMIE DES HOMMES, DES 285 Ceci a une grande significalion, ainsi que je le montrerai plus loin. X. J'ai dit précédemment (V) que les cotylédons ne sont pas toujours parfaitement circonscrits, et je dois ajouter qu'on rencontre quelquefois, outre les cotylédons bien développés, ce que j'appellerai des granulations cotylédonaires. Personne, que je sache, n'a encore parlé de ces coty- lédons rudimentaires que j'ai rencontrés plusieurs lois chez des vaches pleines. Ces granulations cotylédonaires sont disséminées dans les espaces inler- cotylédonaires ; quelquefois même, mais beaucoup plus rarement, elles sont sur l'une ou sur l'autre face du cotylédon. Leur nombre est extrêmement variable : c'est un fait d'observation que je signale, mais sur lequel je n'insisterai pas ; car je déclare que je ne les ai jamais comptées. Leur vo- lume est également variable, mais il dépasse peu en général celui d'une tête d'épingle de grosseur ordinaire. Je ne pense pas que ces granulations cotylédonaires puissent être con- sidérées comme de nouvelle formation ; tout me porte, au contraire, à ad- mettre leur préexistence, comme j'admets celle des cotylédons eux-mêmes. C'est un point, au reste, sur lequel je reviendrai plus loin. XI. Le nombre des cotylédons utérins est-il différent de celui des cotylé- dons placentaires? Cette question a été déjà abordée par plusieurs auteurs, et particulière- ment par Hoboken {loc cit., p. 27), qui paraît avoir étudié avec soin les enveloppes fœtales des ruminants domestiques. Hoboken pense que le nom- bre des uns est absolument le même que celui des autres. Voici, au reste, comment il s'exprime à cet égard, § XXIV : « Numéro tandem tenus, non » aliter considerandas esse deprehendi chorii easdem carunculas, quàm » uleri explicatas glandulas, ul earum nutnerus, harum numéro omninô » aequalis, conveniret. El sic quoque numerum eum incertum et indeler- ENFANTS ET DES BÊTES VIVANTES; LE TOUT RANGÉ, CORRIGÉ, DIVISÉ, NOTÉ ET MIS EN FRANÇAIS; par Pierre Constant. T. I, p. 894. 1(>1'9. Vilef, Médecine vétérinaire, t. i, p. (i86. 1783. M. Rainard, Traité complet de la pautiihition des principales femelles do- mestiques, t. L p. 43 et 73. 18Û5. M. Lavocat, Traité complet de l'anatomie des am.maus domestiques, G* livrai- son, 2' partie, p. 420. M. Cliauveau, Journal de médecine vétérinaire, publié à l'École de Lyon, p. 27. Année 1851. 28^ » minalum observare dalum. » « Quant au nombre, les caroncules du cho- » rion ne doivent pas être considérées aulremenlque les glandules déve- » loppées de Vutérus. Le nombre de celles-ci est tout à fait semblable au » nombre de celles-là, aOn qu'elles puissent se réunir. On peut observer » que ce nombre est incertain et indé terminé. » Cependant, si le nombre des cotylédons placentaires est souvent le même que ceux de l'utérus, il est vrai aussi de dire que l'on rencontre fréquem- menl des exceptions. Je possède des exemples assez nombreux qui prou- vent la vérité de celte assertion. Tantôt dans une seule, tantôt dans les deux cornes, les cotylédons situés à Vextrémité ovarienne de ces cornes n'ont acquis que peu ou n'ont point acquisde développement, et n'o«fawcw/ira/)por/, aucune co?/jiea7îon avec les vaisseaux du chorion. Dans cette circonstance, on les trouve toujours noyés au milieu d'une masse plus ou moins abondante de couleur jaunâtre et de la consistance de mucus un peu épaissi, qui se prolonge un peu dans l'intérieur de la cavité de la trompe de Fallope, Le nombre de ces cotylédons est extrêmement variable ; aussi cilerai-je quelques-uns des exemples que j'ai recueillis : 1° Dans les vaches et à différentes époques de la gestation, dans la corne gauche ou dans la corne droite, j'en ai trouvé k, 5, 16, 18, (Voir les n°« 5, 6, 9, 10 du tableau.) 2° Dans les brebis, et dans les mêmes circonstances : Dans la corne droite Dans la corne gauche 9 10 (v. n» 3). 13 3(v.n» 8j. ti 1(5 (v. n* 9). b 8 (v. n" 10). Je passe sous silence d'autres observations analogues, où je n'ai pas pris les nombres, soU pour la corne droite, soit pour la corne gauche, soit pour les deux cornes à la fois. (Voir U, 5, li, 12, là et 15, brebis, et voir iU et 15, vaches.) XII. Je ne m'arrêterai pas longtemps sur ce que les anciens ont écrit re- lativement à la structure des cotylédons : il ne ressortirait rien d'utile de l'exposition nouvelle de leurs opinions. Les auteurs qui se sont occupés de l'histoire de l'anatomie, soit d'une manière générale, soit d'une manière spéciale, ont résumé dans des cita- tions l'idée que se faisaient les anciens de la structure de ces organes. 285 Pour eux, les cotylédons étaient les orifices des vaisseaux qui parviennent à la matrice, ou les embouchures béantes des vaisseaux dans rintérieur de la matrice (Hippocrate, Aristote, Galien, Praxagore, etc.). Les progrès de la science, la perfection des moyens d'investigation, l'es- prit d'analyse enfin, ne devaient pas laisser sans étude approfondie l'orga- nisation de ces organes importants. Je ne suivrai pas les différents anato- mistes dans leurs recherches; je me bornerai à rappeler que M. Chauveau, chef de service d'anatomie à l'École nationale vétérinaire de Lyon, a consi- déré la substance du cotylédon comme étant « toiit simplement le derme » de la muqueuse hypertrophiée et très-vasculaire (1). » Est-ce bien là ce qui constitue les cotylédons? N'y a-t-il pas, au con- traire, quelque chose dans leur structure qui explique pourquoi les coty- lédons existent déjà chez les fœtus, et n'augmentent pas en nombre ni après la naissance ni pendant la gestation? Les résultats des recherches micro- scopiques de M. Chauveau, je dois le dire, ne m'ont pas paru en rapport avec les autres considérations anatomiques de ces organes, et quoique je sois bien persuadé que M. Chauveau a foil tous ses efforts pour arriver à un résultat, je crois qu'il s'est trop hâté de le faire connaître et qu'il a mal interprété ce qu'il a vu. Comme je n'ai pas l'habitude des éludes microscopiques, comme je dé- sirais surtout, à ce point de vue, avoir un examen des cotylédons fait par un aoatomiste compétent, j'ai prié M. le docteur Ch. Robin, savant con- sciencieux et observateur habile, de vouloir bien étudier des pièces anato- miques que je lui ai remises à différentes reprises : c'est le résultat de ses recherches que je vais rapporter. Je me plais à témoigner publiquement à M. Robin toute ma reconnaissance pour l'obligeance qu'il a eue pour moi dans celte circonstance. Je laisse parler M. Robin : « STRUCTUKK INTIME DKS COTYLÉDONS UTÉRINS. » Outre les fails d'anatomie descriptive qui montrent que les cotylédons sont des organes particuliers annexés au chorion de la muqueuse utérine, il en est plusieurs qui sont tirés de leur structure intime et sont impor- tants à étudipr. 0) De la membrane ISTEUNF. de l'utérus, considérer ^i^EZ LA FEMME ET NON FEMELLES DOMEfeTIQUES, etC. (JOURNAL DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE, puMié à J'ÉcOte --,68 Phosphate de chaux et autres sels, quantité indéterminée. Peut-être du sucre de lait (l). » La grande quantité d'albumine contenue dans le liquide cotylédonaire des ruminants ne nous rappelle-l-elle pas la forte proportion pour laquelle cette substance figure dans le colostrum des femelles de ces mêmes ani- maux, trente ou quarante jours après la mise bas ^ La pauvreté de ce liquide en caséine établit encore une ressemblance de plus entre lui et le colostrum. Nul doute, par conséquent, que celle espèce de lait intérieur ne joue un rôle analogue au lait des mamelles, ou mieux encore à Tem- bryotrophe du poulet. » XIV. Les cotylédons se forment-ils de toutes pièces pendant la gesta- Uon, et sont-ils caducs ou persistants après la mise bas? J'ai rappelé précédemment (IX) les auteurs principaux qui ont admis que des cotylédons peuvent se former de toutes pièces, et j'ai cité successi- vement Arislole, Vilel , MM. Rainard, Lavocat et Chauveau ; je n'ai pas cru utile de citer un plus grand nombre d'auteurs ; il me sufïïsail de montrer que cette opinion avait longlemps été accréditée dans la science. Mais, dans ces derniers temps, une nouvelle opinion fut émise par Weber; on la trouve consignée dans le Manuel de physiologie de Muller (t. Il, p. 716), ainsi qu'il suit : « Les mammifères difTèrent les uns des autres, eu égard à la manière t) dont les deux placentas se séparent' au moment de la naissance. » E -II. Weber les partage en deux classes : à la première appartiennent (1) Prévost el Morin, Recherches physioi-ogioles et chimiques sur la nutri- tion DU FCETUs. (Mémoire de la Société de physique et d'hihluire naturelle de €cnèvp, p. l>o. I8i0.) 293 » ceux dont les deux placentas s'eDgiènent si légèrement qu'à la nais- » sance ils se séparent sans éprouver la moindre lésion : ici la parturilion » ne blesse point la matrice, les placentas utérins persistent, seule- » ment ils diminuent de volume. Tel est le cas des ruminants^ des soli- » pédes et des truies. La seconde classe comprend ceux dont les deux » placentas sont unis d'une manière tellement intime que l'utérin est arra- » ché, en même temps que le fœtal, au moment de la naissance; chez » ceux-là , la parturilion blesse la matrice , et les placentas sont des » organes caducs qui doivent se reproduire à chaque grossesse. C'est » le cas des carnassiers, des rongeurs et delà femme. » Voilà donc deux opinions diamétralement opposées : l'une qui admet la formation nouvelle de cotylédons sous l'inCuence de la gestation, et leur caducité ou leur disparition après la parturilion, et l'autre qui admet la persistance des cotylédons. Quelle est celle qui est vraie? En ne m'occupant que d'une seule de ces deux opinions, je répondrai implicitement à l'autre. Tout s'enchaîne, tout se lie, loules les observations se prêtent un mutuel appui pour faire accepter l'opinion de Weber. En effet, si nous portons les yeux sur les paragraphes précédents, nous voyons successivement : lo la présence des cotylédons chez les fœtus; 2° leur accroissement en volume après la naissance ; 3" leur nombre différent chez des femelles non en état de gestation ; Li" leur nombre différent chez des femelles en état de gesta- tion; 5» par la comparaison, nous retrouvons les mêmes nombres, élevés ou peu élevés, dans les conditions physiologiques opposées : la non-gesta- lion et la gestation; 6° leur structure, conséquence nécessaire de la préexistence des cotylédons à la gestation, différente de celle du reste de la membrane interne de l'utérus ; 7" enfin, après la parturilion, une dimi- nution de volume des cotylédons, mais leur persistance (1). Ces observations sont assez nombreuses, et elles se trouvent corroborées par un fait d'analomie pathologique que le hasard m'a mis entre les mains au mois d'août dernier, et que j'ai communiqué à la Société nationale et centrale de médecine vétérinaire, dans sa séance du 2Zi octobre 1850. Ce fait doit trouver sa place ici ; j'extrais donc ce qui suit des Bulletins de celte Société : (I) Voir le ii" 10, au tableau des vaches non pleines. Je passe sous silence un certain nombre d'autres observations semblables, que j'ai eu l'occasion de faire sur des vaches el sur des chèvres. 294 « L'utérus que j'ai l'honneur de vous présenter appartenait à une vache qui fut abattue pour la consommation ; cette bête était pleine de quatre mois environ ; le foetus était situé dans la corne du côté droit. » Les cotylédons que l'on trouve à la face interne de cette matrice sont au nombre de soixante-huit, nombre qui est de beaucoup inférieur à celui que l'on rencontre ordinairement. » Si l'on divise par une ligne cet utérus en deux moitiés égales, on trouve cinquante-quatre cotylédons dans la moitié droite, et quatorze seulement dans la moitié gauche. Dans la moitié droite, les cotylédons sont répandus uniformément ; dans la moitié gauche, au contraire , ils occupent seulement la partie postérieure. Dans tout le reste de l'étendue de cette moitié gauche, on trouve, à la place des cotylédons, des cica- trices BLANCHES, RAYONNÉES ET RÉSISTANTES. La partie Correspondante du chorion était lisse et ne présentait aucune trace de cotylédons placen- taires. » Que conclure de ce fait, si ce n'est que quarante cotylédons (environ) ont été détruits par une cause quelconque, que j'ignore, et qu'il ne s''en est pas formé de nouveaux de toutes pièces? En effet, puisqu'il y a cin- quante-quatre cotylédons dans la moitié droite de l'utérus, si l'on double ce nombre, on obtient celui de cent huit, qui est assez ordinaire. » J'ajouterai, et ce sera encore une nouvelle preuve, que, au mois de septembre dernier, en visitant l'abattoir de la ville de Reims, j'ai pu faire remarquer à deux de mes confrères, MM. Demilly et Baudessoo, un fait analogue à celui que je viens de rapporter. XV. Il y a un engrènemenl plus ou moins profond, une pénétration des villosités choriales (cotylédons du fœtus) dans les perforations ou dans les follicules que présente la surface des cotylédons utérins, de telle sorte que les vaisseaux des unes sont complètement distincts de ceux des autres. Les observations démontrent que la séparation des cotylédons devient d'autant plus facile à effectuer que la gestation est plus avancée, et c'est un fait connu depuis longtemps. « L'embryon devenant grand, les ca- roncules du chorion se séparent insensiblement comme étant mûres ; et, tombant d'elles-mêmes, elles sont poussées au dehors avec le fœtus lorsque Vanimal met bas. Et alors les caroncules de la matrice décrois- sent et se retirent (1). » (1) L'anatomie du corps HUMAIN; par Isbrand et Diemerbroeck, p. 417, traduc- lion Je J.Prosl. 17.27. 295 Il suit de ce que je viens d'énoncer que si, dans la délivrance, après l'avorlemenlou la parlurilion, un écoulement sanguin se manifeste, il est dû à la blessure de la matrice ; et cet écoulement sanguin provient assuré- ment des manipulations qui ont été exercées pour opérer la séparation des cotylédons, les utérins des placentaires. Pour opérer cette séparation, il y a une méthode consacrée par la prati- que, etqui, cependant, paraît négligée par quelques vétérinaires ; cen'estpas par une traction qui pourrait produire un arrachement des cotylédons, mais bien par une pression légère et graduée des cotylédons entre les doigts qu'on parvient à les décoiffer. Il n'est pas inutile d'ajouter que tous les auteurs qui ont écrit sur la parturition ont recommandé d'agir avec pré- caution pour faire celte opération ; on en a la prenve dans les ouvrages de Lafon (1), de M. Delwart (2), de M. Rainard (3;, etc. Pourquoi donc agir avec précaution V Parce que , dit Lafon , si quel- ques placentas sont trop difficiles à extraire, il vaut mieux attendre que de s'exposer à arracher ou à tirailler les cotylédons ; parce que, dit M. Rainard, en arrachant de vive force les cotylédons de l'utérus, et en déchirant les adhérences vasculaires, on aurait une hémorrhagie, peu grave à la vérité. Je comprends parfaitement la recommandation de Lafon , quoiqu'il n'en ail donné aucune explication ; mais j'avoue que je ne comprends pas celle de M. Rainard, qui a expliqué la sienne. Comment ! vous admettez que des cotylédons peuvent se former sous l'influence de la geslaiion, et vous vous opposez à ce qu'on les arrache, parce qu'il y aurait une légère hémorrhagie ? Ce n'est pas être conséquent. Le danger n'est donc pas dans l'accident que vous paraissez redouter ? En effet, il est ailleurs ; il esl beaucoup plus grave , et vous ne le voyez pas. Chabert, homme de science et de pratique , avait parfaitement raison de dire, dans ses cours, ainsi que l'a rappelé M. Blavelte (Zi) : « // faut mé- nager^ autant que possible, les cotylédons , parce que ce sont les or- ganes non-seulement indispensables à la conception, mais encore d^une nécessité absolue pour la nourriture et l'accroissement du petit sujet. » (1) Traité des maladies particulières aux grands ruminants, etc., p. 571. (2) De la parturition des principales femelles domestiques, p. 105. (3) Traité complet de la parturition des principales femelles domestiques, t. H, p. 373. (4) Bulletin de la Société nationale f.t centrale de médecine vétérinaire, séance du 12 décemlre 1S5)0. 296 Il avait parfailemenl raison , dis-je , car il savait ou pressentait que des cotylédons ne se forment pas de nouveau , lorsqu'on a détruit ceux qui étaient à la face interne de la matrice. XVI. — Conclusions. A. En ce qui concerne l'anatomie, et pour toutes les femelles des ani- maux domestiques ruminants : 1° Les cotylédons existent chez les fœtus. 2° Us augmentent un peu de volume après la naissance. 3° Ils acquièrent un développement considérable pendant la gestation , mais il ne s'en forme pas de nouveaux de toutes pièces. h" Ils diminuent de volume après la gestation, mais ils ne disparaissent pas. 5* Leur nombre est variable suivant les individus. B. En ce qui concerne la physiologie : i* Les cotylédons sont indispensables pour la conception. 2" Une vache à laquelle on aurait arraché tous les cotylédons devrait mourir, soit par suite d'hémorrhagie, soit par suite de l'inflammation des vaisseaux. S" Une vache à laquelle on aurait arraché tous les cotylédons serait dans l'impossibilité de se reproduire (1). (1) Ces deux dernières conclusions ont été discutées dans les journaux vétéri- naires. (Années 1850 et 1851 du Recveil de médecine vétérinaire.) RECHERCHES SUR LA GÉNÉRATION DES HUITRES, Mémoire lu à la Société P4R LE Docteur C. DAVAINE, Pendant l'été de l'année 18^9, j'entrepris dans le laboratoire de M. Rayer, avec M. le docteur Chaussât, des recherches sur la génération des huîtres. Bien que, dans ces dernières années, les travaux d'embryogénie sur les mollusques aient été très-multi- pliés, et que des études plus ou moins complètes aient été faites sur des espèces voisines de l'huître, aucun travail, à notre connais- sance, n'existait sur l'embryogénie de ce mollusque. On a d'au- tant plus lieu de s'étonner de cette lacune que les huîtres, par leur abondance dans nos mers, par l'usage que nous en faisons et par la facilité avec laquelle on se les procure à de grandes dis- tances des régions qui les produisent, semblent plus qu'aucuîî autre mollusque avoir dû attirer l'attention des naturalistes. TOiWE IV. 22 298 Nous publiâmes, M. Chaussât et moi, dans les comptes rendus de la Société de biologie (juillet lSli9), les résultats de nos observations, parmi lesquels nous signalâmes surtout les trans- formations remarquables offertes par Tembyron de l'huître. Ces résultats, malgré nos longues et laborieuses recherches qui por- tèrent sur plus de trois cents huîtres, laissaient beaucoup à désirer sous plusieurs rapports. La question de sexualité, sur laquelle les naturalistes ont émis des opinions très-diverses, n'avait nullement été éclaircie. Sur un grand nombre d'huîtres, nous avions constaté dans l'organe de la reproduction l'existence exclusive de l'élément mâle {les zoospermes) ; sur quelques autres, nous n'avions pu y découvrir que l'élément femelle (ovules) ; mais d'autres fois nous avons reconnu d'une manière non douteuse la présence simulta- née dans l'organe sexuel d'ovules et de zoospermes bien carac- térisés. De ces faits, en apparence contradictoires, on ne pouvait con- clure ni à l'hermaphrodisme ni à la séparation des sexes chez l'huître. Était-ce par exception, par anomalie, comme nous l'avons entendu dire, que plusieurs de ces mollusques nous avaient offert dans le même organe des ovules et des zoospermes? On eût été plus naturellement conduit à conclure que ces animaux peu- vent être hermaphrodites ou avoir les sexes séparés indifférem- ment, suivant les individus. Mais cette manière de voir ne nous paraissait pas non plus admissible par la considération que cette indifférence sexuelle eût été sans analogue aujourd'hui connu dans le règne animal. La solution de cette question difficile n'était pas seulement intéressante au point de vue zoologique, elle l'était encore au point de vue économique , car les succès obtenus dans ces der- niers temps par la fécondation artificielle chez les poissons ont 299 fait penser à appliquer ce moyen de reproduction à la propaga- tion des huîtres. Plusieurs savants qui se sont occupés de ce sujet, ont admis, sans l'avoir démontrée, la séparation des sexes chez les huîtres. Les résultats exposés ci-dessus ne me permettaient pas d'adopter cette opinion. Malgré l'insuccès de nos travaux sous ce rapport, je ne désespérai pas de trouver la raison de l'apparente contradic- tion qu'ils avaient signalée dans la sexualité des huîtres. De nouvelles recherches que j'ai entreprises à ce sujet au Havre et à Paris dans le courant de l'été dernier, m'ont permis de déter- miner les conditions dans lesquelles l'huître présente tantôt l'élé- ment mâle exclusivement, tantôt l'élément femelle ou tantôt l'un et l'autre à la fois. J'ai pu reconnaître ainsi que ce mollusque ne déroge point, sous le rapport de la sexualité, aux lois qui régissent les autres animaux. M. Rayer, qui m'avait encouragé à entreprendre ces étu- des, les a suivies avec un bienveillant intérêt. Les résultats aux- quels je suis arrivé ont été constatés par plusieurs savants, parmi lesquels je citerai mon ami M. le docteur Claude Bernard et M. le docteur Desjardins, médecin distingué du Havre, qui a mis à ma disposition, avec une obligeance extrême, tous les moyens dont il pouvait disposer pour faciliter mon travail. 'Mm APERÇU HISTORIQUE. Avant que l'on eût applique le microscope à la détermination des éléments des organes reproducteurs chez les mollusques , les zoolo- gistes les plus éminents de notre siècle croyaient ces organes formés sur un même type chez tous les acéphales. Les uns considéraient ces animaux comme doués d'un hermaphrodisme complet; d'autres pen- saient qu'ils n'étaient pourvus que d'un appareil femelle, et que leurs œufs n'avaient pas besoin d'être fécondés pour se développer. Mais les observations de Prévost (de Genève) sur la mulette des peintres (1825), de Wagner (1835), deSiebold(1837),de]\I.Milne-Edvvards, etc., sur divere autres mollusques, démontrèrent que le type des organes de la généra- tion chez les mollusques acéphales est loin d'être uniforme, les uns ayantdes organes mâles et des organes femelles portés par des individus différents, les autres ayant les deux appareils réunis sur un même indi- , vidu. La sexualité d'un grand nombre de ces mollusques est aujourd'hui bien déterminée ; mais sur les organes de la reproduction de l'huître en particulier, on ne possède encore rien de certain. Néanmoins, dans divers recueils, on trouve sur ces organes, ou sur leurs produits, des assertions plus ou moins exactes , des faits plus ou moins bien observés , dont il ne sera pas sans intérêt de donner un court aperçu. L'auteur de l'histoire de la Société royale de Londres, Th. Sprat, y rapporte quelques faits relatifs à la génération des huîtres. A l'article Histoire de la génération et du gouvernement des huîtres vertes, vul- gairement appelées huîtres de Colchester ( Hist. of the Royal Soc. of LoNDON ; trad. franc. 1 669) , il dit : « Au mois de mai les huîtres jettent » leur frai (que les pêcheurs appellent spat) , qui ressemble i\ une goutte » de suif, et qui est de la grandeur d'un demi-penny d'argent. Le frai » s'attache à des pierres, à de vieilles écailles d'huître, etc. » « On » conjecture avec quelque apparence de raison que le frai ou spat n commence d'avoir l'écaillé dans les 2Zi heures. » Dans le même article, Sprat indique comme caractère de l'huître femelle, d'avoir une sub- stance laiteuse dans son manteau, tandis qu'il y a une substance noire chez le inâle. L'époque indiquée pour le frai , sa ressemblance avec une goutte de suif ne sont point exactes. Quant aux caractères qui distingueraient le mâle de la femelle chez les huîtres, ils rappellent 301 une erreur populaire relative à cette distinction, qui existe encore au- jourd'hui dans quelques contrées. Th. VVillis (De anima brutorum exercit. du.e, 1672, p. 17), dans son anatomie de l'huître, très-bonne d'ailleurs pour le temps, n'a point fait mention de l'appareil sexuel. A propos de la coquille, il dit ■qu'elle est déjà formée dans l'œuf, ce qui est vrai jusqu'à un certain point. Lister, dans son ouvrage intitulé Historiée animalium angli^ très TRACTATUs, Loud., 1678 , a donné l'anatomie de l'huître d'après Willis. îl a aussi rapporté en entier l'article cité de l'histoire de la Société royale, avec cette légère variante: « Mense maio fœturam ejiciunt )) ostrea, id quod à nostris piscatoribus spat vocatur, id à figura len- » ticulari est at ipsis lenticulis paulô majus. » En 1689, Jac. Brach a donné , dans les Éphémérides des curiedx de LA NATURE (Dec. II, an Vni, obs. 203, de ovis ostreorum), des indi- cations très-précises sur l'époque de la reproduction , sur l'apparence et la nature du frai chez les huîtres. « Vers la fin du printemps , dit-il , ») pendant l'été et jusqu'au commencement de l'automne , les huîtres )) possèdent et rejettent une sorte de lait. » « Si, avec un bon » microscope , l'on examine attentivement ce lait , on le trouve formé » par une innombrable quantité d'œufs. » Pline avait déjà parlé du lait que quelques huîtres possèdent en été , et qu'il regardait comme un liquide fécondant (Hist. nat., trad. par M. Littré; t. I, liv. IX, et t. II, 1. XXXII). Jac. Brach ne se borne pas à déterminer la na- ture de ce liquide , mais il distingue dans les œufs qui le composent plusieurs apparences. Dans un premier état (qui correspond sans doute à la période du fractionnement) les œufs sont , dit-il , d'un blanc éclatant, irrégulièrement arrondis, comme une pilule mal faite. Dans un second état, ils sont blanchâtres, arrondis, mais plus comprimés que les premiers , et se rapprochent déjà de la forme d'une huître ; en outre, ils se meuvent et parcourent dans diverses directions le liquide dans lequel on les observe. Enfin, en dernier lieu, le lait est devenu plus épais, noirâtre , semblable à de la purée , les œufs ont acquis une organisation plus parfaite , n'ont plus de mouvements , et sont alors rejetés de la coquille maternelle. Six ans après (1695), Leeuvvenhoek (Arcana natdr^ délecta, 1722, t. m, p. 512) examina aussi le frai de l'huître ; il y constata la pré- sence des ovules et il essaya de déterminer le nombre que peut ea 302 produire une seule huître, il ne suivit pas avec le même soin que Brach leurs formes successives, mais il vit que les mouvements de l'embryon dépendaient d'un organe proéminent entre les valves, organe qu'il crut être l'appareil branchial que l'animal aurait pu , à volonté , faire sailhr au dehors ou rentrer dans sa coquille, ^ Si les faits signalés par Brach et par Leeuwenhoek eussent attiré 1 attention des naturalistes , il est probable qu'ils eussent eu une grande mfluence sur les progrès ultérieurs de l'embryologie. Leeuwenhoek découvrit en outre dans l'organe sexuel les animal- cules spermatiques dont il donne une bonne description (ouvr. cité,. Epist. 103, p. i/,3) ; il constata que ces animalcules sont d'abord réunis en masses arrondies et qu'ils se désagrègent ensuite. Étonné de leur nombre prodigieux, il cherche à en donner l'idée en disant que trois huîtres qu'il avait examinées devaient contenir plus de ces animal- cules que l'Europe entière ne contient d'habitants, Leeuwenhoek crut pouvoir conclure de ses^observations que les huîtres ont les sexes séparés. Méry (MÉM. de l'Acad. î>£s seiEiNCEs, 1710), Adanson (Histoire na- turelle DES coquillages). Considérant quc Ics huîtres fixécs au rocher ne peuvent se rapprocher pour l'acte de la fécondation , les regardaient comme hermaphrodites. Job. Baster (Opuscula successiva de animalculis et plantis, 1762, liv. 2, p. 63) adopta cette opinion ; il constata aussi que le suc laiteux que renferment quelques huîtres en été est formé par des œufs. Ces notions si précises données par Brach, Leeuwenhoek et Baster restèrent dans l'oubli. Cuvier semble avoir ignoré que l'agglomération des œufs de certains mollusques offre l'apparence d'une substance lai- teuse; Il dit (Anat. Comp., 2' édit., t. VIII, p. m), en parlant des acéphales testacés hermaphrodites : « il s'y manifeste, à une certaine » époque, une liqueur laiteuse qui peut être un vrai sperme propre à .. féconder les œufs. ,, Et l'on retrouve encore aujourd'hui, dans des ouvrages classiques d'histoire naturelle, l'indication inexacte de l'é- poque du frai et celle de sa ressemblance avec une goutte de suif, donnée par Sprat dans les mémoires de la Société royale de Londres' M. Deshayes (Dict. hist. nat., par Ch. Dorbigny, t. VI, 18Z|6, art. Uîtitres) indique d'une manière très-précise la position de l'organe de la reproduction de l'huître, qu'il regarde comme un ovaire; mais Jes notions qu'il donne ensuite sur l'œuf ou sur remI)ryon nmnmcni. 303 d'exactitude. Jlelativement aux compartiments dpnt on remarque les ouvertures à la base des branchies^ M. Deshayes dit qu'ils servent à l'incubation des œufs, erreur commise déjà par Jos. Poli (Testacea UTRIDSQU^ SICILI^ EORUMQUE HISTORIA ET ANATGIIE TABULIS ^NEIS ILLUS- TRAT^). Enfin plusieurs savants zoologistes, jugeant sans doute par analo- gie, ou trompés par des observations trop peu suivies, pensent au- jourd'hui que les huîtres ont les sexes séparés (Comptes rendus de l'Acad. des, sciences, t. XXVIII, p. 291 et 380, 18/i9). Les études que nous avions faites, M. Chaussât et moi, il y a quatre ans, rendaient pour moi cette proposition très- contestable. Les nouvelles recherches que j'ai entreprises à ce sujet m'ont mis à même de reconnaître que Thuître possède un appareil reproducteur doué de l'hermaphrodisme ie plus complet. Je diviserai ce travail en deux parties. Dans la première, je m'oc- cuperai de l'organe reproducteur et de ses produits. Je consacrerai la seconde à l'étude de l'évolution de l'œuf et de l'embryon , que je ferai suivre de quelques remarques sur la propagation des huîtres. PREMIÈRE PARTIE. APPAREIL REPRODUCTEUR ET SES PRODUITS. § 1. — Orgaae de la génération. L'organe de la reproduction, chez l'huître (pi. I, fig. 1, a), occupe la partie moyenne et supérieure de l'animal (la bouche étant en avant et en haut). Recouvert extérieurement par la membrane du manteau qui lui adhère, il entoure la masse formée par le foie, l'estomac et une grande partie de l'intestin. Ses limites, en haut, correspondent au bord inférieur des palpes labiaux (fig. 1, c), en bas à la cavité du péricarde (fig. 1 et 2 , r/ ) , se prolongeant avec l'anse intes- tinale (fig. 2, /), au devant du muscle adducteur des valves (fig. 1 et 2, c). Pendant l'époque de la reproduction, cet organe forme, chez l'huître adulte, une masse blanchâtre plus ou moins épaisse, et que l'on ne i)eut, à la simple vue, distinguer de la sub- 30Zi stance graisseuse qui existe souvent dans les parties voisines. Hors le temps de la reproduction , toute trace de l'organe sexuel disparaît ordinairement, en sorte que, chez les huîtres très-maigres, la por- tion du manteau qui lui sert d'enveloppe est appliquée sur la sub- stance propre du foie. La glande sexuelle de l'huître produit à la fois les ovules et les zoospermes, comme je l'établirai ci-après. Aucun organe ne lui est annexé pour servir à la fécondation ou à l'incubation des œufs. Ceux-ci, après la fécondation, passent dans la cavité extérieure ou branchiale du manteau (pi. I, fig. 2, {/)"dans laquelle ils séjournent un certain temps, répandus entre ses lobes et les lames branchiales. Les œufs sortent de l'ovaire en suivant des canalicules ramifiés sur les- quels je donnerai ailleurs de plus amples détails (v. § V). Ces canalicules aboutissent dans la partie de la glande sexuelle située en avant et en bas du muscle adducteur des valves ; leur extrémité s'ouvre pour don- ner issue aux œufs, par plusieurs petits pertuis (fig. 2, k) que Je n'ai pu voir qu'au moment de la ponte. Au sortir de ces pertuis, les œufs se trouvent dans une cavité intérieure formée par la masse des viscères, la base des branchies et la membrane du manteau (fig. 2, h) ; mais ils n'y séjournent pas et passent aussitôt à l'extérieur dans la cavité branchiale. Quelque soin que j'aie apporté à cet examen , et quelque multi- pliées qu'aient été mes recherches , je n'ai pu découvrir la route que les œufs prennent pour arriver de la première cavité dans la seconde^ entre lesquels on ne trouve aucune communication. § Bl. — Ûlément lufilc. Les zoospermes de l'huître ont un corps arrondi , légèrement ova- laire,avec un point ou noyau central assez distinct (pi. 1, fig. U, B). Le corps a de deux à trois millièmes de millimètre. Leur queue, très- longue relativement (3 h à centièmes de millimètre), est excessive- ment grêle ; elle ne devient perceptible à un grossissement de sept cents fois , qu'après avoir été traitée par l'iode et avec un jour favo- rable , en sorte qu'il est souvent impossible de distinguer les animal- cules lorsqu'ils sont isolés. Avant leur maturité, les zoospennes sont réunis par masses (fig. à, A, fig. 5, c, c). Le nombre des animal- cules arn^i agglomérés ne peut être évalué , même approximative- 305 ment. Ces masses, variables quant ùla dimension, sont arrondies ou ovalaires, aplaties, et paraissent exclusivement formées d'une mul- titude de corpuscules ronds juxtaposés (corps des zoospermes) ; cha- cune de ces masses est entourée d'une auréole que produisent les queues des zoospermes libres et incessamment agitées. Cette auréole permet de reconnaître, même à un faible grossissement, les zoospermes ainsi agrégés. Lorsqu'on examine ces agrégats pendant quelques in- stants , on ne tarde pas à voir les animalcules les plus rapprochés de la circonférence se séparer de la masse commune dont ils s'arrachent, pour ainsi dire, quelquefois par des mouvements très-vifs. La désa- grégation, se communiquant de proche en proche jusqu'au centre, le groupe entier finit par disparaître. En général , les animalcules se désagrègent avec d'autant plus de rapidité qu'on les observe à une époque plus rapprochée de celle de la fécondation ; mais il y a des exceptions sous ce rapport. Après la désagrégation, les mouvements des zoospermes ne tardent pas à di- minuer, puis à disparaître ; bientôt du moins il n'est plus possible de distinguer les animalcules spermatiques des corpuscules d'une autre nature agités par le mouvement brownien. Parmi les masses de zoospermes, on trouve ordinairement des agrégats semblables pour la forme et la dimension , ou un peu plus grands, mais constitués par des cellules (pi. I, fig. 3, A). Ces agrégats ne possèdent point d'auréole, comme les masses de zoospermes; ils peuvent comme elles se désagréger avec plus ou moins de prompti- tude. Les cellules qui les composent ont , en moyenne , cinq millièmes de millimètre de diamètre (fig. 3, B). Elles apparaissent avant les zoospermes, et leur disparition arrive aussi avant celle de ces ani- malcules. Ce sont évidemment leurs cellules de développement, des cellules spermatogènes ; mais l'observation directe ne m'a jamais per- mis de constater dans leur intérieur la présence de zoospermes , ce qui tient sans doute à la difficulté très-grande de reconnaître ces ani- malcules chez l'huître lorsqu'ils sont isolés. Ayant fait des recherches comparatives chez les moules {mytilus edulîs), qui ont les sexes séparés, j'ai constaté que, dans le testicule de ces mollusques, il existe avec les zoospermes des amas de cellules semblables à celles que l'on remarque chez les huîtres. Ces groupes de cellules ne se rencontrent jamais dans l'ovaire. Après leur désa- grégation , j'ai plusieurs fois constaté dans ces cellules un ou deux 306 zoospermes enroulés. Les zoosperuies, chez la moule, étant mieux caractérisés et plus visibles que chez l'huître , rendent compte de cette différence dans les résultats de l'observation. Ces amas doivent donc être considérés, chez l'huître aussi bien que chez la moule, comme des agglomérations de cellules spermatogènes. § m, — Élciuent rcnielle. L'ovule de l'huître, avant d'être fécondé, a la forme d'une petite sphère parfaitement ronde , forme que l'on voit presque toujours mo- difiée par la pression des corps voisins (pi. I, fig. 5, B et pL II, fig. 1 , A, B, G> On peut reconnaître dans l'ovule une membrane enveloppante, un contenu granuleux et une vésicule transparente. La membrane d'enveloppe (vitelline) est d'une ténuité telle que les plus forts grossissements ne peuvent la faire distinguer; aussi se rompt-elle avec une extrême facilité. L'existence de cette membrane devient cependant évidente, au moment de la rupture d'un ovule, par la manière dont la matière contenue s'écoule au dehors et sou- vent par le cercle que cette matière dessine en s'accumulant autour de la membrane affaissée et plus ou moins vide. La substance propre de l'œuf (le vitellus) est composée de granula- tions moléculaires extrêmement ténues, d'une teinte plus grisâtre que celle des zoospermes, et qui , après leur sortie de l'œuf, se dispersent et sont agitées d'un mouvement brownien très-prononcé. La vésicule transparente (germinative) se montre dans l'ovule comme un espace plus clair (pi. I, fig. 5, B, pi. II, fig. 1, c), assez sou- vent excentrique. Au moment de la rupture de l'ovule , elle s'échappe avec le flot du vitellus, s'allonge , s'élargit , prend des formes variées pour passer entre les divers obstacles qu'elle rencontre , jusqu'à ce que, pouvant se développer en liberté, elle reprenne sa forme nor- male. Cette vésicule est alors parfaitement ronde, transparente et limpide. Elle a six centièmes de millimètre de diamètre dans l'œuf mùr (pi. II, fig. 2). Je n'ai pu constater dans cette vésicule au- cun nucléole ou tache germinative. Plusieurs fois, ayant cru recon- naître une tache germinative , je l'ai vue disparaître par un mouve- ment du liquide qui balayait la surface de la vésicule. La dimension o07 de la vésicule germinative m'a toujours paru proportionnelle a, celle de l'ovule. Les ovules, dans une même huître, sont tous sensiblement égaux, lorsque leur développement n'a pas été troublé par des influences particulières ; c'est le cas ordinaire des huîtres récemment pêchées en mer. L'ovule non fécondé se sépare rarement intact de la capsule qui le contient; sa mollesse extrême fait que, lorsqu'il est isolé, il s'aplatit plus ou moins sur la lame de verre qui le supporte, et son volume en paraît augmenté ; son diamètre apparent est encore exagéré par la compression de la lamelle de verre que l'on place ordinairement sur le stratum pour en faciliter l'examen. Dans ces conditions, l'ovule qui a acquis tout son développement et qui est apte à être fécondé , a deux dixièmes de millimètre de diamètre. Lorsqu'il flotte dans le liquide en observation , il ne peut être exactement mesuré , mais il paraît avoir alors de 12 à 15 centièmes de millimètre. Dans la suite de ce travail, je prendrai , comme diamètre normal de l'œuf mûr, celui qu'il offre entre deux lames de verre , c'est-à-dire deux dixièmes de millimètre. § IV. — Hermaphrodisme des baitres. a. En examinant au microscope l'organe de la génération chez plusieurs huîtres, on reconnaît qu'il peut offrir trois caractères diffé- rents : 1° Il peut présenter les caractères du testicule par la présence de zoospermes; 2° d'un ovaire par la présence d'ovules; 3° d'une glange hermaphrodite par la présence simultanée d'ovules et de zoo- spermes. Ces résultats , auxquels nous avaient conduit nos premiers travaux (voir Comptes rendus de la société de Biologie, tome I» 18/i9, page 98), ne pouvaient être la véritable expression de la condi- tion sexuelle des huîtres. La séparation des sexes était-elle la loi? L'hermaphrodisme devait être une exception, une anomalie, ou réci- proquement ; or, de quelque côté qu'on eût cherché l'état normal , l'anomalie devenait par trop fréquente. Admettre que les huîtres sont indifféremment hermaphrodites ou à sexes séparés, c'était admettre une condition encore inconnue dans le règne animal. Ces considéra- tions nous portèrent à penser que les diverses apparences qu'avait offertes à notre examen l'oi'gane reproducteur des huîtres n'étaient o08 que des phases de l'état le plus compliqué, de riiermaphrodisme; mais quelles sont les conditions suivant lesquelles se produisent ces phases dans l'organe sexuel de ces mollusques ? b. Vivement désireux d'arriver à la solution de cette question , j'en- trepris de nouvelles recherches sur un grand nombre d'huîtres de l'espèce connue vulgairement sous le nom de pied-dc-chcval {ostrea hippopiis) qui, par le grand développement de leurs organes, m'of- fraient les meilleures conditions pour arriver à la détermination cher- chée. En outre, ces huîtres étant pêchées dans la rade du Havre au fur et ù, mesure de mes besoins, n'avaient subi aucune influence qui eût pu altérer le développement normal de leur appareil reproducteur. Je reconnus chez ces mollusques, tantôt l'un, tantôt l'autre des trois états que nous avons signalés, et, comme dans nos précédentes recherches, ceux qui ne contenaient que des zoospermes furent un peu plus nombreux que ceux qui contenaient à la fois des zoospermes et des ovules ; les huîtres qui ne contenaient que des ovules furent relativement très-rares. Après de longues et minutieuses études pour arriver ù la connais- sance des conditions de ces variations de l'organe sexuel, la question me parut plus obscure que jamais. c. Enfin, cependant, ayant remarqué que dans les cas ou les zoo- spermes étaient difficiles ou impossibles à constater les ovules étaient toujours au contraire très-apparents et d'un volume considérable , je fus mis sur la voie de la découverte de ces conditions, car, s'il existe des huîtres femelles, on doit trouver chez elles des ovules aux divers degrés de développement. Conduit de la sorte à comparer entre eux les nombreux desseins que j'avais faits des éléments de l'organe repro- ducteur, je trouvai que les ovules, chez toutes les huîtres qui n'avaient offert que Vêlement femelle , étaient de même volume que des ovules qui portaient les signes d'une fécondation récente. Il devenait donc probable que l'absence, dans ces cas, de l'un des éléments d'une glande hermaphrodite, des zoospermes, tenait, non à ce que ces ani- malcules n'avaient point existé avec les ovules, mais ù ce que, la fécondation étant accomplie et leur rôle terminé, ils avaient disparu à l'époque où l'on en faisait la recherche. D'un autre côté , je recon- nus encore que les ovules que j'avais rencontrés avec des masses de zoospermes avaient tous un volume moindre qu'un ceuf fécondé ou arrivé ù maturité. Par lîi se trouvait établi ce fait que l'apparence femelle ou l'ap- parence liennaphrodite tient à la période du développement à laquelle on observe l'organe de la génération chez l'huître ; dès lors il ne pou- vait exister de doute sur la signification de l'apparence mâle : elle tenait évidemment à l'apparition précoce des zoospermes. Quoique ces conclusions s'accordassent parfaitement avec toutes mes recherches antérieures et quoiqu'elles rendissent parfaitement raison des diverses apparences observées dans l'organe sexuel de l'huître , je voulus cependant la vérifier par de nouvelles études. J'exa- minai de nouveau l'organe sexuel d'un grand nombre d'huîtres et les résultats furent entièrement conformes à ceux que j'avais obtenus jus- que-là. Toutes les fois que je rencontrai des ovules sans zoospermes ou des ovules avec des zoospermes déjà plus ou moins désagrégés , ces ovules n'avaient jamais moins de deux dixièmes de millimètre de diamètre, dimension de leur maturité. Toutes les fois que je rencontrai des ovules qui avaient moins de deux dixièmes de millimètre, il existait en même temps des zoospermes agrèges (pi. I, fig. 5,c, r). Ainsi donc les conditions , en apparence contradictoires, que l'on retrouve dans l'organe sexuel de l'huître, tiennent aux diverses phases du développement des éléments d'un organe hermaphrodite. Ces con- ditions se manifestent dans l'ordre suivant ; 1° Les zoospermes deviennent apparents avant les ovules dans la glande sexuelle (apparence mâle) . 2° Les ovules paraissent ensuite , et jusqu'à leur maturité ils s'y rencontrent toujours avec des zoospermes réunis par masses (appa- rence hermaphrodite). 3° Lorsque les ovules ont acquis tout leur développement , les zoo- spermes se désagrègent (opèrent la fécondation), puis disparaissent. A cette époque, on ne trouve plus que des ovules dans la glande sexuelle (apparence femelle). d. Les zoospermes apparaissent plus tôt que les ovules; mais on ne peut admettre que ceux-ci n'existaient pas dans tous les cas où Ton n'en a point reconnu; car, bien que ces corps parvenus à un certain diamètre, deux centièmes de millimètre par exemple , soient faciles à reconnaître à leur vésicule transparente entourée d'un vitellus opaque, il n'en est pas de même lorsqu'ils n'ont que le tiers ou la moitié de ce « 310 diamètre. Alors le vitellus n'est pas apparent, la vésicule gerrainative ne forme point un caractère distinctif, et l'œuf, réduit à cette vésicule ou n'étant encore qu'une petite sphère transparente, ne se distingue point de la cellule qui le renferme. Les masses de zoospermes, au contraire, se décèlent de très-bonne heure par l'auréole de leurs fila- ments agités et peuvent donner, dans ce cas, à l'appareil sexuel le ca- ractère d'un organe mâle. e. Avant l'époque de l'apparition des ovules et jusqu'à celle où ils atteignent deux dixièmes de millimètre de diamètre, les zoospermes sont toujours réunis par masses. Ces masses de zoospermes sont assez variables, quant à leur volume, dans une même huître; néanmoins, il est facile de s'assurer qu'elles prennent un accroissement propor- tionnel à celui des ovules. Lorsque ceux-ci sont arrivés à leur matu- rité, les masses de zoospermes ont aussi acquis leur plus grand dé- veloppement. A cette époque, on les trouve se désagrégeant ou complètement désagrégés; dans d'autres cas ils ont disparu , et Ton conçoit qu'il en doive être ainsi lorsque la fécondation étant opérée , le rôle de ces particules animées est fini. /. Alors les œufs ne tardent pas à quitter la glande sexuelle ; car ceux qu'on examine immédiatement après la ponte ne présentent encore que les premiers phénomènes qui suivent la fécondation : le temps que passent les ovules dans l'organe sexuel après la fécondation étant sans doute très-court, la période qui y correspond doit être rarement observée. En efl"et, dans les recherches que j'ait faites avec M. Chaussât, sur trois cents huîtres examinées, nous n'en trouvâmes que deux femelles, et dans mes dernières recherches , la proportion n'a pas été beaucoup plus forte. Ainsi , l'apparition tardive des ovules donne à certaines huîtres l'apparence de mâles ; la disparition des zoospermes a une époque dé- terminée donne à d'autres l'apparence de femelles, ce qui explique îes résultats contradictoires auxquels sont arrivés difi"érents obser- vateurs. g. A ces causes d'erreur, il faut en ajouter d'autres inhérentes à la difliculté même de la constatation des éléments de la glande sexuelle. Pour les zoospermes, s'il est facile de les reconnaître, même à un faible grossissement, lorsqu'ils sont réunis en masses, il est très- difficile, au contraire, de les distinguer lorsqu'ils sont isolés ; leurs mouvements ont trop de rapport avec le mouvement brownien qui 311 agite de même les granules moléculaires du vitellus, pour qu'il puisse servir de caractère distinctif, et leur filament est d'une ténuité telle qu'il échappe souvent aux plus forts grossissements. Pour les ovules, leur mollesse extrême, leur diffluence, ne les pré- sente presque toujours au microscope que brisés et méconnaissables. Il faut ajouter à cela que les groupes de zoospermes s'échappant avec une extrême facilité des loges qui les contiennent et que le contraire arrivant aux œufs, si Ton place sur le porte-objet une parcelle de l'organe reproducteur, les ovules restés dans la masse opaque ne sont pas perceptibles, tandis que les agrégats de zoospermes, nageant dans le liquide plus transparent qui entoure cette masse, se reconnaissent rout d'abord à l'auréole qui les caractérise. Il est facile alors de croire que l'on a affaire à une huître mâle. Il est vrai que si la fragilité de la membrane propre de l'ovule rend souvent la recherche de ce corps très-difficile , la résistance de celle de la vésicule transparente m'a souvent aussi donné la certitude de l'existence d'ovules qu'avec quel- que persistance et des précautions convenables , je finissais par con- stater. Cette résistance de la vésicule germinative fait que ces vési- cules, en général arrondies ou plus ou moins déformées par la pression des corps voisins, se retrouvent nageant comme des globules graisseux dans le stratum en observation (pi. I, fig. 5, d. d.). Le peu de réfrin- gence de leur circonférence, l'uniformité de leur volume, ne permet- traient pas de les confondre avec des globules de graisse. h. Dans la recherche des éléments de la glande reproductrice , je procède de la manière suivante : Je place sur le porte-objet une par- celle de l'organe étendue d'eau de mer ou d'eau salée, et je cherche avec un grossissement de 350 fois à déterminer la présence des zoospermes ; ceux-ci une fois constatés , je place de nouveau sur le porte-objet une couche assez épaisse de la même matière que j'ai préalablement étalée avec beaucoup de précautions, de manière à briser le moins possible les ovules qui pourraient y être contenus , et j'en fais la recherche avec un faible grossissement. Souvent alors , si je n'aperçois point d'ovules bien caractérisés, les vésicules germina- tives intactes me donnent la certitude qu'il en existe, et j'en poursuis la recherche. Cette manière de constater la présence des zoospermes ou des œufs est suffisante dans un grand nombre de cas. Lorsque les ovules sont très-petits, il est, en général, plus facile de les reconnaître en plaçant 312 sous le compresseur une petite portion du tissu de l'organe; si Ton pratique alors une compression lente et graduée, il arrive un moment où ron voit les ovules se crever dans leur loge et laisser échapper leur vésicule germinative avec le vitellus. On retrouve ensuite dans le li- quide sorti par la compression quelques ovules intacts parmi de nom- breuses masses de zoospermes. Lorsque les ovules sont arrivés à maturité, leur constatation n'offre plus de difficultés; mais celle des zoospermes est devenue difficile, car leurs masses se sont plus ou moins désagrégées. Alors, en examinant successivement avec uu faible grossissement ( 125 fois environ) ; afin d'avoir un champ plus étendu , des parcelles de substances prises dans différents points de l'organe sexuel et ren> dues moins opaques par l'addition d'eau [salée, j'ai pu parfois re- connaître quelques masses de zoospermes, non encore désagrégées dont je constatai ensuite mieux la nature en substituant à l'objectif faible un objectif plus fort. Lorsque je ne rencontrai plus aucun agrégat de zoospermes, en colorant la matière avec de la teinture aqueuse d'iode et en dirigeant le miroir refléteur sur un nuage blanc, il m'a encore été quelquefois possible de déterminer la présence de ces animalcules parmi des ovules arrivés au terme de leur accroissement. /. J'ajouterai que ces recherches ne peuvent être convenablement faites que sur des huîtres récemment péchées en mer, celles que l'on conserve dans des parcs n'offrant souvent à l'observateur que des éléments avortés. j. L'étude de l'organe de la génération et de l'évolution de ses élé- ments ne peut laisser de doute sur sa nature; c'est évidement un organe hermaphrodite, une glande ovo-spermagène. K. D'autres considérations, déduites de faits étrangers à cette glande, mènent aux mêmes conclusions. En effet, si l'huître avait les sexes séparés, la liqueur séminale devrait se manifester quelquefois au dehors de l'organe qui la produit, ou bien les ovules devraient se trouver quelquefois après leur expulsion de l'ovaire, sans les signes d'une fécondation préalable ; or quoique mes recherches se soit éten- dues sur au moins un millier d'huîtres, jamais je n'ai trouvé hors de la glande ovospermagène la semence fécondante ou les ovules non fécondés. Ce n'est que dans les cas où , l'huître ayant été ouverte sans précautions suffisantes, l'organe sexuel est déchiré, que l'on retrouve au dehors des zoospermes dont l'origine est facile à reconnaître. 313 Enfin, lorsque après la ponte il y a en incubation dans le manteau li'une huître des myriades d'œufs , qui assurément ont été produits par elle , en examinant au microscope l'organe sexuel de cette huître, on y constate fréquemment, comme nous le verrons ci-après (v. § VI), la présence de zoospermes réunis par masses reconnaissables à l'au- réole de leurs filaments et aux mouvements qui les caractérisent. § T. — Disposition des éléments dans i^organe reproducteur. L'organe de la génération chez l'huître fournissant à la fois les ovules et les zoospermes, il était intéressant de rechercher comment ces deux éléments s'y trouvent répartis. Les tissus ovarien et testicu- laire sont ils également disséminés dans toute sa masse ou en occu- pent-ils des portions distinctes ? L'inspection extérieure ne peut faire reconnaître entre les diverses parties de l'organe aucune différence de conformation ou de couleur par lesquelles se manifesterait la sépara- tion des éléments. La coloration de la glande sexuelle n'est cependant pas invariable ; elle diffère suivant qu'on l'examine avant qu'on puisse y constater au microscope l'existence des ovules ou après leur appari- tion. Dans le premier cas elle a unecouleur grisâtre, un aspect corné, tandis que dans le second elle est blanchâtre et d'un aspect grenu; mais cette différence dans l'apparence de l'organe, se manifestant dans toute sa masse également , peut faire présumer seulement que les éléments ovarien et testiculaire ysont partout également répartis. Je cherchai à reconnaître leur disposition en soumettant au micro- scope des parcelles de tissu prises en un grand nombre de points diffé- rents dans la glande ovospermagène d'huîtres qui m'avaient offert des œufs et des zoospermes, et je constatai dans tous les points la présence des deux éléments. Je constatai en outre que les masses de zoospermes se trouvent rassemblées par petits groupes (pi. I, fig. 5, c, c). Mais ce procédé ne me fournit aucune autre indication sur la disposition respective des éléments sexuels. La facilité extrême avec laquelle les masses de zoospermes s'échappent de leurs loges et l'extrême diffluence des ovules opposent à ce genre de recherches des obstacles insur- montables ; car quelque soin que l'on prenne pour placer sous l'objec- tif une parcelle intacte du tissu de la glande reproductrice, si cette parcelle est mince, les zoospermes se retrouvent dans le liquide am- TOME IV. 23 314 biantet les ovules sont pour la plupart déchirés et méconnaissables; si cette parcelle est assez épaisse pour conserver intacts les éléments , l'opacité de la masse n'y laisse rien découvrir. Pour obvier à ces inconvénients , je choisis des huîtres chez les- quelles j'avais constaté l'existence simultanée d'ovules et de zoosper- mes à divers degrés de développement, je séparai avec précaution- des autres organes la glande ovospermagène que je soumis à une des- siccation assez rapide. J'espérais , en enlevant de l'organe desséché des tranches très-minces, pouvoir distinguer au moins la distribution respective des ovules et des zoospermes. Ces tranches , placées entre deux lamelles de verre et humectées avec de l'eau, qui leur rendait jus- qu'à un certain point leur volume et leur apparence primitives, per- mettaient de distinguer quelquefois les éléments qui les composaient , d^une manière assez satisfaisante. En variant ces préparations , en le» traitant par divers réactifs , j'obtins souvent de très-bons résultats ; mais la teinture aqueuse d'iode, colorant les ovules plus fortement que les masses de zoospermes, m'a donné les résultats les plus nets. J'ai reconnu ainsi que la glande ovospermagène est formée d'aréoles ou loges irrégulières (pi. I, fig. 6), dont les unes restent vides et les autres renferment les œufs ou les zoospermes : je n'ai point reconnu de diffé- rence entre les tissus qui contiennent l'un ou l'autre de ces éléments. En général, les masses de zoospermes se trouvent réunies en nombre indéterminé, et les ovules sont disposés à l'en tour d'une manière assez régulière (pi. 1, fig. 7) ; quelquefois on les voit former des cercles très- réguliers. Les groupes d'ovules et de zoospermes sont circonscrits par les aréoles vides qui les isolent et leur donnent l'aspect d'îlots plus ou moins bien limités, plus ou moins rapprochés. L'espace occupé par ces aréoles vides m'a paru d'autant plus considérable qu'on les observe à une époque plus éloignée de la maturité des ovules. Sur la surface d'une coupe de la glande ovospermagène, dans l'espace d'un milli- mètre carré (pi. I, fig. 7), j'ai compté de huit à douze de ces îlots et plus, ce qui dépend en partie du plus ou moins de développement des éléments. En voyant sur une coupe les groupes de zoospermes et d'ovules sé- parés et bien circonscrits, on serait disposé à penser que ces groupes forment de petites masses entièrement isolées. L'étude de la glande ovospermagène m'a démontré qu'il n'en est point ainsi. Toutes les loges qui contiennent les éléments de la génération sont contiguës 315 les unes aux autres, en séries qui représentent des ramifications dans lesquelles ces éléments sont disposés concentriquement , les zoosper- mes formant la couche interne et les ovules la couche externe ou en- veloppante. Une coupe qui divise ces ramifications donne des figures arrondies, ovalaires ou alongées, suivant que la coupe a rencontré ces i*amifications, perpendiculairement, obliquement ou longitudinale- ment. Cette disposition des éléments de la glande ovospermagène est très-apparente à la simple vue sur certaines huîtres, chez lesquelles l'organe sexuel commence à se développer (pi. I, fig. l,a). La surface de cet organe offre alors des dessins semblables à ceux d'une agate ârborisée. Dans un développement plus avancé, les ramifications, de plus en plus déliées, apparaissent comme les nervures de la face infé- rieure d'une feuille d'une plante dicotylédonée , nervures dont les dernières ramifications forment un réseau qui finit par se confondre avec le parenchyme. La glande ovospermagène, chez quelques huîtres, Conséi^ve cette apparence arborisée, même jusqu'au terme de la matu- rité des ovules. Les ramifications principales aboutissent à la partie inférieure de l'organe (pi. T , fig. 2, A) dans la portion qui se prolonge sur Tanse intestinale au devant du muscle adducteur des valves. Lorsque les ovules sont fécondés , il m'a paru qu'ils abondonnent la glande sexuelle en suivant les canaux que leur offrent ces ramifications Successivement vidées. § TI. — Développement de l'organe reproducteur. La glande reproductrice se développe de très-bonne heure chez les huîtres. J'ai tout lieu de penser qu'elle paraît au bout de quelques moiis, chez celles qui sont nées au printemps; mais c'est l'élément mâle seul qui se manifeste alors. Ayant examiné souvent de très- petites huîtres que je trouvais attachées sur d'autres, j'ai fréquem- ment rencontré des zoospermes, chez des individus dont la coquille avait moins de deux centimètres dans son plus grand diamètre. Au mois de septembre dernier, ayant ouvert une de ces petites huîtres dont le corps avait huit millimètres de diamètre, et qui était certaine- ment née dans l'année même (je ne puis donner la dimension de la co- quille dont la circonférence était brisée), je constatai dans une couche blanchâtre qui entourait le foie de nombreuses masses de zoospermes, 316 reconnaissables à l'auréole de leurs filaments, à leurs mouvements et à leur mode de désagrégation. Aucun autre élément ne pouvait faire supposer Texistence d'ovules ou de vésicules germinatives. Je n'ai jamais trouvé d'ovules que chez des huîtres déjà parvenues à la di- mension où elles deviennent marchandes. Cette observation s'accorde avec la remarque d'un écaillier du Havre, qui fait un grand commerce d'huîtres, et qui me dit que parmi les huîtres qu'il débite, les plus petites sont très-rarement laiteuses (en état de frai). Ces faits tendraient donc à prouver que l'élément mâle se forme avant l'élément femelle ; l'examen de la glande ovospermagène des huîtres après la ponte donne les mêmes résultats. Alors, en effet, les zoospermes ne tardent pas à se reproduire dans cet organe, et l'on peut s'assurer qu'ils se forment ou qu'ils sont reconnaissables bien avant les ovules ; or, comme on retrouve à cette époque, entre les lobes du manteau, des œufs ou des embryons à des degrés divers de développement (voir T partie), on peut suivre, pour ainsi dire pas à pas la marche du développement des zoospermes , en prenant pour échelle celui des œufs qui se trouvent en incubation dans le manteau de l'huître dont on examine l'organe sexuel. Immédiatement après la ponte, ou lorsque les œufs pondus n'ont encore subi que les pre- mières phases du fractionnement , on ne rencontre dans la glande ovospermagène ni zoospermes ni ovules en voie de formation. En général , des cellules spennatogènes se montrent dans cette glande, lorsque les ovules contenus dans le manteau commencent à être pourvus de cils vibratiles. Ces cellules, petites d'abord et très-pâles, apparaissent bientôt plus grandes et mienx caractérisées; en même temps on trouve quelques masses de zoospermes très-pâles et à mouvements très-lents. Lorsque les embryons contenus dans la cavité incubatrice ont un appareil de natation distinct, la glande ovosper- magène contient toujours des cellules spermatogènes et des masses de zoospermes bien caractérisés. Enfin, à l'époque ou les embryons sont rejetés du manteau de l'huître mère, les masses de zoospermes sont nombreuses, bien développées, et ont acquis des mouvements très-vifs. Une seule fois j'ai trouvé à cette époque dans la glande re- productrice des ovules déjà distincts. Il résulte donc de tous ces faits que, soit lors de l'apparition de l'organe sexuel, soit dans ses développements ultérieurs, l'élément mâle se reconnaît avant l'élément femelle, et très-probablement il .«»e 317 développe le premier. Ce résultat offre ceci de particulier, que, pour les animaux supérieurs au moins, l'ovule pai'aît bien avant les zoo- spermes. § "VU.— Inflaenccs extérieures» ur le développement de l'organe de la génération. Les circonstances extérieures ont une influence remarquable sur le développement de l'organe reproducteur: une pratique suivie dans les parcs aux huîtres, rend ce fait très-évident. L'huître laiteuse étant moins bonne et souvent tout à fait mauvaise, les propriétaires de parcs s'attachent à empêcher leurs huîtres de frayer ; ils y parviennent par les moyens suivants : chaque jour, après le coucher du soleil, on retire les huîtres sur les bords des bassins, et on les laisse exposées hors de l'eau pendant toute la nuit; le matin, on les y repousse. Les parcs ainsi gouvernés donnent une proportion d'huîtres laiteuses infiniment moindre que ceux où elles ne reçoivent pas ces soins. L'examen de la glande reproductrice de ces huîtres montre très- souvent des différences notables entre leurs ovules et ceux d'huîtres récemment pêchées en mer. Dans celles-ci, les ovules se trouvent tous, en général, au même degré de développement et offrent les ca- ractères que nous avons exposés ailleurs (§ III); dans l'huître de parc, les œufs diffèrent des précédents sous le rapport de leur apparence et sous celui de leur volume respectif; ils sont fréquemment plus opaques, de sorte que la vésicule germinative n'est pas apparente; en outre, leur membrane d'enveloppe a plus de consistance, d'où résulte moins de tendance à se déformer et à, se rompre ; mais c'est surtout par les variations de leur volume que ces œufs sont remar- quables. On les trouve souvent à des degrés très-divers de développe- ment dans les mêmes points de la glande ovospermagène. Lorsque Ton a sous les yeux ces ovules d'un volume si variable, on les prendrait pour des fragments détachés d'œufs fractionnés. Il est évident que ces corps ont subi un arrêt plus ou moins complet dans leur dévelop- pement, d'où est résulté quelque changement dans leur constitution . L'élément testiculaire ne m'a pas paru participer de l'avortement qui est si apparent sur l'élément ovarien. Je n'ai rien remarqué^dans les masses de zoospermes qui eût quelque^; r;ipports avec ces anoma- ;ji8 lies des ovules; il est vrai qu'il eût été sans doute plus difficile (Je les Fcconnaître. Si l'on se demande quelle est l'influence particulière qui produit ce^ changements dans l'organe sexuel, on pourra la chercher soit dans le trouble produit dans 1 économie de l'huître, soit dans la privation périodique de nourriture, soit dans les variations de température auxquelles se trouve exposé ce mollusque; c'est cette dernière in - fluence, croyons-nous, qui est ici agissante. En effet, la température de la mer (prise sur les côtes de Normandie, à quelque distance du Fivage) dans les mois de Juillet et d'août, varie entre 17,5 et 20 degrés centigrades. La chaleur de l'eau des parcs est souvent plus élevée ; c'est donc par une chaleur de 47 à 20 degrés que les huîtres frayent; or l'on sait que la température des objets exposés à la surface du sol pendant les belles nuits d'été descend souvent bien au-dessous de 10 degrés centigrades. On peut donc regarder les alternatives de froid et de chaleur auxquelles sont soumises les huîtres ainsi traitées comme la cause des variations que l'on remarque dans les produits de l'orgape reproducteur. Quoi qu'il en soit, c'est un fait digne de remarque que Tavortement plus ou moins complet des ovules de Hiuître des parcs. Saus vouloir établir de comparaison, je rappellerai cependant que certains ani- maux, élevés en domesticité ou placés dans des conditions particu- lières, cessent de se reproduire. N'est-il pas à présumer que ce fait tient à des conditions organiques plus ou moins analogues à celles dont il vient d'être question ? § YIII. — Berniapbrodisnic de rhuître comparé avec celui d'autres animaux. Je crois avoir établi que l'huître est hermaphrodite. Les contradic- tions des naturalistes sur cette question m'ont engagé à entrer dans des développements plus longs que ne semblerait devoir le comporter le sujet. En signalant les causes d'erreur et les difficultés que j'ai rencontrées dans cette étude^ j'ai voulu rendre plus facile la vérifica- tion des faits que j'ai avancés. Peut-être quelques-unes des remarques consignées dans ce travail seront-elles applicables à l'étude des organes d'autres mollusques, dont la sexualité est encore aujourd'hui en discussion, ou n'a point encore été recherchée. 319 L'hermaphrodisme est l'état normal d'un grand nombre de mol- lusques ; mais chez aucun de ces animaux l'on n'a encore signalé une disposition organique, analogue à celle que j'ai reconnue chez l'huître. Ici, les cellules qui sécrètent les ovules et les zoospermes sont réparties par toute la masse de la glande sexuelle. Les zoospermes arrivés à maturité se désagrègent, se trouvent en contact avec les ovules et les fécondent. Cet acte s'accomplit sur place, dans l'intimité des tissus, et sans doute sans la participation de l'animal à qui appar- tient l'organe dans lequel se passent ces phénomènes. Chez les autres mollusques hermaphrodites, la disposition des élé- ments sexuels peut être ramenée à deux modes particuliers : 1° L'ovaire et le testicule sont confondus dans le même organe : c'est le cas d'un grand nombre de gastéropodes. Ici , quoique les ovules et les zoospermes ne soient séparés , comme chez les huîtres, que par des parois très-minces , cependant ces éléments ne sont point destinés l'un pour l'autre ; ils quittent séparément l'organe qui les a formés par des canaux distincts , et la fécondation ne s'opère que par la coopé- ration d'un autre individu. 2° L'ovaire et le testicule existent dans le même individu ; mais ils forment deux organes séparés: c'est le cas de quelques acéphales. Chez le peclcn , ces deux glandes sont juxtaposées et se distinguent l'une de l'autre par leur couleur différente. Une fois je trouvai sur un de ces mollusques , que j'examinais avec M. Rayer, une anomalie qui peut être regardée comme une transition à la fusion des éléments sexuels. La substance du testicule , outre sa masse principale , for- mait de petits îlots répandus en divers points de la masse de l'ovaire. Pour les autres classes d'animaux chez lesquels l'hermaphrodisme a été constaté , les conditions des éléments sexuels sont plus ou moins analogues à celles que l'on connaît chez les mollusques. Un seul fait a été signalé que l'on puisse rapprocher de l'hermaphrodisme de l'huître. M.deQuatrefages (Annales des sciences naturelles, 2" série, t. XVII, 1862) a reconnu chez la synapte de Duvernoy un organe dans lequel se forment les ovules et les zoospermes. « Le développement » des œufs et la sécrétion du sperme paraissent être combinés de ma- » nière que celui-ci est complètement élaboré , au moment où les pre- » miers commencent à se trouver à l'étroit dans les lacunes intertes- » ticulaires; les œufs continuant à grossir doivent nécessairement » comprimer de plus en plus le testicule et en exprimer en quelque 321) » sorte sur eux la liqueur fécondante. » Quant à la disposition anato- Dilque de l'organe , elle diffère beaucoup de celle de la glande ovo- spermagène de l'huître. J'observerai encore que chez ce mollusque l'œuf n'est fécondé que lorsqu'il a atteint tout son développement, tandis que dans la synapte l'ovule continuerait à s'accroître après la fécondation. Ainsi , jusqu'aujourd'hui , l'on ne connaît point chez les mollusques de conditions organiques semblables à celles de l'appareil sexuel de l'huître , et dans tout le règne animal un seul exemple a été signalé qui puisse en être rapproché. DEUXIÈME PARTIE. ÉVOLUTION DES CffiUFS. — PROPAGATION DES HOÎTRES.^ §1. — Incubation. Lorsque lliuître effectue sa ponte, elle n'abandonne point ses œufs comme le font un grand nombre d'animaux marins; elle les retient, au contraire, et les garde en incubation, jusqu'à ce qu'ils aient acquis un certain degré d'organisation. Ce n'est point comme chez les moules, les anondontes, etc., dans des poches particulières, véritables matrices , que les ovules séjournent et se développent à l'insu de l'a- nimal qui les porte, l'huître conserve instinctivement ses œufs entre les lobes de son manteau ( pi. I, fig. 1 et 2. b' b" ) que l'on trouve ordi- nairement étroitement appliqués sur leur masse. Maintenus par ces lobes , répandus entre les lames branchiales , dans leur région anté- rieure et supérieure ( fig. 2, 4 D'autres fois, toutes les sphères étant très-inégales, se trouvaient agglomérées sur un point de la périphérie d'une sphère plus volumi- neuse (fig. 9). Il serait inutile d'indiquer toutes les variétés du frac- tionnement que m'ont offertes ces ovules; les figures annexées à ce travail pourront en donner une idée (pi. II, fig. à à 16). ' Les sphères se multipliant, diminuent proportionnellement de vo- lume, mais elles gardent toujours leurs caractères primitifs, à savoir : irrégularité de leur volume respectif, existence d'une vésicule trans- parente presque constante et d'une enveloppe propre pour chaque segment (fig. IZi, B). Il ne se forme point de sphères dont l'aspect, dif- férent de celui des autres, indiquerait une différence de nature ou de destination. Par la diminution du volume et la multiplication progres- sive des segments, l'ovule se concentre davantage et reprend son as- pect sphérique primitif (fig. 12, 13, lli). Plus tard, l'ovule s'allonge un peu et devient cordiforme (fig. 15, 16) ; alors sa surface paraît comme chagrinée; si on l'écrase, on remarque que ses éléments consistent en de très-petites sphères, ou plutôt en des cellules (car la plupart ne sont plus sphériques) , qui ont presque toutes, comme les sphères primitives, un noyau transparent et un volume respectivement variable. Les premières phases du fractionnement de l'œuf de l'huître sont irrégulières. On ne voit point ici une division progressive par 2, U, 8, etc., comme on l'a signalé pour l'ovule d'un grand nombre d'ani- maux; on ne voit pas non plus, comme chez plusieurs autres chez lesquels le vitellus ne suit pas cette progression en se fractionnant , une formation des sphères secondaires, identiquement la même pour tous les ovules. Cette irrégularité dans le début du fractionnement a été signalée déjà chez quelques invertébrés. Les œufs de l'huître n'en arrivent pas moins à une phase qui paraît identique pour tous ; lors- qu'ils sont devenus cordiformes, on ne reconnaît plus entre eux au- cune différence, ainsi que dans les périodes qui suivent. Le vitellus, offrant plusieurs variétés dans la segmentation , qui n'en sont pas moins suivies de la formation d'un embryon identique pour chaque œuf, la vésicule germinative ne peut-elle offrir de même des phéno- mènes variables , sans compromettre le développement normal des phases ultérieures de l'évolution? On pourrait se rendre compte ainsi des diverses apparences offertes par la vésicule germinative de l'œuf de l'huître après la fécondation. 325 Depuis rinstant de la ponte jusqu'au moment où les ovules sont devenus cordiformes, on les trouve dans le manteau d'une même huître à des degrés plus ou moins avancés du fractionnement ; par- venus à l'état cordiforme et dans les périodes ultérieures, tous les ovules ou les embryons contenus dans une huître paraissent être au même point de leur développement. Cette différence tient sans doute à l'espace de temps nécessaire au passage d'une phase dans une autre. On sait que dans la plupart des animaux toutes les phases du fraction- nement s'accomplissent en un ou deux jours. De l'œuf fractionné en 2 k l'œuf fractionné en 8, il n'y a qu'une différence de quelques heures ; rien de plus naturel alors que de les rencontrer ensemble dans la ca- vité incubatrice. Mais, pour les autres périodes, la lenteur de l'évolu- tion, la longue durée de chaque phase n'apporte point de différence sensible entre des embryons plus jeunes ou plus âgés de quelques heures. § Tl. — Troisième période : Jusqu'à l'apparition de l'appareil cîliairc comme organe distinct. L'échancrure qui donnait à l'ovule l'apparence cordiforme s'efface, et sur deux points distincts, qui mesurent le quart de la circonférence de l'ovule, apparaissent deux ou trois cils vibratiles que l'on ne re- connaît d'abord qu'à l'agitation du liquide ambiant (pi. II, fig. 17, A, a). A l'opposé de l'un de ces groupes de cils vibratiles, un trait transpa- rent se dessine sur la circonférence de l'ovule (fig. 17, A, b) : c'est le premier indice de la charnière. En même temps les cellules paraissent s'être accumulées an centre de l'œuf, qui est plus opaque. Dans un état plus avancé, les cils vibratiles deviennent plus appa- rents, plus longs, et la portion delà circonférence qui leur est inter- posée se couvre de cils nombreux et minces (fig. 18, a, a). Cette por- tion de circonférence sera la partie antérieure de l'embryon. Le trait de la charnière (6) qui lui est opposé, et qui existe donc à la partie postérieure, sépare le reste de la circonférence en deux parties in- égales, premier indice du défaut de symétrie qui se voit chez l'animal adulte. La masse centrale opaque (c) prend un contour plus distinct et s'isole mieux des cellules périphériques, qui représentent alors une bandelette circulaire et concentrique {d}. En regard de la charnière, un espace transparent se prononce entre la masse centrale et la ban- 32 G delette périphérique (e). Disons tout de suite que cet espace transpa- rent, allongé transversalement, ne correspondra à aucun organe : c'est simplement un espace vide. A cette période, l'ovule peut déjà être regardé comme transformé en embryon. Les changements que j'aurai encore à noter jusqu'à l'apparitioû de l'appareil ciliaire, comme organe distinct, ne consistent que dans uiï développement plus complet des parties que nous avons mentionnées (pi. II, fig. 19, A, B, C, D, E). Ainsi celle qui est couverte de cils vibratiles fait plus de saillie, et augmente par conséquent le diamètre antéro- postérieur (fig. Î9, B, a); cependant elle se confond encore avec la masse commune. Les cils sont plus nombreux, plus forts, et leurs mou- vements permettent déjà à l'embryon de nager dans le liquide envi- ronnant. La charnière n'est plus la seule partie appréciable de la co- quille ; on distingue deux valves occupant toute la partie postérieure de la circonférence (fig. 19, A, C, D, E), mais laissant encore à décou- vert le tiers ou la moitié antérieure de l'embryon (D). Ces valves sont plus ou moins écartées; quelquefois leur écartement est tel qu'elles se trouvent toutes deux dans le même plan (E). Une compression trop forte les brise en fragments très-nets (E). La masse centrale se partage en deux portions (fig. 19, B), dont l'une, plus opaque, correspond probablement au foie, tandis que l'autre, dans laquelle on ne tardera pas à reconnaître des mouvements très lents d'expansion et de resser- rement, deviendra le tube digestif. Cette partie limite en avant l'es- pace vide (c), qui de la sorte augmente ou diminue, suivant l'état de contraction de l'intestin. La bandelette périphérique prend une appa- rence membraneuse ; sa circonférence extérieure offre de légères ir- régularités. Elle est appliquée aux valves, qu'elle suit dans ses diffé- rents degrés d'ouverture (fig. 19. E). Enfin elle présente déjà quel- ques caractères des bords libres du manteau, qui deviendra de plus en plus distinct. Chez ces embryons, la coquille est formée par une substance cal- caire; lors même qu'elle n'est encore indiquée que parle trait de la charnière, elle contient déjà du carbonate de chaux. On le démontre en la traitant sous le microscope par l'acide acétique ; il est vrai que si l'embryon, placé sous le microscope entre deux lamelles de verre, est plongé dans une couche d'eau assez épaisse, l'addition de l'acide acétique pourra ne pas être suivie d'un dégagement de gaz apparent, 327 l'acide carbonique dégagé se dissolvant h mesure qu'il se produit. J'aî obvié à cet inconvénient en plaçant dans une très-petite quantité d'eau un grand nombre d'embrj^ons. L'eau se sature tout de suite, et l'acide carbonique en excès se dégage en bulles nombreuses. Je suis arrivé au même résultat en laissant dessécher les embryons, et en les trai- tant ensuite par l'acide acétique concentré. Pour m'assurer que l'a- cide carbonique dégagé venait bien de la coquille, j'ai traité de la même manière des ovules qui ne présentaient pas encore le trait de la charnière, et je n'ai obtenu aucun dégagement de gaz. Nous venons de voir l'œuf transformé en un embryon dont les or- ganes sont déjà indiqués et dont la vie se manifeste par des mouve- ments, soit qu'il écarte ou rapproche ses valves, soit qu'il circule dans- le liquide ambiant ; cependant aucun organe ne se distingue encore par ses éléments propres ; si l'on écrase l'embryon , à part les cils vi- fcratiles qui semblent se dissoudre et les fragments de la coquille, toutes ses parties constituantes sont encore homogènes. La masse centrale qui va donner naissance aux viscères, la couche périphérique aux lobes du manteau et aux branchies, présentent encore des éléments identiques; ce sont des cellules semblables à celles qui composaient l'ovule à l'état cordiforme, plus petites néanmoins et variables comme celles-ci quanta leurs dimensions respectives (pi. II, fig. 17, B, C). Ainsi les sphères, puis les cellules vitellines se disposent d'une ma'^ nière particulière ; elles forment des groupes d'où naîtront ultérieii- rement et par des transitions insensibles, les divers appareils organi- ques. Il est évident que levitellusen entierse transforme en embryon; on ne voit ici aucune formation analogue au blastoderme ou au ^c vitellin. Des cellules vitellines seules et sans intermédiaire suffisent à' la formation des organes et à la constitution de l'embryon. ^ VII. — ^JiATRiÈMK PÉRIODE : Jiisqu'tt la chutc de l'appareil cillaire. Dans cette période, l'embryon prend de l'accroissement et les or- ganes deviennent plus distincts ; l'appareil ciliaire est celui qui offre les phénomènes les plus intéressants. Cet appareil proémine davan- tage en avant, son bord se dégage de la circonférence de l'embi^on avec lequel il ne semble plus former un seul corps ; c'est un lobe sé- paré, qui se reconnaît enfin comme un organe particulier, distinct du 328 manteau et des branchies (pi. Il, fig. 20, A, B). Cet organe («a), dont la base est maintenant nettement limitée par le bord de la coquille, est susceptible de très-légers mouvements d'expansion ou de contrac- tion qui ne modifient pas sensiblement sa forme. L'embryon ne peut le retirer dans sa coquille. Au moyen de cet appareil, il nage dans le liquide avec une grande rapidité, il le traverse à son gré dans tous les sens, va, vient, tourne autour de lui-même ou des obstacles qu'il ren- contre. Rien n'est plus curieux et plus intéressant que de voir, sous le microscope, ces petits mollusques parcourir la gouttelette d'eau qui les réunit en grand nombre, s'éviter mutuellement, se croiser en tout sens avec une merveilleuse rapidité , sans se heurter, sans se rencon- trer jamais. La petite huître ne se sert de cet appareil que pour nager et jamais pour marcher ou ramper, jamais, non plus, les cils qui le recouvrent ne suspendent leurs mouvements vibratoires. La base de l'appareil locomoteur se rétrécissant graduellement, cet organe de- vient de plus en plus proéminant et n'est bientôt plus attaché que par un pédicule assez mince (pi. II. fig. 21); néanmoins, il entraîne encore l'embryon à sa remorque. Enfin , ce dernier lien se brise et la petite huître tombe et reste immobile, tandis que son appareil locomoteur, vivement agité par le mouvement de ses cils, continue à circuler dans le liquide ambiant ; mais alors , organe aveugle et sans volonté direc- trice, il se jette sur tout ce qu'il rencontre, il roule sur lui-même, sur la lame de verre, jusqu'à ce que, arrêté par quelque obstacle, il ma- nifeste néanmoins longtemps encore sa vitalité par l'agitation de ses cils. L'appareil locomoteur, ainsi détaché, a la forme d'un bourrelet cir- culaire, dont le centre est percé d'une ouverture oblongue (pi. II, fig. 22, A, B). Le bourrelet est disposé en entonnoir; sa concavité donne naissance à une rangée de cils gros et longs, et son rebord en est entièrement recouvert. L'ouverture centrale de cet entonnoir, qui était placée en regard de la bouche (visible seulement lorsque cet ap- pareil est tombé), s'y adaptait vraisemblablement, et les cils naissant dans le fond de l'entonnoir ont sans doute pour fonction de diriger dans la cavité buccale les particules alimentaires. On en acquiert la conviction dans le cas où, après la chute de l'appareil ciliaire, le fond de l'entonnoir est resté en plus ou moins grande partie adhérent à l'embryon. Tant qu'il fait partie de l'embryon , l'organe ciliaire représente une 329 couronne surmontant le bord antérieur de la coquille ouverte (fig. 21); lorsque les valves sont rapprochées, cette couronne, repliée sur elle-, même (fig. 19, A), semble former deux lobes distincts. Quant aux organes internes, la portion de la masse centrale qui cor- respond à l'intestin prend la forme d'une poire, ou mieux d'une cornue (fig. 20, B. g), qui embrasserait dans sa concavité la masse plus opaque du foie. La grosse extrémité, qui est l'estomac, est située dans le côté le plus rétréci de la coquille et correspond à la partie de la cir- conférence où nous verrons plus tard paraître l'ouverture de la bouche. La petite extrémité (le col de la cornue) forme l'intestin et se dirige vers le côté le plus large de la coquille ; par les progrès du développe- ment, cette partie du tube digestif s'allonge et se replie ordinairement en une anse h visible dans l'espace vide et douée de contractions ap- préciables. La bandelette périphérique, très-rétrécie vers la charnière, forme manifestement de chaque côté des feuillets distincts surquelques- uns desquels le mouvement vibratile se prononcera aussitôt après la chute de l'appareil ciliaire. Je n'ai pu déterminer encore , à cette période , d'une manière cer- taine, la bouche, ni la fin de l'intestin, ni les autres organes, quoique j'aie cherché à les reconnaître par des observations très-multipliées et très-longues, et quoique j'aie essayé de colorer le tube intestinal par diverses matières végétales ou animales, comme on le fait pour l'étude des inf usoires. En voyant l'embryon de l'huître nager rapidement et avec sûreté dans toutes les directions, on ne peut se refuser à croire qu'il ne pos- sède le sens de la vue; car comment pourrait- il avoir la notion de tous les obstacles qu'il rencontre et qu'il évite avec tant de préci- sion ? Cependant on n'aperçoit dans ses organes aucun point coloré, aucune trace de pigment qui pourrait indiquer l'organe de la vue. Quant à l'organe auditif que l'on a signalé dans l'embryon de quelques mollusques acéphales, je n'en ai trouvé aucun indice dans celui de l'huître. On n'a point encore déterminé, que je sache, ce que deviennent les appareils ciliaires des larves des divers mollusques gastéropodes ou acéphales , chez lesquels ces organes ont été reconnus. Les observa- teurs n'ont donné sur leur mode de disparition que des conjectures. Il est très-probable que chez ces mollusques, comme chez les huîtres, l'appareil locomoteur tombe lorsque ses fonctions sont terminées. TOME IV, 2/( 330 Je n'ai pu savoir quel est le temps que l'embryon passe en incuba- tion dans le manteau maternel; j'ai tout lieu de croire, cependant, qu'il est de plus d'un mois. L'huître rejette ses embryons avant le moment où ils perdent leur appareil de natation. Le raisonnement indique qu'il en doit être ainsi ; le fait suivant en est la confirmation. Je n'ai observé d'embryons en train de perdre leur appareil que dans des huîtres conservées depuis plusieurs jours en bourriche, où leurs valves étaient maintenues forcément fermées. Pour des larves parve- nues à une période plus avancée, on comprend qu'il soit beaucoup plus rare d'en rencontrer dans le manteau de l'huître; j'en ai trouvé, cependant, deux fois sur des huîtres pêchées depuis une huitaine de jours; presque tous ces embryons étaient morts; néanmoins j'ai pu en observer plusieurs encore vivants et sur lesquels je vais donner quelques détails. § YIII. — Ci!VQiiiÈMK PKnioDE : Cbangenicnts qui suivent la chute de l'appareil ciliairc. Après la chute de l'appareil de natation , les petites huîtres offrent dans leur circonférence un défaut de symétrie qui s'est manifesté dès l'apparition du trait de la charnière, et qui est l'un des caractères de l'animal adulte ; mais elles en diffèrent sous plusieurs rapports : ainsi, les deux valves sont égales (pi. II, fig. 2Zi, C); elles offrent toutes les deux une convexité semblable qui donne à la coquille une forme sub- globuleuse ; la bouche, qui est devenue visible (fig. 2/i, A, B, a), n'est point encore située sous la charnière c, elle se voit à l'opposé, au point où était fixé l'appareil ciliaire. Enfin , l'examen des diverses parties reconnaissables à travers les valves démontre que les organes diffèrent encore beaucoup de ceux de lanimal adulte, tant dans leur forme que dans leur situation respective. La bouche a est pourvue de lobes plus ou moins aigus qui se rap- prochent ou s'écartent, et dans lesquels on ne peut méconnaître les lèvres; un pinceau de cirrhes b part de leur intervalle, naissant sur ces lèvres mêmes ou dans la cavité qu'elles circonscrivent. Ces cirrhes,. très-longs, proéminent hors de la coquille; ils s'agitent vivement: leurs mouvements sont très-rapides lorsque les lèvres s'entr'ouvrent (fig. 2Z|, A) ; ils diminuent au contraire considérablement lorsqu'elles se rapprochent (fig. 2Zi, B). L'agitation des cirrhes dirige vers l'ouverture 331 de la bouche un courant (fig. 24, A) qui, évidemment, a pour efl'et de précipiter les particules nutritives dans cette cavité. Toutes les petites huîtres que j'ai observées à cette période n'étaient pas munies de ces cirrhes, et je n'ai pu déterminer s'ils appartiennent à l'appareil ci- lialre , dont la base chez quelques-unes serait restée adhérente après la chute du bourrelet extérieur, ou s'ils sont de nouvelle formation. Le grand développementdes larves chez lesquelles je les ai rencontrées, me ferait pencher vers cette dernière opinion. La vie, qui ne se manifeste que par des mouvements très-obscurs dans les organes internes de l'embryon pendant l'existence de l'appareil ciliaire semble s'éveiller avec énergie dès que cet organe a disparu. La partie rétrécie de la bandelette circulaire située entre la charnière et l'espace vide, celle qui circonscrit la masse de l'intestin et du foie, ne tardent pas à montrer à leur surface un mouvement vibratile très- prononcé (pi. II, fig. 23). Ce mouvement vibratile annonce une fonction nouvelle ; il est évidemment en rapport avec la respiration et détermine l'existence des branchies. En même temps ou un peu plus tard, on observe sous la cavilr buccale un organe très-petit, transparent, piriforme, qui. par ses battements accélérés, ne peut être méconnu (fig. 2Zi, A,B, d): c'est le cœur. Ses mouvements de systole et de diastole se succèdent rapide- ment et sans interruption. J'ai compté jusqu'à 110 battements par minute, différence très-remarquable, si on les compare avec les mou- vements du cœur de l'huître adulte dont les battements ne sont guère de plus de 10 dans le même espace de temps. Ainsi, dès que se manifeste la respiration par les mouvements vibra- tiles des branchies, la circulation se manifeste par les mouvements du cœur ; cet organe est tellement apparent , tellement distinct dans la période qui nous occupe, qu'on ne peut supposer que son existence a été méconnue dans les périodes antérieures ; s'il existait, il est cer- tain qu'il n'accomplissait point encore les fonctions qui lui sont dévo- lues. Certes, l'apparition si tardive dans l'huître d'un organe qui, dans les animaux vertébrés , précède presque tous les autres , a lieu d'é- tonner ; mais ce fait, si singulier qu'il soit, ne peut être révoqué en doute. Il n'est d'ailleurs point particulier à l'huître ; les observateurs qui se sont occupés de l'embryogénie des mollusques, ont signalé Tapparition tardive du cœur chez plusieurs genres de ces animaux. M. Vogt (Annales des sciences nat., 3* série, t. VI, 18A6), à propos du 332 développement de l'actéon, a porté son attention d'une manière toute particulière sur ce point, et il va même jusqu'à penser qu'avec l'ab- sence du cœur, il y a absence de circulation chez l'embryon de ce mollusque. Quant à la fonction de la respiration que M. Vogt dénie également aux appareils de natation des larves des mollusques, nous ne saurions être de son avis. Les phénomènes que nous avons observés dans l'em- bryon de l'huître prouvent bien clairement que les appareils de loco- motion servent en même temps à la respiration : en eflfet, l'absence de mouvements ciliaires à la surface des branchies , avant la chute de l'appareil de natation, indique que ces organes ne respiraient pas encore ; or quel était, à cette époque , l'organe chargé de cette fonc- tion ? Évidemment, celui dont la disparition coïncide avec le dévelop- pement fonctionnel des branchies, c'est-à-dire l'appareil ciliaire. C'est ainsi que le poumon entre en fonction chez beaucoup de batraciens, au moment où se flétrissent les branchies du têtard, chez les oiseaux, au moment ou l'allantoïde s'atrophie, etc. L'examen des phénomènes que nous avons exposés démontrent donc que l'appareil ciliaire est un organe beaucoup plus complexe qu'il ne le paraît au premier abord. Il dirige les particules alimentaires dans la cavité buccale, il absorbe l'oxygène dissous dans le liquide ambiant, il obéit à la volonté de l'embryon et l'entraîne rapidement à sa suite. Appareil de préhension, de respiration, de locomotion, sa chute dé- termine dans l'état de l'embryon des changements en rapport avec ces trois fonctions; on voit apparaître alors des lèvres et des cirrhes pour saisir les aliments , des branchies pour respirer, mais aucun or- gane ne vient accomplir la troisième fonction, et l'huître, privée de son appareil vibratile, est condamnée pour toujours à l'immobilité. § 11^. — Développement ultérieur. Accroissement. Je n'ai point observé le développement ultérieur de l'embryon de l'huître. Pour arriver à l'état parfait,'il doit évidemment subir encore dans son organisation quelques changements , dont l'étude ne tarde- rait pas sans doute à devenir fort difficile ou même impossible à cause de l'opacité de la coquille. M. Laurent (communication à la Société de biologie, 1852), ayant examiné de petites huîtres qui avaient moins d'un millimètre de diamètre, fit la remarque que les valves dif- 333 feraient de celles de Taninial adulte, en ce qu'elles étaient toutes les deux semblables. Sous le rapport de raccroissement de l'huître, on n'a point de don- nées bien positives. Il paraîtrait que la croissance de ce mollusque est très-rapide dans les premiers jours qui suivent sa sortie de la cavité incubatrice ; mais elle serait ensuite fort variable, suivant les circon- stances dans lesquelles l'huître se trouverait placée. M. Dureau de la Malle (Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XXXIV, p. 596, 1852) rapporte que des huîtres qui, sur le banc d'Yellette, acquièrent en cinq ans leur entière croissance, c'est-à-dire 9 centimètres de dia- mètre, ont acquis cette taille moyenne en un an et demi dans la baie de Cancale. § X.. — Fécondité des tauttres. Causes de destruction. A peine sorties de la coquille maternelle, les petites huîtres sont assaillies par de nombreux ennemis. Avant qu'elles n'aient touché le sol , alors que, par leur agglomération, elles forment une bouillie lai- teuse en suspension dans l'eau de la mer, elles deviennent la proie de myriades de poissons, de mollusques, de crustacés, etc., qui en dé- truisent des quantités innombrables; celles qui échappent à la pour- suite de tous ces ennemis , en rencontrent de nouveaux et plus nom- breux encore sur les pierres, sur les coquilles, sur les plantes où elles doivent se fixer. Tous ces corps, en effet , la coquille maternelle même qui les protégeait, sont recouverts de serpules, de balanes, etc., etc., de polypes sans nombre , superposés les uns aux autres et dont les cirrhes toujours agités, dont les tentacules toujours tendus, saisissent et engloutissent ces embryons, lorsqu'ils arrivent à leur portée ; enfin, lorsque les petites huîtres se sont fixées et que leurs valves ont acquis une consistance capable de les protéger contre ces ennemis , il en est d'autres, comme les astéries, les crabes, etc., qui les surprennent dans leur coquille entr'ouverte et les dévorent. Certes, toutes les causes de destruction auxquelles sont exposés ces mollusques ne tarderaient pas à faire disparaître l'espèce, si elle n'avait pour se défendre une merveilleuse fécondité. Leeuwenhoek avait été frappé de l'immense quantité d'œufs que peut produire une haître, et il en parle en plusieurs endroits avec admiration. Les embryons d'une huître qu'il montra à ses amis (ouvr. '.m cité, lettre 103) furent estimés à 100,000 « Dans une autre (lettre 92} n qui était d'une taille relativement considérable, je trouvai, dit-il , » une si grande quantité de petites huîtres , que je n'oserai dire le » nombre auquel je les estimai, car peu de personnes me croiraient.» Pour donner une idée de leur petitesse et de leur nombre, Leeuwenhoek ajoute : « Une observation attentive m'a montré que 120 de ces huîtres, .) placées en ligne droite, font la longueur d'un pouce. Si nous sup- » posons que ces huîtres sont des corps ronds, en prenant le cube du » nombre 120, nous obtiendrons 1,728,000. Par conséquent, une sphère » dont l'axe est d'un pouce seulement est 1,728,000 fois plus grosse » qu'une de ces petites huîtres, ou bien ce nombre d'huîtres forme » une sphère dont l'axe est d'un pouce. » J'ai cherché à déterminer le noml^re d'œufs ou d'embryons contenus dans quelques huîtres ; je procédai de la manière suivante : Je versai le frai dans une éprouvette graduée ; après l'avoir laissé reposer un temps suffisant, je notai le nombre de centimètres cubes auxquels il s'élevait et qui allait quelquefois jusqu'à 10. Ayant pris ensuite au microscope la dimension des œufs ou des embryons qui composaient le frai, dimension qui n'a jamais dépassé deux dixièmes de millimètre de diamètre , je pus facilement calculer le nombre d'œufs ou d'em- bryons contenus dans un centimètre cube, et par suite le nombre total. Je reconnus que les appréciations de Leeuwenhoek n'étaient point exagérées ; car, quoique chez les huîtres que j'examinai, une certaine quantité du frai se fût perdue pendant qu'on les ouvrait, quoique j'eusse exagéré les dimensions des embryons pour compenser toute chance d'erreur, je trouvai dans une huître 600,000 œufs, dans une autre 1,200,000 œufs, enfin, dans une autre 1,125,000 embryons. Les huîtres sur lesquelles je fis ces recherches étaient, il est vrai, des indivi- dus de grande taille, de l'espèce dite pied-de-clicval. Mais chez les huîtres ordinaires, le frai n'est pas moins abondant proportionnellement, et le nombre de leurs œufs doit s'élever, chez beaucoup d'individus, à plusieurs centaines de mille. Il faut ajouter à cela que la réapparition des éléments de la reproduction dans la glande sexuelle, pendant que l'huître contient des embryons en incubation dans son manteau, prouve qu'elle exécute plusieurs pontes dans une saison, ce qui donne à la fécondité de ce mollusque des proportions extrêmement remar- quables. S35 § ILt. — fi*i'opagation des biiître». a. Si l'on considère que les œufs de l'huître, fécondés dans l'ovaire, transformés en embryon dans une cavité incubatrice, ne sont point sujets à rester stériles ou à périr pendant leur évolution , mais qu'ils forment tout autant d'embryons qui n'abandonnent la coquille mater- nelle qu'après avoir traversé les phases les plus destructives pour un grand nombre d'animaux , et spécialement pour les poissons ; si l'on considère encore l'immensité de leur production , l'on verra que la propagation des huîtres pourrait être, pour ainsi dire, indéfinie, s'il était possible de soustraire leurs embryons aux ennemis qui les détrui- sent avant qu'ils ne se soient fixés, et que c'est en dehors de l'huître elle-même qu'il faut chercher les causes du dépérissement de certains bancs et les moyens d'y remédier. Je sortirais des limites que je me suis imposées, si j'examinais ici, comme elle le mérite, la question de la propagation à ces divers points de vue ; je me bornerai à quelques remarques sur ce sujet. b. Pour propager les huîtres dans les parages qui n'en produisent pas, si le sol est favorable, si les causes de destruction ne prédominent pas, il suflat d'y jeter un certain nombre de ces mollusques. Dans le siècle dernier, le marquis de Pom.bal (célèbre ministre de Portugal) ayant fait jeter quelques cargaisons d'huîtres sur les côtes de ce pays, qui n'en produisait pas , ces mollusques s'y sont tellement multipliés qu'ils y sont aujourd'hui très-communs. Le même fait s'est reproduit en Angleterre vers la même époque; un propriétaire de Caernarvon en ayant fait jeter une certaine quantité dans le détroit de Menay, elles s'y propagèrent rapidement et furent pour lui, pendant longtemps, une source considérable de revenus. Le gouvernement anglais, pre- nant exemple sur ce particulier , fit porter des chargements d'huîtres sur divers points des côtes de l'Angleterre , où elles prospérèrent également, c. Si certains bancs d'huîtres péchés à fond par la drague s'épuisent rapidement, d'autres, traités de la même manière depuis un temps immémorial , fournissent néanmoins à une pêche considérable. D'un côté comme de l'autre, l'huître produit ses myriades d'embryons qui doivent suffire et au delà au repeuplement. 11 y a donc dans le pre- mier cas des causes particulières de dépérissement qu'il serait imper- '636 tant de connaître pour les pi'évenir. C'est sans doute dans la dégrada- tion du fond, dans raccroissement consécutif des causesde destruction, qu'il faut chercher la raison de ce dépérissement. Quelques-unes de ces causes ont été signalées anciennement en Angleterre, et l'on a cherché à les combattre par des règlements sévères : Sprat et Lister (ouvrages cités) rapportent que les pêcheurs , dans ce pays, doivent séparer les petites huîtres du cultck (tout corps solide auquel elles s'attachent, comme pierres, vieilles écailles d'huîtres, etc.), et le rejeter dans la mer, afin de conserver la fécondité du fond. «La cour de l'amirauté » met de fortes amendes sur ceux qui détruisent le cuttc/u... La raison » pour laquelle on condamne à une telle amende ceux qui détruisent » lecîilich provient de ce que l'on a remarqué que, si on l'enlève, la » vase augmente, et alors les moules et les petits coquillages s'y en- » gendrent et détruisent les huîtres, qui n'ont rien pour y attacher » leur frai. » C'est sans doute à la nature du sol que tient sa dégradation plus ou moins facile, et la différence que l'on observe dans l'état de conserva- tion des divers bancs d'huîtres. On comprend qu'ici des règlements particuliers puissent intervenir avec succès. d. En France , la propagation des huîtres ne reçoit point de soins spéciaux : ce sont les bancs naturels qui fournissent à la consomma- tion du pays; mais, dans quelques contrées, l'on en forme d'artificiels, ou du moins l'on y favorise la conservation du frai et la production de l'huître. C'est surtout en Angleterre, sur les côtes des comtés d'Essex, de Kent, etc., que cette industrie est pratiquée avec méthode. Dans le lac Fusaro (royaume de Naples), pour favoriser la propagation et le développement des huîtres, on plante des piquets sur lesquels elles s'attachent en abondance, et leur pèche consiste alors à retirer ces piquets et à les en détacher. En I8/10, M. Carbonnel ( Comptes rendds DE l'Académie des sciEiNCEs, t. XXI) a proposé de faire des bancs arti- ficiels d'huîtres, mais il n'a point donné de publicité à ses moyens , et sa proposition est restée sans résultats. e. La formation de bancs artificiels par le frai semble devoir être facile et avantageuse, lorsque l'on considère, d'une part l'immense production des œufs de l'huître, et de l'autre le nombre considérable d'ennemis qui les détruisent et dont on pourrait les préserver. La consommation annuelle de la France ne montant pas à 200 millions d'huîtres, il suffirait de quelques milliers de ces mollusques pour en 337 reproduire un nombre égal , si leurs embryons étaient soustraits aux causes de destruction qui les attendent au sortir de la coquille mater- nelle. On atteindrait probablement en grande partie ce but, en pla- çant des huîtres laiteuses dans des bassins qui recevraient de Teau de mer pure et dont le fond revêtu de pierres, de claies ou de piquets récemment submergés, ne serait point recouvert d'une couche d'ani- maux destructeurs. On transporterait ensuite dans des lieux favora- bles à leur accroissement, dans des enclos, comme il en existe à Can- cale pour la croissance et l'engraissement des huîtres pêchées en mer,' les embryons devenus des huîtres et ayant acquis une grandeur con- venable. § IKII. — Fécondations artificielles. Croisement des huîtres. On a proposé, pour propager les huîtres, de pratiquer des fécon- dations artificielles, comme on le fait avec succès pour les poissons. (Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. XXXIV, p. 291}. On a pensé même qu'on pourrait améliorer certaines races ou obtenir des hybrides par des croisements (Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XXXIV, p. 163). On n'arriverait à ces résultats que si l'huître avait les sexes séparés. Je crois avoir établi non-seulement que l'huître est hermaphrodite, mais que les œufs ne sont pondus qu'après avoir été fécondés par un élément qui ne vient point du de- hors. En outre les œufs ont besoin pour se développer de séjourner un certain temps dans le manteau de l'huître qui les a produits. Dans de nombreux essais que j'ai faits pour suivre l'évolution des œufs, je n'ai jamais réussi à les voir se développer, fût-ce pendant quelques jours, lorsqu'ils avaient été retirés de leur cavité incubatrice. Dans ce cas, les œufs ou les embryons périssent constamment et d'autant plus rapi- dement qu'ils sont moins avancés dans leur développement. On ne tarde pas à voir apparaître une multitude d'animaux infusoires qui hâtent leur décomposition. D'ailleurs, les huîtres eussent-elles les sexes séparés, comment appliquer ici la méthode des fécondations ar- tificielles ? Comment reconnaître, sans l'ouvrir, qu'une huître possède des œufs ou de la semence à maturité, et comment l'ouvrir sans la faire périr aussi bien que les œufs quelle doit conserver en incubation pen- dant un temps assez long ? Au reste, il n'est nul besoin de soins pour obtenir des œufs en quantités innombrables et des embryons assez 338 avancés dans leur organisation pour qu'ils puissent vivre hors de leur cavité incubatrice; il suffit de laisser des huîtres en repos dans un parc pendant quelques jours pour les voir devenir laiteuses et produire des embryons qui, tant qu'ils sont protégés par la coquille maternelle, vivent et se développent régulièrement. Si l'on a cru obtenir des métis de l'huître d'Ostende avec l'huître pied-de-cheval (Comptes rendus de l'Académie des sciences, t.XXXlX, p. 598j, est-on bien certain que ces huîtres diff'èrent spécifiquement ? Forment-elles, même, des races distinctes, et leurs différences ne tien- nent-elles pas aux conditions spéciales dans lesquelles cos huîtres sont placées ? On sait que les huîtres pèchées sur nos côtes et élevées dans des parcs en Angleterre offrent un tout autre aspect que les nôtres. La connaissance de l'organisation de l'appareil reproducteur des huîtres et des conditions du développement de leurs œufs ne peut laisser de doute sur l'impossibilité d'obtenir de nouvelles races par le croisement et de les propager par des fécondations artificielles; quant à ce dernier moyen en particulier, la fécondité propre aux huîtres le rendrait tout à fait superflu. CONCLUSIONS. Les faits exposés dans ce mémoire conduisent aux conclusions sui- vantes : L'huître est hermaphrodite. L'apparence mâle ou l'apparence femelle que présente souvent l'or- gane reproducteur de ce mollusque, tiennent à l'apparition tardive des ovules et à la disparition des zoospermes à une époque déterminée. Les éléments mâle et femelle sont répartis dans toute la masse de l'organe reproducteur. La fécondation s'opère dans la glande sexuelle même, par la désa- grégation des masses de zoospermes. Jamais la semence ne se répand au dehors de l'organe qui la produit, et les œufs, au moment de la ponte, portent toujours des signes de fécondation. Les éléments sexuels se reproduisent dans l'organe de la génération, pendant que les œufs en incubation sont contenus dans la cavité bran- chiale du manteau. 339 L'étude de Torgane de la génération ne peut être convenablement faite que sur des huîtres pêchées en mer, celles des parcs ne présen- tant ordinairement que des ovules avortés. L'hermaphrodisme, tel qu'il existe chez les huîtres, n'a point encore été signalé chez les mollusques, et parmi les autres animaux on ne peut en rapprocher que celui de la synapte de Duvernoy. L'huître garde ses œufs en incubation entre les lobes de son man- teau. Les huîtres frayent depuis la fin de mai jusqu'à la fin de septembre. Après la fécondation et avant le fractionnement de l'œuf, le vitellus offre un changement notable dans sa constitution. Les premières phases du fractionnement des ovules ne sont pas ré- gulières. Le vitellus en entier se transforme en embryon. Les sphères, puis les cellules vitellines se disposent d'une manière particulière et forment des groupes d'où naissent ultérieurement et par des transitions insensibles les divers appareils organiques. La coquille paraît de très-bonne heure, et dès qu'elle devient appa- rente elle contient du carbonate de chaux. L'embryon possède un appareil ciliaire au moyen duquel il nage et se dirige à volonté dans toutes les directions. L'appareil ciliaire est en même temps un organe de respiration. A une époque déterminée, cet appareil se sépare de l'embryon. Alors le cœur commence à battre , et un mouvement vibratile se manifeste sur les branchies. A l'époque de la chute de l'appareil ciliaire, la coquille de l'embryon n'est point symétrique, mais ses deux valves sont semblables. La fécondité des huîtres est immense. C'est en dehors de l'huître elle-même qu'existent les causes du dépérissement de certains bancs , et qu'il faut chercher les moyens d'y remédier. La formation de bancs artificiels d'huîtres paraît très-praticable. La propagation par des fécondations artificielles et l'amélioration des espèces ou des races par des croisements sont impossibles. SUR DEUX CAS RARES DE MONSTRUOSITÉ , Par le Docteur P. RAYER, Vqù de ces cas est relatif à un monstre douWe sycéphalien qui offrait quelques particularités remarquables ; l'autre est un exemple de monstruo- sité (pseudencéphalie) souvent observée dans l'espèce humaine, mais très- rare chez les animaux. J'ai fait la dissection de ces monstres avec MM. Davaine et Claude Bernard. 1° MONSTRE DOUBLE SYCÉPHALIEN. (Pi. III, fig. 1 et 2.) On sait que Geoffroy Sainl-Hilaire a désigné sous le nom de monstres doubles sycéphaliens une famille de monstres composée de trois groupes distincts les uns des autres par l'égalité ou l'inégalilé de deux faces, savoir : 1° Les janiceps, caractérisés par deux corps intimement unis au-des- sus d'un ombilic commun; ayant une double têle à deux faces directement opposées ; 2* Les iniopes, qui ont deux corps intimement unis au-dessus de l'om- bilic, une lêle incomplètement double ; d'un côté une face et de l'autre un œil imparfait et une ou deux oreilles; 3° Les synoles, qui ont également deux corps intimement unis au-dessus de l'ombilic, une tète incomplètement double; d'un côté une face et de l'autre une ou deux oreilles. 3Zi2 Le nionslre dont je vais donner la description ne peut cire rapporté ri- Ijoureusement à aucun de ces trois groupes. l']n effet, il a pour caractères principaux : deux corps intimement unis au-dessus d'une éventralion ombi- licale commune; deux tètes rudimentaires fusionnées; deux faces op- posées, toutes deux très-incomplètes; une face représentée par un seul œil et deux oreilles; l'autre face par un rudiment d'orbite et par deux oreilles en partie fusionnées. Ce monstre est un fœtus de mouion, qui n'est point encore arrivé au terme de la vie fœtale. L'examen extérieur permet de reconnaître à l'extrémité céphalique : 1° D'un côté, une face incomplète ayant un œil unique, muni de quatre paupières rudimentaires; sous l'œil, une saillie ou mamelon des téguments représentant la lèvre supérieure; au-dessous, un pertuis ou trou borgne, indice de la bouche ; enfln deux oreilles distinctes, beaucoup plus rappro- chées que dans l'état normal. Cette face offre donc les caractères de celle 'immersion dans l'eau sucrée est éj;alciî!eiit un bon moyen pour conserver ensuite sans allératioii les glandes desséchées; elles reprennent très-bien leurs caractères quand on les remet pendant quelques instants dans l'eau. 353 Société de biologie des pancréas que j'avais détruits par des injections de graisse dans les conduits ; et on a pu voir qu'après la destruction et la ré- sorption de la partie glandulaire, les conduits restaient intacts et isolés comme un arbre dépouillé de ses feuilles. Chez les oiseaux, les glandes salivaires offrent un tout autre type de structure que chez les mammifères et on ne peut pas les faire rentrer dans la catégorie des glandes dites en grappe. En effet, au lieu de présenter, comme chez les mammifères, un conduit excréteur principal qui se divise en branches de plus en plus grêles, portant çà et là des globules glandu- laires fixés, soit latéralement sur ces conduits, soit tout à fait à leur ex- trémité terminale, les glandes salivaires des oiseaux offrent, au contraire, l'aspect d'une petite masse comme spongieuse, adhérant à la face externe de la membrane muqueuse et s'ouvrant habituellement dans la cavité de la bouche par plusieurs orifices poncliformes visibles à l'œil nu. Chacun de ces orifices conduit dans une espèce de réservoir ou de petit sac dont la cavité intérieure, très-anfractueuse, est divisée par des saillies membra- neuses en un nombre considérable de cellules incomplètes, communiquant les unes avec les autres. Quand on a débarrassé les cellules glandulaires du mucus épais qui les remplit, on reconnaît, à l'inspection microscopique, qu'elles sont tapissées intérieurement par des cellules épithéliales offrant par leur arrangement l'apparence de lignes onduleuses, quand on les suit sur le bord lisse des saillies membraneuses des vacuoles les plus déliées de la glande. Ces différents aspects de structure se trouvent figurés dans la planche qui accompagne ce mémoire. J'ai constamment rencontré cette même disposition anatomique dans les glandes salivaires des différents oi- seaux que j'ai examinés : le coq, le dindon, le canard, la mouette et le freux. (Pl.V,fig. i, 5, 6). Au milieu de cette texture en apparence si différente dans les organes salivaires des oiseaux et des mammifères, on doit cependant remarquer que les cellules épithéliales qui constituent un des éléments anatomiques fon- damentaux de la glande restent à peu près les mêmes. Par leur diamètre, qui est de 0,15 à 0,020 de millimètre, et l'apparence de leur contenu, ces cellules se rapprochent complètement de celles des mammifères, et Userait certainement impossible de les en distinguer par aucun caractère absolu et rigoureux. Seulement, au lieu d'être disposées en cul-de-sac sur un conduit glandulaire rameux accompagné de vaisseaux et de nerfs, comme cela a lieu chez les mammifères, ces cellules, chez les oiseaux, sont étalées sur les parois d'une utricule qui reçoit également des vaisseaux et des nerfs, 'ààU el dont la surface intérieure est accrue par la présence d'une multitude d'anfractuosités. Au fond, les mêmes éléments anatomiques existeraient, seulement ils seraient autrement disposés. Mais l'espèce de rapport qui doit, pour l'accomplissement de l'acte sé- créloire, exister entre les cellules épithéliales, les vaisseaux sanguins ou lymphatiques et les nerfs, est jusqu'à présent complètement ignorée des anatomisles et des physiologistes, aussi bien chez les oiseaux que chez les animaux mammifères. Toutefois il m'a paru que la communication des cavités glandulaires était plus facile avec les vaisseaux lymphatiques, parce qu'il m'est souvent arrivé, en injectant les conduits salivaires, de voir pas- ser l'injeclion dans les vaisseaux lymphatiques voisins. Chez les reptiles vivant dans l'air qui sont pourvus de glandes salivaires, tels que la tortue terrestre, j'ai retrouvé le même type de structure que chez les oiseaux, av c cette légère variante que les vacuoles de l'utricule glandulaire sont plus ténus, et que les cellules épithéliales, au lieu d'être simplement étalées sur des parois, sont disposées en sorte de mamelons fes- tonnés proéminents dans la cavité glandulaire générale. (Pi. V, fig. 7, 8 et 9.) Chez les reptiles qui vivent dans l'eau, il y a, comme chez les poissons, absence complète de glandes conglomérées; mais une parlicularité singu- lière, et qui, je crois, n'a pas été signalée, c'est que, dans ces cas, la mem- brane muqueuse de la bouche, à peu près complètement privée de ces lar- ges cellules épithéliales caractéristiques qu'on rencontre chez l'homme el chez les animaux qui vivent dans l'air, est seulement revêtue par des cel- lules qui, à raison de leur diamètre, de leur contenu et de leur apparence, sont analogues aux cellules des glandes conglomérées ; de sorte que, chez tous les animaux, on pourrait retrouver les cellules des glandes salivaires, seulement disposées en cul-de-sac chez les mammifères, tapissant des ca- vités anfractueuses chez les oiseaux, et étalées à la surface de la muqueuse de la bouche chez les poissons et chez certains reptiles. Dans tous les cas, d'après ce qui existe, on pourrait dire que tous les animaux qui vivent dans l'air, quelle que soit la classe à laquelle ils appar- tiennent, se distinguent par la présence des larges cellules épithéliales de la bouche, tandis que les animaux vivant dans l'eau en seraient dépourvus, et de plus les animaux qui peuvent vivre à la fois dans l'air et dans l'eau présenteraient les deux espèces de cellules. J'ai examiné ces diverses espèces de cellules épithéliales de la bouche chez la carpe, le brochet, la tortue, le crapaud, etc. (pi. v, fig. 9 el 10), de même aussi que certaines papilles bai- gnées d'une humeur gluante et visqueuse que j'ai rencontrées dans la 355 bouche de quelques poissons, tels que la raie, mais plus spécialement dans la paroi inférieure de la cavité buccale des tortues terrestres et aquatiques. Eu résumé, on constate deux types de structure qui permettent de dis- tinguer facilement les glandes salivaires des mammifères de celles des oi- seaux et des reptiles ; mais l'analomie ne peut fournir aucun caractère certain capable de faire discerner les glandes et glandules salivaires entre elles chez le même animal ; de sorte que, chez un mammifère, par exem- ple, toutes les glandes et glandules salivaires se ressemblent, il est abso- lument impossible par la texture anatomique de distinguer neltemeul une glande parotide d'une sublinguale. Ce préambule anatomique était nécessaire pour justifier le point de vue tout physiologique auquel nous nous placerons, dans le cours de ce mé- moire, pour déterminer les fonctions et les usages des différents appareils salivaires. CHAPITRE PREMIER. DES DIFFÉRENTES SALIVES. — PROCÉDÉS POUR LES RECUEILLIR, LEURS PROPRIÉTÉS, LEUR COMPOSITIOIV CHIMIQUE. On a primitivement donné le nom de salive au fluide expué de la bouche de rhomme par l'action de cracher. On a ensuite appelé glandes sali- vaires les glandes les plus volumineuses pourvues de conduits bien dis- tincts qui viennent verser leur produit de sécrétion dans la cavité buccale, en réservant le nom de glandes mucipares aux glandes les plus petites situées immédiatement au-dessous de la membrane muqueuse de la bouche, et expulsant leur sécrétion par des conduits extrêmement courts. Nous avons déjà dit que cette distinction des glandes, d'après leur grandeur, en salivaires et en mucipares, bien qu'elle soit encore admise par tous les auteurs (1), ne peut être justifiée ni par l'anatomie ni parla physiologie. Tous les organes glandulaires qui versent leur produit de sécrétion dans la cavité buccale sont des glandes salivaires (2). Leur différence de volume (1) Husclike, Traité de splanchnologie, p. 25. Lehmann, Lehrbuch der physiologischen chemie, t. II, p. 11. Bidder et Schmidt, Die verdauungssaefte und der Stoffwechsel, p. i. (2) Nous séparons de cette catégorie les amygdales et quelques follicules qui siègent à la partie postérieure de la base de la langue, en arrière du V iinguah Ces organes sécréteurs, du reste, appartiennent bien plutôt au pharynx qu'à la t)Guche. 356 ne peut aucunement servir à les classer. Les propriétés physico-chimiques des liquides sécrétés, les circonstances qui président à leur sécrétion, ser- viront seules à établir nos distinctions qui s'appuieront en même temps sur les usages spéciaux des différentes glandes salivaires et des diverses salives. Dans le chapitre deuxième de ce mémoire, nous déterminerons expéri- mentalement les usages des salives, ainsi que les conditions physiologiques de leur sécrétion; mais avant il est nécessaire d'examiner ici avec soin leurs propriétés physico-chimiques. Sous ce dernier rapport, nous distingue- rons quatre salives : 1° La salive mixte ou buccale ; 2" La salive parotidienne ; 3° La salive sous-maxillaire ; à" La salive sublinguale, à laquelle il faut rattacher les produits de sé- crétion des glandules bucco-labiales, de la glande deNuck et de la glande accessoire de la parotide, etc. § I. — SALIVE MIXTE OU BUCCALE CHEZ l'HOMAIE ET LES ANIMAUX. La salive mixte n'a jusqu'ici été examinée que chez l'homme, le chien et le cheval. Nous allons l'étudier sucessivemenl dans ses propriétés phy- siques et dans sa composition chimique. A. PROI'RIÉTÉS PHYSIQUES ; PROCÉDÉS POUR L'OBTENIR. 1° Homme. — La salive mixte peut être obtenue directement chez l'homme par l'action de cracher. Seulement on excite ordinairement la sé- crétion des organes salivaires en mettant en contact avec la membrane muqueuse de la bouche soit de la fumée de tabac, soit des corps sapides comme le vinaigre, ou encore des substances sialagogues telles que la racine de pyrèlhre, etc. On comprend que, dans ces cas, la pureté de la salive puisse être altérée par le mélange de principes solubles empruntés à ces diverses substances excitantes. C'est pour éviter cet inconvénient qu'on a proposé d'autres procédés qui agissent sur la sécrétion salivaire mécani- quement ou par l'intermédiaire de l'imagination. On pourra obtenir une grande quantité de salive mixte, et en peu de temps, en titillant le voile du palais, de manière à déterminer un commencement d'envie de vomir qui fait affluer immédiatement une grande quantité de sahve dans la bouche. En exécutant des efforts de bâillement, on obtient un résultat analogue. Lorsque l'on est à jeun et que l'appétit se faii sentir, la vue, l'odeur ou même le souvenir seul de mets que l'on aime provoquent également l'ar- 357 rivée dans la bouche d'une quantité considérable de salive qu'on peut re- cueillir. Seulement dans ces cas, ainsi que nous le verrons pius lard, la sécrétion de la glande sous-maxillaire est beaucoup plus abondante que celle des autres glandes. La salive mixte représente un mélange, en proportions variables, des sécrétions des différentes glandes salivaires. Lorsqu'elle est expuée par la bouche chez l'homme, elle constitue un liquide spumeux, trouble au mo- ment où elle est crachée, et qui par le repos dans un verre à pied se sé- pare en trois portions : l" une, qui surnage, est formée par un liquide écu- raeux et filant, plus ou moins abondant ; 2" une partie moyenne est claire, limpide et moins visqueuse; 3° la partie inférieure se présente sous la forme d'un dépôt d'une substance gris blanchâtre dans laquelle l'examen microscopique fait trouver des cellules d'épithélium de la bouche en grande quantité, des globules muqueux ou pyoldes, des globules de graisse, des détritus d'aliments, tels que des débris de fibres musculaires et des cel- lules végétales, des cristaux de carbonate de chaux et des vibrions pro- venant de l'altération de parcelles d'aliments restées entre les dents. Toutes ces parties, bien qu'on les rencontre le plus ordinairement dans la saHve mixte, ne sont qu'accidentelles et ne sauraient être considérées comme éléments constitutifs d'aucune salive spéciale. Lorsqu'on filtre la salive buccale, les parties supérieure et inférieure restent sur le filtre, et le fluide salivaire constitue alors un liquide limpide, un peu visqueux, m.oussant légèrement par l'agitation, d'une densité de l,OOZi à 1,008 et d'une réaction normalement alcaline. La salive fraîche n'a pas de saveur ni d'odeur spéciale, mais s'altère rapidement, surtout pendant l'été, et acquiert bientôt une odeur nauséabonde. Nous avons dit que la réaction de la salive buccale est normalement alca- line ; toutefois dans une foule de circonstances, accidentelles ou patholo- giques, un grand nombre d'observateurs ont constaté depuis longtemps sur la muqueuse buccale une réaction acide au papier de tournesol. Cette réaction se montre surtout lorsque la membrane muqueuse de la bouche est sèche et que la salive n'a pas coulé depuis longtemps, conime, par exemple, le malin à jeun, ou lorsqu'on a parlé pendant longtemps. Les auteurs ne sont pas d'accord sur la cause et la signification de celte acidité de la muqueuse buccale. C'est à tort qu'on avait voulu la considérer comme caractéristique de certains étals pathologiques ; elle se montre aussi bien chez les personnes en santé que chez les personnes malades. Pour expliquer cette réaction acide, on a supposé qu'il existe dans la bouche deux espèces 358 de sécrétions : 1° une sécrétion propre à la membrane muqueuse de la bouciie et ordinairemenl acide ; 2" la sécrétion salivaire normalement alca- line. Il s'ensuivrait que la réaction pourrait être acide ou alcaline, suivant la prédominance de l'une ou de l'autre de ces deux sécrétions. Mais si cette sécrétion acide de la muqueuse buccale existait réellement, elle de- vrait être mise en évidence, lorsqu'on vient à supprimer autant que pos- sible les diverses sécrétions salivaires. Or sur des chiensj'ai divisé plusieurs fois les conduits salivaires desdifiérentes glandes, parotide, sous-maxillaire, sublinguale et même de la glande de Nuck, ce qui empêchant la salive d'arriver dans la gueule du chien, aurait dû nécessairement permettre à la sécrétion de la membrane muqueuse de prédominer et de se manifester alors avec sa réaction acide. Jamais dans ces circonstances, même en laissant l'animal à jeun pendant vingt-quatre heures, je n'ai pu constater celte ré- action acide. Du reste rien ne démontre directement cette sécrétion acide de la membrane muqueuse et il me paraît bien plus probable que cette ré- action n'est pas le fait d'une sécrétion spéciale, mais qu'elle provient sim- plement d'une altération de matières organiques qui, à la surface de la muqueuse buccale, éprouveraient au contact de l'air une fermentation acide, lactique ou autre. Cette sorte de fermentation est d'autant plus pos- sible qu'il existe très-souvent des parcelles alimentaires qui séjournent entre les dents et que la surface de la membrane muqueuse de la bou- che et des gencives est constamment le siège d'une irritation, ainsi que le démontre la présence de globules pyoïdes dans la salive mixte de l'homme. Chez les animaux où ces conditions n'existent pas, on ne trouve jamais cette réaction acide au papier de tournesol sur la muqueuse buccale. 2" Chien. — Le procédé qu'on peut mettre en usage pour recueillir la salive mixte du chien consiste à empêcher la déglutition de la salive chez cet animal, en lui fixant un bâillon entre les dents; alors le fluide salivaire s'écoule au dehors, sur les côtés de la gueule, à mesure qu'il est sécrété. On obtiendra une quantité beaucoup plus considérable de salive si, alors, on fait voir ou flairer à l'animal, préalablement affamé par une abstinence de douze ou vingt-quatre heures, des aliments qu'il aime, par exemple de la viande rôtie. La salive mixte du chien est gluante, filante et limpide, d'une densité de 1,0071. Il se forme habituellement peu de dépôt dans la salive mixte du chien; aussi on y rencontre moins de lamelles d'épilhélium, de globules pyoides et de débris alimentaires. La présence de ces divers éléments dans la salive de l'homme et dans celle du chien, est en rapport avec une ;^59 irritation accidentelle de la muqueuse. Souvent, à la suite d'opérations pratiquées chez les chiens sur l'intestin ou l'estomac, il survient des dérangements dans les voies digestives; dans ces cas, j'ai vu souvent la membrane muqueuse de la bouche présenter une inflammation plus ou moins grande: la salive contenait alors une plus grande quantité de la- melles d'épithélium, et même des globules pyoîdes, éléments qu'on rencon- tre à peine dans la salive normale. De même, sur des chiens porteurs de fis- tules gastriques, si on vient à ne boucher qu'incomplètement la canule, de telle sorte que l'air puisse entrer et une partie du liquide s'écouler au de- hors, on voit l'animal dépérir au bout de quelques jours, et la muqueuse buccale devenir le siège d'une inflammation assez vive : la salive de ces animaux contient également beaucoup d'épithélium et des globules pyoîdes. J'ai même vu, dans certaius de ces cas, les dents altérées, noircies, cariées même et garnies de tartre à leur base. Si on venait à boucher hermétique- ment la canule chez ces mêmes animaux, l'animal reprenait ses forces, ses désordres digestifs cessaient, et en même temps disparaissaient les changements survenus dans l'aspect des dents et dans la composition de la salive, de telle sorte que quand l'animal avait complètement recouvré la santé, la salive ne présentait que très-peu de cellules épilhéliales, de glo- bules pyoîdes; la carie des dents s'était arrêtée, le tartre avait disparu, et de noires qu'elles étaient, les dents étaient redevenues blanches. Cheval. — Le procédé qu'ont employé MM. Magendie et Rayer (1) pour obtenir la salive mixte du cheval, et que j'ai mis moi-même souvent en pratique, consiste à opérer la division de l'œsophage vers la partie inférieu- re du cou. puis à faire manger à l'animal du son préalablement lavé à l'eau distillée bouillante et soigneusement desséché. On recueille, à la plaie œsophagienne, chacun des bols alimentaires qui se présentent successive- ment, et on les exprime dans un linge bien propre, pour en séparer le liquide dont ils se sont imprégnés en traversant la bouche, le pharynx et une partie de l'œsophage. Il faut observer toutefois que, par ce procédé, on obtient, outre la salive buccale, les mucosités nasale et pharyngienne. En qualifiant celte expérience à"" inhumaine et d'antiphijsiologique, Leh- mann (2), si justement estimé dans son domaine de chimiste, a donné ici (1) Recherches expérimentales sur la digestion du cheval. — Recueil des MÉMOIRES ET OBSERVATIONS SDR L'HYGIÈNE ET LA MÉDECINE VÉTÉRINAIRES, t. III, p. 385. (2) Physiologische Chemie, t. II, p. 1/t. 360 \me appréciation erronée. Que signifie, en effet, cette épilhète d'inhu- manité ? Sans doute, toutes les expériences sur les animaux vivants, si on ne considère pas leur but scientifique, seraient barbares ; mais alors il faut condamner toute la physiologie expérimentale et non pas une seule ex- périence, car, faire une fistule à l'œsophage, aux conduits salivaires ou à l'estomac, où est la différence? Quant à l'expression antiphysiologique que Lehmann emploie pour indiquer que la gravité de l'opération altère les propriétés de la salive, elle repose sur une erreur, car s'il existe des liquides, tels que le suc pancréatique, que certaines opérations graves ou causant une grande douleur, peuvent altérer, la salive n'est pas dans ce cas, et, du reste, la mise à nu de l'œsophage est une opération simple et facile à pra- tiquer chez les chevaux, et qui, quand elle est bien faite, trouble si peu les fonctions, que l'animal se met ordinairement à manger aussitôt après l'opération. La salive du cheval, obtenue par le procédé que nous venons d'indiquer, était un liquide trouble, gris jaunâtre, peu visqueux, contenant des débris d'épithélium et des globules de pus (1). Son odeur était légèrement fade et nauséabonde, sa réaction faiblement alcaline. B. COMPOSITION CHIMIQUE. La salive mixte, chez l'homme , le chien , ou le cheval , est consti- tuée par : 1° De l'eau, 2* Des matières organiques solubles ou insolubles, 3° Des sels organiques ou inorganiques. Eau. — L'eau existe en grande proportion dans la salive comme dans presque tous les liquides animaux. Ses rapports varient peu chez les indi- vidus de même espèce ou d'espèce différente, ainsi que le montrent les chiffres suivants : Sur 1000 parties de salive, on a trouvé : Eau. 992,90 chez l'homme. (Berzélius.) 991,22 — (Simon.) 988,10 — (Tiedemann et Gmelin.) (1) Il faut remarquer que les chevaux sur lesquels j'ai opéré, ainsi que la commission d'hygiène, étaient atteints de morve, de sorte que le mucus nasal, purulent, descendait avec la salive dans l'œsophage, ce qui explique la présence anormale des globules du pus dans la salive du cheval. 361 «au. 995,16 Chez l'iiomine. . Bidder et Sctimiill.^ 989,63 chez le chien. (Id.) 986,50 chez rhonime. (L'héritier.) 990,32 chez le cheval. (Comm. d'hygiène.) On a indiqué certaines variations dans la quantité relative de Peau de la salive pouvant tenir à l'âge ou aux maladies. Ainsi, on a dit que la salive des enfants était beaucoup plus riche en eau, 996 pour loOO (L'héritier). Celte différence est peu caractéristique, puisqu'on trouve une quantité à peu .près aussi considérable d'eau dans la salive d'un adulte bien portant, 995,16 (Bidder et Schmidl). Les variations de la quantité d'eau ne sont pas plus caractéristiques pour les maladies. On a dit que la proportion d'eau augmentait dans certains états pathologiques, tels que la chlorose (L'iiérilier, 990 pour 1000), tandis qu'elle diminuait dans d'autres, tels que les phlegmasies (968,90, L'héri- tier), ou dans lasalivalitn mercurielle (97Zi, Brugnatelli ; 970, L'héritier). Ces résultats variables ne sauraient caractériser ni l'âge ni les maladies, car on peut rencontrer à l'état normal d'aussi grandes différences dans la proportion d'eau qui tiennent à l'état d'alimentation, soit au moment où l'on recueille la salive, soit à la proportion variable des salives spéciales dont l'ensemble constitue la salive mixte, ainsi que nous le verrons à pro- pos de chaque salive en particulier. Matières organiques — Les matières organiques signalées dans la sa- live mixte sont : 1° L'albumine, 2» La caséine, 3° Cellules épiihéliales, li" Un peu de graisse contenant du phosphore (Tiedemann et Gmelin). 5" Du mucus, 6° Une matière organique spéciale. La présence de Valbumine dans la salive mixte a été tour à tour admise et contestée par les auteurs. Le caractère essentiel que l'on donne, dans l'étal actuel de la science, pour reconnaître ralburaioe, est sa coagulation par la chaleur, par Pacide nitrique et par l'électricité. La salive mixte de l'homme, traitée par la chaleur, Pacide nitrique el l'électricité, donne en effet un précipité très-léger, soluble dans un faible excès d'acide nitrique, qui peut être attribué à des traces d'albumine. La salive mixte du chien donne à peu près le même résultat XO.ME IV. 26 362 que celle de riioniinp, tanflis que la salive mixle du cheval, traitée par les mêmes agents, fournil un précipité beaucoup plus abondant. La commis- sion d'hygiène hippique a conclu formellement à la présence de l'albu- mine dans la salive mixte du cheval, en se fondant sur ceque, traitée par la chaleur, cette salive donne un précipité très-abondant, insoluble dans l'eau et dans l'alcool, qui se présente sous la forme de flocons très-petits, non transparents, gris noirâtre quand ils sont séchés. Ce coa- gulum peut s'hydrater de nouveau quand il a été desséché, ce qui est en- core là un des caractères de l'albumine. Ce précipité, traité par de l'acide chlorliydrique concentré, se dissout, et sa dissolution prend une belle couleur rouge violette; et si on le traite par du sulfate de cuivre, puis par de la potasse caustique, il donne également une couleur violette; enfin lorsqu'on filtre ce liquide après coagulation par la chaleur, on n'obtient dans ce qui passe aucune précipitation, soit par le tannin, soit par le subli- mé, soit par l'alcool. La commission d'hygiène fait en outre observer que l'albumine, dont elle évalue la proportion à 20 pour 100 environ dans le coagulum, n'y est pas à l'étal pur, mais mêlée à une petite proportion de phosphate et de carbo- nate de chaux. L'albumine serait en quoique sorte d'après cela caractéristique de la salive du cheval, puisque, dans aucune autre des salives examinées, on n'en a trouvé une aussi grande [jro|)urliou. Toutefois cette albumine delà salive n'est pas aussi comparable que l'avait pensé la commission d'hygiène à l'albumine de l'œuf, eu ce qu'elle possède, ainsi que nous le verrons plus tard, des caractères propres ;i la caséine, tels que, par exemple, celui d'être coagulée complètement par le sulfate de magnésie, qui n'agit pas sur l'al- bumine de l'œuf, etc. (Voyez Salive parotidienne.) Les cellules épithéliales, qu'on rencontre à lexamen microscopique, caractérisent la salive mixle ou buccale. C'est dans la salive de l'homme que je lésai rencontrées en plus grande abondance; elles sont dans la proportion de l,6isur ù,8/i de résidu sec donné par 1,000 parties de sa- live de l'homme (Jacubowilsch). Ces cellules épithéliales ne sont qu& des éléments détaché- de l'épiderme de la bouche, et elles constituent des grandes cellules aplaties, polygo- nales, pourvues à leur centre d'un ou de deux noyaux, et mesurant dans leur plus grand diamètre, chez l'homme, de quatre centièmes à sept cen- tièmes de millimètre ; chez le chien, de dix centièmes à huit centièmes de millimètre. 363 Les globules muqueux ou pyoides, qu'on trouve encore à Fexaraen microscopique, sont également spéciaux à la salive mixte de l'homme et des animaux. C'est chez l'homme que je les ai toujours rencon- trés en beaucoup plus grande proportion. Ils représentent des cellules rondes, contenant un ou plusieurs noyaux, et dont le diamètre est de douze millièmes de millimètre chez l'homme et de deux centièmes de mil- limètre chez le chien. On a considéré ces globules muqueux comme pouvant provenir de cel- lules épithéliales avortées ; mais il me paraît beaucoup plus vraisemblable que ce sont des produits accidentels dus à l'irritation de la muqueuse buc- cale, incessamment en contact avec l'air et les corps étrangers. En rap- port avec cette manière de voir, je dirai que ces mêmes globules pyoides apparaissent dans les salives parolidienne et sous-maxillaire, ainsi que dans le suc pancréatique, lorsque les conduits des organes glandulaires ont été irrités par l'introduction du tube d'argent qui sert à recueiUr le liquide sécrété. On a trouvé de la graisse dans la salive mixte, quoiqu'en très-petite quantité; on peut la reconnaître au microscope sous forme de gouttelettes graisseuses, et la constater aussi par les agents chimiques. Pour la mettre en évidence, on n'a qu'à dessécher la salive et à traiter le résidu par Pé- Iher, qui dissout seulement les matières graisseuses. Tiedmann et Gme- lin (1) disent que la graisse qu'ils ont trouvée dans la salive contient le plus souvent du phosphore. En effet, après avoir traité la salive desséchée par l'alcool bouillant et fait redissoudre dans l'eau l'extrait alcoolique, il restait indissous des flocons d'un brun clair, ressemblant à du beurre. Ces flocons, qui brûlaient à l'air avec flamme en répandant l'odeur de graisse, laissaient un charbon dilTicile à incinérer, qui, traité par le nitrate de po- tasse, donnait du phosphate de potasse. Mucus et matière organique particulière de la salive. — Il serait absolument impossible de déterminer avec quelque rigueur les caractères chimiques du mucus, ainsi que ceux de la substance organique désignée sous le nom de matière salivaire particulière, à laquelle on a fait jouer, dans ces derniers temps, un grand rôle, relativement aux usages de la sa- live dans la digestion. Pour abréger une discussion qui serait inutile et pour mieux faire saisir la divergence des résultats obtenus par les auteurs à ce sujet, nous avons résumé et comparé leurs opinions dans les deux tableaux qui suivent. (j) Rechkhches sur la dige«;tion, t. I, p. il. -S? s '£ j: 3 - a* ••w i ÙO • a> © 1=^ _, - _ -œ ^ a. o .'g .s » ^ t- e M o CL..5 ■- jï 0^ s a> -) 0 ci cr -0 S a -S -S ® . i»" il 3-1 3 s s. .5- S .5-^1 a> s fi o. ffl ej 3 rt -j oo a, 5 2.-^ 5 2 J ^. I — "rt -^ O " 3 <- ,« « " C o3 -■ë-g-l g-1 ^ 5 S-5 2 — "S "a ■« 1 ja i~< *-< >^ I 1 8:= a c ^ « 3 "" '3 g == S E S ~c « ■S c> ^ g g g g 5'i 3 C s c te g - = o. ô ïî " <^' 3 2 = 3 E-^<„ 3 c (9 2 £ = S f-g «•-) 3 ,/î •i «^ ^ -o C Ç — 3 S .§" ^a » ■= S "" ■S £. 5 S « -s « S .■S .B- <=- •- g. aj 2 "« >=• ^ s ■ - """ - •a .S -g â(i< !i Ï3 "a "3 S o - ta a « ^ S • ^ — c 3 -s - Ul ■— a. ■s 0 -£ _çS 3 a> .Tt b 7* ^ 2 "i 9 OJ a.-; •« "S "B "S 35 _a o .S a ;2 -a -o ■- _e i; -o rt ^tjj^ S si rt 00 ■«'^^ 2: ►J — ° -1 . iS g.-£ S a j «;! .2 s — g fl "^ ^ "• ai s 3 >- •!= g .2 3 g - î — o ta ^ "3 — •- r? !? S "^ S - K -1; 0 S s H ë^ '—1 33 C3 cr eu ^ hJ i ^ <« 2 a '-' o. ii 3 (fl ,•-; » 0 eu 0 "^ œ ■JJ Cl) a a. '^ S «se s, 3 3 ; -« c rt . 2 ;- c S 3 ' g5 ^ EL 8 ^ « 03 ;Î3 -8 TS •« _3 o ■= a ^^M é ca o es § tn -H a u u o es a. rdach ne l'a pas isolée. Il croit que cette matière salivaire se trouve, du reste, dans la plupart des liquides sécrétés ou excrétés , dans les grandes , dans les nouvelles , etc. a ç i » -S s s X .22 3 i.! 0 m =3 c in 00 .|3 il 3 s 3 _ 2 'î^ 3' ^ - 0 "o .§ te 0 j» •i: eu u ool. rate taie par 0 g. ci min. us-ac tratc i par 'ïl e par tani sels ipite pas Id. Id. Id. 0 0 ? j= 0 'Sb o e par al ni ac ipile pai Id. Id. Id. 0 -5 a .2 '3 e par al tai su ch ci. c« e par tai so ni ipite pai o 'âii P. cipit Id. Id. préc S cipit Id préc: CD •a :|:5:ss ■1 "o cipiti Id. Id. préc £ ê 0 £ ^ 0 Pm É 0 -eu 5j « 0 •O '5 •a et '^ -o tM 0 ;*-> •■^ H^ ,-< Pu il^ H ^^ ' |-^ 0 •a « D3 0 t« 'W O fr. 3 C H -< 0 "O o_ o nJ a I- ïfr S es «a "o H B i2 ■3 0 en A t« 38 0 ^ rf O 0 c; "rt tn 3 C ^ ■0 ^ S-3 3 .2-e 0 0^ U3 £3 '<■ te 3 3 ja"-. -< 35 0. ?'^-2 .5 "^ "o s t« .5 ■3 s 0 .S » » 1 ^ r^ yo 't- O. «S .« Q « O) "S e s •5 e -Câ "e *o S eo •0 "e a « =fs © >- e fi^ a. "5 .1 ;§ » 0 P S "c "c C 5.. c s 1 0 s ^ c 369 , Il suffit de jeler les yeui sur les deux tableaux précédents, pour voir combien peu on est fixé sur les caractères de ce qu'on a appelé mucus et matière organique particulière de la salive. Il n'est pas une question, à propos de ce mucus, solubilité, action des acides, précipitation parles divers réactifs, etc., sur laquelle les auteurs soient tous d'accord. Soluble en partie dans l'eau, pour MM. Budge et Blondlot, le mucus salivaire est complètement insoluble pour les autres chimistes. Suivant les uns, Tiedemann etGmelin, Tilanus, ce mucus est changé par l'acide acétique en une masse molle transparente , gonflée : il est au contraire, suivant Berzélius et d'autres, rendu opaque , rétréci par l'action du même acide. Il en est de même pour la matière organique salivaire spéciale désignée BOUS les noms de ptyaline (Berzélius, Simon, clc). matière salivaire (Tie- demann et Gmelin, Burdach), diasiase salivaire (Mialhe). Tandis que presque tous les auteurs la donnent comme soluble dans l'eau et insoluble dans l'alcool, Wright lui donne précisément les propriétés eoniraires. Selon MM. Blondlot, Mialhe etGmelin, la chaleur, le tannin, les sels métalliques précipitent cette substance organique de la salive, tandis que ces mêmes agents n'exerceraient sur elle aucune précipitation suivant MM. Berzélius, Gmelin et Simon. Toutes ces contradictions, qu'il serait facile de multiplier, tiennent, d'une part aux manières différentes dont on a procédé dans l'étude de ces ma- tières organiques, et d'une autre part aux phénomèmes d'altération très- variés que subit la salive mixte, dont il ne sera possible de comprendre le mécanisme qu'après l'étude des maiières organiques des différentes salives spéciales, dont la salive mixte n'est que la réunion. Substances inorgagiques de la salive mixte. — Les substances inor- ganiques qui ont été trouvées normalement dans la salive mixte de l'homme et des animaux sont, pour les acides : l'acide carbonique, l'acide sulfurique, l'acide phosphorique, l'acide lactique, l'acide chlorhydrique ; pour les bases, la potasse, la soude, la chaux et la magnésie. D'après Tiedemann et Gme- lin, on y rencontre presque exclusivement de la potasse. Par la combinai- son des corps ci-dessus mentionnés, donc on aura dans la salive mixte : 1" Des carbonates alcalins ; T Des phosphates terreux ; 3° Des chlorures ; ù" Des sulfates et des kctates. 370 5" On a encore indiqué dans la salive la présence du sulfocyanure da potassium. Les carbonates alcalins contenus dans la salive mixte sont des carbo- nates de soude, de potasse et de chaux. Quelques auteurs ont pensé que les carbonates alcalins ne préexistent pas, et que la potasse, la soude ou la chaux se trouvent libres dans la salive ou combinées avec une matière organique. Lehmann, qui admet celle der- nière opinion, croit que les carbonates prennent naissance après l'excrétion de la salive et par son contact avec l'air atmosphérique. Nous reviendrons plus tard sur celte explication à propos de la salive parolidienne. Seulement j'admettrais la préexistence des carbonates dans la salive, parce que très-sou- vent j'ai constaté que la salive parolidienne du chien ou du cheval fait une vive effervescence avec les acides au moment même de son issue du canal de Slénon, avant que l'air ait pu sensiblement exercer son action. Il est un fait remarquable à cet égard et qui a été surtout constaté chez le cheval , c'est que la salive mixte ou buccale contient beaucoup moins de carbonates que la salive parolidienne. En effet, la première ne donne que fort peu on même pas d'effervescence avec les acides, et n'est pas sensiblement précipitée par les eaux de chaux et de baryle, tandis que la seconde produit une vive effervescence par les acides et est abondamment précipitée par les eaux de chaux et de baryte. D'où vient celte disparition des carbonates dans la sa- live mixte , serait-ce que les salives pures en arrivant dans la bouche, au contact de la membrane muqueuse et de l'air, subiraient une espèce de décomposition qui déterminerait la précipitation des carbonates insolubles? ceci expliquerait les cristaux de carbonate de chaux qu'on trouve souvent dans la salive mixte recueillie, en raclant un peu le dos de la langue, et qui sont très-faciles à reconnaître au microscope. Les phosphates ont été signalés dans la salive mixte de l'homme, du chien et du cheval. L'acide phosphorique serait surtout combiné avec la soude. Sur 100 parties des cendres de la salive mixte de l'homme, ou a trouvé 28,122 p. 100 de phosphate de soude bibasique (Enderling). On a même trouvé une proportion plus forte de' phosphate tribasique que Ja- cubowitsch évalue à 51,1 p. 100. Tous les auteurs s'accordent h dire que le phosphate de chaux existe en très-petite quantité dans la salive mixte : plusieurs même n'en font pas mention. Néanmoins quelques auteurs (Fourcroy, Wollaston) disent qre le phos- phate de chaux entre pour la presque totalité dans lescalculs salivaires dont Z1i on signale l'existence chez l'homme, tandis que dans les calculs salivaires trouvés chez les herbivores, les phosphates n'entreraient que dans une pro- portion minime, 3 à Zi p. 100 relativement au carbonate de chaux dont la quantité est de 80 à 90 p. 100. On a voulu rattacher à la présence des phosphates dans la salive mixte la production de ce tartre qui se trouve à la base des dents. Ce tartre est une masse concrélée renfermant, d'après les analyses qu'on en a faites des matières organiques telles que des cellules épilhélium, des corpus- cules de mucus, des vésicules graisseuses, des infusoires des genres vibrions et nionas, et des matières minérales composées presque exclusive- ment par du phosphate de chaux (60 à 80 p. 100 Berzélius, Vauquelin,Bi- bra, etc.), et d'un peu de carbonate de chaux. Comment se fait cette pro- duction du tartre, en supposant qu'elle provienne de la salive mixte ? On a émis à ce sujet des opinious différentes. Des auteurs ont vu dans la production du tartre des dents une simple dé- position de sels à la base des dents, par suite de l'évaporation de la salive. M. Dumas explique la formation du tartre en admettant deux espèces de saUves, l'une acide, l'autre alcaline qui sursature la première. La salive acide tiendrait en dissolution des phosphates ; et dès que l'acide serait saturé par la seconde salive alcaline , les phosphates se déposeraient et con- tribueraient à former le tartre. Mais ceci n'explique pas l'énorme dispro- portion des phosphates de chaux qui existe dans les salives où il n'y en a que des traces, el dans le tartre où il y en a 60 à 80 p. 100 (Berzélius. de Bibra, Vauquelin, etc.). On a parlé aussi de glandes tartariques siégeant dans les gencives qui auraient la propriélé de sécréter le tartre des dents. L'observation ana- tomique n'a pas établi l'existence de ces glandes (1), et au point de vue physiologique il serait difficile de comprendre les fonctions de ces glandes normalement instituées pour sécréter une substance telle que le tartre des dents qui, chez l'homme et le chien, est anormale et accidentelle. Enfin, il y aurait une dernière explication à donner qui me paraîtrait plus probable, ce sérail celle qui ferait dépendre la formation du tartre des dents d'une irritation du périoste alvéolo-dentaire à la suite du déchausse- ment des gencives ramollies par des fragments ahmentaires pendant l'acte de la mastication. On pourrait citer à l'appui de celle opinion que les dents de la mâchoire inférieure qui se déchaussent plus facilement dans l'acte (1) Kcelliker, MicROScopiscHE Anatomie 372 maslicatoire sont celles qui se trouvent garnies de tartre en plus forte pro- portion. J'ai déjà dit que chez les chiens, qui n'ont pas les dents tartreuses à l'élat normal, un dépôt de celte nature plus ou moins abondant se for- mait lorsqu'on venait à opérer un dérangement des voies digestives, en laissant, par exemple, une fistule gastrique bouchée incomplètement pen- dant quelque temps, et que celte production de tartre s'arrêlail el dispa- raissait quand cessait l'irrilation des voies digestives el celle de la mu- queuse buccale, par la suppression de la cause qui Pavail produite. Dans cette dernière opinion, les phosphates terreux qui entrent dans la composition du tartre des dents ne seraient point empruntés à la salive, mais seraient une sécrétion anormale du périoste alvéolo-den- taire, comme cela a lieu dans les périoslites des os. Les molécules de carbonate de chaux, les cellules épithéliales, les globules pyoiJes, etc., pro- viendraient, au contraire, du fluide salivaire mixte où nous avons en effet signalé leur piésence. Les chlorures alcalins se rencontrent en notable proportion dans la salive mixte de l'homme et des animaux. On a, de plus, signalé dans la sa- hve mixte la présence de lactates, de sulfates el des traces de s<7îce; mais aucune considération spéciale ne se rattache à l'existence de ces substances. Il n'en est pas de même àusulfocyanure de potassium, regardé comme un sel caractéristique de ia salive de l'homme et des animaux, et sur lequel les chimistes el les physiologistes ont beaucoup discouru à raison de la présence singulière dans le fluide salivaire de celle substance qui, par sa composition, devrait être douée de propriétés liès-vénéneuses. D'abord découvert dans la salive de l'homme par Treviranus, le sulfo- cyanure a été étudié depuis par beaucoup de chimistes qui ont obtenu à ce sujet des résultats différents. Quelques-uns ont nié complètement son existence. Parmi ceux qui l'ont admis, les uns ont considéré ce sel comme un des éléments normaux du fluide salivaire, les autres, au contraire, ont soutenu que sa présence était le résultat d'une altération de la salive. Tiedemann et Gmeiin ont admis la présence du sulfocyanure de potas- sium dans la salive mixte de l'homme d'après les réactions suivantes (1). Ils ont pris une assez grande quantité de salive humaine qu'ils ont épuisée par l'alcool ; ils ont filtré, puis ils ont distillé l'alcool ; après quoi ils ont mêlé le résidu alcoolique avec de l'acide pbosphorique et distillé de nouveau (!) Traité DE la digkstion, 1. 1. p. 10. 373 au bain-marie. Le liquide reçu possédait la propriété de rougir les sels fer- riques. Pour s'assurer que c'était bien à du sulfocyanure qu'était due celle coloration, on a repris une autre portion du liquide traité par ralcool et privé de cet alcool par la distillation. On y a ajouté du chlorate de potasse, du chlorure ferrique et de l'acide chlorhydrique ; puis, par l'addition de l'eau de baryte, il s'est précipité peu à peu du sulfate de baryte, d'où il faut admettre dans la salive la présence du soufre qui a formé le sulfate de baryte. Les ailleurs qui ont recherché la présence du sulfocyanure de potassium dans la salive se sont appuyés sur des réactions semblables à celles indi- quées par Tiedemann et Gmelin. C'est donc à l'aide des mêmes caractères chimiques que le sulfocyanure de potassium a été constaté dans la salive mixte de l'homme, dans celles du chien et du cheval. La proportion de sulfocyanure dans la salive mixte de l'homme a été un peu différemment estimée ; elle serait de 0,006 p. 100 (Jacubowilsch), de 0,51 à 098 p. 100 (Wriglit), deO,00Zi6à 0.0089 p. 100 (Lehmann). L'existence du sulfocyanure dans la salive à l'état normal est admise par un très-grand nombre d'observateurs, qui sont Tiedemann et Gmelin, Wright, Mitscherlich, Dumas, Jacubowilsch, Lehmann, etc. Schullz (1) nie que la coloration rouge que la salive prend par l'addition de quelques gouttes de perchlorure de fer toit une réaction suffisante pour caractériser le sulfocyanure, et il rappelle à ce sujet, d'après Berzélius, que l'acétate de soude peut donner avec les sels ferriques une coloration ana- logue. Cette négation du sulfocyanure de potassium émise sous la même forme par Strahl, n'est pas admissible, parce le grand nombre deschimistes et des physiologistes qui ont recherché le sulfocyanure dans la salive, et en particulier Tiedemann et GmeUn, onteu recours à d'autres caractères, ainsi que nous l'avons dit précédemment. On a aussi agité la question de savoir si le sulfocyanure de potassium trouvé dans la salive y existait dans l'état normal, ou s'il ne devait pas être considéré plutôt comme une production pathologique ou comme un résul- tat des manipulations chimiques. En effet, Lehmann (2) a examiné la salive d'un malade atteint de sali- vation mercurielle. Lorsque la membrane muqueuse buccale était gonflée et douloureuse, la salive contenait beaucoup d'épithéliura et de mucus; (i) De alimentorum conconctione. Berlin, 1834; p. 61. (2) Lehrbuch der phys. chimie, t. II. 374 ■elle élait trouble, gluante, floconneuse et fortement alcaline; elle renfer- mait peu de ptyaline, mais, en revanche, beaucoup de sulfocyanure. Quand l'inflanimalion de la membrane muqueuse fut éteinte, le sulfocyanure dis- parut dans la salive, ainsi que son aspect trouble et son excès d'alcalinité. Dans ce cas, la présence du sulfocyanure dans la salive paraissait donc liée à un étal pathologique. L'altération spontanée du fluide salivaire ne semble pas donner nais- sance au sulfocyanure ; mais il en serait autrement quand on fait en même temps intervenir certaines manipulations chimiques. A l'appui de celte idée, je rapporterai une expérience delà commission d'hygiène. On examina à l'état frais de la salive de cheval, et on n'y constata aucune trace de sulfo- cyanure par les réactifs ordinaires. Une porlion de celle même salive fut traitée par l'alcool et abandonnée à elle-même pendant environ trois mois. Simultanément on avait abandonné pendant le même temps une portion du même fluide salivaire, qui n'avait pas été traité par l'alcool. Au bout de trois mois, celle dernière salive ne donnait pas de coloration rouge par les sels de fer, tandis que celle traitée par Talcool en donnait une très-manifeste qui était caractéristique du sulfocyanure. Ces résultats rentrent complète- ment dans l'opinion de Berzélius, qui pense que le sulfocyanure n'existe pas dans la salive à l'état normal, mais qu'il est dû à l'action de l'alcool sur la matière salivaire. Toutefois, bien qu'il paraisse très-probable, d'après ce que nous venons de dire, que le sulfocyanure ne préexiste pas dans la salive, mais qu'il s'y développe sous certaines influences accidentelles, l'origine de cette sub- stance est encore aujourd'hui Irès-obscure, et il est impossible de déter- miner d'une manière précise toutes les conditions qui lui donnent nais- sance. Ce qu'il y a de certain et ce que j'ai constaté bien souvent, c'est qu'en examinant, à l'aide de quelques gouttes de perchlorure de fer, la sa- live mixte fraîche de beaucoup de personnes, qui toutes ont l'apparence d'une parfaite santé, on trouve que chez les unes la salive prend toujours la coloration rouge caractéristique du sulfocyanure, tandis que chez les autres cette réaction ne s'observe jamais. J'ai cru remarquer, d'après un certain nombre d'observations, que celte réaction indiquant la présence du sulfocyanure dans la salive était toujours liée à l'élat de carie d'une ou de plusieurs dénis, et qu'elle n'existait pas chez les personnes qui avaient les dents parfaitement saines. Celle indication pourrait peul-êlre résuller d'une coïncidence, mais elle acquérerait de l?i valeur si elle se trouvait vérifiée par un très-grand nombre d'observations. 375 Ce fait singulier que le sulfocyanure, regardé comme une substance très-vénéneuse, peut exister en certaine proportion dans la salive, a fourni carrière à Timaginalion de plusieurs physiologistes qui ont cru trouver, dans l'exagération de cette sécrétion sulfocyaniqiie, la raison de la rage, qui se transmet, comme on sait, par l'inoculation des fluides sali- vaires des animaux atteints de cette terrible maladie. C'est ainsi que Wright a dit que la salive mixte injectée dans les veines des chiens les faisait périr rapidement en déterminant les phénomènes de l'hydrophobie. Mais il est prouvé aujourd'hui que la salive employée par Wright était obtenue à l'aide de la fumée de tabac, et que c'est à la présence de cette dernière qu'il faut attribuer les accidents qu'il a observés. La salive obtenue sans mélange de substance étrangère, et injectée dans les veines des animaux, ne produit aucun accident fâcheux. Eberie (1) prétend que la formation du sulfocyanure dans la salive est liée comme la rage à un certain état du système nerveux ; et il a institué, d'a- près cette idée, le procédé qu'il conseille de suivre pour recueillir la salive. Pour obtenir la salive pure, Eberle dit qu'il faut la recueillir à jeun; et voici comment il procède sur lui-même. A son lever, il tousse, crache et se rince la bouche pour bien nettoyer sa membrane muqueuse buccale, puis il va faire un tour de promenade pour se mettre de bonne humeur. Il rentro, s'assied, place une cuvelle entre ses jambes, baisse la tète et laisse écouler de sa bouche ouverte la salive qui se sécrète en même temps qu'il pense à des choses agréables et particulièrement à des mets qu'il aime beaucoup. Lasaliveainsi obtenue est parfaitement normale, dit Eberle, etdé- pourvuede sulfocyanure. Mais si, au moment de la sécrétion salivaire, il pen- sait à des choses désagréables et particuHèrement à ses ennemis, aussitôt la salive changeait de nature et se chargeait abondamment du sulfocyanure. Depuis Eberle, je ne sache pas qu'aucun physiologiste ait eu l'imagination assez forte pour obtenir un résultat pareil. II. — SALIVE PAROTIDIENNE. La salive parotidienne a été recueillie et étudiée chez l'homme, le chien, le cheval, le mouton, le cochon, le lapin, etc. Mitscherlich (2) est, je crois, le pren)ier qui ait eu l'occasion d'exa- 1 1 ) Physiologie der Verdauung. (2) Annales de Pogg., t. XXVIII, et Rust Magazin fur die gesammte MEDICIN, t. XXVIll. 376 minor la salive parolidienne sur un homme alleinl de fistule. Depuis ce temps, les fistules parotidiennes ont été vues par un grand nombre d'observateurs (Van Setten, 1837, etc.). Pour ma part, j'ai pu en étudier jusqu'à 6 cas. Après Hapel de la Chênaie, qui pour la première fois recueillit pure la salive parotidienne, en divisant le canal de Sténon sur un cheval, Tiede- mann et Gmelin observèrent la salive du chien et du mouton. Depuis lors, un grand nombre d'expérimentateurs ont isolé et étudié la salive paroti- dienne en la recueillant non-seulement sur les animaux nommés précé- demment, mais encore sur le lapin, le bœuf, etc. A. PROCÉDÉS POUR OBTENIR LA SALIVE PAROTIDIENNE. Cheval. — Le conduit parolidien, chez cet animal, vient passer au de- hors de la mâchoire et remonte ensuite vers la face avec Tarière et la veine faciales, pour aller s'enfoncer dans le muscle buccinateur, au niveau de la seconde molaire supérieure. Ce conduit se reconnaît aisément à sa densité et à sa couleur blanche : il est plus superficiel que les vaisseaux et placé un peu plus en arrière. La veine est au milieu : elle se distingue par la couleur bleuâtre, qu'elle doit au sang qui la remplit ; l'artère est plus profonde et plus en avant : on la reconnaît à ses pulsations. Pour découvrir le canal parotidien, il faut le prendre au moment où il passe sur l'os maxillaire au devant du muscle masséter. Dans ce point, on sent parfaitement sous la peau, à Taide du doigt, le paquet formé par le canal parotidien, l'artère faciale et la veine qui l'accompagne. On fait à la peau, qu'on soulève par un pli, une incision perpendiculaire à la direction des vaisseaux. On divise ensuite le tissu cellulaire sous-cutané, et on arrive de suite sur ce paquet des vaisseaux offrant entre eux les rapports indiqués plus haut. Le conduit étant reconnu et isolé, on le divise et on introduit dans le bout qui est du côté de la glande un tube de verre ou de métal, approprié à la grosseur du conduit qui, chez le cheval, offre de 2 à 3 millimètres de diamètre. Celle précaution est nécessaire pour avoir de la salive parolidienne pure de tout mélange, parce qu'il existe dans les parois du conduit de Sténon des, petits vaisseaux dont le sang se mélangerait à la saUve qui s'écoule. Chien. — Chez cet animal, le conduit parotidien passe transversalement sur le muscle masséter, à la réunion du tiers inférieur avec les deux tiers supérieurs de ce muscle. Le procédé de Tiedeman et Gmelin pour obtenir la salive parotidienne o77 consisle à isoler le conduit de Slénon à son entrée dans la cavité de la bouche. D'autres expérimentateurs l'ont isolé sur le muscle masséter. Mais le procédé est plus commode en recherchant le canaî à l'endroit où il se rend dans la cavité buccale. Voici celui dont je me sers depuis 18^7 : on suit avec le doigt le bord inférieur de l'arcade zigomatique, jusqu'à sa racine inférieure, qui s'insère sur le maxillaire eu formant un arc à convexité pos- térieure. Dès qu'on est arrivé à l'extrémité de cette arcade, on sent une petite dépression qui se trouve au niveau de la deuxième molaire supérieure, entre la saillie que forme l'alvéole de celte dent et l'insertion de l'arcade -zigomatique. Dans ce point, et exaclement au niveau de celte dépression, on fait une incision oblique et dirigée de l'angle interne de l'œil vers la commissure buccale. On divise le tissu cellulaire sous-cutané, et on trouve dans un seul paquet la veine, l'artère faciale, un nerf et le conduit salivaire. Ce dernier est d'un blanc nacré, et il se reconnaît en ce qu'il est le plus pro- fondément situé et croise la direction du paquet vasculoso-nerveux. Dès qu'on a isolé le canal, on fait une incision à ses parois, qui sont très-épaisses comparativement à celles des conduits des autres glandes salivaires, et on introduit dans son intérieur un ppiil tube d'argent muni d'un petit mandrin dont l'extrémité mousse et conique dépasse légèrement le tube, de ïïianière à favoriser son introduction. Après avoir posé une ligature sur le tube, on retire le mandrin et on obtient de celte façon de la salive parotidienne parfaitement pure. Ou ne l'obtiendrait pas pure si on ne prenait pas la précaution d'introduire assez profondément le tube métallique; car, près de l'embouchure du canal de Sténon, dans la cavité buccale, il existe quelquefois de petites glandules (parotide accessoire) qui s'abouchent dans ce conduit et mêlent le liquide visqueux qu'elles sécrètent au liquide parotidien. C'est là une cause d'erreur que n'ont pas évitée MM. Tiedemann et Gmelin. Aussi la salive paroti- dienne qu'ils ont obtenue chez le chien n'avail-elle pas la fluidité de celte salive parotidienne pure. Quelquefois celte glandnle parotide accessoire, à sécrétion visqueui-e, que j'ai trouvée le plus souvent chez les gros chiens dogues, est située plus en arrière sur le masséter. Dans ce cas, il devient impossible d'enfoncer le tube assez profondément. Pour éviler son mélange avec la salive parotidienne pure, il est nécessaire alors de prendre le conduit de Slénon sur le masséter, et non loin du lieu où il émerge de la glande parotide. Mouton. — reconduit parotidien est pour ainsi dire sous-culané et vient TOME IV. 27 378 traverser le muscle bnccinateur, au niveau de la seconde molaire supé- rieure. On le découvre facilement par une incision faite sur le raasséler, et on introduit, comme à l'ordinaire, un tube qu'on fixe de manière à recueillir la salive pure. Lapin. — Le conduit salivaire est excessivement petit, et il est à peu près impossible d'introduire un tube dans son intérieur. Aussi pour obser- ver la salive parolidienne du lapin, le procédé que j'emploie consiste à faire sur la joue, préalablement débarrassée de ses poils, une incision verti- cale qui divise la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, les vaisseaux et nerfs jusqu'au muscle masséter; puis on laisse le sang s'étancher dans la plaie. Au moment où l'animal fait des mouvemeols de mastication, on voit ensuite sortir goutte à goutte la salive parolidienne qui s'échappe du con- duit de Slénon ouvert. Il est bien entendu qu'on ne peut jamais, chez cet animal, obtenir que des petites quantités de salive. Fistules salivaires parotidiennes. — Chez l'homme on a eu fréquera- menl occasion d'observer des fistules parotidiennes causées par des plaies du conduit de Slénon ou par des obsiruclious résultant d'inflammation (oreillons, etc.). Dans quelques-uns de ces cas, on observe sur la joue, au moment de la mastication, une rosée salivaire qui suinte en arrière de l'en- droit obstrué, et quel(iuefois en assez grande abondance pour mouiller un linge en très-peu de temps. M. Bérard a observé ces phénomènes chez son père, dont le canal de Slénon avait été obstrué à la suite d'un abcès de la pa- rotide survenu dans lecoursd'une fièvre grave (1). J'ai eu l'occasion de voir deux exemples semblables dans le service de M. Baillarger, à l'hospice de la Salpèlrière. L'observation anatomique de ces cas montre que le conduit parolidieo est plus ou moins complètement oblitéré au devant de l'obstacle, et que la parotidite a subi en même temps une sorte d'atrophie. Les fistules salivaires exigent chez l'homme des procédés opératoires particuliers pour leur guérison, sans cela les fistules persistent indéfiniment. Chez les animaux, au contraire, quand on fait la section du canal deSté- Bon, la fistule ne persiste que très-peu de temps, et tend à se détruire par un mécanisme tout à fait particulier qui est toujours à peu près le même. Lorsque le canal est divisé sur un chien, le bout qui tient à la cavité buc- cale se rétrécit à cause de la cessation de ses fonctions, et se cicatrise par son extrémité coupée; au contraire, le bout parotidien se maintient encore (1) Cours dk physiologie, l. I, |». 7oa, 37 J perméable et verse la salive au dehors; mais bientôt la plaie tendant à se fermer de plus en plus, l'orifice fistulaire du conduit parotidien se resserre également et finit par se cicatriser dans le tissu inodulaire de la plaie. Il en résulte alors une véritable obstruction des voies salivaires parotidiennes, et quand l'animal fait des efForls de mastication, la salive qui est sécrétée s'ac- cumule dans le conduit et ses ramifications, qu'elle distend d'une manière considérable. Mais on ne voit pas, sous l'influence de cette pression du li- quide retenu dans ces conduits, de suintement salivaire se produire par la peau, comme cela a lieu chez l'homme. Peu à peu par la pression du liquide salivaire retenu dans les conduits dilatés, la glande dont le tissu est égale- ment comprimé s'atrophie progressivement, et le liquide salivaire empri- sonné s'allère et devient visqueux. Tous ces phénomènes s'accomplissent dans l'espace de six semaines à deux mois, je n'ai pas examiné les phéno- mènes ultérieurs. Par suite de cette tendance des fistules des animaux à la cicatrisation, on est forcé pour obtenir des fistules saUvaires permanentes, chez le chien, par exemple, d'avoir recours à des moyens artificiels propres à empêcher l'oc- clusion des plaies naturelles ou artificielles. On se sert de différents moyens, suivant le but que l'on se propose. Si on veut obtenir seulement une fistule salivaire coulant continuellement au dehors, il suffît de faire une incision sur la joue, de chercher le conduit de Slénon, de le mettre à nu, de le di- viser. Alors on introduit son bout parotidien dans un petit tube d'argent à double rebord, dont une extrémité communique au dehors. La cicatrisa- tion s'opère autour du tube, le maintient dans ses parties molles, et la sa- live s'écoule d'une manière continue dans le tube par le bout parotidien divisé. Le procédé changerait si on voulait obtenir une fistule salivaire in- termittente, versant le liquide sécrété tantôt dans la bouche, tantôt au de- hors. Dansée cas, on perce toute la joue et on introduit dans la plaie un tube d'argent, à double rebord et ouvert à ses deux bouts, dont l'un commu- nique au dehors, et l'autre dans l'intérieur de la bouche. Au milieu de ce lube est une ouverture latérale qu'on place vis-à-vis le bout parotidien du conduit divisé. La salive coule dans le lube et va moitié au dehors, moitié dans la bouche. Si l'on veut qu'elle coule exclusivement dans la bouche, on n'a qu'à fermer l'extrémité externe du tube; si, au contraire, on veut Pobtenir eu totahté au dehors, il suffit de boucher l'ouverture buccale du tube. On se sert à cet effet du petit bouchon en liège muni d'une tige. On commence par enfoncer la lige, et on laisse le Hége à l'extrémité externe, si l'on veut que la salive coule dans la bouche ; dans le cas contraire, on 380 enfonce d'abord la lige qu'un fait parvenir jusqu'à Pouveiture buccale du tube. B. PROPRIÉTÉS PHYSlQUrS ET CHIMIQUES DE LA SALIVE PAROTIDIESNE. La salive parolidienrie, lorsqu'elle est pure, esl dépourvue de viscosité ; elle est alcaline, fluide et limpide comme de l'eau au momenl où elle est sécrélée; mais bientôt , parle refroidissement, cette salive devient ordi- nairement un peu opaline par la précipitation d'uu sous-sel. J'ai coiislaté ce caractère de fluidité de la salive parotidienne chez l'homme, le cheval, le lapin et le chien. Toutefois, chrz ce dernier animal, Tiedemann et Gmelin ont obtenu de la salive paroti lienne qui était douée d'une viscosité très- évidente, ce qui lient, comme nous lavons dit, à ce que ces expérimenta- lateurs n'avaient pas eu la s;jlive parotidienne pure, mais mélangée avec le produit visqueux de glandules de la joue qui se déversent quelquefois dans le canal de Sténon (parotide accessoire). Les premières goutles de salive qui coulent du conduit parolidien après nne longue suspension de la sécrétion entraînent toujours avec elles quel- ques parcelles de mucosités grisâtres et un [leu troubles. Dans les conduits d'autres glandes et sur les [larois de l'estomac, il se produit également, pen- dant le repos de l'organe séciéteur, une couche de mucosités grisâtres qui sont enlevées par la sécrétion fonctionnelle lorsqu'el.e vient à entrer en activité. Le dépôt de la sal/ve paiotidienne se forme le | lus souvent immédiate- ment après son écoulement, et il se produit en même temps une pellicule blanchâtre à sa surface, comme sur l'eau de chaux. Quelquefois cependant ce n'est que le lendemain que ce dépôt a lieu, et il me semble avoir ob- servé plus fréquemment ce lait chez des animaux à jeun. Chez le chien, ce précipité dans la salive parotidienne ne se voit pas quand elle est mêlée d'un peu de salive visqueuse. Ce dépôt osl dû sans doute à ce que les bicarbo- nates de la salive perdent une partie de leur acide carbonique au contact de l'air, ce qui donne naissance à un carbonate insoluble qui se précipite au moins en partie. Ce précipité de la salive parotidienne, qui est formé par du carbonate de chaux, entraîne toujours avec lui une matière organique insoluble. Cette dernière particularité a déterminé Lehmann à donner du phénomène une explication différente de celle que nous avons signalée plus haut. Pour ce chimiste, la chaux serait normalen.ent combinée à la matière organique de la salive, au moyen de laquelle elle serait rendue soluble. Au contact de 381 l'air, l'acidecarbonique del'airs'emparerail de la chaux et précipiterait alors la matière organique déplacée avec le carbonate de chaux formé. — Pour ju- ger expériiTienlalement l'une ou l'autre des oiinions précitées, il faudrait sa- voir si la salive au contact de l'air ga^ne de l'acide carbonique au lieu d'en perdre. Tout ce que je puis dire, c'e&t qu'au moment où la salive paroti- dienne sort de son conduit sécréteur et avant d'avoir été exposée à l'air, elle renferme des quantités énormes d'acide carbonique, ce qu'on recon- naît à l'effervescence excessivement vive qui a lieu par l'addition d'un acide éneigiqiie quelconque. La formation de ce dépôt de carbonate de chaux, qui se constate avec la plus grande facilité par les caractères chimiques et par l'examen microsco- pique, distingue la salive parotidienne des salives sous-maxillaire et sub- linguale, qui en diiïèrent eu outre par leur degré de viscosité plus ou moins considérable. La densité de la salive parotidienne a été trouvée, Chez l'homme , de. . 1,0061 à 1,0088 (Milscheriicl»}. le chien 1,0040 à 1,0047 (Jacubowilscb). Id. ..... 1,0036 à 1,0041 (Bernard]. le cheval. . . . l,005l à l,0074 (Lehmann). Les variations de densité, dans les limites que nous venons d'indiquer, peuvent être observées sur le même individu à des instants très-rappro- chés les uns des autres, ainsi que le prouve l'expérience suivante de Leh- mann. Sur un cheval auquel on avait pratiqué la section du canal de Slé- non, la densité de la salive parotidienne, recueillie la première, fut égale à 1,0061. Dix minutes après, le cheval ayant un peu mangé et bu 3 kilogr. d'eau, la salive examinée n'avait plus une densité que de 1,0051. L'animal fut ensuite laissé à l'abstinence pendant douze heures, et sa sahve paroti- dienne, de nouveau examinée, avait une densité de l,007Zi. L'a/ca/inî7e de la salive parotidienne est un fait constant, d'après tous les observateurs. Sur un très-grand nombre d'expériences, j'ai également toujours rencontré chez l'homme et les animaux la salive parotidienne avec une réaction alcaline très-marquée. On cite quelquefois, en opposition avec celle règle, une observation de Mitscherlich, qui a constaté chez l'homme que les bords d'une fistule salivaire parotidienne étaient acides pendant Tabstinence. Mais aussitôt que la salive venait à couler, elle se montrait avec sa réaction alcaline : de sorte que celle acidité, qui coïncidait avec l'absence de la salive, n'était due qu'à l'ailéralion d'un peu de mucus. Il 382 est, du reste, Irès-fréquenl de voir des ouvertures fisluleuses quelconque qui ont suppuré offrir une réaction acide au papier de tournesol. La salive parotidienne est généralement plus alcaline que la salive mixte. Ce fait a été constaté sur le cheval par la commission d'hygiène. D'après Wright, la quantité de soude trouvée dans la salive est : Chez l'homme en santé, de. . 0,095 à 0,353 <>/• le chien 0,151 à 0,653 la brebis 0,087 à 0,261 le cheval 0,098 à 0,513 Il est à remarquer que ces nombres ne sont pas exactement comparables, parce qu'ils n'appartiennent pas tous à la salive parotidienne. Du reste, le degré d'alcalinité de la salive parotidienne elle-même peut varier suivant diverses circonstances. îMitscherlich a observé, chez l'homme atteint de fistule parotidienne, que la salive était moins alcaline au commencement de l'écoulement , et que l'énergie de sa réaction dans ce sens augmentait ensuite progres- sivement et d'autant plus que les aliments étaient plus durs et plus irri- tants. Tiedemann el Gmelin disent que, dans la salive de l'homme, l'alcali est constitué presque exclusivement par de la potasse, tandis que, dans celle du chien et de la brebis, la soude se trouve en très-forte proportion avec très-peu de potasse. Les proportions d'eau, de matières solides organiques el inorganiques dans la sahve parotidienne, ont été déterminées dans les analyses de la ma- nière suivante : Eau. Matières solides. Chezrhomme. . . 98,532à98.368 Del,468àl,632(Mitscherlich). M. ... 08, 38 1, 62 (Van Setlen). Chez le chien. . . 99, 53 0, hl {Jacubowitch). Jd, ... 97, iJ 2,58 (T. et Gmelin). Chez le cheval .. 98,90 l, lo (Comm.d'hyg). Chez la brebis. . 98, 10 1, 90 IT. et Gmelin). Il y a une différence considérable dans le résultat obtenu par MM. Tiede- mann el Gmelin avec la salive du chien ; mais nous avous vu précédem- ment que ces expérimentateurs ont obtenu un fluide qui ne peut pas être considéré comme de la salive parotidienne pure. Les matériaux solides de la salive sont constitués par des substances or- 383 ganique» et par des substances inorganique?. Bidder et Schmidl ont trouvé dans la salive du chien l.Zj de malières organiques et 3,3 de matières in- organiques. Sur 1 000 parties, la commission d'hygiène trouva 33,53 de matières inorganiques pour 100 parties du résidu sec de la salive paroli- dienne du cheval. Tiedmann et Gmelin ont constaté chez la brebis 56 p. 100 du résidu sec. Les matières organiques de la salive parolidienne sont constituées prin- cipalement par une substance coagulable par la chaleur, précipitable par les acides énergiques et le tanin, qu'on a considérée tour à tour comme de l'albumine ou de la caséine. Il existe en outre des matières organiques très-mal déterminées sous le nom de ptyaline. D'après Lehmann, ces ma- tières organiques se trouvent à un étal de combinaison soluble avec l'alcali de la salive. Les matières salines de la salive parolidienne sont le bicarbo- nate de potasse, le chlorure de potassium, les carbonate et phosphate de chaux, et enGn le sulfo-cyanure de potassium, qui a été signalé par quel- ques auteurs. Les variations qui peuvent survenir dans le rapport de l'eau et des ma- tières solides de la salive parolidienne sont peu connues ; cependant, dans certaines circonstances, les proportions d'eau et de matières salines qu'elle peut renfermer varient d'une manière évidente. Généralement les portions de salive qui se trouvent sécrétées les dernières contiennent une plus grande proportion d'eau ; de sorte qu'on pourrait Irouver des difTérences dans les analyses à ce point de vue, si l'on n'a pas soin de mélanger toutes les por- tions de salive obtenues. Un fait singulier a été observé par la commission d'hygiène sur un che- val auquel on avait pratiqué une fistule parolidienne. On observa, en effet, la diminution progressive des matières salines dans la salive à mesure qu'on examinait la salive, en s'éloignanl de l'époque où avait élé pratiquée la fistule. Voici les résultats de celte expérience, rangés en tableaux : ■MU IndicatiOD MalièrCB Tableau ( cah-4ile pour des jours où fui Analyses. sèches 100 de matière sèche. recueillie . -«1 H.,^ -'^ » 1^» formant la II— la salive Matières Malièrcs somme des Matières Matières parotidiennc. Eau salines. orpaniq. matières org. et inorg. organ. inorgan. 24 avril, . 99,100 0,800 0,600 0,900 66,66 33,33 29 avril. . 98,175 0,609 0,416 1,025 40,25 59,75 9 mai. . 99,140 0,573 0,287 0,860 33,33 6G,66 36 mai. . 99,500 0,480 0,020 0,500 4.00 96,00 6 juin. . 99,124 0,692 0,184 0,876 21,00 79,00 19 juin. . 98,700 0,873 0,427 1,300 32,83 07,17 3 juillet. 99,260 0,640 0,100 0,740 13,52 86,48 21 août. . 98,970 0,942 0,088 1,030 7,10 92,84 Valbumine a été signalée dans l.i salive paioUdienne, parce que, par la chaleur ou par l'acide nitrique, il se forme dans ce liquide un précipité plus ou moins abondant. C'est principalement dans la salive du cheval que ce phénomène s'observe. La commission d'hygiène admet 20 à 2Zi pour 100 d'albumine dans le résidu sec de la salive parotidienne du cheval ; elle considère celte ma- tière alburaineuse salivaire comme identique à celle du blanc d'œuf et comme bien distincte de la caséine. La caséine a pourtant été signalée, à l'exclusion de l'albumine, dans la salive parotidienne du cheval, par Simon, par Schullz et par d'autres au- teurs. Il me paraît évident néanmoins que tous ces observateurs ont eu affaire à la même substance salivaire, qui offre en effet, ainsi qu'on va le voir, des caractères communs à la caséine et à l'albumine. J'ai recueilli sur un cheval vieux, mais parfaitement sain, de la salive parotidienne bien pure, par la section du conduit de Sténon. Traitée par la chaleur ou par l'acide nitrique, il se formait un coagulum assez abondant, ayant toutes les apparences d'un précipité albumineux. Dans deux autres portions de cette même salive , j'ajoutai à l'une un excès de sulfate de soude cristallisé, et à l'autre un excès de sulfate de magnésie également cris- tallisé. Au bout de quelques instants de contacta la température ordinaire, on filtra les deux mélanges. Le liquide qui filtrait après l'action du sulfate de soude coagulait comme auparavant, tandis quele liquide qui filtrait après l'action du sulfate de magnésie ne coagulait plus, parce que sa matière albuminoide avait été complètement retenue sur le filtre. Cette dernière réaction, qui appartient aussi à la caséinedu lait, différencie doncla matière 385 organique salivaire de la parotide d'avec Talbumine du blanc d'œuf. Cette matière albuminoide de la salive parotidienne est très-peu abondante chez le chien et chez Thomme ; cependant j'en ai trouvé des traces évidentes. Cette matière albuminoide de la salive parotidienne, en arrivant dans la sa- live mixte, paraît s'altérer rapidement et disparaître en partie. La matière organique appelée diastase salivaire n'existe pas dans la salive parotidienne fraîche. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet, à propos des usages des salives. Les matières salines qu'on rencontre dans la salive parotidienne ne dif- fèrent que par leur proportion d'avec celles de la salive mixte, les carbo- nates alcalins sont beaucoup plus abondants dans la salive parotidienne que dans la salive mixte, ce qui fait que la salive mixte est beaucoup moins al- caUne que la salive parotidienne. Le sulfocyanure n'a jamais pu être constaté directement par les sels ferriques dans la salive parotidienne pure, soit fraîche, soit ancienne. Ce n'est qu'après l'avoir traitée par l'alcool et lui avoir fait subir les manipula- lions indiquées ailleurs qu'on a pu constater la présence du sulfocyanure dans la salive parotidienne de certains animaux, tels que le chien. Au point de vue de ses qualités physiques, la salive parotidienne, quand elle est pure, se dislingue essentiellement des autres salives par sa grande fluidité, qui la rend propre à imbiber les substances. Cette fluidité favorise aussi le dépôt des sels de chaux, qui n'a pas lieu dans les autres liquides salivaires plus ou moins visqueux, qui nous restent à examiner pour ter- miner ce mémoire. ÉTUDES ANATOMIQUES ET PHYSlOLOGigUES LES INVERTÉBRÉS, Lues à la Société de Biologie Par Charles ROUGET, Hambre <1« la Société de Biologie, interae-laoréat d«« bOpllaux. POLYPES HYDRAIRES L'anatomie et la physiologie générales ont retiré de l'étude des or- ganismes inférieurs des avantages incontestables. Les curieuses observations de Trembley sur la reproduction par scissiparité artificielle chez les polypes d'eau douce, sur le retourne- ment de ces polypes, etc., sont à chaque instant invoquées; mais, dans ce cas comme toujours, des notions anatomiques complètes peuvent seules donner toute leur valeur aux observations physiologiques. Depuis Trembley, l'anatomie des polypes d'eau douce a été le sujet de recherches nombreuses ; mais ces recherches concordent si peu entre elles, leurs résultats sont si diflférents et la plupart du temps si confus, que les observations du naturaliste genevois sont susceptibles des interprétations les plus opposées. 388 Le désir de donner enfin une base solide à une expérimentation physiologique importante et d'élucider en même temps certains pro- blèmes de développement des tissus, m'a porté à entreprendre de nouvelles recherches dans un champ exploré déjà par d'éminents na- turalistes (1). Mes observations ont été faites au printemps de 1851 et pendant l'été et l'automne de 1853 sur des polypes d'eau douce recueillis aux envi- rons de Paris, et appartenant aux espèces liydra vîridis et Injdra vul- garis. Je rapporte à cette dernière espèce trois types, considérés comme espèces distinctes (fiydra fusca, Injdra grisea, liydra pallens), par plusieurs naturalistes. Ces trois types ne sont que des états diffé- rents d'individus appartenant à une même espèce. Les hydres brunes sont des individus bien nourris, vigoureux, adultes, portant ordinai- rement de nombreux rejetons gemmulaires. Les hydres grises, moins bien nourries, de plus petite taille, plus jeunes peut-être, portent plus rarement et en moins grand nombre des rejetons. Quant à la troisième variété, elle comprend des polypes qui sont incolores, d'un blanc laiteux à la lumière directe , toujours beaucoup plus petits que les deux autres variétés, et ne portant jamais ni organes génitaux ni re- jetons. Mes propres observations, jointes à celles de M. Laurent, sur le dé- veloppement de l'œuf des polypes, me portent à considérer cette troi- sième variété comme des individus très-jeunes, provenant d'œufs et non de gemmes, mais appartenant également à l'espèce hydra vul- garis. J'ai étudié autant que possible les polypes vivants , évitant toute compression capable d'altérer leurs tissus, et préférant y substituer une dilacération ménagée. J'ai employé pour la plupart des observations un grossissement de 500 diam. réels environ (obj. 5 et ocul. 3 du microscope de Nachet), et pour l'étude détaillée des éléments, un grossissement de 900 diam. (obj. 7, ocul. 3). ANATOMIE DES POLYPES HYDRAIRES. A l'extérieur du corps de l'hydre vulg., on observe une couche in- (1) Tremblcy, Pallas, Rœsel, Laurent, Ehienberg, Cord; -Wagner, Siebold, Kcker el Waaner. 389 colore, transparente, finement granuleuse et constellée en quelque sorte de vésicules brillantes, que leur éclat, dû sans doute à un pou- voir réfringent considérable, fait apercevoir avant tout autre détail. Sur les bords de la paroi extérieure, on constate que ces vésicules sont complètement enchâssés dans son épaisseur. La couche enveloppante est nettement limitée, chez l'hydre verte surtout, parle champ coloré qui lui est sous-jacent; mais son aspect et son épaisseur varient avec les mouvements de contraction ou d'ex- pansion de l'animal. Lorsqu'il s'allonge en un tube filiforme, cette couche est mince et lisse. Dans un état moyen, entre la contraction et l'expansion, elle se montre, au contraire, couverte de petits mamelons qui lui donnent l'aspect d'une mûre. L'animal vient-il à se contracter fortement, de manière à prendre une forme globuleuse ou discoïde, les mamelons deviennent plus étroits et plus saillants, et en même temps apparaissent de véritables plis, séparés par des sillons (1). L'aspect murifonnc du tégument extérieur est surtout très-nettement accusé autour de l'orifice buccal, qui paraît comme entouré par une couronne dentée, formée par plusieurs ran- gées de ces petites éminences. Les mêmes changements de forme et d'aspect se remarquent dans les tentacules ; mais en outre on les voit aussi quelquefois dans un état d'allongement extrême , présenter de distance en distance des renflements mamelonnés, garnis de vésicules brillantes, disposées en cercles. Ces espèces de verrues sont séparées par des portions du tube tentaculaire, entièrement lisses. La ventouse du pied consiste en une surface concave, sur les bords de laquelle se montrent les saillies mamelonnées, mais les vésicules brillantes manquent constamment dans ce point. On observe encore dans cette couche tégumentaire une autre dispo- sition très-importante. Lorsqu'on rapproche l'objectif du champ coloré, on voit apparaître au-dessus de celui-ci un réseau composé de linéaments jaunâtres d'un diamètre de 0,002, qui circonscrivent des mailles complètement claires et transparentes. Ce réseau est très-évident chez l'hydre vul- gaire, surtout chez les individus petits et pâles (jeunes ovulaires) {hy~ (1) Voyez CorJa, pi. 1, fig. 2 et 3. 390 ëra pallens}. Il existe non-seulement dans les tentacules, mais Sur toute la surface du corps et du pied. Les mailles, un peu plus petites sur le corps, ont dans chaque région des dimensions assez semblables. Chez l'hydre brune, dans les régions où le champ coloré est très- prononcé, au niveau de la dilatation stomacale, par exemple, ce réseau se distingue beaucoup plus difficilement. Chez l'hydre verte, lorsque l'animal est dans un état de complète intégrité, on n'aperçoit pas du tout ce réseau , sauf dans quelques parties des tentacules. Ajoutons que, dans la même espèce, les vésicules brillantes, que l'on voit bien sur les bords de la couche externe, manquent aussi en apparence dans toute la partie qui est doublée par le champ coloré. Au-dessous de la couche tégumentaire incolore et transparente, se trouve un champ coloré en vert chez l'hydre verte, en jaune orangé chez l'hydre brune, grise et blanche. A l'état normal, ce champ coloré forme une couche partout continue chez l'hydre verte, et sépare net- tement l'enveloppe incolore des couches sous-jacentes. Mais, chose remarquable, l'animal vient-il à être placé dans un milieu défavora- ble et dans de mauvaises conditions d'alimentation, des lacunes se montrent dans ce champ coloré, au niveau des tentacules d'abord, puis au niveau du pied. Chez rhydre vulgaire, chez la variété même dont la coloration est la plus intense, l'hydre brune, le champ coloré présente des lacunes partout , et surtout au niveau du pied et des tentacules. Ces lacunes sont beaucoup plus considérables et la coloration moins intense chez l'hydre grise. Quant à l'hydre blanche, la coloration manque complètement dans les tentacules, et le corps ainsi que le pied ne présentent que des petits amas disséminés et faiblement colorés. Plus profondément, à travers les lacunes du champ coloré, on aper- çoit une dernière couche qui tapisse partout la cavité digestive. Transparente et incolore, cette couche est parsemée de petits grains bruns ou noirâtres qui la caractérisent, comme les vésicules brillants caractérisent la couche externe. — Ces grains bruns, dont la colora- tion est la même chez toutes les espèces, sont plus nombreux au niveau de la région stomacale : ils manquent complètement dans les tenta- cules chez toutes les espèces ; l'examen de cette couche interne à tra- vers les conclus externe et moyenne est nécessairement incomplet : il faut pouvoir l'observer directement. On peut avoir pour cela re- cours au retournement artificiel, tel que le pratiquait Trembley ; mais ;}9i c'est un moyen quelque peu violent , et qui ne laisse jamais cette couche dans son intégrité. Il vaut beaucoup mieux profiter des cas de retournement spontané. Ces cas sont, à la vérité, assez rares ; mais on peut, en quelque sorte , provoquer ce retournement spontané, en plaçant sur le porte-objet et recouvrant de la plaque de verre mince une hydre occupée à digérer une proie volumineuse : il arrive sou- vent que l'hydre se trouvant là dans des conditions défavorables vomit sa proie, et pour cela se retourne partiellement, ou du moins dilate tellement l'orifice buccal, que l'on peut observer directement la sur- face de la cavité digestive. On voit alors que la couche à grains bruns repose immédiatement sur le champ coloré , et à travers les lacunes de ce champ coloré, on aperçoit plus profondément, le réseau d'abord, puis les vésicules brillantes, caractéristiques de la couche externe (1). Dans quelque région que ce soit, on ne peut découvrir ni conduits vasculaires ni fibres nerveuses ou autres, etc. Les trois couches que nous venons de montrer existent seules, et ne laissent entre elles, au moins au niveau du corps, aucun espace, aucune cavité analogue à ce qu'on a appelé la cavité du corps chez d'autres polypes.— Seulement, lorsque vient pour les hydres l'époque de la reproduction par œufs fécondés, les éléments constitutifs des organes génitaux mâle et fe- melle se déposent entre la couche externe et la couche colorée , les écartent peu à peu l'une de l'autre, et soulevant la première s'en for- ment une espèce de capsule (membrane arachnoïdiennede Siebold). Après l'expulsion de la masse ovulaire , l'examen des lambeaux de cette capsule montre qu'ils sont constitués par la membrane tégumen- taire bien isolée des couches sous-jacentes. COUCHE EXTERNE OD MEMBBANE d'eNVELOPPE. La couche externe dans son ensemble nous a montré une sub- stance fondamentale, incolore, demi- transparente, et finement granu- lée : dans l'épaisseur de cette substance, et vers la superficie, des vé- sicules brillantes de deux espèces, plus profondément un réseau. Les mouvements de l'animal donnent, ainsi que nous l'avons dit , à la substance fondamentale les aspects les plus divers. Mais dans l'état d'immobilité, ou lorsque l'animal étant mort, ces alternatives de con- (I) PI.TI, fig. 5. ;i92 tractions et d'expansion ont complètement cessée la couche externe se présente constamment comme une surface hérissée de mamelons ré- guliers et de dimensions sensiblement égales partout. Lorsqu'on parvient à isoler ces lambeaux de la couche externe des couches sous-jacentes, ou mieux lorsqu'on l'observe au niveau des ten- tacules, etsurtout à la région de l'ovaire après l'expulsion de l'œuf, on constate de la manière la plus évidente que ces mamelons ne sont autre chose que les extrémités libres et saillante de grandes cellules juxta- posées. Ces cellules adhèrent fortement les unes aux autres , et il est très-difflcile de les obtenir isolées , d'autant plus qu'elles sont très- fragiles , et que toute pression un peu forte rompant la paroi fait écouler le contenu. Ce contenu est constitué d'abord par les vésicules de deux espèces que nous avons mentionnées. Dans chaque cellule existe ordinairement une grande vésicule et plusieurs (3 à 6) petites ; mais outre ces vésicules, la paroi des cellules rompue laisse écouler une substance tout à fait incolore et transparente, ayant l'apparence de l'albumine, visqueuse, ne se mêlant pas à l'eau et se divisant en globules de volume très-variable. L'observateur voit ces globules se former sous ses yeux et parcourir le champ du microscope, tantôt en conservant leur forme, tantôt en présentant cette espèce d'oscillation si commune dans les gouttes d'huile en suspension dans l'eau. Souvent ces globules sont complètement homogènes et transparents, comme la masse dont ils proviennent; mais souvent aussi, au moment où la cellule se rompt, le contenu en s'échappant enveloppe tout ce qu'il rencontre sur son passage, et l'on voit alors se former de toutes pièces des globules, dans l'intérieur desquelles se trouvent tantôt une ou plusieurs vésicules, tantôt des amas pigmentaires de la couche in- terne, et tantôt des globules colorés de la couche moyenne : si ce der- nier cas est le plus fréquent, c'est qu'aussitôt qu'un point quelconque de la couche externe est rompu, les globules colorés se répandent en grande quantité dans le champ du microscope. Quant aux granulations moléculaires, elles paraissent appartenir, non pas au contenu, mais à la paroi môme des grandes cellules. J'ai dit qu'il était très-difficile d'isoler ces cellules les unes des au- tres; cependant on y parvient quelquefois. Elles présentent alors des contours arrondis ; elles sont ovalaires (1). Leur diamètre longitudinal (I) PL VII, fig. I et 2. o9o est de 0,036 à 0,OZi sur 0,024 à 0,030 de diamètre transversal. Les vési- cules contenues dans leur intérieur sont très-rapprochées de la pa- roi, et celles de la première espèce apparaissent quelquefois, mais ra- rement, au centre d'une lacune tout à fait claire et transparente. Mais ce qui caractérise essentiellement ces cellules de la couche externe, et ce qui accuse nettement leur nature , c'est qu'en les trai- tant par l'acide acéticjue étendu , on voit paraître dans la paroi de chacune d'elles un grand noyau ovale de 0,008 ù 0,01 muni d'un nu- cléole. Dès le début de l'action de l'acide acétique, la cellule se con- tracte et chasse de son intérieur les vésicules urticaires , et pour peu que l'action de l'acide se prolonge, le contenu même de la cellule s'échappe, le noyau reste seul avec des lambeaux de la paroi qui lui adhèrent. Indépendamment du noyau propre de chaque grande cellule, on aperçoit encore au milieu des granulations moléculaires, et moins distinctement, d'autres noyaux beaucoup plus petits assez nombreux. L'existence de ces formes cellulaires secondaires est sans doute en rapport avec la reproduction incessante des vésicules urticaires. Mais nous avons signalé aussi dans les couches superficielles au- dessus du champ coloré, un réseau très-apparent dans les tentacules, et même dans tout le corps chez certains polypes. Quels sont les élé- ments qui le constituent ? Dans les cas mêmes où ce réseau apparaît le plus nettement, il est tout à fait impossible , quelque procédé que l'on emploie, d'isoler aucun de ses filaments : bien plus, il est également impossible d'ob- server directement ce réseau ou ses filaments. Dans tous les points où ils se montrent, ils semblent toujours sous-jacents aux grandes cel- lules de la couche externe. On remarque aussi que les dimensions des mailles du réseau et celles des cellules sont les mêmes; que la forme est la même et varie simul- tanément. Dans l'état de contraction , quand les mailles se resserrent en travers, les mamelons des bords deviennent plus saillants et plus étroits : lorsqu'au contraire les mailles s'allongent, les mamelons s'ef- facent complètement ; mais sur les bords de la couche externe devenue lisse , on peut encore distinguer quelquefois les limites extrêmes des cellules allongées, et dont le diamètre longitudinal est sensiblement le même que celui des mailles. De plus, tout à fait à la surface de la couche enveloppante, on aperçoit le plus souvent des stries obscures TOME IV. 28 qui indiquent les limites des grandes cellules juxtaposées; i\ mesure que le foyer de l'objectif se rapproche, on voit succéder à ces stries , en s'y superposant exactement , les linéaments qui circonscrivent les mailles du réseau. Enfin , sur des polypes ovulaires (%drapa//(?w5), transparents et très- favorables à cet examen, l'observation montre de la manière la plus nette un réseau parfaitement régulier sur tout le corps, et dans les tentacules une série de mailles allongées , juxta- posées deux à deux. Eh bien l vers le bord, les mailles du réseau , en tout semblables aux autres par leur partie centrale, se terminent en constituant par leur extrémité périphérique les mamelons du bord de la couche externe. Au niveau de l'orifice buccal surtout, il est par- faitement évident que les festons qui l'entourent et les extréjnités li- bres des mailles du réseau sont une seule et même chose. La couche tégumentaire est donc constituée par un seul élément , les grandes cellules à noyau ovale , contenant dans leur intérieur les vésicules à venin ; le réseau n'est pas un élément nouveau, distinct et indépendant de ces cellules, il est constitué par elles, ou pour parler plus exactement, ce réseau n'est qu'une apparence due à la juxtapo- sition des cellules, un phénomène optique mal interprété, et cependant fort simple et très-général, car on le voit se reproduire dans les cas où de véritables cellules (ayant une cavité bien distincte de la paroi) con- stituent des membranes dans l'épiderme de certains animaux (batra- ciens, poissons) et surtout dans l'épiderme des végétaux. Dans ce dernier cas, si l'on examine la surface même de la membrane, l'œil distingue d'abord un champ coloré, en vert ordinairement, d'innombrables gra- nulations et des stries obscures qui indiquent les limites des cellules : que l'on approche l'objectif, à la place du champ coloré et des gra- nulations, apparaît dans un champ complètement clair et transparent un réseau très-net de linéaments jaunâtres formé par les parois des cellules. Le phénomène est exactement de même nature dans l'enveloppe des polypes hydraires. L'œil distingue d'abord la surface des cellules, les granulations et le noyau contenus dans l'épaisseur de la paroi , et en même temps les vésicules à venin, accolées à la face profonde de cette paroi. Puis pénétrant dans l'intérieur de la cellule à l'aide d'un chan- gement de foyer, comme le contenu est complètement clair et transparent, on ne voit plus qu'un champ transparent, interrompu à la limite des cellules, par la paroi, dont l'épaisseur est mesurée par la 395 largeur des lignes du réseau. Si maintenant , dans les points où les globules du champ coloré forment une couche épaisse , et spéciale- ment chez l'hydre verte, le réseau paraît manquer , c'est que le fond uniformément coloré ne permet pas de distinguer les espaces inter- cellulaires, que la lumière traverse librement, des parois des cellules. Que l'épaisseur de la couche colorée diminue ou que des vides se for- ment, aussitôt la lumière accuse librement la différence de transpa- rence entre le contenu et la paroi, et le réseau apparaît. Dans l'intérieur des grandes cellules tégumentaires sont contenues les vésicules urticaires, immédiatement accolées à la paroi, que tra- verse même, dans certains cas, un filament très-grêle sortant du sommet des vésicules. Celles-ci sont, comme nous l'avons vu, de deux espèces. Chaque cellule paraît renfermer, au moins au niveau des tentacules, une grande vésicule entourée de plusieurs petites. Le diamètre des grandes vésicules est de 0,016 sur 0,02 (hydre brune), 0,01 sur 0,008 (hydre verte) ; celui des petites de 0,01 sur 0,006 (hydre vulgaire), 0,004 (hydre verte). Les petites vésicules, vues de profil, sont elliptiques et montrent roulé en spirale dans leur intérieur le filament grêle dont la pointe sort par une des extrémités. Vues de face, ces mêmes vésicules ont la forme de de petits globules brillants, avec un point obscur au centre. Les grandes vésicules rappellent par leur forme la panse de certaines fioles à large goulot. Le fond est tourné vers l'intérieur de la cellule, et le goulot appliqué à la paroi laisse passer un filament très-grêle qui peut faire saillie au dehors. Dans certains cas, ces grandes vésicules semblent occuper le centre d'une lacune complètement claire et transparente (l). Une espèce de pyramide repose par la base sur une masse hémi- sphérique, striée, qui occupe le fond de la vésicule ; l'épaisseur de la paroi propre est notable , et sa coloration jaunâtre ; vues de face, les grandes vésicules présentent au centre un point obscur, et entre ce point et la paroi des stries concentriques. Une pression, même légère, suflît pour expulser de l'intérieur des cellules qui les contenaient un grand nombre de vésicules urticaires : elles se répandent dans le champ du microscope, et l'on voit alors à côté des formes que nous 0)Pi. vit, fig, 1 et 2. ^96 venons de décrire apparaître deux formes nouvelles. De petites vési- cules elliptiques, transparentes, de 0,01, sont comme appendues à un filament très-grêle de 0.1 de long environ . et d'une finesse impercep- tible à sa terminaison. Souvent ce filament est encore roulé sur lui- même en spirale; ce sontbien évidemment les petites vésicules urticai- res, de l'intérieur desquelles le filament spiral est sorti en se déroulant plus ou moins complètement. Mais la plupart des grandes vésicules se sont transformées aussi d'une manière tout à fait singulière et inex- plicable au premier abord : leur cavité ne contient plus ni pyramide ni masse striée : elle est vide ou remplie seulement d'un liquide très- réfringent, mais le goulot est maintenant surmonté d'un appareil, consistant en un appendice armé à l'extrémité de quatre crochets dont la pointe est dirigée vers la vésicule ; du milieu des crochets l'appendice se prolonge en un filament élastique très long et très- grêle, tout à fait semblable à celui des petites vésicules urticaires. Si étrange que soit au premier abord cette forme nouvelle de vésicule, nous devons cependant éloigner l'idée de l'existence d'un organe nouveau, ne l'ayant pas observé dans l'état d'intégrité des tissus. Un examen plus complet des grandes vésicules va, du reste, nous expliquer cette transformation. Le style en forme de pyramide, contenu dans l'intérieur de ces vési- cules, présente à la base trois saillies : deux latérales bien prononcées, une médiane qui l'est moins parce qu'elle est vue de face ; à ces trois saillies font suite trois arêtes qui vont en s'amincissaut et se confon- dant de la base au sommet. Les dimensions de chacune d'elles corres- pondent exactement à celles des crochets de l'appareil hastifère; sur les côtés on distingue, surtout après le traitement par l'acide acé- tique, deux stries ou lignes parallèles qui semblent indiquer la présence d'un tube dans lequel serait engaîné le style. Ce tube adhère au goulot de la vésicule, dont la paroi épaisse s'arrête brusquement à ce niveau, et présente une ouverture que l'on peut quelquefois ob- server directement. Quanta la masse hémisphérique qui occupe le fond de la vésicule, elle est finement striée , et des stries sont surtout apparentes au voi- sinage de la paroi ; le traitement par l'acide acétique montre que cette masse tout entière résulte de l'enroulement d'un filament élastique, dont l'extrémité fait souvent saillie hors de la vésicule : ainsi, une pyramide trifurquée à la base, contenue dans l'intérieur 397 d'un tube à parois minces , un fil enroulé , voilà le contenu d'une grande vésicule , dans l'intérieur de la cellule où elle s'est développée. Hors du corps de l'animal et après la transformation, le tube est devenu l'appendice qui supporte quatre crochets; ceux-ci relevés et groupés en faisceau dans l'intérieur du tube constituaient la pyramide à quatre arêtes (dont trois seulement visibles). Quant au filament qui sort du milieu des quatre crochets, c'est le même qui, enroulé, occupe le fond de la vésicule. Le mécanisme de cette transformation est si ra- pide , qu'on ne peut en générai en observer que le résultat ; mais j'ai vu plusieurs fois des vésicules dans lesquelles le déploiment de l'appareil hastifère avait été en quelque sorte interrompu : le col, sorti seul de la vésicule, était surmonté par les quatre crochets, mais rele- vés et conservant encore la forme d'une pyramide ; quant au filament élastique , la plus grande partie était encore enroulée au fond de la vésicule (1). COUCHE MOYENNE OU CHAMP COLORÉ. Chez l'hydre verte, le champ coloré est constitué par d'innom- brables globules pressés les uns contre les autres, et entassés par places en plus grand nombre, d'où résulte encore l'apparence d'une espèce de mosaïque ou de réseau plus ou moins marqué. Ces globules sont colorés en vert, et de O.OOZi à 0,006 de diamètre ; dans leur intérieur et à peu de distance de la paroi , paraît emboîtée une autre vésicule contenant elle-même deux ou trois petits gra- nules. Hors du corps de l'animal, dans ces globules apparaissent quelque- fois deux ou trois sillons, résultant peut être d'un plissement dû au contact de l'eau. Les globules, qui constituent la couche moyenne du corps de l'hydre vulgaire, sont d'un volume inférieur au moins de moitié aux précédents. Ils n'ont guère que 0,002 à 0,003; ils présentent une cou- leur uniforme, jaune blanchâtre, plus foncée dans les gros globules. On ne découvre dans l'intérieur ni noyau inclus ni granulations. J'ai déjà dit que chez certains polypes et dans certaines régions du corps, cette couche n'était plus continue, présentait des lacunes et (l}Pl. vu, lig. 6 eu. 398 même manquait entièrement quelquefois. Chez les hydres grises , et surtout chez les jeunes polypes ovulaires {hydra paltens) , les globules colorés ne constituent plus en aucun point une véritable couche, mais seulement des amas de 0,015 à 0,02 , toujours plus rapprochés et plus nombreux au niveau de la dilatation stomacale. Ces amas sont irrégu- lièrement arrondis , et de leur périphérie partent souvent des prolon- gements. Ils ne paraissent pas munis d'une enveloppe. Très-nets et très-évidents chez les hydres pâles, ces amas y sont bien évidemment situés au-dessous du réseau, et le p^ijs souvent au niveau des points d'intersection des mailles. ÉLÉMENTS DE LA COUCHE INTERNE OU MEMBRANE PROPRE BE LA CAVITÉ DIGESTIVE. A travers la membrane tégumentaire , dans les points où le champ coloré présente des lacunes, on aperçoit plus profondément, chez l'hydre verte comme chez l'hydre brune, îss couche interne caracté- risée par la présence de taches brunes assez régulièrement espacées. Ces taches brunes sont constituées par une agglomération de granules pigmentaires tout à fait semblables, pour le volume et la forme, à ceux des animaux supérieurs. Tantôt les amas pigmentaires de 0,006 semblent simplement enchâssés dans l'épaisseur d'une couche d'ap- parence homogène; tantôt ils sont contenus dans l'intérieur de cel- lules à parois claires, dans le voisinage desquelles on aperçoit d'autres globules ou cellules de 0,008 à 0,01, renfermant souvent de très-petits granules , et dans quelques cas une espèce de noyau. Dans les cas où j'ai pu l'observer directement, chez l'hydre sponta- nément retournée, cette couche interne m'a toujours paru parfaite- ment lisse, dépourvue de villosités et de cils vibratiles. Mesurée sur le bord , elle présentait une épaisseur de 0,016 ; et bien qu'elle parût homogène, dans un point où son épaisseur était moindre et où elle semblait avoir été déchirée , on voyait s'en détacher des globules et dss cellules en tout semblables à celles que l'on y observe quelquefois dans l'animal intact à travers les couches extérieures. Enfin ces mêmes globules et cellules, qui paraissent une dépendance spéciale de la membrane interne , se rencontrent en grand nombre nageant au milieu du liquide qui oscille dans la cavité digestive et dans celle de& tentacules. 399 La membrane interne de la cavité digestive se prolonge- t-elle dans les tentacules? C'est une question très-difficile à résoudre dans l'im- possibilité où l'on est de l'observer directement. Cependant , comme les cellules pigmentaires {hépatiques) caractéristiques de cette couche manquent complètement dans les tentacules, je suis porté à admettre que la membrane interne change au moins de nature dans ce point. 11 est certain, d'autre part, que la couche moyenne ne forme pas la paroi immédiate du tube tentaculaire. En effet, dans certains cas , elle n"'existe pas au niveau des tentacules {hydra pallens) , et lorsqu'elle existe, chez l'hydre verte par exemple, il faut de toute né- cessité que ses éléments, qui n'ont entre eux aucune cohésion, soient maintenus du côté de la cavité du tentacule par une membrane quel- conque , anhyste , probablement. PROPRIÉTÉS ET PONCTIONS DE LA MEMBRANE d'eNVELOPPE. C'est essentiellement aux grandes cellules de la couche externe que le polype doit la faculté de se mouvoir, s'allonger, se rétracter et se fixer, par son pied ventousaire. Tous ces actes s'exécutent à l'aide d'un simple changement dans la forme des cellules : il n'y a pas là, non plus que dans la fibre musculaire des animaux supérieurs, dimi- nution de volume de l'élément contractile. A l'état de repos, les cel- lules sont irrégulièrement arrondies ou ovalaires; le diamètre trans- versal ^ugmente-t-il , l'animal se rétracte et s'élargit ; le diamètre longitudinal se prononce au contraire de plus en plus , l'animal s'al- longe et tend à devenir filiforme. Les cellules d'un côté deviennent- elles mamelonnées et saillantes, tandis que celles du côté opposé s'allongent et que leurs saillies disparaissent, le polype se courbe la- téralement. Enfin la ventouse podale, lorsque l'animal est fixé, pré- sente la plus grande ressemblance avec le disque d'une fleur radiée. Au centre de la concavité , les cellules présentent leur plus petit dia- mètre ; elles sont allongées parallèlement à l'axe de l'animal ; à la cir- conférence, au contraire, elles sont allongées transversalement et présentent leur plus grand diamètre, suivant les rayons de la courbe. Mais les changements de forme ne sont ni toujours les mêmes ni simultanés, dans tous les éléments contractiles, même dans ceux d'une région donnée. Les cellules du pied peuvent s'allonger pendant que celles de la dilatation stomacale s'élargissent ou restent immo- ZiflO biles. Mais en outre, dans les tentacules spécialement, les cellules' peuvent se contracter isolément ou par groupes limités; et c'est à un phénomène semblable qu'est due sans doute cette forme particulière des tentacules qui présentent quelquefois , de distance en distance, de grosses verrues armées d'organes urticaires, disposées en spi- rale, et séparées par des parties rétrécies et complètement lisses. Mais outre le rôle qu'elle joue dans la locomotion de l'animal, la contraction de chaque cellule, limitée peut-être à certains points, a encore pour effet de faire saillir hors de la paroi le filament élastique des vésicules urticaires , ou même de chasser au dehors ces vésicules sous l'influence de certaines excitations. Mais ceci nous amène à par- ler d'un autre ordre de propriétés de la membrane d'enveloppe. Cette membrane jouit par elle-raêtne de la faculté de percevoir les sensations et de réagir immédiatement. Dans aucune région et dans aucun tissu du corps de l'hydre, il n'existe d'organe ou d'élément qui puisse être rapporté à un système nerveux distinct. Dans ce cas, qui est commun à beaucoup d'ani- maux inférieurs, Oken et Carus regardent toute la substance du corps de ces animaux comme de la matière nerveuse, ou comme con- tenant une matière nerveuse diffuse. C'est là une pure hypothèse , sans aucun fondement, et qui d'ailleurs a, dans l'état actuel de la science, le défaut d'être inutile pour l'explication des faits. L'existence de sensations et de réactions de plus en plus localisées et indépendantes de l'ensemble , même chez les organismes supé- rieurs , a été établie par une série de faits incontestables. Non-seule- ment le groupe de jour en jour plus nombreux des phénomènes réflexes révèle l'existence de presque autant de centres nerveux dis- tincts et indépendants qu'il y a de départements dans l'organisme, mais en outre les ingénieuses recherches de notre collègue et ami Brown-Sequard nous démontrent que certains tissus, certains élé- ments, peuvent, sous l'influence de certaines excitations, réagit' immédiatement et sans intervention aucune du système nerveux. L'iris isolé de tous les filets nerveux qui s'y rendent, séparé même complètement de l'animal , se contracte sous l'influence de la lu- mière. Des muscles de la face , un an après l'arrachement du tronc nerveux qui les anime, se contractent encore à la suite d'une très- légère excitation. Or il nous semble que c'est à ce dernier ordre de faits que se rap- ZiOl portent les phénomènes de vitalité des polypes, et spécialement ceux qui ont pour siège la membrane enveloppante. C'est cette membrane qui reçoit toutes les impressions venues des milieux qui environnent l'animal , elle résume tous les appareils de sensations : et comme elle est partout constituée par des éléments semblables, les grandes cel- lules, chacun de ces éléments participe aux propriétés de l'ensemble et représente un appareil de sensation complexe. De plus aussi dans chacun de ces éléments réside la propriété de réagir contre ces sen- sations ou excitations, à l'aide de la manifestation vitale par excel- lence , la contraclilité. Une ou plusieurs cellules, sous l'influence d'une excitation quel- conque, se contractent; la contraction se transmet de proche en proche, de même que l'excitation d'un faisceau musculaire déter- mine dans les faisceaux voisins des fOH/racito/î5 induites. (î'est ainsi qu'une excitation partie d'un seul des éléments de cette couche peut y déterminer des mouvements d'ensemble, sans qu'il soit besoin pour cela de faire intervenir l'hypothèse d'une substance nerveuse dififuse. Cette membrane enveloppante, éminemment contractile et sensible, est munie d'appendices, qui en même temps qu'ils transmettent et renforcent la sensation , constituent un véritable organe de protec- tion (1). Ces appendices sont les vésicules urticaires ; l'extrémité de leurs filaments, saillante hors du corps de l'animal, transmet à l'intérieur des grandes cellules l'ébranlement qui leur est communiqué. Les cellules ainsi excitées se contractent, et alors non-seulement le fila- ment élastique se déroule, le col et les quatre crochets de la vésicule hastifère se déploient instantanément, mais en outre, ainsi que je l'ai toujours vu et que cela a été observé chez d'autres polypes, la vési- cule urticaire elle-même est lancée brusquement au dehors, chassée pour ainsi dire de la cellule où elle s'était développée ; alors les fila- ments élastiques s'enroulant comme un lasso autour de la proie, y font pénétrer et y maintiennent les crochets empoisonnés par le liquide contenu dans l'intérieur de la vésicule. (1) Les poils el surloul les mouslacLes des niainmirères jouent également ce double rôle. 602 PROPIUKTES ET l'O.NCTIONS DE LA COUCHE COLOREE. Quel est dans l'organisation des polypes hydraires le rôle des glo- bules du champ coloré ? Constituent-ils simplement une couche pig- mentaire? Mais comment admettre, chez un animal dont les organes et les tissus sont tellement simplifiés et en quelque sorte à l'état de synthèse, qu'une des trois couches qui constituent les parois du corps n'a d'autre importance et d'autre fonction que celle du pigment, élément tellement secondaire et accessoire. Les globules du champ coloré diffèrent complètement des granules pigmentaires, que l'on retrouve au contraire dans la couche interne avec tous leurs caractères. Ces globules colorés rappellent éminemment les corpuscules san- guins (rouges, bruns ou verts) d'invertébrés, très-voisins des polypes, les acalèphes {Beroë , Cephea, Cydippe) (1). A la vérité, les globules du champ coloré ne circulent pas, mais se déplacent seulement lente- ment sous l'influence des contractions de l'animal. C'est à peu près ce qui paraît aussi avoir lieu chez les acalèphes. Enfin ces globules ne sont pas contenus dans des vaisseaux, mais entourent d'une couche plus ou moins complète la cavité digestive et celle des tentacules. Chez les acalèphes, plus élevés, dans la série que les polypes hydraires, le liquide sanguin entoure encore les canaux aquifères qui communi- quent avec la cavité digestive, dont ils sont une espèce de diverticulum, fort analogue à la cavité des tentacules. Enfin cette détermination nouvelle de la couche colorée des polypes s'appuie encore sur un autre ordre de preuves. La quantité des globules est en rapport avec l'état de vigueur de l'animal. Chez les polypes affaiblis par le défaut d'aliments , chez les jeunes polypes incapables encore de se reproduire par gemmation, la couche colorée présente des lacunes considérables. Ce fait , très- commun chez l'hydre vulgaire, se vpit aussi chez l'hydre verte, quoique avec plus de difficulté. Une observation due à notre honorable collègue M. Laurent, démontre l'importance de la couche colorée, et vient encore à l'appui de l'opinion que nous émettons sur sa nature : [l) Will, HoR/E Tergesti.n f., et Frorieps Neue Notizen. 1843. liQ3 c'est que Ja présence d'une portion de cette couche est indispensable pour qu'un lambeau détaché du corps d'une hydre puisse vivre et reproduire un nouvel être. PROPRIÉTÉS ET FONCTIONS DE LA MEMBRANE INTERNE. A cette membrane interne est dévolue la fonction de modifier les éléments par la digestion et d'absorber les produits de cette digestion. Nous ne trouvons pas ici d'organes spéciaux qui sécrètent les liquides digestifs, mais seulement des globules, des cellules dont les formes variées sont sans doute en rapport avec les diverses sécrétions réduites à leur terme le plus simple, la formation, la chute, et la déhiscence d'une cellule. Il m'a paru qu'au moment de la digestion , quand une proie est contenue dans le sac stomacal , les cellules se détachent en grand nombre ; à cela tient sans doute que souvent on ne les aperçoit pas dans l'épaisseur de la membrane interne, tandis qu'on les voit circuler dans l'intérieur des tentacules et de la cavité digestive pro- prement dite. Les cellules à granules pigmentaires représentent-elles l'élément hépatique ? Leur présence, lim.itée à la cavité digestive proprement dite (estomac et pied), et leur abondance au niveau de la région sto- macale, rendent cette opinion assez probable. Quoiqu'il en soit, l'action de cette membrane interne est telle, qu'une proie même assez volumineuse pour distendre la cavité stoma- cale, est bientôt ramollie, liquéfiée, dissoute, tandis que les résidus non assimilables, restes cornés, poils, etc., sont rejetés au dehors par un espèce de vomissement. Alors a lieu l'absorption du produit de la digestion, absorption rendue plus facile sans doute par la chute de la couche de cellules qui tapissait la membrane. Je regarde comme probable que le résultat immédiat de cette ab- sorption est la formation de globules primaires de 0,00i, qui devien- nent libres après la déchirure de la membrane interne, et qui seraient avec les globules colorés dans le même rapport que les corpuscules du chyle avec les globules du sang. Ainsi digestion , absorption du produit de la digestion et transfor- mation immédiate de ce produit en éléments de la couche moyenne ; d'autre part nutrition et réparation des membranes externe et interne, à l'aide de la couche moyenne qui leur estin terposée, et les baigne en quelque sorte de toutes partis : telle serait en résumé, chez les polypes hydraires, les fonctions relatives à la conservation de l'individu. Ces fonctions appartiennent à la membrane interne et à la couche moyenne, de même que les fonctions de la vie de relation appartiennent exclu- sivement à la membrane enveloppante (1). Dans les polypes qui ont une cavité du corps distincte de la cavité digestive , les tentacules s'ouvrent dans la cavité du corps ; dans les polypes hydraires, au contraire, les tentacules s'ouvrent dans la cavité digestive. Cette différence s'explique, si l'on admet que la cavité du corps est représentée chez les hydres par les cavités tentaculaires. La commu- nication des tentacules avec la cavité digestive a, dans cette hypothèse, la même signification que la communication de la cavité dn corps que j'appellerai volontiers cavité respiratoire, avec la cavité digestive. FONCTIONS RELATIVES A LA CONSERVATION DE l'eSPÈCE, REPRODUCTION PAR GEMMES. Ce mode de reproduction a été bien étudié par Trembley, et surtout dans ces derniers temps par M. Laurent. Nous n'avons rien à ajouter aux observations de ce dernier naturaliste, si ce n'est que les gemmes ne se produisent que chez les individus dont la couche moyenne est bien développée. REPRODUCTION PAR OEDFS, ORGANES DE LA GÉNÉRATION ET ÉVOLUTION DE LEURS PRODUITS. Au mois de mai dernier, en examinant des hydres vertes, je trouvai à la face externe du corps deux sortes de renflements : l'un , espèce de bourrelet, soulevant la membrane externe, situé au voisinage du pied , était évidemment ce que tous les observateurs ont considéré comme un œuf en voie de développement ; les autres excroissances , (1) De même que Sieboldt, je legarde comme tout à fait erronées les observa- tions de Trembley, re'atives au retournement des hydres, après lequel ces ani- maux auraient conservé la faculté de digérer à l'aide de la membrane d'enve- loppe, devenue membrane interne. '405 moins volumineuses, mamelonnées, situées au voisinage des tenta- cules, ont été considérées par Pallas, Uœsel et M. Laurent comme des pustules morbides, comme le résultat d'une maladie de l'hydre. L'examen microcospique m'ayant montré dans ces petites tumeurs des spermatozoïdes parfaitement caractérisés, je crus avoir observé un fait entièrement neuf; mais depuis ma première communication à la Société de biologie, je me suis assuré que Ehrenberg, Wagner et Siebold avaient avant moi constaté l'existence de spermatozoïdes dans les diverses espèces d'hydres. Néanmoins mes observations m'ayant permis d'établir quelques faits nouveaux relatifs à l'évolution des spermatozoïdes et des éléments de l'organe femelle, je crois utile de les consigner ici. Organes mâles. — Les capsules séminales, en nombre variable, de quatre à six au plus, situées immédiatement derrière les tentacules, sont de petites tumeurs hémisphériques, de petits boutons surmontés d'une espèce de mamelon, de papille, par le sommet de laquelle on voit sortir les spermatozoïdes. La membrane d'enveloppe de la cap- sule séminale est, comme la membrane d'enveloppe de l'organe fe- melle, un prolongement de la membrane externe de l'animal. Le contenu de cette capsule inâle est déposé en quelque sorte entre la membrane interne et la membrane externe. Au voisinage du mamelon, on voit déjà, à un grossissement de 300 diamètres , les spermatozoïdes s'agiter dans l'intérieur de la capsule. En se rapprochant davantage de la paroi du corps, le contenu de la capsule est constitué par des cellules spermatiques, des œufs mâles à différents degrés de développement ; l'évolution est d'autant plus avancée qu'on se rapproche plus du mamelon. Le premier degré con- siste dans des cellules de volume variable , dont les plus grosses ont jusqu'à O.OlZi de millim. de diamètre. Dans l'intérieur de ces cellules sont contenues de petites vésicules (deux à quatre ordinairement, quelquefois plus' résultant de la segmentation du contenu de la cellule. Le volume de ces vésicules est constant; leur diamètre est de 0,003 à 0,00Zi de millim. ; au centre on aperçoit une tache étroite, obscure, de 0,001 à 0,002 de millim. de long. En pressant sur la capsule séminale, on en fait sortir des amas de ces vésicules encore agglutinées ensem- ble, mais débarrassées de l'enveloppe de la cellule mère. A un gros- sissement de 300 diamètres, on voit déjà très-nettement ces amas de vésicules être agités de mouvement; mais il ne faut pas moins qu'un Z»06 grossissement de 860 diamètres pour constater tous les détails de leur structure. On voit alors que les mouvements de ces vésicules sont dus à des cils extrêmement déliés, longs de 0,027 à 0,03 de millim., qui sortent de l'intérieur de chaque vésicule. Quelques vésicules se déta- chent des groupes et nagent librement à l'aide des mouvements de ce filament qui n'est autre chose que la queue du spermatozoïde; la tête reste enveloppée comme dans une espèce de capuchon, dans la cellule où il s'est développé, et à l'égard de laquelle il joue le rôle de noyau. Le filament caudal, d'abord enfermé comme tout le spermatozoïde dans l'intérieur de la vésicule, sort le premier, et bientôt, quand le spermatozoïde a accompli toutes les périodes de son développement, la tête elle même se dégage de la vésicule mère , et le spermatozoïde exécute alors des mouvements très-vifs. Organe femelle. — Tous les polypes que j'examinai étaient pourvus décapsules séminales; mais un certain nombre manquaient de ren- flements ovariques, et parmi eux quelques-uns portaient au voisinage du pied des rejetons gemmulaires à divers degrés de développement. Dans ce dernier cas, les capsules séminales renfermaient peu ou pas de spermatozoaires bien développés. On sait que la génération gem- mulaire précède chez les polypes la génération ovulaire. Des faits qui précèdent, il résulte donc que les organes mâles commencent à se développer avant l'organe femelle ; je les ai vus aussi persister après l'entière évolution d'un bourrelet ovarique. J'ai pu suivre presque toutes les périodes de développement de ce dernier organe. Ce n'est d'abord qu'un dépôt de cellules nouvelles dans un point de la paroi du corps entre la membrane interne et la mem- brane externe du polype. Peu à peu le dépôt augmente surtout au centre et soulève la membrane externe. Bientôt le renflement devient de plus en plus globuleux, s'étrangle à sa base, la membrane externe se déchire dans un point et laisse échapper une masse irrégulièrement globuleuse , que tous les observateurs s'accordent à regarder comme l'œuf du polype. Entourée par une couche gélatiniforme assez résistante, cette masse ovulaire paraît constituée uniquement par d'innombrables vésicules de 0,016 de diamètre, remplies de globules vitellins et ne présen- tant aucune trace de noyau ni de nucléole. On n'a pu y découvrir Jusqu'à présent ni tache ni vésicule germinative, et cet œuf diffère en outre des œufs de tous les autres animaux en ce que la segmen- '407 tation du jaune s'y opère avant le moment où l'œuf se détache de l'ovaire. Mais ce n'est pas là la seule différence entre cette masse ovulaire et un œuf véritable ; en voici une autre bien plus importante. En suivant pas à pas l'évolution du bourrelet ovarique, je me suis assuré que les vésicules qui forment le contenu de ce prétendu œuf ne se développent jamais à l'intérieur d'une cellule mère et par segmen- tation du contenu de cette cellule, ce qui est le caractère fondamental de l'évolution de l'œuf dans la série animale. Au commencement le blastème ovarique , déposé entre les deux parois du corps du polype , contient de nombreuses cellules munies d'un noyau et d'un nucléole proportionnellement très-grands (la cellule a 0,01-0,02 , le noyau 0,005 à 0,008, le nucléole 0,002). Le noyau est clair et transparent; la cellule contient quelques granules vitellins jaunâtres. Peu à peu les cellules augmentent de volume, la paroi s 'écartant de plus en plus du du noyau qui, lui, ne change pas. En même temps le contenu vitellin est plus abondant dans l'intérieur des cellules. Dans les plus volumi- neuses qui se trouvent à la périphérie et dans le point le plus élevé du renflement ovarique, le noyau paraît même envahi, ou plutôt en partie caché par les granulations vitellines ; mais toujours dans le voisinage on trouve d'autres cellules de volume variable, dans lesquelles le noyau et le nucléole sont très-évidents et conservent leurs caractères. Tout à coup une métamorphose a lieu dans le contenu de l'ovaire, et sans qu'il m'ait été possible de trouver de transition , toutes ces cel- lules de volume variable , mais caractérisées par la présence d'un noyau et d'un nucléole, toutes ces cellules disparaissent, et on ne trouve plus que des vésicules de volume et d'aspect uniformes (0,016 à 0,02) complètement dépourvues de noyau et de nucléole, et remplies de granulations vitellines jaunâtres. Ce sont ces vésicules qui, s'agglomérant en une masse sphéroïdale et s"échappant à travers une déchirure de l'enveloppe externe, vont con- stituer ce que l'on a regardé comme l'œuf du polype. Mais après l'ex- pulsion de cet œuf il reste encore autour du point qu'il occupait un grand nombre de vésicules entièrement semblables à celles qui le constituent et qui rappellent singulièrement ces débris du contenu des vésicules de Graaf qui forment les corps jaunes. Il y a, en effet, pour moi plus qu'une analogie entre ces deux faitsT il y a identité. Le renflement ovarique des hydres n'est pas un œuf. Zi08 comme on Ta toujours dit, mais un élément ovarien, une vésicule de Graaf, un ovisac isolé , et dans son type le plus simple. Les cellules à noyau clair et à nucléole sont autant d'ovules qui doivent avorter, sauf un seul, ou plutôt Tovule n'est autre chose qu'une des cellules du contenu de l'ovisac, se développant aux dépens des autres pour une fonction spéciale. Il se passe là ce qui se passe dans une ruche d'abeilles ; l'ovule, c'est la larve de reine. Les cellules transformées en vésicules vitellines entourent et cachent probablement l'ovule véritable, que j'ai cru trouver une fois, il a sans doute échappé aux recherches à cause de l'extrême délicatesse de ses mem- branes, qui ne résistent pas aux manœuvres nécessaires pour le dé- barrasser de l'amas de vésicules vitellines au milieu desquelles il est logé, comme l'ovule au milieu des cellules du cumulus proliger. De même qu'au moment de la déhiscence de la vésicule de Graaf, l'ovule sort accompagné et entouré encore par les débris de cumulus, de même chez le polype la masse qui s'échappe lors de la rupture de l'enveloppe externe représente la masse cellulaire qui entoure l'ovule, l'œuf véritable est caché au centre de cette masse. Cette hypothèse est parfaitement en harmonie avec les faits que j'ai observés, avec ce que d'autres observateurs ont déjà vus; elle rend compte des anomalies en apparence si profondes qui distingueraient l'œuf du polype de celui des autres animaux, savoir : i" la forme irrégulière (généralement arron- die , mais non pas exactement sphérique ou ellipsoïde) ; 2» le mode de formation (par l'agglomération d'éléments primitivement isolés, et non pas par une segmentation du contenu cellulaire] ; 3° enfin l'absence apparente de vésicule et de tache germinatives. HISTORIQUE. Les résultats auxquels j'ai été conduit par les recherches que je viens d'exposer sont presque entièrement nouveaux ; mais cela ne peut faire naître, quant à leur exactitude, un doute défavorable; car il suffit de jeter les yeux sur un exposé historique très-complet de la question qui se trouve dans un mémoire récent de Ecker, pour se con- vaincre que la divergence d'opinions la plus grande existe parmi les observateurs qui se sont occupés de ce même sujet Cependant parmi eux se trouvent des noms considérables dans la science. Je ne veux pas faire ici l'analyse critique des travaux antérieurs à i09 celui-ci. Mais je signalerai dans les plus importants d'entre eux oei'- taines causes d'erreur, et je montrerai en même temps comment la plupart des faits, incomplètement observés ou mal interprétés, con- cordent avec mes propres observations. Si l'on compare la figure que donne Gorda des muscles rétracteurs et protracteurs des tentacules, avec la figure 2 qui représente une portion du réseau dans les tentacules, on verra qu'il s'agit du même fait, mais que Corda, entraîné par des idées préconçues qui entachent tout son travail d'inexactitude et d'exagération, a figuré comme fibres longitudinales, les différentes portions du réseau parallèles au bord des tentacules, et comme fibres transversales distinctes les lignes trans- versales de ce même réseau. Il a méconnu complètement l'existence dans tout le reste du corps, d'une disposition entièrement semblable. Il a assez bien figuré les grandes cellules qui entourent l'orifice buccal d'une espèce de couronne dentelée ; mais il ignore que des cellules semblables constituent entièrement la membrane tégumentaire, et ne dit rien de leur nature ni de leurs fonctions. Il décrit au contraire au niveau du corps une couche contractile complètement différente des fibres musculaires des tentacules, et composée de vésicules colo- rées. Ce n'est évidemment pas autre chose que le champ coloré ; mais la figure qu'il donne de ses globules ou cellules prétendues contrac- tiles est tout à fait inexacte, et il méconnaît la complète analogie qu'il y a entre la couche qu'il décrit ici chez Vhydra fusca, et la couche colorante verte, de Vhydra viridis. Il figure dans les tentacules des globules bruns assez semblables aux taches pigmentaires de la membrane interne. Cependant l'absence bien constatée de taches pigmentaires au niveau des tentacules a fait douter que la membrane de la cavité digestive s'y prolongeât. S'il a eu en vue les globules du champ coloré, ■qui existent quelquefois dans les tentacules, chez les hydres très-brunes et vigoureuses, il n'a pas re- connu l'identité de ces globules avec ceux de la couche moyenne du corps, et les a aussi mal représentés dans un cas que dans l'autre. Quant aux prétendues villosités de la couche interne, munies d'un orifice, personne ne les a vues que lui. Ces villosités ne sont pas autre chose que les cellules à taches pigmentaires, cellules beaucoup moins nombreuses et de forme tout à fait différente. Corda n'a observé les organes urticaires qu'au niveau des ten- cules; au niveau du corps, il les méconnaît, et désigne les grandes TOME IV. 29 vésicules hastifères sous le nom de germina in superfice externat corporis. Ehrenberg a bien représenté le réseau, mais sans connaître sa nature et ses fonctions. M. i aurent a vu à la région de l'ovaire ce même réseau formé par les parois des grandes cellules qui sont là bien isolées ; mais il a cru que c'étaient des aréoles communiquant toutes entre elles, et dans l'intérieur desquelles se ferait une espèce de circulation. M. Laurent a vu aussi que les hydres grises ou pâles devenaient plus foncées , orangées même, sous l'influence de l'alimentation. Mais il semble attribuer ce résultat à la nature et presque à la coloralion même de l'aliment, tandis qu'il est dû, en réalité, à la multiplication des globules de la couche moyenne. Les observations de Ecker sur l'apparence verruqueuse de toute la surface du corps et l'existence du réseau général sont exactes. Mal- heureusement la seule espèce qu'il ait observée est très-défavorable pour l'étude de la couche tégumentaire, et de plus le procédé em- ployé par lui, la compression, est une source d'erreurs sans nombre ; aussi est-il arrivé à des conclusions tout à fait fausses sur la nature et la forme de l'élément contractile, et par suite il a été amené à consi- dérer comme constitués par une espèce de gangue commune les trois couches qu'il a cependant reconnues. Du reste, toutes ses figures, sauf la première et la cinquième, représentent des résultats de compres- sion, de déchirures, de destruction partielle, et ne peuvent donner une idée de ce qui existe réellement dans l'état d'intégrité des tissus. Les éléments de ces tissus sont excessivement délicats. Les grandes cellules de la couche externe se rompent avec une grande facilité; la couche interne se désagrège aussi très-vite, et quand l'une de ces deux couches est rompue, les globules du champ coloré s'échappent, s'écou- lent par la rupture. Au moment de la rupture des grandes cellules contractiles, leur contenu, très-visqueux et cohérent, ne se mêle pas à l'eau, et des gouttes, des masses globuleuses se forment et enveloppent tout ce qui se trouve dans leur voisinage, le plus souvent des globules colorés qui , dans ce cas , surtout chez l'hydre verte, se répandent en grand nombre dans le champ du microscope. C'est ainsi que j'ai vu nombre de fois se former de toutes pièces, sous mes yeux, les pré- . tendus corps sarcodiques, dont les expansions et contractions ne sont autre chose que les changements de forme que l'on observe dans tout liquide tenu en suspension, l'huile mêlée à l'eau, par exemple. Quand aux vacuoles figurées aussi par Ecker en si grand nombre, je n'ai jamais observé rien de semblable : ou bien il a pris pour des vacuoles les grandes vésicules urticaires, beaucoup trop rares en efifet dans ses figures; ou bien il a trop généralisé un fait assez rare et ré- sultant le plus souvent de l'expulsion des vésicules urticaires par la compression. Ecker nie avec raison l'existence d'un épithélium ciliaire dans la cavité digestive. Je ne sais ce qui a pu induire Siebold en une sem- blable erreur, à moins qu'elle ne trouve son explication dans un fait que j'ai observé quelquefois, c'est que des infusoires munis de cils vibratifs et nageant à travers le contenu de la cavité digestive , lui impriment un mouvement tout à fait semblable, en effet, à celui qui résulterait de la présence d'un épithélium ciliaire. CONCLUSIONS. Dans les organismes inférieurs les considérations tirées de la texture élémentaire sont de la plus haute importance pour déterminer la place que l'animal doit occuper dans la série entre les infusoires et rhizo- podesdontla substance homogène ne présente pas d'éléments distincts, qui peuvent être tout entiers comparés à l'élément organique le plus simple à une cellule; entre ces protozoaires et les premiers animaux (1) chez lesquels se montrent des appareils distincts, pour la locomotion et pour les sensations, viennent se placer naturellement les polypes hy- draires chez lesquels ces deux grandes fonctions ont encore pour sub- stratum un élément commun, élément nettement caractérisé du reste et bien distinct d'autres éléments appartenant en propre aux fonctions de digestion, de nutrition et de reproduction. L'étude de l'évolution du type de la forme animale, dans la série des organismes, a pour complément nécessaire l'étude de cette même évolution dans la série des développements embryonnaires. Ces deux séries, non pas' identiques , mais parallèles, correspondent d'autant plus exactement l'une à l'autre, qu'on se rapproche plus des degrés inférieurs (2). Cependant on s'est le plus généralement borné à com- (l) Bi'iozoaircà. (!') La preuve la plus nianil'este que l'on piii.-se en donner est dans l'erreur cjui Itl2 parer les formes successives que présente l'embryon des animaux supérieurs aux formes permanentes des autres vertèbres. Encore est- ce seulement à une époque avancée déjà du développement embryon- naire que cette comparaison s'adresse. La philosophie naturelle ne doit-elle pas tirer un parti avantageux de la comparaison des premières phases du développement avec les premières formes de la série animale. N'y a-t-il pas une analogie évidente entre un polype hydraire et le blastème embryonnaire d'un vertébré, à l'époque où il n'existe encore ni tissus ni organes distincts , mais seulement trois couches , trois feuillets, séreux, vasculaire, muqueux ? Comme l'enveloppe extérieure du polype hydraire , le feuillet séreux possède virtuellement les pro- priétés des systèmes nerveux et locomoteur, qui plus tard se dévelop- peront en lui. Comme la membrane interne du polype, le feuillet mu- queux résume tout l'appareil digestif et respiratoire. Entre le feuillet muqueux et le séreux, est interposé un blastème aux dépens duquel se développeront les appareils vasculaire et génito-urinaire. De même, c'est entre la membrane d'enveloppe et la membrane interne du po- lype que se développent les organes génitaux, et le champ coloré dont nous avons montré l'analogie avec le champ vasculaire ( area vascu- losa). a fait classer jusqu'en ces derniers temps, parnvi les polypes, les embryons de- ffrtains aealèphes. MÉMOIRE SUR IsH TRAITEMENT DE LA CHUTE DE L'UTÉRUS PAE UNE MÉTEODE NOUVELLE, iPi-'ésentè à la Société de Biologie PAU LE Docteur A. DESGRANGES, Chirurgien en chef désigné de l'Hôtel-Dieu de Lyon, membre conrespondant de la Société de Biologie de Paris. Primo non noc'ère. L«Dombre, la variété des essais curatifs contre une maladie témoignent à la fois des obstacles à vaincre, des écueils où l'on vient échouer, de l'im- portance qu'il y aurait à guérir ; qu'en outre les auteurs soient unanimes ii proclamer Tincurabilité du mal et nous sommes certains que le véritable remède est encore à trouver. Mais de ce qu'une affection a résisté jusqu'ici, est-ce à dire qu'elle sera toujours au-dessus des ressources de l'art?. De ce que des hommes éminents, après de sérieuses méditations, des tentatives nombreuses et rationnelles, ne sont arrivés à rien de bon, esl-ce un motif de croire que le succès soit à jamais impossible? Qu'un autre moins avancé ne puisse atteindre au but ? Le supposer serait méconnaître le génie des sciences d'observation, nier bon nombre de grandes découvertes, et s'ex- jposer aventureusemcnt au démenti des faits. Que de prétendues qiiadra^ iures dît cercle sont aujourd'hui des vérités admises? Combien de progrés dans les arts, dans l'industrie, auraient semblé, il y a à peine quelques années, des chimères irréalisables ! La chirurgie, à son tour, me fournirait mille exemples de résultats inespérés; qu'un seul me suffise : l'anesthésie dans les opérations. Quelque éloignées de mon sujet que semblent ces remarques, elles y touchent de près, elles s'y rattachent, ne fût ce que pour écarter la ten- dance fâcheuse à tenir pour illusion chirurgicale toute idée de traitement curatif. Il est vrai que les raisons ne manquent pas à ceux qui préconisent les palliatifs et les déclarent, en somme, Vultima ratio de la thérapeu- tique. Une première cause d'insuccès est la coexistence habituelle pour eux de l'engorgement du col utérin , lequel devient à leurs yeux l'affection do- minante, essentielle, dont la cure, par les moyens ordinaires, rappellerait l'utérus dans le petit bassin. L'amphlude exagérée du bassin viendrait aussi enlever tout espoir, par l'impossibilité de la réduire, comme si à l'état ordi- naire l'utérus ne flottait pas dans celte cavité. Enfin l'on nous dira : Le vagin fût-il oblitéré, vous n'auriez pas guéri.... Guérir radicalement doit consister, si je ne me trompe, à replacer l'utérus dans le bassin, à l'y maintenir sans le secours d'appareils contentifs, à ne rien faire qui compromette la vie, pas même les fonctions de l'organe; à ne rien essayer qui, en cas d'insuccès, rende le mal plus grave après qu'avant. Or ces indications, je les crois remplies dans les faits qui vont suivre ; je crois, après trois ans de recherches, être arrivé à des résultats nouveaux et dignes d'intérêt. Les soumettre à l'appréciation du public médical, exposer les moyens que j'ai mis en usage, tel est l'objet de ce mémoire. Afin de procéder avec ordre, je rappellerai brièvement dans un premier article les diverses opérations proposées contre la chute de l'utérus ; dans un second, je ferai avec détails l'histoire de la méthode et des faits qui lui servent de base ; j'y joindrai quelques remarques générales, et je termine- rai par les conclusions qui découlent du travail en entier. I. — DES MÉTHODES CURATIVES PROPOSÉES CONTRE LA CHUTE DE L'DTÉROS, Jusqu'à ces dernières années, le traitement de la chute de l'utérus était purement palliatif. Les auteurs qui ont écrit vers la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci, tout en faisant l'énumération des plantes réputées souveraines, tout en recommandant les emplâtres restés célèbres contre les déplacements, conviennent qu'ils ne sauraient inspirer ub« grande confiance. Keslail donc à défaut de mieux, comme moyens efii- caces, les éponges, les pessaires et toute la série des appareils conlentifs; chacun les décrivait, adoptait l'un, rejetait l'autre; presque toujours on linissait par en proposer un nouveau ; personne ne semblait pressentir que la chirurgie pût aller au delà. Ehl comment pourrions-nous en faire un crime à des hommes moins avancés que nous, quand aujourd'hui encore des praticiens de premier mérite, des auteurs recommandables condamnent par avance tout essai de cure radicale ? Une fois l'élan donné vers le traitement curatif, les expérimentateurs ne firent pas défaut. Les méthodes surgirent, les procédés se mullipiièrenl ; mais bon nombre de ces procédés ne doivent un rang dans les traités mo- dernes qu'à la réputation étendue des inventeurs. L'idée que nous retrouvons constamment, celle qui devait découler la première de la nature du mal, c'est de créer des obstacles sur la route que franchit l'utérus. Le rétrécissement du vagin, le rétrécissement de la vulve, tels sont les chefs sous lesquels se rangent tous les procédés connus jus- qu'à présent. 1» RÉTRÉCISSEMENT DU VAGIN. A. Cautérisation. — Les premiers essais de cautérisation contre le prolapsus utérin sont dus à M. R. Gérardin, qui les consigna, en 1823, dans un mémoire que, plus tard, il soumit à l'appréciation de l'Académie de médecine. L'auteur avait pour but de provoquer la formation de tissu inodulaire, de brides cicatricielles, et par là d'amener un rétrécissement du conduit, ainsi que d'augmenter la résistance de ses parois. Poussant même son idée à l'extrême, il ne craignit pas de conseiller l'oblitération com- plète du vagin ; procédé bon tout au plus chez les femmes célibataires après la ménaupose. Dix ans plus lard (1833), M. le professeur Laugier expéri- menta la cautérisation par le nitrate acide de mercure. De son côté, M. le professeur Velpeau, acceptant la méthode, introduisit un fer rouge dans les voies génitales (1835). Avec les caustiques l'opération est des plus simples. Un spéculum à dé- veloppement dont on enlève la valve mobile sert à découvrir le vagin dans un sens ; puis, sur la partie mise à nu, on promène le caustique plus ou moinsde temps, suivant son degré d'énergie. Dans le casoù, comme le chlorure de zinc, il agirait lentement, on le fixerait par des bourdonnets de charpie que l'on maintiendrait en place pendant quatre ou cinq heures. Le fer rouge, commode sur tous les points superficiels du corps, a l'inconvénient ài(3 en scia d'un organe creux de brûler plus qu'on ne voudrait. La Iransmis- î?ion du calorique à travers un spéculum de métal est si rapide que l'usliotï est presque aussi forte partout ailleurs que sur le point touché. Les spécu- lums de matières non conductrices pourraient, en s'enflammant, créer un nouvel embarras ; enfin la fumée qui s'échappe gêne l'opérateur et ne lui permet pas de voir ce qu'il faiL Ce qui fera toujours de la cautérisation une méthode dangereuse, c'est le voisinage d'organes importants à ménager : en avant, la vessie; en ar- rière, le rectum, près du col; en arrière, le cul-de-sac du péritoine : d'où résulte la nécessité de ne faire jamais qu'une cautérisation superficielle, qui ne dépasse pas l'épaisseur des parois vaginales, et dont l'action par conséquent n'amènera jamais des modifications suffisantes pour rendre au vagin sa fixité normale. Je comprends donc à merveille qu'elle soit tombée en désuétude; que les chirurgiens qui l'ont mise en piatique n'osent plus la recommander. Convenons cependant que si une méthode avait chance de réussir, c'élait la cautérisation. L'escarre devient le centre d'une zone inflammatoire qui propage assez loin le travail organo-plastique; la cicatri- sation se fait de tissu inodulaire rétraclile : toutes circonstances éminem- ment capables de s'opposer aux déplacements ultérieurs. Mais, je le répète, la cautérisation ne réussira que par de rares exceptions; il faudrait, pour compter des succès, la pousser plus loin que ne le permet la prudence, que ne le supporteraient impunément des organes à respecter. B. Excision. — MM. Ileming et Marshal-Ilall conçurent une opération hardie, lorsqu'ils imaginèrent d'enlever une lanière du vagin, de réunir ensuite les lèvres de la plaie. Ces habiles chirurgiens taillaient sur la paroi antérieure du vagin un lambeau elliptique, large de 2 centimètres sur une longueur de 5 centimètres environ; ils faisaient la suture immédiatement après. M. Ireland veut que l'on prenne un lambeau quadrilatère sur cha- cune des parois latérales. Il cherche prudemment à s'éloigner de la vessie et du rectum ; seulement cette forme de lambeau est désavantageuse, at- tendu que les lèvres de la plaie ne peuvent, comme par la courbe ellipti- que, se réunir suivant une ligne droite sans former de bourrelets. M. le professeur Velpeau, à raison de la coexistence presque habituelle du cysto- cèle et du rectocèle avec le prolapsus utérin, préfère tailler un lambeau en avant et un autre en arrière, de façon à traiter simultanément le prolapsus et les deux affections qui le compliquent. Dans ce procédé, le chirurgien soulève en arrière d'abord un repli du vagin ^ensuite il passe à la base de ce pli, sans toucher au reclum, trois ou 417 quatre fils que l'on lient isolés pendant qu'il tranche les tissus d'un côté, puis de l'autre, et enfin de haut eu bas, à G millim. en deçà des points de suture. On répète l'opération en avant; après quoi on réunit les plaies en nouant chaque fil séparément. L'excision, dans le petit nombre de cas où elle a été pratiquée, n'a donné que des résultats éphémères : au bout de quelques mois, de quelques se- maines, récidive complète. L'excision a le tort bien réel d'êlre longue, laborieuse, difficile, d'exposer à la blessure de la vessie et du rectum. Je lui reproche encore les chances d'infection purulente, si grandes à la suite d'une large plaie au sein de tissus riches en lacis veineux. Donc, sous tous les rapports, elle devait tomber dans l'oubli, ou tout au moins ne figurer que pour mémoire dans les traités d'opérations. C. Suture. — Un chirurgien d'Italie, M. Bellini, propose d'élreindre un repli longitudinal du vagin par la suture, et de serrer assez pour mortifier toute la portion saisie. Mais quel avantage y a-t-il à cela ? Aucun. L'opé- rateur, comme dans l'excision, court risque de pénétrer trop avant dans les tissus quand il plonge l'aiguille à la base du pli ; s'il n'a point chance d'hémorrhagie, il aura pendant longtemps des détritus gangreneux qui souilleront les organes génitaux et exposeront le malade à l'infection pu- tride. Enfin il ne saurait se flatter de réussir mieux que par l'excision, dont la ligature n'est au fond qu'une dérivation mauvaise. 2" RÉTRÉCISSEMENT DE LA VULVE. A. DielTenbach, à l'imitation de ce que faisait Dupuytren contre la chute du rectum, excisait circulairement une série de petits plis longitudinaux à l'orifice du vagin. Il comptait sur la rétraction des cicatrices pour produire un resserrement qui retînt l'utérus à l'intérieur. Ce procédé n'est donc en réalité que la transformation d'un prolapsus en un abaissement, résultat qui serait avantageux, convenons-en, si les malades, en même temps qu'elles seront débarrassées de la tumeur saillante, l'étaient aussi des dou- leurs qui accompagnent un déplacement de l'utérus. Est-il bien sûr, d'un autre côté, que l'on puisse à volonté diminuer assez l'orifice du vagin pour arrêter le col ? Le chirurgien de Berlin ne s'est-il pas laissé entraîner par une fausse analogie, quand il a comparé le vagin surmonté de Tulérus à la muqueuse rectale, quand il a voulu voir la guérison tout entière dans le rélréciesement inodulaire, sans tenir compte du sphincter anal, qui, par io retour de sa tonicité sous l'influence du traitement, oppose à la muqueuse intestinale une barrière impossible à trouver à l'orifice du vagin ? Û18 M. ie prolesseur Malgaigne avait pensé que l'excision de la demi-circon- férence de Torifice vaginal et la réunion immédiate, soit qu'on agît sur la demi-circonférence postérieure ou sur l'antérieure, offrirait plus d'avantages que les autres méthodes ; mais dans le seul cas où il ait opéré ainsi, le suc- cès a fait défaut. B. ÉPisiORAPiiiE. — Fricke (de Hambourg) s'est éloigné autant des vé- ritables indications, quand il a proposé contre le prolapsus de réunir la vulve. L'opération se pratique en avivant la face interne des grandes lè- vres, que l'on réunit ensuite par la suture, comme s'il s'agissait de la pé- rinéoraphie. On aura soin de laisser en arrière un petit pertuis pour l'é- coulement des liquides, en avant une ouverture plus grande pour conser' ver les fonctions génitales. L'utérus est soutenu alors par un plancher artificiel; seulement ce plancher est trop bas, et la cure radicale n'est que l'échange d'une infirmité grave en une autre qui ne l'est guère moins. En résumé, nous voyons que des procédés rappelés plus haut, les uns, ceux qui ne dépassent pas la vulve, restent bien au-dessous du mal ; que cette transformation d'une chute en un abaissement, au prix d'une diffor- mité réelle, mérite à peine le nom de cure radicale. Combien de femmes aimeront mieux, surtout si elles sont encore jeunes et mariées, s'astreindre à porter un pessaire et conserver ainsi les facultés génitales, toutes com- promises qu'elles sontl Passe encore si le prolapsus était une affection qui compromît la vie; mais que de malades, malgré tout l'embarras qu'il leur cause, le portent jusqu'à uo âge avancé! Par ces motifs, je repousse toute opération de ce genre. Je repousserais de plus, à cause de l'écoulement cataménial ou leucorrhéique, l'oblilération du vagin, si, au lieu d'avoir été seulement proposée, elle avait été mise à exécution. — Les procédés qui rétrécissent seulement le vagin, bien que plus rationnels et à l'abri de tels inconvénients, n'eu sont pas moins fort insufiisants. Tous manquent à cette indication, que nous jugeons essentielle (nous en tenant à ce qui res- sort de nos observations), d'agir longtemps, sur une grande surface, ainsi qu'à une grande profondeur. C'est pourquoi l'excision de deux lambeaux du vagin, avec réunion immédiate delà plaie, n'a jamais réussi complè- tement. Une réunion immédiate se fait en peu de temps, et ne se fît-elle pas, une plaie par instrument tranchant, hors le cas d'accidents, ne développe pas très-loin autour d'elle une zone inflammatoire. Enfin c'est une opération que l'on fait une fois pour toutes, tandis que le succès, j'en ai la convie- ài9 lion, ne doil suivre que des opérations réitérées, donirelTet se fasse long- temps sentir. La cautérisation mérite seule une mention à part. Elle ne réussit que très-rarement, par exception ; mais elle réussirait sans contre- dit si les rapports du vagin avec le rectum et la vessie ne venaient jeter des entraves à une application vigoureuse de la méthode. La parturition, qui figure pour une si large part au chapitre des causes du prolapsus, doit-elle aussi compter au nombre des moyens cu- ralifs ? Delloir l'a dit. M. Moreau le pense. L'opinion du savant professeur, ex- primée d'un seul mot, paraît assez singulière. Est-elle, au contraire, pré- sentée avec les développements convenables, entourée des précautions qu'elle exige, on s'étonne moins qu'elle soit soutenue : « Lorsque la femme, dit M. Moreau, n'a point perdu l'espoir d'être mère, le médecin peut lui conseiller une nouvelle conception, mais à la condition que, pendant les trois ou quatre premiers mois, la malade garde le repos le plus absolu dans une position horizontale. » (Jusque-là l'ulérus n'étant pas soutenu au-des- sus du détroit supérieur.) « Dans les derniers temps de la grossesse et au moment de l'accouchement, on aura soin que la femme ne conserve pas la position verticale. Dès le début du travail , on la fera coucher sur le dos ; on conservera avec soin la poche des eaux jusqu'à ce que le col soit suffi- samment dilaté; on soutiendra le col au moyen d'un doigt placé dans le vagin jusqu'à ce que la tête soit franchie, afin que l'enfant n'entraîne pas l'utérus avec lui ; on veillera à ce qu'elle ne se livre pas à des efforts immo- dérés d'expulsion. » (Moreau, Traité PRATiQ. DES ACCOUCHEM., 1. 1, p. 208.) Pour moi, toutes les femmes que j'ai eu l'occasion d'interroger m'ont af- firmé qu'après chaque nouvelle couche, le prolapsus avait augmenté. II. — MÉTHODE CURATIVE NOUVELLE. Pincement du vagin. Le nom que je donne à la méthode que je préconise a le grand avantage, à raison même de sa simplicité, d'être parfaitement intelligible, et surtout de bien rendre suivant quel mode le vagin est attaqué par les instruments qu'on y apphque : ce sont des pinces qui soumettent un pli de cet organe à une pression continue, jusqu'à ce qu'il soit mortifié. Elles deviennent la cause physique d'une inflammation lente, circonscrite au conduit vulve- Utériu, au lissu cellulaire ambiant, et dont le résultat final est pour le vagin UD rétrécissement plus ou moins fort, une augmentation de tonicité, et pour l'utérus un retour de la fixité qui lui manquait. Le pincement du vagin, en tant que méthode curative, n'a point encore été exécuté, si je m'en rapporte aux auteurs classiques, à M. le professeur Velpeau, entre autres, dont le Traité de médecine" opératoire est si riche d'érudition. J'invoque de plus, à l'appui de ce que j'avance, l'opinion de M. le professeur Nélaton, dont le savoir n'est égalé que par la bienveil- lance à accueillir les tentatives nouvelles. Voici comment s'est exprimé M. Nélaton dans une leçon clinique sur la chute de l'utérus, après avoir décrit les procédés connus : « Arrive maintenant une méthode toute nou- velle, et que je vais employer devant vous; on la doit à M. Desgranges (de Lyon). M. Desgranges a eu l'excellente idée, suivant moi, d'employer une foule de petites pinces qu'il place dans le vagin ; il les laisse ensuite tom- ber d'elles-mêmes. Inventé il y a un an, ce procédé compte déjà des suc- cès. » (Gazette des hôpitaux, 21 fév. 1852, n° 22, p. 85.) J'ajouterai enfin que la méthode a été acceptée comme nouvelle par M. le professeur Laugier, par MM. Hardy et Vigla, agrégés de la Faculté de Paris, lorsque, sous la présidence de M. Nélaton, ils eurent à examiner la thèse de M. le docteur Damiron, interne distingué des hôpitaux de Lyon, thèse fort bien laite, sous ce titre: Du prolapsus utérin ; de sa cure radicale. (Paris, 16 juin 1852.) A l'époque où je fis mes premiers essais, je ne suivais aucune idée pré- conçue; je cédais uniquement aux vives instances d'une malade pressée du désir de guérir. Le cas était embarrassant. D'un côté, si je trouvais une constitution forte et bonne ; de l'autre, je voyais un prolapsus des plus graves : le col descendait à douze centimètres au-dessous du méat uri- naire. La cautérisation, appliquée à diverses reprises, n'aboutit pas au ré- sultat cherché ; force fut donc de recourir à quelque moyen plus énergi- que. Dire tous les tâtonnements des premières épreuves, toutes les pré- cautions que je pris, ce serait aussi long qu'inutile. Quelque pénible que fût la maladie que je me proposais de guérir, puisqu'elle n'était pas incompa- tible avec la santé, je ne voulais et ne devais rien faire qui put compro- mettre la vie, rien qui pût, en cas de non-réussite, aggraver l'état local; car on l'a dit : Primo non nocere. C'est vers la fin de 1850 que je traitai ma première malade ( celle de lobs. II) : le succès dépassa mon attente. J'en traitai une seconde, une troisième, et de nouveau j'eus le bonheur de réussir. Tout en me réser- vanl de juger plus lard définitivement la méthode, je crus devoir garantir mes droits à la priorité par une communication à l'Académie de médecine. J'envoyai donc à cette savante compagnie, le 3 juin 1851, mes trois pre- mières observations, des planciies où étaient figurés les instruments, la description du manuel opératoire, plus une lettre où je faisais un exposé sommaire du pincement du vagin et de ses heureux eflets. — Depuis lors j'ai apporté quelques modifications aux instruments, et partant au manuel opératoire, à l'occasion de certaines diflTicultésque j'ai rencontrées, et dont il sera fait mention plus tard. D'où il suit que le pincement du vagin comprend deux procédés : Le premier, plus expérimenté, que je décrirai d'abord ; Le second mis une seule fois en usage, mais que je soumettrai à de nou- velles épreuves, car je le crois bon aussi. g I. — Premier procédé. Je n'en finirais pas si je voulais faire l'histoire complète de ce procédé, présenterions les instruments qui m'ont servi et discuter la valeur de cha- cun en particulier. Je me contenterai de faire connaître ceux qui les ré- Fig. 1. sumenl tous et dont j'ai fait le plus fréquent usage ; ■A, c'est aussi d'après ceux-là seulement que je par- lerai du manuel opératoire. A. INSTRCMENTS. 1° Pinces vaginales. — J'appelle de ce nom, à cause de l'organe qui les reçoit, de petites pinces à branches croisées, dont les mors, légè- rement incurvés sur les bords, pressent l'un contre l'autre par l'élasticité des ressorts. A. Dents en saillie. B. Mors taillés en demi rond. C. Tige d'enlre-croisement. D. Portion taillée en lime. E. Ressort. F. Anse de dl passée dans les ressorts. La pince vaginale, de moyenne grandeur, me- sure d'une extrémité à l'autre 70 à 75 miUim. Les ressorts, jusqu'à la portion taillée en lime, ont environ 32 millim. de long sur 5 millim. de îarge. La portion taillée en lime n'a pas plus de 5 niillim. d'étendue; elle est, en outre, en saillie sur la branche gauche, quand on regarde la pince par sa convexité, et simplement de niveau sur la branche droite. Les mors taillés en demi-rond sont incurvés suivant les arêtes; ils n'ont pas plus de 23 millim. de long et se touchent réciproquement par une surface plane hérissée d'inégalités. L'extrémité libre de chaque mors est armée d'une dent saillante en avant. Cesdentsen saillie, longues de 3 millim. et entre-croisées obliquement, quand la pince est fermée, font avec l'axe de l'instrument un angle d'environ 1A0°, disposition qui leur permet de pénétrer assez loin dans les tissus, de les ramasser en un repli qui reste soumis à la pression des mors. La tige d'entre-croisement n'a guère que 10 millim.; son obli- quité varie suivant l'écartemeot que l'on veut donner à la pince. Lïcar- tement d'une pince bien faite, si on le mesure de la racine d'une dent à l'autre, doit être de 25 inill.; de plus la force des ressorts sera telle qu'en écartant les mors par leur extrémité, il faille seulement pour les disjoindre une puissance égale au poids de 200 grammes. Des pinces plus petites auraient une action trop faible, trop limitée; car, même dans les propor- tions que j'indique, il est malaisé d'avoir un bon ressort. On pourrait augmenter les dimensions des pinces, les rendre plus fortes et susceptibles de plus d'écartement. De nombreuses tentatives en ce genre, des modifi- cations variées, m'ont effectivement démontré que la constriction sur une large échelle n'a pas plus de dangers que resserrée dans d'étroites limites; mais je ne le conseille pas; j'y verrais même l'inconvénient pour un faible avantage de compliquer l'appareil instrumental. Le chirurgien aura une dizaine de pinces à sa disposition; il passera entre les branches de celles qui doivent lui servir un fil qu'il nouera sur le bandage en T ; sans cela les pinces se perdraient. 2" Tenette a gouttière (fig. 2). — Destinée à mettre en place la pince vaginale, la tenette à goullière ressemble à une longue pince à pansement, dont les mors auraient été modifiés. Sa longueur totale doit être de 21 à 22 centim., et la force de ses branches assez grande pour permettre une vigoureuse pression sur lés anneaux. L'extrémité de la tenette mérite seule une description détaillée. Fis: 2. i23 A. Gouttière. B. Arête transversale. C. Écbancrure. D. Branche à gouttière. E. Branche plane. Ace niveau, les deux branches cessent d'être symétriques : l'une est p/ane, l'autre munie d'une gouttière. La gouttière, qui ter- mine la branche de ce nom, est formée de deux valves parallèles, longues de 30 millim., arges de 8 et écartées de 7. L'espace qu'elles limitent ainsi donne l'idée d'un prisme rec- tangulaire. Le fond de la gouttière est une surface plane, pointillée, en rapport avec la branche opposée. La branche plane, plus courte que l'autre de ti millim., dépourvue de rebords latéraux, présente vers son extré- mité une arête transversale, saillante en de- dans, qui doit s'enchevêtrer avec lesinégahtés de la portion taillée en lime des pinces vagi- nales. Les bords latéraux de la branche plane sont légèrement échancrés pour recevoir le lil qui tient la pince. La diminution de lon- gueur de la branche plane a pour effet d'ap- pliquer la pince au fond de la gouttière et de l'y maintenir solidement fixée. Les branches arrivent au contact suivant une surface plane, mais pointillée, pour augmenter le frottement et garantir la solidité de l'instrument monté. Cette tenette à gouttière se manœuvre comme une pince à pansement, ou encore comme une tenette à calcul vésical. Ainsi combinés, ces deux instruments (fig. 3), de petit volume, peuvent être portés dans le vagin à toutes les profondeurs. Ce n'est que vers la fin de la médication, lors- que le vagin est déjà fortement rétréci, sans l'être cependant au point voulu, que l'on Fig. 3. un pourrait éprouver quelques difficultés. La pince vaginale se place Irès-aisément dans la goutlière ; seulement on aura soin de mettre en rapport avec la branche plane la partie taillée en lime saillante, de ramener l'anse de fil au niveau des écliancrures pour éviter tout frottement, et d'enfoncer la pince dans la gouttière jusqu'à l'angle saillant des bran- ches. 3° Instruments accessoires. — Ceux dont j'ai reconnu l'utilité sont le spéculum rnalri- cis des anciens et un gorgeret. Ce spéculum trivalve, déjà figuré dans A. Paré, est commode par la simplicité de son mécanisme, par le grand écarlement auquel il se prête, par la facilité qu'il donne de voir à nu le vagin en trois sens. Ordinairement les parois vaginales, quand le conduit est d'une grande laxité, font hernie entre les valves et remplissent en partie ce calibre de l'instrument, sous forme de trois replis lon- gitudinaux. Ces bourrelets servent admira- blement la méthode par pincement, en se plaçant d'eux-mêmes entre les mors qui vien- nent les saisir. Le gorgeret dont je me sers est celui delà lithotomie. Je le choisis toujours sous forme de gouttière débarrassée de crête médiane. J'avais pensé qu'il serait avantageux d'y faire mettre une arête longitudinale que l'on sai- sirait entre les dents de la pince pour éviter toute chance de déviation ; mais il est si facile de suivre l'instrument dans toute sa longueur qu'une telle précaution me paraît superflue. On fera bien aussi, la première fois au moins, de soutenir l'utérus au moyen d'un embout. Il suffit pour cela d'une tige de buis m légèrement incurvée, suivant la direction normale du vagin, et pourvue à l'une de ses extrémités d'un renflement olivaire, à l'autre, d'un orifice capable de recevoir un fil. Ajoutons, pour terminer, un bandage en T double qui servira à fixer Tembout, et sur lequel on nouera les fils passés dans les branches des pinces. B. MANUEL OPÉRATOIRE. Explication de la figure u. — Coupe du bassin représeniant la vessie, l'utérus, le rectum entiers, et le vagin ouvert. A, B, C. Pinces vaginales appliquées. Fig. U. TOME !V h'26 La malade , préparée par le repos , de grands bains , quelques légers eatharliques , un lavement laxatif la veille, est mise en position comme pour l'examen au spéculum , couchée sur le dos, les cuisses fortement écartées. Le spéculum trivalve des anciens est alors introduit, le manche tourné vers le pubis et écarté jusqu'à 15 centimètres de circonférence, c'est-à- dire que, pour ceindre les valves écartées, il ne faudrait pas moins d'une longueur de 15 centimètres. Ordinairement le vagin fait hernie dans le spéculum, qu'il obstrue en partie par trois bourrelets longitudinaux, de la ▼niveau col utérin, l'un en arrière, les deux autres de côté; d'autres fois au contraire, si le conduit est moins relâché, il reste plus ou moins tendu en dehors des valves écartées. Le col ne se présente pas toujours au fond de l'instrument ; il se peut qu'il reste de côté, qu'il se glisse entre les valves comme le vagin, et ne se décèle, avec ses caractères propres, qu'après un examen attentif. A l'aide du spéculum matricis, rien n'est aisé comme d'introduire les pinces vaginales montées sur la tenetle, et de les mettre en place : il suffit pour cela, dès qu'on est arrivé sur le lieu d'élection, de presser fortement sur les anneaux de la tcnelle, qui, réagissant sur la pince, l'ouvre dans toute sa longueur. On met la pince à cheval sur le bourrelet, puis, en di- minuant la pression sur les anneaux, elle s'implante d'elle-même dans les tissus. Lorsque la paroi vaginale, au lieu de faire hernie, reste tendue en dehors des valves, on pai-vieol encore à la saisir en appuyant contre elle les dents en saiUie de la pince vaginale. Chacun de ces bourrelets ou de ces espaces pouvant recevoir deux ou trois pinces, il en résulte que le nombre total de celles qu'on emploie varie de six à neuf, et, règle générale, il faut en mettre le plus que Ton peut II est préférable de commencer par la pa- roi postérieure, et même sur celle-ci par la pince la plus rapprochée de la vulve. L'opérateur trouvera plus de faciliié à passer la deuxième et la troi- sième par-dessus la première, qu'à soulever celle-ci pour arriver au-des- sous. Sur la paroi antérieure, ce sera le contraire, attendu que la pince, en vertu de son poids, s'écarte du vagin, laissant à découvert tout ce qui est en avant. De chaque côté les applications se font en commençant par la pince la plus rapprochée de la vulve, et pour facihter le passage des sui- vantes , on tient par le fil , collée contre le vagin , celle qui vient d'être mise. Le spéculum retiré sans être fermé, on introduit sur le doigt l'embout dans le vagin , puis on le fixe solidement sur les bandes verticales d'no 4'i7 bandage en T double. Ce bandage est placé de façon que l'union des bandés verticales avec la bande transversale soit au niveau de l'hypogastre ; cha- cune des bandes verticales contourne la partie supérieure de la cuisse' pour venir sarrêter vers le grand trochanler, sur la bande transversale ' Il ne faut pas craindre de serrer assez fort, pas an point cependant de déterminer de la constriction et de la douleur. Le fil qui attache l'embout au banda^^e doit être plutôt en arrière qu'en avant; la pression de l'urètre contre le pubis pourrait gêner, arrêter même l'émission des urines. Ce petit acci- dent sans gravité disparaît aussitôt que l'on a repoussé celte tige en ar- rière. Les fils qui tiennent les pinces sont rassemblés, noués ensemble et attachés au bandage. Cette première application terminée, la malade est reportée dans son lit et condamnée au repos absolu. Les pinces tombent ea général du cinquième au dixième jour, plus tôt ou plus lard, suivant l'épaisseur du repli comprimé. Le spéculum devra servir jusqu'à ce que les parois du vagin ne fassent plus saïU.e entre les valves, que son ouverture à 15 centimètres provoque de la douleur ou détermine un écoulement sanguin par quelques érail- lures. A la deuxième application, le manche du spéculum est tourné vers le coccyx, de sorte que les bourrelets saillants regardent Pun en avant les deux autres de côté. Dé cette manière, tous les points du vagin sont traités alternativement. L'application des pinces doit commencer de chaque cô é et finir en avant. On se rappellera aussi ce que nous avons dit au sujet du point le plus convenable pour recevoir la première pince. Aux opérations suivantes, le spéculum serait incliné en divers sens, dans le but d'arriver toujours sur quelques points épargnés précédemment. Il faut éviter de se servir trop longtemps du spéculum, qui n'est réellement utile qu'autant qu'il est irès-écarté. Jusqu'ici je n'ai jamais dépassé trois fois Le spéculum une fois mis de côté, c'est le gorgeret ou le doigt qui va nous servir de conducteur. Dans le premier cas, on choisit avec l'indica- teur le point destiné à recevoir la pince, et sur ce doigt on fait glisser le gorgeret, que Ton retourne ensuite jusqu'à ce qu'il appuie, par sa con- vexité, sur la paroi à saisir. La pince vaginale, montée sur la tenelte est alors introduite, en glissant dans la gouttière du gorgeret, qu'elle ne tou- che que par la pointe de ses dents. Tout le système doit être tenu rigou- reusement dans l'axe du conducteur, sous peine de dévier et de s'arrêter avant que l'on soit à la profondeur voulue. Lors donc qu'on est arrivé à /i'28 Textrémilé du gorgorol, on le reconnaît sans peine à la chule que fait la pince, en même temps qu'à la cessation du contact métallique. Le con- ducteur est immédiatement retiré, et la pince fixée dans les tissus en faisant jouer la tenette, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Si l'on se contente du doigt, on cherche avec la pulpe le point d'appli- cation, sur lequel on presse légèrement; après quoi l'on fait pénétrer la pince parallèlement à ce conducteur, en ayant soin de ne l'effleurer que superficiellement et avec les dents do la pince, afin de ne pas être arrêté et surtout de ne pas se blesser. Une fois sur le lieu d'élection, on fait mordre la pince en l'écartant au maximum et en l'appuyant avec un certain degré de force contre la paroi vaginale. La paroi postérieure du vagin, mieux que toutes les autres, se prête à l'exécution du procédé : elle permet de saisir le conduit dans une grande étendue. Effectivement, le doigt introduit dans le rectum, tandis qu'on lient les pinces très-écartées, donne la facilité de faire saillir entre les mors celte paroi du vagin, et d'en faire saisir une bien plus grande portion. De plus, on sent que le vae au niveau des pubis. Alors par pressions modérées et méthodiques, on repousse lentement l'utérus qui cède peu à peu et rentre complètement. Pour achever le refoulement, on introduit dans le vagin deux doigts qui, en pressant sur le col, le forcent à remonter aussi haut que pos- sible. Après l'opération, les organes génitaux ont recouvré leur forme normale, à part toutefois la grande laxité et l'énorme amplitude du vagin. A cette époque, je n'avais aucune idée de traitement arrêtée. J'essayai cepen- dant, sans trop me flatter d'un succès, la cautérisation du vagin avec le caus- tique Filhos, que j'adoptai de préférence comme plus facile à faire agir sans danger. Les cautérisations, au nombre de six, furent pratiquées tantôt sur quatre points opposés, tantôt sur toute la surface du conduit vulvo-utérin. Le résultat obtenu après deux mois de traitement fut un certain rétrécissement du vagin, la formation de quelques brides cicatricielles et des adhérences du col à la cloison vésico-vaginale. La matrice ne sortait plus, et la malade, qui s'ennuyait à l'hôpi- tal, soutint qu'aucun déplacement ne s'était reproduit. Le 21 juin, elle demande à sortir. Exeat. Je revis la malade quelque temps après son départ de l'Hôtel-Dieu ; je la touchai, et déjà je trouvai l'utérus plus bas qu'au dernier examen. Mais sur l'affirmation qu'elle me donna de se trouver très-bien, je ne désespérais pas de voir cet état persister, lorsqu'au bout de six semaines, à compter de sa sortie, elle vint me demander à rentrer dans le service, m'avouant que malgré tout ce qu'elle avait pu dire, elle s'était aperçue que la matrice n'était pas à sa place. Il est vrai qu'au lieu de prendre des précautions, elle s'était livrée tout de suite à un travail pénible, joint à ce que je ne lui avais à dessein conseillé l'usage d'aucun moyen mécanique. Je trouvai le col utérin retombé au-dessous de la vulve. à3U Marguerite rentra donc à l'Hôtel-Dieu le 15 août 1850 pour y suivre un traile- inent qui devait cette fois avoir plus de succès. Après deux nouvelles cautérisations, je m'arrêtai à l'idée de faire construire de petites pinces propres à saisir une faible portion du vagin et à l'élreindre fortement. La première application en fut faite le 6 septembre, et jusqu'au 2 no- vembre les opérations, en somme, furent au nombre de sept. Cette première fois je ne mis que trois pinces, et le quatrième jour je les enlevai. Leur con- struction laissait beaucoup à désirer. 23 septembre. Nouvelle application de deux pinces; elles sont enlevées le 28. 28 septembre. Application de six pinces ; elles tombent du deuxième au qua- trième jour. 4 octobre. Six pinces sont de nouveau mises en place ; elles tombent du sep- tième au huitième jour. 11. Trois pinces sont appliquées; elles tiennent jusqu'au 19. 20. Usage de trois pinces; chute du 22 au 24. 25 octobre. \ppVicay\on des trois dernières pinces ; elles restent en place jus- qu'au 2 novembre. 2 novembre. Le traitement estarrélé; le rétrécissement du vagin parait devoir suffire. Résultat. - Entre les grandes et les petites lèvres, on n'aperçoit aucune espèce de tumeur, pas même celle qui chez certaines femmes est due à la paroi anté- rieure du vagin. Ce conduit n'a qu'une profondeur de six centimètres; son étroitesse est telle qu'il presse circulairement sur le doigt introduit, bien que celui-ci n'ait pas plus de 2 centim. de diamètre. La portion la plus rétrécie est environ à 4 centim.; et après l'avoir franchie on arrive dans une arrière-cavité qui est un peu plus large. La surface du vagin est sillonnée de chaque côté par des brides cicatricielles longitudinales ; elle est parsemée, en outre, de petites saillies dures, mamelonnées, plus ou moins arrondies. A une profondeur de cinq centimètres, à partir du méat urinaire, on trouve le col que l'on ne peut cir- conscrire, à cause des adhérences qu'il a contractées avec la paroi vaginale, dans les trois quarts antérieurs de sa circonférence. L'écoulement purulent, déterminé par le traitement, n'est pas encore tari. La malade garde le repos sans aucun appareil. 6 novembre. Trois injections par jour avec : décoction de roses de Provins, 1 litre; sulfate d'alumine, tO grammes. 9 novembre. Trois injections avec: écorce de chêne, 25 grammes; eau, l litre; alun, 10 grammes. la novembre. On permet à la malade de se lever. 26 novembre. La malade, quiveut sortir, est examinée avant son départ. L'uté- rus est parfaitement en place ; le vagin toujours aussi étroit. Elle sort sans peS' saire ni aucun moyen contentif. Ce que je puis alTirmer comme rigoureusement exact, c'est que durant tout â35 son traitement Marguerite n'a jamais eu de malaise ni de fièvre. Les douleurs ont été nulles en règle générale, et dans le cas contraire excessivement légères. Le régime, qui est resté toujours le même après comme avant l'opération, égalait celui des malades en convalescence confirmée. (Demie; trois quarts.) J'ai suivi celle jeune fille avec lout l'intérêt que m'inspirait sa guérison inattendue. Je lui avais recommandé instamment de venir me voir de temps à autre, ce qu'elle a fait avec beaucoup d'exactitude, et chaque fois j'ai pu me convaincre que le succès ne se démentait pas. Depuis sa sortie jusqu'à ce jour, elle n'a pris aucun ménagement; elle a marché, couru, sauté, sans rien éprouver qui lui rappelât son ancienne infirmité. La santé générale n'a cessé d'être bonne. — En tenant compte de la gravité du cas, de l'ancien- neté de la guérison, des exercices variés et pénibles de notre opérée, est-il possible de rien trouver de plus concluant ? Qu'on veuille bien noter pour plus lard qu'elle a eu six cautérisations profondes, suivies de récidives au bout de six semaines ; qu'elle n'a été guérie qu'après l'application des pinces vaginales. Le nombre total des applications n'a été que de sept. Le nombre des pinces chaque fois a été, par ordre d'application : 3, 2, 6, 6, 3, 3, 3. Trai- tement du 6 septembre au 2 novembre 1850. D'où il suit que sept applications de pinces vaginales ont produit plus d'effet que six cautérisations profondes du vagin. DESCENTE DE L'UTÉRUS ; LE COL A L'ORIFICE DD VAGIN ; TRAVAIL PRESQUE IMPOSSIBLE, MARCHE GÊNÉE, DOULEURS VARIÉES; GDÉRISON PARFAITE DEPUIS LE 23 MAI 1851, MALGRÉ LA COHABITATION ET UN AVORTEMENT- Obs. IIL — Marguerite Chazalet, âgée de ûO ans, bordeuse, entre à l'Hôtel- Dieu, salle Saint-Paul, n° 29, le 2 mars 1851. Cette malade depuis onze ans qu'elle est mariée a eu dix coucties : les cinq premières heureuses; les trois suivantes longues et pénibles. La neuvième, plus laborieuse que toutes les autres, nécessita l'application des fers. Enfin elle eut, il y a deux ans, un avortement à trois mois, et six semaines après cet avorte- qoent, elle eut une indigestion qui la fit beaucoup soulTrir. Dès ce moment, dit-elle, la matrice est descendue dans le vagin. Quelques jours de repos au lit lui firent espérer une guérison complète ; mais aussitôt qu'elle se fut remise au travail, elle vit reparaître tous les inconvénients de son infirmité. Le médecin qu'alors elle consulta lui fit mettre un pessaire, qui la gênait beaucoup. Au bout de peu de jours, elle s'en débarrassa, et par la suite ne fit plus aucun remède. La inalade était arrêtée dans son travail, surtout quand il était pénible, par des douleurs dans les reins et dans le ventre. Les rapports conjugaux augmeiv 436 laienl ses soull'rances. La marche était très-embarrassée par la présence de l'utérus à la vulve. En outre, la malade se plaiut depuis un mois de toux, ac- compagnée d'expectorations assez abondantes. (Tisane béchique, lavement miellé et huileux.) ÉTAT LOCAL. — Le Col de l'utérus est arrivé à l'orifice du vagin ; il ne s'y montre pas en totalité quand on écarte la vulve, la lèvre antérieure seule est mise à découvert. Le toucher fait reconnaître que cet organe est le siège d'un engorgement chronique, avec déformation des lèvres. La lèvre antérieure, sail- lante au moins d'un centimètre, a pris la forme d'une tumeur arrondie, presque pédiculée. La lèvre postérieure, gonflée plus uniformément que l'antérieure, est moins saillante, moins détachée du reste. L'orifice du col, assez largement ouvert pour recevoir l'extrémité de l'index, permet de constater, de dedans en dehors, le gonflement des lèvres, précédemment décrit. Le col est situé dans l'axe du vagin; on peut sans peine le circonscrire dans toute son étendue. Le vagin, quoique assez relâché et en élat^e permettre au doigt des mouvements de latéralité étendus, n'est pourtant pas arrivé à une extrême dilatation. A l'aide du spéculum ordinaire, on constate, de visu, les altérations que le tou- cher avait fait reconnaître; on aperçoit en outre une rougeur assez vive sur le museau de tanche et un bouchon de mucosités transparentes, qui oblitère l'ori- lice de l'utérus. La muqueuse du vagin est généralement pâle et décolorée. 5 mars. Première application. Le spéculum ancien est mis en place, puis écarté de façon à ne pouvoir être circonscrit par une longueur moindre de 15 centim. La paroi postérieure du vagin fait seule hernie dans l'intérieur de l'instrument, sous forme de bourn let longitudina', les parois latérales restant au niveau des valves. On met en place sept pinces .- trois sur la paroi posté- rieure, deux de chaque côté. L'embout que l'on avait introduit pour soutenir la matrice, fatiguant la malade et gênant l'excrétion des urines, est enlevé le soir même. (Tisane de tilleul et de feuilles d'oranger, potion avec 20 gr. sirop diacode; deux potages malin et soir.) 10 mars. La malade le 5, jour de l'application, n'a eu que quelques malaises légers et un peu d'agitation. La constipation qu'elle a eue constamment a été combattue par des lavements miellés et huileux. Aujourd'hui elle se plaint de maux d'estomac, de perte d'appétit; la langue est blanche, la bouche sèche, la peau chaude, le pouls plus fréquent. Pas de selles depuis deux jours. Elle tousse beaucoup et sent une légère cuisson au niveau du sternum. (Tisane avec dattes et jujubes; potion avec oxymel scillit., 30 gr.; lavement miellé et hui- leux.) Le 9 il tombe une pince; le il il s'en détache trois, et le 12 les dernières tombent. 17 mars. Nouvelle application àesix pinces à l'aide du spéculum trivalve : deux de chaque côté et deux en avant. Il en tombe deux le 21 et quatre le 26. 25 mars. La malade n'a pas mal été jusqu'à ce jour. Avant de procéder à une /i37 troisième application et dans Tespoir de diminuer l'engorgement du col, on pratique, avec le caustique Filhos, une cautérisation circulaire dans la rainure uléro-vaginale. Cette caulérisaiion, bien que faite légèrement et pendant trois à quatre minutes environ, détermine une très-vive douleur. On place cinq pinces deux sur chaque paroi latérale, et la dernière sur la cloison recto-va- ginale. Les quatre premières ont été introduites à l'aide du spéculum bivalve, et la cinquième sur le doigt. Elles tombent, une le 31 mars et les quatre autres le 1" avril. !i avril. [Quatrième application.) Depuis la dernière fois, la malade n'a cessé de bien aller. A la suite de la cautérisation, elle a ressenti quelques douleurs à l'bypogastre, qui ont cédé à l'usage des cataplasmes émollients, arrosés de baume tranquille. Au moment où elle souffrait ainsi, la langue était blanchâtre, et les forces un peu abattues. L'alimentation a varié suivant l'état général, jamais cefieudant nous n'en sommes venus à la diète complète, La malade, préparée la veille par un lavement laxatif, est de nouveau soumise à la cautérisation avec le caustique Filhos. Elle éprouve, comme la première fois, des douleurs très-vives, qui ne sont pas comparables à celles qu'elle res- sent lorsqu'on se sert uniquement des pinces. Immédiatement après, on met à demeure quatre pinces, apposées deux à deux ; elles tombent, deux le 9 et deux le 11. La mdiade a eu quelques colioues les premiers jours; plus lard, elle a souffert un peu, parce qu'une pince la piquait; mais il a suffi d'interposer un morceau de diachjion pour que tout disparût. 16 avril. (Cinquième application. — Cinq pinces.) Deux annulaires sur les côté*; deux pinces en arriére, l'une grande et l'autre petite; une dernière en avant. Le 20, il tombe une pince annulaire et une petite pince; les trois autres se délachenl le 21. La malade n'a cessé de bien aller, sauf un peu de constipation, qui a nécessité l'emploi de lavements émollients, et une toux assez forte, que l'on a combattue par de la tisane béchique et une potion avec 0,20 cenlig. de kermès. L'appétit, sans être très-fort, n'a jamais été perdu. 25 avril. (Sixième application.) On met de nouveau en place cinq pinces : deux pinces annulaires sur les côtés, deux petites pinces en arriére et une en avant. Les pinces annulaires tombent le 30: deux aulreslàchent prise le 1" mai, et la dernière le 2. La malade est dans un état très-satisfaisant, son appétit augmente tous les jours, la constipation seule persiste. 5 mai. [Septième application. — Quatre pinces.) Deux annulaires sur les côtés; une pince ordinaire en avant et en arrière. Le 9, chute d'une pince or- dinaire ; le 11, les trois autres se détachent. L'état général est très bon. à3i 16 mai. {HuiWime application. — Trois pinces.) Une pince brisée est mis» en place pour la première fois, et avec elle deux pinces ordinaires. Les petites pinces tombent le 20 ; la pince brisée tombe le 23. Le traitement est arrêté le 23 mai 1851, après huit applications. ÉTAT LOCAL. — En écartant les grandes lèvres, sauf un peu de rougeur, on ne voit rien qui ne soit parfaitement normal. A six centimètres au méat urinaire, le doigt rencontre le col, qui peut ê.re circonscrit dans toute son étendue, et dont l'orifice assez ouvert peut recevoir la pulpe digitale. Le volume de cet or- gane est peu considérable; l'engorgement dont il est le siège a notablement di- minué. Les parois du vagin sont sillonnées de brides cicairicielles, surtout de chaque côté, à l'exlrémité supérieure du conduit. En arriére, la cloison est par- semée de petits lobules inflammatoires; en avant, ces sàinîés sont moins pro- noncées et moins nombreuses. Le vagin est sensiblement rétréci, si on le com- pare à ce qu'il était avant le traiîement. Mais il n'est pas tellement étroit qu'il ne puisse admettre qu'un seul doigt. L'écoulement de muco-pus est toujours abondant. La malade, questionnée à plusieurs reprises, soutient qu'elle n'a plus la sen- sation que lui donnait la matrice, quand elle était au passage; elle assure connaître elle-même la dill'érence qui existe entre la h;iuleur actuelle de l'uté- rus et celle d'autrefois; elle marche sans gêne et sans difficulté ; les douleurs qu'elle éprouvait aux aines, aux lombes, aux reins, ont complètement disparu; il n'est pas jusqu'aux douleurs d'estomac, qui la tourmentaient fréquemment, dont elle ne soit débarrassée depuis un mois. L'appétit est très-bon, les forces bien revenues, l'état général continue à être des meilleurs. La malade s'en va. La fin de celle observation esl que Marguerite Chazalet, aujourd'hui comme lorsqu'elle a quille l'iiôpitai, esl parfailcment guérie, malgré plu- sieurs circonstances bien capables de provoquer une récidive. Elle a eu de fréquents rapports avec son mari, et finalement elle est devenue enceinte. Dans les derniers jours de décembre 1851, sa grossesse s'est terminée par un avortement au troisième mois, avec douleurs Irès-vives et perle exces- sivement abondante. Le lendemain de son avorlemenl, elle se lève; huit jours après, elle va laver du linge à la rivière, et, sans plus de soin, elle re- prend tout son travail ordinaire. Eh bien ! de si rudes épreuves n'ont rien changé à l'élat local ; le col de l'ulérus esl encore à six centimètres du méat urinaire; l'étal général esl toujours des plus satisfaisants. J'attache la plus grande importance au fait qui nous occupe, et je l'invo- querai plus d'une fois. Il prouve non-seulement la curabilité du prolapsus, mais aussi, contrairement aux objections qu'on m'a faites, que le traitement n'empêche ni le coit ni la fécondation ; il permet également d'espérei* que l'accouchement ne soit pas une cause de récidive, que la femme guérie ne soit pas condamnée à ne plus être mère, sous peine de recliute. Nous avons fait huit applications. Le nombre des pinces, à chaque fois, a été dans l'ordre suivant : 7, 6, 5, h, 5, 5, Zi, 3. Le traitement a duré du 5 mars au 23 mai 1851. *> On trouve aussi, dans le cours de l'observation, qu'il a été fait usage de pinces brisées, de pinces annulaires; ce ne sont là que des modifications de la pince vaginale ; au fond, Taction reste la même, ce qui m'a fait pen- ser qu'une description détaillée de ces instruments serait sans importance aucune. Enfin, il serait illogique de revendiquer la guérison en faveur de la cau- térisation pratiquée à deux reprises contre l'engorgement du col, quand nous savons que, répétée six fois chez la malade de Tobs. II, elle est de- meurée impuissante. CHUTE DE L'CTÉRCS; LE COL â 5 CEXTIMÈTRES âU-DESSOCS DC MÉiT TJRIXAIRE ; GÊNE, FATIGUE DANS LE TBAVAIL ET DANS LA MARCHE; DOULEURS VIVES ; GUÉhlSON DD 24 OCTOBRE 1851. Obs. IV. — Claudine Petit, domestique, âgée de 30 ans, entre à rHôlel-Dieu de Lyon, salle Saiut-Paul u" 2, le 3 juillet 1851. Celle femme est d'un tempéra- ment sanguin et d'une bonne constiiuiion. Depuis l'âge de 15 ans, elle a joui constamment d'une menstruation régulière, quoique peu abondante. Il y a neuf ans qu'elle eut un enfant; sa couche fut heureuse, et les suites en furent très-simples. Pour la première fois, il y a cinq ans, elle s'aperçut d'une tumeur qui descendait dans le vagin, sortait par la vulve et pendait entre les cuisses de 5 à 6 centim. environ. En même temps elle éprouva des douleurs à la région lombaire, dans les cuisses et dans le ventre; ce qui joint à la gêne causée par la tumeur ne lui permettait ni de travailler ni de marcher sans souf- frir. Il y a trois ans que, pour calmer de vives coliques, elle se tit mettre, à l'hôpital de Loubans, un pessaire qu'elle garda jusqu'au jour de son entrée. Ce pessaire niainlenait lulérus en place, il est vrai, mais il restait sans effet contre les douleurs qui, tous les jours plus insupportables, la forcèrent de ve- nir chercher du soulagement à l'hôpital de Lyon. ÉTAT LOCAL. — L'utérus déplacé écarte largement les grandes lèvres, dont il dépasse assez le bord inférieur pour que le museau df^ tanche descende à cinq centimètres au-dessous du méat urinaire. La tumeur dans son ensemble est coiioïde, pourvue d'un orifice a son extrémiié libre et perdue dans le vagin par sa partie supérieure. Le col uiérin, assez régulier dans son contour, est néan- moins le siège d'un engorgement manifeste, qui se reconnaît à sa consistance dure autant qu'à son volume exagéré. La lèvre postérieure, plus saillante, plus gonflée que l'anlérieure, lerme à elle seule l'extrémité du cône, tandis que celte dernière se termine par un bord assez, mince à l'orilice utérin. Cet orilice linéaire, transversal, est humecté de quelques gouttelettes de mucosité traus- parente. La muqueuse du col, malgré sa rougeur et son injection, ne présente ni granulations ni ulcérations. Le reste de la tumeur est moins rouge que le col, sans que la muqueuse du vagin ait cependant perdu les caractères de tégument interne. Elle se montre sillonnée en avant de quelques stries transversales qui rappellent les inégalités normales du conduit. Le doigt, en suivant la rainure circulaire que forme le vagin, peut circonscrire la base de la tumeur, recon- naître que plus on avance, plus elle prend de volume. L'utérus se réduit sous l'influence de pressions modérées; mais il n'est point aussi facile de le faire remonter à sa hauteur ordinaire ; la moindre pression du doigt fait naître des douleurs. Les organes génitaux recouvrent immédiate- ment leur conliguration normale ; les lèvres de la vulve se rapprochent ; le vagin revient à sa place et peut être exploré en tous sens ; seulement la grande laxité des parties et leur mobilité extrême permettent au col de céder à la plus légère pression du doigt, soit dans un sens soit dans l'autre. 9 juillet. {Première application. — Huit pinces,) A l'aide du spéculum an- cien tourné le manche en haut et écarté jusqu'à 0,15 cent, de circonférence, on place huit pinces vaginales, trois de chaque côté, deux seulement en arrière. La malade, qui n'était pas endormie, soutire très-peu durant l'opération. 21. Jusqu'à ce jour tout s'est passé avec une extrême simplicité; pas de fièvre, pas de souffrance. L'apparition des règles a seule causé une légère fa- tigue. Le régime s'est graduellement élevé jusqu'au quart d'aliments. Chute d'une pince. 22. Chute des sept autres pinces. 26. {Deuxième application.— Six pinces.) La malade, préparée par un la- vement laxatif et une réduction de régime est conduite à la salle d'opération. Préalablement on reconnaît par le toucher, la présence de quelques nodules inflammatoires, en arrière et sur les côtés ; de plus, un certain rétrécissement, qui devient évident l'instant d'après quand le spéculum est en place, car entre les valves écartées le vagin reste tendu au lieu de former trois bourrelets sail- lants à l'intérieur. Le spéculunt est introduit, le manche tourné vers le coccyx et les valves écartées au point de donner unecirconlérence de 0,15 cent. Dans celte posi- tion, on place deux pinces vaginales de chaque côté, deux autres en avant, six en tout. L'utérus est î-outenu au moyen de l'embout fixé sur un bandage en T double. 9 aotit. Des six pinces, il s'en détache une le 3, deux îe 4, une le 6, une autre le 8, et la dernière ce matin. Tout s'est passé avec une extrême simplicité; pas de souffrances, pas de troubles généraux. 11 août. {Troisième application. — Six pinces.) Le vagin est parsemé de hiii iobules inflainmaiolres, plus volumineux, plus ramassés sur la paroi poslérleiire que sur les autres. De chaque côlé, il en existe aussi, mais seulement à l'extré- mité supérieure du conduit. La cloison vésico-vaginale, moins que les autres, est recouverte de ces petits nodules. Sur le doigt, comme conducteur, l'on introduit et l'on pose quatre pinces vaginales sur les côtés, une en avant et une autre en arrière, avec l'aide du doigt dans le rectum, pour faire saillir entre les mors le plus de tissus possibles. (Ti- sane de guimauve ; potion calmante ; potages.) 21. Rien jusqu'à ce jour qui ait dénoté le plus léger malaise. Dès le lende- main, on peut donner la demie du régime alimentaire. Les pinces tombent dans l'ordre suivant : trois le 18, les trois dernières le 21. 22. {Quatrième application. — Cinq pinces.) Toujours à l'aide du doigt comme conducteur, on implante dans le vagin quatre pinces sur les côtés, et une en arrière; l'embout ne (leut plus pénétrer. (Réduction du régime aux po- tages.) 30. L'état général, comme l'état local, n'a cess:; d'être parfait. L'alimentation a été promptement ramenée ;i ce qu'elle était auparavant. Trois pinces lâchent prise le 29, les deux dernières le 30. Z\. {Cinquième application. — Quatre pinces.) Le rétrécissement du vagin a fait quelques progrés. Deux pinces brisées sur les côtés ; une pince ordinaire en arrière et une autre en avant. Elles tombent séparément le 6, le 7, le 8 et le 9 septembre ; rien de particulier jusqu'à ce moment. 9 septembre. (Sixième application. — Quatre pinces ) Deux pinces brisées sur les côtés, une ordinaire en avant, une autre en arrière. Chute isolée des pinces le lu, le 15, le 16 et le 17. La malade a constamment bien été. 18. (Septième application. — Quatre pinces.) Deux pinces biisées sur les côtés; une pince ordinaire en avant et une autre en arrière. 26. Il est tombé deux pinces le 21, une le 25, et la quatrième le 26. La malade s'est plainte d'un point de côté, de queUpies douleurs de reins ; son état géné- ral n'a cessé d'être bon. 29. (Huitième application. — Trois pinces.) Deux à trois mors sur les côtés (nouveau modèle) ; une ordinaire en arriére. Les deux premières pinces ont causé un peu plus Je douleur que les autres; mais une fois mises en place, la douleur s'est calmée, 6 octobre. Le 2, chute de deux pinces; la troisième tombe aujourd'hui. 10. (Neuvième application. — Trois pinces.) Deux brisées sur les côtés, une ordinaire en arrière. Elles se détachent le quatrième et le cinquième jour, 17. (Dix ème application. — Deux pinces.) Deux pinces ordinaires sur les côtés. 2ù. Chute de la dernière pince, l'autre avait I5ché prise le 20. Le traitement est arrêté. TOME IV. 31 Uli2 30. La malade veut partir ; on l'examine avant son départ. RÉSULTAT. — Le museau de tanche est à cinq centimèlres environ du méaï urinaire. Le coi, libre de toute adhérence, peut être circonscrit; sa consistance et son volume n'ont pas changé depuis le traitement. De chaque côté, les pa- rois du vagin sont sillonnées de petits lobules, serrés les uns contre les autres dans le sillon utéro-vaginal. En avant et en arrière, les lobules inOammatoires sont plus clair-semés. Le vagin est notablement rétréci, eu égard à ce qu'il était avant le traitement j les parois en sont incomparablement plus fermes, plus tendues. L'écoulement est presque nul. Les organes extérieurs sont régulièrement conformés. Du reste, la malade va bien ; elle ne se sent pas trop faible ; elle ne souffre ni aux lombes, ni aux aines, ni dans les cuisses. Exeat. Celle malade élant reparlie pour Loubans, je n'ai pu constaler par moi- même la solidité de la cure ; mais, à deux reprises dilTéreutes, j'ai eu de ses nouvelles par M.Petil, interne distingué des hôpitaux, qui avait suivi toutes les pliases du traitement. Au commencement de mars 4852, plus de quatre mais après la fin du traitement, M. Petit vit celle femme ; il apprit de sa bouche qu'elle avait toujours élé très-bien, quoiqu'elle se fût livrée sans précautions à des tra- vaux pénibles, voire même au frottage des appartements. Vers la fin d'octobre 1852, c'esl-à-dire un an après la fin du traitement, M. Petit a revu notre malade grasse et fraîche, qui lui a répété, qu'à son grand plaisir, son étal n'avait cessé d'être bon, qu'elle pouvait travailler sans aucune souffrance, qu'en -ju mot elle n'éprouvait rien qui lui rappelât son ancienne infirmité. Point de cautérisation chez celle femme ; le pincement seul l'a bien guérie. Le nombre des applications a été jusqu'à dix. Chaque fois on a mis, en suivant l'ordre d'application, 8, &, 6, 5, Zi, Ix, k, 3, 3, 2 pinces. Le traite- ment a duré du & juillet au 7 octobre 1851. GHCTE DE L'UTÉRDS ; LE MUSEAO DE TANCHE A 3 CENTIMÈTRES AU-DESSOUS DE Lâi VOLVE; GUÉRISON SUIVIE PENDANT SIX MOIS. Obs. V. — Claudine Auclerc, âgée de 25 ans, fileuse de colon, entre à FHôtel- Dieu, salle Saint Paul, n° 22, le 18 septembre 1850. C'est une fille de taille moyenne, d'un tempérament sanguin, qui jusqu'à présent n'a pas eu d'autre maladie que celle qui l'amène à l'hôpital. Ce n'est qu'à 19 ans que la menstrua- lion s'est établie chez elle ; depuis lors elle a toujours été régulière, quoique peu abondante. La malade, qui n'a jamais en d'enfants, raconte que levant un lourd fardeau, il y a deux ans, elle a senti un tiraillement douloureux dans le bas- ventre, puis qu'elle s'est aperçue d'une tumeur à la vulve. Cette tumeur rentrait la nuit par le séjour au lit; elle ressortait le jour sous l'influence d'un travail pénible; elle n'était point d'un volume constamment uniforme; car, suivant le récit de cette fll le, elle serait descendue quelquefois jusqu'à 6 centim. au-des- sous des grandes lèvres. Pourtant elle ue souffrait pas trop ; elle pouvait tra- vailler, et même pour venir à Lyon elle a franchi à pied une distance de plu- sieurs kilomètres. ÉTAT LOCAL. Au momcnt de la visite, on voit sortir de la vulve une tumeur conoïde qui descend à trois centimèires au-dessous des grandes lèvres. Elle est formée par l'utérus dont le col se reconnaît facilement, dans la partie la plus déclive, à sa conicité et surtout à son orifice étroit et circulaire. Tout autour du col, il existe un bourrelet annulaire, rosé, qui n'est autre qu'une duplica- lure des parois vaginales. Si l'on essaye de pénétrer entre ce bourrelet et la grande lèvre, on est bientôt arrêté par une rainure circulaire, qui n'a pas plus de 2 centim. de profondeur. Si l'on presse sur la tumeur, elle disparaît avec une extrême facilité. Les parties génitales recouvrent aussitôt la conformation naturelle, sauf la profondeur du vagin qui est limitée assez pour ne pas per- mettre au doigt de remonter à plus de 3 centim. sans être arrêté par le col uté- rin. L'utérus est très-mobile, il cède à la plus légère pression et peut être porté à droite, à gauche, dans tous les sens. La laxité du vagin, surtout à son extré- mité supérieure, se prête parfaitement à cette manœuvre. Dans l'attente des pinces que j'avais commandées, je fis à la malade, avec le caustique Filhos, une cautérisation superficielle du vagin dans toute son éten- due, ce qui détermina une douleur assez vive et une lièvre légère qui disparut dès le second jour, 28. Apparition des règles; elles sont abondantes et très-rouges. f octobre. Sans autre préparation qu'un lavement laxatif la veille, on met à demeure six pinces sur la paroi postérieure du vagin. Nous eiimes pendant quatre jours des alternatives de malaise et de bien-être ; et enfin un peu de constipation qu'il fallut combattre au moyen de lavements avec 60 grammes de manne. 7. Chute d'une pince. 9. Apparition d'un érysipèle facial. Limonade cuite pour boisson ; trois fric- tions par jour avec la pommade Martial t Axonge 30 grammes Sulfate de fer 10 — F. S. A. (Velpeau.) 1 1 . Toutes les pinces sont tombées ; rérysii)èic se résout. Ul\h ' 1,1. Lft destiiiammalion commence ; l'état général est bon. 14. Pas de selles depuis cinq jours. (Lavement purgatif.) 16. Six pinces mises sur la paroi postérieure ne tombent que îe 2 novembre. Durant cette période de temps, la malade a eu des alternatives de malaise général et de bien-être; parfois un peu de constipation, que l'on a combattue par des lavements laxatifs. Tantôt elle se plaignait de souffrir, tantôt elle n'é- prouvait aucune gène. Pas de fièvre. Le régime alimentaire a généralement été faible, à raison de ces malaises fréquents qui entravaient le traitement. (Quatre potages par jour.) 4 novembie. Le vagin se rétrécit visiblement; les parois en sont bosselées et sillonnées de petites brides cicatricielles. Malgré quelques douleurs vagues dans l'abdomen, on applique deuxpinces dans le cul-de-sac recto-utérin. Elles Lâchent prise le 13. Rien de particulier pendant ces neuf jours. Le rétrécissement du vagin fait toujours des progrès. 13. Application de trois pinces perfectionnées ; elles se détachent le 17. 18. Deux pinces en arrière; chute le 21. 22. Une pince en arrière; chute le 29. A partir de ce jour, l'étroitesse du vagin ne permet plus d'introduire deux pinces; pour une seule on éprouve déjà d'assez grandes difficultés. 4 décembre. Une pince dans le cul-de-sac recto-utérin; chute le 11. 12 La malade se plains à la cuisse droite et aux lombes, d'une douleur vive qui l'a déjà fait souffrir d'autres fois; elle est à son maximum sur les ramifica- tions du nerf crural, et à l'origine du nerf sciatique. Au-dessous de l'épine iliaque antérieure, un vésicatoire pansé pendant quatre jouis avec 0,025 milligr. de chlorhydrate de morphine.) 16. Une pince dans le cul-rln-sac recto-utérin. Chute le 19. Rien de parti- culier, 2l. Une pince en ariière. Chiile le 29. Le vagin est très-rétréci. Sur la paroi postérieure, la dernière application a déterminé la formation d'un bourrelet lisse, rond et très-peu mobile, dont le vo- lume est à peu près celui d'une noisette. ol. On permet à Claudine de se lever et de se promener dans la salle, 7 janvier 1&5I. La douleuf névralgique étant toujours bien forte, on met un nouveau vésicatoiie derrière le grand tiochanter, et comme précédemment on le saupoudre à chaque pansement avec 0,025 milligr. de chlorhydrate de mor- phine. Après le vésicatoire, la cure est complétée par des frictions avec le baume tranquille ammoniacal et camphré. La paroi antérieure du vagin, qui avait été moins soumise que les autres à l'action des pinces, n'a point encore la rigidité des autres parties. On y place wne dernière pince qui tombe le 21. La malade n'a pas souffert comme par le passé. Son état général est excellent. àhà État local après le traitement. Le vagin a une profondear de six centi- mètres. Les parois en sont durcies et légèrement bosselées. Le durcissement et les bosselures sont marquées en arrière, dans le point où les applications ont été réitérées, plus que partout ailleurs, et notamment que sur la paroi vésico- vaginale qui a été ménagée. De chaque côlé, on sent des brides qui remontent jusque vers le co!. Le col utérin adhère en avant à la paroi vaginale; on le re- connaît à sa dureté, à sa forme lobulée, bien qu'il soit im[iossible de le ciicon- scrire. De chaque côté se trouvent deux arrière-petites cavités dans lesquelles peut s'introduire lextrémilé du doigt. Le calibre du vagin est tel que, bien qu'il admette Tacilement un doigt de 2 centim. de diamètre, on ne saurait sans tirail- lement dépasser ce volume. L'aspect de la vulve est tout à fait norniHl, t^auf un érythème léger à la face externe des grandes lèvres. Toutes les douleurs ont disparu. L'état général est parfait (Trois injections par jour avec la décoction suivante : écorce de chêne, 100 gr.; eau, 1 litre.) Le traitement est ariété le 21 janvier 1861, et cette malade sort de l'hôpital parfaitement guérie. Celle observation, que je mels la cinquième parce que je n'en ai suivi le résultai que six mcis, devrait être la troisième par ordre d'ancienneté ; Claudine Auclerc est la seconde malade sur laquelle j'ai fait application de la méthode. Les accidents passagers qu'elle a éprouvés sont trop vulgaires et fréquents pour être mis sur le compte du traitement ; ils ont été, du reste, sans gra- vité. L'unique cautérisation que j'ai faite ne diminue en rien l'efiicacité que j'attribue aux pinces; je pourrais répéter ce que j'ai déjà dit : Com- ment une seule cautérisation guérirait-elle, quand pratiquée six fois chez ma première malade, elle n'a point réussi? J'aurais pu d'autant mieux la laisser de côté qu'il n'y avait pas à cela d'indication précise, et que je n'y avais recours qu'en attendant les pinces que je faisais fabriquer. En tout dia; apphcations. Nombre des pinces à chaque fois, par ordre d'applications : 6, 6, 2, 3, 2, 1, 1, l, 1, 1. Traitement du 1" octobre 1850 au 21 janvier 1851. DESCENTE DE l'uTÉRUS; LE COL A L'ORIFICE DU VAGIN; RÉTRO-FLEXION; DOULEURS EXCESSIVES; APRÈS LE TRAITEMENT, DIMINUTION REMARQUABLE DES DOULEURS; ÉLÉ- VATION ET REDRESSEMENT DE l'uTÉRUS. Ors. VI. — Le 10 mai 18.'>1, Maiie-Ciothilde Fourchegut, 18 ans, ouvrière en soie, entre à l'ilôtel-Uieu, salle Saint-Paul, n» 22. Cette fille, assez bien consti- tuée, quoique maigre et petite, fut réglée à i.'> ans^, La menstruation, d'abord 4ûff régulière et abondante, devint très-variable plus lard à la suite d'une fausse couche, qui remonte à treize ou quatorze mois; et d'après son récit elle n'aurait élé enceinte que de six à sept semaines quand elle se blessa. Quoi qu'il en soit, depuis lors elle s'aperçut que la matrice descendait ; elle sentit même un jour entre les cuisines une tumeur, longue de trois ceniimètres environ, qui la gênait dans la marche. Cette tumeur rentrait par le repos au lit; par la station debout, elle retombait entre les cuisses de deux à (roù centimètres. Plusieurs fois la malade parvint à la réduire; mais les doigts n'étaient pas plutôt retirés qu'elle redescendait au même point. La malade éprouvait dans le ventre et aux lombes des douleurs très-vives, comme si on \m eùi arraché quelque chose; ces dou- leurs s'irradiaient dans les cuisses jusqu'aux genoux, lui causant une uès-grande faiblesse. La fatigue et les souffrances qui tourmentaient cette jeune lllle devin- rent telles, qu'au milieu de la journée elle avait peine a travailler assise à des ouvrages de couture» L'appétit qui avait toujours été bon a fait place depuis l'invasion de la maladie à de l'anorexie, parfois même à des maux d'estomac. Pas de constipation ni de diarrhée. Pas de difliculté dans l'émission dts urines. Le sommeil est conservé; pas d'altération du côté des organes thoraciques. Ja- mais la malade n'a fait usage de pessaires. État local, la malade debout. Les lèvres de la vulve sont rapprochées l'une de l'autre, sans offrir rien d'anormal ni de pathologique. En pratiquant le tou- cher, lorsqu'on arrive à l'orifice du vagin, qui est assez étroit, on rencontre une tumeur peu volumineuse, conoide, qu'a son orifice transversal et aux lèvres qui le limitent, on reconnaît être le col. Cet organe, de consistance assez molle, de petit volume, bien que très-allongé, ne paraît être le siège d'aucun engorgement. Le doigt le circonscrit avec facilité à raison de son peu d'élévation. Mais en ar- rière, au lieu d'être arrêté par le cul-de-sac du va^in, on arrive sur une tumeur solide, résistante, qui se continue avec le col en avant et repousse le rectum en arrière. La face delà tumeur qu'on peut explorer paraît être convexe, plus large en arrière qu'en avant. De celte face, on arrive sans obstacle, sans interruption sur le col ; il y a une continuité manifeste entre ces deux parties. Le col et la tumeur sont inclinés l'un sur l'autre à angle droit, de façon à rappeler la forme d'une cornue; le premier est dans l'axe du vagin, l'autre perpendiculaire au même axe. Par le rectum, le doigt retrouve le col et la tumeur ; il peut en suivre également la continuité; mais de plus en remontant le long de la paroi intesti- nale, il arrive sur un bord épais, arrondi, qui comprime l'intestin. La forme de eette tumeur qui rappelle l'utérus, sa continuité à angle droit avec le col utérin, établissent qu'outre la descente de l'utérus il y a une flexion en arrière du corps de l'organe sur son col, La malade couchée. La vulve, ainsi que nous l'avons dit, n'oEfre rien à no- ter. Ce n'est qu'en écartant les petites lèvres que l'on parvient à découvrir, au niveau de l'orifice inférieur du vagin, le col de l'utérus que l'on reconnaît à ses Earactères analomiques. Il n'e.^t enveloppé d'aucun bourrelet circulaire, ni re- util «ouvert en avant par une saillie de la paroi antérieure gonflée et relâchée. L'exa- men au spéculum établit encore rinlégrilé du col. Pas de rougeurs, de granu- lations, ni d'ulcérations. C'est à peine si la lèvre antérieure est plus gonflée que la postérieure. L'orifice utérin est obstrué de mucosités claires et filantes, qui sortent en grande quantité quelques secondes après l'application. Nous aurions pu noter cette malade comme ayantun prolapsus de 2 à 3 centim.; nous ne l'avons pas fait parce qu'au moment de l'examen l'utérus ne dépassait pas la vulve, et que nous nous sommes imposé pour régie de n'avancer que des faits bien vérifiés. It) mai. {Première application.) Introduction du spéculum ancien, le manche tourné vers le coccyx ; écartement des valves jusqu'à 15 centim. de circonfé- rence ; application de sept petites pinces, trois sur la paroi droite du vagin, deux à gauche et deux en avant. Dans le cul-de-sac recto-utérin, on fait glisser un embout, que l'on fixe sur un bandage en T double. La malade témoigne quel- ques légères douleurs pendant Topération. (Boissons délayantes; pour nourriture des potages seulement.) La veille elle avait reçu un lavement laxatif. Les pinces tombent du deuxième au septième jour : une le 20, cinq le 22; la dernière est enlevée le 23. 23. Jusqu'à ce jour, la malade n'a point éprouvé d'accident séiieux; un peu ■d'anorexie, de constipation ; quelques malaises généraux, telle a été la conséquence de cette première partie du traitement. Le vagin ne présente pas encore de grands changements ; tout se réduit à quelques lobules inflammatoires, plus sensibles sur la paroi droite qu'ailleurs. 24. (Deuxième application.) A l'aide du gorgerct, l'on met en place deux pinces en arrière, et deux de chaque côté. Il est impossible de soutenir, comme la première fois, l'utérus au moyen d'un embout ; le rétrécissement déjà obtenu ne permet pas de l'introduire. Les douleurs que la malade éprouve pendant l'o- pération ont pour siège l'hypogastre et les lombes ; elles ne sont pourtant pas assez vives pour qu'une autre fois elle veuille être éihérisée. Au bout de quelques heures, elles n'existent pins, et le soir elle prend, comme la veille, le quart du régime. Chute des pinces du sixième au septième jour. Cinq se détachent le 29, et la dernière le 30. 2 juin. La malade a bien été jusqu'à ce jour ; elle est un peu fatiguée par l'ap- parition des règles ; cependant elle soufl"re moins qu'avant son entrée à l'hô- pital. 3 juin. {Troisième application.) Cinq pinces mises en place. 11 en tombe une le 15, une autie le IC et trois le 18. Rien de particulier. lO". {Quatrième application. — Trois pinces.) Une pince biisée de chaque ■côté, et une pince ordinaire en arrière. Deux lâchent prise le 25 et une le 28. La malade soufl"ie un peu. (Limonade cuite; potion diacodée pendant la nuit.) 30. Les seules particularités à noter jusqu'à ce jour sont un peu de dyspepsie M8 ' et de la conslipation. De l'eau de Saint-Galmier et quelques lavements suffisent à soulager la malade. Le vagin est rétréci par rajiport aux dimensions qu'il avait avant les applica- tions. La paroi postérieure est parsemée de petits lobules inflammatoires, hémi- sphériques saillants, serrés les uns contre les autres. A gauche, on sent une ag- glomération de petits nodules, loimanl une tumeur du volume d'une noisette dans l'intérieur du conduit. A droite, les nodules, quoique moins développés, se perçoivent pourtant d'une manière manifeste. La paroi antérieure n'est que peu modifiée. Les nodules y sont moins gros et moins serrés que partout ail- leurs. 30 [Cinquième application. — Quatre pinces.) Une pince brisée de chaque côté, une ordinaire en avant et une autre en arrière. Elles tombent du septième au neuvième jour : trois le C juillet, et la dernière le 8. La malade a moins souffert cette fois que les autres, elle a pu reprendre le soir même son régime de la veille. Le jours suivants, des maux d'estomac firent admini.-trer un opiat composé : Conserves de roses 15 grammes. Sous-nitrate de bismuth 60 centigr. Thériaque 60 — ib. {Sixième application.) Trois pinces brisées, une en arrière et une de chaque côté. Chute de la première le 22, de la seconde le 24. Ou enlève la troi- sième le 28. La malade n'a pas souffert pendant l'opération. Jusqu'à la fin du mois, la con- stipation et les maux d'estomac ont été les seuls accidents à combattre, pour lesquels nous avons donné la conserve de roses additionnée et des lavements laxatifs. 1" août. Le toucher fait reconnaître l'existence de lobules inflammatoires, bien développés en arrière, assez marqués sur les côtés, mais plus petits en avant que dans les autres points. La malade déclare ne plus sentir les douleurs aux lombes et dans le ventre, qui la tourmentaient avant le traitement; el!e a pu descendre de son lit, marcher sans apercevoir de déplacement. 1^'. [Septième et dernière application.) On met en place quatre pinces : deux brisées sur les côtés, une petite ordinaire en avant et en arrière. Le 5, chute des pinces brisées. Le 7 et le S, chute des deux autres. 10. La malade a bien été jusqu'à présent; plus de douleurs aux lombes et dans le ventre depuis plusieurs jours, seulement le temps lui dure à l'hôpital, et, sous prétexte d'inappétence et de diarrhée, elle demande à sortir. Avant son départ, elle est soumise à un dernier examen. Résultat. — Le vagin est notablement rétréci, pas au point cependant de n'admettre qu'un seul doigt. La paroi postérieure du conduit e-st parsemée, dans 4Zjy toute sa longueur, de petits lobules plus ou moins saillants et arrondis, serrés les uns contre les autres. Sur les parois latérales, les lobules inflammatoires oc- cupent moins d'espace ; ils sont ramassés vers l'extrémité supérieure, et dispa- raissent complètement dans la moitié inférieure. La cloison vésico vaginale, moins soumise à l'iiction des pinces, est aussi moins inégale que les autres. Le col, libre de toute adhérence, peut être circonscrit dans toute son étendue; il n'est plus visible, comme avant le traitement, au niveau de l'oriûce vulvaire du vagin. En écartant les petites lèvres, l'extrémité seule du conduit vulvo-ulérin est mise à découvert. Le museau de tanche, dans l'axe du vagin, est à quatre centimètres du méat urinaire, distance qui ne serait point aussi petite sans l'allongement assez marqué du col, qui n'a subi et ne devait subir aucune influence de la mé- dication. Une particularité frappe : c'est que la tumeur que l'ou rencontrait en arrière du col, se continuant avec lui à angle droit, rCexiste presque plus, bien que le col soit comme autrefois dans l'axe du vagin. Le toucher rectal permet de con- stater aussi que la tumeur qui faisait saillie dans l'intestin n'est plus la même; il faut remonter beaucoup plus haut pour arriver sur une Sinface qui rappelle le fond de l'utérus. La disparition presque totale des signes qui avaient fait oiagnostiquer une rétroflexion, amène naturellement à conclure que cette déviation 3e l'utérus a été heureusement modifiée par l'action des pinces. Ecoulement purulent de minime importance. La malade répète ce qu'elle a dit précédemment sur la disparition de ses dou- leurs. Elle ne soufTre ni dans les reins, ni dans le ventre, ni dans les cuisses; elle s'est levée, elle a marché, sans apercevoir aucun déplacement. Elle sort. Autant le médecin est assailli, tourmenté par les malades qu'il n"a pu guérir, autant il a de peine à retrouver ceux qu'il aurait grand désir de suivre, une fois qu'ils sont guéris. Quelques démarches que j'aie fait faire ou que j'aie faites moi-même, je n'ai pu parvenir à revoir celle opérée. J'ai su seulement de ses parents qu'elle pouvait travailler au tissage de la soie, elle qui, avant le traitement, ne pouvait coudre assise sans souffrir ; qu'elle ne ressentait plus les vives douleurs qui l'avaient amenée à l'hôpital, et que nous avions vues disparaître graduellement au fur et à mesure que la médication avançait. Je me crois donc autorisé à conclure que l'amélioration si remarquable qui a suivi le traitement s'est maintenue plus tard. Mais le point sur lequel je liens à fixer l'attention, celui qui donne à ce fait sa plus grande valeur, c'est le redressement de la rétroflexion bien constaté avant le départ de la malade. 11 y a là un enseignement précieux qui conduira, je l'espère, à guérir une déviation contre laquelle on n'avait point de prise. Contrairement aux au 1res malades que j'ai traitées, celle-ci est la seule qui ait souffert à chaque application. La douleur, assez vive pour être ex- primée énergiquement, n'allait cependant pas jusqu'à réclamer l'anesthésie ; jamais elle n'a duré au point qu'il fallût y opposer des moyens spéciaux. J'ai regretté seulement que l'ennui et le dégoût de la malade ne m'aient pas permis de pousser les applications plus loin. Sept applications. Nombre des pinces à chaque fois 7, 6, 5, 3, U, 3, li. Traitement du 16 mai au 8 août 1851. CHUTE DE l'utérus TRÈS-ANCIENNE; LE MUSEAU DE TANCHE A 7 CENTIMÈTRES AU- DESSOUS DE LA VULVE ; FEMME FAIBLE, MALADIVE; TRAITEMENT INCOMPLET; RÉCI- DIVE AU BOUT DE TROIS MOIS. Obs. VII. — Marguerite Roche, âgée de 68 ans, grènetière à la Croix-Rousse, entre à l'Hôtel-Dieu de Lyon, salle Saint-Paul, n° 8, le 18 janvier 1851. Réglée à 14 ans, elle a joui d'une menstruation régulière, médiocrement aliondanle, qui durait quatre à cinq jours et revenait toutes les trois semaines. Ce n'est que depuis dix ans que l'écoulement sanguin périodique a cessé. La malade, qui soutTre depuis vingt-quatre ans, fait remonter l'origine de sa chute de matrice à une couche qu'elle eut à cette époque. Elle voulut se lever trop tôt, ne prit aucune précaution, souleva de pesants fardeaux, et peu à peu elle sentit la matrice descendre. Pendant longtemps le déplacement ne fut que peu considérable ; mais depuis six ans il s'est beaucoup accru. La tumeur rentrait par le repos au lit ; elle cédait aux pressions modérées que la malade y exerçait quand elle voulait uriner; seulement la moindre marche, la fatigue la plus lé- gère suffisaient pour reproduire le déplacement et une saillie extérieure. Une première fois, il y a quatre ans, elle se fit appliquer un pessaire, qu'elle ne garda pas plus d'un mois; elle s'en mit bientôt un second qu'elle ne put garder que huit jours; aussi en vint elle à ne porter, pour tout moyen contenlif, qu'une ser- viette entre les cuisses. Enfin, depuis dix ans, elle est sujette à une perte blanche, quelquefois rougeâtre, qui n'a cessé de couler et de tacher son linge, sans être pourtant d'une très-grande abondance. Du reste, cette femme, bien que n'ayant jamais fait de maladie sérieuse, est considérablement affaiblie par les incommodités inhérentes à son état. Elle res- sent de vives douleurs dans les reins, des lassitudes aux cuisses. La marche lui est très-pénible, et si, étant debout, il lui survient un accès de toux, elle est obli- gée de s'asseoir et de soutenir le ventre avec les mains. Il n'est pas jusqu'à la station assise qui ne lui occasionne des soutfrances assez vives sur la partie pro- cjdente. 451 État local. — La vulve est occupée par l'utérus sous forme de tumeur ovoide, volumineuse, rougeàtre, longue de sept centimètres, sur une largeur de cinq et demi, dans la partie la plus développée. Cette tumeur présente une surface sè- che, lisse, d'apparence cutanée, sillonnée pourtant de quelques légères stries transversales, qui rappellent les inégalités normales du vagin. Vers l'extrémité inférieure de cette masse, le col engorgé, assez largement arrondi, paraît se con- fondre avec le reste, ne formant pas, comme chez les malades où il est sain, une éminence surajoutée en quelque sorte à la tumeur générale. L'utérus est légè- rement dévié en arrière, son orifice est transversal, linéaire ; la portion du vagin dédoublé en avant est beaucoup p'us grande que dans tout autre sens. Les lèvres du museau de tanche sont toutes les deux excoriées. L'antérieure est envahie par une excoriation transversale, longue de 2 centimètres, sur une largeur d'un demi-centimètre seulement -, l'ulcération de la lèvre postérieure est analogue à la précédente, pour la forme et pour les dimensions. Entre la tumeur et les petites lèvres, le doigt est arrêté par un sillon circulaire, plus profond en arrière qu'en avant : ce qu'explique très-bien la déviation du col en arrière, et la plus grande étendue des parois vaginales, libres et à découvert en avant. La réduction de la matrice procidente s'obtient facilement par des pressions méthodiques, et aussitôt les organes génitaux recouvrent leur forme habituelle. L'utérus réduit jouit d'une grande mobilité dans l'intérieur du bassin ; il cède sans peine à la pression de deux doigts introduits dans le vagin, et faisant effort pour se déplacer latéralement. Le conduit vulvo-ulérin est énormément dilaté ; il est relâché surtout à son extrémité supérieure, où les doigts peuvent exécuter de grands mouvements sans renrontrer d'obstacles. La malade, après deux jours de repos, un grand bain et un lavement laxatif administré la veille est soumise au traitement curatif le 20 janvier. Du 26 janvier 1851 au 25 mars suivant, on lui fait cinq applications de pinces vaginales, dont le nombre, à chaque fois, est par ordre, 9, 6, 6, 5, 4. Malgré sa faiblesse et sa mauvaise santé, il ne survient que quelques légers troubles aux- quels on oppose avec succès une médication assez simple» Le seul accident à no- ter, s'il mérite ce nom, est la perforation de la petite lèvre gauche par l'extrémité libre de l'une des pinces ^ encore ceci ne seraH-il point arrivé sans le décourage-' ment de la malade, qui ne se prêt lit qu'avec une grande répugnance au plus simple examen. La plaie secicatiise rapidement, et tout rentre dans l'ordre. La malade qui, depuis plusieurs jours, s'ennuyait à l'hôpital, se refuse formel- lement à de nouvelles applications, alléguant qu'elle ne souffre plus, qu'elle n'é- prouve plus de gêne à se tenir debout, à se promener, qu'enfin la matrice ne des- cend plus dans les accès de toux. Elle sort le 30 mars 1851, après avoir été soumise à un dernier examen. Résultat. — Le vagin , notablement rétréci, comparé à ce qu'il était au début du traitement, n'est pourtant pas arrivé au point qu'on aurait désiré. Le doigt explorateur ne trouve plus cette énorme dilatation ; il rencontre, surtout à la paroi. 452 postérieure, de petites nodosités hémisphériques, résistantes, qui, depuis le dernier examen, ont un peu diminué de volume. La paroi antérieure fait une légère saillie entre les petites lèvres, dont elle ne dépasse point le niveau. Le col uté- rin est logé à une assez grande hauteur, car pour arriver jusqu'à lui on a besoin d'enfoncer le doigt jusqu'à huit centimètres. Il est facile à circonscrire. La di- rection qu'il a prise est à peu près normale; de plus, il paraît un peu moins engorgé qu'à l'époque de la première réduction. Écoulement assez fort d'un pus sanguinolent. La seule conclusion que je veuille lirer de ce fait, en le comparant à Tobs. II, la voici : Cinq applications de pinces chez une malade vieille, faible, atteinte de- puis vingt-qualre ans de prolapsus, ont produit plus d'effet que six cauté- risations chez une fille jeune et forte, malade seulement depuis huit ans. La récidive en elle-même est jugée par l'ancienneté du prolapsus, par la faiblesse de la malade, par le petit nombre d'applications ; je suis même étonné qu'elle ait rais trois mois à se produire, je l'attendais immédia- tement. CHUTE COMPLÈTE DE l'uTÉRUS; LE MUSEAD DE TANCHE A SEPT CENTIMÈTRES DU MÉAT URISAIRE; TRAITEMENT PAR LES DEUX PROCÉDÉS ? RÉSULTAT IMPARFAIT. Obs. VIII. — Benoîte Gauthier, âgée de 43 ans, domestique, entre à l'Hôtei- Dieu le 25 juin 1851. Celte femme, d'un tempérament sanguin, fut réglée à 17 ans, et la menstruation, douloureuse d'abord, i-'est établie depuis régulière et facile. Devenue enceinte, il y a sept ans, elle eut une grossesse heureuse, un accouche- ment rapide et des suites de couches très-simples. Il y a un an qu'à la suite d'un effort et d'une chute, elle s'aperçut que la ma- trice descendait. État local. — L'utérus proémine à l'extérieur, où il se montre sous forme de tumeur cylindroïde, pci foi ée d'un orifice transversal, linéaire, à son exlrémit • inférieure. De celte extrémité au méat urinaire, on compte sept centimètres. Le col utérin, quoique mou, est néanmoins assez volumineux et engorgé il est pro- fondément lacéré à droite par une ancienne solution de continuité, qui doit se rattacher à une déchirure dans la parturilion. La lèvre antérieure fait une saillie lobulée qui proémine sur l'orifice; la lèvre postérieure est plus uniformément cylindroïde ; le col, en totalité, ett incliné en arrière. Le vagin, retourné en partie comme un doigt de gant, a cédé plus en avant qu'en arrière. En avant, il couronne la base de la tumeur d'un bourrelet semi- circulaire; au niveau de la fourchette, il forme, par une duplicature, une petite tumeur lobulée, en airièredu col ; toute la portion du conduit, retournée, esi rouge, sèche, sans traces d'ulcération; on y retrouve les stries transversales Zi53 naturelles. Le doigt, en explorant la base de la tumeur, tombe dans une rainure circulaire plus profonde en arrière qu'en avant. La réduction rend aux organes génitaux leur configuration normale, si ce n'est que le vagin, par sa laxité et son ampleur, permet au col des déplacements trés- étendus. Les symptômes physiologiques se réduisent à quei(4ues douleurs lombaires ou abdominales, à de la faiblesse des membres inférieurs. Du reste, les grandes fonctions s'exécutent régulièrement. Le traitement fut exécuté d'après le premier procédé, sans accidents locaux ou généraux, sans douleurs notables. A peine fut-il besoin, et par mesure de pru- dence seulement, de réduire un peu le régime à chaque opération. iNous fîmes huit ;ipplicalions de pinces vagin;iles ; et malgré la hauteur du col à C centimètres du méat urinalre, ainsi qu'un rétrécissement marqué du vagin, l'utérus ne tarda pas à redescendre; seulement il fallait une heure de marche pour que le museau de tanche arrivât à la vulve, tandis que, avant le traitement, il suffisait de quelques pas pour reproduire la chute complète. La malade sortit de l'hôpital ; plus tard elle y renira, et le nouveau traitement qu'elle subit con- stitue le second procédé. Nous espérions un meilîeur résultat que la première fois : le col, beaucoup moins engorgé, adhéiait en avant ; il était situé à C centimèlres du méat urinaire ; le vagin était rig'de, tendu, très-resserré en haut, quoique d'une certaine ampli- tude à son extrémité vulvaire ; néanmoins, an bout de trois moi?, à la suite de travaux pénibles, notre opérée put constater que son état ne se soutenait pas parfaitement. Aujourd'hui, après trois heures de fdtigue et d'elforts, le col descend près de la vulve; une marche paisible, même assez prolongée, laisse l'organe en place. Somme toute, il y a donc une amé ioration incontestable, et la milade s'en ap- plaudit, en même temps qu'une preuve nouvelle de l'innocuité de la méthode, puisqu'on peut à plusieurs repri.-es la mettre en pratique sans inconvénients. § TH. — SECOND PROCÉDÉ. Le caraclère essentiel du second procédé, c'est la combinaison de la constricUon mécanique et de la cautérisation. La pince, conslruile de façon à pourvoir être chargée de caustique, n'agit plus seulemenl par pression; elle fixe de plus, sur un point déterminé, un agent de destruction, qui achève rapidement la perte de substance, que la constriclion seule aurait mis quelque temps à produire. Du même coup, l'appareil instrumental se trouve simplifié et la durée de l'application léduile. 454 INSTRUMENTS. Fit. 5. 1* Pince élytrocausti- que (flg. 5). Ainsi nommée en vue de son action com- binée, celle pince, longue de 12 à 13 centim., ressem- ble à une pince à pansement par sa forme générale, par l'enlre-croisement de ses branches; elle en diffère sur plusieurs points important?. D'abord les anneaux sont plus petits, plus légers, pour ne point surcharger les or- ganes d'un poids inutile. Ces anneaux sont munis de petits ressorts ayant, l'un une dent, l'autre une cré- maillère, qui peuvent s'en- grener dans le rapproche- ment et flxer les branches à trois degrés d'écartement. Au premier degré, les extré- mités des branches restent à 3 millim. de distance; au deuxième , elles ne sont plus éloignées que d'un millim.; au dernier, elles se louchent. A. Dents en saillie. B. Cuvette. C. Niveau de la courbure. D. Ressort en deux parties : a. La dent. b. La crémaillère. Û55 Elles (ces extrémités) sont creusées d'une cuvette, longue de 15millim.. large de 5 millim., sur une profondeur de 3 millim. seulement. La branche s'incurve légèrement au point où commence la cuvetle; elle se termine par une dent en saillie qui se croise avec celle de la branche opposée. Ainsi saillantes, ces dents pénètrent mieux dans les tissus, elles concourent efficacement à donner plus d'épaisseur au pli que l'on saisit. La cuvetle est chargée de chlorure de zinc que l'on tasse exaclement sur tous les points et que l'on empêche de tomber par quelques tours de Ql. Le chlorure de zinc, dont nous faisons grand usage à Lyon, s'obtient en mélangeant : Pientï : Chlorure de linc. . 600 grammes. Farine de froment. GOO — M. Ajoutez peu à peu : Eau 80 grammes. D'ordinaire on l'étend sur de la toile, de façon à faire un vrai sparadrap caustique ; mais, pour le cas actuel, il est indispensable de l'avoir en mag- daléons, soit qu'on l'ail conservé ainsi de prime abord, soit qu'on en dé- tache de la toile assez pour en charger les cuvettes. T Pince de traction. Ce n'est que la pince de iVIuseux, modifiée en ce sens, qu'au lieu de deux dénis à chaque branche il n'y en a qu'une seule, et que les anneaux, une fois au contact, sont arrêtés par un ressort à pivot. Le bandage en T double et le fd n'ont rien qui mérite une mention à part. B. — MANUEL OPÉRATOIRE. Avant de procéder à la première application, et dominé par l'idée que le chlorure de zinc, si énergique sur les ulcérations, reste sans effet contre la peau non privée d'épiderme, je craignis, par analogie, que l'intégrité de l'épilhélium vaginal n'entravât la force du caustique et ce fît perdre tout le résultat que j'attendais de cet agent placé dans la cuvetle. Était-ce une appréhension mal fondée, une précaution inutile? Je le vérifierai plus tard; dans tous les cas ça ne pouvait pas nuire. Je choisis le caustique Filhos. qui me parut commode par son activité sous un petit volume, sans lui croire une supériorité réelle sur les acides minéraux, le nitrate acide de mer- cure, etc., qui pourraient également servir à cet usage. L'introduction du crayon caustique fut des plus simples. A l'aide du Explication de la fi g. 6. — Coupe du bassin représentant la vessie, l'utéru?, le rectum entiers et le vagin ouvert, A. Pince lie traction agissant dans le sens des flèches pour former le pli. 1>. Pinte élylrocaustique, en place. /i57 spéculum, dont j'enlevai la valve mobile, je mis à découvert une portion d« vagin, sur laquelle je promenai le caustique deux ou trois minutes sans m'inquiéter qu'il en touchât plus qu'il%'aurait fallu, les ulcérations consé- cutives me paraissant plutôt avantageuses que nuisibles. 11 va sans dire que je ne songeais plus à la cautérisation préalable quand je fis les appli- calions ultérieures, attendu que la plaie vive laissée par la précédente nous mettait dans les conditions qui favorisent le mieux l'énergie du caustique de Canquoin. Premier temps : Formation d'un pli sur le vagin. — Le chirurgien cherche ici à favoriser l'application de l'élytrocaustique ; or il est clair qu'un pli, fait à l'avance, rend les manœuvres plus simples, plus fruc- tueuses que des parois tendues. Supposons donc que Ton opère à droite ; le pli sera dirigé de haut en bas et de droite à gauche (fig. 6). Dans ce but, l'opérateur fait glisser sur l'index, préalablement introduit, la pince de traction qu'il conduit, à droite, aussi haut que possible, dans la rainure uléro-vaginale; une fois arrivé là, il saisit la muqueuse près du col, et par un effet combiné de traction en bas et de propulsion du col vers la gauche, il soulève un pli qui vient saillir sous le doigt. Un aide maintient les choses en cet état jusqu'à ce que le chirurgien ait achevé l'opération de ce côté. A gauche, la symétrie du manuel opératoire est parfaite si Ton tient les instruments de la main gauche et que l'on introduise l'index droit dans les parties; si l'on n'est pas ambidextre, la similitude est telle que personne n'y sera embarrassé. Dedxième temps : Application de l'élytrocaustique. — Tout étant disposé comme il vient d'être dit, le chirurgien s'assure encore de la posi- tion du pli ; et sur le doigt explorateur il fait glisser une élytrocaustique jusqu'à ce qu'il sente le bord saillant du pli ; là il ouvre largement la pince, embrasse le plus qu'il peut de ce pli, et finit par exercer une forte consiric- tion, que maintiennent les ressorts des anneaux. Un écueil à éviter, c'est le col qui, mal fixé par les tractions, vient se placer quelquefois entre les mors de l'instrument. On le reconnaît à la résistance insolite des tissus, à la difficulté de rapprocher les branches, ainsi qu'à une douleur vive qu'é- prouve la malade. La largeur du pli saisi lut-elle d'un centimètre, il n'y aurait à cela au- cun inconvénient. On se rassure bien vite sur le danger de voir éclater des accidents sérieux quand on a pratiqué quelquefois cette opération. Je puis dire que rien n'égalait ma timidité en commençant jusqu'à ce que l'ex- trême simplicité des suites m'eût amené à saisir chaque fois le plus que je TOME IV. 32 ^58 pouvais. J'ai maintes fois observé qu'un repli large d'un centimètre, me- suré en un mot par toute la longueur des cuvettes, n'a pas plus d'incon- vénient qu'un repli beaucoup plus étroit. L'opération est toujours plus aisée pour la première pince à cuvette que pour la seconde. Les embarras viennent de ce que la pince, déjà mise en place, arrête le col, le fait résister aux efforts qui tendent à le porter en bas et vers le côté opéré; le pli, par conséquent, n'a jamais l'ampleur du pre- mier; rarement aussi arrive-t-il de pouvoir faire une conslriction aussi avantageuse. Si tout le temps de la médication, on persistait à commencer chaque fois par le même côté, il y aurait à cela un inconvénient : celui, par exemple, d'incliner l'utérus de côté, en déterminant un travail inodu- laire plus fort dans un sens que dans l'autre. Je crois donc à propos d'al- terner, de commencer tantôt à droite, tantôt à gauche. Je n'ai point en- core fait d'application en arrière ni en avant ; la couche de tissu cellulaire entre le rectum, le vagin et la vessie paraît bien mince pour supporter, sans chances de fistule, un instrument aussi énergique que la pince ély- trocaustique. A la vérité, je ne vois aucun inconvénient à associer les deux procédés, à mettre simultanémenl les élytrocaustiques sur les côtés et quel- ques pinces vaginales, soit en avant, soit en arrière. Si je ne l'ai pas fait, c'est que précisément je désirais juger de la valeur du second procédé, comparé au premier. A moins d'un ressort d'une solidité parfaite, il est bon d'assurer la con- striclion des pinces en serrant les anneaux par uu fil; après quoi, l'on ré- unit les deux pinces pour les attacher sur les bandes verticales du bandage en T double. Elles seront maintenues sur la ligne médiane et le fil assez serré pour qu'elles refoulent l'utérus et tiennent lieu d'embout. Le bandage en T double se place de façon que la jonction des bandes ▼erticales sur la bande horizontale recouvre l'hypogastre. Chaque bande verticale doit contourner la cuisse d'avant en arrière pour venir se nouer sur la bande horizontale en avant du grand trochanter. Au bout de quarante-huit heures, la portion du pli serré entre les pinces est frappée de mort. Peut-être l'esl-elle plus tôt? Néanmoins, par mesure de prudence, surtout quand le pli est épais, il faut attendre aussi long- temps. L'ablation des pinces est d'une extrême simplicité : desserrer le bandage, couper les fils, écarter "les anneaux, tirer la pince au dehors : voilà tout. Combien faut-il d'applications avec ce dernier procédé? Je manque de /|59 faits pour donner une réponse motivée à cet égard ; mais je présume que cinq ou six doivent suffire. C. — SUITES DE l'opération; RÉSULTAT DÉFINITIF. La réaction générale qui suit chaque application est plus forte que dans le premier procédé; malgré tout, elle est si fugitive, si innocente, qu'une fièvre traumatique réduite à de telles proportions mérite à peine ce nom. Elle le mérite aussi peu sous le rapport de la durée : après vingt- quatre, quarante-huit heures, au plus tard, tout est rentré dans l'ordre, si ce n'est quelquefois les douleurs sympathiques, dont la durée se prolonge assez pour nécessiter l'emploi de moyens appropriés. Le résultat de chaque opération est une escarre mince que l'œil re- connaît à sa coloration noirâtre, le toucher, à sa consistance dure. Cette escarre tombe en général du huitième au dixième jour. Il reste, après sa chute, une plaie rose, recouverte de bourgeons charnus, qui fournit une suppuration assez abondante mêlée, à son apparition, de détritus gangre- neux. La perte diminue avec la cicatrisation, qui marche rapidement, comme dans toutes les plaies faites avec ce caustique. La plaie elle-même est parfaitement innocente, ainsi que le démontre l'observation citée, et surtout une multitude de faits étrangers, que je pourrais invoquer. Le résultat définitif qsI une constriction du vagin dans sa moitié supé- rieure, la moitié vulvaire restant, à peu de choses près, ce qu'elle était d'a- bord. Le conduit, près du col, est inégal, hérissé de petites saillies hémi- sphériques et sillonné de brides cicatricielles. Le col, contracte en avant, des adhérences qui comblent la rainure uïéro-vaginale. Il reste dans l'axe du vagin le museau de tanche favorable- ment disposé à la fécondation, et la distance qui le sépare du méat uri- naire, peut être évaluée de cinq à sept centimètres, longueur bien suffisante à la copulation. Le second procédé, tout différent qu'il est du premier, ne change rien à la méthode. Dans l'un comme dans l'autre, le vagin est attaqué dans toute son épais- seur, sur un repli formé artificiellement. Que ce pli soit plus large, plus épais, que la destruction en soit plus rapide, plus profonde, ce n'est là qu'une variante, qu'une différence du plus au moins. L'adjonction du caustique ne saurait dénaturer la méthode; il agit dans le même sens que les pinces, sur un pli qu'elles étreignent, qu'elles. mor- tifieraient seules, uniquement pour activer celte mortification, et permettre d'enlever les pinces après deux jours, tandis que, laissées à demeure, elles mei traient longtemps à se détacher. § IV. — REMARQUES. 1» LE PINCEMENT DU VAGIN GUÉRIT LA CHUTE DE L'UTÉRDS. A moins de récuser les faits de ce mémoire, on ne peut le nier : six des observations le prouvent à des titres divers; il n'est pas jusqu'à la récidive de l'obs. VII qui ne plaide plus en faveur de la méttiode qu'elle n'y semble opposée. Le dernier cas établit seulement qu'elle n'est point in- faillible. Que je fasse à mon tour le procès des méthodes vantées jusqu'à présent, ne suis-je pas en droit de dire : laquelle s'appuie sur un nombre égal de faits? laquelle peut présenter autant de malades guéries depuis des mois, des années, en dépit des conditions les plus fâcheuses d'exercices violents, de travail pénible, de cohabitation, d'avortement ? D'une manière absolue, j'en conviens, les observations que je donne sont en nombre in- suffisant pour édifier la méthode; mais il suffit, ce nombre, pour la fon- der, pour concevoir de légitimes espérances, pour encourager à de nou- veaux essais. Aujourd'hui je ne demande rien de plus; je ne veux qu'é- veiller l'attention de mes honorables confrères; heureux si je puis les en- gager à faire comme moi. Je puis leur garantir la plus parfaite innocuité. Pour toute réaction générale, un peu de force et d'accélération du pouls, de chaleur à la peau, de soif et de malaise , sans que jamais ces troubles fonctionnels s'élèvent aux proportions d'une véritable fièvre traumatique et durent plus de deux ou trois jours. Encore faut-il pour qu'un pareil re- tentissement ait lieu qu'on ait mis en pratique le second procédé, ou fait, pour le premier, l'application d'un grand nombre de pinces vaginales. Localement, peu ou pas de douleurs. Les plaies dues à l'action des pinces marchent rapidement à la cicatrisation, et aussi vite se tarit l'écoulement purulent dont elles sont la source. Avec les précautions que j'ai indiquées^ une perforation de la vessie et du rectum, n'est pas à redouter. Une chose m'a toujours frappé, c'est la prodigieuse facilité qu'ont ces organes de se soustraire à l'action des pinces. Dans mes nombreux essais sur le cadavre, préalablement à toute opération, jamais je n'ai pu, quelque écartement que je donnasse aux branches, parvenir à les saisir. Veut-on en acquérir la certitude? qu'on applique, ainsi que je l'ai fait maintes fois, une pince vaginale sur la cloison recto-vaginale; on aura beau, à l'aide du doigt dans le reclura, pousser entre les mors très-écarlés le plus de tissu qu'on pourra» /461 on ne parviendra pas à saisir Pinleslin ; il glisse derrière le pli du vagin, s'en sépare, y demeure toul à fait étranger. En résumé, point de mort, pas même un seul instant d'appréhension ; absence complète de désordres locaux. L'opération est plus facile, en même temps que d'un plus heureux effet, avec un col utérin peu ou pas engorgé. Rien d'étonnant à cela. La chute de l'utérus doit subir cette loi de pathologie générale, que plus une mala- die est compliquée, plus elle résiste à la médication. Néanmoins le traite- ment tel que je le prescris, le second procédé surtout, n'a pas pour seul effet de rétablir la fixité de l'utérus; il diminue aussi l'engorgement, soit par la cautérisation préalable que l'on peut pousser sur le col jusqu'à dé- truire en profondeur, soit plutôt que par la suppuration qui suit l'action des instruments, il s'établisse une dérivation salutaire. Je puis donc éviter en tous points le reproche qui me fut adressé dans le Bulletin de théra- peutique (15 juillet 1851) de ne songer qu'au déplacement, sans rien faire contre l'engorgement. Je tiens compte de l'engorgement, suivant son an- cienneté, son volume et la déformation qu'il fait subir au col. A le négliger quel qu'il soit, à se jeter étourdiment sur tous les cas, on chercherait des complications et des revers. Il faut combattre l'engorgement d'abord, s'il est considérable, tout comme on doit s'efforcer de faire disparaître les traces d'une ophthalmie chronique avant l'opération de la cataracte. N'est-il que médiocre? le traitement seul en amènera la résolution, et l'on peut commencer sans perdre de temps. Mais qu'on n'aille pas croire, comme plusieurs chirurgiens le professent, que les déplacements ne soient qu'un épiphénomèue de l'engorgement , que tout doive tendre contre celui-ci et rien contre celui-là. Qu'on ne s'en laisse point imposer par cette théorie qui rattache l'abaissement à l'aug- mentation de poids de l'utérus engorgé ; l'antéversion, à l'engorgement de la paroi antérieure seule, avec augmentation de poids dans un seul sens; la rétroversion, à l'engorgement postérieur avec augmentation du poids en arrière. Cette théorie mécanique, rigoureuse dans les plateaux d'une balance, est plus jo/î'e que vraie, transportée à l'utérus, et les chirurgiens qui la donnent n'oublient pas avec raison de recommander, avant l'introduction du spéculum, de reconnaître avec le doigt la position du col, qui varie «ffectivement d'un jour à l'autre, contrairement à la théorie du poids, à moins d'un déplacement très-avancé. Ce n'est pas tout : avec cette manière de voir, que fera-t-on des cas où manifestement il n'y a pas d'engorgé- iÛ62 , ment , de ceux où la chute de l'utérus est survenue brusquement à la suite d'un effort on de quelque auire cause? En somme, je dirai, sans perdre plus de temps à une discussion éUolo- gique, que l'absence de l'engorgeraenl, le peu d'ancienneté du mal, la force et la saaté du sujet sont des conditions favorables à la médication ; qu'un médiocre engorgement ne contre-indique pas le traitement immé- diat ; qu'un engorgement considérable doit être préalablement combattu. Mais voici bien une autre objection que je soulève contre moi. Vous mêliez, dira-l-on, du caustique dans la pincedusecondprocédé, vous faites une cautérisation préalable, vous employez la cautérisation contre l'engor- gemenl, donc la méthode n'est pas neuve. — Je réponds : la cautérisation que j'emploie pour entamer la muqueuse et diminuer au besoin l'engorge- ment du col n'est qu'une opération accessoire. Pratiquée seule et faite une ou deux fuis, peut-elle, oui ou non, guérir un prolapsus? — Assurément non, puisqu'elle est généralement abandonnée. — Or je fais plus : j'attaque le vagin dans toute son épaisseur par la destruction partielle de plusieurs plis formés artificiellement sur cet organe; — ceci n'a point encore été essayé; — donc il y a méthode et méthode nouvelle; — il y a de plus méthode puissante, efficace; car je guéris là où tout échouait. En quoi la pince du second procédé avec ses cuvettes chargées de caustique, pourrait-elle dénaturer la méthode? Je l'ai dit, je le répète en- core, le caustique agissant dans le même sens que la pince, sur un pli qu'elle étreint, dans un point limité par elle et qu'elle mortifierait seule, n'est là que pour activer celte morlificalion et permettre d'enlever la pince après deux jours ; tandis que mise sans cela elle resterait longtemps à se détacher. La position horizontale que j'ai constamment recommandée âmes ma- lades ne peut fournir un argument contre la méthode. Elle est conseillée comme adjuvant contre toutes les maladies de l'utérus , nulle part comme médication spécifique, exclusivement à toute autre. Combien de malades, par le fait de leur affection, restent clouées au lit des mois, des années, sans obtenir la giiérison. La position horizontale se retrouve à chaque pas dans la thérapeutique chirurgicale: seule rarement, comme accessoire presque toujours. Enfin la position horizontale n'a point été négligée dans les autres méthodes, et nous savons si elles ont réussi. J'ajouterai que j'ai eu bien du mal à la faire garder à plusieurs de mes malades. La première se levait en dépit de toul ce que je disais, en dépit des pinces dans le v;;' gin, La dernière u son tour ne tenait plus le lit dès que j'avais enlevé les m élylrocausUques, c'est-à-dire à partir du troisième] our après chaque appli- cation. Même dans les cas opérables, on ne réussit pas toujours ; là comme ailleurs il faut subir celle loi des revers qui pèse sur les travaux de l'homme et, trop souvent, lait des moyens les plus sûrs des agents iniidèles ; témoin le quinquina, le fer, le mercure, ces remèdes par excellence, qui comptent des échecs à côté,des plus beaux résultats. Non, point de panacée, point de remèdes infaillibles! hors de la quatrième page des feuilles quodi- diennes. Je ne veux point faire de statistique, elle serait prématurée aujourd'hui ; je dirai seulement que, dans ma conviction, en face de cas ordinaires, le nombre des succès dépassera de beaucoup celui des récidives; que, dans ma conviction intime, un chirurgien, si timoré qu'il soit, peut toujours employer une méthode sans danger pour la vie, sans danger pour l'organe malade; qu'il doit même y recourir quand elle s'appuie sur d'heureux résultats. 2* COîDIENT ARP.IVE LA GUÉRISON? Bien que je n'attache pas d'importance aux théories, en présence des faits, je crois devoir aborder celte question. Je dis théorie à dessein, puisque l'analogie seule va me conduire en l'absence de l'analomie pathologique, que je n'ai point eu, et je m'en félicite, l'occasion d'interroger. Il me paraît infiniment probable que tout, dans la cure, ne se passe pas au vagin, que le rélrécissement de cet organe ne doit y figurer qu'à titre secondaire. La véritable raison du succès, je la vois dans un certain degré d'inflammation qui, du point mécaniquement irrité, se propage au delà du vagin, en provoquant autour de ce conduit un travail organoplastique assez faible pour ne point occasionner d'accidents, assez fort pour rendre la tonicité perdue aux ligaments uléro-sacrés et au tissu cellulaire extra- vaginal. Les ligaments utéro-sacrés, on le sait depuis la description qu'en ont donnée Dugès ei madame Boivin, concourent pour une bonne part à main- tenir l'utérus à la hauteur normale. D'un côté, ils s'insèrent sur l'utérus, à l'origine du col; de l'autre, ils adhèrent à la face antérieure du sacrum, dirigés obliquement de bas en haut et d'avant en arrière. Peu visibles quand l'utérus est livré à son propre poids, ils deviennent très-apparents dès qu'on porte l'utérus en avant, en même temps qu'on le tiraille, soit en haut, soit en bas. Ils se dessinent alors sous forme de deux replis demi- /»6Z| ' circulaires, qui limitent, au fond du cul-de-sac reclo-utérin, un infundi- bulum où plongent les anses intestinales. Le péritoine n'entre pas seul dans leur composition : les deux feuillets séreux sont séparés par du tissu cel- lulaire et renforcés de filaments fibreux. Par suite de leur peu de longueur, CCS ligaments sont les premiers à souffrir de la gestation qui les distend outre-mesure et de l'abaissement qui les allonge graduellement. Eh bien ! je le demande, est-il déraisonnable de supposer, qu'en agissant près de ces ligaments, par l'application des pinces très-haut dans le vagin, on y provoque un certain degré de congestion, un dépôt plastique, dont finalement l'organisation les renforce et les fait rétracter. Le même travail doit nécessairement se produire dans une partie trop négligée, suivant moi, par ceux qui font l'histoire des connexions de l'uté- rus : je veux dire le tissu cellulaire qui double le vagin. Entre le releveurde l'anus, en bas, le péritoine, en haut, principalement à la base du ligament large, et les organes du petit bassin, existe une masse irrégulièrement prismatique de tissu cellulaire lâche, qui remplit les vides de cette région et au travers de laquelle passent les vaisseaux et les nerfs qui se rendent de l'artère hypogastrique et du plexus sacré au vagin et à l'utérus. Ce tissu, par ses rapports étendus avec les parois latérales du va- gin et l'extrémité inférieure de Pulérus, doit inévitablement se trouver distendu par le renversement du vagin, de même que le tissu cellulaire sous-cutané est distendu par le déplacement de la peau. Actuellement, supposons qu'au lieu d'un tissu cellulaire lâche, à larges cellules, nous ayons un tissu dense, serré, résistant, le vagin se trouvera retenu aussi bien que la peau, partout où une inflammation chronique a fait passer le tissu sous-cutané à l'élal de tissu lardacé. Il faut, pour se faire une idée bien exacte de ce tissu lardacé, ainsi que de l'immobilisation de la peau qu'il entraîne, avoir été dans la nécessité d'amputer une jambe au voisinage de quelque vieil ulcère calleux. La dissection de la peau est lente, laborieuse, en proportion directe de l'ancienneté de l'ioilammation chronique et des recrudescences. Que Tinflammalion apparaisse pour la première fois, elle ne laisse après elle qu'un, peu d'engorgement; qu'elle survienne une deuxième, une troisième fois, l'engorgement croît en épais- seur, en étendue. Les lois de la pathologie générale ne peuvent pas changer du tissu cellu- laire sous-cutané à celui du petit bassin. Donc, nous sommes en droit de conclure que, sous l'influence d'un agent mécanique qui attaque dans un point limité toute l'épaisseur du vagin, il s'éveille une inflammation légère^ 465 dont raction se propage sous l'influence des applications successives, et dont le résultat est la densificalion de ce tissu cellulaire. On ne saurait prétendre que mon assertion est une pure hypothèse, si l'on veut bien se rappeler quelles modificaiions surviennent dans le petit bassin, sous l'in- fluence d'une afl'ection organique des voies génitales. Dernièrement encore j'en rencontrai un exemple qui peut servir de type. C'était chez une vieille femme qui avait succombé à un cancer ulcéré du col, se propageant aux cloisons vésico-vaginale et recto-vaginale. Tout le tissu cellulaire qui dou- ble le plancher inférieur du bassin avait les caractères du tissu lardacé d'inflammation chronique, il était grisâtre, peu vasculaire, très-dense, et criait sous le bistouri. Les ligaments, larges eux-mêmes, avaient subi de profondes modifications : ils étaient courts et dirigés horizontalement, tendus au lieu d'être lâches et flottants, très-épais, très-durs, non plus minces et formés de deux feuillets glissant aisément l'un sur l'autre. La consistance et la tenswn étaient au point que l'on aurait dit d'un gros fais- ceau fibreux, inséré d'une part aux parois latérales du bassin, de l'autre aux bords de Tutérus et sur les côtés du vagin. A vrai dire, il s'en faut que toujours on rencontre aussi loin les traces d'une inflammation, qui émane des organes génitaux ; il y a, sous ce rapport, des variétés infinies, correspondant aux diverses nuances du mal. En règle générale, la base seule des ligaments participe à l'état du tissu cel- lulaire ; la partie supérieure de ces mêmes ligaments conserve ses carac- tères ; a Fortiori, les trompes, les ovaires ne sont-ils pas atteints par con- tiguïté. En résumé donc, ce qui se passe dans le tissu cellulaire sous l'influence d'une cause irritante, ce qu'on observe dans le petit bassin consécutive- ment aux afl'ections du col, en d'autres termes, l'analogie et Panatomie pathologique nous démontrent, qu'après le traitement, le fisstt cellulaire péri-vaginal, les ligaments utéro-sacrés doivent se rapprocher du tissu lardacé, plus ou moins pour la consistance, et dans une étendue qui varie suivant la durée et l'intensité de l'irritation mécanique. En se- cond lieu, eu égard à l'ancienneté et à la profondeur du mal, quand il propage ses effets jusqu'aux ligaments larges et les altère en totalité, nous sommes raisonnablement en droit de conclure, que, par un traitement de trois mois environ, la base seule de ces ligaments éprouve quelques modi- fications, que la partie supérieure de ces replis n'en ressent pas d'atteintes, que la trompe et l'ovaire ne sont point affectés. Au reste, que rette explication soit bonne ou attaquable, je m'en inquiète U66 peu ; elle ne saurait ni infirmer ni corroborer les faits que je publie. Qu'on m'en présente une meilleure, j'abandonne la mienne; toul comme j'aurais abandonné la méthode si elle était mauvaise. 30 iE TRAITEMENT FAIT N'EMPÊCHE NI LA COBAEITATION NI LA FÉCONDATION. Aussitôt après le traitement, le vagin est dur, bosselé, un peu sensible. On conçoit qu'en tel état de choses des rapports fussent douloureux, diffi- ciles, impossibles peut-être ; mais patience... les callosités se ramollissent, les nodosités se fondent, le vagin reparaît avec sa consistance ordinaire. L'élroilesse ne résiste point à des attaques répétées, une fois revenue la flaccidité des parties. Le peu de profondeur du conduit vulvo-utérin ne conslitue pas une particularité nouvelle dont il faille beaucoup se préoccu- per. Bien des femmes ont le vagin très-court, et néanmoins sont aptes au coït ; il n'y a rien sous ce rapport de particulier à la méthode, rien qui ne se trouve avec l'abaissement non contenu, avec le prolaptus pallié au moyen d'un pessaire. Le rétrécissement du vagin, loin de nuire à la copulation, la favorise. Du moins, suis-je autorisé ù le dire, si j'en crois les confidences singulières et très-récréatives de l'une de mes malades obs. IIl). Le rétrécissement lui valut des étreintes plus vives, plus empressées; au sein du rétrécisse- ment on venait raviver les souvenirs d'autrefois, se bercer dans des illu- sions sans cela impossibles.., Mais, chut !.. Trêve d'indiscrétion ! Vous guérissez, me disait un honorable confrère, vous guérissez, soit; mais c'est au prix de la fécondité. L'inflammation gagne les ligaments larges, arrive sur les ovaires dont elle dénature les ovules, sur les trompes qn'elle oblitère ; tout bien considéré, mieux est de s'abstenir. El d'abord, comment prétendre avec raison que les ligaments larges seront envahis par l'inflammation, indurés dans toute Ipur étendue après un traitement de trois mois, quand nous ne trouvons les changements que j'ai rappelés plus haut (dussent-ils servir d'argument contre moi) qu'avec des lésions très-anciennes et très-graves. Y a-t-il donc la moindre parité entre les effets d'une lésion envahissante qui dure des années et ceux qui se rattachent à une irritation mécanique qui ne se prolonge pas au delà de trois mois. Comment enfin supposer une alléralion des ovaires et des trompes après le traitement, quand ces organes conservent leurs caractères, jouissent de leurs propriétés, au voisinage d'altérations organiques très-avancées ! Qui ne sait qu'une femme tourmentée d'un cancer utérin peut devenir enceinte, 467 que c'est là une cause d'avortement et de dystocie ; j'en pourrais citer des exemples. Chez ces malheureuses mères, les ovules existaient donc en- vers et contre le travail morbide, qui, partant de la dégénérescence, devait se faire sentir mieux que l'action des pinces jusque près des ovaires; ils ont donc trouvé, ces ovules, une voie libre au travers des trompes, jusque dans l'utérus. Un autre argument en faveur de ma cause, un meilleur, je le dois à ma troisième observation, déjà si riche en enseignement déplus d'un genre. Cette femme devint enceinte quatre mois après sa sortie de l'hôpital. Mais, hélas ! arrivée au troisième mois de sa grossesse elle avorta... De par le traitement? Jugez-en. Avant toute médication, elle avait eu déjà trois couches très-laborieuses et un avortemeni. Après tout, je suppose un instant que la fécondité eût à souffrir de l'u- sage de pinces ; mais le prolapsus avec issue au dehors de la matrice est-il donc si favorable à l'imprégnation qu'on doive le respecter très-rehgieuse- ment? Il faut bien que la conception ne paraisse pas chose trop facile, dans ces cas, pour que tous les auteurs se croient obhgés de rappeler qu'elle est possible. Le villageois dont Choppart nous a transmis l'histoire s'épuisa en d'inutiles efforts, trois ans durant, sans parvenir à mettre enceinte sa femme jeune et forte atteinte d'une chute complète de l'utérus. Je soutiens que bien des malades, au prix de la fécondité, accepteraient avec joie la fin de leur sujétion et de leur souffrance. Au lieu de vivre retirées, maladives, elles seraient heureuses de recouvrer leurs attributs de femme. Combien de femmes atteintes de prolapsus inspirent du dégoût à leur mari, voient leur vie d'intimité rompue, et se trouvent condamnées à la stérilité avant le temps ! Combien d'autres recherchent l'éloignement pour s'épargner la dou- leur des approches I Non, il est impossible de le nier, le prolapsus nuit énor- mément à la fécondation par les troubles qu'il jette au sein de la famille, parla congestion qu'il entretient sur l'utérus, et qui certes n'est point favo- rable aux fondions de l'organe, outre qu'il rend la gestation pénible et qu'il expose à l'avortement £n définitive je puis dire, citant à preuve un fait (obs. III ) , que le trai- tement n'abolit pas la fécondité. J'ajoute que plutôt il y est favorable en ren- dant aux organes génitaux la forme régulière ; que de plus, comme condi- tion avantageuse, l'utérus est peu élevé et le col fixé dans Taxe du vagin. A celui qui m'objecterait que la fécondité chez une femme traitée serait peut-être moindre que chez une femme saine, toutes choses égales d'ail- leur.s je ue répondrais rien. En toute justice, on ne doit juger du résultat ^168 d'une opération que par rapport au mal qu'elle esl appelée à combaKre; il n'est permis de comparer l'état consécutif qu'à l'état antérieur. J'aimerais autant voir repousser avec blâme l'opération de la cataracte, parce qu'ea dépit d'un résultat parfait, le malade n'y verra pas comme avant les débuts de l'opacité du cristallin. 4° LE TRAITAIENT NE PEUT DEVENIR UNE CAUSE DE DTSTOCIE. A coup sûr, une méthode qui, sans nuire à la fécondation, exposerait les femmes aux souiîranoes d'un accouchement laborieux, aux dangers d'une opération grave, devrait être déclarée mauvaise et rejetée. Mais qu'on veuille bien réfléchir un instant à l'étal des parties et se remémorer les cas nom- breux où la nature, par ses seuls efforts, a surmonté une étroitesse extrême du vagin, et l'on verra que dans l'espèce une semblable crainte est sans motifs. Une femme mariée à 16 ans avait le vagin si étroit qu'il ne pouvait admettre un tuyau de plume. Le coit était impossible, l'écoulement men- struel encombré de difficultés. Devenue grosse après onze ans de mariage, le vagin, vers le cinquième mois, se dilata, et finalement elle eut un accou- chement naturel. (MÉM. DE L'ACAD. des sciences, 1711.) Dans le même recueil (1768) on lit également qu'une dame de Brest, dont le vagin n'admettait pas un tuyau de plume, devint enceinte malgré cette conformation vicieuse, et fui assez heureuse pour que la dilatation de l'organe se fît au moment des grosses douleurs, et qu'en trois heures elle accouchât d'un enfant gros et fort. Plenck raconte qu'il fut appelé auprès d'une femme en travail qui avait le vagin si étroit que le doigt le plus petit ne pouvait y entrer. Mariée de- puis trois ans, elle avait conçu sans que le coït eût été consommé, et pour- tant, au bout de dix-huit heures, la dilatation du vagin fut suffisante pour que l'expulsion du foetus s'opérât sans déchirure d'aucune partie. (Cazeaux, Traité d'accouchem., p. 631). Le cas de Merriman, quoique moins heureux dans ses suites, prouve de même que l'accouchement est possible par les seuls efforts de la nature, alors que le vagin rétréci admet à peine un doigt peu volumineux. Le tra- vail ne dura que trente-six heures. {Loc. cit.) M. Moreau a vu chez une femme enceinte le vagin si étroit qu'il avait peine à recevoir le tuyau d'une plume à écrire. Cependant, malgré les plus vives appréhensions, les progrès de la grossesse firent céder l'obstacle. {Ibid.) D'après la Revue médicale du Brésil [ih août 1832), une mulâtresse /i69 serait devenue eDceinle par violence, quoique le calibre du vagin lût égal tout au plus à celui d'une plume. Elle accoucha heureusement. (Colombat, Traité des mal. des femmes, t. I, p. 169). A côté des faits où le rétrécissement a cédé sous les efforts du travail, nous pouvons en indiquer où la dilatation arlificielle a été suivie des plus heureux effets. Bénévoli, cité parBoyer, vit une femme dont le vagin dur, calleux, de consistance fibreuse et de très-petit calibre, prit, par l'action prolongée de la moelle de blé de Turquie et des éponges préparées, des proportions qui permirent la cohabitation. M. Carron-Duvillard fit usage de sondes, d'épongé préparée pour dilater le vagin à une femme de 28 ans qui, après dix ans de mariage, n'avait point eu des rapports complets. Le traitement rétabUt les fonctions de l'or- gane, la grossesse ne se fit point attendre, et raccouchemenl fut heureux. Le même chirurgien, sur une femme de 34 ans, eut recours aux mêmes moyens; il parvint à rendre le coït possible , inutilement il est vrai, l'im- prégnation fit défaut. De tous ces faits ne ressort-il pas, mieux que des plus belles théories, que la dilatation d'un rétrécissement extrême du conduit vulvo-utérin est possible, quasi ordinaire, par le travail de raccoucheœent; qu'elle s'obtient au besoin par les moyens mécaniques ? On ne saurait donc arguer contre la méthode de l'étroitesse du vagin, puisque au bout d'un temps plus ou moins long, sans qu'il y ait récidive, les lobules inflammatoires diminuent peu à peu, et que le vagin reprend sa consistance normale ; puisqu'il se prête au coit et qu'à plus forte raison il se dilatera au moment du travail ; puisqu'enfin la science possède des faits où un rétrécissement extrême n'a point entravé l'accouchement, et qu'en définitive la chirurgie a les moyens de vaincre cet obstacle. CONCLDSIONS I. —La chute de l'utérus, difficile à guérir, n'est point une affection in- curable. IL — Elle cède à un ensemble de moyens qui constituent une méthode nouvelle, attendu qu'on ne voit rien de semblable dans les travaux an- térieurs. III. — Le traitement du prolapsus est susceptible aussi de modifier avec avantage les autres déplacements et les inflexions de la matrice. Zl70 IV. — La méthode a pour base la conslriclion et la destruction pailielle •de plis formés sur le vagin, en se servant de pinces. V. — Le pincement du vagin comprend deux procédés qui s'exécutent, le premier, avec les pinces vaginales ; le second, avec les pinces élytro- caustiqiies. A. — Premier procédé, i' On doit, à chaque application, introduire le plus de pinces que l'on peut, et généralement aux premières opérations, on peut aller jusqu'à huit ou neuf. 2" Les pinces tombent d'elles-mêmes du cinquième au huitième jour, 3° Le nombre total des applications varie de huit à dix. Mieux vaut en faire plus que moins. Il" La durée du traitement complet est environ de trois mois. 5° Point de mort. Désordres locaux nuls. Absence de troubles généraux de quelque gravité. B. — Second procédé. !• On place de chaque côté une élytrocaustique. 2° On les enlève au bout de quarante-huit heures. 3° Le nombre des applications, la durée du traitement, ne peuvent se déterminer que par des faits ultérieurs. A" Point de mort. Réaction générale faible, de courte durée. Nul acci- dent local. 5" Le caustique dans les cuvettes ne change rien à la méthode, puisque son action est limitée par la pince, et que surtout la pince seule, au temps près, donnerait le même résultat. VL — Les chances de succès grandissent avec un prolapsus exempt de complications, chez une femme jeune et forte. VII. — Un engorgement considérable du col exige un traitement appro- prié ; un médiocre engorgement n'entrave point la méthode. VIII. — La guérison est due probablement moins au rétrécissement du vagin, qu'à un travail organoplaslique qui, en se propageant au delà de l'organe, rend la tonicité perdue aux ligaments utéro-sacrés et au tissu cellulaire du petit bassin. IX. — Le traitement fait n'empêche ni la cohabitation ni la fécondation ; il ne saurait devenir une cause de dyslocie. X. — Enfin, si les observations ne sont point encore en nombre pour édifier la méthode, celles qui sont publiées suffisent largement pour en établir la parfaite innocuité et pour autoriser de légitimes espérances. FIN DES MÉMOIRES. PLANCHES. EXPLICATION DES PLANCHES, PLANCHE ï. (Mémoires, pape 297.) Frc. I. Cette figure représente une huître dont la valve droite a été enlevée. Tous les organei «ont dans leur position naturelle. La glande sexuelle est indiquée par les lettres a,a. — 6, Ca- puchon du manteau sous lequel se trouve la bouche. — b' ,b' . Lobe gauche du nuanteau. — b" ,b" . Lobe droit du manteau fortement rétracté. L'espace compris entre ces lobes est occupé par les lames branchiales, et forme la cavité extérieure du manteau dans laquelle les œufs restent en incubation. — c. l'alpes labiaux. — d. Cavité du péricarde.— e. Muscle adducteur des valves. — f,f. Branchies. FiG. n. Cette figure représente la partie antérieure et supérieure d'une huître. Un lambeau « de la membrane du manteau a été détaché et reoversé pour mettre à découvert la cavité inté- rieure du manteau et la partie inférieure de l'organe sexuel. Dans la cavité extérieure ou bran- chiale, on a figuré le frai tel qu'il se trouve après la ponte, répandu entre les branchies et les lobes du manteau. Les lettres de la fig. I mdiquent les mêmes organes dans la fîg. II. — g,g. Le frai en incubation. — h,h. Bise des branchies et ouvertures de leurs compartiments, que l'on aperçoit dans la cavité intérieure, mise à découvert par l'enlèvement du lambeau i. — h. Pertuig existant à la partie inférieure de la glande sexuelle et par lesquels sortent les ovules. — l. Ex- trémité inférieure de l'anse intestinale. FiG. III. A. Agrégat de cellules spermatogènes grossies 340 fois. — B. Quelques-unes de ces cellules grossies 700 fois. Fig. IV. A. Masse de zoospermes grossis 340 fois. Les queues des zoospermes forment au- tour de la masse une auréole caractéristique. — B. Zoospermes isolés, grossis 700 fois. Fig.V. a. Parcelle de la glande sexuelle grossie 100 fois. Les éléments étaient développés à an point qui permettait de reconnaître au même grossissement les ovules et les masses de zoo- spermes. La plupart des ovules écrasés ne sont plus reconnaissables qu'il leur vésicule germina- live intacte. — d,d. Quelques-unes de ces vésicules. — c,c. Quelques-unes des masses de zoo- spermes. — 6. Ovules extraits de la même parcelle et vus au mémegro88i3sement. Leur diamètre est d'environ la moitié de celui d'un oeuf mûr. Fie. VI. Parcelle irès-mince de l'organe sexuel enlevée après dessiccation. Cette parcelle a été humectée avec de l'eau et grossie 340 fois. On n'avait constaté dans l'organe à l'étal frais que des masses de zoospermes. — o,o. Ces masses. — 6. Aréoles vides. Fig. VII. Parcelle d'un millimètre carré enlevée à l'organe sexuel desséché, dans lequol on avait constaté préalablement l'existence d'ovules et de masses de zoospermes (grossie 40 fois). Cette parcelle ayant été placée entre deux lamelles de verre et humectée avec de la teinture aqueuse d'iode, les ovules sont devenus pluj apparents que les masses de zoospermes. Ils forment des cercles o,a qui entourent ces masses 6,6. Ces élémei^ts réunis sont disposés en groupes isolés les uns des autres par des aréoles vides c,c. PL.I 'Qfe'S^P' -f/f^^>»^=i.i^'' 'f^m?^/--: Lévt; Imj-.LemErcier^'arîs TOME IV. 33 PLANCHE IL (Mémoires, page 297.) Celte planche repiésenle l'œuf et son évolulioD. Toutes les figures, excepté la fig. XVII C, ont été dessinées à un grossissement de 100 fois» Les différeoces de volume que l'on remarque entre quelques-uns des ovules tiennent en grande partie à la compression plus ou moins forte qu'eierçait la lamelle de verre qui les maintenait. FiG. I. OEufs mûrs non encore fécondés. — a. Membrane viielline. — b. Vitellus. — c. Vé- sicule germinative. — B et C. Des ovules plus ou moins déformés et tels qu'ils se présentent ordinairement au microscope. Fig. 11. A. Vésicule transparente d'un œuf mûr et granules moléculaires du vitellus. — B. La même vésicule isolée. FiG. III. Divers œufs fécondés et encore contenus dans la glande sesuelle. — A,B,C. Diffè- rent par leur vésicule germinative. — 0,E. OEufs écrasés. Le vitellus a pris une certaine consis- tance : dans l'un des ovules, la vésicule germinative parait eu partie dissoute ; dans l'autre, elle n'était plus visible. Fig. IV à XllI. OEufs fractionnés à divers degrés. FiG. XIV. Ovule plus avancé dans son fractionnement et liès-comprimé, pour rendre appré-- fiables les éléments qui le composent. — B. Fragments isolés du même ovule. FiG. XV, XVI. Ovules devenus cordiformes. FiG. XVII. A. OEnf commençant à avoir dos cils vibratiles, a,a. — 6. Charnière.— B. Por- tion du même œuf écrasé, pour faire voir les éléments dont il se compose. — C. Ces éléments grossis 340 fois. FiG. XVIII. OEuf ou embryon plus avnncé. — a,a. Cils vibratiles. — 6 Charnière. — c. Masse centrale. — d. Bandelette [lériph^rique. — e. E-ipace vide. FiG. XIX Embryon pouvant déjà se mouvoir au moyen de ses cils vibratiles. — A,B,C,D,E.Le même vu dans divers sens ; la coquille est très-apparente. Dans la fig. D, on voit qu'elle ne recouvre qu'une partie de l'embryon. Dans la tig. E, les deus valves, dont lune est brisée, sont itendnes dans le même plan. FiG. XX. A. Embryon ayant un appareil ciliaire {a,a) bien limité, an moyen duquel il nage rapidemenl dans le liquide ambiant. Plusieurs organes sont devenus très-distincts. — b. Char- nière. — c. Masse centrale formant le foie et l'estomac. — d,d. Bandelette périphérique repré- sentant le manteau et les branchies. — e. Espace vide. — Dans la fig. B. f, le foie? — g. L'estomac. — /(. Une anse de l'intestm. Fig. XXI. Embryon plus avancé, dont l'appareil ciliaire (a,a) est prêt de se séparer. Fig. XXII. Appareil ciliaire après .*a séparation du corps de l'embryon. — A. Vu de face. B. Vu de profil. Fig. XXllI. Embryon après la chute de l'appareil ciliaire ; un mouvement vibratile se ma- nifeste de o en o et de b en b. Fig. XXIV. Embryon ayant pfrdu l'appareil ciliaire depuis un certain temps (probablement plusieurs jours). La coquille, devenue moins transpatente, laisse voir plusieurs organes d'une manière confuse. Dans la fig. A, la coquille est enlr'ouvcrie ; les lobes (lèvres) qui circonscrivent la cavité a (bouche) sont écartés. Des cirrhes (66) qui en partent, déterminaient par leur agitation un courant vers la bouche. — d. Le cœur. — ■ c. La (haruière. — Dans la fig. B, la coquille est fermée, les lèvres sont rapprochées, les cirrhes n'étaient agités que par des mouvements très- lents. Le cœur (d) continuait à battre avec la même rapidité. — C. Le même embryon vu pai la charnière. PL.n Fii I %5 \l^^; Hg.5 o > r Fii.7 \!H 1'^ i: A ïHi^^ïï2'"^;& . l^i^'+ fùy ■Li .3 r^^^-^ij^^'^a^ a Rg.i6 ^'■^' # '^S Y, fio. 17 !./■ ]-'u 'm^-^^ . ■"^©^ï Fio ,n Eig. iii) \Xi--v- - ^'^ ^^H^f LéveiJIe kth Imp Leinercier,Paris PLANCHE m. (Mémoires, page 34 1.) FiG. I. Fœtus de mouton monstrueux, tu dans son ensemble (dimension réduite de moitié). A. Les deux têtes fusionnées, montrant d'un côté un œil unique B, et de l'autre deux oreilles fusionnées à leur base, C. D,D,D,D,D. Membres antérieurs et postérieurs, de conformation normale. D',D',D'. Membres antérieurs et postérieurs, déviés. FiG. II. Encéphales fusionnés, de grandeur naturelle. (Les parties du cerveau sont indiquée* tn capitales, les nerfs sont désignés en italique.) A. Les deux cerveaux réduits à un seul lobe. B,B. Les couches optiques. C,C. Les deux cervelets. D,D. Les deux moelles allongées. E. La pituitaire unique. /. Nerf optique unique. g,g. Nerfs pathétiques. h,h. Nerfs oculo-moteurs communs. PL, m. Leveillé del ad nat mf:rcier Pans _ LIBRARV PLANCHE IV. (Mémoires, page 341.) FiG. 1. A. Ventricule du cœur, sillonné à sa (ace antérieure par des vaisseaui coronaires. a. Oreilette gauche. o'. Oreillette droite. b. Crosse de l'aorte, donnant naissance par sa couTexitè au tronc brachio-céphaliqueC, qui fournit les deux artères carotides, et à l'artère axillaire gauche C. Par sa concavité, In crosse aortique fournit une forte branche artérielle d, qui va aux deux poumons, G. e. Tronc brachio-céphalique. e'. Artère axillaire gauche. C. Poumon gauche. D. Thymus qui se bifurque supérieurement en deux branches, droite et gauche. d. Branche artérielle partant de la concavité de la crosse aortique, et représentant à la (ois les artères bronchique et pulmonaire. e. Ouraque côtoyée par les deux artères ombilicales coupées. «'. Tronc coliaque coupé. E. Langue. f,f. Os maxillaires supérieurs. g. Cloison des fosses nasales rendue visible, ainsi que les cornets, parce que le plancher des fosses nasales manque. h. Masse charnue tenant la place de l'os maxillaire inférieur qui manque. ». Trachée-artère. j. CEsophage. y. Extrémité inférieure de l'œsophage coupée. H,H. Diaphragme. k. Veine cave inférieure coupée au-dessus du diaphragme. k'. Veine cave inférieure coupée au-dessous du foie, qui a été enlevé. B,B. Reins entourés de leur masse cellulo-graisseuse. G. Vessie. F. Rectum, dont l'extrémité supérieure a été liée et coupée. 1,1'. Testicules encore contenus dans l'abdomen. tn,m'. Cordons déférents ou testiculaires. n. Faisceaux des vaisseaux et nerfs testiculaires. o. Point de contiguïté des deux cordons déférents, entre la vessie 6 et le rectum F. F. Pénis imperforé, coupé. 1,1. Membres antérieurs. J,J. Membres postérieurs. K. Queue. q,q. Oreilles. FiG. n. a. Face postérieure de la vessie. 6. Extrémité supérieure de la vessie, ou ouraque. c. Extrémité inféro-postèrieure ou bas-fond de la vessie. d,d. Uretères coupés près de leur abouchement dans la vessie. e,e. Cordons déférents. f. Petit corps rond qui se trouve au point de contiguïté des deux cordons déférents, ani- quels il adhère. g. Prolongements des cordons déférents se dirigeant du côté du col de la vessie. h. Rectum coupé et renversé en arrière. FiG. m. a. Place de l'ouverture extérieure de l'anus imperforè. b. Raphè médian. c. Queue. PL. IV Leveillé dsl ai nat Imp Lemercier.Pana PLANCHE V. ( M ÉMOI r. ES, page S49.) FiG. I. Trois groupes de cellules détachées appartenant aux trois glandes saliv»ires, parotide, sous-maxillaire et sublinguale chez l'homme. (Grossissement de 550 fois.) 0. Cellules delà glande parotide. 6. Cellules de la glande sublinguale. e. Cellules de la glande sous-maxillaire. .La comparaison de ces trois ordres de cellules prouve qu'il n'y a pas une différence de struc- ture essentielle entre les diverses glandes salivaires de l'homme; il en est de même chez tous les mammifères. FiG. n. Glandes salivaires sous-maxillaire et sublinguale che?, le chien. (Grandeur naturelle.) a. Glande sous-maxillaire. a'. Conduit de Wharton, ou conduit de la glande sous-maxillaire. b. Glande sublinguale. 6'. Conduit de la glande sublinguale. e. Petit lambeau de la muqueuse buccale conservé, et sur lequel s'ouvrent, par un orifice généralement commun, les conduits des deux glandes. — La glande sublinguale avait été niée par tous les anatoniistes et physiologistes. FiG. in. Glande sublinguale du surmulot. (Grandeur naturelle.) o. Face inférieure ou profonde de la glande, offrant un aspect lobule. Par sa face supé- rieure, elle adhère à la membrane muqueuse buccale, dont une partie a été conservée, ainsi qu'une moitié de la mâchoire inférieure. o'. Face supérieure ou buccale de la glande; elle est recouverte par la membrane mn- queuse, qui est comme criblée par les petites ouvertures a de la glande dans la bouche, s'ouvrant en dedans des dents molaires inférieures. FiG. IV. Glande sublinguale du dindon. (Grandeur n:iturelle.) a. Glande sublinguale vue par sa face inférieure; elle offre des espèces de sillons longitu- dinaux qui sont produits par l'adossemenl d'un certain nombre de tubes ou sinus caver- neux, venant tous s'ouvrir suivant une ligne punctiforme, sous la langue et à sa face interne et antérieure. b,b. Petites glandules bucco-pbaryngiennes, vues par leur face inférieure; elles s'ouvrent, par des orifices uniques ou multiples, à la surface de la membrane muqueuse, dont une portion a été conservée , ainsi que la moitié de la mâchoire inférieure et du bec, aGn devoir les rapports des parties. FiG. V. Portion d'un segment transversal de la glande sublinguale du dindon desséchée, et vue au microscope à un grossissement de 40 fois. On voit sur cette coupe transversale des espaces lacunaires anfraclueux, offrant à leur surface des vacuoles limitées par des cloisons incomplètes Ces espaces lacunaires, de grandeur différente et de forme irrégnlière, sonl séparés les uns des autres par des cloisons. a,a,a,a,a. Membrane d'enveloppe de la glande, envoyant des prolongements intérieurs pour former les cloisons qui séparent les espaces lacunaires. 6,6,6. Espaces lacunaires, offrant à leur surface les vacuoles glanduiaircH, qui toutes com muniqucnt avec une cavité glandulaire centrale générale. FiG. VI. Vue microscopique de la préparation précédente, à un grossissement do 350 fois. On aperçoit les petites vacuoles qui tapissent la surface interne des cavités lacunaires. Les parois de chacune de ces vacuoles sont constituées par une couche de cellules sécrétantes. a,a,a,a. Petites élévations, ou crêtes séparant les vacuoles les unes des autres; elles son» tapissées de cellules glandulaires. b,b,b. Fond des vacuoles, également tapissé par des cellules glandulaires. c. Groupe de cellules glandulaires détachées. FiG. VII. Portion d'un segment transversal de la glande sublinguale desséchée de la tortue terrestre, vue au microscope à un grossissement de 40 fois. Un seul espace lacunaire a été représenté. Il a beaucoup d'analogie avec ceux de la glande sublinguale du dindon ; mai? est d'une forme beaucoup plus régulière. A sa face intérieure, on voit aussi un très-grand nombre de vacuoles, mais qui sont très-petites par leur assemblage et forment une espèce de tissu spongieux. Toutes ces vacuoles communiquant les unes avec les autres, aboutissent dans une cavité glandulaire cen- trale, où elles déversent leur produit. a,a,a. Membrane de circonscription des espaces lacunaires, envoyant des prolongement intérieurs pour former les parois des vacuoles. 6,6. Tissu vacuolaire. c. Cavité glandulaire centrale. FiG. Vin. Portion de tissu vacuolaire de la préparation précédente, vue au microscope à un grossissement de 550 fois. On voit que ce tissu vacuolaire est constitué par des espèces d'éminence ou mamelons glandulaires faisant saillie .'i l'intérieur de la cavité vacuo-lacunaire. Ce serait une disposition renversée par rapport à celle qu'on remarque dans les glandes salivaires des mammifères. a,a,a. Mamelons ou éminencos glandulaires. b. Cellules glandulaires, visibles et constituant chacune des éminences ou saillies. FiG. IX. Cellules épithéliales de la bouche de la tortue terrestre. 0. Grandes cellules épithéliales de la bouche de la tortue, ressemblant à celles de la bouche des mammifères. (Grossissement de 550 fois.) b,c. Petites cellules épithéliales de la bouche de la tortue, très-analogues à celles des glan- des salivaires des mammifères, des oiseaux et des reptiles. FiG. X. Cellules épithéliales de la bouche des poissons, n'ayant plus d'analogi* avec les gran- des cellules épithéliales de la bouche des mammifères, des oiseaux ou des reptiles, et ressemblant beaucoup plus à celles des glandes salivaires des vertébrés. (Grossissement de 350 fois.) o. Cellules épithéliales de la bouche de la raie. Quelques-unes ont un double noyau. 6. Cellules épithéliales de la bouche du brochet. Quelques-unes ont également un double novau. PL .Y h ^''^■. ^. ïi?;.i 1 >w3 ^ïir.<^ -f '/a ^h hi 9 ,w- ^ ; '^.^S^; Fi<, . 10 /SÇ" léveiËé dsl el lith ImpLemcrtiei .Pai'is PLANCHE VI. (^Mémoires, page 387.) FiG. I et II. Portion de tentacule à l'élat d'extension. La fia. I montre la surface de la membrane externe, et les sillons de séparation des cellules qui la constituent. 1. Vésicules hastifères. — 2. Petites vésicules urticaires. — 3. Sillons de sépa- ration des cellules. La fig. II montre l'apparence du réseau et la cavité tentaculaire. 1. Membrane externe. — 2. Limite des cellule.*. — 3. Lignes transversales, 3'. Lignes longitudinales du réseau. — 4. Globules et cellules de la couche in- terne circulant dans la cavité tentaculaire. Fig. m. Portion terminale de tentacule, immobile et légèrement comprimée (hydre brune). — 1. Mamelons, ou extrémités libres des cellules de la couche externe. — 2. Globules colorés de la couche moyenne. — 3, Ligneà du réseau. Fig. IV. Paroi du corps de l'iiydrc brune. — Au-dessous des mailles du réseau 1., on aperçoit les globules du champ coloré 2., et à tiavers les lacunes de celui- ci, les taches pigmentaires 3. et les cellules propres 4. de la couche interne. Fig. V. La membrane interne de la région stomacale d'une hydre brune, spontanément retournée. — 1. Bord libre et épaisseur de cette membrane in- terne.— 2. Taches pigmentaires brunes. — 3. Vé-icules et cellules résultant d'une désagrégation partielle de cette membrane interne. — 4. Globules piimaires (peut- être globules du chyle]. — 5. Amas de globules colorés sous-jacents à la mem- brane interne. — 6. Le réseau des cellules de la touche externe. Fig. VI. Partie antérieure du corps d'un jeune jolype. — 1. Bord festonné, constitué par les cellules, autour de l'orifice buccal. — 2. Mailles du réseau. — — 3. Mailles de ce même réseau, qui, par leur extrémité, sont identiques aux cellules ou mamelons 4. du bord libre de la membrane externe. — 6. Cellules de la base d'un tentacule. — 6. Réseau dans l'épaisseur de la paroi d'un autre ten- tacule. Fig. vit. Aspect du réseau du corps d'un polype à l'état d'extension. — 1. Cel- lules de la membrane externe.— 2. Limite de ces cellules.— 3. Mailles allongées du réseau. Fig. VIII. Aspect du même réseau, dans l'état moyen ou de repos. jyvj. FiaJ. Fc^.5. «•Cl ^^y. -^V. «> Tlffiicfe^ (ùi 2ii/L oic'TAt^yrif fieres Tarùs Srtij-ie/^ LitA PLANCHE Vn. (Mémoires, page 387.) FiG. I. 1. Cellules contractiles constituant la membrane externe. — 2. Vacuole, au centre de laquelle se trouve une vésicule hastifère. FiG. II. Les mêmes cellules traitées par l'acide acétique, montrant dans l'é- paisseur de leur paroi un grand noyau l., de petites vésicules 2. et des gra- nules 3. FiG. III. Globules colorés de l'hydre verte.— l. Paroi des globules.— 2. Noyau. — 3. Granules intérieurs, (Gross., 900 diam.) FiG. Iir. Globules colorés (brun clair) de l'hydre vulgaire. (Gross., 900 diam.) FiG. IV. 1. Globules. — 2. Cellules. — 3. Vésicules à taches pigmentaires de la membrane interne. (Gross., 440 diam.) FiG. IV. Granules des taches pigmentaires. (Gross., 900 diam.) FiG. V. 1. Petites vésicules urticaires, avec le filament intérieur roulé en spi- rale. 2.— Le filament est complètement sorti et déroulé.— 3. Le même incomplè- tement déroulé, FiG. VI, 1. Vésicule hastifère. — 1'. La même vue de face. — 2. La même complètement développée. — 3. Une de ces vésicules incomplètement développée. FiG, VII. A. B. Grandes cellules spermatiques. OEufs mâles. 1. 1. Vésicules spermatiques contenues dans leur intérieur. — C. Groupe de vésicules spermati- ques encore agglutinées après la déhiscence de la cellule mère.— C. C. Vésicules spermatiques libres. — D. D. Zoospersmes libres. FiG. VIII. A. Cellules de la première période, B. Vésicules vitellines delà dernière période d'évolution du blastème ovarique. FI vu. ^uf. 5. yi^s.'^ ~A j^.-^. F^.S: ^s^yJrfA /'/y- ^u^e/ di^: 2M c/e y7uiéme 2& — Sur les alleralions de la fourbure chronique du cheval ; par M Bouley ... 24 —Corps libre trouvé dans l'arliGulation tibio-aslragalienne d'un cheval; par M. Goubaux 56 —Altération de l'articuialion temporo-maxillaire droite chez un cheval ; par le même 57 —Observation de rapture du tronc aortique chez !e cheval ; par le même . . . i89^ — Voyez Jument. Chien. — Cancer de la mamelle chez la chienne ; par M. Bouley S —Note sur un fœtus monstre de chien, avec encéphalocèle et spina-bifida; par M. Boulard eo Coeur. — Voyez Cysticerque. Coloration. — Voyez Parasites, Végétaux, Pas. Cotylédons. — Sur les cotylédons utérins des femelles des animaux ruminants domestiques ; par M. A. Goubaux. (Mémoires, p. 275.) Crâne.— Sur la déformation artificielle du crâne en Amérique; par M. E. Le Bret 4a Cryptogames. — Maladie du blé causée par deux cryptogames, l'uredo glu- wiarwm et la puccinée des graminées; par M. Montagne iiï- Cysticerque. — Cas de cysticerque du tissu cellulaire inlermusculaire observé chez l'homme; par MM. Davaine et Follin »&• —Sur un fait de cysticerque du cœur de l'bomme, avec endocardite ; par M. Leu- det . Ht —Voyez Hydatides, Acéphalocystes. D Séformation. — Sur la déformation artificielle du crâne en Amérique; par M. E. Le Bret 40 Sermoïdes (Kystes). — Sur les kystes dermoïdes, et de l'hétérotopie plastique en général; par M. Lebert. (Mémoires, p. 203.) Besman. — Examen des poils du desraan ; par M. Léon Soubeiran 182 Digestion. — Variations dans les phénomènes de la digestion chez les animaux ; par M. Claude Bernard 4 Doigt. — Sur un lipome du doigt médius; par M. Follin 74 -De la pentadactylie chez le cheval ; par M. Goubaux le."» -Sur un cas de doigt surnuméraire chez un nouveau-né; par M. P. Lorain . . 38 Domestiques (Animaux). — Voyez Goitre, Thyroïde (corps) Muscles. E Embryogénie. — Exemple de gestation ovarienne chez la jument; par M. A. Goubaux . » 'Ji 493 IBnibryogénie. — Études sur le disque proligére, avant la fécondation de l'o- vule; par M. Verneuil 105 —Recherches sur la génération des huîtres; par M. Davaine. (Mémoires, p. 2970 —De la fécondation chez le grillon; par M. le docteur Ébrard (de Bourg) ... 155 —Sur le développement embryonnaire des hirudinées; par M. Cb. Robin. . . i5T —Du corps jaune de la menstruation (période du rut) chez la vache; par M. Rayer 185 Épidémie. — Sur l'épidémie de suette observée en 1849 dans le département de l'Oise; par M. A. Verneuil. (Mémoires, p. 3.) —Sur l'épidémicité de certaines affections du tissu cellulaire et pariiculièrement du panaris, du furoncleet de l'anthrax; par M. Tbolozan. (Mémoires, p. 193.) épîzootie. — Sur le séquestre d'une portion de poumon hépatisée dan» un cas de pneumonie épizootique de la vache ; par M. Rayer 55 — Analyse de calculs vésicaux trouvés par M. Bouley dans la vessie de plusieurs agneaux ; par M. Ch. Lecomte 78 Cstomac. — Des ganglions microscopiques sur le trajet des filets du nerf pneumo-gastrique dans les parois de l'estomac ; par M. Remack (de Berlin). 153 — ^ur les ganglions nerveux des parois de l'eslomac des mammifères ; parle même. 138 Étranglement. — Voyez Intestin, Ombilic, Anus. rascîations.— Exemples de fasciations; par M. Léon Soubeiran. ..... 192 Fistule. — Acephalocystes du rein et fistule réno-pulmonaire; par M. Fiaax. . 8 Fœtus. — Description d'un fœlus cyclope; par M. Gosselin 27 —Noie sur un fœtus monstre de chien, avec encéphalocèle et spina-bilida; par M. Boulard 60 —Description d'un fœtus avec excès de peau et d'un fœtus affecté d'ichthyose congéniale; communication faite par M. Houel 176 Foie. - Kyste hydatique du foie, ayant subi une transformation athéromateuse chez l'homme; par M. Davaine 6 — Kystes séreux du foie formés par la dilatation des conduits biliaires ou des cryptes de ces conduits; par M. Davaine 54 —Altération spéciale du foie et des reins ; observation communiquée par MM. Ch. Bernard et Laboulbéne I60 —Sur une affection du foie liée à la syphilis héréditaire chez les enfants du pre- mier âge; par M. le docteur Ad. Gubler. (Mémoires, p. 25.) —Observation de kystes hydatiques de la plèvre droite et du foie; par MM. E. Caron et L. Soubeiran I7i Fourbure. — Sur les altérations de la fourbure chronique du cheval ; par M. Bouley , . . . . 24 Froment. — Note pour établir l'origine du froment cultivé ; par M. Germain (de Saint-Pierre) .103 G Galle. — Note sur une galle végétale développée sur le draba-verna; par M. La- boulbène 3» Ganglions. — Des ganglions microscopiques sur le trajet des filets du nerf pneuino-gastrique dans les parois de l'estomac; par M. Remack (de Berlin). 153 —Sur les ganglions nerveux des parois de l'estomac des mammifères ; par M. Re- mack 138 Germes. — Du mode de pénétration des germes des végétaux observés sur les animaux vivants; par M. Ch. Robin 180 Gestation. — Exemple de gestation ovarienne chez la jument; par M. A. Gou- baux 2 Goitre. — Observations sur le goitre et siir quelques allérations du corps thy- roïde chez les animaux domestiques; par le même 76 Grillon. — De la fécondation chez le grillon; par M. le docteur Ébrard (de Bourg) 155 H Helminthes. — Helminthologie humaine; travail de M. Bilharz (du Caire); analyse par M. Hiffelsheim 112 Hématozoaires. — Examen d'une concrétion sanguine extraite de la veine sa- pliéne et regardée comme un hématozoaire; parM. Davaine 127 Hétérotopie. — Sur les kystes dermoïdes et de l'hétérotopie plastique en gé- néral ; par M. Lebert. (Mémoires, p. 203.) Hippomanes. — Sur les hippomanes de la jument; par M. Goubaux. ... 74 Hirudinées. — Voyez Sangsues, Embryogénie. Hydatides. — Kyste hydatique du foie ayant subi une iranformation athéroma- leuse chez l'homme ; par M. Davaine 6 —Kyste hydatique dans un muscle ; par M. Follin Ib. — .Acéphalocysles du rein et fistule réno-pulmonaire ; par M. Fraun 8 —Cas de cysticerque du tissu cellulaire intermusculaire observé chez l'homme; par MM. Davaine et Follin 19 —Sur Un fait de cysticerque du cœur de l'homme, avec endocardite; par M. Leudet I4i —Observation de kystes hydatiques de la plèvre droite et du foie; par MM. E. Caron et L. Soubeiran 17I —Sur les kystes hydatiques du petit bassin; par M. Charcot. (Mémoires, p. lOl.) Hydres. — Études anatomiques et physiologiques sur les invertébrés (polypes hydraires), par M. Charles Rouget. (Mémoires, p. 387.) Huîtres.— Recherches sur la génération des huilres; par M. Davaine. (Mémoires, p. 109.) - Même sujet. (Mémoires, p. 297.) Hymen (Membrane). — Exemple de membrane hymen chez la jument; par M. A. Goubaux » Hyniénoptères. — Voyez Insecte.*, Physiologie. /|95 I Ichtbyose. — Description d'un fœtus avec excès de peau et d'un fœtus afleclé d'ichihyose congéniale ; communication faite par M. Houel ns —Sur une observation de M. Gurtl (de Berlin), intitulée : Ichlhyose congénitale chez un veau ; par M. Charcot 178 Inflammation. — Sur les changements vasculaires que provoque la localisa- tion inflammatoire, précédé d'une esquisse historique des travaux récents sur l'inflammation; par M. le docteur Lebert. tMéraoires, p. 67.) Insectes. — 'S^égétaux parasites sur un insecte du genre brachynus ; par M. Ch. Robin U —Sur la physiologie de l'aiguillon des insectes hyménoptères; par M. A. Laboul- béne n —Sur la physiologie des organes annexés chez les insectes femelles; par le même. 18 Intestin. — Diverticuluni de l'intestin iléum chez un enfant de 6 mois; anus contre nature à l'ombilic ; issue d'une anse intestinale par l'orifice ombilical; étranglement, débridement; mort; autopsie. — Observation recueillie dans le service de M. Jobert (de Lamballe), par M. Blin I3( J Jaune (Corps). — Voyez Embryogénie, Vache. Jument — Exemple de membrane hymen chez la jument; par M. Goubaux . . i — Sur les hippomanes de la jument; par le même 74 —Exemple de gestation ovarienne chez la jument; par le même 2 K Kystes. — Kyste hydatique du foie, ayant subi une transformation alhéroma- teuse chez l'homme; par M. Davaine. . • 6 — Kyste hydatique dans un muscle; par M. Follin Ib. — Sur les kystes du sinus maxillaire; par M. Giraldès 35 —Description d'un kyste pileux de l'ovaire droit; par MM. Schnepff et Davaine . 36 —Kyste des deux ovaires comprimant les deux uretères et ayant déterminé une double pyélo-néphrite chronique ; altération épithéliale sur plusieurs points de la paroi interne de ces kystes; par M. Rayer 37 —Sur les kystes séreux du foie formés par la dilatation des conduits biliaires ou des cryptes de ces conduits; par M. Davaine 54 —Sur un kyste pileux de l'ovaire ; par le même 127 -Observation de kystes hydatiques de la plèvre droite et du foie; par MM. E. CaronetL. Soubeiran 171 —Utérus avec hémorrhagie des trompes de Failop et kyste bilieux de l'ovaire gau- che; par M. Laboulbène 185 —Sur les kystes hydatiques du petit bassin; par M. Charcot. (JMémoires, p. lOi.) —Des kystes dermoides et de l'hétéropie plastique en général ; par M. Lebert. (Mémoires, p. 203."; /(%• L îaacrymo-nasal (Canal). — Détails relatifs au canal lacryino-nasal ; parM. Be- raud S ïiarves. — Larves rendues avec les selles, par un homme âgé de 39 ans; par M. Davaine 9S Ziocutiens. — Noie sur les spermatozoïdes des loculiens; par M. de Sieboldt; suivie de quelques recherches par M. Hiffelslieim 125 M mamelle. — Cancer de la mamelle chez la chienne; par M. Bouley » —Mamelles surnuméraires chez la femme ; par MM. Eudes Deslongchamps et Rayer 9 Iffiamznifêres. — Sur les ganglions nerveux des parois de l'estomac des mam- mifères; parM. Remack I3& BSargarique (Acide). — Sur une combinaison de la matière colorante du sang avec de l'acide margarique; par M. Lebert 51 Maxillaire (Sinus). — Sur les kystes du sinus maxillaire; par M. Giraldés . . SS Médullaire (Tissu). — Voyez Cellules, Os, Ostéomyélite. Menstruation. — Voyes Embryogénie, Vache. Métacarpe. — Voyez Osléologie, Porc. Métatarse. — V. idem. Mitoyenne (Vésicule).— Note sur ce qu'on appelle vésicule mitoyenne chez le che- val; variétés anatomiques; interprétation de cet organe; parM. A.Goubaux. lî Monstres. — Recherches sur le développement des monstres doubles, extrait d'un mémoire de M.Valentin; par M. lliffelsheim 99 Monstruosité. — Voyez Tératologie, Anomalies végétales. Mucurinées. — Note sur le pbycomices nilens, genre de la tribu des mucori- nées; par M. Montagne 62 Muguet. — Exemple de muguet dans une alTeclion aiguë; parM. Charcot . . 4 —Noie sur le muguet; par M. Gubler 69 Muscle. — Sur l'existence d'un muscle transversal intermaxillaire chez les ani- maux domestiques; parM. Goubaux 49 Harcéine. — Sur l'action thérapeutique et toxicologique de la narcéine; par M. Ch. ! econite SSf Iffasal (Sinus). — Sur les sinus des cavités nasales chez le cheval ; par M. A. Goubaux ..... 2 — Surl'analomie des cavités nasales et des sinus du cheval avec des considéra- tions chirurgicales; par le même 82: Néphrite. — Sur l'oblitération des veines rénales dans quelques maladies du rein et dans la néprite albumin*use en particulier; par M. E. Leudet. (Uc- moires, p. 125, !i9l Sîerfs. — Sur la paralysie, générale ou pariielte, des deux nerfs de la septième paire; par M. Davaine. (Mémoires, p. i37.) —Sur les nerfs de l'utérus; par M. Hirscbfeld 13& —Des ganglions microscopiques sur le trajet des Hlets du nerf pneumo-gastrique dans les parois de l'estomac; par M. Remack (de Berlin) i5ï — Sur les ganglions nerveux des parois de l'estomac des mammifères; par le môme. . i3» — Voyez Nerveux (Système). Nerveux (Système). — Ipfluence du système nerveux sur la modification du sang; par M. Brown-Séquard 4 o Œil. — Voyez Cataracte Œuf. — Sur une monstruosité par inclusion dans l'œuf de la poule; par M. Yer- neuil 61 Oliviers. — Maladie des oliviers et des orangers; par M. Montagne 104 Ombilic. — Voyez Anus (contre nature)^ Intestins. Orangers. — Maladie des oliviers et des orangers; par M. Montagne Ib. Os. — Sur les cellules du tissu médullaire des os et sur leur état dans l'ostéo- myélite; par M. Verneuil 65 —Sur les os en V chez les animaux domestiques ; par M. Goubaux 50 Ostéologie. — Note sur l'ostéologie du métacarpe et du métatarse du porc; ano- malie du métacarpe chez le même animal; par le même Ib. Ostéomyélite. — Voyez Os, Cellules. Ovaire. — Description d'un kysie pileux de l'ovaire droit ; par MM. Schnepff et Davaine 36 —Kystes des deux ovaires comprimant les deux uretères et ayant déterminé une double pyélo-néphrile chronique; altération épithéliale sur plusieurs points de la paroi interne de ces kystes; par M. Bayer 3ï —Tumeur fibreuse de l'ovaire droit; ascite, ponction avec injection d'eau alcoo- lisée dans le péritoine; mort; observation recueillie dans le service de M. Jo- bert (de Lamballe); parM. Blin 115 —Cancer enkysté du corps de l'utérus ; kystes multiples de l'ovaire ; rupture de l'un d'eux; péritonite suraiguë; mort. Observation recueillie dans le service de M. Jobert (de Lamballe); par M. Dufour - . . . . U6 —Sur un kyste pileux de l'ovaire; par M. Davaine 127 Ovule.— Élude sur le disque proligère avant la fécondation de l'ovule; par M. Verneuil lOS Paralysie.— Sur la paralysie générale ou partielle des deax nerfs de la septième paire: par M. Davaine. (Mémoires, p. i37.) Parasites (Végétaux). — Exemple de mugact dans une affection aiguë; par M. Charcot 4 —Noie sur le muguet; par M. Gubler. 6» h9S Parasites. — Production vegeiale parasilique chez l'homme : par lu même. . . 1 1' — Végétaux parasites sur un insecte du genre brachynus ; par M. Ch. Robin. . . Ib. —Maladie des oliviers et des orangers; par M. Montagne . . I04 —Maladie du blé causée par deux cryptogames, l'uredo glumarum et la pucci- née des graminées; par M. Montagne I18 —Sur la coloration rouge des substances alimentaires par la présence du monas prodigiosa (Ehrenberg), palmella prodigiosa (Montagne ; par M. Montagne. U9 —Note sur des pommes de terre envahies parles lilaments du rhizoetonia ; par le même i5l —Du mode de pénétration des germes des végétaux observés sur les animaux vi- vants; par M. Ch. Robin 180 Pathologie. — Sur l'épidémie de suetle observée en 1849 dans le département de l'Oise; par M. A, Verneuil. (Mémoires, p. 3. J — Sur les changements vasculaircs que provoque la localisation inflammatoire, précédé d'une esquisse historique des travaux récents sur l'inflammation; par M. le docteur Leberl. (Mémoires, p. 67.) — Observation d'acné tuberculeuse compliquée; par M. le docteur Piogey. . . . ilo — Sur l'épidémicilé de certaines affections du tissu cellulaire, et particulière- ment du panaris, du furoncle et de l'anthrax; par M. Tholozan. (Mémoires, p. 193) — Voyez Anatomie pathologique. Pentadactylie. — De la pentadactylie chez le cheval ; par M. Goubaux. . . . 165 Péritoine. — Observation de cancer du péritoine; par M. Leudet 189 Physiologie végétale. — Recherches sur la composition des substances solu- bies extraites des terres fertiles; par MM. Verdeil et Rislet iii Pie (Enfant). Observation d'un enfant pie, né avec un jumeau normal; par M.Armand Moreau 27 Physiologie. — Exemple de gestation ovarienne chez la jument; par M. A. Gou- baux 2 — Influence du système nerveux sur la modification du sang; par M. Brown-Sé- quard 4 —Variations dans les phénomènes de la digestion chez les animaux; par M. Cl. Bernard Ib. —Sur la physiologie de l'aiguillon des insectes hyménoptères, par M. Alex. La- boulbène 17 — Sur la physiologie des organes annexés chez les insectes femelles; par le même 18 -^Etudes sur le disque proligére avant la fécondation de l'ovule; par M. Ver- neuil ■ 105 — Recherches sur la génération deshuitres; par M. Davaine. (Mémoires, p. 109.) — Note sur le cocon du bombyx paphia; par M. Alex. Laboulbène 124 —Sur les phénomènes réflexes; par M. Cl. Bernard i49 —Expériences sur les fonctions de la portion céphalique du grand sympathique; parle même IS.^; —De la fécondation chez le grillon; par M. Ebrard (de Bourg i5ri —Sur le développement embryonnaire des hirudinées; par M. Ch. Robin . . . i5T /i99 Physiologie.— De l'influence de la ligature du pylore surl'absorplionsloniacale; par MM. Perosino, Berruli, Triolani et Vella (de Turin} >tj' —Sur les effets de la section de la portion céphalique du grand sympathique ; par M. Claude Bernard '68 — Du corps jaune de la menstruation (période du rut) chez la vache; par M. Rayer 18S —Sur les salives ; par M. Claude Bernard. (Mémoires, p. 349.) Plaie. — Observation de plaie de poitrine et du rein ; par M. Leudet 146 Plèvre. — Observation de kystes hydaliques de la plèvre droite et du foie ; par MM. E. Caron et L. Soubeiran 17» Pneumogastrique (Nerf; — Des ganglions microscopiques sur le trajet des filets du nerf pneumogastrique dans les parois de l'estomac; par M. Remack (de Berlin) i53 Poils. — Examen des poils du desman; par M. Léon Soubeiran 182 Polypes. — Conclusions d'un mémoire sur l'anatomie et la physiologie des po- lypes d'eau douce ; par M. Ch. Rouget 139 — Même sujet. (Mémoires, p. 387.) Pomme de terre. — Note sur des pommes de terre envahies par les filaments du rbizoctonia; par M. Montagne lâi Porc. — Note sur l'ostéologie du métacarpe et du métatarse du porc; anomalie du métacarpe chez le même animal; par M. Goubaux. ....... 50 Poumon. — Sur le séquestre d'une portion du poumon hépatisée, dans Un cas de pneumonie épizoolique de la vache; par M. Rayer 55 Principes immédiats. — Recherches sur les principes immédiats contenus dans l'urine de l'homme; par M. W. Marcet 57 Pus. — Recherches sur la cause de la coloration anormale du pus dans la sup- puration bleue; par MM. Hiffelsheim et Verdeil l46 —Même sujet. Note rectificative l64 Pylore. — De l'influence de la ligature du pylore dans l'absorption stomacale; par MM. Perosino, Berruti, Triolani et Vella (de Turin) i«7 R Rut. — Du corps jaune de la menstruation (période du rut) chez la vache ; par M. Rayer 185 Réflexes (Phénomènes). — Sur les phénomènes réflexes ; par M. Cl. Bernard. . »49 Rein.— Acéphalocystes du rein et fistule réno-pulmonaire; par M. Fiaux. . . 8 — Distension considérable du bassinet du rein droit chez un sujet atteint de pa- ralysie générale; par M. Zambaco qS —Altération spéciale du foie et des reins ; observation communiquée par MM. Cl, Bernard et Laboulbène 160 —Sur l'oblitération des veines rénales dans quelques maladies du rein, et dans la néphrite albumineuse en particulier ; par M. E. Leudet. (Mémoires, p. 125.) Ruminants (Animaux). Yoye:: Cotylédons. Rupture. Observation de rupture du tronc aorti(iuc chez le cheval ; par M. Gou- bnux lij!? 500 S Salives. —Mémoires sur les salives ; par M. Cl. Bernard. (Mémoires, p. 349.) Salivaire (Calcul). — Sur un calcul salivaire extrait du canal de Wartbon, du côté droit, chez l'homme ; par M. Rayer li Sang. — Note sur une combinaison de la matière colorante du sang avec de l'a- cide margarique ; observé par M. Lebert SI —Influence du système nerveux sur la modification du sang; par M. Brown-Sé- quard 4 —Sur la présence de cristaux dans le sang chez les animaux; par M. Kunde. . 3i Sangsues. — Sur la reproduction des sangsues, et sur quelques insectes qui les détruisent; par M. Bourguignon 121 —Sur le développement embryonnaire des hirudinées; par M. Ch. Robin. . . . j5î — Sur une variété pie de la sangsue officinale; par M. L. Soubeiran 27 Septième paire. — Recherches sur la paralysie générale des nerfs de la sep- tième paire. (Mémoires, p. i38.) Séreuses. — Quelques remarques sur les corps étrangers des membranes sé- reuses; par M. Lebert 89 Sinus (Nasal). Voyez Analomie normale. Spermatozoïdes. Sur les spermatozoïdes des locutiens; par M. de Sieboldt; suivi de quelques recherches ; par M. Hiffelsheim 125 Sternum. — Absence de siernum chez une femme adulte; compatibilité de cette anomalie avec la vie et la santé ; communication de M. le professeur Abbott (de Bahia) 163 Suppuration. — Voyez Pus. Suette. — Sur l'épidémie de suetie observée en 18<9 dans le département de l'Oise ; par M. A. Verneuil. (Mémoires, p. 3.) Sympathique (Grand). — Expériences sur les fonctions de la portion cépha- lique du grand sympathique; par M. Cl. Bernard 135 —Sur les effets de la section de la portion céphalique du grand sympathique; par le même I6S Syphilis. — Sur une affection du foie liée à la syphilis héréditaire chez les en- fants du premier âge; par M. Ad. Gubler. (Mémoires, p. î.s.) T Taille. — Voyez Calculs. Temporo-maxillaire (Articulation). — Altération de l'articulation lemporo- roaxillaire droite chez un cheval ; par M. Goubaux S7 Tératologie. — Mamelles surnuméraires chez la femme; par MM. Eudes Des- longchamps et Rayer 9 —Monstruosité par défaut, ou privation des extrémités abdominales et de l'a- vant-bras gauche; observation de M. le docteur Lecadre (du Havre). — Rap- port de M. Follin, au nom d'une commission 9 —Sur les chevaux cornus; par M. A. Goubaux 2r. —Observation d'un enfant pie, né avec un jumeau normal; par M. Armand Mo- reau .■' 501 Tératologie. — Sur une variété pie de la sangsue officinale; par M. J.-Léon Soubeiran 27 — Description d'un fœtus cjciope; par M. Gosselin Ib, —Note sur un cas de doigt surnuméraire chez un nouveau-né; par M. P. Lorain. 38 —Note sur un fœtus monstre de chien, avec encépbalocéle et tpina-bifida ; par par M. Boulard 60 —Sur une monstruosité par inclusion dans l'œuf de la poule; par M. Verneuil. . 6i — Recherches sur le développement des monstres doubles; extrait d'un mémoire de M. Valentin, par M. HifTelsheim 99 —Absence de sternum chez une femme adulte; compatibilité de cette anomalie avec la vie et la santé ; communication de M. le professeur Abbott (de Bahia). i63 —Description d'un fœtus avec excès de peau, et d'un fœtus alTecté d'icbtbyose congéniale; communication faite par M. Houel n6 —Sur une observation de IM. Gurlt (de Berlin), intitulée : « Ichlhyose congénitale chez un veau ;» par M. Charcot ■ 17S —Anomalie delà veine cave ; observée par M. Leudet 180 — Exemple d'atrophie cérébrale, avec atrophie et déformation dans une moitié du corps; par MM. Charcot et Turner I9j -Sur deux cas rares de monstruosités ; par M. Rayer. (Mémoires, p.j34i) Terres. — Recherches sur la composition des substances ,solubles extraites des terres fertiles ; par MM. Verdeil et Rislet m Thérapeutique^- Foyes Narcéine. Thyroïde (Corps), — Observations sur le goitre et sur quelques altérations du corps thyroïde chez les animaux domestiques ; par M. A. Goubaux. ... 75 Tibio-astragalienne (Articulation). — Corps libre trouvé dans l'arliculation ti- bio-astragalienne d'un cheval; par le même se Toxicologie. — Voyez Narcéine. Transversal (Muscle). — Sur l'existence d'un muscle transversal interœaxil- laire chez les animaux domestiques; par M. A. Goubaux 49 U Urine.— Recherche sur les principes immédiats contenus dans l'urine del'bomme ; par M. W. Marcet 57 Utérus. — Sur les nerfs de l'utérus; par M. Hirscbfeld 135 —Sur le traitement de la chute de l'utérus par une méthode nouvelle ; par M. le docteur A. Desgranges. (Mémoires, p. 413.) —Sur les cotylédons utérins des femelles des animaux ruminants domestiques; par M. A. Goubaux. (Mémoires, p. 275.) —De la structure des tumeurs fibroïdes de l'utérus ; par M. Lebert 68 —Cancer enkysté du corps de l'utérus; kystes multiples de l'ovaire; rupture de l'un d'eux; péritonite suraiguë; mort; observation recueillie dans le service deM. Joberl (de Lamballe), par M. Dufour lis -Utérus avec hémorrhagie des trompes de Fallope et kyste pileux de l'ovaire gauche; par M. Laboulbéne i8î 502 "Vache. — Sur le sé(|uestre d'une portion de poumon bépatisée, dans un cas de pneumonie épizootique de la vache ; par M. Rajer 55 —Du corps jaune de la menstruation (période du rut) chez la vache; par le même. i85 Veines. — Sur l'oblitération des veines rénales dans quelques maladies du rein, el dans la néphrite albumineuse en particulier; par M. E.Leudel. (Mémoires, p. 125.) —Examen d'une concrétion sanguine extraite de la veine saphène et regardée comme un hématozoaire; par M. Davaine, 127 —Anomalie de la veine cave; observée par M. Leudet 180 Vésicaux (Calculs). — Voyez Calculs. W TIT'olf (Corps de). —Observation sur le canal des corps de Wolf chez un cheval très-vieux; par M. Goubaux I6C FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE. TABLE DES MATIERES PAR NOMS D'AUTEURS. (Abréviations : C. R., Comptes rendus; M., Mémoires.) A U. R. 11. Abbott (De Bahia). Absence de sternum chez une femme adulte ; compa- tibilité de celte anomalie avec la vie et la santé. i63 ,« 6 Béradd Détails relatifs au canal lacrymo-nasal 3 > Bebnard (Charles). Sur deux cas d'atrophie musculaire, consécutive à des phénomènes paralytiques et convulsifs. . . 128 » — Observation de diathèse cancéreuse 162 » — Note sur un produit de conception morbide. . . . i88 » — etLABOULBÈNE. Altération spéciale du foie et des reins i60 » Bernard (Claude;. Variation dans les phénomènes de la digestion chez les animaux 4 » — Sur les phénomènes réflexes i49 » — Expériences sur les fonctions de la portion encépha- lique du grand sympathique i55 » — Sur les effets de la section de la portion encéphali- que du grand sympathique 168 > Sur les salives » 349 Berruti, ÎRiOLANt, De l'influence de la ligature du pylore sur l'absorp- Perosino etVELLA. tion stomacale 167 » BLm(L) Calcul vésical chez un enfant de Tans; extraction par la taille sous-pubiennc. (Service de M. Jo- bert) 23 » — Calcul vésical d'un volume considérable, extrait par taille périnéale 73 » — Tumeur fibreuse de l'ovaire droit; ascite; ponction avec injection d'eau alcoolisée dans le péritoine; mort. (Observation recueillie dans le service de M. Jobert (de Lamballe) U5 » 50/i 0. H. ». Blin (t,.) . , . . Diverliculum de l'intestin iléum chez un enfant de 6 mois; anse intestinale par l'orifice ombilical; étranglement; débridement; mort; autopsie. (Ob- servation recueillie dans le service de M. Jobert , (de Lamballe).) 131 » Blot Cataracte noire 68 » BoDLAr.D Note sur un fœtus monstre du chien, avec encépha- locéle el spina-bifida 60 » BoDLEï (H.) . . . Cancer de la mamelle chez la chienne 8 » — Sur les altérations de la fourbure chronique du cheval 24 » Bourguignon. ■ . Sur la reproduction des sangsues, et sur quelques insectes qui les détruisent I2i » Brown-Sêquard. . Influence du système nerveux sur la modification du sang 4 » c Caron (Ed.) Observation de kystes hydatiques de la plèvre droite «l SouBEiRAN (L.). et du foie m » ■Charcot Sur les kystes kydatiques du petit bassin » lOi — Exemple de muguet dans une affection aiguë. . . 4 » — Sur une observation de M. Gurlt (de Berlin), intitu- lée: « Icthlhyose congénitale chez un veau. » . . 1T8 » — et Tt'RNER. . Exemple d'atrophie cérébrale, avec atrophie et dé- formation dans une moitié du corps 191 > D Davaime .... Kyste hydatique du foie ayant subi une transforma- lion athéromaleuse chez l'homme 6 » — Sur les kystes séreux du foie formés par la dilata- tion des conduits biliaires ou des cryptes de ces conduits 54 „ — Note sur un kyste pileux de l'ovaire i27 » — Examen d'une concrétion sanguine extraite de la veine saphéne, et regardée comme un hémato- zoaire , 127 » — Larves rendues dans les selles par on homme âgé de 39 ans 96 » — De la paralysie générale ou partielle de deux nerfs delà septième paire • . . . « 137 — Recherches sur la génération des huîtres » 297 — elScDNEPFF. Description d'un kyste pileux de l'ovaire droit. . . 36 » — et FoLUN. . Cas de cyslicerque du tissu cellulaire intermuscu- laire, observé chez l'homme 19 » 505 C. R. M. Desgranges (A.)- ■ Mémoire sur le traitement de la cbute de l'utérus par une méthode nouvelle » 4i3 Deslongcbahps (Eudes) et Rayer. Mamelles surnuméraires chez la femme 9 » DcFOUR Cancer infiltré du corps de l'utérus; kystes multi- ples de l'ovaire; rupture de l'un d'eux; péritonite suraiguë; mort. (Observation rectieillie dans le servicedeM. Jobert (de Laraballe).) lis » E Ebrard (de Bourg) De la fécondation chez le grillon 155 » F FiAUX Acéphalocystes du rein et fistule réno-pulmonaire g » FoLLiN Kyste hydatique dans un muscle 6 » — Sur un lipome du doigt médius 74 » — Monstruosité par défaut, ou privation des extrémités abdominales de l'avant-bras gauche. (Rapport au nom d'une commission 9 » — et Da VAINE. . Cas decysticerque du tissu cellulaire inlermusculaire, observé chez l'homme 19 » G Germain (de Saint- Anomalies observées sur des arbres verts de la fa- Pierre), mille des abiétinées 28 » — Note pour établir l'origine du froment cultivé. . . 103 » GiRALDÈs .... Sur les kystes du sinus maxillaire 35 >< GossELiN Description d'un fœtus cyclope 27 >> GouBAUX (A.). . . Exemple de membrane hymen chez la jument. . . i » — Sur les sinus des cavités nasales chez le cheval. . 2 » — Sur les variétés anatomiques des artères du cheval. Fb. » — Notes sur ce qu'on appelle vésicule mitoyenne chez le cheval ; variétés anatomiques; interprétation de cet organe <3 « — Sur l'existence d'un muscle transversal, intermaxil- laire chez les animaux domestiques 49 « — Sur les os en V chez les animaux domestiques. .50 > — Note sur l'ostéologie du métacarpe et du métatarse du porc; anomalie du métacarpe chez le même animal 60 • — Sur l'anatomie des cavités nasales et des sinus du cheval , avec des considérations chirurgicales. . 82 > TOME IV. 35 506 C. K. GouBAUx (A.) . . De la pendactylie chez le cheval 165 — Observation sur le canal des corps de "Wolf chez un cheval très vieux 166 — Sur les cotylédons utérins des femelles des animaux ruminants domestiques » •— Corps libre trouvé dans l'articulation tibio-astraga- lienne d'un cheval 56 — Altération de l'articulation temporo-maxillaire droite chez un cheval 57 — Sur les hippomanes de la jument 74 — Observation sur le goitre et sur quelques altérations des corps thyroïdes chez les animaux domes- tiques 76 — Observation de rupture du tronc aortique chez le cheval ib9 — Exemple de gestation ovarienne chez la jument. . 2 — Sur les chevaux cornus 25 GuBLER (Adolphe). Sur une affection du foie liée à la syphilis hérédi- taire chez les enfants du premier âge » — Note sur le muguet 69 — Production végétale parasitique chez l'homme. . . ii H HiFFELSHEiM. . . Luxation spontanée de l'articulation céphalo-rachi- dienne; mort subite ; carie vertébrale tà — Cas d'anévrisme de la crosse de l'aorte, avec usure des quatrième, cinquième, sixième et septième vertèbres dorsales et oblitération de la sous-cla- vière gauclie 35 — Recherches sur le développement des monstres dou- bles 99 — Helminthologie humaine. (Analyse.) 112 — Note sur les spermatozoïdes des Locustiens; parM.de Sieboldt; suivie de quelques recherches. ... 125 — Recherches sur la cause de la coloration anormale du pus dans la suppuration bleue 14G — et Robin (Ch.). Note sur la structure d'une membrane de nouvelle formation oblitérant complètement la sous-clavière gauche, chez un sujet atteint d'un anévrisme de la crosse et de l'aorte descendante. 52 HiRSCHFELD . . , Sur les nerfs de l'utérus 135 Hoi'EL Description d'un fœtus avec excès de peau et d'un fœtus affecté d'ichthyose congéniale 176 507 K C. R. M. KuNDE .... Sur la présence de cristaux dans le sang des ani- maux 33 » L Laboulbêne et Bernard (Ch.) Altération spéciale du foie et du rein. . i6o » — Observation de diathèse cancéreuse i62 » Labodlbène. . . Utérus avec hémorrhagie des trompes de Fallope, et kyste pileux de l'ovaire gauche 185 » — Sur la physiologie de l'aiguillon des insectes hymé- noptères i7i ■> — Sur la physiologie des organes annexés chez les in- sectes femelles 18 » — Note sur le cocon du bombyx paphia 124 » — Note sur une galle végétale développée sur le draba verna 39 » Lebert De la structure des tumeurs fibroïdes de l'utérus. 68 » — Quelques remarques sur les corps étrangers des membranes séreuses. . • 89 » — Des kystes dermoides et de l'hétérotopie plastique en général » 203 — Sur les changements vasculaires que provoque la localisation inflammatoire, précédé d'une esquisse des travaux récents sur l'inflammation. ... » 67 — Sur une combinaison de la matière colorante du sang avec de l'acide margarique 5i » Lebret (E.)- • • Sur la déformation artificielle du crâne en Amé- rique 40 n Lecadre (duHâv.) Monstruosité par défaut, ou privation des extré- mités abdominales et de l'avant-bras gauche; ob- servation 9 " Leconte (Charles). Analyse de calculs vésicaux, trouvés par M. Bouley dans la vessie de plusieurs agneaux 78 » — Sur l'action thérapeutique et toxicologique de la narcéine ^9 " Leudet Sur un fait de cysticerque du cœur de l'homme, avec endocardite m » — Exemple d'anévrisme de l'artère splénique. . . . 158 » — Exemple d'anévrisme de l'artère rénale 159 » — Observation de cancer du péritoine 189 » — Ostéite du fémur et du tibia, tumeur blanche au ge- nou, abcès développé dans le creux poplité et pé- 508 C. R. nélrant dans l'articulation du genou, ulcération de l'artère poplité; mort par hémorrhagie; autopsie. » Lkudet Note sur l'oblitération des veines rénales, dans quelques maladies du rein et dans la néphrite albumineuse en particulier « — Anomalie de la veine cave 180 — Observation de plaie de poitrine et du rein ... i46 LoRAiN Note sur un cas de doigt surnuméraire, chez un nouveau-né 38 M Marcet (W.). . . Recherches sur les principes immédiats contenus dans l'urine de l'homme 57 Montagne. . . . Maladies des oliviers et des orangers 104 — Maladie du blé causée par deux cryptogames, l'u- redo glumarum et la puccinée des graminées. . ii8 — Sur la coloration rouge des substances alimentaires par la présence du monas prodigiosa U9 — Note sur des pommes de terre envahies par les fila- ments du rhizoclonia isi — Sur les multiplications des cbaragnes par division. lo — Note sur le phycomices nitens, genre de la tribu des mucorinées 62 MoREAu (Ar.). . Observation d'un enfant pie né avec un jumeau nor- mal 27 P Pérosino, Berruti, De l'influence de la ligature du pylore sur l'ab- TriolanicIVella. sorption stomacale ifl7 PiOGEY Observation d'acné luberculeuse ombiliquée . . i70 R Rater Kystes des deux ovaires comprimant les deux ure- tères et ayant déterminé une double pyélo-né- phrite chronique; altération épiihéliale sur plu- sieurs points de la paroi interne de ces kystes . . 37 — Sur un calcul salivaire extrait du canal de Warthon, du côté droit chez l'homme 74 — Sur le séquestre d'une portion de poumon hépatisée, dans un casde pneumonie épizootiquede lavache. a — Du corps jaune de la menstruation (période du rut) chez lavache i85 — Sur deux cas rares de monstruosités >< — etDESLONGCHAMPS (Eudes). Mamelles surnuméraires chez la femme. . 9 509 C. R. H. Rehack Des ganglions microscopiques sur le trajet des filets du nerf pneumo-gastrique dans les parois del'es- tomac 153 » — Sur les ganglions nerveux des parois de l'estomac des mammifères 138 » RisLET et Verdeil. Recherches sur la composition des substances so- lubles extraites des terres fertiles m » Robin (Ch.) et Hif- Note sur la structure d'une membrane de nouvelle FELSHEiH . . . formation oblitérant complètement la sous-cla- vière gauche chez un sujet atteint d'un anérrisme de la crosse et de l'aorte descendante 52 » î.OBiN (Ch ) . . . Sur le développement embryonnaire des hirudinèes. 157 » — Végétaux parasites sur un insecte du genre bra- chynus u » — Du mode de pénétration des germes des végétaux observés sur les animaux vivants 180 » Rouget (Ch.) , . . Conclusions d'un mémoire sur l'anatomie et la phy- siologie des polypes d'eau douce ...... 139 » — Même sujet 387 » S SchnepfFjDa VAINE. Description d'un kystc pilcux de l'ovairc droit . . 36 » SouBEiRAN (Léon), Examen des poils du desman i83 » — Observation des kystes 182 « — Hydatiques de la plèvre droite et du foie .... ni » — Exemple de fascialions 192 » — Sur une variété pie de sangsue officinale .... 27 » <— et Caron (Ed.). Observation de kystes hydatiques de la plèvre droite et du foie i7i » T Tholozan .... Sur l'èpidimicité de certaines affections du tissu cellulaire et particulièrement du panaris, du fu- roncle et de l'anthrax » I9î Triolaisi,Perosino, De l'influence de la ligature du pylore sur l'absorp- Berruti et Vella. tion stomacale 167 » TuRNERCtCHARCOT. Exemple d'atrophic cérébrale, avec atrophie et dé- formations dans une moitié du corps 191 » V Vella, Perosino, De l'influence de la ligature du pylore sur i'absorj»- Berruti elTRiOLANi. tion stomacale 167 » Verdeil et Rislet. Recherches sur la composition des substances solu- bles extraites des terres fertiles m » \ERNEUiL . Zahbaco 510 e. R. Sur les cellules du tissu médullaire des os et sur leur état dans l'ostéomyélite 65 Sur une monstruosité par inclusion dans l'œuf de la poule 61 Études sur le disque proligère avant la fécondation de l'ovule. • i05 Sur l'épidémie de suette observée en 1849 dans le département de l'Oise » Z Distension considérable du bassinet du rein droit chez un sujet atteint de paralysie générale ■ . . 2a ris DES TABLES. LISTE DES OUVRAGES OFFERT!» A liA SOCIÉTÉ DE BIOIiOGIE. B H. Bence Jones. . On the variations ofthe sulphates and phosphates excreted in acute chorea, delirium tremens and inflammation of the brain. London, 1851. BEyLARD(E.). • . • Du rachitisme, de la fragilité des os, de l'ostéomalacie. 1852. Bourguignon. . . Traité enlomologique et pathologique de la gale de l'homme. 1852. BoucHUT (E.). . . De l'hygiène et de l'éducation physique des jeunes enfants. Paris, 1852. BowMAN (W.). . . Observations on artifîciul pupil, with a description of a new melhod of operating in certain cases. 1852. — On a new méthod applicable to certain cases of epiphora. 1851. Broca (Paul). . . Compte rendu des travaux de la Société anatomique pour l'année 1850. — Études sur la propagation de l'inflammation. 1849. — Réflexions sur les anomalies artérielles du membre thoraci- que. 1849. — Étude sur les doigts et orteils surnuméraires. 1850. — Sur la pleurésie secondaire consécutive aux affections du sein. 1850. — De l'altération graisseuse primitive des muscles. 1851. D C. Dalton On Ihe corpus luteum of menstruation and pregnancy. 1851. Deslonchamps (Eudes). Lettres sur les crocodiles vivants et fossiles. 1852. 512 Drobisch (W.j . Uber musikalische Tonbestimmung und Temperatur. Leip- zig, 1852. E Ebbard Des sangsues considérées au point de vue de l'économie mé- dicale. Lyon, 1850. — Des ennemis des sangsues médicinales, etc. Lyon, 1851. FRiTSCH(Karl) H. Galliet. 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