“ - - ete ce horde PL D ‘ E sn. Er ae ed ef Fm 0 UT De a " a = : ever 1 CELA LEULE Léa 22 si « Nr fer : | ’ Ce De Tee qu pu ee On D ONE que EE na Sept _. , " É RARALESELLLES » . CRE v.. de ev ' COCO GRECE …. . Vhroprigsts se v n COMPTES RENDUS DES SÉANCES MÉMOIRES A LA SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1876. a} meri COMPTES RENDUS DES SÉANCES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | ht RE Le Le :: » TOME TROISIÈME DE LA SIXIÈME SÉRIE Ce. ua88 ©/ ; ‘ ù AT À À À ANNÉE 1876 VINGT-HUITIÈME DE LA COLLECTION Avee pianehe CRDI — PARIS Veuve A. DELAHAYE ET C®, LIBRAIRES-ÉDITEURS, Place de l’École-de Médecine. 4 O7 À (x à nu Pol LR re EN l et le 14 AL LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EN 4876. COMPOSITION DU BUREAU. Président perpétuel... M. Claude Bernard. M. Laborde. Vice-présidents........ M. Parrot. Secrétaire général.... M. Dumontpallier. M. Hallopeau. M: Hanot. Secrétaires ordinaires. M. Ne pveu. M. Pierret. Trésorier ............. M. Chatin (Joannes). Archivigte..,.......... M. Hardy. MEMBRES HONORAIRES. MM. Andral. MM. Guéneau de Mussy (Henri). Becquerel. Littré. Bernard (Claude). Milne Edwards. Bouillaud. De Quatrefages. Chevreul. Ne Dumas. NE a VI MEMBRES TITULAIRES-HONORAIRES (1876). MM. Balbiani. MM. Houel. Ball. Isambert. Bastien, Laborde. Bergeron. Laboulbène. Bernard (Claude). Lancereaux. Bert (Paul). Le Bret. Berthelot. Leconte. Blot. Le Gendre. Bouchut. Leven. Bouley (Henri). Liégeois. Broca. Luys. Brown-Séquard. Magitot. Charcot. Marey. Chatin. Michon. Cotard. Milne Edwards (Alph.) Davaine. Moreau (Armand). Depaul. Ollivier. Fournier (Eug.). Ranvier. Gallois. Sappey. Goubaux. Trasbot. Gréhant. Vaillant. Hardy. Verneuil. Hayem. Vidal. Hillairet. Vulpian. MEMBRES TITULAIRES. MM. Bochefontaine. MM. Grimaux. Bouchard.} Gubler. Bouchereau. Hallopeau. Bourneville. Hamy. Chatin (J.). Hanot. Cornil. Hénocque. Cotard. Javal. Duguet. Joffroy. Dumontpailier. Jolyet. Duret. Krishaber. Duval. Lépine. Galippe. Liouville. Grancher, Magnan. VII MM. Malassez. | MM. Pouchet. Nepveu. ‘| : Rabuteau. Onimus. Raymond. Parrot. Renaut. Pierret. Robin (Charles.) Poncet. : [°° ::Siméty (de). MEMBRES ASSOCIÉS. MM. Baer (de). [MM. Owen (Richard). Bennett (Hughes). Paget (James). Ehrenbers. + On Queteleye Gurlt (Ernst-Friedrich). Schwann. Jones (Bence). Siebold. Lebert (H.). .. Bédillot. Liebig (Justus). Valentin. MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX. MM. Beylard......... Atlace dr à Paris. Blondlot eme eur à Nancy. Canvalle Pre ocre à Menton. CHAUSSEE ere à Aubusson. Chauve eee . à Lyon. CE et odtoe toc dé à Montpellier. Daremberg......... a uNIce DE par page ose à Paris. Delore--"-enEnre tete à Lyon. Desgranges :......- 22. à Lyon. Dufour (Gustave)........ à Toulouse. Dugés ane "22220 au Mexique. Ébrarde er 2 -cntPoure PHEMANN PMR ee cite à Strasbourg. ÉSÉON ae cos cie à Montpellier. Faivre (Bet. ar à Lyon. Gimbert... emma à Cannes. Gosselin, 49720... 22. à Paris. Guérin (Jules): ,...5.. à Paris. ONE OU ES EME FT à Montargis. JOPELT:- MER ed tn à Lyon. Lecadrem MA 0. 90 au Havre. Leroy de Méricourt...... à Paris. MM. Leudet (Émile).......... à Rouen. Éortet eh EEE Re reed à Lyon. Hutonr. nee seee.np à Reims. Martins (Charles)........ à Montpellier. Ollier A RTS EeENRE à Lyon. OPA TR ee à Bordeaux. Pantera so à Dives. Porte oo de à Montpellier Saint -PIEITE eee à Montpellier STD Be PH «He à Nancy. Thaone PER EECET CEE à Nice. (CID NÉE ERRE RES CRS à Lyon. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS Grande-Bretagne. AIM BEA le PR ES AE ete à Londres. Berkeley (M.-J.)......... à Kings-Cliff. Bowman (W-)..:.:.. 1. à Londres. Carpenter (W.-B.)....... à Londres. Grant (R.-E.)........... à Londres. JaCOD (A) eee Eee à Dublin. Jones (Wharton) ........ à Londres. Maclise.s AR MAR rnMents à Londres. Marce tn en ets à Londres. Nunneley. #4... à Leeds. Rediern eme à Aberdeen. DHATPE VA eee ee à Londres. Simon (John}£t}.: 25. à Londres. Thomson (Allen) ........ à Glasgow. oynbee cree Pre à Londres. MWalliamson. RP nene à Londres. Allemagne. MMOIBISCHOT Re METRE RUE à Munich. Brücke (Ernst).......... à Vienne. Dubois-Reymond........ à Berlin. He lmoltz RENE à Berlin. Henles Sn SRn Arn Net à Gœttingen. Hong oo b bonds a Stuttoardt. MM. Hoffmeister.......:.,.24. à Leipzig. É NER t à Vienne. Kælliken. sem et. ne à Würzburs. Leuckart.. ... CHF AUDe GE à Munich, Eudwia eee ----. à Leipzig. FORGE PANNE RRENE à Tubinge. Meckel (Albert) 4..." à Halle. Rolkitansky. ir .L à Vienne. SÉANNIUS TL LA OLE Le 22e de à Rostock SANTO 2er de à Cassel. NAÉCHON 2 ae dt à Berlin. Weber (Ernst-Heinrich).. à Leipzig. Weber(Wilhelm-Eduard). à Leipzig. Belgique. MMPAGrOCq REC CU à Bruxelles. Gluce ARRET à Bruxelles. Mhiernesse PT 0 à Bruxelles. Van-Benedenre tem à Louvain. Nehenkelr een à Bruxelles. Hane:nark. M. Hannover. ...:......... à Copenhague. Suëde. MARS ANTESSONE SPP PERRET à Stockholm. Eloliande. MMM EDOnders MR es à Utrecht. Hartine rent ane à Utrecht. Van der Hœven.,....... à Leyde. Hongrie. M. Lenhossek (de)........., à Pesth. Suisse. MAE TD NDy A LEE eee à Genève. EN ARDENNE e à Zurich. Miescher 22e 2 ee à Bâle. INHeADIS See eat RC à Zurich. (DITS RE TRE à Genève. PrEVOStE RENE CERN NAME à Geneve. L'ÉCURC P ER ES TAESE à Geneve. MM. MM. MM. MM. X Htalie. Dusanas He eRbecetee à Palerme. Martinet à Naples. Moleschott.......,....... à Turin. NEA ER SCA CC ReLEE à Dienne. Russie. | CyYONE EC AERPAPE TETE à Saint-Pétersbours. Merjewsky:...:......... à Saint-Pétersbourg. Tarchanoff, (de)... "0 à Saint-Pétersbourg. Portugal. De Mello se eee Cr à Lisbonne. États-Unis. Bigelow (Henry-dJ.) ...... à Boston. Dupuye-Pebreae se" à New-York. Draper-2-flat te 3e. # à New-York. Leidy (Joseph).......... à Philadelphie. Brésil. gbbott....... SHAMANASS à Bahia. Motta Maïa....... ..... à Rio-de-Janeiro. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1876. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 41876; Par M V. HANOT, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 8 janvier 1876. A propos de la rédaction du procès-verbal, M. Cxarcor fait remar- quer qu’il n’a jamais eu l'intention de nier la grande valeur des faits expérimentaux, ni surtout l'avenir de la physiologie expérimentale. Il a voulu surtout faire remarquer, qu’en raison du petit nombre de pro- cédés dont il dispose aujourd’hui, l’expérimentateur, même le plus habile, se trouve incapable de réaliser ce que la maladie produit si facilement. Jusqu'à présent, aucun physiologiste n’a pu créer une myélite systématique ou léser également un point quelconque du sys- tème nerveux. Aussi, pense-t-il qu'à côté des résultats fournis par l'expérimentation, ct en leur accordant une valeur au moins égale, il faut placer ceux que l’on doit à la clinique unie à l’anatomie patholo- gique topographique. M. Luys, à propos du procès-verbal, s'associe aux idées émises par M. Charcot. Il ne lui paraît pas possible, même au nom de la physio- logic expérimentale, de mettre en doute les résultats journaliers de la c. R. 1876. 4 2 clinique. Il y a là une question de faits et, pour lui, depuis qu’il étudie les maladies du système nerveux, il n’a jamais rencontré de cas sem- blables à ceux qu'invoque M. Brown-Séquard. Quand une paralysie siégeait du côté gauche, il a toujours trouvé la lésion du côté droit. Que peuvent des observations déjà anciennes contre un tel ensemble de faits observés avec la plus grande méthode. A l'appui de sa manière de voir, M. Luys rappelle les résultats que lui a fournis l'étude des circonvolutions cérébrales dans les cas d’am- putations anciennes. Toujours l’atrophie des circonvolutions a été rencontrée du côté opposé à celui de la mutilation. Cette atrophie de certaines régions de l’écorce cérébrale, qui à n’en pas douter, jouissaient de relations fonctionnelles avec le membre absent, ne se montre sou- vent que très-tard. Il faut quinze ou vingt ans pour que l'atrophie soit bien manifeste. M. Luys montre des photographies où la diminution de volume de certaines régions du cerveau apparaît d'une façon manifeste. — M. Brown-SéquarD reprend la série de ses communications ven- dant à démontrer que des lésions cérébrales les plus diverses peuvent être suivies de paralysie des membres du même côté. Il cite, entre autres, une observation publiée par MM. Charcot et Davaine, et dans laquelle on voyait une tumeur cérébrale du côté droit donner naïssance à une paralysie du membre supérieur du même côté. 11 demande si M. Charcot considère cette observation comme valable. M. Cuarcor répond que cette observation à été prise et publiée à une époque telle que les descriptions, tout en étant sans doute des plus consciencieuses, sont nécessairement incomplètes. D'ailleurs, il s’agit là d’une tumeur, et M. Charcot a déjà déclaré plusieurs fois que les tumeurs cérébrales ne peuvent servir à l’étude des localisations. La plupart des anciennes observations, même les siennes, sont donc le plus souvent insuffisantes. Aussi, parmi celles de ses observations dont la date est déjà assez reculée, il ne tient compte que de celles dans les- quelles des dessins ont été faits qui marquent avec précision le siége et les limites des altérations. M. Brown-SéÉquarD n'insiste pas et, continuant sa présentation, s’appuie sur certains Gas d’aphasie pour démontrer qu’une lésion du côté gauche, dans le cerveau, peut être suivie de paralysie des membres du même côté. Le raisonnement est le suivant : Il existe dans la science des observations d’aphasie liée à l’altération de la troisième circonvolu- tion frontale, et dans lesquelles, au lieu d’une hémiplégie droite, ce qui est la règle,on a observé une hémi plégie gauche. Or, dans les cas réguliers, on admct que l’aphasie et l’hémiplégie droite sont le résultat 3 de la même lésion, donc, dans les cas irréguliers, et puisque les obser- vations ne font mention d’aucune lésion située dans l’hémiphère droit, il faut absolument admettre que l’aphasie et la paralysie du côté gauche étaient dus à la même lésion, c’est-à-dire à l’altération de la troisième circonvolution frontale ou des parties avoisinantes. Ce raisonnement, M. Brown-Séquard le considère comme inatta- quable. 11 rappelle, en outre, que les résultats de l’expérimentation chez les animaux sont tout à fait probants, et plaident dans le même sens. Une destruction partielle d’un hémisphère est souvent suivie de paralysie du même côté. M. Brown-Séquard ne pense pas que, dans ce cas, on puisse échapper à la conclusion, en supposant, du côté opposé, une lésion restée inapperçue. Si, d'autre part, on suppose une action exercée par l’hémisphère irrité sur son congénére, la paralysie directe se trouve expliquée, mais la lésion causale n’en est pas moins du côté droit, si la paralysie est à droite. M. Brown-Séquard se propose, d’ailleurs, de continuer Ja discussion dans la prochaine séance. — M. Jorrroy a fait, dans le mois de décembre 1875, une communi- cation relative au développement de la grande escharre fessiére dans cer- taines lésions des parties postérieures des hémisphéres cérébraux. (Voir sur ce sujet une note publiée dans les ARCHIVES GÉNÉRALES DE MÉDE- cine, janvier 1876, p. 57.) A l’appui de l’opinion qu’il a émise, M. Jof- froy à cité plusieurs faits dans sa première communication ; et, depuis cette époque, il a recueilli une nouvelle observation dont il rapporte le résumé en présentant en même temps les pièces recueillies à l’autopsie. Le nommé B..., âgé de 66 ans, a été apporté à l’hôpital de la Pitié dans le service de clinique médicale (Professeur, M. le docteur Laségue.), le 27 décembre 1875. Cet homme se portait bien, et travaillait lorsqu'il fus pris dans la rue d’une attaque violente d’apoplexie. Il tomba à terre sans connaissance et on l’amena de suite à l'hôpital. Le malade était alors plongé dans un coma profond et une résolution générale. En peu de temps, on observa, à deux reprises, des vomissements assez abondants. Ï] laissait échapper ses urines et ses matières fécales. Aprés sept à huit heures, le coma était un peu moins prononcé et on constatait alors une hémiplégie complète de la moitié droite du corps avec un très-léser degré de roideur dans l'articulation du coude. La pa- ralysie de la partie inférieure de la face était assez marquée ; l'œil gau- che était légérement injecté et la pupille de ce côté était un peu plus pe- tite que celle de l'œil droit. La déviation conjusuée de la téte et des yeux du côté gauche était très-accentuée. 4 La respiration est profonde, un peu bruyante. Le pouls bat 84 fois à la minute. La température rectale est de 379,8. Le 28 décembre, au matin, coma moins profond ; le malade ne peut articuler aucune parole. Un peu de rougeur sur la fesse gauche. — T.R: 982, Le 29 décembre, même état général ; même aspect de la fesse, — T.0R: 950:6: Le soir, la rougeur de la fesse a pris une teinte violacée ct ecchymo- tique formant une tache de 1 centimètre de diamètre.— T. R. 399,4. Le 30 décembre, le derme est excorié et noirâtre au niveau de la tache constatée hier soir, et l’excoriation est entourée d’une zone ecchymoti- que de près d’un centimètre. Le 31 décembre, respiration bruyante. L’escharre de la fesse mesure 6 centimètres de diamètre et se trouve entourée d’une zone ecchymoti- que de 1 à 2 centimètres. Le 2 janvier 1876, le malade meurt à neuf heures du matin, — T. R. 41 degrés, L’escharre fessière mesure environ 10 centimètres dans son diamètre le plus étendu, et elle se trouve constituée par une tache noirâtre formée par le derme mortifié. On constata également, dans les deux derniers ] jours, une tache ecchy- motique de peu d’étendue sur la fesse du côté non paralysé, à 3 centi- mètres de la ligne interfessière. L’autopsie fut faite le 3 janvier. On trouva un vaste foyer hémorrhagique dans l’hémisphère cérébral gauche. Le point de départ de cette hémorrhagie est évidemment l'avant- mur, comme le prouve cette circonstance que la circonvolutiou de l'in- sula est en quelque sorte comme disséquée. Le foyer ne s’étend pas, dans l’épaisseur du lobe frontal, plus loin que la partie antérieure du corps strié, tandis qu'en arriére il se pro- longe jusqu'au niveau de l'extrémité du prolongement postérieur du ventricule latéral. Dans ce trajet, l’hémorrhagie détruit une grande partie du noyau extra-ventriculaire du corps strié, une grande partie de la couche optique, la capsule interne et toutes les parties de subs- tance nerveuse qui se trouvent au-dessous et en dehors du prolonge- ment postérieur du ventricule latéral, s’approchant en ce point de l’'épendyme qui offre une petite perforation ayant donné issue à une trés-faible quantité de sang qui s’est répandue dans les deux ventricules latéraux. C’est évidemment à cette particularité qu’on doit rapporter la tache ecchymotique qui s’est montrée en dernier lieu sur la fesse du côté sain, () L’hémisphèére cérébral droit et les autres parties de l’encéphale sont sains. Les artères sont peu athéromateuses. Les autres organes ne présentent aucun particularité offrant ic d'intérêt. Afin de mettre complétement en relief l'importance de cette observa- tion au point de vue du rapport qui existe entre le développement de la grande escharre fessière et les lésions des parties postérieures du cer- veau, nous rapporterons ici le résumé d’un cas d’hémorrhagie cérébrale que nous avons publié dans notre note. Il s'agissait d’une hémorrhagie cérébrale de l’avant-mur ayant détruit une partie du noyau extra-ventriculaire du corps strié. Le noyau hémorrhagique était du volume d’une petite orange, la mort est sur- venue le dixiéme jour, et, sur la fesse paralysée, il ne s'était déve- loppé que de lérythème et une excoriation du derme, très-superficielle, de coloration rosée et nullement ecchymotique, et dont le diamètre n'atteignait pas deux centimètres. Dans les deux cas, la durée de la maladie est la même. Dans l’un d'eux, l’hémorïhagie ne s'étend pas dans les parties postérieures de l'hémisphère cérébral, et il n’y a qu’une légère excoriation sur la fesse du côté paralysé. Dans l’autre, l’hémorrhagie cérébrale se produit dans le même point, dans l’avant-mur, elle s'étend dans le Iobe occipital et surtout dans le lobe sphénoidal, en détruisant la couche optique, et il se produisit, en peu de jours, sur la fesse paralysée, une mortification très-étendue du derme avec coloration noirâtre. Il nous a semblé utile de rapprocher ces deux faits, dans lesquels le point de départ de l’hémorrhagie et la durée de l’hémorrhagie sont les mêmes. — M. Bunix dépose une note sur le Traitement de l'asphyxie des nouveau-nés par la saignée. Les anciens auteurs reconnaissaient deux sortes d’asphyxies des nouveau-nés. l’asphyxie bleue et l’asphyxie blanche ; cette derniére n’est autre chose qu'une syncope. Lorsque l’asphyxie véritable existe « il est évident, dit Cazeaux, que _« J’indication première est de faire cesser l’engorgement du cerveau et « des poumons. C’est ce qu'on obtient en coupant promptement le « cordon ombilical et en laissant écouler quelques cuillerées de sang. » La saignée est peu recommandée chez l'adulte comme traitement de l’asphyxie. Chez le nouveau-né, en sectionnant le cordon immédiatemeut aprés l'expulsion, on prive, nous l’avons démontré, l'enfant de 92 er. de sang qu'il aurait pu puiser dans le placenta. En laissant s’écouler en plus par les vaisseaux ombilicaux de deux à quatre cuillerées, c’est-à- 6 dire de 40 à 80 gr. de sang, on ajoute à la prémiêre une nouvelle cause d'anémie profonde. L’enfant subit alors une perte de sang qui corres- pondrait chez l'adulte non pas à une saignée de 1,700 gr., mais à une saignée de 2,500 à 3,000 gr. Et cela, pourquoi ? Parce qu’il y a, dira-t-on, congestion pulmonaire et cérébrale. La congestion pulmonaire n'existe évidemment pas au moment de la naissance, puisque le poumon est en état d’atélectasie. Quant à la congestion cérébrale, il nous semble d’abord qu’on confond beaucoup trop facilement l’asphyxie et la congestion. Mais, en suppo- sant qu'il y ait congestion, qu'on laisse l'enfant attaché au cordon om- bilical crier et respirer largement, et l’on verra la cyanose disparaître rapidement, comme nous l’avons vu bien des fois : les poumons, en se dilatant, offrent au sang un diverticulum dans lequel il se précipite immédiatement ; mis en contact avec l’air dans les vésicules pulmo- naires, ce sang s'empare de l'oxygène ; l’asphyxie et la coloration violacée des téguments peuvent alors s’effacer. Si, au contraire, on pratique la saignée du cordon, évidemment la teinte asphyxique disparaît rapidement, mais la peau, au lieu de prendre la couleur rose vif qui lui est habituelle, devient bientôt d’une pâleur extréme, et l'enfant présente un certain état d’apathie. Dans certain cas, il y a non pas seulement asphyxie simple, mais encore état de mort apparente. Si, dans ces conditions plus graves, la respiration ne s'établit pas spontanément, en pratiquant l'insufflation trachéale, d'une part, on favorisera, à l’aide du moyen le plus efficace qui existe, comme l’a démontré M. le professeur Depaul, l’oxygénation du sang, et, d’autre part, on fera cesser la congestion cérébrale si re- doutée, puisqu'on ouvrira au sang de nouveaux ct nombreux canaux. Mais, comme il est parfois bien difficile de faire l’insufflation trachéale du nouveau-né sur le lit même où la mère est étendue, nous concluons en disant : « Dans les cas d’asphyxie des nouveau-nés il faudra, si c'est possible, attendre que la respiration du fœtus soit bien établie et que les battements du cordon aient cessé avant de faire la ligature et la section de la tige funiculaire ; s’il y a mort apparente, et que la respi- ration artificielle, l’insufflation, soit nécessaire, il faudra toujours, avant de la pratiquer, se garder de faire une saignée du cordon.» — À la fin de la séance, la Société procède à l’élection de son bureau MM. Laborde, sont élus vice-présidents. Parrot, ? P : MM. Hallopeau, Pierret, Hanot, Nepveu, sont élus secrétaires. 71 Séance du 16 janvier 1976. MM. les docteurs SrrEDEY et DE SiNéTy communiquent la note suivante : DÉVELOPPEMENT INCOMPLET DES ORGANES GÉNITAUX INTERNES CHEZ UNE FEMME DE TRENTE-DEUX ANS. Cette malade, qui était entrée à l'hôpital Laritoisière, dans le service de M. Siredey, a succombé à la suite d’une affection hépatique, décrite par plusieurs auteurs sous le nom de foie gras hypertrophique. M. Cor- nil a déjà attiré l'attention de la Société sur cette forme d’hypertro- phie graisseuse du foie. Il a même publié sur ce sujet un mémoire dans les ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE de 1874. Mais ce n'est pas sur la maladie, très-intéressante du reste, de cette femme, que je désire appeler votre attention, mais sur l’état que pré- sentait chez elle l'appareil génital. Agée de 32 ans, elle avait été réglée à 17 ans seulement. Vers l’âge de 25 ans, ses époques menstruelles ne revenaient que tous les deux ou trois mois. En 1872, les règles se supprimérent pendant dix mois, pour revenir ensuite assez normalement jusqu’en février 1875, où il y eut, de nouveau, cessation de l'écoulement menstruel qui n’a pas reparu jusqu’au 45 décembre dernier, époque de sa mort. Quoique mariée et ayant eu des rapports assez fréquents, cette femme a avoué n'avoir jamais éprouvé aucun des goûts ni plaisirs de son sexe. Elle n’a, du reste, jamais eu de grossesse. L'aspect général du sujet se rapprochait davantage de celui d’un jeune garçon que de celui d’une femme de 32 ans. Le bassin avait les formes et les dimensions masculines. Pas de poils à sa région pubienne. Les seins presque rudimentaires. Les organes génitaux externes nor- maux. Mais l'utérus et les ovaires étaient en rapport avec l’appareuce extérieure. L’utérus n'avait que 3 à 4 centimètres de long. Les dimensions relatives entre les différentes parties de cet organe, col et corps, étaient ce qu’elles doivent être, chez une femme adulte vierge d'enfants. On ne pouvait la considérer comme semblable à ce qui a été décrit sous le nom d’utérus infantile. L'examen histologique montrait que le tissu utérin était normal ; on trouvait la cavité tapissée d’épithélium, Les glandes du col et surtout celles du corps étaient beaucoup moins nombreuses et plus petites qu’à l’état normal. Les ovaires étaient très-diminuées de volume. L’épithélium qui re- 8 vêtait la surface de l’ovaire était normal. Sur quelques coupes, on pouvait distinguer un certain nombre de corps jaunes plus ou moins anciens. Mais toutes ces cicatrices étaient relativement anciennes. Les ovules, ordinairement si nombreux encore chez les femmes de cet âge, étaient en très-petit nombre dans ce cas-ci. Après avoir fait des coupes succesives, comprenant toute l'étendue des deux ovaires, je n’ai pu constater la présence que de cinq à six ovules. Deux follicules de Graaf, de la grosseur d’un grain de millet environ et contenant un ovule, étaient visible à l’œil nu. Mais en étudiant ces follicules, on voyait que leur membrane ganuleuse était plissée et qu'ils avaient subi un commencement d’atrésie. Cette altération des follicules est trés-fréquente chez le nouveau-né. On ne trouvait aucun follicule mûr ni en voie de maturation. Mais les rares ovules observés dans ces ovaires avaient la situation qu’ils ont chez l'adulte. Le stroma de l’ovaire était aussi semblable à celui de l'organe adulte. On ne pouvait pas plus pour les ovaires que pour l’utérus employer la qualification d’infantiles. | La femme qui fait le sujet de cette observation avait donc les attri- buts de son sexe, mais à un très-faible degré de développement. Les faits de ce genre, chez la femme, peuvent être comparés à ceux que l’on a décrits chez l’homme sous le nom de féminisme. Cette femme aurait-elle pu être fécondée? D'après les cicatrices de ses ovaires, Je suis très-porté à le croire. Mais, en tout cas, il me paraît impossible d'admettre que l’ovule fécondé eût pu se développer dans ces conditions, Des cas de ce genre, faute d'examen histologique, doivent avoir été décrits, à tort, sous le nom d’atrophie, ou d’état infantile des organes génitaux. Mais cet état-ci, aussi bien que les deux autres, doit être considéré comme une cause de stérilité. — M. Brown-Séquarp montre le cerveau d’un chien chez lequel la moitié latérale droite a été brûlée par le cautère actuel. On peut voir que la lésion n’a porté que sur cette moitié droite. La gauche paraît saine ainsi que la moelle épinière. L'animal est celui que la Société a vu, chez lequel la brûlure du cerveau avait déterminé de Ja paralysie dans les quatre membres et surtout des membres postérieurs. Il y a eu, pendant plusieurs jours, tous les phénomènes de la méningo-myélite de la por- tion dorso-lombaire de l’axe nerveux spinal. — M. Brown-Séquarp continue l'exposé de ses recherches expéri- 9 mentales et cliniques sur la physiologie et la physiologie pathologique du cerveau. Il s’efforce de démontrer qu’il existe des cas nombreux où une paralysie a été produite par une lésion du côté correspondant du cerveau. Il est impossible, dit-il, en présence des faits tels que ceux qni suivent de soutenir que dans les cas où l’on à trouvé une lésion céré- brale du côté où existait une paralysie, cette lésion n'avait rien produit, la paralysie étant due à une autre lésion non constatée mais existant dans le côté opposé du cerveau. 419 Si l’on voit apparaître simultanément de l’aphasie et de la para- lysie à gauche, comme dans des cas du professeur James Syme, de Cruveilhier et de Bayle, et que l’autopsie montre une lésion dans l’hé- misphère gauche, il est bien difficile, comme on sait que cet hémis- phère est celui qui, étant lésé, cause de l’aphasie, de ne pas admettre que la lésion qu’on y trouve n’a pas été la cause et de l’aphasie et de la paralysie. 2° Si l’on voit un malade frappé d’apoplexie présenter une hémiplégie, il est bien difficile, sinon impossible, d'admettre que les phénomènes morbides qui se manifestent alors simultanément ne dépendent pas d’une même cause et que, conséquemment, si l’autopsie montre une hémorrhagie dans le cerveau droit, la paralysie, à droite aussi, ne dé- pend pas de cette lésion, mais d’une autre qu’on peut supposer exister sans la voir. L'apparition simultanée de la paralysie et des autres symp- 1ômes d’hémorrhagie cérébrale dans les cas de Diday, de Dessranges (de Bordeaux), de Callender, de notre collèoue Hillairet, de Gintrac, de Lerminier, de Rostan, de Boyd et de nombre d’observateurs anciens, cas dans lesquels la paralysie est survenue du côté même de l’hémor- rhagie cérébrale, démontre bien que quelquefois une lésion du cerveau peut produire la paralysie du côté même où elle existe. 39 Le même raisonnement conduit à la même conclusion quand on se trouve en présence de faits si bien étudiés que ceux de Dechambre et du docteur Henry Day, où simultanément se sont montrés des symp- tômes de ramollissement du cerveau et de l’hémiplégie, l’autopsie faisait voir qu'il y avait effectivement un ramollissement, et dans le côté même du cerveau correspondant à celui de la paralysie. 49 De même il est bien difficile, sinon impossible, d'admettre que dans des cas où une lésion occupait une trés-grande partie ou la presque totalité d’un hémisphére cérébral la paralysie alors produite dans le côté correspondant ne dépendait pas de cette lésion, mais bien d’une autre non constatée mais qu’on suppose avoir existé dans le côté opposé du cerveau. Dans un de ces cas, l'hémisphère gauché fut trouvé en bouillie et l’hémiplégie était à gauche (P. Broc) ; dans un autre cas, l'hémisphère droit était transformé en une énorme cavité pleine de c. R. 1870. 2 10 sang et l'hémiplésie était à droite (Freschi). Dans un troisième cas, l'hémisphère gauche n'était plus qu’une mince poche remplie de pus et l’hémiplégie était à gauche (Callender). Dans un quatrième cas, l’hé- misphére gauche tout entier était atteint de ramollissement pultacé et l’hémiplégie était à gauche (Rostan). Peut-on, en présence de tels faits, soutenir que l’hémiplégie n'était pas causée par la lésion ? En d’autres termes, que la lésion, considérable comme elle l'était, n'avait pas produit de paralysie et que l’hémiplégie était causée par nne lésion non constatée dans l'hémisphère paraissant sain ? 09 Dans les cas suivants, il est impossible de ne pas admettre que la paralysie a bien été causée par la lésion qui existait du même côté que la perte du mouvement. Le docteur Swayne Little a vu la paralysie sur- venir du côté où le cerveau avait été blessé par une broche. Hill, cité par Abercrombie, à vu un malade hémiplégique s'améliorer après l'issue du pus par une ouverture au crâne du côté correspondant à la paralysie et il a vu celle-ci s’augmenter lorsqne le cerveau a fait hernie par cette ouverture. Dans un cas de fracture de l'os pariétal sauche, ayant causé une inflammation du lobe moyen correspondant, Lafargue a vu la paralysie se montrer du même côté. Scholz a constaté la guérison d’une hémiplégie après l'issue du pus par une ouverture au crâne du côté correspondant. Lépine, de Châlons-sur-Saône, à vu la paralysie se montrer du côté d’un coup sur le front et la tempe, ayant produit un abcès sous le pariétal. Dans un cas trés-remarquable, où une chevrotine avait traversé toute la largeur de l’hémisphère droit, Liévens et Demoor ont vu la paralysie se montrer du même côté, Enfin, dans un cas de tumeur fongueuse du cerveau et du crâne, la pression, comme l'a constaté Callender, produisait de la paralysie dans le bras du même côté. 69° L'association de la paralysie des membres avec celle de certains nerfs crâniens, montre aussi qu'il existe des cas où il nous faut bien admettre que l’hémiplégie dépend d’une lésion encéphalique du même côté, car nous voyons apparaître simultanément, grandir ensemble et quelquefois diminuer ensemble, les deux paralysies : celle des membres et celle de la face. Comme il est impossible de douter qu’une lésion déterminant la paralysie de la face, celle du nerf trijumeau, avec l’al- tération caractéristique de la cornée, soit bien celle que l’on trouve à l’autopsie, s’il y a une tumeur du rocher, par exemple, comprimant les nerfs affectés et là protubérance, il semble difficile de ne pas admettre que la paralysie des membres du côté correspondant ne soit pas due aussi à l’iritation de la protubérance par cette tumeur. — M. Féré, élève de M. Charcot, communique une note avec figures AT Sur quelques points de la topographie du cerveau. (Voir aux ME- MOIRES.) M. Cnarcor, à propos de la présentation de M. Féré, fait remarquer combien de telles méthodes sont nécessaires pour arriver à localiser nettement les altérations pathologiques. Faute d’une semblable préci- sion, les observations anciennes deviennent inutiles pour la solution du problème des localisations cérébrales. — M. Prrre, interne de M. Charcot, présente trois observations de localisations cérébrales. M. Cuarcor fait remarquer que ces observations présentent un très- grand intérêt, et leur valeur est incontestable en raison du soin extrême qu'on a mis à déterminer les limites des points altérés. Elles viennent démontrer qu’il existe dans l’encéphale des points dont l’altération, pas- sagère ou durable, détermine nécessairement l'apparition de phénomé- nes symptomatiques, fugaces ou définitifs. Je sais bien que M. Brown-Séquard ne considère pas ces faits comme constituant des exemples de localisation cérébrale, et cela parce que la capsule interne n’est pas un centre. Je ne saurais m’arrêter à cette ob- jection, et je continue à considérer comme rentrant dans le cadre des localisations cérébrales toute lésion limitée qui s'accompagne de phéno- ménes constants. Parmi ces exemples d’altérations localisées, il n’en est pas, à coup sûr, de plus demonstrative que celle qui donne naissance à l’hémianes- thésie totale. Qu’une hémorrhagie cérébrale vienne déchirer ou comprimer le tiers postérieur de la couche optique, une hémianesthésie se manifeste, por- tant à la fois sur les tissus spéciaux et sur les nerfs de la sensibilité générale de la moitié opposée du corps. N'est-ce pas là un bel exemple de localisation cérébrale ? Ces symptômes persisteront si les fibres de la capsule interne ont été lésées d’une façon irrémédiable. Au contraire, si les fibres capsu- laires ont été seulement comprimées, leurs fonctions revenant peu à peu, on verra les symptômes disparaître graduellement. Et comme cette amélioration suit pas à pas l’évolution régressive de la lésion, elle de- vient une preuve du rapport qui unit les deux phénomèénes. M. Brown-SéquarD fait remarquer que M. Charcot a publié un fait contradictoire. — M. PERRET fait une communication sur les anomalies d’entrecroi- sement des fibres pyramidales. 12 — M. Maruias Duvaz communique la note suivante : SUR L'EXISTENCE CHEZ LES POISSONS D'UN NOYAUSANTÉRIEUR DE L'HYPOGLOSSE. En étudiant des coupes du bulbe faites au niveau des nerfs hypo- glosses, on voit que les noyaux bien connus de ces nerfs, situés sous le plancher du quatrième ventricule de chaque côté de l'extrémité posté- rieure du raphé, sont réunis à ce raphé par des fibres, dans la disposition desquelles quelques auteurs ont cru voir soit une décussation complète des fibres radiculaires des hypoglosses (Kælliker), soit une décussation partielle des fibres radiculaires les plus externes (Gerlach, L. Clarcke, etc.), soit enfin des fibres directes qui, du raphé, iraient, sous le nom de fibres volitives s’adjoindre aux fibres radiculaires du nerf, sans pas- ser par le noyau (Meynert). D'après nos études toutes les fibres, si diversement interprétées, sont formées de cylindres à vis qui vont du raphé au noyau hypoglosse (rat- tachant ce noyau aux centres nerveux supérieurs), ou croisent ce noyau et les racines hypoglosses pour aller jusque dans les noyaux glosso-pha- ryngiens ou pneumogastriques. On voit cependant quelques fibres provenant du raphé et qui sem- blent, après avoir cotoyé le bord interne du noyau hypoglosse, aller s’adjoindre directement aux faisceaux radiculaires du nerf ; mais en étu- diant ces fibres sur une série de coupes minces, on voit qu'elles se ter- minent bientôt dans des amas de substance grise situés en avant du noyau classique de l’hypoglosse. Ces amas contiennent des cellules ner- veuses de grandes dimensions, avec nombreux prolongements, des cel- lules motrices en un mot. Il est facile de voir que ces amas de substance grise forment deux masses, dont l’une est rattachée par des tractus de même nature au noyau classique de l’hypoglosse, dont l’autre, plus en dehors, est connue sous le nom de noyau moteur des nerfs mixtes (glosso-pharyngien et pneumogastrique) auxquels elle est en effet ratta- chée par des tractus dirigés d'avant en arrière et de dehors en dedans. Ces deux masses grises (noyau antérieur de l’hypoglosse et noyau moteur des nerfs mixtes) sont la suite de la partie la plus externe des cornes antérieures de la moelle : après que ces cornes ont été décapitées par l’entrecroisement des pyramides, leur partie externe ne s’atrophie pas, mais elle est, dans le bulbe, dissociée en fragments par les fibres arciformes du bulbe ; après avoir formé les masses grises que nous ve- nons de décrire comme noyaux accessoires de l’hypoglosse et des nerfs mixtes, ces parties, provenant des cornes antérieures de la moelle, for- ment plus haut le noyau inférieur du facial, puis le noyau moteur du. 13 trijumeau. Ces dernières parties seront l’objet d’une prochaine commu- nication. M. PxERRET, à propos de la communication de M. Duval, fait remar- quer combien il est dangereux d’établir des rapports anatomiques entre des noyaux un peu éloignés. Il est toujours facile, en effet, de trouver dans la formation réticulée du bulbe, quelques fibres se dirigeant du côté que l’on désire, pour peu que l’on ait sur le rôle des noyaux quelque idée préconçue. Quant à ce que dit M. Duval de ce fait, que ce noyau antérieur de l’hypoglosse doit être considéré comme la continuation directe dans le bulbe des cellules des cornes antérieures, cela peut être vrai chez les poissons, mais ne peut être démontré chez l'homme. En arriére de l’olive, il n'existe chez ce dernier d'autre noyau d’ap- parence motrice que le noyau dit inférieur du trijumeau, masticateur, colonne motrice des nerfs mixtes. Or, bien qu’à un point de vue phi- losophique il soit possible de considérer les ganglions moteurs du bulbe comme représentant les cornes antérieures de la moelle épinière, il n’en est pas moins vrai que, chez l’homme, ce noyau moteur du trijumeau, qui est en même temps le noyau inférieur du facial, n'est pas situé sur le prolongement des cornes antérieures. M. DuvaL répond que la démonstration de ce fait est aisée chez les poissons, au moins en ce qui regarde le noyau qu’il considère comme un noyau antérieur de l’hypoglosse. Séance du 22 janvier 1876. M. Brown-SéquarD continue l'exposé de ses doctrines, Les paralysies directes étant admises, il s’agit maintenant d’en re- chercher le mécanisme et la raison d’être. M. le professeur Vulpian à proposé une explication applicable sans doute à quelques cas, mais inadmissible pour beaucoup d’autres. 11 a subordonné la paralysie directe à une hydropysie ventriculaire, prédominante du côté opposé à la lésion. Quelquefois, en effet, cette hydropysie a été constatée; mais elle faisait défaut dans d’autres ob- servations, ou bien encore elle prédominait justement du même côté que la lésion. Et puis, à quoi servirait l'hypothèse de M. Vulpian pour les cas où toute une moitié de la protubérance a été détruite par une tumeur ? Il est une autre explication que M. Brown-Séquard lui-même avait admise autrefois : la paralysie directe serait lice à l’absence d’entrecroi- sement des pyramides ; mais aujourd’hui M. Brown-Séquard 2 l'intime 14 conviction que les pyramides ne contiennent qu’un trés-petit nombre des fibres qui servent de trait d’union entre la volonté et les muscles. Et cette conviction s'appuie sur des arguments tirés de l’expérimenta- tion et aussi de la clinique. Si on sectionne une pyramide, il ne se produit aucun trouble muscu- laire. Bien plus, Magendie avait déjà vu qu’une section transversale des deux pyramides ne fait que diminuer la puissance d'aller en avant. On objectera peut-être que ces expériences présentent de telles diffi- cultés d'exécution qu’on ne peut affirmer que la section a toujours été complète. Cette objection est vraiment sérieuse, ct, à preuve, sur dix expériences de section transversale des deux pyramides pratiquées par M. Schiff, il y en a neuf qui sont mal faites et dont il ne faut rien con- clure. Mais la dixième mérite tout crédit; la section a été absolument complète et, cette fois encore, les mouvements volontaires n'étaient pas diminués. Faut-il rappeler qu’en 1851 MM. Vulpian et Philipeaux, aprés avoir pratiqué une section longitudinale de tout le bulbe, n’observérent qu’une légère diminution des mouvements volontaires. Persuadé d’abord que les pyramides sont la seule voie de transmission des ordres de la volonté aux muscles, M. Brown-Séquard a répété les expériences qui viennent d’être indiquées. Sans doute ce n’est point là chose toujours facile, mais il est sûr, dans {rois ou quatre cas au moins, d’avoir sectionné complétement les deux pyramides, et cependant il n’y eut pas de paralysie marquée. Ainsi donc, la pathologie expérimentale enseigne que les pyramides ne jouent qu’un bien petit rôle dans la transmission des mouvements volontaires. La clinique parle dans le même sens. Les observations qu'on pourrait invoquer sont certainement nombreuses ; il est vrai que beaucoup d’entre elles manquent de l’indispensable contrôle d’un examen micros- copique bien fait; mais ce reproche ne peut être adressé au cas de M. Vulpian et de M. Bouchard, où des altérations dûment constatées de la totalité des pyramides n’ont entraîné aucune paralysie. En tel état de cause, qu’est-il besoin de faire intervenir l'absence d'entrecroisement des pyramides pour rendre compte de la paralysie directe ? D'ailleurs, quoi qu’on en dise, cette absence d’entrecroisement doit être bien exceptionnelle puisque Serres ne l’a point trouvée une seule fois sur 1,100 bulbes examinés. Dans les cas de Fleisig, l’entrecroisement n’était qu’incomplet. On peut serrer davantage le raisonnement. Si on admet qu’un certain nombre de fibres ne s’entrecroisent pas, et si on admet en même temps 15 l’entrecroisement tel que l’a conçu Foville, c’est-à-dire tout le long de l’encéphale, une lésion qui détruit la moitié de la protubérance devrait produire la paralysie des deux côtés du corps. Or, il n’en est jamais ainsi ; la paralysie ne siége que du même côté ou du côté opposé. On a encore fait cette supposition pour le cas spécial d’une lésion su- perfcielle du quatrième ventricule. On a dit qu'en semblable circon- stance, la paralysie directe s’expliquait aisément puisque la lésion n’in- téresse que le faisceau latéral du bulbe qui ne s’entrecroise pas. L’inter- prétation estingénieuse, mais ne se soutient pas longtemps. Supposez une lésion située au même endroit sur le plancher du quatrième ventricule, mais se prolongeant profondément, on devrait observer une paralysie dou- ble, une paralysie directe et une paralysie croisée ; ce qui n’est pas. On le voit, avec la doctrine combattue, on se heurte à bien des impossibilités. Il faut donc admettre que la paralysie n’est pas due à la perte de centres, à des altérations d'organes conducteurs ; c’est un phénomène d’irrita- tion à distance. Ces phénomènes d'’irritation, toute lésion cérébrale, hémorrhagie, ramollissement ou tumeur, peut les produire et détermi- ner consécutivement la paralysie directe aussi bien que la paralysie croisée, paralysie directe en tout semblable à la paralysie croisée. D'ailleurs, il y a des convulsions directes comme il y a des paralysies directes : ce sont des phénomènes du même ordre ; il s’agit toujours, en dernière analyse, d’une irritation qui part d’un point et retentit ail- leurs, causant soit la paralysie, soit les convulsions ou les contractures. M. Brown-Séquard insistera dans la prochaine séance sur ces convul- sions et ces contractures ; il y trouvera encore d’autres appuis à cette opinion qui veut que chaque moitié de l’encéphale soit en tout sembla- ble à l’autre, suffise à toutes les fonctions, et n’admet de division en dis- tricts spéciaux que d'avant en arrière et non par RES plus ou moins réguliérement disséminés. M. CHarcor déclare ne point vouloir se départir du silence qu’il s’est imposé ; il ne fera point une discussion en règle. Il veut seulement pré- senter quelques remarques à propos des dernicres paroles de M. Brown- Séquard. M. Charcot connaît ces cas où une lésion cérébrale détermine la série des phénomènes suivants : contractures, convulsions épileptiformes, pa- ralysie avec résolution. L'évolution de ces phénomènes, en quelque sorte complémentaires, s’attirant, pour ainsi dire, l’un l’autre, est fréquente dans le cours de la paralysie générale ; et on ne peut nier qu’elle sema- nifeste de préférence dans les cas où la lésion siége dans l'écorce céré- brale et se localise surtout en certains points. M. Brown-Séquard voit là des phénomènes d’irritation. C’est une pure ypothése que M. Charcot n’a point à discuter, bien qu’à première vue 16 il serait porté à expliquer, par des modifications moléculaires différen- tes, des accidents aussi opposés que la paralysie et les convulsions. Quoi qu'il en soit, ce qui prouve que la localisation est bien quelque chose ici, c’est qu'une hémorrhagie cérébrale, par exemple, ne détermi- nera jamais de contracture tant qu’elle restera confinée dans les masses centrales. Si, au contraire, elle s'étend au centre ovale de facon à effleurer seu- lement la substance grise, alors, on verra se dérouler dans l’ordre ordi- naire les contractures, les convulsions épileptiformes et la paralysie. C'est la règle, et depuis quinze ans que M. Charcot étudie l’hémorrhagie cérébrale au point de vue des localisations, il n’a pas encore trouvé : une écule exception. — M. LaBorDpe présente à la Société deux chiens sur lesquels il a pratiqué l'expérience suivante : Au moyen d’un procédé particulier, une certaine quantité de sang pris à l'animal lui-même a été injectée dans la profondeur de Paie et dans la direction présumée de la partie postérieure du corps opto-strié. M. Laborde pense par là rap- procher autant que possible l’expérimentation des conditions ordinaires de la clinique. Quoi qu’il en soit, il a produit sur ces deux chiens une hémiplésie faciale du côté opposé à la lésion, une hémichorée et une hémianesthésie également du côté opposé. M. Raymonp a essayé l’année derniére, sous la direction de M. Charcot, de reproduire expérimentalement l’hémichorée ; il s’est servi du même procédé déjà employé par M. Veyssière, dans ses re- cherches. Quatre fois, il a pu, après avoir atteint le pied de la couronne rayonnante, produire l’hémichorée en même temps et du même côté que l’hémianesthésie. M. Caarcor montre combien . résultats expérimentaux précé- dents retracent fidèlement ce qu'on observe souvent chez l’homme. C’est le lieu de faire remarquer qu’il y a hémiplégie et hémiplégie. A côté de l’hémiplégie dont il était question tout à l'heure, il y a l’hémiplégie vulgaire, transitoire ou permanente. Puis, l’'hémipléaie permanente peut se compliquer de contracture et alors sans hémianes- thésie. D’autres fois, dans le cas d’hémiplégie permanente, on peut voir survenir aussi des mouvements choréïformes dans les membres para- lysés. Ce sont de véritables nouvements choréïques. Et si on ne voyait (à travers une toile par exemple) que le bras d’un individu atteint de cette façon, il serait absolument impossible de décider si on a affaire à une chcrée pure et simple ou à une hémichorée par hémorrhagie. M. Charcot avait remarqué que cette hémichorée coïncide souvent 47 avec une hémianesthésie, et il en avait déduit qu’elle doit répondre à une localisation particulière et très-voisine de celle qui explique l’hémi- anesthésie : si même il n’y a pas pour les deux phénomènes un seul point d’origine. Les expériences de M. Raymond et de M. Laborde semblent bien dé- montrer qu’il en est ainsi. Il convient ici de faire le rapprochement suivant : la chorée vulgaire, comme on le sait, peut être unilatérale et alors elle s'accompagne sou- vent, du même côté, d’une hémianesthésie absolument semblable à l’hémianesthésie de cause cérébrale. M. BRowN-SÉQuARD, après des cautérisations de la substance céré- brale, n’a point constaté d’hémianesthésie du même côté, mais il a vu, dans les cas de brûlure superficielle, le sens musculaire diminuer dans le côté correspondant à la lésion. — M. Coury lit la note suivante : ÉTUDE EXPÉRIMENTALE SUR L'ENTRÉE DE L'AIR DANS LES VEINES. J'ai entrepris, dans le laboratoire de pathologie expérimentale, sur les conseils de M. le professeur Vulpian, et avec l’aide bienveillant de MM. Carville et Bochefontaine, des expériences sur l’entrée de l'air dans les veines. Ces expériences ont servi de sujet à ma thèse inaugurale ; voici les conclusions auxquelles elles m'ont conduit : : I. — L'air pénétrant dans les veines ne tue pas par le cerveau, il ne passe pas dans les artères vertébrales et, s’il y arrivait, les phénomènes seraient inverses de ceux observés : la tension serait d’abord augmentée et non pas diminuée. L’air ne paralyse pas le cœur droit ; mécaniquement comme chimi- quement, il excite, accélère ses contractions. Le cœur s’arrête le der- nier, après les muscles volontaires et respiratoires. L'arrêt circulatoire n’est pas dû à l’obstruction des capillaires pulmo- maires ; les gaz pulmonaires pourraient produire un ralentissement de l’ondée aortique, mais non un arrêt complet d'emblée, comme celui constaté par quelques-uns de nos tracés. Physiologiquement, cette théorie rend incompréhensible : 19 la distension immédiate mais suc- cessive des cavités droites et de l'artère pulmonaire; 920 les tracés kymographiques qui prouvent que la tension se relève juste au moment où le cœur droit se débarrasse de l’air introduit ; 3° l’action curative de la saignée, action curative bien démontrée par Nysten, Magendie, M. Vulpian, etc.; enfin, à l’autopsie, l’air dans quelques cas n’est même - pas poussé jusqu'aux grosses branches de l'artère pulmonaire que j’ai trouvées remplies de sang pur, Cet air ne saurait donc obstruer les capillaires. c. R. 1876. 3 148 II. — Ayant discuté les anciennes théories, nous avons établi une symptomatologie précise, en nous aidant des cas chirurgicaux observés sur l’homme. On peut distinguer quatre périodes d’accidents, et quatre séries de cas d'entrée de l'air, suivant que les accidents sont mortels ou bornés à une, deux, trois premières périodes ; que l’entrée de l’air soit lente ou brusque, passagère ou mortelle, la marche symptomatologique est toujours la même, comme le prouvent nos tracés ; elle est constante et nécessaire, et on a toujours : 4re période. Diminution de l’ondée aortique, et chute de la tension artérielle ; accélération du cœur ; pas de troubles généraux. 28 période. Chute de la tension plus considérable ; accélération respi- ratoire; syncope cérébrale avec chutes, cri, pâleur, dilatation pupil- laire, etc. 3e période. Ondée aortique nulle ou à peu prés ; excitation de tous les centres nerveux moteurs ; contracture et convulsions des muscles striés ; contraction des muscles lisses; évacuation d'urine et de ma- tières fécales ; puis respiration rare, profonde, apoplectique. 4e période. Tension artérielle nulle; mort du cerveau et cessation des convulsions ; puis arrêt respiratoire ; en dernier lieu, arrêt cardia- que ; l'arrêt du cœur, droit ou gauche, est le phénomène ultime. Ainsi donc, après l'entrée de l'air, les grandes fonctions sont trou- blées, les organes meurent et s’arrêtent parce qu'ils ne reçoivent plus de sang ; les troubles généraux de la deuxième et de la troisième période, produits par l’anémie des centres nerveux, seront plus ou moins rapides suivant la lenteur de l'introduction, plus où moins marqués suivant ’état del’animal; mais toujours il y aura diminution primitive de l’'ondée aortique et chute de la tension; et tous les autres troubles observés ne sont que les symptômes de l’arrêt circulatoire. IL. — L'air arrête l’ondée pulmonaire par un trouble de la mécanique cardiaque. Arrivant au cœur droit lentement ou brusquement, ce gaz s’y accu- mule; il passe sous la paroi convexe du ventricule et y séjourne ; gaz élastique et non liquide incompressible, il distend les parois trés- extensibles du ventricule droit en vertu de la différence constante des pressions veineuse et thoracique. La distension sera tantôtassez lente, tantôt maxima d'emblée suivant la rapidité de l'introduction d’air; mais elle est constante, elle est con- sidérable, elle double ou triple le volume normal des cavités droites. De cette distension dépendent tous les phénomènes consécutifs. 19 La force de tontraction du cœur restant la même et la résistance 19 augmentant avec la surface des parois droites distendues, les contrac- tions auriculo-ventriculaires normalement incomplètes le deviennent davantage, surtout dans l'oreillette. 29 Ces parois se contractent sur un gaz et non sur un liquide ; elles le compriment au lieu de le pousser, deuxième cause d’affaiblissement de l’ondée ventriculaire. 3° Trouble capital ; les orifices des parois droites distendues sont lar- gement béants ; l'oreillette fait refluer le sang spumeux dans les veines caves ; et surtout le ventricule chasse l’air, à travers l'orifice tricuspide largement distendu, dans tout le système veineux et jusque dans les veines les plus éloignées, crurales, encéphaliques, etc. Cette ondée in- verse volumineuse survient dès que la distension dépasse certaines limites, et elle persiste jusqu’à l’arrêt du cœur, dans les cas mortels. En résumé l’air distend les cavités droites, et cette distension, comme toutes les autres dilatations des mêmes cavités, entraîne l’asystolie car- diaque avec diminution de l’ondée aortique. Seulement, cette asystolie est vraiment spéciale; elle est aiguë, elle survient brusquement, et elle peut être telle que l’ondée pulmonaire soit d'emblée supprimée. Après avoir discuté les nombreux moyens thérapeutiques proposés contre l'entrée de l’air, nous en adoptons deux ; l’un mécanique, utile dans tous les cas, la saignée, qui en diminuant la pression veineuse, diminue aussi la distension ; l’autre, chimique, les inhalations d’oxy- gène qui en faisant exosmoser l’azote dissous dans le sang, facilitent la dissolution de l'air qui reste accumulé dans le cœur droit. Nous avons fait aussi des injections d’air par les carotides, vers l’aorte ou vers le cerveau, pour étudier l’action des gaz artériels; mais, les expériences consignées dans notre thèse étant peut-être insuffisantes, nous nous réservons de présenter un autre jour ces résultats à la Société de Biologie, Dans toutes nos expériences, nous avons employé des moyens d’exa- men aussi précis que possible ; ainsi, nous avons ouvert la poitrine à des chiens curarisés, et examiné directement l’état du cœur pendant et aprés l'injection d’air; nous avons adapté aux vaisseaux artériels ou veineux des instruments enregistreurs, et, nous l’espérons, les tracés kymosraphiques qui sont joints à nos expériences prouvent compléte- ment que l'entrée de l'air, accident complexe en apparence, peut se réduire à deux troubles fonctionnels : l’un local, entièrement mécanique, la distension des cavités droites entraînant l'asystolie cardiaque ; l’autre, général, consécutif, le ralentissement ou l'arrêt circulatoire, — M. Caarces Ricer communique à la Société les recherches sui- vantes :. | 20 NOTE SUR L’ÉTAT FONCTIONNEL DES NERFS DANS L'HÉMIANESTHÉSIE HYSTÉRIQUE. Parmi les symptômes de l’hystérie, un des plus communs paraît être l’analgésie ou l’anesthésie de la douleur liée le plus souvent à des troubles sensoriels complexes. J'ai recherché avec soin ce que les au teurs avaient écrit sur l’excitation électrique des nerfs anesthésiés, et je n’ai rien trouvé de caractéristique à cet égard. Legros et Onimus en. font à peine mention. Decours, dans sa thèse sur l’hémianesthésie sa- turnine (Thèse inaugurale, Paris, 1875), s’est occupé surtout de l'état des muscles au point de vue de leur contractilité. C'est dans l’ouvrage de Duchenne (de Boulogne) (De l’électrisation localisée, 3° édit., p. 819), que l’on trouve quelques indications utiles. Mais Duchenne s ’est occupé: uniquement de l’action thérapeutique de l'électricité ; pour avoir COn- staté que l'application des rhéophores métalliques sur les parties anes-. thésiées cause la douleur, Duchenne dit avoir guéri l’anesthésie : c'est là un point de vue peut-être exagéré. Ainsi il dit : « Si l’action thérapeu- tique est immédiate, et c’est le cas le plus ordinaire, en quelques mi nutes le malade éprouve, dans le point excité, un chatouillement suivi d’une légère sensation de brûlure qui va croissant rapidement et qui. devient bientôt intoléraile. .. C’est à l’aide de ce procédé que j'ai sou- vent rendu, en quelques minutes, la sensibilité cutanée à un membre entier. » J'ai pensé qu'on pourrait faire des observatiozs plus faciles et plus. fructueuses chez les hémianesthésiques, et, grâce à l’extrême complai- sance de M. le professeur Charcot, j'ai pu expérimenter sur quelques malades de son service. Chez ces malades, Lau..., Buc., Gla... et Marc…., dont les observations sont rapportées avec détail dans le livre de M. Charcot, il y a une hémianesthésie occupant tout un côté du corps et s’arrêtant précisément à la ligne médiane. Il est probable que cette affection est sous la dépendance lointaine d’un état ovarique spécial, lequel provoque, à des moments plus ou moins rapprochés, des atta- ques nettement caractérisées d’hystéro-épilepsie. Je n'insiste pas sur différents détails pathologiques. Je dirai seulement que Marc. est anes- thésique à droite, tandis que Buc.., Lau. et Gla.… le sont à gauche. Dans tous les points anesthésiés, on peut pincer, piquer et brûler la peau sans provoquer des sensations douloureuses et même tactiles. Examinons d’abord les faits eux-mêmes; il nous sera permis d'en déduire ensuite les conséquences physiologiques. Disons-le tout d’abord : il n’y a pas de différence sensible entre les résultats obtenus chez l’une ou l’autré de ces malades, en sorte qu’on peut les regarder. comme à peu prés constants. D'ailleurs, j'ai répété assez souvent l’électrisation : 24 chez ces quatre malades pour pouvoir considérer ses effets comme cer- tains; j'expérimentais tantôt par les courants continus, à 15,20, 25, 30 éléments de la pile Morin, tantôt par les courants induits et inter- rompus à deux éléments de la bobine Rhumkorff. Si on fait passer le courant continu par les deux bras, de maniére à électriser en même temps la moelle épinière, on n’obtient guére de ré- sultats remarquables. Il y a peut-être un peu plus de douleur du côté sain que du côté malade, mais cette différence est peu sensible. D'ail-: leurs, il est facile de déterminer de la douleur en un point limité, soit à : gauche, soit à droite, en se servant d’une large plaque pour le pôle positif, et d’une pointe pour le pôle négatif. Dans ce cas. c'est toujours au pôle négatif que les malades perçoivent de la douleur, qu'il soit ap- pliqué au côté sensible ou au côté anesthésié. Avec les courants interrompus le résultat est le même, à cette diffé- rence près que la douleur, au lieu d’être perçue au point même où passe l'électricité, est rapportée au poignet, soit droit, soit gauche. Si, une main tenant la poignée de cuivre par où passe un des fils, on fait passer le courant sur l’autre main, en y portant un petit balai métallique, la sensation du balai est très-douloureuse et comparée à des piqûres d’orties, et cela aussi bien à gauche qu’à droite, indépendamment de l’anesthésie. Ces premiers résultats ne sont pas absolument démonstratifs, attendu que dans tous les cas le courant passe par les centres médullaires et les excite, que par conséquent la localisation de la douleur au point touché pourrait à la rigueur être considérée comme une illusion. La douleur étant perçue dans la moelle et rapportée aux points électrisés, ce ne serait guêre probable, mais, à la rigueur, on pourrait faire cette ob- jection. En procédant de la manière suivante, on évite l’excitation directe des centres nerveux. Pour cela, il suffit de faire passer le courant non plus par le corps mais par une portion très-limitée de la peau de la main ; ainsi, par exemple, on peut faire tenir la poignée de cuivre (pôle po- sitif) et faire passer le courant par une boule ou une pointe (pôle né- gatif) assez proche de la première. Il ne faut cependant pas que ces deux rhéophores soient par trop rapprochés l’un de l’autre, car on n’obtien- drait alors aucune trace de sensibilité. - L'électricité d’induction donne les mêmes résultats que les courants continus; et dans les deux cas il y a une sensibilité exactement sem- blable à droite et à gauche, au côté sain et au côté anesthésique. Pour rendre le fait plus frappant, j'ai souvent fait l'expérience. sui- vante : Je traversais un pli de la peau avec une épingle et, un peu plus loin, je prenais une autre épingle que j'enfonçais aussi dans ia peaué 22 Ces deux petites opérations ne provoquaient aucune réaction doulou- reuse, c’est à peine même si les malades se rendaient compte qu’on les touchait. Mais si je faisais passer l'électricité par les épingles, alors im- médiatement je provoquais une très-vive douleur qui, à 25 et même à 20 éléments, était encore intolérable, toujours le pôle négatif étant beaucoup plus douloureux que le pôle positif. Aïnsi, en comparant la réaction douloureuse aux courants continus appliqués d’une part au côté sain sur la peau, d'autre part au côté anes- thésié au-dessous du derme et sur le derme lui-même, on arrive à cette. sorte de paradoxe physiologique que la douleur est plus vive au côte . anesthésié qu’au côté sain. Mais le fait n’a rien de surprenant, car l'ai- guille électrique enfoncée dans la peau agit directement sur les nerfs, tandis que de l’autre côté les nerfs sont recouverts par la couche cornée . de l’épiderme. Il est facile de voir que la chaleur, dans les mêmes conditions, ne pro- voque aucune douleur. En enfonçant une aiguille d’argent, on peut chauffer le métal avec une lampe à alcool et voir que cette action ther- mique portée immédiatement sur les ramuscules nerveux du derme, | n’est aucunement douleureuse. Y a-t-il lieu de déclarer que les malades sont guéries, comme Du- chenne le dit formellement. Ce serait contraire, je crois, à la réalité des faits; car alors la piqûre de l'aiguille deviendrait douloureuse, ce qui n est pas, l’anesthésie aux excitants ordinaires étant tout aussi marquée à la fin qu'au commencement de l'expérience. Ces faits peuvent donc servir à élucider certaines questions de névro- logie dynamique sur lesquelles l’expérimentation animale ne peut guére donner de résultats satisfaisants. Nous voyons d’abord que dans ces hémianesthésies, ainsi que le pense M. Charcot, il n'y a pas de lésion anatomique des nerfs, puisqu'ils sont capables de transmettre aux centres nerveux la sensation électrique, et que leur intégrité anatomique semble indispensable pour qu’ils puissent ainsi entrer en jeu. Enfin nous voyons qu’un nerf peut, sous l’influence d’une perturba- tion fonctionnelle que nous ignorons encore, rester sensible à l’action de certains excitants, tels que l'électricité. C’est qu’en effet la douleurne réside pas dans le nerf, mais dans le systéme nerveux central; le nerf n'est qu’excitable, et nos expériences prouvent que dans certaines con- ditions pathologiques, l’excitabilité du nerf peut être modifiée, de ma- nière à ne pouvoir être mise en Jeu que par l’excitation électrique. La séance est levée à six heures un quart. 28 Séance du ?9 janvier 1876. M. Caarcor offre, au nom du docteur Topinard, son livre sur l’An- thropologie. | — M. LaBsorpe dépose sur le bureau la thèse de M. Yvon, intitulée . Examen clinique des urines. — M. Gousaux fait hommage à la Société de son mémoire sur le … Trou de Botal et le canal artériel, chez les animaux domestiques. — M. CouperEau présente un fœtus dont la tête a été écrasée entre deux tumeurs du placenta. J'ai l'honneur de présenter à la Société une pièce qui m'a paru digne d’attirer son attention. Une femme enceinte de quatre mois a fait une fausse couche. En examinant le fœtus, je remarque que la tête a subi une défor- mation bizarre. Elle est d’abord aplatie latéralement, suivant la direc- tion de la suture sagittale, Puis un second pli vertical, du côté gauche perpendiculairv au premier, s’est formé d’avant en arrière. Enfin, un troisième pli horizontal, n’intéressant que da partie antérieure, incline le sommet de le tête vers le côté gauche. Il en résulte une grande anfractuosité pyramidale où l’on remarque, dans le pli horizontal, l'œil gauche, et à la partie inférieure du pli ver- tical, l'oreille gauche. Du côté droit, le pariétal, que les plis précédents n’intéressent point, présente à sa partie antéro-supérieure une dépression également pyra- _ midale. Le cordon est atrophié à son extrémité ventrale. Le fœtus est mort et infitré d'une sérosité jaunâtre gélatiniforme. Sa mort me paraît de- voir être attribuée exclusivement à l’atrophie du cordon. Le placenta fut expulsé 36 heures après le fœtus. Il présente à sa face fœtale deux tumeurs pyramidales : l’une, plus petite, au centre; le cordon est inséré sur sa base. La seconde tumeur, peu éloignée de la première, se trouve près de la circonférence, sur un point qui était inséré près d’une des cornes utérines. Si on place la tête du fœtus entre ces deux tumeurs, on voit que la plus petite s'adapte très-exactement à la dépression qui occupe le pa- _ riétal droit. La grosse tumeur s’adapte également bien à l’anfractuosité qui est formée par tout le côté gauche de la tête, et celle-ci remplit exactement l’espace laissé libre entre les deux tumeurs. 24 Ï n’y a donc aucun doute sur le mécanisme qui a produit cette dé- formation chez le fœtus que je vous présente. Reste à examiner la nature des tumeurs du placenta, Avant de pro- céder à cette étude, jai pensé devoir vous présenter intactes les deux pièces, qui montrent d’une façon si claire et si probante le mécanisme de l’écrasement de la tête fœtale dans le cas dont il s’agit. J'aurai l'honneur de soumettre ultérieurement à la Société le résultat de l’examen qui sera fait des pièces qui sont l’objet de ma communica- tion actuelle. — M. Brown-SÉQUARD ne présentera aujourd’hui que le résultat de ses recherches sur l’anesthésie dans ses rapports avec la paralysie. M. Brown-Séquard déclare tout d'abord qu’il n’a jamais observé un seul cas de paralysie considérable, sans qu’il y ait eu du côté paralysé, anesthésie ou hypéresthésie ; quelquefois aresthésie en certains points et hyperesthésie dans d’autres : il a même pu constater dans les mêmes points l’anesthésie et l’hypéresthésie, Si on parle si peu des troubles de la sensibilité dans l’hémiplégie, c’est qu’on a fort peu cherché dans ce sens. Il convient d’ajouter de suite qu'il est rare que les lésions céré- brales déterminent seulement l’anesthésie. Depuis 25 ans, M. Brown-Séquard n’a réussi à réunir que 17 cas d’a- nesthésie sans paralysie à la suite d’une lésion cérébrale. Dans les cas de paralysie directe, il y à généralement anesthésie du côté paralysé. Dans le cas de Dompeling, il s’agit d’une altération considérable du bulbe qui avait détruit tout un côté : il y avait paralysie et anesthésie du côté correspondant. D'ailleurs, la science possède beaucoup de faits, moins décisifs sans doute, mais qui démontrent aussi qu'on peut trou ver l’anesthésie avec de la paralysie du côté correspondant à une lésion cérébrale. Les exemples ne manquent pas non plus où une anesthésie sans pa- salysie peut se développer sur les membres du même côté qu'une lé- sion cérébrale. Dans une observation d’Aus. Ollivier, sous l'influence d’un caïllot mi- grateur, une couche optique avait été profondément modifiée dans sa structure et s'était atrophiée : on ne constata que la perte de la sensi- bilité du côté correspondant à la lésion. Il existe une observation ana- logue d’Abercrombie : à l’autopsie d’un individu qui avait présenté une anesthésie complète du côté gauche sans trace de paralysie, on trouva un abcës du corps strié gauche : il existait d’ailleurs en même temps une trés-petite collection purulente dans le corps strié droit. Dans des cas de Nasse et de Mohr, une tumeur du cervelet avait produit une anes= thésie du petit doigt, d’autres parties du côté correspondant. 25 Dans une observation de Woodhouse, il est question d’une tumeur comprimant une moitié du pont de Varole et la partie correspondante du cervelet : on avait constaté une anesthésie du côté correspondant sans paralysie bien marquée. Ilexiste aussi une observation de Boudet, où l’anesthesie se montra des deux côtés et sans paralysie, à la manière des paralysies ascen- dantes : à l’autopsie, on trouva un kyste énorme qui comprimait l’hé- misphère gauche. En réunissant tous les faits analogues, on arrive à cette conclusion que l’anesthésie, comme la paralysie, peut se produire du côté de la lésion ou de l'autre, quels que soient le siége, la nature, l'étendue de la lésion. M. Caarcor ne peut admettre que les troubles de la sensibilité sur les membres paralysés soient aussi fréquents que le dit M. Brown-Sé- quard. Il serait d’ailleurs facile de se convaincre sur ce point. Il y a journellement à la Salpétrière 400 hémiplégiques ; qu’on les examine, et on saura s’il faut partager les opinions de M. Brown-Séquard. — M. Hawy, au nom de M. le professeur Quatrefages, demande à la Société de vouloir bien nommer une commission qui devra se mettre en rapport avec M. Tresca, président de la commission centrale chargée de répondre à l'invitation des organisateurs de l'Exposition de Kin- sington. M. CL. BERNARD propose à la Société la liste suivante : MM. Hamy, Ranvier et Morean. _— M. Mana fait la communication suivante : NOTE SUR LES ATTAQUES SPINALES ÉPILEPTIFORMES OU CONVULSIVES ET APOPLECTIFORMES, AVEC ÉLÉVATION DE TEMPÉRATURE, DANS CER- TAINS CAS DE PARALYSIE GÉNÉRALE. On sait que la lésion anatomique de la paralysie générale est une mé- ningo-encéphalite interstitielle diffuse, mais fréquemment le cerveau n’est pas seul intéressé et la moelle participant à l’altération devient le siége d’une méningo-myélite interstitielle diffuse. L’inflammation du cerveau, l’inflammation de la moelle, quoique étant deux faits connexes et de même nature, ne marchent pas toujours d’une façon parallèle et, si quelque- fois elles se développent simultanément, souvent, au contraire, elles ont une évolution différente ; tantôt, c’est le cerveau qui est atteint le pre- mier, d'autrefois c’est la moelle ; d’autre fois la lésion, restant station- naire dans l’une des deux parties de l’axe cérébro-spinal, continue son évolution dans l’autre partie, et cette marche différente du processus pathologique dans le cerveau ou dans la moelle, se traduit suivant les c. R. 1876. 4 26 cas par une prédominance marquée, soit des troubles cérébraux, soit des troubles médullaires. Ce qui se passe pour les symptômes habituels de la paralysie générale se produit également pour les symptômes ac- cidentels ou accessoires tel que less attaques épileptiformes ou apoplec- tiformes, c’est-à-dire que ces accidents relèvent, suivant les cas, de la moelle où du cerveau. Jusqu'ici, dans la paralysie générale, on s’est occupé uniquement des attaques apoplectiformes ou épileptiformes d’o- rigine cérébrale, et M. Hanot, en particulier, a eu l’occasion de signaler à la Société plusieurs cas de ce genre, qu'il a étudiés surtout au point de vue de la température, rapprochant, d’ailleurs, ses résultats thermomé- triques de ceux que M. Charcot avait fait connaître sur l’hémorrhagie et le ramollissement du cerveau. Je tiens aujourd’hui à attirer l'attention sur les attaques convulsives ou épileptiformes et apoplectiformes d’origine médullaire. Les attaques spinales convulsives peuvent, dans la para- lysie générale, affecter deux formes principales ; elles se traduisent par de la contracture ou bien par des secousses cloniques plus ou moins éten- dues ; les attaques apoplectiformes s’accompagnent d’engourdissements, de fourmillements et de faiblesse musculaire. Dans tous ces cas il y à élévation de température. Il est important de noter que pendant ces attaques spinales il ne survient aucune modification cérébrale ; l'intel- ligence, pendant et aprés les attaques, reste ce qu’elle était avant l'ap- parition des troubles accidentels. Paralysie générale, avec çontracture des extrémités, ‘8 ’accom- ‘pagnant d'une élévation de température d’un degré. 7 De : (José- phine), âgée de 32 ans, mécanicienne, entre à Säinte-Anne le 3 juin 1872. Cette malade, à antécédents alcooliques, présente ‘une l paralysie générale avec délire ambitieux, hallucinations et idées de persécution. Le 7 juin, quatre j jours aprés son entrée, B Dee (Josép hine) ne peut se lever ni se tenir debout, les membres sont contracturés, les mains et les pieds sont dans la flexion forcée, l'avant- bras est légèrement fléchi sur le bras; les muscles fléchisseurs, fortement contractés, forment une saillie en avant du bras et de l’avant-bras; les muscles du mollet sont durs et saillants; la pression est douloureuse sur toutes ces régions ;! la ‘flexion s’exagère par moments et s’accompagne de vives douleurs. La température rectale, avant l'attaque tétanique, donne 370 2/5, le pouls 76 pulsations par minute; pendant l'attaque, la température rectale s'élève à peu prés à 380 2/5, et le pouls donne 88 pulsations. La con- - tracture cesse au bout de six jours, laissant après elle quelques secousses irrégulières dans les doigts et les orteils, du tremblement des mains dans l’extension, un peu de faiblesse des jambes et une exagération des mouvements réflexes. La malade, pendant toute la durée de l'attaque, n’accuse aucune douleur à la tête, couserve le même délire ét nie pré- 27 sente aucun trouble intellectuel nouveau ; l’hésitation de la parole n’aug- mente pas, la pupille gauche reste, comme avant, plus large. PE Le juillet, il survient une deuxiéme attaque, moins intense que la premiére, d’une durée de trois jours, avec élévation de la température à 380. À partir de ce moment, il se produit, par intervalles, de petites secousses irrégulières dans les doigts, mais pas de contracture. 30 avril 4873. Contracture douloureuse des extrémités comme à la premiére attaque et, de plus, diarrhée avec rougeur et sécheresse de la langue. La température s'élève à 40° 1/5. Au bout de huit jours, la contracture cesse, la température s’abaisse, mais les membres inférieurs restent faibles et la marche chancelante. L’élévation de température dans cette dernière attaque est plus con- sidérable que dans les deux précédentes, en raison, sans doute, de la complication intestinale. Pendant les attaques, on a fait le long de la colonne vertébrale des badigeonnages avec de la teinture d’iode; la malade était, en outre, sou- mise, pendant et en dehors des attaques, à l’usage de l'iodure de paitse sium à la dose de 2 grammes par jour. Les cas de paralysie générale, avec convulsions cloniques dans les membres, sont plus fréquents, et la température rectale s'élève de un degré à un degré et demi. Chez une femme âgée de 41 ans, atteinte de paralysie générale avec idées hypochondriaques, qui présentait habi- tuellement une température de 370 2/5, 76 pulsations par minute et 20 respirations, après trois jours de secousses irrégulières dans les membres avec. mouvements spasmodiques des doigts, la tempéra- ture rectale s’est élevée à 399 1/5, le pouls à 116 et la respiration _à 34. Les attaques spinales apoplectiformes sont le plus souvent légères, elles s’accompagnent de fourmillements, d’engourdissement des mem- bres suivis de parésie passagère, la température s'accroît de deux à trois tinquièmes de degré. Les attaques graves sont, plus rares, et dans un cas, chez un homme de 50 ans, atteint de paralysie générale avec délire ambitieux, la température s’est élevée de 370 3/5 à 390, le pouls de 80 à 100 pulsations. Avec l’engourdissement et les fourmillements des membres, il était survenu assez brusquement une paralysie presque complète des jambes et une faiblesse très-grande des bras. L’intelli- gence était restée, pendant et après l'attaque, ce qu’elle était avant. Ces faits sont importants parce qu’ils mettent en saillie le rôle de la moelle, qu’ils sont une preuve de plus du caractère inflammatoire de la paralysie générale et qu’ils peuvent, enfin, devenir la source d'indica- tions thérapeutiques: 28 — M. ANDRÉ SansoN communique la note suivante : RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA RESPIRATION PULMONAIRE DES GRANDS MAMMIFÈRES DOMESTIQUES. M. Sanson présente un dispositif expérimental à l'aide duquel 1l à exécuté un grand nombre de recherches sur la respiration pulmonaire des grands animaux. Il s'était proposé de recueillir, pour le doser en poids, l'acide carbonique éliminé dans l’unité de temps, dans les cir- constances les plus diverses possibles d’individualité et de milieu, afin de déterminer les influences qui peuvent agir sur la fonction. Le prin- cipal était d’opérer dans des conditions qui fussent aussi voisines que . possible de l’état normal, dont les expérimentateurs qui l’ont précédé se sont tous écartés plus ou moins. M. Sanson croit y avoir réussi complé- tement en se servant du dispositif qu’il présente. sie | La pièce principale est une muselière dont la charpente en fer, recou- verte de caoutchouc, est munie de deux soupapes, l’une supérieure pour l'entrée de l'air atmosphérique, l’autre terminale pour la sortie du mé- lange gazeux venant des poumons. Le jeu de ces soupapes, construites par M. Galante, est tellement sensible et la section des orifices est telle, que, quand l'animal respire avec l’appareil, il n’a pas les mouvements du thorax sensiblement plus accélérés. Le rhythme de la respiration reste le même. L'auteur considère cette condition comme la plus importante, avec celle de puiser l'air directement et librement dans le milieu commun, pour étudier la fonction sans y introduire des causes. d'erreur. À l’orifice de sortie de la museliére s'ajoute à frottement un long tube de caoutchouc épais, d’une section un peu plus grande que la sienne et muni d’une armature en laiton. Par son autre extrémité, ce tube em brasse le goulot métallique d’un grand sac de caoutchouc, d’une capacité d'environ 200 litres, dans lequel il conduit le mélange gazeux sortant des poumons. La soupape de sortie s’ouvrant de dedans én dehors, né- cessairement, à chaque inspiration, elle clot hermétiquement l’orifice et: s'oppose ainsi au retour du mélange gazeux. En outre, les parois du sac sont assez minces pour n'opposer aucune résistance à l'envoi des gaz dans son intérieur. Le sac, séparé du tube conducteur et son goulot fermé avec un bou- chon de caoutchouc traversé par un petit tube à robinet, est porté au laboratoire pour le dosage. Celui-ci a toujours éte opéré en faisant absorber l'acide carbonique sec par la potasse à l’alcool en fragments, contenue dans des tubes en U. Le mélange gazeux passait finalement par un flacon témoin, contenant de l’eau de baryte. Plus de cent dosages ont été effectués ainsi. Les UD) ont porté 29 sur. 52 grands animaux de genres, de races et de variétés différents. Elles ont duré plus de deux ans, non-seulement pour avoir la plus grande variété possible de conditions, mais encore afin d’expérimenter les individus en période de croissance aux divers moments, de leur évolution. c M: Sanson ne peut pas songer à exposer en détail, devant la Société, les résultats des ses recherches. Ce sont des résultats numériques qui seraient fastidieux. Il demande la permission d’énoncer les propositions par lesquelles se résume la discussion complète à laquelle il les a soumis. Le mémoire contenant toutes les données de ses recherches s’imprime en ce moment pour paraître dans le JOURNAL DE LA PHY- sioLOGIE, de Ch. Robin. Voici ces propositions : 1: A poids vif égal, les équidés éliminent plus d’acide carbonique que les bovidés, dans l'unité de temps. ‘ 2. Dans chaque genre, les races, et, dans chaque race, we variétés de moindre poids ont une respiration plus active. Ces races et ces variétés sont celles qui ont relativement la plus grande surface pulmonaire. Chez les équidés, les chevaux de la variété anglaise de course.et leurs dérivés sont connus comme ayant des poumons plus volumineux et contenant, par unité de volume, plus d’alvéoles que ceux des chevaux des autres races de l’Europe occidentale, à poids égal du corps. Chez les bovidés, les recherches de Baudement, confirmées par tous les observateurs qui se sont occupés du sujet, ont établi que le poids des poumons diminue relativement au poids du corps, à mesure que les races. ou les variétés deviennent plus précoces ou que l’achèvement de leur squelette est moins tardif. Les sujets de ces races et de ces variétés, dont les pou-. mons ont moins de surface déployée, éliminent dans l’unité de temps une moindre quantité d'acide carbonique, relativement au poids de leur corps. 8. Les mâles ont Ja respiration plus active que les femelles. Il est connu aussi, qu'à poids égal, ils ont une capacité pulmonaire plus grande. 4. Les jeunes éliminent proportionnellement plus d’acide RE que les vieux. Il est connu également que le rhythme rerpiratoire varie avec l’âge et que le nombre des mouvements du thorax est plus grand chez les jeunes que chez les vieux, conséquemment que le mélange gazeux se renouvelle plus souvent dans leurs poumons. -5. L'alimentation, soit par sa quantité, soit par sa qualité, du mo- ment qu'elle est suffisante pour entretenir la santé, ne modifie en rien l'élimination de l'acide carbonique, contrairement a, ce qui a été avancé d'aprés des résultats d'expériences mal interprétés. 6, Les animaux travailleurs ou utilisés comme moteurs n A ts 30 au repos, pas plus d'acide carbonique, dans l’unité de temps, que ceux du même genre qui n’ont produit aucun travail extérieur. | 7. La température atmosphérique a une influence trés-nette sur l'éli- mination de l’acide carbonique. La quantité éliminée est directement. proportionnelle à son élévation. Contrairement à ce qui a été avancé, la respiration élimine d’autant moins d’acide carbonique que la tempéra- ture est plus basse. 8. La pression barométrique agit en sens inverse de la température. L'élimination diminue à mesure que la pression s'élève ; elle augrnente au contraire, à mesure que celle-ci s’abaisse. 9. L'influence de la température et celle de la pression agissant, en sens inverse, se compensent. Une température élevée et une basse pres sion équivalent à une basse température et une pression élevée, pourvu que les facteurs varient dans ies mêmes limites. | 10. L’élévation de la température et l’abaissement de la pression, agissant simultanément, additionnent leurs effets et portent l’élimina- tion de l’acide carbonique par les poumons à son maximum d'intensité. La conclusion qui résulte clairement de l’ensemble de ces proposi- tions, c’est que l’élimination de l’acide carbonique par les poumons est un phénomène purement physique, dépendant exclusivement des lois qui régissent la diffusion des gaz au travers d'une membrane perméable quelconque. En effet, les seules influences individuelles constatées se rapportent toutes à l'étendue des parois au travers desquelles s'opère la diffusion ou au renouvellement plus ou moins fréquent du mélange gazeux contenu dans les poumons. Les influences de milieu atmosphé- rique se raménent à une question de tension de ce milieu, fension qui est directement proportionnelle à la pression et inversement proportion- nelle à la température. Dans le phénomène, il y a donc une constante, qui est la tension du gaz contenu en dissolution dans le sang, et trois variables, qui sont la surface déployée de l’organe pulmonaire, la fréquence du renouvel- lement du melange gazeux en contact avec cette surface, et la tension de ce même mélange. Selon les lois physiques connues, la diffusion de l'acide carbonique de l’économie animale dans le milieu atmosphérique s'opère donc en fonctions des surfaces, de la composition et de la tension du milieu extérieur. Aucune autre circonstance ou condition détermi- nante n'intervient. Ce phénomène est ainsi purement et.simplement physique et mécanique, et il peut, par conséquent, être reproduit à l’aide d’un schéma dans le laboratoire. Les conséquences pratiques qu’entraîne la connaissance du fait sont faciles à saisir. M. Sanson ne croit pas nécessaire de les indiquer ; il à voulu seulement s’en tenir à la question physiologique, et il remercie, 34 ‘en‘terminarit, la Société de la bienveillante attention qu’elle a prêtée à ‘sa communication. | M. Gousaux rappelle à ce sujet que Lassaigne avait fait des recher- ches dans la même direction, mais son procédé était des plus défec- tueux : l'animal était maintenu dans une box et on analysait ensuite l'air contenu dans cet espace dont on ne connaissait pas exactement la capacité ; d’autre part, le volume de l'animal avait été déterminé très- arbitrairement. Depuis longtemps, M. Goubaux à critiqué dans ses cours les résultats des expériences de Lassaigne. Il avait formé le projet qui, d’ailleurs, n’a jamais été exécuté, de modifier le procédé de la façon suivante : Il aurait enfermé l’animal dans une enceinte à parois parfaitement rectilignes de telle sorte qu’on aurait pu en calculer exactement la capa- cité. | Quant au volume exact de l’animal en expérience, il l'aurait facile- ment déterminé en noyant cet animal dans une cuve. M. Goubaux est d’avis que, grâce à son appareil, M. Sanson s’est placé dans les meilleures conditions pour obtenir des résultats dignes de tout crédit. . — M. Poxcer présente une observation de traumatisme de l'œil. “(Voir aux MÉMOIRES.) — M. RaymonD communique le travail suivant : NOTE SUR LES ARTHROPATHIES DE L'ATATIE LOCOMOTRICE. Depuis que M. Charcot a appelé l'attention sur les arthropathies qui se développent quelquefois dans le cours de l’ataxie locomotrice, les faits se sont considérablement multipliés. J'ai eu occasion, l’année dernière, à la Salpétrière, d'observer sept femmes ataxiques, atteintes de ces lésions ; sur ces sept femmes, quatre ont succombé ; les os des deux premières malades vous ont été présentés ; j’apporte ceux des deux autres. La première malade s'appelait L..., elle était âgée de 52 ans. Son observation est consignée tout au long dans la thèse d’agrégation de M. Blum. Elle eut les premières douleurs fulgurantes, il y a vingt ans ; l’ataxie de mouvement survint quelques années après. Il y a deux ans et demi, ‘arthropathie du genou droit ; cette arthropathie s’est développée, et a évolué comme se développent et évoluent ces maladies spéciales aux ar- ticulations des tabétiques, c’est-à-dire sans douleurs, sans modification de coloration, sans empâtement dela peau, etc. Au bout de six mois, nouvelle arthropathie de l'épaule gauche ; à quelque temps de là, L..., 32 voulant faire un mouvement dans son lit, se luxa l’épaule. Il fautajou- ter que ces luxations ne sont point rares, et qu’elles surviennent sans que les malades en souffrent ; d’ailleurs, elles peuvent marcher, malgré l’altération articulaire, tout comme auparavant. Au mois d'août dernier, la malade, qui était retournée dans son dor- toir, rentra de nouveau à l’infirmerie ; elle présentait un gonflement phlegmoneux du genou et de l'épaule, du côté droit, avec une fièvre trés- vive. Au bout de trois jours, elle mourut. Il faut ajouter que L... était un peu anesthésique des membres inférieurs, et qu’elle avait une ataxie du mouvement très-prononcée; aussi,comme_elle le ditelle-même, elle s’est frappée violemment contre un mur, sans s’en apercevoir, ou, tout au moins sans en ressentir immédiatement d'impression doulou- reuse. | Les articulations (genou et épaule gauches) étaient, à l’autopsie, rem- plies de pus sanieux, lie de vin très-abondant. La présence du pus, en pareil cas, est un fait exceptionnel ; M. Bouveret en à communiqué un bel exemple à la Société anatomique. Voici, maintenant, les os des articulations malades. Tous sont at- teints d’un même processus, et, ce processus, on peut le caractériser d’un mot : c’est un processus d’atrophie, de destruction. Les os se sont usés, par frottement réciproque, et l'usure porte surtout sur les parties saillantes ; ainsi la tête de l’humérus, le trochiter, le trochin ont disparu ; il ne reste qu'une extrémité effilée, absolument méconnaissa- ble ; mêmes modifications du côté du fémur, des tibias, de la cavité glénoïde du scapulum ; le rebord saillant de cette cavité a complétement disparu. Cette destruction des parties saïllantes n'est point accompa- gnée de productions nouvelles ; ce n’est pas comme dans l’arthrite sèche, où des ostéophytes nombreux sont formés ; d’ailleurs, dans cette dernière maladie jamais les os ne perdent leur forme, par la disparition de leurs parties saillantes, d’une façon aussi accentuée ; j'en dirai au- tant des fractures anciennes intra-capsulaires ; on retrouve toujours la tête du fémur, même quand la fracture dure depuis quarante ans; on voit plusieurs cas de ce genre, chaque année, à la Salpêtriére. Je rappellerai encore que dans ces arthropathies, les ligaments ont pour la plupart disparu ; ils sont remplacés par du tissu cellulaire épaissi formant une sorte de manchon fibreux autour de l'articulation. Les muscles sont atrophiés, tout au moins ceux qui se trouvent en con- tact direct avec les os, ils sont fibreux, à leur face profonde, et çà et là, par place, See Je puis, grâce à l’obligeance de mon collègue, M. Pitres, l'interne ac- tuel de M. Charcot, mettre sous les nee de la Société un échantillon du liquide contenu dans ces articulations à la première période de l'évolu- .33 tion de la maladie, alors que, comme l’a fait voir M. Charcot, le gonfle- ment est énorme, toutefois sans réaction inflammatoire, ni du côté de la peau, ni du côté de l'articulation. Ce liquide est de la sérosité rougeâtre, teinté par quelques globules sanguins qu'on retrouve facilement au microscope ; il existe, en outre, des globules blancs, mais en três-petite quantité et quelques cristaux d’hématoïdine. Cette sérosité est liquide; traitée par l’acide azotique et la chaleur, elle donne un précipité abondant d’albumine. La femme L... a été l’objet d’une communication antérieure de M. Charcot ; elle avait, en effet, des phénomènes de {abes du côté de la face ; ces phénomènes ont été bien décrits, comme anomalie de l’ataxie locomotrice, dans ces derniers temps, par M. Pierret. Consécutivement, il s’est produit une atrophie d’une moitié de laïangue ; j'aurai ultérieu- rement, lorsque l’examen du bulbe sera terminé, à compléter cette com- -munication à ce point de vue. La deuxième femme avait nom C..., elle était classique à la Salpé- trière et M. Charcot l’a souvent présentée dans ses cours ; son observa- tion est dans les ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, et dans la Thése de M. Fo- restier. Elle présentait, au point de vue de son système osseux et de ses arti- culations, deux ordres de lésions ; les lésions articulaires, portant sur les deux articulations coxo-fémorales sont absolument semblables à celles que je viens de décrire ; je n’y insisterai pas ; je ferai simplement re- marquer que le fémur gauche a 19 centimètres, tandis que celui du côté droit en a 40, plus du double. M. Charcot explique cette particularité ainsi : la malade s’est fracturé le fémur, le fragment supérieur s’est usé sur le fragment inférieur et, à un moment donné, lorsque la perte de substance à été considérable, les deux fragments se sont soudés, comme le montre le cal qui les unit. La particularité intéressante de l’histoire de cette ataxique est celle qui se rapporte aux fractures spontanées ; en faisant le moindre mouve- ment dans son lit, elle se fracturait les os, tantôt l’un, tantôt l’autre ; dans les derniers temps de sa vie, elle avait des craquements mani- festes dans la partie inférieure de la région cervicale de la colonne ver- tébrale. Toutes ces fractures se sont consolidées à l’aide d’un cal volumineux, exubérant , solide ; à l’un des avant-bras, il a soudé ensemble le cubi- tus et le radius ; toutes, elles occupent les lieux d’élection pour les frac- tures ; elles siégent sur les deux scapulums, dans les zones sous-épi- neuses ; le trait de fracture est parallèle à l’épine de l’omoplate ; il y en a d’ os sur les deux avaut-bras, les deux férurs, la colonne ver- tébrale, c. R. 1876. ) 34 Je puis encore signaler la particularité suivante : lorsqu? on exerce une pression un peu forte sur la face externe ou la face interne de l’ex- trémité inférieure de chacun des fémurs, on voit que le tissu osseux est un peu ramolli ; il cède sous le doigt assez facilement. Le processus qui ‘a déterminé cette modification du tissu osseux n’est point comparable à celui de l’ostéomalacie, et il ne faut pas songer à cette maladie pour expliquer les fractures spontanées ; en effet, les côtes ne sont pas frac- turées, et le ramollissement de l’extrémité inférieure du fémur n’existe que là. J'aurai, du reste, à compléter aussi cette observation , en don- _nant l'analyse histologique de ce tissu osseux et le résultat de l’examen de la moelle, relativement à certaines particularités des cornes anté- rieures déjà signalées par MM. Charcot et Joffroy. — M. FéRÉ fait la communication suivante : : NOTE SUR QUELQUES-UNES DES CONDITIONS QUI PEUVENT FAIRE VARIER LA POSITION LU SILLON DE ROLANDO. Dans une récente note sur la topographie du cerveau, j'ai surtout insisté sur les rapports du sillon de Rolando, et mes résultats, tirés de l’examen de 62 sujets, concordent assez avec ceux de MM. Broca et Heftler, pour qu'on puisse les considérer comme se rApproGHAnE beaucoup de la réalité. J'ai dû indiquer cependant la possibilité, à l” état normal, de quelques variations de peu d'importance, si on tient compte des dimensions du cerveau. Je désirerais appeler aujourd’hui l'atlention sur quelques des conditions très-diverses dans lesquelles ces variations peuvent s'exa- gérer. On peut les diviser en deux groupes. . À. — Dans le premier groupe, on trouve, dans les proportions rela- tives des diverses régions du cerveau, des changements qui peuvent être rapportés à plusieurs causes : Art 19 Il peut exister un arrêt de développement pour ainsi dire congé- nital des lobes antérieurs du cerveau trahi par l'avancement du sillon de Rolando qui se rapproche de l'extrémité antérieure. C’est ce que j'ai pu voir sur deux idiotes épileptiques du service de M. Charcot. Les extrémités postérieures des deux sillons de Rolando étaient uniforme- ment rapprochées du bregma : chez l’une, elles n’étaient plus qu'à 32 millimètres en arrière ; chez l’autre, à 30 seulement ; elles étaient donc avancées d’un centimètre et demi environ, puisque nous avons dit que, chez la femme, cette extrémité postérieure est en moyenne à 45 millimètres en arrière du bregma. Chez ces deux sujets, la position de l’extrémité externe du sillon de Rolando ne différait pas notablement de l’étatnormal. (La longueur totale du cerveau était de 458 millimé- tres chez le premier, de 460 chez le deuxième.) 39 Sans vouloir établir une relation de cause à effet entre la diminution, relative du volume de lobes antérieurs du cerveau avec l’idiotie, je dois signaler la coïncidence. 29 Dans d’autres cas, on peut observer un arrêt de développement secondaire, sous l’influence du défaut de fonctionnement, lorsque, par exemple, un membre a été amputé depuis longtemps. Ainsi, chez une femme de 42 ans, aussi du service de M. Charcot, qui avait subi à l’âge de 5 ans l'amputation du bras gauche, on a trouvé l'extrémité postérieure du sillon de Rollando avancée à droite de 5 mil- limètres. Ce cas peut être rapproché de ceux qui ont fait le sujet d’une récente communication de M. Luys à la Société de Biologie. Il n’était guère possible de spécifier sur qnelle circonvolution portait l’atrophie ; mais la mensuration permet d'affirmer qu’elle existait. 3° Le sillon de Rolando peut encore changer de position quand il existe une lésion destructive ancienne de la convexité du cerveau. Chez une épileptique qui présentait depuis plusieurs années une con- tracture des membres du côté gauche ; nous avons trouvé à l’autopsie une lésion ancienne et étendue de Ja convexité du lobe frontal droit, avec destruction à peu près complète de la couche grise corticale et de la masse blanche sous-jacente ; à ce niveau, la paroi supérieure du ventri- cule n’était plus séparée de la convexité du cerveau que par une épais- seur de 3 ou 4 millimètres. L’extrémité postérieure du sillon de Ro- lando était avancée de ce côté de 18 millimètres. B. — Dans le second groupe, les changements de rapports du sillon de Rolando dépendent de dispositions particulières du crâne. 1° Lorsque la boîte crânienne présente des déformations artificielles, telles que celles qui sont produits par le bandeau des Toulousains qui allonge la tête en empêchant le développement du front, le silion de Rolando peut-être reculé dans son extrémité postérieure de 10 à 145 millimètres (Broca : Vote sur la déformation toulousaine du crâne ; Buzr. Soc. ANTHRoP., 1871, p. 14). Il est vraisemblable qu'on retrouverait la même disposition dans les autres pays, tels que les Deux-Sèvres et la Seine-Inférieure où les mé- decins aliénistes ont signalé aussi ces déformations. 29 Lorsque la suture métopique ou médio-frontale reste perméable jusqu’à un âge avancé, les lobes frontaux peuvent continuer à s’accroître en avant plutôt qu’en arrière, et duns ces cas les sillons de Rolando peuvent être rapprochés uniformément du Bregma. C’est ce que j’ai vu récemment sur un sujet mort dans le service de M. Berthier, à Bicé- tre. Cet individu, âgé de 68 ans, était entré à l’hospice, il y a deux ans, au début d’une paralysie générale et il est mort de pneumonie, Outre les lésions propres à ces deux affections, j'ai trouvé, à l’autopsie, uné % suture médio-frontale encore très-apparente et l’extrémité postérieure du sillon de Rolando à 38 millimètres seulement en arrière du bregma, ! c’est-à-dire avancé d’environ 1 centimètre. Pourrait-on accuser la pé-* riencéphalite d’avoir amené ce changement de rapports ? (Longueur to- tale du cerveau : 162 millimètres). ; Je dois dire cependant que je n'ai pas trouvé cette disposition sur’ tous les crânes qui présentent une persistance de la suture métopique. Dans tous ces cas, l’exploration par le procédé des chevilles paraît ne devoir être que difficilement suppléé par les moulages. Si on admet que: dans un certain nombre de cas, les circonvolutions laissent sur la face interne du crâne des impressions reconnaissables, on ne peut pas nier: que quelquefois au moins ces empreintes ne soient trompeuses, puis-. qu’elles on fait commettre à un observateur comme Gratiolet une: erreur qui n’a été relevée que par les chevilles de M. Broca. Ii n’y a pas, en effet, que les circonvolutions qui puissent marquer leur trace sur les os de la voûte, il y a aussi des vaisseaux et des pa- quets de granulations qui, hcez le vieillard, peuvent user le squelette: jusqu’à perforation et masquer singuliérement le trajet des sillons. Le procédé que nous employons a, en outre, cet avantage qu'il suffit de quelques minutes pour le mettre en pratique. — La séance est levée à six heures. a nes COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Par M. V. HANOT, SECRÉTAIRE. PHÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du à février 1876. M. LÉPINE communique le fait d’une femme atteinte de maladie de Bright, apportée à l'hôpital dans le coma. Il existait chez elle une légère parésie, avec contracture des membres du côté gauche, une rotation de la face à gauche, sans déviation conjuguée des yeux, pas de troubles de la sensibilité, une trés-légère élévation de la température dans la paume de la main gauche; abaissement de la commissure labiale gauche. , A l’autopsie, foyer hémorrhagique de la dimension de la moitié d’une lentille dans l’étage moyen de la protubérance, à droite, près de la ligne médiane. M. Lépine insiste sur la rareté des observations de lésion de la protubérance avec déviation de la tête du côté de la paralysie des membres ; il fait remarquer que les signes classiques des lésions de la protubérance faisaient défaut, ce qui s'explique par le siége et la peti- tesse du foyer. Ainsi il ne pouvait exister, dans ce cas, une paralysie alterne, car la lésion était située dans le prolongement des pyramides et près de la lignée médiane, La lésion étant éloignée du bord antérieur 38 et du bord postérieur de la protubérance ne pouvait intéresser les fibres du moteur oculaire commun ou du moteur interne. Le coma ne doit pas être rapporté à la lésion de la protubérance, mais bien à de l’urémie, Ilest à noter que la température de la malade prise dans le vagin était normale. Relativement à la pathogénie de la lésion, M. Lépine dit n’avoir pu trouver dans ce cas d’anévrysme miliaire. On sait qu’ils ont également paru faire défaut dans quelques autres observations d’hémorrhagie cé- rébrale chez des Brightiques. Il insiste sur l’état très-athéromateux des artères de la protubérance ; les tuniques de plusieurs d’entre elles étaient chargées de granulations calcaires. —M. Brown-SéquarD s’occupera particulièrement, dans cette séance, : des convulsions qui se produisent du même côté que la lésion encépha- lique. Ces faits, connus depuis longtemps, avaient attiré l'attention des médecins, et on s'était demandé si, en outre de Ja lésion principale, il n'existait pas quelque autre lésion dans l'hémisphère opposé, lésion qui aurait passé inaperçue. Pour rendre compte de ces convulsions, Lallemand admettait qu’il s'était développé sur l'hémisphère opposé, soit une méningite, soit une inflammation de la membrane intraventriculaire. M. Brown-Séquard a aussi subordonné pendant longtemps les con- vulsions à l’irritation des membranes encéphaliques ; mais il s’est con- vaincu, depuis, que ce n’est pas là, tant s’en faut, la seule et unique cause. Dans beaucoup d’autopsies, on ne trouve point trace de ménin- gite, et cependant les convulsions avaient été très-accusées. Il est donc inutile de discuter longuement la théorie de Lallemand. D'ailleurs, M. Brown-Séquard présente les résumés de 33 observa- tions où des lésions cérébrales, quelle qu’ait été leur nature, quel qu “ait été leur siége, ont produit des convulsions du côté correspondant. Ces observations montrent également que ce sont surtout les lésions de l’hémisphère droit qui déterminent des convulsions du côté corres- pondant. M. CHarcor demande de quelles espèces de convulsions il s’agit dans ces diverses observations. M. Brown-Séquarp avoue que plusieurs auteurs ont été peu précis dans la description des phénomènes convulsifs. M. Cuarcor trouve que ces observations sont vagues, non-seulement au point de vue clinique, mais encore au point de vue anatomo-patho- logique. Û l M. Brown- SÉQUARD fait remarquer que, Si plusieurs auteurs ont man- qué de précision, il en est d’autres à qui ce reproche ne peut être adréssé ; ainsi M. Poumeau à puisé dans le service de M. Charcot les éléments de son excellente thése. Quoi qu’il en soit, à côté des faits de lésion cérébrale avec convulsions du côté correspondant, il en existe un trés-grand nombre d’autres, où les convulsions éclatent du côté opposé. Ce sont les faits vulgaires, et il n’est point besoin d’y insister. On peut dire que lorsqw’il s’agit de con- vulsions dues à une lésion encéphalique il n’est pas une partie, portant un nom, dans l’encéphale, qui ne puisse être trouvée lésée. Or, comment concilier ce résultat de l’observation avec la théorie des centres moteurs émise par M. Huglinghs Jackson, l’ancien assistant à Londres de M. Brown-Séquard. Comment concilier cette théorie avec ces cas, qui sont, pour ainsi dire la régle où une lésion cérébrale s’accompagne de convulsions des deux côtés du corps? Et puis, quand une lésion cérébrale détermine des con- vulsions unilatérales, ces convulsions siégent habituellement du même côté que les lésions, si ce n’est pourtant quand il s’agit de tumeur; alors les convulsions apparaissent de préférence dans le côté opposé. * Le chapitre des convulsions de la face prête de nouvelles armes contre la théorie de M. Huglinghs Jackson. Une lésion limitée de l’en- céphale peut déterminer des convulsions soit du côté correspondant, soit du côté opposé, soit des deux côtés. M. Brown-Séquard cite quel- ques exemples : : Les convulsions de la face peuvent s’accompagner d’autres convul- sions, et alors il y a des variétés quant au groupement des muscles con- vulsés. Ainsi, il y a des convulsions alternes; d’autres fois les convul- sions s’observeront en même temps, soit sur les membres inférieurs, soit encore, et plus souvent, sur les membres supérieurs. En réalité, c'est pour ces mouvements convulsifs déterminés par une lésion céré- brale la même variabilité que pour les convulsions dues à un vers in- testinal. | D'ailleurs, tout ce qui vient d’tre dit à6 propos des convulsions peut être répété pour les autres modes de modification du mouvement; par exemple : la contracture, la catalepsie qui peuvent siéger du même côté que la lésion. Il en est de même pour l’hémichorée, le tournoiement. M. Leven a déjà fait remarquer que le tournoiement peut se pro- duire aussi bien du même côté de la lésion que du côté opposé. Pour la déviation conjuguée de la tête et des yeux, la règle reste telle que l’a posée M. Prévost, c’est-à-dire que la face regarde du côté de la lésion. Ainsi, ce qui est vrai pour l’aphasie et les paralysies est vrai pour les contractures, est vrai aussi pour l’amaurose ; c’est toujours la même in- dépendance des troubles fonctionnels à l'égard du siége de la lésion. M. Brown-Séquard reviendra sur l’amaurose, qui fournit des arou- 40 -ments moins discutables, parce qu'elle se prête mieux à l'observation clinique et à l’expérimentation. M. Brown-Séquard demande ia permission d'exposer maintenant, en quelques mots, les principes de physiologie qui, pour lui, ressortent de tous ces faits et les expliquent : ilse demande s’il n'aurait pas dû com- mencer par là. Dans une conférence qu’il fit, il y a quelques années, à l'Ecole normale, chez M. Deville, en présence de plusieurs savants, M. Brown-Séquard s'était déjà élevé contre cette opinion, qui suppose des conducteurs allant directement des organes de la volonté aux mus- cles, et il s’efforçait de démontrer qu’un seul conducteur, entre le centre et le côté JE pourra suffire pour le plus grand nombre des fonc- tions. Les ordres de la volonté ne se transmettent pas directement aux muscles ; ils sont transmis aux cellules de la moëlle, véritables cellules d'arrivée, qui se mettént ensuite en rapport avec les muscles. C’est le même mécanisme, en sens inverse, bien entendu, que pour la trans- rission des impressions sensibles. Ce seul fait que la destruction d’un grand nombre de conducteurs, dans le bulbe, par exemple, peut n’entraîner que fort peu de modifica- tions, montre bien que la théorie du clavier, imaginée par Laroche et Muller, est sans fondements. Le schéma du système nerveux ne doit donc pas être représenté par un clavier, mais par un télégraphe. M. Brown-Séquard termine par le résumé suivant : 19 Il n’est pas besoin d’un grand nombre de conducteurs entre l’en- céphale et la moëlle : un três-petit nombre de ces conducteurs suffit parfaitement. .29 Primitivement, chacune des moitiés de l’encéphale suffit à toutes Fe fonctions, mais il faut tenir compte de l'éducation, qui développe, surtout dans l’hémisphère gauche, les cellules qui servent à l'expression de la pensée par la parole, par le geste, par l'écriture. De telle sorte, qu’à un moment donné, seule, la moitié gauche de l’encéphale peut suffire à toutes les fonctions. Toutefois, les cellules trophiques parais- sent surtout développées à droite. 39 Pour ce qui est des localisations, et il y a des localisations, les cel- lules affectées aux différentes fonctions ne sont pas agencées par groupes distincts, elles sont disséminées dans tout l'hémisphère. Ainsi, par exemple, les cellules de l’expression de la pensée par la parole sont dis- séminées dans tout l’hémisphère gauche. Il en est de même pour les cellules motrices, et on s'explique ainsi les résultats de la fameuse ex- périence de, Flourens qui, enlevant un hémisphére petit à petit, par 41 morceaux, ne vit les mouvements s’affaiblir que lorsque la presque totalité de l'hémisphère avait déjà été enlevée. 49 Les parties qui servent. de conducteurs entre le cerveau et la moëlle sont capables, lorsqu'elles sont excitées de déterminer des phé- nomènes d'’irritation à distance et des phénomènes d'arrêt qui se tra- duisent par divers symptômes : paralysies, convulsions, contrac- tures, etc. Il n'y a pas de centres convulsivants, mais il y a un état convulsi- vant des fibres et des cellules déterminé par une irritation partie d’une lésion située dans tel ou tel point. M. Onmmus rappelle ce que M. Brown-Séquard vient de dire à propos des mouvements volontaires, qui ne seraient qu’affaiblis à la suite de l’ablation d’un hémisphére. M. Onimus va plus loin et déclare que jamais les mouvements ne sont plus nets que lorsque le cerveau a été enlevé. Il s’aoit, bien entendu, de mouvements automatiques, car alors les animaux ne peuvent plus vouloir le mouvement. Quand on a pratiqué l'opération sur une grenouille, on peut prédire les mouvements qu’elle va faire quand on lui donne telle ou telle posi- tion ; on dirait de véritables grenouilles savantes. Après la même opération, les canards continuent à se lisser les plumes, à placer la tête sous leur aile. Cela ne s’observe d’ailleurs que chez les canards adultes. Toutefois, M. Onimus a vu se produire des mouvements instinctifs propres aux canards, chez des canards élevés par des poules, comme si l’hérédité avait joué le rôle de l’imitation, M. CnarcoT fait remarquer que les faits signalés par M. Onimus montrent combien ce qui s’observe chez les animaux relativement in- férieurs diffère de ce qui s’observe chez l’homme. Chez les lapins et chez les oiseaux le morceliement du cerveau donne lieu à des résultats fort dissemblables. Il faut donc de toute nécessité tenir compte de l’es- pèce. Pour ce qui est de la pathologie cérébrale des animaux, elle est fort peu avancée et ne peut fournir non plus des documents utiles. D'autre part, au point de vue anatomique, on sait que les cerveaux des animaux peu éloignés de l'homme ont une disposition des parties déjà bien spéciale ; il en est ainsi du cerveau du chien, par exemple. Il ne faut donc faire intervenir qu’avec les plus grandes réserves le cerveau des animaux dans l'étude du cerveau de l’homme. M, Charcot ira bien jusqu’au singe, mais pas au-dessous. M. Brown-SéquarD pense sur ce point cornme M. Charcot et conti- nuera à s'appuyer, dans la discussion, sur des faits cliniques. M: Onimus à vu chez l'homme des mouvements automatiques analo- gues à ceux dont il parlait tout à l’heure à propos des animaux, c. R. 1876. 6 42 Une première observation a trait à un malade atteint de ramollisse- ment cérébral : il suffisait de placer un chapeau devant lui pour qu'il le priît, le placât sur sa tête et saluât. On pouvait lui faire recommencer dix fois de suite le même manéce. Un autre malade, qui avait eu trois attaques d’hémorrhagie cérébrale, ne pouvait fermer la main saine sans qu’un mouvement analogue se produisit dans la main paralysée. — M. BourNevizce présente une observation d’épilepsie partielle. M. Cuarcor regrette que M. Brown-Séquard ait quitté la séance, car l’observation de M. Bourneville est trés-significative. L’atrophie céré- brale infantile qui se remarque sur la pièce présentée par M. Bourne- ville (atrophie dont Ja pathogénie n’est pas faite) avait entraîné l’en- semble de phénomènes auxquels M. Charcot donne volontiers le nom d’épilepsie de Jackson. Ce sont des secousses épileptiforimes qui penvent rester localisées à un côté de la face, et au bras correspondant, de telle sorte que le malade assiste à cette attaque sans perte de connaissance. L'attaque, il est vrai, peut se généraliser à tous les muscles, et même, plus tard, s’accompasner de perte de connaissance. Mais, même alors, l'épilepsie Jacksonienne diffère encore de l’épilepsie vulgaire en ce qu'elle est susceptible, comme on vient de le voir, d’une sorte de dis- section. Tenant compte des travaux de MM. Hitzig et Férier, M. Jack- son s’est demandé si cet ensemble symptomatique répondait à un siége spécial de la lésion, et il a bientôt répondu par l'affirmation. Dans les ‘cas que M. Charcot a pu examiner, dans ceux que M. Pitres a présentés à la Société, comme dans celui de M. Bourneville, la lésion a toujours affecté la région déterminée qui comprend les circonvolutions frontale et pariétale ascendantes, et la partie la plus postérieure des lobes fron- taux et antérieure des pariétaux. Et, en pareille circonstance, il ne se produit pas seulement des trou- bles fonctionnels ; la lésion corticale, ainsi placée, peut être le point de départ, comme dans le cas de M. Bourneville, de dégénrescences secon- daires suivant toujours les mêmes points : la capsule interne, la protu- bérance, et, de l’autre côté, la pyramide antérieure et le faisceau Jatéral. Que M. Brown-Séquard montre donc un seul cas de lésion corticale du lobe sphéroïdale ou du lobe occipital qui ait produit une dégénéres- cence secondaire. Turck avait déjà remarqué que certaines lésions corticales peuvent s'accompagner de dégénérescence secondaire. Cette dounée était bien vague. M. Charcot est arrivé à des résultats plus précis par l'étude des plaques jaunes, sortes de dépressions, teinte jaune cuir, qui se pré- 3 sentent à la surface des hémisphères et qui, avec les vaisseaux qui les recouvrent, représentent assez bien le dessin d’un jaune recouvert par les vaisseaux allantoïdiens. Depuis longtemps, M. Charcot a recueilli des observations où des dessins représentent exactement la position de ces taches jaunes. Eh bien! qu’elles siégent sur les circonvolutions occipitales, sphéroï- dales, etc., elles ne s’accompagneront jamais de dégénérescence secon- daire ; mais si une éache jaune siége dans la région qui a été signalée, alors, et alors seulement, elle produira la dégénérescence secondaire, suivant toujours le même trajet. — M. Harpy fait, en commun avec M. GaziPre, la communication suivante : ACTION DU CHLORE SUR LES ALCOOLS PROPYLIQUE, BUTILIQUE ET AMYLIQUE. Le chlore attaque les alcools propylique, butilique, amylique, avec une grande rapidité. Avec l'alcool butilique, 1l donne un liquide fumant à l'air; ce liquide, distillé sur l’acide sulfurique, fournit une substance cristallisée, dont la composition centésimale s'accorde avec celle d'une combinaison d’alcool butilique et de chloral butilique. Les alcools pro- pylique et amylique produisent des combinaisons semblables. L'expérience suivante rendit compte de cette réaction. On plaça dans un matras de l’hydrate de chlore, et dans un autre ballon, qui y était soudé à l’aide d'un tube recourbé, les alcools mis en expériences. En décomposant l’hydrate par la chaleur, le chlore se dégagea et vint réagir sous pression sur les divers alcools. On obtint, comme produit de la réaction du chloral, de l’alcool uni à un molécule d’alcool, l’éther chlorhydrique de ces mêmes alcools, de l'eau et de l'acide chlorhy- drique. — La séance est levée à six heures. Séance du 12 février 1876. M. PrAT communique la note suivante : ÉTUDES SUR QUELQUES ALBUMINOÏDES. Notre recherche s’est portée sur la fibrine, les muscles et le gluten. Tous ces albuminoïdes ont des caractères communs qui peuvent les faire distinguer de tout autre corps non dérive de l’albumine. Tous peuvent être transformés en liquides albumineux précipitables par l'acide azotique et coagulables par la chaleur. L4 Desséchés de 40 à 45 degrés, ils donnent des albumines desséchées qui sont solubles et qui ne se distinguent pas de l’albumine ordinaire. Mais tous ont un caractère particulier qui n'appartient pas à l'albu= mine, mais seulement à ses dérivés provenant d’un dédoublement. Tous ces liquides albumineux précipités par l’aride azotique, conte- nant des vapeurs rutilantes (monohydraté) produisent une belle colora- tion rose. La paraglobuline et certains tissus de l’économie, comme le foie, le pancréas, donnent aussi la même coloration lorsqu'ils ont été soumis au dédoublement. Nous nous proposons de faire l'étude du dé- doublement de ces albuminoïdes, sous le rapport quantitatif, car ils nous ont offert des phénomènes qui nous‘paraissent d’un grand intérêt. Transformation des albuminoïdes en albumine. — Si l'on prend de la fibrine lavée et bien blanche, qu’on la divise en parties ténues et qu'après l'avoir fait dessécher pendant douze à vingt-qua- tre heures à une température qui ne dépasse pas 40 à 45 degrés, on la mette en contact pendant vingt-quatre heures avec de l’eau distillée au 14/5000 de soude, c’est-à-dire Ogr.2 par litre, qu'on la place ensuite dans une étuve chauffée de 25 à 40 degrés, au bout de quelques jours il s’est produit un dédoublement et la fibrine s’est transformée en albu- mine. Ordinairement, il y a un reste de matière non dissoute ; il faut la faire dessécher à 45 degrés et la mettre en contact avec de l’eau à 1 /5000 de soude, on aura alors toute la fibrine transformée en un liquide albu= mineux qu’on pourra faire dessécher dans un vase plat pour avoir l’albu- mine desséchée. Si l’on fait bouillir le liquide albumineux de la fibrine pour se débar- rasser de l’albumine, le liquide filtré aura conservé la propriété de don- ner la coloration rose par l'acide azotique monohydraté. — M. LépiNx communique les principaux résultats de recherches qu’il a faites, en commun avec deux de ses élèves, MM. Germont et Schlemmer, sur la numération des globules rouges chez l'enfant nouveau-nE. Le procédé employé a été celui de M. Hayem. Le sang était retiré par piqûre de la plante du pied. Dans les vingt-quatre heures qui suivent la naissance, le nombre des globules contenus dans 1 millimètre cube de sang augmente d’une façon très-notable ; de cinq millions et quelques centaines de mille, il arrive au chiffre de six millions qu’il dépasse presque toujours. Puis, à par- tir du deuxième jour de la naissance, le nombre des globules diminue chaque jour d’une manière assez réguliére, si l’enfant se trouve dans des. conditions physiologiques. Au bout de quelques jours, il ne dépasse gé- néralement pas d’une manière notable le chiffré de cinq millions. : 45 Il n’en est pas ainsi si l'enfant n’est pas dans des conditions normales, s’il dépérit, au lieu d'augmenter de poids, comme c’est la régle. D'une manière générale, on peut dire que si l'enfant perd de son poids, le chiffre de ses globules augmente, de telle sorte qu'il y a,entre le premier et le second de ces éléments, un rapport inverse assez constant. Ce rapport inverse existe aussi pour les vingt-quatre premières heures de la vie. On sait, en effet, que, dans cette période, tout nouveau-né perd de son poids ; or, ainsi que nous l'avons dit plus haut, l'augmen- tation du chiffre de ses globules, à ce moment, est également un fait constant. Nous nous proposons de montrer prochainement, par l'examen dé- taillé de plusieurs courbes, la réalité et. la constance du rapport inverse dont il vient d’être question. Aujourd’hui, nous nous contenterons de faire remarquer que l’augmentation du nombre des globuies du premier jour nous paraît s'expliquer mieux par une déperdition du plasma que par une formation exagérée de globules, et que la diminution apparente des globules les jours suivants se comprend beaucoup mieux en admet- tant une augmentation du plasma qu’une destruction des globules. Il serait, en effet, étrange que cette destruction fût moindre quand l'enfant, mal nourri, perd de son poids. Dans notre opinion, il s’agit donc plutôt de variations du volume du plasma que de variations du nombre des globules. Quoi qu’il en soit, nos observations tendent à prouver que l’aug- mentation absolue du nombre des globules rouges, chez l'enfant dont la croissance est physiologique, ne se fait pas d’une manière aussi rapide que l’accroissement de son corps ét de la masse de son sang. — M. Prerner fait une communication sur les origines du trijumeau. — M. Prrres présente une observation de sclérose latérale de la moelle avec lésions de la corne antérieure, consécutive à une hémiplégie de cause cérébrale. M. Cuarcor insiste sur l'intérêt qu'offre l'observation de M. Pitres au point de vue des localisations spinales. L’hémiplégie permanente de cause cérébrale peut s'accompagner pendant longtemps de contracture, sans qu’on voie survenir l’atrophie des membres paralysés, en ne tenant pas compte, bien entendu, de l'émaciation qui peut être le résultat du repos prolongé. En pareil cas, on n’observe que la sclérose du cordon latéral, avec les caractères que M. Pitres vient de faire ressortir. Dans les cas rares où l’atrophie s’ajoute à l’hémiplésie, on trouve à l’autopsie, en plus de la sclérose latérale, des altérations de la corne antérieure, semblables à celles qui, dans l’atrophie musculaire progressive, expliquent les lésions des muscles. | 46 Dans le cas que M. Pitrés présente, M. Charcot avait prédit qu'on trouverait à l’autopsie une lésion de l'hémisphère opposé à la paralysie, lésion intéressant nécessairement la capsule interne, et devenue le point de départ d’une sclérose descendante avec son trajet ordinaire le long de la pyramide antérieure et du faisceau latéral du côté opposé : il avait également déclaré qu'on rencontrerait les lésions de la corne antérieure qui viennent d’être décrites. | On peut observer quelque chose d’analogue dans l’ataxie locomotrice ; il peut se faire que la sclérose des cordons postérieurs retentisse jus- qu'aux cornes antérieures, et alors, l’atrephie musculaire entre dans le tableau symptomatique de l'affection. Chez une ataxique de la Salpétriére, dont l’histoire conet a été pu- bliée par M. Pierret dans les ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, l’atrophie mus- culaire était venue ainsi compliquer l’état de la malade. M. Charcot avait annoncé, pendant la vie, qu’on trouverait à l'examen de la moelle, en outre des lésions ordinaires de l’ataxie, les lésions classiques des cornes antérieures de la moelle. Et ce pronostic fut complétement confirmé. M. HarcoPeau rappelle que les BULLETINS DE LA SOCIÉTÉ ANATO- MIQUE contiennent deux observations de sclérose annulaire où le proces- sus s'était propagé jusqu'aux cornes antérieures, sans toutefois modifier en rien l’état des cellules nerveuses : aussi a’observa-t-on point d’atro- phie musculaire pendant la vie. M. DumonTPaLLier demande à M. Charcot s’il établit un rapport absolu entre la lésion cérébrale, la sclérose latérale et les altérations des cornes antérieures. M. Cnarcor déclare qu'il n’est point absolument. nécessaire que ces trois termes se trouvent toujours réunis dans ün même complexus mor- bide. Il rappelle qu’il a distrait du groupe des myopathies d’origine spinale une affection parfaitement distincte qu’il a appelée sclérose laté- rale amyotrophique ct où la sclérose latérale est primitive, indépendante de toute lésion cérébrale. Cette affection se compose de deux éléments principaux : un élé- ment moteur consistant en une paralysie avec contracture, sans trou- bles de la sénsibilité, élément auquel s’ajoute après un temps variable un élément nutritif caractérisé par des phénomènes d’atrophie muscu- laire dus justement au retentissement de la selérose latérale spontanée sur les cornes antérieures de la molle. — M. Dussausay fait une communication sur une hémorrhagie céré- brale, siégeant dans l’écorce de la moitié supérieure des circonvolutions frontale et pariétale ascendantes. QA? M. Caarcor revient sur la contracture précoce qu’a présentée la ma- Jade de M. Dussausay. En pareille circonstance, on ne pouvait que faire deux hypothèses. D'abord, on pouvait supposer que la lésion siégeait dans le corps opto-strié et alors, avec la théorie défendue par M. Charcot, la contrac- ture précoce ne s’expliquait plus, à moins de faire intervenir une inon- dation ventriculaire où même le simple affleurement de la membrane intraventriculaire par le foyer ; mais ces circonstances n’eussent pas manqué de déterminer l’ensemble symptomatique qui lui est propre et qui fait défaut dans l'observation. En second lieu, on pouvait admettre qu’il s'agissait d'une lésion péri- phérique siégeant dans la région motrice de l'écorce cérébrale. Cette hypothèse rendait exactement compte de tout ce qui a été ob- servé pendant les derniers jours de la vie de la malade. L’autopsie a démontré que c'était bien là l'hypothèse qu’on devait faire. ‘ La lésion siège exactement dans la région que M. Charcot a déjà eu mainte occasion de décrire à la Société et que ses observations lui font regarder, avec MM. Hitzis, Férier, Jackson, comme une région des cen- tres moteurs. Voilà déjà plusieurs faits absolument semblables présentés à la So- ciété. ‘ — M. Déserine fait la communication suivante : SUR L'ÉTAT DES NERFS CUFANÉS DANS UN CAS D'ÉRUPTION DES BULLES DE PEMPHIGUS, OBSERVÉE CHEZ UNE FEMME ATTEINTE DE PARALYSIE GÉNÉRALE. La malade dont il s’agit était âgée de 27 ans et mourut de paraly- sie générale, dans le service de M. le docteur Vidal, à l'hôpital Saint- Louis. Dans les quinze derniers jours de sa vie, elle présenta sur diffé- rentes parties du corps et, en particulier, sur la face postérieure des avant-bras et la face externe des jambes, une éruption pemphigoïde. Cette éruption était formée par de grosses bulles dont les plus volumi- neuses avaient 2 centimètres au plus de longueur, sur 1 centimètre de largeur. Elles contenaient un liquide d’un jaune citrin. Du reste, sui- vant l’ancienneté de leur apparition, on trouvait les degrés intermé- diaires entre la bulle proprement diteetsa transformation en une croûte jaunâtre. La malade était alors dans un état d’affaissement si prononcé, que nous ne pûmes savoir si elle présentait, au moment de cette érup- tion, des douleurs névralsiques dans les membres. A l’autopsie, nous trouvâmes les lésions de la méningo-encéphalite diffuse et une dilatation 48 “du ventricule latéral du côté gauche, par le liquide céphalo-rachidien. L'examen de la peau, au niveau des bulles, fut fait de la façon sui- vante. La peau fut détachée avec le tissu cellulaire sous-cutané, ce tissu ‘cellulaire sous-cutané fut ensuite soigneusement détaché de la face pro- -fonde du derme et plongé dans l’acide osmique à 14/1008 pendant vinet- quatre heures, puis dans le picro-carmin pendant le même temps. Dis- ‘socié en petits fragments qui furent montés dans la glycérine acidifiée, on obtint ainsi un grand nombre de préparations dont un certain nom- bre contenaient des tubes nerveux. Ces tubes étaient pour la plupart profondément altérés, au lieu de se présenter comme les tubes nerveux sains traités par l'acide osmique, c’est-à-dire sous forme d’un filament noir, entrecoupé de distance en distance par les étranglements annulai- res, les tubes étaient diminués de diamètre par places, renflés au con- traire en d’autres points, cette apparence était due à la ftagmentation de la myéline qui était réduite en blocs arrondis, de volume variable, sé- parés les uns des autres par une substance, se colorant en jaune par le picro-carmin et qui est de nature protoplasmique, le cylindre-axe avait complétement disparu dans tous les tubes altérés. Quant aux noyaux, ils n’étaient pas augmentés de nombre d'une manière bien évidente. Ces altérations des tubes nerveux étaient analogues comme degré d’altéra- tion à celles que l’on observe du dixième au quinziéme jour dans le bout périphérique d’un nerf sectionné. Quant aux bulles, elles étaient constituées, comme l’a démontré M. le docteur Vulpian, par une exsudation dans la couche de Malpighi, dont la couche cellulaire, la plus profonde, était restée adhérente au derme. L'intérêt de cette observation consiste dans l’altération des nerfs cu- tanés au niveau de l’éruption bulleuse, il y avait là une dégénérescence -des tubes nerveux comparable à celle que l’on obtient expérimentale -ment en sectionnant un nerf. Cette éruption bulleuse développée pen- - dant la période cachectique de la paralysie générale est apparue sponta- nément et, vu le siége qu’elle occupait, on ne peut invoquer pour le mé- .canisine de sa production ni le traumatisme, ni une pression quelconque produite par le décubitus ; d’ailleurs, au pourtour de chaque bulle, la peau était parfaitement saine et ne présentait aucune trace d'irritation. -Quant à la cause de l’altération nerveuse qui, pour nous, est liée à la -production de cette éruption, on ne peut qu'émettre des hypothèses, “est-ce la paralysie générale, la cachexie résultant de cette affection ou -une lésion de la moelle épiniére qui l’ont amenée, il n’est guére possible, -actuellemenl, de résoudre cette question. Il reste un fait important et qui ne nous paraît pas avoir été signalé, à savoir une altération dégéné- “rative des tubes nerveux cutanés au niveau des bulles de pemphigus. 49 .: La moelle épinière sera examinée et nous indiquerons son état anato- mique. M: Hanor signale à M. Déjerine ur travail récent du docteur Bevan Lewis sur l’histologie du grand nerf sciatique dans la paralysie générale. Ce travail à été publié dans THE WEST RIDING LUNATIG ASYLUM MEDICAL REPORTS, année 1875. M. Cnarcor pense qu'il serait bon d'examiner l’état des nerfs dans d’autres points de la peau que ceux qui correspondent aux bulles. M. DéseriNE n’a pas examiné ces nerfs loin des bulles, mais il fait remarquer qu'il a trouvé les mêmes lésions nerveuses dans les portions de peau saine entourant immédiatement les bulles. — M. Coury fait une communication intitulée : De l’action des anesthésiques sur l'élément musculaire et l'élément nerveux péri- phérique. (Voir aux MÉMOIRES.) — La séance est levé: à 5 heures et 4 /2. Séance du 19 février 1876. M. RaguTeau fait une communication sur le bromure d’éthyle. — MM. Desoves et J. RexauT communiquent le travail suivant : NOTE SUR LES LÉSIONS DES FAISCEAUX PRIMITIFS DES MUSCLES VOLON- ? TAIRES DANS L’ATROPHIE MUSCULAIRE PROGRESSIVE ET DANS LA PARALYSIE SATURNINE. On sait depuis longtemps, en clinique, que les muscles volontaires atteints d’atrophie progressive conservent jusqu’à la fin leur sensibilité et leur contractilité électriques. Leur contractilité volontaire subsiste également, impuissante il est vrai, pour produire le mouvement à cause de l’affaiblissement du muscle. Elle persiste néanmoins dans son intésrité en tant qu’on la considére co:nme un acte physiologique, indépendant de l'effet utile produit par la contraction. Dans les paralysies survenues sous l’influence de l’intoxication satur- nine chronique, au contraire, l’atrophie musculaire est, accompagnée rapidement de la perte de la contractilité et de la sensibilité électriques. Consécutivement, le muscle cesse de se contracter sous l'influence de la volonté (Vulpian et Raymond). Nous nous proposons d'exposer dans cette note les différences anatomiques qui séparent les deux genres pré- cités d'atrophie musculaire, et d'expliquer pas elles la diversité des symptômes observés. c. R. 1870. 7 50 Lorsqu'on isole convenablement et que l’on colore ensuite à l’aide du picro-carminate d’ammoniaque ou de la purpurine les faisceaux primi- tifs des muscles volontaires atteints d’atrophie musculaire progressive simple (1), on voit que la substance musculaire a seulement diminué de volume, de telle sorte que les faisceaux comparés à ceux d’un muscle sain sont devenus plus ou moins gréles et parfois filiformes. Le sarco- lemme est conservé dans sa complète intégrité et s'applique exactement à la surface du faisceau. Au-dessous de lui, s’observent de nombreux noyaux dont un grand nombre sont divisés etjuxtaposés deux par deux ou trois par trois, et logés dans des encoches creusées dans la substance musculaire. Cette dernière, diminuée de volume, n'est interrompue sur aucun point. Sur des préparations faites par des méthodes conyenables, les deux striations, longitudinale et transversale, sont absolument conser- vées. Sur les faisceaux exactement tendus, quelque grêles qu’ils soient, on reconnaît avec la plus grande netteté le disque épais, la bande claire qui sépare deux disques épais successifs, et le disque mince qui la traverse. Il résulte de ce qui précède que les phénomènes inflammatoires dont le faisceau primitif est le siége se sont bornés, la plupart du temps, dans le muscle atteint par l’atrophie musculaire progressive, à la ses- mentation et à la multiplication des noyaux, d'une part, et à la dimi- nntion de la substance contractile, considérée seulement dans son volnme, mais restant intacte dans sa structure. Cette dernière substance peut être réduite dans le faisceau primitif atrophié, à quelques fibnilles juxtaposées, conséquemment incapables de produire un travail moteur appréciable mais demeurant aptes à se contracter isolément, sous l'in- fluence des excitants divers du muscle, naturel ou artificiel. Les modi- fications histologiques qui surviennent dans les muscles atteints d’atro- phie musculaire progressive rendent donc un compte exact des phénomènes observés sur le vivant, c’est-à-dire de la conservation de Ja contractilité volontaire de la sensibilité, et de la contractilité élec- triques qui subsistent jusqu’au moment précis où la substance muscu laire a complétement disparu dans les faisceaux primitifs. “- Nous avons l’un et l’autre successivement signalé la multiplication des noyaux musculaires dans l’atrophie musculaire progressive et les lésions des muscles atteints par la paralysie saturnine. Nous ne pou- vons, du reste, entrer ici dans l’historique de la question. Nous le ferons complétement plus tard dans un travail ultérieur. Mais si l’on compare (4) C'est-à-dire qui n’est point symptomatique d’une sclérose des cordons latéraux. O1 les faisceaux primitifs des muscles volontaires atteints par l’atrophie progressive et par la paralysie atrophique due à l’action lente du plomb sur l'organisme, il est facile de reconnaître que dans cette dernière les lésions sont totalement différentes de celles qui caractérisent l’atrophie musculaire progressive. Les muscles extenseurs atteints par le plomb offrent tous les caractères de la myosite sur aigue, telle qu’on lobtien- drait en passant dans un muscle un séton et en l’y laissant à demeure. Les faisceaux primitifs ne sont plus cylindriques mais moniliformes. De distance en distance, les noyaux ont proliféré, et sont accumulés dans le sarcolemme, qu’ils gonflent, sous forme d’amas. À ce niveau, la substance musculaire est étranglée, ou complétement coupée de telle façon que les noyaux distendent le boyau sarcolemmique et qu’au- dessus et au-dessous d’eux existe un fragment de substance contractile. Cette végétation des noyaux musculaires se reproduit de distance en distance, de telle sorte que la substance musculaire est fractionnée en segments, et que la continuité du faisceau est interrompue. On s’ex- plique dés lors comment un muscle ainsi lésé est absolument incapable de se contracter, soit sous l’influence de la volonté, soit consécutivement à l’application des divers existants physiologiques, puisqu'il est formé de fragmeuts discontinus et qui n’ont plus d'action sur les extrémités tendineuses. Nous ne reviendrons pas ici sur les différents modes suivant leequels s'effectue la fragmentation, la dissociation et la résorption de la subs- tance musculaire dans les faisceaux primitifs atteints de myosite plom- bique. Ces différents détails ont été, en effet, l'objet d’un travail présenté l’an dernier par l’un de nous à la Société de Biologie. Nous avors voulu seulement démontrer, dans cette note, que les différences physiolosiques observées sur le vivant, dans les muscles atteints d'atro- phie prosressive et d’atrophie plombique, ont leur raison d’être dans des lésions anatomiques relativement grossières, et résultant de deux modes de dégénération qu'il importait de séparer. M. Caarcor pense qu’il serait intéressant d'examiner comparative- ment des muscles aprés la section expérimentale des nerfs. Quelques auteurs auraient, en pareille circonstance, retrouvé les mêmes lésious que celles qui sont indiquées par MM. Renaut et Debove, toutefois, avec cette différence que les lésions ne se présentaient alors que sur un petit nombre de fibres musculaires. M. Renaur ajoute que la myosite saturnine ne diffère pas des myo- sites ordinaires; de celle par exemple qui se développe autour d’un foyer inflammatoire. La myosite de l’atrophie musculaire progressive, au contraire, est véritablement spéciale, toute caractéristique. M. CHarcor fait cependant remarquer que, dans le cas d’atrophie 02 muscuiaire, on peut trouver aussi des fibres altérées comme dans l'ob= servation de MM. Renaut et Debove. Il est vrai que les fibres altérées ainsi ne se rencontrent, pour ainsi dire, qu'accidentellement. 0] — M. Prrres fait une communication sur la paralysie isolée de la partie inférieure de la face par lésion de l'écorce cérébrale. M. Cuarcor fait ressortir tout l’intérêt de cette observation qui est, en quelque sorte, la contre-épreuve des cas présentés dans les séances précédentes. C’est encore une lésion. corticale, mais qui, si étendne qu'elle soit, a laissé presque complétement indemne la région MOCes Et, justement, il n’y a pas eu de contracture. M. Charcot sigrale encore cette circonstance intéressante d’une para- lysie isolée de la face. Un certain nombre d'observations semblables permettront sans doute de déterminer chez l’homme la partie de la région motrice qui est le centre moteur de la face ; quoi qu'il en soit, cette paralysie faciale se distingue de la paralysie faciale par lésion des masses centrales, en ce que cette dernière est jointe ordinairement à la paralvsie des membres. La paralysie par lésion corticale est susceptible d’une sorte de disso- ciation ; on pent observer alors la paralysie isolée, soit de la face, soit d’un seul membre ; il y a monoplécie. 11 va sans dire que la distinction qui vient d’être sisnalée n’est plus possible pour les cas où des lésions multiples siégeraient dans l’écorce cérébrale, et léseraient simultané- ment les parties aie sont en rapport avec les mouvements de la face, des membres supérieurs et inférieurs. Cependant, on pouvait encore quelquefois établir le diagnostic du siége en se fondant sur l’existence de mouvements épileptiformes et de contracture. M. Charcot conseille, pour bien préciser la situation d’une es cor- ticale rencontrée à l’autopsie, de se servir de cerveaux durcis dans l'acide nitrique, et sur lesquels la lésion observée peut être reproduite facilement au pinceau, dans des points absolument correspondants. — M. Marcor présente une observation de lésion traumatique des lobes frontaux. M. Ourarcor fait remarquer que les particularités qui ressortent de cette observation sont conformes à la théorie qu’il défend. Il n’y a. pas eu de troubles de la motilité, mais les régions motrices étaient restées intactes. Pour ce qui est de l'intégrité de l'intelligence, il est difficile de l'expliquer pour le moment. | -— M. Jousser pe BELLESME fait hommage à la Société d'un mémoire 93 de physiologie comparée sur les fonctions des glandes de l'appareil di- gestif des insectes, etrsignalé à ce sujet les particularités qui distinguent cet ouvrage des travaux précédemment publiés et spécialement d’un mémoire-récent de M. Plateau sur la digestion des insectes. M. Lépine rappelle qu’il a démontré que les glandes en grappes de la langue des grenouilles sont de véritables glandes salivaires, jouissant d’un notable pouvoir saccharifiant. En électrisant le nerf qui se rend à ces glandules, il en voyait sourdre- une pluie de salive. Il rappelle également que, dans ces derniers temps, Cuefer a étudié les terminaisons nerveuses dans les cellules salivaires de la blatte orientale, et Schweïider Seydel dans les cellules salivaires des grenouilles. — M. Jousser DE BELLESME présente ensuite à la Société ‘un produit toxique nouveau extrait du Pyrethrum. carneum et auquel cette ne doit ses propriétés insecticides. C'est à tort qu’on a regardé jus- qu'ici la poudre de Pyrèthre comme agissant sur les insectes seulement par un prorede mécanique d’obturation des stigmates et qu’on l’a assi- milée ainsi à toutes les matières pulvérulentes inertes. M. Jousset met sous les yeux de la Société des blattes placées depuis dix heures dans différentes poudres inertes, poudre de feuilles séchés, de bois, et fait remarquer qu ’elles ne présentent aucun phémonène mor- bide. Il en présente ‘comparativement d’autres, placées depuis une heure dans la poudre de Pyréthre et qui sont déjà presque mortes en offrant des phénomènes convulsifs trés-nets. Or, si on à traité préalablement cette dernière poudre par l'alcool, elle perd ses propriétés insecticides, tandis que l'alcool devient toxique. Il combat ensuite l'opinion par la- quelle cette propriété serait due aux huiles essentielles que renferme la plante, en rapportant des expériences directes qui démontrent leur in- nocuité sur les insectes, et fait ressortir que la substance cristallisée qu'il présente à la Société jouit à un haut degré des propriétés particu- lières de la poudre’ Ce corps paraît devoir être rangé parmi les alcaloïdes ét M. Jousset se réserve d’en donner prochainement la composition ato- mique et les propriétés chimiques. M. Grimaux signale qu’il se vend depuis longtemps dans le commerce un papier imprégné d'extrait alcoolique de Pyrèthre et qu’on fait brûler pour détruire les moustiques. La séance est levée à cinq heures et demie, 04 Séance du ?6 février 1876. À propos du procès-verbal de la séance précédente, M, Hayem fait quelques remarques sur la communication de MM. Renaut et Debove. Les lésions musculaires différent selon les affections de la moelle qui les déterminent. Les lésions les plus simples sont celles qui se trouvent dans le cas d’atrophie musculaire progressive. Elles ressemblent alors à celles qui se produisent après les sections nerveuses ; elles n'en diffé- rent que par le plus petit nombre de fibres atteintes. Dans les processus plus complexes d’affections spinales, les lésions musculaires peuvent être de plus en plus avancées. — M. LÉPINE fait le communication suivante : NOTE SUR LA PRODUCTION D'UNE GLYCOSURIE ALIMENTAIRE CHEZ LES CIRRHOTIQUES. ! La On sait que M. Claude Bernard, en injectant dans la veine jugulaire d’un chien 40 grammes de glvcose dissoute dans de l’eau, détermine la production d’une glycosurie temporaire, tandis que l'injection dans une des veines d’origine de la veine porte d’une quantité un peu supérieure de glycose n’est pas suivie de glycosurie. Dans ce dernier cas, le foie agissant « comme une sorte de barrière a retenu le sucre. » (REVUE SCIENTIFIQUE, 1873, 10 mai, p. 1066). Le docteur E. Schopffer a répété cette expérience sur plusieurs lapins et est arrivé aux mêmes résultats : Pendant que l'injection de 1 gr. 5 de sucre, si elle est faite dans la veine crurale, est suivie du passage dans l’urine d’environ 1 gramme de alycose, cette même injection pratiquée dans la veine-porte n’amêéne pas de gly= cosurie ; deux fois seulement, l’auteur put déceler des traces de ely- cose dans l’urine, encore est-il probable que cette anomalie tenait à ce que l'injection avait été faite avec trop de rapidité. (AKCHIV. FUER EX= PERIM. PATHOLOGIE UND PHARMACOLOGIE, 1873, t. I.) La preuve que c’est bien au foie et non à une propriété mystérieuse des veines mésaraïques qu’est duc l'absence de glycosurie lorsqu’on in- jecte de la glycose dans une de ces veines, est fournie par une autre ex- périence de M. Bernard, consistant à faire absorber la glycose par les veines mésaraïques, mais en supprimant le foie, au point de vue fonc- tionnel, au moyen de la ligature de la veine porte : M. Bernard fait in- gérer à un chien de 3 kilogrammes, dont la veine porte a été liée, 10 à 15 grammes de sucre de canne. Une demi-heure ou trois quarts d'heure aprés, on constate que du sucre interverti a passé dans l'urine, tandis que chez un chien de même taille et dans les mêmes conditions, sauf qu'il n'a pas la veine porte liée, l’ingestion d’une même quantité de : 50 sucre dans l'intestin, ne produit généralement pas de glycosurie, (Loc. cit., p. 1157.) M. Bernard a donné à cette glycosurie le nom de glycosurie alimen- taire pour la distinguer de celle qui est due à la transformation exagé- rée de glycogène en glycose. Un médecin distingué de Lyon, le docteur Colrat, a pensé avec raison que les malades se trouvant dans des conditions plus ou moins analo- gues à celle des animaux dont la veine porte a été liée pourraient égale- ment être susceptibles de présenter une glycosurie alimentaire. Cette vue ingénieuse à été confirmée par l'observation. Dans trois cas de cir- rhose, dont deux avec autopsie, et dans un cas d’obstruction des voies biliaires par des calculs, son élève, le docteur Couturier, a trouvé une petite proportion de glycose pendant la période digestive si le repas avait consisté en aliments féculents. (Thèse de Paris, 1875.) Dans trois cas de cirrhose, j’ai fait moi-même l’expérience suivante : L'absence de glycose ayant été au préalable dûment constatée chez les malades, je leur ai fait prendre, dans un litre de tisane, dans les vinst-quatre heures, à l’un 300, à un autre 400 et au dernier 500 gram- mes de glycose. Chez ce dernier, l'administration de la glycose a été continuée pendant trois jours. Outre la glycose, les malades ingéraient une certaine quantité de pain qui n’a pas été exactement mesurée. Or, chez ces trois malades, il s’est manifesté de la glycosurie le lendemain ou le surlendemain. Chez le dernier, elle a duré six jours aprés la ces- sation de l’ingestion de la glycose. Je n’ai pas besoin de dire que la recherche de la glvcose dans l’urine a été faite avec toutes les précautions usitées en pareil cas, par la liqueur de Fehling et par la potasse avec addition de sous-nitrate de bismuth. Les deux réactifs ont donné, le premier, un précipité fort net ; le second, une coloration franchement noire. A l’autopsie, j'ai trouvé, chez mes trois malades, les lésions typiques de la cirrhose ; je dois seulement ajouter que le dernier présentait de plus des granulations tuberculeuses et des lésions peu avancées d’ailleurs de pneumonie caséeuse, sans cavernes, dans les sommets des deux poumons. J'ai administré, de la même maniëére, de la glycose à deux malades atteints de cancer du foie, l’un d’eux ictérique à un degré prononcé (le cancer siégeant dans les voies biliaires); ces deux malades ne sont pas devenus glycosuriques. Mais on sait que dans le cancer du foie, même considérable, il y a une grande partie du foie qui reste saine. J'ai fait la même recherche chez un phthisique, dont le foie, un peu volumineux était probablement gras. Je n'ai pas réussi davantage; il est cependant vraisemblable qu’un foie gras n’est pas plus capable qu'un 56 foie cirrhotique de retenir la elyeose ahméntaire, C’est une recherche à continuer. 1. No Dès aujourd’hui, il me paraît certain que l'administration d’une dose un peu forte de glycose peut rendre des services dans certains cas de dia- gnostic difficile, notamment quand on hésite entre une cirrhose et une péritonite chronique, ainsi qu'il arrive assez souvent. L'apparition de la glycosurie constituera plus qu’une présomption; ce sera une preuve en faveur d’une altération du foie. — M. R. Lépine communique les recherches suivantes : NOTE SUR LA CHALEUR DÉVELOPPÉE PENDANT LA COAGULATION DU'SANG. Dans le but de rechercher si la coagulation du sang est accompagnée d’un dégagement de chaleur appréciable, j'ai fait usage des-deux mé- thodes suivantes : | | 1° Je défibrine par le battage une certaine quantité de sang artériel de chien, environ 50-60 grammes; puis l’ayant, en le faisant chauffer au bain-marie, porté à la température initiale 380-390 c., j'en remplis un petit vase A. Je recois dans un petit vase B, identique avec le précé- dent, une quantité de sang égale à celle qui a été introduite en A ; je place dans chacun des petits vases un thermomètre et j'observe avec soin, comparativement, l’abaissement de la température qui se produit dans les deux vases. Or, au bout de quelques minutes, je constate entre la température du sang contenu en A et celle du sang contenuen.B (primitivement égales), un écart au profit du sang de B qui, générale- mént, reste relativement plus chaud d’un degré. ät, & 20 A la méthode précédente, on pouvait adresser l’objection queles deux sanss, bien que possédant au début de la période d'observation la même température, ne sont pas strictement comparables entre eux, at- tendu que le sang défibriné par le battage est plus riche en. oxygène que l’autre. Quoique cette objection me parût, dans l'espèce, de nulle valeur, attendu qu’on ne voit pas pourquoi un sang plus riche en oxygène de- vrait pour cette raison se refroidir plus vite, j'ai cherché à constater directement l'élévation de température dans le sang, au moment où la coagulation se produit, et jy suis facilement arrivé en plaçant le petit vase contenant le sang non défibriné dans un bain-marie à 38° c. en- viron. En procédant de cette manière, j'ai pu m’assurer que la tempéra- ture du sang du chien, au bout de quatre minutes environ après qu’ilest sorti de l’artère, présente une élévation de plusieurs dixièemes de degré (généralement de plus d’un degré), durant environ quatre minutesÿ et suivi naturellement d’un refroidissement progressif. Au moment où commence la chute définitive de la colonne mercurielle, on peut facile- 57 ment s'assurer, en retirant le thermomètre du vase, que le sang est complétement coagulé. ne paraîtra sans doute pas étonnant que la coagulation du sang s ’accompagne d’un dégagement de chaleur ; on sait que le passage d’un corps de l’état liquide à l’état solide produit de la chaleur. On pouvait donc prévoir que le passage de la fibrine à l’état solide devait s’accom- pagner d'un semblable effet. Néanmoins, quand on prend en considé- ration la faible quantité de fibrine que renferme le sang, comparative- ment à la masse totale de ce fluide, on se prend à douter que le déga- gement de chaleur que nous avons constaté soit dû uniquement au phénomène physique du changement d’état de la fibrine. Mais il est un fait démontrant, selon nous, qu’il ne s’agit pas seulement d’nn phéno- mêne physique, c’est celui-ci que, parfois, la chaleur produite est três- faible. Dans quelques expériences, nous l’avons trouvée à peu prés nulle ; autant qu’il nous en souvient, le sang artériel, dans ce cas, était beaucoup plus noir que d'habitude, le chien qui venait de servir à d’autres expériences étant près de succomber. Nous croyons donc que la production de chaleur que nous avons ob- servée est due à un phénomène d'ordre chimique. Ce serait un sujet d'étude pour les physiciens, de préciser mieux que nous ne l’avons pu faire les conditions du phénomène, et surtout de déterminer la quantité de calories dégagées par une quantité donnée de sang. Nos expériences ont toutes été faites dans le laboratoire de M. le pro- fesseur Béclard que nous ne saurions trop remercier de la bienveillance avec laquelle il nous a accueilli. Nous sommes heureux de témoigner aussi notre reconnaissance à son habile prépareur, notre collègue, le docteur Laborde. — M. LevEN communique le travail suivant : ACTION DE L’ACIDE CHLORHYDRIQUE DANS LE VIDE SUR LA SOLUBILITÉ DE L’ALBUMINE L’acide n’est pas libre dans l'estomac, mais combiné à la pepsine; cela est démontré chimiquement, mais on peut le mettre en liberté quand on produit artificiellement un catarrhe da l'estomac. Quand les méde- cins disent qu’il est en excés ou en défaut dans certaines formes de dys- pepsie, ils énoncent un fait en contradiction avec la vérité chimique. La combinaison de l’acide avec la pepsine est hors de doute ; mais on ne sait si l’acide du suc gastrique est de l'acide chlorhydrique ou lac- tique. La pepsine doit être acide, car si on la neutralise, elle produit la pu- tréfaction et non la peptonisation. La levure de Eière est aussi acide et c. R. 1876. 8 58 a des propriétés peptonisantes supérieures à celles de la pepsine. C'est la seule analogie de la pepsine avec le ferment. On a jusqu’à présent étudié l’action de l’acide sur la solubilité de l’al- bumine à l’air libre, mais dans l’estomac les opérations chimiques se produisent comme dans le vide. Pour réaliser les conditions dans lesquelles se trouve l'estomac, nous nous sommes servis du ballon à double tubulure qu’à employé Pasteur pour les ferments; nous aspirions dans le ballon l’albumine de l'œuf, nous y introduisions de l’eau distillée et de l’eau chlorhydrique 4 pour mille : nous chauffons le tout à 400° ; la vapeur d’eau chassait l'oxygène de l’eau et l'air du ballon ; les germes étaient détruits et nous fermions à la cire les 2 tubes; nous chauffiens de 229 à 759 centigrades. L'opération terminée, on prenait une quantité déterminée de liquide et l’on précipitait l’albumine avec de l'acide nitrique. Les filtres par lesquels on faisait passer le liquide contenant l’albu- mine précipitée étaient lavés, séchés à l’étuve et repesés. Nous obtenions le poids exact de l’albumine. Nous avons reconnu que € ’est à 409 que l'acide dans le vide, dissout le plus d’albumine, qu’à 220 et à 759, il ne dissout que la moitié de.ce qu’il dissout à 409, et qne l'acide dissout quatre fois plus d’albumine dans le vide qu'à l'air libre. Expériences sur la peptonisation spontanée de la viande dans l’eau. Le bouillon est classé par Schiff.dans les peptogènes. A 189 il ne se produit pas de peptones de viande dans l’eau. A 409 il se peptonise 1 pour cent de viande après 24 h. A 1009 il se peptonise 2 pour cent de viande après 24 h. Ce temps passé, la viande n’abandonne plus de principe susceptible de se peptoniser. On le prouve en lavant de la viande qui a été 24 heures au feu avec de l’eau distillée et en la remettant dans de l'eau distillée, il ne se pro- duit plus de peptones. Le bouillon est un aliment stimulant pour l'estomac et utile pour la nutrition générale. Il prépare l’estomac à la digestion, il s’absorbe immédiatement tandis que la soupe qui y séjourne un certain temps amène dans l'organe une ou plus moins grande quantité de liquide qui gênera le contact direct de la viande avec la muqueuse stomacale ; elle génera l’action utile de la viande sur la muqueuse. Sous ce rapport, si le bouillon est utile au dyspeptique, la soupe est toujours nuisible, 59 = M. dé Sinéry communique le travail suivant : DES CAUSES ANATOMIQUES DE LA RÉTRACTION DU MAMELON, DANS QUELQUES TUMEURS DE LA MAMELLE Chez certaines femmes, soit en dehors de tout état pathologique, soit sous l'influence de tumeurs de la mamelle, on voit disparaître la saillie du mamelon. On trouve même quelquefois, au lieu de cet appendice, une sorte de cupule, formée par une dépression de l’aréole. J'ai étudié quel etait l’état anatomique du mamelon ainsi retracté, et c’est le ré- sultat de ces recherches que je viens communiquer à la Société. Je dois d’abord rappeler en quelques mots la disposition des éléments anatomiques dans le mamelon normal. Les canaux galactophores, très- variables comme nombre et comme dimension, sont revêtus d’épithé- lium cylindrique et forment des replis étoilés qui ferment le conduit, sauf quand il est distendn par un liquide et dans quelques autres cir- constances sur lesquelles je ne veux pas insister aujourd’hui. Chaque canal est entouré d’une gaîne de tissu conjonctif, qui, trés-étroite, quand la mamelle est à l’état de repos, devient cinq à six fois plus épaisse au moment de la lactation. Dans cette couche on rencontre, déjà, un cer- tain nombre de fibres musculaires lisses disposées parallélement à l’axe du mamelon. Mais c’est surtout en dehors de cette couche de tissu con- jonctif qu'on observe les faisceaux de fibres musculaires, disposés très- irréguliérement, mais dont la plupart affectent une disposition hori- zontale ou longitudinale. Ordinairement les fibres horizontales sont de beaucoup les plus nombreuses et entourent les canaux, sans former ce- pendant un véritable sphincter. Ces fibres musculaires augmentent de volume et probablement de nombre au moment de la lactation, si bien que, chez certaines femmes les canaux galactaphores sont plongés dans un véritable réseau musculaire. La contraction de ces fibres amêne, comme tout le monde sait, la projection en avant du mamelon, espéce d’érection, à laquelle on a donné le nom de thélothisme. Tous les dé- tails de ce phénomène physiologique ont été très-bien décrits par M. Duval, dans sa thèse sur le mamelon et l’aréole (1). Je dirai, à ce sujet, que d'aprés mon observation personnelle, la contraction qui améne le thélothisme débute toujours par l’aréole pour se propager en- suite jusqu'à l'extrémité mamillaire. Je ne peux donc admettre avec certains anatomistes que le muscle sous-aréolaire soit antagoniste des faisceaux circulaires propres du mamelon. Le rôle prédominant des fi- bres horizontales s'explique trés-facilement par leur nombre beaucoup plus considérable, et nous allons voir, au contraire, que quand les fais- (1) Duval, thèse de Paris, 1861. 60 ceaux lonsitudinaux dominent, il y a rétraction au lieu de projection en avant. Ce fait a déjà été supposé par plusieurs auteurs et en particulier par M. Sappey; mais je crois qu’il n’avait jamais été démontré anatomi- quement et c’est ce que les préparations histologiques que je soumets à votre examen montrent péremptoirement. Dans ce cas ci, qui provient d’une femme atteinte de carcinome, le mamelon était complétement ré- tracté, mais nullement envahi par le néoplasme qui n’occupait que les parties profondes de la mamelle. On voit en effet sur ces coupes, que les faisceaux horizontaux de fibres musculaires ont presque complétement disparu, tandis que les faisceaux longitudinaux sont encore assez nom breux. Pourquoi l'atrophie des fibres musculaires a-t-elle envahi plu- tôt les uns que les autres? c’est ce qu'il m'est impossible d'expliquer pour le moment. Outre cette disparition des fibres musculaires, on ob- serve sur.ce mamelon une hyperplasie considérable du tissu fibreux qui entoure les canaux galactophores, et ce tissu si facilement retractile est sans doute aussi une cause puissante, s’ajoutant à l’action des faisceaux musculaires longitudinaux, pour amener cette rétraction du mamelon. Je n’ai pas voulu entrer ici dans plus de détails sur l’histologie nor- male du mamelon. J'ai voulu seulement montrer, dans ce cas ci, que l'examen anatomique est venu expliquer complétement ce que nous avait appris l'observation clinique. Les coupes qui m'ont servi à cette démonstration ont été colorées par la purpurine. Ce réactif appliqué par Ranvier à l’histolosie, a, spécia- lement pour l'étude de la mamelle, le grand avantage de colorer les épi- théliums et les fibres musculaires et de laisser complétement incolores les faisceaux de tissu conjonctif. | — M. Pauz Berr arecherché pourquoi les papillons de nuit ne relèvent pas leurs ailes comme les papillons de jour. On à attribué cette particularité à l’existence de sortes de petits cro- chets qui retiendraient les ailes. Or, M. Bert a coupé ces crochets et, aprés cette opération les ailes ne se relèvent pas d'avantage. , M. Bert se demande si l'explication ne serait pas donnée par la forme du dos des papillons de nuit; chez eux le dos est moins bombé que chez les papillons de jour, et permet difficilement de comprendre un muscle qui puisse redresser l’aile sur la surface qu’il représente. Quoi qu'il en soit, c'est là un des nombreux exemplesde cette tendance trop générale à déduire à priori la physiologie des dispositions anato- miques. | — Le docteur Bapaz présente à la Société divers instruments destinés | à l’exämen des fonctions visuelles : 5 19 Un périmètre portatif, pour la mesure et l'exploration du champ 61 visuel superficiel ( acuité pour la lumière, les formes et les couleurs, rétrécissements, scôtomes). | 29 Un schémographe permettant de tracer sur une feuille de papier le schéma du champ visuel exploré par le périmètre. 3° Un optomètre qui résout complétement le problème de la mesure simultanée de la réfraction et de l'acuité visuelles, méme chez les sujets qui ne savent pas lire. » : On ne possédait encore aucun moyen pratique de mesurer la réfrac- tion et l’acuité. La méthode de Donders excellente et devenue classique parmi les oculistes, présente certaines difficultés d'exécution qui en rendent l'usage à peu près impossible pour la généralités des médecins, ilenest de même de l’emploi de l'ophthalmoscope (qui, du reste, ne peut servir à mesurer l’acuité ; et l’on se rappelle la vive controverse soule- vée à l’Académie, à propos de la pénurie des moyens d'examen des fonctions visuelles, dans les conseils de révision. . L’optomètre du docteur Badal permet à tout médecin de résoudre en quelques minutes le problèmes suivants : 49 Mesure de l’acuité visuelle. 29 Mesure de la réfraction (emmétropie, myopie, hypermétropie, astigmatisme). 3° Mesure de l'accommodation (accommodation normale, presbytie, parésie, paralysie, spasme de l’accommodation). 4° Mesure du champ antéro-postérieur de la vision distincte. 5° Détermination du numéro des lunettes à prescrire pour la vision au loin et la vision de prés, à une distance déterminée. - 6° Déterininations du numéro des lunettes déjà portées par le malade et qui souvent ne sont pas numérotées. Dans ce cas, l'instrument est employé comme focomètre (1). M. Poncer fait remarquer que l’optométre du docteur Badal ne met pas le médecin militaire à l’abri de la simulation du concrit, Sous ce rapport, 1l ne peut remplacer l’ophthalmoscope. — M. L. Lanpouzy communique à la Société des schéma freprodui- sant les lésions fronto-pariétales d'observations dans lesquelles avaient été observés des troubles moteurs partiels. M. Landouzy s’est proposé, en réunissant ces faits, de savoir si la théorie de l'excitation directe et corticale ne pourrait pas s’appliquer à la généralité des cas pathologiques, que ceux-ci se rapportassent aux ra- mollissements, aux hemorrhagies, aux tumeurs ou aux méningites tu (1) Ces instruments se trouvent chez M, Roulot, opticien, 3, rue des : Vieilles-Haudriettes. 62 berculeuses ? Pour ce qui &t de ces derniers, l’excitation directe permet d'expliquer les convulsions partielles, incompréhensibles par la prié. réflexe acceptée par tous les auteurs. Sur les schémas se lit le parallélisme existant : 1° Entre les lésions et les troubles convulsifs ou parétiques limités ; 29 Entre les dégénérations envahissant les parties du corps autrefois atteintes dans leur motilité, et les lésious qui les commandent. Pour n'être que régionales, les lésions relevées dans ces observations n’en ont pas moins une valeur considérable, si l’on songe que l’histoire classique de la maladie permet d'assister, le plus souvent, à l'envahisse- ment progressif des différents territoires moteurs. A ce propos, M. Landouzy insiste sur la coïncidence habituelle des troubles convulsifs ou paralytiques de la face et du bras, du bras et de la jambe; sur l'extrême fréquence de l’hémiplégie faciale, laquelle, tou- jours limitée au facial inférieur, paraît si associée aux convulsions ou aux paralysies du bras que deux fois seulement elle s’est montrée isolée. M. Landouzy a encore relevé la déviation de la tête et des yeux, symp- tôme venant s'ajouter à ceux déjà signalés non-seulement pour témoi- gner de l’excitabilité de l'écorce, mais pour montrer que l’enchaînement des symptômes cliniques se trouve singulièrement d'accord avec!/le groupement des centres moteurs annoncé par les physiologistes. 1: La déviation de la tête n’offrant pas la constance trouvée, pour les: lésions des ganglions, par MM. Vulpian et Prevost, M. Landouzy se de- mande, au cas où la déviation se fait du côté opposé à la lésion, s'ilne faudrait pas l'expliquer par l’action du centre rotateur de l’hémisphére: sain privé d’antagoniste par le fait des lésions de l’hémisphère malade ? — M. FÉRÉ présente à la Société un malade qui offre un tic non douloureux de la face du côté gauche, ConseEutie à une plaie de tête portant sur le parietal droit. Le nommé W..., Jean, 58 ans (service de M. Bouchard), ouvrier boulanger, d’une vigoureuse constitution, n'avait jamais eu dewmala- dies, sauf une chaudepisse et des chancres qui ne paraissent pas avoir été suivis d'accidents. Le 4 mai 1871, étant en état d’ébriété, il voulut descendre de sa chambre, située au deuxième étage; le pied lui manqua sur une des premiéres marches ct il roula jusqu’au rez-de-chaussée. La partie posté- rieure de la tête avait porté contre un angle et il en était résulté une large plaie qui fut suivie d’une hémorrhagie assez abondante. On le releva sans connaissance, et il ne revint à lui qu’au bout de dix à douze heures. Il s’aperçut alors que son œil gauche se fermait de temps en temps malgré lui; il ne remarqua que plus tard que la:com- 63 missure labiale gauche se relevait convulsivement, aussi sans douleur. La blessure fut guérie au bout de six semaines environ, mais le tic persista. Depuis, le malade n’a jamais ressenti de douleur dans la cicatrice ; mais, au bout de quelque temps, il éprouva une grande difficulté à tour- ner le cou. Les douleurs de la région cervicale paraissent avoir été de nature rhu- matismale, car il eut en même temps du gonflement douloureux au ni- veau des articulations tibio-tarsiennes, du genou droit et des articula- tions des mains, qui empéchérent tout travail pendant onze mois, Il est entré ensuite à Bicêtre, où ses douleurs lui reviennent tous les hivers ; il est tranquille pendant l'été. La sensibilité est conservée sous toutes ses formes. La motilité est à peu près normale dans les membres supérieurs, où les douleurs sont moins fréquentes, et la force est égale des deux côtés. Les membres inférieurs, qui sont surtout le siége de douleurs dans les temps humides et froids, sont un peu plus faibles ; mais le malade peut faire sans se fatiguer et assez rapidement une course d’un kilomé- tre. Quoique le genou droit soit le siége de quelques craquements, la jambe ne paraît pas plus faible de ce côté. Les mouvements de rotation du cou sont toujours difficiles et doulou- reux. | Le tic présente encore, dit-il, tous les caractères du début : Tous les muscles du côté gauche de la face ne participent pas aux mouvements convulsifs ; ceux qui sont surtout affectés sont l’orbicu- laire des paupières et les muscles zygomatiques. Toutes les Gbres de l'or- biculaire sont affectées, aussi bien celles de la portion orbitaire que celles de la portion palpébrale. | Les mouvements du sourcil peuvent se montrer seuls; ils paraissent avoir modifié les rides du front, qui sont moins profondes de ce côté gauche. Ordinairement, ils sont accompagnés de mouvements des paupières, qui se ferment convulsivement. En écartant les paupières, on voit quel- quefois un léger mouvement du globe oculaire, mais ce semble être un mouvement transmis par les contractions énergiques de l’orbiculaire. En même temps, les muscles zygomatiques se contractent et portent en dehors et en haut la commissure labiale, en déterminant sur la partie externe de la joue une petite fossette qui n'existe pas de l’autre côté. L’aile du nez ne prend pas part aux mouvements des lèvres. Le reste de la face paraît sensiblement immobile. Ces mouvements convulsifs ne sont pas continuels, ils reviennent par accès de dix, vingt, trente minutes, séparés ordinairement par une in- 64 termitténce d’égale durée. Lorsque le malade reste immobile, la face bien directement tournée en avant, l’intermittenee peut être prolongée ; l'accès est souvent provoqué par les mouvements de torsion douléuren du cou. La convulsion ne s’accompague pas de douleur ; elle n’apporte qu’une certaine gêne fonctionnelle, lorsque le malade veut lire surtout. Quand les paupicres battent avec violence, l'œil se remplit de larmes qui cou- lent sur la joue. La vision n’est pas altérée du côté malade. Cette absence de troubles graves a permis à l'état général de se main- tenir excellent. On peut encore voir la Mate de la blessure sur la partie postérieure du pariétal droit. Il reste une dépression irrégulièérement quadrilatère de l'os de 15 millimètres carrés environ et de 2 ou 3 millimètres de pro- fondeur. Elle est située sur une ligne horizontale passant par le som- met de l’occipital, saillant et facilement reconnaissable sur ce sujet, et le diamètre transverse frontal minimum, et environ À centimètre en arrière d’une ligne verticale passant sur la limite postérieure de l’apo- physe mastoïde. {Diamètres maxima de la tête : longitudinal, 19,6 ; transversal, 15.) En comparant la tête du malade avec les crânes présentés à la Société de Biologie sur lesquels sont dessinées les circonvolutions dont les rap- ports ont été déterminés par le procédé des chevilles, on peut voir que le siége de la lésion correspond à la partie postérieure du pli courbe. .J'ai pu vérifier ce rapport, déduit théoriquement, en enfonçant des chevilles sur sept cadavres dans le point désigné. Un de nos collègues, M. Mayor, a répété l'expérience et est aussi tombé sur la partie posté- rieure du pli courbe. Nous avons donc un tic intermittent non douloureux de l’orbiculaire des paupières et des zygomatiques, consécutif à une lésion indéterminée de la région du pli courbe du côté opposé. Ce qui fait l'intérêt de cette observation, c’est que, d’après les recher- ches expérimentales de Ferrier, ce serait précisément dans cette région du pli courbe qu'il faudrait chercher les centres moteurs de l’œil et de la paupière. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MARS 41876 Par M. V. HANOT, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 4 mars 1876. M. LÉPINE fait une communication sur l’état de la température du membre inférieur, après l’électrisation du nerf sciatique, (Voir aux MÉMOIRES.) — M. Poxcer présente des préparations histologiques provenant de cornées tatouées à l’encre de Chine. Elles démontrent que sur une cornée atteinte de leucôme, cette opération n’amèêne pas la destruction des éléments soit épithéliaux, soit connectifs profonds. L’épithélium dentelé est dissocié par les globules sanguins, et subit une légère irri- tation nucléaire. Le tissu cornéen est aussi dissocié par le sang. Les endothéliums (corpuscules) se séparent en grande quantité de leurs faisceaux tendi- neux. Ils possèdent aussi des noyaux multiples. La matière colorante se localise dans les couches inférieures de l’épi- thélium, et supérieures du tissu conjonctif, soit sur les éléments lym- phatiques, soit sur les corpuscules cornéens, et surtout sur le noyau de ces cellules. c. R. 1876. 9 66 Les solutions d’encre de Chine étant entièrement composées de vibrions noircis, ce sont ces organismes inférieurs qui, digérés par les cellules de la cornée, colorent le leucôme. Le tatouage ne doit pas être pratiqué sur une cornée vasculaire, et les séances doivent être assez espacées pour permettre la résorption des petites hémorrhagies. Cette opération dans ces conditions est exempte d'accidents. — M. Pinarp communique à la Société le travail suivant : DU SOUFFLE FOETAL. Depuis que Kennedy, en 1830, signala le souffle ombilical, qu’il appe- lait son ombilical, bien des observateurs, malgré sa rareté relative, l'ont constaté ; mais si tous sont d’accord quant à son existence, ils dif- férent notablement lorsqu'ils cherchent à établir et à démontrer la cause de ce souffle. Ainsi Kennedy attribue ce souffle à une compression du cordon et au passage du sang à travers un rétrécissement artériel. Il l'avait d’abord, en se confondant sur deux observations, attribué à une hémorrhagie coexistante ; mais il revient plus tard sur cette première manière de voir, car l'expérience lui prouva que le phénomÈne pouvait exister in- dépendamment de toute hémorrhagie, et qu’on le produisait, d’ailleurs, artificiellement, en faisant subirau cordon une pression convenable (1). Nægele, en étudiant quelques années après le même phénoméne, dit M. Depaul, n’a fait que confirmer les expériences de Kennedy. Suivant cet habile observateur, le bruit dont il s’agit est constitué par une pul- sation simple sans isochronisme avec le souffle utérin, et résulte de l’entortillement du cordon autour du cou du fœtus, ou d’une compres- sion produite entre son dos et la paroi uterine. Suivant lui encore, il n’existerait que dans une étendue de quelques pouces, seulement il au- rait une situation variable, selon que le fœtus se présente par la tête ou par l'extrémité pelvienne. La torsion plus ou moins grande des artères du cordon sur elles-mêmes aurait aussi une influence sur sa force. P. Dubois, en 4833, signale dans un mémoire un cas dans lequel il avait perçu un bruit de souffle tout à fait indépendant de la circula- tion maternelle et qu’il rapporta au cœur du fœtus. Carrière, aprés avoir aussi étudié la question, rapporte que, dans dix ou douze cas dans lesquels le cordon s’enroulait une ou plusieurs fois autour du cou de l’enfant, il n’a rien constaté pendant la grossesse qui pût être rapporté au bruit ou au souffle ombilical. Il ne juge pas défini- tivement la question, mais il insiste sur l’impossibilité dans laquelle il (1) Depaul, Traité d’auscultation obstétricale. Paris, 1847. 67 a été de faire naître une pulsation soufflée en pressant avec le stéthos- cope sur le cordon conservant encore ces rapports avec la mère et le fœtus, immédiatement aprés la naissance. M. Depaul avait, en 1839, placé le point de départ du souffle dans le cœur fœtal ; mais dans son Traité d'auscultation obstétricale, qu’il publia en 1847, et qui est l’ouvrage le plus complet que nous possédions encore sur l’auscultation obstétricale, il dit : « De nouvelles recherches m'ont forcé à modifier cette manière de voir, et je suis obligé d’ad- mettre aujourd hui que, si quelquefois un souffle peut se joindre à l’un des bruits qui résultent de la contraction du cœur de l’enfant, il est incontestable que plus souvent encore une pulsation avec souffle part de l’un des points du cordon ombilical.» Et plus loin : « La pulsation avec souffle, quand elle se produit en dehors du cœur fœtal, résulte, selon toutes les probabilités, d’une certaine compression que subit le cordon, que cette compression soit exercée par quelque partie du fœtus lui-même, ou qu’accidentellement on la fasse naître en parcourant avec le stéthoscope certains points du globe utérin. » Devilliers (1) a trouvé des circufaires dans la moitié des cas où il a observé le souffle ; dans les autres cas où le souffle avait été constaté il ne trouva pas de circulaires. : M. Charrier, dans un mémoire lu à la Société de médecine de Paris, après avoir remarqué que le souffle pourrait étre permanent ou inter- mittent, semble attribuer le souffle à la présence de nombreux circulai- res. Dans le cas où il est permanent, il considère le pronostic pour l’enfant comme trés-grave, et dans un cas dont il a relaté l'observation et où il avait constaté u1.e permanence du souffle, et une altération dans le rhythme des pulsations fœtales, il n’hésita pas à provoquer l’accou- chement et eut un enfant vivant. Tarnier (2) ne se prononce pas sur la cause du souffle mais, dit-il, on devra néanmoins penser à la compression du cordon par des circulaires, chaque fois qu’on entendra le souffle ombilical, Ayant bien souvent observé, comme tous les auteurs qui précèdent, que dans les cas où les enfants naissent avec des circulaires même trés- serrés, l’auscultation répétée ne m'avait fait constater aucun souffle pendant la grossesse, que d’autre part quand j'avais constaté un souffle appartenant au fœtus ou à ses annexes, je ne trouvais aucune circulaire à la naissance, je cherchai alors ailleurs la cause du souffle. En 1873, pendant mon internat à la Maternité, je me livrai à denom- A SAS LA: NA} P LR FCO HONOR D NAT EBART GE SO, Des réa CEA rt (1) Devilliers, Nouvelles recherches sur la brièveté et la com- prefsion du cordon ombilical. (2) Tarnier, Article Cordon, in DicrionNAIRE DE Jaccoun. 65 breuses recherches. Tout d’abord, ayant constaté un magnifique souffle fœtal simple dans un cas, je crus devoir l’attribuer à la présence d’un nœud simple qu'offrait ce cordon. Afin de la conserver, j’insufflai cette tige funiculaire. Quelque temps après, M. le docteur Berger, aujourd'hui professeur agrégé, publia, à la suite de son concours de prosectorat, un article extrêmement intéressant dans les ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, sur la con- formation intérieure de la veine et des artères ombilicales. Je me demandai alors si ces replis, que M. Berger avait trouvés dans la veine et les artères, ne seraient pas la cause du souffle dans certains cas. Aussi, après avoir noté ce que me donnait l’auscultation chez les femmes enceintes, au point de vue du souffle ombilical, je préparai toute une série de cordons qui avaient été interrogés pendant la gros- sesse, J'ai continué ces recherches depuis que je suis chef de clinique, et voici les résultats de mes nombreux examens. Je préparai : 49 Des cordons provenant de femmes chez lesquelles je n'avais perçu aucun souffle autre que le souffle utérin. 20 Des cordons provenant de femmes chez lesquelles je n'avais perçu que des pulsations soufflées avec maximum au niveau du cœur fœtal. 30 Des cordons provenant de femmes chez lesquelles j'avais constaté un souffle fœtal intermittent ou plutôt fugace, avec un maximum tantôt au niveau du cœur fætal, tantôt en un point plus ou moins éloigné. 49 Des cordons provenant de femmes chez lesquelles javais perçu un. souffle fœtal simple mais permanent avec un maximum éloigné du cœur fœtal. 5° Des cordons provenant de femmes chez lesquelles j'avais perçu un souffle fœtal double, permanent, avec un maximun éloigné du cœur fœtal. Aprés avoir lavé, insufflé et séché ces cordons, je les étudiai au point de vue des valvules et voici ce que je constatai : Dans les cordons des trois premières catégories, je trouvai, ainsi que M. Berger l’a démontré, des cordons sur lesquels je ne pus constater ni trace d’étranglement ni repli semi-lunaire ou diaphragmatique. Les vaisseaux de ces cordons étaient presque rectilignes. J'en trouvai d’au- tres dont les vaisseaux étaient flexueux, contournés en spirale, d’une façon plus ou moins régulière, présentant déjà un aspect légèrement moniliforme et des rudiments de valvules soit dans la veine soit dans les artères (4). lue (4) A ce propos, je dois dire que j’ai préparé des centaines de cordons 69 Dans la quatrième catégorie, qui. ne comprend que trois cordons (souffle simple, constant, avec maximum éloigné du cœur fœtal), je trouvai sur le trajet de la veine des replis falciformes, semi-lunaires ou diaphragmatiques assez développés pour. obturer un tiers, la moitié et même plus de la lumière du vaisseau. Les artéres, quoique présentant des étranglements, étaient privées de ces replis ou ces derniers étaient à peine apparents. Dans la cinquième catégorie, qui, comprend cinq cordons (souffle double, permanent, avec maximum éloigné du cœur), je trouvai sur le trajet de la veine et des artères de nombreux replis extrêmement dé- veloppés, tantêt semi-lunaires, tantôt diaphragmatiques, et dont quelques-uns oblitéraient les trois quarts au moins de la lumière des deux ordres de vaisseaux. Ces replis étaient trouvés d'autant plus nom- breux, ainsi que l’a noté M. Berger, qu’on se rapprochait de l'insertion placentaire. L’irrécularité des spires ou des flexuosités nous à semblé déterminer aussi le développement plus accentué de ces replis. En présence de ces résultats, nous pensons qu’on ne peut guère nier. la relation de cause à effet, et voici les conclusions que nous croyons. devoir formuler. En pratiquant l’auscultation avec soin chez une femme enceinte, pen- dant la dernière moitié de la grossesse, on peut entendre les variétés de souffle qui suivent : 40 Un bruit de souffle correspondant à la première pulsation du cycle fœtal; celle-ci, au lieu d’être nettement frappée, est soufflée. C’est. un souffle cardiaque, il est permanent et disparait quelques heures ou. quelques jours après la naissance. M. Depaul l’a appelé souffle fœtal. 29 Un souffle dont le maximum se trouve plus ou moins éloigné du cœur fætal, en un point quelconque de la tige funiculaire. Ce souffle funiculaire peut être simple ou double, et est dû à la présence de. replis semi-lunaires on diaphragmatiques extrêmement développés et siégeant soit dans la veine ou les artères seulement, soit dans les deux ordres de vaisseaux à la fois. 39 Un souffle plus fort que les autres, isochrone aux battements du cœur fœtal, simple et fugace. Ce souffle funiculaire est dû à Ja com- pression passagère des éléments du cordon, produite soit par les parties fœtales elles-mêmes, soit par le stéthoscope. et que je n’en ai jamais trouvé de variqueux, ainsi qu’on le dit géné- ralement. Ce sont probablement ces étranglements, siéseant au niveau de la veine et des artères et qui donnent aux vaisseaux l’aspect monili- forme, qui ont fait croire à des dilatations variqueuses. 70 — M. Jues KüNoxez communique le travail suivant : CONSIDÉRATIONS SUR LE MÉCANISME DU VOL CHEZ LES INSECTES LÉPIDOP- TÈRES ET HYMÉNOPTÈRES. (ROLE DU FREIN ET DES HAMULI.) M. Paul Bert, après avoir montré que la section du frein, rehant l'aile inférieure à l’aile supérieure chez les Lépidoptères crépusculaires et nocturnes (Papillons chalinoptéres), n’entraînait ni le relèvement des ailes, ni l'abolition du vol, s’est, à mon sens, beaucoup trop hâté de conclure que le frein était sans usage; je vais tâcher d'exposer, d’après des considérations anatomiques, quelles sont ses véritables attribu- tions. Cet appendice contribue à maintenir entre les ailes supérieures et inférieures la solidarité Ja plus étroite, de telle façon que les mouve- ments des unes entraînent les mouvements des autres. Les fonctions du frein des Lépidoptères sont absolument les mêmes que celle des cro- chets (kamuli) situés sur le bord antérieur de l'aile de la seconde paire chez les Hyménoptères, ces crochets venant s’attacher à une nervure du bord postérieur de l’aile de la prenuére paire. L’aile inférieure des Hyménoptères comme celle des Lépidoptéres n’a donc aucune avtono- mie et suit forcément les mouvements de l’aile supérieure. Les deux paires d'ailes, chez ces insectes, ne constituent pas quatre rames aériennes, mais deux rames seulement ; les battements des ailes d’un même côté sont simultanés, et l’on peut s'assurer expérimentale- ment que l'extension de l’aile antérieure même chez les Lépidoptères privés de frein, par exemple, entraîne toujours l’extension de l’aile pos- térieure. Un exposé très-succinct de la disposition des muscles fera com- prendre la nécessité de cette union forcée des ailes. Ces appendices ne reçoivent pas directement des muscles abaisseurs et élévateurs. Les muscles abaisseurs s’insérent à la réeion médiane du dorsum du mésothorax (præscutum et scutum) et au scutum du mé- thorax : il n’y a qu’une paire de ces grands muscles dorsaux; quant aux muscles élévateurs, ceux-ci se fixent d’une part à la région latérale du dorsum du mésothorax (præscutum et scutum), d'autre part au mésosternum et au métasternum; ceux-là s’attachent au dorsum du mésotaorax (scutum) et à l’épisternum du métathorax. L'action de ces” muscles ne se communique pas directement aux ailes, mais se transmet . à certaines piéces axillaires par l'intermédiaire d’une arête solide, qui a reçu le nom de clavicule thoracique. Les abaisseurs et les éleveurs, par suite de leur mode d'insertion, entraînent dans leurs contractions, non pas une paire d'ailes, mais les deux paires en même temps. “Suivant M. Marey, « les mouvements si complexes de l'aile ten- « draient à faire admettre l'existence d’un système musculaire très- 71 « complexe lui-même, Mais l’anatomie de l’insecte ne révèle pas l’exis- « tence de muscles capables de commander tous ses mouvements. On _« ne reconnaît guêre dans les muscles moteurs de l'aile que des éléva- « teurs et des abaisseurs...…. » Je ne saurais assez protester contre une . semblable interprétation : tous les mouvements de l'aile sont sous la dépendance absolue du système musculaire; indépendamment des grands abaisseurs et des grands élévateurs, il existe une série de petits muscles trés-compliqués que j'ai appelé les muscles directeurs; les uns président à l’extension et au retrait des ailes, les autres servent à modifier sans cesse, augré de l’animal, l’inclinaison des appendices . pendant le vol. Ces derniers muscles s’insérent aux piéces articulaires _des ailes (épidèmes d’articulation). Tous les muscles directeurs agis- sent directement sur les ailes comme les muscles des pattes; et leur . mode d'insertion à l’aide de pièces comparables à des terdons ne rap- _ pelle en rien la disposition toute spéciale des insertions des abaisseurs et des élévateurs (1). En résumé, chez les Lépidoptères et les Hymenoptéres, il existe une paire de puissants abaisseurs et une série d’élévateurs qui entrainent forcément, non pas chaque aile individuellement, mais les quatre ailes dans des mouvements d'ensemble ; les extenseurs et les rétracteurs en- traînent chaque paire d’ailes et non pas chaque aile isolément ; les mus- cles modificateurs de l’inclinaison agissent seuls individuellement sur chacune des ailes. — M. Cuarces RicHer communique le travail suivant : DE DEUX FORMES DIFFÉRENTES DE TÉTANOS DIAGNOSTIQUÉES PAR LE PNEUMOGRAPHE, Rien n’est plus facile que de reconnaître le tétanos traumatique. Mais, - pour que le diagnostic soit complet, il ne suffit pas de prononcer le nom de la maladie, il faut encore apprécier la forme particulière qu’elle revêt et la gravité qu’elle peut acquérir. Tout récemment, j'ai eu l’occasion d'observer dans le service de M. le professeur Verneuil, à l'hôpital de la Pitié, deux cas de tétanos, et l'application des appareils enregistreurs - m'a fourni quelques résultats qui peuvent donner, pour le diagnostic, le pronostic et le traitement de cette redoutable maladie, quelques ren- seignements utiles. Ce qui domine en effet dans le tétanos au point de vue de la gravité (1) Voyez, pour plus de détail, sur la Myologie des insectes, mes Recherches sur l'organisation et le développement des Volucelles. 17° partie, Chap. IV, paragraphe 2, p. 469. Paris. Masson 1876. 72 de la maladie, c'est l’état de l'appareil musculaire de Ja respiration. La mort ne survient ni par la fièvre, ni par la chaleur, ni par la contrat- ture des muscles des membres, mais par celle des muscles respirateuts et par l’asphyxie qui en est la conséquence. C’est pourquoi l’analyse minutieuse des phénomènes mécaniques de la respiration doit nous faire juger la gravité, choisir la thérapeutique et connaître la forme du té- tanos. | J'ai pensé que l'emploi du pneurnographe aurait de grands avantages, car il permet de se rendre un compte exact des différentes phases de Pacte respiratoire. Le premier malade était un ouvrier maçon, déjà fort, âgé, épuisé par la misère et tuberculeux. Lors des grands froids qui sévirent sur Paris, il y à quelques jours, il eut les deux pieds congelés. La gangrène s’en suivit, et le tétanos fut lui-même consécutif à cette gangrène. Le mal- heureux mourut trés-rapidement, seize heures à peine après la pre- mière manifestation de cette maladie. Il succomba asphyxié. Le tracé respiratoire que j'ai obtenu quelques heures avant sa mort montre qu’à certains moments il y a comme une pause dans la réspi- ration, et que cette pause se trouve pendant l'expiration. De sorte qu'il y'avait un spasme expiratoire. Mais ce spasme tenait-il à un tétanos _ des muscles expirateurs où à un spasme de la glotte ? Il serait assez im- eo de choisir l’une ou l’autre de ces hypothèses. Cependant il m’a semblé qu’elles étaient également vraies toutes les deux, et qu'il y avait simultanément resserrement de la glotte et contracture dés mus- cles abdominaux expirateurs. (V. les tracés 1 et 2.) L'autre malade est mort d’une maniére toute différente. C'était un jeune garçon d’une qninzaine d’années, qui fut pris de tétanos quelques jours après un écrasement de la main. La maladie dura trois: jours;| et il mourut dans une Fonte d'état comateux, mal caractérisé, mais sans a8- phyxie. C’est ce que j'avais prévu par l'inspection seule des an respire toires obtenus chez ce malade. (V. le tracé 3.) En effet, chez lui la pause tétanique est dans l'isspin on et non dans l'expiration, et cet arrêt est dû à une contracture des muscles in- -spirateurs, bien au contraire de ce qui s'était passé chez l’autre malade où le spasme était dû aux muscles expirateurs. Cette inspiration, notons-le en passant, est absolument identique au tétanos vrai qu'on obtient en enregistrant la contraction musculaire d’une grenouille empoisonnée par la strychnine ou excitée par un cou- rant d'induction à intermittences rapides. La forme du plateau, las- ‘cension brusque, la descente saccadée, et suivie de mouvements tumul- tueux et irréguliers, tout ést semblable et montre à quel point éstlogi- 73 que l'assimilation entre le tétanos physiologique.et le tétanos patholo= gique. "Pracé1. ‘Tracé 2. Tracè 3. 74 Nous voyons, en second lieu, qu il y a une différence absolue entre les deux cas de tétanos. Dans le premier, il y a arrêt dans l'expiration, et la cause est un spasme de la glotte et des muscles expirateurs ; dans le second, il y a arrêt dans l'inspiration, et la cause est un spasme tétani- que des muscles inspirateurs. Cette distinction n'est pas une simple curiosité de ph siolnie) pen logique. Elle conduit à un pronostic et à une thérape tique qui & rent. Si l'ons ’est assuré que le spasme est dû aux muscles ins la tin est. au et on ob A on, un spasme de ain, ; que ce: soit un Ééeoallont de une _contracture des muscles M re le 2 0 Ê mie, et Due te cas ic dir M. Véséuil, cétle éra rendu la vie à de malheureux tétaniques qui asphyxiaient. ne ra Enfin, je ferai remarquer qu’outre ces spasmes si nettement caract risés qu à la rigueur on pourrait les observer, quoique d’une m tout à fait insuffisante, sans le pneumographe, il y a d’autres petits sspasmes ou plutôt des irrégularités respiratoires qui n'existent pas à l’état normal, et il serait impossible d'en constater l'existence sans un appareil enregistreur, lequel dans les cas douteux devra assurer le dia- gnostic. Ainsi, pour résumer, nous dirons que dans le tétanos, il faut distin- guer deux formes : celle où le spasme tétanique porte sur l'inspiration, celle où il porte sur l'expiration. Le pneumographe seul peut les faire diagnostiquer, et ce diagnostic est nécessaire, attendu que le tétanos de l'expiration est beaucoup plus grave et qu'il peut exiger, pour être combattu, la trachéotomie ou tout autre moyen thérapeutique dirigé contre la contracture de l’orifice laryngien. Séance du 11 mars 1876. M. Onimus communique à la Société certains phénomènes électro- musculaires qu’il a observés dans un cas de tétanie et dans un cas de catalepsie, phénomènes qui lui semblent propres à jeter quelque jour sur la nature de ces états morbides. — M. PirRes communique deux nouvelles observations recueillies dans le service du professeur Charcot et qui sont encore en parfaite harmonie avec la théorie des localisations cérébrales. ivede: sont: Es EN bou — M. Drevrus communique l'observation suivante : ‘ TUBERCULOSE MÉNINGÉE; AUTOPSIE. La nommée C..., âgée de 28 ans, entre à l'hôpital le 4 février 1876. Cette femme, qui a toujours joui jusqu’à présent d’une excellente santé, räconte que sa maladie commença le 25 janvier de la manière suivante : elle ressentit en se levant des fourmillements et de petites secousses convulsives dans le bras gauche. puis des fourmillements dans le mem- bre inférieur gauche et, au bout de quelques secondes, perdit connais- sance. Son mari lui dit qu'elle resta assez longtemps sans mouvement, l’écume à la bouche. Cette perte de connaissance fut suivie d’un léger sentiment de courbature. Le lendemain, elle ressentit de nouveau les mêmes phénomènes dans les membres du côté gauche; puis elle con- stata une diminution des forces, surtout dans le membre supérieur, pa- ralysie qui alla croissant jusqu’à son entrée à l’hôpital. :A cette époque, on constate les phénomèënes suivants : paralysie assez prononcée du membre supérieur avec légère contracture et flexion du coude; paralysie moins marquée du membre inférieur qui ne rend pas encore la marche impossible; déviation tréscIeeere de la face du côté droit, avec déviation de la pointe de la langue à droite ; intégrité de l’orbiculaire, des paupières et des mouvements pupillaires. Pas de trou- bles des sens, ni de la sensibilité périphérique. Douleur lancinante dans Ja région fronto-pariétale droite, assez vive pour causer l’insomnie et empêcher toute alimentation. Quelques vomissements. Tendance à la constipation. Température normale. Rien au cœur, ni dans les pou- mons. Deux cuillerées de sirop de Gibert; injections de morphine au point douloureux. | Pendant les jours suivants, la paralysie fit de rapides progrès, sur- tout au membre supérieur, Diminution notable de la sensibilité tactile au membre supérieur. Déviation três-nette de la face. En même temps, la malade s’anémie rapidement et son visage > présente une remarquable pâleur: Dépression profonde. Le 43 février, en se levant, la malade tombe privée de connaissance. À la visite, état subcomateux ; paralysie: complète des membres, para- lysie faciale très-marquée; parole inintelligible. Intelligence presque complétement aholie. Dilatation de la pupille gauche; Lévres et langue fulisineuses. Selles’ et urines involontaires. La malade meurt dans l'après-midi, sans que la température se soit élevée. AuTorsie. — 15 février. Sous les deux plévres, nombreuses erinulatiots, tuberculeuses iso- - 76 lées ; au centre du poumon gauche, petit foyer caséeux. Rien dans les autres viscères et dans'le péritoine. Cerveau. — Sérosité sous-méningée assez abondante. Les circonvo- lutions de la convexité du côte droit sont un peu affaissées. On trouve disséminées sur la convexité des hémisphères et à la partié supérieure quelques rares granulations tuberculeuses isolées. Les méninges n’adhés rent à la substance eérébrale qu’en un! point; au niveaw de l'extrémité: interne du sillon de Rolando droit, où l’on trouve une petite plaque dé méningite tuberculeuse à cheval sur le point de jonctién des-deux:cir convolutions ascendantes, au niveau du lobe paracentral. 20 Au fond du sillon de Rolando droit, à deux centimétres.en avant de . l'extrémité de la scissure de Sylvius, il existe un bouquet de granula+ tions tuberculeuses: de deux centimètres environ de diamétré, refoulant les deux circonvolutions ascendantes. Ces granulations' sont entouréés: d’un petit foyer d’encéphalite dans la substance corticale de ces circon- volutions, plus étendu dans la circonvolution frontale. Au-déssous, l& substance cérébrale est ramollie dans une assez grande étendue, ce.qui explique l’aplatissement des circonvolutions à ce niveau. Dans les ventricules et les corps optostriés, rien de particulier à signaler. Réflexions. — Cette observation paraît intéressant au point de vue. clinique, en raison de la marché anormale de la maladie, et au point dé vue de l4 physiologie pathologique. Les phénoménes de début (épi- lepsie dé Jackson) doivent être attribués au bouquet de granulations situé au fond du sillon de Rolahdo : nouveau fait à l'appui des théories actuelles sur les localisations Corticales. Les phénoméènes términaux (œædème) ont sans doute été causés par l’œdème cérébral, qui lui-niême reconnaît probablement pour cause la compression d’une véine céré- brale par l’amas de granulations tuberculeuses que nous venons de déerire: — M. le docteur BocHEFONTAINE communique " observation Sui- vante : DÉBRIS D'ORANGE, NON DIGÉRÉS, RENDUS. PAR L'ANUS AVEC LES MATIÈRES FÉCALES:, Je viens présenter à la Société de biologie des détritus rendus par l’ânus, avec les matières fécales, par un malade qui ésf venu consulter M. Vulpian à l'hôpital de la Charité, et qui n’avait pas de diarrhée ni de troubles digestifs appréciables. Ces détritus conservés dans dé l’éau alcobliséé sont, comme on Je voit, formés de petites masses blanchâtres, fusiformies, flottantes pédi- TÉ culés par une de leurs extrémités, et adhérentes, par leur pédicule à une, membrane Ér blanchâtre qui renferme un liquide légérement. trouble. | On: a: pensé tout: d’abord qu'ils étaient .des débris. d'orange. Un. pre-. mierexamen mieroscopique à montré qu'ils appartiennent bien au.règne végétal, car on a constaté, dans la membrane blanchôtre; la présence:de. nombreuses trachées. On à vu, cn même temps, que le pédicule des petites masses fusiformes font corps avec à membrane blanchâtre ; donc, ces masses vésiculeuses ne sont pas un, produit parasitaire. | Mais l'orange peut-elle traverser le canal digestif sans, être. digérée, sans être attaquée par la salive, par le suc gastrique, par le sue panoréa- tique et les autres liquides intestinaux ? Si la chose est possible, pourrait-on distinger les vestiges de la pulpe d'orange d'avec ceux de la pulpe du citron”? M. Galippé a fait, au laboratoire de l'Ecole de pharmacie, l'examen des vésicules fusiformes expulsées par l'anus et les a comparées avec 5 vésiculés normalés du parenchyme dé l'orange et du citron. Il a constaté qu’elles ont lé même volume que les vésicules implantées sur l’éndôcarpe dé l'orange. Mais elles n’en ont pas la couleur. Le liquide qu'elles contiennent est légèrement grisâtre, et il leur donne l’ispect des vésiculés de la chair du citron. D'autre part, les vésicules du citron sont plus volumineuses que celle de l'orange ou des débris qui nous occupent. On peut se rendre compte de toutes ces différences en jetant un coup-d’œil sur ces moitiés de citron et, d’ orange. | On pourrait admettre. ue les vésicules de ces débris viennent de. l'orange et que, par voie d osmose, elles ont, changé leur liquide jaune orangé contre un Hiquide légérement trouble. On pourrait encoré ad- mettre qu elles appartiennent au citron, et qu elles se sont vidéesi Income plètement, puis rare, pendant leur voyage à travers l'appareil digestif. Mais l'examen microscopique vd la Lt, nl DAME qua les vésicules expulsées et l’endocarpe qui. les. porte proviennent de l'orange. En effet, leur paroi, comme celle des vésicules normales de l'orange, est formée de cellules. végétales contenant des groupes de, gra- nulations jaunes de dimension variable, granulations qui ne se retrou- vent pas dans les cellules de Ja paroi vésiculaire du citron. Ce: fait est intéressant au point de vue de la clinique; de la-médeeine légale et.de la physiologie. Ii prouve, eneffet, que la pulpe de l'orange peut, comme des membranes végétales beaucoup plus résistantes, tra : verser le carial digestif sans être digérée; qu'elle : peut des nr 78: avec les matières fécales au milieu desquelles on peut la retrouver et la reconnaître. qu Depuis que cette communication a été faite à la Société de biologie, ‘ la malade est revenue consulter M. Vulpian; elle a dit avoir mangé de l'orange et affirmé qu’elle avait avalé ce fruit, non va Dre: mais xp l'avoir mâché. ‘: e }91 — - M, le docteur CHouPPE communique le travail SO Nore SUR UN ACCIDENT QUI PEUT SE PRODUIRE A LA SUITE DES INJEC= TIONS SOUB-CUTANÉES DE CHLORHYDRATE DE MORPHINE ; DES PRÉCAU- “TIONS A PRENDRE POUR L'ÉVITER. Dans la. pratique journalière, on charge d’abord la seringue Pravaz, . puis, aprés avoir ajouté l'aiguille, on fait la piqûre et on ‘pousse immé- . diatement. l'injection : ce procédé usuel] n’est pas sans danger, ainsi que i ] ’ai pu m'en convaincre dans trois cas que J'ai observés récemment. Dans le prernier cas, il s 'agissait d'un asthmatique auquel j je fis, à la cuisse, Une injection de 3 centigrammes de chlorhydrate de morphine ; : aussitôt après l'injection ïe malade éprouva un grand soulagement, mais, à peine le calme commençait-il, environ 45 secondes. aprés l’in- * jection, qu'il fut pris de fourmillements débutant par la paume des mains, s'étendant rapidement à à tout le corps, et accompagnés de dé-. mangeaisons très-vives. En même temps les veines du cou se gonflérent, k la face devint rouge, vultueuse, les artères battirent violemment et le malade éprouva une sensation de lourdeur de tête telle qu’il crut qu'il allait tomber. Le pouls trés-vif était à 450. Tous ces phénomènes du rérent environ deux ou trois minutes avec une intensité extrême, puis . peu à peu ils s’amendérent et disparurent tout à fait après dix minutes ; af le pouls seul restant fréquent pendant plusieurs heures. Je remarquai qu’au moment où je retirai la canule, un petit filet. de sang s'écoula de ü la piqüre. Le malade n’éprouva à la suite de cette injection aucune L nausée. Antérieurement je lui avais plusieurs fois injecté la même dose dé chlorhydrate de morphine et je pus encore ÿ revénir RE la suite sans voir se produire aücun accident analogue. ? Mit FT Quelques mois plus tard, aprés avoir injecté 15 milligrammés de clôrhydrate de morphine sous là peau du bras d’ une jeune dame atteinte de névralgie dentaire, je vis’ se reproduire lés mêmes accidents que dans le cas précédent ; cependant ils furent beaucoup! moins violents : et moins prolongés. Les fourmillements et les démangeaisons | se prodüiz sirent, mais la congestion ‘encéphalique n’eut pas la même intensité. Davis ce cis encore ‘un filet de sang s'écoulz dela f piqûre au moment où. j ’érilévai:ta thpsulé; étiliiyutni tauséés, di vorhissément# “| 217 _récte de’ la morphine 7 de pensais dés lors AN) attribuer ces accidents à l'introduction di- äns une veinulé, e re résolis dé FETE opus - première occasion de m’en assurer. sn a à 7 À ve ce Bllené sé fit pas longtemps AUERUTES à. à Teuà no al eV roûe Je fus pris d’une colique hépatique légère ét, après avoir chargé e com- plétement ma seringue (3 centigrammes ‘de sel), je fis la piqûre à droite ‘ de Ja région épigastrique et je poussai lentement l'injection. La moitié 1 ü du liquide à peu près était introduite quand les fourmillements des mains commencèrent, bientôt suivis de tous les accidents que j'avais observés la première fois, et je dois dire que les battements ‘artériels furent si violents, la congestion encéphalique si intense que j ’éprouvai une angoisse extrême. Grâce à des ablutions froides sur la tête, à un courant d’air frais, je : sentis une détente se produire et une sueur froide perler sur tout lé con Corps. Au bout de quelques : minutes tout rentrait dans l'ordie. Au moment, où les fourmillements avaient commencé, j'avais “enlevé la seringue, laissant la canule en place; or de cette éanule le sang s’écoulait goutte à goutte. Quand les accidents eurent disparu, je . poussai la canule plus avant et je terminai l'injection sans rien éprou- ver de semblabie. Sie Il est donc évident que ces s phénoménes sont dus à l'introduction di- recte de la morphine dans une veine. Il suffit dés lors, pour les éviter, de piquer a vec la canuleisolée, et de s'assurer avant d’introduire le li- ” quidé que le sang ne coule pas goutte à soutte par cette canule ; dans le ‘ cas contraire l'enlever ou la pousser plus profondément, . Avec les doses que je viens d’indiquer les phénomènes furent passa- gers et ne’ présentérent pas de gravité réelle; mais leur intensité prouve ‘qu’il n’en serait pas de même avec des doses plus fortes, ou avec l’atro- ” pine, déjà si dangereuae en temps ordinaire; il est évident qu’on devra redoubler de précautions. Il ÿ à encore trois points qui méritent d’être signalés : 19 11 faut qu’une dose déjà assez forte de morphine soit arrivée à l'eu- _ céphale pour que les accidents se produisent, il faut même qu ’elle soit plus considérable que celle nécessaire pour amener le calme, puisque _ les accidents n’arrivent qu’aprés la diminution de la douleur. 20 Nous ferons observer que dans ces cas on ne voit pas de vomisse- ments ; ce résultat nous paraît en rapport avec un fait que, nous avons souvent observé ; à savoir que les vomissements sont moins frrements avec les doses massives. 39 L'accoutumance semblerait ne jouer aucun rôle préservatif quand la morphine est direetement introduite dans la circulation: j'ai €n effet ressenti, avec 15 milligrammes, des effets aussi énergiques que : les _ autres made, or, Ceux-ci avaient jusque-là subi trois ou quatre | #0 au Ele et à es doses tns-fihle, tandis que j'avais depuis us ‘d’un mois répété sur moi-même des injections s'élevant à:la dose de 20 à 25 centigrammes, doses, qui ne produisaient sur. pe aucun effet physiologique ni toxique. . Ces résultats m'ont paru intéressants À faire connaître pra que l’usage des injeétions hypodermiques tend à segénéraliaer. de plus en plus. 1 La Société iprocëde à:l'élection d’un memibre:titulaire. M. Gülippe obtient 26 voix ;:M.Duret 9.:M.Bicard.4, M. Galippe est nommé membre titulairede la Société de Biologie. Séance du 18 mars nr . —MM. Hanor et BOCRHEFONTAINE Fpyxnuniquent les. expériences _-suivantes : SUR L'ACTION ‘PHYSIOLOGIQUE DES Paiuiskpt PENNATUS ET Digne ci SIMPLEX CULTIVÉS EN EUROPE, _ Depuis un certain nombre d’années diverses espèces de Pilocarpus ont ‘été introduites ‘dans les serres d'Europe. Le Jardin des Plantes de Paris _a reçu deux pieds de Pilocarpus pinnatus et de Pilocarpus. simplex ‘envoyés par M. Lindet de Gand. Ces jeunes arbustes ont déjà plusieurs mètres de hauteur ; le Pilocarpus pinnatus surtout a eu un dévelop- pement rapide, ét son apparence est celle d’un jeune nOY£Ee La nettété avec laquélle on peut ‘reconnaitre la présence de l'alca- ‘loïde du Pilocarpus pinnatus par les réactifs chimiques et les expérien- ces sur les animaux, nous ont porté à rechercher si cet arbuste cultivé dans les serres d'Europe possède des propriétés semblables à celles dont il jouit quand il croît en liberté sur le bord des forêts du Brésil,,ou si ‘la culture ämêne dans sa composition des-modifications qui peuvent se ‘traduire par des différences d’action physiologique. M. Houllét directeur des serrés du Jardin des Plantes.a eu l'obligeanice de mettre à nôtre disposition une feuille de ‘Pilocarpus Pinnalus, et une’feuille de Pilocärpus ‘simplex. ‘Chacune d’elle à l’état frais pesait environ 40 grammes. ‘Les feuilles: ont été divisées et soumises à l’ébulli- tion:avec de l’eau ; les solütiôns présentaient les caractères suivants : Elles précipitaient par l’iodure double de mercure et de potassium ; ‘par l'ivdure depôtassium ioduré (réactif de Bouchardat) ; par l'acide ‘phôSphomoïybdique. Ces réactions suffisaient pour démontrer la' ‘présence ‘d’un älcäloïde dans ‘les deux solutions. “La pétite quatitité de matière que nous’ avions à ndtre disposition ne 81 nous a pas permis une recherche sur l’homme. Nous nous sommes con- tentés d'observer chez le chien, si l’infusion de Pilocarpus pinnatus et de Pilocarpus simplex produisent, une hypersécrétion des glandes, et nous fimes des essais physiologiques dont voici le résumé : Ex. IL. Pilocarpus pinnatus. — Chien mâtiné de moyenne taille, chloralisé par une injection de deux grammes d’hydrate de chloral, en solution au cinquième. On fixe une canule dans le EUR de Warthon du côté gauche. On at- tend quelques minutes pendant lesquelles rien ne coule par l'extrémité libre de la canule. Par la veine qui a servi pour l'injection de blond, on introduit en trois fois 45 grammes d’infusion de Pilocarpus pinnatus. Cinq minutes après le commencement de l'injection, le liquide salivaire paraît au bout libre de la canule , avant même qu’on ait terminé l'injection veineuse. On compte une goutte de salive toutes les sept secondes. Quelques mi- nutes plus tard, il ne s'écoule plus de salive par la canule. On fait la li- gature du conduit, et l’animal est gardé dans le lahoratoire. Une heure après cette ligatue, l'animal bave encore d’une manière notable. Exp. II. Pilocarpus simplex. — Chien mâti= terrier de moyenne taille, non chlorelisé, et cependant très-tranquille pendant qu'il est at- taché sur la table d'expérience. Le canal de Warthon est disséqué, et muni d’une canule ; rien ne sort par l'extrémité ouverte. On injecte par la veine fémorale 45 à 18 grammes d’infusion faite avec une feuille de Pilocarpus simplex. Moins ce deux minutes après le commencement de l'injection avant que tout le liquide n'ait été in- troduit dans la veine, les gouttes de salive sortent de la canule, et se succèdent rapidement. Cet écoulement considérable dure près de deux minutes, puis il cesse promptement, et à peu près complètement. Dans une expérience antérieure, on avait fait une injection par la veine fémorale avec une infusion de Pilocarpus pinnatus dans 18 gram- mes d’eau environ ; mais la quantité de foholes, 3 seulement; était sans doute trop peu considérable pour produire la salivation, car on a seule-. ment observé un peu de machonnement, comme cela arrive avant que la salivation ait lieu, quel que soit d’ailleurs l’agent mis en usage pour la provoquer. On pourrait objecter à ces expériences que la faible quantité de salive sortie par le canal de Warthon ne peut être une preuve de l’activité des feuilles de Pilocarpus, et que l'injection d'un volume d’eau égal à velui de Vinfusion employée suffrait peut-être pour faire jaillir un c. R, 1876. 11 82 certain nombre de gouttes de salive PaX la canule salivaire, Nous avons voulu répondre expérimentalement À à cette objection. \ en Sur un chien de moyenne taille, on à mis une canule dans le, canal! de Warthon, puis on a injecté dans une veine fémorale vers le cœur, comme si on eût opéré avec une infusion de Pilocarpus, sept seringues d’eau commune. La seringue contenait cinq centimètres cubes, on à in= troduit dans la circulation 35 grammes d’eau. Un quart- a heure aprés le commencement de l'injection, l’animal ne salivait pas. On a préparé alors une solution d'extrait aqueux de Pilocarpus pin-, natus du Brésil, représentant quatre centimètres cubes. La quantité de matière était telle qu’elle devait fatalement agir sur. la sécrétion des glandes salivaires. Trente secondes, en effet, après le début de l’injec- tion, l’animal à été pris de sahvation extrémement abondante, etal a manifesté tous les autres symptômes de l'intoxication par le Pilocarpus, accidents cardiaques, vomissements, etc. L'animal] n’était donc pas ré- fractaire aux agents qui déterminent l’hypersécrétion des glandes salivaires. Ces expériences prouvent donc : 1° Que le Pilocarpus pinnatus cultivé dans les serres se comporte PRY- siologiquement comme celui d'Amérique. 20 Que le Pilocarpus simple a une action physiolosique sur les slan- des comparable à celle du Pilocarpus pinnatus. Ces recherches ont été faites à l'Ecole de médecine, dans les Jabora- toires de MM. Regnauld et Vulpian: — M. LaporDe communique à la Société les résultats physiologiques qu’il a obtenus avec l’aconitine extraite de l’aconit des Pyrénées. M. Gougaux fait remarquer tout l'intérêt pratique de ces études sur les aconitines de diverses provenances. Trop souvent des préparations, dans lesquelles entre l’aconitine, n’ont pas, chez tous les pharmaciens, la même activité. M. Goubaux se rappelle le fait suivant : Un médecin de ses amis ordonnait, depuis quelque temps, une prépara- tion d’aconit à un client qui n’avait pas présenté, jusque-là, le moindre accident d'intoxication: Le client s’adressa un jour à un autre pharma- cien qui jugea la dose beaucoup trop forte et alla prévenir le médecin. On diminua notablement la dose et, cependant, le malade fut encore trés- incommodé par l’usage de la potion. M. RaguTeaAU trouve quil est peu scientifique de désigner sous le. même nom d’aconitine des produits qui ont des propriétés différentes. M. LasorDe répond qu’il n'a poiné fait œuvre de chimiste, qu'il s’est 83 contenñté de soumettre à l'expérimentation physiologique des produit vendus dans le commerce sous le nom d’aconitine. — M. Hayem communique l’observation suivante : POLYURIE GUÉRIE PAR L'OPIUM. Macé (J.-J. j: 48 ans, serrurier, entré le 28 décembre 1875 à à lhôpita ] | SRE Ce malade, qui ne Gun pas avoir fait de srands excès HAS, avait une excellente santé jusqu’en 1867. A cette époque, il ét une paralysie du bras gauche survenue subitement sans Poe qe connais- sance et qui guérit en trois mois. Dans le courant de 1874, il s’aperçut que sa vue S’affaiblissait consi- dérablement ; il voyait bien pendant le jour, mais ne pouvait distin- guer aucun objet pendant la nuit. Cette affection guérit en deux mois _et demi, après l’application de plusieurs vésicatoires à la nuque. A la même époque, son appétit était devenu si considérable que son salaire suffisait à peine à le nourrir ; bien qu'il ne bût pas plus que d'habitude (?) il urinait toutes les dix minutes; la nuit, il n’était pas réveillé par les besoins d’uriner et mouillait toujours ses draps. En même temps, ses jambes présentèrent un œdème très-marqué, et sa face fut très-bouffie. On le traita sans résultat par l'électricité, Il entra une première fois à l'hôpital le 11 février 1875, dans le service de M. Rigal qui lui appliqua quatre cautères au niveau des reins, et lui prescrivit de l’iodure d’amidon. Sous l'influence de ce traitement, son état s’amélora rapidement et il put aller à Vincennes, puis, au mois d'avril, reprendre son travail. Mais bientôt les mêmes phénomènes réapparurent ; én même temps, 1l constata que ses forces déclinaient et, ne pouvant plus, avec ses ressources, satisfaire son appétit, il rentra à l'hôpital le 28° décembre 1875. M. Rigal l'envoya à M. Hayém, avec la qualification d’albuminurique. 8 janvier. C’est un homme de constitution robuste, assez gras ; i est moins fort qu'avant sa maladie. La face, encore très-bouffie, il y a quelques jours, l’est fort peu aujourd’hui. L’œdème, également marqué à cette époque aux membres inférieurs, à disparu. Les fonctions diges- tifs sont normales ; mais l’appétit est trop grand pour qu’il puisse se contenter de la nourriture de l'hôpital, et on lui fait depuis son entrée des bons supplémentaires. Les urines sont très-abondantes, claires, mais se troublent peu de temps après l’émission. Elles ne contiennent ni albumine, ni sucre ; cependant le pharmacien de service en a reconnn des traces dans ses analyses. Le malade mouille ses draps toutes les nuits. Pas de polydypsie, pas de troubles oculaires. Pas de lésions car- daques ou pulmonaires. Matité hépatique normale. 84 Depuis le 7 jauvier, on administre au malade 40 pilules d'extrait the- baïque de 0,01. À partir du 40 janvier, le malade prend 45 pilules. Dés le 40 j janvier, le malade accuse une diminution notable de son appétit et de la diurése. Il ne mouille plus autant ses draps. Le 25 janvier, le malade, se sentant très-amélioré, n’ayant plus de bouffissure de la face, ne se plaint plus que d’un sentiment de faiblesse assez marqué. On ajoute à son traitement une cuillerée de sirop d’iodure de fer. L’opium est trés-bien supporté, sans ‘alfres accidents qu'un peu de constipation. La dose d'extrait thébaïque a été élevée, pendant cette dernière période, à 0,20 par jour, Le 27 février, le malade étant complétement remis, et l’incontinence nocturne ayant complétement disparu, on supprime tout traitement. Sa guérison complète se maintient jusqu’à son départ de Vincennes, le 6 mars. L’urine du malade a été analysée par M. Bovet, interne en pharma- cie du service, qui fut prié de faire le dosage de l’urée. Le tableau suivant donne les moyennes des chiffres quotidiens ob- tenus par M. Bovet : Urine par jour. Urée par litre. Urée par 24h. — — — litres. grammes. Avant tout traitement...... 4 40 15 80 69 30 re quinzaine du traitement. 3 30 42 70 42 » 28 quinzaine du traitement. 2 66 43 40 30 5 3° quinzaine du traitement. 2 70 40 20 27 5 Après le traitement......... 4 90 42 40 B » Voici, d’ailleurs, en détail, les chiffres obtenus par M. Bovet : Urine Urée Urée des . par des 24 heures. tre d'urine. 24 heures. litres. grammes : 4 Janvier... Épiataistetsidà AGhsisriné se 75 D . — COM PE OA A6 benttt 41 73 6 _— étuisbeti4s LE suce 63 7 _— LISE SEAUA A Se arr 2 64 8 = 4 . AO Hermes. 64 9 — Assesd% ANR onto Movese 2 07 40 —_ ORNE EURE 444 2 at 55 41 — Add os a à PANNE EN 50 42 — D. rites El ft Aatélionse te 49 43 — Scott «2 mar l A are 2 édeeres 40 14. — En ANS Let à 2 à FAUNE ARE 41 45 — EE RE € PE à li DAPRPEREES 34 46 _— Di Mantes DUR à AO sure 32 47 — AR Leisiete à de: 24 brie 36 18 — DEEE Ts S non sax 37 49 —_ ARS TRE CA 10:,:..: 4e 31 20 _ RTE à à , (1 PR EPPRNREeS 29 21 — DE ee Apt: (2 6 Ÿe à PAPA APE 26 22 — 2. alt fe. S PCUENAEES MES 49 23 — Duiniohls 1e Qt a 21 24 — D te ère j KOPERR. APR: 49 25 — d 8e te br ENV PE RU 47 26 — 2e bite she s PAM SEPNS 36 27 —_ D LL: + < AC 39 28 — AR OS 5 VS MERE RSR 32 29 — d teitrtr 42 ‘ 37 30 — OP PIE AE LL NPA PER 39 31 — DRE Sr le RER PT NS Ÿ4 1er Février... 2 ziot série sur4 sl ie ss) 28 2 — 2 9 Dons soie sr 35 3 — Bupilyes'a 0 Linie “30 4 — DH. ble Lu cts: 00 És] — Ds dn ot oturs AOual: ssros AE | 6 — HU: Le EU AE de ra 34 7 — A Ma ont au ne On à dis 624 27 8 — Fe PE SN à LIN AREE Se OT 9 — PS ET PPS Ou ss » 28 R 86 Urine Urée Urée des par des 24 heures. fitre d'urine. 24 heures, litres. grammes 40 — Dont bent bis ee GS 33 11 — Dick à PROD TREE 27 42 — Queens stk À vd a . 25 43 — SA 40 Ni 14 — Dr rigoeisis À rrrntina ee 45 — dr Léne net À: sh T2 CS 46 — Dan ds émet {Bd SEE 7020 47 — Doérrasne tue ER 24 18 — D sex EE Le ae A pale Some :. 25 49 — Diitéer cutéte rene ae 21 20 — Dennis die Aus eee 21 24 —# HDi «aie is ufr D HUE DL) 22 —_ , DORE QD Peer 25 23 — EAU EN 41 22 2% — Dual ini (PRE ee 25 + D Ne AMIS HESTAUNUEE 26 — Dans 88 ete 9 : 20. 27 — Qu date at, S REPAS et tte 18 28 — 2: vie AO RARES 21 29 un Drauaretses JAN ANNE 29 1er Mars... Drames UM OMR OT 2 — 4: rase La ARUDRMEE EU AE :F480 3 —_— AAA, 2e PE 124 CRE ed 1e 21 4 — dot ase it HAN RER LE 21 5 STY 1 : .. 12 see 29 6 ba 3 ‘oo 12 02, 25 M. RaBurTeaAu fait remarquer que lorsque la quantité d’urée excrétée en vingt heures fut devenue trois fois plus faible, la malade mangeait justement beaucoup moins. Il semblerait donc que la diminution de la quantité d’urée excrétée puisse s’expliquer par la diminution de la quan- tité des aliments ingérés. Aussi, M. Rabuteau désirerait savoir si on a mesuré exactement les quantités. d'aliments ingérés chaque jour du traitement. M. Hayew déclare qu'une telle estimation est impossible chez des ma- Jades qui peuvent se procurer de la nourriture en dehors du service. Il éroit, avec M. Rabuteau, que la diminution d'aliments ingérés rend 87 compte de la diminntion d’urée excrétée, l'opium agissait surtout en calmant la faim. M. Macnan rappelle que M. Bouchard a communiqué à la Société un cas de polyurie guérie par la valériane et demande à M. Hayem s’il a soumis son malade à ce médicament. M. Haven, chez un autre polyurique, avait employé la valériane, mais sans aucun succés. Il croit, d’ailleurs, que l’action des médica- ments, dans la polyurie, doit varier selon les moments, Quoi qu’il en soit, il est certain que ce sont les médicaments anti-spasmodiques qui réussissent le mieux, ce qui est encore en faveur de la nature nerveuse de la maladie. M. ParRor ajoute que la polyurie n’est pas rare chez les enfants de 2 à 7 ans et le plus souvent alors elle est fort grave ; elle se termine ordinairement par les accidents de la méningite tuberculeuse. Sous ce rapport, M. Parrot relève, dans l'observation de M. Hayem, les acci- dents cérébraux que son malade a présentés autrefois. — M. BapaL fait la communication suivante : Un certain nombre de sujets atteints de myopie excessive, d’astigma- tisme irrégulier ou de taies superficielles de la cornée qui diffusent ex- trêmement la lumière etque ne corrige aucun verre, arrivent cependant à pouvoir lire, écrire, se livrer à des travaux relativement minutieux, tant que l’acuité reste assez bonne. Ces malades, sacrifiant la nétteté à la grandeur des images, lisent en général de très-prés. L’acuité vient-elle à baisser, par suite d’une affection des membranes profondes ? tout travail devient impossible, Si l’on essaie de corriger le défaut de réfraction à l’aide d’un lorgnon sténopéique à trou d’épingle, les images sont rendues nettes, en effet, mais elles sont alors si peu éclairées que le malade n’en retire aucun profit. Si, au lieu de s’en prendre à la réfraction, on s’en prend à l’acuité, en essayant de l'emploi de la loupe, pour avoir de grandes images, ces images sont si diffuses que l’on n'obtient non plus aucune amélioration. . Mais si, comme je viens d’en faire l’expérience sur quelques-uns de mes malades, on associe le lorgnon sténopéique à la loupe, on obtient un résultat remarquablement satisfaisant et dont les malades qui se contentent de pouvoir lire et donner .leur signature se montrent très- reconnaissants. — La loupe agit alors non-seulement en donnant de grandes images, mais en collectant la lumière et en faisant passer un plus grand nombre de rayons dans l’ouvertnre sténopéique. Celle-ci, de son côté, corrige la diffusion des images. — M. Macnax fait la communication suivante : 88 Dans une des séances du mois de décembre dernier, M. Joffroy, en communiquant une observation de paralysie générale, dans laquelle les altérations de la substance corticale étaient surtout prononcées dans les lobes postérieurs, avait pensé, d’après ce fait et d’après d’autres observa- vations, que les lésions des lobes postérieurs du cerveau s’accornpa- gnaient d’une manière spéciale de troubles trophiques, en particulier d’escharres lombo-fessières situées du côté opposé à la lésionet, de plus, de symptômes graves rappelant ceux de l’état typhoïde. L'examen de plusieurs observations de paralysie générale ne m’a pas montré une relation aussi intime entre les escharres et les lésions des lobes postérieurs ; un nouveau fait vient de se présenter récemment dans mon service et je demande la permission de la communiquer à la Société de Biologie. Une femme, âgée de 32 ans, affectée de paralysie générale au début, entre à Sainte-Anne; le 427 mars 1876, dans un état d'excitation mania- que trés-vive. Le 3, il survient une faible attaque apoplectiforme, de la fièvre, de la sécheresse de langue, de la diarrhée, des soubresauts tendineux. Dés le lendemain, le 4, une escharre apparaît à la fesse droite. | Le 5, une autre escharre se voit à la fesse gauche, et l’ escharre droite continue à s’accroître. Les symptômes généraux avec la fièvre per- sistent. Le 6, l’escharre de la fesse droite présente 8 centimètres dans le sens longitudinal et 4 centimètres transversalement, le centre est Joue; ; l’escharre gauche s’accroît légèrement. Les 7, 8 et 9, l’escharre droite s’agrandit encore, la fièvre augmente et la malade meurt le 10 à deux heures du matin. L’autopsie fait voir une vive injection des méninges cérébrales ; la pie-mére s’enlève facilement sur les lobes occipitaux, elle offre de petites’ adhérences sur les lobes pariétaux et elle adhère plus fortement sur les lobes frontaux. Les coupes du cerveau faites avec soin ne font voir au- eune lésion en foyer dans le cervéau. L'examen histologique de la couche corticale permet de reconnaître également la prédominance de la lésion dans les lobes frontaux. Les méninges rachidiennes sont lésèrement in- jectées, la moelle n’offre pas d’altération appréciable. Le cœur est mou, jaunâtre ; ses cavités droites renferment des caillots fibrineux. fi Tes poumons sont engoués à la base et en arrière des deux côtés. Le foie, légèrement jaunâtre, présente une infiltration sanguine du volume d’une noisette, pénétrant de un centimètre au-dessous de la capsule et siégeant à la face supérieure à droite du ligament suspen- seur. : | 89 Les reins sont légèrement jaunâtres dans la couche corticale. La rate n'offre rien de particulier. L’intestin grêle offre, par places, une légère injection. On le voit, dans ce cas de paralysie générale, il est survenu des escharres, des symptômes graves rappelant ceux de l’état typhoïde et les lobes occipitaux étaient presque entièrement épargnés. La prédomi- nance des lésions dans les lobes antérieurs, chez les paralytiques géné- raux, est un fait reconnu par la plupart des auteurs, et comme, d’autre part, les escharres sont fréquentes dans le cours de la maladie, il devient difficile, nous le répétons, de les rattacher à une lésion des lobes occi- pitaux. M. HaNoT a vu souvent, comme M. Magnan, les lésions de la paraly- sie générale dominer sur les lobes frontaux et il avait signalé ce fait dans une note lue, en 1872, à la Société, chez des malades qui avaient succombé lors d’une poussée aiguë, avec méningo-encéphalite intense sur les lobes frontaux et intégrité presque absolue des lobes occipitaux ; des escharres fessières s'étaient produites pendant l’attaque terminale. — M. PraT communique la note suivante : ÉTUDES SUR LES ALBUMINOÏDES Jai eu l'honneur d'adresser, le 11 février, à la société de Biologie, un mémoire intitulé : Etudes sur quelques albuminoïdes. J'ai constaté qu’en soumettant au dédoublement de la fibrine, des muscles et du gluten, on obtenait des liquides albumineux alcalins ayant, comme l’albumine, les propriétés de se précipiter par l’acide azo- tique et de se coaguler par la chaleur; que ces liquides possédaient, en outre, la propriété caractéristique de donner une belle coloration rose en présence de l'acide azotique contenant des vapeurs rutilantes. En continuant mes recherches sur ces albuminoïdes, j’ai trouvé qu’ils possèdent une propriété qu'il me paraît important de signaler : C’est que, par la chaleur, il se forme un acide qui est ou qui contient le corps qui produit la coloration rose. Si l’on porte à l’ébullition un de ces liquides albumineux alcalins, pour le débarrasser de l’albumine, et qu'aprés filtration on chauffe ce li- quide, il donnera une réaction acide. En évaporant à siccité on obtient un corps jaune fortement acide et agglutinatif ; en le dissolvant dans un peu d’eau on a un acide qui, par l'acide azotique, donne une coloration rose trés-intense. Je me propose, dans un nouveau travail, de déterminer la nature de l'acide qui s’est produit. Il n'est pas nécessaire de se débarrasser de l’albumine pour obtenir la réaction acide. c. R. 1876. 12 90. J'ai fait dessécher, dans une étuve à 459, une dissolution albumi- neuse alcaline de fibrine ; j’ai obtenu, comme avec l’albumine ordi- naire, des plaques desséchés solubles. _ Seulement cette albumine a une réaction acide, et elle a conservé la propriété de donner la coloration rose. Au reste, l’albumine, donnant une réaction acide, peut se produire avec l’albumine ordinaire. Si on acidifie du sérum, qu’on le fasse dessécher à une température qui ne dépasse pas 45°, on obtiendra une albumine desséchée à réaction acide et qui cependant, possède toutes les qualités et toutes les pro- priétés de l’albumine ordinaire. Séance du ?5 mars 1876. MM. Mazassez et Picarp communiquent à la Société le travail su1- vant : RECHERCHES SUR LES FONCTIONS DE LA RATE. À QUEL ÉTAT EST LE FER DE LA RATE ? Dans une note précédemment publiée dans les ComPTES RENDUS de l’Académie des sciences, l’un de nous a indiqué qu'il existe toujours dans la rate de l'animal en santé une forte proportion de fer beaucoup supérieure à celle qu’il est possible d’attribuer au sang qui baigne l'or- gane. Comme suite et pour expliquer ce fait, deux hypothèses se présen- taient : ou bien il existait dans la rate une substance ferrugineuse spé- ciale, distincte de celle du sang; ou bien il y avait de l’hémoglobine, fixée sur les éléments du tissu de la glande. Des considérations théoriques, suite de cette tendance naturelle à l’es- prit de l’homme, qui se porte à chercher dans les faits nouveaux qu’il observe des analogues de ceux qu’il connaît déjà, nous ont fait exami- ner d’abord la première hypothèse. Nous penchions à croire qu’il pouvait y avoir dans la rate une sub- stance particulière capable de se transformer facilement et de donner. cette hémoglobine que nos analyses nous faisaient reconnaître (comme. formée de toutes pièces) apparaissant dans le sang veineux notamment sous l'influence de la paralysie des nerfs. Cette supposition n’a pas été vérifiée et, au contraire, 1l est facile de démontrer que le fer de la rate est contenu dans de l’hémoglobine identique à celle du sang et fixée! sur ses cellules propres. L'expérience qui permet de démontrer ce fait est la suivante: 91 Expérience du lavage de la rate. — On sait qu’il existe une faible quantité d’hémoglobine unie aux éléments musculaires et que le fait a été démontré par M. Kühne. En principe, la méthode expérimentale ici employée est celle qui a été suivie par cet auteur ; elle se fonde sur la non solubilité de l’hémoglo- bine dans les solutions de sel marin convenables, ensuite, de cette pro- priété qui peut chasser le sang contenu dans les vaisseaux sans dissoudre l’hémoglobine qui peut exister sur les éléments situés en dehors d’eux. On commence par faire passer par l’artère splénique cinq à six litres de solution de sel marin convenable. Aprés cette opération, le liquide sort par la veine tout à fait incolore, le sang a été entraîné par le liquide et on peut le reconnaître à ses élé- ments figurés dans les premières portions, comme aussi on peut dans les dernières constater par leur absence que tout était entraîné avant la fin du lavage ainsi fait. À ce moment de l’expérience, la rate est encore fortement colorée en rouge. Si on fait passer alors par l’artère splénique de l’eau distillée ou de l’eau ordinaire, on voit presque immédiatement le liquide sortir rouge par la veine et l’organe se décolorer rapidement, On peut obtenir ainsi plusieurs litres de solution rouge. Dans cette expérience, l’eau a dissous une matière colorante qui adhé- rait aux cellules de l’organe et, en effet, l’examen microscopique de rates durcies après le lavage à l’eau salée et, après le lavage à l’eau, mon- tre, dans le premier cas, des cellules rouges dans lesquelles on ne dis- tingue rien ; après, au contraire, des cellules presque incolores dans les- quelles on observe des particularités de structure que l’on ne peut dé- crire ici. Qu'est cette substance? l’analyse qualitative faite soit sur le liquide rouge obtenu, soit sur le tissu plénique lui-même, montre que c’est là de l'hémoglobine identique à celle du sang. En effet, le liquide, examiné au spectroscope aprés agitation avec l’oxygène, aprés action des agents réducteurs, après agitation avec l’oxyde de carbone, donne, dans le premier cas, les deux raies de l’hémoglobine. Dans le second, la raie unique de l’hémoglobine réduite ; dans le troi- sième, les deux raies de l’hémoglobine non modifiables par l’action des agents réducteurs. On peut aussi combiner cette substance à l'oxygène et montrer que l’oxyde de carbone est susceptible de déplacer ce gaz, volume à volume. L'examen du tissu splénique au microspectroscope démontre la même substance sur les cellules elles-mêmes. Cette expérience démontre avec certitude l'existence dans la rate d’une grande quantité d’hémoglobine située en dehors des vaisseaux. En faisant les analyses du fer dans les rates lavées complétement, on 92 constate que la totalité, à peu près, de ce métal a disparu; qu’il æ été entraîné en même temps que l’hémoglobine; on peut en conclure qu'il est dans la rate en totalité sous forme d’hémoglobine. — H. MARTIN, interne des hôpitaux, communique la note suivante : RECHERCHES SUR LA STRUCTURE ET LE DÉVELOPPEMENT DES BACTÉRIENS OU VIBRIONIENS. Il est un sujet dont on s’occupe beaucoup aujourd’hui dans la science ; je veux parler de ces petits organismes si remarquables que l’on appelle vibrioniens ou bactériens. Voilà déjà bien longtemps que l’on étudie ces petits êtres, et l’on a assez souvent parlé d’eux devant la Société de Biologie pour que je me dispense de retracer ici les hypothèses si nom- breuses dont ils ont été le sujet depuis leur découverte. Je dirai donc simplement que nous sommes déjà loin de l’époque où on les rangeait au nombre des animaux, et onles compte généralement aujourd’hui au nombre des végétaux. Malgré la grande autorité des savants qui défendent cette opinion, je me permettrai cependant de faire connaître quelques recherches personnelles qui ne me paraissent pas entiérement conformes à cette manière de voir. Pour démontrer la nature végétale de la bactérie, on s’ appuie, sur deux points fondamentaux : 19 on admet que les granulations dont elle dérive sont des produits végétaux, des spores répandues dans l’atmosphére, ct, 20 on décrit la bactérie comme une cellule végétale “unique ou cloisonnée comme n'étant, en d’autres termes, qu’un éube mycélien. Ces germes, susceptibles de dégénerer ainsi en bactéries, appartien- nent-ils bien réellement au règne végétal? — Je me propose, de faire devant la Société de Biologie un certain nombre de communications sur ce que j’appellerai les éléments principaux de la substance contrac- tile vivante, et l'exposé de ces recherches, qui ont pour origine les belles lecons de M. le professeur Claude Bernard sur les tissus vivants, nous fournira l’occasion de décrire, comme faisant partie essentielle de ces éléments contractiles vivants, des granulations tout-à-fait sem- blables à celles qui, dans un liquide en putréfaction, dégénérent en vibrions. Nous pourrons seulement alors revenir sur la nature probable de ces germes bactériens. à Pour aujourd’hui, je vais simplement considérer ce second point du sujet : la bactérie est-elle une cellule mycélienne, tantôt simple et tantôt cloisonnée ? Dans un liquide en putréfaction de n'importe quelle, origine, ce qu. dans la plupart des cas, frappe surtout l'attention, c’est un nombre considérable de granulations sphériques, biréfringentes, paraissant ho: 93 mogênes, et qui sont agitées d’un mouvement brownien des plus vifs. | A côté de ces granulations isolées, on en trouve d’autres qui sont féunies en chaînes de 2, 3, 4 articles et bien plus encore. C’est en pré- sence de ces chaînes de corpuscules sphériques, semblables aux agglo- mérations pareilles de germes végétaux, que les auteurs ont affirmé leur nature végétale. Quoi qu’il en soit pour le moment, de cette opi- nion, il est un fait certain admis de tous, c’est que ces chaînes granu- Jeuses se produisent par bourgeonnement. Nous avons bien observé ce phénomène sur deux granulations accouplées, observées dans du pus fortement putréfié et que nous avons pu suivre constamment des yeux pendant une heure environ. Sur la surface libre et latérale d’une de ces granulations, à apparu un tout petit prolongement, sorte d’apicule d'abord, à peine perceptible. Cette excroissance a grandi peu à peu et elle formait une troisième granulation latérale, aussi volumineuse que les deux premières, quand nous avons perdu de vue le groupe. Tout à côté, deux autres granulations accouplées, et d’abord bien sphériques, se sont munies de deux pointes aux deux extrémités d’un diamètre com- mun; nous n’avons pu suivre davantage la progression de ce bourgeon- nément, mais il est bien sûr que nous aurions eu, au bout d’un certain temps, un groupe de quatre granulations au lieu de deux. Je n’insisterai pas davantage sur ce mode de prolifération déjà bien étudié, et j'ai hâte d'arriver au développement ultérieur de ces granula- tions simples ou accouplées et à la bactérie elle-même. Cohn, qui s’est livré à une étude approfondie de ces organismes, décrit la bactérie comme formée : 1° par une masse protoplasmique creusée de vacuoles et animée de courants dans son milieu, homogëne et immobile vers la périphérie ; 2° par une fine membrane cellulosique que l’on met en évidence par la teinture d’iode qui la colore. — Si la bactérie est ainsi formée, elle a assurément de bien grandes analogies avec des tubes de mycélium. Cohn a même poussé plus loin cette ana- Josie de structure, en décrivant son mode de reproduction par scissipa- rité. On voit, en effet, d’après ce savant, la cellule bactérienne com- mencer à se diviser dés qu’elle a atteint le double environ de sa lon- gueur ordinaire. Le protoplasma s’éclaircit d’abord sur la ligne de division, puis il se forme une cloison transversale qui sépare le contenu protoplasmique en deux portions. Nous avons, à ce moment, deux cel- lules unies bout à bout, et comme on voit des bactéries articulées qui portent ainsi sur leur longueur 3, 4,6, 8, et même davantage, de points clairs, il s’en suit que la similitude avec des tubes de mycélium estcomplète. c | … L'exposition rapide de ces idées de Cohn résume, je crois, l'état actuel À. \ 94 de nos connaissances sur ce sujet. Mais les quelques recherches person= nelles dont j'ai l'honneur, messieurs, de vous exposer ici les résultats, m'ont conduit à émettre des conclusions différentes. Prenons, en effet, une bactérie rectiligne (pour plus de sinplioitéh complétement développée et formée encore d’un seularticle. À un gros- sissement considérable, quoique encore usuel, elle nous apparaîtra ho- mogène dans toute son étendue. Mais servons-nous alors d’un objectif -à immersion d’une très-grande puissance (nous avons fait usage, dang ces recherches, de l’objectif n° 12 et des oculaires 5 et 6 de MM. Horty marck et Prazmowsky —, tube tiré, un grossiss. de 2100 à 2850 dia- mètres), ombrons aussi le champ de la préparation avec un diaphragme à três-petite ouverture, et projetons une très-yive lumière avec un miroir bien centré. (Il faut le plus souvent un ciel trés-pur, sans nuage et, dans certains cas, un verre jaune placé sous la préparation facilite l'examen.) Nous verrons alors que la bactérie renferme dans son inté- ‘rieur une chaîne d’au moins deux granulations plus ou moïns rappro= chées, sphériques, biréfringentes et faisant paraître tel tout l'élément. Leur petitesse est extrême, et leurs propriétés optiques ne peuvent les faire prendre pour des vacuoles, comme l’admettait Cohn; ce ne sont pas non plus des gouttelettes graisseuses, car elles ne différent en rien des granulations isolées ou en chaînes libres qui flottent tout autour dans le liquide et qui résistent à l’action de l’éther. aie Ces granulations intra-bactériennes sont renfermées dans une gangue partout homogène, transparente, monoréfringente. L Choisissons maintenant une bactérie plus compliquée et présentant sur sa longueur des intersections plus claires ou, en d autres termes, des cloisons cellulaires de Cohn. Examinons-la aux mêmes grossisse- ments et avec les mêmes précautions, et nous constaterons alors les particularités suivantes : l'élément est formé, dans toute son étendue, par une gangue protoplasmique non interrompue, partout égale à elle- même, sans enveloppe distincte ; dans cette gangue sont renfermées “des granulations sphériques, biréfringentes, groupées en fragments de chaîne dont le nombre est variable. Ce sont ces granulations qui font paraître plus foncée la Dei de l’élément qu’elles occupent et qui la rendent biréfringente. Il s’en suit que lorsque l'objectif est bien au point sur la surface même de la bactérie, elle ju EL noire dans les por- “tions granuleuses et blanche dans les points où la chaîne de granula- tions est interrompue; il se produit le phénomène ‘inverse quand on élève l'objectif. C’est là, disons-le en passant, le j io de lumière que pré- sente une fibre musculaire striée. Mais, quoi qu'il en soit, nous voyons maintenant, d’ure sou bien -nette, que-la cloison cellulaire de Cohn n’est autre -chôse qu'une partie 95 de la gangue qui est libre de granulations. Dü reste, il est un grand nombre de bactéries sur lesquelles cette portion claire a une largeur bien supérieure au reste de l'élément et il faudrait admettre, dans ce cas, une cloison de dimensions relativement extraordinaires et tout-à- fait inadmissibles. - Connaïssant maintenant la structure d’une bactérie adulte, pouvons- nous pénétrer le mécanisme de sa formation, et ne faut-il admettre avec les auteurs que la scissiparité? — Ici l'observation directe est des plus difficiles et je ne puis qu'émettre l'opinion me paraissant la plus probable. Nous connaissons d’une part, au moins en partie, les granu- lations libres et réunies en chaînes ; nous venons de voir d’autre part, qu’une bactérie complétement développée (et nous rangeons sous le nom de bactérie tous les éléments mobiles et immobiles que l’on rencontre dans un liquide én putréfaction et que l’on comprend sous le nom gé- nérique de bactéries où vibrioniens); qu’une bactérie complétement développée, dis-je, est formée d’une gangue homogène, transparente, renfermant dans son intérieur des traïnées granuleuses ou en chaînes. De là, à admettre que les bactéries ne sont qu’un état plus avancé des chaïnes libres qui se sont revêtues d’une gangue protoplasmique, il n’y a qu’un pas. Et la chose est d’autant plus probable, d'autant plus na- turelle, que nous avons une sorte de forme intermédiaire admise sans conteste dans la science, je veux parler des amas granuleux appelés .Z00glæa. Une plaque de zxooglæa n’est, en effet, qu’un amas de gra- nulations sphériques, biréfringentes, en tout semblables à celles dont nous nous occupons ici et emprisonnées dans une gangue transparente, monoréfringente. Il est bon de remarquer que ces plaques de zooglæa ont de très-grandes ressemblances avec des globules de pus aplatis et surtout avec les plaques granuleuses du sang qui sont, en outre, contrac- tiles, puisque M. le professeur Vulpian y a observé des mouvements amiboïdes. Du reste, si je n’ai pas vu directement une chaîne de granulations se transformer en bactérie sur la platine même du microscope, il m'a ce- pendant été donné d’observer des états divers qui, réunis et juxtaposés, forment tous les degrés intermédiaires entre la granulation isolée et la bactérie complétement développée. On peut voir, en effet, des granula- tions isolées qui sont plongées dans un cercle irrégulier dont la réfrin- gence diffère à la fois de celle de la granulation elle-même et de celle du liquide ambiant. Ces caractères font assez facilement reconnaître un début de formation d’enveloppe protoplasmique. A côte de ces granula- ions encore uniques dans leur gangue, on rencontre des amas de deux et trois granulations qui se constituent une enveloppe semblable et l’on . arrive de la sorte à la bactérie entièrement développée. 96 En: résumé, de l’exposé de ces recherches, on peut, je crois; tirer tout: d’abord les conclusions suivantes : 1° Les granulations protéiques qui flottent dans un liquide en putré=1 faction, aprés avoir proliféré par bourgeonnement et avoir formé des: chaînes d’un nombre variable d'articles, et très-probablement même, ! quand elles sont encore à l’état isolé, s’entourent, selon toutes apparen- ces, d’une gangue homogène monoréfringente, transparente, qui cache en: partie les granulations.et constituent alors les bactéries 20 Les bactéries articulées ne sont pas des cellules allongées et acco-. lées bout à bout ; ce. sont simplement des bactéries ordinaires telles que nous les avons décrites, de longueur très-diverse, et dans lesquelles la: chaîne de granulations a subi des interruptions en nombre et étendue variables. Au niveau des interruptions la gangue homogène est seule, visible avec ses caractères propres. Ce sont ces points transparents de, l'élément que les auteurs ont décrits comme une cloison transversale, cellulaire. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE . LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D'AVRIL 1876 Par M GALIPPE, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 1° avril 1876. M. ParroT communique à la Société le travail suivant : SUR LE PLATEAU DE L’AORTE ET DE L'ARTÈRE PULMONAIRE DANS QUELQUES ESPÈCES ANIMALES. IL. — Chez certains animaux, aprés avoir coupé l’aorte transversale- ment, à quelques millimètres au-dessus du bord libre des valvules sig- moïdes, si on écarte ces plis membraneux des parois du vaisseau, on voit que le nid de pigeon ne présente pas la même disposition que chez l’homme. En effet, dans le fond, au lieu d’un angle diédre, on trouve une plate- forme, qui figure tantôt une surface elliptique allongée, tantôt un croissant. Cette surface, que nous qualifierons désormais de plateau, n’a ni la même forme, ni la même étendue, au niveau des trois valvules, du moins, chez le plus grand nombre des animaux; et dans ce qui va suivre, nous aurons surtout en vue les mammifères et en particulier le bœuf, sur lequel il est trés-facile de constater ce fait anatomique, grâce au volume considérable de son cœur. c. R. 1876. 13 98 Ce viscère étant placé dans la position qu ‘il affecte dans le thorax de l’homme, on peut dire qu’il y à une valvule droite, une gauche et une postérieure. Le plateau le plus large correspond à à la valve droite, puis vient celui de la postérieure. Au niveau de la gauche, il est en général três-peu étendu ou même n'existe pas. Le plateau droit estien rapport avec la cloison interventriculaire et avec le plus grand déve- loppement de la crosse aortique. Pour pousser plus avant cette étude, il faut ouvrir le cœur, le long du bord gauche, puis, après avoir incisé la valve aortique dela mitrale, faire une coupe perpendiculaire à la surface de l’aorte et passant par la région médiane de la valvule droite. Son plateau se trouve ainsi coupé par le milieu, ce qui permet de l’examiner de profil et de bien constater ses rapports. Il est formé par la saillie musculaire que fait la cloison, dans le ven- tricule gauche. Sa surface n’est pas absolument plane, mais légérement bombée et va s’abaissant jusqu’à son bord interne, qui est arrondi, et sur lequel s’insére la valvule. Il semble qu’à ce niveau, celle-ci se dé- double : d’une part, pour couvrir le plateau, et de l’autre pour se conti- nuer avec l’endocarde ventriculaire. Chez les animaux de grande taille, le revêtement du plateau est trés- épais comme la valvule elle-même. Il est opaque, gris-jaunâtre, lache et forme de nombreux plis, en rapport avec les changements de forme et de dimensions que subit le muscle. — Chez les animaux Le Ho l’endocarde est mince et transparent. Le plateau n’est pas le résultat de la rigidité Las rEns il existe pendant la vie, comme on peut s’en convaincre en examinant le cœur encore palpitant d’un animal qui meurt. Le tableau suivant met. en évidence les relations qui existént chez différents animaux, entre Le poids du cœur, l'épaisseur de 14’ paroi du ventricule gauche, celle de l'aorte et la largeur du plateau. Epaisseur Epaisseur Läfgeur Poids du Ati du ventricule de! du: gauche, l'aorte, : plateau. Gramm. Millim, Milim, Milim RE AU DOUTE, HS sg it A Ne Cheval .... 4010 ....e ; 48 LE A L] 9 e .. e } 95 Chien ..... 80 120 roteqioBeprstolense Étévre tonne 2914 SOA PNR EE ER É} Dinde: -crrse MAO MMCRREE SO US ANR PARA Pic-vert ..... D TOENSUE 40e) ONDES 4,9 99 La comparaison de ces chiffres révéle deux faits dignes d’être notés, - à savoir: que la largeur du plateau croît avéc l'épaisseur de l’aorte et celle du ventriçule gauche, et qu'entre les premières dimensions, il existe un rapport à peu près constant, qui est celui de 3 à 1. II. — La constance du plateau, dans certaines espèces animales, doit - faire admettre à priori qu'il joue un;rôle dans le mécanisme de la circulation. | Pour déterminer ce. rôle il faut considérer la taille de l'animal et son mode d'existence. Relativement au premier point, je n’ai examiné jusqu'ici que le bœuf et le cheval ; mais je suis disposé à croire que, comme chez eux, * le plateau existe chez tous les grands mammiféres. Sur le second point, je dirai que j'ai constamment trouvé le plateau chez les animaux coureurs, tels que lé chien, le chevreuil, le FE Rte le lièvre etc., et chez les oiseaux. - Sur un cœur de dinde, contrairement à ce que l’on observe chez les mammifères, les plateaux des trois valvules de l'aorte, à peu près égaux, étaient assez développés pour obstruer clément sur le cadavre, : la lumière du vaisseau. Ceci bien établi, il me semble que l’on peut en tirer parti, pour définir % rôle du plateau ; pour proposer une hypothèse sur son usage. - Chez les animaux de grande taille, une masse énorme de sang doit être portée fort loin et répartie sur une surface très-étendue. Aussi, le cœur est-il puissant et l’aorte large et épaisse. Au moment où ce vais- seau revient sur lui-même, le liquide qui le remplit constitue donc une | large colonne soumise à une trés-forte pression, ce qui nécessite, du côté des valvules, une grande résistance. Celle-ci ne pouvant être ac- quise que par l’augmentation de leur épaisseur, c’est-à-dire au détri- ment de leur souplesse, qui est indispensable, il est de toute nécessité, celle-ci devant persister, qu'une disposition particulière leur vienne en aide. Or, il est aisé de voir que le plateau réalise cette assistance. Pour cela, il suffit de remarquer que le plus large, celui qui doit remphr la fonction le plus efficacement, se trouve à droite, c’est-à-dire en une région où aboutit le choc principal quand, au moment de la systole aortiqne, le sang tend à rentrer dans le ventricule. Chez les animaux de course et de vol, ce ne sont ni la masse consi- dérable du sang, ni la longueur de son trajet, qui nécessitent la pré- sence du plateau, mais bien la tension considérable du ue aortique dans le temps de la course et du vol. Si l'explication que je propose, est juste, le plateau des animaux de grande taille, qui sont en même temps’ coureurs, doit avoir la plus 100 grande étendue. Le cheval, qui se trouve dans ces conditions, comparé au bœuf, permettra de résoudre cette question. Celui que j’ai examiné avait un plateau droit, de 4 millimètres plus large que celui d’un bœuf, dont le cœur pesait pourtant plus que le sien. Les valvules de l’artère pulmonaire sont également munies de pla- teaux, mais en général de dimensions notablement plus petites:que dans l’aorte. A cette régle, je dois pourtant signaler une exception três- nette que j'ai constatée sur deux cœurs de marsouins. Les plateaux de la pulmonaire y étaient plus larges que ceux de l'aorte; cela n’a rien de surprenant si l’on songe que la tension du sang doit être considé- rable sur la pulmonaire pendant que ces animaux plongent. Il serait intéressant de rechercher si cette différence existe chez les cétacés. L'étude comparative que j'ai faite des trois valvules aortiques, rela- tivement au plateau, m'a appris que les orifices des artères coronaires répondent à celles de ces membranes où on le trouve, et que, chezle bœuf, où il n’y a qu’un orifice, il est justement situé au-dessus du plateau le plus large. Ayant fait cette remarque, je me suis demandé si la saillie muscu- laire que fait le plateau n’a pas pour but d'empêcher les valvules de s'appliquer sur la paroi aortique, au moment de la systole ventrieu- laire, et partant, de favoriser l'entrée du sang dans les coronaires. L'on sait, en effet, que depuis Thébesius, les physiologistes sont divisés sur ce fait de l’occlusion des coronaires par les sigmoïdes, et sur le moment précis où se fait la pénétration du sang dans le cœur. Sans nier que le plateau ne maintienne les valvules sigmoïdes éloï- gnées des parois de l’aorte, lorsque le sang est lancé dans ce vaisseau, je ne puis admettre que ce soit là sa véritable fonction, car, sil en en était ainsi, pourquoi les sigmoïdes seraient-elles munies d’un pla- teau dans l’artère pulmonaire, où il n’y à aucun orifice vasculaire rap- pelant ceux des coronaires aortiques ? J’estime donc quele plateau, dans les deux gros troncs artériels ducæur, est destiné à venir en aide aux sigmoïdes, chez les animaux dont le sang est soumis dans ces vaisseaux à une pression supérieure à la ré- sistance de ces plis valvulaires. Dans l'espèce humaine, j’ai constaté le plateau à l’état rudimentaire sur quelques cœurs d’enfants pouvant être considérés comme normaux, et, d’une manière plus marquée, sur des cœurs atteints d’hypertrophie des cavités ventriculaires, notamment dans certains cas de malforma- tion cardiaque et d'insuffisance des valvules aortiques. — M. Hayem communique l’observation suivante : q 401 - ATAXIE LOCOMOTRICE PROGRESSIVE (1). SYMPTÔMES CÉPHALIQUES ; MYÉLITE SUBAIGUE ; ATROPHIE MUSCULAIRE. EXAMEN DE LA MOELLE ET DU BULBE. H..., âgé de 37 ans, employé de commerce, entré à la Charité, salle Saint-Jean-de-Dieu, le 23 novembre 1874, dans le service de M. Bouil- laud, suppléé par M. G. Hayem. Son père vit encore et jouit d’une bonne santé; sa mére, d’un tempé- rament trèés-nerveux, serait morte à la suite de travaux excessifs. Les autres membres de sa famille sont bien portants. Le malade, d’une constitution assez faible, a eu la scarlatine à l’âge de 7 ou 8 ans; il n'a jamais fait d’excés d’aucune sorte, on ne trouve ‘chez lui aucun antécédent de scrofule, de rhumatisme, de phthisie ou de syphilis. Depuis quelques mois, sa position de fortune ayant changé, il s’est vu obligé de passer des journées entières à faire des écritures, fort peu rétribuées, et par conséquent d'écrire beaucoup et rapi- dement. Vers l’année 1861, il eut un « chaud et froid » qui le tint 6 à 7 semaines au lit; la convalescence fut assez rapide, mais il garda depuis cette époque une grande prégisposition à la bronchite. Il y a à peu prés 3 ans, le malade commenca à ressentir, surtout les jours où la température était basse, des douleurs dans les membres, douleurs dont il décrit assez bien les caractères. Tantôt, dit-il, elles passaient rapidement, comme un éclair, dans les muscles des bras, des cuisses ou des jambes, et revenaient vingt ou trente fois dans une heure; tantôt c'était comme une pression plus ou moins prolongée et doulou- reuse sur les diverses parties du corps. Il attribua ces divers phéno- mènes à l’impression du froid et ne s’en préoccupa point. Ces douleurs durèrent plusieurs mois, puis disparurent peu à peu. Vers le mois d’octobre dernier, et précisément au moment où il fai- sait le métier d'écrivain, le malade s’aperçut que sa vue se troublait ; l'œil droit semblait plus particulièrement atteint; il prétend ne pas avoir eu de strabisme ni de chute de la paupière, mais sa vision était plus courte; il avait comme un nuage devant les yeux, et trés-souvent même il voyait double. Les deux images étaient superposées, la supé- rieure étant la plus distincte. En même temps, il éprouva, de chaque côté du nez, une sensation de tiraillement et de tension qu’il compare à la sensation produite par une enflure. A cette même époque, il remar- qua que, lorsqu'il quittait son siége après être resté plusieurs heures (1) La note-clinique a été recueillie-par M. Boudet (de Paris), externe du service, s 102 assis, les premiers pas étaient chancelants, incertains, et qu’il ne repre- nait son équilibre qu'après uue ou deux minutes de marche. + Au bout de,quelque temps, il. éprouva une certaine difficulté à ténir sa plume; il avait dans les doigts, des,sortes de. crampes, qui tantôt le forçaient à serrer convulsivement le porte-plume, tantôt le lui faisaient lâcher subitement; son écriture devint peu à peu illisible: et. comme écrasée, et il fut obligé d'abandonner complétement le métier d'écrivain. Ces troubles muni tee n’ont pas été précédés dé fourmillements dans les doigts ni dans les orteils; les douleurs erratiqueset lanci- nantes n’ont pas reparu ; l'intelligence et la mémoire sont restéés-in- tactes. Le malade n’avait pas d’insomnie ni de cauchemar les fonc- ‘tions digestives s’accomplissaient normalement, de même que les . fonctions génésiques. hi Etat du malade.— 1°" décembre. L'aspect du malade indique qwil a subi de grandes privations ; il est maigre, três-anémié; la peau’ ‘est -pâle, les muqueuses décolorées. Les tirailleménts douloureux sur les côtés du nez ne s'expliquent pas par l'examen des parties molles de! la face, cependant on trouve un léger gonflement sur les parties! latérales des narines ; les dents, et particulièrement celles de la mâchoires supé- rieure, sont presque toutes tombées depuis le début de la maladie; et celles qui restent sont cariées ; il en résulte un amaigrissement prononcé des joues; mais les muscles du visage ne sont pas paralysés. La, pupille droite est un peu plus dilatée que la pupille gauche, et la vue est plus faible à droite. Il n’y a aucune divergence des globes oculaires ; tous deux suivent parfaitement les mouvements du doigt promené devant eux; mais lorsque celui-ci est porté à gauche, le malade accuse de la diplopie ; celle-ci se reproduit d’ailleurs, spontanément, à certains -mo- ments, d’une manière irrégulière. [’ouïe, le goût et l’odorat sont intacts; la sensibilité cutanée de la peau de la face a três-légérement - diminué, et ce symptôme est un peu plus accusé à droite qu’à gauche. Les bras et les mains présentent un amaigrissement considérable, mais il n’y a point de différence en faveur de l’un ou de l’autre côté. La sensibilité est peut-être un. peu diminuée sur la peau de la main droite ; il n’y a point d’analgésie, et la sensibilité à la température est * intacte. Mais si l'on fait fermer les yeux du malade, les mouvements des membres supérieurs, et surtout ceux du bras droit, sont trés-incer- tains. Ce n’est qu'après plusieurs essais infructeux que le malade Par- vient à toucher le bout de son nez; les yeux ouverts, il accomplit mieux ce mouvement, quoique avec une certaine hésitation. Toutefois, il porte une cuillère ou un verre à la bouche sans se frapper les dents, et sans trop s’écarter de la ligne directe. Il sent, d’ailleurs, parfaitement la forme et le poids de l'objet qu’il tient à la main. Lorsqu'on lui fait 19 fléchir, lentement les doigts, on voit que certains d’entre eux 8e ferment plus vite et plus brusquement que les autres; ce signe est plus gi ti à la main droite. Lorsqu’ on. lui met un crayon à la main, tantôt le mé- dius glisse en dessous.et le crayon s'échappe, tantôt les doigts se con- tractent convulsivement et la pointe de l'instrument s'écrase sur le pa- pier. En outre, les tendons des muscles du poignet sont souvent le siége de soubresauts que la volonté du malädé ne peut empêcher. La force musculaire, quoique peu intense, est restée intacte, mais elle s’épuise rapidement; le dynanométre indique une puissance sensiblément égale pour les deux côtés. La peau des cuisses, des jambes et des pieds présente une sensibilité . à peu près normale ; cependant, le chatouillement de là plante dés pieds n’est pas trés-vivement.perçu. La puissance musculaire est égale- ment respectée, et l’on éprouve une assez grande difficulté à étendre les membres de force. Au.lit, le malade croise ses jambes un peu brus- quement, mais sans les. projeter à droite ni à such; il les élève avec un peu, d’hésitation, mais il parvient facilement à touclier du pied un objet élevé de 40 à 50 centimètres sans trop s’en écarter. Lorsqu'il est debout et les pieds rapprochés, il chancelle et écarte les bras pour se maintenir en équilibre; dés qu'on lui fait fermer les yeux, il perd l'équilibre et tombe. Si on le fait marcher les yeux ouverts, ses premiers,pas sont. titubants,. puis il semble se hâter; sa marche est in- certaine et sa vue ne quitte pas l’endroit où il pose les pieds. Toutefois, il prétend sentir parfaitement le sol et n’éprouve aucune sensation de duvèt ou de balle élastique sous la plante des pieds. D’après lui, la jambe droite serait un peu plus faible que la gauche, d’où une certaine tendance à obliquer à droite. Il n’y a rien de particulier à noter du côté des appareils ciroulatoire et respiratoire. Les digestions se font bien ; l'appétit est bon ; la miction a lieu normalement. Pas de céphalalgie, de cauchemar ni d’insomnie.— Traitement : douches froides et toniques. Le malade se remet à toussér et on est obligé de supprimer les dou- ches au bout de quelques jours. 22 décembre. Le malade semble reprendre des forces; sa marche est moins hésitante. L'état des membres supérieurs est toujours le même. Pas de sucre ni d’albumine dans les urines. 2 janvier. Lies mouvements du bras se font avec plus de coordination. Le malade marche un peu plus facilement, — Reprendre les douches et bains sulfureux. 3 février. Le mieux du moïs dernier a disparu. La maladie semble avoir fait de rapides progrès depuis quelques jours. Dans ces derniers temps, le malade marchait seul en s’appuyant sur les objets voisins. 104 Depuis 3 ou 4 jours, il peut à peine quitter le lit ; il se plaint d’une fai- blesse extrême et ne peut marcher que soutenu par quelqu'un. Depuis cette époque également, il tousse beaucoup. On trouve de la submatité aux deux sommets, et quelques râles humides. En outre, le malade accuse des sueurs nocturnes abondantes, ce qui fait penser à la possi- bilité d’une tuberculose. La marche du malade n’est pas caractéristique de l’ataxie ; il fauche un peu, surtout de la jambe gauche, mais les deux pieds traînent sur le sol, sans frapper du talon. — On a dû encore supprimer les douches et prescrire du kermés et de la digitale. & février. Toujours de la toux; pas de crachats. Aux deux sommets, surtout au droit, submatité et râles de bronchite. 5 février. Toux un peu moins forte. Le malade se plaint toujours de tiraillements dans la joue et jusque dans l’œil droit; la vue est affaiblie de ce côté; pas de strabisme ni de diplopie. Les muscles de l'épaule droite sont atrophies. 8 février. La sensibilité est normale; pas d’analgésie. Lorqu’on lui fait croiser les jambes, le malade ne sent pas toujours exactement quelle est celle qui croise l’autre. Mouvements réflexes conservés. Les membres inférieurs s’affaiblissent de plus en plus ; le malade ne quitte plus le lit. Râles humides, surtout aux deux sommets. Pas de vomissements; pas de céphalalgie ni de bourdonnements d'oreilles. Vue trouble, sans diplopie. 12 février. L’affaiblissement augmente, il y a une véritable atrophie du système musculaire, | Le malade prétend que, depuis plusieurs jours, il a un peu de diffi- culté à parler; la voix est légérement nasonnée. Cependant le voile du palais ne paraît pas paralysé. Pas de sucre dans les urines. 29 février. Constipation depuis quelques ] jours. 9 mars. L’amaigrissement est extrême, ainsi que la faiblesse. La peau prend une teinte terreuse. Il y a des escarres au sacrum et aux régions trochantériennes. Incontinence d’urine. Le malade laisse aller sous lui à chaque efforts de toux. Toux fréquente, pas de crachats. Diarrhée. Parole embarrassée. 7 murs. Ce matin le malade peut à peine parler, il éprouve dans la gorge une douleur qui ne s'explique pas par l’état local. Aux jambesla sensibilité a complétement disparu pour les attouchements ; elle sub- siste pour les chatouillements de la plante du pied et les piqûres d'é- pingle. Incontinence d’urine et de matières. Dans la nuit, fièvre et léger délire. Pouls 120. 105 Mouvements réflexes conservés, mais affaiblis. 40 mars. Fuliginosités aux lèvres, aux gencives et aux narines. Diar- rhée intense. Le malade ne peut plus articulér une parole. Pouls 130. + Œdème de la jambe gauche (mollet). -42 mars. Paralysie complète des deux membres inférieurs. Tempéra- ture locale abaisssée. Les chatouillements ne sont plus perçus ; mais la. sensibilité aux piqûres d’épingles est conservée. Les mouvements ré- flexes ont disparu à gauche et sont trés-difficiles à produire à droite. + Langue sèche, parole difficile, mais non abolie. L’électricité avec les courants faradiques donne peu de résultats. Les muscles des membres supérieurs se contractent encore assez bien ; ceux de l'épaule droite ne présentent plus aucune contractilité, Tous les muscles des membres inférieurs se contractent, sauf les péroniers laté- raux. Le malade sent partout le passage du courant. Il meurt dans la. nuit. AUTOPSIE. Corps très-émacié. OEdème considérable du membre infé- rieur gauche (surtout au mollet). Poumen droit. Emphysème généralisé dans l'espace interlobaire, dé- pôt fibrineux assez récent qui réunit le lobe supérieur au lobe moyen. Cette exsudation fibrineuse répond à une hépatisation du lobe supérieur. A la coupe, il s'écoule une grande quantité de sérosité spumeuse ; bouchons fibrineux dans les bronches ; en somme, tous les caractères de l’hépathisation grise; une tranche mince de tissu pulmonaire tombe au fond de l’eau. Cette pneumonie est limitée au lobe supérieur et ne pa- raît s'accompagner d'aucune production néoplastique. - À l'extrémité du sommet, on trouve des traces de lésions anciennes cool bis par un épaississement de la plèvre avec adhérences, et un petit noyau ardoisé avec centre calcifié. ) Congestion œdémateuse du lobe inférieur. A la coupe : coloration rouge, sérosité spumeuse ; en certains points, commencement de splénisation. + Poumon gauche. Même état d'emphyséme généralisé; pas d’hépati- sation; pas d’exsudation à la surface de la plèvre. Congestion æœdé- rmateuse du bord postérieur. Poumon rouge, gardant l'empreinte du doist ; sérosité spumeuse. En certains points, infiltrations sanguines. Pas de tubercules apparents dans aucun des deux poumons. Cœur petit. Le ventricule gauche à une forme pointue et paraît ré- tracté, pas de lésion de l’orifice mitral vu par l'oreillette, La paroi ven- triculaire est épaissie, d’une couleur feuille-morte foncée. La cavité est plutôt rétrécie que large. La valvule mitrale paraît saine ainsi que les cordages. c. R. 1876, 14 106 L’orifice aortique et l'aorte sont sains, .Caillots assez abondants dans le ventricule droit. Valvules saines. + Même coloration du muscle dans le cœur droit, 1 Reins volumineux, fortement congestionnés. La substance corticale a un aspect légèrement trouble. Adhérences de la capsule à la surface,de l'organe. Capsule épaissie, entraînant un peu de substance corticale. Les deux reins ont le même aspect. Rate. Volume normal ; tissu un peu dense, ratatiné. Foie. Volume à peu près normal. Quelques épaississements fibreux de la capsule, Vésicule distendue par une quantité normale de bile. Parenchyme QUEUE un peu pâle; commencement d’ altération graisseuse peu prononcée, disséminée. Dure-mère rachidienne. Saine, cependant un peu violette dans la région cervicale sans épaississement notable, sans exsudat bien net. Moelle. Un peu d’atrophie des racines antérieures de la 4° paire cer- vicale. La consistance de la moelle est normale, sauf à la région cervicale où. elle semble un peu diminuée au niveau du renflement brachial. . A la résion supérieure, au-dessous du bulbe, on trouve des lignes gri- sâtres dans les faisceaux radiculaires postérieurs et dans les cordons de Goll. A la région lombaire, vers la fin du renflement, coloration jaunâtre de toute l'épaisseur des cordons postérieurs ; le cordon latéral du côté droit et la corne de ce côté, sont plus altérés que ceux du côté opposé. Congestion de la substance grise. | Immédiatement au-dessus de la région lombaire on ne trouve dans les cordons postérieurs que les deux lignes grises déjà notées à la région cervicale. Encéphale. — Vaisseaux, sains. Cerveau. Surface externe, saine. Nerfs olfactifs et leur bulbe, sains. Les nerfs optiques paraissent d’égal volume sur une coupe, vers leur milieu, légère teinte grise. Les nerfs moteurs oculaires communs présentent une lésère teinte grisâtre. Cette sclérose est surtout appréciable vers leur origine appa- rente. Les méninges sont très-vascularisées, mais elles se séparent facile- ment de la surface du cerveau. Un peu d’œdème agonique de la pie- mère à la convexité. Sur certains points, coloration rouge, au-dessous des méninges. Ventricule latéral sain. Masse encéphalique un peu molle, Corps striés sains, Couches optiques saines. Plancher du quatrième 107 ventricule, sain, sauf un peu d'épaississement des méninges au niveau des pyramides postérieures. Les muscles de la jambe droite ont l'aspect des muscles du marasme; PE foncée et viscosité três-grande. "A la jambe gauche, pâleur, infiitration considérable. Aux bras, même état des muscles qu’à la jambe droite. EXAMEN HISTOLOGIQUE : Résumé succinct de l'examen de la moelle. —On trouve, dans toute l’étendue de la moelle, les lésions caractéristi- _ tiques de l’ataxie locomotrice progressive. Il existe, en outre, un peu de méningite annulaire et, dans DATENT de coupes, la substance grise présente des altérations analogues à celles qui caractérisent. la myélite centrale subaiguë. La sclérose des cordons postérieurs porte, à ï5 fois, sur les faisceaux de Goll et sur les faisceaux radiculaires. Le tissu conjonctif é épaissi a pris, sur les coupes montées dans le baume, un aspect colloïde et vésicu- Jeux. Dans les coupes mises dans la glycérine, on y voit une quantité énorme de corps granuleux. Le canal central est oblitéré, plus ou moins complétement suivant les points, par une prolifération épithéliale abondante; autour de lui, les vaisseaux sont élarais et entourés d’exsudats d’aspect colloïde qui, çà et là, pénètrent jusque dans la substance grise. Les cellules nerveuses sont manifestement altérées ; elles sont attein- tes d’une manière diffuse et ne paraissent pas avoir sensiblement dimi- nué de nombre sauf au niveau du renflement brachial du côté droit. Elles sont entourées d'espaces vésiculeux plus larges qu'à l’état normal ; quelques-unes sont creusées de vacuoles ; d’autres ont un aspect vitreux ou colloïde et ont perdu une partie de leurs prolongements. Ces lésions siégent principalement sur la partie antérieure et moyenne des cornes antérieures. Dans la région dorsale, la sclérose des cordons latéraux a envahi presque toute l'épaisseur des cornes postérieures. Celles-ci ne présentent, dans les autres régions, que quelques rares exsudats col- Joïdes. Relativement à la distribution de la sclérose dans les cordons postérieurs, on note les particularités suivantes : A la région lombaire, Vépaississement du tissu conjonctif porte surtout sur la partie posté- rieure et superficielle des cordons postérieurs en formant une sorte de zone sous-jacente aux méninges épaissies. De cette zone, au niveau de laquelle les faisceaux postérieurs sont ré- trécis et comme rétractés, la sclérose s'étend presque exclusivement aux faisceaux radiculaires. À la région dorsale, la sclérosé occupe toute l'épaisseur des faisceaux 108 -postérieurs en eñvahissaht, comme nous l'avons dit, la partie contiguë des cornes de substance grise. C’est à ce niveau que les lésions scléreuses atteignent leur maximum de développement. A la région cervicale, les altérations portent très-nettement sur les faisceaux de Goll et les fais- ceaux radiculaires en respectant presque complétement les parties/qui n’appartiennent pas à ces deux systèmes, 5 4 Bulbe ; Les altérations des faisceaux postérieurs de la moelle peuveut se poursuivre jusque dans le bulbe. Ici,elles atteignent particuliérement les faisceaux radiculaires ascendants de la racine du trijumieau ét le fais- ceau longitudinal de la colonne des nerfs mixtes. Dans toute l'étendue du bulbe, les pyramides antérieures sont intactes. Premières coupes : partie inférieure du bulbe, immédiatement au-dessus des olives : Sclérose diffuse et peu prononcée de l'écorce blanche du noyau restiforme, sclérose d’une partie des faisceaux ascen- dants du trijumeau qui forment comme une sorte de croissant autour du tubercule cendré. RE On aperçoit le commencement, trés-petit encore, du faisceau longitu- dinal de la colonne des nerfs mixtes qui est atteint de sclérose, Les autres parties du bulbe sont saines, y compris les noyaux del hy- poglosse et du spinal. Les altérations scléreuses sont plus marquées à droite qu’à gauche, Coupes faites au niveau du tiers inférieur des olives, = -Mêmes lésions. Le faisceau longitudinal, qui a notablement grossi, et les faisceaux ascendants du trijumeau sont presque les seuls points altérés. Cependant on retrouve encore quelques traînées de sclérose autour dela substance grise du corps restiforme. Ces lésions se poursuivent plus haut en se localisant compléternent dans les faisceaux de la racine du trijumeau et dans le faisceau longi- tudinal de la colonne des nerfs mixtes. Ce dernier, après s'être élargi, devient plus petit vers le tiers supérieur del’olive, et il paraît peu à peu se confondre, en se divisant en faisceaux secondaires, avec la partie pos- téro-externe des masses blanches centrales. Plus haut encore au-dessus de l’olive, ce faisceau longitudinal, devenu trés-petit, est à peine distinct et il paraît moins altéré ; de sorte qu’à ce niveau les seules lésions bien nettes sont celles de la racine ascendante du trijumeau. : Coupes faites au niveau du noyau du facial.— Dans les préparae tions qui correspondent à la partie inférieure du noyau du facial, on aperçoit eu dehors des racines du facial et du noyau auditif interne la section d’un petit faisceau, qui paraît être la continuation renforcée du faisceau longitudinal de la colonne des nerfs mixtes. Le faisceau est si- tué immédiatement en arrière et en dedans des racines du tri) umeau et il contient dans son centre de petites cellules nerveuses ; il est atteint en ‘1409 -quélques points d’un certain degré de sclérose. Le noyau du fascial est hyperémié ; mais les cellules nerveuses ne sont pas atrophiées; quel- ques-unes d’entre elles sont comme tuméfiées, et creusées d'espaces vé- siculeux. Les altérations des faisceaux radiculaires du trijumeau por- “tent surtout sur la portion externe; elles paraissent plus prononcées -encore qu’au niveau du bulbe. Plus haut le petit faisceau particulier que nous venons de signaler, ét ‘qui est contigu aux racines du trijumeau, devient plus volumineux ét ‘on y voit au centre tantôt un, tantôt deux amas de cellules nerveuses. Enfin à la partie supérieure du noyau du facial, ce même faisceau, devenu relativement très-sros, forme deux ou trois faisceaux secondaires contenant prèque constamment à leur centre un fente amas de substance grise. Ces parties sont d’ailleurs très-peu altérées. Au-dessus du facial et de l’origine apparente de la cinquième paire, la protubérance m’a paru complétement saine. Dans les régions que je “viens de décrire les parties antérieures ne m’ont offert aucune particu- larité appréciable. , Tous les points sclérosés du bulbe, de même que ceux de la moelle, ‘examinés dans la glycérine, contiennent des corpuscules Hviese etun grand nombre de corps granuleux. Nerf moteur oculaire commun. — Dans les préparations faites par dilacération on remarque une irrégularité trés-grande des ‘tubes : quelques-uns sont atrophiés ét réduits à une gaîne dans laquelle on aperçoit çà et là de grosses gouttelettes graisseuses, les autres ne se pas dégénérés. Sur des coupes transversales on observe une hyperplasie diffuse, gé- néralisée, intra-fasciculaire, ayant épaissi les cloisons qui séparent les groupes de tubes nerveux, et écarté les uns des autres un certain nombre de tubes atrophiés. Le plus grand nombre de tubes nerveux ont conservé leur myéline et leur cylindre d’axe ; mais autour de beau- coup d’entre eux, la gaîne dite d’endonèvre est notamment épaissie ce qui, sur des préparations non colorées, simule une hypertrophie des tubes nerveux. . Muscles. On n’a examiné que ceux des mollets. Is sont très-atrophiés ; les fibres musculaires présentent tour à tour les lésions suivantes : atrophie simple avec conservation de la striation et multiplication des noyaux musculaires, dégénérescence granuleuse où granulo-graisseuse. Quelques-unes des fibres dégénérées sont dans un état d’atrophie extrême. Le périmysium externe est très-épaissi ; 1l en est de même, d’une mac iêre fort irrégulière, du périmysium interne. Dans ce tissu interstitiel 410 ‘altéré on trouve des amas de cellules arrondies où fusiformes et des corps granuleux. Les parois des capillaires sont infiltrées de graisse, Cette observation rentre dans la catégorie de ces faits, déjà signalés par MM. Charcot et Pierret, où les lésions des cordons postérieurs, dans l'ataxie locomotrice, se sont propagées pour ainsi dire jusqu'aux cornes antérieures de la moelle. Cette propagation, qui se fait très-probable- ment le Jong des fibres radiculaires, rend compte des altérations cel- Julaires qui ont constitué, dans le cas actuel, une véritable myélite subaiguë centrale. J'insiste particulièrement sur les lésions du bulbe, Je pense que l’ana- lyse complète de cas analogues permettra sans doute de tracer à tra- vers le bulbe les voies de communication entre la moelle et l’encéphale. Déjà M. Pierret doit s'occuper de cette étude délicate dans sa thèse inaugurale. : # Voici ce qui frappe surtout dans le cas actuel. Due toute Jeu étendue, les pyramides antérieures sort. absolument intactes. La sclé- rose ne porte que sur la partie postérieure du bulbe et, dans cette partie postérieure, elle s’est, en quelque sorte, localisée en certains points ; elle a envahi le faisceau longitudinal de la colonne des nerfs mixtes en dehors du spinal (ce qui dépose en faveur des connexions de ce faisceau avec les faisceaux postérieurs de la moelle), et les parties les plus ex- ternes des masses grises latérales en dehors du tubercule cendré et dans le voisinage du corps restiforme. On sait que c'est dans cette. région qu’on place la racine ascendante du trijumeau. On aurait ainsi p expli- cation des sensations douloureuses de la face que le malade avait éprouvées, Le nerf moteur oculaire commun présentait une E grise jaunêtre, et l'examen microscopique y a décelé une atrophie des tubes avec épais- sissement du tissu interstitiel. Cette sclérose est importante à cause des troubles de la vue signalés dans l'observation. — M. Maurice LonGuerT, aide de clinique CHHPURSIER à l'Hôtel- Dieu, communique le travail suivant : ; PIEDS-BOTS, SYNDACTYLIE, SILLONS CUTANÉS, AMPUTATION SPONTA= NÉE, ‘SURVENUS PENDANT LA VIE INTRA-UTÉRINE ; LÉSIONS D'ORI- GINE NERVEUSE. Au mois de février 1875, j'ai eu l’occasion d’observer dans le service du professeur Verneuil, à la Pitié, un jeune enfant de 22 mois que ses parents désiraient faire opérer d’une syndactylie particulière dont sa main gauche était affectée, Cet enfant présentait, en outre; sur différ 4 Pr À rents membres un certain nombre d’autres lésions intéressantes qui toutes étaient congénitales, ainsi du reste que la syndactylie. _ Voici le tableau de ces lésions : Membre inférieur drou. La cuisse, à deux travers de doigt au-des- sus du genou, est étranglée par un sillon circulaire et ccmplet, légère- ment oblique, d’une profondeur de 8 millimètres. A ce niveau, la peau déprimée est blanchâtre, peu élastique, adhérente aux tissus sous-ja- cents ; elle ne semble pas avoir été jamais ulcérée, car elle n’a pas l’ap- parence d’un tissu de cicatrice. — La jambe ést términée par un pied= bot varus un peu équin, non réductible, non paralytique, caractérisé par la rotation du pied en dedans, la déviation latérale du métatarse sur le tarse qui reste ou plutôt paraît être resté normal, la flexion per- manente des orteils qui sont tous aplatis, et la brièveté de l’aponévrose plantaire. Le pied est creux : il ne peut être ramené à sa forme natu- relle par les tentatives de redressement. — Toute la portion du mem- bre inférieur, au-dessous du sillon de la cuisse, est moins volumineuse: que la portion homologue du côté opposé ; elle à subi une atrophie ma- nifeste. . Membre inférieur Er Pied-bot valgus réductible, pied-bot paralytique : les articulations sont parfaitement saines ; et il est trés- facile de redresser le pied. Les mouvements volontaires des différents muscles du pied sont à peine appréciables. — Le quatrième orteil de ce pied présente, sur la phalange moyenne, un sillon circulaire et régulier, profond de 4 millimètre au plus. Enfin, un autre sillon, plus superficiél encore que le précédent et qui n’intéresse quele derme, siège sur la der- nière phalange du troisième orteil, à la racine de l'ongle. Membre supérieur droit. La main, dans son ensemble, est, à peu prés, normalément conformée ; mais, au médius, les trois quarts du doigt manquent. Vers la partie moyenne de la première phalange du doigt médian, il existe, en effet, un petit moignon arrondi, portant, à son sommet, une petite cicatrice, moignon qui paraît, de tous points, res- sembler à celui d’une amputation circulaire. — L'index, de cette maiu droite, est plus court que d'habitude, ce qui tient à une atrophie de sa phalangette : celle-ci est trés-courte, trés-mince ; son ongle est à peine marqué, * Membre supérieur gauche. La main, de ce côté, présente une dif- formité que l’on pourrait appeler chirurgicale et qui consiste en une soudure par leur extrémité inférieure des trois doigts du milieu. Ces doigts ne sont pas normaux ; ils ont de petites dimensions dans tous les sens, C'est-à-dire qu’ils sont courts, minces et effilés. Ils ne portent pas d’ongles, Leur extrémité soudée n'est pas lisse, elle semblo forrués paf 112, un tissu de cicatrice relativement, ancien, puisqu il FFrQHÉE aux pre-, miers temps de la vie intra-utérine. La soudure qui réunit latéralement l'index et l'annulaire au, médips s'étend sur toute la longueur de la phalangette seulement ; de sorte que fl phalanginés et les phalanges sont parfaitement libres. Leur ensem- ble constitue ainsi une sorte de gril. A Les doigts adhérents sont fléchis dans la pomme de la main, mais non pas d’une façon permanente ; car ils peuvent se redresser pendant les mouvements volontaires exécutés par l’enfant. Le métacarpe et le carpe ne présentent rien de particulier. 1] “(Ha Le reste du corps de l'enfant paraît régulièrement conformé; cepen= dant, la tête est un peu volumineuse et l'intelligence ne semble pas. très-développée. Il y a certain degré d’hydrocéphalie. Toutes les fonc-" tions organiques des centres nerveux s’exécutent normalement. Les lésions qui viennent d’être rapidement énumérées sont toutes congénitales : « l’enfant est venu au monde comme cela », nous disait le pére. 1 | Quelle est l’étiologie de ces lésions ? C’est là ce que je désire plu SpÉé— cialement étudier dans la présente note. Pour faciliter l'étude des causes, je crois nécessaire de classer ces vices de conformation congénitaux en trois groupes et d’examinèr suc- cessivement les pieds-bots, la syndactylie, les sillons et l’amputation: I. Prens-BorTs. Sur ce chapitre, je serai bref. De nombreux travaux récents et, parmi eux, la thèse inaugurale de M. Thorens, paraissent avoir définitivement fixé l'opinion des pathologistes sur le rôle qu'il faut attribuer aux altérations du système nerveux central dans la pro- duction des pieds-bots congénitaux. C’est un point de doctrine trop bien acquis maintenant pour que j'aie besoin d’y insister plus longuement. Aussi, pour ce qui est de mon petit malade, ne doit-on pas hésiter à mettre sur. le compte de lésions médullaires les déformations dont F6 deux jambes sont affectées, Mais chez lui, en raison de la diffférence qui existe entre la mou mation de l’un et l’autre pied, il est très-probable que les lésions de la moelle ne sont pas similaires dans les deux moitiés de l’axe spinal. . En effet, tandis que le pied-bot varus du côté droit est irréductible et actif, qu'il s'accompagne de contractures musculaires traduites par la flexion permanente des orteils et la. déviation articulaire caractéris- tique, et qu'il existe de plus une rétraction aponévrotique manifeste, le pied-bot valeus du côté gauche est réductible et passif, il APDATERE à la dant paralytique. A droite, certains muscles ont exagéré leur action, à gauche, certains autres ne l’ont pas conservée. Les lésions qui prédiisent ce double effet ne doivent donc pas étre identiques. Luis x re j ‘113 Je ne crois pas que l’on soït autorisé à admettre que le sillon siégeant à la cuisse droite aït pu exercer quelque influence sur la production du . pied-bot correspondant. Car si ce sillon avait agi par compression du sciatique (et ilne pouvait agir que sur ce nerf) il y aurait eu infaillible- ment des lésions des fibres sensitives surajoutées aux lésions des fibres motrices. Or, nulle part, le membre inférieur n’a présenté de traces d’altération dans sa sensibilité. Tout au plus peut-on mettre sur son . compte le léger arrêt de développement dontest affectée la jambe droite et cela par certain trouble de la circulation (compression circulaire.) IT. Synpacryzie. La syndactylie, envisagée à un point de vue géné- ral, est une difformité dans laquelle les doigts sont soudés les uns aux autres. Elle est congénitale ou accidentelle. . Congénitale, elle reconnait comme cause pour ainsi dire unique un arrêt de développement; telle est du moins l'opinion admise par les auteurs. Parfois à l'arrêt de développement vient se joindre une aber- ration de développement, ainsi qu’en témoignent les faits dans lesquels on a trouvé les os de deux doigts voisins réunis latéralement sur toute leur longueur. Accidentelle, ses causes sont multiples : une plaie trau- matique simple ou opératoire, une ulcération, une brûlure, intéressant l'angle interdigital, la produisent sous l'influence du mode de cicatrisa- tion particulière aux plaies angulaires Je n’insiste pas davantage, La syndactylie congénitale proprement dite s’explique facilement. A une certaine époque du développement dn fœtus, la main se présente sous la forme d’un petit moignon arrondi, à la périphérie duquel se _creusent progressivement 4 sillons qui le divisent en 5 bourgeons. Ces bourgeons sont les doigts qui étaient développés avant d’être isolés. ‘Qu'un ou plusieurs sillons ne se creusent pas du tout ou se creusent “incomplétement, il en résultera toutes les variétés de soudure des doigts. Tantôt cette soudure sera complète, c’est-à-dire que les doigts seront unis sur toute leur longueur ; tantôt elle sera incomplète, et alors les doigts ne seront unis que par une certaine étendue de leur longueur. Mais dans ce cas il faut bien noter que toujours l’union persiste de “haut en bas pour les doigts, d’arrière en avant pour les orteils, et que par conséquent, ellecommence à l'extrémité métatarsienne pour gagner Vextrémité libre des phalanges. C’est là une règle générale qui jusqu'ici n’a pas eu d’exceptions. La syndactylie du petit malade dont je rapporte l’observation semble au premier abord être une de ces exceptions, puisque les doigts ont été soudés par leur extrémité libre avant la naissance. Maïs en réalité, elle n’en est pas une, car elle n’est pas due à un arrêt de développement. Si ce fait s’écarte des loïs ordinaires qui régissent les arrêts de déve- c. R. 1876, 15 ‘4114 loppement à là main, pouvons-nous en donner une explication ration- . nelle? Evidemment. Etje pense qu’il est possible d'expliquer cette syn- dactylie simplement par ceci : à un moment donné de la vie intra-uté- rine, les doigts index, médius et annulaire de la main droite se sont ulcérés sous l’influence d’une de ces lesions nerveuses auxquelles on rattache les troubles trophiques. L’ulcération a porté sur l'extrémité des doigts parce que là les échanges nutritifs se font un peu difficile- ment, ét elle a suivi toutes ses phases habituelles pour se terminer par cicatrisation. Mais, pendant cette cicatrisation, il s'est produit une véri- table greffe animale entre les parties ulcérées qui ont continué à se dé- MORT tout en restant soudées. La greffe a dû être singulièrement favorisée (je pourrais dire qu’elle était inévitable) par la position des doigts qui chez le fœtus, ainsi que chacun sait, sont fortement fléchis dans la paume de la main; de même que sont fléchis les membres, le cou, le tronc. Les considérations sur destinée se base mon opinion sont : 49 L'existence d’une altération multiple des centres nerveux, traduite par l’hydrocéphalie, le pied-bot varus d’un côté, le pied-bot valgus de l’autre. 90 L'existence d’une altération atrophique évidente de l'index de. la main gauche, lequel index est resté libre, parce que le pouce n’a pas été altéré et que, d’autre part, le médius manque. 30 Les modifications observées dans les doigts soudés ; brièveté et amincissement des doigts, absence des ongles, atrophie des petites phalanges, et enfin aspect des tissus qui présentent tous les signes d’une inflammation cutanée de date ancienne et complétement reposée. L'histoire des relations qui existent entre certaines maladies des cen- tres nerveux et les troubles dits trophiques n’est pas encore compléte- ment connue, malgré les expériences que l’on à pratiquées sur les ani- maux, malgré les nombreux exemples observés chez l’homme aprés la naissance, et l’histoire des troubles Drophiques qui surviennent pendant - Ja vie intra-utérine est encore moins avancée ; je n'ai pas trouvé ; jus- qu'ici de cas analogue à celui que je présente; je n’ai pu examiner histologiquement ni les centres nerveux, ni le tissu cicatriciel des doigts de mon petit malade : je ne puis donc pas affirmer absolument que les choses se soient passées de la façon que j'indique. Cependant je pense que mon hypothèse est acceptable. 1 III. SizLONS ET AMPUTATION. — La question des amputations congé+ nitales, dont les sillons HEURE être considérés comme un premier temps inachevé, a beaucoup préoccupé les tératologistes des temps mo+ dernes; mais elle n’est pas encore complétement éclairée, Jadis; les 115 savants, qui se donnaient en général peu de peine pour trouver des expli- cations raisonnables aux phénomènes pathologiques, adoptaient une foule d'explications plus naïves les unes que les autres, des émotions morales vives affectant la mère au moment de la conception, un rêve effrayant, la vue d’un malheureux difforme, pendant la grossesse, des coups, des chutes, ete. Toutes ces causes pouvaient amener une per- turbation dans le développement du fœtus; d’où les monstres, les ectro- mélies, les déviations des membres, etc. Aujourd’hui une théorie plus rationnelle a cours dans la science. On admet en effet que les fœtus sont amputés par une sorte d’écrasement linéaire résultant de l’enroulement et par conséquent de la compression qu’exercent autour d’une partie fœtale le cordon ombilical ou certaines brides placentaires (Montgomery) tendues dans la cavité amniotique, comme les cordages valvulaires sont tendus dans la cavité du cœur. Plusieurs faits prouvent la réalité de cette action compressive : 19 On a vu des cordons encore logés dans le sillon qu’ils avaient imprimé sur des membres de fœtus; 2° on a trouvé dans des cavités placentaires traversées par des brides, des membres amputés pouvant s'adapter par- faitement à des moignons réguliers ; 39 les moignons portent, dans les cas. d’amputation congénitale, une cicatrice trés nette à leur extrémité. Ce dernier fait a par lui seul une grande importance puisqu'il peut, ainsi que le fait remarquer M. Duplay dans son article du DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE DES SCIENCES MÉDICALES, permettre de différencier catégoriquement une amputation congénitale d’un arrêt de développe- ment; dans le premier cas, le moignon porte toujours une cicatrice, dans le second il n’en porte Jamais. L’amputation par enroulement du cordon ombilical ou d’une bride placentaire peut être complète ou incomplète. Si elle est complète, une partie du membre se détache ; si elle est incomplète, un simple sillon cutané se produit. Voilà très-résumée l'explication que l’on adopte géné- ralement des amputations congénitaies et des sillons. Dans le cas que je rapporte peut-elle être admise ? A la rigueur, oui pour ce qui est de l’amputation du médius de la main droite et aussi du sillon de la cuisse droite (malgré l'obliquité du plan circonscrit) ; mais je ne pense pas qu’elle soit acceptable pour donner la raison des sillons qui existent sur la troisième phalange du second orteil et sur la deuxième phalange du troisième orteil gauches. Ces sillons en effet sont iuégalement profonds ; ils sont plus marqués sur la face dorsale que sur la face plantaire des doigts; ils sont aussi tellement superficiels, ils sont situés si prés de l'extrémité terminale des doigts, ils siègent sur des doigts si petits, même dans les derniers temps de la vie intra-utérine, qu'il me semble difficile de pouvoir adopter l'idée d’un éfranglement 116: par une bride placentaire. En tout cas, il faut repousser complétement l’idée d’un étranglement par le cordon ombilical qui est au moins dix, fois plus volumineux que les orteils et par conséquent incapable de: s’enrouler assez étroitement autour d'eux, au point de les sectionner. En rapprochant ces lésions bizarres de celles qui constituentles pieds=, bots et la syndactilie, est-on autorisé à leur attribuer ia même origine? Pour ma part je suis tenté de le croire, sans pouvoir toutefois en donner une démonstration évidente. L'observation que je présente ici plaiderait donc en faveur d’une nou=. velle hypothèse qui consisterait à mettre sur le compte de certaines. altérations du système nerveux survenues pendant la vie intra-utérine la production des sillons et même des amputations que l’on renconêre assez fréquemment chez des enfants nouveau-nés. | Je terminerai en disant que l’enfant a été opéré de sa snidadiile pue. M. Verneuil, et qu’il a parfaitement guéri. Les doigts ont été séparés par deux coups de bistouri, les plaies ra été pansées avec un peu de charpie imbibée d’une solution faible d'acide, phénique et se sont cicatrisées en quelques jours sans aucune complica= tion. — M. BocHEFONTAINE présente à la Société le cœur d’un chien mort sous l'influence de la chloralisation. Les valvules mitrale et tri- suspie présentent des lésions très-manifestes. Les reins sont plus gras, qu'à l état normal et atrophiés dans leur partie corticale. Séance du S avril 1876. M. Hayem complète la communication qu’il a faite dans la der- nière séance en revenant sur l’importance de l’étude des lésions systé- matiques de la moelle pour la solution des problèmes anatomiques con- cernant le bulbe. h Il insiste particulièrement sur la part que prennent les faisceaux de la moelle dans la formation des pyramides antérieures. Chez l’ataixque dont il a parlé, on a vu que les lésions des cordons, postérieurs ou mieux des faisceaux de Goll et des faisceaux radiculaires ne se Brosnsonr en aucune manière dans les pyramides antérieures, qui sont tout à fait saines. Toutes les lésions dans le bulbe, comme dans la moelle, sont systématisées dans certaines parties : faisceaux de la racine ascendante du trijumeau ; faisceau longitudinal de la colonne des nerfs mixtes, et, d’une manière très-diffuse, écorce blanche du corps restiforme. En regard de ce fait, M. Hayem pense qu'il est intéressant de placer 117. les lésions bulbaires qui existent dans la sclérose bilatérale de la moelle. . M. Hayem 2 pu faire cette étude sur une moelle et un bulbe qui lui ont été confiés par M. le docteur J. Worms. Il s’agit d’un cas de sclérose bilatérale amyotrophique, affection parfaitement décrite par M. Charcot et dans laquelle il existe une sclérose systématisée de la partie postérieure des cordons antéro-latéraux, c’est-à-dire des cordons latéraux proprement dits. Ici la sclérose se prolonge dans le bulbe dans certaines parties des pyramides, soit dans toute la hauteur de leur portion postéro-externe. Cette sclérose s'étend, en outre, à la partie antérieure de l’olive, mais en respectant les cellules nerveuses de la bourse olivaire. Les racines de l’hypoglosse et du spinal sont complétement atro- phiées, il en est de même des noyaux d’origine de ces nerfs. Au niveau de l’entrecroisement, on voit très-nettement les faisceaux sclérosés des faisceaux latéraux aller se placer à la partie externe et postérieure des pyramides. * Ces cas pathologiques dans lesquels les lésions systématiques de la moelle se poursuivent à travers le bulbe ont donc une portée anatomi- que incontestable. — M. P. Picarp fait la communication suivante : INJECTION D’AIR DANS LES RAMEAUX D'ORIGINE DE LA VEINE PORTE (Cette opération équivaut à la ligature de cette veine) Quand je fis verbalement devant la Société la communication qui donna lieu à la rédaction de cette note succincte, je n’avais pas l’inten- tion de soulever une discussion relative à l'entrée de l'air dans les veines. Je voulais uniquement énoncer un fait et lui donner sa signification comme méthode nouvelle pour réaliser expérimentalement l'arrêt de la circulation dans la veine porte. Comme la question a été déplacée malgré moi par l'intervention de M. Laborde et, comme ce qui a été dit touche au principe même de la méthode que je propose, je crois devoir dire quelques mots de la question genérale et indiquer comment, selon moi, doit être envisagée la question . de l’entrée de l’air dans les veines, - … Est-il certain que l’on puisse injecter lentement de l’air dans les veines d’un animal en assez forte proportion sans que la présence de ce corps constitue, dans les capillaires, un obstacle invincible à la marche du sang et améne ainsi l'arrêt du cœur par un mécanisme physiquement des plus simples? C’est une question que je ne veux pas examiner ici, car le phénoméne aingi déterminé n'a aucun rapport avec celui que j'ai 118 , produit, je dirai plus : avec celui qui se produit quand on fait mourir un chien, par exemple, en mantenant béante la veine jugulaire ouverte et en provoquant de grands mouvements inspiratoires qui introduisent brusquement une certaine quantité d’air dans le torrent circulatoire, Dans ces conditions expérimentales il y à manifestement arrêt de la circulation par suite de la résistance invincible que le sang mêlé de bulles de gaz éprouve à traverser les fins vaisseaux capillaires. J'insiste d’ailleurs sur ce point que la brusquerie de l’entrée de l'air constitue la condition caractéristique pour la production des phénoménes qui ont été et doivent rester connus sous le nom d’introduction de l’air. dans les veines; car l'injection lente de l’air donne lieu à des phéno- mènes différents et ne sauraient sans inconvénient être dénommée de méme. Ceci étant dit, je n’aborderai pas dans sa généralité la démonstration de l’opinion que je formule ; il me suffira de la montrer exacte dans le cas particulier que j'étudie; il me suffira de montrer que l injection brusque de 30 à 35 centimètres cubes d’air dans un rameau d'origine de la veine porte amène un arrêt de la circulation dans ce département vasculaire ; que le sang ainsi mêlé de gaz ne peut pas trav erser A réseau capillaire du foie. On ne saurait d’ailleurs être surpris de ce fait da on a vu du sang mêlé de gaz dans un tube de 20 à 25 centimètres OPPOSEr une résistance qu’une pression d’une atmosphère est impuissante à vaincre. Quand on lie la veine porte chez: un chien vivant, on amène le déve- “honneur d’une véritable maladie parfaitement caractérisée. Comme espèce morbide distincte, cette maladie a ses symptômes et laisse Ru la mort des lésions qui lui sont particulières. Les phénomènes morbides ainsi produits amènent la mort des ani- maux en À heure, 2 heures, 3 heures, etc. : le temps est variable ; car, si la condition expérimentale est la même dans tous les cas, il n’en est pas ainsi du terrain sur lequel on a agi. Il est variable en quelque sorte à l'infini et les animaux comme l’homme présentent pour ce motif des résistances variables à une même cause morbide. — Cela du reste importe peu dans le cas actuel, et je veux seulement insister sur ce point que l’arrêt de la circulation à travers la veine porte détermine un état morbide bien défini, que l’on peut par conséquent reconnaître avec certitude quand on l'a produit par un procédé autre que celui de la ligature pure et simple, sa Or, c'est ainsi que j'ai procédé, j'ai injecté de l’air dans la veme rectale et j'ai observé les phénomênes consécutifs. J'ai ainsi constaté un ensemble de phénomènes morbides identique à celui qui suit la hga- ture pure eb.simple, j'ai vu les animaux mourir de même, et; à l’autopsie; 119 j'ai, trouvé les mêmes. lésions résultant de l’accumulation.de la masse sanguine presque totale dans les vaisseaux intestinaux, etc. — J'en ai conclu que la présence de l'air avait arrêté le mouvement du sang à travers les capillaires du foie et que cette opération était dans ses résul- tats identique à celle de la ligature. « On peut montrer directement que l'air existe dans le foie mêlé au sang et reconnaître, post-mortem, la pression à laquelle résiste ce mélange. » Je ne ferai pas dans cette note la description des phénomènes qui suivent la ligature de la veine porte, ou l'introduction d’air dans ses rameaux d’origine : j’ai repris cette étude avec plus de détails que cela _n’avait été fait avant moi et j'en ferai l’objet d’une communication par= ticulière dans une des plus prochaines séances. Je veux seulement ici énoncer le fait lui-même et je conclus en di- sant : pour produire tous les symptômes de la ligature de la veine Porte il suffit d’injecter dans un rameau de cette veine, « dans la veine rectale par exemple », brusquement 25 à 30 centimètres cubes d'air ou d’un gaz non soluble, et je propose cette méthode comme devant être pré- férée à la ligature. Ces recherches ont été faites an laboratoire de physiologie générale du Muséum, dirigé par M. Claude Bernarde. M. Lasorpe fait observer à M. Picard que l'air mélangé au sang n'empêche pas celui-ci de traverser les capillaires des poumons et les capillaires généraux, ainsi qr’il l’a démontré avec Muron. La théorie physique du passage des gaz mélangés aux liquides dans les tubes ca- pillaires n’est pas applicable, en ce cas, aux phénomènes circulatores. M. Laborde a pu injecter plus de vingt litres d’air dans les veines, à une faible pression, sans aucun accident. M. Picarp répond que la quantité de l'air n’est point le facteur le plus important, mais que c’est la façon dont cette injection est faite. M. Picard fait l'injection brusquement, ce qui explique la divergence qu'il y a entre son opinion et celle de M. Laborde. En opérant ainsi, la mort ne survient. pas par arrêt du cœur, mais par un mécanisme identique à ce qui se produirait si on portait une ligature sur la veine porte. — M. Bapaz fait la communication suivante : CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACCOMMODATION DE L'OEIL AUX DISTANCES, — MESURE DES CERCLES DE DIFFUSION Toutes les fois qu’un œil n’est pas exactement accommodé pour la distance à laquelle se trouve un objet, chacun des points de cet objet, au lieu de former foyer sur la rétine, se peint par un cercle de dif- fusion, ‘420 Du rapport qui existe entre le diamètre des cercles de diffusion etla grandeur totale des images, dépend le trouble plus où moins prononcé de la vision. | Toutes choses égales d’ailleurs, la grandeur des cercles de diffusion croit avec le diamètre de la pupille, diminue quand la pupille se rétré- cit. Si l'ouverture de l’écran se réduit à un trou d’épingle, l'œil est _transformé en une véritable chambre noire donnant des images nettes à toutes distances, et dans laquelle, par conséquent, le rôle de l’appareiïl lenticulaire est réduit à néant. Certains yeux sont tellement défectueux, au point de vue de la réfrac- “tion, qu’il s’y produit constamment des cercles de diffusion et qu’il est même assez difficile, lorsqu'on cherche à se rendre compte de l’état de ° la vision par les procédés optométriques babituels, de faire la part — de la diminution d’acuité, — du vice de la réfraction — et de l’état de l’accommodation. Un procédé qui permettrait, en toute occasion, de déterminer rapi- dement le diamètre des cercles de diffusion, dans un œil ee rendrait donc de réels services. La formule de Listing, reproduite par Helmholtz (Optique physio- logique, édition française, p. 136), suppose la mesure préalable du diamètre de la pupille, opération délicate, et qui réclame de nom- breuses corrections. Aussi l’auteur, dans ses calculs, prend-il simple- ment comme exemple, une pupille de 4 millimètres de diamètre, dans un œil emmétrope. Le procédé que je vais indiquer, fort simple et déduit de considéra- tions vraiment élémentaires, permet de déterminer, en quelques secondes, la grandeur des cercles de diffusion dans un œil emmétrope ‘ou amétrope, et sans avoir à se préoccuper du diamètre de la pupille. Si l’on place devant un œil, à la même distance, deux points lumi- neux A, A’, pour lesquels cet œil ne soit pas accommodé, il se formera ‘sur la rétine deux cercles de diffusion op,ogq de même grandeur. Si les deux points lumineux peuvent se rapprocher ou s’écarter l’un dé l’autre, 121 il y aura nécessairement un certain écartement de ces points lumi- neux pour lequel les cercles de diffusion arriveront au contact en O: Il est clair qu’à ce moment le diamètre des cercles est égal à la dis- tance pp” des deux centres (1). Or, dans cette situation, les axes secon- daires joignant chaque point lumineux à'son image, la ligne qui joint les deux points lumineux et celle qui joint les centres des cercles de diffusion limitent deux triangles semblables, se touchant par leur som- . ment au centre de réfraction de l’œif. Soit « la distance qui sépare les deux points luminieux, g ki dis- tance de ces points au centre de réfraction : deux valeurs connues ; æla distance du centre de réfraction à la rétine, facile à déduire de la mesure du punctum remotum ; $ le diamètre cherché des cercles de diffusion, on a RE an ee pee œ 9 9 g La grandeur des cercles de diffusion est étroitement liée au diamètre de la pupille, et cependant, par un moyen détourné, nous avons pu éli- miner ce facteur gênant. — $ étant connu, on pourrait en déduire le - diamètre de la pupille, mais je démontrerai ultérieurement qu’il n’est besoin pour cela d'aucun calcul, et que ce diamètre, quelle que soit la distance des deux points lumineux, est précisément égal à leur écar- tement. Dans les expérience de ce genre, faites sur un œil normal, la diffi- culté, à moins d’avoir recours à l’atrcpine, consiste à ne pas accom- moder pour les points lumineux, sans quoi il ne se produit plus de “cercles de diffusion , et surtout à apprécier exactement le deficit de .l’accommodation, chose à peu prés impossible, même pour des yeux exercés. L’optomètre que j'ai présenté à la Société, dans la séance du 18 mars, permet de vaincre aisément ces difficultés, en apparence insur- : montables. | Pendant qu'avec un œil appliqué contre l'instrument on accommode de cet œil et par conséquent aussi de l’autre, pour une situation de la plaque d’épreuve correspondant à une distance donnée, on peut, en plaçant les deux points lumineux devant le second œil, à telle distance que l’on désire, déterminer la grandeur des cercles de diffusion qui résultent du deficit correspondant de l’accommodation. Quant à l’écar- tement des deux points lumineux, il se trouve tout RER à chaque (1) Sur la figure schématique, où l’on a dû exagérer le rapprochement dés points A et À’, et la grandeur des cercles de diffusion, cela n est pas tout à fait exact: c. R. 1876. 16 122 expérience, sur un petit instrument dont l'invention est due à Robert Houdin père. Il se compose, en résumé, de deux écrans percés chacun d’un trés petit trou à travers lesquels on regarde une lampe, ou mieux un ciel bien pur. Un des écrans est fixe, l’autre mobile; l'écran fixe porte la graduation. — MM. Joiyer et P. REGNARD has le travail suivant : NOTE SUR UNE NOUVELLE MÉTHODE POUR L’ÉTUDE DÉ LA REÉSPIRATION DES ANIMAUX AQUATIQUES. à Jusqu'à ce jour, les expériences sur la respiration des animaux aquatiques ont été faites dans des conditions défectueuses. | bien dans les expériences récentes de M. Gréhant que dans les recherches beaucoup plus anciennes de Humboldt et Provençal sur la respiration des poissons, les animaux demeuraient dans de l’eau confinée dont ils altéraient la composition, milieu qui bientôt même devenait pour eux asphyxique. Il fallait donc imaginer un procédé qui réalisât, pour les animaux aquatiques, les conditions qu’avaient obtenues par leur méthode ‘expé- rimentale MM. Regnauld et Reiset pour les animaux aériens; C'est-à- dire qui maintint les milieux toujours normaux, quelle que sh d’ail- leurs la durée de l’expérience. C’est ce que nous croyons avoir obtenu par le procédé que nous avons l'honneur de soumettre à la Société et que nous allons décrire en détail. Que fait-on lorsque l’on veut conserver des poissons dans un aqua- rium dont on ne peut renouveler l’eau? On fait simplement passer dans cette eau un courant d’air qui a un double résultat : 4° il rend au liquide l'oxygène à mesure que celui-ci est dépensé par les animaux ; 29 il entraîne l’acide carbonique dissous. Ù Notre procédé devait donc réaliser ces conditions dans un appareil parfaitement clos et rigide. _ Les animaux sont placés dans un bocal jaugé C, contenant un vo- lame connu d’eau au-dessus de laquelle se trouve une couche d'air dont le volume est également connu. Le récipient est rodé et fermé par une plaque de verre soigneusement lutée. Le barbottage de l’air est produit par une poire de caoutchouc placée entre les deux branches articuléés d’un soufflet et comprimée trente à quarante fois par minute au moyen du moteur hydraulique de Bour- don. Cette poire communique avec le récipient par deux tubes, sur le trajet desquels se trouve un système de soupapes à boule B qui déter- mine le sens du courant d'air. 124 L’un de ces tubes est en communication avec un ajutage 6 qui tra- verse un des orifices de la plaque. Cet ajutage, terminé en pomme d’arrosoir, plonge dans l’eau à une certaine profondeur. L'autre tube aboutit à un deuxième ajutage # de la plaque, et son extrémité est placée au-desus de l’eau. Supposons la poire comprimée : l'air est chassé dans l'appareil à soupape B. La boule b se soulève, tandis que la boule b* s’applique exactement sur l’orifice qu’elle obture. L’air est donc poussé dans le tube #, et vient s'échapper en gerbe au milieu de l’eau et éclater en bulles à sa surface. y L’air, ainsi chassé dela poire dans l'atmosphère du récipient, produi- rait une augmentation de pression dans l’appareil, si un petit sac de caoutchonc v, adapté à une troisième tubulure de la plaque rodée, et dont les parois sont appliquées l’une à l’autre, ne venait recevoir cet excés de gaz. | La compression cessant, la poire P revient sur elle-même et reprend son volume primitif : la boule D’ se souléve, tandis que la boule b s’ap- plique sur l’orifice qu’elle obture et l'air de l'appareil retourne à la poire par le tube #. Les parois du sac v reviennent de nouveau S’ap- pliquer exactement l’une sur l’autre. Le moteur comprime de nouveau la poire, le mouvement de l'air recommence et ainsi se produit une véritable circulation d’air qui sa- ture l’eau d’oxygéneet la dépouille de son acide-carbonique. L'expérience se prolongeant, l’eau et l’air finiraient par se charger de l’acide carbonique formé par les animaux, si nous n’avions placé sur le trajet de retour de ce dernier un flacon de Wolf contenant une solution de potasse, dans laquelle l” 1 vient barbotter avant de rentrer dans la poire. L'eau et l’air s’y appauvriraient également en oxygène : il fallait donc restituer ce gaz à l’atmosphère au fur et à mesure de sa consommation. C’est ce qui a été obtenu par la disposition suivante : Dans une carafe jaugée O on introduit de l’oxygêne pur. Cette carafe a deux orifices : par l’un d’eux r’ elle communique avec le quatrième ajutage à de la plaque rodée, lequel ajutage plonge de un à deux mil- limètre dans l’eau du récipient C. L’autre orifice placé latéralement r, communique par un tube avec la tubulure inférieure d’un appareil à niveau constant N rempli d’une solution concentrée de chlorure de cal- cium, qui absorbe, comme on sait, trés-peu d'oxygène. Le tout est disposé de telle sorte que l’orifice horizontal r estexacte- ment placé au même niveau que l’eau du récipient N. Le procédé étant décrit, examinons la marche d'une expérience. 195 Une fois pour toutes, oh a exactement déterminé la capacité de tout l'appareil. On place dans la conserve C une quantité connue d’eau aérée (7 litres), dont on a analysé par la pompe à mercure la composition en oxygène, azote, acide carbonique libre et combiné. On a introduit dans le flacon D, 500 cent. cubes d’une solution de po- tasse dont on a dosé les carbonates. Dans la carafe O, on a placé 500 cent. cubes d’ RER pur préparé par la pile. - L'appareil ainsi disposé, on y introduit les animaux dont on connaît le poids et le volume. Défalquant de la capacité totale de DeRpare le volume de fe FR * la potasse et des poissons, on obtient le vo'ume de l’atmosphère con- finée. Il est en général d’un demi-litre. Et, connaissant la température au début de l'expérience, on sait la quantité d'oxygène que cette atmos- phère contient. On sait donc, en réalité, ce qu’il y a tant dans l’eau que dans l'air d'oxygène, d’azote et d’acide carbonique. L'expérience commence, on note l’heure et le moteur est mis en mouvement. La poire est comprimée ; l'air, avons-nous dit, est lancée dans l’eau de l’aquarium, dont il entraîne l’acide carbonique, vient barbotter dans la potasse à laquelle il l’abandonne, revient à la poire et ainsi de suite. Cette absorption de l’acide carbonique par la potasse et la consom- mation graduelle de l’oxygéne par les animaux tendent à produire une diminution de pression dans l'atmosphère confinée. Cette diminution. est immédiatement compensée par l'entrée d’une quantité correspondante d'oxygène, lequel est lui-même remplacé dans la carafe O par une quantité égale de chlorure de calcium. L'expérience dure ainsi 24 heures au moins, quelquefois plusieurs jours, suivant les animaux. Nous l’arrêtons en général lorsque ceux-ci ont consommé les 500 centimètres cubes d'oxygène du réservoir. On note la température et on procède aux analyses. On prend dans la poire P 100 à 150 centimétres cube de l'air confiné dont la compo- sition est la même dans tout l'appareil. On en fait l'analyse eudiomé- trique. Au moyen du tube à robinets de la conserve, on introduit dans le récipient vide de la pompe à mercure 1250 cent. cube d’eau dont on extrait et analyse les gaz. L’acide carbonique de a solution de potasse est recueilli et'analyse de même: ; ? 126 Tous les résultats sontramenés à la température de (9 et à la raie de 760 millimètres, On connaissait la composition de l’air, de l’eau, et de la pétsssthmit l'expérience ; les analyses faites à la fin font connaître ce que les. animaux ont produit d'acide carbonique dans un temps donné et ce qu'ils ont consommé d’oxigène. On peut en déduire le rapport. { Il est de plus possible de doser l’urée dans l'eau qui a servi à Eapés rience. | Des expériences déjà nombreuses faites jusqu’à ce jour, et dont nous nous réservons de publier le détail, nous pouvons conclure que les conditions de l'existence normale des animaux aquatiques sont mé- nagées dans notre procédé. ]1 résult: en effet de nos analyses que l’at- mosphère confinée ne contient pas de traces appréciables d'acide carbo nique : l’eau de l'aquarium, grâce au barbottage incessant, en contient moins à la fin qu’au début; elle est à la fin comme au debut, saturée d'oxygène; l'air en contient la proportion normale (quelquefois un peu plus ou un peu moins suivant qu'il y a eu absorption ou exhalation d'azote). Enfin les animaux sont aussi bien portant qu'avant d’avoir été soumis à l’expérimentation. Nous nous proposons d'étudier par cette méthode la respiration de toutes les classes d'animaux aquatiques (poissons, batraciens, crustacés, annélides, mollusques et zoophytes) et de communiquer à la Société les résultats que nous aurons obtenus. — M. RaymonD communique la note suivante : Depuis que l'étude des localisations cérébrales est entrée dans uné vole véritablement clinique, grâce aux méthodes d’analyse données par M. Charcot, un certain nombre de faits, et des plus importants, ont'été produits en faveur de la doctrine; je viens avec M. Gubler, à Beaujon, d’observer un malade dont l’histoire, si je ne me trompe, est, à ce point de vue, perticulièrement intéressante. Il s’agit d’un homme de vingt- deux ans, entré à l’hôpital dans les premiers jours du mois de janvier. Il présentait, à ce moment, des signes évidents de tuberculose pulmo- naire, mais peu marqués; l'affection paraissait devoir marcher lente- ment. Il était maigre, pâle, toussait beaucoup, peu ou DE de gel vre, etc. A la fin du mois de janvier, le 28, il comimenca à se plaindre d’une douleur violente dans l’hypocondre droit ; deux jours après l'apparition de cette douleur, il fut pris de vomissements répétés, abondants, ver- dâtres ; en même temps, il avait une céphalalgie assez vive, siégeant principalement dans le côté gauche de la tête ; la fièvre apparut bientôt, et la température atteignit 40°; les lésions pulmonaires s’accusérent 1427 davantage, et l’état général devint de plus en plus mauvais, Le 24 mars, il se plaignit de souffrir beaucoup de son bras ; il lui semblait très-lourd ; par moments, il avait de grandes difficultés à le mouvoir. Le 25 mars, nouvelles douleurs dans le bras ; la paralysie de la mo- tricité est complète, la sensibilité est conservée ; le soir, il pouvait, mais à grande peine, lever le bras sur la tête. La paralysie du bras, jusqu’au moment de la mort, a présenté ce caractère d’intermittence ; il n’a ja- mais existe d'autres paralysies, soit dans la jambe droite, soit dans l’autre bras et la jambe gauche; peut-être bien que le muscle bucco- Jabial, du côté droit, ne se tendait pas aussi énergiquement que celui du côté opposé ; peut-être aussi que la langue était un peu déviée à gau- che; mais ces symptômes étaient au moins douteux ; dans tous les cas, il n’y avait rien de comparable à la paralysie du bras, dont l'existence était indiscutable. Le malade mourut le 4 avril. L’autopsie montra du côté du poumon, des granulations tuberculeuses assez avancées. Le cœur était petit, sans lésions ; rien à noter du côté de l’abdomen. Les enveloppes du cerveau sont le siége des‘granulations tubercu- leuses ; la pie-mére, sur le lobe droit, en présente quelques-uns ; celles- ci sont surtout disséminées le long des branches pariétales de la syl- vienne ; à gauche, outre les granulations tuberculeuses, il existe de la méningite avec dépôts purulents ; la méningite qui est circonscrite, siège le long des deux circonvolutions marginales antérieure et posté- rieure, prés du lobe paracentral ; là les granulations tuberculeuses sont nombreuses ; elles forment pour ainsi dire, tumeur ; la pie-mèére, re- couverte de pus, adhére d’une façon intime au tissu cérébral sous- jacent ; il existe un pareil état anatomique, mais moins étendu autour “de la circonvolution d'enceinte de la scissure de Sylvius; dans les au- tres parties, il y a quelques granulations, sans trace de méningite ; point de lésions cérébrales autres ; point de foyers de ramollissements ; point d’oblitérations capillaires ; peu de liquide dans les ventricules ; rien du côté de la moelle ni des nerfs du bras. Tel est le fait ; il peut se résumer ainsi : paralysie de la motricité dh bras droit, paralysie un peu intermittent en ce sens qu’à certains mo- ments elle est complète, et en d’autres moins absolue ; pour expliquer la paralysie, pas d’autres lésions que de la méningite tuberculeuse sié- geant au niveau des centres moteurs du bras. — M. le PrésipenT fait connaître les noms des membres de la Fo- ciété qui composent la nouvelle commission : ce sont MM. Hanot, Le- xen, de Sinety, Parrot, Malassez, Bouchereau. - 498 Séance uu 2? avril 1876. Ü M. Morgau, au nom de M. Philipeaux, dépose la note suivante : DK& LA NON DIFFORMITÉ CHEZ LES JEUNES COCHONS D'INDE ET LES JEUNES RATS ALBINOS APRÈS LA SECTION DU NERF SCIATIQUE On sait que toutes les fois qu’on coupe le nerf sciatique sur un oiseau ou sur un mammifére, cette opération a pour conséquence, non-seule- ment l’atrophie des muscles animés par le nerf sectionné, mais encore, au moins dans un grand nombre de cas, des altérations de la peau, du tissu cellulaire sous-cutané, des articulations et des os eux-mêmes. Ces diverses lésions consécutives déterminent une difformité plus au moins marquée du membre, difformité qui peut persister toute la vie, alors même que la réunion des deux bouts du nerf s’est effectuée au bout d’un certain temps, et que ce nerf, par suite du rétablissement de la continuité et de la restauration parfaite de son bout périphérique, a récupéré ses propriétés et ses fonctions. Voulant m'’assurer encore du fait, jai coupé le nerf sciatique droit, le 20 février dernier, sur six jeunes cochons d’Inde âgés de deux mois; j'ai réuni la plaie par un point de suture et j'ai fait bien soigner ces _jeunes animaux. Aujourd'hui, après quarante-six jours de l’expérience, je viens montrer un de ces jeunes cochons d’Inde auquel j’ai coupé le nerf sciatique le 20 février dernier. Comme on peut s’en assurer, il ne présente pas la moindre difformité. On peut voir aussi que le nerf sciatique a recouvré ses propriétés et ses fonctions, car le membre pos- térieur droit offre, dans tous ses points, une sensibilité normale et les mouvements spontanés ou provoqués de ce membre s'effectuent avec la même rapidité et la même énergie que ceux du membre postérieur gauche, J'ai constaté à maintes reprises des résultats semblables chez de jeunes rats. Je me crois donc en droit de conclure : 19 Que, chez les rats et les cabiais encore très jeunes, la section du nerf sciatique n’est pas toujours suivie, comme chez ces mêmes ani- maux à l’âge adulte, de la production d’une difformité plus ou moins considérable du membre correspondant. 29 Que cette différence entre lés résultats de la section du nerf scia- tique, suivant l’âge des mammifères, tient à ce que, chez les très jeunes animaux de cette classe, la réunion entre les deux bouts du nerf set- tionné, la restauration du bout périphérique de ce nerf et le rétablisse- ment de ses fonctions ont lieu avec une telle rapidité que les altérations “429 -des muscles et des autres parties du membre n’ont pas le temps d’at- -teindre le degré où elles deviennent irréparables (1). (Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de M. Claude Bernard, au Muséum d'histoire naturelle.) M. Moreau offre ensuite à la Société un exemplaire de la conférence “faite par lui, lors du Congrès de Nantes, sur les fonctions de la vessie natatoire ; celle-ci donne au poisson la densité de l’eau à toutes les “pressions. Les muscles n’agissent pas sur la vessie natatoire ; il se passe dans cet organe un travail incessant, qui consiste dans la formation et J’absorption de gaz, suivant que l'animal monte ou descend; il se fait une quantité de gaz en raison directe de la pression que supporte le poisson. Le fluide disparaît par un phénomène d'absorption, et s'écoule soit par le canal aérien, soit encore par un canal découvert par M. Mo- reau, qui est comme un dernier perfectionnement ajouté à cet appareil. Le poisson idéal est celui qui produit et absorbe du gaz assez vite pour se maintenir en équilibre et qui a toujours ainsi la densité de l’eau. — MM. pe Sinéry et MaLassez font la communication suivante : SUR L'ANATOMIE DES KYSTES DE L'OVAIRE. Pour tout observateur qui a eu l’occasion d’examiner un certain nombre de tumeurs kystiques de la cavité abdominale chez la femme, il est évident que, sous le nom de kystes de l’ovaire, on a désigné des affections de nature trés-diverse. Rapprocher les phénomènes cliniques des caractères anatomiques, bien étudiés, telle est, croyons-nous, la voie que l’on doit suivre pour arriver à éclairer l’histoire encore si obscure de ces différentes produc- tions. Aujourd'hui, les résultats fournis par l’examen histologique de deux ovaires kystiques seulement, feront le sujet de cette communica- tion. Dans le premier cas, il s’agit d’une femme de 38 ans, opérée par M. le docteur Terrier au mois de janvier dernier. En enlevant l’un des ovaires, qui était le siége d’un volumineux kyste multiloculaire, l'opérateur s’aperçut que le second ovaire présentait aussi de petits kystes et l'enleva également, craignant que ce ne fût le point de dé- part d’une nouvelle tumeur. Cet organe avait le volume et la forme d’un ovaire normal ; rien dans son aspect extérieur n’indiquait un état pathologique, (4) Voir, pour plus amples détails, les Leçons de physiologie géné- rale el comparée du système nerveux, 1866, page 226, par M. Vulpian. c. R. 1876, a À la surface, on voyait un certain nombre de sailliés trañnsparentés qu’on pouvait très-bien comparer à des follicules de Graaf à divers de- grés de développement. Mais sur une coupe, on voyait déjà à l’œil nu que cescavités kysti- ques se rencontraient dans toute l'épaisseur de l'ovaire, même dans les parties centrales, ce qui n’a pas lieu pour les follicules de Graaf chez la femme adulte. En outre, les cavités les plus volumineuses n'étaient pes les plus superficielles et se trouvaient irrégulièrement dissémi- nées. À l’examen histologique, nous constatons que l’épithélium de la sur- face est normal ainsi que le stroma. On observe seulement une plus grande abondance de petites cellules rondes (éléments jaunes ou globules blancs) autour des vaisseaux et dans certaines parties de l'ovaire, En quelques polis, on trouvait des ‘bhémorrhagies. Les cavités kysiques sont de forme et de A très-varia- bles. Les plus grosses sont sphériques et mesurent presque 4 millimètres de diamètre. Les plus petites ont des formes allongées à la façon de tubes. Leur longueur diffère de l’une à l’autre, et leur diamètre transversal présente de 40 à 60 mm, Quelques-unes semblent se continuer avec des espaces lymphatiques, mais ce rapport n’est pas assez évident pour pouvoir être affirmé sans injections préalables. Entre les deux extrêmes, il existe des cavités de forme assez irrégu- lière, se continuant avec les petites cavités tubulaires, dont elles sem- blent être des portions dilatées par place. Des saillies partant des parois viennent augmenter l’irrégularité des contours. Les parois des cavités kystiques ne sont pas toujours bien distinctes du tissu du stroma. Autour des petites cavités tubulaires, le tissu conjonctif est disposé en lamelles concentriques plus réfringentes. De là l’apparence d'une paroi se confondant et se continuant en dehors avec le stroma. Cette disposition existe également sur les grands kystes sphériques, Sur les kystes moyens et irréguliers, ces parois existent à certaines places, mais en d’autres, le tissu conjonctif ne diffère pas de celui du stroma. En ces quelques points, il est trés-riche en éléments jaunes et forme des saillies de tissu jaune. Le revêtement épithélial des kystes est trés-divers. Les grands kystes sphériques possèdent une couche unique de cel- lules cylindriques, plus rarement à cils vibratils. 131 Sur les petits kystes canaliculaires, on voit des cellules cylindriques, plus rarement à cils vibratils. Sur les kystes moyens et irréguliers, on trouve, outre les cellules épithéliales purement cylindriques et d'autres à cils vibratils, des cellules caliciformes; sur certains points existent des saillies formées par de l’épithélium cylindrique, en couches stratifiées. _Ces différentes formes épithéliales peuvent s’observer dans une même cavité. - Le contenu des cavités consiste en une substance transparente se coa- gulant par l'alcool. On y voit aussi quelques cellules dégénérées prove- nant sans doute de l’épithélium des parois. Dans üne de ces cavités, il existait, disséminées dans la substance transparente, de grandes cellules étoilées qui lui donnaient l’apparence du tissu muqueux. Nulle part nous n'avons observé quoi que ce soit qui rappelât, de près ou de loin, un ovule. Les cavités kystiques que nous avons décrites n'étaient évidemment pas des follicules de Graaf. Leur siége différent, leur contenu et l’ab- sence d’ovules ne pouvaient laisser aucun doute à cet égard. Nous n'avions pas affaire non plus à une transformation des follicules, puisque tout en ayant des dimensions semblables à celles de ces der- niers, les cavités kystiques n’en avaient pas la structure. En dehors de ces kystes, nous n’avons pas trouvé de follicule nor- mal, soit arrivé à un complet développement, soit à l’état de follicule primordial, ou à une période quelconque d’atrésie. Il n’y avait sur cet ovaire ni cicatrices, ni corps jaune à aucun stade de régrssion, tandis que, chez une femme de cet âge, les corps jaunes ou leurs restes constituent la plus grande partie du stroma de l’o- vaire. C’était donc bien lä un ovaire contenant des kystes en voie de for- mation, dont les cavités ne provenaient nullement de follicules Graa- fiens plus ou moins transformés. La conduite du chirurgien se trouve ainsi parfaitement justifiée. Une seconde observation a trait à une femme de 45 ans, qui avait succombé à l'hôpital Lariboisière, dans le service de M. Siredey, à une cirrhose hépatique. Rien dans les antécédents de la malade ne pouvait faire supposer une affection des organes génitaux, et ses règles s'étaient continuées normalement depuis l’âge de 20 ans jusqu’à la fin de sa vie. Une seule couche à l’âge de 25 ans. Chez cette femme, l’un des ovaires était augmenté de volume et présentait un kyste faisant saillie à la surface. Sur une coupe, examinée à l'œil nu, on voyait un 132 kyste ayant des dimensions supérieures à celles d’un follicule de‘Graaf, mais situé dans la couche corticale de l'organe. “al Deux petits kystes, dont l’un avait de 4 à 5 mill, de diome tai) l'au- tre de 1 à 2 mill., faisaient saillie dans la cavité du kyste principal tous avaient une forme sphérique. A l'examen histologique -on ne trouvait pas d’épithélium à la surface de l'ovaire. (Mais ce détail. n’a, pas grande importance, l'ovaire ayant été recueilli un certain nombre d'heures après la mort ) Le stroma ovarien était normal. En observant un très-crand nom- bre de coupes, à peine peut-on constater la présence d’un ou deux ovules dans la couche corticale. En revanche, on trouve de nombreuses cicatrices de corps jaunes à divers degrés de leur période resulière. Nulle part on ne voit de follicules de Graaf, mais l'examen des petits kystes nous apprend que ces cavités ne sont autre que des follicules Graafiens. En effet, chacun d’eux contenait un ovule et un épithélium dont un certain nombre de cellules avaient conservé les caractères de l’épithélium folliculaire. Le grand kyste est semblable aux petits et ne paraît en Mie que par son développement plus considérable. Ses parois étaient plissées comme si elles tendaient à revenir sur elles-mêmes; ses dimensions étaient supérieures à celles des follicules normaux au moment de l’ex- pulsion de l’ovule, En outre l’épaisseur du tissu qui séparait le folli- cule de la surface de l'ovaire était beaucoup plus considérable qu ’elle ne l’est dans les follicules mûrs. Cette différence était si grande qu’on en était déjà frappé en regardant les préparations sans l'aide d'aucun instrument grossissant. Les cavi- tés kystiques que contenait cet ovaire étaient donc des follicules de Graaf hydropiques et commençant à s’atrésier. $ L’ovule qu’ils contenaient n’aurait probablement jamais été expulsé. Nous ne pouvons mieux les comparer qu’à ces grands follicules de Graaf, qu’on rencontre si fréquemment dans les ovaires des nouveau- nés, et dont l’étude a été, l’année dernière, le sujet d’une communica= tion faite par l’un de nous à la Société, Ces faits nous montrent qu’il existe deux états kystiques de l'ovaire, trés-différents l’un de l’autre. 19 L’hydropisie des follicules. 90 Les néoformations kystiques. Nous voyons aussi que l'examen histologique est nécessaire pour sa- voir, quand on se trouve en présence de cavités kystiques contenues . dans l’ovaire; quelle est la nature de ces productions. Dans les opérations d’ovariotomie, le chirurgien doit donc se tenir en garde contre ces prétendus follicules de Graaf faisant saillie à la sur 433 face*d'an ovaire, qui possède, du reste, Jes dimensions et l’aparence: d’un organe normal. f _= M! CnouPre rend compte d’une expérience’ qu’il'a faite avec l'hy- drate de croton-chloral. On sait, depuis les recherches de MM: David (de Genève), Coyne et Budin, et surtout depuis les importants travaux de M. le professeur Vulpian, que les chiens et les autres animaux Capa - bles de vomir ne vomissent plus sous l'influence des agents émétiques, quand ils sont plongés dans le sommeil anesthésique. Ces recherches ont éte faites avec l'hydrate de chloral, le chloroforme, l’éther. M. Chouppe a fait la même expérience avec l'hydrate de croton-chloral. Sur un chien de forte, taille il a obtenu l’anesthésie au moyen de l'injection, dans la veine crurale gauche, de 1 gramme de croton-chloral dissous dans 20 grammes d’eau distillée : à ce moment, le chien n'ayant plus de mouvements réflexes quand on irrite la cornée, il injecte dans le. tissu sous-cutané de la région axillaire, 4 centigramme de chorhydrate d’apomorphine dissous dans un gramme d’eau distillée. Au bout de vingt minutes le chien n'a eu ni nausées ni vomissements ; on prolonge l’anesthésie en donnant par la même voie À gramme de croton-chloral, puis une nouvelle dose d’apomorphine, toujours sans résultat. Les vo- missements commencent au moment où le chien s’éveille. Ce résultat était à prévoir; il était cependant utile de vérifier l’hypothése. M. Choupre fera d’autres expériences pour vérifier la rapidité de l’anesthésie par le croton-chloral. . M. Chouppe fait remarquer que, dans ces derniers temps, il a eu l'occasion d observer plusieurs cas de troubles gastriques rapides à la suite de l’ingestion du chloral hydraté. Une dose modérée (1 à 3 gram- mes) suffisait pour provoquer les accidents en un ou deux jours ; de même, la suppression du médicament pendant quarante-huit heures faisait disparaître les accidents. Ces phénomènes doivent-ils être uni- quement attribués à l’action irritante bien connue que l’hydrate de chloral exerce sur l'estomac, ou bien à une préparation vicieuse du médicament ? L’auteur l’ignore ; il veut seulement insister une fois de plus sur la possibilité de troubles gastriques contre-indiquant l’emploi du chloral. Il est trés-important de s'assurer de l’état des fonctions digestives chez les malades. M. Lagorpe fait observer que depuis longtemps, ainsi que beaucoup d’autres observateurs, il a signalé l’action locale du chloral sur la mu- queuse stomacale. M. LEven a essayé le chloral sur l’estomac au point de vue de l’in« sensibilisation de cet;organe. Le chloral-n’insensibilise pas l'estomac, au cofitraire, il l'exeite et cause des indigestions. Cette action physiolo- 134 dique n’est pas imputable aux impuretés dont on suppose la dira dans le chloral, elle est propre au médicament. dt al so Ted — M. CLaune BERNARD, au nom de M. E, ea: dépose la note suivante : SUR LA SECOUSSE MUSCULAIRE PRODUITE PAR L'EXCITATION DES RACINES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. Dans le courant de mes recherches sur le tonus des muscles striés, j'ai souvent eu occasion de soumettre les racines de la moelle épinière. aux excitations électriques. 1ÿ) ‘C'est en étudiant les graphiques obtenus par ces excitations, que j'ai remarqué que la courbe de la secousse musculaire ainsi obtenue, diffère d’une manière très-sensible de la courbe obtenue par l'excita- tion directe d’un tronc nerveux. | Quand on excite, par exemple, le nerf sciatique d’une grenouille par un seul coup électrique et qu’on fait inscrire surun cylindre en rotation la secousse du muscle gastro-cnémien chargé d’un poids de 30-40 grammes, on observe que le muscle, aussitôt la contraction terminée, revient à sa longueur primitive; la partie descendante de la courbe a presque la même marche et la même inclinaison vers l’abscisse que la partie ascendante. | Tout autre est la marche de la partie descendante de la courbe mus- culaire quand on excite la racine postérieure par un seul coup électrique; la secousse reflexe qu’on obtient de cette maniére se op (comme l'a déjà observé M. Wandt) beaucoup plus longtemps qu'une secousse simple ; cette prolongation n’est visible que dans la partie descendante de la courbe qui, au lieu d’être concave du côté de l’abscisse, comme cela a lieu dans les secousses ordinaires, est au contraire convexe dans ce sens. Ce n’est que très-graduellement que cette courbe atteint enfin l’abscisse. La secousse musculaire offre dans ce cas à peu prés les mêmes carac- tères que pendant certaines phases de l’intoxication par la vératrine. L’explication de ce phénomène ne présente, d’ailleurs, aucune difñ- culté : il indique tout simplement qu'une excitation communiquée à une cellule ganglionnaire y persiste pendant un temps plus long que lorsqu'elle agit directement sur la fibre nerveuse ; grâce à cette persis - tance, le racourcissement du muscle ne disparaît que três-lentement. Une autre observation, que j'ai faite tout dernièrement, est d'une interprétation plus difficile. Lorsque la secousse musculaire est provoquée par une seule excitation d’une racine antérieure étant encore en communication avec la moelle, 135 la courbe offre le même caractère que celle d’une secousse reflexe (1). Aussitôt que cette communication est interrompue, c'est-à-dire quand la racine antérieure est coupée et qu’on n’excite que son bout périphé- rique, la secousse reprend le même caractère que PET l'excitation d’un tronc nerveux. La seule interprétation admissible de ce dernier phénomène me semble être la suivante : l’excitation communiquée à la racine anté- risure se propage à la fois en deux sens opposés ; arrivée au muscle elle provoque une secousse ; arrivée aux cellules motrices, elle y pro- voque un état d’excitation latente qui se refléchit par la même racine sur le muscle, avant que sa secousse ne soit terminée et le maintient raccourci pendant quelques instants. Outre l'intérêt que cette observation présente, car elle démontre qu’il n'est pas indifférent, pour l'effet à obtenir, que pendant l'excitation le nerf se trouve ou non en communication avec ses centres d'innerva- tion, 1l y à encore deux points qu’elle fait ressortir : 1° Elle ajoute une nouvelle preuve à celles que la physiologie possède déjà sur la faculté de la fibre nerveuse de transmettre l’excitation à la fois dans deux sens différents; 20 elle démontre que les cellules gan- glionnaires motrices sont susceptibles d’excitation même quand l’irrita- tion leur arrive dans la direction centripète par la voie de leurs propres fibres motrices. — M. DumonTrazLiER communique plusieurs faits de vaccin anomal : A la fin de l’année 1874 et au commencement de l’année 1875, j'ai observé plusieurs faits de vaccination anomale. Deux enfants, vaccinés à l’Académie de médecine, offrirent à mon observation une vaccination phlycténoïde. L’un de ces enfants présenta sous les phlyctènes et autour de ces phlyctènes une auto-inoculation vaccinale trés-confluente, et cela du cinquième au neuvième jour de la vaccination. Enfin, ce même enfant, qui avait une broncho-pneumonie lors de son entrée dans mon service, succombait cinq semaines plus tard, et l'examen anatomique nous permit de constater une granulie généralisée dans les deux pou- mons, sur les plèvres, sur le péritoine et sur les méninges cérébrales. L'un des boutons de vaccin ayant paru normal sur ce même enfant (1) Plusieurs fois, dans ces mêmes conditions, ja obtenu une véri- table superposition des deux secousses, comme si javais communiqué à la racine deux excitations au lieu d’une. Mais dans ces cas la possibilité d’une-erreur causée par l'interrupteur du courant électrique ne se laisse pas exclure d’une manière absolue. "nes 136 pt TATeE nous servit à vacciner sept enfants dont. plusieurs présentérent une éruption vaccinale ‘phlycténoïde. Cette variété d’éruption anomale se répéta sur cinq générations, c'est-à-dire que le vaccin primitif anomal, en passant par quatre générations successives, dans l’espace de cinq semaines, nous offrit neuf fois, sur quatorze enfants, une vacciné anomale phlycténoïde, comme si la lancette d’inoculation eût transinis, en même temps que le virus vaccin, un liquide susceptible de trans- mettre une éruption spéciale, € ’est-à-dire un vaccin modifié. De plus, l’un des enfants vaccinés offrit, avant la vaccination, une éruption de varicelle, et un autre enfant, quatorze jours après avoir été vacciné, présenta la même éruption de varicelle. Ces éruptions de varicelle, ayant eu lieu avant ou après l'inocula- ‘tion vaccinale, prouvent que la varicelle est une fièvre éruptive spé- ciale, distincte de la vaccine et distincte de la variole ; distincte de la variole, puisque que l’un des enfants, quelques jours après avoir eu la varicelle, put être vacciné avec succés et que l’autre enfant, ayant été vacciné aussi avec succés, eut une varicelle quatorze jours après la vac- cination positive. Si, en effet, la varicelle n’était qu'une variole, à éruption spéciale, le premier enfant n’aurait pas eu une vaccine positive et le second enfant, vacciné lui-même avec succès, n’aurait pas pré- senté, quatorze jours après, une éruption varicelleuse. su Toutes les observations qui servent de base à ces remarques géné- rales ont été déposées à l’Académie de Médecine, avec des dessins sen riés et un moulage fait sur nature. M. ParrorT demande à M. Dumontpallier s’il a inoculé les quatorze _ enfants avec la pustule vaccinale ou avec la phlyctène. M. DumonTPaLLiER à choisi le bouton le moins anomal. M. Parror s’informe de l’âge des enfants. M. DumonTPALLiER répond qu'ils avaient de huit jours à deux ans, et qu'aucun d’eux n'avait été vacciné antérieurement, M. PArRoT : Je repousse tout rapport entre la tuberculisation mi- liaire et la vaccine anomale. Il peut y avoir coïncidence, maïs c’est un fait trés-rare, eu égard au grand nombre de vaccines anomales que Jai observées. M. DumontPaLier : L'enfant avait dela broncho-pneumonie lors de sa vaccination. Je n’ai eu que l'intention de mentionner l’ existence des faits, sans prétendre établir une relation entre eux de cause à effet. M. Parror : Pour moi, cet enfant était déjà tuberculeux. Je n’ad- mets pas non plus qu’il y ait eu auto-inoculation sous les phlyctènes. Pour qu’il y ait auto-inoculation, il faut qu'il y ait déchirure ou ou- verture des tissus. Ces conditions n’ayant pas été réalisées dans le cas 137 de M. Dumontpallier, je ne vois pas par quel mécanisme cette inocula- tion se serait faite. M. DumonTPALLIER : J’apporterai à M. Parrotle moule du bras de l'enfant, il pourra y constater la présence de pustules très-belles et ‘d’un âge variable. Voici comment j'explique le mécanisme de l’auto- inoculation : Dès le quatrième jour, il s’est fait antour de la pustule primitive un cercle inflammatoire. Le cinquième jour, l’epiderme s’est soulevé dans une étendue égale à celle d’une pièce de 50 centimes. Le sixième jour, ce soulèvement était grand comme une pièce de 4 franc. L’aréole inflammatoire allait grandissant. Le derme s’est en- flammé, et c'est cette inflammation qui a été le point de départ de l’auto-inoculation, laquelle s’est faite par l’ouverture des canaux sudori- pares ou pileux. M. Parror : J'ai observé un fait identique, mais il ne s’est point pro- duit d’auto-inoculation. M. Leven : Les enfants vaccinés par M. Dumontpallier auraient-ils pu être revaccinés ? M. DumonTPaziER : L’un de ces enfants a été revacciné avec succès après une année, mais la vaccination primitive avait été anomale. M. Leven : Alors je considère cet enfant comme n’ayant pas été vac- ciné d’une façon effective la premiére fois. M. DumonrtPaLuier : Votre conclusion est trop absolue, car il y a une question de degrés et de terrain; le même virus, dans certains cas, peut produire des effets divers suivant les individus auxquels il est inoculé, C’est ainsi que Trousseau, qui inoculait la variole discrète, n’en à pas moins vu, dans quelques cas, éclater des varioles confluentes, en dépit des précautions qu’il prenait. De même une vaccination posi- tive peut offrir sur différents individus une immunité variable dans ses degrés, ce qui fait la revaccination nécessaire chez les uns, inutile chez les autres. Séance du ?29 avril 1876. M. Parror présente à la Société le moulage d’une éruption vacci- nale anomale. On distingue sur cette préparation trois pustules vacci- nales primitives autour desquelles s’est développée une éruption très- confluente. M. DumonrTPaLLier soumet également à l’examen de la Société le moulage de l’éruption vaccinale qui à fait l’objet de sa précédente com- munication. Il n’admet pas l'identité entre le cas qu'il a observé et celui dont parle M. Parrot. Pour lui, les pustules que M. Parrot appelle se- c. R. 1876. 18 138 condaires, sont absolument semblables aux pustules vaccinales primi- tives. M. ParroT n’admet pas l’auto-inoculation, ni même l'existence de la phlyctène sur la pièce présentée par M. Dumontpallier. Il n°y a seu- lement qu’apparence de phlyctène causée par le rapprochement et la fusion des pustules. L'état maladif de l'enfant peut n’avoir pas été étranger à cette éruption. Dans des cas analogues, M. Parrot a observé la présence de pustules secondaires sur l’ombilic des nouveau-nés, et sur d’autres points du corps. M. DumonTraLzLier demande à M. Parrot s’il pense que le liquide des pustules secondaires soit inoculable. M. Parror répond qu'il a essayé, sans succès, de pratiquer cette ino- culation, mais il ne tire pas de conclusion définitive de ce résultat né- gatif. Pour lui, le cas de M. Dumontpallier n’est qu’une éruption vac- cinale généralisée, par suite d’une éruption locale. M. DumonTPALLier maintient son opinion, et donne la théorie de l’auto-inoculation qu’il avait déjà exposée dans la séance précédente. M. Traspor : J’ai eu l’occasion de constater fréquemment des faits semblables chez le cheval. Ce sont également des pustules vaccinales. mais je ne crois pas à la nécessité de l’auto-inoculation. Chez le cheval, à la suite de l’inoculation du horse-pox, on voit deux ou trois jours après se développer des pustules secondaires sur les points où la peau est fine. Il n’y à pas pour cela d’auto-inoculation. C’est l'effet d’une affection généralisée. Les mêmes faits peuvent être observés chez la vache, et ce qui prouve qu’il n’y a pas d’auto-inoculation, c’est que les pustules secondaires sont souvent situées en des points plus élevés que les pustules primitives. L’écoulement du virus n’est pas nécessaire. M. Lagonrpe : L’on a eu assez fréquemment l’occasion d’observer des faits analogues à l'hôpital des enfants ; j’en ai observé, pour mon compte, environ deux ou trois cas, sur trente enfants vaccinés. Si on fait les inoculations un peu rapprochées les unes des autres, il se fait une fusion entre les pustules, d’où peuvent survenir de l’érysipéle, de la gangrène, du phlegmon diffus. J'ai même fait à ce sujet des pré- sentations à la Société anatomique. L’état général des enfants joue un grand rôle dans l’apparition de ces pustules secondaires. J'en ai vu sur- venir autour de l’ombilic et sur les jambes des enfants dans les services de M. Bouvier et de M. Blache. Il ne s’agit pas évidemment là d'auto, inoculation. À 1 M. CL. BERNARD : Ces faits sont très-intéressants et peuvent être rapprochés des expériences de M. Chauveau qui a démontré que dans 139 la vaccine il y avait un état local et une affection générale. Cet expéri- mentateur prend du horse-pox et l'inocule, et il a une éruption tantôt généralisée, tantôt localisée. Il y a éruption locale lorsque l’inoculation a été faite par piqure, et éruption généralisée quand le virus a été in- injecté dans le sang. On peut donc penser que la pustule vaccinale joue, vers le cinquième jour, un rôle préservateur. Lorsque l'injection du virus est faite dans le sang, l’éruption n'apparaît que le onzième jour ; iln'y a pas eu préservation par la pustule. En effet, si on cauté- rise la pustule vaccinale, comme elle ne peut plus remplir son rôle pré- servateur, l’éruption générale apparaît. — M. Lépine fait une communication sur les actes réflexes partis de la plèvre et déterminant des convulsions épileptiformes ou des pa- lysies. | M. Lasorpe : M. Lépine a laissé dans l'ombre une condition impor- tante. Quand on observe les phénoménes qu’il vient de décrire, c’est généralement à une période éloignée du début de la maladie, il se produit alors des fistules pleuro-bronchiques. J’ai pu produire chez le chien des épanchements pleurétiques qui devenaient rapidement puru- lents et qui nécessitaient l'opération de l’empyème ; j'ai observé la pro- duction de convulsions lorsque les injections irritantes étaient prati- quées dans la plèvre, mais j'ai pu m’assurer que le liquide avait pénétré dans les bronches : quant à la loi posée par M. Prévost, M. Laborde pense qu'elle offre beaucoup d’exceptions, ainsi que les recherches mo- dernes l’ont démontré. La déviation des yeux se fait tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et dans un cas que M. Laborde vient d'observer tout récemment la déviation se faisait du côté opposée à la lésion. - M. Lépine : Tout en admettant la valeur de la première objection de M. Laborde, je dois cependant lui faire observer que dans un cas Vautopsie n’a pas permis de constater la présence de fistule pleuro- bronchique. Je serais d'autant plus disposé à admettre ce que dit M. Laborde, que j'ai moi-même démontré en 1870, que l'injection de liquides irritants dans la plèvre donnait naissance à des troubles vaso- moteurs. Quant à la théorie de M. Prévost, je n’y reconnais d'exception que dans les catégories suivantes : 4° dans une minorité trés restreinte de lésions superficielles, comme l’a démontré M. Landouzy ; 20 il y a inondation ventriculaire ; 3° dans un certain nombre de cas, où il y a rotation du corps du même côté, comme l’a démontré un médecin alle- mand, Aeichorst (Charité, Annales 1876) ; 4° dans d’autres cas présen- tant des lésions insolites, comme celui relaté par M. Pilces, où il exis- tait une lésion du lobe sphénoïdale, n’ayant pas déterminé d’hémiplégie. Telles sont les catégories de cas où la régle de M. Prévost peut être en 140 défaut. Malgré ces exceptions, j'estime que la rêgle posée par M. Prévost : est exacte dans la majorité des cas. M. CL. Bernarp demande à M. Lépine sil attribue le développe= ment de la chaleur à une action réflexe. M. Lépine répond qu’il se passe un phénomène semblable à celui qui qui se produit par la section du grand sympathique. M. Ci. BerNarp : On pourrait peut-être admettre qu’il y a action directe. C’est ainsi que lorsqu'on cherche à couper le ganglion thora- cique, il arrive que ce ganglion est seulement froissé, et qu’il y a élé- vation de Honneurs dans la patte correspondante. Il y à là action. directe ; la patte est à la fois chaude et dans un état de raideur pro- noncée. M. Lasorne présente de nouveau la poule à laquelle il a enlevé le cervelet, il y a deux ans. Cette poule à aujourd’hui une hémiplégie trés nette du côté droit. La patte de ce côté est absolument privée de la motilité et de la sensibilité, les muscles sont aussi visiblement atrophiés dans cette même patte. C’est d’une véritable paralysie qu’il s’agit dans ce cas, et non point d’une impotence tenant à quelque affection des membres, fréquente chez les gallinacés, telle, par exemple, que la goutte ou du moins ce que l’on appelle improprement, en ce cas, la goutte. La paite paralysée n'offre rien de semblable. Il s’est fait très- probablement, chez cette OU? une dégénération secondaire des fais- ceaux bulbo-médullaires, à la suite du traumatisme exercé sur le cer- velet. C’est ce que l'examen microscopique nous démontrera. Je désirais auparavant faire constater le fait à mes collègues. M. MaGnan demande si l'aile est paralysée. M. LaBorpe répond qu’elle tombe légèrement. M. Poxcer : L’œil du même côté est-il paralysé ? M. Laporpe ne le croit pas, mais l’occlusion des jpaupières est évi- demment plus prononcée du côté paralysé que de l’autre. — M. pe Sinéry fait la communication suivante : DYSMÉNORRHÉE MEMBRANEUSE. Je veux présenter à la Société quelques faits relatifs à l’affection dé- crite par les auteurs sous le nom de dysménorrhée membraneuse, et que, dans ces derniers temps, Beigel (1) et Puech (2) ont proposé de dénommer : endométrite exfoliatrice. - (1) ARCHIV FUR GYNÆKOLOGIE, t. IX. p. 113. Berlin, 1876. (2) ANNALES DE GYNÉCOLOGIE, t. V, p. 289. 441, - Je me garderai d’abuser des moments de la Société pour faire l’hise torique de la question. d'autant que, depuis l’observation très détail- lée de Morgagni, jusqu’à nos jours, la liste de toutes celles publiées serait fort longue à analyser et à discuter. Il me suffira de rappeler ‘que, pour certains auteurs, la dysménor- rhée membraneuse n’est que le résultat d’un avortement, tandis que, pour d’autres, et c’est, je dois le dire, la généralité des modernes, cette affection est complétement indépendante de toute fécondation. J'avoue qu’en parcourant les observations, la seconde de ces opinions paraît la pins logique au point de vue clinique. En effet, il est peu admissible que, pendant des années entières, une femme expulse chaque mois le produit d’un avortement. Mais les ré- snltats sont moins probants au point de vue anatomique, car, en vé-. rité, les éléments que l’on donne comme caractéristiques de la dysmé- norrhée membraneuse peuvent tout aussi bien se rencontrer dans les membranes d’enveloppe d’un œuf fécondé depuis quelques semaines seulement. Je ne veux pas entrer dans de plus grands détails anatomiques et pousser plus loin la critique des diverses observations. Je désire seulement vous soumettre le résultat de mes recherches personnelles sur ce sujet, qui est très à l'ordre du jour, à en juger par a discussion à laquelle il a donné lieu, l’année dernière, à la Société. obstétrécale de Londres, ainsi que par les travaux insérés dans les der- niers numéros des ANNALES DE GYNÉCOLOGIE FRANÇAISES et des Ar-. CHIVES DE GYNÉCOLOGIE ALLEMANDES. Depuis plusieurs années, j’ai eu l’occasion d’examiner, au laboratoire du Collége de France, douze membranes de soi-disant dysménorrhées. Dans l’un de ces cas, on avait affaire à un caïllot décoloré, composé presque exclusivement de fibrine. Dans les onze autres cas, la mem- brane dysménorrhéique n’était autre chose qu’un produit d’avorte- ment. | Notre collègue M. Renaut, auquel je faisais part de mes observations, m’a dit aussi avoir examiné six fois des membranes pour lesquelles le diagnostic clinique avait été dysnénorrhée, et qui étaient aussi, en réalité, des produits d’avortement. A ce sujet, je rappellerai une technique histologique qui m'a été in- diquée par Ranvier, et qui, dans les onze cas dont je viens de parler, ne pouvait laisser aucun doute sur la nature des produits soumis à l'examen. Il suffit de plonger, pendant quelques minutes, un très-pe- tit fragment de la membrane dans une solution saturée d'acide phénique et de l’agiter ensuite dans l’eau pendant un certain temps, en le tenant avec des pinces par une de ses extrémités. On obtient, par ce procédé, des 142 préparations caractéristiques, silya des villosités, et qui ne peuvent être confondues avec rien. | * Ces préparations sont démonstratives, même sans l’aide du micros- cope, comme où peut le voir, d'aprés celle que je soumets à la Société et qui a été étalée sur une lame de verre et colorée au picrocarminate. Ilest évident qu’il faut pour cela avoir la membrane entiére, où au moins la portion placentaire de la caduque, à laquelle les auteurs don- nent le nom de sérotine, N'ayant donc jamais eu l’occasion d'examiner le produit d’une ay menorrhée membraneuse, je ne puis en faire le diagnostic anatomique, d'avec un produit d’avortement. Mais il est incontestable que les éle- ments décrits dans le plus grand nombre des observations PEUR parfaitement se rencontrer dans ce dernier. Est-ce à dire que je veuille nier l'existence de la dysménorrhée mem- braneuse ? Telle n’est nullement ma pensée ; et, je le répète, certaines observa- tions cliniques me paraissent, au contaire, tout à fait favorables à T Opi- nion de ceux quiadmettent cette affection. Mais il n’en ressort pas moins des faits que je viens d'exposer, que là dysménorrhée membraneuse est relativement rare, et que, trop sou- vent, on prend pour des cas de dysménorrhée membraneuse le produit | d’un avortement survenu peu de temps après la conception. Je ranpellerai, en terminant, l’opinion de Serres, citée et admise par PP » : Parent-Duchatelet, quë la stérilité des prostituées était due, en grande partie, à la fréquence, chez elles, des avortements prématurés, ayant lieu quatre à cinq semaines après la fécondation (1), et la plupart du temps considérés comme de simples règles, un peu plus abondantes qu’à l'ordinaire. M. RENAUT : Dans un cas semblable, à la suite de régles doulou- reuses, j'ai trouvé la muqueuse du vagin tout entiére. C'était une fausse dysménorrhée membraneuse. — M. Prar fait la communication suivante : TROISIÈME MÉMOIRE SUR LES ALBUMINOIDES Dans les deux mémoires, du 11 février et du 12 mars, que j'ai eu l’honneur de présenter à la Soicété de Biologie j’ai constaté qne les albu- minoïdes, soumis au dédoublement, et en contact avec l'acide azotique | donnaient une coloration rose ; que les liquides, produits du dédouble- ment, précipitaient par l’acide azotique, et se coagulaient par la Her (4) Parent-Duchatelet, De la os hais la ville je AU 4837,t:1,.p, 296. g0g vh lauslu st MISES ‘148 leur; que ces mêmes liquides albumineux et alcalins devenaient extré- mement acides par l’ébullition. On peut expliquer la production de l’al- bumine dans les albuminoïdes soumis au dédoublement, en admettant que l’arrangerment moléculaire des corps qui, avec l'albumine, forment les albuminoïdes, est moins stable que les parties constituantes de l’albu- mine, ces corps se dédoublent et alors l'albumine apparaît avec ses pro- priétés primitives. Les albuminoïdes soumis au dédoublement paraissent donner les mêmes rapports entre les quantités de matières solides et les quantités de matières volatiles qui se ‘produisent. 28 grammes de fibrine desséchée à 40°, qui représentent 100 grammes de fibrine humide, m'ont donné : 14 grammes 4 centigrammes d’albumine mêlée avec un corps non analysé et 2 grammes de résidu ; il y a donc eu 11 grammes 6 de pro- duits volatils. 100 grammee de fibrine humide qui représentent 28 grammes de fibrine désséchée m'ont donné : 44 grammes 7 centigrammes d’albumineet d’un autre corps À gramme 8 centigrammes de résidu; il y donc 11 grammes 5 de produits volatils. Trois autres expériences faites sur la fibrine m'ont donné à peu prés les mêmes résultats. Pour 28 grammes de fibrine ou de muscle desséché à 40° pendant 24 heures, j'emploie 1/2 litre d’eau disttllée au 1/5000 de soude. En met- tant le récipient dans l’étuve chauffée à 400, je le couvre d’une plaque en verre afin d'éviter une trop grande évaporation ; au bout de quatre à six jours le dédoublemént est accompli, c’est-à-dire que toute la matière s’est dissoute et il ne reste plus, au fond du vase, qu’un léger dépôt de matière grisâtre. L'emploi de l’eau au 41/5000 de soude ne sert qu’à hâter le dédouble- ment qui, comme je viens de le dire, a lieu au bout de quatre à six jours ; si on n’emploie que de l’eau distillée pure il faut de 12 à 18 jours pour l’accomplissement du phénomène. Si l’on fait dessécher le liquide albumineux alcalin, provenant du dé- doublement, dans des vases en porcelaine à fond plat, pour obtenir de l'albumine desséchée à 459 on obtient quelquefois l’albumime en plaque, mais presque toujours elle est adhérente au récipient et l'on ne l’obtient qu'à l’état grenu toujours accompagné d’un corps que je n'ai pas encore analysé. Cette albumine desséchée étendue d’eau se sépare en deux parties : une partie insoluble et une partie soluble qui précipite par l’acide azo- tique en donnant une coloration rose trés-intense, mais elle n’est plus coasulable par la chaleur comme le liquide alcalin primitif. 144 Cette dissolution d’albumine a perdu la propriété de se coagüler parce qu'avant d’être mise sur les vases en porcelaine pour se dessécher le li- quide était alcalin et que par la chaleur, comme je l’ai indiqué, il de- vient extrêmement acide. L’albumine ordinaire donnerait le même ré- sultat, si on rendait sa dissolution acide en excès ; elle ne coagulerait -plus par la chaleur. Si, comme je le pense, la coloration rose qu’on ob- tient en soumettant les albumiünoïdes au dédoublement est un signe ca- -ractéristique qui appartient aux corps qui sont des dérivés de l’albumine, il était intéressant de savoir quels sont les tissus de l’économie qui pou- vaient donner la coloration rose avec l’acide azotique monohydraté. J'ai soumis au dédoublement les glandes parotides et les glandes sous- linguales ; les tissus du pancréas, du foie, dela rate, des reins, des in- testins, de l'estomac, enfin des tendons et des cartilages ; tous ces corps .se sont dissous en laissant un faible résidu, et tous ont donné la colo- ration caractéristique rose. C’est dans les liquides provenant de la fibrine -et des muscles que cette coloration est la plus intense et ce sont dans les liquides des tendons et des cartilages qu’elle est la moins apparente. Il nous reste à rechercher quels sont les produits volatils qui se forment pendant le dédoublement; produits qui émettent toujours une odeur -nauséabonde d'acide butyrique qu’on rencontre dans certaines putréfac= tions. Ce sera le sujet de notre prochaine étude. .COMPTE RENDU DES SÉANCES DE . LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1876 Par M GALIPPE, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séanee du 6 mai 1876. M. CaoupPre fait la communication suivante : . Dans une précédente séance, à propos de l’anesthésie crotonchlora- lique, je disais que le cratonchloral m'avait paru agir bien plus rapidement et à dose plus faible que le chloral hydraté. Mais il me man- quait, pour affirmer le fait, une expérience méthodique. C’est cette expé- rience dont je viens apporter le résultat. Exp. — Le 4 mai, sur un chien de petite taille, j’injecte dans la veine crurale, à 2 heures 55 minutes, 0,30 centigrammes de croton chloral hydraté. Aussitôt sommeil profond. L'animal n’éprouve aucnn accident. La respiration d’abord un peu accélérée revient rapidement à son rhythme normal. 3 heures 5 minutes, injection de 20 centigrammes ; pupilles trés- étroites, le pincement du bout central d’un nerf sciatique, préalable- ment coupé, ne provoque ni cris, ni MmoLVer.amt. c. R, 1876, 19 146 3 heures 10 minutes. Injection de 25 centigrammes. L’électrisation du bout central du sciatique (appareil à chariot au maximum), ne pro- duit qu’une très-légère dilatation de la pupille. 3 heures 18 minutes. Pupille resserrée, injection de 0,95 centigrammes, l'électrisation ne produit qu’une oscillation de l'iris à peine appréciable. L’effet obtenu est, au dire de M. Bochefontaine, et autant que je puis en juger, celui que donneraient 3 grammes de chloral hydraté. L'animal commence à se plaindre à 4 heures 45 minutes. À 4 heures 50 minutes, il ne peut encore se tenir sur ses pattes ; le lendemain il va tout à fait bien. Cette expérience, conduite d’une manière méthodique, confirme com- plétement mes résultats antérieurs. Il me semble donc : 19 Que le croton chloral hydraté, administré par injection intra- veineuse, produit le sommeil et l’anesthésie à plus faible dose que le chloral hydraté. 29 Que cette anesthésie est aussi profonde que par le chloral. 9° Que l'injection intra-veineuse semble être immédiatement moins dangereuse qu'avec le chloral, toutes réserves faites au sujet des acci- dents ultérieurs. M. Gazitrre demande à M. Chouppe s’il a observé une anesthésie plns marquée dans la tête que dans les autres parties du corps ainsi que cela a été avancé récemment en Allemagne par Liebrecht. M. Cuoupre répond négativement. M. Leven pense que les médicaments n’ont point d’action localisée bien nette et que si l’aconitine, par exemple, guérit les névralgies fa- ciales, c’est parce qu’elle agit sur le système nerveux en général. M. Lasorpe pense qu'il est difficile d'admettre que l’action d’une substance, fût-ce le croton-chloral, se localise de telle façon, que l'on puisse dire que la sensibilité de la tête est spécialement modifiée. Cette action peut s'exercer d’une façon prédominante, élective, sur les phéno- ménes fonctionnels de sensibilité, notamment de la sensibilité périphé- rique : tel est le cas del’azotate d’aconitine. Mais si cette influence se généralise constamment, il n’en est pas moins vrai que l’action de cette substance peut être utilisée, au point de vue thérapeutique, sur des affections parfaitemeut localisées, comme, par exemple, la névralgie faciale. Est-ce à dire que, daus ce cas, la substance médicamenteuse n’a pas agi, à la façon habituelle, élective, sur les phénomènes sensitifs des autres parties de l’organisme ; ce serait une erreur de le croire. M. Trassor demande à M.Chouppe s’il a observé des points hémi= rhagiques dans les poumons. Dans les expériences qu’il a faites sur des chevaux, M. Trasbot a toujours constaté la présence de cette lésion pulmonaire. Dans un cas où il & injecté dans les veines d’un cheval 147 huit grammes de chloroforme par kilogramme de cheval vivant, l'ani- mal ést mort en cinq minutes. À l’autopsie, M. Trasbot a constaté l'existence d’hémorrhagies pulmonaires. M. Macxan insiste sur la. fréquence des accidents signalés par M. Trasbot. Il a lui-même fréquemment rencontré ces lésions en prati- quant chez le chien des injections intra-veineuses d'essence d’absinthe, Répondant à l’objection faite précédemment par M. Laborde, M. Ma- gnan pense contradictoirement qu’un médicament injecté dans les vei- nes ne doit pas forcément produire le même effet sur toutes les parties du corps. Lorsqu'on injecte de l’alcool dans les veines d’un chien, il y a d’abord parésie des membres postérieurs, puis vient celle des membres antérieurs, puis enfin l’anesthésie de la tête se manifeste. IL n’est donc pas extraordinaire que l’anesthésie se montre d’une façon plus marquée sur une partie quelconquo du corps. M. LaBoRpE répond que chez le chien le train poslérieur se paralyse tout d’abord sous l'influence de presque toute les substances toxi- ques; sous l'influence de la morphine, par exemple, il y a une paralysie très-marquée du train postérieur qui donne à la démarche de l’animal un aspect tout particulier qu’on appelle démarche hyénoïde, si bien dé crite par M. CI. Bernard ; cela n’empêche pas l’action morphinique de se généraliser, et de produire les phénomènes physiologiques et théra- peutiqnes, bien connus, dus à cctte substance. M. LaBoRDE rappelle, en outre, qu’on a observé chez l’homme des lé- sions pulmonaires à la suite d'injection intra-véneuse du choral. M. Macna fait remarquer que si l’on injecte de l'essence d’absinthe dans les veines d’un chien, il ya d’abord des mouvements convul- sifs de la face, puis l’attaque se généralise ; il y a donc d’abord attaque céphalique, puis attaque médullaire. L’examen des lésions montre qu'elles sont plus accusées au niveau du bulbe. M: Larogpe nie d'autant moins ces actions prédominantes, qu'il s'applique depuis longtemps, plus que personne, à les démontrer: le bromure de potassium, l'essence d’absinthe sont des exemples de cette propriété, mais il n'y a pas de médicament qui, à un instant donné, ne produise une action générale sur l’état fonctionnel choisi, pour ainsi dire, par cette influence. — M. J. Kuxxez fait une communication sur la structure des yeux chez les animaux articulés. M.J. Cuar:x insiste sur l'absence d’une tunique musculeuse propre à chaque bätonnet, tunique que les auteurs allemands ont décrite comme générale chez les arthropodes; tandis que les recherches de M. Kunkel établissent qu’elle n'existe pas chez les insectes, et que 148 l'étude d’un grand nombre de crustacés a montré à M. J. Chatin qu’elle ne se rencontre pas davantage dans cette dernière classe. A — M. J. RecNaRD fait une communication sur les inconvénients résultant de l'application de la teinture d’iode chez les enfants. | En effet M. Simon, médecin de l’hôpital de l’enfant Jésus, après avoir fait des badigeonnages avec un mélange de glycérine et de teinture d’iode sur la tête d’enfants teigneux, a observé des phénomènes d’in- toxication iodique, qui se sont manifestés par une éruption iodique sur la face et sur d’autres parties du corps. L'examen des urines permit de constater le passage de l’iode dans les urines et, de plus, neuf fois sur quatorze enfants on constata qu’il existait de l’albuminurie.. Quand on suspendait l’application de la teinture d’iode, l’albu- minurie disparaissait; mais on la constatait de nouveau lorsque l'on pratiquait de nouveaux badigeonnages avec le mélange de glycérine et de teinture d’iode. | M. Simon et M. Regnard font remarquer que leurs observations ne portent que sur des enfants, dont quelques uns étaient scrofuleux ; et ils ont soin de dire qu'ils n’ont pas fait d'expériences sur des adultes. Ces faits portent avec eux un grand enseignement : ils montrent en effetque l’on ne doit, en pareille circonstance, procéder qu'avec une très-grande prudence, dans la crainte de déterminer une albuminurie qui, de passa- gère et aiguë, pourrait devenir chronique et durabie. M. LaBoRpe dit avoir observé des faits analogues dans le service de M. Bouvier, à la suite d'applications locales d’un mélange dans lequel entrait l’iode, à une dose prédominante, et l’iodure de potassium à fai- ble dose. M. RaguTeau : En outre que les faits observés par M. Regnard sont en harmonie avec ce que l’on sait sur les inconvénients de l’iode em- ployé en nature, il y a une grande différence entre l’action de liodure de potassium et celle de liode. L'iodure de potassium engraisse, l’iode fait maisrir ; il est mal toléré et provoque des vomissements. M. ReNAUT : La communication de M. Regnard est très-importante. En effet, on badigeonne prscque tous les phtysiques avec de la tein- ture d’iode, et cependant on n’observe que très-rarement de l’albumi- nurie. Si l’on venait à remarquer que l’albuminurie peut se produire sous l'influence de l'application de la teinture d’iode, il faudrait abso- lument proscrire cette médication, car les albuminuries passagères, ai- guës d’abord, ne tardent pas à se transformer en albuminures chroni- * ques. Ces expériences devraient être répétées snr les animaux, et on ne saurait leur donner trop de publicité. f 149, M. Poncer demande à M. Regnard si la teinture d’iode a donné ‘un résultat satisfaisant au point de vue du traitement.de la teigne. : M. RecnarD répond que les expériences ne sont pas assez nom- breuses pour en tirer une conclusion définitive. — M. TrasBoT communique, à propos de la discussion sur la vac- cine, un fait d'observation. On dit généralement que les pustules de vaccine sont ombiliquées, il n’en est pas de même pour les pulules de horse-pox ; celles-ci sont hémisphériques. Il n’y a d’ombilications qu'aux points où a été pratiquée l’inoculation par suite de la cicatrisa- tion qui fait adhérer l’épiderme à la peau, et détermine ainsi la forme - ombiliquée de la pustule. M. DumonTPaLLiER répond que dans le cas de vaccination qu'il à communiqué à la Société, la plupart des pustules étaient ombiliquées. On a comparé la pustulation de la variole à celle du vaccin. Chez les varioleux, il y a des pustules non ombiliquées. C’est une question de région. À la face, elles perdent très-vite leur ombilication ; elles la conservent plus longtemps au pied et à la main. Dans le horse-pox, il y a peut-être élection de lieu. M. Trassor fait observer que cette particularité n'est pas spéciale au horse-pox, et qu'on l’observe égalemeut lorsqu'on inocule la clave- lée. L’ombilication ne dépend pas de la situation de la pustule, etne se manifeste qu'aux points où a été pratiquée l’inoculation, par le méca- nisme exposé plus haut. Séance du 13 mai 1876. M. J..CnaTin fait, à propos du procès-verbal, une communication sur les bâtonnets optiques des crustacés et des vers. (Noir aux Mé- MOIRES.) — M. LaTaste communique le travail suivant : NOTE SUR LES CANAUX PRÉTENDUS AÉRIFÈRES QUI SE VOIENT DANS LES ÉCAILLES OSSIFIÉES DES SCINCOÏDIENS. Blanchard (1) a le premier décrit le réseau élégant formé par les canaux qui parcourent les écailles ossifiées des Scincoïdiens; mais ce - savant me paraît s'être mépris sur la vraie nature de ces canaux. (1) Recherches anatomiques et physiologiques sur le système tégu- mentaire des reptiles. Ann, sc. nat., 4 série, t, XV, p. 375; — etor- ganisation du règne animal, Reptiles sauriens, 150 C'est surtout chez les Gongylus ocessaius, Gongylus cyprius, Septchalcides, qu’il les a étudiés, nous prévenant qu'ils sont plus simples chez l’Orvet (Anguis pagilis). | C’est au contraire sur cette espèce, plus facile à se procurer, qu'ont porté mes recherches; chez elle, les canaux en question ne sontipas moins abondants que chez les autres ; leur disposition seulement est différente, et d’une interprétation peut-être plus facile. Ils naissent comme un buisson, par deux, trois ou quatre troncs, de la base de l’écaille, se ramifiant et s’anastomosant dans tous les seus. On les voit aisément, même à la loupe, sur un fragment de peau dessé- chée, grâce au pigment foncé qui les enveloppe. | Si l'on examine l’os d’une écaille, dépouillé par macération de ses parties, molles, on yretrouve le même système de canaux, courant dans son épaisseur, formant de simples gouttiéres à sa surface, ou le: traversant dans tous les sens. Sa partie inférieure, plane et unie, pre- sente deux ou trois trous, semblables à des trous nourriciers ; tandis que sa face supérieure est convexe, rugueuse et profondément sillonnée. L'examen comparé de los isolé et de l’écaille entière, conduit vite à cette conclusion, que les canaux parcourent, non pas seulement la par- tie ossifiée, mais toute l’épaissenr de la papille dermique qui forme, l'écaille. On arrive ainsi à penser qu'ils représentent les anses vascu- laires de cette papille, dont la partie centrale s’est ossifiéé. C’est ce qu’une injection colorée des vaisseaux, par le cœur ou l'aorte, démontre complètement. On voit alors, d’un réseau sous-cutané à larges mailles, dont chaque maille correspond à une écaille, naître de petites tranches vasculaires qui se décomposent ensuite, occupant le centre des canaux dont il vient d’être question. Ainsi, ces canaux ne sont pas des canaux aërifères, destinés à à une respiration cutanée supplémentaire, comme l'avait cru l’éminent pro- fesseur du Muséum. Ce sont les anses vasculaires de la papille écail- leuse, traversant l'os de l’écaille, et représentant des canaux de Hayvers. J’étudierai plus à fond l’histologie du derme des Scincoïdiens, je te- nais seulement à signaler de suite la vraie nature de ces canaux. Ces recherches ont été faites au laboratoire d’histologie du Collége de France. — M. SéÉnac LAGRANGE fait une communication sur l’action des eaux de Cauterets. — M. H. MarTin fait la communication suivante : RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DES SPERMATOZOIÏDES. Dans une précédente communication que j’ai eu l'honneur de faire à 151 la Société de Biologie sur la structure des vibrioniéns, j'ai cru pou- voir appeler ces petits organismes des é/éments contractiles vivants. Cette structure, ai-je dit, leur est en effet commune, quant au fond, avec d’autres éléments qui sont universellement désignés sous le nom générique de substance contractile vivante. Aujourd’hui je crois devoir publier quelques recherches sur les sper- matozoïdes qui, parmi ces éléments me paraissent être, uniquement par leur structure bien entendu, l’élément le plus voisin de la classe des vibrioniens, de sorte que l’on pourrait leur donner à la rigueur le nom de bactéries physiologiques. Parmi les travaux antérieurs sur la structure de ces petits êtres, je ne signalerai que les recherches de Th. Eimer, parce qu’elles me parais- sent être le plus rapprochées de la vérité. Avant cet auteur, et sans parler ici des physiologistes qui les consi- déraient comme des animaux, les spermatozoïdes étaient presque par- tout décrits comme un tout homogène, et si Schweiger-Seidel et quel- ques rares histologistes semblaient admettre deux parties distinctes dans leur composition, à savoir un contenant ou gaîne extérieure et un contenu, Kælliker dit, dans son traité classique d’histologie, que cette distinction ne lui paraît pas nécessaire. Néanmoins Eimer, étudiant les spermatozoïdes de certains animaux et particulièrement de la chauve-souris, à un très-fort grossissement (obj. 10 immersion — oc. 3 et 4 d’Hartnack), a bien nettement vu que tout l'élément spermatique est occupé à son centre par un filament d’une petitesse extrême. Ce filament, partout continu, est enveloppé d’une gangue protoplasmique qui serait interrompue au niveau de la partie supérieure du corps, au point qui le relie à la tête. En ce point la col ne serait formé que par le filament seul qui se continuerait ainsi jusque dans la tête. Eimer admet en outre l’existence, sur des sperma- tozoides pleins de vitalité, de points en nombre variable où la gangue est comme coupée, intersections auxquelles il n’attache, du reste, que peu d'importance et qu’il attribue simplement aux mouvements rapi- des de l'élément. Pour vérifier ces détails de structure, j'ai fait usage des mêmes gros- sissements que pour l'étude des vibrioniens, c’est-à-dire du 12 immer- sion et des oculaires 5 et 6 d’Haartnack et Prazmowsky, et comme choix de spermatozoïdes, j'ai surtout étudié le sperme du limaçon vul- gaire, de l’escargot, de la grenouille et de l’homme. Les spermatozoïdes du limacon, à cause de leur longueur très-considérable, sont surtout re commandables pour cette étude. Un spermatozoïde de ce gastéropode, vu à un grossissement de. 2,000 à 2,500 diamètres, apparaît comme un ruban ayant à peu pr de dé 152 | | un Mmillimêtre de diamètre et d’une longueur telle qu’il occupe cinq et six champs du microscope. Une de ses extrémités, la queue, est légère- ‘ment effilée; à l’autre extrémité se trouve la tête, ayant une forme qui la rapproche assez d’un fer de lance ou de la lame d’un fort couteau, plus ou moins recourbée et séparée du reste de l'élément par un espace clair, des plus appréciables, puisqu'il a le quart environ du dia- mètre en largeur du spermazoïde. Quand on considère attentivement un de ces petits organismes, on constate de la façon la plusnette l'existence du filament central tel qu’il a été décrit par Eimer, avec cette particula- rité, toutefois, qu’au niveau du col on s'aperçoit: assez facilement que ce n'est point la gangue protoplasmique, mais le filament lui-même qui est interompu ; il suffit, en effet, de faire légèrement varier dans tous les sens la vis du microscope pour s’assurer qu’à ce niveau le col a le même diamëtre que le corps, et que sa transparence tient à l'absence: de quelque chose dans cette partie de l’élément. Sur un tel Spermato- zoïide encore vivant, et sans l’adjonction d’aucun réactif, on ne voit ja mais autre chose que ce filament uni, quel que soit le grossissement employé ; mais essayons alors de rendre l’enveloppe protoplasmique plus transparente : dans ce but, jai procédé comme pour certaines préparations microscopiques, et tout particuliérement pour les coupes de moelle ; j’ai traité les spermatozoïdes de limaçon, d’abord par l'alcool ordinaire, puis l'alcool absolu et enfin par l'essence de clous de girofles. Sur une préparation de ces éléments, d’abord déshydratée, au moment même où on la met au contact de l’essence, on les voit aussitôt changer d’aspect : la gangue qui (toujours aux mêmes grossissements) avait en- viron un millimètre de diamètre et une teinte jaunâtre rappelant celle de la graisse, disparaît presque instantanément et le filament, rendu admirablement visible, apparaît, en quelques secondes, sous la forme d’une belle rangée de petites granulations sphériques, biréfringentes, sur la préexistence desquelles on ne peut, ce me semble, avoir des doutes. En effet, lorsqu'on fait un mélange à parties à peu près égales d’éther et d’essence de clous de girofles, les granulations apparaissent : un peu plus lentement, il est vrai, mais tout aussi nettement : elles ne sont donc point de nature graisseuse; et, d’ailleurs, d’une certaine im= perfection même des préparations que j'ai l’honneur de soumettre à la Société, ressort plus fortement, en quelque sorte, l'existence réelle de ces granulations. En effet, des spermatozoïdes rendus ainsi tranparents sont d’une conservation difficile; montés dans le baume de Canada, ils deviennent en quelque instants si translucides, que tout disparaît, et J’on ne distingue plus que des ombres linéaires insignifiantes ; conser- vés dans l'alcool comme ces préparations-ci, la transparence ne persiste pas partout également et disparaît sur un grand nombre de spermato- 153 zoïdes. Or, cette dernière réaction a une importance considérable et mérite quelques détails. Lorsqu'on traite, en effet, de nouveau par l'alcool une préparation d’abord imbibée d’essence, tous les spermatozoïdes reprennent peu à peu leur demi-opacité première et bientôt les granulations, qui ne sont plus vues qu’à travers une gangue protoplasmique fortement réfringente, ont repris l'aspect d’un filament central uniforme. Ce retour à l’état normal ne prouve-t-il pas que les spermatozoïdes n'étaient nullement altérés par les réactifs ? On ne peut donc admettre ni une coagulation artificielle, et d’ailleurs bien singu- liérement régulière, de la substance albuminoïde, ni une série d’ex- croissances de nature sarcodique. On sait, en effet, que ces excrois- sances, contrairement aux prolongements dits amiboïdes, sont un résul- tat de mort définitive. Or, pourrait-on comprendre que l’alcool puisse faire disparaître soit ces coagulations partielles, soit ces expansions sarcodiques et rendre à l'élément une uniformité parfaite dans la gan- gue extérieure et dans l'apparence du filament central, telle, en un mot, qu’elle existait sur cet élément absoïument vivant, avant l’ad- jonction d’aucun réactif ? Jusqu'ici, nous n’avons considéré que le corps proprement dit de l'élément. La tête et même la partie voisine du corps sont, sans qu’il soit facile de dire pourquoi, beaucoup plus difficiles à clarifier par l'essence ; on y parvient cependant, et on constate alors que la tête renferme, elle aussi, une traînée de granulations qui est séparée de celle qui se trouve dans le corps au niveau du col. Telle est la structure du spermatozoïde du limaçon. Or, on peut, ce me semble, admettre qu’il doit y avoir pour le moins de grandes ana- logies entre les spermatozoïdes des différentes espèces animales ; et de fait, on retrouve partout une structure comparable. Les filaments sper- matiques de la grenouille, par exemple, simplement traités par l'alcool au tiers ou même par l’éther, présentent souvent une transparence assez considérable pour permettre de distinguer les granulations. Il est beau coup plus difficile, à cause de leur petitesse, de les clarifier par l’essence de clous de girofles, car l’alcool concentré les coagule en masse ; mais dans la préparation on peut toujours voir quelque filament qui a été isolément imbibé par l'essence. Il apparaît alors admirablement granu- leux, et sur ces derniers bien plus encore que sur les spermatozoïdes de limaçon, on peut trouver sur la longueur äu corps des points clairs où la gaine extérieure serait interrompue selon l’opinion de Th. Eimer : -mais on reconnaît facilement que celle-ci se continue partout homo- gene et avec le même diamètre sur toute la longueur du corps, et que c’est sur la chaîne des oranulations que portent les interruptions de continuité. C. R. 4816. 20 154 Enfin la même structure se retrouve sur les spermatozoïdes de l’homme. On décrit généralement à ces derniers une tête, un corps et une queue. Quelle est la structure de chacune de ces parties différentes de l’élémént ? La queue, d’abord, ne diffêre en rien de celle des sperma- tozoïdes du limaçon et de la grenouille ; nous avons ici encore une gangue protoplasmique rubanée, mais fortement convexe sur le milieu de chacune de ses faces et renfermant dans son intérieur une chaîne de granulations sphériques dont le volume est en rapport, on le comprend, avec celui de la partie de l’élément qu’elles occupent : c’est dire qu’elles sont d’une petitesse extrême à l’extrémité de la queue. Cette extrémité, qui fort souvent se termine en pointe, présente dans certains cas un petit renflement sphérique rappelant un peu, par son aspect, un très petit nucléole. Entre la tête et la queue se trouve une portion plus vo- lumineuse que cette dernière et qui constitue le corps : ici encore nous retrouvons des granulations plus faciles même à apercevoir que dans tout le reste de l’élément, de sorte que sur un spermatozoïde vivant et doué encore de mouvements, on ne voit souvent qu'en ce point, et sans aucune préparation préalable, la structure granuleuse. Ces granula- tions sont bien plus visibles encore quand on à traité la préparation par l'essence de clous de girofles. On constate alors très-facilément qu'il y a généralement à ce niveau trois ou quatre granulations, quelquefois six ou même sept, selon la longueur relative de cette portion de l’élé- ment. Nous arrivons à la tête, qui, chez les spermotozoïdes de l’homme et probablement des mammifères, est un peu plus complexe. Dans les ou- vrages classiques de physiologie, cette tête est vulgairement représentée sous deux formes variables, suivant que l’élément est vu de face ou de profil : vue de face, elle est à peu prés ronde ou plutôt en raquette; de profil, au contraire, elle a un aspect pyriforme tout à fait caractéris- tique; mais on peu aussi observer ces éléments dans une position inter- médiaire aux deux précédentes ou, en d’autres termes, de trois quarts. Sur un spermatozoïde ainsi placé, on voit nettement que chacune des faces de l'élément est bordée par une ligne noire très-lésérement ondu- lée à un trés-fort grossissement et absolument semblable à celle qui constitue, dans le corps du spermatozoïde, le filament de Th. Eimer. Cette similitude d’aspect pouvait faire prévoir, étant déjà connue la cons- titution granuleuse de ce filament, que chacune des faces de la tête était bordée peut-être par une série semblable de granulations. Or c’est précisément ce que l’on constate de la façon la plus complète sur des spermatozoïdes que l’on est parvenu à traiter convenablement par l'essence de clous de girofle. Il suit de là que, sur une tête vue de face, on voit une circonférence parfaitement régulière de petites granula- 155 tions, tandis que, sur un spermatozoïde vu de profil, chacune des li- gnes granuleuses qui limitent la tête pyriforme ne sont que deux por- tions respectives de deux circonférences de granulations de chacune des faces de l’élément. Enfin, au centre et le plus souvent tout à fait à la base de la tête, c’est-à-dire dans sa portion la plus renflée, on aperçoit presque toujours le nucléole brillant signalé par quelques auteurs et en particulier par Eimer. Il nous reste à parler de la portion qui relie le corps à la tête, c’est- à-dire du col. Tandis que sur les spermatozoïdes de certains animaux et en particulier du limaçon, ce col existe constamment et toujours avec le même aspect, sur les spermatozoïdes de l’homme, au contraire, il ne nous a point paru constant, ni surtout uniforme. Sur un grand nombre de ces éléments, en effet, on rencontre à ce niveau un léger renflement du protoplasma dans lequel on trouve deux granulations juxtaposées sur une même ligne. Ce renflement est quelquefois plus considérable, sphérique et renferme alors un certain nombre de granulations placées sans ordre appréciable. Enfin on,ne voit fréquemment pas de col et la chaîne granuleuse du corps paraît aboutir jusqu’au nucléole de la tête. Ce qui prouve, du reste, la fréquence de cette disposition, c’est que, dans du sperme commençant à s’altérer, on voit souvent des sperma- tozoïdes qui se sont comme décoiffés de leur tête, et le spermatozoïde n’a plus, à son extrémité céphalique, que son nucléole; quant à la tête, fortement granuleuse sans l’adjonction d'aucun réactif, déformée et devenue plus ou moins sphérique, elle flotte à côté dans le liquide. Telle est la structure des spermatozoïdes, telle qu’elle m'a paru res- sortir de recherches variées. Dans la première communication que j'ai eu l'honneur de faire à la Société sur la structure des bactéries, je n’ai point parlé à dessein d’une bactérie particulière, qui est le bactérium capitatum de Davaine, ou bactérie à tête. Cette bactérie offre en petit de grandes analogies avec les spermatozoïdes, mais surtout avec ceux de ces éléments qui, décoiffés de leur tête (qu’on me permette une deuxième fois cette expression), n’ont plus à leur extrémité cépha- lique que leur nucléole. En se basant donc simplement sur la structure anatomique, on pourrait, ce me semble, établir une sorte de gradation entre ces différents éléments et dire qu'entre la bactérie simple ou bâ- tonnet et le spermatozoïde se trouve, appartenant encore à la classe des bactéries, le bâtonnet à tête, ou mieux à nucléole céphalique. Quant au spermatozoïde qui viendrait ensuite, c’est plus qu’une bactérie à nucléole, car sa tête est une cellule, et autour du nucléole s’est formé un protoplasma granuleux. Ce qui me semble donner une certaine vraisemblance à ce rapprochement, qui, encore une fois, est purement anatomique, c’est que sur un grand nombre de bactéries à tête, on aper- 456 çoit un trés-petit espace clair,ou, en d’autres termes, un col immédia- tement au-dessous du renflement céphalique et indépendamment des interruptions semblables qui peuvent exister dans la chaîne des granu- lations sur le reste de l’élément, de sorte qu’en pareil cas, on pourrait à la rigueur décrire à ces bactéries, une tête, un col et une queue comme aux spermatozoïdes de la plupart des animaux. Ce rapproche- ment purement anatomique me semble prêter un appui à l’interpréta- tion que j'ai donnée des espaces clairs que l’on trouve sur un si grand nombre de vibrioniens dits articulés. ÿ — M. BapaL fait la communication suivante MESURE DU DIAMÈTRE DE LA PUPILLE. Dans une des séances précédentes, j'ai indiqué un moyen nouveau de calculer la grandeur du cercle de diffusion suivant lequel se peint un point lumineux sur la rétine d’un œil non-accommodé pour la distance à laquelle se trouve ce point; et j’ai montré à l’aide de quel artifice il était possible, pour simplifier l'opération, de ne point faire intervenir dans le calcul le diamètre de la pupille, Mais ilse peut que, pour une raison quelconque, on ait a d’être fixé sur la grandeur de l'ouverture pupillaire. Divers movens ont été proposés pour cela. Je n’en connais pas de plus simple, de plus expédi- tif et qui nécessite un appareil instrumental moins coûteux que celui que je vais faire connaître, et que je n'ai trouvé indiqué nulle part, au moins autant que méthode générale. J’indiquerai plus loin ce qui a été fait dans ce sens. Pour cette nouvelle démonstration, j’emploierai encore la figure sché- matique qui m'a servi à l’étude des cercles de diffusion. Soient À et À’ deux points lumineux, situés dans un plan perpendi- culaire à l’axe visuel, et à égale distance de cet axe ; — a et a’ les points de convergence des rayons réfractés ; — opet og les cercles de diffusion formés sur la rétine; — rsuvun plan mené perpendiculairement à l’axe par le centre de réfraction de l’œil (point nodal), et au niveau duquel on peut sup- poser se faire la réfraction des rayons lumineux ; — mn le diamètre de la pupille. Si les deux points lumineux sont mobiles, il y aura un certain écar- tement de ces points pour lequel les cercles de diffusion se toucheront sur J’axe, en o, comme l'indique la figure. Mais alors, et en supposant l’œil emmeétrope, le point o commun aux deux cercles se trouve au foyer de l’appareil réfringent de l'œil. Tout rayon réfracté, tel ques o a, passant par ce point 0, doit donc, avant 457 son entrée dans l'œil, avoir été parallèle à l’axe, et, puisque ce même rayon a dû affleurer le bord pupillaire, il s'ensuit que si l’on joint le point s au point m et que par ce dernier on mène une parallèle à l'axe, le foyer conjugué de & devra se trouver quelque part sur cette paral- êle. Ce foyer conjugué, devant se trouver aussi sur le prolongement de ala ligne qui joint le point a au centre de réfraction de l'œil, ne pourr se trouver qu’à l'intersection des deux lignes, en A. Même raisonne- ment pour À et a’. Les lignes mA, n A7 étant parallèles, il est évident que À A'— mn, et cela quelle que soït la distance des points lumi- neux à l’œil. Si ces points sont très-éloignés, les cercles de diffusion seront très-petits, puisque alors les axes secondaires À a, A’ a’ tendent à se confondre avec l’axe principal, mais cela ne change rien à la démonstration. Donc, toutes les fois que deux points lumineux dessinent sur la rétine des cercles de diffusion qui se touchent, le diamètre de la pupille est précisément égal à l’écartement de ces points lum\ neux, quelle que soit leur distance à l'œil. Le fait était connu depuis longtemps pour deux points situés au foyer antérieur de l'œil, et c’est là-dessus précisément que Robert Houdin avait basé la construction de son petit instrument pour la mesure du diamètre de la pupille. Il n’y a là qu'un cas particulier de la méthode générale que je viens de faire connaître et que ne paraît avoir soupçonné aucun des auteurs qui ont étudié la formation des images entoptiques produites par deux faisceaux de rayons homocentriques. (Brewster, Donders, Doncan, cités par Helmholtz. Optique physiologique, édition française, p. 223.) Mais le point précis auquel Robert Houdin se croyait obligé de placer les deux points lumineux étant trés-peu éloigné de la cornée (12 mil- limètres), il en résulte que les axes secondaires menés par A et A font avec l'axe principal des angles relativement considérables, pour les- quels la théorie des lentilles cesse d’être très-exacte. Déjà, sur la figure schématique ci-jointe, où les points sont à 2 centimétres environ de 158 l'œil, l'erreur est fort. sensible, puisque les cercles de diffusion ne pa- raissent plus centrés sur les axes secondaires. Il faut donc, pour que la théorie soit applicable, s'éloigner de l'œil bien davantage, sans pourtant se placer trop loin, car alors les cercles de diffusion deviennent si petits qu’il est difficile de saisir le moment précis du contact. La distance de 15 centimètres, comptée à partir du centre de réfrac- tion de l’œil, me paraît fort convenable; elle a l'avantage de rendre trés-simple le calcul de la grandeur des cercles de diffusion, dont le diamètre, d’après ce que j'ai dit dans ma précédente communication, 0,045 devient alors égal à À A’ X TE — 1/10 A A’. Une autre cause d’erreur que l’on ne peut éviter résulte de ce que les rayons lumineux, avant d'arriver dans le plan de la pupille, ont déjà subi une certaine réfraction qui fait que le rayon parallèle à l’axe, parti de A, passe un peu en dedans du bord m de l’ouverture pupil- laire. J’abandonne aux mathématiciens le calcul de ces infiniments petits. Cliniquement, l'erreur est d’autant plus négligeable qu’elle se répète dans toutes les mensurations, et ne change par conséquent que fort peu de chose aux mesures comparatives exécutées sur différents yeux ou même sur le même œil. Pour les yeux amétropes, il est nécessaire d’établir une formule spéciale que je crois inutile de reproduire ici. | Manuel opératoire. — Pour mesurer le diamétre de la pupille dans la vision à une distance déterminée, il suffit de placer l'instrument devant l'œil à examiner, de fixer avec l’autre œil un objet place sur fond blanc, à la distance voulue, et d'amener au contact les deux cercles de diffusion. Quant à l’instrument, il n’est pas de médecin qui, avec un tube de carton et deux cartes percées d’un trou d’épingle, ne puisse le fabriquer en quelques instants. à — La Société procède à l'élection d'un membre titulaire. Trente- deux membres ont voté. M. Bochefontaine a obtenu 27 voix, et M. Pi- card 5. En conséquence, M. Bochefontaine a été proclamé membre titulaire de la Société de Biologie. Séance du 20 mai 1876. M. BOcHEFONTAINE fait la communication suivante : ENDOPÉRICARDITE CHEZ UN CHIEN MORT DE SYNCOPE CHLORALIQUE. Le cœur que je viens présenter à la Société de Biologie offre les lésions 159 de l’endopéricardite; il appartient à un chien mort, il n’y a qu'un instant, dans le laboratoire de M. Vulpian, après avoir eu plusieurs syncopes dans les conditions que voici : Je chloralisais ce chien par injection intra-veineuse d’une solution d'hydrate de ckloral au cinquième, journellement employée dans le laboratoire pour endormir les animaux en expérience. L’injection était faite par la veine fémorale, lentement, avec toutes les précautions que l'on prend habituellement en pareil cas. On n'avait pas injecté dans les veines un quart de gramme de chloral lorsque, tout d’un coup, l'animal a cessé de respirer. Le cœur était arrêté. On à fait aussitôt des mouvements respiratoires artificiels en compri- mant quatre ou cinq fois les côtes du thorax de l’animal avec les mains. Le cœur s’est mis à battre et la respiration spontanée s’est rétablie. Une seconde injection d’une quantité moindre de la solution a déter- miné une nouvelle syncope dont l'animal a été rappelé sans plus de dif- ficulté que la première fois au moyen de la faradisation du tronc, qui a promptement fait reparaître les mouvements respiratoires spontanés. On a donné de nouveau du chloral à trois reprises successives en redoublant de précautions. Cependant trois autres syncopes sont sur- venues, la dernière mortelle, bien que l’on ait eu recours immédiate- ment à l’électrisation de même qu’à la respiration artificielle et que l'on ait prolongé ces tentatives pendant sept ou huit minutes. L'animal n’avait pas reçu en tout un gramme de chloral. C'était un chien de moyenne taille, barbet, très-matiné, qui parais- sait robuste et bien portant et n’était pas sensible, irritable, comme le sont quelques-uns de ces animaux. Le chloral administré par injection intraveineuse produit bien quel- quefois la syncope ; mais chez un animal de cette taille, il faut qu'il ait été mjecté en plus grande quantité. C’est généralement au moment de la courte période d’excitation qui précède le sommeil; c’est quand il y à un gramme et demi à deux grammes de chloral dans le sang que cet accident arrive. Il ne persiste pas du reste et il n’est souvent que le précurseur du vomssement. Quelques mouvements respiratoires artificiels, ou quelques coups d'électricité suffisent pour rappeler les mouvement respiratoires spontanés. Ordinairement on peut injecter einq, six grammes de chloral, et même davantage sans déterminer de syncope mortelle. Il y avait donc quelque chose d’insolite dans la conduite de cet ani- mal vis-à-vis du chloral. M. Vulpian a pensé que l’on devait se trouver en présence d‘une affection cardiaque et m'a recommandé d’examiner particulièrement le cœur, en faisant la nécropsie de l'animal. 460 Comme on le voit, le péricarde viscéral de chaque oreillette et de la partie correspondante du ventricule est recouvert d’un exsudat fibri- neux plus considérable sur le cœur gauche que sur le cœur droit. Dans chaque cœur, l’endocarde auriculaire est extrêmement rouge. Dans le cœur gauche, cette rougeur s'étend à tout l’orifice mitral. Toute la valvule mitrale est épaissie et son bord libre est recouvert par de nombreuses végétations. Les deux valvules sigmoïdes les plus voisines de l’orifice mitral sont également épaissies et æœdématiées. Les mêmes lésions se retrouvent dans le cœur droit. Seulement elles n'intéressent pas l’endocarde dans une si grande partie de son étendue. Elles sont limitées à la cloison inter-ventriculaire, à la valvule tricus- pide adhérente à cette cloison et à presque tout l’orifice tricuspide. Ce fait m’a paru mériter d’être consigné parce qu’il est un exemple manifeste d’endopéricardite chez le chien et parce qu’il trouve son ap- plication en médecine. Les injections intra-veineuses de chloral ont été plusieurs fois em- ployées chez l’homme depuis que M. Oré en a préconisé l’usage. On voit qu’elles peuvent entraîner la mort dans le cas où le cœur est ma- lade. Par conséquent, le médecin devra toujours examiner le cœur avec le plus grand soin et s’assurer de l’état de cet organe avant de se décider à produire l’anesthésie au moyen des injections intra-veineuses de chloral. —M. le SRCRÉTAIRE GÉNÉRAL, au nom de M. Samson, fait hommage à la Société d’un travail sur la respiration pulmonaire chez les grands mammifères domestiques. —M. Larcxer adresse unelettre à M. le Président pour être porté au nombre des candidats au titre de membre de la Société de Biologie ; il joint à l'appui de sa demande diverses brochures sur des sujets de pa- thologie et de tératologie. M. Macnan propose de nommer membre correspondant de la Société M. Mierzevrosky, auteur de nombreux travaux scientifiques auxquels M. Magnan joint un mémoire sur les lésions centrales dans la paralysie générale. M. le PRÉSIDENT charge M. Magnan de faire un rapport sur le travail de M. Mierzejewsky; une commission sera nommée pour statuer sur la candidature proposée. — M. CuarLes Ricer fait la communication suivante : EXPÉRIENCES SUR LES FONCTIONS DES NERFS SENSITIFS. Les phénomènes de la sensibilité ont été beaucoup moins étudiés qu 161 ceux de la motricité des nerfs, et on ne connaît que peu de choses ayant rapport à la fonction des nerfs sensitifs. Cela tient évidemment à la difficulté qu’il y a à savoir si un animal sent ou ne sent pas, et, d'autre part, on ne peut agir sur l’homme que dans des limites fort restreintes, la sensibilité ne pouvant être mise er jeu au point de pro- yoquer de la douleur. J'ai essayé de remédier à la premiére difficulté par l’intoxication strychnique. Lorsqu'une grenouille est empoisonnée avec la strychnine, Ja moindre excitation cutanée se propageant à la moelle provoque im- médiatement un tétanos généralisé, de sorte que le plus lèger indice de sensibilité est facile à constater. Cependant nons verrons tout à l’heure _que cette sensibilité n’est peut-être pas la seule, et qu’à côté de la sensibilité excito-motrice, il y en a peut-être d’autres ne provoquant pas de réflexes tétanisateurs, et parvenant cependant jusqu’à la moelle. Pour bien séparer l'excitation du nerf de l'excitation de toute autre partie du corps, je fais l’amputation de la euisse d’une grenouille en ne lui conservant dues nerf sciatique. La circulation ne se fait plus dans jambe ainsi préparée, et l’on peut facilement observer les phénomènes de la mort graduelle du nerf. En prenant quelques précautions pour éviter la mort par dessiccation du nerf, jai vu qu’au bout d’un temps assez long, la privation de sang amenait la perte de la fonction sensitive. Ce temps, sur la grenouille, varie entre six heures et demie et huit heures, quand on opère dans de . bonnes conditions. Sur des animaux à sang chaud, M. Brown Séquard a trouvé que l’anémie du nerf amenaït sa mort en trois quarts d’heure à peu prés : ainsi, chez les batraciens, la mort du tissu nerveux est beaucoup plus lente, comme toutes les analogies permettaient de le prévoir ; étant dix fois moins rapide que chez le cochon d'Inde ou le chien. Cette mort survient graduellement, de la périphérie aux centres ainsi que M. Claude Bernard l’a vu dans l’étude des anésthésiques. Mais ce qu'il y à de particulièrement intéressant, c’est que le nerf sensitif meurt avant le nerf moteur. Ainsi, quand déjà l’irritation du nerf mixte du côté sectionné ne produit plus de réflexes, il produit encore une con- traction musculaire du même côté; et, d'autre part, l'excitation de Vautre patte provoque un tétanos généralisé, lequel porte aussi bien sur la patte sectionnée que sur tout autre muscle du corps. Lé même phénomène se produit dans la mort du nerf par épuisement. Que si, par exemple, on fait passer dans le nerf des courauts d’induction assez forts, ne füt-ce que pendant quelques secondes, la sensibilité de ce nerf est immédiatement éteinte, mais la motricité ne l’est pas. Il semble qu'un départ se soit fait entre les fonctions motrices et les fonctions OUR AOTO. NN 21 162 sensitives, les premières étant conservées alors que les autres sont déjà abolies. Un troisième fait à mentionner, c’est que, lorsque la sensibilité est sur le point de disparaître, les courants électriques, même faibles, sont encore capables &’exciter le nerf, tous les autres agents, contact, piqûre, déchirure, brûlure, action chimique, le laissant absolument inactif. Cette particularité est en rapport avec ce qui se passe dans certaines anesthé- sies pathologiques, et notamment dans l’hémianesthésie hystérique. Les courants électriques, assez faibles pour ne pas provoquer la mort du nerf, contribuent néanmoins à la hâter, sans que rien dans ses mani- festations ait pu le faire prévoir. Ainsi un nerf qui a été légérement électrisé et laissé ensuite en repos meurt en une heure ou deux, tandis qu'autrement sa mort aurait été beaucoup plus tardive ; mais 1l à con- servé, jusqu’au moment où il cesse de vivre, toute l'intégrité de ses fonctions. Si on fait passer une série de courants induits destinés à épuiser la sensibilité du nerf, il semble, au début, qu’on n’obtienne pas de résul- tats sensibles. Cependant, en réalité, la mort du nerf survient bien plus vite, mais avec les mêmes phénomènes que lorsque le nerf n’a pas été épuisé. Il est inutile que l'électricité soit appliquée directement sur le nerf. L’excitation de la patte suffit. Ainsi, si l’on peut s'exprimer ainsi, le passage des courants de sensibilité finit par épuiser le nerf et hâter sa mort, sans qu’il soit nécessaire d’exciter le nerf lui-même, l’excita- tion des parties périphériques étant suffisante. Un phénoméne remarquable, déja noté par Volkmann, c’est que le contact de la peau provoque le tétanos, et que le nerf conducteur de cette sensibilité excito-motrice, lorsqu'il est lui-même touché, ne pro- voque absolument rien. Il en est de même pour les muscles, le tissu conjonctif ; tous ces tissus, autres que la peau, étant légérementeffleurés, ne provoquent pas d'action réflexe, aussi ne faut-il pas se hâter d’ad- mettre que toute sensation transmise à la moelle provoque une con- traction tétanique. Loin de là, il semble que la sensibilité excito-motrice soit distincte des autres. L'expérience de Volkmann en est la preuve, mais on peut la rendre plus concluante encore. Il suffit d'approcher du nerf un corps ardent, un fer rouge, par exemple; si on l’apppoche avec de grandes précautions jusqu’à brûler le nerf, sans le toucher brus- quement, on parvient à le détruire complétement, sans provoquer la moindre contraction réflexe. Il est évident, pourtant, qu’il y a une excitation intense du nerf, et que la sensibilité a été mise en jeu. Que l'on fasse la même expérience sur une grenouille non décapitée, et elle exécutera des mouvements coordonnés de fuite et de défense, mais qui ne pourront être assimilés à des phénomènes réflexes. La peau elle- 108 même n’est pas sensible à toutes les exctations, et, si on approche d’une partie de la peau une corps ardent qui ne la touche pas, nul phé- noméne réflexe ne se manifestera. Ces faits, quoique peu explicables aujourd’hui, recevront peut-être un jour leur explication, quand nous serons plus au fait de l’action nerveuse proprement dite, maïs nous pouvons dés à présent conclure : 49 Que la sensibilité excito-motrice de la moelle est distincte des autres sensibilités ; : 29 Que l'électricité est l’excitant le plus énergique de l’activité ner- veuse, et que la sensibilité électrique persiste la deruière ; 39 Que dans la mort par privation de sang oupar épuisement, le nerf sensitif meurt avant le nerf moteur. Venons maintenant aux expériences sur l’homme. Dans l'intention d'essayer les effets de la pression, j'avais fait construire par M. Colin une sorte de pince à deux branches réunies par une vis tournant sur un cercle gradué. Malheureusement l'impossibilité d’avoir un point de repère fixe ne m’a pas permis d’expérimenter sur les malades. Je me suis contenté d’expérimenter sur moi-même dans des conditions toutes physiologiques. Si on pince assez légèrement une portion quelconque du tégument, par exemple le repli cutané qui s’étend entre le pouce et l'index, la pression sera d’abord très-supportable, puis, peu à peu, et à mesure que l’instrument continuera la pression sans l’augmenter, la douleur croîtra et deviendra finalement intolérable. Certaines régions, cepen- dant, présentent une exception à cette régle. Ainsi, à la pulpe des doigts, de l'index, par.exemple, cette douleur est presque uulle, et, quoique la région soit extrêmement riche en nerfs, la pression long- temps continuée ne provoquera pas de phénomènes douloureux. Mais laissons de côté ce fait qui prouve, après tant d’autres plus ou moins semblables, l'indépendance de la douleur et du sens du toucher ; constatons seulement qu'une excitation faible accroît la sensibilité du nerf. Il est certain que, si la pression était très-forte, assez forte pour détruire le nerf, la douleur d’abord intolérable aurait fini par s’éteindre, ainsi qne cela arrive dans la section de l’éperon intestinal, par l’enté- rotome, L'autre procédé auquel j'ai eu recours est l’électricité. Pour électriser la peau, je me suis servi d’un compas spécial que M. Bréguet m’a con- struit. Ce n’est autre que le compas de Weber, dont les deux branches sont isolées et portent chacune une des électrodes : la pointe étant assez aiguë, les excitations même faibles, deviennent très-perceptibles. Si on éloigne beaucoup les deux pointes, la sensation est beaucoup 164 moins douloureuse que si on les rapproche, cela tient évidemment à La diffusion du courant dans une plus large surface cutanée. Une excita- tion qui s'étale sur un centimêtre cube de la peau sera beaucoup plus sensible qu’une autre égale à la première, maïs s’étalant sur une surface dix fois plus grande. Je n'ai pas, comme je l’espérais, constaté de modifications notablesde la sensibilité tactile pendant ou après le passage d'un courant soit galva= nique soit induit, mais j'ai pu étudier les effets de l’irradiation. Qnand on a affaire à un sujet intelligent, il décrit ce qu’il éprouve; chaque fois que les courants interrompus passent, ily a comme un cercle dou- loureux autour de la pointe ; plus intensité de l’excitation est grande, plus aussi le cercle s'étend. Donc l’irradiation est en raison directe de l'intensité. Ce que nous disions plus haut au sujet de la sensibilité à la pression se vérifie aussi avec le compas électrique ; au début il n’y a pour ainsi dire pas de douleur, mais peu à peu, à mesure que l'excitation continue, la douleur finit par devenir intolérable. Une autre expérience peut encore vérifier cette doublé loi. Elle est très-simple et ne nécessite aucun instrument. Si on pique légèrement la peau avec une épingle, on ne produit pas de douleur, mais si on répète nombre de fois à la même place la même piqûre, cela finira par devenir insupportable, et en même temps le cercle semblera s’agrandir, L’irra- diation sera en raison directe non-seulement de l'intensité, mais aussi de l’excitabilité. L’électrisation par les pointes est trop douloureuse pour être poussée au delà de ces limites. Si on veut voir les effets de courants plus in- tenses, il faut employer les rhéophores humides et plats, et on pourra alors, en augmentant graduellement, aller jusques à une excitation très-forte et très-bien supportée; mais si on déplace brusquement les rhéophores pour les porter sur des régions jusque-là non excitées, la douleur sera intolérable. C’est qu’en effet, par suite de l’épuisement du nerf, la sensibilité a été en décroissant, ce qu’on peut formuler en disant que la sensibilite décroît quand le nerf est fortement excité. Si on emploie des courants moyens, la douleur est loin d’être sentie également à tous les instants, il y a comme un redoublement, puis des extinctions, des sortes d’oscillations, pour ainsi dire, qui rendent le courant tantôt tolérable, tantôt, au contraire, absolument intolé- rable (1). RARE D TRE ra A CO PETER (1) Il est vrai que la source d’électricité n'étant pas une pile absolu= ment constante, cette oscillation dans la sensibilité peut être attribuée en partie aux oscillations de l’intensilé électrique, 165 J'ajouterai que, sur les grenouilles préparées comme je l'ai dit plus haut, j'ai vérifié l’inGuence de ces excitants faibles, moyens ou forts. Avec un excitant.fort, on épuise le nerf, et la sensibilité ne tarde pas à disparaître ; avec un excitant moyen, il y a des contractions se suCCE- dant assez réguliérement mais interrompues ; avec un excitant très- faible il y a des contractions qui n'arrivent que tard, quand le nerf a été suffisamment excité par une succession nombreuse d’excitatations, ainsi que Stirling l’a vu tout récemment. Je crois donc qu'on peut con- clure en disant qu’à l’état normal la sensibilié d’un nerf 49 Va en croissant, quand le nerf est faiblement excité. 20 Va en oscillant quand le nerf est moyennement excité. 30 Va en diminuant quand le nerf est fortement excité. Il est d’ailleurs bien entendu que ces mots faible, moyen et fort ne sont que relatifs, et ne peuvent pas être pris dans un sens absolu. On ne peut pas démontrer sur la grenouille qu’il en est de même pour les nerfs moteurs. Mais sur le nerf et le muscle de la pince de l’écrevisse, que jé viens de soumettre à un grandnombre d’expériences, ces phéno- mênes d'augmentation, d’oscillation ou de décroissante selon l'intensité de l’excitant, sont extrêmement manifestes ! Ce sera l’objet d’un travail ultérieur. M. Lasorve fait observer à M. Richet que, lorsqu'une grenouille est placée sous l'influence de la strychnine, elle n’est plus dans des condi- tions normales, car il y a un véritable tétanos strychnique. M. Claude Bernard a étudié les différentes périodes de la disparition de la sensi- bilité par l’anémie. Si on coupe le nerf sciatique d’une grenouille et qu’on anémie l’animal : si on vient à exciter le bout périphérique du nerf, il n’agit plus sur la motricité; si on agit sur le bout central, il se produit un mouvement réflexe. M. Ricuer répond qu'il a tenu compte dans son mémoire de l’expé- rience de M. Claude Bernard et de celle de Volkmann. — M. F. LaTAsTE communique la note suivante : SUR LES OEUFS DES BATRACIENS ANOURES, ET LEUR DISPOSITION EN PELOTTES OÙ EN CORDONS Je ne veux parler, dans cette courte note, que des couches de l'œuf extérieures à la membrane vitelline, et produites en dehors de l’ovaire L’oviducte est l'organe. secréteur de ces couches, sa structure a été étudiée, et de plus én plus approfondie par divers auteurs, entre autres 166 par Roësel (1) en 1752, par Lercboullet (2) en 1848, et par Neumann et Gruneau (3) en 1875. On peut le diviser en trois portions, la {rompe l’oviducte proprement dit, et l'utérus ; la premiére reçoit l’ovule et le conduit à la deuxième, qui forme ses dermiéres enveloppes ; la troisième est un réservoir dans lequel s'accumulent les œufs jusqu’au moment de la ponte. La surface interne de cet organe est tapissée, dans toute sa longueur, parun épithélium cylindrique formé de cellules vibratiles entremélées de cellules caliciformes. A sa surface externe, immédiatement au-dessous de l’épithélium péritonéal, est une mince couche de tissu conjonctif et musculaire. Enfin, entre cette couche et l’épithélium interne, maïs dans l'épaisseur de l’oviducte proprement dit seulement, sontlogées de nom- breuses glandes tubuleuses minutieusement étudiées par Neumann et Gruneau. L’utérus présente aussi quelquefois, et notamment chez la grenouille verte, autour de l’orifice de l’oviducte, des glandes tubuleuses que l’on pourrait confondre au premier aspect avec celles de la portion précédente ; mais elles doivent être plutôt rapprochées des cellules cali- ciformes de l’épithélium. Car c’est là un détail que je ne trouve point indiqué dans l'excellente étude des auteurs précités, et sur lequel j’ai besoin d’insister ici : Les cellules calyciformes des glandes de l’oviducte sont distinctes, par leur forme et leur sécrétion, des cellules calyciformes de l’épithélium ou des glandes de l’utérus. Elles sont beaucoup plus grandes, presque double en diamètre. Examinées vivantes, dans de l’eau salée à 6/1000, les premières paraissent bourrées, comme des sacs de grain, de petites sphères réfringentes munies à leur intérieur de une ou plusieurs sphères plus petites semblables à des nucléoles, tandis que les deuxièmes sont remplies d’une matière continue et granuleuse. Si l’on ajoute de l’eau à la préparation, les petites sphères se gonflent, deviennent plus pâles, et finissent par disparaître; chacune d’elles a conservé son individualité jusqu’à ce moment ; mais on ne trouve plus alors à leur place qu'une masse homogène dans laquelle sont restés et brillent les corps nucléo- Biformes. La matière granuleuse, au contraire, traitée par l’eau, se gonfle adhère à tout ce qu’elle rencontre, et conserve toujours son même as- pect. Dans l’acide acétique, la matière granuleuse disparaît, tandis que les petites sphères ne semblent pas altérées. Enfin l'iode et la purpurine (1) Historia ranarum nostratium. (2) Recherches sur l'anatomie des organes génitaux des animaux vertébres in ACTA NATURÆ CURIOSORUM, t. 23. (3) Die Drüsen der Froscheileiter, in ARCH. FUR MIKR. ANAT., 11° vol., fasc. 3, p. 472, 167 colorent les corps nucléoliformes seuls des petites sphères, et la masse entière de la matière granuleuse. Je n’ai pas poussé la comparaison plus loin, ces résultats suffisant au but que je me suis proposé. Nous retrouvons dans l’œuf des batraciens anoures les deux sécré- tions que nous venons de distinguer. Une coupe diamétrale d’un œuf de Rana agilis, par exemple, colorée à la purpurine, nous montre sa partie extérieure à la membrane vitelline disposée en couches concen- triques. Ces couches sont incolores et laissent voir dans leur épaisseur de petits corps très réfringents et colorés. Elles sont séparées les unes des autres par une substance trés-peu abondante et colorée aussi. On ne peut méconnaitre dans ces couches, la sécrétion de glandes de l’oviducte avec des corps nucléiformes: et dans la substance intermédiaire, la sécrétion des cellules épitheliales. Cette substance intermédiaire, dont il serait impossible de mesurer l'épaisseur, tant elle est mince, ne paraît pas former une surface continue entre les couches précédentes ; elle est plutôt comparable à une membrane fenêtrée, sinous pouvions donner ce nom à une substance presque liquide En effet, il arrive quelquefois que les couches les plus extérieures sont coupées obliquement par le rasoir, et se rabattent sur la préparation. Elles présentent alors cet aspect. C’est sans doutecette apparence, qu’on ne retrouve jamais sur des coupes bien faites et bier étalées,qui a induit Nathusius (1) en erreur, et lui a fait trouver des fibres dans l’œuf des batraciens. En tout cas son dessin reproduit exactement l’aspect auquel je fais ici allusion. Ainsi, nous ayons trouvé, dans la structure de l’oviducte, la raison de la structure des couches extérieures de l'œuf. Il nous sera aussi aisé d'expliquer la disposition de ces œufs en pelottes chez les grenouilles et la rainette, en cordons plus gros chez les crapauês, les pélobates, etc. L’oviducte des premières espéces est étroit dans toute sa Jongueur, et vient s'ouvrir dans l'utérus sans s’être préablement dilaté. Un seul suf- fit à remplir son calibre. Chaque œuf arrivera donc à l’utérus entouré d’une masse d’albumine à lui propre ( j'appelle ici albumine la matière sécrétée par les glandes de l’oviducte, quoique cette matière puisse dif- férer chimiquement beaucoup de la substance qui porte ce nom; mais elle paraît remplir physiologiquement le rôle du blanc dans l’œuf de poule ; et d’ailleurs j’ai besoin d’un mot pour la désigner. De même j'ap- pellerai mucus la décrétion de l’épithélium de l’oviducte et des glandes (1) La coquille de l’œuf du coluber natrix, et les cordons des œufs des serpents, des batraciens et des lépidoptères. In soURNAL De Koei- LiKER.; t. 21, p. 409 et pl. 7. 168 de l'utérus). Chez les crapauds, au contraire, l’oviducte, étroit d? abord, se dilate graduellement, et se confond peu à peu avec l'utérus, qui pré= sente chez eux la forme d’une corne d’abondance. Les œufs, isolés d’abord, et revêtus d’une couche propre d’albumine, s’accollent ensuite, et se recouvrent d’une seconde couche commune. Ils arrivent ainsi dans l'utérus en cordons déjà formés. Ceux-ci pourront s'étirer plus ou moins pendant la ponte, mais jamais les œufs ne se présenteront isolés et simplement juxtaposés comme chez les grenouilles. J'ai effectivement constaté l'existence de cordons déjà formés dans l'utérus des crapauds avant la ponte; et des coupes microscopiques de ces cordons m’ont montré les deux couches d’albumine, l’une propre à chaque œuf, l’autre commune à plusieurs; tandis que chez les gre- nouilles les œufs sont isolés dans l'utérus, et chacun d’eux posséde en propre l’albumine qui l'entoure. Le mucus, assez abondamment sécrété dans l'utérus, sert à faire adhérer les cordons ou les œufs, soit entre eux, soit aux corps étran- gers. Cette adhérence réciproque produit la forme sphérique des pe- lottes d'œufs de grenouille, quand ils flottent dans l’eau, dont la den- sité est presque égale à la leur. Mais si on les place au sortir de l’utérus dans une quantité d’eau insuffisante, ils s’applatissent et s’étalent au fond du vase. Les cordons des crapauds sont, au contraire, générale- ment tendus, grâce au mouvement que fait le couple pendant la ponté; mais qu’on prenne. ces cordons dans l'utérus, et qu’on les jette à l’eau sans les dérouler, ils resteront alors ramassés sur eux-mêmes, courts et gros, et emmêlés en un paquet inextricable. Il est à remarquer que les œufs, avant et pendant l’imbibition, glissent facilement les uns sur les autres, mais adhèrent fortement aux corps étrangers; tandis qu’une fois gonflés, ils ne contractent plus de nouvelles adhérencés, maïs ne sont plus susceptibles de se déplacer les uns par rapport aux autres. Les recherches histologiques de ce travail ont été faites au labora- toire du. collége de France. = M. KunkeL fait une communication sur la terminaison des nerfs dans les trompes de mouches. M. Pauz Berr demande à M. Kunkel de lui expliquer le mécanisme de l'érection gazeuse de la trompe et de la sortie de l’air. . M. KunkeL répond que lés anneaux des trachées sont incomplets de telle sorte qu’il y a toujours une certaine élasticité conservée. — M. Pauz BEerT fait la communication suivante: : SUR L'INFLUENCE DE LA CHALEUR SUR LES ANIMAUX INFÉRIEURS. D'une façon générale, on peut dire que la mort n'arrive pas par ac- tion musculaire, mais bien par action nerveuse. Si on prend par 469 exemple un poisson vivant dans de l’eau à 129, et qu’on le plonge brus- quement dans de l’eau à 289, il se livre à une gymnastique convulsive et meurt au bout de 4 à 2 minutes. Si l’on prend un poisson et qu’on élève sa température de 2 degrés par jour, on peut arriver jusqu’à la température de 289, l’animal n’en paraît que plus vivace. Il faut élever la température jusqu’à 33° pour que la mort survienne. Inversement si on prend un poisson placé dans de l’eau à 28° et qu’on le mette dans de l’eau à 129, il meurt immédiatement. C’est donc un nouvel exempie de la nécessité de l’observation des transitions dans l’étude des phéno- méênes physiologiques. Il en résulte que l’étude des limites entre les- quelles la vie n’est plus possible est entièrement à refaire. Si on prend une anguille transparente ou anguille de la montée, et qu’on porte sa température à 389, elle meurt et devient opaque sans coagu- lations. À 279, la mort se produit également, mais les tissus ne se trou- blent pas et le cœur continue à battre. Si après avoir porté une an- guille à 27° on la met dans l’eau froide, elle meurt encore; c’est la respiration qui s'arrête. Il y a trouble immédiat des fonctions de la moelle allongée et du cerveau. L’action de la chaleur se porte sur tout l’ensemble du système nerveux. Le milieu nécessaire à la vie de l’élé- ment anatomique à sang chaud tue l'élément anatomique à sang froid. Si l’on introduit dans le rectum d’un chien un limaçon placé dans un tube de verre, ce dernier meurt rapidement. Cependant la larve de l’æstre vit dans l'intestin du cheval; les sangsues meurent dans un sem- blable milieu, tandis que les ténias y vivent normalement. M. Macnar fait observer que les larves de libellules peuvent vivre dans des sources thermales à température assez élevée. M. Pauz Berr a vu des barbillons passer dans de l’eau à 340 c. M. KunxeL demande la parole pour faire remarquer que l’on ren- contre également des insectes dans des eaux marquant 40°. Séance du 27 mai 18276. M. Caprar communique la note suivante : DE L'APPAREIL MUSCULAIRE QUI SERT À FERMER L'ORIFICE URÉTHRAL DE LA VESSIE, L’orifice uréthral de la vessie est fermé par un appareil musculaire, qui paraît assez compliqué lorsqu'on lit la description donnée par les auteurs d'anatomie descriptive. En effet, voici ce que l’on admet généralement : 4° Le sphincter interne de la vessie, figuré avec beaucoup de détails, par M, Sappey. c. R. 1870. 29 170 20 Le sphinct er externe, décrit aussi par le même auteur comme appartenant à la partie membraneuse de lurèthre. 3° Le muscle de Wilson, muscle que tous les auteurs s'accordent à considérer comme un muscle ayant une insertion fixe sur le ligament sous-pubien et une mobile sur l’urèthre. embrassant ce canal et pou- vant par conséquent empêcher le passage de l'urine, Ajoutons encore le muscle de Guthrie, dont l’action est plus difficile à comprendre. Les descriptions qui se rapportent à l’urêthre de la femme sont beau- coup moins précises. On n’y trouve pas, si j'ose le dire, un tel luxe, une telle complication dans l’arrangement de l'appareil musculaire. Là. seulement, une couche de fibres striées eirculaires, toujours d’après M. Sappey. Il y a lieu de se demander, cependant, comment il se fait que ces muscles striés manifestement dépendant de l’appareïl urinaire et non de l'appareil génital, soient si compliqués chez l’homme et si simples chez la femme. Cependant, chez l’un et l’autre, c’est par les mêmes moyens que l’urèthre est fermé au passage ds l’urine. On chercherait en vain ici cette sorte de plan d’ensemble, cette loi de continuité qui régle toutes les dispositions anatomiques. Comment passer, en effet, des fibres de la vessie à celles du sphincter interne, puis de lexterne, du muscle de Wilson, etc.— Une si grande complication n’est pas dans la nature. Pour nous assurer des dispositions réelles de ces muscles, nous avons fait sur | enfant des coupes de l’uréthre assez grandes pour com- prendre ce canal de la vessie au bulbeet allant du pubis au rectum. Ces coupes, faites exactement sur la ligne médiane, assez minces pour qu’au microscope on pût voir distinctement chaque élément, nous a permis de voir la disposition de ces muscles, telle que nous allons la décrire. En partant de la vessie, nous trouvons à ce niveau la couche des fi- bres circulaires vésicales, qui se ‘continue au niveau de l’orifice uré- thral, où elle subit un léger épaississement, et se prolonge le long de l’uréthre jusqu’au bulbe. Laissant de côté les fibres longitudinaies et la prostate, sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure, sans nous occuper aussi des diffé- rences entre les diverses fibres qui embrassent l’uréthre, nous pouvons dire que les fibres musculaires circulaires de la vessie se prolongent dans toute l’étendue de la région membraneuse en embrassant le canal. Tel est le plan d'ensemble de l’appareil musculaire dont nous nous 171 occupons. Sur les coupes on peut facilement suivre à l'œil nu cette sorte d’étui musculaire en forme d’entonnoir qui embrasse le canal. Voyons maintenant les détails : D'abord, dans certains points nous y rencontrons les fibres muscu- laires, striées, surtout à la face supérieure. Supposons donc que là, où commence la portion membrancuse, un grand nombre de fibres soient striées, nous aurons en ce point une sorte d’anneau musculaireirrégulier plus large en haut qu’en bas. Cet anneau correspond au spihncter ex- terne et au muscle de Wilson. Car, en aucun point, nous n’avons trouvé de fibres remontant dans la direction du eubis, elles étaient toutes circulaires. Et chez le singe, par exemple, où ces plans musculeux sont très-accusés. on voit autour de l’urèthre, sur des coupes perpendicu- laires, à l’axe du canal. ue anneau très-net de fibres concentriques, dont aucune ne remonte verticalement. Ainsi l'appareil musculaire sphinctérien est représenté simplement par un large anneau musculaire , dont les fibres sont lisses en certains points et striées dans d’autres; souvent ces éléments se trouvent mé- langés. : Jusqu'ici j'ai omis, et avec dessein, de parler des différences existant entre l’homme et la femme. C’est qu’en effet la description que je viens de faire s'applique à l’un ou à l’autre; seulement chez le premier, au milieu de cet appareil se trouve intercalée la prostate. Supposons cette sorte d’entonnoir musculaire que j'ai décrit et qui représente ce qui existe autour de l’uréthre de la femme. Puis, au mi- lieu du faisceau de fibres circulaires la prostate interposée, avec des fibres dont les directlons sontsubordonnées à celles des glandes, et nous aurons l’appareil musculaire de l’urèthre de l’homme. Ici, comme pour l’œsophage, pour tout le tube digestif nous voyons la couche circulaire se continuer en se modifiant insensiblement, soit par l’augmentation du nombre des faisceaux, soit parce que certaines d’entre elles sont représentées par des fibres striées au lieu de fibres lisses, mais le plan général est le même. C’est toujours une couche de fibres circulaires se continuant sans interruption, sauf là où est la prostate. Nous verrons plus tard la disposition du plan des fibres longitu- dinales. , — M. Lépine fait une communication sur l'excitation du bout péri- phérique du sciatique et sur son influence sur l’état des vaisseaux. —M. Gnancuer communique à la Socicté le résultat de ses recher- ches sur la leucocvthose physiologique. 172 M. Mazassez à eu l’occasion de faire également quelques observa- tions sur le nombre de globules blancs du sang à l’état de santé. Ces recherches ont été faites à l’aide de sa méthode de numération (voyez ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE 1874) et les résultats auxquels il est arrivé concordent d’une façon générale avec ceux de M. Grancher. Ainsi, à une époque où il s’était soumis à un régime très régulier, le nombre de globules blancs, par millimètre cube oscillait entre 4,000 et 7,000; tandis que celui des globules rouges varie entre 4,700,000 et 5,300,000. Si on prend les rapports qui existent entre ces termes extrêmes, on voit que les oscillations présentées par les globules blancs EN) notablement plus considérable 4.000 5-200,000 _ jo) 4.700.000 On pouvait également remarquer que les chiffres les plus élevés de glo- bules blancs ne coïncidaient pas toujours avec les chiffres les plus élevés des globules rouges, aussi le rapport des globules blancs aux M & 1 mie Ÿ 650 Si on compare les variations présentées par ces nombres relatifs des globules blancs, à celles présentées par les nombres absolus (nombre par millimètre cube), on voit que l’amplitude des premières 1250 _ EUR, condes (1,79). Ces diffécentes variations ont été bien plus considérables quand les numérations étaient faites dans des circonstances de vie et de milieu différentes; de même quand elles étaient faites sur des individus diffé- rents par l’âge, le sexe, le tempérament. M. Malassez est encore d’accord avec M. Grancher pour dire que les causes de ces variations ne nous sont pas encore connues; ainsi, les repas n’amènent pas une augmentation constante des globules blancs, ce qu'avaient avancé Donders et Moleschott en 1848 et après eux Hit, Marfeis, contrairement à Lorange. Voici par exemple les resultats de deux observations faites dans des circonstances très voisines (1). La seule différence a été que dans la seconde observation il a été bu de l’eau à discrétion, tandis que dans la première on a résisté à la soif. ont eu une amplitude que celle des globules rouges loin d’être constant ; les rapports extrêmes ont varié entre —— = 92) a été beaucoup plus considérable que celles des se- (1) Ces observations ont été faites à trois jours d'intervalle (19 et 22 novembre 1873) ; le sujet s'était soumis à un régime très-régulier et se: trouvait dans les mêmes conditions, Les repas étaient pris à la même heure et se composaient de la même façon. 173 OBSERVATION | OBSERVATION % Re CR. CE Glo- Par milli- 8 Par Aire ë bules. mètre cube + mètre cube €: Fà ä 1/2 heure avant le A DL Gui #4 6.300 1 / IR... 5.000 000 707 5.260.000 875 ; 4 (Bils.is 4 000 1 7.500 1 , LA | Que RS PPS tan 2NÎRE. 000) 52080 1000 1250 4.900.000 658 LS \B... 4.500 1 7000, 1, Rene ce IR... 4.700.000 1044 4.820.000 688 4 heures aprés......... NE , ‘ DHSeA HE : Bet » 5.010.000 911 Comme on le voit, il y a eu diminution du nombre absolu et du nombre relatif des globules blancs dans la premiere obeervation, aug- mentation dans la seconde. Faut-il en conclure comme M. Grancher que les repas semblables, n’ont pas une influence constante sur le nombre des globules blancs ? M. Malassez ne le pense pas. L'eau bueen assez grande quantité amène chez lui une diminution dans la proportion des globules rouges (l’ob- servation 2 le prouve); le café produit des effets inverses, etc. Il serait très possible que les globules blancs subissent des influences analogues (voir travaux de Hirt, Lorange, Marfels) ; que les aliments gras, par exemple, qui sont surtout absorbés par les voies lymphatiques aient sur le nombre des globules blancs une influence toute autre que les aliments féculents et azotés. 11 suffirait alors que la proportion des divers aliments et boissons soit changée pour que le nombre de glo- bules blancs soit modifié dans un sens ou dans l’autre. Or, n’est-ce pas ce qui est arrivé aux personnes examinées par M. Grancher? Peut-il dire que leurs repas ont été exactement semblables? qu’elles ont ab- sorbé des quantités égales, d'aliments et de boissons identiques? On peut en douter et par conséquent attribuer les variations de nombre des globules blancs à des différences dans la quantité et la nature des aliments et boissons absorbés. M. GRANœHER répond qu’il n’a point recherché l'influence de telle ou telle alimentation sur le nombre des globules blancs ; il s’est contenté de se placer dans des conditions physiologiques aussi comparables que possible, n'ayant point, du reste, la prétentiou de donner des chiffres qui auraient une rigueur mathcinatique. — M, P. Berr fait la communication suivante ‘ 174 M. Claude Bernard a démontré que le sucre apparaît dans l’urine quand la proportion de la glycose dans le sang dépasse 3/1000. M. Bert a recherché ce qui arriverait si on iujectait de la glycose dans les vei- nes sans lui permettre d’être éliminée. On arrive à ce résultat par la li- gature des artères. Cette opération malheureusemeut amène assez ra- pidement la prostration et la mort de l'animal, de sorte qu'il est diffi- cile de déméler ce qui appartient à l’action de la substance injectée dans les veines et au traumatisme pratiqué chez l’animal. Quelle est la dose mortelle de la glycose ? Si de 3/1000 de glycose dans le sang on monte à 20/1000, il d’y a pas d’accidents graves. Lorsqu'on introduit dans le torrent circulatoire 40 /1000 de elycose la mort est instantanée. On peut dire d’une façon générale que la proportion mortelle de glycose est comprise entre 30 et 40/1000. Un animal qui reçoit dans les veines 10/0000 de glycose meurt au bout de deux jours. La proportion de su- cre va eu diminuant et, quand l’animal meurt, il n'y a plus de sucre dans le foie, ni dans le sang, ni dans les muscles, ni dans le cerveau, mais on en trouve dans l’œil. Le cristallin n’a rien perdu de sa trans- parence. Quand on songe qu’on observe des cataractes chez les elyco- suriques, ce fait est difficile à exlpiquer. Un animal ayant reçu de la olycose dans les veines fut moins vif pendant deux ou trois jours. Au moment même où il succomba, M. Bert prit la réaction musculaire et il Ja trouva complétement acide. Il est important d'indiquer le mode opératoire suivi. Aprés avoir pris un morceau de muscle, on en à fait une décoction, et c’est cette décoction qui a été trouvée acide. Cinq minutes aprés la cessation des mouvements respiratoires, le nerf mo- teur n’agissait plus, même sous l'excitation produite par une pile de Grenet et l'intensité maxima de la bobine de Dubois-Raymond. Cett excitation portée sur le muscle ne produisait que de très faibles et très lentes contractions. Plusieurs minutes après la cessation des mouve- ments respiratoires les artères contenaient encore un sang d’une ruti- lanoe remarquable. M. Poxcer dit qu’il a eu l’occasion de constater dernièrement, sue un malade du service de M. le professeur Perrin, que les milieux de l’œil d’un diabétique, ayant une double cataracte, ne contenaient pas trace de sucre. M. CL. Bernarp prend la parole et fait observer à M. Paul Bert que l'expérience qu’il a tentée renferme un assez grand nombre de causes d'erreur. Pendant la vieil y a toujours du sucre dans le sang et dans le foie, sans qu’il puisse disparaitre jamais complétement. Le sucre dis- paraît, au contraire, rapidement aprés la mort. Si on prend du sang à un chien, et que l’on dose immédiatement le sucre, on en trouve, par ie Brute Sd 47 exemple, 4 gr. 50/1000. Si l’on fait quatre parties de ce sang et que l’on dose succeseivement le sucre à des intervalles de une heure, on voit qu’au bout de la première heure il n’y a plus qu'un gramme de sucre; au bout de la seconde, 0 gr. 80 : au bout de la troisième, il n’y a plus rien. On démontre donc, par cette série d'expériences, qu’il est absolument né- cessaire de faire l’analyse du sang immédiatement après sa sortie du vais- seau. Si à un chien agonisant on prend une certaine quantité de sang, et qu'on en dose le sucre, on en trouve une faible proportion ; un quart d'heure après il n’y a plus rien. De plus, l’état de santé de l'animal in- flue encore d’une façon immédiate sur la production du sang. Dans l’é- tat de maladie la matière glycogène ne se fait plus. La production du glycogène est un phénomène normal, et cet acte physiologique ne se reproduit pas après la mort. Quant aux muscles ils ne contiennent pas de sucre, c’est une erreur que de prétendre le contraire. La liqueur de Felhing est infidèle pour déterminer d’une façon absolue la présence du sucre ; il faut non-seulement se servir du saccharimètre et de la fer- mentation, mais encore recueillir le sucre en nature. C’est ce que M. Claude Bernard a fait. L'emploi exclusif de la liqueur de Felhing a in- troduit dans la science de nombreuses erreurs, contre lesquelles il est nécessaire de réagir. OT M. Lépine demande à M. Bert si les chiens auxquels il injectait du sucre avaient des mouvements respiratoires plus accélérés. M. BERT repond que cette partie de l’expérience est réservée. M. LaBorpe fait observer à M. Bert que par sa ligature des arte- res il a introduit une complication nouvelle dans son expéreence ; car, aux phénomènes dus à l'introduction du sucre, il faut joindre encore l’action de l’urée qui, par sa rétention dans le sang, cause des phé- nomênes qui viennent s'ajouter encore aux conditions défavorables dans lesquelles l’animal est placé par le traumatisme qu’il a subi. M. Berr répond qu'il a déjà insisté sur ce point dans sa communi- cation, et qu’il cherche un moyen de se mettre à l’abri de ces causes d'erreur. Toutefois, M. Bert, recherchant comment le sucre se détruit dans l’économie, pense être en droit d’affirmer que, si le sucre disparaît, ce n’est pas seulement parce qu’on à lié les artères. Le sucre se dé- truit-il directement ou bien se transforme-t-il en acide lactique? Tel est le point que M. Bert s’est proposé d’élucider. “4 rire ed kÿ nPya 4 | ET “a M: tb Aion ut A4 sou Br An a HE À ï e 4 il A A HOPPER PL Pre HOTEL SAUT ‘4 DE 4 Gi) ee Me Lo dre Sons + ‘Al CHE sretlagienen, x (1 tolé x ne 4 hé bip Jupe; M ia rt à MATE CES MEL lies dt Hoe Aù fé Je satrnran gant) b sage 111 OT Rare és # " pp éMOU RT. BUS of ALLO Hat Han, n ro #4 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JUIN 1876 Par M. NEPVEU, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 3 juin 18%6. M. GALLoISs communique, en son nom et celui de M. Harpy, la note suivante : RECHERCHES CHIMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR UN POISON DES FLÈCHES, L'ÉCORCE DE MANCÔNE, ET SUR LE COUMINGA. L'érythrophlœum guineense, vulgairement désigné sous le nom de mancône des Portugais, Bourane des Flonps, Tali, et décrit sous le nom de Fillæa suaveolens, par MM. Guillemin, Perrottet et Richard ; d’érythrophlæum par Procter junior; d’érythrophlæum guineense par G. Don ; de Sussybaum, de Rothwasserbaum, de red Water-tree, a été trouvé autrefois par Don, à Sierra-Leone, puis à Albreda, par MM. Le- prieur et Perrottet. C’est un arbre élevé, qui appartient à la famille des léguminenses, à la sous-famille des césalpiniées, et à la série des dimor- phandrées. Son bois, trés-dur et incorruptible, est précieux pour la charpente et pour les usages domestiques. On l’emploie à confection- ner les coffres et tous les ustensiles de ménage, car les termites ne l’at- taquent pas. c. R. 1876. 23 178 L’écorce est employée par les indigènes à empoisonner les flèches, et à préparer des liqueurs d'épreuves destinées aux criminels. Elle se pré- sente sous la forme de morceaux aplatis, irréguliers, d’un brun rou- geâtre, à surface inégale. Elle est dure, fibreuse, inodore, et détermine de violents éternûments quand on la pulvérise. Nous avons analysé un échantillon de cette écorce, qui nous avait été confié par M. Aubry-Leconte, conservateur de l’exposition permanente des colonies, et nous avons réussi à en extraire un alcaloïde. Voici le procédé que nous avons suivi : On pulvérise l'écorce, en ayant soin d'empêcher la poudre de péné= trer dans les voies respiratoires, et on les met en macération pendant trois jours, dans l’alcool à 909, froid et légèrement acidulé par l’acide chlorhydrique. On passe avec expression, on filtre et on répète deux ou trois fois la même manipulation, jusqu'à complet épuisement de la substance. On réunit les teintures alcooliques, et on en distille la plus grande partie au bain-marie. On évapore le reste à une basse tempéra- ture, et on obtient un extrait d’un rouge brun, riche en matière rési- neuse. On traite à cinq ou six reprises cet extrait par l’eau distillée tiède, afin de lui enlever toute sa matière active; on laisse refroidir les liqueurs, on les traite et on les concentre au bain-marie. Quand elles sont parvenues au degré de concentration convenable, on les laisse re- froidir, on les décante dans une éprouvette. on les sature par l’ammo- niaque, et on verse dessus quatre ou cinq fois leur volume d’éther acé- tique, qu’on a eu soin de débarrasser de l'excès d'acide acétique qu'il renferme habituellement dans le commerce. On agite vigoureusement plusieurs fois le contenu de l’éprouvette, puis on sépare l’éther acétique au moyen de l’entonnoir à robinet, et, pour être sûr d’avoir convena- blement épuisé la solution aqneuse, on l’agite une seconde fois, avec quatre fois son volume d’éther acétique. Les solutions éthérées sont filtrées, évaporées au bain-marie à une basse température, et le résidu jaunâtre qu’elles fournissent est traité à plusieurs reprises par de l’eau distillée froide. On filtre cette solution aqueuse, et on la laisse évaporer dans une petite capsule de verre, sous le vide de la machine pneuma- tique. Si le résidu obtenu n’est pas suffisamment pur, on le redissout dans l’éther acétique, on filtre, on évapore, on reprend par l’eau dis- tillée, et cette dernière solution est abandonnée à l'évaporation spon- tanée sous une cloche, en présence de l’acide sulfurique. Un second procédé consiste dans l'emploi de la méthode de Stas, en ayant soin de remplacer l’éther sulfurique par l’éther acétique, aprés la saturation par le bi-carbonate de soude. _ L’alcaloïde obtenu par ces procédés se présente sous forme d’un corps solide, d'aspect cristallin, et offre jes réactions particulières à ce genre 179 de substances. Nous proposons de lui donner le nom d’Erythro- vhleine. ’érythrophléine jouit de propriétés toxiques très-énergiques, et doit être considérée comme un nouveau poison du cœur. Injectée sous la peau de la patte d’une grenouille, à la dose de 2 milligrammes, elle provoque l'arrêt du ventricule du cœur, dans l’espace de cinq à huit minutes, Le ventricule s’arrête en systole; les oreillettes continuent à battre pendant un temps variable, quoique toujours très-restreint, et s'arrêtent habituellement en diastole. L'effet est plus rapide quand l’érythrophléine est appliquée directement sur le cœur. A l'arrêt du muscle cardiaque succède, au bout d’un temps variable, un engourdis- sement progressif, qui va jusqu’à la résolution complète des muscles, et pendant la durée duquel la mort a lieu. — Chez les animaux à sang chaud, le poison détermine des secousses convulsives et de la dyspnée consécutive aux troubles de l’hématose. A l’autopsie, on trouve habi- tuellement le cœur mou et rempli de sang, et, dans ce dernier liquide, les réactifs démontrent la présence de l’érythrophléine. Les muscles qui ont été imprégnés par la solution toxique sont les premiers paralysés, tandis que ceux qu’on a préservés du poison par une ligature conservent beaucoup plus longtemps que les autres le pouvoir de se contracter sous l'influence du courant électrique. Le muscle cardiaque est paralysé avant les muscles lisses et avant les mus- cles striés. Il l’est surtout rapidement, quand il est baigné directement d'érytrophléime. Le cœur de la grenouille empoisonnée ralentit ses mouvements avant de s'arrêter. Au contraire, les tracés pris sur le chien indiquent, à la période ultime de l’intoxication, une accélération consi- dérable des mouvements du muscle cardiaque. Sur les trois chiens mis en expérience, la tension artérielle s’est élevée après l'introduction de l’érythrophléine dans le sang. Le chlorure double d’érythrophléine et de platine s’est comporté comme l’érythrophléine, en déterminant l'arrêt du cœur sur la gre- nouille. L’atropine ne réveille point les mouvements du cœur paralysé par le poison du mancône. Le curare en retarde les effets. Selon toute pro- babilité, les feuilles et les graines de l’éritrophlæum guineense renfer- ment le même alcaloïde que l’écorce. Si les sternutatoires étaient encore employés en médecine, l'écorce de mancone pourrait prendre place parmi eux. Quant à l’érythrophléine, elle partage avec la digitaie, la propriété d'augmenter la tension arté- rielle. En administrant des doses élevées, pour juger de ses effets to- xiques, on a paofondément troublé les fonctions du cœur, et ce trouble s'est traduit pardes alternatives subites d'accélération et de ralentisse- 180 ment. Mais si on donnait des doses trés-faibles et répétées plusieurs , jours de suite, il est probable qu’on observerait des symptômes tout différents, et peut-être alors pourrait-on assigner une place définie à l'érythrophléine, parmi les agents de la thérapeutique. L’érythrophlæum couminga ou koumango, espèce voisine de l'éry- throphlæum guineense, est aussi un arbre au port élevé, et qui atteint la grosseur du tamarinier. Il est originaire des Seychelles, et toutes ses parties sont vénéneuses. Avec un fruit et une feuille, que nous avons dus à l’obligeance de M. Baïllon, nous avons préparé des extraits, qui, injectés à des grenouilles, ont déterminé rapidement l'arrêt du cœur. Dans ces mêmes extraits, nous avons constaté l’existence d’un alcaloïde qui, par sa composition chimique, doit être trés-voisin de l’érythro- phléine, si toutefois il n’est pas identique avec elle. M. Poncer demande à ce sujet si l’érythrophleum n’existe pas ail- leurs que dans la Guinée et à Madagascar. Il se rappelle que dans une marche militaire au Mexique, à peu prés à la hauteur de Mazatlan, quelques officiers mangéèrent des fruits d’un arbuste et furent empoi- sonnés. M. Poncet recueillit quelques gousses de «cet arbuste, il en a peut-être encore quelques-unes chez lui, et il croit pouvoir affirmer leur exacte ressemblance avec les échantillons montrés par M. Gal- lois. M. GaLLois répond qu'il ne sait pas si l’érythrophleum existe au Mexique. Le fait est possible. En tous cas une variété de l'érythro- phleum existe aussi en Australie. M. Lagorpe demande si M. Gallois a examiné au microscope l’état de la fibre musculaire dans les cœurs empoisonnés par l’érythrophléïne. Y a-t-il une destruction, une altération de la fibre musculaire ? On sait qu'il y à des substances qui abolissent la contractilité musculaire en altérant le tissu même du muscle. M. GazLors répond qu’il n’a fait aucune de ces recherches, maïs, qu’en tous cas, d’après ses souvenirs, dans l'intoxication par l'iné, M. Carville a démontré que la fibre musculaire cessait de se contracter sous l'influence des agénts électriques et que M. Hayem n'avait pas trouvé d’altérations musculaires histologiques. Or, les mêmes choses se passent pour le toxique que nous présentons. — M. LABoRDE communique à la Société un nouveau fait, et pièce à l'appui, d’hémorrhagie méningée avec déviation conjuguée des yeux du côté opposé à la lésion. M. Laborde rappelle qu’il a présenté récemment un fait de ce genre. I 1 assure qu’on peut à volonté reproduire le même phénomène. La lé- sion expérimentale ressemble, quant à son siége et à ses symptômes, à or 181 la lésion pathologique chez l’homme. Voici comment opère M. La- borde : Avec un fin trocart il perce la voûte cràänienne, et, au moyen d’un tube en caoutchouc, fait passer sur les méninges une certaine quantité de sang pris dans la carotide ou dans une des veines de l’ani- mal ou empruntée à un autre chien. Toujours l’ensemble symptomato- logique est le même. Dans une première période on remarque une excitation excessive de l’hyperesthésie, des cris encéphaliques et une déviation conjuguée des yeux du côté opposé. La deuxième période est surtout caractérisée par des phénomènes de compression, hémiphlésie du côté opposé à la lésion, stupeur et som- nolence. L'animal a vécu 48 heures et est mort dans le coma. M. Laborde, en présentant ce nouveau fait, veut montrer : 10 la possibilité de réaliser expérimentalement certains faits cliniques ; 2° que la déviation conjuguée des yeux a lieu, dans ce cas, du côté opposé à la lésion ; 39 que les phénoménes sont en tout semblables à ceux qui se produisent primitivement sans pseudomembranes. M. Prévost (de Genève) demande quelques explications sur ce fait intéressant qui fait opposition à la majorité des cas observés. La dé- viation conjuguée des yeux, dit-il, a toujours lieu du même côté que la lésion, excepté dans les cas où il y a lésion de listhme encépha- lique. Dans le fait présenté par M. Laborde n’y aurait-il pas lésion du cer- veau, dont l’auteur ne tiént pas compte? N’y avait-il rien à la base de l’encéphale; M. LaBorDE répond que l’examen des couches cérébrales profondes n’a pu être fait. Il désire faire durcir la pièce pour l’examiner, mais il n’y a pas de lésion apparente à la surface de l’isthme. M. Prévost demande s’il y avait rotation dans ce cas et dans quelle étendue. M. LagorpE répond qu'il y avait très-peu de rotation dans ce cas. Il pense en outre, à propos du côté vù existe la déviation, qu’on ne peut faire une loi aussi précise que celle de M. Prévost. On trouve des varia- tions du phénomène assez notables, même en dehors des exceptions données par M. Prévost. M. Laborde à montré des hémorrhagies dans la capsule interne dans des conditions où l’on croyait trouver la dévia- tion du côté même. Il a été étonné de la trouver de l’autre côté. On a essayé ici de donner une explication de quelques-uns de ces faits ; mais, dans quelques cas, l’explication nous échappe. Dans l’hémorrhagie meningée simple, sans lésions profondes, M. La- 182 borde a toujours vu la déviation siéger du côté opposé. Il peut citer six cas, dans lesquels ses observations ont été très-nettes et très-posi- tives. # — M. J.-L. Prevosr, médecin en chef de l'hôpital cantonal de Genève, communique, en son nom et celui de M. Saoz, interne, l'ob- servation suivante : CAS DE RAGE OBSERVÉ CHEZ UNE FEMME A LA SUITE DE LA MORSURE D'UNE CHATTE ; INJECTION DE CHLORAL DANS LES VEINES ; MORT. L'observation suivante, qui a été recueillie dans mon service par M. Saloz, mon interne, est intéressante sous plusieurs rapports :. * 49 Elle est un exemple du développement de la rage à la suite de la morsure d’un chat. Les renseignements obtenus n’ont pu nous rensei- gner sur l’origine de la rage chez cet animal. Il est fort probable que la rage n'était pas chez lui spontanée et que le chat avait été mordu par un chien ; car plusieurs cas de rage canine furent observés à cette époque à Genêve. Ce chat a mordu plusieurs lapins et des poulets qui sont tous morts, probablement de rage, quelque temps avant la femme qui fait le sujet de cette observation, et sans que la rage ait été dûment constatée chez eux. 20 La rage s’est déclarée chez la femme quarante-un jours aprés la morsure, période classique de l’incubation de cette maladie. 30 La malade n’avait pas été cautérisée. Elle avait simplement ap- pliqué sur la blessure de l’ammoniaque, quelques moments après la morsure. 40 Quelques jours avant l’invasion des symptômes de la rage con- firmée, la plaie de la morsure de l’auriculaire gauche s’est rouverte, un suintement séreux s'est manifesté. Le doigt, la main et le bras sont de- venus douloureux. 59 La morphiue, à doses assez élevées, administrée par la méthode hypodermique pendant le premier jour, a été peu utile pour amener le calme de la malade. à 6° Les inhalations du chloroforme ont provoqué des spasmes vio- lents, une véritable fureur, qui a dû faire renoncer à ce traitement. Cette particularité nous semble être une contre-indication formelle à l'emploi du chloroforme en pareil cas. 7° L’injection de chloral dans les veines a amené un sommeil et un calme complet, dans lequel la malade a pu être maintenue pendant vingt heures au moyen d’injections successives. La dose injectée pen- dant ces vingt heures a été de 17 grammes 50 centigrammes. 183 80 Ce traitement n’a pu être que palliatif et n’a point empêché Ia terminaison fatale: Il a été cependant d’un grand secours pour éviter à la malade les souffrancees et les angoisses si terribles de l’hydrophobie. Aussi, malgré la terminaison fatale, je n’hésiterais pas à. recourir de nouveau à ce traitement en pareil cas. Voici cette observation : Mme G..., âgée de 65 ans, entre à l'hôpital cantonal de Genève dans le service de M. Prevost, le 24 juillet 1875 et y meurt le 26 juillet. Ob- servation recueillie par M. Saloz, interne du service. Anamnèse. — Mme G... est mordue, dans le milieu du mois de juin 1875, par une chatte, dans les circonstances suivantes : Elle possédait, depuis bien des années, une chatte qui devenait vieille et infirme et qui avait toujours été douce et caressante. Elle ignore si l'animal a été mordu par un chien. On a toutefois remarqué sur le nez de l’animal, quelque temps avant l’apparition de la maladie, une raie qui pourrait être la trace d’une morsure, mais qui n'avait nullement at- tiré l'attention d’une façon sérieuse. Cette chatte, habituellement douce et caressante, devient tout à coup triste et méchante. Elle commence par griffer la plus jeune des filles de Mme G...; la sœur de l’enfant, qui se trouvait en ce moment avec elle, saisit immédiatement l'animal et le jette par la fenêtre. La chatte tombe aux pieds de MM8 G..., et la fille a à peine crié à sa mére : « Prends garde, la chatte est méchante, elle vient de griffer la petite! » que l’animal s'est déjà élancé sur MM8 G..., et la mord au petit doigt avec tant de fureur que Mme G... est obligée de la frapper et de la secouer violemment pour lui faire lâcher prise. La chattes’enfuit poursuivie par la femme G..., qui s’est armée d’un rateau ; elle pénètre dans un réduit où se trouve une lapine avec sa portée, se jette sur eux et les mord ; elle mord encore deux poulets et s'enfuit du côté de l'Ecole de médecine, où elle est tuée par des ou- vriers. Les lapins et les poulets mordus sont morts, nous dit-on, au bout de quelques jours. Mme G... cautérise immédiatement les plaies résultant de la morsure de l’animal, avec de l’ammoniaque, mais n’en conserve pas inoins l’i- dée qu’elle est infectée et qu’elle deviendra enragée au bout de qua- rante-deux jours. Elle vit dans une angoisse continuelle pendant ces six semaines. Lorsqu'elle voit que le terme approche, elle se rend auprès de ses pa- rents et de ses amis pour leur faire ses adieux. Elle jouit cependant d’une parfaite santé ; jusqu’au bout l'appétit est excellent. Le 22 juillet, M" G... commence à ressentir dans le doigt 184 mordu (auriculaire gauche) et dans le bras gauche quelques douleurs lancinantes. Les cicatrices se rouvrent et il s’en écoule un peu de sé- rosité. Le 24 juillet, le matin, M®® G..., qui avait béché son jardin comme d'habitude, ne peut avaler une tasse de café au lait qu’elle voulait pren- dre comme tous les jours. Les douleurs, dans le doigt et le bras, deviennent plus Pan En même temps elle commence à éprouver un sentiment de constriction de la gorge et la région épigastrique devient douloureuse. Dans l’après-midi ces symptômes alarmants se prononcent davan- tage, et le médecin appelé vers elle l’engage à entrer à l'hôpital. Elle entre à l'hôpital, le 24 juillet à sept heures du soir, dans l’état suivant : Le faciès exprime la souffrance, par moments même l’égarement. Les yeux sont ouverts. La malade accuse une forte douleur à l’épi- gastre, ainsi que dans le doigt mordu et le bras gauche. Au niveau de la morsure le doigt est tuméfié, il y existe deux petites cicatrices faites par les dents de l’animal ; elles sont encore béantes et leurs bords un peu livides. La parole est embarrassée, les mâchoires et les lèvres sont un peu serrées. MM8 G... se plaint encore de céphalalgie et de démangeaisons siégeant plus particulièrement au bras et à la main gauche et surtout à la tête qu'elle se gratte souvent avec violence. Par moments MMe G... est prise de bâillements, de pandiculations, de grincements de dents et de convulsions cloniques des extrémités supérieures. La pupille gauche est plus dilatée que la droite. Quand on engage la malade à boire, elle saisit avidement le vase con- tenant le liquide, le porte à ses lèvres, mais est immédiatement prise d’un accès de suffocation avec spasme pharyngé intense. Elle porte les deux mains à son cou, pousse des cris, se débat sur son lit en disant : « J’étouffe, ça me serre à la gorge. » Elle fait enfin quelques violents mouvements de déglutition, et une partie du liquide finit par arriver à l'estomac. Un peu plus tard les accès se prononcent davantage et la déglutition devient impossible. . Neuf heures. Injection de 2 à3 centigrammes de Gros de morphine. Peu aprés, la malade a des hallucinations de la vue, elle voit des hirondelles au plafond. A plusieurs reprises, elle fait plusieurs inspira- rations profondes et très rapprochées suivies d’une expiration bruyante. Les symptômes mentionnés plus haut persistent, mais moins prononcés 185 et moins fréquents. Pouls, 68. Température axillaire, 36,8. Pas de sa- hvation. A dix heures du soir, MM. les docteurs Prevost et Odier, appelés à l'hôpital, prescrivent la continuation des injections hypodermiques de chlorhydrate de morphine et un lavement au chloral et bromure de potassium. La malade n’est pas très-agitée à ce moment ; mais les excitations les plus légères, la vue de l’eau et de la lumière rappellent immédiate- ment les accidents spasmodiques décrits plus haut. Il suffit même d'adresser la parole à la malade et d’entrer brusquement dans Ja chambre pour faire naître les accidents. Malgré ces symptômes, l’intellect est intact, la malade raconte à M. Prevost la maniére dont s’est développée sa maladie, qu’elle con- naît trés-bien et dont elle se rend compte. Elle supplie que l’on mette fin à ses souffrances et qu'on la tue. Minuit. La malade urine 150 grammes. Elle commence de nouveau à s’agiter et à pousser des gémissements, puis les accidents spasmodi- ques reparaissent plus violents qu'auparavant. Pouls, 52. Transpira- tions abondantes. Minuit quarante-cinq. Le lavement de chloral et bromure de potas- sium à été rendu de suite. Chaque mouvement provoque de violents spasmes pharyngiens et diaphragmatiques. Elle gémit et demande la mort avec instance. Une nouvelle injection hypodermique de chlorhydrate de morphine amène un calme relatif qui persiste jusqu’à cinq heures du matin. Cinq heures du matin, 25 juillet. Les accidents recommencent avec une nouvelle intensité. La malade se roule sur son lit en poussant des cris. Elle se plaint toujours de démangeaisons à la tête, assez souvent elle claque des dents. Les accidents spasmodiques et convulsifs sem- blent toujours débuter par le pharynx. Les accidents spasmodiques, qui se présentent du côté des organes de la respiration, sont de deux sortes : tantôt ce sont les inspirationsforcées, précipitées, tumultueuses, accompagnées de mâchonnements, de convulsions cloniques des extré- mités supérieures, de cris, de gémissements. La crise se termine par des convulsions générales de courte durée. La malade se roule sur son lit, en se livrant à des contorsions de tous ses membres. Tantôt, après un moment de calme plus ou moins complet, la malade fait une pro- fonde inspiration et pousse un cri prolongé. Neuf heures du matin. A la visite du matin, l’état est toujours le même, les crises spasmodiques sont très-faciles à provoquer par ia moindre excitation. L’intellect est presque intact. M. Prevost se décide à recourir à des inhalations de chloroforme ; mais à peine ia majaue c. R. 1816, 24 186 en a-t-elle inspiré une faible dose, qu’elle est prise d’un violent accés de suffocation et de spasmes pharyngiens. Elle pousse des cris violents, ‘se relève brusquement et saisit avéc fureur les compresses imbibées de chloroforme et les jette au milieu de la chambre. Sa face a une expres- sion d’angoisse et de frayeur poussées à leurs dernières limites. Uette crise, qui ne dure que quelques instants, laisse à la malade toute sa . connaissance, elle ne cherche point à mordre ceux qui l'entourent, et les cris qu’elle pousse ne ressemblent en rien aux aboiements. Dix heures quarante-cinq. M. le docteur Odier, assisté de MM. Pre- vost et Reverdin, met la veine saphêne à nu, la malade ayant été préa- lablement camisolée. On fixe une canule à robinet à demeure dans cette veine, afin de pouvoir pratiquer des injections intra-veineuses d’une solution au 4/10 de chloral dans l’eau distillée. Une injection de 4 grammes de chloral amène, au bout de Hotmere à trois minutes, un calme complet etun profond sommeil, avec insen- sibilité des conjonctives. Il reste cependant des inspirations profondes, -bruyantes, entrecoupées, avec de fréquents mouvements de déglutition; -de temps en temps elle pousse des gémissements. Au bout de quinze à vingt minutes, les accidents spasmodiques repa- -raissent avec une certaine violence, et, la sensibilité desconjonctives re- paraissant, on injecte en deux fois et progressivement 6 grammes de chloral. La température baisse, la malade tombe dans un.sommeil comateux, la conjonctive est complétement insensible, Mais, même pendant ce profond sommeil, il y a une tendance au -spasme des muscles du pharynx et la malade continue à pousser des gémissements, tout en restant insensible, la conjonctive ne réagissant pas aux excitations. Deux heures quarante-cinq. La malade se reveille un peu, les con- jouctives sont de nouveau sensibles, nne sueur abondante couvre tout le corps. La température s’est un peu élevée, 880. Nouvelle injection de 1 gramme 50 de chloral, qui ramène le som- meil comateux. Quatre heures quarante-cinq. Respiration très-irrésuliére toujours bruyante. L’excitation des conjonctives provoque le clignement et les manifes- tations d’une cerise spasmodique analogue aux précédentes. Pouls, 96. Température vaginale, 389 5. Injection de 1 gramme de chloral. La respiration s'arrête quelques instants pour reprendre ensuite plus profonde avec coma. Sept heures trente. La malade donnant des signes d’agitation, on fait une nouvelle injection de 4 gramme de chloral. 187 Neuf heures. Même état. Pouls, 90. Dix heures. Agitation ; nouvelle injection de chloral de 1 gramme. Onze heures. Injection de 4 gramme de chloral. Minuit. Ecume de la bouche. La bave s’accumule sur les lêvres. Trois heures du matin, 26 juillet. La malade est de nouveau très- aoitée. Les spasmes du pharynx et des muscles inspirateurs reprennent avec une nouvelle intensité. La malade écume. Injection de 2 grammes de chloral. Sept heures. La respiration est très lente et superficielle. Le pouls plein et trés lent, 60. La bouche est ouverte, la langue est animée de rapides mouvements de va et de vient. Peu à peu le pouls faiblit, les pupilles se dilatent et la mort sur- vient à sept heures quinze minutes. L’autopsie ne put être qu’incomplète, on ne put enlever que la moëlle qui était congestionnée ; mais le durcissement fut mal fait et on ne put en faire de bonnes préparations microscopiques. M. Hanor rappelle à ce sujet une observation qu’il a publiée dans le ProGRÈs MÉDicAL en 1874, il y a deux ans. Dans ce cas on a injecté dans les veines jusqu'à 15 grammes de chloral dans les vingt-quatre heures; malgré l'issue funeste, la séda- tion des accès convulsifs et délirants a été complète pendant quarante- huitheures. M Macnan demande si M. Prévost a pu faire examen des pou- mons. M. Prévost n’a pu enlever que la moelle épinière : les recherches qu’il a faites sur l’état du cordon médullaire ont été très-incom- plétes. M. DumonTPazziErR demande si M. Prévost à pu faire une injection de la salive à un chien. Comment ont succombé les poulets que le chat avait mofdus. Van Swieten rapporte qu’un coq mordit une vieille femme au doigt et que tous deux périrent de la rage. Un renard enragé, suppose Van Swieten, aurait mordu le coq. Ces faits de rage chez;les oiseaux et notamment les gallinacés sont extrêmement rares. M. Prévosr répond qu’à son grand regret il n’a pu faire aucune de ces constatations. — M. Boucaarp, professeur agrégé, médecin des hôpitaux, commu- nique à la Société le résultat de recherches auxquelles il se propose de donner ultérieurement une plus grande étendue, sur les altérations qui peuvent se produire dans les humeurs à la suite de l'ataxie locomotrice. 188 M. Bouchard a déjà signalé dans cette affection uné acidité particu® lière de Jusine. Il note aussi en passant qu'il existe une acidité sens- blable de la salive. Cette acidité déterminerait sur les dents une alté- ration particulière. | Les dents, étant saines partout ailleurs, ce serait au niveau de Ja gencive avec la dent que se creuserait peu à peu un petit sillon circu- laire, Ce sillon s’étend profondément et forme une véritable encoche. Cette altération est due à l’acidité de la salive. M. Bouchard possède trois observations de ce genre. M. Bouchard signale un autre point très-important. Il s’agit d’un malace qui a des crises gastriques : douleurs vives dans l'estomac, dans les reins, vomissements fréquents muqueux, puis glai- reux, durant un, deux, trois et quatres jours. Ces crises lui sont annoncées à l’avance, trois à quatre jours environ: Le: malade voit en effet diminuer la quantité de ses urines, elles de- viennent ensuite albumineuses, l’urée secrétée, au lieu du chiffre nor- mal de 20-21 grammes, tombe à 9 grammes en moyenne. Au bout de deux ou trois jours, les douleurs d’estomac se produi- sent, puis les vomissements ; trois à quatre jours après, les urines re- paraissent en grande quantité; cette ducrèse s'accompagne aussi d’une augmentation de l’urée et au bout de deux à trois jours tout rentre dans l’ordre. Ainsi double altération de la sécrétion, diminution de l’urée, pré- sence de l’albumine : telles sont les deux lésions particulières de la se- crétion rénale. Y a-t-il relation de cause àeffet entre ces deux phénomènes, l’appa= rition des vomissements et la diminution de l’urée dans les urines. Touten faisant des réserves à ce sujet il est possible qu’on puisse trouver des faits analogues et qui éclairent davantage la question. En résumé : en coïncidence avec les troubles de la circulation rénale, on voit survenir des altérations urinaires qui sont suivies de troubles gastriques. — M. Caprar communique une note sur le dosage de l’acide sulfu- riqae et des sulfates solubles au moyen des liqueurs titrées. — M. GELLÉ présente à la Société les oreilles internes d’un enfant. qui n’a pas respiré. Elles sont remarquables par l'absence d’air dans les cavités tympaniques. ; M. DumontPaLLier : Le signe tiré de l’oreille serait-il, en médecine. lécale, plus sensible que celui tiré du poumon ? M. GELLÉ : Il y a concordance et simultanéité entre les phénomènes 189: respiratoires et ceux produits dans la cavité tyÿmpanique? Mais à des- sein M. Gellé ne met pas ces deux signes en opposition. M. DumoxtPazlier : Ne faut-il que quelques! inspirations pour mo - dilier l’état fœtal de l'oreille, où bien cet état persiste-t-il au bout de quelques heures ? M. GeLLé n’a voulu, dit-il, qu'éveiller l’attention sur ce fait ; il est placé dans des conditions qui ne lui ont pas permis de faire de suffisantes recherches pour poser des conclusions plus précises. — M. Coury communique à la Société ses recherches sur la tem- pérature des extrémités dans les maladies. (Voir aux Mémoires.) Séance du 10 juin 1876. M. Lépine présente à la société un traité du diabète par M: le pro- fesseur Cantani, traduit par M. Charvet (de Lyon). L'auteur attribue le diabète à une altération du pancréas, du foie et de l'intestin ; cette altération déterminerait un trouble du ferment. Il soutient la théorie que le sucre aliment serait absorbé seulement par les chylifères. Le traitement adipo-albumineux exclusif serait, d’après lui, celui qui donnerait le plus de succés. M. LE PRÉSIDENT prie M. Lépine d’adresser à l’auteur les remerci- ments de la société. — M. J. Renaur fait, en son nom et en celui de M. Desove, la communication suivante : NOUVELLE MÉTHODE DE DISSOCIATION DES MUSCLES DES ANIMAUX SUPÉ- RIEURS, SUR UN NOUVEAU PROCÉDÉ DE DISSOCIATION DU FAISCEAU MUS- CULAIRE PRIMITIF DES MUSCLES VOLONTAIRES, EN FIBRILLES. Les réactifs connus jusqu’à ce jour, tels que l'acide chromique faible, décomposent tout simplement le faisceau primitif en cylindres primi- tifs; ce n’est que par des hasards de dissociation que l’on peut obtenir des cylindres primitifs divisés à leur tour en fibrilles, dont les dimen- sions sont moindres d’un demi millième de millimètre. Pour obtenir facilement cettedissociation, un fragment de musclestrié de lapin ou d'homme, et dans un point du muscle où les faisceaux sont parallèles, est fixé sur une allumette dans un état de moyenne extenslon; ilest ensuite fixé dans sa forme par un séjour de vingt- quatre heures dans une solution concentrée d'acide picrique. Cette so- lution est ensuite étendue de deux tiers d’eau ; on v immerge le muscle 190 xé, et on le soumet pendant vinet-quatre heures, dans un tube fermé à la lampe, à l’action d’ue température constante, 75 degrés , tempéra- ture fixe qui nécessite l'emploi d’une étuve bien réglée. Le muscle est ensuite lavé dans de l’eau distillée jusqu'à décoloration complète ; puis : il est coloré dans une solution convenable de violet de méthylaniline: et d’alun, ou dans une solution d'éosine. L'emploi de ces réactifs, qui jouissent d’une grande puissance colorante, est indispensable à cause de la minceur de la fibrille. Le muscletest de nouveau lavé, dissocié avec des aiguilles ; il se résout avec une extrême facilité en portions de cylindres primitifs et en fibrilles ; il est toujours facile de l'obtenir isolé et à l’état de tension par une dissociation attentive. Les prépara- tions sont montées dans de la glycérine salée au centième, contenant quelques gouttes de coloratif, afin d'éviter la diffusion du violet ou de l’éosine qui sont très-solubles dans la glycérine pure. — M. de Sinéry communiqne l’observation suivante : GLYCOSURIE ABONDANTE CHEZ UNE NOURRICE. Dans un travail présenté à la Société en 1873, j'ai cherché à démon- trer que, contrairement à l’opinion de beaucoup d'auteurs, l'apparition du sucre dans l’urine n’est nullement un phénomène constant chez les femmes enceintes ou les nourrices. Il s'agissait donc de déterminer exactement les conditions sous l’in- fluence desquelles on constatait la présence du sucre dans l’urine. C’est ce que j'ai fait, en produisant expérimentalement la glyvcosurie chez des femelles en lactation, par la suppression de l'allaitement, le sucre dis: paraissant de nouveau de l’urine quand l'animal allaite et dépense le produit de la sécrétion mammaire. J'ai exposé, en outre, à la Société, au mois de février 1874, une série d'expériences, montrant que chez les animaux auxquels on à pratiqué l'extirpation des mamelles, la slyco- surie disparaît et ne se produit à aucune des parturitions suivantes. Dans la plupart des cas, chez la femme, où l’urine contenait. du sucre; les quantités de cette substance étaient trop faibles pour être dosées, et j'ai été obligé d'employer des procédés délicats (méthode du saccharate | de potasse) pour en démontrer la présence. Dans un seul cas, le polarimètre m'avait donné une déviation corres pondant à 8 grammes par litre. Depuis cette époque, de nombreuses observations sont venues confirmer ce que je: disais alors, et, ces jours derniers, j’ai eu l’occasion d'observer, à l'hôpital des Cliniques, dans le service de M. Depaul, un fait qui est le principal sujet de cette commu nication. C'est celui d’une femme de 26 ans, accouchée le 16 mai dernier (elle: 491 avait eu une première couche en 4870 et n’avait pas nourri son enfant). Elle donne le sein jusqu’au-19. Le 22, jour où j'ai examiné cette femme, les seins étaient très-gonflés et douloureux, sans lymphangités ni cre- vasses. La température était normale, mais la femme se plaignait d’une soif intense, qu’elle ne pouvait assouvir. Les urines de la journée, re- cueillies et examinées, contenaient 8 grammes 9 décigrammes de sucre par litre d'urine. Le dosage par la liqueur de Fehling à donné un résul- -tat concordant avec l'examen au saccharirnètre. Le 27 je revois cette femme, les seins sont dégonflés et ne donnent plus de laït à la pres- sion. L’urine examinée ce jour-là ne donne plus de trace de sucre. Cette observation m’a paru intéressante à trois points de vue. D’abord à cause de la quantité énorme de sucre trouvé dans l’urine. Secondement à cause de cette soif intense, qui présentait une particularité. L’augmen- tation de la soif est un fait trés-fréquent chez les nourrices, mais chez celle-ci elle s'était manifestée surtout après la cessation de l’allaite- ment. La soif paraissait donc en rapport avec la glycosurie et non avec la quantité de liquide sécrété. Enfin, il est assez curieux de voir une femme dont les urines contenaient un poids de 9 grammes .de sucre pour 1000, ne plus donner aucune trace de ce sucre au bout de cinq jours. C’est encore un fait à l'appui des idées que j'émettais sur ce sujet en 1873. — M. Moreau communique, au nom de M. PxiLtPEAUX, la note sui- “vante : DÉVELOPPEMENT RAPIDE D’UNE TIGE DE RENONCULE (RENONCULUS ACRIS) SÉPARÉE DE LA SOUCHE ET MISE DANS UN VASE PLEIN D'EAU: Un jour je fus fort étonné qu'après avoir mis dans un vase plein d’eau un bouquet composé de fleurs de giroflées et de renoncules coupées toutes à la même hauteur de voir le lendemain les sommités florifiées des renoncules dépasser de plusieurs centimètres celles des giroflées. Vou- lant étudier ce phénomène d’une façon plus précise, j’ai mis dans un vase plein d’eau 40 branches de fleurs de renoncules hautes de 20 cen- timetres. Le premier jour, elles avaient 33 ceutimètres, le deuxième 37, le troisième 41, enfin le quatrième 44. A partir de ce jour, elles n’ont plus grandi, les fleurs sont tombées et les graiues ont terminé leur évo- lution. J'ai fait l'expérience en sens inverse, en laissant les branches de renoncules sur leur sonche, en les mesurant, eh bien, ces branches d&# renoncules n’ont grandi que de 4 centimètres pendant le même espace de temps; tandis que cellés mises dans l’eau avaient grandi de 17 cen= 492 timétres, J'ai voulu encore voir si le fait était le même sur d’autres plantes, et pour cela j'ai pris la marguerite, la fève de maraïs etlle sureau Eh bien, toutes ces branches, quoique mises dans les mêmes conditions que les renoncules et dans le même espace.de temps, 4 jours, n'ont grandi que de 5 centimétres. Je cite ces faits sans en tirer de conclusions ; ils montrent seulement la rapidité avec laquelle uue branche de renoncule eu fleurs, séparée de la souche et mise dans un vase plein d’eau, se développe. Ce déve- loppement cesse cependant aussitôt que la fleur tombe et que les grai- nes achèvent de se développer. — M. le docteur GRANCHER, agrégé, médecin des bôpitaux, com- munique la note suivante : RECHERCHES SUR LE NOMBRE DES GLOBULES BLANCS DU SANG, À L'ÉTAT PHYSIOLOGIQUE. 1. Depuis que les appareils pour la numération des globules san- guins se sont perfectionnés, grâce aux efforts de MM. Malassez et Hayem, on s’est plus particulièrement attaché à compter les variations de nombre de globules rouges et blancs à l’état pathologique. Le chiffre Leone des globules rouges est estimé, par tous les auteurs, de 5 à 6 millions chez l’adulte par millimètre cube. Le chiffre physiologique des globules blancs est moins bien déterminé. Pour compter les globules blancs, il faut modifier le procédé de nu- mération qui sert aux globules rouges, car, s’il suffit de compter ces derniers dans trois quadrillages successifs, cela devient tout à in, in- suffisant pour les globules blancs. Quand on emploie l'appareil Hayem (et, il en est de même avec l'appareil Malassez), on s’aperçoit que si la répartition, dans le champ microscopique des globules rouges, est assez régulière, la répartition des globules blancs est tout à fait capricieuse, quelle que soit l’inten- sité du mélange. QE Il arrive, par exemple, que dans un champ microscopique, on compte 8, 10, 12 globules blancs, tandis qu'on en rencontre à peine 4 ou 2 dans le champ voisin. Or, la surface du champ, dans notre microscope; test à la surface du quadrillage comme 8,5 est à 1. On conçoit quelles er- reurs on peut commettre en ne comptant les globules blancs du sang que dans le quadrillage. On comprend, de même, qu’il ne suffit pas de compter dans 1,2ou3 champs microscopiques. M. Grancher s’est assuré qu’on évitait les grandes causes d’erreur, en comptant dans 10 champs, et en prenant la moyenne. On parcourt ainsi une surface relativement énorme, et la superposition partielle des champs, due au hasard, devient elle-même 193 une cause d’exactitude, car on explore ainsi toute une gouttelette ; et -les numérations se corrigent mutuellement. On obtient presque toujours le même chiffre, si on compte dans 20 ou 30 champs; il suffit donc de faire dix numérations. Un calcul très-simple, fait d'avance, et présenté en tableaux dans la thèse de M. Fournier, permet de comparer les globules blancs et rouges dans le quadrillage, c’est-à-dire dans 1/5 de millimètre cube. Voilà pour la méthode de numération. 2. Il était indispensable d’avoir un sérum fidèle, réunissant certaines conditions qui rendissent la numération facile, sûre et prompte. Les sérums employés jusque-là, par Schultz ou Malassez, ainsi que l'urine filtrée, ont l’énormeinconvénient de s’altérer avec la plus grande rapidité, de se préparer assez difficilement, ct de modifier iles carac- tères physiques des globules rouges et blancs, qu’il devient quelquefois difficile de distinguer les unes des autres. Lés qualités que doit avoir un bon sérum sont les suivantes : Il doit se préparer facilement, s’altérer lentement si on ne peut l’ob- tenir inaltérable, en séparer .s globules rouges qui ne peuvent plus se compter s'ils s'entassent les uns sur les autres. Cette séparation des globules rouges doit se produire, cela va de soi, sans destruction d’au- cun globule. 11 faut enfin que la densité du sérum soit faible, pour que les globules rouges tombent ner au fond de la cellule, ce qui économise le temps. M. Grancher, après des essais fort nombreux, propose le sérum sui- vant, qu'il emploie avec un succès constant depuis plusieurs mois, et qui lui paraît trés-supérieur aux autres, pour la numération des glo- bules sanguins : Eau distillée trés-pure................... 40 or. puliate, dé soude CFISLAlISE REC IR OR AT Dans ce sérum, les globules rouges changent de forme; ils devien- nent nettement sphériques etsans crénelures. Ils slissent ainsi facile- ment les uns sur les autres et sont admirablement distincts. L’endos- mose du sérum dans le globule rouge change sa forme, mais lui laisse sa coloration rouge, ce qui permet, avec la différence de volume, de le distinguer très-aisément du globule blanc. Ces derniers ne subissent aucune modification notable; ils restent sphériques, et conservent même, pendant une demi-heure, une partie de leurs mouvements amiboïdes. Il faut ajouter que ce sérum est à peu près inaltérable, et su on peut se le procurer séance tenante, et aussi abondamment qu’on peut le souhaiter. c. R, 1876. "7e 25 194 Enfin, sa faible densité laisse tomber rapidement les globules. Ilest important de faire une rémarque : quelques globules blancs, par cela même qu’ils conservent une partie de leur vitalité,'s’étalent dans Ja préparation et ne représentent plus qu’un bloc de protoplasma. Il suffit d'ordinaire d’attendre quelques instants pour que cette-masse protoplasmatique reprenne l’apparence ‘sphéroïdale, En résumé, ce sérum, d’une composition si simple, paraît.réunir les meilleures conditions qu’exige la numération des globules du sang. 3. En appliquant ée procédé de numération, .etén fasant usage de ce sérum, M. Granther a recherché quel était le chiffre physiologique des globules blancs du sang, et aussi les modifications apportées dans ces chiffres par les heures de la journée, le repas, etc. L'expérience a porté sur huit adultes hommes, de 20 à 30‘ans. Au- cune des conditions ordinaires de la vie n’a été modifiée, non plus'que la quantité ou la qualité des aliments. Car il ne s’agissait point de dé- terminer si tel ou tel aliment chängeait le nombre des globules blancs, mais bien si le nombre variait dans le cours de la journée, selon telle.ou telle circonstance physiologique, et non point artificiellement créée. La qualité des aliments et leur quantitéapproximative ont, du reste, été enregistrées. Chacun des sujets en expérienee a été soumis de quatre à huit nu- mérations par jour à diverses heures de la journée, avant et après le repas; deux heures, trois heures, cinq heures après le repas ;.le matin, au réveil ; le soir, avant le coucher. Sans entrer plus longuement dans le détail des expériences et ‘sans publier ici les tracés obtenus, voilà quels sont les conclusions qui se dégagent de ce travail. i 49 Le nombre physiologique des globulés rouges chez des adultes bien portants varie de 5 à 6 millions par millimètre cube. 29 Le nombre physiologique des globules blancs est beaucoup plus variable : il oscille de 3,000 à 9,000, par millimètre cube. 30 Le nombre des globules blancs parait dépendre de l'individu, beaucoup plus que des conditions qui l'entourent : ainsi le repas n’a pas toujours, tant s’en faut, la même influence. Sur un seul sujet, le repas a paru amener une lésère leucocytose. Sur tous les autres, il n’a pas changé le nombre de globules blancs ; souvent même ce nombre était abaissé au moment de la digestion. De sorte qu'il'est permis de se demander s’il existe vraiment une leucocytose physiologique. De même les diverses heures de la journée, l’état dela tempéra- ture, etc., n’apportent aucune modification régulière et constante: dans ‘le chiffre des globules blancs. 4. Le nombre des globules rouges et blancs varie peu dans le cours de la 195 journée pour le même individu. Leur rapport paraît être une valeur assez fixeet personnelle. (Les oscillations, dans cerapport des deux chif- fres, sont quelque fois assez étendues, mais elles se produisent autour d’un chiffre moyen de globules blancs qui sera : 9,000 pour M. P..., 3,000 pour M. G..., 5,000 pour M.F...,etc.) 5. Le nombre des globules blancs d’un individu ne paraît pas dépen- dre de son âge (dans les limites indiquées de 20 à 32 ans), ni du nombre de ses globules rouges. Exemple : M. Patrigeon a 5,500,000 globules rouges et 3,000 globules blancs ; tandis que M. Plessard a 5,500,000 bite rouges et 9,000 globules blancs. De même pour l’âge : M. Grancher, 32 ans, a 5,000,000 globules rouges et 3,000 globules blancs, M. Dolliden, 20 ans, a le même nombre de globules NUS et blancs. 6. Si l’on voulait établir un rapport moyen des globules rouges et blancs (rapport physiologique), il faudrait prendre un chiffre trés- faible, 1/1200, 1/1500. l Il peut varier de 1/900 à 1/2200, plus peut-être. 7. Le tempérament jone-t-il un rôle quelconque dans ces variations énormes du chiffre de globules blancs ? C’est possible, mais non point certain, et l’on n’est point autorisé jusqu'ici à tirer de pareilles conclu- sions. — M. Dousrowo (de Saint-Pétersboure) commuuique la note sui- vante : SUR QUELQUES CHANGEMENTS HISTOLOGIQUES DU TESTICULE APRÈS LA LIGATURE DES VAISSEAUX DU CORDON. Malgré la fréquence des opérations de ligature des vaisseaux du cor- don chez l’homme, comme remède contre le varicocèle, les changements histolosiques de l'organe, dans ces conditions, n’ont pas été jusqu'ici, autant que je sache, l’objet de recherches particulières. Les change- ments microscopiques qui s’opérent dans le tissu du testicule, après l'opération, ont même donné lieu à des contradictions. Les expériences que j'ai faites sur des cochons d’Inde ont eu pour but d’éclaircir cette question. Ces expériences ont été poursuivies jusqu’à la fin de la quatrième semaine après l'opération, et les résultats que j'ai obtenus au bout de ce temps ont été si constants et si démonstratifs, que je me crois en droit de les communiquer brièvement à la Societé, laissant de côté pour le moment la description détaillée de mes recher- ches. | _. 196 $ L’organe étudié, à la fin de la quatrième semaine, après l’opération, présentait un volume trois fois moindre de celui qu’il avait à l’état nor- mal ; en outre, il était plus dur et d’une couleur blanc-bleuâtre. Sur les coupes, on pouvait trés-bien distinguer, à l'œil nu, deux zones : l’une, périphérique, luisante et rosée: l’autre centrale, mate, jaunâtre, légère- ment teintée de bleu. Les tubes séminiféres ne pouvaient être vus à l'œil nu ; les canaux de l’épididyme, au contraire, se voyaient distinctement. Sur les coupes microscopiques faites perpendiculairement au grand axe, et dans toute l'épaisseur de l’organe et colorées à la purpurine, on pou- vait voir, à l’aide d’un faible grossissement, ce qui suit : La zone centrale seule contient les tubes séminifères ; leur nombre est extrêmement diminué. Ceux des tubes qui sont situés au centre de l'organe ne sont presque pas colorés à la purpurine et ont une couleur jaunâtre ; au contraire, ceux qui se rapprochent de plus en plus de la périphérie sont de plus en plus fortement colorés. La coloration rouge apparaît d’abord au centre du tube et sur sa périphérie en forme de points et de fines lignes; puis elle s'étend et occupe la totalité du tube. Les espaces intercanaliculaires, dilatés surtout au centre de l’or- gane, sont aussi colorés en rouge. La zone périphérique ne contient pas de tubes ; elle est constituée de deux parties distinctes : l’une, qui est la tunique albuginée épaissie, onduleuse, contenant de nombreux noyaux colorés et immédiatement au-dessous de laquelle sont situés des vaissaaux assez volumineux obli- térés ; l’autre, assez large, est occupée par des élémenis granuleux, jaunâtres , réfringents, d’une forme irrégulière et entre lesquels se trou- vent aussi de nombreux noyaux colorés, des fibres et des vaisseaux très-fins. Tous ces phénomènes peuvent ètre parfaitement démontrés et expli- qués, en examinant la même préparation à l’aide d’un grossissement plus fort, Les tubes centraux ont conservé leur tunique propre et leur endo- thelium externe, dont les noyaux colorés se voient très-clairement et ne montrent pas de multiplication. Le contenu de ces tubes, l’épithé- lium, présente une masse presque homogéne, finement granulée; les limites de chaque cellule et son noyau n'existent plus. Dans la cavité des tubes se rencontrent quelquefois des fragments de spermatozoïdes. Les espaces intercanaliculaires sont remplis d'éléments qui sont consti- tués par un noyau fortement coloré, par un protoplasma presque inco- lore; ils sont identiques aux globules blancs du sang ou aux globules lymphatiques. Outre cela, ces espaces contiennent encore des fibres fines de tissu conjonctif et des vaisseaux ayant des parois très-minces. Sur ceux des tubes colorés qui sont prés du centre, ou voit aussi pres- Les 197 que toujours leur tunique propre et les noyaux de l’endothélium non multipliés. Leur contenu est une masse homogëne, jaunâtre, granulée et très- réfringente, qui est creusée, dans différentes directions, par des séries d'éléments ayant un noyau bien coloré et étant identiques à ceux qui se trouvent, comme nous l'avons vu, dans les espaces intercanalicu- Jaires. Ces éléments sont surtout agglomérés dans l’intérieur du tube. On pourrait dire que, ces éléments, les globules blancs du sang, ont pénétré du dehors dans l’intérieur du tube, en passant à travers la tu- nique de ce tube et la masse qui le remplit. A l’aide d’un grossissement très-fort (10 syst. de Hartnach), jai pu voir même, sur quelques pré- parations, ces éléments en voie de pénétration à travers la tunique. Les tubes colorés situés près dela périphérie sont presque entièrement remplis par ces éléments et par des restes d’épithélium dégénéré ; presque tou- jours, ils n’ont pas de tunique propre. En dehors de ces tubes se trou- vent des éléments jaunes, granuleux, qui, d’après leur aspect et leur disposition par groupes, doivent être considérés comme les restes de l'épithélium des tubes entièrement détruits. Les cellules situées entre ces éléments montrent, pour la plupart, un développement plus com- plet et deviennent fusiformes. En étudiant l’épididyme, nous voyons que tous ces canaux sont de- venus plus étroits, et, pour la plupart, presque vides; que les limites entre les cellules épithéliales de ces canaux sont moins distinctes qu'à l'état normal et que leurs noyaux se voient aussi moins nettement ; çà et là, on voit les restes des cils vibratiles. Les espaces intercanalicu- laires ne subissent auenn changement. Dans les tubes périphériques plus fins, et, par conséquent, situés plus près des tubes séminifères, on voit constamment des corps cylindriques particuliers, ressemblant, d'aprés leur aspect, aux cylindres colloïdes qui se trouvent dans l'urine, dans quelques maladies des reins ; comme ces derniers, ils constituent des petites granulations et des vacuoles. D’après leur situation dans les tubes et leur volume, qui est presque le même pour tous, on peut sup- poser qu’ils sont apportés du testicule et sont le produit d’une sécré- tion altérée. Ainsi, en m’appuyant sur tout ce qui précède, je puis tirer de mes recherches les conclusions suivantes : 49 La ligature des vaisseaux du cordon amène aprés elle l’atrophie du testicule, atrophie qui commence à la périphérie et s’avance peu à peu vers le centre. 29 Dans les tubes séminifères dégénérés' il se produit une péretration des globules blancs du sang, qui détruisent peu à peu la tunique pro- 198 pré, ét oblitérent la cavité des canaux ; à leur place, un tissuconjonctif jeune commence à se développer. 89 Le processus dégénératif des tubes séminiféres est probablement accompagné d’une sécrétion altérée dont les produits se trouvent dans les canaux de l’épididyme sous forme de cylindres colloïdes. 49 Les changements de l’épididyme sont consécutifs et présentent un commencement d’atrophie due à l'absence des fonctions physiologi- ques de l'organe. — M. le docteur Caprer communique la note suivante : DosAGE DE L’ACIDE SULFURIQUE DES SULFATES SOLUBLES AU MOYEN DES LIQUEURS TITRÉES. Principe de la méthode. — Cette méthode consiste à précipiter l'acide sulfurique par l’acétate de baryte et à doser l’excés de baryte ajouté avec le chromate neutre de potasse, en se servant du nitrate d’ärgent comme liqueur témoin pour marquer l'apparition d’un excès de chromate de potasse. La solution à essayer doit être neutre ou rame- née à cet état. Réactifs et instruments nécessaires : 19 Solution titrée d’acétate de baryte ; 29 Solution titrée de chromate de potasse; 3° Solution de nitrate d'argent ; 49 Burette, pipette, verre, agitateur et papier à filtrer. Mode opératoire. — 19 Verser une quantité mesurée de la solution à analyser dans un verre à expérience ; 29 Y ajouter, avec une pipette graduée,une quantité de solution titrée d’acétate de baryte plus que suffisante pour précipiter tout l’acide sul- furique ; 30 Remplir la burette avec la solution de chromate de potasse et la faire couler en agitant dans le verre à expérience jusqu’à ce qu’une goutte prise avec l’ag'tateur et déposée sur du papier à filtrer donne par sa partie périphérique la réaction du chromate d'argent en présence d’une goutte de solution de nitrate d'argent. Il faut avoir soin d'éviter de faire agir le nitrate d’argent sur la partie centrale de la goutte dépo- sée, cette partie centrale seule contenant du chromate de baryte, mais de produire le contact dans la partic périphérique qui s’est établie par imbibition et ne contient par conséquent que des sels solubles. Le plus petit excès de chromate de potasse dans le mélange donne alors lieu à la réaction du chromate d’argent. Un calcul trés-simple, d’après les quantités employées et le titre des solutions tiirées, permet d’avoir le poids de l’acidesulfurique contenu dans la solution à analyser. | T7 : 499 —.M. GezLé montre une série de planches sur l'oreille interne des fœtus et les nouveau-nés. M. ParroT demande à quels accidents morbides les nouveau- nés ont succombé. Etaient-ils morts-nés, avaient-ils souffert longtemps daps l'utérus avant. de mourir ? M. GeLLÉ répond qu’il n’a pas grand détail sur:les maladies de ces nouveaux-nés. M. ParroT rappelle à ce sujet une particularité très-curieuse signa- lée par MM. Renaut et Barety. Les nouveau-nés, pour peu qu'ils aient souffert du tube digestif, présentent une inflammation de l'oreille moyenne ; on y trouve de la, matière muqueuse, muco-purulente ,.et, cela très-rapidement : il ne faut pas plus de cinq à six jours.de mala- dies. Pourquoi. cette partie de l'individu devient-elle plutôt malade ? Les faits de M. Gellé sont à ce point de vue pleins d'intérêt. M. -Gellé ;a-t-il pris pour un fait normal ces, altérations:pathologi- ques ? M. GELzLÉ répond que l'argumentation de M. Parrot porte sur.des enfants de plusieurs jours. Le petit travail qu’il présente à la Société n’a trait qu’à l'oreille fœtale. L’oreille fœtale est. une oreille particulière qui peut fournir un signe médico-lésal important. L'enfant a-t-il res- piré, l'oreille présente d’autres caractères. Le catarrhe de l'oreille in- terne dont parle «M. Parrot ne :se présente que le quatrième ou cin- quième jour. — M. Drouin, interne des hôpitaux, présente le travail suivant : NOTE POUR DÉMONTRER QU’IL NY A PAS DE RAPPORT DIRECT ENTRE L'ÉTAT D'ACCOMMODATION DE L'OEIL ET LE DIAMÈTRE DE LA PUPILLE. Lorsque nous regardons un objet éloigné, nos pupilles sont dilatées ‘ou moyennement contractées ; lorsque la vue se porte sur un «objet trés-rapproché, les ‘pupilles .se rétrécissent davantage, pour se dilater de nouveau, à mesure que notre œil .s’accommodera pour des :objets plus écartés. Si l’on s’en tenait à la simple constatation du fait, on pourrait en tirer cette conclusion : qu’il existe un rapport constant.entre le degré de la constrictiou pupillaire, et l'énergie de l'effort accommodatif de l'œil pour les différentes distances. Cette conclusion serait erronée. Il est bien vrai que-ces deux phénomènes sont toujours associés, dans les, conditions ordinaires de la vision; c’est même cette coïncidence quia porté Cremer à supposer que la contraction de l'iris était l’agent de la déformation du cristallin pendant l’accommodation aux différentes, distances. Analysons les divers changements qui surviennent, lorsque d’un ob- jet éloigné, nous reportons nos yeux sur des objets très rapprochés : 200 1° Les axes visuels, parallèles quand nous regardons un objet situé à l'infini, deviennent de plus ‘en plus convergents à mesure que nous considérons des objetside plus en plus rapprochés. L'augmentation de convergence :des axes visuels détermine peut-être, à elle seule, un resserrement de la pupille comme le montrent les expériences de H. Weber (1) et de Donders (2). 20 Divers objets étant uniformément éclairés par une source de lu- miére, l'intensité’ lumineuse de chacun; d’eux variera avec la distance à laquelle on ‘l’observeïa ; c’est-à-dire que si nous désignons par 1 la quantité de lumière qu’un objet réfléchit sur un 4 centimètre carré, par exemple,à"1 mètre de distance, 1/4 représentera la quantité de lu- mière qu'il enverra sur la même surface à 2 mètres de distance. Dans le cas d'objets éclairés par la lumière diffuse du jour, nous voyons donc que intensité des images rétiniennes variera dans de très-fortes propor- tions, suivant que nous examinerons un objet éloigné ou très-rappro- ché. Or, nous savons que la pupille est très-sensible aux modifications de l'éclairage, et que, lorsque l'intensité de la lumière augmente, la pu- pille se rétrécit. 30 Quand nous fixons un objet placé à grande distance, l’angle sous lequel il est vu est très-petit, par conséquent l’image qui se peint sous la rétine a une faible étendue. Quand cet objet se rapproche, l’angle visuel est plus grand et l’image rétinienne beaucoup plus étendue ; un plus grand nombre d’éléments rétiniens étant impressionnés, la pupille se rétrécira. Nous voyons donc que, pour être en droit d'attribuer à l'influence de Paccommodation, le rétrécissement qui survient dans la pupille, il faut que les expériences satisfassent à trois conditions principales : 49 Que l'orientation des axes soit constante. 29 Que l’objet soit vu sous un angle visuel constant, quelle que soit la distance à laquelle on le considère, afin que la grandeur de l'image rétinienne soit toujours la même. 39 Que l'éclairage de cet objet soit tel que, vu à des distances diffé- rentes, l'intensité lumineuse des rayons qui arrivent à l’œil-soit tou- jours la même au moment où ils pénétrent dans cet organe. Ces conditions sont bien indiquées par Longet (3) : « Si nous imagi- (1) E.-H. Weber. Dissertatio sammam doctrinæ de motu iridis continens. 1821, page 12. (2) Donders. Accommodation and refraction of the eye. Edit. an- glaise de New Sydenham Society. London, 1864. page 574. (3) Longet. Traité de physiologie, 3° édit. 1873, t. II, page 785. 201 nons des objets de dimensions relatives telles qu’à des éloignements différents leur image sur la rétine sous-tende le même angle optique ; si, de plus, nous supposons qu’ils soient éclairés de telle sorte qu’à ces distances leurs images aient sensiblement la même intensité lumineuse, nous constaterons que la pupille se dilatera si les yeux se dirigent sur l’objet éloigné, et qu’elle se rétrécira lors de leur ajustement à petite distance. » ! Lonset s’est trop hâté de conclure que dans de semblables conditions on observerait des modifications dans le diamètre de la pupille, car les nombreuses mensurations que j'ai faites me permettent d'affirmer que, dans ces conditions, la pupille reste invariable. Voici comment j'ai disposé mes expériences : J’ai choisi un vaste couloir que j'ai transformé en chambre noire, en fermant toutes les ou- vertures avec des tentures noires. J'aurais pu me servir de la lumiere artificielle pour éclairer différents disques de cartons blancs que les su- jets en expérience auraient fixés ; mais j'ai préféré prendre la lumière diffuse du jour, qu'on peut regarder comme constante, au moins pen- dant les quelques minutes nécessaires pour mesurer la pupille de cha- que sujet aux diverses distances, surtout si le jour est bien pur et qu’on expérimente entre midi et deux ou trois heures de l'après-midi. Pour cela, j'ai collé sur une fenétre qui se trouve à l’extrémité de ce couloir une feuille de papier noir, dans laquelle j'ai découpé des orifices circulaires qui laissent pénétrer la lumière diffuse ; car cette fenêtre est protégée du soleil par des constructions voisines ; en face d’elle se trouve un mur qui regarde le nord. La première condition, celle relative à l'orientation des axes optiques sera remplie, si, fermant un des yeux, le sujet accommode constamment pour le centre du cercle, en se tenant dans la direction dela perpendicu- laire à ce point. Il est vrai que, pour les distances rapprochées, l'œil fermé s’orientera néanmoins, de telle sorte que son axe visuel coupe l’axe op- tique de l’autre au point de fixation ; si cette convergence doit déter- miner un certain degré de rétrécissement pupillaire, la pupille de l’autre œil, de celui qui fixe, subira la contraction consensuelle (Donders). Je me suis assuré, par des expériences, que cette influence est négli- geable ; des recherches récentes me portent à croire que l'influence de l'orientation des axes optiques sur l’état de la pupille est bien mi- nime, si méme clle n’est absolument nulle, Pour remplir la seconde condition, celle de projeter sur la rétine des images de même dimension, il me suffira de calculer quel diamètre je dois donner à mes orifices circulaires pour qu’ilssoient vus constamn- ment sous un angle de 5°, par exemple, aux diverses distances où séra placé le sujet dont je mesure la pupille. J'ai trouvé que les diamètres c. R. 1876. 26 202 à donner à mes cercles, pour être vus sous l’angle de 59, étaient les sui vants : À 0 50 de distance........., 43,6 millimètres. 4 — SOON, eee — 12700 — A on LS US) — 2 — Pet are le — 2 50 — een ILE — 3 — A Hao dan do ier OIL) — 3 O0 — el ee- CHMOUDA — 4 — HORDE a) — 4 50 — PDP DO a NE) — D — PR I IR IS) — J'ai donc découpé, dans le papier noir qui obture la fenêtre, une série de diaphragmes circulaires ayant ces diamètres : ils se superposent tous concentrifuement et se recouvrent largement par leurs bords ex- térieurs, de manière à ne laisser filtrer entre eux aucune lumière. L'image rétinienne qui se forme quand on regarde chacun de ces diaphragmes est circulaire, et elle a toujours la même valeur, car son diamètre est l’arc de 59 d’une circonférence dont le rayon égale la dis- tance qui sépare la rétine du centre de refraction de l'œil du sujet qui regarde ces cercles lumineux, soit 19M2774 pour l’œil schematique de Listing. Reste encore à satisfaire à la troisième condition du problème, la plus importante, ceile de donner à ces cercles ces intensités lumineuses re- latives telles qu’ils formeront sur la rétine le même éclairage aux diverses distances où l’œil doit être placé. J'ai dû me livrer, à cet effet, à des recherches de photométrie. L'appareil dont je me suis servi est une simple modification du photomèétre &e Klein (1). Au lieu de pren- dre une lanterne, dans l’intérieur de laquelle on peut déplacer une bou- gie de manière à l’écarter ou à la rapprocher de l'écran formé de lames de verre recouvertes de papier, j'ai pris un écran circulaire, comme on les emploie dans les cabinets d’ophthalmologie, et, devant la fenètre de cet écran, j'ai placé une plaque de verre, préparée comme le conseille Klein. Cet écran étant placé sur une lampe, je règle l’éclairage de celle- ci jusqu’à ce que le petit carré de l’écran disparaisse devant l'éclairage d’une bougie type placée à 1 mêtre. (Voyez thése de Klein.) J'ai déterminé avec le photomètre quel était le pouvoir éclairant du (1) Klein. De l'influence de l'éclairage sur l’acuité visuelle. Tuèses de Paris, 1873, p. 42. 203 faisceau qui traverse le diaphragme n° 1, en se plaçant à la distance de 50 centimètres de ce diaphragme ; j'ai de même mesuré, à la distance de 4 mètre, l'intensité lumineuse du faisceau qui traverse le dia- phragme 2, et ainsi de suite: or, j'ai trouvé que les intensités lumi- neuses des rayons qui traversent les divers diaphragmes, sont égales entre elles quand on se place à la distance où ils sont vus dans l’angle de 5°, précisément aux distances par lesquelles ils ont été construits. J'aurais dû prévoir ce résultat, si j'avais cherché à déterminer par le calcul les intensités iumineuses ; en effet, les diamètres de mes dia- phragmes sont entre eux comme : NON ANAL EN ENT Et, puisque les surfaces des cercles sont entre elles comme les carrés des diamètres, AVANCE GTA DEN OEUE représente le rapport des diverses surfaces éclairantes. (On peut consi- dérer, dans ce cas; chaque centimètre carré comme une unité lumi- neuse, puisque c’est la lumière diffuse du jour qui ne varie pas sensi- blement d’un moment à l’autre : le pouvoir éclairant de chaque diaphragme sera d'autant plûs grand que sa surface sera plus étendue, qu'il contiendra plus d'unités éclairantes.) Or, la lumière diffuse suit la loi du carré des distances, fait indiqué par Klein, avec des réserves, toutefois, mais que des recherches faites à ce point de vue m'ont fait reconnaître comme parfaitement exact. Par conséquent, l’intensité de chaque cercle lumineux s’affaiblira pro- portionnellemeut au carré des distances. Les distances auxquelles je dois placer l'œil du sujet étant entre elles comme AE ME NEA EMA l'intensité lumineuse à de chaque centimètre carré s’affaiblira dans la proportion DCE u u L Es 1d 4 Fd Pd Fd 102d Mais nous n’avens pas seulement une unité lumineuse, mais autant que chaque surface renfermera de centimètres carrés; par conséquent Je pouvoir éclairant I des divers diaphragmes devient, aux distances correspondantes à chacun : AUS, 47 ent 2e 1007 1 à — 4 — 0 — 164 — 2%5d — 1004 C'est-à-dire que l'intensité lumineuse reste constante dans les con- ditions de cette expérience. Pour mesurer les pupilles, je me suis servi d’une échelle des pu- 204 pupilles, placée sur la paupière inférieure du sujet que j'examine; avec de l’habitude, on arrive à mesurer, par comparaison, le diamètre de cet orifice avec promptitude et une précision suffisante. Les résultats de mes mensurations sont comprises dans le tableau suivant : Diamètre des dia- phragmes ....:.. 43.6| 87.21130.91174.51218.1|1261.81305.41349 436.3 Distances corresp,|50 e.| 1m |1m50| 2m |2m50| 3m |3m50| 4m 5" DrounmiO DIM 5 4.75| 4.75| 4 75| 4.75| 4.75| 4.74| 4.75| 4,75 DroumO IMMO BRAIN 4 4 4 4 4 4 Regnier O.D...... Se OO Ole) 5275) 41 Recnier O.G...... 316037513406 86) 75 SOI 4 Sabourin O De 3.15| 3.75| 3.75| 3.75| 3,75| 3.75] 3.75| 3.15| 3.75 Brun O.DetO.G..| 4 4 4. 4 4 4. d. 4 4 Chambard O.D....| 4 4 d. 4 4 4 3.151013 7518175 Chambard O.G....| 4 4 4. 4 Æ 4 4. 4 al MENCiren OAND MAINS AS 01 5 5 5 5 5 5 5 M/Oaron OC MINS 5 5 5 5 5 5 5 5 M'ieLévêqueO.DOG 4.50| 4.50| 4.50! 4,50! 4.80| 4.50| 4.50| 4 50| 4.50 Moyennes, |. .:,... 4,20| 4.21| 4.23| 4.293| 4.53| 4.23| 4.23| 4.28| 4.25 Ce tableau montre que, lorsqu'on a “soin d'éliminer les variations d'éclairage et de projeter sur la rétine des images de même dimension, il ne se produit pas de modifications pupillaires, quoique l'état d’'ac- commodation de l’œil varie. Cette expérience est la contre-partie d'observations déjà anciennes, entre autres le cas d’iridémie totale de Græfe, qui prouvaient que l’état de l'iris n’influait en rien sur le pouvoir d’accommodation de l'œil. Je crois donc qu'il n’y a aucune relation directe entre l’état de la pupille et l’effort d’accommodation, et que, si ces phénomènes se pro- duisent simultanément, ils le doivent à ce que l’accommodation pour les diverses distances crée, dans les intensités lumineuses relatives des objets considérés, des différences qui agissent sur la pupüle et sont cause desa dilatation et de son resserrement, M. Poncer demande si l’auteur a tenu compte de la portée de la vi- sion des sujets en expérience. M. Drouin répond qu’il a tenu compte de l’état de la vision, et qu'il a étudié à ce point de vue des amétropes et des myopes. M. Poxcer rappelle un fait pratique, qui va à l'encontre de la théorie soutenue par M. Drouin : Quand on examine un malade à l’ophthal- moscope, on peut lui faire dilater sa pupille en le faisant regarder au loin ; on la fait rétrécir en lui disant de regarder de prés. po ie SE 205 — M. le docteur FRANTz GLÉNARD (de Lyon) fait la communication suivante : SUR UN LARYNX ARTIFICIEL PERMETTANT DE DÉMONTRER EXPÉRIMEN- TALEMENT SUR L'HOMME L'INDÉPENDANCE QUI EXISTE ENTRE LA VOIX ET LA PAROLE. * Les travaux de Mueller, Harless, Merkel, Fournié, etc., relatifs à l'appareil de la pbonation chez l’homme, ont démontré que la glotte, c’est-à-dire l'ouverture circonscrite par le bord libre des rubans vocaux inférieurs, est le siége véritable de la voix humaine ; que cet organe est en tout point comparable à un instrument à an- ches membraneuses, avec cette immense supériorité toutefois qu’il a comme annexe un appareil musculaire capable, en agissant sur la tension, la longueur, la consistance et l’épaisseur des anches, de modifier la hauteur, l'intensité du son produit. L’appareil de souf- flerie est constitué par le poumon avec les bronches et la trachiée comme porte-vent. Ces conditions se retrouvent aussi bien chez la plupart des mam- mifères que chez l’homme; mais où la scission s'opère, c’est dans l’utilisation de ce son produit : car, bien que le tuyau vocal, ou ensemble des organes que traverse la voix au dehors du larynx, existe aussi chez les mammifères, seul l’homme, ce qui se peut ex- pliquer par l'intervention d’un acte intellectuel, est capable, par les modifications imprimées à ce tuyau vocal, d'articuler, de parler, c'est-à-dire, de donner aux bruits ou sons produits par l’air expiré une physionomie particulière, convenue à l’avance et variable à l'infini, qui lui permettra de représenter ses idées, de les énoncer sous une forme concrète, de les extériorer. Or, le langage articulé ne résulte nullement de modifications im- primées, soit à la hauteur, soit à l'intensité de sons ou de bruits, mais bien des variations de timbre auxquelles on soumet l’air ex- piré, ou des obstacles plus ou moins bruyants qu’il doit franchir à son passage. En un mot, c’est au tuyau vocal qu'incombe le rôle d'utiliser, de faire parler l’air expiré. Les modifications qui portent sur le timbre de la voix sont dues à la forme et aux dimensions variées que présente la cavité buccale lorsqu’ou se dispose à prononcer telle ou telle voyelle; c’est-à-dire que, dans ce cas, le tuyau vocal agit comme un simple résonnateur, en renforçant tels ou tels harmoniques correspondant à la voyelle que l’on veut émettre. C’est encore au tuyau vocal qu’appartient exclusivement l’articu- lation des consonnes : la langue, les lèvres exécutent pour cela divers 206 mouvements plus ou moins brusques, dont le résultat est d’accidenter le son-voyelle qui fait vibrer la masse d’air renfermée dans la cavité buccale. De ces rapides considérations, il ressort que l'appareil du langage articulé résiderait uniquement dans la cavité buccale, qu'il serait absolument indépendant de l'intensité, de la hauteur, de la nature même du son ou des bruits produits par le larynx : la preuve en est d’ailleurs qu’on peut parler avec la même netteté, soit à voix haute, soit à voix basse, comme dans le chuchotement, soit sur un ton grave, soit sur un ton aigu, soit sur une succession de tons, comme dans le chant. Ceci revient à dire qu'il suffirait de faire circuler un courant d’air sonore ou non dans la cavité buccale, ou même simplement de faire vibrer la masse d’air contenue dans la bouche, pour que l'appareil du langage articulé, adapté à cette source artificielle d’oscillations, pût réaliser les conditions de timbre et de bruit qui caractérisent les diverses voyelles ou consonnes, en d’autres termes, pour qu'on puisse parler malgré l’occlusion de la glotte. Expérimentalement, on sait déjà qu’en faisant vibrer, à l’aide d’une planchette appliquée contre les dents, la cavité buccale pré- sentant le configuration particulière aux diverses voyelles, on en- tend trés-distinctement ces voyelles, et cela sans qu’il y aït eu la moindre participation de l’air expiré ou du larynx. Mais on peut faire plus, et le petit appareil que j'ai l'honneur de vous soumettre me parait démontrer pleinement que la théorie du langage articulé, telle que je l’ai résumée d’aprés la plupart des phy- siologistes, est absolument vraie. Vuici en quoi consiste cet appareil : une vessie de caoutchouc destinée à remplir le rôle du réservoir d’air du poumon ; aux deux pôles de cette vessie sont adhérents deux tubes de gutta-percha plongeant dans sa cavité : l’un est le {ube porte-vent, communiquant du côté libre avec une soufflerie, muni à l'extrémité adhérente d’une petite soupape destinée à favoriser l’arcumulation de l'air dans la vessie; l’autre est le {ube vocal, muni à son extrémité adhérente d'une anche membraneuse que fera vibrer l’air chassé du réservoir, présentant à son extrémité libre une disposition telle qu’il puisse s'ouvrir au fond de la cavité buccale, au devant du voile du palais, en contournant l’arcade dentaire dans la gouttière dento-labiale su- périeure, et pénétrant dans la bouche à travers l’orifice laissé vacant par l’absence d’une molaire, par exemple. _ Ce tuyau vocal doit avoir un certain calibre, afin que les ondes sonores produites par les vibrations de l’anche membraneuse puis- 207 sent se transmettre à son extrémité libre malgré les courbures; il doit de plus s'ouvrir au fond de la cavité buccale, afin de ne pas gêner les mouvements de la langue, qui, en outre, l’obstruerait à chaque instant si l’on n’avait soin de diriger en arrière et un peu en haut, contre le voile du palais, l’orifice de son pavillon légére- ment aplati et à grand axe transversal. Enfin, il doit permettre le rapprochement des dents nécessaire à l'articulation de certaines consonnes. Si maintenant l’on fait. fonctionner l’appareil tel que je viens de le décrire, placé convenablement dans la bouche, en ayant soin maintenir la glotte absolument fermée, et l’on peut se convaincre de cette occlusion en auscultant soit la poitrine, soit le larynx de l'expérimentateur, on verra que le son produit par ce larynx ar- tificiel peut être transformé en voyelles et consonnes, et Eu cela il n’est besoin que de mussiter, c'est-à-dire de donner à la cavité buccale et aux organes du langage articulé la forme qu’ils affectent d'ordinaire pour faire parler le son laryngé. L’analogie peut être rendue frappante si l’on a eu soin de dispo- ser l’anche membraneuse de telle sorte qu’elle produise un son peu différent de la voix humaine; si à cette anche on adaptait un petit mécanisme permettant de modifier à volonté la hauteur, l'intensité du son produit, l'identité serait complète; à l’aide d'un clavier ou d’un registre, le chant même deviendrait possible. Pour la parole à voix basse, il suffirait de supprimer l’'anche mem- braneuse et de faire arriver dans la bouche un simple courant d'air. Mais tout cela est du domaine du mécanicien. J'ai pu dans cette expérience faire entendre d’une façon très- distincte toutes les voyelles, toutes les consonnes, j'ai pu facilement parler. Mais je dois pourtant établir une réserve pour la lettre R et pour les diphthongues nasales. En effet, la lettre R est la seule qui exige pour être prononcée un véritable courant d'air dynamique, puisqu'elle résulte de la vibra- tiôn, soit du voile du palais ou de la luette, soit de la pointe de la langue, soit des lèvres, suivant les cas; or, l'air s'échappe de mon tuyau, plusieurs fois brisé, arrêté en partie par l’anche membra- neuse et devient impuissant à mouvoir des corps solides. Pour per- mettre à l’appareil de prononcer la lettre R, il faudrait lui annexer un petit tube qui remplirait le rôle de la glotte inter-aryténoïdienne. Il y a donc à établir entre la consonne R et les consonnes sif- flantes, explosives, etc., cette grande distinction que ces dernières sont dues aux variations brusques imprimées par les mouvements de la langue ou des lèvres à l’air emmagasiné dans la bouche ; que 208 d’ailleurs, si elles sont efficacement renforcées par l’air expiré, elles peuvent du moins se passer de lui, comme le prouve mon appareil, tandis que pour la lettre R le courant d’air dyamique est indispen- sable. Cette consonne est donc la seule qui mérite de conserver le nom de gutturale. On peut lui adjoindre le CH des Allemands, qui pos- sède tant d'analogie avec elle. Quant aux diphthongues nasales ON, IN, UN, leur absence s'ex= plique facilement par ce fait que mon tube vocal, émergeant en avant du voile du palais, ne peut déterminer d'ondes sonores dans les fosses nasales. La démonstration que je viens de vous présenter aurait été bien plus frappante si j'avais eu à ma disposition un trachéotomisé; mais je me suis placé dans des conditions identiques en fermant ma glotte, et vous êtes convaincus, j'espère, que pendant mon expéri- mentation, cette occlusion a été assez complète pour ne pas tolérer la moindre bulle d'air venant du poumon. Enfin, pour conclure, on peut admettre ce qui suit : 19 Il est facile de démontrer expérimentalement que, pour la pro- duction de la parole, l’appareil chargé de l'articulation des sons est complétement indépendant de l'appareil de la voix; 90 Etant donné un bruit ou un son quelconque faisant vibrer l’air de la cavité buccale, on peut le transformer en langage ar- ticulé ; Et comme couséquences : On peut restituer la voix au langage aphone ; On peut rendre le langage articulé, voix et parole, à un trachéo- tomisé (il serait trés-simple, dans ce cas, de substituer l’air ou une partie de l’air expiré par la canule, à la soufflerie de mon appa- reil); 39 C’est à l'adaptation du tuyau vocal et non à celle du larynx que la doctrine de l’Evolution devrait attribuer l'aptitude au langage articulé. Séance du 417 juin 1826. M. Mazassez annonce que M. Glénard a pu faire parler un malade trachéotomisé avec l’appareil qu’il a présenté à la dernière séance. — M. BocnEFONTAINE communique à la Société le travail suivant : MOUVEMENTS RÉFLEXES DES MUSCLES DE LA FACE PRODUITS PAR L'’EXCITATION MÉCANIQUE DE LA DURE-MÈRE CRANIENNE. La communication que j'ai l'honneur de faire à la Société concerne ;pED® ,91 des faits de mouvements réflexes de la face produits par l’excitation mécanique de la dure-mère cérébrale. On sait que la dure-mère crânienne est sensible dans certains points de. son étendue. Mais il me semble qu’on n’a pas nettement indiqué ces points. Quant aux phénomènes produits par l’excitation des endroits sensibles, ils ne sont pas mieux précisés. Pour ne parler que de la partie antérieure de la ducesrhè crânienne, les traités classiques d’anatomie indiquent des filets nerveux venus de la branche ophthalmique de Willis, et qui se distribueraient à la mem brane en question, dans le voisinage du trou borgne seulement. Cètte donnée anatomique conduirait à admettre que la région de la dure- mère, qui avoisine le trou borgne, est la seule qui soit douée de sensi- bilité. Or, la sensibilité de cette méninge est évidente dans une étendue beaucoup plus grande, du moins chez le chien. Il existe des points sensibles dans la partie de la dure-mére qui cor- x pond aux sinus, frontaux, et à la région du frontal qui s'étend en arrière d'eux, c’est-à-dire dans la moitié antérieure au moins qui re- couvre la dure-mère des lobes cérébraux. J'ai pu m'en convaincre souvent pendant ces derniers temps, au laboratoire de M. Vulpian, à la Faculté de Médecine, dans. le cours de diverses expériences sur l’ excitabilité de l'écorce grise du cerveau. Des chiens incomplétement engourdis par l'hydrate de chloral, par l'éthér ou par le curare, poussaient de légers cris de douleur et exécu- taient des mouvements généraux plus où moins énergiques, lorsque l’on introduisait l'extrémité des pinces sécantes entre la dure-mére et le crâne pour enlever ce dernier. iLéa La dure- mère étant découverte par tions du ni FAR de la calotte crànienne, quand on serrait cette méninge entre les mors des pinces à dissection, ou lorsqu? on la coupait avec le bistouri ou les ciseaux, et même quand on la frottait légérement avec une éponge fine, on provoquait l'apparition des mêmes phénomènes. . On pourrait objecter que toutes ces excitations iNiéressent le cerveau en même temps que la dure-mèére, et que les phénoménes auxquels elles ont donné lieu sont le résultat de la stimulatiou du cerveau ; mais la physiologie enseigne que la couche corticale du cerveau est inexcitable par les agents mécaniques. Voici, du zeste, les expériences sur lesquelles je. désire appeler l’atten- tion de la Société, et qui démontrent que l’irritation mécanique de Ja dure-mére cérébrale seule cause des mouvements dans certaines parties du corps ct RATHoURerEmEnt dans la face. Exp, "ee ren éthérisé, Ouverture de a bte crânienne, du ublé c. R. 4876. 27 210 gauche, à sa partie antérieure. Chaque fois qu’on introduit une des branches de la pince sécante entre la dure-mêére et le crâne, pour agrandir l’ouverture de ce dernier, l’animal pousse des gémissements, fait des mouvements généraux, mais peu énergiques. On interrompt l'opération et l’on fait respirer une nouvelle dose d’éther à l’animal. On continue ensuite l’agrandissement de l’ouverture du crâne. On observe des mouvements de la face du côté gauche quand on introduit la pince au-dessous du crâne. A trois ou quatre reprises, les mouve- ments de la face sont bien constatés dans les mêmes circonstances. L'animal ne fait pas d’autres mouvements. On incise la dure-mère pour mettre à découvert la partie antérieure du cerveau. Pendant ce temps, quelques mouvements généraux et quelques gémissements. On fait avec la lame d’un bistouri l’abrasion de la couche grise cor- ticale du gyrus pour d’autres recherches. Pas de rnouvements ni de manifestations de sensibilité. On se rappelle alors les mouvements observés du côté de la face. Ces mouvements sont-ils bien le résultat de l’excitation de la dure- mère par le contact de la pince sécante ? On saisit le bord d’un lambeau antérieur de la dure-mère en arriére du sinus frontal avec des pinces à mors pointus, on comprime et l'on cesse aussitôt la compression. Les paupières se ferment du côté corres- pondant, c’est-à-dire à gauche. Une seconde excitation du même point est suivie du même résultat. Une troisième excitation ne produit aucun effet. On pince un point voisin du même lambeau de la dure-mére, situé un peu en avant du premier. Occlusion des paupières gauches, sans mouvement des paupières du côté droit. Mouvement d’élévation de la partie antérieure de la lèvre supérieure gauche seule et mouvement du nez du côté gauche. A deux reprises différentes on reproduit ces résultats. Les contrac- tions des muscles de la lèvre et du nez ne sont pas aussi constantes que celles des muscles palpébraux. L'animal commence à se réveiller. On excite successivement, toujours en pinçant le bord externe de la dure-mère sectionnée, puis le bord postérieur. On constate des mouve- ments dans les épaules, dans les membres antérieurs et postérieurs. Quelquefois les membres du côté correspondant seuls font des mou- vements ; quelquefois les quatre membres s’agitent à la fois ou se meu- vent comme si l'animal allait marcher. Exe. II. — Chien curarisé et sur lequel on fait la respiration artifi- 2411 cielle. Ablation de la partie antérieure de la calotte crânienne du côté gauche. Incision longitudinale de la dure-mère découverte à 7 ou 8 millimètres en dehors de la faux du cerveau. Deux incisions de la dure= mére, partant de l'extrémité antérieure de la première, et se dirigeant en avant, l’une en dehors, l’autre en dedans. Deux autres incisions de la même méninge, en arrière, symétriques à celles qui viennent d’être faites en avant. On obtient ainsi quatre lambeaux de la dure-mère crânienne, restée entière, l’antérieur, le postérieur, l’interne et l’externe. Abrasion avec le bistouri de la substance grise corticale du cerveau mise à nu, et le plus loin possible de la partie mise à nu. Chaque lambeau est excité, comme dans l'expérience I, avec des pin- ces à mors pointus. L’iritation du lambeau antérieur, dans trois ou quatre points, dé- termine l’occlusion des paupières du côté gauche, à quatre reprises successives. Les mouvements du nez ont lieu une fois seulement. Une cinquième irritation reste sans résultat. On pince le lambeau un peu plus en avant : clignement des pau- pières correspondantes. Même expérience et même résultat à trois ou quatre reprises. Le pincement des bords du lambeau antérieur et du lambeau posté- rieur, dans différents endroits, cause des mouvements dans les peau- ciers des épaules, dans les membres correspondants seuls, et aussi plu- sieurs fois, dans les quatre membres ensemble. Quand les quatre membres ont eu des mouvements, ceux-ci ont toujours été plus forts du côté correspondant que du côté opposé. L’excitation de plusieurs points du lambeau interne par pincement ne donne aucun résultat. Deux autres expériences du même genre, faites, l’nne sur un animal chloralisé, l’autre sur un animal curarisé, ont permis de constater encore les mêmes phénomènes. L Ces expériences prouvent que la dure-mére crânienne est sensible aux excitants mécaniques, au moins dans sa moitié antérieure, que l’ex- citation mécanique des divers points de la partie antérieure de la dure- mère crànienne détermine des contractions de certains muscles de la face, comme l’orbiculaire des paupières ou le releveur de la lèvre supé- rieure, du côté correspondant ; elles démontrent, et c’est le point que je désire mettre en évidence, que les mêmes stimulations mécaniques d’autres points de cette méninge peuvent provoquer des mouvements des membres du côté correspondant seulement, ou des mouvements des quatre membres ensemble, ou des contractions des muscles des quatre membres et de diverses parties du corps en même temps. 212 Par quel procédé mécanique c ces difiérents HG M EnAERtE peurentis avoir liéu ? «+ trotrs APRES "L'excitation qui résulte de la compression passagère de la dure-mére avec la pince, est sans doute transmise aux musclés de la face par la voie suivante. Cette excitation mécanique ‘intéresse, dans la duré-mère, des fibrès nerveuses centripètes du filet'ethmoïdal du rameau nasal de la branche ophthalmique de Willis ; elle’est portée par ces fibres à la protubérance; arrivée là elle suit probablement la partie postériéure de la racine du itrijumeau signalée par M: Vulpian/ traverse la protubé- rance et descend dans la moelle allongée Jésune vers Ta partie posté rieure du plancher du quatrième véditridalés prés des extrémités origi- nelles si facial du mére Eole arrivée là elle rot en activité les” ori= mort (2ATER Ni cles palpébraux et lbs dont elle provoque la contraéHion. “ Quant aux mouvements qui se passent’ dans les membres tantôt d'un seul côté, tantôt des deux côtés ensemble, la question est com= plexe. Dans le cas, par éxemple, où ‘les muscles des’ quatre membres se contractent, quel est le rôle joué ‘par la bulbe et la moelle dans la transmission ‘dé’ Véxcitation. Cette excitation passe-t-elle par Véentre- croisement des pyramides, Ou bien sé Sénéralise-t-elle dans la substance grise médullaire ? C’est ce que je ne saurais dire. Je me propose toutefois de poursuivre ces recherches et d en | communiquer les résultats. à Ja Société. FO. ARR MGR Je, M. Lépine rappelle qu'il a fait quelques expériences) parallèles, relativement aux vaso-moteurs lorsqu” on excite les méninges. Des expériences ne sont du reste qu une répétition de celles de M. Brown-Sé- ral sur le même sujet. M. oeranonmne à Je ne me suis pas proposé de répéter les expé- riences de M. Brown-Séquard. J’ai assisté, en qualité d'aide, à beau- oup d'expériences faites par M. Brown-Séquard dans le laboratoire dé M. Vulpian. M. Brown-Séquard cautérisait le cerveau, la dure-mêre, la peau du crâne et observait consécutivement certains troubles vaso= moteurs dans les membres, et des paralysies. Ces derniers phénomènes, qui seraient dus à des actions d’arrêt, d’après M. Brown-Séquard, ont donné lieu à des discussions importantes devant la Société de Biologie. Les faits de contraction des muscles de la face provoqués par le pin- cement de la dure-mêre ne sont donc pas les mêmes 5 que ceux qui ont été signalés par M. Brown-Séquard. | Quant aux phénomènes vaso-moteurs causés par l'excitation méca- nique de la dure-mére, je les ai étudiés avec l hémodynamomëtre, dans a CIAONE SUP Dai ainsi ie ù ’ai pu constater Te l section k n re ir 248 de la dure-mère crânienne avec des ciseaux détermine une augmenta- tion de la tension de 6 ou 7 centimètres ‘de mercure, comme la faradi- sation de la circonvolution cérébrale qui entoure le sillon crucial, Or, c'est 1à le résultat d’un effet général vaso- -constricteur et non d’un effet vaso-dilatateur. Ce fait vient d’être publié dans les archives de physio- logie et je le mentionne seulement pour répondre à l'observation de notre collègue. —M. BLor entame avec M. de SiNéTY une discussiou dans laquelle il arrive à poser des conclusions, qu’il extrait du reste de son mémoire, lu à l’Académie des sciences en 1856 : De la glycosurie physiologique des femmes en couches, etc. 49! Le sucre existe normalemenz dans l'urine de toutes les femmes en couches, de toutes les nourrices et d’un certain nombre de femmes en- ceintes. yo pie La quantité de sucre dans les urines est en rapport direct avec la sé- crétion lactée, quand la sécrétion est abondante la proportion de sucre est grande ; si.elle est peu active, l'urine est peu sucrée. L'examen des urines peut servir jusqu ’à un certain point à juger de la valeur d’une nourrice. M. pe SinÉrTy accepte parfaitement les conclusions de M. Blot, au mémoire duquel il a rendu justice dans le travail qu’il a publié en 1873. Il ne diffère de M. Blot que par les points suivants : 49 Il a vainement: cherché chez les femmes see du sucre dans en faisant ces recherches ‘chez des - femmes enceintes dont. les . sont turgides et laissent s’écouler du colostrum en abondance. M. de Sinéty a remarqué que chez les femmes qui allaitent il ya peu de sucre dans les urines, pendant la lactation, tandis que, si l’on inter- rompt la lactation, le sucre augmente de quantité pour disparaître, ou diminue si on la reprend ; le sucre disparait, totalement si la lactation est complétement suspendue. M. Bcor cite à l’appui de ses conclusions le fait suivant : Une femme cesse d’allaiter et laisse son enfant à l'hôpital. Quelque. temps après, elle le reprend et le présente à M. Blot dans un état d’amaigrissement complet, avec cet air de vicillard que l'on connaît. Elle était accouchée depuis trois mois; l’un de ses seins avait été criblé, d’abcès ; de plus; elle avait eu une fièvre intermittente ; cependant elle a donné le sein à son enfant et le lait a reparu au commencement de la lactation. M. Blot n’a pas trouvé de sucre ; le lendemain il en trouve une légére quantité ; enfin, au bout de cinq jours, la sécrétion, lactée, était manifeste et le sucre était en quantité notable dans l’urine. 214 M. CLauDE BERNARD remarque que tous les réactifs employés pour démontrer l'existence du sucre dans les urines ont leur valeur, mais qu’il serait désirable qu’on püût extraire le sucre en nature. Il y a un grand intérêt à savoir si dans l’espèce on a affaire à du sucre de lait ou àde la glycose. c — M. BoucHeroN, ex-interne des hôpitaux, présente une note sur la section des nerfs ciliaires et du nerf optique en arrière de l’œil, substi- tuée à l'énucléation du globe oculaire, dans le traitement de l’ophthal- mie sympathique. (Voir aux MÉMoIREs.) M. Poxcer remarque, à ce sujet, qu'on n’est jamais sûr de couper tous les nerfs ciliaires; il suffit qu’un seul persiste pour que les dou- leurs reparaissent. De plus, il n’est pas certain que la section des nerfs ciliaires empêche la maladie de se développer sur l'œil même; car M. Poncet à démontré que le décollement de la rétine est le fait domi- nant de l'iritis sympathique; la section n’entrave point la production de la maladie; on aura un beau moïignon ; c’est vrai; mais on peut en avoir un bon par une autre opération, la section de la cornée. Enfin, dans le cas de moignon proboscidien, il y aurait toujours lieu de faire l’extir- pation, M. Boucaeron : La section de la cornée n’enraie pas les phénomènes sympathiques. M. Poxcer assure le contraire; c’est la pratique qui le démontre. — MM. Joryer et P. Recnarp communiquent le travail suivant : NOTE SUR LES MODIFICATIONS APPORTÉES DANS LES PRODUITS DE LA RESPIRATION ET SUR LE SANG PAR LES INHALATIONS DE NITRITE D'AMYLE, Nous nous sommes proposé, dans une suite de recherches que nous avons entreprises depuis plusieurs mois, de déterminer quelles sont les modifications apportées dans les produits de la respiration chez les ani- maux, sous l'influence de conditions pathologiques et expérimentales déterminées; en d’autres termes, quelles sont les variations que l’on observe dans les quantités d'oxygène absorbé et d’acide carbonique exhalé par un animal dans des conditions données. Nous ne décrirons pas actuellement la méthode que nous avons em- ployée ni les procédés d’analyse qui nous ont servi : nous nous réser- vons d’en faire ultérieurement l’objet d’une communication détaillée. Nous voulons seulement aujourd’hui faire connaître les changements apportés dans les altérations de l’air par la respiration sous l'influence des inhalatious de nitrite d’amyle. Bien que le nitrite d’amyle ait été découvert dés 1844 par Balard, ce 245 n’est guère que vinst-cinq ans plus tard que les physiologistes recon- nurent son action; et encore la plupart se bornërent-ils à constater les phénomènes purement extérieurs qu'il produisait sans entrer dans le détail même de ses propriétés. . Guthrie,. le premier, remarque que le nitrite: d’amyle amenait la dilatation des vaisseaux et la rougeur de la face. En 1868, Richardson reprend cette étude et constate directement la dilatation des capillaires. Gamgie fait remarquer la diminution de la pression sanguine, et en 1873, Aurez-Droz mesure cette diminution. Le même auteur, et peu après lui, Bourneville, signalent l’abaisse- ment de la température après l’inhalation du nitrite d’amyle. Veyrières, Bourneville, Crichton, Browne, font remarquer d’abord une accélération de la respiration, puis une diminution des mouve- ments thoraciques. Pick signale des troubles oculaires et une excitabilité générale aug- mentée ; Hoffmann, Rutherford, Guttmann, décrivent des troubles de sécrétion, et en particulier la glycosurie. M. Bourneville et l’un de nous la cherchent vainement sur les malades soumis aux inhalations de ni- trite d’amyle. Dès 1873, quelques auteurs essayent d’analyser l’action intime du nitrite. Pour Brunton, Pick et Weketée, cette substance frappe la fibre musculaire directement; pour Aurez-Droz, elle agit sur les fibres mus- culaires des vaisseaux ; Bernheim, Guttmaun et Bride pensent, au contraire, qu’elle paralyse d’abord les centres nerveux. Tous ces auteurs ne s'occupent qu’incidemment de l’action du nitrite sur le sang. Un seul, Wood Horatio (de Philadelphie) avait, en 1871, remarqué qu'après l’inhalation de l’éther nitro-amylique, le sang deve- nait noirâtre et ne reprenait plus sa couleur par l’agitation en présence de l'air. Mais il n’avait pas été plus loin dans ses recherches et n’avait pas essayé de donner la mesure de ce phénomène. Nous sommes partis de cette donnée pour pousser plusavant dans la question, et nous avons cherché quelle pouvait être, sur le sang et sur les phénomènes intimes de la respiration, l’action de quelques éthers nitreux de la série morioatomique. Entre autres phénomènes, on voit assez rapidement, après l’inhala- tion du nitrite d’amyle, les muqueuses perdre leur coloration rosée et prendre une teinte bleuâtre ardoïsée. Si, chez l’animal, on à mis une artère à nu, on voit que le sang artériel a perdu sa coloration rouge vermeil et pris une teinte brune foncée. En un mot on observe, après les inhalations de nitrite d’amyle, les phénomènes d’une asphyxie bien caractérisée. Il était donc intéressant de déterminer dans ces conditions les modi- 26 fications apportées dans 168 produits de 1à réépiration et dan les gaz z du sang; et de savoir $i ce Sang, devenu nôïr ét ne rougissant plus à l ar, avait perdu en totalité et pour toujours son pouvoir d’absorber l'oxy- gêne. Les résultats de nos expériences sont résumés dans lé tabIEAU sui- vant : Co2 losyeène | raggore | Gaz du sg | sn NITRITE D'Amygb | produit | absorbé |! 9 BTAIEE d'oxy#ène cn | en: } D Dm | abSOT bÉ ji a ML ci d: Ps 1006 ë A: Chien normal| li. lit. ME cf (13 kil, 850)... 7.355 | 9.470 0.77 30 47 "94 Id: aprés inhac | lations :..1. 1. 5.440 |. 6.134 |. 0.88 |: 22.4 8.4 |: 12 B. Chien normal E ut ANAL At (43: ki1324.:.1 6:416 | 7.815 | 0.69 | 29 416 25 Id: intoxiqué! par lesinhalatS| 3.360| 3.520 | 0.98 |: 21 5.3 |: 6 L'examen des chiffres contenus dans ce tableau montre que les com- bustions respiratoires sont trés diminuées chez l'animal qui à inhalé des vapeurs dé nitrite d’amyle. Le chien A avait subi les inhalations de nitrite d’amyle à à peu près dans les conditions adoptées pour les malades que l’on y soumet. Chez lui les combustions ont diminué d’un tiers environ. La différence est surtout três-marquée dans la déuxième expériencé : les inhalations avaient été telles sur le chien B, qu’il succomba peu de: temps après. Aussi l’oxygêne consommé fut-il en quantité moitié moindre que dans l’état normal. St M0 lov Hi OMG LEE L'examen du rapport 201 met encore en lumière un fait interres- sant : à savoir qu'il y a, toutes proportions gardées, plus d’acide car- bonique exhalé après qu'avant l’inhalation. Ce fait s'explique en: partie par l'expulsion dé’ l'acide’ carbonique du sang; comme-le montre nos analysés du sang'artériel. La diminution des combustions trouve, selon nous, son explication à dans l’altération du'sang'causée parlé nitrite. Nous avons dit que le 217 sang artériel est devenu noir et ne rougit plus par lagitation avec l'air. | Si on recherche le plus grand volume d'oxygène qu’il est capable d’absorber avant et après l’action du nitrite, on trouve que le sang, chez le chien A, absorbe moitié moins d’oxygène, et quatre fois moins chez le chien B. L’animal qui a inhalé des vapeurs de nitrite d’amyle est donc privé, par ce fait même, d’une partie plus ou moins considérable de l'hemo- globine du sang. On peut se demander si cette hémoglobine est détruite ou si son ac- tion n’est que suspendue. Si notre première supposition était fondée, les inhalations de nitrite d’amyle auraient un danger considérable, et il faudrait y renoncer en thérapeutique. Heureusement il n’en est rien. En effet, les animaux, cornme les malades, se remettent rapidement, et, si le lendemain, on vient à rechercher la capacité d’absorptior de leur sang pour l'oxygène (comme nous l’avons fait pour le chien A) on trouve que l’hémoglobine a récupéré complétement ses propriétés. Bien plus, le sang de l’animal intoxiqué B, qui n’absorbait plus que 6 0/0 d'oxygène, conservé dans un flacon bouché, absorbaïit vinet- quatre heures aprés 16 0/0. Si on examine au spectroscopc le sang noir de l'animal qui a res- piré du nitrite d’amyle, on remarque que les raies de l’hémoglobine oxygênées sont considérablement atténuées et qu’en outre une bande d'absorption existe dans le rouge à peu prés à la place de la raie de l’hématine. Le sang ayant, le lendemain, recouvré son pouvoir absorbant, la raie dans le rouge a disparu et les deux bandes de l’oxyhémoglobine ont repris leur apparence normale. Nous dirons de plus que, si on vient à traiter par une base ou un carbonate alcalin le sang altéré par le nitrite, ce sang redevient rouge; la raie que nous venons de signaler disparaît instantanément et les bandes des l’oxyhémoglobine reparaissent clairement. Il conviendrait de déterminer quelle modification intime subit l’hé- moglobine du sang. Nous pouvons dire que l’on ne peut plus faire cristalliser, comme à l’état normal, l’hémoglobine du sang de cobaye traité par le nitrite d’amyle. Nous savons en outre que du sang, placé sur le mercure en présence du nitrite d’amyle, laisse dégager, en vingt-quatre heures, plus de 42 0/0 d’azote, 2 0/0 d’acide carbonique et des traces seulement d'oxygène. Il se passe donc là un phénomène chimique dans lequel l'oxygène du sang disparait et où se produit de l’azote. c. r, 1876. 28 218 Nous pouvons, dès aujourd’hui, dire que la plupart des nitrites ont sur le sang et sur les phénomènes respiratoires une action analogue à celle du nitrite d’amyle. — M. Ricnmer communique à la Société ses études sur la vitesse et les modifications de la sensibilité chez les ataxiques. (Voir aux Mé- MOIRES.) — M. Carvize (de Menton) assiste à la séance. — MM. Dupuy (de New-York) ,Mieizejewski (de Saint-Pétersboure), Nicati (de Zurich) sont nommés membres correspondants de la Scciété de Biologie. Le scrutin est ouvert pour la nomination d’un membre titulaire. Le dépouillement du scrutin donne : 24 voix à M. Picard. 2 — à M. Chouppe. 4 — à M. Duval. M. Picard est nommé membre titulaire de la Société de Biologie. Séance du 24 juin 1896. M. De Sinéry demande la parole à propos du procès-verbal : . Je tiens, dit-il, à répondre aussi exactement que possible, et avec les textes sous les yeux, à l’interpellation que m’a adressée M. Blot dans la derniére séance. - . Notre collègue m’a d’abord reproché de n’avoir pas assez tenu compte de ses recherches sur la glycosurie des nourrices. Cependant, les premières lignes du travail que j'ai présenté à la So- ciété en 4872 sont ainsi conçues : « Depuis que M. Blot, en 1856, a signalé la présence du sucre dans l’urine des femmes en couche, des nourrices- et d’un certain nombre de femmes enceintes, ce sujet a été l’objet d’un nombre considérable de travaux en France et à l'étranger. » Après avoir fait l'analyse de ces différents traveux, je reprends à la page 5 : « Pendant les recherches que je faisais en 1872 sur le foie des femelles en lactation, j'avais été. surpris de ne jamais trouver de sucre dans l’urine de lapines en pleine lactation, dans quelques cas où je l’avais cherchée. Ce fait, en contra- diction avec la loi établie par M. Blot pour la femme, m'a engagé à reprendre cette question. « Je n’ai pas besoin d’en citer davantage pour montrer que j'ai par- ER . 219 faitement tenu compte, Comme je le devais, des recherchés de notré collègue. Ensuite M. Blot nous a dit que les faits cités par moi ns avec les siens, que nous ne difiérions l’un de l’autre que sur l'interpré- tation. Or M. Blot dit(1) : « Le sucre existe normalement dans Vaste de toutes les femmes en couche, de toutes les nourrices et d’un certain nombre de femmes enceintes. ». Je dis, au contraire (p. 7), en me basantsur 19 observations person- nelles, dont 14 sur la femme, 3 sur des chiennes et 2 sur des lapines : « Je suis arrivé, je crois, à démontrer qu’on peut à volonté produire la glycosurie chez les nourrices en supprimant brusquement l’allaite- ment. Et dans tous les cas où, par une cause quelconque, la dépense de la glande mammaire est entravée, on voit apparaître le sucre dans l'urine. Quand, au contraire, la production et la dépense du lait s’équi- librent, le sucre disparaît de l'urine et tout rentre dans l’état normal. Vers le deuxième ou troïsième jour après l'accouchement, à cette période qu’on appelait autrefois la fièvre de lait, jai toujours trouvé du sucre dans l'urine, etc. » < Ensuite, à la page 14, je lis : « La glycosurie est loin d’être con- stante chez les nourrices, 11 n’est donc pas surprenant que certains au- teurs aient nié le phénomèéne affirmé par d’autres. En outre, sous l’in- fluence des causes diverses qui peuvent rompre l'équilibre entre la quantité de lait produit et dépensé, on comprend comment le phéno- rène de la glycosurie peut varier d’un moment à l’autre chez les nour- rices. » On voit que nous différons complétement, M. Blot et moï, non sur l’inteprétation des faits, mais sur les faits eux-mêmes. Nos recherches, cependant, concordent sur un point : nous avons l’un et l’autre trouvé constamment du sucre dans l’urine au moment de la montée du lait. Je ferai remarquer, en outre, que j'ai employé une méthode beau- coup plus précise pour la recherche du sucre. La méthode du saccha- rate de potasse, que je donne en détail à la page 6 de mon mémoire. J'ai enfin, par des expériences sur des animaux, confirmées par des dosages de sucre dons le sang, déterminé les conditions sous l’influence desquelles se produit le phénomène de la glycosurie, phénomène que (1) GazeTTe nxepomanaire, 1856, p. 720, et Compres-RENDUS DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES, t. XLIII, 1856, p. 676 : De la glycosurie physiologique chez les femmes en couches, les nourrices etun cer- tain nombre de femmes enceintes. 220 M. Blot (1) a beaucoup généralisé. Je rappellerai, en terminant, que M. Blot a prétendu « que l’examen des urines pouvait servir jusqu’à un certain point à juger de la valeur d’une nourrice ». Or, je crois que cette opinion mise en pratique serait des plus préju- diciables. Malgré les nombreux faits que j'avais observés avant et après mon mémoire, pour me placer exactement sur le terrain de M. Blot, j'ai choisi, il y a deux jours, les trois plus belles nourrices du service de M. Depaul, à l'hôpital des Cliniques. J'ai examiné les urines rendues pendant dix-huit heures par ces trois femmes, qui n'étaient point des accouchées, mais des nourrices destinées aux enfants de la Clinique. De ces trois femmes, l’une allaitait depuis quatre mois, l’autre de- puis sept et la troisième depuis dix. | Pour aucune des trois nous n’avons trouvé la moindre trace de sucre, ni par la liqueur cupro-potassique, ni par la potasse, ni par le bis- muth (2). Est-ce à dire que nous connaissions complétement la nature et le processus de la glycogénie des nourrices ? Certainement non; et, la preuve que je ne le crois pas, c’est que je poursuis en ce moment, au laboratoire de physiologie dn Muséum, une série de recherches :qui m’améneront, j'espére, à faire faire un-pas de plus à la question. Jusqu'à présent je n’ai pas obtenu de résultats assez nombreux et assez certains pour être décisifs. Tout ce que je puis dire aujourd’hui, c’est que tous les faits que j’ai observés nouvellement confirment ceux que j'avais déjà publiés. Je ne veux pas abuser plus longtemps des moments de la Société, et je dirai à notre collègue qu’en reprenant ses recherches, et avec la bonne foi qui le caractérise, je ne doute pas un instant qu'il n'arrive absolument aux mêmes conclusions que celles que j’exposais en 1873, et que je maintiens intégralement aujourd'hui. M. BLor est d'accord avec M. de Sinéty, sauf sur an point : il ne peut (1) Notre collègue a dit aussi, dans la dernière séance, qu’il avait expérimenté sur des animaux. Mais je n’appelle pas expérimenter, que de prendre de l’urine de vache et de l’analyser sans indiquer d’aucune facon dans quelles conditions se trouvaient ces vaches. C'était peut- être trop longtemps aprés la traite et alors dans les cas que j'ai in- diqués. (2) Cette recherche a été faite en présence de M. le docteur Pinard, chef de clinique, des élèves du service, et avec le contrôle du pharma- cien de l’hôpital et d’un jeune chimiste, directeur d’un laboratoire ‘le chimie de la Faculté, | : 221 admettre l’absence de la glycosurie chez les nourrices qui se trouvent dans des conditions ordinaires. Les nourrices de la clinique, que M. de Sinéty à choisies pour faire ses recherches, sont loin de se trouver dans des conditions ordinaires ; car elles donnent le sein à plusieure en- fants et il un résulte qu’elles dépensent quotidiennement une quantité excessive de lait; on ne saurait s'étonner qne chez ces nourrices le su- cre disparaisse de l’urine. Chez celles, au contraire, qui n’allaitent qu’un enfant, la glycosurie est constante ; elle est seulement plus ou moins abondante; la cause de ces variations n’est pas encore bien dé- terminée ; il est probable, cependant, que le sucre est éliminé en quantité moindre après les tétées abondantes et en quantités plus con- sidérables lorsque l’excrétion du lait n’a pas eu lieu depuis un certain temps. La valeur des moyens dont M. Blot s’est servi pour constater la pré- sece du sucre ne peut être mise en doute, car il a eu recours, concur- remment aux réactions par la liqueur de Fehling et par la potasse, à l'examen polarimétrique et à l’extraction de l'alcool. . Les expériences de M. Blot ont été faites sur neuf vaches qui se trou- vaient dans des conditions ordinaires. Enfin, M. Blot ne peut admettre, avec M. de Sinéty, que la glyco- surie augmente quand on fait cesser la sécrétion laiteuse, c’est l’excré- tion qu'il faut dire pour que la proposition soit exacte. . La glycosurie augmente en même temps que la sécrétion, si l’ex- crétion reste la même ; elle diminue si la sécrétion diminue. M. DE SiNÉTY a cru pouvoir faire ses recherches sur des nourrices quelconques, car M. Blot avait dit qu'il trouvait du sucre dans l’urine de toutes les nourrices. Ce n’est pas seulement, d’ailleurs, chez les nourrices de la clinique qu’il a constaté, dans des conditions qu'il a indiquées, l’absence de la glycosurie, mais aussi chez une nourrice qui n'avait qu'un seul nourrisson et se trouvait dans des conditions ordi- naires, Relativement aux expériences de M. Blot sur les vaches, M. de Si- néty exprime le resret que le moment où a eu lieu l'examen, par rap- port à la traite, n'ait pas été indiqué. — M. Luys fait la communication suivante : TECHNIQUE HISTOLOGIQUE. — EMPLOI D'UNE NOUVELLE MATIÈRE NOIRE DÉRIVÉE DE L'ANILINE (Voir COLIN), POUR LES PRÉPARATIONS HISTO- LOGIQUES ET LES REPRODUCTIONS PHOTOGRAPHIQUES. Cette matière colorante, dont M. Luys vante les bons effets, au point de vue de sa persistance, de ses qualités photogéniques et de la. 222 façon dont elle se comporte vis-à-vis des éléments histologiques, est connue commercialement sous la dénomination de noir Colin. Ellese présente sous deux états : sous forme de noir pur et sous forme de noir bleu. C’est un dérivé de l’aniline. Elle se présente sous l’apparence d’une poudre très-fine et trés-soluble dans l’eau. Une solution au dixième suffit d'habitude pour colorer les coupes histolosiques, une fois qu’elles ont été débarrassées, au préalable, de l’acide ehromique à à l’aide d’une immersion successive dans l’eau ammoniacale d’abord, puis dans un second bain d’eau acidulée par l'acide chlorhydrique. Il suffit de les immerger alors, pendant trois ou quatre minutes, dans la solution précédente pour obtenir une teinture suffisante. Au bout de ce temps, on lave les pièces dans de l’eau simple, & fixatif, puis dans de l’alcool ordinaire, ensuite dans de l’alcoo! absolu, etenfin, dans la térébenthine, pour les fixer ensuite et les encadrer dans le baume de Canada. Cette matière colorante nouvelle, étant très-dif- fusible, s'attaque aux éléments histologiques les plus téuus et les met ainsi dans des conaitions de visibilité nouvelles. C'est ainsi qu’elle rend apparents certains détails que les rayons rouges du carmin ne révélent qu’incomplétement. Elle a encore l’avan- tage d’être plus stable que le carmin, et, au bout de deux ans, sur des pièces ainsi préparées, de révéler certains détails histologiques d’une façon encore trés-manifeste. Enfin, elle a une propriété fondamentale, et des plus précieuses, qui la fera rechercher d’une façon particulière par tous ceux qui s'occupent de reproductions photographiques des éléments histologiques. On sait combien le‘carmin, combien les matières bleues mêmes sont inaptes à donner des images précises; elle, au contraire, donne, d’une façon facile, des résultats certains, et c’est assurément un des adjuvants les plus précieux que l’on puisse employer ; d’une part, pour pénétrer, en les colorant, certains détails SIRET on des tissus ; d'autre part, pour les reproduire aisément, grâce à son pouvoir Photogetquens à l’aide des ressources de la photographie. Dééénibho à D’UNE CIRCONVOLUTION SUPPLÉMENTAIRE SIGNALÉE DANS CERTAINS CERVEAUX HUMAINS. M. J. Luys fait passer sous les yeux de la Société deux cerveaux de femmes mortes dans son service et qui présentent chacun une circon- volution supplémentaire dans le lobe gauche. Cette circonvolution supplémentaire est parallèle à la circonvolu- tion pariétale ascendante, en arrière de laquelle elle est trés-nettement située. Elle en est séparée par un sillon, qui, lui-même, est parallèle au sillon de Rolando. Dans sa partie supérieure elle naît du lobule pariétal et dans sa partie inférieure s’éteint dans la circonvolution du pli courbe. Cette circonvolution, qui jusqu’à présent ne paraît pas avoir été dé- crite d’une façon précise par les auteurs les plus récents qui se sont occupés de la morphologie du cerveau, se rencontre exclusivement dans le lobe gauche; dars le lobe droit elle est avortée ; et, chose remar- quable, les deux cerveaux qui font l’objet de cette communication ap- partiennent l’un à une femme âgée de 80 ans et l’autre à une femme de 99 ans. . Les deux femmes en question avaient conservé jusqu’à cet âge avancé l’intésrité de leurs fonctions intellectuelles; elles n'étaient ni sourdes, ni aveugles, ni paralysées. La plus âgée des deux avait même vécu dans un milieu social relativement élevé : c’était la veuve d’un notaire, et dans les derniers temps de sa vie on put constater qu’elle avait encore la pleine possession de ses facultés intellectuelles. M. Luys fait remarquer qu’il a exceptionnellement encore rencontré cette cir- convolution supplémentaire chez différents sujets à différentes phases de ieur existence. Jusque-là elle paraît ne se recontrer qu’exception- neliement, car, sur un relevé d'environ trente cas, il ne l’a observée que quatre fois jusqu’à présent. Il fait en effet passer sous les yeux de la Société une série de cer- veaux dans lesquels elle fait complétement défaut, et montre ainsi, pièces en mains, l'inégalité flagrante des différents cerveaux humains, dont les uns sont orsaniquement mieux pourvus que les autres. Il reste à étudier, au point de vue de la fréquence, si cette circonvolution sup- plémentaire, qui est véritablement une circonvolution de perfection- nement, se rencontre plus fréquemment chez l’homme que chez la femme, si elle est congénitale, à quel âge elle apparaît, et si par ha- sard elle ne serait pas liée à l’évolution progessive de l'individu et ne se développerait pas en raison directe de sa longévité. M. Craune Bernarp : Si l’on pouvait trouver quelques particularités d’orsanisation en rapport avec le développement des facultés intellec- tuelles, on pourrait peut-être arriver à distinguer les cerveaux ayant appartenu à des hommes supérieurs. Magendie racontait, à ce sujet, qu'ayant placé, l’un à côté de l’autre, le cerveau d’un homme de génie et celui d’une vieille femme morte dans son service à la Salpétriére, Gall et Spurzheim, appelés à les examiner, n’avaient pu parvenir à les distinguer. M. Luys : La confusion pourrait, sans doute, être évitée aujour- d’hui ; il mettra sous les yeux de la Société le cerveau d’une vieille femme idiote; on verra que sa masse est diminuée et que plusieurs de ses circonvolutions sont en partie effacées, 224 - — M. Vipas a continué sur une grande échelle ses inoculations d’af- fections cutanées. ]1 a obtenu plus de 400 inoculations positives d’ecthyma. Il à réussi dernièrement à inoculer le pemphigus des nou- veau-nés. Cette affection peut se présenter sous trois formes distinctes : 19 le pemphigus syphilitique, caractérisé par des bulles purulentes, qui siégent surtout à la plante des pieds et à la paume de la main; 29 le pemphiqus cachectique, habituellement précédé d’amaigrisse- ment et de diarrhée et dont la condition pathogénique essentielle est cet état d'inanition lente et si bien décrite par M. Parrot sous le nom d’athrepsie ; 3° le pemphiqus épidémique; ce dernier se développe souvent chez des enfants de belle apparence; c’est généralement du troisième au huitième jour après la naissance qu’il apparaît. Il ne s’ac- compagne pas de troubles de la santé générale. M. Vidal en a observé récemment dans ses salles une vingtaine de cas. C’est cette variété qu’il à réussi à inoculer sur la personne de M. Rœser, externe à l’hôpital Saint-Louis. Première inoculation. — Le 14 juin, à la visite du matin, inocu- lation sur la face antérieure de l’avant-bras au moyen d’une épingle chargée de liquide séro-purulent recueilli dans une petite bulle d’unen- fant atteint depuis quatre jours de pemphigus épidémique; cette bulle n'avait pas plus de six heures d’existence ; deux piqures sont faites, la première profonde, la deuxième plus superficielle ; ni l’une, ni l’autre n’amèêne de sang, elles provoquent presque immédiatement une rougeur diffuse qui disparaîtau bout de deux heures, pour reparaître seulement le lendemain, il n’y a pas de démangeaisons. | 15 juin, jour. La rougeur ne disparaît pas; à la pression l’épi- derme est un peu plissé, les bords de la plaque érythémateuse sont, saillants et nettement arrêtés. 17, 4 jour. Démangeaisons assez vives le matin, sans changement d'aspect. Au bout de deux heures à peine, l’épiderme soulevé en plu= sieurs points de la surface érythématheuse. Ce ne sont pas des vésicules c'est la bulle qui se forme d’emblée, comme sous un emplâtre vésicant, il n’y a pas d’auréole. Quatre heures aprés la bulle 2 5 millimètres de diamètre ; elle est remplie d’un liquide clair. La bordure a disparu dans le soulèvement. Démangeaison assez vive pendant la formation du li- quide. La bulle est englobée sous un verre de montre. Pas d’adénite. La rougeur de la 28 piqûre persiste diffuse sans formation de bulle. 18. La bulle à augmenté en largeur, mais, percée en un point, élle laisse échapper le liquide à mesure de sa formation. 6 19. 68 jour. Le diamètre transversal est de 1 centimètre 1/2, le lon- gitudinal de 1 centimètre. Le liquide est devenu séro-purulent: il est 225 alcalin. Son évacuation laisse voir la coloration rouge très-fortement accentuée du derme sous-jacent. La 2 piqûre a produit un léger décollement épidermique peu large, sans liquide avec coloration rouge intense du derme au-dessous. 320 juin. 79 jour. La bulle de l’avant-bras est affaissée et forme une large tache rouge sur laquelle l’épiderme s’enlève facilement, d’une seule pièce; ses bords sont encore soulevés par un peu de liquide. 23, dixième jour. L’épiderme s’est séchéet détaché. Il nereste qu’une surface rosée dont la coloration disparaît facilement par la pression, recouverte d’un épiderme mince, pityriasique. — Trois autres piqûres ont été faites aussi sur l’avant-bras avec du liquide séreux tiré d’une autre bulle du même enfant. Une seule a pro- duit une tache rouge, étroite, au niveau de laquelle l’épiderme s’est détaché. Les deux autres n’ont donné lieu à aucun résultat, si bien qu’au bout de peu de temps, il devenait impossible d’en retrouver la place. Il en a été dans ce dernier cas, comme dans ceux où nous avons fait des piqûres sans changer l’épingle de liquide. Troisième inoculation. — Le liquide de Ja bulle de l’avant-bras sert au sixième jour à faire deux piqûres à la jambe, 20 juin. Le lendemain matin, les deux inoculations donnent des bulles petites, sans base indurée, sans auréole inflammatoire, à liquide séreux, alcalin, assez abondant. Pas d’adénite. 21. L'une des bulles se rompt, son liquide ne produit rien. 22. L'autre bulle a persisté et s’est agrandie. Celle qui s’est rompue la veille présente une coloration rouge bien marquée, elle est recouverte d’épiderme desséché, et en un point d’une croutelle mince qui marque l'endroit de la rupture. Ces deux lésions sont moulées par M. Baretta, le liquide de la bulle sert à faire de nouvelles inoculations. 23. Sur cinq ou six nouvelles inoculations, deux seulement ont réussi. — M. Poncer présente, au nom de M. B£RYER médecin en chef à l'hôpital militaire de La Calle (Algérie), un corps étranger extrait du corps d’un enfant dans des circonstances assez curieuses. C’est un épi de Vulpin des prés avec une partie de sa tige repliée sur elle-même, parallèlement à l’épi, hérissée de barbes, et mesurant 5 centimêtres de longueur 1 de large à peu près. Ce corps étranger a été avalé par un enfant de 11 mois jouant sur l’herbe sans que la mére, occupée à d’au- tres soins en ce moment, s’en aperçut. Pendant quinze jours à trois sz-- maines, l’enfant ne parut nuliement incommodé. Mais alors, explosion d'une pneumonie de la base du poumon droit, qui donne lieu cinq ou six jours après à la formation d’un petit abcès en arrière du côté ma- c. R.‘1876. 29 lade, entre la dixième et la onzième côte. Ouverture spontanée du foyer et apparition à l’ouverture de cet épi qui se présenta au point où la tige se repliait sur l’épi. La mère retira elle-même cette tige sans difficulté et entière. Tous les accidents cessèérent presque immédiatement. Il existe encore une petite fistule pulmonaire, un mois après l’acei- dent, mais la maladie est en voie complète de guérison. d M.Rewaur : C’estun cas à ajouter aux faits déjà nombreux dans les- quels on a vu des graminées introduites dans l’organisme en sortir spontanément. — M. GeLé fait une communication sur l’explication de la sensi bilité acoustique au moyen du tube interauriculaire. (Voir aux Mé- MOIRES.) — M. Cours communique l’observation suivante : NOTE SUR UN CAS DE PURPURA HOEMORRHAGICA, Observé dans le service de M. le professeur Villemin. Le cas suivant ne nous paraît pouvoir être rapporté à aucune des espèces de purpura décrites classiquement. La première éruption de purpura est survenue le 19 mars brus- quement, sans prodomes, sur un enfant de 13 ans, bien portant du reste : le 25, nouvelle poussée hémorrhagique cutanée ; depuis cette date jusqu’au 11 jnin, on a observé 17 autres éruptions de purpura, survenant toujours brusquement, sans prodromes, et séparées les unes des autres par des intervalles variables de 1 à 10 jours; les taches rouges de 5 à 15 millimètres de diamètre ne s’effaçant pas par la pression, et mettant plusieurs jours à disparaître ont été plus ou moins abondantes, suivant les éruptions, les premières presque confluentes aux membres, les dernières bornées à sept ou huit écchymoses. Pendant le même temps, le malade a eu dix-sept crises intesti- nales, la première le93 mars, la dernière le 19mai; crises toujours caractérisées par des vomissements billeux répétés, et par des co- liques atrocement douloureuses, avec rétraction du ventre, consti- pation. Ces accidents, comparables à la colique saturnine, ont duré quelques heures, un jour, une fois seulement trois jours; les inter- valles des crises très-différents ont varié entre un et quinze jours ; etiln'y a eu aucun rapport entre les accidents intestinaux et cutanés; ils sont survenus quelquefois en même temps, plus sou- vent à un ou plusieurs jours de distance ; ou encore plusieurs pous- sées de purpura n’ont été entremêlées d'aucun accident intestinal, et réciproquement. 227 Le 214 mars, les cous-de-pied étaient gonflés et douloureux; le 12 avril, gonflement des poignets; le 22 œdème palpébral; le 17, au moment où les accidents sont à leur maximum, légère épitaxis; le 18, selles mêlées de sang rouge, et le lendemain melœæna; mais pas d'autre hemorrhagie interne; pas d’altération des muqueuses et des gencives : état général normal et appétit toujours bon, dans l’in- tervalle des crises, hormis à la période moyenne de la maladie où l'enfant était affaibli par des crises répétées ; pas de céphalalgie, pas de troubles cardiaques ou respiratoires : température variant entre 3695 et 37, hormis trois ou quatre exacerbations légères et peu du- rables, qui tantôt ont coïncidé avec une poussée, et tantôt ont existé seules. L'état de l'enfant n’a donc pas été modifié par la maladie; il es seulement anémié, ?%,300,000 globules le 99 avril, 3,100,000 à sa sortie, fin juin; pas de souffle vasculaire ou cardiaque. Ajoutons que l’urine, après quelques-unes des éruptions. a été alcaline, et a donné par l’ébullition un précipité que dissolvait l'acide azotique. Nous avons trouvé dans les auteurs un certain nombre de cas ana- logues au précédent, et nous nous proposons de les réunir et d’en faire une histoire plus compléte. Dans toutes ces observations dues à Rayer, Willon, Ollivier d'Angers, Cruveilhier, Stieldorf, Henoch, Wagner, etc., etc., on voit survenir sans causes, sans prodromes, sur des individus bien portants la trilogie caractéristique : 1° pur- pura cutané se produisant par poussées brusques, sans hémorrha- gies des muqueuses ; 2° Crises intestinales, multiples, coliques et vomissements ; 3° OEdèmes divers, douloureux le plus souvent, arti- culaires ou prœarticulaires, mais pouvant aussi siéger à la face, an front, à la lévre, et surtout aux paupières. Ces accidents œdémateux, peu marqués chez notre malade, sont trés-importants chez d'autres, par exemple dans l'observation très- intéressante consignée par M. Vallin dans la GazeTTE Mépicace de 1863, et ces derniers cas établissent une transition entre le genre de purpura que nous étudions, et beaucoup des observations considé- rées comme type de purpura rhumatismal; telles étaient celles de Bucquoy, de Fernet, de Worms, dans lesquelles on voit les pous- sées de purpura coexister avec des œdèmes siégeant soit sur les ar- ticulations, soit sur les membres, et aussi sur la face, le front, l’angle de la machoire. Nous voudrions réunir tous ces faits dans une classe de purpura d’origine nerveuse; comparer les accidents intestinaux à la colique saturnine, ou encore aux crises gastriques des ataxiques; assimiler les œdèmes en l'absence de toute altération du sang pouvant les 228 expliquer, aux œdèmes des névralgies, de l’ataxie etc,; rapprocher le purpura des hématidroses névropathiques qu’a étudiées M. Parrot, et des autres hémorrhagies d’origine nerveuse. Il nous a semblé même possible d'aller plus loin, et, à l’aide d'expériences ou d'observations dues à Vulpian, Brown-Séquard, CI. Bernard, Charcot, Budge, Muller, Longet, Arm. Moreau etc. nous avons cru pouvoir expliquer les troubles si complexes observés chez ces malades par une excitation morbide du système sympa- thique. Ne pouvant aborder ici cette discussion, nous nous contentons de signaler l'existence d’un type nonveau de purpura, quine paraît avoir sa cause, ni dans une lésion d’un des viscères hemotopoiéti- ques, ni dans une altération du sang ou des parois vasculaires. — M. A. Prrres communique un travail sur l’hémianesthésie d’ori- sine cérébrale et sur les troubles de la vue qui accompagnent. (Voir atx MÉMOIRES.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JUILLET 1876 Par M HALLOPEAU, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 1° juillet 1876. DESCRIPTION DU CERVEAU D'UNE FEMME IMBÉCILE. M. Luvs fait passer sous les yeux de la Société une série de cer- veaux normaux recueillis chez des sujets de divers âges et destinés à montrer par comparaison les différences notables qu’ils présentent avec celui d’une femme imbécile, morte dans son service, dont il apporte le spécimen. | Il s’agit, en effet, d’une femme morte à l’âge de 65 ans et qui a passé toute sa vie à la Salpétriére. Elle y était entrée dans sa jeunesse et avait été placée dans la division des idiotes ; elle se développa peu à peu, régulièrement, sans cependant pouvoir apprendre ni à lire ni à écrire; et comme elle ne présentait aucun vice de caractère, elle. fut, à un moment donné, placée dans la catégorie des admises, Elle passa toute sa vie dans les dortoirs, allant et venant comme toutes ses com- pagnes, et sans aucune infirmité. Elle répondait juste aux questions qu’on lui faisait; elle prenait réouliérement ses repas et occupait ses loisirs à faire de la charpie. 230 La seule passion qu’elle manifesta dans toute son existence fut l’attrac- tion invincible qui l’attirait vers les chats ; elle aimait passionnément tous ceux de l'établissement ; elle se privait de ses aliments en leur faveur, si bien que quand elle sortait elle avait toujours aprés elle une troupe de chats qui lui faisaient cortége, On l’appelait communément la Mère aux Chats. — Cette femme fut prise subitement d’accidents de congestion cérébrale auxquels elle succomba. L'examen de son cer- veau fit constater les particularités suivantes : D'une manière générale il était régulièrement constitué, seulement il était de petit volume; les divers systèmes de circonvolutions cérébrales étaient tous également représentés à droite et à gauche, seulement chacun d'eux était grêle et les sillons de séparation peu profonds. Les circonvolutions première, deuxième et troisième frontales étaient réduites à l’état de plis à peine ondulés et de très-petit volume ; les plis du lobe sus-orbitaire étaient à peine indiqués ; la frontale et la pariétale ascendantes étaient pareille- ment de petit volume; celles des régions pariétales et occipitales étaient aussi très-peu développées. À la portion interne des hémis- phéres, la circonvolution crétée était à peine marquée, et le détail, qui a paru le plus important à noter dans cet examen, ça a été le lobe carré. Le lobe carré, en effet, dans le lobe gauche, était réduit à l’état rudi- mentaire ; c’est à peine s’il présentait une ou deux incisures ; transver- salement, il mesurait 2 centimètres. La même région du lobe carré, examinée dans le lobe droit, présentait au contraire une plus srande surface; il mesurait 3 centimètres de largeur et, de plus, était occupé par un sillon coupé lui-même par deux incisures transversales. Les parties centrales du cerveau n’ont présenté, en apparence, rien de bien notable à signaler. d En somme, il s’agit d’un cerveau d’imbécile, caractérisé par arrêt de développement des circonvolutions frontales et du lobe carré du côté gauche. Inutile d'ajouter que la circonvolution supplémentaire, dont M. Luvys a signalé la présence dans la précédente séance, faisait ici compléte- ment défaut. MODIFICATION SPÉCIALE DU CERVEAU RENCONTRÉE CHEZ TROIS SUJETS CANCÉRÉS. M. Luys présente encore à la Société trois cerveaux appartenant à des individus atteints de cancer, et qui offrent une modification toute spé- ciale dans leur apparence. M. Luys rappelle qu'ayant mis indistincte- ment les cerveaux des sujets qui ont succombé cet hiver dans son ser- Vice dans une solution étendue d’acide azotique, et ces cerveaux ayant été traités par les mêmes procédés de dessication, il à été frappé dé voir 231 qu'un certain nombre d'entre eux se présentaient avec une manière “d’être spéciale (t). En recherchant quelles étaient les conditions propres des individus à qui ils avaient appartenu, il'a été frappé de constater qu’ils provenaient de sujets cancérés. Le premier dont il présente l'échantillon à la Société appartient à un homme qui a succombé à un cancer de l'estomac à l’âge de 65 ans; le second à une femme de 70 ans, qui a succombé à un cancer du sein ; le troisième à une femme de 68 ans, qui a-succombé à un cancer dn cardia et de l’œsophage. Voici en quoi consiste la modification : Les circonvolutions, céllés de la face externe et interne, sont toutes séparées par des sillons três-pro- fonds, elles sont émaciées, réduites de volume, ‘et leur contour, au lieu d’être arrondi, est taillé à pie, si bien que leur face supérieure.et leurs bords forment une arête vide. Il résulte de la résorption dela substance corticale, que les plis cérébraux sont distants les uns des autres, et qu'ils sont séparés entre eux, non plus par des sillons, mais par des espèces de ravines profondes et irrégulières. Il est à noter que cette modification caractéristique de l'aspect morphologique du cerveau ne se présente pas d'une façon aussi nette avant l'immersion dans le bain d’acide azotique, et que c’est à l'intervention de ce réactif que l’on doit la mise en saillie de cet aspect spécial de la substance cérébrale. M. Luys se contente pour le moment de signaler ce fait nouveau à (1) Le procédé usuel généralement employé pour K conservation des cerveaux, et formulé par M. Broca, consiste ‘à les plonger dans un bain contenant pour 100 volumes d’eau, 40 à 12 ‘volumes d'acide azo- tique. Après avoir enlevé la pie-méêre avec soin et séparé par une inci- sion les deux lobes droit et gauche l’un de l’autre, on les lave avec précaution pour les expurger du sang qu’ils contiennent, puis on les immerge dans un bain acidulé pendant quinze à vingt jours, en-ayant soin de les visiter souvent et d'ajouter quelques portions d'acide pour maintenir le bain au même degré de saturation. Quand ‘on juge qu’ils sont suffisamment durcis, on les retire du‘baïin en ayant la précaution de les laisser sécher à l’air libre, à l’ombre, et en les faisant reposer sur une grosse éponge. M. Luys conseille de perfectionner ce procédé en plongeant les cer- veaux, au sortir du bain d'acide azotique dans une solution saturée de sulfate de zinc. Aprés une série d’essais variés, il a reconnu que cetteso- lution était la plus efficace pour augmenter le durcissement et-pour maintenir la coloration blanchâtre du cerveau. Une fois le cérveau suf- fisamment sec, il étend au pinceau une couche de vernis copal, et con- serve les pièces ainsi préparées à l’abri de l’air ét dans un lieu frais. 232 l'attention de la Société, se réservant de poursuivre ‘ultérieurement cette étude, qui ne s’appuie aujourd’hui que sur un nombre restreint d’ob- servations, et qu’il s’agit de compléter d’une part par l'examen direct de l'histologie du cerveau au point de vue des modifications survenues dans la constitution des divers éléments de la trame cerébrale, et, d’autre part, par des examens comparatifs destinés à montrer si d’autres états diathésiques, tels que la tuberculose, la srcofule, la syphilis, etc., ne se- raient pas aptes à déterminer dans le cérveau des modifications de même ordre. M. LÉPinE : Pour apprécier exactement les modifications que peut subir l'écorce cérébrale, il est important de mesurer la surface complète des circonvolutions, en tenant compte de la profondeur des sillons qui les séparent; on a reconnu, en effet, que le rapport de la surface de l’arachnoïde et celle de la pie-mèêre pouvait varier beaucoup d’un sujet à l’autre. M. Macnan : Il y a longtemps déjà que des physiologistes français, en particulier Gratiolet, ont montré que, pour mesurer la surface céré- brale, il fallait tenir compte de la pronfondeur des sillons, et qu’ils se sont efforcés de trouver un rapport entre cette surface et le développe- ment de l'intelligence. 12 — M. Haye fait une communication relative à la maladie de Wer- hoff. Cette affection qui, sans être commune, se préesnte néanmoins de temps en temps à l'observation, est de celles sur lesquelles on ne s’est pas encore formé une opinion bien arrêtée. M. Hayem en a eu récem- ment sous les yeux, à l'hôpital temporaire, un exemple remarquable ; les études auxquelles il s’est livré à cette occasion, sans donner la solu- tion du problème, lui paraissent indiquer dans quelle direction on devra ia chercher. RÉSUMÉ DE L'OBSERVATION. — Le malade, âgé de 32 ans, employé aux cuisines de l'Ecole polytechnique, est d’une constitution moyenne- ment vigoureuse; il porte au cou des cicatrices de scrofule. Il a pu prendre part à la guerre et il faisait régulièrement son service. Les conditions hygiéniques dans lesquelles il vivait n étaient pas mauvai- ses; il faut tenir compte cependant de l'influence nocive qu’un séjour prolongé auprès des fourneanx a pu exercer sur sa santé. La maladie a débuté par un majaise général accompagné de courkature et d’abatte- ment : au bout de quinze jours environ, les hémorrhagies ont paru ; il s’est produit successivement une éruption de pétéchies analogue à celles que l’on a décrites sous le nom de piqueté scorbutique, une série d’épis- taxis d'abondance modérée, un écoulement de sang par l'oreille droite, à. la suite duquel.le malade est resté un peu sourd, et enfin des hémor- hits. SE SM si Te rhagies gingivales réitérées, rebelles et assez abondantes pour remplir deux crachoirs par jour. Quand le malade est entré à l'hôpital, il était dans un état d’anémie profonde, très-affaissé: il ne quittait plus son hit; sa parole était lente; les hémorrhagies continuant, cet état ne fit que s’accentuer davantage ; il était indiqué dans ces conditions de pro- céder à la transfusion. Cette opération fut pratiquée sans entrave d'accidents; le malade accusa seulement un peu de lourdeur de tête pendant les heures qui suivirent, Après une amélioration passagére, l'anémie fit de nouveaux progrès; il survint du délire, et bientôt le malade succomba sans qu'il se fut produit de nouvelles hémorrhagies. L’affection avait duré trois semalnes environ; elle s'était accompagnée d’une réaction fébrile sans caractères déterminés ; la transfusion déter- mina d’abord une élévation momentanée. punis une chute de la tempé- rature ; mais cet abaissement fût de courte durée, .et bientôt suivi d’une nouvelle élévation qui persista jusqu’au moment de la mort. L'examen du sang, pratiqué pendant la vie, avait montré qu’il renfer- mait un grand nombre d'éléments blancs, dont la plupart différaient des leucocytes par leur forme et leurs réactions, et présentaient, au contraire, beaucoup d’analogie avec les éléments embryonnaires ; les plus petits, du volume d’un globulin, éteient constitués par une masse de protoplasma, dans lequel on trouvait un gros noyau, finement gra- nuleux, avec un nucléole frès-apparent. D’autres, plus volumineux que les globules blancs adultes, étaient constitués par deux ou trois de ces noyaux entourés d’une masse cellulaire. M. Hayem avait été dés lors conduit à penser que les hémorrhagies pouvaient être dues à des in- farctus produits par l’accumulation dans les artérioles de ces éléments anormaux. L'examen histolosique des viscères à permis de constater des faits que l’on peut invoquer en faveur de la même opinion. L’autopsie ‘a été pratiquée dans d'assez mauvaises conditions, en ce sens que le cadavre était déjà, au moment où elle a été faite, dans un état de putréfaction assez avancée. La rate était très-volumineuse ; le foie, profondément lésé, était parsemé de taches décolorées; la plèvre, le péricarde, l’en- docarde et les méninges étaient le siége d'hémorrhagies analogues à celles de la peau. La surface de l’encéphale présentait en divers points dse lésions analogues, particulièrement au niveau du cervelet et des lobes olfactifs; on peut s'expliquer ainsi le délire des derniers jours. Des incisions, pratiquées au niveau de ces taches hémorrhagiques, montrérent que leur forme était celle d’un infarctus. Les recherches microscopiques ont porté sur la peau, l’encéphale et le foie. Les lésions observées dans la peau ont été les mêmes que M. Hayem avait signalées à la Société, en 1869, dans un cas de purpura hémor- G. R, 1876. 30 234 rhagica. Les ecchymoses, dans ce fait, offrent, sur leur surface de sec- tion, la forme d’un triangle à base périphérique ; on trouvait à leur niveau, dans le tissu cellulaire sous-cutané, de grosses artérioles obli- térées par des caillots ; la membrane interne de ces vaisseaux était le siége d’une inflammation que l’on pouvait considérer comme la cause probable de la thrombose. Chez le malade, dont M. Hayem vient de rapporter l'observation, les pétéchies présentaient la même forme; une artériole oblitérée y aboutissait également; des coupes transversales ont montré que l’endothélium de ces vaisseaux était en voie de proliféra- tion ; au centre, on voyait des débris de caillots au milieu desquels on distinguait de nombreux éléments blancs plus ou moins altérés. L’en- dartérite a-t-elle été ici le point de départ de la thrombose , ou s’est- elle, au contraire, développée consécutivement à l’oblitération du vais- seau par des éléments empryonnaires dont on avait constaté la présence dans le sang ? La question ne peut être décidée. Dans les foyers encéphaliques, on a trouvé de même des artérioles oblitérées par des caillots formés surtout de globules blancs ; l’endo- thélium de ces vaisseaux était également en voie de prolifération. Les lésions du foie ont été trouvées identiques à celles que M. Vulpian et Hayem avaient signalées dans certaines formes d'infection puru- lente, sous les noms de taches anémiques et d’abcès miliaires. Les radicules portes étaient oblitérées à leur niveau par des globules blancs et par une matière granuleuse provenant de la segmentation de cail- lots ; des globules blancs étaient accumulés à leur périphérie et dans les capillaires des acini. Ces lésions ressemblent à celles que l’on observe dans certaines septicémies; on peut donc penser que la maladie de Werhoff doit être rapprochée de ces affections; elle consisterait essentiellement en une altératlon du sang qui donnerait lieu à des endartérites desquammatiques. M. VipaL : Dans son intéressante communication sur le processus de l’hémorrhagie cutanée du purpura, M. Hayem nous a montré des lé- sions vasculaires qui pourraient se rapporter aussi bien à l’embolisme qu’à la trombose.La friabilité des capillaires, l’altération de 1eurs parois ont déjà été signalées par plusieurs auteurs et, en particulier, par M. Humbert Mollière (1). L’altération du sang constatée par notre collègue est-elle identique dans tous les cas? Est-elle l’aboutissant nécessaire des causes si mul- tiples et si variées qui peuvent donrer naissance au purpura? C’est ce nn om (1) ANNALES DE DERMATOLOGIE ET DE SYPHILIGRAPHIE, t. V, p. 44, 1813-74. 235 qu'on doit étudier, mais ce qu'on ne pourrait encore affirmer. Dans l’état actuel de la science, le syndrome, connu autrefois sous le nom de morbus maculosus hemorrhagicus de Werlhof, le purpura hæmor- rhagica n’est pas une maladie, mais un symptôme commun à plusieurs maladies. Sur ce point, jesuis absolument d’accord avec M. Hayem, J'admets aussi, avec lui, qu'à l’altération du sang revient le principal rôle, quel que soit, du reste la cause de la dyscrasie, qu’elle provienne d’une fièvre grave, d’une lésion, du foie, etc. Mais est-il nécessaire, pour produire le purpura, que l’altération du sang amène l’embolisme ou le thrombolisme ? M. Vinaz : On voit le purpura hémorrhagique se dévolopper dans des circonstances très-diverses ; c’est ainsi que son apparition peut être déterminée par un trouble profond de l’innervation. M. Vidal en a observé un cas à Saint-Louis, chez une femme qui a été prise soudain nement, en pleine santé, deux jours aprés avoir été en quelque sorte sidérée par une violente émotion : elle avait vu rapporter chez elle son mari écrasé par une voiture. Les troubles nerveux semblent avoir, dans ce cas, agi sur l’hématopoièse et amené ainsi l’altération du sang. M. Hayes : Le purpura hémorrhagique peut se rencontrer dans des circonstances très-diverses; on peut l’observer chez les cirrhotiques. et chez les sujets atteints d’endaortite. Les faits cités précédemment mon- trent que, dans certains cas où la maladie semble constituée tout en- tière par les hemorrhagies, il existe des lésions vasculaires diffuses. — M. Vinar montre un moulage de M. Baretta, qui représente une bulle de pemphigus inoculé parvenue au quatrième jour de son évolu- tion. Depuis la dernière séance, M. Vidal a vu réussir une nouvelle inocu- lation de pemphigus épidémique sur la personne de l’un de ses élèves. Les essais analogues qui avaient été faits antérieurement avaient cons- tamment échoué ; c’est ainsi. par exemple, qu’en 1868 M. Hervieux, à Ja Maternité, n’avait obtenu que des résultats négatifs. M. Vidal a inoculé également avec succés diverses formes d’impetigo, et particulièrement l'impetigo vulgaire que l’on observe chez les scro- fuleux. M. Tilburg a publié, en 1862, un mémoire dans lequel il dis- tinguait de la forme vulgaire une variété qu’il a appelée impetigo contagiosa; elle se montre surtout au printemps, et s’observe sou- vent dans les pensionnats. Les vésicules deviennent très-larges ; elles atteignent les dimensions d’nne pièce de un franc. Cette forme a été inoculée d’abord par M. Tilburg, plus tard par Taylor (de New-York) et par d’autres expérimentateurs; on à soutenu néanmoins que l’élé- ment contagieux était représenté par des spores contenus dans le 236 liquide. M. Vidal fait remarquer à cet égard que l'on trouve RTS ment des spores dans l’épiderme. Il a observé dernièrement, dans son service, un cas d'impetigo con- tagiosa. Une tentative d’inoculation sur l’un de ses externes est restée nfcuctueuse. Une auto-inoculation sur la personne de la malade a été plus heureuse : Vers le septième jour, la vésico pustule s’est desséchée; il s’est formé une croute large, sans induration à la base, sans ulcéra- tion sous-jacente ; la lésion n’a pas laissé de cicatrices. Il ne s'agissait donc pas d’une pustule d’ecthyma. Une deuxième génération a pu être obtenue ; la vésico-pustule était plus petite cette fois; on sait que cette dégradation s’observe constamment lorsque l’on pratique des ino- culations successives. M. Vidal à tenté sans succès d’inoculer la même een à des chiens ; il avait été conduit à pratiquer cette expérience par deux obser- vations de René Blache, dans lesquelles on avait constaté concurrem- ment des bulles d’impetigo contagiosa chez de jeunes sujets et chez des chiens evec lesquels ils jouaient habituellement. — M. Raymonp communique la note suivante : QUELQUES FAITS RELATIFS AU SATURNISME CHRONIQUE. J'ai eu l’occasion, il y a deux ans, d'observer à la Pitié, avec M Vulpian, un certain nombre de saturnins ; cette année, j'en ai vu quelques-uns présentant des particularités intéressantes, avec M. Gu- bler, à Beaujon ; je n’ai point l'intention de rapporter les observations tout au long ; cette manière de procéder m'entraînerait beaucoup trop loin, et j'aurais peur d’abuser des instants de la Société; je me con- tenterai simplement de signaler quelques faits cliniques, les uns en désaccord avec les idées régnantes, les autres, non encore signalés : Comme on le sait, et comme l’a si bien enseigné M. Duchenne de Boulogne, la contractilité électro-musculaire, chez les saturnins para- lysés, se perd généralement dans l’ordre suivant : extenseur commun des doigts, puis après extenseurs propres de l'index et du petit doigt, ensuite le long extenseur du pouce; j’ai vu, dans un cas, alors que tous les autres muscles étaient paralysés, le long extenseur du pouce, conserver ‘sa contractilité intacte; dans trois autres, la paralysie, au lieu de commencer par le muscle extenseur commun des doigts, a dé- buté par l’extenseur propre du petit doigt; d’ailleurs, dans tous ces cas, le long supinateur avait sa propriété contractile. J'ai vu, une fois, le muscle biceps perdre sa contractilité; fait excessivement rare. Tanquerel des Planches et M. Duchenne de Boulogne ont noté ce fait : que la contractilité électro-musculaire pouvait disparaître inésa- 237 lement dans les différents faisceaux constituant un même muscle: il s'agissait, dans ce cas, du muscle extenseur commun des doigts ; j'ai rencontré le même phénomène, très-évident, pour le muscle deltoïde, Les muscles des mains peuvent s’atrophier, aussi bien à la main droite qu’à la main gauche, et également ; on ne peut donc, dans ce cas, faire jouer un rôle à la pression exercée par le pinceau, à l’in- toxication locale directe d’une main, au détriment de l’autre. J'ai vu, deux fois, la contractilité électro-musculaire être compléte- ment abolie, alors que les mouvements volontaires persistaient encore ; donc, dans quelques circonstances, au moins, la perte de ja contractilité électrique précède celle de la contractilité volontaire, et en même temps, j'ai noté que la sensibilité électrique était complétement abolie. Le courant électrique, alors que les muscles extenseurs sont paralysés et atrophiés, passent avec la plus grande facilité sur les muscles flé- chisseurs, fait qui n a pas lieu dans les conditions normales. J'ai consigné presque tous ces détails, avec les observations à l’appui, dans un Mémoire remis à l’Assistance publique, il y a deux ans ; mon ami, M. Renault, a eu la bonté de les reproduire dans sa Thése sur le saturnisme chronique. J'ai, à la même époque, indiqué dans le travail cité plus haut, quelques particularités relatives aux troubles des mou- vements ; je viens d’avoir l’occasion d'observer à Beaujon, quelques malades ayant présenté des phénomènes analogues. D'une manière générale, on peut dire que le plomb, vraisemblable- ment, en agissant sur les centres neryeux, produit des troubles de mo- tilité et de sensibilité semblables à ceux que l’on rencontre dans les affections ou du cerveau, ou de la moelle; ainsi Jhémiplésie, l’ataxie des mouvements, etc. Depuis la premiére observation bien nette d’hémiplégiesaturnine que j'ai donnée, plusieurs autres ont été produites; j'en observe une actuel- lement à Beaujon, moins complète, au point de vue de la perte des mouvements et de la sensibilité, maïs également significative. Il s’agit d’un ouvrier de la fabrique de Clichy, homme de 36 ans, ayant eu déjà plusieurs attaques de coliques saturnines, et entré à l'hôpital pour de nouveanx phénomènes douloureux abdominaux; de plus, il présente, du côté du membre supérieur et du côté du membre inférieur, une parésie assez marquée ; avec le dynamomitre, il donne 28 kilosrammes à gauche et 50 à droite; la sensibilité est diminuée notablement de ce même côté gauche ; en pariant, le malade bredouille un peu, et la face, à gauche, est légérement déviée. Depuis dix jours qu’il est à l’hôpital, les phénomènes se sont amendés. L’hémiplégie saturnine est maintenant un fait acquis, et dont il faut tenir compte dans le diagnostic général des lésions cérébrales ; toute 238 hémiplégie survenant chez un saturnin devra donc être étudiée avec soin ; en prenant en considération le caractère des troubles de la mo- tilité (prédominance de la paralysie des extenseurs), et les modifica- tions de la sensibilité, on arrivera, dans le plus grand nombre des cas, facilement au diagnostic. si Le malade dont je raconte actuellement l’histoire, présente encore quelques particularités intéressantes dans son étude symptomatique. Les coliques saturnines sont très-violentes, et le malade, de temps à autre, se tord dans son lit sous l'influence de la douleur. Comme on le sait aujourd’hui, contrairement à l’opinion de Briquet, la douleur est une entéralsie; on peutserrer avec force, entreles doists, les muscles de l’abdomen sans que le malade éprouve une augmentation de sa douleur ; mais si l’on appuie sur le ventre, de façon à comprimer les intestins, les cris du malade redoublent, et il témoigne énergique- ment de l'augmentation de la douleur; or, chez notre homme, non- seulement on provoque de la douleur en pressant sur le ventre, mais encore en serrant les muscles droits et obliques de l’abdomen entre les doigts ; au niveau du sternum, la douleur est particnlièrement pro- noncée , notre malade avait donc en même temps que de l’entéralgie, de la myosalsie, et ce qui le prouve bien, c’est l'expérience suivante, faite par M. Gubler ; en promenant le pinceau électrique pendant quel- ques minutes à la surface des muscles douloureux, on obtient, presque de suite, la cessation des plaintes du malade, et lui-même était tout étonné de ne pasretrouver sa douleur, douleur à laquelle pourtant on ne s’accoutume pas facilement. Il y a déjà longtemps que M. Gubler a si- gnalé ce procédé pour les vraies douleurs musculaires , il a de même montré qu'on pouvait rendre la sensibilité à la peau en la frottant un peu fort. * Si le plomb, portant son action sur le cerveau, peut produire lhémi- plégie saturnine, il est d’autres malades qui éprouvent des troubles de mouvements non moins singuliers. J’ai en ce moment à Beaujon un malade qui y a déjà fait un séjour de plusieus mois. Ce malade, âgé de 56 ans, est profondément intoxiqué ; non-seulement il a en plu- sieurs fois des coliques saturnines, mais encore des attaques d’encépha- Jcpathie ; à la suite d’une des dernières il a présenté des troubles de mouvements absolument choréïques, en ce sens qu’ils étaient involon- taires, persistants, et qu’ils venaient contrarier les mouvements voulus ; sans cesse le tronc était porté en avant, en arrière, le bras mû dans un sens où dans l’autre. Cet homme a guéri; il a travaillé de nouveau à Clichy, et de nouveau il a été repris d’accidents choréïformes après une attaque d’encéphalopathie. Ce n’est pas seulément cette chorée saturnine qui est intéressante 239 dans l’espèce ; le malade a ensuite présenté des troubles.de la vue, dela diplopie, du bégaiement de la langue, des douleurs fuleurantes dans les membres inférieurs, avec perte assez complète de la sensibilité et une sorte d'ataxie de mouvements; au membre supérieur gauche, c'était encore un vrai tremblement ; ces accidents sont bien sous la dépendance du plomb, puisqu'ils ont guéri en deux mois par le traite- ment ordinaire, et qu'ils sont revenus, le malade s’étant intoxiqué de nouveau. L'irrégularité des mouvements chez les saturnins, irrégularité pou- vant simuler le tabes, se présente quelquefois, et pour ma part j'en ai eu trois exemples sous les yeux; rien ne manquait, pas même les dou- leurs fulgurantes ; l’un de ces malades est encore à Beaujon. Aiïnsi donc, troubles de la vue, bégaiement de la langue, ataxie de mouvements, hémiplégie, mouvements choréiques, tremblement, etc., tous ces symptômes peuvent se rencontrer dans l’empoisonnement chronique par le plomb, et tous ces phénomènes, dont quelques-uns paraissent très-graves, peuvent cependant guérir. En regard des faits que je viens de citer, relatifs à l’empoisonne- ment par le plomb, je vais en exposer un autre qui présente un grand intérêt également. Un jeune homme de 21 ans est entré à Beaujon, il y a plusieurs mois, se plaignant d’être paralysé du bras doit, et, en effet, il existe une pa- ralysie complète des extenseurs et des fléchisseurs de l’avant-bras, et des muscles de la main: de plus, à partir d’une ligne circonférencielle passant par le coude jusqu’à l’extrémité des doigts, le membre est com- plétement insensible ; j'ajoute de suite qu’il n’y a pas d’atrophie des muscles ; le membre est un peu bleuâtre, froid, mais c’est là tout ; en cutre, la contractilité électrique est parfaitement conservée ; nulle part ailleurs 1l n’existe de paralysie; l’état général du malade est satisfai- sant; point de tuberculose, point de syphilis, quelques traces anciennes do scrofule. Interrogé sur ses antécédents, le malade raconte qu’il est employé à l'industrie des glaces, que tous les jours il manie le mercure, qu’il plonge continuellement la main droite dans ce métal pour en prendre avec une sébille et le verser sur la glace. Tel est le fait ; ‘il semble au premier abord facile de conclure à l’existence d’une paralysie pé- riphérique, causée par le mercure, quoiqu'il n’y ait point de tremble- ment ni troubles profonds cachectiques; mais il faut ajonter que ce jeune malade a eu et a encore de temps à autre des attaques épilepti- formes durant souvent plus d’une demi-heure. Ces attaques doivent- elles faire penser à l'existence d’une tumeur cérébrale qui tiendrait 540 sots sa dépendance là paralysie ? je’ ne je crois pas, Car une paré éille limitation de la perte de la sensibilité ne se rencontre que ddhs Tes para- lysies périphériques. Les paralysies mercurielles sont relativement très-rares ; peut-être en est-ce une que je viens de décrire; c’est l'avis de M. Gubler. Je vais maintenant ajouter deux mots relativement à une commu nication antérieure de mon collègue et ami Regnard; il a apporté àda Société des faits d’où il à conclu qué la teinture d’iode appliquéeten large surface sur la peau pouvait produire l’albuminurie, et une albu- minurie persistante ; de plus il a annoncé que l'administration à l'inté- rieur de l’iodure de potassium produisait le même résultat; pour ce dernier point, M. Gubler, qui a depuis longtémps vu ces faits, estcom- plétement d'accord avec M. Regnard; mais il n’a jamais vu l’albumi= nurie consécutive à l’action de la teinture d’iode sur la peau, quelque étendue que soit la surface recouverte, quelque fréquente que soit l’'ap- plication ; depuis la communication de M. Regnard, nous avons bien des fois répété. l'expérience; constamment elle a été négative ; nous avons toujours retrouvé l’iode facilement dans les qUneE: mais jamais l’albumine. M. Laporne critique l'expression de contractilité électrique fré- quémimént employée par Duchenne; il la juge éminemment déféc- tueuse. M. Harcorrau pense, avee M. Raymond, que, contrairement aux idées généralement reçues, l’intoxication saturnine peut porter son ac- tion sur les centres en même temps que sur les nerfs périphériques. Il s’est exprimé dans ce sens dans un travail récent. On ne peut s’ex- pliquer autrement les encéphalopathies et ces cas d’ataxie à évolution toute spéciale qui ont été signalés par MM. Vulpian et Raymond. II ést vrai que l’anatomie pathologique n’est pas venue jusqu'ici confir- mer ces prévisions ; les seules lésions qui aient été constatées chez l'homme, dans les autopsies les plus récentes, portaient sur les nerfs périphériques ; ces faits négatifs prouvent seulement que les altéra- tions des centres ne sont pas constantes dans le saturnisme ; l’étude clinique de cette intoxication permet également de présumer qu’elles sont d’abord peu profondes et susceptibles de guérir; mais il n’en est sans doute pas toujours ainsi, et l’on peut invoquer à ce propos l’obser- vation dans laquelle M: Vulpian a constaté l'existence d’une miyélite chez un chien qui avait succombé à un empoisonnement par lé plomb. — M. Marmias DuvaL fait uné communication relative aux racines et. noyaux du facial. Si, par une série de coupes pratiquées successivement de bas en Mie 241 à partir du niveau de l'origine apparente du facial, on suit ce nerf dans l'épaisseur du bulbe ; on voit qu’il y décrit un trajet flexueux, analogue comme forme à celui qu’il présente dans le canal du rocher : 49 Le facial, suivi de son émergence vers ses noyaux bulbaires, se dirige d’abord ne à l’axe de bulbe, dont il traverse toute l'épaisseur pour arriver jusque sous le plancher du quatrième ventricule, immédiatement en dehors de l’extrémité postérieure du raphé. 90 Là il se coude brusquement pour descendre parallèlement à l’axe du bulbe, sous le plancher du quatrième ventricule : dans ce trajet assez court, il forme un faisceau cylindrigne bien circonscrit, en rap- port par sa limite antéro-externe, avec un noyau gris (noyau du mo- teur oculaire externe) qui lui donne quelques fibres radiculaires (d’où le nom de noyau commun du facial et du moteur oculaire externe). 30 Enfin, le facial se coude de nouveau brusquement pour se diriger en avant et en dehors dans uu plan perpendiculaire à l’axe du bulbe : il forme dans ce trajet un pinceau fibrillaire qui va s'épanouir dans un gros noyau moteur (noyau propre du facial), lequel est situé dans les couches antérieures du bulbe, sous les fibres arciformes qui recouvrent le faisceau latéral du bulbe, sur le côté externe de la masse grise à peti- tes cellules, connue, depuis Lockart Clarke, sous le nom d'olive supé- rieure. Séance du 8 juillet 1876. MoDIFICATION SURVENUE DANS L'ÉTAT DE L'ÉCORCE CÉRÉBRALE PAR SUITE DE LA DISPARITION DE DIFFÉRENTES CATÉGORIES D'INCITATIONS PÉRIPHÉRIQUES, par le docteur Luys. M. Luys présente à la Société une série de cerveaux destinés à mon- trer les modifications qui surviennent dans les différents territoires de l'écorce cérébrale, lorsque certaines régions du système nerveux péri- phérique viennent à disparaître ou à cesser de fonctionner pour une cause Ou pour une autre. 4° La première communication a pour objet la présentation du cerveau d’une amputée. La malade dont il est question a eu la jambe amputée au tiers supérieur vingt ans avant sa mort, arrivée à l’âge de 65 ans. A l'examen microscopique on reconnut que le lobe droit était À cen- timètre en longueur plus petit que le lobe gauche, et que, d’une autre part, une atrophie trés-notable se faisait remarquer dans la partie supé- rieure de la circonvolution frontale ascendante. Celle-ci apparaît en effet, sur la pièce présentée, trés-manifestement amaigrie, et offre en ar- c. R. 1876. o1 242 ricre ‘et en avant deux sillons de séparation trés-notablement ampli fiés. Cette atrophie de cette région spéciale de l’écorce cérébrale se ré vêle encore d’une façon bien nette en examinant le même lobe par sa face interne. On constate en effet, au niveau du lobe paracentral une encoche trés-nette avec résorption de substance nerveuse. Les autres territoires de l'écorce du même lobe ne présentent pas de modification très-notablement appréciable. M. Luys fait encore remarquer, à propos des lésions d'origine péri- phérique qui se manifestent dans un lobe cérébral, que le lobe du côté opposé, précisément dans les points symétriques, présente des modifica- tions apparentes concordant avec celles qui existent dans son congénère, mais à un moindre degré de développement. Ainsi, pour le cas en question, le processus atrophique qui s'était localisé principalement dans la frontale ascendante du côté gauche et les régions environnantes, a porté son action du côté opposé, et s’est révélé par les manifesta- tions atrophiques similaires. Et, chose romarquable, c’est par l’inter- médiaire des fibres commissurantes que cette modification de tissu s’est produite. Sur la pièce qu’il présente, en effet, on voit que l’épaisseur du corps calleux (fbres commissurantes) est trés-notablement amoïin- drie dans les régions qui correspondent à la frontale ascendante si no- tablement diminuée de volume. 90 La seconde pièce est relative au cerveau d’une femme sourde, morte à l’âge de 75 ans, et qui était sourde, paraît-il, depuis prés de quarante ans. Cette femme vivait parmi les pensionnaires de l’hospice, et pour- voyait elle-même, comme toutes ses compagnes, à ses besoins journa- liers ; elle allait, venait dans les cours sans aucune trace de paralysie. Elle était absolument sourde et n’entrait en aucune façon en commu nion avec ses semblables; elle s’irritait souvent contre les personnes de son entourage, croyant qu'on lui adressait des injures, et, aprés avoir fait deux fois par jour ses promenades dans la cour, elle rentrait, s’as- seyait dans un coin. toujours le même, et s’absorbait dans la lecture de livres usuels. Entrée à l’infirmerie pour une maladie de poitrine, elle succomba très-rapidement. L’autopsie de l’encéphale fit constater les particularités suivantes : une atrophie bilatérale notable des racines acoustiques dont les fibrilles sont très-délicates et grisâtres ; une atrophie similaire des fibrilles d’im- plantation des glosso-pharyngiens à droite et à gauche; et, chose re- marquable, la persistance notable, sous forme de tractus blanchâtre, de ces éléments nerveux, décrits sous le nom de barbe du calamus. (L'examen intime du bulbe et des noyaux des hippoglosses sera ul- térieuremenl indiqué.) 243 L'examen du cerveau fit constater, dans l'agencement des circon- locutions, des particularités insolites se manifestant d’une façon sy- métrique dans le lobe gauche et dans le lobe droit. Ces particularités consistaient surtout dans ce fait que les deux circonvolutions frontale et pariétale de chaque lobe, au lieu d’être isolées l'une de l’autre et d’être séparées comme cela a lieu ordinairement par toute la profon- deur du sillon de Rolando, se trouvaient, au contraire, vers leur tiers supérieur anastomosées et reliées par un pont, véritable pli de messes qui les faisait communiquer l’une avec l’autre. Les deux pariétales étaient néanmoins toutes deux amaigries et les frontales, par compensation, relativement augmentées de volume. La frontale gauche était plus particuliérement interrompue dans sa conti- nuité par une incisure. La troisième circonvolution frontale gauche se présentait avec un caractère d’atrophie notable ; elle était quasi ru- dimentaire et privée des replis qui la caractérisent si nettement dans les cas ordinaires ; elle était en outre séparée de la deuxième frontale par un sillon considérablement excavé. | La deuxième et la première frontales, dans le même lobe, étaient également très-peu onduleuses. Les mêmes régions, étudiées dans le lobe droit, se présentaient avec des caractères identiques. M. Luys fait remarquer, en outre, quela circonvolution supplémentaire, dont il a en- tretenu précédemment la Société, n’existe nullement dans ce cerveau, et que les dispositions habituelles du pli courbe et du lobe occipital ne présentent pas de modifications bien notablement apparentes. 30 La troisième présentation, dans le même ordre d'idées, a pour ob- jet le cerveau d’une femme amaurotique. Il s’agit d'une malade, âgée de 66 ans, qui, six ans avant sa mort, à la suite, disait-elle, d’excès de travaux de couture, ayant nécessité qu’elle passât un grand nombre de nuits, perdit successivement l’œil droit et l’œil gauche, en même temps que des douleurs trés-vives se manifestaient dans la région frontale. Cette femme fut emportée par une maladie aiguë sans qu’on ait pu faire l'examen ophthalmoscopique de ses yeux, et voici ce que fit con- stater l’étude de son cerveau : Les nerfs optiques étaient notablement atrophiés ; le droit était gri- sâtre; les tubercules quadrijumeanx, ainsi que les corps genouillés, également atrophiés. Il en était de même des couches optiques, qui présentaient une teinte générale grisâtre sans que les noyaux se dessinassent d’une façon nette dans leur intérieur. Les circonvolutions frontale et pariétale ascendantes, sauf quelques étranglements manifestes, surtout à la region supérieure de chaque pa- rictale, se présentaient dans leurs rapports habituels. Maïs, où M. Luys 244 constata des particularités remarquables, ce fut dans les circonvolutions frontales. En effet, la première et la deuxième frontale, à environ 9 centimètres au-dessus de leur émergence du lobe sus-orbitaire, pré- sentaient des plaques ulcératives qui étaient constituées par un ramol- lissement três-notable de l'écorce en ces mêmes points. Elles étaient en- tourées d’un réseau vasculaire três-intense avec adhérence de la ie mére aux tissus sous-jacents. M. Luys fait encore remarquer, à propos de l'examen de ce cerveau, par comparaison avec celui de la sourde qui ne parlait pas, combien les troisièmes circonvolutions frontales sont nettement dessinées et abondamment pourvues de sinuosités, et signale encore la profondeur du sillon inter-pariétal dans chaque lobe et les irrégularités de contex- ture de chaque deuxième circonvoultion temporale, qui est bosselée le long de sa continuité et comme fragmentée en tronçons successivement placés les uns au devant des autres. Il ajoute que c’est actuellement là le troisième exemple qu'il ren- contre de coïncidence de lésion frontale (ramollissement) avec altération de la vision. 4° La quatrième présentation est le cerveau d’une femme de 28 ans, atteinte de rhumatisme chronique. Cette malade, qui avait commencé à subir les atteintes de son mal dans le courant de l’hiver de 1870, eut successivement toutes les jointures envahies et, depuis trois ans, ses mouvements étaient deyenus progressivement impossibles, si bien que cette malheureuse, immobilisée dans son lit, ne pouvait plus faire au- cun mouvement spontané, si ce n’est quelques vagues ébauches de motricité avec ses doigts. Les articulations de l'épaule, de l’avant-bras, des hanches et des genoux étaient littéralement ankylosés, et, dans les derniers temps, celles de la mâchoire inférieure étaient pareillement en- vahies. Cette malade souccomba aux progrés d’une endocardite chroni- que. Il est à noter qu’elle n’était ni sourde, ni aveugle, et qu’elle n'a- vait présenté aucune manifestation de paralysie; son intelligence était intacte. Son cerveau, préparé suivant les procédés habituels, présenta les particularités suivantes : les circonvolutions frontales étaient très- richement pourvues de sinuosités multiples, mais la pariétale ascen- dante, surtout celle du côté gauche, présentait des déformations. véri- tablement tout à fait imprévues, que M. Luys dit n'avoir pas encore rencontrées jusqu'ici. Ces déformations sont constituées par des renfle- ments et des rétrécissements successifs le long de cette circonvolution, qui est ainsi tout à fait en dehors de sa configuration naturelle. La circonvolution similaire du lobe droit était bien moins troublée dans sa constitution. | Ainsi, en résumé, M. Luys fait remarquer que, si la question des lo- 245 calisatious cérébrales a fait, ces derniers temps, de três-notables pro- grès, il est néamoïins prudent de mettre encore une certaine réserve dans ses affirmations, attendu que les faits connus ne sont pas encore en assez grand nombre pour qu’on puisse se prononcer définitivement sur leur valeur. Les faits qu’il présente aujourd’hui sont comme les amorces de voies nouvelles à créer dans cette direction ; ils sont destinés à montrer le parti que l’on peut tirer de l'étude de la suppressien fonc- tionnelle de telle ou telle catégorie d’impressions sensorielles pour con- naître quels sont les territoires de l’écorce qui peuvent consécutive- ment subir isolément la décénérescence atrophique et révéler ainsi leur signification physiologique. | —M. Grrmaux à obtenn par synthèse l’allantoïne C'HSA7403, principe excrémentitiel de l'organisme, que Vauquelin et Bumva ont découvert au commencement du siècle dans le liquide allantoïdien, et que Liebig et Wœbhler avaient préparé par oxydation de l’acide urique. Une partie d’acide glycoxylique C2H203 étant chauffée à 4000 avec 2 parties d’urée, il s'élimine de l’eau, et il se forme un composé qui, par ses propriétés chimiques, sa forme cristallisée et sa solubilité, est absolument identifié avec l’allantoïne. -—M. GELLÉE continue à exposer le résultat de ses études sur la sensi- bilité accoustique à l’aide du tube interauriculaire. (Voir aux Mémoires.) — M. Coury communique le travail suivant : NOTE SUR LES TROUBLES VASO-MOTEURS ET THERMIQUES OBSERVÉS DANS UN CAS DE COMPRESSION DE LA MOELLE. Nous avons observé, dans le service de M. le professeur Villemin, au Val-de-Grâce, sur un vigoureux garçon de 9%5 ans, un cas de pa- raplégie par mal de Pott, dans lequel les symptômes de compression de la moelle ont différé notablement de la description classique don- née par M. Chàrcot et d'autres observateurs. Les lésions vertébrales doivent être rapportées à la forme de mal de Pott, dite tuberculeuse, forme assez rare à cet âge et chez les mi- litaires, comme le montre souvent M. le professeur Gaujot dans ses leçons cliniques : la compression siégeait au niveau des sixième et septième vertèbres dorsales ; le cartilage intermédiaire en entier et les deux vertébres en partie étaient détruits par usure ; il n’y avait ni abcés, ni altération des méninges, ni lésion médullaire apprécia- ble à la vue. Mais, à cause de la marche rapidement mortelle des accidents, à cause de l’apparition précoce de troubles anesthésiques, vésicaux, à cause de la production d’altérations de l’urine et de troubles tro- 246 phiques musculaires et cutanés, tous symptômes qui rappellent ceux d’une myélite centrale subaiguë, l'histoire complète de ce ma- lade ne pourra être faite qu'après l'examen histologique de la moelle, et nous nous contenterons de rapporter aujourd'hui les troubles vaso-moteurs et thermiques fort curieux qu’il a présentés ; troubles qui nous paraissent mériter une mention spéciale, parce qu'ils peu- vent aider à l’étude des variations fébriles de la température péri- phérique. . Les troubles moteurs ont présenté la marche type si bien indiquée par M. Charcot : engourdissement des membres inférieurs le 10 fé- vrier 1876; paraplégie flaccide complète le 10 mars; crampes et con- tractures momentanées jusqu’à la fin de mai; puis contracture per manente jusqu'au 26 juin, date de la mort. Passons aux muscles vasculaires, Les membrés inférieurs ont toujours été pâles. En février et mars il y avait à la plante des pieds des sueurs assez abondantes; les pieds accusaient, soit à la palpation, soit subjectivement pour le malade, un refroidissement réel, qui malheureusement n’a pas été mesuré. Fin mars, les sueurs disparaissent pour faire place bientôt à une sécheresse anormale; la peau, surtout jusqu'à mi-jambe, devint épaisse, rugueuse ; et comme pytiriasique, seulement à squames plus petites et se détachant moïns facilement; la température du pied varie de 22° à 31°. ; Dans les membres supérieurs les troubles vasculaires ont été plus marqués, malgré l'absence complète de troubles moteurs ou sen- sitifs. En mars et avril, on constate sur les mains et avant-bras, une congestion se présentant sous forme de plaques irrégulières, mal délimitées, plus ou moins violacées, suivant les jours, mais toujours appréciables et assez comparables aux plaques violacées produites par un froid vif. Les mains étaient le siége de sueurs toujours sensibles, qui deve- naïent profuses par le moindre effort, quand, par exemple, le ma- lade serrait un (thermomètre ; la température palmaire en avril varia de 25° à 30°. Face habituellement pâle, rougissant facilement, brusquement pour la moindre excitation; pupilles trés-contractiles, légérement di- latées à certains jours, en avril, et surtout du côté gauche. Les pieds furent placés dans l’eau à 45°; au lieu d’une rou- geur uniforme et régulière, on constata une congestion violacée tel- lement irrégulière, que certains points étaient à peine modifiés. 5x7 L'excitation de la peau des membres inférieurs, pincerent, r rayure, courant faradique, paraissaïent produire une congestion moins vive et plus tardive, sans que la différence soit bien nette. La main, placée dans l'eau chaude, s’est échauffée peut-être un peu plus qu'üne main normale ; placée dans l’eau à 16° pendant dix minutes, elle marquait, un quart-d'heure aprés, 25°, tandis que la main normale ne donnait que 220,9 ; de plus, la congestion due à l’eau froide a persisté plus longtemps chez le malade. Ces expériences ont été faites seulement une fois, nous voulions les répéter quand survinrent des troubles nouveaux. | Le 5 mai et les jours suivants, le malade eut des frissons, et lé seul jour où nous ayons pu les observer, la face et les membres su- périeurs étaient seuls agités de secousses trés-appréciables, assez violentes. La fièvre survint, sans point de côté ni gêne respiratoire notable; le 8, on constata un épanchement pleurétique gauche considérable ; le 15, le poumon étant partout recouvert et le cœur dévié, M. Ville- min aspira avec l'appareil Potaïn trois litres et demi de liqueur hé- morrhagique, trés-riche en gaz, et contenant des globules rouges peu altérés. L’épanchement ne se reproduisit pas. Pendant la pleurésie, la congestion cyanosique des mains dispa- rut; une dilatation légère et inégale des pupilles persista. Les températures axillaire, palmaire et plantaire ont été prises presque jour par jour à partir du 13 mai; le thermomètre étant placé entre les doigts repliés et là paume de la maïn, pour la main; étant fixé à la plante du pied par une couche trés-épaisse de ouate et une baude, pour le pied. Du 5 mai au %3 juin, la température axillaire s’est élevée entre 38° et 39°; la température plantaire est restée à peu prés ce qu’elle était avant, oscillant entre 28° et 34°; au contraire, la main, au lieu de varier entre 26° et 30°, s'élève entre 34° et 370. Du 95 mai au À juin, la température axillaire redevient normale et les deux températures plantaire et palmaire à peu prés égales, comme le montrent les tracés. Dans la planche ci-jointe, la température axillaire est réprésentée par la ligne pleine supérieure, et des deux tracés inférieurs, c’est la ligne ponctuée qui correspond à la température plantaire. Peu après la thoracentèse, il était survenu, dans le membre infé- rieur gauche et la fesse, un œdème considérable; nous voulions voir là un trouble circulatoire d’origine nerveuse; mais, malgré l'absence forcée de symptômes douloureux. M. Villemin porta, dès le début, le diagnostic de thrombose de la veine iliaque, qui a été 248 £2 4 © Ë: " 2 ‘An s 8 £ L/r} ÊS Le = 3 5 © 8 ÿ CON $ à 8 £S me ES msi Rs; PRE A œes. n 2 © 2 Ve ES + BE + SE £ 8 © 28 2 BE mé £ : ° © - SÉ S% E © Ë 2 TÈ #E 5 se DL e é À 5 SÉE2S ee = & F: Sdas l Ka SÉ2SE | FÉSBE RS RES BTS Se Me SÉ22 SEA BE 28 © à, BRE4S Ses 2 pi A : rieures, etc., et; plus tard, une inflammation quasi- érysipélateuse qui, du pli de laine gauche, s’étendit sur toute la cuisse et même un peu sur l'abdomen, La fièvre reparut, et, à partir du 6 juin varia entre 38°8 et 40° ; en même temps le pied s’éleva de:30° et 329 entre 349 et L0° ; au contraire, la main continua à osciller entre 30° et 31° sans augmentation notable et constante. La température plantaire a été prise sur le pie droit, qui, lui- même, vers le 15 juin, s’est œdémacié ; mais ce trouble, dû à ‘un obstacle et à un ralentissement du cours du sang, n’en rend que plus probante l'augmentation de température observée. Notons aussi que;la température de la main a été DRE de 1° à 2° pie élevé du côté droït que du côté gauche. Jusqu’ au 90 juin, les symptômes Cr fébriles furent } peu 40- cusés ; pas ou trés-peu de céphalalgie, pas d’insomnie, pas de perte complète d’appétit; pas d'accélération notable des mouvements du cœur. Enfin, sans augmentation de la fièvre; la face s’altéra, lle pouls devint petit et fréquent ; il survint de la surdité, une arthrite purulente du coude droit, et, le malade ayant succombé le 26 juin, on constata d'autres lésions Hétu Réflexions. — Le premier fait à remarquer, dans cette dt tion, c’est que la compression siégeant au niveau du sixième nerf intercostal, il y a eu des troubles vaso-moteurs dans les quatre mem- bres. Ce fait vient donc. à l'appui des expériences de Cyon, d’aprés lesquelles les nerfs vaso-moteurs des membres supérieurs auraient leur origine entre la troisième et la septième paires dorsales. : Quant à la dilatation pupillaire légère, ‘plus marquée à gauche, doit-on expliquer par la présence dans les sixième et septiéme paires dorsales de quelques fibres oculo-pupillaires, ou par une propaga- tion ascendante de la lésion vers les centres de CI. Bernard et Budge? C'est ce que l'examen histologique de la moelle démontrera Lg êtres : ” Quelle a été Ja nature des troubles vaso-moteurs obscures a Les sueurs des éxtrémités, la congestion violacée des mains feraient er ser à uné paralysie. Maïs les sueurs ont été suivies de sécheresse extrême, surtout aux pieds ; et, quant à la congestion, comme l’a trés-bien dit M. Vulpian : « il ést difficile d'y trouver une indication diagnostique... . puis+ qu’elle peut être causée par une irritation soit directe, soit réflexe des nerfs vaso-dilatateurs, ou par paralysie vaso-constrictive. » ? A côté de ces deux symptômes négatifs, d’autres paraissent éta- blir l'existence d’une excitation #aso-motrice. Les pupilles ont été c. R. 1876. 32 250 légèrement dilalées, et surtout les extrémités ont été refroidies : les températures palmaire et plantaire’étaient, chez ce malade, infé- rieures aux chiffres normaux indiqués par Woodman, Roger, Gas- set, etc. Or, les lésions paralysantes de la moelle, sa section, les paralysies du sympathique s’accompagnent d'augmentation de tem- pérature, comme l'ont prouvé CI. Bernard, Brown-Séquard, Vul- pian, Schiff, etc.; et si dans ce cas il y a eu abaissement, on doit conclure à une excitation du sympathique. Nous dirons, après M. Brown-Séquard, que les muscles vasculaires se comportent comme les muscles de la vie animale, dans les cas de lésion médullaire; et, de même que la compression de la moelle produit une contracture des membres inférieurs, elle peut produire une contracture vascu- laire. L'existence, chez ce malade, de troubles du sympathique n’im- plique pas la présence dans la moelle de véritables centres vaso- moteurs ou pupillaires ; de même que M, Charcot a expliqué la con- tracture des muscles striés par la sclérose consécutive des cordons latéraux, on peut attribuer les troubles vasculaires d’origine médul- laire à une lésion des fibres parties du mésocéphale. Mais les particularités les plus intéressantes présentées par notre malade correspondent à l’état fébrile. Avec la fièvre, la congestion cyanosique des mains a ira : M. Vulpian a observé un fait analogue. De plus, les températures palmaire et plantaire, au lieu de s’élever beaucoup plus que la tem- pérature centrale, sont restées en moyenne très-différentes de la température axillaire ; il n’y a pas eu chez ce malade cette tendance à l’égalisation des températures centrale et périphérique, qui, nous l'avons montré récemment, existe dans toutes les maladies fébriles ; ou du moins l’égalisation a été, dans ce cas, beaucoup moins mar- quée. 2 De plus, si on se rapporte au tracé, on constate que, du 14 au 95 mai, pendant la première fièvre, la température palmaire a seule augmenté notablement ; le pied ne s’est pas échauffé. Au contraire, à la deuxième poussée fébrile, produite cette fois, non par une pleurésie, comme la première, mais par des inflammations gangre- ueuses de la cuisse et des parties postérieures, le pied seul s’est échauffé considérablement, devenant presque égal à certains jours à la température axillaire ; la main est restée normale et trés-froide. Donc, chez ce malade, atteint de compression de la moelle, deux gésions inflammatoires, produisant toutes deux une augmentation de la température centrale, n’ont élevé la température périphérique que dans les parties correspondantes, dans la main pour la (he résie, dans le pied pour les lésions gangreneuses. | riroa-or Nous n'insisterons pas sur ce fait, et sur ses rapports avec d’autres faits expérimentaux indiqués, à propos de la fièvre, par MM. CI. Ber- pard, Heidenhain, Vulpian, etc. Le rôle de la moelle comme régu- lateur thermique n’a plus besoin d’être établi ; on sait que tous les éléments nerveux, centraux ou périphériques jouent un rôle dans la production de la chaleur, et qu’il n'y a pas de centre thermogégs unique. Nous croyons cependant que des observations semblables seront d’un grand secours pour permettre de discuter scientifiquement la pathogénie de la fièvre, encore renfermée dans les explications vasculo-cardiaques. Séanee du 1à juillet 1576. M, KuncoxeL expose le résultat de ses recherches sur certains phéno- mênes respiratoires qui se produisent chez les nymphes au moment de la métamorphose. — M. P. Prcarp communique le travail suivant : SUR LES INJECTIONS D’AIR DANS LA VEINE-PORTE. Après l'injection d’air dans les rameaux d'origine de la nt convenablement faite, les animaux succombent en deux, trois, quatre heures : l’opération a amené le développement immédiat d’un état ana- tomique spécial, ct il en est résulté de suite un ensemble morbide par- faitement distinct et impossible à confondre avec aucun autre. Je ne décrirai pas la totalité des phénomènes qui constituent cet ensemble. Je me bornerai aux traits essentiels et fondamentaux, à ceux quile . caractérisent comme espèce morbide distincte. — Je ferai ailleurs et en autre temps la description complète de la maladie et l'anatomie patho- logique. On peut le constater de visu : Immédiatement après l’opéra- tion,le sang,arrêté dans la région du foie s’accumule en arriére, distend les vaisseaux mésentériques de divers ordres et produit une congestion extrême des divers organes qui sont en rapport avec eux. Ce sang, ainsi immobilisé dans le système porte, est en dehors de la circulation générale ; il est, dans ce système, distinct comme s’il était hors des vaisseaux, et le système circulatoire général, qui nourrit l'organisme, se trouve par cette soustraction dans les conditions où l'aurait placé une hémorrhagie abondante. La plupart des phénomènes morbides résultent de ces deux cond tions corrélatives : immobilisation d’une masse de sang dans la veine-. porte et ses affluents, et vacuité du système circulatoire général. C'est là un fait qui est connu pour avoir été signalé comme suivant 252 la ligature simple de la veine-porte, et jai souvent eu l’occasion de le constater dans la suite de cette spa HR et sous la direction den mon maître, M; CI. Bernard. Je n'’insisterai que peu sur cette partie des phénomènes, attend, ÿ je le répète, qu’ils sont identiques à ceux qui suivent la ligature simple, ce que les personnes qui ont l'habitude de cette opération constateront facilement. Le point que je me propose en rédigeant cette note n’est pas de réve- nir sur ces faits bien établis, mais d’insister sur des phénomènes qui, à la suite de l'injection d’air, me semblent procéder d’une cause autre que celle que j'ai signalée (vacuité du système sanguin général), etme semblent être dus à la suppression du passage à travers le foie de cette petite quantité de sang, qui est demeuré dans le système sanguin géné- ral et entretient les propriétés vitales jusqu’à la mort. De ces phénomènes, il en est un auquel on ne peut refuser de recon- naître cette cause, ét d’autres auxquels j je pense pouvoir ni ca sur les analogies et en réservant la démonstration. . Ceci étant dit et le problème ainsi posé, j’entre dans mon ssrét: Exp. Chez un chien jeune, vigoureux, à jeûn de dix-huit heures,'on introduit, dans le bout central de la veine rectale, une canule prolongée par un tube de caoutchouc inextensible. On place un tube semblable dans le bout central de l’artère crurale gauche. On injecte alors avec une SeHREuS 40 centimètres cubes d’air dans la veine rectale, et uit minuées après l'opération on mesure les pressions dans l'artêre + ANA La pression née est égale à 7 contimôtres. La pression dans la veine — 6 — avec de faibles oscillations au-dessus et au-dessous. Cette mesure de la pression montre que l'opération a été faite conve- nablement, qu'il y a accumulation de sang dans le système porte ét Va- cuité du Système général. | Ultérieurement, on observe un abaissement lent des deux pressions : la pression artérielle finissant parune valeur nulle au moment del’arrêt du cœur, tandis que la pression dans la veine-porte conserve alors en- core une valeur positive. Les battements du cœur ont augmenté de fréquence dès le moment de J’opération et la force a diminué peu à peu. La respiration est modi- fiée de façon variée, le plus souvent ralentie; elle est accélérée par ins- tants; mais, comme fait constant, elle est ralentie dans les derniers temps de la vie. La température s’abaisse peu à peu et d’une façon presque uniforme malgré l'accumulation du sang dans l'intestin, ce qui était à prévoir. 253. T. sur la peau qui , recouvre T. rectale. ‘le grand pectoral. Chien au moment de 1operation..... 38,4.:... 36,5 Demi-heure aprés. SALE ob ner 200 EN: EID ele 39,5 Demi-heure aprés. Mn Des Sn a4 de Une ds 34,3 Les symptômes enr jusqu'ici sont analogues à ceux qui sui- vraient une hémorrhagie grave; mais en observant le chien mis en liberté, je suis frappé de son habitus; il se tient immobile et couché, et meurt dans un coma véritable sans avoir jamais présenté ces phéno- mênes convulsifs qui sont constants à un degré quelconque, lorsqu'on tue un chien par hémorrhagie. — Il y a là, dans ces symptômes, une opposition nette avec ce qui a lieu dans l’hémorrhagie ; et souvent, pour m'assurer de la valeur de cette différence, j'ai, chez d’autres chiens, placés dans les mêmes conditions, soustrait quelques grammes de sang. En agissant ainsi, on superpose toujours des PRÉTGRRRE FORMES au coma dans lequel l’animal allait succomber. Analyses. En faisant les analyses du sang chez des chiens opérés, comme celui indiqué ci-dessus, on peut constater une opposition des plus-nettes : Ou sait que par les hémorrhagies on détermine une surac- tivité dans la fonction glycogénique du foie, une augmentation immé- diate de la quantité de glucose contenue dans le sang, et en régle géné- rale, l'animal meurt avec une proportion de sucre plus élevée que la normale. — Or, Spres les injections d’air, rien de semblable: au mo- ment de la mort, j'ai analysé le sang et je n’y ai pas trouvé trace de glucose, et cependant l'analyse du foie à montré qu’il contenait une forte proportion de cette substance et de la matière glycogène qui Lise gendre. La disparition du sucre du sang et sa persistance dans le foie. …— C'est là un fait qui non- seulement différencie la mort par hémor- rhagie de celle par injection d'air, mais encore distingue cette dernière de tous les genres de mort que je connais. Il est donc évident que le sang de la veine-porte ne traverse plus le foie: on ne peut avoir aucun doute à ce sujet : Pour l'injection d’air, on crée un état hémorrhagi- que dans lequel le sang ne peut plus se surcharger de glucose dans le foie. Un autre fait dans lequel l'opposition n’est pas moins nette est le suivant : On sait que par les hémorrhagies on augmente la quantité de fibrine qu’on peut retirer du sang, eh bien, dans l'injection d’air, ôn à, äu contraire, une rapide diminution de cette substance, 254 Fibrine pour 1,000 de sang. 1° Exp. 2+ Exp. Au début.............. 3,6 ....... 3,7 2 heures et demie aprés.. 1,8 ....... 2,75 (1.h. 1/2aprés.) Ce fait montre que la fibrine est susceptible de diminuer rapidement. dans le sang, comme le glucose, et on sait qu’elle peut aussi augmenter, comme lui, dans les mêmes conditions. On doit se demander, en pré-. sence de ce parallélisme dans les faits, s’il n’y a pas parallélisme dans la cause, Et comme on voit ici que la fibrine diminue, comme le glu- cose, dans un état général qui devrait les augmenter l’un et l’autre, on peut se poser le problème de savoir si ce n'est pas dans le cas de l4 fibrine, comme dans celui du glucose à la suppression du passage du : sang à travers la veine-porte, qu’il faut en demander Ja cause. Si la circulation à travers cet organe n’est pas nécessaire pour l’appa- rition dans le sang de l’un comme de l’autre substance, à coup sûr on n’a aucune notion réellement acquise au sujet de la fibrine, de ses lieux de formation et de disparition, etitoute indication fournie par A rience doit être suivie comme un fil conducteur. Dans une autre communication, je dirai les efforts que j'aurais faits avec cette pensée, et, puisque la mort par injection d'air est distincte d’une mort par hémorrhagie, je dirai à quelle cause on doit l’attri- buer. —M. Caarcor a observé de nouveaux faits qui ont pleinement confirmé les vues qu’il avait précédemment émises relativement aux localisa- tions cérébrales. On sait ce qu’il faut entendre par Jà : le cerveau est un organe complexe, formé de parties qui ont des fonctions distinctes; les lésions de ces parties se traduisent par des symptômes spéciaux, à l’aide desquels on peut remonter au siége de la lésion et indiquer avec précision dans quelle partie de l’organe elle est localisée. : On peut distinguer deux sortes de localisations cérébrales : les centrales et les corlicales, | Dans les localisations centrales les lésions occupent 4 masses cen= trales du cerveau, c’est-à-dire les parties qui portent le nom de corps striés, de couches optiques, d’avant-mur de capsule interne, etc:, et : constituent un ensemble très-complexe. Dans ces masses centrales, les. capsules internes sont les seules parties dont les lésions donnent lieu à des symptômes assez caractéristiques pour que l’on puisse en déter- miner,, pendant la vie, la localisatiou ; de nombreuses observations ont démontré que toute lésion qui interrompt la continuité de la capsnle interne dans son tiers postérieur à pour conséquence une anesthésie {o- tale du côté opposé, anesthésie tout à fait semblable à celle que l'on observe chez les hystériques, et présentant comme elle cette particula- 255 .rité remarquable de porter simultanément sur la sensibilité cutanée et . sur les sensibilités spéciales. Cette hémi-anesthésie peut exister seule ; si, comme il arrive fré- quemment, les lésions irtéressent en même temps les parties anté- rieures de la capsule, on observe concurremment une hémipléoie ; celle-ci existe seule enfin, si le tiers postérieure de la capsule à été res- pecté. Les belles recherches de M. Duret, sur la circulation cérébrale, ont permis de reconnaître que ces différences de localisation ne sont pas l'effet du hasard; elles ont montré, en effet, qu'il existe dans, les masses centrales, des territoires vasculaires indépendants les nns des autres; les trois grandes artères du cerveau contribuent à la formation da système artériel des masses ganglionnaires centrales, mais la sylvienne y prend de beaucoup la plus grande part, c’est elle, en particulier, qui fournit toutes les artérioles qui se distribuent à la capsule interne ; les plus importantes, parmi celles-ci, sont les artères striées externes, dont on distingue deux groupes : les lenticulo-striées et les lenticulo-opti- ques. Les premières se distribuent aux parties antérieures de la cap= sule ; c’est à la rupture des dilatations anévrysmales, qui se forment souvent sur leur trajet, qu’est due le plus habituellement l’hémorrha- gie cérébrale ; le foyer n’intéresse alors que la partie antérieure de la capsule interne; il donne lieu à une hémiplégie sans anesthésie. Cette hémiplésie a pour caractères de porter à la fois sur les membres et la partie inférieure de la face, d’être persistante et de s’accompagner bien- tôt d’une contracture permanente. Les artères lenticulo-ortiques fournissent le sang artériel à la partie postérieure de la capsule ; quand, par exception, elles sont le point de départ d’une hémorrhagie, il se produit une hémi-anesthésie ; il va de soi que si la lésion intéresse à la fois les parties postérieures et les par- ties antérieures de la capsule, la paralysie portera sur le mouvement et le sentiment. En résumé, l’existence d’une hémi-anesthésie totale permet d’affir- mer qu’il existe une lésion de la partie postérieure de la capsule in- terne; c’est la seule localisation centrale qui soit possible aujour- d'hui. Les localisations corticales ont été longtemps considérées comme impossibles en raison même des notions qui régnaient en physiologie relativement aux fonctions de l'écorce cérébrale. On a généralement considéré, jusqu’à ces derniers temps, la surface du cerveau comme douée, dans toutes ses parties, des mêmes propriétés. Ç M. RS a exprimé cette manière de voir sous une forme gaisissante : 266 en comparant lb nr ce te cerveau à un ere palye, dont As partie constituante posséderait les propriétés du tout. 521) En présence des expériences et des observations qui ténbed la réalité des localisations corticales, il faut renoncer à cette théorie..La plupart des physiologistes reconnaissent également que, contrairement aux idéee qui avaient longtemps dominé, la surface du cerveau est.ex- eitable. Les expériences de Hitzig et de Ferrier, celles de Carvill et Du- ret, paraissent avoir, positivement établi que l'excitation de. certains points de l’écorce cérébrale donne lieu à des mouvements qui se produi- sent toujours dans les mêmes parties ; on peut ajouter, il est vrai, qué l'excitation ne porte pas sur la substance grise, mais sur les fibres blanches sous-jacentes ; mais la présence immédiatement au-dessous de l'écorce et des points déterminés de fibres destinées à certains mus- cles serait encore un argument en faveur des centres corticaux. Plusieurs expérimentateurs ont essayé de déterminer le côté physio- logique de ces centres moteurs en les détruisant isolément à l’aide de caustiques ; mais ces expériences n'ont donné que des résultats. peu précis ; l'observation a été ici bien supérieure ar expérimentation. Il.se produit, en effet, fréquemment des ramollissements circonscrits à des parties peu étendues de. la surface cérébrale, En étudiant comparative- ment un certain nombre de ces faits, on est arrivé à reconnaître que. les 1ésions de certaines parties se traduisaient constamment par des symp- tômes identiques; de là la possibilité de localisations corticales, I est bien établi, par exemple, que les lésions de troisième circonvolution frontale que l’on a appelée, à juste titre, la circonvolution de Broca, se traduisent constamment par de l’aphasie. On peut également considérer aujourd'hui, comme un fait bien démontré, que les lésions des parties qne l'on peut désigner dans leur ensemble sous le nom de système des circonvolutions ascendantes donnent lieu à des troubles déterminés de la motilité. Ce système comprend, sur la ble externe du cerveau, les circonvolu- tions frontale et pariétale ascendantes séparées par le sillon de Rolando; sur la face interne, le lobe paracentral qui n’est autre chose que l’épa- nouissement des mêmes circonvolutions. Ce système est caractérisé, au point de vue histologique, par une particularité de structure très-frap- pante. On y trouve, dans, la partie la plus profonde de la couche, des cel- lules pyramidales que renferme l'écorce grise des cellules géantes qui émettent par leur base un prolongement axile tout à fait Me à celui des cellules motrices des cornes antérieures. Ces particularités et les expériences de Hitzig. et Ferrier permettaient déjà de soupçonner que ces circonvolutions exerçaient une action sur la 257 motricité; “les” faits ‘dliniques recueillis par M. “Charcot sont VENUS € en or la démonstration. - Ds établissent clairement, en n effet, que : les sions Ab Girconvolations ascendantes dans leurs deûx tiers supérieurs et celles du lobe paracen- tral se traduisent par une hémiplégie très-analogue à celle que produi- ‘sent les “lésions de la capsule interne. Car, comme elle, elle ‘est perma- rente et s accompagne | de contractures secondaires; elle en diffère cependant, en ce sens que la paralysie n’intéresse pas constamment la face, surtout quand la lésion est limitée au lobe paracentral ; une hé- miplégie des membres saris paralysie faciale permet donc de considérer comme probable l'existence d’une lésion du système des circonvolutions ascendantes et plus spécialement du lobe paracentral. Comme les lé- Sions de la capsule interne, ces foyers corticaux donnent lieu à des dé- générations ‘secondaires. M. Charcot peut citer aujourd’hui au moins quinze observations à appui de ces propositions, et elles sont absolu- ment. démontrées ; c'est ainsi, par exemple, que dans deux cas d’ hémi- plégie Sn e des membres sans paralysie faciale on n’a trouvé d'autre lésion capable d’ expliquer ces symptômes qu’un petit foyer exactement limité au lobe paracentral. Dans les cas, au contraire, où l’on a trouvé à l’autopsie des lésions corticales qui n’intéressaient pas les systèmes des circonvolutions ascendantes, la lecture de l'observation à montré qu'il n’y avait pas eu de paralysies.… On a donc la preuve et la contre-épreuve ; l'existence d’un rapport éntre ce système et les fonctions de motricité peut être poree comme. démontrée. © 2CM. PARROT communique le résultat de ses recherches sur l'anatomie pathologique de lerythème des mouveaux-nés. Cette affection se pré- $ente sous deux aspects différents ; le plus communément elle est sur- tout constituée par de petites vésicules acuminées qu’entoure un cercle rouge ; elles ne sont généralement visibles qu’à la loupe ; elles se grou- pent d’habitude en nombre considérable et occupent alors des surfaces étendues ; plus rarement, et seulement chez les enfants un peu plus âgés, l’éruption est formée par de petites papules rouges violacées et luisantes ; souvent elles deviennent le siége de petites érosions, plus rarement de véritables ulcérations, dont les bords sont taillés à pic. C’est sur la forme vésiculeuse, sur l’érythème des nouveaux-nés pro- prement dits que porte la communication de M. Parrot. Si l’on étudie au microscope une coupe de la peau pratiquée au niveau d’un vésicule, on peut constater les particularités suivantes : la couche cornée est, à ce niveau, épaissié, doublée ou triplée de volume, Le corps muqueux est également très-épaissi, ses éléments sont altérés ; les cellules les’ c, R. 4810. 83 258 plus rapprochées dela couche cornée ne sont plus aplaties comme à; l'état normal ; leur forme est devenue sphéroïdale, leur volume est considé- -rablement augménté; ces altérations sont appréciables jusque dans la partie la plus doit du COLRE roqUeuR mais elles deviennent de moins en moins prononcées à mesure que l’on s’éloigne de la couche cornée. Il faut ajouter que ces cellules ne se colorent plns-par le car- min, qu'elles sont remplies d’un liquide transparent, lécérement granu- leux et que leur noyau est gonflé. Dans les points où l’altération est plus avancée, certaines de ces cellules se sont rompues de manière à communiquer les unes avec les autres, on ne peut plus ën distinguer le noyau. S'il s’est fait alors une exulcération, on voit. que la couche cornée est comme brisée sur ses bords, on en distingue seulement les extrémités rompues. On voit donc que, sous l'influence d’une irritation, les cellules superficielles du corps muqueux se gonflent, deviennent lyctocytiques et finissent par se détruire ; il en résulte la formation d’une petite cavité dans laquelle de nouvelles cellules, également alté- rées, viennent se ranger, et donnent lieu ainsi à un suintement. Il peut arriver enfin que les cellules les plus superficielles du derme entrent en prolifération, maïs ce travail morbide ést peu fréquent et reste trés- circonscrit. Enfin les vaisseaux les plus superficiels de la peau.s'injec- tent dans les points qui correspondent aux papules. RÉTINITE ALBU MINURIQUE « M. PONCET (de Cluny) résume ainsi le résultat de ses recherches dans cinq cas d’albuminurie. Les lésions qui atteignent les membranes profondes. de l'œil, dus certaines variétés d’albuminurie, se rencontrent sur la rétine, dans le corps vitré, dans la choroïde et dans Je nerf optique. Sur la membrane nerveuse se-produisent des hémorrhagies, des ex- sudats liquides, des plaques RENÉE des taches de dégénérescence colloïde graisseuse. Les hémorrhagies, nées ue ie couches les He ee de la ré tine, s’étalent à sa surface, en suivant l’expansion des, fibres du nerf optique ou fusent dans l'épaisseur, le long des travées de Müller. Les. globules sanguins peuvent atteindre les bâtonnets. L’exsudat liquide se produit surtout dans la couche du nerf opti- que, qu'il dissocie et refoule par paquets contre le tissu conjonctif en laissant de larges loges vides. Ce liquide ne contient pas d'éléments figurés : : c’est l’æœdème simple. : Les plaques d’exsudation fibrineuse se présentent sous une forme caractéristique quoique variable, suivant le niveau où la fibrine s'est déposée. cn $ vo LH ‘259 Entre les fibres du nerf optique, l’exsudat fibrineux, coagulé par le liquide-de-M. Müller, apparaît sous l'aspect d’un fin réseau irrégulier À fibres à double contour, anastomosées, sans noyau. Cette masse et le liquide exsudé chassent les fibres du nerf optique contre la couche des cellules ganglionnaires, détruisent la disposition régulière des fibres connectives de Müller et les déchirent en partie. Dans les couches inférieures, l’exsudat fibrineux peut He par- tout; mais il occupe surtout l'intervalle entre les deux couches des grains. Là encore il écarte un certain nombre de fibres radiées, qui forment une espèce de loge où le fin lacis fibrillaire est mélangé à quel- -ques travées de Müller brisées. Ces pelotons isolés sont disposés presque régulièrement entre les bandes des grains qui diminuent elles-mêmes de hauteur. Enfin l’exsudat peut atteindre les bâtonnets et les cônes. Ces éléz ments s’atrophient alors, deviennent granuleux et forment un magma colloïde, semi-transparent, où les franges des bâtonnets et des cônes æessortent encore avec la plus élégante régularité. Plus bas, l'exsudat décolle la rétine d’avec la choroide ; il se mélauge de cellules En aires altérées. Dans certains points FA la rétine, si l’exsudat ne se coagule pas € en fibrilles, il forme des plaques granuleuses englobant toutes les parties voisines et au centre desquelles on retrouve la lumière d’un fin DU laire, : Les taches graisseuses, si remarquables par lb aspect brillant, P: donné lieu à bien des interprétations différentes (Müller, Heymann, 4856 ; Wagner, 1857 ; Charcot, Lécorché, 1858; Nagel, 1860; Schwei- ger et Græfe, 1860-71 ; Hulke, 1862; Roberston Argvll, 1870 ; Rosens- tein, 1874). Donnant à la rétine une épaisseur souvent cinq ou six fois plus grande qu’à l’état normal, ces plaques siégent d’une façon absolue dans la couche des fibres du nerf optique, en dedans des cellules gan- glionnaires et des grains : ces deux derniers RAR n'y prennent aucune part. . Sur des préparations plates, amincies au pinceau et ébloiées, la pla- qué blanche apparaît, sous les fines fibres de l'expansion du nerf opti- que qu’elle dissocie, pour montrer de gros éléments irréguliers, plon- geant vers la profondeur et peu colorés. Au centre de ces éléments ronds, ovoides, fusiformes, on reconnaît souvent, soit une apparence de noyaux rouges, mais sans nucléole, soit un corps central, cylindrique déformé, qui se perd dans le fond de la préparation. Sur les dissociations de ces taches, il est aisé de distinguer deux élé- ments particuliers : 10 des fibres de l’expansion de la papille, à renfle- ments, fusiformes, énormes et devénues granulo-colloïdes ; 29 d'autres fibres commençant, par un: large entonnoir conoïde'se terminant entun mince filament après. plusieurs :renflements graisseux. Au: centres de Jentonnoir. peu coloré plonge un cylindre axe très-vivernent carminé, et, suivant que ce cylindre axe est examiné plus ou moins de face où de côté, on voit un noyau (ee homogène, ou un noyau suivi d’une portion de cylindre. | ) . Sur des coupes D A les plaques blanches, Re ie tout à à leur périphérie, apparaissent composées d’une série de sections plus ou moins rondes, ayant à leur centre une seconde section plus où moins oblique, d’un corps également cylindrique. La partie externe se colore difficilement; le cylindre central, três-aisément, par le carmin. Entre ces sections perpendiculaires des fibres du nerf optique existent des fibres connectives de Müller peu altérées. On trouve aussi de’ la graisse en petites vésicules isolées où en gros globules granuleux. . Les plaques blanches graisseuses sont donc constituées par la. dégéné- rescence colloïde et graisseuse, avec hypertrophie des fibres. du nerf optique, et par la même lésion, sur l’infundibulum interne des travées de Müller. Les coupes et les dissociations démontrent la présence d’un cylindre axe soit au milieu des fibres du NO altérées, soit dans l’infun- dibulum de certaines travées radiées de Müller. Le cylindre axe ressort nettement dans ces cylindres colloïdes, et l’on a pris pour des cellules les sections plus ou moins perpendiculaires des fibres radiées où ner- veuses, dégénérées. | Les plaques exsudatives et les taches graisseuses peuvent se AU sur un même point de la partie la plus interne de la rétine. Les altéra- tions des vaisseaux rétiniens se rattachent à l’endartérite ge pue seuse des gros vaisseaux et des plus fins capillaires. Les lésions précédentes de la rétine aménent, dans le corps vit, une prolifération ou une migration de gros éléments cellulaires, sur la limi- tante interne, où ils peuvent former relief. Le nerf optique, à la papille, offre souvent toutes les lésions de la né- vrite en saillie. Ce renflement pathologique amène la destruction d’un certain nombre de bâtonnets et de cônes pres de l’anneau sclérotical. Les hémorrhagies et les taches graisseuses à la pupille ne dépassaient pas, dans les cas observés, la limite de la lame criblée. MDES à . Nous avons constaté une endartérite avec oblitération complète de l'artère centrale. du nerf optique, per un caillot, dans un cas de cécité albuminurique qui s'était eusuite notablement amélioré : la rétine ne présentant pas alors les lésions précédemment décrites. 7 La choroïde n'échappe pas aux altérations générales. Les capillaires et Jes gros vaisseaux sont irrégulièrement pris de dégénérescence colloïde sur une trés-grande étendue, De là, des hémorrhagies interstitielles, a ae 961 une-choroïdite généralisée et--des Sr en ne de . rétine, avec décollement de cette membrane. | © =MONtuus, pour obtenir la se figurés des a on paralytiques des pieds, invite le malade à poser la plante du pied sur une feuille de papier noirci par la fumée; l'empreinte, ainsi produite, est fixée à l’aide d’un vernis; ses contours différent selon qu'il s’agit d’un pied- “bot paralytique ou d’un pied d'hémiplégique, suivant qu'il y à paralysie ou contracture. M. Onimus dépose ensuite sur le bureau la thèse de M. Bricon, de Strasbourg, sur les vaso-moteurs. M. Bricon admet Ja contraction au- tonome des artères ; il admet que les troubles vaso-moteurs, produits par la section d’un nerf, sont d’abord des phénomènes actifs ; il s’attar che enfin à démontrer, conformément aux vues de Legros et Onimus, que les mouvements péristaltiques augmentent le débit des tubes élas- ques. _— M. BocHEFONTAINE communique à la Société la note suivante : PENTASTOME DENTICULÉ PROVENANT Du POUMON D'UN COBAYE. Le pentastome denticulé, que je mets sous les yeux de la Société, vient d’ê tre trouvé dans un petit kyste sitné à la surface d’un des pou- mons d’un cobaye. Ce ponasiome n’est pas un ver inconnu, mais on le rencontre rarement, et c’est à cause de sa rareté que j'ai cru devoir le présenter. Celui-ci à six millimètres de long et un peu plus d’un milli- mètre de large. On distingue très-nettement, avec un faible grossisse-. ment, les quatre crochets volumineux qui sont situés prés de l’orifice buccal, deux de chaque côté; on distingue également bien les séries d’épines ODA sur les anneaux. _ Il semble qu’à gauche de l'extrémité anale du tube digestif on dis- tingue un ruban qui se bifurquerait à son extrémité postérieure. L’a- nimal est vu par le ventre. Si cet aspect n’est pas le résultat d’un arti- fice accidentel de la préparation, on pourrait supposer que l’on a sous les yeux un spicule bifide. Mais les helmintholosistes ne reconnaissent pas d'organes génitaux au pentastome denticulé, qui, d’après Leuckaert, serait une larve du pentastome tenioïde. — M. Pauz Berr, dans ses précédentes communications relatives à V’action de l'air comprimé sur l'organisme, avait omis à dessein de l’é tudier au point de vue physico-mécanique ; ce côté dela question ne doit pas être cependant négligé complétement. L'air comprimé produit, en effet, des modifications dans la respiration et dans la circulation; la capacité maxima des poumons augmente; et si l'on étudié le tracé sphygmographique du pouls, on reconnaît que le dicrotisme normal 4: 262 disparu et qu'il's'est formé un plateau au sommet de la ligne ascén: dante. Ces modifications sont-elles dues à l’action mécanique dela compression? Les Allemands ont répondu affirmativement à cette question sans rien prouver. Ils ne peuvent invoquer; à Fappui: de leur opinion, qu’une seule expérience, due à Vivenot, et cette CAPÉERE est gans aucune valeur. Pour démontrer l’action de l'air DDR sur le pouls, Vivenot ip une poire en caoutchouc; il y ajoute un tube d'environ 0,50 :centimé- tres et en ferme l'extrémité aprés l'avoir rempli d'eau ; un sphyemo- graphe est fixé sur le tube; l'appareil ainsi préparé, si l’on fait tomber un poids sur la poire, il se produit dans le tube une série de pulsations qui donnent un tracé trés-analogue à celui du pouls; si l'on répête l'expérience dans l'air comprimé, les caractéres du tracé sont modifiés comme ceux du pouls, dans les mêmes circonstances, par, l'apparition d’un plateau et la disparition du dicrotisme. Cette expérience ne peut avoir de valeur, car ses résultats sont en contradiction avec les prin- cipés élémentaires de la physique ; il est inadmissible que le fonction- nement d’un appareil, composé exclusivement de liquides et de so- lides, soit sensiblement modifié par une pression d’une demi-atmo- sphère. Ily a certainement une cause d'erreur dans l'expérience de Vivenot ; M. Bert, l'ayant répétée, a conclu si "il était resté dans V'ap- | ps une certaine quantité d'air. L'action mécanique de l’air comprimé sur vanne ne peut s'exer- cer que par l'intermédiaire des gaz libres qu’il renferme. M. Bert prouve, par l'expérience suivante, que telle est la cause des modifica- tions que présente dans ces conditions la capacité thoracique. Il intro- duit dans la trachée d’un chien mort, dont on détermine, par le pro- cédé Gréhant, la capacité respiratoire, l'extrémité d’un tube en Ÿ. L'une des branches de l’Y est ouverte à l’air libre ; l’autre est munie d’un tube qui aboutit à une vessie vide; la branché libre est munie d’un ro- binet ; le tout est alors placé dans la chambre où l’on comprime l'air, Le poumon du cadavre se remplit alors d’air sans pression. On ferme le robinet à travers les parois de l'appareil, et l'on décomprime; alors l'excès d’air s'échappe dans la vessie et l’on peuten mesurer la quan- tité. . ia KL} A2 r adr: } ADS Lab : Prenons, par exemple, un animal dont la capacité pulmonaire était 600 c. c. cubes, et qu’on a porté à 8 atmosphères; par la décormpres- sion, il sort du poumon 14,350 c. c. d’air, c’est-à-dire 150 de plus que me l’indiquait le calcul ; là capacité pulmonaire à 3 atmosphèéres avait donc augmenté de 50 c. c. Si l’on augmentait progressivement Ja, pres- sion, il se produisait une augmentation progressive, quoique non pre portionnelle de la quantité d'air contenu dans le poumon C'est à la ré 263 duetion du volumeides.gaz intestinaux.et à l’aplatissement du tube di- gestif qu’il faut attribuer l’augmentation de la capacité respiratoire, Cette compression :a pour résultat constant l’abaissement du dia- phragme. Cet abaissement n’est pas instantané ; il ne se produit guëre qu’au bout d’uue demi-heure. Lorsqu'un individu a étésoumis souvent à l’action de l’air comprimé, le diaphragme contracte pour ainsi dire l'habitude de s’abaisser davantage, même à l'air libre ; l'augmentation de la capacité respiratoire devient permanente. — M. Craune BERNARD a étudié, à l’occasion du cours qu'il fait en ce moment sur l'unité vitale dans les deux rêgnés, les effets de l’éthé- risation appliquée aux végétaux et aux animaux. Chez ces derniers Péthérisation n’agit pas seulement, comme on l’a cru longtemps, sur le système nerveux, mais sur tous les tissus, sans exception ; € "est ainsi que, sous son influence, les muscles deviennent rigides et Het momen- tanément leurs propriétés ; c’est ainsi que chez les grenouilles on voit s'arrêter les mouvements du cœur, des cils vibratils, etc. De même dans le rêgne végétal, on voit l’action de l’éther arrêter Es mouvements de lasensitive, et ce n’est pas là un fait isolé ; tous les actes vitaux, dans le règne végétal comme- dans le rêgne animal, subissent l'influence des anesthésiques ; la germination des plantes'en fournit un exemple frappant : M. Bernard: mèt sous les yeux de la Société des graines de cresson alénois disposées sur.des éponges dans des tubes qui renferment de l’eau; ces graines, dans ces conditions, germent d’ordi- paire du jour au lendemain ; mais une partie-d’entre.elles ont été sou- mises à l’éthérisation et elles n’ont pas germé, l’éther mettant obs- tacle à la germination: comme aux autres actes vitaux. Cet obstacle n’est que temporaire; la graine conserve toute sa vitalité, car si elle cesse d’être soumise à l’éthérisation, elle commence bientôt à germer, le chloroforme a la même action. Ces anesthésiques exercent sur la levûüre de bière une influence analogue. Si l’on agite ce ferment avec-de l’eau éthérée ou mélangée de chloroforme et qu’au bout de vingt-quatre heures on y ajoute du sucre, la fermentation alcoolique ne se produit pas; mais la levûre a conservé son pouvoir inversif sur le sucre de canne; la levûre reprend d’ailleurs toutes ses propriété de ferment alcoolique dés qu’elle a cessé d’être éthérisée. En résumé l’on doit considérer l’anes- thésie comme un fait général à tous les êtres vivants; l’éthérisation an- nihile momentanément l’irritabilité de tous les tissus. Elle agitsur le proto= plasma, la matière vivante; elle le rend opaque, elle en détermine pour un. laps de, temps variable la coagulation; c’est, ainsi que l’on voit les fibres musculaires éthérisées devenir rigides et opaques. Cette coagula- tion peut devenir définitive si l’action de l’éther est trop prolongée: au« -tement elle disparäit bientôt, quand l'éther dont le tissu: était she gné a été emporté par Ja circulation. }, SRE LE LE M. Claude Bernard 4 observé en outre que les ancsthésigsis ont ke même action sur la fonction chlorophyllienne des feuilles. Une planté verte anesthésiée cesse de dégager de l'oxygène sous l'influence de la radiation solaire, mais elle continue à respirer et à former de |’ acids carbonique. Ici encore-les anesthésiques, le chloroforme ou l’éther dis- tinguent les phénomènes vitaux ou protoplasmiques des phénomènes (he ordinaires. fr — M. Pauz Berr a étudié Denon de éther sur ae see il a re= connu que, si la plante cesse de réagir contre les excitations, elle CON tinue à présenter les mêmes mouvements diurnes et nocturnes qu’au paravant, et il a été conduit à penser que ces deux ordres de mouve- ments se produisent suivant des mécanismes différents. Les mouvements spontanés sont dus vraisemblablement à un appel-d’eau dans une région déterminée de la plante, dans un renflement situé à la base.du pétiole. Cet appel d'eau peut s 'expliquer, par la présence d’une substance osmMmo- tique dans les cellules qui composent ce renflement ; cette substance se formerait sous l'influence .des rayons jaunes et Final sous V'in- fluence des rayons violets. — M: Durey communique une observation d’hémorrhagie de ja: me tubérance et du gere ventricule 3 1 | cté4 BASE Séance du 22 juillet 1876. : 10 DAT . M, DE SINÉTY fait Le En on suivante : SUR L’mSTOLOGIE NORMALE DE LA CAVITÉ “UTÉRINE QUELQUES HEURES . APRÈS L *ACCOUCHEMENT ‘Les préparations histologiques, que je présente à la Société provien- nent, les unes d’un utérus double dont une des moitiés contenait un fœtus à terme et dont l'observation a été publiée par M. Budin (1), d’autres d’un utérus normal à terme d’une femme morte 22 heures: aprés ses couches d’une attaque d'éclampsie et sans fièvre. . L'accouchement avait été naturelet avait duré fort peu de temps. J'insiste sur ce fait, que l’autopsie a pu être pratiquée au mois de jan- vier par:une température trés-froide et peu de temps aprés la mort. Ce : (1) PROGRÈS MÉDICAL, numéro du 4 mars 1876. L'opération césarienrie! prätiquée sen aprés la non de la mére avait donné ‘un en-' fant vivant. tés fe ja -0ÿ: Val j 4eN Fa 205 faits d'autant plus d'importance que je me suis assuré, pér l’exarnen d’un grand nombre d’utérus, que les deux tiers des utérus pris à l’au- topsie nepeuvent donner aucun renseignement sur l’état de la mu- queuse utérine, tant cette partie de l’organe s’altère avec facilité. Et ce sont des cas de ce genre qui ont fait dire, sans doute, à certains histologistes que la couche musculaire se trouvait ae à nu dans la cavité utérine. Je n’ai observé ce dernier fait, qui est en effet train que sur des utérus altérés par un commencement de putréfaction, mais jamais sur des utérus frais. Hn’y a pas bien longtemps encore qu’on considérait la caduque comme une coagulation d’une substance comparable à la fibrine et ce n’est qu’en 1848, que M. Robin, dans un mémoire publié dans les Arcaives DE MÉDECINE, démontra, que la caduque n’est autre chose que la mu- queuse utérine hypertrophiée etayant subi certaines modifications. Le même auteur développe cette idée dans deux autres mémoires (1). En France, aucun autre travail histologique n’a été publié sur ce sujet et tous les traités d'accouchement ou de gynécologie les plus modernes ne font que citer des passages des mémoires de M. Robin. A l'étranger Ja question a été reprise par plusieurs auteurs, Williams en Angleterre, Ercolani.en Italie, Friedlander et quelques autres en Allemagne. Le fait général, que la caduque n’est qu'une muqueuse utérine. mo- difiée, ne fait plus aujourd’hui l’objet d’aucun doute, comme l’a pé- remptoirement démontré, l’année dernière, une discussion qu’à eu lieu, à ce sujet, à la Société obstétricale de Londres. Mais certains points de vues restent encore obscurs et c’est la raison qui m’a engagé à montrer quelques préparations que je considère comme trés-intéressantes à ce point de vue. Je ne veux pas décrire ici exactement les détails histologiques que j'ai l'intention de publier dans un travail plus étendu, je me conten- ‘ terai de résumer les questions, au sujet desquelles, mes préparations m'ont paru démonstratives. Friedlander admet pour la caduque deux couches, la plus superfi- cielle ou couche des grosses cellules et la plus profonde ou couche des glandes qui reposerait sur la couche musculaire de l’utérus. Il résulte de mes observations que cette division en deux couches n’a pas de raison d’être et que les glandes sur un utérus à terme parvien- nent souvent jusqu’à la suface libre, comme on le voit sur les prépara- tions de cet utérus double. (1) Journaz de Brown-Séquarn, 1858, et ACADÉMIE DR MÉDECINE 1861. | a. n. 1876. 34 266 Il est très-vrai que Îles cellules de la caduque sont plus gro$ses:en se rapprochant des membranes de l’œuf mais on trouve tous les intermé- diaires entre les cellules du tissu conjonctif ordinaire et les cellules géantes, de forme et de dimension souvent si bizarres. Les glandes sont aussi plus dilatées vers la partie moyenne, mais un certain nombre de ces glandes, je le répète, se voient encore près du point Fe réunion des pue maternelles et fœtales du placenta. Il n’y a donc pas lieu de discuter, comme l’ont fait dernièrement Langham et Friedlander (1), pour savoir si la déhiscence du placenta s’opére dans la couche des cellules, ou dans celles des glandes. J'ai sou- vent observé des débris de glandes entrainés avec les membranes, tandis qu’une partie de ces mêmes glandes restait dans l'utérus. On a dit aussi que la déhiscence du placenta résultait de la dégéné- -rescence graisseuse des éléments de la caduque. En étudiant, au moyen de dissociation, la face utérine de placentas trés-frais, ou la surface de l'utérus immédiatement aprés la couche, j'ai vu que la plus grande partie des grosses cellules contenait peu ou pas de graisse, et jamais la dégénérescence graisseuse n’était poussée assez loin, pour expliquer la -déhiscence du placenta. Il n’en est plus de même si on étudie l'utérus quelques jours aprés l'accouchement ou dans certains cas pathologiques. On a dit aussi, qu’en dehors de l’insertiou placentaire, on trouvait au moment de l’accouchement à terme. une muqueuse de nouvelle for- -mation. Je ne lai jamais rencontrée à cette époque et il n’y a d’autres différences entre Les divers points du corps de l'utérus qu’un plus grand développement des éléments et des vaisseaux à l’endroit où s’insère le ‘placenta. Je n’ai jamais trouvé de surface recouverte d’épithélium, et,quelques JE aprés l'accouchement, la lumière des glandes comme le tissu qui les sépare, est complétement remplie et infiltrée de petites cellules rondes (éléments embryonnaires ou globules blancs) qui donnent au tissu l’aspect d’un tissu embryonnaire. Cet état embryonnaire du corps de l'utérus après l’accouchement présente un certain intérêt au point de vue des métrites granuleuses, si fréquentes à la suite des couches, métrites dont les végétations ont presque la inême composition histologique (2). (1) ARCHIVES DE GYNÉCOLCGIE (ALLEMANDES), 1875 et 1876. (2)J adhquEn aussi, en passant, ce fait signalé par Friedlander, mais sur lequel il n’a peut-être pas assez appelé l'attention, que, quelques heures aprés les couches, la cavité utérine est complétement reyêtue ; 267 Quelle est la nature des grosses cellules de la caduque ? Pour beaucoup d’auteurs ces éléments sont des cellules épithéliales. Pour d’autres, et je me rattache complètement à cette dernière opinion, ce sont des éléments du tissu conjontif (1). Leur situation irréguliére, leur forme aplatie, la façon dont elles entourent les vaisseaux, ne doivent, il me semble, laisser aucun doute à cet égard. On peut aussi s'assurer par des dissociations, que les soi-disant corps fusiformes de la caduque ne sont autre chose que ces grosses cellules plates vues de profil: La présence de cette masse d'éléments jeunes et l’absence d’épithé- lium caractéristique sur aucun point de la cavité du corps d’un utérus recueilli peu d'heures après l'accouchement me porteraient à admettre, avec Williams (2), que c’est aux dépens de ces petites cellules rondes que se régénère dans la suite l’épithélium utérin. Des quelques faits que je viens d’exposer, celui sur lequel je désire plus spécialement appeler i’attention, c’est que, quelques heures aprés l’accouchement, le tissu qui revêt la cavité utérine est principalement constitué (excepté pour le col) par de petites cellules rondes, fortement colorées par les réactifs, masquant presque les grosses cellules, et don- nant à l’ensemble de ce tissu l'aspect d’un tissu embryonnaire, Il y a donc une différence histologique entre un utérus à terme, mais contenant encore le produit de conception, et le même organe peu de temps après qu’il a expulsé ce produit. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L’ANATOMIE PATHOLOGIQUE DE LA PARALYSIE GÉNÉRALE. M. Luyxs présente à la Société une série de préparations photogra- d’une couche de fibrine coagulée adhérant au tissu sous-jacent, et que l’on observe trés-bien sur les coupes faites avec précaution. Je ne parle pas du col de l’utérus, ayant vu, comme tous les auteurs, que cette portion de l’organe conserve son épithélium, et qu’on n’y trouve pas de cellules géantes. En somme, le col ne participe en rien à la formation de la caduque; ses glandes sont seulement un peu hy- pertrophiées, et l’épithélium caliciforme qui, chez la femme adulte, tapisse les glandes et les replis de la muqueuse, peut, par le fait de la dilatation, se trouver recouvrir la surface libre, comine j'ai eu l'occa- sion de l’observer. (4) Waldeyer les appelle des cellules plasmatiques (plasmazellen), CEn- TRALELATT, 1876, p. 45. (2) On the structure of the mucous membrane of the uterus, Williams, London. 1876, p. 27. 268 phiques destinées à donner, sous forme de représentation objective, une idée des lésions intimes qui constituent la paralysie générale PrAÿESe give. Ces images sont la reproduction de pièces naturelles vues à diffé, rents degrés d'amplification. Ces grossissements varient entre 15,et 600 diamètres. L’autéur montre ainsi quelles sont les différentes phases suivies par le processus morbide, et il arrive à faire voir, d'accord en cela avec les recherches précédentes des savants français et étrangers, que la paralysie générale, an point de vue nosologique, peut être con sidérée dès maintenant comme une véritable sclérose interstitielle dif- fnse de la névroglie des centres nerveux. Sur une série de préparations, M. Luys fait voir que le processus hy- perplasique répartit inégalement son action. Sur certains sujets, ainsi que M. Baiïllarger l’a observé déjà, c'est la substance blanche qui subit tout d’abord ses premières atteintes, et alors on constate que les fibrilles de la névroglie, que les corpuscules qui leur font suite sont trés-nota- blement augmentés ; ces derniers sont glonflés, leurs prolongements ra- diés trés-épaissis et augmentés de nombre, de là un tissu nouveau, vé- ritable feuträge, qui se développe en silence, détruisant par son action envahissente les fibres nerveuses au milieu desquelles il est réparti, et produisant ainsi un tissu scléreux ayant çà et là l'apparence aréolaire, et qui s'est ÉOrAPIERerEnE substitué à l'élément nerveux. M. Luys pré- sente une pièce dans laquelle cette disposition est des plus manifestes, et l'on voit sur la limite de la substance grise et de la substance blanche la matière cérébrale percée à jour par une série d'orifices à l’emporte- pièce, présentant l'apparence d’un canevas ou tulle grossier formé par du tissu scléreux. Dans l'intimité de la substance corticale, la façon dont se comporte ce tissu pathologique est tout à fait analogue. M. Luys rappelle à la Société que les régions superficielles de l’écorce présentent, en quelque sorte, un véritable épiderme constitué à l’état normal par un tissu dé- licat finement fibrillaire, dont les mailles sont entrecroisées de mille fa- çons, et qui constitue un coussinet névroglique interposé entre les mé- ninges et les couches superficielles de l’écorcé cérébrale. Cette zone de tissu conjonctif qui, à l’état normal, est constituée pa- reillement par des corpuscules de névroglie et par des prolongements Sbroïdes, qui émanent des gaînes périvasculaires, devient, sous l'in- fluence de l’irritation le siége d’une véritable prolifération néoplasique qui double son épaisseur et multiplie à l’infini le nombre de ses élé- ments. C’est ainsi que l’on voit, sur des pièces relatives à des sujets qui ont succombé au début de la maladie, le processus morbide faisant ses premières apparitions ; dans ce cas, on constate le gonflement et la Cie 269 multiplication des corpuseules de tissu conjonctif. Ils se comportent ici comme ils se sont comportés dans la substance blanche : leurs prolon- gements épaissis forment des tractus trabéculaires, des irradiations de toutes sortes coupés par des intersections et constituant, ainsi qu’on peut le voir sur la pièce en question, un véritable treillis de nouvelle formation, condensé et ayant une marche envahissante. En effet, si à l’aide de coupes fines on suit la continuité du tissu sclé- rosique, dont nous venons de parler, dans ses rapports avec les diverses zones sous-jacentes de l'écorce, on constate que le même travail s’ac- complit et que des poussées envahissantes de stroma conjonctif se fau- filent entre les cellules et les tubes nerveux et arrivent ainsi, d’ une fa- çon inégale, à détruire ces mêmes éléments. En effet, sur deux préparations dans lesquelles M. Luys fait voir en même temps l'état normal des cellules de l'écorce et l'état pathologie que sous l'influence du processus sclérosique dont il décrit l’évolution, il fait voir qu'entre les lacis sclérotiques de la substance blanche et les lacis sclérotiques de la région sons-méningée de l’écorce et, enfin, dans les différentes zones de l'écorce, il y a une continuité complète du même processus sclérosique qui se généralise partout de la même manière et obéit aux mêmes lois évolutives. Ainsi, il montre combien, dans la substance grise, les corpuscules de tissu conjonctif deviennent abondants, eu égard à leurs proportions à l'état noral, et combien les éléments nerveux sont plus ou moins cer- clés et investis par ce tissu de nouvelle formation, qui les enserre de toute part, etamène à la longue leur nécrobiose et leur résorption pro- gressive. C’est ainsi que l’on peut constater sur une des planches, tou- tes choses étant égales d’ailleurs, combien les éléments nerveux sont diminués, et combien les cellules deviennent à un moment ràres. Sur une dernière préparation, que M. Luys présente, il fait constater de visu combien l'influence envahissante du tissu scléreux est mor- telle pour les cellules nerveuses. Celles-ci, en effet, ne se présentent plus à une période avancée de la maladie, que sons forme de magma blanchâtre, dé forme vaguement pyramidale, disposées en séries dé- pourvues de tout caractère morphologique propre et représentant, en quelque sorte à l'état sec, les momifications d’anciennes cellules céré- brales ayant cessé de jouir de leurs propriétés trophiques. Ces faits étant établis, M. Luys, comme conclusion, expose à la So- ciété que les lésions de la paralysie générale sont nettement caractéri- seés par une hyperplasie généralisée de la trame névroglique, dont les éléments se développent à l'infini et constituent ainsi, pour les éléments nerveux, des lésions fondamentales qui sont tout à fait les analogues des lésions de la cirrhose pour le tissu hépatique. 270 Ces lésions paraïssent indifféremment avoir divers foyers d’émer- gence suivant les régions envahies; tantôt elles commencent par la substance blanche, tantôt elles débutent même par la substance grise corticale, d’autres fois par les régions sous-méningées, et, dans d’autres circonstances enfin, elles frappent d'emblée telle ou telle région de la moelle épinière avant de faire leur apparition ascendante dans le cer- veau ; et c’est ainsi que la paralysie générale se révèle quelquefois avec des formes insolites, au moment du début, et par des manifestations du côté de la motricité spinale ou de la motricité des régions bulbaires avant de faire son apparition dans les régions supérieures du système nerveux. | | M. Luys montre encore que, si l'élément nerveux est intéressé, l’élé- ment vasculaire du tissu nerveux est aussi très-profondément atteint. C’est ainsi qu'il fait voir qu'en examinant les vaisseaux on trouve; presque constamment, la tunique externe en voie de prolifération con- jonctive, et que cette tunique externe devient le vrai foyer d'émission de traïnées de tissu sclérosé. D'une autre part, il montre encore que ce travail si curieux qui intéresse les tissus vasculaires a une véritablé in- fluence sur le diamètre du vaisseau. racal St Ainsi, on voit un certain nombre de capillaires dont la lumière est littéralement oblitérée par l’hyperplasie de tissu conjonctif qui, sous forme oe fibriles concentriques emboîtées, forme des parois rigides et difficilement perméables au courant sanguin. Sur un certain nombre de ces préparations, on voit encore lin- fluence que ce tissu pathologique exerce sur la continuité des vaisseaux, en ce.sens qu’il les dilate, qu’il les tiraille, de manière à leur donner une apparence fusiforme, étranglée çà et là, analogue à cette dilatation des canalicules biliaires, que l’on voit si souvent se développer dans la cirrhose hépatique, par le fait de la rétractilité naturelle du tissu scléz reux de nouvelle formation. C’est par le fait de ce mécanisme de rétractilité que l’on voit si sou- vent, dans le cerveau des paralytiques. des vaisseaux capillaires se pré- senter à l’æœil sous forme, tantôt sinueuse, tantôt moniliforme. Enfin, d’après ce qui vient d’être exposé, M. Luys fait remarquer combien ces données si précises, qui sont une conquête de la science moderne, due aux travaux de Westphaal, de Lubimoff, d'Hayem, de Magnan, etc., sont destinées à jeter un jour favorable sur la connais- sance de la paralysie genérale et l'appréciation des differentes formes cliniques sous lesquelles elle peut se révéler. C’est ainsi qu’elles font voir comment le processus morbide est essentiellement envahisseur de sa nature; comment il peut se développer, soit isolément, soit simul- tanément dans différents points de la trame céphalo-rachidienne ; T1 ‘comment les-phénomènes. d'irrigation vasculaires sont mécaniquement troublés par la présence. des différents réticulums scléreux qui consti- tuent.son essence ; comment les éléments. spécifiquement actifs du 8ys- tème, les cellules uerveuses, peuvent être investies, bloquées, par groupes isolés et être mises hors de service, alors qu’un certain rom- bre d’entre elles continue à fonctionner régulièrement, phénomèëne. ca- pital qui, par cela même, donne la raison physiologique de ce fait depuis si longtemps signalé par les auteurs, à savoir que le délire des paralytiques est, dès. son. apparition, un délire sentant déja la dé- mence, puisque, dés le début de la maladie, un certain nombre d'élé- ments actifs de la vie mentale sont déjà neutralisés au point de vue dynamique. Enfin, on comprend ainsi comment la marche envahissante du pro- cessus slérosique, poursuivant son cours, amène à la fin l’étouffement progressif des éléments nerveux, l’atrophie de certanies circonvolutions, dont l'épaisseur en substance grise tombe à 1 millimètre, aïnsi que M. Luys en présente un échantillon, au lieu de 2 ou 3 millimètres que ces circonvolutions présentent à l’etat normal ; et comment enfin la démence progressive est le résultat fatal el nécessaire d’une pareille lé- sion. — M. Barrier communique le fait suivant : TÉRATOLOGIE VÉTÉRINAIRE. — MONSTRE DE LA FAMILLE DES OTOCÉ- PHALIENS (CROTAPHOCÉPHALE). Le monstre dont la description va suivre (1) appartient à la famille des otocéphaliens, qui a été caractérisée de la manière suivante par I. Geoffroy Saint-Hilaire : « Réunion médiane des yeux ; absence complète de l'appareil nasal « normalement interposé entre eux; rapprochement ou réunion mé- « diane des oreilles; atrophie plus ou moins marquée de la région « inférieure du crâne. » Geoffroy Saint-Hilaire à établi dans cette famille deux grandes divi- sions basées sur le nombre et la situation des yeux. Dans la première, il place tous les sujets qui, indépendamment des caractères que nous venons de reproduire, présentent deux yeux séparés; dans la seconde, ceux, au contraire, qui n'ont qu’un seul œil ou deux yeux réunis dans le même orbite. On peut voir, dés à présent, que les premiers s’éloignent beaucoup (4) IL a été envoyé à l’Ecole d’Alfort par. M. V. Mégnin, vétérinaire en premier au 13° régiment d'artillerie. , 272 dû type général de la famille à laquelle ils appartiennent; ils ne: s'y rattachent que par la présence de deux caractérés : le rapprochement ou la réunion médiane des oreilles et l’atrophie plus ou moins mar- quée de la région inférieure du crâne. Aussi I. Geoffroy Saint-Hilaire avait senti la lacune de sa ctasdifieat tion lorsqu'il écrivait : « Ce genre, malheureusement très-peu connu, « offre un haut degré d'intérêt comme exemple de déviations qui ont « leur siége principal dans la portion moyenne du crâne, et ne modi- « fient que faiblement l’une et l’autre de ses extrémités. Sous ce rap « port et sous quelques autres points de vue, il forme, dans la famille « des otocéphaliens, un groupe particulier, et il ne serait même pas « impossible qu’il dût en être séparé complétement et devenir le type « d’une famille distincte, lorsque son organisation sera complétémént « connue. » Quoi qu'il en soit, en laissant pour le moment de côté toute idée de classification, disons que le genre sphénocéphale appartient au groupe des otocéphaliens dans lesquels les deux yeux sont bien séparés. Ce genre est unique et jusqu’à présent encore très-peu étudié. L'état de décomposition dans lequel le sujet se trouvait nous empé- che de le désigner avec tout le soin que nous aurions voulu y apporter ; aussi notre description laissera-t-elle forcément quelques lacunes qu’il nous était impossible de combler. I. — CoNFORMATION EXTÉRIEURE. Le sujet appartient à l’espèce bovine ; il est du genre masculin. La tête seule offre des particularités remarquables ; le tronc est nor- mäl et les membres aussi, quoique quelque peu déviés. Le fait qui frappe d’abord, c’est la déviation des oreilles et leur rap= prochement médian à la face inférieure de la tête. Elles sont réunies l'une à l'autre par une fente transversale, de forme elliptique, à cha- que extrémité de laquelle se montre une ouverture trés-petite, dans laquelle nous pouvons introduire une sonde. Cette sonde pénètre à une profondeur de 5 à 6 centimètres, dans un conduit dont la direction se porte en dehors et en haut de la ligne médiane, à la rencontre de cha- que oreille. La fente transversale dont nous venons de parler se trouve exacte ment au pli de la tête et de l’encolure ; elle est souillée d’une matiere pultacée d’odeur caséeuse et nauséabonde. Le reste de la tête est entiérement recouvert par la peau. Les deux yeux sont parfaitement normaux; le gauche peut-être un peu plus développé que le droit et sur une place plus élevée; en raison d’une déviation prononcée du grand axe‘de la tête vers le côté droit. 273. L'appareil olfactif paraît normal. NOus y trouvons deux narines bien développées, chacune en rapport avec une cavité nasale correspon- dante. La bouche nous paraît offrir à première vue une disposition assez remarquable. Les lèvres ne sont pas distinctes; il y a seulement une ouverture arrondie, três-étroite et garnie à sa périphérie de, quelques poils longs et raides, analogues à ceux qu’on trouve dans cette région chez les individus bien développés. En palpant la région des ganaches, nous ne pouvons sentir la mâchoire inférieure. La tête, dans cette partie, est régulièrement arrondie, et la peau ne semble recouvrir là que des parties molles. En écartant le plus possible l'ouverture qui sert de bouche, nous reconnaissons l'absence complète de maxillaire inférieur ; de plus, les molaires supérieures, au lieu d’avoir leur table dirigée en bas, sont au contraire infléchies en dedans et se regardent du côté de la ligne médiane. Nous ne trouvons pas de fissure palatine ; la langue se présente sous forme d’un petit prolongement charnu, assez court et conique. Enfin, sur le sommet de la tête, nous rencontrons un point mou et dépressible qui doit correspondre à une fontanelle arrondie. IL — DissecTIoN. La cavité buccale est peu considérable en raison de l’incurvation des grands sus-maxillaires du côté de la ligne médiane ; elle se‘con- tinue, entre les molaires supérieures, sous forme d’un canal trés- étroit qui se termine en arrière par l'œsophage. La langue ne s’attache pas par sa base sur le corps de l’hyoïde, car cet os est dirigé en arrière et en bas à la face inférieure du larynx. Elle paraît plutôt se terminer sur les grands sus-maxillaires qui s'affrontent postérieurement, et se confond Ge chaque côté avec la muqueuse buccale. Nous ne trouvons pas de maxillaires inférieurs. Le plancher de la cavité buccale est entièrement constitué par la peau et la mu- queuse, qui lui est unie à l’aide d’un tissu conjonctif assez dense. Le voile du palais manque complétement. L'appareil hyoïdien, ainsi que nous venons de le dire, affecte une direction diamétralement opposée à celle qu’il présente à l’état normal. Le corps de l’hyoïde est à la face inférieure du larynx et il se continue par les muscles : sterno, thyro et trachéo-hyoïdiens. L’œsophage et le larynx n’offrent rien de particulier. Les articulations temporo-hyoïdiennes sont beaucoup moins écar- tées qu’à l'état normal. Les deux grandes branches de l’hyoïde ne c. R. 1876. ‘30 . 274 laissent en effet entre elles qu’un espace de 0M097. C’est dans cet espace que se trouve logée, au milieu des parties musculaires, une piéce osseuse dirigée transversalement, en forme d’arc de cercle,sur laquelle nous ne pouvons nous prononcer encore. Nous ne pouvons déterminer non plus les muscles qui viennent s’insérer sur elle, vu l'état de décomposition dans lequel se trouvent toutes les parties molles, Il résulte, en somme, de cette dissection toute superficielle que le monstre qui nous occupe est pourvu : 1° D'un appareil respiratoire complet; 2 D'un appareil digestif, dont la partie antérieure présente sur- tout des anomalies, lesquelles portent principalement sur la bouche qui est avortée, incomplète; sur la langue, qui n’a aucune connexion avec l’hyoïde ; sur le maxillaire inférieur, qui ne paraît pas exister; sur l’appareil hyoïdien, enfin, dont la direction et les rapports sont changés. III. — SQUELETTE. Nous ne passerons point successivement en revue les particularités du crâne et celle de la face. Cet ordre eût été sans doute plus mé- thodique, mais il aurait nui à la clarté de la description, attendu que les modifications siégent aussi bien sur l’une que sur l’autre de ces parties. La tête a subi dans son grand axe une déviation de prés de 950. Elle a lieu à droite et s’accentue de plus en plus à mesure qu’on se rapproche de l'extrémité antérieure. Le crâne présente, dans 5a région supérieure et sur la ligne médiane, une fontanelle arrondie de 3 centimètres de diamètre. Elle porte sur les frontaux, les parié- taux et les os interpariétaux. La cavité crânienne est fermée en ce point par une membrane fibreuse, dont la face interne est tapissée par la dure-mère, Les orbites sont très-grands. L’arcade orbitaire qui, chez les ru- minants, résulte de la réunion de deux apophyses provenant, l’une du frontal, l’autre du zygomatique, est incomplète par suite d’un arrêt de développement de chacune de ces apophyses. Toutes les autres parties de la tête offrent un remarquable exem- ple des réunions médianes. Obéissant à la grande loi de l'affinité de soi pour soi, posée par Geoffroy Saint-Hilaire, presque tous les os des faces latérales du crâne et de la face se sont déviés de dessus en dessous pour se porter à la rencontre les uns des autres. C’est ainsi que les grands sus-maxillaires ont leur face externe incurvée en dedans, au point que la table de frottement des molaires droites 275 vient presque se mettre en rapport ayec celle des molaires gauches. Cette disposition, jointe à l’absence de maxillaire inférieur, donne à l’extrémité antérieure de la tête la forme d’un cône dont le sommet serait représenté par les petits sus-maxillaires. Les zygomatiques participent aussi à cette incurvation, et si l’os du côté gauche n’ar- rive pas encore à se souder à celui du côté droit, nous allons voir dans un instant que la fusion est complète pour les temporaux situés immédiatement après. C’est à cette déviation des zygomatiques que l’on doit attribuer la solution de continuité que nous avons remar- quée dans l’apophyse orbitaire. Si enfin nous étudions les temporaux, nous constatons que ces os sont tout à fait réunis sur la ligne mé- diane, et cette fusion les a tellement déviés qu’on est obligé, pour les voir, de retourner la tête et de l’examiner par sa face inférieure. Les portions des temporaux qui se sont soudées sont les apophyses zygomatiques. Il résulte de leur réunion une plaque osseuse impaire, de forme triangulaire, qui se continue à droite et à gauche avec la portion squameuse d’un temporal correspondant. C’est sur son bord supérieur que vient s’articuler l’hyoïde d’une part, et la pièce arci- forme dont j'ai parlé plus haut d’autre part. Son bord inférieur sert de point d'appui aux deux zygomatiques. Quant à sa face supérieure, elle est concave transversalement et vient s’archouter, dans sa moitié postérieure, d’un côté à l’autre sur le corps du sphénoïde. De cette soudure des temporaux avec le sphénoïde résulte un canal médian, allongé d'avant en arrière, qui se termine postérieurement à l’origine de l’apophyse basilaire de l’occipital et en avant au niveau des deux hiatus orbitaires. Les portions pétrées des temporaux existent, mais elles sont rap- prochées de la ligne médiane, etse seraient de même soudées si l’apo- physe basilaire ne s'était interposée entre elles. L'existence des deux portions pétrées, parfaitement distinctes, implique donc aussi celle’ des deux cavités auditives. Il est donc probable que les deux con- duits, que nous avons trouvés dans chaque oreille, communiquaient avec un appareil auditif spécial pour chacune d’elles, Nous sommes entrés dans quelques détails sur les temporaux, parce que ce sont ces os qui offrent les anomalies les plus remarqua- bles sur le monstre en question. Ces détails pourront servir en outre à éclaircir l’histoire de ce genre si curieux et encore si rarement étudié jusqu’à présent. Le sphénoïde postérieur se soude seul avec les temporaux ; l’anté- rieur est parfaitement normal. Il nous reste maintenant à décrire la pièce arciforme qui se trouve comprise entre les deux grandes branches de l’hyoïde et qui s’arti- a 216 cule avec le bord supérieur de la pièce impaire représentant La fu- sion médiane des deux temporaux. Cette pièce arciforme est placée transversalement sous l’apophyse basilaire comme un demi-cercle concave en haut, convexe en bas. En raison de ses connexions avec l’hyoïde et les temporaux, nous croyons devoir la considérer comme le représentant de la mä- choire inférieure excessivement atrophiée. Les palatins manquaient complétement ainsi que la portion pala- tine des grands sus-maxillaires à cause du rapprochement de ces ‘ derniers. Si nous cherchons maintenant à caractériser le genre sphénocé- phale en nous basant sur les anomalies que ce monstre nous a four- nies, nous voyons que l’on peut combler quelques lacunes impor- tantes qui se trouvent dans la description qu’en donne I. Geoffroy Saint-Hilaire. Voici du reste cette description : «a Le crâne, ployé à la région palatine, de façon que les dents de _« chaque côté se rencontrent et se touchent sur la ligne médiane ; _« les oreilles contiguës et soudées sur le centre; un seul trou au- « riculaire et une seule caisse, le sphénoïde postérieur ayant ses deux ptérigoïdaux (apophyses ptérigoïdes) soudées dans les neuf dixièmes de leur longueur. » En ce qui concerne l’appareiïl de la vision, nous pouvons dire que les yeux sont parfaitement normaux; il en est de même de l'appa- reil olfactif. Mais l’appareil auditif n’est pas impair comme sur l’a- gneau sphénocéphale qu'a décrit I. Geoffroy Saint-Hilaire. Nous avons constaté sur notre monstre deux conques très-bien dévelop- pées, deux conduits auditifs, deux hiatus auditifs et deux caisses. Il ï a seulement une déviation des oreilles, une fusion médiane même, à leur base, mais dans le squelette, les deux rochers sont encore distincts et séparés par l’apophyse basilaire.. Nous pouvons même ajouter, en nous appuyant sur nos observa- tions personnelles et encore inédites, que chez les monstres otocé- phaliens, la fusion des cavités auditives ne doit pas être considérée comme un caractère absolu. Le fait constant, c’est le déplacement des oreilles, c est leur situation à la partie inférieure de la tête, c’est même la fusion de la base des conques auditives, mais voilà tout. Ce sont ces caractères qui nous ont fait classer dans cette famille le monstre que nous avons sous les yeux. Nous le faisons appar- tenir en outre au genre sphénocéphale, parce que nous n’en n'avons _ pas trouvé qui s’en rapprochôt davantage. . rt né th I. Geofroy Saint-Hilaire a, en effet, donné ce nom à ce genre & 2 s +08 a 2 TN NE ". Lau parce que la tête y est particuliérement remarquable par Ja confor- mation du sphénoïde. Or, notre sujet présente bien aussi des anoma- lies dans la région inférieure du crâne, mais elles portent incontes- tablement pour une plus grande mesure sur les temporaux, et si l’au- teur de la Philosophie anatomique n’a pas fait un genre crotapho- céphale aussi bien qu’un genre sphénocéphale, c'était, @u pour ne pas surcharger à l’excès lanomenclature tératologique, ou parce qu’il n'avait pas prévu un degré de plus dans ces sortes de monstruosités. La description qu’il donne du genre sphénocéphale est trop suc- eincte pour que l’on sache au juste quel était l’état des temporaux sur l'individu qui lui a servi de base; mais, comme il a le soin d’in- diquer que son sujet n’avait qu’un seul trou auriculaire et une seule cavité auditive, il en découle évidemment que les deux t emporaux étaient soudés. Or, nous ne pensons pas que pareille fusion se pro= duise sans une atrephie considérable des os placés sur le plan mé- dian. Comment concevoir, en effet, que des parties situées sur les ou latéraux de la tête puissent se fusionner inférieurement sur la ligne médiane, sans avoir profondément modifié eelles qui se trouvent normalement interposées entre elles? Ici nous avons bien une sou- dure des temporaux, mais elle existe seulement en avant, là où ces os s’articulent avec les zygomatiques. Toute leur partie postérieure, c’est-à-dire leur portion pétrée, reste distincte pour chacun d’eux ; et, comme c’est dans son épaisseur que l'oreille est creusée, il en résulte qu’il y a deux cavités auditives séparées. Or, il est bien évi- dent que chez notre monstre, le sphénoïde postérieur doit présenter très-peu d'anomalies lorsqu'on le compare à ce qu'il est dans le sphénocéphale. Il supporte seulement la portion squameuse de chaque temporal, qui est venue se souder dans le plan médian à celle du côté opposé. Dans le genre sphénocéphale, au contraire, comme il n’y a qu’une cavité auditive, il s'ensuit que le sphénoïde postérieur a dis- paru tout à fait, ou est au moins en grande partie atrophié. Toutes ces raisons nous conduisent à placer notre sujet dans le genre sphénocéphale de la classification de I. Geoffroy Saint-Hi- laire, mais elles nous montrent aussi qu’il s’en éloigne par des par- ticularités importantes, dont les principales sont l'existence de deux oreilles distinctes, la fusion médiane des temporaux et les modifica- tions presque insignifiantes du sphénoïde postérieur. Ces particularités sont-elles suffisantes pour nécessiter la création d’un genre nouveau dans la famille des otocéphaliens, ou bien ne doivent-elles être considérées que comme de simples variétés du genre sphénecéphale ? 278 C'est une question qui ne pourra être résolue définitivement que. par des observations plus nombreuses et une étude plus complète et plus approfondie des monstres otocéphaliens. C’est une famille en- core très-peu connue et très-peu explorée jusqu’à présent. Lorsque 1. Geoffroy Saint-Hilaire fit son immortel Traité de tératologie, il crut devoir y établir cinq genres, et, en vertu de ceite connaissance particulière que les savants ont souvent des choses qui ne sont pas encore arrivées et qui ne laissent pas de leur être déjà présentes, en vertu de cette prescience des monstruosités futures, il pensait que les otocéphaliens étaient « destinés à offrir dans la suite un haut « degré d'intérêt par les modifications curieuses et variées de leur « organisation. Cette famille mérite dès à présent, dit-il, toute l’at- « tention des tératologues, par le passage très-naturel et trés-bien « gradué que ces différents genres établissent depuis les cyclocé- « phaliens jusqu’à l’ordre des monstres omphalosites. » On le voit donc, Geoffroy Saint-Hilaire, de son propre aveu, s’est borné à rassembler des milliers de faits autrefois épars et perdus pour la science, pour en constituer un corps de doctrine devant ser- vir à la tératologie. Mais cette science est encore nouvelle, bien des modifications y ont été apportées depuis son fondateur, et l’on peut dire sans crainte de se tromper que ce qu'il reste à faire d’une œuvre aussi vaste est infiniment plus considérable que ce qui a été fait jusqu’à ce jour. Nous insistons sur ce point, parce que nous trouvons dans le monstre qui fait l’objet de ce travail des caractères aussi domina- teurs pour en faire un genre nouveau que Geoffroy Saint-Hilaire en a trouvé pour créer le genre sphénocéphale. Il voit chez un agneau otocéphalien que la tête est principalement remarquable par la con- formation du sphénoïde, et cela lui suffit pour en faire un caractère générique ; nous observons, de notre côté, un veau chez lequel les principales modifications résident dans les temporaux et qui s'éloigne sous plusieurs rapports importants de l’agneau ci-dessus, et nous n’aurions pas le droit d’en faire autant. Evidemment la logique nous autorise à agir de même, et, si la prudence nous commande la ré- serve et nous conseille d'attendre la production de nouveaux faits, nous pouvons toujours proposer pour l’avenir un genre de plus, que la science maintiendra ou rejettera, s’il est nécessaire. On pourrait appeler'ce genre Crotaphocéphale, de Kpotagos (tempe) Keypaïn (tête). Il serait placé immédiatement avant le genre sphénocéphale, car, chez ce dernier, la fusion médiane des os homologues situés sur les côtés de la tête est beaucoup plus avancée que dans le genre crota- 279 phocéphale, dont les anomalies sont d’un ordre beaucoup moins grave. — M. Ontmus communique les résultats de diverses expériences relatives à l'étude des ferments : 497 Fait. — On prend un cornet de papier à dialyse ; on y verse de l’eau sucrée et on le place dans un vase qui contient de la levûre de bière. Au bout d’une heure et demie, une quantité considérable de su- cre de canne est transformée en glycose Si, variant l'expérience, l'on met d’abord dans le cornet de l’eau pure et qu’on y ajoute le sucre de canne au bout d’une heure et demie, il se forme immédiatement du glycose. Or, le papier à dialyse est complétement indispensable aux corps solides; la levûre exerce donc là une action spéciale. Au bout de quarante-huit heures, le liquide contient de l’acide lactique. 206 Fair. —M. Onimus a pris 42 ballons munis de tubes recourbés ; il y a fait bouillir pendant une heure et demie de l’eau sucrée, puis il y a fait tomber des petits pois dépouillés de leur enveloppe. Les tubes ont été fermés avec du coton. Au bout de deux jours, l’eau était trou- blée ; elle renfermait quelques bactéries ; elle en renfermait un nombre considérable au bout de quatre jours, mais on n’y trouvait pas de spores. Plusieurs des ballons n’ont été ouverts qu’au bout de plusieurs mois ; ils ne renfermaient plus de bactéries ; on‘voitt donc que ces éléments se forment à une certaine période et disparaissent ensuite, de sorte que si l’on ouvre les tubes trop tôt ou trop tard, on peut croire à tort qu’ils ne se sont pas produits. Si l’on répète l’expérience en faisant tomber dans l’eau bouillante un peu de sans, il se forme encore des bactéries; mais le sang n’acquiert pas, comme dans les cas où il se putréfie à l'air libre, de propriétés virulentes. — M. Parrot continue l’exposé de ses recherches sur l’anatomie pathologique de l’érythème des nouveau-nés. Il a dit, dans la dernière séance, quels étaient les caractères de la forme vésiculeuse ; il lui reste à étudier la forme papuleuse. L’éruption occupe surtout les fesses et la partie postérieure des cuisses ; elle est moins confluente que dans la forme vésiculeuse ; sa marche est très-chronique ; les papules sont rou- ges, violacées et luisantes; elles peuvent devenir le siége Ge légères excoriations , rarement d’ulcérations profondes. Elles finissent par s’affaisser peu à peu, et laissent à leur place une Eee dépres- sion. Une coupe pratiquée sur une papule en voie d'évolution, ou au début de sa période régressive, dénote l'existence des altérations suivantes : 20. les colonnes du corps muqueux sont plus profondes et plus larges que dans les autres parties ; elles semblent tuméfiées ; leurs contours sont : moins nets; mais il semble que ce ne soit JA qu’une lésion accessoire ; la principale, celle qui est caractéristique, consiste dans une proli- fération des novaux du derme, surtout au voisinage du corps muqueux. On les trouve surtout accumulés autour des vaisseaux pa- pillaires ; ils forment par place des groupes considérables ; ils masquent : les autres éléments du derme; on peut voir cependant que les vais- seaux sont distendus par une quantité d’hématies et de leucocytes, et leur volume paraît augmenté. L’épiderme participe aux altérations ; il . est épaissi; les cellules dn corps muqueux ont pris une forme sphé- roïdale ; elles sont tumeéfiées ; quelques-unes sont devenues vésiculeu- ses ; certains organes présentent une orme ovalaire. Quand il y a alte- ration, on voit que des vacuoles se sont formées dans la partie où les noyaux s'étaient accumulés. | Quand la papule a fait place à une dépression, l'examen histologique . montre que le tissu morbide s’est transformé en tissu conjonctif. On voit que les deux formes d’érythème des nouveau-nés n’ont pas le même siége anatomique ; car les lésions de la forme papuleuse affec- tent surtout le derme, tandis que celles de la forme vésiculeuse occu- pent presque exclusivement l’épiderme et particulièrement le corps muqueux de Malpighi. | — MM. Jozyer et RecnarD font connaître une méthode nouvelle pour le dosage des produits de la respiration. (Voir aux Méuoires.) — M CLaupe Bernaro a observé, en poursuivant ses expériences sur l'anesthésie des végétaux, que la faculté que possèdent les feuilles et les parties vertes des plantes de décomposer l’acide carbonique et d'émettre de l'oxygène, ne se manifeste sous l'influence de la lumière solaire que dans l’eau ou dans de l’air humide. L’acide carbonique pourrait donc être absorbé par les racines ou par les feuilles, mais à la condition seu- lement d’être à l’état de dissolution dans l’eau. De sorte qu’il faudrait que la plante fût en réalité toujours ramenée à l’état d’une plante aquatique. M. Claude Bernard croit pouvoir induire de ces recherches que c’est l’eau qui dissout d’abord l’acide carbonique de l’air pour lui per- mettre d’être ultérieurement absorbé par les végétaux, qui en désagent l'oxygène qu'ils rendent à l’atmosphére. En anesthésiant des ‘feuilles de nénuphar (nymphæa alba), M. Claude Bernard a vu que dans l’eau tiède, en laissant une partie de la feuille émergée, il se fait un dégagement de gaz par le pétiole coupé, signalé par M. Merget sous le nom de phénomène de thermo-diffusion. Mais, en même temps, il y a, au soleil, décomposition de l’acidé carbo- 281 nique due à.la chlorophylle. Il lui a paru que le premier phénomëne physique n'était pas modifie par l’anesthésie, tandis que la décomposi- tion de l'acide carbonique par la chlorophylle était anesthésiée comme dans les autres plantes. ° — M. Joannes CHaTiIN fait la communication suivante : SUR LA CONSTITUTION DE L'APPAREIL FEMELLE ET LE MODE D'UNION DES OEUFS CHEZ LE TORNIA CUCUMERINA. Le Tœnia cucumerina, qui habite l'intestin du chien, peut être regardé comme l’un des types les plus intéressants de la série des Cestoïdes, qu’on l’étudie dans son organisation ou dans son mode de pro- pagation. C’est effectivement l’un des rares Ténias chez lesquels le pro- glottis possède deux appareils sexuels complets et symétriques, dispo- sition du plus haut intérêt pour la recherche de la forme ancestrale; d'autre part, il vit à l’état cystique, non pas dans quelque herbivore destiné à devenir la pâture du chien, mais habite, au contraire, un pa- rasite de celui-ci, un acarien du genre Trichodecte, et c'est en se léchant les poils que le chien s’infecte de cet helminthe (1). On voit donc combien il importe de connaître, dans ses principaux détails, la constitution d’un ver aussi remarquable à tous les égards; malheureusement, pour le Tœnia cucumerina, comme pour la plu- part des autres Cestoïdes, une synonymie des plus inextricables vient, à chaque instant, obscurcir son histoire zoologique, dont l'insuffisance n’a pas été sans retentir sur l'étude anatomique du même animal. Confondu par Linné avec les autres espèces offrant, comme lui, des orifices génitaux aux deux bords de chaque article (2), ce cestoïde à reçu de Bloch (3) le nom sous lequel on le désigne aujourd’hui, bien que plusieurs zoologistes aient cru devoir, à différentes époques, lui appli- quer des dénominations nouvelles et généralement peu justifiées (4). (1) Les auteurs mentionnent quelques observations de Tœnia cucu- merina chez l’homme (?). (2) Cette particuiarité, qui n’est que l'indice extérieur d’un double appareil sexuel symétriquement disposé dans chaque proglottis, se re- trouve, en effet, dans quelques autres espèces, parmi lesquelles je citerai ke Tæœnia elliptica (chat), le T. crenulata (soubuse), le T. polymor- pha (avocette), le T'. lamelligera (flamant), le T°. expansa (mouton), le T. denticulata (bœuf). La trompe est armée chez les trois premiers et inerme chez les autres. {3) Bloch, Abhandlung von der Erxeugung der Eingeweidewur- mer, Berlin 1782, p. 17. (4) T, moniliformis,Pallas (New nordische Beitræge, Petersb, und c. R. 4876. 36 282 Les divergences que l’on rencontre constamment entre les auteurs qui se sont occupés du 7. cucumerina, ne se bornent d’ailleurs pas à la simple dénomination taxonomique de celui-ci, mais s'étendent en core aux plus importants de ses caractères ; les uns, par exemple, lu refusant toute couronne de crochets, les autres, au contraire, et l’obser- vation minutieuse leur a donné raison, lui attribuant plusieurs séries de ces appendices (1). Or, au nombre des singularités offertes par ce curieux cestoïde, il en est une qui aurait dû fixer l’attention de tous les helminthologistes, et qui, cependant, n’a guêre été mentionnée que par l’un d'eux, par Des jardin. Dans son Histoire naturelle des Helminthes (p. 576), cet auteur cite, en effet, les œufs du 7°. cucumerina comme « agglutinés par une substance gélatineuse, diaphane. » Des observations récentes m'ont per- mis d'étudier plus complétement cette curieuse disposition, et de consta- ter qu'il existe autour de ces œufs, non pas une matière gélatineuse ou muqueuse, comme Dujardin paraît l'avoir supposé, mais une vraie membrane simulant une poche et renfermant un nombre variable d'œufs (tantôt trois ou quatre, dix, quinze, vingt ou même quelquefois plus encore) (2). L'observation variée par tous les moyens convenables, l'action des réactifs colorants, etc. ne laissent aucun doute à cet égard; mais comment expliquer l’origine de cette pseudo-capsule dont l’état des œufs, déjà fécondés (3), semble rendre l'interprétation encore plus malaisée ? Leips., 1782, p. 67). — T. cateniformis Goeze (Versucheiner Na- turgeschichte der Eingeweidewurmer thierischer Korper, Blan- kenburs, 1782). — T. elliptica Batsch (Neturgeschichte der Band- wurmgattung, Halle, 1786, p. 125). — T. cuneiceps Zeder (Erster Nachtrag zur Naturgeschichte der Eingeweidewurmer, Leipsig, 4800), etc. (1) Tandis que Bloch et ses contemporains s'accordent généralement à à le regarder comme inerme, Gæœze, Dujardin, Van Beneden, Diesing lui accordent des crochets ; quant à Zeder et Rudolphi, ils ont adopté tantôt l’une, tantôt l'autre de ces opinions. (2) Il suffit de songer à l'abondance de ces amas d'œufs pour imagi- ner la quantité innombrable de germes que contient un proglottis! aussi ne peut-on s'expliquer comment M. P. Gervais indique les œufs du 7, cucumerina comme existant « au nombre d’une douzaine seu- lement ». (Zoologie médicale, p. 280.) (3) 11 convient de faire remarquer l'existence, chez les embryons, de crochets déjà parfaitement développés. 283 L'étude attentive de l'appareil femelle paraît seule capable d’en rendre un compte satisfaisant : on sait que, chez les Cestoïdes, la matrice se compose, en dernière analyse, d'une réunion de cœcums plus ou moins ramifiés, et présentant des dilatations et des contractions successives qui leur donnent. même une analogie plus ou moins réelle avec les tubes ovariens de certains insectes. Chez le T. cucumerina il en est encore sensiblement ainsi, mais les cœcums offrent des renflements beaucoup plus développés, et dans chacun desquels se trouvent plusieurs œufs distendant la paroi de la poche utérine, dont la moindre action exté- rieure détermine la rupture au niveau des deux étranglements qui la limitent ; elle se sépare dés lors sous la forme d’un sac rempli par des œufs en nombre variable. Ainsi s'explique la disposition bizarre pré- sentée par ce Ténia, et qui ne saurait être rapportée, on le voit, ni à un mucus agglutinant ses œufs, ni à une capsule secrétée autour de ceux-C1. Séanee du ?29 juillet 1876: M. Poucart fait la communication suivante : NOTE SUR UN CAS DE SURVIE DE L’AIRE VASCULAIRE; MÔLE OMPHALO-MÉSENTÉRIQUE. Quatre œufs de poule portant les n°5 178 à 181 sont ouverts le lA juillet par le procédé que j'ai antérieurement communiqué à la Société (séance du 2h juillet 1875) et refermés au moyen de pla- ques de mica après qu’une aiguille rougie au feu a été enfoncée dans la cicatricule. Ces œufs, mis dans une couveuse, ne sont pas sur- veillés. Le 26 juillet, le douzième jour, par conséquent, trois pré- sentent une altération (tomenteuse) de vitellus dans la région de la cicatricule. Sur l’un d’eux, l’albumen est complétement liquéfié. Le quatrième œuf, portant le n° 179, présente au-dessus du vitel- lus une bulle d’air dont le volume peut être estimé à 1 centimètre cube. Le vitellus est volumineux, déformé, tel qu’il se montre com- munément quand la circulation omphalo-mésentérique a atteint son plus grand développement. L’embryon, toutefois, fait compléte- ment défaut. L’aire vasculaire subsiste seule, exsangue dans toute la partie centrale, avec une accumulation de sang vermeil vers sa périphérie qui dépasse l'équateur du vitellus. Ce sang est contenu dans un réseau de capillaires omphalo-mésentériques, ayant le dia- mètre habituel des vaisseaux de l'aire vasculaire et formant des mailles larges à peu prés comme le diamètre de ceux-là. À la limite externe du réseau, on ne reconnaît pas de sinus terminal continu. En 284 dedans, au contraire, existent quelques troncs longs de 1 millimètre environ, offrant une direction rayonnante et que le réseau vasculaire semble avoir laissés derrière lui en se propageant vers la place qu’il occupe actuellement. Tous ces capillaires sont gorgés de sang. Celui- ci, repoussé du centre à la périphérie, a subi par suite un déplace- ment continu, lequel a tenu lieu de circulation. Le sang est formé d'hématies ovoïdes, présentant un noyau, régu- ières pour la plupart, ayant les dimensions et l'aspect normal. On n’en voit qu'un très-petit nombre qui aient une figure irréguhére, ou bien les dimensions réduites que présentent ces éléments chez le poulet dans les premiers temps de leur apparition, Lapins ils se multiplient rapidement par scissiparie. Des coupes pratiquées à la planchette sur le pourtour de cette aire vasculaire, après fixation par l'acide osmique concentré, ont joe les particularités suivantes : + L’ectoderme est formé de cellules avec l’aspect qu’elles offren vers le second et le troisième jour, peu distinctes les unes des autres, réunies en une masse finement granuleuse au milieu de laquelle les noyaux fixent mal le carmin. Un accident nous a empêché de déterminer l'étendue de ce feuillet et ses rapports avec la mem- brane vitelline qui auraient pu présenter de l'intérêt à la suite de la perforation que l'un et l’autre avaient subie. Sur les lambeaux observés vers la périphérie de l'aire vasculaire, on remarque seule- ment une tendance à produire des involutions-par suite du dévelop- pement inégal des cellules superficielles et profondes. On ne re- trouve rien de semblable sur les autres feuillets. Le mésoderme présente ga constitution ordinaire, avec cette: diffé- rence que la trame qui le compose paraît plus serrée que sur l'aire vasculaire des premiers jours. Son aspect rappels beaucoup celui des coupes de la vésicule allantoïde vers le sixième jour. | On découvre en plus, soit au milieu des éléments du tissu du mé- soderme, soit dans la lumière des vaisseaux béants, outre des héma- ties, un certain nombre d'éléments particuliers, de petite dimension, sphériques, finement granuleux, libres, mesurant 54 environ, et He paraissent être des leucocyies: L’endoderme est composé de cellules de dimension comes disposées partout sur un seul rang, avec un noyau ovoïde volumi- neux, fixant bien le carmin et pleines de gouttelettes sphériques, très-réfringentes, forternent colorées par l’acide osmique. Une cer- taine différenciation existe entre les cellules répondant, à la région transparente et à la région opaque de l’aire vasculaire. Nous n'avons retrouvé dans le feuillet moyen, non. plus: que 285 ‘dans le feuillet profond, aucune trace de la perforation pratiquée sur le cicatricule. Cette production tératologique, qui était vivante au moment où nous l'avons fixée par l’acide osmique, ainsi qu'on en pouvait juger par les caractères anatomiques des cellules, constituait une sorte de « mole omphalo-mésentérique » formée des seuls éléments figurés, au nombre de cinq, dont l’énumération suit : 1° cellules de l’ecto- derme ; ® cellules du mésoderme, constituant ou non les parois vas- eulaires ; 3° cellules de l'endoderme, différenciées en deux variétés ; 3° hématies ; b° leucocytes. > — M. on communique le résultat de ses recherches sur la physiologie du cœur chez l'embryon. Il s’est efforcé surtout de dé- terminer à quelle époque le cœur commence à battre, quel est Le mode de succession de ses mouvements et comment s'établit le fonc- tionnement de ses valrules. C’est principalement sur ces poiats qu’il désire appeler aujourd’hui l’aitention de la Société. Il a fait ses recherches sur l'embryon du poulet. Relativement à l’époque où commencent les battements, les au- teurs qui se sont occupés de la question ne l’avaient jamais vu de- vancer la trente-neuvième heure. M. Laborde a observé des batte- ments à la trente-deuxième heure, et il croit même les avoir saisis, dans deux ou trois cas, vers la vingt-huitième et la vingt-neuvième beure. Il a pu faire constater le fait à M. Duval. Les battements commencent par l'oreillette : c’est le prièmum vi- vens, comme l’ultimum moriens. La partie qui représente le ven- tricule bat en deuxième lieu. La contraction s'étend ensuite au bulbe aortique. Le cœur chez l'embryon fonctionne en méme temps qu’il se développe. Tandis que certaines de ses parties se contractent, d’autres restent inactives et se développent seulement de manière à se prêter et à s'adapter, à leur tour, aux progrès successifs d’un fonctionnement plus complexe. Le cœur est, chez les embryons, le seul orgaue qui présente cette remarquable particularité. Le jeu des valvules aortiques est nettement appréciable dés le troisième jour; elles forment une espèce d’entonnoir qui se rétrécit et se dilate alternativement. Du troisième au quatrième jour, leur disposition en valves accolées et mobiles s’estrevelée dans plusieurs cas, notamment dans le cas représenté par un dessin d’après ge qui est mis sous les yeux des membres de la Société. Les valvules aurico-ventriculaires semblent se présenter à peu près sous le même aspect, infundibuliforme, avec des plicatures: mobiles. Leurs fonctions s’établissent un peu plus tard; du 1noins 286 leur fonctionnement n'est bien saisissable que le quatrième jour, Ces observations montrent que la circulation cardiaque embryon- naire peut être considérée comme un intermédiaire entre la circula- tion des animaux inlérieurs et celle des mammifères. Chez l'em- bryon, comme chez les batraciens, on voit les contractions s'étendre successivement de la veine cave supérieure à l'oreillette et au ven- tricule. La même série de phénomènes s’observe chez le chien si on le met dans les conditions des batraciens en ralentissant les batte- ments de son cœur. Les lois de la circulation centrale sont donc les mêmes dans toute la série animale. | — M. Mararas Duvaz communique la note suivante : SUR LE SINUS RHOMBOÏDAL DES OISEAUX. Il est admis, par tous les auteurs classiques, que la moelle éiniise des oiseaux, au niveau du renflement sacré, présente, à sa face pos- térieure, une large excavation losangique, qui, dit-on, ne serait au- tre chose que le canal central de la moelle, élargi et s’étalant comme il s’étalerait au niveau du quatrième ventricule. On avait, d'autre part (Brown-Séquard et Pierret, SOcléTÉ DE Biozoc:1e, 1876), signalé la présence d'une certaine quantité de tissu réticulé dans la cavité du sinus rhomboïdal. En faisant des coupes sur des renflements sacrés de ne de pigeon, de moineau, de poule, moelles durcies avec les membranes et l'enveloppe osseuse, M. Duval a pu observer les tissus dans leurs rapports normaux, et constater que : 1° Le sinus rhomboïdal est une cavité factice créée, lors de res lement de la moelle, par l’arrachement d’une substance qui remplit complétement l’espace situé dans l’écartement des cordons posté- rieurs de la moelle, et qui fait corps avec la substance même de la moelle ; 20 Le canal central de la moelle ne s'ouvre pas à ce niveau; ll continue son trajet sous forme de canal fermé, et il est creusé dans la substance gélatineuse qui remplit le prétendu sinus rhomboïdal; 3° Cette sübstance gélatineuse, entourant le canal central, se pré- sente alors comme une masse particulière provenant, en ce point (sinus rhomboïdal), d’un développement considérable de la névro- glie périépendymaire, qui partout ailleurs ne forme qu'une couche relativement très-mince autour du canal central ; L° Aussi peut-on, au niveau du sinus rhomboïdal des oiseaux, étudier très-facilement la nature de la névroglie périépendymaire et se convaincre que, si elle a l’aspect d’un tissu réticulé, telle n’est point sa vraie nature : la névroglie périépendymaire (c'est à l'étudé de cette partie de la névroglie que l’auteur borne pour le moment ses conclusions) est formée de grosses cellules vésiculeuses pressées les unes contre les autres. L'étude du développement du sinus rhom- boïdal chez les oiseaux jette le jour le plus complet sur la nature de cette substance : on voit que la partie grise de la moelle est primi- tivement formée de cellules à noyaux, toutes identiques, mais qu bientôtse transforment : les unes deviennent cellules nerveuses ; les autres, devenant vésiculeuses, se transforment en un tissu très- analogue à celui de la corde dorsale, et qui n’est autre que la né- vroglie périépendymaire. Ces recherches seront poursuivies chez les autres classes de ver- tébrés, et déjà quelques résultats observés chez la grenouille et les poissons permettent d’assigner à la névroglie périépendymaire de ces animaux la même nature qu’à celle des oiseaux. M. HALLoPEAU est d'avis que l’on ne doit pas confondre avec les cellules de la névroglie les éléments que M. Duval vient de décrire. Ün examen attentif permet, en effet, de distinguer autour du canal central deux variétés de cellules très-différentes : les unes, dissémi- nées au milieu d’un réticulum, ressemblent en tous points à celle que l’on trouve dans le tissu intertitiel des autres parties de la moelle, ce sont les cellules de la névroglie; les autres, réunies en groupes quelquefois considérables, sont plus volumineuses, pressées les unes contre les autres et de forme polyédrique ; elles se colorent plus fortement par le carmin; elles offrent l’aspect de cellules épi- théliales. Dans des cas où la moelle était creusée de lacunes dans sa partie centrale, M. Hallopeau a vu ces éléments former des masses consi- dérables qui, parfois, s’étendaient jusqu'au point d’émergence des racines postérieures ; il les désigne par le nom de cellules propres de l’épendyme. Ils ont été vus par Stilling et signalés plus récem- ment par Gerlach, qui les a considérés également comme épithé- liaux; ce seraient, pour cet histologiste, des cellules du canal cen- tral en voie de développement. M. Maruras DuvaL répond que ses recherches ont porté exclusi- vement sur le tissu peri-épendymaire du sinus rhomboïdal des oi- seaux. — M. Bournevizce a étudié de nouveau l’action du bromure de camphre sur la température de l’organisme. Dans une première sé- rie d'expériences, il a introduit ce produit en injections sous-cuta- nées, aprés l'avoir dissous dans un mélange d’alcool et de glycérine; les animaux ont succombé, après avoir présenté un abaissement de 288 température énorma; dans d’autres expériences, la même quantité d’alcol et de glycérine a été injectée sans bromure, l’abaissement-de la température a été beaucoup moindre et les animaux ont survécu Chez un épileptique en état de mal dont la température s'élevait à 40°, M. Bourneville a vu le bromure de camphre amener rapide- ment un abaissement de %. Il ne paraît donc pas douteux que cet agent, administré à doses suffisantes, aurait Ja propriété d’abaïsser la température organique. M. DumonrPazuier demande si M. Bourneville a étudié l’action de la glycérine injectée isolément ; il rappelle que M. Dujardin-Beau- metz a reconnu récemment que cet agent était doué de propriétés toxiques comparables à celles de l’alcool. M. GeLLé présente un appareil qui a pour but de rendre appré- ciables les mouvements de la conque et du conduit auditif externei Ces mouvements se produisent d’une manidre inconsciente, par action réflexes, chaque fois que l’attention du malade est éveillée ; ils ne manquent pas chez les sourds; ils peuvent done aider à re- connaître la simulation de la surdité. = M. Maruras Duvaz est élu membre titulaire de la Société de Biologie. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D’AOUT 1876 Par M. HALLOPEAU, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 5 act 187€. M. le SECRÉTAIRE GÉNÉRAL donne lecture d’une lettre de M. le doc- teur Burcq qui, autorisé par M. Charcot à faire des expériences dans son service à la Salpétrière, demande à la Société de vouloir bien délécuer une commission pour assister à ces expériences et en constater le résultat. La demande de M. le docteur Burcq est admise par la Société, et M. le président désigne, pour faire partie de la commission nommée à cet effet, MM. Dumontpallier, Luys et Charcot. — M. LazorDpe, à l’occasion du procés-verbal, donne de nouveaux détails sur le procédé opératoire auquel il a eu recours pour étudier le fonctionnement du cœur chez l'embryon. On ne pouvait y parvenir qu'en enlevant rapidement l’aire embryonnaire pour la porter immé- diatement sous le microscope ; M. Duval, avec qui il a fait ces recher- ches, a imaginé à cet effet deux procédés : l’un consiste à enlever l’aire embryonnaire à l’aide d’un fil de fer recourbé en anse et chauffé au rouge blanc; l’autre, qui donne de meilleurs résultats, est tout aussi simple : on prend une étiquette, on l’applique sur l’aire embryonnaire, c. R. 1976. 97 290 après avoir pratiqué dans sa partie centrale une ouverture suffisante pour comprendre exactement l'aire vasculaire ; le pourtour gommé se collant et adhérant complétement à cette aire, il suffit d’inciser tout autour et d'enlever l'embryon complet qui est ainsi placé sur une pla- que de l'enveloppe. — MM. J. Renaur et Morts Maïa communiquent le résultat de leurs recherches sur la structure des glandes de l'estomac. — M. Macnan communique à la Société quelques faits relatifs à l’élé- vation de la température dans le cours de la paralysie générale, en dehors des attaques épileptiformes ou apoplectiques. Lorsque L. Meyer publia, en 1858, ses recherches thermométriques sur la paralysie gé- nérale, il insista sur le fait déjà établi, d’ailleurs, par Calmeil et Bayle, que la paralysie générale, maladie chronique fébrile, présente des temps de repos et des exacerbations, et que les périodes de manie incidente sont marquées le plus souvent par une élévation notable de la tem- pérature. Ces résultats ont été depuis confirmés par les observateurs de tous les pays. Mais ce n’est pas seulement dans la forme expan- sive de la paralysie générale et avec l’excitation maniaque que lélé- vation de température se produit ; elle se montre également dans les formes dépressives avec le délire hypochondriaque, le délire mélanco- lique et même la stupeur. Deux observations choisies parmi plusieurs cas de ce genre feront mieux comprendre ces résultats cliniques. 11 s’agit de deux femmes observées parallèlement dans le courant de septembre, toutes deux à la première période de la paralysie générale ; aucune d’elles ne présentant de complication pectoralé ni d'affection intercurrente d’aucun genre pouvant provoquer une élévation thermique ; mais, tandis que l’une, B..., était dans une agitation extrême avec un délire ambitieux très- étendu, l’autre, W..., était plongée dans la stupeur, immobile, inerte, les bras pendants, les mains froides et légérement cyanosées ; elle ne répondait à aucune question, avalait à peine les aliments placés dans | sa bouche, laissait écouler la salive et ne gardait ni les urines ni les ma- tières fécales. Ces deux malades, offrant le contraste le plus frappant. au point de vue symptomatique, ont eu presqueen même temps une pé= riode exacerbante, et la température, prise deux fois par jour, à dix heures du matin et à cinq heures du soir, a donné pour B... (maniaque) 39? le soir du troisième jour, puis une légère défervescence pendant trois jours, sans que le thermomètre se soit toutefois abaissé le soir au= dessous de 380, et enfin pendant sept jours des oscillations entre 380%et . 399 centigrades. La température a repris ensuite son chiffre normal entre 370 et 380, comme on le voit sur le tracé n° 1, La malade W... ‘ “monis-rurop or opeouof os Âtereq *GLeT oaquoydog °sue gg ‘* ** AN OPEIUIT -— ‘Hot DOÙIL “enberueuw uoryeztoxo oo ojeouoS o1sAjuaez “GL8I oaquuoydog ‘sue 8G ****{ ou — ‘F où EU, 292 (stupide) a présenté du 5 au 11 septembre une période d’exacerbation avec oscillations du thermomètre entre 380 et39 centigrades, après la- quelle le thermomètre a oscillé entre 370 et 38°, chiffre normal, comme on peut s’en assurer par le tracé n° 2. *élévation de la température est donc indépendante de la forme du délire, la fièvre n’est pas en relation avec le caractère des manifesta- tions symptomatiques, son origine est entièrement dans les modifica- tions organiques qui se passent dans les centres nerveux. D'ailleurs, l'examen du cerveau dans la paralysie générale montre, à côté de la lésion fondamentale, de l'encéphalite interstitielle diffuse, les traces de lésions accessoires, manifestes principalement sur les parois des vais- seaux, et dans leur voisinage où l’on voit les produits de transsuda- tions sanguines ou de petites hémorrhagies capillaires de date diffé- rente. APPAREILS A TEMPÉRATURE CONSTANTE. M. p’ArsONvAL, préparateur au Collége de France, fait fonctionner devant la Société une série d’appareils à température constante. L'on sait que l’étuve employée en physiologie se compose de deux vases concentriques en cuivre rouge qui sont séparés par un matelas d’eau. C’est ce matelas d’eau que l'on chauffe et qui, vu sa grande cha- leur spécifique, communique le calorique à l'air du vase intérieur.On plonge dans cette eau un régulateur de Schlæsing, qui agit sur l'entrée du gaz par dilatation du mercure. Outre l'extrême fragilité de cet instrument qui expose, en cas de rupture, à la perte de l’étuve que le mercure attaque et amalgame rapi- dement, on est encore sujet à deux causes d’erreur, qui sont les sui- vantes : 19 Le régulateur n’est en contact qu'avec une portion minime du matelas d’eau; par conséquent il ne règle que la température pour cette portion, ce qui fait que l’on peut avoir des différences de plus d’un demi degré entre les diverses couches du matelas; 20 Le régulateur crée un retard de transmission. En effet, l’eau s’é- chauffe d’abord en échauffant le bain d’air, mais il lui faut un moment pour échauffer l'enveloppe du régulateur et le mercure qu'il contient, de sorte que la température a le temps de monter de plusieurs dixièmes de degré (surtout si la source de chaleur est active), avant que le régu- lateur entre en fonction. Somme toute, on doit s’estimer très-heureux lorsqu'on peut régler sa température au quart de degré prés. M. d’Arsonval a supprimé ces deux causes d’erreur d’une façon très- simple. Il supprime le régulateur, et le remplace par la dilatation du matelas d’eau lui-mêmc. PRE 003 md Pour ceia, il ferme hermétiquement l’espace circulaire qui existe en- tre les deux vases concentriques, et après l’avoir rempli d’eau bouillie, il fait communiquer cette eau par un tube de caoutchouc, avec un tube en U contenant du mercure. Le gaz arrive par un tube dans la branche libre de l’'U, au-dessus du mercure, et ressort par une tubulure latérale pour aller brûler sous l’étuve. Si la température ne varie pas, le volume de l’eau ne change pas; mais supposons que, l'arrivée de gaz étant trop forte, la température de l’eau tend à s’élever, voyons ce qui va se passer : l’eau en se dilatant fait monter le mercure dans la branche où arrive le gaz, et ce mercure, obturant plus ou moins, l'entrée du gaz diminue immédiatement la flamme. Le jeu est inverse si l’étuve tend à se refroidir. Là plus de retard de transmission. Le matelas d’eau est chauffé direc- tement ; plus de crainte d’inégalité de température, puisque l’appareil totalise ses dilatations et proportionne le débit de gaz non plus à la variation d’un point lüinité du matelas d’eau, mais bien à la moyenne des variations de tout le bain. On voit de suite que plus grand sera l’appareil, plus grande sera sa sensibilité. Si l’on réfléchit qu'avec 50 centimètres cubes de liquide le Schlæsing règle au quart de degré, l’on verra tout de suite qu’une des nouvelles étuves, qui contiennent 10 litres d’eau, doivent être deux cents fois plus sensibles et maintenir la températnre à 1/800° de degré. De fait, M. d’Arsonval a fait fonctionner jour et nuit, pendant quarante-cinq jours, une de ses étuves qui portait un thermomètre très-sensible en vinotièmes de degré, et il lui a été impossible, pen- dant ce laps de temps, de voir le thermomètre bouger de l'épaisseur d’un des traits de sa division, bien que la pression du gaz ait été portée de 4 c. à 10 c. M. d’Arsonval fait de cette idée une application générale ; il montre à la Société une platine chauffante sur le modele de celle.de Ranvier, qui maintient la température absolument constante, et permet de pro- longer autant qu'on le désire l'observation des. éléments microsco- piques. Les appareils ci-dessus supposent l’usage du gaz, condition qui n’est pas partout réalisable. Pour ces cas-là, M. d’Arsonval présente des ins- * truments qui, toujours construits d’après la même idée fondamentale, différent en ce sens que l’on peut se servir d’un foyer d’une nature et d’une activité quelconques. L'idée générale est celle-ci : il chauffe de l’eau qui circule dans le régulateur à eau à travers un tube fermé. Cette eau, qui peut être à une température quelconque, échauffe à travers les parois du tube de 294 circulation l’eau du régulateur. Cette eau se dilate et, par sa dilatation, _fait monter le mercure qui interrompt la circulation d’eau chaude, ou plutôt proportionne son débit au refroidissement de l'appareil; somme toute, le régulateur agit sur la circulation d’eau chaude absolument comme il agissait sur la circuiation du gaz. Ce dernier appareil, qui a la même sensibilité que le précédent, résout d’une façon absolument générale et pratique le problème de la constance des températures en quelque. endroit qu’on se trouve. La thérapeutique pourra peut-être y trouver quelque avantage. Dans tous les cas, où il faut une chaleur constante et bien déterminée, par exemple, pour l’ad- ministration des bains chauds, des douches, des bains de vapeur, dont la température n’est jamais qu'approximative dans les fièvres graves et le, rhumatisme cérébral, où la constance de température du bain a une grande part à la réussite ; enfin, dans les salles d’inhalation et les sta- tions, thermales, où les malades se plaignent souvent des variations de température des eaux. Ces appareils trouvent déjà leur application à la détermination des températures par le galvanomètre, puisqu'on a un point fixe où l’on peut mettre une des soudures thermo-électriques. L’on peut ainsi avoir des températures absolues prises aussi loin de soi qu’on le désire, Les applications à la médecine, à la physiologie viendront d’elles-mêmes. Pour le moment, il suffit de savoir que M. d’Arsonval donne ces appa- reils comme méthode générale d’étude de l’action de la température tant en physiologie qu’en thérapeutique, puisque, grâce. à eux, l’on peut maintenir où l’on voudra une température abaolument constante, indé .pendamment de la nature et de l’activité du foyer et des causes de refroidissement ou d’échauffement extérieures. — M. p’ArsonyaL présente un appareil régulateur à l’aide duquei on peui obtenir une température constante à un centième de degré prés; cet appareil est appliqué à une couveuse. M. LABORDE remarque que, dans cette couveuse, les œufs sont chauf- fés par en haut et non par en bas, comme c’est l'habitude dans ces appareils ; c’est là un progrès qui permettra d’obtenir plus facilement des poulets parvenant à éclosion. — M. Pauz CazENEUVE communique la note suivante : ANALYSE CHIMIQUE D'UN CALCUL RÉNAL, M. Laborde lui a presenté, ces jours derniers, deux calculs rénaux à analyser, calculs qu'il a recueillis lui-même et, dont il se propose de faire l’histoire. | ‘5 À . Jun était de la grosseur d'un petit pois, de forme ovalaire; l’autre 295 était aplati, angulaire, déchiqueté sur les bords, de la longueur d’un petit bouton de chemise. Ces calculs ayant été rendus au milieu d’une forte hématurie, et pré- sentant une teinte brune foncée, pouvaient contenir de l’hématine. Je les traitais à ce point de vue, aprés avoir constaté qu'ils étaient très- durs sous le pilon, par l'alcool acidifié à l’aide de l'acide chlorhydrique. Sous l'influence de l’ébullition, le liquide prit une teinté jaune très- marquée, qui augmenta d'intensité par uné addition plus forte d'acide chlorhydrique. Je finis même par employer parties égales d'acide chlor- hydrique èt d’alcool pour arriver à une dissolution complète. Cette teinte jaune, qui différait de celle de Fhématine, de cefle du pigment urina‘re, me fit immédiatement songer au perchiorure de fer. Le ferro-cyanure de potassium, le sulfo-cyanure, confirmérent mes prévisions. L’ammoniaque me donna un précipité trés-abondant de peroxyde de fer. Le liquide filtré, pour recueillir le peroxyde de fer, contenait du chlo- rure de calcium provenant d’un peu de carbonate de chaux contenu dans les calculs. Le peroxyde de fer, comme nous l'avons constaté, était mélangé à une trace de phosphate de chaux. Nous n'avons reconnu qu’une trace d'acide urique. L'intérêt de cette analyse a trait à la présence d’une quantité consi- dérable de peroxyde de fer, qui doit s'élever environ à 75 0/0. Jusqu'à ce jour, on h’a jamais signalé aucun calcul rénal présentant une composition aussi singulière. Si nous prenons les analyses de Sa- muel Lee Bigelow, nous voyons que l’oxyde de fer n’a jamais figuré que pour des traces. Les urates, les phosphates, l’oxalate, le carbonate de chaux sont or- dinairement les principes qui résument la composition des calculs uri- naires. , Ce fait mérilait donc d’être signalé, bien que nous réservions, à l’é- gard du mode de formation de ce calcul, toute espèce d’interprétation. S'il s’est formé dans les reins, la matière colorante du sang, réduite à ses éléments minéraux sous l'influence d’une cause que je ne puis ap- précier, seront-elles le point de départ de cette concrétion ferrugi- gineuse ? M. Lagorpe : Ce calcul a été rendu par un médecin qui souffrait de- puis six jours de coliques néphrétiques d’une violence exceptionnelle, c’est aprés une hématurie dont l'abondance a été évaluée à deux litres qu'il a été expulsé; il était excessivement dur et hérissé d’aspérités. L'authenticité du fait ne peut être mise en doute, 296 M. Coury fait la communication suivante : DE L'ACTION DE L'ARRÊT CIRCULATOIRE ENCÉPHALIQUE SUR LES FONCTIONS CIRCULATOIRES. Nous avons fait dans le laboratoire de pathologie expérimentale des expériences assez nombreuses, destinées à rechercher l'influence de l’anémie cérébrale sur les fonctions cardio-vasculaires ; et nous espérons, grâce à{ l'emploi de procédés plus parfaits, être arrivés à quelques résultats nouveaux. | Nos chiens curarisés respiraïent artificiellement, et de cette façon nous avons évité les troubles respiratoires qui peuvent modifier se- condairement la circulation. Cette condition est importante; et c’est ainsi que sur deux chiens curarisés nous avons obtenu en liant les carotides un ralentissement cardiaque assez marqué, au lieu de l’ac- célération constatée par tous les expérimentateurs depuis Astley Cooper, aprés la même ligature faite sur des animaux normaux. Au lieu de lier les artères carotides et les vertébrales comme l'ont fait Bichat, Kussmaul et Tenner etc., etc., moyen qui anémie trés-incomplétement le cerveau et surtout le mésocéphale, au moins, chez le chien, le lapin, etc., nous nous sommes servis du procédé d’anémie directe si souvent employé par M. Vulpian; et nous avons injecté vers le cerveau, soit par le bout périphérique de la carotide, ou mieux par l'artère linguale vers la carotide, des substances obli- térantes, air, et plus souvent poudre de lycopode diluée. Outre qu'il arrête complétement et sûrement la circulation, ce procédé permet de rechercher, après la mort de l’animal, par l’exa- men microscopique des vaisseaux du cerveau, quels sont les terri- toires vasculaires qui ont reçu la poudre de lycopode ; et dans cer- tains cas il nous a été possible par ce moyen de localiser les troubles observés. Enfin, en mesurant les modifications circulatoires à l’aide des ins- truments enresistreurs, hémodynamomètre ou kymographe, nous avons pu constater et étudier des troubles qui auraient échappé presque entièrement à la vue ou à la palpation ; troubles que M. Vul- pian, parmi de nombreux expérimentateurs, avait peut-être seul in- diqués. Poiseuille, et plus récemment M. Mono, M. 8ig-Mayer, se sont cepen- dant servis des appareils enregistreurs pour étudier l’anemie cérébrale ; malheureusement, ils ont simplement lié les artères encéphaliques, et, ce moyen étant défectueux, leurs résultats diffèrent presque compléte- ment des nôtres. Dans tous les cas où l’arrêt circulatoire porte sur tout l’encéphale, cer- 297 veau, bulbe, etc., on observe constamment, 20 à 40 secondes aprés l'injection, deux phénomènes principaux : 1° la tension artérielle augmente, augmentation progressive et rapide, augmentation énorme : de 12 à 16 centigrammes de mercure au moins, doublant et même tri- plant la valeur initiale de la tension. 29 Le cœur se ralentit, et tombe de 160-130 pulsations à 50-40 et souvent moins; les oscillations du pouls deviennent trés-amples, et il n'y à plus de variation d’origine respiratoire. Le ralentissement cardiaque survient après l’augmentation de ten- sion, et il peut même, en diminuant le nombre des ondées, faire cesser trés-momentanément cette augmentation de tension, qui toujours re- devient énorme. Le ralentissement cardiaque cesse d'ordinaire avant l’augmentation de tension ; et il n’y a entre ces deux phénomènes aucun rapport néces- saire. Après un temps variable, mais toujours assez long, 6 à 10 minutes au moins, la tension diminue et s’abaisse même au-dessous de la nor- male, et le pouls redevient fréquent. Dans un seul cas, l'anémie portait sur le cerveau et le mésocéphale ; les artères du bulbe et celles qui correspondent au 4° ventricule ne con- tenaient pas de poudre ; or, dans ce cas, il y a eu un ralentissement trés- notable du cœur, mcindre cependant que dans les faits précédents; et une augmentation considérable de la tension qui s’est élevée de 14 à 26 centigrammes. Au contraire, dans plusieurs expériences, les artères curotides et leurs branches, et quelquefois même une seule . carotides étaient seules remplies par la poudre oblitérante. Or, dans ces cas, la tension artérielle n'a subi aucune modifica- tion notable ; le cœur seul s’est ralenti, et ses oscillations sont de- venues plus amples. Le ralentissement, quoique considérable, est moindre que celui dû à l’anémie pénéralisée ; mas il paraît être plus durable, au moins d’après nos expériences. $ Nous reviendrons sur ce dernier point dans une prochaine commu- nication et nous chercherons à mieux déterminer la durée relative des divers accidents; nous indiquerons aussi l'influence de l’anémi eCÉré- brale sur le reste du système sympathique ; et nous chercherons à fixer le mécanisme de ces troubles si curieux ; mais les expériences que nous avons déjà faites, section de la moelle, des pneumogastriques, etc., ont besoin d’être complétés. On nous permettra de terminer par une réclamation de priorité ; M. Sigmund Mayer a publié, en février 1576, des expériences sur c. R. 1876, 38 908 l’anémie cérébrale faites à l’aide des instruments enregistreurs ; et il insiste sur ce fait qu'il a le premier employé à cette étude ce pro cédé expérimental; or, nous avons publié, en décembre 1875, dans notre thése sur l'entrée de l’air dans les veines, un tracé kymocra= phique fort probant d’anémie cérébrale due à l'injection de l'air par la carotide. Nos résultats sont du reste trés. différents de ceux obtenus par M. Sigmund Mayer, en liant toutes les artères encéphaliques, ou mieux toutes les artères de la moitié antérieure du tronc ; ct, tandis qu’il assi- mile les effets de l’anémie cérébrale à ceux de la ligature de la moelle cervicale, nous chercherons à montrer que ces deux lésions ont des ré: sultats précisément inverses. — M. Pirres communique une observation de lésion cérébrale n'ayant donné lieu à aucun symptôme du côté de la motilité. Il s’agit d’une malade du service de M. Charcot, qui était atteinte depuis vingt ans d’une contracture des membres inférieurs d’origine hystérique. Jusqu'au moment de sa mort, elle a conservé toute la liberté de ses mouvements dans les membres supérieurs. A J’autopsie, en outre des lésions musculaires et nerveuses qui expli- quaient la contracture permanente des membres inférieurs, on a trouvé un foyer hémorrhagique, du volume d’une noix, dont le centre était formé par un caillot noir et ferme, et dont la périphérie était entourée d’une zone de substance cérébrale ramollie présentant une coloration ocreuse. Ce foyer siégeait dans la substance blanche, à la partie la plus antérieure du lobe frontal du côté droit, au-dessous de la denxième cir- convolution frontale. À en juger par les caractères extérieurs, il n'était pas irès-ancien et, selon toutes probabilités, il s'était développé quinze à vingt jours avant la mort. Loin d’être en contradiction avec les données récemment acquises sur les localisations cérébrales, ce fait en est une confirmation. Il entre dans une loi qui paraît dominer la pathologie du centre ovale, et qui peut s'exprimer ainsi : Pour qu’une lésion de la substance blanche cen trale du cerveau détermine une hémiplégie permanente, il faut qu’elle siége sur l'expansion des fibres pédonculaires qui se rendent dans les portions motrices de l'écorce. Séance du 415 août 1856. M. Lépine fait une communication relative à l'influence de lexcita- lion du bout périphérique des nerfs sur la température des membres: 299 — M. Eu. CALMETTE, médecin aide-major à l'hôpital militaire de Vincennes, lit la note suivante : NoTe SUR LES RAPPORTS DE L'ASPHYXIE LOCALE DES EXTRÉMITÉS AVEC LA FIÈVRE INTERMITTENTE PALUDÉENNE. J'ai l’honneur d’appeler l'attention de la Société sur quelques faits intéressants, que j’aieu l’occasion d’observer en Aloérie : je veux parler de la coïncidence de l’asphyxie locale des extrémités, maladie décrite par M. Raynaud (1862), avec la fièvre intermittente paludéenne. Mes observations, jointes à celles que j'ai trouvées dans les auteurs qu se sont occupés de l'une et de l’autce de ces affections, m'ont fourni les éléments d’une étude critique que je me propose de publier ultérieurement et dont voici les divisions principales : 49 J’étudie, dans une premiére partie, les faits d’asphyxie locale des extrémités qui ont été précédés de fièvre intermittente ; 29 Puis, je passe en revue les cas dans lesquels l’asphyxie locale s’est produite pendant ou aprés les accès de fièvre intermittente ; 30 Enfin, la troisième partie renferme les conclusions et interpréta- tions que l'on peut tirer de ces faits au point de vue de la physiologie pathologique, et leur comparaison avec quelques symptômes propres à la leucocythémie, à l’acrodynie, au béribéri et à diverses intoxications telles que l’ergotisme et le pellagre. C’est cette. dernière partie que je demande la permission de résumer succinctement en faisant précéder mon exposition d’un exemple frap- pant de la coïncidence de l’asphyxie locale des extrémijés avec la fièvre intermittente. . Une femme algérienne, la nommée Nusbaun, entre à l'hôpital de Dra-el-Mizan le 20 janvier 1876 pour une anasarque, suite de cachexie palustre : au bout de quelques jours de traitement par les diurétiques et le sulfate de quinine, j’observe une amélioration notable ; mais je suis tout surpris, un matin, à ma visite, d’apercevoir sur ses extrémités supérieures et. inférieures, une cyanose trés-manifeste qui existait par intervalles depuis plusieurs mois, au dire de la malade, mais qui, n’é- tant pas accompagnée de douleurs bien vives, n’avait provoqué aucune plainte de sa part. Dés lors, je me mis à l’observer attentivement et je remarquai chez elle tous les signes de l’asphyxie locale type telle que M. Maurice Raynaud l’a décrite et telle qw’elle à été observée, depuis, par un grand nombre, de médecins : accès consistant en une teinte bleuâtre marbrée s'étendant jusqu’au dessus du poignet pour les extré- mités supéreures et jusqu’à l’union du tiers inférieur avecles deux tiers supérieurs de la jambe pour les extrémités inférieures. Le bout du nez et les oreilles étaient également pris. Température des mains 17°, 300 axillaire 36,2; pouls 90 ; sensibilité obtuse ; troubles de la vue consis- tant en une amblyopie passagère sans lésions appréciables à l’ophthai- moscope ; battements des artères radiale et tibiale antérieures peu sen- sibles, mais aucun trouble cardiaque. Au bout d’un espace de temps variant detrente à cinquante minutes, l'accès cessait; mais il reparaissait quelques heures après sous l’in- fluence de la moindre cause, l'exposition des mains à l'air frais, par exemple, et surtout l’aspersion d’eau froide sur un point quelconque du corps. De plus, la cachexie palustre sons l'influence de laquelle ma ma- Jade se trouvait se traduisait, par intervalles irréguliers, en accès de fièvre intermittente francs, c’est-à-dire constitués par les trois stades : frisson, chaleur, sueur; à ces moments on constatait un phénomène sur lequel j'insiste en raison de sa singularité, Quand la malade com- mençait à trembler, à frissonner de tout son corps, ses extrémités res- taient moites et accusaient une température normale ou au-dessus de la normale. Aussitôt que le stade du frisson avait cessé pour faire place à une chaleur toute subjective, les extrémités devenaient le siége des phénomènes de syncope et d’asphyxie écrits plus haut. Il y avait par- faite alternance entre le frisson fébrile, c’est-à-dire le frisson ressenti par tout l'organisme, et ce spasme des artères des extrémités qui est, comme on le sait, la caractéristique de l’afection, du syndrôme décrit par M. Raynaud. Sans vouloir rcéditer la théorie des vaso-moteurs au point de vue de la production des divers éléments qui constituent la fièvre, on peut se demander, en présence du fait que je viens de signaler, si, dans l'es- péce, le frisson de l’accès et l’asphyxie locale des extrémités ne peuvent pas être rattachés à un même ordre d’excitations médullaires relevant elles-mêmes d’une cause ou influence générale, une altération des li- quides de l’économie, du sang en particulier. Et alors, on pourrait s’ex- pliquer comment et pourquoi certains miasmes, certains poisons venus du milieu interne ou du milieu externe dans lesquels nous vivons, avant une action élective sur les autres vaso-moteurs, donnent lieu à des ma- nifestations nerveuses communes, quoique possédant une origine et des propriétés morbides différentes. C’est ainsi que l’acrodynie, le pellagre, l’ergotisme, le béribéri d’un côté ; de l’autre, les diveres cachexies ét en particulier la cachexie palustre et même la leucocythémie, qui n’est souvent que l’aboutissant d’un grand nombre de cachexies, peuvent présenter, dans le cours de leurs manifestations de véritables syncopes, asphyxies ou gangrènes des extrémités, ainsi que le démontrent les nombreuses observations prises dansles auteurs qui ont décrit ces états morbides. Et je crois que, s’il y a eu doute pour assigner à quelques- ans de ces derniers une place définie dans les cadres nosologiques, c'est 301 que l’on n’était pas fixé sur la nature et l’origine des troubles nerveux si divers et si mobiles qui compliquent le tableau cliuique offert par les cachexiés et ies inaniés de toute provenance. La physiologie pathologique, en donnant la raison immédiate de ces phénomènes nerveux, doit avoir pour résultats, non-seulement d’aider à une classification scientifique des maladies, mais encore d'introduire dans leur thérapeutique des moyens rationnels dont l'efficacité servira encore de contrôle aux interprétations plus ou moins hasardées que l’on pourrait faire au point de vue pathologique ; M. Maurice Raynaud a tiré un excellent parti de l'application des courants continus dans l’asphyxie locale des extrémités, en se fondant sur la nature de ce syn- drôme caractérisé, suivant lui, par l’énorme exagération du pouvoir excito-moteur des portions grises de la moelle épinière qui tiennent sous leur dépendance l’innervation vaso-motrice, Voici quelles sont mes conclusions : 1° Les fièvres telluriques ou intermittentes paludéennes que Maillot, ayant égard seulement au retentissement, à l’influene qu’elles ont sur les centres gris, appelait irritations cérébro-spinales intermittentes, peu- vent présenter dans le cours de leurs manifestations symptomatiques si variées, le syndrôme connu sous le nom d’asphyxie locale des extré- mites. 29 L'’asphyxie locale des extrémités est la signification clinique d’un grand nombre d'états pathologiques qui sont susceptibles d’impres- sionner, soit primitivement, soit consécutivement les parties du sys- tème nerveux qui tiennent sous leur dépendance les actions vaso-mo- trices. 3° L'interprétation physiologique raisonnée conduisant à unifier comme origine certains symptômes nerveux qui appartiennent à des affections de nature diverse, on est porté à croire que la thérapeutique devrait, dans quelques cas, profiter de cette unification et mettre à l’es- sai des moyens qui, tout en s'adressant directement au symptôme, pourraient avoir, sur la maladie elle-même, une influence favorable. — M. Coyne est élu membre titulaire de la Société. 1 / Û mn 0 < CEA UTR 1 UE LEA 1410 Padhet 6 pouié KE Tes ne “fre ty, Hronpaire-rron ahéftéis rod Hub. sub et qe SU V4 ffietbhh PAT OT 0 Ami sat AR A RS ob" POIL a TRAUTES jy Lvide Shen entact bo tr mo prof 84 ou «if ne ri à sd ana tt nt TE tel 15 AA HS AN re br f\ s À 7e nl luna sb ‘s fn “no : A LAON À Hottst ÉULTTR VE NANES at rtor e6 té sd fi 44 Hs #00 (DE ESNES sal Led nc un LENS eo perts Grotte DUT TEL se ver PO FO A ait ed il iso te as Fire re NE UNE (TN Bt its Hoi fiqute Hf: . ati st ù ne vol cts 6 ame bre Hp AU EUNELE ana ee Den MU” EEE AT 0 Aro Joe Er is ONE GB 8 roitue jo a din CARTES Bison 10 (n FT 5e sera ÈS M 1 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D’OCTOBRE 1876 Par M. HALLOPEAU, SECRÉTAIRE PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. (YACANCE A PARTIR DU 19 AOÛT JUSQU'AU 21 OCTOBRE.) Séance du 224 octobre 1876. MM. Boucxanrp et Capier font la communication suivante : NOTE SUR QUELQUES CAUSES D'ERREUR DANS LA RECHERCHE DE L’ALBUMINE DES URINES PAR L'IODURE DOUBLE DE MERCURE ET DE POTASSIUM. La solution d’iodure double de mercure et de potassium acidifiée par l'acide acétiqne, que M. Tanret (Thèse de pharmacie, Paris, 1873) a appliquée à la recherche de l’albumine et qu’il a voulu utiliser pour le dosage de cette substance, d’après une méthode théoriquement inexacte, est l’un des réactifs les plus sensibles pour reconnäître l’al- bumine dans les urines et pour en déceler des traces. Mais par cela même que ce réactif semble destiné à se substituer aux procédés habi- tuels, chaleur et acide nitrique, il importe de signaler et de permettre d’éviter les causes d’erreur. Ou prépare le réactif en dissolvant du bichlorure de mercure dans de 30% l’eau distillée à l’aide de l’iodure de potassium, dont on ajoute gra- duellement de nouvelles doses en agitant constamment, iusqu’à ce que l'iodure rouge de mercure soit complétement redissous. On additionne la liqueur ainsi obtenue d’une assez forte proportion d'acide acétique. Appliqué à la recherche de l’albumine dans les urines, ce réactif expose à cinq causes d’erreurs qui tiennent au réactif lui-même, à la mucine, aux urates, à l’alcalinité des urines, aux alcaloïdes qui peuvent se ren- contrer dans les urines. Si l’on a préparé le réactif en n’employant que la quantité d’iodure de potassium strictement nécessaire pour dissoudre le sel de mercure, on peut voir se proluire dans l'urine normale un précipité d’iodure rouge de mercure, qui s’accuse davantage par l’action de la chaleur et qui, lorsqu'il est trés-peu abondant, très divisé et qu'il est vu par transparence, peut en imposer pour le précipité blanc albumineux. Si on l’examine par réflexion, sa couleur rouge empêche de faire cette confusion. On évite cet inconvénient en ayant soin de n’employer qu’un réactif contenant un excès d’iodure de potassium. La mucine peut être précipitée par l’acide acétique du réactif, mais le précipité n’est pas blanc et n’est pas immédiat ; il apparaît tardive- ment sous forme de masses nuageuses, demi-transparentes qui se réu- nissent ensuite au fond du tube en un gros globe à surface arrondie qui sera difficilement confondue avec le précipité blanc, opaque. floconneux ou cailleboté fourni par l’albumine. Quand on examine des urines neutres ou peu acides et contenant une notable proportion d’urates, on peut voir très-rarement apparaître, aprés l'addition de quelques gouttes de ce réactif une opacité blanche, jaunâtre ou rougeâtre due à la précipitation d’urates acides. Mais ce précipité ne se forme pas instantanément comme le précipité albumi- neux ; il exige quelques secondes, quelquefois une minute ; il est favo- risé par la basse température du liquide ; il débutepar les parties supé- rieures ou moyennes dn tube et laisse toujours au fond du vase un espace clair occupé par le réactif que sa plus grande densité a emporté dans les parties déclives. Ce précipité d’urates disparaît totalement par la chaleur qui accuse, au contraire, le précipité albnmineux. Si l'on opère sur des urines trés-alcalines, et si l’on n’emploie que quelques gouttes d’un réactif trop peu acide, on peut avoir un précipité d’iodure double de mercure et d’urée; mais, ce précipité, d’abord blanc, puis rapidement gris et noirâtre, se distingue facilement du précipité blanc de l’albumine. Il disparaît par l'addition d’un excés de réactif, ou d'acide acétique. On pourrait plus fréquemment être induit en erreur par la présence d’alcaloïdes dans les urines. Ce réactif donne, en effet, un précipité 205 blanc ou blanc jaunâtre dans les urines qui contiennent des traces de l'une de ces substances, plus souvent du sulfate de quinine. Ce préci- pité d’iodure double de mercure et d’alcaloïde se forme un peu plus len- tement que le précipité albumineux, à moins qu’il y ait une forte pro- portion d’alcaloïde ; il n’est pas floconneux et gagne plus lentement le fond du vase; il s’accuse davantage par le refroidissement ; il disparaît totalement par la chaleur. Malgré ces cinq causes d'erreur, l’iodure double de mercure et de po- tassium garde donc toute sa valeur comme réactif de l’albumine dans les urines, puisque l'excès du réactif ou l'emploi de la chaleur empé- chent de faire la confusion. Ces causes d’erreur, plus facilement évitées, sont moins nombreuses que celles qu’on a reprochées à la chaleur et à l'acide nitrique; elles ne sont donc pas de nature à empêcher un pro- cédé facile, expéditif et d’une exquise sensibilité, de prendre sa place dans la clinique. — M. Prrres présente des pièces anatomiques qui établissent que les lésions des circonvulations frontale et pariétale ascendantes ont pour conséquence de déterminer une atrophie croisée des cordons de la moelle. M. Crarcor insiste sur l'importance qu'ont les faits communiqués par M. Pitres au point de vue de la doctrine des localisations cérébrales ; ils en fournissent pour ainsi dire la preuve matérielle, Il est très-frap- pant de voir que, de toutes les parties de la surface cérébrale, les cir- convolutions ascendantes soient les seules qui donnent lieu à la dégé- nération secondaire de la moelle, comme ce sont les seules qui produi- sent l’hémiplésie ; elles différent donc des autres circonvolutions, non- seulement par leurs fonctions, mais aussi par leurs connexions anato- miques ; on peut dire qu’elles forment avec les corps opto-striés un système à part, et comme un cerveau dans le cerveau; on arrivera sans doute à reconnaître que dans les premiers temps de la vie em- bryonnaire elles sont distinctes des autres parties de l’encéphale. — M. Joaxxes CaarTin fait la communication suivante : SUR UN NÉMATOÏDE OBSERVÉ DANS L'OEIL DE LA MOUCHE. Il y à quelques semaines, en poursuivant sur l’œil des Arthropodes les recherches dont j'ai déjà ev l'honneur d’entretenir la Société, je fus trés-surpris de voir sortir de la masse des bâtonnets d’une mouche (Musca domestica L.) une anse blanchâtre et filiforme, animée de mouvements très-rapides; cette anse s'agrandit peu à peu et ne tarda pas à se développer avec l'aspect bien connu d’un nématoïde dont un . — 1 st 1 grossissement convenable Ge Vérick ) me permit d’étudier les c. R. 1876. 39 306 divers détails anatomiques. Ses caractères étaient les suivants : Le corps, blanchôtre et finement strié, mesure 4"M,4 en longueur; il est lécèrement atténué aux deux extrémités. La bouche est limitée par un rebord ovalaire, d’ailleurs fort mince ; l’œsophage, assez grêle, se termine par une partie sensiblement renflée et qui précède un in- testin médiocrement flexueux aboutissant à un anus subterminal; les cellules qui tapissent les parois du tube intestinal offrent la même colo- ration sur tout son parcours, mais elles sont plus volumineuses vérs sa région moyenne. L'absence d’organes génitaux empêche d’être absolument affirmatif sur la place zoologique à assigner à ce ver. Cependant, la forme du corps, la situation et la configuration de la bouche permettent de le ranger dans la famille des Frcarnoes et très-probablement dans le genre Filaria (1), bien que par la dilatation sensible de son œsophage; il témoigne d’une parenté évidente avec le genre Dispharagus ; la fa- mille des Ascaridiens (Filariides et Ascaripipes) se trouverait ainsi rattachée étroitement à celle des Oxyuriens. Cet helminthe vécut durant vingt-cinq minutes dans la glycérine additionnée d’une goutte d’ammoniaque (2), puis les mouvements, d’a- bord très-rapides, se ralentirent peu à peu et cessèrent enfin compléte- ment. Quant à la mouche qui servait d'hôte au nématoïde, elle était fort peu agile, semblait se diriger d’une maniêre très-incertaine, et rampait plutôt qu’elle ne marchait. (4) Autrefois il eut été nécessaire, en raison de l’habitat de ce ver, d'entrer dans une minutieuse discussion sur les caractères comparés des Mermis, Gordius et Filaria; elle est aujourd'hui inutile en pré- sence des notions acquises sur l’histoire des Dragonneaux, que l’on ne saurait rattacher à l’ordre des nématoïdes proprement dits. (Villot, Monographie des Dragonneaux, 1874.) Je mentionne pour mémoire les Spherularia, observés chez les Bombus, et qui n’ont ancun rap- port avec le parasite décrit ici. (Voyez Ann. des sciences naturelles, 1837. — Natural history réview, 1864). (2) Il n’y avait pas une trace d’eau sur la lame porte-objet, läquelle avait été lavée à l'alcool, quelques instants avant l'observation. 7 - Séance du ?8 octobre 1876. M. le PRÉSIDENT annonce à la Société la mort de M. Isambert et invite M. Dumontpallier à lire le discours qu’il a prononcé sur la tombe de notre regretté collègue. « Ami, c’est au nom de la Société de Biologie que je prends la pa- role pour te dire un dernier adieu; c’est aussi au nom d’une amitié de plus de trente années que je viens rendre un suprême hommage à l’homme de cœur, à l’homme de travail qui avait su se créer de vives sympathies. « Indépendant de caractère, Isambert dut la plus grande part de ses succès à un labeur incessant; son esprit curieux de beaucoup ap- prendre l'avait d’abord entraîné dans des voyages lointains, mais, à dater de l’année 1851 où il fut nommé interne des hôpitaux, il n’a- vait cessé de se préparer à ces longues et pénibles luttes dont il devait sortir avec les titres de médecin des hôpitaux et de professeur agrégé de la Faculté de médecine. Tous ceux de ses collègues qui sont ici présents se rappelleront qu’il fut toujours un concurrent honnête et digne du succés. « Plus tard il se livra avec ardeur à l’étude des maladies du iarynx et bientôt la confiance de ses confrères lui prouva qu’il avait su prendre une place honorable dans la carrière toujours si délicate des médecins spécialistes. De plus, le soin qu’il mettait à vulgariser les connaissances spéciales qu'il avait acquises lui valut les sympathies des élèves. « Depuis quelques années, son enseignement libre et les exigences de sa chentéle ne lui permettaient guère de prêter un concours assidu aux travaux de la Société de Biologie dont il avait été élu membre titulaire en 1857. Mais dans nos bulletins sont consignés des mémoires impor- tants de notre collègue sur le chlorate de potasse et sur la leucémie lymphatique. Les études en chimje de notre collègue, et sa collabora- tion avec le professeur Robin avaient imprimé aux travaux d’Isambert un caractère de véritable science. « Des voix plus autorisées que la mienne ont déjà loué les mérites du médecin et du savant. Laissons maintenant parler notre cœur sur la tombe d’un ami : Hier, cher collègue, cher ami, quand la nouvelle de ta mort s’est répandue, j'ai vu la tristesse sur tous les visages. En signe de deuil, la Société médicale des hôpitaux a levé sa séance, et chacun s’est retiré morne et silencieux. Le silence dans la tristesse est la preuve d’une émotion profonde et vraie. Ce silence disait à tous com- bien était cruel le coup qui nous frappait et le souvenir de la grande émotion ressentie à la nouvelle de ta mort restera comme un témoi- 308 gnage de l'estime et de l'affection que tu avais inspirées à ceux qui ont vécu à côté de toi. » — M. Parror communique le résultat de ses recherches sur les re- lations qui existent entre les lésions des poumons et celles des gan- glions trachéo-bronchiques. Les organes, chez les enfants, se présentent dans des conditions três-favorables à l’observation; ils n’ont pas encore subi les modifications que l’on trouve constamment chez les personnes âgées ; ils sont pour ainsi dire vierges. Ces considérations sont surtout applicables aux poumons dont les fonctions ne commencent qu'au mo- ment de la naissance ; c’est dans la première enfance que l’art peut le mieux étudier les altérations qui se développent dans ces viscères sous l'influence des diathèses. Les recherches de M. Parrot ont été faites ex- clusivement sur les sujets de 4 à 7 ans. Il n’est pas, à cette période de la vie, d'affection pulmonaire qui ne se reflète d’une manière trés-nette sur les ganglions bronchiques ; ils sont comme le miroir des poumons, et réciproquement, il n’y a pas d’adénopathie bronchique qui n’ait une origine pulmonaire. Beaucoup d'auteurs, et des plus éminents, ont souteuu une opinion contraire : Laennec admettait que les ganglions bronchiques étaient souvent tuberculeux alors que les poumons étaient sains; MM. Rilhet et Barthez se sont prononcés dans le même sens ; ils pensent cependant que dans la grande majorité des cas, les lésions pulmonaires et ganglion- naires existent simultanément. M. Bouchut est plus près de la vérité quand il dit que la phthisie pulmonaire coïncide généralement avec la phthisie ganglionnaire ; il cite un fait qui ferait exception à la règle, maïs si on lit attentivement la relation qu’il en donne, on voit que la présence de tubercules dans les poumons y est signalée. MM. Wells et Vogel doivent encore être comptés parmi ceux qui admettent que la tuberculisation des ganglions bronchiques peut être indépendante de la tuberculisation pulmonaire. Cette opinion est erronnée : toutes les fois qu'un ganglion bronchique est le siége d’une lésion tuberculeuse, il y à une lésion analogue dans le poumon ; M. Parrot, dans ses nombreuses autopsies, n’a pas trouvé une seule exception à cette loi. La lésion pulmonaire peut être très-dit- ficile à trouver, et l’on s'explique ainsi comment on a pu la nier ; il est des cas où ses dimensions ne dépassent pas ceiles d’une tête d’épingle. Les altérations des ganglions, semblables à celles des poumons quant à leur nature et à leur âse, sont relativement plus étendues ; elles portent souvent sur les ganglions trachéaux en même temps que sur ceux aux= quels aboutissent directement les lymphatiques émanés deslobuies ma- lades. 309 On peut conclure de ces faits qu'il faut rayer des cadres nosologiques l’adénopathie bronchique, en tant qu’affection indépendante des mala- dies pulmonaires. M. TRassor cite, à l'appui de l'opinion soutenue par M. Parrot, l'exemple de ce qui se passe dans la morve, où l’on ne trouve jamais d’autres ganglions malades que ceux auxquels aboutissent les Ilympha- tiqnes émanés des organes où siégent les lésions spéafiques. M. Lasorne demande à M. Parrot s’il ne pourrait pas ajouter quel- ques renseignements cliniques aux faits anatomo-pathologiques qu’il vient de faire connaître. M. ParroT répond que le diagnostic de la tuberculose présente, chez les enfants, de grandes difficultés ; il n’est pas rare que l’autopsie vienne démentir le diagnostic formulé pendant la vie. — M. Mazassez présente à la Société un nouveau colorimètre spéciale- ment destiné à la mesure du pouvoir colorant du sang ; on pourrait donc l’appeler un hémo-chromomètre. I. Descarprion. — Cet appareil se compose : 19 D'un écran percé à son centre de deux trous circulaires très -rap- prochés l’un de l’autre, et placés sur une même ligne horizontale. 20 Derrière l’un des trous (celui de gauche) se place le réservoir d’un mélangeur Potain modifié : au lieu d'être sphérique ou ovoïde, ce ré- servoir présente deux faces opposées planes et parallèles, et qui, dans tous ces nouveaux mélangeurs se tiouvent toujours à la même distance l’une de l’autre. Les solutions sanguines qui se trouveront dans ce ré- servoir seront donc toujours vues sous une même épaisseur : et si elles sont faites au même titre, les variations de coloration qu’elles présen- teront seront évidemment dues à des différences dans le pouvoir colo- rant du sang employé. Le mélangeur est maintenu verticalement par un anneau élastique qui entoure sa longue portion; son extrémité supérieure vient butter- contre une lamelle de caoutchouc, ce qui empêche la solution sanguine de s’écouler pendant la durée de l'observation. 3° Derrière le second trou de l'écran se trouve un prisre ayant la couleur d’une solution aqueuse du sang. C’est une cuve prismatique en verre, dans laquelle a été hermétiquemuut enfermée une gelée glycé- rinée teintée avec du picrocarminate d’ammoniaque. (Cette gelée glycé- rinée paraît se conserver merveilleusement; j'en ai examiné au com- mencement de cet été, qui datait de trois ans et n’était nullement al- terée.) Ce prisme est placé sur un chariot qui peut être mû dans la ver- ticale à l’aide d’une crémaillère. En faisant descendre où monter le chariot, des portions plus ou moins épaisses du prisme passent devant 810 l'écran, et on obtient ainsi des colorations plus ou moins intenses, On pourra donc chercher et trouver un point du prisme donnant la même valeur de ton qu’une solution de sang placée dans le mélangeur der- rière l’autre trou; on pourra aussi juger de ce ton par la position du prisme. Cette position est déterminée par une échelle graduée que porte un des côtés du prisme et qui dans les mouvements de celui-ci vient passer devant une petite aiguille fixe. 4° Derrière le mélangeur et le prisme, se trouve une plaque de wærre dépoli destinée à diffuser la lumière et à la rendre blanche avant qu’elle ne traverse les milieux colorés ; l'expérience ayant démontré que, dans . ces conditions, les différences de teinte sont mieux saisies par l’œil de l'observateur. Telles sont.les différentes parties de l'appareil. L'écran, qui est formé de pièces mobiles, peut se replier sur elles, et constitue une boîte très- portative (20 centimètres de long sur 40 de large et 3 d'épaisseur), Les deux trous de l’écran peuvent être obturés en sorte que la boîte peut être close complétement. II. GRADUATION. — Pour graduer l'instrument, j'ai fait une série de solutions sanguines avec du sang de chien et de l’eau distillée, depuis & jusqu’à 16 de sang pour 1000 de mélange. Ces solutions ont été suc- cessivement introduites dans le mélangeur et j'ai déterminé avec le plus grand soin quelle était pour chacune d’elles la position du prisme qui donnait une couleur semblable à celle de la solution observée? Un trait étant marqué à ehacune de ces positions, j'ai eu, de cette façon, une échelle de coloration dont chaque degré correspondait à une solu- tion ne différant des voisines que de 4 millième. Cela étant fait, mon ami M. le docteur Picard a bien voulu m’ana- lyser un autre échantillon de sang de chien au moyen de la pompe à mercure, et m'indiquer, avec toute la précision qu’il est possible d’ob- tenir par ce procédé d'analyse, la capacité respiratoire de ce sang, c’est-à-dire la quantité maxima d'oxygène que peut obsorber une quan- tité déterminée de ce sang, soit 100 cent. cubes. | J'ai alors exactement déterminé à quel degré de mon échelle de co- loration correspondait une solution au centième de ce sang, et J'ai inscrit ce niveau, le chiffre indiquant la capacité respiratoire trouvée par l'analyse; mais, au lieu de rapporter cette capacité respiratoire à 100 centim. cubes de sang (ce qui se fait habituellement), j'ai pensé, vu les applications spéciales de l’appareil, qu’il était préférable de la TappOrHeE au millimètre cube. Ainsi, au lieu d'écrire 13 cent. cubes, j'ai écrit 1430 millim. cubes. La valeur de ce degré étant fixée de cette façon, celle des autres degrés s'en est suivie naturellement. gui HI. PRooËDÉ oPÉRATOIRE. — Les opérations nécessaires pour faire une analyse de sang avec cet appareil sont les suivantes : 49 Faire au moyen du mélangeur une solution au centième du sarc à analyser ; en emploiera de l’eau distillée ou simplement de l’eau filtrée ; les précautions à prendre sont les mêmes que s’il s’agissait de faire un mélange pour là numération des globules. 29 Fixer le mélangeur sur l’écran, de façon que son réservoir corres- ponde exactement au trou de l'écran et que son extrémité inférieure se trouve fermée par la lamelle de caoutchouc. 30 Placer le prisme dans une position telle qu’il donne une couleur ayant la même valeur de ton qne la solution sanguine. Pour cela, on se place devant une fenêtre donnant une belle lumière diffuse; s’il existe des nuages on les fixera ; prenant alors l’écran de la main gauche, on le place à là distance de la vue distincte entre la lu- mière et soi. La main droite passe derrière l’écran et, tournant le bou- ton qui commande la cremaillère, fait monter ou descendre le prisme jusqu’à ce que la concordance se soit produite.…; pour se bien assurer d’avoir afteint ce point on le dépasse lécérement dans un sens puis dans l’autre. 49 I] ne reste plus qu’à constatèr le degré de l'échelle qui se trouve indiqué sur la petite aiguille fixe. Le chiffre correspondant donne lé pouvoir colorant du sang où plutôt la capacité respiratoire d’un milli= mètre cube de ce sang. Quand le sang à analyser est trés-pâlé (ce dont on s'aperçoit quand le sang pénètre dans le tube capillaire du mélangeur), il est plus exact de faire une solution à 2 p: 400 ou au cinquantième; on prendra alors læ moitié du chiffre trouvé sur échelle; inversement si le sang éfait trop foncé. IV. Résuzrars. — Les résultats que donne cet appareil sont assez précis. Ainsi, en répétant à plusieurs reprises des analyses faites avec un même sang, en les faisant également exécuter par différentes per- sonnes non habituées à ce genre de recherches, les erreurs n’ont pas été au-delà de une demi-division ; les divisions correspondent, comme il a été dit, à des solutions qui ne diffèrent les unes des autres que de 1 millième ; les différences que l’on est appelé à constater dans les re- cherches physiologiques et pathologiques dépassent de beaucoup iles erreurs. IT est inutile d’insister sur l'intérêt des recherches que cet appareil perrnét d'entreprendre ; les résultats bruts qu'il donne sont déjà très- importants par eux-mêrmés ; ils le deviennent plus encore quand on les compare à Ceux que fournit là nümération des globules; car, en divi- 312 sant la capacité respiratoire d’un millimètre cube de sang par le nombre des globules compris dans le même volume, on obtient la capacité respiratoire moyenne de chaque globule, ce qui permet de juger des modifications dues au nombre, et de celles dues à la richesse en ma- tières colorante. — M. CLaupe BerNarp a institué de nouvelles expériences dans le but de montrer que l’anesthésie peut être produite chez tous les êtres vivants. Il a fait voir dans de précédentes communications comment l’eau éthérée empêche momentanément la germination des graines de cresson et le développement de l’œuf, de même qu’elle paralyse le fer- ment de la levüre de bière. Ses recherches récentes ont porté sur les anguillules du blé niellé. On sait que ces animaux sont revivescents, c’est-à-dire qu’ils reviennent à la vie après avoir été desséchés, lors- qu’on les place dans un milieu humide. Si on les soumet à l’action de l’eau chloroformée pure, leurs mouvements cessent immédiatement pour ne plus reparaître ; l’eau chloroformée coupée par moitié, paraît d’abord avoir la même action, mais si, au bout de deux jours, on place ces anguillules inertes et rigides dans de l’eau non mélangée de chloro- forme, elles reprennent bientôt leurs mouvements; l’action de l’eau éthérée est analogue à celle de l’eau chloroformée, maïs moins éner- gique ; elle ne paralyse pas complétement les anguillules ; leurs mou- vements, bien que très-diminués, restent très-perceptibles. Les mou- vements des infusoires contenus Gans l’eau qui servait à ces expé- riences cessaient également sous l'influence de l’éther, mais ils ne reparaissaient plus, ils restaient définitivement suspendus. Quel est, dans ces circonstances, le mode d'action de la substance anesthésique ? Les expériences de M. CI. Bernard ne donnent pas la solu= tion du problème, mais elles peuvent aider à la trouver. Si l’on exa- mine attentivement les anguillules soumises à l’action de l’eau chloro- formée on peut voir qu’elles deviennent plus opaques; il semble que la substance dont elles sont formées subisse une coagulation; elles repren- nent bientôt leur aspect habituel quand elles cessent d’être anesthé- siées ; on sait, d'autre part, qu’un phénomène analogue se produit dans les muscles sous la même influence. Cette modification d’aspect est liée vraisemblablement à une coagulation temporaire sans désorganisation du protoplasma. Il est probable que le trouble produit par les anesthé- siques dans les fonctions d'innervation reconnait également pour con- dition prochaine une coagulation fugitive de la substance nerveuse. Ces faits montrent que l’action des anesthésiques ne porte pas seule- ment sur les éléments nerveux, mais aussi, d’une maniére générale, sur tous les tissus vivants. C’est donc à tort que l’on avait cru pouvoir 313 conclure de la possibilité de produire l’anesthésie chez la sensitive à l’existence d’un système nerveux dans cette plante. Tous les phénomènes de la vie peuvent subir l'influence de l’anesthé- sie ; c’est ainsi que l’on voit chez la grenouille l’éther suspendre suc- cessivement les fonctions des centres nerveux, des nerfs, des muscles, et enfin des cils vibratifs. M. BerraeLor : Les changements d'aspect produits dans les an- guillules et dans les muscles par l’action des anesthésiques pourraient s'expliquer par une coagulation des albuminoïdes ; il faudrait recher- cher cependant, avant d'admettre cette explication, si l’albumine coagulé par ces agents peut se dissoudre de nouveau ? On peut signaler, d’autre part, au point de vue chimique, un point commun entre les divers tissus sur lesquels s'exerce l’action des anes- thésiques ; c’est qu’ils renferment une matière analogue à celle qui constitue essentiellement la substance nerveuse : on en a constaté la pré- sence dans la sensitive, dans les germes, dans l’embryon; dans le sperme et dans l'œuf, à l’origine de toute évolution vitale, on trouve les éléments constitutifs du système nerveux. On peut se demander si ce n’est pas sur eux qu’agissent les anesthésiques, M. Berwarp : Si les anesthésiques exercent une action semblable sur tous ies êtres vivants, elle doit nécessairement porter sur des élé- ments identiques. Il est possible qu’il existe dans les muscles et dans les anguillules une substance analogue à celle qui constitue les nerfs; il est plus probable cependant que la matière influencée par les anes- thésiques est le protoplasma que l’on trouve dans tous les tissus. On peut s'expliquer l’anesthésie par une coagulation temporaire ou par une destruction partielle de cette suhstance ; dans les cas où l’anesthésie ne serait pas portée très-loin, les éléments modifiés seraient rétablis, et l'être vivant réparerait rapidement la perte qu'il aurait subie; dans le cas où l’anesthésie serait passée plus loin, la modification de substance ne pourrait être réparée, et les fonctions demeureraient définitivement suspendues. c. R, 1876. 49 : Aion 036 D si actus dont ds eut 13 TER DCS Blue li : 14 tre al l'en dt JAUNE A | a) j . droles Rhin Pat Prat in uote Hs LAS CHER LaftE (le 200 «tofu ee ù “apte t 1 ia ip CDBPENET CNT NT rar AA + HAN ouf dl) got RCA AUTRE Ua Fr. k “ot ai di hui, a ip HR ‘il LUE Pt) HO EME afe JE) (Ua AURAI POUN 4% AI ÿ $ À HA AE MATE ne Roc Une, a! 544 Uf ER HN CT AL at. sertRe fl | fit M DAC ra «y LU M D x pe isa à 4h HAE di HLALEN ARE RÉ UQU QUE AAA EA (l , Ta: TI (IPS ip) (SA ae ds 18 LURRTANS PRESS A D ADN IT FEI, Ë « “| cl En irents asiltà PTE #5 du oi Pia eus Ad pt HAL NO AU pie 1 Lu rl ne he sur da ApE A Le da À tu LA $ lé ‘ Biddes 2UR lofus sh TUE th de Mid date une st HA su Are te 8e COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 1876 Par M. HALLOPEAU, SECRÉTAIRE. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 4 novembre 18276. M. Bazc fait une communication relative à un fait de tumeur cérobrale. La malade, âgée de 41 ans, a été frappée, au mois de fé- vrier 1875, d’hémiplégie droite avec hémianesthésie ; il n’y a pas eu de perte de connaissance. Cette femme ayant eu la syphilis, un traitement spécifique fut institué ; une amélioration s’en suivit. Un an plus tard, il se produisit une nouvelle hémiplésie qui, cette fois, siégeait à gauche, et en même temps on constatait un strabisme de l'œil gauche par pa- ralysie du moteur oculaire externe et ia contraction de la pupille cor- respondante : la malade accusait une céphalalgie intense. Elle fut de nouveau souraise au traitement spécifique ; son état s’améliorait, quand tout d’un coup, le 20 mai, le côté gauche dela face devint le siége d’un gonflement douloureux et d’une vive rougeur érythémateuse ; le pouls était accéléré ; la température générale restait normale, mais la partie malade était notablement plus chaude que les autres points de la sur- face cutanée. Un vomitif fut administré ; le lendemain la rougeur avait disparu. On crut à un érysipéle avorté ; mais bientôt la réapparition des 316 mêmes phénomènes vint montrer que ce diagnostic était erronné ; ils furent passagers comme la première fois; la malade quitta le service peu de temps après. Ces symptômes ne peuvent guère être rapportés qu’à une compression du sympathique par la tumeur cérébrale ; ils sont tout a fait analogues à ceux que l’on observe après la section de ce nerf. La contraction de la pupille peut être rapportée à la mêmé cause. — M. Hayew fait la communication suivante : RECHERCHES SUR LA COLORATION DU SANG. Dès le début de mes études sur le sang des anémiques je remar- quai le défaut de rapport, existant chez presque tous ces malades, entre le pouvoir colorant du sang et le nombre des globules rouges. Je compris ainsi la nécessité d’avoir à sa disposition un procédé permet tant de mesurer le pouvoir colorant du sang. Opérant sur des malades, je ne pouvais employer qu'une très-petite quantité de sang, et, après divers essais comparatifs dans lesquels j’ap- préciais la couleur de mes mélanges sanguins en examinant le vase qui les contenait, tantôt par transparence, tantôt, au contraire, en l’appli- quant sur une surface blanche et opaque, je fus conduis à imaginer le procédé des teintes coloriées que j'ai décrit sommairement dans une note publiée dans les comptes rendus de l’Académie des sciences du 10 juillet 1876. Voici ce procédé : Après avoir fait le mélange sanguin qui sert à la détermination du nombre des globules et déposé dans la cellule de l’hématimètre la goutte utilisée pour cette numération, je verse ce mélange dans une petite cuvette de verre. C’est une sorte de cellule formée par un anneau de verre blanc (sans couleur) collé sur une lame également de verre blanc. En la mettant, lorsqu’elle contient le mélange sanguin, sur une feuille de papier éco- lier et en la resardant directement, et non par transparence, le mélange sanguin présente une teinte qui varie nécessairement suivant Ja richesse du sang en hémoglobine. Comme, d'autre part, j'ai fabriqué à l’aquarelle un certain nombre de rondelles coloriées de même diamètre que la cellule et constituant une échelle de teintes aussi analogues que possible à celies des divers mélanges sanguins, il ne reste plus qu'à déterminer par comparaison à quelle teinte correspond la couleur du sang dilué, contenu dans Ja pe- tite cuvette de verre. Il faut avoir soin. pour faire cet examen, de se placer prés d'une fe 317 nêtre tournée vers le nord, et, en tout Cas, d'éviter les, rayons du soleil. La cellule de verre renferme toujours une même épaisseur de mé- large sanguin, et celui-ci ayant été fait à l’air libre, l’hémoglobine du sang est toujours également oxygénée. Dans ces conditions, les teintes que fournissent les divers échantillons de sang sont comparables entre elles. Pour graduer l’échelle de teintes, j’ai choisi comme point de départ, comme étalon en quelque sorte, la plus forte coloration que puisse don- ner chez l’adulte le sang du bout du doigt lorsque le mélange est fait avec 496 millimètres cubes de sérum artificiel et 2 millimètres cubes de sang pur (1). Cette première teinte porte le n° 1. On l’obtient trés- rarement avec le sang des capillaires ; mais c’est celle que donne habi- tuellement le sang veineux d’une saignée, lequel renferme constam- ment un nombre de globules notablement plus élevé que le sang du bout du doigt. Ce maximum de l’écheile correspond à 6 millions de globules sains. En faisant varier les dilutions de sang normal dans des proportions convenables, nous avons pu estimer la vaieur de chaque teinte par rap- port à 1. De plus, comme contre-épreuve, en comptant le nombre des globules dans chaque diiution, on a pu inscrire, à coup sûr, à côté de cette valeur, le nombre correspondant de globules normaux. Nous appelons R la richesse du sang en hémoglobine, et posons R — 1 pour représeuter le maximum de matière colorante contenue dans le sang normal donnant la teinte n° 1 de l’échelle, En partant de là, on a la série suivante : (N sert à désigner le nombre correspondant de globules sains). NME Vége Pr be Ni IG 000 Ones D 1 —— Lioe0c N°15; 500000 CRE R — 0,916 — Dean à N°" 9 000 00077. R — 0,833 — L'ENCRE) Me=hc E00114(010.0 VE R==:075 — ARC OR N = 2000 0000 R = 0,666 — 6:27: N — 5 500 000 .... R — 0,583 — Ta) Ni="9, 0000007 En 4 R = 0,50 (1) C’est le mélange qui sert habituellement pour faire la numéra- tion des globules dans l’hématimètre. On prend 500 millimètres cubes de sérum et, et à cause du mouillage de la pipette, on en obtient 496, auxquels on ajoute 2 millimètres cubes de sang, ce qui fait un mélange u 2199, 318 Teinte . :R9%8.....:N —192,500:000 71... ... R — 0,416 — Mess IN — 2000 000... RU — .L OR PAPS Nr 14,500, 000416. R —:0,25 ue ATEN UN == MIO DOUTE R'—=10;90 — RECEE N == 1000/0010 FReRE R — 9,166 — A5 5 MNUANIE= NT 800,000 LE R —= 0,133 — AA N — 600 CDDW/ACEE Rt—= 1040 = 15 Ni 1142400000 LP RE R — 0,066 Après avoir fabriqué cette échelle de teintes dégradées, l'expérience m'a appris que l’appréciation des teintes inférieures, à partir à peu près du n° 7, n'avait pas une exactitude suffisante, et, dans la pratique, je fais mes mélanges sanguins de façon à obtenir une teinte supérieure ou au moins égale au n° 7 ; toute la partie du tableau s'étendant de 8 à 45 ne sert que pour les calculs. En voici un exemple. Soit un cas d’anémie trés-prononcée. En faisant le mélange dans Jes proportions ordinaires, on obtient, par exemple, la teinte n° 9. Mais cette teinte étant pâle, on la trouve très-analogue aussi, soit à la teinte n° &, soit à la teinte n° 10. Dans ces conditions, au lieu de se servir de 2 millimètres cubes de sang, il faut en prendre 4 ; le mélange sanguin correspond alors à la teinte 5, dont la détermination est facile. Lorsque l’anémie est extrême, il peut être nécessaire de prendre 6, 8 et jusqu’à 42 millimètres cubes de sang. Enfin, il arrive assez souvent que le mélange sanguin ne correspond pas très-exactement à l’une des teintes; mais avec un peu d'habitude, il est facile d'apprécier, avec une approximation suffisante, les valeurs intermédiaires. En opérant ainsi, je note, pour chaque examen de sans : 1° N, c’est- à-dire le nombre de globules rouges contenus dans 1 millimètre cube de sang pur; 20 R, c’est-à-dire la richesse du sang en hémoglobine, et 39 la valeur moyenne des globules en matière colorante, valeur que je désigne par G. On connaît déjà la signification de R. G est le rapport entre le pouvoir colorant et le nombre des globnles. Lorsque ces deux valeurs sont pro- portionnelles, G — 1, ce qui veut dire que les 2lobules contiennent en moyenne autant de matière colorante que ceux du sang normal. Pour bien faire comprendre comment on calcule cette valeur de G, prenons encore un exemple. On examine le sang d’un malade, et l'en trouve que son pouvoir colo- rant correspond exactement à celui de 3 millions de globules sains (teinte n° 7). La numération des globules fournit Ie chiffre de 4,340,000. 319 Ces 4,340,000 globules ne contiennent donc pas plus d’hémoglobine que 3,000,000 de globules normaux. Ilen résulte que la valeur moyenne d’un globule, soit G = 0,691 ; en d’autres termes, 4,000 glo- bules du sang malade ne valent, en matière colorante, que 691 globules Do du sains.On voit de plus, dans cet exemple, que R — A soit 0,50, et que la valeur de R se calcule, comme on l’a dit plus haut, non d’après le nombre des globules, mais bien d’après le chiffre des globules corres- pondant au pouvoir colorant du sang. Ces diverses opérations fournissent donc des renseignements non-seu- lement sur la richesse relative du sang en hémoglobine, mais encore sur la valeur individuelle des globules. Cette dernière valeur, ainsi que je l'ai indiqué ailleurs, a une importance considérable dans l'étude du sang chez les anémiques. (Voir COMPTES RENDUS DE L’ACADÉMIE DE$ sciences des 3, 10 et 17 juillet 1876.) Dans tout examen anatomique du sang, on doit tenir compte de ces divers éléments, et les rapprocher des mesures micrométriques indiquant les dimensions moyennes des globules. Aussi doit-on considérer comme incomplètes et tout à fait insuffisantes les observations dans lesquelles on n’a calculé que le nombre des globules. C’est assez dire l'intérêt qui s’attache à l’appré- ciation du pouvoir colorant. J'ai fait actuellement l'étude de ce pouvoir colorant chez un grand nombre d'individus sains et de malades, et j'ajouterai aux indications précédentes l'énoncé des principaux résultats que j’ai obtenus, en insis- tant particulièrement sur la valeur moyenne des globules en matière colorante (G). Chez l'adulte bien portant, G varie dans des limites très-restreintes, soit de 0,90 à 1. Jusqu'à présent, je n'ai pas trouvé de différence appré- ciable entre les globules de l’homme et ceux de la femme. Au moment de la naissance, et souvent pendant les premiers jours de la vie, G est un peu supérieur à 1 ; il varie alors de 1,05 à 1,1. En d’au- tres termes, la valeur moyenne des globules rouges des nouveau-nés est, en général, un peu plus élevée que celle des globules du sang de l'adulte. Cette particularité intéressante n’est pas due à une richesse relativement plus grande des globules en hémoglobine ; elle est en rap- port avec les dimensions moyennes de ces éléments, qui sont un peu plus grandes chez le nouveau-né. Un certain nombre d'individus, dont le nombre des globules est sen- siblement au-dessous de la moyenne physiologique, ont une richesse du sang en hémoglobine proportionnelle au nombre de leurs globules ; ces éléments sont normaux. 320 Mais jusqu’à présent, sauf dans les cas d’hémorrhagie, je n’ai pas en- core constaté cette concordance pour une valeur de R inférieure à 0,66. Il existe donc un léger degré d’anémie (anémie très-commune.chez les personnes valides, mais peu robustes) dans lequel la valeur de G est normale, ou très-peu différente de l’état normal. Le même fait s’observe pendant quelques jours dans les anémies par pertes de sang, et, dans ce cas, l’anémie pent être considérable et la va- leur de R trés-basse, tandis que G reste égal à 1. Dans ces diverses con- ditions, iln’y a pas d’altérations sensibles des globules. Au contraire, dans toutes les anémies chroniques, la valeur de G est plus ou moins anomale, Elle est le plus souvent inférieure à 1 ; mais, dans des circonstances particulières, elle peut s’élever plus ou moins au-dessus. Le chiffre le moins élevé, qui soit consigné dans mes obser- vations, est de 0,30. Il indique que 100 globules rouges du sang d’un anémique n’avaient pas plus de pouvoir colorant que 30 globules du sans normal. Cet affaiblissement, dans la richesse moyenne des globules en hémo- globine, est le résultat d’une double altération. Dans ces cas, en effet, la moyenne des dimensions globulaires est inférieure à la normale et, par suite, à nombre ésal, les 21obules du sang anémique représentent une masse sensiblement inférieure à celle du sang normal. De plus, ces éléments, déjà moins volumineux, sont plus ou moins décolorés ; à volume égal, ils renferment une proportion de matière colorante plus faible que celle des globules sains. Chez les anémiques, entre G — 0,30 et G = 4 on peut trouver toutes les valenrs intermédiaires. Afin de pouvoir en suivre facilement les variations, on peut appliquer, comme je le fais, la méthode graphique à ces sortes d'observations. Sur un premier tableau, on représente, par une première ligne brisée, les variations du nombre des globules (N). Une seconde ligne indique les variations du nombre équivalent de globules normaux; c'est la courbe du pouvoir colorant du sang. Enfin, sur un autre tableau, on transcrit les différentes valeurs de G. En consultant ces graphiques, on voit que l’altération des globules est trés-différente suivant les cas; mais ces différences ne sont pas en rapport avec les diverses causes d’anémie ; les altérations des globules rouges paraissent soumises à des lois générales toujours les mêmes, quelle que soit l’origine de cet état morbide. ï D’après mes recherches, il existerait un rapport étroit entre la valeur des globules et le degré d'anémie. A l'inverse de ce qu’on pourrait supposer, c’est dans les anémies ex- trêmes que la valeur de G s’écarte le moins de la moyenne normale; 321 et c’est dans les anémies moins profondes, mais déjà très-accentuées, que G atteint son minimum de valeur. L’examen histologique et la numération des globules donnent l’expli- cation de ce fait qui m’a paru général. Ces deux modes d’examen montrent, en effet, ainsi que je l’ai signalé ailleurs, que les dimensions moyennes des globules, chez les anémi- ques, sont en quelque sorte en raison inverse du nombre de ces élé- ments. Dans les cas d’anémie extrême, avec diminution considérable du nombre des globules, les dimensions moyennes de ces éléments sont égales et parfois même supérieures à celles des globules normaux ; tandis que dans les anémies moins profondes, le nombre des globules est relativement élevé, et les dimensions moyennes des éléments plus ou moins au-dessous des dimensions normales. De plus, c’est également dans ces dernières conditions que les globules sont le plus décolorés. - Je n’entrerai pas ici dans les détails de ces faits anatomiques. Je ferai simplement remarquer qu’ils n’indiquent pas que, dans les anémies très-profondes, les globules sont exempts d’altérations. Il existe tou- jours, au contraire, dans ces états pathologiques, des altérations des globules ; mais comme, parmi celles-ci, on compte l’hypertrophie d’un nombre plus ou moins grand d'éléments, la valeur moyenne des glo- bules est relativement élevée. Ce fait peut se formuler encore en disant que, dans ces cas, les variations de G sont en rapport inverse de celles de R. . Puisque, dans les anémies extrêmes, les globules du sang ont une valeur moyenne d’autant plus grande qu’ils sont moins nombreux, on. comprend que G puisse parfois devenir supérieur à la normale. Cepen- dant, jusqu’à présent, je n’ai encore noté cette particularité que chez des malades soumis au traitement ferrugineux, et je montrerai, dans une note spéciale, qu'il faut tenir soigneusement compte des modifications que le fer imprime aux globules. Lorsque les malades n’ont pas pris de fer, la valeur de G, dans les anémies très-profondes, est presque proportionnelle au nombre des 9lo- bules ; mais en général elle reste inférieure à 1. Ces diverses propositions montrent suffisamment l'importance des ren- seignements que peut fournir l'étude du pouvoir colorant du sang. Elles sont fondées sur les résultats que j'ai obtenus à l'aide du procédé ges teintes coloriées, et, après avoir fait plus de 500 examens de sane, je crois pouvoir affirmer que ce procédé est d’une très-grande précision. Il serait difficile d’en trouver un plus pratique et plus expéditif, car il augmente à peine d’une demi-minute le temps nécessaire à la numéra- tion. Cependant, dès le début de mes recherches sur ce sujet, j'ai essayé c. R. 4876. 41 322 de tronver une méthode ayant un caractère plus scientifique. Dans ce but j'ai cherché à utiliser le colorimètre, instrument fort ingénieux, employé particulièrement dans l’industrie des sucres. Il est construit d'après un principe excellent et peut donner, avec une grande exacti- tude, la mesure de l’intensité de teinte d’un liquide examiné par trans- parence. Mais, je l’ai déjà dit, l'examen du sang par transparence ne m'a pas paru donner des résultats favorables. De plus, pour appliquer le colori- mêtre aux études cliniques, il faudrait soustraire aux malades plus de sans que n’en fournit une simple piqüre. Aussi ai-je dû, dans la pra- tique, donner la préférence au procédé des teintes coloriées. Reste à savoir si, pour les recherches de laboratolre, le colorimètre ne pourra, pas rendre de services. J'ai fait, à ce point de vue, RENTE essais qui: ne sont pas encore trés-encourageants. M GugLer, à propos de la communication de M. Hayem, fait re: marquer qu’il avait déjà observé le fait de l’hypertrophic des globules sanguins dans la maladie bronzée. Cette observation se trouverait donc confirmée par les recherches de M. Hayem, qui note cette hypertrophie dans la plupart des cachexies. M. Hayeu repond qu'il à pu vérifier les résultats avancés par M. Gubler en ce qui regarde la maladie bronzée, mais qu'il a étendu cette étude à tous les états cachectiques, ce qui le met à même de donner comme une loi, ce qui n’était alors qu’un fait particulier. —M. BoucxarD communique, en son nom et celui de M. Capxer, le travail suivant : NoTE SUR LA RECHERCHE ET LE DOSAGE DES ALCALOÏDES DANS LES URINES. La chimie possède d’excellents réactifs des alcaloïdes; on n’a fait ce- pendant que des tentatives insuffisantes pour la recherche et pour le dosage des alcaloïdes dans les urines. Nous nous proposons d'indiquer dans cette note un procédé très-sensible et très-précis et qui est en outre assez facile et assez expéditif pour pouvoir être utilisé dans l’ex- ploration clinique des urines. Ce procédé est basé sur la propriété qu’a l'iodure double de mercure et de potassium de précipiter les alcaloïdes dans leurs solutions aqueuses. Ce réactif, additionné de potasse, n’est autre que le réactif de Nessler pour la recherche des traces d’ammoniaque, additionné d’acide acé- tique; il n’est autre que le réactif de Tanret pour la recherche de l’al- bumine. Il a été employé à l’état neutre pour la recherche des alca- j 323 loïdes par Winkler d’abord, puis par Planta de Reichenau en 4846, par M. Valser en 1862, et enfin par M. Mayer en 1863. On le désigne im- proprement sous le nom de réactif de Mayer. Nos recherches se distinguent de celles de ces auteurs en ce que l’exa- men est fait dans un milieu différent, l'urine ; en ce que nous em- ployons le réactif acide ; en ce que nous avons utilisé ce réactif pour le dosage volumétrique des alcaloïdes dans les urines. Le réactif dont nous faisons usage n’est autre que celui qui nous sert pour la recherche de l’albumine, c’est le réactif de Tanret très- légèrement modifié, ainsi que nous l’avons indiqué dans une note pré- cédente. On le prépare en dissolvant dans de l’eau distillée du bichlo- rure de mercure à l’aide de l’iodure de potassium qu'on ajoute gra- - duellemernt, en agitant, jusqu’à ce que tout l’iodure rouge de mercure formé au début, soit redissous. On ajoute encore un excés d’iodure de potassium et on acidifie fortement avec l’acide acétique. Ce réactif, plus sensible que le réactif neutre, précipite tous les alca- loïdes de leurs solutions aqueuses en formant un iodure double de mer- cure et d’alcaioïde. Ce précipité blanc ou jaunâtre ne disparaît pas dans un excés de réactif, il augmente par la réfrigération, se dissout par la chaleur pour rêparaître après refroidissement; il disparaît égale- ment par l'addition d'une petite quantité d'alcool. Le réactif n’a pas le même degré de sensibilité avec tous les alcaloïdes ; il ne précipite plus la morphine dans une solution au 40008 ; il donne au contraire un pré- cipité nettement appréciable dans un liquide qui ne contient pas plus d’un tiers de milligramme de quinine par litre; il est encore plus sen- sible avec la strychnine. | Il se comporte de la même façon avec les alcaloïdes en solution dans les urines; dans ce cas, toutefois, sa sensibilité est un peu moindre; elle est telle cependant qu’on peut retrouver dans les urines la strych- nine administrée à dose médicamenteuse et qu’on y constate la pré- sence de la quinine à la suite de l’administration de quelques cuille- rées de vin de quinquina. La recherche des alcaloïdes dans les urines à l’aide de notre réactif expose à quelques erreurs qu'il importe de signaler mais qu’il est facile d'éviter. Les causes d’erreur, dont plusieurs ontété indiquées dans notre note sur la recherche de l’albumine, sont au nombre de cinq; elles dé- pendent du réactif lui-même, de l’alcalinité des urines, de la mucine, des urates et de l’albumine. Si le réactif n'a pas été additionné d’un suffisant excès d’iodure de potassium, il peut donner dans des urines dépourvues d’alcaloïde un précipité d’iodure de mercure qui s’accuse davantage par la chaleur. Il suffit d'essayer une fois pour toutes le réactif avec une urine normale 324 et de l’additionner, s’il est nécessaire, d’un excès d’iodure: de, potas= sium. Si dans des urines fortement alcalines on verse une quantité de réactif assez faible pour que le mélange reste alcalin, on a un précipité d’iodure double d’urée et de mercure qu’on reconnaît à ce caractère que le pré- cipité d’abord blanc, passe presque immédiatement au gris, puis au noir. On évite d’ailleurs cette cause d’erreur en acidifiant l’urine au préalable. La mucine peut se précipiter sous l'influence de l’acide acétique du réactif ; mais ce précipité se développe tardivement, il est nuageux, demi-transparent et se réunit au fond du vase en une masse globuleuse, bien différente du précipité opaque et uniforme de l’alcaloïde qui se forme immédiatement et ne se dépose qu'avec une extrême lenteur. Ajoutons que le précipité de mucine ne disparaît ni par la chaleur ni par l'alcool. Ù Il est des urines neutres ou peu acides et fortement chargées d’urates en dissolution, dans lesquelles le réactif produit un précipité jaunâtre ou rougeâtre qui a de grandes ressemblances avec le précipité d’alcaloïde, et qui, comme lui, disparaît par la chaleur. Ce précipité est constitué par des urates acides. Il s’en distingue en ce qual se forme plus lente- ment, en ce qu'il débute par lé milieu du tube ou par les parties supé- rieures, en ce qu'il n’atteint pas le fond du tube et surtout en ce que l’addition d’une petite quantité d'alcool ne le fait pas disparaître. Dans les urines albumineuses, le réactif produit aussi, comme on sait, un précipité blanc; mais ce précipité, loin de disparaître par la chaleur, s’accuse davantage en prenant nettement l'apparence flocon- neuse. L’addition d’alcool ne le fait pas disparaitre. Dans ces deux derniers cas, le précipité formé soit par les urates, soit par l’albumine, masque le précipité qui pourrait ètre fourni par un alcaloïde. Si l’on a affaire à une urine dans laquelle le réactif a pro- duit un précipité d’urates acides, on reprend un nouvel échantillon d'urine que l’on acidifie fortement à froid de manière à mettre en i- berté l’acide urique qui ne trouble pas sensiblement la liqueur; l’addi- tion du réactif fait alors apparaître le précipité d’alcaloïde. Quand on a affaire à une urine albumineuse, on porte à l’ébullition un nouvel échantillon d'urine et on filtre. On traite, aprés refroidissement, par le réactif, l'urine filtrée et ainsi débarrassée d’albumine. On peut encore filtrer le premier échantillon préalablement chauffé; le liquide passe limpide et le précipité d’alcaloïde reparaît par le refroidissement, l’io- dure double a’albumine et de mercure étant resté sur le filtre. Le dosage volumétrique des alcaloïdes dans les urines à l’aide de ’iodure double de mercure et de potassium suppose au préalable que 325 Von sait à quel alcaloïde'on a affaire. C’est sur là quinine que nous avons opéré principalement, c’est elle que nous prendrons pour exemple dans la description de la méthode. * Dans un flacon cylindrique en verre à fond plat de 4 centimètres et demi de diamètre et de 8 centimètres de hauteur, on verse 400 centi- mètres cubes d'eau distillée, puis 2 centimètres cubes du réactif. On ajouté goutte par goutte, à l’aide d’une pipette graduée, une solution de sulfate de quinine au cent-millième, jusqu’à ce que le liquide, après agitation, devienne à peine opalescent, quand on le regarde par trans- parence sur un fond noir. On plonge alors le flacon dans de l’eau chaude qui fait disparaître l'opalescence, puis dans un bassin d’eau glacée où la moitié inférieure du flacon est seule immergée. Au bout de quelques minutes, la partie supérieure du liquide qui est encore chaude restant transparente, la partie inférieure refroidie est nettement opaline, fluorescente. On fait de nouveaux essais en employant des quantités de quinine de moïins en moins considérables, jusqu’à ce que, enfin, on n’obtienne plus, après réfrigération, la teinte fluorescente. On re- éonnaît ainsi que la quantité minimum de sulfate de quinine néces- saire pour obtenir la teinte sensible est de 6 centiémes de milligramme. L’œil s’habitue facilement à reconnaître et à différencier les teintes fournies par 7 et par 8 centièmes de milligramme. Cette appréciation sert de base à la méthode. Pour doser la quinine dans les urines ou dans toute solution aqueuse faïble, on verse goutte par goutte le liquide à examiner, à l’aide de la pipette graduée, dans le flacon contenant, comme il a été dit, 400 cen- timètres cubes d’eau distillée et 2 centimètres cubes de réactif, jusqu’à production de la teinte opaline ; on chauffe, puis on refroidit la moitié inférieure du flacon. L’intensité de l’opalescence fait connaître si l'on a employé 6, 7 ou 8 centièmes de milligramme de sulfate de quinine. En divisant 0,06 ou 0,07 ou 0,08 par le nombre de centimètres cubes d’u- rine employés, on a, en grammes la quantité de sulfate de quinine contenue dans un litre du liquide examiné. On obtiendra la quantité de quinine pure en multipliant ce chiffre par 0,5914. | Quand une première opération montre que l’urine renferme plus d’un décigramme par litre, il y a avantage à opérer de nouveau en di- luant l'urine au dixième; on arrive ainsi à une approximation beaucoup plus grande. Si l’on a affaire à des urines albumineuses, on devra les priver d’al- bumine par l’ébullition, puis par la filtration, Cette méthode est applicable ay dosage des autres alcaloïdes, à la condition de déterminer, pour chacun d’eux, la quantité d’alcaloïde né- cessaire pour produire la teinte sensible, 326 — M. Dasrre fait une communication sur les substances oléo-phos- phorées. lo an .— M. le docteur GELLÉ communique deux observations curieuses : Dans la première, il s’agit d’une fille de cinq jours, qui eut, pendant trois à quatre jours, une perte sanguine par les voies génitales. Le sang venait mêlé de glaires, brunâtre, liquide, assez semblable au sang qui coule pendant les régles. La seule cause à invoquer serait une cyanose noire interne, état dans lequel l’enfant vint au jour. Dans la deuxième, il s’agit d’une dame de 61 ans, souffrante depuis un an, ayant eu quelques vertiges il y a un mois, de bonne santé habi- tuelle, d’un appétit excellent, qui, le 30 octobre, tomba tout à coup sans connaissance au pied de son lit, au sortir du déjeuner du matin; chute à terre, violente contusion du front; retour assez rapide d’un peu de connaissance, mais hémiplégie gauche, embarras de la parole (bre- douillement), paralysie de la face, anesthésie complète du côté para- lysé, surdité de ce côté par voie crânienne, comme par voie aérienne ; la montre même, collée au méat auditif, n’est pas entendue. ]l ne paraît pas y avoir de différence très-marquée entre l’acuité visuelle des deux yeux. La malade a parfaitement conscience de l’insensibilité complète de son côté gauche. Le troisième jour, l’hémianesthésie est encore com- plète; cependant, les mouvements de la jambe, du bras et de la main sont revenus en grande partie. La parole est assez claire, et la langue ne cause plus le bredouillement du premier jour. J'interroge la sensi- bilité acoustique : Elle est revenue par la voie osseuse ; peut-être est- elle encore moins forte que du côté sain. Par la voie aérienne, le son de la montre est perçu à 30 ou 40 centimètres, et la malade indique très- rapidement l'audition. Sommeil, appétit, apyrésie. Le cinquième jour, persistance de l’hémianesthésie; retour à peu prés complet des mouve- ments, si non de la force ;. cependant le sujet s’assied, se tourne et de- mande à se lever; les yeux et les oreilles sont excellents. La malade est donc en voie de guérison. Quelle lésion a causé ce processus symptomatique rapide à venir, presque aussi rapide à partir? A l’exception de l’hémianestnésie, en- core presque complète le dixième jour, tout est rentré à peu prés dans l’ordre ; la sensibilité existe à la joie. L'existence concomitante de perte de l’audition du côté affecté, d’anesthésie et de paralysie, semblerait in- . diquer que C’est au niveau de la partie postérieure du pied de la cou- ronne rayonnante de Reïl que siége la lésion caisse. Cette observation, quoique non suivie d’autopsie, m'a paru mériter 927. d'attirer l’attention dé la Société, à cause du retour rapide de la sensi< bilité acoustique, alors que l'hémianesthésie persiste encore. Séance du 11 novembre 1876. M. A. Guezer communique le travail suivant : SUR LA GLYCOSURIE TEMPORAIRE DANS L'ÉTAT PUERPÉRAL. ‘Je viens appeler l'attention de la Société sur une question récem= ment débattue dans son sein, et qui, malgré des recherches déjà nom- breuses, est encore enveloppée de beaucoup d’obscurités. Depuis qu’en 4849, je crois, M. Blot a fait connaître l'existence du sucre dans les urines des femmes enceintes, la réalité du fait a été con- testée notamment par un chimiste distingué, M. Leconte, qui a voulw mettre sur le compte de l'acide urique les phénomènes de réduction observés par M. Blot et bientôt vérifiés par moi-même. Cette opinion ne m'a point paru fondée, et j'ai fait remarquer à notre collègue que les urines les plus chargées d’acide urique, telles que les urines jumen- teuses des fièvres, n’avaient pas le pouvoir de donner une pareille réac- tion. Au reste, depuis cette époque, la présence du sucre dans l'urine des femmes grosses a été trop souvent constatée,et par des expérimen-, tateurs trop compétents, pour qu’il subsiste aucun doute à cet égard. La glycose a été également trouvée dans l’urine des nourrices, et l’un’ de nos jeunes et distingués collègues, M. de Sinéty, a fait sur ce sujet une intéressante communication à la Société de biologie. . Mais si la elycosurie transitoire, dans l’état puerpéral, n’est plus con- testable, il s’en faut bien que les idées soient fixées sur les conditions du phénomène. C’est particuliérement sur ce point que porteront au- jourd’hui mes remarques. Voici, sur ce sujet, les résultats de mes obser- vations personnelles. Il existe bien réellement une glycosurie des femmes grosses et des nourrices ; mais ce n’est pas un phénomène constant ni même habituel chez ces deux catégories de sujets. J’ai lieu de croire que la glycosurie de la grossesse apparaît à l’approche du terme, quand l’organisme se prépare à la fonction nouvelle et que le colostrum devient plus abon- dant; mais qu’elle se montre préférablement chez les primipares, de même que l’albuminurie et par la même raison : une sorte de noviciat étant nécessaire pour que l’organisme maternel sache proportionner ses efforts aux difficultés à vaincre. Les éleveurs ne nous ont-ils pas appris de longue date que les meilleures poulinières sont les vieilles ju- ments. : | Mes recherches me permettent d’être plus précis et plus affirmatif, | 328 relativement à la pathogénie du phénomène morbide, lorsqu'il semori= tre dans le cours de la lactation. Une bonne nourrice, qui allaite un enfant vigoureux et bien portant, ne doit pas avoir de sucre dans les urines. Je n’en ai pas trouvé de traces en pareilles circonstances. Au contraire, j'ai vu, dans un,bon nombre de cas, la sl ycosurie,appa- raître à la suite de la suspension prématurée do l'allaitement. Mais, puisque le phénomène est inconstant, aléatoire, il fallait s’enquérir des conditions qui lui donnent naïssance; voici ce que l'observation m’a appris à cet égard. Deux cas doivent être distingués : tantôt la suspension momentanée ou la suppression définitive de l'allaitement a lieu du fait de l’enfantiet tantôt du fait de la nourrice. Si la nourrice, saine et bien portante,ne peut plus trouver l'emploi de son lait parce que son enfant est mort ou malade au point de ne plus téter, alors le sucre apparaît inévitablement dans l’urine, non le jour même de la cessation de l'allaitement, maïs le lendemain ou le surlendemain. La proportion du sucre, qui n'est:ja- mais trés-forte, augmente pendant un ou deux jours, puis demeure stationnaire ou décline ; enfin, le principe anormal disparaît au bout d’un temps variable, ; m'a paru étre, en moyenne, de six à huit jours. D'autre part, si l'allaitement est interrompu par la maladie de la nourrice, la glycosurie peut'se montrer ou bien manquer, suivant les conditions générales crées par la cause morbide, La maladie est-elle grave, comme une fièvre éruptive, un typhus, une affection cholériforme, etc., la glycosurie fait défaut. S'agit-il, au contraire, d’une. maladie locale où d’une maladie quelconque incapable de jeter un grand trouble dans les fonctions de nutrition et d’hématose, telle qu’une névrose, une pleurésie, des abcès mammaires ou des fis- sures des mamelons, alors la glycosurie est la règle. On peut voir en ce moment, dans mon service, à l'hôpital Beaujon un bel exemple de ce genre. Il nous est offert par une jeune femme qui crut devoir cesser de donner le sein à son enfant parce qu’elle souffrait d’un point de côté et d'un mouvement fébrile léger à la suite d’un re- froidissement. Depuis trois jours qu’elle est à l'hôpital, la glycosurie s’est progressivement accentuée. Ce matin la liqueur de Fehling don- nait un abondant précipité d’oxydule de cuivre, rappelant les premiers degrés du diabète sucré. L’urine mise en contact avec la liqueur de Luton (bichromate de potasse et acide sulfurique) la faisait virer instan- tanément au vert émeraude, comme si l’on avait affaire à une solution diluée de sucre ou d’alcool. A la vérité, les réactions avec la potasse caustique, seule ou additionnée de sous-nitrate de bismuth, ne parais- 929 saient pas indiquer des proportions aussi considérables de glycose :. dans le premier cas, l'urine devenait brune, mais non pas trés-sombre et comme caramélisée ; dans le second cas, on n’obtenait pas de préci- pité tout à fait noir, mais seulement d’un gris noirâtre. Et pourtant l’action de la chaleur seule, portée sur une mince couche d’urine, don- nait lieu, après évaporation, à la formation d’un résidu brun sombre, exhalant manifestement l’odeur de caramel. En faisant remarquer ces contradictions à mon excellent et trés-distingué interne, M. Raymond. ainsi qu'à mon jeune et savant collègue M. Lépine, témoins de mes expériences, j'exprimais l’opimon qu’il pouvait exister là des matières réductrices différentes de la glycose proprement dite et agissant d’une. manière inégale sur les réactifs ordinaires du sucre de diabète. En parlant tout à l’heure de l’évolution de la glycosurie puerpérale, je n’envisageais que la marche naturelle du phénomène ; mais cette. marche peut être troublée par l’intervention thérapeutique. La glyco-. surie consécutive à la suspension prématurée de l’allaitement peut être : suprimée par différents artifices et surtout au moyen des. PUNEr none de des spoliations de toutes sortes. De tous ces faits et de toutes ces considérations, je crois pouvoir tirer provisoirement les conclusions suivantes : À 49 La elycosurie n’est pas un phénomène normal de l’état de lacta- tion. 29 Elle se montre à l’occasion de la suspension ou de la suppression : prématurée de l'allaitement, à la condition que la nourrice soit bien portante ou que, du moins, les grandes fonctions n’aient subi chez elle aucune atteinte sérieuse. 3° En d’autres termes, la glycosurie n'apparaît que comme la consé- quence d’une rupture d'équilibre entre la production et la consommation donnant lieu d’abord à une lactosémie, comparable à la superalbumi- nose sanguine, d’où dérive l’abuminurie dyscrasique. Mais on se demandera, sans doute, pourquoi la suspension de la sé- crétion, ou plutôt de l’excrétion, d’un liquide complexe tel que le lait, ne donne lieu qu'à l'élimination d’un seul de ses principes immédiats par les glandes rénales. Effectivement, je n'ai jamais vu d’albuminurie transitoire accompa- grer la glycosurie dans ces conditions pathologiques. L’explication de cette double particularité ne me semble pas embar- rassante. D'abord le passage du sucre, corps cristalluïde et dialysable, est incomparablement plus facile que celui de l’albumine, corps col- loïde et qui ne traverse pas les dialyseurs. L’albuminurie suppose tou- jours au moins une hypérémie rénale. qui confine au premier degré de w R. 197€. 42 25) | | l'inflammation, tandis que la glycosurie s'effectue sans! modification anatomique de la glande dépose Ensuite, la résorption du lait de femme ne raméne dans le sang qu'une petite proportion de matériaux albuminoïdes, tandis qu’elle réintroduit dans’ la circulation une grande quantité de sucre de lait, puisque le lait de fémime ,\pauvre en ca séum, est presque aussi riche en lactose que le lait d’âncssé ou dé ju= ment. M. CLauDe BERNARD :'Il'est évident que pendant la lactation, si Je sucre apparaît dans les urines, c’est qu "il se trouve en excés dars le sang. Toutefois, je voudrais signaler un désidératum. fi serait bon de rechercher si le sucre observé dans les urines dans le Vars de lac= tation supprimée ou insuffisante, conserve les caractères du s sucre de lait. En sorte que l'on saurait alors si l'apparition de sucre, chez les, nourrices doit être appelée glycosurie. ou lactosurie, ce qui n'est pas sans importance au point de vue pathologique de la glycosurie ordi- naire. jh Je 0" NE M. GueLer : J'avais déjà fait cette réflexion, et c’est pour cela que j'ai insisté sur les différénces des réactions produites par la liqueur de Fehling d’une part et la liqueur de Luton. Comme cette dernière a pour effet de décéler la présence de toute substance albuminoïde, il est pos- sible que l'intensité de la réaction obtenue avec elle ne soit due à autre chose qu’à la présence d’une matière ternaire irréductible par les autres: réactifs. J'ai, d’ailleurs, l’intention dé poursuivre des expériences à ce sujet. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES! SUPPLÉANCES CÉRÉBRALES, | M. Luys présente à la Société de Biologle une pièce > pathologique qui apporte uné nouvelle preuve à la possibilité. des suppléances de certai- nés parties du cerveau, alors que les io congénères ont cessé de fonctionner. La pièce en question démontre, ainsi que À JM. Vicio Poe) Va fait dans sa thèse inaugurale, que la faculté du langage, entre aûtres, lorsqu'elle à disparu provisoirement, peut de nouveau être récupérée chez certains hérniplégiques frappés ternporairement d aphasie. Il s’a- git, en effet, dans l'observation de M. Luys d’une malade qui, ayant perdu l'usage de la parole, en même temps que celui des membres de tout un côté du corps, put, au bout d'environ dix-huit mois, parler de nouveau. La fernmie M... âgée de 40 ans, entra à la sallé Saint-Mathieu, n° 12, le 10 juin 1876. Cette fenime raconte qu’elle a été frappée d’ hémiplégie il y a huit ans, à droite, d’ une façon complète, et gw en mémè temps ellé a perdu l'usage dé la parole ; ‘elle ajouté, en outre, que lorsqu'ellé 831 à recommencé à parler, elle a pu le faire d’une, façon rapide et.en quel- ‘que sorte instantanée, sans avoir à passer par une sorte d’ éducation préparatoire. Autant qu il est possible de, le juger par les rengelane> ments donnés par la malade, c’est au bout de dix-huit mois à partir de l'attaque de paralysie, qu’ ’elle aurait recommencé à parler. Au point de vue des antécédents morbides, il est intéressant de noter que l'hémiplégie dont cette femme a été frappée l'a atteinte en pleine jeunesse, à l’âge de trente- deux ans, et qu’elle peut. être considérée comme un effet éloigné d'un ‘rhumätisme articulaire aigu dont elle ‘avait été frappée quelques, années auparavant, et a a porté sur l'en- “docarde. À son entrée à l'infirmerie, | cette malade, s'exprimait, d'une facon _très-précise ; elle nous ‘donna de. vive voix _des renseignements, sur Sa maladie, et son. intelligence nous paraissait complétement intacte ; elle ‘entrait à l'infirmerie, ‘disait-elle, uniquement pour de. l'embarras, res- . piratoire ; elle nous dit que, malgré sa paralysie, elle pouvait marcher et de promener. dans les cours ;_qu ‘elle était habituellement dehors ; dortoir, qu’elle pouvait encore s’ occuper. à rouler. des bandes et à faire de la charpie. : L'examen direct nous fit constater que la malade pouvait encore bien rernuer la jambe droite, qu elle pouvait marcher en ressentant un peu c de faiblesse du même côté, mais qu ‘elle ne pouvait se servir du “bras correspondant ; al existait, en effet, une contracture des, fléchis- seurs de l’avant-bras droit; il n’y avait pas. d anesthésie: sil» A avait pas non plus de troubles sensoriels. La face était légèrement. tirée vers Ja gauche, le côté droit, paraissait complétement immobile ; néanmoins les paupières pouvaient des deux côtés se rapprocher complétement : rien d’ anormal dans les pupilles, qui étaient égales et contractiles. La langue était tirée régulièrement hors de Ja bouche, sans déviation. Le sommeil était régulier. | L’auscultation de la poitrine révélait des râles sibilants et ronflants . disséminés dans, les deux poumons; et ‘en Présence, de l'anxiété. de Ja malade, d’une part, et d'autre part de l'ancienneté de l'hémiplégie, nous n’hésitâmes pas à reconnaître dans cette lésion des voies respira= toires des phénomènes paralytiques dépendant d’ une Jésion -bulbaire par atrophie descendante des faisceaux pyramidaux. Au cœur on constatait un bruit de souffle trés-rude, occupant le pre- mier temps. Les urines ne présentaient ni sucre, ni albumine, La ma- lade succomba à à une asphyxie lente, produite par l embarras progressif des bronches paralysées, au bout de quelques j jours. À l’autopsie on trouva des lésions très-intéressantes, qui font l’objet 332 "à de cette présentation. Les deux lobes cérébraux offrent eu effet un contraste des plus significatifs; le lobe gauche surtout est frappé par un ramollissement qui s’est circonscrit en partie dans la sphère de dis- tribution de l’artère sylvienne. On constate en effet que la premiére et la deuxième frontales sont dans leurs rapports et leurs volumes nor- maux, mais que la troisième frontale, principalement dans sa moitié postérieure, est détruite par un ramollissement. Ce foyer de ramollis- sement a complétement fait disparaître les circonvolutions de l’insula, de même que le point de conjonction inférieur de la frontale et de la pariétale ascendantes qui a disparu ; la première temporale est parerlle- ment effondrée, si bien que toute la substance corticale du cerveau, qui correspond au groupe de l’insula et aux circonvolutions marginales qui l'entourent, est complétement anéantie. Les autres régions de l'écorce du même lobe sont relativement respectées; c’est ainsi qu'on trouve encore nettement accusées la pariétale et la frontale ascendantes, dans les trois quarts supérieurs de leur continuité, le quart inférieur ayant été détruit par le ramollissement ainsi que nous venons de l’imdiquer. Le pli courbe, la deuxième et la troisième temporales sont respectés. A la face interne de l'hémisphère on constate l'intégrité de la pre- miére frontale, du lobe paracentral, de la circonvolution crétée, du lobe quadrilataire qui est cependant moins développé que celui du côté opposé, du coin, de l’unciforme et de la circonvolution fusiforme. La substance erise du corps strié, noyau extra-ventriculaire, était complé- tement détruite, celle du noyau intra-ventriculaire persistait à l'état de vestige; la couche optique était notablement atrophiée. Le lobe droit, par contre, présentait un notable développement de volume par comparaison avec le lobe malade. Cette différence peut être appréciée d’une maniêre relative, par les chiffres suivants qui expriment le poids de chaque lobe au sortir de leur immersion du bain d’acide azotique, avant l'opération du séchage. Le lobe gauche pesant 245 grammes, le lobe droit pesait 360 grammes, ce qui faisait à son profit une différence de 115 grammes. | Sur ce lobe on note un développement remarquable de la première, ‘ ‘de la deuxième et surtout de la troisième circonvolution frontale qui a acquis un développement considérable. La frontale ascendante et la pariétale ascendante sont également trés-notablement développées. La région pariétale supérieure qui se réunit à la pariétale ascendante a acquis un volume et des flexuosités tout à fait insolites qui donnent à cette région un développement inaccoutumé. Le pli courbe est dans ses dimensions normales, ainsi que la premiére temporale; par contre, la deuxieme temporale ainsi que la troisième sont trés-difficiles à déli- miter. 333 _ Examiné par sa face interne, le même lobe présente d’avant en ar- rière un développement trés-accentué de la premiére frontale qui est trés-flexueuse, un développement également très-notable du lobule pa- racentral ; la circouvolution crétée est également très-accusée ; il en est de même du lobe carré qui est très-développé; le coin, l’unciforme sont disposés régulièrement. La circonvolution fusiforme est trés-nota- blement développée. Les circonvolutions de l’insula sont très-nettement accusées . l Les noyaux centraux participent à la même augmentation de volume qui se fait remarquer dans l'hémisphère correspondant. Le pédoncule cérébral gauche était très-notablement atrophié, cette atrophie se propageait à travers la protubérance; la pyramide du côté opposé était très-notablement frappée d’atrophie. Il en était de même de la pyramide antérieure gauche dans la portion la plus interne. Il existait quelques lacunes dans la substance grise de la protubérance. L'examen des poumons fit constater un engorgement général des tuyaux bronchiques par des mucosités sans pneumonie. Le cœur était légèrement hypertrophié. Les valves de la mitrale, incrustées de sub- stance athéromateuse, formaient un infundibulum rigide permettant à peine l'introduction du petit doigt. M. Bert observe que l’on ne peut pas dire qu’il y a là remplacement d’une circonvolution par l’autre; ce n’est pas une substitution, mais une suppléance dans le sens propre du mot. M. Luys affirme que cette suppléance est démontrée par l’hypertro- phie de la circonvolution frontale droite. M. Berr ajoute que ce n’est peut-être pas une hypertrophie, mais un simple déplissement. M. Ranvier indique le procédé de M. Frédérik de Gand pour obtenir les moules exacts des cerveaux. Il consiste à plonger le cerveau dans l'alcool, puis dans la paraffine fondue. Cette dernière substance imbibe le cerveau, et en se refroidissant marque, sans les déformer sensible- ment, les plus petits détails morphologiques. Il insiste en outre sur ce point, qu’il eût fallu, dans le cas présent, faire l'examen microscopique de la circonvolution droite, puis de savoir si l’hypertrophie porte sur les éléments nerveux ou conjonctifs. Il rap- pelle, à ce propos, qu’il ÿ a une sorte de banlancement dans le dévelop- pement relatif de ces deux tissus, chez l’enfant ou le vieillard. Chez le premier domine le tissu conjonctif, chez l’autre le tissu nerveux. M. Lagonpe dit qu'il ne se rend pas bien compte de la facon dont on a procédé pour arriver à la conviction que la troisième circonvolution frontale est hypertrophiée réellement, 334 M. Javaz demande si la malade a parlé trés-peu de temps aprés | l'at- taque, ou si elle a dû faire une nouvelle étude des mots, comme les enfants. M. Luys répond que la malade a recouvré trés-rapidement la faculté des exprimer. M. Hawy : Dans le cours de la séance, après avoir examiné la région pariétale , de l’hémisphère droit du cerveau présenté par M. .Luys, croit reconnaître une réelle hypertrophie des circouvolutions du pli courbe. Ç — “E HarDy fait une présentation sur un nouvel alcaloïde convul- sivant. — M. Durer présente des photogragphies d’ PORC MepR nee ds à à lhabileté du docteur Fayet (de Caen). feat os à _— M. Courx fait la communication suivante : Sur LES RAPPORTS DE L'ENCÉPHALE AVEC LE SYSTÈME SYMPATHIQUE (29 note). J'ai eu l'honneur de communiquer récemment à la Société de biologie les résultats d'expériences faites dans le laboratoire de pathologie expé- rimentale, pour étudier les effets de l'arrêt du sang dans les organes en- céphaliques, sur lés muscles du système sympathique. 18 ‘Aprés avoir constaté que le cerveau, isolément, est un organe modé- rateur cardiaque ; que. seul des organes intra-crâniens, le mésocéphale a une influence considérable sur l’appareil vasculaire périphérique; aprés avoir montré que l'arrêt du sang dans tout l’encéphale détermine : 49 des troubles d’excitation anémique, augmentation énorme, de la ten- sion, ralentissement considérable du cœur ; 2 huit à dix minutes aprés, des troubles paralytiques, c diminution progressive de la tension, accélé- ration ‘du cœur; nous avons .cherché, par, de nouvelles expériences, à fixer le mécanisme de ces troubles divers. _ Le trouble mécanique, apporté à à la circulation par l'obstruction ne joue qu’un rôle trés-accessoire : car les. modifications cardio-vasculaires, outre leur valeur vraiment extraordinaire, ont varié, non as avec T' étendue de da zone obstruée, mais avec l'organe ; elles se sont pro- “On: ne peut non no. faire des troubles cardiaques la. conséquence des FT LS fs .Siig suppose. ‘En effet, “lobstruction cérébrale me seulement dur Ta- lentissement cardiaque ; l'obstruction de l'encéphale et. ‘de la moelle UN: ec augmentation vies alto Cervicale détermine de l'accélération cardiaque, à SE énorme de la tension ; et dans les cas d’obstruction purement ‘encépha- lique, les seuls où la loi pourrait paraître vérifiée, on voit l'augmenta- tion de tension cesser momentanément toutes les fois que le ralentisse- ment cardiaque est trop considérable ; et de plus, au moment où Vers la sixième minute, le cœur s "accélère brusquement, la tension n’en reste pas mo':s: très-aagmentée. Ces mod.ications du cœur et des vaisseaux d’ origine encéphä= lique, sont donc complétement indépendantes les unes des autres,’ et cette indépendance est encore mieux démontrée par les expériences SG 25r Noës avons, sur sept chiens, sectionné les nérfs-vagües ;’et alors, ob- struavs l’encéphale soit quinzé minutes, soit une et deux heures aprés, nous n'avons plus constaté aucun raléntissement du cœur, et plutôt d'emblée une légère accélération. Deux fois nous avons sectionné la moelle au- dessous de la première paire cervicale, et l’obstruction encéphalique a produit les mêmes effets qu'après la section des vagues ; au contraïre, dans quatre autres cas, où la ligature de la moelle a été faite au-dessous de la deuxième ou la troi- sième paire cervicale, nous avons obtenu un ralentissement cardiaque considérable. De ces faits, nous, .concluons que les fibres encéphalo-cardiaques contenues au Cou, dans les pneumogastriques sortent de la moelle, _surtout par les deuxième et troisième paires cervicales. Dans les expériences où les nerfs vago-sympathiques avaient été coupés, l'augmentation de la tension a été aussi considérable que sur les animaux normaux, soit 40 à 20 centimètres. Dans les cas où on avait sectionué la moelle malgré l’ affaiblissement vaso-moteur rapide qu'entraîne cette lésion, l'obstruction de, l'encé- phale a déterminé une augmentation de la tension de2 37 centimètres, de 4 à 12 centimêtres, de 9 à 18. centimètres, efc. Les nerfs crâniens ont donc suffi pour modifier le calibre des vaisseaux périphériques, et le mésocéphale est donc mis en rapport avec le système vaso-mMmo- teur : 4° par les nerfs médullaires ; 29 par les nerfs crâniens. Nous n’insisterons pas sur les différences qui séparent les résultats de nos expériences de celles de Bezold, Ludwig et Thiry, Cyon, etc:, quant à l'indépendance relative des troubles cardiaques et vasculaires d’ori- gine encéphalique, et aussi des conclusions de Schiff, Butherford, etce, quant au trajet des nerfs cardiaques et vaso-moteurs d’origine encé- phalique. — M. REGNARD communiqué des réchéréhés faités suit l4 réspifation” des’ crustacés par Jui ét M. Jolyet. 336 M. Berr fait remarquer que, dans ces recherches, il faut toujours tenir grand compte de la taille des animaux employés. M.REoNaRp a tenu compte de cette particularité, et est parvenu à se convaincre qu'un volume de petits crabes fourni plus d’acide carboni- que qu’un seul crabe volumineux, ou un homard. M. Berr pense qu'il serait bon de faire les mêmes études chez les crabes pendant la mue. Car alors les crabes présentent quelques parti- cularités : ils contiennent plus d’eau et renferment une grande quan- tité de matière glycogene. M. Poucner ne pense pas qu'au moment de la mue il y ait plus d’eau dans les muscles du crabe. Cette apparence tient à ce que l’animal grandit réellement et que ses muscles se distendent. M. CLaupe BERNARD rappelle que ses recherches sur la présence du glycogène, chez les crustacés, lui ont démontré que ces animaux n’en contiennent pas trace d'ordinaire. Un mois seulement avant la mue, le glycogène apparaît, augmente de telle sorte que, lorsque la mue est complète, les animaux sont de véritables sacs à glycogène. Plus tard cetle matière disparaît graduellement, et il n’en reste plus trace trais ou quatre semaines aprés la mue. | M. VaiLLANT remarque que les sangsues conservant longtemps du sang ancien dans les sacs stomacaux, on ne sait jamais si l’hématoï- dine vient bien réellement du sang qui leur a été fournien dernier lieu. Séance du 19 novembre 1876. M. LevEn fait connaître un cas de mort rapide après la thoracen- thèse. M. CnarcorT, à propos de la communication de M. Leven, parle d’une série de faits qu’il a remarqués et qu’il croit peu connus. M. Charcot fut appelé à voir un malade qui se plaignait de goutte et de toux. Un jour, à la suite d’une légère quinte, il le vit tout à coup s’affaisser sur lui-même et se relever presque aussitôt sans avoir pré- senté la moindre trace de convulsion. Le malade qui, au sortir de cette sorte de crise, assurait qu'il n’avait pas perdu connaissance, fit connai- tre que de temps à autre il souffrait de ces accidents depuis l’époque où cette toux s'était manifestée. Il est inutile d’ajouter que le malade, âgé de 55 ans, n'avait jamais présenté le moindre symptôme d’épilepsie. Peu de temps après, M. Charcot vit, avec le docteur Carrière, un ma- lade de 54 ans qui, lui aussi, non épileptique, se plaint de devenir su- jet, depuis un an, à ce qu'il appelle des attaques. Cet état est annoncé par un chatouillement qui existe au-dessous du larynx, une petite toux 937 sèche qui est suivie quelquefois d’une sorte d’attaque pendant laquelle le malade s’affaisse et perd connaissance. Pendant cette attaque, et au dire des personnes qui sont à même de l'observer,il paraît que sa face devient violacée, turgescente, et qu’il se produit quelques secousses con- vulsives dans la tête et dans le bras. Il ne se mord pas la langue, n’urine pas sous lui. L’attaque est courte, et à peine est-elle terminée que le ma- lade se relève, sans hébétude, et se trouve même capable d'achever une conversation commencée avant l'attaque. Ces accès sont devenus très- fréquents depuis quelques temps; il y en quinze à seize par jour, et il est arrivé au malade de tomber dans la rue. Chaque fois les attaques ont été précédées du chatouillement et de la petite toux ; cependant il peut arriver que les accès de toux ne soïent pas suivis de grandes atta- ques. Dans ce cas, le malade n’éprouve qu’un sentiment vertigineux qu’il ne peut pas définir, mais qui re s'accompagne jamais de chute. L’examen de la gorge fait reconnaître un peu de pharyngite granu- leuse. Le malade est depuis déjà longtemps atteint de bronchite chro- nique avec emphysème ; mais c’est depuis an an seulement que se sont montrées les attaques. M. Charcot a été amené à penser que, dans ce cas, il pourrait bien s’agir de l’irritation d’un des nerfs laryngés, au même titre que le ver- tise dit de Méniére paraît se rattacher à une affection du nerf audtiif dans le labyrinthe. Ce serait donc une sorte de vertige laryngé. Sous cette impression, il a prescrit les cautérisations pharyngées au nitrate d'argent, les applications irritantes sur la région laryngée et, à l’inté- rieur, l'emploi du bromure de potassium. Soit par l'effet de cette médi- cation, soit pour toute autre cause, le malade a guéri au bout de quel- ques mois. Depuis cette époque, M. Charcot a eu l’occasion d’observer quelques faits se rattachant au même type ; et tout récemment, en recherchant ce qui pouvait avoir été publié sur cet ordre de faits, M. Charcot a trouvé, dans le BERLINER KLINISCHE WOCHENSCHRIFT, une observation due à Sommerbrodt. Un malade souffrait d’accidents épileptiformes accom- pagnés de sensations laryngées. La présence d’un polype du larynx, ayant été reconnue, son extirpation fut décidée. Le malade guérit com- plétement, et les accidents épileptiformes ne reparaissent plus. M. Levex fait observer que, chez sa malade, une quinte de toux pré- céda la perte de connaissance. À M. Lagorne rappelle que, par l’expérirnentation, on est aussi à même d'observer des résultats analogues. Par exemple, dés que, chez un chien atteint de pleurésie avec fistule broncho-pulmonaire, on vient à faire dans la cavité pleurale une injection irritante, l'animal est pris de con- vulsions. c. r. 1976. A3 338 M. Trassor observe qu'il en est de même chez le cheval, auquel on retire tout d’un coup tout ou presque tout le liquide pleurétique con- tenu dans la plèvre. L'animal est pris de quintes de toux et meurt ra- pidement. — M, Onmmus fait une communication sur les effets de l’électrisation des différents nerfs, et surtout du pneumo-gastrique. M. Cxarcor, à propos de la communication de M. Onimus, rappelle cette formule de Moleschott : Le nerf pneumo-gastrique est un nerf comme les autres. — M. GueLer, revenant sur le cas de « glycosurie chez une femme en état de lactation », auquel il a fait allusion dans la séance précé- dente, rappelle que dans ce cas la suspension de l'allaitement avait eu lieu par suite du développement d’une pleurésie légère, mais accom- pagnée d’un point de côté intense, que la proportion de sucre était assez notable et qu’elle était en voie d’accroissement depuis la première ana- lyse. Or, un vésicatoire volant de 40 centimètres de diamètre ayant été appliqué samedi dernier sur la région douloureuse, dés le lendemain, dimanche, on constata la complète disparition de la matière sucrée. La liqueur de Luton devenait encore, à la longue, d’un vert sombre fond de bouteille; la potasse caustique communiquait encore une teinte topaze brûlée à l’urine naturellement ambrée; la liqueur cupro-potas- sique virait au jaune dans la partie où le mélange était soumis à l’ébul- lition et laissait se former un précipité abondant, floconneux de phos- phates et de carbonates terreux ; mais de semblables réactions se pro- _duisent avec les urines normales et ne peuvent faire illusion qu’à des observateurs peu accoutumés à ce genre de recherches. Ainsi, le travail inflammatoire artificiellement développé par les can- tharides et la spoliation albumino-fibrineuse qui l’a suivi ont eu le pouvoir d'arrêter net, au quatrième ou cinquième jour, la glycosurie transitoire qui existait chez notre sujet comme conséquence du défaut d’emploi de la sécrétiou lactée, et cela bien que le phénomène fût en voie d’accroissement, Ce fait peut servir à mettre en évidence le mode d’action des moyens de la médication dérivative et révulsive. — M. pe Sinéry : Je désire soumettre à la Société quelques obser- vations à propos de la communication faite par M. Gubler dans la der- nière séance, sur la glycosurie consécutive à la cessation de l’allaite- ment, Le fait cité par M. Gubler est un nouvel argument en faveur des idées que j'ai eu si souvent l’occasion d’exposer ici et encore, il y a quelques mois, dans la discussion qui s'était élevée sur ce sujet au sein de la Société, 399 J'ai été très-heureux de voir que M. Gubler est arrivé à la même con- clusion que moi, c’est-à-dire que la glycosurie apparaît chez les nour- rices toutes les fois que l'équilibre est rompu entre la sécrétion et l’ex- crétion du lait. Mais au point de vue du mécanisme physiologique de cette glyco- surie, je ne suis plus tout à fait de l’avis de M. Gubler. L'hypothèse que cette glycosurie est d’origine mammaire, est évi- demment très-séduisante, et c'était celle que j'avais émise dans une communication que j'ai faite en 4874, au Congrès de Lille, sur la physiologie de la lactation. Ce qui me paraissait confirmer encore la probabilité de l'origine mammaire de cette glycosnrie, c'est que chez les animaux auxquels j'avais enlevé les mamelles, je ne vovais plus apparaître le sucre dans l’urine. Mais, depuis cette époque, j’ai entrepris de nouvelles recherches sur ce sujet, et quoique je n’aie pas encore assez d’éléments pour conclure d’une façon positive, certains faits que j'ai observés ont modifié mes idées. Pour que l’origine mammaire de la glycosurie des nourrices fût dé- montrée il faudrait, il me semble, deux conditions : 19 Comme l’a fait observer notre président à M. Gubler, à propos de sa communication, qu'on peut prouver que le sucre contenu dans l’urine est du sucre de lait. Je ne peux pas trancher aujourd’hui encore cette question, dont j’ai poursuivi l'étude tout l'été dernier. J'espère être bientôt en mesure de présenter à la Société des résultats concluants. En tout cas, je peux dire dés aujourd’hui qu'il est au moins très-douteux que nous ayons à faire, dans ce cas, à du sucre de lait. 29 Si ce sucre, quelle que soit sa nature, provient de la mamelle, il faudrait que le sang qui sort de la glande par les veines mammaires fût plus riche en sucre que le sang artériel. Mais c’est justement l’in- verse. Jai fait un certain nombre de dosage de sucre dans le sang de chiennes en lactation, pour lesquellas J'avais suspendu allaitement depuis vingt-quatre heures. Les urines contenaient beaucoup de sucre. J’ai recueilli simultanément le sang dans les veines mammaires (qui sont très-grosses chez les chiennes en lactation) et dans une artère. J'ai tâché de me mettre à l’abri de toutes les causes d’erreur, que nous connaissons bien maintenant, grâce aux beaux travaux de M. Bernard. M. Picard a eu l’obligeance de faire avec moi les dosages de sucre, et nous avons trouvé le sang artériel plus riche en sucre que le sang qui sortait de la mamelle, Je n'avais pas encore l'intention du publier ces expériences, qui ne sont qu’au nombre de cinq ou six. 340 * Mais comme la communication de M. Gabler a remis la question à Pordre du jour, j’en ai profité pour en dire quelques mots devant la So ciété. Je me garderai bien de conclure pour le moment; cependant je crois, d’après ces faits, être déjà en droit de dire que les processus physio- logiques d’où résulte l’apparition du sucre dans l’urine des femelles en lactation, sont beaucoup plus complexes qu’on ne pouvait le croire au premier abord, et beaucoup moins simples que ne l’ont pensé les diffé- rents auteurs qui se sont occupés de cette question, et moi tout le pre- mier. — M. Dasrre communique les premiers résultats d’un travail sur les Rapports entre les gaz du sang et le sucre. L'auteur a étudié d’abord les variations du sucre du sang dans Pas- phyxie. Voici une expérience-type, choisie par un grand nombre d’au- tres, toutes concordantes : Un chien est disposé de façon qu’on puiss à volonté le faire respirer à l'air libre ou dans une enceinte limitées L'analyse du sucre, quand l'animal respire librement, donne 1,28 pour 1,000 ; l’animal respirant ensuite dans le vase clos, les symptô- mes de l’asphyxie se manifestent : le sang devient noir, le sucre double presque de quantité : 2,93. La respiration libre est rétablie : le sang re- prend peu à peu sa couleur rutilante ; la quantité de sucre diminue, elle tombe à 1,77. On active davantage la respiration : le sucre descend à 1,70, puis enfin à 1,20, chiffre normal du point de départ. On reprend l’asphyxie : le chiffre du sucre s'élève aussitôt à 2,28. En résumé, la quantité de sucre augmente dès que la quantité d’oxy- gène diminue. Elle diminue dès que l’oxygène augmente, et cela avec une rapidité et une régularité telles, que l’un des phénomènes est pour ainsi dire la mesure de l’autre. M. Dastre commniquera ultérieurement les analyses comparées qui démontrent, entre des limites déterminées, la proportionnalité inverse des deux éléments dans le sang, la présence de l'alcool dans le sang asphyxique, et qui tendraient à ramener quelques cas de glycosurie expérimentale à une véritable glycosurie asphyxique. M. Bert : Le rapprochement fait par M. Dastre emprunte un gcand intérêt à la rigueur des procédés mis en usage pour en contrôler l'exactitude. Mais il ne faudrait pas généraliser trop vite. Dans les études que j’ai faites sur l'emploi de oxygène à haute pression, j'ai vu que chez les animaux intoxiqués par ce moyen et en proie à des con- vulsions, aw’il existe dans le sang une trés-grande quantité de sucre. La proportion peut être du triple de la proportion normale. Ce phéno- méne est très-apparent par l'examen des urines, Or, comme chez les 3417 animaux il y a en même temps exagération de la quantité d’oxigène et de sucre contenus dans le sang, il semble qu’il y ait là une contradic- tion à la loi formulée par M. Dastre. Ce n’est là qu’une apparence, qui tient à se faire, que si l'oxygène est en trop grande quantité dans le sang, les oxydations s'arrêtent. Mais il est difficile de savoir, quant à présent, à quel moment commence dans le sang cet excès d'oxygène qui amène l'arrêt partiel des oxydations. M. Dasrre se défend d’avoir voulu poser une formule générale. Il expose les résultats d'expériences faites dans un but donné, mais qu'il reconnaît encore trop peu nombreuses pour amener à la connaissance de la loi physiologique qui régit l’apparition des phénomènes. M. Bert demande si, dans ses expériences, M. Dastre a eu soin de se débarrasser de l’acide carbonique produit. M. Dasrre se réserve de le faire quand il jugera assez avancées les expériences préliminaires qu'il poursuit en ce moment. M. CLaupe BERNARD approuve cette réserve. Ces expériences ont un grand intérêt, mais elles ne prouvent rien sur les réactions réelles du sang vis-à-vis de l'oxygène. Il les faut donc étudier sans idées préconçues. On ne sait rien encore de bien précis sur la manière dont le su:re se détruit dans le sang ; ainsi, M. Claude Bernard fait remarquer que, d’après ses expériences, c'est en présence de l’azote que le sucre du sang se détruit le plus vite. Il croit du reste que la destruction du sucre dans le sang se fait par un procédé comparable à la fermentation. — M. Caprar fait les deux communications suivantes : I. — Le muscle, dit de Wilson, n’est que l’extrémité antérieure du muscle orbiculaire de la partie membraneuse de l’uréthre, ou sphincter externe de la vessie. ; Le muscle de Gutheri, ou transverse profond, est la continuation d’un long plan de fibres transversales insérées sur le repli sous-uréthral, et allant se perdre dans le tissu cellulaire environnant. Il n’existe aucune fibre musculaire soit ascendante, soit transversale, allant s’insérer sur les os. Les muscles uréthraux sont complétement isolés des vaisseaux dans tout leur parcours. Au niveau de l’aponévrose moyenne ils sont sépa- rés de cette lame fibreuse par une couche de tissu cellulaire qui ren- ferme les veines. En aucun point on ne trouve une disposition de ces muscles capable d’entraver le courant veineux. Le muscle transverse ne pourrait-agir qu'en facilitant la circulation en retour. 342 Ces muscles, en résumé, ne peuvent agir dans le phénoméne de l'érection. II. — NOTE SUR LA CIRCULATION CÉRÉBRALE. Les anastomoses des petites artères de la pie-mère sont tellement multipliées qu’elles forment des réseaux à la surface des circonvolu- tions. L'héxagone artériel de Willis représente le type de la circulation cérébrale. Les veines sont aussi en réseaux. Ces dispositions sont des plus faciles à saisir sur des injections au vermillon et à la cire. Sur l’enfant, on voit déjà des vaisseaux de 1/4 à 1/2 millimètre de diamètre, former des mailles de 1/2 centimètre de côté. Les injections avec les couleurs transparentes permettent de voir au microscope les trois réseaux artériels, capillaires, veineux. En certains points, la disposition en réseau est tellement accusée, qu’on trouve une maille formée par un seul conduit, qui s'est divisé puis reformé un peu plus loin; et là, comme dans les capillaires, l’es- pace central est quelquefois plus étroit que les conduits limitants. Nous avons constaté cette disposition avec M. Tourneau sur des pièces injectées par les artères avec le vermillon. On ne pourrait donc suppo- ser que nous avions affaire à des veines. On suivait les grains de matière colorante dans toute l'étendue de la maille artérielle, et le microscope permettait de mesurer l’épaisseur des parois vasculaires. Ce qui éloigne l’objection qu'on pourrait faire d’une illusion produite par des vaisseaux superposés. Du reste, toutes ces anastomoses artérielles sont tellement mani- festes, les vaisseaux qui les forment si volumineux, que les injections d’amphiliâtre suffisent amplement à les voir. | La disposition en réseaux des artères de la pie-mèêre s’observe non- seulement chez l’homme, mais chez tous les mammiferes et les pois- sons. Il résulte encore de nos recherches que les territoires artériels com- muniquent les uns avec les autres. Une injection peu pénétrante, au suif et au vermillon, poussée dans une branche quelconque de l’héxagone artériel, injecte un lobe tout entier. Ces injections avoient été faites dans le but de chercher dans la pie- mère les vaisseaux intermédiaires aux artères et aux veines, autres que le réseau capillaire proprement dit, formé de conduits à une seule tu- nique. Pour nous, ces communications sont démontrées d’abord par ce fait 343 que les injections avec du suif et des grains de vermillon reviennent très-facilement et en masse par les veines, sans qu’elles aient pénétré dans le réseau capillaire ; et ensuite, parce que les injections pénétrantes pour l'histologie ne réussissent qu’à la condition de lier la veine lors- qu’on pousse le liquide dans l'artère. M. Durer : Je ne partage nullement l’opinion de M. Cadiat, lors- qu'il dit que les artères de la pie-mêre communiquent entre elles par un riche réseau. Si on s’en tenait aux injections avec le vermillon, qu'il montre à la Société, il faudrait reconnaître qu’il s’agit, en effet, d’un des plus riches réseaux de l’économie. Mais il est victime de l’erreur commune des anatomistes précédents, erreur que je me suis efforcé de réfuter dans mon travail sur la circulation cérébrale. J’ai fait aussi nombre d’injections au vermillon : on ne peut juger ainsi si les rami- fications, que j'ai désignées sous le nom d'arborisations, se croisent, se superposent ou s’abouchent ensemble. Ce sont des injections à la gélatine, des injections transparentes dont il faut user : il est nécessaire qu’on puisse examiner les préparations à tous ces grossissements possi- bles. Je ne nie pas les anastomoses entre les artères de la pie-mêre; j'ai même consacré quatre ou cinq pages de mon travail à démontrer leur existence et à rechercher leur rôle véritable dans la circulation céré- brale. Je me suis appuyé, à cet égard, sur des faits anatomiques, patho- logiques et expérimentaux. J'ai indiqué comment, en injectant la syl- vienne, On voyait peu à peu le liquide coloré pénétrer dans le territoire de la cérébrale antérieure et dans la cérébrale postérieure du même côté, et même dans celle du côté opposé. Ces communications se font par de petites arterioles de 1/4 à 1/59 de muiliimétre. Elles varient beaucoup d'importance selon les sujets. En poussant lentement l’injec- tion, on voit facilement, à l'œil nu, la pénétration se faire dans le ter- ritoire voisin par ces petits vaisseaux. Mais leur importance est peu considérable, car il m'est souvent arrivé d’injecter complétement tous les capillaires de la substance cérébrale du domaine de la sylvienne avant que les territoires voisins eussent été pénétrés notablement, D’ail- leurs, si les anastomoses forment un si riche réseau, comment expliquer la fréquence et l’étendne des ramollissements cérébraux qui occupent presque tout un territoire artériel ? J'ai étudié enfin les communications artérielles chez le fœtus : on peut alors étendre sur un verre la pie- mére de tout un hémisphère ; on constate qu’elles existent surtout à la périphérie des territoires artériels. Au moment du phssement des cir- convolutions, ce sont elles qui persistent chez l’adulte. | M. Capiar : J'ai employé tous les procédés ; j'ai injecté un cerveau à la gélatine. Mais, sur ces injections à la cire, il est facile de constater l'existence du reseau artériel d’une manière satisfaisante. 344 M. Dürer : Je rejette absolument les injections opaques : caronwy peut rien voir. Il est facile à la Société de constater que, sur les prépa- rations à la gélatine de M. Cadiat, le riche réseau anastomotique a dis- paru, J’ajouterai maintenant un mot à propos des communications que M.Cadiat admet entre les veines et les artères. Jamais, dans mes in- jections sur l’homme, il ne m'est arrivé d’injecter le foie lorsque je voulais injecter le cerveau. Mais j'ai vu souvent, comme tout le monde, les veines se remplir avant que l’organe que je voulais étudier fût ro- tablement pénétré. On se rend facilement compte de ce fait, en admet- tant qu’une portion seule du réseau capillaire s’injecte avant les autres et fournit un débit suffisant pour remplir facilement les veines. Cela est facile à voir pour le cerveau, pour le poumon... 11 n’est nullement né- cessaire d’invoquer les vaisseaux de Sucquet, dont l'existence n’a jamais été bien démontrée. M. Berr : L'existence des larges communications, entre les artères et les veines, a depuis longtemps été réfulée. M. Cadiat connaît-il les expériences de M. Vulpian à cet égard ? Il a démontré que les grains de lycopode, dont le diamètre est un peu plus gros que celui des capil- laires, ne pénétraient jamais dans les veines, quelle qus soit la force de l'injection. — M. Recnarp, en son nom et celui de M. Juces Simon, commu- nique la note suivante : SUR UNE ÉPIDÉMIE DE CONTRACTURE DES EXTRÉMITÉS, OBSERVÉE A GENTILLY (SEINE) (1). Le‘15 novembre 1876, une petite fille du nom de Louise B..., âgée de 10 ans, se présentait à la consultation de l'hôpital des Enfants. Les parents de cette enfant nous faisaient remarquer que depuis la veïlle ses deux mains étaient atteintes de contracture : les doigts étaient fléchis dans la paume de la main et par-dessus le pouce. La contracture était des plus énérgiques, et il fallait déployer une certaine force pour arriver à ramener les doigts dans leur état normal. La sensibilité était conservée des deux côtés; il n’y avait aucune fièvre, et toutes les fonctions s’accomplissaient normalement. La contracture, d’ailleurs, n’était pas permanente; elle était précédée par des fourmillements dans le membre, et ne cessait qu’au bout de plusieurs heures. Ne PR A 2 (1) Village situé dans la vallée de la Bièvre, au-dessous de Bicêtre, 345 L’enfant se plaignait de douleurs dans la continuité des membres et en particulier dans les muscles de l’avant-bras. Cette douleur s’exagé- rait quand on tentait de faire disparaître la contracture. Jusque-là les phénomènes n'avaient rien de bien insolite. Mais notre curiosité fut vivement éveillée quand cette enfant nous raconta que dans le village de Gentilly, qu’elle habitait, dix-sept autres petites filles étaient depuis quelques jours atteintes du même mal à des degrés différents. Désireux de juger par nous-mêmes de l’exactitude de cette narra- tion singulière, nous nous sommes transportés, le 417 et le 18 no- vembre, au village de Gentilly, et nous y avons constaté des faits qui, bien que n'étant pas absolument uniques dans la science, nous ont paru mériter d’être soumis à l'appréciation de la Société de Biologie. Le 18 novembre, au dire des membres de la municipalité, qui ont bien voulu nous dorner les renseignements les plus complets, il existait vinot-huit petites filles frappées de contracture. Toutes appartiennent à l’école communale du village. Cette école, située sur un terre-plein élevé, n’est séparée que par un corps de bâti- ment de l’école des garçons, où pas un seul cas n’a été signalé. Il existe de plus un couvent à 200 mêtres de là, et un pensionnat à quel- quelque distance. Ni dans l’un, ni dans l’autre de ces deux établisse- ments il n’a été constaté de contracture. C’est donc bien à l’école com- munale seule que l’épidémie s’est limitée. Rien dans l'alimentation des enfants ne peut rendre compte du mal dont ils sont frappés. Toutes les petites filles sont externes et prennent leurs repas chez leurs parents: Le premier cas de contracture fut remarqué par l’institutrice dans les premiers jours d'octobre, sur la petite N..., âgée de 10 ans. La première attaque dura très-peu de temps, et ne fut pas connue des autres fillettes, mais il en survint de nouvelles, plus longues, quel- ques jours aprés ; deux ou trois autres fillettes furent prises : elles n’en continuérent pas moins de fréquenter l’école. C’est à partir du 6 novembre dernier que l’épidémie a revêtu son véritable caractère ; ce jour-là, plusieurs enfants sont atteintes à la fois : dix-sept tombent malades en même temps. Nous l’avons dit, vingt- huit étaient frappées le jour où nous les avons visitées. L'état général de ces enfants était assez bon, l'appétit était conservé, il n’y avait ni fièvre, ni diarrhée. Tout au plus le moral était-il un peu affecté, ce qui d’ailleurs se comprend assez facilement. Quant à la contracture elle-même, elle se montrait à peu prés sous toutes les formes. Dans quelques cas, en particulier dans ceux de Louise B... et de la c. R. 1876. ENA 346 petite Gib... (10 ans), les deux mains étaient prises et fortement fer- mées par-dessus le pouce. L’ attaque, qui dure cinq ou six heures, est précédée de fourmillements. Les deux mains sont encore atteintes chez les petites Marie et Amélie Aumeu... Tous les doigts sont rapprochés et le pouce va à leur ren- contre. Elles éprouvent de grandes douleurs dans la continuité des muscles. Elles racontent d’elles-mêmes qu'avant chaque attaque elles ont dans les mains des fourmis, des épingles. | Chez la jeune Noi... (9 ans), le phénomène est identique, mais quelquefois unilatéral. Bien que la contracture soit trés-violente, il est ordinairement pos- sible de la faire cesser en écartant les doigts de vive force. Les enfants se plaignent alors de douleurs vives dans les muscles de l’avant- bras. 5 La contracture bilatérale est la plus commune. Nous l'avons pourtant vue unilatérale dans trois ou quatre cas. Ainsi chez Jeanne Pr... (9 ans), la main droite seule était contractée. Il en était de même es Lucie Mesur... (10 ans) et chez Louise Ler... (11 ans). Les membres inférieurs étaient moins souvent atteints. Nous trou- -vons pourtant les pieds fortement étendus chez la petite Marcelline Daut... (12 ans). La contracture affecte la forme de pied-bot équin, et la marche est impossible. Chez la petite Thoq... (10 ans), les deux mains et les deux pieds sont en contracture. L'enfant demeure plusieurs heures dans cet état. Dans des cas trèés-rares (Lem..., 8 ans, Grès..., 13 ans), quelques doigts sont séparément contractés et repliés sur la paume de la main. J Une des institutrices, âgée de 29 ans, d’un bon tempérament, a pré- senté elle-même ce phénomène et a eu pendant quelques heures l’index et l’annulaire gauches contractés. Nous n’avons point vu de phénomènes convulsifs généraux : tout au plus peut-on citer la petite Bauch... qui, prise subitement de con- tracture, perdit connaissance et eut, au te de ses parents, une attaque de nerfs. Une autre fillette éprouvait, en même temps que la contracture mus- culaire, de violentes douleurs de tête. Nous venons de citer les cas les plus intéressants qui nous aient été Présenter: Tous les autres enfants offraient à peu près les mêmes phé- nomênes plus ou moins prononcés, plus ou moins complets, mais tou- jours LNUQCEE En résumé, dans un village assez malsain, humide, encaissé, une 347 Leur école de petites filles est subitement frappée par une épidémie de con- tracture. | Une écolé de garçons toute voisine est indemne, deux autres pen- sionnats assez rapprochés sont également épargnés. La contracture paraît subitement chez des enfants qui n’ont aucun in- térêt à la simuler, qui, d’ailleurs, ne sauraient rester volontairement pendant des heures entières dans un pareil état : cela dépasse les forces humaines. Et puis, d’ailleurs, ces enfan:s ne décrivent-elles pas les four- millements précurseurs de l'attaque et les douleurs dans les muscles de l’avant-bras, loin du point contracturé? Tous détails que seuls des mé- decins peuvent connaître. Nous qui avons été témoins des faits, nous ne mettons pas en doute leur réalité. Mais quelle peut être la nature Fe cette contracture ? Evidemment, elle est essentielle; car, de prime abord, nous élimi- nons toute idée d’une contracture symptomatique d’une lésion anato- mique du système nerveux. Les phénomènes sont transitoires ; il n’y à ni paralysies, ni troubles de la sensibilité. Le diagnostic peut-il être douteux ? S'agit-il ici d’une ere de contracture essentielle des extrémités ? La délimitation de la maladie à l’école des petites filles nous a fait songer que certains cas pouvaient bien s'être aussi déclarés par conta- gion et imitation. Et cela d'autant plus que, dans le village de Gentiliy, nous avons trouvé les habitants tout en émoi. Une pareille épidémie, s’abattant sur une population peu instruite, l’a portée à croire au surna- turel, à des maléfices qui auraient été laissés par les instituteurs précé- dents que des convenances locales avaient fait éloigner du pays. Dans notre pensée, ces faits d'imitation seraient en petit nombre, et l'épidémie actuelle, malgré ses particularités, serait semblable à celles que la science possède déjà (1). Telle est l’opinion que nous nous sommes formée après l'enquête que nous avons pris la peine de faire dans le village de Gentilly, et que nous avons l’honneur de soumettre à l’appréciation de la Société. (1) Vlemickx : Rapport sur une épidémie de contracture en Belgique (Gaz. mÉD., 1846). — Aran : Note sur une épidémie de contracture (Soc. pes Hop., 1855). 348 — M. Macnan présente les organes d’un malade atteint d’alcoolisme, qui à succombé à la suite d’une affection intermittente. ALCOOLISME CHRONIQUE ; IMPULSION SUICIDE, HÉRÉDITÉ MORBIDE ; PLEURO-PNEUMONIE DE CAUSE TRAUMATIQUE ; STÉATCSE ET CIRRHOSE DU FOIE ET DES REINS ; DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSE DU COEUR ET PÉRICARDITE CHRONIQUE AVEC ADHÉRENCES DES DEUX FEUILLETS DU PÉRICARDE; GASTRITE; MÉNINGITE CHRONIQUE. Alphonse L....., âgé de 50 ans, ouvrier en sacs à papier, entre à Sainte-Anne le 11 novempre 1676. Ce malade, dontle père et le frère, adonnés aux boissons fortes, se sont suicidés, fait depuis longtemps des excés de vin et quelquefois d’eau-de-vie. A plusieurs reprises 1l a été pris de mélancolie avec hallucinations pénibles qui le poussaient à se donner la mort, ce qu’il a déjà plusieurs fois tenté de faire. Au commencement Ge novembre, après de nouveaux excés, il perd le sommeil, est pris de cauchemars, de rêves effrayants, devient triste et inquiet. La vie lui est à charge et il s'efforce d'en finir en avalant un litre d’eau-de-vie et de la glycérine. Cette tentative d'empoisonnement produit une ivresse passagére aprés laquelle L..., incité plus que ja- mais au suicide par ses idées délirantes, se précipite du haut d’un meuble à terre, et se fait au bras une contusion énorme suivie de phles- mon, et au côté droit de la poitrine une contusion profonde qui s’ac- compagne bientôt de pleuro-pneumonie. Six jours aprés L... suc- combe aux suites de cette complication pulmonaire. Autopsie le 18 novembre. Les vaisseaux de la base du cerveau sont athéromateux et présentent par places de petites plaques jaunâtres ; les méninges épaissies, opa- lines en quelques endroits, n’affectent aucune adhérence avec la couche corticale. Celle-ci est jaunâtre, mais les coupes successives des hémis- phères de la protubérance du bulbe et du cervelet ne montrent en au- cun point de lésion en foyer. Le cœur, volumineux, est atteint d’hypertrophie concentrique. Le péricarde renferme 100 grammes environ d’un liquide citrin, il offre plusieurs plaques laiteuses à sa surface; en deux endroits, au niveau de l'oreillette droite et à la pointe, les deux feuillets de la séreuse offrent des adhérences fibreuses assez résistantes. Les coupes des pa- rois cardiaques font voir surtout à droite, une première couche super- ficielle graisseuse, une deuxième couche jaunâtre de tissu musculaire fortement infiltré de graisse et la partie la plus interne un peu jaunâtre seulement. L’aorte d’une teinte jaunâtre générale montre par places de petites plaques plus foncées, mais non saillantes. é Le foie, un peu gros, est jaunâtre dans toute son étendue; s2 surface 349 présente de petites irrégularités comme des grains de millet ; à la coupe, 1l crie légèrement sous le couteau. Les reins sont volumineux ; la couche corticale et les colonnes de Bertin sont d’un jaune pâle; les pyramides de Malpishi elles-mêmes, sont un peu jaunâtres ; par places, la surface de l'organe est déprimée et des tractus fibreux pénétrent dans l'épaisseur de l'organe formant des cloisons irrégulières. Les tuniques de l’estomac sont épaissies ; la muqueuse est rouge, tuméfiée surtout dans sa moitié gauche, sur les parties les plus dé- clives de la grande courbure où l’on voit des ulcérations et de petites hémorrhagies. Cet estomac rappelle de tout point l'estomac d’une chienne qui avait été soutuise à l’action continue de l'alcool et dont les organes ont été présentés à la Société de Biologie. Le poumon droit, tuméfié, présente une hépatisation grise dans ses deux tiers supérieurs ; le lobe inférieur est congestionné, mais il crépite encore et surnage. Toute la surface de la plèvre costale est fortement injectée, surtout en arrière au niveau des 59, 6° et 7° côtes, région qui, dans la chute, a subi un choc violent. Le poumon gauche est sain, toute la surface pleurale est d’un rose pâle et contraste singulièrement avec la teinte rouge vif de la plèvre costale droite. L'examen histologique du foie et des reins, fait par M. Gombault, permet de s'assurer, sur des coupes de portions d’organe durcis dans une solution d’acide chromique, de l'existence de la dégénérescence graisseuse et de la cirrhose du foie. Les cellules infltrées de granulations et de gouttelettes de graisse, offrent le même degré d’altération dans toute l'étendue des lobules ; ceux-ci sont nettement dessinés, grâce à l’épaississement de la trame conjonctive. Les coupes des reins montrent la même altération, mais à un plus faible degré. Ce fait, sous le rapport anatomo-pathologique, est un exemple, en quelque sorte type, des désordres matériels issus de l’alcoolisme chro- nique. Tous les organes, foie, reins, cœur, cerveau sont envahis par la dégénérescence graisseuse. Celle-ci est très-accusée dans le foie, qui est, de plus, le siége d’une cirrhose commençante. Le tissu iuterstitiel des reins est également épaissi par places et participe, de son côté, à ce même travail d’irritation chronique. Quoiqu'il n’y ait rien de spéci- fique dans ces lésions, néanmoins, par leur ensemble, elles acquièrent une grande valeur et permettent de remonter à la cause qui les a pro- duites. L'examen à l'œil nu de ces organes suffit pour affirmer qu'ils appartiennent à un individu adonné aux boissons alcooliques; dans au- 350 cun autre empoisonnement, et dans aucune autre affection, on ne trouve ainsi associées sur plusieurs organes la stéaose et la sclérose in- terstitielle diffuse. Nous signalerons encore la pleuro-pneumonie du côté droit ; cette phlegmasie de cause traumatique, étendue à tout l'organe, est produite par un mécanisme différent de celui qui s’observe dans les cas de frac- tures de côtes. directes ou indirectes, mais consécutives à des chocs limités ; dans ces cas, on voit une pleurésie ou une pleuro-pneumonie peu étendue, affectant en général la partie de l'organe voisine de la fracture qui est la cause unique de l’inflammation. Chez une femme morte récemment dans le service, une pleurésie avec fausses-membranes et adhérences circonscrivait, dans une étendue de 15 centimètres environ, une fracture de la 3° côte gauche, et sur la portion du thorax qui a été détachée de la 29 à la 5° côte, on voit au- tour de la fracture des plaques néo-membraneuses plus épaisses à côté du foyer et allant en diminuant à mesure qu'elles s’en éloignent,. — M. BapaL présente un nouvel ophthalmoscope. Séance du 25 novembre 18276. Présidence de M. CLAUDE BERNARD». EPIDÉMIE DE CONTRACTUBE DE GENTILLY, PRÈS PARIS. M. Macnan donne quelques renseignements sur l'épidémie de téta- nie, dont MM. Régnard et Simon ont parlé dans la précédente séance, épidémie développée dans la première quinzaine de novembre à l’école des filles de Gentilly, qui compte 115 élèves. Pour apprécier la nature de cette épidémie, et pour rendre à l’imita- tion la part qui lui revient, il suffit de suivre le développement de l'é- pidémie et la marche des accidents chez les différents sujets. | Le premier cas de tétanie apparaît le 15 juillet dernier, chez une jeune fille de 10 ans, Angèle G..., bien développée et d’une santé habi- tuellement bonne. La contracture, précédée d’engourdissement, de feurmillement et de picotements dans les doigts, occupe la main droite et l’avant-bras; les doigts sont roides et à derni-fléchis ; le pouce est fortement appuyé contre l'indicateur ; l’avant-bras est fixe et les mus- cles de la partie antérieure font une légère saillie. La malade accuse de la douleur au poignet, au coude et parfois à l’épaule. Il faut un effort assez considérable pour ouvrir la main qui se referme aussitôt. Ces con- vulsions toniques ne sont pas continues; elles se montrent par accès intermittents pendant quatre jours, mais chaque accés ne dure pas au delà d’une demi-heure à une heure, et le membre peut reprendre ses. 351 fonctions, tout en conservant dans l'intervalle un peu de gêne et d’en- gourdissement. À la fin de juillet, tout accident s’arrête. Dans le cou- rant du mois d'août, quelques accès tétaniques de courte durée se mon- trent dans la main droite. En septembre, il n’y a pas de convulsions. Du 45 octobre au 10 novembre, la tétanie s'empare encore de la main droite ; les accès sont plus forts, plus douloureux, plus longs qu’en juil- let; quelques-uns durent toute la journée. Le 11 novembre, la contrac- ture du bras a diminué, mais la jambe droite est atteinte à son tour; le pied se place dans l'extension, et la pointe se porte légèrement en de- dans. La contracture de la jambe droite persiste cinq jours avec une certaine intensité, puis tout s’améliore. Les mouvements deviennent possibles dans la main droite, et le pied peut, dans la marche, s’appli- quer sans douleur sur le sol. | Le 21 novembre, la main droite est entièrement libre ; le pied droit conserve de la raideur et une légère douleur à la pression seulement sur sa face dorsale. La petite malade se tient debout, marche et s'occupe du ménage. L'amélioration se maintient, et les nouvelles données le 23 par l'institutrice, Me Charlot, confirment la guérison. C’est là assurément un cas de contracture des extrémités qui n’offre rien de spécial, mais qui mérite de fixer l’aitention puisqu'il est le point de départ de l’épi- démie qui vient de se produire. La deuxième fille atteinte par la maladie, No... , âgée de 10 ans,a eu, au commencement d'octobre, une contracture des deux mains. Traitée par M. Simon, à la consultation de l’hôpital des Enfants malades, elle a été promptement améliorée par l'emploi de l'électricité et des friction stimulantes avec le baume nerval. Le 21, les mouvements étaient li- bres dans la main droite ; la main gauche avait seule conservé un peu de rigidité. Le 23, l'amélioration était presque complète. La troisième malade, Da..., âgée de 12 ans, est prise, à la fin d’octo- bre, de tétanie des deux jambes et légèrement des mains; les pieds sont dans l'extension, et, pendant les accès irrégulièrement développés, la station debout et la marche sont impossibles. Le 21 novembre, Da... est entièrement guérie. La quatrième enfant, L..., âgée de 10 ans, présente, au commen- cement de novembre, une contracture des deux mains; les accés de courte durée, dés le début, deviennent de plus en plus rares, et la ma- lade est, au 21 novembre, en voie de guérison. Une cinquième malade, Bo..., âgée de 8 ans, aurait présenté, le 6 novembre, une crise avec perte de connaissance, raideur du cou, con- vulsion des yeux, contracture des bras et des jambes. Au bout d’une heure, tous ces accidents avaient cessé. Cette enfant aurait eu chez elle, le 8 novembre, une deuxième crise convulsive, après laquelle il n’est 302 plus resté de contracture. Des renseignements précis n’ont pas pu être fournis sur les antécédents de cette enfant, et l’on ignore s’il existait chez elle précédemment des attaques convulsives avec perte de connais- sance. Tels sont les premiers faits; il était difficile de voir là une épidémie, et, en tout cas, la bénignité des accidents ne pouvait susciter la moin- dre inquiétude ; toutefois, on commençait à en parler dans le village, et quelques parents cherchaient déjà, dans une influence mystérieuse, une explication à ces accidents convulsifs. Enfin, en quelques jours, onze jeunes filles sont atteintes de tétanie, et, le 14 novembre, huit élèves suivent le même exemple. Chaque nouvelle recrue crie, pleure, gémit, et devient une cause de crainte et d’effroi pour les autres jeunes filles, dont l'imagination frappée ouvre la porte à la propagation du mal. La contracture, chez ces enfants, offre une certaine prédilection pour les membres supérieurs ; elle gagne cependant aussi les jambes; elle affecte quelquefois le bras et la jambe du même côté, ou bien elle frappe un seul membre. Elle se présente par accès de durée variable, mais ne dépassant pas habituellement une heure ou deux. Elle s’accom- pagne de douleurs aux poignets, aux coudes, aux genoux, aux Ccoudes- pieds, rarement aux épaules et aux cuisses. M. Magnan a eu l’occasion de voir, le 23 novembre, à la consulta- tion de l’asile Sainte-Anne, deux des convulsionnaires du 44 novembre : l'une, Joséphine L..., âgée de 11 ans, prise de tétanie d’abord dans le bras droit, puis dans le gauche, puis enfin dans les deux jambes, pou- vait, dés le soir du même jour, se servir des mains, mais conservait un peu de raideur des pieds. Le 16, tout avait disparu. Le 21 novem- bre, dans la matinée, la main gauche se ferme et devient raide et se ferme; mais le 23, tout disparaît et la guérison paraît complète. L'autre enfant, Adéle B..., est âgée de dix ans et demi, elle est très-impression- née, dit-elle, par les convulsions et les pleurs des jeunes filles malades. Dans l’après-midi du 14 novembre, les deux pieds deviennent raides pendant qu’elle est assise sur le banc, elle ne peut plus se relever, elle éprouve des douleurs aux coudes-pieds et aux genoux, et on remarque une saillie trés-dure, comme une corde, au jarret, en arrière et au de- hors, due probablement au tendon du biceps crural. En même temps, les deux mains se ferment, les muscles fléchissent, se contractent à l’avant-bras. Au bout d'une demi-heure, la tétanie cesse aux jambes, qui sont entièrement libres le soir; la main droite s'ouvre et peut re- muer, la main gauche reste fermée; toutefois, vers le soir, elle se laisse ouvrir, se meut spontanément, mais elle se contracte encore par instants et le poignet devient douloureux. La contraction persiste dans la main gauche jusqu’au 17 novembre, avec des intermittences de plu- 353 sieurs heures; la main droite se prend à son tour, et elle présente, jus- qu’au 20 novembre, trois ou quatre fois par jour des accès tétaniques d’une heure à une heure et demie. Tout disparaît dans les mains, et la jambe seule est le siége, par moments d’une légèqe contraction qui n’ernpêche pas la marche. Depuis quelque:temps cette enfant dort mal, elle a des rêves, des cauchemars; au milieu de la nuit elle se lève ef- frayée, crie et croit apercevoir, dit-elle, des hommes méchants dans la chambre. Le 23 novembre, à la consultation de Sainte-Anne, on ne découvre plus rien dans les membres, qui sont entièrement libres, in- dolores, jouissent de la plénitude de leurs mouvements. La sensibilité n'offre pas plus chez cette malade que chez les autres de modifications ; on ne trouve ni anesthésie ni hyperesthésie. La propagation si rapide de l’epidémie avait vivement ému Pinsti- tutrice et les autorités, qui, d’un commun accord, prennent le parti le plus efficace pour couper court aux progrès du mal, et ferment immé- diatement l’école. Le 15 novembre, jour de la fermeture de l’école. marque également la fin de l'épidémie ; aucun nouveau cas n’est signalé à partir de ce moment. Les dix-neuf jeunes filles atteintes du commen- cement de novembre au 14 s’améliorent promptement et guérissent en quelques jours par le seul fait de l'isolement et du séjour dans la fa- mille. En dehors des enfants de cette école, aucune autre jeune fille dans le village n’a été atteinte de tétanie, aucun garçon n’a offert de con- tracture, et l’école des garçons, peu éloignée de celle des filles, reçoit cependant 150 élèves. Les classes de l’école des filles, situées au rez- de-chaussée, sont un peu humides, mais c’est là tout ce qu’on pourrait mettre en avant comme cause prédisposante. Dans ces conditions, on invoquerait vainement l'influence unique du froid, de l'humidité; c’est une épidémie dans laquelle il s’est produit des cas de tétanie spontanée sans cause bien déterminée, et des cas de tétanie par imitation. M. Cuarcor : Après avoir, dans la précédente séance, insisté sur les caractéres cliniques de ces accidents épileptiformes, qui succèdent à des irritations laryngées, j'ai voulu rechercher quelle est l'interprétation physiologique qu’il convient de leur appliquer. Des faits analogues ont été notés par les expérimentateurs, et notam- ment par M. Bert, dans son mémoire sur les effets de l'excitation du neri pneumogastrique (ARCH. DE PHYS1OL., p. 323, t. Il). Outre les principaux effets de l'excitation du nerf, M. Bert note ex- pressément que, dans certains cas, les mouvements généraux de l’ani- mal ont été arrêtés en même temps que ses mouvements respiratoires, et qu'il est resté, pendant tout le temps de la galvanisation, immobile et comme foudroyé. c..n. 1576. 45 354 L’excitation galvanique des nerfs du larynx peut donc amener la sus- pension des mouvements respiratoires, aussi bien que des mouvements généraux du corps. Bien plus, les effets de l’excitation peuvent étre tels, que la mort survient rapidement. Dans ce dernier cas, il paraît impossible d’expliquer la terminaison fatale par asphyxie ou syncope; il paraît se faire, au contraire, une sorte de sidération des centres nerveux, consécutive à une irritation centripète exagérée. Il semble, en effet, et ce sont là les propres ex- pressions de M. Bert, que l’animal soit frappé comme par la section du nœud vital. Il existe d’ailleurs, dans la pathologie humaine, des faits assez nom- breux qui démontrent que l'excitation des nerfs laryngés peut être quelquefois suivie chez l’homme, de cette sorte de sidération dont je ne saurais définir le caractère propre. Ainsi, on a vu l'introduction dans les voies aériennes de corps étrangers, incapables par leur volume d’oblitérer la cavité laryngée, entraîner la mort en peu de temps. De même, à l’époque où l’on avait coutume de traiter l'asthme par les cau- térisations ammoniacales du pharynx, on a vu survenir des violents accés de toux, qui ont été quelquefois suivis de mort subite. Il n’est pas in- vraisemblable que ces accidents n’aient été pour quelque chose dans l’abandon de ce mode de thérapeutique. On voit donc que la physiologie expérimentale permet des ter sans trop de peine, comment dans certains cas, une irritation centri- pète transmise par les nerfs larvngés, provoque des accidents. parfaite- ment comparables à ceux que j'ai observés chez les malades dont j'ai rapporté l’histoire clinique. — M. GELLÉ, à propos de la communication de M. Charcot, dans la dernière séance, présente, au nom de M. Cou (de Vaugirard), le fait suivant : SPASME APOPLECTIFORME DU LARYNX. M. Collin se trouve à table, en face de M. G..., un de ses amis, âgé de 68 ans, légérement emphysémateux, actuellement bien portant. On est au dessert; M. G... rit d’une plaisanterie; soudainil est pris d’une quinte légère au début, puis plus forte, sans reprise. Son visage se con- gestionne, rougit, les yeux s’injectent, la face est rouge, injectée; 11 semble qu’on étrangle le tousseur; puis M. G... incline la tête en avant et cesse de tousser. Il reste quelques secondes dans cet état, le nez dans son assiette, immobile. Au moment où il reprend connaissance, il est étourdi, peu au courant de ce qui s’est passé ; il a un peu de stupeur. Tout cela dure à peine quelques minutes, qui semblent des heures à ses amis. M. G... a eu plusieurs accés de cet ordre dans les trois dernières années de sa vie. 399 Il est mort à 71 ans, de trachéo-pneumonie. Depuis cinquante ans il était atteint de pharyngite hypertrophique chronique avec surdité légère. — M. Yvon communique la note suivante : Du DOSAGE DE L'URÉE DANS LE SANG; QUANTITÉ ET VARIATION DE CE CORPS DANS L'HÉMIPLÉGIE. - Le dosage de l’urée dans le sang est une opération assez délicate qui, jusqu’ici, n’a guère franchi le laboratoire du chimiste : je me suis atta- ché à rendre ce dosage aussi simple que possible, tout en lui conservant une exactitude rigoureuse : voici la modification du procédé classique à laquelle je me suis arrêté. _ Je préfère opérer sur une quantité de sang assez faible : 30 grammes au plus pour du sang normal, et 15 à 20 grammes dans les cas patho- logiques dans lesquels la proportion d’urée est plus considérable. Dans ces conditions, les lavages se font d’une manière beaucoup plus rigou- reuse, et les liquides à évaporer ayant un volume plus faible, l’urée reste soumise moins longtemps à l’action de la chaleur ; ces deux avan- tages compensent largement l'inconvénient qui peut résulter du faible poids de la prise d'essai. Le sang est reçu directement, et au moment même de sa sortie du corps, dans des flacons en verre, à large ouverture et fermant herméti- quement à l’émeri. Ces flacons, d’une capacité de 45 grammes, et dont le poids ne dépasse pos 100 grammes, sont tarés sur une balance de précision (à 0,05 près). Aussitôt pleins on les bouche. Cette précaution pour recueillir le sang est indispensable, car autrement la perte due à l’évaporation et qui peut aller jusqu'à À gramme, fausserait les ré- sultats. Le poids du sang étant exactement connu, on le verse dans un mor- ter en verre, avec environ 4 fois son volume d’alcool à 909 ; on divise aussi exactement que possible le caïllot formé et on jette sur un filtre; le liquide alcoolique doit s’écouler avec une légère teinte verdâtre, mais sans mélange de sang, si la proportion d’alcool ajoutée a été suffisante. On laisse bien égoutter. Pendant ce temps on lave le flacon avec une nouvelle quantité d’alcool, qu’on jette ensuite sur le filtre. On conserve à part cette première portion d’alcool, dont le volume est égal à 6 ou 7 fois celui du sang employé, et qui contient la majeure partie de l'urée. Le filtre et son contenu sont ensuite remis dans le mortier et triturés énergiquement avec environ D0 grammes de grès fin (préalablement lavé à l’eau ou l’alcool, et calciné); la division du caillot se fait d’une façon tout à fait exacte. On se sert également de ce grès pour nettoyer 256 le flacon qui contenait le sang. On place ce mélange dans une petite allonce en verre, et on traite par lixiviation au moyen de l'alcool. Ce mode d’épuisement étant un peu long, on peut mettre le caïllot divisé dans un petit nouet en linge fort, arroser avec un peu d’alcool et forte- ment exprimer par torsion : on répête l’affusion d'alcool et l'expression une douzaine de fois, aussi longtemps du reste qu’il est nécessaire pour que l’alcool passe incolore et n’enlève plus rien au mélange. L’alcool provenant de ce dernier traitement est filtré au papier Berze- lius et évaporé au bain-marie. Pendant cette évaporation, on filtre de même l'alcool provenant du traitement direct du sang, et que l’on a conservé à part, et on ne l’ajoute dans la capsule que lorsque l’alcool qui s’y trouve est entièrement éva- poré. On favorise l’évaporation en agitant continuellement. Lorsqu'elle est terminée, on reprend le résidu (extrait alcoolique du sang) par une faible quantité d’eau distillée qui sépare les matières grasses. On jette sur un filtre Berzelius préalablement mouillé : l’urée s'écoule en solu- tion aqueuse suffisamment pure pour un dosage. On lave la capsule et le filtre avec une nouvelle quantité d’eau distillée, eu tâchant de ne pas obtenir un volume total de plus de 42 à 15 centimètres cubes. Cette so- lution sert à doser l’urée en suivant le procédé que j'ai fait connaitre. . Il est préférable, dans ce cas particulier, de faire les corrections de tem- pérature et de pression. La quantité d’azote fait connaître le poids de Purée contenue dans la pièce d'essai, et le calcul, celui que renferme un litre de sang. J'ai fait, en suivant cette méthode, un assez grand nombre de do- sages d'urée dans le sang. À l'état normal, j'ai retrouvé les chiffres indiqués par M. Gerhart, 180 milligr. pour 1000, environ. Pour les cas pathologiques, j’ai eu occasion d'examiner le sang dans un cas de fièvre typhoïde ; il renfermait 52 centigr. d’urée par 1000, la malade succombait le lendemain. Dans des cas d’urémie, j'ai rencontré 2 or. et au-delà par litre. Enfin, dans les cas d’hémiplégie, j'ai observé des variations qui peu- vent être trés-intéressantes ; mais que je fais connaître sans aucun com- mentaire, ne voulant point m’aventurer sur un terrain qui n’est point mien, et laissant à d’autres plus compétents le soin d’en tirer des ren- seignements. Dans l’hémiplésie, j'ai toujours constaté une augmentation d’urée. dans le sang ; cette augmentation n’est point la même dans le côté sain et le côté paralysé. 357. Côté paralysé, Côté sain. Droit:.-.--.:00,400 Gauche, ...,.. 0,490 Gauche...... (0,540 Droit....,.... 0,669 Droit. cac. ou Gauche...... . Drottss23:2310:591 Gauche...... 0,707 Pro 2.2-000,391 Gauche...,.. 0,525 Droité.-4s.. 200,505 Gauche....., 0,575 Droitssses 2120195 Gauche. ..... 0,268 Tous ces cas, autant qu'il m'en souvient, étaient des hémiplégies anciennes. Le dosage suivant vient d’une affection datant de trois jours, l'augmentation d’urée a lieu en sens inverse : Côté droit paralysé, 0,500 Côté gauche sain, 0,467 Le sang provenant de ventouses scarifiées appliquées sur deux points symétriques, et une fois de saignées. Qu'il me soit permis, en terminant ce court exposé, d’adresser un souvenir à mon rsgretté maître, M. le professeur Lorain, qui a bien, voulu faciliter mes recherches, et mes remerciements à MM. les doc- teurs C. Paul, Brouardel, Desnos et Renault, pour la bienveillance avec laquelle ils mont accueilli. — M. D'ArsonvaL : J'ai l'honneur de communiquer à la Société de Biologie une expérience nouvelle sur les lois de l'écoulement des 5 quides dans les tubes élastiques de petit diamètre. Cette expérience est la suivante : Si l’on fait écouler un liquide sous pression par un tube de caoutchouc d’assez petit diamètre pour que l’écoulement se fasse goutte à goutte, l’on voit augmenter Je débit du liquide à mesure que l’on rétrécit l’orifice d'écoulement, jan un certain degré où l’écoulemert est maximum. Si l’on continue à rétrécir l’orifice (en pinçant le tube), le débit va en diminuant, et devient nul quand l’orifice est complétement fermé. Somme toute, quand l'écoulement se produit à travers un tube élas- tique, le maximum du débit ne coïncide pas avec le maximum de ca- libre du tube; ou encore, à un rétrecissement modéré de l’orifice d'écoulement correspond le maximum de débit. Ce fait qui, de prime abord, semble paradoxal, s'explique aisément. En effet, lorsque le tube a tout son calibre, la pression du réservoir ne se-transmet pas jusqu’à l’orifice, elle est absorbée par le frottement contre les étroites parois du tube, de sorte que le liquide arrive à la sortie sans pression. Au contraire, si l’on vient à fermer ou seulement à rétrécir l’orifice, la pression arrive jusqu’au bout du tube, elle exerce un effort excentrique sur ses parois, dilate le tube, qui, se trouvant 398 ainsi augmenté de diamêtre dans toute son étendue, n'offre plus de ré- sistance latérale à l'écoulement, qui se fait alors avec toute la pression due au réservoir. Le paradoxe hydro-dynamique se trouve donc expli- qué simplement. L'on voit immédiatement les inductions que l’on peut tirer de cette expérience relativement à l’action des vaso-moteurs, dont le mécanisme est encore si obscur. ss. Prenons le cas le plus 5523, pour être plus Asa Mon excellent maître, Claude Bernard. m'a dit que, d’après Gerhé, chezcertains crusta- cés, le système artériel était séparé du système veineux par de vérita= bles sphincters. On voit tout de suite comment peut agir ce sphincter pour augmen-— ter, ralentir ct arrêter la circulation. En effet, s’il est modérément con- tracté, on a le maximum de débit, ce fait correspondrait à l’électrisa- tion des vaso-dilaiateurs, que nous uommerions plus volontiers nerfs accélérateurs de la dilatation, ce qui ne préjugerait rien sur leur mé- canisme. Si l’on électrise un peu plus fort, le débit diminue ; si l’on électrise trés-fort, le sphincter se ferme et agit comme lorsqu'on élec- électrise les vaso-moteurs, que pour la même raison nous aimerions mieux appeler réfrénateurs de la circulation. On voit que, dans cette hypothèse, les nerfs vaso-dilatateurs et les vaso-constricteurs seraient la même chose; si on électrise modérément le débit augmente, si on électrise trés-fort l'écoulement cesse. Ce ne serait donc qu’une question de degré, comme dans la colère, par exem- ple; une colère modérée augmente la circulation (colère rouge), une émotion plus forte l’arrête (colère blanche). La paralysie des vaissenux après section des nerfs s'explique très- bien, car les capillaires devant leur élasticité à la couche musculaire, ils deviennent des tubes inertes, dilatables à volonté aprés la section, Ce qui explique l’augmentation du débit. Je ne donne ces explications que comme de simples hypothèses reposant sur cette base expérimen- tale qu’au rétrécissement d’un vaisseau peu succéder une augmenta- tion de débit. -Une hypothèse de plus sur les vaso-moteurs ne peut que stimuler les recherches; celle-là me semble avoir deux avantages : 49 Elle repose sur un fait expérimental ; 20 Elle ferait rentrer les nerfs vaso-dilatateurs dans la classe des nerfs ordinaires, qui agissent tous en se rendant à une fibre musculaire qu’ils font contracter. | — M. E. HorTeNIER communique le résultat de l'examen histolo- gique pratiqué sur deux tumeurs si un DORE Bone res (commu- njcation de M. Coudereau) : : CRÉENT LAN US GENRES) 359 Les deux petites tumeurs incisées présentent l’apparence du tissu placentaire, et font corps avec le reste de l'organe. Aprés durcissement dans la gomme et l’alcool, des coupes sont pratiquées dans l’une et l'autre tumeur. Le tissu est plus friable que dans un placenta normal ; les villosités, ordinairement agglutinées, se détachent les unes des au- tres et forment de nombreux îlots. Par suite, difficulté d’obtenir des coupes entières. Après coloration dans le picro-carmin et conservation dans la ely- cérine, on constate, à l’aide du microscope, les caractéres suivants : Villosités. — L’épithélium qui les borde ne présente pas d’altération sensible. Le tissu conjonctif des gros troncs villeux, c’est-à-dire prés de la base choriale, au lieu d’avoir des cellules allongées et, fusiformes comme des grains d’avoine, présente des cellules moins aiguës, dont les prolongements ont disparu en partie comme s'ils étaient revenus sur eux-mêmes. Dans les branches terminales de l’arbre villeux, les cellulcs de tissu conjonctif sont, comme à l’état normal, irrégulière- ment ovalaires et sans prolongements. L’altération principale porte sur les vaisseaux : ils sont manifestement oblitérés dans presque toute l'étendue de la villosité. Les capillaires notamment sont imperceptibles ou remplacés par une tache jaune sombre. Les vaisseaux gros et moyens ont subi une diminution considérable dans leur calibre. Leurs :umiéres sont le plus souvent oblitérées par un bouchon de cellules conjonctives, sans doute celles de leurs parois plus ou moïns adossées, et il n’y a aucune trace de caïllots sanguins ou de globules. Caduque utérine. — Elle est sensiblement analogue à la caduque d'un placenta normal à terme. Çà et là quelques amas graisseux dans un etat plus ou moins avancé de dégénérescence. Quelques rares vais- seaux et sinus contiennent un caillot fortement condensé avec des glo- bules sanguins petits et déformées. Lacs sanguins intermédiaires. — Les espaces inter-utéro-villeux contiennent extrêmement peu de sang à l’état de caillot sec et très- friable. Presque partout la fibrine, fortement coagulée et dissociée, laisse échapper des globules sanguins très-petits et parfois déformés, qui na- gent librement dans la glycérine de la préparation. C’est à cette séche- resse et à cette friabilité d’un caiïllot très-restreint, friabilité bien moins marquée d'ordinaire, qu'il faut attribuer la trop facile segmentation des coupes. Enfin on treuve aussi de rares amas graisseux venant peut- être du bord de la caduque. En résumé, ces deux tumeurs, qui ne sont autre chose que deux co- tylédons déformés et séparés par un sillon profond, présentent les alté- rations habituelles des placentas d’avortement avec dégénérescence 360 graisseuse et oblitération vasculaire, dans le cas où le prédécés du fœtus est assez éloigné de l’expulsion. — M. Jousser présente une production viscérale trouvée dans le dé- livre d’une femme heureusement accouchée à terme. C’est une masse oblongue, recouverte de peau bien développée et qui paraît contenir des masses viscérales. M. Jousset se réserve d’en faire l’exemen complet. — M. P. Prcarp communique le travail suivant : DOSAGE DE L'URÉE DANS LE SANG. J'avais eu occasion, dans mes reeherches sur les altérations du sang général, après les injections d’air dans la veine porte, d'observer des modifications rapides dans la richesse en urée de ce liquide nourricier. Comme ces observations, sur lesquelles je reviendrai, semblaient d’ac- cord avec d’autres déjà acquises à la science et tendre à modifier les idées qu’on s'était faites jusque-là de la signification de cette substance, j'ai été amené à en tenter une étude physiologique d'ensemble. - C’est de cette étude que je commence aujourd’hui la publication, par celle du procédé analytique que j’ai suivi pour mesurer les variations de l’urée dans le sang. Le procédé classique pour cette recherche est long et délicat, comme tous ceux dans lesquels il faut enlever, par des lavages sucessifs, la to- talité d’une substance dissoute imbibant un précipité volumineux ; celui que je propose et que j’ai suivi n’a pas ces inconvénients : il est rapide, d'un emploi facile, et cependant donne des résultats exacts. Il m’a été facile de m'en assurer en faisant des dosages successifs dans des frac- tions d’un même volume sanguin, l’une étant analysée immédiatement, les autres après addition de quantités connues d’urée. J’ai pu de la sorte m'assurer qu’une quantité d’urée ajoutée, répondant à 0 er. 15 pour 1000 de sang, était toujours reconnnue à une augmentation de la deuxième décimale des chiffres fournis par l’analyse directe (tous ces dosages ont été faits sur 50 grammes de sang), exactitude plus que suffisante pour des études daus lesquelles on ne considérera que des différences portant sur la première décimale. Méthode de dosage. — En principe, la méthode que j’emploie est celle suivie par M. Claude Bernard, pour la recherche du glucose dans le sang : dans cette méthode, on dose le glucose directement à l’aide de Ja liqueur de Fehling, dans la solution incolore obtenue, en précipitant à chaud un poids de sang par un poids égal de sulfate de soude. La méthode que je suis consiste à faire le dosage de l’urée directement dans la même liqueur. À un poids de sang égal à 50 grammes, par exemple, on ajoute 50 grammes de sulfate de soude en petits cristaux non effleurés, et on porte 361 à ébullition en agitant sans cesse; cela fait, on rétablit le poids total premier (50 +- 50) par une quantité suffisante d’eau distillée, et on jette sur un filtre le liquide obtenu en exprimant rapidement à la presse. On pèse une portion de ce liquide clair et incolore égale à 50 grammes, et c’est cette portion qu’on soumet à l'analyse. On peut tout aussi bien opérer sur 35, 40, 45 grammes. Ces 50 grammes de liquide sont introduits par un entonnoir à robi- net dans un ballon (de 250 c. c. de capacité) qui porte, en outre, un tube à dégagement. On verse également dans le ballon l’eau distillée qui a servi au lavage du vase contenant les 50 grammes soumis à l’e- nalyse. On ajoute 20 c. c. environ d’acide chlorhydrique pur et on porte à ébullition, de façon à chasser la totalité à peu prés des gaz du ballon. À ce moment, à l’aide d’une disposition spéciale, on met le tube à dégagement en communication avec un appareil complet et contenant un volume suffisant d’eau de baryte. Les premières portions de l’appareil absorberont l’acide carbonique provenant de l’urée décom- posé ; les dernières empêcheront l'entrée du même gaz dans l’appareil lors de la rentrée de l’air extérieur (un tube de Liebig intermédiaire doit montrer son contenu transparent pendant toute l'opération) .Tout étant ainsi prêt, on procède à la décomposition de l’urée, qu’en effectue en ajoutant dans le ballon 20 à 25 c. c. d’acide azotique chargé de va- peurs nitreuses. On porte alors de nouveau à 100 degrés, et on main- tient la température huit ou dix minutes; après ce temps, les gaz acide carbonique et azote, provenant de la décomposition de l’urée, ont été entraïnés : le premier a été fixé par le baryte; c’est lui que l’on dose en volume, en le retirant par l2 vide, après décomposition du carbonate par Hcl. Dans le cas cité, on obtient 14 c. c. 5 CO?. Ce volume, aprés correc- tions, se trouve réduit à 43 c. c.,125; chaque centimètre cube dégagé, représentant 0 gr.,002683 d’urée pure, on aura le poids d’urée contenu dans les 50 grammes de liquide analysé en multipliant 13,125 par 0 gr.,002683. Le produit est égal à Ogr.,0352 ; c’est la quantité d’urée de25 grammes de sang, comme on le voit,en se reportant au traitement préliminaire ; en multipliant par 40, on aura le poids d’urée contenu dans 4000 grammes de sang. 1000 grammes = 1 gr.,41. Dans une communication ultérieure, je donnerai les résultats auxquels m'a conduit ce procédé d'analyse appliqué à l'étude physiologique ae l’urée du sang. C. R, 1876. 46 m y LL (2 ‘ : \ à L : | 4 te ! ' 7 3 À > s î # PAL T EEE MEME RE PLATE ne Men pi ve EE airs sf” nn ah | dot ve TAN Ale OA noie sl j Gites LR Ne, HE ecrire LR au,9l1 19 qi ERP WE tt (ile ae DUT Lx RTS tro no. ( ne : 1 SEEN sad hi PEN MT NUE SE wt D 1 pat #+ rh L | x LAGR Hi ft DE 0 at 4 Ru < “} 1 ne wf RE PRES Le NT pe dk s'AAPEASR { à not JTE 4! pit PA 0 . nu Vas PE AAA ANA Li +: a B: + ra +. =: + HÉLAAT 4 Pvañ it tie HONG el pie # fs co st été ÿ Ass rte FE HE es ji fe, | RL fi REP { ske | a GA DA HO Hihoo re RU ar MES Ni WE à É HA eue {f fe 1 Hi Que die a. Vihral (ri &h: LÉ HR FTa8 ue Pt ; ue LL CIO nS Va AA a Uri 115 +: da A ni pe JOMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1876 Par MAPIER RE =rcnr ame PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du ® déeembre 1826. M. Hircammer donne les conclusions d’un rapport qu’il a été chargé de faire sur l'épidémie de Gentilly. 11 a pu voir et interroger la plupart des jeunes malades dont il donne les noms, et a pu leur arracher des aveux. Suivant lui, trois ou quatre enfants seulement ont été réellement atteintes de tétanie ou d’accidents convulsifs. Les autres ont simulé, soit pour s'amuser, comme elles l’avouent, soit pour faire comme les autres, ce dont elles ne se cachent guëére. Il n’est donc pas nécessaire d'accorder une grande importance à cette série d’acci- dents que, bien à tort, on appelle dés à présent le phénomène de Gen- tilly. M. Macnax répond à M. Hillairet qu’il a pu, lui aussi, observer les jeunes malades dont il est question dans le rapport de M. Hillairet, et qu’il a pu 8e convaincre que certaines d’entre elles ont été réellement atteintes. Quant à savoir si les autres ont imité ou simulé, c’est une question de grande importance, et qu'il est difficile de trancher de prime abord. Dans la plupart de ces séries d'accidents nerveux, observés depuis longtemps et que l’on a qualifiés d’épidémies, il est impossible 364 de tout rapporter à la simulation, et il est juste de laisser une large place à limitation, qui n'exclut pas un certain trouble nerveux chez les su- jets qui s’y laissent aller. M. Onrmus reppelle que chez les malades atteintes de contracture on peut tirer bon parti des résultats obtenus par les interversions de cou- rants continus. Suivant lui, dans la tétanie, les courants descendants ne donnèrent pas lieu aux mêmes phénomènes que dans les autres con- tracturés! Il eût donc été intéressant de faire cette expérience chez les malades dont 1l est question. M. Cxarcor fait observer à M. Hillairet qu’il eût été nécessaire d’ob- server les malades durant leur sommeil, afin de savoir ce que deve- naient ces accidents, dont la plupart devaient disparaître s'ils étaient réellement simulés. — M. Poucxer fait la communication suivante : NOTE SUR UN CHANGEMENT UNILATÉRAL DE COULEUR PRODUIT PAR L'ABLATION D'UN OEIL CREZ LA TRUITE. Bien que la théorie conduisit à penser qu’on obtiendrait, par l’abla- tion d’un seul œil, une paralysie unilatérale des chromoblastes, des expériences que j'avais autrefois instituées dans ce sens à Concarneau, puis à Vienne, n’avaient amené aucun résultat. Au mois de juin der- nier, comme M. Chantran m’entretenait de ses observations sur la régénération des yeux des écrevisses, je le priai de bien vouloir ébor- gner un certain nombre de jeunes truites. Le 23 novembre dernier, pour la premiére fois, depuis le mois de juin, je rencontrai M. Chantran, qui me dit avoir en effet éborgné des truites, et qu'elles étaient deve- nues de deux couleurs partagées par la ligne médiane du dos. Je le priai de bien vouloir recommencer l'expérience, ce qu’il ât immédiatement sur dix autres animaux. Voici les phénoménes qu'ils présentent aujourd’hui d’une manière plus ou moins accentuée, mais manifeste. En premier lieu, l'attitude de l’animal est atterrée, phénoméne que j'ai déjà signalé sur les pale- mons aveugles. Il ne nage plus avec le plan médian exactement placé dans la verticalé. Le côté voyant est incliné vers la terre ; le côté aveugle vers la surface de l’eau. Cette modification d’attitude, qu’on peut constater dés le début, persiste encore sur les animaux opérés au mois de juin. Quand l'animal repose sur le fond, son attitude est également modifiée. La nageoire pectorale du côté aveugle appuie sur le sol.à: plat comme d’habitude ; celle du côté voyant est, au con- traire, relevée par le bord postérieur. La partie postérieure du corps est le plus ordinairement, — au moins chez les animaux nouvellement opé- To Rep incurvée du côté aveugle. F 30» L'animal, au point de vue de sa coloration, est exactement partagé. par la ligne médiane le long du dos. Le côté voyant est plus foncé ; les taches y sont plus accusées et se présentent d’un noir uni, alors que du côté voyant elles consistent en un sablé foncé. La nageoire pectorale du côté voyant est semée de points noirs, tandis que celle du côté aveu- glé est claire et transparente. Les nageoires anales présentent, chez cer- tains individus, les mêmes particularités. La différence de couleur des ‘deux côtés de l’animal est surtout bien accusée, quand on l’a main- tenu pendant quelque temps (vingt-quatre heures) sur fond blanc. On s’est assuré, d’ailleurs, que l’aspect signalé n’était dû à aucune eircon- . stance étrangère d'éclairage, d’attitude de l’animal, etc... : Sur les animaux opérés au mois de juin, la. différence de coloration a actuellement disparu. M. Chantran croit se souvenir qu’à cette époque la modification de couleur 2 été plus rapide et plus intense. Le côté où les chromoblastes sont paralysés dans ce cas, est le côté voyant. On peut en conclure, en raison de l’entrecroisement complet des nerfs optiques chez les Téléostéens, que chez ces animaux, d’autre part, les origines du grand sympathique ne s’entrecroisent point, puis- que le côté affecté répond à l'hémisphère affecté par suite de l’ablation de l'œil opposé. — M, De SINÉTY fait la communication suivante : NOTE SUR L'INDÉPENDANCE RELATIVE QUI FEUT EXISFTER ENTRE L'OVULATION ET LA MENSTRUATION. J'ai l’honneur de communiquer à la Société de Biologie quelques faits nouveaux qui viennent à l’appui de l'opinion partagée aujourd’hui par beaucoup de physiologistes, et que j'ai déjà eu l’occasion d'émettre, sur l'indépendance relative qui peut exister, dans certains cas, entre l'ovulation et la menstruation. La malade, qui fait le principal sujet de cette communication, était ure hystérique de 21 ans, morte à la Salpétrière, dans le service de M. Charcot, au mois de juillet dernier. Les accidents hystériques s’é- taient développés chez cette jeune fille à l’âge de 16 ans, à la suite d’une émotion violente. Elle était hémianesthésique et ovarique à droite; les attaques étaient arrêtées par la compression de la région ovarique droite. Menstruée à 13 ans, elle l'avait été, quoique un peu irrégulièrement, jusqu'au mois d'avril dernier, deux mois avant sa mort; une ou deux époques faisaient quelquefois défaut. Mais je passe immédiatement aux résultats que nous a fournis l'examen des organes génitaux internes. Ce qui frappe à la premiére vue, C’est l’asymétrie des deux ovaires, Le droit est à 4 centimètres de l'utérus, tandis que le gauche n’en cst 366 qu'à une distance de 2 centimètres. L’ovaire gauche est plus aplati et plus long que le droit; en outre, il existe à droite, entre cet organe et la trompe, une petite tumeur de la grosseur d’un pois, ayant l’aspect d’un ovaire surnuméraire, et sur lequel] j'aurai l'occasion de revenir. J'ai examiné, sur des coupes successives, toute l’étendue des deux ovaires, et, sur aucun point, je n'ai rencontré un seul follicule de Graaf à une période quelconque de son développement ascensionnel ; je n’ai trouvé que des follicules primordiaux contenant leur ovule avec üne seule rangée de cellules. On voyait quelques follicules atrésiés, mais aucune cicatrice de corps jaune de la menstruation. Nous ne sa- vons pas exactement le temps que met à disparaitre la cicatrice qu résulte de l'expulsion d’un ovule ; mais à en juger par le nombre con- sidérable de ces productions que l’on rencontre dans tous les ovaires, même chez de vieilles femmes, on peut supposer qu’elles mettent très- longtemps à disparaître. L'examen de l'utérus nous a montré, au éoniraire, que la muqueuse était dans l’état qu’elle présente au début de la période menstruelle. Les vaisseaux étaient nombreux et gorgés de sang ; les glandes hyper- trophiées et dépourvues à peu prés partout de leur épithélium eylin- drique. Dans la lumière des glandes, on observait un grand nombre de petites cellules rondes présentant les caractères des éléments embryon- naires. En un mot, tout le tissu interposé entre les glandes était infiltré des mêmes éléments. La couche la plus interne de la muqueuse ne se colorait pas par le picrocarminate, et à un grossissement suffisant, on reconnaissait que les éléments de cette couche avaient subi la dégéné- rescence graisseuse. Chez la femme, dans les conditions normales, cet état de la muqueuse utérine, comme j'ai eu l’occasion de l’observer plusieurs fois après tant d’autres anatomistes, coïncide souvent avec la maturation d’un follicule de Graaf sur le point de se rompre. Dans ce cas-ci, il n’y avait non-seulement aucun follicule mûr et fai- sant saillie à la surface de l'ovaire, mais même, comme Je l'ai déjà dit, aucun follicule à un degré quelconque de sa période ascensionnelle. Ainsi cette jeune file, quoique irréguliérement menstruée, avait eu ses régles deux mois avant sa mort, et nous n'avons trouvé dans ses ovaires aucune cicatrice indiquant une ovulation même très-ancienne. En outre, et c’est là le point le plus important, l’état de la muqueuse utérine indiquait que l’écoulement menstruel était imminent, et sur aucun point de l'ovaire, il n’y avait de follicule mûr ni en train de müûrir. Je rapprocherai de ce fait le cas que j’ai eu l’occasion de présenter à la Société, en 1875, d’une jeune phthisique, qui n'avait plus eu ses ré- gles depuis six mois et chez laquelle, à l'autopsie je t'ouvai un énorme 367 follicule venant de se rompre. L’un est un exemple de menstruation imminente sans ovulation, l’autre d'ovulation malgré l'absence pro-. longée d’écôulement menstruel. Je dois dire aussi quelques mots d’une jeune malade, dont les deux ovaires ent été extirpés par M. le docteur Terrier, en juillel 1875, et exa- minés par M. Malassez et par moi, au laboratoire d’histologie du Col- lége de France. Il n’est pas douteux, dans ce cas-là, que les deux ovai- res ont été enlevés, et cependant, en décembre, les régles se manifestaient de nouveau et se montraient les mois suivants avec tout leur cortége habituel, douleurs lombaires, douleurs du côté des seins, etc. Pendant cet été quelques périodes ont manqué; mais, au mois d'octobre et le 15 novembre dernier, l'écoulement menstruel s’est encore montré parfai- tement normal, d’après les renseignements que M. Terrier a eu l’obli- geance de me remettre hier au sujet de son opérée. Depuis longtemps on avait publié, en Amérique, des cas d'ovarioto- mie double, avec persistance de la menstruation. Storer en cita deux cas en 1867 (1). L'année dernière, un autre Américain, Goodman (2), a réuni 27 cas d’ovariotomie double, dont 10 dans lesquels la menstrua- tion ne fut nullement influencée par l’opératiou ; dans un cas elle fut . augmentée, et dans deux cas elle devint irrégulière. Le fait de la malade de M. Terrier a, sur beaucoup de cas publiés, l’avantage que l’examen des organes enlevés a été fait très-exactement. La coïncidence de l'ovulation et de l’hémorrhagie menstruelle n’en est pas moins très-probablement la règle générale. Mais les faits que je viens d'exposer sont un nouvel argument en faveur de l’idée que les deux fonctions, menstruation et ovulatiou, peuvent, dans certaines cir- constances, se manifester indépendamment l’une de l’autre. Les physiologistes admettent généralement aujourd’hui que l’ovula- tion peut avoir lieu, sans être suivie de l’écoulement menstruel. Mais beaucoup repoussent encore la possibilité de la menstruation en l’absence d'ovulation, et, par conséquent, chez des femmes privées des deux ovaires. Et c’est à ce dernier point de vue que les observations que je viens de communiquer à la Société peuvent présenter un certain intérét. M. GugLer, à propos de la communication de M. de Sinéty, fait re- marquer que dans son travail sur les épistaxis utérines, il avait dejà fait remarquer l'indépendance qui existe entre l’ovulation et la mens- truation. (1) Analysés dans les AROHIVES DE PHYSI0LOGIE, t. I, p. 376. (2) Ricuuonp anp Louisvizce Mepicaz JourNaL, 1875; dans An- NALES DE GYNÉC,, 1876, p. 231 et 363. 368 == M. Onruus fait une communication sur les effets de la cautérisa- tion de l’isthme de l’encéphale chez les grenouilles auxquelles on à enlevé les lobes cérébraux. — M. RicxeT communique le travail suivant : 1 « RECHERCHES SUR LE SENTIMENT COMPARE AU MOUVEMENT: L'étude des sensibilités spéciales, telles que la vue et l’ouïe, s'est enrichie de nombreuses découvertes, qui nous permettent de connaître avec précision les lois de la perception visuelle et de la perception acoustique, tandis que les lois de la sensibilité générale nous sont à peu près ignorées. J'ai pensé qu'il serait utile de faire quelques recherches sur ce sujet, et, pour donner plus de rigueur à la démonstration expé- rimentale, d'employer la méthode graphique. Ces recherches ne pouvaient se faire que sur l’homme ; car on n 'est jamais certain de savoir si un animal sent ou ne sent pas. L'action ré- flexe, les mouvements de l'iris, l'accélération ou le ralentissement du cœur ne sont que des procédés détournés et peu exacts pour apprécier la seusibilité. Quant au choix de l’excitant, il ne pouvait être douteux. Quel autre pourrait-on prendre, en effet, que l'électricité d’induction? Les cou- rants d’induction se prêtent à une graduation facile, en peut inscrire la fréquence et la durée des excitations, et on a moins d’effets de polari- sation à craindre qu'avec l'électricité de la pile. L’excitation se faisait par deux vases remplis d’eau, dans laquelle plongeaient les rhéophores. J'évitais aussi les irrégularités qui pouvaient provenir de l'application imparfaite de l’excitant. Comme mon intention n’était pas seulement d'étudier Ja sensibilité en elle-même, mais encore de la comparer avec le mouvement, j'ai dû me préoccuper du muscle à prendre comme terme de comparaison. A cet effet, jai choisi le muscle de la pince de l’écrevisse, qui semble avoir une élasticité considérable, et dont les réactions fonctionnelles, sans différer absolument de celles des autres muscles, paraissent se rappro- cher beeucoup de quelques réactions de la sensibilité. À la mandibüle mobile était attaché un fil qui déplaçait la plume d’un tambour à le- vier, ce qui permettait d'inscrire la forme et la durée de la contraction musculaire. La patte était détachée à sa base et solidement fixée sur une planchette de liége, l'excitation était portée directement sur le muscle. Je passe sous silence beaucoup de détails techniques, et j'arrive tout de suite aux résultats des expériences instituées ainsi : 40 La sensibilité éveillée par des courants très-faibles, après s'être 369 accrue pendant quelque temps, finit par disparaître lentement. Mais quelques courts moments de repos suffisent pour que la sensibilité re- vienne, tout aussi parfaite qu'auparavant. En un mot, la sensibilité, sous l’influence d’une excitation prolongée, décroit lentement, mais re- vient rapidement à l’état normal. 20 Des excitations isolées ou séparées l’une de l’autre par un long in- tervalle ne produisent pas d'effet sensitif, tandis que ces mêmes exci- tations très-rapprochées produisent un effet sensitif d’autant plus mar- qué que lenr fréquence est plus grande. Supposons deux excitations À et B, par exemple, que la rupture et la clôture d’un courant de pile provoquent dans un courant induit. Si elles sont très-éloignées l’une de l’autre, le sujet en expérience ne per- cevrait rien ni à la rupture ni à la clôture. Mais si elles sont trés-pro- ches, il y aura une sensation aigue et réellement perçue, par suite de l’addition de ces deux forces réunies. Ces faits d’addition, de somamition (Gruenhagen, Pflüger) Rent se manifester d’une autre manière. Ainsi, si l’on prend un interrupteur électrique tel que la fréquence des interruptions soit uniformément ac- célérée, au début, quand les interruptions sont rares, il n’y aura pas de perception, et la perception n'arrivera que plus tard quand les mouve- ment aura acquis une certaine fréquence déterminée. Sur le muscle, les phénomènes sont tout à fait analogues; aussi En on très-légitimement comparer ces phénomènes d’addition sensitive, grâce auxquels des excitations fables s'accumulent dans les centres ner- veux, aux phénomènes d’addition motrice qui fait que chaque secousse musculaire vient s'ajouter aux secousses précédentes et finit par pro- duire un tétanos complet ou incomplet. 139. Pour des excitations égales entre elles et répétées, le moment de la perception est d'autant plus retardé que l’intensité de l’excitation est plus petite et d'autant plus accéléré que son intensité est plus grande. Cette loi est une conséquence directe de la précédente. En effet, si les premières excitations sont insuffisantes pour produire un effet sen- sitif, ce qui est le cas des excitations faibles, la perception ne survien- dra que tard, aprés la dixiéme excitation, par exemple, tandis qu'avec des excitations fortes, la perception, étant déjà produite par la première excitation, sera presque instantanée. Ce retard de la perception aprés une excitation faible pourrait pro- bablement s'appliquer à toutes les excitations ayant une durée appré- ciable. En effet, aucune n’est continue, et, en réalité, elles représentent toute une série de vibrations d’une fréquence prodigieuse (la lumière, la chaleur, etc.) 49 Les phénomènes connus sous le nom d'éducation de la perception c. R. 1876. 47 370 peuvent rentrer dans les faits d’addition. Si on prend plusieurs excita- tions même assez éloignées l’une de l’autre, on ne sentira pas bien les premiéres, tandis que les dernières seront très-bien perçues et avec beau coup moins de retard. Sur le muscle de l’écrevisse, c'est un phénomène analogue, eton peut admettre que les effets de l'addition se manifestent même à une trés-grande distance, et probablement beaucoup plus grande encore pour les centres nerveux que pour les muscles. 5° Si Les excitations sont trés-faibles, on pourra en prendre un nom- bre limité, jusqu’à six, par exemple, sans obtenir d’effet sensitif : que si, au contraire, on prend des excitations égales aux premières, en fré- quenceet en intensité, mais ayant un nombre illimité, il y aura à la fin une perception distincte, ee qui montre que pour se produire, elle exige plus de six excitations, et que c’est après la septième, la huitième, ou une autre plus tardive encore, que l’effet sensitif sera produit, D'un autre côté, si l'excitation était un peu moins faible, deux exci- tations seront suffisantes pour amener la perception, qu’une seule des deux excitations isolées ne saurait produire. Toutes ces remarques s'appliquent également bien au mouvement et au sentiment, en sorte qu'aux tracés obtenus par le moyen du muscle, répondraient des tracés analogues obtenus avec la perception, si elle pouvait se traduire par une forme graphique 69 Il faut distinguer la transmission d’une excitation qui est toujours très-rapide et uniforme, quelle que soit son intensité, et la persistance que l’on peut observer des phénomèënes d’addition, aussi bien dans le muscle que dans les centres nerveux. La transmission est un phénomène qui dépend du nerf, la persistance dépend des centres nerveux. Pour prendre une comparaison vulgaire, mais qui éclaircira ce que cette proposition peut avoir d’obscur, la transmission dans le nerf ressem- blerait au courant électrique qui passe dans un fil de métal. L’excitation des centres nerveux serait plus ou moins comparable à la vibration d'une cloche qui continue à résonner longtemps aprés qu’elle a été ébranlée. Or, par un grand nombre d'expériences, j'ai démontré que la per- sistance d’une impression est proportionnelle à l'intensité de l’excita- tion qui la produit. Il suit de là que, si on prend des courants dont la fréquence est uni- formément accélérée, moins l'intensité des courants est grande, plus il faut de fréquence ; si les courants sont plus forts, une fréquence beau- coup moindre suffit. Il résulte de ces faits une loi générale qui s’applique aussi bien au muscle qu'aux centres sensitifs et qui peut se formuler ainsi : Le nombre des excitations nécessaires pour amener une perception 371 ou un mouvement, est inversement proportionnel à l'intensité et à la fréquence de ces excitations. Peut-être cette proposition est-elle générale et s’applique-t-elle aux excitations mécaniques, thermiques et chimiques aussi bien qu'aux excitations électriques ; en tout cas, il semble qu’elle ne soit pas spé- ciale à la perception sensitive et qu’elle puisse aussi s'appliquer à la perception douloureuse. Une excitation de moyenne intensité, continuée pendant longtemps, finira par produire une douleur qu’elle n’aurait pu amener, si elle avait duré moins de temps. En général, les perceptions douloureuses ne sont point instantanées, et sont la plupart du temps en retard sur les perceptions sensitives simples. Il est vraisemblable que ces recherches ont un certain intérêt en phy- siologie générale : elles nous montrent que, s’il y a variété dans la fonction, il y a unité dans la forme de cette fonction. Le nerf sensitif est un conducteur dont l’aboutissant est le cerveau. Le nerf moteur est un conducteur dont l’aboutissant est le muscle, Or, le muscle et l’encé- pale, dont les fonctions sont cependant si eifférentes, réagissent de la même manière et présentent les mêmes phénomènes d’addition et de fusion qui n'existent pas dans les troncs nerveux. Nous pouvons ainsi nous faire une idée juste, quoique encore fort obscure, du travail cérébral, analogue au travail médullaire qui a été étudié par beaucoup d’auteurs, à propos de l’action réflexe. Le travail cérébral ressemble, à beaucoup d’égards, au travail musculaire. Il semble qu’il y ait dans l'intimité de ces deux tissus, comme une résistance à l’excitation, une sorte d'inertie, qui fait que des excitations faibles n'arrivent qu’à la longue à vaincre cette résistance. Mais nous n’atta- chons pas à ces mots plus de valeur qu’ils n’en nécessitent, et nous nous contenterons d’avoir établi ce fait, qu’il y a entre le sentiment et le mouvement une analogie surprenante, laquelle nous permet de mieux comprendre ce qu’on appelle le travail cérébral. Ces recherches ont été faites au collége de France, dans le laboratoire de M. le professeur Marey : qu'il me soit permis de lui témoigner ici toute ma reconnaissance. — M. Berr, à propos de la communication de M. Charcot sur les phénomènes de sidération Qbservés à la suite d’irritation laryngée, rap - pelle des expériences, d’ailleurs cités par M. Charcot, et qui démontrent que les nerfs laryngés supérieurs faciaux, pneumogastriques peuvent être suivis d’accidemts tout à fait comparables. Il fait remarquer, tou- tefois, que le résultat fatal ne peut être obtenu sûrement chez l’ammal qu'en le mettant dans certaines conditions anormales. La section du pneumogastrique, par exemple, rend le malade infiniment plus sujet à 372 la mort par submersion que cet animal ne l’est dans la section physio- logique. — La Société procède à l'élection d’un membres titulare. M. Albert Robin est elu membre de la Société de biologie. Séance du 9 décembre 1876. M. pe Sinéry communique la note suivante : P&eTiTE TUMEUR SITUÉE AU VOISINAGE DE L'OVAIRE ET SIMULANT UN OVAIRE SURNUMÉRAIRE CHEZ UNE HYSTÉRIQUE DE 21 ANS. Dans la dernière séance, j'ai signalé chez une jeune hystérique morte dans le service de M. Charcot, la présence, dans le voisinage de l'ovaire, d’une petite tumeur simulant un ovaire surnuméraire. Les ré- sultats fournis par l'examen histologique de cette production feront, aujourd’hui, le sujet de ma communication. Distante de 1 centimètre environ de l'ovaire droit, entre cet organe et la trompe, cette petite tumeur irrésuliérement hémisphérique adhérait par sa base au tissu sous-jacent. À l'œil nu elle avait absolument le même aspect que l'ovaire principal. En examinant des coupes après durcissement, on au- rait cru avoir sous les yeux un ovaire de nouveau-né, au moins avec un grossissement faible. Maïs nous verrons qu’il n’en était plus ainsi avec un grossissement suffisant. Le stroma est ici à peu près semblable à celui de l’ovaire adulte normal. Sur presque toute la surface l’épi- thélium est conservé. On voit en certains points cet épithélium se pro- longer dans le stroma et former ainsi des tubes, s’anastamosant quel quefois entre eux. Cette disposition rappelle celle des tubes de Pflüger, que l’on observe chez le fœtus. Mais dans ce cas-ci on ne rencontre aucun ovule, et l’épithélium qui les remplit est formé de cellules à cils vibratiles. L’épithélium de la surface est aussi un epithélium vi- bratile, trés-différent du petit épithélium cylindrique qui revêt la sur- face de l'ovaire. Sur des points voisins de la périphérie, on observe deux ou trois petites cavités d’une forme à peu prés sphérique et con- tenant (sur une ou deux coupes) un corpuscule également sphérique. L’aspect de ces cavités rappelle celui d’un follicule de Graaf. Mais on voit, avec un fort grossissement, que ces cavités sont tapissées par un épithélium vibratile disposé sur une seule rangée, et les petites masses arrondies ne sont autre chose que des ainas d’épithélium des- quamé libre dans la cavité. Sur aucun point de la tumeur je n’ai pu observer un seul ovule, ni daï£'les tubes, ni dans le stroma, ni dans les cavités simulant un fol. fs» HO! : Jaccre ortler saoenicns sb H isrme 2UICT SÉÉSCENELEEENE SUbIEL Le 873 licule. Nous voyons donc que, si à un examen superficiel, la ressem- blance était très-grande entre un ovaire et cette production, il n’en était plus de même aprés une étude suffisante. Le stroma seul était semblable, comme on pouvait s’en assurer en comparant les coupes des deux organes. Ce que nous connaissons du développement de l'ovaire et la présence, à l’endroit où était située la tumeur, d’un épithélium vibratile chez beaucoup d'animaux et même peut-être chez la femme, d’après Wal- deyer, nous explique, il me semble, assez facilement le mode de for- mation de ce pseudo-ovaire. — MM. ArLonG et LéON TriPier communiquent la note suivante : ETUDE COMPARATIVE DE L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DES DEUX NERFS PNEUMOGASTRIQUES (Deuxième note). Dans la séance du 29 juin 1872, M. Brown-Séquard a bien voulu présenter à la Société une note, en notre nom, sur le même sujet. Nous faisions ressortir que la galvanisation du pneumogastrique droit modifie plus énergiquement le cœur que celle du nerf gauche. Cette différence dans l’activité des deux vagues était observée à la même. époque par M. Masoin (de Liége) ; elle a été vérifiée depuis par les ex- périences de M. de Tarchanoff. Passant à l’influence que les nerfs vagues exercent sur la mécanique respiratoire, nous établissions aussi que les excitations électriques du nerf gauche produisent des modifcations plus prononcées que’celles du nerf droit. s Depuis cette époque, nous avons publié un mémoire dans les Ar- CHIVES DE PHYSIOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE, OÙ nous compléz tions les résultats contenus dans notre prerniére note. Nous revenions sur la différence de l’action des deux vagues sur le cœur, pour faire re- marquer qu’une différenee était constante, mais que la prédominance n’appartenait pas toujours au droit. Quelquefois le nerf gauche l’em- porte sur l’autre. Enfin, nous annoncions des tentatives infructueuses faites dans le but de trouver une différence entre les deux vagues dans leurs rapports avec la digestion. Un fait, cependant, nous avait frappé. Il s'agissait de deux cas de paralysie de l’estomac et de l’æsophage survenus sur l'âne aprés la sec- tion d’un seul pnéumogastrique. On croyait jusqu'ici que ces accidents ne se présentaient qu'après la double section des nerfs vagues. Nous avons cherché à reproduire ces accidents pour les étudier de plus près. Nous avons été trés-surpris de constater qu'ils n'étaient pas rares. 274 Ainsi, sur douze cas de section unilatérale du pneumogastrique dans la région cervicale, nous avons observé sept cas de paralysie de l’œso- phage et de l’estomac, parmi lesquels quatre sort consécutifs à la sec- tion du vague droit, et trois à la section du vague gauche, Reproduites surle lapin, ces sections nous ont fourni trois cas de mort sur neuf ; tous les trois à la suite de la section du nerf droit. Sur un chiffre considérable de sections pratiquées sur lé cheval, nous n'avons enregistré qu'un seul cas de mort, suite de l'interruption du pneumogasirique droit. En résumé, chez l’âne et le lapin, les nerfs ne co n’exer- cent pas une égale influence sur les mouvements de l’œsophage et de l'estomac. Jusque-là, le nerf droit nous a paru être plus souvent pré- dominant que le nerf gauche. Nous nous bornerons à indiquer le fait à la Société, parce qu’il vient compléter ceux qui étaient contenus dans la note de 1872, nous réser- vant d’en étudier vltérieurement les causes et la nature. M. Trier : Je n’ai étudié ici avec mon collaborateur que les acci- dents survenant aprés la section d’un seul pneumogastrique. Traube, au contraire, a décrit les lésions des deux pneumogastriques. M. CLaune BERNARD repousse l'explication de Traube. J'ai fait, dit- il, autrefois des expériences sur ce sujet, publiées par M. Panum, pro- fesseur de physiologie à Copenhague. Traube pense que, même si on ne donne pas à manger à l'animal opéré, l'animal meurt par introduc- tion de mucosités dans les voies respiratoires. Pour moi, aprés avoir coupé les deux pneumogastriques sur un lapin, j'ai introduit une sonde dans la trachée et j'ai fait une ligature sur le tout; dans ces conditions il est impossible que des corps étrangers s’introduisent dans les voies aériennes, et cependant le lapin meurt vingt-quatre heures après avec les lésions ordinaires. Voici comment, dans ces faits, j’explique la mort : les jeunes ani- maux font des inspirations plus vastes ; on peut, à travers la plèvre, mise à nu, étudier ce qui se passe : les vésicules se dilatent, les capil- laires se rompent; emphysème et hémorrhasie, voilà le résultat de la section. Les lapins plus âgés résistent davantage. M. TrasBoT a eu occasion de voir entre les mains de M. Barrier un fait qui semble inexplicable avec cette théorie : un chieu n’est mort qu’au bout de vingt-quatre jours. Dans ce cas particulier, la mort semble être dne à l’introduction de corps étrangers dans le poumon. L’autopsie a démontré l'existence de nombreux foyers gangréneux dans les poumons. M. CLaune Berxarp : La mort arrive dans certains cas sans l’action préalable de corps étrangers. M. Claude Bernard a vu aussi un chien qui a vécu dix-sept jours ; après la section des pneumogastriques, les pou- mons étaient parsemés d’abcès qui pouvaient bien provenir de ces rup- tures vasculaires qu’il vient de rappeler. Blainville à montré que les oiseaux meurent aprés la section du pneumogastrique, sans altérations du poumon. L M. Claude Bernard, dans quelques-uns de ces cas, a attribué la mort aux altérations du foie. En résumé, pour M. Claude Bernard, lagrande complexité des phéno- mênes qui suivent la section des pneumogastriques empêche jusqu'ici d’avoir une idée nette sur ce point. M. LÉPINE demande à M. Tripier si M. Arloing et lui se sont préoc- cupés de la question de savoir à quoi tient la prédominence si remar- quable de l’action suspensive du vague droit sur le cœur. Evidemment on peut faire deux hypothèses : ou bien le vague droit contient plus de fibres que le gauche, ou bien l'hémisphère gauche (avec lequel il est plus particulièrement en connexion, comme cela résulte des expériences de M. Lépine, communiquées à la Société en juillet 1875) aurait une action sur le cœur plus prononcée que celle qu’exerce l'hémisphère gauche. Cette dernière hypothèse, quelque étrange qu’elle puisse pa- raître, n’est pas insoutenable; les effets si différents chez l'homme, de la lésion de la troisième circonvolution frontale, suivant qu’elle siége à droite ou à gauche, montrent bien que l’action de l’hémisphère gauche est plus indispensable à l'exercice du langage que celle de l’hémi- sphère opposé. Il en est vraisemblablement de même chez l’homme pour d’autres facultés que pour celle du langage. Au point de vue fonc- tionnel, les deux hémisphéres, chez lui et probablement chez les mam- mifères qui lui ressemblent, ne sont donc pas identiques. Il serait fort intéressant de savoir d’une manière certaine si l'influence de l’hémi- sphère gauche sur les actes involontaires n’est pas le même que celle de l’autre hémisphére. On sait que quelques expériences de M. Brown- Sequard, chez des cobayes, tendraient à le faire croire. Si MM. Arloing et Tripier pouvaient s’assurer que le vague droit ne renferme pas plus de fibres que le vague gauche, leurs expériences tendraient à démontrer la différence fonctionnelle des deux hémisphères; malheureusement il doit être bien difficile de prouver anatomiquement que l'hypothèse du plus grand nombre de fibres n’est pas fondée. M. Tripier : La question du mécanisme est inabordable à l’heure qu'il est. Je ne puis affirmer que cette différence d’action soit due à la présence d’un plus grand nombre de filets nerveux dans un côté; dans 376 certains, en outre, j'ai pu voir à la suite de la section d’un des deux pneumogastriques des fibres nerveuses dégénérées dans le pneumo- gastrique du côté opposé. Ces faits ne paraissent point constants. — M. Moreau présente la note suivante de M. PxiLiPEAUX : RÉGÉNÉRATION EN 30 JOUKS DU NERF PNEUMOGASTRIQUE SÉPARÉ DE, SON CENTRE NERVEUX AVEC RÉTABLISSEMENT COMPLET DES FONO- TIONS DE CE NERF CHEZ LES JEUNES RATS ALBINOS. On sait, depuis les expériences de Cruiskshank , de Fontana, d'Haighton et de Prévost (1), que toutes les fois qu’on coupe immé- diatement sur un mammifère les deux pneumogastriques, ce mammi- fère meurt ordinairement du premier au quatrième jour; mais que si, au contraire, on ne les coupe que successivement et à des époques plus ou moins éloignées les unes des autres, il survit. On sait encore que tout nerf séparé de son centre nerveux s’altère, et qu’en s’altérant, il perd ses propriétés et ses fonctions ; maïs qu'en se régénérant, i} réprend ses propriétés, et que si, en même temps, il se réunit à son sembklafle, il reprend ses fonctions. Ces phénomènes ont lieu au bout d’ur temps plus ou moins long, suivant l’âge et l'espèce de l'animal; car ox peut les observer chez le rat albinos au bout de trente jours, chez le chien au bout de soixante jours et chez le cochon d'Inde au bout de quave-vingts jours; pour les autres animaux, des expériences précises n’ont pas encore été faites. Aujourd’hui je viens de répéter toutes ces expériences, afin de les, bien confirmer et dissiper tout doute, si doute pouvait exister encore sur le rétablissement complet de la propriété et la fonction dans un nerf séparé de son centre nerveux. Voici les nouvelles expériences que j'ai faites snr ce sujet : Le 20 avril dernier, sur neuf rats albinos âgés de 2 mois, j’ai coupé le nerf pneumogastrique droit au milieu de la région cervicale ; j'ai réuni la plaie cutanée par un point de suture, et j'ai fait bien soigner ces jeunes animaux. Trente jours aprés, les voyant bien portants, j'ai sectionné sur un d’eux le nerf pneumogastrique gauche et, le lende- . main, j'ai fait la même opération sur les huit autres rats, sur lesquels le nerf pneumogastrique droit avait été coupé le 20 avril. De ces huit jeunes rats, deux sont morts, l’un le lendemain et l’autre le troisième jour. J'ai examiné l’état du nerf pneumogastrique droit après la mort ; chez ces deux animaux, j'ai constaté que les deux bouts de ce nerf ne s'étaient pas réunis. (4) Voir M. Vulpian, LEÇONS DE PHYSIOLOGIE GÉN. ET COMPL. DU sysT. NERV., 18606, p. 265. 377 Au bout de trente jours, après la section du nerf pneumogastrique gauche, j'ai voulu voir si la survie tenait bien à la régénération du nerf pneumosastrique ou à quelques anastomoses qui mettraient en com- municatiou le bout central du nerf pneumosastrique avec son bout péri- phérique. Pour savoir ce qui en était, j'ai sectionné coup sur coup, le même jour, sur quelques-uns de ces rats (trois), les deux nerfs pneumo- gastriques. Or, les jeunes rats ainsi opérés sont tous morts du premier au quatrième jour. Cruikshank, Haighton et Prévost citent, à l’occasion de la survie, chacun de leur côté, des exemples : le premier, au bout de trois semai- nes, sur un jeune mammifere ; le second, de six semaines, sur un jeune chien ; enfin, le troisième, de quatre mois, sur un jeune chat. Pour moi, je n’ai jamais obtenu de survie avant le trentième jour, et encore seule- ment sur le rat albinos, comme je l’ai dit plus haut. C’est soixante jours pour le chien et quatre-vingts pour le cochon d’Inde, fait qui dé- montre que la durée de la régénération nerveuse n’est pas la même pour tous les nnimaux. (Voir la note publiée en commun avec M. Vulpian, dans le BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ PHILOMATIQUE, p. 165.) J'ai examiné les bouts périphériques des nerfs pneumogastriques réunis de ces rats, morts de la section immédiate des nerfs pneumogastriques au-dessous de la réunion, pour voir si ils étaient bien régénérés; ils l'étaient en effet : il ne restait plus que quelques tubes primitifs encore un peu alté- rés ou en voie de régénération; quant à la réunion, elle paraissait par- faite ; mais on voyait encore un renflement à l’extrémité de chacun des deux bouts réunis l’un à l’autre : le renflement du bout central était plus volumineux que celui du bout périphérique. Ces expériences montrent que, chez les jeunes rats, la régénération des bouts périphériques des nerfs vagues coupés se fait très-prompte- ment, et que le rétablissement du fonctionnement de ces nerfs a lieu avec une rapidité tout à fait remarquable, puisque ces nerfs recouvrent leurs fonctions, au moins à un degré permettant le maintien de la vie, au bout de trente jours seulement. Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de chimie de M. Claude Bernard, au Muséum d’histoire naturelle. _— M. Courx fait la communication suivante : M. d’Arsonval a communiqué récemment à la Société de Biologie une expérience irés-intéressante, d'où il résulte qu’en rétrécissant, dans une certaine mesure, le calibre d’un tube élastique en rapport avec un liquide sous pression, on augmente la vitesse de l’écoulement. Dans mes recherches sur les effets de l’anémie encéphalique, j'ai constaté, pour les vaisseaux capillaires, le même fait en apparence paradoxal. ©. R. 1876. 48 373 L'arrêt du sang dans l’ancéphale détermine une excitation primitive vaso-constrictive, durant huit à dix minutes, et tellement considérable que la tension artérielle atteint 28 et 32 c. Or, pendant cette période de resserrement vasculaire, des plaies di- verses ont toujours donné du sang én abondance. Nous avons sectionné un des nerfs sciatiques, puis la pulpe d’un orteil de chaque membre a été coupée ; et un kymographe étant adapté à la carodide, nous avons injecté vers l’encéphale les spores oblitérantes. Dans les orteils sains, l'augmentation de l’hémorrhagie a été un peu plus tardive que l’aug- mentation de tension ; et c’est seulement deux à quatre minutes aprés l’obstruction que l’écoulement des plaies est devenu plus considérable pendant plusieurs minutes : cette augmentation a été plus brusque, peut-être plus notable du côté du saatique coupé. En résumé, le resserrement généralisé des vaisseaux périphériques augwente la vitesse de l'écoulement du sang par les vaisseaux ouverts, qu'ils soient normaux ou paralysés. Après cette première période d’excitation vaso-motrice, l’arrêt du sang dans l’encéphale détermine une paralysie progressive des vais- seaux périphériques, avec chute corrélative de la tension artérielle ; et pendant cette deuxième période, les plaies des orteils donnent peu de sang, beaucoup moins qu’à l’état normal. Enfin, trente-cinq à cinquante minutes aprés l’obstruction encépha+ lique, quand la dilatation vasculaire paralÿtique est complète, et la tension entièrement nulle, nous avons fait des plaies aux orteils, à l’abdomen, au thorax, plaies profondes ou superficielles ; et elles n’ont donné aucune goutte de sang ; l'ouverture des artères elle-même ne laisse écouler qu’en bavant une petite quantité de liquide. Le sang est arrêté dans tous les vaisseaux ; le cœur ne pousse rien, mais il conti- nue à se contracter régulièrement dix, quinze minutes après la chute complète de la tension, et c'esi seulement au bout de vingt-cinq à trente minutes qu’on voit ses mouvements devenir très-faibles, ra lentis, puis nuls. En résumé, la dilatation paralytique des vaisseaux périphériques ra- lentit le sang, puis l’arrête complétement ; d’où un genre d'arrêt cir- culatoire entiérement spécial, produit par l’augmentation de capacité du système vasculaire et la chute de la tension, avec arrêt ultime, et consécutif des mouvements du cœur. L’excitation vaso-motrice généralisée accélère le sang ; la paralysie le ralentit et l’arrête ; ces effets sont donc inverses de ceux si bien étu- diés par M. Claude Bernard, après l’excitatiou ou la paralysie d’une région localisée du système vasculaire, le sympathique cervical. On pourra expliquer, par ce rétrécissement vasculaire généralisé, les 379 effets de l’excitation du sciatique, augmentation de la tension et des hémorrhagies, observés par MM. Claude Bernard, Owsjannehow, Tschiriew, Vulpian, etc., et dontle mécanisme est encore trés-discuté. Au contraire, les troubles circulatoires observés par Legallois, Nasse, Flourens, Vulpian, etc., après la destruction du myélencéphale, sont entièrement analogues de cet arrêt du sang par la distension paraly- tique des vaisseaux périphériques, que nous avons observé après l’ob- struction de l’encéphale. Nous aurons à revenir sur bien des points que ne peut aborder cette courte communication. — M. BocHEFONTAINE fait la communication suivante : A propos d’une communication récente de M. Cadiat, M. Bert rappe= lait à la Société de biologie des expériences de M. Vulpian faites dans le bnt de déterminer le calibre des vaisseaux au moyen desquels le sys- tème artériel communique avec le système veineux. Ayant eu l’occasion de reproduire ces expériences, j'ai pu observer quelques particularités que je viens communiquer à la Société. Sur trois cadavres de chien on a disséqué la veine jugulaire externe d’un côté, au cou, dans une longueur d’environ 4 à 5 centimètres, puis on a sectionné transversalement cette veine à l'extrémité postérieure de la partie disséquée. On à ensuite injecté par la carotide correspondante, vers le cerveau, de 3 à 5 grammes d’eau tenant en suspension de la poudre de lycopode en notable quantité. Sur un des cadavres, l’artère carotide de l’autre côté était liée. Le liquide sortant par la, veine jugu- laire et recueilli avec soin dans une capsule, à été examiné au micros- cope, et dans aucun cas on n’a pu y trouver de spores de lycopode. Ces spores ayant uniformément trois centièmes de millimètre de diamé- tre, il faut nécessairement admettre que les vaisseaux au moyen des- quels le système artériel communique avec le système veineux encé- phalique ont un Calibre inférieur à trois centièmes de millimètre de diamètre, conclusion déjà formulée par M. Vulpian. Il y a longtemps déjà, M. Ch. Robin a objecté à ces expériences que les spores de lycopode ne ne sont pas mouillées par l’eau qui leur sert de véhicule, qu'elles retiennent à leur surfaces des vésicules d'air, que, par suite, leur volume est augmenté, qu’elles sont devenues trop grosses pour pouvoir traverser des conduits d’un diamètre bien supérieur à trois centièmes de millimètre, et par conséquent que ces résultats ne démontrent pas que les artères et les veines ne communiquent point par des canaux d’un diamètre supérieur à trois centiémes de millimé- tres de diamètre. En réalité, les spores de lycopode peuvent être mouillées par l’eau ; il 380 suffit de les agiter fortement pendant quelques‘instants dans ce liquide. On peut s'assurer, à l’aide du microscope, que les spores de lycopode ainsi traitées, ne retiennent pas d’air à leur surface; quand on les re- trouve dans les vaisseaux qu'elles remplissent, on constate qu’elles sont absolument dépourvues de vésicules aériennes. L’encéphale de chaque cadavre ayant été enlevé, on a pu constater que les artères de toute la pie-mère encéphalique étaient injectées par la poudre de lycopode, comme elles le seraient par le liquide dont on se sert dans les injections de pièces destinées aux préparations anatomi- ques. Les artères et les artérioles de la pie-mêre cérébrale de chaque côté, celles du cervelet, de la protubérance et du bulbe, remplies de spores de lycopode étaient jaunes, et l’on pouvait constater à l’œil nu, et avec l’aide de la loupe, que ces vaisseaux communiquent entre eux par des réseaux anastomotiques. Ce fait de la disposition en réseau des vaisseaux artériels de la pie-mèêre encéphalique concorde donc avec les résultats présentés récemment par M. Cadiat à la Société de biologie. Les veines et veinules se présentaient avec leur couleur rouge-brun habituel, partout où on pouvait les apercevoir. Enfin, on a euvert le cœur de deux des animaux en expérience. Chez tous les deux, le ventricule gauche contenait une quantité considérable ‘de bouillie rougeâtre. On a examiné cette bouillie au microscope, et vu qu’elle était formée de sang et d’un grand nombre de spores de Iyco- pode. Le liquide injecté vers la périphérie du système artériel était dons revenu dans le centre circulatoire artériel. — M. Java présente un cône taillé par M. Prasmowski, pour faire un optomètre, dont le travail est particulièrement remarquable. — M. Berr expose ses nouvelles recherches sur le sang de rate. Tous les êtres vivants sont tués par l'oxygène. Les faux ferments ou diastases, qu'il faudrait appeler les vrais ferments, ne sont point al- térés par l’oxygène. C’est un moyen de diagnostic pour savoir la dif- férence de certains effets. M. Bert a appliqué cette méthode aux virus. Le virus de la morve soumis à la pression, n’a donné aucune odeur, ‘et par inoculation a produit une morve aigue; de même le virus vac- cinal. Le virus du charbon, exposé à l’air comprimé, a été parfois actif, Soumis à l’oxygéne sous tension et en couches minces (il ne doit pas y avoir plus d’un ceutimétre d'épaisseur), le sang ainsi altéré à été mortel, bien que les bactéries qu’il renfermait aient été tuées. Il semble donc que la concinsion de ces expériences puisse être que les bactéries ne sont pas mortelles par elles-mêmes. Ce sang, en effet, a tué des chiens; mais le sang de ceux-ci n’était plus toxique, même ne des cochons d'Inde. dé J À | "4 LE 381 Dans une autre expérience, le sang de rate actif a été mélangé avec une fois et demie son volume d’alcool absolu, puis mis dans le vide où il s’est desséché en forme de magma presque sec. On en fit une ino- culation à un chien et à un cochon d'Inde qui moururent le lendemain; mais le sang pris à ces animaux n'était plus toxique. IL semblerait donc que dans le sang de rate il y avait deux choses : 49 La bactéridie qui s’engendre indéfiniment. 29 Une substance toxique qui ne s’engendre plus. Ainsi donc, d’une part, un ferment constitué par les bactéridies, d’autre part, une subsiance analogue aux diastases, qui résisterait à oxygène, à l'alcool absolu et ne se reproduirait pas. M. CLaupe BERNARD : La levure de bière ou les bactéridies dans les liquides ne résistent pas à l'alcool, cependant desséchés, ils y résistent parfaitement, même après un an de séjour dans l'alcool absolu. M. BERTHELOT à vu des bacteries dans le dépôt d’eaux-de-vie de cidre, conservées pendant plusieurs mois. M. Mazassez : La mort, dans les expériences de M. Bert, semble produite par un ferment soluble, qui ne se renouvelle point ensuite parce que les bacteries sent tuées, — M. Bupin communique le travail suivant : DES CONDITIONS ANATOMIQUES QUI FAVORISENT LES DÉFORMATIONS DELA TÊTE DU FOETUS PENDANT L'ACCOUCHEMENT. Les anciens accoucheurs avaient remarqué que bien souvent, dans les accouchements normaux mais un peu longs, alors qu’il n'existait aucun rétrécissement du bassin, l'enfant offrait, -au moment de sa naissance, des déformations du crâne, déformations qui, au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures, avaient complétement disparu. En effet, lors- que l'enfant se présente par le sommet, on peut constater une défor- mation qni est constamment la même, quoique plus ou moins exagérée : la tête est allongée, en forme de poire. Lorsque, au contraire, il y a une présentation de la face, la tête est applatie de haut en bas, dans un sens opposé. Il y a là deux déformations typiques, pour ainsi dire, qui sont toujours analogues dans chacune de ces deux variétés de pré- seutation. Que l'enfant ait, du reste, présenté le sommet ou la face, après un ou deux jours sa tête a repris sa forme ronde normale. Existe-il des conditions anatomiques qui favorisent ces déformations et les expliquent? Tel a été le sujet de quelques-unes des recherches que nous avons faites l'an dernier à la Maternité, dans le service de notre excellent et vénéré maître M. le docteur Tarnier. Nous avons commencé par mesurer exactement les différents dia 382 _mêtres de la tête du fœtus, diamètres antéro-postérieurs et transver- gaux. Parmi les premiers sont : le diamètre occipito-mentonnier, qui va de la pointe de l'occiput au menton; le diamètre occipito-frontal, qui va de la pointe de l’occiput à la racine du nez; et le diamétre sous- occipito-bregmatique, qui va du point de rencontre de l’occipital et de la nuque au milieu de la grande fontanelle. Ce n’est pas sans raison que nous avons choisi ces extrémités des diamètres : comme nous vou- lions avoir des mesures aussi exactes que possible et les mêmes sur tous les sujets pour qu’elles puissent être comparables ; comme nous voulions, de plus, pouvoir les reprendre un certain nombre de fois sur le même sujet, pendant les huit premiers jours aprés l'accouchement, il nous fallait choisir des points faciles à retrouver. L’extrémité supé- rieure de l'occipital, la racine du nez, la pointe du menton, le point de rencontre de l’occipital et de la nuque etc., remplissaient le mieux les conditions que nous recherchions. Outre ces mensurations, nous avons pu, à l’aide de lames de plomb, reproduire graphiquement et mathématiquement, pour ainsi dire, la forme de la tête. Ces mensurations précises nous ont conduit à faire une première re- marque. La plupart des auteurs, sinon tous, admettent que le plus grand diamètre antéro-postérieur de la tête est le diamètre occipito- mentonnier, Il n’en est rien : le plus grand diamètre est un diamètre sus-occipito-mentonnier ; il s'étend du menton à la suture sagittale, se terminant en un lieu qui varie entre la pointe de l’occiput et la fon- tanelle antérieure. Ce diamètre est le véritable diamètre maximum. Si immédiatement après l'accouchement, dans un cas de présenta- tion du sommet vù la ‘tête est déformée, on mesure les différents dia- mêtres antérieurs, on trouve certains chiffres, variables avec chaque enfant. Supposons que ces chiffres aient été, pour le diamètre OM. 12 cent., pour le diamètre OF 11 cent. et pour le diamètre ss.0.Bs. 9 cent., quarante-huit-heures, quelquefois même vingt- quatre heures après l’accouchement on retrouvera les diamètres sui- vants : O.M. 12,5 O.F. 11,9 et ss.O.Bg. 9,5. On voit que ces trois diamétres auront augmenté après l’accouche- ment. Nous avons vu, dans certains cas, le diamètre occipito-menton- nier s’accroître ainsi en quarante-huit heures de 11 millimétres et le sous-occipito-bregmatique de 12 millimètres. Comme la tête avait alors repris sa forme normale, il est rationel de conclure que, au moment où nous avions pris notre première mensu- ration, au moment de l’accouchement par conséquent, ces diamètres avaient diminué de longueur. 383 Quant au diamètre maximum il diminue au contraire beaucoup pen- dant le premier et le deuxième jour : donc il avait augmenté pendant l’accouchement. Des dispositions anatomiques démontrent l'explication de ces faits. La boîte cranienne de l'enfant au moment de la naissance se compose d'os, de sutures et de fontanelles. Les sutures et les fontanelles permet- tent, par suite de la pression qu’elle subit, une certaine réduction de la tête. Les os eux-mêmes jouent un rôle dans les modifications que subit le crâne pendant l'accouchement, et ce rôle n'est pas le moins important. Lorsque, faisant l’autopsie du crâne d’un enfant nouveau-né, on com- mence en se servant de ciseaux pour détacher complétement les deux pariétaux, on constate, du côté de la pointe de l’occipital, une mobilité trés-grande. L’extrémité de l'index, avec la plus grande facilité, la re- pousse et l’incline soit en avant, soit en arrière. L’écaille de l’occipital est déplacée en totalité, et la pointe de l'os décrit un arc de cercle dont le centre se trouve au voisinage de sa base, un peu en arriére de l’arti- culation occipito-atloïdienne. L’écaille de l’occipital est à cette époque réunie à la portion basilaire, par une suture cartilagineuse et fibreuse : il y a là comme une véritable charnière qui permet à la portion écail- leuse de l’occipital d'exécuter sur la portion basilaire du même ( des mouvements d'avant en arrière et d’arriére en avant. Pendant l’accouchement, la pointe de l’occiput s'enfonce sous les pariétaux en avant : ainsi s'explique la diminution des diamètres occi- pito-mentonnier et occipito-frontal. Le bord postérieur des frontaux est souple et mince, il se laisse également déprimer, d’où la diminution du diamètre sous-occipito-bregmatique. Quant aux pariétaux, ils sont comprimés d’arrière en avant et leur bord sagittal devient plus con- vexe, d’où l'augmentation au contraire du diamètre maximum. Dans l’accouchemeut par la face, la déformation est toute différente : le diamètre occipito-mentonnier et le diamètre occipital augmentent par suite des modifications que subit le crâne pendant l’accouchement. La pointe de l’occiput s’est trouvée repoussée fortement en arrière, d’où l’augmentation de ces deux diamètres qui diminuent pendant les deux jours qui suivent la naissance. Une même disposition anatomique du côté de l’occipital explique donc des déformations tout à fait différentes. Quant aux diamètres transverses, le bi-temporal et le bi-pariétal, ils ne diminuent que peu pendant l’accouchement. L’occiput, et les fron- taux s’enfoncent en effet d’abord sous les pariétaux, et ce n’est qu'après ce premier chevauchement que les pariétaux peuvent glisser l'un sur 384 l’autre. Nous ne parlons bien entendu que des cas dans lesquels il n’y a pas rétrécissement du bassin. Les changements survenus dans les diamètres de la tête ne s’arrêtent pas lorsqu'elle paraît avoir repris sa forme primitive. On constate, lors- que l'enfant est bien portant, que dans tous les cas ces diamètres con- tinuent à augmenter. Cette augmentation des diamètres de la tête est due à l'élargissement parfois très- considérable des sutures et des font2- nelles : cet élargissement est tel que dans certains cas, au début, nous nous demandions si nous n’assistions pas au développement d’une hy- drocéphalie. On pourrait croire qu’aprés l'accouchement, le travail d'os- sification continuant son cours, les sutures et les fontanelles vont tendre à diminuer, puis à disparaître. Il n’en est rien : on les voit au contraire s’élargir et cet élargissement tantôt est peu notable, tantôt est plus marqué, parfois enfin il est véritablement extraordinaire. Il y a donc, en résumé, deux espèces de modifications subies par le crâne : 4v les unes au moment de l’accouchement; et 20 les autres, la tête ayant repris sa forme normale, pendant la première semaine après la naissance. Séance du 16 décembre 1876. M. Durer lit la note suivante : NOTE SUR LA DISPOSITION ARCHITECTURALE DU TISSU SPONGIEUX DES OS; RÔLE DE CETTE DISPOSITION DANS LA PRODUCTION DES FRACTUEES. ; Par une série de coupes méthodiques et dirigées en sens divers, je suis parvenu à reconnaître que le tissu spongieux de tous les os pré- sentait une disposition architecturale très-remarquable et constante. Les colonnettes osseuses qui composent les aréoles sont construites de telle façon qu’elles supportent avec la plus grande force de résis- tance possible les pressions du plateau articulaire, et qu’elles. les trans- mettent successivement aux différents points du tissu compacte de la diaphyse. Le style ogival paraît avoir été adopté de préférence par la nature. Il est fréquent, en effet, d'observer, sous les plateaux articulaires, les sommets d’ogives superposées, dont les bases s'appuient, au contraire, au tissu compacte de la diaphyse. Or, on connaît, en architecture, la grande puissance des voûtes ogivales pour soutenir les poussées verti- cales. Chez l’homme, plus les pressions à supporter sont considérables, plus les conditions de résistance dans les os sont satisfaisantes : aussi, DENTS a — 385 est-ce surtout dans le membre inférieur qu'il faut chercher à étudier cette architecture. Dans le col du fémur, sur une coupe verticale et transversale, on voit que la moitié externe supérieure du col et d’une partie de la dia- physe est parcourue par une grande arcade plein-cintre de colonnettes de tissu spongieux : son extrémité supérieure soutient la tête du fé- mur en haut; sa partie moyenne passe sous le grand trochanter, et sa base vient se terminer dans les six à huit premiers centimètres de la moitié externe de la diaphyse fémorale. Dans ses deux tiers inférieurs, cette arcace est soutenue par des demi-courbes ogivales qui s’appuient sur l’autre moitié interne. On remarque aussi que le cylindre de tissu compacte formé par la diaphyse, s’évase en cône à sa partie supérieure et que, d’abord à parois trés-faibles, il va en augmentant d'épaisseur, à mesure que les colonnettes spongieuses viennent lui apporter les pres- sions de la tête fémorale. Sur les jeunes sujets, on peut constater que la tête fémorale forme un système architectural distinct de celui du col. f Dans les fractures intra-capsulaires le fragment interne comprend tout le système de la tête fémorale. Dans les fractures extra-capsu- laires il y a rupture de la grande arcade externe vers sa partie moyenne. D’après Malsaigne, ces fractures se produisent lorsque le membre est en abduction ou dans une chute sur le grand trochanter : dans ces conditions, on comprend facilement que la grande arcade externe n’est plus disposée pour la résistance. Elle se brise, comme un arc dont on écarte les deux extrémités, en même temps qu'on appuie violemment sur la convexité. A l'extrémité inférieure du fémur, le tissu spongieux, partant de la diaphyse, forme une sorte de cône central, dont le sommet correspond à la rainure inter-condylienne. Les deux condyles ont des systèmes ogivaux, situés sur les côtés du premier et complétement distincts. Dans les fractures sus-condyliennes et inter-condyliennes, décrites par M. Trelat, c’est le cône inter-condylien qui, pénétrant entre les deux condyles, en détermine la disjonction. La disposition architecturale du tibia est fort intéressante à connaî- tre, car elle permet de se rendre un compte très-exact de la forme des fragments dans les fractures de cet os, en particulier dans les fractures en V. Des plateaux articulaires du tibia partent deux systèmes ogivaux à très-longues colonnettes , dont les deux piliers antérieurs convergent en avant et viennent se terminer dans la partie la plus épaisse du tissu compacte de la diaphyse, dans la crête du tibia, au niveau du tiers moyen. Au contraire, à l'extrémité inférieure des deux rainures astra- galiennes du plateau tibial inférieur, montent deux séries de colonnet- c. R: 1876. 49 386 tes spongieuses, qui vont en divergeant par en haut, en dehors et en dedans. Elles se terminent à l’union du tiers inférieur et du tiers moyen de l’os. En un mot, le système spongieux supérieur forme un V à pointe inférieure ; le système spongieux inférieur forme, au con- traire, un V à ouverture supérieure : la pointe du premier correspond à l'intervalle des deux branches du second (1). — M. Tillaux et son élève Leriche (2), par de nombreuses expériences, ont établi que ces fractures sont produites expérimentalement par la torsion de l'os, et, chez l’homme, par un mouvement de circumduction de la partie supé- rieure du corps. Au tour de la jambe, le pied, restant immobile et fixé au sol, ne suit pas le mouvement de torsion du reste du corps : il en résulte une fracture au niveau du tiers moyen de l'os! Nous ajoute- rons que les fragments ont cette forme en V, à cause de la disposition structurale que nous venons de décrire : la rupture se produit entre le système supérieur et le système inférieur. Dans le calcanéum, qui supporte toute la pression du poids du corps, il existe une magnifique et très-vaste arcade, dont l'extrémité posté- rieure s'appuie sur le sol et dont l’autre extrémité soutient le plateau astragalien. Cette arcade est prolongée par d’autres colonnettes spon- gieuses de même direction, dans l’astragale, dans le scaphoïde, dans le premier métatarsien, et ne se termine en réalité qu’au contact du sol, au niveau des deux os sesamoïdes. Ajoutons que, dans les autres os du pied, les colonnettes spongieuses ont une architecture très-intéressante et en rapport avec les lois les plus précises de la mécanique ; mais nous ne pouvons entrer ici dans ces détails. Dans les vertébres, on voit use série de colonnes creuses et verticales, parallèles, qui soutiennent les deux faces articulaires. Les os du crâne, du bassin, de l’épaule, seront, dans un prochain Mé- moire, l’objet de considérations intéressantes. M. Lépine : Je serais heureux si M. Duret voulait bien nous indi- quer en quoi ces recherches différent de recherches analogues entre- prises par Wolf en Allemagne. M. Durer : Je connais depuis quelque temps les deux mémoires de Wolf. L'auteur allemand n'a pas envisagé complétement la question au même point de vue que moi. Il a surtout décrit le mode de déve- loppement des colonnettes osseuses chez les enfants; ses recherches ont porté plus particulièrement sur le col du fémur. Dans le mémoire (1) La résistance et la solidité des colonnettes du tissu spongieux est beaucoup plus considérable qu’on ne saurait l’imaginer. (2) Leriche, th., Paris, 1873. 387 que je me propose de publier plus tard, je rendrai justice aux travaux de Wolf, qui datent de 1870 et 1872. Il me semble que nos études se compléteront l’une et l’autre. Je dois ajouter que mes premières re- cherches datent de 1869, lorsque j'étais prosecteur à l'Ecole de méde- cine de Caen. Il en fut parlé à la Société de médecine de cette ville; mon excellent maître, M. le docteur Froget, voulut bien reproduire mes coupes par les magnifiques photographies que je vous présente maintenant, et qui parurent à l'exposition photographique de Bourges en 1872; enfin, la thèse du docteur Leriche (sur le mécanisme des frac- tures en V du tibia, Paris, 1873) et celle du docteur Pradier (1875, sur les fractures du caleanéum), contiennent des notes que nous leur avons remises sur le même sujet. PROPRIÉTÉ DE TRANSMISSION DES NERFS SENSITIFS. M. Pauz Berr rappelle à la Société qu’il y a treize ans, il fit une expérience (1) tendant à chercher si, dans les nerfs sensitifs impres- sionnés en un point de leur parcours, l’ébranlement ne pouvait pas se transmettre à la fois dans les deux sens centripète et centrifuge. Pour résoudre la question, il enleva la peau de l’extrémité de la queue d’un jeune rat, et introduisit la partie écorchée sous la peau du dos de l'animal. Une cicatrisation rapide eut lieu, et l’animal portait ainsi une queue adhérente aux deux bouts, une queue en anse de pa- nier. Au bout de quinze jours, il coupa cette anse par le milieu. Le bout qui pendait à la peau du dos devint aussitôt insensible; mais les anastomoses vasculaires lui ayant permis de vivre, la sensibilité y re- parut quatre mois après. Tout d’abord, elle était des plus obtuses et ne se manifestait que par un froncement des peaussiers quand on pin- çait l’animal; plus tard, elle était plus évidente, et après six mois, l’a- nimal se retournait pour mordre en se défendant vers la région du dos où avaient eu lieu les anastamoses nerveuses; troïs mois plus tard ‘enfin, il extériorisait exactement, ct défendait le bout de sa queue pincée... La conclusion qui semblait découler tout naturellement de cette ex- périence, à savoir la transmission d’un ébranlement des nerfs sensibles dans le sens centrifuge, pouvait cependant être combattue par une ob- jection que M. Bert s’est posée, bien que personne ne s’en soit servi. En effet, par suite de la section de la queue en anse, il y avait eu dé- générescence des nerfs sensitifs qui s'étaient ensuite régénérés ; si les (1) Recherches sur la vitalité des tissus animaux, Paris, 1866, page 12. D) ne, # SS\CAZ —/S “6 Ca M LIBRARVY f > o?5 0; C7\ 22 1e SC 988 nouveaux tubes conduisaient l’influx en sens inverse de son cours nor- mal, cela ne prouve pas que les tubes primitifs eussent été capables de le faire. Pour lever la difficulté, M. Bert a pensé à laisser beaucoup plus long- temps l’anse en place, assez longtemps pour que la cicatrice qui unit les nerfs de la queue avec les nerfs du dos devint perméable aux excitations nerveuses. Dans ce cas, la sensibilité devrait reparaître dans la queue séparée immédiatement après la section, ce qui éloignerait toute idée de régénérescence. La première partie de l'opération a été faite sur plusieurs rats, au mois d’avril dernier. Un de ces animaux étant devenu très-malade, ces jours-ci, M. Bert s’est décidé à pratiquer, d’un coup de ciseaux, la section de l’anse à 4 centimètres du dos. Immédiatement après, on constata par le froncement des peaussiers, la sensibilité au pincement jusqu’à environ 1 centimètre du dos; en deux jours elle s’étendit sur une longueur de 3 centimètres; l’animal criait en bondissant devant lui, quand on pinçait un peu fort ce tron- con caudal. Ce progrés était évidemment dû à l'amélioration de la cir- culation, insuffisante au début. Il faudra, une autre fois, faire un peu plus prudemment la séparation. M. Bert montre à la Société le rat en question, dont la queue, fort en- dommagée par des pincements énergiques et réitérés, est cependant sensible d’une manière évidente. Il conclut de cette expérience que les nerfs sensibles normaux, qui ont été divisés par l’ablation de la peau de l’extrémité caudale et qui se sont abouchés avec les nerfs sensitifs dorsaux également divisés, trans- mettent l'ébranlement dû au pincement dans un sens qui est inverse de celui où chacun sait qu’il se meut. En conséquence, lorsqu'on pince un nerf de sensibilité au milieu de son parcours, il y a propagation de l'excitation à la fois dans les deux directions, centrifuge et centripète; mais celle-ci est, dans l’état normal des choses, seule apte à entraîner une sensation, parce qu'elle est seule en communication avec un centre nerveux percepteur. M. Onimus ne pourrait expliquer la réapparition de la sensibilité, par ce fait que certains filets nerveux du dos ont envoyé des prolonge- ments jusque dans la queue. Enfin, il semble que la sensibilité, si grande dans ces faits, soit du à l'inflammation des tissus divers qui composent la queue du rat. M. Bert ne nie pas l'influence de l’inflammation sur la sensibilité transitoirement plus grande de ces nerfs. Deux explications différentes permettent d'expliquer la réapparition de la sensibilité : DAT 389 19 Les uerfs dorsaux divisés par l'opérateur auraient envoyé dans la queue des prolongements auxquels seraient due la sensibilité ; on sait, depuis les recherches de Ranvier, que de pareilles végétations ont lieu en présence de nerfs dégénérés. Mais ici les nerfs de la queue sont nor- maux, et la végétation est peu vraisemblable ; 29 Les deux nerfs sensitifs, celui du dos et celui de la queue se se- raient abouchés par une cicatrice nerveuse devenue perméable aux im- pressions. C’est là l'explication que M. Bert adopte. M. HÉNOcQuE : A un point de vue général, les tendons n’ont aucune espèce de nerfs; les ligaments, au contraire, sont très-riches en nerfs autour des articulations. M. Poucuer: Je désire préciser, au point de vue anatomique, la véritable portée de l’ingénieuse expérience de M. Bert. Il importe, en effet, de considérer, dans toute expérience de cet ordre, non pas le nerf, qui est un assemblage de parties diverses, mais l’élément nerveux lui-même, le cylindraxe du tube nerveux ou plutôt encore la fibrille nerveuse primitive. Celle-ci, partant de la moelle, va toujours aboutir à un point déterminé de la périphérie. C’est la condition des localisa- tions. Il est bien certain dés lors que ces éléments nerveux, se termi- nant à la périphérie, seront distincts de ceux qui pourront conduire à nouveau, aprés la section, la sensibilité des mêmes points de la péri- phérie à la moelle par un autre chemin à travers la cicatrice du greffe. La conductibilité après la section n’aura donc lieu par aucune des fibres tranchées, Il faudrait, pour qu’il en fût ainsi, supposer une communi- cation directe de racine postérieure à racine postérieure par des fibres sans terminaison périphéririque, dont l'existence est tout au moins problématique. L'expérience de M. Bert me paraît, au contraire, abso- lument démonstrative de la formation d'éléments nerveux nouveaux, à travers la cicatrice de greffe, éléments qui, peut-être, ne deviennent sensibles, comme les fibres nerveuses des ligaments, que par suite du trouble résultant de la section pratiquée sur l'organe. M. Berr : L’objection de M. Pouchet me paraît reposer sur une con- fusion entre la propriété et la fonction du nerf sensitif, A ce dernier point de vue, il a raison probablement, au moins au début, comme le montre cette erreur de l’animal qui, alors qu’on pince le gros bout de la queue coupée, rapporte la sensation à l'extrémité des nerfs caudaux, sous la peau du dos ; c’est l'illusion des amputés en sens inverse. Mais au point de vue de la propriélé, son objection ne porte pas. Considérons, comme 1il le fait, la fibrille nerveuse venant de l’extré- mité écorchée de la queue et cheminant dans cet organe du petit bout 390 au gros bout. Je la pince en ce gros bout, dans l’état ordinaire, en ad- mettant la transmission centrifuge; il ne peut y avoir de sensation au petit bout de la queue; mais, dans mon expérieuce, l’extrémitée divi- sée de la fibrille s’est soudée avec l'extrémité d’une autre fibrille allant de la moelle à la peau du dos, fibrille divisée par l'opération ; la sou- dure est devenue, comme toute cicatrice nerveuse, perméable aux ébranlements. Alors celui qui est né au gros bout du tronçon caudal, par pincement, après avoir remonté jusqu'à la cicatrice, la traverse et suit la fibrille dorso-cutanée jusqu’à la moelle, d’où sensation. Mais, dit M: Pouchet, dans l’anse caudale non encore coupée, il y a donc des fibrilles nerveuses allant d’une corne postérieure de la moelle à une autre ? Je le crois. Cela donne-t-il naissance, si l’on excite l’anse en son milieu, à deux sensations simultanées ? Ces deux sensations sont- elles égales ? Je n’en sais rien, et crois qu'il serait fort difficile de le savoir. — M. Mauassez présente la note suivante : SUR LE SPECTRE DU PICROCARMINATE D'AMMONIAQUE Lorsque j’ai présenté mon colorimètre à la Société, j'ai avancé qu’on pouvait obtenir avec le picrocarminate d’ammoniaque un liquide imi- tant à s’y méprendre une solution de sang ou d’hémoglobine. Cette ressemblance existe non-seulement lorsqu'on compare les solutions de sang et d’hémoglobine à l’œil nu, mais même lorsque la comparaison se fait à l’aide du spectroscope ; c'est sur ce petit fait que je viens appeler l’attention. On connaissait depuis longtemps la double bande d’absorption que donnent les carminates alcalins en solution, convenables, et j'avais appris par M. Ranvier que le picrocarminate donnait également deux bandes, mais je ne crois pas que les spectres produits par des solutions de picrocarminates plus ou moins concentrées aient encore été étudiés. En solutions suffisamment concentrées, les rayons rouges et orangés seuls passent ; toute la partie du spectre qui se trouve à droite de la ligne de sodium est obscure; les rayons rouges extrêmes sont également obscurcis. En solutions plus étendues, la partie obscure s’éclaircit à peu de dis- tance de la ligne D et laisse passer des rayons verts. En ajoutant encore de l’eau à la solution, la partie obscure s’éclaircit encore en un autre point voisin du précédent: et laisse passer les rayons verts bleus ; on obtient ainsi à droite de la raie D deux bandes d’absorption, la pre- mière plus étroite, la seconde plus large ; l'extrémité droite du spectre reste toujours obscure. En continuant d'étendre le picrocarminate, les deux bandes d'absorption diminuent un peu d’étendue et pâlissent, la 391 première plus que la seconde ; l'extrémité droite s’éclaircit peu à peu. A la fin, les bandes d’absorption disparaissent ; c’est la seconde qui per- siste le plus longtemps. Au lieu d'étendre les solutions, on peut se con- tenter des épaisseurs moins considérables. Si on compare cette série de spectres à ceux que donne l’hémoglo- bine dans des conditions semblables, on sera frappé des grandes res- semblances : En solutions très-concentrées, les rayons rouges seuls passent ; en solutions très-étendues, on trouve, à droite de la raie de sodium, deux bandes d'absorption : une première plus étroite, une se- conde plus large ; tandis que l’extrémité droite du spectre reste plus ou moins sombre. Il existe cependant un certain nombre de différences : Dans le spectre de picrocarminate, la partie qui s’éclaircit tout d’abord, lorsqu'on étend peu à peu la solution, correspond à l’espace clair qui sépare les deux bandes d’absorption l’une de l’autre; l’espace clair qui se trouve à droite de ces deux bandes n’apparaît que plus tard. Autrement dit, la première bande d’absorption se détache la première de la partie obscure, la se- conde bande se détache ensuite. Dans le spectre de l’hémoglobine, au contraire, la partie qui s’éclaircit la première est celle qui occupe la droite des deux bandes d’absorption ; celles-ci ne se séparent que plus tard. Les bandes d’absorption, une fois dégagées, n’ont pas tout à fait la même position : celles de picrocarminate sont un peu plus éloignées de la raie du sodium, et un peu plus distantes l’une de l’autre que celles de l’hémoglobine; l’espace clair qui sépare les deux bandes du pricrocar- minate correspond à la deuxième bande de l’hémoglobine. Enfin, lorsqu'on continue à étendre les solutions, les bandes de picro- carminate pâlissent plus rapidement, et c’est la première bande qui dis- paraît la premiére ; les bandes de l’hémoglobine restent plus nettes et plus foncées, et c’est la seconde qui s’atténue davantage et disparaît la première. En somme, si on ne tient pas compte des phénomènes de réduction (le picrocarminate ne se réduit pas comme l’hémoglobine), les spectres de l’hémoglobine et de picrocarminate sont vraiment peu différents l’un de l’autre. Le spectre de picrocarminate ressemble à celui du carmin par les deux bandes d’absorption qui apparaissent et disparaissent de la même façon que celles du carmin; leur siége et leur intensité sont les mêmes ; il en diffère par l'obscurité de son extrémité droite qui persiste long- temps lorsqu'on étend la solution, tandis qu’elle disparaît rapidement dans le spectre du carmin. Cette obscurité de l’extrémité droite du spectre tient à la présence de l’acide picrique, dont le spectre ne pré- 392 sente d'absorption que dans cette extrémité droite, et cette absorption existé même avec des solutions étendues. On peut donc dire que le spectre du picrocarnminate est une véritable combinaison du spectre du carmin et de celui de l’acide picrique. M. Berr : Le mot analyse, appliqué à l'examen spectroscopique du sang, est mauvais. M. Bert, en examinant avec M. Cloez de l'encre rouge, avait déjà remarqué la grande similitude au spectroscope des raies du sang et de ce liquide. Au point de vue médico-légal, il est très-important de signaler ce fait, que le spectroscope peut montrer des raies analogues pour des liquides rouges les plus différents. L’ana- lyse spectrale ne doit être employée que dans des limites extrémement étroites. — M. Leven montre une nécrose symétrique du larynx dans un cas de fièvre typhoïde. Il s’agit d’un jeune homme qui, atteint de fièvre typhoïde, périt subi- tement au bout de deux accés de suffocation. Le pronostic avait semblé très-grave à M. Leven; le malade portait en effet des taches de pur- pura et des pustules ulcérées du dos. A l’autopsie, on trouva une né- crose symétrique du larynx. — M. Bapa fait une communication sur la mesure des différences de niveau du fond de l’œil à l’aide de l’ophthalmoscope à réfraction, et montre quelles facilités résultent pour de semblables calculs, de l’in- troduction du système métrique en ophthalmolosie. Dans les recherches de cette nature, il est indispensable d’instiller préalablement dans l’œil à observer une goutte d’une forte solution d’atropine; on se met ainsi à l’abri des causes d’erreur résultant des efforts involontaires d’accomodation auxquels est exposé le sujet, même dans la chambre noire. L'ophthalmoscope sera placé au foyer antérieur de l'œil (13 milli- mètres en avant de la cornée), c’est-à-dire au lieu même où se placent - les verres de lunettes. Dans cette situation, si on appelle N le numéro de la lentille ophthal- moscopique qui fait arriver en parallélisme à l’œil de l'observateur les rayons réfléchis par un point quelconque situé en arrière du cristallin, — N' le numéro d’une autre lentille qui produit le même effet sur les rayons partis d’un autre point, la différence de niveau entre ces deux points est égale à (MM 3 (N — N) ; en d’autres termes, la différence de niveau est égale à trois dixièmes de millimètre multipliés par la diffé- rence entre les numéros des verres correcteurs. Prenons comme exemple un décollement partiel de la rétine, et sup- posons que le verre qui rend parallèle les rayons partis de la portion 393 non décollée, porte le numéro — 3 (ce qui correspond à une myopie de 3), et que pour produire le même résultat sur les rayons réfléchis par la partie la plus saïllante du décollement, il faille employer le nu- méro + 4. La distance maximum de la rétine à la choroïde est donc égale à 0MM3[4—(—3)]—00m3 xX7—2mm1, On procéderait de la même façon pour connaître la profondeur d’une excavation slaucomateuse, la saillie d’une tumeur intra-oculaire, etc. On comprend que de semblables observations ne peuvent être faites qu'autant que les milieux de l’œil ont conservé une transparence suf- fisante. Un observateur exercé, habitué à relâcher entiérement son accom- modation, peut apprécier à l’aide de l’ophthalmoscope des différences de niveau qui échapperaient à l’œil nu. L’orhthalmoscope à réfraction présenté récemment par M. Badal à la Société de Biologie, et dans lequel l'intervalle entre deux verres.con- sécutifs est de 1/4 de dioptrie, permet une approximation de un dixième de millimètre. Séance du 23 décembre 1876. A M. LABORDE, à propos du procès-verbal de la dernière séance, fait quelques objections aux théories de M. Bert, sur la propriété de transmission des nerfs sensittfs. M. Guecer : Je ferai remarquer que ces ressentiments douloureux, à la suite d’un coup porté sur le tronc du nerf cubital, ne supposent pas nécessairement des propagations de courants nerveux sensitifs vers la périphérie, puisque de telles sensations sont perçues par les amputés dans des extrémités absentes, en vertu de l’habitude acquise de rap- porter aux terminaisons périphériques des nerfs les impressions propa- gées le long de leurs divisions. Mais il existe d’autres cas où la rétrogra- dation du courant nerveux sensitif peut être admise avec plus de vrai- semblance. Je citerai à l'appui de cette manière de voir, un ordre de faits peu connu, même passé sous silence par la généralité des auteurs de physiologie : celui des douleurs répercutées, ainsi que je propose de les appeler provisoirement. Ce sont de véritables échos douloureux, éveillés par des douleurs spontanées ou provoquées, qui vont retentir au loin dans des parties en connexion nerveuse centrale avec celle qui est le point de départ de l’ébranlement. Pour exciter ces douleurs sympathiques, il ne suffit pas d’une pi- c. R. 1876. 00 394 qûre d'épingle, ni d’un choc modéré sur des parties saines; il faut une douleur aiguë, telle que celle qui résulte du pincement de la peau irritée ou hyperesthésiée, de l’arrachement d’un poil, de l’égratignure d’un bouton ayant pour siége une follicule pileux enflammé. Et, chose remarquable, les retentissements douloureux s'effectuent régulièrement dans des points déterminés et toujours les mêmes pour les différents points de départ; c’est-à-dire qu’une douleur provoquée dans une région n’aura son écho que dans une seule autre région sou- vent très-distante. Ainsi, un bouton de la cuisse, irrité par l’ongle, déterminera une douleur secondaire vers l’hypogastre ; un coup d'ongle sur cette dernière région ira retentir dans un point de la base de la poi- trine; la douleur excitée sur le thorax aboutira vers le poignet, tantôt au bord radial, tantôt au bord cubital. Il est superflu d’ajomfter que les douleurs secondaires s’observent du même côté que la douleur primitive; mais je crois utile de constater que les irradiations douloureuses se répandent exclusivement dans le plan antérieur ou dans le plan postérieur du corps, selon que la dou- leur a été provoquée sur l’une ou l’autre face. Par exemple, l’écorchure d’un bouton sur la fesse donne lieu à un éclair douloureux dans la région lombaire, comme nous avons vu tout à l’heure l’irritation de la face antérieure de la cuisse exciter une douleur dans la paroi abdominale. On remarquera, sans qu'il soit besoin d’y insister, que les douleurs répercutées ou échotiques, si j’ose ainsi parler, sont toujours placées dans une zone supérieure par rapport aux douleurs primitives ou ini- tiales. Nous pourrions dire aussi que, le cas échéant, les propagations dou- loureuses se font de l’intérieur vers la périphérie, des cavités viscérales vers l'enveloppe cutanée; j'ai vu maintes fois une douleur née dans l’une des fosses iliaques au niveau du cœcum ou de la portion sig- moïde du colon, se répercuter du côté de l’hypochondre correspondant. La comparaison des douleurs répercutées avec le phénomène acous-" tique de l’écho est d'autant plus justifiée que ces douleurs ne sont pas semblables à celles qui leur ont donné naissance; leur modalité s’al- têre dans le trajet, comme la phrase dramatique quand elle, revient travestie par un écho moqueur. Il semble même qu'après la métamor- phose, toutes les douleurs répercutées sont devenues identiques malgré les différences des formes douloureuses originelles. Que la douleur initiale soit un élancement, une meurtrissure, un arrachement ou une tranchée, le retentissement aboutira à une sensation presque uniforme et fugace, à une aigrette ou un trait de douleur, traversant la peau dans un espace excessivement restreint et vraiment ponctiforme, comme fe- rait un coup d’aiguille ou un courant électrique. Ces caractères rap- 395 pellent assez exactement les douleurs fulgurantes de l’ataxie locomo- trice pour que le rapprochement doive être expressément signalé ici. Si nous cherchons à nous faire une idée du mécanisme de ces dou- leurs répercutées, nous rencontrons plusieurs hypothèses, dont deux seulement méritent de nous arrêter. En effet, on ne peut pas admettre que l’ébranlement, à partir de la douleur initiale, se propageant excen- triquement, de proche en proche, il se rencontre enfin un rameau ner- veux plus irritable et qui témoigne de son impression par un phéno- méne douloureux. Les retentissements ont lieu à de trop grandes dis- tances pour être le résultat d’une sympathie de contiguïté explicable, selon moi, par une polarisation successive des éléments histologiques des tissus, laquelle suppose une perte dynamique rapide, proportion- nelle au carré de la distance parcourue. Pour se rendre compte de ces propagations au loin, il faut de toute nécessité faire intervenir les centres nerveux et invoquer le mécanisme des actes réflexes. Seulement, dans le type connu, l’impression sensi- tive transmise à la moelle est renvoyée à la périphérie sous forme de mouvement ; ici l’action réfléchie par le centre nerveux serait encore une sensation. Mais la réalisation d’un tel phénomène implique la pos- sibilité d’un courant centrifuge dans un nerf de sentiment, ce qui ne sera pas facilement admis par la p'upart des physiologistes actuels. La difficulté disparaîtrait si l’on envisageait la douleur répercutée comme résultant d’une métamorphose d’un courant moteur au travers des cellules nerveuses périphériques de Remak, que j'ai considérées. comme une sorte de moelle diffuse. Sans faire intervenir notre théorie des sensations réflexes, on peut arriver à comprendre les sensations se- condaires ou sympathiques dont il s’agit en ce moment; nous avons même deux explications pour une. La plus simple consisterait à soutenir que la douleur ne serait qu’une illusion comparable à celle qui fait croire à un amputé de a jambe qu'il souffre encore de son gros orteil, par exemple, ou bien de _de toute autre région du pied, qu’il ne possède plus. Il y a cependant ‘une grande différence entre les douleurs secondaires et les sensationt illusoires des amputés, puisque celles-ci semblent partir des expansions périphériques des nerfs et se rapporter tour à tour aux diverses parties des extrémités du membre retranché, tandis que les échos douloureux s'arrêtent pour ainsi dire à mi-chemin, et aboutissent à un point uni- que, dont la position déterminée d'avance est presque invariable. En définitive, il est permis de supposer que les choses se passent de Ja maniére suivante : La douleur initiale provoquée, ou spontanée , est transmise au centre nerveux, d’où l’ébranlement se réfléchit dans un cordon sen- 396 sitif en connexion dans la moelle, avec ceux de la région primiti- vement irritée. Cet ébranlement se propage excentriquement, c’est-à- dire en sens inverse du courant nerveux ordinaire des nerfs sensitifs, qui est eisodique ou centripète. Il parcourt ainsi un trajet plus ou moins long sans donner lieu à aucune sensation ou plutôt à aucune perception, par cette raison péremptoire qu'il n’y a point de centre per- ceptif à l’extrémité périphérique d’un nerf de sentiment. Mais dés que le courant paradoxal s'arrête, ilse produit dans le nerf sensitif une sorte de reflux ou de choc en retour, et consécutivement une perception douloureuse dans le centre spinal. Naturellement la douleur est ressen- tie là où se trouvait le point de départ du courant centripète, c’est-à- dire dans le point du nerf sensitif où s'était arrêté le courant paradoxal d’origine réflexe. Je donne ces explications sous toutes réserves. Quant aux faits, ils sont certains et d’une vérification facile, pourvu qu'il existe à la peau un point d’hypéralgésie, un bouton d’acné pilaris, par exemple, dont l’irritation détermine une sensation suffisamment aiguë pour donner lieu à des actions réflexes. M. LaBorpe : L'illusion des amputés ne semble rien prouver dans l’espece. M. Guscer : Nous sommes d’accord. M. Poucuer : J’aifait sur moi-même une petite observation qui vientà l’appui de ce que dit M. Gubler. J'ai eu, il y a quelque temps, un bou- ton à la cuisse et une douleur secondaire à l’épaule. Ces sensations secondaires sont-elles personnelles ? M. Gugcer : Loin de là; quelque soit le sujet, la douleur secondaire est perçue dans des régions toujours les mêmes pour des sujets diffé- vents. —M. Poucxer a eu l’occasion d'observer un œuf de coq. Des coupes microscopiques sur le prétendu « serpent » lui ont montré que celui-ci était bien réellement constitué par la membrane vitelline rompue, plis- sée sur elle-même et retenant encore dans ses plis une partie du vitellus reconnaissanle à ses caractères. Cette observation confirme donc de tous points celle déjà ancienne de Lapeyronie. — M. Poucxer, en son nom et celui de M. Tourneux, lit la note suivante : : CONTRIBUTION A L’HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT DU SYSTÈME NERVEUX PÉRIPHÉRIQUE. Les livres d’embryogénie ne donnent que fort peu de renseigne- ments sur l'apparition et le développement du système nerveux péri- 397 phérique. Il est facile, cependant, de s’assurer que, même en dehors des prévertébres qui donnent naissance aux ganglions, le système nerveux périphérique présente un développement à la fois considérable et pré- coce. On peut dire qu’il constitue presque, avec l’axe cérébro-spinal, les prévertébres et le cœur, les premiers organes de l'embryon, distincts comme tels. Sur un embryon de mouton de 10 millimètres de long, les nerfs rachidiens, par leur volume, leur rapprochement, leur résistance, représentent, en quelque sorte, la charpente de soutien des autres par- ties molles. Les nerfs rachidiens, en particulier, qui s'étendent de l’axe nerveux dans les parois du tronc, semblent soutenir celui-ci exacte- ment comme le feront plus tard les côtes. Ces nerfs peuvent être dissé- qués à la loupe sur une certaine étendue. Ils se présentent alors comme formés d’une substance fibroïde analogue à celle qui se forme en même temps à la périphérie de l’axe cérébro-spinal. Elle offre le même aspect et se comporte de même avec les réactifs et les matières colorantes. Nous ferons remarquer, en passant, que cette substance fibroïde, dési- gnée le plus souvent comme substance blanche, ne mérite point ce nom, car elle apparaît à la fois sur les hémisphères, où elle demeure comme substance grise, et sur la moelle, où elle sert de matrice en quelque sorte à la substance blanche. Dans les nerfs périphériques, cette substance fibroïde est accompa- gnée de noyaux ovoïdes, peu écartés au début, répondant sans aucun doute aux noyaux des futures gaînes de Schwann. Quant au volume des premiers nerfs, nous indiquerons les chiffres suivants : Sur un embryon de mouton de 15 millimètres de long, au ni- veau de la bifurcation des bronches, le filet se rendant du nerf rachi- dien au grand sympathique mesure 60 u, le sympathique lui-même 175 à 220 y de diarnètre. Chacun des pneumogastriques mesure environ 175 à 200 y; leurs volumes réunis dépassent de beaucoup soit le vo- lume de la trachée, soit celui de l’œsophage ou encore de l’aorte, Sur un embryon de mouton de 18 millimètres, une coupe passant par le foie, le corps de Wolff et la glande génitale donne les dimensions suivantes : Ganglion spinal ....................... 300 sur 500 y Racine sensitive au moment où elle aban- ddune le’sanelion, ERA ee 50 pu Racine motrice au même niveau......... Al Filet nerveux contournant la vertébre et allant au grand sympathique.......... 70 y Le grand sympathique mesure à cette époque, au niveau de la poi- 398 trine, 150 sur 290 u, c’est-à-dire presque exactement le diamètre in- térieur de l’aorte ou encore la moitié du diamètre total de l’œsophage. Notre attention a été surtout appelée par le développement précoce du trijumeau et de ses branches. D’excellentes coupes nous ont permis de constater, sur un embryon de mouton de18 millimètres, que le nerf dentaire supérieur mesure déjà environ 130 sur 200 y de diamètre. Le dentaire inférieur aun diamètre de 130 sur 240 u, c’est-à-dire presque égal à celui du cartilage de Meckel (240 sur 330 4). Les deux nerfs sont nettement limités dès cette époque ; ils sont formés defaisceaux de sub- stance fibrillaire au nombre de 10 à 12, et mesurant en moyenne 45 4 de diamètre. Ces faisceaux sont cylindriques. On distingue des noyaux ap- pliqués à leur périphérie, et qui semblent indiquer dès cette époque l'existence de gaînes périnévriques distinctes, quoique extrêmement délicates. Longeant le nerf, on voit ses vaisseaux satellites, larges de 20 à 30, et dont la paroi ne semble encore offrir aucune variété de structure. À cette époque, le cartilage de Meckel se reconnaît seule- ment à une condensation plus grande des cellules qui doivent le consti- tuer; il n’y a pas trace de bulbes dentaires. Sur un embryon de mouton long de 6 centimètres, les mêmes nerfs ne paraissent pas avoir augmenté beaucoup de volume. Le dentaire supé- rieur mesure 154 sur 240 , mais il ne présente plus le même aspect. Les faisceaux dont il se compose sont écartés à des distances presque égales à leur propre. diamètre, il y a un névrilème. Les faisceaux sont aussi de dimensions plus variées et plus nombreux que précédemment. L’artère satellite pénétre plus ou moins entre ces faisceaux, et jusqu'au milieu d'eux. Les mêmes remarques s'appliquent au nerf palatin an- térieur, également accompagné d’une artère. M CLaupe BERNARD signale un point intéressant de ces études, celui de savoir à quelle époque du développement embryonnaire les nerfs commencent à exercer leur action sur les muscles. Cette action chez le poulet ne paraît pas se manifester avant le 15° ou le 168 jour ; c’est l’époque où, en mettant à découvert le plus rapidement possible le sciatique, on provoque en l’excitant des contractions du membre pos- térieur. M. PouceT répond que la saison ne lui permet pas d'étudier actuel- lement cette question, qu’il espère trancher au moyen du procédé qu'il a indiqué, et qui consiste à substituer à une partie de la coquille de l’œuf une paroi transparente au moyen de laqueiïle on pourra, dans une couveuse convenablement disposée, provoquer peut-être des actions réflexes. M. Pouchet estime que le début de l’action des nerfs sur les muscles de l'embryon peurs © être de la sorte avancé jusque dans les environs du 128 jour. e 399 — M. Macnan présente à la Société un malade atteint d’épilepsie de cause périphérique et chez lequel l’aura a pour siége constant une cica- trice du talon gauche : Hoff..., Joseph, journalier, 35 ans, d’une intelligence moyenne, sa- chant lire et écrire, d’une bonne santé habituelle, est le troisième en- fant d’une nombreuse famille. Trois de ses frères sont morts en bas âge, d’affections diverses mais non nerveuses; quatre sœurs et deux frères sont vigoureux et bien portants ; le pére et la mére sont valides, jouissent d’une excellente santé et travaillent encore. Tels sont les an- técédents de Hoff..., qui n’offre, on le voit, aucune prédisposition ma- ladive, lorsqu'il reçoit, dans les premiers jours de février 1862, un coup de pied de cheval à la face postérieure du talon gauche; la plaie con- tuse se cicatrise complétement en quelques jours ; dans le courant du mois de mars, le malade éprouve, à plusieurs reprises, une sensation de froid qui, partant du talon blessé, de la cicatrice, s'étend jusqu’au mollet en s’accompagnant d’une crampe. Ces accidents, três-passagers d’ailleurs, n’attirent pas l’attention de Hoff..., lorsque le 11 avril sui= vant, la sensation de froid, qu'il compare à une couche d’eau glissant entre cuir et chair, remonte du talon au mollet, est suivie d’une forte crampe et de secousses qui gagnent la cuisse et le bras du même côté, puis le malade perd connaissance, tombe, se mord la langue, laisse échapper les urines; un instant après il se relève, courbaturé, tout hé- bété, n’ayant aucun souvenir de ce qui s’est passé depuis sa chute, et fort étonné de ce qu’on lui raconte sur sa crise convulsive. Le 4 mai il survient une deuxième attaque avec perte de connaissance, A partir de ce moment, les crises, tantôt complètes avec perte de connais- sance, tantôt incomplètes etoccupant un ou plusieurs membres, revien- nentirrésuliérement toutes les deux ou trois semaines. Le malade est pré- venu vinst-quatre heures et quelquefois même quarante-huit heures avant l'attaque, par l’aura à sensation d’eau froide qui part de la cica- trice. Parfois, cependant, l’aura est promptement suivie de crampes et de secousses du mollet, de la cuisse, et si par la marche ou la course, si en tappant du pied le sof, en serrant fortement ou en liant fortement le membre, Hoff... ne parvient pas à suspendre la marche progressive des secousses vers le bras, le cou et la face, il est forcé de s’arrêter, il tombe, les convulsions se généralisent et, comme dans les premières attaques, il y a perte de connaissance, morsure de la langue et évacua- tions alvines. L'attaque finie, il se relève, accablé et hébété. Quelque- fois, lorsqu'il cherche, par la marche ou la course, à conjurer la crise, la jambe gauche, fortement contractée, se détend brusquernent comme un ressort et le lance en avant. Parfois encore les convulsions se géné- ralisent sans que l'intelligence soit compromise ; dans ce cas, le phéno- 400 mêne initial est toujours l'aura du talon gauche, suivie de la raideur et du tremblement dela jambe, de la cuisse, du bras, puis il survient une sensation de constriction à la gorge, une gêne pénible de la respiration, puis enfin le bras et la jambe du côté droit sont pris de convulsions to- niques et cloniques et l'attaque cesse sans perte de connaissance. C’est là une attaque spinale analogue à celles que l’on obtient chez les ani- maux après la section du bulbe avec les substances épileptisantes. Deux ans aprés le début des accidents, un médecin a appliqué sans succés un cautére au niveau de la cicatrice ; les attaques ont continué à se produire sans nulle modification. Depuis le 2 octobre 1873, Hoff... vient assidûment aux consultations gratuites de l’asile Sainte-Anne, et je lui ai donné pendant deux ans, 5, 6 et jusqu’à 8 grammes de bromure de potassium par jour. Sous l'influence de ce traitement, une amélioration s’est produite, les atta- ques complètes avec perte de connaissance sont devenues plus rares, mais les attaques incomplètes ont persisté presque aussi fréquentes. En 1875, le bromure de potassium a été associé au bromure de sodium, et le malade prenait jusqu’à 10 grammes de ce mélange par jour; une légère amélioration s’est encore produite, mais les attaques reparaissent toujours. La derniére crise avec perte de connaissance remonte au mois de septembre dernier; et il y a un mois une autre attaque s’est mon- trée assez forte mais sans perte de connaissance. Quant à l’aura partant du talon gauche, suivie ou non de crampe du mollet, elle se produit encore assez fréquemment. La cicatrice siége à la partie externe et supérieure de la face posté- rieure du talon gauche et recouvre en dehors une petite saillie dure qui paraît dépendre du calcanéum. La peau, au niveau de la cicatrice et dans l'étendue d’une pièce de deux francs, offre une légère hypéres- thésie : le toucher, le chatouillement, une piqûre y sont plus vivement sentis que dans les autres régions, il en est de même du froid et du chaud ; la sensibilité est exagérée mais elle n’offre pas de perversion. On peut, malgré l’hypéresthésie, malaxer, presser la cicatrice assez for- tement sans déterminer de douleur bien vive, sans provoquer non plus d’aura ni de crampes. En face de l'insuffisance du traitement médical qui n’a donné qu’une amélioration relative, il faut je crois recourir à l’intervention chirur- gicale, et une névrotomie paraît ici puiser son indication, non-seule- ment dans l’absence de toute prédisposition morbide avant l'accident, mais encore dans la constante apparition de l’aura périphérique, comme phénomène initial, soit des attaques limitées ou généralisées sans trouble intellectuel, soit de grandes attaques avec perte de connais- sance. | 401 — M. Mazassez communique le travail suivant : SUR LE SPECTRE D'ABSORPTION DE LA FUCHSINE, ET SUR CELUI DU VIN PUR OU FUCHSINÉ. Dans une communication précédente, j’ai appelé l’atfention de Ja Société de Biologie sur le spectre du picrocarminate et sur les rapports qui existent entre ce spectre et celui de l’hémoglobine oxygénée. Je viens l’entretenir aujourd'hui du spectre d’une autre couleur employée en histologie, de celui de la fuchsine. Il me paraît en effet très-impor- tant à connaître ; car, d’une part, il n’est pas sans quelques analogies avec celui de l’hémoglobine réduite, et, d’autre part, il diffère com- plétement de celui du vin, et peut-être y a-t-il, dans ce dernier carac- tère, un moyen de reconnaitre le vin falsifié par cette matière colo- rante. Je vais donc passer en revue le spectre de la fuchsine, celui du vin pur, celui du vin fuchsiné. A. Les phénomènes d'absorption sont les mêmes avec le sulfate et l’acétate de rosaniline qu’avec le chlorhydrate. En solutions suffisamment concentrées ou en couches suffisamment épaisses, les solutions de fuchsine ne laissent passer que les rayons rouges qui se trouvent au voisinage de la raie de sodium ; toute la partie du spectre qui est à droite de cette raie se trouve complétement obscure, ainsi qu'une petite portion de l’extrémité gauche de spectre (je suppose le rouge à gauche, le violet à droite). Si on vient à ajouter peu à peu de l’eau à la solution, ou à en obser- ver des couches de moins en moins épaisses, le spectre s’éclaircit peu à peu à partir de sen extrémité droite, de telle sorte que l’on voit appa- raître successivement les rayons violets, puis les rayons bleus. Le spec- tre s’éclaircit aussi quelque peu à partir de la raie du sodium. Mais il reste dans le vert, au niveau de la bande de cuivre environ, une bande d'absorption des plus persistante. Je l’ai constatée avec des solutions, vues sous une épaisseur de 6 millimètres et qui contenaient 1 gramme de fuchsine pour 50 litres d’eau. En employant des cuves plus larges, de 5 à 10 centimètres d’épaisseur, j'ai retrouvé cette même bande avec des solutions contenant 1 gramme de fuchsine pour 300 et 500 litres ‘d’eau. B. Le vin à couches suffisamment épaisses donne un spectre qui ressemble tout d’abord à celui des solutions de fuchsine; les rayons rouges passent seuls. Mais si on ajoute de l’eau au vin, ou si on observe des couches moins épaisses, le spectre s’éclaircit rapidement à partir de la ligne D, de telle sorte que l’on voit apparaître successivement les rayons verts, puis les rayons bleus, puis enfin les rayons violets, et on obtient bientôt les spectres sans bande d’absorption. c. R. 1876. Et 402 J'ai analysé de cette façon la couleur d’un certain nombre d’échan- tillons de vins, et j'ai constamment observé les mêmes phénomènes. S'il en est toujours ainsi, on pourra affirmer qu'il y à falsification du moment qu'un vin, examiné au spectroscope, donnera une bande d'absorption. C. Le vin fuschiné (en quantité suffisante) donne un spectre très- caractéristique. Lorsqu'on l’étend d’eau, ou qu’on observe des couches de moins en moins épaisses, la partie du spectre située à droite de la raie de sodium, partie qui était obscure, s’éclaircit vers son milieu; l’éclaircissement envahit peu à peu toute l’extrémité droite, mais il ” reste une bande d’absorption plus ou moins foncée à droite de la ligne de sodium : c’est la bande de la fuchsine. Lorsque la fuchsine est dissoute dans de l’eau pure, on peut en re- connaître des traces insignifiantes, ainsi que je lai dit plus haut; mais lorsqu’elle se trouve dissoute dans le vin, l'analyse spectroscopique est moins délicate, la couleur du vin masquant jusqu’à un certain point celle de la fuchsine. Ayant ajouté de la fuchsine à du beaujolais ordi- naire, dans la proportion de À gramme de fuchsine pour 30 litres de vin, j'ai trés-facilement retrouvé la bande d'absorption de la fuchsine; elle était encore reconnaissable dans la proportion de 1 gramme pour 50 litres. En prenant du vin rouge coupé avec du vin blane, la sensibi- lité était encore plus grande; elle était, au contraire, bien moindre en employant un de ces gros vins rouges du Midi. On peut donc dire d’une façon générale que plus la couleur du vin est foncée, mieux est cachée celle de la fuchsine, et moins précise est l’analyse spectroscopique. Toutefois, comme ce sont des vins naturellement pâles ou des vins étendus d’eau, ceux auxquels on ajoute de la fuchsine, il serait possible que l’examen spectroscopique fût, en pratique, très-suffisant pour dé- celer les fraudes des marchands de vin. Il en serait de même pour toutes les matières colorantes qui don- nent au spectroscope une bande d'absorption bien foncée et qu’on peut retrouver même dans des solutions étendues. L’orseille, par exemple, qui entre dans la composition de certains caramels destinés à rehausser la couleur des vins, possède, comme la fuchsine, une bande d’absorption trés-facilement reconnaissable. Cette bande se trouve immédiatement à droite de la raie du sodium et non pas à quelque distance, comme celle de la fuchsine. Les seules matières colorantes qui ne seraient pas justiciables de ce procédé d’analyse seraient celles qui ne donnent pas de bandes d’absor- tion bien tranchées, telle est, par exemple, la teinture de bois de campéche. Il y a là, je crois, toute une série de recherches à faire, et que je me # 403 permets de signaler aux personnes compétentes. Rien n’est plus facile en effet qu’un examen spectroscopique, et si on emploie une cuve pris- matique (à parois non parallèles), on peut faire passer devant la fente du spectroscope des épaisseurs plus où moins grandes de liquide, ce qui évite les additions d’eau, et permet d’observer plus facilement la façon dont les bandes d’absorption apparaissent et disparaissent. Nora. —Depuis la lecture de cette note, j'ai appris, par nos collègues MM. Rabuteau et Hardy, que les spectres des couleurs d’aniline avaient été étudiés en Allemagne ; je n’ai pas encore pu me procurer les indi- cations bibliographiques. Je viens de parcourir un livre récent de M. Gauthier, sur la sophisti- cation des vins, où il est dit (p. 103) que l’analyse spectroscopique ne donne que des résultats douteux. M. Gauthier est certainement plus que moi à même de juger cette question; mais je crains qu’il n’ait fait ses essais avec des matières colorantes, dont les bandes d'absorption sont peu nettes et disparaissent rapidement lorsqu'on étend la solution ou qu’on examine des couches de liquide moins épaisses ; c’est ce que j’ai signalé pour la teinture de bois de campêche. — M. PierreT communique le résultat de l'examen histologique de la portion supérieure de la moelle dans une observation de paralysie diphtérique. Cet examen a permis de constater l’existence d’une ménin- gite spinale pseudo-membraneuse. M. Pierret, rapprochant ce fait d’autres faits analogues publiés en Allemagne, se croit fondé à admettre que, dans un certain nombre de cas, les paralysies consécutives à la diphtérie du voile du palais et des voiles respiratoires reconnaîtraient pour cause une inflammation pseu- domembraneuse, diphtérique, qui aurait pour siége les enveloppes du système nerveux. — M. BOCHEFONTAINE, au nom de M. A. Bagsr, fait la communi- cation suivante : DUR L'HÉMOGLOBINE RÉDUITE AU MOYEN DE L'HYDROSULFITE DE SOUDE. On sait combien il est difficile, pour l’examen spectroscopique, d’ob- tenir une solution d’hémoglobine réduite pure, exempte d’hématine, presque tous les réducteurs employés étant alcalins et donnant lieu à la production d’hématine. L’hydrosulfite de soude de M. Schutzenberger, sel neutre, doué d’une affinité trés-grande pour l'oxygène, convient trés-bien dans ce but. Le sang, étendu d’eau, puis additionné de quelques gouttes de ce réactif, jusqu’à coloration très-brune, donne uniquement la bande dans/le vert, ans bande appartenant à l'hématine. Mais cette solution se réoxyde fa- 404 cilement et rapidement à l’air ; elle se trouble et s’altère spontanément en vase fermé au bout de quelques heures, aussi faut-il en prépare chaque fois de nouvelle, Ce procédé, je l'espère, sera trés-utile dans les cours pour la démons- tration des propriétés optiques du sang ; c’est ce qui m'a engagé à le présenter à la Société de Biologie. — M. A. RasuTeau présente le travail suivant : RECHERCHES SUR LES EFFETS DU BROMURE D ÉTHYLÈNE. J'ai l'honneur de présenter les résultats de quelques expériences dont j'avais déjà entretenu la Société l’année derniére. Lorsqu'on traite par le chlorure, l'hydrogène bicarboné ou éthylène, C2H4, on obtient un composé liquide , d’une odeur agréable, connu de- puis longtemps sous la dénomination de liqueur des Hollandais. C'est le chlorure d’éthylène, C2H4C/2. De même, lorsqu'on fait passer un courant d'hydrogène bicarboné dans du brome, ces deux corps s'unissent directement en donnant du bromure d’éthylène, C2H4Br?. Bientôt il ne reste plus de brome libre. Pour purifier la produit obtenu, on le lave avec une solution de potasse, puis avec de l’eau pure ; on le distille ensuite dans une cornue avec de l’acide sulfurique, et on le rectifie sur de la baryte anhydre, afin de lui enlever les traces d’eau et d’acide sulfurique ayant pu passer à la pre- mière distillation. Tel est le procédé indiqué par Sérullas pour obtenir le bromure d’é- thylène. C’est celui que j'ai suivi pour préparer le composé qui a servi à mes expériences. Le bromure d’éthylène se présente, lorsqu'il =. parfaitement pur, sous l’aspect d’un liquide incolore, d’une odeur éthérée agréable, d'une saveur sucrée comme celle du chloroforme et du bromoforme, et aussi caustique que celle du chloroforme. Le bromure d’éthylène est trés-lourd; la densité en est supérieure à celle de l’acidesulfurique.llestinsoluble ou presque insoluble dans l'eau ; il tombe immédiatement au fond de l’eau lorsqu'on le verse dans un vase contenant ce liquide. Il se solidifie à la température de Æ 10 degrés. Sérullas assigne Is température de 13 de- grés ; mais je me suis assuré plusieurs fois que les cristaux de bro- mure d’éthylène fondent à 10 degrés. Il bout dans le voisinage de 132 ’ degrés. Malgré ce point d’ébullition relativement élevé, le bromure d’é- thylène répand des vapeurs qui se diffusent dans l’air presque aussi facilement que celles du chloroforme et du bromoforme. Afin d'étudier le mode d'action de cette substance qui possède une odeur éthérée, analogue à celle des anesthésiques que je viens de citer, j'ai fait diverses expériences telles que les suivantes : 405 Expériences sur les grenouilles. — J'ai placé dés grenouilles sous uae cloche tubulée placée sur une assiette dans laquelle j’avais versé du bromure d’éthylène. Un treillis métallique, sur lequel ces grenouilles reposaient, les séparait du bromure d’'éthylène, de sorte qu’elles n’é- taient plongées que dans les vapeurs de ce liquide mélangées avec l’air de la cloche. Les grenouilles ont éprouvé d’abord de l’agitation, sans doute à cause de l’irritation produite par les vapeurs du bromure d’éthylène. En effet, leur peau s’est recouverte d’une légère mousse qu'elles laissaient sur le treillis métallique en s’agitant. Puis, au bout d’un temps qui n’a pas été de moïns de dix minutes en général, et même parfois davantage, ces animaux sont tombés dans l’insensibilité et la résolution musculaire. Les mouvements respiratoires avaient cessé, mais le cœur battait en- core légèrement, puis il s’est arrêté, ce dont je me suis assuré soit en examinant avec soin le thorax, soit en mettant le cœur à nu. Quelques-unes de ces grenouilles pouvaient être considérées comme mortes, du moins quelques-unes d’entre elles, dont le cœur ne battait plus ou n’exécutait que quelques mouvements pour s’arrêter bientôt lorsque je l’avais excité directement. Cependant elles revinrent peu à peu à la vie lorsqu'elles furent soustraites à l’action du bromure d’é- thylène. Celles dont le cœur n'avait pas été mis à nu, et que j'avais mises dans l’eau aprés une exposition d’une heure à l’air humide, se portaient bien le lendemain. Le bromure d’éthylène semblait donc se présenter comme un ageny anesthésique comparable aux agents de même ordre déjà connus. Ce- pendant, il n’en est pas ainsi d’après les expériences que j’ai faites sur les mammifères et d’après un essai que j’ai tenté sur moi. même. Expériences sur les mammifères. — J'ai fait respirer à des co- chons d'Inde des vapeurs de bromure d'éthylène pendant un temps très-prolongé sans pouvoir les anesthésier. Je n’ai produit sur eux, au bout de quinze minutes et même d’une demi-heure d’inhalation de ces vapeurs, qu'un ralentissement et un affaiblissement de la respiration et des battements cardiaques. Au bout d’une demi-heure, ils pouvaient à peine se tenir ; leur train postérieur était comme paralysé ; mais ces animaux n'étaient pas anesthésiés, car ils exécutaient des mouvements plus ou moins faibles lorsque je pinçais ou piquais leurs membres. Ils ne présentaient qu’une diminution de la sensibilité. Ceux de ces ani- maux qui avaient respiré pendant un quart-d’heure les vapeurs de bromure d’éthyléne se sont remis peu à peu; mais ceux qui avaient respiré trop longtemps, une demi-heure par exemple, ces mêmes va- peurs, ont succombé, bien qu'ils se fussent plus ou moins remis d’abord. Leur circulation s’est ralentie, leur température s’est abaissée 406 et le cœur a fini par s'arrêter. Je n’ai rien trouvé de remarquable à l’autopsie. Les poumons étaient rosés, le cerveau et la moelle épinière n'étaient pas congestionnés, mais plutôt anémiés. J'ai expérimenté de la même manière sur un chien. Je ne suis point parvenu à l’anesthésier. Cet animal avait respiré des vapeurs de bro- mure d’éthylène pendant une demi-heure. Il s’est remis un peu. Le lendemain, je l’ai trouvé mort. Ces expériences sembleraient contradictoires. En effet, d’une part, le bromure d’éthylème s’est montré capable d’anesthésier les gre- nouilles à une certaine période ; il s’est présenté de plus comme une substance relativement peu toxique pour elles. D'autre part, le bromure d’éthylène n’a guêre anesthésié les mammifères sur lesquels je l’ai es- sayé ; de plus, il les a fait succomber lorsqu'il les avait eus longtemps sous son influence. Néanmoins ces résultats peuvent s’interpréter. D’un autre côté, le bromure d’éthylène va se présenter, d’après ce que j’ai pu observer sur moi-même, comme un agent possédant une action remarquable que l’on pourrait peut-être mettre à profit. Le bromure d’éthylène est moins volatif que le chloroforme et le bromoforme, les vapeurs en sont moins diffusibles pour ce motif et, sans doute, parce qu’elles se dissolvent difficilement dans le sang. De là résulte la difficulté de l’anesthésie chez les mammifères. Les gre- nouilles, au contraire, à cause de leur respiration cutanée, peuvent re- cevoir plus rapidement des vapeurs de bromure d’éthylène en quantité suffisante pour être anesthésiées. Si elles peuvent revenir à la vie lorsque la respiration pulmonaire, puis les battements cardiaques ont cessé, c’est que la respiration cutanée, suppléant la respiration pulmo- naire, et les vapeurs de bromure s’éliminant peu à peu, le sang finit par récupérer ses propriétés. : Expérience faite en respirant des vapeurs de bromure d’éthy- lène. — J'ai exécuté une vingtaine d’inspirations très-profondes en approchant l’une des narines du goulot d’un flacon renfermant du bro- mure d’éthylène. Lorsque j'ai cessé ces inspirations, je n’éprouvais rien d’appréciable, si ce n’est un très-léger commencement de bruissement, qui n’est qu'un faible diminutif du bourdonnement d'oreilles qu’on éprouve après quelques inspirations de vapeurs de chloroforme ou de bromoforme. En continuant les inhalations pendant deux minutes, non d’une manière continue, les battements cardiaques et les mouve- ments respiratoires se sont ralentis. J'ai même observé un effet que je n'avais jamais remarqué eb qui commençait même à m’inquiéter : je n'avais presque plus besoin de respirer. Je pouvais rester, sans faire d’inspirations, deux à trois fois plus de temps que dans les circon- 407 stances ordinaires, et cela sans éprouver un besoin impérieux de res- pirer. Il y avait donc, sous ce rapport, uue diminution considérable de l’action réflexe. J'ai répété plus tard cette expérience et j’ai observé les mêmes effets. En somme, le bromure d éthylène peut anesthésier les grenouilles sans les faire mourir. Cet agent ne peut anesthésier les mammifêres, du moins les cochons d’Inde et les chiens. On n’observe chez eux qu’une diminution de la sensibilité et un ralentissement des battements cardiaques et des mouvements respiratoires, et la mort de ces animaux est même la conséquence plus ou moins prompte de l'absorption du bromure d’éthylène par les voies pulmonaires. — M. De BeurManN fait la Communication suivante : LÉSION TRAUMATIQUE DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DE LA MOELLE ; PARALYSIE IMMÉDIATE DES QUATRE MEMBRES; GUÉRISON AVEC AFFAIBLISSEMENT DU BRAS OPPOSÉ A LA LÉSION. Le nommé Th... entre dans le courant du mois de septembre 1876 à hôpital Saint-Antoine, dans le service de M. Proust. L'affection qui l’améne est un ulcère simple de l'estomac; mais, outre les symptômes de la maladie actuelle, on constate, en l’examinant, l'existence d’une paralysie incomplète du bras droit et d’un très-léger degré d’affaiblissement de la jambe du même côté. De plus, la main offre l’aspect lisse et l’état œdémateux qu'on observe souvent chez les vieux hémiplésiques ; elle a une teinte violacée et se refroidit rapide- ment sous l’influence de l’exposition à l’air libre, de façon à avoir une température inférieure à celle de la main gauche. En interrogeant le malade, on apprend que ces troubles remontent à une lésion traumatique produite dans les circonstances suivantes : Le 48 novembre 1854, à une heure du matin, Th.…., alors agent de police, étant chargé de faire une arrestation dans les rues de Saint-Etienne, fut frappé, par le malfaiteur dont il voulait s’assurer, de deux coups de poignard. Il continuait à lutter vigoureusement après avoir reçu une première blessure, quand il tomba tout à coup, comme foudroyé, sur le sol, où il resta immobile et incapable de faire aucun mouvement ; il venait de recevoir une seconde blessure pénétrant profondément à la partie supérieure du cou du côté gauche. Transporté dans une maison voisine, il fut examiné le lendemain matin par le docteur Dayral, dont nous avons entre les mains le rap- port médico-lésal. Th... portait, du côté gauche et à la partie supérieure du cou, une plaie dont nous voyons encore la cicatrice immédiatement au-dessous de la partie inférieure de l’occipital. Cette plaie, pénétrant 408 dans les muscles de la nuque, se dirigeait longitudinalement en dedans et un peu en avant; le malade était dans l'impossibilité absolue de faire aucun mouvement, les quatre membres étaient dans la résolution ‘com plète, il éprouvait des fourmillements dans les deux jambes et à la main droite, la sensibilité était un peu diminuée du côté droit du corps. L'intelligence était intacte, et le malade rendait compte avec clarté de toutes les phases de l’agression dont il avait été victime. Dans la journée, Th... fut porte à l’hôpital, et, au bout de quelques heures, à l’état flasque des membres, succéda une contracture qui en- vahit successivement les muscles des jambes, des bras, de la partie pos- térieure du tronc, de la nuque, de la langue et des yeux; le malade immobile, raide comme une planche, incapable de dire un mot, les yeux fixes, conservait cependant toute sa connaissance et se rendait très-bien compte de tout ce qui se passait autour de lui. Les jours sui- vants la rigidité musculaire disparut graduellement, et il fut possible de nourrir le malade avec des aliments liquides. La contracture d’a- bord, puis la paralysie, se dissipérent peu à peu ; au bout de deux mois, Th... pouvait se servir du bras gauche, quelque temps après la jambe gauche recevait également le mouvement. Aprés un an, environ, Th... se levait et marchait en s’aidant d’une canne ; pendant l’année qui suivit, la jambe droite reprit à peu prés toute sa force, et l’état du même côté ‘s’'améliora sensiblement. Depuis vingt ans, environ, il est dans l’état où nous le voyons aujourd’hui. Outre la paralysie du bras droit, on constate une surdité assez marquée de l'oreille droite. Toutes les sensi- -bilités sont d’ailleurs intactes. Th... ne se rappelle pas avoir eu, à au- cun moment, d'accès d’oppression mi aucun trouble de la respiration. Ce fait nous semble un exemple intéressant de lésion traumatique du bulbe. Malgré la gravité de la lésion et le voisinage du centre des mou- vements respiratoires, le malade à survécu, et presque tous les troubles graves qui existaient au début ont graduellement disparu. Il nous semble difficile de dire quelle a été la lésion ; cependant les symptômes observés semblent indiquer qu’il y a eu, d’une part, lésion indirecte, contusion ou plutôt hémorrhagie ayant déterminé la paralysie des quatre membres et la contracture qui se produisirent au début ; et, d'autre part, lésion directe ayant probablement porté sur une des pyramides au-dessus de son entrecroisement avec celle du côté opposé. La para- lysie permanente existant du côté cpposé à celui où a porté le trauma- tisme semble légitimer cette dernière hypothèse. 409 Séance du 30 décembre 1876. \ — M. Joyer fait les communications suivantes : On sait que lorsqu'on excite le bout central d’un nerf pneumosas- rique, des mouvements réflexes plus ou moins complexes peuvent se produire chez les animaux : la toux est un de ces phénomènes réflexes que l’on observe souvent dans ces conditions. Le but de cette communication est de montrer que les fibres du nerf pneumogastrique, dont l'excitation à pour résultat de donner naissance au phénomène réfiexe qui constitue la toux, ont une tendance à s’isoler en nerf distinct, séparé du tronc du nerf pneumogastrique. Sur un certain nombre de chiens, M. Jolyet a trouvé accolé au nerf vague, dans la région moyenne du cou, un filet nerveux parfaitement isolé du tronc du nerf pneumogastrique , mais finissant toujours par s’y réunir intimement en avant et en arrière, sous forme d’anse. Il a recherché quels étaient les effets de l'excitation de ce nerf. C’est un filet sensitif : l'excitation de son bout périphérique n’a donné aucun résultat appréciable. Au contraire, l'excitation de son bout central donne lieu à des signés trés-manifestes de doulenr, en même temps que se produisent des effets particuliers sur la respiration ‘et la circula- tion. La toux est le phénomène qui frappe tout d’abord, et ce phénomène s’est montré d’une manière constante dans les cinq ou six cas obser- VéS. Le tracé n° 1 montre les efforts de toux qui suivent la faradisation du bout central du nerf. La première partie du tracé indique les mou- vements respiratoires normaux (l’animal respire dans un récipient en communication avec le tambour du polygraphé). Les sommets inspira- toires sont en bas et les expiratoires en haut. Au moment du passage du courant indiqué par le trait horizontal, l'expiration se prolonge brus= quement, une longue inspiration suit, la glotte se ferme, une nouvelle expiration brusque et forte à lieu, et l’air est expulsé contre la glotte dont les lèvres s’entr'ouvrent en vibrant; et ainsi se produisent une suite de monvements d'expiration, avec bruits de toux pendaut la durée du passage du courant. Le courant cesse (—) et les mouvements respi- ratoires redeviennent normaux. Le tracé n° 2 pris sur un autre chien, par le pneumographe, montre un phénomène de même ordre ; mais ici les mouvements de toux sont suivis d’un long arrêt de la respiration en expiration. Chez les animaux chloroformés, l'arrêt des mouvements respiratoires ©. R. 1876. 92 410 en expiration s’observe d’une manière constante par l'excitation du bout central du nerf, sans être précédée par la toux. Le tracé n°03 montre un de ces arrêts assez prolongés qui suit la fara- disation du bout central du petit nerf, comparativement avec un arrêt analogue résultant de l'excitation du nerf pneumogastrique (tracé no 4). Tracé N° 1. No 2. No3, N°4. A1 Des phénomènes réflexes sur le cœur et la circulation ont également lieu quand on faradise le bout central du nerf. Il y a un arrêt momen- tané du cœur, puis reprise des battements, qui demeurent plus lents pendant le passage du courant en même temps que la pression du sang s’abaisse; c’est une action centripète réfléchie sur les nerfs modéra- teurs du oœur (spinaux). On sait que MM. Arloing et Tripier ont signalé la prédominance d'action du nerf vague gauche sur la respiration. Or un fait à noter, c'est que M. Jolyet a toujours trouvé le nerf en question isolé du nerf praumogastrique seulement du côté gauche. — M. Joyer fait une seconde communication sur l'action de cer- tains poisons sur les nerfs sécréteurs de la lande sous-maxillaire et sur le nerf oculo-moteur commun, et développe quelques considéra- tions sur les mouvements de la pupille, Les expériences de Heidenhain ont montré qu'il y a indépendance entre les phénomènes sécrétoires et les phénomènes vasculaires qui se passent dans la glande sous-maxillaire à la suite de la faradisation de Ja corde du tympan. Si, en effet, chez un animal curarisé et atropinisé, après avoir introduit une canule dans le canal de Warthon, on excite la corde, il n’y a pas une seule goutte de salive qui sorte par la canule, et cependant on provoque ainsi sur les vaisseaux glandulaires la même suractivité circulatoire que dans l’état normal. M. Jolyet à répété l’expérience de Heidenhain avec la cicutine et ses dérivés, avec l’iodure d’éthylstrichnium, et il a constaté que ces poi- sons exercent sur les filets sécréteurs de la corde tympanique la même action que le sulfate d’atropine, en respectant les filets vaso-dilatateurs de ce nerf qui se rendent à la glande. De même les filets vaso-dilata- teurs de la corde qui accompagnent les divisions du nerf lingual ne sont point touchés par ces poisons, et la faradisation du bout périphé- rique du nerf lingual provoque pendant toute la durée de l’empoison- nement la dilatation paralytique des vaisseaux de la langue et une rougeur trés-marquée de l’organe du côté correspondant à l’excitation (expérience de Vulpian). Ces substances, qui abolissent l’action des nerfs excito-sécréteurs de la glande sous-maxillaire, abohssent également celle des nerfs vagues sur le cœur, comme le sulfate d’atropine. Cuite action sur les nerfs pneumo-sastriques, M. Jolyet, dans ses expériences faites avec M. Pé- lissard, l’avait déjà signalée dés 1868 pour la conine et ses dérivés, ainsi que pour la nicotine. Une autre ressemblance à établir entre ces substances, (e “est leur ac- tion sur la pupille pour la dilater. 412 Rossbach et Frohlich ont montré que la dilatation pupillaire causée par le sulfate d’atropine, était due à la paralysie des terminaisons du nerf oculo-moteur commun. M. Jolyet pense qu’il en est de même pour la cicutine, administrée à dose convenable, puisque pour elle comme pour l’atropine l'excitation de la troisième paire dans le crâne ne modifie plus alors le diamètre pupillaire. A ce propos, il indique comment on peut s'expliquer les mouvements de la pupille, en dehors de l’hypothèse de l’existence, par trop problématique, des bres musculaires rayonnées de l'iris. Etant admis, ce qui est la réalité, que l’état de repos de la pupille est la dilatation, sa constriction sera l'effet de l’action tonique du sphincter irien, animé par le nerf de la troisième paire. Si donc, ce nerf se trouve paralysé, comme cela a lieu sous l'influence de l’atro- pine ou de la cicutine, l’élasticité de l'iris, contre laquelle le l'ÉCRSENES luttait, reprendra le dessus et la pupille se dilatera.. Pour expliquer la dilatation de la pupille qui suit l'excitation du bout céphalique du nerf grand sympathique cervical, on peut admettre que ce nerf, relativement à l'iris, contient deux sortes de fibres : 19° des fibres vaso-motrices, qui vont aux vaisseaux iriens ; 2° des fibres irio- dilatatrices, c’est-à-dire des fibres modératrices ou suspensives de l’ac- tion du nerf de la troisième paire. Ces fibres seraient les analogues des nerfs modérateurs du cœur, qui agissent en suspendant l’action des nerfs excitateurs des mouvements cardiaques et produisant le repos du. cœur ; comme eux, elles agissent en suspendant l’action du nerf exci- tateur des mouvements du sphincter irien, pour produire le repos de la pupille, c’est-à-dire sa dilatation. Il existe des substances qui agissent ou produisent la paralysie des fibres irio-dilatatrices contenues dans le cordon cervical sympathique. MM. Budin et Coyne ont attiré l’attention sur la constriction de la pupille qui a lieu pendant la durée de l’anesthésie chloroformique. L’explication en est simple : dans la chloroformisation complète, les excitations qui, par voies réflexes (irritation d’un nerf sensitif), agis- saient sur le grand sympathique pour dilater la pupille, demeurent sans effet ; bien plus, l’excitation directe, par un courant fort, du bout céphalique du nerf sympathique ne produit plus la dilatation de la pupille, qui reste contractée au maximum, le nerf oculo-moteur com- mun n'étant plus modéré dans son action. Paralyse-t-on alors la troisième paire par l’atropine, la pupille se dilate par la seule élasticité de l'iris, tandis que l’autre reste con- tractée. Les filets nerveux vaso-moteurs contenus dans le cordon cervical du sympathique, par leur action sur les vaisseaux de l'iris, ont une part 418 d'influence secondaire dans la dilatation et la contraction de la pupille. La pupille s'élargit et se resserre dans une certaine mesure, suivant l’état de contraction ou de dilatation des vaisseaux iriens. C’est ainsi que l’orifice pupillaire étant dilaté par l’atropine, l'excitation du sym- pathique cervical l’agrandit encore ; la section du nerfle diminue. Pareillement le myosis chloroformique peut diminuer un peu par la contraction des vaisseaux quand on excite le sympathique, les filets irio-dilatateurs étant paralysés avant les filets vaso-moteurs. — M. Oxruus : On sait que l’électrisation des nerfs vaso-moteurs détermine la contraction des fibres lisses renfermées dans les parois vasculaires, rétrécit le calibre des arterioles et diminue la circulation. On a conclu de cette expérience que l'excitation des nerfs vaso-mo- teurs provoquait toujours la contraction permanente des vaisseaux et la diminution de la circulation. Mais on n’a pas tenu compte des condi- tions de l’excitation ; avec les courants induits ordinaires, en effet, on agite par une série d’irritations rapides qui amènent une tétanisation des éléments musculaires des vaisseaux. Si avec la même intensité de courant, on fait varier le nombre des interruptions, on voit que, lors- qu’on diminue le nombre des interruptions, les phénomènes de resser- rement vasculaire et d’abaissement de température diminuent égale- ment et d’une manière proportionnelle. Lorsqu'il n’v à qu’une, deux ou trois excitations par seconde, la température, loin de baisser, s’é- lève légèrement, et la circulation paraît plus active. Au microscope, sous la membrane interdigitale des grenouilles, on voit les capillaires se dilater et la circulation devenir plus active lorsqu'on électrise les vaso-moteurs avec des courants induits qui ne se produisent qu’une ou deux fois par seconde. Il en est de même pour des animaux à sang chaud. k Nous pouvons résumer ces faits par ces deux propositions : 1° Les excitations rapides portées sur les nerfs vaso-moteurs amé- nent le resserrement tétanique des vaisseaux et diminuent la circula- tion. ñ \ 29 Ces mêmes excitations, lorsqu'elles se rapprochent dans leur suc- cession des conditions normales des mouvements rhythmiques des vaisseaux, produisent l'augmentation de ces mouvements et rendent la circulation plus active. Ces faits viennent en même temps confirmer la théorie de la con- traction antérieure des vaisseaux, car ils démontrent que, si, en effet, la contraction tétanique et en masse des vaisseaux diminue la cireu- lation, les contractions successives et rhythmiques des vaisseaux aug- méntent au contraire j’afflux du sang. 444 Il est important, dans ces expériences, d'employer des courants d’in- tensité moyenne, car avec des courants três-faibles, on obtient assez souvent même avec des interruptions rapides, une légère dilatation vasculaire. Ces derniers faits concordent avec ceux observés par M. Goltz et par M. Bricon, un de ses élèves. Sur les mouvements péristaltiques de l'intestin, les différences dans le nombre des excitations en un temps donné et l'influence de l’'in- tensité du courant induit ont une grande änalogie avec ce qu’on observe sur les phénomènes vasculaires. — M. RABuTEAU communique la note suivante :. RECHERCHES SUR LA CHALEUR SPÉCIFIQUE DES LIQUIDES ET TISSUS ANIMAUX (première note). Les expériences dont j’ai l'honneur d’exposer les résultats devant la Société de Biologie datent de quelques années. Je les avais entreprises, en 4869, lorsque des circonstances, indépendantes de ma volonté m'ont empêché de les continuer. La note que je publie est donc moins un tra- vail que les prémisses de recherches que je me propose de poursuivre. Elle est relative à une quinzaine d’expériences dont je citerai les prin- cipales. LiQuiDE AMNIOTIQUE. — Le liquide sur lequel j’ai opéré provenait de la femme. La densité en était seulement de 1,009; par conséquent, ce liquide contenait peu de matières solides. En effet, je n’y ai trouvé que 1 or. 16 d’urée pour 1000, des traces de sucre, pas d’albumine ni d'acide urique. La réaction en était presque totalement neutre. Expérience. — Dans un calorimètre en laiton pesant 165 gr. 5 et contenant 4000 grammes d’eau à la température de 9,,3, je verse 460 grammes de liquide amniotique porté à la température de 439,3. Après le mélange, la température s'élève à 20 degrés, La chaleur spé- cifique du calorimètre est de 0,095; la partie du thermomètre plongée dans le mélange, étant réduite en eau (1), correspond à 4 gramme d’eau, environ. Ces données étant posées, il ne reste plus, pour déterminer la chaleur spécifique x du liquide amniotique, qu’à écrire une équation expri- mant que la chaleur gagnée par le calorimétre par le thermomètre et par l'eau contenue dans le calorimètre, pour s’élever de 99,3 à 20 de- grés, est égale à la chaleur cédée par le liquide amniotique pour des- cendre de 439,3 à 20 degrés. (1) Par cette expression, il faut entendre le poids de l’eau qui absor- beraït autant de chaleur que le poids du thermomètre plongé dans le mélange pour s’élever de 1 degré. 445 -(165,5 x 0,095 + 4 L 4000) (20 — 9,2) — 460 (44,3 — 20) x. 1046,72 x 10,7 = 460 X 24,3 10878,9 æ 14178 x 10878,9 — 0,973 11178 URINE. — J'ai opéré sur une urine normale de l’homme, ayant une densité de 1,0168. En multipliant cette densité par le coefficient 2,2, on trouve qu’elle devait contenir, trés-approximativement, 34 grammes de matériaux solides pour 4000 grammes. Expérience. — Je verse 303 grammes d’urine à 322,6 dans le calo- rimêtre (le même qui a servi à l'expérience précédente) contenant 1000 grammes d’eau à la température de 120,6. La température finale est de 179,5. Cette température est indiquée par le même thermomètre qui, réduit en eau, correspond à 1 gramme d’eau, environ. En écrivant et résolvant une équation sémblable à la précédente, on trouve, pour la chaleur spécifique de l’urine en questiou, le nom- bre 0,96. Lair. — Le liquide avec lequel j'ai expérimenté était du lait de vache de qualité sans doute inférieure, attendu que la densité, à la tem- pérature de 15 degrés, en était seulement de 1,0197. Expérience. — J’opére comme précédemment. Je verse dans le ca- lorimètre, contenant 1000 grammes d’eau, 394 gr.,5 de lait porté à la température de 439,9. La température de l’eau était de 99,2 ; la tempé- rature finale est de 180,55. En effectuant les calculs, on trouve, pour la chaleur spécifique du lait précité, le nombre 0,949. En comparant ces divers résultats, on voit qu’ils fournissent une donnée importante. Plus la densité des liquides organiques est considé- rable, plus la chaleur spécifique en est faible, C’est ce que montre le tableau suivant : d'où x —= Densités. Chaleurs spécifiqués. HAE Men NIUE ODA BE NL 1,000 Liquide anmiotique. POV PINS PAIE 0,973 Dane ue AC OACS AA AMEN A 0,960 EN RAP TI OR LATE 7 ete CRE LME 0,949 L’explication de cette donnée est facile. En effet, la chaleur spécifique des substances solides est, en général, beaucoup plus faible que celle de l’eau ; par conséquent, plus la quantité des matériaux solides contenus dans un liquide aqueux est considérable, plus la chaleur spécifique de ce même liquide doit s'éloigner de celle de l’eau pure. J'ai constaté, en déterminant la chaleur spécifique de quelques trines dont les densités étaient différentes, que les chaleurs spécifiques en va- riaient d’une manière inverse à ces densités. J’insiste sur cette donnée, parce que, de même que la densité, elle pourrait sans doute servir à la détermination du poids des matériaux solides contenus dans les urines. On sait qu’en multipliant par le coefficient 2.2 les chiffres consécutifs aux deux premiers chiffres du nombre représentant la densité d’une urine normale, on obtient très-approximativement le poids des maté- riaux solides maintenus en dissolution dans 1000 centimètres cubes de ce liquide. Il est par conséquent tout à fait présumable que l’on pourrait déterminer un coefficient qui, multiplié par certaines décimales du nombre représentant la chaleur spécifique d’une urine normale, donne- rait le poids des matériaux solides des faces dans cette urine. Chaleur spécifique de la grenouille. — Quand on connaîtra la cha- leur spécifique des divers tissus et liquides des animaux, on possédera des données suffisantes pour déterminer la chaleur spécifique d’un ani- mal tout entier. Ce problème difficile m’a semblé pouvoir étre résolu directement dans le cas d'animaux amphibies de petite taille. J'ai cher- ché à le résoudre, pour les grenouilles, en recourant à la méthode des mélanges, c’est-à-dire en plongeant dans l’eau du calorimètre, tantôt chaude ou tantôt froide, des grenouilles dont le poids était déterminé d'avance, et que je retirai d’un milieu chaud ou froid, où elles avaient été maintenues pendant un temps suffisant pour que leur température fût égale à celle de ce milieu. Il ne faut pas que la température dépasse A0 degrés, car on sait que les grenouilles meurent à cette température, et qu'à 37 degrés, elles sont insensibles, d’après les observations de di- vers physiologistes et, en particulier, d'aprés celles de M. Claude Bernard. Je ne puis citer aucun chiffre définitif relativement à la chaleur spé- cifique des grenouilles déterminé par la méthode indiquée ; je puis seu- lement avancer qu’elle est voisine de 0,8. Si ce chiffre pouvait s'appliquer à l’homme, on trouverait qu’un homme, pesant 65 kilogrammes, aurait besoin de produire un mini- mum de 52 calories pour que sa température s’élevât de 1 degré, et de 156 calories lorsque sa température s’éléverait de 3 degrés, comme dans certains états fébrilles.Cette quantité de calories est un minimum, car la déperdition de la chaleur par la surface cutanée et les voies pul- monaires devient d’autant plus considérable que la température inté- rieure est plus élevée. La production de 52 calories, pour élever la température de l'homme d’un degré, exige une accélération des combustions dans l’organisme, dont l'effet maximum de cette accélération ne peut être atteint qu’au 417 bout d’un certain temps. C’est pourquoi, même avant que la fièvre ne soit manifeste, on peut déjà constater dans les urines un excès des ma- tériaux de combustions, tels que l’urée et l'acide urique libre ou com- biné. | — M. Georces Poucuer fait, au nom de M. J. AnDRé, la communi- cation suivante : APPAREIL A INJECTION DE M. J. ANDRE. Les avantages de cet appareil se résument en peu de mots et sont de deux ordres : les premiers relatifs à sa fabrication; les seconds aux meilleures conditions à réaliser pour parfaire une injection fine. L'appareil se compose d'un flacon gradué, d’un bouchon en caout- chouc, maintenu par une fermeture spéciale. Cette fermeture comprend une virole en cuivre, qui s'adapte au goulot du flacon et supporte deux montants morbides. Sur ces montants s2 fixent deux vis qui, par leur mouvement, forcent une plaque mobile placée sur le bouchon à s’a- baisser. Le bouchon s'enfonce par suite de ce mouvement et se trouve maintenu. Dans le bouchon est fixé un tube de cuivre garni d’un robinet. Dans ce tube passe un tube en verre fixé en fhaut par une rondelle de caout- chouc dans le tube de cuivre. Le tube de verre plonge dans le vase à injection et permet, par sa situation, à l'air injecté dans le flacon, de pénétrer dans l’appareil, et au liquide de sortir. Le robinet du tube de cuivre sert à emprisonner l'air dans le flacon. F Pour mesurer la force de tension dans le vase hermétiquement fermé, j'ai fait adapter à mon appareil un manomètre gradué à 4 atmosphère divisée en dix parties égales. Le jet a lieu par le tube de verre auquel est ajouté un tube en caout- chouc et les accessoires nécessaires à toute injection. La pression s'exerce par le tube de cuivre et à l’aide d’une petite pompe, d’une poire ou d’un soufflet La seconde condition dont j’ai parlé se trouve remplie comme il suit : 19 Le flacon gradué sert à mesurer la quantité de liquide injecté par rapport au poids de l’animal, par rapport au temps employé, par rap- port au résultat obtenu. 20 Le manomètre complète les conditions précédentes, en permet- tant à l'opérateur de terminer une injection avec une pression déter- minable, par cela même qu’elle peut être excessivement faible et sou- tenue. c. R, 1876. 03 A8 Quelques injections de tumeurs, surtout de sarcomes dont les parois embryonnaires se laissent facilement déchirer, et d’embryons de mou- ton, nous conduisent à cette conclusion : que notre appareil, sans être nouveau, peut rendre quelques services en anatomie fine et en patho- logie. D'autre part, les soins donnés à la fabrication par un habile fa- bricant, M. Morlot, permettent de le transporter tout chargé à de longues distances. FIN DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES. D 07 ES Paris — Imprim. Cusset, x 8 «x sWtpA Ar 4 qe, Éstoft ré ÿ jou ds A An ais. 8 one GA LEE à PAT L'oflafutés Li d: Fute # Ya He ei LV ALU ai FLN fu: MÉMOIRES LUS À LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1876. ACAL es nat DS 0 0% y\ ÿ UE | HoOJ OUT A4 ATNIOË Al Aves AAA THAGHA | ÉCOLLEMENT DE LA RÉTINE AVEC DOUBLE PÉDICULE GRAIN DE PLOMB DANS LE GLOBE: OCULAIRE (EXAMEN HISTOLOGIQUE) Mémoire lu à la Société de Biologie, séance du 29 janvier 1876, Par Fr. PENCHE (de Clumy), Professeur agrégé du Val-de-Grâce. La patholosie des décollements spontanés et atrophiques de la rétine que nous avons cherché à élucider dans des recherches pré- cédentes (1), offre des variétés assez nombreuses suivant l’origine même de affection. C’est ainsi que dans la choroïdite purulente, le pédicule de la rétine peut s’infléchir sous l’influence d’une sécré- tion plus abondante dans un point de la périphérie du N. O. Dans les tumeurs sarcomateuses, de nombreux examers que nous avons pratiqués, et dont quelques-uns sont relatés dans la Thèse de Brière, démontrent combien la forme classique peut être modifiée par le lieu de naissance du sarcôme. Aujourd'hui, nous avons à vous présenter une variété traumatique du mode de séparation de la rétine. L'œil que nous avons à étudier nous a été donné par M. le doc- (1) Mémoires DE LA SOCIÉTÉ DE BioLoc1Ee, 1874 : Des décollements spontanés de la rétine, avec planches. 4 . teur de Wecker qui à pratiqué l’énucléation, et c’est à lui que nous devons aussi les renseignements cliniques ainsi résumés : Coup de feu à plomb, envoyant un grain dans le globe oculaire; ré- trécissement de la vision pendant deux ans, à tel point que le malade ne pouvait lire un journal; chute sur les pieds en descendant de wagon, au mois de juin 4875, et, trois jours après, perte complète de la vision; état bientôt suivi de douleurs intolérables, nécessitant l’extirpation en décembre, de la même année. L'œil n’était point ramolli, et sa consistance était à peu prés nor- male; mais au moment de l'opération, un fait nous avait frappé : c'était la teinte noirâtre du nerf optique lui-même. La gaîne vaginale était saine, quelques personnes ont alors pensé à une tumeur mélanique intra-orbitaire. Répondant à cette hypothèse, nous dirons de suite que les tumeurs sarcomateuses attaquent rarement le nerf optique lui- même sans fuser antérieurement dans la gaîne vaginale, et, de fait, il n’y avait pas ici de production nouvelle dans le globe. L’œil divisé d'avant en arrière, après durcissement dans le liquide de Muller, nous a montré un décollement de la rétine au 38 degré, c'est- à-dire en un champignon, dont la base serait derrière le cristallin, et le pied vers le N. O. L'espace (10) situé entre la sclérotique (4) et le pé- 1. Canal de Fontana et région postérieure du cristallin, occupés par un exsudat purulent et du tissu fibreux. . Masse des replis de la rétine. . Grain de plomb enkysté, en arrière de la rétine, en dedans de la choroïde. . Sclérotique. . Choroïde, Tissu fibreux en voie d’ossification. . Saillie du tissu sclérotical dans le pédicule cicatriciel. . Point de réflexion de la rétine, zone ciliaire. . Tige du pédicule. 10. Exsudat et sang. 11. Nerf optique relié au pédicule cicatriciel. © © «10 Où À ww D 6) dicule (9) était rempli par un exsudat, mélangé de sang et de sérosité, couleur lie de vin. Le grain de plomb recherché n’était pas libre dans cette cavité, nous ne l’avons pas rencontré. Telle est la pièce qu'il faut examiner : La cornée ne présente pas de prolifération des corpuscules, très-pro- noncée ; à peine çà et là quelques cellules à deux noyaux. La scléroti- que est saine dans toute la partie qui ne touche pas à l’entrée du N. O. L'iris a subi des modifications profondes et variées : ici, c’est la pré- sence dans les troncs vasculaires de nombreux globules purulents; là, le passage à l’état fibreux avec disparition des vaisseaux ; ailleurs, enfin, la formation de bourgeons charnus. La chambre antérieure est remplie en partie par un liquide à fila- ments fibrineux, mélangé de globules purulents. La face postérieure de l'iris est intimement soudée à la cristalloïde antérieure par des synéchies composées de quelques cellules embryon- naires fortement imprégnées de pigment. Vous voyez qu'ici nous avons affaire à une iritis parenchymateuse pouvant produire du pus, des bourgeons, du tissu fibreux atrophique. Le cristallin, qui avait permis la vision pendant deux ans, était criblé de très-fines granulations graisseuses, signes d’une cataracte en for- mation. Maïs revenons au tractus irido-choroïdien. Nous constatons que le canal de Schlemm est distendu par de la sérosité : toutefois la région des procés-ciliaires et du muscle de Muller n'offre aucune trace d’in- flammation. Bien plus, toute la choroïde jusqu’aux environs du pédi- cule est atteinte d’une atrophie très-prononcée. Elle a perdu les deux tiers de son épaisseur : il n’est plus possible d’y reconnaître la chorio- capillaire, et les quelques vaisseaux présents dans la partie postérieure sont engorgés de globules sanguins déjà altérés par leur immobilité. Cette membrane a perdu en grande partie son épithélium polygonal. Nous ne retrouvons donc pas ici le même processus que dans l'iris. Toutefois, si nous examinons la région du canal de Fontana et la par- tie postérieure du cristallin, nous voyons que là existe un tissu nouvel- lement formé et d’une constitution spéciale. C’est vers le ligament su- périeur de la lentille un mélange d’exsudat, de pigment et de ces larges cellules muqueuses à gros noyaux, souvent multiples, à protoplasma abondant, formant des prolongements. Quand ces prolongements se sou- dent, il en résulte un tissu muqueux assez lâche d’abord, qui se con- dense, devient fibreux, et offre alors tous les caractères d’une formation résistante et durable, 6 C’est qu’en effet ce pôle postérieur du cristallin est le point d'élection de ces tissus nouveaux; c’est là que, nés des procès-ciliaires, ils s’orga- nisent pour arriver, comme nous l'avons vu dans un autre cas, à la for- mation du véritable tissu osseux. Que cet os soit créé aux dépens du corps vitré ou aux dépens d’un exsudat nouveau, la question est diffi- cile à trancher ici ; mais il est certain qu’il ne naît pas de la choroïde, qu'il est en arrière dela cristalloïde postérieure et en avant de la rétine. Sur cet œil, le tissu muqueux nouveau se prolongeait en un infundibu- lum (1), au centre du pédicule. Nous arrivons maintenant au point le plus intéressant de cet exa- men : à la rétine. Si, faisant une coupe perpendiculaire au milieu du pédicule (9), nous cherchons la constitution de cette tige si bizarre, nous retrouvons dans ces plis condensés tous les éléments de la membrane nerveuse : le pourtour en est sinueux et bordé par une légére bande de tissu fibreux nouveau. Au centre de ce cercle festonné, vous constatez : 10 du pigment en très- grande quantité, et une couche assez épaisse de tissu fibreux, fortement coloré en rose par le picro-carminate ; 29 des vaisseaux coupés en tra- vers, dont la paroi est fortement sclérosée ; représentant les vaisseaux de la rétine ramenés au centre du pédicule ; 30 une couche épaisse de minces fibrilles, disposées en replis élégants, se colorant en jaune par le picro-carminate, comme le tissu nerveux : reliquat de la couche des fi- bres du N. O. ; 4° une rangée unique de noyaux : vestiges de la bande- lette des cellules ganglionnaires ; 5° deux zones de tissu jaunâtre, sépa- rant deux rangées de noyaux assez épaisses et trés-belles, ces dernières, vivement colorées en rose : ce sont les grains externes et internes. Toutes ces parties disposées en courbes élégantes englobent par le con- tact de leurs surfaces courbes de petites cavités ovalaires marginales. Celles-ci protégées en quelque sorte contre la compression ont conservé les bâtonnets et les cônes très-reconnaissables à leurs franges régulières. Ces éléments sont cependant fortement atrophiés. Ces coupes sont une des plus belles préparations qu'on puisse exami- ner en histolosie oculaire. Elles réunissent en effet, sous une petite étendue, tous les éléments de la rétine : ce mélange de pigment, de tissu jaune, concentriquement disposés, forme un dessein des plus résu- lers. Les sections parallèles au pédicule nous montrent un détail qui était plus difficile à saisir sur les préparations précédentes : c’est la présence, au centre de la tige, de replis en zigs-zags très-minces, à double con- tour, incolores, réfractant fortement la lumière. Ce sont, vous le savez, les vestiges de la membrane hyaloïde, une de ces membranes élasti- ques, indestructibles, sur le rôle desquelles j’ai cherché à fixer l’atten- tion dans les recherches histologiques de l'œil. Ces replis renferment une matière sans organisation apparente, verdâtre ; c’est un reste du corps vitré. - Si nous remontons yers le cristallin, les replis de la rétine s’élargis- sent, s’amplifient et forment cette cupule daes laquelle se loge la len- tille. Vous remarquerez le point précis où commence cette réflexion de la rétine : c’est à l'extrémité postérieure de la zône ciliaire. Du nerf optique à cette limite, la membrane nerveuse à été refoulée au centre etenavant; mais ici la résistance est plus grande, et le feuillet décollé vient s'appliquer sur la région fibreuse. Du reste, la constitution des replis ne change pas, et nous retrouvons encore une disposition de tissu nerveux analogue à celle du pédicule. Ajoutez-y, cependant, une plus grande abondance de pigment. Dans cette analyse, nous n’avons rencontré rien que de classique, et notre désappointement était grand de ne pas trouver le corpus delicti, notre grain de plomb, quand une particularité est venue nous mettre sur ja. voie. En préparant des coupes du pédicule (11. 7. 6.), nous avons été frappés de voir que le nerf optique ne répondait pas au pédicule, le- quel était déjeté latéralement à 4 ou 5 millimètres. Il y avait, en réalité, deux pédicules : un, trés-léger, aboutissant au nerf optique ; l’autre, en un point voisin ; les deux séparés par une arcade. Disons de suite que le nerf optique au-dessous de la lame criblée était sain. . Le pédicule principal (7) offrait à son centre une véritable hernie du tissu sclérotical fibreux, rosé par le carmin, non recouvert de choroïde. Il y avait eu là : plaie, destruction de la membrane vasculaire, qui était rejetée sur les bords ; puis, adhérence de la rétine; celle-ci s’était ensuite décollée suivant la règle habituelle. La base réelle du pédicule était protégée par une formation, en couronne, d’un tissu nouveau à larges cellules à noyaux, irrégulières, s’anastomosant, en un mot, par une formation osseuse au début (6). La sclérotique n’avait pas été tra- versée, car la partie postérieure offrait des faisceaux parfaitement pa- ralléles et réguliers : toutefois, en avant et jusque dans la choroïde, ailleurs atrophiée, existaient des artères bien formées, nouvelles, indi- quant un travail inflammatoire : mais en ce point encore, pas de corps étrangers, pas de kyste. Toutefois, du pédicule vers un point de la partie antérieure vers la région ciliaire, partait sur la face interne de la choroïde, un tractus que l’on aurait pu prendre pour un nerf ciliaire, n’était sa position : ce tractus nous amena sur une petite éminence (3), où une fine aiguille sondant les tissus rencontra le plomb ! Le tractus, véritable gubernaculum atrophié, était constitué par 8 quelques cellules embryonnaires et des globules sanguins; le kyste,en- veloppant un grain de plomb n° 7, avec facettes, était formé par une enveloppe de tissu fibreux bien organisé renfermant une fine membrane fibreuse d’enveloppe. _ Point essentiel : La cavité kystique était située en arrière des replis de la rétine, en dedans de la zone ciliaire et de son feuillet de réflexion qu'elle ne pénétrait pas. D’après cette exposition d'anatomie pathologique, peut-on con- naître l’évolution du décollement dans cet œil ? Deux hypothèses sont en présence : 4° Je grain de plomb pénétrant dans le globe oculaire à frappé la sclérotique près du nerf optique, et il est allé par réflexion immédiate se loger où nous l'avons retrouvé; 22 le grain de plomb s’est primitivement enkysté au pédicule, et, sous l'influence de la chute qui a eu lieu au mois de juin, il s’est détaché pour s’enkyster plus loin. La première hypothèse a contre elle plusieurs objections: si nous acceptons le ricochet après première lésion vers le nerf optique, il faut admettre que le projectile a parcouru en courbe toute une demi- circonférence, en se logeant derrière la rétine, et qu’il est venu s’ar- rêter juste au point de réflexion de la zone ciliaire. Or, ce trajet n'aurait pu s'effectuer sans produire de suite des hémorrhagies réti- niennes assez considérables, sans troubler profondément la vision, et nous savons que, pendant deux ans, le malade pouvait lire un journal. En outre, au point d'arrêt, nous devrions trouver la trace d’une contusion de la portion ciliaire. Celle-ci est à peu prés saine. Enfin, le plomb était garni de facettes dans le canon même de l'arme, circonstance qui rend peu probable une réflexion en circon- férence, et, d'autre part, du fait même de la position occupée par le projectile, en arrière de la rétine, la réflexion primitive à angle aigu n’est pas admissible. La deuxième hypothèse est, au contraire, en tout point conforme aux renseignements cliniques. Le plomb est resté enkysté près du N. O., et la vision, pendant toute cette période, était relativement bonne; le kyste, formé par la rétine même, s’est rompu sous l'influence de la chute sur les pieds signalée par le malade. Accidents immédiats de scotome dans la partie supérieure du champ visuel, et le grain de plomb descend en trois jours à la zone ciliaire; la vue est abolie, le dé- 9 collement est produit, et le projectile s'enkyste derrière le champi- gnon rétinien, au point le plus déclive de l'organe. Cette observation établit donc, dans la physiologie du décolle- ment de la rétine, une variété attribuable aux adhérences d’une cicatrice ; le pédicule devient double, et peut-être même la rétine est-elle déchirée de son attache au N. O. L'examen histologique a permis d’élucider l’évolution de la maladie, de comprendre certains phénomènes, comme le maintien de l’acuité visuelle et la cécité rapide survenant après un accident léger en apparence. MÉM. 187C. 2 “bte 58 re t ‘ets dm Lun Han stonit | 16 DpRsient Lu vb ns EMPETES LA Le ; j LEONE NT Ÿ F N LATE NT ai be a AU | 3 Fr EN TE Le TNA PRET TN RE ES ty DE L'ACTION DES ANESTHÉSIQUES SUR L'ÉLÉMENT MUSCULAIRE ET L'ÉLÉMENT NERVEUX PÉRIPHÉRIOUE Par le docteur COUTY Aide-major stagiaire au Val-de-Grâce. L'action des substances dites anesthésiques sur les conditions de fonctionnement des divers éléments anatomiques est encore très- imparfaitement connue. On sait que les centres nerveux, centres intellectuels, puis centres moteurs médullaires, et enfin centres sympathiques vasculaires, sont successivement modifiés, et les fonctions de ces organes, en apparence du moins, paraissent direc- tement et primitivement diminuées ou supprimées par le chloral, l’éther, le chloroforme, etc. Mais outre ces centres dont les conditions de rénovation sont si complexes que le moindre trouble supprime leurs fonctions, il y a d’autres organes nerveux moins sensibles, les nerfs périphériques ; il y a un tissu très-complexe aussi, le tissu musculaire : et J'ai vainement cherché, dans les nombreux travaux faits sur la ques- tion, comment ces éléments se comportaient en présence de sang mêlé de: substances anesthésiques. MM. Perrin et Lallemand, dans leur remarquable travail, indiquent que le muscle et le nerf mo- teur conservent toute leur excitabilité au moment où la moelle, a complétement perdu la sienne; mais ils n’ont pas poussé plus loin 42 leurs recherches. On sait aussi que, après l’anesthésie, les nerfs sensitifs perdent rapidement leur excitabilité réflexe, et la per- dent de la périphérie au centre ; mais ce trouble fonctionnel, pé- riphérique en apparence, est dû, comme l’a bien montré M. Claude Bernard, à la modification de la moelle ; et il n’a, du reste; riep de spécial aux anesthésiques. Nous avons donc étudié, par des expériences assez nombreuses faites dans le laboratoire de pathologie expérimentale, l’action du chlorotorme, de l’éther et surtout du chloral sur la vie du nerf mo- teur et de l'élément musculaire. À priori, on pourrait supposer que les anesthésiques tuent rapi- dement le système moteur périphérique ; car, on le sait, ces sub- stances produisent rapidement la suppression des mouvements vo- lontaires ou réflexes ; de plus, elles sont employées, souvent avec succés, contre toutes les affections convulsives, chorée, tétanos, éclampsie, etc.; on sait, depuis les travaux de MM. Gubler, Car- ville, etc., que les anesthésiques affaiblissent aussi le système mo- teur à fibres lisses, ralentissant le cœur et le laissant se distendre, diminuant la tension; enfin, fait bien curieux, sur lequel M. Claude Bernard insiste ave: raison, les agents toxiques paraly- sent même les tissus végétaux; la sensitive, par exemple, cesse de se mouvoir dans les vapeurs de chloroforme. Or, voici les résultats de nos recherches : ExPÉRIENCE I.— Trois cobayes sont tués, l’un par injection hypoder- mique de chloral, l’autre par compression du cœur, le troisième par as- phyxie mécanique. L’excitabilité du nerf sciatique a persisté 4 h: 15 chez le cobaye tué. par le chloral, et à peu près 40 minutes chez les deux autres. 1 h. 50 après la mort, les muscles donnaient des contractions sur l'animal chlo- ralisé par un courant égal à 35 et chez les deux autres par des courants égaux à 14 et à 26. Exp. II. — Trois cobayes morts à 2 heures et demie. N°1, injection hypodermique de chloral : 2 h. 45, nerf sciatique, n°04, 55; — 3 h. 10, nerf sciatique, n° 1,22; — 83 h. 1/2, nerf FDR UMR n°412: N° 2, tué par hémorrhagie : n° 2,2 h. 45, 40; — n° 2, 8h. 10, rien. N° 3, arrêt du cœur : n° 3, 2 h. 45, 45; — n9 3,3 h. 10, rien. Ce nerf chloralisé présente encore des traces d’excitabilité à 43 3 h..50, c'est-à-dire plus de 40 minutes apres que les deux autres nerfs ont perdu toute propriété. La contractilité musculaire, elle aussi, est modifiée. 3 h. 1/4, muscle, n° 4, chloralisé, 48; — 3 h. 45. muscle, n° 1, 35 ; — 4 h. 1/2, muscle, n° 1, 22. Muscle, n° 2, hémorrhagié, 3 h.1/4,95; — 3h. 45, muscle, n° 2, 13. _.N°3,3h.1/4,30; — n° 3, 3h. 45, 17, — n°3, 4h. 1/2, 12. . Inutile de dire que nous avons pris toutes les précautions possi- bles, employant des animaux de même espèce, de même taille, et à peu près de même âge, et comparant toujours des portions de mus- cle correspondantes. Nous nous sommes servis de l'appareil à charriot dit de du Bois-Reymond dans lequel la force du courant employé et conséquemment l’excitabilité du tissu est en raison in- verse de l'éloignement des deux bobines inductrice et induite, éloignement indiqué en centimètres. On pourrait faire à ces premières expériences une objection : les animaux tués par injection hypodermique de chloral meurent len- tement et après un affaiblissement progressif des mouvements res- piratoires : il y a donc peut-être un trouble respiratoire d'onigine mécanique, et nous avons prouvé, M. Bochefontaine et moi, dans une récente communication, que les muscles de l'animal asphyxié mécaniquement conservent un peu plus longtemps leurs propriétés. Mais la différence d’excitabilité observée après la mort par le chlo- ral est trop considérable pour pouvoir s'expliquer par un trouble mécanique respiratoire, et nous avons vu, expérience I, le muscle et le nerf chloralisés rester excitables beaucoup plus longtemps que ceux d’un animal asphyxié. | Du reste, l’action du ehloral est la même, qu'il soit injecté sous la peau et produise la mort lentement, en vingt, trente minutes ; ou qu’il soit injecté dans les veines et détermine des accidents rapides. Exp. JIII.— On lie l'artère iliaque primitive gauche d’un chien et, im- médiatement après, on le tue en injectant, par la voie jugulaire, 5 grammes de chloral ; mort à 5 h. 18. 5 h, 40, nerf sciatique droit chloralisé, 15; — nerf gauche, rien. 5 h. 55, nerf sciatique droit, 8 ; — nerf gauche, rieu. 6 heures, muscle biceps droit chloralisé, 35 ; — muscle gauche, 95. 6 h.5, muscle triceps droit, 34; — muscle gauche, 21. Le chloral a donc bien une action spéciale, les muscles et les 44 nerfs périphériques restent plus longtemps vivants si la mort: est due au chloral, que si elle est produite par asphyxie, arrêt du cœur, hémorrhagie. Nous avons étudié aussi l’action du chloroforme et de Péther ; dans une première expérience, le nerf chloroformé est restéexeitable 15 minutes plus longtemps que sur un autre cobaye tué par arrêt du cœur.Dans une deuxième expérience, les nerfs examinés, peut- être à de trop grandes distances, n’ont pas présenté de diflé- rences très-appréciables. Les muscles aussi étaient nettement plus excitables sur les animaux chloroformés. Exp. IV. — On lie l’artère iliaque gauche d’un chien, et on le tue ra- PRE en 8 à 10 minutes, par des inhalations d’éther; mort à 1h. Dh. Lei nerf sciatique droit anesthésié, 45; — nerf gauche, rien. 2h. 45, nerf sciatique droit, 9; — nerf gauche, rien, - 2h. 50, muscle droit, 18; — muscle gauche, 10. 4 heures, muscle droit, 24; — muscle gauche, 15. La différence de contractilité des muscles éthérisés est aussi très-appréciable par les courants forts ; les contractions sont plus complètes dans les muscles du côté droit. En résumé, le chloroforme et l’éther nous ont paru avoir sur les muscles et les nerfs périphériques une action identique à celle du chloral; seulement cette action est bien moins marquée, et il faut, pour la constater, se placer dans des conditions identiques; c’est ainsi que nous n'avons obtenu aucune diflérence bien appré- Ciable en comparant un Jeune cobaye tué par le chloroforme à un autre plus âgé mort par asphyxie. Pourquoi l’éther et le chloroforme ont-ils sur le muscle et les nerfs moins d'action que le chloral ? est-ce parce que, étant absor- bés directement par le poumon, ils agissent plus rapidement, et produisent la mort avant d’avoir pénétré dans le sang en aussi grande quantité que le chloral : est-ce parce que, étant plus vola- tils, ils disparaissent en partie, après la mort, des tissus de l'animal, pour passer dans l'atmosphère; ou bien est-ce parce que le chloral, transformé peu, à peu, a une action plus persistante. Peu importe, du reste, la raison de ces différences; un fait nous suffit, les anesthésiques et surtout le chloral prolongent la vie des éléments nerveux, périphériques et musculaires, 15 . Mais, à quoi est due cette variation ? Nous avons vu que la modification primitive de la moelle en- traîne une perte rapide de l’excitabilité des nerfs sensitifs et on pourrait penser que cette moelle anesthésiée agit sur les nerfs mo- teurs d’une façon inverse, et prolonge, au lieu de diminuer, la durée de leur excitabilité. C’est ainsi que les animaux tués par le chloral n’ont jamais de convulsions, et ceux tués par l’éther ou le chloro- formeont à peine un peu d’agitation. Cette absence de mouvements convulsifs est une cause, M. Brown-Séquard l’a prouvé, de persis- tance plus grande de l’excitabilité nervo-musculaire. Mais cette condition est sûrement insuffisante pour expliquer à-elle seule les variations dues aux anesthésiques ; et les différences observées per- sistent si on fait agir les anesthésiques sur des muscles et des nerfs préalablement isolés des centres nerveux. Exp. V. — On coupe les deux nerfs sciatiques d’un chien; puis, on lie l'artère iliaque primitive sauche ; enfin, on tue l’änimal par injection intra-veineuse de 5 grammes et derni de chloral ; mort, 4h. 45. 5 heures, nerf sciatique droit chloralisé, 60 ; — gauche, 44. 5 h. 15, nerf sciatique droit, 55; — gauche, 35. 5 h, 30, nerf sciatique, 50 ; — nerf gauche, rien au premier .point ; — excité plus bas, 13. 5 h. 45, nerf sciatique droit, 30 ; — nerf gauche, rien. 6 heures, nerf droit, 25; — nerf gauche, rien. 6 h. 25, nerf droit, rien au-dessous de la section ;— excité plus bas, 7. 6 heures, muscle droit chloralisé, 37 ; — muscle gauche, 22. * 6 h 30, muscle droit, 35 ; — muscle gauche, 20. Nous avons tué aussi, par injection de chloral, deux chiens eura- risés ; et les muscles préservés de la substance toxique par la liga- ture de leur artère nourricière ont toujours eu une contractilité moins grande. . Une de ces expériences.a même été assez curieuse; aprés avoir cru lier l'artère iliaque gauche, l'animal étant tué, nous comparions les muscles des deux membres postérieurs, et étions fort étonnés de ne trouver aucune différence appréciable. Cherchant la cause de ce résultat inattendu, nous vimes que notre ligature portait sur l'aorte et non sur l’iliaque, et alors en comparant avec les muscles anté- rieurs seuls chloralisés, nous obtinmes les différences ordinaires, Ce deuxième point, presque admissible du reste a priori, est 16 donc bien établi : le chloral, le chloroforme n'agissent pas sur le fonctionnement du nerf moteur comme sur le nerf sensitif par l'in- termédiaire des centres nerveux. Le sang anesthésié modifie direc- tement l'élément nerveux moteur et l'élément musculaire. Mais par quel mécanisme ? M. Brown-Séquard, depuis 1853, pour le chloroforme, et MM. Pa- vesi, Hirne, Dujardin-Beaumetz, Personne, pour le chloral, ont prouvé que ces substances sont antiseptiques, qu’elles empêchent certains échanges chimiques; et on peut voir dans le laboratoire de M. Vulpian un chien auquel M. Personne a injecté 200 grammes de chloral depuis bientôt deux ans, et qui n’a présenté depuis aucune putrétaction. Il est probable que le chloral et les autres anesthési- ques retardent les échanges post mortem, et rendent plus lentes l'altération chimique du nerf et du muscle et la perte de leurs fonctions, en vertu des mêmes propriétés. Mais le ehloral agit-il directement sur la substance albuminoïde des nerfs et des muscles ; se combine-t-il avec elle, comme paraît l’admettre M. Personne et aussi M. Claude Bernard, pour former un composé inapte à s’oxyder? Les anesthésiques ont certainement une action directe sur les albuminoïdes. On sait, depuis les expé- riences de Coze, que de l’eau légèrement chloroformée rend un muscle immédiatement rigide. On sait que les grenouilles expo- sées aux vapeurs de chloroforme deviennent aussi entièrement ri- gides. M, Vulpian a montré que le chloral, mêlé au sang en quan- tité peu considérable, coagule son albumine aussi bien ir vitro que dans les vaisseaux. Cette action du chloral et du chloroforme sur certains albumi- noïdes rend peut-être compte de leurs propriétés caustiques et ir- ritantes ; mais peut-elle expliquer les modifications de l’excitabi- lité nervo-musculaire ? M. Brown-Séquard a montré, en 1853, que les muscles rendus rigides par le chloroforme reprennent la contractilité, la vie, même au bout de quatre, six et dix jours, si on leur injecte du sang oxy- géné; et les grenouilles rigides de M. Claude Bernard redeviennent bientôt normales si on les replace à l'air libre. La combinaison du chloroforme et du chloral avec la substance albuminoïde des muscles, si elle existe, est donc peu stable. En tout cas, cette modification directe de la fibre musculaire, facile à 47 obtenir si on injecte d’assez grandes quantités d’anesthésique, n’existe pas après la mort par l'inhalation chloroformique ou par le chloral ; bien plus, la rigidité doit alors être retardée, puisque la contractilité est plus grande, plus prolongée. Nous disons doit être, car jamais nous n’avons comparé les muscles anesthésiés et non anesthésiés jusqu’au moment de la perte de la contractilité et de l'apparition de la rigidité. En résumé, nous croyons qu’on doit chercher ailleurs que dans une modification directe de la fibre musculaire et du nerf l’expli- cation des faits observés plus haut. M. Claude Bernard a bien prouvé que le chloroforme et l’éther ne tuent pas par asphyxie mécanique, à moins d'accidents convulsifs réflexes dus à l’irritation des pre- mières voies; et il insiste sur ce fait que le chloroforme, injecté par la trachée, ne produit jamais de coloration asphyxique du sang. Mais, outre l’asphyxie mécanique, on doit discuter l’asphyxie chi- mique. Le chloroforme, l’éther, le chloral ne pourraient-ils modifier di- rectement la substance albuminoïde du sang, celle des globules avec lesquels ces substances sont en contact bien plus direct qu'avec la substance musculo-nerveuse : les globules anesthésiés ne de- viendraient-ils pas inaptes à véhiculer l'oxygène ? Cette hypothèse de l’action des anesthésiques sur les phénomènes chimiques respiratoires, depuis longtemps émise, doit être encore discutée, et il est certain que nos expériences établissent de nou- veaux points de contact entre les anesthésiques et le type des asphyxiants chimiques, l’oxyde de carbone. Nous avons montré, en effet, M. Bochefontaine et moi, dans une précédente communication, que l’oxyde de carbone, lui aussi, pro- longe la durée de l’excitabilité nervo-musculaire. Les anesthési- ques ont donc sur ces éléments la même action que l’oxyde de car- bone. Il y a encore une autre analogie non moins curieuse, et que nous sommes étonné de n’avoir trouvé signalée nulle part. Sur tous les animaux que nous avons tués par le chloral, la substance muscu- laire était plus rouge, moins violacée que sur les animaux tués par arrêt du cœur ou asphyxie. Cette différence de coloration est ana- logue, comme caractères, à celle due à l’oxyde de carbone, mais moins intense. Cette variation de couleur des muscles chloralisés MÉM. 1876. à 18 est toujours assez appréciable; il n’en est pas de même de celle due à l’éther et au chloroforme, et nous devons avouer que si, dans quelques cas, les muscles chloroformés ou éthérisés nous ont paru nettement moins foncés, plus rouges, dans d’autres nous n'avons pu constater de différence affirmable. Cette coloration spéciale n’est pas due à une modification de la substance musculaire, car un lambeau de muscle placé dans une solution faible de chloral pâlit au lieu de rougir, comme l’a indi- qué M. Personne. Au contraire, du sang mis en contact avec une petite quantité de chloral garde une teinte plus rouge, devient moins noirâtre que le sang laissé dans les conditions ordinaires. M. Vulpian avait déjà indiqué, dans ses leçons de 1874, cette mo- dification des caractères physiques du sang chloralisé. Nous avons fait plusieurs fois cette expérience et obtenu toujours la même co- loration. Nous rechercherons si cette variation du sang se produit aussi par le chloroforme, l’éther ; quelle est sa durée, etc. Il nous suffit pour aujourd’hui d’avoir signalé ces analogies nou- velles entre les anesthésiques et l’oxyde de carbone, qu’il faut ajou- ter à tant d’autres déjà connues. L’oxyde de carbone, comme les anesthésiques, est antiputride, antiseptique; on l’a récemment prouvé. L’oxyde de carbone, comme le chloroforme, empêche les fer- mentations, celle de la levûre de bière, par exemple. L’oxyde de car- bone, comme le chloroforme et l’éther, n’a jamais d’action toxique s’il est absorbé petit à petit par le tissu cellulaire. L’oxyde de car- bone, comme le chloral, produit un abaïssement considérable de température. Nous nous contentons de signaler ces faits, sans conclure; nous proposant, du reste, de rechercher, dès que nous le pourrons, si les anesthésiques modifient la quantité, les proportions des gaz du sang ; s'ils modifient l’affinité des globules pour l'oxygène, s'ils modifient les caractères spectroscopiques de l’hémoglobine, etc. Il est fort possible, du reste, que ces substances, hydrocarbures plus ou moins complexes, se dédoublent dans le sang en principes multiples ; et quelques-uns de ces principes dérivés peuvent très- bien avoir une action spéciale qui explique les différences acces- soires signalées entre ces diverses anesthésies. Il est inutile d’insister davantage sur ces vues trop peu rigou- reuses ; il nous suffit d’avoir démontré ce faut : les anesthésiques 19 prolongent la vie du nerf moteur, la vie du muscle. Ce prolonge- ment est considérable surtout pour le nerf; nous ne l’avons pas évalué, car il varie avec l’agent anesthésique, et certainement aussi avec l'animal. A quoi sert de fixer des moyennes inutiles et trom- peuses ? Insistons plutôt sur cette apparente contradiction. Les anesthé- siques produisent la résolution musculaire, suppriment la fonction du système moteur périphérique, et cependant ils augmentent la durée de sa vie, de sa « faculté d’agir », pour me servir d’une ex- pression employée par M. Brown-Séquard en étudiant des faits analogues. Il n’y a, du reste, là rien d’inexplicable, de vital; le froid a, sur les muscles et les nerfs, la même action que les anesthésiques et l’oxyde de carbone. Il y a, dans tous ces cas, augmentation de durée dans les phéno- mènes chimiques et fonctionnels musculo-nerveux, probablement parce qu’il y à diminution dans leur activité. | nabileres à ê FRA : it nr \ Re nada Bi: Li 5 aq} aan dcnangmtlaien à heu HERO DT di è cr Le. ne Doro ui di GER dé Ain an 77 IE fi heu ét pEn UNE ARTE CETTE y Ab Rte af tent Had RUN ur sn RE ad arr to TE Meet dique Dot: ï \ nt dutlhubs ue ss aide. he rueahien date ht il EN Ca ’ EURE GÉRT ROME ENTER Je HEMTqUUES A enr dd 2 REC fr ER (54 Wie) FAR RENE PARAITRE HEC) DE L'INFLUENCE QU'EXERCENT LES EXCITATIONS DU BOUT PÉRIPHÉRIQUE DU NERF SCIATIQUE , SUR LA TEMPÉRATURE DU MEMBRE CORRESPONDANT Mémoire lu à la Société de Biologie, séance du 4 mars 1876, Par le docteur R. LÉPINE, Agrégé de la Faculté. D’après tous les auteurs classiques, l’électrisation du bout péri- phérique du nerf sciatique détermine un abaissement de la tempé- rature du membre : « Aprés la section du nerf sciatique, dit Lon- get, on constate la dilatation des vaisseaux et un accroissement de température dans le membre correspondant ; phénomènes qui sont remplacés par des phénomènes inverses (contraction des vaisseaux et refroidissement) aussitôt que l’on galvanise le nerf sciatique. » (Traité de physiologie, 3° édit. t. IL, p. 613). Ce fait a été, comme on sait, récemment contredit par M. le pro- fesseur Goltz. Ce physiologiste distingué affirme (PFLUEGER’S AR- caiv. IX) qu'en soumettant le bout périphérique du nerf sciatique d’un chien à un courant galvanique ou faradique, on voit la tempé- rature du membre augmenter rapidement de 4 à 5 degrés C. Il en est de même si, le sciatique intact, on excite la moelle lombaire. Dans les deux cas, dit-il, l’effet obtenu est toujours une action vaso-dilatatrice. Cette action, il l'explique en admettant que l’exci- tation du nerf sciatique (ou de la moelle) paralyse pour un cer- tain temps l’activité tonique des ganglions vasculaires terminaux. D’après lui, les effets thermiques consécutifs à la section d’un nerf sont le résultat de l'excifation de ce nerf, 22 Non-seulement l'interprétation donnée par M. Goltz à son expé- rience, mais l’exastitude même du fait qu’il annonce ont été vive- ment contestées : « Il est possible à la rigueur, dit M. le professeur Vulpian, que l’électrisation du bout périphérique du nerf sciatique, faite d’une certaine façon, irrite les tissus de la cuisse et détermine, par l'intermédiaire des fibres centripètes non coupées, une action suspensive sur les centres vaso-moteurs contenus dans la moelle lombaire et les ganglions sympathiques abdominaux ; mais l’exci- tation portant bien isolément sur le bout périphérique du nerf scia- tique n’a pas sur les fibres vaso-motrices que renferme ce nerf l’ac- tion observée par M. Goltz. J'ai électrisé bien souvent le bout péri- phérique de ce nerf sur des chiens curarisés ou chloralisés ; or, j'ai toujours constaté et j'ai pu faire voir que cette électrisation a pour résultat de faire resserrer les vaisseaux des extrémités digitales du membre correspondant. C’est là un résultat constant. Le resserre- ment des vaisseaux se traduit chaque fois qu’on électrise le nerf par un arrêt de l’écoulement de sang provenant d’une plaie faite à la pulpe de l’un ou de l’autre des orteils. » (Leçons sur l'appareil vaso-moteur, t. IL, p. 480-481.) Plus loin, M. Vulpian s'exprime avec non moins de précision sur le même point : « Si l’on coupe, dit-il, le nerf sciatique à la partie supérieure de la cuisse, chez un chien curarisé et si l’on excise la pulpe des orteils du même côté, on détermine une hémorrhagie plus abondante que si le nerf était intact. Après avoir constaté la rapidité avec laquelle coule le sang, si on électrise le bout inférieur du nerf, on voit l'écoulement san- guin se ralentir et quelquefois s'arrêter même complétement. Cet arrêt de l’hémorrhagie dure pendant quelques instants encore après qu’on 2 cessé l’électrisation, puis le sang recommence à couler avec autant de rapidité qu'auparavant ». (/d. p. 662.) Enfin, dans sa dernière leçon, M. Vulpian revient encore sur cette expérience : « En interrompant et en reprenant successivement la faradisation du nerf sciatique, on voit alternativement l’hémorrhagie reparaître et cesser. Peut-être même l'expérience réussit-elle mieux chez des chiens chloralisés que sur ces mêmes animaux curarisés. » (Idem, p. 796). Deux jeunes physiologistes, MM. Putzeys et Tarchanoff, ont aussi constaté, dans le laboratoire de M. Goltz, le rétrécissement des vaisseaux de la patte, pendant l'excitation du bout périphérique du 23 nerf sciatique. Mais, d’après eux, si l’excitation est continuée pen- dant plusieurs minutes, « le rétrécissement fait place à une dilata- tion qui doit être considérée comme un effet de l’épuisement du nerf ; car en excitant un segment du nerf plus rapproché de la pé- riphérie, on produit de nouveau le rétrécissement vasculaire. » Aussi MM. Putzeys et Tarchanoff ne considèrent pas comme dé- montré que le sciatique contienne des fibres vaso-dilatatrices ; l'épuisement des vaso-constricteurs consécutifs à une excitation trop prolongée leur suffit pour expliquer la dilatation vasculaire et l'élévation de la température de la patte observée par M. Goltz. Dans un nouveau mémoire (PrLUEGER’Ss Arcxiv. XI, p. 52, 4°T juillet) ce physiologiste maintient ses précédentes assertions. Il concède seulement que, conformément aux observations de MM. Putzeys et Tarchanoff, on peut parfois observer une courte contraction des vaisseaux de la patte avant la dilatation considéra- ble qu’il à décrite. Cherchant à démontrer que la simple section d’un nerf agit à la manière d’un excitant sur les fibres vaso-dilatatrices, M. Goltz a institué l’expérience suivante : Il coupe le nerf sciatique aussi haut que possible et isole le bout inférieur jusqu’au niveau du creux. poplité. Un des jours suivants, il prend avec une pince l'extrémité de ce bout périphérique et pratique avec des ciseaux une série d’en- tailles dans toute la longueur du nerf préparé, et il constate qu’à la fin de cette opération, la patte se réchauffe beaucoup et que sa température atteint un degré peu inférieur à celui de la tempéra- ture rectale. Ajoutons pour être complet, qu’il avait préalablement coupé la moelle afin d’anesthésier d’une manière complète le train inférieur de l’animal. MM. les professeurs Masius et Vanlair se rangent à la manière de voir de M. Goltz : « L’irritation électrique ou mécanique du nerf sciatique, disent-ils, détermine dans la presque totalité des cas, et d’une façon presque toujours immédiate, un effet vaso-dilatateur ». (GAZETTE HEBDOMADAIRE, 8 octobre 1875, p. 646). Voici l'expérience qu'ils donnent à l’appui de leur assertion : « Chez un chien dont la moelle lombaire avait été sectionnée, puis détruite dans tout son segment postérieur depuis l’avant-veille. on faradise avec un fort courant le nerf sciatique. La température de l'extrémité correspondante commence à monter après deux minutes d’électrisation et passe en quelques instants de 359,3 à 369,5 C. On suspend l’électrisation et aussitôt la température s’abaisse pour descendre en cinq minutes jusqu’à 359,5. Une application nouvelle fait remonter la colonne mercurielle à 35°,8 en une minute: On in- terrompt de nouveau la faradisation, la température continue cette fois à monter un peu pendant une demi-minute, mais elle se met ensuite à décroître jusqu’à 35°,1; on faradise une troisième fois, la température monte encore légèrement, puis après quelques oscilla- tions elle reste à 359,5. Pendant ce temps, la température du côté opposé est restée stationnaire. » (Loc. cit., p. 647). En présence des résultats contradictoires que nous venons de men- tionner, nous avons pensé qu’il n’était pas inutile de rechercher de quel côté se trouve la vérité. Voici les faits afférents à ce sujet que nous avons constatés dans le cours d'expériences entreprises à un autre point de vue. | ‘ Dans toutes ces expériences la température de la patte a été prise à l’aide d’un thermomètre extrêmement sensible, dont les divi- sions en dixièmes de degré centigrade sont distantes de plusieurs millimètres, de sorte qu'aucune erreur de lecture n’est possible. La boule du thermomètre était introduite entre les deux orteils du milieu, rapprochés à l’aide d’un fil non serré, et restait en repos, grâce à la curarisation de l’animal, pendant toute la durée de l’ex- périence (1). Exp. I. — Petit chien à longs poils, dont le sciatique gauche avait été coupé quatre jours auparavant. Curarisation modérée. Pendant le cours de ceile-ci on note que la patte postérieure gauche (paralysée) ne s'échauffe pas autant que l’autre. La température de la patte gau- che étant à 33 degrés centigr., le tiraillement du bout périphérique du nerf sciatique amène une élévation de plus d’un degré. (Le tiraillement du nerf avait été déterminé en plaçant les électrodes avant la ferme- ture du courant.) Les électrodes fixés, la fermeture du courant produit une élévation un peu moindre que le simple tiraillement. Notons en passant que le tiraillement du bout périphérique a (1) Comme ce thermomètre est construit d’après le principe dés instruments de Walferdin, on comprendra que, dans le cours de quel- ques-unes des expériences, j’aie dû me contenter de noter des diffé- : rences et que je n'indique pas toujours les chiffres absolus. 25 produit dans la patte gauche une élévation de la température au moins aussi considérable que l'excitation faradique. Le sciatique droit ayant été sectionné depuis quelques instants, et la température de la patte droite dépassant 34 degrés centigr., on élec- trise le bout périphérique avec le même courant. Au bout d’une demi- minute, il y a un abaissement de 3 dixièmes de degré ; dès que l’élec- trisation à cessé, il se fait une légère élévation de 2 dixièmes ; puis, la température redescend à cause de la curarisation. Cette expérience montre bien que deux excitations faradiques, bien que de même intensité, ne sont pas suivies des mêmes effets thermiques sur les deux pattes, si le nerf de l’une vient d’être sec- tionné, tandis que le nerf de l’autre à été coupé depuis quelques jours. Dans ce dernier cas, la patte étant plus froide, au moment de l'excitation on peut observer d'emblée une élévation de la tem- pérature, sans qu'il se produise nécessairement un abaissement préalable ; tandis que, de l’autre côté, c’est un abaissement immé- diat qu'on obtient, abaissement plus prononcé que l'élévation con- sécutive. Exp. II (23 octobre 1875). — Petit chien, fortement curarisé, ayant subi la mise à nu des deux hémisphèéres cérébraux. Les deux pattes pos- térieures étant trés-froides, je coupe le sciatique droit ; la température de Ja patte ne s’élève qu’à 15 degrés centigr. La colonne thermométri- que étant immobile, je constate de la manière la plus nette que la cau- térisation du bout périphérique du nerf avec le fer rouge (1), suivie de son arrachement, amène une élévation de plus de 5 degrés. Je coupe alors le sciatique gauche ; or, en immergeant le bout péri- phérique de ce nerf dans un petit godet renfermant de l’acide azotique, je produis dans la patte correspondante une élévation presque aussi considérable que la précédente. Quelques instants après, ayant excisé 2 centimètres du bout périphérique du sciatique gauche immergé dans l’acide azotique, j'électrise ce bout périphérique avec un courant d’in- duction médiocrement fort; j'obtiens dans la patte une élévation d’au moins 3 dixièmes de degré. Puis, en tiraillant ce bout périphérique, je produis encore une élévation de 1 degré et demi. (1) Je m'étais assuré par une contre-épreuve (cautérisation avec le fer rouge d’un muscle voisin) que l'élévation de la température de la patte ne devait pas être attribuée au rayonnement de la chaleur du cautére. MÉM, 1876, 4 Ainsi, les deux pattes étant froides, divers excitants appliqués sur les bouts périphériques des deux sciatiques, récemment coupés, n’ont tous déterminé qu’une élévation de la température dans la patte correspondante, variable suivant la nature et l'intensité de l’excitant. Exe. II (30 octobre 1875). — Chien de chasse, curanisé, dont les deux hémisphéres cérébraux ont été mis à nu; hémorrhagie assez notable. Section de l’un des sciatiques, la patte est restée froide ; l’électrisation du bout périphérique a produit non un abaissement, mais une légère élévation, suivie, aprés la cessation de l’électrisation, d’un abaissement léger qui a persisté malgré la cautérisation du nerf. L'animal, à ce mo- ment, était tout à fait épuisé. Il n’y a, dans l’expérience précédente, à relever que ce fait que, la patte étant froide, l’électrisation du nerf récemment coupé a produit, malgré l’épuisement, une légère élévation de la tempéra- ture. Exp. IV (2 novembre 1875). — Chien curarisé. Section du sciatique droit. L'animal est ensuite employé à diverses expériences sur les va- gues. Celles-ci étant terminées, la température de la patte droite est à 30 decrés, tandis que celle de la patte gauche, dont le nerf est intact, est à 16 degrés. L’électrisation du bout périphérique du sciatique droit, avec un courant fort, n'amène que des oscillations sans importance. Alors j'immerge la patte droite dans de l’eau à 10 degrés centigr. pen- dant quelques minutes. Après sa sortie, la colonne thermométrique étarit immobile (la température n’a malheureusement pas été: notée exactement, mais elle était fort inférieure à la température préalable 30 degrés), on constate que quelques secondes aprés le début de la fara- disation le mercure commence à monter. L’élévation est de 5 degréset demi. Alors j'ai immergé la patte dans de l’eau à 60 degrés pendant quel- ques minutes. Après sa sortie, le mercure étant immobile, j'ai noté que l’électrisation du même bout périphérique produisait un abaisse- ment, à la vérité, moindre que n’avait été l’élévation précédente. Peut- être le nerf commençait-il à être épuisé. De cette expérience nous avons à retenir : 49 que la patte étant à 30 degrés, l'excitation a été sans eflet notable; 2° que, le membre ayant été artificiellement refroidi, la même excitation a été suivie d'une élévation énorme de la température; 3° que, après l’échauf- 27 fement du même membre, la même excitation y a produit un abais- sement de la température. Exp. V (6 novembre 1875). — Chien faiblement curarisé. Section du sciatique droit. Quelques minutes aprés la température de la patte droite est à 370,3; celle de la patte gauche à 95 degrés. Cinq minutes plus tard, la première est à 370,2; la seconde à 239,2 (abaissement gé- néral produit per le curare). Une excitation faible du bout périphérique du sciatique droit détermine un abaissement très-faible. Trois quarts, d'heure plus tard, la température des pattes ayant continué à s’abaisser notablement par suite de la curarisation, j'immerge la patte droite dans de l’eau à 50-60 degrés centigr. Un quart d’heure aprés, le mercure étant parfaitement immobile, on trouve la température de la patte droite à 359,5; celle de la patte gauche à 150,2. La faradisation du bruit périphérique du sciatique droit produit un abaissement des plus nets, de quelques dixièmes. Mêmes résultats que ceux mentionnés dans les conclusions 1 et 3 de l’expérience précédente. Je coupe alors le sciatique gauche et j’immerge aussitôt la patte gau- che dans de l’eau à 12-14 degrés centigr., dans le but d'empêcher l’élé- vation de la température de la patte. Mais je n’atteins qu'incomplé- tement ce but; et, à la sortie, lorsque la colonne thermométrique cesse de monter, elle accuse une température de plus de 30 degrés centigr. L'électrisation du bout périphérique du nerf produit alors une légère élévation, des plus nettes d’ailleurs. Même résultat que celui signalé dans la conclusion 2 de l’expé- rience IV ; seulement beaucoup moins accusé parce que, l’eau étant moins froide, le refroidissement de la patte était incomplet. Il est de plus à noter que, dans cette expérience, ainsi que dans les expé- riences I, I et IV, il s’est produit une élévation de température, bien que le nerf fût récemment coupé. Exp. VI (9 novembre 1875). — Chien assez gros, à longs poils. Cura- risation à peine complète; section du sciatique droit. La patte est aussi- tôt immergée dans de l’eau à 14 degrés, pendant une demi-heure, puis on refroidit cette eau avec de la glace. Dix minutes aprés, la patte est retirée : sa température s'élève rapidement à plus de 33 degrés centigr., bien qu’on essaie de modérer le réchauffement en l’arrosant d’eau gla- cée. Lorsque le mercure est au repos, l'excitation du bout périphé- rique du sciatique avec nn courant d’induction faible détermine une 28 faible descente, puis une faible élévation ; puis, état stationnaire. Quel ques instants aprés, on recommence l'excitation avec un courant un peu plus faible, il y a tendance marquée à l’abaissement ; puis, avec un courant très-fort, on a une élévation de plus de 6 dixièmes de degré. Dans cette expérience, où je n'ai pas réussi à modérer l’échauf- fement de la patte, effet immédiat de la section du sciatique, je n'ai obtenu que des résultats assez analogues à ceux de MM. Putzeys et Tarchanoff. Exp. VII (23 novembre 1875). — Chien d’arrêt de grande taille et vigoureux. Curarisation modérée. À une heure et demie, on coupe les deux sciatiques. La température des deux pattes est à 34 degrés cen- tigrades On s'assure que le tiraillement de chacun des bouts péri- phériques élève un peu la température de la patte correspondante. A deux heures, on électrise le bout périphérique du sciatique gauche avec un courant fort, tandis que le mercure avait une légère tendance à l’abaissement. On note que l’électrisation paraît accélérer lécèrement l’abaissement. Après l’électrisation finie, il y a un temps d’arret. À deux heures vingt minutes, on injecte dans la veine fémorale envi- ron 2 centigrammes d’atropine en solution dans l’eau; la pupille se di- late presque aussitôt. La température des quatre pattes continue à s’a- baisser légérement. Une aiguille ayant été implantée dans le cœur, on constate que l’électrisation du bout périphérique du vague droit, avec un courant très-fort, ne ralentit pas les battements de cet organe. On électrise alors le bout périphérique du sciatique droit pendant trois minutes et on observe une élévation de la température de la patte de 280 à 30°,4. Le tiraillement du bout périphérique du sciatique gauche fait monter de 20,8 la température de la patte correspondante, Dans cette expérience on remarquera : 1° que le tiraillement des deux sciatiques récemment coupés est suivi d’une élévation légère de la température de la patte, tandis que l’électrisation ne produit pas le même résultat; 2 qu'après l’intoxication de l'animal par l’atropine, les pattes étant peu chaudes, le tiraillement et l’électri- sation du nerf améënent une élévation considérable de la tempéra- ture. C’est au refroidissement de l’animal et peut-être à l’atropinisa- tion modérée qu'il faut rapporter l'élévation de la température de la patte au moment de l'excitation du nerf. Quant à l’intoxica- tion atropique forte, elle met plutôt le sujet dans des conditions 29 défavorables à la production de ce phénomène. C'est ce que prou- vent les expériences suivantes (1) : Exp. VIII (30 mars 1876).— Chien très-vigoureux, non curarisé. 2h. 45, section du sciatique gauche. Presque aussitôt aprés, la tem- pérature de. la patte correspondante est à 35 degrés C. ; puis, au bout de quelques minutes, elle s’abaisse à 34 degrés C. À ce moment, l'électrisation du bout périphérique du nerf avec un courant fort élève d'emblée sans abaissement préalable la température de la patte. L’électrisation a duré deux minutes et l'élévation de la colonne mercu- rielle a été de deux degrés (de 34 à 36). Pendant la minute qui a suivi la cessation de l’électrisation, la colonne a encore monté d’un degré. Le 6 avril, à 2 heures, section du sciatique droit. 2 h. 46, la température de la patte est à 38 degrés C. L'électrisation du bout périphérique abaisse, de quelques dixièmes, la température du membre ; puis, celle-ci se met à présenter des oscillations légères. 2h. 40, injection de plusieurs centigrammes de sulfate #stiopine sous la peau. 2 h. 46, le chien s’agite ; l'électrisation du bout périphérique déter- mine un léger abaissement (de 36 à 350,6). 3 heures, le chien s’est calmé ; la température de la patte a spontané- ment monté à 38 degrés; puis, rer spontané continu. 3 h. 22, la température de la patte est à 34 degrés. L’électrisation du bout périphérique avec le même courant produit un léger abaissement. 3 h. 40, la température continue à baisser, avec de grandes oscilla- tions; spontanément elle remonte un instant à 38 degrés, puis elle re- descend à 325, et l’électrisation détermine encore un abaissement semblable aux précédents. On remarque dans cette expérience, où le chien n’a pas été cura- risé, que : 19 Le 30 mars, la patte gauche étant assez froide malgré la sec- tion du sciatique, l’électrisatiou du bout périphérique a été suivie immédiatement et sans abaissement préalable, d’une élévation considérable de la température. Ce résultat mérite d’être noté, (1) Sous ce rapport, les résultats de nos expériences sont d'accord avec ceux de M. Mosso (Ludwig's Arbeiten, 1874, p. 196). Ce physiolosiste a, en effet, constaté que, si les vaisseaux du rein (isolé du corps de l'animal) se resserrent quand on y fait circuler du sang défibriné ren- fermant une trés-petite quantité d’atropine (0,001 0), ils se dilatent, au contraire, si l’atropine est en proportion décuple. … 30 attendu qu’on n'en obtient généralement un pareil que le lende- main ou le surlendemain de la section du sciatique, alors que la température de la patte s’est abaissée; 2 Le 6 avril, la patte droite étant notablement plus chaude après la section du sciatique correspondant que ne l’avait été la patte gauche, le 30 mars, l’électrisation du sciatique droit est suivie d’un abaissement de la température ; tandis que, le 30 mars, l'électrisa- tion du sciatique gauche avait produit une élévation de celle-ci. Cette différence de résultat met bien en lumière l'importance de l'état dans lequel se trouvent les vaisseaux de la patte au moment de l'excitation du nerf; » A | 3° Les grandes oscillations spontanées de la température de: la patte observées chez l'animal tiennent à ce qu'il n’était pas cura- risé. Ce fait à été signalé par plusieurs auteurs ; 4 L’'atropinisation fortea empêché, comme nous l'avons dit plus haut, l'excitation du nerf de produire une élévation de la tempéra- ture de la patte, alors même qu'elle était froide. (L’élévation obser- vée dans l’expérience VII tient, sans doute, à ce que l'intoxication _atropique n’était pas suffisante.) Je crois même que lorsque l’intoxication atropique est trop forte, l'excitation du nerf n’est plus capable de produire un effet d’au- cune sorte sur les vaisseaux. C’est ce que paraît prouver l'expérience suivante : Exp. IX (27 novembre 1875).— Grand chien de Terre-Neuve, mâtiné,. Curarisation ; section des deux sciatiques. 2 h. 40, la température de la patte droite est à 330,5; le tiraillement du bout périphérique du sciatique droit amène une légére élévation de la température de la patte, de six dixièmes ; l’électrisation, une élévation considérable (de 349,5 à 370,6 C.). 3 heures, l'électrisation du bout périphérique produit une élévation de température moins considérable que la précédente. 3 h. 20, atropinisation forte ; l’électrisation du bout périphérique du vague droit ne ralentit pas ses battements. 3 h. 40, l’électrisation du bout périphérique des deux sciatiques reste sans résultat notable : il n’y a ni élévation, ni abaissement de la tem- pérature des pattes correspondantes. Je ferai remarquer que, dans l’expérience ‘précédente comme dans l’expériente VIIE, l'excitation du sciatique, méme récemment A coupé, a amené une élévation considérable de la température de la patte. Le même eflet, moins prononcé à la vérité, a été observé dans l'expérience suivante, intéressante sous d’autres rapports : Exp. X (25 novembre 1875): — Petit chien curarisé, ayant ge à diverses expériences sur les nerfs vagues. 4 h. 45, section des deux sciatiques. 4 h.55, la température de la patte gauche est à 319,5:C. ; celle de la - patte droite est sensiblement la même. | 2 h. 3, la température de la patte gauche est descendue à 34°, 2 C. @ cause du refroidissement général, dû à la curarisation, la température du rectum est à 330,2 C.). La faradisation du bout périphérique du sciatique gauche avec un courant faible élève la température de la patte correspondante à 319,8. 2 h. 45, on immerge, pendant 5 minutes, cette patte gauche dans de l'eau à 55-60 degrés C. 3 heures, l’échauffement de la patte gauche causé par l’eau chaude à cessé; la température de la patte gauche est à 28 degrés C.; celle de la patte droite est à 27 degrés 5. La température du rectum est à 30 de- grés, 2 C. Aïnsi le reïroidissemeut dû à la curarisation à amené, un abaissement parallèle de la température des trois parties sus-mention- nées. La faradisation du bout périphérique du sciatique gauche avec le même courant que précédemment produit maintenant un abaisse- ment de la température de 6 dixièmes de degrés. 3 h. 10, injection sous-cutanée de 4 centigrammes d’atropine environ. 3 h. 30, l'excitation du bout périphérique du vague droit avec un courant fort n'arrête pas le cœur. 3 h. 40, la fréquence des battements du cœur a diminué, et t l'excita- tion du bout périphérique du sciatique droit avec le même courant que précédemment détermine un faible abaissement de la température de la patte correspondante. 3 h. 50, l'électrisation du bout périphérique du sciatique gauche ne produit aucun effet thermique apppréciable, Si, quant aux effets de l’atropinisation, cette expérience n’ap- prend rien de plus que les deux précédentes, elle est fort impor- tante à un autre point de vue : | Ainsi que l'expérience IV, elle nous montre en effet que, de deux excitations semblables du nerf sciatique, l’une produit, au lieu d'une élévation, un abaissement de la température de la patte, si celle-ci, préalablement, a été immergée dans de l’eau chaude; . 32 mais elle nous fait pénétrer plus avant dans la cause du phéno- mène. En eflet, postérieurement à la sortie de l’eau chaude, cette patte s’est beaucoup refroidie (à cause de la curarisation); sa tem- pérature est tombée à 28 degrés. Et cependant, à ce moment; où elle est relativement froide, l'excitation du nerf amène un abaisse- ment de la température ; tandis que, au début de l'expérience, cette patte, relativement chaude (quoique absolument elle le: fût peu), répondait à l'excitation du nerf par une élévation ! Ce ré- sultat paradoxal, puisqu'il est en opposition apparente avec ceux de toutes les expériences précédentes, nous montre de la manière la plus claire que ce n’est pas, à proprement parler, le degré ther- mique de la patte qui influe tant sur le résultat de l'excitation du nerf; c’est l’état de l'appareil nerveux terminal qui tient le calibre vasculaire sous sa dépendance. Voici, selon nous, comment on peut concevoir le mécanisme intime des phénomènes que nous venons de relater dans les expériences précédentes : L'appareil nerveux terminal ganglionnaire des vaisseaux est con- stricteur. Il tend sans cesse à en diminuer le calibre. Si un agent tel que le froid excite à son maximum sa tonicité, il est clair que l'excitation des fibres vaso-constrictives contenues dans le sciatique ne pourra rien produire de plus. Au contraire, l'excitation des _ fibres vaso-dilatatrices qui y sont également contenues sera suivie d'effet, puisqu'elle agira (par interférence) dans les conditions les plus favorables. Inversement, quand un agent tel que la chaleur (ou certains médicaments) a détendu le ressort, l'excitation des vaso-dilatateurs aura un résultat nul et ce seront seulement les vaso-constricteurs qui seront dans les conditions propres à pro- duire un effet utile. Eh bien, dans l’expérience précédente, l’im- mersion dans l’eau chaude avait abaisséau minimum la tonicité de l'appareil terminal constricteur, et celle-ci n’avait pas été récu- pérée, même après le refroidissement de l’animal; de là vient qu'avec une température assez basse les vaisseaux de la patte se sont comportés comme si celle-ci avait été encore chaude. | La tonicité du ressort, ainsi que celle des nerfs antagonistes qui agissent sur lui en sens inverse les uns des autres, est sans nul doute différente non-seulement chez deux animaux, mais chez le même’animal à deux moments différents; de là viennent ces dis- ‘ semblances d’action considérables que l’on remarque chez un 33 même sujet à la suite de l'application du même agent (de l’eau froide, par exemple) à la même température et pendant le même temps. L’agent physique est identiquement le même, et cependant ‘la réaction est différente. C’est ce que l’on observe dans la pratique de l’hydrothérapie. J'arrive à une question extrêmement intéressante et que, mal- heureusement, je ne suis pas complétement en état de résoudre, celle de savoir si certains excitants appliqués sur le tronçon du - sciatique ont une action élective les uns sur les fibres vaso-cons- - trictives, les autres sur les vaso-dilatatrices. On a pu voir, dans plusieurs des expériences précédentes (exp. I, - patte gauche; exp. II, patte gauche et exp. VII), que le tiraillement du bout périphérique du nerf était suivi d’une élévation de tem- pérature plus notable que l’électrisation du nerf, même avec un courant fort. Bien que ce résultat soit loin d’être constant, ainsi qu'on a pu le remarquer dans la relation d’autres expériences, il n’a paru de beaucoup le plus ordinaire. Sans oser l’affirmer d’une -manière absolue, je suis cependant très-porté à penser qu’on exerce -de cette manière une action élective sur les vaso-dilatateurs. On sait que MM. Legros et Onimus ont dit, il y a déjà quelques ‘années (1), que chez la grenouille les courants interrompus font - contracter les artérioles, ainsi que les courants continus ascendants tandis que dans les courants continus descendants la circulation est accélérée. Dans leur Traité d'électricité, ces physiologistes dis- tingués reproduisent les mêmes assertions et publient, de plus, quelques expériences sur l'oreille du lapin, dans lesquelles ils ont constaté les mêmes résultats. Néanmoiïins, ceux-ci ne me parais- sent pas à l'abri d’objections : l'application d’un courant descendant sur le sympathique cervical a, en effet, accéléré la circulation, mais, ainsi que les auteurs le reconnaissent eux-mêmes, le sympa- thique n’ayant pas été préalablement coupé, on peut supposer que l’altération chimique du nerf agit ici comme une section; et si, au lieu d'appliquer les deux pôles sur le nerf, ils transportent le pôle négatif à la périphérie, loin du pôle positif, on peut aussi se de- ** (4) ComPTES-RENDUS DE LA SOCIÉTÉ DE BioLoGiE, 1868, p. 8. Je m’é- tonne que les auteurs qui ont écrit récemment sur ce sujet n’aient pas fait mention de ce remarquable travail. MÉM. 1576, 9 34 mander si l’action chimique au pôle négatif n’agit pas sur.les vais- seaux à la manière d’un irritant direct. Je n’ai, pour cela, répété leurs expériences que les deux pôles appliqués sur le bout périphé- rique du nerf coupé, et, je dois l'avouer, les résultats que J'ai obte- nus sont loin d’être toujours favorables à leur manière de voir Voici deux de mes expériences à ce sujet : Exr. XI (18 avril). — Chien croisé boule-dogue, non curarisé. 5 h., section du sciatique gauche. 2 h. 30, la température de la patte est à 37 degrés C. Quelques mi- nutes après, abaissement spontané à 34 degrés, puis, au bout de quel- ques minutes, élévation spontanée à 389,4. 2 h. 45, la colonne mercurielle étant immobile, j’électrise le bout pé- riphérique avec un courant descendant de 40 éléments Trouvé. Presque immédiatement, il se produit un abaissement de plusieurs dixièmes. On cesse le courant, et il se produit une élévation de température de 2 degrés. Ainsi, l’effet immédiat a été un abaissement de la température. Quant à l'élévation qui s’est produite après la cessation du cou- rant, c’est un effet consécutif observé parfois avec le courant d’in- duction, après l’abaissement préalable, ainsi que l’ont vu MM. Put- zeys et Tarchanoff. Mais peut-être dans ce cas la patte était-elle trop chaude pour qu'il fût possible d’obtenir une élévation d’em- blée. Au contraire, la température de la patte était modérée dans l'expérience suivante ; les conditions y étaient donc beaucoup plus favorables à la recherche des effets d’excitations différentes ; Exp. XII. — Petit chien boule-dogue, non curarisé. 4 h. 45, section des deux sciatiques. La température de la patte postérieure gauche s'élève, au bout de quelque minutes, à 28 c., puis redescend à 26. La faradisation du/bout périphérique du sciatique avec un courant peu fort, pendant une minute, abaisse de 5 dixièmes la température de la patte. Pas d'élé- vation consécutive. 2 h. 45, galvanisation dn bout périphérique du sciatique droit avec un courant continu descendant de 80 éléments Trouvé. Elévation de la température de la patte droite de 29 à 31 c. Il est certain qu’il n’y a pas eu d’abaissement initial momentané. (La galvanisation a duré deux minutes ; pendant la première minute il n’y a pas eu d’effet ther- mique appréciable.) On renverse le courant et, avec le courant ascen- dant, on a un abaïissement léger ; on renverse de nouveau le courant et 39 on a avec le courant descendant une nouvelle élévation de quelques dixièmes de degré. | Cette expérience est d’ailleurs la seule où j'ai pu obtenir des résultats nets, conformes à ceux qu'ont annoncés MM. Legros et Onimus. Je me borne aujourd’hui à la relation des expériences précé- dentes, espérant être bientôt en état de faire connaître dans une autre communication quelques faits nouveaux relatifs aux vaso- dilatateurs. Il me paraît peu nécessaire de résumer sous forme de proposition les faits contenus dans les pages précédentes. Le prin- cipal est celui-ci: qu’une excitation du bout périphérique du scia- tique produit dans la patte correspondante des effets thermiques différents suivant l’état dans lequel se trouve l'appareil nerveux terminal (1). A l'énoncé de ce fait fondamental il convient d’ajouter (1) Bien que des expériences sur la patte du chien relatées plus haut aient été faites à l’aide du thermomètre et que nous n’ayons par con- séquent pu constater de visu que des phénomènes calorifiques, nous ne craignons pas d'affirmer que ces phénomènes correspondent à des chan- gements de calibre des vaisseaux, car nous les avons dernièrement répétées avec succès en nous servant de l'appareil construit par le doc- teur Mosso, de Turin (modification de celui du professeur Fick), et qu’il avait employé avec avantage dans ses recherches sur la circulation dans le rein (Ludwig's Arbeiten, 1874, p. 156). C’est pendant uotre récent séjour à Leipzig que M. le professeur Ludwig, avec son obli- geance bien connue, nous a proposé cette vérification, et a mis à notre disposition cet appareil et son précieux concours. Que cet éminent maitre veuille bien agréer nos remerciements. Nous devons aussi remer- cier M. le professeur Kronecker, qui a bien voulu nous assister dans ces expériences délicates. Voici comment elles ont été instituées : L’extré- mité d’une des pattes postérieures d’un chien non curarisé était intro- duite jusque auprès de l’articulation tibio-tarsienne dans l'appareil (nous avons évité de l’v enfoncer plus profondément, car l'introduction des parties charnues dans l’appareil eût compliqué l’expérience) ; l’ar- ticulation était maintenue immobile grâce à une forte pince qui la fixait à un support. Cela fait, on faisait circuler dans l'appareil de l’eau glacée, on fermait les orifices servant à cette circulation, ne laissrnt libre que celui du tube indicateur horizontal, et, la patte étant froide, on pratiquait l'excitation du bout périphérique du sciatique. Puis, une 36 que certains modes d’excitation du bout périphérique du nerf, no- tamment le tiraillement et le passage d’un courant continu descen- dant paraissent agir d’une manière élective sur les fibres vaso- dilatatrices. Toutes les expériences précédentes ont éte faites dans le labo- ratoire de M. le professeur Béclard. Je ne saurais trop le remercier, ainsi que son savant préparateur le D' Laborde d’avoir bien voulu m'y donner toutes les facilités de travail. P.-S.— Postérieurement à la lecture de la note précédente à la. Société de Biologie, j'ai eu connaissance d’un intéressant travail de: M. le professeur Heidenhain, en collaboration avec M. Ostroumoff, afférant au même sujet (1). Je vais rapporter quelques-unes de leurs propositions. On verra que, faute d'avoir soupçonné le fait fondamental que j'ai énoncé plus haut, MM. Heïdenhain et Os- : troumoff ont émis des assertions erronées, Ils disent, notamment, que l’électrisation du bout périphérique demi-heure plus tard, on faisait circuler de l’eau à 50-60, et, la patte étant chaude, on faisait une excitation semblable du même nerf. Or, les modifications de volume pendant l'excitation du sciatique dans les deux conditions opposées de température de la patte présentent, avec les modifications constatées par l'observation à l’aide du thermomètre, le rapport le plus parfait, c’est-à-dire que, dans le premier cas, le volume de la patte a augmenté et que dans le second il a diminué, de même que dans ces conditions la température s’élève et s’abaisse. Nous n'avons Eu cependant obtenir dans le premier cas la dilatation d'emblée ; l’aug- mentation nous à toujours paru précédée d’une diminution notable; mais cela n’a rien d'étonnant, car le sciatique venait d’être coupé, ce qui nous mettait dans des conditions défavorables à la dilatation d'em- blée ; et, d’ailleurs, nos expériences ont été peu nombreuses. Il ne nous paraît pas douteux que, sielles avaient pu être multipliées, nous aurions pu constater parfois la dilatation d'emblée, de même que nous avons constaté parfois l’élévation d'emblée de la colonne thermométrique. (Note postérieure à la lecture de notre mémoire, 30 mai.) (1) Heidenhain : Ueber der Innervation der Blutgefaesse der aeusseren Haut (DeuTSscHE ZEITSCHRIFT FÜR PRACT. Mepicin, 1876, ! 19 février. | Ostroumoff : Versuche ueber die Hemmungsnerven der Haut- gefaesse (PFLUGER’s Arcxiv, 3 mars 1876.) 37 du sciatique récemment coupé produit chez le chien, curarisé ou non, un rétrécissement vasculaire que l’on peut maintenir tout le temps que l’on veut. M. Heïidenhaiïin (DEUTSCHE ZEITSCHRIFT, p. 93) dit une heure durant, M. Ostroumoff (Pr. Arcuiv., p. 226) avoue qu'il n’a fait en général durer l’expérience que 15 ou 20 mi- nutes. Quoi qu'il en soit, il est inexact que l’on obtienne comme on veut un rétrécissement permanent. Plusieurs de mes expé- riences rapportées plus haut ont surabondamment montré que, sous ce rapport, l’assertion de MM. Putzeys et Tarchanoff est quelquefois exacte, et même celle du premier mémoire de M. Goltz, à savoir la dilatation d'emblée, sans abaissement préalable. Je l'ai expressément notée,.alors même que le nerf était fraîchement coupé (expériences VIII, IX et X). On n'obtient donc pas quand on veut le rétrécissement permanent, & moins qu'on ne place préala- blement la patte dans certaines conditions sus-indiquées. Les auteurs dont j’examine le travail prétendent à tort que lors- que le nerf sciatique a. été coupé depuis plusieurs jours (4 jours), l'excitation de son bout périphérique produit la dilatation des vais- . seaux parce qu'alors, disent-ils, l’excitabilité des. vaso-constric- teurs est diminuée, celle des vaso-dilatateurs étant conservée. Cette différence de résistance des deux espèces de nerfs n’est qu’une pure hypothèse, et,comme j'ai vu quelquefois excitation . du bout périphérique du sciatique coupé depuis plusieurs jours . être suivie d’une diminution de la température de la patte (1), si celle-ci était préalablement réchauffée, il faut admettre que l’aug- mentation de température, qui est en eflet la règle, tient à ce qu’à la suite de la section du sciatique, la tonicité de l’appareil terminal s’est accrue. Or, j'ai montré plus haut qu’en ce cas l'excitation des fibres vaso-constrictives ne peut avoir d'effet utile et que c’est l’action de leurs antagonistes qui doit nécessairement l’emporter. (1) M. Ostroumoff rapporte lui-même une expérience où l'excitation du nerf coupé depuis quatre jours a produit d’abord un refroidissement (loc. cit., p.229, 28 colonne). L’excitation portait sur le sciatique droit ; elle a duré 44 on 15 minutes. Or, la température de la patte s’est abais- sée de 379,8 à 359,1. Ce n’est qu'aprés la fin de l'excitation qu’elle s’est, élevée progressivement à 389,5. NOTE ADDITIONNELLE RELATIVE À. L'INFLUENCE DE L'ÉCHAUFFEMENT ET DU REFROIDISSEMENT DU CŒUR SUR LES EFFETS DE L’EXCITATION DU NERF VAGUE Par MM. R. LÉPINE et TRIDON. On peut considérer hypothétiquement la dilatation et le resser- rement des vaisseaux de la périphérie comme les analogues de la diastole et de la systole cardiaques (1). Or, le refroidissement de la patte favorisant la dilatation vasculaire (diastole), ainsi qu'on l’a vu dans le mémoire précédent, et l’échauffement y mettant obs-. tacle, il nous a paru d’un grand intérêt de rechercher si la diastole cardiaque produite par l'excitation du pneumogastrique s'obtient plus facilement lorsque le cœur est refroidi que lorsqu'il est échauffé. Afin de résoudre cette question, en nous mettant autant que pos- sible à l’abri de toute cause d'erreur, nous avons institué notre (1) Cette supposition est d’autaut plus légitime que ces phénomènes peuvent être rhythmiques (Voyez pour la Bibliographie : Vulpian, Le- çons sur les vaso-moteurs, 1875, t. I, p. 73) et qu'ils sont, comme, on sait, depuis le travail de M. Vulpian sur les mouvements rythmiques de l'oreille du lapin (Société de Biologie, 1856), indépendants du sys- téme nerveux central; on a pu remarquer, dans deux des expériences précédentes, où les deux. chiens n'étaient pas curarisés (Exp. VIIT et XI), que la patte paralysée présentait des oscillations spontanées de température qui, selon toute vraisemblance, s'expliquent par des mo- difications de calibre des vaisseaux. :39 = ” " à DROLE 722 de, BAS TO he Ale D hr. corn an D eee 0 hé he de PR te Be et À Es nc an - : EE pe PE ot Bt à M m0 0 4 notera tres) Der Ds En Lt Ge SES Ier res one PE Rautt : RE RE À DT RE Te a EE . de naine selon Det eee Lg eme Mar deet et “han homes are A " Ô Core OUPS ; ann Dre LAS 8 Ne M OP