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Don aa ns de di nt k k fl É | quil D k 1 | nan gi | nn " des pi jf oi NE : ! \ Ÿ RAI | oi | pal ‘ Mari au is Al e es is x er 4 ds oo | ii, HA RNIEAALENIERN NES ER PENUTIS CE El ii) oi je Ft À 1 EN D EEE ENT RTE PAS TROT QU ou RE sis l ii à 4e il _ ù M hi Cu n'a e 1ù HA bit fu fl “ ile 1! ! 9 #1 qi qu ! 19 ri LUE ES Hate jh PS RE os . ss il a ju es ee N an ji di Et de Mere | A EUR - : . il pales " di RUES ' IN an) \t nl D Jr “ts st Rt fut ln fut, dr dpt lé ? 1 £ & À 7 ï anti A CLAETE NU PNA ENT ET A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉI 1878. > 9 ». +. KA RATS Te * A nues PE, 2 = 5 | Paris. - Imprimerie Cusset et C°, rue Montmartre, 123. 5 h F2 - = 0 cn “ . à ! ‘ lé Ÿ 1 COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TOME CINQUIÈME DE LA SIXIÈME SÉRIE ANNÉE 1878 TRENTIÈME DE LA COLLECTION AVEC PLANCHES INTERCALÉES DANS LE TEXTE. PARIS V. À. DELAHAYE ET C°, LIBRAIRES-ÉDITEURS, Place de l'Ecole-de Médecine. 1880 Aie x à a ? CT + à € À ï MOMTOLON CI Ar AAC VEUE PAPERS NE RENANER RATE ET COPA FH ERRE MEMBRES DE LA SOCIÈTE DE BIOLOGIE EN 1878 COMPOSITION DU BUREAU. : Président perpéiuel...... M. Claude Bernard. À \ M. Houel. Vice-présidents........... ; ee | M. Luys Secrétaire général ....... M. Dumontpaillier. M. Nepveu. M. Bochefontaine. M. Robin. Lrésorier:.::1%:.:....140 M. Chatn (Joannes). ArChivVisÉe.:: 0e... 0.0. M. Hardy. Secrétaires ordinaires... \ M. Hanot. | MEMBRES HONORAIRES. Ml. Bcuillaud. . | MM. Milne Edwards. Chevreul. De Quatrefages. Dumas. Net: Guéneau de Mussy (H.). NA Littré. BIOL. 1878. MEMBRES TITULAIRES-HONORAIRES (1878). MM. Balbiani. [| MM. Hlillairet. Bali. | Houel Bergeron. Laborde. Bernard (Claude). | Laboulbène. Bert (Paul). | Lancereaux. Berthelot. Leblanc. Blot. Le Bret. Bouchut. Leven. Bouley (Henri). Luys. Broca. Magitot. Brown Séquard. Marey. Carville. Michon. Charcot. Milne Edwards (Alph.). Chatin. Moreau (Armand). Cornil. Ollivier. Davaine. Ranvier. Depaul. Robin {Charies). Duguet. Sappey. Fournier (Eug.). Trasbot. Gallois. Vaillant. Goubaux. Verneuil. Gréhant. Vidal. Hardy. Vulpian. Hayem. MEMBRES TITULAIRES. MM. Bochefontaine. MM. Grancher. Bouchard. Grimaux. Bouchereau. Gubier.. Bourneville. Hallopeau. Budin. Hamy. Chatin (J.). Hanot. Cotard. Hénocque. Dumontpalliier. Javal. Duret. Jofiroy. Duval. Jolyet. Franck. Krishaber:. Galippe. Kunckel, MM. Landouzy. MM. Poncet. Lépine. Pouchet,. Liouville. | Rabuteau. Magnan. Raymond. Malassez. Regnard. Nepveu. Robin (Albert). Onimus. Sinéty (de). Parrot. MEMBRES ASSOCIÉS. MM. Bennett (Hughes). | MM. Paget (James). Gurlt (Ernst-Friedrich). Schwann. Jones (Bence). Siebold. Lebert (H.). Sédillot. Owen (Richard). Valentin. MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX. MINT Alone. Fier à Lyon. Beylard, pHibansnt ne. à Paris. CHausSats HMS LUN à Aubussou. Chauveaur serre à Lyon. DONS ALP ur à Montpellier. PONNELE PE MEN EL à Bordeaux. Darembere 3428 à Nice. DAreste sr serres à Paris. DelGré haies 2: à Lyon. Dessranges ets, à Lyon. Dufour (Gustave)....... à Toulouse. Dugès ainé............ au Mexique. Ebrards LR RAN Er à Bourg. EStori.t. seat de à Montpellier. Gimbert: ssl à: à Cannes, Gosselin. 24204727. à Paris. Guérin (Jules).......... 4 Paris. Huet: 2m. atMontareis: Jobert:. Rp 2n.n.7.. "4 Lyon. Éecadre.. DA. au Havre. Leroy de Méritourt.... à Paris. MM. Leudet (Emile)......... a Rouen. Lortete MM SRE: TUE à Lyon. LuütOnRaNAENTE EL ELLE EE à Reis. Martins (Charles)...... à Montpellier. OlD'er LR PS Re US à Lyon. ORBRELE LAMRRUER. A CIE à Bordeaux. Belette COEUR E à Dives. PICAT AE ATEN à Lyon. Ja TE à ASIA De à MEN AIRUIE à Bordeaux. Renautsstsaihsirene à Lyon. ROUSE RASE ALL AU AE à Montpellier. Saint-Pierre........... à Montpelier. FSI LO) LAN 9 ETES AL LATE à Nancy. Ha ons APR DNA EM à Nice. SRITIPIE D AMAR EE à à Lyon. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS. Grande-Hretsene. MNT /Beale. "Pen As à Londres. Berkeley (M.-1.)....... à Kings-Chff. Bowmann (W.).....:.. à Londres. Carpenter (W.-B.)..... à Londres. Gant EE) PE RCEENT à Londres. Jacob (AS) AURA NAME à Dublin. Jones (Wharton)....... à Londres. Maclise: cena nanns à Londres. Marceti oi ne Londres Nunneleyi (és te à Leeds. Hedterni etaient nn à Aberdeen. SRAPPE VAN 10100 à Londres. SIMON ONE) AAA MAO à Londres. Thomson (Allen)....... à Glasgow. Tovnbpee AMEN à Londres. Williamson eee à Londres. Allemagne. NUM BISTRO MERE DANSE à Munich. Brücke (Ernst) ........ à Vienne. ESS MM. Dubois-Reymond ...... à Berün. Hehanoltz-5e 2227000 à Berlin. 5 CHE OMR AE *E à Gœttingen. Heroes ARE K à Stuttgard. HoltneiSier crane à Leipzig. EDYECÉ RE D à Vienne. KŒlNRerte. een au à Würzbourg. PÉTCRARE SOA CREME à Munich. BudWiS Een ces à Leipzig. Meckel (Albert)........ à Halle. ST EAN UE à Cassel. LRO EN Renée NRA à Berlin. Belgique. NINMSP CC POCQNNEE an ur à Bruxelles. CUS 2 HPBNEANE AE à Bruxelles. Hhietnesse cu nee à Bruxelles. Van-Beneden.......... à Louvain. Méhenkel:1/1hes0e ou à Bruxelles. Danemark, M ÉPANNDVER EU SM à Copenhague. Suède. M. Santesson ..... DA ENTRE à Stockholm. Hollande, MINEARDENAGrS ENS USE à Utrecht. ÉRRRON O Ne A à Utrecht. Hongrie. M. Lenhossek (de)......... à Pesth. Suisse, DEMANDE 2027 ARTE à Genève. FENTE 0 Li à Zurich. MIÉEChEr een MANS à Bâle TEE NA MANS PACE EE à Zurich. MAT MOdIen Es. ARR Me dut à Genève Prévost sept Qu à Genêve. Mogt AR nee .. à Genève. Italie. MOINE EC USANA Se THON ENS à Palerme. Martinl4e one" as à Naples. Moleschp tt Etes ue à Tuin. Vella teen ne ART à Sienne. Russie. MM. Mierzejewskv. ......... à Saint-Pétersbourg. eliCan PER ren à Saint-Pétersbourg. Marchanot(de) LME à Saint-Pétersbourg. Portugal. NT ADeUN eo pers à Lisbonne. États-Unis. MM. Bigelow (Henry-J.)..... à Boston. Dupuy rennes à New-York. Draper-sor No ars v à New-York. Perdz (Joseph) POSE à Philadelphie. Brésil. MAL Abbott AIN A LE NAME à Bahia. MOtta Mia nn à Rio-de-Jaueiro. SECOND RAPPORT FAIT A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA MÉTALLOSCOPIE ET LA MÉTALLOTHÉRAPIE DU DOCTEUR BURQ AU NOM D'UNE COMMISSION COMPOSÉE DE MM. CHARCOT, LUYS, et DUMONTPALLIER, rapporteur. (Lecture du Rapport dans la séance du 10 août 1878.) Messieurs, L'accueil bienveillant que vous avez accordé au premier Rap- port de votre Commission, nous a engagés à poursuivre nos ex- périences. Nous n'avons pas épuisé le sujet; lorsque l’on s'engage dans la voie expérimentale, on constate, ainsi que le répétait souvent notre grand physiologiste Claude Bernard, des faits que l'on me cherchait pas et qui ont quelquefois une importance plus grande que ceux dont on voulait établir la démonstration scien- tifique. A l'appui de cette remarque générale, vous vous rappelez assu- rément que votre Commission, tout en confirmant par des expé- tapport. 1 riences nombreuses tous les phénomènes métalloscopiques con- signés dans plusieurs notes et mémoires du docteur Burq, avait reconnu que les courants électriques faibles pouvaient déterminer des phénomènes analogues à ceux que l’on produisait par l'appli- cation externe des métaux, et que le retour de la sensibilité en une moitié du corps, avait souvent pour conséquence de déter- miner la perte de la sensibilité du côté opposé. A ce fait expéri- mental, votre Commission a donné le nom de transfert de la sen- sibilité. Enfin, par l'application métallique externe, votre Commission avait obtenu, non sans quelque étonnement, le retour persistant de la sensibilité chez des malades dont l’hémianesthésie était due à une lésion organique cérébrale. Tous ces faits sont présents à votre mémoire, et leur nouveauté n'a pas peu contribué assurément à en fixer le souvenir dans vos esprits. De plus, la Commission, par l'organe de son président, vous avait rendus témoins de plusieurs de ces faits, et ces faits pouvant dès lors être considérés comme acquis à la science, le moment était donc venu, par de nouvelles expériences, de véri- fier, de confirmer, s’il y avait lieu, la seconde proposition des travaux de M. le docteur Burq, à savoir : que l'aptitude métal- lique externe étant connue, le même métal, administré à l'inté- rieur doit déterminer les mêmes résultats que son application exlerne. Il s'agissait, en effet, chez les différentes malades qui avaient été le sujet des expériences métalloscopiques, d’étudier quels seraient les résultats des mêmes métaux administrés à l’intérieur. Nous allions donc entrer dans une voie nouvelle, la voie théra- peutique, et votre Commission devait redoubler de prudence et s’entourer de toutes les garanties qu’exige la méthode expéri- mentale. Nous devions d’abord établir l’état hystérique de chacune des malades avant de commencer les expériences thérapeutiques, sui- vre la marche de ces expériences et être bien certains que les mé- dicaments seraient pris par les malades dans des conditions déter- ininées. Le président de la Commission, M. le professeur Charcot, dans le service duquel se trouvaient les malades en expérience, voulut bien donner lui-même ou faire donner par son interne, M. Oul- mont, les diverses préparations métalliques, chaque jour, et aux doses indiquées, et à partir du 26 août 1877 jusqu'au 17 novembre de la même année, c’est-à-dire pendant trois mois entiers; votre a RS Commission a rédigé de nombreux procès-verbaux constatant les résultats obtenus. De plus, nous avons fait de nouvelles expériences métallosco- piques et électriques sur ces malades en voie de guérison. Ces ex- périences nous ménageaient des surprises auxquelles nous réser- verons un chapitre spécial dans le présent Rapport. J'ai hâte, messieurs, de vous exposer les résultats obtenus. A Ia suite de chaque observation, se trouvent consignées les expé- riences métalloscopiques nouvelles sur l’anesthésie et l’amyosthé- nie de retour. Ogs. I. — Marcillet, âgée de 27 ans, malade depuis onze années, — ovarienne gauche, — sensible à l’or, — avait été mise au trai- tement par l'or, à partir du 11 juin 1877 ; elle prenait chaque jour une potion renfermant 2 centigrammes de chlorure d’or et de so- dium. Le 98 juin, retour complet de la sensibilité générale et spé- ciale. La force musculaire est de 31 kil. pour la main droite et de 26 kil. pour la main gauche. L'état général est grandement amélioré, l’appétit est excessif, l’embonpoint est notablement augmenté. La menstruation réap- paraît après deux années d'interruption, et la leucorrhée a dimi- nué. Au commencement de Juillet, la dose de chlorure d’or et de so- dium est portée à 5 centigrammes par jour. La potion alors n’est plus facilement tolérée par l’estomac. Son usage est suspendu, et l’on constate une diminution de la sensibilité et de la force mus- culaire, du 3 au 19 juillet. Le 20 juillet, reprise et tolérance de la potion, qui ne contient que 3 centigrammes de chlorure d'or et de sodium. Le 31. Sensibilité et force musculaire normales. Etat général très-satisfaisant. Le 1°' août. Menstruation régulière, et le 26 août, lorsque nous revoyons la malade, elle avait les apparences de la santé et avait recouvré la sensibilité et la force musculaire : 26 août. Marcillet. La sensibilité existe sur toutes les régions explorées à droite et à gauche. La force musculaire, mesurée au dynamomètre, donne, pour la main droite, 30 kil., et pour la main gauche 95 kil. Après avoir constaté ces résultais, nous avons recherché quels seraient les phénomènes produits par l'application externe de pla- quettes d’or sur cette même malade. L'expérience a duré un peu plus d’une heure, et voici les ré- sultats qui ont été consignés au procès-verbal : Quelques minutes après l'application des plaques sur la région dorsale de l’avant-bras gauche, on constate que la sensibilité dis- paraît dans les parties voisines des plaquettes, sur le bras gauche, puis dans les régions correspondantes du bras droit.f Cette anesthésie progresse vers la base et vers l’extrémité des membres supérieurs. Des deux côtés, après dix minutes, la zone insensible ainsi formée occupe la face dorsale des doigts, des mains et des avant-bras. La face palmaire est restée sensible, c'est-à-dire que l’anesthésie qui rayonne des plaques ne les dépasse que de deux à trois centimètres dans le sens transversal, tandis qu’elle s'étend indéfiniment dans le sens longitudinal. La sensibilité à la douleur a disparu avant la sensibilité tactile. La rapidité des phénomènes n’a pas permis d'explorer la sensibilité thermique. La bande anesthésique gagne la racine du membre sans aug- menter notablement de largeur. Elle envahit successivement la face externe du bras, la région deltoïdienne, le triangle sus-cla- viculaire, l'oreille, la portion contiguë de la face et la région pa- riétale des deux côtés. Au bout de vingt minutes, les deux bandes d’anesthésie ne sont séparées, sur le vertex, que par un espace de quelques centimé- tres. La partie moyenne de la face, du cou, de la poitrine et les ré- gions interne et palmaire des avant-bras et des mains sont encore sensibles. Après une demi-heure, l’anesthésie se montrait sur la région antéro-externe des jambes, descendait sur les parties dorsale et externe du pied et des orteils, et ce ne fut que plus tard que l'in- sensibilité existait sur la région latérale interne de la jambe et la partie plantaire du pied. L’anesthésie avait donc envahi la jambe et le pied, suivant le même mode que pour l’avant-bras et la main. Cependant, l’anes- thésie devait mettre plus de temps à remonter au-dessus du ge- nou qu’elle n’en avait mis à franchir la région du coude; aussi, la tête, le cou et le thorax étaient-ils déjà insensibles que la cuisse avait encore conservé sa sensibilité. Une heure après le début de l’expérience, la sensibilité semblait s'être réfusiée à la région ombilicale et dans le triangle de Scarpa, lorsqu'elle avait déjà disparu depuis quelques minutes dans les régions axillaires et sur la ligne médiane du front, du nez, du menton, du sternum, du creux épigastrique, dela ligne blanche de — A'4 _— l'abdomen, de même que sur la peau de la rainure vertébrale. A ce moment de l’expérience, l’insensibilité cutanée était géné- rale. De plus, l’ouïe était affaiblie, la perception des couleurs était confuse, l’éther sulfurique n’avait plus d'action sur l’odorat, et la coloquinte en poidre déposée sur la langue ne réveillait au- cure sensation d'amertume. Dans le cours de l'expérience, la force musculaire avait subi des réductions de 4 kilogrammes pour le côté droit et de 3 kilo- grammes pour le côté gauche. Lorsqu'il fut bien constaté que l’insensibilité cutanée et mu- queuse était complète dans les régions explorées, et que la sensibilité spéciale était amoindrie ou pervertie, on enleva les plaquettes appliquées sur le bras gauche; il était 11 h. 34 m.; l’expérience avait commencé à 10 h. 148 m. Alors on put consta- ter, dans l’espace de 9 minutes, le retour de la sensibilité générale et spéciale, mais ce retour se manifesta dans un ordre rigoureusement inverse à celui de sa disparition et avec le même mode de propagation, rapide dans le sens lon- gitudinal, lent dans le sens transversal. La langue, dont l’anesthé- sie à la piqûre n'avait été constatée qu’à la fin de l'expérience, est redevenue sensible en même temps que la face et avant le cou... Lors des manifestations anesthésiques, le côté droit avait été en retard sur le côté gauche; il eut au contraire une avance appréciable dans la réapparition de la sensibilité. Enfin le retour de la sensibilité se montra en dernier sur les régions latérales externes des avant-bras droit et gauche. À 10 h. 43 m., le goût, l’odorat, la vision et l’ouïe sont recou- vrés par le malade. La force musculaire mesure 30 kilogrammes par la main droite et 26 kilogrammes par la main gauche. — Il ressort de cette première expérience que le traitement interne par le chlorure d’or et de sodium a paru donner des résul- tats thérapeutiques très-satisfaisants sur la nommée Marcillet. De plus, cet état satisfaisant ayant été constaté par toutes les personnes qui avaient observé cette malade, nous avons pu recon- naître que, chez elle, 1l avait suffi d'appliquer des plaques d’or en un point de la surface de la peau pour ramener l’anesthésie et l’'amyosthénie pendant toute la durée d'application de ces plaques métalliques, mais cette anesthésie et cette amyosthénie post-mé- talliques disparaissaient bientôt après l’enlévement des plaques, — VI —— et la malade revenait à l’état satisfaisant constaté au début de l'expérience. Os. II. — Angèle, ovarienne gauche, était malade depuis 5 an- nées à la Salpêtrière. Les expériences antérieures avaient établi que, chez cette malade, l’insensibilité était modifiée par l’appli- cation externe des pièces d'or. Le 30 juin, on lui fait prendre 2 centigrammes de chlorure d’or et de sodium, on augmente graduellement la dose du médicament jusqu’à 5 centigrammes par jour. La potion est tolérée par l’es- tomac, bien qu'il y ait eu quelques nausées et un peu de diar- rhée au début du traitement. Le 4 juillet, la sensibilité apparaît à la face externe du genou droit, puis au cou et à l’avant-bras gauche, et, de jour en jour, la sensibilité s'étend à tout la surface du corps. L’appétit augmente, l’anémie disparaît, la menstruation est abondante, il n’existe plus d’ovarie gauche ni de zones d’hyperesthésie; il n'y a plus de leucorrhée. Les forces sont revenues avec l’embonpoint et le sommeil. À 10 h. 40 m. Nous constatons que la sensibilité est normale du côté droit et du côté gauche au toucher, à la piqûre, à la tempé- rature et à la pression ; il en est de même pour les sens spéciaux, ouïe, odorat et goût explorés avec le tube inter-auriculaire, l’éther sulfurique et la poudre de coloquinte (Angèle est aveugle par opa- cité des cornées, à la suite d’ophthalmie de l’enfance). La force musculaire à droite mesure 30 kil. à gauche 30 kil. Au début de l’expérience, nous n’avons pas pris la température du corps avec les thermomètres. À 10 h. 45 m. Application des deux plaquettes d'or sur les par- ties inférieure et externe de l’avant-bras gauche. 40 h. 50. Anesthésie et analgésie commencent à se manifester autour des plaquettes. 10 h. 53. Mêmes phénomènes sont constatés sur les deux jam- bes. 10 h. 54. Force musculaire, main droite, 25 k. main gauche, 25 k. 41 h. Force musculaire, main droite, 27. main gauche, 20. 10 h. 54. — 11 h. Analgésie des bras et des épaules, des jambes, du tiers inférieur des cuisses. 11 h. Analgésie de la joue gauche, puis du côté droit. L’analgé- — VI — sie s'étend rapidement jusqu’au menton et à la langue, le goût amer de la coloquinte n’est plus ressenti. La malade se plaint d’étourdissements et de lourdeur dans les membres. 41 b. 5. L’analgésie a gagné les parties latérales de la tête des côtés droit et gauche et a envahi le tronc. 41 h. 6. La sensibilité s’est réfugiée sur la partie médiane anté- rieure du corps et dans les triangles de Scarpa. Ainsi, de 40 h. 45 à 44 h. 6 m., c’est-à-dire dans l’espace de 21 minutes, la sensibilité a disparu sur tout le corps. A ce moment, 11 h. 40 m., nous prions M. le docteur Bourneville de constater lui-même l’insensibilité générale, ce qu’il fait par des pincements violents de la peau de l’abdomen et par des pressions fortes sur l’abdomen. En présence de notre honorable collègue, des épingles sont en- foncées en différentes parties de la surface du corps, la peau est percée de part en part sans que les piqûres réveillent la moindre impression douloureuse. De plus, le tic-tac d’une montre promenée sur le tube inter-au- riculaire n’est perçu qu’à 5 à 6 centimètres de l’orifice externe du conduit auditif. — L’odorat est nul à l’action de l’éther sulfurique. — Le sens du goût est aboli. 11 h. 1/4. — A ce moment, on constate qu’il y a de la dyses- thésie. La glace brûle comme un charbon. L'eau chaude semble froide. 11 h. 1/4. La malade se sent endormie. La température mesure 28,8 à droite. 26 à gauche. Puis 29 à droite. 26,7 à gauche. La malade est interrogée sur la présence des personnes qui l’en- tourent, elle ne reconnaît pas leur voix, elle ne sait pas si elles sont près d’elle. — ]nterrogée sur la disparition des malades qui se sont évadées la nuit précédente, elle ignore ce qui s’est passé au sujet de ces malades. Elle ne sait pas si elles sont parties, si elles sont reve- nues. Elle ne sait pas si le chef du service est venu le matin à la Salpétrière. Elle ne sait rien, dit-elle. am A 0 0 A 41 h. 1/2. Les plaquettes métalliques sont enlevées. Presque aussitôt Angèle semble se réveiller, elle veut partir; il faut qu’elle parte. Elle n’est plus malade, elle veut qu'on de- mande sa sortie de la division où elle est internée. La force musculaire donne 25 kil. à droite. 80 kil. à gauche. Elle ne sait pas qu’elle a dormi. A 11 h. 35. Picotements sur la peau du ventre et en diverses par- ties du corps. La piqûre des aiguilles est sentie sur les bras. 41 h. 36-37. — Bientôt la sensibilité se répand en nappe et très- rapidement sur toute la surface du corps et les sens spéciaux recouvrent leurs fonctions. Ainsi, en cinq minutes, la sensibilité générale et spéciale a re- paru avec une telle rapidité qu'il a été impossible d’en suivre la marche progressive. Il convient, toutefois, de noter que son re- tour a été d’abord constaté sur les avant-bras et sur la partie su- périeure et interne des cuisses. Nous avons donc constaté sur Angèle, dans cette séance du 6 septembre, ce que nous avions constaté précédemment sur la nommée Marcillet. A savoir : que l’application du métal sur l’avant-bras a ramené l’anesthésie sur les avant-bras, les bras, les épaules, Les jambes, les cuisses, sur les surfaces antérieure et postérieure du tronc et de la tête, en suivant une marche envahissante de la périphérie vers la tête, la régien médiane du corps, et que la peau des régions ombi- licale et interne des cuisses a été le point de refuge ultime de la sensibilité. De plus, l’odorat, le goût, l’ouïe, ont été abolis dans la même séance, et le retour de la sensibilité générale et spéciale s’est pro- duit avec une très-grande rapidité, à partir du moment où les plaques métalliques ont été enlevées. Os. III. — La nommée Bar (ovarienne droitière), sensible au cuivre, avait d'abord été réservée pour l’étude du traitement mé- tallique externe. On n'avait réussi, du 17 au 30 avril, qu’à trans- férer l’anesthésie du côté droit au côté gauche. Cependant, on avait noté une augmentation de la force musculaire et le retour des règles. Le 2 et le 414 mai, la malade a des attaques d’hystérie. Le 19 juin on commence le traitement interne; on fait prendre à la malade des pilules de bioxyde de cuivre et de l’eau de Saint- A Christau. On essaie de substituer à ces préparations les pilules d’albuminate de cuivre, à partir du 8 juillet. Ces pilules contien- nent 2 centigrammes d’albuminate de cuivre, on en augmente le pombre progressivement. Le 12 juillet, la malade prenait 5 de ces piluies, et la force musculaire mesurait 41 kil. pour la main droite et 35 kil. pour la main gauche. La sensibilité est compléte- ment revenue le 13 juillet, mais des crampes d’estomac et une constipation opiniàtre forcent d'interrompre le traitement, et la malade perd bien vite tout ce qu'elle avait gagné. En effet, le 28 juillet, après des troubles gastro-intestinaux auxquels les pré- parations cuivreuses n'avaient pas été étrangères, Bar était com- plétement anesthésique, la force musculaire avait diminué. Le 26 août, La Commission retrouve cette malade dans l’état où elle était, lors des expériences consignées dans le premier Rap- port; elle était anesthésique, amyosthénique, et l'application externe du cuivre modifiait l’anesthésie et l’amyosthénie. Ces faits ayant été constatés le 26 août et le 2 septembre, nous de- mandons la reprise du traitement interne par les eaux de Saint- Christau, lesquelles, nous le savons, renferment une dose très- faible de sulfate de cuivre. La malade prend résulièrement un verre de cette eau minérale matin et soir, pendant dix jours, et le 16 septembre, la Commis- sion constate que la sensibilité est revenue du côté droit et du côté gauche sur toute la surface du corps, et les organes des sens ont recouvré la sensibilité spéciale. La force musculaire mesure 12 kil. pour la main droite, ct 14 kil. pour la main gauche. Le thermomètre marque dans la main droite 25 — 27 — 274 — 27,7 et dans la main gauche 20 — 25,5 — 26 — 26,8 La malade était donc dans un état relativement satisfaisant le 16 septembre. À 11 h. 20 m., application de 2 plaques de cuivre sur l'avant- bras droit. À midi, anesthésie de retour sur le côté droit, puis sur le côté gauche. L'anesthésie s'étend de bas en haut sous forme de bande, puis elle envahit toute la surface des membres et du tronc. A midi, anesthésie des organes des sens, affaiblissement de la force musculaire qui est tombée à 10 kil. pour la main droite et la main gauche. Abaissement de la température, 26,8 à droite, 26 à gaucl Assoupissement; la malade dort debout. Rapport. 10. w EN A midi 5 m., on enlève les plaques métailiques, et tout rentre progressivement dans l’état normal. La sensibilité générale et spéciale est recouvrée, mais la malade est fatiguée et a une grande tendance au sommeil. Nous avons suivi l’observation de la nommée Bar jusqu'au 17 novembre; elle a été soumise à de nouvelles expériences d’anesthésie de retour ou post-mctallique, et pendant trois mois elle nous a offert les apparences de la santé. L'eau de Saint-Christau était bien supportée, et c’est pendant l’ingestion de ce médicament que l’état général de la malade est redevenu satisfaisant, que la sensibilité générale et spéciale, que les forces musculaires ont été recouvrées. Il me reste, messieurs, à vous dire quel a été le résultat du traitement interne sur les nommées Bucquet et Wittmann. Je serai obligé, dans cette partie du Rapport, de garder le silence sur la nommée Glaize, parce qu’elle n’a pas voulu se soumettre à un traitement régulier. Os. IV. — La nommée Bucrquet est la malade hystéro-épilep- tique sur laquelle M. Le professeur Charcot avait pour la première fois constaté l’action locale des applications métalliques. Cette malade qui avait une hystérie entée sur une épilepsie primitive, était anesthésique à droite et seulement analsésique à gauche, avec contracture de la jambe droite. Votre Commission avait constaté antérieurement que la nommée Bucquet était sensible à l'or. Elle fut mise au traitement interne le 6 Juillet 4877, et le 143 du même mois, la malade avait recouvré la sensibilité dans tout le côté droit. A la fin de juillet la sensibilité était redevenue nor- male, lies phénomènes hystériques ont disparu, mais elle a con- tinué à avoir des accès d’épilepsie. Son état généra! est très-satis- faisant. La menstruation est régulière et abondante. Ogs. V. — Wittmann, âgée de 18 ane, est hystéro-épileptique. Elle ne présente point de douleurs dans les régions ovariennes; elle est anesthésique de toutes les parties du corps. De plus, l’amyosthénie est très-notable. La main droite ne donne que 93 kilozrammes au dynamomèêtre et la main gauche 12 kilo- grammes. L'application de l’or ramène très-rapidement la sensibilité au voisinage des plaques métalliques, mais, très-rapidement aussi, se produit l’anesthésie de retour dans les mêmes points, Pour être — XI — analysés et constatés, ces phénomènes opposés doivent être étu- diés de minute en minute. Pendant l’administration de l'or à l’intérieur, la malade re- couvre la sensibilité périphérique et une bonne partie de sa force musculaire. Pendant un mois, elle n’a pas eu d'attaques hysté- riques. Sur les malades Bucquet et Wittmann, toutes deux sensibles à l'or, le traitement interne parut donc donner des résultats favo- ralles. Depuis le mois d’août, la Commission avait repris ses séances; elle avait constaté les résultats obtenus pendant l’administration interne des métaux. De plus, en interrogeant l’action locale des métaux sur les hystériques qui avaient recouvré la sensibilité gé- nérale, spéciale et la force musculaire, votre Commission avait, pardonnez-moi cette expression, fait une nouvelle découverte. En effet, nous avions constaté que, chez ces malades en apparence guéries, l’application externe des métaux pouvait déterminer l'anesthésie et l’amyosthénie de retour. Ces faits thérapeutiques et métalloscopiques avaient fait quelque bruit, et plusieurs médecins en avaient été témoins; ces expé- riences se faisaient publiquement devant toutes les personnes qui voulaient bien y assister. MM. les professeurs Claude Bernard, Béclard et Vulpian devaisnt plus tard les constater. Le 21 septembre, M. Bouley, membre de l'Institut, assistait à la séance de la Commission, et nous pûmes répéter devant lui la plu- part des expériences qui avaient été faites antérieurement. Après lui avoir montré les nommées Marcillet, Angèle et Bar, qui avaient recouvré la sensibilité, la force musculaire et l’ap- parence de la santé à la suite de la métallothérapie interne, nous avions pensé que toutes ces malades, dans un espace de 20 à 40 minutes, présenteraient de nouveau les phénomènes hys- tériques sous l’influence de l’application externe des métaux Les phénomènis se produisirent comme ils avaient été prédits. Deux plaquettes métalliques ayant été appliquées sur l’un desavant-bras, on constatait, au bout de quelques minutes, la disparition locale de la sensibilité, et l'anesthésie ne tardait pas à s'étendre sur toute la surface du corps et aux organes des sens. Cbez l’une des malades, 23 minutes avaient suffi pour que l’ey_ périence fût coinplète ; alors on enleva les plaquettes métalliques et l'un put constater le retour de la sensibilité cutanée et de la sensibilité des organes des sens dans l’ordre inverse à leur — XI — disparition. La force musculaire, qui était tombée à 10 kilogram- mes pendant l'application des plaques, remontait à 30 kilogrammes à la fin de l'expérience. A cette anesthésie de retour, chez des malades guéries en appa- rence, M. Charcot a donné le nom d’anesthésie métallique. Sui- vant M. Burq, lorsque cette anesthésie de retour, cette anesthésie métallique peut être produite à volonté, les malades ne sont pas complétement guéries. La guérison n'existe probablement que lorsque l’anesthésie métallique ne peut plus être produite. Il y aurait donc, dans ce cas, indication de continuer le traitement in- terne jusqu’au jour de la disparition de cette anesthésie de retour expérimentale. Nous avons déjà dit que la nommée Glaize n'avait pas voulu se soumettre au traitement interne. Aussi la retrouvions-nous dans l’état où elle s'était montrée une année avant, lors de nos premières expériences. Elle était anesthésique, amyosthénique, et nous devions profiter de son insubordination pour rendre M. Bou- ley témoin des faits métalloscopiques énoncés dans notre premier rapport. L'anesthésie est démontrée par latranspercement de la peau de l’avant-bras et des espaces interdigitaux. La sensibilité est nor- male du côté gauche. Alors deux plaquettes d’or sont appliquées sur l’avant-bras droit. Après 10 minutes, la sensibilité est revenue dans la zone métallique du côté droit, tandis qu’il y a transfert de l’insensibi- lité dans les régions symétriques du côté gauche. Il n’est pas sans importance néanmoins de faire remarquer que ces phénomènes, déjà constatés l’année précédente (août 1876), pouvaient être reproduits à volonté en septembre 1877. De la première partie de ce second Rapport il ressort que, chez des malades dont l’aptitude métallique avait été reconnue par des expériences antérieures, on à obtenu, pendant la période d’admi- nistration à l’intérieur des 1némes métaux, un amélioration dans l’état général de leur santé, amélioration établie d’abord par le retour de la sensibilité générale et spéciale, par le retour de la force musculaire et de la menstruation régulière. De plus, tous ces faits ayant été corstatés par votre Commission, il à été reconnu que, chez les malades guéries en apparence, l’on pouvait, par l'application externe des métaux, déterminer une anesthésie et une amyosthénie de retour, passagères, dont la durée était mesurée par le temps que durait l'application exterie des RATE = métaux. Aussitôt après l’enlévement des plaques métalliques, l’on voyait réapparaître la sensibilité générale et la sensibilité spé- ciale dans un ordre inverse à celui de leur disparition. Cette anesthésie et cette amyosthénie de retour, obtenues à volonté, est un fait expérimental dont la constatation appartient encore à votre Commission, et dont la réalité a été confirmée par ous ceux qui ont voulu en être témoins. Ces faits sont acquis à la science expérimentale au même titre que les faits métalloscopi- ques du même ordre relatés dans notre premier Rapport. Mais le fait dominant sur lequel nous appelons l’attention, c’est que votre Commission à constaté que chez des malades hystéri- ques, l’aptitude métallique externe avait fourni l'indication du métal qu il convenait d’administrer & l'intérieur pour obtenir des résultats thérapeutiques que l’on peut considérer comme ayant été favorables. En sera-t-il toujours ainsi? L'avenir seul jugera, mais votre Commission, sans se départir d’une sage réserve, croit que Jes mêmes résultats seront obtenus par d’autres okservateurs, à la condition de se placer dans les mêmes conditions expérimentales. De semblables expériences demandent beaucoup de temps, beau- coup de patience, et par cela même ne seront pas d’une vulqari- sation facile ct rapide; mais la voie est ouverte, des observateurs patients et sagaces s’y engageront, et lorsque les faits constatés par votre Commission auront reçu la sanction de faits nouveaux, la thérapeutique de l’hystérie aura fait un notable progrès. Toute- fois, il convicnt de ne pas se faire d'illusions : l’hystérie est une maladie générale dont on peut modifier les manifestations par bien des méthodes et des procédés thérapeutiques, et la métallo- thérapie, quelque fondées que soient ses promesses, ne pourra vraisemblablement obtenir de résultats durables que par une intervention prolongée et souvent répétée. Votre Commission, Messieurs, aurait pu limiter son rapport à la relation de l’action thérapeutique apparente des métaux dans l’hystérie et à la constatation des phénomènes d’ancsthésie et d’a- myosthénie post-métalliques; mais, une fois engagéedans la voie expérimentale, elle a continué ses recherches, et il lui était ré- servé de reconnaître des faits nouveaux. D'abord, se rappelant que Les courants électriques faibles, appli- qués sur la peau, avaient donné des résultats analogues à ceux qui avaient été obtenus par l'application externe des métaux, elle voulut rechercher si les mêmes courants électriques détermine- raient, comme l'application externe des métaux, l’anesthésie et — XIV — l’amyosthénie de retour. Cela était possible, mais ce n'était là qu'une hypothèse : Os. I bis. Marcillet. — Après avoir constaté, le 23 septembre 1877, que la nommée Marcillet avait conservé tous les avantages du traitement interne, que la sensibilité générale et la sensibilité spéciale étaient intactes et que la force musculaire mesurait à 30 kil., on procède de la façon suivante : À 10 B. 1/4. Des électrodes de platine en communication avec une pile faible de ‘lrouvé furent appliqués sur la face dorsale de l'avant-bras droit. A 10 h. 95. L’anesthésie de retour apparaît autour des électrodes et envahit la face dorsale de l’avant-bras, du poignet, tandis que la face palmaire des mêmes parties reste encore sensible à la pi- qûre. À 10 h.35. La région deltoïdienne droite est insensible et la face dorsale et externe de l’avant-bras gauche ct du bras gauche est envahie par l’insensibilité. À 40 h. 35. La force musculaire ne donne plus que 25 kil. à droite et 23 kil. à gauche. À 10 h. 45. Les parties latérales droite et gauche de la tête sont insensibles. À 10 h. 50. La sensibilité de la paume de la main persiste en- core à gauche, mais elle a disparu à droite. À 10 h. 55. Les deux jambes sont insensibles, si ce n’est à la face interne et postérieure. Alors la force musculaire mesure 23 kil. à droite et 20 kil. à gauche. À 10 h. 52. La surface de la langue cest insensible à la piqûre et la muqueuse linguale a perdu [a sensibilité spéciale, ainsi que les muqueuses buccale et pharyngée. La malade déglutit la poudre de coloquinte sans lui trouver aucun goût. À 11 h. L’anesthésie de retour s’est généralisée sur toute la sur- face du corps. La s:nsibilité spéciale n’existe plus pour les orga- nes du goût, de l’odorat; de plus, les couleurs sont mal distin- guées par les deux yeux, et l’ouïe est aliaiblie des deux côtés. La force musculaire ne mesure plus que 17 kil. à droite et 20 kil. à gauche. À 11 h.3 m., on cesse l’application des courants, et bientôt l’on constate le retour progressif de la seusibilité dans un ordre in- verse à celui de l’anesthésie provoquée. À 11h. 15 m., la sensibilité et la force musculaire sont redeve- Es es nues ce qu’elles étaient avant le commencement de l'expérience. Les résultats ont donc été semblables à ceux obtenus par l’ap- plication externe des métaux pour l’anesthésie de retour pour la nommée Marcillet. Os. IL bis. Bar. — Il convenait d'étudier si la nommée Bar, qui avait recouvré la santé pendant le traitement par les eaux cui- vreuses de Saint-Christau, offrirait les mêmes phénomènes d’a- nesthésie de retour sous l’action des courants électriques faibles. On procède de la même façon que pour Marcillet. A 11 h. 10 m. commence l’expérience. Les électrodes de platine sont appliqués sur l’avant-bras droit. A11h.93m., Bar se sent engourdie. L’anesthésie de retour gagne très-rapidement tout le côté droit du corps ; déjà le bras gauche devient insensible dans la région dorsale et externe. La jambe droite est insensible dans sa partie moyenne, puis à 41 h. 95 m., l’anesthésie a gagné tout le côté gauche du corps, et cela avec une telle rapidité, qu’on a peine à suivre la marche en- vahissante de l’anesthésie dans les différentes régions du corps. A 11 h.95 m., la force musculaire est tombée, pour le côté droit, de 18 kil. à 12 kil. pour la main droite. La notion des couleurs est confuse pour les deux yeux. L’ouïe est affaiblie, l’odorat et le goût sont abolis. A 11 h. 30. m., les électrodes sont enlevés, et dans l’espace de quatre minutes la sensibilité normale est réapparue pour la sur- face du corps et les organes des sens. Les conclusions sont donc les mêmes pour Bar, sensible au cui- vre, que pour Marcillet, sensible à l'or, et l’on peut dire, d'une manière générale, que, chez ces deux malades auxquelles la mé- tallothérapie a rendu les apparences de la santé, V'anesthésie de retour et l’amyosthénie de retour se sont manifestées, sous l’ac- tion des courants faibles, comme cela avait été constaté sous l’ac- tion des métaux or et cuivre, appliqués à la surface du corps des mêmes malades. Ogs. V bis. Wittinann. — Des résultats analogues ont été obte- nus pour la nommée Wittmann, sur laquelle les électrodes de platine déterminaient le retour et la disparition de la sensibilité avec une rapidité alternante égale à celle qui avait été constatée pour l'application externe de plaquettes d’or. De ces expériences, il résulte donc qu'il existe une anesthésie et — XVI — une amyosthénie de retour post-électriques, analogues à l’anes- thésie et à l’amyosthénie de retour post-métalliques. De nouvelles recherches devaient nous fournir des résultats en- tiérement nouveaux : Nous sävions, par des expériences antérieures, que des pla- quettes de platine, isolées de la pile électrique, appliquées sur la surface iceutanée des nommées Marcillet et Bar, ne produisaient aucun résultat; de nouvelles expériences confirmèrent ces faits; mais dans la même séance, le 27 septembre, il nous vient à l’es- prit de rechercher si ces mêmes plaquettes de platine, en rapport pendant un certain temps avec un élément faible de Trouvé, puis séparées de cet élément, produiraient queique effet sur la sensi- bilité. Os. I fer. Marcillet. — En conséquence, les plaquettes sont réu- nies pendant quinze minutes aux fils de la pile, et maintenues dans les mains de l’un des expérimentateurs. Alors, séparées de la pile, ces plaquettes de platine sont appliquées à 11 h. 52 m., sur l’'avant-bras de Marcillet. À 11 h. 54 m., la malade accuse de la démangeaison au niveau des plaquettes, et, à midi, l’anesthésie de retour a envahi les avant-bras, les bras et la tête. A ce moment, la force musculaire ne mesure que 20 kil. à gauche et 24 kil. à droite, tandis qu'avant cette dernière expé- rience, la force musculaire donnait 30 kil. à gauche et 35 kil. & droite. Faut-il accepter que ces plaquettes étaient restées chargées d’élec- tricité et que c'était à cette condition qu’elles devaient d’avoir déterminé l’anesthésie et l’amyosthénie de retour? Oss. III ter. Bar.— Séance tenante, la même expérience est ré- pétée sur la nommée Bar, à midi 45 m., et, à midi 30 m., l’anes- thésie de retour est constatée. Serait-il prématuré de conclure de cette double expérience, que les plaquettes de platine, chargées d'électricité polarisée, ont produit des effets identiques à ceux des électrodes de platine en communication avec une pile électrique ? Oss. I quater. Marcillet. — Dans la séance du 14 octobre 1877, sur la nommée Marcillet, dont la sensibilité et la force musculaire étaient normales, nous avons appliqué une seule plaque de platine en communication avee le pôle positif d’une pile de Trouvé, et, dans l’espace de vingt-cinq minutes, l’anesthésie à été produite sur ANT == tout le corps, et cela d’une façon identique à ce que nous avions obtenu antérieurement lorsque nous agissions avec les courants. La force musculaire à la fin des expériences était tombée de 10 kil, pour la main droite. A 41 h. 93 m., on retire la plaque de platine, et, dans l'espace de dix minutes, la sensibilité et la force musculaire étaient redeve- nues normales. Dans cette même séance et dans celle du 8 novembre 1877, nous fîimes d’autres expériences dont l'interprétation théorique est difficile, mais dont les résultats sont très-intéressants et d’une utilité thérapeutique peut-être importante. Le hasard nous avait appris que des plaquettes composées de deux métaux superposés ne donnent pas toujours des résultats comparables aux résultats obtenus avec les plaquettes composées d’un seul métal (1). Alors, étant connue l'aptitude métallique d’une malade, nous avons recherché quelle serait l’action de la superposition d’un autre métal sur la plaquette en contact avec la peau. Oss. V fer. Wittmann.— La nommée Wittmann, sensible à l'or, était particulièrement favorable pour ce genre d'expérience, parce que, chez elle, l’anesthésie de retour succédait très-rapidement à la sensibilité métallique, et réciproquement. (1) Il est juste de rappeler ici : 19 Que M. Burq avait, depuis fort longtemps, observé que le contact de certaines matières, métalliques ou non, avait, dans plusieurs cir- constances, privé les plaques de leur efficacité ordinaire ; mais il s'était borné à noter le fait sans en rechercher l'explication. 29 Que M. Vigouroux, sans connaître les observations de M. Burq, fut amené, par des vues théoriques qu’il a exposées plus tard, à étudier le même fait. Il rechercha les modifications que l’on pourrait produire dans les phénomènes métalloscopiques en recouvrant une des faces du disque de métal, celle qui n’est pas en contact avec la peau, avec une substance soit isolante, soit conductrice de l'électricité. Il est arrivé à des résultats intéressants pour la théorie et même, comme nous le ver- rons, pour la thérapeutique. D'abord, pour ce qui concerne les corps isolants, M. Vigouroux a vu, dans quelques expériences, qu’un disque de cuivre ou de zinc perd son action lorsque sa face libre est recouverte d’une couche de cire à cacheter ou de gutta-percha ; mais une couche isolante semblable n'entrave en rien l’action d'une plaque d'or. Rapport. 3 — XVIII — 41 h. 30 m. Une pièce de 20 fr. est appliquée sur l’avant-bras droit ; retour de la sensibilité. 41 h. 31 m. Une pièce de 1 fr. en argent, appliquée directement sur la peau, ne ramène pas la sensibilité. 41 h. 32 m. La pièce d’or appliquée seule ramène la sensibilité, puis anesthésie de retour. 11h. 34m. A ce moment, on place la pièce d'argent sur la pièce d’or; la sensibilité ne réapparaît pas. 11 h. 7 m. On renverse l'expérience, c’est-à-dire que l’on met la pièce d'argent en contact avec la surface cutanée, puis on lui superpose une pièce d'or; il n’y a pas, dans ces deux cas, retour de la sensibilité. On peut donc conclure que l’or appliqué isotément sur le bras de Wittmann ramène la sensibilité ; mais, si l’on applique sur la pièce d'or une pièce d'argent, les phénomènes ordinaires ne se produisent plus. De même, lorsque l’anesthésie de retour s’est produite, l'or étant appliqué sur la peau, on peut fixer, c'est-à-dire rendre du- rable, cette anesthésie de retouren mettant une pièce d’argent sur la pièce d’or. Tout en constatant les résultats de cette expérience, qui pou- vaient être dus à l’action d’un métal sur l’autre, — action inter- métallique, chimique ou physique, — qui empêche l’action phy- siologique métalloscopique de se produire, il me vint à l'esprit, séance tenante, d'étudier l’action de l’échelonnement de deux mé- taux sur le même membre. L'idée qui me guidait dans cette expé- rience était la suivante : ayant en mémoire la marche ascendante, centripète des phénomènes métalloscopiques, et en particulier le fait du transfert de la sensibilité, il était vraisemblable, pour moi, que la sensibilité post-métallique était la conséquence du transport d’une impression spéciale de la périphérie vers les centres nerveux, puis d’un acte réflexe des centres vers la périphérie. Il était donc naturel de penser que, si, par un procédé quelconque, on empé- chait la transmission de l’impression périphérique vers les centres nerveux, on arrêterait l’évolution des phénomènes métallosco- piques. En conséquence, sur l’avant-bras de la même malade Witimann, je plaçai un bracelet de pièces d'argent à 5 ou 6 cen- mètres au-dessus d’un bracelet de pièces d’or, et nous constations que ce procédé empêchait le retour de la sensibilité. A peine avait- on enlevé le bracelet argent, tout en laissant en place le bracelet d’or, que la sensibilité réapparaissait et suivait sa marche ascen- dante. L'expérience semblait donc établir que, pour Wittmann, la sensibilité métallique cessait de se manifester : — IX — 19 Lorsque l'on superposait deux plaques métalliques or et ar- gent; | 29 Lorsque l’on plaçait une pièce métallique argent à quelques centimètres au-dessus de la pièce métallique or. Mais l’action métallique restait normale lorsque le métal neutra- lisant était situé à quelques centimètres au-dessous du métal agis- sant. Nous avions déjà constaté l’action métallique effective sur l’anesthésie de retour en appliquant des pièces d’or sur un seul bras. Nous savions que cette action métallique se généralisait d'un côté à l’autre. De plus, en répétant, sur Marcillet, les expé- riences faites sur Wittmann, nous avions obtenu des résul- tats analogues, c’est-à-dire que l’anesthésie de retour ne se produi- sait pas. Que devait-on obtenir en appliquant sur l’avant-bras gauche un bracelet d'or, et sur l’avant-bras droit un bra- celet d'argent? L’anesthésie de retour serait-elle modifiée dans sa marche, dans son étendue? Alors nous avons constaté que, pendant toute la durée de l'application simultanée de l'or à gauche et de l’argent à droite, la sensibilité restait normale. Si on laissait l’argent en place, après avoir enlevé l’or du bras gauche, aucun phénomène n'était produit. Mais, après avoir enlevé l'argent du bras droit et replacé l'or sur le bras gauche, l’anesthésie de retour ne tardait pas à se produire sur le bras gauche et à s'étendre à tout le corps. L'action de l’argent avait donc paru être neutralisante de l’action de l’or. Ce dernier fait me paraît avoir une grande importance; aussi je transcris ici le procès-verbal de cette expérience pratiquée le 8 no- vembre, sur Mareillet. Avant de pratiquer l’expérience, on s’assure que la sensibilité générale et spéciale est normale. Puis, à 10 h. 30 m., nous appliquons, sur le bras gauche, deux plaquettes d’or, et, sur le bras droit, deux plaquettes d’argent. À 11 h., aucun phénomène d'anesthésie de retour ne s’est pro- duit; les choses sont restées comme avant l’expérience. A 11 h., nous enlevons les plaquettes d’or du bras gauche, nous laissons les plaquettes d'argent, sur le bras droit. À 11 h. 1/4, aucun résultat; la sensibilité reste normale à droite et à gauche. À 11 h.16 m., nous enlevons les plaquettes d'argent du bras droit, et nous replaçons les plaquettes d’or sur le bras gauche. A 11 h.21m., l’anesthésie commence à se manifester autour des plaques d’or, et ne tarde pas à envahir tout le bras gauche, puis la jambe gauche. A 41 h. 95, l’anesthésie de retour a envahi toute la surface du corps, et la malade à une grande tendance au sommeil. Sur la même malade, dans une autre séance, nous avons constaté une hémianesthésie de retour, produite dans des conditions spé- ciales. Cette expérience n’a été faite qu'une fois, mais le résultat est assez curieux pour mériter d'être relaté, d'autant plus qu'il concourt à démontrer que tous ces faits sont dus vraisemblable- ment à une modification du centre cérébro-spinal. Au début de l'expérience, la sensibilité est normale, et la force musculaire mesure, à droite, 30 kilogrammes et, à gauche, 23 kilo- grammes. , À 11 h.57 m., on applique sur le bras gauche un bracelet d'or, puis, sur le bras droit, un bracelet de pièces d’or et de pièces de cuivre superposées, où un bracelet de pièces d’or et cuivre, ces deux métaux étant séparés l’un de l’autre par un morceau de soie. À midi 20 m., il y a anesthésie de retour sur le bras gauche, tandis que la sensibilité persiste sur le bras droit; c’est-à-dire que l’anesthésie de retour est restée limitée au bras droit et n'a pas franchi les centres nerveux pour se répandre sur le côté droit du corps. Peut-être pourrait-on dire que l'or à agi sur le bras gauche comme il le fait ordinairement chez cette malade, en déterminant l’anesthésie de retour, tandis que le bracelet or et cuivre, ou le le bracelet or, soie et cuivre, appliqué sur le bras droit, a fixé les phénomènes en l’état où ils existaient au début de l'expérience; mais, quelle que soit l'interprétation, on peut admettre que l’action des centres nerveux a été modifiée. Il y a eu là une double action hémiorganique, produisant l’anesthésie de retour à gauche et la fixation des phénomènes préexistants à droite (1). (1) Notons que, dans la même séance du 4 novembre, nous avions répété, devant M. Claude Bernard et le président de la Commission, - M. le professeur Charcot, les diverses expériences qui démontraient : 49 les faits principaux de la métalloscopie relatés dans notre premier Rapport (retour de la sensibilité, de la force musculaire, transfert de Ja sensibihté générale et spéciale) ; 29 le fuit de la fixation des phéno- ménes dans leurs différentes phases d'évolution par la superposition des plaques métalliques (retour de la sensibilité, de la force musculaire ; anesthésie et amyosthénie de retour post-métalliques). De plus, M. Char- — XXI — Le 17 novembre 1877, diverses expériences, au sujet de la métalloscopie et de la métallothérapie ont été répétées devant M. Vulpian. 4° Sur la nommée Wittmann, M. Vulpian a constaté l’anesthé- sie des deux côtés du corps, puis il a appliqué une pièce de un franc argent sur l’avant-bras gauche de la malade. Bientôt la sen- sibilité a été constatée dans une certaine étendue au-dessous et autour de la pièce d'argent. Mêmes résultats ont été obtenus avec une pièce d’or de 20 francs. Wittmann est donc sensible à l’argent et à l'or, le jour de ladite expérience (1). cot avait montré, dans la même séance, au célèbre professeur du Col- lése de France, l’action de la compression de l’ovaire sur la production ou la cessation des attaques hystériques et l’action extatique et catalep- tique des inhalations d’éther sulfurique sur certaines hystériques. (2; C’est ici l’occasion de noter qu’il existe, pour une même malade, des aptitudes polymétalliques, c’est-à-dire que chez une malade, à un même moment, ou à des périodes différentes de la diathèse morbide, la sensibilité et la force musculaire peuvent être modifiées par plusieurs métaux (deux, rarement trois métaux), mais à des degrés variables. L’aptitude polymétallique a été constatée chez Angéle et chez Glaize, qui, à des époques différentes, ont eu une aptitude or et cuivre; l’cr ayant, toutefois, chez ces deux malades, une action plus marquée. De même, Wittmann était sensible à l'or et à l’argent, l’avantage restant à l'or. Chez M)..., l'or et l’argent ont une action très-manifesie, mais ce fut à l’application externe de l’argent que Mo... dut les modifications persistantes favorables dans l’état de sa santé. Nous n’avons pas ici à vous entretenir des aptitudes métalliques dissimulées, parce que la Commission n’a point fait d'expériences sur cette partie de la métalloscopie ; mais nous devons emprunter aux pro- cès-verbaux de nos expériences la réponse à l’objection de quelques observateurs anglais qui ont avancé que c’est à l’attention expectante (expectant attention) que l’on pouvait rapporter les phénomènes que nous avons attribués à l’application externe du métal. Loin de nous l'idée de nier certains résultats de l’attention expectante, mais voici deux expériences qui établissent que l'attention expectante n’a eu aucune part dans les phénomènes observés : sur la nommée Angèle, sensible à l'or, on avait appliqué des plaquettes d'or fixées sur des rondelles de bois et on était trés-étonné de ne constater aucune modification de la sensibilité, La malade et les expérimentateurs étaient dans l'attention expectante d’un phénomène qu'ils connaissaient; alors — XXI — 20 Sur Sc.... institutrice, hémianesthérique et hémichoréique : application de plaquettes de zinc. Retour de la sensibilité et r'ans- fert de la sensibilité. 30 Sur la nommée Bar..., sensible au cuivre : M. Vulpian a de- mandé que l’on appliquât, à l’insu de la malade, des plaques de platine. — Après vingt minutes de l’application de ces plaques, au- cun phénomène général ni anesthésie de retour. Alors on substitue au zinc des plaquettes de cuivre et au bout de dix minutes : anesthésie de retour localisée symétriquement à la région inférieure et externe des quatre membres, puis bientôt généralisée et production de phénomènes généraux : bâillements, tendance au sommeil, lourdeur de tête et des membres, malaise général. 4° Angèle. Retour à la santé, sensibilité générale et spéciale re- couvrée. Application de rondelles de bois recouvertes d’or sur le bras gauche. Au bout de 20 minutes, aucun phénomène n’est pro- duit 4). Je rernplace cet appareil par deux pièces d’or de 20 francs. Au bout de dix minutes retour de l’insensibilité locale et bientôt gé- néralisée. Acte d’insubordination, la malade prétend sentir; mais chacun put constater qu'aux bras, sur le tronc, aux jambes et sur la tête, la malade ne sent pas les coups d’épingle. 5° Marcillet, sensibilité générale et spéciale normales. — Appli- cation de deux plaquettes d’or sur le bras gauche. Après dix mi- nutes, anesthésie de retour suivant la marche ordinaire locale, des- on substitue des pièces d’or aux plaquettes, et bientôt les résultats de- viennent manifestes. Chez la nommée Bar..., sensible au cuivre, on applique, à l’insu de la malade, des plaquettes de platine. Cette malade croit qu’il y a eu application de cuivre, elle est dans l'attention expectante, et cependant aucun phénomèéne ne se produit. Alors on substitue le cuivre au pla- tine, et la sensibilité et la force musculaire sont modifiées suivant l’or- dre habituel pour cette malade. Ces deux expériences ne prouvent-elles pas que l'attention expec- tante dans ces deux observations n’a eu aucune part dans les résultats obtenus. (1) Il convient de faire remarquer que les plaquettes d’or dont on s'était servi dans cette expérience étaient en contact avec une anse de laiton fixée sur les rondelles de bois, et que le contact du cuivre et de l'or avait été peut-être la cause physique de la non-production des phé- nomènes métalloscopiques ordinaires. oi cendante et ascendante, et symétrique pour les quatre membres, la tête, et la langue. Anesthésie des sens spéciaux, complète pour le goût et l’odorat, incomplète pour la vue et l'ouïe. La force mus- culaire qui, au début de l'expérience, donnait 30 à D et 93 à G. descend à 25 20 49 16 On retire les plaquettes et, en quelques minutes, la sensibilité réapparaît en toutes parties du corps et la force musculaire mar- que 27 à droite et 20 à gauche. Catalepsie. — Des phénomènes de catalepsie ont été constatés pendant l’expérience sur Marcillet comme sur Bar. 6° Enfin, dans la même séance, 17 novembre 1877, M.Charcot mon- tre à M. Vulpian les nommées Ronsille et Petit, hémianesthésiques et hémichoréiques par lésion organique, qui, depuis une année, ont recouvré la sensibilité générale et spéciale, après une seule appli- cation métallique. On peut donc dire que les expériences, faites dans cette séance, ont été confirmatives de celles qui avaient été entreprises par la Commission depuis plus d’une année, puisqu'il nous a été permis, une fois de plus, en cette occasion, de montrer l’aptitude de cer- taines malades pour un métal déterminé, ce qui a été fait pour les nommées 5c..., Bar, Angèle et Marcillet. Sur Sc..., on à pu constater le fait du transfert ; sur Witt- manon, l'aptitude polymétallique pour l'or et pour l'argent; enfin sur l2s nommées Ronsille et Petit, hémianesthésiques par lésion cérébrale, M. Vulpian a constaté le résultat persistant depuis une année du retour de la sensibilité. Ce dernier fait était d'autant plus intéressant pour M. Vulpian, que, en décembre 1875, il avait fait connaître un fait analogue, le retour de la sensibilité, par l’application de courants faradiques sur un malade dont l'hé- mianesthésie persistante était la conséquence d’une lésion encé- phalique (1). Cette séance du 17 novembre aurait pu être la dernière; cepen- dant il nous était réservé de constater par une expérience nouvelle des faits qui pourraient être invoqués comme la démonstration scientifique de la métalloscopie et de la métallothérapie. La Société de Biologie n’a pas oublié les curieuses expériences que M. le professeur Charcot à répétées devant elle, en lui pré- (1) Vulpian. (ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE. Décembre 1875, p. 877.) — XXIV — sentant, dans la séance du 49 janvier, mademoiselle Mo..., qui était affectée d’achromatopsie hystérique. Depuis dix mois, Mie Mo... avait présenté plusieurs symptô- mes de la diathèse hystérique."La région ovarienne droite était douloureuse à la pression et, le 20 novembre 1877, époque à la- quelle le docteur Fieuzal avait adressé cette malade à M. le pro- fesseur Charcot, il existait une hémianesthésie cutanée du côté droit et une anesthésie des sens spéciaux surtout accusée & droite. Mie Mo... est mercicre, et elle avait remarqué que, depuis plu- sieurs mois, elle ne pouvait distinguer la couleur des rubans qu'on lui demandait dans son magasin. En effet, on constatait, en présentant à la malade les six cou- leurs de la gamme chromatique, qu'il existait une achromatopsie complète de l'œil droit et une dyschromatopsie et achromatopsie incomplète de l’œil gauche. Quatre pièces d’or furent appliquées sur la tempe droite et la partie correspondante du front et, vingt minutes après le début de cette application, M!8 Mo... avait recouvré la notion du bleu et du jaune pour l’œil droit. Pendant un mois, la malade fut soumise au traitement par l'or intus et extra et, le 20 décembre, l'œil droit distinguait toutes les couleurs. « De loin comme de près les couleurs sont perçues de la façon la plus distincte ». Les forces sont revenues en partie, et la malade est dans un état notable d'amélioration. Nous disons « dans un état notable d'amélioration », car l’expé- rience nous a appris que, lorsque la diathèse est encore en puis- sance, on peut par l’application externe des métaux déterminer des manifestations hystériques. La diathèse était encore en puis- sance chez M! Mo..., le 27 décembre 1877; en effet, à cette épo- que on pouvait, par l'application externe des pièces d’or, détermi- ner l’achromatopsie métallique de l'œil droit et de l’œil gauche, mais cela dans un ordre déterminé, toujours le même, ce qui excluait toute supposition de fraude possible de la part de la ma lade. Ainsi, la malade, qui avait recouvré la notion des couleurs dans l’ordre suivant : bleu, jaune, orangé, rouge, vert et violet, perdait de nouveau, sous l’action du métal, la notion du violet, puis successivement du vert, du rouge, de l’orangé, du jaune et, en dernier lieu, du bleu. Les expériences faites sur cette malade ont été consignées très- fidèlement dans la thèse du docteur Gédéon-Baron. (Paris, 1878, thèse de la Faculté.) I n'est pas nécessaire, Messieurs, d’insister longuement pour < — XXV — établir combien cette observation de M'e Mo... est importante et plaide en faveur de la métallothérapie. Elle démontre l’action de l'application d’un métal à un moment déterminé, et, de plus, elle permet de constater les heureux effets de l'administration du même métal à l’intérieur sur l’état général de la malade. Depuis le mois de décembre, d’autres expérieuces ont été faites dans le service de M. le professeur Charcot sur différentes malades hystériques et hystéro-épileptiques. MM. Vigouroux et Regnard out eu surtout pour but d'étudier, avec M. le professeur Charcot, l’action de l'électricité Voltaïque, de l'électricité Faradique et des aimants, eomparativemeut à l’action des métaux. La Commission a dû poser une limite à ses travaux, et, se rappe- lant que vous l’aviez invitée à vous faire conaître le résultat de ses expériences sur la métallothérapie, elle laisse à M. le professeur Char- cot et à ses collaborateurs le soin de vous dire les enseignements qui ressortiront de leurs nouvelles recherches. Toutefois, permettez-nous, Messieurs, de résumer dans une vue d'ensemble les notions principales qui ont été révélées à votre Commission par les nombreuses expériences que nous venons de vous exposer. Dans notre premier Rapport, nous avons exposé les faits dits métalloscopiques que j'ai rappelés au commencement de ce second Rapport. Mais, Messieurs, votre Commission avait compris que son œu- vre n’était pas terminée, et qu'après avoir constaté des faits mé- talloscopiques qui, aujourd’hui, sont acceptés de tous, elle devait poursuivre ses recherches dans une voie nouvelle, la thérapeu- tique. Alors seulement deviendrait complet l’examen expérimental de cet ensemble de faits auquel, dans une séance de la Société de Biologie, on avait donné le nom de Burquisme. La première partie, la partie métalloscopique des assertions de M. Burq était confirmée, était acquise; il restait à étudier dans quelles limites serait confirmée la seconde loi du docteur Burq, à savoir que l'aptitude métallique externe enseigne quelle est l’aptitude métallique interne ; c’est-à-dire qu'étant connu le mé- tal qui, par son application externe, a modifié la sensibilité et la force musculaire des hystériques, c’est ce même métal qu'il convient de donner à l’intérieur pour guérir les manifestations de la diathèse hystérique. La démonstration expérimentale d’une telle hypothèse aurait de Rapport. 4 — XXVI — si grandes conséquences en thérapeutique générale, et votre Com-= mission assumerait une si grande responsabilité en affirmant une semblable loi, que, tout en déclarant qu’elle a été grandement impressionnée par les faits, elle veut, sur ce terrain si mouvant de la thérapeutique, elle veut, et cela dans l'intérêt même de la métallothérapie, se contenter aujourd’hui d'exposer les faits. Cha- cun en tirera les conclusions que bon lui semblera, l'avenir pro- noncera. Tous ces faits ont été observés dans le service du président de votre Commission, ils ont reçu son contrôle de chaque jour. Les nommées Marcillet, Angèle et Bar, dont 1il a été si sou- vent parlé dans notre premier Rapport, étaient hystériques depuis plusieurs années ; l’anesthésie générale et spéciale, lamyosthénie avaient été bien des fois constatées, la menstruation chez ces ma- lades était très-irrégulière, et l’état général de chacune d'elle té- moignait de la durée et du degré de la diathèse hystérique. Aucun traitement antérieur n'avait modifié avantageusement et d’une façon durable leur état morbide. Ces malades étaient considérées, à l’hospice de la Salpétrière, comme des types de la diathèse hys- térique et hystéro-épileptique, et elles étaient des exemples vi- vants des meilleures descriptions de cette classe de maladies ner- veuses. C’est dans ces conditions que fut commencée la médication interne avec le métal dont l’aptitude, pour chaque malade, avait été déterminée antérieurement par de nombreuses EXDÉHERES métalloscopiques. A Anoèle et à Maracillet, l'or fut prescrit, et le chef du service ou son interne administrèrent chaque jour 40, 15, 20 gouttes d’une solution de chlorure d’or et de sodium. Cette solution était au cen- tième, c’est-à-dire 1 gramme de chlorure pour 100 grammes d’eau distillée. Certes, la dose était faible; mais ne savons-nous pas qu'avec de faibles doses de certains médicaments, on peut obtenir des résultats thérapeutiques importants? En prenant 20 gouttes de la mixture de chlorure d’or et de so- dium, les malades absorbaient chaque jour 1 centigramme environ de principe actif; le médicament déterminait souvent des douleurs d'estomac ; mais la tolérance finissait par s'établir et, après la pre- mière huitaine d’ingestion régulière de cette mixture, on cons- tatait déjà une amélioration de l’état général et un amendementno- table dans tous les symptômes? Les progrès du retour vers la santé s’accusaient de jour en jour, et aprés un mois ou six semaines de ce traitement, à l'exclusion de toute autre médication, le régime de ces malades restant le même, on constatait la disparition de l’anes- Rx VIRUS thésie générale, le retour des forces musculaires, la diminution dans la fréquence des attaques convulsives hystériques, un ap- pétit régulier, un changement favorable dans le caractère, un em- bonpoint très-notable, la régularité de la menstruation, la dimi- nution de la leucorrhée et un état très-satisfaisant de la santé. Tels furent les résultats obtenus pour Marcillet et pour Angèle, auxquelles on avait administré la préparation d’or. Quant à la nommée Bar, ou lui prescrivit des pilules de bioxyde hydraté de cuivre de 2 centigr. 1/2. Elle prenait 2, 3, puis 4 de ces pilules, mais, Pintolérance s'étant accusée, les pilules de cuivre furent remplacées par l’eau cuivreuse de Saint-Christau à la dose de deux verres par jour. Cette eau minérale renferme une très-faible pro- portion de cuivre, 5 milligrammes de sulfate de cuivre par litre; la malade ne prenait donc que des doses très-faibles de ce métal ; quoi qu'il en soit, après un mois de ce traitement, les résultats furent aussi favorables que pour les nommées Marcillet et Angèle, et il fallut bieu accepter que ces trois malades avaient paru retirer un notable avantage du traitement, à moins que l’on ne veuille voir là une coïncidence heureuse. Mais nous devons faire remar- quer que, ces malades étant toujours en puissance de la diathèse hystérique, si l’on venait à suspendre le traitement, on voyait réapparaître, à divers degrés, les manifestations variées de la ma- ladie. Aussitôt que le traitement était repris d'une façon régulière, tous les phénomènes morbides étaient amendés, puis disparais- saient. Il était donc rationnel de conclure que le traitement avait eu vraisemblablement une action favorable. Des résultats analogues, bien que moins accusés, furent constatés pour d’autres malades du service de M. le professeur Charcot, et en particulier pour la nommée Bucquet, dont l’anesthésie et la contracture furent modifiées par les préparations d’or. Il parut donc acquis aux membres de la Commission que le trai- tement interne, indiqué pour chacune des malades par l'aptitude métallique externe, avait donné les résultats annoncés par le doc- teur Burq. De ces faits, il convient de rapprocher l’observation de la nom- mée Mo..., dont l’achromatopsie et l’état général furent rapi- dement modifiés par l'application externe des plaques d’or et par les préparations d’or données à l’intérieur. Est-ce à dire que ce traitement interne, d’une durée d’ur mois à trois mois, ait guéri la diathèse chronique? Non; et, sur ce point, l'inventeur de la métallothcrapie l’a souvent répété dans ses pu- blications : à une maladie chronique, comme l'hystérie,il faut op- — XXNII — poser un traitement chronique; mais ce qu'il est important de retenir, c’est que le traitement interne, indiqué par les expé- riences métalloscopiques, a paru modifier, pendant toute sa durée, les manifestations diathésiques et a acheminé les malades vers l’état de santé. Toutefois, Messieurs, chez ces malades, la diathèse restait en puissance et de nouvelles expériences métalloscopiques devaient le démontrer. En effet, ces malades qui paraissaient guéries, étaient encore aptes à recevoir l'influence de l’application externe de leur métal, et, chez elles, ce métal, appliqué sur l’avant-bras ou toute autre partie de leur corps, pouvait déterminer l’anesthésie et l’a- myosthénie de retour. Ce fait expérimental fut le point de départ d’un grand nombre d’expériences, où les surprises ne devaient guère nous être ménagées. Chez toutes les malades, cette anesthésie de retour par l’appli- cation externe du métal devenait complète, générale; elle s’éten- dait symétriquement aux quatre membres, envahissait la tête, le tronc et se manifestait dans les organes des sens. Cette anesthésie mettait vingt, trente, trente-cinq minutes à se généraliser ; puis, aussitôt que l’on avait enlevé les plaques métalliques, on voyait réapparaître la sensibilité normale en toutes les parties du corps, et cela dans un ordre inverse à celui de l’envahissement de l’anes- thésie provoquée. Les courants électriques faibles, d’un élément de Trouvé, dé- terminaient les mêmes phénomènes. Comme les métaux, les cou- rants qui avaient modifié l’anesthésie dans nos premières expé- riences avaient la propriété, chez les malades en apparence gué- ries par la médication métallique, de déterminer l'anesthésie et l’amyosthénie de retour, pendant tout le temps que durait l’action de ces courants. L’anesthésie, dans toutes ces expériences, n’était que passagère et, aussitôt la cessation d’action des métaux ou des courants, les malades recouvraient leur sensibilité normale. Ce fait a une grande importance, parce que, à lui seul, il suffira peut-être pour démontrer la non-guérison complète des malades. : Nous appellerons, pour éviter les périphrases, cette anesthésie de retour, l’anesthésie métallique ou post-métallique. Cette anesthésie post-métallique et électrique n’est point seule- ment déterminée par l’application des métaux ou des courants continus : nous devons à M. le docteur Romain Vigouroux, qui a bien voulu nous prêter son concours dans nos recherches, d'a = XRIXI voir reconnu que des plaques de platine chargées d'électricité po- larisée pouvaient ramener l’anesthésie de retour. De plus, notre confrère nous à fait constater qu’un seul électrode, d’une pile iso- lée, c’est-à-dire une application rigoureusement unipolaire, pou- vait encore déterminer les phénomènes susmentionnés, et M. le docteur Vigouroux attache de l'importance à cette action de l’é- lectricité statique, parce qu’elle peut être mesurée avec les élec- tromètres et remplir certaines indications spéciales. Ces faits, messieurs, ont certes un intérêt scientifique, mais de nouvelles recherches devaient nous faire entrevoir leur application thérapeutique. Dans l'exposé de nos expériences, j'ai mentionné qu’à une autre époque on avait remarqué que des plaques métal: liques, composées de deux métaux superposés, n’avaient pas tou- Jours donné des résultats identiques à ceux que l’on obtenait avec les plaques composées d’un seul métal. M. Romain Vigouroux voulut donc étudier quelle serait l’action de la superposition de deux plaques de métaux différents sur un même point de la sur- face cutanée. Bientôt nous constations que, chez des malades sen- sibles à l'or, tout phénomène d’esthésie ou d’anesthésie de retour cessait de se produire, lorsque l'on superposait à la plaque d’or une plaque d'argent ou de cuivre. De plus, d’autres expériences nous apprenaïient que l’esthésie ou l’anesthésie produites par une plaque d'or étaient rendues per- sistantes aussitôt que l’on superposait à cette plaque d’or une pla- que d’un autre métal. On fixait, par ce procédé, le phénomène produit et il durait autant que durait la superposition des plaques. Plus tard, en continuant ces expériences, M. Vigouroux remar- quait que, pour obtenir ces résultats dans la fixation du phéno- mène esthésie ou anesthésie, il fallait appliquer sur la plaque ac- tive une plaque neutre. Nous désignons, par cette appellation, une plaque d’un métal duquel la malade n’est pas sensible. Pour M. Vi- gouroux, cette fixation des phénomènes étaient due probablement à une action physique d’un métal sur l’autre métal. Une autre interprétation, d'ordre physiologique, devait nous conduire à tenter des expériences nouvelles. Nous avions constaté dans nos expériences que les modifications de la sensibilité, déter- minées par l'application des métaux ou par l'électricité, avaient une marche ascendante des membres vers le tronc et vers la tête. Mais ces modifications périphériques de la sensibilité pouvaient n'être que la conséquence d’une action périphérique transmise au centre cérébro-spinal et renvoyée des centres nerveux à la péri- phérie. — XXX — 4 Cette interprétation permettait seule de comprendre le transfert de la sensibilité d’un côté du corps à l’autre dans les régions simi- laires et la production simultanée de la sensibilité ou de l'insen- sibilité expérimentales, en des régions limitées et similaires des quatre membres, lorsque les plaques métalliques ou l'électricité n'étaient appliquées qu'en un seul point du corps, l'avant-bras gauche, par exemple. Ce que nons savions des résultats expéri- mentaux sur l’hémianesthésie organique cérébrale venait encore à l'appui de cette interprétation. Donc, si les modifications de la sensibilité étaient la conséquence d’une action centrale, il était vraisemblable que, si l’on arrêtait, par un procédé quelconque, la transmission de l'impression périphérique vers les centres, les modifications appréciables de la sensibilité ne pourraient être produites. Pour; vérifier la valeur de cette hypothèse, étant appli- quée une plaque métallique active sur la face antérieure de l’avant- bras gauche, nous avons appliqué, sur la même région, une plaque métallique neutre à cinq ou six centimètres au-dessus de [a pre- mière plaque. Cette expérience a été répétée plusieurs fois avec des métaux différents, suivant les malades, et toujours les résui- tats de l'expérience ont été les mêmes; ils ont été négatifs, c'est- à-dire qu’il ne se produisait dans ces cas aucune modification pé- riphérique de la sensibilité. Si, an contraire, on appliquait le métal neutre au-dessous et à une certaine distance de la plaque active, les résultats de l'expérience se produisaient comme d'ha- bitude, c’est-à-dire comme si l’on n’avas appliqué qu'un métal actif. On pourrait donc conclure de ces expériences, quelle que soit l'interprétation théorique des faits observés, qu’une plaque métal- lique neutre, placée sur la même région, au-dessus de la plaque active, semble interrompre le courant de l'impression périphérique vers le centre, tandis. qu'une plaque neutre, située entre la plaque active et l’extrémité du membre, n'a aueun effet, c’est-à- dire ne modifie en rien la marche des phénomènes métalloscopi- ques. Enfin, guidés toujours par cette interprétation de l’action des centres, nous avons appliqué sur le bras gauche un bracelet de pièces d’or et sur le bras droit un bracelet de pièces d'argent (ce dernier métal étant neutre pour la malade soumise à l'expérience) ; alors aucune modification de la sensibilité n'était produite; mas, après avoir enlevé le bracelet d'argent, on ne tarduit pas à con- stater l’anesthésie de retour sur le bras gauche, laquelle bientôt envahissait les membres, puis toutes les parties du corps. Il est donc permis de supposer que, dans cette expérience, l'argent avait HAXAI EE eu sur les centres nerveux une action qui avait neutralisé celle de l'or. Peut-être tous les métaux, disposés d’une certaine façon, même parmi les métaux dits neutres pour certaines malades, n’auraient- ils pas une action identique, car, chez la même malade, en substi- tuant, sur le bras droit, au bracelet d’argent un bracelet composé de plaquettes d’or recouvertes de pièces de cuivre, on n’a pu em- pêcher l’anesthésie de retour de se manifester dans le côté gauche du corps sous l'influence d’un bracelet d’or appliqué sur le bras gauche. Dans cette dernière expérience, le procédé expérimental a eu pour conséquence la manifestation d’une hémianesthésie de retour. Nous voici, Messieurs, arrivés au terme de notre travail. De nouvelles expériences, vous le voyez, sont venues confirmer une fois encore les résultats métalloscopiques exposés dans notre pre- mier Rapport. De plus,les malades soumises au traitement interne dont la base métallique avait été indiquée par la métalloscopie ont paru retirer un notable avantage de ce traitement. Et cela, Messieurs, dans des conditions telles que votre Commission croit pouvoir encourager les recherches qui auront pour but la métallo- thérapie ainsi qu’elle a été formulée par M. le docteur Burq. Dans la période de guérison apparente des malades, traitées par des métaux à l’intérieur, il nous a été permis d’étudier avec détails l’anesthésie de retour, déterminée par l’application du mé- tal qui, donné à l’intérieur, avait rendu aux malades la sensibilité et la force musculaire. Toutefois, nous devons faire remarquer que les courants électriques continus faibles, que l'électricité polarisée et l'électricité statique ont aussi produit l’anesthésie de retour chez ces mêmes malades. De plus, le hasard et l'induction nous ont permis de reconnaître et d'étudier les conditions de la fixation des phénomènes métallo- scopiques et certaines conditions d’arrêt ou de non-production de ces mêmes phénomènes. Enfin, les expériences métalloscopiques et métallothérapiques, répétées par M. le professeur Charcot devant la Société de Biolo- gie, dans diverses communications sur l’achromatopsie hystérique, ont été une démonstration scientifique des faits antérieurement avancés par M. le docteur Burq. En conséquence, votre Commission, s’appuyant sur les faits qu'elle a constatés, et sans se départir de la prudente réserve — XXXI — qu’elle s’est imposée, croit qu’il y a lieu d'encourager de nouvelles recherches métallothérapiques, et vous propose, comme elle l'adéjà fait dans notre premier Rapport, d'inscrire les diverses communica- tions de M. le docteur Burq sur la liste des mémoires admis au concours du prix Ernest Godard. | COMPTES RENDUS SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1878 COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÈTE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 1878, Par M. Albert ROBIN , Secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 5 janvier 1878. M. Marassez regrette de ne pas voir signalée, au procès-verbal, l'observation qu’il a faite au sujet de la présentation de MM. Dastre et Morat. M. Malassez avait signalé les études faites par M. Ranvier, et pu- bliées dans son cours d’avril 1877. Ces études, qui ont précédé celles de MM. Dastre et Morat, visent les mêmes points de la physiologie musculaire. — M. Deraunay fait une communication sur l’évolution : cette communication complète celle faite précédemment par le même au- teur, qui conclut que tout dans organisme est en raison directe ou inverse de la nutrition. En résumé, M. Delaunay croit avoir démontré que la méthode qu’il a eu l’honneur d’exposer à la Société, est applicable à l’anatomie géné- rale. Les principes immédiats, éléments anatomiques, humeurs, systé- mes dont le développement est favorisé par les circonstances qui agis- sent en plus sur la nutrition et l’évolution, sont en raison directe de la nutrition et de l’évolution. Ceux dont le développement est favo- c. R. 1878 4 Ce, 5e risé par les circonstances qui agissent en moins sur la nutrition et l’évolution sont en raison inverse. NOTE SUR LES CERVEAUX D'AMPUTÉS ; par M. CH. FÉRE. Après que MM. Fritsch et Hitzig eurent démontré l’irritabilité de la substance grise corticale du cerveau; après que MM. Ferrier, Carville et Duret, et leurs successeurs, eurent établi expérimentalement l’exis- tence de centres d’excitabilité spéciaux pour certains groupes de mus- cles, tous les doutes n'étaient pas levés; il restait à faire sur l’homme, la preuve des localisations fonctionnelles motrices, acceptées par un grand nombre de physiologistes, mais non encore par tous. On a cherché à atteindre ce but par plusieurs méthodes. La pre- mire en date, et la plus importante, est celle qui a été mise en prati- que par M. Charcot, et plus tard par ses élèves. Cette méthode n’a point pour base des idées préconçues, elle est absolument empirique; elle consiste à mettre en regard de certains troubles de la motilité, ob- servés pendant la vie, certaines lésions localisées, constatées à l’au- topsie, et à ne tirer une conclusion des faits acquis que lorsqu'ils sont assez nombreux pour constituer des groupes homogènes. Tout d’abord, cette méthode promettait d’être féconde, car c'était elle qui avait déjà servi à M. Broca pour découvrir la localisation, aujourd’hui définitive- ment établie, des troubles de la parole. Elle devait servir plus tard à M. Pitres, pour montrer des localisations dans le centre ovale, M. Charcot n’a fait entrer en ligne de compte que les lésions destruc- tives en foyer, et principalement les ramollissements corticaux carac- térisés par des plaques jaunes, rejetant les cas de compression par des tumeurs dans lesquelles il n’est pas facile de faire la part de l’irritation de la compression et de la destruction, laissant aussi de côté, pour des raisons analogues, les lésions inflammatoires. Les lésions chirurgicales ne pouvaient pas figurer dans cette statistique, avant que les rapports anatomiques du cerveau et du crâne fussent parfaitement connus. Malgré le soin qu’on a apporté à ces recherches, on n’a pu établir en- core, chez l’homme, d’une manière qui semble définitive, qu’une lo- calisation en groupe des centres moteurs des membres. A cette méthode empirique, qui avait déjà fait ses preuves, on a voulu en ajouter une autre, qui avait des vues plus élevées, puisqu'elle prétendait montrer le centre moteur, non-seulement d’un membre en particulier, mais même d’un segment de membre. Cette méthode, ce- pendant, ne repose que sur des hypothèses, qui sont au nombre de deux. On s’est dit que, puisqu’à la suite de sections des nerfs d’un mem- bre, on avait observé une dégénération ascendante, remontant tout le long du cordon médullaire correspondant, il était possible, vraisem- blable même, que la dégénération secondaire ne s’arrêtät pas là, et se continuât plus haut, jusqu’ au centre moteur situé à la périphérie du cerveau. M, Luys, qui a la priorité dans cet ordre d’idées, admit tout LEE QE d’abord, encore par hypothèse, que la dégénération marche moins ra- pidement dans le cerveau, et qu’il faut attendre une dizaine d'années pour retrouver, sur les circonvolutions d’un amputé, quel qu’ait été son âce au moment de l'opération, une dégénération secondaire se tradui- sant par une atrophie. Cette hypothèse d’une dégénération possible des circonvolutions à la suite d'amputations, a déjà contre elle les expé- riences de M. Pitres, qui longtemps après l’ablation d’un membre, n’a point trouvé de fibres dégénérées dans la couronne rayonnante. La seconde hypothèse est la suivante : me basant sur ce que le dé- -veloppement du volume du cerveau est à peu près en proportion avec le développement de son activité fonctionnelle, j'ai pensé que, lors- qu'un memtkre venait à être supprimé, arrêté dans son développement, ou réduit à l’inaction dans les premières années de la vie, il était vrai- semblable que le centre moteur correspondant subit un arrêt de déve- loppement secondaire, caractérisé par un volume moindre d’une ré- gion de l'écorce cérébrale. (ArcH. DE Pxys., 1876, p. 262. — Buzz. Soc. ANAT., 1877, p. 186. Quelle que soit l’hypothèse adoptée, le point important était de dé- montrer l'existence de l’atrophie ou de l’arrêt de développement et de les localiser. Pour arriver à ce but, deux procédés ont été employés. Ces procé- dés eux-mêmes sont fondés sur des hypothèses. M. Luys compare le volume des circonvolutions homologues et dé- clare atrophiée celle qui est la plus petite. Mais pour admettre sans conteste cette conclusion, 1l faudrait qu’il fût démontré — ce que, du reste, un Certain nombre de personnes semble croire — que tous les cer- veaux sont symétriques dans toutes leurs parties. Or, il n’en existe pas un seul qui soit ainsi; les sillons principaux ordinairement symétri- ques, ou peu s’en faut, par leur situation et leur direction générale, ne le sont jamais dans leur forme sur toute leur étendue ; les sillons se- condaires ne sont jamais symétriques, et les incisures des circonvolu- tions sont encore bien plus variables, non-seulement dans leur forme ct leur profondeur, mais aussi dans leur nombre. Il faut aussi tenir compte des anomalies, si multipliées qu’il est impossible deles décrire toutes, et dont quelques-unes sont si importantes qu’elles rappellent des dispositions qu'on ne rencontre que chez les anthropoïdes et même plus bas, dans l'échelle animale. Ces anomalies se trouvent souvent chez des sujets qui n'ont rien présenté de particulier pendant leur exis- tence et elles peuvent être unilatérales (Buzz. Soc. AnAT., 1876. Pas- sim). — M. Luys reconnaît lui-même l’asyimétrie constante du cer- veau humain. Dans ces conditions, il faut avouer qu’il est bien diffi- cile de s’assurer qu'une circonvolution est atrophiée, surtout quand jes différences sont peu considérables. Le second procédé de recherche est le suivant: Etant admis que les deux sillons de Rolando sont à peu près symétriques dans leur posi- tion et leur direction générale, ce que je puis déduire de plus de cent mensurations faites sur des sujets de tous âges, depuis le fœtus de six RAT LE mois jusqu’au centenaire, et que les centres moteurs sont localisés en avant et en arrière de ce sillon, j’ai espéré trouver dans son avance- ment ou son recul, la preuve de l’atrophie ou de l'arrêt de développe- ment de la région de l'écorce située en avant ou en arrière. Je me suis donc appliqué à déterminer aussi exactement que possible la position relative des sillons, en prenant des points de repère sur le crâne par un moyen qui à été déjà exposé (Buzz. Soc. ANAT., décembre 4875). Ce procédé n’est pas plus que le précédent à l’abri de tout reproche. Sans compter les modifications qui peuvent être produites par les dé- formations du crâne (Soc. Bios, janvier 1876. — Soc. ANAT., décem- bre 1877), on peut trouver à l’état normal, avec une symétrie parfaite de la boîte osseuse, une variation de plusieurs millimètres daus la posi- tion des sillons de Rolando. On a aussi à redouter les anomalies pos- sibles, etc. Voici une pièce qui est bien propre à démontrer l'insuffisance de ces procédés d’observation. Il s’agit d’un individu amputé de l’avant-bras droit au tiers supé- rieur, à l’âge de 30 ans, et mort sept ans après l’opération à l'hôpital Necker. L’amputation est peut-être trop récente pour que l’examen anatomique du cerveau puisse prouver pour ou contre la première hy- pothèése ; elle a été pratiquée à un âge trop avancé pour qu’il puisse étayer ou ruiner la seconde. Grâce à l’obligeance de M. Cossy et à l’as- sistance de M. Mayor, j'ai pu examiner le cerveau avec tout le soin désirable ; il à été mesuré dans le crâne aprés l'introduction de fiches par des trous pratiqués symétriquement sur la boîte osseuse et avec toutes les précautions habituelles. J’ai constaté que les deux sillons de Rolando étaient rigoureusement symétriques par leur position et leur direction ; ils étaient un peu plus rapprochés qu’à l'ordinaire de la su- ture coronale (34 mm. en arrière en haut, 28 en bas); la scissure pa- riéto-occipitale était à gauche à 6 mm. en arrière du lambda, tandis qu’à droite, elle correspondait exactement à ce point. Les fiches sont restées en place et on peut encore vérifier ces détails sur la pièce. Ces mesures indiquent que le lobule pariétal est notablement plus volumi- neux à gauche, c’est-à-dire du côté opposé à l’amputation. Mais si, re- venant au premier procédé d'étude, on examine comparativement le volume des circonvolutions homologues, on voit qu'à droite la circon- volution pariétale ascendante antérieure est plus épaisse (de Æ mm.) dans sa partie supérieure que celle de gauche ; mais par contre la cir- convolution pariétale ascendante postérieure droite est plus mince (de 9 im.) que son homologue, dans la même portion. Du reste, ce cer- - veau est dans la règle, on pourrait décrire des asymétries de toutes les circonvolutions. Mais en ne s’occupant que de la région dite motrice, on voit que les parties, que l’on pourrait considérer comme atrophiées, sont assez équitablement réparties des deux côtés, c’est même la ré- gion gauche qui est la plus épaisse; par conséquent, cette pièce ne pourrait méme pas servir à prouver que la lésion centrale est du côté opposé à la lésion périphérique. 2-2 Il est vraisemblable que, dans quelques autres cas, on fût arrivé à des résultats analogues, si on avait examiné avec le même soin. En se con- tentant d’un examen superficiel, on s’expose à toujours trouver ce qu’on cherche. Ainsi, la méthode qui consiste à chercher une lésion qu’on suppose a priori, et les procédés qui aboutissent à faire soupçonner plutôt qu’à montrer une altération peuvent, à bon droit, être considérés comme défectueux. Mais admettons pour un instant que la méthode est lési- time et que les procédés sont sans reproche. A-t-on noté dans les faits recueillis des différences telles qu’elles soient irrésistibles? Je ne le pense pas. On indique une diminution de volume des circonvolutions générale- ment peu considérable. Dans la plupart des observations, on signale seulement le fait sans donner les chiffres; mais en raison de l’asymé- trie du cerveau, ces simples affirmations sont absolument sans signi- fication. Les chiffres que l’on donne trahissent des différences peu im- portantes, de 2 ou 3 millimètres à peine sur l’épaisseur de tout un lo- bule ; leur valeur est, pour la même raison, très-discutable. Et il faut ajouter qu'on ne note pas sur l’autre hémisphère l’état des parties qui avoisinent l’homologue de la circonvolution soi-disant atrophiée ; cela aurait pourtant bien son importance, car personne n’est en état d’affir- mer qu’un centre mcteur est limité par un pli, et que deux circonvolu- tions voisines ne peuvent se suppléer. M. Bourdon a réuni, dans son mémoire à l’Académie, la plupart des observations d’atrophie limitée à une seule circonvolution ; si on les examine sans parti pris, on verra qu’elles sont loin d’avoir la valeur qu'il leur attribue. On a rapproché des atrophies limitées les effondrements des circon- volutions que l’on a rencontrées du côté opposé à une lésion périphé- rique ; mais, chez les vieillards, il n’est pas rare de trouver ces effon- drements même dans la région motrice sur des sujets qui n’ont jamais été ni amputés n1 paralysés. Quant au déplacement unilatéral du sillon de Rolando, qui avait seu- lement la prétention d'indiquer qu'un centre moteur était en avant ou en arrière sans désigner le point précis, il ne donne pas, pour les mêmes raisons, des résultats beaucoup plus convaincants. J’ai vu une fois le sillon avancé de 5 mm. à droite sur une femme amputée du bras gau- che à l’âge de 5 ans et morte à 42 (Société ae Biologie, janvier 1876); M. Landouzy l’a trouvé avancé de 1 centimètre sur un individu pré- sentant une impotence du membre inférieur du côté opposé depuis l’âge de 1 an (Société anatomique, 1877). Ces deux cas sont peut-être les plus probants, et ils sont assez favorables à l'hypothèse de l’arrêt de développement. Dans un autre cas, j'ai trouvé un avancement bila- téral du sillon sur un sujet amputé d’un seul membre, ce qui ne put s'expliquer qu'à l’aide d’une nouvelle hypothèse. (Buz. Soc. ANAT., 1877, p. 189). Si j'ai entrepris cette critique, ce n’était pas pour arriver à nier, d'une façon générale, l’utilité de ces hypothèses et de ces observations ; LE mais je voulais appeler l'attention sur ce que, dans cet ordre d'idées, la méthode de recherches étant basée sur des à priori et les procédés étant tous défectueux, on ne peut arriver qu’à des conclusions proba- bles, jusqu’au moment où les faits devenus plus nombreux et plus si- gnificatifs pourront former des groupes homogènes ; tous les doutes ne seront levés que lorsque l'examen microscopique des parties soi-disant atrophiées sera venu faire la preuve. Tant que ces conditions n'auront pas été remplies, les faits de ce genre ne pourront entrer en ligne de compte pour étayer la doctrine des localisations cérébrales, qui ne peut être soutenue jusqu’à présent que par les lésions destructives en foyer. M. Luys dit que la question estcomylexe : étant donné, le même cer- veau, il voit une atrophie là où M. Féré n’en voit pas. D'autre part, dans le cas actuel, lamputation ne remonte qu’à sept ans. Or, il faut longtemps pour que cettre atrophie corticale se produise, ce qui expli- que le léger degré de l’atrophie observée sur le cerveau présenté. En- fin, l’asymétrie du cerveau est un fait parfaitement connu, et M. Luys en à tenu compte dans ses observations : celles-ci sont absolument probantes, entre autres celle présentée à la Société de Biologie ; témoin aussi le cas de M. Duguet. M. Luys à vu encore une atrophie de la deuxième circonvolution frontale chez un ancien amputé. Cette mé- thode d’étude est encore à l’état d'évolution; mas, contrairement à l'opinion de M. Féré, les faits acquis aujourd’hui peuvent servir déjà là étayer la doctrine des localisations. M. FÉRÉ dit n’avoir pas entendu nier l'importance de ces faits et avoir insisté seulement sur les causes d’erreur à éviter dans l’apprécia- tion des preuves. — M. Corniz communique la première partie d’un travail d’en- semble sur les ganglions Ilymphatiques : la communication actuelle a trait aux modifications survenues dans les ganglions sous l'influence de la syphilis. SUR LES LEUCUCYTES ET LA RÉGÉNÉRATION DES HÉMATIES, par M. Poucuer. La rate étant un véritable filtre pour le sans, l'étude méthodique de cet organe suppose la connaissance exacte des éléments qui le traversent en y séjourrant plus ou moins. C’est ainsi que nous avons été conduit à reprendre l'étude des leucocytes, dont nous essayons de donner ici une détermination plus précise qu’on ne l'avait fait. Tous les aspects et toutes les réactions indiquées se rapportent à des éléments fixés en état vivant par l'acide osmique. 49 La lymphe du canal thoracique d’un chien nous présente des leu- cocytes d’un caractère trés-uniforme, ayant le même aspect et‘les mé- mes réautions que les leucocytes du troisième genre, que nous avons précédemment décrits chez les Sélaciens, et qu'il convient de désigner dès à présent comme leucocytes types. Ts mesurent, chez le chien, RL 6 m. mm. ils sont à noyau sphérique occupant presque tout l'élément, à bords peu accentués, sans traces de granulations, à nucléole unique central ; ce noyau est avide de carmin et d’hématoxyline; après un séjour de quarante-huit heures dans le picrocarminate que nous em- ployons, il se gonfle, mesure 9 m. mm.; il esten même temps moins coloré. À côté de ces leucocytes types existe un petit nombre d’élé- ments semblables, mais plus volumineux, probablement destinés à la multiplication ; le corps cellulaire est également très-réduit ; le noyau, muni parfois d’un nucléole volumineux, mesure 9 à 10 m. mm., et après le séjour de quarante-huit heures dans notre picrocarminate, 42 à 15 m. mm. 20 La lymphe prise dans la citerne de Pecquet d’un lapin, présente, à côté des ieucocytes types en tout semblables à ceux du chien, deux autres variétés en nombre presque égal, dont l’une ést, sans aucun doute, le même élément en cours de multiplication, et dont l'autre est peut-être le même élément plus jeune. Les leucocytes de cette der- nière catégorie mesurent 7 à 7,5 m. mm.; le corps cellulaire estindistinct ; on ne voit pas de nucléole. Les leucocytes types mesurent 9 m.mm. Les leucocytes de la grosse variété mesurent 42 m. mm.; ils ont un noyau volumineux, que l’on voit sur quelques-uns en cours de section- nement. Ces deux dernières espèces de leucocytes présentent, dans leurs corps cellulaires, de grosses granulations irrégulières et d'aspect jau- nâtre. 39 Un triton est saigné par ablation de la queue le 4 décembre; placé dans un appartement chauffé, bien nourri, maintenu dans les meil- leures conditions. Au bout d’un mois, le sang en régénération présente une abondance extraordinaire de formes de passage des leucocytes types aux hématies. Les leucocytes types sont identiques à ceux des sélaciens : noyau sphérique à contours réguliers, peu accusés, sans traces de granula- tions, à nucléole central, avide de carmin et d’hématoxyline. Ces noyaux, qui mesurent 12 m.mm., gonflent, après quarante-huit heures, dans notre picrocarminate, en devenant moins colorés ; ils mesurent alors 15 à 18 m. mm. A côté de ces leucocytes types, on voit d’autres éléments dont le noyau est tout semblable, avec tous les mêmes caractères, sauf lenu- cléole, qui tend à disparaître, et qui présentent aux extrémités d’un de Jeurs diamètres des prolongements obtus, souvent inégaux, de sub- stance déjà légèrement teintée d’hémoglobine. Un de ces prolongements atteint parfois jusqu’à 10 à 12 m.mm. de long, en gardant un dia- mètre transversal de 8 à 9 m.mm., inférieur à celui du noyau. Dans une période plus avancée, le noyau a augmenté de volume; il est devenu ovoïde, mesurant de 12 à 45 sur 20 à 24 m.mm.; autour de lui le corps de l’hématie dessine maintenant une marge uniforme de 3 m.mm. Les bords du noyau sont nettement accusés par un trait foncé ; sa substance est granuleuse ; toutefois il fixe encore le carmin et l’hématoxyline, mais moins énergiquement il gonfle encore par le 1 Q Ê pen lui LIBRAR'Y), LL A, À “CE / ns RE séjour dans notre picro-caminate, ce qui amène la déformation de la subtance marginale déjà presque aussi colorée que dans les hématies normales. Chez celles-ci, le noyau, granuleux comme dans le stade précé- dent, a diminué de volume, mesurant seulement 42 à 15 m.mm. de long sur 9 m.mm. de large; il a perdu ses bords nettement aCCUSÉS ; il ne fixe _plus le carmin ni l hémotoxyline ; ; il ne gonfle plus par le séjour de quarante-huit heures dans notre picro-carminate. On doit le considérer comme touchant au terme de sa régression. Nous terminerons en faisant remarquer que nous n’avons pas re- trouvé sur les tritons dont nous disposions, à cette époque de l’année, les corps amiboïdes volumineux, très-diffluents, pleins de vésicules, qui ont été s1 souvent décrits dans le sang de ces animaux. M. Macassez : Dans les recherches que M. Picard et moi avons en- treprises sur les fonctions de la rate, nous avons également étudié la pulpe splénique et nous y avons rencontré des éléments qui me sem- blent se rapprocher de ceux dont vient de nous parler M. Pouchet ; le fait est d'autant plus intéressant que nos observations ont été faites sur des animaux supérieurs, sur des chiens, tandis que celles de M. Pou- chet ont trait à des animaux d’un ordre inférieur. Voici comment ces éléments ont été recueillis : Sur l'animal vivant, la rate est sectionnée; nous râclons avec le dos d’un scalpel la surface de section, et nous obtenons ainsi un peu de la pulpe splénique que nous plongeons aussitôt soit dans l’acide osmique au centième, sait dans du liquide de Muller pur, puis nous agitons doucement. Ces manœuvres ont pour but de fixer, d'isoler les éléments de la pulpe; car dans la pulpe, examinée à l’état frais, les éléments sont si nombreux et si pressés les uns contre les autres qu’il est diffi- cile de les bien distinguer; et dans la pulpe dissociée dans le sérum les éléments paraissent se conserver moins bien. Au bout de peu de temps, quelques heures au plus (plus longtemps les éléments se déforment), nous prenons de cette pulpe ainsi fixée et disposée et nous en faisons des préparations que nous colorons avec le picro-carminate et que nous conservons dans de la glycérine étendue d'eau. Laissons de côté les globules rouges, les globules blancs et de gran- des cellules à prolongements multiples et ramifiés et qui ne sont pro- bablement que les cellules conjonctives tapissant les travées de réticu- lum splénique... etc...; ne nous occupons que des éléments que l’on: peut comparer à ceux de M. Pouchet. Ces éléments sont généralement sphériques, et ont un diamètre de 12 y environ; ils ne possèdent le plus souvent qu’un gros noyau sphé- rique, également entouré d’un protoplasme granuleux peu abondant; cependant, on peut rencontrer de ces éléments dont le noyau paraît en voie de division, et d’autres qui possèdent deux noyaux. Mais, le point intéressant est que, dans le protoplasma de ces éléments, on trouve = he une substance réfringente, homogène et légèrement jaunâtre, ayant par conséquent des caractères complétement différents de ceux du protoplasma. Dans quelqnes éléments, elle forme une enveloppe pres- que complète à la cellule, une espèce de coque; le plus souvent elle est plus abondante d’un côté que de l’autre, et paraît à la coupe op- tique comme un petit croissant coiffant la cellule; elle peut aussi être ramassée en boule à l’un des pôles de l’élément cellulaire, et forme-là une saillie plus où moins prononcée, ayant l’aspect d’une verrue ou d’un bourgeon; cette saillie peut être pédiculisée, et la boule de sub- stance homogéne, réfringente et jaune, n'être plus retenue à la cellule que par un prolongement protoplasmique, à la façon d’un fruit ap- pendu à sa branche; nous avons vu, enfin, des cellules ne différant des précédentes que par l’absence de la susdite boule, et présentant un prolongement protoplasmique, comme si la boule en avait été dé- tachée. Quelle est la signification de ces éléments? Ici, nous entrons dans le domaine des hypothèses ; celles que nous avons faites sont si bien d’ac- cord avec les faits expérimentaux, que je crois pouvoir vous en faire part dès maintenant, quoique nos expériences de contrôle ne soient pas encore finies. Permettez-moi, d’abord, de vous rappeler ces faits expérimentaux : nous avons vu, M. Picard et mot, qu’en faisant fonctionner la rate, le sang qui sortait de cet organe était plus riche en hémoglobine et en globules rouges que le sang qui y entrait, et qu'après avoir duré un certain temps (trois à quatre heures), ce phénomène cessait compléte- ment. Nous avons vu, d’autre part, que la rate, qui, de tous les organes de l’économie est le plus riche ‘en fer, perd à peu près complétement tout ce fer lorsqu'elle à fonctionné. Enlin, dans une autre série d’expé- riences, nous avons vu Ce qui suit : si on fait passer un courant d’eau salée à travers les vaisseaux d’une rate n’avant pas fonctionné, on lave les vaisseaux du sang qu’ils contiennent, et aprés plusieurs heures de lavage, le liquide qui sort de la rate est parfaitement limpide, et ne contient plus de globules; mais l’organe contient toujours une notable proportion de fer. Si alors on remplace l’eau salée, qui ne dissout pas l’hémoglohine, par de l’eau pure, qui la dissout, le liquide qui tout à l’heure sortait limpide, est maintenant d’un rouge vif, et ce rouge est spectroscopi- quement celui de l’hémogiohine ; en même temps la rate se décolore et perd tout son fer. De tous ces faits, nous avons cru pouvoir en con- clure que, la rate fonctionnant, fabrique des globules rouges aux dé- pens du fer et de l’hémoglobine qu'elle a accumulés dans son tissu, en dehors des voies circulatoires. Revenons maintenant à nos éléments : la ressemblance qui existe entre les boules de cette substance réfringente, homogéne, jaunâtre qu'ils contiennent et de petits globules rouges sphériques nous ont fait supposer que cette nr en était de l’hé moglobine et que ces éléments sont dans la rate les lieux d’ emmagasinement de l’hémoglobine et de 1873 2 À En) eu fabrication globulaire ; les différentes formes que nous leur avons con- statées seraient l'expression des différentes phases du processus, Ainsi donc, chez les animaux supérieurs, conime chez le chien, les globules rouges seraient une simple production protoplasmique, un bourgconnement de cellules spéciales ; tandis que, d’après les observa- tons dont vient de nous faire part M. Pouchet, les globules rouges chez les animaux inférieurs, et peut-être chez tous les animaux dont les glo- bules ont un noyau, seraient constitués par ces cellules à hémoslobine tout entières. Les globules rouges des animaux inférieurs seraient alors, non pas les analogues des globules rouges des animaux supérieurs, mais les analogues de ces cellules à hémoglobine que l’on trouve dans la pulpe splénique de ces derniers. Et à l’appui de cette manière de voir, notons que ces deux modes de formation globulaire semblent se retrouver également chez l'embryon, comme si les lois de production des globules rouges étaient, dans leurs grandes lignes, les mêmes aux différents âges de la vie. Mais je le répète en terminant, ce ne sont là que des hypothèses, dont le seul mérite est d’être en rapport avec les quelques faits que nous connaissons et avec ceux dont vient de nous parler M Pouchet. M. Luys fait ressortir tout l’intérêt de ces études ; il voudrait que ces faits anatomiques et physiologiques fussent confirmés par des don- nées pathologiques : ainsi, dans la leucémie, les faits observés par M. Pouchet pourraient trouver leur application et leur confirmation ; la rate leucémique étant atone et décolorée, les globules blancs n’y trouvent pas ou que peu d’hémoglobine à fixer. Séance du 12 janvier A87S: M. Hayem présente quelques remarques à propos de la communica- tion faite par M. Pouchet dans la dernière séance. Il pense que les éléments décrits par M. Pouchet, sous le rom de cel- lules de la rate ou leucocytes spléniques, sont les mêmes aue ceux auxquels ila donné la dénomination d’hématoblasies, et dont il a in- diqué les caractères et les transformations dans la séance du 24 novem- bre dernier. Mais tandis que M. Pouchet considère ces éléments comme des leucocytes typiques, M. Hirem croit qu’ils sont tout à fait diffé- rents des globules blancs, et qu'ils s'en distinguent par un grand nom- bre de caractères et de propriétés. Ce sont les formes les plus jeunes des globules rouges, et on les retrouve en grand nombre dans le sang de tous les vertébrés ; chez les ovipares ils ont été confondus, comme le fait M. Pouchet, avec les globules blancs, tandis que chez les vertébrés supérieurs ils ne paraissent avoir été vus quesous leur forme modifiée, et ils ont été compris dans une description commune avec les granu- lations libres du plasma. Ii est donc inexact de dire que les globules rouges proviennent de la SE ES transformation d’une des variétés de globules blancs. Les hématoblas- tes qui donnent naissance aux globules rouges, étudiés dans le sang lui-même, sont des éléments particuliers, et à tous les degrés de leur évolution ils sont parfaitement distincts des leucocytes. — M. Luys, à propos du procès-verbal, revient sur la communica- tion faite par M. Féré dans la dernière séance, apporte de nouvelles preuves à l’appui de son opinion, ét montre des photographies de cer- veaux recueillis sur d'anciens amputés. Sur ces cerveaux, l’atrophie est parfaitement distincte : s’il y a des observations où les atrophies sont peu manifestes, cela tient, dans un grand nombre de cas, au peu de temps écoulé depuis l’amputation. M. Caarcor rappelle qu'il a publié autrefois des faits, et surtout une observation de Sander (paralysie infantile), où il existait des atrophies corticales consécutives à des amputations ou à des suppres- sions de fonction dans un membre. Depuis lors, M. Charcot a examiné le cerveau d’un très-vieil amputé, et n’a rien trouvé. En outre, parmi les observations de M. Luvys, si l’une est conforme à la théorie, l’autre n’y répond pas : il résulte de ceci : 19 Qu'il y a des atrophies corticales à la suite de la suppression de fonction d’un membre; 20 Que celies-ci ne sont pas constantes ; 30 Qu’elles ne portent pas fatalement sur des régions motrices. M. Féré avait dune raison d'émettre des doutes sur la valeur de ces lésions au point de vue de la question des localisations et sur la valeur de la méthode dite de la suppression d'action, méthode qui compte des insuccés. M. Luys ne veut pas mettre au second plan la méthode de M. Char- cot : il apporte simplement des faits; la cause des différences, non con- nue aujourd’hui, peut l’être plus tard, et ces faits contradictoires trou- veront alors leur explication : cette méthode est une annexe à la mé- thode de M. Charcot ; les deux procédés s’éclaireront l’un par l’autre. M. CxarcoT ne connaît pas d'observations où une destruction de la zone psycho-motrice n’ait pas été suivie de phénomènes moteurs. — M. Hayem fait hommage à la Société du mémoire qu’il a rédigé et qui est intitulé : Recherches sur les atrophies musculaires, ou- vrage récompensé par l’Académie de médecine. ANATOMIE PATHOLOGIQUE DES GANGLIONS LYMPHATIQUES; par le docteur V. Corniz, médecin de l'hôpital de Lourcine Les ganglions lymphatiques sont constitués, comme on lesait, par une enveloppe fibreuse d’où partent des tractus fibreux qui pénétrent dans la glande et se relient au tissu conjonctif du hile, par un tissu ré- ticulé fin, enserrant dans ses mailles des cellules lymphatiques, et dis- posé sous forme d’ilots, de follicules ou de figures allongées, et par un SUD tissu caverneux entourant partout le tissu réticulé. Les vaisseaux san- guins et lymphatiques pénêtrent par la capsule, et viennent se résoudre en petites artérioles et en capillaires dans le tissu réticulé ; les vais- seaux lymphatiques qui entrent à la surface du ganglion communiquent dans l’intérieur du ganglion avec les mailles du tissu caverneux, avec les tissus qui entourent les îlots du tissu réticulé et avec les voies lym- phatiques qui vicunené se réunir au hile du ganglion. Le tissu des ganglions est constitué, en résumé, par un tissu réticulé qui estsoutenu par les vaisseaux, tissu formé de fibrilles de tissu con- jonctif. Ces fibrilles sont recouvertes par des cellules plates, non-seule- ment dans les sinus et dans le tissu caverneux, mais aussi dans le tissu réticulé fin. La lymphe et les corpuscules lymphatiques remplis sen{ les mailles du réticulum. Cette structure, que nous indiquons dans ce qu’elle a de plus géné- ral, et sans entrer dans les détails, assimile les ganglions au tissu . conjonctif dont les fibrilles sont tapissées aussi de cellules plates, et dont les mailles communiquent avec la circulation lymphatique. Aussi les lésions pathologiques des ganglions lymphatiques ont-elles beaucoup d’analogie avec celles du tissu conjonctif. Les lésions inflammatoires des ganglions consistent essentiellement dans l’afflux sanguin, dans le remplissage et la distension des voies lvmphatiques et du tissu caverneux par des corpuscules lvmpathiques ou par des cellules plates tuméfiées, enflammées et très abondantes, et dans des modifications analogues des cellules dun tissu réticule des foi- licules. Les inflammations chroniques montrent, en outre, une forma tion considérable de tissu conjonctif embryonnaire on adulte. Les ganglions se modifient très-profondément sous l'influence de toutes les altérations pathologiques, si bien que lorsqu'il s’agit d’un ganolion atteint de carcinome, ou de sarcome,où d'épithéliome, il serait mpossible, par l'examen d’une préparation histologique, de dire qu'il s’agit d’un ganglion. Ces organes, en effet, n'ont aucun élément ni au- cune disposition caractéristiques de leur tissu qui résiste à l’envahis- sement des néoplasies. Ainsi, tandis qu’on reconnaît toujours la trame fondamentale du poumon, par exemple, et même dans son envahisse- ment par un carcinou:e ou par les tubercules, il n’en est pas ainsi pour les ganglions. Aussi est-ce seulement par leur forme ovoïde et par leur apparence extérieure et leurs rapports avec les organes voisins qu’on peut affir- mer, dans les tumeurs néoplasiques, qu'il s’agit d'un ganglion Ilym- phatique. Dans les inflammations et dans la plupart des tumeurs, les ganglions sont malades consécutivement à une lésion d’un tissu ou d’un organe voisin, et ce sont les vaisseaux lvmphatiques afférents qui sont les vec- teurs de la lésion. L'origine de la maladie du ganglion est dans les vaisseaux lymphatiques afférents qui communiquent avec le tissu ca- verneux, les sinus et les voies lymphatiques du ganglion lui-même. C’est là que se passent les premiers phénomènes morbides. Plus tard, si l’inflammation simple ou spécifique continue, le tissu conjonctif des cloisons, qui accompagneles vaisseaux sanguins, est modifié lui-même, et il en résulte une inflammation chronique interstitielle ou cirrhoti- que dont le tvpe est dans l’adénite chronique scrofuleuse. Ces données générales sont très-faciles à vérifier dans les inflamma- tions de diverse nature qui affectent si souvent les ganglions. Ainsi, dans l'inflammalion suraiguë intnse des ganglions, lorsque, par exemple, il s’agit d’un phlesmon ou d'un œdème inflam- matoire d’un membre, alors que l’on peut suivre, par Ja dissection, le vaisseau ou les vaisseaux lymphatiques pleins de pus qui s’y rendent, les sinus, les voies lymphatiques et le tissu caverneux du ganglion sont eux-mêmes remplis de pus. J'ai pu observer plusieurs cas de ce genre et en particulier un fait d’œdème inflammatoire de la cuisse, consécutif à un accouchement. Deux des vaisseaux lymphatiques de la cuisse formaient des cordons blancs, opaques, et ils contenaient du pus épais. Le ganglion ingninal auquel se rendaient ces vaisseaux était lui-même tuméfié, blanchâtre et infiltré de pus lorsqu'on l’exa- minait sur une section. L'examen histologique du vaisseau lymphatique examiné sur des sections transversales, après le durcissement dans l’alcool absolu, mon- trait à son pourtour une infiltration du tissu cellulo-adipeux par des cellules Iymphatiques. La paroi mince dn vaisseau présentait aussi une infiltration analogue et son canal était rempli de cellules lvmpha- tiques ou globules de pus (puisque c’est tout un); quelques-unes d’en- tre elles étaient granulo-graisseuses. Le sanglion durci de la même facon, offrait des lésions identiques. A la surface, les vaisseaux lymphatiques afférents étaient distendus et remplis des mêmes éléments; le tissu cellulo-adipeux était infiltré de pus; les vésicules adipeuses étaient entourées d’une couronne de cellules Iymphatiques ct lorsque la gouttelette adipeuse centrale avait disparu par résorption, le vésicule n’était plus qu’un petit nid de cel- lules lymphatiques. Les sinus et les voies lyinphatiques et tout le tissu caverneux du ganglion lui-même se montraient goroés de pus sur les coupes examinées au imicroscope. Toutes ces cavités étaient remplies comme une éponge. D'après ces données histologiques concernant le début de l’adénite aiguë, il est facile de se rendre compte de la facon dont le ganglion suppure, et du mode de formation du pus qui entoure la capsule, et de celui qui se rencontre dans le ganglion lui-même, après que les cavités des sinus, énormément distendues, se sont transformées en petits cla- piers puriforimes entourant et étouffant le tissu réticulé des follicules. Les inflammations subaignës de-cause spéciale présentent des phé- noménes analogues, mais avec des variations en rapport avec chaque série spéciale de cas cliniques. Prenons pour exemple les altérations que subissent les ganglions dans la syphilis. Est Me Les adénites syphilitiques sont, comme on le sait, variables suivant l’âge de l'infection et suivant les sujets. Nous avons étudié les gan- glions de la premiére période de la syphilis, les ganglions qui-restent indurés, gros, et qu’on peut ranger duns les ganglions strumeux avec lesquels nous les étudierons, et les ganghons qui s’hypertrophient dans la période tertiaire de la syphilis consécutivement aux gonimes des organes avec lesquels ils sont en relation. Adénite syphililicue de la période primitive et secondaire. — Il est nécessaire, pour étudier histologiquement des ganglions, de les avoir à l’état absolument frais. Chez une jeune fille de la salie Saint- Clément, à Lourcine, qui était atteinte d’une éruption papuleuse géné- ralisée, mon excellent collèvue, M. B. Anger, enleva, le 23 novem- bre 1877, un ganolon de la grosseur d’une petite amande, situé sous la peau du cuir chevelu, à la région cervicale postérieure. Ce ganglion s’énucléa très-facilement; car il était au milieu d’un tissu cellulaire normal. Sa surface montrait le relief de lobules qui apparaissaient aussi sur sa section. Cette surface de section était grise et donnait, par le raclage, un suc un peu lactescent. Les éléments de ce suc raclé au rasoir ont été examinés de suite aprés avoir été traités par l'alcool au quart, et colorés par le picro- carmin. Ces éléments sont : 10 des cellules lymphatiques normales avec leur noyau homogène rond, et un nucléole; 20 des cellules possédant un gros noyau, tantôt rond, tantôt ovoïde, avec une petite quantité de protoplasma grenu autour du novau; 39 de grandes cellules de forme clobuleuse allongée, plus ou moins rapprochée de la forme sphérique. Ces cellules contiennent toutes un eros noyau ovoïde de 9 à 42 y, clair et homogène, avec un ou deux nucléoles volumineux. A côté du novau le plus volumineux, il en existe un, deux ou trois, ou un plus grand nombre, qui sont le plus ordinairement ronds, plus petits, et qui ne possèdent qu’un seul nueléole. Tous ces noyaux se colorent très-bien en rouge par le picro-carmin. Le protojilasma grenu de ces cellules se ter- mine souvent par un prolongement en pointe. Dans le protoplasma, il existe souvent, englobés par lui, des corpuscules rouges du sang, bien colorés et faciles à reconnaître, en nombre variable de 4 à 45, ou bien des sranulations pigmentaires jaunes. Ces grandes cellules conte- nant des globules rouges sont assez nombreuses. Le ganglion ayant été raclé par un rasoir bien aïguisé, nous avons enlevé, avec les éléments précédents, des parcelles du tissu réticuié dans lesquelles nous avons pu.étudier, à l'état frais, les vaisseaux san- guins, petites artérioles capillaires et veinules. Les cellules endothé- lixles et les cellules de la membrane externe de ces vaisseaux étaient toutes sonflées, et leurs noyaux ovoïdes étaient très-volumineux. Le ganolion a été durei dans l’acide picrique concentré, et examiné le lendemain sur des coupes. Nous avons pu nous assurer ainsi du siége des grosses cellules à AE noyaux multiples qui siégeaient habituellement dans les tissus péri- folliculaires. Il y en avait cependant quelques-unes dans le tissu réti- culé des follicules. Au centre du ganglion, près du tissu fibreux du hile, les sinus lym- phatiques périfolliculaires se présentaient sous la forme d’une bande épaisse où le tissu caverneux était rempli des gros éléments précéden- ment décrits. Il y avait là une inflammation avec tuméfaction des cel- lules plates qui tapissent les sinus et une hyperplasie des noyaux de ces cellules. Bien que la syphilis ne remontât pas à plus de trois mois chez cette jeune fille, et que le ganglion enlevé fût postérieur à cette date, il y avait déjà un certain épaississement des tractus fibreux qui cloisonnent le ganglion en entourant les vaisseaux. Sur les sections comprenant tout le ganglion examiné à un faible grossissement, on voyait des tractus minces rayonner du hile à la pé- riphérie, en divisant tout l'organe en une dizaine de segments ou lo- bules avant chacun une CRE ovoïde, à grosse extrémité, tournée du côté de la périphérie. C’est cette accentuation des tractus, jointe à l’hy- pertrophie inflammatoire du tissu réticulé, qui causait l’aspect lobulé visible à l’œil nu et très-manifeste sur les sections examinées au mi- croscope. Dans ce cas, l'épaississement des cloisons fibreuses était très-peu pro- noncé, bien qu'appréciable. Mais cette formation nouvelle du tissu con- jonetif, véritable sclérose ou cirrhose ganglionnaire est extrêmement prononcé dans les formes hypertrophiques des adénites syphilitiques qui peuvent passer pour un mélange de la syphilis et de la scrofule, de même qu'elle est l’un des éléments les plus importants de l’adénite strumeuse si caractéristique du cou. Nous reviendrons ultérieurement sur ces faits. Adenite de la période tertiaire de la syphilis. — Rien n’est plus variable que l’état des ganglions dans les périodes avancées de la sy- philis. Dans les premières années qui suivent son début, et alors qu’il existe encore des plaques muqueuses, les ganglions peuvent être indu- rés, cirrhotiaues, sciérosés ou caséeux par places, car, ainsi que l’a mon- tré Virchow, l’état caséeux des ganglions peut se rencontrer dansune sé- rie d'états pathologiques différents, non-seulement dans la scrofule, la tuberculose et la syphilis, mais aussi dans la fièvre typhoïde et dans la leucémie. Je désire seulement attirer l’attention, ici, sur une forme de lésion ganglionnaire où les glandes lymphatiques sont tuméfiées, molles, blanchâtres, infiltrées de suc laiteux, d” aspect médullaire. C’est un état qui à été bien décrit par Virchow dans une:série d'observations de sy- philis et que j'a étudié histologiquement dans un fait inséré dans les bulletins de Ja Société médicale des hôpitaux (1). Il s'agissait d’une (1) Note sur les lymphangites pulmonaires à propos d’une lymphan- gite du poumon, observée dans la syphüis viscérale (Soci£TÉ MÉDICALE DES Hôpiraux, du 22 mai 1874). ADI femme de trente-quatre ans, morte subitement, et qui présentait à l’autopsie des sommes caractéristiques du foie, un ulcère syphilitique de l'estomac et une lvmphangite pulmonaire. Tous les ganglions lym- phatiques situés au devant du trépied cœliaquefétaient tuméfiés, blanes et durs à leur surface. Il.en était de même des ganglions situés au bord supérieur du pancréas, au voisinage du pylore et autour des bronches. Sur leur surface de section on faisait suinter des gouttelettes d’un li- quide puriforme. Ce liquide, de même que le liquide renfermé dans les vaisseaux lymphatiques dilatés du poumon, examiné à l’état frais, con- tenait, avec des cellules lvmphatiques rondes, plus ou moins granu- leuses, de grandes cellules endothéliales gonflées et en quantité consi- dérable, munies d’un noyau ovoïde ou de plusieurs noyaux. Les ganolions Gurcis par le séjour successif dans le liquide de Muller, la somme et l’alcool, et examinés sur des sections minces ont montré que tous les vaisseaux lymphatiques nériganglionnaires, capsulaires, les sinus Jymphatiques, les voies lvmphatiques et tout le tissu caver- neux des ganglions étaient remplis et distendus à un haut degré par de grandes cellules tuméfiées, provenant de la multiplication des cellules plates qui tapissent ces cavités. Au centre des ganglions notamment, quand on avait débarrassé avec le pinceau les éléments cellulaires libres de la coupe, on voyait de grandes cavités alvéolaires représentant les sections des canaux lym- phatiques afférents. Le tissu réticulé de la substance caverneuse mon- trait aussi des mailles extrêmement agrandies et remplies de ces cel- lules. Partout où on trouvait sur une coupe un ilot de tissu réticulé fin, il y avait autour de lui des mailles énormes du tissu caverneux et les sinus ou vo;es lymphatiques étaient distendus démesurément. Ces ca- vités, plus ou moins débarrassées de leur contenu, montraient en place les grandes cellules endothéliales gonflées, granuleuses, possédant un ou plusieurs noyaux ovoïdes, en même temps que quelques cellules lymphatiques normales. Le protoplasma grenu des grandes cellules était tantôt globuleux, tantôt allongé, un peu aplati parfois et souvent il envoyait des prolongements anguleux. Souvent aussi ces cellules étaient irrégulièrement pavimenteuses, à bords mousses, formes qu’el- les devaient à leur aplatissement réciproque par compression. Il y avait donc là une inflammation catarrhale de toutes les voies lymphatiques contenues dans le ganglion, inflammation consécutive à la même lésion des vaisseaux lymphatiques et ayant pour origine les lésions syphilitiques du foie et de l'estomac. Il est certain qu’il s'agis- sait bien là d’une inflammation du revêtement interne des voies lyrn- phatiques, et que les grandes cellules endothéliales gonflées qui les rem- plissaient n’avaient pas été simplement transportées, mais qu'elles s’é- taient réellement formées sur place dans le ganglion. Le tissu réticulé fin et son contenu, c’est-à-dire les cellules Iympha- tique ne présentaient pas d altération notable. Ainsi, dans cette forme d’adénite médullaire syphylitique, ce sont les voies lymphatiques et les sinus, c’est-à: dire toute la substance caver- AT = neuse, qui sont le siége d’une inflammation chronique qu’on peut appe- ler catarrhale par opposition aux formes sclérotique ou cirrhotique. Cette adénite est le pendant et la conséquence de l’inflammation chro- nique des vaisseaux lymphatiques. Nous avons pu voir des lésions inflammatoires des voies lymphati- ques et du tissu caverneux ganglionnaire analogues à celles qui précé- dent dans d’autres états inflammatoires spéciaux, par exemple, dans l'adénite des glandes mésentériques, dans la fièvre typhoïde et dans celle qui succède aux ulcérations tuberculeuses de l’intestin. Nous avons décrit dans notre Manuel (Manuel d'histologie pathol., de Cornil et Ranvier, p. 844) les lésions des ganglions mésentériques de la fièvre typhoïde qui représentent une adénite subaiguë, dans laquelle tout le tissu caverneux est enflammé en même temps que le tissu réticulé, et où l’on observe un remplissage des voies lymphatiques du ganglion par des coagula fibrineux enfermant des cellules lymphatiques et de grandes cellules tuméfiées. Je n’y reviendrai pas ici, anaïs je présenterai à la Société un spécimen des lésions inflammatoires des ganglions mésentériques dans la tuberculose intestinale. On sait qu’au niveau des ulcérations tuberculeuses de l'intestin, les vaisseaux lymphatiques sont le siége des altérations tuberculeuses, et que ces mêmes vaisseaux, vus à la surface du péritoine intestinal, au niveau des ulcérations, présentent, non-seulement un épaississement tuberculeux de leurs parois, mais aussi, dans leur intérieur, une accu- mulation de cellules lymphatiques plus ou moins granuleuses. Ces vaisseaux lymphatiques, distendns, cheminent dans le mésentère comme des cordons noueux opaques, et vont ainsi se rendre aux ganglions. Ces ganglions mésentériques sont bientôt eux-mêmes farcis de pe- tites granulations tuberculeuses, mais au début de cette formation des tubercules ou avant toute néoplasie tuberculeuse, les ganglions subis- sent une inflammation de nature spéciale qu'il est fort intéressant d'étudier. Au début de cette inflammation, le ganglion est extrêmement vas- cularisé ; lorsqu'on le sectionne, on obtient, par le raclage, un suc lac- tiforme abondant, plus ou moins rousi par les globules sanguins. L'examen de ce liquide montre des globules lymphatiques et des cel- lules endothéliales gonflées comme dans les cas précédents. Sur les préparations faites après durcissement de semblable gan- glion dans le liquide de Muller, la gomme et l'alcool, on observe d’abord la section du vaisseau lymphatique ou des vaisseaux lympha- tiques qui se trouvent dans le üissu cellulo-adipeux périganglionnaire et qui sont remplis de cellules lymphatiques; dans la capsule, dont les vaisseaux sanguins sont frès-fortement injectés de sang, on peut voir aussi les sections de vaisseaux lymphatiques. Lorsqu'on examine la coupe du ganglion lui-même, on peut voir, aiusi que je l’ai observé plusieurs fois, un remplissage complet des voies lymphatiques, des sinus et de tout le tissu caverneux par des c. R. 1878 3 ARTE cellules lymphatiques libres et par des cellules endothéliales gonflées et également libres dans ces cavités. À Les zones et îlots de tissu réticulé fin montraient, dans l’une de nos observations, une dilatation excessive des vaisseaux capillaires par du sang. Il s’agit bien uniquement des vaisseaux capillaires, ce dont on peut s'assurer par l1 minceur extrême de leurs parois. Ce tissu conte- nant des petits vaisseaux dilatés, forme des tractus minces ou des îlots plus étendus. Ces îlots et tractus sont séparés par de larges rivières qui sont remplies de grosses cellules. Entre la capsule ganglionnaire et le tissu réticulé, il y a une fente étroite qui est remplie de ces mêmes éléments. Lorsqu'un tractus mince de tissu réticulé est coupé en tra- vers, son centre est occupé par un vaisseau à paroi mince, dilaté et plein de globules rouges. Le tissu réticulé forme autour de ce vaisseau une zone peu étendue, et, autour de ce petit îlot circulaire existe un large sillon qui, avant l’action du pinceau, est rempli de grosses cellules. C’est là le sinus périfolliculaire qui, aprés l’action détersive du pin- ceau, après que tous les éléments ont été enlevés, montre ses tractus bien connus. Dans certains points de ganglions ainsi altérés, au début de la tuber- culose, on trouve déjà de petites granulations qui modifient compléte- ment l’apparence du tissu ganglionnaire. Je demanderai à la Société la permission de lui faire une communication, dans sa prochaine séance, sur ces tubercules des ganglions, aussi bien que sur les adénites stru- meuses. J'ai voulu seulement montrer aujourd’hui qu'au début de la tuberculose, les ganglions sont enflammés et présentent une congestion, une distension des vaisseaux sanguins par le sang et une irritation de toutes les voies lymphatiques ganglionnaires qui ne diffèrent pas sen- siblement de ce que l’on observe dans les adénites subaiguës et chro- niques. L’inflammation du revêtement endothélial des sinus et voies lymphatiques avec production exubérante de cellules qui les remplis- sent est un des éléments de cette adénite, de même que dans les pé- riodes plus avancées de la tuberculose ganglionnaire, on trouve un épaississement cirrhotique du tissu conjonctif du ganglion. — M. DumonTPaLrIER communique la lettre suivante : SUR LA PRÉPARATION DU CURARE (Extrait d’une lettre adressée de Belem de Para (Brésil), à M. Ocaune BERNARD, par le docteur JOBERT. Le docteur Jobert a assisté à la préparation d’un des meilleurs cura- res américains, celui des Indiens Tecunas, au Calderâo, prés de la fron- tière péruvienne. C'est un poison purement végétal ; il est formé de six espèces de plantes : 19 L’Urari una. Plante grimpante du type des strychnées (peut-être lestrychnos cal- telnæ, de M. de Weddel) qui fleurit au mois de janvier. A9 20 [L’Eko ou Pani du Maraho. Plante grimpante offrant le type d’une ménispermacée (peut-être le cocculus toniferus de M. de Weddel). Ces deux plantes fournissent les éléments principaux du « veneno ». Les suivantes ont un rôle accessoire : 19 Le Taja. Aroïdée. 20 [/ÆEoné ou Mucura-ca-ha (Didelphys Cancrivora ?) offrant le port d’une amarantacée. 3° Trois piperacées (du genre artanthe ?) 49 Le Tau-ma-géré ou langue de Toucan. M. Jobert a pris les photographies de ces plantes et il en rapportera des échantillons en Europe. — Pour préparer le poison, les Indiens râclent la première écorce fort mince des rameaux les plus développés de l’Urari et de l’'Eko : on les mêle dans la proportion de quatre parties de la première pour une partie de la seconde. Ce mélange de râpures pétries à la main, est épuisé, à l’eau froide que l’Indien reverse sept à huit fois dans un entonnoir en feuille de palmier, jusqu’à ce que le liquide prenne une belle couleur rouge. — On le fait bouillir avec des tiges de taja et de mucura pendant environ six heures jusqu’à ce que le liquide prenne une consistance épaisse. On ajoute à ce liquide la râpure des piperacées. On fait bouillir de nouveau, puis on laisse refroidir la préparation qui prend la consistance d’un cirage épais. M. Jobert a expérimenté isolément les différents éléments de ce cu- rare, et s'est procuré également les recettes de quelques autres poisons du même genre préparés dans d’autres tribus. M. Jobert se rappelle au souvenir de ses collègues de la Société de Biologie. + N SUR LA MESURE DES GROSSISSEMENTS MICROSCOPIQUES ; par L. MALASsEz. Les procédés généralement employés pour mesurer les grossisse- ments microscopiques ne donnent, comme on le sait, que des résultats approximatifs et peu certains. Il m'a semblé qu’en modifiant l’un de ces procédés on pouvait obtenir des mesures, je n’oserais dire plus exactes, mais certainement beaucoup plus précises et plus constantes. Le procédé, qu’on peut ainsi perfectionner, est celui dit de la cham- bre claire; je le rappellerai brièvement : on regarde au microscope un objet de dimensions connues; puis à l’aide de la chambre claire on reporte l’image amplifiée de l’objet sur une feuille de papier à dessin placée à la distance de vision distincte. Le rapport qui existe entre les dimensions de l’objet dessiné, et ses dimensions réelles donne le gros- sissement produit par le système optique employé. On peut, par une expérience três-simple, mettre en relief les incer- titudes de ce procédé; après avoir évalué le grossissement d’un sys- . == tème optique donné, on retire l’oculaire et l'objectif; puis laissant toutes choses en place : objet, papier à dessin, tube du microscope, on dessine à nouveau l’objet. Il est bien évident que si le grossissement trouvé précédemment est uniquement le fait de loculaire et de l’ob- jectif employés, on doit obtenir, maintenant qu’ils sont supprimés, un dessin avant exactement les mêmes dimensions que celles de l’ob- jet. Eh bien, si l’on fait cetie expérience de contrôle avec divers mi- croscopes et divers systèmes optiques, on se"a frappé de voir que cette égalité ne se présente que trés-exceptionnellement ; le dessin pourra être plus petit, le plus souvent il sera plus grand que lui : un objet de 10 millimètres, par exemple, pourra donner un dessin ayant9 mil- limétres, ou un dessin ayant 11, 12, 13 millimètres et même plus. Dés lors, n’est-on pas en droit de conclure que si de tels écarts se produisent lorsqu'on opère sans grossissement, à l’œil nu, ces mêmes écarts doivent encore exister lorsqu'on opêre avec un système oplique quelconaue, et que les grossissements obtenus par cette méthode ne sont pas des grossissements réels, mais des srossissements plus ou moins altérés, par le fait du report de l’image surle papier à dessin? Ceite expérience de contrôle, qui démontre si bien les erreurs, peut ‘aussi servir à les corriger. En effet, le grossissement étant évalué, on fait la susdite expérience de contrôle et l’on mesure le srossissement (ou la diminution) produit par le fait du report de l’image sur le pa- pier à dessin. Il ne reste plus alors qu'à corriger le grossissement pri- mitivement trouvé. Supposons, par exemple, que nous ayons obtenu pour un système optique donné un grossissement de 270 fois ; supposons qu'ayant fait l'expérience de contrôle, nous ayons constaté qu'un objet de 10 milli- mètres reporté sur le papier, donne un dessin de 43,5 mm. Nous en 3, : concluerons que le dessin grossissant de LE — 1,35 fois, le grossis- sement attribué au système optique est 1,35 fois trop fort, et qu'il est 20 — 900 fois, au lieu de 270. 1,39 Mais, comme on le conçoit, cette correction peut se faire, quelle que soit la distance à laquelle le dessin a été pris ; il devient alors tout à fait inutile de l’exécuter juste à la distance de la vision distincte ; il est même préférable de choisir toute autre distance, puisqu'on n’est pas d’accord sur la valeur de celle-ci. Et comme le plus commode est de faire le dessin sur la table même qui porte le microscope, je conseille le procédé suivant : Au lieu de placer le papier à dessin à la distance de la vision distincte, on le posera simplement surla table de travail; on mesurera le arossissement comme d'habitude ; puis faisant l'expérience | de contrôle, on évaluera la part due au report du dessin sur la table, et on défalquera cette part du grossissement précédemment obtenu; on aura ainsi le grossissement produit par le système optique employé. Ce procédé permet donc de corriger les inexactitudes indiquées plus seulement égal à go, ee haut; par contre, il a l’inconvénient d’exiger deux opérations expéri- mentales à chaque examen de système optique ; en effet, le grossisse- ment produit par le report du dessin sur la table varie à chaque positian du tube, et celle-ci varie à chaque système optique. Aussi ai-je ima- giné unautre procédé qui rend ces corrections inutiles et donne directe- ment les grossissements cherchés. Ce procédé consiste à ne placer le papier à dessin, ni à la distance de la vision distincte, ni sur la table, mais à une hauteur telle que, l’ocu- laire et l'objectif étant enlevés, le dessin de l’objet soit exactement égal en dimensions à l’objet lui-même. Cette position étant déterminée expérimentalement, il suffira de mettre en place les oculaires et les objectifs à examiner, et de prerdre le rapport entre les dimensions de l'image dessinée à cette hauteur et les dimensions réelles de l’objet, On aura ainsi d'emblée le grossissement du système optique employé. Ce second procédé est donc plus simple que ie précédent ; il a encore un autre avantage, c’est que la position du papier à dessin, par rapport à la platine du microscope, est constante, quel que soit le système op- tique employé, du moment qu'on se sert toujours de la même cham- bre. Ainsi, avec la nouvelle chambre claire de Nachet, le papier devra être placé à 3 centimétres environ au-dessus de la platine du microscope empioyé. Il en résulte que la détermination de cette posi- tion n’a besoin d'être faite qu’une fois pour toutes. Si au lieu de la chambre claire on utilisait ie phénomène dit de la double vue pour reporter et dessiner l'image sur le papier à dessin, le papier devrait être placé au niveau de la platine (en supposant bien entendu la vue égale dans les deux yeux), et c’est justement ce que re- commande M. Ranvier dans son TRAITÉ TECHNIQUE D'HisTOLOG1E. Séance du 19 janvier 1878. La correspondance comprend une lettre de M. Moreau, accompagnant une note de M. Horvath, sur la nécessité du repos pour le développe- ment des bactéries. — M. Caarcor, à l’occasion du procès-verbal, présente la reproduc- tion photographique de la convexité du cerveau d’une femme morte dans son service, à l’âge de 43 ans, et qui avait eu, à l’âge de 5 ans, une désarticulation de l'épaule gauche. On voit que les deux hémi- sphères sont exactement semblables, et qu’il n'y a pas d’atrophie des zones motrices du côté droit. Ccpendant, la malade a vécu 38 ans après sa désarticulation de l'épaule. L'examen histologique de la moelle a été fait par MM. Déjérine et Raymond au laboratoire de M. Vulpian, et il a permis de reconnaître, dans la région cervicale, une myélite chronique ou sclérose, ne remon- tant pas jusqu’au bulbe ct intéressant le faisceau latéral gauche. La substance grise, ainsi que la substance blanche de ce côté étaient atro- phicées. Ce fait négatif, dit M. Charcot, m'avait d'autant plus frappé, qu’à cette époque, dans mon cours sur les localisations cérébrales, je venais d'exposer le travail de Sanders, où il s’agit d’une atrophie de la région motrice chez un sujet frappe dans l’enfance, de paralysie infantile spi- nale. M. Luys ne pense pas que la reproduction photographique de la convexité des hémisphères cérébraux permette d’apprécier avec une grande exactitude des lésions atrophiques de points limités des circon- volutions cérébrales. Il importe de faire cette recherche sur des coupes du cerveau. M. Luys a plusieurs fois observé, chez des amputés, du côté opposé à l’amputation, une atrophie de quelques faisceaux des pédoncules cé- rébraux. — M. Cuarcor fait la communication suivante : Je me propose, dans la prochaine séance, de présenter à la So- ciété de Biologie une jeune femme hystérique, atteinte en même temps d’amblyopie et d'hémianesthésie, plus considérables d’un côté du corps que de l’autre côté. Aujourd’hui, comme préfare à cette présentation, je dirai quelques mots sur l’ensemble des faits du même genre, que j'ai eu l'occasion d'étudier. La connaissance des troubles de la vision chez les hystériques est déjà ancienne, elle a été signalée par M. Briquet. Depuis, M. Galezow- ski a constaté que les hvstériques voient mal les couleurs, et que l’œil de ces malades, particulièrement du côté où l’on observe de l’anesthé- sie, est achromatopsique ou dyschromatopsique : il a perdu la fa- culté de distinguer une ou plusieurs couleurs. On sait que, dans l’état normal, les différentes parties du champ vi- suel rétinien ne sont pas également aptes à percevoir les couleurs. M. Landolt a prouvé récemment que le violet est perçu par la partie centrale de la rétine, et que les autres couleurs sont réparties, autour de ce cercle central, dans des zones concentriques d’inégale largeur, et disposées, de dehors en dedans, dans l’ordre suivant : bleu, jaune, orangé, rouge, vert, violet (au centre). Or, chez les hystériques am- blyopiques, le champ visuel est rétréci, et il est rétréci, surtout du côté où l’on constate l’anesthésie. Ce fait, constaté par M. Landolt, permet de comprendre le mécanisme de la disparition des couleurs. Le champ visuel diminuant de plus en plus, la couleur centrale, le violet, finira par disparaitre. Si cette diminution continue, le vert disparaîtra à son tour, et ainsi de suite, jusqu’au bleu, qui pourra disparaître également. Les amblyopiques peuvent perdre ainsi la notion d’une ou plusieurs couleurs, et, dans un deoré avancé de la maladie, toutes les couleurs cesseront d'exister pour eux; ils verront tous les objets en teinte ori- saille ou sépia. Ce mode de disparition des couleurs n’est pas constant, ainsi que M. Landolt l'avait pensé tout d’abord. Une hystérique à perdu d’un GR côté la notion d’une couleur du prisme; de l’autre côté, elle ne voit plus une couleur différente. Chez quelques malades, la sensation du rouge persiste, alors que la notion du jaune et du bleu s’est éteinte. Lorsque la guérison de l’hystérie à lieu, les achromatopsiques re- couvrent la notion des couleurs dans l’ordre inverse de celui de leur disparition. L'influence de la métalloscopie sur l’achromatopsie n’est pas moins intéressante que celle qu’elle possède sur l’anesthésie hystérique. L’ap- plication des plaques métalliques de M. Burq, sur les régions anesthé- siées, fait reparaître les couleurs absentes dans l’ordre inverse de leur disparition, en même temps qu’elle rappelle la sensibilité. Lorsqu’on cesse d'appliquer ces plaques, les troubles de la sensibilité et l’achro- matopsie ne tardent pas à revenir. Il est un autre fait bien intéressant encore : chez certaines malades hystériques et hémianesthésiques, antérieurement, mais qui n'ont pas actuellement de symptômes d’hystérie anesthésique, l’application, sur la partie anciennement anesthésiée, des plaques métalliques, auxquelles la malade était sensible, ramène l’anesthésie. Aïnsi, une malade qui était sensible à l’or, n’a plus aujourd’hui de trace d’anesthésie; si on place la plaque d’or sur la partie anciennement insensible, l’insensibi- hté se reproduit. En même temps qu'elle, les troubles disparus de la vision reparaissent également, et la malade redevient achromatopsique pendant la durée de la métallothérapie. Tous ces phénomènes ont lieu des deux côtés ; mais, ainsi que je l’ai dit déjà pour d’autres faits, ils sont plus manifestes du côté anesthésié que du côté opposé. Chez certains malades, la couleur rouge est celle qui est ramenée la premiére par la métallothcrapie. Tous ces caractères de l’achromatopsie ne sont pas propres à l’hvsté- rie. On sait qu'à la suite de lésions de la partie postérieure de la capsule interne, peut-être de l'extrémité du rayonnement de cette partie pos- térieure, il survient de l’hémianesthésie en même temps que de l’hémi- plésie. Or, dans ces cas, on observe également de l’achromatopsie. Rien de semblable n’a lieu lorsque l’anesthésie est d’origine spinale. Il sem- ble donc que, chez les hystériques hémianesthésiques, l’achromatopsie a pour cause une lésion cérébrale. Le traitement par la métallothérapie donne le même résultat dans les deux cas, avec cette différence que les troubles d’origine hystérique peuvent reparaître sous l'influence de la métallothérapie, tandis que les mêmes troubles d’origine cérébrale une fois guéris ne se reproduisent pas sous cette même influence. M. Lagorpe demande quelle explication M. Charcot donne de ces faits ? M. Caarcor rappelle que M. Vulpian a ncté déjà, qu’au moyen des courants électriques, on pouvait ramener la sensibilité dans les parties du corps d’où elle avait disparu. On peut admettre que les plaques mé- PAUSE talloscopiques produisent une excitation périphérique suffisante pour rappeler la sensibilité disparue. — M. Corniz présente deux ganglions lymphatiques volumineux et fait ressortir la différence qui existe entre la tuberculose et la scrofulose des ganglions lymphatiques. Dans les deux cas, la lésion estcaractérisée par la transformation ca- séeuse. Les cellules normales disparaissent même tout à fait, et l’on ne trouve plus à leur place qu’un vide traversé par un fin tissu réti- culé : tout l'organe s’altère dès le début dans la scrofule. Les lésions tuberculeuses des ganglions lymphatiques sont les mêmes sur le mésentére, sur les granulations bronchiques, etc. ; elles consis- tent dans la présence d’ilots transparents autour d’un vaisseau oblitéré. Ce vaisseau, quelquefois situé sur le côté de la zone transparente, est souvent dilaté et rempli de sang. La zone transparente de ces lésions tuberculeuses est un état colloïde d’une substance qui se colore par les différentes supstances colorantes. On n'y trouve qu’un fin réseau réti- culé qui part du vaisseau. Avec un très-fort grossissement, on y voit des éléments ronds, anhystes. Immédiatement autour du vaisseau di- laté on trouve des leucocytes et des globules rouges. — M. Gazuzowski: fait une communication qui confirme les faits observés par M. Charcot. Il s’agit de deux malades, femmes, du ser- vice de M. Vulÿian. Une de ces malades, hémiplégique de cause cérébrale, a de l’hé- mianesthésie et de l’amblyopie L'autre, hystérique, présente les mé- mes phénomènes. Chez ces deux malades, la faradisation, avec un cou- rant interrompu, fait cesser l’anesthésie et l’achromatopsie en même temps. De plus, M. Galezowski a constaté que, chez ces malades, la perceptivité des couleurs n’a pas lieu à une distance déterminée ; si cette distance est moindre, la perception des couleurs 2 lieu : le bleu est aperçu le premier, le violet le dernier. Enfin, la perception des couleurs a lieu en face, dans-la direction de l’axe visuel à une grande distance ; sur les côtés, cette perception n’a lieu qu’à une distance très-faible de l'œil. La distance à laquelle les couleurs cessent d’être vues est varia- ble : telle couleur disparaît à une distance assez grande de l'œil, telle autre à une faible distance. Il est possible que ces particularités soient constantes chez toutes les hystériques. M. {uarcor a vu des achromatopsies complètes à toutes les dis- tances. M. Gazezowexir, guidé par les faits dont il vient de parler, a pensé qu’il est possible de construire, avec des verres colorés, une échelle ponr les couleurs. Il présente un appareil de ce genre, ainsi qu'une série de papiers colorés qui peuvent servir à étudier les faits. M. Java répond à M. Galezowski en ces termes : « Tout comme MM. Favre, Stilling, Holmgren, M. Galezowski ne tient pas compte de la composition des couleurs dont il fait usage ; on = s’il est incommode d'employer les couleurssimples, tout au moins doit- on pratiquer, au moins sommairement, l'analyse spectrale des cou- leurs dont on fait usage. « Quant à l’observation relative à la distance où les couleurs sont distinguées, c’est une affaire d’angle visuel ; elle n'apporte donc rien de nouveau. « Les procédés grossiers d'investigation au moyen de papiers ou de laines peuvent suffire dans la pratique courante, quand il s’agit de constater de fortes aberrations du sens chromatique. Quand on voudra faire des déterminations ayant une valeur scientifique, il faudra, je pense, mesurer l’acuité visuelle dans diverses couleurs spectrales : c’est une étude à laquelle je me livre depuis quelque temps, et pour laquelle je saisis l’occasion de prendre date aujourd’hui. » M. Cuarcor pense que les phénomènes de disparition des couleurs qu’il a observés sont des phénomènes nerveux centraux. M. Gazezowsxi constate que le vert, le rouge, le bleu sont les cou- leurs qu’il voit disparaître d’abord, et ces faits sont semblables à ceux que mentionne M. Charcot. M. Cuarcor remarque que, chez quelques malades, c’est le bleu qui disparaît le premier, qui est périphérique. M. Berr : Les araignées sont daltonniennes ; elles sont sensibles au vert et ne paraissent pas voir le rouge. Ce n’est donc pas toujours par le vert que les couleurs disparaissent dans la série animale. — M. Berr offre à la Société de Biologie son livre sur la pression ba- rométrique. Il appelle particulièrement l'attention sur les chapitres re- latifs aux gaz du sang, à l’asphyxie, à l’aclimatation sur les monta- gnes. M. Berr fait ensuite la communication suivante : On sait qu'il est des peintres, et non des plus médiocres, qui font prédominer dans leurs tableaux, non sans exagération, certaines cou- leurs favorites : pour l’un c’est le jaune, pour l’autre c’est le violet, etc. On dit vulgairement d’eux qu'ils voient jaune, qu’ils voient violet, etc. La couleur favorite varie même parfois suivant les époques de la vie d'un même peintre : c’est ainsi que Decamps peignait lilas dans les der- niéres années de sa vie, et on à été entraîné à penser qu'il s'agissait là des conséquences d'une modilication physique dans les appareils sen- soriels de la vue. Pour savoir à quoi s’en tenir sur ce point intéressant pour la physio- logie et pour l’histoire de l'art. M. Paul Bert a appliqué sur une toile, en teintes plates, un grand nombre de taches colorées, puis il a prié un de ses amis, peintre de profession, de copier ces taches, après s'être, au préalable, placé devant les yeux des lunettes de verres diversement colorés. Par un surcroît de précautions, les couleurs avaient été placées sur la palette par une main étrangére, en telle sorte que le peintre, qui c. r. 18178 4, J'ai. n’en reconnaissait plus la disposition habituelle, était obligé d'examiner avec soin la composition des mélanges qui lui servaient à copier. L'expérience a donné ce que & priori en attendait sonauteur. Le pein- tre voyant avec les mêmes verres la tache du tableau et les couleurs de sa palette commettait la même erreur en appréciant la première et le mélange des secondes. Par conséquent, il n'était satisfait de son œuvre que quand la représentation était en réalité semblable au mo- dèle. La vue à travers le verre coloré n'avait donc fait qu'augmenter la difficulté de l’imitation, mais n’avait pas agi sur elle. Il faut cependant faire à cette règle deux exceptions. Supposons que les verres de lunettes soient de couleur verte. SI le peintre examine avec elles des nuances diverses de vert, il ne les appréciera pas avec la justesse habituelle, et cela se comprend puisqu'elles seront en quel- ques sorte toutes lavées de vert; la représentation des nuances vertes souffrira donc dans la copie. Mais les fautes seront encore plus consi- dérables pour les nuances diverses du rouge. Cette couleur étant com- plémentaire du vert, tend à passer au noir quand on la regarde avec un éclairage vert ; il en résulte que les couleurs composées dans les- quelles le rouge prédomine seront brunies, seront tuées, et que leurs différences délicates ne seront pas saisies. Avec des lunettes à verres bleus, ce sont les nuances du bleu et sur- tout l’orangé qui auront à souffrir, et, d’une manière générale, les er- reurs de la copie porteront sur les nuances de la couleur employée et surtout sur celles de sa complémentaire. Si donc on suppése qu'un peintre voit réellement en violet par une disposition primordiale, ou par une altération de sa vue, cen’est point, comme on le croit d'ordinaire, à la prédominance exagérée du violet que l’on reconnaîtrait son infirmité, mais bien à ce que, dans les nuan- ces du violet, et surtout dans celles du jaune, il y aurait insuffisance de variété et de délicatesse. S'il voyait rouge et qu'il eût à représenter une figure nue, au milieu d’un paysage, il y aurait une monotonie fä- cheuse et dans les tons de chair ou entre le rouge dans des proportions que le peintre n’apprécierait pas exactement, et surtout dans les nuances si variées des verts du paysage. Pour le dire en passant, il serait fort intéressant de voir ce que produirait un peintre copiant, soit la nature, soit un tableau, après avoir ingéré une certaine quantité de santonine, substance qui fait tout voir teinté de violet. Il est donc certain que l'emploi des couleurs affectionnées particulié- rement par certains peintres est motivé, non par une altération de la- vue, inais par des raisons d’ordre intellectu:l. Les expériences que nous venons de rapporter indiquent de plus combien il serait intéressant d'examiner à ce point de vue nouveau les œuvres des peintres. S'il en est qui péchent dans la représentation de deux ordres de nuances dé- rivées de couleurs complémentaires, c’est bien à une altération de la vue qu’il faudra rapporter cette insuffisance d'exécution. M. Bert ayant terminé sa communication en disant qu’un professeur or = de peinture de l'Ecole des Beaux-Arts ne distingue pas les couleurs, M. Charcot dit qu’il connaît un peintre sur porcelaine trés distingué, qui se trouve dane le même cas. M. Javaz répond ensuite à M. Bert en ces termes : _« Comme le dit fort bien M. Bert, il n’est pas du tout prouvé qu’un peintre qui voit rouge, par exemple, devra peindre correctement ; en voici la raison. La gamme des couleurs du tableau est trés-loin d’être identique à celle du modéle ; elle est, en général, beaucoup plus som- bre. Le peintre peut donc fort bien éprouver des erreurs analogues à celles que M. Janssen vient de trouver chez les personnes qui observent le soleil ; il y a chez le peintre une série de causes d’erreur qui tiennent en partie aux variations que les couleurs subissent quand l'intensité de l’éclairage varie; un peintre rend bien les couleurs quand ce que j'appellerai sa gamme d’exécution et sa gamme d'observation sont dans les mêmes rapports que chez le critique d’art. « Je ne crois pas que le procédé proposé par M. Bert permette facile- ment d’élucider le problème, car il s’agit de phénomènes excessivement complexes. « Prenons un exemple. Il paraît évident que des lunettes rouges amortiraient toutes les couleurs, sauf le rouge, et qu’un peintre armé de ces lunettes verra plus de rouge dans la nature. Et cependant rien n’est moins vrai : je vous apporterai la prochaine fois un verre rouge et des lettres rouges sur fond blanc, et vous verrez qu’à travers le verre ces lettres disparaissent absolument. En effet, avec un verre rouge, tont le chimp visuel est rousi à un tel point que le rouge ne se distin- gue plus du fond; mais cette teinte rouge générale disparaît presque à notre observation et paraît blanchâtre, absolument comme un papier blanc à la lumière artificielle. « N’étant pas actuellement en mesure de traiter la question à fond, je me bornerai à ce seul exemple, et je signale, pour terminer, un ar- ticle de M. Liebreich, paru vers 1871 dans la REVUE SCIENTIFIQUE, Où le sujet est abordé très-superfciellement : c’est une étude à faire sur nouveaux frais, et je doute que l'importance du résultat réponde à la difficulté de l’entreprise. » NOTE SUR LES FONCTIONS DES CENTRES GANGLIONNAIRES DU COEUR ; par M. L. Ranvrer, professeur d'anatomie générale au Collége de France. Il y à bientôt deux ans (dans mon cours public de 1875-1876), j'ai montré que la pointe du cœur séparée se contracte rhythmiquement sous l'influence d’un courant électrique. J'ai déterminé alors d’une manière exacte la nature et l'intensité du courant qu’il convient d’em- ployer dans cette expérience. C’est seulement en cela que mes recher- ches étaient nouvelles, car déjà auparavant Eckhard et Heidenhain avaient reconnu que la pointe du cœur séparée donne des pulsations rbythmiques sous l'influence de courants constants (Eckhard) et de cou- robe rants interrompus (Heidenhain). (Voy. Arcu. DE MuLLEr, 1858, p. 490 et 494.) J'ai donc été surpris d'apprendre que deux jeunes phyvsiologistes (l’un d’entre eux est un de mes élèves) avaient annoncé ce fait comme d'couvert par eux et avaient assez exactement donné la méthode que j'ai employée et indiquée pour le reproduire d’une facon constante. La communication que je fais aujourd’hui n’a pas seulement pour but de relever cette erreur, car je me propose de faire connaître d’au- tres faits relatifs à l'appareil nerveux du cœur et à ses fonctions. Je vais d’abord fournir, en quelques mots, des renseignements sur l'expérience dont j'ai parlé tout d’abord, parce qu’ils sont nécessaires pour interpréter les résultats d’autres expériences que je décrirai en- suite. Il faut choisir une grenouille verte (A. esculenta) bien portante et visoureuse. On lui enlève le cœur, et avec un instrument bien tran- chant, on y pratique une section transversale qui divise le ventricule à la limite inféricure de son tiers supérieur. La pointe du cœur, privée ainsi de tout appareil ganglionnaire, reste en repos. fille est placée sous le levier d’un petit myographe muni d’électrodes de platine. Se ser- vant alors de l'appareil d’induction à chariot, on cherche, en rapprochant peu à peu la bobine extérieure, quel est le courant dont l’intensité est précisément suffisante pour déterminer à sa rupture une pulsation car- diaque, eton l’interrompt au moyen du trembleur, comme pour pro- duire la tétanisation électrique d’un muscle volontaire. Il se fait au même moment dans la pointe du cœur une série de pulsations rhyth- miques dont le nombre est beaucoup moins considérable que celui des ruptures du courant. Si l'intensité du courant électrique est notable- ment augmentée, la pointe du cœur s'arrête en diastole, où bien il s’y manifeste une contraction de longue durée que j'ai désignée sous le nom de tétanos de tonicité, par opposition au tétanos qui résulte de la fusion de secousses. La contraction rhythmée qui se produit dans la pointe du cœur séparée et soumise à une excitation suivie, constitue un fait qui, je le répète, n’est pas nouveau, mais dont l'importance considérable devait être mise en relief, car il s'ensuit que Ja cause du rhythme du cœur ne doit pas être cherchée dans son appareil ganglionnaire. Ce fait établit encore que le rhythme cardiaque, même à l’état entièrement physiologique, ne se produit que sous l'influence d’une excitation comprise dans des limites très-étroites. Les faits que je vais décrire maintenant sont relatifs aux fonctions de l’appareil ganglionnaire du cœur. Tous les physiologistes connaissent Ja septième expérience de Sta- nius, l'expérience de Stanius proprement dite : Une ligature est appliquée sur le sinus veineux à son entrée dans l'oreilletie droite, le cœur s'arrête en diastole. La ligature a coupé les deux nerfs cardiaques, et le fil, corps irri- ROME tant, se trouve en contact avec l'extrémité des segments périphériques des nerfs coupés. L'arrêt du cœur est-il la conséquence de l'excitation des nerfs car- diaques (branches des pneumogastriques), comme l'ont dit Heidenhain et Ludwig ? ou bien cet arrêt est-il prouuit parce que la ligature a en- levé de l'appareil nerveux du cœur une portion indispensable à sa fonction, comme l’ont soutenu de Bezold et Goltz ? Aujourd'hui la question n’est pas encore tranchée. Je l'ai reprise cette année, à mon Cours, ef comme je suis arrivé à quelques résultats qui me paraissent nouveaux et intéressants, j’ai cru devoir les publier immédiatement, espérant prévenir ainsi le retour de publications semblables à celles que j’ai signalées au début de cette communication. Exr. I. Le cœur d’une grenouille verte vigoureuse, est arrêté par une ligature placée sur le tissu veineux, exactement au point où il s'ouvre dans l'oreillette droite. Il est alors enlevé et mis sur le myogra- phe. On cherche le courant induit minimum nécessaire pour déter- miner à sa rupture une pulsation cardiaque. On excite alors par un courant à interruptions fréquentes ; il se fait une pulsation, puis le cœur s’arrête et reste en repos pendant tout le temps que dure le pas- sage du courant électrique. Cependant le cœur n’est nullement épuisé, car, au bout de quelques secondes, une rupture du même courant y produit une pulsation. Il en est de même pour de nouvelles ruptures convenablement es- pacées. Exp. II. Chez une grenouille verte, le ventricule du cœur est séparé avec ses ganglions auriculo-ventriculaires. 11] donne, comme cela est connu, des pulsations rhythmiques. Elles sont fréquentes d’abord ; elles deviennent de plus en plus rares ; enfin, elles s'arrêtent. Si alors on excite mécaniquement au moyen d’un stylet l’orifice ventriculaire, les battements rhythmiques recommencent, puis ils diminuent de fréquence et s'arrêtent comme la premiére fois. Si le ventricule, muni de ses ganglions et arrivé spontanément à l’état d’arrêt, est soumis à l'excitation électrique, en suivant exactement les indications données dans l’expérience I, la contraction rhythmée re- prend et dure pendant tout le temps que passe le courant interrompu. Exp. III. Chez une grenouille verte vigoureuse, on place une pre- miére ligature sur les deux aortes, une seconde ligature est appliquée sur le sinus velneux aussi loin des oreillettes que possible. Le cœur con- tinue de battre. On l’enlève. Une troisième ligature est mise sur le sillon auriculo-ventriculaire, puis le ventricule est retranché. On obtient ainsi des oreillettes aux trois quarts ‘pleines de sang et qui présentent des contradictions rhythmiques parfaitement réguliéres. L'excitation mécanique de ces oreillettes au moyen d’un stylet passé légérement à plusieurs reprises sur leur face postérieure, au niveau du sinus, ralentit les pulsations. Si l’excitation est un peu forte et prolongée, les batte- Non ments s'arrêtent. Ils reprennent ensuite. Ils sont rares d’abord, et leur fréquence devient graduellement plus grande jusqu’à revenir au rhythme primitif. Si les orcillettes, préparées comine je viens de le dire, sont sou- mises à l'excitation électrique au moyen d’un courant d’induction in- terrompu, dont l'intensité est suflisante pour produire, par une seule rupture, une pulsation au moment de la diastole, elles s'arrêtent et demeurent au repos pendant tout le temps qu'elles sont soumises à l’action du courant. Elles reprennent leur mouvement peu de temps après, et reviennent à leur rhvthme primitif assez rapidement, beau- coup plus rapidement que dans le cas où l’arrêt a été déterminé par une excitation mécanique. J'ai fait varier ces expériences de différentes façons, j'en ai fait beaucoup d’antres; mais celles que je viens de donner suffisent pour conduire aux conclusions suivantes : 1° La ligature de Stanius produit l'arrêt du cœur en agissant comme un excitant, puisqu’une excitation, qui est suffisante pour amener des battements rhythmiques de la pointe du cœur séparée, laisse tout l’or- gane en repos aprés cette ligature. 20 Dans l’orcillette, les centres d'arrêt l’'emportent sur les centres excitateurs. Dans le ventricule, au contraire, les centres excitateurs l’emportent sur les centres d'arrêt. 30 L’existence dans le cœur de deux espèces de centres nerveux se faisant équilibre, a pour but de maintenir l'excitation dans les limites exactes qui sont nécessaires pour produire la contraction rhythmée du muscle cardiaque. M. Laporpe dit que l'expérience de Stanius, faite sur la grenouille, n’a pas l’importance qu'on lui attribue. La moindre excitation péri- phérique arrête le cœur de la grenouille : cet animal n’est donc pas un bon réactif pour l'étude des mouvements du cœur, à l’aide de l’expé- rience de Stanius. M. Mazassez dit que l’arrêt du cœur par les localisations périphé- riques est momentanée, tandis que l'arrêt est persistant quand on em- ploie la ligature de Stanius. M. Lasorpe : La chute d’un simple filet d’eau suffit pour arrêter d’une manière permanente le cœur de la grenouille, à moins qu’on ne fasse intervenir une autre excitation. — M. Vipaz a précédemment communiqué à la Société de Biolosie le résultat de scs recherches sur le molluscum contagiosum et indi- qué que l’altération est de nature colloïde. Sur un certain nombre de cellules épithéliales glandulaires l’examen histologique fait avec M. Ma- lassez démontre que le noyan se gonfle. l/’altération colioïde peut com- mencer par le protoplasma cellulaire, tantôt près du noyau, tantôt près de la paroi de la cellule, Lee es Cette altération est réellement de nature colloïde et non de nature cornée, comme ?’affirma M. Renaut. Les cellules épidermiques se co- lorent en effet en bleu par certains réactifs qui ne colorent pas les cel- lules du molluscum. Si l’on fait bouillir les cellules du molluscum avec des réactifs déterminés, ces cellules ne se dissolvent pas; les cel- lules épithéliales sont détruites au contraire dans les mêmes conditions. Enñn, les éléments du cancer colloïde donnent des réactions sembla- bles à celles des cellules du molluscum contagiosum. Séance du 26 janvier 1878. M. CHarcor présente une malade à laquelle il à fait allusion dans sa communication de la séance précédente. Cette jeune femme, mercière de son état, est hystérique depuis long- temps : elle a eu des crises convulsives, des douleurs ovariques, etc. De plus elle a été complétement hémianesthésique de tout le côté droit du corps, tronc, membres et tête. Aujourd’hui l’hémianesthésie est ii- mitée à la région temporo-frontale droite ; dans cette région, Ja malade ne sent pas, en effet, la piqûre d’une épingle, tandis qu’elle sent cette excitation dans les parties voisines. Les troubles hystériques convulsifs et anesthésiques existaient, lorsque la malade s’aperçut qu’elle ne pou- vait plus reconnaître certaines couleurs des rubans qu’elle avait à fournir. Il y avaitamblyopie, ainsi que le constata M. Fieuzal. Plusieurs couleurs ne pouvaient être perçues par l’un ou l’autre œil. La dyschro- matopsie existe des deux côtés; mais elle est plus marquée du côté droit, c’est-à-dire du côté où persiste l’hémianesthésie dans la région temporo-frontale. L’ouïe, l’odorat et le goût ont été également affectés. Cette malade appartient à cette série que M. Charcot appelle série bleue. Elle est du nombre des hystériques chez lesquelles la couleur bleue occupe la zone concentrique externe du champ visuel, et chez lesquelles, par conséquent, le bleu disparaîtrait après toutes les autres zones colôrées. M Charcot met successivement sous les yeux de la malade des car- tons colorés représentant chacun une couleur du spectre, et disposés suivant l'ordre normal indiqué par Landolt, c’est-à-dire de dedans en dehors : violet, vert, rouge, orangé, jaune, bleu. L’œil gauche étant fermé, l’œil droit ne voit plus le violet, le vert ni le rouge; les trois couleurs centrales ont disparu alors que les autres couleurs sont tou- jours vues par cet œil. L’œil droit est fermé à son tour, et l’on constate que l'œil gauche ne voit pas le violet, mais voit les autres couleurs. Il y à achromatopsie du côté gauche et dyschromatopsie à droite. Ces faits constatés, M Charcot applique sur le front de la malade un appareil formé de quatre pièces d’or cousues sur une bande d’étofte. Les pièces, qui sont des pièces de 20 francs, sont en contact immédiat — 399 — avec la peau. Deux minutes plus tard, après la production d’un peu de mal à la tête, le violet peut être vu par l'œil gauche ; le violet et le rouge sont vus par l'œil droit. La couleur rouge est revenue la pre- mière, le vert ensuite, puis enfin le violet. La dyschromatopsie n'existe plus. On maintient les plaques d'or en contact avec le front, et il se pro- duit un phénomène inverse. Les couleurs cessent d’être vues, aussi bien du côté droit que du côté gauche ; elles disparaissent du centre à la pé- riphérie, le violet d’abord, le blen en dernier lieu. Les deux yeux sont entièrement achromatiques. M. Burq a donné à cette période le nom d'anesthésie de retour, parce que l’hémianesthésie se reproduit en même temps que les couleurs spectrales disparaissent. Le bandeau avec ses pièces est enlevé. Une minute et demie à deux minutes plus tard, la couleur bleue reparaît dans les deux yeux, puis, après elle, le jaune et l'orangé. Les zones rouge et verte reviennent dans l’œil gauche, mais le violet n’y revient pas. Quant à l'œil droit, la zone verte et le cercle violet n’y renaissent pas. Lorsqu'une couleur disparue commence à revenir, elle est d’abord re- connue aux angles seulement des cartons colorés; ce n’est que quel- ques instants plus tard que la partie centrale des cartons est vue sous sa couleur réelle. Enfin, il existe pour la vision de ces couleurs un point dont la distance varie de quelques centimètres, et qu’il faut trouver par tâtonnement. C’est là ce qui explique l’hésitation de la malade à nommer quelquefois du premier coup une couleur qu’elle peut reconnaître. SUR LA NATURE DE L'ACHROMATOPSIE DES HYSTÉRIQUES ; par P. RE- GNARD, interne de la Salpétrière, préparateur à la Sorbonne. A la suite des recherches de M. le professeur Charcot sur l’achroma- topsie, nous avons voulu instituer quelques expériences qui pourraient nous éclairer sur la nature intime de ce phénomène singulier. Nous nous sommes demandé si, en prenant par exemple un malade qui ver- rait une lumière rouge, mais n’apercevrait pas la lumière verte, il serait possible, en lui présentant ensemble ces deux lumières réunies, de recon- stituer pour lui la lumière blanche, comme cela a lieu pour les individus sains. L'importance théorique de cette recherche se comprend immédiate- ment. Si vraiment les rayons verts sont tout à fait sans action sur les achromatopsiques hystériques, ces malades devront voir uniquement du rouge, lorsqu’on lancera simultanément ou successivement dans leur œil des rayons verts et des rayons rouges provenant de sources diffé- rentes. Ils ne devront pas réunir les deux couleurs complémentaires et recon- stituer le blanc. Or, il n’en est précisément pas ainsi; dans les conditions que nous avons désignées, les malades recomposent très-bien la lumière et nous le démontrons par les deux ordres d'expériences qui suivent : he 19 Nous nous sommes servi tout d’abord des disques de Newton. On sait qu'en ménageant convenablement sur un disque des secteurs rouges et des secteurs verts en proportion voulue et placés les uns aprés les autres, on amène le disque à paraître blanc quand on fait tourner rapidement. Cela tient à ce que les couleurs sont amenées successivement et que l'impression de la première durant encore quand arrive la seconde, le résultat est le même que si les deux couleurs étaient superposées, et la recomposition du blanc a lieu. Un pareil disque (rouge et vert) étant présenté à une achromatopsique elle déclare qu’il est rouge et blanc. Mais dès que le disque est en mou- vement, elle dit qu'il est blanc grisâtre. Elle recompose donc le blanc avec les deux couleurs complémentaires. Elle fait du blanc avec du rouge qu'elle voit et du vert qu’elle ne voit pas. La lumière verte n’est donc pas aperçue par la malade, mais elle est perçue, puisque, ajoutée au rouse, elle reproduit le blanc. La contre-épreuve se fait en prenant un disque réellement rouge et blanc et en le présentant à la malade à côté du disque rouge et vert. L’achromatopsique les déclare l’un et l’autre identiques. Mais dès que le disque rouge et blanc est en mouvement, elle le dé- clare rouge pâle, ce qui est la vérité, tandis que le rouge et vert lui paraît grisâtre, ce qui est également vrai. La malade qui ne faisait pas de différence entre les deux disques au repos, et qui en cela se trom- pait, ne se trompe donc plus dès qu’ils sont en rotation. 29 Il est possible de construire des lunettes dont un des verres est rouge et dont l’autre est vert. Lorsqu'on place un pareil instrument devant ses yeux, la lumière qui est perçue n’est ni rouge, ni verte, elle est recomposée, elle est blanche. Présentons un pareil lorgnon a une achromatopsique, en ayant soin de mcttre le verre vert du côté de l'œil qui ne voit pas cette couleur. Si la lumière verte est sans action sur la malade, elle ne devra voir que des rayons rouges et les objets environnants lui paraïtront de cette teinte. Or, il n’en est rien, et la malade recompose encore la lumière blanche comme si son œil était normal. Ainsi, les rayons verts, dans toutes ces expériences, n’ont pas été vus, mais ils ont été perçus. La rétine a reçu leur impression, puisque, ajoutés au rayon rouge, ils ont donné du blanc. La malade à reconstitué la lumière avec une couleur qu’elle voyait et une autre qu’elle ne voyait pas. Ceila ne s’accorde guére avec la théorie de Yung, qui voudrait que, dans la rétine, il existât des bâtonnets destinés à la perception spéciale du vert, et que l’achromatopsie du vert résultât de la paralysie complète de ces bâtonnets. Si vraiment les bâtonnets du vert étaient paralysés, l'addition de rayons rouges dans les expériences ci-dessus décrites n'aurait pas amené la perception du blanc, le rouge seul aurait été vu, les bâtonnets du rouge étant seuls en bon état, Il nous semble plus lo- gique de croire que la rétine dans l’achromatopsie hystérique est saine, et que le défaut physiologique qui cause l'erreur visuelle est plus loin c. R. 1878 5 dans le centre perceptif. Quand la vibration verte arrive à ce centre, elle n’est pas jugée, mais elle agit néanmoins, et la preuve, c’est qu’a- joutée à la vibration rouge, elle donne la perception du blanc. L'achromatopsie serait donc, suivant nous, une lésion centrale et non une lésion rétinienne. Cette opinion, que nous espérons justifier par des expériences nouvelles, est d’ailleurs en rapport avec tout ce que l’on sait actuellement des autres manifestations de l’hystérie, M. Pauz Berr engage M. Regnard à faire, sur son intéressante ma- lade, les expériences suivantes : 10 Lui faire regarder de l’œil avec lequel elle ne voit pas le violet, un papier violet fortement éclairé, placé sur un fond cris, et voir si elle a au pourtour du violet la sensation du jaune complémentaire par contraste simullané ; 29° Lui faire regarder un papier violet fortement éclairé et voir si elle aura, ensuite, la sensation du jaune complémentaire par contraste successif. Ces expériences auraient une importance théorique considérable. Une courte discussion s’élève entre M. Javal et M. Charcot, M. Javal pensant que la notion des couleurs peut n’être qu’un phénomène de dioptrique, tandis que M. Charcot la rattache à un phénomène cérébral. — M. Mare offre à la Société de Biologie le troisième volume des travaux faits dans son laboratoire pendant l’année 1877. Il énumère ces travaux et donne le résumé de chacun d’eux. M. Moreau, à propos de la communication de M. Marey, relative aux muscles, fait cette remarque qu’il a déjà exposée ailleurs, à savoir que le muscle fonctionne normalement, à condition que le système ner- veux qui l’anime soit dans son état normal. — M. François-FRANCx présente, au nom de M. Pitres et au sien les résultats d'expériences sur l’inexcitabilité du noyau intra-ventricu- laire du corps strié et sur l’excitabilité de la capsule interne. 1° Quand on localise les excitations à la substance grise du noyau caudé ou du noyau lenticulaire du corps strié, mis à découvert par l’a- blation d’un cube de cerveau, on ne produit aucun mouvement. Au moment, au contraire, où les électrodes arrivent de la surface de sec: tion de la capsule interne, le mouvement survient avec une extrême violence. Ce n’est donc pas le corps strié lui-même qui est excitable, mais bien les fibres de la capsule interne qui le traversent. Ce fait est bien mis en évidence par l’expérience suivante : sur un chien dont on a découvert la surface interne du ventricule latéral, on enfonce peu à peu les électrodes dans la substance du noyau caudé. Au début, aucun mouvement ne se produit, mais quand les électrodes ont pénétré de un centimètre à un centimètre et demi-l’animal est pris tout à coup d’un tétanos violent. Cette explosion du mouvement coïncide avec l'instant ou les électrodes sont arrivées au contact de la capsule. 20 Quand on compare l'intensité du mouvement produit par l’exci- tation même légère de la capsule, à la faiblesse relative des mouve- Mio ments que déterminent des excitations plus fortes appliquées aux fais- ceaux blancs du centre ovale, on est frappé de l’hyperexcitabilité des fibres blanches au niveau de la capsule. Il est probable que cela tient à ce que la capsule interne renferme non-seulement des fibres provenant de l’écorce, mais aussi des fibres fournies par le corps strié, fibres qui constituent un système sura- jouté ; c’est l’ensemble de ces deux systèmes de fibres qui se trouve excité quand on porte les exritations sur la capsule; d’où les mouve- ments plus violents pour des excitations égales. L'expérience suivante sembie être de nature à faire admettre l’exis- tence de ces deux ordres de fibres. Sur un chien, dont le centre moteur eortical pour le membre antérieur gauche avait été enlevé depuis six mois et dont les fibres du centre ovale correspondantes étaient absolu- ment inexcitables, MM. Franck et Pitres ont pu déterminer des mou- vements dans le membre antérieur gauche en excitant la capsule, c’est- à-dire, sans doute, les fibres saines venant du corps strié. M. BocuEFONTAINE rappelle, à propos de cette communication, les expériences faites sur le même sujet, par M. Vulpian, à son cours de pathologie expérimentale de l’année scolaire 1876-1877. — M. Marassez présente une chambre claire modifiée, et dont l'usage est plus facile que celui de la chambre claire dont on se sert ordinairement. aie à fit 14 “ju en en jt ii à ne ù 4 Lol ARR AA le art Mo 3 D EX LL a ep AAA A OS EVA T7 1e ES ju CT ART dt h AP ANET LT fui À: n LT UÉUM } l : F { DE Un ART N en ALIAS gi hr Qt 1 0 l $ rex tea he YF) ES CHE th wi Fe NA DA ATLAN \ US ME BAT CNYITE AA M DOC | | | MAO DE CebnoN MPEE nn ‘4 ; \ PÉR q'+ 4 MATE Ale 1 "1 i Nu | LOUE LAN 0 A Lg à A PDA EP { COMPTE RENDU DES SEANCES LA SOCIRTE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS BE FÉVRIER 1878, Par M. BOCHEFONTAINE, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CLAUDE BERNARD. Séance du 2 OR ET M. Poucuer présente un embryon de Kanguroo long de 2 centimé- tres. M. Pouchet présente encore un turbot auquel il a extirpé la rate ïe 24 octobre de l’année dernière, et qui est mort le 26 janvier de cette année. Ce turbot à donc vécu, sans rate, pendant trois mois ; l’animal était trop avancé pour que le sang put être utilement examiné ; il n’a- vait aucune lésion abdominale. — M. Poucer fait ensuite la communication suivante : NOTE SUR LA RÉGÉNÉRATION DES HÉMATIES DES MAMMIFÈRES. Un chien, pesant 8 kilos 1/2, est saigné, le 14 janvier, de 60 centi- mètres cubes de sang. On lui extrait, le 24 janvier, 250 centimètres cubes de sang; le 31 janvier, nouvelle saisnée de 270 centimètres cubes. L’animal, tombé presque dans le collapsus, se remet très-vite. Chaque jour, du sang de l'animal est extrait et fixé aussitôt. Jamais on n’y trouve aucun élément pouvant être considéré comme une hématie en cours d’évolution, avec un noyau plus ou moins atrophié en cours de disparition. Cette expérience semble indiquer nettement que les hé- maties ne dérivent pas par métamorphose d'éléments nucléés. Même en ep) ee supposant qu'une transformation de ce genre ait lieu dans un organe quelconque, il serait bien difficile d'admettre qu'aucun élément ne se trouve entraîné accidentellement par le courant sanguin avant sa com- plète évolution. Quand on observe le sang d’un animal dans les circonstances que nous venons d'indiquer, on est frappé de l'extrême abondance des petits corps déterminés sous le nom d’Elementar khorperchen par Zim- mermann, de globu/lins, par M. Robin, d'hématoblastes par M. Hayem, qui paraît avoir le premier reconnu leur véritable rôle. Nous croyons seulement, en raison des procédés que nous avons employés, donner de ces corps une description plus exacte qu’il ne l’a faite. Leur dimen- sion varie. Les plus petits que l’on aperçoive nettement sont allongés, mesurent 2 m.mm de long environ, sur 1 m. mm. au plus de large. Ils sont nettement atténués aux extrémités, riziformes. Ils ont, dès cette époque, une tendance très-grande à s’agolutiner, soit entre eux, soit aux hématies ou aux leucocytes, contre lesquels ils se montrent souvent fixés par le travers ou par une de leurs extrémités. A côté de ces corps, on en trouve d’autres nettement reconnaissables, pour le même élément anatomique ayant atteint des dimensions plus grandes. Ils sont aplatis, ovoïdes, mesurent 3 à 4 m. mm. de long, sur 2 à 3 m. mm. de large. Leurs bords sont nets, leur substance peu refrangible, sans granulations visibles, bien qu'elle ne présente pas la même transparence que celle des hématies. On ne voit aucune trace de noyau ou de nucléole. Ces éléments commencent à offrir une très- faible coloration hématique ; ils fixent en même temps très-légèrement le carmin et deviennent un peu rosés, sans jamais se teinter à l’unisson des noyaux des leucocytes. Ces éléments anatomiques paraissent continuer de grandir rapide- ment, en gardant leur forme ovoide aplatie. Bientôt leur grand axe dépasse considérablement celui des hématies normales; ils constituent alors une variété constante d’hématies, qui ne semble pas avoir fixé l'attention des anatomistes. C’est seulement alors que l'élément com- mence à se bourreler sensiblement en même temps qu’un retrait se produisant dans le sens de son grand axe, tend à lui faire prendre la figure discoïde définitive de l’hématie. Ces éléments anatomiques dont on peut ainsi provoquer artificielle- ment l'apparition en abondance dans le sang, se retrouvent à l’état nor- mal chez l'homme et les autres mammifères. Nous les trouvons for- mant des amas considérables dans le sang des vaisseaux du cordon: d’un embryon de mouton de 25 centimètres et dans le sang d’un em- bryon de lapin de 64 mm. On peut les voir également circuler dans les capillaires, où ils sont aisément reconnaissables, les plus petits leu - cocytes du sang étant toujours sphériques et ayant toujours un dia- mètre au moins égal à celui des hématies normales. — M. Bert, à l’occasion du procès-verbal, désire présenter quelques abservations relatives à la communication de M. le docteur Horvath. Les faits enseignés dans un cours public, par un professeur rétribué par l’État, ne sont pas habituellement l’objet d’une revendication, mais les recherches qui se font chaque jour dans un laboratoire ne sont pas dans le même cas. Depuis l’année 1876, on fait, dans le laboratoire de M. Bert des ex- périences d’agitation de liquides contenant des organismes inférieurs. Ces expériences se font d’une façon journalière depuis l’année 1877; elles ont porté surtout sur le ferment primitif du vin, sur la fleur du vin, qui ne se développe pas, en effet, dans les liquides agités, sans doute parce qu’ils sont noyés. Parmi les ferments anaërobies, le fer- ment butyrique ne se développe pas, ou, s’il existe, il cesse de se dé- velopper dans les liquides agités. D’autres matières provenant de la viande, du sang, etc..., sont mo- difiées par l'agitation ; elles prennent de l’odeur; mais on ne sait pas encore ce qui survient, au point du développement des organismes in- férieurs. Toutes ces recherches étaient commencées lorsque M. Horvath est venu dans le laboratoire de M. Bert, à la fin de décembre dernier, et a pu y apprendre l’usage de la machine dont on se sert pour agiter les liquides et le but de cette agitation, c’est-à-dire l’agitation des bacté- ries et des spores. C’est après cette visite que l’auteur de la communi- cation sur la nécessité du repos pour le développement des bactéries, est allé dans un laboratoire voisin, celui de M. Claude Bernard, faire le travail dont il a donné connaissance à la Société de Biologie. M. Bert voit là une coïncidence fâcheusc et il ne prend la parole que pour la signaler. M. Moreau, en l’absence de M. Claude Bernard, demande qu’il soit mentionné dans le procès-verbal que M. Horvath a vu fonctionner les ap- pareils de M. Bert dans son laboratoire de la Sorbonne. Il demande éga- lement que la parole soit donnée à M. Horvath, présent à la séance, pour fournir des explications. Une discussion s’ensage entre plusieurs membres de la Société, sur cette proposition. M. Moreau insiste pour que la parole soit donnée à M. Horwath, et M. le président ayant mis aux voix cette proposition, elle est adoptée. M. Horvaru rappelle qu’il a commencé, dès 1872, chez le professeur de Barie, des recherches sur les bactéries. Ainsi qu’il l’a dit dans sa communication, l’idée que le repos est nécessaire au développement des bactéries, lui est venue en 1875, à la vue de l’eau courante et lim- pide d’un ruisseau dans laquelle on ne trouvait pas traces de ces orga- nismes. I] avait ses tubes, tubes disposés d’une façon particulière, tout prêts à son arrivée à Paris. A Strasbourg, il avait fait, en 4875, cor- struire un appareil d'horlogerie pour remuer, un temps suffisant, les liquides contenant des bactéries; on le connaissait, dans cette ville, sous le nom de remueur de bactéries. Quant au mélange liquide dont il se sert pour cultiver les bactéries, c’est celui qui est employé depuis D longtemps par le professeur Cobn, dans le laboratoire Auquel il a tra- vaillé, M. Horvath propose à la Société de lui donner les preuves de ce qu'il avance. M. Lasokpe demande à M. Horvath s’il est allé dans le laboratoire de M. Bert. M. Hoxvarn reconnaît qu’il est allé dans le laboratoire du professeur de la Sorbonne, à la fin de décembre 4877, comme vient de le rappeler M. Bert ; mais en 1875 il avait déjà commencé ses expériences. Séance du 9 février 1378 — M. Berr a la parole pour une communication sur le protoxyde d'azote : Mes recherches sur la pression barométrique ont mis en lumière cette loi, que les gaz toxiques n’agissent sur les organismes vivants qu’en raison de leur tension dans l’atmosphére, cette tension T étant mesurée par le produit de la proportion centésimale Q du gaz, que multiplie la pression barométrique P. Ainsi, T — Q X P. On conçoit de suite que T étant invariable, si Q augmente dans une certaine pro- porrion, P devra diminuer dans une proportion égale : T—QmX P/m. Parmi les applications pratiques que l’on peut faire de cette loi, je signale celle qui est relative à l'emploi du protoxyde d’azote comme agent anesthésique. On sait que pour obtenir l’insensibilité, les opérateurs sont obligés de faire respirer au patient le gaz absolument pur. Il en résulte, au bout de quelques secondes, d’effrayants phénomènes d’asphyxie qui se mélent à ceux que produit l’action du gaz et qui arrêtent le chirurgien si bien que, pour les opérations de longue durée, il faut revenir aux inhalations successives, séparées par des intervalles de respiration à l'air libre. Ceci revient à dire que la tension du caz doit être T — 100x1—109. Or peut obtenir la même tension en se mettant, par exemple, dans une cloche à2 atmosphères de pression, et faisant respirer au malade un mé- lange de moitié d’air et de moitié de protoxyde d'azote. La tension de ce dernier gaz aura encore (T =: 50 X 2 — 100) la valeur exigée et celle de l’oxygene de l'air (10,4 X 2 — 20,8) sera ce qu’elle est dans la res- piration normale. L’asphyxie dans ces conditions ne serait plus à crain- dre, et l’on pourrait espérer de faire des opérations indéfiniment pro- longées, si toutefois l’anesthésie prolongée par le protoxyde d’ oe ne présente pas de dangers. Je ferai sur les animaux les expériences de début nécessaires, aussi- tôt que mes grands appareils actuellement démontés seront'remis en état. Mais j'ai fait, en forçant les doses, et en employant de petits ani- maux, quelques expériences préliminaires. Deux rats ont été placés sous l'influence des gaz comprimés, pour l’un à 3, pour l’autre à 4 atmosphères, les 2 et 3 atmosphéres sura- A = joutées étant du protoxyde d’azote pur. La tension de ce gaz s'élevait donc à 75 x 4— 300 ou à 66 X 3 — 498, c’est-à-dire bien au-dessus de celle qui est employée chirursicalement. Les deux animaux se sont endormis, et ils ont pu être maintenus en sommeil évidemment trés- bon, pendant 15 et 20 minutes. Décomprimés brusquement, ils ont repris en quelques secondes la sensibilité. Mais leur température s’était abaissée d’une dizaine de degrés, et ils sont restés froids, engourdis, torpides, pendant deux jours; on a re- trouvé alors le rat de 4 atmosphères mangé par celui de 3, qui a par- faitement survécu. Je ne retiens aujourd'hui de cette expérience que ceci : c’est qu'avec une proportion centésimale faible, on peut obtenir l’anesthésie, en augmentant convenablement la pression barométrique. Il v a là tout un champ nouveau à exploiter, tant au point de vue de la pratique chirurgicale, qu’à celui de l’analyse physiologique des effets du protoxyde d'azote, qui n’a pu être jusqu’à ce jour, à cause de l’asphyxie qu’en- traîne son emploi, sérieusement et scientifiquement étudié. M. Houez s’est servi une fois du protoxyde d’azote pour obtenir l’a- nesthésie chez un malade auquel il avait à désarticuler l’épaule. Ce malade est devenu cyanosé, noir; il était tellement anesthésié que l’on a craint pour sa vie et que l’on a eu peine à rappeler la sensibilité dis- parue. Sous l'influence du protoxyde d’azote.le pouls disparaît, échappe tout d'un coup, sans modification préalable. Le chloroforme, au con- traire, endort sans troubler le pouls, et M. Iouel le préfere au protoxyde d'azote. M. LABORDE a été, dans plusieurs cas, impressionné comme M. Houel, au sujet du protoxyde d'azote. Il engage cependant M. Bert à conti- nuer ses expériences, qui donneront peut-être le moyen d’emplover le protoxyde d'azote sans courir les risques auxquels il semble ex- poser. — M. BocnEFoNTAINE fait la communication suivante : Dans la derniére séance j'avais demandé la parole, à l’occasion du procès-verbal, afin de communiquer à la Société une expérience faite par M.Vulpian à son cours de pathologie expérimentale, le8 juillet 4877. Cette séance étant trés-chargée, j'ai dû renoncer à mon projet, mais l'expérience dont je viens de parler me paraît trés-intéressante en elle- même, et je viens demander à la Société la permission de lui en expo- ser le résumé. Il s’agit d’une excitation du corps strié et de la couche optique dn côté gauche; puis d’une excitation ‘isolée du faisceau blanc, qui est en rapport avec la région motrice et sensible du gyrus sigmoïde, sur un chien chloralisé convenablement. On se proposait d’aller électriser le corps strié et la couche optique du côté gauche, au travers de l’écorce grise cérébrale et du noyau blanc de CR 19718 6 RAR et l'hémisphère cérébral correspondant, eur un chien de grande taille et vigoureux. Le cerveau fut mis à nu sur une assez grande étendue du côté gau- che, vers la partie antérieure du tiers moyen et la partie postérieure du tiers antérieur. L'ouverture du crâne mit à découvert tout à fait en avant la région postérieure du 9 yrus sismoïde. On a mesuré, sur un cerveau de chien, la profondeur à laquelle il faut enfoncer un fil métallique au travers d’un des hémisphères intacts, pour atteindre, soit le corps strié, soit la couche optique, et l’on a dé- terminé le point de la surface cérébrale par lequel il faut faire pénétrer ie fil en l’introduisant perpendiculairement à la base du cerveau. On prend comme excitateurs, des fils métalliques assez fins, revêtus de gutta-percha et coupés en travers très-nettement, de telle sorte que le cuivre ne soit à nu que sur la surface de section. Ces fils, par leur autre extrémité, dépouillée de la gutta-percha enveloppante, sont mis en rapport avec l'appareil à chariot de Siemens et Halske, animé par une pile de Grenet, moyenne dimension. Un des fils est introduit dans l'hémisphère cérébral gauche, par un point situé à peu de distance du hord postérieur du gyrus sigmoïde, en dedans et en arrière du point dont l’excitation provoque des mou- vements du membre postérieur droit. On fait pénétrer ce fil à la pro- fondeur nécessaire pour qu’il soit en contact avec le corps strié, tra- verse le noyau caudé et entre dans le noyau lenticulaire. L'autre fil est mis à la surface du cerveau, sur la circonvolution située en arrière du gyrus sigmoide. On fait alors passer par ces fils un courant assez fort (la bobine au fil induit de notre appareil étant à 10 centimètres du point où elle re- couvre entièrement la bobine au fil inducteur). Il n’y a aucun signe de douleur (lanimal n'étant pas suffisamment chloralisé pour qu’il ne puisse y avoir aucune manifestation de sensibilité, telle que légére agitation, gémissements, tendance au réveil). Il n’y a non plus aucun mouvement des membres du côté droit. Les paupières et l'oreille du côté gauche — côté de l'excitation — sont les seules parties où se ma- nifestent quelques mouvements. 1] y a arrêt presque complet de 1a res- piration costale. Le diaphragme agit seul et trés-faiblement; les mou- vements respiratoires des narines cessent. Dés qu’on suspend la faradi- sation, les mouvements respiratoires du nez et des côtes renaissent; ceux du diaphragme reprennent leur amplitude. Ces divers résultats se reproduisent avec les mêmes caractères chaque fois qu'on recom- mence ou qu'on interrompt la faradisation, sans déplacer les fils. On retire le fil plongé dans la partie postérieure du gvrus sigmoïde et on l’introduit en arrière de ce gyrus, dans la seconde circonvolution longitudinale (à partir de la scissure inter-hémisphérique), en un poiut qui a été déterminé d'avance sur un cerveau de chien, et au niveau duquel le fil enfoncé perpendiculairement à la base du cerveau doit rencontrer la couche optique gauche. Le fil est conduit à une profon- deur fixée aussi à lavance, de telle sorte que son extrémité se trouve en Ve Es au milieu de cette couche optique. L'autre fil est mis, par sa surface de section, en contact avec la surface de la partie de la seconde cir- convolution longitudinale qui contourne la région externe du gvrus. On fait passer à travers ces fils le même courant que celui dont on s’est servi dans l'essai précédent. Aucun effet sur les mouvements res- piratoires. Au bont d’un certain temps de faradisation, il y a quelques signes de douleur ; l'animal s’agite un peu et finit même par faire en- tendre quelques gémissements. Il v a des mouvements de paupières et des lèvres du côté gauche, peut-être par des courants dérivés. Les deux pupilles se dilatent, ce qui a pour cause l'excitation douloureuse pro- duite par la faradisation. Après avoir constaté ces résultats, on pratique une expérience d’une autre sorte. Pendant que le courant faradique est en activité, on met l’un des fils en contact, par son extrémité coupée, avec la surface de la seconde cir- convolution longitudinale, et l’on enfonce l’autre, à peu près perpen- diculairement à la direction de la tête, dans la circonvolution sie- moïde, au point que nous avons déjà indiqué et qui est situé en ar- riére et en dedans de la région de cette circonvolution dont l’excitation provoque des mouvements dans le membre postérieur droit. On n'observe aucun mouvement lorsque cet excitateur est en con- tact avec la surface du gyrus sigmoïde. Lorsqu'il a pénétré à une pro- fondeur d'environ 15 millimètres, il y a excitation douloureuse, tra- duite par une accélération de la respiration, de petits gémissements, et une dilatation des deux pupilles; en même temps, il y a dés mouve- ments dans les membres du côté droit. Ces mouvements cessent lors- qu'on interrompt le courant ; ils se reproduisent lorsqu'on le rétablit. Le mouvement du membre postérieur est assez brusque ; il est étendu ; il consiste en une flexion des divers segments du membre; les orteils seuls s'étendent en se redressant. Il y a aussi, un peu De tardive- nent, un léger mouvement de redressement et d'extension des doigts du membre antérieur droit. Si l’on enfonce le fil encore plus profondé- ment, le courant continuant à passer, on n’observe plus rien de sem- blable. 11 n’v a plus qu'un arrêt de la respiration moins complet que lors des premières faradisations faites à peu près dans les mêmes con- ditions. En répétant et en variant cette dernière expérience, ou arrive facile- ment à se convaincre que la région de substance blanche qui est exci- table et dont l'excitation provoque de la douleur et, en outre, des mou- vements dans les membres du côté opposé, n’a pas plus de 3 à 4 milli- mètres d'épaisseur. Quand le fil introduit dans l'hémisphère cérébral a pas atteint cette région, il n’y a aucun effet; dés qu’il l’a atteinte et pendant qu il la traverse, on constate les phénomènes sus-indiqués ; aussitôt qu il l’a dépassé, il n’y a plus ni douleurs ni stimulation mo- trice croisée. 1 y a là une bande de substance blanche qui n’a pas plus de 3 ou 4 millimètres d'épaisseur, dans le sens évidemment oblique où on la tra- LOVINEE verse ; c’est seulement quand on excite, à l’aide des courants faradi- ques, cette bande de substance blanche au milieu du centre ovale de Vieussens, que l’on détermine de la douleur et des mouvements des membres du côté opposé. La bande de substance blanche en question est évidemment formée de fibres qui mettent la résion excito-motrice et sensible du gyrus sygmoïde en rapport avec les parties basilaires de l’encéphale. Ces effets ont été les mêmes, quels qu’aient été les points de la surface de l'hémisphère sur lesquels l’excitation superficielle faite à l’aide de l’autre fil a porté. Si maintenant on se reporte à l'opinion émise par M. Vulpian, que toute l'écorce grise du cerveau est un centre trophique pour la bande de substance blanche excito-motrice qui se rend au gyrus syginoïde, on conçoit facilement que la destruction du gyrus supprime la communi- cation du faisceau blanc avec ce centre trophique. Le faisceau blane, séparé de son centre trophique, perd ses propriétés physiologiques comme toute fibre nerveuse placée dans de pareilles conditions; puis il dégénère, conformément à la loi de Valler. De là la dégénération descendante de la substance blanche cérébrale, signalée par M. Charcot. De là aussi cette dégénération descendante, maintes fois constatée ex- périmentalement chez les chiens, s'étendant jusqu'aux pyramides, par M. Vulpian, et dont un exemple remarquable est publié dans les Ar- CHIVES DE PHYSIOLOGIE. Enfin, M. Bochefontaine fait remarquer que l'intensité des courants faradiquês employés pour obtenir les différents phénomènes signalés dans cette expérience est la même que celle qui est ordinairement né- cessaire pour déterminer des mouvements dans les membres en fara- disant les régions excito-motrices du gyrus sigmoïde. Ce sont ces cou- rants que M. Ferrier qualifie de faibles, parce qu’ils sont peu sensibles à la pointe de la langue. Ii faut bien avoir présent à l'esprit que ces courants de 40 et même 12 centimètres sont suflisants pour stimuler les nerfs et les muscles à travers la peau et le tissu cellulaire sous- cutané, et que bon nombre d'individus, dans l’état normal, supportent difficilement l’irritation produite par ces courants sur une partie du corps quelconque, comme le bras ou l'épaule. NOTE SUR LA CIGUE ET SON ALCALOÏDE COMPARÉS AU BROM- HYDRATE DE CONINE; ACTION DE CES SUBSTANCES SUR L'HOMME ; par M. H. Mourecr. P] Qu Dans diverses notes que j'ai déjà publiées sur ce sujet, soit à la So- ciété de thérapeutique, soit dans le JOURNAL DE THÉRAPEUTIQUE, mOn but a été d'attirer l’attention sur le principe actif de la ciguë, Conium maculaturn, agent dont on s’est beaucoup occupé jadis, mais dont l’emploi thérapeutique a dû être presque abandonné à canse de son instabilité et de la variabilité de son action. La ciguë, eu effet, possède, selon sa provenance, c’est-à-dire le mi- = A4St— lieu de végétation dans lequel elle a erû, le climat sous lequel elle s’est développée, l’époque de sa récolte, ou la partie de la plante employée, une action différente et plus où moins énergique. Elle a joui, depuis l’antiquité la plus reculée, d’une réputation tantôt lugubre, si on veut bien admettre que Socrate et Phocion, lorsqu'on leur donna du %ovesov, poison judiciaire des Grecs, n’ont absorbé que ie suc seul de la ciguë, tantôt considérée en quelque sorte comme une pa- nacée, si on s'arrête aux cures merveilleuses de Storck. Pline, Aretée, Avicenne, nous entretiennent des propriétés médicinales de la ciguë. Depuis les travaux du médecin viennois, cette plante a été l’objet de nombreuses et intéressantes recherches, soit au point de vue chimique, soit au point de vue toxicologique. Je m'occuperai ici de ces deux points. En 1826, les progrès de la chimie organique encouragent de nouveau les savants à s'occuper de cette question. Brandes annonce qu'il a ex- trait dela ciguë un liquide résinoïde alcalin, auquel il donne le nom de Conin. L'année suivante, Geisecke reprend les travaux de Brandes, et isole iout à fait l’alcaloïde que Geiger étudie et nomme Cicutine. Ce prin- cipe jouit de propriétés toxiques remarquables : cinq gouttes tuent un lapin en deux minutes.,fet deux gouttes donnent le même résultat en cinquante-cinq minutes. Dix ans plus tard, ces travaux sont repris en France par Boutron- Charlard et ©. Henry, qui isolent à leur tour l’alcaloïde, et le nomment Conine. Plus récemment, MM. Devay et Guillermond l’ont aussi étudié et lui ont donné le nom de Conicine. De ces diverses dénonnnatiors, une seule doit être retenue; Conine, est le nom qui convient le mieux à l’alcaloïde du Conium maculaitum, et c’est celui que je lui conservera. En même temps que Boutron-Charlard et O. Henry, Christison étudie à Edimbourg les propriétés de la Conine; il emploie, pour ses expé- riences, l’alcaloïde obtenu par la méthode de Geiger, et, comparative- ment, un extrait qu'il prépare lui-même à une trés- douce chaleur, au moyen de l'alcool concentré ; il obtient ainsi des produits très-actifs. Son alcaloïde est beaucoup plus énergique que ceux de Geiger et de Henry, et que celui qui fut expérimenté quinze ans plus tard, par Orfila. Tandis que Christison tue un lapin en une minute, avec 2 gout- tes saturées par de l'acide chlorhydrique, et introduites sous la peau du dos, Orfila n'obtient que des effets bien moins remarquables, L’ex- trait que prépare, ce dernier est également moins énergique; il doit en donner 32 grammes à un chien, pour le tuer en cinquante-cinq mi- nutes, tandis que Christison tue un lapin en onze minutes, avee un échantillon (a specimen (1), selon son expression) de son extrait. _… (1) Lettre du professeur Christison à M. Tiryakian, janvier 1878. Ce PE De Je dois ajouter que, jusqu'à présent, aucun expérimentateur n'a pu obtenir les effets terribles qui ont été décrits par le professeur d’Édim- bours. Le professeur J. Harley, de Londres, qui a expérimenté la Conine sur ses malades et sur lui-même, ne lui reconnait pas un pouvoir toxique assez énergique pour permettre de la considerer comme presque aussi dangereuse que l’acide cyanhydrique, ainsi que l’ont dit quel- ques auteurs. Koelliker, en Allemagne ; Martin-Damourette et Pelvet, en France, ont fait des études fort remarquables sur ce sujet, et ils sont loin d’at- tribuer à la conine le pouvoir toxique que lui accorde Christison. Évidemment, ces divers résultats ne peuvent être attribués qu’à js impureté de l’alcaloïde, ou à la composition complexe de la substance employée et considérée comme alcaloïde pur; car on ne saurait mettre en doute l'exactitude des résultats observés par les auteurs que je viens de nommer. Dès 1874, j'ai fait des essais pour obtenir, avec la conine, une com binaison saline qui permît de Ja remplacer dans ses applications. Les difficultés paraissaient considérables, tous les auteurs s'accordant pour dire que les sels de conine ne forment que des combinaisons instables, mal définies et très-hyvgrométriques ; je pus me convaincre que le sul- fate, lazotate, le tartrate, l’acctate et l’iodhydrate sont réellement dans les conditions signalées ; ce dernier sel, cependant, me parut plus stable que les autres, mais on ne pouvait le bien conserver qu'à l'abri de l'humidité de l’air. Le chlorhydrate est un sel bien défini et qui pourrait être employé en thérapeutique, il se conserve bien ; sa formule a été ainsi établie : C'6 H15 Az HCI. Il représente en équivalents, en né- gliseant les fractions, 77 p. de conine et 23 p. d’acide ; on l’obtient fa- cilement en traitant la conine par l'acide dilué; par cristallisations, le sel est recueilli à l’état pur. Le sel auquel J'ai donné la préférence est le bromhydrate; 1l est aussi beau que le précédent et non moins bien défini. Blyth avait déjà signalé un corps cristallisé, qu'il obtenait par la réaction du brome sur la conine ; il avait ainsi une masse cristalline souillée d’un corps résinoïde brun; ce sel purilié par des lavages à été considtre comme pouvant être un mélange de bromhydrate de conine et de méthyl-conine. Le docteur Collignon, qui a analysé c2 produit que j'avais préparé d'aprés les indications de Blvth, consignées dans le traité de chhmie du professeur Wurtz, a reconnu qu'il contient plus de brome que mon bromhvdrate de conine. M. Collignon a consigne ses recherches dans sa thése de doctorat en 1877; il croit que ce corpsest, du reste, trés-soluble dans l’eau, tandis que le broimbydrate l'est relative- ment peu. Le bromhydrate de conine se conserve bien au contact de l’air; sa mot specimen n'indique pas la quantité en poids, donnée par M. Chris- tison, ANT formule est C6 H'5 Az, H Br, sans eau de cristallisation : il contient 6 p de conine et 4 p. d’acide. On peut considérer comme fort importante Pintroduüction en théra- peutique d’un sel défini, stable et présentant toujours les mêmes pro- priétés toxiques sur des animaux de même espèce et de même poids, de quelque provenance que vienne l’alcaloïde qui a servi à l’obtenir. Je me suis procuré des conines de divers pays ; aucune d'elles ne m'a présenté le pouvoir toxique constaté par le professeur Christison. J'ai préparé moi-même de la conine, qui, bien que plus pure que celle que j'avais trouvée dans le commerce, ne possédait pas non plus cette ac- tion intense. Le docteur Collisgnon en a préparé au Laboratoire de chi1- mie biologique de la Faculté de médecine, elle n’était pas plus active que la mienne. Les conines que j’ai reçues d'Allemagne sont toutes plus ou moins altérées ; quelques-unes contiennent de la benzine; j’ai publié dans le JourNAL DE THÉRAPEUTIQUE du professeur Gubler, l’analyse d’une co - nine contenant 45 0/0 de son poids de benzine et une assez forte pro- portion d’huile volatile de ciguë ; d’autres conines contiennent cette es- sence en assez grande quantité ; presque toutes renferment de l'alcool ; ce liquide a inconvénient, lorsqu’on traite l’alcaloïde par l’acide brom- hydrique, de donner lieu à la formation d’un bromure d’éthyle, recon- naissable à son odeur spéciale ; il donnerait, si on n'avait pas le soin d'en débarrasser le sel par différence de solubilité, un mélange de bromhydrate de conine et d’éthyl-conine. La présence dans la conine, de j’huile volatile de ciguë, explique peut-être pourquoi les physiologistes qui l’ont étudiée, ont obtenu des résultats différents. Cette huile est loin de posséder l’action de l’alca- loïde ; elle jouit cependant de propriétés remarquables que nous signa- lerons plus loin; le docteur Morries qui l’a obtenue par distillation sé- che des fruits de ciguë, affirme qu’elle produit le coma; cet effet a été signalé aussi par quelques expérimentateurs qui l'ont attribué à la co- niné. Cependant celle-ci, obtenue jure par décomposition de bromhydrate, ne produit pas de coma, même mélangée de 4 à 5 0/0 d'huile volatile. L’altération la plus commune est la présence dans la conine de corps résinoïdes et ammoniacaux ; les corps résinoïdes sont dûs à cette huile dont je viens de parler, qui, incolore dés qu’on vient de l'obtenir, ne tarde pas à brunir et à se résinifier au contact de l’air. La conine pure peut être conservée longtemps sans se colorer et sans altération appa- rente; elle peut cependant se transformer partiellement en ammonia- que ; cette transformation s'explique si on admet avec Vertheim que la conine est de l’ammoniaque Az H3; dans laquelle deux molécules d'hydrogène sont remplacées par un radical diatomique, le conylène 0 6 LS Souvent aussi la cor.ine doit être obtenue par les fabricants d’alca- loïdes, pur le traitement des seminoïdes de ciguë mélangées de semen- ces d'autres - ombelliféres-cicutariées, ce qui expliquerait pourquoi = quelques physiologistes ont attribué à la conine une action tétanisante, d’autres au contraire une action paralysante, Ce qui m'a paru le plus intéressant, c’est que la conine obtenue avec des semences du Conium maculatum mélangées à celles de l'OEthusa cynapium, de l'OŒEnante crocata et même du Phellandrium, cristal- lise seule au contact du gaz bromhydrique, et qu'il est facile d'éliminer les corps étrangers, résinoïdes ou huileux. Pour séparer les corps étrangers de la conine, lorsqu'elle en contient, voici le procédé que j'ai suivi, au Laboratoire de pathologie expérimen- tale de la Faculté de médecine, où ces essais ont été faits : 20 gr. d’alcaloïde ont été pris sur un échantillon de 500 gr. qui m'a été envoyé par une maison d'Allemagne ; ils ont été placés dans un ballon et soumis à l’action d’un courant de gaz bromhydrique, obtenu par la décomposition du bromure de phosphore en présence de l’eau; la réaction du gaz sur la conine s’est produite au bout de peu de temps, et le liquide s’est pris aussitôt en masse cristalline, formée d’aiguilles blanches transparentes, mais souillée d’un liquide oléagineux brun- noir. Après vingt-quatre heures de repos, toute la partie restée liquide, s'était rassemblée au fond du ballon, laissant les cristaux presque in- colores ; par des lavages avec de la benzine rectifiée, j'ai pu éliminer l'huile, et les cristaux, dissous par l’eau distillée, puis mis à cristalli- ser dans le vide, ont pu être recueillis purs et entièrement privés de bromure d’ammonium, resté dans les eaux-mêres. En retirant avec précaution la benzine employée, j'ai pu évaluer à plus de 1 gr. la proportion d’huile volatile. Je n'avais pas pris les pré- cautions nécessaires pour faire le dosage exact de ce produit; son odeur rappelle tout à fait celle de la grande ciguë et ne ressemble en rien à celie de la conine. On voit, par cet essai, combien on doit se méfier d’une conine qui se présente sous un bel aspect et qui est livrée comme pure, par un des premiers fabricants d’alcaloïdes d'Europe. Pour donner une idée de la différence d'action de diverses conines, comparativement avec le bromhydrate, je vais citer quelques unes des récentes expériences de M. Tirvanian, faites au laboratoire de M. Vul- pian. f Tandis que 50 cgr. de mon bromhydrate, en injection sous-cutance, ont tué un chien du poids de 7 kil. en vingt-sept minutes, 50 car. de la conine dont je viens de parler, n’ont pas produit d’effet sur un ani- mal du même poids ; on a pu aller sans obtenir d’effet appréciable jus- qu’à une dose de 70 cer. | M. Tiryakian s’est procuré de l’alcaloïde dans deux maisons en renom à Paris; celui de l’une a donné le même résultat que le produit d'Allemagne ; l’autre a été plus énergique; avec 50 egr., on a obtenu des phénomènes d’intoxication, dont l’animal s’est promptement re- mis. Quelques jours après, on remarquait une eschärre à chaque endroit où les piqûres avaient été pratiquées. 70) On doit admettre que la conine produisant de pareils ravages dans les tissus, n’est pas complétement absorbée par eux; le sel a sur lal- caloïde l’avantage de ne pas produire de semblables désordres. D'autre part, si on introduit les substances en question par la voie stomacale, on trouve une différence moindre, mais cependant sensible, en faveur du bromhydrate; 50 cor. dissous dans quelques centimètres cubes d’eau et introduits dans l’estomac au moyen d’une sonde, ont amené la mort en une heure et demie environ; les trois conines dont nous parlons plus haut, n’ont pas produit cet effet à la même dose; elles n’ont eu qu’une pouvoir toxique passager, plus ou moins marqué. Pour bien me convaincre que c’était bien à l’impureté des produits, qu’il fallait attribuer cette différence d’action, j'ai remis à M. Hardy, chef du laboratoire de M. le professeur Reonault, 15 gr. de bromhy- drate de conine bien pur et bien cristallisé; il a traité le sel par une solution alcaline (potasse), le tout a été agité avec l’éther sulfurique; puis l’éther décanté et évaporé, a donné la conine régénérée et pure. Avec ce produit, j'ai pu obtenir des phénomènes comparables à ceux du sel, mais cependant moins énergiques, ce qui permet d'établir que le sel est plus actif que l’alcaloïde et qu’il agit comme sel de conine et non comme un mélange d’acide et de base. En effet, 30 cgr. de conine qui constituent avec 20 cgr. d'acide bromhydrique, 50 cer. de bromhydrate de conine, 30 cgr. de conine, dis-je, donnés seuls à un chien du même poids ne produisent que des phénomènes d'intoxication très-fugaces. Il y a aussi un autre point important que je dois signaler, mais sur lequel je n’insisterai pas, car il n’est pas de ma compétence, c’est que certains phénomènes physiologiques observés par des savants, ont été attribués à tort à l’action de la conine, puisqu'ils ne sont pas produits par l’alcaloïde pur, mais par cette huiie que je suis parvenu à extraire de la conine. Je laisse à M. Tiryakian le soin d’éclaircir ce point, dans le travail qu’il doit prochainement publier. Depuis 1874, le bromhydate de conine a été souvent administré à des malades; la réputation faite à tort à l’alcaloïde a empêché sans doute beaucoup de praticiens de l’employer; cependant, si l’on songe qu’on a toujours dû donner nn certain nombre de gouttes pour pro- duire la mort d’un animal, on peut se convaincre que ce n’est pas un poison terrible. En évaluant le poids d'une goutte à 3 1/2 cgr., les ex- périmentateurs, sauf Christison peut-étre, ont dû employer 50 à 60 cer. de conine pour tuer un chien. Nous avons dans la matière médicale nombre de produits journellement employés, qui sont beaucoup plus dangereux. L’action toxique du bromhydrate de conine, a été étudiée sur l’hom- me, en 1877, par M. le docteur Audhouy, dans son service à l'Hôtel- Dieu de Paris. M. Audhouy continue encore aujourd’hui ses observa- tions à l'hôpital temporaire ; il administre le bromhydrate de conine préparé par moi, en pilules de cinq centigr.; je ne puis mieux faire, pour établir la posologie de ce sel et son pouvoir toxique chez l’homme, que de résumer les notes que l’auteur, dont je parle, a bien voulu me c. R. 1878 7 communiqner, et qui font partie du Traité de thérapeutique et de matière médicale, qu’il doit publier prochainement. L’action de ce bromhydrate représente très-exactement l’action toxi- que du Conium maculalum, telle qu'on la trouve décrite dans les relations d’empoisonnement par cette plante. Chez un jeune homme de 22 ans, 2 centigr. ne produisent aucun effet; on augmente alors de 2 centigr. chaque jour ; la dose est tou- jours prise en une seule fois ; le sixième jour, avec 12 centigr., il n'y a pas d'effet sensible ; le septième jour, avec 14 centigr., une demi- heure aprés l’ingestion du médicament, on constate que la vue se trouble et que les membres s’alourdissent ; le malade vaque cepen- dant à ses occupations ; les effets du poison s'évanouissent après trois quarts d'heure environ de durée. Dans plusieurs autres cas, au-dessous de 14 centigr., on ne remarque pas d'effet toxique appréciable ; pour déterminer des effets bien sensi- bles, il faut donner en une prise, 15, 20 ou 25 centigr. Cette dose pro- duit les phénomènes suivants : La vue s’obscurcit, la tête est pesante, les paupières alourdies ; les bras deviennent lourds et la volonté paraît comme impuissante à les mouvoir ; les membres inférieurs fléchissent, et le patient, se trouvant debout, gagne le lit en chancelant et se couche. C’est un état d’en- gourdissement et d’anéantissement extraordinaires, une sorte d'ivresse sans vertige avec tendance au sommeil, et cependart le sommeil ne vient pas. Les forces sont brisées, comme à la suite d’une marche forcée ou d’un violent exercice. Pourtant l'intelligence n’est pas troublée; le malade suit et apprécie très-bien la progression des phénomènes; les uns ont des étourdisse= ments sans vertiges, chez les autres l’ouïe est troubliée par un roule- ment sourd et par de légers sifllements. Il en est qui ne ressentent au- cune de ces sensations, mais tous éprouvent une extrême lassitude, et plusieurs se plaignent de douleurs dans les articulations des coudes et des genoux. M. le docteur Audhouy, constate encore que l’économie s’habitue vite au poison, et que si l’on demeure à la même dose, l'effet va s’amoindrissant ; C’est ainsi qu'on peut élever les doses sans accroître sensiblement l'intensité des phénomènes, et que, parfois, lorsqu'ils ont été donnés pendant plusieurs jours de suite, 25 centigr. produisent moins d'effet que 15 centigr. administrés pour la premiére fois. Le sel ne s’accumule pas dans l'organisme, et c’est encore là une raison pour laquelle les doses progressivement croissantes ou longtemps continuées ne produisent pas une augmentation considérable des effets toxiques. Une femme de 30 ans a pris cinq grammes de bromhydrate en qua- rante-cinq jours, d'abord à la dose de 15 centigr., puis par 20 et 25 centior. ; après chaque prise elle éprouvait les effets du poison, mais sans constater en eux la moindre aggravation. Elle prenait la dose au moment de se coucher; si elle ne se hâtait pas, les effets se dévelop- Héi = pant rapidement, elle ne pouvait achever de se déshabiller ; elle ne montait sur son lit qu'avec une extrême difficulté, et s’y laissait tom- ber comme une masse inerte ; le sommeil n’était ni plus profond, ni plus proloncé ; au lever, elle se sentait brisée, rompue, impuissante à se mouvoir. Ces troubles disparaissaient dans la matinée, et vers midi elle n’éprouvait plus rien. Un garçon de 18 ans a pris d’abord 20 centigr. de sel ; en augmentant la dose de cinq centigr., on est arrivé à donner, en une seule fois, 40 centigr. Il était 9 ferrée 30 lorsqu'on administra cette dose : les phénomènes qui survinrent ne présentérent rien de remarquable. A 11 heures 30 minutes, on trouva le malade déjeunant de bon appétit. Un homme de 40 ans environ a pris, pendant dix-huit jours, 20 cen- tigr. de sel, chaque soir, au moment de se coucher; il éprouvait de lPanéantissement et ne pouvait que péniblement se remuer dans son lit ; au lever, il était harassé. Cette fatigue disparaissait, d’ailleurs, promptement et 1l éprouvait moins de Hocbie sous l'influence des der- nières doses que sous l’action des premières. Les effets du bromhydrate de conine, à ia dose de 20 à 5 centigr., lors des premières administrations, ont une durée qui varie entre huit et dix heures. L'apparition des symptômes dus à la conine à lieu au bout d’un temps variable, suivant la rapidité avec laquelle le médicament peut- être absorbé par l'estomac; avec des pilules, l’action se produit d’une manière manifeste cinquante à soixante minutes après l’ingestion ; en moins d’une: demi-heure, les phénomènes arrivent promptement à leur maximum; puis, après une heure de durée, ils vont en décroissant d'intensité. Il existe, toutefois, des variations nombreuses dans la du- rée de cette évolution. A ces doses élevées, le bromhydrate de conine n’a jamais produit la moindre irritation stomacale ou intestinale; pas de soif, pas d’ano- rexie. Il ne paraît agir ni sur le pouls, ni sur la température. La sensibilité générale ne paraît pas être affectée. La vue et l’ouie sont atteintes dans une certaine mesure. En résumé, on peut de cette étude tirer les conclusions suivantes : La conine n’est pas un poison aussi violent qu’on l’a supposé long- temps. Elle doit être rejetée de la matière médicale. On peut la remplacer avantageusement par un sel stable, défini, toujours identique à lui-même, et possédant toutes les propriétés toxi- ques et médicamenteuses de l’alcaloïde pur. Le bromhydrate de conine peut prendre rang parmi les médicaments. Le bromhydrate de conine peut rendre de grands services dans cer- taines affections nerveuses, telles que la toux convulsive et la coque- Juche. Contre cette dernière affection, il a été prescrit avec succés à la dose de 8 centigr. (on avait commencé par 2 centigr.), chez une petite fille de 8 ans; \. le docteur Audhouvy, l’a donné sans inconvénient ET EE pour eux à des enfants de quelques mois, à la dose de 12 et 45 mil- ligrammes. M. Laporpe remarque que la cicutine ou conine venue de l’étran- ser n'est pas plus pure que celle qui est fabriquée en France. Il a con- staté, dans diverses circonstances, qu’il en est ordinairement ainsi. Les alcaloïdes qui nous viennent de l'étranger, et particuliérement d’une fabrique de produits chimiques réputée comme donnant des produits chimiquement purs, ces alcaloïdes ne sont pas de meilleure qualité que eeux qui sont dans le commerce à Paris; ils ont seulement, sur les substances fabriquées en France, l’avantage de coûter beaucoup moins cher, La raison de cette différence est le prix élevé de l’alcool chez nous. * M. BerraeLor pense que l’on peut toujours obtenir de la cicutine chimiquement pure et constater les effets de cette substance, sans re- courir au bromhydrate de cicutine. Certains effets peuvent être dus à l’action d’éthyles contenus dans la cicutine impure. M. Jouyer a fait les expériences classiques nécessaires pour bien dé- terminer l’action physiologique de la cicutine, et il a constaté que la substance qu'il employait possédait une influence semblable à celle du curare sur les nerfs moteurs. Il n’est pas certain que la cicutine dont il se servait füt de la cicutine chimiquement pure. M. Berr demande si le bromhydrate de cicutine qui a servi dans les expériences de M. Tiryakian est un sel cristallisé défini. Al. BOcHEFONTAINE : La cicutine provenant de l'étranger à été He nie par un fabricant allemand. M. Mourrut a extrait de cette cicutine impure de la conine pure, et l’action de cet alcaloïde purifié a été com- parée à celle de l'alcaloïde impur. D'autre part, M. Mourrut a séparé du bromhydrate de conine, la conine pure qui entre dans sa composi- tion, et il a constaté, avec M. Tiryakian, les effets de cette conine com- parativement à ceux du bromhydrate de conine. Les sels de conire employés dans ces recherches sont des sels cris- tallisés, chimiquement purs, qui se présentent sous forme d’amas d’ai- guilles ou de blocs un peu blanchâtres, dont le volume atteint la gros- seur de l'extrémité du petit doigt. Toutes les expériences classiques, faites au laboratoire de M. Vulpian, ont été plusieurs fois reproduites, et toujours elles ont donné le même résultat. M. Mourrut continue, du reste, ses recherches, et il se propose d'en communiquer les résultats à la Société de Biologie. — M. Georces Haye présente quelques considérations nouvelles, relatives aux éléments du sang, qu'il à décrits sous le nom d’héma- toblastes. Dans diverses communications antérieures, il a indiqué les modifications que subissent ces éléments dès qu’ils sont sortis de l’or- ganisme. Ces modifications se montrant rapidement rendent l’étude des hématoblastes difficile. Or, lorsqu'on cherche à fixer ces corpuscules à l’aide de certains réactifs, on peut se demander si ces réactifs ne don- La e nent pas naissance à des formes plus où moins artificielles et trom- peuses. M. Hayem s’est donc préoccupé de trouver un moyen d'observer fa- cilement ces éléments dans le sang pur, sans le secours d'aucune sub-. stance étrangère. ]l a pensé, à cause du rôle que les hématoblastes jouent dans la coagulation du sang, que le froid en retardant la coa- gulation, s'opposerait également aux altérations de ces éléments. En Front le sang à l'air, par une température voisine de 09, il a pu, en effet, voir les “hématoblastes de l’homme et de divers animaux se conserver intacts ou presque intacts pendant plusieurs heures, ce qui lui a permis de vérifier l'exactitude de ses descriptions antérieures. Chez l'homme, par une température de 19° à 19,5 au-dessus de zéro, on aperçoit entre les piles formées par les globules rouges, un nombre considérable de petits corpuscules isolés, ou ayant une tendance à se grouper. Ces éléments sont homogënes, presque tous légérement colo- rés ; ils sont peu réfringents et à bord net, mais très-fin. Ils se présen- tent sous une forme variable, mais la plupart sont arrondis et souvent déjà discoïdes et bi-concaves. Ceux qui paraissent riziformes sont en même temps plus réfringents et il est facile de voir que la plupart d’en- tre eux sont des éléments placés de champ, dont la forme redevient ar- rondie quand ils sont à plat. Quelques-uns ont une forme d’amande où de poire; d’autres présentent une sorte de pédicule plus ou moins lons et délié. Leur substance propre, homogène, nullement granuleuse, à reflet lésèrement vitreux, paraît être différente de la substance proto- plasmique des globules blancs. Quand ces éléments commencent à s’al- térer, ils pâlissent légérement, puis ils deviennent épineux ou irrésu- liérement anguleux. Quelques-uns sont déjà épineux au bout d’un quart d'heure. Ces cor- puscules ont une tendance manifeste à former des amss et on les voit peu à peu se rapprocher les uns des autres, mais en restant bien dis- tincts et sans se confondre, comme ils le font, à la température de la chambre. Au bout d’une heure, beaucoup d’entre eux sont devenus pâles et an- guleux ; ils ressemblent à de petits stromas plissés. Ils changent lente- ment de forme ; mais, dans ces conditions, ils n’émettent pas de pro- longement, et ces déformations ne paraissent pas être un phénoméne analogue aux mouvements amæboïdes des globules blancs. Au bout de deux heures à deux heures et demie (la ternpéra- ture étant de 1/22 seulement au-dessous de 0), les petits groupes formés par les hématoblastes, sont plus condensés, mais la plupart des corpuscules sont encore trés-distincts et quelques-uns n’ont subi aucune déformation. Les plus gros conservent une teinte verdâtre, les autres sont décolorés. Au bout de trois heures, les éléments sont plus anguleux, mais il n’en part encore aucun prolongement fibrillaire visible. Dans une des expériences, la préparation fut soumise à la température de la chambre; au bout de 3 heures et demie d'exposition à l'air, les hématoblastes Er continuérent lentement à s’altérer et finirent par ressembler à une mince pellicule anguleuse à bord net; ils ne formérent pas d’amas con- fluents, et on n’en vit partir aucun réticulum fibrillaire. Dans une autre expérience faite, à la température de 10 au-dessus de 0, les modifications des hématoblastes ont été également très-ralen - ties ; mais la formation du réticulum fibrineux n’a pas été compléte- ment empéchée. Le froid agit de la même maniére sur les hématoblastes des ovipares et il en facilite également l'étude dans le sang pur. M. G. Hayem rappelle que la dessication rapide peut rendre aussi des services dans l’étude des éléments du sang et en particulier dans celle des hématoblastes et des globules blancs, et il recommande par- ticulièrement les préparations faites avec le sang des animaux à gros elobules. Voici, par exemple, les principales différences que l’on note entre les hématoblastes et les olobules blancs dans le sang du triton. Les hématoblastes ont la même forme et les mêmes dimensions que dans le sang pur et frais; ils sont même parfois un peu plus petits dans Je sang sec que dans le sang humide. Quand la préparation à été faite avec le sang d’un animal en parfait état, puis desséchée avec soin, le noyau des hématoblastes est aussi visible que celui des rouges : 1l est arrondi ou ovoïde, de dimensions très-diverses, dépassant le plus souvent celle des noyaux des rouges, il contient comme ces derniers de grosses granulations grisâtres produisant à l’état sec un aspect nua- geux spécial, et quelquefois en nucléole saillant. Ce noyau est entouré d’un disque, en général fort mince, de forme variable, le plus souvent allongée ; disque très-nettement coloré par de l’hémoglobine. Les globules blancs desséchés se presentent sous un aspect bien dif férent. Ils sont réduits à une sorte de lamelle arrondie ou à angies ob- tus, déformés parfois par les elobules rouges voisins. Cette lamelle est parfaitement incolore, délimitée par un bord mince, à double contour, faisant une légére saillie, son diamètre est presque deux fois plus grand que celui du globule blanc humide correspondant. À l’intérieur, on y voit des granulations et un ou plusieurs noyaux. IL est facile de reconnaitre, dans ces préparations sèches, les diverses variétés de globules blanes et d'étudier les cara:tères intéressants des noyaux. Les plus grands éléments contiennent des noyaux multiples ou un noyau plus ou moins compliqué, ressemblant parfois à une sorte de boyau cortourné, ce qui prouve nettement que ces particularités ana- tomiques, déjà bien décrites par M. Ravvier, ne sont pas le fait de l’ac- tion des réactifs sur les globules blancs. — M. KunckeL fait la communication suivante : La difficulté qu'il a pour renouveler l'air au-dessus des aquariums dont il fait usage lui a donné l’idée de disposer au-dessus de ces aqua- riums un système de conduite auxquels on adapte uné ou plusieurs — 55 — trompes. L'appel d’air fait par ces trompes (que fabrique Alvergniat), suffit pour purifier l’eau des aquariums. Ce moyen pourrait être em- ployé en grand pour la purification des eaux. M. Bert a employé, il y a plusieurs années déjà, des cloches À melon pour conserver de l’eau de mer dans laquelle vivaient des poissons qui servaient à ses recherches. Quelques-unes de ces cloches prirent une odeur puante, et les poissons mouraient dans leurs cloches. Il a suffi alors de faire passer un courant d’air à travers les cloches pour faire cesser la puanteur de l’eau et empêcher les poissons de mourir. MM. Jolyet et Regnard ont pu, par ce procédé, conserver dans un bo- cal des poissons qui s’y trouvaient pour ainsi dire entassés; les pois- sons se touchaient et il a suffi de faire passer un courant d’air dans Île bocal pour permettre aux poissons d’y vivre et empêcher la corruption de l’eau. Dans des aquariums convenablement disposés pour mettre ce procédé en usage, on peut arriver à dépenser trés-peu d’eau en em- ployant une quantité plus considérable d’air. L'économie que l’on peut ainsi réaliser sur la dépense d’eau est de 9 dixièmes environ. — M. Morar fait, au nom de M. Dastre et en son nom, une com- munication sur les recherches qu'ils ont exécutées en commun dans le laboratoire de M. Chauveau, sur les vaso-moteurs des extrémités. On a établi que, dans certains organes, tels que la glande sous- maxillaire (Claude Bernard), la langue (Vulpian), la circulation péri- phérique est sous la dépendance de deux espèces de nerfs dont l’action antagoniste régle le calibre des vaisseaux. L'existence des vaso-dilata- teurs est: elle constante, générale, comme celle des vaso-constricteurs ? Peut-on la démontrer dans les nerfs mixtes des membres, tels que le sciatique ? Trois opinions, surtout, ont été défendues à cet égard. Pour quelques-uns (Dogiel, Goltz, Masius et Van-Lair), l'excitation du sciatique provoque la dilatation des vaisseaux du membre correspon- Gant. Pour d’autres (Putzeys et Tarchanoff), elle détermine la con- striction vasculaire. Pour d’autres, enfin, c’est tantôt la dilatation, tantôt la constriction, suivant la nature, la direction, l'intensité, le rhythme des courants employés pour produire l'excitation (Ostrou- moff, Keudall, Luchsinger et Onimus), suivant la dégénération plus ou moins avancée du nerf aprés sa section (Ostroumofi), suivant que le membre est refroidi ou échauffé (Lépine). Une partie de ces contradictions peut s'expliquer par un vice des méthodes employées. L’appréciation de l’état de la circulation était faite le plus souvent d’une façon indirecte, en mesurant les modilica- tons de la température. On ne s’est pas toujours mis à l'abri de cer- taines causes perturbatrices (contractions musculaires), ou pour les éviter on s’est adressé à des agents capables, par eux-mêmes, de modi- fier la circulation (curare). MM. Dastre et Morat ont répété ces expériences sur les grands ani- maux dans des conditions d’exactitude qui leur paraissent irréprocha- bles. SEE L'état de la circulation a été apprécié d’une façon directe, rigou- reuse, en mesurant la pression vasculaire et dans l'artère et dans la veine. Jls ont choisi une région très-vasculaire, le doigt des solipèdes (âne, cheval, mulet), qui ne renferme pas de muscle. Le nerf sur le- quel ils ont agi, est le tronc commun des nerfs plantaires, qui se dis- tribue exclusivement à la peau et aux vaisseaux, et qui, par consé- quent, ne renferme pas d’autres éléments centrifuges que des vaso- moteurs. Effets de la ligature et de la section. — Cette double opération, pratiquée presque en même temps, a pour résultat immédiat une élé- vation simultanée de la pression artérielle et veineuse ; cette élévation a pour cause l’excitation des nerfs sensitifs réfléchie sur le cœur. Aus- sitôt après, la pression revient à son niveau primitif et continue en- suite de baisser dans l’artère, tandis qu’elle s’élève graduellement dans la veine (dilatation vasculaire) ; la pression prend, dans les deux sys- tèmes, un nouvel équilibre. Effets de l'excitation. — Le bout périphérique du nerf coupé est soumis à l’action des courants continus (ascendants et descendants), des courants induits (faibles, forts, tétanisanits, rhythmiques); l’exei- tation produite dans ces conditions variées à un effet immédiat, cons- tant, qui consiste en une élévation de la pression artérielle et un abais- sement simultané de la pression veineuse ; il résulte évidemment d’une constriction des vaisseaux périphériques. Cet effet est souvent suivi d’un autre exactement inverse (abaissement de la pression artérielle au- dessous de son niveau primitif, élévation correspondante de la pres- sion veineuse), effet d'autant plus prononcé que l’excitation a été plus fréquente, plus intense et plus prolongée. Cet effet consécutif résulte d’une dilatation vasculaire. Le sens de ces résultats n’est pas modifié quand, au lieu d’agir sur un nerf frais, on excite un nerf envahi par un commencement de dégénération. En somme, l'excitation n’a qu’une manière d’agir : ou son effet est nul, ou bien il débute parune constriction ; les conditions variées qu’on vient de passer en revue n’apportent, dans le résultat, que des diffé- rences de degré. Le sciatique (nerfs plantaires) est donc, avant tout, un vaso-constricteur. Comment faut-il interpréter l'effet consécutif ? Est-il, lui aussi, sous la dépendance de nerfs spéciaux qui n’entrent en jeu qu'un certain temps aprés les premiers ? Pour jucer cette question, MM. Dastre et Morat ont étudié comparativement quels sont les effets immédiats et consécutifs de l’excitation des nerfs vaso-moteurs, à la fois anatomi- quement et physiologiquement distincts, tels que le grand sympathi- que. Le résultat de ces recherches sera exposé prochainement devant la Société. 57 — M. RasurTeaAu fait la communication suivante : SUR LES PROPRIÉTÉS ANESTHÉSIQUES ET LE MODE D'ÉLIMINATION DE L'IODURE D'ÉTHYLE ; INFLUENCE DE CET AGENT SUR LA GERMINA- TION. L'iodure d'éthyl?, ou éther iodhydrique ordinaire, CHI, est un liquide incolore, d’une odeur éthérée agréable, d’une saveur piquante mais non caustique, comme celle du chloroforme, et d'une densité égale à 1,946. Il est facilement soluble dans l'alcool et dans l’éther or- dinaire, trés-peu soluble dans l’eau. Mélangé avec l’eau, il tombe au fond de ce liquide, néanmoins, il s’y dissout en quantité suffisante pour lui communiquer son odeur et sa saveur. Il se volatilise facile- ment à la température ordinaire, en produisant du froid. Il entre en ébullition à la température de 729,2 et n’est pas inflammable. L’iodure d’éthyle s’altère très-rapidement sous l'influence de la lu- miére ; c’est pourquoi on doit le conserver dans l’obscurité ou dans des flacons noircis. Exposé à la lumière directe et même à la lumière dif- fuse, il se colore bientôt en brun par dissolution d’une certaine quan- tité d’iode qui est mise en liberté. On le rend incolore en l’agitant avec de l’eau faiblement alcaline, puis en le lavant à l’eau pure. Il est dé- composé lentement par les alcalis fixes, tels que la potasse et la soude en solutions aqueuses, rapidement lorsque ces bases sont en solutions alcooliques (1). L’oxyde et les sels d'argent le décomposent facilement à la température de l’ébullition en donnant de l’iodure d’argent et de l’alcool éthylique ou des éthers correspondant aux sels d'argent em- ployés. En somme, l’iodure d’éthyle est un cther peu stable. Il se distingue complétement, par son instabilité, du bromure d’éthyle, dont j'ai en- tretenu antérieurement la Société. En cfiet, le bromure d’éthyle pur demeure intact à la lumiére diffuse et résiste longtemps à l’action des liqueurs alcalines. J’insiste sur l'instabilité de l’iodure d’éthyle, parce que j'aurai à la rappeler au sujet de l’élimination de cet éther après son introduction dans l’organisme. On prépare l’éther iodhydrique en mélangeant avec précaution, dans un ballon refroidi, 10 parties d'alcool à 85°, 10 parties d’iode et À partie de phosphore ronge. Le phosphore ne doit être ajouté que par fraction pour éviter la forte élévation de température, qui ne manquerait pas «le se produire avec bouillonnement, volatilisation et projection. Il se forme de l'iodure de phosphore, lequel se décompose en acide phosphoreux et en acide iodhydrique au contact de l’eau que renferme Palcool. Puis, (1) L’iodure d'éthyie ne se comporte pas avec l’ammoniaque comme avec les alcalis fixes. Il forme, avec l’amimoniaque, un sel d’ammo- niurm composé, l’iodure d’éthylummoninn {Az (C?2H5) H3] I d’où l’on peut retirer l'éthyliaque ou éthylamine Az (C2H3) H?, c. R, 1578, 8 50h l'acide iodhydrique, agissant sur l'alcool, donne de l’eau et de l’iodure d’éthyle : M ve VOOR) LE in) \ RE a acide alcool iodure iodhydrique éthylique d’éthyle Le produic de la distillation est lavé à l’eau faiblement alcaline, puis à l’eau distillée. Il est desséché ensuite sur le chlorure de cal- cium et rectifie. L’éther iodhydrique qui a servi à mes recherches, et que j'ai tenu à préparer moi-même, a été obtenu par ce procédé. Effets anesthésiques de l'iodure d'éthyle. — J'ai expérimenté sur les cochoris d'Inde et sur les grenouilles de la manière suivante : Un cobaye est placé sous une cloche de verre tubulée, d'une capacité approximative, de trois litres, avec une éponge imbibée d’iodure d'é- thyle, ou avec une soucoupe contenant ce liquide. F’animal n ‘éprouve pas de période d’excitation analogue à à celle que détermine le chloro- forme ; du moins c’est ce que j'ai remarqué duns les conditions de mes expériences. Il semble n’éprouverrien ou que peu de chose pendant deux à trois minutes; mais après cette période, les effets anestbésiques a ppa- raissent. L’ animal est complétement erxlorimi au bout de cinq à six minutes. Étant retiré de la cloche, il n’exécute aucun mouvement lors- qu’on le pince ou lorsqu'on le pique. Au bout de deux à trois minutes, il commence à s’aoiter lorsqu'on Jui pince les pattes. Il revient peu à peu à lui-même ; mais ce n’est que vers la dixième ou quinzième mi= nute aprés le début de l'expérience, qu'il commence à se relever. Un peu plus tard, il est debout et marclie dans le laboratoire. J'ai expérimenté sur les grenouilles, tantôt en les plaçant sous une cloche avec une éponge imbibée d’iodure d’éthyle, l'éponge étant mise en même temps que les grenouilles, tantôt en les plaçant sous une clo- che dans une atmosphère déja saturée de vapeurs d'ioduire d'éthyle. Dans le premivr cas, les grenouilles s’anesthésient lentement. Elles ne perdent la sensibité et le mouvement qu'au bout de cimq et même dix mi nutes. De plus, étant retirées de la cloche, elles ne reviennent à ell-s- mêmes qu'après un temps assez considérable, qui est notabiemeut plus lons qu'après l’anesthésie par le chloroforme ou par le bromure d’é- thyle. Ce temps peut être d’un quart d'heure, d’une demi heure ct uiême davantage. Dans le second cas, les grenouilles, placées dans une atmosphere déjà saturée de vapeurs d’iodure d'éthvle, sont anesthésices assez rapide ment, au bout de trois à cinq minutes. De plus, elles reviennent moins lentement à elles-mêmes, mais toutefois plus leutement qu'après l'ac- tion de l’éther ou celle du bromure d’éthyle. Élimination de l'iodure d'éthyle. — J'avais respiré nécessairement une certaine quantité de vapeurs de cet anesthésique en expérimentant # sur les animaux. Afn d’en faciliter mes recherches sur l'élimination, j'ai fait des inspiratiors directes de cet éther jusqu'au moment où je commencerais à en percevoir les effets. Quelque tenïps aprés, jai exa - unné mes urines. J'avais en soin de les examiner avant le début de mes expériences sur les animaux, pour m'assurer qu’elles ne conte- paient pas d'iode. En effet, on aurait pu objecter qu'ayant préparé de l'iodure d'éthyle quelques jours auparavant, j'avais absorbé des va- peurs d’iode dont l’élimination n'aurait pas été complète. Les urines recueillies à la suite de mes expériences sur les animaux et d’inspirations d’iodure étaient normales. Elles étaient acides et ne contenaient ni sucre ni albumine. Additionnces de quelques gouttes d'eau d’amidon et traitées par l’acide nitrique contenant des vapeurs nitreuses, elles ont pris une coloration violette intense. Elles conte- naient, par conséquent, un iodure qui avait été décomposé par les va- peurs nitreuses. Cet iodure n’était pas l’iodure d’éthyle, ainsi que je le dirai bientôt, mais probablement de l'iodure de sodium provenant de l’action exercée parl’alcalinité du sang sur l’iodure d’éthyle. En ef- fet, il est probable que cet éther se décompose dans l'organisme sous l'influence du bicarbonate de sodium contenu dans le sang. Les choses se passeraient comme avec la sonde. OalO + CAË — Nal + C2H60 5] en. EE CR. cu) Cm à soude iodure iodure alcool d’éthyle de sodium De cette manière, après l'inspiration de l'iodure d’éthyle il Y au- rait bientôt dans l’organisine trois corps nouveaux : 49 de l’iodure dé sodinm ; 20 de lalcool; 39 de l'iodure d’éthyle non encore décom- posé ou en voie de dédoublement. Quant à la cause de ce dédouble- ment, ele me paraît devoir étre attribuce en totalité à l'alcalinité du sans. Toujours est-il qu'elle ne paraît pas étre due à l’albumine du sany, d'aprés les résultats de quelques recherches que j'ai commencées à ce sujet et qni m'ont déjà démontré que l’albumine de l’œuf ne dé- compose pas l’iodure d'éthyle dans l’obscurité, La salive présente également les réactions de l’iode aprés l’inspira - tion des vapeurs d'iodure d'éthyle. La facilité avec laquelle on constate la présence d’un iodure dans l'urine et dans la salive après l'absorption de l'éther iodhydrique ordi- naire, sans qu'on soit obligé d’évaporer préalablement ces liqnides comme dans Îles recherches délivates, trouve facilement son explica- tion. En elfet, l'iodure d’éthyle est un composé extrémement riche en joile : il en contient 81,4 pour 100 (1). A) C—14XxX2— 2 115 =: 5 sus =itj97 1 ea Di iQ SRE 456 RO Fe QUE ND On pourrait objecter que les urines contenaient non de l’iodure de sodium, mais de l’iodure d’éthyle qui se serait éliminé en nature. L’objection serait spécieuse, car le bromure d’éthyle, d’après les re- cherches que j'ai faites, s’élimine en nature, bien qu’il soit analogne à l'iodure d'éthyle. D'autre part, l’iodure d’éthyle est décomposable par les vapeurs n'treuscs. Mais je me suis assuré que les urines normales, saturées d’iodure d’éthyle, après agitation avec cet éther, ne donnent pas ou ne donnent que d’une manière inappréciable la réaction de l’iode après addition d’eau d'amidon et d’acide sitrique nitreux. De plus, si l’on fait bouillir les urines pour en chasser toute trace d'iodure d’éthyle après l'absorption de cet anesthésique, elles ne donnent pas moins les réactions de l’iode, ce qui indique qu’elles contiennent un iodure, lequel est sans doute l’iodure de sodium. Action sur la végétation. — J'ai répété, avec l’iodure d'éthyle, les expériences que j'ai faites avec le bromure d'éthyle, et qui ne sont elles-mêmes que la répétition de celles qui ont été instituées avec l’éther et le chloroforme, par notre illustre et très-regretté maître, M. Claude Bernard. J'ai placé des graines de cresson alénoiïs sur du sable humide, reposant sur une éponge, dans une éprouvette au fond de Jaqueile j'avais mis de l’iodure d’éthyle avec un peu d’eau. La ger- mination de ces graines ne s’est pas effectuée, tandis que d’autres graines de cresson alénois, placées dans les mêmes conditions, dans une éprouvette au fond de laquelle il y avait simplement de l’eau pure, ont germé parfaitement dés la fin du deuxième Jour. Tels sont les résultats de mes recherches sur l'iodure d’éthyle. Déjà Huette (1) avait constaté, en 1850, la réaction des iodures aprés l’absorption de cet agent, mais il ne s'était pas occupé de l’action anesthésique probable de cet agent. Il en avait signalé seulement quel- ques effets généraux parmi lesquels une action antispasmodique est le seul phénomène manifeste et hors de contestation. En somme : 40 l’iodure d’éthyle est un anesthésique qui agit plus lentement que le bromure d’éthyle et que le chloroforme, et dont les effets persistent plus longtemps que ceux de ces derniers agents; 20 l’iodure d’éthyle se décompose dans lorganisme en donnant un iodure qui est probablement l'iodure de sodium ; 3° cet éther, de même que le bromure d’éthyle, le chloroforme et l’éther ordinaire, empêche la germination. — M. BocHEFONTAINE Comimunique, au nom de M. Benece, la note suivante : SUR L'ACTION PROLONGÉE DES ACIDES ÉNERG:QUES SUR LES MATIÈRES COLORANTES DES URINES. Si l’on met en contact de l’urine normale et de l'acide sulfurique — de façon à ce que le mélange ne s’opére que lentement — on voit, à la (1) Thése présentée à la Faculté de médecine de Paris, en 1890. RTE surface de séparation des deux liquides, l'urine prendre des colorations rouges variables de nuance et de ton ; puis, il se fait un précipité brû- nâtre, le liquide aqueux devient tout à fait noir. Le précipité ainsi obtenu abandonne à l’alcool une matière colorante rouge-foncée ; il reste sur le filtre une matière brunâtre soluble dans la potasse ou la soude caustique. Ces deux substances, d’ailleurs, se comportent tout à fait comme l’uropittine et l’uromélanime étudiées par Judichum, comme produits de dédoublement de l’urochrome sous l'influence de l'acide sulfurique. Mais si l'urine contient de l’indican, les choses ne se passent plus de même : le liquide aqueux contient, pendant un certain temps, de l'in- digo bleu et de l’indirubine, qu'on met facilement en évidence par les procédés connus. Au bout d’un certain temps, le liquide aqueux ne contient plus de bleu d’indigo ; l'indirubine disparaît beaucoup plus tard. Si maintenant on passe à l'étude des précipités, on obtient une so- lution alcoolique rouge grenat, plus où moins forcée, qui présente toutes les apparences de la solution d’uropittine décrite plus haut. Mais — et nous insistons sur ce point — cette solution contient l’indirubine qu’on peut séparer par l’éther, à l’aide d’un petit artilice. L'uropittine est in- soluble dans l’éther, mais l’indirubine est très-soluble dans ce véhicule; la benzine ne dissout aucune de ces matières colorantes. Si done on traite la solution alcoolique par l’éther benziné, celui-ci se colore en rouge carinin; la benzine a pour objet d'empêcher la solution de l'éther dans Palcool employé. Sur le filtre, il reste encore de l’uromélanime, que l’on prend par la soude caustique. Après cette dernière opération, il reste sur le filtre une poussière bleue à reflets métalliques : c’est l’indigo bleu. Si l’on traite par l’alcool bouillant, selon la méthode Schunk, on ob- tient une solution bleue pourprée, et, au bout de quelque temps, l'in- digo bleu est complétement précipité; il ne reste plus en solution que l'indirubine. Nous avons toujours vu apparaître ensemble dans l'urine le bleu d’indigo et l’indirubine, qui sont tous deux, selon les théories de Schunk, des dérivés de l’indican, de sorte que si l’on veut apprécier la richesse de l'urine en indican, il est indispensable d'étudier, en même temps, l'indirubine. On doit aussi insister sur les différences de solu- bilité de ces substances, selon qu'elles sont à l’état naissant ou qu’elles sont formées depuis longtemps. Ainsi, nous voyons le bleu d’indigo: soluble dans l'eau d’abord, puis soluble dans l’éther, pour être ensuite insoluble dans ces divers véhicules. De même, l’indirubine est d’abord soluble dans l’eau, et ce n’est qu’au bout d'un temps très-long qu’elle esse d'être soluble dans ce liquide. Un point digne de remarque, et qui a été bien vu par Schunk, c’est que lorsqu'on prend par l'alcool bouillant le précipité bleu d’indigo, on dissout toujours en méme temps l'indirubine qui aurait échappé aux lavages de l’eau acidulé, de l'alcool à la soude caustique. | [1 résulte de ces faits qu'il est difficile d'apprécier cliniquement, par ENT ve des phénomènes de coloration, la richesse de l'urine en indican, et que l'on doit n’accepter qu'avec de grandes réserves les conclusions clini- niques tirées des variations de ces matières colorantes. Nous citerons, pour mémoire, le noir d’indigo, qu'il ne faut pas con- fondre avec l'uromélanime, et, en outre, une matière colorante rouge rosée, qui paraîtrait avoir quelque analogie avec la matière colorante rouge qui passe dans l'urine aprés des injections d'oxindol. Cette der- nière ne se trouve que rarement, et surtout dans les urines claires (urines dites nerveuses). Séance du 16 février 1878. Présidence de M. Houez. M. LE PRÉSIDENT : Messieurs, je n’ai pas à vous informer de la mort de Claude Bernard : vous étiez tous à ses funérailles Vous n'ignorez pas combien est grande la perte que vient de faire la Socicté de Bio- logie, et vous savez quels doivent être nos regrets. M. le secrétaire général va vous lire le discours qu’il a prononcé au nom de la Société, sur la tombe de notre illustre président, puis, en signe de deuil, la séance sera levée. Il semble donc que je n'ai pas à prendre la pa- role. Cependant, je ne crois pas inutile de vous dire quelques mots sur la fondation de notre Société. La Société de Biologie fut fondée en 1844, et l’idée de sa formation est due à Follin, qui me la communiqua ainsi qu’à M. Ch. Robin. J'ai l'honneur d’être un des trois premiers fondateurs de cette Société. Il s'agissait d'organiser une réunion de savants, représentant les diverses branches des sciences biologiques, et qui vicndraient s'éclairer mutuel- lement sur les phénomènes dé la vie. Il ne fallait pas que la future réuuion fût une succursale de Ja Société anatomique ou des Sociétés de médecine. Tous les savants qui s’intéressuient aux progrès des sciences biologiques, médecins ct chimistes, naturalistes et physiciens étaient appelés à y prendre place. La Société ainsi conçue, on s’adressa à M. Rayer pour lui en offmr la présidence, et M. Raver accepta la présidence de cette Société qui devait s'occuper des travaux alférents à toutes les branches des sciences biologiques, qui, en un mot, ferait de la biologie, C'est, en elfet, dans ce sens, que M. Raver présida la Société de Biologie; c’est aussi dans ce sens que Ciaude Bernard dirigea nos dé- bats en jetant sur la Socicté l'éclat qui s’attachait à son nom. C'est dans ce sens également, que dévra présider celni que vous choisirez pour succéder à Claude Bernard. À vous maintenant de réfléchir, de mûrir votre choix et de vous ar- réter sur celui-là dont les travaux antérieurs ont un rapport plus mar- qué avec les sciences biologiques. Ne, Le Discours PRONONCÉ PAR M. DuMoNTPALLIER, secrétaire général, au nom de la Société de Biologie. Messieurs, Après les paroles si autorisées et si éloquentes qui viennent d’être prononcées par les représentants de l'Institut et des autres corps sa- vants, il serait téméraire à moi de prétendre apprécier les œuvres et les découvertes de l’académicien, du professeur et du célèbre physio- logiste Claude Bernard. Mon but sera plus modeste ; je dirai seulement ce qu'était le prési- dent de la Société de Biologie dans ses rapports avec ceux qu'il voulait bien appeler ses collègues. Tous les membres de notre Société avaient pour Claude Bernard une admiration respectueuse. Chacune de ses remarques sur les travaux d'autrui était, pour beaucoup d’entre nous, un sujet de méditation. Sa bienveillance était grande et toujours égale, parce qu'elle étais natu- relle. Claude Bernard, ce chercheur infatigable, se plaisait à reconnaître le mérite de ceux qui cherchaient à côté de lui ou loin de lui. Jl aimait à recommander de son approbation les travaux des autres, et il n’hési- tait jamais à appeler l’attention des corps savants sur les hommes de valeur : à l’un de ses élèves, expérimentateur d'initiative et savant érudit, il cédait la chaire de physiologie générale à la Faculté des scien- ces; pour nn autre, qui avait déjà conquis sa place parmi les histolo- gistes, il obtenait la création d’une chaire au Collége de France, Telle était, pour Claude Bernard, sa façon d'encourager le travail et de ré- compenser le mérite. Les jugements qu'il portait sur les hommes et les choses de la science faisaient loi, parce qu'ils étaient toujours inspirés par la jus- tive et l’honnéteté. Aussi, lors de Ja création des Facultés nouvelles, Claude Bernard dut-il être souvent consulté sur le choix des hommes les plus dignes d'occuper les positions les plus élevées dans l’enseigne- nent. Un tel homme ne pouvait avoir d’ennemis. Prince de la science, il n’abusa jamais de son autorité de savant, il n'eut jamais de faiblesse coupable. Il inspirait le respect, il eût dédai- né la fatterie, celle-ci eût été une injure pour lui. On ne pouvait que rendre hommage à un maître si haut placé dans l'estime de tous. Savant des plus illustres, il ne connut pas l’orgueil ; sa science avait pour sœur la simplicité, et c'était chose presque étrange que de rencon- trer dans le méme hotmme tant d'autorité alliée à tant de modestie, Uurtes, Claude Bernard ne pouvait ignorer l'étendue de sa renommée : il comptait des élèves parmi les professeurs des Universités du monde entier; mais cette renominée qui était sienne, il semblait l'oublier. La mort à fait son œuvre, elle à détruit Je corps du savant, mais les travaux du professeur illustre vivront autant que dureront les siè- cles de progrès, parce que Claude Bernard, véritable créateur de la phy- SPORE siologie expérimentale, a posé les solides fondements d’une science nouvelle en médecine. Depuis de longues années déjà, la patrie savait quelle était sa dette envers Claude Bernard; elle lui avait offert des distinctions qu'il n’a- vait jamais sollicitées que pour les autres. Aujourd’hui le pays fait preuve de justice et de reconnaissance, le pays se grandit lui-même, en rendant au savant des honneurs funébres que la patrie réservait au- trefois aux grands généraux et aux grands politiques. Au nom de la Société de Biologie, dont tu fus le président, adien, maître bienveillant, savant illustre, si digne de notre admiration et de nos regrets | — M. le SecréTAIRE donne lecture d’une lettre de M. Vida}, dans laquelle il demande à ses collègues s’il n’appartient pas à la Société de Biologie de prendre l'initiative d’une souscription publique pour élever un monument à Claude Bernard. Séance du 25 février 1878. DE L'ACTION DU MAGNÉTISME ET DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE SUR L'HÉMIANESTHÉSIE HYSTÉRIQUE; par le docteur Romain Vi- GOUROUX. Je désire rendre compte de quelques expériences entreprises, sur l’in- vitation de M. le professeur Charcot, dans son service de la Salpé- trière. J'ai essayé, sur quatre malades hystériques, atteintes d’hémia- nesthésie, l’action des aimants articificis. Je me suis servi de plusieurs barreaux droits et d’un faisceau en fer à cheval. La force de ce der- nier n’est pas supérieure à 6 kilogrammes; celle des barreaux est beau- coup moindre. Le mode d'application a été varié de diverses manières, mais tou- jours en évitant le contact avec la peau. Dans quelques expériences, deux barreaux étaient placés de chaque côté de l’avant-bras, perpen- diculairement à l’axe du membre et avec leurs pôles contraires en re- gard. Dans d’autres on ne mettait qu'un barreau, et, à la place du second, un morceau de fer doux ; ou bien un seul barreau, de façon à avoir une action unipolaire; ou bien le fer à cheval avec les deux pôles sur deux points de la longueur de l’avant-bras; où bien un seul pôle en regard du membre, l’autre élevé au-dessus. Dans tous ces cas la sensibilité a été ramenée ; tous les phénomènes métalloscopiques décrits par M. Burq se sont produits avec leur marche caractéristique, c’est-à-dire se propageant uniformément sans acception de tissu, et même à un degré plus marqué et avec une extension plus grande que lorsqu'on employait le métal propre à chaque malade : ainsi les phénomènes subjectifs, puis la rongeur de la peau, l’augmentation de la force musculaire et le transfert (dont la connaissance est due à la commission). Lorsqu'on a placé l'extrémité MES d’un barreau à proximité de la région temporale, l’achromatopsie a disparu graduellement et l’on a pu répéter les observations dont M. Charcot a rendu témoin la Société de Biologie dans une de ses dernières séances. Je ne décrirai pas en détail la marche de tous ces phénomènes ; elle est suffisamment connue. Enfin, fait qui achève de démontrer l'identité de l’action magné- tique et de celle des métaux, il y a toujours eu l’anesthésie de retour, et, en opérant sur le côté sain, on a obtenu l’anesthésie métallique. La contre-épreuve a été faite de la façon la plus péremptoire : si au lieu d’approcher les pôles, on approche la partie moyenne où se trouve la ligne neutre, il n’y a aucun effet. La force d’aimantation nécessaire pour produire ces effets varie beaucoup d’une malade à l’autre. Chez l’une, trés-sensible à l'or, la faible quantité de magnétisme, retenue par le fer insuffisamment recuit d’une armature, ramène la sensibilité aussi bien qne notre aimant le plus fort. Chez un autre, sensible au zinc (métal le plus positif), il faut employer le fer à cheval. Le voisinage de l’extrémité d’un barreau, maintenu pendant une heure, ne détermine que de la rougeur. Il serait intéressant, en employant toujours le même aimant, dont on ferait varier la distance, de voir si cette distance serait la même pour toutes les malades sensibles au même métal. Quant au temps, il semble que les différences individuelles soient beaucoup moindres que pour les métaux. En résumé, voilà quatre malades, sensibles, l’une à l’étain, l’autre au zinc, les deux dernières à l'or, chez lesquelles l'acier aimanté pro- duit à distance les mêmes effets et plus intenses que leur métal respectif. A vrai dire, et en dehors de toute présomption théoriqne, ce résultat n'était pas inattendu. En effet, je dois à M. Charcot la connaissance d’un mémoire sur l'emploi des aimants en médecine, publié en 1782 par Audry et Thouret dans la collection de la Société royale de méde- cine. On y trouve décrits en plusieurs endroits des effets analogues à ceux des applications métalliques. Ce travail extrêmement remar- quable, dû d’ailleurs à deux notabilités de l’époque, est trop volumi- neux pour que je puisse en donner ici une analyse. L’emploi des aimants y est envisagé uniquement au point de vue thérapeutique. Les auteurs rapportent un grand nombre de cas de toute nature, dont la valeur clinique nous paraît sans doute laisser souvent à désirer, et concluent à l’eflicacité des aimants, surtout dans les affections sine materiä. De théorie, il y en a peu: ce que Audry et Thouret en ha- sardent se réduit à cette vue anticipée : « Le fluide nerveux est analoone à la matière électrique, il est donc haturel que les aimants agissent sur les nerfs. » Je me propose de revenir sur ce mémoire dans une autre occasion. Ce qui est certain, c’est qu'à la fin du siècle dernier, par suite des progrès de la physique, les aimants étaient devenus en mé- decine l’objet d’un engouement genéral. L'apparition du galvanisme (qui lui aussi à eu ses vicissitudes en thérapeutique) les fit brusque- c. R. 1878 9 ment tomber dans un oubli complet et peut-être immérité. Je tiens de M. Burq qu’il y a vingt-cinq ou trente ans on trouvait encore ch2Z les opticiens des plaques aimantées fabriquées sur les modèles de l'abbé Le Noble; mais ces plaques, dont M. Burq m'a remis des exemplaires, étaient en général de forme arrondie et très-faibles; c’est ce qui explique pourquoi, après s’en être servi au début de ses études, lors- qu'il cherchait une théorie physique des faits qu’il avait observés, il n’a pas tardé à les abandonner. Audry et Thouret, dans leur mémoire, parlent à plusieurs reprises d’aimants capables de porter trente-six livres, de dévier la boussole à une distance de douze pieds, ete. Lors- qu'ils mentionnent les appareils de l'abbé Le Noble, ils indiquent tou- jours qu’on suppléait à la force par le nombre et la grandeur des plaques. J'ai maintenant à parler des expériences avec la machine électrique. Je les avais annoncées dans une note lue le 11 novembre dernier à la Société de Biologie ; mais elles n’ont pu être commencées que tout récemment. La machine employée est le grand modéle du système Carré, construit par M. Ch. Noé, Les plateaux de verre et de caout- chouc ont respectivement 44 et 60 centimètres de diamôtre. Elle donne facilement des étincelles de 25 centimètres. Une malade, la nommée W..., très sensible à l’or, est placée sur le tabouret isolant ; avec une pointe métallique, je détermine sur le pour- tour de l’œil anesthésié ce qu'on appelle l’aigrette. M. Regnard con- state, en même temps, qu’elle récupère la notion des couleurs en moins de deux minutes et dans l’ordre indiqué par M. Charcot Bien que l’aigrette ait été localisée au voisinage de l'œil, la sensibilité cu- tanée s'étend si rapidement à tont le res'e du corps (car l’anésthésie était générale) qu’il est impossible de suivre sa marche, Ici, se place un détail singulier : W... dont la sensibilité à l'or ne s’est pas démeu- tie, depuis environ huit mois qu’elle a été constatée, à cessé à partir de ce jour-là d’être influencée par ce métal. La nommée V... lui succède sur le tabouret ; c’est la malade sensi- ble au zinc, pour laquelle nous avons dû emplover notre aimant le pius fort. Je lui tire de différents points de fortes étincelles qui déter- minent des contractions, mais pas de douleur, Bientôt cependant la sensibilité reparaît, mais d’une façon moins rapide et moins diffuse que chez la précédente. Je supprime les détails ; ces expériences seront d’ailleurs reprises. On voit qu’une simple variation de la tension électrique à la surface du corps a sufli pour ramener la sensibilité tant générale que spéciale, Je n’insiste pas sur la valeur que ce résultat vient donner aux conciu- sions de ma note citée plus haut, relativement au rôle de la tension électrique dans les phénomènes métalloscopiques. Quant à l'explication de ces phénomènes, spécialement dans Panes- thésie lystérique, nous savons déjà que la sensibilité est rammenée jar 68 2 les courants induits (Vulpian, Grenet), par les courants continus, à tous les degrés d'intensité (Regnard), par les aimants à distance, par les charges d'électricité statique (comme on vient de le voir). A cela j'ajouterai les détails relatés dans ma note, concernant les électrodes impolarisables, l'excitation unipolaire, les lames polarisées, etc. On est donc, dès maintenant, en possession d’un certain nombre de faits propres à limiter le champ des hypothèses. M. Charcot nous a fréquemment exprimé l’opinion que cette recher- che d'une explication physique des faits métalloscopiques doit conduire à des résultats intéressants, non-seulement pour la physiologie de l'hystérie, mais aussi pour la théorie de la sensibilité. M. Regnard et moi venons d’entreprendre un travail méthodique ayant pour objet l'influence des agents physiques sur l’anesthésie hystérique. Nous avons commencé par substituer des électro-aimants et des solénoïdes à l'a- cier aimanfé, ce qui nous permettra un plus grand nombre de combi- naisons expérimentales. Je n’ai pas besoin de dire que les électro-ai- mans et les solénoïdes agissent sur la sensibilité, chez les hystériques, exactement comme les barreaux ou faisceaux d'acier. — M. P. Picarp (de Lyon) communique un travail. sur les phéno- ménes qui suivent les injections de chlorhydrate de morphine. (Voir aux MÉMOIRES.) Ÿ dois À VERRE à se ATEN" ETES Par 1x “min 1 ER RARE js Da UE L 5, l NUE AMIS iQ a Shi ue dE ARTE À. A Es be ) TUE A Te \ Notre COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MARS 1878, Par M. BOCHEFONTAINE, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. HOUEL. Séance du 2 mars 1878 M. Barrier, chef des travaux anatomiques à l'Ecole d’Alfort, fait la communication suivante : EPITHÉLIOME PAYIMENTEUX LOBULÉ DU MAXILLAIRE INFÉRIEUR CHEZ LE CHEVAL. Les tumeurs épithéliales peuvent affecter, ainsi qu’on le sait, diffé- rentes formes, qui, toutes, ont déjà été observées sur les animaux. D’après la classification aujourd’hui adoptée, si la néoplasie revêt la forme d’ilots épithéliaux disséminés dans un stroma conjonctif sans ordre déterminé, on la classe dans les épithéliomes proprement dits. Si, au contraire, l’épithélium revêt des Papilles ordinaires, la tumeur reçoit le nom de papillome. Enfin, lorsque la néoformation porte sur un tissu glandulaire, lors- qu’elle en offre la structure, la régu]arité, quand, en somme, elle semble être le résultat de l'hypertrophie d’une glande en grappe ou d’une glande en tube, elle rentre dans la catégorie des adénomes. Une quatrième catégorie de néoplasies appartient encore au groupe des tumeurs épithéliales : ce sont les kystes. Comme leur nom l'in- dique, les kystes sont représentés par des poches plus ou moins volu- mineuses, distendues soit par des produits dermoïdes ou sébacés, soit par un contenu muqueux, séreux ou colloïde, et développées aux dé- pens de cavités déjà préexistantes, ou formées de toutes pièces dans un tissu quelconque. L'observation qui va suivre est un très-remarquable exemple d’épi- théliome. Elle m'a été fournie par un cheval de race commune, propre au service du trait léger, sous poil alezan doré, de 1M58 environ, et très- vieux, qui fut sacrifié pour les travaux anatomiques le 27 jan- vier 1878. Lorsque j'en fis l'examen, cet animal paraissait triste, épuisé, misé- rable; il avait la peau sèche et adhérente, le poil piqué ; sa maigreur son habitude extérieure, sa démarche lente, son air de souffrance, tout indiquait chez lui une débilité profonde, une consomption avancée. A l'écurie, une salive abondante, visqueuse et fétide s’écoulait de la bouche et souillait le sol devant lui. Examiné de face, la symétrie de la tête était rompue par la pré- sence d’un empâtement énorme, ayant son siége sur la branche gauche de la mâchoire inférieure, et en occupant la partie moyenne. Cet em- pâtement, du volume d’une tête d'enfant, se prolongeait, en avant et en bas, jusqu’au niveau du col du maxillaire et comblait une partie de l’espace intra-maxillaire ; en haut, on le percevait sous le muscle inasséter externe, et on le voyait remonter jusque vers le milieu de la portion élargie du maxillaire inférieur. A la surface de cette tumeur, la peau ne présentait aucune dépila- tion, aucune érosion, en un mot aucune solution de continuité, si petite qu’elle fût; mais elle était plus adhérente que de coutume avec les tissus sous-jacents, et surtout à mesure qu'on s’approchait de l’auge. A la palpation, la consistance de Ja tumeur était variable suivant les points explorés. Dans sa partie la plus culminante, elle donnait au doigt la sensation d’un tissu fibreux induré, très-résistant; supérieu- rement et près du bord alvéolaire de la mâchoire, elle était plus molle, plus dépressible ; près de son bord inférieur, au contraire, et jusque dans l’espace intra-maxillaire, on percevait une ossification vé- ritable, simulant un cal de nouvelle formation. La présence d’une saillie aussi considérable sur la joue, ses rapports avec l’os; d'autre part, la fréquence des altérations dentaires chez le cheval, me portérent à examiner la bouche. C’est ce que Je bs, autant pour assurer de l’état des-dents molaires, que pour apprécier ap- proximativement dans quelle mesure sa capacité intérieure était réduite par la saillie que formait la tumeur en dedans. Je n’ai vu du côté gauche que quatre dents molaires disposées très- irrégulièrement le long de l'arc e molaire infericure, et comme irn- plantées au milieu d'énormes bourgeons charnus, rosés ou livides, et recouverts d’un détritus grisätre, mélangé de parcelles alimentaires en voie de décomposition et exhalant une odeur repoussante. C’est à AE peine si l’on pouvait passer la main entre l’arcade molaire supérieure et la face interne de la joue; quant aux dents inférieures, elles étaient mobiles et branlantes au milieu de ce tissu anormal, qui semblait s'être substitué à celui des alvéoles. Mis en présence des aliments, l'animal manifesta vivement le désir d'en prendre, mais j'ai pu remarquer queia mastication ne s’effectuait pas du côté malade: elle allait seulement bien à droite, lentement, il est vrai, mais néanmoins d’une manière assez complète ; toutefois, elle s’accompagnait d’une salivation abondante et d’un bruit parti- culier analogue à une sorte de clapotement. La préhension des liquides se faisait normalement. Je n’ai pas remarqué, à la palpation, que l’animal manifestât de douleur accusée ; il était sensible, cependant, aux percussions un peu fortes. A part ces symptômes locaux et l’état général indiquant l’épuise- ment et le imarasme, les grandes fonctions s’exécutaient toutefois, assez réguliérement. La respiration était lente, profonde, le flanc assez net, le pouls un peu faible, mais d’une vitesse normale. Etait-1l possible de poser immédiatement ie diagnostic sur la con- naissance des symptômes extérieurs que je viens de relater ? Je ne le crois pas. Un examen plus minutieux était indispensable, Cependant, la difficulté de la mastication, la fétidité de la bouche et de la salive, les altérations survenues dans la constitution de lPar- cade molaire inférieure gauche, l'absence de deux de ces dents, la tu- méfaction de la branche correspondante de la mâchoire inférieure, tous ces signes pouvaient éveiller l’idée d’une affection des dents, ac- compagnée d’une carie du maxillaire. Ce ne fut pourtant pas celle qui mie viut tout d'abord à l'esprit. L'empâtement énorme qui défigurait le malade, sa densité, son siése sur l'os, la sailhe qu'il formait à la face interne de la bouche, l’exis- tence d’un tissu osseux nouveau dans l'épaisseur de la tumeur étaient sans doute des caractères suflisants pour faire soupçonner une fracture ancienne du maxillaire, compliquée d’une carie dentaire. Mais le siége, le volume de la tumeur, la rectitude des deux branches de la mâchoire, rectitude dont on pouvait s'assurer sans trop de diflicutés en explorant la bouche, me firent écarter la possibilité d’une fracture dans cette ré- gion. La réparation cût été trop heureuse, trop régulière et trop com- plète, trop spontanée aussi, car la peau n’oflrait aucune trace d’un traiternent antérieur pour que je pusse supposer longtemps toutes ces chances réunics. J'écartai donc l’idée d’une fracture; je pensai plutôt me trouver en présence d'un ostéosarcome de la mâchoire, et cela, pour en avoir déjà vu deux exemples assez analogues, un sur le cheval et un sur l'âne (1), peut-être aussi parce que mon attention venait d’être atti- (1) J'ai déposé cette dernière pièce au Cabinet des collections de l'E- cole d'Alfort. = 70 de rée tout récemment sur ces sortes de tumeurs par un de nos distingués confrères, M. Vernout, vétérinaire à Clamecy (Nièvre), qui avait bien voulu m'adresser la mâchoire inférieure d’une vache atteinte de la mé- me affection. Et puis, l'état de arcade molaire inférieure gauche, ces bourgeons charnus énormes, au milicu desquels les dents paraissent implantées, cette mobilité dont elles étaient le siége, cette tumeur considérable qui avait l’air d'être développée dans l'épaisseur du maxillaire, les ca- ractères qu’elle me donnait au toucher, sa consistance qui n’était pas celle d’un cal ancien ou récent, étaient pour moi des raisons bien puis- santes à me confirmer dans l’idée d’une tumeur de la mâchoire. Quant à cette tumeur, quelle était sa nature ? je ne pouvais pour le moment la déterminer exactement. Mais cette question ne me préoccu- pait point, vu les circonstances dans lesquelles je me trouvais : l’ani- mal devait être sacrifié le lendemain pour les travaux anatomiques, ce qui me donnait alors tout le temps de la résoudre Il en était de même de la question du pronostic. Quoi qu’il en soit, ce dernier était grave dans tous les cas, et cela parce que l’arcade molaire inférieure se trouvait réduite à quatre dents seulement et que ces dents, par le fait de leur mobilité, semblaient être trés-manifestement en voie d'élimination par la végétation du tissu nouveau. La mastication était donc réduite fatalement à ne plus se faire que d’un seul côté, et la nutrition générale, qui avait déjà tant souffert du processus suivi par la néoplasie, à en juger par l’état du sujet, devait bientôt s’en trouver si profondément atteinte que la mort serait, à un bref délai, le résultat de l’épuiseinent lent et de trou- bles digestifs fort graves et de marche très-rapide. Sur ces entrefaites, l'animal fut sacrifié; je m'empressai d’en faire mettre la tête de côté, afin de me renseigner plus exactement sur la- natomie pathologique qui, on le reconnaît de plus en plus, doit être le complément indispensable de toute observation clinique. quelle qu’elle soit. Je vais d’abord indiquer l’état de la bouche, puis je passerai à l’exa- men extérieur de la tumeur. La cavité buccale ne présente d’autres particularités que celles qui ont leur siége sur l’arcadc molaire inférieure gauche. En effet, la par- tie moyenne de cette arcade est considérablement élargie d’un côté à l’autre, par la présence d’une tumeur très-irréguliérement mamelon- née qui mesure 11 centimètres de largeur et 16 de longueur. Cette tu- meur présente de oros mamelons arrondis, séparés les uns des autres par des sillons étroits ou de profondes fissures. Ces saillies volumineu- ses ressemblent assez aux bourgeons charnus des plaies en voie de ci- catrisation ; leur coloration est différente suivant que leur surface à été ou non soustraite aux atteintes des dents molaires supérieures, OU aux irritations causées par le contact des aliments. Les points les plus saillants ont un aspect rouge sombre, et, par endroits, une teinte gris verdâtre ; sur les parois des fissures ou des sillons, dans les points ras les plus protégés, la coloration est, au contraire, d’un rose pâle sem- blable à celle des bourgeons charnus. Si l’on râcle, à l’aide du scalpel, la surface des mamelons, dans les points foncés, on enlève une sorte d’enduit pulpeux grisâtre, exhalant une odeur putride des plus fortes. On en recueille autant au fond des fissures qui séparent les mamelons. Au microscope, j'ai trouvé cet enduit constitué par des globules de pus, mélangés à des globules sanguins muriqués et à de nombreux dé- bris alimentaires. Partout ailleurs, la tumeur a une teinte rosée assez pâle; sa surface est lisse, luisante, mais elle n’est pas recouverte par la membrane mu- queuse. Celle-ci s'arrête, en effet, à la partie inférieure de la joue, tout autour de la néoplasie, à laquelle elle forme, pour ainsi dire, une sorte de collet. Tout le reste de la muqueuse buccale, de ce côté, est recou- verte d’un enduit épithélial dont les couches les pius superficielles très- peu adhérentes montrent des cellules pavimenteuses de grandes di- mensions, et toutes pourvues d’un beau noyau elliptique et d’un nu- cléole distinct. Par suite de graniles dimensions de la tumeur dans le sens transver- sal, la face interne de la joue, au lieu d’être en rapport avec les dents molaires, s’en trouve fort écartée; il en est de même de la portion correspondante de la langue. Cette dernitre, trés-déviée à droite, devait, sur l'animal vivant, se placer très-fréquemment sous les mo- laires de ce côté; c’est ce que témoignent, du reste, les morsures nom- breuses dont elle est le siége sur son bord droit. La face interne de la joue gauche est parcourue par un assez grand nombre de plis irréguliers qu'il est impossible de faire disparaître par la distension; le tissu de la muqueuse en est hyYpertrophié, épaissi, surtout au point sur lequel vient s'ouvrir le canal de Sténon. Il Via à cet endroit une papille qui mesure près de deux centimètres de lon- gueur, et qui ressemble à s’y méprendre aux fils volumineux qu’on observe dans le crapaud du cheval. L’arcade molaire inférieure du cheval n’est plus représentée que par quatre dents ; ce sont les 176, 29, 59 et 69. La 3 et la 4° sont tombées et ont été remplacées en quelque sorte par les volumineux mamelons de la néoplasie. Celles qui restent sont branlantes aa milieu du tissu qui les entoure ct occupent, à l’exception de la 2°, leur situation ordi- naire. Mais celle-ci se montre très-déviée en dehors et déprime la face interne de Ja joue; on peut la faire remuer avec la plus grande facilité, car elle ne tient plus que par les faisceaux vasculo-nerveux de Ju pulpe et semble se trouver en voie d'élimination par la tumeur elle- méme. à Quant à l’arcade molaire supérieure, elle offre une disposition à pen prés normale. Cependant au niveau de la 4 molire, elle offre une saillie assez prononcée qui forme comme une sorte de coin dont l’anele regarderait en bas. Ces irrégularités de la table des dents molaires sunt des particularités trés-communes chez les vieux chevaux. Elles corres- G. R, 1878 10 SN ES pondent toujours à des dépressions de mêmes dimensions situées très- exactement en regard sur l’arcade molaire opposée. La croissance continuelle des dents chez le cheval explique fort bien leur production, aussitôt qu’une dent ou une portion de dent vient à manquer sur une arcade, quelle qu’en soit la cause. Dans l'espèce, on pourrait attribuer la formation de ce coin saillant à Ja 42 molaire in- férieure. Cela est cependant peu probable, si l’on réfléchit à la lenteur avec laquelle se produisent ces inégalités dentaires. Il est presqne cer- tan que la 49 molaire a dû être élimince par la néoplasie; à en juger par l’état des dents, ainsi que par le développement de la tumeur à leur voisinage, cette élimination devait être relativement assez récente, II est donc plus rationnel de considérer lirrégularité dont je viens de parler comme un fait accidentel, que comme un résultat consécutif à l'apparition de la tumeur. Telles sont les particularités que j'ai pu ob- server à l’intérieur de la cavité buccale ; voici quelques détails complé- mentaires relatifs à la dissection extérieure de la néoplasie : La peau se montre un peu adhérente, sur la joue, anx tissus sous- jacents: le tissu conjonctif sous-cutané est légèrement épaissi et in- filtré. En plan plus profond, la tumeur forme une saillie, convexe dans tous les sens, qui remonte assez haut sous le muscle masséter externe. Ce muscle et toute la partie inférieure de l’alvéolo-labial sont en voie d’atrophie, par suite des compressions qu'ils ont dû subir, et par le fait aussi de l’épaississement graduel du tissu conjonctif intérfasciculaire. A se surface, la néoplasie est comme enfermée dans une coque fi- breuse et résistante, de près d’un demi-centimétre d'épaisseur. Le ca- na] de Sténon, ’artère de la veine glosso faciale ue sont pas englobés dans ce tissu, mais ils sont considérablement déviés de leur trajet or- dinaire. Les ganglions sous-glossiens sont un pen turméfiés et infiltrés. Contrairement à ce qu'on observe hahituellement dans les épithe- liomes, le tissu qui forme la base de la tuineur est dense, compacte et trés-tendu. Il crie sous l'instrument tranchant et se montre sur la coupe, formé en grande partie de faisceaux fibreux d'un blanc gri- sâtre et très-irrésuliérement disposés. Dans un grand nombre de points on perçoit du tissu osseux véri- table, avec une coloration rosée et de très-nombreuses cavités ; au voi- sinage du bord inférieur du maxillaire, ce tissu n’est plus que de l'os spongieux, facile à couper au scalpel, dont les fibres sont toutes diri- gées perpendiculairement à la surface de l'os malade. Les mamelons situés à l’intérienr de la bouche ont pour base un tissu ferme et résistant, de coloration grise sur une coupe. On y voit, aû milieu du tissu fibreux qui en forme la base, une quantité assez con sidérable de points jaunâtres, dont le volume varie depuis celui d’une tête d'épingle et plus, jusqu’à celui de corps à peine visibles. Il est assez facile d’énucléer ces petites granulations avec la pointe du scal- pel ; mais si on cherche à les dissocier dans l’eau, sur une lame de verre, pour les examiner au microscope, on voit qu'elles se délayent mal. LR QE ES Dans l'alcool, l’opération offre moins de difficultés, mais c’est dans une solution faible de potasse qu’il convient surtout de les étudier. On reconrait alors qu'elles sont formées par des cellules épithéliales concentriques, toutes aplaties dans le même sens, ayant subi déjà la transformation cornée. J'y reviendrai plus Join à propos de l’examen microscopique. On trouve encore dans l’épaisseur des mamelons situés au voisinage des dents, de petits points d’ossification, disposés comme des trainées irrégulières au milieu du stroma fibreux. Mais là, le tissu ossenx ne se présente pas avec cet aspect fibreux, très-régulier, que J'ai indiqué au niveau du bord inférieur du maxillaire. Examen microscopique. — J'ai recueilli sur cette pièce plusieurs fragments que j'ai plongés dans l'acide picrique, pour en opérer la dé- calcification. Aprés les avoir durcis ensuite dans la gomme et dans l’alcoo!, j'en ai fait un grand nombre de coupes, dans différents sens, qui m'ont présenté les particularités suivantes : Les mamelons situés à l'intérieur de la bouche ont tous pour base un stroma fibreux, dans l'épaisseur duquel se trouvent une grande quantité de tubes gorgés de cellules épithéliales. Ces tubes sont trés- irréguliers dans leur forme et dans leur calibre. On voit sur leur lon- oneur des dilatations, des renflements arrondis, de véritables culs-de- sac également remplis d'épithélium. Leur direction est perpendiculaire ou légérement oblique à la surface de la tumeur ; de telle sorte que les coupes offrent un aspect différent, suivant qu’elles sont parallèles ou perpendivulaires à cette surface. Dans le premier cas, les lobnles sont coupés la plus souvent suivant leur petit diamètre, et se présentent sous forme de cercles ou d’oval-s comblés par l’éléinent Cpithelial ; dans le second, la section est faite suivant leur longueur et montre, au milieu du stroma, des traînées irréonlièrement renflées par places, ou des ellipses trés-allongées. Ces coupes, quel que soit le sens de leur direction, présentent à étudier deux éléments fondamentaux : 1° Le stroma; 2° Iles lobules épithéliaux qui rampent dans son épaisseur. Stroma.— Ce stroma n’a pas, dans toute la profondeur de la néofor- mation, les mêmes caractères microscopiques ct les mêmes propriétés. Sur des conpes colorées par le carmin, et traitées ensuite par l'acide acétique, on le trouve foriné de faisceaux conjonctifs serrés, tourbil- lonnés, pourvus de nombreuses cellules fusiformes, à gros DOVAUX ovoïdes. Dans d’autres points, c2 tissu est encore plus dense, ses faisceaux ont une direction plus régulière autour des lobules, et leurs cellules comprimées indiquent qu'il est plus éloigné encore de la forme em- bryvonnaire. C’est dans son voisinage que commencent les travées os - seuses par une modication d'abord à peine sensible du stroma. Los nouveau se fait reinamquer surtout par ses lacunes médullaires spacienses, comblécs par la moelle embryonnaire et de nombreux ValsSCaux. TEE Enfin, ii est des endroits où le stroma a tout à fait l'aspect du tissu conjonctif réticulé. On y trouve de nombreuses cellules plasma- tiques, pourvues à leur périphérie de fins prolongements anastomosés en élégant et délicat réseau avec les prolongements des cellules voi- sines. Il n’est pas rare de trouver réunies sur Ja même préparation foutes les modifications histologiques du stroma que je viens d'esquisser rapidement. Quoi qu'il en soit, c'est dans son épaisseur que se sont développés les lobules épithéliaux qu'il me reste à examiner. Lobules épithéliaux. — J'ai déjà décrit leur forme, leur direction et l'aspect sous lequel ils se présentent suivant le sens des coupes. Leur volume est des plus variables. J’insisterai seulement ici sur la dispo- sition des cellules épithéliales dans leur intérieur. Ces cellules offrent tous les caractères de l’épithélium pavimenteux Elles ont en moyenne 15 millièmes de millimètre de diamètre. Leur forme est celle de lamelles aplaties, polyeonales sur leur contour, lors- qu’elles sont serrées les unes contre les autres; plus où moins arron- dies, au contraire, sur leurs bords, lorsqu'elles flotient librement dans un liquide. La plupart ont un beau noyau ovoïde qui apparaît très- distinctement sous l’influence de l’acide acétique. Dissociées dans la potasse, et avec un grossissement de 500 dia- mètres, on en voit beaucoup qui sont pourvues de trés-fines dentelures sur leur contour. Ces dentelures disparaissent três-vite, car ce réactif les rend transparentes et finit bientot par les dissoudre, ainsi que le corpsidelaicellules ts L’épithélium, tel que je viens de le décrire d’une manière générale, n’ofire pas toujours cette uniformité de caractères. Les celluies ont à la périphérie comme l'apparence d'éléments cylindriques implantés sur la paroi de la cavité lobulaire. A mesure qu’on se rapproche du centre, on leur voit subir l'évolu- tion épidermique, c’est-à-dire qu’elles s’'aplatissent de plus en plus pour revêtir enfin la forme de lamelles cornées, sur lesquelles le car- min ne fait plus son élection. Cette disposition n’a pas lieu dans tous les lobules, mais quand elle existe, on voit de distance en distance, au niveau des renflements, des masses globuleuses, jaunêtres, parfois très-réfringentes à leur centre, formées de couches épithéliales cornces, concentriques et très-serrées les unes contre les autres. Ce sont ces masses que l’on désigne habi- tuell:ment sous le nom de globes ou de perles épidermiques. Elles sont ordinairement dures, d’un voluime trés-variable, et formées de cel- lules épidermiques cornées ou atteintes de dégénérescence colloïde dis- posées en couches concentriques, comme les valves d’un oignon, pour me servir de la comparaison usitée. La tumeur, abordée de tous côtés par de nombreux vaisseaux veineux et artériels, ne pût être enlevée, malgré la laxité de ses con- uexions, sans une notable-hémorrhugic. La dissection de sa face infé- rieure, qui reposait directement sur la veine céphalique, dût étre faite, tr du reste, avec lenteur et précision. Après l’ablation, la plaie, cireu- laire, avait environ 12 centimètres de diamètre. Elie était obliquement traversée par la veine céphalique, complétement dénudée. De nom- breuses ligatures furent faites sur de petits vaisseaux au saignement persistant, et l’on pansa à plat, avec de la tarlatane imbibée d’eau phéniquée. La cicatrisation a été très-longue à se faire complétement. Elle n'a été terminée qu’au mois de décembre; le tissu cicatniciel est mince, rose et peu résistant. Les détails dans lesquels je viens d'entrer ne laissent aucun doute sur la nature de cette tumeur de la mâchoire. Il s’agit, bien évidem- ment, d’un épithéliome, et d’un épithéliome pavimenteux lobulé; c’est là le point important. Les épithéliomes pavimenteux de la mâchoire ne sont pas communs chez le cheval, ou du noins, le nombre des ob- servations dans lesquelles 1l en à été positivement fait mention, n’est pas considérable en vétérinaire. Je n'en connais, pour ma part, que deux cas très-circonstanciés et parfaitement décrifs ; ils sont de M. le professeur Trasbot. L’un à été publié dans le Recuerz DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE, en 1869 (1); l’autre se trouve dans les ARCHIVES VÉTÉ- RINAIRES, année 1817, p. 401. Il est possible que nos confrères en aient rencontré plusieurs exemples dans le courant de leur pratique, mais leurs observations, que je sache, n’ont pas été consignées dans les publications périodiques de notre médecine. Le diagnostican’en est cependant pas difficile ; mais il exige absolument, pour être posé dans les conditions d’exactitude nécessaires, de faire intervenir l’examen mi- croscopique. Cet examen peut se faire, à la rigueur, même sur lani- mal vivant, si on arrive à se procurer un petit fragment de la tumeur. Il est probable, du reste, que les praticiens arriveront à déterminer, par des observations plus complètes et mieux recueillies, les condi- üons dans lesquelles ces néoplasies se développent, leur degré de fré- quence, leur gravité relative, et peut-être aussi les moyens de les com- battre ou d’en atténuer les effets. Cette observation n’a eu d’autre but et n'a d'autre prétention que de pousser les recherches dans cette voie, et de contribuer dans ses détails et à en faciliter l’histoire. [3 — MN. Porucner fait la communication suivante : DE L'ORIGINE DES HÉMATIES. Je demande à la Sociéié la permission de revenir sur les parties constituantes du sang, désignées sous le noi de corpuscules élémen- taires par Zimmermann, et dont notre collègue Hayem et moi l’avons 4 entretenue tuur à tour depuis quatre mois. Ces corps, entrevus vers (1) M. Trasbot avait commencé, dans ce journal, la puLlication d’un travail rempli d'intérét, ayant pour titre: Quelques observations de tumeurs. Il est resté inachevé. PS 1840 par Donné, qui les confondit sous une dénomination commune avec les granulations du chyle, ont été très-hien décrits dès 1846, par Zimmermann, dans un admirable mémoire d'hématologie, trop ou- blié, Le mérite indiscutable d’avoir rappelé sur enx l’attention en les sisnalant comme les corps d’où dérivent les hématies, me paraît reve- nir à M. Havem. Je crois avoir à mon tour, montré par desexpériences, qu'il encst bienainsi; et de plus, indiqué une forme d'hématies ovoïde signalée quelquefois, dans ces derniers temps, comme patholosique, mais qui est normale et constante chez les mammifères. Les corpus- cules élémentaires prennent cette forme avant de devenir discoïdes ; dans cet état de passage, les hématies sont plates, ellipt: ques, à bourrelet à peine accusé; leur grand diamètre dépasse de 2 p environ celui des hématies discoïdes communément décrites, et qu'il convient de regar- der comine une forme ultérieure. Un point reste obscur : l’origine des corpuscules élémentaires? Or, on est conduit À admettre et on peut, dans une certaine mesure, prou- ver expérimentalement que ces corpuscules appelés à devenir des hé- maties, dérivent du corps des leucocvtes, et en sont des émanations devenues libres dans des conditions qu'il restera à mieux préciser. Un premier fait à noter est que ces corpuscules gardent, même après avoir déjà grandi, exactement toutes les réactions de la substance du corps des leucocytes avec les matières colorantes, etc., etc. D'autre part, la substance du corps des leucocvtes apparaît chez tous l2s vertébrés comme apte par excellence à fixer Phémeglobine aux dépens du sérum ambiant. Chez tons les ovipares, on voit, en effet, les leucocvtes fixer l’hémoglobine pour devenir des hématies, comme on l'avait indiqué depuis longtemps, comme M. Vulpian sem ble l'avoir expérimentalement démontré et comine nous l’avons vérifié à notre tour sur le triton et sur le pigeon. Méme chez les mammifères, les leucocytes particuliers du cheval, décrits par Semmer, les leucocytes dits sranuleux et dont les granulations fixent énergiquement l’éosine, attestent la même tendance générale de leucoevtes : il est donc naturel de la retronver dans les corpuscules élémentarres, s'ils sont, en effet, des émanations et comme,des rejets du corps des leucocytes, se faisant probablement par un mécanisme cellulaire intime, analogue à celui qui a pour résultat l'expulsion des globules polaires par le vitellus, globules pololaires qui semblent être d'ailleurs, conne les hématies, des élé- ments passifs. Ce rapprochement est, au moins en partie, justifié par l’évolution même que subissent les leucocytes dans le sang des mammifères. En effet, tandis que les leucocytes extraits de la citerne et du canal tho- racique sont en majorité petits et uninuelcés, on les voit dans le sans auomenter de faille ct prendre progressivementdenx, puis quatre noyanx par une sorte de segmentation régulicre, analogue à celles qne subit le vitellus aux environs du temps de l’ennssion des globules polaires. Peut-on vérifier par ee cette origine présumée des cor- puscules élémentaires ? Le problème — et c’est la seule Justification 270) 2 des considérations qui précédent — ne paraît pas abordable de front. En effet, la condition même de l’évolution normale des leucocvtes est leur circulation, qui ne nous permet pas de les garder attachés sons nos yeux : dés qu'un leucocyte est immobilisé, il n’est plus dans ses conditions normales. Nous avons cherché, toutefois, si les leucocytes des mammiféres ar- tificiellement immobilisés dans les vaisseaux d’un calibre notable ne pourraient pas nous fournir quelque indication; voici comment nous avons procédé : Sous la lame d’un compresseur convenablement disposé, on place le mésentère d'un lapin, en prenant les précautions voulues en pa- reille circonstance. On comprime légèrement une veine mésentérique jusqu’à ce qu’elle livre seulement passage à une nappe de sérum où les éléments figurés sont clair-semés. Tous les individus ne sont pas également favorables, tant à cause de la nature et de l’épaisseur des parties enveloppant la veine, qu’a cause de la différence considérable qu'ils présentent dans le nombre propor- tionnel des leucocytes de leur sang. Si cette dernière condition, surtout, est favorable, on voit bientôt des leucocytes se fixer aux parois vasculaires, en groupes plus ou moins nombreux, et ces groupes sont communéinent accompagnés d’un amas plus ou moins considérable de corpuscules élémentaires. On peut même observer un leucocyte isolé surmonté d’une sorte de houppe formée de plusieurs corpuscules, et qui suit les oscillations de la colonne liquide. C'est ici le lieu de rappeler qu'on trouve fréquemment, dans le sang en circulation recueilli et instantanément fixé, des leucocytes auxquels semblent adhérer des corpuscules élémentaires qui offrent même déjà de l'hémoglobine en proportion notable. Sans doute, on pourrait objecter ne ces corpuscules, qu’on trouve tou- jours à l’état de liberté dans le sang, se sont agglutinés aux leucocvtes, comme font ces derniers eux-mêmes dans beaucoup de circon- stances. Tout semble cependant indiquer qu’il n’en est pas ainsi, et que ces corps, appelés à devenir des hématices sont, nous le répétons, des émanations directes du corps contractile des ieucocytes du sang. — M. Lazorne,en son nom et au nom de M. Petou, fait une com- munication sur l’action physiologique de l’ergot de seigle, et en parti- culier sur l'influence directe de cette substance sur les fibres lisses des V:LISSCAUX. M. RaguTeau rappelle que Sovet à indiqué l'action de l’ergotine sur les fibres musculaires lisses, et que Holmes a donné des dessins qui ligu- rent cette action sur les fibres lisses. — M. V. Corniz fait la commumcation suivante : ALTÉKA:ION AMYLOÏDE DES GANGLIONS LYMPHATIQUE3 Les ganglions volumineux que j'ai l'honneur de présenter À la Société de Biologie proviennent d’un jeune homme mort à la Charité, dans le service de M. le docteur Gosselin, d’une arthrite chronique de la hanche, accompagnée de suppuration, de phlesmon de Ja fosse ilixque et de fu- sées purulentes ouvertes au dehors, de phlébite, etc. Les ganglions lymphatiques de la région crurale et inguinale du côté malade formaient un paquet volumineux, et les ganglions situés au de- vant des vertèbres sacrées et lombaires, ainsi que les ganglions mésen- teriques, étaient également hypertrophiés. Les ganglions de la région crurale et ingninale étaient peu vasculari- sés et donnaient peu de sang sur une surface de section. Certains d’entre eux avaient jusqu’à 4, 3 et même 6 centimètres dans leur plus grand diamètre. Leur forme ovoïde était conservée, ct ils s’isolaient as- sez bien du tissu conjonctif voisin enflammé chroniquement. Les san- glions lombaires et mésentériques étaient moins gros et de couleur plus rouge. Le foie, la rate et les reins montrent les altérations amyloïdes très- développées et faciles à reconnaître. Les glandes lymphatiques étaient altérées de la même façon, et il était facile de voir, avec un faible srossissement, sur les sections min- ces colorées avec le violet de Paris, violet de métylaniline de Lauth, des ïlots de rouge violet qui tranchaient sur le bley violet du reste de a section. Ces îlots amyloïdes siégeaient surtout dans la substance cor- ticale, et consistaient dans des amas de gros corps réfringents fournis par union de plusieurs cellules lymphatiques devenues amyloïdes et réu- nics. Ces îlots, qui ont été bien décrits par tous les anatomo-patholo- gistes, étaient une dégénération localisée, autour d’artéres malades, dans le tissu réticulé cortical du ganglion. Nous n'insisterons pas sur ce point qui est connu. Nous avons surtout recherché dans ce fait la cause de l’hypertrophie des ganglions amyloïdes, et ‘ait l'analyse des lésions amyloïdes, en nous servant de la réaction du violet de Paris, qui permet de faire cette analyse dans ses plus minutieux détails. Les préparations obtenues aprés durcissement dans l’aicool pur, co- lorées par le violet de Paris, lavées à l’eau, ont été montées dans Ja glvcérine saturée de chlorure de sodium et d’alun. La glycérine tenant en dissolution ces deux sels ne permet pas la diffusion de la matière colorante. On reconnaît tout d’abord sur ces préparations la réparti tion de la dégénérescence amyloïde, qui porte sur certaines des artério- les et sur les capillures qui en portent, dans le tissu réticulé seulement. Les vaisseaux du tissu caverneux central du ganglion ne sont pas amy- loïdes ; on voit aussi les petits îlots existant au milieu du tissu réticulé cortical, îlots formés par les blocs amyloïdes dont nous avons déjà parlé. Sur ces pièces, de mêmé que sur celles qui sont colorées simple- inent au picro-carmin, lorsqu'on les étudie à un grossissement faible (40 à 80 diamètres), il est facile de constater que tout le ganglion est partagé par des cloisons assez épaisses en lobules. Chacun d'eux est formé par un ilot ou foilicule de substance réticulee et à son pourtour par un lac ou sinus lymphatique trés-large. L’ilot ou follicule de sub- el stance réticulée est formé d’un réticalum à mailles fines comblées par de petites cellules lymphatiques. C’est là que siégent les lésions amyloïdes quand il y en a, mais la plupart de cesilotssont absolument normaux. Les sinus lymphatiques sont extrêmement larges, si on les compare à l’état ordinaire ; ils montrent les tractus qui les traversent en unissant le tissu réticulé avec les cloisons fibreuses qui limitent la périphrase des sinus. Sur ces cloisons sont disposées soit de grandes cellules endothéliales aplaties, légèrement tuméfiées et granuleuses, qui adhèrent encore à la cloison, soit des cellules plus tuméliées et presque libres. De srandes cellules endothéliales desquamées et sphériques remplissent les es- paces limités par les cloisons. Ces cellules possèdent de deux à cinq ou six noyaux ronds ou ovoïdes. Les cloisons elles-mêmes sont épaissies. On peut s'assurer de cette multiplication des noyaux et de cette hy- pertrophie des cellules endothéliales des sinus lymphatiques en exami- nant les préparations colorées au picro-carmin avec un grossissement de 200 à 300 diamètres. Ces cellules, dont le protoplasma est granu- leux et turgide, et qui présentent une multiplication de leurs noyaux, attestent une inflammation portant sur l’épithélium du tissu caver- neux lymphatique, de même que l’épaississement des cloisons fibreuses dénote une inflammation interstitielle des ganglions. Les glandes lymphatiques sont donc atteintes d’une inflammation chronique, à la fois interstitielle et catarrhale dans les cas de dégéné- rescence amyloïde, consécutive à une inflammation chronique locale du genre de celle qui fait le sujet de cette observation. C’est cette in- flammation chronique qui détermine surtout l’hypertrophie des glan- des. Dans le tissu réticulé, lorsqu'il était le siége de lésions amyloïdes, on trouvait les parois des artérioles et capillaires de couleur rouge- violet, tandis que les cellules endothéliales et les globules du sang con- tenus dans la lumière de ces mêmes vaisseaux étaient de couleur bleu- violet. Le tissu réticulé en contact immédiat avec les capillaires altérés et avec les blocs amyloïdes était lui-même coloré en rouge-violet, tandis que partout ailleurs le tissu réticulé était violet-bleu. Les cloi- sons de ce tissu réticulé amyloïde étaient plus épaisses que celle du tissu réticulé normal. La conclusion est donc que les ganglions lymphatiques en dégéné- rescence amyloïde plus ou moins avancée, lorsqu'ils sont hypertro- phiés, sont atteints d’une inflammation chronique analogue à celle des ganglions syphilitiques et tuberculeux, portant sur leur tissu con- jonctif et sur les cellules endothéliales du tissu caverneux et des sinus périfolliculaires. Le tissu réticulé des ganglions peut devenir amy- loïde. — M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL donne lecture à la Société d’une observation d'hystérie grave compliquée de vaginisme d’un três-haut degré, guérie par l'or intus et extra, de M. le docteur Decrand (de Moulins). c. R. 1978. 11 — M. MaLagsez communique, au nom de M. P. Picann, professeur À la Faculté de médecine de Lyon, une note sur les phénomènes qui suivent les injections de chlorhydrate de morphine. (Voir aux Mé- MOIRES.) — M. MaLassez communique une deuxième note sur un mouve- ment dela lèvre inférieure, consécutif à une excitation de Ja lèvre su- périeure, de M. IL. Oltramare. Le fait que nous signalons dans cette note est relatif à un mouve- ment réflexe, constant dans les conditions où nous sommes placés, et qui a pour siége les lèvres supérieure et inférieure du chien. Si, sur un de ces animaux soumis à l’action de la morphine, on porte un excitant mécanique sur la muqueuse de la ièvre supérieure, dans le partie qui s'étend du repli formé par la peau et la muqueuse au sillon ginoivo- Jabial, on constate un mouvement de protraction de la lévre inférieure, mouvement auquel ne participe en aucune façon le maxillure, et qui semble limité à l’action de la houppe du menton. Ce mouvement, qui a le caractère brusque des réflexes des muscles de la vie de relation, est en rapport avec l'intensité de l'excitation ainsi qu'avec son point d’ap- plication. C’est sur la ligne médiane, à la jonction de la muqueuse et de la peau, dans le sillon que présente la lévreen ce point, que l’exci= tation produit son effet maximum ; à partir de ce point, il décroit d’avant en arrière, pour ne plus donner lieu à aucun phénomène au delà du repli gingivo-labial ; latéralement, son action diminue aussi, et 4 45 ou 20 millimètres de chaque côté de la ligne médiane, elle de-. vient nulle. À la commissure, et en dehors du territoire muqueux sus- mentionné, dont la forme se rapproche sensiblement d’un triangle isocéle à base inférieure, en touchant cu piquant la muqueuse, on ne détermine rien de comparable. Nous avons donc chez le chien une por- tion bien limitée de la muqueuse de la lèvre supérieure, dont l'excita- tion détermine invariablement un mouvement particulier d’une partie musculaire de la lèvre inférieure ; ce fait est-il général chez un certain groupe d'animaux ? peut-il jouer un rôle dans la préhension ? Ce sont là des points que nous ne pouvons résoudre actuellement ct que nous nous proposons d’étudier ultérieurement. (Laboratoire de physiologie de M. le professeur Picard, à la Faculté de médecine de Lyon.) — M. »’ArsoNvAL communique une expérience relative à la sensi- bilité des nerfs aux excitations électriques. On croit généralement que le nerf est l'élément organique le plus sensible aux courants électriques, et qu’il est plus sensible à ces exci- fations que ne le sont les appareils les plus sensibles. Il n’en est rien cependant, car le téléphone est plus sensible que le nerf aux courants induits interrompus. M. d’Arsonval a préparé à l’avance une grenouille salvanoscopique. Ilexcite les nerfs lombaires avec un courant induit interrompu, et constate le degré de l'appareil auquel ces nerfs sont insensibles, c'est- Les Le à-dire le degré d'intensité du courant qui cesse de pouvoir déterminer la contraction des muscles. Si alors on met le même courant en rap- port avec un téléphone, on constate que la membrane de cet appareil entre en vibration. M. d’Arsonval se propose d'utiliser ce fait pour étudier différents paënomènces nerveux. — M. Morar fait, au nom de M. DasrTre et en son nom, la commu- nication suivante : SUR LES MODIFICATIONS DE LA PRESSION VASOULAIRE CONSÉCUTIVE A LA SECTION ET À L'EXCITATION DU GRAND SYMPATHIQUE. Les effets essentiels (vasculaires et thermiques) consécutifs à la sec- tion et à l'excitation du filet cervical du grand sympathique sont bien connus ; ils sont compris et formulés de la même façon par tous les physiologistes qui ent répété l'expérience classique de Claude Bernard. Pour ce qui concerne spécialement les modifications de la pression vas- culaire dans ces deux conditions (section, excitation), on ne s'entend plus aussi bien. Aprés la section, par exemple, les uns ont trouvé plus élevée la pression du sang dans le système artériel du côté correspon- dant ; d’autres l’ont trouvée plus faible; de même, après l'excitation. Cetie étude, outre l'intérêt direct qui s’y rattache, doit servir de base à l'interprétation des phénomènes analogues qui sont sous la dépen- dance de nerfs plus complexes (sciatique, nerfs plantaires). MM. Dastre et Morat ont, dans l'exécution de ces recherches, expéri- menté sur les mêmes animaux (âne, cheval), employé les mêmes mé- thodes, le même dispositif expérimental que dans leurs recherches an- térieures sur les vaso-moteurs des membres. Effets de la ligature et de la section. — A la suite de cette dou- ble opération, pratiquée coup sur coup, la pression s'élève d’abord si- iultanément dans l’artère et dans la veine. Elle revient promptement à son niveau primitif ; puis elle continue de baisser dans l’artère pen- dant qu’elle s'élève progressivement dans la veine. Au bout d'un temps variable, un équilibre nouveau s’ctablit dans le système vasculaire cor- respondant au nerf coupé. Cette double modification en sens inverse de la pression dans les deux vaisseaux (abaissement dans l’artère, éléva- tion dans la veine) s’interprète par la dilatation des vaisseaux de la périphérie. L'effet immédiat (élévation simultanée dans les deux vais- seaux) s'explique par une excitation passagère des éléments vaso -mo- teurs et seusitifs du tronc nerveux,au moment de la ligature de la sec- tion. Effets de l'excitation. — L’excitation du bout céphalique (péri- phérique) isolé, à l'aide de courants induits tétanisants, a sur la pres- sion artérielle et veineuse un double effet inverse dans les deux vais- scaux : la pression s'élève dans l’artère pendant qu’elle s’abaisse dans la veine. L'abaissement du tracé de la veine ne correspond pas exacte- ment à l'élévation du tracé artériel ; cet abaissement est précédé d’une — 84 — légère surélévation de courte durée. Tel est, sur la pression du sang dans les vaisseaux correspondants, l'effet immédiat constant de l’exci- tation dn grand sympathique ; il doit s’interpréter évidemment par la constriction des vaisseaux de la périphérie, La vitesse du sang, mesurée dans la carotide, a été trouvée notablement diminuée au moment de l'excitation. Ce résultat est susceptible de la même interprétation, Lorsque l'excitation est forte, prolongée et plusieurs fois répétée sur le même nerf, la double modification de la pression vasculaire qu’on vient d'indiquer fait place à une autre de sens opposé : la pression ar- térielle s’abaisse, la pression veineuse s'élève ; pendant quelque temps la première se maintient au-dessous, la seconde au-dessus de leur niveau antérieur à l’excitation, ce qui indique qu'à la constriction du début à succédé une dilatation par épuisement du nerf vaso constric- teur trop fortement et trop longuement excité. On voit que, par l'excitation du sympathique, on obtient, pour ainsi dire à volonté, les deux effets (immédiat et consécutif, constriction et dilatation) qui résultent de l'excitation du sciatique (nerfs plantaires). Ces deux effets, dans un cas comme dans l'autre, se montrent tou- jours dans le même ordre, la dilatation ne se produisant jamais que précédée de la constriction. L’hypothèse en vertu de laquelle la dilata- tion des vaisseaux des membres résulterait de l'intervention de nerfs spéciaux vaso-dilatateurs existant dans ia sciatique est donc sans fon- dement. Le sciatique ne renferme d’autres éléments vaso-moteurs que des vaso-constricteurs. Séance du 9 mars 1878. M. LABoRDE continue l’exposé de ses recherches expérimentales re- latives à l’action de l’ersot de seigle sur les fibres musculaires lisses. NOTE SUR LA DÉTERMINATION DE L'ALCALINITÉ DU SANG CHEZ L’HoMME; par le docteur R. LÉPINE. L'étude des modifications que l’alcalinité du sang peut présenter chez l’homme, dans certains états pathologiques, n'a pas encore sufi- samment fixé l'attention. Pour les animaux, nons possédons quelques renseignemerts dus à MM. Lassar, Salkoweki, Kurtz, etc., qui, à l'exemple de M. Fr. Hofimann, ont cherché à provoquer expérinenta-. lernent une diminution de l’alcalinité du sang. Chez l’homme, au con- traire, la question n’a pas été abordée. Garrod, Ini-même, qui a démon- tré qu'à certains moments le sang des goutteux renferme un excès d'acide urique ne s’est pas préoccupé de savoir si à cette dyscrasie uri- que correspondait alors une notable diminution de l'alcalinité des bu- meurs et notamment du sang. Plusieurs motifs rendent difficile chez l’homine la recherche dont il Me ET s’agit ici. Tout d’abord on a de la peine à se procurer aisément 30 ou 40 grammes de sang d’un malade, quantité jugée jusqu'ici né- cessaire pour doser exactement l’alcalinité de ce liquide. Pourrait- on remplacer le sang par une autre humeur, par exemple par la sé- rosité d’un vésicatoire ? Nous ne croyons pas que ce moyen soit à re- commander ; car la sérosité d’un vésicatcire est naturellement moins alcaline que la sérosité du sang. Dans certains cas, néanmoins, nous y avons eu recours, mais le sang lui-même est de beaucoup préférable. Voici, sommairement, le procédé auquel nous nous sommes arrêté, après nous être livré à beaucoup d’essais ‘avec notre chef de labora- toire, le docteur Cazeneuve, et qui nous paraît, par sa simplicité et sa facilité d'exécution, tout à fait clinique. Au moyen d'une petite lanière de caoutchouc dont les tours sont appliqués de la racine à l'extrémité d’un doigt, nous accurnulons tout le sang du doigt à cette extrémité; nous le piquons à la face dorsale, près de l’ongle, ainsi que le recommande M. Malassez, avec une lan- cette propre, et nous laissons rue goutte à goutte le sang dans un petit vase contenant juste À ou 2 centimètres cubes d’eau saturée de sulfate de soude, ponr empêcher la coagulation du sang. En réappli- quant deux ou méme trois fois la bande de caoutchouc, de manière à faire de nouveau affluer du sang à l’extrémité du doigt, nous re- cucillons facilement et en peu de minutes uue notable quantité de sans. En mesurant exactement le mélange et en en déduisant la quan- tité de là solution de sulfate de soude, nous obtenons rigoureusement le volume du sang sur lequel nous opérons (en général, près de 2 centi- métres cubes de sang); nous ajoutons alors, avec précaution, au mé- lange une solution au millième d'acide tartrique ou d’acide oxalique. Quand nous jugcons que le point de saturation est proche, nous re- doublons de précaution, et alors,.après chaque addition d’un demi- centimetre cube de Ja solution, nous déposons une goutte du liquide sur une feuille de papier bleu de tournesol, très-sensible (1) et préala- blement légèrement humecté d’une solution de chlorure de sodium. Cette précaution, indiquée il y a quelques années, par M. Zuntr, a pour but de déterminer, autour de la goutte de liquide fortement colorée par le sang, la production d’une auréole qui reste teintée en bleu tant que la saturation n'est pas obtenue, et qui passe au rouge quand on l’a atteinte. Après avoir déposé plusieurs gouttes sur le pa- pier, ainsi qu'il a été dit, on juge celle dont l’auréole paraît le mieux correspondre à la parfaite neutralisation. On sait quelle quantité de solution on avait ajoutée au moment où l’on a recueilli cette goutte ; on sait sur quelle quantité de sang on opère; on en déduit, par consé- quent, son degré d’alcalinité. Nous ne donnero:s pas aujourd” hui les chiffres de l’alcalinité nor- (1) La sensibilité du papier est d’une importance extrême. Celui dont nous nous somines servi a été préparé avec le plus grand soin par M. Cazeneuve. me, ue male et pathologique du sang humain. On les trouvera, pour la plupart dans la thèse d’un de nos élèves, le docteur Canard (Paris, 1878); nous nous contenterons d'appeler ici l'attention sur deux résultats très-nets : 19 la diminution de l’alcalinité du sang comme fait général dans le rbumatisme articulaire chronique ; 29 l’augmentation de son alcalinité dans plusieurs cas de rlmmatisme aigu, consécutivement à l’adminis- tration du salicylate de soude. — M. Marassez fait, au nom de M. Picard, professeur à la Faculté de Lyon, la communication suivante : SUR LA CAUSE DES PHÉNOMÈNES NERVEUX DE L'URÉMIE. La cause qui, chez les urémiques, détermine les phénomènes ner- veux, est encore un point controversé, par suite une inconnue en mé- decine. Si quelques auteurs, comme Wilson, ont vouiu la voir dans l’accu- mulation de l’urée dans le sang, d’autres non moins autorisés, comme Frerichs et Gallois, ont formellement nié Ja justesse de cette hypo- thèse. [L'opinion du second de ces auteurs est surtout à considérer, car elle à été présentée avec des expériences directes à l'appui: na rien obtenu en injectant l’urée chez des chiens, et a par suite formelle- ment nié que cette substance pût déterminer les accidents convulsifs de l’urémie. Son travail a fait autorité, on a généralement acopté ses conclusions et repoussé l’opinion de Wilson. Mais comme l’esprit d’hypothèse n’abdique jamais, on a immédiatement remplacé celle qu'on abandon- nait par des suppositions nouvelles et dans deux sens différents. Tandis que les uns se contentaient de faire jouer aux autres matériaux de l'urine le rôle producteur de Péclampsie, ete. (urochrome, matières extractives), les autres l’attribuaient à des produits d’une décomposition lnaginaire que l’urée subirait dans le sang. Je n’ai rien à dire des premières opinions dans lesquelles on présente simplement l’inconnue du problème qu’on donne comme sa solution, Quant à la seconde, on peut affirmer qu’elle est fausse; outre qu’on n’a jamais démontré que l'urée se transforme en carbonate d’ammoniaque dans le sang, il faut se rappeler que cet acte chimique, se pas-âtl réellement, on re pourrait y voir la cause réelle des phénomènes con- vulsifs de l’éclampsie, puisque Clande Bernard a prouvé que les injec= tions de carbonate d’ammoniaque ne montrent aucun phenomèêne de ce genre. En résumé, en l'état actuel, on à cessé d’attribuer les phénomènes de l’urémie à une accumulation d’urée dans le sang. Ces phénomènes ne sont certainement pas dus à la p'oduction de carbonate d’ammoniaque aux dépens de cette substance; et on reste en présence d’une série d’hypothéses (cnoncées sans preuves) qui donnent ce rôle à une quantité de substances diverses. Les recherches que je fais sur l’urée du sang devaient naturellement m’amener à reprendre l'étude de ce problème, et m'ont conduit à un résultat décisif, puisque j'ai pu produire chez le chien de véritables attaques d’éclampsie. Je ne dirai pas comment j'ai été amené à réaliser mon expérience, et je me contenterai de la donner simplement : ExrériENce. — Chez un chien griffon en digestion, du poids de 2 kilos 400, on injecte rapidement dans la veine jugulaire gauche 45 + 20 — 10 centimètres cubes d’une solution artificielle d’urée (60 c.e. — 20 gr. urée), c’est-à-dire 15 gr. de cette substance. L’ani- mal, après quelques minutes et quelques efforts de vomissement, pré- sente un peu de tremblement, puis un accès convulsif épileptiforme : il y a un renversement de la tête en arrière, des secousses convulsives de la mâchoire et des convulsions cloniques également intenses des quatre membres. Cette attaque dure quelques minutes et estsuivie à de courts intervalles, de deux autres accès identiques. Après cela l’animal reste immobile, dans un état de résolution musculaire ; il est impuis- sant à se tenir sur ses pattes, de la défécation et meurt finalement. Cette expérience a été répétée plusieurs fois avec succès, et quelque- fois je n'ai également eu aucun résultat. Je tiens, pour ce motif, à in- diquer rapidement les conditions ecsentielles pour la réaliser. L'examen des phénomènes qui se passent vers les voies urinaires donne exactement la raison des résultats variables et le mode à suivre pour réussir à déterminer une éclampsie. En effet, quand on injecte la quantité suffisante, en même temps que les phénomènes décrits se déroulent, on peut constater une sup- pression complète de la sécrétion urinaire. La vessie, qui, dés le début, s’est vidée de ce qu'elle contenait, reste en contraction jusqu’à la mort, et c'est précisément là ce qui permet de comprendre ia terminaison. Au contraire, si on pousse dans les veines une proportion insuffisante, une sécrétion d’une activité extrême s'établit immédiatement et em- porte la substance presque à mesure de son introduction. On peut alors pousser par fractions des masses d’urée énormes, sans autre trouble apparent que de la polyurie. De ceci, il résulte qu’on doit employer une solution très-concentrée d’urée et en pousser brusquement la quantité nécessaire à l’empoison- nement, quantité sur laquelle je reviendrai et qui peut se déduire ap- proximativement de l'expérience citée dans cette note et du poids de l'animal sur lequel on agit. Quoi qu’il en soit, comme conclusion, je dirai qu'il est tout à fait certain que c’est l’urée qui est la cause des phénomènes nerveux, con- vulsions, etc., de l’urémie. ’ M. A. Rogenr rappelle que des expériences de ce genre ont déjà été faites entre autres par MM. Béhier et Liouville. Depuis les recherches de ces auteurs, en 1873, il à fait aussi de nouvelles expériences sur le méme sujet et obtenu les mêmes résultats. LNeN je M. Joyrr a essayé de reproduire ces convulsions qui font l’objet de la communication de M. Picard, et il n’a jamais pu y parvenir. M. A. Romin a reproduit tout récemment les convulsions urémiques expérimentales dans une leçon de M. Hardy. — M. Bunin fait, au nom de M. Garipre et au sien, la communi- cation suivante : SUR L'ACTION LE L'ERGOTININE. Il est inutile d’insister sur l'importance que possède le seigle ergoté au point de vue médical et particuliérement au point de vue obsté- trical. Aussi, quand M. Tanret eut annoncé qu’il avait découvert un alcaloïde dans le seigle ergoté, avons-nous, mon ami Galippe et moi, commenté, il y a trois mois, une série d'expériences. Ce sujet nous in- téressait spécialement, puisque nous étions, l’un et l’autre, attachés à la clinique d'accouchement de la Faculté. Nos expériences ont été faites sur des animaux : nous n’avons pas voulu, on le comprend, administrer l’ergotinine de M. Tanret dans les cas d’hémorrhagie post partum, qui sont parfois si graves, avant de con- naître l’action de cette substance, avant d’étre assurés de son efficacité. En effet, si M. Tanret a trouvé dans le seigle ergoté un véritable alcaloïde, rien ne prouve que le seigle ergoté ne contieht qu’un seul alcaloïde, puisqu'on a pu en extraire plusieurs de l’opium, du quin- quina, etc. De plus, en supposant qu’il n'existe dans le seigle ergoté qu’un seul alcaloïde, rien n’est venu démontrer jusqu'ici que la véri- table substance active du seigle ergoté réside dans un alcaloïde. Les expériences que nous avions faites, nous avaient fourni des ré- sultats, mais des résultats que nous trouvions incomplets; aussi étions- nous décidés à attendre, avant de les communiquer à la Société, le mo- ment où nous aurions opéré sur des animaux gravides, afin de pouvoir donner un travail d'ensemble, laissant aussi peu de prise que possible à la critique. Mais M. le docteur Laborde ayant eu l’occasion d'em- ployer, récemment, la même substance et ayant fait des expériences fort ingénieuses et fort intéressantes, dont il vous a apporté les résul- tats, vous trouverez légitime que nous vous donnions le résumé des nôtres, qui datent du mois du novembre dernier. À part une expérience, qui a eu pour sujet la grenouille, toutes les autres ont été faites sur le chien ou le lapin. Nous avons eu principa- lement pour but de rechercher si l’ergotinine Tanret était toxique, et à quelle dose elle produisait nne action bien déterminée. Exe. I. — 13 novembre 1877. Chien bouledogue ; on lui introduit dans l’estomac, à l’aide d’une sonde œsophagienne, 80 grammes de sirop d’ergotinine Tanret contenant 8 milligrammes d’alcaloïde. Aucune modification n’est survenue dans l’état général de l’animal. Sa tempé- rature rectale, qui était de 390,5, est restée stationnaire. Exe. IL. — 20 novembre. Gros chien terre-neuve noir. 2599 = 9 heures 33. Temp. rect. 399,3. Il est fixé sur une table. 9 heures 40. On fait une injection sous-cutanée contenant 30 milli- grammes d’ergotinine Tanret cristallisée. 40 heures. Temp. rect. 399,7. 40 heures 30. Temp. rect. 390,7. 41 heures 20. Temp. rect. 399,3. 42 heures 45. Temp. rect. 39°. L'animal n’a présenté aucun symp- tôme, aucune modification des pupilles ; il est détaché et laissé en liberté. Il ne paraît nullement souffrir. Exp. IIL. — 22 novembre, Même chien que dans l’expérience II. 9 heures 28. Temp. rect, 399,9. Il est attaché sur une table. Pupilles larges. 9 heures 38. Injection sous-cutanée de 80 milligrammes d’ergotinine brute de Tanret. 40 heures. Temp. rect. 390,9. 10 heures 45. Temp. rect. 399,2. Efforts de vomissements, puis vo- missements bilieux. 11 heures 15. Temp. rect. 3902. Pupilles larges. L'animal doit avoir des coliques, car à chaque instant il tourne la tête pour regarder son ventre. 12 heures 45. Temp. rect. 382,6. Plus de vomissements. Le chien est détaché et remis en liberté. Exp. IV. — 15 novembre. Chien jaune, petit, très-vigoureux, in- traitable ; quoique paraissant bien portant, cet animal a une tempéra- ture très-basse. 10 heures 15. On trouve, avec plusieurs thermomètres, Temp. rect. 339,1. Pouls irrégulier, 450. 10 heures 20. On lui fait avaler du sirop d’ergotinine Tanret, conte- nant 105 milligrammes de cette substance. 10 heures 30. Temp. rect. 329,6. Pouls 144. 10 heures 50. Temp. rect. 329,3. Pouls 136. L'état général ne paraît pas subir de modifications, les pupilles ne sont pas dans un état bien différent de celui qui existait au début de l’expérience. 11 heures 10. Temp. rect. 319,6. Pouls 98 ; toujours irrégulier. 41 heures 30. Temp. rect. 319,3. Pouls 112. 1 heure. Temp. rect. 289,1. Le chien ne paraît pas souffrir. On le dé- tache, on l’emméne au chenil : il succombe dans la nuit du 45 au 16. A l’autopsie, nous n'avons trouvé aucune lésion des viscéres, au- cune ecchymose. Exe. V. — 13 novembre. Lapin noir. 9 heures 20. Temp. rect. 390,6. 9 heures 27. Injection sous-cutanée de 4 milligrammes d’ergotinine cristallisée. 9 heures 33. Temp. rect. 380,7. 9 heures 47. Temp. rect. 389,7, L'animal ne semble pas souffrir; il se promène et cherche à manger. G. R. 1878 12 A #0) — 40 henres 42. Temp. rect. 389,2. 10 heures 38. Temp. rect. 359,5. 41 hieures 40. Temp. rect. 389,9, Exe. VI. — 43 novembre. Lapin blanc. 9 heures 40. Temp. rect. 399,3. 9 heures 43. On injecte sous la peau 4 milligrammes d’ergotinine cristallisée. 9 heures 50. Temp. rect. 390,1. 40 heures 15. Temp. rect. 380,8. L'animal ne paraît nullement in- commodé, il se promène et cherche à manger. 10 heures 45. Temp. rect. 389,9. 11 heures 45. Temp. rect. 3809. Exp. VII. — 27 novembre. Lapin blanc. 40 heures 10. Temp. rect. 399,8. 10 heures 20. On injecte sous la peau une solution contenant 60 mul- ligrammes d’ergotinine brute. 10 heures 30. L'animal piétine sur place. 10 heures 40. Temp. rect. 399. Il est très-agité ; il exécute des mou- vements brusques qui le font tomber de la table sur le plancher. 10 heures 45. Il est continuellement agité, il n’est pas paralysé ; il pousse de petits gémissements. 11 heures 15. Respiration haletante. Paralysie des membres; il faut de vains efforts pour se relever. La sensibilité parait intacte. 19 heures 10. Temp. rect. 389,5. Même état. 9 heures. Temp. rect. 310,3. L’animal est mourant, étendu sur la table, presque complétement immobile. Il succombe après quelques minutes. A l’autopsie, on ne trouve rien d’anormal dans les viscéres. Dans les oreillettes, il y a des caillots en partie blancs et en partie noirs. La vessie est pleine d'urine. Exp. VIIL. — 20 novembre. Grenouille. Le cœur est mis à nu; il bat en moyenne 3 fois par minute. À 9 heures 26, on injecte sous la peau de l'animal, à l’extrémité du membre inférieur droit, 3 milligrammes d’ersotinine cristallisée de Tanret. 9 heures 45. Battements du cœur 32; — à 40 heures 10, 28; —à 10 heures 25, 26; — à 11 heures 15, 28; — à 12 heures 45, 26. Nous avons fait plusieurs autres expériences avec le seigle ergoté. pulvérisé, et avec un extrait d’ergot connu sous le nom d’extrait & Y von, que ce chimiste avait eu l’amibilité de mettre à notre disposition. Exe.IX. — 197 décembre. Gros chien noir. 10 heures. Temp. rect. 380,7. 10 heures 3. On lui fait absorber 50 grammes de seigle ergoté frai- chement pulvérisé. 10 heures 30. Temp. rect. 399,2. Un peu d’agitation, pas d'efforts de vomissements. = M = 41 heures 40. Temp. rect. 390,1. Chien calme, ne paraît nullement souffrir. 12 heures. Temp. rect. 390,2. Chien très-calme. Exe. X. — 27 novembre. Gros chien. 9 heures 50. Temp. rect. 390,9. 40 heures 5. Injection sous-cutanée de 20 centimètres cubes d’'ex- trait d’Yvon, retiré de 80 grammes de seigle ergoté. 10 heures 10. Temp. rect. 399,9. 10 heures 35. Temp. 399,8. 41 heures 30. Chien très-calme, ne paraît pas souffrir. 42 heures 15. Temp. rect. 399,5. 2 heures. Temp. rect. 399,8 Le chien a été revu le 29 novembre; il est bien portant et n'offre aucune trace d’abcès sous-cutané. Exp. XI. — 22 novembre. Lapin gris. 9 heures 45, Temp. rect. 39°. 9 heures 50. Injection sous-cutanée de 4 centimètres cubes d'extrait d'Yvon, représentant 16 grammes de seigle ergoté. 10 heures 20. Temp. rect. 389,8. 42 heures 50. Temp. rect. 399,1. L'animal ne semble nullement souffrir. Exe. XII. — 22 novembre. Lapin blanc. 9 heures 55. Temp. rect. 389,6. 40 heures 3. Injection sous-cutanée d’extrait d’Yvon, représentant 8 grammes d’ergot de seigle. 41 heures 25. Temp. rect. 380,6. 12 heures 50. Temp. rect. 380,1. L'animal ne semble pas souffrir, Telles sont les expériences que nous avons faites. Nous laisserons de côté les derniéres dans lesquelles nous avons employé l’extrait d'Yvon, elles sont trop peu nombreuses et nous ont donné des résultats trop peu nets pour que nous soyons autorisés à en tirer des conclusions. LA ce qui concerne l’ergotinine Tanret, nous voyons que, sur le chien, 8 milligrammes administrés en sirop n’ont eu aucun effet appa- rent Esp. I); 30 milligrammes en injection sous-cutanée n’ont amené, non plus, aucun résultat (Exp. NH); mais, en portant la dose à 80 mil- ligrammes, on a déterminé un abaissement de température (de 390 à 380,6), des vomissements, des coliques. Enfin, 105 milligrammes, don- nés en sirop, ont amené la mort après un certain nombre d'heures, avec un abaissement considérable de température. Sur le lapin, 4 milligrammes en injection sous-cutanée ont déter- miné un trés-lécer abaissement de température sans causer d’accidents, et 60 milligrammes ont amené des mouvements convulsifs, puis de la paralysie, un abaissement énorme de température (de 399,8 à 319,3), et enfin la mort au bout de quatre heures. Donc, il faut employer chez les animaux des doses assez conside- rables pour qu’un effet très-net soit produit; nous disons assez consi- ne dérables, car M. Tanret regarde 1 milligramme de son ergotinine comme correspondant à 1 gramme de seigle ergoté. Mais nos expériences ont été faites sur des animaux, et sur des ani- maux en dehors de la gestation ; il faudrait étudier maintenant l’action de l'ergotinine sur des utérus gravides. En outre, nous pensons aw’il ne faudrait pas trop se hâter de conclure de ces expériences à l’espèce humaine, surtout en ce qui concerne la dose. En effet, M. le docteur Dujardin-Beaumetz a annoncé à la Société de thérapeutique, dans la séance du 27 février, que, toutes les fois qu’il avait injecté sous la peau des malades, de 4 à 5 milligrammes d’ergotinine Tanret, ils avaient éprouvé, pendant vingt-quatre heures, des nausées, des vomissements et des coliques très-douloureuses. Chez les femmes ayant des pertes utérines en dehors de l’état puerpéral, les hémorrhagies ont été arré- tées, mais seulement après un grand nombre d'heures. Les recherches sur cette question semblant être activement poussées de divers côtés, nous avons cru devoir communiquer, dés aujourd'hui, à la Société les résultats que nous avions obtenus avec l’ergotinine Tanret, dans l’espérance que, peut-être, ils pourraient être utiles aux autres expérimentateurs. M. LaBorvE fait observer que, contrairement à l’opinion émise par M. Budin, les études toxicologiques faites sur le chien sont impor- tantes; elles peuvent fournir des renseignements précieux qui servent de guide dans la recherche de l’action physiologique des substances ques chez l’homme. M. Berr rappelle la discussion qu’il a eue avec M. Pasteur, à propos de l’action de l’oxygène comprimé sur les organismes inférieurs. Ces germes ou corpuscules ne sont pas tués par la compression plus que par l'alcool, s’ils sont à l’état, pour ainsi dire, embryonnaire; mais s’ils ont acquis leur plein développement, ils sont tués par la com- pression. Quelques observations sont échangées sur ce point entre M. Bert et M. Onimus. LE MAL TÉLÉGRAPHIQUE OU CRAMPE TÉLÉGRAPHIQUE ; par M. Onxrmus. J'ai déjà, dans une des séances de la Société de Biologie, du mois de mars 1875, appelé l’attention sur une forme de spasme fonctionnel particulier aux employés du télégraphe, et que ceux-ci mêmes dési- gnent sous le nom de mal télégraphique. Depuis cette époque, j'ai eu l’occasion d’observer de nouveaux faits, qui viennent confirmer les indications que j'ai données à cette épocque. Comme nous l’avions signalé, c’est avec le télégraphe Morse que cette affection apparaît principalement, et le résultat est toujours la difficulté de coordonner les mouvements qui doivent, alternativement, former les points et les traits. GIE Je n’ai pas à revenir sur ces symptômes qui s'expliquent facilement dès qu’on a indiqué la nature de ces crampes qui, ainsi que cela existe pour tous les spasmes professionnels a surtout pour cause la répétition trop fréquente des mêmes mouvements. Mais dans le mal télégraphique, plus peut-être que dans n’importe quel autre spasme fonctionnel, on retrouve les caractères qui démontrent d’une façon très-nette que ces affections dépendent également du tempérament des individus, et que l'influence des centres nerveux joue un três-grand rôle. Quelques employés, naturellement nerveux et excitables, ont la sen- sation de crampes aprés un service très-court; leur état général en souffre en même temps. Ce n'est donc pas seulement la répétition fréquente des mêmes mouvements qui amène la crampe, mais bien le plus ou moins d'irritabilité. C’est la même chose pour la crampe des écrivains, qui est surtout fréquente chez les employés de commerce, qui, à un moment donné, sont tenus d'écrire précipitam- ment un certain nombre de pages, ou chez des banquiers, par exemple, qui, avant le départ du courrier, expédient, fiévreusement, une série de lettres. Ces conditions influent bien plus que la fréquence des mêmes mouvements, surtout lorsque ceux-ci se font d’une façon calme et ré- gulière. La direction des mouvements a également une certaine influence. Nous avons déjà cité le cas d’un employé qui, successivement, s'est servi du pouce, de l'index et du médius. Chacun de ses doigts put ma- nipuler, pendant deux à trois mois, mais l’un après l’autre ils furent pris de spasmes. Enfin, il se servit du poignet, qui, au bout de quel- que temps refusa également tout service. Les mouvements, dans la manipulation du bureau expéditeur, ont lieu de hant en bas, aussi bien pour la main que pour les doigts, et tons ces mouvements verticaux étant devenus difficiles, un des em- plovés, atteint de ce mal, eut l'idée de modifier le sens de ses mouve- ments au moven d’un système de transmission très-simple ; il faisait mouvoir le levier en déterminant un mouvement horizontal sur un fil tendu d’un point d'appui au levier. Par ce procédé, il parvint, pen- dant quelque temps, à transmettre les dépêches, mais bientôt ces mêmes mouvements devinrent gênés et occasionnérent des crampes. Donc, une fois l’affection bien déclarée, toute espèce de combinaison tendant à modifer la formedes mouvements permet, pendant quelque temps, de se livrer au même travail, mais souvent la erampe reparaît également dans ces mouvements ayant le même but. De même, pour la crampe des écrivains, il arrive quelqu2fois que le spasme se produit pour la main gauche, lorsque primitivement il n’existait que pour la main droite, et c’est ce qui explique çomment :a plupart des appareils qui ontété préconisés n’offrent pas de grands avantages. Il y a donc des caractères communs pour tous les spasmes fonctionnels, car les mêmes symptômes s'observent également pour la crampe que l'on observe quelquefois chez les violonistes. Cependant, c’est surtout chez les employés du télégraphe que les phénomènes généraux sont ON = plus fréquents et plus considérables, car il y a pour eux une foule de circonstances qui viennent compliquer et aggraver les symptômes lo- caux et périphériques. I ne faut pas oublier, en effet, que les caractères télégraphiques se forment, au moyen d’une combinaison de points et de traits qui exige la contraction et le relâchement intermittent et rapide de toute une série de muscles. Un employé, d’une habileté moyenne, transmet ou recoit, alternativement, environ 7,000 signaux à l'heure, soit, au total, 49,000 signaux par jour, la durée du service étant de sept heures. IL faut encore tenir compte du surcroît de travail et d’irritation nerveuse que causent les discussions et les erreurs qui surviennent inévitable- ment entre les employés du bureau expéditeur et du bureau récep- teur. Sous peine de faire commetire une erreur à celui qui reçoit la dépé- che, les mouvements du manipulateur doivent être cadencés avec une régularité parfaite. En même temps, la transmission doit être marquée du temps d’arrêt d’une durée de convention; celle-ci doit être plus longue entre chaque mot qu’entre chaque lettre d’un même mot, et, entre chaque lettre d’un même mot qu’entre chaque signal d’une même lettre. Ainsi, en prenant pour exemple mon nom, une simple différence de temps d’arrêt peut faire lire : Oteimus, Otomus, Obmus, Onittus, Oteittus. D’après le calcul d’un employé trés-intelligent, qui m’a com- muniqué ces détails, rien que la transmission défectueuse de VE seul, peut tronquer le mot référé de quatre cent quarante-sept manières dif- férentes. Outre la contraction musculaire, la transmission occasionne, par conséquent, en même temps une grande fatigue par la tension d'esprit continuelle qu’elle exige. D’après les renseignements que nous avons obtenus, les symp- tômes généraux seraient, en outre, bien plus fréquents et se produi- raient bien plus rapidement chez la femme que chez l’homme. Ces symptômes se manilestent surtout par des palpitations, des vertiges, de l’insomnie et peut-être un affaiblissement de la vue; les employés anciens et laborieux font, la plupart, usage de lunettes. Dans cette af- fection, comme dans la fatigue cérébrale amenée progressivement par une grande activité du cerveau, il existe à la nuque un sentiment de constriction, quisemble maintenir, comme dans un étau, la partie pos- térieure du crâne. Cette sensation est assez fréquente chez les hommes d’affaires, et M. Brown -Séquard nous a dit qu’elle existait presque cons- tamment chez les Américains rendus malades on surexcités à la suite de grandes préoccupations de commerce ou d'industrie. Elle apparaît surtout lorsqu'on veut forcer les fonctions intellectuelles déjà fatisuées; nous l’avons observé chez plusieurs personnes dans ces conditions. A la surexcitation succède l’abattement, la tristesse et une complète atonie physique et morale. Le sujet perd la mémoire, et on m'a assuré Etre que la folie même peut survenir au bout de quelques années de cet état pathologique. Je ne sais, n'ayant pas vu moi-même de ces cas de folie, et surtout ne sachant pas s’il existe d’autres causes qui, en inême temps, aient pu la provoquer, quelle part il faut attribuer au mal télégraphique; mais pourtant, même à priori, on peut admettre que cette étiologie est possible et probable. La surexcitation cérébrale est, en effet,'des plus grandes chez ces employés; car des personnes étrangères aux études mé- dicales ont été frappées des conditions si nombreuses qui, chez les em- ployés du télégraphe, peuvent amener des troubles pathologiques. Dens son livre si intéressant de Paris, sa vie el ses organes, M. Maxime Ducamp s'exprime ainsi : « La fatigue que cause le travail de manipulation est excessive. L’ap- pareil est desservi par deux agents : l’un reçoit ou expédie la dépêche, l’autre la traduit si elle est arrivée par l’appareil Morse; on la coupe, on la colle sur la feuille de route, si elle est parvenue par l'appareil Hugues. Cela n’a l'air de rien au premier abord ; être assis sur une chaise en présence d’une machine intelligente qui paraît fonctionner d'elle-même, suivre du regard les traits qu’elle dessine ; dérouler len- tement une bande de papier; c’est là tout le travail apparent; mais pour être bien fait, il nécessite une rapidité de main, une fixité de re- gard, une tension d'esprit et souvent même un déploiement de force considérable. Tout l'être participe à la fonction ; un instant d’inadver- tance peut amener une erreur, il faut savoir les éviter. Il n’y a pas une seconde de repos, tous les nerfs sont tendus et surexcités ; la diversité même des dépêches qui se succèdent sans relâche amène une lassitude de plus : affaires de famille, tripotages de bourse, opérations commer- ciales, nouvelles politiques, lettres chiffrées, langues anglaise, française, italienne, espagnole, hollandaise, allemande arrivent l’une après l’au- tre, comme les battements d’une pendule, régulièrement et infatiga- blement dans l’espace du même quart d'heure. A cela il faut ajouter le bruit ininterrompu des appareils, bruit nerveux, saccadé, presque aigre, tant il est sec, et qui, à force de se reproduire sans discontinuité, finit par ébranler les natures les plus vigoureuses. « Di jamais on arrive à écrire l’histoire des maladies spéciales à cha- que corps de métier, je suis persuadé que le télégraphe électrique four- pira un contingent remarquable et tout à fait particulier. » A côté des faits pathologiques proprement dits, et qui sont variés, comme nous venons de le voir, la transrnission des dépêches offre en- core des particularités très-curieuses et qui rentrent dans les mouve- ments réflexes se produisant par habitude, et d’une façon tout à fait inconsciente. La main n’obéit pas toujours aux déterminations de la volonté. Souvent même un mot mal lu est transmis correctement. D'un autre côté, un employé dont la transmission est lente naturellement, ne s’interrompt pas toujours lorsqu'il vient à sommeiller ; dans ce cas, il transmet à son correspondant les pensées qui accompagnent ce demi- LUE 2 rêve, car il continue à faire marcher le levier avec sa main et à expé- dier des dépêches. Enfin, à côté du spasme et de la raideur musculaire, il existe quel- quefois des symptômes tout à fait opposés, car la main va plus vite que la volonté, et se livre à une série de mouvements coordonnés et déchiffrables, mais trop rapides. C’est surtout après quelque temps de manipulation que ces phénomènes peuvent se produire; normale- ment, d’ailleurs, ce n’est qu'après une heure de travail que la manipu- lation atteint son maximum de vitesse. TUBERCULOSE DES GANGLIONS LYMPHATIQUES; par M. V. Corn. Les lésions observées dans la tuberculose des ganglions lymphati- ques diffèrent essentiellement de celles dont nous avons entretenu la Société à propos des ganglions scrofuleux. Ce n’est pas à dire pour cela que les altérations du début, dénotant un degré plus ou moins élevé de l’inflammation, ne s’observent dans les deux cas comme à l’origine de presque toutes les modifications anatomiques, ni que la dégéné- rescence ultime, l’état caséeux ne soient les mêmes dans les ganglions strumeux et tuberculeux. Il est certain qu'en voyant, par exemple, une de ces glandes qu’on trouve fréquemment convertie en une coque fibreuse, remplie de pus desséché, crétacé, crayeux ou semi-liquide, on ne saura si l’on a affaire à la scrofule, ou à la tuberculose ou à tout au- tre processus inflammatoire chronique et éteint. Mais si les ganglions strumeux et tuberculeux ont finalement un air de parenté, la période d'état des lésions dont ils sont les uns et les autres le siége, est absolu- ment distincte. Nous avons vu que la lésion des ganglions scrofuleux à sa période d'état consiste essentiellement : 19 dans une transformation de la substance réticulée, dont les fibrilles sont tuméfiées et comme œdéma- teuses, pendant que les cellules lymphatiques encloses dans le réticu- lum sont trés-grosses et possèdent un gros noyau ovoïde entouré d’un protoplasma tuméfié et granuleux ; 2° dans une formation nouvelle de tissu fibreux embryonnaire dans les cloisons qui parcourent la glande, Il en résulte que tout le ganglion scrofuleux, à sa période d'état, est transformé en petits îlots sphériques du tissu réticulé, entourés de bandes épaisses de tissu fibreux. Les sinus périfolliculaires et les ca- naux lymphatiques du ganglion ne se retrouvent plus. A un stade plus avancé les îlots s'unissent et leurs cellules deviennent de plus en plus grenues, puis caséeuses, tandis que les travées de tissu fibreux qui les entourent forment une coque de plus en plus épaisse et fibreuse. Dans les ganglions tuberculeux, il y a toujours, au début, une in- flammation portant sur le contenu des sinus périfolliculaires qui sont très-dilatés, ainsi que nous l'avons déjà vu à propos de l'inflammation des ganglions et en particulier à propos de l’inflammation chronique des ganglions dans la syphilis. Pour bien voir ces lésiuns inflamma- toires, nous avons injecté des ganglions tuberculeux avec une solution 2 07 au 4/100 d'acide osmique mêlé à partie égale d'alcool à 409, puis fait dureir dans la somme et dans l'alcool. Sur les préparations obtenues à l’aide de sections minces sur ces ganglions, on peut observer les espaces périfolliculaires très-dilatés remplis de grosses cellules à noyaux multi- ples. Ces cellules contiennent dans leur protoplasma des globules rou- ges. Il y a aussi des globules rouges libres dans ces espaces. D’autres fois, les globules rouges font défaut et les sinus sontiremplis de grandes cellules endothéliales gonflées et desquamées et de cellules lympha- tiques tuméfiées. Les vaisseaux sanguins de ces ganglions sont presque toujours dila- tés par les globules rouges, aussi bien les petites artères et les capillai- res du tissu réticulé fin, que les vaisseaux qui rampent dans les tractus fibreux qui sillonnent le ganglion en dehors des sinus périfolliculaires. Cette distension des vaisseaux s’accompagne souvent de diapédèse des globules rouges, de telle sorte que ces éléments se rencontrent à l’état de liberté dans les sinus périfolliculaires et quelquefois aussi dans le tissu réticulé fin des follicules. Cette inflammation aiguë intense et cette congestion qui s’observent au début de la tuberculose ganglionnaire, accompagnent aussi les gra- nulations tuberculeuses lorsqu'elles sont nombreuses et bien visibles à l'œil nu. Sur des coupes des parties ainsi enflammées on voit, par exemple, un follicule de tissu réticulé fin, présentant à son centre un ou plusieurs vaisseaux sanguins distendus, de diamètre considérable, bien que la paroi des vaisseaux soit mince et caractéristique de petites artères ou de capillaires. Autour de cet îlot réticulé dont les vaisseaux sont remplis de globules rouges, règne le sinus périfolliculaire rempli de grandes cellules et très-large. Après l’action du pinceau, ce sinus montre les tractus qui unissent sa paroi externe avec sa paroi interne qui confine au tissu réticulé. Les examens que nous avons faits des ganglions tuberculeux ont porté sur les glandes mésentériques et sur les glandes bronchiques. Ces dernières, en même temps qu’elles sont souvent le siége de granula- tions dans la tuberculose, sont habituellement, chez l’adulte, grosses, in- duréeset ardoiïsées. Le dépôt de pigment qui existe presque constamment chez les adultes et qui provient du pigment noir ou de la fumée, ou de poussière, formés ou introduits dans les voies aériennes, a déterminé peu à peu une adéñnite interstitielle sur laquelle nous n’avons pas à in- sister ici et qui est bien connue. Cette modification, qu’on peut consi- dérer comme physiologique, masque les troubles dus à la tuberculose. Les ganglions mésentériques sont les plus favorables à l’étude des tu- bercules. Lorsque, des ulcérations tuberculeuses intestinales, on peut suivre les lymphatiques enflammés et tuberculeux eux-mêmes qui se rendent à un ganglion, on peut être assuré que ce ganglion est lui- même atteint, même s’il est petit et si la lésion n’est pas très-manifeste à l'œil nu. Les voies lymphatiques et les sinus périfolliculaires sont toujours remplis de grandes cellules dans ce cas, ct il y a de plus des granulations tuberculeuses. c. R. 1878. 13 EDS EE L’apparence à l'œil nu des ganglions tuberculeux est variable aussi bien que leur volume. is sont tantôt gris et infiltrés d’un suc lactes- cent, ce qui à lieu lorsque les voies Jymphatiques sont remplies de cel- lules volumineuses ; tantôt leur surface de section est rouse, laissant suinter lorsqu'on la racle un liquide puriforme mêlé à du sang; dans ces deux cas, on observe le plus souvent, à l'œil nu, des points des gan- glions qui sont plus cohérents, semi-transparents ou gris et un peu opaques à leur centre et qui donnent l'aspect de granulations tubercu- leuses miliaires. Dans d’autres ganglions, les nodules qui sont visibles à une légère saillie hémisphérique à la surface du ganglion, sous la capsule, sont assez rapprochés les uns des autres et forment par leur confluence des agolomérats tuberculeux dont le centre est opaque et jaunâtre. Ces petits îlots visibles à l'œil nu, étudiés sur des sections minces, ne différent du tissu réticulé fin dans lequel ils siégent que par une co- hérence plus grande des cellules lymphatiques et du réticulum, de telle sorte qu’il est difficile de dire à l'examen histolosique seul, si l'on a sous les yeux une granulation tuberculeuse ou le tissu réticulé nor- mal. Cependant, au centre du tubercule, lorsqu'il est déjà en dégéné- rescence, les cellules sont atrophiées et présentent de fines granulations; à sa périphérie on dans sa masse on observe ce que les Allemands ont appelé des cellules géantes et que nous considérons comme des coagu- lations de fibrine englobant des cellules lymphatiques ou endothéliales. coagulations formées dans l’intérieur des vaisseaux. Dans cette communication à la Société de Biologie, nous ayons eu surtout en vue de décrire des lésions spéciales des cellules lymphati- ques qui nous ont paru mal connues et mal interprétées : ce sont des altérations colloïdes de ces cellules et le groupement en flots ou tuber- cules colloïdes de ces éléments. Cette lésion, qui s’observe assez souvent dans la tuberculose ganglionnaire, avec ou sans les granulations dont nous venons de parler, est difficile ou impossible à voir à l'œil nu sur les ganglions frais et elle ne peut qu'être soupçcnnée. Mais sur ces or- ganes durcis après le séjour dans l'alcool ou dans le bichromate d’ammoniaque ou dans le liquide de Muller, puis dans la gomme et l'alcool, lorsqu'on en fait une section, on peut reconnaître à l'œil nu de petits îlots transparents. fes îlots, qui mesurent depuis un vingtième jusqu'à un quart de millimètre, siégent tou- jours au milieu du réticulum fin de la substance des follicules. Ils sont parcourus par des vaisseaux perméables au sang eb contenant des globules rouges. Les plus petits de ces îlots colloïdes sont constitués par un groupe de cellules lymphatiques qui sont devenues transpa- rentes, réfringentes, qui se colorent en rose par le carmin, qui fixent le rouge du picro-carmin et qui ont une assez grande affinité pour toutes les matières colorantes, Leur noyau a disparu. En examinant les plus petits de ces ilots, il semble au premier abord qu'ils soient formés par une messe unique et homogène au milieu de laquelle on voit passer un ou plusieurs capillaires contenant des globules rouges; Ro pue mais quand on appuie sur le verre mince, on les désunit et on ap- précie le bord de chaque cellule. Ces cellules sont plus volumineuses que les cellules lymphatiques. Elles ne ressemblent en rien aux blocs cellulaires des ganglions en dégénérescence amyloïde, car elles ne se colorent pas en brun rouge par "la solution faible d’iode ioduré, et elles ne décomposent pas nettement le violet de Paris, pour fixer la couieur rouse-violet. Daps plusieurs ganglions dans lesquels ces îlots colloïdes étaient assez gros, mesurant 1/5 ou 1/4 ou 1/3 de millimètre, nous avons pu observer les différentes formes sous lesquelles ils se présentent. Exa-. minés sur des coupes aprés durcissement complet, ils sont tantôt plus ou moins régulhérement circulaires, tantôt ovoïdes ou un peu allonsés. A leur centre, on voyait presque toujours, dans un de nos ganglions, un vaisseau, petite artère ou capillaire, considérablement élargi, rempli de globules rouges. Autour de ce vaisseau central, des globules rouges et des cellules lymphatiques formaient un cercle en dehors duquel était une zone transparente occupant tout le reste de l’ilot. Sur d’autres coupes, au lieu du vaisseau, on trouvait au centre une accumulation de ezllules lymphatiques et de globules rouges. La partie transparente de l’ilot montrait les fibrilles du réticeulum séparées par des cellules colloïdes dont les bords étaient mal accusés, et dont le protoplasma modifié et clair ne présentait pas de noyaux. Aussi en résultait-il l’apparence d'une masse homogène, uniformé- ment colorée, parcourue par les fibrilles très-minces du réticulum. Ce réticulum se continuait avec la paroi de capillaires située dans la par- tie colluïde ou à sa périphérie. Dans ce ganglion, les cellules devenues colloïdes étaient plutôt atrophiées qu'hypertrophiées. Dans un autre ganglion, où la congestion était moindre, il n’y avait pas, au centre des îlots, de cellules lymphatiques ni de vaisseaux dila- tés ; il n’y avait pas de diapédèse de globules rouges et blancs autour du vaisseau du centre des îlots, comme cela avait lieu dans le fait précédent. Les îlots colloïdes, très-rombreux, étaient formés aussi par des cellules colloïdes petites, séparées par le réticulum très-mince, et le tout consttuait une masse homogène parcourue par un réseau de vaisseaux capillaires contenant de distance en distance des globules rouges ou des globules blancs. La paroi de ces capillaires et leurs cel-- lules endothéliales n’étaient pas altérés. La tendance qu'offrent les tissus envabis par la tuberculose à mon- trer des dégénérescences colloïdes de Jeurs éléments n’est assurément pas spéciale aux ganglions, et on peut trouver des lésions analogues dans le poumon. Nous ne croyons pas qu’on ait décrit ces lésions dans les ganglions en précisant, comme nous venons de le faire, le siége, la nature des lésions alimentaires, la disposition de ces îlots colloïdes et leur rapport avec les vaisseaux sanguins. À en juger par les dessins absolument schématiques que M. Schup- pel donne des tubercules des ganglions, il me paraît certain qu'il a vu — 100 — ces îlots colloïdes, mais sa description n’a aucune espèce de rapport avec celle que je viens d’en donner. En outre de cette altération colloïde, on observe très-souvent dans les ganglions atteints de tuberculose ancienne, des tractus ou des îlots de tissu fibreux fasciculé parcourus par des vaisseaux perméables au sang. Dans la tuberculose chronique du poumon avec prédominance de a pneumonie interstitielle et des îlots fibreux, on trouve aussi des tuber- cules fibreux parcourus aussi par des vaisseaux perméables au sang. La modification colloïde des cellules, donton ne connaît pas la nature chimique, coïncide, dans nos observations, avec un ralentissement ou une insuffisance de la circulation sanguine. Là, en effet, où les vais- seaux du centre des îlots colloïdes sont distendus, surtout lorsqu'il y a épanchement autour du vaisseau de globules blancs et de globules rouges, la circulation est à peu prés arrêtée dans les vaisseaux. Les vaisseaux sont remplis et distendus, mais les globules y sont station- naires. De plus, autour de ces îlots, il y avait souvent des granula- tions tuberculeuses un peu opaques à leur centre, dans lesquelles la cir- culation était absolument arrêtée, et dont les vaisseaux présentaient les coagula appelés cellules géantes. — M. Banaz présente à la Société des pièces provenant d’un ma- lade atteint de péricardite tuberculeuse. L’examen histolosique de ces pièces sera fait et le résultat en sera communiqué à la Société de Biologie. Séance du 16 mars 1878. SUR LES TUBERCULES DES SÉREUSES ET CE QU'ON APFELLE LES CELLULES GÉANTES; par M. V. Cornir. Je demande à la Société de revenir sur une communication verbale qui lui aété faite à la fin de la dernière séance par M. Merklen, interne de M. Empis, à l'hôpital de la Charité, et de compléter l'examen histolo- gique qui a été fait au laboratoire de la Charité. A ce propos, j'ajou- terai des données générales concernant l'étude histologique de la tu- berculose des séreuses en général. Il s'agissait, dans l’observation de M. Merklen, d’une péricardite tu- berculeuse ; les deux feuillets du péricarde étaient considérablement épaissis, ayant environ 2 millimètres d'épaisseur; à la surface libre du péricarde, il y avait une couche irrégulière et semi-transparente de fibrine qui faisait corps avec la séreuse épaissie. Celle-ci était semi- transparente avec des parties un peu opaques, mais on ne voyait pas de véritables granulations sous forme de grains durs et nettement cir- conserits; c'était un tissu embryonnaire parcouru par des vaisseaux avec de petits îlots ou traînées opaques-légérement jaunâtres parfois, — 101 comme cela s’observe dans la tuberculose rapide et en masse des séreuses. Pour étudier cette péricardite, nous avons fait dans plusieurs points de l'épaisseur du péricarde altéré des injections interstitielles d’un mélange d’acide osmique au 1005, et d’alcoo!l à 40°. J'ai enlevé, avec un rasoir, des tranches assez minces des parties injectées qui ont été examinés ensuite aprés un séjour d’une ou deux heures dans l'alcool au tiers, suivant le procédé de M. Ranvier. Ces coupes dissociées ou simplement agitées dans une goutte d'alcool au tiers, sur une lame de verre, laissent échapper dans le liquide des éléments qui le troublent : on enlève la partie fibrillaire de la coupe, on ajoute une goutte de picro-carmin, et on recouvre d’une lamelle. On a ainsi, à l’état d’isolement une grande quantité de cellules et un assez grand nombre des grands éléments appelés « cellules géantes ». La forme et la grosseur de ces éléments sont extrêmement variables; ils ont, dans leur ensemble, un diamètre qui varie depuis 20 y jusqu’à 100 et 200 y, et alors ils sont visibles à l’œil nu; leur forme est tantôt ovoïde, tantôt elle se rapproche d’un sphéroïde; d’autres fois elle est allongée en forme de cylindre ou irrégulière. Ils présentent à peu près constamment une grande quantité de prolongements terminés en pointe ou par une extrémité mousse; l'extrémité d’un de ces prolon- gements est souvent bifurquée. On compte de 8 à 4 et jusqu’à 20 ou 30 de ces prolongements dans un seul élément. Ces prolongements sont grêles, mais ils peuvent atteindre une assez grande longueur, 20, 30, 40 ou 50 y. Ce sont les plus gros éléments qui présentent d’habitude le plus grand nombre de prolongements. Quelquefois on trouve à l’ex- trémité de l’un des axes de l’élément un gros prolongement unique. Nous avons rencontré, assez rarement, il est vrai, de ces gros éléments sans prolonsements, et présentant à leur périphérie une couche homo- gène semi-transparente. Il est bon d’étudier la composition de la substance fondamentale de ces « cellules géantes » avant l’addition de matière colorante. Elle est homogène et contient des granulations trés-fines. Les granulations se colorent avec l’acide osmique et leur bord devient noir. Ces granula- tions existent aussi dans les prolongements, jusqu'au bout des prolon- gements qui ne sont pas terminés par une pointe trés-effilée. Par l’ad- dition d’une gouttelette d'acide acétique entre les deux lames de verre, on voit les prolongements, puis la masse tout entière de la « cellule géante » se gonfle, s’éclaircir ; les granulations s’effacent, puis tout est tellement pâle, qu'on ne distingue plus que les noyaux. Lorsqu'on traite par le picro-carmin les « cellules géantes » disso- ciées par l'alcool au tiers, les nombreux noyaux ovoïdes et clairs qu'elles contiennent sont colorés en rouge, tandis que la substance granuleuse et les prolongements se colorent en jaune orangé. Il en ré- sulte que, sur une section, on les reconnaît de suite, même avec un faible grossissement, en raison de leur couleur jaune orangée. Les noyaux sont toujours ovoides ou bourgeonnants, plus ou moins — 102 — allongés, quelquefois très- minces. Leur forme en bissac, leurs bour- geonnements indiquent une nutrition active et une tendance à se di- viser. Le siége des noyaux est habituellement la surface de l'élément. Ainsi, lorsqu'on examine l’un d’eux avec un fort objectif à orand angle d'ouverture, on voit d’abord une couche de noyaux qui tapissent sa face supérieure, puis, en abaiïssant l'objectif, la couche de noyaux qui se trouve sur la face inférieure. Le nombre des noyaux est en rapport avec la grosseur de l'élément : on en compte, par conséquent, un nombre très-variable de 2, 3, 4, jusqu’à 25 ou 30 ou davantage. En même temps que les « cellules géantes » dont nous venons de donner une description suceincte, on trouve, dans la souttelette de liquide provenant de la dissociation dans l'alcool au tiers d’un frag- ment de la séreuse tuberculisée, des cellules lymphatiques et des cellules plates. Celles-ci ont souvent des prolongements en pointe, plus ou moins longs; elles possèdent toujours un noyau ovoïde, et quel- quefois un noyau en bissac ou deux noyaux. Les préparations du péricarde tuberculeux, obtenues par des sec- tions minces de la pièce durcie dans la gomme et l'alcool, per- mettent de voir en place les éléments que nous venons d'étudier à l’état d'isolement. Sur les sections qui comprennent toute l'épaisseur du péri- carde pariétal, on distingue bien la couche de fibrine superficielle et la couche é#naisse de tissu embryonnaire parcouru par des vaisseaux dont la plupart sont distendus par du sang. Il n’y a pas, dans ce péri- carde, de foyers caséeux, parce que la maladie a marché avec une très- grande rapidité, mais on peut bien étudier les oblitérations de cer- tains vaisseaux et les « cellules géantes » en place. Ainsi, sur des préparations faites par M. Merklen, nous avons vu des vaisseaux capillaires três-dilatés, qu’on observait suivant une certaine longueur, et dans lesquels une coagulation fibrineuse allongée et assez épaisse, srenue, colorée en jaune par le picro-carmin, adhérait par la plus grande partie de sa surface à la paroi interne du vaisseau. Sur cette coagulation, étaient disposées quelques cellules lymyphatiques et des cellules endothéliales. La paroi du vaisseau capillaire était bien nette et montrait partout des cellules endothéliales en place. Au-des- sus et au-dessous de cette coagulation la lumière du vaisseau était remplie de cellules lymphatiques. Autour du vaisseau lui-même, le tissu conjonctif ambiant montrait beaucoup de cellules lymphatiques Dans d’autres vaisseaux, la lumière vasculaire présentait au-dessus et au-dessous du coagulum des globules rouges. . Dans beaucoup d’autres points de la préparation, on voyait une «cel- lule géante » avec ses prolongements, entourée aussi de cellules endo- théliales gonflées ou en prolifération, mais la paroi vasculaire n’était plus aussi nette que dans le cas précédent, parce qu’elle était plus alté- rée par la présence de nombreuses petites cellules lymphatiques infil- trées tout autour d'elie. Cependant, la forme de la section était bien celle d’un vaisseau dilaté et rempli. Aïlleurs, on avait affaire à une — 103 — « cellule géante » plus volumineuse ou à un groupe de « cellules géan- tes » entourées de cellules endothéliales. Dans cette séreuse, le plus grand nombre des vaisseaux oblitérés et des « cellules géantes » s’ohservait à la partie profonde, mais il y en avait aussi une couche à l'union du tissu embryonnaire avec les lames de fibrine. Celles-ci étaient granuleuses, et le tissu embryonnaire et les « cellules géantes » les pénétraient irrégulièrement, de telle sorte que la limite du tissu embryonnaire et de la couche de fibrine était loin d’être bien accusée. | J'ai eu l'occasion d’examiner, en 1874, des cas de pachyméningites dans le mal vertébral de Pott. J'avais vu alors des oblitérations vascu- laires et des nids de grands éléments à prolongements multiples, au milieu de cellules endothéliales gonflées, et je les avais considérés comme des inflammations chroniques de vaisseaux lymphatiques. Les dessins que je présente à la Société et qui remontent à cette époque, aussi bien que les préparations que j'ai conservées, sont semblables à ce que nous présente le péricarde tuberculeux dont il est question ici. Il est certain qu’il s’agit de faits absolument identiques. Il me paraît difficile, aujourd’hui, de faire mtervenir dans les lésions tuberculeuses du péricarde et dans la pachyméningite de même nature une participa tion des vaisseaux lymphatiques, d'autant plus que les vaisseaux lym- phatiques de la dure-mêre ne sont pas connus à l’état normal. C'est, tout au moins, une question à réserver. Nous devons nous demander ce que sont les « cellules géantes » dont l’importance, dans l'étude de la tuberculose, s’est accentuée depuis plusieurs années, et d’où elles viennent. Pour se rendre compte de leur origine, il convient d'examiner des cas plus simples qu'une tuberculose en masse du péricarde, par exem- ple les tubercules isolés de la pie-mére cérébrale et du péritoine. Les tubercules de la pie-mêre sont constitués par de petits grains ou par un tissu embryonnaire qui se développent toujours autour des vaisseaux sanguins. Il suffit, pour bien les voir, d’agiter la membrane sous l’eau, et les vaisseaux s’isolent avec leur gaîne tuberculeuse, Leur paroi, leur gaîne lymphatique et le tissu cellulaire voisin sont infiltrés de petites cellules lymphatiques. Au centre des petites granulations ainsi constituées, la lumière du vaisseau est toujours remplie par un coagu- lum de fibrine et, chose assez remarquable et facile à vérifier sur de pa- reils vaisseaux isolés, la lumière du vaisseau est toujours dilatée et renflée au point où elle est obstruce par ce coagulum. J'ai eu l’occasion d'examiner un grand nombre de préparations très- minces de la pie-mére tuberculeuse après le durcissement dans le li- quide de Muiler, la gomme et l’alcool. Voici ce qu'on voit sur ces pré- parations, qui comprennent, par exemple, une pie-mére tuberculeuse, limitée au fond d’une scissure cérébrale par deux circonvolutions : les artérioles coupées en travers offrent une endartérite très-nette ; en un (104 — point ou sur tout le contour interne de leur paroi, il y a une végéta- tion du tissu conjonctif et de l’endothélium. Au niveau de l’endartérite dans un segment de lumière vasculaire on remplissant toute cette lu- mière, on ne une coagulation, soit de fibrine fibrillaire, soit de fibrine granuleuse englobant à sa périphérie des cellules lymphatiques ou endothéliales. Ces fibrilles sont colorées plus ou moins fortement par le carmin. Souvent on voit, par exemple, le long de la paroi interne d’une artériole ou d’un vésicule, une coagulation granuleuse ou réfrin- gente homocène, se colorant fortement en rouge par le picro-carmin, occupant une grande partie de la lumière du vaisseau, et enserrant dans les anfractuosités de sa surface des cellules lymphatiques. Les ca- pillaires, remplis, soit de fibrine granuleuse, soit de cellules lympha- tiques ou endothéliales, possèdent toujours leur paroi bien nette et re- connaissable. Autour de la plupart des vaisseaux sanguins, la paroi est infiltrée de petites cellules, les gaînes lymphatiques sont remplies de cellules lym- phatiques, et les mailles du tissu conjonctif de la pie-mère présentent, autour des vaisseaux ainsi altérés, un réticulum fibrineux très-élégant et des cellules lymphatiques incluses. Les portions plus anciennement altérées, et dans lesquelles les cellules sont fortement colorées par le carmin, plus grenues, caséeuses, laissant toujours reconnaître, sur les sections minces, les vaisseaux complétement oblitérés. Là, le tissu ca- séifié est seulement plus compact et homogène. Mais nulle part on ne voit, en dehors des vaisseaux, rien qui puisse rappeler les « cellules géantes ». Le processus de la formation des « cellules géantes » se passe entièrement, pour ce qui concerne la pie-mêre tuberculeuse, dans l’intérieur des lumières vasculaires. Prenons un autre exemple, celui des tubercules miliaires très-fins, à peine visibles à l’œil nu, qu'on observe dans le péritoine, à la surface du mésentère. Sur des pièces convenablement durcies, lorsqu'une section perpendiculaire à la surface du péritoine passe au milieu d’une granula- tion très-fine, on reconnaît à son centre un petit vaisseau ou un capillaire dont la paroi est bien conservée. La lumière de ce vaisseau est plus ou moins remplie par un coagulum de fibrine grenue, se colorant forte- ment par le carmin, ayant englobé des cellules lymphatiques; sa paroi est infiltrée de cellules ainsi que le tissu conjonctif voisin. Là, les cellules plates situées entre les faisceaux de fibres du tissu con- jonctif sont tuméfiées. Si on a affaire à une petite artériole ou à une veinule, on observe une végétation inflammatoire de la paroi interne. C’est là, dans cet ensemble de lésions inflammatoires qui se passent au centre et dans la paroi du vaisseau, aussi bien qu’autour de lui que réside la lésion rudimentaire du tubercule. Sur des tubercules un peu plus gros de la même séreuse on pourra voir la coupe de deux ou trois petits vaisseaux altérés de la même façon et l’ensemble cousti- tuera un tubercule. Autour de lui le tissu conjonctif de la séreuse est à peu près normal, sauf une distension considérable de ses vaisseaux par des globules rouges ; car c’est un fait absolument général que cette — 105 — dilatation vasculaire et cette congestion autour des tubercules à leur début. Il nous semble que les faits précédents éclairent suffisamment l’ori- gine intravasculaire des « cellules géantes » et qu'on peut les conce- voir comme ayant pour point de départ l’inflammation spéciale d’un vaisseau dans un point limité et la coagulation de la fibrine. L’accu- mulation des globules blancs et de quelques globules rouges, l'union et l’enslobement dans une masse de plasma-fibrineux des cellules Ivmpha- tiques dont le noyau s’hypertrophie, devient ovoïde et prolifère, la tu- méfaction des cellules endothéliales, tels seraient les phénomènes ob- servés à l’intérieur des vaisseaux. La « cellule géante » aurait pour origine la coagulation d’un plasma fibrineux, dans lequel les cellules lymphatiques auraient été englobées et confondues et auraient proliferé, et d’une façon extraordinaire. L’infiltration et le ramollissement de la paroi vasculaire qui finit par n'être plus reconnaissable, l’inflammatieon du tissu conjonctif voisin où affluent les sucs nutritifs, permettent une activité de nutrition considérable, mais de peu de durée, aux cellules qui se trouvent au centre des petits îlots tuberculeux. Nous croyons pou- voir considérer les nids de cellules géantes et de cellules tuméfiées comme représentant un vaisseau dont la paroi et le contenu sont mo- difiés par l’inflammation spéciale de la tuberculose. M. Marassez: J'ai également eu l’occasion d'étudier les cellules géantes des tubercules; j'ai vu les préparations et les dessins de M. Cor- nil; nous avons exactement observé les mêmes faits. Mais, tout en ayant le plus vif désir d’être d'accord avec un maitre et un ami, je ne puis admettre ses explications; je ne puis admettre que les cellules géantes ne soient que des oblitérations vasculaires plus où moins mo- difiées. Il existe bien des oblitérations vasculaires, dans les tubercules, mais leurs caractères sont si différents de ceux des cellules géantes qu'il me semble impossible de supposer entre elles la filiation admise par M. Cornil et par bien d’autres encore. 19 Dans les oblitérations, le nombre des coupes des vaisseaux oblité- rés est toujours peu considérable, et nécessairement en rapport avec la richesse vasculaire de la région. — Les cellules géantes sont parfois peu nombreuses en un point donné; mais souvent aussi, on en rencontre en très-srand nombre, de volume très-variable, et si rapprochées qu’elles se touchent presque les unes les autres. Comment admettre alors que ce sont là autant de vaisseaux oblitérés? il faudrait donc supposer qu’il s’est fait là, au préalable, un véritable angiome! 29 Dans les oblitérations, la forme de la masse oblitérante rappelle celle du vaisseau oblitéré dont elle est un véritable moule. — Les cel- lules géantes peuvent bien sur des coupes paraître assez régulièrement circulaires à la façon d’un vaisseau; mais, lorsqu'elles sont dissocices avec soin, ainsi que l’a fait M. Cornil, elles présentent des prolange- ments nombreux et si irréguliers qu’il est impossible de les rapporter à aucune ramification vasculaire connue, il n’est pas d'injection qui puisse donner de pareilles figures, c. R. 1878. 14 — 106 — 3° Dans les oblitérations, le volume des vaisseaux peut être dilaté, mais cette dilatation ne dépasse pas certaines limites. — Les cellules géantes, elles, peuvent avoir le volume des vaisseaux de la régionet, la plupart du temps, elles le dépassent singulièrement; cela est frappant dans l'é- piploon par exemple. 49 Dans les oblitérations, tantôt l’on constate un réticulum fibrineux au milieu duquel on retrouve des globules sanguins plus ou moins al- térés ; tantôt une masse granuleuse au centre de laquelle on ne distin- gue plus rien de net. — Dans les cellules géantes, jamais on n’observe de réticulum fibrineux, jamais on n’y rencontre d'éléments en voie de dégénérescence. Les protoplasma granuleux est en général assez réfrin- gent, les noyaux sont ovoïdes Le plus souvent, et ne ressemblent en rien aux noyaux de globules blancs : ce sont des éléments parfaitement vi- vants. 9° Dans les oblitérations vasculaires enfin, on retrouve toujours, en dehors, les parois vasculaires, surtout si le vaisseau oblitéré est volu- mineux.—Autour des cellules géantes, même des plus grandes, on n’ob- serve rien de pareil; et, cependant, si elles n'étaient que de simples oblitérations, elles auraient dû appartenir à des vaisseaux d’un volume assez considérable pour que leurs parois fussent reconnaissables. Pour toutes ces raisons, les cellules géantes des tubercules ne pa- raissent pas devoir être regardées comme des oblitérations vasculaires. Que sont-elles donc ? Si nous sortons du domaine particulier de la tuberculose, nous pour- rons trouver des cas où la réponse est possible. Tel est celui que j'ai communiqué, avec M. le docteur Monod, à la Société de Biologie, il y a un an. Cliniquement, c'était un cancer hématoïde généralisé ; histolo- giquement, c'était un sarcomce à cellules géantes semblables à celles du tubercule, nous en avons vu qui présentaient des prolongements en pointe, des vacuoles, voire même des vacuoles remplies de globules rouges, qui présentaient, en un mot, tous les caractères des cellules vaso-formatives de M. Ranvier ; elles n’en différaient que par leur plus grande irrégularité et leurs plus grandes dimensions. Pour plus de cer- titude, nous avons soumis nos préparations à M. Ranvier, et il est tombé d’accord avec nous, à savoir que ces mycloplaxes, que ces cel- lules géantes n'étaient que des cellules vaso-formatives pathologiques. Et c’est pourquoi, M. Monod et moi, nous avons proposé d’appeler cette tumeur un sarcome angioplastique. Et ce n’est pas là un fait isolé: j’ai pu, avec le concours de plusieurs personnes du laboratoire d’histologie du Collége de France, de M. Cham- bard entre autres, retrouver ces mêmes éléments, dans un grand nom- bre de néoformations. Souvent, leurs caractères d'éléments vaso-forma- teurs sont plus nets ; mais parfois aussi, dans les épulis par exemple, ils sont assez tranchés pour ne pouvoir être méconnus. Je pourrais en- fin rappeler les quelques travaux antérieurs faits sur ce sujet et tout particulièrement celui de Brodousski. (Arc. Vircaow., t. 63, p. 113:) Comme on le voit, il est des cellules géantes qui sont manifeste- — 107 — ment des cellules vaso-formatives ou angio-plastiques. Reste à savoir si toutes les cellules géantes sont de cette espèce. Je ne le crois pas. J'ai rencontré, par exemple, dans un certain nombre de tumeurs kysti- ques, au milieu de cellules qui tapissaient les cavités, cellules mani- festement épithéliales, des cellules se rapprochant beaucoup par leur aspect des cellules géantes : Protoplasma granuleux réfringent, noyaux multiples; mais pas ou peu de prolongements et jamais de globules rouges à leur intérieur. M. Grancher me paraît avoir décrit des éléments semblables dans l’intérieur d’alvéoles de poumons tuberculeux. D'après cela, les éléments que l’on désigne actuellement sous le nom de cellules géantes ne seraient pas toutes des cellules vaso-formatives ; elles ne devraient donc pas être considérées comme une forme spéciale à un élément particulier en voie d'évolution ; mais plutôt comme une forme commune à un cértain nombre d'espèces différentes d'éléments anatomiques en voie de développement normal ou pathologique. Revenons maintenant aux cellules géantes des tubercules. Ici, je l’a- voucrai franchement, les faits qu’il m’a été donné d'observer jusqu’à présent ne m'ont pas encore permis de me faire une conviction solide- ment établie; et j’en suis réduit à de simples conjectures. Les ressem- blances qui existent entre les cellules géantes des tubercules et celles de certaines tumeurs où elles sont manifestement vaso-formatrives, pourraient, en effet, faire supposer que les cellules géantes des tuber- cules sont bien de même nature. M. Charcot qui a fait dans ces derniers temps une étude approfondie de la tuberculose, professe cette opinion, je crois. Dans cette hypothèse, la dégénérescence centrale des tuber- cules ne s ‘expliquerait plus que par le fait de l’oblitération vasculaire; elle serait due à la non-transformation des cellules vaso-formatives en vaisseaux; en effet, les vaisseaux ne se développant pas dans les gra- nulations, les éléments quiles composent ne pourraient recevoir le sang nécessaire à leur nutrition et mourraient, Maus, je Le répète, ce n’est là qu’une hypothèse. En résumé, les celluies géantes, que l’on trouve dans les tubercules, ne seraient pas, à mon avis, des coupes de vaisseaux oblitérés ; ce se- raient très-probablement des éléments arrêtés dans leur développement, peut-être des cellules vaso-formatives. M. Corwi répond, en ce qui concerne la grosseur des cellules géantes que les vaisseaux des parties a deviennent tuberculeuses sont dilatés, surtout les capillaires, et remplis par le sang, de façon à acquérir un diamètre considérable ; la masse de la partie one peut, par suite, être trés-grosse ; et le nombre des coagulas n’a rien non plus de sur- prenant ; d’ailleurs on a décrit aussi sous le nom de petites cellules géantes, des cellules endothéliales tuméfiées et en prolifération. Leur forme est loin de rappeler toujours une coagulation intravasculaire. Il faut, en eff2t, tenir compte de la ni que M. Cornil vient de donner : à un moment de l’évolution de la lésion tuberculeuse, la paroi vasculaire et le tissu conjonctif voisin, infiltrés de petites cellules, se — 108 — confondent, et la paroi vasculaire n’est plus reconnaissable. Le contenu primitif n’a plus alors la forme du moule vasculaire. La mortification ou, pour mieux dire, l'arrêt du développement de la néoplasie se comprend admirablement, si l’on réfléchit à ce fait que la circulation sanguine ne s’y fait plus. M. Cornil n’a eu en vue, aujourd’hui, que les tubercules et non les tumeurs et parties normales (sarcome, lupus, moelle des os) où l’on a observé des cellules angioplastiques, ete. M. DumonrPazzter demande à M. Cornil s’il existe une différence histolosique bien définie entre les productions inflammatoires qui pren- nent sur les séreuses l’aspect de dépôts tuberculeux et les produits tu- berculeux dont M. Cornil vient de donner la description. En d’autres termes, des dépôts inflammatoires de formes -variées, ayant pour siége les séreuses, peuvent-ils offrir une structure identique à la structure des dépôts tuberculeux proprement dit ? Peut-on aujourd’hui définir le tubercule ? M. Corxiz répond qu’il estimpossible, aujourd’hui, de concevoir par- tout le tubercule comme étant formé par de petites tumeurs. L’exa- men et la discussion de cette question l’entraînerait trop loin ; mais Ja réunion de tubercules, le siéce de la lésion le long des conduits et sur- tout des vaisseaux, le tissu inflammatoire et les exsudats fibrineux qui accompagnent les tubercules, donnentsouvent à la lésion un aspect tout différent des granulations. C'était en particulier le cas, dans la péricar- dite tuberculeuse qui a fait le sujet de cette communication. SUR L'ENDOSMOSE DES GAZ A TRAVERS LES POUMONS DÉTACHÉES ; par M. N. GRÉHANT, aide naturaliste au Muséum d'histoire na- turelle. Les expériences d’endosmose des gaz que j'ai décrites dans une pré- cédente communication à la Société de Biologie ont été faites avec des poumons détachés, séparés de la cavité thoracique quelques minutes après la mort de l'animal; j'ai montré que les poumons, introduits d’abord dans une cloche pleine d’eau, puis insufflés légèrement avec de l’air et enveloppés d'acide carbonique ou d'hydrogène, se laissent tra- verser rapidement par ces gaz et se gonflent de plus en plus, de sorte que j'ai pu recueillir, par un tube abducteur fixé à la trachée, un mé- lange d’acide carbonique et d'air ou d'hydrogène et d'air. Au lieu de recueillir les gaz, j'ai répété l'expérience en adaptant à la trachée un manomètre à eau, ct jai pu étudier ainsi les variations de I pression qui démontrent l’existence de l’endosmose; parmi les nom breuses expériences que j'ai faites, je décrirai seulement la suivante : Chez un chien empoisonné par l’oxyde de carbone, j'ai enlevé les poumons aprés avoir ouvert le thorax, et j'ai fixé dans la trachée un tube de verre à extrémité étranglée. Les poumons furent introduits dans une grande cloche, et le tube de verre fixé par un bouchon de caoutchouc dans la tubulure de la cloche reçut un robinet de métal 0 permettant d'ouvrir ou de fermer la trachée; on insuffla de l'air à plu- sieurs reprises dans les poumons pour chasser les gaz qu'ils renfer- maient, puis on injecta dans les poumons affaissés et immergés dans l’eau 250 cc. d’air; on ne vit sortir de la surface des poumons aucune bulle d'air ; aussitôt la cloche fut remplie d’acide carbonique, de sorte que les poumons étaient complétement enveloppés de ce gaz; on injecta au-dessus de l’eau dans la cloche une légère couche d'huile pour s’op- poser à l'absorption de l'acide carbonique par l'eau, eton fixa au ro- binet de la trachée un tube abducteur deux fois recourbé se rendant à un bocal cylindrique plein d’eau recouverte d'huile ; le bocal était fermé par un bouchon de caoutchouc percé de deux trous, dont l’un était traversé par un long tube de verre droit plongeant dans l’eau, servant de tube manométrique; l’autre trou recevait l’extrémité inférieure du tube abducteur. Le robinet de la trachée et le bouchon du manomètre à eau furent enveloppés d’un manchon de caoutchouc plein d’eau, de sorte que le gaz contenu dans les poumons et dans le manomètre ne pouvait s'échapper à cause des fermetures hydrauliques. Au début de l’expérience d’endosmose, la hauteur de la colonne d’eau dans le tube manométrique au-dessus du niveau du réservoir était égale à 17c,5; quatre minutes après, la pression mesurée par cette colonne liquide était égale à 21 centimètres ; six minutes aprés, à 24 centimètres ; les poumons étaient déjà énormes, le niveau de l’eau s’é- levait à vue d’œil dans le tube du manomètre ; huit minutes après le début de l'expérience, la hauteur soulevée est égale à 30 centimètres ; au bout de quinze minutes, cette hauteuratteint le maximum de 54c,5; puis la colonne descend peu à peu ; au bout de vingt-sept minutes, elle ne s'élève plus qu'à 34c,5; au bout de trente-huit minutes, à 300,5; enfin, une heure vingt minutes après le commencement de l’expé- rience, la pression est égale à 19c,5. En représentant ces résultats par une courbe, la ligne des abcisses indiquant les temps et les crdonnées indiquant les hauteurs du mano- métre, on voit quela courbe s'élève rapidement, atteint un maximun puis va en s’abaissant assez lentement; j'appelle l'attention sur ce fait que le sonflement des poumons qui est produit par l’endosmose de l’a- cide carbonique vers l’air ne se maintient pas : le phénomène présente deux phases successives que l’expérience manométrique met parfaite- ment en évidence. En répétant des expériences semblables à celle que je viens de faire connaître, j'ai été conduit à rechercher si des phénomènes analogues peuvent se produire chez l’animal vivant, les poumons étant places ar- tificiellement dans des conäitions favorables à l’endosmose, par l’intro- duction dans la cavité thoracique d’un gaz différent de ceux que ren- ferment les bronches et leurs divisions. “ » s # SUR L ENDOSMOSE DES GAZ A TRAVERS LES POUMONS, CHEZ L'ANIMAL VIVANT, Les poumons, chez l’animal vivant se laissent-ils traverser par les — 4140 — gaz ? Pour répondre à cette question, j'ai fait plusieurs expériences qui ont consisté à établir des fistules thoraciques et à rechercher si l’endosmose des gaz a lieu entre les cavités thoraciques et l'arbre aérien formé par les bronches et par les vésicules pulmonaires. Chez un chien, j’injecte sous la peau du dos un décigramme de chlor- hydrate de morphine dissous dans 10cc d’eau; à la suite de cette in- jection, l'animal respire avec calme, lentement, et se trouve dans des conditions très-favorables pour l’expérimentation. On adapte à l'animal fixé sur une gouttière une muselière de caout- chouc avec laquelle on recouvre complétement les commissures labia= les et les narines, en ayant soin d'appliquer plusieurs bandes annulaires de caoutchouc sur le museau, de telle sorte qu’en soufflant de l'air par le tube de la muselière on fait gonfler fortement les poumons sans que les gaz s’échappent en aucun point. Puis on fait dans la région thoracique droite une petite incision entre deux côtes ; on sépare les fibres des muscles intercostaux et on ouvre la plèvre avec précaution ; par l’ouverture on introduit un tube de verre recourbé à angle droit sur lequel la peau de l'animal est fixée par plusieurs fils. Cette fistule thoracique étant établie, on peut faire communiquer l’intérieur de la cavité thoracique droite avec l’air extérieur ou avec une cloche conte- nant un gaz. On met en communication la cavité thoracique avec une cloche à robinet qui contient un litre d'oxygène, en même temps on fait res- pirer par la muselière un mélange de 1 litre d'hydrogène et de 1 litre d’oxyoëne ; les mouvements respiratoires sont à peu près aussi étendus dans les deux cloches, les mouvements d’ampliation de la poitrine sont très-étendus ; au bout de quatre minutes et demie on ferme les robinets à la fin d’une expiration; la cloche à oxygène qui commu- niquait avec le thorax et qui avait reçu un litre d'oxygène ne eon- tenait plus que 450cc. de gaz. Ce gaz renfermait de l'acide carboni- que qui fut absorbé par la potasse ; on cherche l'hydrogène en faisant détoner 51cc, 3 de gaz avec un excés de gaz de la pile : on mesure une absorption égale à Oce, 3 indiquant Occ, 2 d'hydrogène, ce qui fait dans 100cc de gaz environ Occ, 4 ou 1/250 d'hydrogène,, tandis que . Je mélange gazeux qui a pénétré dans les poumons contenait 54 p. 0/0 d'hydrogène. L'expérience fut répétée une heure plus tard exactement dans les mêmes conditions : on fit respirer un litre d'hydrogène mélangé avec un litre d'oxygène ; en même temps par la fistule thoracique un litre d'oxygène; au bout de cinq minutes que dura l'expérience, la respira- tion ayant été calme et ample, on recueilhit 890cc de gaz dans la cloche thoracique ; ce gaz soumis à l'analyse contenait 3 p. 0/0 d'acide carbonique et Occ,76 p. 0/0 ou 1/131 d'hydrogène. Recherche de ptites quantités d'hydrogène mélées avec de l’oxygène.—Pour donner plus d’exactitude au dosage de l'hydrogène mêlé en si petite quantité avec le gaz oxygéne, j’absorbe en partie ce dernier gaz, afin d'augmenter la proportion relative du gaz combus- — 111 — tible. J'introduis dans une grande éprouvette à parois épaisses 245cc du gaz qui a été respiré par la cavité thoracique ; ce gaz occupe en- viron un tiers de la hauteur de l’éprouvette, les deux tiers sont occu- pés par l’eau ; je fais passer un bâton de phosphore dans l’éprouvette etje la ferme sous l’eau avec un bouchon de caoutchouc portant un robinet de verre; je réunis ce robinet par un tube de caoutchouc épais avec un réservoir à vide; aussitôt que l’on tourne le robinet, l’eau passe de l’éprouvette dans le vide, l'oxygène mêlé d'hydrogène se dilate et remplit toute l’éprouvette, le bâton de phosphore brille dans l'oxygène raréfié à une pression égale à un tiers d’atmosphère, et absorbe peu à peu ce gaz, tandis que l’absorption de l’oxygêne par le phosphore n’aurait pas lieu, on le sait, dans l’oxygène soumis à la pression atmosphérique et à une basse température ; 24 heures aprés, le phosphore ne brille plus dans l'obscurité; on ouvre sous l’eau le robinet de verre fixé au bouchon de caoutchouc, l’eau se précipite dans le vide partiel en dégageant une foule de bulles de gaz. En transvasant le gaz qui reste dans une cloche graduée, on ne trouve plus que 57cc de gaz au lieu de 245cc ; on agite ce gaz avec un morceau de potasse, il reste 43cc, 3, que l’on introduit dans l’eudio- mètre avec du gaz de la pile; après l’étincelle, le volume devient 40cc, 7; la diminution de volume est égale à 2,6, dont le tiers est 0,866, et les deux tiers 1,73 représentent l’hydrogène. Ainsi, 245cc de gaz contenaient cc, 73, et par suite, 100cc contenaient Occ, 7 d’hydro- gène. L'analyse directe des gaz a donné 0,76 p. 0/0 nombre très-voi- sin de celui-ci. Le dosage de l'hydrogène est donc exact, et le passage de l'hydrogène introduit dans les poumons à travers ces viscères enveloppés artificiellement d'oxygène introduit dans la cavité thora- cique est démontré par l'expérience, mais cette endosmose se fait en très-petite proportion chez l'animal vivant, puisque la quantité du gaz hydrogène qui a traversé les poumons en 5 minutes est inférieure à 1 p. 0/0. Expérience inverse. — Les conditions de l’expérience précédente furent renversées de la manière suivante : On établit chez un chien deux fistules thoraciques à droite et à gauche; dans chaque ouverture on fixe un tube de verre recourbé, communiquant par un tube de caoutchouc avec une cloche à robinet qui contient un litre d’hydro- gène. Une muselière de caoutchouc, fixée sur la tête de l’animal, est réunie avec une cloche à robinet contenant deux litres d’oxygêne ; on fait respirer l'animal dans cette cloche pendant trois minutes; en même temps, les cavités thoraciques communiquent avec les deux cloches contenant chacune de l'hydrogène; les mouvements respira- toires sont très-marqués dans les trois cloches ; l'hydrogène disparaît complétement dans l’une des cloches, et en même temps on voit se former un emphysème considérable, produit par les mouvements res- piratoires qui injectent l'hydrogène dans le tissu cellulaire sous-cutané. La cloche qui a reçu d’abord deux litres d'oxygène et qui communi- quait avec les poumons, renferme au bout de trois minutes 4,900 ce, — 419 — de gaz, dans lequel on recherche la présence de l'hydrogène; on ab- sorbe d’abord l'acide carbonique, puis on fait détoner 52cc., 1 de gaz, avec du gaz de la pile dans l’eudiomètre à eau ; après l’étincelle, ce volume se réduit à 5lcc.,9; le volume disparu est 0,2 dont les deux tiers 0,133 représentent l'hydrogène, ce qui fait 0,25 0/0 ou 1/400, proportion trés-faible et qui montre que l’hydrogéne injecté chez l'animal vivant, dans le thorax, passe en très-petite quantité à travers le parenchyme pulmonaire dans l'arbre aérien, contenant de l'oxygène. En absorbant par le phosphore l'oxygène contenu dans 560 c.c. de gaz, par le procédé que j'ai décrit, j’ai rendu l’analyse plus exacte et j’ai trouvé 0,32 0/0 d'hydrogène ou 1/312, proportion de gaz combustible un peu différente, mais toujours fort petite. Ainsi, quand après avoir fait respirer un mélange d'hydrogène et d'oxygëne par les poumons, on recherche le gaz combustible dans IF oxygéne introduit autour des poumons dansle thorax; ou bien quand après avoir injecté de l'hydrogène dans le thorax, on recherche ce gaz dans l’oxysène contenu dans les poumons et dans une cloche, on trouve que l’endosmose des gaz à lieu chez l’animal vivant, mais dans une três-faible proportion qui n’est en rien comparable avec l’activité que présente le même phénomène observé sur des poumons détachés après la mort de l’animal. Je me suis demandé si dans la mesure du volume des poumons par le procédé que j'ai fait connaître, l'hydrogène introduit dans l'arbre aérien ne traverserait pas le parenchyme pulmonaire et les parois tho- raciques, pour se rendre dans l’air extérieur; si cette endosmose exis- tait, le procédé serait défectueux, puisqu'il suppose que le volume d'hydrogène introduit dans une cloche et mélangé avec les gaz que renferment les poumons reste invariable pendant la mesure; j'ai donc fait des expériences de contrôle qui peuvent fixer l'opinion sur l’exactitude de la mesure du volume d’air contenu dans les pou- mons. SUR L'EXACTITUDE DE LA MESURE DU VOLUME DES POUMONS. La mesure du volume des poumons chez l’homme, par l'emploi de l'hydrogène, se fait en mélangeant les gaz contenus dans les poumons avec un volume mesuré d'hydrogène ; quatre ou cinq mouvements doubles d'inspiration et d'expiration qui durent de quinze à vingt se- condes suffisent pour donner un mélange homogène qui est soumis à l'analyse eudiométrique. Chez les animaux, il est facile de faire respirer un mélange d’oxy- gêne et d'hydrogène pendant un temps plus long, de faire varier ce temps dans plusieurs expériences, afin de rechercher si les nombres obtenus restent les mêmes ou présentent des différences ; ces expérien- ces de contrôle ont été faites avec des perfectionnements que je dois faire connaître dans tous leurs détails. Expériences de mesure du volume des poumons chez le chien. — Chez un chien du poids de 13 kil. 400 gr. on injecte sous la peau — 1133 — du dos un décigramme de chlorhydrate de morphine dissous dans 40 ce. c. d’eau; l’animal endormi respire avec calme et lentement; on l'at- tache sur la gouttière, puis on fixe sur la tête une muselière de caout- chouc se terminant par un tube de caoutchouc, à l’aide d’une corde et de plusieurs rubans annulaires de caoutchouc ; on a soin de recouvrir complétement les commissures labiales ; l'air insufflé aveu force par cette sorte de trompe gonfle les poumons et ne s'échappe point à la base de la muselière. On compose, dans une cloche tubulée d’une contenance de 3 à 4 litres et munie d’un robinet à trois voies, un mélange de 1 litre d'hydrogène et de 1 litre d'oxygène ; on détermine préalablement la composition de l’hydrogène employé par l’analyse eudiométrique qui montre que 100 volumes du gaz combustible contiennent 95,7 volumes d’hydro- gène pur. La muselière de caoutchouc est unie au robinet de la cloche ; l’ani- mal respire d’abord dans l'air; à la fin d’une expiration, on tourne le robinet à trois voies d’un quart de tour, pour mettre les poumons en communication avec la cloche contenantle mélange d'hydrogène et d’oxy- gène ; on fait respirer l’animal dans la cloche pendant trois minutes et on a soin de ramener le robinet à sa première position pour fermer la cloche juste à la fin d’une expiration. La cloche détachée de la muselière est immergée dans une cuve à eau ; on fait passer tout le gaz qu’elle contient dans une grande éprou- vette graduée d'une capacité de 2 litres; on recueille dans cette éprou- vette 1,809 cc. de gaz, volume qu'il est nécessaire de mesurer et dont on aura besoin pour le calcul de la capacité pulmonaire; ce gaz est transvasé en partie dans une cloche d’une contenance de 300 cc. gra- duée en centimètres cubes; cette cloche qui reçoit 264 cc. de gaz est fermée à l’aide d’un bouchon de caoutchouc qui porte un morceau de potasse caustique; en agitant la potasse avec l’eau on absorbe l'acide carbonique et on constate une diminution de volume du gaz : 264 cc. se réduisent à 242 cc., par suite le volume d’acide carbonique absorbé est égal à 22 cc. Avant de faire la mesure du nouveau volume gazeux, on à soin d'immerger la cloche dans une cuve à eau constamment renouvelée, afin de ramener à la température primitive le gaz échauffé par la dissolution de la potasse dans l’eau. On introduit dans le tube eudiométrique, gradué en centimètres cubes, 39 cc. 9 de gaz dépouillé d’acide carbonique, puis on ferme l'extrémité inférieure de l’eudiomé- tre avec un bouchon de caoutchouc, qui est maintenu, ainsi que le tube par un support spécial dont l’usage est nécessaire pour éviter la projection du bouchon et du tube au moment de la détonation; ce support est formé d’une tige cylindrique de laiton longue de 70 centi- mètres environ, fixée par un bout dans un manche de bois; l'extrémité libre est soudée à une petite plate-1orme de laiton dont la surface hé- rissée de pointes est perpendiculaire à la longue tige; une autre plate- forme mobile sur cette tige, sorte de curseur que l’on peut fixer avec une vis, est excavée de maniére à recevoir l'extrémité fermée et arron- c. R, 1878. 19 — 144 — die du tube eudiométrique et sert à fixer ce tube d’une manière iné- branlable ; on introduit dans un grand bocal de verre l’eudiomètre avec son support, puis les deux fils d’une bobine d’induction mise en activité par un élément double de Grenet à bichromate de potasse et acide sulfurique, afin de faire passer une étincelle entre les fils de pla- tine du tube. La précaution qui consiste à envelopper l’endiomètre d’un grand bocal de verre est indispensable, car dans mes nombreuses analyses eudiométriques, il m'est arrivé deux fois de voir la détonation briser en mille fragments le tube eudiométrique, ce qui aurait blessé grièvement l’opérateur, si les morceaux de verre n'avaient été retenus par les parois du bocal de verre. Après ces détails assez minutieux, je passe à l’analyse du gaz qui a été respiré par l’animal et qui a été dépouillé d'acide carbonique : 89 cc. 9 de gaz contenaient 16 cc. 86 d'hydrogène et par suite 100 ec. de gaz renfermaient 42.27 d'hydrogène. Une seconde analyse du mélange gazeux faite après addition d’oxy- gène a donné 41.8 hydrogène p. 0/0; la moyenne des deux analyses est 42 p. 0/0. Faisons maintenant les calculs qui conduisent à la mesure du vo- lume d’air contenu dans les poumons et dans la muselière après l’ex- piration : si 100 cc. du mélange contiennent 42 cc. d'hydrogène, 242 cc. du mélange renferment 242 X = —101cc.6 d'hydrogène: par suite, 264 ec. de gaz avant l’absorption de l’acide carbonique contenaent le même volume d'hydrogène et pour savoir ce que la cloche qui renfer- mait un volume de gaz égal à 1800 cc. contenait d'hydrogène, il faut ee — er d'où x =1692/CC6! Mais on a fait respirer à l’animal 1 litre d'hydrogène, renfermant 95,7 0/0 d'hydrogène pur, ou 957cc. d’hydrosène pur; comme on re- trouve 692cc.,6, la différence 957 — 692,6 — 264cc.,4 représente le volume d’hydrogène pur qui est resté dans les poumons et dans la museliére à la fin d’une expiration; or, le mélanoe gazeux avait alors, dans les poumons, exactement la même composition que dans la cloche et, comme %64cc. de gaz pris dans celle-ci contenaient 101cc.,6 d'hydrogène, quel est le volume x du mélange qui renfermait 264cc.,4 d'hydrogène ? 264/101,6 — x/264,4, d’où y — 687cc,; tel est le volume exact de gaz ramené à la température de l’eau de la cuve, à 90, qui était contenu dans les poumons et dans la muselière, à la fin d’une expira- tion, après une mesure qui a duré trois minutes. f Une expérience tout à fait semblable fut répétée une heure plus tard sur le même animal morphiné; mais on fit respirer un mélange de 1 litre d'oxygène et de 1 litre d’hydrogéne, pendant six minutes, soif pendant un temps double; oneut soin de tourner le robinet de la cloche à la fin d’une expiration; l’animal respira le mélange gazeux et ne présenta aucune agitation; mais le volume du mélange diminua beaucoup dans la cloche; en effet, on mesura 1,240cc. de gaz aprés écrire la proportion : m'est l'expiration ; ce gaz fut analysé comme dans l'analyse précédente; il contenait 12,2 0/0 d’acide carbonique, et 100cc. de gaz privé d’acide carbonique, contenant 56,7 d'hydrogène; en répétant les calculs comme ci-dessus, on trouve que le volume des poumons et de la mu- selière est égal à 6S2cc., nombre presque identique avec celui trouvé dans la première mesure, qui est 687. Trois jours plus tard, le même animal fut placé exactement dans les mêmes conditions; on lui fit respirer pendant dix minutes un mé- lanse de 1 litre d’hydrosëene et de 2 litres d'oxygène; la respiration resta calme, lente, et les mouvements dans la cloche présentèrent une certaine amplitude. Au bout de dix minutes, on recueillit sur l’eau 2,185ec. de gaz qui fut débarrassé d’acide carbonique et analysé; le volume de gaz contenu dans les poumons et dans la muselière fut trouvé égal à 688cc. 2. De la constance des nombres ainsi obtenus en trois minutes, en six minutes et en dix minutes, qui sont 682, 687 et 688, il résulte qu'il est impossible d'admettre l'existence de lendosmose des gaz entre les bronches et les vésicules pulmonaires et l'air extérieur qui enveloppe les parois thoraciques ; car, si le passage de l’hydrogéne à travers ces parois avait lieu, il serait proportionnel aux temps, et on trouverait dans les volumes mesurés des différences que les expériences ne montrent pas. Je puis donc conclure : 49 que le procédé de mesure du volume des poumons que j'ai fait connaître est exact; 2° que l’endosmose des gaz introduits dans les poumons vers l'air extérieur n’a pas lieu chez l’animal vivant. Du RETARD RÉEL ET DU RETARD APPARENT DU POULS DANS L'INSUFFI- SANCE AORTIQUE ET DANS L'ANÉVRYSME DE L'AORTE, AVEC OU SANS INSUFFISANCE AORTIQUE ; DU RALENTISSEMENT DE LA SYSTOLE DE L'OREILLETTE GAUCHE JUSQUE DANS LA CAROTIDE, CHEZ LES MALADES ATTEINTS D INSUFFISANCE AORTIQUE ; par M. FRANÇoIS-FRaNcKk. L'exagération du retard du pouls dans l'insuffisance aortique n’est qu'apparente. Quand on applique un doigt d’une main sur la région où bat la pointe du cœur et un doigt de l’autre main sur le trajet de la carotide chez un malade atteint d'insuffisance aortique large, on per- çoit deux soulèvements successifs, le premier au niveau de la pointe du cœur, l’autre sur la carotide. De l'intervalle qui sépare ces deux soulèvements, on déduit le retard du pouls carotidien. C’est 1A qu’est l'erreur, car le soulèvement perçu au niveau de la pointe du cœur ne correspond pas à la systole ventriculaire dans les cas d'insuffisance aortique bien accusée ; il est dû, comme l’a montré M. Marey dans un travail publié en 1869 dans les ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, à la distension plus où moins brusque du ventricule gauche en diastole par l’ondée sanguine qui reflue sous forte pression à travers l’orifice aortique insuf- lisant, Il résulte de là qu'on doit nécessairement trouver exagéré le — 116 — retard du pouls puisqu'on se repère sur le début de la diastole ventri- culaire et non, comme on le croit, sur le début de la systole. Ce retard est ainsi augmenté dans l'appréciation qu’on en fait d’une durée égale à toute la durée de la diastole ventricuiaire. M. François Franck a constaté cette cause d’erreur sur plusieurs ma- lades atteints d'insuffisance aortique pure et notamment sur un soldat du service du docteur Villemin, au Val-de-Grâce. Il montre les tracés obtenus chez ce malade avec les appareils enregistreurs de M. Mareyet insiste sur ce fait, que la superposition des battements du cœur, du pouls carotidien et du pouls huméral établit nettement, à savoir que le retard réel du pouls artériel dans l'insuffisance aortique, non seulement n'est pas exagéré, mais est très-notablement diminue. Ce défaut d’exagération dans le retard du pouls se retrouve aussi sur des tracés que M. Potain a recueillis dans son service. On comprend pourquoi le pouls présente moins de retard dans Pin- suffisance aortique que dans les conditions normales; l'effort ventricu- laire acquiert d'emblée la valeur manométrique nécessaire pour chasser du sang dans l'aorte, puisque la cavité ventriculaire et la cavité aorti- que ne font qu’un et qu’il n’y a plus à surmonter la résistance d’une colonne sanguine pesant sur les valvules sigmoïdes. D'autre part, la pénétration du sang dans l’aorte est facilitée par la grande diminution de pression que le reflux diastolique a produite. Les observateurs qui avaient cherché à juger du retard par l’explora- tion à l’aide du toucher devaient nécessairement croire à un retard exagéré dans l'insuffisance aortique et ajouter même, comme l’a fait un clinicien de mérite, M. R. Tripier (de Lyon), que ce retard est d’au- tant plus marqué que l'insuffisance est plus large. On s’explique cette remarque en tenant compte de l’exagération du soulèvement diasto- lique qui se produit avec plus d'énergie et Ge rapidité dans ces condi- tions. L'expérience sur les animaux et sur l’appareil schématique de la cir- culation, confirme pleinement les notions qu'avait fournies à M, Franck l'exploration des malades. Ce fait, que le retard du pouls est en réalité moins considérable quand il y a insuffisance aortique, rend compte d’un phénomène qui s’observe dans l’anévrysme de ia crosse de l'aorte, avec insuffisance des valvules siomoïdes : on peut constater que, malgré la présence d’un anévrysme qui est, comme on sait, une Cause puissante de retard du pouls, la pulsation artérielle retarde moins dans le cas d’anévrysme de l’aorte, s’il y a en même temps insäffisance aortique. C’est ce qui existait chez un malade observé par M. Franck, dans le service de M. Bernutz (Charité, Saint-Ferdinand, 4). Les tracés des battements du cœur et des pulsations des deux artères sous-clavières ont été re- cueillis simultanément : le retard du pouls est identique dans les deux artères, mais il n’est pas plus considérable que dans les conditions normales, ce qui parait tenir à l’insuffisance acrtique qui accompagne l’anévrysme. Quand, au contraire, l'insuffisance aortique n'existe pas UT ou ne s'accompagne que d’un reflux insignifiant, le retard du pouls présente l’exagération ordinaire dans le cas d’anévrysme : tel est le cas d’un autre malade examiné dans le service de M. Ball (Saint-Antoine- Salle Saint Charles). La conclusion de ces recherches est que : 1° Dans l'insuffisance aortique, le retard du pouls, sur le début vrai de la systole ventriculaire est, en réalité, moindre que normalement, quoique l'exploration avec le doigt ait pu faire croire que ce retard était angmenté. 29 Dans l'anévrysme de l'aorte avec insuffisance des valvules sig- moïdes, on peut ne pas observer l’exagération du retard du pouls, qui existe toujours quand l’anévrysme ne s'accompagne pas d’insuffisance aortique : celle-ci, en effet, diminuant le retard du ponls que l’ané- vrysme tend à augmenter, il en résulte que ce retard est ramené à sa valeur ordinaire. Le pouls carotidien des malades atteints d’insuffisance aortique large, présente un soulèvement qui précède la pulsation artérielle pro- prement dite. M. J. Renaut avait constaté ce phénomène, et pensait qu'il pouvait résulter du retentissement de la systole de l'oreillette gauche, jusque dans la carotide : c’est, en effet, ce que l'étude des tracés recueillis par M. Franck a paru démontrer d’une façon évi- dente à M. Marey qui les a examinés. Ces tracés sont mis sous les yeux de la Société. — M. Macassez communique en son nom et au nom de M. Prcar», la note suivante : LA SPLÉNOTOMIE ET L'ÉNERVEMENT DE LA RATE. A. — On sait que la rate peut être enlevée sans que la mort en soit la conséquence (chez l’homme même). On sait aussi qu’on en à induit que cette opération était innocente par elle-même et que cet organe ne saurait avoir une fonction importante. En procédant ainsi pour l’exposé d’un fait exact et dans la conduite dés raisonnements qui le suivaient, on commettait des erreurs multiples; en particulier, quand on affirmait que la splénotomie était une opéra- tiou innocente par elle-même, on oubliait qu'il pouvait y avoir à faire, dans les cas, des distinctions nécessaires. On devait, quoi qu’il en soit, attribuer à des complications les cas de mort qui ont dû être observés par d’autres auteurs comme par nous-mêmes. On supposait, évidem- ment, que l'opération avant réussi quelquefois, il fallait attribuer, non à la suppression de la rate, mais à des complications, les morts que l’on observait après la splénotomie. Il est certain que sans cela, on aurait voulu savoir pourquoi, ou mieux comment cette opération déterminait la mort, comme dans quelles conditions elle était innocente. La note que nous publions aujourd’hui a précisément pour but d'ap- peler l'attention sur les conditions dans lesquelles l’extirpation de la = %@ = rate détermine la mort, et sur celles dans lesquelles elle est inno- cente. 19 Splénotomie chez le chien jeune. — Pratiquée chez le chien jeune, cette opération n’entraîne pas la mort par elle-même; les ani- maux ouérissent en règle générale, et s'ils succombent parfois, c’est aux suites d’une péritonite régulièrement développée, constatable sur le vivant par un ensemble symptomatique complet, constatable après la mort, par l'examen cadavérique. La mort, alors, survient huit à quinze jours après l’opération, très-rarement un peu plus tôt ou plus tard. 20 Spléenotomie chez l'animal âgé. — Chez le chien âgé, les choses se passent tout à fait différemment, et il est impossible de guérir un seul animal (dans ces conditions) ayant subi l’opération faite, d’ailleurs, avec tout le soin possible : ils succombent tous rapidement dans un temps qui ne dépasse guère trente-six heures. Rien, cependant, ne permet d’expliquer cette mort par l'une ou l’autre des complications, accompagnant les plaies pratiquées sur la région abdominale : dans la plupart des cas, l'examen cadavérique fait à ce point de vue reste sans résultat. Quant aux symptômes, on ne peut non plus en induire une des es- pêces morbides possibles à la suite des plaies, et il nous faudra en faire un exposé à part. En résumé, et s’en tenant aux faits, on doit dire : La splénotomie est innocente chez l’animal jeune; elle est presque toujours mortelle chez l’animal âoé. B. — Dans des recherches publiées, nous avons indiqué les phéno- mênes qui suivent immédiatement l’énervement de la rate; nous avons dit que, à la suite de cette opération, il apparaît dans le sang veineux qui sort de l’organe, un nombre considérable de globules, et nous avons eu soin d’insister sur ce fat, qu'après quelques heures, on n observe plus de différence entre le sang qui est entré et celui qui sort. Tout ceci rentre parfaitement dans les lois physiologiques (si on admet, comme nous le faisons, que l’augmentation des premières heures résulte d’une fonction). Ceci étant, il devenait intéressant (partant de ce qui a été dit plus haut pour la splénotomie), de savoir ce que devenaient, en fin de compte, les animaux auxquels on faisait subir l’énervement. 19 Enervement de la rate chez l'animal jeune. — Les chiens jeunes guérissent parfaitement de cette opération, quand on évite le déveioppement d’une péritonite, ce qui est le cas le plus fréquent. 29 Enervement de la rate chez l'animal âgé. — Les chiens âgés succombent toujours dans un temps qui atteint rarement trente-six heures, et ceci sans qu’on puisse rattacher la cause de la mort à une des espèces morbides qui suivent les opérations en général et celles qui intéressent le pénitoine en particulier. Ils meurent dans le coma en présentant d’autres phénomènes qu'il faudra signaler dans une note particuliére. « Si on voulait chercher un — 119 — analogue dans la pathologie humaine, on le trouverait peut-être dans certaines formes de fièvre palustre, qui coïncident, somme toute, elles aussi, avec une paralysie splénique). » Pour résumer cette note, on doit dire : qu’il est possible de supprimer la rate fonctionnellement chez le chien jeune sans inconvénient ; Qu'il est impossible de le faire sans amener la mort chez le chien âgé. En terminant, 1l faut dire que ces faits, en apparence contradictoires, ont leur explication physiologique naturelle dans cette loi de l’évolu- ton, en vertu de laquelle chaque fonction tend à se spécialiser depuis le début de la vie embryonnaire. e Séance du 25 mars 1878. M. Cnarcor communique à la Société le résultat de nouvelles expériences qu'il a faites à la Salp£trière sur des femmes atteintes de grande hystérie. Ces malades sont les mêmes qui ont servi à M. Char- cot, pour ses recherches sur la métalloscopie; ce sont les cas types dans lesquels il existe une hémianesthésie complète, absolue. En consultant les mémoires de l’ancienne Société de médecine, M. Charcot a trouvé des travaux de Thouret et d’Andry, relatifs à l’ac- tion du magnétisme sur certains états pathologiques. Ces travaux sont trés-intéressants, et il a pu déjà s'assurer que quelques affections né- vralgiques sont vraiment modifiées par le magnétisme, ainsi que l’a- vancent les auteurs qu’il vient de citer. M. Vigouroux, qui s'occupe, comme on le sait, de recherches sur le magnétisme, a fait à la Salpé- trière des recherches qui démontrent l’action des aimants sur l’hémia- nesthésie des hystériques et M. Charcot, en faisant lui-même ces expé- riences, a pu s'assurer de l'exactitude des faitsobservés par M. Visou- roux. Voici comment on procède : Un barreau aimanté est approché à un demi-centimèêtre de la partie anesthésiée du bras par exemple, et, afin d'éviter d’une façon certaine tout contact entre la peau et l’aimant, on interpose entre les deux une feuille de papier. Le premier effet ressenti par le malade est une im- pression de froid, dans la partie de la peau voisine de l’aimant ; mais alors il y a déjà rougeur de la peau; un instant plus tard, la sensibi- lité renaît dans ces points où s’est produite l’impression du froid et où la rougeur s’est manifestée. Si, alors, on examine la partie symétrique de la peau du côté op- posé, on voit que cette partie est devenue anesthésique, de saine qu’elle était auparavant. L’ap plication, sur la peau du front, des pôles des barreaux aimantés produit les mêmes effets que la métalloscopie. Ainsi, la jeune malade, présentée derniérement par M. Charcot à la Société de Biologie, a été soumise au magnétisme : au bout de cinq à six minutes toutes les 410 fonctions troublées sont revenues, comme on les a vues renaître par l'action des plaques métalliques. Si l’on prolange le contact des pièces métalliques avec la peau, il y a, comme on le sait, une période de réaction pendant laquelle les phéno- mênes de retour à l’état normal cessent. Eh bien! il en est de même avec les aimants. L'apparition des couleurs disparues a lieu par l'effet de l’aimantation comme par l'effet des plaques métalliques. En- fin, les phénomènes qui suivent la cessation de l’aimantation sont sem- blables à ceux que l’on observe aprés l’enlêvement des plaques métal- liques. M. Charcot remet à la Société une note de M. Vigouroux concernant des faits du même genre que ceux dont il vient d'entretenir la Société, et dans laquelle on trouvera des détails plus circonstanciés ; il ne doute pas que, grâce à ces recherches persévérantes, on arrive à une théorie satisfaisante des phénomènes nerveux chez les hystériques. M. Vigouroux à commencé, en outre, dans le service de M. Charcot, une série de recherches sur les mêmes malades, mais en employant l'électricité statique. Il a installé un appareil très-puissant, qui peut donner des étincelles de 25 cent. de longueur, et avec lequel àl a fait des recherches sur les mêmes malades qui ont été soumises au magné- tisme et à la métalloscopie. Ces malades étant placées sur un tabouret isolant, on fait passer sur elles le courant de l’appareil d'électricité statique, courant que l’on constate par l’apparition de l’aigrette lumi- neuse. Deux expériences de ce genre ont été faites par M. Vigouroux, chez des hystériques achromatopsiques : les couleurs disparues sont revenues chez ces malades, sous l'influence du courant statique, comme sous l'influence des plaques métalliques et de l’aimant. M. Vigouroux va poursuivre ces expériences avec activité, ainsi que M. Regnard, et les résultats de leurs recherches seront communiqués par les auteurs à la Société de Biologie. On a élevé des doutes sur la valeur de ces faits et je dois dire que j'ai pris toutes les précautions possibles, afin de me mettre en garde contre les causes d’erreur. Les gens les plus experts ont pu les vérifier et ilsont reconnu que toute critique était dénuée de fondement. Les ma- lades à l’étude sont fortement atteintes ; elles n’ont pas que des symp- tômes passagers, fluctuants et par conséquent la disparition de tels symptômes permet de reconnaître avec la plus grande netteté les mo- difications qu’elles subissent. — M. RaBuTEaAu remet une note concernant la communication qu’il a faite sur l’iodure d’éthyle et sur le bromure d’éthyle. Cette note est une addition relative à l’action de l’iodure d’éthyle sur la germina= tion. De plus, M. Rabuteau rappelle qu'il a fait des recherches sur le - diamagnétisme animal et entretenu la Société des résultats qu’il a ob- servés. Il a indiqué les directions variées que prend une grenouille gal- vanoscopique, placée entre les pôles de l'appareil de Faraday et main- — 191 — tenant il continue ses recherches sur ce point dans le laboratoire de physiologie, au Muséum d'histoire naturelle, CoNCRÉTIONS DES PLEXUS CHOROÏDES DU CERVEAU CHEZ LE CHEVAL ; par M. BaRRIER. Cette pièce m'a été fournie par un vieux cheval qui fut sacrifié à l'Ecole vétérinaire d’Alfort au commencement de l’hiver pour les tra- vaux anatomiques. Dans chaque ventricule latéral se trouvait une tumeur ovoïde, grenue à sa surface, qui s'était développée dans l'épaisseur du plexus choroïde correspondant. Celle du côté gauche, plus volumineuse que celle du côté droit ss 99 grammes ; l’autre n'en pesait que 30. Très-vasculaires et d’une coloration rouseâtre, ces concrétions renfer- maient e toute leur masse une multitude de grains blanchâtres si- mulant par leur disposition générale une sorte d’incrustation calcaire des plexus. Chaque ventricule latéral était beaucoup plus volumineux qu’à l’état normal, surtout celui du côté gauche ; les corps striés et les cou- ches optiques, outre les compressions qu'ils avaient dû subir, portaient de fines éraillures à leur surface, dans les points où frottaient les grains volumineux des concrétions. La plus petite des deux tumeurs, celle du côté droit, fut sacrifiée pour l’examen microscopique. J'y ai trouvé une grande quantité de vaisseaux au milieu d’un tissu conjonctif jeune d’une structure trés-délicate. Ce tissu était infiltré d’un nombre considérable de granulations blanchâtres, se résolvant en lames micacées complétement insolubles dans l’eau et rougissant sous l'influence de l’acide sulfurique et de la teinture d’iode ; ces lames étaient constituées par des cristaux de cholestérine et par des sels cal- caires en très-faible proportion. Les concrétions des plexus choroïdes sont très-communes à observer chez les animaux ; mais lorsqu'elles atteignent des dimensions sembla- bles à celles dont il est question ici, on peut, à bon droit, les considérer comme trés-rares et trés-curieuses. O’est là tout l'intérêt que peut avoir cette communication. — M. le docteur GELLé a depuis deux ans montré, dans un travail appuyé de pièces anatomiques et dans diverses communications, l’exis- tence d’un état spécial de l’orcille moyenne dans la période fœtale, caractérisé par la présence d’une masse gélatiniforme comblant la ca- vité tympanique. À cet âge, cette cavité est complétement remplie par cette substance molle et tremblotante, formée par une infiltration ædémateuse extrêmement développée de la muqueuse qui tapisse la paroi labyrinthique ou interne de la caisse du tympan. Au moment de Ja naissance, un changement radical a lieu : la caisse se trouve rapide- ment vidée de son contenu, trés-liquéfié dans la dernière période de la, c. R. 1878. 16 — 122 — vie fœtale: et, sous l'influence des mouvements respiratoires, l'air pé- nètre et envahit toute l’oreille moyenne. La transformation aérienne vitale de l'organe auditif reconnaît pour cause la respiration, et l’éner- gie de la nouvelle fonction influe sur la modification subie ; celle-ci a lieu rapidement ou n’a pas lieu, suivant que l’ampliation des ponmons a lieu régulièrement ou insuffisamment, Toute difficulté dans l'instal- lation de la fonction a un retentissement immédiat et fatal sur l'entrée de l'air dans l'oreille. L’air est le véhicule du son; l’audition n’a lieu qu'avec un organe baigné du fluide ambiant; tout arrêt dans cette évolution est une cause de surdité. Quel temps faut il pour que le travail de transformation ait lieu ? Combien d’efforts respiratoires sont nécessaires pour que la virtuelle, la cavité devienne aérienne? C’est un problème important à résoudre pour la médecine légale surtout, chacun le comprend, la présence de l'air dans les caisses, caractérisant la vie dès lors aussi sûrement que l’acratiou des vésicules pulmonaires. Il faut, pour juger le cas, assister à une parturition d’un animal, et, sacrifiant, à un moment donné, le produit nouveau-né, s'assurer de l’état de l’oreille par la dissection. Le hasard m'a fait rencontrer cette occasion rare : une chatte à mis bas, devant moi, au laboratoire de physiologie de la Faculté. Au bout d’une demi-heure, un des nouveau-nés a été sacrilié ; et, voici ses oreilles. L'animal a crié, bien respiré, et ses poumons crépitants sont par- tout bien gorgés d’air : aussi, les caisses sont-elles pleines d'air; les tympans transparents laissent passer la lumière vive, et la paroi in- terne dessine ses saillies et ses fossettes caractéristiques. Zl n’y a plus trace de magma gélatiniforme. Une demi-heure de respiration régu- lière a sufñ pour accomplir la transformation de l’état fœtal à l'état de vie. Séance du 30 mars 1878. ABSORPTION PAR L'ORGANISME VIVANT DE L'OXYDE DE CARBONE INTRODUIT EN FAIBLES PROPORTIONS DANS L'ATMOSPHÈRE; par M. GrÉHANT, aide naturaliste au Muséum (première partie). En poursuivant mes recherches sur la mesure du plus grand vo= lume d'oxygène ou d'oxyde de carbone qui peut être absorbé par le sang et sur l'élimination de l’oxyde de carbone par les poumons, j'ai été conduit à me demander dans quelles proportions le gaz toxique doit exister dans l’atmosphére pour être absorbé par un animal vi- vant. Déjà A. F. Leblanc a démontré dans un travail célébre, qu’un chien meurt empoisonné par l’oxyde de carbone dans un mélange produit 09 par la combustion du charbon qui renferme seulement 0,54 pour 100, ou 1/185 d'oxyde de carbone; ainsi une atmosphère contenant une aussi faible proportion de gaz toxique, a déterminé l’empoisonnement et la mort. J’ai composé des mélanges d’air et d’oxyde de carbone contenant une bien moindre proportion de ce dernier gaz, et j'ai fait chaque fois les deux expériences suivantes, qui se contrôlent mutuellement : 19 J'ai dosé, par un procédé très-exact, le volume d'oxyde de car- bone qui reste dans le mélange qu’un animal a été forcé de respirer pendant un certain temps; en retranchant ce volume de celui qui a été mesuré et qui a été introduit d’abord, j'obtiens le volume d’oxyde de carbone qui a été absorbé par le sang. 29 J'ai déterminé le plus grand volume d'oxygène qui est absorbé par le sang normal avant l’intoxication partielle, puis le plus grand volurne d'oxygène absorbé par le sang aprés cette intoxication; la différence entre les plus grands volumes d'oxygène absorbés var les deux échantillons de sang représente exactement le volume d'oxyde de carbone qui s’est combiné avec l’hémoglobine, car on sait, depuis les travaux de mon illustre et regretté maître, Claude Bernard, que l’oxyde de carbone s’unit avec les globules rouges du sang en quantité telle, qu'un volume d'oxyde de carbone se substitue à un volume égal d'oxygène. J'entre maintenant dans le détail des expériences : j’ai composé, dans un grand ballon de caoutchouc, à parois assez épaisses pour que les phénomènes d’endosmose des gaz soient tout à fait négligeables, un mélange de 100 litres d’air et de 255 cc. d’oxyde de carbone pur, ce qui fait 1/392 de gaz toxique ; avant de faire respirer ce mélange, on découvre, chez un chien du poids de 9 kilogrammes, la veine ju- gulaire, et on introduit dans ce vaisseau, du côté du cœur, une longue sonde qui pénètre dans la veine cave supérieure ou dans la veine cave inférieure; à l’aide d’une seringue, on aspire 30 cc. de sang qui est injecté immédiatement dans un flacon et défibriné par une assez longue agitation ; on adapte sur la tête de l’animal une muselière de caout- chouc que l’on fixe avec une corde et avec plusieurs bandes circulaires de caoutchouc; cette muselière se termine par un tube, qui est uni au robinet du ballon contenant le mélange d’air et d'oxyde de carbone d ans le quel on fait respirer l’animal pendant une demi-heure ; pendant les deux dernières minutes, on fait dans la veine cave une seconde prise de sang qui est défibriné ; puis on fait respirer l’animal dans l'air, et au bout d’une demi-heure, on prend un troisième échantillon de sang. Chacun des flacons contenant le sang est rempli d’oxygëne et agité à l’aide d’une planche oscillante, mise en mouvement par un moteur bydraalique, afin de faire absorber par le sang défibriné le plus grand volume d’ox ygêne ; on filtre sur un linge le sang oxygéné, on le me- sure dans un tube gradué que l’on soumet à un mouvement énergique de rotation, afin de chasser les bulles de gaz incluses dans le sang, qui — 124 — est introduit par un entonnoir fixé au-dessus du robinet de la pompe à mercure dans l'appareil à extraction des gaz du sang absolument vide : les gaz sont extraits complétement, analysés et ramenés secs à zéro et sous la pression de 76 centimètres ; aprés avoir absorbé l’acide carbonique par la potasse, je porte le tube gradué qui contient encore de l’oxygène et de l’azote, dans un bocal plein d’eau; je donne écou- lement au mercure qui est remplacé par l’eau; j'ajoute aux gaz de l'hydrogène pur, en volume au moins double, et je fais détoner le mélange dans le tube gradué qui est muni de deux fils de platine, et qui sert d'endiomètre : ce dosage de l’oxygène est três-exact. Le premier échantillon de sang normal avait absorbé 28ec,3 d’oxy- gène pour 100 centimètres cubes; le deuxième échantillon de sang, pris une demi-heure après l’intoxication partielle, n'absorbait plus que 44cc,9 d'oxygène pour 100 centimètres cubes; par conséquent, la différence 28,3 — 14,9 est égale à 13cc,4 d'oxyde de carbone, qui ont été absorbés par 100 centimètres cubes de sang; enfin le troisième échantillon de sang absorbait 20cc,3 d'oxygène p. 100; par suite, pendant la demi-heure qui à suivi l'intoxication partielle, l'animal respirant d’ans l’air, le sang avait exhalé 20,3 — 14,9 — 5cc,4 d'oxyde de carbone pour 100 centimètres cubes, élimination qui a lieu en na- ture, comme je l’ai démontré. Le oaz du ballon analysé à l’aide de l’appareil à oxyde de cuivre chauffé au rouge, par le procédé que j'ai décrit complétement dans mon Mémoire sur le mode d'élimination de l’oxyde de carbone (Br- BLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES, section des sciences na- turelles, t. X, article n° 8) ne renfermait plus que 128cc,4 d'oxyde de carbone; par conséquent, 254,8 — 128,4 — 126cc,4 d'oxyde de car- bone avaient été fixés par le sang ; l’atmosphère contenue dans le bal- ballon après cette absorption du gaz toxique ne contenait plus que 41/7179 d'oxyde de carbone. Il résulte donc de cette expérience qu'ure ausri faible proportion d'oxyde de carbone dans l’atmosphére a suffi pour maiutenir dans le sang 13cc,4 de ce gaz pour 100 centimèetres cubes de liquide ; ainsi la moitié environ de l’hémoglobine était com- binée avec l’oxyde de carbone, et l’animal n'avait plus à sa disposi- tion, pour absorber l’oxygène de l’air confiné, que l’autre moitié restée intacte. Si l’on compare la quantité d'oxyde de carbone fixée par 100 centimètres cubes de sang à celle qui existait dans 100 centi- mètres cubes d’air pris dans les poumons, on voit que 779 centimétres cubes de cet air contenaient 1 centimètre cube d’oxyde de carbone, par suite, 100 centimètres cubes d’air renfermaent seulement une uantité x déterminée par la proportion : De RER CG Le = Ju qua (s] CLE ce pe a ] Ï O . 1 Ten 7 ) — Occ,198 : le rapport cherché . est égal à 104 et montre que, sous le même volume et dans ces conditions, le sang a été capable de fixer cent quatre fois plus d'oxyde de carbone que la quantité de ce _ — 195 — gaz contenue dans l’air, résultat qui met en évidence l’énergie du pou- voir absorbant de l'hémoglobine pour l'oxyde de carbone, chez l’ani- mal vivant. Dans une autre expérience, j’ai composé dans un grand ballon de caoutchouc un mélange de 200 litres d'air et de 200 centimètres cubes d'oxyde de carbone pur, mélange à 4 p.000. Chez un chien du poids de 45 kg.5, on prend du sang normal dans la veine cave inférieure ; 100 centimètres cubes de ce liquide absorbent 24cc.9 d'oxygène; on fait respirer l’animal dans le mélange gazeux pendant une demi-heure, puis on aspire du sang dans la veine cave : ce sang défibriné, agité avec de l’oxygêne, absorbe 19cc,3 d' oxygëne p. 400; par conséquent, la dif- férence dans le pouvoir absorbant est égale à 24,9 — 19,3 ou à 5cc,6, et représente le volume d’oxyde de carbone fixé par 100 centimètres cubes de sang. L’analyse du gaz resté dans le ballon montra qu'au moment où le sang à été pris, l'animal respirait un mélange qui renfernait 138 centimètres cubes d'oxyde de carbone; ainsi 200 cen- timêtres cubes — 138 centimètres cubes — 62 centimétres cubes re- présentent le volume total d'oxyde de carbone qui a été absorbé par le sano, et la proportion du gaz toxique, qui dans l’atmosphére fai- salt équilibre à la partie, combinée avec l’ hémoglotine était égale seu- lement à 1/1449; une aussi faible bropertion. d'oxyde de carbone à dose suflit pour maintenir dans 100 centimètres cubes de sang OCC,6 de ce gaz; comparons encore cette quantité d'oxyde de carbone fixée par 100 centimèétres cubes de sang à celle qui existait dans 100 centi- mètres cubes d’air pris dans le ballon ou dans les poumons. Nous voyons que 1449 centimètres cubes de cet air renfermaient 1 centi- mètre cube d'oxyde de carbone; par suite 400 centimètres cubes d’air À contenaient une quantité déterminée par la proportion : _. = Le £ 25 te ME (UNE 5,6 A d’où x — 1449 — Occ,069 : le rapport cherché 0,069 est égal à 81 et montre que le sang a fixé quatre-vingt-une fois plus d'oxyde de car- bone que la quantité de ce gaz contenue dans un égal volume d’air pris dans l’atmosphère confinée du ballon. Je conclus de ces expériences que je continue au laboratoire de physiologie générale du Muséum, que l'animal astreint à respirer pen- dant une demi-heure dans une atmosphére contenant seulement 1/719 d'oxyde de carbone absorbe ce gaz en quantité assez grande pour que la moitié environ des globules rouges soit combinée avec le gaz toxi- que et devienne incapable d’ asc Den l'oxygène, tandis que, dans une atmosphere renfermant 1/1449 d'oxyde de carbone, un quart environ des globules rouges se combine avec ce gaz. Ces résultats expliquent les accidents qui peuvent étre produits chez l’homme par la présence dans l'atmosphère de faibles proportions d'oxyde de carbone. — 126 — ALTÉRATION SPÉCIALE DES CELLULES ÉPIDERMIQUES ; par M. H. LeLoir (interne des hôpitaux). Nous avons l’honneur de présenter à la Société de Biologie un mode spécial d’altération des cellules épidermiques, que nous avons étudié d’après les conseils de M. Cornil dans le laboratoire de M. Vulpian. Nous croyons cette lésion nouvelle, car, maloré nos recherches bi- bliographiques, nous n’en trouvons mention nulle part, ni dans Vir- chow, ni dans le manuel de MM. Cornil et Ranvier, ni dans Neumann, Rindfleisch, etc. C’est en étudiant des végétations vénériennes recucillies dans le ser- vice de M. Cornil, à Lourcine, que nous avons rencontré cette lésion. Elle est constante dans toutes les nombreuses coupes de végétations d’origine différente que nous avons étudiées. Elle siége dans les cellules de la couche intermédiaire de l’épiderme et dans la couche de Malpighi, mais surtout au niveau de la couche intermédiaire. On la rencontre aussi dans les boyaux épithéliaux ern- prisonnés dans le tissu conjonctif du centre de la végétation. Toutes les cellules des régions précitées ne sont pas altérées; on ne trouve au contraire la lésion, à ses différents degrés de développement, que dans une cellule sur dix environ, et d’une façon très-approxima- tive d’ailleurs. Avant de décrire cette lésion, il nous semble utile d'indiquer la technique emp'oyée : Parmi les vésétations étudiées, les unes ont été injectées à l'acide osmique au centième, aussitôt après leur ablation; puis elles ont été mises dans l'alcool au tiers, et, après passage dans la gomme et l'alcool, les coupes ont été faites et colorées au picro-car- min. D’autres ont été, immédiatement après leur ablation, plongées dans l'alcool à 80°, mises ensuite dans la gomme, l'alcool, et leurs coupes ont été également colorées au picro-carmin. Nous ne pensons pas que cette lésion cellulaire dépende de la tech- nique emplovée, car sa lésion constante, le nombre des cellules atteintes, son siége spécial, la marche particulière surtout de l'altéra- tion, ne permettent pas d'accepter cette idée. Telle est aussi l'opinion de M. Cornil auquel nous avons montré nos coupes. Description de la lésion. — Dans un premier degré (comme vous le pouvez voir dans la planche que nous faisons passer sous vos yeux), on voit le noyau de la cellule épithéliale se décoller ea quelque sorte du protoplasma ambiant. De là résulte, entre le noyau et le pro- toplasma, la formation d’un espace clair, non coloré par le picro-car- min et plus ou moins étendu {figure 1). Dans un degré plus avancé de la lésion, l’espace clair qui sépare le noyau coloré en rouge sombre du protoplasma rosé a considérable- ment augmenté, et le noyau, plus ou moins ratatiné, se trouve libre au milieu de cet espace incolore. L’étendue de cet espace clair varie ; elle peut étre plus où moins grande, en sorte que dans certains cas 1l — 427 — ne reste plus qu’une minime quantité de protoplasma coloré à la péri- phérie de cette cellule, pour ainsi dire hydropique, dont le centre se trouve occupé par l’espace incolore au milieu duquel est le noyau (Ba. 2). Le noyau ne demeure pas toujours au centre de l’espace inculore. se ratatine parfois en un coin de cet espace (figure 3). Fig. 1. Fig. 2. Fig. 8. Espace clair. Dans quelques cellules, le noyau, en quelque sorte morcelé, n’est plus représenté que par quelques granulations colorées en rouge par le réactif, granulations plus ou moins grosses, plus ou moins nombreuses, et répandues dans l’espace incolore (fig. 4). L'état précédent semble se rapprocher de celui décrit par M. Cornil dans les cellules épidermiques de la pustule variolique, où l’on voit dans la couche intermédiaire de l’épiderme « des cellules devenues vésiculeuses ; leur membrane est distendue et leur forme sphérique ; elles sont terminées en une cavité à paroi mince... Dans la cavité nouvelle dont se creusent les cellules vésiculeuses, on trouve soit un liquide avec des granulations brillantes, soit des leucocytes en nombre variable. » (Voir : Cornil, Anatomie de la pustule variolique, jour- nal de Ch. Robin, mars 1866.). Notons toutefois que le contour des cellules que nous avons étudiées était à peine altéré, qu’elles n'étaient nullement sphériques et que nous n’y avons rencontré aucun leu- cocyte. L'état représenté dans la figure 4 précède-t-il le dernier état que nous allons décrire, état où toute trace de noyau a complétement dis- paru et où il ne reste plus au centre de la cellule que le grand espace clair, non coloré, plus ou moins étendu (figure 5) ? le noyau s’est-il en quelque sorte résorbé par suite de l’altération spéciale indiquée dans la figure 4? Ou, au contraire, le noyau devenu libre est-il tombé hors de cet espace, entraîné par le rasoir ou autrement comme nous en voyons un exemple partiel dans la figure 6, où le noyau a quitté l’espace vide pour se placer en un coin de la cellule ? C’est ce que nous ne pouvons dire. Peut-être les deux causes précédentes peuvent-elles être invo- quées ? — 128 — Conclusions. — Nous voyons, en résumé, que l’altération que nous avons décrite consiste dans la formation d’un espace clair, incolore, sépa= rant le noyau du protoplasma ; espace plus où moins grand (et plus il est grand, plus le protoplasma coloré diminue), au milieu duquel flotte un noyau plus ou moins altéré. Quant au nucléole, il ne nous a pas paru présenter de lésions no- tables. Cette lésion peut être considérée comme une hydropisie spéciale de la cellule épidermique. Séance du 6 avril 1878. M. Jozyer fait les communications suivantes : ACTION DU SULFATE DE MAGNÉSIE SUR LES BATTEMENTS DU COEUR. Les résultats, que je vais faire connaître tout d’abord, sont relatifs à des expériences que j’ai entreprises, avec M. Laffont, touchant l’ac- tion que le sulfate de magnésie exerce sur le cœur de la grenouille. Ces résultats ont été obtenus de la façon suivante; sur des grenouilles rousses, curarisées ou non, dont le cœur est mis à nu par incision du péricarde, on enregistre les battements de cet organe au moyen du car- diographe de M. Marey. Je ne veux pas décrire ici cet instrument ; je signalerai cependant une petite modification que j’ai apportée dans son dispositif, modifi- cation qui a pour but de rendre les indications qu'il fournit, plus com- parables entre elles. Dans le myographe du cœur ordinaire, le ventri- cule est saisi entre les deux cuillerons de la pince cardiographique. Le cuilleron mobile est rappelé au moyen d’un fil de caoutchouc plus ou moins tendu, fixé à une épingle sur la planchette de liége de l’appa- reil. Chaque contrastion du ventricule déplace le cuilleron mobi le et 9 — 199 — levier auquel il est fixé, tandis que, à chaque diastole, il est ramené à sa position première par le fil élastique. Mais il est facile de compren- dre que, par ce moyen; la compression du cœur ne peut pas être réglée d’une manière uniforme, et qu’elle n’est pas constante aux divers mo- ments de la contraction ventriculaire, et, par suite, la traction du fil de caouteuouc, suivant qu’elle sera plus où moins énergique, modifiera les caractères des tracés obtenus. Or, la modification que j'ai apportée à à l'instrument a pour effet d’ob- vier à cet inconvénient. Elle consiste à opérer la compression du ventri- cule et à rappeler le cuilleron mobile au moyen d’un poids gradué con- venablement, Pour cela, le levier a été prolongé en arrière, et un fil qui soutient un poids est fixé à son extrémité, et vient se réfléchir sur une poulie fixe et très-mobile. Par ce moyen, le ventricule est comprimé d’une manière uniforme, aux divers moments de sa contraction. à On enregistre donc au moyen de cet appareil les pulsations du cœur, chez la grenouille, normale, mais toutefois curarisée, afin d'éviter les mouvements volontaires ou réflexes qui pourraient troubler l’observa- tion des phénomènes. Puis, à un moment donné, on fait couler sur la surface extérieure du cœur une certaine quantité d’une solution de sulfate de magnésie à un titre déterminé (15 ou 20 0/0), de façon que l'organe baigne en entier dans la solutiôn. Quelquefois, au moment où a lieu le contact de la substance avec le cœur, celui-ci suspend mo- mentanément ses battements et s’arrête en diastole, comme vous le voyez sur ce tracé. Ce premier effet n’est pas particulier au sulfate de magnésie, et on peut le rencontrer comme action de début d’un certain nombre de sub- stances (sulfate de potasse, de lithine, etc.) Il est rare et ne s’observe que chez les grenouilles dont le cœur est très-excitable. Au bout d’un certain temps (10 à 15 minutes), on voit les battements du cœur se ralentir, puis des arrêts ou repos diastoliques du cœur se montrent. Ces pauses sont séparées par des périodes pendant lesquelles l’organe bat normalement. L'action du sulfate de magnésie continuant, le cœur ralentit de plus en plus ses battements, de telle sorte que bientôt il n’exécute plus qu’une pulsat'on par une ou deux minutes. Finalement le cœur s’ar- rête complétement en diastole. Cet arrêt sera indéfini si le sulfate de masnésie continue d'agir sur le cœur. Mais aprés 15 ou 20 minutes de ce repos diastolique du cœur, enlevons la substance qui baigne sa sur- face, par un lavage avec de l’eau ou mieux avec du sérum sanguin ; les battements de l’organe ne reparaîtront pas immédiatement et, dans certains Cas, ces mouvements pourront se faire attendre une et deux heures. Les pulsations de retour seront lentes d’abord ; puis elles aug- menteront peu à peu de nombre, et finalement le cœur reprendra son rhythme normal et sa fréquence ordinaire. Vous pouvez constater les diverses phases de l’action du sulfate de magnésie sur le cœur, sur les tracés qui circulent devant vous. Comment expliquer cette action du sulfate de magnésie? par quel c. R. 1878. 17 ON mécanisme cette substance produit-elle des repos si prolongés du cœur en diastole, avec reprise plus tard, dans certaines conditions, des mou- vements de l'organe ? Et d’abord, nous disons que le muscle lui-même ne peut pas étre mis en cause. En effet, lorsque les contractions du cœur réapparaissent, ces contractions ressemblent tout à fait, comme durée et comme am- plitude, aux pulsations du début, ce qui n'aurait pas lieu si le myo- ar de était atteint primitivemeut ; la forme des contractions, dans ce cas, devrait être plus ou moins modifiée. C’est donc dans le système nerveux du cœur qu’il faut chercher la cause de cette action. Le sulfate de magnésie agit-il sur le système nerveux modérateur du cœur, ou sur les ganglions excitateurs? Sans vouloir chercher à expliquer l’action intime de la substance, il nous semble qu’on peut assimiler l’arrêt prolongé du cœur en diastole, causé par le sel de magnésie à l'arrêt qui suit la ligature de Stannius. On sait, en effet, que si on applique une ligature sur le sinus veineux du cœur, juste au point où ce sinus vient s’aboucher dans l'oreillette droite, le cœur s'arrête en diastole pendant un temps plus ou moins long, pour reprendre ensuite ses battements quand on enlève la liga- ture. Pareillement, nous voyons le cœur arrêté par le sulfate de ma- gnésie, pendant un temps prolongé, se remettre à battre spontané- ment, quand on enlève la substance. On peut ajouter que les mêmes effets se montrent sur le cœur séparé de l'organisme, Enfin, le cœur arrêté par le sel de magnésie se comporte avec les excitations électri- ques, comme le cœur étreint par la ligature de Stannius. Nous avons essayé l’action d’un certain nombre d’autres substances sur le cœur. On sait, par exemple, que le sulfate de potasse ralentit et arrête les mouvements du cœur; mais ici, lorsque le cœur est arrêté, il est impossible de ramener, par aucun moyen, ses battements, parce que le muscle cardiaque est primitivement touché. Le sulfate de soude en solution n’agit pas non plus comme le sulfate de magnésie. Son ac- tion a plutôt pour effet, de produire une accélération avec augmenta- tion de force des battements du cœur. M. RaBuTeau rappelle que, déjà, en 1869, on a démontré que les sels de potassium arrêtaient presque instantanément les battements du cœur; il en est de même des sels de cuivre et de cobalt, même très- dilués. Ce sont des poisons musculaires ; il n’y a d'exception que pour es sels de sodium. En un mot, le sulfate de magnésie serait un poison musculaire et non un poison du système nerveux. : Des INJECTIONS D’URÉE DANS LE SANG; par M. Joryer. Les injections d’urée dans le sang donnent-elles lieu à des convul- sions ? Dans une précédente séance, M. Picard a fait connaître des ex- périences dans lesquelles ces injections auraient amené des convulsions chez les animaux. À ce propos, j'ai rappelé une expérience que j'avais faite anciennement, et qui m'avait donné un résultat négatif, Sur un — 131 — chien néphrotomisé, pour éviter l'élimination de l’urée, j'avais injecté, dans la veine, 10 grammes d’urée artificielle, et je n’avais observé, ni dans les premières heures après l'injection, ni le lendemain, aucun phénomène convulsif. J'ai répété hier cette expérience dans les mêmes conditions, avec les mêmes résultats négatifs, et pas plus hier qu'aujourd'hui, l’animal n’a eu de convulsions. J’ai même augmenté la dose d’urée, qui a été de 15 grammes pour un chien du poids de 6 kilogrammes. Ces injections dans le sang doivent être faites dans des veines très- éloignées du cœur, et poussées très-lentement, afin que la substance injectée puisse se mélanger intimement au sang ; faute de ces précau- tions, on peut, surtout chez les lapins, amener la mort des animaux avec des phénomènes quasi convulsifs, qu’on peut interpréter d’une manière erronée. NOTE SUR LA CIRCULATION CHORIALE DES RONGEURS; par M. Poucer. Les premières hématies embryonnaires nuclées des mammifères naissent dans l’aire vasculaire. Sur l’embryon de lapin du dixième ou du douzième jour environ, le feuillet vasculaire appliqué contre le chorion est mince et il semble que les hématies se forment sur place par segmentation d’une substance amorphe interposée aux noyaux, en même temps que cette substance prend les caractères de couleurs et de transparence propres aux hématies. On ne distingue pas — autant que nous avons pu en juger, du moins, sur une piéce, où les conditions d'examen n'étaient pas absolument favorables — des groupes de cellules saillants dans des cavités et dont les éléments les plus externes se détacheraient successivement. Il en est tout autrement plus tard. On sait que, chez les rongeurs, la circulation omphalo-mésentérique subsiste à la surface de toute la por- tion du chorion qui ne répond pas à l’allantoïde. Si on pratique des coupes sur la paroi de l'œuf d’un embryon de lapin de 17 mm. de Jons, on voit au-dessus d’une rangée unique de cellules (toute trace de la membrane vitelline paraît avoir disparu à ce niveau), une structure qui rappelle tout à fait celle de l’aire vasculaire des oiseaux au quatrième ou cinquième jour, sauf que les plus gros vaisseaux font saillie en dehors, et soulèvent le revêtement épithélial qui les enveloppe sur les deux tiers ou les trois quarts de leur périphérie. Le tissu lamineux dans lequel sont creusés ces vaisseaux est riche en matière amorphe, dans laquelle on distingue des fibres lamineuses et des noyaux sou- vent nucléolés de cellules conjonctives. Sur les parois des cavités, d’au- tres noyaux légèrement saillants sont ceux des cellules d’un revêtement (endothélial) qui tapisse les cavités sur tous les points où leurs pa- . rois ne sont pas le siége d’un bourgeonnement spécial. En effet, sur les coupes minces lavées afin de les débarrasser de tous les éléments du sang coulant ; on voit, de place en place, sur les parois des cavités, des amas caractéristiques de noyaux sphériques at- —, 1 — tachés à ces parois mêrnes ou qui, parfois, semblent envelopper un pi- lier lamineux traversant verticalement les cavités vasculaires. Ils sont toujours sphériques et mesurent exactement 3 millièmes de milli- mètre ; leurs dimensions ont une grande umiformité. Ils n'ont Jamais de nuelcole et on ne distingue pas davantage le corps cellulaire. Il est impossible de ne point y voir des éléments en prolifération et certaine- ment destinés à se détacher. Ces amas sont des amas de leucocytes en prolifération, qui tombent sans doute dans le sang, au moins pour la plupart, tels que nous ve- nons de le décrire; d’autres subissent peut-être sur place une inodifi- cation qui se retrouve dans les éléments libres du sang. Celui-ci est composé pour moitié d'hématies de taille variable, mais dépourvues de noyau et semblables à celles de l'adulte. A côté de ces éléments fisurent en nombre des hématies embryonnaires re:onnaissables à leur grand diamèétre, à leur noyau central, et qui fixe énergiquement le carmin. On trouve enfin des éléments formés d’un noyau de dimension assez constante, avec granulations éparses, trés-fines. Ces noyaux portent latéralement une masse cellulaire restreinte, mais dont tous les carac- téres morphologiques et physio-chimiques sont ceux de l2 substance des hématies indépendantes. Le volume du noyau, les caractères de la substance cellulaire ne permettent pas de voir, dans ces éléments, des hématies embryonnaires en regression. On se trouverait donc, d'autre part, conduit à regarder les éléments dont nous parlons, comme des hématies en cours de production épigénique; d’autant plus qu'on ne trouve dans la préparation aucun corpuscule de Zimmermann. En résumé, chez l'embryon de lapin du 10° ou 128 jour, les héma- ties dériveraient directement de l’aire vasculaire. Chez l'embryon de lapin de 47 millimètres de long, les hématies dériveraient d'éléments (leucocytes) proliférant contre les parois vasculaires de la résion extra- allantoïdienne du chorion. Ce n’est que plus tard qu’ils dériveraient. directement ou indirectement des éléments du corps même de l’em- bryon. Vers l’époque de la naissance, en effet, on retrouve la région extra-allantoïdienne du chorion, simplement parcourue par des capil- laires qui n’offrent plus n1 les mêmes dimensions, ni les mêmes amas d'éléments en prolifération sur leurs parois ; on trouve à cette époque, dans le sang, des corpuscules de Zimmermann. Séance du 15 avril 1878. — M. Pauz BERT communique les notes suivantes : INFLUENCE DE L’OXYGÈNE A HAUTE PRESSION SUR LES CORPUSCUIÆ&S REPRODUCTEURS DES VIBRIONIENS CHARBONNEUX. Du sang de cochon d'Inde, contenant des corpuscules reproducteurs de vibrioniens charbonneux et qui, malgré un séjour de deux semaines — 133 — dans l'oxygène comprimé à 15 atmosphères, avait conservé ses pro- priétés virulentes, les avait perdues, plusieurs mois plus tard (24 mai 1877, — 20 février 1878), étant toujours resté sous pression. Ainsi l’apparente exception, présentée par ces corpuscules à la loi gé- nérale de l’action toxique de l'oxygène comprimé, disparaît quand la pression s'exerce pendant un temps suffisant ; c’est simplement une question de plus ou de moins. CONSERVATION DANS L'ALCOOL DE L'ACTION VIRULENTE DE SANG CHARGÉ DE CORPUSCULES REPRODUCTEURS DES VIBRIONIENS CHAR- BONNEUX. Du sang de cochon d’Inde, contenant des vibrioniens charbonneux et des corpuscules reproducteurs, a été mélé à de l’alcool ordinaire (8 ou 10 volumes) le 26 février 1877. A plusieurs reprises pendant l’an- née 1877, et en dernier lieu le 26 mars 1878, j'ai constaté qu'il avait conservé ses propriétés virulentes, et qu’il tuait les cochons d’Inde avec les mêmes symptômes et la même rapidité qu’à l’état frais; leur sang avait la même énersie, et ainsi de suite, de génération en géné- ration. ACTION DE L'OXYDE DE CARBONE A HAUTE TENSION SUR LA CONTRACTILITÉ MUSCULAIRE. Les rapports entre la matière colorante des muscles et l’hémoglo- bine m'ont amené à chercher si l’oxyde de carbone n’aurait pas quel- que action directe sur la contractilité musculaire. Des expériences préalables m'ont montré qu’à la pression normale, il n’y avait pas de différence constatable entre des muscles de grenouille conservés à l'air jusqu’à rigidité et d’autres conservés dans l’oxyde de carbone. Mais si l’on emploie ce dernier gaz à haute tension, il exerce sur la fibre musculaire une action évidente. Das pattes de srenouilles étant placées, quatre par quatre, les unes à © atmosphèéres de pression, dont 4 d’oxyde de carbone, les autres à D atmosphères d’air, on trouve que ces dernières, quarante-quatre heures aprés, ont conservé intacte la contractilité musculaire; les autres l’ont perdue, sauf une chez qui elle est extrêmement affaiblie. Les nerfs moteurs agissent encore, bien que rapidement épuisables, dans les pattes à l'air comprimé. En employant, afin d'éliminer l'influence de l’oxygéne, de l’hydro- gène au lieu d’air, j'ai Shine le même résultat. Après quarante- quatre heures de séjour à 5 atmosphères, dont 4 d’oxy a de carbone, les muscles étaient le dans trois pattes, à peine excitables à la quatrième; à 5 atmosphères, dont 4 d'hydrogène, l’excitabilité des muscles et pour une patte celle du nerf était conservée. Dans ces expériences, on mettait, pour chaque grenouille, une patte dans l’oxyde de carbone, l’autre dans l’air ou l’hydrogéne. — 134 — — M. G. Haye fait une communication sur le sang du chat nou- veau-né, Les arguments que donnent les auteurs touchant l'unité d’origine des éléments du sang sont peu nombreux et presque tous faciles à réfuter. Un des arguments invoqués par Kælliker(Würzb.Verhandl., t. VII, p. 187, et Éléments d'histologie humaïne, trad. franç., 2e édit., p. 826) consiste dans la présence d’hématies incolores et granuleuses, ainsi que de cellules rouges à noyaux dans le sans du foie et de la rate de jeunes animaux allaités (chats, chiens, souris). M. Hayem a cherché à vérifier sur de jeunes chats nouveau-nés les faits avancés par M. Kælliker. Dans le sang pur, dit-il (préparation faite dans la chambre hu- mide), presque tous les globules rouges deviennent rapidement épi- neux (mûriformes), ce qui ne les empêche pas de se disposer en piles, fait qui semble démontrer que la formation de ces piles est due plutôt à la viscosité des globules qu’à la régularité de leur forme. Entre les piles on aperçoit un grand nombre de petits éléments, isolés ou réu- nis par amas plus ou moins considérables. Ce sont d’abondants hématoblastes qui ne tardent pas à s’altérer et à subir des modifications analogues à celles que nous avons décrites dans le sang de l’homme. On remarque encore, outre les différentes variétés de globules blancs, des granulations brillantes, fines, disséminées en nombre in- calculable dans le plasma qui prend ainsi un aspect laiteux. Cette particularité, qui a déjà été signalée chez les nouveau-nés et les animaux à la mamelle ou nourris avec du lait, ne se rencontre jamais dans le sang du nouveau-né humain. Pour faire l'étude des hématoblastes du petit chat, après avoir exa- miné le sang pur, je l’ai traité parle sérum iodé, le séram iodo-ioduré, l'acide cosmique, la dessiccation, etc. Voici les faits les plus importants : Les globules rouges ont les dimensions suivantes : les plus grands, Tu, 14; les grands, 6 u; les moyens, 5 p, 5; les petits, 4 p, 8; les nains, de 2 pu, 5 à A y, D. Aucune de ces hématies ne contient un noyau visible. Les plus petits globules blancs ont un diamètre de 5 y, 7. Ils sont constitués, comme chez tous les autres animaux, par un noyau relati- vement volumineux et une mince enveloppe protoplasmique, non contractile. Les globules blancs moyens ont 6 uv, 2; les plus grands 7 y, 5. Aucun de ces éléments ne pourrait être confondu avec les hématies, Les hématoblastes différent notablement de ceux du sang humain. Dans le sang pur ils se présentent sous la forme d’éléments délicats, päles, relativement volumineux, quelquefois arrondis, mais le plus souvent ovoïdes ou riziformes et paraissant très-rarement excayés. La plupart d’entre eux deviennent épineux et se hérissent de petites — 135 — pointes trés-fines. Les uns sont déjà nettement colorés en jaune, d’autres paraissent complétement incolores ; d’autres encore sont gri- sâtres, d’un aspect ovoïde, chatoyant, particulier. Presque tous se réunissent pour former des amas, souvent très- étendus, et ne tardent pas à se confondre en une sorte de masse com- mune, mais non homogène, à reflets jaunâtres et à bords très-irrégu- liers, d’abord curvilignes, puis anguleux. Au bout de quelques heures, ces amas encore colorés forment une masse plus homogène, criblée de vésicules ou vacuoles relativement volumineuses. Le réticulum fibrineux est indistinct dans le sang pur, mais dans une préparation faite avec une {rès-petite quantité de sérum iodé, les amas deviennent, au bout de quelques heures, très-anguleux, et des angles partent quelques filaments très-fins, moins distincts que ceux du sang de l’homme. Dans le sang dilué avec du sérum iodé, les hématoblastes s’altèrent moins profondément. Ils sont isolés ou disposés par petits groupes. La plupart d’entre eux deviennent épineux, et, par suite, ils ressemblent à de petites cellules granuleuses, les petites pointes dont leur surface est couverte simulant des granulations. Ces éléments sont en général ovoïdes, allongés, et ils restent tels, quelle que soit la manière dont ils sont placés. Quelques-uns sont colorés, d’autres pâles, à peine dis- tincts, homogènes, légèrement vitreux ; enfin on en voit quelques-uns qui sont aplatis sans être nettement discoïdes et dont le bord est festonné. Dans les préparations faites avec une solution d’acide osmique ou avec le sérum iodo-ioduré, ces éléments sont légèrement rétractés, mais non épineux. Ils paraissent fixés dans leur forme. Dans quelques- uns on aperçoit une ou deux taches pâles, très-petites, ressemblant à de petites vésicules, et qui ne se modifient pas sous l'influence de l’os- mium. S'agit-il de particules graisseuses ou de grains vitellins ? Cette question, qui est d’ailleurs accessoire, me paraît difficile à résoudre. En tout cas, aucun de ces moyens d’étude ne fait apparaître un noyau dans ces éléments. Il n'y a donc pas, dans le sang du chat nouveau-né, de globules rouges à noyau. Les hématoblastes, mesurés dans le sang pur et dans le sérum iodé, ont des diamètres très-divers. Les plus petits ont en longueur 2 y 3 ou 249; les plus grands, 4 nu 6 —4u8. Ces éléments sont donc plus petits encore que les plus petits glo- bules blancs, et il serait impossible de les faire provenir d’une trans- formation de ces éléments. Dans les préparations de sang desséché, rapidement faites, les hé- matoblastes sont parfaitement conservés. Ils sont presque tous groupés en amas, dans lesquels les éléments sont en général bien distincts, ovoïdes, riziformes, jaune-verdâtres, d’un aspect chatoyant spécial trés-accusé. = Ms = Quelques-uns, isolés, sont presque discoïdes, nettement colorés et à bord crénelé. Ces amas d'éléments desséchés présentent la plus grande analogie avec ceux qu’on trouve dans les préparations de sang d'ovipares, de la grenouille par exemple. Les hématoblastes se comportent de la même manière dans le sang des vertébrés, et, d’une classe à l’autre, ils ne différent pas plus entre eux que les globules rouges eux-mêmes. Dans le sang extrait de la rate on trouve les mêmes éléments que dans le sang provenant des autres parties du corps. Toutefois, le sang de la rate contient une proportion plus grande de petits globules blancs à un seul noyau. Séance du 27 avril 1878. M. Brown-Séquarp présente à la Société des cobayes sur lesquels il a pratiqué la section du nerf sciatique. Il décrit les accidents épilepti- formes déterminés ainsi et insiste sur les altérations de Ia patte du côté sain ; ces lésions sont purement traumatiques et doivent être rapportées aux morsures que l'animal se fait durant les attaques. M. LABoRDE rappelle que ses recherches antérieures ont permis de constater de réelles altérations trophiques succédant à de semblables sections. Les faits qu’il a récemment constatés avec M. Mathias Duval (altérations de l’œil à la suite de la section de la 5° paire) confirment ces résultats et obligent aux réserves les plus formelles. —M. Javaz, s'appuyant sur les observations de Delbeuf, observations qui ont montré que le daltonisme se trouvait corrigé par l’interposition d’une solution de fuchsine, présente à la Société des plaques de géla- tine fuchsinée qui, introduites entre deux lames de verre mince, pour- ront entrer dans la confection des lunettes propres aux daltoniens. — M. Mazassez présente la note suivante de M. RENAUL : NOTE SUR L’ANATOMIE GÉNÉRALE DE L'ENDARTÈRE. L'endartère n’existe que sur les vaisseaux artériels munis de leurs trois tuniques, c’est-à-dire d’une celluleuse, d’une musculeuse et d’une interne supportant l’endothélium. Dans les artères terminales, c’est- à-dire celles qui sont intermédiaires aux artérioles et aux artères destinées à la distribution du sang, telles que la pédieuse, par exemple, la membrane interne offre une grande simplicité de struc- ture. Dans ces artères terminales, l’argentation montre simplement, au-dessous du dessin endothélial, les couches musculaires imprégnées et dont les cellules constitutives sont séparées par des traits de ciment. L'on ne voit point sous l’endothélium le réseau cellulaire compliqué décrit par Langhaus. — 137 — Les artères destinées à la distribution du sang sont, au contraire, mu- nies d’une endartère épaisse, au sein de laquelle l’argentation montre un réseau cellulaire très-compliqué, formé par des éléments plats, munis de longs prolungements anastomosés entre eux dans is plans. L'on sait actuellement que ces réseaux sont formés par des cellules en blanc par l'argent et ne répondent nullement à des canaux comme le pensait Panehaus dans ses premières recherches. Mais on est en droit de se demander si ces longues cellules plates étoilées, anasto- mosées entre elles par des prolongements membraniformes et fili- formes, sont des cellules du tissu connectif ou si elles ont une autre signification. Quelle que soit l’analogie de forme existant entre les cellules connec- tives du tissu cellulaire lâche et celles de l’endartére, ces dernières se comportent si différemment des cellules connectives en présence de inflammation que leur identité avec celles-ci paraît assez discutable. Les cellules &e l’endartère ne réagissent que peu ou point devant l'in- flammation. Au voisinage des plaques d’endarténite elles se chargent simplement de granulations graisseuses. Dans l’endartère de l'aorte, si on les examine en dehors d’un point envahi par l’athérome, on recon- nait que nombre d’entre elles sont chargées, tout autour du noyau, de pigment jaune identique à celui que l’on trouve accumulé dans le voi- sinage des noyaux des seements cellulaires cardiaques. Stroganoff avait indiqué de son côté que ces éléments cellulaires, souvent gigan- tesques, ne prennent jamais l'apparence de cellules à noyaux mul- tiples. Si maintenant nous enlevons, à l’aide d’un lavage au pinceau, l’en- dothélium aortique, et si l'aorte saine du veau, "du mouton où de l'homme adolescent est durcie (dans l'alcool, la gomme et l’alcool), aprés avoir été traitée de cette façon, il devient facile, à l’aide de pinces et en opérant sous l’alcool, d'enlever des lambeaux d’endartère d'une délicatesse extrême, qui sont ensuite colorés au picro-carminate ou à l’éosine et examinés dans la glycérine neutre ou salée, Sur les coupes colorées au picro-carminate, l’on voit que les cellules ramiliées sont comprises dans l’intervalle des couches élastiques gra- nuleuses et très-délicates de l’endartère. Elles forment des lits réau- liers. Leur corps est étoilé et donne naissance à de longs prolonge- ments anastomosés soit dans le même plan, soit dans un plan infé- rieur ou supérieur, avec les prolongements similaires émanés d’autres cellules. Chacun des noyaux est entouré d’un fuseau de protoplasma renfermant des granulations ambrées plus ou moins nombreuses. Au centre de ce fuseau se trouvent, soit un seul noyau nucléolé, soit deux noyaux. Ces noyaux affectent souvent des formes bizarres corime s'ils avaient été sollicités par les prolongements de protoplasma. Ils reproduisent vaguement, en un mot, les figures semblables de l’élé- nent rameux étoilé. Mais ce qui m'a paru remarquable, et ce qui, à ma connaissance, n’a encore été noté par aucun anatomiste, c'est que le protoplasma de c. R. 1878. 18 — 138 — la cellule, disposé autour du fuseau granuleux périnucléaire, présente uve striation longitudinale d’une régularité et d’une netteté parfaites. De la sorte, ce protoplasma est divisé en une série de baguettes cylin- driques juxtaposées, tout à fait comparables aux cylindres primitifs des fibres musculaires lisses. Quand la cellule se divise et se branche pour constituer les prolon- gements rameux qui s'étendent dans tous les sens, les cylindres pro- toplasmiques se divisent, eux aussi, en deux groupes; le premier s’en- gage dans l’une des branches de division, le second dans l’autre. Enfin il existe des cylindres qui, s’infléchissant au niveau de la bifurcation, passent d’une branche dans l’autre ; ces trois ordres de cylindres pro- toplasmiques circonscrivent donc sur ce point un très-petit triangle curviligne dont la base répond à la bifurcation, le sommet regardant le corps même de la cellule. Le picro-carminate d’ammoniaque teint en jaune orangé le proto- plasma strié des cellules de l’endartère ; l’éosine le colore en rose vif. Le noyau n’est pas plus coloré que le protoplasma dans ce dernier cas; il est coloré vivement, au contraire, par le carmin dans le premier. Il résulte de ce qui précède que les cellules de l’endartère qui ré- pondent aux figures réservées en blanc par l’argent, diffèrent sensible- ment des cellules connectives ; et que, par leur striation longitudinale et leurs caractères microchimiques, elles semblent plutôt analogues à des cellules contractiles, à celles de la tunique moyenne de l’aorte en particuher, décrites dans ces derniers temps par M. Ranvier comme des cellules musculaires striées longitudinalement et irrégulièrement rameuses. DUR LA PRÉSENCE DE CONCRÉTIONS URIQUES DANS LES ORGANES SEGMENTAIRES DE L'AULASTOME; par M, Joannes CHarin. On sait que les Hirudinées présentent, sur la face ventrale du corps, deux séries de pores qui donnent accès dans des organes spéciaux (ca= naux en lacets) dont le nombre est assez variable et dont le rôle a été très-diversement interprété. On les a regardés tantôt comme des pros- tates ou des vésicules séminales, tantôt comme des glandes muqueu- ses ou des poches respiratoires, jusqu’au moment où de sérieuses re- cherches ont permis de les assimiler à des organes secréteurs. Mais si la structure, les rapports anatomiques, les analogies morphologiques témoignaient hautement en faveur d’un pareil rapprochement, il con- vient d’ajouter qu’on ne possédait encore aucune preuve directe du fonctionnement physiologique attribué de la sorte à ces organes. Lorsqu'on les examine dans la sangsue médicale, on constate qu’ils renferment simplement un liquide visqueux, tenant en suspension des débris épithéliaux et de fins granules grisâtres, mais n’offrant aucun produit appréciable d’excrétion. J'ai moi-même étudié souvent cette espèce, presque exclusivement observée par les zoolosistes contempo- rains, sans pouvoir ohtenir aucun résultat certain. Les Hoœmopis, les — 139 — Trochètes ne différent pas des sangsues, mais il en est tout autrement pour l’Aulastome. Cette Annélide (Aulastoma gulo Br.), commune dans les mares des environs de Paris dont elle dévore avidement tous les petits habi- tants aquatiques (Mollusques, Naïs, Larves d’Insectes, etc.), possède des canaux en lacets normalement développés et présentant même une étendue plus considérable et une structure plus compliquée que dans la généralité du groupe. Leur contenu montre bien encore des débris épithéliaux et de petites granulations grisâtres, indifférentes aux réac- tifs, mais on y trouve aussi des formations beaucoup plus volumineu- ses, résistantes et présentant les caractères suivants. Ce sont des corps arrondis, jaunâtres ou brunâtres, offrant des lignes concentriques ; certains d’entre eux montrent une structure plus nette- ment cristallisée et affectent la forme d’aiguilles allongées ou de pris- mes à arêtes mousses. — Ces productions, recueillies avec soin, ont été desséchées à 55°, puis traitées à chaud par une solution de potasse, la liqueur additionnée d’acide chlorhydrique donne un précipité blanc in- soluble dans l'alcool et l’éther, se colorant en rouge par l’action de l’a- cide nitrique. L'observation microscopique eût pu suffire à indiquer la nature de ces concrétions dont l’origine se trouve nettement établie par les réac- tions précédentes qui démontrent la présence de l'acide urique et lé- gitiment ainsi pleinement, au point de vue fonctionnel, la signification que les recherches anatomiques permettaient déjà d’accorder aux or- ganes segmentaires des Hirudinées. — M. Joanxes CHarTin fait ensuite la communication suivante : CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU TAPIS CHEZ LE DAUPHIN. Le tapis qui donne à l’œil du Dauphin (Delphinus Delphis) sa belle couleur d’un bleu métallique, occupe toute la face interne de la cho- roïde (1), sans être limité à la papille du nerf optique comme l'ont décrit certains auteurs. Lorsqu'on l’enlève et qu’on l’examine à la lumière réfléchie, il pré- sente une teinte éclatante, très-intense, comparable à celle de l’Azurite; s’il est au contraire observé à la lumiére transmise et sous une cer- taine épaisseur, sa coloration est beaucoup plus faible; elle se moditie complétement et devient brunâtre quand :l n’est représenté que par une couche mince. Ces résultats suffisent déjà à mettre en garde contre les assertions des anatomistes qui veulent qu’à ce niveau les cellules choroïdiennes soient privées de matière colorante et gorgées de gouttelettes adipeu- ses apparaissant à la suite d’une sorte de dégénérescence graisseuse. 0e (1) Cette disposition ne saurait être mieux comparée qu’à celle qui s’observe chez les Crocodiliens, — 140 — Rien n’est moins exact et l'observation histolosique le démontre pleinement : les cellules pigmentaires se montrent avec leur forme étoi- lée, rameuse, gorgées de pigment pâle et contenant seulement parfois une petite gouttelette huileuse à reflets jaunâtres ; une fine trame lu- mineuse supporte le tout. Les concrétions calcaires qu’on croyait être assez abondantes pour justifier ici la distinction d’une membrane ar- gentine, semblable à celle des poissons, sont loin de justifier par leur nombre et leurs dispositions un semblable rapprochement; elles sont rares, disséminées, extrêmement réduites. Quant aux concrétions phos- phatiques, les recherches les plus minutieuses en indiquent de simples traces. Cette étude montre que sur son éapis la choroïile ne présente pas de structure particulière, qu’il n’y a pas lieu de rechercher ici des forma- tions cellulaires, fibreuses ou bacillaires spéciales (« bâtonnets choroï- diens », etc.), et que c’est plutôt par les rapports de ses éléments et par les phénomènes physiques dont ils déterminent la réalisation (écarte- ment des cellules pigmentaires permettant aux rayons lumineux de se réfléchir à leur surface, etc.) que doit s'expliquer l'aspect offert par cette région, aspect que l’on a trop souvent et trop facilement tenté de rapporter à une origine purement anatomique. RECHERCHES ANATOMIQUES ET EXPÉRIMENTALES SUR LE NERF VERTÉBRAL ; par M. FRANGÇoIS-FRANCK. On décrit généralement, comme filets eférents du premier ganglion thoracique, les nerfs qui se détachent de l'extrémité supérieure de ce ganglion et qui accompagnent l'artère vertébrale dans le canal des apophyses transverses cervicales. M. Franck présente à la Société les premiers résultats de recherches d'anatomie comparée et de vivisections tendant à montrer que ces filets vertébraux constituent, non-seulement des branches efférentes du premier ganglion thoracique, mais aussi et surtout des racines cervicales du cordon thoracique du sympathique. Des deux filets qui se détachent de l'extrémité supérieure du pre- mier oanglion thoracique, l’un, externe, s’anastomose avec le dernier nerf mixte cervical; l’autre, interne, s’unit successivement aux nerfs cervicaux, de haut en bas jusqu'au troisième inclusivement, quelque- fois seulement jusqu’au quatrième. C’est par ces filets anastomotiques que la moelle fournit les racines sympathiques cervicales du premier ganglion thoracique. En opérant sur les deux branches réunies du nerf vertébral, entre le: col de la premitre côte et l’apophyse transverse de l’avant-dernière vertébre cervicale, comme on opère sur un nerf quelconque dont on cherche à connaître la provenance et la distribution, M. Franck a ob- tenu des modifications dans le rhythme des battements du cœur et dans la circulation hépatique. L'excitation du bout ganglionnaire du nerf vertébral bien isolé pro- duit l'accélération des battements du cœur, ce qui permet déjà d’assi- — 141 — miler ce nerf aux racines dorsales du premier ganglion thoracique four- nissant, comme on sait, des nerfs cardiaques accélérateurs. Ces nerfs proviendraient donc également de la moelle cervicale par le nerf ver- tébral. On s'explique ainsi plus facilement les résultats de l'expérience de Von Bezold, qui avait constaté l’accélération du cœur à la suite de l'excitation du tronçon inférieur de la moelle sectionnée à la partie su- périeure du cou. L’excitation du bout supérieur du nerf vertébral détermine, comme l'excitation du bout supérieur du sympathique cervical, mais à un moindre degré, la dilatation pupillaire. M. Aug. Voisin avait déjà pensé que toutes les fibres pupillaires ne suivent pas le cordon cervical du sympathique, mais qu'un certain nombre d’entre elles suivent l’artère vertébrale. L'expérience démontre qu'il en est bien ainsi. En outre de ces effets pupillaires, l'excitation du bout supérieur du nerf vertébral détermine des modifications de Ja circulation intra-crà- nienne sur lesquelles M. Franck insistera dans une prochaine commu nication. Ces expériences montrent qu’il y a dans les nerfs accompagnant l’ar- tére vertébrale des filets ascendants (iriens, vasculaires) et des filets descendants (cardiaques accélérateurs). Mais un autre effet produit par la section du nerf vertébral et sur lequel lattention avait été déjà attirée par MM. Pavy, Cyon et Aladoff, c’est la production du diabète. Ce résultat 4e la section des filets qui accompagnent l’artère vertébrale à été contesté par M. Eckhard et n’a pas été retrouvé par M. le professeur Vulpian. M. Franck a repris ces expériences et a trouvé, à la suite de la section du nerf vertébral, l'urine, tantôt chargée de sucre, tantôt complétement normale, varia- tions qui expliquent le désaccord entre les physiologistes cités plus haut. Mais si, au lieu de chercher le sucre dans l’urine, on fait des analyses comparatives du sang avant toute opération, après que le nerf a été découvert et après qu'il a été coupé, on peut s'assurer que, dans tous les cas, la proportion du sucre augmente dans le sang aprés la section du nerf : il en passe dans l’urine si Paugmentation est suffi- sante ; il n'en passe pas si la proportion n’atteint pas le chiffre indiqué par Claude Bernard : 3 pour 1,000 dans le sang artériel. 11 y a toujours hyperglvcémie, quelquefois glvcosurie. M. Franck donne les chiffres de quelques dosages du sucre dans le sang des veines sus-hépatiques et dans le sang de l’artère fémorale, recueillis siniultanément, suivant le précepte de Claude Bernard. Le mécanisme de cette surabondance du sucre dans le sang à la suite de la section du nerf vertébral, sera discuté avec détails dans d’autres communications. M. Franck propose provisoirement l'interprétation suivante : la section du nerf vertébral interrompt la continuité d’un certain nombre de filets vaso-moteurs destinés aux branches des vais- seaux du foïe et provenant de la moelle cervicale. Cette hypothèse re- pose sur les expériences suivantes : Si on introduit la canule d’un manomêtre rempli de sérum additionné de sulfate de soude dans le — 142 — bout viscéral de l’artère hépatique et qu’on excite le plexus nerveux accompagnant l'artère, on voit s'élever le niveau du liquide dans la branche libre du manomètre : il s’est donc produit un resserrement vasculaire intra-hépatique. Si l’on répète l'expérience en excitant, non plus le plexus hépatique, mais le bout inférieur, ganglionnaire, du nerf vertébral, on constate le même phénomène : élévation de pression dans le manomètre, resserrement vasculaire hépatique. Le nerf vertébral semble donc bien contenir des filets vaso-moteurs se rendant au foie, M. Franck croit que l’hyperglycémie constatée après la section du nerf tient seulement à un lavage plus considérable du foie et à un déverse- ment plus abondant de sucre dans la circulation. M. Franck reviendra, dans une prochaine communication, sur plu- sieurs poin{s de ces recherches qui sont commencées depuis plusieurs années (COMPTES RENDUS DU LABORATOIRE DU PROFESSEUR MAREY, 1879, et Th. de Paris) et dont il n’a fait qu'indiquer les résultats généraux. COMPTE RENDU DES SEANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE MAI 1878, Par M. Joannes CHATIN, secrétaire, PRÉSIDENCE DE M. HOUEL. Séance du 4 mai 1878. NOTE SUR LE TISSU ADAMANTIN DE L'ECTODERME ; par M. J. RENAUT. L’analogie de l’ectoderme de certains animaux. avec l'organe forma- teur de l’émail a depuis longtemps attiré l'attention des anatomistes, mais à un point de vue spécial, celui de la formation du test. C’est ainsi que Leydig (Traité d'histologie comparée, 1866, p. 116, Trad. française de Lahilloune) constate que, dans les genres ostrea, charna, et d’autres, la coquille présente une structure analogue à celle des pris- mes de l’émail des dents des animaux supérieurs. Lorsque sur la coupe d’une dent d’un embryon humain de quatre mois, colorée au picrocarminate d’ammoniaque et montée dans la gly- cérine, l’on examine le sac adamantin qui forme par sa réflexion au- tour de la pulpe l'organe générateur de, l'émail, on constate que la paroi externe de ce sac est constituée par un épithélium prismatique formé de cellules soudées les unes aux autres, comme celles de l’ectoderme embryonnaire proprement dit, mais en différant néanmoins par plu- sieurs points’ Les cellules de l’organe de l'émail sont prismatiques, le noyau est — 144 — refoulé vers la partie profonde de l'élément, adjacent par conséquent à la paroi fibreuse du germe dentaire. Le protoplasma est clair et, au premier abord, rappelle celui des cellules caliciformes des glandes! Mais on reconnait facilement que ce protoplasma est plein et même solide. Il est formé d’une substance hyaline transparente qui ne se dé- forme pas sous l’influence des pressions. Le protoplasma que je viens de décrire n’est pas homogène, il est strié dans une direction normale à la surface d'implantation de la cellule; ceci revient à dire que la striation est parallèle au grand axe de l'élément cellulaire prismatique. Par sa face libre, qui regarde la cavité du sac adamantin, la cellule de l'émail se termine par un plateau homogène, étalé à sa surface comme une cuticule. Une dent de souris entièrement développée, mon= tre au niveau du collet, et sur une coupe transversale parallèle à son axe de dehors en dedans: 40 l’épithélium externe de l'émail dont chaque cellule est munie d’un plateau; 2° la couche des prismes de J'émail ; 30 l'ivoire de la dent. La cuticule propre de l’émail, c’est-à- dire la zone la plus externe de cette production, ct dans laquelle es prismes adamantins se fusionnent pour former une mince couche ho- mogéne, n’a, on le conçoit, aucun rapport avec la cuticule des cellules de l’épithélium générateur de l’émail. Ainsi constitué, l’épithélium du sac adamantin, qui n’est cependant au fond qu’une invagination pure et simple de l’ectoderme Malpighien, diffère tellement de ce dernier, qu’au point de vue morphologique la relation entre les deux, abstraction faite des données embryologiques, ne saurait être 4 priori soupçonnée. L’épithélium de l'organe de l'émail est cependant le représentant d’un type particulier de l’ectoderme ; plusieurs animaux inférieurs, et notamment l’amphioxus lanceolatus sont entièrement revêtus, sur toute leur surface ectodermique, d’un épithélium qui, au lieu d'offrir, le type chitineux, glandulaire, ou Malpighien, n’est autre chose qu'un organe de l'émail enveloppant toute la surface extérieure du corps. L’ectoderme de l’amphioxus repose sur une membrane (ou derme), formée de trois couches, l’une externe adjacente au tégument, la se- conde moyenne et la troisième interne adjacente aux muscles. Le pi- crocarminate d’ammoniaque colore en rouge foncé les deux membranes extrêmes, et la moyenne reste incolore. La primerose agit en sens in- verse et colore seulement la membrane moyenne. Sur cette membrane, les cellules de l’ectoderme sont placées de champ. Le noyau est atrophié et placé tout à la base, de façon à si- muler la disposition du noyau des cellules caliciformes. Le corps de la cellule est prismatique, strié, les stries dessinent de véritables bâton- nets qui se terminent en haut sous une cuticule. La seule différence avec l'organe adamantin consiste dans ce que les noyaux de l’épithé- lium de l'émail sont plus gros que ceux de l’ectoderme de l’amphioxus. A part ce détail, l’analogie est complète. — 145 — ‘Il existe donc un type de l'ectoderme qui, généralisé chez des espé- ces inférieures, dépourvues d’ailleurs de test, se reproduit sur une toute petite surface dans les dents en cours d’évolution de l’homme et des mammifères. Je propose d’appeler ce type le éype adamantin de l'ec- toderme. Répandu en forme de surface défensive (peau solide ou test) chez certains animaux, ce type de l’ectoderme se restreint aux phanères défensives et préhensiles des animaux supérieurs. La distinction que je propose a, en outre, cet avantage de rattacher l'organe de l'émail à un type morphologique défini, dont la formule n'avait pas été jus- qu'ici exactement donnée. ACTION DES SELS DE MORPHINE SUR LE COEUR; par MM. P. PicarD et REBATEL. Dans deux communications successives, j’ai appelé l'attention de la Société sur quelques-uns des phénomènes qui suivent les injections de chlorhydrate de morphine chez le chien. J'ai en particulier relaté des expériences qui sont de nature à faire comprendre comment s'établit la contraction de la pupille, constante dans cet empoisonnement, et indiqué qu’il se produit toujours par l’action de la même substance, une dilatation des petits vaisseaux. J'ai tiré des faits énoncés cette conclusion : les sels de morphine produisent l’un et l’autre phénomène en affaiblissant l’action du nerf sympathique. Je viens aujourd’hui publier une suite à ce travail, et faire connaître d’autres observations que j'ai faites avec l’assistance de M. Rebatel, chef du laboratoire. Les phénomènes sur lesquels je veux appeler l’attention suivent ha- bituellement les injections des sels de morphine chez le chien, et sont au nombre de deux : 19 L’abaissement souvent considérable de la pression moyenne. 29 Le ralentissement des battements du cœur, qui coïncide avec cet abaissement. La constatation de ces deux faits est facile : on met un manomètre en rapport avec une artère de l’anhual, et on peut ainsi observer au même instant la pression et le nombre des systoles. Ces deux mesures étant faites, on injecte directement, dans une veine de 5 à 8 cc. d’une solution de chlorhydrate de morphine (1 cc. — 0,01), On voit alors de suite un abaissement parfois considérable de la pression, phénomèéne signalé depuis longtemps par les Allemands, et on constate, en outre, une diminution du nombre des systoles car- diaques, diminution constante, mais variable dans sa valeur, d’un ani- mal à l’autre. Ce qu'il y a de curieux dans cette observation, c’est pré- cisément la coïncidence de ces deux phénomènes, c’est le ralentisse- ment des battements du cœur, se produisant malgré l’abaissement de la pression. Quel en peut être le mécanisme ? ç. R. 1878 19 — 146 — Si l’abaissement de Ja pression existait seul, une action périphérique sur les vaisseaux suffirait à l'expliquer ; mais, dans cette condition, on aurait en même temps une accélération des battements du cœur, et non leur ralentissement. Ce n’est donc qu'une action agissant directe- ment sur le cœur pour le ralentir, qui peut nous faire comprendre ce phénomène. Un ralentissement direct des battements du cœur peut reconnaître deux causes : ou une excitation du nerf d'arrêt, ou, au contraire, une paralysie partielle du système nerveux moteur (il faut laisser de côté, comme inadmissible, l'hypothèse d’une action de la morphine sur la fibre cardiaque). La question ainsi posée se tranchait facilement par l’expérience sui- vante : on sectionne les deux pneumogastriques sur un chien, puis, aprés quelques minutes, on compte les battements du cœur. On in- jecte alors la solution de morphine, et on constate qu’un ralentissement se produit malgré la section des nerfs. Cette expérience écarte la première hypothèse et conduit à admettre la seconde. Comme conclusion, la morphine affaiblirait l’action du système ner- veux d’excitation du cœur, comme elle le fait du sympathique des vaisseaux de la pupille. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DES SELS DE CUIVRE; par le docteur PHILIPEAUX. J'ai choisi de préférence, pour nos expériences, l’acétate de cuivre comme étant un des sels de cuivre les plus solubles. J'ai fait de nombreuses expériences qui toutes m'ont démontré que les sels de cuivre peuvent empoisonner et tuer tous les animaux, pourvu que la dose soit assez forte (10 grammes, par exemple, pour un chien de taille ordinaire et adulte), et pourvu que cette dose soit prise sans être mélangée à des aliments, et en une seule fois. Il n’en est pas de même lorsque les conditions d’ingestion du sel de cuivre sont différentes. En effet, je viens de refaire de nouvelles expé- riences, et toujours avec le même sel de cuivre (acétate). J'ai donné pendant un mois, à un lapin adulte qui pesait, le jour de l’expérience, 2 kilos 400 grammes, 2 grammes d’acétate de cuivre dissous dans 10 grammes d’eäu ordinaire et mélés à ses aliments. Ce lapin à bien mangé ces aliments ainsi imprégnés de dissolution d’acétate de cuivre. Il n’a jamais offert le moindre trouble apparent de la santé, et il se porte encore très-bien. Chose remarquable! il avait engraissé notablement pendant qu’il était soumis à ce régime expéri- mental : il pesait, comme je l’ai déjà dit, 2 kilos 400 grammes, le jour du commencement de l’expérience, et le jour où on l’a cessée, c’est-à- dire quatre-vingt dix jours aprés, il pesait 2 kilos 845 grammes. Il a donc, pendant ces quatre-vingt dix jours, augmenté de 445 grammes, tandis qu’un lapin de la même portée, qui pesait comme lui 2 kilos. — 147 — 400 grammes et qui avait été bien nourri, ne pesait, quatre-vingt dix jours après, que 2 kilos 600 grammes. Il y avait donc aiors, entre les deux lapins, une différence de 245 grammes. D'après ce fait, je puis donc dire que les sels de cuivre, qui sont resardés par certains auteurs comme des toxiques três-puissants, n’ont au contraire, qu'une faible énergie toxique, et que même, à une dose relativement élevée, ils peuvent non-seulement ne pas tuer les ani- maux, mais encore favoriser leur nutrition intime, à la condition qu'ils soient ingérés avec les aliments. Séance du 11 mai 1878. M. V. Bura présente une malade guérie d’une affection hystérique compliquée d’achromatopsie complète de l'œil droit et partielle de l’œil sauche, par un nouveau procédé de métallothérapie externe. (Voir l’ob- servation aux MÉMOIRES.) DE L'INFLUENCE DE LA DIRECTION DES COURANTS CONTINUS. — RE- PONSE À MM. CHauveau ET Vuzpran; par M. Onrmus. Dans sa thèse d’agrégation, que M. le docteur Tessier fils vient de soutenir « Sur la valeur des courants continus, » nous trouvons quel- ques objections aux lois que nous avons cherché à établir sur l’in- fluence de la direction des courants. M. Tessier se fonde principale- ment sur des expériences récentes de M. Chauveau, et sur une opinion de M. Vulpian ; c'est surtout aux objections faites par ces deux savants que nous avons à cœur de répondre. Il y a déjà trois ans, que nous avons fait remarquer à M. Vulpian, dans une réponse aux théories sur les nerfs vaso-moteurs qu’il oppo- sait à celle que nous proposions avec Ch. Legros, que l’on arrivait à des résultats forcément erronés, si l’on appliquait, comme faisaient la plupart des expérimentateurs, les courants continus directement sur les nerfs. — (Des congestions actives et de la contraction autonome des vaisseaux. — GAZETTE HEBDOMADAIRE). En plusieurs occasions, nous avons insisté sur ce fait que, comme le disait Faraday, le courant voltaïque est une action chimique en cir- culation, tandis que les courants induits ont surtout une action méca- nique. Il est impossible de faire passer un courant continu à travers un tissu quelconque sans avoir immédiatement aux deux points d’appli- cation des actions chimiques. L'expérience la plus simple et la plus convaincante est de plonger dans un tube en U, où se tronve de l’eau amidonnée, et de l’iodure de potassium, les deux pôles d’un appareil à courant continu. Aussitôt, il y décomposition chimique, et l’eau ami- donnée est colorée en bleu. Il faut que tous les expérimentateurs sachent que chaque fois qu'ils mettront directement les rhéophores d’un courant continu sur un nerf, ide = si courte que soil la durée de ce courant et si faible qu'il soit, il se produira instantanément des actions électrolytiques. Ce n’est plus alors l'influence du courant électrique qui agit seule, mais bien l’action chimique déterminée par l'application des pôles directement sur les nerfs. Aussi, lorsque M. Vulpian dit qu’il obtient l'arrêt du cœur avec les courants continus, parce qu’il obtient réellement cet arrêt en appli- quant directement sur le muscle cardiaque un courant de piles Bunsen ou de piles analogues, nous avons le droit de dire que, l’action des courants est presque effacée par la formation de bases et d'acides à l'é- tat naissant dans le tissu même, et que cette expérience ne prouve rien quant à l'influence électrique proprement dite. De même, lorsque MM. Chauveau et Vulpian électrisent directe- ment les nerfs vaso-moteurs, ils doivent toujours obtenir une action cautérisante et, par suite, un resserrement des vaisseaux. Si, au COM= traire, l’on faisait l'expérience comme nous l’avons instituée, soit sur la patte d’une grenouille, pour observer la circulation au microscope, expérience que nous avons répété devant la Société de Biologie, soit sur l'oreille d’un lapin, sans agir directement sur les nerfs, on n’obtiendrait plus les mêmes phénomènes, et MM. Chauveau et Vulpian pourraient se convaincre de la vérité de ce que nous avons avancé, à savoir que le courant ascendant améêne le resserrement des vaisseaux, et cela très- nettement comparativement au courant descendant qui provoque quel- ques secondes après son passage, une dilatation vasculaire. Cette diffé- rence dans ces conditions, est tellement nette, que Longet avait pu la faire voir à son cours de physiologie, et qu'il avait même fait construire un petit appareil pour rendre ces phénomènes plus visibles à tous ses élèves. Nous en dirons autant pour les nouvelles expériences de M. Chau- veau, qui fait passer directement à travers le nerf sympathique un courant de pile (courant qui amène, d’ailleurs, chez l'animal de la dou- leur) et qui arrive à cette conclusion, « que le courant descendant a exercé également une excitation manifeste sur les nerfs vaso-moteurs de la tête, mais cependant moins énergique que celle qui s’est éxercée par le courant ascendant. » Ce qui m'étonne, e’est même cette légére différence, car l’action chimique est identique, et comme elle est plus active au pôle négatif, l'excitation périphérique pourrait même être plus forte avec un courant descendant. Il faut, dans tous les cas, renoncer à appliquer les rhéophores des courants continus directement sur les nerfs; car toutes les expériences faites dans ces conditions, et nous disons cela pour nos propres expé- riences, sont entachées d’une forte dose d’erreurs, lorsqn’on cherche ainsi à juger de la valeur thérapeutique des courants continus. Le nerf doit toujours être fortement protégé par une couche d’autres tissus, et comme le prouve très-nettement l’électrisation des nerfs mo- teurs, l'excitation électrique arrive ainsi jusqu'aux filets nerveux aussi bien qu’en agissant directement, ; — 149 — Pour la moelle, nous ferons la même remarque, et avec un léger courant, mais provenant de piles à action chimique très-faible, on peut facilement voir la différence des courants selon leur direction sur uve grenouille ayant absorbé un peu de strychinine. Ce n’est pas seulement pour défendre notre opinion, fondée sur des expériences nombreuses et répétées pendant plusieurs années, que nous insistons sur ces faits ; cette discussion porte plus haut, car l'excitation umipolaire et les différentes lois de l’électrotonus, sont absolument contredites par les lois que nous avons établies. Nous sommes, il est vrai, ainsi en opposition avec des savants de premier ordre en France et surtout à l'étranger, mais nous avons pour nous des faits bien consta- tés et l’autorité de savants tels que Becquerel et Matteucci, Quant à dire avec M. Bénédict que « l'efficacité thérapeutique des différentes directions des courants ne sont autre chose que des présomp- tions théoriques »,je m'’élève absolument contre cette manière de voir, qui, d’ailleurs, n’apporte aucune preuve à l’appui. Certes, comme nous l’avons écrit nous-même dans la préface de notre Guide pratique d'é- lectrothérapie, les conditions cliniques sont plus compliquées, les lois physiologiques perdent de leur rigueur srientifique, et 1l faut, de plus, tenir compte et des erreurs de diagnostic et du tempérament différent des malades; mais vouloir élever ce septicisme nihiliste à la hauteur d’une théorie, c’est tomber dans une erreur réelle. J'ai déjà dit à la Société de Biologie, en deux occasions, combien dans la tétanie, par exemple, la différence de direction était sensible, au point que, devant plusieurs personnes, je pouvais à coup sûr indi- quer, rien que par les réactions éprouvées par le malade, quelle était la direction du courant. Sans insister sur les nombreux faits cliniques analogues que nous avons observés nous-même, nous trouvons dans la thèse même de M. S. Tessier une preuve convaincante de l’influence en thérapeuti- que de la direction des courants. M. Tessier père, employant les couranis continus chez des malades atteints d’ataxie locomotrice, a observé les faits suivants : chaque fois qu’il appliquait sur la colonne vertébrale un courant descendant, il provoquait un flux hémorrhoïdal ; chaque fois, au contraire, qu’il employait un courant ascendant, il n’y avait pas de tendance hémorrhoïdale, mais de l'excitation cérébrale, Nons avons per- sonnellement constaté ces divers phénomènes sur des malades et sur nous-même. Ils peuvent, certes, ne pas exister chez toutes les person- nes, et de fait ils ne s'observent pas toujours, mais est-ce une raison pour les nier et pour ne pas profiter de ces indications ? Est-ce parce que l’opium ne fait pas dormir tous les malades, qu’il n’a pas réelle- ment une action soporitique ? Enfin, dans le grand nombre de condi- tions qu'offre la clinique et dans le dédale de faits accumulés sans ordre des méthodes électro-thérapiques, il est de la première impor- tance d’avoir des points de repère autour desquels on puisse grouper les détails ; c’est le seul moyen de marcher un peu plus sûrement et moins empiriquement, —1601— Dans tous les cas, nous avons le droit, après avoir étudié ces ques- tions sous toutes leurs faces, de demander que, pour les discuter ou les contredire, on se place dans les mêmes conditions d'observation et d’expérimentation. — M. Vina fait part de ses recherches sur la nature non-parasitaire de la pélade, — M. HazLopeau, en faisant hommage à la Société de sa thèse d’agré- gation sur le mercure, donne quelques explications sur un point de doctrine qui a été l’objet de vives discussions. Le mercure agit-il dans les maladies infectieuses, et particulière- ment dans la syphilis, en s’attaquant directement à l'élément spéei- fique, à la cause même du mal, ou simplement en modifiant, par son action physiologique, la constitution des tissus et des humeurs, et en provoquant ainsi la résorption des néoplasmes ? Les partisans de cette dernière théorie, et il faut compter parmi eux deux savants des plus autorisés, admettent que ce médicament est surtout un agent dénu- tritif et anti-plastique, et qu'il fait fondre, pour ainsi dire, les sy- philômes, comme le fait l’iodure de potassium. M. Hallopeau a été amené, par l’étude même de l’action physiologique qu'exerce le mer- cure tant sur les animaux que sur l’homme sain ou syphilitique, à adopter une maniere de voir trés-différente. Il lui paraît dé- montré, en effet, que l’action dénutritive de cet agent thérapeutique, réelle quand on le donne à doses élevées, est nulle quand on l’admi- nistre à faible dose, comme on le fait habituellement dans la syphihis, et qu’on ne peut, en conséquence, lui attribuer les effets curateurs que l’on en obtient dans ces inêmes conditions. L’exactitude de cette pro- position ressort clairement des observations et des expériences dans les- quelles on a constaté récemment que le mercure, à faible dose, n'a- baisse pas le nombre des globules sanguins, qu'il ne diminue pas la coagulabilité de la fibrine, et qu’il n’active pas la désassimilation. L'action du mercure sur la richesse globulaire du sang a été parti- culiérement étudiée par MM. Wilbouchewitch et Keyes. Tous deux sont d'accord pour affirmer qu’à faibles doses son premier effet, chez les sujets syphilitiques, est d'augmenter le nombre des globules san- guins; de plus, M. Keyes croit pouvoir conclure de ses observations qu’il exerce la même action chez les sujets sains, alors même qu’on en continue longtemps l'usage, pourvu que les doses restent fables; il le considère comme un tonique. L'action fluidifiante du mercure, admise autrefois par Fracastor et: affirmée de nouveau au commencement de ce siècle par Bretonneau et par Dumont, est niée formellement par MM. Lemaire et Gélis, élèves du professeur Bouillaud, et par Overbeck, dont la monographie est restée classique. L'analyse méthodique des urines, avant et après l’administration du mercure, montre que l'excrétion de l’urée ne se modifie pas sous l'influence de ce médicament ; les recherches que M. Couty a bien voulu — 451 — faire à ce sujet, sur la demande de M. Hallopeau, ont complétement confirmé à cet égard les résultats obtenus antérieurement par MM. Har- vey et Boeck ; le mercure à faible dose n’augmente donc pas la dénu- trition. Enfin, Hufeland, Keyes, Basset, Liégeois, Armaingaud, Martin- Damourette et Lervin sont d'accord pour affirmer que le mercure ac- croît le poids du corps ; Liégeois le considérait même, à faibles doses, comme un reconstituant des plus puissants. Il paraît difficile, en présence de ces faits, d'admettre que le mer- cure modifie les manifestations de la syphilis par une action fondante, dénutritive et anti-plastique. La clinique fournit également des arguments décisifs contre cette manière de voir : 1l existe, en effet, toute une série de néoplasies dont la structure offre les plus grandes analogies avec celle des syphilômes ; telles sont les granulations de la tuberculose, de la lépre, de la morveet du lupus ; or, ces dernières productions ne subissent que d’une manière douteuse l'influence du mercure, tandis que les syphilômes sont rapi- dement modifiés ; le médicament doit donc nécessairement agir, dans ce dernier cas, sur le seul élément qui différencie ces tumeurs des pré- cédentes, c’est-à-dire sur l’élément spécifique. On arrive à la même conclusion quand on considère que le mercure exerce son action non-seulement, comme on l’a dit, sur les manifes- tations de la syphilis, mais sur la maladie elle-même, considérée dans son ensemble, qu’il en atténue la gravité et qu’il peut en enrayer l’évolution. (Ce fait est de toute évidence pour la syphilis infan- tile.) On peut aller plus loin, et essayer de déterminer comment s’exerce cette action anti-spécifique : si l’on envisage à un point de vue général l'influence du mercure sur les êtres vivants, on voit qu'il est avant tout toxique ; il tue les végétaux; il tue les animaux inférieurs; ses vapeurs tuent dans l’œuf les insectes et les oiseaux; ses solutions arré- tent la germination (Hallopeau). Son action toxique est donc univer- selle; c’est de toutes ses propriétés la mieux établie et la plus certaine; elle explique clairement ses effets salutaires dans les maladies de na- ture parasitaire. Ne peut-elle pas rendre compte également de son action dans les maladies infectieuses ? Liebermeister, dans la belle préface dontil a fait précéder son étude sur la fièvre typhoïde (Compendium de Ziemssen) s'efforce d'établir que les virus et les contages se comportent comme des êtres vivants, car ils ont l’attribut essentiel de la vie, « la faculté de se reproduire et de se multiplier; » s’il en est ainsi, on peut ad- mettre avec vraisemblance que le mercure exerce sur eux, comme sur tous les étres vivants, son influence nocive, et il devient dès lors pos- sible de comprendre comment les mercuriaux guérissent la syphilis, comment le vaccin perd ses propriétés quand on le mélange avec une faible proportion de sublimé (Chauveau), comment les onctions avec l'onguent napolitain enrayent le développement des pustules de la vac- — 152 — cine (Briquet) et de la variole (Zimmermann, Grisolle, Bucquoy); com- ment le calomel est utile dans la fièvre typhoïde (Liebermeiïster) et héroïque dans la dysenterie, et comment on a pu en obtenir des résul- tats favorables dans la diphthérie et Ja plupart des maladies infectieuses Il est permis de penser, d’ailleurs, que, par crainte de ses effets débili- tants on ne l’a pas expérimenté suffisamment dans ces dernières affec- tions, et qu'il y aurait lieu de renouveler méthodiquement ces tenta- tives. Les propriétés toxiques du mercure permettent également de s’expli- quer pourquoi les médecins continuent, malgré ses inconvénients très-réels, à l’employer comme caustique dans la pustule maligne et la gangrène de la bouche et comme altérant dans les inflammations sep- tiques. Si l’on considère enfin que les éléments anatomiques eux- mêmes peuvent être regardés comme des organites, vivant dans le sang et le plasma interstitiel d’une vie propre et autonome (Gubler- Bernard), on pgut se demander si les mercuriaux, employés à haute dose, n’exercent pas également sur eux leur action toxique et s’ils ne peuvent pas entraver ainsi l’organisation des globules blancs que l’on tend de plus en plus à considérer comme les éléments générateurs de toutes les néoplasies inflammatoires. M. Hallopeau a été conduit, par ces diversconsidérations, àadmettre, dans sa thèse, que les effets thérapeutiques du mercure doivent être rapportés surtout à ses effets toxiques, ou anti-biotiques. ANESTHÉSIE PAR LE PROTOXYDE D'AZOTE EMPLOYÉ SOUS TENSION; par M. Pauz Bert. La réinstallation de mes appareils à air comprimé m’a permis de réaliser l'expérience que j'avais décrite par avance à la Société, dans une séance antérieure. J'ai pu, en faisant respirer à un animal du protoxyde d’azote additionné d'oxygène, sous l'influence d’une pres- sion barométrique augmentée, obtenir l’anesthésie sans risquer l’as- phyxie. J'aurais cependant voulu attendre, avant d’en parler à la So- ciété, d’avoir pu multiplier les faits et pousser plus loin l'analyse: mais un nouvel accident arrivé à mes machines, me reporterait à une époque que je ne puis déterminer. Cette première expérience (26 août) a donné les résultats les plus nets. Un jeune chien fort sensible, criard, attaché sur la table à expé- rience, avait, à 4 heures 5 minutes, les portes de l’appareil fermées, mais respirant l’air libre, et sous la pression normäle, 12 respirations et 136 pulsations à la minute ; sa température rectale était 389,8. Jl fallut, à cause du mauvais état de la machine à vapeur, 30 mi- nutes pour atteindre la pression de 20 centimètres. [a température rectale était 380,4, avec 12 respirations et 130 pulsatons. On adapta alors, à la muselière de l’animal, un sac en caoutchouc contenant 60 litres d’un mélange de protoxyde d’azote 80 et oxygène 20 pour 100. Au bout de quelques minutes, le pincement, l’écrasement n _ 4 — 153 — des doigts, les piqûres ne déterminaient aucun signe de douleur ; une patte détachée, et dont on pinçait fortement les orteils, n’était pas retirée. Les inspirations étaient devenues plus grandes ; et, fait cu- rieux, si l'animal ne donnait aucun signe de douleur, il n’était cepen- dant pas inerte, ressemblant plus à un animal engourdi par la mor- phine qu’à un animal chloroformisé. A 4 heures 50 minutes, il avait : respiration, 14; pulsations, 144; température, 389,0. A 5 heures 10 minutes, après 35 minutes du même état, les 60 litres sont épuisés, et l'on enlève la muselière. Presque aussitôt, le chien agite ses pattes, se remue, gémit, souffle, et le moindre pincement provoque des cris aigus : température, 359,0; pulsations, 160; respi- ration, 15. A peine l’animal est-il détaché, qu’il s'enfuit, et l’on a toutes les peines du monde à le rattraper. En résumé : analgésie manifeste, pendant 30 minutes; sans phéno- méênes, ni d’excitation de début, ni de troubles circulatoires ; retour immédiat et sans malaise visible à la sensibilité. J'espère pouvoir, sous peu, reprendre et pousser plus loin cette étude. M. Lëven demande si l’on peut se mettre dans des conditions expé- rimentales qui permettent d'éviter l’asphyxie par le protoxyde d'azote. M. Berr répond que tout ce qui se diminue en tension dans le mé- lange inspiré, doit se retrouver en augmentation dans le milieu exté- rieur. Il faut tenir compte aussi de la température, de l’état de torpeur du sujet, etc. MODE SPÉCIAL D'ALTÉRATION DES CELLULES ÉPIDERMIQUES; Par M. H. Lecom, interne de hôpitaux. Nous avons déjà eu l’honneur de présenter à la Société de Biolosie (séance du 30 mars 1878), un nouveau mode d’altération des cellules épidermiques, que nous avons d’abord rencontré dans les végétations vénériennes. Ce mode d’altération, et on ne saurait trop y insister, à cause des confusions commises récemment par quelques histologistes, diffère complétement de l’altération vésiculeuse décrite depuis assez longtemps par MM. Cornil et Ranvier. Il consiste (comme le montrent nos schémas publiés dans la GazeTTE MÉDicaLE du 4 mai 1878) en la formation d’une cavité entre le noyau et le protoplasma, cavité allant toujours en augmentant aux dépens du protoplasma; en même temps le noyau s’altére et finit par n'être plus représenté que par quelques granulations fortement colorées par le éarmin; il peut disparaître com- plétement, et la cellule offre alors l’aspect représenté dans la planche 5 de notre premiére communication. Nos recherches bibliographiques uous ont montré que cette altération ne se trouve décrite nulle part (ni dans le Manuel de MM. Cornil et Ranvier, ni dans Rindileisch, c. R. 1878, 20 — 154 — Neumann, les ArcHIVES DE ViRCHOW, ScHMITZ JAHRBUECHER, le célé- bre travail de Auspitz et Bach sur la pustule variolique, de Auspitz et Unna sur le chancre, etc., ete.). D'ailleurs, MM. Vulpian, Cornil, Malassez, nous ont dit, de leur côlé, qu'ils ne connaissaient aucune publication dans laquelle cette lésion fût décrite. Il était intéressant de savoir ce que deviennent ces cellules creusées d’une grande cavité centrale. D'après les conseils de M. Cornil nous avons continué nos recherches dans le laboratoire de M. Vulpian. Nous avons d’abord étudié des plaques muqueuses des grandes lé- vres, et en particulier ces plaques muqueuses qui présentent à leur. centre une petite phlyctène purulente, ou qui sont recouvertes d’un enduit semblable à du miel concret. Ici encore nous avons rencontré la même altération cellulaire. Mais, de plus, nous avons pu constater un état plus avancé encore de la lésion des cellules épidermiques et voir comment se terminait ce processus. C’est ce que nous nous proposons de décrire aujourd'hui. Après avoir étudié ce mode de terminaison dans les plaques mu- queuses précitées, nous l'avons constaté dans les végétations véné- riennes (en particulier dans les vieilles végétations suintantes), et enfin notre excellent collègue et ami Mayor nous donnait récemment une coupe d’épithélioma du gland, où l’on trouve la même altération. On voit donc que cette lésion épidermique ne se rencontre pas ee dans la syphilis, comme l’ont cru certaines personnes. Nous avons essayé d’enflammer artificiellement la peau de ee chiens, mais sa structure particulière nous a empêché d’arriver à rien de précis. Le siége de la lésion est encore ici principalement la couche inter- médiaire de l'épiderme. Toutefois on la rencontre aussi dans le corps muqueux, surtout dans ses couches superficielles, et à la couche cornée, dans ses parties profondes. Enfin, elle existe aussi dans les boyaux ou îlots épithéliaux entourés de tissu conjonctif plus ou moins prolifé- rant. La technique employée a été la même que celle qui se trouve décrite dans notre première communication. Toutefois, nous avons coloré quelques coupes avee le violet de méthylaniline, qui ne nous a donne aucun résultat. DESCRIPTION DE LA LÉSION. — La cavité que nous avons décrite déjà se forme autour du noyau des cellules épidermiques (en particulier des cellules les plus profondes de la couche intermédiaire.) Cette cavité va en augmentant ; dans plusieurs cellules le noyau se fragmente et n’est plus représenté que par quelques granulations fortement colorées par le carmin, qui finissent aussi par disparaître. (Voir la planche A). En même temps le protoplasma ambiant diminue, il perd son aspect gra- nuleux, semble se strier longitudinalement, se racornir en quelque sorte. Les parois des cellules ainsi modifiées finissent par devenir très- minces, leurs bords dentelés disparaissent. C’est alors que ces diffé- — 155 — rentes cellules épidermiques, adhérentes les unes aux autres, présentent l'aspect d’une sorte de treillis de cellules végétales ; les parois cellu- laires ressemblent à des tractus filamenteux cloisonnant la cavité an- fractueuse (B). _ A cet état plus avancé, l’altération est donc caractérisée : 19 Par l'augmentation considérable de la cavité centrale de la cel- lule. 29 Par la disparition, en quelque sorte, du protoplasma, qui n’est plus représenté que par une bande rose, mince et d'aspect filamenteux bordant cette cavité. RAIOURE AU.SC, 30 Par l’aspect spécial que prend ce protoplasma, devenu fibrillaire, racorni, de granuleux qu'il était. 4° Par la disparition des dentelures des cellules, qui rappellent d'une façon frappante des cellules végétales. — 156 — Les cavités des cellules peuvent être vides, comme nous l’avons déjà dit, mais souvent elles contiennent un, deux ou trois noyaux entourés de granulations. Dans quelques cellules même, on constate des noyaux bourgeonnants à deux ou trois bourgeons (B). Il est donc très-probable qu’une partie des éléments embryonnaires et leucocytes que nous constatons à un degré plus avancé de l’altéra- tion proviennent des noyaux des cellules épithéliales, contrairement à l'opinion si absolue de MM. Auspitz et Unna, qui font venir tous les éléments embryonnaires des papilles du derme et des paroïs des vais- seaux. (Auspitz et Unna : Zur pathologie der syphilitischen initial- sclerose. Vienne, 1877.) A un degré plus avancé encore de l’altération, on voit les parois cel- lulaires diminuer encore d'épaisseur pour n'être plus représentées en certains points que par une simple ligne. Alors, les cloisons disparais- sent plus ou moins complétement, les cellules s'ouvrent les unes dans les autres (C), pour former ainsi des cavités résultant de la fusion de deux, trois, quatre cellules. Ces cavités s’ouvrent à leur tour les unes dans les autres et finissent par former de vastes espaces, dont les bords anfractueux, semblables à des peignes ébréchés, sont constitués par les débris des parois cellu- laires (D). Ces espaces sont remplis de noyaux, de globules blancs, de granulations, de petits filaments en forme de croissants ou autrement, restes des parois cellulaires désagrécées (D). Alors, l’aspect de la coupe ressemble, à s’y méprendre, à une coupe d’épiderme de pustule variolique. (Voir la planche du Manuel de MM. Cornil et Ranvier, page 1198.) ConcLusions. — En résumé, nous voyons que cette lésion des cel- lules épidermiques est caractérisée par la formation d’une cavité sépa- rant le noyau du protoplasma (ce qui, dés le début, la distingue de l’altération vésiculeuse), cavité allant toujours en s’agrandissant, finis- sant par se fusionner avec celles des cellules voisines pour arriver à former des espaces anfractueux pleins de noyaux, de globules blancs, de granula‘ions, espaces plus ou moins cloisonnés par des tractus fila- menteux, restes des parois cellulaires. Nous voyons encore (ce qui est intéressant au point de vue de la ge- nèse des leucocytes) comment des globules de pus peuvent provenir des noyaux des cellules épithéliales enflammées, comment une inflam- mation des couches les plus superficielles de l’épiderme peut produire des globules de pus, de véritables phlyetènes. M. Vipac : Ce ne sont là que les transformations vésiculaires bien étudiées par Ranvier; on les rencontre dans plusieurs états patholo- giques, dans la bulle du pemphigus, par exemple. M. LeLoir: Ce processus diffère des altérations vésiculeuses qui ont été décrites depuis longtemps; la cavité, dans le cas actuel, se forme entre le noyau et le protoplasma, et non pas au milieu idu noyau, contrairement à ce qui se passe dans l’altération vésiculeuse. — 157 — Séance du 13 mai 1878. ANATOMIE PATHOLOGIQUE DE LA MÉTRITE CHRONIQUE ; par M. DE SINÉTY. Je ne serai certainement contredit par aucun gynécolosiste, en di- sant que la métrite est un des chapitres les plus obscurs de la patho- logie des organes génitaux de la femme. Cette obscurité tient à une série de causes, dont la principale consiste en ce que, la métrite chro- nique amenant rarement la mort, on n’a constaté qu’exceptionnelle- ment les lésions qui la constituent. C’est certainement cette ignorance anatomique qui a amené les au- teurs à admettre une série de meétrites, dont les lésions sont toutes à peu prés identiques et peuvent se trouver réunies sur un même utérus. Ainsi, la métrite catarrhale, la métrite hémorrhagique, la métrite villeuse bien étudiée par M. Slawianski (1), et une quantité d’autres formes décrites par les auteurs, ne sont pas des maladies distinctes, mais bien des manifestations variables d’une même maladie. C’est surtout l'étude histologique des granulations que l’on rencontre si souvent dans la métrite chronique et contre lesquelles Récamier avait préconisé l'usage de sa curette, qui m'a amené à formuler cette opi- nion. | La présence de ces granulations a été signalée par tous les aynécolo- aistes et leur variété d'aspect macroscopique a été très-bien décrite par Aran (2). M. Robin, il y a plus de vingt ans, s’est occupé de cette question et a signalé Jes principaux éléments qui entrent dans la structure de ces végétations (3).Je ne veux, du reste, pas faire ici l’historique de,la ques- tion. Ma communication a pour but de résumer les faits principanx que j'ai pu observer moi-même depuis quelques années. On peut ramener la structure des végétations de la cavité utérine, dans la métrite chronique, à trois formes principales: 49 Dans certains cas, on observe une hypertrophie des glandes, qui deviennent beaucoup plus nombreuses et se dilatent, tout en conser- vant leur épithélium. Sur les coupes provenant de certaines végétations, on observe, dans le tissu qui sépare, les unes des autres, ces glandes plus où moins dila- tées, une production de graisse. Cette graisse est en grande partie con- tenue dans des cellules, ayant l'aspect des cellules du tissu adipeux ; (1) Arcnives pe PaysioLociE, 1874, p. 86. (2) Leçons cliniques sur les maladies de l'utérus et de ses an- nexes 1858, 1860, p, 420. (3) Robin, AncHiv. DE MÉDEGINE, 4° série, t. 17, et Ferricr, thése, 1555. — 158 — tandis que les éléments épithéliaux ne paraissent avoir subi aucune dé- générescence granulo-sraisseuse. Un fait de ce genre vient d’être également signalé par Wyder, dans une production polypeuse de la cavité utérine (1). Ce genre de granulations présente à peu près la même structure que l'utérus, dont elles sont souvent le point de départ. 20 Dans d’autres cas, les végétations (2) sont uniquement constituées par du tissu embryonnaire. On ne retrouve que des traces de glandes et quelques restes d’épithélium plus où moins dégénéré. On a affaire à un vrai tissu inflammatoire, comparable aux bour- geons charnus d’une plaie exposée. Sur certains points, on observe des îlots d'éléments, dégénérés, se laissant peu colorer par le picrocarmin, comme dans les bourgeons qui forment du pus. 30 Enfin, certaines de ces fongosités sont presque uniquement com- posées de vaisseaux. Quelqnes-uns de ces vaisseaux, quoique de struc- ture embryonnaire, sont extrêmement dilatés et atteignent un diamc- tre considérable. Je vous présente des figures et des préparations histologiques relati- ves à ces trois sortes de granulations utérines, dont l'étude n'avait pas été suffisamment faite jusqu’à présent; ces productions pathologiques nous donnent l’explication des principaux symptômes de la. métrite chronique. En effet, selon que l’une de ces trois espèces dominera, nous aurons affaire à un écoulement abondant et surtout muqueux, si ce sont les glandes; — purulent, si ce sont des bourgeons embryonnaires et dé- générés ; — hémorrhagique, si ce sont les vaisseaux. On peut sur un méme utérus rencontrer ces trois formes d’altéra- tions. Quelquefois la muqueuse paraît presque unie et ne présente pas de grapulations. Dans ces cas encore, l'examen histologique nous mon- tre les mêmes lésions diffuses et envahissant à peu près également toute la muqueuse. Voici une préparation qui présente ces altérations. Elle provient de l’utérus d’une femme d’une trentaine d’années, at- teinte de métrite interne avec hémorrhagies, ayant succombé en quel- ques heures à des accidents urémiques. La malade avait présenté tous les symp'ôines de la métrite interne chronique. A l’autopsie, nous avons trouvé les cavités dilatées, rem- plies d’un mélange de sang et de mucopus, les parois amincies, le tissu friable. Et Voici ce que nous avons constaté sur les coupes obtenues après dur- cissement et coloration au picrocarminate. La muqueuse est considé- rablement épaissie, les glandes sont dilatées sur certains points, mais (1) Wyder. ARCHIV. FUR GYNAEKOLOGIE, t. 13, p. 38. (2) J’emploie indifféremment les expressions de granulation et vésc- tation pour désigner les mêmes productions. PTE — 159 — toujours reconnaissables à leur revêtement épithélial nettement aes- siné. Leur lumière est souvent oblitérée par des amas de cellules rondes. Les 2landes, au lieu d’être rapprochées les unes des autres, comme à l’état normal, sont séparées par des espaces considérables uniquement formés d’élements embryonnaires. Dans ce stroma embryonnaire, on rencontre de nombreux vaisseaux, qui s’avancent jusqu'à la surface libre de la cavité utérine. Ces vais- seaux, encore remplis de globules sanguins, expliquaient parfailement les hémorrhagies, qu'avait présentées la malade pendant sa vie. L’épithélium de revêtement avait partout disparu, excep<é dans les glandes. Sur quelques points de l’épaisse couche de tissu embryonnaire, qui avait remplacé la muqueuse normale, on observait des ilots d’élé- ments dégénérés ayant pris l'aspect de petites masses caséeuses. Les lésions ne se bornaient pas à la surface de la cavité utérine. On pouvait aussi les constater dans toute l'épaisseur de l’utérus. Les fibres muscülaires étaient conservées. Mais entre les faisceaux mus- culaires, et variant d’un point à un autre, on trouvait des amas de petites cellules rondes, semblables à celles que nous avons déjà signa- lées dans la muqueuse. Ces éléments sont surtout três-nombreux autour des vaisseaux de petit calibre, et forment en certains endroits des îlots qui, après l’ac- tion du picrocarmin, tranchent par leur coloration rouge, qui permet de les reconnaitre, même à un faible grossissement. Le cas dont je viens de résumer l’observation présentait, aussi bien au point de vue clinique qu’au point de vue de l’anatomie macrosco- pique, tous les caractères de la métrite dite muqueuse. Et cependant l'examen histologique nous a montré que l'utérus était atteint dans toute son épaisseur, et qu'il existait également une métrite dite peren- chymateuse. Ces amas d'éléments embryonnaires autour des vaisseaux auraient- ils amené la formation du tissu muqueux périvasculaire signalé par plusieurs auteurs dans la mctrite (1) ? ou bien une production de tissu fibreux comme on en rencontre dans d’autres cas ? c’est ce que je ne peux décider pour le moment. Voici des préparations histologiques, provenant d’un utérus recueilli à l’autopsie d’une femme de 34 ans, qui avait présenté pendant la vie tous les symptômes de la métrite parenchymateuse chronique. Les parois de l'utérus étaient très-épaissies, dures, résistantes, d’un aspect blanchâtre, enfin présentaient tous les signes qui caractérisent à l'œil nu l'utérus atteint de métrite chronique, dite parenchymateuse, à la deuxième période ou période d’induration. Sur ces coupes colorées, soit au picrocarminate, soit à la purpurine, nous voyons deux carac- tères tout à fait frappants : (1) Voy. à ce sujet Slawianski, loc. cit., 5. 58; Olshausen, loc. cit., p. 131, et Wyder, loc. cüit., p. 37. — 160 — 19 Un très-grand nombre de cavités tapissées d’un endothélium. Ces cavités, qui atteignent en certains points des dimensions considérables, communiquent les unes avec les autres par des espaces rétrécis, que vous pouvez reconnaître, en quelques endroits, comme une traînée rouge, due à la coloration des noyaux des éléments endothéliaux qui tapissent également ces espaces rétrécis où fentes lymphatiques ; 20 Le second caractère consiste en une h'yperplasie du tissu con- jonctif qui entoure les vaisseaux; hyperplasie qui diminue leur caïbre au point de les oblitérer presque, en quelques endroits. Ce tissu conjonctif est un véritable tissu fibreux, pauvre en élé- ments cellulaires. En outre, on voit sur les préparations à la purpurine, que les fais- ceaux de muscles lisses sont très-bien conservés et tranchent par leur coloration rose, sur le fond presque incolore formé par le tissu con- jonctif. Y a-t-il diminution du nombre des faisceaux musculaires? c'est ce qu'il est bien difficile de dire et ce qu'il n’a été impossible d'affirmer en comparant ces préparations à celles propenant d’un organe sain. En tout cas, les faisceaux musculaires n’en existent pas moins en quantité notable, et les fibres qui les composent ne paraissent nulle- ment altérées, ni dans leur structure, ni dans leurs dimensions. Dans ce cas-ci, la muqueuse présentait quelques-unes des lésions que j'ai déjà décrites plus haut. En résumant les résultats de notre examen histologique, nous dirons que, dans ce cas, les altérations consistaient : 10 En une dilatation considérable des espaces lymphatiques nor- maux. 29 En une hyperplasie localisée au tissu conjonctif péri-vasculaire. Si donc l’on veut ranger ces lésions dans la classe des scléroses, il faudrait ajouter une épithète et l’appeler une sclérose péri-vascu- laire. Cette lésion est fort différente de l’épaississement avec athérome, que l’on observe si fréquemment dans les vaisseaux sanguins de l’utérus des femmes qui ont succombé à un âge avancé. Ici ce n’est pas une lésion des parois vasculaires, mais bien du tissu conjonctif qui entoure les vaisseaux. Les deux observations que je viens de résumer présentent les lé- sions de la métrite chronique, dite parenchymateuse, à des périodes différentes de son développement. Je ferai remarquer que, dans ces deux cas, il existait également des lésions de la muqueuse. — M. REGNARD présente une note sur la capacité respiratoire du sang chez les poissons. — M. Poucuer fait une communication sur l'influence des saignées abondantes chez le chien. — 161 — — M. Cazenave DE LA Rocme communique un travail sur la pel- lagre. M. Laporne demande si M. Cazenave a vu des pellagreux parmi les gens riches, et dans cette circonstance, comment explique-t-il ces cas ? M. CazeNave répond par l’affirmative : il a vu de la pellagre chez des gens bien nourris, en bon état physiologique, mais c'était chez des individus dont les parents étaient pellagreux. La pellagre est une ma- ladie héréditaire. — M. Caprar fait les deux communications suivantes : ÏJ. — DE L'ACTION DE L’ÉLECTRICITÉ COMPARATIVEMENT SUR LES MUSCLES ET LES ÉLÉMENTS DOUÉS DE MOUVEMENTS, OILS VIBRATILES, STYLES DES INFUSOIRES, ETC. Afin d’éloigner toute cause d'erreur, tenant aux difficultés même de l’expérience, nous avons eu soin d’expérimenter sur des animaux possédant à la fois des muscles et des cils vibratiles, comme les bryo- zoaires, les embryons ciliés des mollusques, ou bien de maintenir dans la préparation, des petits crustacés qui nous servaient à reconnaître si le courant en traversait bien les différentes parties. Sur les bryozoaires, nous avons vu que les courants d’induction produisaient des contractions rapides du muscle rétracteur, lequel se mettait bientôt au bout d’un certain nombre de décharges en état de tétanos ou de rétraction complète. Les cils des tentacules n'étaient cependant modifiés en aucune façon par le passage du courant. Il en était de même des mouvements des infusoires ciliés qui se trou- vaient dans la préparation. Sur des embryons de mollusques (Turbo minimus), on vovait, quand le courant d’induction les traversait, le velum se rétracter pro- gressivement et très-lentement, le cœur se ralentir peu à peu et s’ar- rêter au bout d'une minute à peu prés, en diastole. Pendant que ces phénomèenes se produisaient, les cils vibratiles du velum continuaient leurs mouvements sans aucune modification. Nous avons expérimenté aussi sur des vorticelles. Ces infusoires, soumis aux courants d’induction, continuaient leurs mouvements ; la tige se rétractait et se relâchait pendant le passage du courant sans en paraître influencée. Il en a été de même du style des noctiluques. Il y à donc lieu de conclure de ces faits, étant donné que le muscle, à quelque animal qu’il appartienne, se contracte, sous l’action de l'électricité, que le principe de tout mouvement ne réside pas dans une substance dite sarcodique ou protoplasmique formant ici la fibre mus- culaire, là le cil vibratile, mais que la contractilité spéciale du muscle, mise en jeu par l'électricité, est une propriété de tissu appartenant en propre à la fibre lisse ou striée, et que le principe du mouvement des cils vibratils de la tige des vorticelles, etc., dépend aussi des propriétés c. R. 1878. 21 — 162 — de la substance qui les compose, mais que cette substance ne réagis- sant pas sous l'influence de l'électricité, est différente de celle qui entre dans la constitution des muscles. II. — SUR LA STRUCTURÉ DU FOIE DES INVERTÉBRÉS. Dans une communication faite l’année dernière à la Société, nous avons montré quelle était la structure du foie des mollusques gastéro- podes et des tubes malpighiens des insectes. Nous avons montré que le foie des mollusques avait, anatomiquement, les dispositions d’une glande exclusivement biliaire, et non d’une glande vasculaire sanguine ; que les tubes malpighiens offraient des dispositions analogues. La matière colorante jaunâtre renfermée dans les cellules du foie de l’escargot, aussi bien que la matière verte des tubes malpighiens, la matière verte du placenta des chiennes, n’offraient pas, traitées par l'acide nitrique sans aucune préparation préalable, les changements de coloration des matières colorantes biliaires des mammifères. Des cellules du foie humain, remplies de biliverdine, traitées comparative- ment par l'acide nitrique, donnaient toutes les teintes caractéristiques de cette matière. Mais, en isolant cette matière colorante par l’alcool et le chloroforme, ainsi que nous l’avons fait sur le conseil de M. Wurtz, nous avons vu que ces matières vertes ou brunâtresolfraient toujours les mêmes réac- tions ; en un mot, qu'il devait y avoir identité entre cette matière verte du placenta des chiennes, dérivée évidemment de l’hémoglobine du sang et les substances colorantes de la bile, soit qu’on les consi- dére sur les animaux supérieurs, sur les mollusques ou les insectes. Mais ce n’est pas seulement sur ces animaux qu’on rencontre des amas de cellules épithéliales colorées par une substance biliaire. Chez l’holothurie, il existe des tubes ramifiés annexés à l’intestin, en tout semblables aux tubes malpighiens. Ces tubes sont d’un brun verdâtre. Traités par l'acide nitrique, ils changent de couleur, passent au vert, au bleu, etc., comme la bile des vertébrés. On voit donc déjà que des conduits remplis de cellules colorées par la biliverdine, en rapport avec l'intestin, peuvent être considérés comme un organe biliaire, analogue, par conséquent, au foie des verté- brés. Mais la généralité de ces dispositions, dans toute la série animale, jusqu'aux échinodermes, nous permet de conclure que partout où nous trouvons des amas de cellules en rapport avec la cavité digestive et colorées par cette substance verte ou brune, nous pouvons affirmer l’existence d’une glande hépatique. Or chez les ascidies composées, on trouve de même dans les parois mêmes du tube digestif des cellules remplies de matière brune qui subit les réactions de la biliverdine. Chez les bryozoaires : autour du renflement stomacal, dans lequel on voit, sous l’action des cils vibratiles, tourner des diatomées, des spores, — 163 — et les différents corps qui servent à l’alimentation de l’animal se trou- vent des cellules fortement colorées en jaune. Il est permis de conclure par analogie que ces cellules représentent un foie. Ainsi, dans toute la série animale, partout où existe une cavité di- gestive se trouve un organe biliaire avec des dispositions à peu prés identiques. M. Onimus croit que les courants induits n’agissent sur les fibres musculaires que par intermédiaire d'un élément nerveux quelconque, filet minuscule ou même plaque terminale, et les observations de M. Cadiat sont parfaitement d'accord avec cette vue qu’elles paras- sent confirmer. Il cite un cas observé avec M. Bailly, cas qui confirme aussi l’opi- nien émise plus haut. Mais il n’est pas de l’avis de M. Cadiat quant à la nature des substances contractiles. . M. KunokeL voudrait, à propos de la communication de M. Cadiat, savoir l'opinion de celui-ci sur le rôle des tubes de Malpighi chez les articulés. M. Caprar croit que les analogies de cellules et de matières colo- rantes conduisent à admettre des analogies de fonctions avec l’organe biliaire. M. KunoxeL dit qu’on trouve aussi des urates dans ces tubes : ont- ils donc une fonction double ? M. Caprar ne nie pas la fonction mixte, mais tient à établir anato- miquement l'identité avec les organes biliaires. M. Poucuer revient à la première communication de M. Cadiat, et dit qu'avant d'arriver à des conclusions sur l’action des courants, il faudra faire des expériences sur les infasoires, car l’influence du mi- lieu est considérable et peut changer les résultats : c’est ainsi qu’on tétanise plus facilement les poissons dans l’eau simple que dans l’eau de mer. — M. Gezcé met sous les yeux de la Société 54 planches dessinées et peintes par lui, d’après nature, formant un atlas iconographique des maladies du pharynx dans leurs rapports avec celles de l'oreille. On peut dire que la plupart des affections de l'organe de l’ouïe ont leur source dans une maladie de la muqueuse du pharynx. La caisse tympanique, au point de vue de l’évolution organique et du dévelep- pement, au point de vue anatomique et physiologique, n'est qu’un di- verticulum du pharynx. La clinique le démontre tout autant. Les planches de M. Gellé en sont la preuve. C’est certainement le côté faible de l’organisation de l'oreille que cette communication avec la gorge. Celle-ci est, en effet, le lieu d'élection de toutes les manifesta- tions critiques, des lièvres, des diacrises, de la dentition, etc., et l’or- gane de l’ouïe a tout à perdre à ce voisinage. Les premières planches retracent les aspects de la gorge dans les ma- ladies de la clinique courante, telles : l’angine aiguë à frigore, avec des groupes de vésicules en grains de riz; l’angine pultacée odorante ; les plaques de la diphthérie à ses diverses périodes ; le voile du palais dans la rougeole ; l’angine de la scarlatine ; l’érysipèle pharyngien ; l’angine catarrhale aiguë simple. A chaque figure de la muqueuse du pharynx répond une petite figure donnant l'aspect de la membrane du tympan : ce sont autant de cas observés. Les maladies chroniques, diathésiques de la gorge sont nombreuses : et là on assiste à la variété de toutes ces angines, exanthèmes de la gorge, sur lesquels Isambert a surtout porté ses investigations. M. Gellé a reconnu sur ses malades que : tel érythème simple, en plaques rosées, à coïncidé avec le pityriasis aigu du cuir chevelu ; telle planche montre le pharynx herpétique chez le père et telle autre chez le fils; les tuberculeux, dont la gorge est ici peinte, sont reconnus phthisiques depuis longtemps. Il en est de même des arthritiques, des hémorrhoïdaires, des scrofuleux, etc. : le criterium existe, car l’obser- vation est aussi complète que possible. Voici le type de l'inflammation chronique érythémateuse, pityria- sique : la muqueuse est sèche, lisse, rose saumoné; par opposition, voici le catarrhe chronique avec sa muqueuse œdématiée, rouge sombre, violacée par places, avec ses plissements volumineux, lisses, ses mucosités épaisses et collantes sur la paroi postérieure du pharynx, ou seulement son humidité, cause de :gargouillement de déglutition ; c’est la gorge des buveurs et aussi des fumeurs. Plus loin, on voit les types d’un caractère particulier ; la coloration est variable, tantôt rosée, tantôt rouge violet sombre; mais le fait important est la congestion énorme des veines et des veinules de toute la région. Sur la paroi pos- térieure vertébrale, deux gros rameaux ascendants, jumeaux, parallèles, se dessinent ; et des milliers d’autres apparaissent tranchant sur le fond uniforme de la muqueuse ; c’est la congestion chronique du pharynx, la fluxion habituelle ou à répétition, avec dilatation des vaisseaux et léger épaississement de la paroi pharyngienne : on trouve cette forme chez les arthritiques, sur les hémorrhoïdaires et les individus atteints de lésions cardio-pulmonaires ou des gros vaisseaux. Tantôt, à ce développement vasculaire s’unit, chose curieuse, une pâleur générale et une décoloration de la membrane muqueuse de la gorge, comme de la bouche et des lèvres, état consécutif aux fluxions qu’une crise hémorrhagique a tardivement jugée. Voici une autre forme : ces arborisations vasculaires contournent des groupes de granula- tions arrondies, scementant en îlots montagneux les glandules sail- lantes dans la voie pharyngée rétrécie. Toute la surface est hypertro- phiée, d'aspect muciforme, et la muqueuse congestionnée est jusqu'aux bords du voile, totalement modifiée. Ailleurs, le fond de la gorge apparaît comme un tapis finement gra- nulé, rosé vif, et piqueté de blanc et de rouge ; dans un cas moins in- tense, les granulations sont moins confluentes et disséminées. Ailleurs, — 165 — elles sont volumineuses et atteignent quelquefois la largeur d’une len- tille. Dans d’autres figures, M. Gellé nous montre ces hypertrophies partielles s’associant pour constituer des masses irrégulières, asymétri- ques ou symétriques et parallèles, saillantes sur la paroi postérieure du pharynx. Il est bon de signaler ici la fréquence plus grande de ces masses végétantes, échelonnées sur deux lignes verticales derrière les piliers postérieurs, sur les parois latérales de la cavité et se prolon- geant derrière le voile, dans l’arrière-cavité des fosses nasales, vers les pavillons des trompes d’Eustache, où la rhinoscopie les reconnaît. On trouve dans cette collection des types très-caractérisés desyphi- lis ulcéreuse de la muqueuse pharyngée et des vues rhinoscopiques des trompes des mêmes sujets. Une planche montre des ulcères tubercu- leux; d’autres, de nature scorbutique ou scrofuleuse, etc. L'auteur a joint à sa collection une série de difformités congéniales ou acquises du voile, pleine d'intérêt. — M. »’ArsonvaL entretient la Société des phénomènes électriques de la contraction musculaire. NOTE SUR UN CAS D'HÉMIANESTHÉSIE DE CAUSE ORGANIQUE, TRAITÉE AVEC SUCCÈS PAR L'ACTION A DISTANCE D'UN ÉLECTRO-AIMANT ; par M. Romain Vicouroux. Il existe déjà plusieurs cas d’hemianesthésie liée à une lésion céré- brale et ayant cédé instantanément à des médications plus ou moins *onnexes avec l'électricité. Je citerai, en première ligne, les deux malades de M. Charcot dont il est question dans le rapport de M. Dumontpallier sur la métalloscopie. IL s'agissait, on se le rappelle, d’hémorrhagies cérébrales anciennes ayant laissé à la fois une hémianesthésie générale et spéciale e de l’hé- michorée. Une application métallique suffit à faire disparaître l’hémia- nesthésie qui n’a montré depuis aucune tendance à reparaître et l’hé- michorée fut elle-même notablement amendée. On peut rapprocher de ces faits ceux observés par M. Magnan, chez des sujets atteints d'alcoolisme. Là encore l’hémianesthésie a disparu rapidement et définitivement sous l'influence de la galvanisation. MM. Regnard et Debove avaient, antérieurement à és communica- tion de M. Magnan, observé à l'Hôtel- Dieu un cas analogue. — Leur malade alcoolique fut délivré de son hémianesthésie par une seule ap- plication du courant de deux éléments Trouvé; la sensibilité s’est main- tenue entiérement depuis. L'observation n’a pas été publée. Enfin, un autre observateur, M. Grasset (de Montpellier), a employé le courant induit avee des résultats analogues dans l’hémianesthésie, suite d’hémorrhagie cérébrale. Le malade dont j'ai à parler ne présente donc rien de bien nouveau sons le rapport pathologique ; mais il est intéressant à un autre point de vue; chez lui, en effet, on a employé un agent pour le moment inusité en thérapeuthique, l’aimant ; et la modification organique d’où — 166 — est résulté le retour de la sensibilité a été obtenue par une action 4 distance, analogue à l’induction magnétique. IL s’agit d’un homme admis à l'hôpital temporaire, dans le service de M. Grancher, qui l’a adressé à M. Charcot. Je dépose l'observation recueillie par M. Figueroa, externe de service. Je me bornerai à en lire le passage relatif à l'expérience avec l’électro-aimant, que M. Regnard et moi avons faite sur l'invitation de M. Charcot. = Séance du 25 mai 18578. SUR L’ABSORPTION PAR L'ORGANISME VIVANT DE L'OXYDE DE CARBONE INTRODUIT EN PROPORTIONS DÉTERMINÉES DANS L'ATMOSPHÈRE ; par M. GRÉHANT, aide naturaliste au Muséum. (Deuxième par- tie.) Les expériences d'absorption de l’oxyde de carbone introduit en fai- bles proportions dans l’atmosphèére, dont j'ai publié les résultats dans une première communication faite à la Société de Biologie, ont été fai- tes de la manière suivante : Une muselière, fixée sur la tête d’un chien, était unie directement avec un grand ballon de caoutchouc, contenant un mélange d'air et d'oxyde de carbone, dont le volume total étaitésal à deux cents litres; l'oxygène de l’air était absorbé peu à peu par le sang, tandis que de l’acide carbonique était exhalé dans le ballon, etla proportion centésimale de l’oxyde de carbone allait en diminuant dans le ballon, à mesure que le sang absorbait ce gaz toxique. Au lieu de faire respirer un animal dans un milieu ainsi confiné, j'ai disposé l’expérience autrement; entre la muschère de l’animal et le ballon de caoutchouc, j'ai interposé un appareil à deux soupapes, l’une servant à l'inspiration dans le ballon, l’autre à l’expiration dans l'air; de sorte que le mélange gazeux qui pénétrait par l’inspiration dans les poumons avait une composition constante, puis était rejeté par l’expi- ration dans l’air extérieur ; dans ces conditions nouvelles, j'ai pu mesu- rer le rapport qui existe entre le volume d'oxyde de carbone fixé par 100 cc. de sang et celui du gaz contenu dans 100 cc. d’air du mélange à volume indéfini, que l'animal était forcé de respirer pendant un cer- tain temps. J’ai fait une série d'expériences avec des mélanges d’air et d’oxvde de carbone en proportions comprises entre un pour cent et un pour quatre mille, voici les résuitats que j'ai obtenus : Absorption de l'oxyde de carbone dans une atmosphère à 1/100. On injecte de l'air dans un grand ballon de caoutchouc d’abord com- plétement affaissé, au moyen d'une cloche graduée en litres, pouvant contenir dix litres d’air; cette cloche est tubulée et fermée par un bouchon de caoutchouc, traversé par un robinet de laiton à trois voies : en répétant 19 fois l'injection d’air, on introduit dans le ballon 490 li= — 167 — tres d’air; puis on analyse l’oxyde de carbone qui doit être employé et qui a été préparé par action de l’acide sulfurique sur le formiate de soude et qui a été conservé sur l’eau : 100 cc. de gaz agités avec une so- lution concentrée de protochlorure de cuivre, dans l’acide chlorhydri- que, laissent 9 ce. 3 de résidu et contiennent par suite 400 — 9, 3 ou 90 cc. 7 d'oxyde de carbone pur ; il faut que 200 litres d’air reçoivent 2 litres d'oxyde de carbone pur, par conséquent il faut introduire dans la cloche pleine d’eau, qui sert à insuffler le ballon, un volume de gaz COPRPNE e 90,7 2000 On fait donc passer dans la cloche 2205 ec. d’oxyde de carbone, puis de J’air pour faire 10 litres, et par immersion de la cloche dans l’eau, ces gaz sont injectés dans le ballon qui contient alors exactement 200 litres d’air renfermant 2 litres d'oxyde de carbone pur, mélange à 1/100. Chez un chien du poids de 14 k. 5 on découvre l'artère carotide ; à l’aide d’une seringue, on aspire dans ce vaisseau 50 cc. de sang qui est injecté dans un flacon et défibriné par l’agitation ; puis on adapte une muselière de caoutchouc sur la tête de l'animal, en ayant soin de re- couvrir complétement les commissures labiales, et on fait respirer l’a- nimal dans le ballon, aprés avoir interposé un appareil à deux soupa- pes, afin que l'animal fasse les inspirations dans le ballon et les expi- . rations dans l'air. Les mouvements respiratoires présentent d’abord une grande amplitude ; sept minutes aprés le début de l’intoxication, l’animal s’agite, il y a émission d’urine; au bout de quatorze minutes, les mouvements respiratoires et les battements du cœur se ralentissent; dix-neuf minuies aprés le début de l'expérience, les mouvements res- piratoires et les battements du cœur deviennent trés-rares ; à vinet et une minutes, ont lieu les derniers battements du cœur; à vingt-deux minutes, l’animal est mort. On ouvre alors l’abdomen, et, avec un trocart, on pique la veine cave inférieure ; on recueille le sang, qui est coloré en rouge vif, dans un flacon que l’on agite vivement pour défibriner le sang. On a donc deux échantillons de sang, du sang normal et du sang intoxiqué, pris après la mort de l'animal. On détermine le pouvoir absorbant de cha- que échantillon de sang pour l’oxygene : dans le flacon, on fait passer un courant d'oxygène dégagé d’un gazomètre, en immergeant dans le sang le tube abducteur du gaz; en un instant, le flacon se remplit de mousse, formée par les bulles d'oxygène avec le sang ; on ferme le flacon avec un bouchon à l’émeri et on le fixe sur une planche horizon- tale, mise en mouvement oscillatoire rapide par un moteur hydrau- Jique; le liquide est agité pendant une demi-heure avec le gaz, puis, le sang suroxyséné est filtré à travers un linge et un entonnoir dans un tube gradué, que l’on ferme avec un bouchon, et que l’on fait tour ner rapidement à l’aide d’une corde, pour déplacer les bulles de gaz incluses dans le sang ; le liquide est mesuré et introduit à l’aide d’un entonnoir fixé au-dessus du robinet à trois voies de la pompe à mer- toxique, déterminé par la proportion : d’où æ—2, 205 cc. — 168 — cure, dans le grand ballon récipient, absolument vide d'air, que j’em- ploie, depuis longtemps, pour extraire les gaz contenus dans les li- quides, ballon dont le col est entouré d’un manchon traversé par un courant rapide d’eau froide; le récipient étant immergé dans un bain d’eau maintenu à la température constante de 400, par un régu- lateur de d’Arsonval, on extrait les gaz du sans, que l’on recueille dans une cloche pleine de mercure ; l'acide carboniqne est absorbé par la potasse sur le mercure, puis je porte dans un bocal plein d’eau la clo- che contenant de l’oxygéne et de l’azote, je donne écoulement au mer- cure, qui est remplacé par l’eau ; je mesure exactement, dans une cuve à eau profonde, -dont l’eau est constamment renouvelée, le volume du gaz qui reste, et je fais passer dans la cloche un volume d’hydrogène pur, supérieur au double du volume contenu dans la cloche graduée, qui porte deux fils de platine à sa partie supérieure et sert d’eudiome- tre. La cloche est fermée avec un bouchon de caoutchouc, et on l’assu- jettit dans un support spécial, formé d’une tige de laiton portant deux curseurs, l’un fixe, l’autre mobile, le long de la tige sur laquelle on le serre avec une vis ; les gaz sont mélangés avec soin, puis on introduit l’'eudiomètre dans un grand bocal de verre, qui retiendrait les éclats du tube s’il était brisé par l'explosion ; on fait passer une étincelle de bo- bine d’induction qui enflamme le mélange gazeux ; le tiers du volume disparu fait connaître l’oxygène. Cette analyse eudiométrique est très-exacte, et je la préfère à l’em- ploi de l'acide pyrogallique, qui absorbe l’oxygène avec une certaine lenteur, qui a l'inconvénient de salir la cuve à mercure, et qui dégage, lorsqu'on l’agite avec la potasse, un peu d’oxyde de carbone ; en opé- rant ainsi, voici les nombres qui ont été obtenus : 100 cc. de sang normal pris dans l’artère carotide ont absorbé 22 cc. 1 d’ oxygéne sec à 09 et sous la pression de 760MM ; 100 cc. de sang intoxiqué, pris dans la veine cave inférieure après la mort de l'animal, survenue vingt-deux minutes après le début de l’empoisonnement, ont absorbé 11 cc. 4 d oxygëne, et contenaient par suite, 22,1 — 11,4 — 10 ce. 7 d’oxyde de carbone ; ainsi, l’animal est mort dans une atmosphère à 1 pour 100 d'oxyde de carbone, bien avant que le sang ait été saturé de ce gaz, car ce liquide pouvait encore absorber 11 cc. 4 d’oxygène, et la moitié environ de l'hémoglobine était combinée avec l’oxyde de carbone. Di nous comparons le volume du gaz toxique combiné avec 100 cc. de sang avec le volume de ce gaz contenu dans 400 ce. du mélange gazeux qui circulait à travers les poumons, nous voyons que 400 cc: de ce mélange toxique contenaient 1 cc. d'oxyde de carbone, tandis que 100 cc. de sang ont fixé 10 cc. 7 du même gaz; le rapport que nous cherchons est donc égal à 11 à peu prés; le sang, dans les conditions de l'expérience, a fixé onze fois plus d’oxyde de carbone que le volume de ce gaz contenu dans l'air respiré par l’animal. Absorption de l'oxyde de carbone dans une atmosphère a 1/185. J'ai composé un mélange d’air et d'oxyde de carbone à 0,54 pour 100 5 — 469 — ou à 1/185, contenant exactement autant d'oxyde de carbone que gaz provenant de la combustion du charbon qui fut analysé par M. F. Leblanc, et dans lequel un chien mourut empoisonné, Un chien du poids de 7 kil. 400 fournit d’abord du sang normal, pris dans l’ar- tère carotide ; le sans est défibriné et conservé dans un flacon. On fait respirer l’animal avec l'appareil à deux soupapes dans le ballon gonflé par 200 litres d’air renfermant 1,080 cc. d'oxyde de Eden pur; l'inspiration se fait dans le ballon, l'expiration dans l'air ; vinat-deux minutes après le début de l’empoisonnement, l'animal se plant et s’agite un peu ; quarante-deux minutes après le début, les mouvements respiratoires cessent un instant, le pouls est très-faible ; à cinquante et une minutes, arrêt des mouvements respiratoires, le cœur bat encore ; à cinquante-deux minutes, arrêt du cœur; on ouvre l'abdomen, et, avec un trocart, on pique la veine cave inférieure, et on reçoit dans un flacon du sang d’un rouge vif. 100 cc. de sang normal, pris avant l’em- poisonnement, absorbent 21 cc. 8 d’oxygène sec à 0° et sous la pres- sion de 760mm ; 100 cc. de sang intoxiqué purent absorber seulement 6 ce. 8 d'oxygène dans les mêmes conditions, et contenaient, par suite, 21,8 — 6,8 — 15cc. d'oxyde de carbone. L'air qui circulait à travers les Fi renfermait 0,54 pour 100 d'oxyde de carbone, le rap- port six est égal à 27,7 ; on peut donc dire que 100 cc. de sang ont fixé à peu prés vingt-huit fois plus d’oxyde de carbone que le volume de gaz contenu dans 100 cc. d’air pris dans le ballon. * Absorption de l’oxyde de carbone dans une atmosphère à 1/500. — Chez un chien, du poids de 9 kil. 450, on découvre l’artère fémo= rale et on prend dans ce vaisseau, à l’aide d’une seringue, 45 cc. de sang. Puis, on fait respirer à l'animal, toujours de la même manière, un mélange contenant 200 litres d’air et 400 cc. d'oxyde de carbone pur, mélange à 4 pour 500. Au bout d’une demi-heure, le ballon étant presque vidé, on fait une seconde prise de sang dans l’artère fémorale, puis on analyse les deux échantillons de sang : 100 cc. de sang normal ont absorbé 24 cc. 2 d'oxygène sec à 00, et sous la pression de 760®M; tandis que 100 cc. de sang partiellement intoxiqué ont absorbé 14 cc. 2 d'oxygène; la différence égale à 10 cc., représente le volume d'oxyde de carbone fixé par l’hémoglobine,. 100 cc. du mélange d’air et d'oxyde de carbone qui a circulé dans les poumons contenaient Ücc. 2 d’oxyde de carbone, tandis que 100 ce. de sang ont fixé, en une demi-heure, 10 cc. d'oxyde de carbone, le rapport 2 est égal à 50 ; ainsi, il y eut 50 fois plus d’oxyde de 0,2 carbone dans 100 cc. de sang que dans 100 cc. d’air introduit dans les poumons. Absorption de l'oxyde de carbone dans une atmosphère à I p: 1000. — Les expériences suivantes ayant été calquées exactement sur les précédentes, je me contenterai de donner rapidement les résultats MÉM. 1878. 22 — 4 — obtenus : chez le même chien qui a servi à l’expérience précédente, on prend, huit jours après, du sang dans l'artère carotide; 400 ce. de sang normal ont absorbé 25,5 d'oxygène sec à 09 et sous la pression de 760 millimètres; on fait respirer l’animal pendant une heure et dix minutes dans le ballon ; 100 cc. de sang partiellement intoxiqué ont absorbé 15 cc. 4 d'oxygene ; la différence 25,5 — 15,4 est égale à 40 cc. 1, nombre qui représente le volume d’oxyde de carbone fixé par 400 ce. de sang. Mais 100 cc. d’air ne contenaient que 0 cc. 1 d’oxyde de car- bone. Donc le sang à volume égal à fixé cent fois plus d'oxyde de car- bone que l'air qui circulait dant les poumons n’en contenait; ce rap- port va donc toujours en augmentant. Absorption de l'oxyde de carbone dans une atmosphère à 1/2000. — Dans une atmosphère qui contient seulement 1/2000 d'oxyde de carbone, le sang absorbe-t-il encore ce gaz? On prend chez un chier du poids de 18 k. 2, dans l'artère fémorale, 50 cc. de sang, dont on dé- termine le pouvoir absorbant pour l’oxygène : 400 cc. de sang ont ab- sorbé 21 ce. 8 d'oxygène sec à 0° et à la pression de 760 millimètres. On fait respirer l’animal dans le ballon de 200 litres contenant 100 ce. d'oxyde de carbone pur, et au bout de trois quarts d'heure on prend un nouvel échantillon de sang dont le pouvoir absorbant pour l’oxy- gène a été trouvé égal à à 17,2 ; la différence 21,8 — 17,1 — 4 cé. 7 est égale au volume d’oxyde de carbone qui a été fixé par 100 cc. de sang; or, si l’on compare ce volume à celui de l’oxyde de carbone contenu dans 100 cc. d’air, qui est égal à 0 cc. 05, on trouve un rapport égal à 470/5 — 94. Aïnsi, dans les conditions énoncées, au bout de trois quarts d'heure, dans une atmosphère indéfinie à 1/2000, le sang a fixé quatre-vingt-quatorze fois plus d’oxyde de carbone que l’air n’en con- tenait. Absorption de l’oxyde de carbone dans une atmosphère à 1/000. — Enfin j'ai cherché si, dans une atmosphère formée de 200 litres d’air et de 50 cc. d’oxyde de carbone pur, mélangé à 1/4000, le sang est en- core capable de fixer de l’oxyde de carbone. 400 cc. de sang de la fémorale d’un chien du poids de 18 kil. ont absorbé 21,1 d'oxygène. L'animal est astreint à respirer pendant une heure le mélange à 1 p. 4000. Le sang pris dans l'artère fémorale ab- sorbe 19,9 d'oxygène : la différence 21,1 — 19,9 — 1 cc. 2 représente le volume d’oxyde de carbone fixé par 100 cc. de sang; mais 100 cc. d’air contenaient 0 cc. 025 d'oxyde de carbone. Le rapport que nous cherchons est égal à 1,2/0,025 ou à 48; ainsi, même dans ces condi- tions, 100 cc. de sang ont fixé 48 fois plus d'oxyde de carbone que le volume de ce gaz qui était contenu dans 100 cc. d’air. — M. RaBuTEAu continue l’exposé de ses recherches sur les anes- thésiques ; il traite de l’action de certains éthers (acétates d’éthyle, d'amyle, de méthyle) sur les animaux à sang chaud et à sang froid. — M. Maruias DuvaL remet au bureau une notice sur M. Claude Bernard, notre illustre et regretté président. = AA — — M. Vinaz expose le résultat de ses nouvelles recherches sur les lésions de la pelade. M. Macnan demande si la spore banale signalée par M. Vidal peut se distinguer de la spore spécifique. M. Vipaz répond que la spore de la gomme altérée, et celle de Tri- chaphyton, par exemple, présentent des caractères spéciaux. M. Ma- lassez a indiqué dans son Mémoire des caractères distinctifs fort nets et faciles à vérifier. M. BerT ne nie pas la cause parasitaire de certaines maladies du cheveu; mais il croit que l’on ne connaît pas exactement encore les spores contenues dans les cheveux des individus sains.On a trop cher- ché chez des sujets malades et pas assez chez les bien portants. M. Vipar répond qu'il étudie surtout les spores profondes en arra- chant le cheveu. M. Marassez dit ne s'être placé que sur le terrain anatomo-patholo- gique : il a trouvé des spores dans tous les cas de pelade. Le collabo- rateur de M. Malassez est allé plus loin dans sa thèse, mais celui-ci n'endosse en rien ses opinions et réserve la question au point de vue clinique. NOTE SUR LES TEMPÉRATURES COMPARÉES DE L'AISSELLE ET DE LA MAIN; par M. le docteur Mory, médecin aide-major. Dans la séance du 3 juin 1876 M. le docteur Couty, médecin mili- taire, communiquait à la Société de Biologie le résultat de ses recherches sur les températures comparées de l’aisselle et de la main; il concluait de ses observations, que plus la température générale s'élève, plus celles de la main et de l’aisselle tendent à s’égaliser ; il opérait en France sur des sujets pyrétiques. Durant l'été de la même année, l’auteur de cette note a pu prendre à Biskra, dans le nord du Sahara algérien, un certain nombre de tempé- raiures comparées des mêmes régions ; ses observations ont été faites, au mois d'août, sur des soldats du 8° bataillon d’Afrique (Européens) en traitement à l’infirmerie pour des affections légères, qui laissaient la température de l’aisselle à 4 379 environ : les mesures étaient pri- ses, entre neuf et dix heures du matin, avec un thermomètre gradué en dixièmes. Le même instrument était placé successivement dans Vaisselle et dans la main du sujet. Les observations comprennent une période de huit jours et une vingtaine de mensurations comparées sur huit ou dix sujets, la température de Ja salle restant sensiblement à + 350. 11 y avait : a. Dans les deux tiers des cas, unc différence moyenne de 02,15 en faveur de la main. - b, Quelquefois égalité, — 172 — c. Exceptionnellement la température de l’aisselle restait faiblement supérieure à celle de la main. En moyenne, il y avait 00,1 en moins du côté de l’aisselle. En rapprochant ce fait des observations de M. le docteur Couty, qui a trouvé quelquefois dans les pyrexies la chaleur de la main supérieure A celle de l’aisselle (supériorité qu’il hésite à admettre), on est amené à penser qu’il s’agit, dans les deux cas, de modifications vaso-motriceg ayant une cause déterminante analogue. Sous le climat de Biskra, la température des appartements ne des- cend guére au-dessouus de + 32° pendant les mois d'été, tandis qu’elle s'élève ordinairement à + 35° et même —+ 40° pendant la journée ; d’un autre côté, l’air reste souvent três-calme pendant plusieurs jours consécutifs : dans ces conditions la perte de calorique est presque nulle et l’économie a beaucoup de peine à se débarrasser de celui qu’elle pro- duit en excés. Il en résulte une sensation pénible de tension intra-crânienne qui porte à rechercher la fraicheur et le repos, sensation qui devient tyran- nique vers la fin de l'été ; c’est à cette époque que se rapportent les ob- servations résumées plus haut. Nous ignorons quels auraient été leurs résultats sur les indigènes ; l’ascension de la température de la main accompagne-t-elle immédia- tement celle du milieu, ou ne se produit-elle qu’à la longue par l'effet du climat ? Quoi qu’il en soit, M. François-Franck ayant observé un phénomène analogue dans un cas anormal d’anévrysme aortique, attribua très-ju- dicieusement l’élévation de la température de la main du côté malade à une paralysie vaso-motrice par compression des origines du système nerveux sympathique de la région : c’est dans le même ordre d’idées que nous sommes porté aussi à chercher l'explication du phénomène observé à Biskra ; il serait jusqu’à un certain point comparable aux ré- sultats de la section du sympathique dans sa portion cervicale. La puissance isothermale de l’économie tend à s’épuiser dans un mu- eu à + 35°, parce que la perte de calorique y est très-faible; cette tendance détermine un réflexe vaso-moteur suivi d’une dilatation vas- eulaire périphérique; les extrémités jouent, dans ce cas, le rôle d’une soupape de sûreté. Cependant la main reste pâle et la sensation sub- Jective de chaleur n’y devient manifeste que par une comparaison à la- quelle on peut se livrer en plaçant sa main dans sa propre aisselle. Il semble donc que les principales modifications circulatoires se passent dans les petits vaisseaux plutôt que dans les capillaires. Ce qui précède s'applique sans doute également aux pyrexies, et l’ensemble des observations recueillies dans ces différentes conditions. montre que la loi de répartition du calorique dans l’économie repose sur deux facteurs principaux, la température du milieu et le degré de chaleur centrale de l’économie. Plus ces deux facteurs s'élèvent, plus Ja température périphérique se rapproche de la température centrale, » TEL Un) Li 3 — 173 — Sans insister sur ces vues théoriques, nous résumons nos observa- tions dans l’énoncé de ce fait que : sous l'influence des hautes tempé- ratures atmosphériques, la chaleur de la main devient supérieure à celle de l’aisselle, sans que cette dernière dépasse notablement son ni- veau moyen des climats tempérés, Wqrra ETC ALAN tnt sb? à slot oeabt y \ Fute A ue -2e COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JUIN 4878, Par M. Albert ROBIN, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. HOUEL. Séance du 1° juin 1878. M. DéseriNE donne communication de la note suivante : SUR L’EXISTENCE D'UN TREMBLEMENT RÉFLEXE DANS LE MEMBRE NON PARALYSÉ CHEZ CERTAINS HÉMIPLÉGIQUES. On sait que, dans une certaine catégorie de cas d’hémiplégie, en par- ticulier dans ceux qui s’accompagnent de sclérosé descendante et de contracture (bien que le symptôme dont nous allons parler ne soit pas cependant toujours constant dans ces cas-là), on peut produire dans les membres du côté paralysé, en imprimant aux extrémités de ces membres certaines positions déterminées, un tremblement d’une na- ture spéciale, tremblement rhythmé, à oscillations très-réguliéres, et plus ou moins persistant, selon les cas, Ce tremblement est, en géné- rai, assez difficile à produire dans le bras du côté paralysé, mais il est, au contraire, assez facilement obtenu dans la jambe du côté malade, en appliquant la main sur la plante du pied et en fléchissant plus ou moins fortement le pied sur la jambe. On voit alors le pied agité d'une trémulation convulsive, constituée par une série d'oscillations régu- liéres, produites elles-mêmes par une succession de petits mouvements d'extension et de flexion alternatifs du pied sur la, jambe. C’est cette — 176 — forme de tremblement, bien connue depuis un certain nombre d'années, que l’on désigne sous le nom de tremblement réflexe des hémiplégi- ques. Ce tremblement unilatéral présente la plus grande ressemblance avec le tremblement bilatéral des deux membres inférieurs, que l’on observe dans certaines formes de paraplégie, dans les compressions de le moelle par exemple, ou dans la sclérose en plaques disséminées, et que certains auteurs ont désigné sous le nom d’épilepsie spinale. Jusqu'à présent, à ma connaissance du moins, le tremblement ré- flexe du membre inférieur, chez les hémiplégiques, n’a jamais été ob- servé que dans le membre du côté paralysé. Les recherches que j'ai entreprises à cet égard démontrent d’une fa- çon trés-nette que, dans certains cas, ce tremblement réflexe s’observe dans le membre inférieur du côté sain, aussi bien que dans celui du côté malade, et qu’il s’y observe même assez fréquemment, Sur une quinzaine d’hémiplégiques, examinés à ce point de vue, j'ai rencontré cinq fois le tremblement réflexe du pied du côté sain, en même temps que celui du côté paralysé. Les cinq hémiplésies dans lesquelles j'ai constaté ce tremblement bilatéra] étaient des hémiplégies communes, vulgaires, durant depuis deux à trois ans, portant uniquement sur la motilité et très-pronon- cées, car, dans quatre des cas, la marche et la station debout, sans que les malades fussent maintenus en équilibre, étaient impossibles. Voici ce que j’ai observé sur ces cinq malades : Le tremblement réflexe du membre sain était aussi intense et durait aussi longtemps que le tremblement du membre paralysé. Ce tremble- ment se produisait dans l’un et dans l’autre des membres inférieurs, par la simple flexion du pied sur la jambe, et durait trés-longtemps, en imprimant à la main de l'observateur un tremblement régulier et énergique. En agissant à la fois sur les deux membres inférieurs, on obtenait un tremblement bilatéral. La flexion brusque du gros orteil était loin d’arrêter toujours le tremblement ; mais, dans certains cas, une constriction énergique des muscles de la région jambière posté- rieure faisait cesser le phénomène. Chez deux malades, le tremblement du membre sain s’observait à l’occasion du moindre mouvement volontaire. Tous ces malades avaient une contracture très-prononcée du bras et de la jambe du côté paralysé. Du côté sain, le membre inférieur et le membre supérieur ne présen- taient aucune espèce de paralysie, soit de la motilité, soit de la sensibi= lité ; tous les malades pouvaient se tenir longtemps dans la station debout, sur leur membre sain, à la seule condition qu’on les aïidât à se maintenir dans un certain état d’équilibre. A première vue, un observateur non prévenu, en voyant ce tremble- ment réflexe des deux membres inférieurs, eût conclu à l’existence d’une paraplégie, par compression de la moelle par exemple : on sait, en effet, que c’est surtout dans les cas de ce genre que l’on observe ce — 177 — phénomène ; mais l’examen du malade, en montrant, d’une part, une hémipléoie complète de tout un côté du corps, et d’autre part une inté- grité absolue de la motilité du côté opposé, dans le membre supérieur comme dans le membre inférieur, excluait aussitôt la possibilité d’une hypothèse de ce genre. Le phénomène clinique que nous décrivons, et qui existe chez cer- tains hémiplésiques, n’est pas jusqu’à présent d’une interprétation phy- siologique très-facile, et, à cet égard, nous ne pouvons que formuler une hypothèse assez vraisemblable, mais à laquelle manque encore la sanction d’un examen anatomique. Peut-être, la sclérose latérale des- cendante, qui est constante dans les hémiplégies anciennes avec con- tracture, et qui, comme on le sait, se systématise dans la partie posté- rieure du cordon latéral du côté de la paralysie, s’est-elle, dans les cas que nous publions, propagée au cordon latéral du côté sain, et la moelle lombaire est-elle atteinte de sclérose bilatérale descendante, comme dans certains cas de paraplégie par mal de Pott par exemple : c'est aux recherches ultérieures qu’il appartient de démontrer ou d'in- firmer l’exactitude de cette hypothése. Conczusions. — Chez certains hémiplégiques, qui, au premier abord ne diffèrent en rien des hémiplégiques ordinaires, on détermine dans le membre du côté sain, par la flexion du pied sur la jambe, un tremblement réflexe, en tous points analogue à celui qui existe dans le membre inférieur du côté paralysé. M. Guerer croit que le tremblement est, dans ce cas, un phénomène d'inconduction : les ordres ne sont pas transmis, Aïnsi, les saturnins, les alcooliques tremblent quand on comprime les conducteurs nerveux, ce qui équivaut manifestement à une inconduction. Certains tremble- ments nerveux n'ont pas d'autre cause prochaine. On peut comparer cela à ce qui se passe dans les conducteurs élec- triques quand on fait varier la résistance. M. Marey confirme absolument l’opinion de M. Gubler. Analysant ce qui se passe dans le tétanos, M. Marey a vu les secousses s’espacer et se dissocier quand on agit sur les conducteurs nerveux de maniére à diminuer la conduction. — M. Marey présente à la Société son dernier livre sur l'emploi des méthodes graphiques, et donne une analyse rapide des principaux mé- moires contenus dans ce volume. — M. MaLassez présente, au nom de M. J. Renaur, la note sui- vante : NoTE SUR L’ÉPITHÉLIUM DES GLANDES SUDORIPARES. La plupart des auteurs qui se sont occupés de la structure des glan- des sudoripares se bornent à dire que l’épithélium, au niveau de la portion contournée du tube sécréteur, est formé de cellules polygonales et cylindriques. Cet épithélium repose sur une membrane propre, à la c. R. 1878. 23 — 178 — surface interne de jaquelle Czerny assure avoir imprégné d’argent un réseau endothélial]. Si l’on prend un fragment de peau d’un animal qui vient d'être sa- crifié, et si l’on fixe les éléments anatomiques de ce fragment dans leur forme en immergeant la piéce dans l’alcool fort, l’on peut, le len- demain, pratiquer facilement des coupes minces dans la peau durcie. Sur des préparations convenablement colorées et examinées dans la glycérine l’on peut étudier aisément alors la structure du revêtement épithélial des tubes sudoripares contournés. Un fait qui n’a pas d’abord étonné, c’est que l’épithélium des glandes sudoripares d’une même ré- gion, et provenant de deux animaux de même espèce, immédiatement fixé dans sa forme par l’action instantanée d’un alcool au même degré (86° Cartier), présente souvent, toutefois, des aspects trés-différents. Sur des chevaux morveux ou farcineux, sacrifiés de grand matin, au moment même où ils sortaient de l’écurie, c’est-à-dire dont la peau n’avait été le siége d'aucune sudation abondante depuis quelques heu- res, j'ai constaté régulièrement que l’épithélium du glomérule sudori- pare est formé de cellules cylindriques à protoplasma clair, à noyau refoulé tout près de la base et ressemblant absolument, sauf la dimen- sion, à celui qui tapisse les cuis-de-sac d’une glande en grappe à mu- cus, la sous-maxillaire par exemple. Au premier abord, on serait même tenté de croire qu’il s’agit ici de cellules caliciformes. Mais l’ouverture supérieure du calice manque ab- solument, de même, du reste, que dans les cellules glandulaires de la sous-maxillaire. La partie transparente de la cellule est parsemée, à sa périphérie, de rares granulations, tout à fait analogues à celles qu’on observe dans la portion claire du protoplasma des cellules sécrétoires des glandes à mucus. Parfois ces granulations sont disposées en série, -parallèlement à la hauteur de l’élément, et dessinent une ébauche de striation protoplasmique longitudinale. Mais si le fragment de peau vient d’un animal qui a été soumis à une longue vivisection, ou à l’action prolongée des anesthésiques, si, en un mot, il a été placé dans des conditions qui amènent la diaphorèse, l'aspect de l’épithélium des glandes sudoripares est tout différent. La portion claire de la cellule n’existe plus; elle à été envahie par le pro-. toplasma, devenu partout granuleux ; le noyau gonflé occupe la partie moyenne de la cellule ; enfin, si l’action du réactif coagulant a été ra- pide, on voit la lumière du tube sudorifère rempli par le liquide de la sécrétion, solidifié sous forme d’une masse homogène qui rappelle l’as- pect des caillots de lymphe. Il résulte de là que, de même que dans les glandes en grappe, où la sécrétion longtemps continuée modifie la forme des cellules glandu- laires, la diaphorèse change aussi, au bout d’un certain temps, la cons- titution des cellules qui tapissent la portion contournée des tubes su- doripares. En second lieu, je ferai observer que, dans la majorité des cas, les — 179 — échantillons de peau humaine que l’on soumet à l'analyse histologique renferment des glandes sudoripares dont l’épithélium est modifié par la diaphorèse abondante qui accompagne l’agonie et précède la mort. L’on observe donc, le plus souvent, ces glandes dans un état très-ana- logue à celui qui se produit dans la sous-maxillaire après une longue excitation de la corde du tympan. — M. Mazassez présente ensuite, au nom de M. Prcarp (de Lyon), la note suivante : PROCÉDÉ POUR ÉTUDIER L'ÉTAT DES ORGANES A UN MOMENT DONNÉ D'UN EMPOISONNEMENT. LI Par les études que j'ai publiées sur l’action des sels de morphine, j'ai été amené à considérer le problème suivant qui se pose, du reste, dans un très-grand nombre d’autres recherches physiologiques : Quel est, à un moment donné, sous une influence bien précisée, l’état d’un organe quelconque ? Pour résoudre la question ainsi posée, on a l'habitude d'employer la vivisection, de procéder directement sur le vivant à l’examen de la partie mise à nu. Je ne veux pas, bien entendu, critiquer cette méthode, qui peut avoir de três-grands avantages dans les cas où elle est praticable dans de bonnes conditions. Je ferai remarquer même qu’elle peut seule per- mettre de comparer un organe donné dans deux moments, consécutifs et distincts ; mais je ferai observer, en même temps, qu’elle n'est pas ‘applicable à tous les cas, et que, dans d’autres, elle introduit dans l’ex- périence des influences spéciales considérables, dont la part n’est pas facile à préciser dans les observations. Pour écarter ces difficultés dans les expériences que je rappelais plus haut, je me suis efforcé d’arriver au résultat par une méthode différente de celle classiquement utilisée. Il fallait qu'elle fût applicable à toute expérience sans exception ; elle devait permettre facilement l’examen d’un organe, quel qu’il fût, à un moment donné, de l’influence toxique. é Pour tout dire en quelques mots, je devais pouvoir faire l’anatomie pathologique d’un appareil symptomatique provoqué, même lorsqu'il est fugitif et passager, et le relier aux symptômes observés comme on le pratique en pathologie. Je ferai connaître aujourd’hui le procédé auquel je me suis arrêté, et j'en donnerai ultérieurement les applications, notamment au cas du narcotisme morphinique. Je donnerai seulement un exemple de son emploi, qui me permettra une description plus facile. Je choisirai, pour ce but, un problème trés- simple, et je me proposerai de savoir quel est l’état du poumon pen- dant la période d’insensibilité et de résolution musculaire, chez le chien soumis aux inhalations de chloroforme suivant les procédés ordinaires. On comprend que l'ouverture du thorax, nécessaire à la constatation — 180 — directe, sur le vivant, introduirait une condition spéciale d'influence considérable, puisqu'il faudrait entretenir la respiration artificiellement, et on doit admettre que le problème n’est pas convenablement soluble par la méthode ci-dessus indiquée. Pour le résoudre, je procède comme il suit : je fais une trés-petite incision à la peau du cou de l’animal, je mets la veine jugulaire à nu et introduis une canule dans son bout central. Cette opération est tout à fait innocente chez le chien et im- puissante, à coup sûr, à modifier directement l’état de la circulation dans le poumon. On laisse alors, pour plus de sûreté, l'animal au repos quelque temps, afin de laisser se dissiper toutes les actions vasculaires réflexes qui auraient pu se produire au moment de l’incision, et l’ani- mal est alors prêt pour l’expérience. On lui fait respirer les vapeurs de chloroforme jusqu’à ce qu’il mon- tre une insensibilité complète, et aussitôt cette période atteinte, cet état morbide bien établi, on pousse par la veine quelques centimètres cubes d’une solution concentrée d’un sel de potasse. En faisant ainsi, on tue l’animal instantanément par arrêt du cœur ; la circulation est brusquement suspendue et chaque organe reste sensi- blement dans l’état où il était pendant la vie. Le sang cessant d’aller au poumon et d’en sortir, la quantité qu’en contient cet organe reste ce qu’elle était au moment de l'injection. Il ne reste donc qu’à faire l’examen, et ceci comme on le pratique après la mort chez l’homme. En ouvrant le thorax avec précaution, sans léser ni le cœur, ni les gros vaisseaux, On constate aisément une énorme congestion qui est constante à la période d’anesthésie. Le poumon est gorgé de sang à ce point qu’il revient à peine sur lui- même quand on ouvre le thorax; sa surface est colorée en rouge foncé, au lieu de présenter cette teinte blanche, grisâtre, un peu rosée, qu’elle offre chez les chiens en pleine santé. Il donne, sous le doigt, la sensation d’un corps assez ferme et résis- tant, au lieu de montrer cette souplesse qu’il a d'ordinaire. Si on les coupe, ses fragments montrent des surfaces colorées et sai- gnantes qui colorent rapidement l’eau à la surface de laquelle ils sur- nagent. On peut, en outre, constater qu'un volume donné de cet or- gane sectionné en petits fragments, dans une quantité d’eau donnée, lui communique une teinte plus intense que ne fait un volume égal d'un poumon sain. La congestion, dans ce cas, est accusée à ce point qu’il est facile de l’observer sans aucune précaution ; il n’en est pas ainsi dans tous les autres états du même genre qu’on peut constater, et il y a alors une cause d'erreur possible que je veux indiquer, ainsi que le mode à suivre pour l’éviter. Quand on a tué un. animal en pleine digestion pour observer la con- gestion intestinale, et qu’on ouvre l’abdomen immédiatement, on met les intestins au contact de l'air : ce fluide agit sur eux comme un irri- — 181 — tant en provoquant les contractions de sa tunique musculaire et aussi celles des petits vaisseaux qui se vident, partiellement au moins, dans les grosses veines. Pour éviter cette cause modificatrice, il suffit d'attendre que les fibres musculaires soient mortes et d'ouvrir l'abdomen seulement à ce mo- ment. — M. AzeerT Rogin communique à la Société le résultat de ses re- cherches sur l’existence de deux caractères nouveaux des urines dans la néphrite interstitielle. Le premier de ces signes est la présence dans l'urine d’une quantité considérable d’uro-hématine ; le second est la présence dans le sédiment que laissent déposer les urines, d’amas pig- mentaires amorphes et cristallins, et de masses de couleur grenat, dérivées de l’hémoglobine. Il existe un rapport direct entre les deux caractères et la diminution des globules rouges dans le sang des ma- lades atteints de néphrite interstitielle. — L'ordre du jour appelle le dépouillement du scrutin pour l’élection à une place de membre titulaire de la Société. M. Franck est nommé membre de la Société. — Une nouvelle place de membre titulaire est déclarée vacante. — M. L. Marassez présente, en son nom, un appareil accompagné de la note suivante : CORRECTION DES DÉFORMATIONS PRODUITES PAR LES CHAMBRES CLAIRES DE MiILNE-EDWARDS ET DE NACHET. Les chambres claires de Milne-Edwards et de Nachet, si commodes et si répandues, ont un inconvénient, celui de donner des dessins qui ne reproduisent pas exactement la forme des objets microscopiques dessinés. On peut s’en assurer en dessinant des objets dont la forme vraie est très-exactement connue : divisions micrométriques, quadrillages, etc. Les divisions micrométriques, par exemple, au lieu de rester régutière- ment espacées, seront d'autant plus écartées les unes des autres qu’elles: seront dessinées plus loin du pied du inicroscope. Un carré donnera un trapéze ou un quadrilatère irrégulier, mais jamais un carré par- fait, etc, Ces déformatiars sont peu sensibles, lorsque la portion du champ microscopique utilisée par le médecin est peu considérable ; mais, si elle est étendue, les déformations ne peuvent plus être négligées. J'ai dessiné un carré trés-régulier qui m'a donné un trapèze dont la petite base avait 114 millimètres et les côtés 135 ; c’est-à-dire que, pour les dessins d’une même longueur, le côté d’un carré, les différences étaient de 22 millimètres sur 114, soit de plus de 19 pour 100. On voit, par là, combien grandes sont ces déformations, et 4 quelles erreurs On s’exposerait si on se servait de tels dessins pour des mesures précises, — 182 — Ces. déformations sont dues à ce que dans les chambres claires. de, Milne-Edwards et de Nachet, les surfaces sur lesquelles se font les ré flexions totales sont très-rapprochées l’une de l’autre. En effet, avec. cette disposition, la réflexion sur la table ne peut se faire suivant l'axe vertical, car l’image serait vue en partie sur le pied du microscope et ne pourrait être recueillie. Il faut donc que l’image soit reportée en dehors du pied du microscope, et pour cela, que la réflexion se fasse obliquement. Mais alors l’image n’est plus recueillie sur un plan per- endiculaire à l’axe optique ; et les distances relatives qui existent entre l'œil et les différents points du dessin, ne sont plus semblables à celles qui existent entre l'œil et les points correspondants de l’objet. Plus on l’écarte du pied du microscope, plus les distances relatives augmentent. Or, comme les grossissements augmentent avec les distances de l'œil, il en résulte que dans un dessin recueilli sur la table, le grossis- sement augmente au fur et à mesure qu’on l’éloigne du pied du mi- croscope. Voilà pourquoi les divisions micrométriques sont d'antan plus écartées qu’elles sont dessinées plus loin du microscope; voilà pourquoi le carré donne un trapèze dont la petite base se trouve prés et la grande base loin du microscope. Aprés ces explications, il est évident que pour obtenir, avec lesdites chambres claires, un dessin semblable à l’objet, il faut faire en sorte que l’image soit recuillie sur un plan perpendiculaire à l’axe optique. Deux procédés peuvent être employés : ou bien, incliner le micros- cope, en laissant le papier horizontal sur la table ; ou bien, incliner le papier à dessin, en laissant le microscope vertical. J'ai essayé les deux procédés ; le second, quoique ayant certains désavantages, m'a paru le plus pratique à réaliser, et j'ai fait construire une planchette à dessin, spéciale à cet usage. Cette planchette à dessin se compose : 1° d’une partie horizontale sur laquelle se place le microscope ; 2° d’une partie inclinée sur laquelle on dessine ; 3° d’un tasseau destiné à maintenir l’inclinaison. Le tasseau n'est pas fixé directement à la portion inclinée ; il est fixé à un chariot qui, guidé par des coulisses, peut s’enfoncer plus ou moins sous la planchette inclinée ; on peut ainsi faire varier l’inclinaison de la plan- chette, ce qui était nécessaire, toutes les chambres claires ne produisant pas la même obliquité dans l’axe optique. Le tasseau passe devant une échelle graduée, située sur le bord de la planchette, et indique le degré d’inclinaison obtenu. Le chariot peut être complétement sorti de ses coulisses, ce qui permet de terminer à plat, dans une position plus commode, un dessin dont le croquis a été pris à l’inclinaison néces- saire ; enfin, s’il était besoin de consulter à nouveau la chambre claire, le chariot pourrait être remis exactement à la même place, grâce à l'échelle d’inclinaison. La portion horizontale destinée à porter le mi- croscope est fixée par des charnières à la portion inclinée, ce qui per- set de faire varier l’inclinaison de celle-ci selon les besoins, tout en — 183 — la maintenant dans un rapport constant avec le microscope, ce qui est nécessaire pour que la coïncidence persiste entre l’image microscopique et le dessin. J’ajouterai que les différentes pièces de cette planchette peuvent être repliées sur elles-mêmes, de façon à rendre l'appareil trés-portatif. Pour les cas où il est nécessaire de faire les dessins à des hauteurs va- riables au-dessus de la table (pour la mesure du pouvoir amplifiant par exemple), j'ai utilisé la tablette à dessin de notre collègue M. Künc- kel d’Herculais, en la modifiant légèrement ; la planchette sur laquelle se fait le dessin étant horizontale, il suffisait, pour la rendre oblique, de la fixer au pied par un de ses côtés au moyen de charnières ; et de soulever plus ou moins, du côté opposé, avec un tasseau, une crémail- lère ou tout autre système. Quelque soit le procédé de l’appareil employé, du moment que l'image sera recueillie sur un plan exactement perpendiculaire à l’axe optique, les déformations signalées ne se produiront plus, le dessin sera l’image fidèle de l’objet, et les chambres claires de Milne-Edwards et de Nachet pourront alors être employées même dans les cas où la plus grande exactitude est nécessaire. Séance du 8 juin 1878. M. Mazassez, à propos du procès-verbal, présente à la Société l’ap- pareil dort 1l a parlé à la dernière séance. M. DumonTPALLiEr, obligé de prendre un congé à cause des opéra- tions du concours du Bureau central, prie la Société de vouloir bien désigner un de ses membres pour remplir provisoirement ses fonctions de secrétaire général. La Société désigne M. de Sinéty, qui prend place au bureau. — M. Leven fait la communication suivante : PHYSIOLOGIE DE L’INTESTIN. La voie suivie par les physiologistes pour étudier cette physiologie, n’a pas été, jusqu’à présent, très-féconde : Tous les expérimentateurs faisaient à l’intestin des lésions graves qui devaient altérer les excrétions et sécrétions de l’organe. Il n’en est pas de plus sénsible ; et ouvrir le ventre de l’animal, tri- turer l'intestin, l'ouvrir, lui appliquer des ligatures, etc., ce sont au- tant de manœuvres qui devaient fausser les données de l'expérience; ce n’est plus expérimenter selon l’esprit physiologique. De toutes les expériences qui ont été faites, et elles sont nombreuses, nous n’en rappellerons que deux qui sont réellement intéressantes. Ce sont celles de Budge et d’Arm. Moreau : Budge avait enlevé, il y a une vingtaine d'années, les ganglions du plexus solaire, et il a vu une diarrhée sanguinolente se produire chez les animaux. On espérait, bien * — 184 — À tort, expliquer, avec cette expérience, le mécanisme de la diarrhée. La lésion que faisait Budge est trop grave pour qu'on puisse conclure de cette expérience. Moreau examinant une anse d’intestin et voyant quelques centaines de grammes de liquide s’excréter dans lintestin, avait confondu ce liquide avec le suc intestinal]. J'ai fait des expériences nombreuses sur le chien, et pour arriver à connaître la physiologie de l'intestin, j'ai pensé qu'il ne fallait pas martyriser l’animal, mais observer comment il se comporte vis-à-vis des substances médicamenteuses, comment il répond à l’action de ces substances, et que l’on parvient ainsi, par voie indirecte, à se rendre compte des propriétés physiologiques de l’organe. J'ai étudié les trois classes de substances dites purgatives, les dialy- tiques, mécaniques et drastiques, classification purement empirique dont aucun expérimentateur n’a, jusqu'ici, indiqué la valeur. Quelle est l’action des purgatifs ? Cela avait été si peu indiqué, que les observateurs allemands, Thiry et ses élèves ont soutenu que le purgatif ne fait qu’exagérer les mou- vements intestinaux, ne produit aucune excrétion, et que les liquides qui sont expulsés à la suite de l'administration d’un purgatif ne sont que ceux contenus normalement dans l'intestin. Or, cela est compléte- ment erroné. Les expériences m'ont prouvé que le purgatif salin ne produit qu’une excrétion de certains éléments du sang et fait sortir l’eau et le chlo- rure de sodium en grande quantité ; elles m'ont prouvé également que les purgatifs mécaniques font excréter, outre l’eau et le sel marin, une assez grande quantité d'albumine; et dans les purgatifs dits mécaniques, j’ai étudié surtout l’huile de ricin. Dans ce groupe, le charbon est classé près de l’huile de ricin; le charbon n’a aucune action; j'ai donné 20 et 30 grammes de charbon à des chiens. L’estomac et l’intestin ne contenaient aucun liquide et ne présentaient pas trace d’éructation. Ce terme de mécanique est absolument impropre en physiologie; rien n’est mécanique. Les physiologistes pensaient que ces substances agissaient comme mécaniquement en excitant au passage les glandes intestinales, et que le liquide qu’elles produisent’ venait des glandes. Enfin, dans le troisième groupe, les drastiques appellent dans l’in- testin avec l’eau, le sel marin, l’albumine, les leucocytes. Les trois classes de substances purgatives doivent donc être clas- sées d’après la nature des excrétions qu’elles déterminent. Ce ne sont pas les glandes de l'intestin qui répondent à leur action, mais les capillaires de l'intestin. En effet, il est facile de reconnaître expérimentalement que, si le liquide déversé dans l'intestin a les pro- priétés digestives du suc intestinal, on ne peut plus faire de digestion avec les membranes de l'intestin, et que, si ce liquide n’a pas de pro- priétés digestives, le suc intestinal est encore inclus dans les glandes, — 185 — Avec ces mêmes substances, on détermine des excrétions vaseu- laires dans l’estomac comme dans l’intestin ; seulement les vaisseaux de l'estomac ne laissent passer que de l’eau et du chlorure de sodium, avec les trois groupes de substances. Celles-ci ne produisant pas dans l'intestin un flux de suc intestinal, pas plus qu’elles ne font sécréter du suc gastrique dans l’estomac ; elles produisent une excrétion des éléments du sang et non une excrétion glandulaire. C’est là la première donnée de mes recherches que je voulais indi- quer aujourd’hui et qui me paraissent avoir un réel intérêt, tant au point de vue de l'effet physiologique des purgatifs que de la physiolo- gie de l'intestin. M. Lasoroe demande s’il faut compter le poivre au nombre des ali- ments, puisqu'il sert habituellement à provoquer l’excrétion du suc gastrique dans les expériences physiologiques. M. Leven : Le poivre détermine d’abord de la congestion ; mais s’il est en grande quantité, il arrive jusqu’à l'irritation. Dans ce cas, l’esto- mac ne donne en somme que la quantité de suc gastrique qu'il con- tient. — M. Haye étudie, devant la Société, l’origine des hématoblastes. — M. BocHEFONTAINE communique des recherches faites, en com- mun avec M. Mourkur, sur les propriétés de certaines plantes exoti- ques. — M. BocH£ronTAINE, au nom de M. NacHTEL, présente une note sur la dilatation pupillaire qui accompagne l'injection d’air dans le poumon. — M. BocneroNTAINz présente des calculs assez volumineux trou- vés dans le bassinet d’un chien. Ils sont formés d’oxalate de chaux, d'acide urique et d’urate d’ammoniaque. — M. BocHEFONTAINE présente un fragment de foie rempli de larves. — M. BocEeFONTAINE communique le résultat d’expériences sur l'influence des excitations électriques sur les embryons de chat. M. Acsert Rogin, à propos de l’une des communications précé- dentes, rappelle que la gravelle urique n’est pas trés-rare chez le chien, surtout chez les chiens de salon. — M. HenninGer présente à la Société un travail sur les peptones, leur nature et leur mode de préparation. — M. Poucxer présente les deux notes suivantes : I. — NCTE SUR L'ÉVOLUTION DES ÉLÉMENTS DU SANG DES OVIPARES. l’évolution des éléments figurés du sang chez les animaux dépourvus de glandes lymphatiques, chez lesquels la moelle osseuse existe à peine 5 ymF ques, à | ) c. R. 1878, 24 — 186 — et enfin auxquels on a enlevé la rate, pouvait offrir un certain inté- rêt. Ceux que nous avons mis plus spécialement en expérience ont été des tritons (7. Cristatus). Nous dirons de suite que l’ablation de cet organe paraît n'avoir qu'une influence très-limitée sur la constitution du sang. Tout au plus remarquons-nous dans le sang d'animaux opérés depuis sept semaines, mais bien nourris, quelques formes aberrantes qui semblent plus rares, ou peut-être ne pas exister dans le sang de tritons de même espèce pêchés depuis deux jours dans les mares. Comme nous l’avons déjà dit, nos observations confirment de tous points celles de M. Vulpian sur la provenance des hématies ; nous croyons seulement, grâce aux procédés employés par nous, pouvoir fixer les phases de ce développement mieux qu'on l’avait fait avant nous. Comme point de départ, on peut envisager le leucocyte simple consti- tué par un noyau sphérique avec un seul nucléole et un corps cellulaire extrêmement réduit, presque indistinct. Dimension : 12 &. Réactions : fixation énergique du carmin après traitement par l’acide osmique, gonflement par le séjour de vingt-quatre ou quarante-huit heures dans l’eau distillée ou additionnée d’une faible quantité de picro-carminate. Le nom de « leucocyte type ou primaire » peut convenir à cette forme sus- ceptible de se développer, suivant deux directions différentes, pour de- venir soit hématie, soit leucocyte confirmé. Dans l’un et l’autre cas, le premier phénomène observé est la multiplication du nucléole et la production d’une segmentation incomplète accusée par des sillons. Cette phase initiale est commune. Hématies. — Le noyau avec ses nucléoles multiples et ses sillons rréguliers de segmentation, prend la forme ovoïde. Aux deux extré- mités de son grand axe se développent deux lames aplaties de substance hémoglobique, d’abord hyaline, ne fixant pas le carmin. Pour le noyau, mêmes caractères que ci-dessus. Les hématies parvenues à cette phase sont les hématoblastes de Hayem. Le noyau augmente considérablement et atteint des dimensions maxima. Il est entouré d’une marge uniforme de substance hémo- globique teintée d’une manière reconnaissable. Caractères du noyau : il fixe beaucoup moins le carmin que précédemment; il gonfle par l’eau comme précédemment. Dimensiens : 21 à 24 « de long sur 12 à 18 de large. L’apparence réticulée que présente le noyau dès cette époque, résulte du sectionnement irrégulier de sa substance, qui s’est poursuivi. Il n’y a pas, à l'intérieur, de réticulum proprement dit de substance granu- leuse, mais seulement des cloisons séparant des lobes de segmentation, comme le prouvent certaines formes aberrantes que l’on rencontre peut-être plus souvent dans le sang des animaux dératés. Dans l’hématie confirmée, le noyau a diminué de volume, sa strue- ture lobulée persiste, il ne fixe pas le carmin, ne gonfle pas dans l’eau. A unétat plus avancé de régression, l’hématie a diminué encore de volume ; la substance hémoglobique est devenue plus foncée, plus ré- frangible. L'élément se dissout finalement dans le sérum. — 187 — Leucocytes.—Le leucocyte primaire, non destiné à devenir hématie augmente de volume; en même temps le nucléole se multiplie et des sillons de segmentation se produisent. Le sectionnement en quatre pa- raît être la règle (celle-ci s'étend d’ailleurs aux mammifères). Le corps cellulaire devient plus considérable par rapport au noyau; aprés fixa- tion par l’acide osmique il se dissout à la longue dans l'eau. La réac- tion du noyau n'a pas varié : fixation énergique du carmin, gonfle- ment par l’eau. Les leucocytes arrivés à cette période peuvent entrer en régression ; l’amas nucléaire cesse alors de fixer le carmin, l'élément tout entier prend, dans le picro-carminate, une teinte verdâtre spéciale, sa substance devient plus réfringente. Un degré d'évolution plus avancé (peut-être aberrant) est celui des leucocytes dit « à noyaux en boudin » : ils sont plus volumineux, le corps cellulaire se dissout, à la longue, dans l’eau comme précédem- ment, et on peut voir alors l’amas nucléaire composé de noyaux succes- sifs ayant généralement un nucléole et enfermés dans une gaîne hya- line, qu’on voit resserrée entre chacun de ces noyaux en les tenant reliés les uns aux autres. Les relations phyiogéniques des leucocytes de Semmer paraissent plus difficiles à établir. Nous nommons ainsi les leucocytes à granula- tions périphériques de substance hémoglobique et à noyaux tangents que Semmer avait décrits avant que nous n’ayons signalé, de notre côté, dans une précédente communication, leur existence et leurs carac- tères chez les squales. Les leucocytes de Semmer peuvent subir une ré- gression semblable à celle que nous indiquons plus haut chez les leu- cocytes normaux. Le volume des noyaux dans les leucocytes de Semmer, la persistance d’un nucléole unique dans ces noyaux, semblent indiquer qu’il doivent, par caducité partielle du corps cellulaire, se séparer. Ils représentent alors autant de leucocytes primaires, pour lesquels le double cycle évolutif que nous avons décrit recommence. Il en est de même, sans doute, des noyaux des leucocytes normaux qui ont subi le sectionne- ment régulier en quatre. Enfin, il est possible que les petits noyaux également nucléolés dont l’ensemble donne l'apparence de « noyau en boudin », s’individualisent de même, bien que cela paraisse moins pro- bable. Telles seraient, en tout cas, les seules sources de réparation du sang chez les animaux dépourvus de glandes lymphatiques, privés de rate et chez lesquels, en outre, la moelle osseuse est réduite à des pro- portions insigmifiantes au point de vue de la régénération rapide du sang, en admettant que ce tissu joue nn rôle de ce genre. II. — Note &UR LA CONSTITUTION: DU SANG APRÈS L’ABLATION DE LA RATE; par M. Poucet. Après un nombre considérable d’expérimentations, nous avons pra- tiqué l’extirpation de la rate, dans le but spécial d'observer les conséquences de l'opération sur la constitution du sang. Mossler qui — 188 — avait tenté la même recherche, convient que les procédés dont il dis- posait, étaient insuffisants ; nous avions à la fois un procédé sûr dans l'emploi de l'acide osmique, et une habitude déjà longue de ces sortes de recherches. Nous n’avons pas seulement opéré des mammifères chez lesquels on a souvent admis une action vicariante d'organes au- tres que la rate : nous avons dératé des oiseaux, des tritons chez les- quels iln'ya pas de glandes lymphatiquss, et des poissons chez les- quels la moelle osseuse fait complétement défaut. Des turbot$ avaient été dératés à la fin d’octobre 1877, marqués d’anneaux d’argent et reje- tés dans les viviers de Concarneau; un de ces animaux és mort dans le courant de janvier, mais on nous informe qu’un autre était en vie le 3 juin; on peut'supposer que le sang n’a pas subi chez lui plus d’ altéra- tions que chez les tritons et les oiseaux soumis à la même opération. Neuf tritons (7. Cristatus) ontété dératés le 12 mars 1878. Ils ont été placés dans l’eau, bien nourris; la cicatrisation de la plaie a marché rapidement. Un de ces animaux rente a montré qu'il n’y avait au- cune régénération de la rate. Le sang, comparé à celui d'animaux de même espèce, pêchés l’avant-veille bre les mares, ne présente rien de spécial, sauf peut- -être quelques formes aberrantes des éléments du sang, mais tout à fait sporadiques. De même chez des pigeons dératés. De même chez des chiens et enfin chez des chats dératés au moment de la naissance ; chez ces derniers l'opération a été faite sur trois individus appartenant à deux portées. Le sang, jusqu’à ce jour, n’a rien offert de particulier; il a gardé les caractères individuels qu'il présentait au moment de l’opération chez les animaux des deux portées. Dans l’une de ces portées, en effet, composée de trois petits chats entièrement albinos et dont l’un a été dératé, le sang a toujours offert depuis la nais- sance (commencement d'avril) jusqu’à ce jour, une abondance extraor- dinaire et tout à fait anormale de leucocytes et de globulins; examiné à plusieurs reprises, il s’est toujours présenté avec un aspect laiteux extrêmement prononcé, comme du lait teinté avec une trés-faible quan- tité de carmuin et légèrement rosé. La conséquence desexpériences que nous relatons, est donc que l'origine des éléments du sans ne doit être cherchée ni dans la rate, ni dans les autres organes dont le rôle vicariant reste absolument hypothétique et ne se manifeste d’ailleurs, comme l’a remarqué Mossler, par aucun changement de structure apparent. Les éléments du sang se renouvel- lent aux dépens d'eux-mêmes ou des éléments qui y sont normalement versés par le système lymphatique. Nous ajouterons que la réparation du sang, aprés les fortes saignées, chez les chiens dératés, suit les mêmes phases que chez les chiens non dératés. Peut-être remarque-t-on seulement une abondance moindre de leucocytes dans les premiers jours. M. MaLassez, en son nom et au nom de M. Picard, au sujet de la première coumunication de Pouchet, présente la note suivante: — 189 — SUR LES FONCTIONS DE LA RATE. DES ALTÉRATIONS DES GLOBULES SANGUINS CONSÉCUTIVES A L’EXTIRPATION DE LA RATE. Les chiens, résistant parfaitement à l’extirpation de la rate, nous avons voulu voir si cette opération n'amenait pas quelque altération dans la composition du sang et combien de temps durait cette altéra- tion. Nous nous sommes uniquement préoccupé, dans cette première série d'expériences, de la richesse du sang en globules et en hémoglo- bine. La richesse du sang en globules était évaluée au moyen du compte- globules ; la richesse en hémoglobine, au moyen de l’hémochronomètre. En divisant cette dernière valeur par la précédente, nous obtenions la quantité d’hémoglobine par globule. Nos expériences ont été faites sur des animaux jeunes, condition né- cessaire au succès, ainsi que nous l’avons dit précédemment. 19 Un premier chien est gardé un mois avant d’être opéré, l’examen du sang, répété deux fois à quelques jours d'intervalle, nous donne : NOMBRE DE GLOBULES HÉMOGLOBINE RD. ES par mill. cube. par mill, cube. par globule. Moyenne....... 4.239.000 0.105 25.11 43 octobre 1876 Extirpation de la rate, perte de sang peu con- sidérable. 18 octobre... ... 3.280.000 0.058 17.68 15 novembre... 5.100.000 0.077 15.09 27 janvier 1877. 9.180.900 0.096 18.55 DANS de souris 9.000.000 0.096 19.20 AONAOUL- -- ee 4.100.000 0.110 26.82 A cette époque, le chien étant devenu galeux, est tué. Qu'indique cette expérience ? L’extirpation de la rate a amené, chez cet animal, une diminution dans la richesse du sang en globules et en hémoglobine. Mais la diminution dans le nombre des globules a été passagère, puisqu'elle avait cessé un mois aprés l’opération ; de plus, elle a été peu considérable. La diminution d’hémoglobine, au contraire, a été trés-persistante et beaucoup plus intense ; aussi les globules sont- ils restés longtemps pauvres en hémoglobine. L’extirpation de la rate a donc amené une diminution passagère dans le nombre des globules par milhmètre cube, et une diminution durable dans la richesse de ces globules en hémoglobine. Deux autres expériences, quoique moins complétement suivies, nous ont donné les mêmes résultats, Il y avait lieu de se demander si cette altération du sang était bien le fait de l'extirpation de la rate, et ne pouvait être attribuée soit à la — 190 — perte de sang, soit à des troubles consécutifs à l'ouverture de l'abdo- men. De là les expériences suivantes : 90 L’altération est-elle due à une perte de sang ? Pour que les con- ditions d'expérience soient aussi semblables que possibles, nous avons fait une hémorrhagie à un chien dératé depuis un an (printemps 1876), et qui était en excellent état de santé. Trois examens de sang nous avaient donné les résultats suivants : NOMBRE DE GLOBULES HÉMOGLOBINE EL par mill. cube. par mill. cube. par globule. Novembre 1876. 5.200.000 0.020 23.97 Janvier 1877.... 4.940.000 0.115 23.29 23 mars 1877... 5.460.000 0.125 22.89 id. 41h.m. Prise de 175 cent. cub. de sang parla fémorale. id. 1h.s. 3.960.000 0.096 24.04 DAMTATS eee 4.120.000 0.090 22.08 95 mars........ 4.200.000 0.096 22.85 28 mars........ 4.200.000 0.096 22.85 DAV ee ete 4.450.000 0.101 22.69 La plaie inguinale est complétement cicatrisée. 20 avril........ 4.700.000 0.115 24.46 28 avril........ 4.800.000 0.115 23.95 Dans cette expérience il y a bien eu, comme dans la précédente, di- minution de la richesse en globules et dans la richesse en hémoglobine ; mais cette diminution a eu, de part et d'autre, même durée et même intensité. Autrement dit, l’hémorrhagie a amené une diminution dans le nombre des globules, mais pas d’altération dosable dans leur qua- lité. Si la diminution de nombre a été plus marquée dans cette expérience que dans la précédente, il faut l'attribuer, pensons-nous, à l’hémor- rhagie que nous avions faite plus abondante, afin de rendre les phéno- mènes plus sensibles. 30 L’altération est-elle due à l’ouverture de l'abdomen ? A un chien amené depuis peu de la fourrière, nous ouvrons l'abdomen, tirons la rate en dehors, faisons trois ligatures perdues sur le meso-gastro-splé- nique, en dehors des vaisseaux bien entendu, et fermons l'abdomen. Perte de sang très-peu considérable. Deux examens de sang avaient été faits au préalable. NOMBRE DE GLOBULES HÉMOGLOBINE RS par mill. cube. par mill. cube. par globnle. 31 août 1877... 9.500.000 0.125 21.72 (Jour de l’arrivée.) 3 septembre... 9.250.000 0.115 21.90 5 septembre... Ouverture de l'abdomen. 7 septembre... 4.600.000 0.410 23.91 42 septembre... 4.860.000 0.120 24.68 7 novembre ... 4.080.000 0.096 23.52 La plaie est complétement cicatrisée ; l’animal est devenu galeux. Nous trouvons encore une diminution dans le nombre des globules ; mais il existe ici une cause spéciale qui ne s'était pas présentée dans les expériences précédentes et contre laquelle nous devons nous mettre en garde : le chien arrivait de la fourrière, il était inanitié ; et l’un de nous a constaté que, dans ces conditions, il y avait augmentation de la richesse en globules probablement par suite de la concentration du sang. Ce qui nous porte à penser qu’il a dû en être ainsi dans cette expérience, c’est que le nombre des globules avait commencé à dimi- nuer avant l’opération. Pour plus de sûreté, laissons ce point de côté, ce n’est pas, du reste, le plus important. Le fait capital est que nous ne constatons pas, comme dans notre première expérience, de diminu- tion plus considérable dans la richesse du sang ou hémoglobine, ce serait plutôt le contraire, c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu de diminution dans la proportion d’hémoglobine contenue dans les globules. Si l'ouverture de l’abdomen et l’hémorrhagie n’amènent pas de di- minution dans la proportion d’hémoglobine contenue dans les globules, nous sommes donc conduit à admettre que dans notre première expé- rience cette altération est bien le fait de l’extirpation de la rate; cette opération rendrait donc les chiens chlorotiques pendant un certain temps. Quant à la diminution dans le nombre des globules, elle est moins importante, car elle peut être le résultat de bien des causes différentes et n'a rien de caractéristique. — M. Moreau présente, au nom de M. PxiLrPEAUx, la note sui- vante : RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE L'IF. (Taxus baccata.) J’ai fait de nombreuses expériences qui toutes m'ont démontré que l'ingestion stomacale de feuilles ou de teinture, ou de décoction de ces feuilles d’if, tue tous les animaux (chiens, rats, lapins, oiseaux, etc.), pourvu que la dose ingérée soit assez forte. Un lapin, par exemple, meurt en quatre jours, s’il est soumis à un régime alimentaire unique de feuilles d'if; il meurt en quelques heu- — 4192 — res, si on lui fait dans l'estomac une injection de 10 grammes de tein- ture ou 40 grammes d’une forte décoction de feuilles dif. Les lapins empoisonnés par cette substance (feuilles ou teinture) ne paraissent pas souffrir; ils sont seulement comme endormis et leur sensibilité est considérablement diminuée. Les effets de l'absorption des principes actifs de l’if ne sont plus les mêmes lorsque les conditions d’expérimentation sont changées. En ef- fet, je viens de refaire de nouvelles expériences, seulement sur le lapin et toujours avec la même substance, et voici les résultats que j'ai ob- tenus : . J'ai donné, pendant deux mois, à un jeune lapin âgé de 2 mois, qui pesait le jour de l'expérience 450 grammes, 5 grammes de feuilles d'if hachées et mélées à des aliments ordinaires. Ce lapin a bien mangé ses aliments ainsi mêlés de feuilles d’if. Il n’a jamais offert le moindre trouble apparent de la santé et il se porte encore très-bien. Ce lapin, qui pesait 450 grammes le jour de l'expérience, pèse au- joud’hui 1.400 grammes, à peu près comme les autres lapins de Ja même portée et qui sont soumis au régime alimentaire ordinaire. Il en est de même, lorsqu'on mêle aux aliments ordinaires des lapins la teinture ou la décocton d'if. D’après ce fait, je puis dire que les feuilles d’if sont des poisons qui peuvent tuer des lapins, lorsque ces substances sont introduites seules dans l’estomac, c’est-à-dire sans être mêlées à des aliments ordinaires. Dans ces dernières conditions, au contraire, ces substances ne détermi- nent pas la mort et même elles ne produisent pas d’effets toxiques re- connaissables. — M. Haye fait une communication sur la formation des globules rouges dans les cellules vaso-formatives. Après avoir étudié les héma- toblastes du chat nouveau-né il fut conduit à rechercher l’origine de ces petits éléments. Cette question est complexe et il se borne pour le moment à fixer l’attention sur le rôle des cellules auxquelles M. Ran- vier a donné Je nom de « vaso-formatives ». Dans l’épiploon du chat nouveau-né, au moment de la naissance ou dans les premiers jours qui la suivent, le développement des vaisseaux est déjà fort avancé; on y trouve cependant encore un petit nombre de cellules vaso-formatives complétement isolées du réseau vasculaire. Un bon nombre d’entre elles contiennent déjà des globules rouges, fait qui a déjà été indiqué par divers observateurs et sur lequel a insisté M. Ranvier (Technique hist. fasc. 4, p. 627 et suiv.), dans la description si exacte qu'il a donnée des cellules vaso-formatives. Ces globules rouges naissent sur place, dans le protoplasma de la cellule. En étudiant ce phénomène sur des préparations faites par un pro- cédé analogne à celui qui recommande Wissozky (ARCH. F. MIKV. ANAT. t. XIII, p. 479), c’est-à-dire en obtenant une double coloration à l’aide de l’éosine et de l’hématoxyline ; voici ce que l’on observe : Les cellules vaso-formatives, encore peu développées, sont consti- — 193 — tuées par un corps protoplasmique allongé, terminé à chaque bout par une pointe longue et effilée. Ce corps présente des renflements au ni- veau des noyaux, ce qui lui donne un aspect noueux. Le protoplasma en est, par places, finement granuleux ou même homogène, ou bien plus grossièrement granuleux. Dans ces derniers points, au milieu des sranulations colorées en bleu ou en violet pâle par l’hématoxyline, on remarque de petits corpus- cules réfringents, colorés en rouge-rubis, parfois nettement excavés. Ce sont des hématoblastes en tout semblables à ceux qu'on trouve dans le sang général et fréquemment au milieu du chapelet qu'ils for- ment, On voit un ou plusieurs globules rouges. Quand les cellules vaso-formatives se développent, elles deviennent cylindriques, leur protoplasma se creuse d’une sorte d'espace vacuo- laire plus ou moins étendu, qui contient alors les hématoblastes et les globules rouges. Ces éléments semblent nager dans un liquide, et ainsi se trouve constitué un véritable espace capillaire rempli de sang avant que la cellule vaso-formative soit réunie aux réseaux vasculaires voi- Sins. Dans quelques préparations, M. Hayem a vu des cellules vaso-for- matives, moins développées encore, les unes fusiformes, les autres n'ayant qu'une seule pointe et qui déjà contenaient des hématoblas- tes, parfois même des globules rouges. Ces faits montrent que les globules rouges, on pourrait plutôt dire le sang, naissent dans l’intérieur des cellules vaso-formatives, au sein de la partie granuleuse du protoplasma. Un certain nombre de granu- lations prennent en se développant les caractères des hématoblastes, puis de globules rouges adultes, tandis que le reste du protoplasma voisin paraît se dissoudre pour donner naissance à un espace vascu- laire, premier vestige du canal vasculaire. M. Hayem v’a pas vu de noyau dans l’intérieur des hématoblastes et dans les cellules vaso-formatives indépendantes; même lorsqu’elles renferment des globules rouges relativement abondants, il est impos- sible, comme M. Rouvier l’a déjà remarqué, d’apercevoir un seul glo- bule blanc. Il est donc évident que les globules rouges nés -dans les cellules vaso- formatives ne proviennent ni d'une transformation des globules blancs, ni du développement d’un élément primitivement enucléé. Wissozki, dont les recherches ont été faites sur les plis des mem- branes d’embryons de lapins, de 1 centim. 5 à 1 centim. 8 de long, fait provenir les globules rouges d'éléments nucléés, naissant dans le protoplasma des cellules vaso-formatives, et se multipliant par divi- sion. Il n’a pas poursuivi ses recherches sur les vaisseaux d'animaux nouveau-nés. Pour éviter toute confusion, il est utile de remarquer que cet auteur désigne sous le nom d’hématoblastes, les cellules vaso- formatives de M. Rouvier, tandis que le mot hématoblaste a été pro- posé par M. Hayem, pour dénommer les petits corpuscules destinés à devenir des globules rouges. Les cellules vaso-formatives ou angio- c. R. 1878. 29 — 19 — blastes, servent à la fois à la formation des vaïsseaux et du sang; elles sont hématogènes. Cette formation du sang est temporaire ; il est pro- bable qu elle cesse lorsque tous les organes vasculaires ont acquis tous les vaisseaux qu’ils doivent conserver par la suite. Elle ne peut consti- tuer qu’une des origines du sang, et M. Hayem se propose d'indiquer prochainement d’autres processus de formation du sang. — M. BocHEeFONTAINE, au nom de M. le professeur J. REGNAULD et au sien, fait la communication suivante : NOTE SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIOLOGIQUES DES FEUILLES BE L'ANTIARIS TOXICARIA, Vers le commencement de cette année, M. J. Resnauld reçut de M. Jardon', chirurgien de marine et son ancien élève, différents produits naturels recueillis au Tonquin. Parmi ceux-ci se trouve une grande quantité d’une matière solide, brune, d'apparence résineuse, contenue dans un flacon portant la suscription suivante : « Poison violent qui sert aux sauvages du Tonquin à empoisonner leurs flèches en bambou. » A cette substance est annexé un échantillon de rameaux chargés de feuilles qui, d’après la lettre d’un missionnaire jointe aux produits, provient de la plante d’où le poison des flèches est extrait, Plusieurs expériences ont été faites dans le laboratoire de M. Vulpian avec une dissolution émulsive contenant 1 gramme de cet extrait pour 10 grammes d’eau distillée. Ces essais ont démortré que notre matiere résinoïde possède les propriétés de l’upas-antiar, c’est-à-dire qu’elle constitue un poison du cœur extrêmement énergique, un type des toxiques cardiaques qui, chez la grenouille, agissent sur le ventricule et l’arrêtent en contraction rigide, en systole. Si la quantité de poison est quelque peu considérable, si elle s'élève pour une grenouille à 5 ou 6 milligrammes d'extrait, par exemple, le cœur s’arrête en systole, une ou deux minutes à peine après l’intoxica- tion, et il reste définitivement dans cet état. La grenouille continue néanmoins à se mouvoir et même à sauter, et ce n’est qu’au bout de plusieurs heures qu’elle s’affaiblit progressivement et meurt. Lorsque la dose est trés-faible, l’agent toxique manifeste constamment et rapide- ment son action par un arrêt plus ou moins long du ventriculeen systole ; les troubles cardiaques sont toujours caractérisés par un phénomène systolique ventriculaire et jamais on n’observe la moindre tendance à un ralentissement diastolique du ventricule. D'un autre côté, M. le professeur Baïllon n’a pas hésité à reconnaître aux feuilles et rameaux les caractères botaniques de l’Antiaris toxi- caria, LEesonEn (Artocarpées). La matière solide que nous avons exa- minée est donc l’upas-antiar; mais, si sur ce point le doute n’est pas permis, on peut se demander avec M. Baillon si l’Antiaris loxicaria, arbre de l’archipel indien, est aussi originaire du Tonquin ou bien s'il y a été seulement transporté. Les feuilles sèches mises à notre disposition étant évidemment re- bar PTE PARA centes et offrant un remarquable état de conservation, il nous a paru intéressant de rechercher si elles ne renferment pas une proportion appréciable d’antiarine, principe immédiat caractéristique de l’upas- antiar (Mulder) qui, de même que la digitaline, autre poison cardia- que, n'appartient pas au groupe chimique des alcaloïdes. (Brodie, Pelle- tier et Caventou, Mulder, etc.). Ces feuilles, pulvérisées, pesaient seulement 46 grammes. Une si faible quantité de matière première était évidemment insuffisante pour permettre de mener à bonne fin une recherche chimique des principes toxiques contenus dans les feuilles. Nous avons donc eu recours à l’ex- périmentation physiologique pour laquelle nous avons employé un li- quide dans lequel nous avons concentré tout le principe actif des feuilles, en utilisant les données fournies par les analyses antérieures del’upas- antiar. La poudre des feuilles, épuisée complétement dans un appareil à lixiviation par dix fois son poids d'alcool à 80° centig., a donné une solution de couleur foncée (vert-émeraude), due à une proportion con- sidérable de chlorophylle. La solution, évaporée à 509, a abandonné un résidu fixe, solide, pesant 1 gramme 60 centisrammes ; celui-ci, re- pris par l’eau, a laissé déposer 5 centigrammes de matière résineuse inerte, et a donné, sous forme de solution aqueuse, tout le principe actif des 46 grammes de feuilles. Cette liqueur, évaporée à + 50° jus- qu'à consistance solide, donne un poids fixe de 4 sr. 40. Un certain nombre d’expériences ont été faites, par injection sous- cutanée méthodique, avec un liquide contenant 1 gramme de cet extrait dissous dans 10 grammes d’eau distillée, au même titre, par conséquent, que la solution d'upas-antiar. Mais, comme ce liquide tenait encore quelques particules solides suspendues, qui obstruaient la canule de la seringue, il a été filtré après avoir été étendu de la moitié de son poids d’eau distillée. La solution, complétement transparente, a été ramenée, par évaporation, à son poids primitif, et a servi dans les expériences physiolosiques qui ont permis de comparer simultanément ses effets à ceux de la solution d’upas-antiar. Pour déterminer des symptômes d'intoxication, il a fallu employer une dose d'extrait de feuilles quatre ou cinq fois plus considérable que la dose d’upas-antiar capable d'arrêter le cœur. Voici, du reste, l’ex- posé succinct de la marche de l’empoisonnement chez toutes les gre- nouilles mises en expérience avec l’extrait de feuilles : Au bout d’une dizaine de minutes, les révolutions cardiaques tom- bent de 50 ou 55 à 8 ou 10 par minute. En même temps survient un peu d’affaiblissement général. Quelques grenouilles sont mortes six ou huit heures aprés l'introduction du poison ; les autres ont survécu, après avoir eu, pendant un temps plus ou moins long, huit ou dix battements par minute. La motricité des nerfs, la contractilité musculaire, les mouvements réflexes n'ont été atténués que longtemps aprés l'apparition du ralentissement si considérable des battements du cœur. On a pu constater que les diastoles ventriculaires sont prolongées. PEAR — 196 — Mais ces diastoles prolongées ne ressemblent pas à celles qui sont ob= servées quand on emploie certaines substances qui arrêtent le cœur en diastole, la muscarine, par exemple. Le rythme cardiaque est celui- c à: diastole auriculaire, systole auriculaire ; diastole ventriculaire,sys= tole ventriculaire ; enfin, diastole ventriculaire pendant laquelle le ven= tricule, relâché, flasque, reste pâle et vide de sans. Le ralentissement des battements cardiaques paraît donc être le résultat d’un prolonse- ment des diastoles ventriculaires. Lorsque la mort survient, "elle laisse le ventricule cardiaque vide, dans cet état de relâchement diastolique. Dans deux ou trois expériences, les oreillettes ont semblé lentes àse contracter, alors qu’elles étaient déjà remplies de sang, tandis quelle ventricule entre en systole aussitôt qu'il a recu l’ondée sanguine chassée par les oreillettes. En raison de la petite quantité de substance que nous avions à notre disposition, il n’a pas été possible d'étudier assez complétement ce jeu des oreillettes pour affirmer qu’il est constant et résulte indubitablement d’une action toxique ; nous le mentionnons sous toutes réserves. Maïs si des recherches ultérieures viennent en con- firmer la réalité, il prendra un véritable intérêt, car il permettra de tenter diverses investigations sur le jeu intime des contractions auri- culo-ventriculaires au moyen de deux substances dont l’une paralyse= rait les oreillettes, tandis que l’autre arrête le ventricule en contraction. En résumé, cette étude paraît établir que l’Antiaris toxicaria con- tient deux substances toxiques différentes : l’une (latex), connue sous le nom d’upas-antiar où mieux d'antiarine, agissant sur le cœur pour arrêter le ventricule en systole rigide; l’autre fournie parles feuilles de la plante et possédant la propriété de ralentir et même d’ar= rêter aussi les révolutions cardiaques. Mais, sous l'influence de cette dernière substance, le ventricule reste en diastole, vide de sang, pendant un temps plus ou moins considérable après chaque contraction ventriculaire et s'arrête définitivement dans cet état de relâchement. Séance du 15 juin 1878. M. D'ARSONVAL communique un travail sur l’action des courants électriques. — M. Mazassez présente, au nom de M. Vignal, le travail sui- vant : NOTE SUR LE SYSTÈME GANGLIONNAIRE DU COEUR DES POISSONS OSSEUX. On sait que lorsque l’on détache d’un cœur de grenouille le ventri-= cule, un peu au-dessus du sillon auriculo-ventriculaire, ce ventricule continue pendant un certain temps de battre rythmiquement, mais que ses contractions deviennent de moins en moins fréquentes, à mesure — 197 — que l’on s'éloigne du moment de la section, et que, lorsque le ventri- cule ainsi détaché s’est arrêté, en irritant sa base avec la pointe d’un scapel, on lui voit reprendre ses battements rythmiques. Ce phéno- mène est dû à ce qu'il renferme un ganglion moteur, le ganglion de Bidder. Mais fait-on sur le ventricule une section de manière à séparer le tiers supérieur des deux tiers inférieurs, cette dernière portion s’arrête et ne donne, quand on l’excite avec la pointe d’un scalpel, qu’une con- traction unique ; quant au tiers supérieur qui renferme les ganglions de Bidder, il continue de battre comme le ventricule entier. Le ventricule du cœur des poissons que j'ai eu l’occasion d'examiner (tanches, carpes, brochets, anguilles), présente un phénomène un peu différent. Le ventricule, étant séparé du bulbe aortique et de l'oreillette, après avoir ralenti ses mouvements petit à petit, s’arrête et ne re- prend ses contractions que lorsqu'on l’excite mécaniquement en un point quelconque. Lorsqu'on le divise en deux parties égales, de ma- niére à avoir la partie auriculaire d’un côté et la pointe de l’autre, ces deux parties continuent de battre rythmiquement. Poussant l'expérience plus loin, c'est-à-dire en divisant le ventricule en quatre ou cinq morceaux séparés, suivant la taille de l’animal, on voit généralement tous ces morceaux continuer de battre rythmique- ment. Quand l’un ou l’autre de ces fragments a cessé de battre, si on l’excite assez fortement avec la pointe d’ur bistouri, il reprend ses battements pendant un certain temps. Quelquefois il arrive qu'après sa section, l’un ou l’autre des frag- ments reste immobile, l'excitation mécanique au moyen de la pointe d’un scalpel n’y provoque qu’une contraction unique, comme dans la pointe du cœur de la grenouille séparée de ses ganglions. L’explication de ces faits nous est fournie par l’étude de Ia disposi- tion du système ganglionnaire du ventricule. Chez les poissons, le ganglion ventriculaire au lieu d’être formé, comme chez la grénouille, par deux ou trois petites masses situées à la base du ventricule, est composé de cellules ganglionnaires appendues par petits groupes ou isolément aux nerfs, qui se distribuent fort iné- galement sur toute la surface ventriculaire. Cette dissémination des cellules ganglionnaires sur toute la surface du ventricule explique pourquoi les différents fragments, dans lesquels on les sépare, continuent de battre; chacun d'eux se trouve muni d’un certain nombre de cellules ganglionnaires, qui lui constituent un centre moteur. | Les fragments qui ne reprennent pas leurs mouvements après la sec- tion sont, je l’a1 constaté, ceux qui ne possèdent pas de cellules gan- glionnaires. La manière différente dont se comporte le ventricule des poissons comparé à celui de la grenouille est donc une différence plus apparente = 19 = que réelle ; elle tient seulement à une disposition différente du ganglion moteur. L’analosie entre le cœur des poissons et celui des grenouilles, se montre encore à propos du ganglion de l'oreillette. Lorsque l’on place une ligature à la hauteur du sinus veineux (septième expérience de Stannius), le cœur entier s'arrête. Le même fait s’observe dans le cœur des poissons ; mais, au lieu de placer la ligature sur le sinus, qui ne contient pas de cellules ganglion- naires, il faut la placer à la limite du ventncule et de l'oreillette, le plus prés possible de cette dernière ; le cœur s'arrête alors indéfimi- ment. Si l'on examine ce point l’on y trouve un second ganglion, non pas dispersé comme celui du ventricule, mais, au contraire réuni en une seule masse. — M. Javaz présente une petite malade chez laquelle il a pratiqué l'iridectomie. — M. BocErONTAINE communique le résultat de ses expériences sur la commotion et ia contusion cérébrales. MÉTHODE NOUVELLE POUR LE DIAGNOSTIC RÉTROSPECTIF DE LA RÉFRAC- TION, APRÈS L'EXTRACTION DE LA CATARACTE, ET, D'UNE FAÇON GÉ- NÉRALE, DANS L’APHAKIE; par le docteur BapaL. L'absence, dans le système dioptrique de l'œil, du cristallin extrait, résorbé ou luxé, a recu le nom d’aphakie. Il est toujours intéressant de pouvoir faire, en pareil cas, ce que j'appellerai le diagnostic rétrospectif de la réfraction, en d'autres ter- mes, de pouvoir dire quelle était primitivement la conformation op- tique du globe. Cette détermination a même une certaine importance pratique au point de vue de la pathogénie des lésions du fond de l'œil, puisque, dans certains cas, elle permet seule d'affirmer que telle ou telle lésions est, ou n’est pas, la conséquence d’une anomalie fonction- nelle, témoin les scléro-choroïdites postérieures, dont l'existence ne se révèle qu'après l'extraction du cristallin, et dont il n’est pas toujours facile de dire, à premiére vue, si elles se rattachent, oui ou non, à un état myopique. Il n’est besoin d’aucune démonstration pour comprendre qu'entre le numéro du verre de lunette qui, dans l’aphakie, permet de voir dis- tinctement au loin, et l’état de la réfraction de l’œil avant la perte du cristallin, il doit exister une certaine relation, telle que, l’un des deux facteurs étant connu, on puisse en déduire l’autre. Il est clair, par exemple, que l’opéré de cataracte primitivement myope aura besoin d'un verre moins fort que s’il eût été emmétrope, puisqu'il à déjà un excès de réfraction à son service; que l’hypermétrope, au contraire, aura besoin d’un verre plus fort, et qu'à chaque degré de myopie ou d'hypermétropie, devra correspondre un verre correcteur différent. — 499 — Les auteurs qui ont traité de l’aphakie indiquent tous la marche à suivre pour résoudre le problème en question ; le calcul n’est certes pas difficile, mais il est long et sans application possible à la pratique courante. La brochure de Borel (de Rouen) ne compte pas moins de 24 pages de démonstrations ou de formules alsébriques (1) et la par- tie théorique de l’article Aphakie, de Donders (2), est certainement aussi étendue. Nulle part je n’ai trouvé, comme conclusion, une for- mule simple, claire, précise, permettant à chacun de résoudre, séance tenante, le problème suivant : Etant donné le numéro du verre qui permet à un œil privé de cristallin de voir au loin le plus distinctement possible, en de- duire le chiffre de la réfraction avant l’aphakie. La longueur des calculs indiqués dans les traités d’ophthalmologie, et l'impossibilité d’arriver à une solution pratique à l’aide des anciennes méthodes, tiennent à deux causes : 4° à ce que le système de numérotage en pouces, se prétait fort mal aux démonstrations ; 20 à ce que les au- teurs ont pris pour base de leurs calculs, le numéro du verre à pres- crire en lunettes pour la vision au loin (ce verre étant supposé tenu à 43 millimètres environ, en avant de la cornée, c’est-à-dire à 1/2 pouce, ancienne mesure). Dans l'œil pourvu de cristallin, ce point correspond au foyer anté- rieur de l’appareil dioptrique, et cette heureuse coïncidence simplifie à un haut degré la plupart des calculs d’optométrie. Mais il n’en est plus de même dans l’aphakie, où l’appareil réfringent est moins puissant, les distances focales plus grandes, et où, par conséquent, le foyer anté- rieur se trouve plus éloigné de la cornée. : Si l’on veut abréger les calculs, c’est donc au nouveau foyer anté- rieur, situé à 24 millimètres, environ, en avant de la cornée, qu'il faut placer le verre correcteur destiné à permettre le diagnostic rétrospec- tif de la réfraction, et l’on va voir combien est simple la formule à à laquelle on arrive par cette méthode. Avant toute démonstration, je vais rappeler quelques faits ou propo- sitions d’optique physiologique sur lesquels j'aurai à m’appuyer. 19 La longueur ! de l’axe transparent de l'œil emmétrope type est égale à 230,30 (Giraud-Teulon). 29 La myopie et l’hypermétropie sont, dans le plus grand nombre des cas, la conséquence d’une anomalie de longueur de l'axe antéro- postérieur du globe, la puissance de l’appareil dioptrique étant la même, à très-peu de chose prés, dans tous les yeux. C’est par suite d’un abus de langage passé en habitude, qu’on dit d’un œil myope qu’il est est trop réfringent, et d’un œil hypérmétrope qu’il a un déficit de ré- fraction ; en réalité, le premier est simplement un œil trop long, le se- (1) Borel. Des lunettes après l'extraction de la cataracte. (2) Donders, Des anomalies de la réfraction et de l'accommo- modation. :en'er cond un œil trop court, eu égard à la distance focale d’un ARPAREAl dioptrique toujours le même. 39 La distance focale antérieure f de cet appareil dioptrique est égale à 0®, 020; la distance focale postérieure f”, à 0, 015 (Histing): 49 Dans l'œil myope ou hypermétrope par excès ou déficit de lon= gueur d’axe, la distance + de la rétine, au foyer postérieur de l’appas ceil réfringent, est donné par la formule : GNT. FN 00 020 > 02015 102 /00DS A N étant le numéro métrique du verre qui, placé au foyer antérieur de l'œil (13 millimètres de la cornée), corrige l’amétropie pour la wision au loin (Badal). 5° Dans l’aphakie, le calcul donne pour les longueurs focale, anté- rieure et postérieure, © et »’, comptées à partir du sommet de Ja cor= née : ÿ — 0M,0237; & — 0%,0317, (Giraud-Teulon). 6° En pareil cas, la distance y de la rétine au fover postérieur de la cornée, est donné par la formule : y=No. og —N x 0m,0237 X10n,0317 —102;00075%N, N étant le numéro du verre qui, placé au nouveau foyer antérieur, corrige la réfraction, c’est-à-dire rend la vision au loin le plus distincte possible (Bada DE Ceci posé, les calculs nécessaires pour établir le diagnostic rétrospec- tif de la réfraction, dans l’aphakie, vont se trouver Fe abrégés. Soit N, le numéro du verre qui, placé au foyer antérieur de œil privé de cristallin (24 millim. environ en avant de la cornée), permet au.su= jet de lire les plus petits caractères possibles d’une échelle progressive placée à une distance d’au moins 5 mètres. D’après ce qui vient d’être dit, on aura, pour la distance de la rétine au foyer postérieur de Ja cornée : DRE ENS La longueur totale x de l’axe antéro-postérieur du globe sera donc égale à 340,7 — 0MM,075 N, et la différence de longueur d'axe, entre cet œil et l'œil emmétrope type, sera : 9 LOT — 00075 IN 23008 Sn A RTS EN Or, chaque différence de 0MM,8 (trois dixièmes de millimètre), cor= respond une différence de réfraction de 4 dioptrie. Si on désigne par hR l'excès ou le déficit de la réfraction avant l’aphakie, c’est-à-dire lens méro du verre de lunette qui, placé à 1/2 Pouce de la cornée, aurait corrigé l’amétropie, on aura donc, en définitive : MO AD TS ENS PÈRE b —— o — 0 et) 1 0,3 le tout exprimé en dioptries. Lorsque N est égale à 0, c’est-à-dire lorsqu'il n’est besoin d'aucun verre correcteur pour voir au loin, malgré la perte du cristallin, Rest FES égale à 28. Cela signifie que le sujet avait primitivement une myopie de 98 dioptries (1 1/3 ancien). De pareils cas sont nécessairement fort rares ; mais j'ai eu l’occasion d'observer tout récemment un malade qui, à la suite d’une luxation traumatique du cristallin dans le corps vitré, se trouvait n’avoir qu’une hypermétropie fort légère : il lui suffi- fisait d’un verre — 3, placé au foyer antérieur de la cornée, pour voir distinctement au loin. Avant la luxation du cristallin, sa myopie était donc égale à 19 dioptries 1/2 (R = 28 — 2.5 X 3 — + 19.50). Il exis- tait, en effet, un vaste staphylôme annulaire, avec atrophie choroï- dienne généralisée ; néanmoins l’acuité était encore supérieure à 1/2. ‘L'examen de l’autre œil était impossible par suite de l’opacification du cristallin. Un opéré de cataracte a eu besoin, au contraire, pour voir au loin, d’un verre relativement fort, le + 14; c’est qu’il y avait antérieure- ment une hypermétropie de 7 dioptries (R — 28 — 2.5 X 14 = 7). Deux remarques pour finir. Il est bien entendu que le verre placé à 24 millimètres de la cor- née, pour faire le diagnostic rétrospectif de la réfraction, n’est pas ce lui qu’il faut prescrire à l’opéré. Les verres de lunettes sont générale- ment tenus à une distance moindre ; il faut donc un verre plus fort, à déterminer expérimentalement, comme d'habitude. Je dois encore faire remarquer qu’une solution tant soit peu exacte du problème qui fait l’objet de cette note n’est possible qu’autant que l’acuité visuelle de l'œil examiné est encore assez bonne, j'entends par là supérieure à 1/4 ou 1/5. Au-dessous de ce chiffre, les malades font difficilement la différence entre plusieurs verres correcteurs, et on est exposé à commettre des erreurs grossières. — M. Marassez communique, au nom de M. J. Renaui, le travail suivant : NOTE SUR LES RÉSEAUX VASCULAIRES LIMBIFORMES DU TISSU CONNECTIF LACHE. La forme générale des réseaux vasculaires sanguins du tissus cellu- laire lâche ou diffus, a été, jusqu'ici, peu étudiée. Les anatomistes se sont bornés à énoncer des généralités ou à rechercher certains détails du développement des vaisseaux. Ce que l’on sait de précis, s'applique aux membranes séreuses, telles que le mésentère et l’épiploon, par exemple. (Voy. L. Ranvier, Traité technique d'histologie, p. 377.) Certains vaisseaux du tissu connectif lâche ont, cependant, une dis- position toute spéciale, mais comme cette disposition n’est évidente que dans quelques points, et que sur les autres elle est, au contraire, masquée, elle ne peut étre facilement reconnue et rapportée à son type. Lorsque, sur un animal injecté, l’on examine la disposition des vais- seaux dans le pannicule adipeux sous-cutané, l’on voit que les arté- rioles et les veinules marchent dans divers sens, comme des fusées, et c. R. 1878. 26 donnent latéralement naissance à de très-nombreux capillaires qui se répandent dans les intervalles des vésicules adipeuses. Il serait inexact de conclure de là que le réseau vasculaire sanguin sous-cutané est partout identique dans sa disposition, ou analogue seulement à celui du tissu graisseux complétement développé. Si l’on enlève, aprés l’avoir fixée dans sa forme, une lame membra- niforme de tissu connectif lâche, parfaitement exempte de vésicules adipeuses, et si on la tend sur une lame de verre, la préparation, traitée par l’éosine soluble dans l’eau, et montée dans la glycérine salée à 4 pour 400, montre les détails suivants : les vaisseaux sont vivement colorés en rouge, et on peutles suivre comme s'ils avaient été préala- blement injectés. La lame de tissu connectif est parcourue par des fu- sées vasculaires daus lesquelles une artériole, une veinule et un tronc nerveux plus ou moins volumineux sont juxtaposés et adjacents. Sur bon nombre de points la fusée vasculaire se termine par un bouquet de capillaires constituant un réseau bipolaire artérioso-veineux. Mais fréquemment la disposition est tout autre; de la fusée arté- rioso-veineuse principale se détachent de distance en distance et latéra- lement, une petite artère, une petite veine et un minime filet nerveux. Après 5 ou6 millimètres de parcours (la distance, d’ailleurs, est va- riable) les vaisseaux, artériel et veineux, abordent un organe en forme de limbe ou d’éventail. Cet organe est un réseau de capillaires, parfai- tement autonome, et, du reste, visible à l’œil nu. Sur des préparations bien colorées, les réseaux en forine de limbe sont appendus aux bran- ches vasculaires dont l’ensemble est alors tout à fait comparable à ce- lui d’une feuille composée dont les folioles seraient ovalaires. Etudions de plus près l’un de ces petits réseaux limbiformes. A sa base, l'artère se résout en une série de capillaires divergents, disposés, les uns par rapport aux autres, à la façon des branches d’un éventail entr'ouvert. Ces capillaires se recourbent en arcades. Du plein de leur courbure naissent d’autres capillaires également arciformes, qui don- nent eux-mêmes insertion par la convexité de leurs arcs, dirigée vers la périphérie, à un nouveau rang d’anses vasculaires, et ainsi de suite. Le diamètre transversal des anses est d’abord petit, s'accroît, puis dé- croît légèrement. De cette disposition résulte la forme générale du ré- seau, c’est-à-dire une configuration elliptique. La veinule reçoit des capillaires disposés d’une manière convergente et émanant du réseau; le vaisseau ne se renfle pas notablement en les recevant. Tout le réseau limbiforme est plat et compris dans un même plan, qui est celui de la lame connective qui le renferme. Sur des lames con- jonctives fixées dans leur forme par l'alcool et tendues par le procédé ou tour de main de la demi-dessication, l’on constate facilement l’exac- titude de la proposition qui précède. Souvent les manœuvres ont replié une partie du réseau, et la plicature s’effectue à angle vif, comme celle d’une carte cornée. Les mailles des réseaux précités sont trés-étroites, les vaisseaux y sont serrés, et les intervailes inter-capillaires, très-minimes, sont rem- _ 203 — plis par des éléments cellulaires sur lequels je n’insisterai pas pour lé moment. Ces cellules sont, les unes des cellules plates étoilées et anas- tomosées du tissu conjonctif, les autres sont plus spécialement liées aux vaisseaux, longent les capillaires, et envoient souvent, dans l’inté- rieur ou à l'extérieur de la maille, des prolongements protoplasmiques pleins. Ce sont les cellules dites périthéliales, dont la signification morphologique ne peut être comprise comme revêtement cellulaire ex- térieur au vaisseau, mais, au contraire, apparaît nettement lorsque l’on étudie le développement des réseaux vasculaires. Les réseaux limbiformes communiquent avec les réseaux voisins par des traits droits d’anastomose. Ces traits sont, d’ordinaire, beaucoup moins serrés que ceux de l'aire du réseau. Il résulte de là que deux ré- seaux limbiformes adjacents communiquent entre eux par leur péri- phérie, mais nese confondent jamais complétement. Non-seulement, les fusées artério-veineuses se rendent dans ces sortes de grappes multiples de réseaux plats, en se divisant comme les folioles d’une feuille composée du type penné, mais encore, le long de leur trajet, elles donnent naissance à des réseaux capillaires qui les en- tourent comme des festons et affectent, le long de la fusée principale, une disposition en quelque sorte décurrente. Souvent des traits droits d’anastomose unissent, par des rameaux grêles, ces réseaux décur- rents et les limbiformes. Les détails qui précèdent se voient avec grande facilité dans le tissu cellulaire lâche et lamelleux qui enveloppe l’abdomen et qui double la peau du dos chez le lapin et le cochon d’Inde. Les lames connectives qui enveloppent le thorax des oiseaux, le pigeon et le poulet par exem- ple, montrent également de nombreux réseaux limbiformes. A l'œil nu, ces réseaux paraissent comme de petits corps rouges, s’ils sont remplis de sans, comme de minimes taches laiteuses, si les animaux sont ex- sangues. Nous devons actuellement nous demander quelle est la sigmification morphologique de ces réseaux? Tout d’abord, il est naturel de penser qu’ils ne sont autre chose que des réseaux vaso-formatifs analogues à ceux décrits par M. Ranvier, dans l’épiploon du lapin; cette opinion est corroborée par l'étude du développement des vaisseaux dans le tissu connectif lâche. Effectivement, dans ce tissu, les vaisseaux embryon- naires n'existent que sous deux formes : 19 des fusées rectilignes, con- stituées par des artérioles, des veinules, et accompaonées de réseaux décurrents ; 29 des réseaux limbiformes en voie de développement et constitués par des cellules vaso-formatives d’une complexité extrême. Mais là n’est pas toute la question, L’évolution ultérieure des réseaux limbiformes est très-remarquable. C'est chez le pigeon et le poulet qu’on la suit le mieux. Chez ces animaux, choisis jeunes, on voit très-fréquemment, dans les lames de tissu connectif, de riches réseaux limbitormes accumulés autour d’une fusée artério-veineuse. Certains de ces réseaux sont entièrement plats, d’autres sont plats dans l’une de leurs moitiés et rentlés dans l’autre, Dre Le renflement tient ic. que tous les éléments cellulaires intervas- culaires se sont à ce nwveau transformés en vésicules adipeuses. Au milieu des réseaux limbiformes soit nullement, soit incomplétement modifiés, on en voit d’autres qui se sont transformés en pelotons adi- peux suspendus aux vaisseaux, comme les grains d’une grappe. Nous conclurons de là, non-seulement avec M. W. Flemming et M. Ranvier, que le développement da tissu adipeux est en rapport avec les vaisseaux, mais encore que les pelotons adipeux doivent leur forme générale aux réseaux limbiformes qui, de plats qu’ils étaient, se sont arrondis en boules par le simple développement de leurs mailles, sous l'influence du dépôt de graisse dans l’intérieur des cellules connectives péri-vasculaires. La riche vascularisation capillaire du tissu adipeux sous-cutané, sa disposition en grains, appendus aux vaisseaux comme ceux d’une grappe (L. Ranvier, loc. citat., p. 417-8) et qui se montre dés l’origine, se comprennent pour ainsi dire d’elles-mêmes, si l’on ad- met qu’un lobule adipeux est un réseau de vaisseaux capillaires dont les espaces intervasculaires se sont distendus consécutivement à la transformation en vésicules adipeuses des éléments cellulaires fixes qu’ils contenaient. D'ailleurs, le fait que les amas de vésicules adipeuses sont déterminés dans leur forme par la configuration des vaisseaux est telle- ment évident dans le mésentère et l’épiploon, au niveau des réseaux vasculaires décurrents qui suivent les fusées, que je ne développerai pas davantage ce sujet. La formation du pannicule adipeux sous-cutané est aussi vivement éclairée par l'étude des faits précédents. Chez le fœtus de trois mois, dans le creux de l’aisselle, le tissu connectif embryonnaire renferme des vaisseaux en voie de formation, hérissés de pointes d’accroisse- ment. En dehors des fusées artério-veineuses et des réseaux capillaires décurrents, qui se forment autour d’elles, les capillaires embryonnaires se développent sous forme de réseaux vaso-formatifs compliqués, dis- posés tout à fait à la façon des réseaux limbiformes. 1! n'y a sur ces points aucune vésicule adipeuse. Mais sur les points où le réseau capillaire a pris sa configuration définitive, la graisse paraît dans les espaces intercapillaires, et les réseaux vasculaires, au lieu de rester étalés en forme de limbe, prennent celle de grains ou de lobules adi- peux. L’on doit, ce me semble, conclure de tous ces faits que les réseaux limbiformes sont des organes d’attente disposés pour se transformer ultérieurement en lobules adipeux. Autrement dit, le réseau limbiforme plat est un lobule adipeux, au sein duquel les vésicules adipeuses n'exis- tent pas encore. . — M. Poucer présente, au nom de MM. E. Mer et Maxime Cornu, la note suivante : DE L’ABSORPTION DES MATIÈRES COLORANTES PAR LES RADICELLES DES PLANTES. Des dernières expériences faites sur ce sujet, on avait tiré la consé- — 205 — quence que les solutions de matières colorantes ne peuvent pénétrer dans les radicelles intactes. Cette conclusion concordait, du reste, avec l'opinion généralement admise que ces substances ne sont pas absorbées par les cellules vivantes et ne colorent le protoplasma qu’aprés l'avoir tué. Diverses observations, faites récemment en Allemagne et en France, et dont quelques-unes sont dues à l’un de nous (1), ont montré que cette dernière opinion est trop absolue. Mais elles n’avaient eu pour ob- jet que des animaux, et il était intéressant de s’assurer si les consé- quences qui en découlaient étaient applicables aux végétaux. C’est dans ce but que nous avons entrepris quelques expériences, tant sur des ra- dicelles intactes que sur d’autres sectionnées et en nous servant de ma- tières colorantes qu’on n'avait pas encore ou très-rarement employées. Nous avons expérimenté principalement sur des plantes bulbeuses (Jacinthus, Crocus, Narcissus, Allium cepa), dont les racines, as- sez volumineuses, peu ramifiées et se développant abondamment en hiver, saison pendant laquelle ce travail a été entrepris, se prêtent bien à ces sortes de recherches. Nous avons eu soin de faire reposer les bul- bes sur le goulot des flacons renfermant les solutions colorées et de maintenir entre le plateau de ces bulbes et le niveau du liquide une distance de plusieurs centimètres. Nous avons employé les solutions suivantes : carmin d’indigo 4/500, campêche 41/1000, orseille 4/100, baies sèches de Phytolacca, bleu d’aniline 4/5000 et 1/1000, fuchsine 1/80,000 et 1/10000. Dans toutes ces solutions, les radicelles ont pu vivre et se développer. Mais seule, la fuchsine est parvenue à colorer leur intérieur. De là deux catégories de substances. Parmi celles de Ja première, c’est le bleu d’aniline qui, grâce à son grand pouvoir tinctorial, nous a donné les résultats les plus nets. Nous allons d’abord en parler, et nous décrirons ensuite les effets ob- tenus avec la fuchsine. Bleu d’'aniline. — Dans une solution au 41/5000, les radicelles con- tinuent à s’allonger et peuvent vivre trois ou quatre semaines. Dans une solution au 14/1000, elles s’accroissent encore pendant quelques jours; aussi l’épiderme, qui se colore vivement dans toute la partie immergée, est-il un peu plus pâle au niveau de l'extrémité végétative, parce qu’il a été moins longtemps en contact avec le liquide. Le proto- plasma des ceilules exfoliées de la coiffe et surtout le noyau sont d’un bleu intense. Si l'immersion est prolongée au delà de quelques jours, l'allongement se ralentit d’abord, puis s'arrête complétement. Le point végétatif reste encore un certain temps en bon état; car, transportées dans l’eau, les radicelles recommencent à s’accroître. Sur des coupes, on constate que les parois des cellules de l’épiderme et parfois de la couche sous-jacente sont seules colorées, le cylindre central restant com- plétement incolore. Au bout d’un certain temps de séjour dans la s0- (1) Recherches sur l'absorption cutanée dans l’Helix pomatia, par M. E. Mer (BULLETIN DE LA DO0IÉTÉ DE BioLoc1E, 14 avril 1877). — 206 — . lution au 4/1000, le point végétatif finit cependant par être tué et par se colorer trés-vivement. Les résultats sont différents si l’on immerge une racine sectionnée : le cylindre central bleuit alors rapidement jusqu’au bulbe. Cette colo- ration atteint la paroi et le contenu des vaisseaux, les épaississements et le protoplasma des cellules de la gaîne protectrice. Puisque ces élé- ments se colorent quand ils sont en contact avec le bleu d’aniline, on doit en conclure que s’il n’en est pas de même dans les racines intac- tes, c’est parce que cette substance ne pénètre pas jusqu'à eux. Fuchsine. — Dans une solution au 4/80,000, les radicelles s’accrois- sent pendant plusieurs semaines. L’épiderme se colore de plus en plus. Il en est de même du protoplasma, dans les cellules vivantes de la coiffe, alors que le noyau demeure incolore, au moins dans le début. La teinte rosée envahit ensuite, peu à peu, les parties centrales, sans que le point végétatif soit détruit, car la radicelle continue à s’ac- croître, surtout si on la transporte ensuite dans l’eau. Lorsqu'on exa- mine une coupe transversale, au niveau où commence à se dessiner le cylindre central, on remarque que les spiricules des trachées, ainsi que les épaississements des cellules de la membrane protectrice sont colorées et que, entre ces éléments et l’épiderme, se trouve tout un massif de cellules incolores. Comme, d’ailleurs, cette coloration du cy- lindre central, à son origine, s’observe même sur des radicelles dont l'extrémité n’est encore colorée que dans les assises périphériques, on est autorisé à penser que la matière colorante est arrivée au cylindre central radialement et non de bas en haut; qu’elle a dû, pour cela, traverser les assises internes de l’écorce, sans laisser trace de son pas- sage (1). Sur une section plus âgée, l’épiderme seul et parfois la cou- che sous-jacente sont colorés. Le cylindre central ne l’est pas encore. Le protoplasma a donc plus d’affinité pour la fuchsine lorsqu'il est jeune que lorsqu'il est âgé et il en a plus que le noyau, puisqu'il se colore avant lui. Les radicelles transportées ensuite dans l’eau peuvent se dé- colorer lentement; mais même au bout de deux mois, il reste des traces de coloration bre les parois de l’épiderme, des cellules de la gaine pro- tectrice et des vaisseaux. Ainsi, contrairement à l’opinion admise jus- qu ‘ici, le protoplasma est capable d’accumuler lentement certaines ma- tières colorantes sans être tué, à condition que celles-ci lui soient offertes dans un état suffisant de dilution; il peut ensuite les éliminer. Dans une solution plus concentrée 1/10,000, les résultats ci-dessus s’obtiennent en quelques heures; mais l’accumulation des matières co- lorantes se faisant alors plus rapidement, la mort du point végétatif- ——?, (1) On n’est donc pas en droit de dire que des matières colorantes n’ont pas traversé certains tissus, parce que ceux-ci ne se sont pas co- lorés. Des éléments anatomiques peuvent rester incolores, en présence de certaines substances. C’est ainsi que la superficie des radicelles plon- gées dans une solution de carmin d'’indigo à 4/500 bleuit à peine. — 207 — arrive aussi plus vite, car si la vie du protoplasma est compatible avee la présence d’une certaine dose de matière colorante, elle ne peut con- tinuer quand cette limite est dépassée. Sur une radicelle coupée et immergée, les résultats sont à peu près les mêmes. Le cylindre central se colore seulement avec plus de rapi- dité, mais jusqu'à une faible distance de la section; ce qui, sous ce rapport, établit une grande différence entre la fuchsine et le bleu d’a- niline. Les expériences que nous venons de décrire ont été faites dans le la- boratoire de M. Ch. Robin, dirigé par M. G. Pouchet. M. Poucxer rappelle à ce sujet qu’il a montré depuis longtemps déjà, que l’on pouvait teindre des éléments vivants à l’aide du carmin, et cela sans que ces éléments fussent frappés de mort. M. Kuxncxez rappelle des expériences anciennes datant de 40 ans, ou l’auteur parvint à teindre les éléments histologiques des vers à sole. NOTE SUR LES GARACTÈRES ANATOMIQUES DES NERFS CHEZ LES INVERTÉBRÉS; par M. CADraT. Les caractères anatomiques des nerfs, fixés avec précision pour les vertébrés, sont trés-imparfaitement connus pour les invertébrés. Il nous à semblé que cette question était d’une haute importance en ana- tomie comparée et même en physiologie générale. Comment, .en effet, reconnaître sur des organes microscopiques les nerfs, si l’on n’est pas assuré de la nature et de la forme des éléments qui les composent, et comment étudier les attributs physiologiques d’un système nerveux, si l’on n’est pas certain de son existence. En outre, certains auteurs se sont appuyés sur les différences des éléments du système nerveux chez les vertébrés et les invertébrés, pour éloigner toute idée de rapprochement entre ces deux ordres d’animaux. Cette question mérite donc, à tous égards, l’attention des anato- mistes; les hésitations mêmes que nous avons éprouvées à affirmer la nature nerveuse de certains éléments des bryozoaires, nous ont engagé à en chercher la solution. ; Les premiers animaux sur lesquels nous devions porter notre atten- tion étaient les articulés, et en particulier les crustacés décapodes. Les nerfs des crustacés (langouste, écrevisse, crabe, maïa squinado, etc.), malgré leur volume, présentent de grandes difficultés dans leur étude. Ces difficultés tiennent à ja rapidité avec laquelle ces éléments s’alte- rent dans leur milieu normal et en présence de quelque réactif que ce soit. On trouve chez la langouste, dans les nerfs, la chaîne, et dans ceux qui émanent des ganglions, des tubes nerveux de deux espéces. Les uns trés-larges, de 0,03 à 0,05 de diamètre, les autres de 0,01 à 0,015. Ces tubes, à première vue, semblent n’avoir aucun rapport de pa- — 208 — renté avec les tubes nerveux des vertébrés, composés comme on le sait, du cylinder axis comme partie essentielle, entouré de deux enve- loppes, la myéline et la gaîne de Schwann. Mais, en étudiant chez les crustacés, les rapports des tubes avec les cellules nerveuses des ganglions, il est facile de se convaincre qu’ils renferment les parties essentielles des nerfs, c’est-à-dire le cylinder axis et la gaîne de Schwann; la myéline seule fait défaut. En résumé, tous les nerfs des crustacés sont formés : 49 D’une gaîne amorphe ou gaine de Schwann. 20 D'un cylindre axis extrêmement volumineux qui la remplit entiè- rement. Des faisceaux de tubes ainsi constitués sont enveloppés d’une gaîne de périnèvre très-épaisse. Pour démontrer ces propositions, rappelons d’abord ce fait, qu'un nerf dans sa partie essentielle qui est le cylinder axis, est un prolon- gement du corps cellulaire de la cellule nerveuse. La structure de ces éléments, leurs réactions chimiques prouvent l'identité de sub- stance. Pour les invertébrés, nous allons de même prouver que la substance qui forme le corps cellulaire des cellules ganglionnaires et celle qui remplit les tubes nerveux centraux et périphériques sont iden- tiques : . 1° Sur le maïa squinado, les cellules nerveuses possédent de gros prolongements qui ont le diamètre du contenu des tubes ner- veux. 20 Ces cellules présentent des stries trés-fines, régulières, longi- tudinales, qui se poursuivent dans le prolongement. 3° Aussitôt après la mort, des gouttes sarcodiques se développent en même temps dans les cellules et dans la substance des tubes ner- veux, et décomposent l’une et l’autre en masses granuleuses identiques d’aspect. 49 L’acide nitrique coagule les cellules et en même temps le contenu des tubes. Mais le caractère le plus important et absolument démonstratif est celui-ci : Sous l'influence de l’acide nitrique tout le contenu des tubes se re- tracte en une masse cylindrique sur laquelle on aperçoit une striation longitudinale régulière et trés-nette, La même striation se voit sur les cellules et sur les gros prolongements qui en émanent. La striation longitudinale du cylindre axis qui nous fait comprendre comment chaque tube nerveux renfermerait lui-même un faisceaux de conduc- teurs nerveux est difficile à démontrer chez les vertébrés. Ici, elle est de toute évidence. Sur la chaîne ganglionnaire de la larve de libellule, on trouve des nerfs identiques à ceux des crustacés, et présentant les mêmes con- nexions et les mêmes rapports de réactions chimiques avec les cellules ganghonnaires. Seulement sur les tubes nerveux de ces animaux, les ES = 95 = gaines de Schwann sont extrêmement fines et fragiles, et sous l’in- fluence de la moindre pression ou d’un liquide ayant un pouvoir os- motique suffisant, tous les nerfs renfermés dans un même tube de périnèvre se résolvent en une masse de matière granuleuse parsemée de noyaux. Cette matière granuleuse qui représente le contenu des tubes ner- veux est ici, comme chez les crustacés, coagulable par l’acide nitrique, légèrement durcie par la solution d’alun, durcie et colorée en jaune par le perchlorure de fer, et si l’on étudie comparativement l’action de ces réactifs sur les cellules ganglionnaires, on trouve qu’elle est identique- ment la même. Les débris de cellules nerveuses, les corps cellulaires intacts et les masses granuleuses qui sortent des tubes nerveux après l’action de lalun et du carmin prennent la même teinte et le même aspect. Sur la chaîne ganglionnaire de la sangsue, les résultats que nous avons obtenus concordent avec les précédents. Ainsi, les crustacés, les insectes, les annélides ont des nerfs exactement semblables à ceux des vertébrés pour la partie fondamentale, la partie active. Ils n’en différent que par un volume beaucoup plus grand en rapport avec celui des éléments centraux et l’absence de myéline. MozLusques. — Gastéropodes et acéphales. — Chez l’escargot, les nerfs se présentent sous un état de simplification, encore plus avancé que celui qu’on constate chez les crustacés. La gaïne de Schwann man- que presque totalement; souvent on la trouve, mais la plupart du temps elle est tellement mince et fragile qu’on ne peut l’apercevoir. Le tube nerveux est donc réduit au cylindre axis. Chez l'huître, on ne trouve plus trace de gaîne de Schwann. Ainsi, dans toute la série animale, le tube nerveux va en simplifiant des ver- tébrés aux mollusques, jusqu’à se réduire à la seule partie qui joue le rôle d'agent de transmission des impressions motrices et sensitives. Le diamètre de ces tubes est moindre que le diamèétre des tubes nerveux des articulés ; mais, de même que chez ces derniers il y avait corréla- tion entre les gros cylindres d’axe périphériques et les prolongements des cellules nerveuses, de même, pour les mollusques, on trouve un rapport entre le volume du cylinder axis et celui des cellules. Enñn, chez les bryozoaires, nous avons vu sous l’ectorderme une couche de cellules étoilées avec de fins prolongements rectilignes, anas- tomosés, très-larges, réunis en faisceaux par places ; un certain nombre se rendaient aux tentacules. Sur le trajet de ces faisceaux, on voyait, de distance en distance, de petits noyaux allongés, analogues à tous ceux que nous avons vus sur le trajet des nerfs. Nous pensons que ces cellules et ces filaments représentent dans leur ensemble un plexus nerveux. — M. Vinaz montre un exemple d’inoculation d’acné varioli- forme, c. R, 1878. 27 Er Séance du 22 juin 4878: NOTE SUR LA FORMATION EMBRYONNAIRE DU PÉRICARDE, DU DIA= PHRAGME ET DES PLÈVRES, par M. Caprar. Les conclusions de notre travail, aäont il est impossible de suivre sans figures tous les raisonnements, sont les suivantes : 49 La cavité pleuro-péritoniale se sépare très-peu de temps après la formation du capuchon céphalique en deux parties : l’une antérieure, située en avant de l’aditus antérior, donnant la cavité du péricarde ; l’autre postérieure, au milieu de laquelle est l'intestin, ou cavité pé- ritoniale proprement dite. Lorsque se forment les poumons, à une époque trés-tardive et par un bourgeon qui part d’un des arcs branchiaux, ils font saillie de chaque côté de l’æsophage dans la partie postérieure de la cavité pleuro-péri- toniale. La séreuse pleurale est donc dés le début en continuité directe avec le péritoine, disposition permanente chez les reptiles. A mesure . que les poumons se développent, les cavités séreuses qui les envelop- pent se dilatent ; elles s'étendent en avant, débordent le péricarde et tendent peu à peu à se rapprocher de la forme qu’elles ont chez l’adulte. Ainsi s'expliquent les dispositions des cavités séreuses thora- ciques. 20 Le diaphragme se développe aux dépens de la partie la plus infé- rieure de la paroi postérieure de la cavité que forme le mésoderme au- tour du péricarde. Sur les coupes longitudinales d’embryon, on voit, en effet, la couche du mésoderme, sous-jacente au péricarde, se relever peu à peu, par suite du développement du foie, sans jamais quitter ses rapports. Elle devient plus tard le centre phrénique. Aussi, le feuillet fibreux du péricarde est-il adhérent au centre phrénique. Cette cloison peut s'étendre dans la partie postérieure de la cavité pleuro-péritomiale, la séparer en deux, comme chez les mammifères, ou donner naissance à. plusieurs prolongements comme sont les diaphragmes membraneux des oiseaux, ou rester limitée à la face inférieure du cœur, comme cliez les reptiles et les batraciens. 30 La portion verticale de la paroi postérieure de la cavité du péri- carde, allant de gauche à droite, s'étend comme une cloison entre cette séreuse et celle où se forment les poumons. Le développement de ces organes l’incurve, lui donne la forme d’un demi-cylindre ouvert en avant. De telle sorte qu’elle finit par former la double couche de tissu cellulaire, interposé entre les plèvres médiastines et le péricarde. La paroi antérieure de la cavité du péricarde s’insère primitivement sous la vésicule cérébrale antérieure. Elle s’écarte de la postérieure par le fait de développement des aortes et des arcs aortiques. Mais conser-. | M1 vant toujours ses connexions avec la tête, elle deviendra l’aponévrose cervico-péricardique qui accompagne les vaisseaux du con. En résumé, la paroi postérieure mésodermique du péricarde se plie en deux suivané une ligne horizontale. La portion en avant du pli for- mera le centre phrénique, la portion qui est en arrière s’incurve en gouttière ouverte en avant pour donner les deux feuillets latéraux du médiastin. La paroi antérieure du capuchon céphalique sépare donc l'embryon en deux portions : l’une supérieure céphalo-thoracique, l’autre infé- rieure ou intestinale. M. Houez rappelle, au sujet de la communication de M. Cadiat, deux faits d'absence du péricarde déposés au musée Dupuytren. — M. MaureL (de Brest) fait une communication sur le résultat de ses expériences sur les greffes dermo-épidermiques. (Voir aux Mé- MOIRES.) M. Hayem demande à M. Maurel s'il a une idée nouvelle sur l’ori- gine du pigment de la peau. M. MaureL répond qu’il ne se croit pas actuellement autorisé à ré- soudre cette question, n'ayant envisagé son sujet qu’au point de vue chirurgical. RECHERCHES SUR LES EFFETS TOXIQUES DU HoanG-Nan. Note de MM. RaBurTeau et PrÉTRI. Le Hozng-Nan est une poudre végétale, originaire de Chine et usi- tée dans le Vénézuéla contre diverses affections, notamment contre l’é- léphantiasis des Grecs. L’un de nous ayant apporté de ce pays une petite quantité de cette substance, 10 grammes seulement, nous avons pu effectuer, avec cette faible quantité, diverses recherches dont les résultats nous ont paru remarquables par leur netteté. Nos recherches ont porté : 19 sur l'étude pharmacologique du Hoang- Nan ; 20 sur les effets’toxiques de l'extrait alcoolique de cette même substance. 4° Étude pharmacologique. — Le Hoang-Nan présente une cou- leur jaunâtre lorsqu'il est grossièrement pulvérisé, une couleur sem- blable à celle de la poudre “de rhubarbe lorsqu'il est réduit en particu- les très-ténucs. J1 possède une saveur extrêmement amère et une odeur très-faible et même nulle. Examiné au microscope, il se montre con- stitué uniquement par les éléments de la couche corticale des végé- taux, C’est, par conséquent, la poudre de l'écorce, soit d’une tige, soit d’une racine. Nous considérons comme trés-probable qu’il représente l'écorce d’une racine. D'ailleurs le mot Æoang signifierait racine. Quant au végétal lui-même, il nous est encore inconnu. Nous avions pensé, tout d’abord, qu’il s'agissait simplement de l'écorce de fausse angusture, c’est-à-dire de celle du Strychnos nux vomica, à cause de son amertume excessive. Peut-être s'agit-il, en réalité, d’un strych- — 212 — nos, ainsi qu'on pourra le voir par l'étude des effets toxiques du Hoang-Nan. Cette même poudre a présenté au microscope une multitude de pe- tits cristaux brillants, ayant en moyenne 5 à 15 millièmes de millimé- tres dans leurs plus grandes dimensions. Ces cristaux sont prismati- ques. Ils nous ont paru du système du prisme oblique à base rhombe, Ils sont difficilement solubles dans l’eau et daas l’alcool absolu. En effet, la poudre de Hoang-Nan, traitée à trois reprises différentes par l’alcool absolu bouillant, présentait encore une multitude de ces cristaux. Il en fut de même aprés le traitement par l’eau distillée bouillante. Ils sont insolubles dans l’acide acétique concentré; faiblement solubles dans l'acide chlorhydrique étendu. Ils se dissolvent, au contraire, assez rapi- dement dans l’acide chlorhydrique concentré. Nous avons préparé un extrait alcoolique de la poudre de Hoang- Nan en la faisant bouillir avec l'alcool absolu, puis la faisant digérer trois jours avec ce liquide, portant de nouveau à l’ébullition et fil- trant ensuite. La solution alcoolique, évaporée à siccité au bain-marie, a donné un extrait jaune orangé, d’une saveur très-amère et soluble en presque totalité dans l’eau distillée. La partie insoluble dans ce liquide était résineuse et présentait une amertume relativement faible, due peut-être à une petite quantité de matière soluble qu’elle pouvait rete- nir. Nous avons obtenu ainsi trés-approximativement 25 centigram- mes d'extrait alcoolique pour 8 grammes de poudre, soit environ 3 pour 100. La solution aqueuse de l'extrait alcoolique donne, avec l’iodure de potassium ioduré, un précipité rouge brun; avec l’iodure double de mercure et de potassium, un précipité blanchâtre ; avec le tannin, un précipité blanc qui verdit peu à peu à l’air. Ces réactions indiquent, d’une manière précise, la présence, dans le Hoang-Nan, d’un ou de plusieurs alcaloïdes. On verra bientôt, par les effets toxiques de cette substance, que les principes actifs en sont : 1° un ou plusieurs alca- loïdes agissant à la manière de la strychnine et de la brucine ; 2° une matière agissant à la manière de la curarine et peut-être identique avec cette derniére. M. Hiccairer connaît le Hoang-Nan et l’expérimente depuis deux ans : les missionnaires en font des pilules qu’ils donnent aux lépreux. Les effets expérimentaux sur un chat, à la dose de 0,40, produisent des effets semblables aux strychnées. Quant à la lépre, le Hoang-Nan ne la guérit pas et détermine même des accidents. Les pilules des mission- naires, préparées dans l'Inde, contiennent de l’Hoang-Nan et de l’alun : chaque pilule contient 0,05 d’Hoang-Nan. On a pu en donner jusqu’à 16 sans accident. Le seul bienfait produit a été une diminution tempo- raire de l’anesthésie, chez un malade de 20 ans, qui a été soumis au traitement pendant cinq mois. M. Haroy a reçu aussi de l’Hoang-Nan ; il en a extrait de la strych- nine et de la brucine. Quant à la plante, c’est le Strychnos Javanica. Peut-être y a-t-1l d’autres alcaloïdes, l’igasurine en particulier. — 213 — M. Livon (de Marseille) a étudié également ce produit nouveau, M. RaBuTEeau : La poudre contient des cristaux prismatiques fort nombreux. M. LasoroEe croit que M. Rabuteau s’est trouvé, dans ses expérien- ces, en présence de cas semblables à ceux ou le strychnisme est porté très-loin. ÿ M. RaguTeau avait prévu cette objection : il croit que dans l’Hoang- Nan il y a de la strychnine, mais il croit aussi à l’existence d’un autre alcaloïde. — M. BocHEFONTAINE complète sa communication précédente sur les tensions du liquide céphalo-rachidien. SUR L’ANATOMIE DES PAPULES CUTANÉES SYPHILITIQUES ; par M. V. Corniz, médecin de l'hôpital de Lowrcine. J'ai l’honneur de présenter à la Société plusieurs types de papules syphilitiques cutanées se rapportant aux petites papules, aux larges papules lenticulaires et squammeuses, et aux papules cuivrées hémor- rhagiques. J'ai pu, dans une autopsie faite il y a quatre ans, enlever et conser- ver des papules syphilitiques petites et peu saillantes, contemporaines de la roséole. Il faut marquer leur place, en quelque sorte, pour les reconnaître après la mort, car ces papules qui, pendant la vie s’effa- cent à moitié sous la pression du doigt, sont alors à peine reconnaissables. Après la mort, les petits vaisseaux des papilles sont moins gorgés de sang, les couches épidermiques modifiées sont moins transparentes, et la saillie que forme la papule est moindre, si bien qu’elle passerait fa- cilement inaperçue. Cependant, l'examen microscopique de ces papules, lorsqu'on les a reconnues après la mort, donne des signes três-nets d’inflammation et même d’inflammation beaucoup plus profonde qu’on ne pourrait au pre- mier abord le supposer. Lorsqu'on examine les sections minces de la peau, au niveau de ces papules, on voit que la surface de la papule présente une lécère saillie. A ce niveau, l'épiderme superficiel est tantôt augmenté d'épaisseur, tantôt au contraire, il est desquammé en partie ; les couches des cel- lules les plus superficielles font défaut. Autour de la partie saillante de la papule, privée ainsi de son épi- derme le plus superficiel, les couches épidermiques sont conservées dans leur totalité. La couche de Malpizhi est un peu épaissie. Si, au lieu de considérer une section perpendiculaire à la surface, on examinait l’ensemble de la papule de face, le rebord épidermique conservé autour de la papule formerait un léger relief, le liseré de Biett. Sous le corps muqueux, on trouve les vaisseaux papillaires gorgés de sang. Ces vaisseaux ne sont — 214 — donc pas absolument vidés, comme le dit Rindfleisch, par l’action de la pression des muscles cutanés qui se rétractent après la mort. Les vaisseaux capillaires qui entourent les glandes sudoripares aussi bien que les vaisseaux du derme sont également pleins de sang. Le tissu conjonctif des papilles est normal. Toutefois, autour des vaisseaux capilltires, on observe des cellules lymphatiques épanchées en assez grand nombre dans le tissu conjonctif périphérique. Dans letissu conjonctif plus profond, autour des tubes des glandes sudoripares et de leurs lobules, autour des vaisseaux du derme, au- dessous de la papule, tous les vaisseaux sont entourés d’une zone plus ou moins épaisse de cellules lymphatiques qui en sont sortis et se sont accumulés suivant leur trajet en repoussant les faisceaux de fibres de tissu conjonctif. Aussi voit-on des îlots de cellules lymphatiques, des amas relativement considérables de ces éléments cellulaires, entourer les vaisseaux sanguins. Les faisceaux de fibres de tissu conjonctif montrent leur disposition et leur enchevêtrement normaux, et ces faisceaux ne sont altérés d’au- cune façon : entre eux et à leur surface, les cellules plates du tissu conjonctif ne sont nullement tuméfiées et il n’y a pas de cellules lym- phatiques interposées. Le diapédèse et la migration des globules blancs sont donc, en pareil cas, très-limitées, circonscrites autour des canaux sanguins. Il s’agit là d’une modification pathologique trés-légère, qui n’atteint nullement les cellules fixes du tissu conjonctif, qui ne mo- difie pas l'aspect des faisceaux fibreux, et dans laquelle les cellules lyruphatiques épanchées hors des vaisseaux restent localisées. Mais cette inflammation, bien que peu intense, n’est pas pour cela limitée seulement aux couches superficielles de la peau, aux papilles. Elle pénètre plus profondément dans les couches dermiques jusqu'à la ré- gion des lobules des glandes sudoripares et du tissu cellulo-adipeux sous-cutané. Dans cette lésion, le tissu conjonctif du derme n'étant pas modifié possède son élasticité propre; il n’est tuméfié que par la congestion vasculaire et l’épanchement de cellules autour des vaisseaux. Aussi comprend-on facilement que la pression du doigt, en refoulant le sang contenu dans les vaisseaux, fasse disparaître la rougeur et la tuméfac- tion en partie, rougeur et tuméfaction qui reparaissent aussitôt que la compression cesse. La couleur ecchymotique ou pigmentaire des papules en voie de guérison, est due à ce qu’il y a des globules rouges sortis des vaisseaux en même temps que les globules blancs. La matière colorante de ces globules imprègne le tissa des papilles, et donne aux syphilides leur couleur cuivrée ou jaune : plus tard, cette matière colorante est prise . en partie, sous forme de pigment, par les cellules de la couche mu- queuse de Malpighi, qui l’entraînent à la surface de la peau et l’éli- -minent. Pendant tout le temps que dure cett2 élimination, on a une coloration pigmentée superficielle de la peau. J'avais recueilli et conservé autrefois, a l’autopsie, plusieurs types — 215 — três-ncts de larges papules syphilitiques de la peau, les unes squam- meuses, les autres non squammeuses, et je puis en donner une des- cription anatomique complète. La voici : Soit une papule squammeuse, que nous examinons dans son ensemble, avec un très-faible srossissement, sur une section mince perpendicu- laire à la surface de la peau. Le relief de la papule s’accuse par une élevure régulière formant l'arc d’un grand cercle. Toutes les couches de la peau, l’épiderme, le corps muqueux de Malpighi, la couche papillaire et le derme montrent un épaississement qui commence au bord de la papule, là où ces couches se continuent avec les mêmes parties de la peau normale et dont le maximum d’é- paississement est au centre de la papule. La couche cornée de l’épiderme est quatre ou cinq fois plus épaisse qu’à l’état normal: sur les préparations colorées au picro-carmin, cette couche, formée de squammes cohérentes entre elles, se colore en jaune clair. Elle fixe uniquement l’acide picrique. Cependant entre les strati- fications on aperçoit des stries rouges et minces dirigées parallèlement à la surface. a Cet épiderme corné superficiel se détache facilement et s’isole des couches profondes sous-jacentes, avec lesquelles 1l est uni toutefois par les prolongements des couches cornées qui pénêtrent dans le corps mu- queux de Malpighi au niveau des poils, des glandes sébacées, et des glandes sudoripares. Il en résulte des espèces de ponts qui unissent la couche cornée avee la couche de Malpighi dont elle est séparée dans tout le reste de son étendue La seconde couche épidermique, qui fait corps avec le derme, est composée par des cellules cornées, par la couche granuleuse intermé- diaire et par le corps muqueux de Malpighi. Ce dernier est três-mani- festement épaissi deux fois autant que le corps imuqueux normal ou même plus. Les cellules de la couche granuleuse et les cellules crénelées du corps muqueux présentent souvent par places l’état cavitaire de leurs cellules. Les prolongements du corps muqueux, qu’il envoie entre les papil- les sont plus allongés qu’à l’état normal, en même temps que les pa- pilles elles-mêmes sont plus allongées et hypertrophiées. Ces prolonge- ments sont trés-longs et les cellules épithéliales ont proliféré, en raison du reste de l'allongement inflammatoire des papilles. Les papilles sont profondément modifiées par l’inflammation. Leur substance fondamentale est rempli de cellules rondes ou cellules lym- phatiques ou de cellules de tissu conjonctif tuméfiées. Les fibrilles du tissu conjonctif sont séparées par ces éléments cellulaires. Il ne s’agit plus seulement comme dans le cas précédent d’un épanchement de cel- lules lymphatiques le long des vaisseaux ; ces cellules ont pénétré par- tout dans la papille entre les fibres et le tissu conjonctif. Les vaisseaux papillaires sont dilatés et remplis de sang. — 216 — Dans ces larges papules, il ne s’aoit pas seulement d'une inflamma- tion des papiiles et du réseau superficiel du chorion ; tout le derme, et avec lui le tissu cellulo-adipeux sous-cutané sont enflammés de la même façon. Dans le derme, en effet, les fibres du tissu conjonctif sont sépa- rées par des cellules rondes rangées en séries ou par des cellules fixes tuméfiées ; plus profondément les cellules adipeuses du tissu cellulaire sous-cutané sont enflammées, chaque vésicule adipeuse est entourée d’une rangée circulaire de cellules lymphatiques et la graisse se résorbe : des îlots des lobules graisseux sont transformés en des ïilots de tissu conjonctif embryonnaire où la graisse a disparu. On voit que ces alté- rations de l’épiderme et du derme, dans les larges papules cutanées, se rapprochent beaucoup de modifications qu’éprouve le revêtement épi- thélial et le chorion muqueux des muqueuses atteintes de papules sy- philitiques; on les dirait calquées les unes sur les autres, sauf les mo- difications apportées par les différences de structure propres à la peau et aux muqueuses. Mais il y a aussi d’autres dissemblances sur les- quelles nous allons insister. Dans la plupart des préparations des papules cutanées, on voit quel- ques papilles qui ont de la tendance à se séparer du corps muqueux. Sur les coupes, il existe une fente claire, un vide entre lesommet de la papille et sa loge ou la voûte constituée par le corps muqueux. Ces es- paces ne sont pas vides pendant la vie; ils sont remplis par du sang, par des globules rouges en quantité et par quelques globules blancs. Dans une des papules que j’ai étudiées, il y avait partout un épanche- ment sanguin interposé entre les papilles et le corps muqueux. Comme chaque papille est coiffée par la calotte que lui forme le corps mu- queux et les prolongements interpapillaires et glandulaires qui en par- tent, il en résulte qu’il y a autant de petits épanchements sanguins, limités et circonscrits, qu’il y à de papilles. De plus, le corps muqueux était soulevé complétement en certains points par le sang, de telle sorte que ses prolongements avaient tout à fait abandonné les papilles. Ces épanchements sanguins sont très-importants à connaître dans les éruptions syphilitiques. Ils rendent compte de la couleur spéciale cuivrée des éruptions, aussi bien qne des teintes variées et successives qu’elles revêtent lorsqu'elles guérissent et qui sont absolument les tein- tes de l’ecchymose et de l’infiltration de la peau par le pigment san- guin. Ces suffusions sanguines sont une manifestation de l’altération du sang dans la syphilis, de la déglobulisation : le sang passe plus fa- cilement à travers les parois des vaisseaux qui sont, du reste, dilatés et dont les parois sont modifiées dans les papilles enflammées. M. HizaiReT rapporte une observation de plaque muqueuse qui a été examinée par M. Ranvier. Pour M. Hillairet, la plaque muqueuse est une lésion de toutes les périodes de Ja syphilis, à partir de la pé- riode secondaire. La plaque étudiée par M. Ranvier envahissait le chorion, et l'hyper- plasie lymphatique envahissait les glandes sébacées. rare « Séance du 29 juin 1878. M. Ragureau continue sa communication sur le Hoang-Nan. M. Haroy dit que M. Planchon a constaté l’existence des cristaux signalés par M. Rabuteau. — M. DaremserG présente à la Société un travail intitulé : Compa- raison des climats d'hiver sur les côtes africaine et française. ÉTUDE SUR LES CENTRÉS PSYCHOMOTEURS DÉS ANIMAUX NOUVÉAU-NÉS ET SUR LEUR DÉVELOPPEMENT DANS DIFFÉRENTES CONDITIONS; par M. le professeur JEAN DE TarcHANoOrF, de Saint-Pétersbours. On sait, aprés les travaux de Soltmann, que les chiens et les lapins nouveau-nés ne possèdent pas de centres psychomoteurs, et que ces derniers se développent seulement au bout de dix à quinze jours (1). Ce développement se ferait sous l'influence d’excitations des organes de sens, sous l'influence des agents du monde extérieur. D’un autre côté, Soltmann a prouvé que le cerveau du chien et du lapin nouveau- nés ne manifeste aucune action modératrice sur les actes réflexes, à cause de l'absence d’appareil modérateur dans le cerveau (2), et que leur pneumo-gastrique modèére très-faiblement ou presque pas les bat- tements du cœur. Soltmann veut étendre ces faits aux mammifères et à l’homme. Je dois opposer, à une tendance pareille, mes expériences sur le cochon d'Inde nouveau-né que j'exécutais dès les premières heures de sa naissance. On sait que cet animal, en naissant, marche, court très- habilement, a les yeux ouverts, contrairement à ce que l’on voit chez le chien et le lapin nouveau-nés. Résultats : 19 Le cochon d’Inde nouveau-né a des centres psychomoteurs par- faitement développés. 29 L’excitation des lobes antérieurs de l’encéphale modére les actes réflexes. 3° Le pneumogastrique arrête net le cœur aussi facilement que chez les animaux adultes. Donc, le cochon d'Inde nouveau-né possède des centres psychomo- teurs, sans que l’animal ait encore subi l’influence d’excitants exté- rieurs, ce qui ne concorde pas avec le point de vue de Soltmann sur le développement des psychomoteurs en général. Si l’on considère ces (1) Jamreuon Fur KINDERHEILKUNDE UND PHYSISCHE ERZIÉHUNG, IX, Bd, 1876, p. 106. (2) Jamreucx Fr. KINDERHEILKUNDE UND Paysiscue ERzIEHuNG, XI, Bd, 1 Hezrr, 1877, p. 101. c. R. 1878. 28 —\ 218 — centres, comme le veut Soltmann, comme des centres de mouvement volontaire, le cochon ®'Inde serait un animal qui produirait, dès sa naissance, des mouvements volontaires, contrairement aux chiens et aux lapins nouveau-nés, qui ne produisent, d’après Soltmann, que des mouvements réflexes. Le cochon d’Inde nouveau-né à un système nerveux, suivant ses fonctions, beaucoup plus perfectionné que les chiens et les lapins nou- veau-nés. L’analyse chimique et microscopique du cerveau prouve ce fait d’une manière évidente : 19 Le cerveau du cochon d’Inde nouveau-né contient 5 pour 100 de plus de matières solides, et par ce fait même, plus de phosphore que le cerveau du chien et du lapin nouveau-nés. Il dureit beaucoup plus vite dans le liquide de Müller, que le cerveau des chiens et des lapins nouveau-nés. 29 Les hémisphères du cochon d’Inde contiennent, dans leur couche périphérique, des cellules pyramidales de petites et de grandes dimen- sions, cellules géantes et peu de cellules rondes, avec noyaux au milieu, ressemblant à des éléments embryonnaires. En outre, les faisceaux ner- veux des hémisphères de la couronne rayonnante sont munis de myé- line, tandis que chez le lapin nouveau-né, la couche des hémisphères est formée principalement de cellules rondes, embryonnaires, parmi lesquelles on voit rarement des cellules pyramidales de petites dimen- sions ; de plus, les faisceaux nerveux de la couronne rayonnante ne présentent pas de couche de myéline. Ces faits montrent parfaitement que le cerveau du cochon d’Inde nouveau-né est d’une organisation supérieure à celle du lapin, et c’est pour cette raison qu’il est doué de fonctions faisant complétement défaut chez ce dernier. En comparant la structure et les dimensions des fibres nerveuses du pneumogastrique traité par l’acide osmique à 1 p. 300 chez le cochon d’Inde et.le lapin nouveau-nés, on remarque une différence très- nette : 19 Le diamètre général des faisceaux nerveux du pneumosastrique chez le cochon d'Inde est beaucoup plus grand que chez le lapin et le chien. 29 La couche de myéline qui recouvre ces faisceaux est aussi plus épaisse chez le cochon d’Inde que chez le lapin. Il semble résulter de mes expériences, qu'il y à un rapport direct et intime entre la fonction des nerfs et la présence de la myéline. Aussi, le pneumogastrique du cochon d’Inde arrête-t-1l le cœur net, tandis que celui du lapin ne fait que le ralentir. L'état de l'appareil modérateur périphérique du cœur a été pris en considération; dans les deux cas il ralentit le cœur plus que cela ne s’observe à la suite de l'excitation des pneumogastriques. Cette différence de développement entre le système nerveux du co- chon d'Inde et du lapin nouveau-né, peut dépendre ou de la plus lonoue durée de la période de gestation, qui est de neuf semaines chez — 219 — le cochon d'Inde, et ne dure chez le lapin que quatre semaines ; ou des conditions particulières de nutrition du fœtus pendant la gestation, plus favorables chez le cochon d’Inde que chez le lapin; ou encore de lPun et de l’autre à la fois. On pourrait objecter que le chien, dont la période de gestation est aussi de neuf semaines, vient au monde aveugleetsans psychomoteurs, et que le hérisson, en passant ses sept semaines de gestation, se pré- sente au moment de la naissance avec les yeux ouverts et une loco- motion parfaite. Done, ce seraient la nutrition particulière plus ou moins favorable du fœtus et la durée de la période de gestation qui produiraient les diffé- rences de développement que présentent en venant au monde les ani- maux nouveau-nés. Pour vérifier cette hypothèse, je me suis adressé aux expériences sur les lapins et les chiens nouveau-nés, en les mettant, dés les premiers jours de leur vie, dans des conditions favorables ou non favorables au développement de leur système nerveux. Comme conditions qui favoriseraient ce développement, j'ai choisi la position verticale du corps de l’animal, les pieds en l'air, la tête en bas, dans le but de provoquer un afflux de sang au cerveau ; cette po- sition était reprise chaque jour pendant deux heures; et l’adminisira- tion du phosphore comme agent nutritif du système nerveux 1/80 grain dissous dans l’huile de morue. Voici les résultats obtenus : 19 Le développement de ces animaux se faisait plus vite que chez les animaux servant de témoins ; ainsi ils ouvraient les yeux de deux à cinq jours plus tôt que ces Farine. 29 Les centres psychomoteurs de ces animaux étaient beaucoup plus excitables que ceux des animaux servant de contrôle; ainsi on les met- tait en jeu par des courants beaucoup plus faibles que chez les ani- maux servant de contrôle. Ce sont, eux qui arrivaient le mieux et le plus tôt à se servir de leurs pattes dans l’acte de locomotion, et qui semblaient être les plus intel- ligents. Cette dernière conclusion résulte de ce qu’ils comprenaient les pre- muers les signaux de l’appel, de la caresse, et en outre les premiers qui ont eu le goût de la viande, et manifestaient leur sentiment par le mou- vement de la queue. 39 L’excitabilité nerveuse réflexe de ces animaux était supérieure à celle des animaux servant de contrôle, ainsi que la durée des actes ré- flexes était la plus courte. 4° La quantité de phosphore dans le cerveau était en général supé- rieure à celle que l’on trouvait chez les animaux servant de contrôle. Tous ces résultats prouvent que chez les animaux phosphorés et chez ceux qui subissent l’afflux du sang au cerveau; ce dernier organe se développe plus tôt qu’à l’état normal. D'un autre côté, ce développement = 90 = du cerveau accélère aussi le développement de l’organisme animal, ce qui se voit par l’ouverture précoce des yeux. Tous les résultats obtenus de cette série d'expériences, sont plus ma- nifestes chez les animaux phosphorés. Comme moyen de retarder le développement du système nerveux, j'ai choisi l’alcool à 359, que je donnais journellement aux animaux nouveau-nés, de une à quatre cuillerées, et, en outre, la position ver- ticale du corps de l'animal, la tête étant placée en haut. Cette dernière forme d'expérience, que j’appliquai aussi journellement pendant trois quarts-d’heure jusqu’à deux heures, ne m'a pas donné de résultats nets. Mais les expériences avec l’alcool, qui, comme on le sait, diminue la métamorphose dans l’économie animale, donnent des résultats tout contraires eten tous points à ceux qui ont été décrits sur les animaux phosphorés et sur les animaux soumis à l’afflux de sang périodique vers le cerveau. Seulement, les quantités de phosphore dans le cerveau n’ont pas été déterminées. L’étude de l'influence qu’exerce la circulation normale et la circula- tion diminuée dans le cerveau sur l’excitabilité des centres psychomo- teurs a été faite au moyen d’un appareil construit sur le même principe que la botte de Junod. En introduisant la partie postérieure du corps de l’animal dans cet appareil et en y déterminant la pression de l'air jusqu’au degré voulu, indiqué par un manomètre, on provoquait une anémie artificielle du cerveau ; en laissant entrer l’air dans l’appareil, tout revenait à l’état normal. L’expérience a démontré que pendant ces anémies, qui duraïent de deux à dix minutes, les centres psychomoteurs perdaient leur excita- bilité par rapport à des courants induits de force moyenne ; une fois que l’on rétablissait la circulation normale dans le cerveau, les mêmes courants provoquaient des mouvements d’origine corticale et três- énergiques. L’amyle nitrite par inhalation de deux gouttes placées sur la ouate, donne les mêmes effets. Pendant la période de la dilatation des vais- seaux du cerveau, l’excitabilité des centres psychomoteurs s’exagére, et est de beaucoup supérieure à celle que l’on observe chez ces animaux avant l’inhalation de cet agent. Il est compris que l’on ne pousse pas l’action de l’amyle nitrite jusqu’à la narcose de l’animal. De toute cette étude, il suit qu’au moyen de différents agents on peut régler, jusqu’à un certain point, la vitesse du développement du cer- veau et de la vue de l’animal nouveau-né, et par ceci même son déve- loppement entier. Il est très-curieux de faire agir à présent tous ces agents sur l’em- bryon lui-même par l'intermédiaire de l'organisme de la mère et de voir si, en ce Cas, la génération des animaux nouveau-nés, des lapins ou des chiens, ne sera, par son organisation, supérieure à celle que l’on voit naître maintenant. C’est justement le travail dont je m'occupe à présent. M. Maræaras Duvaz,ausujet de la communication de M. de Tarchanoff, croit qu'il faut songer à la durée de la gestation et la faire intervenir comme élément, au lieu de la repousser absolument. M. Duval cite, à ce sujet, les exemples du pigeon et de la poule. La naissance n’est rien, au point de vue du développement, puisqu'elle se fait à des degrés très-différents de celui-ci. M. DE TARCHANOFF répond qu’à son point de vue, les conditions de nutrition ne sont pas mystérieuses ; un afflux de sang dans la tête fait ouvrir iles yeux quelques jours plus tôt; voilà l'influence, voilà la con- dition physiologique qui fait comprendre que le développement du système nerveux peut, sous l'influence de quelques variations physio- losiques, s'effectuer d’une manière variable chez deux animaux soumis à ces conditions variables. M. pe Sinéry fait observer qu’il faut tenir compte de la disposition du placenta ; celui du cochon d’Inde, étudié par Ercolani, est tout spé- cial ; cela devrait peut-être entrer aussi en ligne dans l’explication des faits de M. de Tarchanoff. NoTE SUR L’ANALYSE DE L’URINE D'UN HOMME ATTEINT D'HYDRO- PHOBIE; par M. ArgerrT RoBin, chef des travaux chimiques au laboratoire de la Charité. Grâce à l’obligeance de M. Barthélemy, interne à l'hôpital Beaujon, j'a pu pratiquer l'analyse de l’urine recueillie chez un homme atteint d’hydrophobie. Cette urine a été extraite à l’aide de la sonde, de six heures du soir à dix heures du matin, époque de la mort du malade. Comme il n’existe pas d’analyses complètes d’urines rabiques, je crois qu’il est intéressant de publier celle-ci, d'autant plus qu’elle révèle un certain nombre de faits qui n’avaient pas encore été signalés. La quantité s’est élevée à 230 centimètres cubes pendant un espace de temps de quinze heures, ce qui donnerait pour vingt-quatre heures un chiffre de 368 cent. cubes. La densité égalait 10 30 à 15. La consistance était normale, l’urine étant assez ténue et apparais- sant claire et limpide au-dessus de son sédiment. L’odeur était urineuse, forte. La réaction très-acide, si bien que l'urine, après huit jours de con- tact à l’air libre, n’avait point encore perdu son acidité. La couleur était foncée, mais ne s'écartait de la normale que par une accentuation de ton assez prononcée. Le sédiment abondant, occupant un huitième de la hauteur du li- quide et coloré en brun rougeâtre peu foncé® L'analyse quantitative avait fourni les chiffres suivants : — 222 — Matériaux solides, 16 gr. 14 (quantité rendue) 25.83 (en 24 heur.) Principes organiques, 11 53 » 18.45 » Principes inorganiq®, 4 61 » 7.38 » Urée, 6 76 » 10.22 » Acide urique, UMNETS » 1.405 » Matières extractives, 3 90 » 6.73 » Albumine, 0106 » 0.092 » Chlorures, 0 62 » 0.99 » Acide phosphorique, 1 12 » 1.82 » Potasse, À 65 ») 2.64 » L’urine précipitait par la chaleur l’acide piçrique, l’acide nitrique ; l’albumine, ainsi décélée, a été dosée par le procédé des pesées. Le traitement par la liqueur de Fehling donnait une réduction flo- conneuse brunâtre, mais il a été impossible d'obtenir soit par ce pro- cédé, soit par d’autres, la réaction caractéristique du sucre. Pas de matières colorantes anormales, hémaphéine ou uroéry- thrine. Pas d’indican. L’urohématine était beaucoup plus considérable qu’à l’état normal, mais il faut tenir compte de l’extrême diminution de la quantité de l'urine. ; La chaux et la magnésie paraissaient diminuées. Une petite quantité d’urine évaporée à consistance sirupeuse, s’est concrétée en un magma cristallin dans lequel j'ai pu constater la pré- sence des corps suivants : Hippurate de chaux, Acide margarique, Leucine, Urée. La leucine et l'acide margarique m'ont paru exister en assez grande abondance. Enfin, l’urine traitée par l’éther a abandonné à ce dissolvant une. grande quantité de graisse libre. L'examen microscopique du sédiment présentait une certaine im- portance : en effet, voici quels sont les éléments qui le constituaient : Cristaux d’acide urique, losangiques et faiblement colorés en jaune. Amas pigmentaires, noirs ou teintés de grenat, Pas d'éléments figurés, sauf de très-rares globules blancs fortement chargés de graisse. Gouttelettes graisseuses en trés-grande akondance ; Trés-rares, torulacées. Bâtonnets articulés immobiles ; Vibrions mouvants. Lones bâtornets, beaucoup plus grands que ceux que l’on trouve or- dinairement dans l'urine agide, immobiles, droits ou parfois incurvés. Longueur 12 à 20 y. Chapelets de ferments ressemblant à la levure de bière, en abondance extrême. Diamètre 3 u. Longueur 4 y. Corpuscules brillants, agrégés en masses assez considérables, immo biles, arrondis, réguliers. Voici quels sont les points dominants de cette analyse : Diminution considérable de la quantité. Augmentation de la densité. Persistance de l’acidité. Diminution des matériaux solides. — de l’urée. — des chlorures. Augmentation de l’acide urique et du rapport de l'acide urique à l’urée. Augmentation du rapport normal de l'acide phosphorique à l’urée, cet acide se maintenant dans ses proportions normales, quand l’urée diminue si notablement. L’acide phosphorique a passé dans l'urine à l’état de phosphate de soude et de phosphate de potasse : les phosphates terreux, au contraire, sont notablement diminués. Présence de l’albumine. Absence de sucre. Présence de graisse en grande quantité. — de leucine et d'acide margarique. — de bactéries différentes de celles que l’on trouve dans l’u- rine qui commence à se putréfier. Est-il possible de bâtir une hypothèse sur les faits précédents ? Non. On peut seulement rapprocher l’augmentation des phosphates alcalins, du phosphate de potasse surtout, et la présence de la graisse et de l’a- cide margarique, faits qui paraissent relever d’une dénutrition active des centres nerveux. La leucine, l’hippurate de chaux, les matières extractives ont une valeur relative, en ce sens que les deux premières ne se rencontrent pas dans l’état normal. Quant aux organismes inférieurs que contenait le sédiment, il est actuellement impossible de savoir le rôle qu’ils jouent, si tant est même qu’ils possèdent une importance quelconque. Je me borne sim- plement à constater leur existence, me réservant d'étudier à loisir l’ac- tion de ces organismes. NOTE SUR L’EXISTENCE, DANS LE NERF MAXILLAIRE SUPÉRIEUR, DE FILETS VASO-DILATATEURS POUR LA MUQUEUSE DES FOSSES NASALES, POUR LA PEAU DES AILES DU NEZ, DES LÈVRES SUPÉ- RIEURE ET INFÉRIEURE, LA MUQUEUSE DE CES MÊMES PARTIES, AINSI QUE CELLE DES GENCIVES; communiquée à la Société de Biologie par M. Jocyer. On sait qu’il existe deux sortes d’actions vaso:dilatatrices, les unes — 224 — directes, les autres réflexes. Quand on excite le ‘bout. périphérique de la corde du tympan qui se rend à la glande sous-maxillaire, on observe, en dehors des phénomènes sécrétoires, une dilatation paralytique des vaisseaux de la glande, et le sang, qui sortait noir par les veines avant l'excitation, sort alors rouge et animé de pulsations, comme dans les artères. (CI. Bernard.) L’excitation du bout périphérique du nerf lin- gual, ou, en réalité, l’excitation de la corde tympanique qui accompagne à la langue les divisions du nerf lingual, produit pareillement la dilata- tion des vaisseaux, avec rougeur progressive de la moitié correspon- dante de la langue. (A. Vulpian.) L’excitation de la corde, dans ces deux cas, a donc produit par action directe, centrifuge, la dilatation des vaisseaux soumis à son influence. En dehors des actions vaso-dilatatrices directes, il y a des expériences qui démontrent que l’on peut produire des dilatations réflexes des vais- seaux. Un exemple remarquable de ces sortes de dilatations est fourni par l'excitation du nerf cervico-auriculaire antérieur, l'excitation, par des courants interrompus, du bout central du nerf chez le lapin, ame- nantune dilatation considérable des vaisseaux de l'oreille du côté corres- pondant. Pareillement, dans l’expérience de M. Lœven, l’électrisation du bout central du nerf péronier amène, par action réflexe, une dilatation énorme de l’artère saphène interne du même côté. L’excitation du nerf dépresseur (Cyon) donne lieu à une excitation du même genre, mais plus généralisée. Dans tous ces cas évidemment, il ne peut s’agir que d’ac- tions réflexes vaso-dilatatrices, puisque les nerfs excités sont coupés et par conséquent ne sont plus en communication directe avec les vais- seaux paralysés. L’excitation portée sur le nerf sensitif à été transmise à des centres nerveux dont l’ébranlement a pour effet de communiquer une excitation aux fibres qui relient ces centres aux centres vaso-mo- teurs d’une région déterminée. Or l’excitation de ces fibres aurait pour résultat de placer les centres vaso-moteurs au repos, de les mettre en état de non activité, et d'amener, par suite, la cessation de l’état tonique des vaisseaux en relation avec les centres vaso-moteurs en question. Dans l'hypothèse, les fibres dont l’excitation a eu pour résultat la ces- sation d'action des centres vaso-moteurs seraient les fibres vaso-dilata- trices. Semblablement, on pourrait expliquer l’action vaso-dilatatrice directe, et la ramener, en définitive, à une action réflexe. On sait, en effet, qu'il existe, sur le trajet des nerfs vaso-dilatateurs directs, de nombreuses cellules nerveuses, constituant de véritables centres ner- veux vaso-moteurs périphériques, dont les connexions, au moyen de la corde tympanique, seraient les mêmes que celles indiquées plus haut ; de telle sorte que, en définitive, dans les deux cas, le mécanisme de l’action vaso-dilatatrice serait le même, soit, en effet, une excitation du nerf lingual, bout central] ; l'excitation arrive aux centres, qui sont en connexion, par les fibres de la corde, avec des centres vaso- moteurs périphériques. Ces centres ébranlés mettent en activité les fibres de la corde du tympan, laquelle a pour résultat de faire cesser — 225 — l’état tonique vasculaire, en supprimant l’action des centres vaso-mo- teurs périphériques. Mais, laissant de côté les hypothèses, on peut admettre les deux ca- tégories d’actions vaso-dilatatrices. Les faits que j'ai observés se pla- cent dans la catégorie des actions vaso-dilatatrices réflexes proprement dites. Les expériences doivent être faites sur des animaux curarisés, chez les quels on entretient la respiration artificiellement au moyen du souf- flet. On met à découvert, dans la fosse ptérygo-maxillaire, le nerf maxillaire supérieur avec toutes ses branches, et on place au-dessous une pince électrique à lame d’ivoire isolante. Dans une expérience, on a mis à découvert une portion de la muqueuse des fosses nasales, en enlevant les os du nez, et l’on a examiné, de visu, les effets produits sur cette muqueuse par l'excitation électrique du nerf maxillaire supérieur. Dans d’autres expériences, des thermomètres trés-sensibles ont été introduits dans les fosses nasales, de façon à permettre d’étudier les effets de l'excitation du nerf sur la température des fosses nasales. Dans le premier cas, l'excitation du nerf maxillaire supérieur a produit une rougeur de la muqueuse, rougeur qui est devenue très-manifeste, quel- ques secondes aprés l’excitation. Il a semblé en même temps que la muqueuse devenait plus humide... Ces effets, nets au début, ont été beaucoup moins marqués, quand on a voulu les reproduire, à cause du suintement sanguin qui se fait d’une manière continue sur les plaies des animaux curarisés. Dans le second cas, l'excitation du nerf a toujours produit une élé- vation de la colonne mercurielle du thermomètre placé dans la narine correspondant au nerf excité. Cette élévation de température est ra- pide et progressive, et atteint 1 degré, 1 degré 1/2 et quelquefois 2 desrés. La température s’élève aussi dans la narine opposée, mais tou- jours d’une manière moins rapide, et surtout moins marquée. Mais en même temps qu’on observe ces phénomènes du côté de la muqueuse des fosses nasales, des effets non moins remarquables se montrent ailleurs. Chez les animaux à peau peu pigmentée, le pour- tour de la narine s’injecte considérablement, ainsi que la lèvre supé- rieure et inférieure, la muqueuse de ces mêmes parties, la muqueuse des gencives. L’injection est énorme du côté correspondant au nerf excité. Du côté opposé, une légère injection se montre également, sur- tout pour la muqueuse de la lèvre inférieure et la muqueuse buccale. Ces effets peuvent être reproduits à plusieurs reprises, et toujours l’électrisation, avec courant interrompu faible, du nerf maxillaire su- périeur provoque l'injection et la rougeur vive des parties sus-indi- quées, qui deviennent, en même temps, turgescentes, et plus chaudes, et qui tranchent, par leur aspect et leur coloration, sur les parties op- posées. Vient-on à couper le nerf maxillaire supérieur, ou seulement les branches sous-orbitaires, on observe, à la suite de cette section, une légère injection, principalement de l’aile du nez et de la lèvre supé- c. R, 1878. 29 HR ES rieure. Si alors on excite les bouts périphériques des nerfs coupés, il ne se produit pas de changement bien net dans la coloration du nez et des lèvres ; ces parties deviennent toujours un peu plus pâ- les. Ces résultats (bien que l'excitation du bout central du nerf n’ait pas été faite seule) prouvent cependant que l’action vaso-dilatatrice observée est de l’ordre des actions vaso-dilatatrices réflexes. Les deux expériences suivantes semblent démontrer que les nerfs vaso-molieurs qui sont paralysés dans les expériences dont les résultats ont été rapportés, sont contenus en grande partie dans le cordon cer- vical du grand sympathique. 22 juin 1878. Expérience faite devant M. Paul Bert. Chien curarisé respirant artiliciellement. On met à découvert le nerf maxillaire supé- rieur, et la pince électrique est posée sur le nerf intact. On constate la coloration des lèvres (peau et muqueuse) ; la muqueuse est très-légère- ment rosée, plutôt blanche. On fait passer dans le nerf un courant électrique interrompu relativement faible, c’est-à-dire insensible au doigt mouillé, mais sensible à la langue. Très-rapidement on voit la peau, mais surtout la muqueuse labiale et celle des gencives prendre, du côté du nerf excité, une teinte de plus en plus rouge, qui tranche avec la teinte rosée, plutôt pâle du côté opposé. L’excitation du nerf cessant assez rapidement, la muqueuse pâlit et reprend sa coloration normale. On répète l'expérience avec les mêmes résultats. En même temps que les changements de coloration se montrent, la lèvre supé- rieure correspondante devient manifestement plus chaude que celle du côté opposé. Voulant voir si les mouvements, en apparence spontanés, qui se montrent dans l'iris, sont sous la dépendance du nerf grand sympa- thique, on coupe le nerf pneumo-gastrique au cou, du côté droit, c’est-à-dire du côté en expérience; les mouvements continuent pendant quelque temps, puis, finalement, semblent arrêtés de ce côté. On cher- che à répéter alors l’expérience du nerf maxillaire supérieur. L’excita- tion du nerf ne donne plus lieu à la rougeur manifeste des lèvres et,des gencives. Bien plus, la muqueuse buccale du côté opposé, sous lin- fluence de l'excitation, devient plus colorée. 25 juin 1878. Expérience faite devant MM. Dastre et Laffont, 1ex- périence est faite dans les mêmes conditions que la précédente : rou- geur intense de la lèvre supérieure et inférieure et de la muqueuse gin- givale par excitation du nerf maxillaire supérieur droit. La rougeur de la peau des lèvres est peu apparente, à cause de la pigmentation de ces parties, mais elle est très-marquée sur la muqueuse. On répète plu- sieurs fois ; toujours, à chaque excitation, coloration progressive de la muqueuse, qui arrive à être d’un rouge intense, tranchant sur le côté opposé. Après cessation de l'excitation, retour assez rapide à l’état normal. À On coupe ensuite le nerf pneumogastrique droit, et quelque temps après on répète l'excitation du nerf maxillaire supérieur; plus d’achon — 227 — vaso-dilatatrice nette du côté correspondant qui devient bientôt beau- coup moins coloré que tout le côté opposé qui s'injecte par action ré- flexe. Un fait observé dans le cours de cette expérience mérite d’être si- gnalé. Pendant l’excitation du nerf maxillaire supérieur, comme d’ail- leurs de tout nerf sensitif, on constate toujours une dilatation assez marquée de la pupille. On cherche à voir si, en même temps qu'a lieu cette dilatation pupillaire, l'œil est projeté au dehors comme lors de l'excitation du cordon cervical sympathique. Or, certainement le globe de l'œil rentre dans l’orbite, et lorsque l’excitation du nerf cesse, on voit les paupières, qui s'étaient rapprochées, s’écarter manifestement, et le slobe oculaire se projeter en avant, ou du moins revenir à sa po- sition normale, en même temps que la pupille se contracte à nouveau. Sous l'influence de l'excitation du nerf maxillaire supérieur, il y au- rait donc ésalement, en même temps que la paralysie vasculaire, sup- pression de l’état tonique du sphincter irien, et des musclés contenus dans l’aponévrose orbitaire. Je continuerai mes expériences et en ferai connaître les résultats dans des notes ultérieures. Il faudra rechercher notamment comment est distribuée l’action vaso-dilatatrice dans les diverses branches du nerf maxillaire supérieur, et si des sections ou des hémi-sections de la moelie cervicale, à diverses hauteurs, modifient les phénomènes ob- servés, etc. Séance du 6 juillet 1878. M. Cuarcor communique des faits cliniques relatifs à l’influence de l’aimantation. Les anciens connaissaient déjà cette action et il y a cent ans environ qu'Andrv et Thouret firent des expériences à ce sujet. Plus récemment, en 1829, Becker fit un livre un peu vague sur le même point. Enfin, Magaiorani précisa l’action de l'aimant et fit une esquisse de théorie. M. Charcot à fait des essais sur un cas d’hémianesthésie de cause organique et a obtenu un succès L’action de l’aimant produit, dans ce cas, les mêmes effets que les courants électriques faibles employés dans les mêmes conditions. M. Charcot présente deux malades : chez l’une d’elles, l’action de aimant fait disparaître l’anesthésie; le solénoïde, chez la deuxième malade, produit absolument les mêmes résultats. L'expérience faite devant la Société réussit dans tous ses points.f M. Raeureau : M. Charcot a-t-il fait ses expériences avec laimant de Faraday. . M. Cnarcor : Oui, mais l’effet est le même qu'avec l’aimant ordi- naire. L’électrisation statique produit aussi la même action. — 228 — — M. Mararas Duvaz communique le résultat de ses recherches sur la ligne primitive de l'embryon. — M. Lagorpe présente un travail sur l’action de l’aconitine sur le cœur. M. RaguTEeAU, à propos de la communication de M. Laborde, fait les observations suivantes : M. Laborde me paraît commettre une erreur en disant que les expé- rimentateurs et les auteurs admettent tous ou pour la plupart que l’a- conitine serait un poison qui ferait mourir primitivement par le cœur et qui serait rangé par eux parmi les poisons cardiaques où musculai- res dont le nombre, suivant son expression, aurait été sans doute trop considérablement accru dans ces derniers temps. Pour ma part, dans des recherches que j'ai faites en 1872 (GAzETTE HEBDOMADAIRE DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE), j ai pu M assurer que l’aconitine agissait d’une manière analogue au curare, qu’elle devait, en un mot, être rangée parmi les poisons curariques. Je me suis trouvé d'accord, sous ce rapport, avec MM. Gréhant et Duquesnel, qui ve- naient d’expérimenter avec l’aconitine pure, que M. Duquesnel avait obtenue. D'autre part, j'ai rangé, depuis plusieurs années, dans mes éléments de thérapeutique et de toxicologie, l'aconitine parmi les agents dont l’action se rapproche de celle que produit le curare. La similitude entre les effets de l’aconitine et du curare n’est pas complète. J'ai constaté chez le chien une sorte d’asphyxie. Séance dus eurlerte rer M. Lagorpe fait une communication sur les propriétés physiolo- giques de l’aconitine. Il établit l'historique de ce toxique, et démontre que, depuis longtemps, nombre d’auteurs recommandables ont admis action de l’aconitine sur le cœur. Il montre une série de tracés destinés à établir l’action de ce poison sur le cœur. NERFS DES VÉGÉTATIONS ; note communiquée à la Société de Biologie, par M. H. LeLoir, interne des hôpitaux. Les nerfs des végétations sont inconnus. D'ailleurs, il faut avouer qu’ils n’ont jamais été l’objet de recherches bien minutieuses, si toute- fois ils l'ont été, comme nous le disait M. Cornil, qui nous a conseillé de profiter des conditions exceptionnelles que nous offrait, pour cette étude, son service de Lourcine. C’est dans le laboratoire de M. Vulpian que nous avons entrepris leur recherche. Elle a porté sur un grand nombre de végétations, la plupart vulvaires, de différente nature. Nous avons d’abord examiné ces végétations aprés les avoir injectées, aussitôt aprés leur ablation, avec de l'acide osmique au centième, pur — 229. — ou mélangé d’un volume égal d’alcool au tiers ; les coupes ont été en- suite pratiquées soit à l’état frais, soit après durcissement dans l’al- cool. Nous n'avons pu trouver la moindre trace de fibre nerveuse, comme nous pouvions, d’ailleurs, nous y attendre en employant ce procédé, les nerfs étant dépourvus de myéline dans les tissus enflam- més. (Nous ferons remarquer, pour n’y plus revenir, que toutes les végétations ont été entièrement examinées.) Il paraît donc probable qu'il n’existe pas de tubes nerveux à myéline dans les végétations. Mais, si elles ne contiennent pas de tubes nerveux à myéline, elles peuvent contenir des cylinder axis. Nos recherches de ces cylinder axis au moyen du chlorure d’or, n’ont pas été plus heureuses. Nous avons d'abord employé le procédé de Lœwin, qui consiste à faire passer le tissu à examiner, successivement dans l’acide formique au 3 ou 4 centième pendant douze à vingt-quatre heures, puis dans le chlorure d’or au centième pendant dix à vingt minutes, puis de nou- veau dans l’acide formique au 3 ou 4 centième pendant six à vingt- quatre heures. Les coupes des végétations ainsi préparées et pratiquées après dur- cissement dans l'alcool, ne nous ont pas montré le moindre vestige de cylindre axe. En revanche, nous avons pu obtenir, par ce procédé, de très-belles préparations des vaisseaux, colorés en violet intense, jusque dans les extrémités papillaires, surtout dans les pièces examinées par dilacération. La technique précédente donne des résultats peu cons- tants, comme le fait remarquer M. Ranvier ; aussi avons-nous employé le procédé qu’il a exposé récemment à l’Académie des sciences. IL con- siste, comme on le sait, à placer la pièce à examiner dans du jus de citron pendant dix à vingt minutes (suivant son volume) ; à la mettre ensuite pendant dix à vingt-cinq minutes dans une solution de chlo- rure d’or au centième, et à la passer, enfin, rapidement dans l’eau ad- ditionnée de quelques gouttes d’acide acétique. Les végétations ainsi préparées, nous avons pratiqué les coupes à l’état frais ou après dur- cissement dans l'alcool, et monté les pièces dans la glycérine. Malgré l'examen attentif des nombreuses végétations que nous avons ainsi étudiées, nous n’avons pu rencontrer de filet nerveux. La dilacé- ration ne nous à pas donné de meilleurs résultats, Ainsi donc, nos recherches portant sur un grand nombre de végéta- tions examinées au moyen de procédés différents, ne nous ont pas fait découvrir la moindre trace de filet nerveux. L'existence de nerfs dans les végétations est donc très problématique. Il faut, d’ailleurs, remarquer que les végétations ne sont pas aussi sensibles qu'on le croit généralement, et que leur sensibilité siége sur- tout au niveau de leur pédicule. Nous avons brûlé, avec des fils de fer rougis, les extrémités de végétations chez différentes femmes, et mal- gré une brûlure assez profonde, les malades n’éprouvaient pas la moin- dre sensation. Nous avons piqué, déchiré, broyé des végétations à leur extrémité jusqu'à leur partie moyenne ; et, si nous avions soin de ne — 230 — pas tirer sur leur pédicule, les malades n’accusaient pas la moindre douleur. D’aillleurs, MM. Vulpian et Lailler nous avaient déjà fait re- marquer que les végétations, surtout celles d’un volume assez considé- rable, ne sont pas sensibles vers leur extrémité ; que leur sensibilité n'existe guère qu'au niveau de leur pédicule. Ilsemble donc résulter des recherches précédentes, que les végétations sont dépourvues de nerfs, quoique, toutefois, on ne puisse leur refuser une sensibilité plus ou moins grande. Rappelons, à ce propos, que cér- tains tissus, presque dépourvus de nerfs (dure-mèêre rachidienne), peu- vent être, néanmoins, très-sensibles, et que leur excitation peut pro- duire les douleurs les plus vives quand ils sont enflammés, comme l'a montré M. Vulpian. —M. Cxarcor : On considère généralement l'attaque hystéro-épilep- tique comme impossible à soumettre à une description régulière. Telle n’est pas mon opinion, et j’espère vous montrer que, au contraire, 1l existe, dans ces accés, des #ypes constants et parfaitement définis. Il est question, entendons-nous, de ce qu’on appelle la grande hysté- rie. Ce n’est pas une variété d’épilepsie, c’est une hystérie dans laquelle existent quelques traits de ressemblance avec l’épilepsie. 19 On peut, dans l’attaque hystéro-épileptique, distinguer quatre pé- riodes principales. La première est dite période épileptoide. Lorsque l'aura est montée de la région ovarique vers le creux de l'estomac, qu’elle a produit au cou la sensation de la boule, qu'elle a déterminé les phénomènes du clou dans la tête, les sifflements dans les oreilles, alors surviennent des secousses épileptiformes, qui s’accusent de plus en plus et finissent par se généraliser. On peut arrêter la produc- tion de ces secousses par la compression ovarique ou par lapplica- tion d’un courant continu, comme la fait M. Regnard dans mon ser- vice de la Salpêtrière. Dans l’épilepsie vraie, on ne réussirait pas ainsi à suspendre cette première phase. Dans la seconde phase de cette pé- riode, l’attaque épileptique s’est généralisée, et les membres, la tête ct le tronc de la malade sont agités de secousses cloniques et toniques. Puis les secousses se ralentissent, et alors la malade tombe dans un sommeil stertoreux. Il y a alors un entr’acte. 20 Puis la deuxième période commence. C’est la période des con- torsions. Tantôt ce sont de grands mouvements du corps, tout à fait désordonnés, qui occupent les bras, la tête et le tronc ; tantôt les mou- vements sont mieux déterminés : la malade renverse sa tête en arriere, recourbe son tronc en arc de cercle, et le soulève au-dessus du plan du lit; puis elle le redresse, et c’est alors un mouvement de va-et-vient tout À fait effrené. La maiade parfois se tord les membres dans tous les sens et prend les attitudes les plus bizarres, qui ne persistent pas : c’est ce qu’on pourrait le clownisme hystérique. 39 La troisième période est celle des attitudes passionnelles. Le visage exprime tantôt la terreur, tantôt la joie; le plus souvent il indique le cynisme le plus éhonté ou l'érotisme le plus violent. — 231 — Alors, la malade commence à parler, pousse des paroles entrecoupées ou des cris sauvages ; elle fait connaître les objets de sa joie ou de sa terreur; elle raconte les relations que le plaisir lui a procurées et les noms qu’elle cite se rapportent souvent à des personnages qui existent réellement. Tantôt c’est un ami qui la sauve du danger; le plus sou- vent c’est un horrible assassin qui veut l’égorger; elle voit du rouge, du sang. Il est à remarquer, dans les descriptions qu'elles donnent dans la première période ou épileptoïde, que c’est le noir qui domine; elles voient des animaux gris, principalement des rats et des serpents; il fait nuit; on veut les aveugler, etc. Dans la deuxième période, au contraire, comme nous le disions tout à l'heure, tout est rouge : les fleurs sont rouges, les hommes rouges, les moissons rouges, etc. Il est intéressant de rapprocher cela de l’étude des troubles de la vision, en ce qui regarde la perception des couleurs, chez les hysté- riques. Après celte période, tout est terminé, à moins qu’il ne s'agisse d’une série et qu'un nouvel accès ne commence, Tel est l’attaque hystéro-épileptique complète; mais il y a des types et variétés dans lesquels font défaut les phénomènes de la pre- miére, de la deuxième ou de la troisième période... On comprend, du reste, que suivant que telle ou telle période existe ou fait défaut, on puisse obtenir des tableaux un peu différents. M. Charcot fait passer sous les yeux des membres de la Société, de magnifiques dessins de M. R. Richer, qui représentent des malades épileptiques à différentes périodes de leur accés. — La parole est ensuite donnée à M. R. Ricmer lui-même, qui, en son nom et en celui de M. P. REGNAR», expose à la Société les résul- fats qu'il a obtenus en appliquant les procédés graphiques de Marey, à la recherche des différentes formes de la contraction musculaire, pen- dant les diverses périodes de l'attaque hystéro-épileptique. Il montre les graphiques qui représentent les courbes de la contraction des mus- cles de l’avant-bras. M. Macnan fait observer que les tracés obtenus par MM, Richer et Regnard, ont de grandes ressemblances avec ceux qu'il a pris avec M. Franck, dans les cas d’épilepsie expérimentale. Ils en différent ce- pendant par l'absence de légères oscillations, pendant le stade tonique : sur le tracé relatif à l’attaque épileptique, de légères dentelures in- diquent le tremblement. M. Recxarp indique à la Société l'influence que peut avoir sur les diverses phases de l'attaque hystéro-épileptique l’interversion des cou- rants continus. Si on intervertit le courant, l'attaque cesse brusquement pendant un certain temps ; mais elle reprend après quelques minutes. M. Onimus demande à M. P. Regnard, l'influence que peut avoir — 9392 — l’ouverture ou la fermeture du courant sur l'attaque hystéro-épilep- tique. M. Recnaro répond que, sur ce point, ses recherches sont encore incomplètes. M. Berr dit que l’usage des procédés graphiques lui a permis de connaître trés-nettement une forme déterminée et constante dans l'accès chroréique ou tic des chiens. Dans les graphiques qu’il a publiés autrefois dans les BULLETINS DE LA SOCIÉTÉ, On pourra constater que l'aspect que revêtent les séries de secousses musculaires est parfaite- ment régulier. En physiologie, les phénomènes que nous croyons irré- guliers sont des phénomènes rhythmiques, à rhythmes longs et com- pliqués. — M. Pau Berr fait successivement les trois communications sui- vantes : 19 ACTION LE L'OXYDE DE CARBONE SUR LE MUSCLE. Les rapports entre la matière colorante des muscles et l’hémoglobine m'ont amené à chercher si l’oxyde de carbone, dont l’action sur cette dernière substance est si connue depuis Claude Bernard, ne pourraitpas agir sur le muscle même. Des expériences répétées m'ont d’abord prouvé que des pattes de grenouille, suspendues dans une atmosphère d'oxyde de carbone pur, y conservaient aussi longtemps que dans l’air leur contractilité. Mais en employant l’oxyde de carbone sous tension, à plusieurs at- mosphéres, le résultat a été bien différent, et les effets toxiques de ce gaz se sont manifestés par les altérations et la perte rapide de la contractibilité musculaire. Encore est-il nécessaire de prendre des précautions. Pour établir une comparaison exacte, je coupais le train postérieur de plusieurs grenouilles ; puis, une section longitu- dinale séparait les deux membres. Alors toutes les pattes gauches, par exemple, étaient placées sous pression dans un volume d’air auquel on ajoutait 3 ou 4 volumes d'oxyde de carbone ; les autres dans un volume d’air comprimé par 3 ou 4 volumes d’hiydrogène. Des expériences préa- lables m'ont montré qu’il ne fallait pas employer l’air pur à 4ou 5 at- mosphères pour faire la contre épreuve, à cause de l’action directe de l’ox ygène à haute tension. Je donne ici, à titre d'exemple, les résultats d’une expérience faite dans ces conditions : : « 3 avril. 8 paires de pattes de grenouilles, disposées comme il vient d’être dit : A, à 5 atmosphères, dont 4 d'oxyde de carbone; B, à 5 atmosphères, dont 4 d'hydrogène de la pile. « à avril. Quarante-quatre heures après: A, muscles inexcitables, sauf à une patte dont l’excitabilité est fort obscure; B, muscles et nerfs parfaitement excitables à une patte: muscles excitables à la deuxième, mais non le nerf; la troisième perdue. » — 933 — L'influence funeste de l’oxyde de carbone se manifeste avec non moins d’évidence, quand on le compare, sous tension, avec l’air à la pression normale. Exemple : 7 janvier. 3 paires de pattes de grenouille disposées comme il est dit ci-dessus : A, à 5 atmosphères, dont 4 d’oxyde de carbone ; B à l’air, sous cloche humide. « 9 janvier. B, tous les muscles excitables directement; tous les nerfs aussi, mais leur excitabilité disparaît très-vite. A, tous les mus- cles inexcitables. » Je penche à croire que l’oxyde de carbone agit directement sur le muscle et même aussi sur le nerf, indépendamment de son affinité possible pour la matière colorante du muscle : en d’autres termes, qu’il est un poison général. Mais, dans l’empoisonnement ordinaire, il agit d’abord presque exclusivement sur les éléments chargés d’hémoglo- bine, qu’il asphyxie, et par l'intermédiaire desquels il va porter l’as- phyxie dans les organes supérieurs. J'ai déjà vu, et cela est en rapport avec ce que je viens de dire, que la germination elle-même se fait très-mal dans un air un peu riche en oxyde de carbone, et que ce gaz, malgré les anciennes assertions de de Saussure, serait un poison pour les plantes. Je me propose d’exa- miner encore ce point avec l’aide des sensitives. M. Ranvier ne pense pas que telle soit l’explication de l’action de l’oxyde de carbone sur le muscle. On peut priver un muscle de sa ma- tière colorante: sans détruire sa propriété contractile. Il se rappelle avoir autrefois répété souvent une expérience de CI. Bernard, qui dé- montrait cette action de l’oxyde de carbone sur les muscles : en injec- tant du sang défibriné et chargé de CO, chez un animal, on abolit complétement la contractilité musculaire. Ce toxique lui parut agir sur la substance propre de la fibre musculaire elle-même. 99 Du PROTOXYDÉ D'AZOTE SOUS TENSION ; SON ACTION A DOSES ANES- THÉSIQUES NE S'ÉTEND PAS SUR LE SYSTÈME NERVEUX SYMPA- THIQUE. J'ai indiqué, dans une précédente communication, la manière d’ob- tenir, sous tension, des effets anesthésiques complets à l’aide du pro- toxyde d’azote, sans avoir à craindre l’asphyxie, qui a, jusqu’à ce jour, arrêté les chirurgiens. J'ai fait, depuis ce temps, un grand nombre d’expériences qui con- firment toutes mes premiers résultats. J’ai pu garder des chiens en anesthésie complète, en résolution musculaire absolue, pendant plus d’une demi-heure, et, aussitôt qu’on leur ôtait le sac à respiration, ils revenaient à la sensibilité, à l'intelligence (comme l’ont prouvé dés morsures volontaires), aprés deux ou trois mouvements respira- toires. Or, pendant toute la durée de cette insensibilité véritablement ef- frayante, la respiration a continué avec un calme parfait, la circulation c. R. 1878. 30 — 234 — s’est maintenue à son nombre normal de pulsations, la température n’a pas changé. Il y a plus : un manomètre mis dans une artère, n’a pas sensiblement varié en valeur de tension. Toute excitation portée sur un nerf de sensibilité, le simple contact de l’œil, cependant insensi- ble, avait pour effet d'augmenter de plusieurs centimètres la pression cardiaque. Enfin, l'excitation du bout périphérique du nerf pneumo- gastrique arrêtait le cœur, et celle de son bout central, la respiration. En un mot, tous les mouvements réflexes du système sympathique qui ont été interrogés, ont été trouvés conservés. Il y a donc là une garantie d’innocuité qui manque absolument aux autres anesthésiques, lesquels frappent à la fois, et presque simultané- ment, le système nerveux de la vie de relation et celui de Ja vie orga- nique. 9° DE LA FORMATION D’ACIDE ACÉTIQUE ET DE LA FORMATION PROBABLE DE L'ALCOOL PAR LES CELLULES ANIMALES MAINTENUES DANS UN ÉTAT ANAÉROBIQUE. J’ai montré, il y a longtemps, que les fruits conservés dans l’oxy- gène comprimé contiennent de l'alcool, et j’ai rapproché ce fait de ceux qu’avaient constatés MM. Lechartier et Bellamy sur les fruits plongés dans l’acide carbonique. Je me suis demandé si les cellules animales ne pourraient pas, elles aussi, travailler à la façon de ferments, quand on empécherait l’accès de l'oxygène. Voici le résultat d’une première expérience : « À. Des lamelles de foie, naturellement chargées de glycose et de glycogéne, ont été suspendues, pendant plus d’un mois, dans l’oxygène comprimé à 8 atmosphéres. Retirées après ce temps, elles ne donnaient qu’une odeur aigrelette, justifiée par la quantité très-notable d’acide acétique qu’elles contenaient (pas d’acide formique). Broyées avec de l'eau, puis distillées, le produit de la distillation, riche en acide acé- tique, est sursaturé par du carbonate de potasse, et redistillé. « Il donne nettement le phénomène dit des gouttes huileuses, qui, dans l’espèce, ne peut guère être interprété que comme indicateur d'alcool. « J'essaie d’enflammer les premières bulles qui passent à l'extrémité du long tube abducteur de la cornue à distillation, et deux fois je crois y être parvenu. « B.,Le séjour dans l’acide carbonique comprimé m’a donné le même résultat : à la distillation en présence de la potasse, souttes huileuses et coloration instantanée en vert-émeraude, par la première bulle dis- tillée, de la solution jaune du bichromate de potasse dans l’acide sul- furique. « C. Même résultat encore pour le protoxyde d’azote à 8 atmosphères de tension. Enfin, j'ai essayé de produire le même effet avec les cellules de l'organe en place dans l'animal vivant. NRA « D. Un chien est empoisonné par le curare, et on lui fait la respira- tion artiñcielle de manière suffisante pour le faire vivre pendant plu- sieurs heures, mais insuffisante pour le ramener à la vie ; aussi meurt- il dans la nuit suivante. « Le lendemain, journée très-chaude, on prend sur le soir son foie resté en place, et qui contient beaucoup de glycose; on le broie dans un peu d’eau, on distille. Le produit de la premiére distillation est re- distillé sur de la potasse ; cette deuxième distillation, réduite au tiers, à une troisième opération, encore sur la potasse, donne alors dans la cornue d’épreuve alcooscopique de nombreuses gouttes huileuses, et la couleur vert-émeraude. Enfin, l'inflammation est tentée, et je crois l'obtenir deux fois. » La même expérience, répétée deux fois, m'a donné le même résultat, sauf l’inflammation, que je n’ai pu retrouver. Or, du foie de chien or- dinaire, traité de la même façon, avant comme aprés la putréfaction, ne donne aucune de ces réactions. J'ai enfin essayé d’avoir production par l’animal vivant, lui-même, en me plaçant dans les conditions suivantes : « E. Le chien étant curaré, et la respiration artificielle établie, on fait traverser à l'air de l'expiration des séries de flacons laveurs (1). Puis, on lie l'artère hépatique, dans le but d’asphyxier localement les cellules du foie ; si celles-ci se mettent à faire de l’alcool, il devra être entraîné par le courant de la veine porte dans le sang, et de là être excrété par les poumons et les reins : on le retrouvera dans l’eau du flacon et dans l’urine. « Je dois dire que l’expérience, tentée une fois, ne m’a donné aucun résultat, bien que j'aie eu ensuite les gouttes huileuses et la réduction du bichromate par les produits de la distillation du foie. » Voilà un ensemble de faits qui, joints aux vraisemblances et analo- gies, rendent probable la présence de l’alcool dans les produits dis- tillés comme il vient d’être dit. Seulement, je n’oserai affirmer à coup sûr que lorsque j'aurai pu obtenir inflammation nette, en présence du thermo-cautére, dans l'obscurité. Celles que j'ai tentées, que je crois avoir obtenues, ayant été produites par la lampe à alcool ou une bou- gie, et ayant été entiérement fugaces, ne me semblent pas assez cer- taines pour me permettre une affirmation. L'une des raisons qui commandent sur ce point la plus grande ré- serve, c'est que la triméthylamine, substance qui peut parfaitement se former dans les conditions sus-indiquées, donne le phénomène des gouttes huileuses, et réduit le bichromate de potasse comme toutes les matiéres organiques. Je dois ajouter que, dans une communication faite à la Société de (1) Je crois bon d'indiquer ici que l'air qui traverse des tuyaux en caoutchouc réduit la solution de bichromate de potasse, par SO? et SH; l'addition de potasse à la liqueur arrête ces acides volatils lors de la distillation. — 936 — Biologie, le 19 novembre 1776 (Courtes reNDus pour 1876, p. 340), sur les Rapports entre les gaz du sang et le sucre, M. Dastre s’ex- primait ainsi : « M. Dastre communiquera ultérieurement les analyses qui démon- » trent... la présence de l'alcool dans le sang asphyxique... » — M. ne Sinéty communique la note suivante au nom de M. Pi- CARD : LE FOIE N’EST PAS LE SEUL LIEU PRODUCTEUR DE L’URÉE. Dans une note insérée l’année derniére, j'ai dit que, si la formation d’urée dans le foie paraissait établie, il fallait se garder de voir dans ce fait la démonstration d’une nouvelle fonction de cet organe ; car on n’était pas autorisé à conciure qu'il fût le seul lieu producteur de cette substance. A l'appui de l'opinion émise, j'ai fait connaître plusieurs raisons : après avoir rappelé que l’excrétion de l’urée est continue, j'ai avancé que, tout au contraire, il n’y avait qu’un moment bien défini de la vie des animaux permettant de constater nettement la présence de l'urée dans le foie. En effet, lorsque chez un chien à jeun, qui n’a pas mangé depuis vingt-quatre heures, on vient à pratiquer des analyses du foie, soit avec le réactif de Millon, soit avec l’hypobromite de soude, on n’ob- tient qu’un dégagement gazeux Az et Uo? trés-faible. En supposant que ces petits volumes gazeux soient dus réellement à de l’urée décomposée, on n’aurait encore aucun motif d'admettre que cette substance était contenue dans le tissu de l’organe et n’avait pas été apportée là par le sang qui l’imbibe. « Le sang donne en tous points une réaction quantitativement analogue à celle que fournit le foie dans l’état de jeûne. » Je fais connaître aujourd’hui succinctement des résultats analytiques dont la signification appuie l'opinion que j'ai formulée et qui semblent éloigner tout à fait l’idée d’un rôle spécial du foie pour la formation de l’urée. Ces résultats ont été obtenus en comparant les dégagements gazeux Az — Co? que fournissent le foie et d’autres organes chez l’animal sa- crifié en dehors de la période digestive la plus active. Je dirai d’abord un mot sur les procédés analytiques employés, puis j'indiquerai les résultats qu’ils m'ont fournis. Dans les recherches que j'ai publiées déjà sur la matiére, je procé- dais comme il suit : à un poids donné d’organe bien broyé, OÙ gr., par exemple, j’ajoutais 40 gr. d’eau distillée et 60 gr. de sulfate de soude en petits cristaux, je portais à ébullition, rétablissais avec de l’eau dis- tillée le poids total de 120 gr. et filtrais. Le volume liquide obtenu était une fraction du volume liquide total qui contenait toute l’urée du poids d’organe employé. — 237 — Pour doser cette substance, je faisais agir l’acide azotique nitreux dans un appareil permettant de recueillir tout l’acide carbonique dé- gagé. Maintenant, j’emploie plus habituellement l’hypobromite de soude, que je fais agir sur le liquide filtré étendu d’eau et froid. Cette deuxième méthode donne des résultats concordants avec ceux de la premiere, et on doit en conclure que, en traitant un organe comme on a fait ci-dessus, on ne laisse dissous dans le liquide aucun corps qui, non décomposable par l’hypobromite, le serait, au contraire, par l'acide azotique nitreux (avec dégagement d’acide carbonique) employé méthodiquement comme je l’ai fait autrefois. En appliquant les méthodes que je viens d’indiquer aux divers or- ganes du chien à jeun, on constate que presque tous donnent des vo- lumes gazeux Co? Az, fort analogues à ceux qu’on peut obtenir avec un même poids de foie. Il y en a même qui, comme le cerveau, fournissent un volume beau- coup plus considérable, comme le prouvera l'exemple suivant : 50 gr. de foie de chien à jeun sont additionnés de 40 d’eau, etc. Le volume liquide, après filtration, est de 55 c.c., on ajoute 50 c.c. d’eau environ et on introduit de l'hypobromite de soude, le dégage- ment d’Az — 4 c.c., à seulement. 50 gr. de cerveau du même animal sont traités de même. Du li- quide filtré on prend 55 cc. qu’on additionne d’eau ; sur le tout on fait aoir l’hypobromite de soude. Le dégagement gazeux est de 10 cc., 5 Az, c’est-à-dire qu’il est plus de deux fois plus considérable. Comme les quantités de gaz que dégage le sang dans la même condition, sont très-analogues à celles que le foie contient, on voit que le cerveau seul semble alors produire de l’urée, et cela plus nettement que ne le fait le foie dans la période de digestion, comme on le verra en se reportant aux analyses que j'ai publiées l’année dernière. Le dégagement gazeux ci-dessus obtenu avec un cerveau d’animal à jeun, est aussi celui que dégage un cerveau d’animal en digestion (à de très-faibles variantes près, en plus ou en moins), et sion veut ad- mettre que le cerveau forme de l’urée, on doit conclure nécessairement qu il en forme des quantités qui ne varient pas sous l’influence de l’ali- mentation. Si l'expérience que je viens d'indiquer tend à montrer que le foie n’est pas le seul lieu producteur de l’urée, en voici une autre encore qui a exactement la même signification. On enlève le foie à plusieurs grenouilles et on lave leur vessie par un courant d’eau. Ces animaux résistant quelque temps à cette opéra- tion, on les place dans un entonnoir et on recueille tout le liquide qui s'écoule jusqu’à leur mort. Ce liquide donne des réactions qui indiquent la présence de l’urée et celui-là aussi qu’on peut prendre dans la vessie aprés leur mort. — 238 — — Sur sa demande, un congé de un mois a été accordé à M. Malasser, membre de la Société. —La Société a procédé, pendant la séance, à l'élection d’un membre titulaire. Le résultat du scrutin a été le suivant : Votants : 27. M. Budin a obtenu 18 voix et est nommé membre de la Société de Biologie. M. Resnard a ensuite obtenu 5 voix; M. D’Arsonval 2 voix; M. Ca- diat et M. Magnin 1 voix. — M. Mazassez fait, au nom de M. Prcarp, professeur à la Faculté de Lyon, la communication suivante : SUR LA CAUSE DES PHÉNOMÈNES NERVEUX DE L'URÉMIE. La cause qui, chez les urémiques, détermine les phénomènes ner- veux, est encore un point controversé, par suite une inconnue en mé- decine. Si quelques auteurs, comme Wilson, ont voulu la voir dans l’accu- mulation de l’urée dans le sang, d’autres non moins autorisés, comme Frerichs et Gallois, ont formellement nié la justesse de cette hypo- thèse. L'opinion du second de ces auteurs est surtout à considérer, car elle a été présentée avec des expériences directes à l'appui : il n’a rien obtenu en injectant l’urée chez des chiens, et a par suite formelle- ment nié que cette substance pût déterminer les accidents convulsifs de l’urémie. Son travail a fait autorité, on a généralement adopté ses conclusions et repoussé l’opinion de Wilson. Mais comme l'esprit d'hypothèse n’abdique jamais, on a immédiatement remplacé celle qu'on abandon- nait par des suppositions nouvelles et dans deux sens différents. Tandis que les uns se contentaient de faire jouer aux autres matériaux de l’urine le rôle producteur de l’éclampsie, etc. (urochrome, matières extractives), les autres l’attribuaient à des produits d’une décomposition imaginaire que l’urée subirait dans le sang. Je n’ai rien à dire des premières opinions dans lesquelles on présente simplement linconnue du problème qu’on donne comme sa solution. Quant à la seconde, on peut affirmer qu’elle est fausse ; outre qu’on n’a jamais démontré que l’urée se transforme en carbonate d’ammoniaque dans le sang, il faut se rappeler que cet acte chimique, se passât-il - réellement, on ne pourrait y voir la cause réelle des phénomènes con- vulsifs de l’éclampsie, puisque Claude Bernard a prouvé que les injec- tions de carbonate d’ammoniaque ne montrent aucun phénomène de ce genre. En résumé, en l’état actuel, on a cessé d’attribuer les phénomènes de l’urémie à une accumulation d’urée dans le sang. Ces phénomènes ne sont certainement pas dus à la production de DRE 2990 ae carbonate d’ammoniaque aux dépens de cette substance; et on reste en présence d’une série d’hypothèses (énoncées sans preuves) qui donnent ce rôle à une quantité de substances diverses. Les recherches que je fais sur l’urée du sang devaient naturellement m'amener à reprendre l'étude de ce problème, et m'ont conduit à un résultat décisif, puisque j'ai pu produire chez le chien de véritables attaques d’éclampsie. Je ne dirai pas comment j'ai été amené à réaliser mon expérience, et e me contenterai de la donner simplement : Expérience. — Chez un chien griffon en digestion, du poids de 2 kilos 400, on injecte rapidement dans la veine jugulaire gauche 15 + 20 “+ 10 centimètres cubes d’une solution artificielle d’urée (60 c.c. — 20 gr. urée), c’est-à-dire 15 gr. de cette substance. L’ani- mal, après quelques minutes et quelques efforts de vomissement, pré- sente un peu de tremblement, puis un accés convulsif épileptiforme : il y a un renversement de la tête en arrière, des secousses convulsives de la mâchoire et des convulsions cloniques également intenses des quatre membres. Cette attaque dure quelques minutes et estsuivie à de courts intervalles, de deux autres accès identiques. Après cela l’animal reste immobile, dans un état de résolution musculaire ; il est impuis- sant à se tenir sur ses pattes, de la défécation et meurt finalement. Cette expérience a été répétée plusieurs fois avec succès, et quelque- fois je n’ai également eu aucun résultat. Je tiens, pour ce motif, à in- diquer rapidement les conditions eesentielles pour la réaliser. L'examen des phénomènes qui se passent vers les voies urinaires donne exactement la raison des résultats variables et le mode à suivre pour réussir à déterminer une éclampsie. En effet, quand on injecte la quantité suffisante, en même temps que les phénomènes décrits se déroulent, on peut constater une sup- pression complète de la sécrétion urinaire. La vessie, qui, dés le début, s’est vidée de ce qu'elle contenait, reste en contraction jusqu’à ia mort, et c’est précisément là ce qui permet de comprendre la terminaison. Au contraire, si on pousse dans les veines une proportion insuffisante, une sécrétion d’une activité extréme s'établit immédiatement et em- porte la substance presque à mesure de son introduction. On peut alors pousser par fractions des masses d’urée énormes, sans autre trouble apparent que de la polyurie. De ceci, il résulte qu’on doit employer une solution très-concentrée d’urée et en pousser brusquement la quantité nécessaire à l’empoison- nement, quantité sur laquelle je reviendrai et qui peut se déduire ap- proximativement de l’expérience citée dans cette note et du poids de l'animal sur lequel on agit. Quoi qu’il en soit, comme conclusion, je dirai qu'il est tout à fait certain que c’est l’urée qui est la cause des phénomènes nerveux, con- vulsions, etc., de l’urémie, — 940 — Séance du 20 juillet 1878. DUR UN PROCÉDÉ NOUVEAU DE MÉTALLOTHÉRAPIE EXTERNE ; par M. Roumain Vicouroux. Dans une note que j'ai eu l’honneur de présenter à la Société de Biologie, au mois de novembre dernier, je mentionnais, entre autres sujets, les modifications qu’on peut apporter à l’action d’une plaque de métal appliquée sur la peau lorsqu'on lui superpose une plaque d’un autre métal. Je formulais, en ces termes, le résultat de mes observa- tions : « Si l’on applique, sur une malade hystérique, une pièce d’un métal auquel elle soit sensible, c’est-à-dire capable de déterminer la série, maintenant bien connue, des phénomènes métalloscopiques ; si, ensuite, sur cette premiére on en superpose une seconde d’un métal au- quel la malade ne soit pas sensible, le phénomène se trouve fixé dans la phase où il se trouve. » En d’autres termes, les alternatives habi- tuelles de retour et de disparition de la sensibilité n’ont plus lieu : si la seconde pièce a été placée au moment où la sensibilité a déjà été éveillée, celle-ci persiste indéfiniment et l’anesthésie de retour ne sé montre pas ; si, au contraire, la pièce neutralisante est surajoutée pen- dant le stade d’anesthésie, celui-ci se trouve également prolongé tant que dure l'application. Comme je le disais dans la note citée, M. Dumontpallier m’a suggéré l’idée de placer la seconde pièce, non plus sur l’autre, mais à une cer- taine distance sur la peau. Le résultat a été le même, fait important, comme on le verra tout à l'heure. Cette simple indication de la possibilité de prolonger à volonté une action métallothérapique, fut, quelque temps après, utilisée de la fa- çon la plus heureuse par M. Burq. Il s’agissait d’une jeune malade de la ville, dont l’hystérie, aprés avoir résisté aux traitements les plus divers, céda à l’application méthodique de deux pièces, l’une d’argent (métal auquel la malade était sensible) et l’autre de melchior. L’obser- vation a été communiquée à la Société de Biologie par M. Burg; je l'avais suivie moi-même avec intérêt dans tous ses détails. D’autre part, M. Abadie, dans un remarquable article publié dans le ProGrÈs MÉpicaL du 13 de ce mois (n° 28), rapporte un cas analogue guéri par le même moyen, à l’imitation, dit-il, de M. Burq. Il semble donc que les propriétés des plaques superposées puissent être d’une certaine importance pour la pratique. Cela m'engage à faire connaître un procédé thérapeutique basé sur ces propriétés et qui offre un problème intéressant de physique physiologique. Pour le dire en passant, cette influence d’une pièce métallique sur le mode d’action d’une autre pièce placée à distance, montre bien à quelles erreurs On s'expose en pratiquant l'essai simultané de plusieurs métaux. Cette cause de confusion n’est pas la seule, tant s’en faut, dont on ait = — à se garder dans un examen métalloscopique ; mais je me propose de traiter ce sujet dans une autre occasion. Un point qui doit fixer l’attention est que, pour donner lieu aux ef- fets des pièces superposées, il faut que la malade soit sensible à lun des deux métaux et ne le soit pas à l’autre. On ne peut réaliser cette condition, qu'au moyen d’un examen métalloscopique complet, exa- men auquel on doit consacrer plusieurs jours, si l’on procède rigoureu- sement. Voici maintenant le fait qui sert de base à un procédé abrégé pour obtenir des effets semblables et dans la plupart des cas plus prononcés que ceux des plaques superposées. On sait que les métaux ne sont pas les seuls agents capables de produire les phénomènes décrits par M. Burq et étudiés par la commission de la Socicté de Biologie. I] a été montré : par M. Reonard, que les courants continus dans certaines conditions d'intensité, par M. le professeur Charcot et moi, que les ai- mants et l’électricité statique, sans parler d’autres moyens indiqués dans une note citée plus haut, peuvent être substitués aux métaux, avec des résultats identiques. Or, si aprés avoir, par un de ces moyens, ramené la sensibilité ou produit l’anesthésie dans une partie du corps, on applique sur cette partie une plaque d’un métal incapable d’agir par lui-même, on voit cette sensibilité ou cette anesthésie persister pendant un temps incom- parablement plus long que si l’on n'était pas intervenu. Les choses se passent exactement comme dans le cas où, aprés avoir fait agir une p'aque du métal spécial au malade, on pose à une certaine distance une seconde piaque d’un métal neutre. On voit ici la portée de l’observation de M. Dumontpallier. Par exemple, je place sur le tabouret isolant d’une machine électri- que, une malade atteinte d’hémianesthesie du côté droit: Sous l’in- fluence du simple bain électrique on voit, en quelques minutes, l’hé- mianesthésie et l’achromatopsie passer au côté gauche, puis disparai- tre. Je fixe alors sur le bras droit une pièce de laiton grande comme une pièce de deux francs (la malade est sensible à l’étain). Le lende- main, l’hémianesthésie et l’achromatopsie sont revenues, mais à gau- che, du côté opposé à la plaque. Dans deux autres expériences, faites également avec la machine élec- trique, la sensibilité persistait après huit jours au pourtour d’une petite plaque de métal doré; elle disparaissait immédiatement aprés l’enlé- vement de la plaque et ne revenait pas à la suite de sa réapplication. Je pourrais multiplier ces exemples. Il est probable qu’en employant des plaques plus grandes ou plus nombreuses, on aurait des effets en- core plus marqués. J’ai aussi lieu de penser que, par la répétition fré- quente de l'expérience, on obtiendrait des résultats de plus en plus du- rables. Le point capital, c’est que la plaque de métal neutre prolonge la durée de la sensibilité ou de l’anesthésir, quel que soit l'agent qui les ait produites; j'insiste sur cette possibilité de faire durer à vo- c. R. 1878. 31 lonté, au moyen d’une simple plaque de métal, les effets de l’électri- cité, de l’aimant, etc., aussi bien que ceux des métaux. On voit, maintenant, en quoi consiste le procédé que je propose : 1° Provoquer à l’aide de l’aimant, de l'électricité statique ou galva- nique, etc. le phénomène que l’on veut rendre permanent; 20 Dés qu'il a atteint une intensité suffisante, appliquer sur la région qui en est le siége une plaque de métal (métalloscopiquement neutre) qu’on laisse à demeure. On se demandera peut-être comment il est possible de choisir un métal neutre, si l’on n’a pas fait d'exploration préalable. La difficulté n’est qu’apparente : on aura toute probabilité d’avoir l'effet voulu, en appliquant un des métaux que l'expérience a désignés comme n’agissant que dans des cas très-rares, et cette probabi- lité sera bien proche de la certitude si, au lieu d’un seul de ces métaux, on en met deux, juxtaposés ou superposés. Il faudrait, pour manquer le but, que le malade fût sensible à la fois à deux métaux, desquels chacun n’agit que très-exceptionnellement. Notons bien qu’il est possible d’immobiliser ainsi non-seulement la sensibilité générale ou spéciale, maïs aussi l’anesthésie et l’amyosthé- nie. Ceci pourra être utilisé dans le traitement de certains accidents lo- caux de l’hystérie par la méthode que, M. Charcot et moi, venons d’ap- pliquer avec succés, dans un cas de paralysie hystérique avec contrac- ture. Cette méthode consiste à établir dans la partie similaire, un état semblable à celui qu’il s’agit de faire disparaître; d’où résulte une sorte de transposition de la maladie ancienne, tandis que la maladie provoquée cède ensuite facilement. Dans ce cas, dont les détails seront publiés prochainement, nous nous sommes servis de l’aimant pour eréer, en quelque sorte à volonté, la paralysie et la contracture. Je me - borne, pour le moment, à constater que le procédé en question fournit les moyens efficaces de produire l’affection artificielle. NOTE SUR LA STRUCTURE DES GLANDES LYMPHATIQUES ; par M. le docteur Poucxer. M. Cornil a publié, dans un des derniers numéros du Jour, DE L’ANAT:, un mémoire sur les altérations des ganglions lymphatiques, dont il avait antérieurement communiqué à la Société les conclusions. Dans cet important travail, M. Cornil ne se prononce pas d’une manière dé- cisive sur l’origine et les rapports de grandes cellules qu’il décrit et qu’il figure, gibbeuses, ne se colorant pas par le carmin, contenant souvent des corps volumineux que M. Cornil décrit comme des héma- ties absorbées mécaniquement parle corps cellulaire. Toutefois M. Cor- nil incline à rapprocher ces éléments de ceux qui tapissent les conduits lymphatiques et y forment les minces travées, au lieu d’y voir, comme on l'avait fait avant lui ef à tort, des leucocytes hypertro- phiés. Nous avons pu nous assurer depuis longtemps sur des pièces obte- nues par injection d'acide osmique saturé, que la premiére interpréta- tion est seule exacte. On peut trouver ces cellules directement unies à celles des minces trabécules des conduits, dont elles représentent sim- plement un état différencié. Elles existent également dans la trame de la substance folliculaire. Elles peuvent être plus ou moins nombreuses selon les places dans une glande, selon les glandes et selon les indivi- dus, mais leur présence est normale. Nous les avons retrouvées chez le chat, le rat, le cheval, etc. KHlles donnent, quand elles sont abondantes, une coloration rouge brun ou plutôt rousse au tissu de la glande. Le corps cellulaire qui ne se colore ni par le carmin, ni par l’héma- toxyline, fixe au contraire l’acide picrique. Les grains volumineux que l’on a pris à tort pour des hématies incluses, sont le plus souvent sphériques, quelquefois polyédriques, et leur présence paraît dépendre uniquement du processus nutritif de ces cellules. Semmer a montré le premier que chez les mammifères, certains leucocytes en circulation contiennent des grains de substance hémoglobique analogue par ses réactions à celle des globules rouges ; j'étais arrivé, sans connaitre le travail de Semmer, aux mêmes conclusions en ce qui touche le sang des Sélaciens ; ces faits permettent d’interpréter plus exactement l’ap- parence offerte par ces éléments, qui n’ont pas absorbé des hématies, comme paraît encore l’admettre M. Cornil, mais à l’intérieur desquels s’est déposé tout simplement de la substance hémoglobique, comme cela a lieu dans les ieucocytes de Semmer et probablement dans plu- sieurs autres éléments. J'ajouterai à ces remarques les particularités suivantes, que j’ai pu noter dans une étude récente du tissu des glandes lymphatiques : 19 Les cellules décrites plus haut peuvent donner naissance, par gem- miparie, à des leucocytes de même espèce que ceux qui constituent la masse de la glande, uninuclés, nucléolés, représentant l’état jeune de ceux qui sont en circulation dans le sang ; ces leucocytes bourgeonnant à la surface de la cellule ont été pris pour des noyaux multiples. 2° Il n'y a pas de distinction spécifique entre la substance folliculaire et la substance trabéculaire ; chez certains animaux on voit les conduits sympathiques se prolonger au milieu des éléments de la substance fol- liculaire, à peu près comme les veines de la rate se prolongent dans le tissu splénique. Chaque masse folliculaire, nettement isolée dans une partle de sa périphérie, toujours en rapport au contraire par un point de celle-ci avec les conduits lymphatiques, représente une sorte de cul-de-sac lacunaire, où se forment principalement les leucocytes, et d’où ils sont épanchés dans les voies lymphatiques de la substance fol- liculaire. Toutefois des leucocytes se forment également, comme nous l’indiquons plus haut, sur les parois de celles-ci. On peut regarder comme probable que les prétendus follicules clos ont la même disposition. Cette disposition rend bien compte de l’as- pect des injections. Au reste elle n’est pas incompatible avec la péné- tration dans le tissu folliculaire de leucocytes (chargés de particules co- lorantes) apportés par les vaisseaux afférents, à cause des mouvements de compression et de dépression auxquels sont soumises toutes les — 944 — glandes lymphatiques sans exception en raison même de leur situation. 30 On trouve des leucocytes de Semmer (à granulations hémoglobi- ques) dans la substance folliculare. DE LA DISSOCIATION DES FILETS IRIDO-DILATATEURS ET DES NERFS VASCULAIRES AU-DESSUS DU GANGLION CERVICAL SUPÉRIEUR; par M. François FRANCKk. Dans une précédente communication (27 avril 1878), M. François- Franck a présenté à la Société les résultats généraux de ses recherches sur le rôle des filets nerveux qui accompagnent l’artère vertébrale et se rendent au ganglion premier thoracique ou en émanent. Il n’a faut qu'indiquer l’action du bout supérieur des filets nerveux vertébraux sur la dilatation de l'iris, action identique à celle du cordon sympa thique prévertébral, quoique moins accusée. C’est sur ce point spécial et sur quelques particularités de l’innervation de l'iris qu’il veut au- jourd’hui attirer l’attention. L’excitation du bout supérieur des filets qui se détachent du pre- miee ganglion thoracique pour pénétrer dans le canal de l’artère ver- tébral, produit une dilatation moyenne de la pupille. Cet effet se ma- nifeste quand l’animal ne donne aucun signe de douleur, par exemple quand on vient d'ouvrir le canal rachidien pour mettre à découvert les racines cervicales inférieures, et alors que la sensibilité récurrente est suspendue par suite de l’opération. On est ainsi amené à admettre, dans les nerfs vertébraux des fibres irido-dilatatrices empruntées à la. partie supérieure de la région dorsale de la moelle, comme celles qui suivent le cordon sympathique situé en avant des vertèbres cervi- cales. En cherchant à déterminer le trajet que suivent pour arriver à l’ins les fibres irido-dilatatrices, M. Franck a été conduit à répéter les expé- riences classiques sur le cordon sympathique prévertébral, sur le gan- glion cervical supérieur et sur les filets qui en émanent. Il a constaté chez le chien, qu'en suivant dans le crâne les branches efférentes du ganglion cervical supérieur, on pouvait facilement isoler un gros ra- meau qui pénètre dans le crâne, en avant et en dedans des nerfs preu- mo-gastrique et glosso-pharyngien, se sépare de celui qui abandonne à chacun de ces deux nerfs un filet anastomotique, continue son che- min parallèlement à la carotide interne dont il reste indépendant, ren- contre le nerf moteur oculaire externe auquel il fournit un filet, et va enfin se jeter dans le ganglion de Gasser, à l’origine de la branche oph- thalmique. Cette disposition est visible sur une pièce que M. Franck montre à la Société. Ce rameau isolé du ganglion cervical supérieur aboutissant au gan- glion de Gasser, et séparé des nerfs vasculaires de la carotide interne, peut être atteint sur l'animal vivant, en dedans de l’apophyse mas- toïde. L'opération est relativement facile, grâce au tliermo-cautère. — 2145 — Quand on a enlevé la partie postérieure du muscle digastrique, on ar- rive sur l’apophyse mastoïde, qui est enlevé à la gouge avec précau- tion ; sa paroi interne formée d’une lamelle osseuse trés-mince, est dé- tachée avec une pince à dissection, et laisse à découvert le canal dans lequel se trouve le prolongement du ganglion cervical supérieur. On isole le rameau nerveux en le dégageant avec soin des vaisseaux voi- sins et en poussant la dissection aussi loin que possible. Quand on le coupe, l'iris se rétrécit et la température profonde de la moitié corres- pondante de la tête ne s’élève pas, ce qui permet déjà d’admettre la dissociation des filets vasculaires et des filets irido-dilatateurs. Si on vient ensuite à sectionner le sympathique cervical, les vaisseaux super-. ficiels et profonds se laissent dilater par le sang, l'iris ne se modifie pas; l'excitation du bout supérieur du sympathique coupé, produit le resserrement vasculaire sans agir sur l'iris. On a donc interrompu par la section de ce rameau crânien du sympathique, la continuité des fibres irido-dilatatrices contenues dans le tronc du sympathique cer- vical ; ce qui achève de le démontrer, c’est que l'excitation du bout périphériaue de ce rameau lui-même produit la dilatation de Piris, sans modifications vasculaires. De cette premiére série d’expériences, découle déjà cette conclusion que l’excitation du sympathique cervical agit directement sur l'iris sans qu'il soit nécessaire d’admettre une action vasculaire intermé= diaire. Il en résulte en outre, que les fibres irido-dilatatrices fournies par le sympathique viennent s’unir par le ramean jugulaire, au niveau de l’origine de la branche ophthalmique, à ceiles que le trijumeau re- çoit du bulbe lui-même, comme l'ont montré déjà les expériences de Claude Bernard, de Schi1ff, etc. M. Franck a poursuivi au delà de la branche ophthalmique les filets dilatateurs de l’iris, et soumettra prochainement à la Société les résul- tats de ses expériences sur les filets nerveux ciliaires directs, et sur ceux qui passent par le ganglion ophthalmique; il donnera aussi les résultats de ses recherches sur le rôle du ganglion ophthalmique comme centre réflexe. — M. Poucaer communique la note suivante : NOTE SUR L’AIRE VASCULAIRE DÉS RONGEURS. On sait que chez les rongeurs l’aire vasculaire, ou, en d’autres ter- mes, la circulation omphalo-mésentérique persiste jusqu’à la fin de la vie intra-utérine. J'ai indiqué, dans une note précédente, que ce circuit vasculaire demeure jusqu’à un âge avancé le siége de la genèse des élé- ments du sang. J’ai indiqué de même que, chez le lapin, toute trace de la membrane vitelline semblait avoir disparu au-dessus de l'aire vas- culaire, recouverte seulement d’une couche de cellules prismatiques, tandis qu’on retrouve le chorion avec sa constitution habituelle, c’est- à-dire formé par la coalescence de la membrane vitelline et du feuillet — 246 — externe du blastoderme, au-dessous d’un bourrelet saillant qui avor- sine le sinus terminalis. Chez le cabiai et le rat, la membrane vitelline avorte de même au niveau de l'aire vasculaire, à une époque plus ou moins avan- cée de la gestation. Chez l'embryon de la souris long de 8 milli- mètres, on observe une disposition de passage : la membrane vitelline, insérée sur le bord du placenta, enveloppe tout l'œuf. Elle est dépour- vue de villosités, et partout doublée en dedans, par une couche de cel- lules blastodermiques écartées, peu adhérentes, avec toutes les appa- rences d’une couche cellulaire en régression. Au-dessous se trouve le feuillet vasculaire, recouvert extérieurement, comme à l'ordinaire, d’une couche unique de cellules prismatiques. Le feuillet externe du blastoderme s’est donc partagé en deux couches pour fournir deux épi- théliums opposés l’un à l’autre, et juxtaposés dans une partie de leur étendue, tout en restant séparables, mais qui s’écartent vers leur point d'insertion au placenta, le feuillet vasculaire s’insérant en dedans du bord, et la membrane vitelline sur le bord même de celui-ci. Il en ré- sulte une cavité bien figurée dans les planches du mémoire d’Ercolani, de 1874, et que celui-ci indique comme remplie par le lait placentaire. Or cette cavité est essentiellement fœtale, séparée des tissus maternels par la paroi de l’œuf persistant, et offrant à sa face interne (chez le rat principalement) des cellules espacées, pédiculées, d'aspect singulier, qui ne sont autres que des cellules du feuillet externe du blastoderme ayant subi une évolution spéciale. Cbez l'embryon du lapin, de 18 à 20 millimetres, la circulation om- phalo-mésentérique est encore le siége de la production des hématies. Celles-ci, dans le sang en circulation, sont de deux espèces : 10 de grandes hématies mesurant 13 à 14 p, à noyau ; 2° de petites hématies mesurant de 7 à 9 y, sans trace de noyau. On ne découvre ni leucocytes comparables à ceux de l’adulte, ni globulins. Les petites hématies non nucléées dérivent des mêmes éléments que les grandes. Quand on examine l’aire vasculaire aprés l’avoir débarrassée de son épithélium prismatique, on y découvre des cellules qui se différencient suivant deux modes. Les unes prennent un noyau ovoïde, hyalin, et deviendront les cellules endothéliales des vaisseaux en formation. Ces cellules enveloppent les secondes qui sont plus larges, ont le corps gra- nuleux avec un grand noyau sphérique à contour fortement accusé et plein de grosses granulations noires. Le corps mesure 18 à 20 u, et le noyau 10 à I2u. L'élément tout entier est déprimé, l’aire n’étantipas aussi épaisse que son diamétre moyen. Ces cellules se transforment sur place en grandes hématies nucléées ; leur corps perd ses granula- tions, devient hyalin et discoïde, en même temps qu'il offre les réac- tions de la substance hémoglobique ; le noyau diminue de volume. Ces éléments sont entraînés à mesure que le sang en circulation pénétre dns les excavations tapissées de cellules épithéliales qui se dessinent autour d’eux en même temps qu'ils se transforment. Plus tard, les cellules mêmes se multipliant par scissiparie, donnent — 247 — naissance à des groupes familiaux de cellules semblables, mais de plus en plus petites, qui emplissent des culs-de-sac limités par les cellules endothéliales environnantes et ouverts sur le circuit vasculaire, où les éléments tombent à mesure qu’ils atteignent le caractère définitif d’hé- maties. On peut suivre aisément les progrès.de la régression du noyau en même temps que le corps se colore en jaune et prend les caractères de la substance hémoglobique. Cette régression semble se faire suivant deux modes. Ou bien le le noyau diminue, jusqu'à ne plus mesurer que 3 ou 4, en même temps que ses contours deviennent moins nets, et ses réactions par les matières colorantes moins accusées, pour finir par se confondre avec le corps cellulaire; ou bien il subit de bonne heure une sorte de disper- sion au sein du corps cellulaire, comme s’il éclatait en se réduisant en poussière. Cette apparence peut se présenter même dans les cellules destinées à devenir les grandes hématies du début : dans ce cas, elles ne présentent pas de noyau. Enfin il ne serait pas impossible (mais ceci est hypothétique) qu’il existât un troisième mode de genèse des hématies à cet âge, dansi le- quel, le noyau devenant tangent à la surface de la cellule, le corps de celle-ci prendrait tous les caractères morphologiques de l’hématie, puis se détacherait du noyau, qui disparaîtrait de son côté, ou peut-être donnerait naissance à d’autres hématies, ou peut-être continuerait de vivre indépendant, comme leucocyte. On peut invoquer, à l'appui de l’une ou l’autre de ces suppositions, des faits d’obssrvation d’égale va- leur; il demeure certain, en tout cas, quece noyau tangent ne présente, avec les réactifs, aucun signe appréciable de régression organique. — M. Poucet communique ensuite la note suivante : NOTE SUR LE SENS MUSCULAIRE ET SUR LA MACHINE A ÉCRIRE. On a parlé beaucoup du sens musculaire depuis quelque temps. Il nous à semblé que la machine à écrire (type-writer) exposée dans la section anglaise, pourrait servir à faire sur ce sens des expériences peut-être intéressantes. La machine se compose d’un petit clavier de touches larges de 15 millimètres environ, espacées d’une distance à peu près égale et disposées sur quatre rangs. Les espaces entre les mots sont produits en pressant une sorte de pédale occupant la longueur du clavier et formant comme une cinquième ligne. A chaque touche, cor- respond un signe alphabétique. L'avantage de cet instrument est que les erreurs de distance peuvent se commettre suivant deux sens per- pendiculaires et surtout que ces erreurs s'inscrivent d’elles-mêmes et laissent par conséquent leur trace authentique. De plus, comme ces er- reurs porteront toujours sur des quantités de mouvements linéaires et angulaires, elles pourront être traduites graphiquement par divers pro- cédés. On pourra, par exemple, tracer sur la représentation du clavier la marche suivie par la main de l’écrivain, dans une condition donnée, et la superposer à la marche régulière que la main aurait suivie, si au- — 248 — cune erreur n'avait été commise, Nous supposons, pour plus de com- modité, tous les mots écrits avec un seul doigt ; il n’en est pas ainsi, mais la complication résultant de l'emploi même des dix doigts n'est pas un obstacle. Notre but, d’ailleurs, a été moins de faire une étude précise, que de montrer comment le type-writer pouvait y servir. Il est bien évident que les erreurs, observées dans des conditions données, seront systé- matiques et, de plus, personnelles. L'écrivain, ayant l’habitude de la machine, compose ordinairement avec les deux mains. Si on lui demande d'écrire une phrase en fermant les yeux, il écrit correctement ; si on lui demande d’écrire debout, il écrit correctement, à la condition de regarder le clavier ; autrement, il commet des erreurs, par suite de la coordination nouvelle à donner aux mouvements de l’épaule et du bras. De même, si l'écrivain doit se servir d’une seule main, la phrase ne sera correcte qu’à la condition qu'il regarde le clavier. On peut, on le voit, varier à l'infini ce genre d’expérimentation, essayer l'influence de courants continus sur les ab- ducteurs ou les adducteurs du bras ; rechercher l'influence possible de la vision indirecte en faisant fixer à l'écrivain des points variables du champ visuel, etc., etc. Nous ne faisons qu’indiquer ces conditions diverses. Du petit nombre d’expériences que nous avons faites pour juger le procédé plutôt que pour arriver à des résultats précis, il nous a paru que le fait suivant se dégage : Il semblerait à priori que, sous une influence perturbatrice quel- conque, l'écrivain étant debout, par exemple, avec les yeux fermés, les erreurs successivement commises vont s'ajouter, en sorte que la fin de la phrase sera toujours beaucoup plus incorrecte que le début. II n’en est pas ainsi. Après un certain nombre d’erreurs de même sens et de même valeur (qui sont la conséquence les unes des autres), l’écri- vain retombe juste sur la lettre voulue en rommettant une erreur rela- tive de sens contraire qui compense les autres et le remet en bon che- min, On pourrait formuler le phénomène qui se passe alors en disant que l’écrivain garde inconsciemment la notion de la place absolue (par rapport à lui) de certaines touches, et que cette notion intervenant à certains moments, domine celle de la situation relative des touches les unes par rapport aux autres. Nous répétons que nous avons voulu beaucoup moins réaliser des expériences précises avec le type-writer, que montrer comment 1l peut rendre d'importants services dans l’étude du sens musculaire. AUTOPSIE D'UN MALADE MORT EN SORTANT DE L'AIR COMPRIMÉ (TRAVAUX DU PONT SUR LE l1mrsorp); par le docteur HEIBERG. (Communication faite à la Société de Biologie par M. Paul Bert.) Le sujet était bien musclé, de stature moyenne: il y avait roidité cadavérique décroissante, point de signes de putréfaction progressive ; en plusieurs endroits du corps, particulièrement aux parties latérales de la poitrine et de l’hypogastre, aux côtés interne et externe de la cuisse gauche, sur le dos, on voyait de grandes taches rougeñtres et livides ; à ces endroits, la pression donnait une sensation distinctement de gargouillement, d’emphysème, qui s’observait de même aux parties supérieure et inférieure du bras gauche, au voisinage du genou gauche, où la décoloration de la peau n’était pas apparente, et moins distincte- ment dans l’aisselle droite. Il s’écoulait du nez une humeur rougeâtre, abondante et spumeuse. L’hypogastre n’était point tendu ; vers la ré- gion inguinale droite, une tache verdâtre de la grandeur d’une pièce de deux couronnes danoiïises. La poitrine et l’hypogastre furent ouverts par une incision cruciale dont le centre était à l’ombilie. Le sterrum avec les cartilages costaux furent enlevés, et on voyait alors la plévre costale assez fixement adhérente à la cavité pectorale, mais point d’ex- sudation. La pression extérieure sur le cœur, faisait sentir la sensation de sargouillement ; on fit la ligature des gros vaisseaux du cœur en deux endroits et une incision entre les ligatures ; puis,. on enleva le cœur et les poumons ensemble ; on coupa la veine cave inférieure im- médiatement au-dessus du diaphragme ; il s’écoula nn coagulum long et mou, avec d’abondantes bulles d'air, grandes et petites, en trés- grand nombre et avec un fort bruit de bouillonnement. Le cœur était flasque et hypertrophié ; au ventricule droit, un grand coagulum coloré avec d’abondantes bulles d'air ; les parois du ventricule offraient une forte rougeur d’imbibition; dans l’oreillette gauche, des coagula plus petits et moins consistants ; les parois, de même, forte- ment imbibées. Les poumons flasques, surchargés de sang, splénisés. Par la pression extérieure sur le foie, la même sensation de gar- gouillement ; partout aussi sortaient d’abondantes bulles d’air et trés- peu de sang par des incisions dans la substance hépatique. La rate était grosse et flasque, liquéfiée ; par la pression extérieure, de même une sensation de gargouillement ; là aussi les vaisseaux sec- tionnés donnérent d’abondantes bulles d’air. Les intestins étaient fortement remplis d’air, principalement le co- lon. La vessie remplie d'urine claire. Les reins gros et flasques, avec le même gargouillement emphysé- mateux à la pression extérieure, les pyramides surchargées de sang ; là aussi il sortait d’abondantes bulles d’air des vaisseaux coupés. Le cerveau normal, point surchargé de sang ; point de bulles d'air dans l'artère basilaire, ni dans les vaisseaux sanguins du cerveau. La moelle épinière molle, sans rougeur d'injection ni dans la subs- tance, ni dans les membranes ; dans la région des vertèbres lombaires inférieures immédiatement au-dessus de la queue de cheval, on voyait, dans la substance méme de la colonne vertébrale, une veine saillante avec une formation de thrombose naissante, sans bulles d'air. Le malade avait eu à plusieurs reprises de légers accés de compres- c, R. 1878. 32 — 250 — sion, avait séjourné cinquante minutes dans l’enceinte où s'opère la décompression, était rentré de son travail, en apparence sain et sauf ; à trois heures du matin, il fut gravement atteint dans la matinée, et était mort avant l’arrivée du médecin. SUR LA RÉSISTANCE VITALE DES CORPUSCULES REPRODUCTEURS DU VIBRION DE LA SEPTICÉMIE ; par M. Pauz BERT. J'ai indiqué, dans une précédente communication, la conservation de la virulence d’un sans charbonneux à vibrions, qui, depuis le 26 février 1877, est mêlé à trois ou quatre fois son volume d'alcool ordinaure. Je viens aujourd’hui ajouter deux nouveaux faits : 19 Cette virulence a persisté après même que l'alcool a été additionné à raison de 2 pour 100 en volume d’acide phénique pur, et aprés un sé- jour d’un mois dans ce milieu si éminemment toxique pour les infu- soires et ferments. 20 En mêlant soit du sang chargé de bactéridies, soit du sang à vi- brions, avec son volume de jus extrait de feuilles de noyer fraîches, il conserve toutes ses propriétés virulentes. Aucune des deux formes ac- tuellement connues du charbon ne peut donc être utilement traitée, comme on l’a affirmé tant de fois, par l'application de feuilles de noyer. Il y a trés-probablement eu erreur de diagnostic. 39 Le sang charbonneux conservé dans l’alcool est filtré ; on fait sé- cher, puis on reprend par l’eau la partie restée sur le filtre et on la fait bouillir. L’inoculation consécutive est sans danger : les corpuscules sont donc, dans ces conditions, tués par la température de 1000. SUR LA CAUSE INTIME DU SOMMEIL DES PLANTES ET DE L'HÉLIOTROPISME; par M. Pauz BErr. J'ai montré autrefois, dans mes études sur la sensitive (1), que les mouvements alternatifs qui déterminent ce qu’on appelle le sommeil et le réveil des feuilles, peuvent s'expliquer par la présence dans le lieu du mouvement d’une matière fortement endosmotique, qui s’y accu- mulerait vers la fin du jour pour s’y détruire pendant la nuit. Cette matière serait formée sous l'influence des rayons jaune-rouge du spectre solaire ; les rayons bleus tendent à la détruire. Son accumulation dans les renflements moteurs situés à la base des folioles, des pétioles se- condaires et des pétioles primaires, ou l'appel d’eau, qui en est la con- séquence nécessaire, s’accompagnent d’une consommation de chaleur assez importante pour que ces petits organes soient toujours à une tem- pérature notablement inférieure à celle de la tige et de l’air ambiant. C’est l’appel d’eau déterminé par sa présence qui gonfle les cellules du renflement moteur, augmente leur tension et produit le mouvement PE (1) Mémoire de la Société des sciences de Bordeaux. — 251 — dit de sommeil; sa disparition, au contraire, laisse l’eau se répartir également dans tous les tissus, et la position, habituellement diurne, de tension diminuée, reparaît sous le nom de veille. Cette hypothèse est corroborée par l’étude des mêmes mouvements chez certaines fleurs. La petite marguerite (Bellis perennis), par exemple, relève le soir les fleurs ligulées des bords de son réceptacle, si bien qu’elles se rapprochent, enveloppant toutes les fleurs du capi- tule. Si alors on la cueille et qu’on fasse tremper dans la glvcérine le bout du pédoncule, elle se rouvre bientôt pour se refermer si l’on re- place le pédoneule dans l’eau. C’est que la glycérine a agi plus énergi- quement que la matière osmotique, et lui a enlevé son eau, et par suite sa tension, que lui rend plus tard le contact de l’eau. Si l’on place, le soir, derrière des verres colorés, leur pédoncule plon- geant dans l’eau, des inflorescsnces de Bellis perennis, choisies du même âge, on voit que le lendemain matin les premières qui s'ouvrent sont celles qui reçoivent la lumière à travers les verres bleus et les verres incolores ; puis viennent les verres rouges; enfin elles restent, dans l'obscurité, plus longtemps fermées, mais finissent cependant par s’ouvrir. De même, les sensitives s'ouvrent plus tard dans l'obscurité qu'à la lumière, plus tôt et plus complétement dans le bleu que dans le rouce. Mas quelle peut être cetie matière osmotique ? Ma première pensée s'était portée vers la glycose ; des expériences récentes m’ont prouvé que j'avais raison. Tandis que les pétioles ou la tige d’une sensitive ne donnent, avec la liqueur de Fehling, qu’une faible réduction, les renfle- ments moteurs pétiolaires amènent un précipité extrêmementabondant. Il en est de même pour les renflements foliolaires des feuilles d’acacia comparées aux pétioles. Et il s’agit bien là de glycose, car on obtient encore une réduction notable après avoir traité la liqueur bouillie par le sous-acétate de plomb, l'excès de plomb étant éliminé par le carbo- nate de soude. Des analyses faites après l'emploi de ces procédés de purification montrent qu'il existe dans les renflements moteurs, à poids égal, au wioins trois fois plus de glycose que dans le pétiole même. Une autre substance, probablement de nature albuminoïde, s’y montre encore, qui manque dans les pétioles; elle donne à la décoction filtrée une teinte rosée et un apparence un peu laiteuse. Le phénomène se comprend donc bien maintenant. La lumière so- laire détermine dans les limbes foliaires et trés-probablement aussi sur piace, dans le renflement moteur, la formation de glycose. Celle-ci descend le long du pétiole et s’arrête, pour des raisons inconnues (1), dans les cellules du renflement moteur ; alors elle attire à elle l’eau de (1) Peut-être la disposition des parties centrales de ce renflement y est-elle pour quelque chose ; on sait, en effet, que la moelle y dispa- rait, et que l'étui médullaire du pétiole n’y forme plus qu'un cylindre. = Door la tige, et la tension augmente. Cet emmagasinement est à son maxi- mum à la fin du jour, et l’hydratation qui le suit augmente la tension jusque vers le milieu de la nuit, comme je l’ai montré il y a quelques années, Puis, à l’obscurité, la glvcose ne se formant plus dans la feuille, elle diminue dans le renflement, soit qu’elle s’y détruise, soit qu’elle descende en solution étendue dans la tige, soit qu'elle reflue vers le limbe : de là, diminution de la tension. Cette diminution est rapide pendant la fin de la nuit; au jour elle diminue d'intensité, sans doute à cause d’une formation nouvelle et progressive dans le limbe de gly- cose émigrante. Mais, au début, la lumière, qui imprime à la végéta- tion uneactivité plus grande, commence par faire disparaître la glycose du renflement, ou tout au moins par lui enlever son eau, puisque dans l'obscurité la sensitive reste le matin fermée plus longtemps qu'à la lu- miére. Cette action semble spéciale aux rayons bleus, puisque dans la couleur bleue la sensitive s'ouvre plus vite que dans la Iumière rouge. Ce qu'il y a de plus curieux, c’est que si l’on maintient une sensitive à l’obscurité, elle continue à exécuter les mouvements diurnes et noc- turnes pendant plusieurs jours ; mais elle le fait avec de moins en moins d'énergie, et finalement s’arrête en état de moindre tension. Que si alors on la remet à la lumiére, elle reste encore une Journée iminobile, pour se remettre à marcher de plus en plus résuliérément. Cette donble observation tend à montrer que ce n’est pas la glycose formée dans la journée même qui tend le renflement, mais celle des jours antérieurs, et que, lorsque la réserve foliaire est épuisée par l'obscurité, il faut qu’elle se reforme pendant quelque temps avant d'envoyer de nouveau son excès dans les renflements. Il doit se faire, ainsi que je l’ai indiqué déjà, quelque formation de glycose sur place, dans le renflement, puisque, lorsqu'on a coupé Le pé- tiole primaire en son milieu, le tronçon exécute encore des mouve- ments pendant un jour ou deux. Pour les fleurs séparces, qui ne con- tiennent pas d'organes verts capables de reformer du glycose, les mouvements sont bornés à une perte de tension ; ainsi, les marguerites cueillies dans la journée se ferment le soir, se rouvrent le matin, mais ne se referment plus ; encore faut-il qu’elles soient jeunes, sans quoi, cueiliies ouvertes, elles restent ouvertes jusqu’à la mort. La position de mort est en eff:t la position de moindre tension, jusqu’à ce qu’intervienne le desséchement qui peut amener des rigidités très-variables d'aspect. a présence bien constatée de la glvcose endosmotique dans les ren- flements moteurs des plantes somineillantes me parait expliquer aisé- ment non-seulement les mouvements du sommeil et du réveil, mais même ceux du simple héliotropisme, que ces plantes, du reste, présen- tent au maximum d'intensité. Tout mesemble se pisser comme s’il existait un antagonisme continu entre le dépôt de glycose et l'attraction d’eau qui en est la conséquence, d’une part, et, d'autre part, l’évaporation par la feuille avec appel De — d’eau iuttant contre la puissance osmotique du renflement. Éclaircis- sons ce point. Prenons la période nocturne, pour plus de simplicité. La glycose s’est emmagasinée dans les renflements, l’eau la suit, la tension aug- mente, la plante se met en état de sommeil. [état de sommeil, pour le dire en passant, a toujours pour consé- quence une diminution de la surface foliaire exposée au rayonnement et parfois même à l'air : dans la sensitive, par exemple, les folioles s’acco- lent par leur face supérieure, les pétioles secondaires se rapprochent à se toucher, et la feuille tout entière se relève le long de la tige. En outre, sa conséquence est de faire passer, du plan horizontal au plan vertical, les surfaces foliaires. Le mouvement de réveil, au contraire, est un étalement maximum, qui expose à l'air et à la lumière toute la surface foliaire, Ceci se comprend jusqu’à un certain point, vu le rôle capital de la lumière; mais l’état nocturne s’explique moins aisément. Je pense qu'il faut y voir une réduction au minimum des surfaces évaporatrices. En effet, le plan vertical évaporera moins que le plan horizontal; l'application des folioles l’une contre l’autre diminue de moitié la sur- face évaporante ; le rapprochement des pétioles secondaires, les unes des autres et du pétiole primaire le long de la tige, à l'abri du rayon- nement, sont des conditions qui diminuent l’évaporation foliaire. Le sommeil place donc les plantes en minimum d’évaporation, la veille en maximum. J’ajoute que les mouvements provoqués reproduisent l'apparence du sommeil. Or, dans la nature, c’est le vent, éminemment dessiccateur; qui détermiue ces mouvements, lesquels protégent ainsi la plante. Ceci dit, revenons à la sensitive qui dort, avec ses renflements en ten- sion maximum ; la glycose tend à diminuer dans ses renflements; il ne s’en forme plus à l'obscurité, l’évaporation, bien que réduite, emporte de l’eau, la tension s’abaisse, et le réveil tend à se produire. Il se pro- duira même si l'on maintient la plante dans l'obscurité ; mais, plus tard. Quand la lumière arrive, il se hâte. C’est que la première action de la lumière est d'activer l’évaporation foliaire qui enlève sans doute alors une partie de l’eau des renflements, et diminue la tension de ceux- ci en n’en permettant plus l'hydratation excessive. Ceci dure tout le jour et, de plus, la destruction de la glvcose dans les parties centrales du renflement continue; d’où l’abaissement progressif de la tension. Mais les actes végétatifs ayant produit de la glycose sous l'influence de la lumiére, il en descend dans les renflements, et l'évaporation dimi- nuant à la nuit, la tension augmente de nouveau. Tout ceci se rattache intimement à l’héliotropisme. Si toutes les feuilles ne dorment pas, toutes suivent la lumière et s’eflorcent, avec plus vu moins d’énersie et de rapidité, à lui présenter, normalement, leur face supérieure. Or, l’action directe de la lumière, non-seulement sur les limbes mais sur le renflement moteur lui-même, n’est pas dou- use, comme le prouve l'expérience dans laquelle on voit un pétiole primaire de sensitive, ses pétioles secondaires enlevées avec leurs (OS folioles, continuer à exécuter deux ou trois jours ses mouvements. Une autre preuve, plus nette encore, de cette action directe sur le renflement, se tire de l’expérience suivante : Après avoir bien constaté la position des quatre pétioles secondaires d’une feuille de sensitive, on place sur leur intersection une goutte d'encre ou d'encre de Chine; quelques minutes aprés, les pétioles prennent une situation qui indique que les parties des renflements ainsi à l'abri de la lumière, ont nota- blement augmenté de puissance : un petit écran noir fait le même effet, une goutte d’eau ne produit absolument rien. Une solution de carmin, qi empêche de passer les rayons bleus des moteurs de la ten- sion, fait le même effet que l’encre. Ceci posé, considérons toujours la sensitive, ses folioles redressées pendant le sommeil. La lumière arrive, naturelle ou artificielle ; elle frappe la face inférieure des folioles et de leurs renflements moteurs ; ceux-ci perdent de leur énergie, les foholes s’étalent, et l’état de repos, de veille, arrive. Puis, le soleil tourne, et toujours la partie du renfle- ment moteur sur laquelle portent le plus directement ses rayons est la plus affaiblie, soit par l’évaporation, soit par la destruction de la gly- cose, soit encore par une déshydratation de cette glycose, d’où vien- drait la perte de tension. Tout naturellement, celle qui est diamétrale- ment opposée prédomine et tend à faire tourner la feuille de manière à ce que son plan supérieur conserve la même position par rapport aux rayons lumineux incidents. De là l’héliotropisme. On peut, pour simplifier, obtenir tous ces phénomènes d’héliotro- pisme avec un pétiole primaire de sensitive sectionné en son milieu ; il continue à s’incliner vers la lumière pendant au moins vingt-quatre heures, et on peut le faire mouvoir au moyen de la goutte d'encre for- mant écran. Entre les deux forces évaporatrices, soit destruction directe, soit dés- hydratation de la elycose, il est difficile de faire la part exacte. Mais cette dernière me semble devoir jouer le rôle dominateur. Il est bien vrai qu'un rameau de sensitive dont l’extrémité baigne dans l’eau, ferme le soir ses folioles environ une heure avant les feuilles en place. Mais des feuilles de sensitive complétement submergées exé- cutent encore les mouvements alternatifs de veille et de sommeil. J'ai même vu qu'une sensitive tout entière immergée, dort et se réveille comine à l’ordinaire, bien qu’elle se ferme plus tôt et se rouvre plus tard qu’à l’air (une heure environ) ; elle vit une huitaine ce jours dans ces conditions anormales. Or, dans ces deux derniers cas, l’évaporation était supprimée, et la saturation de la glycose existante assurée; ce sont donc seulement ses proportions qui ont pu changer. Remarquons aussi que les rayons jaune-rouge, qui activent la for- mation de la glycose, produisent la tension maximum, tandis que les rayons bleus font ou laissent diminuer la tension : ce sont eux, écale- ment, qui déterminent Île plus fort héliotropisme, comme l’a vu M. Guillemin. La part la plus importante, dans ces phénomènes si curieux et tant — 255 — étudiés, de sommeil et d’héliotropisme, me paraît donc revénir à la formation, l'emmagasinement et la destruction dans les lieux où s’opère le mouvement de la glycose, qui y existe toujours en quantité beaucoup plus considérable que dans les autres parties voisines. — M. Pauz BERT fait successivement les trois communications sui- vantes : 19 SUR LES PHASES HORAIRES D'EXCRÉTION DE L'URINE ET DE L’URÉE : SUR LES VARIATIONS DE L'URÉE EN RAPPORT AVEC LA NOURRITURE ; SUR LES RAPPORTS ENTRE LA RICHESSE DE L'URINE EN URÉE ET SA COLORATION. Je mets sous les yeux de la Société des graphiques exprimant les va- riations d'excrétion de l’urine et de l’urée, examinées le plus souvent de deux heures en deux heures et fréquemment d’heure en heure, pen- dant huit séries d'expériences, comprenant ensemble environ vingt- cinq jours. La quantité de boisson était constante, le repos à la cham- bre rigoureusement observé; mais la nourriture variait dans des con- ditions bien déterminées. On peut tirer de ces graphiques, et des observations concomitantes, les conclusions suivantes, qui ne sont pas toutes d’accord avec ce qu’en- seignent les livres classiques, d’après les expériences déjà anciennes de Lehmann et d’autres plus récentes, mais beaucoup moins complètes : 19 Conclusions relatives aux quantités d’urée excrétées. A. — Mon poids étant de 75 kil., ma taille de 4M 70 c., mon âge 4 ans, j'excrète par jour, avec une nourriture non dosée, ou avec une nourriture composée, en deux repas (midi à une heure, sept heures à huit heures), de : viande dégraissée, 260 grammes (pesée crue); pain, 200 grammes ; purée de pommes de terre ou deriz, 300 grammes; eau et vin, parties égales, 700 à 750 centilitres, une quantité d’urée qui a oscillé entre 18 gr. 75 et 21 gr. 8, avec une moyenne de 19 gr. 9. B. — Une augmentation dans la quantité de viande mangée, qui la porte de 260 gr. à 501 gr. fait monter la quantité d’urée de 7 grammes environ. Et la movenne des expériences donne 3 grammes d’augmen- tation d’urée par 100 grammes de viande (pesée crue), dans ces limites de quantité. Si l’on compare cet excès à la quantité d’azote que doit fournir ja viande, ainsi introduite dans l'estomac, on voit qu'il en manque plus de moitié ; le reste, vraisemblablement, passe dans les fèces, n'ayant pas été absorbé. Cette détermination était nécessaire à connaître pour pouvoir se ren- dre compte de l’augmentation dans l’excrétion d’urée, lorsqu'on se soumet à un régime de vie qui entraîne nécessairement une plus forte nourriture animale. Si l’on veut savoir, par exemple, si l’action de l’air comprimé augmente l’excrétion d’urée, on se trouve en présence d’un sujet dont l’appétit augmente; et alors, de deux choses l’une, ou on le — 256 — laisse à la même nourriture, et l'augmentation dans les déchets orga- niques est bientôt arrêtée; ou on lui donne davantage à manger, et il fallait savoir, ce qu’on ne savait pas bien jusqu'ici, ce que représente en urée cet excès de nourriture. C. — L'augmentation dans l’excrétion d’urée suit três-rapidement l'augmentation dans la nourriture azotée; ainsi, dans une expérience, avec 260 grammes de viande, on avait 20 gr. 23 d’urée ; avec 500 gr., on a eu successivement 26 or. 57; 27 gr. 22; 27 gr. 12. Il semble bien résulter de là que l’urée provient des aliments et non des tissus, au moins pour ce qui est de sa proportion excessive. Dans ces limites d'augmentation, il ne se fait pas d’accumulation d’urée dans le sang, et aussitôt qu’on revient à la nourriture normale, la quantité d’urée retombe du chiffre surélevé, de 26 gr. 70, par exemple, à 20 grammes. D. — La suppression de toute nourriture animale, avec augmenta- tion de pain et de pommes de terre, diminue l’urée excrétée dans la journée même de 7 grammes environ : de 20 gr. 51 elle est tombée à 13 gr. 55; c’est encore une quantité de 3 grammes d’urée (exactement 2 gr. 9), pour 100 grammes de viande ; ainsi déjà, avec la faible nour- riture animale de 260 grammes de viande, plus de la moitié de la ma- tière azotée n’est pas absorbée, ou du moins son azote ne passe pas par l'urine. E. — Le retour à la nourriture normale ne raméne pas aussitôt le chiffre ordinaire de l’urée. Ainsi, de 13 gr. 59 avec la nourriture vésé- tale, il n’est arrivé qu’à 16 gr. 67 avec 280 gr. de viande, et même le jour suivant qu’à 22 gr. 40 avec 450 grammes de viande; 100 grammes de viande n’ont donc fourni, le premier jour, que 1 gr. 1 d’urée. Il se fait donc, après une privation de nourriture azotée, un emmagasine- ment d’azote dans l'organisme. 20 Conclusions relatives aux phases de lexcrétion de l’urée. F. — L'excrétion de l’urée par heure semble extrémement irrégu- lière, même avec la plus grande régularité apparente dans la nourri-. ture, les heures des repas, le genre de vie, même quand, ainsi que je l'ai fait plusieurs jours de suite, on reste immobile au lit. Il y à cependant lieu de signaler, ainsi qu’on l’a déjà été fait, comme à peu prés constant, un minimum d’excrétion pendant la période noc- turne, de minuit à 5 ou 6 heures du matin. Vient ensuite un relève- vement, qui est indépendant à la fois de la nourriture et du mouve- ment, voire même de l’état de sommeil ou de réveil, lequel est souvent suivi d’une nouvelle chute, à laquelle fait suite un grand exhausse- sement de midi à 2 heures. Cet exhaussement coïncide avec l'heure ordinaire du déjeuner et celle qui la suit; mais, cependant, parfois il manque sans qu’on change rien au déjeuner ; dans d’autres cas, il persiste, malgré un retard de plusieurs heures apportées à ce repas. — 257 — Vient ensuite un abaissement des tracés, et généralement une aug- mentation après le repas du soir, à laquelle fait suite l’abaissement nocturne, Tous ces faits montrent un rhythme qui a sans doute son origine dans les alternatives de travail et de repos du corps, de vacuité ou de répletion de l'estomac, mais qui persiste maloré les troubles toujours trés-transitoires qu’on peut expérimentalernent apporter dans ses ha- bitudes. Elles ne sont, en effet, nulle part plus régulières que dans le graphique des sécrétions du jour où ma nourriture fut exclusivement végétale, et où je restai presque toute la journée au lit. G. — Lorsqu'on augmente la nourriture animale, les variations ho- raires tendent à diminuer, et la courbe des excrétions s’élève dans son ensemble, à la fois par augmentation des maxima et exhaussement des minima ; l'augmentation du soir dure alors plus longtemps. 3° Conclusions relatives aux rapports entre les variations ho- raires d'excrétion de l’urée et celles de l'urine. En règle générale, les variations, dans la quantité d’urine excrétée, marchent dans le même sens que celles dans la quantité durée ; certains tracés sont, pendant une journée entière, d’une étonnante récularité sur ce point. Mais, d’abord, si le sens des variations est le même, il s’en faut de beaucoup qu’elles soient proportionnelles. Ensuite, 1t n’est pas rare de voir le sens renversé, et tantôt l’urine augmenter avec diminution de l’urée, et vice versä. Sur 191 variations inscrites à mes tableaux, 410 fois elles se sont faites dans le même sens, 46 fois dans des sens inverses, et sur ces der- nières, 29 fois l'urine à augmenté, l’urée diminuant; en outre, quatre fois, il y a eu variation de la quantité d’urine, l’urée restant station- naire, et une fois l’inverse s’est produit. Les causes de ces différences n’ont pu êtres saisies. 49 Conclusions relatives au rapport entre la coloration de l'u- rine et la richesse en urée. Tous les jours, je rangeais à côté l’un de l’autre les petits flacons, d’é- paisseur semblable, qui contenaient les urines, et les classais par ordre de coloration. Je suis arrivé rapideinent à ce résultat connu, que tou- jours une urine très-foncée est très-riche en urée, et une urine pâle, trés-pauvre. Mais il n'était pas possible de pousser plus loin le rappro- chement, et une classification des urines, d’après leurs teintes, aurait donné des résultats tout à fait erronés, relativement à leur richesse. Pour plus de précision, j'ai employé le colorimêètre, et mes premiers résultats ont été corroborés. Je cite, à titre d'exemple, le fait suivant, relatif à des urines recueillies pendant le second jour d’une nourriture à 900 granimes de viande. c. R. 1878 33 CANCER 2 MED NE © .© cn © à ae 4 °° LO [ep] 10 [e»] + [=] De. 0 . © 80 © (ei! 1 A [e)] Qu © . © 2m Q 1 1 5 ACOMSELANS LE © RSA ST a NN CHER A ” Er & . © oN = . es ah © 5.10 uw 2 A sion du N. O. et dissociant, détachant les travées de Müller de leur at- tache à la membrane anhyste. La névrite optique est causée, comme toujours, par une vascularisa- tion exagérée, avec œdème interstitiel ; mais ici, la teinte gris sale de la papille doit être rapportée au grand nombre de globules blancs pis- mentés, renfermés dans ces vaisseaux hypérémiées. Les hémorrhagies de la rétine sont encore bien plus nombreuses que ne l'indique le miroir : elles sont à peu près constantes à la zone ci- liaire dans les accès pernicieux comateux et les cachexies palustres ; elles sont rares, en plaques étendues, au pôle postérieur. Elles contien- nent beaucoup de globules blancs au centre. Comme un trés-grand nombre d’organes, la rétine et la choroïdite renferment dans leurs vaisseaux de grandes quantités de globules blancs tachés de pigments, et beaucoup de ces énormes cellules mesu- rant plus de 40 milliémes de millinètres, toutes imprégnées de parti- cules mélaniques. Le pigment, comme le demontrent des préparations du péritoine, n'est qu'un reliquat des globules rouges absorbés par les leucocytes. L’abondance des globules blancs pigmentés, la rareté des globules rou- ges, donnent aux capillaires l’aspect de bandes piquetées en mosaïque noire. Les granulations pigmentaires mélaniques peuvent être aussi libres dans les vaisseaux ou placées entre les hématies et les leuco- cytes. Les capillaires de la rétine ou de la choroïdite peuvent être obstrués par ces éléments morbides, qui sont alors une cause d’hémorrhagies rouges. Les extravasations de globules blancs sont trés-abondantes dans la trame même de la choroïdite, qui augmente alors de volume, et de- vient œdémateuse, comme l’opthalmoscope l’indiquait, du reste, prés de la papille. Il y a ainsi véritablement choroïdite. L'inflammation de la tunique interne des vaisseaux de l’œil ne pa- raît pas très-active dans les accès pernicieux ou les cachexies. Les amauroses, sine materia, liées aux fièvres intermittentes, dans —< 4 — lesquelles l’ophthalmoscope n'avait pas trouvé de lésion, doivent être rangées dans les rétino-choroïdites palustres, avec embolies des leuco- cytes mélaniques dans les capillaires. Dans plusieurs cas où le microscope a reconnu l'existence de la mo- saïque mélanique dans les capillaires rétiniens, le miroir, à l’image droite, n’avait rien indiqué sur ces mêmes capillaires. De même qu'il existe une néphrite albumiuurique palustre, de même nous avons une rétino-choroïdite albuminurique palustre. Celle-ci ren- ferme toutes les lésions du tissu rétinien appartenant à la rétine albu- minurique simple, mais elle est caractérisée par une très-vive inflam- mation proliférative, puis régressive, de la paroi interne des artères, et la présence de gros éléments pigmentés dans les capillaires. — M. Désérine entretient la Sociéte de ses recherches sur l’état ana- tomique des nerfs du moïgnon et de la moelle épinière chez les anciens amputés. Il a constaté principalement que l’inflammation des 5erfs du moignon ne remontait pas au delà de quelques centimètres, et qu’on ne saurait attribuer à une névrite ascendante l’atrophie concomitante de la moelle épinière. (Voir aux MÉMOIRES.) — M. BocuEFONTAINE dépose, au nom de M. Peyrand (de Libournc), une note : 1° Sur les propriétés physiologiques du camphre du Japon ; 2° sur les mêmes propriétés de l'extrait d’absinthe ; 39 sur l’action du bromure de potassium caustique et de l’hydrate de chloral. — M. Onrmus offre en hommage à la Société une brochure, où il expose que, d'aprés lui, les désordres des mouvements chez les ataxi- ques sont causés par une sorte de contracture musculaire, ou mieux de contracturie musculaire, comme il a proposé de dénommer le phéno- mêne. Le malade, ayant ses muscles roïdis, n’a pas la sensation exacte de la résistance qu'il doit vaincre pour produire un mouvement déterminé, dépasse le but, et souvent déploie une force inutile et hors de propor- tion avec le résultat final. Ainsi, lorsqu'on lui ferme les yeux, il a un mouvement de va-et- vient de tout le corps, et sa premiére oscillation est un mouvement de projection en avant. Dans la marche, il déjette ses jambes plus loin que le but à atteindre. Il y a toujours une grande brusquerie dans le mouvement, qui ressemble plutôt à une détente qu’à une contraction musculaire. On a tenté nombreuses explications de ces désordres des mouve- ments ; M. licrret, en particulier, a cru devoir attribuer cette brusque détente au manque d’harmonie et d’équilibration entre lessroupes mus- culaires, à cause de la parésieet de l’atrophie survenues dans quelques- uns d’entre eux. La seule explication possible, d’après M. Onimus, est celle qu’il propose : le mouvement désordonné est dû à l’état du mus- cle, à la contracturie. (Onimus. De la contracture dans l'ataxie locomotrice et de l'influence sur l’incoordination des mouve- ments. Extrait de la GAZETTE HEBDOMADAIRE.) — 265 — M. Durer 2 eu plusieurs fois l’occasion de produire, dans ses expé- riences sur les traumatismes cérébraux, une véritable ataxie expéri- mentale, instantanée, chez les chiens. La seule lésion trouvée à l’au- topsie, était une ecchymose sur le trajet des cordons musculaires. Dans ces conditions, il a vu que l’excitabilité reflecto-musculaire de Panimal était dans un état tout particulier d’exagération tout à fait remarquable. Dès qu'on essayait de fléchir les pattes, qui étaient dans une sorte d'extension très-accentuée, il survenait un état de contrac- tion plus violent des muscles extenseurs, mais ils cédaient peu à peu, et la flexion pouvait s’opérer progressivement; puis, dés qu’on aban- donnait la patte fléchie, l’action des extenseurs prédominait de nou- veau, et le membre retournait dans l’extension comme s’il eût été mû par un ressort. M. Duret se demande si, tout à fait au début, chez l’ataxique, il n'existe point un état d’irritabilité des conducteurs sen- sibles, un excès de puissance et de rapidité dans la décharge réflecto- musculaire, qui permette d'expliquer cette brusquerie dans les mou- vements et cette impossibilité de les adapter au but. Plus tard, la lé- sion des cordons postérieurs étant plus avancée, cette instantanéité et cette brusquerie de la contraction seraient attribuées à ce que la lé- sion des cordons postérieurs oppose une résistance au passage de l’exci- tation reflecto-musculaire : celle-ci est obligée de s’accumuler en ten- sion pour franchir l'obstacle, puis elle se décharge tout d’un coup; d'où la brusquerie et l'excès dans la contraction musculaire pro- duite. M. Laporpe, dans certaines intoxications expérimentales, chez les animaux, en particulier après l’empoisonnement par l’aconitine, a souvent observé cette exagération de l’excitabilité reflecto-musculaire. Elle détermine chez les chiens une sorte d’ataxie des mouvements très- singulière : chaque fois qu'ils touchent le sol, leurs membres se roi- dissent, et il semble que le contact leur en soit très-désagréable. Il y a alors une excitabilité toute particulière du myélaxe. M. Laborde pense, comme M. Duret, que le désordre des mouvements observés dans l’ataxie vraie, peut s'expliquer à certaines périodes, par l’exagé- ration de l’excitabilité réflecto-musculuire, qui prédispose les muscles à entrer violemment en contraction. M. DumonTPatziEeR demande à M. Onimus comment, dans sa théorie, il peut expliquer l’action régulatrice de la vision chez les ataxiques. On sait que lorsqu'ils tiennent un objet dans les mains, s’ils viennent à fermer les yeux, l’objet tombe immédiatement ou se brise dans leurs doigts s’il est fragile. Tel est l'exemple bien classique cité par Bell, de cette nourrice qui, dès qu’elle n’avait plus les yeux ou- verts et dirigés sur son infortuné nourrisson, le laissait tomber par terre. Il semble à M. Dumontpallier, que si le désordre des mouve- ments chez les ataxiques était le résultat d’une contracture musculaire, ces malades pourraient faire peu à peu leur éducation, et mesurer mieux leurs mouvements, c. R. 1878. 94 — 266 — M. Onrmus répond qu’il n’admet pas une véritable contracture, mais un état voisin et moins prononcé des muscles, qu’il propose d'appeler contracturie. M. Laponpe fait observer que la vue, chez les ataxiques, est un mode de sensibilité qui vient remplacer le toucher dans les cas cités par M. Dumontpallier : nous guidons aussi bien l'intensité de notre con- traction musculaire, sur notre vue que sur notre toucher. Chez l’ataxi- que, la sensibilité de la plante des pieds et de la paume des mains, étant souvent très-affaiblie, il en remplace un mode de sensation par un autre. M. Durer ajoute que l’observation pathologique démontre, comme la clinique, que souvent chez les ataxiques les centres nerveux de la vision et leurs conducteurs restent intacts, tandis que les conducteurs sensibles généraux, les cordons postérieurs de la moelle sont lésés pro- fondément. Dans d’autres cas, la vue est atteinte prématurement. 2 — M. Onimus : Nous présentons à la Société un ouvrage ancien du docteur Coudret, médecin de la Faculté de Paris, ancien interne et élève de Broussais, intitulé : Recherches médico-physiologiques sur l'électricité animale. Les planches et les figures montrent que déjà, en 1837, on employait des procédés qui se rapprochent de ce qu’on a appelé la métallothé- rapie. Un petit appareil appelé électro-moteur médical, avait été imaginé par M. Fozembas (de Bordeaux); il se composait d’une substance 1so- lante et d’une double face métallique ; au moyen de bandeaux de soie, on l’appliquait sur les différentes parties de la peau et les planches nous montrent nettement ces petits appareils appliqués sur le front, en cas de céphalalgie; sur les muscles, en cas de névralgie rhumatismale et même sur les yeux pour guérir les ophthalmies. Les idées dominantes de l’époque, en physique électrique, se retrou- vent dans la construction de l’électromoteur médical, car les auteurs in- sistent spécialement sur la nécessité d’avoir les parties métalliques ter- minees en pointes, au lieu d’avoir de simples plaques. Les expériences faites devant Broussais, Récamier, Bally (médecin de l'Hôtel-Dieu), sont des plus nombreuses, mais ici encore nous re- trouvons l'influence des idées dominantes de l’époque, car les expéri- mentateurs se proposent surtout d’agir sur l’inflammation et à chaque page ils insistent sur les théories de Broussais. Si, sous ces divers rap- ports, il y a plusieurs réserves à faire, nous devons, au contraire, re- connaître que ces médecins ont montré trés-nettement et très-scienti- fiquement l'influence, sur l'organisme, des courants électriques produits par ces petits appareils. Nous avons été même trés-surpris de retrouver des théories très- exactes et qui se rapprochent des idées que nous avons soutenues de- — 267 — puis longtemps. Ils font, en effet, jouer un rôle important aux courants électriques naturels qui existent dans le corps humain. Depuis bien des années, nous avons également cherché à démontrer que ce sont ces courants qui ont lieu dans les tissus et qui ont été pris _ par divers auteurs pour des courants propres aux muscles et aux nerfs qui sont la véritable cause de tous ces phénomènes. Nous avons signalé, à plusieurs reprises, que ces courants naturels, qui ont lieu dans tous les tissus, donnent l'explication logique des théories de l’électrotonus et des courants électriques dans les nerfs. Les expériences faites par Coudret indiquent même que lélectricité naturelle est négative pour l'enveloppe cutanée ; c’est également l’élec- tricité négative que nous avons vue agir le plus rapidement chez les hystériques anesthésiés; mais ce qui n'est signalé nulle part, ce sont les phénomènes si curieux de transfert observés par M. Charcot, M. Dumontpallier et par MM. Regnard et Vigouroux. Coudret et les autres médecins ont également remarqué, ce qui s'explique facilement, aujourd’hui que nous savons que le contact des humeurs augmente l'énergie des courants électriques naturels, que l’écartement dans l’élec- tromètre est plus considérable lorsque la peau est engorgée et surtout dénudée. Il y a donc une certaine analogie entre ces expériences et celles in- contestablement plus intéressantes et plus importantes faites aujourd’hui; mais, en somme, pour ces différentes applications, soit de métaux, soit de plaques et de pointes aimantées, le principe est le même. Au point de vue physiologique, ce qui ressort de plus important de tous ces faits, c’est qu'ils trouvent leur explication non-seulement dans les courants électriques faibles qui se font artificiellement par des métaux, mais encore par la production de courants naturels qui se forment dans tous les tissus. Pour mieux accentuer notre pensée sous ce rap- port, nous avons même dit, dès le début de cette discussion, que quel- ques-uns de ces phénomènes pourraient être obtenus avec une plaque métallique telle que du platine, qui ne serait nullement attaquée par les liquides ou la sueur, et qui agirait uniquement comme compensateur. Mais l’expérience faite par MM. Charcot et Vigouroux, avec un ai- mant agissant à distance, est la meilleure preuve du rôle important que jouent dans tous ces phénomènes les courants électriques na- turels. Jusqu’à présent, le côté pratique de ces recherches reste limité aux malades hystériques. — M. Krisxager est, sur sa demande, nommé membre honoraire de la Société. — M. DumonTPALLier, sur la prière des membres présents de la Société, veut bien accepter de les représenter au Congrès scientifique pour l'avancement des sciences, qui aura lieu au Trocadéro. M. Laborde est désigné par la Société comme la représentant au Congrès d'hygiène, doit 0 { vit HO v quo ao + ABC ï , h HAE Da CSIOTETRES DUO M DOTE PE Ne MT LATE SAN LOI TER RER | pa LUI EE ao me DTX Wa fi DOUTE We A4 EU D PARLERA TNT COMPTE RENDU DES SÉANCES LA SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS D’AOUT 1878, Par M. DURET, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. HOUEL. Séance du 5 août 1878. M. CHarcor, à propos de la discussion de la dernière séance sur la pathogénie des troubles moteurs chez les ataxiques, fait remarquer que, chez ces malades, les troubles de la locomotion n’existent pas toujours, et qu'ils sont três-variables dans leurs manifestations. Il pense qu'il vaudrait mieux se servir de l’ancien mot, tabes dor- salis, pour désigner la maladie de la moelle épinière dont il est ques- tion. En effet, cette affection n’aboutit pas nécessairement à l’ataxie des mouvements : chez les uns, le tabes consiste uniquement dans la perte de la vue ; chez d’autres, ce sont des douleurs fulgurantes des membres, ou des crises gastriques qui signalent la maladie : il est pos- sible que, dans son évolution, elle n'arrive jamais jusqu’à produire les troubles de la locomotion, qu’on a, à tort, considérés comme des con- ditions nécessaires de son existence. Il y a, en un mot, des tabétiques qui ne présenteront jamais d’ataxie des mouvements. Il ne faudrait donc pas être aussi concluant que Duchenne de Boulogne, et n’ad- mettre en clinique qu'une des variétés du tabes dorsal : l’ataxie des mouvements. — 270 — Depuis longtemps, dans ses leçons à la Salpétrière, M. Charcot ap- pelle l’attention de ses auditeurs sur d’autres aspects non moins inté- ressants de cette maladie de la moelle épinière : c’est ce qu’il a décrit sous le nom d'anomalies de l’ataxie locomotrice ; or, ces anomalies n’ont pas un aussi grand caractère de rareté qu'on pourrait le croire. SUR LA THÉORIE PHYSIQUE DE LA MÉTALLOSCOPIE ; par M. Romain Vicouroux. Dans une note lue dans la derniére séance de la Société de Biologie, M. Onimus a esquissé une théorie physique de la métalloscopie. Au- tant que nous avons pu en juger par le résumé que nous avons eu sous les yeux, son opinion peut se formuler ainsi : action chimique du mé- tal sur la peau ; par suite production d’un courant ; enfin induction exercée par ce courant sur ceux qui existent dans l’organisme. Le phé- noméne initial et essentiel serait l’action chimique des sécrétions cu- tanées sur le métal. Nous avons cité autrefois des expériences où cette action chimique n’est modifiée en rienet où cependant l’effet habituel du métal est complétement empêché; par exemple la superposition d’un autre mé- tal à celui qui est en contact avec la peau. Il faut, pour que cetem- pêchement ait lieu, que le sujet en expérience ne soit pas sensible au métal surajouté; condition dont on ne voit pas le rapport avec l’ac- tion chimique de:la peau. En second lieu, on obtient les effets des métaux par des procédés électriques où l’on ne peut manifestement invoquer l’existence d’un courant. Ainsi l’électricité de frottement donne les mêmes résultats que les applications métalliques ; la seule différence est un degré su- périeur d’énergie et d’étendue. Ainsi, d’une part, l’action chimique de la peau sur le métal n’est pas la condition essentielle du phénomène électrique, et, d'autre part, ce phénomène électrique n’est pas nécessairement un courant. Il faut évidemment chercher ailleurs la base d’une explication. Nous avons déjà indiqué une expérience qui montre bien le mode d'action du courant ; la voici : une pile étant bien isolée, l’application d’un seul de ces pôles donne lieu aux mêmes modifications de la sen- sibilité que le courant lui-même. Ici, ce qui agit, c’est évidemment la tension de l'électricité accumulée à ce pôle. Lorsqu’on fait passer un courant on n’a pas antre chose que cette même action unipolaire sur deux points différents. On pouvait prévoir ce résultat en observant qu’un seul élément a, pour produire les phénomènes qui nous occupent, autant d'efficacité que trente, ce qui suppose une condition indépen- dante du courant lui-même. Quoi qu'il en soit, cette expérience nous sert à faire comprendre notre manière de voir. Nous croyons, en effet, que la condition pre- mière de la production des phénomènes dits métalloscopiques, est une — SL — variation en plus ou en moins, durant un temps variable sut- vant les sujets, de la tension électrique sur une portion limitée du corps. Pour faire voir comment les applications métalliques déterminent cette variation, quelques éclaircissements sont nécessaires. La plupart des physiciens admettent maintenant le simple contact comme une des sources d'électricité ; dans cette théorie, qui est celle de Volta, deux métaux se chargent par le seul effet du contact, indépendamment de toute action chimique, d’électricités différentes. Ce qui a lieu pour deux métaux à lieu pour un métal et un liquide, ete. La force électro- motrice ainsi développée varie suivant la nature des corps juxtaposés ; s’il yà plusieurs de ces corps disposés en série, la distribution de l'électricité entre eux est réglée par la loi des tensions. On trouvera l'exposé complet de cette théorie dans le Traité d'électricité statique de M. Mascard, Il nous a semblé qu’elle permet de se rendre compte de la facon la plus simple et la plus générale de ce qui se passe soit dans les applications métalliques ordinaires, soit dans l'expérience de deux ou plusieurs métaux superposés. Nous avons constaté que plusieurs métaux s’électrisent négative- ment au contact de la peau; mais, il faut le dire, ces observations électro-métalliques sont extrêmement difficiles à faire avec les ins- truments à feuilles d’or. IL est bien évident qu'il ne peut être question ici d’une théorie complète et définitive. Notre explication ne donne pas à priori la raison pour laquelle tel métal agit sur un individu et pas chez un autre. On peut supposer cependant que le minimum de variation de tension nécessaire est différent suivant les individus et que la sen- sibilité métallique n’a lieu que pour le métal dont la force électro- motrice correspond à ce minimum. Il y aurait là quelque chose d’analogue à ce que M. Régnard à vu dans ses expériences sur les courants trés-faibles. L’excitation unipolaire, dont la tension est toujours connue, fournit un moyen commode d'établir des compa- raisons. Serait-on définitivement fixé sur le processus physique, extérieur, initial, il resterait encore à prouver la théorie de l’enchaînement des faits physiologiques dont il est le point de départ. Parmi ces faits un des plus singuliers est le mode de propagation des phéno- mènes, c'est-à-dire la succession pendant laquelle les différents organes ou tissus répondent à l’action locale du métal. Cette propa- gation se fait à la fois en surface et en profondeur, suivant une direction parfaitement déterminée, mais absolument indépendante de toute distribution nerveuse ou vasculaire. Un autre fait, plus connu, est le transfert. Nous rappellerons qu'il présente trois variétés, suivant l’état de la sensibilité de la malade examinée : 1° anesthésie déterminée par la production de la sensi- bilité sur le point symétrique ; 2 réciproquement sensibilité dé- terminée par la production de l’anesthésie; 3° anesthésie déter- — 272 — minée par l’anesthésie. En outre le retentissement à distance se fait non-seulement d’une moitié latérale du corps à l’autre, mais aussi de la moitié supérieure à l’inférieure, dumême côté de la ligne médiane. Nous avons eu récemment l’occasion de faire des observations intéressantes à ces divers points de vue sur une malade que nous traitons dans le service et sous la direction de M. le professeur Charcot. Il s’agit d’une contracture hystérique du poignet avec pa- ralysie et anesthésie complètes du membre supérieur. Le traite- ment, réglé d’après les données qui précèdent a consisté dans la production artificielle, quotidiennement répétée, d’une contracture semblable sur le membre sain. Pour obtenir cette contracture arti- ficielle, on s’est servi tantôt de l’aimant, tantôt de l’excitation uni- polaire, tantôt de l'électricité statique ou galvanique. Par suite de ces manœuvres, la contracture ancienne a graduellement cédé ainsi que l’anasthésie, et la malade se trouve actuellement avec la seule paralysie, qui elle même, est en voie de guérison. Sans en- trer dans le détail, nous dirons quelques mots d’abord sur la mé- thode, puis sur les procédés. La méthode est fondée sur le fait du transfert et en outre sur un principe que des observations antérieures nous font regarder comme général : dans les explorations métalloscopiques il faut opérer sur le côté le moins affecté, autrement on s'expose à méconnaître une sensibilité métallique. Dans le cas présent, la malade avait été sou- mise dans son pays à l’action de divers métaux et à la Salpétriére au grand électro-aimant de Faraday, le tout sans résultat parce que l’on s’adressait au côté malade. Dès que l’on commença à expéri- menter sur l’autre bras, on obtint avec la plus grande facilité l’anesthésie, le refroidissement, la contracture et la paralysie, en un mot un état identique à celui du membre malade. A ce propos, M. Charcot nous fait noter la remarque suivante dont nous avons eu à constater la justesse dans plusieurs cas : on ne peut provoquer chez une hystérique que les actes morbides dont les conditions sont déjà présentes; ici on a produit une contacture ; ailleurs les mêmes moyens auraient provoqué une attaque, et ainsi de suite, selon les manifestations habituelles à chaque malade. Il nous reste à dire quelques mots sur les procédés. Un seul métal a été essayé, le cuivre, mais sans résultat. L’aimant à distance, les courants faibles ou forts, l'excitation unipolaire, l'électricité stati- que ont invariablement produit la contracture des fléchisseurs des doigts, quel que füt le point du membre sur lequel on les faisait agir. Pour les courants, la direction était indifférente; pour l’exci- tation unipolaire, le signe du pôle indifférent aussi, au moins quant à la réalité de la production; le temps employé n’a pas été noté pour chaque pôle ; peut-être y a-t-il une différence, car, dans d’au- tres cas, nous avons constaté une inégalité évidente dans l’activité de deux pôles, eten fait on sait que lorsqu'ils agissent dans un cou- — 273 — rant, c’est le négatif qui a l’action physiologique la plus marquée. Quant à l'électricité statique, il y a eu quelques particularités bon- nes à noter. On se servait de la machine électrique de Carré. La malade étant placée sur l’isoloir est tenue en communication avec le conducteur pendant 95 minutes sans résultat. Ensuite on pré- sente une pointe métallique à 8 ou 10 centimètres de l’avant-bras sain, de manière à produire le souffle électrique. Presque immédia- tement, la raideur commence et en quelques minutes la contracture est complète. Pour la faire cesser, il suffit de rapprocher la pointe de manière à tirer des étincelles; après quoi la main a repris son mouvement. On voit qu’une décharge lente provoque la contrac- ture, et que des décharges brusques la font cesser sans produire l'épuisement nerveux. Quelque chose d’analogue avait été constaté avec l'appareil d’induction : l’extra-courant modéré appliqué sur la face dorsale de l’avant-bras provoquait la contracture des flé- chisseurs ; le courant induit la faisait cesser. On remarquera la con- cordance de ces faits avec ce que nous avons dit plus haut de la variation locale de la tension et du degré d'intensité nécessaire de cette variation. Les observations faites sur cette malade avaient cela de précieux, qu'un phénomène aussi objectivement apparent qu’une contracture servait de réactif. On conviendra sans doute que l'intérêt pratique de ce genre de recherches, fût-il limité à l’hystérie, serait encore notable, car on sait combien le traitement de la contracture par les ressources or- dinaires de la thérapeutique offre de difficultés et d'incertitude ; mais il nyapas lieu de faire cette restriction : sans parler des trois cas déjà publiés et de quelques autres, d’hémianesthésie de cause organique supprimée par les nouveaux procédés, une prati- que déjà assez étendue nous permet d'affirmer que les métaux et leurs analogues agissent dans un certain nombre d’affections étran- gères à l’hystérie. Ce qui, d’ailleurs, est conforme aux assertions de M. Burq. M. Onimus dit, dans sa note, quelques mots sur le rôle du platine comme compensateur. Nous ne savons pas à quelles expériences il fait allusion. Pour nous le platine, au point de vue de la métallo- thérapie, ne diffère point des autres métaux; nous avons vu quel- ques malades sensibles au platine comme d’autres plus nombreux le sont au fer ou au cuivre. Quant à ses propriétés électriques, nous avons signalé celles qu'il acquiert après avoir été traversé par un courant très-faible et qui lui donnent une action sur la sensibilité analogue à celles de l’aimant. — M. François-FrANox nous expose la continuation de ses intéres- santes recherches expérimentales de physiologie sur les filets nerveux qui président aux mouvements de l'iris et à sa vascularisation, Il de- montre, par les procédés graphiques les plus précis, que le rôle des c. R. 1878. 35 — LOT IN nerfs dilatateurs de la pupille est distinct de celui des nerfs qui président à la contraction ou à la dilatation des vaisseaux de l'iris. Son travail est intitulé : Note sur le défaut de subordination des mouvements de la pupille aux modifications vasculaires ; sur la distinction des nerfs ciliaires en dilatateurs el en constricteurs. et sur les rapidités différentes du resserrement et de la dilatation de l'iris. NouvéLLES RECHERCHES SUR LE NERF PNEUMOGASTRIQUE, DÉMONTRANT QUE LES FILETS ORIGINAIRES DE CE NERF, AVANT TOUTES ANASTO- MOSES, POSSÈDENT, CHEZ LE CHIEN, UNE FONCTION MOTRICE PROPRE SUR L'OESOPHAGE ET L’ESTOMAC; par le docteur F. Joryer, directeur- adjoint du laboratoire de physiologie expérimentale à la Faculté des sciences. On sait combien l’on a discuté sur la question de savoir si le nerf pneumogastrique proprement dit est un nérf sensitivo-moteur dès son origine, ou si, au contraire, il est exclusivement sensitif. La raison de ces divergences d'opinion tient à la difficulté qu'il y à de distinguer nettement des racines aussi mal délimitées que le sont celles des nerfs pneumogastrique et spinal à leur origine. Lors- qu'on examine, en effet, les nerfs qui naissent du bulbe rachidien, on voit sur une même ligne (ligne qui représente le prolongement du sillon collatéral postérieur de la moelle), une série de filets ra- diculaires placés les uns au-dessus des autres. Ces filets sont les origines des nerfs glosso-pharyngien, pneumogastrique et spinal. Ces filets radiculaires superposés sont si rapprochés qu'il est diffi- cile de délimiter tout d'abord l’ensemble des filets d’origine, cons- tituant chacun des nerfs que je viens de nommer. Il n’y a pas, en effet, de ligne de démarcation bien nette entre les filets supérieurs du nerf pneumogastrique et les filets inférieurs du glosso-pharyn- gien. Les filets inférieurs du pneumogastrique ne sont pas plus nettement séparés des filets supérieurs du spinal. Îlest cependant très important de savoir au juste à quelle origine on a affaire, afin que lorsqu'on viendra à exciter dans le crâne les filets originaires du pneumogastrique, pour déterminer ses fonc- tions, on n'aille pas exciter en même temps les origines du spinal. De pareilles expériences seraient entachées d'erreur, et feraient at- tribuer à un nerf des propriétés qui ne lui appartiendraient pas. Or, c’est précisément là un des principaux arguments que les par- tisans de la sensivité du pneumogastrique opposent à ceux qui ad- mettent que ce nerf est sensitivo-moteur à son origine. « Vous ex- citez dans le crâne, disent-ils, les filets originaires du nerf pneu- mogastrique, et vous obtenez des mouvements dans le pharynx, dans l’æsophage, dans l'estomac; mais. c'est parce que vous avez excité en même temps les filets voisins, les filets supérieurs du spinal, que vous n’avez pas pu distinguer, et on le sait, le nerf spi- — 275 — nal est un nerf moteur. » Ce serait donc dans l'opinion de certains physiologistes, au nerf spinal (branche interne), qu’appartiendrait en réalité la fonction motrice sur l’œsophage, que d’autres attri- bueraient à tort au pneumogastrique. Malgré cette objection, je me range à l’avis des physiologistes, qui admettent que le nerf pneumo-gastrique est sensitivo-moteur à son origine, chez le chien. Je ne veux pas rapporter ici les expériences anciennes de M. le -professeur À. Vulpian, ni les miennes, qui m'avaient fait dès long- temps ranger à cette opinion. On en trouvera la relation détaillée dans un travail antérieur (Voir Fr. Jolyet, thèse inaugurale, Paris, 1866). Je dirai cependant un mot de la manière dont ces expérien- ces ont été faites, et de leurs résultats. On saigne l’animal à mettre en expérience, par l'ouverture d’une ou plusieurs grosses artères. Quand le sang ne coule plus, que l’a- nimal est affaibli, au point que sa mort devient imminente dans quelques instants; on met à nu complètement le crâne, en incisant la peau et les masses musculaires temporales. Puis, on enlève, par un rapide trait de scie, la calotte du crâne, et, du même coup, la partie supérieure du cerveau, et la plus grande partie du cervelet. Dans un autre temps de l'opération, ou ouvre la partie abdominale sur la ligne médiane, et la cage thoracique, en enlevant le plastron formé par le sternum et les cartilages costaux. On isole l’œsophage dans toute son étendue, depuis le names jusqu ’à l'estomac. Ces deux temps.de l'opération doivent être faits aussi rapidement que possible, afin que les nerfs n'aient pas le temps de perdre leur ex- citabilité. L'expérience commence alors. On enlève la base des hé- misphères cérébraux, on soulève la protubérance, et on arrive ainsi à voir les différents nerfs qui naissent du bulbe. L’expérimentateur excite successivement les filets originaires qui constituent chacun de ces nerfs, tandis qu'un aide observe l'effet produit sur l’œso- phage ou ailleurs. Or, dans ces conditions, toujours l'excitation, au moyen du pin- cement du bout périphérique du nerf pneumogastrique dans le crâne, a provoqué des contractions énergiques du pharynx et de l’æsophage dans toute son étendue et de l'estomac. Au contraire, l’excitation des bouts périphériques des nerfs-glosso-pharyngien et spinal n’a produit aucune contraction des muscles de ces parties. Mais ces expériences, vu la difficulté qu’il y a de séparer les ra- cines bulbaires supérieures du spinal, des inférieures du HR gastrique sont passibles de l’objection que je signalais plus haut : savoir que les mouvements observés dans l’œsophage sont nel à l'excitation de filets du spinal. Cet argument semble acquérir une certaine valeur, quand on voit dans des expériences faites sur d’autres animaux et par un autre procédé, que le nerf spinal est bien réellement le nerf moteur de l'æsophage et de l'estomac. / — 276 — Quand on a arraché, en effet, sur certains animaux (le chat, par exemple), le nerf spinal, et qu'on a attendu un nombre de jours suffisant pour que ce nerf ait perdu toute excitabilité, si on vient à interroger les nerfs vagues au cou, au moyen de l'électricité, on voit que le nerf vague correspondant au spinal arraché, a perdu toute influence sur le cœur et l’estomac (A. Waller), et aussi sur l’æœsophage (A. Vulpian), tandis que le nerf du côté opposé a con- servé intacte son action sur ces organes. Chez le chat, le nerf spi- nal serait donc le nerf moteur de l’æœsophage et de l'estomac, tan- dis que chez le chien, la fonction motrice sur ces organes, appar- tiendrait au nerf pneumo-gastrique proprement dit. Il semblera peut-être difficile d'admettre des résultats si opposés, et l’on se refusera à penser qu’une même action ne soit pas due au même nerf, chez tous les animaux. C’est pour lever tout doute, que j'ai cru devoir instituer d’autres expériences, et rechercher si après l’arrachement du nerf spinal, chez le chien, le pneumo-gastrique, du même côté, a ou n’a pas perdu son influence sur l’œsophage de l'estomac. Malheureusement, l’extirpation du nerf spinal, sur le chien, échoue presque toujours. Cela tient à la densité du tissu cellulaire, qui chez cet animal, unit le névrilemme avec le périoste des os qui livrent passage au nerf de la 10€ paire, ce qui fait que les branches du nerf spinal se cas- sent sous les mors de la pince, au lieu de se laisser arracher. Après beaucoup d'essais infructueux, je suis cependant parvenu à arracher sur le chien le nerf spinal avec toutes les racines mé- dullaires et bulbaires. Voici ces expériences, faites en présence et avec l’aide de MM. Laffont et Lachaud. Exp. I (4 mars 1878).— Chien épagneul jeune. On isole la branche externe du nerf spinal du côté droit, jusqu’au point où ellese sépare de la branche interne ; on exerce sur les deux branches, au moyen de fortes pinces, une traction continue de plus en plus forte, jns- qu’à ce que le nerf cède et vienne avec toutes ses racines. L’arra- chement paraît bien fait, et on constate aussitôt après que la voix de l’animal est devenue un peu rauque, et que les battements du cœur sont augmentés de nombre. Le 197 (96 jours aprés l’arrachement), on procède à la seconde partie de l’expérience. On met à nu les deux nerfs pneumogastriques dans la région an- térieure du cou. On prend et on enregistre la pression du sang dans l’artère carotide gauche. On coupe le nerf vague gauche : Augmentation considérable du nombre des battements du cœur et élévation de la pression san- guine. Pas de gêne bien manifeste dans la respiration. Mais l’ani- mal devient aphone. Il n'y a que quelques sifflements qui ont lieu dans les fosses nasales. — 2717 — On sectionne le nerf vague droit : Gêne considérable de la respi- ration, agitation, ralentissement des mouvements respiratoires. On excite alors, au moyen d’un assez fort courant interrompu, les bouts périphériques des vagues. Excitation ‘du vague gauche: Arrêt des battements du cœur, baïsse considérable de la pression, puis reprise des pulsations quand on cesse l'excitation. Faradisation du vague droit : Pas le moindre changement dans la pression et les battements du cœur. On saigne l'animal à blanc, on ouvre la poitrine et l'abdomen, et on isole l’æœsophage et l'estomac. Excitation du vague gauche : Contraction brusque, instantanée de l’æsophage dans toute son étendue et de l'estomac. Excitation du vague droit : Forte contraction de l’œsophage dans toute son étendue et de l'estomac. Les contractions sont plus fortes de ce côté que du côté opposé. Nous avons répété l’expérieuce à plusieurs reprises avec les mêmes résultats. L’autopsie faite montre que les filets bulbaires du spinal du côté droit sont parfaitement enlevés, ainsi que la branche externe. L'expérience II (93 mars 1878), faite dans les mêmes conditions, a donné les mêmes résultats. C’est pourquoi je ne la rapporterai pas ici. Des expériences que je viens de rapporter, il ressort bien évi- demment que le nerf pneumogastrique posséde par lui-même une fonction motrice sur l’æœsophage et l'estomac, puisque, aprés l’ar- rachement du nerf spinal, le vague correspondant conserve intacte son action sur ces organes. Je sais bien que le nerf pneumogastrique reçoit encore d’autres anastomoses que celle qui lui vient de la branche interne du spinal. Mais, de tous les nerfs qui envoient des anastomoses au nerf vague, il n'y en a qu'un quiait une influence propre sur l’æœsophage, le nerf facial, comme l’ont montré les expériences de M. Vulpian. Encore ce nerf borne-t-il son action à la portion supérieure de l’æsophage. Or, après l’arrachement du spinal, l'excitation du vague dans la région cervicale provoque une contraction énergique de l’æso- phage, dans toute sa longueur, et consécutivement de l'estomac. Mais si les deux premières expériences laissaient quelques doutes sur la motricité propre du nerf pneumogastrique, ils se trouveraient levés assurément par la troisième expérience, dans laquelle l’exci- cilation dans le crâne du bout périphérique du nerf pneumogas- trique a provoqué une forte contraction de l’œsophage dans toute son étendue ; et l’on ne peut dire que cette contraction était due à l'excitation du nerf spinal, puisque les filets bulbaires de ce nerf incriminés se trouvaient arrachés. — 218 — Exe. III (23 février 1874). — Sur un chien épagneul, jeune, on arrache le nerf spinal du côté droit, avec toutes ses racines médul- laires et bulbaires. L’arrachement effectué, on constate la raucité de la voix et l'accélération des pulsations du cœur, signes ordi- naires de l’ablation complète du nerf. L’artère carotide ayant été découverte, on y introduit une canule, et on saigne l’animal à blanc. Lorsque celui-ci est près de mourir, on met rapidement à décou- vert les nerfs bulbaires de l’un et l’autre côté droit, les filets radi- culaires bulbaires du spinal sont parfaitement arrachés. On isole éga- lement, en ouvrant la poitrine, l’æœsophage dans toute son étendue, et aussi l'estomac. Au moyen d’une aiguille courbe, munie d’un fil, on étreint, dans une ligature, les filets radiculaires bulbaires du nerf pneumogas- trique, près du bulbe, du côté droit (côté du spinal arraché), évi- tant de comprendre dans celle-ci les filets les plus supérieurs du nerf, c’est-à-dire les plus voisins du nerf glosso-pharyngien. Du moment où la ligature est posée sur le nerf, une contraction de l’œsophage, dans toute-son étendue, se montre; tirant alors légère- ment sur le fil, on détache facilement le nerf vague à son insertion au bulbe rachidien, l'extrémité périphérique du nerf restant attachée au fil; on pince brusquement le bout du nerf, aussitôt une contraction violente, instantanée de l’œsophage dans toute son étendue a lieu, et consécutivement de l'estomac. Ces effets sont constatés à plu- sieurs reprises en opérant les pincements du nerf de plus en plus bas : toujours contraction brusque de l’œsophage, dans toute son } étendue, et plus tard de l'estomac. Mes expériences prouvent encore que chez le chien, comme chez les autres animaux chez lesquels l’arrachement du nerf spinal a toujours été effectué, à cause de la facilité même de cet arrache- ment, le nerf spinal préside aux mouvements des muscles phona- teurs du larynx, mais qu'il laisse celui-ci intact, en tant qu'organe de respiration, en d’autres termes, ce n’est pas le nerf spinal qui préside aux mouvements d’écartement des lèvres de la glotte. Et, en effet, l’'arrachement du nerf spinal d'un côté, équivaut à une section complète du nerf vague cervical correspondant, quant à l’action vocale du larynx, puisque la section du vague du côté op- posé rend l'animal aphone; mais il n’en est pas de même pour l'ac- tion respiratoire du larynx, la gêne de la respiration, causée par le rapprochement des lèvres de la glotte, ne survenant qu'après la section des deux nerfs pneumograstriques. - Enfin, comme chez les autres animaux, le nerf spinal, chez le chien, est le nerf modérateur du cœur. M. Duvas vient à l’appui des recherches expérimentales de M. Jolyet apporter les résultats de ses nombreuses études sur la structure du brlbe et sur la disposition des nerfs et de leurs noyaux dans cette région du système nerveux. — 279 — Il a reconnu, comme l’avaient fait déjà, du reste, les auteurs alle- mands, mais en y ajoutant plus de clarté et de précision, que les nerfs spinal, glosso-pharyngien et pneumo-sastrique sont des nerfs mixtes, c'est-à-dire que leurs racines ont leurs sources à la fois dans la colonne des cellules motrices et dans la colonne des cellules sensitives. Le nerf spinal, par exemple, a deux racines, l’une postérieure, qui vient de la partie moyenne externe de la corne postérieure, de la petite région que M. Pierret a décrite comme étant le siége des cellules sen- sitives, l’autre de la corne antérieure où existent les grandes cellules motrices. Le glosso-pharygien et le pneumo-gastrique ont aussi une double origine. On sait, en effet, dit M. Duval, et je l’ai exposé dans mon article sur le Bulbe, du DicTIONNAIRE DE MÉDECINE PRATIQUE, que dans le bulbe proprement dit, l’entrecroisement des fibres motrices, en avant, sépare, décapite, selon l’expression de M. Charcot, la corne antérieure de la moelle de la corne postérieure. Il en résulte que la colonne des cellules sensitives se trouve éloignée de la colonne des cellules motrices. Sur une coupe transversale du bulbe, faite convenablement, on voit les racines principales du pneumo-gastrique se diriger loin en arrière, jusqu’au voisinage du plancher bulbaire, et prendre son point de dé- part dans un noyau de petites cellules sensitives, sises en dehors du noyau du nerf hypoglosse. Mais il existe une autre source pour les fibres du pneumo-gastrique : Un petit groupe de fibres, que j’ai appelées récurrentes, viennent aprés un court trajet, se joindre dans le bulbe du faisceau principal ; ce sont des fibres motrices ; en effet, il est facile de reconnaître qu’elles ont leur point de départ dans un petit groupe de cellules motrices, situées plus en avant, non loin du tractus blanc, qui représente dans le bulbe le trajet des racines du nerf hypoglosse. M. Duval à vérifié l'existence de cette disposition des nerfs pneumo- gastrique, spinal, glosso-pharyngien, chez un grand nombre d’ani- maux : il a toujours reconnu que leurs racines avaient une double origine, l’une sensitive, l’autre motrice ; ce sont donc, comme le dé- montrait M. Jolyet, des nerfs mixtes. SUR LA QUANTITÉ DE SANG ET D'OXYGÈNE CONTENUE DANS LE CORPS D'UN MARSOUIN : COMPARAISON AVEC LE CHIEN ; par M. Pauz Berr. Des expériences, qui datent de plus de dix ans, sur les causes de la résistance à l’asphyxie des animaux plongeurs (voir une Leçon sur la pluysiologie de la respiration; Paris,’ 14869), m'ont montré que la quantité de sang est un facteur considérable et sans doute le plus im- portant de ce privilése remarquable. Ayant pu me procurer récemment un marsouin en bon état, sans aucuye blessure, j’ai déterminé par le procédé du lavage et de la colo- rimétrie, la quantité de sang que contenait son corps. — 280 — L'animal pesait 50 kil. 500; sa peau, doublée d’une quantité énorme de graisse, pesait 48 kil. : d’où un poids net, mnscles, squelette et vis- cères, de 32 kil. b00. L'analyse a donné 4 litres 990 de sang. Cela donne, pour 100 kil. &e poids total, 9 lit. 88 de sang ; ou, pour 100 kil., défalcation faite de la peau, 15 lil. 35. J'ai pris simultanément la capacité d'absorption pour l'oxygène d'un échantillon de sang. Des calculs fort simples m'ont montré que le mar- souin, en supposant tout son sang saturé d'oxygène, en posséderait : par kilogramme 4 ce. 9, si l’on considère le poids total du corps, et 26 cc. 2, si l’on fait abstraction de la peau et de la graisse. Comme point de comparaison, j'ai pris un chien vigoureux, un ter- rier três-bien portant, du poids de 8 kil. 300; je l’ai saigné, lavé à blanc ; eu un mot, j'ai fait sur lui les mêmes opérations et les mêmes calculs. La peau pesait { kil. La comparaison entre les résultats se voit très-nettement au tableau suivant : Marsouin. Chien. kil. kil. Poids total du corps............................ 00 5 CNE) Poids du corps moins la peau et la graisse sous-cu- TETNOS 190 2 0 078 oo ol RE LE OA Didi 32 8 1870 lit lit. Quanbtéde sans er PEEC ECC EPL LUCE CEE 4.990: 0,519 Rapport du poids du corps (poids total) à la quan- VITE QU SAR: eee cree ee ee 10 13 16 00 Rapport du poids du corps (moins la peau et la graisse) AA QUANTITÉ AUASANS ECC EE CC CCE. 6 51 44 07 Quantité de sang pour 100 kil. d’animal (poids total) 9 88 6 27 Quantité de sang pour 100 k. d'animal (moinslapeau) 15 35 712 ce cc Quantité d'oxygène absorbable par le sang (par kil. déPOIUS MONA) EC ERP E RCE AA LTLCEE 16 9 14 4 Quantité d'oxygène absorbable par le sang (par kil. INOIMS AMEN) EEE CEE EEE 20900 0 se 120 RMC Je dois faire observer que l'échantillon type de sang ayant été chez le marsouin, recueilli sur l’animal mort, et mêlé de caillots, la quan- tité des ang ne peut être considérée ici comme absolument exacte. Aussi, j'attache bien plus d'intérêt à la mesure de la capacité totale pour l’oxygène; car c’est là en somme ce qui est important. De plus, c’est au poids du corps dépouillé de sa graisse sous-cutanée, énorme coussinet presque exsangue qui enveloppe le marsouin, qu’il faut rap- porter la comparaison, car dans la résistance à l’asphyxie, il ne faut compter que les tissus actifs. Il conviendrait même, pour être plus Le. ne exact, de défalquer le poids du squelette osseux ; mais je n’ai pas voulu me jeter dans ces complications. Or, la dernière ligne du tableau montre que le marsouin est, sous ce rapport, supérieur au chien dans la proportion de 26 à 16, c’est-à-dire environ de 5 à 3. L'élément richesse sanguine a donc très-certaine- ment chez lui une importance considérable. J'ajoute que le lavage du marsouin avait été certainement moins parfait que celui du chien, ce qui place mes conclusions dans la con- dition favorable d’un à fortiori. . — La Société se réunit ensuite en comité secret pour entendre la lec- ture du rapport de la Commission sur les candidatures à la place de membre titulaire. Dans le comité, après un vote de la Société, on adopte l'ordre de présentation suivant : En première ligne, M. Regnard; En deuxième ligne, MM. Cadiat, d’Arsonval, Magnin, Larcher, Richet et Gellé ; En troisième ligne, MM. Couty, Yvon, Chouppe, Bloch et Badal. La Société nomme ensuite membres correspondants naliouane. MM. Pitres et Peyraud; et membres correspondants étrangers, MM. les docteurs Lebredo et Freitas. Séance du 10 août 1878. M. Luys, à propos de la communication de M. Duval, dans la séance précédente, sur l’origine réelle des racines des nerfs bulbaires, fait ob- server : 19 Qu'il a été un des premiers à signaler l’origine à la fois motrice et sensitive du nerf spinal. 29 Que pour les nerfs pneumo- gastriques et glosso -pharyngiens, il ne partage pas complétement les opinions de M. Duval; qu’il se propo- sait d'élever avec lui un débat contradictoire. M. Duval étant absent, il se réserve de revenir ultérieurement sur cette importante question. NOTE SUR LA STRUCTURE ET LE MODE DE FORMATION DES CELLULES GÉANTES DANS LE TUBERCULE; communiquée à la Société de Biologie par MM. CHaRcoT et GOMBAULT. Les considérations qui vont suivre ont trait à quelques recherches faites dans le laboratoire d'anatomie pathologique de la Faculté. Elles concernent uniquement les cellules géantes qui se rencontrent dans cette forme particuliére du tubercule improprement dénommé tubercule réticulé ou cytogëne, On sait qu'on entend par cellules géantes des corps volumineux de c. R. 1878 36 — 282 — 20 à 200 y de diamètre, munis de nombreux noyaux periphériques, souvent de prolongements multiples, et dont le centre est occupé par une masse grenue, réfringente, d’un aspect tout à fait spécial. Ces for= mations, il est vrai, ne paraissent pas appartenir en propre au tuber- cule; du moins a-t-on signalé la présence de corps analogues au sein de productions de nature toute différente (sarcômes, syphilômes, etc.), et des recherches ultérieures pourront seules nous renseigner sur la question de savoir s’il y a, entre ces différents corps, identité de nature et de provenance, ou simple ressemblance dans la configuration exté- rieure. Quoi qu'il en soit, les cellules géantes, présentant les caractères qui viennent d’être rappelés, se rencontrant trés-fréquemment dans le tubercule, peuvent être considérées comme un des éléments de sa constitution. Or, c’est surtout dans le tubercule réticulé qu’elles se ren- contrent en grand nombre, et qu'il est facile d'étudier les rapports qu’elles affectent avec les autres parties de la néoplasie tuberculeuse. Nous allons tout d’abord rappeler en quelques mots ce qu’on entend par tubercule réticulé. On sait que la granulation tuberculeuse, visible à l’œil nu, est bien loin de pouvoir être considérée comme l'unité tuberculeuse ; elle est complexe, au contraire, et composée de parties similaires plus petites, groupées les unes à côté des autres, et qu’on peut envisager comme les véritables tubercules élémentaires. Ces tubercules élémentaires, qui ont reçu le nom de tubercules submiliaires, de follicules tubercu- leux, etc., peuvent, au lieu de se trouver réunis en amas pour consti- tuer une granulation, être rencontrés à l’état d'isolement plus ou moins parfait, et leur constitution devient dés lors assez facile à déter- miner. Or, celle-ci n’est pas toujours identique, et deux variétés prin- cipales peuvent être distinguées : tantôt le follicule est exclusivement formé par un amas de petites cellules rondes, pressées les unes contre les autres, et on lui donne alors le nom de follicule cellulaire; tantôt, au contraire, il est représenté par un petit nodule, qui, vu sur une coupe mince, et après avoir subi l’action des réactifs, semble constitué par une sorte de réticulum sur lequel seraient collées des cellules plates, d’où le nom de tubercule réticulé. On sait aujourd’hui que, selon toute vraisemblance, il n’y a là qu’une apparence; que le follicule est ici en- core formé par un amas de cellules, mais que celles-ci sont plus déve- loppées, munies de prolongements, et se rapprochent beaucoup, par leurs caractères, des cellules plates du tissu conjonctif. Mais là ne s’ar- rêtent pas les distinctions à établir. Chacune de ces deux variétés du - tubercule élémentaire peut être simple, c’est-à-dire formée dans toute son épaisseur par des éléments identiques les uns aux autres; ou bien il peut être complexe, et voici alors quelle est sa constitution : on peut reconnaître, dans ce cas, trois zones aux follicules. La partie centrale est occupée par une cellule géante ; autour de celle-ci, existe une zone de cellules qui, en raison de leurs caractères spéciaux, ont reçu le nom de cellules épithélioïdes ; enfin une troisième zone plus externe est for- — 283 — mée par des éléments plus petits, zone de tissu embryonnaire ou de tissu réticulés suivant les cas. Ainsi se trouve déterminée la place qu’occupe la c2llule géante dans le tubercule. Elle est située, lorsqu'elle existe, au centre du follicule tuberculeux dont les éléments sont groupés autour d'elle. C’est cette cellule qu’il s’agit maintenant pour nous d’étudier. Lorsqu'une semblable cellule a été isolée par dissociation, et: dispo- sée de façon à flotter librement dans le liquide, on reconnaît qu’elle est hérissée sur toutes ses faces d’ane foule de prolongements. Ceux-ci sont formés par un protoplasma grenu, réfringent, fixant fortement l'acide picrique, ayant une grande tendance à s’accoler les uns aux autres. Par de petits coups frappés sur la lame mince, on peut leur imprimer des mouvements qui ne tardent pas à dégager de la masse principale un certain nombre de corps cellulaires, munis chacun d’un ou de plusieurs noyaux, et auxquels appartenaient quelques-uns des prolongements visibles à la surface de l'élément. Ces cellules sont bientôt dégagées complétement, et 1l n’est pas difficile de reconnaître en elles des cel- lules épithélioïdes qui avaient conservé des connexions intimes avec la cellule géante. Mais, au cours de cette dissociation, sous le microscope, il arrive un moment où il devient évident qu’un grand nombre de pro- lonsements, identiques d’ailleurs aux précédents comme aspect, ne peuvent plus être détachés de la même façon, parce qu’ils sont intime- ment unis à la cellule géante avec laquelle ils font corps. Leur proto- plasma se renfle au moment où ils abordent la zone des noyaux ; à ce niveau, ils sont souvent encore distincts les unsdes autres; mais au delà, ils se perdent dans la masse grenue de la zone centrale. Si l'on pousse l'opération plus loin, on peut, dans certaines circonstances, voir la cel- lule géante se résoudre, en quelque sorte, en un certain nombre de masses plus petites, pourvues de plusieurs noyaux, et dont la structure cellulaire ne saurait faire aucun doute. L'étude de la cellule géante pratiquée à l’aide de coupes et surtout à l’aide de coupes successives portant sur les différents points d’une même cellule va nous fournir d’autres renseignements. Trois conpes successives, que nous prendons comme exemple, nous ont fourni les apparences suivantes : 4° Sur la premiére, on rencontre une véritable plaque à noyaux multiples. Ces noyaux, serrés les uns contre les autres au centre de la plaque, deviennent de plus en plus rares à mesure qu'on s’avance vers la périphérie. De cette derniére partent, dans tous les sens, une foule de prolongements qui, épais à leur base, vont se perdre par une extremité plus mince dans le tissu voisin. 2° Sur une seconde coupe, l'élément apparaît avec ses caractères pour ainsi dire classiques, centre grenu, réfringent, sans structure ; en dehors de ce centre, une zone de noyaux; plus en dehors, enfin, de très- nombreux prolongements rayonnant tout autour. Dans un seul point la zone des noyaux est interrompue sur une certaine étendue, et dans le point correspondant, les prolongements font à peu près com- plétement défaut, circonstance qui semble indiquer une fois de plus — 284 — que des relations intimes unissent les noyaux et les prolongements de la cellule. 3° La troisième coupe, enfin, nous montre un petit amas de cellules à protoplasma brillant, à contours mal délimités, au centre duquel les éléments se groupent de façon à circonscrire une sorte de pertuis três-étroit, qu'on peut suivre à une certaine profondeur dans l'épaisseur de la coupe, en faisant varier là vis du microscope. Quelques rares prolongements grenus relient cette masse aux tissus voisins. On voit donc que sur chacune de ces trois coupes, la cellule géante a changé de forme et de constitution; mais, détail important, elle a varié aussi de volume dans des proportions considérables. Si nous pre- nons comme point de départ le volumede la cellule géante sur la coupe n° 3, et que nous représentions ce volume par un, il sera de trois sur la seconde coupe, et de deux et demi sur la premiére. Les diflicultés pratiques d’une telle recherche ne nous ont pas per- mis de suivre plus loin les modifications éprouvées par la cellule géante en question; toutefois, des seuls faits observés, il nous paraît légitime de tirer les conclusions suivantes : Tout d’abord, la masse qui constitue la cellule géante s’effile vers une de ses extrémités. Si nous supposons que le même phénomène se produise vers l’extrémité opposée, qui manqué dans la série de nos conpes, l'élément sera fusiforme. Si on rejette cette hypothèse, on de- vra lui attribuer tout au moins la forme d’une petite massue.Quoi qu'il en soit, on doit reconnaître, et c’est là, pour nous, le fait essentiel, que son pédicule, aussi bien que la zone périphérique de sa partie renflée, ont une structure purement cellulaire. Seulement, les éléments ont subi, aa niveau de cette dernière, une modification qui à eu pour effet de les souder les uns aux autres en amenant la fusion partielle de leurs protoplasmas. Les caractères de cette modification s’accusent de la fa- çon la plus nette au niveau des prolongements que la cellule géante émet dans tous les sens. Ces caractères, que nous avons déjà mention- nés, consistent dans le gonflement du protoplasma, son aspect grenu, sa tendance à l’accolement, sa réfringence spéciale, son aptitude à fixer! l'acide picrique à l'exclusion du carmin. Or, ces différentes modifica- tions se retrouvent en dehors de la cellule géante dans d’autres parties de la néoformation tuberculeuse ; portant alors leur action sur des élé- ments moins complexes, elles se présentent dans des conditions d’exa- men plus favorables. Telle est la modification particulière qui produit les cellules de la zone épithélioïde du follicule tuberculeux ; telle est celle qui atteint, dans l’intérieur des alvéoles pulmonaires, les cellules . provenant de la paroi de ces alvéoles ; telle est enfin celle qui, dans cer- taines circonstances, frappe, par places, l’endothélium des vaisseaux d'un certain calibre. Dans tous ces cas, nous voyons cette dégénéres- cence inconnue dans sa nature, qui peut être désignée sous le nom de transformation vitreuse, produire des eflets Analsansr à ce qui se passe, croyons-nous, dans la zone périphérique de la cellule géante. Les éléments cellulaires, en pareil cas, augmentent de volume, et tandis que leurs noyaux prolifèrent, leur protoplasma prend les carac- téres qui viennent d’être indiqués; puis, les cellules s’accolent en plus ou moins grand nombre, leurs lignes de séparation disparaissent par fusion de leurs protoplasmas, et ainsi se trouvent SRE NES en quel- que sorte, des équivalents de cellule géante. On sait, de plus, que cette transformation vitreuse des éléments dans le tubercule a pour aboutissant ordinaire la casäfication. Or, il est im possible de ne pas être frappé de la ressemblance qui existe entre la matière caséeuse centrale d’une granulation tuberculeuse et la substance centrale de la cellule géante. Aussi croyons-nous pouvoir conclure des considérations qui précé- dent, que la partie centrale de la cellule géante a eu, à un moment donné, la même structure cellulaire dont nous constatons l’existence au niveau de son pédicule et de sa zone périphérique ; seulement, ici, les éléments, après avoir passé par la transformation épithélioïde, auraient subi plus tard la fonte caséeuse, de facon à constituer ce centre avec les caractères que nous lui connaissons. Si cette conception est exacte, la cellule géante serait bien loin d’être, comme l’a indiqué M. Schüppel, formée par un élément cellulaire uni- que dont le protoplasma, en état d’accroissement actif, donnerait nais- sance par voie de bourgeonnement aux cellules épithélioïdes. Elle de- vrait être considérée, au contraire, comme un nodule multicellulaire dés son origine, au niveau duquel le processus tuberculeux aurait at- teint son dernier terme et serait représenté par deux de ses produits les plus caractéristiques et les plus avancés, la cellule épithélioïde et la matière caséeuse. M. Maassez : D’après l'exposition que vient de nous faire M. Gom- bault, les grandes cellules géantes seraient formées par l’asslomération et par la fusion de petites cellules épithélioïdes provenant de la des- quamation des cellules endothéliales de la paroi vasculaire : il réussi- rait par la dissociation, à résoudre en partie une grande cellule en cel- lules épithélioïdes plus petites. Je ne partage pas cette opinion; je crois qu'il existe des cellules géantes indécomposables ; 1l y a, pour ainsi dire, des cellules géantes primitivement grandes, et d’ autres qui le deviennent par l’hypertrophie, par le développement de cellules géantes plus petites. M. GomgauLT répond que le phénomène de la fusion des cellules épithélioïdes pour former les grandes cellules, se constate assez aisé- ment dans les alvéoles pulmonaires, au début de la néoformation tu- berculeuse. M. Mazassez : Il ne faut pas admettre le même processus pour tous les organes. Il n’est pas prouvé que toutes les cellules géantes soient de la même espèce. M. GomgauLr a constaté cependant ce fait dans un grand nombre de tissus qui étaient le siége de la dégénération tuberculeuse. M. Cnarcor croit qu'il est facile de se faire une conviction, si, = 086 | comme il lui a été possible de le faire cette année, qu’il a consacrée à l'étude de la tuberculose dans les organes, on perfectionne la technique. On peut suivre le mode de formation des cellules géantes : on les voit d'abord composées de groupes de cellules épithélioïdes très-distinctes ; puis celles-ci se juxtaposent exactement; elles se soudent les unes aux autres, elles se fusionnent; leurs limites cellulaires disparaissent d’a- bord pour celles qui sont au centre; c’est pour cela qu'au centre de la cellule géante on voit un magma caséeux ; à la périphérie existent les noyaux des cellules épithélioïdes les moins dégénérées. En résumé, les arguments présentés par M. Gombault sont de trois ordres : 1° Les caractères objectifs des cellules géantes : elles offrent des in- dices, des traces d’une agglomération de cellules. 20 Des caractères anatomiques fournis par la dissociation : on peut les décomposer en cellules épithélioïdes plus petites. 30 Des caractères génésiques : on peut les suivre dans leur mode de formation et voir, pour ainsi dire. les cellules épithélioïdes s’agglo- mérer et se souder pour constituer les cellules géantes. Enfin, ajoute M. Charcot, M. Malassez pourra se convaincre en CXa= minant à mon laboratoire les préparations de M. Gombault, qui sont réellement d’une grande netteté. — M. DarsonvaL prend date à la Société, pour des expériences qu’il poursuit en vue de dédoubler le sucre en alcool et acide carbonique par des procédés purement physico-chimiques. Ilmontre à la Société de l’alcool obtenu dans ces conditions, par l’ac- tion des alcalis sur les sucres. Il fera connaître ultérieurement, d’une façon plus complète, les ré- sultats de ses recherches. . — M. Franck indique sommairement les effets qu’il a obtenus sur les vaisseaux intra et extra-crâniens par l'excitation des filets du sympa- thique au cou. — M. DumonrPazuier lit devant la Société nn rapport au nom de la commission nommée pour l’examen des théories métalloscopiques et des procédés de métallothérapie du docteur Burq. — M. LE PRÉSIDENT procède ensuite au dépouillement du scrutin pour l’élection d’un membre titulaire. M. Regnard est nommé membre titulaire de la Société de Biologie. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Par M. DURET, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. HOUEL. (vacances pu 11 AOUT AU 11 OCTOBRE.) Séance du 12 octobre 1878. M. Houez, vice-président, dépose sur le bureau de la Société, au nom de M. Beaunis, un éloge de Claude Bernard, leçon d’ouverture du cours de physiologie de Nancy. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DU SA- LICYLATE DE SOUDE; par MM. BLancuier et BOCHEFONTAINE. Afin d’étudier l’action physiologique du salicylate de soude, M. Blan- chier à fait, au laboratoire de M. Vulpian, une première série d’expé- riences confirmatives des résultats que nous avons obtenus, M. Chab- bert et moi, et qui ont été communiqués à la Société de Biologie, puis à l’Académie des sciences. Ces expériences lui ont, en effet, permis de constater que, chez la grenouille, le salicylate de soude introduit sous la peau d’une patte, soit à l’état de sel, soit sous forme de solution concentrée, agit assez rapidement sur le système nerveux central, dont il affablit les pro- priétés. La motricité nerveuse et la contractilité musculaire ne parais- sent pas modifiées par le salicylate de soude, et même elles persistent — 288 — quelque temps après la mort produite par une dose toxique de cette substance. Dans une seconde série d’expériences, faites au même laboratoire, M. Blanchier et moi, nous avons surtout étudié l’action du salicylate de soude sur le cœur, et son élimination de l'organisme par divers appa- reils sécréteurs. Notre étude sur l'élimination a été faite comparative- ment, d’une part, sur l’homme sain, et, d'autre part, sur le chien à l'etat "normal ou soumis à la curarisation et à la respiration artificielle. Chez l’homme, le salicylate a été avalé à la dose de 1 et 2 grammes; chez le chien, il a été administré de deux façons : par injection dans une veine saphéne, en solution neutre convenablement étendue d’eau, et par ingestion intra-stomacale. La présence du salicylate de soude dans les humeurs a été constatée au moyen du perchlorure de fer, lequel, comme on le sait, prend, au contact de l’acide salicylique, une couleur violette des plus caractéris- tiques. ÏJ. — ÉLIMINATION DU SALICYLATE DE SOUDE. Chez l’homme, nous avons étudié ce phénomène sur la salive mixte et sur l’urine. Chez le chien, on a fixé des canules dans les conduits de Warthon et de Sténon, dans les canaux cholédoque et pancréatique, et dans l’un des uretères. Par ce moyen, il a été facile d’observer les modifications que le salicylate de soude apporte à la sécrétion des glan- des sous-maxillaire et parotide, comme à celle du foie, du pancréas et des reins; on a pu enfin recueillir les humeurs sécrétées et y recher- cher la présence de l’acide salicylique. A l’aide du même procédé, nous avons récolté la salive de la glande sublinguale. 4. Quand le salicylate de soude a été mêlé au sang veineux, on a pu voir la salive et l’urine ou bien commencer à couler, ou bien sortir en plus grande abondance, de trente à soixante-dix secondes aprés l’in- jection. La salive a toujours paru la premiére, l’urine ensuite; l’'hyper- sécrétion de la salive, sans être considérable, a été particulièrement ac- cusée, mais passagère ; l’hypérsécrétion de la bile, plus lente à se pro- duire, a été plus durable. Le sécrétion du suc pancréatique n’a guère été modifiée. Si, après avoir constaté, à la suite d’une première injection de sali- cylate de soude, l’action de cet agent sur la sécrétion des deux glandes sous-maxillaires, on vient à couper la corde du tympan d’un côté, et qu’on fasse ensuite une seconde injection de salicylate, la glande sous- maxillaire du côté opéré ne présente plus d’hypersécrétion, alors que la glande du côté opposé en présente encore sous la même influence, Introduit-on de nouvelles quantités de salicylate de soude dans le sang, ce sel s’y accumule sans produire un nouvel effet d’hypersécrétion glandulaire. L'examen des humeurs recueillies a montré que fs salive contient de l'acide salicylique quatre à cinq minutes après l'introduction du salicy- — 289 — late de soude dans le sang. Presque aussitôt après, on trouve de l’acide salicylique dans l'urine. Dans la bile et le suc pancréatique il ne se montre guère que quinze à vingt minutes après l’injection intra- vei- neuse. Plus d’une demi-heure après une injection intra-veineuse de sa- licylate de soude, il n’y avait pas encore trace d’acide salicylique dans le liquide céphalor:chidien. — Pour obtenir une quantité suffisante de suc pancréatique, nous avons eu recours aux injections intra-veineuses de jaborandi. 2. Lorsque le salicylate de soude est ingéré dans l'estomac, il paraît déterminer surtout une hypersécrétion biliaire. Chez le chien, l’acide salicylique apparaît dans la salive, de vingt à vingt-deux minutes après l’ingestion intra-stomacale; dans l’urine, quarante-cinq minutes seulement aprés cette ingestion. Il est très-dou- teux qu'il y en ait alors dans la bile et le suc pancréatique. Chez l’homme qui a ingéré du salicylate de soude, on ne trouve nulle trace de sa présence dans la salive; mais l’acide salicvlique décéle sa présence dans l’urine au bout de dix-huit à vingt minutes. Un gramme de salicylate, pris par l'estomac, a été entièrement éli- miné en moins de vingt-deux heures ; 2 grammes, pris de la même manière, mais par une personne différente, ont mis prés de quarante- deux heures à sortir de l’organisme avec les urines. Chez le chien, l'élimination du salicylate de soude est un peu plus lente. Deux grammes de salicylate ont été portés dans l’estomac ; l'animal a vomi ; ce qu'il a conservé du sel n’a été complétement éli- miné qu’au bout de cinquante et une heures; les vomissements en avaient presque aussitôt expulsé une assez grande partie. Un chien, qui a pu résister à l'introduction de sept grammes de salicylate dans la veine saphène, a mis quatre jours pleins à les éliminer. À cet égard, il est important de faire remarquer que le salicylate de soude, éliminé par les glandes salivaires, n’est poin£, de ce fait, expulsé de l’organis- me, et que, réintroduit dans le torrent circulatoire, il doit passer par les reins pour être définitivement expulsé, ce qui retarde d’autant sa complète élimination. 1I — ACTION DU SALICYLATE DE SOUDE SUR LE COEUR. Cette action a été canstatée sur des chiens curarisés et soumis à la res- piration artificielle. Les vomissements que provoque si fréquemment le salicylate de soude, se trouvaient ainsi empêchés, et nous évitions une grande cause d’erreur : l'influence perturbatrice des efforts de vomisse- ment sur les mouvements du cœur. En: outre, grâce à la respiration artificielle et à la curarisation, le salisylate ne pouvait plus influer sur la respiration, ce qui évitait une seconde cause d’erreur et nous permet- tait de voir si cet agent pouvait ou non amener la mort par arrêt du cœur. Dans ces conditions, nous avons constaté que douze grammes de c. R. 1878, 97 — 290 — salicylate de soude, injectés dans les veines d’un chien de moyenne taille, augmentent d’abord notablement la fréquence des battements cardiaques, puis déterminent des intermittences remarquables, et, en- fin, ralentissent les battements et amènent la mort au bout de qua- rante-cinq minutes environ, par arrêt diastolique du cœur. Ces effets paraissent avoir pour Cause une action nerveuse centrale et non une action directe sur le cœur, qui, après la mort, se contracte encore sous l'influence de l'électricité. Quinze grammes de salicylate de soude, portés dans l'estomac avec une sonde æsophagienne, peuvent amener la mort au bout d'une heure et demie environ, par le même mécanisme; si la solution de salicy- late est assez fortement sucrée, la mort par arrêt du cœur n'arrive guére avant deux heures, ou même deux heures et demie. On sait déjà, en clinique, que le salicylate de soude est mieux supporté par les malades quand il est mélangé avec des sirops que lorsqu'il est pur. En résumé, nos expériences permettent de conclure que : 19 Le salicylate de soude active les diverses sécrétions et notamment la sécrétion salivaire. 20 Chez le chien, quand il est directement mélangé avec le sang, il se montre dans la salive au bout de quatre à cinq minutes; dans l’urine, au bout de huit à dix minutes; dans le suc pancréatique et la bile, au bout de quinze à vingt minutes. Lorsqu'il est versé dans l’estomac, il apparaît dans lasalive après une vingtaine de minutes ; après quarante- cinq minutes dans l'urine; plus tard encore dans la bile et le suc pan- créatique. 39 Chez l’homme, nous avons constaté que le salicvlate de soude, pris par l'estomac, ne passe pas dans la salive. }1 est d'emblée expulsé par les reins (on sait que M. Germain Sée a signalé cette élimination par les reins). [’acide salicylique arrive dans l'urine dix-huit à vingt minutes aprés l’ingestion. 49 Le salicylate de soude est un peu plus rapidement élimine de l’organisme chez l’homme que chez le chien. 5° L’hypersécrétion salivaire que provoque le selicylate de soude n’est pas la conséquence d’une action directe de ce sel sur les appareils sécréteurs. Elle est le résultat d’une action sur la substance grise du système nerveux central, et elle cesse lorsque les cordons nerveux, qui relient cette substance grise aux glandes sous-maxillaires, se trouvent interrompus dans leur continuité. 6° Le salicylate de soude, à haute dose, agit sur le cœur : il change d’abord le nombre et le rythme de ses battements, puis il l’arrête en diastole. Ajoutons enfin que nos recherches confirment en partie les données sur la diffusion de l'acide salicylique dans l'économie animale qui ont été présentées à l’Académie des sciences au nom de MM. Ch. Livon et J. Bernard. Mais devons-nous accepter l’opinion émise par ces auteurs, Zoe à savoir que les effets du salicylate de soude seraient dus à une action directe de ce sel sur les cordons de la moelle épinière, par suite de son mélange avec le liquide céphalo-rachidien ? Nos expériences nous ont appris que le salicylate de soude manifeste son action sur les appareils sécréteurs et sur le cœur bien avant d’avoir fait son apparition dans le liquide céphalo-rachidien ; les effets physiologiques proprement dits du salicylate de soude, ceux qui résultent de l'absorption de ce sel, sont donc la conséquence de son action sur la substance crise des centres nerveux. Par conséquent nous ne pouvons adopter l'explication pro- posée par MM. Ch. Livon et J. Bernard. — M. BocHEFONTAINE fait une seconde communication sur la diffu- sion des courants électriques dans les tissus. Ils se répandent dans l’é- conomie avec la plus grande facilité. Un jour, en faradisant le sympa- thique au cou, il ressentit une secousse dans la patte de l’animal en expérience, qu'il tenait dans la main. Dans une autre circonstance, il éprouva un effet analogue, pendant que son doigt était introduit sous le nerf sciatique, et qu’un courant était appliqué sur le cou de lani- mal. S’aoit-il, dans ces conditions de courants dérivés, d’extra-cou- rants ? Il ne saurait le préciser. Chez les animaux, la peau, l’épiderme, les poils paraissent offrir un obstacle à la propagation des courants électriques. M. Brown-Séquarp : Les faits relatés par M. Bochefontaine me re- mettent en mémoire des expériences extrêmement curieuses dont j'ai été témoin, ily a longtemps, avec M. le docteur Bonnefin. Si l’on fait passer un courant électrique dans la longueur de la lame d’un sabre d’acier, et qu’une patte de grenouille galvanoscopique soit ap- pliquée sur ia continuité du sabre, on n’observe aucune secousse dans la patte ; c’est le contraire si elle est appliquée à une des extrémités de la lame d’acier. Couvrez une table à expérience d’une nappe de fil três-humectée d’eau, et disposez en un point quelconque de cette nappe une patte galvanoscopique, dés les premiers instants de l’application d’un cou- rant, cette patte sera agitée de soubresauts et projetée au-dessus de la table. Il y a donc là des conditions trés-favorables à la diffusion des courants. Dette tendance des courants à diffuser dans les tissus orga- niques nous montre combien il faut être circonspect lorsque, appli- quant des courants à la surface des hémisphères cérébraux, on veut apprécier leur action localisée. M. Durer : Dans Les applications des courants électriques à la sur- face des hémisphières cérébraux, il y à certainement des phénomènes de diffusion ; nous l'avons constaté à l’aide du galvanomètre, dans les expériences que nous avons entreprises avec Carville, dans le but de vérifier les résultats obtenus par le docteur Ferrier. Malcré cela, nous pensons, et des faits expérimentaux le prouvent, que les courants fai- bles ovt une action locale prédominante. Les mouvements qui sur- viennent chez les animaux à la suite de l’électrisation de l'écorce, faite — 292 — dans ces conditions, sont des mouvements parfaitement localisés, ana- lognes aux mouvements volontaires. Les phénomènes de diffusion ou de tétanisation ne s’observent que si les courants ont acquis une plus grande intensité. La grande facilité de diffusion des courants appliqués sur les tissus organiques, annoncée par M. Bochefontaine, ne contredit en rien la réalité de cette action locale des courants; leur succession d'action et d'intensité est au point d'application. Pour que les expé- riences de M. Bochefontaine eussent toute leur valeur, il scrait désirable, selon nous, que l’on connût exactement la puissance du courant em- ployé, et aussi qu’on appréciât le degré de diffusion à l’aide d’un appa- reil précis, le galvanomètre, ce qui n’a pas été fait. M. LaBoRDE à plusieurs fois constaté les phénomènes de diffusion des courants signalée par M. Bochefontaine et par beaucoup d’autres physiologistes. Pour se rendre compte des efforts produits, il est néces- saire de mesurer l’intensité du courant. Je rappellerai, à cet égard, que l’année dernière, M. d’Arsonval a présenté à la Sociéte un appareil ca- pable de donner la mesure exacte des courants électriques. M. BOcHEFONTAINE répond que, lorsqu'on applique des courants faibles à la surface de l’écorce cérébrale, on n'obtient pas de mouve- ments localisés, Il admet qu'un courant est faible dès qu'il est impos- sible de le sentir par l'application des électrodes à la surface de la langue. M. Dcrer fait observer que les sensations perçues par la muqueuse linguale sont un mode de mesuration insuffisante. D'ailleurs, que les courants électriques appliqués sur l’écorce diffusent, cela ne fait pas de doute ; mais qu’ils n’aient pas, maleré cela, une action locale, c’est une autre question. Si vous appliquez un courant sur le bras, bien qu'il y ait une disj;ersion énorme du fluide électrique sur la surface cuta- née, il n’en existe pas moins une action locale manifeste, démontrée par la contraction des groupes musculaires subjacents. M. Lanvouzy : Notre collègue, M. Bochefontaine, nous disait tout à l’heure, pour établir la diffusion des courants, qu'il avait vu, chez un malade qu’il électrisait, les deux pôles étant appliqués sur le ventre, survenir une accélération três-remarquable des mouvements respira- toires. Ce fait ne démontre pas une diffusion ou une pénétration du courant jusqu’au diaphragme. Ilest possible qu’il s’agisse, dans ces cas, d'un réflexe, dont le point de départ est dans l’irritation électrique de la surface cutanée. — M. Brown-Sequarp : Les excellents résultats obtenus récemment par M. Thomas (de New-York), à la suite de plusieurs {ransfusions de lait qu'il a pratiquées chez l’homme, m'ont engagé à reprendré et à poursuivre les études, déjà anciennes, que j'avais entreprises pour rechercher le degré d’innocuité des injections de lait dans les vaisseaux d’un animal vivant. Déjà, en 1856, j'avais démontré qu'on peut faire revenir à la vie des chiens épuisés par ane abondante hémorrhagie, en leur injectant du — 293 — sang défibriné d'animaux d'espèces très-éloignées ; ainsi du sang de pigeon, de poulet, de grenouille, de tortue. A l'Ecole d’Alfort, dans des expériences faites avec M. Goubaux, nous avions réussi à rani- mer des chevaux épuisés par une perte de sang, en leur injectant du sans de poulet. Le sang de quatre volailles nous suffisait pour cela. Ces expériences démontraient que la constitution morphologique des élé- ments figurés du sang joue un rôle bien secondaire dans les phéno- mèénes de transfusion. Aussi, dans beaucoup de cas, le lait peut-il rein- placer le sang et donne des effets aussi satisfaisants. Je présente à la Société un chien auquel, il y a deux mois, j'ai sous- trait 95 grammes de sang, que j'ai remplacés par 92 grammes de lait pur. L’animal s’en est bien trouvé ; et, comme au moment de l’injec- tion j'avais eu soin de pousser le liquide très-doucement, il n’a présenté ancun trouble dans ses principales fonctions. D'après des recherches de M. Malassez, chez cet animal, après l'in - jection du lait, il y a eu augmentation considérable des globules blancs du sang. Les globules du lait disparaissent avec une très-crande rapidité. . M. Lanpouzy demande à M. Brown-Sequard quelle température avait le lait injecté ? M. Brown-SEquarp : J'ai injecté du lait froid. Il y a certains li- quides qui peuvent ainsi être injectés à froid sans action nocive mani- feste ; ainsi le lait, le sang .. M. LacorDe rappelle que dans des expériences faites autrefois avec M. Muron, il a constaté qu’on pouvait injecter une quantité quelconque de lait dans du sang d’un animal sans inconvénient : les globules du lait disparaissent avec la plus grande rapidité. M. Mo:Eau : D'après ce que nous disaient tout à l’heure nos collé- gues MM Brown-Sequard et Laborde, les injections d’eau dans le sang auraient une action malfaisante et détruiraient les globules. Il n’en est pas toujours ainsi : il me suffira de rappeler la guérison obtenue par M. Lorain, chez un cholérique parvenu ax dernier degré d’alaidité, en lui injectant une certaine quantité d’eau tiède et légèrement salée dans les veines. M. Brown-Sequarp : Les circonstances, dans le cas de M. Lorain et dans mes expériences, sont absolument différentes. Chez un chien, j'ai pu injecter jusqu’à 2 et 3 litres d’eau dans les poumons. Quant aux injections intra-vasculaires, les effets produits varient avec quatre cou- ditions principales : 19 la lenteur de l'injection ; 20 le choix du vais- seau ; 99 le degré d’assimilation du liquide ; 40 la température du li- quide emyloyé. M. Durer : On peut facilement se rendre compte de toute l’inpor- tance qu’il y à à pousser l'injection avec lenteur, en étudiant, en même temps, les modifications de la tension artérielle pendant l'opération. Ayant eu, dans des expériences spéciales, à injecter de grandes quan- tités d’eau dans les veines d’un chien, ou dans les séreuses, j'ai remar- — 294 — qué que, si on prenait soin d’injecter lentement sous une pression voi- sine de la tension artérielle, les accidents survenaient plus tardive- ment. Cependant, malgré les précautions, lorsq’une certaine quan- tité d’eau est injectée, la tension artérielle s'élève avec rapidité, et d’une façon considérable. L'animal meurt rapidement, par arrêt du cœur. A l’autopsie, on trouve les poumons et tous les viscères criblés de petites ecchymoses dues à des ruptures vasculaires. M. BERTHELOT : Ces ruptures vasculaires, signalées par notre collé- gue, tiennent à ce que le débit des capillaires ne saurait être réglé que pour une certaine tension : si la capillarité est dépassée, les vaisseaux se rompent ou les liquides transsudent à travers les parois. DES EFFETS DE L'EXCITANT THERMIQUE (CHALEUR OU FROID) SUR L'ANESTHÉSIE, L ACIROMATOPSIF ET LA CONTRACIURE DES HYS- ‘JÉRIQUES, LEUR SIMILITUDE D'ACTION COMPARATIVEMENT À CELLE DES MÉTAUX, DES AIMANTS ARTIFICIELS ET DE L'ÉLECTRICITÉ STATIQUE; par le D' G. TuerMes. Le chaud et le froid, au point de vue physique, ne sont, comme on . le sait, que des manières d’être, des états relatifs d’un seul et même agent, la chaleur. Celle-ci, en effet, produit en nous la sensation rela- tive de chaud et de froid, comparativement à notre propre tempéra- ture. « Est chaud, a dit Després, ce qui est à une température plus élevée que celle du corps; est froid ce qui est au-dessous de la tempé-. rature extérieure dn corps. » Il n’y a donc pas de froid proprement dit; il y a un agent thermique. Les effets physioloniques de cet agent doivent donc, dans certaines conditions, qu’il s’agisse du chaud ou du froid, être souvent identi- ques, et c’est ce que NÉ expérience nous apprend. Ainsi, pour rester dans le domaine hydriatique, l’esthésiomètre dé- montre qu'nne application momentanée d'eau glacée, sans friction consécutive, augmente la sensibilité tractile, et que les mêmes effets sont produits, quand on emploie de l’eau à 88° c., pendant deux à trois minutes. Il permet encore de constater, qus l’application durable de l’eau glacée produit, au contraire, l’anesthésie, et que, lorsque la tempéra- tion de l’eau chaude oscille entre 459 et 500 c. et que l’application de l’aeu est prolongée, la sensibilité est émoussée. D'autre part, nous savons qu’une douche chaude courte à 40 ou 42°e par exemple, produira, relativement à la circulation, les mêmes modi- fications qu’une douche froide de peu de durée. Dans les deux cas, la peau pâlira par suite des changements survenus dans les vaisseaux, et cette similitude d'effets sera due à une similitude de cause, à une exci- tation des terminaisons des nerfs cutanés. Ces effets, bien connus de l’excitant thermique sur la sensibilité, nous ont conduit à étudier l’artion de cet agent sur l’anesthésie, l’a- chromatopsie et la contracture des hystériques. OUPS Dans une communication faite à la Sociéte de médecine pratique, le 6 juin dernier, nous avons démontré expérimentalement que, chez une hystérique, la glace, l’eau glacée, ramenaient la notion des couleurs, faisaient disparaître l’anesthésie et l’amyosthénie, et produisaient le phénoméne du transfert tout aussi bien que certains métaux, les ai- mants artificiels et l'électricité statique. Nous faisons exception du transfert, en ce qui concerne l'électricité. Nous ajouterons que la con- tracture disparaissait également sous l’influence de ces agents et que Ja douche froide produisait les mêmes effets, plus étendus cependant, que la glace et l’eau glacée. (Voir la FRANCE MÉDicaLe, n°69, 70, etc.) Aujourd'hui, il s’agit d’une seconde série d’expériences répétées sur une autre malade, que M. le professeur Charcot a bien voulu confier à mes soins, non plus seulement avec le froid, mais encore avec le chaud. A. Froin. — 19 Glace. — Il est d’abord constaté qu'il y a, chez la malade, achromatopsie gauche, que l'œil gauche ne peut distinguer au- cun des 20 numéros de l'alphabet de Jaeger, que l’anesthésie est com- plète sur toute la face gauche, tandis qu’à droite la sensibilité est par- faite et que l'œil a une acuité visuelle correspondant au n° 1 de l’é- chelle de Jaeger. Ensuite, un fragment de glace est appliqué du côté gauche, sur les régions temporale et sus-orbitaire. Après cinquante secondes à une mi- nute d'application, il y a amblyopie du côté droit, la perte des cou- leurs commence par le violet pour finir par le bleu ; puis, presque aus- sitôt après, l'œil gauche commence à distinguer les couleurs, d’abord le bleu, puis le jaure, ensuite le rouge, le vert et enfin le violet. Mais la malade est affectée de daltonisme et les diverses couleurs sont ainsi perçues : le carton bleu paraît rouge, le jaune est vert, le rouge est bleu, le vert paraît jaune et le violet est brun. Quant au blane, il est noir et, réciproquement, le noir est blanc. Il n’y a aucune modificatis dans la nuance des couleurs, lorsqu'on fait regarder à travers une so- lution de fuschine, c’est-à-dire que la dyschromatopsie daltonienne ne disparaît pas, ainsi que l’on aurait pu s’y attendre, d’aprêés les intéres- santes observations de M. Delbeuf. (Société de Biologie.) — Le n°2 de l'échelle de Jacger est lu sans difficulté par l'œil gauche. L’anesthésie, chez cette malade, a disparu en même temps qu’est ap- parue la notion des couleurs, Nous avons, en outre, constaté le phénomène ‘de transfert, signalé pour la première fois par la commission composée de MM. Charcot, Luys, Dumontpallier. Il consiste, comme l’on sait, dans la disparition complète de la sensibilité dans un point du côté opposé à l’anesthésie, et correspondant symétriquement à celui où (dans notre cas) le froid a été appliqué. ; Nous enlevons la glace, et bientôt l’achromatopsie reparaît à gauche, et la perception des couleurs cesse dans l’ordre inverse à leur appari- — 296 — tion, tandis qu’à droite, la notion des couleurs revient en commençant par le bleu. Quant à la sensibilité réapparue, elle ne s’est point généralisée, et s’est localisée temporairement à la face. Dans une seconde expérience, la glace est appliquée à l’avant-bras gauche, insensible. Voici ce que nous remar([NOns : après une minute à une minute et demie, la sensibilité apparaît à la zone d” application, puis elle s’irradie graduellement jusqu'à l'épaule et s'arrête à la résion sterno-clétlo-mastoïdienne. Du côté opposé, à droite, phénomène de transfert; l’insensibilité s’é- tend exactement aux mêmes régions. Le dynamomètre qui, à droite, marquait 25 et à gauche 12, in- dique, durant ce phénomême, 11 à droite et 23 à gauche. [’amyos- thénie gauche a disparu en même temps que l’anesthésie du même côté. Il est arrivé quelquefois, mais exceptionnellement, que la sensibilité g'irradiait et se diffusait aux extrémités inférieures, et que le transfert s’étendait par suite aux régions homologues. Une à deux minutes aprés la cessation de l’application de la glace, la malade revenait à son état habituel. Que si, au contraire, l’application de la glace était prolongée, nous constations la disparition de la sensibilité, l’apparition de l’anesthésie de retour (Burq), et pour l’œil, la perte de la notion des couleurs ou la réappartion de l’achromatopsie. 20 Eau glacée. — Les phénomènes analogues à ceux produits par la glace étaient constatés ; il nous a paru cependant qu'il ÿ avait moins de rapidité dans leur manifestation. 30 Douche générale.— Ici l’action sur la surface cutanée était géné- rale, les phénomènes se généralisaient. L’achromatopsie gauche dispa- raissait, l'hémianesthésie était remplacée par le retour de la sensibilité, le transfert avait lieu sur tout le côté opposé. En analysant les phénomènes relatifs au retour de la notion des cou- leurs, à l’aruité de la vision, à la cessation de l’amyosthénie, nous avons constaté qu'ils se produisaient suivant les lois habituelles, et d'autant plus manifestes que la température de j’eau s’abaissait au- dessous de 40° c. Nous ajouterons que les effets relatifs à l’hémianes- thésie, au transfert et à l’achromatopsie étaient analogues à ceux que nous obtenions par le cuivre (métal auquel est sensible la malade) et l'électricité statique. Le malade n’était pas sensible au faisceau ai- manté. Jusqu'ici nous avons indiqué les effets produits par le froid sur l’a- nesthésie et l’acromatopsie ; nous avons donc à parler de l'influence de cet agent sur la contracture. Ici nous serons bref et nous dirons, ce qui est déjà connu, que la glace fait disparaître rapidement, mais tempo- rairement, ces manifestations si diverses et si varices ; que l’eau agit également et de la même façon, mais moins rapidement. — 98 — Quant à la douche froide, elle fait disparaître momentanément les contractures quand elles existent, et les déplace ou les transpose. B. CHaup. — Il nous restait, chez cette malade affectée de diathèse hystérique, à rechercher les effets produits sur l’hémianesthésie, l’a- chromatopsie et la contracture, par une eau dont la température s’éloi- gnerait de la ligne neutre, c’est-à-dire oscillerait entre 35 et 509 c. Voici les diverses expériences faites : 19 Applications locales. — La main gauche est plongée dans l’eau à 409 c. Après une demi-minute à une minute, cette main, insensible au- paravant, devient sensible, et bientôt cette sensibilité s’irradie et gagne les régions supérieures, en s’arrêtant à la région, tantôt scapulo-hu- mérale, tantôt sterno-cléido-mastoïdienne. A droite, transfert. L’amyosthénie gauche a disparu en même temps que l’anesthésie, car le dynamomètre qui, à droite, marquait 24 et à gauche 10, indique à gauche 21, à droite 11. Ces phénomènes durent une à deux minutes aprés la cessation d’application de l’eau chaude. La main gauche est-elle maintenue dans l’eau, bientôt la sensibilité disparaît, et nous notons l’anesthésie de retour. Que si maintenant, au lieu de la main, il s’agit de Ja face, sur laquelle nous appliquons une éponge imbibée d’eau chaude à la température de 409 centig., nous constatons, après quarante ou cinquante secondes, des phénomènes identiques à ceux produits avec la glace, l’eau glacée, à savoir : amblyopie du côté droit, vision des couleurs du côté gauche, dans l’ordre ordinaire, mais avec dyschromatopsie daltonienne, acuité visuelle à gauche, presque égale à celle constatée auparavant à droite (n° 2 de l'échelle de Jaeger, au lieu du n° 1), apparition de la sensibi- lité à gauche et transfert à droite ou insensibilité complète. La sensibilité et l’insensibilité ne dépassaient pas, en haut, le cuir chevelu, en bas, le cou. Dans ces deux expériences, nous avons constaté une rapidité d’autant plus grande dans la manifestation des divers phénomènes décrits, que la température de l’eau se rapprochait de 50o centig. Ajoutons qu’au lieu d'application, la surface cutanée rougissait plus ou moins, selon la température de l’eau. Quant à la contracture, nous obtenions avec l’eau chaude les mêmes effets qu'avec la glace ou l’eau glacée. La malade avait-elle le pied-bot hystérique, une contracture de la mâchoire ou une contracture de la langue, nous n'avions qu’à appliquer une éponge imbibée d’eau chaude de 33 à 42° centig. sur la région contracturée pour faire cesser cette contracture momentanément et quelquefois même toute une journée, 2 Applications générales. — Une douche générale chaude, dont la température s'élevait graduellement, mais rapidement, de 339 centig. à 39 et 409, était donnée à la malade, et à peine trente-cinq à quarante secondes étaient-elles écoulécs, que l’hémianesthésie gauche avait fait CR: 1018: 38 — 298 — place à la sensibilité, que le transfert onu déplacement avait lieu à droite, non plus, cette fois, dans une zone plus on moins étendue, mais bien sur tout le côté du corps, et que l’achromatopsie gauche était rem- placée par une vision nette et distincte, tandis qu’à droite il y avait amblyoyie. Ces phénomènes duraient quelquefois deux à trois minutes après la douche, et nous permettaient ainsi de constater que l’acuité de la vi- sion, à gauche, était égale, ou presque égale à celle constatée à droite avant l'expérience, que l’amyosthénie gauche avait disparu en même temps que l’anesthésie. Venions-nous à prolonger la douche chaude une minute à une mi- nute et demie, nous constations bientôt l’anesthésie de retour. La douche chaude était elle immédiatement suivie d’une douche froide, il y avait perturbation momentanée dans les phénomènes, c’est- à-dire que l’hémianesthésie gauche et l’achromatopsie gauche primi- tives réapparaissaient, mais disparaissaient rapidement, pour faire place à la sensibiliié et à la dyschromatopsie daltonienne, tandis qu’à droite, le transfert disparu revenait. Mais, il faut dire que, dans ce cas, les phénomènes produits duraient moins longtemps, après la cessation des douches, que dans l’expérience où nous ne donnions que la douche chaude. Tels sont, en résumé, les divers phénomènes observés chez cette ma- lade à la suite de l'application de l’eau chaude, Chez une autre jeune fille hystérique, en voie de guérison, et ne pré- sentant plus qu’une anesthésie partielle, limitée à certaines zones, il nous a été possible, avec l’eau chaude appliquée sur la région anesthc- siée, de ramener la sensibilité en ce point, et de constater, à droite, sur la partie homologue, le phénomène de transfert. Il nous a été égale- ment facile, en appliquant sur la région temporale gauche une éponge imbibée d’eau chaude à 469, d'élargir le champ visuel et de faire voir nettement la couleur violette que la malade ne distingue pas encore. De ces expériences, il résulte : 10 Que l’excitant thermique (chaud ou froid) a proûuit sur l’anes- thésie, l’achromatopsie et la contracture présentées par ces deux hysté- riques, des phénomènes identiques, phénomènes d’autant plus marqués que le froid était au-dessous de la température de 10° centig., que la chaleur s’élevait au-dessus de la ligne neutre, et se rapprochait de 500 centig., et d’autant plus généralisées, que la surface d'application de l’excitant thermique était plus étendue ; 20 Que ces phénomènes ont été analogues à ceux produits chez ces malades, soit par les métaux, soit par les aimants artificiels, soit par l'électricité statique. M. Lanoouzy : Si l’hydrothérapie peut agir pour faire disparaître ou amoindrir les accidents hystériques, ne peut-elle pas en provoquer le retour ? — 299 —- À ce propos, M. Landouzy rapporte à la Société les traits princi- panx de l’histoire or d’un malade, dont il espére pouvoir pour- suivre l'observation. Chez elle, les bains parurent avoir plusieurs fois pour effet, de rappeler les troubles hystériques ou d'en modifier l’as- pect. Une contracture fut changée en chorée saltatoire, ou en tics con- vulsifs, puis fut complétement guérie. M. DumoxTPALLiIER : Il est à peine nécessaire de faire remarquer que les expériences du docteur Thermes ouvriront une voie nouvelle à l'hydrothérapie méthodique, et il est juste de noter que les expériences métalloscopiques de votre Commission ont été l’occasion des expé- riences de notre honorable confrère. Quant aux interversions des phé- nomèênes hystériques, on peut les obtenir non-seulement par la médica- tion balnéaire, mais encore par les inhalations de l’éther, du chloro- forme, ou la compression des ovaires. Dans les expériences que nous avons entreprises avec la Commission nommée par la Société pour l'étude des effets de la métallothérapie, chez des malades guéries en apparence, nous avons pu ramener tous les phénomènes de l’hystérie, par l'application externe de métaux déter- minés. Mais, depuis quelque temps, je poursuis dans mon service, à la Pitié, une expérience clinique qui me paraît offrir quelqu'intérêt. J’ai pu, chez une malade quine présentait point de symptôme hystérique, faire naître, puis disparaître, à mon gré, certains troubles hystériques. J'ai cherché, chez elle, si un métal appliqué sur la peau, la rendrait insensible : sous l'influence de l’appli-ation du cuivre, elle est devenue hémianesthésique gauche. Puis, j’ai fixé, pendant plusieurs jours, cette hémianesthésie par l'application d’un métal neutre, le fer, sur l’un des avant-bras. Les troubles visuels sont devenus manifestes : diminution du champ visuel et production de la dyschromatopsie. Bientôt la malade a eu une attaque convulsive. Alors l'expérience a été suspendueet la ma- lade, ayant recouvré son état normal, on a laissé s’écouler plusieurs semaines pour recommencer l'expérience métalloscopique, BATENS À a fourni les mêmes résultats que la première fois. M. Dumontpallier invite ceux de ses collègues que ces faits intéressent à vouloir bien venir les constater. RECHERCHES SUR LA NUTRITION ; par M. LÉON Jouuin. J’ai entrepris, il y a plus d’un an, en septembre 1877, une série de recherches sur la nutrition des animaux invertébrés, notamment des insectes. Mes études ont porté sur les échanges gazeux avec l’atmo- sphére aux différentes périodes de la métamorphose et sur les modifi- cations morphologiques correspondantes, Les résultats obtenus seront communiqués à la Société, dès qu’une série d'expériences, dont je m'occupe en ce moment, sera terminée. Je veux seulement aujourd’hui appeler son attention sur le parti que j'ai — 300 — tiré pour mes études, des variations du poids de l’animal, surtout à l'état de nymphe ou de chrysalide où les excreta sont presque uni- quement gazeux. Si l’on trace une courbe en prenant pour abscisse le temps et pour ordonnée le poids de l'animal, depuis l’œuf jusqu’à l’état parfait, on tronve : 19 Dans l’état larvaire, les ordonnées croissant rapidement jusqu’à un maximum qui répond au moment où la larve ne mange plus; la courbe a la forme d’une sinusoïde avec quelques irrégularités aux épo- ques de mue ; au delà du maximum, les ordonnées décroissent en for- mant une première partie de la branche descendante de la sinusoïde, 20 Dans les premiers temps de la période de Nymphe, la courbe des poids continue parfaitement la précédente ; mais à partir de l’état con- firmé de M. Dufour, pour lequel le poids est déjà réduit, chez certains Diptères, à la moitié de la valeur qu’il avait atteint dans la larve, les variations deviennent beaucoup moindres, la courbe se change en une ligne droite faiblement inclinée sur l’axe des temps, l’inclinaison ang- mentant toutefois dans les derniers jours de la Nymphe. 3° Au moment de l’éclosion, brusque diminution par suite de la perte de l'enveloppe ; dans le court état d’immaturité, augmentations de poids sensibles, suivies de diminutions. 4° À l’état parfait : chez l’animal se nourrissant, augmentations successives du poids qui peut, au bout d’un temps plus ou moins long, atteindre et même dépasser le poids maximum de la larve, c'est-à-dire devenir presque triple de ce qu’il était à l’éclosion ; du reste, variations temporaires de ce poids dans des conditions différentes de mouvement ou de repos, de séjour à la lumiére ou à l'obscurité, etc. Chez l'animal soumis à linanition dés l’éclosion, la mort survient après une perte de poids qui, pour différents individus de la même espèce, est une frac- tion constante du poids initial. Les études, mentionnées plus haut sur les échanges gazeux, permet- tent d'interpréter une partie de ces faits qui jettent du jour sur la physiologie des animaux invertébrés. Séance du 19 octobre 1878. M. Mararas Duvaz communique les résultats de recherches impor- tantes sur la spermatogenèse chez l’escargot et quelques autres ani- maux. — M. GELLÉ continue l’exposition de ses études sur les déplacements de la membrane du tympan au point de vue physiologique et patholo- gique. x — M. Fraxçois-Franok fait connaitre à la Société deux points im- — 301 — portants des recherches qu’il a entreprises, avec M. Pitres, sur l'excita- bilité de l'écorce cérébrale. Il a constaté : 10 qu’on peut épuiser l’excitabilité de l’écorce grise cérébrale par des courants répétés, et qu’à la suite de cet épuisement, il faut un certain temps pour qu’elle reprenne son fonctionnement ; 20 Que pendant cette perte momentanée de l’excitabilité électrique il est impossible de provoquer l'apparition de l'attaque épileptique d’origine corticale. M. Durer demande à M. Franck s’il n’a pas constaté une corrélation constante entre l’afflux sanguin actif à la surface de l'écorce grise et son desré d’excitabilité. Pour lui, le sang est l’excitant naturel de l’élé- ment nerveux; c’est du contact du sang et de l'élément que jaillit l’influx nerveux. Le courant électrique n’agit qu’en provoquant, par le spasme vasculaire, la rapidité des échanges nutritifs entre le sang et la cellule nerveuse. Il a publié dans sa Thése des observations où des exvitants chimi- ques, déposés sur l’écorce et capables d’y déterminer un afflux sanguin physiologique, agissaient comme l’agent électrique et déterminaient l'apparition d’attaques épileptiques, localisées ou limitées à un des côtés du corps (épilepsie Jacksonnienne). M. Franck répond qu’il a aussi remarqué cette coïncidence de l’at- taque épileptique et de l’afflux sanguin à la surface de l'écorce. Mais c’est là un fait difficile à bien étudier lorsqu'on se sert, comme agent excitant, des courants électriques. M. BocnEFONTAINE : Comment M. Franck, dans ses expériences, s'est-il mis à l’abri de la diffusion des courants ? M. Franck : La diffusion des courants n'empêche pas leur action lo- calisée, c’est-à-dire le pouvoir qu’ils ont de provoquer, par leur appli- cation en certains points de’ la surface de l’écorce grise, des mouve- ments localisés à un membre ou même à un groupe musculaire. C’est uniquement à ce dernier point de vue que je me suis placé pour étu- dier les variations de l’excitabilité de l’écorce grise, sous l'influence de l'application prolongée des courants électriques. M. MaruiAs Duvaz: M. Franck nous disait, il y a un instant, qu’une preuve de la mise en jeu de l’excitabilité propre de la substance grise par les courants, c’est que, lorsqu'on a épuisé par leur application pro- longée une région ou un centre de l'écorce, il suffit d’extirper cette ré- gion ou ce centre et d'appliquer le courant sur la substance blanche subjacente, pour déterminer de nouveau des mouvements localisés. Ne peut-on pas supposer qu'il s’agit là uniquement d’un fair physique, auquel les propriétés physiologiques de la substance nerveuse ne pren- nent aucune part? M. Franck pense que les conditions physiques du passage du cou- rant sont les mêmes, qu’on l’applique à la surface de l'écorce, ou sur Ja substance blanche, immédiatement sous-jacente. M. Durer : Dans mes expériences avec Carville, j'ai observé qu'a prés l’extirpation de la substance grise, pour obtenir des effets localisés par l'excitation de la substance grise sous-jacente, 1l était nécessaire d'augmenter légèrement la puissance du conrant. Ceci ne va pas contre les conclusions de M. Franck, mais indique qu’il existe une différence entre le degré de l’excitabilité des deux substances nerveuses. M. Onimus insiste de nouveau sur la grande puissance de diffusion des courants électriques appliqués à fleur des hémisphères cérébraux, et en général sur le surface du corps humain. Il cite, à ce propos, le fait suivant qu’il a observé : pendant qu'il électrisait les muscles d’un bras chez un malade, il a vu survenir des contractions dans le bras du côté opposé. On ne devrait, selon lui, tenir aucun compte des résultats obtenus par l’application des courants sur les hémisphères cérébraux. M. Durer : On ne saurait nier la puissance de diffusion des courants; mais il nous semble qu'un résultat doit dominer tout ce débat: ce n’est que l’électrisation de certaines régions bien spécifiées des hémi- sphères qui donne lieu à des mouvements localisés. Pourquoi la dif- fusion ne produit-elle pas les mêmes effets quand on applique le cou- rant sur la partie postérieure, sur le lobe occipital, puisque vous lui accordez une si grande puissance ? Les faits obligent donc à admettre que, malgré leur diffusion, les courants électriques ont en certains points des hémisphères une action locale prédominante. Quand vous électrisez un membre, est-ce que vous n’admettez pas, malgré la diffusion, que l’agent électrique a une action locale sur les muscles sous-jacents et les force à se contracter ? M. Onimus : La diffusion des courants sur les hémisphères est si grande, qu'après les avoir extirpés sur le caillot sanguin qui recou- vre le moignon nerveux, l’application des courants peut déterminer des mouvements localisés. M. Durer admet, en elfet, qu’on peut ainsi, avec des courants forts, obtenir des mouvements, mais ils sont diflus, et n’ont en rien la pré- cision des mouvements produits par l’irritation de la zone motrice des hémisphères cérébraux. Les différences entre les deux ordres de mouvements demandent, pour être appréciés, une analyse délicate, mais qui est loin d’être im- possible à un observateur attentif. — M. BOcHEFONTAINE fait la communication suivante : TYPHLITE CHEZ UN SINGE CERCOPITHÈQUE. M. Mourrut apporta, il y a quelques semaines, au laboratoire de M. Vulpian, un singe amené d'Amérique par un médecin dela marine. Ce singe était mourant; il avait, pensait-on, pris froid sur le pont pen- dant la traversée, et contracté, peut-être, la tuberculose ; en réalité, — 303 — l’auscultation n’indiquait aucune lésion pulmonaire. La respiration était très-faible, c’est tout ce que l’on pouvait constater. L'animal étant mort, j'ai fait son autopsie avec le plus grand soin. La moelle épinière seule n’a pas été examinée, mais comme le singe avait conservé jusqu'au dernier jour l’usage de ses membres, on peut admettre que cette partie des centres nerveux était saine. Les méninges cérébrales et l’encéphale étaient saines. Le larynx, examiné avec attention, sur la recommandation de M. Krishaber, était normal. Les poumons, uniformément rosés, étaient absolument indemnes de toute lésion. Pas de lésion du cœur, de l'estomac, du foie, du pancréas, des reins, des ganglions mésentériques ou bronchiques, du péritoine, de la vessie. Du côté de l'intestin grêle, plusieurs invaginations, et liquide diar- rhéique en petite quantité, sans rougeur de la muqueuse intestinale. Du côté du gros intestin, accumulation de matières verdâtres de la consistance d’une bouillie épaisse distendant considérablement le cul-de-sac cœcal et la portion cœcale du gros intestin. Le canal intes- tinal étant débarrassé de la bouillie qu’il contient, on a pu voir la mu- queuse recouverte de pus, rouge, épaissie, exulcérée par places, dans toute l'étendue de l’intestin remplie par la bouillie verdâtre. Le reste de la muqueuse du gros intestin est normal. On ne saurait attribuer une grande importance aux invaginations in- testinales qui s'étaient produites, sans doute, au moment de la mort ou dans les derniers moments de la vie, car les anses intestinales inva- ginées ne présentaient aucun caractère particulier. Il n'en est pas de même de la typhlite, qui constitue un cas typique de cette maladie chez le singe. Il serait très-intéressant de savoir quel rôle a pu jouer l’accumulation des matières qui remplissaient le cœcum et l’appendice cœæcal, dans la production de la typhlite. J'aurais aussi désiré examiner le sang de l’animal aussitôt aprés sa mort, afin de re- chercher les corpuscules bactéridiens dont plusieurs auteurs ont signalé la présence dans des cas de ce genre. Mais le cadavre du singe n’a été mis à ma disposition que trente-six hieures après la mort, c’est-à-dire trop tard pour que la présence de bactéries ou de germes de bactéries pût avoir une signification pathologique. Cette nécropsie présente encore del’intérêt au point de vue de l’exis- tence de la tuberculose chez les singes qui meurent dans nos climats. Elle confirme les résultats des nécropsies de différents singes, sajous, ouistitis, cercopithéques, que j’ai communiqués à la Société de Biolo- gie, l'année dernière et il y a deux ans. Chez ces animaux morts au Jardin d’acclimatation, les causes de la mort étaient des plus variées : ramnollissement cérébral consécutif à des fractures du crâne; vastes contusions des muscles des membres et pleurésies produites par des fractures de côteavec rupture de la plèvre sans lésions cutanées appa- rentes ; bronchite généralisée simple, sans traces de tubercules; pneu- — 304 — monie et broncho-pneumonie ; telles sont les maladies que j'ai ren- contrées. Une fois seulement je me suis trouvé en présence d’une caséification d’une partie de chaque poumon et des ganglions bronchiques et mé- sentériques ; en acceptant les données récentes acquises sur la patho- génie du tubercule, cette caséification constituerait une affection tuber- culeuse. Je n’ai donc eu sous les yeux qu’un seul cas de tuberculose parmi les nombreux singes d'espèces différentes morts sous le climat de Paris, et dont j'ai pu faire la nécropsie. La phthisie pulmonaire ne serait donc pas, ainsi qu’on le croit géné- ralement, la cause habituelle de la mort des singes sous nos climats. SUR LES SPERMATOBLASTES ET LEUR CORPUSOULE CÉPHALIQUE. par M. Marmias Duvaz. Les travaux récents entrepris, notamment en Allemagne, par Lava- e tte-Saint-Gvorges et, en France, par Balbiani, ont modifié singulié- lrement les idées reçues sur la senèse des spermatozoïdes : le nouveau traité classimue de MM. Pouchet et Tourneux, expose ces résultats, et nous pouvons en résumer le point essentiel, en disant que les sperma- tozoïdes se développeraient aux dépens de prolongements plus ou moins allongés, nés sur une cellule mère dite spermatoblaste. Or, en étudiant ce processus, nous avons constaté que ces prolonge- ments sont de véritables éléments cellulaires, nés par bourgeonnemert de la cellule mére, à laquelle ils restent adhérents par un pédicule ; mais leur individualité cellulaire est attestée par la présence d’un noyau, et par le fait qu’ils peuvent se multiplier par segmentation. Ce sont ces cellules filles qui méritent par suite le nom de spermatoblas- tes, puisque ce sont elles qui se transforment en spermatozoïdes. En étudiant cette transformation, nous avons pu confirmer un fait que n’admettent que peu d'auteurs, à savoir que la tête du spermato- zoïde neprovient pas d’une transformation du noyau, mais bien d’un cor- puscule qui se forme à côté et indépendamment du noyau, et auquel on doit donner le nom de corpuscule céphalique, nom déjà employé par Balbiani qui a chservé un fait semblable, en étudiant la spermatogé- nése chez les aphis. ; ÉTUDE DE LA MOBILITÉ DU TYMPAN; MENSURATION DU MOUVEMENT, AU MOYEN DU TRACÉ GRAPHIQUE ; APPLICATIONS A LA PHYSIOLOGIE DE L'AUDiTION ET A LA CLINIQUE OTOLOGIQUE ; par le D' Gezré. Dans une précédente communication, j'ai montré les tracés divers, indices des mouvements du tympan, tels que les provoquent la déglu- tion, l’acte d’avaler, le nez pincé, et l'épreuve dite de Valsalva..…. J'ai montré tout le parti que l’on peut tirer de la méthode graphique pour l'exploration sérieuse de l'oreille, tant au point de vue de la cir- culation de l’air que de la mobilité et de l’élasticité du tympan. Aujourd’hui, je voudrais, par l’analyse du tracé obtenu par l'effort — 305 — de Falsalva sur une oreille normale, aller un peu plus loin dans l’in- vestigation de l'organe, et mesurer la quantité du mouvement effectué ainsi. En faisant répéter successivement et à intervalles éloignés l’effort en question, pendant que les deux conduits auditifs, munis de tubes de caoutchouc, communiquent avec les tambours de l’enresistreur de Marey, tel que nous l'avons modifié pour amplifier le tracé, on ob- tient une suite de crochets absolument égaux, et semblables. On trouve ainsi sur le même sujet à peu près toujours le même tracé. IL faut en conclure que le tympan n’est susceptible de se déplacer que dans une certaine étendue, qui reste presque constamment la même. il est donc possible de prendre une moyenne de ce mouvement, et de s’en servir pour comparer l’état morbide à l’état sain. Mais, 1l y a plus; cet étalon peut être mesuré sur le tracé, et l’étude de la mobilité du tympan devient ainsi d’une grande précision. La physiologie et la clinique, ainsi que nous l’allons voir, ont Leau- coup à gagner de l'emploi de cette nouvelle méthode d'investigation auriculaire. La mobilité et l’élasticité sont les deux propriétés fondamentales du tympan, et celles qui se trouvent les premiéres altérées par les proces- sus morbides. On se rappelle le tracé donné par Valsalva, épreuve : c’est d’abord un tracé initial ascendant, presque vertical, puis un crochet de re- tour et enfin une ligne oblique aboutissant à l’axe au bout de quel- ques centimètres. Tel est le cycle complet. Le trait initial ascendant seul nous occupe, puisqu’il est en rap- port avec le mouvement d'expansion du tympan que nous voulons étudier. J'ai pris la moyenne de mes tracés et trouvé un maximum de trois millimètres pour la hauteur de ce trait vertical. Si l’on tient compte du grossissement obtenu, lequel est en rapport avec la longueur du levier employé, on aura l’expression du déplace- ment tympanique. Pour un levier de 25 centimètres, et une ascension de 3 mullimètres, le résultat est 0,12 centièmes de millimètre ; ou, en chiffre rond 1/10 de millimètre. Le tympan opère donc un mouvement ézal à 1/10 de millimètre. C’est peu ; mais la tension qui en résulte est cependant suffisante à diminuer la portée de l’ouïe, ainsi que l’ont vu Savart et Wollaston. Concluons qu’un déplacement de 1/108 de millimètre, ou une ten= sion de cette valeur peut abaisser d’une façon fâcheuse la faculté d'entendre. Il faut rapprocher le chiffre précédent que nous donne l'étude du tracé, et qui montre la limite de l’expansion tympanique de ce que dit Helmoltz (Mécanisme des osselets. In Arcn. de Pflueger), des mouve- ments de l’étrier. Il résulte, en effet, de mesures prises par lui que l’é- tendue de la course de l’étrier serait de 1/10 de millimètre. Les deux c. R. 1878. 39 — 306 — extrémités de la chaîne conductrice du son ont donc une mobilité égale et également limitée. Or, on se rappelle sans doute combien j'in- siste sur l'existence d’une tension générale égale de tout l'appareil acoustique auriculaire telle que la moindre secousse se transmet d’un bout à l’autre, du tympan à la fenêtre ronde, en passant par le laby- rinthe. 1/10 de millimètre constitue la limite physiologique de ces 08- cillations totales, soit en dehors, soit en dedans. Au delà de cette course, l’état pathologique commence. Le clinicien, connaissant le tracé que j’appellerai normal, fourni par l'effort de Valsalva, et ses proportions habituelles dans l’état sain, ju- gera facilement des différences en plus ou en moins de la hauteur du trait ascendant, et par suite de la perte subie par le tympan, dans sa mobilité, ou, au contraire, de son ramollissement. Le thérapeutiste cherchera, de son côté, à recouvrer la mobilité, si le tracé la montre affaiblie ; ou bien, il pourra éviter d’accroître le dom- mage en graduant la douche d'air. Le physiologiste, à son tour, instruit par l'expérience de Savart et de Wollaston, et par notre mensuration du maximum de déplacement possible, appréciera plus facilement dans quelles faibles limites oscille la tension fonctionnelle de la membrane du tympan ; et peut-être sera- t-il possible d'aborder la solution du problème de l’étouffement du son, phénomène complexe dans la production duquel l’action de la tension exagérée de tont l’appareil a lieu, sans doute, sous l'influence du ten- seur du tympan. Insistons seulement sur la petitesse du mouvement nécessaire pour modifier fortement la portée de l’ouïe, qu’il soit dû à un acte physio- logique (contraction du tenseur), ou à une pression extérieure (polype, bouchon de cérumen, commotion aérienne, etc.), ou intra-tympanique douche d'air, pus, muqueuse fongueuse ou hyperémiée, etc.), ou à une rétraction tendineuse et ligamenteuse, suite d’otite. — M. Onrmus communique une note ayant pour but d’exposer une théorie nouvelle des modifications des troubles hystériques sous l’in- fluence des divers agents physiques. M. DumonrTPazzier demande à M. Onimus comment il explique le transfert des troubles nerveux hystériques d’un côté à l’autre ; par exemple, le transfert de l’anesthésie du bras droit au bras gauche ? M. Onimus : Il y a deux ordres de faits, les uns subjectifs, les autres objectifs. Chez l’hystérique, la modification subjective est due à un trouble permanent des extrémités nerveuses périphériques : celles-ci reçoivent des excitations incomplètes ou des excitations auxquelles elles font subir une certaine élaboration ; ces excitations sont conduites, ainsi modifices, jusqu'au centre nerveux, qui ne les perçoit pas, ou qui les perçoit autrement qu’elles ne devraient l’être ; de là résulte la mo- dification objective. Quant au phénomène du transfert, je pense qu’il se produit par l'intermédiaire des centres cérébraux et des anastomoses qui les unissent d’un hémisphèére à l’autre. — 307 — M. DumonrPazuier : De l’exposition théorique de M. Onimus je re- liens ceci : c'est que, pour lui, les troubles hystériques résultent d’une modification de l’état physiolosique des extrémités nerveuses périphé- riques. M. Recnarp fait remarquer que, chez certaines hystériques, ces transferts des troubles nerveux d’un côté à l’autre se font avec une grande rapidité, presque instantanément. Si l’on admet la théorie de M. Onimus, il faut supposer que la transformation dans les centres est un fait physiologique très-rapide dans son évolution. M. Regnard ajoute ensuite, à propos de la communication de M. Thermes, faite dans la dernière séance, qu’il avait déjà signalé la possibilité de l’interversion et du transfert des troubles hystériques sous l'influence des agents thermiques, en particulier de l’application de la glace ou d’une douche d’eau froide. OSSIFICATION DE LA SCLÉROTIQUE CHEZ LE CERF; par M. Joannes CHATIN. Chez les vertébrés ovipares, la sclérotique est souvent garnie de pièces osseuses disposées en forme d’anneau, soit autour de l’orifice antérieur ou cornéen, soit autour du pertuis postérieur qui donne pas- sage au nerf optique; souvent même ces deux ouvertures sont ainsi pourvues de bagues osseuses dont la structure s’étend parfois à la tota- lité de la membrane. Maïs ces dispositions très-fréquentes chez les oiseaux, les reptiles, etc., n’existent au contraire jamais normalement dans la classe des mammifères, et c’est à peine si l’on a observé chez les solipèdes quelques cas analogues à celui que j’ai pu étudier récem- ment (4). Sur un vieux cerf tué au mois de septembre dernier dans la forêt de Rambouillet (2), et dont je me proposais d'étudier les éléments réti- niens, je trouvai la sclérotique épaisse et complétement ossifiée. L’os- sification avait dû commencer par la partie postérieure, puis gagner progressivement d’arrière en avant : c'était autour du nerf optique que le tissu osseux présentait son plus grand développement, il allait ensuite s’amincissant peu à peu, sans toutefois disparaître, jusqu’à la cornée qui se trouvait enchâssée dans un cadre élastique et résistant. Les caractères histologiques étaient semblables à ceux qu’on observe dans l'anneau antérieur de la sclérotique chez les oiseaux (3) et indiquaient une ossification de la couche conjonctive. (1) « On trouve souventdans l’Ane, surtout quand il est vieux, le fond « de la sclérotique incrusté d’une couche osseuse bien marquée... » (Lecoq, Traité de l'extérieur du cheval.) (2) Bois de Saint-Pierre-d’Yvette. (3) Levdig, Histologie comparée, p. 263. — 308 — Du RÉCEPTACLE SÉMINAL DANS LE DISTOMUM MILITARE ; par M. Joannes CHarTin. On sait que l’appareil femelle des Trématodes présente, vers la com- missure des canaux ovariens (germiductes et vitelloductes), une vési- cule spéciale qui reçoit, après la copulation, les spermatozoïdes destinés à féconder l’ovule lorsqu'il s’échappera du germigêne. Ce « réceptacle séminal » s’observe dans la généralité des Digénèses; mais, par une exception singulière, il semble faire défaut chez le Distomum militare qui, suivant les helminthologistes les plus autorisés (Van Beneden, etc.), en serait complétement privé. Cependant, lorsqu'on examine avec soin l'appareil sexuel de cette espèce, qui vit à l’état proglottidien chez les Paludines (1) et à l’état parfait dans l'intestin des Canards, Bécassines, etc., on constate que le tracé normal ne se trouve aucunement modifié et que l’interpréta- tion des auteurs repose sur une simple apparence : le gcrmigène se développant non plus en arrière de la barre d’union des vitellogènes, comme c’est le cas le plus ordinaire, mais en arrière de leur branche anastomotique, masque ainsi le réceptacle séminal qu’on découvre aisé- ment dés qu’on l’écarte de sa position normale ; il est toujours assez petit, pyriforme ou ovoïde, iimité par une mince membrane et se montre parfois rempli de spermatozoïdes agglomérés. On voit donc que le Disiomum militare, loin de représenter à cet égard un type aberrant, possède un appareil reproducteur exactement semblable à celui des animaux voisins et caractérisé par les mêmes dispositions fondamentales. Séance du 26 octobre 1878. M. Le PRÉSIDENT dépose sur le bureau un mémoire du docteur Si- gerson (de Dublin) sur la paralysie alterne. Ce savant étranger sollicite l'honneur d'être porté au nombre des membres correspondants de la Société. M. le président dit que cette demande est renvoyée à la commission pour la nomination des mem- bres titulaires ou correspondants. — MM. Caarces Ricner et ANTOINE BRÉGUET communiquent leurs recherches sur l’influence de la durée et de l'intensité de la lumiére. On admet généralement qu'une excitation lumineuse est toujours perçue, n sême lorsqu'elle est de très-courte durée, et on cite, non sans raison, l'exemple de l’étincelle courte, qui est d’une briéveté extraor- dinaire, et que la vue perçoit cependant très-nettement. Toutefois, nous avons pensé que pour des lumières faibles, la durée (1) On l'y désignait autrefois sous le nom de Cercaria echinifera. — 309 — de l’impression lumineuse devait avoir une certaine influence, et l’ex- périence a confirmé notre hypothèse. L'appareil dont nous nous sommes servis a été construit par M. De- prez. Sa description nous entraînerait dans de trop grands détails, et nous nous contenterons de dire qu’elle est fondée sur ce principe : deux électro-aimants de masse différente ont un magnétisme rémanent, dont la durée est proportionnelle à leur masse. C’est la différence de rapi- dité avec laquelle ces deux électro-aimants perdent leur magnétisme qui mesure la durée de l'éclair que nous pouvions obtenir ainsi. Au moment de la rupture d’un courant électrique, une petite plaque d’alu- minium, trés-légère, obturant la source lumineuse, se déplace, et ce déplacement dure de un, deux à trois millièmes de seconde, selon la tension d’un ressort, de sorte qu'on peut augmenter ou diminuer la durée de l'éclair. C'est dans ces conditions que nous avons expérimenté, et voici quelles sont les conclusions de nos expériences : 19 Une lumière faible, lorsque sa durée est très-courte, n'est pas perçue ; 29 On peut la rendre perceptible en augmentant son intensité ; 39 On peut la rendre perceptible en augmentant légérement sa durée ; 4o Enfin, on peut la rendre perceptible en la répétant un certain nombre de fois par seconde, — plus de cinquante fois par seconde, — ce qu'on réalise en plaçant un diapason interrupteur sur le trajet du courant électrique. Il suit de là que si la lueur de l’étincelle électrique est toujours per- çue, c’est que c'est une lumière forte, mais que, pour une lumière fai- ble, la perception exige une certaine durée de l'excitation lumineuse. 59 Avec des lumières de diverses couleurs (bleues, rouges, violettes, vertes), on perçoit toujours la couleur, même lorsque la durée de cette lumière ne dépasse pas 0,001 de seconde. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES INFLAMMATIONS RÉFLEXES ; par MM. H. HazLopeau et NEUMANN. On à remarqué, depuis longtemps, que des excitations portant sur une partie limitée du corps peuvent donner lieu à des troubles de nu- trition dans des régions plus ou moins éloignées du point primitive- ment affecté : « Une sympathie, écrivait Montfalcon an commencement de ce siècle, unit deux organes ; l’un est affecté par une irritation lé- gère, il la reçoit, n’en éprouve aucun effet durable et la réfléchit sur l'autre qui, à cette occasion, devient gravement malade, » Il était im- possible, à cette époque, de déterminer par quelle voie et quel méca- nisme l'excitation était transportée de l’un à l’autre organe, car l’action du système nerveux sur les phénomènes intimes de la nutrition était encore inconnue. Aujourd'hui, on peut admettre, sans téimérité, qu'il s'agit là de réflexes trophiques. — 310 — Dés 1864, MM. Brown-Sequard et Rouget (1) expliquaient par lle, mécanisme de l’action réflexe les conjonctivites que provoque l’exci- tation de la cornée, les ophthalmies consécutives aux plaies du sourcil, les coryza et les pneumonies à frigore, et, enfin, les lésions que déter- minent souvent dans les viscères les brûlures étendues des téguments. Dans ses leçons sur les nerfs vaso-moteurs, publiées en 41872, M. Brown-Sequard revient sur le même sujet ; il cite encore comme exemples d’inflammations réflexes les ophthalmies sympathiques, les orchites liées aux névraloies iléo-scrotales et les phlegmasies provo- quées par la dentition : « Il est réellement difficile, dit M. Vulpian, de ne pas admettre l'intervention des centres nerveux dans ces diverses catégories de faits. » Ces réflexes trophiques n’ont guère été signalés jusqu'ici que dans l'œil, le testicule, le poumon et l'intestin ; il est probable cependant qu’ils peuvent se produire dans toutes les parties du corps, car partout les phénomènes intimes de la nutrition semblent être soumis à l’in- fluence du système nerveux. Parmi les organes où ils n’ont été ob- servés que trés-exceptionnellement, il faut citer la peau; on n’en trouve auêre dans la littérature d'autre exemple authentique, que le cas de MM. Weir Mitchell, Morehouse et Kean (2) : il s’agit d’un homme chez lequel il s’est produit, quinze jours après une lésion du plexus brachial droit, un eczéma de la main gauche; encore peut-on invoquer ici la possibilité d’une simple coïncidence. Les faits analogues que M. Verneuil a communiqués, en 1873, à la Société de Biologie, ne peuvent être acceptés sans réserve ; il s'était développé, chez plusieurs sujets, à la suite de lésions traumatiques, des vésicules d’herpés dans des régions fort éloignées de la blessure, et il semblait naturel de les rapporter à un trouble réflexe des actes nutritifs; mais cette interpré- tation a été contestée, et M. Parrot, faisant remarquer que, chez ces malades, le développement de l’éruption avait coïncidé avec une fièvre intense, a admis que l’herpès devait être considéré, non pas comme le résultat direct de la lésion d’un tronc nerveux, mais comme la mani- festation anatomique d’une fièvre herpétique. Cette objection ne peut être opposée au fait dont nous donnons ci-après l'observation, et qui nous paraît démontrer, en toute évidence, que la peau peut être le siége d’inflammations réflexes. OBs. — INFLAMMATION DES GLANDES SÉBACÉES DE LA MAMELLE DROITE PROVOQUÉE PAR LA VÉSICATION DE LA MAMELLE GAUCHE. X..., âgé de 36 ans, a eu antérieurement des accès d'asthme, dés migraines et deux accés de goutte articulaire, Il est actuellement at- teint de troubles nerveux mal déterminés et offrant de l’analosie (4) Brown-Sequard, Leçons sur la paralysie réflexe, etc., 1864. (2) W. Mitchell, Morehouse et Kean Guasko, Wounds and other injuries of nerves. — 311 — avec ceux de l’angine de poitrine sans pouvoir être rattachés avec cer- titude à ce type morbide. Le 23 août 1878, on applique sur le devant de la poitrine un vési- catoire qui s’étend d’une part jusqu’au bord gauche du sternum, d’au- tre part jusqu'à l’aréole du sein gauche et remonte jusqu’à la clavicule; la vésication est forte et s'étend jusqu’au mamelon. Pendant plu- sieurs jours, la surface dénudée donne lieu à une sécrétion séro-pu- rulente trés-abondante; elle est rouge, très-douloureuse et paraît enflammée. Le 4 septembre, les accidents nerveux persistant, on appli- que un second vésicatoire sur la place même où était le premier ; cette fois encore, la vésication intéresse le mamelon gauche ; l’'inflamma- tion de la peau paraît très-intense, et s'accompagne de vives dou- leurs. La sécrétion séro-purulente cesse le 10. Le 11, le malade accuse de la douleur dans le sein droit ; nous constatons, dans l’aréole, de pe- tites saillies disposées circulairement tout autour du mamelon et dou- loureuses à la pression ; la peau est rouge à leur niveau ; elles sont ma- nifestement constituées par les glandes sébacées qui, normalement, sont très-développées et saillantes dans cette région ; iles téguments sont absolument intacts entre la mamelle droite et le bord gauche du sternum ; il n’y a pas de fièvre. Les jours suivants, les boutons augmentent progressivement de vo- lume ; la tuméfaction et la rougeur s’étendent à toute l’aréole qui en- toure comme un bourrelet le mamelon moins enflammé. Le 49, on distingue dans l’aréole sept saillies formées par les glandules enflam- mées, plusieurs atteignent le volume d’un pois; elles blanchissent au sommet, la rougeur s’étend au pourtour de l’aréole; les doulenrs sont toujours vives. Le 22, plusieurs des petites tumeurs attei- gnent les dimensions de gros furoncles ; toute la mamelle est dure au toucher; l’induration et la rougeur s'étendent vers l’aisselle, autour de l’aréole, sur une surface d’environ 1 centimètre de largeur; le tissu cellulaire sous-cutané paraît intéressé; on trouve dans l’aisselle un ganglion tuméfié et douloureux. Le 23, quatre abcés se sont ouverts ; les autres s'ouvrent les jours suivants ; à partir de ce moment, la douleur cesse, la tuméfaction et l'induration diminuent graduellement pour bientôt disparaître entière- ment. Nous laissons, de parti pris, cette observation incomplète, par cette raison que l’histoire des autres accidents présentés par X... est sans intérêt pour notre sujet. Nous croyons pouvoir, sans témérité, rapporter l’inflammation mammaire observée chez X... à un, trouble réflexe de l’innervation. On ne peut guére, en effet, invoquer ici une simple coïncidence, car les inflammations de l’aréole mammaire sont extrêmement rares chez l'homme ; M. Verneuil, qui s’en est occupé dans le travail où il a fait con- naître l'hydrosadénite, dit n’en avoir observé qu’un exemple chez l’hom- me et il y avait eu simultanément dans ce cas une éruption sur divers — 312 — points du corps; rien de semblable n'existait chez notre malade. On ne peut admettre non plus que l'irritation se soit propaaée directement, ou par l'intermédiaire des lymphatiques, de la surface vésiquée à l’aréole droite, car nous avons constaté que la région intermédiaire aux deux par- ties était exempte de toute altération. Il ne saurait être question, enfin, d’un troubie trophique produit directement par une lésion nerveuse, puis- que la phlegmasie secondaire s’est développée à droite, alors que l'agent irritant avait été appliqué à gauche. En réalité, les choses se sont pas- sées comme si l’irritation des nerfs appartenant à l’aréole et au ma- melon gauche s'était transmise dans le centre spinal au noyau d’ori- gine des nerfs de J’aréole droite et avait provoqué, par leur intermé-- diaire, un trouble dans la nutrition de cette région. C’est le même mécanisme que M. Vulpian (1) a invoqué pour expliquer, d'une ma- niére générale, la production des inflammations réflexes, On peut se demander si la modification dont les nerfs qui ser- vent à transmettre l'irritation phlegmasique est purement fonction- nelle ou si elle ne serait pas elle-inême de nature inflammatoire. M. Paul Reclus s’est posé la question, dans sa remarquable thèse sur l’ophthalmie sympathique, et il s’est prononcé pour la deuxième hy- pothèse : s'appuyant sur un fait dans lequel on a constaté une névrite ciliaire, il admet que la phlegmasie peut remonter en suivant les filets du trijumeau jusqu'au noyau bulbaire, s'y propager, et redescendre en suivant le trijumeau du côté opposé. On pourrait émettre une hy- pothèse analogue pour expliquer notre mammite réflexe, et invoquer en sa faveur la durée relativement longue de l’espace de temps qui s’est écoulé entre l’application du vésicatoire et le développement de la phlegmasie secondaire; il faut reconnaître, cependant, que ce méca- nisme est bien compliqué, et qu’une simple perturbation dans les fonc- tions de la substance grise spinale peut aussi bien rendre compte des faits. Nous avons constaté que la phlegmasise avait été primitivesment loca- lisée dans les glandes sébacées de l’aréole, et qu'elle ne s'était éten- due que secondairement au tissu cellulaire voisin; on peut conclure de là que l’irritation phlegmasipare a dû être transmise par les nerfs sé- créteurs dont ces glandes doivent être pourvues comme toutes les autres et qui seuls peuvent leur appartenir en propre. On a pu voir, dans notre observation, que notre malade avait pré- senté diverses manifestations de la diathèse arthritique ; or, MM. Ver- neuil et H. Petit ont montré que chez les sujets arthritiques les in- flammations des glandes cutanées sont exceptionnellement fréquentes, et que les vésicatoires ont une tendance particulière à s’enflammer ; il est donc probable que chez notre malade la diathèse a favorisé le développement des phénomènes morbides, et que chez un autre sujet l'application des mêmes irritants dans la même région n’aurait pas donné lieu aux mêmes accidents. (1) Vulpian, Leçons sur l'appareil vaso-moteur. — 313 — Les circonstances dans lesquelles s’est développée chez notre malade la phleemasiesecondaire de l’aréoie nous ont permis d'établir avec cer- titude qu’elle a été provoquée par un trouble réflexe de l’innervation. Nous pouvons dés lors nous demander si le même mécanisme ne doit pas être invoqué dans beaucoup de cas où ces circonstances n’existent pas ; on peut dés à présent considérer cette interprétation comme vrai- semblable pour les affections eczémateuses et impétigineuses que pro- voque l’éruption des dents, ainsi que pour l’herpès consécutif à la pneu- monie ; mais il y aura lieu de rechercher si le domaine des réflexes trophiques n’est pas plus étendu et s’il ne conviendrait pas d’y faire rentrer une partie des phlegmasies secondaires dont on aurait ainsi une explication satisfaisante. M. Moreau fait remarquer que ces troubles trophiques réflexes sy- métriques ne sont pas très-rares. Il cite comme exemple l’ophthalmie sympathique décrite par les chirurgiens ophthalmologistes. — M. Grimaux annonce à la Société, dans une très-intéressante com- munication, qu'il a pu compléter la synthèse des dérivés de la série urique, en réalisant la recomposition de l’alloxane et de tous ses dé- rivés. — M BocnEFoNTAINE présente à la Société les cerveaux de deux chiens, chez lesquels il a déterminé une commotion cérébrale en les as- sourdissant. Or, on n’y peut constater aucune lésion du bulbe, du plan- cher du quatrième ventricule ; ce sont deux faits contraires à la théorie de M. Duret, qui prétend que le plus souvent le résultat des commo- tions est une lésion bulbaire, un éclatement du plancher du quatrième ventricule. (Voir aux Mémoires.) M. Durer s'étonne de la persistance étrange qu’on met à lui prêter une opinion qu'il n’a jamais émise, et contre laquelle il a déjà protesté un certain nombre de fois, soit à la Société de Biologie, soit ailleurs. Ni dans ses communications, ni dans ses écrits, ni, en particulier, dans sa thèse, on ne trouvera indiqué qu'un des résultats constants de la commotion est une lésion bulbaire. Il a toujours dit que : les chocs sur le crâne s’accompagnaient le plus souvent d'un retentissement bulbaire, ce qui est bien différent. Par l'intermédiaire du liquide rachidien, le choc est transmis aux corps res- tiformes et à toutes les parties sensibles de la base de l’encéphale ; il en résulte un spasme réflexe de tous les vaisseaux de l’encéphale, qui sus- pend momentanément le cours du sang dans les centres nerveux. Il croit avoir démontré la réalité de cette transmission du choc par le li- quide cérébral, et avoir établi l'existence de ce spasme réflexe vascu- laire par de nombreuses expériences directes ou indirectes. L'arrêt brusque de la circulation dans les centres nerveux expliquerait, suivant lui, la perte subite du fonctionnement encéphalique, c’est-à-dire la perte de la connaissance de la sensibilité et du mouvement, M. Duret admet aussi les commotions cérébrales sans lésions ; mais c. R. 1878. 40 — 914 — il pense que c’est là l'exception. On n’en connaît que trois cas authen- tiques chez l’homme. Chez les animaux, dans ses expériences, il a pres- que toujours rencontré soit des suffusions sanguines dans les espaces arachnoïdiens de la base, soit des hémorrhagies capillaires dans le bulbe nerveux. Les petits foyers du plancher ventriculaire, et des corps restiformes ne sont pas rares : il en a figuré de nombreux exemples; et il est surpris que M. Bochefontaine n’ait pas gardé souvenir de ceux qu’il a pu lu: montrer pendant qu'il faisait des expériences dans le labora- toire de Pathologie expérimentale de la Faculté. Bien plus, M. Duret rappelle qu’il a représenté dans sa thèse trois bulbes humains où l’on observait de larges déchirures hémorrhagiques, de véritables éclate- ments, survenus à la suite de chutes ou de chocs sur le crâne, ayant déterminé la mort d’une manière foudroyante. Il termine en faisant remarquer que M. Bochefontaine est peu fondé à affirmer qu’il n’existe pas de lésions dans les cerveaux qu’il montre à la Société, puisque l’un d’eux n’a subi qu’une section transversale à sa partie moyenne, et que l’autre porte seulement trois incisions peu pénétrantes. Il serait désirable aussi, pour que la vérification de l’exis- tence des foyers hémorrhagiques pût être faite avec soin, qu’on ne pré- sentât pas des pièces macérées dans l’alcool, qui, comme le savent tous les pathologistes, décolore les tissus, et en particulier les ecchymoses sanguines. M. BocHEFONTAINE répond qu'il faut bien qu’il mette ses pièces dans un liquide, pour les conserver jusqu'au moment où il lui est donné de les présenter à la Société de Biologie. M. Durer réplique que toutes les chromo-lithographies de son tra- vail ont été faites d’après ses croquis pris sur des cerveaux frais. S'il attendait au lendemain, la plupart des taches sanguines étaient mé- connaissables. Il faut donc, pour juger la question, se mettre dans des conditions d'observation suffisantes. — M. Leven fait une communication sur les différentes variétés physiologiques et pathologiques de vomissements et sur les causés qui les provoquent. Addition à la séance précédente. À- DE L’ÉPUISEMENT TEMPORAIRE DES CENTRES CORTICAUX PENDANT DES EXCITATIONS PROLONGÉES. — 2. DiFFÉRENCE D'ACTION DE LA SUB- STANCE GRISE CORTICALE ET DE LA SUBSTANCE BLANCHE DANS LEA PRODUCTION DES CONVULSIONS ÉPILEPTIQUES ; par MM. Franck et PITRES. 1. Quand on prolonge les excitations induites appliquées sur un point circonscrit de la zone motrice corticale, les muscles correspon- dant au SEE excité, après être restés un certain temps contractés, se — 315 — relâchent progressivement ; ils reviennent à leur état de repos initial malsré la persistance de l'excitation. Nous nous sommes assurés, par une série d'expériences d’élimine- tion pratiquées spécialement sur le chat, que ce relâchement muscu- laire tient bien à la perte momentanée de l’excitabilité corticale. Un des caractères les plus nets du phénomèëne consiste en ce que l'épuise- ment est limité au centre excité; les centres voisins conservent toutcs leurs propriétés. Si on suspend les excitations quelques minutes, le centre momenta- nément épuisé recouvre spontanément son excitabilité. Il y a dans cet épuisement passager un phénomène de fatigue répa- rable par le simple repos, qui peut expliquer une série de faits patho- logiques (par exemple la paralysie temporaire d’un membre après une attaque partielle) sur lesquels nous reviendrons plus tard avec dé- tail. 2. L’excitation de la substance grise de la zone motrice donne lieu, dans des conditions qui ont été déterminées, à des convulsions épilep- tiques de l’autre côté du corps. Ces convulsions se produisent avec la plus grande facilité chez les chiens jeunes et vigoureux; elles persistent plus ou moins longtemps après l'excitation. Des excitations de même intensité et même d'intensité beaucoup plus considérable appliquées sur la continuité des faisceaux blancs sous-jacents aux centres corticaux, aprés ablation de la substance grise, n’ont jamais donné lieu dans nos expériences à des phénomènes analogues : tant que dure l'application des électrodes induites, les muscles des membres correspondants res- tent tétanisés, mais leur contraction cesse brusquement aussitôt qu’on soulève les excitateurs. En d’autres termes, l’épilepsie partielle peut être provoquée par l'excitation de la substance grise et non par l’ex- citation Ge la substance blanche. Ces faits (1 et 2) peuvent être ajoutés à des faits d’un autre ordre qui ont été déjà signalés pour faire admettre la fonction centrale de la substance grise corticale. 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PRÉSIDENCE DE M. LUYS vice-président. Séance du 9 novemboe 1878. M. BoCHEFONTAINE, à propos du procès-verbal, complète par quel- ques remarques sa communication précédente. Sur un des cerveaux présentés, il aurait trouvé un foyer hémorrhagique dans le bulbe : mais ce n'était pas à la superficie du plancher du quatrième ventricule. M. Durer dit qu'il est heureux de cettè constatation. Il ne saurait reprendre la discussion de la dernière séance : sans cela, il montrerait que ce fait s'accorde parfaitement avec les résultats des expériences ex- posées dans sa thèse. M. LE PRÉSIDENT engage M. Bochefontaine à remettre une note par écrit, qui sera publiée dans le procès-verbal, —M. LE SECRÉTAIRE-GÉNÉRAL fait connaître les nomsdes membres de la commission du prix Godard, pour 1878. Ce sont : MM. Houel, La- borde, Pouchet, Landouzy, Moreau. SUR L'INDÉPENDANCE RELATIVE DES CIROULATIONS PÉRIPHÉRIQUES; Par M. FRANÇOIS -FRANCK. Je désire soumettre à la Société quelques faits nouveaux pouvant servir à l’histoire de l'indépendance relative des circulations locales, — 318 — sur lesquelles Claude Bernard a insisté et dont il a montré le méca- nisme par la mise en jeu das appareils vaso-moteurs. Ces variations propres aux vaisseaux de petit calibre peuvent être étudiées avec quelque précision par l'inscription simultanée des varia- tions de la pression dans le bout périphérique d’une artère de la veine correspondante, et dans le bout central d’une artère quelconque. L’artère dont on explore le bout périphérique est encore reliée à la circulation générale par des anastomoses plus ou moins nombreuses; mais bien qu’elle soit ainsi rendue solidaire des variations de la pres- sion générale, son réseau périphérique se dilatant ou se resserrant d’une façon indépendante, on voit survenir dans le manomètre corres- pondant des variations de pression qui peuvent ne pas concorder avec celles qu’on observe dans le manomèêtre mis en rapport avec le bout central d’une autre artère. Ce sont ces variations indépendantes qui permettent de conclure à l'isolement relatif de la circulation périphé- rique. Cette indépendance est assez accusée pour qu’on la retrouve très- manifeste dans le réseau périphérique de certaines artères qui, comme la carotide, sont pourvues de larges et nombreuses anastomoses. Un fait que l'expérience m'a montré, et qui n’était guére à prévoir, c’est que les variations de la pression se produisent souvent en sens inverse, souvent dans le même sens, quand on explore simultanément le bout périphérique des artères carotide et vertébrale du même côté. Je soumets à la Société des tracés obtenus sur le chien par l'inscription simultanée de la pression artérielle générale (vout périphérique de la fémorale), de la pression récurrente dans le bout périphérique de la ca- rotide et de la vertébrale du même côté. On peut voir que si la circu- lation carotidienne présente des variations de même sens que celles de la circulation générale, avec une amplification plus où moins considé- rable, la circulation vertébrale, quoique reliée également à la cireula- tion générale, varie souvent en sens inverse de la circulation caroti- dienne. 11 semble donc nécessaire d’admettre que chacune de ces deux cir- culations carotidienne et vertébrale, se modifie indépendamment de l’autre, chacune ayant son appareil nerveux régulateur indépendant. Ce simple fait que, malgré les anastomoses qui les unissent à la base du crâne et en dehors du crâne, la carotide et la vertébrale peu- vent modifier chacune pour son propre compte et dans un sens diffé- rent ou dans le même sens, l’état de la circulation dans les régions en- céphaliques correspondantes, ce fait me semble présenter un réel in- térêt au point de vue des anémies et des congestions encéphaliques lo- calisées : j'y reviendrai en exposant plus tard les résultats d’ expérien- cés sur le rôle dé l’anémie et de la congestion encéphaliques circonseri- tes dans la production des troubles cardiaques et vasculaires qui ac- compagnent toujours la compression carotidienne simple ou double chez le chien. L'indépendance que je signalais tout à l'heure entre le réseau caroti= — 319 — dien et le réseau vertébral du même côté, existe entre les réseaux caro- tidiens superficiels et les réseaux profonds, de telle sorte que, pour prendre un exemple, la pâleur de la face qu’on observe au début de É attaque d'épilepsie chez l'homme, n'implique pas nécessairement que le même état de ressérrement des vaisseaux existe dans les régions profondes. La provenance commune des nerfs vasculaires carotidiens externes et carotidiens profonds ne suffit pas pour admettre que la modification qu’on observe dans les uns, doive forcément exister dans les autres. Il y a là encore des circulations indépendantes, malgré la communauté d’origine des nerfs qui les gouvernent. C’est que, sans doute, ces modifications partielles, régionales, du ca- libre des vaisseaux sont beaucoup plus indépendantes qu'on ne serait tenté de le croire, de l'influence nerveuse centrale. Dans mes expérien- ces sur les circulations carotidienne et vertébrale, j’ai vu se maintenir ces changements de calibre des vaisseaux périphériques, malgré la sec- tion du sympathique cervical et l’arrachement du ganglion cervical su- périeur pour le réseau carotidien, malgré la section des nerfs vérié- braux du premier ganglion thoracique pour le réseau artériel vertébral. Ces opérations ne supprimaient évidemment pas toutes les voies par tesquelles les influences nerveuses centrales peuvent s ’exercer sur cha- cune de ces deux circulations, puisqu'il restait pour la carotide les nerfs vasculaires encéphaliques et pour la vertébrale les filets fournis au plexus nerveux qui l’entoure par chacune des paires cervicales. Mais j'avais du moins soustrait ces deux réseaux artériels à l’action des cen- tres nerveux, d'où émanent les nerfs coupés ; leurs modifications indé- pendantes subsistaient cependant. Comme il était impossible de pousser plus loin l'isolement pour ces deux artères et que je ne pouvais ainsi montrer qu'un fait, c'est que leurs variations périphériques persistent aprés la section d’une partie de leurs nerfs; j’ai voulu compléter ces expériences en m’adressant à des artères qu’il est possible d’énerver d’une façon plus complète. C’est sur les fémorales qu'ont porté ces nouvelles recherches. Avant d’en communiquer les résultats définitifs, je dois attendre que la dégéné- ration des filets vasculaires sectionnés soit complète, mais je crois pou- voir, dés maintenant, considérer comme suffisants pour produire les variations circulatoires périphériques indépendantes, les appareils ner- veux connus sous le nom de centres vasculaires de Henizinga, de Goltz, etc., qui sont contenus dans l'épaisseur même des tuniques artérielles. — M. BocneronTaAINE complète deux communications antérieures : l’une sur la diffusion des courants; l’autre sur les variations, d’après la quantité du liquide rachidien existant chez les animaux. (Voir aux MÉMOIRES.) —M.RENauLT, professeur à la Faculté de Lyon, entretient la Société de ses nouvelles études sur la terminaison des nerfs sensitifs dans les corpuscules du tact. — 320 — — M. Maurez expose une série de recherches sur la fréquence rela- tive de la carie dentaire dans les races humaines, et sur la pathogénie de cette affection. M. Berr prie M. Maurel de vouloir bien Jui donner les deux rensei- gnements suivante : 49 A-t-il observé des différences de structure dans l’appareil dentaire des races qui résistent le mieux à la carie dentaire ? 20 A-t-il observé les sujets de ses observations dans des conditions comparables? Ne peut-on pas, par exemple, mettre sur le compte du genre de nourriture les altérations dentaires de certains individus? M. Maurez réponi qu’il s'occupe en ce moment de rechercher les différences de structure de l’appareil dentaire chez les différentes races; mais c’est là un sujet d’études difficile. Il ajoute que, pour beaucoup d'observations, les individus soumis à son examen faisaient usage du même genre d'alimentation. Ainsi, les nègres des côtes d’Afrique et les coolies des Etats-Unis vivent de manioc et autres substances fari- neuses. Les uns résisitent à la carie ; les autres en sont victimes. M. Berr : Je ne puis me résigner à admettre que l'acidité soit, comme l’assure mon ami le docteur Magitot, l’unique cause de la carie dentaire. Les différences climatériques, les influences de races, les mo- difications dans l’alimentation, ne sauraient fournir une explication satisfaisante de la résistance des uns à la carie dentaire, et de la facilité avec laquelle, chez d’autres s’altérent les organes. Il existe une maladie spontanée, primitive de la dent, indépendante de l’action des agents extérieurs. Les poils, les ongles peuvent être pri- mitivement malades ; il serait surprenant que le troisième phanére fit seul exception. Les recherches ethniques, que vient de nous communiquer M. Ma- nuel abondent dans mon sens, puisque, nêgres et coolies, bien qu'ayant le même genre d’alimentation, offrent des degrés de résistance bien différents aux altérations dentaires. M. MaureL répond qu'il est disposé à se ranger à l’avis de M. Bert, s’il admet que l’état anatomique primitif de la dent ne joue qu'un rêle prédisposant. La cause réelle, immédiate, déterminante, est l'acidité, produite par la décomposition des parcelles alimentaires restées entre les dents, ou par des causes plus ou moins analogues. À cet égard, il partage les opinions de son maître, M. Magitot, dont il a eu si souvent l’occasion de vérifier les assertions. M. DumonTPaLLier : Il reste un fait inexplique : la résistance si iné- gale des différentes classes de la société aux causes de la carie. Il est fréquent de voir des gens du peuple, qui ne prennent aucun soin de leur bouche, présenter une magnifique dentiture. M. Hay a fait quelques remarques sur l’aspect anatomique différen- tiel des dents chez diverses races humaines. Il y a des différences dans l'épaisseur de l'émail en particulier, qu'on peut évaluer du simple au — 324 — double. Les Tasmaniens, en particulier, possèdent une couche trés- épaisse de ce vernis protecteur. —M. Berr fait part à la Société des résultats de nouvelles recherches sur l’action de la lumière colorée, sur la vie des végétaux. MoDIFICATIONS DE LA CONTRACTILITÉ ÉLECTRO - MUSCULAIRE DANS LA PARALYSIE ATROPHIQUE DE L'ENFANCE ; par M. Onruus. Lorsqu'on examine, dans le cas de paralysie atrophique de l'enfance, un membre paralysé depuis plusieurs années, on trouve en genéral que la contractilité est beaucoup diminuée Pour les deux espéces de courants électriques. Il est très-difficile presque toujours de déterminer une contraction apparente au moyen de l'électricité, et cela même pour les muscles qui parviennent par la volonté à se contracter un peu. Mais dans les premiers mois nous avons observé souvent la diffé- rence de contractibilité électro-musculaire si caractéristique que l’on constate par exemple dans la paralvsie faciale périphérique, à savoir que tandis que les courants induits ne déterminent aucune contraction, les courants continus provoquent sur les muscles paralysés non-seule- ment des contractions très-nettes, mais des contractions plus faciles que sur les muscles sains. Ces phénomènes s’observent surtout les premiers mois aprés le dé- but de la maladie ; cependantnous les avons également retrouvés après deux ans et demi, mais alorsavec moins de netteté quoique encore suf- fisamment caractérisés pour qu’ils puissent donner des renseignements utiles sur l’état des muscles et des nerfs. Ces réactions électro-musculaires, en les comparant à d’autres faits analogues, nous apprénnent que les extrémités terminales des nerfs sout atteintes et en partie détruites. Ces symptômes pourraient être invoqués en faveur de l’opinion qui veut que la lésion soit primitive- ment périphérique ; mais nous croyons qu’ils montrent seulement que l'inflammation s’est propagée des centres jusqu'aux extrémités des nerfs, qu’elle a détruit les filets nerveux terminaux en laissant par place et pendant quelque temps la fibre musculaire sans altération sérieuse. > Au sujet des communications faites sur l'influence de divers exci- tauts sur des nerfs périphériques, nous ferons remarquer que les agents thermiques, par exemple, donnent souvent chez les hystériques les mêmes résultats que les applications de métaux, c'est-à-dire que la production de légers courants électriques. Cela démontre d’une façon trés nette que dans toutes ces modifica- tions de l’hémianesthésie, de l’achromatopsie et de la contracture, 11 s’agit principalement de changements moléculaires des nerfs périphé- riques. Le simple choc ou plus exactement des vibrations très-rappro- chées et trés-courtes peuvent également déterminer les mêmes modi- tications sur les nerfs périphériques dans ces cas d’hystérie. La lésion semble donc être uniquement une sorte d'engourdissement c. R. 1878 41 — 322 — dans la conductibilité des nerfs périphériques. Ces différents agents viennent pour ainsi dire secouer le nerf et le forcer à vibrer. Comme nous l'avons dit dans l’article Contracture, il y a, pour les nerfs comme pour les muscles, un état intermédiaire entre la santé et la maladie réelle dont la seule lésion est la lenteur et le défaut de la modalité vibratoire. Sur les nerfs des sens, nous avons des exemples encore plus caracté- ristiques de ces impressions diverses &es nerfs périphériques ; car c’est ainsi qu'un choc, un coup porté sur le front, détermine la sensation de phosphènes aussi bien qu’un courant électrique même assez faible. Il en est de même pour l’ouïe, où les courants électriques produisent des bruits particuliers, qui différent un peu, selon la nature du courant, mais qui ressemblent aux bourdonnements provoqués par d’autres causes. Il est même très-utile de rapprocher ces phénomènes de ceux signa- lés récemment à l’Académie des sciences par M. Hirn. Une barre de fer peut être échauffée instantanément de plus de 300 par la chute d’un marteau, et au bout d’une seconde la température initiale réap- paraît. Il ne s’agit pas, il est vrai, d’un phénomène absolument sub- jectif. Les vibrations sonores ont, par leur rapidité, ébranlé les nerfs cutanés et donné lieu à la sensation de chaleur. Ces faits démontrent, dans tous les cas, que les vibrations de diffé- rentes sources de mouvement appliquées sur les nerfs périphériques donnent lieu aux mêmes sensations, et c’est d’une façon subjective que tous les excitants, que les courants électriques et surtout ceux de tension, tels que les vibrations d’un diapason, les agents thermiques peuvent, quand le système nerveux est dans un état anormal, pro duire des phénomènes analogues. — M.Jozyer fait les communications suivantes : 19 SUR LES EFFETS DES INJECTIONS D'EAU SALÉE DANS LE SYSTÈME CIRCULATOIRE DES ANIMAUX EXSANGUES. Je désire soumettre à la Société des résultats d'expériences que j’ai faites avec M. M. Laffont, relativement aux injections d’eau salée dans le système circulatoire des animaux exsangues. Si on injecte de l’eau salée, à 1/2 pour cent, c’est-à-dire la solution des histolosistes, celle qui n’altère pas ou peu le globule sanguin, et qui diffuse difficilement, on ranime les animaux exsangues. Lorsqu'on saigne un animal à blanc, les battements du cœur s’affai- blissent, la pression du sang artériel tombe, la respiration se ralentit et s'arrête, et la mort a lieu, parce que les centres nerveux ne sont plus suffisamment excités par le sang. Comment se fait-il que l’injection d’eau salée ranime cependant les animaux? Evidemment,cette eau saléeneremplace paslesang,c’est-à-dire que ce n’est pas elle qui peut porter aux centres l’oxygène capable de les exciter et de les faire fonctionner, Pour remplir ce rôle, il n’y a ab- = 19e solument que le globule sanguin normal, et l’on chercherait en vain, par exemple, à entretenir la vie, en remplaçant le sang par une solution d’hémoglobine oxygénée. Quand on injecte l’eau salée pour remplacer le sang perdu, on voit les pulsations cardiaques reprendre de la force, les respirations renaître, et la pression du sang dans les artères remonter. Eh bien, l’eau salée agit simplement en remplaçant le sang perdu, comme masse, et en faisant remonter la tension artérielle, tension qui est une des conditions essentielles de la vie. Pour que les centres nerveux soient excités, il faut qu’il leur arrive du sang contenant des globules normaux, chargés d'oxygène, mais aussi que ce sang leur arrive sous une certaine pres- sion. L’ean salée injectée a pour effet de rétablir cette condition chez les animaux exsangues, et si l'eau pure ne le fait pas, c’est parce qu’elle altère le globule sanguin. 20 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES NERFS VASO-DILATATEURS. Comme contribution à l’étude des nerfs vaso-dilatateurs, je vais maintenant vous soumettre quelques observations sur des expériences que j'ai faites également avec M. Laffont, touchant l’action des nerfs vaso-dilatateurs. Quand on excite le bout périphérique du nerf lingual coupé au dessus du point d’où se détache le filet nerveux qui se rend à la glande sous- maxillaire, la corde du tympan, on constate, outre l’écoulement sali- vare abondant, les phenomënes vasculaires remarquables que vous connaissez : il y adilatation des artérioles, de telle sorte que un grand nombre de petits vaisseaux qu’on ne voyait pas, apparaissent à la sur- face de la glande. A la langue, on constate, du côté correspondant au nerf excité, sur les faces supérieure et inférieure de l’orgare, une rou- gear, une congestion qui devient de plus en plus intense (Vulpian). Si on a mis à nu les veines qui sortent de la glande, et si l’on a fait à l’une d’elles une petite incision, on remarque que le sang sort des vais- seaux en grande abondance, rouge et animé de pulsations isochrones à celles des artères, au lieu de s’écouler noir eten bavant, comme cela avait lieu avant l'excitation. La dilatation des artérioles de la glande et de la langue, sous l’in- fluence de l'excitation de la corde tympanique, a donc pour effet de produire une suractivité circulatoire dans ces organes, avec augmenta- tion de la pression du sang dans les veines afférentes. Que devient, pendant ce temps, la tension du sang dans les vaisseaux afférents, dans les artères ? Evidemment, le cours du sang étant plus rapide dans les capillaires et la pression augmentée dans les veines, celle-ci doit dimi- nuer dans les artéres. C'est ce point que nous avons cherché à vérifier directement par quelques expériences que je vais vous faire connaître. Nous mettons à découvert l'artère linguale, chez un chien curarisé, respirant artificiellement, et nous introduisons dans les deux bouts de l'artère coupée les extrémités d’un petit tube portant un ajutage laté- REA: RE ral que l’on met en communication avec un manomêtre enregistreur de Ludwig. De cette façon on peut prendre la pression du sang dans l’ar- tére linguale sans y interrompre la circulation. Le nerf lingual est coupé et la pince électrique appliquée sur son bout périphérique. Un signal à transmission marque le moment précis de l’excitation du nerf. Les serres fines qui sont sur l'artère étant enlevées, le mercure monte dans le tube manométrique et oscille à un certain niveau en présentant des variations correspondant aux pulsations du cœur, et d’autres aux mouvements respiratoires, c’est-à-dire qu’il y a augmentation de pres- sion pendant l'inspiration et diminution pendant l'expiration. On excite par un courant interrompu le bout périphérique du nerf lingual, et aussitôt on voit la pression baisser dans l’artére et se maintenir ainsi déprimée de deux centimètres et plus, pendant un certain temps, même après que l’excitation a cessé, pour remonter ensuite graduellement à son niveau primitif. On voit très-bien ces effets sur le tracé ci- contre : L’expérience précédente avec les tracés, contribue à faire rejeter cer- taines hypothèses, relatives au mécanisme de l’action des nerfs vaso- dilatateurs. On a attribué l’action vaso-dilatatrice, à une constriction des veinules qui raménent le sang de la partie dont les artérioles se dilatent. Le sang, rencontrant un obstacle au sortir des capillaires, dilaterait cenx-ci, en s’y accumulant, puis les artérioles et les artéres. Mais alors la pression du sang devrait augmenter dans les artères ; elle y diminue, comme on le voit; elle devrait diminuer dans les vei- nes : on sait qu’elle y augmente. Nos expériences devraient aussi faire rejeter l’hypothése de la dila- tation active des vaisseaux considérée comme le résultat d’une action particulière des fibres nerveuses de la corde sur les fibres contractiles de la paroi des vaisseaux, si cette hypothèse n’était déjà par elle- même trop incompréhensible. Mais admettons-la pour un instant. C’est un fait général que, lorsqu’on excite des nerfs qui vont se rendre à des boss lisses, il y à toujours un retard três-marqué entre le moment de l’exvitation du nerf et celni où les muscles entrent en con- traction. Or, l'expérience montre que l'effet produit (la dilatation des artcrioles, et la baisse de la pression qui en est le résultat) suit de très- près l'excitation du nerf, et qu’il est plus rapide qu’il ne devrait l'être dans l'hypothèse. Cette rapidité d'action des nerfs vaso-dilatateurs doit contribuer, selon nous, à faire admettre une action de ces nerfs sur d’autres nerfs et faire dire avec la plupart des physiologistes au jourd'hui, que l'excitation des nerfs vaso-dilatateurs à pour effet de suspendre l’activité des fibres et des ganglions vaso-constricteurs et, par suite, de faire cesser le tonus artériel. Enün, nos expériences, en montrant que le résultat de l’action des nerfs vaso-dilatateurs est une baisse de la pression artérielle d'emblée, primitive, qui n’est pas précédée d'une augmentation plus ou moins courte et fugace de ectte pression, éloigne toute idée d’une action con- ‘IVANYONIT AUAN AG ANOIAAHAIAHd LAO4 ANG NOILVLIOXA 1 LNVANAd AIVANONTI AAALAV 1 AA NOISSHAd VI 44 HIVAIT, qd eh nt PR NE ES sd cas 0 ' [ es à ( M ï % 3 , . } PAL l h Û e -ÿ : cn: “ IT , ' it 7F > f Fram Æ an RS SA 4 ÿ à En" EM — 325 — strictive passagère des vaisseaux à laquelle ferait suite Ja dilatation, par suite de l’épuisement des nerfs. Les nerfs vaso-dilatateurs ont-ils une existence générale, et les re- irouve- t-on partout ? J'ai déjà, dans une commuication antérieure, parlé de l’action vaso- dilatatrice du nerf maxillaire supérieur, en en faisant une action vaso- dilatatrice réflexe. Nous avons depuis, M. Laffont et moi, repris ces expériences et nous avons constaté qu’il y a, dans le nerf maxillaire supérieur, des filets vaso-dilatateurs directs venant du ganglion sphéno- palatin et du nerf vidien (1). L’excitation du bout périphérique du nerf maxillaire supérieur amène la dilation des vaisseaux de la mu- queuse labiale et gingivale, du même côté, dilatation qui se traduit par une rubéfaction intense. Nous nous réservons, au reste, de revenir plus particulièrement sur cette expérience dans une autre communication. Nous avons également fait quelques expériences dans le but d’éluci- der la question de savoir s’il existe des nerfs vaso-dilateurs dans le sciatique. Comme la plupart des physiologistes qui ont admis l’exis- tence de ces nerfs ont opéré sur le chien, rous avons cru devoir opérer aussi chez cet animal ; mais en employant la méthode manométrique, au lieu de la méthode thermométrique. A cet effet, chez des chiens curarisés, de grande taille, nous introdui- sons dans l'artère tibiale postérieure l’ajntage en T, qui nous a servi pour l'artère linguale,et nous enregistrons avec le manomètre de Lud- wig les variations de la pression du sang dans cette-artère, qui sui- vent l'excitation du bout périphérique du nerf sciatique coupé. Nous ne voulons pas aujourd'hui nous étendre sur cette question. Nous di- rons seulement qu’on obtient des effets différents suivant les cas. Toutes les fois qu’on excite le sciatique par des courants forts, on a une élévation de la pression artérielle dans l'artère tibiale. Mais, dans quelques cas, quand le courant est faible, on a, au contraire une baisse de la pression, comme on le voit sur le tracé que nous avons montré à la Société. Cette baisse est graduelle, lente et dure un certain temps après que l’excitation a cessé. Ces faits nous semblent faire présumer que, à côté des nerfs vaso-constricteurs, des nerfs vaso-dilatateurs en petit nombre existent dans le sciatique. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA GREFFE DENTAIRE. DU SORT DE LA PULPE DANS LA RÉIMPLANTATION DES DENTS; par M. Ta. Daviv. Nons pouvons, d’après nos études, tirer cette conclusion importante 2 (1) Déjà M. J.-L. Prévost, dans son travail sur l’anatomie et la phy- siologie du ganglion de Meckel, avait constaté que l'excitation du gan- glion sphéno-palatin produit une hypersécrétion nasale du côté corres- pondant et une élévation de la température de la rarine. — 326 — qu'une dent replantée peut reprendre sans pulpe, mais non sans périoste. Examinons, maintenant, ce que devient la pulpe, quand elle existe. Ce point intéresse à la fois la pratique et la physiologie pure. Ce n’est pas souvent, il faut le reconnaître, qu’on est appelé à replanter une dent non dépourvue de sa pulpe. Telle est cependant la réimplantation d’une dent saine pratiquée après une luxation ou dans les cirronstan- ces exceptionnelles du fait que nous rapportons plus loin. Quoi qu'il en sait, voici sur ce point l’opinion que nous avons émise dans notre thèse inaugurale (1), opinion que nous avons été heureux de voir par- tager par une de nos juges, M. Terrier. Avec l’âge, chez l'adulte, et mieux encore chez le vieillard, par la production incessante de nouvelles couches concentriques d'ivoire, la cavité pulpaire, ainsi que ses prolongements du côté des racines, va sans cesse en se rétrécissant, au point même de disparaître quelquefois entièrement. Comme conséquence de ce fait, la pulpe est atrophiée et son faisceau radiculaire, aminci, ne communique plus au dehors que à travers un pertuis à peine perceptible. Ces conditions sont évidem- ment plus favorables à la destruction du bulbe par gangrène qu’au rétablissement de ses communications vasculaires, lorsqu’elles ont été interrompues, conime cela arrive, par le fait de l'extraction. Dans les dents jeunes, au contraire, chez l'enfant, les racines encore incomplétement formées présentent à leur terminaison une large ou- verture qui donne passage à un épais faisceau radiculaire de la pulpe elle-même très-volumineuse et très-vasculaire. Ces conditions anato- miques permettent, après la remise en place de la dent, l'affrontement de surfaces pulpaires assez grandes entre lesquelles les communications vasculaires peuvent se rétablir. C’est pour n'avoir pas fait cette distinction basée sur l’âge de la dent, que sont tombés en désaccord les auteurs qui nous ont précédé sur ceite matière. La plupart, en effet, ne croient pas à la reprise de la pulpe (ce qui n'implique pas l’insuccès de la greffe dentaire). Quelques-uns, au contraire, mais en petit nombre, soutiennent que les dents replantées reprennent vie et aussi bien par la pulpe que par le périoste. Tels sont Twist (2), Wisemann, A. Nietscherlich. Or, les faits, d’ailleurs mal rapportés, que ceux-ci donnent à lappui de leur opinion sont justement relatifs à des dents jeunes. Un fait plus récent de M. Philipeaux pourrait encore être invoqué à la suite des précé- dents, bien qu'il ait porté sur une dent embryonnaire (3). (1) Etude sur la greffe dentaire, Paris, 1857, p. 35. (2) Voir, à ce sujet, les indications bibliographiques données dans notre thèse déjà citée. (3) Société de Biologie. Séance du 11 octobre 1869. — 327 — Pour notre part, nous pensons que la pulpe, dans les opérations de greffe dentaire, ne reprend pas chez les adultes et les vieillards, et re- prend, au contraire, chez l’enfant. Nous croyons nous être suflisam- ment expliqué sur les conditions anatomiques qui établissent cette différence. D’après l’étude que nous avons faite des auteurs, nous sommes au- torisé à dire : Nous ne connaissons aucun fait infirmant notre manière de voir sur le premier point. Sur le second, notre opinion, en partie déjà fondée sur les faits de Twist, Wisemann, de Niestcherlich, et de Philipeaux, trouve une preuve concluante et définitive dans l’obser- vation suivante: Oss. — Enfant de 14 ans; incisive latérale supérieure gauche en ro- tation de un quart de centimètre sur son axe ; — rotation brusque, compliquée d’extraction complète ; réimplantation immédiate. Conso- lidation avec un excès de longueur de 2 millimètres; — nouvelle ex- traction; résection de 3 millimètres au sommet de la racine, réimplan- tation ; consolidation avec le raccourcissement désiré, Nous avons donc eu, au moins une fois, la preuve évidente que la pulpe, momentanément isolée de l’organisme, avait repris ses con- nexions vasculaires. Quant au rétablissement de ces connexions ner- veuses, personne n’oserait le mettre en doute, avec les connaissances que nous possédons aujourd'hui sur la régénération des nerfs. Conczusions.-— D'après ce que nous venons d’exposer, nous croyons pouvoir émettre les conclusions suivantes : 19 Chez l’adulte et chez le vieillard, la greffe dentaire se réalise par le périoste exclusivement. 2° Chez l'enfant, elle a lieu à la fois par le périoste et par la pulpe. 3° La pulpe, quand elle existe, se mortifie dans le premier cas, et reprend vie dans le second. Séance du 16 novembre 1878. — M. le docteur GaAzEezowsxi fait la communication suivante : SUR LES ACCIDENTS PRODUITS PAR LA DUBOISINE ET L'ATROPINE. L'auteur rapvelle qu'il a été le premier qui ait attiré l’attention de la Société sur l’action mydriatique de la duboisine; aujourd’hui ce mé- dicament est entré dans le domaine de la thérapeutique. Mais il était important de savoir si son emploi n’amenait pas quelques accidents analogues à ceux qu'on observe dans l’usage de l’atropine. Le collyre au sulfate neutre de duboisine peut être employé, comme dit M. Ga- lezowski, avec avantage chez les individus qui ne peuvent pas sup- porter l’atropine. La duboisine à une action puissante, et elle ne déter- — 328 — mine pas d’irritation locale analogue à celle qui s’observe À la suite de l'instillation d’atropine dans l’œil. I] n’a observé qu'une seule fois des accidents d'intoxication générale par le collyre de duboisine, et voici dans quelles circonstances : O8s. I. — M. le comte de L..., âgé de 73 ans, a été opéré par le doc- teur Galezowski, en janvier dernier, de la cataracte; il en est résulté une iritis avec obstruction de la pupille. L’atropine amenait des acci- dents d’hallucination, et on a dû le suspendre. Quatre mois plus tard, il enlève la cataracte secondaire et il prescrit l’instillation de deux gout- tes par jour de la solution de duboisine à la dose de 5 centigr. pour 40 gr. Dès le lendemain, le malade est pris d'accidents toxiques carac- térisés par des nausées, hallucinations, et un tremblement général avec un affaissement tel qu’il ne pouvait pas se tenir debout. Le collyre a dû être suspendu, et dés le lendemain, la santé est revenue. C’est donc aux deux gouttes du collyre de duboisine qu’il faut rapporter les acei- dents toxiques. Un autre fait, non moins intéressant, a été observé sur une malade de ma clinique : Os. II. — Mme $S..., âgée de 58 ans, se présente à la consultation de la rue Dauphine, le 2 août 1878, et elle yest soignée pour une iritis chronique des deux yeux. L’atropine provoque une conjonctivite, ce qui oblige de remplacer ce collyre par la duboisine, à la dose de 5 centigr. pour 10 gr. On lui prescrit l’instillation de ce dernier col- lyre d’abord deux fois, et ensuite trois fois par semaine. Dés la se- conde semaine, elle a éprouvé les phénomènes suivants : Envies fré- quentes de dormir, au point qu’elle ne pouvait s’adonner à aucun tra- vail ; pesanteur dans tous les membres, et surtout dans les jambes, au point qu’elle pouvait à peine marcher; troubles gastriques et inappé- tence complète. Dés qu’on a suspendu le collyre de duboisine, tous les accidents se sont dissipés. Mais, à côté d’accidents toxiques, il faut signaler aussi les avantages de ce collyre, là où l’atropine ne pouvait être supporté. Voici un fait à l'appui : Ogs. HI. — M. le colonel de S...,âgé de 97 ans, a été atteint d’un iritis chronique avec choroïdite atrophique disséminée. L’iridectomie a dû être pratiquée le 23 novembre 1877. L'inflammation a cessé, mais il est resté une injection perikératique que rien ne pouvait faire cesser. L’atropine augmentait cette rougeur et amenait même quelques dou- leurs périorbitaires. Dés le 6 juin dernier, il a commencé, sur la re- commandation de M. Galezowski, à instiller le collyre de duboisine, Sous l’influence de ce médicament, la rougeur a disparu très prompte- ment, au point que, dès le 6 juillet, on à pu constater une guérison complète, — 329 — Il était intéressant de chercher à connaître, par comparaison, les phénomènes toxiques provoqués par l’instillation du collyre à l’atro- pine dans l'œil, c’est ce qu’a fait M. Galezowski. Il résulte des observations journalières que certains malades ne peu- vent pas supposer l'instillation même d’une seule goutte de collyre faible d’atropine, sans qu'ils soient pris d’accidents nerveux plus ou moins graves. L'auteur cite, à l'appui, plusieurs faits plus intéressants. En voici plusieurs exemples : Oss. IV. — Le garçon S..., âgé de 9 ans, est opéré d’une cataracte congénitale par discision, le 8 octobre dernier; le collyre d’atropine à la dose de 0 gr. 02 centigr. pour 10 grammes, instillé dans l’œil opéré quatre fois par jour. Dés le premier jour, l'enfant est pris de vomisse- ments, avec une fièvre intense et une somnolence. Voyant cet état se prolonger pendant deux jours, tandis que l’état de l’œil opéré était très-satisfaisant ; on fait suspendre Je collyre à l'atropine, et dés le lendemain tous les accidents se calment, et l’enfant revient à la sante. Le 22 octobre, une seconde discision est pratiquée et on introduit une seule goutte d’atropine dans l’œil aprés l'opération. Unedemi-heureaprès, l'enfant est pris de vomissements qui durent toute la journée, mais le lendemain il ne ressent plus aucun phénomêne morbide. Le 5 novem- bre, on pratique une troisième discision, et on installe une goutte du collyre préparé exprès à la dose de un centigramme pour 20 grammes: mais les vomissements reviennent avec la même intensité et se prolon- gent jusqu’à la nuit. L’atropine n’est plus instillée et l’enfant se trouve guéri dés le lendemain. Os. V. — Une jeune fille C.... âgée de 3 ans, est atteinte d’une kératite phlyctenulaire des deux yeux, contre laquelle on emploi l’a- tropine en instillations cinq à six fois par jour. Au bout de huit jours de traitement, la mère ramène l'enfant et elle déclare qu’elle est tou- jours somnolente, et que toutes les nuits, régulièrement, elle a des at- taaues convulsives. Croyant qu’il s'agissait là d'accidents toxiques pro- voqués par l’atropine, on fait suspendre le collyre d’atropine et dès le lendemain tous les accidents ont complétement cessé. Deux mois aprés, l’enfant est prise d’une kératite phlyctenulaire en récidive et ne me rappelant pas de l'idiosynerasie de l'enfant pour l’atropine, j'ai prescrit le collyre à l’atropine, qui a amené les mêmes accidents convulsifs. Ogs. VI. — L’abbé X..., âgé de 81 ans, a été opéré par moi, en 1875, de la cataracte sur les deux yeux par l'extraction. Le cinquième jour, le malade a été pris d’une iritis de l’œil gauche, ce qui a néces- siié l’instillation de l’atropine à la dose de 5 centigr. sur 10 grammes. Dés le troisième jour, le malade a été pris de faiblesse générale, de ma- laise et d’évanouissements, puis d’hallucinations qui duraient toute la nuit. On suspendit le collyre à l’atropine et les accidents toxiques avaient disqaru. L’abbé quitte Paris, guéri de l’œil droit, mais avec c. R, 1878, 42 — 330 — une légère exsudation dans la pupille gauche. Arrivé dans son pays, il est repris d'accidents d’iritis contre lesquels son médecin lui prescrit l’atropine Les mêmes accidents nerveux se reproduisent et qui ne ces- sent qu'après qu on a suspendu l'usage du collyre belladoné. Ogs. VII. — M. F..., âgé de 67 ans, père d’un de nos confrères de Paris, est opéré par moi, il y a quatre mois, pour l’œil droit de la ca- taracte et, le 22 septembre dernier, de son œil gauche. Après cette opé- ration, on est obligé d’instiller le collyre d’atropine, une goutte trois fois par jour, à la dose de 5 centigr. pour 10 grammes. Le malade se trouvant soulagé par ce collyre, se fait instiller 12 gouttes par jour par ce même collègue, sans m’en informer. Le vingtième jour, après l’opé- ration, le malade est pris d’un évanouissement, qui n’a duré que quel- ques minutes ; après quoi le malade a éprouvé des vertiges, un trem- blement général dans tout le corps avec des frissons, et des douleurs dans le ventre. La bouche et la gorge n'étaient point sèches, On sup- prime l’atropine, et les accidents toxiques disparaissent. Le 6 novem- bre dernier, deux semaines après l'accident, j'ai fait instiller une seule goutte d’atropine, et les mêmes accidents se sont renouvelés, mais sans évanouissements. Oss. VIII. — M. $..., âgé de 23 ans, est opéré par moi d’une iri- dectomie à la fin du mois de décembre 1877, et on lui fait instiller tous les jours quatre gouttes de collyre d’atropine (0,05 centigr. pour 410 gr.). Dés le quatrième jour, le malade est pris d’accidents sembla- bles sous tous les rapports à ceux de la scarlatine, avec fièvre, mal de gorge et une éruption, malaise général et tremblement dans tout le corps. On suspend l’atropine, et le malade se rétablit au bout de trois jours. I/’atropine exerce aussi une action trés-fâcheuse sur l'œil lui-même, surtout s’il s’agit d'accidents d'iritis chronique avec prédisposition glaucomateuse. L’instillation prolongée du collyre d’atropine peut amener des phénomènes de glaucome avec excavation de la papille op- tique. J'ai vu ces accidents se développer après l'opération de Ja cata- racte traumatique, lorsqu'on soumet le malade opéré à l'instillation fréquente du collyre à l’atropine ; j'ai vu aussi se reproduire l’excavation glaucomateuse aprés une opération de staphylome conique, pellucide. L'année dernière j’enléve, chez une dame âgée de 24 ans, un lambeau central de la cornée et fais instiller le collvre d’atropine quatre fois par jour. Quatre semaines après, la malade est prise de douleurs périor- - bitaires, l’œil devient dur, et il s’y développe tous les signes de glau- come, qui ne cédent qu'à une iridectomie. Aujourd’hui, la papille du nerf optique de cet œil est complétement excavée. De toutes ces observations, nous pouvons tirer les conclusions sui- vantes : 19 Que la duboisine a une action mydriatique trés-puissante, et que, — 331 — dans un certain nombre de cas où l’atropine ne peut pas être supporté, la duboisine peut le remplacer très-favorablement. 20 Que le collyre au sulfate de duboisine, instillé dans l'œil, Fe amener quelques accidents généraux toxiques, tels que tremblement général, faiblesse dans les jambes, inappétence et somnolence. 30 Que le collyre d’atropine s’absorbe trés-rapidement dans un œil qui à subi une opération quelconque. Il peut amener des accidents toxiques généraux, tels que : évanouissements, délire, convulsions même, tremblement et faiblesse générale, vomissements, etc. 49 Que ce même collyre d’atropine, que nous employons souvent à trop fortes doses et trop fréquemment, peut amener des accidents glaucomateux avec excavation de la papille. 5° Qu'on doit, par conséquent, être trés-attentif dans l’usage du col- lyre d’atropine, surveiller ses effets locaux et généraux, et 1e suspen- dre d’une manière absolue, dès que les moindres accidents toxiques vont apparaitre. M. DumonrPazuter : Les praticiens qui emploient parfois l’atropine en injections sous-cutanées pourraient être étonnés de la gravité et de la fréquence des accidents signalés par M. Galezowski. Il y a dix ou quinze ans, on avait, dans les hôpitaux, la passion de l’atropine, et ce danger extrême du médicament n’a pas été signalé. Jl faut reconnaître, cependant, qu’à cet égard la susceptibilité des malades est très-différente, et que l’action du médicament est trés. variable selon les lieux et les temps. | Hier, on a fait, dans mon service, une injection sous-cutanée d’atro- pine, en observant toutes les règles de la prudence, et cependant il y a eu des symptômes d'intoxication. Nous les avons heureusement com- battus par une injection de morphine. Je ne pensais pas que l’atropine pût donner lieu à des troubles ner- veux si accusés, à des attaques convulsivantes : les principaux signes d’ empoisonnement, les mieux connus, étaient certaines éruptions cuta- nées, de la chaleur à la gorge, de la sécheresse des muqueuses et des vomissements. M. Lagorpe : Au point de vue physiologique, il n’est pas étonnant que l'atropine instillée dans l'œil agisse avec une grande énergie : l’absorption de la conjonctive, membrane rene est trés-ac- tive. Si, au début de l'emploi médical de l’atropine, on n’a pas signalé d'accidents graves, c’est qu’à ce moment, comme toutes les fois qu'il s'agit d'un médicament nouveau, on l’a employée un peu empirique- ment, qu’on me pardonne l'expression ; des symptômes d’intoxication importants n’ont pas frappé l'aiténtion des observateurs ou du public médical. Je connais des cas de mort, par l’usage du médicament, qui n’ont pas été relatés, soit parce qu'il convenait de garder le silence, soit parce qu’on a accusé une autre circonstance morbide d’être la cause de l'accident — 332 — J'ai vu, pour mon compte, un de mes amis, en sortant de chez un oculiste qui lui avait instillé de l’atropine dans l’œil, être pris de ver- tiges, de délire, d’un véritable accès de manie sur la voie publique, où, heureusement, je me trouvai à point pour lui donner mes soins et le reconduire à son domicile. L'atropine est donc loin d'être un agent innocent, même employée aux doses classiques. Ce n’est pas un poison convulsivant proprement dit; mais J'ai souvent observé, comme phénoménes secondaires, dans mes expériences, des accidents nerveux, des convulsions. Je dois, en terminant, appeler l'attention sur l’action si variable des alcaloïdes selon leur provenance industrielle. Depuis un cer- tain temps, je conserve dans mon laboratoire divers échantillons de ces poisons, empruntés à diverses sources commerciales; je les expé- rimente de temps à autre : leur action est très-variable, elle est modi- fiée par leur degré d'ancienneté. La morphine, en particulier, produit, au bout d’un certain temps, des vomissements, parce qu’une partia s’est transformée en apomorphine. Certains industriels fabriquent en grand, en Allemagne et en Angleterre, les alcaloïdes. Ils livrent souvent à la consommation des produits impurs et même dangereux. M. GazezowsKki : Je n’ai observe, à la suite des instillations d’atro- pine, des accidents convulsifs que chez les enfants. RECHERCHES ETHNIQUES ET ANATOMO-PATHOLOGIQUES SUR LA CARIE DENTAIRE ; par le docteur MauREL, médecin de 1'8 classe de la ma- rine. L'action des acides sur les dents et leur rôle dans la production de la carie dentaire me paraissent trop bien démontrés pour qu’on pense à les nier aujourd’hui. C’est là véritablement la cause efficiente de cette affection, et je pourrais dire la condition sine qu& non de son apparition. Mais à côté d'elle, et quoique ne figurant que parmi les causes que l’on appelle prédisposantes, s’en trouve une autre que des recherches récentes ont mise en évidence : je veux parler de lin- fluence ethnique. Il m'a été, en effet, démontré, et j’en ai fait l’ob- jet d’une communication au Congrès pour l'avancement des scien- ces, que la question de race joue un rôle três-important dans la plus ou moins grande fréquence de cette affection (1). Il me suffira, pour l’éta- blir, de citer les chiffres suivantes : (1) Cette influence avait déjà été remarquée par le docteur Magitot, à propos des deux races qui ont peuplé la France. Fons 10 Population maritime dela France. 1 dent cariée pour 9,43 saines D0Pes Sandals: - retable _ 16 » — NL ERTANEN ESA MORE EST | — 19,50 — 49 Les immigrants indiens......... 1 — D8,28 — 5° Les mulâtres de la Martinique... 1 — GS 6° Les noirs de la Martinique...... 1 _— 4 » — To Les noirs de la Guyane......... 4 — b560— 89 Les Métis noirs et Galibis....... 1 _ 5,23 — Be Galibis BA Aie jL — 4,34 — 10SPes Annanmites ere. old! _ 45 » — Je me crois d'autant plus en droit d'attribuer ces différences de fré- quence à une influence ethnique, que, d’une part, l'observation de la même race faite dans des pays éloignés m'a donné des résultats à peu prés identiques, ce qui a eu lieu pour les noirs de la Martinique et ceux de la Guyane; et, d'autre part, que lorsqu'il m'a été donné d'observer des populations métisses, j'ai constaté que le degré de fréquence de la carie chez elles est intermédiaire à celui des deux peuples dont elles provien- nent. C'es causes sont-elles les seules ? Je suis bien loin de l’admettre. Je veux même en signaler une autre qui, je crois, n’est pas sans impor- tance : c’est la pauvreté des eaux en matières salines, ct tout particu- liérement en sels de chaux. Les eaux du Maroni (1) ne donnent qu'un résidu de 0 gr. 05 par litre, la matière organique comprise. Or, toutes les populations habitant ses rives d’une manière fixe ont des dents ex- ceptionnellement mauvaises. N’'ya-t-il là qu’une coïncidence? Les recherches ultérieures seu- les pourront nous l’apprendre. Ces quelques considérations étiologiques exposées, j'aborde l’ana- tomie pathologique, qui estie sujet principal de ma communica- tion. Je passerai successivement en revue les trois tissus durs de la dent, émail, dentime et cément, et les deux tissus mous, la pulpe et le pé- rioste alvéolo dentaire. Quoique je n’aie pas ici à faire l’histologie normale, je me permet- trai cependant d'appeler l'attention sur deux points qui me semblent avoir été mal observés : le premier, c’est que les éléments de l’émail affectent plus souvent la forme cylindrique que la forme prismatique, et le second, c’est qu’ils sont plus ondulés que ne le disent la plupart des auteurs. J'ajouterai que ces éléments semblent s'étendre de la cuticule à la surface de la dentine et que dans tout son parcours ils présentent des stries transversables dont il m’a été impossible de trouver la signifi- cation. (1) Fleuve limitrophe des Guyanes française et hollandaise, — 9934 — Quant aux lésions, l'émail n'étant susceptible d'aucune réaction or- ganique, elles ne présentent que peu d'intérêt. -$ous l'influence des acides, ses éléments se décalcifient, leur matière organique se gonfle par place, conservant sur d’autres ses dimensions normales, de telle manière que, lorsqu'on les observe dans ces condi- tions; ils offrent un aspect monilhforme. L'action des acides continuant, ces éléments se fragmentent, se désagrégent et leurs débris deviennent rapidement méconnaissables. L'intérêt augmente quand on arrive à la dentine. Mes recherches m'ont permis de considérer les canalicules de la dentine comme cons- titués par un tube mou recouvert d’une matière calcaire d’incrusta- tion. Or, sous l'influence de l’irritation produite par la carie atteignant leurs extrémités périphériques, un exsudat se forme entre le tube mou et celui d'incrustation, exsudat qui rétrécit d’abord et oblitère ensuite le calibre du tube mou. C’est cet exsudat qui, ayant un degré de ré- fringence à peu près égal à celui de la substance intercanaliculaire, donne à toute la partie de la dentine dans laquelle il s’est formé, la transparence qui lui à valu son nom : zone de transparence. Elle est également appelée : zone de résistance; mais la première expres- sion me parait plus générale, cette zone n’offrant réellement une résis- tance que lorsqu'elle a été envahie par la calcification. En l’examimant on peut voir sur ses coupes transversales que le tube mou existe tou- jours, mais qu'il est oblitéré, et sur ses conpes longitudinales qu’il oc- cupe le centre du tube d’incrustation; enfin, qu’il s’est fragmenté un grand nombre de fois dans le sens de la longueur. L’oblitération des canalicules, en supprimant la circulation dans toute la portion de den- tine qui est au-delà de la zone de transparence, amène bientôt sa mor- tification. La nature, dans ce processus, semble consentir au sacrifice d’une partie d'elle-même pour constituer dans sa partie saine une bar- rière, un obstacle à l’envahissement de la carie. Que cette barrière soit atteinte et détruite, elle en formera un seconde, puis une troisième, jusqu’à ce que la totalité de l’ivoire ait été envahie. Le cément , on le sait, est un véritable tissu osseux ayant les mé- mes éléments caractéristiques et ne différant des os que par leur dispo- sition irrégulière. Ses maladies relèvent du même processus et il ne saurait pour lui être question de carie dans le sens que je donne ici à cette expression. Il peut être le siége d’ostéite, de nécrose, de carie, de spina-ventosa, etc, et ce sont là toutes affections dont beaucoup restent à étudier. Mais l'influence de la carie, envahissant la pulpe et la détruisant, peut se faire sentir sur le céiment sans que les phénomènes dont sa structure intime est le théâtre revêtent un caractère patholozi- que, et ce sont ceux-là que nous avons à décrire. À l'état normal et d’une manière générale, la dentine vit par la pulpe et le cément par le périoste alvéolo-dentaire. Ces deux tissus peuvent donc être considérés comme indépendants l’un de l’autre. Ce n’est, en — 8 — effet, qu’exceptonnellement que l’on constaté la communication des canalicules de la dentine avec les ramifications des corpuscules du cé- ment. Mais, s’il en est ainsi à l’état normal, il n’en est plus de même lorsque la pulpe a été détruite d’une manière graduelle. Si la marche envahissante de la carie donne à la nature le temps de parfaire son œu- vre de résistance, au fur et à mesure que la destruction de la pulpe prive la dentine de ses moyens naturels de nutrition, les canalicules des racines s’avancent sur les ramifications des corpuscules du cément, tan- dis que ces dernières viennent elles-mêmes à leur rencontre, et c’est: ainsi que s'établit une véritable circulation collatérale de tous points comparable à celle qui suit la ligature d’un tronc artériel. J'attache une certaine importance à ce fait que j’ai déjà, du reste, signalé parce qu’il explique, d’une part, comment vivent certaines dents privées de pulpe, et d'autre part, comment peut réussir la réim-" plantation, soit qu’on la pratique pour remédier à certains cas de trau- matisme, soit qu’elle devienne la base d’une méthode de traitement, comme le fait le docteur Magitot. Il est, en effet, évident pour moi, et le docteur David, qui-a fait de cette opération une étude spéciale, partage mon opinion, que si, dans quelques cas de réimplantation, la pulpe, complétement séparée de son: pédicule, peut se réunir à lui pour continuer à vivre, dans l’immense majorité de ses opérations elle se mortifie, et que la dent ne vit plus que par la seconde voie, celle du périoste et du cément. Mais c’est surtout quand on arrive à l’étude des modifications éprou- vées par la pulpe sous l’influence de la destruction dentine, qu’on voit croître l'intérêt. - La pulpe, en effet, est de tous les tissus celui qui offre la‘plus grande vitalité. Doué d’une sensibilité exquise, traversé par un riche lacis de vais- seaux sanguins, constitué en cutre par du tissu embryonnaire, mieux que tout autre, cet organe paraît bien disposé pour réagir activement sous la moindre influence. Si, sous cett> influence, le processus dont la pulpe est le siége ne dé- passe pas la congestion, un exsudat se forme au niveau du point me- nacé, entre elle et la dentine. Cet exsudat, refoulant la pulpe, est d’abord complétement amorphe et ne contient que quelques cellules en tout semblables à celles de la pulpe. Puis, peu à peu, ses cellules s’al- longent et se ramifient. Leurs ramifications elles-mêmes augmentent de volume et “de nombre, énvahissent tout l’exsudat et finissent par lui donner un aspect identique à celui de la dentine normale, les cana- licules de nouvelle formation qui le traversent offrant eux-mêmes une ressemblance parfaite avec ceux dé la dentine saine. C’est là un second processus de résistance ou de réparation, la zone de transparence constituant le premier. L'un et l’autre ont été décrits, mais je crois avoir, mieux que la plupart des auteurs, suivi les phasés successives et les modifications intimes des éléments qui en sont le théâtre, —_ 336 — Le périoste alvéolo-dentaire, dont il mereste à parler, ne joue qu’un rôle tout à faire secondaire. Il n'intervient réellement, et d’une ma- nière un peu active, que pour fournir au cément les éléments néces- saires à son hypertrophie, et peut-être faudrait-il admettre que ce travail ne s’accomplit jamais en dehors d’une certaine inflammation du périoste, ce qui placerait l’étude de ce processus dans celle de la périos- tite alvéolo-dentaire. Comme on peut le voir par ce qui précède, les tissus dentaires ne font pas exception aux lois générales de physiologie pathologique. Les di- vers processus dont ils sont le siége correspondent phase par phase à celles des autres tissus, et c'est là un des faits que je tenais le plus à mettre en lumière. Les tissus dentaires relevant des mêmes lois bio- logiques, il paraîtra peut-être naturel de comprendre les affections dont ils sont le siége dans le cadre général de la pathologie. Déjà, il est vrai, quelques auteurs sont entrés dans cette voie; on ne saurait trop les en louer. En réintégrant la pathologie dentaire dans le cadre général de la pathologie, ils ont plus fait que d’être utiles, ils ont fait œuvre de justice. Tels sont les quelques faits que j'ai cru utile de faire connaître, Ils ne touchent, je le répète, qu’à un point de pathologie peu important et bien négligé; mais peut-être est-ce là une considération qui ne fera que mieux ressortir la nécessité d'appeler sur lui l’attention d’une s0- ciété savante, de le signaler à son esprit de recherches, et je serais heureux si ma communication, en vous intéressant, avait atteint ce but. SUR QUELQUES SIGNES DIFFÉRENTIELS DES TUMEURS PULSATILES DE L'ABDOMEN ; par MM. Boursier et FRANÇo1S-FRANCKk. M. François-Franck présente au nom de M. A. Boursier, interne des hôpitaux et au sien, les résultats de l’examen qu'il a fait, dans le ser- sice da docteur Fauvel, à l’'Hôtel-Dieu, d'un cas d’anévrysme de l’aorte abdominale chez un malade présentant des troubles gastriques graves. En raison de ces accidents, on pouvait supposer que la tumeur pulsa- vile occupant la région épigastrique était une tumeur solide de l’esto- mac soulevée par l’aorte. Les faits suivants doivent faire admettre, d’après les auteurs de la communication, qu'il s’agit bien d’un ané- vrysme : 19 Les battements, explorés à l’aide d’un appareil identique à celui que M. Marey emploie pour l'étude de la pulsation du cœur, et trans- mis à un tambour à levier enregistreur présentent les caractères des battements anévrysmaux, expansion considérable, s’opérant d’une ma= nière brusque d’abord, graduelle ensuite. 29 Ces pulsations affectent la forme du pouls aortique normal et, ce qui revient au même, les caractères des pulsations anormales de l’aorte telles que les a étudiées M. François-Franck dans un certain nombre de cas d’anévrysme de la crosse, — 937 — 39 Le retard du pouls de la fémorale est, notablement exagéré, ce qui confirme l’idée d’une dilation anévrysmale communiquant avec l'aorte abdominale et ce qui exclut l'hypothèse d’une tumeur solide soulevée : dans ce dernier cas, en effet, il n'y a aucune raison pour que . le retard du pouls général soit augmenté. 49 La compression et la décompression de la tumeur produisent dans la circulation des membres inférieurs des modifications considé- rables qui ne peuvent s'expliquer que par la compression et la décom- pression d’une poche anévrysmale communiquant avec l'aorte. 5° Quand on comprime graduellement et avec force la tumeur ab- dominale, on voit la courbe générale du pouls fémoral s’élever en même temps, ce qui résulte du refoulement dans l'aorte du sang que contenait la poche ; 6° Quand on décomprime brusquement, les parois élastiques du sac anévrysmal reprenant leur forme, il se produit une sorte de succion du sang contenu dans l'aorte et le pouls fémorale tombe tout d’un coup ; quand la décompression est très-brusque et succède à une com- pression énersique, on peut même voir disparaître presque compléte- ment une ou deux palsations fémorales, Ces phénomènes peuvent être perçus à la main, ce qui augmente leur importance au point de vue du diagnostic. On comprend qu'il se produirait exactement l'inverse, s’il s'agissait d'une tumeur solide. Sa compression effaçant plus ou moins le calibre de l'aorte entraïinerait la suppression plus où moins complète du pouls au-dessous du point comprimé. M. François-Franck, en signalant ce moyen de diagnostic difléren- tiel pour les anévrvercs abdominaux et les tumeurs solides soulevées, rappelle que M. Murey a constaté depuis longtemps des phénomènes identiques dans le cas d’anévrysmes des membres. RECHERCHE PHYSIOLOGIQUE DE L'OXYDE DE CARBONE DANS PLUSIEURS PRODUITS DE COMBUSTION; par N. GRÉHANT, aide naturaliste au Muséum d'histoire naturelle. Les combustions dans l'air du charbon et des substances hydro-car- bonées produisent toujours du gaz acide carbonique, dont l'effet sur l'organisme de l’homme ou des animaux est généralement négligeable: en effet, les expériences de M. Paul Bert ont montré que les animaux meurent dans un milieu respiratoire artificiel, chargé d’acide carboni- que, lorsque la proportion centésimale de ce gaz atteint 35,4; jamais, dans l'air qui a servi à la combustion, une pareille proportion d’acide carbonique ne peut se trouver. Je me suis proposé de rechercher si les combustions de faibles poids de substance peuvent donner lieu à la production d’oxvde de carbone pouvant être décélé dans le sang d’un animal astreint à respirer les gaz provenant de la combustion et servant de réactif physiologique du gaz toxique ; les résultats que j'ai déjà publiés et qui ont montré que, c. R. 1878. 43 — 338 — dans une atmosphère renfermant de 14/1000 à 4/4000 d’oxyde de car- bone, le sang est capable d’absorber une quantité très-notable de ce gaz, m'ont conduit à entreprendre ces nouvelles recherches, dont je ci- terai seulement les premières expériences relatives à la combustion de la bousie, de la braise de boulanger et du tabac à fumer. Ï1 a fallu d’abord produire la combustion dans un espace clos et re- cueillir la totalité des produits de combustion; pour y parvenir, j'ai employé un grand ballon de caoutchouc pouvant recevoir 200 litres de gaz, que j'ai introduit dans une grande cuve de bois, doublée de zinc, à couvercle mobile, d’une capacité de 600 litres, plein d'air, dont j'ai di- minué la pression à l’aide d’une trompe aspirante à eau; les parois du ballon dont la tubulure communique avec l'extérieur par un tuyau muni d’un robinet, sont alors soumises à une diminution de pression de 5 à 6 centimètres d’eau qui suffit pour faire de ce ballon un aspirateur suf- fisant pour entretenir la combustion et pour recevoir les produits ga- ZEUX. J'introduis une bougie allumée dont j'ai pris le poids au milieu d’une allonge de verre, dans laquelle elle est fixée par un bouchon traversé, en outre, par un tube de verre, permettant l'entrée de l’air extérieur; le col de l’allonge se continue avec un tube de verre long de un mètre, enveloppé d’un réfrigérant de verre, traversée par un courant d’eau froide ; un tube de caoutchouc réunit le tube de verre au tuyau métal- lique à robinet du ballon aspirateur; en ouvrant convenablement le robinet, on entretient la combustion de telle sorte que la flamme soit éclairante et identique à celle d’une bougie qui brûle librement dans l’air ; ces précautions sont nécessaires, car si le courant d’air nécessaire à la combustion est insuffisant, la flamme devient fumeuse et l’allonge se couvre d’un dépôt de noir de fumée, la combustion n’a plus lieu dans les conditions normales. Dans une de mes expériences, la bougie a brûlé pendant quarante-six minutes et le poids du combutible brûlé a été égal à7 grammes. Le bal- lon était rempli des produits de la combustion et d’air entraîné ; le mé- lange gazoux, contenait sur 100 volumes, 17 d'oxygène ; 2 d’acide car- bonique et 81 d’azote. Aprés avoir pris du sang normal dans la veine jugulaire d’un chien du poids de 11 k. 9, on fait respirer à cet animal, par une muselière de caoutchouc et une soupape, à deux soupapes les gaz contenus dans le ballon ; les inspirations ont lieu dans le ballon, les expiratisns dans l'air. En 25 minutes, le ballon est complétement vidé; on prend alors . dans la veine un second échantillon de sang. On détermine les pouvoirs absorbants pour l'oxygène des deux échantillons de sang : 100 cc. de sang normal ont absorbé 32,1 d'oxygène sec à 0° et sous la pression de 760 mm.; 100 cc. de sang de l’animal qui a respiré les produits de la combustion ont absorbé 31,8 d'oxygène dans les mé- mes conditions ; la différence O cc. 3 indique donc seulement une trace d'oxyde de carbone fixée par le sang, une quantité fort petite, et telle — 339 — que lors de la combustion d’une bougie dans l’air libre, la viciation de l’air par l’oxyde de carbone est complétement négligeable. La combustion du charbon dans l’air, comme l’a montré M. F. Le- blanc, produit toujours de l’oxyde de carbone dont les effets toxiques sont bien connus, aussi j’ai recherché seulement la présence de l’oxyde de carbone produit par une faible quantité de combustible. Dans un creuset de terre à fond percé d’un trou, j2 place une petite grille en fil de fer qui reçoit seulement 5 grammes de braise de bou- langer allumée avec un chalumeau à gaz et air; le creuset, fixé dans un support convenable, est recouvert d’une cloche de verre dont la tubu- lure est traversée par un tube de verre pénétrant jusque dans le creu- set, puis se recourbant au dehors et communiquant avec le ballon as- pirateur; ce tube de verre est enveloppé d’un manchon réfrigérant ; en ouvrant le robinet du ballon, on entretient une combustion régu- lière, et on recueille tous les produits de la combustion qui se fait sans fllmme. On replace dans le creuset un nouveau poids de 5 grammes de braise allumée, et on recueille dans le ballon, qui est presque complétement gonflé, tous les produits de la combustion de 10 grammes de braise. Les gaz recueillis contiennent 5,5 0/0 d’acide carbonique et seule- ment 13,7 d'oxygène. On prépare ensuite de l’oxygène pur, que l’on fait arriver dans le ballon pour augmenter la proportion centésimale de ce gaz dans le mélange qui doit être respiré par un animal. Chez un chien du poids de 10 k. 5, 100 grammes de sang pris dans l’artère fémorale ont absorbé 27 cc. 5 d'oxygène sec à 02 et à 760 mm. de pression ; on fait respirer à l’animal, à l'aide de l’appareil à deux soupapes le mélange gazeux provenant de la combustion. Bientôt le chien s’agite ; quinze minutes après le début de l’inhalation les mouve- ments respiratoires deviennent rares, les battements du cœur présen- tent de l’intermittence ; vingt-quatre minutes après, on constate l’ar- rêt des mouvements respiratoires et du cœur ; on ouvre l’abdomen, les muscles sont rouges; avec un trocart on pique la veine cave inférieure, et. on recueille dans un flacon de sang qui est d’une couleur rouge vif et dont on détermine le pouvoir absorbant pour l'oxygène ; on trouve que 100 cc. de sang intoxiqué absorbent seulement 5 cc. 5 d'oxygène; donc le sang contient 27,5 — 5,5 — 22 cc. d'oxyde de carbone combiné avec l’hémoglobine. Ainsi, 10 grammes de braise de Houlanger pro- duisent assez d'oxyde de carbone pour empoisonner un chien, de telle sorte que les quatre cinquièmes de l’hémoglobine sont combinés avec le gaz toxique et un cinquième de cette matière colorante échappe à l'action de l’oxyde de carbone. J'ai déjà démontré autrefois que lorsqu'on fait respirer un chien à travers trois ou quatre cigares en éombustion, l’animal meurt em- poisonné par l’oxyde de carbone; j’ai cru qu'il était utile de modilier cette expérience en faisant brûler dans l’air un certain poids de tabac, et en cherchant par mon procédé l’oxyde de carbone dans les produits de la combustion; je me suis servi d’une pipe ordinaire en terre, dont — 340 — le tuyau était uni par le tube d’un réfrigérant au robinet du ballon as- pirateur ; une cloche tubulée, soutenue horizontalement, qui envelop- pait complétement la pipe remplie de tabac, servait à recevoir un peu de fumée qui se dégageait au dehors et qui était entraînée ensuite par aspiration dans le ballon ; en réglant convenablement l’ouverture du robinet, on obtenait une Eonibistion très-régulière. J'ai brûlé d’abord 10 grammes de tabac à fumer ordinaire et ayant vu que le ballon était peu gonflé, j'ai fait brûler encore 10 grammes de tabac, en tont 20 grammes pour augmenter le volume des produits de combustion. Un petite portion du mélange gazeux fut aspirée dans le ballon, à l’aide dela pompe à mercure et analysée; le gaz contenait seulement 7,6 d'oxygène et 11,1 d’acide carbonique; de l’oxygène préparé par le chlorate de potasse fut dégagé directement dans le ballon, et en quan- tité telle que le mélange contenait 36,7 pour 100 d'oxygène et seule- ment 4,6 pour 100 d’ acide carbonique. On prit, chez un chien du poids de 49 kilogr., du sang normal dàns la veine jugulaire et on fit respirer direclertentl l'animal dans le bal- lon, sans employer l'appareil à soupapes, parce que le volume des gaz n'était pas très-considérable ; vingt-trois minutes aprés, l’animal est mort; du sang fut pris dans la veine cave inférieure. 100 cc. de sang normal ont absorbé 19 cc. 1 d'oxygène, tandis que 100 cc. de sang intoxiqué ont absorbé seulement 5 cc. d'oxygène; par suites ils conte- naient 14 ce. 1 d'oxyde de carbone fixé par l’hémoglobine. Aïnsi, les produits de la combustion dans l'air de 20 grammes de ta- bac renferment une quantité d'oxyde de carbone suffisante pour tuer un chien d’assez forte taille. — M. BocneronTAINE fait une communication sur les propriétés toxiques de l'extrait de ciquë, en particulier sur l’extrait des semences de cette plante. — M. Noëz présente, de la part de M. Brown-Sequard, un fait con- cernant le rôle de certaines lésions de la moëlle épinière, dans la pro- duction des hémorrhagics intestinales. La moitié gauche de la moëlle épiniére avait été sectionnée sur un cochon d'Inde; l'animal, après avoir présenté les phénomènes habituels, hr)eresthésie et paralysie du mou- vement, du côté de la lésion, une anesthésie du côté opposé, devint pa- raplésique dans le cours de la deuxième journée; un météorisme trés- intense apparut bientôt, amenant la mort par refoulement du dia- phragme dans la nuit du deuxième au troisiéme jour. L’intestin grêle, les capsules surrénales et le gros.intestin sont très injectés, mais & est au niveau du cœcum que se voient, au milieu du réseau vasculaire dilaté, un assez grand nombre d’ecchymoses puncti- formes. C’est la deuxième fois seulement que M. Brown-Sequard a vu cet accident se développer à la suite de lésions médullaires. 41 — MÉTHODE DE DOSAGE DES MATIÈRES AZOTÉES QUI EXISTENT DANS LE saNG ; par le docteur QuinquAup, médecin des hôpitaux. Manière d'opérer. — L'appareil se compose : 1° d’un petit ballon, muni d’un bouchon à deux orifices ; l’un laisse passer un long tube en verre, qui va presque au fond du vase ; ce tube, présentant une ou- verture externe fermée et une interne libre, sert à faire passer un courant d’air à la fin de l’opération. L’autre orifice du bouchon, à l’aide d’un tube de caoutchouc, fait communiquer le ballon avec un tube de verre renflé en boule, laquelle se termine par une pointe canaliculée, qui plonge dans un vase de verre contenant une solution titrée d’acide sulfurique pour le dosage de l’ammoniaque dégagée. On introduit d’abord dans le ballon 7 à 8 grammes de chaux sodée, puis la matière azotée qu’il faut apprécier quantitativement; par dessus cette substance, on place de la potasse à la chaux, plus une nouvelle couche de chaux sodée. Ensuite, on y place le sang à analyser, et l’on chauffe avec un bec de Bunsen. Il se fait d’abord un dégagement ga- zeux, mais bientôt le tout se prend en un magma, qui, chauffé, laisse dégager de l’ammoniaque et du carbure d'hydrogène ; c’est en dosant le premier corps par l’alcalimétrie que nous arrivons à connaître, d’a- près la composition centésimale, la proportion des matières azotées du sang. Je prends 5 centigrammes de sang, je dose l’ammoniaque totale pour 100 ou par 1000 grammes de sang. De plus, avec deux centigrammes du même sang, je dose l’hémo- globine par la méthode de Phydrosulfite, que j'ai exposée en 1873, à l'Institut ; j’en déduis l’ammoniaque correspondante, que je rétranche de l’ammoniaque totale pour 100, par exemple. Sur une nouvelle portion du même sang, dont je sépare les globules et le sérum, je dose l’'ammoniaque formée par l’albumine de ce sang, en introduisant dans le baïlon cinq centigrammes de sérum débarrassé des matières extractives, par la méthode que j’ai indiquée à la Société de Hiologie, le 6 janvier 1877; cette opération me donne la quantité d’albumine ; je retranche de nouveau l’AZHS du reste précédent, qui correspond à la fibrine, à la globuline et aux matières extractives. Je dose ces dernières à l’aide de la même méthode : la quantité d'am- moniaque obtenue est retranchée de nouveau. La fibrine est dosée directement ; j'en déduis le poids d’ammoniaque, qui est soustrait du reste; la différence donne le poids de globuline. Voici un exemple d'analyse : J'ai dosé d’abord, par les procédés connus, comme vérification, du sang humain, qui a donné ne grammes d’hémoglobine, 66 d’albumine, 8 de matières extractives, 2.5 5 de fibrine et 10 de globuline. Ce même sang, dosé par “obie méthode, donne 34 gr. 71 AZIB pour 1000, au lieu de 37 AZEB chiffre théorique ; mais on comprend facile- ment que les impuretés des albuminoïdes puissent produire ce déficit. — 342 — À l’aide d’une légère correction, on aura la quantité, qui correspond au dosage direct. Poursuivons ; l’hémoglobine (125 gr.) donne 21 d’AzHS par l’expé rience, le chiffre théorique est 22; retranchons 21 du chiffre d’AzH, total, reste 13.71. L’albumine (66 gr.) donne 11.1 AzH3 par l'expérience, le chiffre théorique est 12.2; 11.1 ôté de 13.7 — 2.61. Les matières extractives donnent par l'expérience 1 d’AzHB, le chif- fre théorique est 1.2; 1 retranché de 2.6 — 1.61. La fibrine donne par l'expérience 0.41 d’AzIB, tandis que le chiffre théorique est de 0.45; la soustraction donne 1.2 AzH?. La globuline donne 1.2 AzH?, tandis que le chiffre théorique est 1.4. Cette méthode est donc fort exacte, d’une exécution assez rapide ; de plus, le sang fourni par une seule ventouse peut suffire pour le do- sage complet. — M. le docteur DELAUNAyY communique à la Société les conclusions d’un travail qu’il a fait sur la sexualité, considérée, suivant la mé- thode qu’il a déjà exposée devant la Société et qui consiste à étudier un phénomène biologique quelconque, suivant toutes les circonstances anatomiques, physiologiques, mésologiques et pathologiques qui peu- vent l’affecter. Séance du 235 novembre 1878. M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL annonce à la Société l’envoi, par l’Ins- titut physiologique de Berlin, d’une somme de 750 francs pour la sous- cription Claude Bernard. Une lettre de remerciements sera adressée à la Société des physio- logistes de Berlin, pour cet bommage rendu à la mémoire du savant physiologiste français. — M. LaBorpe fait hommage à la Société, au nom de M. Méonin, de deux ouvrages : l’un sur les teignes chez les animaux domestiques, l’autre sur les cheyletides, parasites. — M. François-FrancK fait la communication suivante : INFLUENCES RESPIRATOIRES EXAGÉRÉES DÉTERMINANT LE POULS DIT PARADOXAL, Les mouvements alternatifs de dilatation et de resserrement de la poitrine créent, à l’intérieur du thorax, des variations de pression aux- quelles correspondent des variations de la circulation périphérique. On sait que ces variations périphériques s’exagèrent, même dans les conditions normales, quand l'entrée et la sortie de l’air subissent une MCE gêne modérée; M. Marey a depuis longtemps insisté sur cette exagé- ration des variations normales de la circulation dans les conditions in- diquées, et le mécanisme en est connu; je n’y reviens donc pas ici, tenant seulement à rappeler qu’il n’y a rien d’anormal que leur exa- gération, même dans les variations importantes de là arculation péri- phérique en rapport avec les mouvements respiratoires. On a cependant désigné, en Allemagne, sous le nom de pouls para- doxal, l’exagération dont il s’agit, et Kussmaul, qui a décrit le phé- nomène dans des cas de « médiastinite péricardique calleuse », l’a considéré comme anormal, paradoxal, désignation qui parait ne pas devoir être conservée. D'autre part, on ne peut considérer ces importantes variations res- piratoires du pouls comme spéciales à telle ou telle lésion, ou bien à tel ou tel trouble fonctionnel de l’appareil respiratoire ou de l'appareil cardio-vasculaire ; dans une foule de conditions diflérentes on les re- trouve, et, sans parler ici de leur existence dans des cas de sténose laryngée (Riegel), de croup, etc., je ne veux appeler l’attention que sur l'existence du pouls dit paradoxal, dans les cas d’anévrysmes intra- thoraciques et de persistance du canal artériel. J'ai observé cette année un assez grand nombre d’anévrysmes intra- thoraciques, soit de la crosse de l’aorte, soit des grosses branches qui en partent. Chez chaque malade se sont montrées des variations exa- gérées des influences respiratoires sur le pouls. Ce fait général me pa- raît devoir s'expliquer simplement, en considérant que le sac anévrys- mal offre une large surface, sur tous les points de laquelle s’exercent altérnativement les influences inverses des mouvernents d’expiration et d'inspiration ; il en résulte l’exagération des variations normales de circulation périphérique. On comprend, sans qu’il soit nécessaire d’entrer dans les détails, que ces variations s’observent dans toutes les artères s'il s’agit d’un anévrysme de la crosse aortique ; qu’elles sont surtout accentuées sur le trajet des branches du vaisseau dont l’origine thoracique est affec- tée de dilatation anévrysmale, etc. En combinant cette notion à celle sur laquelle jai déjà insisté, et qui est relative à la valeur du retard du pouls comparée dans les artères symétriques, on comprend qu’il soit possible d'apporter une certaine précision au diagnostic du siége des anévrysmes intra-thoraciques. 2? Dans les deux cas de persistance du canal artériel que j’ai obser- vés, les mêmes phénomènes existaient du côté du pouls radial, mais ils doivent s'expliquer par un autre mécanisme. Daus le cas de persistance du canal artériel, le sang contenu dans l’aorte et qui s’y trouve sous forte pression, passe en partie dans l’ar- îtére pulmonaire où la pression est plus basse. , Or, cette différence de pression s’exagérant pendant l'inspiration à cause de l'appel sanguin qui se fait du côté du poumon, de là résulte une diminution dans la quantité du sang qui sort de la poitrine et est —"9440— lancé dans les artères périphériques ; d’où un abaissement de la ligne d'ensemble du pouls à ce moment. Au moment de l'expiration, les conditions inverses se trouvent réa- lisées : la pression augmente dans l'artère pulmonaire, sans atteindre cependant le chiffre de la pression aortique. T'en résulte que pendant cette phase de respiration, une plus grande quantité de sang sort de la poitrine et la courbe du pouls se relève à ce moment. On voit que, dans ce cas encore, on retrouve le « pouls paradoxal. » On ne peut donc faire de cette variation exagérée le signe d’urie lésion ou d’un trouble fonctionnel déterminé. M. Hanor : M. Franck, parlant du pouls paradoxal, décrit par Kussmaul, nous a dit que ‘cet auteur avait admis son existence dans le cas de péricardite. La mémoire lui fait défaut ; l’auteur allemand a dé- crit le pouls paradoxal dans trois cas de médiastinite, où le nerf recur- rent était lui-même atteint par linflamimation. Bien que Kussmaul n'indique pas d’une façon précise que cette lésion du nerf soit la cause des troubles circulatoires, cependant le fait est signalé : ce qui permet de donner au pouls paradoxal, dans ces cas, la même explication que celle que nous indiquait tout à l'heure M. Franck lui-même. Le pouls paradoxal est un fait très-rare dans les péricardites. | — M. PoucxeT communique la note suivante : NOUVELLE NOTE SUR LE CHANGEMENT UNILATÉRAL DE, COULEURS PRODUIT PAR L'ABLATION D UN OEIL CHEZ LA TRUITE. Je demande la permission à la Société de revenir sur un expérience dont je lai entretenue dans la séance du 2 décembre 1876, et que jai eu, dans ces derniers temps, l’occasion de répéter en grand. Il s’agit de la paralysie des cellules pigmentaires de la peau des truites, provoquée sur tout un côté de l'animal par l’ablation de l’œil opposé. J'ai refait ces expériences dans des conditions diverses, et j'ai obtenu spéciale- ment, avec les truites de la Sañne (petite rivière de la Seine-Inférieure), des résultats frappants appréciables pour tous, et qui me permettent de regarder comme absolument définitives les conclusions de ma première communication. La privation de la vue par ablation de l'œil, ou plus simplement de la cornée d’un côté, amène une paralysie persistante des chromoblastes du côté opposé. L'animal, de ce côté, est beaucoup plus foncé que du côté voyant. Si l'expérience ne réussit pas sur toutes les espéces, ni avec la même netteté sur tous les individus de la mêmé espèce, c’est qu’elle exige des conditions diverses de mode de vie et d'habitude sur lesquelles j'ai insisté ailleurs. Je n’ai pas besoin de dire que les expériences ont toujours été faites sur un certain nombre d'individus habitant le même cours d'eau, dix le plus souvent. En définitive, ces expériences démontrent que le sym- pathique exerce bien réellement, ainsi que je l’ai indiqué depuis mes premières recherches sur ce sujet, une influence directe sur les chro- — 315 — moblastes et qu’il les gouverne, en raison des réflexes dont la rétine est le point de départ. — M. Graux fait hommage à la Société de sa thèse sur la paralysie du moteur oculaire externe avec déviation conjuguée des yeux. Il en "fait connaître les principales conclusions. Il indique comment, à la suite d’un fait clinique qu’il a eu l’occasion d'observer dans le service de M. Féréol, lésion du bulbe, il a été conduit à admettre que ce trou- ble oculaire était toujours sous la dépendance d’une altération du noyau du nerf moteur oculaire externe. Il a cherché à expliquer ces faits éta- blis par la clinique par des recherches anatomiques et physiologiques. Au point de vue anatomique, il a pu constater avec M. Mathias Du- val (au moins sur le bulbe du chat) que le noyau de la 69 paire est uni au noyau de la 3 paire du côté opposi, par un faisceau vertical de fibres blanches qui rampent sous le plancher du 4 ventricule, ce qui permet de comprendre la synergie du muscle droit interne du côté op- posé dans les déviations conjuguées des deux yeux. D’un autre côté, par des expériences physiologiques nombreuses entreprises avec le bien- veillant concours de M. Laborde, il a pu reproduire par l’expérimen- tation chez un grand nombre d'animaux, cette paralysie du droit ex- terne avec déviation conjuguée des yeux ; dans ces conditions, le trou- ble symptomatique spécial ne survenait que si le noyau de la 6° paire était lésé, ou que si la synergie des deux centres bulbaires, centres de la 3° et de la 6° paire était détruite par section des fibres commissu- rantes verticales qui les réunissent. M. JavaL : Il me semble qu’il n’est pas nécessaire, pour expliquer la lésion binoculaire simple, lorsqu'on regarde les objets éloignés, de trouver un lien an1{omique nouveau entre les noyaux de la troisième et de la sixièine paire. Cette synergie du muscle droit interne d’un côté avec le muscle droit externe du côté opposé, est le résultat de l'habitude fonctionnelle. Lorsqu'il existe une paralysie du moteur externe de l'œil droit, la pupille de cet œil se tourne en dedans du côté dn nez; s’il survient dans l'œil gauche (dans l’œil du côté opposé), un mouvement tel que la pupille de cet œil se tourne en de- hors, ce mouvement, qui produit la déviation conjuguée, est simple- ment un fait physiologique, résultat de l'effort accommodateur du droit externe de cet œil gauche, pour éviter la vision double. Il n’est donc pas besoin, pour comprendre ce fait, d’invoquer une destruction de fibres commissurales spéciales qui annihile la synergie d’action des deux noyaux bulbaires. M. Graux : Le malade que j’ai observé avait une contracture des muscles du cou telle, que la face regardait à gauche ; or, chez lui, la dé- viation conjuguée des deux yeux avait lieu vers la droité, Il était donc, par suite de sa contracture cervicale, dans une excellente situation pour avoir de la diplopie ; or celle-ci n'existait pas. En raison de cette con tracture, accident pathologique, on ne saurait admettre que, chez c. R. 1878. 44 — 946 — lui, la déviation conjuguée était le résultat d’une habitude physiolo- gique. M. Lagorpe : Le problème physiologique, que me semble ne pas en- trevoir M. Javal, est le suivant : Dans certains cas, lorsqu'on regarde un objet éloigné, deux muscles de noms différents se contractent et dé- vient les yeux; ce sont le muscle droit externe d’un côté, et le muscle droit interne de l'œil du côté opposé ; des nerfs différents énervent ces deux muscles ; pour le premier, c’est le nerf moteur externe (nerf de de la sixième paire); pour le second, c’est le moteur commun (nerf de la troisième paire). Or, comment expliquer anatomiquement cette sy- nergie des deux muscles, des deux nerfs différents, si l’on n'admet pas des fibres unissantes entre le noyau d’origine de la troisième paire d’un côté et le noyau de la sixième paire du côté opposé? Ainsi, il faut des fibres commissurales pour les deux noyaux, et ces deux noyaux occupant des moitiés différentes du bulbe, il est nécessaire que les fibres commissurales passent d’un côté à l’autre, croisent obliquement le plan médian antéro-postérieur du bulbe. C’est ce qu'avait pensé autre- fois M. Vulpian ; espérant couper les fibres et détruire cette synergie du musele droit interne d’un côté, avec le droit externe du côté opposé, il avait pratiqué chez les animaux un certain nombre de sections du bulbe, suivant le plan médian, de manière à le diviser en ses deux moitiés symétriques. Il n'avait pas réussi dans ses expériences et n’a- vait jamais constaté la disparition de la synergie de ces deux muscles des yeux précités. Cet insuccès du savant physiologiste est très-expli= cable, lorsqu'on sait que ce croisement des fibres commissurales a lieu sur un point très-élevé du bulbe, près de l’angle supérieur, au-dessous des tubercules quadrijumeaux inférieurs ; les sections faites par M. Val- pian, faites trop bas, épargnaient ces fibres commissurales. Dans mes expériences, je n’ai pas essayé d’atteindre ces fibres com- missurales, si haut, au niveau de leur entrecroisement avec le plan médian, ce qui eût été impossible pratiquement. Le noyau de la sixie- me paire, situé plus bas, était plus accessible; j’ai tenté de léser près du point où elles l’abordent, les fibres commissurales qui viennent du noyau de la sixième paire du côté opposé. Dans ces lésions expéri- mentales, j'ai toujours détruit la synergie du muscle du droit externe d’un côté avec le muscle droit interne du côté opposé ; il en résulta aussi une déviation conjuguée des yeux, chez les animaux mis en ex- périence. M. Javaz : Lorsqu'il existe une paralysie du droit externe d’un des . yeux, si dans la vision binoculaire 1l existe une déviation conjuguée des deux yeux, je persiste à ne voir là que le résultat de l'effort d’ac- commodation du muscle droit externe de l’œil opposé. Le droit interne de cet œil du côté opposé ne joue qu’un rôle passif. Il n’est donc pas nécessaire d’invoquer l'existence de fibres commissurales pour expli- quer une action synergique de ce muscle avec le droit externe pa- ralysé, puisque ce muscle n’agit pas. — 347 — Ces efforts iccommodateurs des muscles des yeux sont comparables à ceux que fait un pianiste, lorsqu'il contracte simultanément ces mus- cles qui meuvent le petit doigt et l’annulaire de la main gauche, avec les muscles qui meuvent le pouce et l'indicateur de la main droite. Ce sont des effets d'habitude. M. Graux : Le pianiste n'arrive à ce résultat qu'après de longs exer- cices, une pénible éducation : tandis que la synergie des muscles du côté opposé des yeux est un fait instantané, indépendant de toute ap- plication intellectuelle ou de tout exercice physique éducatoire. M. LaBoRpE : Il y a confusion, à mon avis, dans l'esprit de M. Javal. Ce n’est pas parce que l’œil du côté opposé s’ingénie à se mettre au ton de l’œil malade, qu’il y a déviation conjuguée ; mais c’est parce que le droit interne de cet œil opposé a perdu ses connexions avec le noyau de la sixième paire. — M. Dasrre communique le résultat de recherches entreprises en commun avec le docteur MoraT, sur l’innervation vaso-dilata- trice. Ces recherches font suite à celles que ces physiologistes ont publiées sur l’action vaso-motrice du cordon sympathique et des nerfs des mem- bres. La conclusion la plus générale qu’ils en avaient tirée, s’énonce en disant qu’il n’y a point de nerfs vaso-dilatateurs périphériques dans le tronc du sciatique, et par analogie dans les troncs nerveux de même ordre, émanés du plexus brachial ou du plexus cervical. Cependant, la dilatation étant un phénomène physiologique accom- pagnant normalement l’activité fonctionnelle des parties, il y avait lieu de se demander où sont les dilatateurs correspondants aux vaso- constricteurs des nerfs des membres. En les cherchant dans les troncs complexes, on les cherchait où ils ne sont pas; mais il y a lieu de se poser la question de savoir où ils sont réellement. Pour répondre à cette question, MM. Dastre et Morat ont entrepris l'exploration du sympathique abdominal et des branches d’origine du sympathique cervical, et recherché le sens de leur action vaso-motrice, suivant qu’on les sollicite en amont ou en aval des ganglions. Sur un chien légèrement curarisé, on découvre le ganglion cervical inférieur, et les rameaux qui le relient au ganglion premier thoracique : les rameaux entourent l'artère sous-clavière, en constituant l’anneau de Vieussens. L'un, superficiel, est directement étendu d’un ganglion à l'autre; l’autre plus profond, simple ou double, décrit une anse et n’at- teint les ganglions qu'aprés avoir fourni les deux principaux nerfs car- diaques. La situation et les rapports variables de ce rameau le ren- dront parfois difficile à découvrir. L’excitation de ce filet détermine une dilatation três-appréciable de la muqueuse buccale du côté excité, à l’exception de la langue et du pharynx. Si l’on coupe le filet nerveux après l’avoir lié et qu’on excite le bout adhérent au ganelion cervical, on observe que l’excitation a les mêmes — 348 — effets, Si, au contraire, on porte l'excitation sur le cordon. sympathi- que, au-dessus du ganglion, on détermine la constriction des vaisseaux et la pàleur de la muqueuse. En admettant que l’on ait pu éliminer toutes les causes d’erreur qui peuvent s’introduire dans des expériences de ce genre, leur conclusion serait de nature à éclairer les fonctions actuellement inconnues des ganglions sympathiques. Ce serait dans ces organes que se ferait la con- nexion des nerfs vaso-dilatateurs et vaso-constricteurs. Uae connexion du même genre peut se faire dans des amas ganglionnaires compara- bles aux ganglions sympathiques et plus voisins de la périphérie, si- tués dans l’épaisseur même des organes (langue), ou à une faible dis- tance du réseau vasculaire (ganglion sous-maxillaire). Ces résultats forment série et font comprendre les variations apparentes de l’inner- vation vaso-dilatatrice. En particulier, pour le sciatique, c’est entre la moelle et les gan- glions du sympathique abdomiral qu'il faut chercher les vaso-dilata- teurs du membre inférieur. Les expériences de MM. Dastre et Morat sont de nature à confirmer cette vue. Séance du 23 novembre 1878. ad M. DumMonTPALLIER, secrétaire général, annonce à la Société que M. le docteur Pelikan, conseiller médical près le ministère de l’intérieur de Russie, a pris l'initiative d’une souscription pour l'élévation du mo- nument de Claude Bernard. —M. Maraias Duvaz, à propos de la dernière discussion sur les cen- tres moteurs des yeux, fait observer qu’il n’est pas exact d'appeler fibres commissurales, les fibres dont la lésion engendre la paralysie de la sixième paire, avec déviation conjuguée. Il ne s’agit pas d’anas- tomose, à proprement parler, entre le noyau de la troisième paire d’un côté avec le noyau de la sixième paire du côté opposé. Les muscles abducteurs et adducteurs des yeux sont innervés à la fois par le noyau de la troisième paire du côté opposé et par le noyau de la sixième paire. C’est ainsi que j ai vu, chez le chat en particulier, sortir du noyau de la troisième paire d’un côté, à droite par exemple, un faisceau de fibres, montant d’abord perpendi- culairement sous le plancher ventriculaire, du même côté, jusqu’au niveau des tubercules quadrijumeaux, puis croisant le plan médian pour aller se joindre au faisceau principal du noyau de la sixième paire du côté opposé, mais sans pénétrer dans le noyau. C’est 1à un fait de double innervation, analogue à ceux que notre regretté Claude Ber- nard avait démontrés pour le larynx, etc., etc. (spinal et laryngé su- péricur). M. Lavorve fait remarquer que déjà tous ces faits ont été indiqués par une note remise à la Société, au commencement de l’année. — 349 — M. HazzoPEau rappelle qu'il y a deux ans, il a publié une observa- tion de la paralysie de la sixième paire avec déviation conjuguée des yeux, et que déjà il avait émis l’hypothèse d’une double source d’inner- vation pour les droits externes. M. Luys demande s’il ne serait pas possible d’exciter par l’électri- sation localisée le noyau de la troisième paire, et de voir si cette exci- tation en déterminerait la contraction dans les deux muscles des yeux, c’est-à-dire le mouvement de déviation conjuguée. M. LaBorpe regarde les difficultés de ce genre d’expérimentation comme insurmontables, à cause de la diffusion des courants électri= ques. — M. DumontTPaLzuier : Dans une séance antérieure, J'ai communi- qué à la Société de Biologie l’observation d’une malade de mon service, à la Pitié, qui était affectée d’une métrite avec arthrite du genou, et chez laquelle, bien qu'il n’y eût pas anesthésie de la peau, nous avions recherché l'existence d’une aptitude métallique. L'application de pla- ques de cuivre sur l’avant-bras gauche avait déterminé une analgésie locale, qui n’avait pas tardé à s'étendre à tout le corps, et avait été accompagnée d’anesthésie incomplète des organes des sens. Le dou- zième jour de cette expérience, la malace eut des attaques de nerfs qui se renouvelérent plusieurs fois dans le cours des expériences métallosco- piques. Cette malade était donc en puissance de la diathèse hysté- rique. Dans une seconde phase de nos expériences, nous ayons soumis cette malade : 19 A l’action locale du froid et du chaud, en appliquant sur l’un des avant-bras de la glace ou des compresses trempées dans de l’eau très- chaude. Ces applications ont déterminé de l’anesthésie directe locale sur le bras gauche et une anesthésie indirecte réflexe sur le bras droit, mais l’anesthésie est restée limitée aux deux bras, et ne s’est point étendue au-delà ‘des épaules. Il n’ÿ à pas eu d’anesthésie des organes des sens. 29 Les mêmes résultats directs et réflexes ont été obtenus par la projection, sur l’avant-bras gauche, d’éther sulfurique avec l'appareil de Richardson. L’anesthésie déterminée par le froid, le chaud et l’éther sulfurique était passagère, c’est-à-dire que quelques minutes après l’anesthésie, on constatait la sensibilité de retour. Toutefois, dans cette seconde phase de nos expériences, nous avons toujours réussi, quand nous l’avons voulu, à fixer l’anesthésie, et cela aussi longtemps que nous le désirions, un, deux, trois, quatre ou cinq jours, par l'application sur la peau d’un métal neutre pour la malade, le fer, le zinc. J'avais été frappé de la constance avec laquelle, dans chacune de ces expériences, l’anesthésie locale directe avait été suivie de l’anesthésie + SIN indirecte ou réflexe sur le bras opposé à celui sur lequel avait été appli- qué l'agent modificateur de la sensibilité. Je résolus alors de tenter les mêmes expériences avec l’éther sur moi-même et sur plusieurs élèves de mon service. Voici quels furent les résultats de ces expériences. La projection de l’éther sur la peau de l’un des avant-bras, dans une éten- due de 8 à 10 centimètres en longueur et de 5 à 6 centimètres en lar- geur, détermine d’abord une sensation pénible de froid, à laquelle succède bientôt une sensation de chaleur, de brûlure superficielle ; puis les bulbes pileux font une lésère saillie, et quelques secondes aprés, on voit apparaître tout à coup une coloration blanc mat de la surface de la peau, c’est à ce moment que l’anesthésie est complète. Alors, sur la partie symétrique du côté opposé, on constate une insensibilté notable de la peau ; il y à analgésie plus ou moins complète, suivant les points où portent les piqüres. Le degré d’anesthésie varie avec les per- sonnes, mais toutes ont accusé une diminution très-appréciable de Ja sensibilité à la douleur ; la sensibilité au toucher persiste à des degrés très-variables. Peut-être si l’expérience eût été prolongée sur chacun de nous, aurions-nous remarqué une anesthésie encore plus accusée. Ces expériences, au nombre de 14, faites sur des personnes diffé rentes et répétées deux fois sur plusieurs d’entre elles, ont toujours donné les mêmes résultats. Une seule expérience a paru douteuse. Quoi qu’il en soit, le fait important à noter est que l’anesthésie lo- cale absolue de la peau, obtenue sur le bras droit ou gauche avec un jet d’éther sulfurique, est accompagnée d’une modification très-appré- ciable de la sensibilité de la peau du côté opposé dans la région simi- laire. Le résultat de ces expériences est analogue à celui qui a été relaté antérieurement par MM. Tholozan et Brown-Sequard (1} sur l’abais- sement de la température d’un côté du corps lorsque l’on soumet le côté opposé du corps à une basse température. Je joins ici l'observation de M. Binet, élève externe de mon service. J « Expérience faite le 26 novembre 1878, « De l’éther est projeté avec l'appareil de Richardson sur la partie moyenne de l’avant-bras droit. « J'éprouve d’abord une sensation de froid sur la résion où l’éther est projeté; cette sensation de froid est remplacée peu à peu par une im- pression de chaleur et de cuisson. « En ce point-là, la sensibilité disparaît peu à peu ; les piqüres faites avec une épingle ne sont pas perçues, le contact même est à peine senti. « Du côté opposé, la sensibilité disparaît également dans une zone ab- solument symétrique à celle sur laquelle l’éther a été pulvérisé. M. Du- montpallier me pique avec une épingle sur l’avant-bras gauche; les (1) ARCH. DE PHYSIOL. NORM. ET PATH., t. |, p. 688, 1868, Le 28 — piqûres faites à la partie inférieure et supérieure sont nettement per- çues et déterminent de la douleur, mais celles qui sont faites dans la zone correspondante à celle du bras droit, où l’éther a été projeté, ne me permettent que d'apprécier une sensation de contact obtuse. On dirait que dans cette région-là l'opérateur a retourné l’épingle, et qu’au lieu de me piquer avec la pointe, il me touche avec la tête de l’épingle. « Dans cette région, je n’éprouve pas, du reste, de sensations anor- males de chaleur ou de froid ; elle n’est le siége d’aucune coloration particulière. « Ces phénomènes sont absolument transitoires, et leur durée paraît à peine comprendre une minute. À mesure que la sensibilité reparaît, les piqûres faites pendant l’expérience deviennent alors sensibles et dou- loureuses, et cela surtout du côté anesthésié, ce qui s’explique, sans doute, par la réaction qui se produit sur ce point-là. » Il est conforme aux enseignements de la physiologie de supposer que, dans ces expériences, l’action à distance d’un côté à l’autre du corps, est due à un acte réflexe des centres, qui se manifeste sur les ré- gions similaires de celles qui ont été le siége des modifications périphé- riques. Cette interprétation est celle que nous avons déjà exposée dans le second rapport de la Commission de Biologie sur la métalloscopie et la métallothérapie à l’occasion du transfert de la sensibilité générale et spéciale, et à l’occasion de l’anesthésie généralisée post-métallique. M. Lasorpe pense que l’éther est un anesthésique local trop faible et très-infidèle ; il serait mieux, selon lui, pour étudier ces phénomènes d’anesthésie symétrique, de produire l’insensibilité localisée à l’aide d’injections sous-cutanées d’une faible solution d’aconitine. Ces injec- tions peuvent être pratiquées sans aucun danger, à la condition d’em- ployer de très-faibles doses (un quart de milligramme) du principe immédiat. M. DumonTPALLiER croit ce moyen dangereux. M. LABoRDE pense que ces phénomènes de transfert de la sensibilité gagneraient à être démontrés, comme fait irdéniable, chez des sujets autres que des hystériques. Ce transfert cest, d’ailleurs, parfaitement accentué pour les organes des sens. M. Marassez demande à M. Dumontpallier si, en même temps que la sensibilité diminuaut du côté opposé au côté éthérisé, il y avait, au point symétrique un abaissement de la température. Car on serait alors en présence d’un phénomèëne déjà connu, un abaissement réflexe de la température, analogue à celui qu’on observe dans la main gau- che, lorsqu'on plonge la main droite dans un vase d’eau froide. M. DumontPALLier à souvent constaté ces modifications de la tem- pérature chez les hystériques au moment du transfert. Les membres — 902 — de la Commission de la Société en ont été souvent témoins à la Salpé- trière. Mais il n’a pu rien observer de semblable dans ses expériences d’éthérisation, car les phénomènes observés n’ont qu'une durée très- courte. — M. GréeANT communique, au nom de M. Philipeaux, Ja note suivante : PRÉSENCE DU CUIVRE DANS LE FOIE D'UN LAPIN, UN MOIS APRÈS LA CESSATION DE L'INGESTION DE CETTE SUBSTANCE. J'ai présenté, le 19 mai dernier, à la Société de Biologie, une note sur l’action physiologique des sels de cuivre. Dans cette note, je disais que tous les sels de cuivre sont toxiques pour tous les animaux (chiens, lapins, rats, oiseaux, grenouilles, etc.), lorsqu'ils sont ingérés directement dans l’estomac à la dose de 10 gram- mes, par Sole pour un chien de taille ordinaire et de 2 grammes pour un lapin adulte, mais qu’ils ne le sont plus, lorsqu'ils sont don- nés à la même dose, dissous et mélés aux aliments ordinaires des ani- maux. Pendant trente jours, j'ai donné à un lapin adulte, âgé de 15 mois, 2 grammes 50 centigrammes d’acétate de cuivre dissous et mélés à ses aliments. Pendant tout ce temps, il les a bien mangés, et n’a jamais montré le moindre trouble fonctionnel ; au contraire, il a profité plus que tous les autres lapins nés de la même portée et non soumis au même ré- gime (cuivre). J'ai fait tuer ce lapin trente jours aprés avoir cessé de lui donner de l’acétate de cuivre et, M. Rabuteau et moi, nous avons recherché si son foie contenait du cuivre; or, nous avons constaté qu’il en contenait. Ce lapin pesait, le jour de sa mort, 2 kilog. 300 gr. et son foie 15 gram- mes. Il avait pris, pendant les trente jours qu’il avait été au régime du cuivre, 7 grammes d’acétate de cuivre, et nous avons retrouvé 2 cen- tisgrammes de cuivre dans son foie. D’après cela, je puis dire : 19 Que tous les sels de cuivre sont toxiques pour tous les animaux, lorsqu'ils sont ingérés directement dans l'estomac à dose élevée. 29 Qu’à la même dose, dissous et mêlés aux aliments de l’animal, ils ne sont plus toxiques. 39 Qu'on peut, chez un lapin qui a absorbé du cuivre pendant trente jours, retrouver ce métal dans son foie, un mois aprés, que l'animal a- cessé d’en prendre. — M. Macnax présente le cerveau d’une femme, sur lequel on peut constater l’existence d’une tumeur cérébrale, sur la circonvolution pa: riétale ascendante du côté gauche, dont elle a déterminé l’atrophie. Cette femme était paralytique générale ; son cerveau offre des lésions méningitiques prononcées. Elle a eu des attaques convulsives du même AG — 353 — côté que la tumeur : elle n’a jamais présenté de phénomènes paralyti- ques. Mais M. Magnan ne considère point cette absence de troubles moteurs comme un fait en contradiction avec la théorie des localisa- tions cérébrales : car il s’agit d’une lésion à développement très-lent. (Voir aux MÉMOIRES.) M. Durer : M. Magnan attribue peut-être avec raison, les convulsions survenues du côté de la tumeur, c’est-à-dire à gauche, à la péri-encépha- lite diffuse, qu’on observait du côté droit. La tumeur serait restée pour ainsi dire silencieuse. Ne pourrait-on pas admettre que ces convul- sions du côté gauche soient le résultat de l’irritation de la dure-mèére par la tumeur ? car il nous semble que les convulsions étaient appa- rues chez cette malade avant que les signes vulgaires de la paralysie progressive se fussent développés, tels que : troubles dans la parole, délire de grandeur, ete. On ne tient pas assez compte de cette irritabi- lité particulière de la dure-mère, dans l’explication des phénomènes convulsifs observés pendant l’évolution de lésions de la surface céré- brale. M. Bochefontaine constate, et nous, dernièrement dans notre thèse, nous avons démontré cette propriété de la dure-mèêre, de produire sous l’influence des irritations expérimentales des convulsions du même côté. M. Macnan : Souvent les premiers symptômes un peu accusés de la paralysie générale sont des attaques couvulsives et épileptiques. Chez notre malade, il existait très-probublement, au moment des convul- sions, de la congestion et de la péri-encéphalite du côté opposé, c’est- à-dire sur l'hémisphère droit. M. HazroPeac croit que les tumeurs corticales d’un hémisphère peu- vent produire des convulsions du même côté : il a vu lui-même plu- sieurs faits de cet ordre dans le service de M. Vulpiun, à la Salpétriére. — M. A. Rosin fait hommage à la Société d’un mémoire sur l’état de l'urine dans l'hématurie des vaches. — M. BocHEFONTAINE présente, au nom de M. Benecu, la note sui- vante : SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA BENZINÉ. M. Benech s’est proposé de rechercher les propriétés physiologiques de la benzine, dont on n'avait guére étudié que quelques dérivés, tels que la nitrobenzine et les anilines. Depuis les travaux de Simpson, la benzine était regardée comme un anesthésique par les auteurs comme Kopp, Lebert. — Dragendorf, s’appuyant sur les recherches de Mossler et de Perrin, soutient que la benzine n’est pas un poison, tandis que Raynal (d’Alfort) a dit, dès 1854, que cet hydrocarbure est toxique pour les grands animaux. En injection hypodermique, la benzine n’est pas absorbée, et les ani- maux peuvent en supporter des doses énormes quand elle leur est c. R. 1878, 45 + — 354 — donnée par les voies digestives. Il n’en est plus de même si l’on donne la benzine en inhalation ou en injection intra-veineuse. Voici un résumé très-succinct des phénomènes observés : convul- sions cloniques, tremblements musculaires généralisés, abolition ra- pide des mouvements volontaires, prompte impossibilité de la sta- tion, mouvements généraux coordonnés, puis période de résolution, abaissement de la température, accélération rapide de la respiration et du rhythme du cœur, puis l’animal meurt. Si la dose de benzine n’est pas mortelle, l’animal sort peu à peu de la résolution, présente des ac- cès intermittents de convulsions cloniques, la température remonte, l'animal peut se tenir debout, et tout rentre dans l’ordre peu à peu. A l’autopsie, dans les cas mortels, on trouve une congestion considé- rable des organes. L’excitomotricité n’est pas abolie. La section de la moelle empêche les convulsions dans le territoire d’innervation de la portion de la moelle située au-dessous de la section. L’ablation des hémisphèéres est sans action sur les convulsions. Les anestkésiques, chlorotorme, chloral, empêchent les convulsions, mais n'annulent pas l’action toxique de la benzine. La benzine abaisse la tension artérielle, qui peut baisser de moitié, ce qui rapproche cet hydrocarbure de la nicotine, poison convulsivant qui abaisse la tension artérielle, selon les recherches de M. Vulpian. En même temps que la tension baisse dans l’artère elle s’élève dans la veine. : La benzine ne paralyse pas l’action des nerfs périphériques, l’exci- tation du sciatique diminue le calibre des petits vaisseaux du pied, la faradisation du sympathique fait pâlir les vaisseaux de l'oreille chez le lapin. En même temps qu’elle abaisse la tension artérielle, elle accélère les mouvements du cœur, résultat qu’il était difficile de prévoir à priori. Cette action paraît s'exercer directement sur le cœur, car l’hydrocar- bure semble affaiblir un peu, mais ne détruit pas l’action du pneumo- gastrique sur le cœur. La section de ce nerf, qui empêche l'accéléra- tion des mouvements respiratoires, n'empêche pas l’action de la benzine sur le cœur. k La benzine accélère tout d’abord d’une façon considérable les mou- vements du cœur séparé du corps de l’animal, puis, au‘bout d'un temps trés-court, elle les arrête brusquement. Elle abaisse la température malgré les convulsions (on sait, en effet,. d’après les travaux de MM. Charcot et Bouchard, que les convulsions cloniques modifient peu la température), tandis que les vaisseaux péri- phériques dilatés favorisent la déperdition de chaleur, sans compter les modifications qui peuvent être apportées à la nutrition des tissus. La benzine augmente, en général, les sécrétions et les modifie d’une façon variable. Elle produit la glycosurie chez le cobaye, rarement chez le lapin, jamais chez le chien. Cet hydrocarbure s’élimine par la APS OR — 399 — respiration. Naunyn (de Berlin) a observé sa transformation en acide phénique. M. Benech n’a jamais trouvé d’acide phénique dans l’urine ou dans le sang des animaux intoxiqués par la benzine. L’accoutumance à l’action de la benzine se fait bien, et, sans pa- raître en souffrir beaucoup, les animaux en supportent un temps très- long des doses intratoxiques. FIBRO-MYXOME KYSTIQUE DE LA MAMELLE AVEC PRODUCTION ossEUSE ; par H. LELorR, interne des hôpitaux. J'ai l’honveur de présenter à la Sociéte de Biologie une tumeur de la mamelle, que je dois à l’obligeance de M. Bochefontaine, qui l’a enlevée à une chienne de 14 ans, dans le laboratoire de M. Vulpian. Cettz tumeur, du volume du poing, siégeait dans la troisième ma- melle postérieure droite et n’adhérait pas aux tissus ambiants. Elle était entourée d’une coque de tissu conjonctif qui l’enkystait complé- tement, et une fois décortiquée, elle apparut nettement lobulée et d’une couleur gris brunâtre. A la coupe, la tumeur est de consistance et d'aspect lardacés, creusée par places d’une multitude de petits kystes serrés les uns contre les autres, et d’un volume variant entre celui d’une tête d’épingle et celui d’ure noisette. Ces kystes sont remplis d’une matière brune et gluante, qui n’est autre que de la matière colloïde. La tumeur est traversée, suivant son grand axe, par une bande de tissu fibreux envoyant à droite et à gauche des prolongements dans son épaisseur, comme les nervures d’une feuille. Cette bande de tissu fibreux est ossifiée à sa partie moyenne, et transformée ainsi en une lame osseuse longue de 8 centimètres, large de 10 millimètres et épaisse de 7 millimètres. Au niveau de la petite extrémité de la tumeur, et, d’ailleurs, compléte- ment enkysté dans son tissu, se trouve un nodule osseux du volume d’un œuf de pigeon. EXAMEN HISTOLOGIQUE. — Le râclage fournit quelques cellules em- bryonnaires et épithéliales. Des coupes sont pratiquées en différents points de la tumeur et colorées au picro-carmin. Les régions kystiques ainsi étudiées permettent de constater la présence d’une multitude de kystes microscopiques au milieu d’un tissu conjonctif fibreux plus ou moins dense, entre les fibres duquel se trouvent par endroits une grande quantité de cellules embryonnaires. Les kystes, tassés en certains points comme les grains d’une grappe de raisin, sont tantôt vides et tantôt pleins de matière colloïde jaunâtre ; leur paroi épithéliale, for- tement colorée par le carmin, apparaît avec une très-grande netteté, Dans plusieurs d’entre eux, on voit des cellules épithéliales polygo- nales en dégénérescence colloïde, incrustées, en quelque sorte, sur la boule de matière colloïde. En certains points, ces cellules épithéliales sont tombées et laissent des lacunes polygonales dans la substance colloïde. Ainsi constituées, ces coupes rappellent d’une façon frap- pante des coupes de rein atteint de néphrite interstitielle avec forma- — 306 — tions kystiques. Ces kystes, comme on peut facilement le constater en plusieurs points, proviennent évidemment de la dilatation des culs» de-sac ou des conduits glandulaires de la glande mammaire Sur des coupes pratiquées en d’autres points de la tumeur, on ne trouve plus que du tissu fibreux pur, plus où moins infiltré de cellules embryonnaires, et quelques îlots de tissu muqueux ou adipeux. Les coupes pratiquées dans les régions ossifiées permettent de cons- tater que l’on a à faire à de l'os vrai. On voit des travées osseuses irré- gulières dans lesquelles pénètrent une grande quantité de fibres de Sharpev, limiter des boyaux pleins de cellules embryonnaires et tra- versés par des fibres conjonctives. Sur les bords de ces travées se trou- vent appliquées deux ou trois rangées de cellules embryonnaires, ren- dues polygonales par pression réciproque et dont les plus externes, en quelque sorte englobées à moitié dans l’os nouveau, vont devenir des ostéoplastes. La tumeur osseuse ainsi formée est constituée par du tissu osseux vrai, contenant des ostéoplastes typiques, comme permet- tent de le constater des coupes pratiquées dans la tumeur à l’état frais. On sait en effet que la forme des ostéoplastes est toujours plus ou moins altérée dans les pièces osseuses décalcifiées au moyen de l’acide picrique. Ainsi donc, nous avons eu à faire à un fibro-myxôme kystique avec formation d’os vrai aux dépens du tissu fibreux. Ce qui nous a enga- gé à présenter cette pièce, c’est la très-crande rareté des productions sseuses vraies dans les tumeurs de la mamelle chez l'homine. Ce productions osseuses sont, il est vrai, plus fréquentes chez le chien ; sans cesser toutefois d’être assez rares, comme nous le disait M. Vul- pan. Il nous a semblé que l'étude de cette tumeur pourrait être de quelque utilité au point de vue de l’anatomie pathologique des tu- meurs de la mamelleavec productions osseuses chez l’homme. Remarquons qu’ici encore se trouve vérifiée l’opinion d’après laquelle la présence d’os vrai dans une tumeur serait trés-souvent l'indice de la bénignité de cette tumeur. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Par M. DURET, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. HOUEL vice-président. . RABUTEAU présente la note suivante : DE LA PRÉSENCE DES ALCOOLS ISOPROPYLIQUE, BUTYLIQUE NORMAL ET AMYLIQUE SECONDAIRE DANS LES HUILES ET LES ALCOOLS DE POMME DE TERRE. — COMPARAISON DES EFFETS PHYSIOLOGIQUES ET TOXIQUES DE CES DIVERS ALCOOLS, En distillant des huiles et des phlegmes de pomme de terre, de pro- venance suédoise, j'avais remarqué certains points fixes qui ne corres- pondaient pas aux points d’ébullition des alcools propylique, butyli- que et amylique ordinaires. J’effectuai alors de nouvelles distillations fractionnées, en deshydra- tant préalablement les huiles et les phlegmes au moyen du carbonate de potassium sec, et rectifiant ensuite sur ce même sel, ou bien sur la chaux ou la litharge. Le tableau suivant indique la nature, le point d’ébullition et la quantité moyenne des produits contenus dans un litre d'huile de pomme de terre : Points d'ébullition Rene degrés cc. Aldéhyde, acétate d’éthyle, alcool éthy- MUC eee ER ESC CE Dee rR 22 à 78 75 Alcool isopropylique................. 89 150 Alcool propylique. .................. 97 30 Alcool butylique ordinaire............ 109 90 Alcool butylique normal.............. 116.9 65 Alcool amylique secondaire (méthyl-pro- pylcarbinol) CNE OR 120 60 Alcool amylique ordinaire............ 128 à 132 275 Produits bouillant au delà de 132° et retenant une certaine quantité d'alcool AMYIIQUE FSC CNRS 170 EMMA ASTRBE SOPS ITSTIEAE neT 195 1.000 L'alcool isopropylique trouvé dans les huiles a été caractérisé par son analyse élémentaire, par son point d’ébullition, par son éther acé- tique bouillant vers 76°, et par la propriété qu'il présentait de donner de l’acétone sous l'influence des oxydants, tel qu'un mélange d'acide sulfurique et de bichromate de potassium ou d’anhydride plom- bique. Les alcools butylique normal et amylique secondaire ont été carac- térisés de la même manière. Leurs éthers acétiques sont entrés en ébulhtion, l’un à 1259, l’autre à 1309. Les phlegmes de pomme de terre (alcool brut des paysans de Suéde), non épurés ou épurés à froid par le charbon, ont donné à la distilla- tion des quantités moindres des alcools précités. La proportion de l’al- coo! isopropylique n’a été que 15 à 20 pour 1,000. J'ajouterai que les Luiles et les phlegmes paraissent contenir une petite quantité d'alcool butylique tertiaire. En eflet, j'ai observé par- fois, dans le col des cornues, des cristaux qui entraient en fusion vers 250. Des cristaux semblables ont été observés également par M. Hermansson, chimiste suédois, qui m’a aidé dans mes distillations L’existence de l’acétate d’isopropyle dans ces mêmes huiles et phlegmes m'a paru presque certaine. En somme, les recherches précédentes m’ont conduit à la découverte,’ dans les huiles de pomme de terre, de trois alcools que l’on n’obtenait jusqu'ici que par des procédés de laboratoire, On peut, désormais, se procurer facilement, et en quantités considérables, 1° l’alcool isopro- pylique que l’on préparait artificiellement, soit en traitant l’acétone par l’hydrogène naissant (procédé de M. Friedel), soit par l’acrobine ou la dichlorhydrine par ce même gaz à l’état naissant. — 359 — CSH6O + H? — CO: ET fre TT nn LS acétone alcool isopropylique 29 L'alcool butylique normai que l’on obtenait en traitant la butyl- aldéhyde par l’amalgame de sodium, c’est-à-dire par l'hydrogène naissant. COM EP LT CAO CE butylaldéhyde alcool butylique normal 39 Le premier alcool amylique secondaire, que l’on ‘préparait en traitant par l’acide iodhydrique, lisoamyline (éthyl-allyle) C5H'0, et décomposant ensuite l’iodure produit dans la réaction. On remarquera que les alcools butylique normal et amylique secon- daire paraissent moins stables que les alcools butylique et amylique ordinaires. En effet, leurs acétates se décomposent plus facilement que ceux de ces derniers alcools. Ils se colorent peu à peu en brun foncé (surtout l’acétate d'alcool amylique secondaire), tandis que les acétates des alcools butylique et amylique ordinaires demeurent incolores. M. Grimaux demande si M. Rabuteau a séparé ses alcools par distil- lations fractionnées, l'analyse élémentaire ne peut donner des résultats absolument positifs ; la méthode de distillations fractionnées lui semble aussi incertaine. À quels caractères a-t-il pu isoler et reconnaître des alcools si voisins comme point d’ébullution ? M. RaBuTeAU a employé la méthode de distillation fractionnée; il a pu nettement différencier ces divers alcools par leurs caractères physio- logiques, leurs réactions chimiques et leurs éthers ; l’alcool isosropyli- que, par exemple, traité par l’acide sulfurique et l’acide plombique donne de l’acétone. M. Bazz est peu disposé à croire que lorsqu'on boit du vin en excés, on doive se croire à l’abri de l’alcoolisme. Les funestes effets du vin seul sont des plus vulgaires et des plus communs parmi les ouvriers de Paris. Les bureaux de la préfecture de police offrent aussi un répertoire des plus complets des divers troubles de l’alcoolisme : Phénomènes cérébraux ; Troubles délirants ; Modifications sensorielles et motrices. On y voit par an un millier d’alcooliques, et la plupart vous disent qu'ils ne boivent que du vin. | M. Ball connaît un littérateur qui boit jusqu’à 14 litres de vin rouge par jour, mais à longues intermittences. Ces excès de boisson ne se ré- pétent que trois à quatre fois par an. Il est pris d’accès de délire et de tremblements, tout comme un véritable alcoolique, — 360 — Au point de vue pratique, il semble qu’on doit ne s’avancer qu'avec une grande réserve sur ce terrain. M. DumonrPaLzLier trouve la dose de 14 litres de vin bien considé- rable. M. Bazz fait remarquer qu'il ne s’agit là que d’excés intermittents, n’allant pas au delà de trois ou quatre fois [ar an. M. RagurTeau proteste contre le vinage protégé à tort, selon lui, par l'Académie. M. Lagorpe est très-frappé des divergences qui se produisent au su- jet du vin et de ses rapports avec l’alcoolisme. Autrefois, on pensait que l’alcoolisme était produit par le vin pres- que au même titre que l'alcool. Aujourd’hui on incline à croire le vin beaucoup plus innocent. Le fait est que dans les pays vignobles il y a peu d’alcooliques. Un médecin aliéniste très-distingué affirmait, il n'y à pas huit jours, à M. Laborde qu’on ne pouvait attribuer un seul cas d’alcoolisme au vin. M. Magna : Il y a sur ce sujet des assertions entièrement oppo- sées : 19 On peut prendre habituellement de grandes quantités de vin sans devenir alcoolique. 20 L'abus du vin ordinaire peut être suivi d’accidents alcooliques. Telles sont, en somme, les deux affirmatitions contraires qui régneat sur ce sujet. Rien ne nous permet de conclure en ce moment en faveur de l’une ou de l’autre opinion. Il faut, semble-t-il, tenir le débat en suspens. M. DumonTPALLIER : Il serait intéressant de savoir quelles sont dans les pays à vin les classes qui sont sujettes à l'alcoolisme. L'alcool des pays du Nord expédié dans le Midi, sert à la falsification des gros vins usuels. Le propriétaire de vignes, au contraire, qui ne boit jamais d'eau dans son vin, qui ne le sophistique point pour son usage, ne semble jamais être alcoolique. M. LABORDE à Connu un vieux vigneron qui vivait au milieu de ses vignes, et qui, on peut le dire, allait constamment se désaltérer à ses barriques. Jamais cet homme, toujours gai et robuste, et qui est mort à un âge avancé, n'a été alcoolique. M. Ranvier fait remarquer qu’autrefois le vigneron était pauvre et ne se grisait pas; le vin était cependant bon marché. Actuellement, le vin est cher, et le vigneron se grise assez souvent; ceux que j'ai connus se grisant n'étaient pas alcooliques. M. Kunoxez : Le vin nouveau, qui n’a pas fermenté, doit être dis- tingué dans ses effets du vin qui a fermenté. — M. Joserr (de Dijon), de retour du Brésil, où il a passé trois ans, fait une longue communication sur l’une des maladies du caféier. — 9361 — Cette maladie est cantonnée actuellement autour de Rio-Janeiro, mais elle y fait de tels ravages, qu’un fermier m'a dit avoir perdu en deux ans 450,000 pieds de caféier. Le pied de caféier vaut un frane, c'était donc en deux ans une perte de 450,000 francs. Le caféier est frappé de mort en 8 jours, ses feuilles jaunissent en haut de l’arbuste, puis peu à peu cette teinte jaune s’étend à tout l’ar- buste et le caféier meurt. Si vous arrachez le plant de l’arbuste ainsi frappé de mort, il n’offre plus de chevelu, de radicules, il ne reste plus que le gros pivot, parfois Ini-même à moitié détruit. Quelle est cette maladie? S'agit-il d'insectes, de termites, de curcul- lions, de larves, de coléoptcres, de fournns? Tous ces insectes vivent au pied des arbustes voisins, sans amener ces funestes résultats. Si on examine le chevelu de l’arbuste mort, on voit que les radicüles offrent une cupuie remplie de mycelium particulier et noirâtre. Là n’est pas encore la cause qui a frappé de mort ces arbustes, Je fis arracher, dans le voisinage, des caféiers en apparence bien por- tants. Les radicules offraient des nodosités semblables aux nodosités phyl- loxériques ; dans ces nodosités se trouvent de petits kystes. Ce sont des œufs réunis par 2, 3, 4 ou 5 dans le même point. On y voit, au bout de quelque temps, de petits vers enroulés dans leur intérieur. On croi- rait voir une trichine. Au bout de quelque temps, ces petits vers se développent, ce sont des anguillules sans organes génitaux. A un momens donné, ces anguillules sortent de chaque kyste, dans chaque kyste, il y en a une ci quantaine, ce qui donne le chiffre de 2 à 3 millions par pied de caféier. lus tard, arrivent des mycéliums. Où vont ces anguillules? Elles vont dans la terre humide voisine, s’y munissent d'organes génitaux, puis y meurent. Quels sont les modes de propagation de la maladie ? Partie de Macaë, la maladie s’est avancée de 50 lieues environ. Com- ment donc ? M. Jobert a trouvé, dans les intestins des lombrics de certains ani- maux des, quantités énormes d’anguillules, Il n’est pas douteux pour lui que ce ne soit là un des modes de propagation de cette terrible ma- ladie. Mais les anguillules elles-mêmes progressent dans la terre humide, eu pour lui il admet l’envahissement pied à pied des caféers. On trouve de ces anguillules dans les intestins des limaces. Donc, la maladie du caféier est due à des anguillules. Ces anguillules pénètrent dans le chevelu, dans les radicules et arrivent jusque dans ja tige au-dessous du cambium, probablement par l'intermédiaire des vaisseaux. M. Dayaine a observé une maladie des blés par les anguillules; mais celles-là sont reviviscentes, celles du caféier ne le sont pas. CR, 1919, , 46 — 362 — NÉMATODES PARASITES DES VÉGÉTAUX; par M. JoANNES CHATiN. A propos de la communication précédente, M. J. Chatin résume des observations qu’il à faites durant ces dernières années sur des Néma- todes parasites de diverses plantes (composées, scrofularinées, labiées, mousses, champignons, etc.). Au point de vue de l'habitat, ces vers se rencontrent dans les tissus les plus divers, mais semblent se localiser principalement dans les or- ganes reproducteurs : ainsi, c'est dans les ovaires des phanérogames dans les urnes des mousses, qu’on les trouve généralement enkystés. Au contraire, dans les parties axiles (racine, tige), ils sont le plus sou- vent libres et paraissent parcourir simplement ces régions pour attein- dre les organes qui viennent d’être mentionnés. Ces Nématodes se montrant souvent agames, leur détermination taxonomique ne peut être formulée qu'avec d’expresses réserves ; cepen- dant la constitution générale du corps, la forme de la bouche et des pièces qui l’arment, la configuration du tube digestif, la disposition des organes génitaux lorsque ceux-ci peuvent être observés, tous les caractères zoolosiques, en un mot, permettent de ranger ces Néma- todes parmi les T'ylenchus et les Aphelenchus de Bastien, et de les éloi- gner des Æhabditis (1). Quant à l’assertion de certains zoolosistes (Claus, etc.), qui se refusent à considérer ces vers comme de véritables parasites, les faits signalés par M. Jobert sur le caféier, rapprochés de ceux que M. J. Chatin a pu constater chez les plantes citées précédem- ment, suffisent à montrer la valeur qu’il convient de lui accorder. Séance du 14 décembre 1878. NOTE POUR SERVIR A L’HISTOIRE DES CRISTAUX DU SANG; par M. Poucaer. Ces derniers sont instantanément fixés par l'acide organique concen- tré, et deviennent dés-lors inattaquables par les alcalis (soude, ammo- niaque) et les acides forts (sulfurique, azotique, chlorhyürique); ils sont d’ailleurs fixés également par l’acide picrique qui leur donne une belle coloration jaune. Le seul fait de les avoir desséchés, donne à la substance des cristaux une résistance relative aux divers réactifs ; en- fin la fuchsine les colore directement et d’une maniére intense; de même l’éosine et l’hématoxyline, après qu’ils ont été fixés par l'acide comique. (1) On sait, d’ailleurs, que le genre Rhabditis, l’un des plus hété- rogènes qui aient jamais existé, a perdu toute autonomie ; la plupart de ses espèces ont été justement réunies aux Leptodéres de Dujardin ou aux Pelodères de Schneider, d’autres ont été reconnues pour de sim- ples états imparf “itsde divers Ascarides, Angiostomes, etc. — 363 — Je n’ai pu vérifier encore si ces faits sont connus ; ils m'ont paru in- téressants pour l’histoire d’une substance singulière et un peu énigma- tique. Les cristaux sur lesquels j’ai opéré, provenaient du chien et étaient de forme aciculaire. — M. Joserr fait une communication relative à la fabrication du curare au Brésil. M. Marey demande si les piperacées ajoutées au curare en dernier lieu ont une action toxique. M. Joserr répond qu’elles n’ont pas d’action toxique; dans le lan- gage des Indiens, c’est ce qui rend le curare rapide, probableinent en favorisant le pouvoir d'absorption. Le gibier frappé avec le curare tombe instantanément au bout de une à deux minutes, tandis que sans l’ad- jonction de ces piperacées, il pourrait faire encore 1 à 2 kilomètres et ne tomber qu’au bout de dix à quinze minutes. — M. Rog:x présente une note sur une des causes de la lithiase uri- que et oxalique chez les enfants, qu’il attribue à une alimentation exa- gérée. M. RasuTeau proteste contre l’assertion émise par M. Robin, que, daus une ration de 3 kilogrammes, il peut y avoir 200 grammes de magnésie, 48 grammes seraient encore de trop. < M. Rogin allègue qu'il s’est appuyé sur les travaux de M. Bouley et de M. Boussingault. HYGIÈNE DE LA LECTURE; par M. Java. Parmi les diverses occupations de la vue, la lecture passe pour une des plus fatigantes. Je me propose de vérifier d’abord le bien fondé de cette opinion populaire ; puis, aprés avoir recherché les causes de la fatigue éprouvée par tant de personnes lorsqu'elles lisent pendant lonotemps sans désemparer, je m'’efforcerai de poser les conditions qu’il faut remplir pour pouvoir lire impunément pendant un temps presque indéfini. I Il faut remarquer, tout d’aborJ, que la rétine peut fonctionner sans interruption toute la journée sans qu'il se produise le moindre symp- tôme de fatigue. En effet, à la chasse ou en voyage, nous pouvons regarder autour de nous pendant des journées entières sans que nos yeux éprouvent jamais le moindre sentiment de lassitude. Il n’en est plus de même quand nous appliquons notre vue à distin- suer des objets plus rapprochés : dessinateurs, écrivains, ouvriers de précision ou couturières, ceux qui passent de nombreuses heures tous les jours à leur table de travail, sont sujets à se fatiguer plus ou moins et à devenir myopes. L'application prolongée de la vue à des objets rapprochés est donc une cause de fatigue si généralement reconnue — 864 — qu’elle n’est mise en doute par personne. Ce n’est pas une raison pour poser en axiome l'influencz nocive de la vision des objets voisins, à priori, rien ne permettant de prévoir ce fait, qu'il nous faut accepter tout d'abord comme purement expérimental. Les auteurs les plus accrédités attribuent à la tension des muscles droits internes une bonne part, sinon la totalité de la fatigue occa- sionnée par la vision prolongée d'objets voisins : Molière nous paraît avoir fait justice par avance de cette théorie parla bouche de Martine ; si elle était exacte, les borgnes seraient bien mieux lotis que le com- mun des mortels. Cela n’est vrai que dans des cas bien exceptionnels ; suivant moi, c’est par une tension permanente de l’accommodation qu'il faut expliquer les fatigues de l'homme de lettres, de l'artiste ou de l’ouvrier. Mais cette fatigueet la myopie qui en résulte si souvent atteignent un degré d'intensité et de fréquence bien plus remarquable chez le lec- teur que chez les ouvriers qui se livrent au travail le plus assidu; pour l’affirmer, je ne me fonderai pas seulement sur les statistiques, les- quelles sont toutes favorables à ma thèse; il me suffit d'en appeler à vos souvenirs. Je suis certain que vous ne me contredirez pas si vous passez en revue les artisans, les couturières, les artistes les plus labo- rieux que vous connaissez, et si vous prenez la peine de mettre en pa- rallèle le nombre des myopes que vous connaissez parmi eux et celui des myopes que vous comptez parini les savants que vous avez eu oc-- casion de fréquenter. Connaissez-vous beaucoup de bibliothécaires qui ne soient pas myopes ? Comptez-vous beaucoup de myopes parmi les couturières ? Autre exemple : entrez dans la salle de rédaction d’un journal, les myopes sont en majorité; passez dans l'atelier des compositeurs, la proportion est retournée; et cependant les compositeurs, tout comme les couturières, fournissent généralement un nombre effectif d'heures de travail bien plus grand que les littérateurs les plus laborieux. Vewllez remarquer encore, parmi les littérateurs, la fréquence plus grande de la myopie parmi ceux qui lisent beaucoup : le compilateur a bien plus de chances d'être myope que le poète, l’auteur dramatique ou e compositeur de musique. II Pourquoi la lecture est-elle un exercice particulièrement fatigant ? Je ferai remarquer tout d’abord que la lecture exige une application absolument permanente de la vue. L'artiste, l’écrivain, l’artisan même, iuterrompent à tout instant leur travail matériel pour réfléchir, tandis que le lecteur, surtout s’il lit mentalement, n’accorde pas un seul mo- ment de repos à l'organe : il en résulte une tension permanente de l’accommodation qui peut se traduire par de la fatigue ou par la pro= duetion d’une myopie prouressive. La couturière n’a besoin de toute son attention qu’au moment où elle pique dans l’étoffe ; le typographe — 369 — ne regarde la lettre qu’au moment où il la saisit, tandis que le lecteur voit défiler les mots sans trêve ni relèche pendant des heures. En second lieu, les livres sont imprimés en noir sur fond blanc ; de- vant eux, l'œil est donc en présence du contraste le plus absolu qu’on puisse imaginer; je ne connais guêre de profession où cette circons- tance se présente à un aussi haut degré. Une troisième particularité réside dans la disposition des caractères en lignes horizontales que nous parcourons du resard. Si nous conser- vons, pendant la lecture, une immobilité parfaite du livre et de la tête, les lignes imprimées viennent s'appliquer successivement sur les mêmes parties de la rétine, tandis que les interlignes, plus claires, affectent aussi des régions de la rétine, toujours les mêmes : il doit en résulter une fatigue analogue à celle qu'on éprouve quand on fait des expé- riences sur les images accidentelles, et les physiciens ne me contre- diront pas si j'affirme que rien n’est plus funeste pour la vue que la contemplation prolongée de ces images. Enfin, je ne saurais trop insister sur une quatrième circonstance, que j'ai réservée pour finir cette longue analyse, parce qu’elle me paraît jouer un rôle tout à fait capital dans la production de la myopie pro- gressive. Je veux parler de la variation continuelle que subit la dis- tance de lœil au poiut de fixation, pour peu que le lecteur se tienne prés du livre. Un calcul des plus simples, mais qui ne saurait trouver sa place dans une communication verbale, permet de démontrer que l’accommodation subit une variation tout à fait appréciable à mesure que le regard passe du commencement à la fin de chaque ligne, et que cette” variation est d'autant plus forte qu’on se tient plus prés du livre et que la ligne est plus grande. Pour éviter ces variations de l’accommodation, les personnes très- myopes déplacent constamment leur tête ou le livre ; mais avant de découvrir instinctivement cet artifice salutaire, un nombre incalcülable de myopes infligent à leur vue une détérioration irrémédiable. Si l’on veut bien songer qu'ii est facile de lire cent lignes par mi- nute et que, dans ces conditions de vitesse, le lecteur myope impose à son muscle ciliaire la nécessité de se contracter cent fois par minute, on ne s’étonnera plus de voir la myopie progressive devenir le triste privilége des gens lettrés. HIT Reprenons, dans la même ordre que tout à l’heure, les causes. de fa- tigue inhérentes à la lecture, et voyons les régles que nous devrons poser pour en conjurer les fâcheux effets. En ce qui concerne l'application permanente des yeux, nous donne- rons le conseil d’en éviter les excès : prenez des notes en lisant, arrêtez- vous pour réfléchir ou pour rouler une cigarette, mais évitez de lire pendant des heures sans désemparer, pour peu que vous éprouviez la moindre fatigue, — 366 — Quant au contraste entre le blanc du papier et le noir des carac= tères, on a souvent essayé de l’adoucir par l'emploi de papiers diver- sement colorés. Je conseillerais volontiers l'adoption d’une teinte légè- rement jaunâtre. La nature du jaune à employer n’est pas chose in- différente ; je voudrais un jaune résultant de l’absence de rayons bleus, analogue à celui des papiers obtenus par la pâte de bois, et qu’on cor- rige bien à tort par une addition de bleu d'outre-mer, ce qui produit du gris et non pas du blanc. Ma préférence pour le jaune se fonde sur l’expérience de certains éditeurs de bréviaires et aussi sur la pratique des fondeurs de carac- tères, dont les spécimens sont généralement imprimés sur papier jau- nâtre. Théoriquement, il me semble que, l'œil n'étant pas achroma- tique, la vision doit être plus nette en supprimant l’une des extré- mites du spectre fourni par la couleur du papier ; ne pouvant suppri- mer le rouge sous peine d’avoir un papier foncé, qui serait surtout insupportable à la lumière du gaz, je crois bon de choisir un papier qui réfléchisse le bleu et le violet plus faiblement que les autres cou- leurs : le papier de bois remplit ces conditions. Le troisième de nos désidérata nous amène à donner la préférence aux petits volumes qu'on peut tenir à la main, ce qui suffit pour éviter la fixité absolue du volume et la fatigue résultant des images acciden- telles. Enfin, notre quatrième observation nous conduit au même résultat : pour éviter les lignes trop longues, nous préférerons les petits volumes ; pour la même raison, nous préférerons les journaux à justification étroite. IV Pour ne pas lasser votre bienveillante attention, je bornerai là mes conseils hygiéniques. Vous savez à merveille qu’il ne faut jamais lire avec un éclairage insuffisant, vous savez aussi les inconvénients des impressions trop fines; vous n'ignorez pas que les personnes dont la vue se fatigue aisément, sont presque toujours affectées d’astigmatisme et doivent recourir à des conseils compétents ; rien de tout cela n’est nouveau; c'est pourquoi je n’y insiste pas. Mais je ne puis terminer sans protester centre une assertion orgueilleuse qui s’est produite dans un pays voisin, et d’après laquelle le degré de civilisation d’un peuple serait proportionnel au nombre des myopes qu’il révèle aux statisti- ciens : l’économie outrée de luminaire, l’abus de la lecture au détri- ment de la réflexion et de l’observation des faits réels, l'emploi de ca- - ractères gothiques souvent usés et l'adoption d’une justification trop large pour les livres et les journaux, telles sont les conditions qui me paraissent les plus propres à généraliser la myopie, surtout si des gé- nérations successives sont soumises à ces fâcheuses influences. M. Marey fait remarquer que les livres reliés offrent une surface convexe au lecteur. M. RagurTæau fait remarquer que la lumière qui fatigue le moins est — 367 — celle dont le nombre de vibrations est compris entre le rouge et le vio- let ; le vert serait-il une couleur convenable pour le papier ? — Le scrutin ouvert dès le commencement de la séance pour l’élec- tion d’un Président perpétuel a donné les résultats suivants : MMwPaulBert ion ie 99voixe MIRE RE RE Rs 4e Sun MA EE ARR de nee AN INO 2 bulletins blancs. En conséquence, M. Paul Bert est élu Président perpétuel de la So- ciété de Biologie. Séance du 21 décembre 1878. M. Pauz BerT, élu président perpétuel de la Sociéte, prononce le discours suivant : Messieurs et chers Collègues, Mon premier devoir, — devoir véritablement doux à remplir, — en prenant possession du fauteuil présidentiel, est de vous adres- ser l'expression de ma vive et profonde gratitude. Pour un homme qui a consacré sa vie au culte de la science, il n’est pas d'honneur, si haut placé qu’il soit dans la hiérarchie sociale ou dans l’opinion publique, qui puisse valoir une pareille marque d’estime, et aussi d'affection, donnée par les témoins de sa vie, les confidents de ses travaux, juges véritables à qui ne manquent ni la compétence, n1 lPautorité. “re Ce sentiment, mélange de reconnaissance et d’une légitime fierté, augmente encore lorsque je considère les noms des collé- gues éminents sur lesquels aurait pu si justement se porter votre choix, et surtout lorsque je pense aux maîtres illustres auxquels vous m'avez imposé l’honneur de succéder, à notre fondateur Raver, à notre second et dernier président Claude Bernard. Il y aurait témérité, presque inconvenance à tenter, dans une allocution nécessairement brève, l’éloge de savants d’une aussi haute valeur. Mais il est du devoir de leur successeur, il est de notre devoir à tous, de saluer respectueusement la mémoire de ces hommes, dont les travaux et la direction ont tant contribué à don- ner à notre Société le renom dont elle jouit dans le monde sa- vant. Inscrit depuis plus de quinze ans sur la liste des membres titu- laires, je suis de ceux qui n’oublieront jamais notre premier pré- — 368 — sident, FRayer, que plusieurs d’entre vous n'ont pas connu. Je suis de ceux qui peuvent ici rendre témoignage de la vivacité et de la souplesse d’une intelligence toujours en éveil, de la variété de connaissances d’un esprit que ses productions écrites ne peu- vent faire suffisamment apprécier, et de la bienveillance à laquelle on ne pouvait reprocher que le plus aimable des défauts, je veux dire l'excès, d’un président toujours prêt à encourager les jeunes travail- leurs par la parole, par les conseils, et, s’il était nécessaire, par des sacrifices personnels. De son illustre successeur, que puis-je vous dire, que vous ne sachiez tous ? Tous vous l’avez connu, et, le connaître, c'était à la fois l’admirer et l’aimer. Je ne sais pas d'homme, en effet, dont la supériorité fût aussi aisée à admettre, à supporter, à proclamer, même par les plus susceptibles, et que les plus indépendants eus- sent autant de facilité et de plaisir à appeler maître. C’est qu'il semblait être le seul à ignorer sa véritable grandeur. C’est que ce génie, si spontané, semblait n'avoir nulle conscience des efforts accomplis ; par suite, nulle vanité de la victoire rempor- tée. 11 en résultait un contraite plein de grâce, auquel la bonté, qui était le fond du caractère de l’homme, ajoutait une force de séduction qui fut pour tous irrésistible. Ni Rayer, ni Claude Bernard n’ont été pour notre Société de sim- ples présidents. Rayer, qui était l’un de ses fondateurs, qui en comprenait admirablement le rôle et la puissance fécondante, la considérait comme sa chose, comme son enfant, et lui donnait tous les soins et toutes les marques d’une affection paternelle. Claude Bernard, dont le nom se trouve aussi sur la liste des fondateurs de notre Société, faisait alors, en 4849, ses premiers pas dans une car- rière, que moins que personne, il aurait osé rêver si glorieuse. Mais, dès la première séance, deux communications préludent à la part active qu’il prendra désormais aux travaux de la Société de Bio- logie. Et, depuis ce jour, son génie créateur, sans cesse en action, a toujours pris notre Société pour première confidente de ses re- cherches. Aussi, ne saurais-]e trop recommander la lecture des Comptes rendus de nos séances à ceux qui veulent se faire une idée de la prodigieuse activité de ce maître dans l’art de la chasse. aux découvertes; de la bonne foi singulière qui lui faisait, dans le domaine doctrinal, édifier et détruire tour à tour, considérant ses propres théories comme un moyen d’action et non comme un prétexte au repos; enfin, de la ténacité avec laquelle, pendant près de trente ans, il sut creuser et ensemencer des sillons ou- verts presque dès ses débuts scientifiques, et y recueillir chaque — 369 — année de nouvelles moissons. C’est bien là cette patience qui, sui- vant une parole célèbre, caractérise le génie, sous la condition d’être, comme chez Claude Bernard, unie à la puissance créa- trice. L'histoire de Claude Bernard se lie donc doublement à celle de notre Société. Et ce n’est pas seulement la phase purement ex- périmentale de sa vie que nous pouvons réclamer tout entière. Lorsque la maladie eut éloigné momentanément du laboratoire le vaillant lutteur qui, à lui seul, en avait rapporté plus de vérités jusqu'alors inconnues que tous ses contemporains ensemble, il sembla se faire en lui une métamorphose : le chercheur naïf, au- quel une sorte d’instinct montrait les découvertes, apparut comme le législateur de la méthode expérimentale, dont il traça en maï- tre les règles dans le domaine de la Biologie. Or, la Société de Biologie a le droit de prétendre à une part de cette gloire nouvelle. Il est permis de penser que la multiplicité des sujets qui sont traités dans son sein, la variété des points de vue, l'intérêt général des problèmes, le défilé des &spects variés que présente l'étude des êtres vivants, ont puissamment agi sur l’esprit du maître, et entraîné ses méditations au-delà de l'atmosphère re- lativement restreinte d’un laboratoire de vivisection. L'œuvre de Claude Bernard nous apparaît donc comme l’expres- sion la plus complète et la plus élevée des sentiments qui ont inspiré nos fondateurs, et celle de Rayer y trouve à La fois sa réa- lisation et sa glorification. Persévérons uonc dans leur voie. Continuons à exciter au tra- vail, à appeler dans notre sein tous ceux qui abordent, sous quel- que face que ce soit, le problème de la vie. Qu'ils envisagent les phénomènes vitaux se manifestant dans le fonctionnement régu- lier de l’état de santé ou parmi les conditions troublées qui consti- tuent les maladies ; qu’ils en étudient la marche et les causes chez les animaux ou chez les végétaux ; qu'ils se servent, pour les étu- dier, du scalpel, du microscope ou de la cornue; qu’ils interrogent le cadavre ou l’être vivant; qu’ils établissent leur centre d’action dans les salles des musées, au lit des malades, dans les amphithéà- tres anatomiques, dans les laboratoires de chimie ou de vivisec- tion ; qu’ils appellent à leur aide l'observation médicale remontant de l’eflet à la cause, ou l’expériméntation physiologique descen- daut de la cause à l'effet ; — nous les convions tous ici ; tous ont leur place marquée à notre foyer scientifique. Qu'ils ne craignent pas les disputes stériles sur la définition de l’observation et de l’expé- rimentation, sur la prééminence de la clinique ou de la physiolo- CR 1018, 47 — 370 — gie ; nous ne leur demandons que de faire œuvre scientifique, c’est-à-dire de déterminer le lien qui unit des faits toujours anté- cédents à des faits toujours conséquents. Et leurs travaux, à tous, prennent ici une place qui dépend, non d’une classification arbi- traire des sciences, mais de leur véritable valeur, c’est-à-dire de la part d'inconnu dont ils ont enrichi la certitude scientifique dans l'immense domaine de la Biologie, domaine que nous pou- vons définir en nous appliquant les paroles du poëte latin, légère- ment modifiées : « Nous sommes vivants, et rien de ce qui inté- resse la vie ne nous est étranger. » Ce sont là, vous le savez aussi bien que moi, mes chers collé- gues, et vous me dispenserez d’entrer dans plus de développe- ments, ce sont là les idées qui ont présidé à la fondation de la Société de Biologie, et qui depuis plus de trente ans lui ont servi de guide. Mes deux illustres prédécesseurs s’en étaient profondé- ment pénétrés, et les faisaient vivre et rayonner autour d'eux. Le sentiment de leur vérité toujours jeune et féconde, la bonne volonté dans l’application, à défaut de ce qu'ont emporté les mai- tres, ne me manqueront pas dans l’exécution de la tâche si difficile et si honorable que vous m'avez imposée. Je n'en dirai pas plus, car la modestie qui insisterait devant l'évidence courrait risque de se voir taxée de vanité. Eternellement nous regretterons le maître illustre, le président paternel, qui savait si bien sourire aux nouveaux venus. La Société de Biologie portera toujours son deuil; et quand les jeunes viendront à leur tour, nous leur dirons ce que fut l’homme, eux qui sauront seulement ce que fut le génie. Nous avons été frappés tous à la fois, et tous isolément ; laissez- moi penser tout haut et vous dire, en vous remerciant du fond du cœur, que l’une des raisons d’un choix qui m'hônore à un si haut degré, c'est que vous avez senti que, parmi vous tous, J'avais été, par la perte du maître, le plus directement, le plus cruellement atteint. — M. Pau BERT, aprés son discours reprend ensuite la parole en ces termes : Messieurs, il s’est élevé dans le sein de la Société, il y a quelques mois environ, une discussion vive et prolongée sur Ja question de con- server ou non la perpétuité de la présidence, La rigueur de nos statuts ne nous a.pas permis de prendre une résolution sur ce point. Le sen- timent de la plupart d’entre nous, semblait favorable à la suppression de la perpétuité présidentielle. Moi-même, quelques membres peuvent s'en souvenir, j'ai pris part à cette discussion et défendu l’idée que la présidence devait être renouvelable tous les cinq ans. Permettez- — "371 — moi d’être conséquent avec mes principes et de ne pas me déjuger. Je ne crois devoir accepter la présidence que pour ce laps de lemps. Par conséquent, à dater d'aujourd'hui, dans cinq ans, je vous remettrai mes pouvoirs. etil n’y aura de perpétuelle que ma reconnaissance. — Le scrutin est ouvert pour la nomination de deux vice-présidents : Sont élus : M. Magnan, M. Malassez. Le scrutin est ouvert pour la nomination de quatre secrétaires ; sont élus : MM. Robin, Bochefontaine, Budin, Franck. M. Dumontpallier est réélu secrétaire général pour une période de cinq années. — M. BRowN-SÉQuARD à annoncé à la Société, il y a quelque temps déjà, qu’à la suite de certaines lésions de la base de l’encéphale, on pouvait voir survenir des hémorrhagies du péricarde. Jusqu'ici il n’a- vait vu que trois à quatre fois des hémorrhagies de ce genre. M Brown- Séquard présente un cas d’hémorrhagie du péricarde à la suite d’une lésion du corps strié; chez le cochon d’Inde, l’hémorrhagie pulmonaire est aussi la règle; il y avait aussi en même temps que l’inflammation pulmonaire une hémorrhagie du foie. Ce dernier phénomène est fré- quent. Les lésions du côté gauche de l’encéphale sont moins souvent suivies d’altérations de nutrition, d’inflammation et d’hémorrhagie. La congestion pulmonaire qui est constante peut cependant man- quer une ou deux fois sur dix; dans les lésions à gauche, les hémorrha- gies sont dans le même cas. M. Macxan demande une explication sur cette fréquence de la loca- lisation des troubles à droite. M. Brown-Séquarp s'explique sur ce point en disant qu’il y a pour ainsi dire dans l'individu deux êtres ; que sous l’influence de la mise en action fréquemment répétée de l’un d’eux, il survient une prédomi- nance de certains centres. C’est ainsi que la plupart des phénoménes morbides peuvent se montrer plus fréquemment les uns pour les lé- sions de gauche, les autres pour les lésions de droite. On sait tout ce qui a été dit à ce sujet sur l’aphasie dont la localisation prédominante à gauche est évidente. [1 est donc possible que, par le développement, nous arrivions à tirer beaucoup plus parti d’un côté que de l’autre. C’est ainsi qu’on pourrait expliquer les différences entre les deux moi- tiés de l’encéphale pour la production de tous les phénomènes physio- logiques et morbides qui en dépendent, NOTE SUR UN EMBRYON DE DIDELPHE (HALMATURUS BENNETI), LONG DE 25 MILLIMÈTRES; par M. F. TourNeux. Nous avons l'intention de faire connaître dans cette note quelques faits relatifs au développement embryonnaire des didelphes. Nos re- cherches ont porté sur un embryon femelle d'Halmaturus Bennetii, — 372 — long de 25 millimètres. Cet embryon, conservé pendant quelques jours dans l'alcool à 369, fut ensuite durei suivant la méthode ordinaire (acide picrique, gomme et alcool), puis décomposé en une série de coupes transversales perpendiculaires à l’axe de l’animal, depuis l’ex- trémité du museau jusqu’à l’origine de la queue. On est tout d’abord frappé, en examinant une série de coupes suc- cessives, du développement très-inégal des divers appareils. C’est ainsi que le corps de Wolff, le rein, les conduits de Müller, l'ovaire, etc., ne sont guère plus avancés que chez un embryon de lapin ou de mou- ton de la même taille, tandis que la constitution des appareils digestif et respiratoire se rapproche déjà de ce qu’ils sont chez lanimal adulte, ainsi d’ailleurs qu’on devait s’y attendre, en raisen de la vie libre et en quelque sorte indépendante des embryons de didelphe. Nous ne pouvons entrer dans tous les détails concernant les diverses parties de l’embryon qui nous occupe ; nous nous contenterons de si- gnaler les points qui nous ont paru offrir le plus d'intérêt. Appareil digestif. — La cavité buccale reproduit exactement en creux le mamelon conique de la mère. Au niveau du pharynx, elle se rétrécit subitement, pourse continuer par un œsophage plissé en long et de calibre relativement peu considérable. Les dents ne sont visibles que comme de légères involutions de l’épithélium buccal qui revêt les arcs maxillaires ; il n’existe pas à leur niveau de mur gingival. Les glandes salivaires, forment sur les parties latérales du cou deux masses considérables, à culs-de-sac nettement délimités et creusés, pour la plupart, d’une cavité centrale. L’intestin grêle est pourvu, dans toute son étendue, de villosités ; elles mesurent environ 124 à 140 y de long sur 30 à 40 y de large. Le développement du pancréas est en rapport avec celui des glandes salivaires. Appareil respiratoire. — Les poumons volumineux sont creusés de vésicules largement dilatées et communiquant les unes avec les au- tres. On ne retrouve pas les ramifications dichotomiques des ramus- cules bronchiques, si visibles sur les poumons d’embryons de lapin et de mouton correspondants où même plus avancés en développement, La trachée est énorme : son diamètre est de deux à trois fois plus con- sidérable que celui de l’æsophage. Elle renferme déja des noyaux car- tilagineux dans l’épaisseur de sa paroi. Appareil génito-urinaire. — Cet apparéäl est presque uniquement représenté par deux gros corps de Wolff, dont les conduits excréteurs viennent s’aboucher à la partie postérieure et inférieure d’une vessie très dilatée, remontant jusqu’au niveau de l’ombilic. L’extrémité infé- rieure de ces organes est logée dans un repli latéral du péritoine, de telle sorte qu’une coupe passant à ce niveau montre trois cavités dis- posées à peu prés sur la même ligne : la médiane contient l'intestin, les conduits excréteurs du corps de Wolff, les uretères et les conduits de Müller; les deux latérales renferment les extrémités inférieures des corps de Wolff. Cette disposition três-particulière paraît du reste pro- — 373 — pre aux embryons de didelphe, Les reins et les ovaires sont peu déve- loppés. Les conduits de Müller existent avec leur disposition habituelle ; on peut les suivre jusqu’à la partie postérieure et inférieure de la ves- sie où ils semblent se réunir sur la ligne médiane. Système nerveux. — La moelle épinière est uniquement consti- tuée de myélocytes; on ne distingue pas encore de cellule nerveuse proprement dite. A la périphérie commencent à apparaître les fais- ceaux de tubes nerveux longitudinaux. Système osseux. — Les os qui se développeront aux dépens du car- tilage sont représentés par des masses compactes de tissu cartilagi- neux, sans pénétration vasculaire, sauf pour les côtes où l’on peut déjà distinguer à la partie interne une légère excavation remplie par un bourseon vasculaire. La diaphvse des os longs est enveloppée d’une virole osseuse très-mince formée aux dépens du tissu lamineux ambiant. Appareil circulatoire. — Les hématies sont toutes nuclées. Peau.— La peau est absolument lisse, sans trace d’involution glan- dulaire ou pileuse. Seules, les mamelles se présentent comme de petits en- foncements de l’épiderme, légèrement renflés à leur extrémité, dans le derme sous-jacent. L’épiderme possède déjà ses deux couches : couche cornée et couche muqueuse. La surface du derme est unie, sans pa- pilles. — M. Jayaz développe un des points de sa précédente communica- tion : la constitution même de la page imprimée. L’interlignage n’est pas nécessaire ; il ajoute à l’agréable, mais ne donne rien à la lisibilité. On peut réduire, sans inconvénient, les lettres longues et supprimer les queues inférieures et supérieures. En résumé, il faudra réglementer la longueur de la ligne et la hau- teur des lettres. DE LA VALEUR ET DE L'EMPLOI THÉRAPEUTIQUE DE CERTAINES ANOMALIES DU SYSTÈME DENTAIRE ; par M. le docteur P1ETKIEwWICZ. On sait depuis bien longtemps, qu’il est possible de faire repren- dre ses connexions à une dent extraite et remise ensuite dans son alvéole ; on sait depuis longtemps aussi que l’on peut emprunter une dent à un individu pour remplacer immédiatement la même dent chez un autre dans des conditions analogues d'âge, de forme, de volume. Il y a déjà un certain nombre d'années, en 1858, le professeur Alquié (de Montpellier) à démontré que l’on pouvait même réimplanter des dents dont la racine était altérée, après avoir réséqué leur partie malade. Nous avons été les premiers, avec notre honoré maître et ami le docteur Magitot, à répéter cette opération et à en publier les résultats (Pietkiewicz et Piotrowski, GAzeTTE DES HôPrrAUx, janvier 1876, n°5 5 et 8, Observations de périostite alvéolo-dentaire chronique avec — 374 — complications de voisinage, traitée par la résection suivie de la réimplantation), opération heureuse le plus souvent entre les mains des divers opérateurs qui en ont essayé, de M. Magitot en particulier, qui l’a souvent reproduite depuis. Mais ce qui n’avait jamais été tenté jusqu'ici, c’est de remplacer une dent par une autre dent dont le siége, les caractères anatomiques, la forme, le volume différent très-sensiblement, et c’est ce qui fait, je crois, lavaleur peut-être du fait que jerapporte. Dans le cas actuel, j'ai profité d’une anomalie du système dentaire, du rejet d’une incisive latérale inférieure droite en arrière de l’arcade dentaire, sous la langue, pour remplacer une incisive latérale supérieure droite profondément cariée, dont la durée était forcément limitée, quoi qu’on fit, et pour remédier en même temps à une anomalie de l’arcade dentaire supérieure en mettant dans la position normale la dent réimplantée, tandis que celle qu’elle remplaçait présentait une rotation sur l’axe d’un quart de cercle, et j’ai en même temps repoussé en arrière la canine inférieure droite, projetée en avant. Les choses ont parfaitement réussi, et le succés, en m'encourageant à recommencer l'opération dés que je le pourrai, la fera, sans doute, aussi répéter par d’autres. Je ne crois pas devoir ici raconter dans tous ses détails une observa- tion qui sera, du reste, publiée plus tard. Je me résumerai donc autant que possible, ne conservant que ies faits les plus importants. Une jeune femme de 26 ans était venue me demander de lui soigner une incisive latérale supérieure droite, atteinte d’une carie pénétrante très-profonde, curable néanmoins, sans aucun doute, mais dont les dimensions avaient tellement réduit l'épaisseur des parois, qu’il n’était possible de faire usage que de substances obturatrices peu durables. De plus, cette dent était le siége d’une anomalie de direction par ro- tation sur l’axe de dedans en dehors et venait se placer, dans le rap- prochement des mâchoires, entre la canine inférieure et l’incisive mé- diane de la mâchoire opposée. Cette dame présentait aussi une ano- malie de l’arcade dentaire inférieure portant sur l’incisive latérale inférieure droite. Cette dent, placée en arrière de l’incisive médiane et de la canine, projetée elle-même en avant et en dehors, se voyait sous la langue lorsque cette dame riait ou parlait ; aussi le sujet me deman- dait-il de corriger, par une extraction, cette petite imperfection physi- que. Il me répugnait tellement d'enlever une dent dont l'examen m'a- vait démontré toute l'intégrité, que j'en vins à cette idée, de ne con- sentir à son extraction qu’à la condition qu’il me serait permis de la réimplanter à la mâchoire supérieure au lieu et place de lincisive laté- rale, dont l’existence était fatalement limitée quoi qu’on fit. Je pensais aussi que le moindre développement de la couronne des incisives la- térales dans le sens transversal me permettrait, une fois la dent ma- lade enlevée, de rétablir du même coup l'harmonie de l’arcade dentaire supérieure en mettant la dent greffée dans la position normale. Le su- et ayant consenti à l’opération, je la pratiquai le 30 juillet dernier. — 975 — Après avoir enlevé l’incisive supérieure, je procédai, non sans quelque peine, à l’extraction de l’incisive inférieure, dont la situation était loin d’être favorable à la mise en place et à l’action des instruments. Je me suis servi, bien entendu, pour ces deux opérations, de daviers appro- priés à la forme de chacune de ces dents, et je procédai avec les plus grandes précautions, afin de réduire les traumatismes autant que pos- sible. En raison des différences anatomiques sur lesquelles je reviendrai tout à l'heure, il me fallut réséquer le bord libre de la couronne pour permettre à l’opérée de fermer la bouche; je fis cette résection à deux reprises différentes, enlevant ainsi au moins un tiers de la couronne, et la dent ne fut remise en place que plus de trois quarts d’heure après avoir été enlevée. Ayant mis la dent en position normale, au lieu de tourner sa face antérieure obliquement de dedans en dehors de façon à corriger l anomalie préexistante, elle venait, malgré ma résection, por- ter encore sur la canine inférieure, dont je pensais bien être forcé d’adoucir un peu la pointe plus tard, mais à laquelle je ne voulais pas toucher avant de l’avoir repoussée en arrière. Il m'était impossible, en effet, à ce moment d’avoir des indications exactes sur ce qu’il me faudrait réséquer encore, soit de la canine, soit de l’incisive. Pour soustraire la dent greffée à des chocs répétés et per- mettre néanmoins à la malade de manger facilement, je coiïffai les mo- laires inférieures à droite et à gauche d’un petit capuchon de caout- chouc, sur lequel elle pouvait facilement pratiquer la mastication. Le résultat immédiat ne fut pas trés-encourageant ; la dent se maintenait bien en place, mais elle avait une mobilité extrême dans l’alvéole, mo- bilité qui, tout en diminuant cependant un peu, fut encore excessive pendant les huit premiers jours. À ce moment, cette dame, qui était alors jusque-là venue me voir régulièrement tous les jours, disparut tout à coup, et j'avoue que j’attribuai alors cette absence à un échec, et que grande fut ma surprise quand, huit jours après, cette dame étant revenue à ma consultation, je retrouvai, au contraire, la dent en place et déjà à peine mobile. Tout en écourtant cette observation au- tant que possible, une chose que je dois signaler, c’est l’absence com- plète pendant cette période, de tout phénomène inflammatoire ou dou- loureux. Je remplaçai alors les deux petits appareils de caoutchouc par un appareil spécial exerçant une pression constante d’avant en arrière sur la canine inférieure, qui, en dix jours, fut ramenée en arrière, au contact de la première prémolaire et de l’incisive médiane. Cinq se- maines après l’opération, la dent greffée ne présentait pas plus de mo- bilité que 1e5 tents voisines, la malade s’en servait comme des autres, et elle était tellement solide que je ne craignais pas de porter la lime sur elle pour diminuer la couronne en taillant un peu sa face posté- rieure en bizeau. Cette opération, agaçante pour tout le monde, ne fut qu’ébauchée ; quoiqu’elle ne provoquât aucune douleur, la malade, un peu fatiguée, me pria de la suspendre et de remettre à huitaine ; mais elle devança notre rendez-vous de deux jours. Je constatai un ébranle- ment considérable de la dent réimplantée, déterminé par un accident — 376 — de mastication, ébranlement qui s’accentua quelques jours encore et finit par diminuer et s'arrêter ensuite après une application révulsive sur la gencive. Pendant tout ce temps, la malade éprouva quelques douleurs, et il fallut six semaines pour que la dent reprît sa fixité, et encore à ce moment était-elle un peu moindre qu'auparavant:en même temps aussi qu’elle s'était ébranlée, la dent était descendue un peu au- dessous du niveau des autres, et c’est dans cette dernière position qu’elle se consohda. Cet accident, qui faillit tout compromettre, m'avait rendu tellement circonspect que j'ai toujours attendu depuis pour porter de nouveau la lime sur cette dent, afin de lui donner son niveau normal. Mais s’il me reste encore quelque chose à faire au point de vue es- thétique seulement, ce qui est maintenant et depuis longtemps déjà définitivement acquis, c’est la reprise et le maintien d’une dent dans un alvéole autre que le sien et ne présentant primitivement avec la racine implantée que des rapports des plus incomplets. Si j'ai écourté autant que j'ai pu cette observation, je demande maintenant à entrer dans quelques détails anatomiques dont vous verrez toute l’importance. Il y a, en effet, des différences importantes entre une incisive latérale inférieure et une incisive latérale supérieure. La racine de la première est plus mince, aplatie transversalement, pré- sentant un sillon longitudinal, tandis que celle de la mâchoire supé- rieure est plus volumineuse, arrondie de sorte que la racine d’une in- cisive inférieure placée dans l’alvéole de la dent antagoniste est bien loin d’avoir un contact parfait avec la paroi alvéolaire ; que le conte- nant est plus large que le contenu et moins profond, car les racines inférieures sont notablement plus longues ; aussi m'a-t-il fallu, ainsi que je vous l’ai dit, réséquer un tiers de la couronne (fait qui a bien son importance), puis mettre cette dent au niveau des voisines et per- mettre l’occlusion de la bouche. Eh bien ! si malgré toutes ces circonstances défavorables les greffes réussissent, comme j'en donne la preuve aujourd’hui, il me paraît dé- montré que, s’il faut évidemment, pour opérer avec le plus de chances possible de succès, choisir des dents dont les caractères anatomiques soient aussi identiques que possible, il ne faut pas s’en préoccuper outre mesure et croire qu'il faille des rapports parfaits entre les surfaces mises en contact et destinées à contracter ensemble des connexions in- times et durables. Pourvu que ces parties soient à peu prés analogues, on aura chance de réussir, et dés lors, au lieu de mutiler un individu pour réparer les désordres physiques d'un autre, opération que la con- science réprouve et dont un opérateur honnête hésitera toujours à se faire le complice, rien n'empêche d'utiliser ces cas d’anomalie den- taire pris chez l'individu même, à mon exemple, ou alors d'emprunter à un autre une dent dans des conditions analogues, c’est-à-dire hors rang, hétérapiquement placée et dont la bouche ne fera que gagner en régularité par une soustraction tout indiquée chez lui. Maintenant, ce fait autorise-t-1l à tirer encore d’autres conclusions, — 911 — un peu plus téméraires sans doute et à dire que puisque des conditions anatomiques absolument identiques ne sont pas indispensables, il est permis de croire qu'il est possible d’essayer ces greffes entre espèces voisines et même peut-être de chercher et de prendre chez d’autres mammifères que nous des dents se rapprochant le plus possible des nôtres, au moins pour la racine, car des conditions de formes un peu différentes de la couronne ne seraient pas une cause de rejet absolu, puisque ces caractères sont en partie modifiables artificiellement et j'en ai moi-même fourni la preuve en réséquant une notable partie de la couronne de la dent réimplantée, que je me propose de modifier en- core en arrondissant ses angles, surtout l’angle externe, de façon à lui donner le plus possible l’apparence d’une incisive latérale supérieure droite. Certes, je ne nie pas qu'il faille, à l’exemple de M. Paul Bert, tenir grand compte des questions d’identité et qu’il faille faire son choix de façon à ce qu'il y ait le moins de différence spécifique possi- ble. Je connais les insuccès multiples des greffes entre espèces trop éloi- gnées; je sais, par exemple, que dans des expériences communes à M. Magitot et à mon maître regretté, Charles Lecros, des follicules de chiens greffés, chez des cobayes, ont été ou résorbés ou éliminés par sup- puration, tandis qu’ils se développaient, au contraire, au moins pen- dant quelque temps, greffés sur d’autres chiens. Mais, comme tout le monde, je connais des greffes de dents humaines dans la crête d’un coq ; je connais aussi, et elle a été rapportée à la Société de Biologie, l'expérience de M. Philipeaux insérant dans la crête d’un coq une in- cisive de cochon d'Inde, munie de son bulbe et voyant cette dent con- tinuer à s’accroître. À quels animaux faudra-t-il s'adresser de préfé- rence pour réduire antant que possible les différences spécifiques ? Je suis, pour ma part, décidé à chercher et à tenter l’expérience et à en donner les résultats quels qu'ils soient, positifs ou négatifs. Aujour- d’hui, je voulais seulement, ainsi que je l’ai dit en débutant, attirer votre attention sur ces deux faits : la valeur et l’emploi thérapeuti- ques de certaines anomalies du système dentaire et la possibilité, dans certains cas d’anomalie, de remplacer un organe malade par un organe sain, mais non identique, chez le même inuividu, ou entre des indivi- dus de la même espèce, s’il n’est pas encore expérimentalement prouvé que l’on puisse s'adresser à des espèces différentes pour obtenir le même résultat. M. Maciror : Le fait que vient de nous exposer M. Pietkiewicz est assurément des plus intéressants, car il représente un exemple évident et incontestable du succès possible des greffes phanériques appliquées aux dents. Aussi aurais-je désiré que M. Pietkiewicz, qui connaît par- faitement cette question, nous présentât à la fois un historique des phases successives par lesquelles ont passé les différentes tentatives de cet ordre, et en même temps une division du sujet, car les sortes de greffes sont infiniment variables par leur nature et leur application. Ainsi, il est une pæmière variété de greffes dentaires dans lesquelles c. R. 1878. 48 — 318 — une dent séparée de son alvéole y est réintégrée, c’est la greffe par restitution. Cette variété se subdivise, à son tour, suivant qu'une dent a été accidentellement luxée par un traumatisme et réintégrée aprés un temps plus ou moins long, ou suivant qu’elle a été intention nellement extraite pour subir, dans un but thérapeutique, la résection d’une de ses parties et sa réimplantation ultérieure. Les faits de la première catégorie sont très-nombreux et bien con- nus. Tous les praticiens ont constaté qu’une dent, séparée de l’éco- nomie, peut y être greffée avec un plein succès. Nous ayons même pré- senté naguère des faits de greffe de dents luxées par accidents depuis plusieurs heures, et qui ont parfaitement recouvré leurs connexions vas- culaires et nerveuses. L’un de ces faits figure même dans la thèse de M. P. Bert. Ceux qui sont relatifs à la greffe intentionnelle, représentent aujour- d’hui une méthode thérapeutique applicable, en particulier, à une cer- taine lésion de la racine des dents, la périostite chronique du som- met. Cette méthode, déjà essayée par un chirurgien français, le pro- fesseur Alquié (de Montpellier), en 1851, consiste essentiellement dans l'extraction d’une dent chez laquelle a été diagnostiquée la lésion en question, puis dans la résection de la portion radiculaire altérée, et dans sa réintésration immédiate à sa place primitive. La justification chirurgicale d’une semblable opération se trouve dans les accidents, parfois très-grands, qui sont la conséquence de cette périostite chronique du sommet : ce sont des abcès de la bouche et de la face, des décollements ou des nécroses, des fistules faciales ou gingivales, et généralement une série d’accidents contre lesquels l’ex- traction pure et simple était jusqu’à présent le seul remède connu. Nous sommes entrés depuis longtemps déjà dans cette voie théra- peutique, la résection et la greffe par restitution. Nos premières tenta- tives remontent déjà à trois années, et M. Pietkiewiez les connaît par- faitement, car il a bien voulu m’assister au début de cette pratique. Aujourd’hui ces résultats, qui seront prochainement publiés dans leur ensemble, se chiffrent par un nombre de 62 opérations, dans les- quelles nous comptons 58 guérisons. Telle est la greffe par restitution, qui tend à devenir une méthode habituelle et courante, car elle est adoptée par un certain nombre de jeunes praticiens que j’ai l'honneur de compter parmi mes élèves, et j'ajoute qu’elle a été, depuis, pratiquée aussi par quelques chirurgiens des hôpitaux qui, à l'exemple d’Alquié, en ont reconnu les bons ré- sultats. Mais le cas que nous présente actuellement M. Pietkiewicz, est tout à fait distinct du précédent ; c’est une greffe d'emprunt et à la fois une greffe hétérotopique. Celle-ci se subdiviserait, à son tour, en plusieurs variétés, qu’il se- rait utile de déterminer. Ainsi, une dent sera transplantée au lieu et place d’une autre de même forme, soit d’un côté à l’autre d’une même — 979 — mâchoire, soit d’un individu à l’autre, ou bien une dent d’une certaine forme, une incisive inférieure, par exemple, sera greffée dans l’alvéole d’une incisive supérieure d’une forme fort différente, c’est ce dernier cas qui est celui de M. Pietkiewicz, et il est trêés-curieux d'observer dans un fait semblable, que la consolidation a pu s'effectuer d’une manière complète, avec retour des communications vasculaires eb nerveuses dans l’organe grefié. C’est aussi un exemple de cet ordre que nous avons personnellement recueilli dans ces derniers temps, et, puisque M. Pietkiewicz a bien voulu y faire allusion, je demande la permission d’en exposer en peu de mots les traits principaux. Il s'agissait d’une jeune fille âgée de 15 ans, et qui, dans son enfance, a éprouvé, par le fait d’un accident de chemin de fer, des traumatis- mes sérieux, dont l’une des conséquences a été la production de trou- bles considérables dans l’évolution des dents. De ces troubles était née la situation suivante. A la mâchoire inférieure, l’arcade dentaire est très-irrégulière ; la canine gauche à fait son éruption au dedans du bord alvéolaire, presque sous la langue. A la mâchoire supérieure, les canines manquent et la place est oc- cupée par les prémolaires. Or, l’une de celles-ci, la droite, est petite, atrophiée, frappée d’érosion et de carie. C’est alors que nous eûmes l’idée de planter la canine inférieure gauche dans l’alvéole de la prémo- laire en question. L'opération rencontra bien des difficultés : la canine inférieure fut extraite et l’alvéole de la prémolaire étant libre de son côté, nous re- connûmes que la canine était infiniment trop longue pour figurer à la place de l’autre. 1] fallut réséquer la moitié de la longueur de la racine et le tiers du cône de la couronne pour arriver à la dimension à peu près con- venable. C'était donc une dent mutilée que nous songions à grefïer ainsi. Ajoutons à cela que les alvéoles des deux dents étaient aussi dissemblables de forme que les dents elles-mêmes, de sorte que lors- que la canine fut présentée dans l’alvéole de la prémolaire, il fallut lui faire subir une torsion sur l’axe qui, distendant l’alvéole, eut tou- tefois pour résultat de la fixer assez solidement. Une gouttière en gutta-percha fut maintenue pendant deux jours. Aucune réaction ne se produisit, et aujourd’hui, septième jour après l'opération, la dent est manifestement soudée, à peine ébranlée, et sa couleur tout à fait normale nous permet de conclure à la réparation vasculaire de la pulpe centrale aussi bien que du périoste, On voit que ce fait présente la plus grande analogie avec celui de M. Pietkiewiez. , — 380 ga PRÉSENCE DU PLOMB DANS LES VISCÈRES DIN SATURNIN; par MM. Le- Loir, interne des hôpitaux, et G. Pouoner, préparateur des cours d'hygiène à la Faculté. La présence du plomb dans les viscères des saturnins a déjà été si- gnalée par différents auteurs, entre autres par MM. Chouppe et Bour- ceret, sur des malades du service de M. Vulpian. C'est d'aprés le con- seil de M. Vulpian que nous présentons cette observation, qui offre ce fait particulier, que la présence du plomb a pu étre constatée avec la plus grande netteté dans le cerveau et les reins du malade, trois mois aprés la cessation de tout travail. L. J..., fabricant de tuyaux d’orgues, âgé de 47 ans, travaille dans le plomb depuis quatorze ans. Il subit une premiére atteinte de colique saturnine en 1868, une deuxième atteinte en 1869, et une troisième en 1872. En 1876, quatrième attaque de colique saturnine, paralysie des membres supérieurs qui dura treize mois, et fut précédée de quelques jours d’un accés d’encéphalopathie saturnine. Pendant son séjour à l'hôpital, dans le service de M. Hardy, où il demeura plus d’un an, on constata la présence de l’albumine dans son urine. Il quitte l'hôpital presque complétement guéri, conservant toutefois un certain degré de paralysie des extenseurs, et, depuis trois mois, il avait abandonné son inétier, quand il fut pris d'accidents urémiques (vomissements, dys- pnée, céphalalgie, etc.) et d'œdème des membres inférieurs. Il entre dans le service de M. Vulpian, le 2 novembre 1878, et y meurt d’uré- mie à forme dyspnéique le 16 novembre. Pendant toute la durée de son séjour à l’hôpital, on constata dans son urine la présence d’une assez grande quantité d’albumine. La recherche du plomb dans les organes du malade a été faite au laboratoire de chimie histologique, avec le concours de M. A. Gautier, par le procédé qu’il a décrit dans sa publication faite avec M. le pro- fesseur Bouchardat sur le dosage des substances métalliques toxiques dans les conserves alimentaires. Nous avons pu,au moyen de cette méthode, isoler et reconnaître net- tement la présence d’une notable quantité de plomb dans le cerveau et les reins, en opérant sur 150 grammes de chacun de ces organes. Quant au foie et à la rate, ils ont donné des résultats sinon négatifs, du moins douteux. Nous n'avons pas recherché la présence du métal toxique dans les muscles et les os ; il en est de même de la moelle, qui a été conservée pour des études histologiques, qui seront publiées plus tard s’il y a lieu. Le procédé de recherche et de dosage de M. A. Gautier conduisant à des résultats trés-satisfaisants, M. Pouchet se propose de pousser plus loin cette étude de Ia localisation du plomb chez les saturnins. Il en- treprend en ce moment, dans le service de M. le professeur Vulpian, des recherches sur la désassimilation du plomb dans les phases aiguës du saturnisme. — 1381 — M. BocHEFONTAINE regrette qu’on n'ait pas examiné chimiquement la moelle. M. MacirTor : À propos de la recherche chimique du plomb dans les viscères d’un saturnin, je désirerais demander à M. Leloir s’il a tenté la recherche chimique du plomb dans le liseré aingival. Si je fais cette remarque, c’est que je me suis moi-même oecupé de cette question et, je dois le dire, sans arriver à une solution. J'ai même eu recours, en cette occasion, à la complaisance de notre éminent col- lègue, M. Berthelot, qui voulut bien, sur des préparations de liseré, essayer divers réactifs. Les particules de plomb sont, comme on sait, groupées dans la gencive, sous forme d’amas de granulations noi- res, parfois disposées en chapelet et évidemment formées de sulfure de plomb, la présence du plomb à l’état de réduction métallique étant impossible, suivant M. Berthelot, dans l’économie. Quoi qu’il en soit, nous ne pûmes découvrir un réactif différentiel dans l’intérieur des tissus entre le plomb métallique et le sulfure de plomb. Un autre problème s’est présenté à nous, c’est celui äu siége anato- mique des granulations, formant le liseré : à cet égard, nous avions ad- mis théoriquement que le liseré résultait de la précipitation dans la bouche et par la salive chargée de composés plombiques, de particules métalliques passant aussitôt à l’état de sulfure et se déposant dans la limite épithéliale de la muqueuse, derrière le bord libre des gencives ; mais il nous fallut bientôt abandonner cette hypothèse. En effet, une expérience, que voulut bien instituer pour nous M. Nocart, à l’école d’Alfort, montra que la salive recueillie par une fistule, chez un chien auquel on administrait un sel de plomb, ne contenait pas trace de ce métal : l'analyse fut faite par M. Berthelot. De plus, une étude attentive des préparations du liséré, au micros- cope, montre que le dépôt plombique occupait, non pas les couches épithéliales, ainsi que nous l’avions cru d’abord, mais le derme et le pourtour des vaisseaux. MM. Robin et Cadiat furent très-explicites à cet égard. Il faudrait donc ici se rapprocher de l'explication donnée par M. Cros (de Brest), qui a cru voir les dépôts métalliques du liséré sa- turnin dans l’intérieur même des capillaires de la muqueuse. Sans aller si loin dans la profondeur des tissus, nous serions disposé à penser que le mécanisme de formation dans le liséré est analogue à celui de l’ar- gyrie, étudié avec tant de soin par M. Huet, qui a déterminé le siége des dépôts argentiques autour des capillaires, que le métal aurait traversés, par une sorte de diapedése. M. Lecoir pense que ce dépôt est un dépôt métallique. M. Déjérine a montré à la Société anatomique, qu'il y avait un dépôt granuleux dans les cellules les plus profondes de l’épiderme. M,.Macrror rappelle l’idée de Cros que le dépôt plombique se faisait — 382 — autour des capillaires. M. Nocart, à Alfort, n’a jamais vu de particules plombiques chez des animaux qui portaient une fistule salivaire. RECHERCHES SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DU MATÉ. Note de M. L. Coury (1). D’après les expériences de l’auteur, le maté semble localiser son in- fluence sur les appareils de la vie organique, et plus spécialement sur des organes quisont relativement trés-indépendants des centres ner- veux et surtout de l’encéphale : tels les intestins, la vessie, les nerfs accélérateurs du cœur.... Au contraire, le maté ne paraît agir ni sur les centres nerveux, ni sur les appareils nerveux de la vie organique, qui, comme ceux de la pupille, de l'estomac, de la glande sous- maxillaire, et comme les nerfs modérateurs du cœur, sont en rapport direct et intime avec l’encéphale. Le maté a-t-il véritablement une action élective et spécifique sur quelques éléments nerveux, ou doit-on simplement chercher la raison de ces troubles dans certaines conditions d'introduction ou d’élimina- tion de la substance ? Ce sont là des questions que peuvent résoudre seulement de nouvelles expériences. En tout cas, il reste acquis que le maté excite seulement, ou tout au moins primitivement, le système sympathique dans ceux de nosorganes qui sont le plus indépendants des centres nerveux; et cette action si spéciale sur la plupart des organes intra-abdominaux, outre sa valeur physilogique, nous semble avoir une grande importance pour le mé- decin clinicien et aussi pour l’hygiéniste, surtout si, comme on peut l’espérer, cette substance, peu coûteuse et trés-active, devient d’un usage plus général comme agent thérapeutique et alimentaire. M. Franck demande si la substance qu’on introduit dans l'estomac ne peut pas s’éliminer par la vessie. M. Courx répond que M. Moreau a entrepris une série de recherches sur ce point. — M. Duruy, membre correspondant, à l’occasion d’une communi- cation antérieure d'expériences de transfusion de lait faites par notre éminent maître Brown-Séquard, envoie la note suivante : « Il y a déjà près de deux ans et demi que j'ai fait des transfusions de lait chez les animaux. Je n’ai rien publié encore, à cause des voya- (1) M. le Ministre plénipotentiaire du Brésil ayant bien voulu mettre à ma disposition, dit l’auteur, une assez grande quantité de maté, j'ai pu faire, dans le laboratoire de M. Vulpian, de nombreuses expériences destinées à étudier méthodiquement l’action de cette plante, connue sous les noms de Yerba maté, Ilex paraguayensis, The des désuites, Thé du Paraguay, etc., qui, depuislongtemps employée pres- que partout comme médicament, et, dans l'Amérique du Sud, comme aliment, remplace surtout le thé et Le café. — 383 — ges fréquents et d’autres distractions qui m'ont empêché de complé- ter mes expériences comme je le désire. Le professeur Thomas (de New-York) m’a prié de tâcher de fixer pour lui et pour d’autres les cir- constances essentielles à la réussite de la transfusion du lait, attendu que quelques médecins qui l'avaient tentée avaient eu des échecs. « Le professeur Thomas, dans son mémoire qui a eu du retentisse- ment en Amérique, a, je crois, rapporté mes expériences. « Je suis convaincu que plusieurs médecins tenteront la transfusion du lait, et, ne sachant pas les conditions essentielles à la réussite, pourront éprouver des échecs qui feront tomber en discrédit une mé- thode qui est excellente : « Voici les règles à observer, que personne n’a encore fait connaître a ma Connaissance : « 49 N'injecter, en une seule fois, du lait que la valeur du quart du poids du sang de l’animal en bonne santé (pour le chien, le sang équi- vaut au dixième du poids total de la bête). « 29 Eviter qu’il y ait plus de dix degrés en moins et deux degrés en plus (si ce lait est chauffé), entre le lait transfusé et la température rectale de l'animal. « 39 Choisir du lait qui soit fraîchement tiré. (Après trois heures, à New-York, l'été, le lait est déjà impropre à la transfusion.) « 49 S'assurer de l'état d’alcalinité et de pureté du lait. « Le lait, même pur (non frelaté), qui a voyagé quatre heures ou plus en chemin de fer, est impropre à la transfusion. J’ai vu, chez des chiens morts quelques jours après la transfusion, des grumeaux d'apparence caséeuse, un peu partout. » Séance du 28 décembre 18378. SUR LA KÉRATITE GLYCOSURIQUE ; par le docteur GALEZOwSKI. M. le docteur GaLezowski fait une communication sur une nouvelle affection glycosurique de l’œil, et notamment sur la hératite glyco- surique. C’est le troisième fait du même genre que l’auteur a observé depuis quelques années. Le premier se rapporte à la variété d’ulcère rongeant avec hypopyon, et les deux autres accusent des caractères particuliers d’après lesquels elle se rapprocherait de la kératite dif- fuse, quoique avec des symptômes tout à fait spéciaux. Mais, disons d’abord qu’il existe un phénomène qui domine dans les trois cas, c’est une anesthésie complète et absolue de la cornée, malgré les douleurs périorbitaires et intra-oculaires qu’accusent les malades. On peut toucher la cornée avec le-doigt dans toute son étendue, et aussi fort, aussi longtemps que l’on voudra, sans que le malade res- sente la moindre irritation, la moindre souffrance. Ainsi, la kératite slycosurique se présente sous deux formes : ulcère rongeant et hératite diffuse superficielle. — 384 — L’ulcere rongeant glycosurique ne présente rien de particulier qui ne se rencontre pas dans d’autres affections analogues, et il n’y a que ‘anesthésie compiète de cette membrane qui constitue le signe diffé- rentiel de la maladie. J'ai observé un fait de ce genre sur un malade de M. le docteur Ra- thery, auprès duquel cet éminent praticien m'avait appelé en consulta- tion. Il s'agissait d’un homme obèse, âgé de 63 ans, glycosurique et asthmatique, qui fut pris en décembre 1875, d’un abcès grave de la cornée. Cette affection était accompagnée de douleurs névralgiques périorbitaires, d’un bypopyon, malgré une anesthésie absolue de la membrane. Nous avons été obligé de pratiquer une incision de l’ul- cére cornéen, ce qui arrêta complétement le progrès de la maladie ; la cornée reprit sa sensibilité et l’ulcère se cicatrisa très-promptement. Les deux autres faits sont tout récents, ils se rapportent à une va- riété toute particulière de la kératite diffuse avec soulèvement de l’épi- thélium, semblable à celui qu’on observe dans les glaucômes. C’est ainsi qu'on voit apparaître une suffusion blanchâtre dans la cornée, avec anesthésie et soulèvement de l’épithélium, stases veineuses péri- cornéennes, diminution de la densité intra-oculaire, et douleur relati- vement peu intense, périorbitaire. Cette affection, si grave en apparence, guérit néanmoins ou s’amé- liore rapidement sous l'influence d’un régime anti-glycosurique très- sévère, des douches de vapeur d’eau chaude administrées régulièrement une ou deux fois par jour sur les paupières et de l’instillation alter- native d’atropine et d’éserine. Nous pouvons rapporter à l’appui, une observation des plus intéres- santes, qui a été recueillie à ma clnique. Cette observation présente, en dehors des signes propres à la kératite spéciale, un phénomène qui a une grande valeur séméiologique, de la glycosuie, et notamment l’hé- miopie homonyme, datant de deux ans. Ce trouble visuel, joint aux symptômes indiqués plus haut de la kératite, peut concourir à l’éta- blissèment d’un diagnostic de l’affection générale glycosurique. Mon expérience personnelle m’a, en effet, appris que la coexistence simultanée des accidents cérébraux, au nombre desquels nous devons ranger l’hémiopie, et des altérations du globe oculaire, ne peut être rapportée à aucune autre cause qu’à la syphilis, ou à la glycosurie. Il n’y a que ces deux seules affectons constitutionnelles qui aient, selon moi, le privilége d'attaquer à la fois des organes et des membranes de dif- férente nature. L'examen des urines a démontré, chez notre malade, que la maladie oculaire était due à la glycosurie. OBsERVATION. — Kératite glycosurique, avec hémiopie homo- nyme. Amélioration rapide. — M. D...,58 ans, comptable vint à ma clinique, le 20 novembre 1878. Il est atteint de myopie double moyenne, porte des verres concaves n° 5 dioptriés, sa myopie est sta- tionnaire depuis de longues années. Mas, depuis huit jours, l’œil gau- che est devenu rouge, injecté, larmoyant; il est, de plus, le siége de — 385 — démangeaisons très-vives, douleurs périorbitaires légères ; compte à peine les doigts à un mètre. La cornée est dépolie, surtout dans sa moitié inférieure où elle est couverte de plusieurs petites ulcérations superbcielles ; sa surface est comme chagrinée. Vive injection périké- ratique surtout à la moitié inférieure. Photophobie intense, pupille pa- resseuse sans synéchies, cornée complétement anesthésiée. Le champ visuel externe dans l’œil' droit et interne dans l’œil gauche est complétement perdu. Le fond de l’œil droit est normal. L’hémio- pie date déjà de deux ans; elle est survenue subitement. Les urines contiennent beaucoup de sucre, et nous diagrostiquons une kératite glycosurique. Traitement : Ventouses sèches sur le dos, atropine et éserine alter-- nativement ; 5 sangsues à la tempe et le régime antiglycosurique. Sous l'influence de ce traitement on obtient une grande amélioration, au bout de huit jours les douleurs périorbitaires et les démangeaisons ont presque complétement disparu. Le 5 décembre, on a pu constater une grande amélioration, et on ajoute au traitement des compresses et des douches d’eau chaude, ce qui amène une amélioration des plus notables, la cornée a repris en grande partie sa transparence et sa sensibilité. L'analyse des urines, faite le 22 décembre, par conséquent vinot- cinq jours après l'établissement du traitement et du régime antielyco- surique, à donné le résultat suivant : Densité destunines ilot ermadt trun 402% PUCES EIRE M ER pour d00O Albumine....................... assez grande proportion Phosphates ..,.................. proportion considérable Cette analvse a été faite par le pharmacien Harot, à Versailles. M. DumonrtPazziEr demande à quelle période de la gl:cosurie on observe la kératrite et quelle était la proportion du sucre. M. Gazezowsxi1 : Je ne sais encore; c’est par hasard que je suis tombé sur ces faits ; dans un cas, 60 gramres par litre, dans un autre, quelques grammes. Le dosage n’a pas été pratiqué dans les autres. — M. KuncxeL retrace brièvement l’histoire des mœurs singulie- res de la larve Gymnosome rotundata (diptéres), qui vit aux dépens du tissu adipeux des Pentatoma (hémiptères), pendant leur hiverna- tion ; cette larve présente un siphon chitineux recourbé, par l’intermé- diaire duquel s'effectue la respiration ; mais la particularité remarqua- ble qu'offre ce siphon, c’est d’être implanté dans le stigmate méso- thoracique de l’hémiptère. Le Gymnosome emprunte justement l’ori- fice respiratoire du Pentatome pour se mettre en communication avec l'air extérieur. Lors de la métamorphose, la larve quitte l’animal qu'elle habite et laisse le siphon implanté dans le s‘igmate. Léon Dufour à déjà signalé un fait de même ordre chez les dipières du genre Ocyptera ; il est donc plus général. c. R. 1878. 49 — 386 — RECHERCHE PHYSIOLOGIQUE DE L'OXYDE DE CARBONE DANS LES PRO- DUITS DE LA COMBUSTION DU GAZ D'ÉCLAIRAGE; par V. GRÉHANT, aide naturaliste au Muséum. La combustion du gaz d'éclairage donne-t-elle naissance à une cer- taine quantité d'oxyde de carbone ? Pour répondre à cette question, j'ai fait déposer par M. Wissneay un appareil permettant de faire brû- ler le gaz dans un manchon cylindrique de verre, mis en communica- tion par un réfrigérant métallique avec un ballon de caoutchouc aspi- rateur : le gaz, avant d’&rriver au bec d’Argant, que j'ai employé d’a- bord, passe par un corapteur spécial mesurant le débit avec beaucoup d’exactitude. 20 litres de gaz ont brûlé en 18 minutes et ont rempli avec l'air en- traîné le ballon aspirateur, dont le volume est égal à 200 litres envi- ron. Chez un caien du poils de 7 k. 7, on prend du sang dans l'artère carotide, 50 cc. environ; puis on fait respirer ces gaz à l’aide d’une museliére de tie et d’un tube à deux soupapes permettant l'aspisation dans le ballon, l'expiration dans l’air; au bout de 30 mi- nu‘es, le ballon est vidé, un second échantillon de sang est pris dans J'artére : 100 cc. de sang normal ont absorbé 17 cc. 1 d'oxygène et 400 cc. du second échantillon ont absorbé 16 ce.5; la différence 0 ec.6 indique une quantité de carbone trés faible et négligeable. J'ai recueilli ensuite avec le même apparail les produits de la com- bustion d’un petit bec de Bunsen : 32 litres 6 de gaz ont été brûlés en une heure. Un chien du poids de 7 k. 3 met 38 minutes pour faire cir- culer à travers les poumons les gaz additionnés d’oxygéne ; 100 cc. de sang normal de la carctide ont aksorbé 27 cc. 9 d’éxygène ; 100 cc. de sang pris ensuite ont absorbé 26 cc. 9 d’oxygéne ; la différence indi- que 1 cc. d'oxyde de carbone fixe, quantité également fort petite. Ainsi, dans la flamme du gaz de l'éclairage qui est un mélange d’hy- drogènes carbonés et d’oxyde de carhone, la combustion paraît être complète et la petite quantité d'oxyde de carbone qui se trouve dans les produits de la combustion peut à peine être démontrée chez l’ani- mal vivant astreint à respirer ces produits gazeux. Ces résultats étant obtenus, je me suis demandé si l’oxyde de car- bone ajouté à l'air, qui sert à la combustion du gaz, est brûle par la flamme ou reste mélangé aux produits de la combustion. Pour réaliser l'expérience, j’ai composé un mélange de 150 litres d’air et de 375 cc. d'oxyde de carbone pur, mélange 1 pf 400, que j'ai introduit dans un grand ballon de caoutchouc uni au tuyau de prise d’air de l'appareil à combustion du gaz; en dix minutes, on fit passer tout le gaz de ce ballon autour d’un bec d’Argant ; les produits de la combustion furent reçus dans un ballon aspirateur. On fit respirer ces gaz à un chien, après avoir pris un échantillon de sang dans la veine cave supérieure par la veine jugulaire ; en 30 minutes, l'animal du poids de 7 kil. vida — 387 — complétement le ballon et on fit une seconde prise de sang : 100 cc. de sang normal ont absorbé 2? cc. 6 d'oxygène ; 100 cc. du second échan- tillon ont absorbé 22 cc. 3 d'oxygène; ainsi la flamine du gaz a brûlé l'oxyde de carbone qui avait été mélangé artificiellement à l'air qui a entretenu la combustion. Si l'air, au lieu de contenir de l’oxyde de carbone, avait renfermé de l’hydrogène carboné, comme cela arrive dans les mines de charbon, l’analogie me fait penser que le gaz combustible aurait été également brûlé, d’où ressort cette application que l'établissement dans les gale- ries de mine de becs de gaz allumés, brûlant jour et nuit, pourrait avoir pour résultat la combustion du gaz hydrogène carboné dont la présence dans l'atmosphère de la mine constitue un grand danger ; bien entendu, l'appareil dans lequel aurait lieu la combustion du gaz devrait être muni de toiles métalliques comme la lampe de Davy. M. LeEvEN demande quels ont été les résultats des expériences sur le tabac. M. GRexaAnT : Les produits de combustion du tabac sont toxiques par l’oxyde de carbone, alors qu'ils ont été dépouillés de toute la nico- tine qu'ils contenaient. M. Pauz BerT demande si M. Gréhant a fait quelques recherches de même nature sur les cheminées à gaz. M. GRÉHANT dit qu’il n’a pas encore terminé ses recherches. M. Pau BerT : M. Sainte-Claire Deville a fait pour la Compagnie du gaz des recherches sur ce point; il scra intéressant pour vous de comparer ses résultats aux vôtres. M. GRÉHANT : Il est difficile d’agir sur de grandes quantités. SUR LES DOUBLES BATTEMENTS DES ANÉVRYSMES INTRA-THORACIQUES, * par M. FRANçoIs-FRANCK. Les doubles battements des anévrysmes thoraciques ne sont point caractéristiques des anévrysmes de l’aorte; on les observe d’une façon tout aussi constante dans les anévrysmes des artères émanant de la crosse de l'aorte. Ces battements redoublés, à quelque genre d’anévrysmes qu’ils ap- partiennent, ne sont pas toujours perceptibles au toucher, mais les ap- pareils enregistreurs les démontrent alors que le doigt ne les dissocie pas. S'ils peuvent échapper à l'exploration directe, c’est que l’inter- valle qui les sépare est quelquefois trop court pour que le doigt puisse | dissocier les deux impressions consécutives. On sait, en effet, que deux impressions tactiles successives se fusionnent quand il n’y a pas entre elles un temps suftisant, variable du reste suivant que le toucher est plus ou moins exercé. Il peut arriver encore que le premier de ces deux battements ait une intensité trop considérable par rapport au second et que ce dernier passe inaperçu, la sensation produite par le premier persistant en partie quand le second survient. Toujours est-il qu’en racueillant l'inscription des pulsations anévrysmales sur un cylindre — 385 — enregistreur.animé d’une rotation suffisamment rapide (42 centimètres en 10 secondes, par exemple), on obtient des tracés qui montrent net- tement le dédoublement de la période d'expansion. Quant au mode de production de ces doubles battements, leur exis- tence pendant la phase d'expansion de la tumeur paraît devoir exclure la théorie du « reflux des artères voisines dans le sac anévrysmal » (Bellingham) ; leur conservation, dans le cas où une large insuffisance aortique vient s ajouter à l’anévrysme aortique, ne semble pas conci- liable avec l’opinion émise par M. Jaccoud que le second battement se- rait dû à la réflexion de l’onde liquide sur les valvules sigmoïdes de l'aorte. M. François-Franck croit qu’on peut expliquer le double bat- tement des anévrysmes intra-thoraciques par une pénétration en deux temps‘tu sang dans le sac anévrysmal. Dés le début de la systole ven- triculaire, l’ondée sanguine pénètre brusquement dans le sacet tend ses parois (17 battement) ; la pénétration du sang continuant avec moins de vitesse, à cause de la résistance plus grande "a sac qui à acquis une force élastique suffisante, on a un soulèvement secondaire plus ou moins accusé (2° battement). Ceci est tout à fait comparable à ce qui se passe normalement dans les gros troncs artériels voisins du cœur; l’anévrys- me ne fait que mettre en évidence, en l’amplifiant, la foie du pouls aortique ou trachéo-céphalique. En réponse à M. Parrot, qui demande quels sont les rapports de ces doubles battements avec la systole ventriculaire, M. François-Franck montre par un double tracé que l'expansion en deux temps d’uni ané- vrysme coïncide avec la phase systolique d’une révolution cardiaque. M. Parror : A-t-on comparé les pulsations du double battement avec les battements du cœur ? M. Franck : Il semble que le cœur s’accommode à la pénétration en deux temps du sang dans les artères ; les deux battements artériels ont lieu pendant la Se iole ventriculaire. M. ParroT : Il y a un grand intérêt théorique à établir que les deux battements sont systoliques par rapport au cœur. Les tracés que M. Franck nous donne au tableau établissent parfaitement le fait. — M. »'ArsONvAL présente une note sur la température animale. — M. Pauz Berr: les sondes à soudure interne vont jouer un grand rôle dans la mesure de la chaleur des végétaux; quand j'ai fait des recherches sur les renfiements moteurs des sensitives, J'ai reconnu tous les inconvénients qu’il y avait à mettre en rapport deux métaux soudés ensemble, en contact avec des liquides qui les altéraient très- rapidement. — M. Macnax fait une communication sur l’aphasie simple et l’a- phasie avec incohérence. M. Luys est heureux de voir M. Magnan exprimer des vues tout à fait en concordance avec celles qu'il s'était formées depuis quelque temps sur ce point. — 389 — L’aphasie avec troubles de cohérence est un fait qu'il avait déjà rencontré, bien qu'il ne l’ait pas publié jusqu'ici. Il distingue parmi les troubles de la parole dans l’aphasie, trois formes : 4° Forme paraplégique ; 29 Forme ataxique; 39 Forme choréique. L’aphasie est surtout, dans ces formes, un trouble de la muscula- tion. De plus, M. Luys a remarqué que les altérations de l'insula et du corps strié sont plus fréquentes qu’on nele dit, et se rencontrent presque d’une façon constante dans l’aphasie. Il ne suffit pas de constater la lésion de la troisième circonvolution, il faut aussi faire des coupes de l'insula et du corps strié. L’aphasie est, en somme, une question complexe au point de vue anatomique et au point de vue symptomatique. M. DumonTPALLiER fait remarquer que l'artère sylvienne est, le plus souvent, obstruée par les embolies dans son tronc et non dans ses bran- ches, et alors le pinceau vasculaire qui en dépend est anémié. On com- prend donc comment les lésions de l’aphasie peuvent être disséminées. Cornil, dans une observation présentée vers 1866, avait remarqué qu’a- vec unelésion unique du lobe occipital, son malade avait eu de l’aphasie. Les altérations de la troisième circonvolution n’existent donc pas seules, et parfois elles peuvent ne pas exister dans l'aphasie. M. Luys a observé des cas de guérison de l’aphasie M. DumonTPALLIER à vu guérir un malade devenu aphasique dans une fièvre typhoïde. k — M. CoursseraANT : Il y a prés de deux ans, M. le docteur Badal insistait ici même sur la fréquence des altérations des voies lacrymales chez les individus porteurs de vices de réfraction. De nombreuses ob- servations sont venues confirmer cette manière de voir. Pourtant, dans son travail, M. Badal me paraît accorder trop d'influence à la conges- tion des membranes de l’œil chez les amétropes, et pas assez à la dis- position vicieuse des canaux nasaux et des os de la face chez les hyper- métropes en particulier. Frappé de la difficulté souvent trés-grande qu’on éprouve parfois à sonder certains hypermétropes, je n'ai pas tardé à remarquer que chez eux la direction du canal nasal n’est pas celle indiquée dans les traités d'anatomie et d’ophthalmologie. On sait que deux sondes placées dans ces canaux convergent pour se réunir par leurs extrémités libres, à peu prés vers Le sommet du front. Cette di- rection n’existe pas chez les hypermétropes. Les sondes sont presque parallèles et souvent divergentes. De là l’indication opératoire de s'éloï- gner du plan médian dans le cathétérisme chez cette classe de malades. Les os de la face m'ont, en général, paru déprimés d’avant en arrière, en maintenant l’écartement des yeux plus considérable, la racine du nez plus éloignée et plus concave en avant, d’où l'impossibilité pour cer- tains hypermétropes de maintenir fixe la position de leurs lunettes qu _—-50g82s par suite, ne neutralisent pas exactement leur anomalie de réfraction. Il serait intéressant de rechercher si la direction que j’indique existe chez les peuples à face déprimée (races asiatiques), et si l’hypermétropie est plus répandue chez eux que dans les races latines. On aurait là l'explication de la fréquence des maladies des voies lacrymales consta- tées parmi ces races par les voyageurs et les médecins. DEUx cAS DE MONOPLÉGIES BRACHIALES D'ORIGINE SYPHILITIQUE ; GOMME AU NIVEAU DE LA PARTIE SUPÉRIEURE DE LA CIRCONVOLU- TION FRONTALE ASCENDANTE DU CÔTÉ OPPOSÉ A LA PARALYSIE; par M. H. LeLorr, interne des flôpitaux. Les observations de monoplégie brachiale sont rares, mais il est en- core beaucoup plus rare d’en rencontrer avec autopsie. C'est d’après le conseil de M. Vulpian que nous publions les deux observations sui- vantes, qui constituent deux exemples intéressants de monoplégie bra- chiale chez de vieux syphilitiques ; la dernière accompagnée d’autopsie nous semble surtout remarquable au point de vue de l’étude des lo- calisations cérébrales. OBs. I. — R... J... journalier, âgé de 49 ans, entre le 4 septem- . bre 1878 dans le service de M. Vulpian (suppléé par M. Dieulafoy). Ce malade, d’ailleurs peu intelligent, nie tout antécédent syphiliti- que. Toutefois, en l’interroseant avec soin, on apprend qu'il y a en- viron 10 ans il perdit ses cheveux ; or il ne lui reste actuellement au- cune trace d’alopécie. Peu de temps après, 1l ressentit des douleurs rhumatoïdes dans les membres. Jamais, d’après son dire, il n'aurait eu de maux de gorge ni d’éruptions cutanées; toutefois l’on constate sur la région intenre de la jambe droite une cicatrice brunâtre de la largeur d’une pièce de cinq francs provenant, dit-il, d’un ulcère variqueux ? Oril nest pas atteint de varices. Il existe de plus dans les triangles sus-claviculaires quelques ganglions engorgés du volume d’une noisette. Il nous semble évident que l'affection cérébrale pour laquelle il est entré à l'hôpital est de nature syphilitique comme le montrent en partie les antécédents précédents (alopécie passagère, douleurs rhumatoïdes, céphalaigie, engorgements ganglionnaires), et comme le démontre surtout l’heureux effet du traitement antisyphili- tique ainsi que nous le verrons plus loin. En somme, sa santé était, dit-il, excellente quand, il y a un an en- viron, il fut pris de fréquents maux de tête qui ne tardérent pas à être accompagnés d’un peu d’amblyopie. 1] y a quatre jours, sans au- cun prodrome, il ressentit, en travaillant à la gare du Nord, des four- millements douloureux dans l’avant-bras, le bras et l'épaule du côté gauche ; ces fourmillements qu’il chercha d’abord à faire disparaître en remuant et en faisant des efforts violents, allèrent en s’accentuant. Bientôt tout le membre devint complétement engourdi, il sentit ses forces disparaître peu à peu, et deux heures après le début des fourmillerments, la paralysie du membre supérieur gauche était — JUPE complète; le membre, paralysé et flaccide, pendait inerte le long du corps. Le lendemain le malade essaya de reprendre son travail, mais le bras gauche était absolument inerte. Il n’y aurait eu ni convulsion, ni contracture. Cet état persistant, R... J... entre à l'hôpital. C’est un homme visoureux, bien musclé. Le membre supérieur gauche est à peu prés complètement paralysé, mais il n’y a pas de contracture, quoique les doigts demeurent dars la demi-flexion. Il peut à peine fermer la main (Dynamomètre : côté droit 80, côté gauche 10). Il ploie un peu l’avant-bras sur le bras, mais avec le plus grand effort; il n’y peut d’ailleurs parvenir, pour peu qu’on s’y oppose. Les muscles de l'épaule lui permettent de soulever légèrement son membre supé- rieur, mais il retombe bientôt inerte. Il n’y a pas de différence de vo- lume appréciable entre le membre supérieur droit et le membre supé- rieur gauche. La centractilité faradique est conservée, quoique légère- ment diminuée. La sensibilité est absolument intacte ; pas de symptômes douloureux, de sensations spéciales. Toutefois le malade accuse une légère sensation de froid dans le membre, et la palpation permet en effet de constater une différence thermique assez notable entre le membre supérieur du côté droit et celui du côté gauche, dont les doigts sont de plus légèrement cyanosés. Pas de trace de parésie des membres inférieurs ; pas de paraly- sie faciale. Légère céphalalgie, un peu d’amblyopie, quelques bour- donnements d'oreilles. L'intelligence du sujet semble intacte, quoique peu développée ; il dit que depuis peu cependant sa mémoire diminue, Protaiodure de mercure, 5 centigrammes; iodure de potassium, 3 grammes. 12 septembre. Amélioration notable. Les mouvements d’'élévation et d’abaissement du bras sont beau- coup plus faciles, il en est de même de ploiement de l’avant-bras sur le bras. Le malade peut serrer assez fortement les objets. (Dynamomé- tre, côté gauche 35 côté droit 80). Vers le soir surviennent des douleurs de tête des plus violentes, siégeant au niveau de la région frontale, surtout à sa partie droite, et de la région parietale droite. Ces douleurs sont exaspé- rées par la percussion digitale. 18 septembre. Les douleurs de tête ont presque complétement dis- paru. 6 octobre. Le malade quitte l'hôpital ; il est presque complètement guéri, c'est à peine s’il existe encore un très-léser degré de parésie. (Dynamomètre : côté gauche, 73 côté droit 80. Plus de céphalalgie. Ogs. II. — Le nommé F... A... âgé de 52 ans, charretier, entre le 26 novembre 1878 dans le service de M. Vulpian. Il y a environ quinze ans, il contracta un chancre suivi de maux de gorge, d’éruptions cu- tanées, Bien portant depuis plusieurs années, il fut atteint, il y a quatre ans, d’une fluxion de poitrine. Guéri de cette fluxion, il fut pris, quelque temps après, de maux de tête violents, qui précédérent de plusieurs mois un engourdissement progressif avec amaigrissement du bras droit, survenu sans autre prodrome. Au bout d'un jour, environ, la monoplégie brachiale droite était complète, et le malade entra à La- riboisière, où il subit un traitement antisyphilitique et fut électrisé. 11 quitta cet hôpital au bout de plusieurs mois, conservant toujours une parésie assez notable du bras droit. Il est à noter qu'il n'aurait jamais eu dans le membre paralysé de convulsions ni de contracture, La face et le membre inférieur correspondant auraient été absolument intacts. Il y a quinze jours, le malade fut pris des prodromes de l’éruption tu- berculeuse miliaire généralisée dont il mourut le 10 décembre, dans le service de M. Vulpian. Nous nous proposons de publier ultérieurement cette observation de méningite tuberculeuse cérébro-spinale, en commun avec notre aml M. Déjérine, qui en possdpeu près analogue. Comme dans l'observation qûe nous publions actuellement nous n'avons en vue que la monoplésie syphilitique, nous négligerons tout ce qui se trouve en dehors de ce sujet. Nous pûmes constater, dès l’entrée du malade à l'hôpital, alors qu’il n’était encore qu’abattu, que le membre supérieur droit était notable- ment parésié ; il ne pouvait, en effet, le maintenir élevé que très-peu de temps, la flexion de l’avant-bras sur le bras était très-affaiblie, tandis que le membre supérieur gauche a conservé les mouvements sont très-vigoureux. Dynamomètre : Main gauche, 80 ; main droite, 39,6. De plus, le membre du côté droit était assez notablement amaigri, tandis que celui du côté gauche est fortement musclé. Pas de contrac- ture. La contractilité faradique ne semblait pas diminuée. Il n’y avait pas de trouble dans la sensibilité; pas de signes de parésie des mem- bres inférieurs ; pas de paralysie faciale ni de troubles oculaires. A l’autopsie, on constata les lésions classiques de la tuberculose mi- liaire aiguë du poumon, des méninges cérébro-spinales, du tube diges- tif, etc. La surface convexe du cerveau était exempte de granulations miliaires ; mais, au niveau de la partie moyenne de l'hémisphére gau- che, à sa partie supérieure, à environ 5 millimètres de la grande scis- sure interhémisphérique, se trouvait un épaississement notable de la dure-mêre, du diamètre d’une pièce de 50 centimes, environ. Au ni- veau de cet épaississement da la dure-mère, qui n’adhérait nullement aux os du crâne, une dissection attentive permit de constater que les trois méninges cérébrales étaient réunies, fusionnées en une plaque de 3 millimètres environ, à surface rugueuse, d'aspect grisâtre et sclé- reux. À son pourtour, les méninges qui y aboutissaient présentaient, sur une distance de 3 millimètres, un ton blanchâtre, et étaient légé- rement épaissies. Non-seulement les méninges cérébrales étaient ainsi fusionnées en une plaque scléreuse, mais cette plaque adhérait inté- — 9393 — rieurement à la substance cérébrale, de telle sorte qu’en la détachant avec les plus grandes précautions, on entraînait avec elle une portion de substance cérébrale intéressant toute la substance grise, et 4 milli- mètre environ de substance blanche sur une étendue d’une pièce de 50 centimes, environ. Cette plaque répondait exactement au tiers su- périeur de la circonvolution frontale ascendante, et siégeait 4. environ 6 millimétres de la grande intermisphérique, comme on peut le voir dans le dessin ci-joint. Face supérieure. — ], scissure de Sylvius; 2, sillon de Rolando: 3, scissure inter-pariétale; 4, soissure parallèle; 5, scissure perpendiculaire externe. F1, première circonvolution frontale; F2, deuxième circonvolution frontale; F3, troisième circonvolution frontale; Fa, circonvolution frontale ascendante; Pa, circonvolution psriétale ascendante; Ps, lobule pariétal supérieur; P1, lobule pariétal inférieur ; Pe, pli courbe; O1, première circonvolution occipitale ; O2, deuxième circonvolution occipitale; O3, troisième circonvolution occipitale. Nota. — Deux traits ponctués div'sent par tiers les deux circonvolutiens asoendantes c. R. 1878 20 — 394 — A la coupe, cette plaque, épaisse de 3 millimètres, de consistance scléreuse, présentait un aspect grisâtre, terne. Tout à fait au centre de Ja coupe se trouvait une petite lione jaunâtre d’une épaisseur de 1 /4 de millimètres environ et longue de 3 millimètres. Telle est la seule lésion que nous ayons pu constater. Partout ailleurs les enveloppes du cer- veau ne présentaient d'autre altération que celles de la tuberculose miliaire aiguë des méninges. Les os du crâne étaient intacts ; il en était de même des artères. À part un œdème notable, la substance cé- rébrale ne présentait pas la moindre altération. Il est donc évident que nous avons eu affaire, dans ce cas, à une plaque de méningite gommeuse. Malgré l’atrophie assez notable du membre supérieur droit, les ra- cines antérieures du côté paralysé ne présentaient pas d’atrophie ap- préciable à l’œil nu. Leur examen histologique, fait dans le laboratoire de M. Vulpian, par dissociation dans l'alcool au tiers aprés un séjour de vinst-quatre heurés dans l’acide osmique au centième et coloration au picro-carmin, ne nous a pas permis de constater la présence de tu- bes nerveux dégénérés. Il en est de même des nerfs du plexus brachial du côté correspondant et des nerfs intra-musculaires. L'examen his- tulogique des muscles ne nous à pas non plus révélé d’altérations dans la fibre musculaire. Nous nous réservons de publier plus tard, s’il y a lieu, une note com- plémentaire sur l’état de la moelle que nous durcissons dans l’acide chromique. RérLexlons. — Ces deux observations présentent de si grandes ana- logies au point de vue clinique, que l’on peut supposer qu’elles pro- viennent de lésions identiques, quoique plus récentes dans le premier cas. C'est ce qu'eût probablement montré l’autopsie du premier sujet. Des maux de tête violents précédérent de plusieurs mois la monoplégie; celle-ci est survenue brusquement sans aucun autre prodrome et, an- noncée par un engourdissement progressif du membre supérieur, ne tarda à être complète au bout de quelques heures. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y a eu absence complète de paralysie faciale ou de parésie du membre inférieur correspondant. Il est à noter encore que dans ces deux observations il ne s’est produit ni contracture transi- toire primitive, ni convulsions partielles temporaires, et que dans la seconde, quoique la parésie ait persisté pendant près de quatre ans, et ait été accompagnée d’une atrophie assez notable du membre, il n'y a pas eu de contracture secondaire. Dans ces deux cas la sensibilité à été absolument intacte. Signalons encore l’abaissement de température du côté paralvsé dans la première observation. Au point de vue anatomo-pathologique, la dernière observation nous oflre un exemple des plus remarquables de la localisation céré- brale. Nous vovons avec la plus grande netteté une plaque de mémin- gite gommeuse circonscrite, intéressant un petit ilot de la substance — 395 — corticale du cerveau au niveau de la circonvolution frontale ascendante gauche à sa partie supérieure, occasionner une monoplésie brachiale droite. Ici donc se vérifie encore cette opinion de M. Charcot, d’après la- quelleles centres moteurs corticaux pour les membres du côté opposé siégent dans les deux tiers supérieurs des circonvolutions ascendantes, et en particulier dans la frontale ascendante. Il est à noter, toutefois. que la lésion se trouvait dans le tiers supé- rieur de la circonvolution frontale ascendante, et non dans son tiers moyen, où, d'aprés M. Charcot, siégerait probablement le centre corti- cal des mouvements isolés du membre supérieur. FIN DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES. 48 Mid A Drm il ET TE 0 ETATS NL | Je “a ARE cata) pesto au 2) ho de 1e #1 bonR va: abiabl af dy Mot À LAN | is No] Wu dt ee ds. vobalireien COURTES EP 1ulov tuant PEN LS adore à Mme A icon M dr te a Une TIRE RE EUR HNA FLE JS ai F ! ‘4 v | < de ÿ en MÉMOIRES LUS A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1878. 4 g 27 KR EN à LPS DE L'ADÉNITE SCROFULEUSE Note communiquée à la Société de Biologie, le 22 janvier 1878, Bar M V' CORNE Une question se pose tout d’abord, à savoir, si les adénites scro- fuleuses du cou, les écrouelles qui nous servent ici de types, sont assimilables à la tuberculose, ou bienéen sont distinctes. Beaucoup d'auteurs ont pensé que les tumeurs strumeuses du cou étaient la première manitestation d’un ensemble symptoma- tique, d’une maladie constitutionnelle ou d’une diathèse qui se terminait par des tubercules du poumon. Nous n’entrerons pas dans cette discussion, réservant l’étiologie aussi bien que les coïncidences symptomatiques de la tumeur strumeuse; nous nous contenterons de décrire d’abord les lésions anatomiques des ganglions strumeux, puis les lésions des gan- glions tuberculeux ; nous pourrons alors plus utilement comparer les deux processus, voir ce qu'ils ont de distinct et de commun, et nous prononcer en connaissance de cause. Lorsqu'on examine à une autopsie, ou mieux après une opéra- tion chirurgicale, une de ces grosses tumeurs cervicales composées de l’agglomération de plusieurs ganglions strumeux, on y trouve habituellement des glandes à divers stades de leur évolution pa- thologique; les unes ont le volume d’un œuf de pigeon ou même d’un petit œut de poule, les autres sont plus petites ; toutes, dures à leur surface, sont habituellement réunies par un tissu conjonctif serré et scléreux, qui forme des coques à chacune d’elles. Lors- - qu’on les sectionne en passant suivant leur plus grand diamètre, — 4 — on a ainsi des aspects fort divers; les unes sont grises ou rosées, ou légèrement jaunâtres; d’autres sont sèches à la coupe etressemhlent à une pomme de terre crue par leur couleur et leur grain; il en est d’autres qui ont des îlots plus ou moins considérables, caséeux, friables, entourés d'une coque dense; ces mêmes îlots peuvent contenir une bouillie rendue opaque et blanche par des sels cal- caires. Ce qui se trouve réuni dans une même masse de ganglions peut être observé aussi isolément; car, on peut voir un seul gan- glion très-gros ou deux ou trois ganglions ayant à peu près le même âge et les mêmes caractères à l’œil nu. Pour la commodité de la description, nous prendrons successi- vement trois types qui correspondent au début, à la période d'état et à l’involution calcaire. Dans nos recherches, nous avons surtout mis à profit des gan- glions enlevés par les chirurgiens, et en particulier des ganglions strumeux enlevés par MM. Trélat, Théophile Anger et par M. Gos- selin, que nous sommes heureux de remercier 1ci d’avoir mis obli- geamment à notre disposition ces matériaux d’étude. Il est très- important d’avoir des pièces fraîches qu’on examine de suite, soit en raclant la surface de section pour étudier les éléments isolés, soit en pratiquant des coupes à l’état frais. Ce sont ces dernières, en effet, qui se laissent le mieux débarrasser des cellules lympha- tiques, et qui permettent le mieux de voir le réticulum. I. À une période peu éloignée du début, la surface du ganglion est lisse ; il n’a pas encore contracté d'adhésion avecle tissu voisin; son volume n’est pas considérable; sa surface de section est grise ou gris-rosé, OU un peu Jjaunâtre opaque; sa consistance est plutôt molle que dure. Les cellules obtenues par le raclage sont: 4° des cellules lymphatiques généralement granuleuses, transfor- mées même en de petits corps granuleux au centre desquels existe un gros noyau sphérique ou ovoïde; 2 des cellules volumi- neuses contenant un grand noyau ovoïde et un protoplasma gra- nuleux avec des granulations protéiques ou graisseuses. En exa- minant une section obtenue après durcissement par le séjour pen- dant vingt-quatre heures dans l’acide picrique, ou par le liquide de Muller, la gomme et l’alcool , on voit tout d’abord que la cap-. sule du ganglion est épaissie : les tractus fibreux qui de la capsule se dirigent vers le hile, sont notablement épaissis, forment des bandes plus ou moins larges, dans lesquels cheminent des vais- seaux sanguins pleins de sang et quelques vaisseaux lymphatiques remplis de cellules. Ces grandes cloisons limitent des îlots ayant 2 ou 3 millimètres de diamètre, et de ces cloisons principales pé- = 5 nètrent dans les îlots, en suivant la direction des vaisseaux, des tractus conjonctifs suivant des figures variées. On peut avoir une très-bonne idée générale de cette dissociation de la substance ré- ticulée folliculaire du ganglion, en examinant des préparations à un faible grossissement. La substance réticulée est en effet opaque, tandis que les bandes de tissu conjonctif qui la pénètrent et la dissocient sont plus claires. Lorsqu'un ganglion ainsi aliéré ne reste pas à ce stade, ce qui est possible, et que l’altération continue à se développer, la for- mation nouvelle d'éléments de tissu conjonctil et d’un tissu em- bryonnaire allant croissant, tous les petits îlots secondaires s’en- tourent d’un tissu conjonctif vascularisé de nouvelle formation. Ces petits îlots, à peine visibles à l’œil nu, ayant de 1/10 à 1/4 ou 1/3 de millimètre, tendent tous à prendre une forme voisine de la forme sphérique. Il se produit là le même phénomène que dans certaines curhoses du foie, où le lobule hépatique est divisé et suhdivisé en petits groupes de cellules hépatiques qui sont ronds et tous entourés de bandes de tissu fibreux. IL. Cette dissociation du tissu réticulé du ganglion en une quan- tité considérable de tout petits îlots entourés de tissu fibreux, et les lésions de ce tissu réticulé lui-même, constituent la caracté- ristique de l’état du ganglion arrivé à son summum d’hypertrophie strumeuse. A l'œil nu, ces ganglions sont lisses à leur surface, de couleur jaunâtre, pâles, de consistance mollasse, élastique ; leur forme est ovoïde et donne l’aspect régulier d’une glande normale ayant des dimensions colossales. La surface de section est généralement sèche, donne peu de sang, et en regardant de près, avec attention, en s'aidant d’une loupe, on voit une foule de petits grains ou pointes opaques sur un fond gris et semi-transparent. C’est ce qui donne à ces organes l’apparence bien connue d’une pomme de terre qu’on vient de couper en deux. La consistance du ganglion sectionné est encore plus molle qu'avant de l'ouvrir. Les éléments obtenus par le raclage proviennent des petits îlots opaques. Ils consistent uniquement en grosses cellules possédant un noyau volumineux, clair et ovoïde, muni d’un nucléole. Au- tour du noyau, le protoplasma est délicat, mou, granuleux, pos- sédant souvent des granulations graisseuses. Il n’y a pas de mem- brane cellulaire. La forme de ce protoplasma se rapproche de la forme globuleuse; il est souvent allongé et un peu aplati. Les noyaux se colorent vivement par le picro-carmin. Les cellules ne contiennent que très-rarement deux noyaux. LE Les coupes faites sur la pièce fraîche et un peu épaisse, mon- trent, à un faible grossissement, les îlots opaques qui sont déjà visibles à l'œil nu. Ces îlots sont entourés de bandes claires. Sur des coupes aussi minces qu’on peut les obtenir sur la pièce fraîche, et traitées avec ménagement par le pinceau, puis colorées au picro-carmin, on peut étudier au mieux la structure des îlots. Ces îlots sont constitués par un réticulum dont les fibrilles sont plus molles, plus épaisses, plus grenues et plus friables que les fibres du tissu réticulé des follicules. Au bord des fibrilles, lors- qu’on les examine à un fort grossissement, on voit de petites gra- nulations, et leur surface est grenue. Ce sont des fibrilles du tissu réticulé, imbibées, tuméfiées et ramollies. Les mailles qu’elles forment sont beaucoup plus larges qu’à l’état normal, et ces mailles enserrent les grosses cellules granulo-graisseuses, à noyau ovoïde, que nous venons de décrire. Dans les points où les cel- lules ont été tout à fait chassées par l’action du pinceau, il reste encore quelques granulations graisseuses provenant de vertiges du protoplasma des cellules accolées aux fibrilles du réticulum. Le petit îlot opaque, étudié à sa périphérie, fait corps avec le tissu plus dense qui l’entoure. Les fibrilles tuméfiées et grenues de l’ilot se continuent directement avec les fibrilles plus denses, à bords bien nets du tissu périphérique. Sur les préparations faites à l’état frais ou après un séjour de vingt-quatre heures dans l’alcool étendu de moitié d'eau, puis laissées quelques heures dans l'alcool au tiers, et ensuite net- toyées par le pinceau, on voit à l’œil nu, à la place de chaque îlot opaque, un espace clair. En étudiant au microscope ces ilots éclai- rés et débarrassés de leurs cellules, on voit très-nettement leur charpente qui est constituée par les artérioles, les capillaires et Le tissu réticulé fin des follicules. Le tissu qui entoure l’ilot est aussi un tissu réticulé lymohati- que, mais ses fibres sont serrées et dures, épaissies ; les mailles qu’elles forment s’allongent et se resserrent de manière à ce que l’ensemble des fibrilles et des mailles affecte la figure de faisceaux concentriques à l’îlot. Les éléments qui siégent entre les fibrilles sont des cellules lymphatiques à noyaux ronds ou un peu ovoïdes, bien plus petits que les noyaux de l’ilot lui-même. Les pièces durcies dans l'acide picrique permettent de faire des coupes minces d’où les éléments soient chassés assez facilement par le pinceau. On voit presque aussi bien qu'à l’état frais le tissu ré- ticulé des îlots et le tissu conjonctif autour des îlots. Sur ces pré- 4, 2e parations, on peut s'assurer que dans les îlots existent des arté- rioles et des capillaires perméables au sang. De Ia paroi de ces vaisseaux partent les fibrilles du réticulum. Les sections minces obtenues après le durcissement par le li- quide de Muller, la gomme et l'alcool, sont celles qui donnent les meilleures vues d'ensemble de ces ganglions strumeux. Seulement là, les cellules ne peuvent être que très-difficilement et très-in- complétement chassées par le pinceau. Mais on apprécie admira- blement la disposition des bandes de tissu conjonctif, parcouru par des vaisseaux perméables au sang, et entourant tous les îlots. On peut aussi voir dans l’intérieur des îlots les grosses cellules en place. Ces pièces étant colorées au picro-carmin, les îlots sont co- lorés en rouge orangé, tirant sur le jaune, car les noyaux des cel- lules sont les seules parties qui se colorent nettement en rouge, le protoplasma restant incolore ou jaune ; les bandes périphériques se colorent au contraire en rouge carmin. | Sur ces préparations qu'on peut faire extrêmement minces, on observe, dans les îlots qui deviennent caséeux les figures qui ont été décrites par Schüppel et par beaucoup d’auteurs après lui comme des cellules géantes. Ce sont de petits champs arrondis, grenus et jaunâtres à leur centre, offrant à leur périphérie une zone de noyaux ronds ou ovoïdes colorés en rouge et quelques fois aussi, au milieu de la figure, des noyaux ronds également colorés. Leur bord laisse souvent entre eux et le tissu périphérique une fente et, en dehors d'eux, il est généralement facile de s’assurer qu'il y à presque toujours une paroi vasculaire bien nette; en d’autres termes, ce sont des coagula fibrineux formés dans un vaisseau dont la circu- lation est arrêtée. Cette disposition, que nous avions signalée autrefois, M. Ran- vier et moi, dans les tubercules, et que M. Thaon a parfaitement décrite, a permis à ce dernier de faire la critique de l’opinion de Schüppel, qui la considère comme devant être rapportée à des cel- lules gigantesques. Ces oblitérations des vaisseaux et ces « cellules géantes » se rencontrent en assez grand nombre dans les ganglions strumeux arrivés à un état caséeux encore plus avancé. Elles sont tardives dans la scrofule ganglionnaire, tandis que nous verrons qu’elles sont hâtives et se rencontrent, tout au début, dans la tubercu- lose vraie des ganglions. Dans un de ces gros ganglions strumeux, arrivé à son maximum de développement, en outre des petits îlots à peine visibles à l'œil nu que nous venons de décrire, on trouve toujours, sur une sur- TS face de section qui passe par le grand diamètre, un ou plusieurs îlots varient de 4/2 à 1 ou 10 millimètres de diamètre qui sont absolument jaunes et caséeux. Ces grands îlots m’ont paru se for- mer par la réunion de plusieurs petits îlots, lorsque la circulation d’une partie limitée du ganglion est arrêtée, plutôt que par la dé- générescence caséeuse d’un grand îlot primitif. A l'œil nu, les parties caséeuses des ganglions offrent une cou- leur jaune clair, une surface de section lisse et sèche; elles sont formées par un tissu de texture fine, uniforme et d’une certaine friabilité. Elles sont contenues dans une coque fibreuse, dense, scléreuse, semi-transparente et, lorsqu'elles sont anciennes on peut les en énucléer, car elles se séparent du tissu fibreux qui est vi- vant, parcouru par des vaisseaux, comme toute partie mortifiée tend à se séparer des tissus vivants. Sur des sections minces, examinées au microscope, on peut sui- vre pas à pas les modifications des îlots, devenant caséeux. C'est d’abord l’oblitération des capillaires qui y sont contenus, puis l’a- trophie et l’état grenu des cellules emprisonnées dans les mailles du réticulum. Lorsque la circulation ne se fait plus dans cet îlot, il se produit un petit espace vide, ou une séparation incomplète à la périphérie, mais encore alors il existe des travées qui ne sont au- tre que des vaiseaux capillaires et des fibrilles qui unissent encore ilot avec le tissu conjonctif périphérique. Ces travées se détrui- sent elles-mêmes peu à peu, de telle sorte que sur certaines sec- tions la coupe de l’îlot caséeux est libre et ne tient plus au tissu qui l'entoure et elle se déplace, emportée dans le liquide de la pré- paration. L'examen histologique de la portion caséeuse ne montre rien autre chose que de petits éléments cellulaires grenus, atrophiés au contact les uns des autres, de telle sorte qu’on ne les distinguerait pas à un examen superficiel et qu’au premier abord on croirait avoir affaire à une masse granuleuse homogène privée de structure. On rencontre souvent, dans ces coupes d’îlots caséeux, des fentes plus ou moins artificielles et des cristaux de graisse dans les pié- ces qui ont séjourné dans l’alcool. Lorsque la partie caséeuse est ancienne et, par suite, d’un vo-= lume assez considérable (un centimètre de diamètre, par exemple); elle aflecte presque toujours une forme sphérique ou ovoïde. Le tissu qui l'entoure est très dur, et la coque fibreuse qui la contient, examiné au microscope, montre des fibres denses, paral- lèles en général à la surface de la coque : ces faisceaux de fibres de tissu conjonctif sont épais, transparente, parallèles entre eux et ta- us pissés de cellules plates. D’autres fois leur disposition est moins régulière : on a affaire à un tissu fibreux dense qui ne présente plus aucune apparence d’analogie avec le tissu réticulé des gan- glions. La coque fibreuse des ganglions est toujours extrêmement épais- sie en pareil cas. Le reste des ganglions offre les petits îlots de tissu reticulé emprisonnant de grosses cellules granuleuses, îlots qui sont caractéristiques de la scrofule ganglionnaire et qui sont entourés du tissu réticulé devenant fibreux. Comme on le voit par ce qui précède, dans cette lésion scrofu- leuse arrivée à la période d’état, la structure primitive du ganglion est complétement modifiée ; il ne reste plus du tissu reticulé pri- mitif que les îlots opaques, et encore ce tissu réticulé est-il mo- difié, ses fibres étant plus ou moins tuméfiées et ramollies, et les cellules Ilymphatiques étant gonflées et granuleuses. Mais ces îlots sont bien réellement constitués par le tissu réticulé des follicules, car ils sont parcourus par des vaisseaux capillaires sanguins dont la paroi se continue très-nettement avéc le réticulum fin. Le tissu primitif du ganglion a été parcouru et divisé par des bandes de tissu conjonctif nouveau, accompagnant les vaisseaux sanguins, artères et veines, et les vaisseaux lymphatiques. Le tissu caverrneux et une partie du tissu réticulé fin sont devenus ainsi des tissus fi- breux et il ne reste plus en dernière analyse de trace de ce tissu. non plus que des voies lymphatiques ni des sinus périfollicu- laires. lIL. Les modifications qui se passent ultérieurement dans les ganglions consistent dans la dégénérescence caséeuse qui se con- tinue et se généralise plus ou moins. Les parties caséeuses s’in- filtrent de sels calcaires, et leur consistance devient tantôt tout à fait crétacée et ossiforme, tantôt plus liquide, comme du plâtre délayé dans l’eau. Le tissu conjonctif qui forme la coque de la partie altérée s’épaissit, se confond avec la capsule du ganglion, et généralement alors, ce dernier subit un retrait, une diminution de volume dans son ensemble. Ces modifications très-lentes met- tent des années à s'effectuer. Dans d’autres cas, il y a prédominance de l’état scléreux du gan- glion : les îlots strumeux restent à peu près avec les mêmes carac- tères que nous avons décrits, et il n’y à pas de ramollissement caséeux; mais ces îlots sont séparés par de très-larges bandes de tissu conjonctif dense, parcouru par des vaisseaux à parois extré- mement épaisses. Ce tissu ressemble à la plèvre épaissie et fibreuse, par exemple, ou au tissu dur de certaines cirrhoses atrophiques du MÉM. 1978. 2 ANNE foie. Les artérioles et les veinules, vues sur une coupe transver- sale, offrent une lumière étroite qui contraste singulièrement avec la grande épaisseur des parois, ou plutôt du tissu conjonctit affectant une disposition concentrique autour d'elle. Les îlots stru- meux sont rares et comme perdus au milieu de ce tissu scléreux qui fait corps avec la capsule du ganglion, extrêmement épaisse. La capsule elle-même adhère et est unie intimement avec le tissu conjoncliif voisin, qui est aussi, lui, tout à fait induré et fibreux. L’atmosphère adipeuse du ganglion a disparu, cet la confusion de la capsule et du tissu conjonctif voisin est telle que l’on enlève souvent, avec le ganglion, des parties qui lui sont adhérentes, comme des segments de glandes salivaires, de la sous-maxiilaire, par exemple, lorsqu'il s’agit de ganglions sous-maxillaires er cer- vicaux. En examinant les petits îlots strumeux qui siégent au mi- lieu de ce tissu induré, avec un grossissement suffisant on voit qu'ils n’ont pas, dans certains cas, de tendance à devenir caséeux ; mais ils semblent, au contraire, destinés à disparaître et à être dissociés eux-mêmes par des bandes de tissu conjonctif de nou- velle formation. J’ai examiné histologiquement un ganglion dece genre, très-induré et scléreux qui, dans l’espace de trois mois que J'avais observé la malade, avait diminué notablement de volume; c’est là un mode de guérison incomplet, il est vrai, et extrême- ment lent; mais on peut dire que cette induration fibreuse, en diminuant notablement le volume du ganglion, est une sorte de guérison ; et on cite des cas où ces ganglions strumeux ont dis- paru presque complétement. 1l s’en faut que ce soit la terminai- son habituelle, car, le plus souvent, comme autour du ganglion altéré et hypertrophié, il y en a une série d’autres qui se prennent et se tuméfient, et que les premiers malades présentent des foyers caséeux ramollis, il peut y avoir une fonte caséeuse de l’un ou de plusieurs d’entre eux. C’est ce qui est improprement appelé la suppuration des ganglions strumeux, car il s’agit simplement de l’ouverture au dehors, à travers des tissus chroniquement en- flammés des foyers caséeux ramollis des ganglions. Cette suppu- ration, les fistules qui lui succèdent, les délabrements, les décol- lements de la peau, les cicatrices irrégulières, tous ces accidents. interminables et la difformité qui leur succèdent, sont assurément bien plus graves que l’ablation des ganglions, suivie d’une cica- trice linéaire. Mais, pour que l’opération soit faite dans de bonnes conditions, il faut, autant que possible, enlever le ganglion le pre- mier hypertrophié, avant que les voisins ne s’altérent. En résumé, l’altération scrofuleuse des ganglions est consécutive EAN = à une lésion irritative chronique des muqueuses ou des segments chez un sujet prédisposé. Elle consiste essentiellement dans une irritation chronique du tissu conjonctif et des cellules lympha- tiques, dans l’épaississement fibreux et la formation de bandes de tissu conjonctif qui parcourent le ganglion en dissociant et isolant des îlots du tissu réticulé dont le réticulum et les cellules sont eux-mêmes altérés. Consécutivement à ce processus trés-lent, la circulation se ralentit et se supprime dans les îlots qui deviennent caséeux. L'état caséeux et l’induration scléreuse sont les derniers termes de l’évolution de la lésion. MA Pitt UT ta | PA 1 atlas GHLe FM D den ee] D (0 D a A EE | ‘cities A ICE ATOM) ne 5 AM L il RUE À 400 ATTENTION AP HE Se TÉL PET { hi Ha LD ŒUITAULUN na PAANTIE | f du f ER FOOTTIS Rd he Pos TEE OR UP OR EN MERE MIE / Ï { ‘ TÉLCHADANE R y LÉFETITON 118 x 4 , en f x °& 14 SUR LES PHÉNOMÈNES QUI SUIVENT LES INJECTIONS DE CHLOREYDRATE DE HORPHINE Note communiquée à la Société de Biologie, séance du 23 février 1878, Par M. P. PICARD (de Lyon) Tous les expérimentateurs ont eu occasion d’observer des ani- maux sous l'influence de la morphine ou de ses sels; tous savent caractériser l’espèce morbide qui se développe, chez le chien no- tamment, sous cette influence ; elle a des caractères aussi nets et aussi tranchés que possible. Mais, s’il est facile de reconnaître à ses symptômes propres le sommeil morphinique, il s’en faut cependant de beaucoup que la morphine soit étudiée complétement, même au point de vue des phénomènes qui suivent son administration à haute dose chez le chien. Quant au mécanisme par lequel cette substance détermine l'apparition des phénomènes même les plus saisissants, il faut bien reconnaître qu’on l’ignore absolument. On ne sait pas com- ment la morphine produit le sommeil, ni même des phénomènes beaucoup plus simples comme le rétrécissement de la pupille. A ma connaissance, aucune tentative n’a été faite pour élucider ce point. J'ai eu l’occasion, dans l’enseignement expérimental que je donne au laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lyon, de faire quelques observations et expériences sur ce sujet. Je vais en communiquer brièvement les résultats. Le premier fait sur lequel je désire attirer l’attention est la di- latation vasculaire qui suit les injections de chlorhydrate de mor- AR — phine faites sous la peau ou dans les veines, aux doses de 5, 6, 7, 8, etc. centigrammes. Cette dilatation est si prononcée qu'il est facile de la reconnaître à l'examen direct dans le cerveau, dans les muscles de la tête, dans les glandes de la même région, etc. Elle peut encore être constatée par des moyens indirects : si l’on observe la veine jugulaire d’un chien vigoureux, sanguin, après qu’on lui a injecté de la morphine, on y remarquera, comme je l'ai fait souvent, des battements isochrones aux systoles du cœur. Si l’on a mis les deux extrémités d’un manomètre différentiel de Claude Bernard, en rapport avec les deux bouts de l’artère ca- rotide d’un chien, la différence entre les deux pressions, centrale et périphérique, diminue notablement à la suite de l’injection. Dans un manomètre simple, mis en rapport avec le bout péri- phérique de la même artère, on voit, après l'injection de morphine, les systoles du cœur se marquer d’une manière très-manifeste. Tous ces phénomènes ont évidemment la même signification : ils résultent de la dilatation vasculaire périphérique et de la dimi- nution des résistances au cours du sang, qui en résulte. A propos de ce premier fait, je ferai remarquer que la congestion cérébrale considérable, qui suit les injections de morphine, a peut- être une part dans la production de ce que l’on a coutume d’appeler le sommeil morphinique. Ce serait alors un phénomène analogue à celui que l’on observe dans certaines formes de congestions cé- rébrales légères. I] va de soi que l’on ne peut tirer de là aucune conclusion pour ce qui se passe dans le sommeil physiolosique. Le second fait dont je m’occuperai est la contraction de la pu- pille. Bien que ce phénomène soit connu depuis longtemps, on n’a pas cherché à en expliquer le mécanisme. Cette contraction peut être produite de deux façons : ou bien elle résulte d’une paralysie sympathique, ou bien, au contraire, d’une excitation d’un nerf antagoniste, le nerf moteur oculaire commun ; de plus, cette pa- ralysie ou cette excitation peut être soit directe, soit réflexe et ré- sultant d’une excitation du nerf optique. Cette dernière hypothèse doit être soulevée, puisque l’on sait, d’autre part, que la morphine tient en quelque sorte le nerf acoustique sous une influence exci- tante. Voici l'expérience que j'ai instituée pour résoudre ces questions: Chez un chien en état quelconque, on injecte (dans le tissu sous-cutané ou dans les veines) 5, 6 ou 7 centigrammes de chlor- hydrate de morphine. Lorsque l’animal présente tout le cortége symptomatique de l’empoisonnement, notamment la déviation de l'œil en dedans et le rétrécissement de la pupille, on enlève la: | J ne de dns dti fie et be ont de >. à à à + cc des. in sait à. OS. ce LS LS ss Sc es - d t à » LE voûte crânienne et on met le cerveau à nu; puis on coupe le nerf optique à son entrée dans l'orbite. Cette opération ne modifie pas l’état des yeux; le nerf optique n’est donc pour rien dans la production du phénomène. Il ne reste en présence que les deux hypothèses suivantes : Paralysie du sympathique ; Excitation du moteur oculaire commun. Pour déterminer laquelle est la vraie, on poursuit l’expérience de la façon suivante : On coupe l’hémisphère cérébral (du côté où le nerf optique a été sectionné) par tranches verticales minces, en allant d'avant en arrière ; on peut enlever de cette façon la presque totalité de cet hémisphère sans modifier en quoi que ce soit l’état apparent des veux. Mais, quand on vient à sectionner le pédoncule cérébral à sa partie antérieure et interne, les choses changent brusquement de face : la pupille se dilate énormément par un mouvement graduel, identique à celui que l’on observe en excitant le bout périphéri- que du sympathique cervical. Une excitation portée au même point du pédoncule avec une aiguille détermine un brusque mouvement de contraction exagé- rant encore l’état de la pupille. En dehors de ce point, on peut enlever, je le répète, tout l’hé- misphère cérébral, aussi bien en avant qu’en arrière, sans amener aucune modification dans l’état de la pupille. Ce point est donc évidemment le centre qui transmet son action à la pupille par l'intermédiaire du nerf moteur oculaire commun. Cette expérience démontre que les filets sympathiques qui vont à la pupille ne sont pas paralysés par la morphine, puisqu'ils ma- nifestent leur action aussitôt que l'influence du nerf antagoniste est supprimée. Elle conduit à penser que la contraction de la pu- pille est due à l'excitation du nerf moteur oculaire; cependant elle ne le démontre pas d’une façon complète, car les phénomènes ob- servés s’expliqueraient tout aussi bien en admettant que le nerf moteur n'a pas été modifié, tandis que l’action du sympathique aurait été affaiblie par la morphine. Je dois même dire que divers faits, étrangers au point que je touche ici, me font pencher vers cette seconde hypothèse; Je compte en faire l’objet d’une communication ultérieure. Nu (LS 10 Ur tt st Shin LU FU: Lt ITA à AIO pit AU Ÿ ve \ AUX FO ENTÉ qu A F TOO RTL 1 L à de er SEM UE LE Mate >! 1 ri à a" à in 4 1 a n * * # à 4 164 ; 1 on RARE DE TO MOD DME FAR TEE ne SA D POLE CON SRITA TETE AE ENS UT | "| PO MA EU fi } Î fi ATOS CLE RTC HO PMEUT (PATENTS DEP Hi HART OSET TR, DUR TAHOE NE 34 { , } MOVE IN mir + NE NE EL T Fe SA] FN W ARLON NT DU ARR NTI TA ÿ (: 17 et ARTE Nrtel FE YEN EU pu } à * Lu, A A EL PORT ER NET PE NC LOS ts FORTS) PTT hr, 4 D PLUIE ET E 21 N j ÿ SET VUE M CNE UE DU ï L NE + PHMLEA HE) " M'A ERALEN MU \ 14217 Ÿ h FCI | : ll ? 1 1e LU CR NCA AS LR TEST 4 k 5 à rl D $ L : | 11 | r1 (1E ' ‘ Î 119 Von: ! LU À LRU à } HER VRAI “e ‘ L 1 ( | } fi | (RES 11} { ï ÿ { | ae $ | CENT re #F 1 LA NENPI RE 3 1e SA 1 { 4 i f | à 4 At ; jh { ? à “à NOTE SUR LES GREFFES DERMO-ÉPIDERMIQUES DANS DIFFÉRENTES RACES HUMAINES Communiquée à la Société de Biologie Par M. MAUREL. Les avantages des greffes dermo-épidermiques sont aujourd’hui assez, connus et leurs indications assez précises pour que je n’eusse pas cru devoir revenir sur Ce sujet, si les conditions exception- nelles dans lesauelles je me suis trouvé ne m'avaient permis de constater certaines particularités qui me paraissent mériter l’at- tention, sinon des chirurgiens, du moins des biologistes, Après avoir fait de nombreuses grefles en France, J'ai été à même de les appliquer à la Guyane. Or, outre l'intérêt qu’il y avait à connaître l'influence que la crande différence de climat peut exercer sur les résultats de cette pratique chirurgicale, la Guyane m'a présenté celui, beaucoup plus important, à mon point de vue, de me permettre d’expéri- mernter l’hétérogreffe entre différentes espèces humaines. L’esclavage, la transportation et l'immigration ont, en effet, réuni dans notre colonie des représentants de nombreuses races et en ont fait un terrain excessivement fécond pour toutes les recherches de biologie et d’anthropologie. _. C’est de ces circonstances exceptionnelles que j'ai profité pour mes expériences et c’est leur résultat que je vais exposer. AUTOGREFFE. — J'ai employé la greffe dermo-épidermique sur- MÉM. 1878. 3 AJ tout pour les ulcères et quelquefois pour des plaies simples. Pour les uns comme pour les autres, la condition la plus indispensable pour leur réussite est de tenir compte de l’état de la membrane pyogénique. Quelles que soient les phases par lesquelles ait passé la plaie, il faut, pour qu’elle présente un terrain favorable à la greffe, que sa membrane pyogénique soit complétement formée et qu’elle soit de bonne nature. Or, ce qui, pour moi, caractérise cette période, c’est l’existence de bourgeons charnus, petits, de volume égal, roses et assez résistants pour ne pas saigner à un léger contact. Pour les surfaces suppurantes présentant cet aspect, je dois dire qu'à quelque race qu’appartint le malade, les greffes ont toujours également bien réussi. Le procédé que j'ai employé n'avait rien de particulier. Les greffes étaient prises le plus souvent sur la face antérieure du bras, au niveau de la saillie du biceps, ou sur la face interne du tibia. Quant au point où elles ont été appliquées, les ulcères du mem- bre inférieur étant de beaucoup l'affection la plus commune dans mes salles de blessés, c’est sur cette région du corps qu'elles ont été les plus nombreuses. Pour les prendre, la peau était tendue avec la main gauche, pen- dant que la main droite, armée d’une lancette à grain d’orge, tra- versait la peau et enlevait des fragments ne dépassant pas 3 mil- limètres de diamètre. Pendant cette opération, que j'ai également fait faire par tous les collègues placés sous mes ordres, j'ai remarqué que la facilité pour cueillir la greffe n’était pas la même chez les différentes races. Parmi celles qui s’y prêtent le mieux, je dois citer les Européens et les Arabes; puis viennent les Annamites et les Chinois ; enfin les Hindous et les noirs, ces derniers offrant assez de difficultés pour qu’on puisse rarement réussir au premier essai. | Cette difficulté provient de l’élasticité et de la résistance beau- coup plus grandes du derme chez la race noire. La lancette tend la peau au lieu de la couper ; puis, au moment où l’on croit la pe- tite opération réussie, un des côtés du point cutané, qui passe sur la pointe de la lancette, se brise, 1e lambeau se recroqueville et l’on doit recommencer. Lorsque j'avais obtenu la greffe sur la lancette, je la faisais glis- ser rapidement sur la plaie, et après lui avoir fait faire quelques légers mouvements de va-et-vient, pour être sûr qu’il ne restait aucune bulle d'air au-dessous d’elle, je la laissais, autant que possible, dans un point un peu déprimé. Je crois indispensable 19 de ne provoquer aucun suintement hémorrhagique pendant ces manœuvres. ; La plaie était ensuite pansée à recouvrement, le plus souvent à l’aide du pansement occlusif de Chassaignac, laissé en place pen- dant quatre jours au moins. Ce laps de temps écoulé, la cuirasse était enlevée avec précaution, la plaie lavée avec soin, et presque toujours j'ai pu retrouver la place de la greffe. Leur marche était la même que celle que j'avais observée en France, c'est-à-dire que la greffe se montrait d’abord comme dépassant un tant soit peu la membrane pyogénique, que dans les jours suivants elle se dépri- mait et apparaissait en creux, et qu’enfin, quand la cicatrisation avait achevé son œuvre, elle redevenait plus saïllante que le reste du tissu inodulaire. Ces résultats ont toujours été identiquement les mêmes, quels que soient l’espace, la race ou le peuple sur lesquels j'ai expéri- menté. HÉTÉROGREFFE. — Après avoir constaté ces résultats, qui étaient particuliers à l’autogrefte, il m’a paru intéressant de savoir ce que deviendraient les greffes transplantées d’une race à une autre. Mes expériences ont porté sur trois espèces comprenant les peu- ples suivants : Espèce caucasique : Européens, Arabes, Hindous. Espèce mongole : Annamites, Chinois. Espèce noire : Noirs de Bourbon, noirs d’Algérie, noirs des An- tilles, noirs de la Guyane. Or, dans le grand nombre de greffes qui ont été faites dans mon service, par moi et mes collègues pendant plus de deux ans, cha- cune de ces races a fourni des greffes à toutes les autres. Toutes les combinaisons ont été épuisées et répétées plusieurs fois. Ces expériences, qui constituent la partie la plus originale et la plus intéressante de mes recherches, ont été faites par le même procédé et ont présenté une marche identique aux précédentes : elles peuvent se résumer dans les conclusions générales suivantes : Quelle quesoit la source d’une greffe dermo-épidermique, et quel que soit le terrain sur lequel on la place, son pouvoir cicatrisant et sa marche sont les mêmes. Un fait cependant, digne de remarque, est ressorti de ces expé- riences : c’est celui de la reproduction du pigment par les greffes. Les résultats, en apparence contradictoires, que j'avais obtenus dans une première série d’expériences, en 1876, avaient laissé des doutes dans mon esprit. Mais de nouvelles études, reprises à la fin de 1877, les ont heureusement fait disparaître. 'oNee J'avais vu tout d’abord que des greffes prises sur un noir et trans- portées sur un blanc, tout en conservant leur pouvoir cicatrisant, perdaient rapidement leur couloir noire. Cette disparition du pig- ment, après la transplantation de greffes pigmentées, concordait très-bien avec un certain nombre de faits bien connus, la couleur blanche de beaucoup de cicatrices chez les noirs, mais était en contradiction avec un fait non moins connu, celui de la pigmenta- tion exagérée que prennent chez eux les cautérisations dont ils s’ornent la face. Enfin, j'étais également frappé de voir l’autosrefte donner chez eux des cicatrices noires, et cela d’une manière per- sistante. Ce fut au milieu de ces doutes que je recommençai, en 1877, les greffes d’un noir à l’autre. Elles me donnèrent toujours des greffes pigmentées, et ce résultat constant me conduisit aux expériences plus décisives qui devaient former ma conviction. je choisis, parmi les Hindous, les plus foncés, et je m'en servis comme sujets d'expériences pour croiser leur greffe avec des noirs de différentes provenances. Les résultats furent des plus probants : les greffes restèrent colorées. Je crus pouvoir alors admettre comme loi : Que, pour qu’une greffe soit pigmentée, il fallait réunir ces deux conditions indispensables : être prise et être transportée sur un sujet fortement pigmenté. Ainsi la pigmentation prenant son point de départ dans une greffe colorée, se développerait par une action de contact, de voi- sinage. On ne peut admettre, en effet, que ce soit en vertu d’une propriété qui leur serait propre, que certaines cellules embryon- naires se remplissent de pigments, ni que cette pigmentation soit due à des éléments anciens ayant survécu. Car, d’une part, à la condition qu'une plaie soit un peu étendue, la cicatrice reste blanche, et, d'autre part, sur des plaies ayant détruit toutes les parties molles jusqu’à l'os, les greffes noires, placées sur un noir conservent leur puissance de pigmentation. C’est donc, comme Je l’ai dit, par une action de simple contact que les cellules pigmentées de la grefle transforment les cellules embryonnaires les plus voisines, et ainsi de suite. Toutelois, ce pouvoir de transformation n’est pas indéfini.J’ai pu me convaincre qu’il ne dépasse pas une zone de 5 millimètres de chaque côté, c’est-à-dire que chaque greffe ayant 2 millimètres de diamètre pro- duirait une tache pigmentée de 1 centimètre de diamètre. Ainsi me furentexpliqués certains faits signalés plus haut à propos des cicatrices chez les races colorées. Chez elles, en effet, Op — les cicatrices livrées à elles-mêmes tantôt revêtent une couleur blanche bien manifeste, et d’autres fois, au contraire, acquièrent une teinte même plus foncée que la peau environnante. C’est que, dans le premier cas, la perte du pigment aurait été considérable, et la nature ne pourrait point compléter son œuvre.s Pariois, J'ai également été frappé de voir des îlots de pigments subsister au milieu d’une large cicatrice, sans qu'aucune greffe ait été faite. Mis sur la voie de l’explication, je recherchai la cause de cette espèce de survivance, et Je pus me convaincre que ces cas ne se produisaient que lorsque, au milieu d’un travail rétrospectif, quelque îlot de peau saine avait échappé à la destruction. Tels sont les quelques faits sur lesquels je voulais appeler l’at- tention de la Société de Biologie. Je les résume dans les conclu- sions générales suivantes : 19° Le climat de la Guyane ne modifie, ni dans leur marche, ni dans leur efficacité, les greffes dermo-épidermiques. 29 Elles constituent un auxiliaire précieux pour la rapide cica- trisation des plaies et ulcères. 3° Les autogreffes ont le même résultat, quelle que soit l’espèce ou la race. 4° La peau de la race noire étant plus élastique et plus résis- tante expose le chirurgien à s’y reprendre plusieurs fois pour obte- nir une greffe. 5° [l en a été de même des hétérogreffes, quelles que soient les combinaisons que nous ayons pu faire. 6° Pour que les greffes restent pigmentées, deux conditions sont indispensables : qu’elles soient prises et transplantées sur des su- jets riches en pigmeni. 7° La pigmentation des jeunes cellules a lieu par une action de contact. Cette action s’épuise bientôt, et son champ ne dépasse pas, en général, cinq millimètres. Une question importante resterait encore à résoudre au sujet de la fermeté des cicatrices obtenues par les greffes et la diminution des récidives ; son importance ne m’a pas échappé, mais les hommes ne sont pas restés assez longtemps soumis à mon obser- vation pour que j'aie pu me faire une conviction. 1l î [AS CIE ARE ar D il sat hiÿ MANU ur TAUPE PEU TE AT Wir Pl [CLONE OI LL «ol fYE nn ar aataf) HEC fre Al Mt #É ts DURE PA RECHERCHES SUR LES ALTÉRATIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE ET DES NERFS DU MOIGNON CHEZ LES AMPUTÉS D’ANCIENNE DATE (1) Note présentée à la Société de Biologie, séance du 27 juillet, Par J. DÉJÉRINE et A. MAYOR Internes des hôpitaux. Quoique ce ne soit que dans ces dernières années, à la suite des travaux récents sur l'anatomie pathologique des affections médul- laires, que l’étude des altérations de la moelle consécutives aux amputations ait acquis toute son importance, les lésigns du sys- tème nerveux, qui résultent de l’ablation d’un membre, avaient dès longtemps fixé l'attention des observateurs. Déjà, en 1829, Berond, faisant l’autopsie d’un soldat amputé du bras après la ba- taille de Waterloo, remarquait que les racines nerveuses du côté correspondant avaient subi une atrophie manifeste. Plus tard, Lockart Clarke, s’aidant du microscope, cherchait s’il y avait quel- que analogie entre les lésions qu’il remarquait dans les moelles d’amputés, et celles qu’il avait découvertes dans les moelles des malades atteints d’atrophie musculaire. Ces ilots de désintégra- (1) Travail du laboratoire de M. Vulpian. BAS tion granuleuse, qu'il avait décrits dans cette dernière maladie, il ne les retrouvait point dans la substance grise médullaire des malades qui avaient subi des amputations depuis un long temps. En 1868 (1), M. Vulpian publie, dans les ARCHIVES DE PHYSIO- LOGIE, deux cas d’amputation de la jambe, l’une datant de 47 ans, l’autre de 20 ans, dans lesquels il avait examiné les lésions du système nerveux. Dans ces deux cas, il y a diminution de volume dans le côté correspondant de la moelle. Cette diminution porte surtout sur les faisceaux antérieurs et la substance grise. Il n’y a pas de lésions appréciables des racines nerveuses; et, quant aux cellules des cornes antérieures, elles ne semblent nullement alté- rées. Quelque temps après (nov. 1868), M. Dickson (2) publie les résultats de l'examen des ner's et de la moelle de quatre individus amputés dès longtemps (22 à 53 ans). Dans le premier cas, le nerf du moignon a seul été examiné ; on y a remarqué une srande di- minution du nombre des fibres nerveuses. Dans le deuxième cas, les lésions du nerf sont les mêmes, à peine peut-on reconnaître sa structure. Dans les trois cas où la moelle a été étudiée, il y avait amaigrissement du côté correspondant à l’ablation du membre. Mais, ce qui paraît avoir surtout frappé M. Dickson, ce sont les altérations de la partie postérieure de la moelle : faisceaux posté- rieurs et, dans un cas, racines postérieures. Dans cette dernière observation, les racines étaient altérées aussi, dit-il, mais fort peu. Dans ces trois cas, enfin, la substance grise était diminuée de vo- lume, mais sans que les cellules nerveuses parusssent atteintes. M. Vulpian (5), dans un travail publié en 1869 dans les ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, analyse les cas de Dickson et les compare aux observations qu’il a publiées précédemment et à de nouvelles ob- servations, dont les résultats sont confirmés par l’expérimentation. Il résulte de ce travail de M. Vulpian que, dans les cas d’amputa- tion datant de quelque temps, si l’on n’observe pas de lésions des racines nerveuses, on remarque par contre une diminution évi- dente de la moelle du côté correspondant à l’opération. Cette diminution de volume porte aussi bien sur la substance grise que sur la substance blanche; mais elle semble prédominer dans (1) ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, 1868, p. 443-447. (2) On the changes in the nervous system which foltow the ampu- tation of limbs. (JourNaL or Anar. an Pays., by G. M. Humping and W. Turner. Nov. 1868, p. 8 et suiv.) (3) Sur les modifications qui se produisent dans la moelle épinière sous l’influence de la section des nerfs d’un membre. (ARCH. DE pHys. NORMALE ET PATHOL, 1869, p. 675 et suiv.) 5e les régions postérieures. Enfin, si les cellules nerveuses ne sem- blent pas avoir diminué de nombre, il n’en est pas de même des tubes ; la disparition ou l’amaigrissement d’un certain nombre d’entre eux semble être la cause de l’affaissement d’un côté de la moelle. La névroglie ne paraît pas irritée. Si elle semble plus abon- dante du côté de la lésion, c’est probablement parce que ses mailles ne sont plus toutes occupées par des tubes nerveux. Quant à la cause de la diminution du nombre de ceux-ci, M. Vulpian refuse absolument l’explication de Dickson, qui est basée sur l’hypo- thèse d’une dégénération ascendante. Il admet, au contraire, qu’il y 2 atrophie et disparition des tubes nerveux par défaut d'usage. Il ajoute cependant que l’on pourrait peut-être invoquer aussi une sorte de retentissement sur la moelle, de l’irritation, dont est le siége l'extrémité du nerf sectionné. Les conclusions de M. Vulpian et de Dickson ont été attaquées par Flechsig, qui, se basant sur une étude du développement de la moelle, a prétendu que ces ob- servateurs avaient été induits en erreur par l’existence fortuite, du côté correspondant à l’amputation, d’une snomalie de volume congénitale de la moelle. M. Pierret a fait justice de cette opinion, en faisant remarquer que, d’une part, l'objection n’était valable que pour ce qui est des amputations du membre supérieur, et que, d'autre part, cette coïncidence constante était bien peu pro- bable, si l’on réfléchit au nombre déjà important d'observations constatées sur l’homme, et surtout à celui des cas expérimentaux. D'un autre côté, M. Hayem (1), tout en confirmant ces remar- ques des auteurs précédents sur les lésions médullaires, apportait des documents nouveaux à l’étude des altérations des nerfs dans les cas d’amputation ancienne. Il y a, pour lui, dans les nerfs du moignon, augmentation du tissu conjonctif, endartérite totale lé- gère et régénération des fibres nerveuses. D'où l'existence, dans le névrome terminal, d’une quantité de fibres de Remak et de tubes minces. M. Hayem s'appuie, pour considérer les tubes minces comme étant en voie de régénération, sur la présence d’une plus grande quantité d'éléments nerveux dans le nerf malade que dans le nerf du côté sain. Il fait remarquer aussi que, plus on remonte sur le trajet du nerf, plus on trouve de tubes sains, répondant sans doute aux parties conservées du membre. Enfin, dans les Arcxives de Virchow, de 1876, nous trouvons les Cm ns (1) Lésions des nerfs des membres consécutives à l’amputation. (BuzLerins D£ LA SOCIÉTÉ ANATOMIQUE, 9° série, t. X, p. 684, et 1. [, p. 230.) MÉM. 1878. SPORE résultats de l'examen de la moelle d’un homme, amputé de cuisse au tiers inférieur, trente ans avant sa mort. Dans ce cas, observé par M. Genzmer, il y a atrophie de la moitié correspondante de la moelle. Mais cette diminution de volume semble porter sur Ja substance grise, et elle s'accompagne de la diminution du nombre des cellules nerveuses des cornes antérieures, sans que les cellules restantes paraissent en voie d’altération. Quelques-unes d’entre elles étaient cependant diminuées de volume. — En recherchant quelle peut être la cause de cette lésion, l’auteur la trouve assez naturelle : « Le fait, dit-il, est en rapport avec ce que l’on sait sur les altérations des nerfs sectionnés, dans lesquels ce n’est pas seu- lement le bout périphérique qui s’atrophie, mais aussi le bout cen- tral. L’atrophie suit aussi bien une marche centripète, jusqu'à l’or- gane central, et aux cellules rendues inactives par leur séparation d'avec les organes terminaux périphériques de leurs nerfs.» Le fait ne nous semble point si naturel, étant donné, ce que M. Genzmer semble oublier complétement, que l’atrophie du bout central d’un nerf sectionné est d’une nature toute différente de celle qui résulte du processus irritatif, qui prend naissance dans le bout périphé- rique. En même temps qu’il publie les résultats de son observation, M. Genzmer cite un cas-observé par Dickson, dans lequel il y avait diminution de nombre et altération de structure des cellules ner- veuses du côté correspondant à l’amputation. Si nous comparons les faits observés par Les différents auteurs, dont nous venons de parler, nous remarquons que, pour tous, l’ex- trémité du nerf sectionné dans l’amputation est profondément al- térée. Ce n’est, au contraire, que dans quelques cas, fort rares que l’on voit notée une altération des racines nerveuses correspondan- tes au membre absent (Dickson, 1 cas; Genzmer). Du reste, dans tous ces travaux, l’état des racines n’a été constaté qu’à l’œil nu. Pour ce qui est de la moelle, tout le monde est d'accord; il y a diminution de volume du côté correspondant à l’amputation. Pour tout le monde aussi, la substance grise est amaigrie. Maïs ce n’est que dans quelques cas, fort rares, que l’on note une diminution du nombre des cellules (Dickson, Genzmer). Enfin, les cordons blancs sont diminués de volume, sans qu'il y ait là, pas plus que dans la substance grise, la moindre trace d’un travail inflamma- toire. L’atrophie semble varier, comme intensité, avec l’âge au- quel a été pratiquée l’amputation. Dans quelques cas (Dickson, Vulpian), on la voit remonter jusqu'aux pyramides postérieures; mais qu ne l’a jamais suivie plus loin, => 27 == Les recherches auxquelles nous nous sommes livrés, depuis plu- sieurs années, dans le laboratoire de M. le professeur Vulpian, sur ce point particulier de l’anatomie pathologique des centres ner- veux, ont porté, non-seulement sur l’état de la moelle épinière, mais encore, et surtout, sur l’état des nerfs du moignon. Nos ré- sultats, quoique confirmatifs, en général, de ceux des auteurs que nous venons de citer, en diffèrent assez, quant à certains points, pour que nous croyions devoir les publier. Nos examens ont porté sur la moelle épinière et les nerfs du moigsnon, dans huit cas d’amputation de date plus ou moins an- ciennce; ce sont : 1° quatre cas d’amputation de cuisse datant de 47, 22, 93 et 30 ans ; 2 un cas de désarticulation de l’épaule, da- tant de 40 ans (service de M. Charcot) ; 3° deux cas d’amputation de jambe au tiers supérieur, datant de 4 à 9 ans; 4° un cas d’am- tation de l’avant-bras, au tiers supérieur, datant de 5 ans. Voici ce que nous avons observé du côté de la moelle épinière. Dans tous les cas la diminution de volume, du côté correspondant à l’amputation, était très-manifeste, et d'autant plus accusée, que l’amputation était de date plus ancienne. Cette diminution de volume portait également sur toutes les parties constituantes de la moelle épinière (substance grise et substance blanche). Dans la substance blanche, elle ne nous à jamais paru plus marquée dans les cordons postérieurs que dans les cordons antéro-latéraux. La diminution portait d’une façon uniforme sur ces régions de la moelle. Pour ce qui est de la substance grise, il en était également de même; en ce sens, que les cornes postérieures étaient aussi bien diminuées de volume que les cornes antérieures. Ces altéra- tions, visibles à l’œil nu, étaient d’autant plus prononcées que l’'amputation était de date plus ancienne. Le microscope, tout en confirmant les résultats précédents, nous a donné des renseignements plus précis sur la nature de l’aliéra- tion que nous observions à l’œil nu. La substance blanche, à part la diminution de volume, s’est toujours présentée avec ses carac- tères normaux. Les tubes nerveux présentaient leur structure habituelle ; peut-être étaient-ils, individuellement, un peu moins volumineux. Mais, en tous cas, ils n’offraient aucune altération anatomique appréciable. Tous étaient munis de leur cylindre-axe, parfaitement coloré par le carmin. La névroglie se présentait éga- salement dans un état d’intégrité remarquable. Sur les coupes de la moelle, la coloration n’était pas plus intense du côté corres- pondant à l’'amputation que du côté sain. Les noyaux de la névro- glie n'étaient pas plus nombreux, les fibrilles pas plus épaisses ee DR que d'habitude. En un mot, il n’y avait pas trace de processus ir- ritatif. Même dans ce cas (amputation datant de trente ans), où la diminution de yolume unilatérale était partout à un degré tel que, sur une coupe, la surface du côté correspondant à l’amputation était moins considérable d’un tiers que celle du côté sain ; nous n'avons cependant pu constater la moindre altération de la névro- glie. Ce que nous venons de dire, quant à la structure de la sub- tance blanche, s'applique également à la substance grise, avec quelques réserves cependant. En général, nous n’avons pas cons- taté, d’une façon nette, une diminution appréciable dans le nom- bre des cellules des cornes antérieures du côté atrophié. L'on sait, du reste, combien il est difficile de faire une numération exacte de ces éléments, dont le nombre, même sur les moeiles saines, n’est jamais rigoureusement égul d’un côté à l’autre. Cependant, dans un cas (amputation de cuisse datant de trente ans), nous avons constaté très-nettement à la partie moyenne du renflement lom- baire, sur une hauteur d’un centimètre environ, une diminution évidente du nombre des cellules. Ces éléments étaient, au moins, d’un tiers moins nombreux dans le côté atrophié, et cette dimi- nution de nombre, qui portait sur les trois groupes de la corne antérieure, atteignait principalement le groupe antéro-interne, qui n’était plus représenté que par une ou deux cellules. Quant à la névroglie, elle n’était pas plus altérée dans la substance grise que dans la substance blanche. Le canal central et les vaisseaux de la moelle n’ont jamais offert de modifications appréciables. L'atrophie remontait plus ou moins haut dans la moelle, en s’at- ténuant progressivement. ÉTAT DES RACINES. — Si les résultats, pour ce qui est de la moelle épinière, sont absolument positifs, et d’une évidence telle, qu’ils pourraient convaincre l'observateur le moins exercé, il en est tout autrement de ceux que fournit l’examen des racines. Tout d’a- bord, à l'œil nu, même dans les cas trés-anciens, nous n’avons pas observé d’atrophie nette des racines, tant antérieures que pos- térieures. Dans un cas (amputation de l’avant-bras) où les racines paraissaient avoir subi une légère diminution de volume, l’exa- men microscopique ne nous à pas confirmé dans l’idée d’une alté- ration réelle. Dans les cinq cas où nous avons examiné les racines à l’état frais, et après action de l’acide osmique et du picro-car- min, nous n'avons constaté aucune altération appréciable, ni du côté des tubes nerveux, ni du côté du tissu conjonctif intertubu- laire. Ces résultats, comme nous allons le voir, sont bien différents SE HBQUES de ceux fournis par l’examen des nerfs du moïignon. Ces der- niers ont été examinés, dans un certain nombre de cas, à l’état frais: dans d’autres cas, après durcissement dans l’acide chro- mique. Disons tout d’abord, que nous avons eu l’occasion de vérifier une fois de plus ce fait, actuellement admis généralement, du reste, que l’altération du bout central d’un nerf sectionné est ab- solument différente, dès le début, de celle qui atteint le bout pé- riphérique. Nous avons examiné, à l’état frais, après action de l'a- cide osmique et du picro-carmin, le nerf poplité interne d’un ma- lade, mort dans le service de M. Le Dentu, sept ans après une double amputation de jambe; l’extrémité même du nerf offrait bien, il est vrai, une altération marquée : gonflement du tuhe ner- veux, segmentation de la myéline; mais, à 1 ou 2 millimètres (au maximum) du point de section, les fibres nerveuses se montraient dans un état d’intégrité parfaite. Quant aux autres cas, nous n’a- vons pas l'intention de décrire, d’une façon détaillée, les altéra- tions microscopiques que l’on observe dans les nerfs des moignons d’amputés. Ces extrémités nerveuses, renflées en massue et adhéren- tes à la cicatrice, ont reçu, comme on le sait, le nom impropre de névrome terminal. Voici les résultats fournis par l’examen à l’état frais. Des fragments des nerfs, pris au niveau de leurs renfiements terminaux, et traités par l’acide osmique, nous ont montré les al- térations suivantes : Tout d’abord, on est frappé du peu d’action colorante qu’a le réactif, sur cette partie du nerf. Ce qui fait sup- poser que les tubes à myéline, si tant est qu’ils existent, doivent y être très peu nombreux. Après une dissociation, rendue difficile par l’existence du tissu conjonctif interstitiel, si l’on examine les préparations colorées par le picro-carmin, voici ce qu’on observe : c’est à peine si quelques tubes à myéline, très-amincis, sillonnent la préparation, qui renferme, presque exclusivement, des gaînes vides et des fibres de tissu conjonctif. Ces gaînes, accolées les unes aux autres, sont réunies en faisceaux, entourés par le tissu conjonctif engaînant. Les faisceaux sont unis entre eux par le tissu conjonctif péri-fasciculaire, fortement hyperplasié. Isolées, les gaînes se présentent sous forme de tubes, à parois minces, plis- sées longitudinalement, et pouvant alors simuler de simples fila- ments aplatis. Les parois sont amorphes, transparentes. Sous l’in- fluence du picro-carmin, elles prènnent une teinte légèrement jau- nâtre. Elles contiennent dans leur intérieur de nombreux noyaux, à grand axe longitudinal, qui, par leur présence, maintiennent plus ou moins écartées les parois de la gaîne. Ces noyaux sont assez 0) régulièrement équidistants les uns des autres (1/15 de millimètre en moyenne). A cette période de leur atrophie, les nerfs se trouvent donc res- sembler tout autant à des fibres arrivées à un degré ultime de dé- génération, après qu’elles auraient été séparées de centre trophique, qu’à des nerfs en voie de développement, tels qu'on peut les ob- server, par exemple, chez le fœtus vers le quatrième ou cinquième mois de la vie intrautérine. Les rares tubes à myéline que l’on observe au milieu de ces gaînes, ont leur structure normale; mais ils n’ont pas leur volume habituel. Trés-grêles, ils sont absolument semblables aux tubes minces à double contour que l’on observe, en plus ou moins grand nombre, dans tous les troncs nerveux. Cette altération du renflement terminal, qui est donc constituée par une atrophie des tubes nerveux marchant de pairavec une hy- perplasie connective, remonte plus ou moins haut dans le nerf, suivant les cas, mais présente ce caractère important, qu’elle di- minue rapidement à mesure qu'on s'éloigne de la cicatrice. On voit alors le nombre des gaînes vides diminuer, celui des tubes à myéline augmenter; en même temps apparaissent des tubes larges, en quantité de plus en plus grande. Vient-on à examiner une par- tie du nerf trés-éloigné de la cicatrice, on ne trouve plus d’altéra- tion appréciable, soit du côté des tubes nerveux, soit du côté du tissu conjonctif interstitiel. Ces altérations de l’extrémité du nerf sont, il est inutile de le dire, d'autant plus marquées que l’amputation est de date plus ancienne. Elles sont également trés-faciles à constater sur des coupes transversales, après durcissement dans l’acide chromique. On observe alors, outre un léger degré de névrite interstitielle, les mêmes phénomènes que l’on remarque à l’état frais : à savoir, dans chaque faisceau de tubes nerveux, un très-petit nombre d’entre eux seulement ayant conservé leur cylindre axe; le reste n’est plus représenté que par des gaînes vides, fortement colorées par le carmin. Le nombre de ces gaînes diminuait à mesure que l'on observait des parties plus éloignées de la cicatrice. Cet état anato- mique avait déjà été signalé par l’un de nous, en 1875 (1), dans un travail sur les altérations des nerfs consécutives à leur section. En résumé, les altérations du nerf sectionné par l’amputation nous semble consister en un état d’atrophie des tubes nerveux qui diminue peu à peu à mesure que l'on se rapproche de la (1) Cosny et Déjérine, ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE, 1876, p. 581 et 582, | LT moelle, et disparaît entièrement à une certaine distance de la ci- catrice. Quelle est la nature de cette alteration ? Les gaines vides, qui constituent presque à elles seules l’élément nerveux du renflement terminal, sont-elles, comme le croit M. Hayem, l'indice d’une néoformation de tubes nerveux? Ne sont-elles, au contraire, que les vestiges d’anciens nerfs, se distribuant aux parties du membre enlevé par l’amputation, et arrivés au degré ultime de l’atrophie ? C’est cette dernière hypothèse qui nous paraît le mieux rendre compte des faits observés. En effet, s’il s'agissait d’une régénéra- tion de tubes nerveux, on devrait voir ces derniers arriver graduel- lement à l’état adulte, en passant par les différentes phases de leur développement. Par conséquent, on devrait trouver d'autant plus de tubes en voie de régénération, que l’amputationest de date plus ancienne. Or, c’est l'inverse que l’on observe; car, comme nous l'avons dit plus haut, dans les examens que nous avons faits, nous avons toujours constaté un nombre d’autant plus considérable de gaînes vides, que l’amputation datait d’un plus long temps. En résumé, l’altération du nerf du moignon consiste pour nous en une atrophie simple des tubes nerveux, atrophie due à l'inertie fonctionnelle qui résulte nécessairement de l’ablation des parties auxquelles ils se distribuaient. L’on doit donc considérer, à notre avis, le travail atrophique qui. se passe dans le nerf du moignon d’un amputé comme absolu- ment semblable, quant à sa nature, à celui qu’admet M. le profes- seur Vulpian, pour expliquer la diminution de volume de la moelle chez les mêmes malades. Pour les nerfs, comme pour la moelle, l'opinion de M. Vulpian nous paraît être de beaucoup celle qu? l'étude des faits justifie le mieux. Ce qui est spécial au nerf, c'est qu'au processus atrophique se joint un léger degré de névrite interstitielle. De l'exposé des recherches qui précédent, il ressort clairement, comme cela avait été indiqué, du reste, par les auteurs qui se sont occupés de la question, qu'il y a chez les amputés une diminution de la moelle du côté correspondant au membre absent. Il en ré- sulte aussi que chez ces malades il y à des altérations des nerfs du moignon, qui ne remontent pas cependant jusqu’à la moelle épi- nière. Ces faits sont importants à noter et à opposer à certains faits de névrite ascendante ou soi-disant tels. En effet, à ne con- sidérer d’une part que l’altération des nerfs du moignon, et d'autre part l’atrophie de la moelle épinière du côté correspondant, on pourrait croire, au premier abord, qu’il s’agit là d’une altération = % = de nature irritative, remontant le long du nerf jusqu’à la moelle. Ce serait donc une altération analogue à celle que Friedreich (4) a imaginée pour expliquer les lésions de la moelle épinière que l’on trouve dans l’atrophie musculaire d’Aran-Duchenne. On sait que cet auteur admet, à priori, que cette dernière aflection est de cause périphérique, et que les altérations constatées du côté de la moelle épinière ne sont que la conséquence de la propagation de l’inflammation chronique des muscles au système nerveux. Sans vouloir discuter ici cette question, et montrer ce qu’il y à d’hypothétique et de peu conforme à la réalité des faits dans l’ex- plication proposée par Friedreich, nous ferons remarquer que, dans les cas que nous venons d'étudier, il ne saurait être question d’un processus analogue. En effet, les altérations des nerfs du moi- gnon disparaissent avant d'arriver à la moelle, ce que démontre pé- remptoirement l’examen des racines rachidiennes ; on ne peut donc admettre la transmission directe à celle-ci d’une irritation née au niveau de la cicatrice, et s'étant propagée le long du cordon ner- veux. L’examen de la moelle, même dans les cas où les cellules nerveuses étaient diminuées de nombre, n’a jamais dénoté l’exis- tence d’un travail inflammatoire. Comme nous le disions plus haut, nous croyons donc, avec M. Vulpian, que les altérations de la moelle épinière que l’on ob- serve chez les amputés sont d’origine purement fonctionnelle, qu’elles sont la conséquence de la suppression d’un membre, et non de la transmission d’un processus irritatif quelconque. (1) Ueber progressive müskelatrophie, über wahre une‘falsche müskelhypertrophie. Berlin, 1874. (An. in R. des Sc. med, 1875.) DE L'INFLUENCE DÜ MOUVEMENT ET DU REPOS DANS LES PHÉNOMÈNES DE LA VIE Noto communiquée à la Société de Piologie, séance du 26 janvier 1878, PAR M. le docteur Alexis HORVATIH {de Kief.) Quand on a eu reconnu que la multiplication des bactéries, dans les organes de l’homme et des animaux, provoquait chez eux des maladies et la mort, il 4 paru très-naturel d'introduire, pour l'étude de ces phénomènes, des bactéries vivantes dans le sang des animaux, afin d'observer les affections auxquelles elles pouvaient donner lieu. Au grand étonnement des expérimentateurs, les bactéries in- Jectées diversement dans les artères ou les veines d’un animal, ne provoquaient souvent, chez lui, ni les maladies attendues, ni inmême aucun malaise. Bien plus, les bactéries injectées ne pou- vaient plus être retrouvées dans le sang des vaisseaux dans les- quels elles avaient été introduites en quantité considérable. Un autre fait concernant l’état des bactéries dans les artères, non moins étrange que le premier, mérite d'être cité : c’est que chez les animaux tués par les bactéries, ces petits organismes se trouvent, comme l’autopsie le démontre, principalement dans les vaisseaux lymphatiques et jamais dans les grosses artères, quoi- que le besoin d'oxygène, si nécessaire au développement des bac- mMÉéM, 1878. 6) HAE téries, dût plutôt être satisfait dans les artères que dansfles vais- seaux lvmphatiques. Les bactéries semblent éviter les artères. Après avoir réfléchi souvent sur les causes pour lesquelles les bactéries ne se développaient jamais dans les artères, même dans le cas où elles avaient été injectées directement dans ces vaisseaux, je ne pouvais, plus que les autres expérimentateurs, donner une explication de ce fait. C’est en observant, pendant un voyage, un ruisseau dans lequel on ne voyait ni plantes ni animaux, et en me demandant pour- quoi ce ruisseau, qui semblait posséder toutes les conditions né- cessaires pour le developpement des êtres vivants, en était dé- pourvu, que m'est venue une pensée qui semblait pouvoir expli- quer ce fait aussi bien que celui de la disparition des bactéries injectées dans les artères, et, plus tard, disparues deces vaisseaux. Je me suis dit qu'en admettant que, pour leur développement ou pour la multiplication vitale des éléments qui les constituent, les êtres vivants ont besoin d’un certain repos, bien des choses te- nues jusqu'ici pour inexplicables pourraient être expliquées. Sachant que toute hypothèse, quelque bonne qu’elle soit en ap- parence, doit, pour obtenir de la valeur, être d’abord prouvée, j'ai tenté de la démontrer expérimentalerment. Le fait que les œufs transportés sur des chariots à une certaine distance perdent la faculté de produire des poulets, m'était fort connu, néanmoins je ne pouvais l'utiliser, et devais renoncer de prendre les œufs comme sujet de mes expériences pour les raisons suivantes : Les œufs fraîchement pondus, par des raisons en partie con- nues (1), en partie inconnues, n'étant pas tous capables de pro- duire des poulets, ne laissent d'aucune façon reconnaître cette ca- pacité ; en effet, si, au moyen de secousses mécaniques, on pou- vait parvenir à détruire, dans un œuf, la faculté qu’à l’em- bryon de se développer, on ne pouvait jamais être sûr que cet œuf, avant l'expérience, possédât certainement cette faculté de déve- loppement. Vu la délicatesse de l'embryon, il serait toujours très-difficile d'éviter des déchirures et des lésions mécaniques de l'embryon (qui est si délicat), ou, du moins, d'éviter l’objection que ce n’est pas le manque de repos, mais les lésions mécaniques produites (1) Quand les œufs ne sont pas fécondés par le liquide séminal. Re par le mouvement exercé sur l'œuf qui ont déterminé Ia non fé- condité de l'œuf. Si, enfin, On parvenait, au moyen de secousses mécaniques, non à anéantir, mais seulement à ralentir le développement des œufs, alors les difficultés qui se présentent pour démontrer ce ralentis- sement (surtout s’il n’est pas considérable) semblent être, pour le moment, presque insurmontables. J'ai cité ici avec intention les quelques inconvénients que pré- sentent les œufs de poule pour la preuve et la démonstration dela justesse de l’hypothèse que le repos est nécessaire au développe- ment des êtres vivants, parce que les autres organismes auxquels J'ai pensé, comme les cellules des différentes levûres, les infu- soires, les semences des plantes, etc., offrent, plus ou moins, les mêmes inconvénients que les œufs de poule. En énonçant les difficultés que présentent les œufs de pou- le,etc., je voulais aussi démontrer les raisons du choix de l’orga- nisme dont Je me suis servi. Après mûres réflexions, J'ai choisi comme objet de mes expé- riences les bactéries, pour les raisons suivantes : Les bactéries, une fois placées dans de bonnes conditions de nutrition et de température, se multiplient d’une manière plus rapide qu'aucun être vivant. Cette multiplication qui, chez d’autres êtres, présente souvent tant d’inconvénients pour être constatée, chez les bactéries, au contraire, se laisse reconnaitre d'une manière aussi simple qu’exacte (1). Enfin, vu la petitesse des hactéries et l’élasticité qu’on leur at- tribue, la probabilité d’une lésion mécanique de ces êtres par le ——_— ———_—_—_— (1) Si, dans un liquide apte au développement des bactéries, ces êtres se développent, on voit, à un certain moment, le liquide qui, au com- mencement de l'expérience, était clair et limpide, devenir trouble et laiteux ; il donne alors, quand on le remue, des nuages caractéristiques de bactéries, qui ne disparaissent pas même par l'effet d’une agitation continue du liquide, et même ce nuage se fait quand il n’y a pas en- core de sédiments de bactéries. Ce symptôme, qui caractérise le développement des bactéries, a été si souvent vérifié par des savants illustres, que cette méthode mainte= nant est admise et reçue par tout le monde, de manière qu’on peut dé- terminer la présence des bactéries daus les liquides nutritifs d'aprés les nuages caractéristiques d’une manière souvent plus sûre qu’on ne peut le faire à l’aide d’un mauvais microscope. F— EN 70 mouvement, sera réduite au minimum, circonstance qui est tout autre chez les autres êtres vivants. En 1875, j'ai fait quelques expériences dans le laboratoire de M. de Barv. Avant attaché des tubes avec un liquide contenant des bactéries à la roue d’une pendule, les bactéries se sont multipliées malgré ce mouvement. Voyant que la cause de cette multiplication des bactéries résidait principalement dans le manque d’une agitation suffisante, J'ai cherché une machine au moyen de laquelle on pouvait remuer les bactéries à la main. A cette époque, la maladie me força de renoncer à mettre à l'épreuve mon idée pour longtemps. C’est dans le laboratoire de M. Claude Bernard, au Muséum d'histoire naturelle, que j'ai trouvé la machine nécessaire pour re- muer les bactéries, que J'ai pu, enfin, mettre à l'essai l’idée qui, depuis longtemps, me préoccupait, d'autant plus que les savants comme Fick, de Bary et tant d’autres auxquels je l'avais commu- niquée, l’approuvaient, ainsi que le procédé par lequel je cherchais à la vérifier. Pour donner le moyen de mieux juger les résultats de mes ex- périences, je crois utile de donner ici une description du procédé par lequel ces résultats ont été obtenus. Comme liquide pour le développement des bactéries, j'ai tou- jours employé la solution suivante : Eau distillée.......… LATE Rs LOS EPS en Sel neutre de tartrate d’ammoniaque...... 10 gr. Sel acide de phosphate de potasse......... 5 Sulfaietdletnmaenestense EDEN CET) GHorurelde calme MP RME RE CErRSRSSN 2 Cette solution, qui, par précaution, fut bouillie et filtrée, était entièrement limpide. A cette solution, après l'avoir refroïidie à la température du labo- ratoire, on ajoutait, un instant avant l'expérience, quelques gouttes de liquide contenant des bactéries qui étaient en plein développe- ment, et qui avaient été préalablement cultivées dans une solu- tion nutritive de la même composition chimique que celle dans laquelle elles viennent d’étre ajoutées. Ces quelques gouttes de liquide contenant des bactéries ayant été bien remuées avec plus d'un demi-litre de solution nutritive, n’aitaquaient pas la limpidité du liquide qui restait toujours clair: Cx liquide nutritif contenant des bacteries fut distribué dans =" = des tubes en verre expressément préparés de la manière suivante : Des tubes en verre ayant jusqu’à 20 centimètres de longueur et 9 centimètres de diamètre environ furent fermés à leurs deux ex- trémités comme le sont les tubes d'expériences chimiques, arron- dis par un de leurs bouts. Vers le milieu de ce tube, on perça dans la paroi un petit trou d'environ un derri-millimêtre de diamètre. Ces tubes, lavés et nettoyés proprement pendant leur préparation, furent par précau- tion encore purifiés par la calcination. C’est par le petit trou percé dans la paroï du tube que fut intro- duit, le remplissant jusqu’à moitié de son volume, le liquide contenant des bactéries. L'autre moitié du tube restait remplie d'air et procurait ainsi l'oxygène nécessaire au développement des bactéries. Les tubes une fois remplis moitié de liquide, moitié d'air, les trous furent bouchés hermétiquement au moyen d’une plaque en caoutchouc, qui extérieurement fut pressée par une petite boule de cire, laquelle à son tour fut serrée par des bandelettes de caout- chouc et de ficelles, de manière à fermer le trou aussi hermétique- ment que possible. Ces tubes, pour être remués avec le liquide qu'ils contenaient, furent attachés horizontalement à une planche, qui, au moyen d'une machine qui, par minute, faisait 100 à 110 mouvements horizontaux de va et vient d’une amplitude de 25 centimètres et recevait à la fin de chaque mouvement une nouvelle secousse. Ces mouvements provoquaient dans les tubes une agitation sem- blable à celle aw’on obtient ordinairement dans les tubes d’expé- riences, à moitié remplis de liquide et d’air, bouchés avec le doigt et qu’on secoue fortement à la maiu. Les tubes soumis à cette espèce de secousse mécanique furent maintenus à la température qui convient au développement des bactéries. Pour contrôler l'expérience et surtout pour avoir une preuve que les bactéries, au moment où on les mettait en expérience, possé- daient la faculté de se multiplier, on tenait en repos chaque fois quelques tubes remplis avec le même liquide et fermés de l1 même manière que les tubes remués; en un mot, dans les mêmes condi- tions de température, etc., sauf qu'ils étaient tenus en repos. Je me suis dit que si les bactéries, malgré leur prodigieuse fa- culté de se multiplier, peuvent être arrêtées dans leur développe- ruent par des mouvemerts continus, il serait démontré que le dé- veloppement de ces êtres exige un certain repos. = 0e Au moyen du procédé décrit, je sonmets deux tubesavec des bac- téries à l'agitation continue, et deux autres tubes contenant le même liquide, etc., sont laissés sans mouvement. La température à laquelle sont soumis ces quatre tubes varie pendant toute la du- rée de l'expérience entre 249 et 36° centicrades et la variation est toujours égale pour tous les quatre tubes. Après vinat-quatre heures d’expérience, les deux tubes remués sont restés limpides, tandis que dans les deux tubes qui sont en re- pos le trouble survenu dans le liquide démontre le développement énergique des bactéries. Ensuite, j'ai voulu savoir si les bactéries remuées et qui n’ont pas montré de multiplication étaient encore capables de se multi- plier, sion les tenait en repos et dans une température conve- nable. Pour cela, J'ai soumis sans y rien changer les deux tubes, qui, remués pendant vingt-quatre heures, sont restés clairs et lim pides, à une température de 25° à 30° c., en les mettant dans une étuve. Aprés vingt-huit heures de séjour dans l’étuve, le liquide des deux tubes est devenu trouble. Ce liquide trouble, examiné au microscope, présente une quan- tité considérable de bacterium termo et bacterium baccilus (de Cohn). | Par ces expériences, on voit que le mouvement n’anéantit pas pour toujours chez les bactéries le pouvoir de se multiplier; on peut donc penser que le développement est seulement entravé par le mouvement et non détruit, et que, si on continuait de remuer les bactéries, on pourrait peut-être, quoique un peu plus tard, ob- tenir le trouble du liquide, malgré l'agitation. Dans ce but, j'instituai de nouvelles expériences. Trois tubes, avec des bactéries, sont agités avec la machine, et quatre autres tubes, contenant le même liquide, sont tenus en repos. La température à laquelle sont soumis les sept tubes pendant toute la durée de l'expérience varie entre 30° et 36° centigr. Après vinot-quatre heures d'expérience, les tubes remués sont restés, comine la première fois, limpides, tandis que les tubes te- nus en repos montraient des nuages caractéristiques de la présence des bactéries. Evo continuant l'expérience, les tubes remués sont restés clairs et limpides après quarante-huit heures de secousses continues et les tubes tenus en repos sont devenus encore plus troubles — laiteux. Pour savoir si les bactéries remuées pendant quarante-huit 00e heures possèdent encore la faculté de se multiplier, deux des tubes remués pendant quarante-huit heures, qui n’ont montré aucun développement de bactéries, sont aussitôt après l’arrêt de la ma- chine mis dans l’étuve. Tenus en repos dans l’étuve pendant plus de deux fois vinot- quatre heures, à une température de 25° à 30° c., ces deux tubes sont restés limpides comme ils l’étaient au commencement de l'expérience. Par conséquent, les bactéries contenues dans ces tu- bes ont perdu la faculté de se multiplier. Ces expériences très-simples montrent que le développement des bactéries placées dans les meilleures conditions de multipli- cation, est entravé par le mouvement, tout le temps que les bac- téries sont remuées et que l'agitation prolongée davantage fait ensuite perdre aux bactéries la faculté de se multiplier même lorsqu'elles sont placées au repos. Les résultats sont d'autant plus significatifs, qu’en choisissant les bactéries pour démontrer que le repos est nécessaire au déve- loppement des êtres vivants, j'ai mis de côté toutes les données vagues concernant les bactéries, et choisi seulement les résultats positifs, à savoir : le fait que les bactéries vivantes placées dans la solution nutritive (dont la composition chimique est donnée plus haut) se développent toujours si on les maintient en présence de l'oxygène à une température convenable (environ 30° c.), et cet autre fait, que les bactéries, en se multipliant dans le liquide énoncé, troublent ce liquide. Les observations que les bactéries se multiplient ou non, sui- vant que l’agitation à laquelle on les soumet est forte ou faible (1), prouvent qu’un faible degré d’agitation du milieu dans lequel elles se trouvent n’est pas incompatible avec le développement des êtres vivants. L'influence du mouvement et du repos sur le développement des bactéries me semble pouvoir s’attribuer, dans une certaine me- sure, à tous les êtres vivants en générai; les faits relatifs au dé- veloppement des bactéries ne sont que la première preuve expé- rimentale d’une loi générale de la nature. Trouver le mode d'intensité du mouvement qui influence le dé- veloppement des différents êtres vivants, tel est le problème qui reste à résoudre. Si, dès le début de mes recherches, j'ai rejeté les différentes (4) Dans mes expériences, en 1875, où, malgré le mouvement de la pendule, les bactéries se sont multipliées. UD Eee levûres, infusoires, etc., comme étant peu favorables pour démon- trer nettement l'existence d’une nouvelle loi alors hypothétique, ces êtres peuvent et doivent être étudiés, afin de rechercher chez eux la confirmation de cette loi démontrée déjà pour les bacté- rics. Le fait établi que les bactéries ne se développent pas dans un milieu agité peut servir à donner une explication, sinon suffi- sante sous tous les rapports, au moins vraisemblable de cet autre fait, que les bactéries ne se multiplient pas dans les grosses artères des animaux vivants. Si, dans un endroit quelconque, il existe de l’air, de la lumière, de la chaleur et quelques substances nutritives, on peut dire, d’une manière certaine, que dans ce milieu les êtres vivants peuvent prospérer ; et, inversement, si quelque part les êtres vivants pros- pérent, on peut affirmer d’une manière positive l’existence des conditions énoncées ci-dessus. Les êtres vivants ne ponvant prospérer en dehors de ces condi- tions principales, on considérait ces quatre conditions comme suf- fisantes pour le dévcloppement des êtres vivants. Mais, si l’on ob- serve attentivement la nature, on remarque qu'il est encore une condition ou loi du développement des êtres vivants, sur laquelle l'attention n’a pas encore été appelée jusqu’à présent. Cette con- dition est que, pour le développement des êtres vivants on des éléments qui les constituent, il faut toujours un certain repos. Les faits observés dans la nature démontrent de plus en plus combien est générale cette loi pou: le développement des êtres vivants. Le fait observé sur les bactéries trouve quelques applications dans la physiologie. On sait, par exemple, que le pancréas digère les matières albu- mineuses. Mais nous savons que les expériences qui le démon- trent sont le résultat de plusieurs phénomènes, parmi lesquels figure le développement des bactéries. C'était là une complica- tion que l’on ne pouvait éviter, parce que la chaleur, ou les sub- stances qui tuent les bactéries, détruisent aussi le ferment pancréa- tique. Au moyen de l’agitation on pourra peut-êlre, dans un mélange de deux ou plusieurs ferments, étudier les effets des ferments in- organisés, aprés avoir tué, par l'agitation, les ferments organisés, chose qui n’a pas été possible dans bien des cas voulus jusqu’à présent. Voici encore une autre application à la physiologie du fait re- — 41 — latif aux bactéries : le sang et les globules rouges qui ont été étu- diés à tant de points de vue divers, n’ont jamais été étudiés dans un point de vue essentiel, quijaecompagne toujours l’état physio- logique du sang, à savoir : que les globules se trouvent continuel- lement en mouvement. Le sang épanché dans une partie du corps à la suite d’une hé- morrhagie, est bien en repos, mais il ne peut servir à une expé- rience concluante, au point de vue qui nous occupe, parce que les globules du sang ne sont plus dans une condition favorable pour recevoir l’oxygène qui leur est nécessaire. Les lois générales qui gouvernent les êtres vivants ne sont pas nombreuses. C’est pourquoi après avoir obtenu les premières preuves de l’existence d’une loi générale, non encoré mentionnée, j'ai cru de mon devoir d’en faire part à la Société de Biologie. MEÉM, 1878. LE MUUUTAL on 1, Af END {7 Au ‘oh tÀ Ro ENT ee soUTTMY TT A UMMET RE À NL nb higé Vas | RNA PTT OUTRE ROUEN RTE EL ANR ENAUNIO LATE Hi anr 0 tard “tu RU D (UNIL Dérrieiihf Pure A EE a M orteda an da) ref UE bnb RU De L LCL ME TE ee dupe en RONA 1110 sale sn tro a0 PPRMO TT ANUS OPEN" LR vil DOTE TO TR TRUE FR ARLES EN fit A (ON (AFS ‘P CRT DEL (9 Hu | Co 110 il D\DS La MALE ñ HU Art Lol LS DE du | “ xt pod aire ét dl HTINCS a 4 sw OBSERVATION DHYSTÉRIE GRAVE COMPLIQUÉE DE VAGINISME GUÉRIE PAR L'OR INTUS ET EXTRA Communiquée à la Société de Biologie Par M. le docteur DEGRAND (de Moulins) Ancien chef de clinique à la Faculté de Montpellier Depuis plusieurs années déjà, mais surtout dans ces dermers temps, j'ai été témoin de faits trop nombreux et trop évidents, concernant l’action des métaux intus et extra dans les maladies rerveuses, pour ne pas regretter que les malades des hôpitaux de Paris aient à peu près seuls encore, à cette heure, bénéficié des in- fatigables efforts du docteur V. Burq, d’où est née la métallothé- rapie, ou mieux, le Burquisme. Non-seulement, en effet, cette appellation, qui fut mise en avant pour la première fois, au sein même de la Société de Biologie, a l'avantage de ne rien préjuger, et de comprendre à la fois la métalloscopie et la métallothérapie ; mais il est de première équité, ce me semble, de rendre le nom de l’auteur inséparable d’une œuvre qu’il a mis plus de vingt ans à édifier, et à faire triompher de résistances de toute nature. Aujourd’hui, après le savant rapport Iu à la Société de Biologie (séance du 44 avril 1877) par son honorable sccrétaire général M. le docteur Dumontpallier, la métalloscopie, qui sert de base à la nouvelle méthode, est définitivement entrée dans le domaine des faits acquis. Reste maintenant à résoudre la question théra- — peutique. C’est en vue d’y aider que je me fais un devoir de rela- ter l’observation qui suit: Le 99 décembre 1874, je fus appelé en consultation à B... (Allier), pour un cas d’hystérie grave, dont voici les principales phases : MI L. G..., âgée maintenant de 32 ans, est hystérique depuis l'apparition de la menstruation. Elle a toujours été souffreteuse et anémique; mais Jes crises hystériques, d’abord courtes et rares, devinrent, à la fin de 1869, plus violentes et plus rapprochées; l’appétit, les forces et le sommeil se perdirent, et le bras droit fut frappé d’une contracture telle que, pendant plus de deux années, la main droite fut inapte à n'im- porte ue usage. Le 22 mars 1870, sous l'influence de causes morales, l'état empira. Durant plusieurs jours il y eut des attaques incessantes, laissant à leur suite un état syncopal qui inspira les plus vives inquiétudes. À partir de cette époque, la malade ne quitta plus le Lit. Survinrent ensuite un œsophagisme qui permettait à peine une fois par jour l’ingestion de quelques cuillerées de bouillon coupé de vin, une photophobie et une hypercousie des plus intenses, des terreurs sans motif, surtout la nuit, ete. Dans l’été de 1871, il y eut un certain amendement, mais de courte durée. L'hiver suivant, aux troubles ci-dessus indiqués, vinrent s’a- jouter des sueurs profuses, survenant tous les jours après le coucher du soleil. Nouvel amendement dans l’été de 1872; ensuite, pendant quinze mois, alternatives, de plus mal et de mieux relatifs. Au commencement de l'hiver de 1874, L. G..., qui en était arrivée à faire quelques pas dans la chambre, soutenue ou non par deux aides, selon les jours, garde de nouveau complétement le lit. Lorsque le 29 dé- cembre je la vis pour la premiére fois, voici quel était son état : tré- mulation convulsive de la tête ei des membres, du côté droit surtout, à mon approche comme à la vue de toute personne étrangére; perte presque absolue des forces musculaires, amyosthénie générale, à droite, paralysie de la main précédemment contracturée; inertie intes- tinale, garde-robes tous les huit ou dix jours, à force de lavements; météorisme; urines rares et tellement chargées que, suivant le dire de la malade, « elles étaient comme si l’on y avait ajouté moitié poudre blanche ; » anesthésie générale, seulement interrompue çà et là par des points excessivement hyperesthésiés, notamment le long du rachis, au vertex, etc.; toute piqûre est exsangue ; amblvopie ; jambes et pieds d’un froid cadavérique ; toux sèche, fatigante, et d’autant plus in- quiétante que la mère de L. G.. est morte d’une affection pulino- naire chronique; boule hystérique et sensation constante de suffoca- tion. L’œsophagisme persiste, mais à un degré moindre; il y a de plus des vomissements trés-pénibles de presque tous les aliments; palpita- tions cardiaques à faire perdre la respiration; ovarie intense ; point de sommeil sans chloral ; malgré tout persistance des régles, qui re- — 45 — viennent toutes les trois semaines, durent dix jours au moins et s’ac- compagnent de vives douleurs dans tout le bassin. Chaque époque laisse la malade à peu près exsangue. Rien à la percussion ni à l’auscultation. Cependant la maigreur, la toux continuelle, les sueurs nocturnes, les antécédents héréditaires, etc., ne laissaient pas que d’inspirer les plus vives inquiétudes. Que faire contre un état si complexe et d'apparence si grave? Natu- rellement, on avait déjà usé et abusé de tous les antispasmodiques et toniques connus : bromure de potassium et de camphre, valériane et velérianate, préparations de zinc et de fer, quinquina, assa fœtida, cas- toréum, opium, chloral, etc. Restait l’hydrothérapie. Mais, comment oser en parler en hiver et en présence des craintes de phthisie ? Je pro- posai donc timidement, sans grand espoir, et plutôt pour faire quelque chose (j'en fais l’aveu sincère) de recourir à la métallothérapie. Celle- ci acceptée, je dus procéder à l'examen métalloscopique ; mais, sans expérience spéciale et ne possédant pas d’autre instrument qu’un esthé- siomètre, je ne mis pas moins de huit jours à acquérir la certitude que l'or, et l'or seul, opérait le retour de la sensibilité sur les parties anes- thésiées. Ce point bien établi, j’administrai, à l’intérieur, le chlorure d’or et de sodium à doses croissantes, et je prescrivis des applications de pièces d’or sur les quatre membres pendant deux heures, matin et soir. Appelé auprès de la malade, seulement à titre de médecin consul- tant, je n’ai pu suivre, jour par jour, la marche de la suérison. Ce dont je puis témoigner, c’est que l’amélioration fut rapide : les vomisse- ments céderent tout d’abord ; la période menstruelle qui suivit fut moins abondante, et les forces revinrent progressivement. Un mois en- viron aprés le début du traitement par l’or intus et extra, L.G...mar- chait déjà un peu dans la maison, et cela malgré l'hiver, qui, les an- nées précédentes, avait toujours eu une fâcheuse influence sur sa ma- ladie. Comme je n’avais rien à changer à la médication, L. G... cessa peu à peu de me voir, tout en continuant son traitement. Au bout de six mois, ii y avait toutes les apparences d’une guérison à peu près complète, et une année s'était à peine écoulée, que L. G... se ma- riait, et mettait complétement de côté le sel d’or. Mais, malgré l’ap- parence tout à fait satisfaisante de la santé, l’hystérie n’avait pas dit son dernier mot. La prenrière nuit des noces, L. G... eut une syn- cope; il en fut de même les nuits suivantes. On vint de nouveau me consulter. Je constatai l'existence d’un vaginisme des plus complets : l’essai d’un spéculum auris ou de la simple introduction de l'index provoquait d’atroces douleurs, et, en persistant, j'aurais infailliblement ramené l’état syncopal de la première nuit. Je prescrivis l’iodoforme, le bromure de camphre, la belladone ; je fis plusieurs cautérisations lé- gères avec le nitrate d'argent; enfin, je songeai à pratiquer soit la dila- lation, soit une autre opération. Cette perspective fit fuir L. G... Plus tard, elle me revint. Alors mieux édifié sur l'efficacité de la mé- tallothérapie dans les cas de contracture persistante (comme, par exem- pee ple, celle offerte par la malade de M. le professeur Verneuil, dont le docteur Burq a récemment publié l'observation dans la GAZETTE MÉ- DICALE DE Paris) je conseillai à L. G... de reprendre le chlorure d’or et de sodium à plus haute dose, et, au lieu de la dilatation dont j'avais d’abord parlé, je prescrivis d'introduire, tous les soirs, dans l'orifice vaginal, un petit cylindre d’or, et, dès que cela serait possible, de le remplacer par un cylindre un peu plus volumineux du même mé- tal. À quelques semaines de là, ma malade vint, toute joyeuse, m'ap- prendre que cette médication nouvelle avait eu un plein succès. A chaque application locale de l’or, elle avait éprouvé dans le vagin une sensation de chaleur qui arrivait bientôt (deux heures au plus), à un tel point, qu’il fallait enlever le métal. Je procédai à un examen, et quel ne fut pas mon étonnement de pouvoir, presque sans causer de dou- leur et assez facilement, introduire un spéculum Fergusson n° 1! Autre détail intéressant : L. G..., avant l’emploi de l'or, ne se rappelait pas avoir jamais ressenti le bien-être que l’on éprouve lorsque l’on a les pieds chauds. Eh bien ! à partir du moment où elle commença à s'appliquer tous les soirs, au-dessus des malléoles, les bracelets d'or prescrits, elle connut cette sensation et put supprimer la boule qu’elle faisait placer dans son lit en toute saison. Aujourd’hui encore, c'est sa manière de se réchauffer les pieds. L’hystérie est souvent, j'en conviens, une vraie boîte à surprises ; et je n’ignore point tout ce que peuvent m’objecter ceux qui ne veulent voir en cette matière que des jongleuses et des naïfs (pouremployer un euphémisme). Mais en métallothérapie (ainsi que le disait récemment encore M. le professeur Charcot à propos de la dyschromatopsie) les faits ont leurs lois et une manière de se produire objectivement qui ne laisse pas de place à l’erreur. C’est ainsi que chez cette malade, j'ai provoqué et vu à loisir ce phénoméne constant, indéniable et pé- remptoire : toutes les fois que sur une partie anesthésiée et à piqûre exsangue, on appliquait, pendant une demi-heure ou une heure, une pièce d’or monnayé, à l’enlèvement de cette pièce, on trouvait, au-des- sous, la peau sensible, rouge, voire même gonflée comme après l'appli- cation d’une rondelle de papier Rigollot ; et, par contre-épreuve, le ré- sultat a été nul toutes les fois que j'ai spé un autre métal, quelque temps qu’ait duré son application. Je pourrais fournir un certain nombre d’autres faits observés sur des sujets non hystériques; celui-ci, par exemple, que J'ai pu vé- rifier plus de cent fois sur moi-même, en variant à mon gré les cir- constances de l'expérience : Au point de vue de la force muscu- laire, j'étais déséquilibré (avant de me soumettre à la métallothé- rapic); à droite, je donnais au dynamomètre du docteur Burq une pression de 52, et à gauche de 36 ou 37 à peine. L'or, le cuivre, le zinc et le fer n’ont jamais modifié ce résultat ; l’argent a diminué constamment l’écart entre la pression gauche et la pression droite; TE mais invariablement une armature d’étain placée sur l’avant-bras gauche pendant une demi-heure, a porté de 36 à 45 et 46 la pres- sion correspondante. De plus, cette donnée toute physiologique m'a conduit à des résultats thérapeutiques. Je me propose de faire de la corrélation de ces deux ordres de faits, l’objet d’une autre communication. em 2 EU E aid auustiuirir oct 9 ri ah toi ol. Amiol 4 Le non ire hte 1 08 à in 100 CIE TL AP4 J ' À PA HEC NEETE MeRUE Ut D HAUTE d CE 119 à RTE ne 1 tira : :U0 8 | guy ( { 1 Rat ac (TA BE Ver COST RTS INOCULATION SANS RÉSULTAT DES SALIVES PAROTIDIENNE, SOUS-MAXILLATRE ET SUS-LINGUALE ET AVEC RÉSULTAT DE LA SECRÉTION PULMONAIRE DE CHIENS ENRAGÉS Note communiquée à la Société de Biologie en juillet 1878 Par M. PAUL BERT. Les travaux de Renault ont montré, qu’au contraire de la morve, de la syphilis, de la vaccine, etc., la rage ne peut être communiquée par l’inoculation du sang ou des tissus, et que la salive seule contient le virus. Mais cette salive est un liquide mixte, mélangé de salives propre- ment dites (parotidienne, sous-maxillaire, sub-linguale), de mucns buccal, de mucus venant des voies aériennes. Lequel de ces éléments est virulent ? La virulence résulterait-elle seulement de leur mélange ? Et même, un séjour plus ou moins prolongé dans la bouche, est-il nécessaire pour qu’elle apparaisse ? J'ai commencé une série d'expériences pour résoudre ces questions. Elles ont porté sur les salives et sur le mucus pulmonaire. On opérait toujours en prenant le chien enragé vivant; on l’assommait, on enle- vait la glande (la parotide d'une part, d’autre part la sous-maxillaire et la sub-linguale réunies), on l’écrasait dans un mortier, et le liquide exprimé, aspiré par une seringue de Pravaz, était inoculé ; le mucus pulmonaire était obtenu par expression du poumon. Un même chien servait aux inoculations successives du même ordre. Or, tous les résultats, sauf un, ont été négatifs. En voici les dé- tails : MÉM. 1878. 7 D Lt 50e A. Un chien recoit, le 23 février 1878, le 28 mars et le 16 avril, le liquide sous-maxillaire et sub-lingual. B. Un autre reçoit, le 30 avril et le 11 mai, le liquide parotidien. C. Un troisième, le 28 mars et le 30 avril, le mucus pulmonaire. D. J'ai injecté, le 28 mars, à un quatrième chien, de la salive prise à deux chiens enragés, qui avait séjourné quelques jours dans l’al- cool. Seul, le chien C est mort de la rage hier 26 juillet, après trois ou quatre mois d’incubation. E. Le 16 avril, le 11maiet le 25 mai, inoculation à un même chien de salive rabique additionnée de salive humaine et filtrée au filtre en plâtre de M. Pasteur. Le 31 mai, l'animal meurt d'accidents locaux. Ce dernier accident m'est arrivé plusieurs fois, car, en réalité, mes expériences ont été plus nombreuses. Trois chiens inoculés avec du jus parotidien sont morts au bout de quelques jours, à la suite de suppu- rations étendues. Le chien À a eu, à la première inoculation, un assez vaste abcés, les chiens C et D de même. En telle sorte que sur 15 inoculations, il y a eu 7 suppurations, ayant quatre fois entraîné le mort. Cette proportion dépasse la moyenne de ce que donneraient des inoculations ordinaires, et il semble que, chez les animaux rabiques, les tissus aient des propriétés septiques, indépendamment de la rage. Un autre chien F, inoculé le 25 mai avec le résidu du liquide rabi- que resté sur le filtre Pasteur, qui avait servi au chien E, est mort, le 26 juin, d’une rage bien caractérisée. Je crois qu’on peut considérer comme très-vraisemblable, en vertu de ces expériences, que ni la salive parotide, ni la salive sous-maxil- laire ou sub-linguale, ne contiennent, isolées, le virus rabique, L’expé- rience de la salive filtrée est à refzire. Enfin, je n’ose encore conclure de l'expérience dans laquelle le mu- cus pulmonaire à donné la rage. Rien ne prouve que ce chien, séques- tré depuis quatre mois seulement, n'avait pas été antérieurement mordu par un chien enragé. Une seconde expérience est nécessaire, et déjà elle est en train. J’ajouterai que la salive buccale du chien rabique transforme l’ami- don en glycose comme la salive saine. Ces expériences n’ont pu étre exécutées que grâce à la complaisance, au dévouement et au courage de M. Bourrel, vétérinaire, dont les tra- vaux sur la rage font autorité, et qui a bien voulu, non-seulement me fournir les chiens enragés, mais m’aider dans les inoculations, et con- server chez lui, en observation, les animaux soumis à l'expérience. Il me sera permis de lui exprimer ici mes vifs remercîments. AFFECTION HYSTÉRIQUE COMPLIQUÉE D'ACHROMATOPSIE COMPLÈTE DE L'ŒIL DROIT ET PARTIELLE DE L'ŒIL GAUCHE GUÉRIE PAR UN NOUVEAU PROCÉDE DE MÉTALLOTHÉRAPIE EXTENE Note communiquée à la Société de Biologie Par M. le docteur BURQ. La Société de Biologie se rappelle la jeune malade de M. le docteur Fieuzal, qui lui fut présentée par M. le professeur Charcot, dans la séance du 26 janvier, alors qu’elle était en cours de traitement par l'or intus et extra, pour une affection hystérique complexe. Les effets obtenus déjà à cette époque plaidaient singulièreunent en faveur de la médication, mais les résultats laissaient encore beaucoup à désirer, et tendaient déjà à décroître. En outre, lorsqu’on appliquait sur la ma- lade quelques pièces d’or, on déterminait chez elle cette série de phé- nomènes que nous avons décrits maintes fois sous le nom d’anesthésie et d'amyosthénie de retour ; on la rendait de nouveau anesthésique et achromatopsique, au plus haut degré, des deux yeux; on faisait baisser scs forces musculaires encore au-dessous de la cote dynanomé- trique du début, et l’on allait jusqu’à déterminer des troubles céré- braux, caractérisés d’abord par une vive céphalée, puis par une sorte d’hypnotisme ; en un mot, on Jui faisait reperdre successivement tout ce qu’elleavait gagné,et au delà. Aussi, est-ce à bon droit que M. le pro- fesseur Charcot, aprés avoir reproduit sous les veux de la Société une partie de ces curieux phénomènes, et montré que, pour les deux veux, la disparition des couleurs, puis leur réapparition, alors qu'on avait enlevé le métal, se faisait toujours dans le même ordre, du bleu au violet et du violet au bleu, après avoir appelé l'attention de ses savants collêgues sur le parti que le médecin était appelé à tirer aussi de la métalloscopice, pour s’éclairer sur la solidité de la guérison d’une hvs- — D2 — s térique, fit les plus entières réserves. L'avenir ne devait point tarder, d’ailleurs, à les justifier. Quelques jours s'étaient à peine écoulés, que déjà la malade retombait, à peu de chose prés, dans son état primitif. Aujourd’hui les choses sont tout autres : MIl9 M.... distingue très- nettement, de l’œil droit comme de l’œil gauche, toutes les couleurs, et en apprécie les nuances les plus délicates ; le champ visuel est de- venu normal, la sensibilité tactile, le goût, l’odorat et l’ouïe ne laissent non plus rien à désirer; les forces musculaires sont montées aux en- virons de 40 kil. à droite et de 42 kil. à gauche (M!e M.... est pres- que gauchére), au lieu de 8 kil., 10 kil. au plus à droite, et de 27 kil. à gauche, qu’elles marquaient tout au début ; l’amyosthénie intestinale a elle-même cessé, il n’existe plus ni ballonnement du ventre ni cons- tipation, etc., etc., et d’autre part, névralsies, hyperesthésies, spasmes, agitations nocturnes, etc., ont complétement disparu, si bien que c’est en vain qu’on chercherait, à cette heure, une trace quelconque de l’an- cienne affection de M!e M.... Mais, ce qui importe plus encore peut- être, c’est que l'application soit de l'or, soit de l'argent (l’on verra tout à l’heure pourquoi ce dernier métal figure ici à côté de l'or) ne produit plus sur elle ni l’anesthésie, n1 l’amvosthénie de retour ou métallique, ainsi que l'appelle volontiers M. Charcot, et qu'un courant électrique héliçoïde, appliqué dernièrement par M. Résnard, est resté lui-même sans effet, après trente-cinq minutes d'attente L'on peut donc prononcer aujourd’hui, en toute sûreté, le mot de guérison, à la condition, toutefois, de ne donner à ce mot que la va- leur relative qu’il comporte, quand il s’agit d’une affection diathésique. Et quels sont les moyens à l’aide desquels on est parvenu à obtenir ici des résultats d'autant plus frappants que l’ancienneté de l'affection et les nombreuses tentatives de toutes sortes déjà faites pour en avoir rai- son, laissaient précisément moins le droit de les espérer ? Nous répon- drons à loisir dans l'observation détaillée qui suivra de très-près cette communication, Quant à présent, notre seul but, c’est de mettre la So- ciété en situation de pouvoir constater, par elle-même, l’état actuel de Mis M...., tant au point de vue de sa sensibilité générale et spéciale, et de son état général, que de l'impossibilité de lui faire perdre aujour- d'hui par la métalloscopie, soit du côté de la vue et des autres sens, soit du côté du système musculaire, rien de tout ce qu’elle a recouvré par le traitement, et, entre temps, d'appeler anjourd’hui son attention sur quelques points spéciaux, dont un, encore entièrement inédit, qui présente un grand intérêt pratique. Por.YMÉTALLISME. — Les observations les plus récentes ont donné à penser que c'était l’or qui est l’agent le plus actif de la métallo- thérapie. 11 y a là une très-grande erreur. Nous avons dit déjà (V. Gaz. mép. de 1877), et nous redirons,en temps et lieu, pour- quoi, à trente années de distance, nous n'avons presque Ja- mais, en effet, rencontré à la Salpétrière que des sensibilités or ou RE cuivre ; pourquoi très-vraisemblablement aussi il n’en existe point d’autres chez les hystériques dans tous les asiles semblables, et pourquoi c’est, au contraire, le fer qui, dans les mêmes circons- tances, rend en ville le plus de services entre les mains incon- scientes de tous ceux qui font journellement de la TE TURN à leur insu. Une deuxième erreur, qui serait non moins préjudiciable, si nous la laissions aussi s’accréditer, c’est que l’on n’est sensible qu'à un seul métal. 1l en est ainsi généralement, et l’expérience nous a appris que c'était fort heureux pour le succès du traitement; mais il faut savoir qu’il existe des sensibilités métalliques doubles, triples même, comme on rencontre à chaque instant des tempé- ments mixtes, où se combinent entre eux, plus ou moins, les élé- ments sanguin, lymphatique et nerveux. M! M... était précisément une polymétallique. Elle se montra tout d’abord sensible à l’or et fut traitée en conséquence; mais ce métal n’était, qu’on nous passe le mot, que la sous-caractéristique. Le 27 novembre 1877, jour où nous la vimes pour la première fois, il y avait déjà une quinzaine que la malade prenait le chlorure d’or, et cependant ni l’achroma- topsie ni l'amyosthénie n'avaient encore subi la moindre atténua- tion, sa sensihilité tactile avait seule été améliorée, et, ce qui pour nous était un signe plus fâcheux encore, c’est que, par l'application de l'or, il ne nous fut point possible ni de lui faire voir une seule couleur de l'œil droit, ni d’accroître sa force musculaire. Ce n’est guère qu'après trois nouvelles semaines d'administration du sel d’or que les aptitudes métalliques de M! M... se trouvérent mises assez en évidence pour qu'il y eût, avec les applications d’or, pro- duction de la plupart des phénomènes métalloscopiques habituels. Quant à l'amélioration, elle ne fut jamais que partielle, et dura si peu de temps que, dès le 10 février, il n’en restait presque plus rien, et qu'il devint à nouveau impossible d’agir d'aucune façon extérieurement par l'or. Ne pouvant plus ne pas soupçonner que nous avions à faire en ce cas à une sensibilité métallique double, nous procédons à un examen métalloscopique moins approximatif que celui fait au début, et nous reconnaissons que c’est l'argent et point l'or qui est la caractéristique véritable de l’idiosyncrasie chez M8 M... Par l’apposition de ce métal, en effet, tous les phé- nomènes métalloscopiques se produisent avec une rapidité et une netteté sans pareille; la force musculaire, qui n'avait jamais pu dépasser, avec les applications d’or, 10 à 15 k., monte successive- ment de 5 k. à 10, 20, 98, et finalement 35 k. à droite. Les sensi- bilités générale et spéciale redeviennent exquises partout, et cela HAE avec une seule plaque appliquée à l’avant-bras droit seulement, et trés-promptement après se produit l’anesthésie et l’amyosthénie de retour. Done, sensibilité argent en premiéreligne et un peu sensibilité or. Geci établi, fallait il avoir recours de suite à {a métallothérapie interne, ou bien ne valait-il pas mieux profiter des rares aptitudes de M1e M... pour l'argent, pour faire d’abord une tentative de mé- tallothérapie externe, tentative d'autant plus opportune que, jus- que-là, nous n’avions pas eu encore l’occasion d’édifier aucun des membres de la commission sur la valeur des applications métalli- ques toutes seules. Alors, en ce cas, comment procéder ? Comment prévenir surtout la formation de l’anesthésie et de l’amyosthénie qui suivaient de si près, ou, en d’autres termes, comment arriver à fixer sur Me M... les résultats aussitôt obtenus, ainsi qu'un peintre fixe ses couleurs sur la toile ? NOUVEAU PROCÉDÉ POUR FIXER LES EFFETS MÉTALLOSCOPIQUES. — Nous avons reconnu tout au début, et nombre de fois nous avons démontré et publié depuis, que lorsqu'un métal, quel qu'il fût, agissait en métalloscopie, il suffisait, pour en aunuler, ou tout au moins en atténuer singulièrement les effets, de le recouvrir, du côté de celle de ses faces destinée à ne point toucher la peau, soit d’un vernis résineux ou de cire à cacheter, soit d’un autre métal. Voilà le point de départ. MM. les docteurs Vigouroux d’abord, et Dumontpallier ensuite ont fait faire chacun de leur côté un pas de plus à la question des plaques doubles. Le premier, expérimentant à son tour, avait ob- servé que la superposition d’une pièce d’argent sur une pièce d’or, par exemple, faite au moment seulement où celle-ci avait remis la sensibilité en bonne voie, arrêtait, comme c’était à prévoir, la marche du phénomène, mais ne l’arrêtait que si le sujet n’était. point aussi sensible à l’argent et de plus semblait fixer la sensibi- lité acquise pour un temps tout aussi long que ce dernier restait appliqué. M. Dumontpallier, dans une des réunions de la commission, 4, lui, été encore plus loin, il a placé le métal neutre, non plus sur la plaque agissante, mais à distance, vers les centres nerveux, et il a vu aussi le phénomène s’arrêter et se fixer. lei, il n’est que juste de Le reconnaître, comme dans l'affaire du transfert, entrevu pour la première fois par M. le docteur Gellé, il y avait du nouveau autant que de l’imprévu; mais le fait n’a- vait reçu encore aucune application pratique et était reste à l’état Are de simple curiosité lorsque, le 14 février, voici l’expérience que nous fimes personnellement sur M8 M.. Ayant constaté que l’application de l’or sur le front même n’a- vait plus d’autre effet que de rendre la perception du Jaune à l'œil droit et un peu la perception du violet à l’œil gauche, nous appli- quors sur l'avant bras droit une plaque d'argent premier titre de 9 centimètres sur 7, et en moins de cinq minutes, la sensibilité redevient normale partout, la malade distingue nettement toutes les couleurs des’aeux yeux et la pression monte à 35 kil. à droite et 37 kil. à gauche. Vers la fin de la sixième minute, au moment où commençait à se produire la phase de l’anesthésie de retour, nous recouvrons la plaque d'argent d’une plaque de maillechort de même dimension et aussitôt cette phase s'arrête. Un quart d'heure, puis une demi-heure se passe et tout reste au même point, la sen- sibilité générale et spéciale, et la force musculaire continuent à rester normales. Nous renvoyons alors [a malade avec son bracelet d'argent doublé de maillechort, en l’invitant à ne point y toucher. Le 16, après quarante-huit heures, les résultats obtenus le 14 dersistaient ; il n’y avait plus trace d’anesthésie, soit générale, soit spéciale, et la pression dynamométrique continuait à marquer 35 kil. à droite et 37 kil. à gauche. Cette note ne comportant aucun développement, nous passons sous silence certaines expériences que nous fîimes ce jour-là, et d'autres qui suivirent et nous nous bornerons à dire ceci, savoir : que sans autre traitement que l'application externe permanente sur un seul membre d’une armature d’environ 65 centimèêtres car- rés de surface formée d'argent et de maillechort surperposés et de quelques nouvelles doses très-faibles de chlorure d’or auxquelles nous dûmes recourir un moment pour développer à nouveau la sensibilité métallique, M8 M .. a été guérie d’une affection hys- térique complexe dont les premiers symptômes remontaient tout au moins à sa deuxième enfance, et qui depuis près d’une année avait résisté à ces deux moyens parfois si puissants : l’hydrothéra- pie et la gymnastique. | “ fi je ; and. hic: ni tx ME LA art 1 f De MN if) Any Cas LH Fe PE PCT ape Si done \É be 4 sn PANNES na pi CALE ra ait 1 3.1 st “hit PAU nil NUE ; (HAT ne. # jui ONE 24 [a Fo: MEL US AU) * Aa RCE rm fl { x FRneEDOREE UN ES Érie cl ge Fa à à PAT 158 1 Tia rues jui ie 40 Hu ‘#1 ft bare hs À MH {) % Aiupul' ir F4 g al va 4 9 : do TU A; An MAL Ju NU PAT TS FINE Lo 4 k st (RAT nee ES LE AUS CRAN LEE k Alu Méanapest tt 4 de N HAUTAUE Ed TR ARE EM PEUIR UE EnEE nu Hénin 4 HT ê D LAN VAE EE DA PA | Ron (il PAT NU tu jé mo tbt si sp RON A TT RAA k À Rage dal A EEE ar à 4 = += 2e } PU RENNES CHU PA ENS PRES PEN D AREA EE SE À com pt Re PA PH LA HEU NO ORALE < SALE MATE à ju DAV NI DAA ETS MU LU TU T qu 1 LANTA és bit caf LEE) ï Loue f AU th pt f ] { jt f : RATS l : x % ÿ Fat Pa ! \ \ nids À Jai L RENE rh à s | ANT + | L: F4 [a PANNE \ Va HN: 4 L ji nt PS e QD Ds et PT SE EU MN ER IN TA PNEU 4 à AIN TE A un ï \ , , ré ù 12 . #, 2 l Î à ï n 4 f { j # D » HUE RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LES LÉSIONS DE L'ENCÉPHALE PRODUITES PAR DES CHOCS VIOLENTS DE LA VOUTE DU CRANE Note communiquée à la Société de Biologie, le 26 octobre 1878, Par M. BOCHEFONTAINE. L’étude des lésions encéphaliques qui peuvent exister dans les cas de commotion cérébrale présente un intérêt considéra-— ble au double point de vue pathologique et physiologique, et c’est afin de contribuer à cette étude que j'ai résumé dans cette note un certain nombre d’expériences dont je viens pré— senter les résultats à la Société de Biologie. ‘Lout d’abord, il n’est pas inutile de préciser le sens du mot cérébrale dans l’expression commotion cérébrale. Il est évident que ce mot n’est pas pris dans son acception restreinte, anato- mique, qu'il est ici synonyme d’encéphale et que commotion cé- rébrale ne signifie pas commotion des lobes cérébraux seule— ment, mais bien commotion de toute la masse encéphalique, c’est-à-dire des lobes cérébraux, des noyaux de l’encéphale, de la protubérance et du bulbe. Cela dit, voici les faits dont je désire entretenir la Société. Il y a déjà plusieurs années, voulant essayer de produire la contraction de la rate chez le chien, en déterminant la commo-— tion cérébrale au moyen de chocs violents sur le sommet de la MÉM. 1878. 8 ie tête, je fus conduit à étudier les phénomènes généraux qui ré— sultent de ce genre d'expériences. Dans plusieurs cas, le choc le plus fort que l’on ait pu pro- duire sans fracturer le crâne a donné lieu à un peu de fai- blesse, à une sorte d’étourdissement passagers, de sorte que, l'animal revenant presque aussitôt à son état normal, on ne s’est pas préoccupé de rechercher si l’expérience avait déter- miné des lésions encéphaliques. Dans d’autres cas, il est sur— venu une résolution paralytique avec arrêt momentané des: mouvements respiratoires et état syncopal du cœur, accidents qui peu à peu disparaissaient ou s’affaiblissaient au bout d’une dizaine de minutes. L'animal était alors sacrifié, et l’on ne constatait aucune lésion appréciable à l’œil nu, dans les cavi- tés ventriculaires ou dans les autres parties de l’encéphale examiné à l’état frais. Quelques membres de la Société de Biologie se souviendront peut-être que je communiquais 1ci, il y a quelques mois, les résultats d'expériences du même genre, faites pour étudier l'influence de la commotion cérébrale sur la pression du liquide céphalo-rachidien, et il n’est pas inutile de rappeler en pas- sant que cette pression augmente alors bien peu, car elle s’é— lève tout au plus de son degré normal, 0, à 1 millimètre de mercure. Quatre fois, dans ces recherches, on a examiné, aus— sitôt après la mort, l’encéphale des animaux chez lesquels la respiration s'était momentanément arrêtée et dont les batte- ments du cœur avaient eu des intermittences, sans rencontrer aucune lésion des surfaces ventriculaires, aucune hémorrha— gie, aucune ecchymose des diverses parties de la substance nerveuse. Sur deux autres chiens, j'ai procédé différemment pour re= chercher dans la masse encéphalo-bulbaire les lésions que la commotion cérébrale aurait pu y déterminer. Tandis que, chez les premiers animaux, la mort était produite au moyen du chloral, de la section du point vital, ou de lPasphyxie par le curare, chez ceux—ei elle était déterminée par la faradisation . des ventricules cardiaques. Au moment où l’animal, après avoir reçu sur le sommet de la tête un ou deux chocs énergiques, était inerte, insensible, avec un état syncopal du cœur et de l’appa— reil respiratoire, on faradisait le cœur et l’on amenait amsi la mort pendant le temps même où se manifestaient les symp— tômes classiques de la commotion cérébrale. Aussitôt après D QUE l’arrèt définitif du cœur, on a recherché minutieusement, au moyen de coupes multiples à travers les diverses parties du cerveau, de la protubérance et du bulbe, une lésion apparente à l’œil nu, sans pouvoir en rencontrer aucune. Ces jours derniers, deux chiens en expérience pour d’autres recherches du laboratoire de M. Vulpian, ont encore été sa— crifiés par faradisation du cœur, après avoir reçu sur la voûte du crâne des chocs répétés extrêmement énergiques. L'un de ces animaux avait reçu du curare, puis de l’atropine. Comme on le sait, la belladone abolit l’action modératrice du nerf pneumogastrique sur le cœur; d’un autre côté, le curare abolit le mouvement en arrêtant au passage les excitations ner- veuses motrices ; on ne possédait donc aucun moyen de cons— tater les symptômes de la commotion cérébrale. Pour produire certainement cet état pathologique, on a donc répété avec une extrême brutalité les chocs sur le sommet de la tête, puis on a faradisé le cœur, qui s’est aussitôt arrêté. La nécropsie a montré que les coups très-violents, répétés, donnés sur la tête avec une masse en bois, ont fracturé le crâne à sa parüe antérieure ; la fracture forme deux arcs de cercle à concavité postérieure, réunis sur la ligne médiane ; la partie du crâne,. en avant du sillon de fracture, est très-légèrement déprimée audessous du niveau de la portion postérieure à ce sillon. Voici l’encéphale de lanimal qui à servi dans cette expé— rience ; il a été conservé depuis hier dans l’alcool, après avoir été examiné à l’état frais, mais incomplètement, parce que je désirais mettre sous les yeux de la Société le quatrième ven— tricule dans son ensemble, avant de faire des coupes multipliées du bulbe. Comme on le voit, une coupe a été faite d'avant en arrière à travers le lobe frontal gauche, qui présentait et présente en— ; core, un peu décolorée il est vrai, une vaste ecchymose de l'écorce grise et de la substance blanche sous-jacente. Le cervelet, divisé suivant la ligne médiane, laisse à décou-- vert le plancher du quatrième ventricule dont la surface parfai- tement unie ne présentait pas plus de lésion à l’état frais qu’elle n’en offre aujourd’hui après son séjour dans l'alcool. Une troi- sième coupe est faite en travers du bulbe à sa partie moyenne ; elle n’offrait pas plus hier qu'à présent la moindre rougeur ecchymotique. Nr Lee Si maintenant on pratique des coupes nouvelles à tra— vers les lobes cérébraux, la protubérance, le bulbe, on ne äécouvre aucune lésion. L’encéphale de l’animal curarisé seulement ne présentait, à l’'étst frais, rien à l’extérieur, ni sur le plancher du quatrième ventricule que voici à découvert, ni sur cette coupe en travers de la partie moyenne du bulbe. Cet encéphale a macéré dans l’al- cool depuis avant-hier et le même désir de présenter le qua- trième ventricule intact m'a empêché de fouiller par des coupes tout le reste de l’encéphale. Si maintenant on pratique des coupes multiples, on ne voit rien d’anormal, si ce n’est dans l’épaisseur de la partie antérieure du bulbe. Là on rencontre une tache ecchymotique, parallèle aux surfaces supérieure et inférieure du bulbe et située à peu près à égale distance de ces deux surfaces. J’appelle particuliè- rement l’attention de la Société sur le siége de cette mince tache hémorrhagique, dans la région moyenne de l'épaisseur du bulbe et sur l’absence complète de lésion du plancher du quatrième ventricule. Il est évident que si cette ecchymose avait pour cause une pression exagérée du liquide céphalo— rachidien, on trouverait une lésion du plancher du quatrième ventricule, ce qui n’existe pas. On pourrait objecter à ces expériences que les trauma- tismes du crâne n’ont pas été assez énergiques; mais peut-on maintenir une pareille objection en présence de l’expérience brutale dont voici les détails marquants? Un expérimentateur voulant sacrifier un chien de chasse mâtiné, adulte, vigoureux, de moyenne taille, curarisé pour une expérience, on prend une bûche de bois avec laquelle on assène un coup violent, sur la partie supérieure gauche du crâne. Un second coup est encore appliqué de même sur la partie homologue de l’autre côté. L’animal ne tarde pas à mourir et l’on enlève le péricrâne. Du côté gauche il y a enfoncement de la partie moyenne de la région fronto-pariétale du crâne. Du côté droit même lésion du crâne, mais moins accusée. La partie moyenne de l’occipital est littéralement broyée ; elle présente un trou sans sillons de fracture y aboutissant, et la partie broyée, véritable poussière osseuse, forme une bouillie avec la substance cérébelleuse correspondante. Pas de fracture de la base du crâne. MS Épanchement peu considérable de sang autour des deux lobes frontaux, se prolongeant à gauche autour du lobe fronto- pariétal. Toute l’arachnoïde de la base est infiltrée de sang, ainsi que la pie-mère correspondante. Ces deux membranes for— ment avec la substance cérébrale corticale une bouillie plus ou moins rougeâtre autour des lobes frontaux et au niveau du lobe fronto—pariétal gauche. Épanchement de sang en nappe mince dans les ventricules latéraux, et tout autour des pédoncules cérébraux et de la pro- tubérance. La portion du cervelet correspondante à l’occipital détruit est réduite en bouillie dans une profondeur de quelques milli- mètres. Pas d’épanchement dans le quatrième ventricule dont les surfaces sont intactes. Infiltration de sang tout autour du bulbe. Aucune lésion appréciable sur les coupes multiples faites dans toutes les parties de l’encéphale : lobes cérébraux, corps striés, couches optiques, pédoncules, cervelet, protubérance et bulbe. Il demeure donc acquis que des chocs énergiques du cràne capables de broyer littéralement, par contre-coup, une partie de ceite boîte osseuse, peuvent ne pas s’accompagner de lésions des ventricules et particulièrement du quatrième ventricule. Pendant les vacances dernières, M. Vulpian me chargea d’observer, sur les chats, certains phénomènes qui se ma- nifestent au moment de la mort violente. C’était le cas de sacrifier ces animaux en produisant chez eux la commotion cérébrale au moyen de chocs très-violents sur la voûte du crâne. On peut, en effet, donner ainsi la mort à un chat beau— coup plus facilement qu'à un chien, sans doute parce que le crâne du chat, moins résistant que celui du chien, peut être plus facilement fracturé. Si l’on a affaire à un chat de quatre mois environ, il suffit d’un seul coup énergique sur le crâne pour déterminer la mort. Au moment du choc, l’animal bondit et retombe avec des convulsions cloniques généralisées qui durent de deux à quatre minutes et sont suivies de mort. Trois chats ont été sacrifiés par ce procédé, et voici les ré- ED — sultats de l’examen attentif de tout l’encéphale fait sur cha-— cun de ces animaux, aussitôt après la mort. 1° Fracture de base du crâne. Des coupes méthodiques multiples sont faites à travers le bulbe et le reste de l’encéphale, et aucune d’elles ne dévoile la plus petite altération, la plus légère ecchymose de la sub— stance nerveuse. Suffusion sanguine à la base de lencéphale et du bulbe. Cavités ventriculaires intactes ; 2° Fracture de la voûte du crâne. Substance grise d’un lobe cérébral en bouillie au niveau de la fracture du crâne. Épanchement de sang sous l’arachnoïde, à la base de l’encé— phale et autour de la partie occipitale des lobes cérébraux ; cet épanchement s’étend jusque dans les ventricules latéraux, dont les surfaces sont intactes. Pas de lésions du ventricule moyen ni du quatrième ventri— cule. Pas la moindre lésion des diverses parties de la surface en- céhalique ; 3° Aucune lésion du bulbe ni du reste de l’encéphale. Pas d’épanchement dans les cavités ventriculaires ; suffusion sanguine sous-arachnoïdienne à la partie moyenne de la base de l’encéphale. Les coupes de l’encéphale sont si nombreuses, si rappro— chées, que ces centres nerveux sont littéralement hachés comme chair à pâté; l’encéphale a donc été examiné aussi bien que possible. Trois cobayes ont encore été sacrifiés de la même manière que les chats. Chez tous les trois, le crâne a été fracturé par le choc sur la tête, et, dans aucun cas, on n’a trouvé d’épanchement dans le quatrième ventrieule, ni d'ecchymoses dans le bulbe ou les différentes parties de l’encéphale. Chez ces cobayes, on a trouvé un-épanchement plus ou moins étendu sous l’arachnoïde. Je rappelle que M. Vulpian a déjà signalé à la Société de Biologie l'absence de lésions encéphaliques chez les cobayes et les grenouilles sur lesquelles il avait produit la commotion cérébrale. En résumé, il résulte de ces expériences que : 1° On peut observer chez les animaux les symptômes de la ro RUE commotion cérébrale, sans qu’il existe dans la substance en- céphalique aucune lésion appréciable à l’œil nu ; 2° Les chocs extrêmement violents de la tête, répétés ou non, capables de produire des fractures du crâne peuvent s’accom- pagner de ramollissement des divers points de la convexité de la substance nerveuse encéphalique, lobes frontaux, pariéto-sphé- noïdaux, cervelet, etc.,et d’'épanchements sanguins sous l’arach- noïde et dans les cavités ventriculaires. 3° Dans toutes ces expériences, les surfaces ventriculaires ont toujours été trouvées intactes, et l’on n’a pas eu en parti- culier l’occasion d'observer des lésions du quatrième ventricule. Doit-on conclure d’une manière absolue, que les chocs vio- lents du crâne ne peuvent jamais s'accompagner de lésions des parois ventriculaires et particulièrement du plancher du qua- trième ventricule ? Non, certainement. Mais il devient évident qu'une théorie fondée sur l’existence, assurément rare, de lé— sions des parois ventriculaires, et qui seraient le résultat d’une exagération de la pression du liquide céphalo-rachidien ne peut être acceptée. La pression du liquide céphalo-rachidien, ainsi que le démontrent les faits communiqués à la Société, ne dépasse pas, en effet, 5 millimètres de mercure sous l'influence des chocs extrêmement violents du crâne. D'autre part, j'ai cherché, au moyen d’une expérience des plus simples, sur un chien mort depuis quelques minutes, quelle pression le plancher du quatrième ventricule peut supporter. Un tube en verre, de 50 centimètres de hauteur, est fermé par un bout au moyen d’une membrane de caoutchouc suffi- samment résistante. Par l’autre extrémité libre on verse du mercure dans le tube que l’on maintient verticalement, la mem- brane de caoutchouc directement appliquée sur le plancher du quatrième ventricule. Or il a fallu verser dans le tube 30 centi- mètres cubes de mercure, avant de parvenir à ramollir un peu par compression, non pas toute la paroi bulbaire, mais la partie la plus superficielle du plancher du quatrième ventricule, qui se trouvait en contact avec la membrane de caoutchouc. Si donc une pression de 30 centimètres cubes de mercure est impuissante à Ccraser le bulbe, il est bien évident que l’on ne peut reconnaître ce pouvoir à la pression de 5 millimètres de mercure que peut déterminer un choc extrêmement énergique du crâne. dt AU 4 fi fl LS | LE REA D pt PA CUT LIN , LU URI 0e AU io ue tant 4 LA (LA AUYER y EL L RAR DATA il NOTE SUR LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN ET SUR LA COMPRESSION DES CENTRES NERVEUX ENCÉPHALO-MÉDULLAIRES AU MOMENT DES SYSTOLES CARDIAQUES Communiquée à la Société de Biologie, le 9 novembre 1878. Par M. BOCHEFONTAINE. Dans une communication à la Société de Biologie relative à la production expérimentale de la méningo-encéphalite, j'ai été conduit à admettre que la chloralisation profonde pouvait avoir une certaine influence sur le flux du liquide céphalo-ra— chidien à la partie supérieure des lobes cérébraux, parce que chez le chien chloralisé j'avais pu constater plusieurs fois l’ab- sence du liquide céphalo-rachidien au-dessous de la dure-mère qui revêt la caloite cränienne. Depuis ce temps, j'ai souvent chloralisé d’autres animaux de la même espèce, afin de les anesthésier aussi profondément que possible pour différentes recherches sur l’encéphale ou sur le liquide céphalo-rachidien, et on à pu noter, à diverses re— prises, l’absence à peu près complète de liquide céphalo-ra- chidien à la partie supérieure des lobes cérébraux, ou, pour mieux dire, l'absence d’une couche liquide ayant une épais- seur appréciable ; il n'existait réellement alors qu’un suinte— ment liquide correspondant aux sillons de la surface cérébrale. Mais, plusieurs fois aussi, dans les mêmes conditions expé— rimentales, il a été facile de voir entre la dure-mère de la voûte crânienne et la convexité du cerveau, une nappe fluide MÉM. 1879. 9 LR AE plus où moins épaisse. Dés lors, il devenait évident que l’anes— thésie chloralique est sans influence sur la présence ou l’ab— sence de liquide sous-arachnoïdien autour des lobes céré- braux, et il était acquis en même temps que ce fluide, dont l’existence en quantité notable est manifeste chez certains ani- maux & la parte supérieure des lobes cérébraux, ne se re— L irouvVE DAS 1 ce point, en quantité appréciable chez d’autres annnaux de la même espèce, vivants également. La même observation s'applique au liquide des ventricules encéphaliques. Pour diverses expériences, faites comme celles dont 1l est question dans cette note, au laboratoire de M. Vul- pian, il a fallu ouvrir les ventricules latéraux sur l’animal vi— vant, et si, dans quelques cas, du liquide est sorti des espaces ventriculaires au moment de leur ouverture, d’autres fois en— core On à pu constater que ces cavités ne renfermaient même pas quelques gouttes de liquide encéphalique et que leurs parois s’appliquaient l’une sur l’autre. | On sait que, d'ordinaire, le liquide céphalo-rachidien est col- lectionné particulièrement à la partie supérieure et à la partie inférieure de la moelle, et qu’on le trouve en plus grande abon- dance que partout ailleurs au-dessous du ligament occipito— altoïdien et sous la dure-mère qui enveloppe l’extrémité pos— térieure de la moelle épinière. On pourrait supposer que le li- quide céphalo-rachidien existe toujours au-dessous de la dure-mère rachidienne, bien qu’il puisse ne pas se rencontrer en collection liquide notable, en nappe fluide, dans les ventri- cules cérébraux ou sous la dure-mère crânienne. Il n’en est rien, cependant, car plusieurs fois, ayant eu à.ouvrir le rachis sur des chiens curarisés, afin de mettre à nu la moelle épi- nière à la région cervicale, dorsale ou lombaire, il a été facile de constater l’absence d’une nappe de liquide rachidien ayant une épaisseur appréciable sous la dure-mère du rachis ; on ne voyait pas alors le liquide s’écouler par une boutonnière pra-— tiquée dans la dure-mère rachidienne. Il faudrait donc admettre que, chez un certain nombre d'animaux, le liquide céphalo-rachidien n’existe pas en quan— tité appréciable, et qu'il est impossible quelquefois de le trou— ver sous la dure-mère cérébro—rachidienne, soit rassemblé en nappe fluide, soit même sous forme de gouttes; qu'il existe seulement alors comme un suintement à la surface des ménin- ges et des masses nerveuses centrales et dans les mailles de l’arachnoïde. nes É er, DE Des recherches récentes me paraissent démontrer d’une ma- nière incontestable le bien fondé de ces conclusions. Des chiens dans l’état normal ont été chloralisés, éthérisés, curarisés, ou encore intoxiqués avec le salycilate de soude, etc., pour diverses expériences à l’occasion desquelles j’ai recom— mencé la recherche du liquide céphalo-rachidien pendant la vie etimmédiatement après la mort. Dans l’un et l’autre cas 1l a été évident, à différentes repri- ses, que le liquide céphalique manquait à l’état de nappe fiuide sous la dure-mère cérébrale. La calotte du crâne étant enlevée d’un côté dans la plus grande partie de son étendue et la dure-mère étant mtacte, on a pu voir d’abord que l’affaissement de la dure-mère et de l’en- céphale, par suite de l’ouverture du crâne, est loin d’être fré- quent. Le fait évident, au contraire, est que la dure-mère reste tendue et convexe en dehors, comme si elle était encore proté— gée par le crâne. Si l’on a la bonne fortune de rencontrer sur des animaux encore jeunes, placés dans ces conditions expérimentales, une dure-mère un peu transparente, on est frappé de voir les cir— convolutions cérébrales immédiatement en contact avec sa face interne ; il est évident qu'il n’y a pas de couche liquide entre la convexité des circonvolutions et la face interne de la dure mère. Cependant, un autre fait appelle l'attention : les artères de la pie-mère, qui sillonnent la convexité du cerveau, sont un instant plus visibles, plus rouges ; l’instant d’après elles sont moins apparentes, moins rouges, et ainsi de suite d’une façon rhythmique. Si on regarde plus attentivement un vaisseau en particulier, on voit qu'il ne s’éloigne pas de la dure-mère pour s’en rapprocher aussitôt, comme on serait tenté de le croire d’après les données que nous avons sur les mouvements de l’encéphale, ou sur les fluctuations du liquide céphalo-rechi- dien ; il est de la dernière évidence que l’on a sous les yeux un gonfiement par réplétion systolique avec rougeur plus grande de l'artère, puis une diminution diastolique de calibre avec moindre rougeur du vaisseau. Ce vaisseau est plus vi- sible à travers la dure-mère,, parce qu'il est distendu, plus: gros et plus rouge; on ne le voit plus autant parce qu'il est moins rempli de sang et moins rouge; mais il ne cesse pas de battre contre la dure-mère. Il n'existe donc pas d’espace entre la dure-mère et le cerveau, ou mieux, entre la’ dure— EN GATE mère et la convexité des circonvolutions ou celle des artérioles de la pie-mère, et, par conséquent, il n’y a pas de liquide entre la dure-mère, d’une part, et la convexité des artérioles ou des circonvolutions d'autre part. La faible proportion de liquide céphalique qui peut se trouver infiltrée dans les mailles de l’arachnoïde cérébrale, ne peut donc alors se rencontrer que dans les sillons bien peu profonds qui séparent les vaisseaux d’avec la surface de l’encéphale ou les circonvolutions céré— brales entre elles. La meilleure preuve, d’ailleurs, qu'il n’y à pas de nappe li— quide sous la dure-mère dans ces cas, c’est que ce liquide ne coule pas si l’on perfore la dure-mère. Remarquons, en pas— sant, la difficulté considérable en présence de laquelle se trouve l’expérimentateur pour trouer la dure-mère, en évitant de tou— cher le cerveau qui est immédiatement appliqué contre elle. C'est avec peine qu’il peut arriver à traverser la dure—-mère avec la pointe d’un bistouri sans piquer en même temps le cerveau, preuve évidente qu’il n'existe pas, entre la membrane et l’or- gane qu’elle recouvre, de place pour une couche de liquide. 1] est done certain que, chez bon nombre d'animaux (chiens), le liquide céphalo-rachidien, sous la dure-mère crânienne, ne se rencontre pas autrement qu’à l’état d'infiltration très-peu con— sidérable dans des sillons arachnoïdiens d’une profondeur in— signifiante. Un fait intéressant ressort de cette observation relative à l’abord du sang dans le crâne, c’est que la pression intra-crâ— nienne augmente à chaque systole cardiaque, puisque la cavité formée par la dure-mère et le crâne ne variant pas, le volume sang augmente à chaque systole dans cette cavité. Consé— quemment, il est de toute évidence que la masse encéphalique éprouve à chaque systole cardiaque un certain degré de com— pression. On sait que, pendant chaque mouvement d’expiration, la pression sanguine intra-artérielle augmente encore. Il en ré— sulte que la compression des masses nerveuses centrales aug— mente alors dans une proportion correspondante. Un tel fait, qui peut surprendre au premier abord, est cepen- dant conforme à d’autres résultats expérimentaux, que la So— ciété se rappellera peut-être. Je veux parler de l'augmentation, du reste peu considérable, que subit la pression du liquide cé— phalo-rachidien au moment des systoles cardiaques etde chaque ST. JEU expiration pulmonaire. En présence de ce fait, que j’ai soumis à la Société, on pouvait déjà concevoir la nécessité de la com— pression des masses nerveuses centrales au moment des pulsa- tions artérielles et de l'expiration pulmonaire. On a pensé que cette nécessité de la compresion des centres nerveux devait con- duire à révoquer en doute les résultats expérimentaux qui dé— montrent la compression. Il me semble, au contraire, qu’en pré- sence de deux ordres de faits positifs, la logique d’une théorie, quelle qu’elle soit, disparaît. Mais quelle peut être l'influence de cette compression nor- male, régulière, rhythmique des centres nerveux, sur leur fonc- tionnement physiologique ? C’est une question à étudier; pour le moment, revenons à l’étude des cas dans lesquels on ne peut constater l’existence du liquide céphalo-rachidien. On vient de voir que ce liquide ne s’écoule pas fréquemment de la cavité sous-arachnoïdienne quand on a pratiqué un petit trou à la dure-mère. S’écoule-t-1l mieux quand on ouvre lar— gement cette membrane ? Bon nombre d'observations recueillies dans des conditions expérimentales semblables disent que non. Ainsi, après avoir enlevé une partie de la calotte du crâne, on avait taillé dans la dure-mèêre un lambeau qui découvrait le cerveau à sa partie supérieure, dans une étendue de près d’un centimètre carré, et l’on ne voyait pas couler de liquide par cette large ouverture. Dans des conditions semblables ou analogues, le liquide est au contraire sorti de dessous la dure-mère en nappe plus ou moins abondante, jamais en jet. Un détail d'observation montre bien l’état d'infiltration du liquide céphalique dans les mailles de l’arachnoïde, alors même que ce liquide y existe manifestement en proportion no— table. Il arrive quelquefois que l’on incise la dure-mère sans léser l’arachnoïde gorgée de liquide; l’arachnoïde fait alors hernie à travers la fente de la dure-mère sans qu'une goutte de liquide s’échappe aux dehors. Si alors on incise l’arachnoïde elle même, le liquide s'écoule en nappe en plus ou moins grande quantité. Plusieurs fois, j’ai pu de nouveau m'assurer que les ventri— cules étaient vides de liquide et que les surfaces ventriculaires étaient immédiatement appliquées l’une contre l’autre. Plusieurs fois, enfin, il a été évident que, sous le ligament occipito-atloïdien, en arrière du cervelet, là où la collection du — 70 — liquide céphalo-rachidien est plus considérable d'ordinaire, il ne se trouvait pas une goutte de liquide. Je mentionnerai deux circonstances dans lesquelles cette absence du liquide rachidien autour de la partie supérieure de la moelle cervicale a été par— ticulièrement remarquée. Dans l’une, il s'agissait de recueillir quelques gouttes de li- quide céphalo-rachidien au-dessous de l’espace occipito-atloi— dien pour y rechercher l'acide salicylique — on avait donné du salicylate de soude à l'animal ; — il fut impossible de récolter une goutte de liquide céphalo-rachidien pour la recherche que l’on se proposait. On a constaté si souvent la présence de l’acide salicylique dans le liquide céphalo-rachidien, qu'il serait puéril de dire que le salicylate de soude provoque la résorption de ce liquide. Dans l’autre cas, on tentait de mesurer la pression du liquide céphalo-rachidien avec l’hémadynamomètre, au—-des— sous du ligament occipitoatloïdien. Or, le liquide faisait com- plétement défaut, et la recherche dut être répétée sur un autre animal, où le liquide existait. Le fait anatomique que voici tendrait à montrer que l’ab— sence de liquide céphalo-rachidien n’est pas un accident pas— sager dans la vie de l’animal, mais un état physiologique nor— mal. En pratiquant la nécropsie d'animaux chez lesquels le l— quide céphalo-rachidien faisait défaut à l’état de couche fluide d’une épaisseur appréciable, j'ai constaté que la dure-mère cérébro-rachidienne enveloppait immédiatement les masses nerveuses encéphalo-médullaires. La dure-mère crânienne était immédiatement appliquée sur les lobes cérébraux, et la dure-mère rachidienne enserrait si étroitement la moelle épi— nière, particulièrement à la région dorsale, qu'il était extrème— ment difficile de fendre cette membrane sans léser les cordons de la moelle ; il n'existait done pas de place entre la dure-mère et les centres encéphalo—médullaires pour une couche continue de liquide ayant une certaine épaisseur. Le liquide céphalo— rachidien existait là évidemment comme un exsudat fluide des- tiné à lubréfier ies surfaces des centres nerveux et des mé— ninges, comme la sérosité que présentent les surfaces péricar— diques ou péritonéales. AU Le liquide céphalo-rachidien n’existe donc pas constamment chez le chien à l’état physiologique, en tant que masse liquide d’une épaisseur, d’un volume notable. On connaît les diverses doctrines auxquelles le rôle physiolo— 0 — gique ou pathologique du liquide céphalo-rachidien a donné lieu. Je rappellerai seulement que Magendie considérait le li— quide auquel il a donné le nom de céphalo-rachidien comme une humeur physiologique ayant des fonctions déterminées, tandis que la plupart des médecins pensaient qe’il était une production pathologique. Si l’on prend en considération les faits que je viens de rapporter, à savoir que, dans l’état normal, le liquide céphalo-rachidien peut exister en nappe fluide en pro— portion variable, ou bien faire défaut et-n’exister qu’à l’état de suintement à la surface des méninges et des centres nerveux, on comprend aisément le désaccord qui a pu exister entre les médecins relativement au liquide céphalo-rachidien, les uns et les autres pouvant trouver en réalité dans leurs recherches des faits à l’appui de leur opinion. Mais, si le liquide céphalo-rachidien n’existe pas d’une ma nière constante, il est au moins imprudent de lui prêter un rôle constant, régulier, soit au point de vue physiologique, soit au point de vue pathologique, car on n’est pas en droit d’édifier une théorie sur une base qui peut faire défaut. En anthropolo— gie, par exemple, ne devrait-on pas tenir compte de la variation possible que peut présenter la masse de liquide céphalo-rachi- dien dans la cavité crânienne, lorsque l’on évalue le volume de l’encéphale par la mensuration de la cavité crânienne ? Il est toutefois mtéressant de rechercher le role que peut jouer le liquide cérébro-spinal alors qu'il existe en quantité appré- ciable au dessous des méninges cérébro-rachidiennes et dans les cavités ventriculaires de l’encéphale. Sans entrer dans l’énumération des nombreuses hypothèses qui ont été faites sur les fonctions du liquide céphalo-rachi- dien, j'en rappelierai une qui a été émise récemment devant la Société de Biologie par notre collègue, M. Duret, à propos des lésions de l’encéphale produites par les traumatismes céré— braux. D’après cette hypothèse, les chocs plus ou moins violents du crane détermineraient une augmentation de la pression du li- quide céphalo-rachidien telle, que ce liquide pourrait écraser la substance cérébrale. Par exemple, l'augmentation de la pression du liquide céphalo-rachidien pourrait devenir assez grande pour broyer le plancher du quatrième ventricule et faire éclater le bulbe. Il en serait de même pour la corne d’Am— mon. Remarquons encore une fois que cette hypothèse ne saurait PS, 0e s'appliquer qu'aux cas où le liquide céphalo-rachidien existe en collection fluide. Les lésions encéphaliques, telles que con- tusions, hémorrhagies, etc., ne peuvent pas être attribuées à une action du liquide céphalo-rachidien sur les masses cérébrales lorsque cette humeur n’existe qu’à l’état de suintement lubré— fiant les surfaces encéphaliques. Mais lorsque le liquide cé— phalo-rachidien existe en proportion notable, est-on en droit de lui reconnaître le pouvoir d’acquérir en un point donné une pression suffisante pour qu’il puisse réduire en bouillie la sub— stance nerveuse de l’encéphale, par exemple perforer le bulbe de dedans en dehors ? Avant d'émettre une semblable manière de voir, ne devait- on pas tout d’abord déterminer quelle est la pression du liquide céphalo-rachidien dans les conditions normales, physiologi- ques, puis chercher ce que devient cette pression sous l’m— fluence de la commotion cérébrale, ou, d’une manière plus gé— nérale, sous l’action des chocs du crâne, quelles que soient d’ailleurs les lésions que ces chocs puissent déterminer. Les recherches expérimentales que j’ai communiquées à la Société de Biologie établissent que la pression du liquide cé— phalo-rachidien varie dans l’état normal entre 0 et 1 millimè— tre de mercure, et que les chocs les plus violents du crâne élè- vent cette pression jusqu'à 5 millimètres seulement. On con- viendra que c’est là une cause bien peu puissante d’écrasement de la substance cérébrale, surtout quand il s’agit d’une partie de la substance cérébrale particulièrement résistante, comme le bulbe rachidien. Je ne me propose pas de faire ici la critique de l’hypothèse émise par notre collègue, de sorte que je n’insisterai pas sur la valeur de quelques déductions expérimentales sur lesquelles elle est fondée ; je laisse également de côté ce qu'elle peut avoir de contraire aux principes de la physique, ne voulant en parler qu’à propos de la contradiction qu’elle offre avec les faits expé— rimentaux que j'ai eu l’occasion de constater dans le cours de ces dernières années. ATROPHIE DE LA CIRCONVOLUTION PARIÈTALE ASCENDANTE GAUCHE CONSÉCUTIVE A UNE COMPRESSION PAR UNE TUMEUR PAS DE PARALYSIE DU COTÉ DROIT; CONVULSIONS UNILATÉRALES GAUCHES CHEZ UNE FEMME ATTEINTE DE PARALYSIE CÉNÉRALE (MÉNINGO—ENCÉPHALITE CHRONIQUE INTERSTITIELLE DIFFUSE ET SARCOME ANGIOLITHIQUE) Communication faite à la Société de Biologie, le 30 novembre 1878, Par M MAGNAN M. M., femme L..., ménagère, âgée de 48 ans, entre à Sainte- Anne le 36 octobre 1878. Cette femme, dont les antécédents héréd:- taires n’offrent rien de particulier, d’une santé habituellement bonne, s’est mariée en secondes noces au commencement de 1870, après avoir eu, d’un premier mariage, un enfant, mort à six mois d’une affection intercurrente. La ménopause semble dater chez cette ma- lade d’une époque antérieure à son second mariage, mais, dans tous les cas, le mari n’a jamais chez elle constaté de règles. En novem- bre 1870 se produit, pour la première fois, une attaque épilepti- forme qui est bientôt suivie de cinq autres développées successive - ment et presque sans interruption. Les convulsions s'étendent à tout le côté gauche du corps, au bras, à la jambe et à la moitié corres- pondante de la face; elles ne laissent après elles aucune paralysie, ni à droite, ni à gauche. A partir de ce moment, des attaques se sont montrées irrégulièrement, plus fortes par moments, d’autres fois plus faibles, mais en général plus fréquentes, se traduisant tou- jours par des convulsions unilatérales gauches, sans traces de pa- ralysie. Dès 1870, les facultés paraissent affaiblies, la mémoire di- minuée, et quoique la malade vaque aux soins du ménage, elle MÉM. 1878. 10 74 — s’acquitte de sa tâche assez mal pour que le mari soit obligé de tout surveiller, de tout mettre en ordre. Les facultés morales et af- fectives sont également émoussées, la malade reste apathique, in- différente, et ne paraît nullement touchée ni de son insuffisance, ni des reproches qui, au début, lui sont adressés. Parfois elle paraît satisfaite, contente, malgré de nombreux motifs de tristesse. En 1876, es convulsions s’accompagnent parfois d’excitation, et en 1877, à la suite d’une série d'attaques, la malade est prise d'un accès mania— que pour lequel on la fait entrer à Sainte-Anne. Sortie au bout de cinq mois sur la demande de son mari, elle est incapable de s’occu- per de son ménage, et après un nouvel accès d’azitation, elle est re- placée à l'asile, À son entrée, le 30 octobre 1878, elle offre un de- gré avancé de démence, sa mémoire est notablement affaiblie, elle est satisfaite, contente; elle raconte d’une manière enfantine qu’elle gagne beaucoup d’argent, qu’elle fait de belles bottines, qu’elle est très-adroite, qu’elle a de jolis yeux, qu’elle est belie. Sa parole est hésitante, la pupille gauche est plus large. Elle reste dans le même état pendant trois semaines, puis elle devient turbulente, s’excite, entend la voix de ses parents, de son mari, et elle est prise d’at- taques épileptiformes suivies de coma et de mort, le 26 novembre. Auropsie. La calotte crânienne est épaissie, le diploé est rouge, injecté de sang dans toute son étendue. La dure-mère faiblement njectée, ne présente pas de néo-membranes. L’arachnoïde et la pie- mère épaissies, œdémateuses, opalines, adhèrent dans toute l'étendue de l'hémisphère droit en arrière aussi bien qu’en avant. L’hémis- phère gauche présente également des adhérences sur le lobe fron-— tal, sur ‘le lobe occipital, mais, à la partie moyenne, les méninges s’enlèvent avec la plus grande facilité sur les circonvolutions fron- tale et pariétale ascendantes, sur les lobules pariétaux supérieurs et inférieurs et sur les circonvolutions temporales. Sur ce même hémisphère gauche, à la partie moyenne du sillon de Rolando, on voit une tumeur allongée, dirigée de haut en bas et d’arrière en avant dans le sens du sillon, légèrement bosselée, se laissant dépri- mer par un repli de la circonvolution frontale ascendante, mais ap puyant en arrière sur la circonvolution pariétale ascendante qu’elle comprime, et qui, dans ses deux tiers supérieurs, se trouve réduite à peine aux deux tiers de son volume. Profondément la tumeur plonge dans le sillon de Rolando, atteint la substance blanche après avoir détruit la pie-mère et la couche corticale dans l’étendue de 2 centimètres. La tumeur (1) (sarcôme angiolithique), d'un gris rosé, du volume d’une amande, ovoïde, à grosse extrémité supérieure, est formé par une coque fibreuse, résistante, doublée d’une couche grisâtre, mince et molle. Le contenu jaunâtre, caséiforme, est très-mou par places, ou bien crétacé et résistant en d’autres en- droits. Dans la grosse extrémité, on trouve appendue à la face in- (1) Cornil et Ranvier, Manuel d’histologie, t. I, p. 433 EEE" terre de la coque fibreuse une petite masse fusiforme de 1 cenfi- mètre de longueur sur 5 millimètres dans la portion la plus large, offrant à la coupe des stratifications successives qui, d’un noyau central assez résistant, d’un gris perlé, s'étendent en dehors par couches successives d’aspect fibreux, d’abord grisâtre, et puis jaunâtre à la périphérie. Le centre est composé de vaisseaux pelo- tonnés dont la paroi, vue au microscope, est transformée en une gaîne homogène, vitreuse, avec de petites fissures transversales de distance en distance comme les brisures de verre. Dans les prépa- rations prises à la périphérie de ce petit corps ovoïde, on aperçoit de nombreux cristaux de cholestérine. Ceux-ci se montrent égale- ment très-nombreux au milieu de gouttes de graisse, de corps gra- nuleux et de granulations graisseuses dans les préparations prove- nant de la substance caséiforme. La couche du tissu cérébral, en contact avec la tumeur, au fond du tissu de Rolando, examinée au microscope, laisse voir de rares cellules nerveuses (corticales) échappées à la destruction, des corps granuleux, des granulations isolées ou réunies en amas irréguliers, dispersés çà et là dans la préparation ou groupés sur les parois vasculaires. À 3 millimètres au-dessous, le ramollissement peu pro- fond s'arrête déjà, au microscope on trouve, en effet, seulement quelques rares corps granuleux ; les tubes nerveux, munis du cy- lindre d’axe et de la gaîne de myéline sont sains. Le quatrième ventricule est granuleux (fibrômes papilliformes), Paralysie générale et tumeur cérébrale avec atrophie de la pariétale ascen- dante sans aucun trouble de la motilité à droite. a. Sarcôme angiolithique. B b. Atrophie des deux tiers supérieurs de la circonvolution pariétale ascen- ante. c. Circonvolution frontale ascendante normale. — 76 — surtout au niveau du bec du calamus; quelques granulations se montrent aussi à la surface de l’épendyme des ventricules laté- raux. | Le cœur est surchargé de graisse; la paroi ventriculaire gauche est recouverte d’une couche graisseuse qui reste superficielle, mais sur le ventricule droit cette couche pénètre plus profondément. La valvule mitrale souple n’offre pas d’altération; les valvules sygmoïdes sont également saines. _ L’aorte est légèrement jaunâtre, mais sans plaques saillantes d’athérôme. Les poumons n’offrent d’autres. altérations qu'un peu d’engoue- ment à la base et en arrière sur les parties déclives. La rate est normale. Les reins sont légèrement jaunâtres à la couche corticale. Le foie, légèrement graisseux, n’offre, par places, que quelques plaques jaunâtres. Les symptômes observés chez cette malade sont ceux de la paralysie générale ordinaire, et si, dès le début il s’est produit des attaques convulsives unilatérales gauches elles trouvent une explication suffisante dans la prédominence marquée des lésions (méningo—-encéphalite chronique interstitielle diffuse) dans l’hémisphère droit. Le fait de la prédominance unilaté— rale des troubles moteurs dans la paralysie générale a été signalé depuis longtemps et M. Baillarger avait déjà noté chez les paralytiques généraux qui se tiennent penchés d’un côté du corps, des lésions plus accusées et particulièrement une dimi- nution de poids de l’hémisphère opposé au côté affaibli. Pour ma part, j'ai eu plusieurs fois l’occasion de constater une pré- dominance marquée de la lésion dans l’hémisphère opposé, non seulement à la parésie mais aussi aux convulsions unila— térales. Toutefois, dans quelques cas, les désordres de la moti- lité accusés d’un côté, sont sous la dépendance d’une lésion circonscrite surajoutée à l’encéphalite interstitielle diffuse. Quoiqu'il en soit, les convulsions sont ici la conséquence légi- time de la plus grande étendue de l’inflammation chronique sur l’hémisphère droit. Mais pour l’hémisphère gauche, comment donc expliquer le silence de la lésion ? Comment expliquer l’ab- sence complète de toute réaction dans le côté droit du corps, avec une lésion aussi étendue et aussi profonde des deux tiers supérieurs de la circonvolution pariétale ascendante gauche ? Pourquoi pas de paralysie, pas même de parésie plus accusée à droite ? Est-ce donc là un fait hostile à la théorie des locali-— sations ? Je ne le pense pas. Nous avions affaire ici à une tu bre ps meur bénigne, indolente, qui s’est développée avec une grande lenteur ; l’atrophie de la pariétale ascendante s’est conséquem- ment produite lentement et par suite ce développement lent a pu rendre possible une suppléance fonctionnelle. Il est bon encore de remarquer l’absence presque complète d’adhérences méningées dans le voisinage de la tumeur, preuve manifeste de son indépendance et de son action absolument négative dans le développement de la méningo-encéphalite chronique. ol go A haqdalets | artoun Jai LA WF lent Lote de DU FAN. NES en da 4 OR on SUPHET ae te M AR Ba aa ai en Aa tt CE Fume TUE dog EURE LME FETE hu id FIAT TR TE DE L’APHASIE SIMPLE ET DE L'APHASIE AVEC INCOHÉRENCE Communication faite à la Société de Biologie, le 28 décembre 1878, Par M. MAGNAN Si la perte de la faculté du langage, l’aphasie, se présente habituellement à l’état de simplicité, elle offre parfois, comme du reste les autres affections cérébrales, des complications qu’il est important de connaître. Sur trois faits que j’ai eu l’oc- casion d'observer depuis peu de temps, deux sont des cas d’aphasie vulgaire, le troisième, au contraire, s’écarte des ob-— servations ordinaires à la fois par ses symptômes intellectuels et par ses symptômes physiques. Cependant, dans les trois cas, la pathogénie est la même, la cause première des accidents ré- side dans la lésion de l’appareil circulatoire. Deux fois la valvule mitrale, profondément altérée, est le siège d’un abcès athéro-— mateux d’où se détachent les détritus emboliques qui oblitèrent les artères cérébrales; une fois les vaisseaux eux-mêmes sont le point de départ de l’embolie. Dans les trois cas, d’ailleurs, tout l’arbre artériel est envahi par l’athérome, et des infarctus se sont également produits ailleurs que dans le cerveau, dans les reins sur les trois, et aussi dans le foie sur l’un d’eux. Le ramollissement cérébral siége dans les trois cas sur l’hémisphère gauche; la troisième circonvolution est atteinte, mais avec elle et, dans des proportions considérables, l’insula participe à la lésion, ce fait est utile à relever, d'autant mieux que la coïncidence des lésions de l’insula et de la troisième cir— convolution frontale est très fréquente dans l’aphasie, que souvent même la lésion de la troisième circonvolution est peu — (at —— étendue, celle de l’insula, au contraire, très développée ; que dans quelques cas, enfin, la troisième circonvolution est libre et l’insula lésée. Chez les trois malades, les troubles de la motilité existent du côté droit, mais chez l’un d’eux ils sont limités au membre su- périeur. O8s. I. — APHASIE, HÉMIPLÉGIE DROITE, LÉSION MITRALE. — PLAQUE JAUNE DE TOUTE LA SURFACE DE L'INSULA ET DE LA MOITIÉ POSTÉ- RIEURE DU BORD ET DE LA FACE INFÉRIEURE DE LA TROISIÈME CIRCON- VOLUTION FRONTALE GAUCHE (LÉSION ANCIENNE); RAMOLLISSEMENT DE LA CAPSULE INTERNE (LÉSION RÉCENTE). G... Paul, vannier, âgé de 40 ans, entre le 25 octobre 1878 à l’asile Sainte-Anne, sans nul renseignement sur ses antécédents. Interrogé, il paraît comprendre la plupart des questions, mais ne peut répondre et prononce des monosyllabes « mo, ba, bon », indiquant de la main gauche qu’il ne peut pas parler. Si lon insiste, il s’impatiente et pleure. Il regarde, mais sans faire le moindre effort pour lire, un livre qu’on lui met dans les mains; il ne peut pas davantage écrire. Il traîne la jambe et soulève péniblement le bras du côté droit. Il présente un souffle prolongé au premier temps à la pointe du cœur, des râles ronflants et sibilants des deux côtés de la poi- trine ; il est oppressé, il a de la fièvre. Le 1‘”’novembre. Attaque apoplectiforme, résolution complète du bras et de la jambe du côté droit déjà affaibli, commissure droite abaissée. Le 2 novembre. Œdème notable avec élévation de température du bras et de la jambe paralysés; déglutition très difficile; état demi-comateux. Le 4 novembre. Agonie et mort. AUTOPSIE. — Méninges œdémateuses, infiltration sanguine de la pie-mère au niveau de la partie moyenne de la frontale ascendante gauche. Oblitération de l'artère sylvienne à son origine, avant la nais-— sance des rameaux du corps strié, par une embolie ; celle-ci est formée au centre par un fragment crétacé de l’abcès athéromateux. de la valvule mitrale, sorte de noyau central qu’enveloppe une couche mince de fibrine. Plaque jaune de toute la surface de l’insula (Fig. I, a), du pied de la frontale ascendante, (b), de la moitié postérieure du bord et de la face inférieure de la troisième frontale (c). De plus une coupe frontale montre un foyer de ramollissement nécrobiotique sur le trajet de la couronne rayonnante, un peu au- dessus et en dehors du noyau caudé, au dessus et en dedans du corps lenticulaire. Ce foyer à une étendue de trois centimètres OI environ d'avant en arrière et de 4 à 5 millimètres transversalement. On voit en outre, au dessous, deux petites lacunes occupant la partie moyenne de la capsule interne. Figure I. La substance fibreuse, comprise entre ces lacunes et le foyer supérieur, en apparence saine, se montre au microscope notable— ment altérée et l’on y découvre de nombreux corps granuleux, in- dices d’un travail déjà avancé de dégénération. Plus en arrière, sur la coupe pariétale, on voit encore au-dessous du foyer principal des lacunes lenticulaires également blanchâtres et dénotant une lésion récente. De telle sorte que le tiers antérieur de la capsule interne est en réalité lésé malgré l’aspect normal des parties intermédiaires aux foyers de ramollissement déjà formés. Les méninges s’enlèvent facilement sur toute la surface de l’hé- misphére droit; l'écorce de ce côté pas plus que les parties cen- trales n’offrent d’altération. ; Le cœur est volumineux, sa surface péricardique un peu louche présente par places des plaques laiteuses ; les parois ventriculaires gauches sont épaissies. La valvule mitrale, d’une épaisseur considérable, rétrécit l’orifice auriculo-ventriculaire en même temps qu’elle le ferme incomplète- ment; elle est envahie par des dépôts crétacés; la grosse colonne droite, au point d'insertion avec la valvule, est profondément creu- sée par un abcès athémorateux, au fond duquel de nombreux dé- bris se trouvent détachés et prêts conséquemment à être lancés dans l'oreillette gauche, dans le ventricule gauche et de là dans l'aorte. 14904" Le La grosse colonne gauche est comme étranglée, jaunâtre et dure à son insertion à la valvule, mais elle ne présente pas d’ulcération. Les valvules sigmoïdes ne sont pas rigides et l’aorte offre à sa sur- face de petites plaques jaunâtres légèrement saillantes mais non ulcérées. Les reins sont volumineux; le gauche offre à sa surface une plaque jaunâtre (ancien infarctus) de 25 millimètres de diamètre et pénétrant à une profondeur de 7 millimètres environ. En incisant les deux reins perpendiculairement au bord convexe, on remarque une teinte jaunâtre de toute la couche carticale et des colonnes de Bertin; les pyramides de Malpighi paraissent nor- males. Le foie est jaunâtre et en voie de dégénérescence graisseuse ; il présente à l’union du tiers gauche avec le tiers moyen de la face supérieure une plaque jaune de 3 centimètres de diamètre et d’une profondeur de 2? centimètres environ ; c’est le seul point de l'organe qui ait été le siège d’un infarctus. RÉFLExIONS.—L’affection cardiaque, par ses embolies, a été le point de départ des lésions cérébrales, maïs celles-ci, quoique de même origine, forment deux groupes bien distincts et de date différente. D’une part, la plaque jaune de l’insula, de la troi- sième circonvolution frontale, du pied de la frontale ascendante, la première en date, s’est accompagnée d’aphasie et d’hémiplé— gie droite incomplète; d’autre part, le ramollissement nécrobio- tique de la capsule interne et de la couronne rayonnante a pro— voqué en dernier lieu une hémiplégie droite complète avec œdème considérable et élévation de température du même côté. Le siége de l’embolie à l’origine de la sylvienne explique l’é- tendue de la lésion centrale, et sa date récente fait comprendre l’aspect presque normal que présente, dans l’intervalle des foyers, le tissu fibreux de cette région. O8s. II. — APHASIE; HÉMIPLÉGIE DROITE; RAMOLLISSEMENT DE LA TROISIÈME CIRCONVOLUTION FRONTALE, DE L'INSULA ET D'AUTRES POINTS DE LA RÉGION FRONTO-PARIÉTALE GAUCHE. B... Marie, femme D..., âgée de 65 ans, entre à Sainte-Anne le 31 décembre 1877, venant de l'hôpital Temporaire, où ses cris et son excitation la nuit troublaient le repos des malades. B... reconnaît les objets, mais ne peut les nommer et répond à toutes les questions par les syllabes « ton, ton, va, ton, ton », ac-: compagnant parfois cette réponse d’un geste négatif de tête. Elle ne peut ni lire, ni écrire; elle présente une hémiplégie droite sans troubles de la sensibilité; elle a de la fièvre, elle est très affaiblie, « RO elle respire avecdifficulté, elle cffre de la matité à droite et en ar- rière, avec obscurité de la respiration. La malade meurt le 16 janvier. Auropsie.—L’épaisseur de la calotte crânienne est considérable et n'a pas moins de onze millimètres en arrière, à la partie moyenne de l’occipital ; le diploé n’est pas injecté et l’os ne paraît pas ma- lade. 120 gr. de sérosité s’écoulent de l’incision de la dure-mère; l'arachnoïde et la pie-mère sont infiltrée et opalines par places. L'hémisphère droit pèse 500 gr., l'hémisphère gauche 442 gr., le cervelet, la protubérance et le bulbe, 148 gr.; le poids total de l'encéphale est donc de 1,090 gr. seulement. L’hémisphère gauche offre une dépression à la région fronto-pariétale et les méninges laissent apercevoir par transparence une teinte jaunâtre (feuille morte) très étendue ; la pie-mère se détache facilement sur toute la surface de l'hémisphère, excepté au niveau du ramollissement où elle reste adhérente. Le ramoilissement occupe la troisième cir- convolution frontale dans sa totalité (fig. II, &), les trois premières Figure Il. digitations de l’insula (b). le bord antérieur de la quatrième (c); la cinquième digitation en arrière est libre; au-dessus, d’arrière en avant, le tiers inférieur de la pariétale ascendante (d) et la partie avoisinante des deux lobes pariétaux (e), l'extrémité inférieure de la frontale ascendante (f), et en avant, la deuxième circonvolution uote frontale (g), dans toute son étendue, sauf une portion, le cinquième environ à l’union du cinquième postérieur avec les trois cinquièmes antérieurs. Cette vaste plaque de ramollissement comprend toute lé épaisseur de la couche corticale et pénètre profondément à travers linsula jusqu’à l’avant mur. Les méninges s’enlèvent facilement sur tout l'hémisphère droit. dont la surface n'offre elle-même aucune trace de ramollissement pas plus que les autres parties profondes. Le cœur est recouvert d’une couche de graisse plus épaisse sur le ventricule droit; les cavités gauches sont remplies de caillots rosés, fibrineux, les cavités droites de caillots noirs. L’aorte est jaunâtre et parsemée de nombreuses plaques athéromateuses, légè- ment saillantes mais sans ulcérations. Les grosses artères de la base sont athéromateuses et l’on voit aussi des plaques d’athérôme sur les artères secondaires, et dans quelques points toute la paroi est envahie. Le poumon droit adhère en arrière dans les deux tiers inférieurs à la paroi costale, les fausses membranes sont rouges en quelques endroits et infiltrées de sang. La base des deux poumons est en- gouée, le tissu est dense, se laisse pénétrer par le doigt, mais ne va pas au fond de l’eau. Le foie est légèrement jaunâtre et sa surface reste granuleuse après l’ablation de la capsule de Glisson. La vésicule biliaire est distendue par une masse calculeuse d’un jaune foncé. Le rein droit est déprimé et présente une plaque jaune (infarctus ancien) au niveau du quart supérieur du bord convexe. Le rein gauche est réduit au volume d’un œuf de pigeon ; sa surface est bosselée et présente de petites plaques jaunes (infarctus tranchant sur le fond qui est d’un rouge brun. RÉFLEXIONS. — L’épaisseur et la consistance du crâne sont d'autant plus remarquables chez cette malade, qu’elle est déjà avancée en âge et que ses artères sont très athéromateuses, conditions favorables, au contraire, à l’amincissement ou du moins à la raréfaction du tissu osseux. Si le cœur n'offrait pas ici de lésions valvulaires comme dans les deux autres cas, les artères étaient beaucoup plus athéromateuses. Le ramollissement occupe une étendue consi- dérable et la troisième circonvolution frontale gauche est en— tièrement envahie, mais ici encore la presque totalité de l'in sula est atteinte. Le centre opto-strié, la capsule interne ne présentent pas de traces de ramollissement. La malade aphasique et agraphique offrait les symptômes. de l’aphasie vulgaire, mais, en outre, elle a été prise d’accès passagers, d’agitation maniaque qui ont provoqué son entrée à ASE V'Asile Sainte-Anne. Chez les aphasiques, comme du reste chez les malades affectés de lésions circonscrites du cerveau, il m'est pas rare de voir se développer, dans le cours de la maladie, des phases délirantes avec expansion ou dépression, quelquefois même des délires inconscrits, qui changent complè- tement la physionomie du malade et réclament des mesures de précaution spéciales. Ogs. III. — APHASIE AVEC INCOHÉRENCE; MONOPLÉGIE BRACHIALE, LÉSION MITRALE.—PLAQUE JAUNE DU TIERS DU BORD ET DE LA FACE INFÉRIEURE DE LA TROISIÈME CIRCONVOLUTION FRONTALE GAUCHE, DES TROISIÈME ET QUATRIÈME DIGITATIONS DE L’INSULA (APHASIE); PLAQUE A L'EXTRÉMITÉ SUPÉRIEURE DE LA FRONTALE ASCENDANTE DANS LA PARTIE CORRESPONDANTE AU PIED DE LA PREMIÈRE FRONTALE ET UN PEU AU-DESSOUS (MONOPLEGIE BRACHIALE); PLAQUES NOM- BREUSES SUR D'AUTRES POINTS DE LA PARTIE ANTÉRIEURE DE L'HÉ— MISPHÈRE GAUCHE (INCOHÉRENCE.) L... Clément, âgé de 42 ans, batelier, entre à l'asile Sainte-Anne le 20 septembre 1878. Ce malade avait été trouvé sur le bord de la Seine, gémissant et prononçant des paroles incompréhensibles. A son arrivée, il répond aux questions qu’on lui adresse par des interjections, des syllabes ou des mots qui n’ont aucune suite, as- semblage bizarre prononcé avec des intonations variées comme dans une conversation ordinaire. Il paraît suivre une série d’idées, mais il a entièrement perdu le souvenir des signes conventionnels qui les expriment, et il traduit son langage intérieur par un ver- biage incohérent. Pressé de désigner par leurs noms les objets qui l’entourent, il comprend ce qu’on lui demande, mais fait de vains efforts; il donne comme toute réponse : « de beu, de beu, a, beubeu, beu, beu », qu’il prononce tantôt avec indifférence, tantôt en larmoyant. En outre, son attitude est singulière : il tient l’avant- bras droit élevé, légèrement fléchi, la main pendante sans mouve- ments; les doigts soulevés retombent aussitôt, les mouvements vo- lontaires du bras sont possibles, mais lents; le membre inférieur droit est libre et ses mouvements faciles; la face n'offre aucune trace de paralysie; la sensibilité est conservée des deux côtés. Le malade faible et amaigri paraît avoir subi de grandes privations. On trouve à l’auscultation quelques râles sibilants des deux côtés de la poitrine, et à la pointe du cœur un souffle prolongé au premier temps. L... Clément reste jusqu’au 16 octobre, présentant des alternati- ves de calme et d’excitation avec plaintes, gémissements, insomnie. L’aphasie et l’incohérence spéciale restent les mêmes; la monoplé- gie brachiale droite ne change pas, mais il survient une attaque apo- plectiforme, suivie d’une hémiplégie droite qui atteint la jambe Pr RE ee comme le bras, et celui-ci sans force retombe inerte le long du corps. Le malade s’affaisse promptement et meurt dans la nuit. AuTopsig.—Un peu de liquide rougeâtre s'écoule après l’incision de la dure-mère. Celle-ci enlevée, l'hémisphère gauche se présente tapissé par une fausse membrane, mince, transparente, mais injec- tée en plusieurs points où se dessinent de fines arborisations vascu- laires. À droite, il n’y à point de néo-membrane. L'arachnoïde et la pie-mère sont œdémateuses des deux côtés, et des plaques laiteuses opalines se montrent à la partie moyenne du bord supérieur des hémisphères au niveau des corpuscules de Pac- chioni; les artères de la base présentent par places de petites pla- ques athéromateuses. L’hémisphère droit pèse 575 gr., tandis que le gauche pèse 485 gr. seulement. Sur l’hémisphère gauche, le lobe temporal intimement soudé par son extrémité antérieure et supérieure à la troisième circonvolution frontale, présente une pla= que jaunâtre déprimée qui dépasse la scissure de Sylvius pour s’é- taler sur le bord inférieur du lobe frontal. Ces deux lobes étant séparés avec soin, le lobe temporal abaissé, le bord inférieur du lobe frontal relevé, ainsi que l’extrémité inférieure des deux cir- convolutions centrales, l’insula est à découvert et les lésions sont rendues très apparentes. Le ramollissement, d’une teinte feuille morte, s'étend du bord inférieur du tiers postérieur de la troisième circonvolution frontale (fig. IIE, a), sur la troisième et la quatrième digitation de l’insula * Figure III. ddl is M p mu ARE RRONS > LEO (b), de là il gagne l'extrémité antérieure totalement détruite, de la première circonvolution temporale (c) et la moitié antérieure de la scissure parallèle dont le fond jaunâtre (c’), après l’écartement des deux circonvolutions, tranche sur leur teinte grisâtre; une petite plaque de ramollissement se montre aussi au fond du sillon qui sépare la deuxième de la troisième temporale (d); on découvre en- core une plaque jaune au fond de l'extrémité antérieure de la scis- sure interpariétale (e), et à l'extrémité inférieure du sillon qui li- mite en arrière la circonvolution pariétale ascendante (f). En outre, la première circonvolution frontale est presque entièrement en- vahie en dehors et en dedans (fig. IV, y')par une plaque de ra- Figure IV. A _ ii il mollissement qui, à sa partie moyenne, touche légèrement à la deuxième frontale, et s'étend en arrière jusqu’à la frontale ascendante dans la partie correspondant au pied de la première frontale et un peu au-dessous (h); mais la portion la plus élevée de l’extremité supérieure de la frontale ascendante et le lobule paracentral sont libres. Enfin, on trouve encore une plaque de ramollissement (4) dans la portion du lobule lingual qui confine le coin. L’hémisphère droit présente aussi une plaque de ramollissement ; elle occupe la moitié antérieure de la deuxième circonvolution temporale et s'étend inférieurement sur la partie moyenne de la troisième temporale dans une étendue de 2 centimètres environ, profondément elle ne dépasse la substance grise qu’à sa partie moyenne dans une très faible étendue. LRQ Le cœur gras, volumineux, présente une hvpertrophie concen- trique du ventricule gauche; la valvule mitrale est complètement envahie par une matière crétacée bourgeonnant à la surface auri- culaire de la valvule, ce qui donne de la rigidité aux valves, les ré- tracte et détermine tout à la fois un rétrécissement et une insuffi— sance. Le bord de la valve gauche profondément ulcéré, laisse aper- cevoir une large anfractuosité en partie comblée par des débris athé- romäteux prêts à se détacher, et par de petits caillots fibrineux plus ou moins adhérents. Les valvules sigmoïdes sont minces, lisses et souples. La! tunique interne de l’aorte jaunâtre est ta- pissée pur de petites plaques athéromateuses légèrement saïllantes mais non érodées. Le rein droit présente à l’union de son tiers supérieur et de son tiers moyen, une plaque jaune (ancien infarctus) qui pénètre d’un centimètre, dépassant la couche corticale et tranchant d’une ma- nière bien nette sur le reste de l’organe qui est d’un rouge brun. La rate est petite mais normale, le foie est légèrement gros; les deux poumons sont congestionnés à la base et en arrière, celui du côté droit offre, à sa partie moyenne, plusieurs lobules emphysé- mateux. RÉFLEXIONS. — Malgré l’absence de renseignements, l’al- coolisme, en raison de la dégénérescence graisseuse de la plupart des organes, doit chez cet individu, âgé seulement de 42 ans, faire partie du cortége étiologique. À cette cause, peut- être aussi au rhumatisme, la valvule mitrale doit l’altération profonde d’où sont nées les embolies qui ont criblé l’encéphale de foyers de ramollissement. Deux des plaques jaunes de l’hémisphère gauche, celle qui occupe le pied de la troisième circonvolution frontale et celle qui atteint l’extrémité inférieure de la circonvolution frontale ascendante, répondent à des localisations précises ; elles ex pliquent suffisamment l’aphasie et la paralysie du bras; cette double localisation était prévue, et nous nous attendions à trouver soit un vaste foyer de ramollissement, remontant de la troisième circonvolution le long de la frontale ascendante, soit deux foyers isolés; sous ce rapport, de nombreux faits cliniques sont venus aujourd’hui corroborer les recherches physiologiques. Reste l’incohérence, dont la pathogénie n’est pas encore déterminée, et que plusieurs observations semblent rattacher à des lésions multiples de la couche corticale. Mais quel doit être le siége exact de ces lésions ? Quel en doit être le nombre, l'étendue ? La réponse à ces questions n’est pas possible dans l’état actuel de nos connaissances; toutefois, DS 0 Ru nous savons que ces lésions ne doivent pas être cherchées sur les lobes occipitaux, peut-être pas même dans la moitié posté- rieure des hémisphères. Pour ma part, j'ai eu l’occasion de voir certains cas de lésions étendues de lobes occipitaux sans incohérence. Chez un mélancolique hypochondriaque, en particulier, dont le délire bien systématisé n’offrait nulle trace d’incohérence, j'ai trouvé à l’autopsie deux vastes plaques ocreuses recou- vrant comme une calotte les lobes occipitaux, s'étendant en avant sur les deux hémisphères jusqu'aux lobes temporaux envahis eux-mêmes en grande partie. Chez ce mélancolique, la sensibilité était émoussée, mais non abolie. C’est donc vers les parties antérieures qu’il faut porter son attention, et je ne doute pas que de nouvelles observations recueillies avec som ne jettent quelque lumière sur cette question de pathogénie. Dans le cas actuel, des foyers multiples ont, dans les lobes frontaux et pariétaux, transformé la couche corticale en une véritable mosaïque et les relations entre les différents plis de l'écorce sont profondément troublées. Que deviennent avec de tels désordres les différents groupes de fibres d'association ? Assurément c'est là que réside la cause de l’incohérence. Dans ces faits, comme dans l’idiotie, ainsi que l’a démontré le professeur J. de Mierzejewsky, les lésions cérébrales isolent en quelque sorte les différentes régions corticales, et au lieu d’un tout harmonieux, de facultés solidaires les unes des au tres, on assiste à ce spectacle étrange d'individus à aptitudes spéciales, développées, perfectionnées, mais isolées et con-- trastant d’autant plus vivement sur la stérilité des autres côtés de l'intelligence, permettant ainsi cette expression caractéris- tique d’ idiots savants. Notre malade avait-il conscience de son langage ? Croyait- il prononcer des paroles compréhensibles ? c’est “obabies ; Mais comment expliquer cette contradiction; d'une part, il com— prenait les paroles prononcées devant lui, et d’autre part, il appréciait mal son langage incohérent, puisqu'il donnait un sens déterminé à des phrases inintelligibles pour toute autre personne. Ce fait, en apparence contradictoire, n’est pas rare chez les aphasiques. Beaucoup d’entre eux, en effet, ne com prennent les mots qu'après de vives interpellations qui, mi tant vivement leur attention, concentrent brusque 1Qnt,, fus leurs efforts Sur un point; quelques-uns méme par, ne, répéter le mot prononcé devant eux et désignent Pobjet de L: MM, 1878. 11 — 90 — main. Un instant après, si on leur présente le même objet, ils prononcent une syllabe ou un mot quelconque sans nul rapport avec ce que l’on montre, tantôt reconnaissant leur erreur, d’autres fois, au contraire, ne paraissant pas s’en apercevoir. Nous ajouterons encore que la clinique permet de distinguer deux sortes d’incohérence : l’une qui accompagne les formes chroniques de la folie, plus particulièrement la manie chro— nique et qui ne se montre qu'après un très grand nombre d'années ; l’autre plus rapide, parfois même brusque dans son développement, est la conséquence de lésions cérébrales, le plus souvent de ramollissements nécrobiotiques marqués par des attaques apoplectiformes ou épileptiformes. Dans le pre— mier cas, l'ncohérence est donc la conséquence d’un trouble fonctionnel de longue date, arrive lentement, progressivement, et l’incohérence du langage est en rapport avec l’incohé- rence des idées, dans le second cas, des désordres anato— miques viennent brutalement briser le jeu régulier des fonc— tions et, dans ces cas, comme chez L..., l’incohérencé du langage ne révèle pas entièrement l’mcohérence des idées. Dans l’incohérence des vésanies, y a-t-1l aussi des lésions anatomiques ? D’après quelques résultats nécroscopiques, les désordres matériels sont peu apparents et l’examen his— tologique ne fait découvrir que des modifications peu impor— tantes, l’infiltration granulo-graisseuse et pigmentaire des cellules, linfiltration granulo-graisseuse des vaisseaux, mo- difications, on le voit, qui ne diffèrent point de celles que pro— duisent les progrès de l’âge. Dans une quatrième observation, la couche corticale de la troisième circonvolution frontale gauche paraît normale; mais ce centre coordinateur de la parole se trouve isolé par une tu— meur qui, progressivement, a fini par détruire ses racines, em- pêchant ainsi toute transmission à l’appareil d'exécution. Os. IV.—APHASIE; HÉMIPLÉGIE DROITE.—SARCÔME NÉVROGLIQUE DU LOBE FRONTAL GAUCHE. Van M. (Catherine), femme F..., âgée de 61 ans, entre à l'asile Sainte-Anne ie 15 octobre 1878, accompagnée par le certificat de M. Lasègue, aiast concu : « Démence, hémiplégie droite. aphasie. Incapacité absolue de pourvoir à ses besoins. » Interrogée dès son arrivée, elle est incapable de fournir le moin- dre renseignement; elle prononce des mots ou des monosyllabes sans suite; elle ne peut nommer les objets ; elle réfléchit, fait ef- Here fort, s'impatiente, pleure mème quelquefois, mais ne trouve pas. Cependant elle parvient de temps à autre à dire le nom exact de l’objet, et aussitôt son visage s’épanouit et elle paraît toute heu- reuse de son succès; elle offre donc l’irritabilité, la sensiblerie et la mobilité de la plupart des aphasiques. Elle répète les mots prononcés devant elle; quelquefois aussi elle indique l’objet du doigt quand le mot est prononcé au milieu de plusieurs autres. Le rapport entre l’ouie et la vue se trouve conservé; limage tonale réveille l’image visuelle (Griesinger et Sander, Jaccoud). D'autre part, si l’on assigne à un objet un nom fautif, elle sourit et fait un signe négatif de la tète. La parole intérieure subsiste donc, mais la projection au dehors fait défaut (1). Elle ne semble pas pouvoir lire, elle prend un journal de la main gauche, qui est livre, regarde la feuille, mais ne suit pas les lignes. L'hémiplégie droite est complète; le bras ne peut effectuer aucun mouvement. La commissure droite est légèrement abaissée. Les artères radiales sont rigides; le cœur présente à la pointe un iéger souffle au premier temps. Le 10 décembre, elle est hébétée au moment de {a visite,ne tend pas la main comme d'habitude dès que l’on approche de son lit, ne paraît pas comprendre les questions. Cet affaissement, sous la dé- pendance probable d’une attaque apoplectique passée inaperçue la nuit, diminue dans la journée, et le lendemain elle à repris son at- titude habituelle. Le 21 décembre survient un érysipèle de la face bientôt suivi d’un état demi-comateux, et après des alternatives d'amélioration et d’ag- gravation, la malade meurt le 4 janvier. L'ensemble des symptômes paraïîtrait ne pas devoir laisser le moindre doute sur la cause de l’aphasie et de l’hémiplégie droite. La malade présentant une affection cardiaque, il était naturel d’ad- mettre une emholie venant oblitérer l’artère sylvienne, produisant le ramollissement ischémique de la troisième frontale gauche, de l’insula, ou des parties profondes; l’autopsie nous a révélé dans le cerveau des lésions d’une nature toute diférente. En incisant le cuir chevelu au niveau de la fosse temporale droite, on met à découvert un abcès en nappe de5 à6 centimètres d’étendue. La calotte crânienne, légèrement adhérente au sommet, présente en avant, à la partie moyenne du frontal, des plaques d’un blanc mat d’ostéite condensante ; on aperçoit, en outre, une saillie osseuse sur la face interne du pariétal gauche, au niveau de la partie postérieure (1) Voir Jaccoud, Leçons de clinig'ie mèdicale faites à l'hôpital Lariboisière, p. 54; Paris, 1874, Pitres. Lésions du centre ovale des hémisphères cérébraux au point de vue des localisations cérébrales, Paris, 1877. M ct 2 de la région frontale gauche. Cette saillie, d’un rouge vif, mamelon- née, s'élève de 6 millimètres environ au-dessus de la table interne, et s'étend sur une surface de 3 centimètres et demi ; elle est entourée par une zone rouge de 2? à > centimètres: elle déprime la dure- mére qui, toutefois, reste mince, lisse, polie dans ce point come dans les autres régions. Une fois cette membrane incisée inférieu— rement le long du bord externe de l'hémisphère gauche, on peut la soulever facilement de bas en haut jusqu'au bord supérieur de la troisième frontale ; K, elle affecte avec les deux autres enveloppes méningées de faibles adhérences qui, faciles à rompre, laissent voir une tumeur insérée à la face interne de la dure-mère, sur une surface dont le diamètre n’est pas moindre de 6 centimètres et demi. Cette tumeur conoïde, obliquement dirigée en bas, en dehors et en avant, offre à la partie moyenne un léger étranglement qui lui donne un aspect bilobé (planche V, &, b. c.) Reposant par sa Figure V. base sur la face interne de la dure-mére, son sommet plonge pro- fondément dans l'hémisphère gauche qu’elle a creusé et refoulé au niveau de la moitié postérieure des deux premières frontales et des deux tiers supérieurs de la frontale ascendante (figure : VI, c, d, f.). De cette moitié des deux frontales, on ne distingue plus que le pied, qui s’insère sur la frontale ascendante et qui est pres- que complètement effacé. La frontale ascendante, fortement dépri- mée, est atrophiée surtout à son tiers moyen; l'écorce wa pas plus de 2 millimètres d'épaisseur. La tumeur, pénétrant à la facon d'un coin dans l'hémisphère gauche, écarte et refoule toutes les parties voisines, et son sommet pénètre Jusqu'à la hauteur de la troisième frontale gauche et du- ters antérieur du bord supérieur de l’insula (g). Le doigt appliqué au fond de la scissure sylvienne dans le sillon qui sépare la troisième circonvolution du bord antérieur de l’insula se trouve séparé de l’extrémité inférieure de la tumeur par une épaisseur de substance corticale et médullaire qui ne dépasse pas 6 millimètres. L’écorce . de l'extrémité postérieure de la troisième frontale(A)et du bord supé- rieur des deux premières digitations de l’insula a en quelque sorte 9 été disséquée et isolée par la tumeur, la couche corticale de la troi- sième frontale n’est pas ramollie. La cavité du ventricule latéral est notablement réduite, des adhérences se sont formées entre les deux parois supérieure et inférieure dans le voisinage du sillon qui li- mite les deux surfaces. Les digitations de l’insula, refoulées de de- dans en dehors, sont devenues très saillantes, comparativement à celles du côté droit ou à leur disposition à l’état normal, Figure VI, ‘4 s \ La tumeur, qui affecte quelques adhérences à sa base, s’énuclée très facilement dans le reste de son étendue. Retirée de sa cavité, elle mesure par son côté oblique 7 centimètres et 4 centimètres seulement du côté opposé qui est droit. Une coupe faite perpendi- culairement la montre formée de deux lobes bien distincts ; le lobe plus large, en contact avec la dure-mère, est grisâtre, à un aspect fibroïde, et un fragment étudié au microscope y fait découvrir en proportion considérable du tissu conjonctif et des corps fusiformes ; le second lobe esi d’un rouge vineux et présente un petit foyer hémorrhagique du volume d’un grain de millet, il est en majeure partie constitué par des cellules’ polygonales ou arrondies de di- mensions variables à un ou plusieurs noyaux, et le tissu conjonctif ne forme que de très minces cloisons. L’hémisphère droit pèse 625 grammes, le gauche 600 grammes et la tumeur 135 grammes, de sorte que l'hémisphère gauche est loin d’avoir " — 94 — perdu un poids égal à celui de la tumeur qui a surtout refoulé le tissu cérébral, mais qui l'a peu détruit En détachant la dure-mère à la base du crâne, on voit à la face supérieure du “rocher, sur sa partie moyenne, au niveau de la caisse du tympan, un orifice de l'étendue d’un centimètre à travers lequel on peut avec les pinces extraire, sans effort, deux osselets, le marteau et l’enclume. Sur la face supérieure du rocher gauche, à son tiers interne, se montre un second orifice, analogue au précédent; dans les deux côtés, les bords qui limitent la perte de substance sont d’une min- ceur extrème ; la dure-mère ne présente à ce niveau ni d'épaissis- sement, ni même d'injection, on ne voit pas dé trace de pus et l’on n’apercoit aucun fragment d'os nécrosé. De plus, on ne trouve dans aucun organe de lésions pouvant être rapportées à la syphi- lis. Il est donc probable que ces deux pertes de substance, pro- duites symétriquement des deux côtés sur les parties les plus saillantes de la base du crâne, sont le résultat d’une sorte de ré- sorption interstitielle, provoquée par la compression de cette tu- meur énorme dont l’action s’exercait sur le cerveau presque per-— pendiculairement de haut en bas Le cœur, volumineux, surchargé de graisse, offre une hypertro- phie concentrique du ventricule gauche ; les bords libres de la val- vule mitrale sont épaissis. L’aorte est athéromateuse, des plaques légèrement saillantes, mais non ulcérées, se montrent surtout au niveau de la crosse. Les poumons, affectés de pneumonie hypostatique, sont rouges, denses, friables à la base des deux côtés, et un fragment jeté sur l'eau va au fond. Le foie, dont le poids est de 1,500 grammes, n'offre aucune lésion ; la capsule de Glisson est lisse, ne présente point d’adhérences ni d’épaississement anormal. Les reins sont congestionnés dans toute leur étendue ; une rou- geur moins prononcée de la couche corticale et des colonnes de Bertin les fait distinguer des pyramides. L’enveloppe fibreuse unie, sans épaississement, s’enlève facilement sur toute l'étendue de l'organe. FIN DES MÉMOIRES. 11, 12. TABLE DEN MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . De l’adénite serofuleuse, par M. V. Cornil..........,........... cocoe . Sur les phénomènes qui suivent les injections de chlorhydrate de morphine paniM RE PIC deRP von) RASE RPERLE NP RAPTERRNONS Note sur les greffes dermo-épidermiques des différentes races humai- nes, par M. Maurel..... Cobréocoe crorAooecebte Soétocosontsdcane Recherches sur les altérations de la moelle épinière et des nerfs du moignon chez les amputés d’ancienne date, par MM. J. Déjérine et ASSME NOR ste cle ue ecrocétevedbour ana do DES bacoece De l'influence du mouvement et du repos dans les phénomènes 2e la vie ApariM Alexis HO th (deRRiel) Net elntescececleselse Observation d’hystérie grave, compliquée de vaginisme, guéri par l’or intus ef extra, par M. Decrand (de Moulins)...................; co Inoculation sans résultat des salives parotidienne, sous-maxillaire et sublinsuale, et avec résultat de la sécrétion pulmonaire de chiens ENLAGÉS DATENT MP AU Bent NL MARNE CD AN EU AIRES SR Affection hystérique compliquée d’achromatopsie complète de l'œii droit et partielle de l'œil gauche, guérie par un nouveau procédé de métallothérapie externe, par M. le docteur Bura.................. . Recherches expérimentales sur les lésions de l'encéphale produites par des chocs violenis de la voute du crâne, par M. Bochefontaine, . Note sur le liquide céphalo-rachidien et sur la compression des cen- tres nerveux encéphalo-méduliaires au moment des systoles cardia- ques, par M. Bochefontaine....... Do etoie Dondcae Doocoeurrocoe Atrophie de la circonvolution pariétale ascendante gauche, consécutive à une compression par une tumeur: pas de paralysie du côté droit ; convulsions unilatérales sauches chez une femme atteinte de para- lysie générale (Méninso-encéphalite chronique interstitielle diffuse et sarcome angio-lithique), par M. Magnan ............ ....... FACE De l’aphasie simple et de l’aphasie avec incohérence, par M. Magnan. FIN DE LA TABLE DES MÉMOIRES, 48 49 51 Rs 1h Mi sh At) f ù ur i fi CAE UN CAT FAN LISE TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS ET LES MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLO&GIE PENDANT L'ANNÉE 1878 (1) A Abeorption des matières colorantes par les radicelles des plan- s; par Ë. Mer et Maxime Cornu..................,...... Achromatopsie hystérique (Nature de l'); par Regnard....,.. Aeide zacétique et probablement alcool formés par les cellules ani- males dans un état anaérobique ; par Bert..,..........,.,... Aconitine (Action del’) sur le cœur ; par Rabuteau Adénite scrofuleusez par Cornil........................... Aimants (Action des) dans l’hystérie; par Charcot vise, — (Influence clinique des); par Charcot..............,.......... Air comprimé (Autopsie d'un malade mort en sortant de |’); par Ben re ele Aire vasculaire des rongeurs ; par Pouchet................. Alcools (Présence de divers) dans l'alcool de pomme de terre; (effets physiologiques et toxiques) ; par Rabuteau OCT EC CO CIC IC CIC EC EC Id DISCUSSION... MN NAS Le AE ENS RAA AIRE 39— Aualgésie croisée réflexe déterminée par divers procédés ; par Daontpaller TE En E CN eEel D'OR Ed etc ce Une a oi Austomie pathologique de la métrite chronique; par de Sinéty.. Anesthésie par le protoxyde d'azote employé sous pression ; par CCC CC Anévrysmes intra-thoraciques (Doubles battements des); par end or door hooroodobonsobeonerothobonbdobAenonee (1) Les pages indiquées à Ja marge sont celles des Comptes rendus (C R) et des Mémoires (M), 248 245 351 360 157 387 M D An Les . re" [DILIBR dd V6. See" LR CR Antiaris toxienaria (Propriétés physiologiques des feuilles de l'}; peñRegnauldéet (Bochefontaine. m0 RU . 194 Aphakie (De la réfraction dans l’); par Badal........... Sete 1e LUS Aphasie simple et aphasie avec incohérence ; par Magnan....... » =-nDiNéreNntesRfONMESS DAT ALUVS ere ee PIN 389 Aquariums (Mode nouveau de renouveler l’air des); par Kunckel. 54 Ataxie ‘expérimentale; par Duret. MM MR INR 265 — Locomotrice (Anomalies de l’); La Choc RE Ne lee le lere te te eVelele 269 Atropine et duboisine (Accidents déterminés par); par Galezowski. 327 — Id. Remarques par Dumontpallier..,.......,...,,... hu PONS SET ARer LA DONAE 20 NA nn er AE RS AU Ve Pa LE 331 B Bactéries (Nécessité du repos pour le développement des) ; par HORWAN ERP RER LOI OL nee CA ESA LA An LL Lt 21— 39 Benzine (Action physiologique); par Bachefontaine ,,.,...,..., 353 C Caféler du Brésil (Maladies du); par Johert,................. 361 Carie dentaire (Recherches ethniques et anatomo-patholoci- questsur la) )pariMaurel ARE AnENNAUnRE ET en PER ee 332 Cellules épidermiques (Altération spéciale des); par Leloir . 1{£6 Cellules géantes et tubercules des sérenses : par Cornil:,..100—107 — Id. par Malassez.,..,.. FAN E RTE AREAS PACA ARNO 2 ASPIRE os 105 — Id. dans le tubercule (Structure et mode de formation des) ; par Charcot et Gombault,.,,,.. SOS ANA ne EU Ta BAR TG ae 281 de DAT IMAlAS SZ NULS AE TES NNEUAR LME AR 2 ANA ROUE A AAA EU OR 285 Céphalo-rachidien (Liquide) et compression des centres encé- phalosmédullaires au moment des systoles eardiaques ; par Bochefontaine 2 45241400 PRENAR en ARE ET ne » Cerf (Ossification de la sclérotique chez le); par Chatin (JoaRaen. 307 Cerveau et moelle (Rapports avec les lésions des membres), par Charcot: ii RE EDR AREA Sen cel ne AO Dane A LD NU a il — (Excitation expérimentale des centres du) ; par Bochefontaine.. 41 — Du cheval (Conerétions des plexus choroïdes dans le); par Barrier.. EE NA ESS TP AIME Peer LU Eu MU CRUE LG 0 121 — (Excitabilité Ée écouce du) ; discussion ; par Franck et Pitres, 301 — Epuisement temporaire des centres corticaux ; substance blan- che, substance grise (action des) dans les convulsions épilep- tiques ; par Franck et Pitres,...,....,.,.,,.,. RE ie 314 — Convulsions dans la péri-encéphalite she onique ; ; par Duret,. 353 — par Magnan,,,,,,.,,,,,,,,,.,., CAR se AD A TO DES Cerveaux d'amputés (Note sur les); par Dh, Péré DNA Se LEO 8 — Remayque sur le même sujei; par Luys., 0,6... 8 10 fi = id, par M. M, M@lRBA87: :coecrccncecseneevenvererneseseesst $ = jd, per SR D A A ee +6 .. Id, DES MBYS ie rre era eeerronresseentorr arr R Poire te 4 M » — D} Chaleur ou froid (Action comparée à celle des métaux, des aimants et de l'électricité), par Thermes.............,..... — Id. Remarques; par Dumontpallier.,.,,.,......,............. Chambres claires de Milne-Edwards et de Nachet (Correction des déformations produites par les); par Malassez ....,........ Chlorhydrate de morphine (Phénomènes qui suivent les in- jections de); par Picard.....-..........,-sreve esse anr Choriale (Circulation) des rongeurs; par Pouchet......... EEE Ciguë et bromhyärate de conine (Action de la) sur l’homme ; par NS SRE ER ER ER PnE MES CORRE AR HHEN NAN Cireulations périphériques (Indépendance relative des); par €æœur (Fonctions des centres ganglionnaires du) ; par Ranvier..,. — (Action du sulfate de magnésie sur les battements du); par DORE Gba ichdaneeteeabetcheonconobReRS os tonneemabessEs — (Système ganglionnaire du) ; par Vignal..................... Commotion cérébrale expérimentale ; par Bochefontaine ....... re Bodiondiasanesenéeeo adobe sein emo den EE D Er ES I ei ie RENE AIO NUE EE NCA SEE OPEN DEEE ie Contractilité électro-musculaire (Modification de la) dans la pa- ralysie atrophique de lenfance ; par Onimus.....,.......... Contracturie musculaire (dans l’ataxie) ; par Onimus ........ Corps strié et capsule interne (Différence d’excitabilité du) ; par Hranch re Ettres IRAN ER Een E IE OR EE A Se Couleur (Changement unilatéral de) produit par l’ablation d'un œiCheztiattruitet par POUCES SN AE NN RE RER Courants continus (De l'influence de la direction des) ; par — Electriques (Diffusion des) dans les tissus : par Bochefontaine. par 2BTOWI-SEQUET A sers tee Me de ares EAU UNS BUS = paTiDiret error PA DITES EN AS RP 12 DANS NE Pa D DAT LA DONS ee ele le es ee al Rae LPARR NRA RATE Crampe télégraphique ; par Onimus........,.....,..,...,.... Cuivre (Action physiologique des sels de); par Philipeaux...... — (Persistance de la présence du) dans le foie du lapin un mois après l’ingestion de cette substance ; par Gréhant........ no Curare (Note sur la préparation des) ; par Johert....,........ ju D Daltonisme (Verres fuchsinés pour remédier au); par Javal..,. Sentaire (Anomalies du système) ; thérapeutique ; par Pietkiewicz. PAT MAPITOR RCE RES Lecce rc ep eee DAS n Distome (Récepiacle séminal dans le); par Chatin (Joannes).... # Ban salée (injection d'} dans le gy9tèrme ciraulataire des animaux CELLET CL. pa? dolyet D 079700900000 0900900000090100000000ev9re 373 319 308 M » 100 2 Ectoderme (Note sur le tissu adamantin de l'); par Renaut.... 143 Eleetrieité (Action de l’) sur les muscles, sur les cils vibra- tiles, les styles, ete., etc. ; par Cadiat........... RAA LEUR à 161 — animale (Recherches médico-physiologiques) remarques ; par ONTNUS NE UN SON AE ORNE AR EE ER AE NO 266 Electro-aimant (Action thérapeutique de l) dans l’hémianes- thésie organique; par Vigouroux .................... RUE 165 Embryonnaire (Développement) des didelphes ; par Tourneux.. 371 £Empoisonnement (Procédé pour étudier l'état des organes à un moment donné d'un); par Picard................... EU VATAS Encéphale (Recherches expérimentales sur les lésions de l) produites par des chocs violents de la voute du crâne ;" par Bochefontaine..... Ludo aa d'a 8 Ad 0 à non bn AL CRE CES PIS Mol eirete » Éndartère (Anatomie générale de l'); par Renaut...... Aer 136 Endosmose des gaz à travers les poumons détachés ; par Gré- NA OU ER re Rae Te te ete tele se te A eVe lee telalt Si ieiese tt ee NEO Epidermiques (Mode spécial d’altération des cellules); par BClOITEE EEE EC EEREEe RS ERA D GE NES DA A AE AE de OS Epilepsie par section du nerf sciatique ; par Brown-Séquard.... 136 Epithéliome pavimenteux lobulé du maxillaire inférieur chez le cheval; par Barrier.........,.....0.0."0" Sac te et ae af tee BAPE NES) Epithélium des glandes sudoripares ; par Renaut ............. FT Ergot de seigle (Action de l’) sur les fibres lisses des vaisseaux ; par Laborde et Peton........... AE DE DATA S De 0 OR OTO ONE o 79— 84 Ergotinine (De l’action de l’); par Budin et Galippe..... SALE Gt 88 Evolution et nutrition (rapports) ; par Delaunay........ Hé AS AE 1 F Foie des invertébrés (Structure du); par Cadiat.............:.. 162 G Gauglionus lymphatiques (Anatomie pathologique des); par Cor- Ha dE 00 OO LADA DOI Diae did ao ARR RQR APRES . 11— 24 — (Altération amyloïde des); par Cornil .............. HA Bt EAN 79 — (Tuberculose des); par Cornil .............................. ) &iandes lymphatiques (siructure des); par Pouchet...... ANA Greffe dentaire (Etudes sur la) et la pulpe dans ïa réimplan- tation des dents ; par David.................... Ut de Se MeR &reîffes dermo-épideriniques des différentes races humaines ; par Maurel EAN een nent er AIN IE SES DEN SACURRS Gymaosome rotundaia (mœurs de la larve); par Kunckel...... 385 H Hématies (Régénération des) chez les mammifères ; par Pouchet. 37 — (De l'origine des); par Pouchet...... LEA me gaEErrs AU NUIT TRE Hématoblastes (Considérations nouvelles sur les) ; par Haÿem, 52 L4 » » 17 — 101 — Hémorrhagies intestinales à la suite de lésions cérébrales ; par Brown-oequardet NOR ER EE RE ae eee iele ce Hoang-Nan (Effets toxiques) ; par Rabuteau et Piétri........ cs — Effets thérapeutiques ; par Hillairet............. nl ere sale ele Hydrophobie (Analyse de l'urine dans l'); par Robin (Albert). Kygiène de la lecture ; par Javal............................. Hystérie et vaginisme (Guérison par la métallothérapie); par De- CRAN ee ele DécebET obus so ëe Ce messes sell alele : : Avec achromatopsie, guérie par un nouveau procédé Me oES COCHER NNINTCo ee bonro too océans De oide Honuib ice — Provoquée par l'application externe d’un métal; par Dumont- RAERIe AS orcrocerceretedebiauetdod RO GES ane elle Al cie Hystéro-Epilepsie (Description de l'attaque) : par Charcot... I ff (Action physiologique de l’); par Philipeaux.......:..,....... Innervation vaso-dilatatrice; par Dastre et Morat............. Intestin (Physiologie de l’); par Leven....... A Iodure d’éthyle (Anesthésie par l’) et action de cet agent sur la germination ; par Rabuteau..... nondocetoaréconbane cn ee Keratite glycosurique; par Galezowskr.,,,.,.,,,,,,,.,,,..4.; L Lencocytes et régénération des hématies ; par Pouchet........ Lumisre (Durée et intensité) ; par Richet et Bréguet...... eV M Miagnetisme et électricité statique (leur action sur l’hémianes- thésie hystérique) ; par Vigouroux.. RTS END ENAIEPE SAONE 37amelle ur xôme kystique) avec pr ton osseuse ; pa Velons A eee Creteil doi Jane Mad ete sua Mate (Action phy lire A) PAPATICOURV PEER PA CLONE Meningo-encéphalite chronique interstitielle diffuse et sarcôme angiolithique; par Magnan...,............................. Mereurs (Action du) dans les maladies infectieuses ; par Hal- ODA PE ee de see lee JG ot ob Métalloscopie et métallothérapie (Second ne par Du- INONDAILIET- rence Apec Do etopbondoe bé e et — Phénomènes d'arrêt; — mode de aan : par Dumont palier. sn. sn nee serres rss soon . — (Théorie physique) ; ee is DUTONS ER ele DOG ANCE NAN 0 Métallothérapie externe (Procédé nouveau de) ; par Vigouroux. Microscope (Mesure des grossissements du) ; par Malassez ... 383 308 150 I—XXXII 262 270 210 240 19 — 102 — CR Moelle épinière et nerfs du moignon chez les amputés d'an- cienne date; par Déjérine et Mayor........................ » Molluseum contagiosum (Anatomie pathologique du); par Vitale 2 LRU Eee 2e hrepiet etre eh lepir eee cie lAV Die ET 30 Monoplégie brachiale, d’origine syphilitique. — Localisations cérébrales caparileloin- meet -mrrececereLeeeDee RL ARRET 390 Morphine (Action des sels de) sur le cœur; par Renaut et Rebatel AE RTE A ARR DE EN AN PES Ts Te 145 Moteur oculaire externe (Paralysie du) avec déviation conjuguée des VEURENIDATROTAUXEN INC UNAENENEENNSR ANNE EUTRE 345 = HDISENSSIONSUPAL JAVA LEE EEE lee CR TEE CEe ELEC LIEe 345 —_ dnarrlaDOnd ere AREA E EN LU EC RETURN 346 0 UNE Ne 0e ME naacéo or doddubosoce 348 Mouvement et repos (Influence du) dans les phénomènes de la Ve NDATAAONWATNE EEE ER EE CEE ECC ECLEC ELEC Ado do carie » ? N Nématodes parasitaires des végétaux ; par Chatin (Joannes).... 362 Néphrite interstitielle (Caractères nouveaux des urines dans la) par Robinl(Albert)e 02e ise ent dant lee Rien ie let ie À 181 Nerf vertébral (Recherches anatomiques et expérimentales sur le); par pEranc ke eee OUR ee CRE NA ON ent 140 Nerfs (Sensibilité des) aux excitations électriques ; par d'Arsonval. 82 — des invertébrés (Caractères anatomiques des); par Cadiat...... 207 — lrido dilatateurs et nerfs vasculaires au-dessus du ganglion cer- vical supérieur (Dissociation des) ; par lranck.......... 244—273 Nutrition (Recherches sur la) ; par Joulin..................... 296 0 Oreille moyenne (État spécial de l’) chez le fœtus ; par Gellé.... 121 Oxyde de carbone (Absorption de l) par l'organisme vivant; par Gréhant..... D Eee la a EU Pa La SO RS ER EN NON 166 — (Action de l) dans l'organisme ; par Gréhant................. 122 — à haute tension (Action de 1’) sur la contractilité musculaire ; par Bert. ."0 00 SE PET NE St LE A A : 133 — (Action de l’) sur le muscle; par Bert ....................... 232 — (Recherches de l’) dans plusieurs produits de combustion ; par MIGréhaRter Re ent LRboeeRe PRET MER AN RE RIRE 334 — dans la combustion du gaz d'éclairage (Recherche physiologique del) :#par (Gréhant: Pere OUEN en Nr Se EEE RER ea 386 Oxygène comprimé (De l’action de l’) sur les organismes inférieurs; par HDEDES Ein en aeN A TA AE APR tqs EN ESA GR 92 — à haute pression (Influence de l’) sur les corpuscules reproduc- teurs des vibrioniens charbonneux : par Bart......,......... 132 P Pericarde (Formation embryonnaire du) du diaphragme et des ple- vres; par Cadiat CCC RCE RECETTE ROCCO RC 23 He Périearde (Hémorrhagies du) à la suite des lésions cérébrales ; pär Brown-Séquard.............................. FR ÉRAERE OS Pharynx (Maladies du) dans leurs rapports avec les maladies de l'oreille ; par Gellé............ LEA PI POUR ERNEST ESS MES Phosphatiques (Calculs) fournis par une alimentation exclusive- mentianinale pare Bent. Rene secte Er Plomb (Présence du) dans les viscères d'un saturnin; par Le- Empiet GR Bonchet ne re ee Ce ; — Discussion ; par Magitot............,....................... Pneumogastrique (Fonction motrice propre du nerf) sur l’estomac et l’œsophage chez le chien; par Jolyet...................... DAT DU YA RS AE ANT CE AE — Id; par Luys COCOON CCC COCO ICI IDIOIOICRCICSCICICI SC RCRCNC SCC ECS SCC Pouls (Etude du) dans l'insuffisance et l’anévrysme de l'aorte; Par EAN GkES REC ose cotobotbaob etes Scope — paradoxal (Influences resp'ratoires déterminant le); par Ron Poumons (Mesure du volume des) ; par Gréhant............... Pression vasculaire (Modification de la) consécutive à la section et à l'excitation du grand sympathique ; par Dastre et Morat.. Protoxyde d'azote (De l'anesthésie par le) sous pression ; par Bert .: LORS RDS ne Lee AE ee I ETES DER PES — Sous tension. Son action anesthésique ne s'étend pas sur lesvs- tème nerveux sympathique ; par Bert....................... Psychomoteurs (Centres) chez les animaux nouveau-nés; par HeTarchano Re. EE RER ER EE Re Ie R Rage canine. — Inoculation négative des salives parotidenne, sous-maxillaire et sublinguale ; positive de la sécrétion pulmo- Pre: pariBert--Lereccberi-m.c-e Lee LÉ LRSUE 9 AIO PONSET Rate (Extirpation de la) chez un turbot; par Pouchet............ — (Splénotomie et énervement de la); par Picard................ Réflexe d’un excitant de la lèvre supérieure sur la lèvre inférieure chez le chien ; par Oltramare.................. RAR LE RIRNENE 2e Réfiexes (Inflammations); par Hallopeau et Neumann.......... Rétinc-Choroïdite ; par Poncet..... FETE TOO Tao ot eee S Salicylate de soude (Action physiologique expériméèntale) ; par Bochéfontame FER MRERE RAR er A HAE SENS ACTES ONE Sang (Détermination de l’alcalinité du) chez l’homme; par Lépine. — du chat nouveau-né ; par Hayem............................. — (Evolution des éléments du) chéz les ovipares:; par Pouchet.….. — (Constitution du) après l'ablation de la rate; par Pouchet...... — (Altération des globules du) consécutives à l'extirpation de la rate, par Malassez et Picard.......................,,.,......s...eeconse — Formation des globules rouges dans les cellules vaso-formatrices, par Hayem 311 233 49 31 117 82 309 263 » 104 -. CR Sang (Quantité du) contenue dans le corps d'un marsouin ; par Bert mers entecnierciRideetepi se cielnie ; Near Par AL — (Méthode de dosage des matières azotées Se dans le); par Quinquaud........ ........ DRE Nr Ro à AO EE S AUCH! — (Cristaux du); par Pouchet........................ DAMON . 362 Sens musculaire et machine à écrire; par Pouchet............. 247 Septicémie (Résistance vitale des corpuscules reproducteurs du vibrion de la); par Bert............. NE RER CERIRMEERE 250 Sommeil des plantes et héliotropisme (Cause intime); par Bert.. 250 Spermatoblastes et leur corpuscule céphalique ; par Duval (Ma- HeR)iooteaigo ee doing diéro ti tlMIdi So 010.010ié10 Eat RNA een DA Sucre de lait (Origine du); par Bert........................... 258 Syphilitique (Anatomie des papules cutanées) ; par Cornil...... 213 T Tapis (Etude du) chez le dauphin ; par Chatin (Joannes)........ 139 Températures comparées de l'aisselle et de la main ; par Mes Sonata do dd6 0000 00000 bled nos 102 D'or) d10 8 dbio/d ia 171—259 Tissu connectif lâche (Réseaux vasculaires limbiformes du) ; par AD ES MTRNIAUS den die ONU ADO An AR AGE Ge Sc SU 201 Transfusion du lait (Note sur la); Gs DUPUVAR EEE RECEECECEE 382 Transfusions du lait dans le système veineux. — Discussion par Brown-Séquard.......... AE oi Et AS DOTE STAR Ed qe 292 Tremblement réfiexe du côté opposé à la paralysie ; par Déjé- mine rec rer Bad aan a 200 300000 24350 aan 10.0 AA PLIS Tumeurs pulsatiles de l'abdomen (Signes différentiels dés) par Boursier et Franck.. A AI APR TEE EPA AAA MMA El Draio den PERS dE Tympan (Mouvement “in Pc par la méthode aile : ; par Crellé...... 0. NO a One RE Rein tee MON EVE JADE dB AO Rae Gi mi par le méme......... SOBA 0 0 ua it 30 dd art MSIE CGI à 5 304 ’L'ypblite chez un singe; par hs et Bochefontaine.....,,.. 8302 U Urée (Injection d') dans le sang; par Jolyet...,........,...:.., 130 — Phases horaires d’excrétion de l'urine, variations de l’), etc; HO dou ds 00 8000 b 00008 0 000 00600906 000 26700 010 255 — Produite en un autre lieu que le foie ; par Picard............. 236 Ürémie (Cause des phénomènes nerveux de l') ; par Picard ... 86—233 Wrine (Action des acides forts sur les matières colorantes de DE par Benech......... SNA AE QE BAIL D 9000 010 8 80130 40 00 bat 0 ds 60 Uriques (Concrétions) dans les organes segmentaires de l’aulas- tome ; par Chotin (Joannes).......:...,.,..:..... Dose LAÉRESS V Vasoedilatateurs (Contribution à l'étude des nerts) ; par JDIVE TEE É0 00 0 da do dau ao do do 0.8 dlalero ler able do ; SO D G2e — Extrémités des (Effets de la ligature, de la section et de ee tion sur les) ; par Dañtre et Morat....,..,,,..,.... CN tt — 105 — Vaso-dilatateurs (Filets) du nerf maxillaire supérieur; par JOIVER CRE PRE CAEN AL Re NUE Ve PAS CO Végétations (Nerfs des), par Leloir....................,..... Virulente (Conservation dans l’alcool de l’action) du sang chargé de corpuscules reproducteurs des vibrioniens charbonneux ; par Bert seems Vision (Troubles de la) chez les hystériques ; par Charcot.... 22— 31 — par Galezowski..... : — par Javal...... — (Modification de la) chez les peintres ; par Bert............... Id par TA Val ER RE tee de EU ES ere Voies lacrymales (Altération et étiologie); par Coursserant.... FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. MÉM 1878. M UD A Me ; és a dent NS Ce dé " : UNI (ut Rue Art) Re tt a WA Leu hd pote ) ar th A ‘ap War PART) LES (NS ‘À PARTIES LUN A PER A DU Nu * HS ar ES NUE lu TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS B BaDaz.......... Aphakie (De la réfraction dans l).............. BARRIER. ....... Epithéliome pavimenteux lobulé du maxillaire in- férieur chez le cheval.......... ACo Han ee — Cerveau de cheval (Concrétions des plexus cho- HONTOS ENL)}s 2 0e oo baron be op de be sodadenet vo BERT A 2 Acide acétique et probablement Aleol formés par les cellules animales dans un état anaé- HN ELG so S ec bocas so buosobocbapsop eue : — Anesthésie par le protoxyde d’azote ne SOUSMERSION EU MR PE RER ice — Air comprimé (Autopsie d'un malade mort en sor- tantidesli\se APE TENIRT ER NET Rs Rent — (Discours de M. Bert) à l’occasion de son élection de président perpétuel de la Société de Biologie. — Oxyde de carbone à haute tension (Action de l) sur la contractilité musculaire................ — Oxyde de carbone (Action de l’) sur le muscle. — Oxygène comprimé (Action de l') sur les orga- MISES ME LIEURS REP EELEEEE EC RR Eee — Oxygène à haute pression (Influence de |’) sur les corpuscules reproducteurs des vibrioniens DÉNMIOIMEN ab ocatonecéotobcorogdoasodeaute — Phosphatiques (Calculs) fournis par une alimen- tation exclusivement animale................. — Protoxyde d'azote (De l’anesthésie produite par Je) sous ipressiont er PRE NRE Dao bcone — Protoxyde d'azote sous tension. — Son action anesthésique ne s'étend pas sur le système nerveux sympathique............. iavdodogoue — Rage canine. Inoçculation négative 4 salives ; positive de la sécrétion pulmonaire .......... . — Sang (Quantité de) contenue dans le corps d’un marsouin....... ect Bd bo ce Dove : — Septicémie (résistance vitale des Fo eone à re- producteurs des vibrions de la)...........,.. 258 » DT en L PERTE NL . Sommeil des plantes et héliotropisme (Cause in- (HE Ve) DS OM D RER Dao o Donation — Sucre de lait (Origine “ie se EE DE DOS DC TEA — Urée (Phases horaires d’ A de l'urine et de ID MCICECEEET SE Din es ntD den on 0e dRn — Virulence charbonneuse (Conservation dans l’al- cool de la) du sang chargé de corpuscules re- producteurs des vibrioniens charbonneux..... — Vision (Modification de la) chez les peintres... BENECH LA Eee Urine (Action des acides forts sur les matières colorantes del) boovtvdoapondon BOCHEFONTAINE . Benzine (Action physiologique)................. — Céphalo-rachidien (Liquide) et compression des centres encéphalo-médullaires au moment des systoles cardiaques ............... Dsodo0bbec — Cerveau Sete expérimentale des centres an — Courants é'ectriques (Diffusion des) dans les TISSUS PEER SRE PAC AE PARTS PS HU AE — Encéphale (Recherches expérimentales sur les lé- sions de l) produites par des chocs violents de la voûte du crâne............. PRO EP URL — Salicylate de soude (Action phy Saone expé- rimentale du)........... DA RATE EE CE SE Bourster et FraAxck Tumeurs pulsatiles de l or (Signes diffé- AParentiels iles) Me era Eee ED RTE EE | Browx-Séquarb Epilepsie par sect'on du nerf Ste oo mec — Péricarde (Hémorrhagie du) à la suite des lésions cérébrales. 4,00 D ANCIEN LEE se en : — Transfusion du lait ane le système veineux.... Bunix et (rAziePEe Ergotinine (De l’action de l)........,.......... BUR OAI EURE Hystérie avec achromatopsie guérie par un nou- veau procédé de métalloscopie........... dBio C CAD TASER Éleciricité (Action de l) sur les inuscles et sur les cils vibratiles, les styles, etc...... RS RD — Foie des invertébrés (Structure du)............. — Nerfs des invertébrés (Caractères anatomiques dessin Ans en AMEN Se Le OT ere — Péricarde (Formation embryonnaire du) du dia- phragme et des plèvres....1..:...:.4"41..0.... (CHAROBUPECEEETE Aimants (Influence clinique des).......... ee — Aimants (Action des) dans l’hystérie............ — Ataxie locomotrice (Anomalie de l’}............ — Cerveau (Rapport du volume du) avec les lésions des/memhres Han ER Nr er ne ee tte — Hystéro-épilepsie (Description de l’attaque).. 291 161 162 207 210 221 119 269 21 230 — Vision (Troubles de la) dans l’hystérie...... 22— 31 — et GOMBAULT. Cellules géantes dans le tubercule (Structure et mode de formation des)......... A DCE CRIE CHATIS (Joannes) Cerf (Ossification de la sclérotique chez le)..... M » et —+ | En PR uote» lErnss dE T dE + Ce, DT 7 CP EC — 109 — CE — Distome (Réceptacle séminal dans le)........... 308 — Concrétions uriques dans les organes sesgmentaires HeNrAulAS ONE REPARER PETRENRRNRREN ES CR 138 — Etude du tapis chez le dauphin................. 139 — Nématodes parasitaires des végétaux........... 362 CLaupe BERNARD Sa mort. Allocution de M. Houel. Discours de NPMDuMOntPAlNE LR ESPERANT CUS 62— 63 — Proposition de souscription publique par Vidal et Dumontpal'ier (pour élever un monument à laiméemoirerde)s er essence eltieieeselesteles (0 4 CORNE ELLE AR Adénite SCrOfUIeUS em AC EDEN AAE » — Cellules géantes et tuberculeuses des séreuses. 100 —107 — Ganglions lymphatiques (Anatomie pathologique ARS) SR NA EE AE 0 RO RES eer 1i— — Ganglions lymphatiques (Altération amyloïde des). — (Ganglions lymphatiques (Tuberculose des)....... — Syphilis (Anatomie des papules cutanées dans ASS ee een A ER LRO RER SD CoursseranT.... Voies lacrymales (Remarques sur les altéra- Has LES) Jose are Lo da cel Mo touse COVEV Er rEER Maté (Action physiologique du).......... ete ee “ D D'ARSONVAL..... Nerfs (Sensibilité des) aux excitations électriques. DasTREe et MorAT. Innervation vaso-dilatatrice................... — Id. Pression vasculaire (Modification de la) con» sécutive à la section et à l'excitation du grand SYMPATHIQUES PAL MARINE EN PRESENT — Id Vaso-moteurs des extrémités. (Effets de la ligature, de la section et de l'excitation sur Davip .......... Greffe dentaire et réimplantation des dents...... DECRAND........ Hystérie et vaginisme (Guérison par la métallo- ThÉTAPIE) HAE RER R ER EL Ur Bee nl ete de on DÉJÉRINE..,.,.... Tremblement réflexe du côté opposé à la paraly- SIGMA ERA ER EIS Ce De oHHboe dan — et Mayor.... Moelle épinière et nerfs du moignon chez les amputés d’ancienne date..... do 0e Boo DELAUNAY......, Evolution et nutrition (Rapports).......,....... DE SINÉTY...... Anatomie pathologique de la métrite chroni- ques eorrer A CE RENE RATE DE CHAR RE DE TarcHaNorr. Psychomateurs (Centres) chez les animaux nou- VeARNnÉS RE ME PEN ce Duner”. 04 -1MAissieterpérimentale:s# UML A URE DumoxrpALLIER. Analgésie croisée réflexe déterminée par di- VerSÉnrocédé Ai CRT CRUE. 5h cd ta 4ete : — Claude Bernard (Discours prononcé sur ia tombe (6 (=) Na LE Pine e br a De ne ie ste DENTS "TEL HE = ea le — Hystérie Divers Hé on de l’) provoqués par l'application externe d'un métal,...... F0 24 79 96 296 110 = c'R UM DuMonTPALLIER . Métalloscopie et métailothérapie (Second rap- port). ..s-ove.r "re. DO der AE Le States este TRCR ENT — Métalloscopie. Phénomènes d'arrêt. Modes de déterminationte=-"e--t--etre-re ete nee 262 » Dupuy.......... Lsit (Transfusion du) Remarques sur........... 382 » Duvaz (Mathias). Pneumogastrique et sp nal (Structure du bulbe.) 278 » — Spermatoblastes et leur corpuscule céphalique. 304 » x FERÉ........... Cerveaux d'amputés..... SARA O Pr LIN NC Foooadoc 2 » FRANCK......... Anévrysmes inira-thoraciques (Doubles batte- ments des)..... OMC 15334 Doro osdbbred te OT » — Circulations périphériques (Indépendance relative des) ARTE PEAR EEE ER ECM ET ISR 317 » — Filets irido-dilatateurs et nerfs vasculaires au- dessus du ganglion cervical supérieur (Disso- CIALIONNES) EEE EEE sonores. . 244—273 » —- Pouls (Etude du) dans l'insuffisance et l'ané- vrysme de l'aorte....... AR oso Bo dde nos NULLE » — Pouls paradoxal (Influences respiratoires détermi- nantile) ERA É ERA DIS AL babe dénncone oi » — Recherches anatomiques si physiologiques sur le NnerAVeLntebral Eee ere see Sosaconooc comes | AN) » — et JOULIN.... Cerveau (Exciehilite de l'écorce ch, Discussion. 301 » — et PITRES.... Noyau intra-ventriculaire du corps strié et de la capsule interne (Modification de lexcitabilité CG D PANNE AA MEANS EAN LORS tr CR D GS ON | » — Id. Cerveau. Etude de l'épuisement temporaire des centres corticaux.—Différence d'action de la substance grise et de la substance blanche dans les convulsions épiieptiques............ 314 » G GALEZOWSKI.,.. Atropine et duboïsine (Accidents produits par leur usage)....... db: n ele Go DL ab debout » — Kératite glycosurique......... Hodbccsocbosonne, Eur » — Vision (Troubles de la) dans l'hystérie.......... 24 » GELLE. Ce .- Oreille moyenne (Etat spécial de |’) chez le fŒtUS ARE 0BbDRodo SE Do ue .. Diela e a SES ed » — Pharynx (Maladies du) dans leurs rapports avec les maladies de l’oreille........ star DE OO DIDA 163 » — Tympan (Mouvements du) enregistrés par la mé- thode graphique......................... 261—304 » GraAux...,...., Moteur oculaire externe (paralysie du) avec dé- viation conjuguée des yeux......... Dada ab ee) » GRÉRHANT....... Quivre (Persistance de la présence du) dans le foie du lapin, un mois après l’ ingestion de cette SuDStAnCE 2 eee de nee ee MER EE NS » — Endosmose des gaz à travers les poumons déta- HT ae dhacno onda bd 260 bobos 108 » — 111 — ER M GRÉHANT....,.. Volume des poumons,................. deb ce an HE » — Oxyde de carbone (action de l’) dans l' Fnrine 122 » — Oxyde de carbone (de FeRSorDion de l') par l’or- LANISME VIVAND. «ef se. ciarsieres elec ee = 0/0 + = + ste 0 166 >» — Oxyde de carbone (Recherches Fe |) dans plu- sieurs produits de combustion.............. DCE » — Oxyde de carbone dans les produits de la com- bustion du gaz d'éclairage. (Recherches physio- logique del) AE eee rere-cr Be -ece Li » H HaLLoPEAU...... Action du mercure sur les maladies infectieuses. 150 » — et NEUMANN. . Réflexes (Inflammations) ............ Jasdoo oo: EE » ÉAAEME ea 20e c 00 Hématoblastes (Considérations On elesR sur les). 52 » — Leucocytes et hématies ............. ARE EN 10 » — Sang du chat nouveau-né....... ba os oo coono lle: » — Sang. Formation des globules rouges ‘ere les cellules vaso-formatives........... Hood ob o 192 » HILLAIRET ...... Hoang-Nan (Effets thérapeutiques) ............. 212 » HORWATH....... Mouvement et repos (Influence) dans les phéno- MÉTES DeMIAVIC RETENIR ser -=e » 38 — Bactéries (De la nécessité du repos pour le déve- loppementides) eee EMI, Dc » 21 39 HOURY rec re Allocution sur la mort de Claude Bernard.,.... 62 » J JAVAT EE -LEe Daltonisme (Verres fuchsinés pour remédier au). 136 » — Hygiène de la lecture..................,.. 363—373 » — Vision (Troubles de la) dans l’achromatopsie. 24 — 27 » JOBERT.. RER Curare (Note sur la préparation du) ............ 18 » — Maladies du caféier du Brésil......... ........ 361 » JORF ET Cœur (Action du sulfate de magnésie sur les batte- MENÉS IAU) IS RER DER SN PT A eee else 128 » — Injection d’eau salée dans le système circulatoire des animaux exsangues.................... 322 » — Nerf pneumogastrique (Fonction motrice propre du) sur l'estomac et l’œsophage chez le chien. 274 » — Urée (Injection d’) dans le sang....... ........ 130 » — Vaso-dilatateurs (Filets) du nerf maxillaire ne END SP SSP PE le C0 D De ACID EE 223 » — Vaso-dilatateurs (Contribution à l’étude des Fe 323 » JOULENT- 004 Te Nutrition (Recherches sur 14)... 00000 296 » K KuNCKEL ..,.... Aquariums (Mode nouveau de renouveler l’air des). 54 » — Moœurs de la larve Gymnosome rotundata......, 385 » L LABORDE et PETON. Ergot de seigle (Action de l’) sur les fibres lis- ses des vaisseaux.....:..,.... C0 1 DONNE 79 — 84 » — 112 — CR DRLOIRE ES ARERRE Cellules épidermiques (Altération spéciale des)... 126 — Mamelle (Fibro-myxôme kystique) avec production OBSeUSE lee eieetee PP er 399 — Mode spécial d'altération des cellules épider- miques ...... Dodo SA a Ml den EE c . 153 — Monoplégie brachiale, d’origine svphilitique. Lo- Calsations Cerébra les EPP ER EN EPREETeE . 390 — Végétations syphilitiques (Nerfs des)........... 228 — et G. Poucuer. Plomb (Présence du) dans les viscères d'un sa- tUENIN EE Ne MO die ele ee DIE 380 DÉPINE- ec cee Sang (Détermination de l'alcalinité du) chez nommer: ertiee UE AIO DIE EE PP CROIS Lo s4 LEVENSL RENE Intestin (Physiologie de l')...... DD Me Dia PE nv 183 ÉOUXS PRE CROSS Aphasie (Différentes formes de l)........ ..... 389 — Cerveaux d'amputés (Remarques sur les) ... . 6 — 10 . M MAGITOT. Anomalies du système dentaire. — Thérapeu- LA LE NOM LcE NET CAES LA ee EL ARR ELA Mg a gg A LE SO CS 319 MaAGxax......... Méningo-encéphalite chronique interstitielle dit- fuse et sarcôme angiolithique................ » — Aphasie simple et aphasie avec incohérence.... » NIRTAS SEINE Cellules géantes des tubercules................ 105 — Correction des déformations produites par les chambres claires de Milne-Edwards et de Nacheétie ee AUS De Elo eue Eee . 181 — Leucocytes et hématies (Remarques sur les fonc tionsidelanrate) ARR ASPANPAERE PNNENRERERTS ÿ — Microscope (Mesure des grossissements du)... 19 — et PIcARD...... Sang (Altération des globuies du) après l’extir- pationtdenarate ee RE EEE ER EEE debit MAUREL...... ‘.... Carie dentaire (Recherches ethniques et néon pathologiques sur la)..... do & Eh poto 0e Do Jo Se — Greffes dermo- Ru dans les différentes races humaines............. ndi8es soc 0806 » MEr et Maxime Cornu. Absorption un hatents serie par les radicelles des plantes.... .......... duo AA MOT EEE Températures comparées de l’aisselle et de la Maine Soopieagace EC OC re CET) Mourrutr....... Ciguë et bromhydrate de conine (Action) sur homme”: AE O0 8 ES dia GnANtE donne til Gel — et BOCHEFONTAINE. Typhlite chez un singe...... ele ehAe bogous . EU? N NoEz et Brown-SÉQuARD. Hémorrhagies intestinales à la suite de lésions aérébrales MERE EL EE eee CT 0 O OLTRAMARE..... Réfiexe d'un excitant de la lèvre supérieure sur la lèvre inférieure sur le chien....... SAT ODA NUE M » » ONIMUS ee PHILIPEAUX .. PICARD ER UE — ei REBATEL.., PIETKIEWICZ .... Poxcer(deCluny) POBCHET. -.- QUINQUAUD...... TAPUTEAU...:. — et PIÉTRT, ... MÉM. Contracturie musculaire dans l’ataxie....... a Contractilité électro-musculaire (Modification 4e la) dans la paralysie atrophique de l'enfance... Courants continus (De l'influence de la direction Free obaddiose store) DEEE OC DORE Crampe télégraphique........... dae eat db Electricité animale (Remarques sur un ouvrage de CoUArE EI) PANEAR NN OR rEN ENE AS ER ER EE AU 13 . Action physiologique des sels de cuivre......, I£ (Action physiologique de FP)..........,..,.... Chlorhydrate de morphine (Phénomènes qui sui- Menttles Mine Honside) En eee cisieeiee Procédé pour étudier l’état des organes à un mo- ment donné d’un empoisonnement......... : Rate (Splénotomie et énervement de l’)......... Urée (De l’) produite en un autre lieu que le foie. Urémie (Sur la cause des phénomènes nerveux den) TE neeCeceRe oo Does 0beue Coco Action des sels de morphine sur le cœur....,.. Anomalies du système dentaire. Thérapeutique... Reétino=chotoidite = ere EEE ELEC DO ED Eee Aire vasculaire des rongeurs..... spobcosocduunen Choriale (Circulation) des rongeurs............ ë Couleur (Changement unilatéral de) produit par lablation d'un œil chez Îa truite....... OA Er 9 Glandes lymphatiques (Structure des)....... D20€ Hématies (Régénération chez les mammi- fÈTeS Te el à : PE ERIC TT AE FREE TMES Hématies (De l'origine des. TAN Eee RELE à Leucocytes et régénération Fee ones Ale Rate (Extirpation de la) chez un turbot..... So Sans (Cri SEA) eee ie Lie Sang (Evolution des éléments du) des ovipares... Sang (Constitution du) après l’ablation de la rate. Sens musculaire et machine à écrire.......... e) Sang (Méthode de dosage des matières azotées contenues dans le).,......,....,.,...., SAN y R . Aconitine (Action de l’) sur le cœur........ Alcool de pomme de terre (Preccreel de ave ers alcools dans l’). Effets physiologiques et toxi- QUES... DL IAE SASOADU b lodure d’éthyle (Propriétés anesthésiques de l): son influence sur la germination....,,...... Hoang-Nan (Effets toxiques) .......,..,.,,..,. 1878. .. 145 us 187 247 Si 50 + Q LÉ a" +2 “7 rJ cs | 1 ERA TT A U : RS UN CE @ à F \ sr AV qi { v , “ ‘ ( EU, LS % 4 F CN LE qu > è ù ï — 114 — Raxvier......., Cœur (Fonctions des centres ganglionnaires du).. REGNARD ....... Achromatonsie lhiystérique (Nature de l')........ REGNAULD et BOCHEFONTAINE. Antiaris toxicaria (Propriétés phy-. | siologiques des feuilles de l)...:.,..,........ RENauTr. ....... Endartère (Anatomie générale de |) ......,..... — Ectoderme (Sur le tissu adamantin de l).. ..... Epithélium des glandes sudoripares........... — Tissu connectif lâche (Réseaux vasculaires lim DOM ESAIDER EE CEE PTE ARE EC ERP Ricaer et Brécuer. Lumière (Durée et intensité), ................ Rosix (Albert) .. Hydrophobie (Analyse de l'urine dans l)....,.,. — Néphrite interstitielle (Caractères nouveaux des urines dans MR EMA OCNEN AREA EN EEE RAA TRE si, THERMES........ Chaleur on froid (Action comparee à celle des métaux, (les aimants et de l'électricité).. ..,.. TourNEUx....... Développement embryonnaire des didelphes..... V Vipar ....... .. Molluscum contagiosum (Asalomie pathologique ViGnAL......... Cœur (Système ganglionnaire du)... ......,.... Vicouroux (Romain) Electro-aimant (Action thérapeutique de |) dans l'hénianesthésie lorganique. "7-6 een — Magnétisme et électricité statique (leur action sur l’hémianesthésie hystérique)............. — Métalloscopie (Théorie physique de la).......... — Métallothérapie externe (Procédé nouveau de)... FIN DES TABLES f) “4 ‘ La 14 Ü REA Vrai “ONCE as SES Re A Se ATUIR Lu AA k A als D) TURN gi land ét | bé DA | " An DA At LAU } 1 AN RUN MONT (EN } MANU MAR EE M Lt UN tue NN Ut " RUt ts LL TRRU sh? +4 » HN CHAN AMP à à « gi es) CONANPCOEAN TE 4 MDLAT PUVEUT | SON AANE NU gate e | fhe hi CÉSAUETANTEUN LA qu ML EAN UL ELA june 5) “ (1 % } UuU nf AL (HE ALAN MHAEN RO Gr p (4 dut fu D AQU KE ENS EE * NL 1 rt 4! PRE WI A RME AA 14 « | Len ul Mis CICR CTI TEE yat h AN un À HAT IPS PIE LPC LUCE N RLETICTEE" MnAM VUUUN Ut AC ICT rate à ARR AA TUEUR! ? rite LADA TR nur put WA CARTE il CAN NI AMPLI) û ke Hide API TIR \ art HUE A { art HMS + n METTENT AN IN SEU DANIEL fete, 51: 11 ï 19 (l { PATIO EE Hu HE V NIUE ‘11 L ua EURE l a Myabyt CHLONE | Varna pi An l PT ITT EEE HOUSE UNE AA" AEMHATA HR TU Ê Li ha (Ut d'outil F4 MAUR TV NH tal 140 + Dr nt HAN) 6% host fut) 4 * MRAMARIEE 4 DREUUTO Fo ; ja!! A ANR HU Hit 4tR| | Hittt qui DUMAS NI RAA RU RATIO ne RME | A Aa | faubet fH jan OUT DENAIN "4 je { DU otre NOTA 1 0 (vil LATE Hat ANT ANA } qu { | at ja Eu 4, RInIR ANT NENEI EXO FRE ' i t CIN NA LUN! l NETR V WA J 14 (nl , MIE {l {! } 4 à Aire) RU D ï 0 > = LEE RCE Se = = We NU ‘ ; \ * = LS LL re “2 v = as SE ES esse gg C?, Dis + + nest 2 ASS SE à ZT Jhe! CADET ETITNTRT ET ENTNET 1! Jar LL AU Ù Phor NEIL